^.g3 9. J^^.s>3, BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. TroiitieiHe Serie. TOME VIII. BURKAL Dt LA SOClfiTfi. (elections DU 30 AVRIL 18/|7.) Pi i-si(leilt. 1^ ice- Preside iits. Sciittiiteiii s. Secretaire. M. ip ronite Moi.e, pair de Kranci- f I\l. Drouyn be Lbuys. ) M. De 1 A ROQUETTK. I M. Bajot. I M. VAtlVlr.LIERS. M. POULAIN DE BOSSAY. Liste des Presidents honoraires de la Societe , dcpuis son MM. Lv marquis dc Laplace. Le marquis de Pastoiiet Le vicomtede Chateaubriand. Le romte Chabroi. dk A''o(.vic. Becquey. Le liaron Alex, de Hiimholdt. Le comie Chadrol de Crousol. Le baroii Cuvier. Le i)aron Hyde de !Veuvili,e. Le due de Doudeauville. J- B. Eyries. Le comte de Riony. DUMONT d'UrVILLE. Le due Decazes. urigine. MM. Le comte de Montalivet. Le haron de Harante. Le lieuleiianl-j;encral Felet. GnizoT. Dk Salvahdy. Le baroii TupirriER. Le conile de Las ('ases. ViLLEMAIN. ClNIN GrIDAINE. L'amiral baioii Roussirr. I,e vice-amiral baron de Mackau. Le vice-amiral Haloak. Le baron Walckenaer. Correspondants etmngers dnns /'ordre de leur nomination. MM. Le docteiir J. Mease, a Pliiladel|)hic. H. S. Tanner, a Philadclphie. W. WoODBRIDGE, a Bosloll. Le ll-col. Edward Sarine, a Loudres. Le colonel 1'oinsett, a \Va^bin^tou. Le col. d'Abhahamson, a Copeuhague. Le prolesseur Schumacher, a Altona. Le doctcur Heinoaniim a Berlin. Le capil. sir J. Franklin, a Londrcs Le docteiir Ricuard.son, a l.oiidres. Le prolcsseur Rafn, a Copenliaguc. Le capitaine Graafi, a Copciihai;iie. AiNSWoRTH, a Edimboui;:. Le coiiMillci' A I'll .EN I'ALni,aViriii:i'. LcromliGKAiiERtiDE HEMSOjil-'lonncc. MM. Le colonel Lokg, a Philadelphie. Sir John Barrow, a Londres. Le capitaine Maconocuie , a Sydney. Le capitaine sir John Ross, a Londres. Le CiiiLseillt r de Macedo, a Lisbonne. Le professfur Karl Ritter, a Berlin. Le capitaine G. Back. F. DuhoisdeMontpereux,;! Neucliatel. Le cap. John Washington, a Londres. Le col. Ferdinand Vlsconti, a Naples. P DE Angelis , a Buenos-Ayres. Le docteiir Kriegk, a Francfort. Adolphe Krman, a Berlin. I.i' diicli iir Wappacs, a Got llingue. I e I oloiicl Jackson , a Loiilri'S. iv.Kis. - iJii'iu.MLnn-, !)i; i, jiaiiiinet 'Of J no). , ;«) BULLETS UK LA r 7 SOCIETE DE GEOGRAPHIE. I'roisieiiie Serir. ®t>mf Ijuilicmc. PARIS, CHEZ ARTHUS-BERTRANI), MBRAIRE DE LA SOCII^, T^ DE GliOGRAPHIE, RtlE HAUTEFEUILI.E, n" l3. 1847. COMMISSIOIS CENTRALE. COMPOSITION DLl BUR K AD (Election dii 8 Janvier 1847. President. M. Jomard. y ice- Presidents. IVIM. le vicoinle u£ Saktarem , Roux de Rochelt.e. Secretaire-general. M. Vivien de Saint-Martin. MM. Bajot. Callier. Corbelet. Guigniaut. Lafond. Lebas Section de Correspondance. MM..C. Moreaii. No bien achaland^es , et par la grande population qui inccs- samment encombre les rues. Quand on eut quitt6 Tsoug-Wei et passe la grande muraille , on traversa la crete des monts Halechan pourrentrcr do nouveau en Chine. Cetle longuc cliainc de montagnes est exclusivement composie de sable mouvant, et tellemonl fin, qu'en Ic touchant , on le sent couler entre les doigts comme un liquide. II est inutile , dit M. Hue , de remarquer qu'au milieu deces sablieres on no rencontre pas la moindre trace do v(5- g^lation. A cliaque pas les chameaux s'enfon^aicnt jusqu'au venire , et cc n'^lait que par soubrosauts qu'ils pouvaient avancer. Les chevaux (^prouvaient en- ( 15 I core plus d'embarras, parce que la corne de leurs pieds avail sur le sable moins de prise que les larges pattes des chameaux. Dans cette p^nible marche on devait 6tre bien attentif pour ne pas rouler du haul en bas des collines mouvantes jusque dans le fleuve Jaune, que Ton apercevait aux pieds de ces mon- tagnes. Apres avoir traverse Halechan , on rencontra la route qui se rend a///, le Botany-Bay de I'empire chinois. C'est la qu'on d^porte les criininels condam- n^s a I'exil. Avant d'arriver a ce lointain pays , les inalheureux exiles sonl obliges de traverser les monis Moussous (glaciers). Ces montagnes gigantesques sonl uniquement lormees de glacons entasses les uns sur les autres. Pour faciliter le passage , on doit tailler dans la glace un escalier. Hi , dit M. Hue, est renferm6 dans le Tnrgot, pays evidemment tartare - mongol. Rien ne distingue les Tartares du Torgot des autres peuples de ia Mongolic, ni langage, ni mceurs, ni cos- tume. Quand M, Hue demandait a ces lamas d'ou ils etaient, ils r^pondaient toujours : « INous sommes Mon ■ gols du royaume de Torgot. » La route d'Hi conduisit qos voyageurs jusqu'a la grande muraille qu'ils franchirent de nouveau. Voici quelques uns des details que nous donne M. Hue sur ce monument si renomme. « On sail que I'idde d'^lever des murailles pour se lorlificr conlre les invasions des ennemis n'a pas ele parliculiere a la Chine ; rantiquitenousoffre plusieurs exemples de semblabies travaux. Outre ce qui lut exe- cute en ce genre chez les Assyriens, les I'^gyptiens et les Medes, en Europe, une muraille lut conslruile au nord de la Grande-Brolagne par ordre de I'empereiu' ( 16 ) Septime St^v^ro. Mais aucune nation n'a rien Fail d'aussi grandiose (|ue la grande murallle elev^e par Tsin-Che-IIoang, I'an 214 de J.-C. Ln noinhre prodi- gieux d'ouvriers \ fut employe , et ies travaux gigan- tcsques dc cette entreprise dur^renldixans. La grande muraille s'citend depuis le point le plus occidental du Kan Sou jusqu'a la mer orientalc. L'iniportance de cct immense travail a 6te differemment jugee par ceux qui ont c^crit sur la Chine. Les uns I'ont exalte outre mesurc , et les autres se sont efforces de le tourner en ridicule. Je crois que cette divergence des opinions vient de ce que chacun a voulu jugcr de I'ensemble de I'ouvrage d'apres I'^chantillon qu'il avait sous les yeux. M. Barovv, qui vint en Chine en 1793 avec Tambassade anglaise de lord Macartney, a fait le calcul suivant. Il suppose qu'il y a dans I'Angleterre et dans I'Ecosse dix-huit cent mille maisons. En estimant la ma(^onne- I'ie de chacune a 2,000 pieds , il avance qu'cUes ne conticnnent pas autant de mat^riaux que la grande muraille chinoise. Selon lui , olle sufiirait pour con- slruire un mur qui ferait deux fois le tour du globe. M. Barow prend sans doute pour base la grande mu- raille telle qu'elle existe vers le nerd de P6kin. Sur ce point, la construction en est r^ellement belle et im- posante ; mais il ne faudrait pas croire que cette bar- riere elevee contre les invasions des Tartares est dans son ^tendue d'galement large et solide. Nous avons eu occasion de traverser la grande muraille sur plus de quinze points difT^rents; plusieurs fois nous avons voyage pendant des journees entidres en suivant sa direction et sans jamais la perdre de vue. Souvent nous n'avons rencontr^ qu'une simple ma<;onnerie au lieu de ces doubles muraillesqui existent aux envi- ( 17 ) ions tie Pekin. Quelquefois cost uno elevation en terre ; il nous est memo arrive de voir celte fameuse harriere , uniquement compos^e rle quelques cailloiix amonceles. Pour ce qui est des fondements dont parle M. Barrow, et qui consisteraient en grandes pierres de taille cimcnt(^es avec du mortier , nulle part nous n'en avons trouve le moindre vestige. Au reste , on doit concevoir que Tsin-Che-lIoang dans cette grande entreprise s'est appliqut^ a fortifier d'une maniere spe- ciale les enviro s do la capitale de I'enipire, ou ordi- nalrement se portaicnt, tout d'abord , jes hordes tar- tares. Du c6t6 de rOrtous et des monts Halechan , les fortifications n'^taient guere n^cessaires : le fleuve Jaune garde bien mieux le pays que ne saurait le faire un mur d 'enceinte. » Apres avoir francUi la grande muraille , MM. Hue el Gabet se trouverent en presence dela barri6re de San- Yen-Tsin, celebre par une grande severite a I'egard des etrangers. On fit d'abord des difiicultes a nos deux voyageurs; mais tout se borna a une assez violente querelle avec les soldats de la douane. lis voulaient absolument de I'argent ; ils finirent par laisser le che- min libre, en recommandant aux etrangers de ne pas dire aux Tartares qu'ils etaient passes gratis. De San-Yen-Tsin on se rendit a Tchouanq-Louns-In, vulgairement appele dans Ic pays Ping-Fan. Son com- merce est assez vivant ; la ville , prosaiquement taillee sur les patrons ordinaires , n'oflVe , dit M. Hue , au- cun trait partieulier de laidcur ni de beauts. Pour arriver a la grande ville de Si Ning-Fmi , on suivit un chemin affreux ; on eut a traverser la haute montagne de Plng-Keou, dont les asperit^s offraient aux chameaux des obstacles presque insurmontables. vni. jun.i.KT. 2. 2 ( 18 ) Cliemln faisant . cm I'tail oblige tie pousser conlinuel- lement de grands oris pour avertir les raulcticrs qui auraienl pu se trouver sur \e sentier , de conduirc Jours betes a I'ecart. La voie etait si etroite , et la caravanc inspirait a ces animaux taut de frayeur, qu'il etait souvent a craindre , dit M. Hue, de les voir se precipiter dans des goulTres. Quand on fut arriv6 au bas de la monlagne de Ping-Keou , on continua pen- dant deux jours de marcher a travers des rochers et le long d'un prol'ond torrent, dont les eaux tumul- tueuses bondissaienl aux pieds des voyageurs. L'abhne etait toujours beanl a cote d'eux ; il eut sufli d'un faux pas j)our y rouler. Si-Ai/iif-J'oii est une villc immense, dit iM. Hue, mais peu liabitoe. Son commerce est intercepts par Tnng-Keou-Ciil , petite ville situSe sur les bords de la riviere Keou'Ho , el a la fronti^re qui separe le Kan- Sou du Kou-Rou-Noor. Ce lieu n'est pas marque sur la carte; il est cependant, selon M. Hue, d'une tres haute importance sous le point de vue comnaercial. A regard de Kan-Sou , cette province est belle et parail assez riche. L'admirable variete de ses produits est clue a uu climat tempere , a uri sol naturellement tertilo , mais surtout a I'activite et au savolr faire des agricultcurs. M. Hue avait eu occasion d'admirer un raagnifique systeme d'irrigation parlemoyen, d it-il , des canaux superposes. A I'aide de petiles Ocluses , construites avec simplicite , I'eau est distribuee dans tous les chamjjs avec riigularite el sans effort ; ellc ujonle , descend , circulc , else joue en quelque sorte a travers ces riches campagnes au gre des cultiva- leurs. Dans le Kan-Sou , le I'romenl est beau et abon- danl; les moulons d Us chevrcs y sont de belle espece; ( 19 ) de nombreuses et inopuisables mines de charbon mettent le cliaulTage a la portee de tout le monde ; en un mot, il est facllo de se procurer dans ce pays un bon confortable a peu de Irais. « Les Kanssonnais , ajoute M. Hue , different beau- coup par leur langage et leurs mcEurs des babitanls des autres provinces de I'empire; mais c'est surtout leur caractere religieux qui les distingue le plus des Cbinois, ordinairemcntsi indifferents et si sceptiques. Dans le Ran-Sou on rencontre de nombreuses et flo- rissantes lamazeries qui suivent le culle reform^ du Boudliisme. Tout porte a croire que le pays a ele oc- cupe aulretois par les Si-Fan ou Tliib^tains orien- taux. » Les Dchiabours sont pent etre la race la plus saillante de la province du Ran-Sou. lis occupent le pays appele commundsment San-Tchouan. Ces Dcbia- hours ont toute la fourberie et I'astuce des Cbinois , moins leurs nianiferes polies et les formes honnetes de leur langage. Aussi sont-ils crainls et detestes de tous leurs voisins. Quand ils se croient leses dans leurs droits, c'est pour I'ordinaire a coups de poignard qu'ils se font raison. Parmi eux, I'liomme le plus bonore est toujours cclui qui a conimis le plus grand nombre de meurtres. Ils parlent cntre eux une langue |)arti- culifere, incomprebensible , melange de mongol , di' cbinois et de tbibetain oriental. A les en croire , ils sont d'originc tartare. Quoique soumis a I'empereur cbinois , ils sont gouvernes par une esp^ce de souve- rain bereditaire appartcnant a leurtribu , ct qui porle le nom de Tousse. II existe dans le Ran-Sou et sur les frontieres du Su-Tcbucn plusieurs iribus seniblables , qui se gouverneiit ainsi d'elles-memes ct d'apres leurs ( 20 ) loisspi^ciales. Toutcs poi-teiil le nom de Tousso, auquel on ajoule souvent le nom de la lamille de leur chef on souverain. Yan-Tousse est la plus colebre et la plus rcdoutable. Rcvenant par quelques mots sur Tang- Keou-Cul , M. Hue dit que cettt- ville a peu d'elendue, mais qu'eiln est Ir^s populeuse , tros active et trfes commcrcanle. C'est une vraie Babel oii so trouvent reunis les gens de toutcs langues ; des Thibetains oricn- taux, des Yong-Mao-Cul ou tongues cbevelures , des Tartarcs dc la mer Bleue, des Chinois de toutes les jirovinces et des IIouydze-Turcs , descendants d'an- ciennes migrations indiennos. Tout portc dans cette ville le raracl<^ro de la violence. Cliacun marcbe dans les rues arme d'un grand sabre, et adcctant dans sa demarche une I'croce independance. II est impossible de sorlir sans etre Icimoin de querelles , qui ordinal - rcment s'eteignent dans le sang. » Aprds quelques jours de repos a Tang-Keou-Cul , MM. Hue et Gabet allferent visiter la lamazerie do Koumboun choz les Si-Fan ou Thibetains orientaux. Afin de mieux s'inilier a la connaissance de la langue thib^tainc et des doctrines du Boudhisme , ils sejour- n^rent plus de six niois dans ce celebre couvent de lamas, dont iin des chefs , appele Tsonka Uembout- chi , devint le Luther ou le Calvin du Boudhisme au Thibet. C'est qu'il commencaa etablir la riforme bou- dhique dans les liabits religieux et les formules litur- giques. Cette r^forme est suivie dans le Thibet et la Tartaric. Maintenant on distingue des lamas de deux espt;ces; les lamas a habits jaunes et les lamas a ha- bits gris, c'est-adire les bonzes de Chine, qui n'ont pas voulu cntrer dans les principes de la rc^forme. Koumboun est une lamazerie qui jouit de la plus ( 'il ) grande c^l^brite ; elle comple plus de trois raille lamas. Sa position, dit M. Ilucoffre a la vue un aspect vraiment enchanteur. «Qu'on se fi£i,ure une montagne partag^e par un profond ravin, d'oii s'elevent de grands arbres peuples de corneilles au bee jaune. Des deux cotes du ravin et sur les flancs de la montagne, s't^levent en amphitheatre les blanches habitations des lamas, toutes de grandeurs diirerentes, toutes entourees de pelits jardins et surmonlees de belvederes. Parmi ces modestes maisons , dont la proprete et la blancheur font toute la richesse , on voit saillir de nombreux temples boudhiques aux toits dores , etincelant de milie couleurs et entoures d'elegants peristyles. Pour- tant ce qui Irappe le plus , c'est de voir circuler dans les nombreuses rues de la lamazerie tout ce peuple de lamas, revetusd'habits rouges etcoilTes d'un grand bon- net jaune en forme de mitre. Lcur demarche est ordi- nairement grave et silencieuse; la paix et la Concorde regnent toujours parmi eux ; ils se traitent avec res- pect et politcsse ; les devoirs de I'hospitalite sont rem- plis chez eux avec une cordiale generosite. » Apr^s un sejour de trois mois a Koumboun , nos voyageui's n'ayant pas pris !e costume voulu par la regie des lamas, on les conduisit a la petite lamazerie de Tchogortan , distante de Koumboun de pres de vingt minutes de chemin. Ils demeurercnl la quelques mois, continuant a ^tudier le thibetain. En aout 18Zi5, on se remit en marche , et on alia tiresser la tente sur les bords de la mer Bleue , c'est-a-dire dans le Kou- Kou-Noor. Le hott-hon-Noor (lac Bleu) est appclc par les Chinois flm Hai (mer bleue). Les Chinois ont raison , dit M. Hue , d'appeler mer plutot que lac eel immense ( 22 ) it^servoir d'eau qui se trouve dans la Tartaric. II a en effel son flux et reflux; son eau est aniure et sal6e , et quand on en approche , Todorat est saisi par une forte odour marine. Au milieu de la mcr Bleue , vers la parlio occidcntale, est une petite lie oii est batie une lamazorie. I ne vingtaine de lannas conlemplalifs I'ha- hitcnt. On ne pent les aller visiter, car il n'y a pas une seulc barque sur toute I't^tcndue de la mer Bleuc. Mais en hiver , au temps des grands froids , ot lors- que la mer est j^lac6e, lesTartares organisent leurs ca- ravanes, et vont en p^lerinage a la petite lamazerie. lis apportenl leurs ofTrandes aux lamas conlemplatifs dont ils recoivent en ecliangedes b6n(^dictions pour la bonte des paturagcs ct la prosperile des Iroupeaux. Le Kou-Rou-Noor est d'une grande fertillte. Quoi- que depourvu d'arbres et de forets, son s6jour, suivant M. Hue , est assez agreable. Les herbes y sont d'une prodigieuse hauteur. Le pays est entrecoupe d'un grand nombrc de ruisseaux qui iertilisent le sol , et permcttent aux grands troupeaux de se ddsallerer a satiele. Mais les habitants vivent toujours dans I'appre- hension des attaques des brigands du Thibet, connus sous la denomination de Kolo. Quand ceux-ci parais- sent , on se livre un combat a outrance , et si les brigands sont les plus forts, ils emm6nent les trou- peaux et mettent le feu aux iourtes. Aussi les Mongols desbordsde la mer Bleue veillent-ils a la garde de leurs troupeaux toujours a cheval, la lance a la main , un fusil en bandouli^re, et un grand sabre pass6 a la ceinture. Apres unequarantaine de jours 6coul6s sur les bords (le la mer Bleue, les nouvelles de I'arrivec des bri- gands forceronl nos voyageur.s a decam|H'r el a suivrc ( 23 ) les caravanes tartares qui iie t'aisaienl que clianger cle place, sans jamais s'eloigner des magnifiques patura- ges qui avoisinent le Noor. Le 15 octobre, I'ambassade thibetaine arriva dans le Kou-Kou-Noor, et nos missionnaires purent conti- nuer leur voyage. La troupe avail ^te grossie d'un grand nombre de caravanes mongoles qui se rendaient au Thibet : on etait au moins 2,000 hommes avec 1,200 chameaux, 1,200 chevaux el 15,000 bceufs a long poll, connus sous le noni d'\ack ou bceufs grognants. Apres quinze jours de marche parmi les magnifi- ques plaines de Rou-Rou-Noor, on arriva chez les Mongols du Tsaidam, pays inlecond et sauvage , au sol aride et salp^treux , a la nature triste et morose , qui donne la meme tristesse aux habitants. On arriva en- suite au pied de la montagne Borhan-Bota , ou Ton eut a redouter des vapeurs pestilentielles. On grimpa difficilement sur les flancs de celte montagne , ou les visages blanchissenl , ou le cceur s'affadit, ei oil les jambes onl lant de peine a fonctionner. Mais une fois au sommel, les poumons se dilatenl et la des- cente n'est plus qu'un jeu. Continuant a s'avancer, on rencontra le mont Cliuga, donl I'ascension est plus dangereuse encore. Laneige, le vent el le froid sevirenl centre la cara- vane. On ontrait dans les steppes du Thibet, c'esl-a- dire , ajoute M. Hue , dans le pays le plus affreux qu'on puisse imaginer. Les hommes el les animaux etaient sans cesse obliges de fouiller dans la neige , ceux-ci pour broulcr un peu d'herbe , et ceux-la pour deblayer quelques argols (1), unique chaulTage (ju'on (l) (^iitii)il 1.1 hente (If- animaux I'-t |ii()|>ir ;\ elic hi nice, les Tiir- l.iii's I :i|)|)cll('nt /trqol. ( n ) rencontre dans le desert. Des ce niouient, la raort conimenca a planer sur la grandc caravane. Tous les jours on etalt lbrc«^ d'abandonner sur la route des chameaux, desbccufs, des chevaux qui ne pouvaient plus sc trainer. Le tour des honunes vint un peu plus tard. On clieniinait du reste conime dans un vaste ci- metiere ; les ossements humains et les carcasses d'a- niniaux qu'on renconlrait a eliaque pas semblaient dire sans cesse a la caravane que sur cette terre meur- triere et au milieu de cette nature sauvage , les carava- nes pr«^cedentes n'avaient pas trouv6 i\n sort meilleur. On arriva devant les montagnes Bayen-Hara, cou- vertes des pieds a la cime d'une epaisse couclie de neige. II fallut les franchir pour aller ensuite dresser la tente sur les bords du Moureii-Oiisson , fleuve ainsi nomine vers sa source , mais appel6 plus bas Kin-Cha- A7rt«o- et vulgairemcnt \ a-dse-Kiang ou fleuve Bleu. On passa le Mouren-Ousson sur la glace, et M. Hue, ici, eut I'occasion de remarquer de loin un singulier tableau : c'6tait une cinquantaine de bcsufs sauvages qui avaient 6te surpris dans le fleuve par le froid et gcl6s sur place, leurs grandes tetes surmonlees de comes monstrueuses etaient a decouvert , tandis que le reste du corps se Irouvait d^robe sous la couche glac6e. II parait que ces Ixeuls sauvages sonl nombreux dans les deserts du Tliibct; nos rnissionnaires en rencontrerent souvenl |)ar troupes et d'une gros- seur demesur^e. Leur poil est long et ordinaire- ment noir; quelquefois 11 tire sur le fauve. Ces bceufs , (lit M. Hue, sont surtout remarquables par la gran- deur, comme on vient de le voir, et la belle forme de leurs conns. Oil i cneoiilroaussi des mulcts sauvagos qui ( 25 ) ont le corps petit et eflilo. Leur poll est invariablcnient roiix sur le dos , mais sous le ventre , a la tele et aux jamhes, il tire sur le blanc; les oreilles sont longues et semblables a celles des ancs et des mulets ordl- naires. La tete est grosse et disgracieuse. Ces animaux sont tr^s agiles etpeu t'arouches. On voit aussi beaucoup de chcvres jaunes, ainsl que des rennes et des bou- quetins. Apres le passage du Mouren-Ousson, la grande ca- ravane commenca a se dtJsbander. Ceux qui avaient des cbameaux prirent les devants , pour n'etre point retard^s par la marche lente des bceuFs. Ln ad'reux ouragan qui dura quinze jours se joignit a I'intensite du froid , et toutes sortes de miseres , comme a la re- Iraile de Moscou , atteignirent nos pauvres voyageurs , qui comniencaient a manquer de provisions. En outre, ils furent assaillis par les Kolo ou brigands du pays dont nous avons parle. Heureuseuient , ceux-ci , pre- nant nos missionnaires pour de vrais lamas , les lais- serent continuer leur route. On gravit la vaste cbaine des monts Tnnla , dont le soinmet ne put 6tre atteint qu'apr^s six jours depenible ascension. On voyagea pendant douze autres jours sur ce fameux plateau , puis on descendit pendant quatre jours entiers , et Ton renconlra des sources tliermales dune extreme magnificence, oil les malades thibe- tains se rendent quelquefois de bien loin pour prendre des bains. Enfin , on arrivait insensiblement vers les j)ays ha- bites, et Ton commencait a d^couvrir quelques lentes noircs. Les Tbibetains nomades, ainsi que le remar- (jueM. Hue , ne logent pas dans les iourtes de fcutre comuie les Mongols; ils demeurent sous de grandcs ( '26 ) tentcs faitos avec tie la toilo noire. La forme de ces tentcs est ordinairement liexagone, niais Icsystfeme de perches et de cordages qui Ics tiennent est tr6s bi- zarre, et devicndrail diflicile a (l«^crire. La station tliibetaine la plus iinportante que uos pfelerins rcncontrerent en sorlant dcs montagnes qu'ils venaient de francliir, est situ6e sur les bords de la riviere Naptchu, que les Mongols appellent h/iam- Ousson, c'est-a-dire eau noire. La on changea de sys- t^me de transport, a cause de la dilTiculledes chemins, et Ton substilua aux cliameaux les bceufs a longs poils. La route qui conduit a Naptchu est rocailleuse et la- ligante, surtout lorsqu'on arrive a la chahie des urionts Koiran; mais les tentes noires qu'on apergolt de dis- tance en distance , et la rencontre des pelerins qui se rendeiit a Lds.sa , capitale du Thibet, seiublcnt, en quelque sorle , abri^gcr le chemin. On rencontre d'ailleursquelques champs cultives, et a mesure qu'on appioche de Lassa , mot qui veut dire la terrc des esprits , les maisons rcmplacent les tentes noires; en- fin les bergers disparaissent , et Ton se trouvo an mi- lieu d'un peuple agricole. Arrive dans la valine de Pai>i/jon , faussemenl appu- It^e Panetou , selon M. Hue, on trouva une agriculture llorissante, el des fermes dun aspect magnifique. La <»n I'ut encore oblige de changer le mode de transport : tin rcmplaga les boeufs a longs poils par des anes. On n'etaitplus sdpar6 de Lassa que par une montagne, il est vrai Ires ardue et tres escarpde , mais que les Thibetains et les Mongols gravissent avec une extreme devotion. Les pelerins, qui, selon ces indigenes, onl le i)()nlieur d'arriver an sommet, ubtiennenl la remis- sion complete de Icurs peches. ( 27 ) Enfin nos voyngeurs entr^rent dans une belle et spa- cieuse vallee , et ils decoiivrirciit la vilie de Lassa, en- toiiree d'arbies seculaircs et remplie de temples nom- breux aux toitures dorees^parrni lesquels brille surlout le Boudtla-La , qui renfei'me le palais grandiose du grand lama. Ce fut le 29 Janvier I8/1O que nos compa- triotes arriverent dans cette capitale du Thibet. II y avail dix-huit mois qu'ils avaient quitte la vallee des Eaux noires. Au boutd'un sejour de deux mois a Lassa , ils furent arraches a leur douce quietude par I'ambassadeur cliinois qui les fit enlever et reconduire a Canton, On les fit passer par la grande ville de SSetchouen , resi- dence d'un vice-roi, dont un olficier, apres un long interrogatoire , les conduisit sous escorte jusqu'a I'^ta- blissement portugais de Macao. C'est de ce dernier port que M. Hue a transmis en Europe la relation dont uous venons d'oifrir I'analyse. The wn.n sports of southern afric4 ; being the iiar- ratu'e of an expedition jrom the cape of Good Hope through the territories of the chief Moselakatse, to the tropic of Capricorn ; by captain Harris. London, 18/11, 1 vol. in-8°. —Scenes saui'ages de I' .dfrifj lie ineridionaie, oil recil d'luie expedition depiiis le cap de Bonne-Espe- rance, atravers les con trees placees sons In dontinatum dn chef Moselekatse , jnsqn'au tropiijtie du Capricorne. {Analyse par M.. ALBERT-MoNTiMONT , menibre de la commission centra/e. ) L'auleur dont nous allons analyser rapidement le voyage quitta , le 16 mars 1836, le port de Bombay, ( 28 ) ou il etait employe coimne oflicier dans Tarm^e bri- taniu(jue de I'Inde, et il fit voile pour le cap delionue- Esperance, ou il toucha le 31 luai suivant. La premiere vue des rivages afi'icains excita en son ame une vive emotion. Dans la villc du Cap, il se init en rapport avec le voyageur Smith, qui venait d'ac- complir avec succes une expedition assez loin dans rinterieur , el d'apres les informations qu'il on ob- tiut, il put bientot rc^aliser ses projels de chasse aux betes fauves , el son desir d'explorer quelques unes des regions inconnues , en dehors du terriloire civi- listi de la colonic. II acheta un attelage de ba3ufs, sui- vant la coutume du pays, et r^unit toutes ses provi- sions ainsi que les presents quil devait oIFrir a un chef cafre , du nom de Moselekatse, redoute a cent lieues a la ronde, et dont il allail visiter les domaines. II s'embarquale 2 juillet sur un pelit schooner pour la baie Algoa, qu'il ne faut pas confondre avec la baic Dellagon ou de Lagoa , car pres de deux cent cin- quante lieues les separent I'une de I'autre. La pre- miere est situee par environ Zh° latitude S. , entre le cap de Bonne-Esperance , situ6 lui-meme par 33°, et Port-Natal, situe par 29° 50'; et la seconde,c'est-a-dire Dellagoa-Bay , se trouve au-dela de Port Natal , par '25° 50', vers le canal de Mozambique. La baie Aigoa est tres ouverle et peu sure [)uur les vaisseaux a I'ancrc. Durant les gros vents, un terrible ressac rend le mouillage dangereux, et il est alors (juelquefois impossible aux bateanx de gagner le ri- vage. Surcelle baie est assise la villc de Port-Elisabeth, qui , l)ien que s'accroissanl d'une maniere tr^s rapidc, ne consistc guere encore qu'on cent oinquanle mai- sons. Lf sol dos environs est asse/ fertile el produit ( 2i' ) de lorge et du ble , sans qu'il ail besoin d'irrigation , le voisinage de la mcr lui apportaiit iine sulTisanlc liu- midite. Apres un rcpos de huit jours , au Port-Elisabeth, M. Harris, voulant s'avancer dans Jes terres , partit pour Grnham's -Town , oil il arriva au bout de sept journees de marche. Cette ville , aujourd'liui le chef- lieu de la province situee a Test de celie du Cap, reunit deja environ 16,000 habitants. Elie est placee presde la source de la riviere Cowie , a 650 millesou environ deux cent dix-sept lieoes de la ville du Cap, et a 30 milles ou dix lieues du point le plus rapproche de la cote orientale. Elle est bien balie , et contienl pres de sept cents maisons, habitees principalenient par des esclaves anglais. La notre voyageur trouva un excellent hotel , mais il eut beaucoup de peine a se procurer les chevaux qui lui (^taient indispensables pour continuer sa route au nord. De Graham's-Town il gagna Graaff-Reinet^ chef lieu d'un district limitrophe de la Cafrerie. Avant d'at- teindi'c cot endroit recule , il fit une halte a Somerset, petite ville naissanle form^e d'une Irentaine de mai- sons anglaises, et qui se developpe dans un niarais au pied occidental d'une chaine de montagnes appelees les Zurbergen. Cette ville est, aux trois autres cotes, environnee par la petite riviere du Poisson. La petite ville ou plus exactement le pittoresque vil- lage hollandais de Granff-Reiiiet,Si\ec ses jardins et ses champs adjacents , est entour^e presque entierement par la rivi6re Sunday, qui prend sa source dans les hautes montagnes de Sneuwbergen , situ^es vers le nord , el qui coule a travers les districts de Candebou et d'lJilenhague pour aller deboucher a Test dans la ( 30 ) baie d'Algoa. Ce gros \illage est ahrile dc chaqiie col^ par CCS monlagnes couiques dccorecs d'une verdure dternelle , due a rabondance des lierbes laclietc^es qui en couvrent les flancs. Le cours sinueux dc la rivii^re est horde de saules etd'acacias; ces derniers arbres sontonids d'une vigne griinpante qui s'y enlrelace en feslons jusqn'aux derniers raineaux. Le district dc GraaflF-Rcinet fut crcc en i 786 sous I'ad- ministration du gouverneurliollandaisN an-der-Graail", donl il rerut le nom avec I'adjonction dc celui de sa fenimc Reinet. Rien n'^gale la propret6 des jolies pelites maisons hollandaises de ce lieu, dont Ic climat salubrc est sans rival dans le sud de rAt'rique, ct oil Ic produit des jardins ct des vignobles peul allcr dc pair avec ceux de I'Europe. Les fruits et les veg^taux croissent a Graaff-Reinet avec une abondance et une excellence pour ainsi dire iniraculcuses. M. Harris dtait entre de nuit dans ce village; le lendcmain nialin, en ouvrant la fenetre de son appartenient , il fut etonm^ de voir les rues couvertes d'une conclie de neige , pendant que les hales des jardins ofTraient des coins , des citrons et autres fruits murs, composant uno de- coration aussi belle que nouvelle pour un ceil indien. Notre voyageur fit de Graaff-Reinet le centre ou la base de ses operations. Son objet actuel etait de par- courir rapidement une grande etendue dc pays, afin d'atleindre le plus tot possible le point extreme quil voulait visiter. II rcsolul de gagner d'abord Knriiuinn ou le NoiH'eaii-LitaJwu , station de missionnaires assez irnportante, situ6e par 27" 20' lat. S. , 24" 10' long. E. du uK^iridien de Greenwich, a 400 milles vers ic nord , et de continuer ile la sa marclie jxun- gagner la conlrce de iMoselekatse, roi des Abazoulous-Matabilis. ( 3i ) monarque aussi puissant que despote , dont les terres, abondantes en gibier, avaient encore ete jusque la peu IVequentees par des Europeens. M. Harris comp- tait ensuite s'avancer a tout hasard jusqu'au tropique du Capricorne , et rncnie jusqu'au grand lac suppose exister bien plus loin dans I'int^rieur. Enfin il proje- tait de revenir par la voie jusqu'alors inexploree de Likwa ou Vaal-Rivier, qui , bien que la plus directe , se Irouvait interdite par Moselekatse aux elrangers. A I'epoque ou M. Harris annvait a Graaff-Reinet , r^migration des Boers ou fermiers bollandais etait devenue tres considerable, et il 6prouva de plus grandes diflicultes pour se procurer un wagon suppl6- mentaire. Ne voulant pas prolonger son sejour en cc lieu au-dela du 1" septembre, il s'arrangea avec un des colons, et parvint a completer ses approvisionne- nients de route, comme aussi a louer des gens de ser- vice pour six mois. U partlt, en effet , le 1" septembre, et francbitles montagnes Neigeuses qui bordent la colonic. Un trajet de 30 milles le porta a P^ogel-Falley, oil il vit pour la premiere fois de grands troupeaux de gnoiis , especes de taureaux sauvages , maladroits el grotesques, ano- malies de la nature qu'on ne saurait, dit-il, regarder sans rire, Tournant et caracolant dans toutes les di- rections , mettant sa tete velue et chargee de barbe entre ses jambes greles et musculaircs, et agitant dans les airs sa longue queue , le gnou a , lout ensemble , une apparence et feroce et burlesque. S'arretant sou- dain pour montrer un front imposant , et secouant la tete en maniere de d6fi , ses yeux lancent la llamuic , et son grognement , semblable au rugissement du lion , est repete avec unc rare energie. Alors, se bat- ( 3!) ) tanl k's llancs avec sa queue , il hondit, se cabre , et en un moment s'elance en faisant voler derriere lui la poussi^rc a mesure qu'il devore I'espace. On etail , lo 7, a Boks-Fontein , dans le \olsinage du districl appcle nouveau Hantam , j)ar 31° lat. S. , 2/i° 50' long. E. ; puis on gagne les Sept- Fontaines. Ici la campagne 6tait litleralement blanche dc spring-bucks ou gazelles euchores , qui presenlaient au voyageur un supplement de nourriture d^licieiise. Lorsqu'on livre une chasse a ces elegants animaux , ils font des bonds oxtraordinaires et s'elevent dans les airs comme pour prendre I'cssor, et cherclient ainsi a d^robcrleur trace; leur disposition naturelle a regarder I'liomme a r^gal d'un onncmiles porte done jusqu'a se d(!;fier du sol qu'il a foul6. Les Trek-Boken , ainsi que les colons appollent I'^migration au s^jour de la civilisation, dc ces innombrables essaims d'antilopcs, prouvenl la fe- condit6 extraordinaire do la vie animale. Les antilopes pullulent comme les sauterelles , et lour passage de- truil en un clin d'oeil la verdure des champs. M. Harris, apres Irois jours d'une marche pdnible , arriva dans un pays nu, priv6 tout a la fois de verdure etd'eau; puis il atteignit I'extreme I'rontiere do la co- lonic, marquee par le Nu-Gnrip ou riviere Noire, coulantde Test au nord-ouest, pour allcr joindre par 29° 10 lat. S., 24" 30' long. E., le Garip ou llcuvc Orange , donl cette riviere est une des deux principalcs branches. La il dressa la tente pour goiltor les delices du bain cl i'aire laver son linge. II avail perdu deja plusieurs de ses bceufs , qui, morts de privation ou dc fatigue , devinrcnt la proie des betes sauvages. Le commandant de la fronlidsre fit bon accueil a notre voyageur. ( 3:^ ) Dos liinites do 1;» ctiloiiio il passa dans la rogion sterile ot iiihospitallere !iabit(§c par les fhisclinicn ou Buschjesinans , c'est a-dire hoinmes des bois , restes des hordes hottentotes, cos farouclies aborigenes de la contree, qui , recuiant a mesure des cmpietements lointain an voyagcur alt(!!r6 line illusion aussi flat- teiise qu'elle est desesp^rante ; les lacs bleus si trom- penrs, dent la surface semble agit^e et rid6e par unc sorte de vague , reculent a mesure que Ton avance , el disparaissenl finalement sans laisser aucune trace apres eux. Au bout de quatrc journ^os do marcbe , on atteignit le cours memo du fleuve Orange dont nous venons de parier , le soul cours d'eau considerable de ces con- trees qui inerite , on eflbt, ce noin. La vue de ce ma- gnifique tributaire de I'oc^an Allanlique , oil , en se dechargeant , il ne conserve pas, il est vrai , la ma- jeste de son cours superieur, parut faire oublier loutes | les souffrances qu'on avail jusqu'alors endurees. A I'endroit oil M. Harris I'aborda , il presentait 300 pieds de largour, coulant dans un lil Iranquille, et pareil a la surface d'un lac resplendissant , ainsi qu'une glaco polio ; SOS eaux glissaionl comme a regret vers la mer, on rciflochissant sur leur sein aus.si limpide que le crislal , I'image de lours bords ombragds de saules pleureurs, etquelles jiaraissaienl baisor en lour disant adieu. La profondeur du fleuve obligoa M. Harris d'^lover uno plaleforme sur lo ^vagon , afin d'y placer les ba- gages. Lo courant traverse, il gagna la station reli- gicuse do Canipl)ollsdorp , par 28° 40' lal. S. , 2/i" 30' long. E. Ln cheniin, il avail rencontre nne troupe j do Corannas , indigenes qui , a pied, couraient avec unc vilesse elonnante apres uno aiitrucbe qu'ils espe- ( ^^ ) raient atteinrlre. lis porlaient pour unique velemcnl un manteau de cuir, el avaient la peau barbouillee de giaisse et d'ocre rouge. Pres du Kraal ou village de Daniels-Kuil, habile par des Griquas ou Hotlcntols inulatres , M. Harris se mil en rapporl avec ieur chef, qui , en 1831 , avail ('chappe avec un autre Griqua au massacre de Ieur armee execute par les soldals de Moselekatse. Continuant a s'avancer au nord, il renconlra le jour suivanl a unlieu noinme Kramers Fonlein, par 28° lat. S., 24 " 40' long. , E,, une vieille ethideuse femme de la tribu des Buschjesmans , qui etait venue de son Kraal pour remplir d'eau des oeufs d'autruche. La mis^re lui avail rongc'; la chair jusqu'aux os , el ce n'elail plus qu'un squelelle couverl d'une peau ridee, n'ayant plus guere pour bras el pour jambes que sos seuls ossenienls , analogues a des batons noueux el mal joinls. Elle avail le corps tout charge de vermine , dont elle se nourrissait de temps en temps, ainsi qu'une chetive petite creature a moilie animee qu'elle por- taitsurso n dos. M. Harris donna un peu de tabac a cette femme, dont la tribu hal^ile des trous, des crevasses, des ro- chers, ou quelquefois de miserables huttes, qui ne sauraient proleger leurs holes conlre I'intemperie des saisons. La crainte d'etre decouverts habitue ces tristes indigenes a se cacher dans des lieux eloignes de I'eau , precaution a laquelle ils on I aussi recours afin de guetter et de tiicr plus surerncnt les b6tes sauvages, auxquellos ils lancenl des fleches evnpoisonnees , el qu'ils devorent sur place, lis n'ont ni troupeaux, ni champs, ni biens quelconqucs, el ne possedent que leurs armos el quelques chiens afl'aines commo leurs ■ 36 ) raajtres. Sans aucun soin (|ue celiii du momenl, ils vivent presque uniquoiDcnt dc racincs , dc sauterclles, cle reptiles et de fourmis. On ne peut, dans la route, decoiivrir aucune trace de leurs habitations, et Ic vovageur passeralt an milieu d'olles sans apercevoir aucun etre vlvanl, ni soupconncr aucune demcure quclconque. Leur defiance a I'^gard des vlslteurs I'trangcrs est si grando que nul d'entre eux ne voulut s'approcher des Enrop^ens. Ces Busclijesmans ont une tallle invariablement inf^rleure a cinq pieds anglais, on un metre et demi, Les males son t raalgres , cagneux , mal falls , et copen- dant tr6s agUcs. Leur complexion est d'un pale brun, que derobent a la vue la salete et la graisse. Leur seul vetement est un inanteau de |)eau jete sur leurs epaules . et leur unique defense est un carquols avee de petltos flecbos empolsonnecs , semblables a des joujous d'enfant. Les femmes, qui etaient nioins reserv^es que les bommes, et qui ne manqualent pas de sulvre los wa- gons pour avoir du tabac, en (.'(change d'opufs d'au- truclie, sont mleux proporllonn6es, mals freles, ayant des mains et des plcds d'unc dimension vralment llllipullenne. Jeunes , olles ont ime phvslonomle ex- pressive, et s'efTorcent de se barbouUler d'ocre le.s narlnes et les joues dans I'espoir d'attlrer davanlage I'attentlon. Quelques unes s'etalent partes dc colliers comj)oses d'ontrallles iVaicbes de betes fauves ; d'au- tres avalent des coqulllages , de vleux os et des boutons enlremelts a leur cbevelure. Mals leur genre de vie, leur longue abstinence et leur contact contlnuel avec le vent et le soleil dans un pays sec et ouvert , les accoulumenl de bonne heure a tonlr leurs vcux a { 37) demi fermes; leur beaut6 on leur grace est tr^s eplie- m^re, et iic dure pas au-dela du jeune age. Les fem- mes sont plus aglles encore que les liommes et ont des gesles plus aninies. Mais leur voix n'est qu'une suite de clapements dc la langue sur les dents et le palais, et leurs accents sont plutot analogues aux cris du singe qu'a un langage liumain. On arriva le 26 a Kuruiiian , ou Nouveau-Litakou , assezjoli endroit, sorte d'oasis dans le desert, dont il est completement environn^ , petite goutte de civilisa- tion tombee comme par liasard dans le cceur de cette vaste ^tendue, pour ainsi dire abandonnee et de Dieu et des bomnies. M. Harris quitta Kuruman le 29 septenibre pour se diriger vers Mosega , capitale de Moselekatse , situ^e par 25" ZiO' lat. S., 27" 20' long. E. , a environ 200 milles plus loin au nord-est. II fut en route aborde par un Bechuanade distinction, plus noir que lecuird'une botte ct dont la peau resseuiblait a celle du rbino- ceros , bien qu'il eut une espfece de parasol fait de plumes d'autrucbe pour se garantir des rayons du soleil ; il laissaitderrierelui deux petitesfdles, niontees sur un jeune bceuf et prenant soin d'elies-memes. On s'avancait par une chaleur devorante a travers des plaines incommensurables, sans autre pa\ sage que la voute des cieux , ayant apr^s soi les bleuatres sommets delicate. Ces d^couvertes donnent une nouvelle impulsion aux recberches , et il est a pr^suiner qu'elles repan- dront un jour nouveau sur I'origine et la destination de ces tumulus et de ces restes de constructions consi- derables apparemment d'un caract^re 'niilitaire , qui abondent dans nos btats occidentaux. Comme la Society de geograpbie , dont vous etos un inembre si eminent, n'a re^u aucune publication de la Societe amc^ricaine d'anti(juit6s , en ^cbange de ses precieux liuUetins , je suis beureux de pouvoir vous annoncer qu'un ouvrage de quelque importance se prepare pour etre tnis sous prcsse par notre Societe. ( /i9 ) Les materiaux en sont lires des documents du gouver- nement de la colonie de la Bale de Massachusetts, ant^rieursa 1640 , et ils seront accompagnes d'anno- tations historiques et geographiques ; ils formeront ainsi une curieuse histoire do la colonie durant les dix premieres ann^es de son existence. Probahlement que ce travail se composera de deux volumes in-8° de chacun 500 pages, et qu'il ofTrira a notre Soci^te les moyens d'operer un legitime echange en retour des envois des autres Societes. J'ai I'honneur, etc. S7^-ne : Samuel F. Havf.n. OUVRAGES ET MEMOIRES OFFERTS A LA SOCJE TE DE GEOGRAPHIE , dans les dernieres seances. Notice PAR M. Al,BERT-MoNTliMONT. ra£BIOIII.ES de la Societe royale des sciences , de {'agriculture et des arts do Iiille. ( Annexe 1845. ) Pai'mi les utiles travaux i-enferm^s dans ce volume , il en est un qui inteiesse la g(!!0graphie agricole : c'est le rapport sur la maladie des pommes de lerre , par M. Them. Lestiboudois, a qui il parait Evident que , si une grande obscurite cache encore la cause de cette maladie, on ne peut du moins I'atlribuer, comme beaucoup de savants I'ont fail , a une vegetation cryp- togamique ; il pencheraitplutol a y voir un effet du cli- mat et de ladegenerescence desplantes. Le moyen qui lui parait le plus propre a romedier a cette alteration du precieux vegetal, c'esi de changer les tubercules, de choisir pour une contree ceux qui ont ^t6 produits Vni. JIIH.LRT. h. A ( f>0 1 en des contrfies plac^es dans des conditions oppo- s6es;d(> tirerdes |)aysmontagneiix dontlcsol est It^ger et sabJonneux ceux qii'oii vent planlor dans les plaines liumides , dont le sol est IVoid et compacte. IIIXniOIII.ES dp rAcademie de Dijon. (1845 , IS'16. ) Nous romarquons dans ce volume I'article de M. Til. Foisset sur les services qu'ont rendus les fitats de Bourgogne ; celui de M. Rossignol sur I'inva- sion et rafTrouse devastation de cetle province par Galas; un rapport de M. Franlin sur les Questions Bourguigno/ines de M. de Belloguet , ouvrage on sont trait^es I'origine et les migrations des anciens Bour- guignons el la gciographie des divers peuplcs, royaumes ou conlrees qui ont port6 leur nom ; une esquisse topograpbiquc ethistorique de Mayorque, parM. Cuy- nat; des notices sur les treniblements de terre dans I'Afriquo septftntrionale et aux Antilles, par M. Perrey, suivies de la listo des tremble inents de terre ressentis dans toutes les contrees du globe en ISlili, ISlib, 1 8^6. THE JOURNAIi of tho Royal Asiatic Society (Vol. \, p. l et II , 1840, N' XVII , parlies i lS4(i, et ii, 1847.) Ces deux parties du 10' volume du Journal de la Society asiatique contiennent un savant M^moire du major Rawlinson sur I'Alpbabet cun^iforme de I'in- scription persane de B6bistun. La premiere partie du n" XVII sc distingue par trois articles principaux : I'un sur la geologic de I'lnde mIMV£STiaAT£17H , journal dc I'Institut b»torique. (Avril Ct M.ii IS47.) Nous remarquons dans ces deux num^ros un essai historlquc sur Tare de triomplie de Saintos , par M. H. d'Aussy, qui se plaint amerement de la destruc- tion recenle qu'on vierit de faire de ce monument ro- ( 52 ) main; et »n article 4 ) JOURVIAIi de la Societd des missioDS 6vang^lique$ de Paris. ti' et 1' livruisoiiii , I8i7. Ces deux livraisons renfermcnt cics details siir les relations des rnissionnaires avee les indigenes , soil de I'Afrique moridionale, soil de I'lndo-Cinne. M. Ar- bonsset rend conipte notamment d'une station nou- velie fondee ;'i Cana, a deux ou Irois liciies en deca de Kuening. enlre les rivic^res dii Cal6don et de la Pon- tiatsana. Le nieme parle d'une tribu d'anciens Bas- soutros anlliropophages qui gueltaient les passants, comme la hyene, et les devoraient sans pitie en n'e- pargnantque lesjeunes remmes destinies A remplacer les vieilles immol6es a leur tour. Quant aux gens mai- gres captures, ils t^taient , avant d'assouvir rapp6tit effrenc^ de leurs maitres, engraisses avec du millet, du gramen ou de la chair liunuiine. uTous les Bas- soutos, dit M. ArboMsset, n'ont pas et6 anthropo- pbages; raais cette habitude a etc, ajoute-t-il , fort g^nf^rale il y a quiiize ou seize ans , et du point de jonction du L6koua ou Likwa avec le Fal, jusqu'aux sources du Cal^don, et de lii jusqu'a son embouchure dans le fleuvo Orange; il n'est pas un seul quartier un peu considerable ou, de 1823 a 1833, le cannibalisme n'ait exerce de grands ravages. » Ce serait, a ce qu'il paralt, aux efforts des premiers rnissionnaires que Ton devrait I'abolition, sinon tolale , du nioins par- tielle de cette horrible coutuuie. Relativement a I'lndo-Chine , pays Irois lois j)lus 6tendu que la France, et oii le boudhisme est la re- ligion dominante, il n'y a de rnissionnaires (|u'a Ban- kok , ville capitale du royaume de Siam , assise sur uno ilc i\u Meinani, centre d'un grand commerce, ( 55 ) rendez-vous cles populations les plus diverses. Ces apotres du Christ sout plus nombreux dans I'einpire Birman, surtout dans la province de Tenasserim. BUIiIiETIN' de la Soci^t^ geologique de France. Tome IV. !"• mars, 19 avril 1847. Ce num^ro contient quelques details , notamment sur les eaux siliciferes, et les deux principaux geysers ou sources ihermales de I'lslande.sur les terrains com- pris entre le gres vert et le calcaire grossier, sur la forme exterieure des anciennes moraines des Vosges , et sur le genre paleotherium ou des pachydermes. TRAVAUX de la Commission hydrometrique de Iiyoo ; rapports in-8 , 1845 el I84(j. ( Exlraits des Annales de la Societe royale d'a- gricullure de Lyon. ] Ces deux rapports contiennent une serie d'observa- tions m^teorologiques recueillies dans les bassins de la Saone et du Rhone. La commission a note les crues de ces deux grands cours d'eau, en 1845 et 18/16 , en remarquant que la premiere de ces annees a 6te hu- mide et froide , et la seconde seclie et cliaude, ce qui a 6t6 dd , non a la quantite de pluies tomb^es , mais a la repartition et a la duree des pluies , en tenant compte aussi d'une haute temperature soulenue pen- dant certaines series de jours. THE JOUHNAIi of the royal geographical Society of Ziondon. Vol. XVII , I8i7. 1" parlie. Ce numero de la Soci^td royale do geographie de Londres contient un article sur le Nil ol ses affluents ou tribulaires, par Charles T. Bicke , I im des corres- ( 56 ) jiondaiils de la Societe de g«^ographie de Paris. Get article , qui prouve les vastes rocherches el la ])rofonde erudition de I'auteur, ne comptepas moins de 84 pages in-8°. TH£ FROdV£SS of ethnology I an account of recent arcbeeolo- gical , pbilotogical and geographical resenrches in various parts of the Globe, tending to elucidate the physical history of man ; by Jdlin Russell Barllett. New-York, I8i7. Cotte brochure in 8° de 150 pages , dent je viens dc Iranscrire le litre, est une revue abregee des progr^s accom|)lis en 1840 pour 6tendre la connaissance du globe , particuli^rement en ce qui concerne la geo- graphic , et les peuples rlont I'histoire n'esl encore qu'imparfaitement retrac^e. Ce travail est une analyse methodique et rapide des decouvertes qui ont eu lieu durant cette periode dans les cinq parties du monde. ISTTORNO ad alcune locality di Spagna e di Francia, visitate nell' autunno del 1846, dal dotlor AiUniiio Toschi. Broch. in-8. Get article , qui traite de plusieurs pa3s d'Espagne et de France visiles par I'auteur durant I'aulomne dernier, est extrait des l\oin>elles annates des sciences naturelles de Bologne ^ cahier de levrier et mars 1847. Les lieux parcourus et decrits par M. Toschi, principa- lenient sous le rapport goologique , sont : JJarcelone , Foix , Paraiers et Bordeaux. ( 57 J HEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. EXTUAIT UES PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Pr^sidence de M. Jomard. Seance dn 1 jail let 1847. Le proc6s-verbal de la derni^re seance est In ct adople. M. le ministre de I'lnstruction publique ecrit a la Societe pour I'informer que , sur le rapport qui lui a 6te fait de ses travaux el des recherches qu'elle pour- suit dans Tinterfet de la science, il vient de mettre a sa disposition une somme de cinq cents francs a titre d'cncouragement pour I'annee 1847. M. le ministre desire que la Societe trouve dans cette decision un t6- moignage de sa vive sympathie pour elle, el il sei'ait heureux de pouvoir, plus tard, renouveler et augmen- ter m6me I'indemnite qui lui est attribuee aujour- d'hui. La Commission centrale vote des remerciements a M. le ministre de i'lnstruction publique. M. le general chevalier de Saluces ecrit a la Societe pour lui olTrir plusieurs nouvelles feuilles de la carte topographique des Etats sardes, publiee sous sa direc- tion par lo corps royal de I'etat major general. ( 58 ) M. le vicomte de Santaroin ollre a la Soci(^lc iin exemplalre de la grande mappeiiionde atlributic au XV* siecle du musee Borgia ; il fait observer que plu- sieurs auteurs ont parl6 de cc curieux monument de la g^ograpliie du moyen age, entre autres I'abb^ Fualdo , Simone Stratlco et le professeur Heeren dans une dissertation publiee dans les Memoircs de la So- cicte de Gbttinguo. M. de Santarem a donn6 lui-meme une analyse de cette mappemonJe dans ses Hecbcr- ches sur la d^couverte des pays situes sur la cote occi- dentale d'Afrique au-dela du cap Bojador. La commission hydronielrique de Lyon adresse a la Sociiite un rapport sur ses travaux pour I'annee 184(5. M. Jomard donne lecture dune lettre et d'un Me- moire anglais de M. le D' Beke sur les descriptions de Paez et de Lobo , relatives a I'Abyssinie. — Renvoi de ce Memoire au comite du Bulletin. M. Berlhelot fait part a la Societe d'une exploration execut^e par M. le colonel Codazzi , gouverneur de la province de Barina (Venezuela) pour le trace d'une route qui doit traverser des forets vierges et passer par les Paramas ( hauts plateaux ) des Codill^res , situees entre Barina, Truxillo ctMerida. Cette route mettrait en communication les populations de ces trois pro- vinces et faciliterait i'exportation de leurs produils, d'une part vers le lac de Maracaybo et de I'autre vers le Ivio Apure, un des affluents de I'Orc^noque. — Renvoi de cette communication au comite du Bul- letin. ( 59 } Seance da 16 juillet 1847. Le proc6s-verbal de la derniere s6ance est u et adopts. M. Pricol de Sainte-Marie , capitaine au corps royal d'etat-major, de retour de sa mission a Tunis, adresse a la Soci^te un apergu de ses travaux g^ographiques danslart^gence. Cet ofllcier annonce qu'il doitrepreii- dre ses opc^srations an mois de septembre procliain , et qu'il communiquera a la Soci^te la relation de son nouveau voyage. 11 se propose de prendre pour point de depart le pays des Nefzaoua au sud des grands lacs , pour arriver a Ghrademens et dc la a Tripoli. La Commission centrale remercie M. le capitaine Pricot de Sainte-Marie de ses interessantes communi- cations. La Soci^te geologique de France annonce qu'elle tiendra cette annee sa session extraordinaire a Epinal , le 10 septembre procliain. M. le vicomte de Sanlarem lit une Notice g(^ogra- plilque et analytique d'un Portulan royal ou atlas maritime portugais inedit de 1546. M. Albert- Montemont lit I'introduction des voyages de M. Delelorgue dans I'Afrique australc. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIliT^. Seance du 7 niai 1847. ['ar la Societe royale asiat/ti/ic de Londres : Journal of the Royal Asiatic Society. Vol. X, part 2. Par M . Ihiere : Essai sur le Symbolisme antique d'Orient, principalement sur le Symbolisme cgyptien, conlonanl la critique raisonnee dc la traduction du ( 60 ) passage da cinqui^me livre des Slromates de saint Clement d'Alexaiidrie, relatif aiix ecritures egyptiennes de M. Letronne , menihre de I'lnslitul. Paris 1847. Broch. in 8, Plus, deux tableaux figures. Par M. Lortet. : Rapport sur les travaux de la Com- mission hydrometrique de Lyon en 18Zi5. In-8 , avec quatre tableaux. Seance dii 21 nini 18 i7. Par M. C. de Montigny : Manuel du negociant fran- gais en Chine , ou commerce de la Ciiine consid^re au point de vue francais. 1 vol. in-8 , 18A6. Parlll. BoiifJ'ard : Province d'Oran. — Carte du territoire de colonisation, dressee par M. Bouffard , avec indicntion de la nature des terrains , d'apres le D' Aug. Warnier , membre de la Commission scienti- fique de I'Algerie, 1847. 1 feuille. Par M. Isidore Loivenstern : Expose des 6l6ments constitutifs du systeme de la troisidme Venture cun6i- forme de Persepolis. Paris, 1847. 1 vol. in-8. Par M. Beke : Description of the ruins of the church of Marlula Marlam, in Abessinia. London, 1847. Broch. \\\-lx. Par M. Murchi.son : Adress delivered at the Sout- hampton meeting of the british Association for the advancement of Science. September 10. Broch. in-8. 1846. Par M. A.-R.-.y. Sardat : Loi d'Union. Paris 1847. 1vol. in-8. /'a/ /es auteitrs el editeurs : Annales maritimes ot coloniales, a\ril. — Nouvelles annales des voyages et d(;s sciences geographiques, Janvier et fevrier. — Bui- ( (31 ) Iclin de la Societe geologiquc de France , de Janvier a uiars. — L'lnvesligateur, journal de I'lnstitut liistori- qiie , niai. — Bulletin special de I'lnstitutrice , mai. — Journal asiatique , mars. — Revue de I'Orient et de I'Algerie , Janvier. — Journal d'^ducation popu- laire, mars. — Annales de la propagation de la Foi, jnai. — Recueil de la Socidl6 polytechnique , Janvier et fevrier. Sea/ice r/u hjuiii 18Z|7. PavM, Johann Mn;ve«i ; Trigonomestrische Vermes- sungen im Rirchenstaate und in Toscana ausgeluhrt von dem Ingenieur Johann Marieni unler der Direc- tion des K. K. militarischen geografischen Institutes in den Jahren , I8Z1I . 1842 und 1843 , Vien , 1846. 1 vol. in-4. Par M. le vicomte de Santarem : Portulan du xiv° et du x\^ siecle 1384 a 1434 donn^ ex\ facsimile d'apres I'original qui a appartenu a la bibliotheque Pinelli , maintenant dans celle de M. le baron Walckenaer. 3 feuilles coloriees. Par M. Rnux de Rochelle : Histoive d'ltalie, 1" vo- lume. Paris, 1846, in-8. Par M. dc Caumont : Cartes agronomiques accom- pagnant un Memoire sur I'objet et les avantages des cartes de cette espece. Brocli. in 4. Par hi Societe rnyale des Sciences , de V Agriculture , et des Arts de Lille : Ses Mf^moires pour I'annee 1845. Vol. in-8. Lille, 1846. Par les auteurs et editeurs : Recueil de la Society poly- technique , mars. — Journal des missions evangtliques, mai. — Journal d'educalion populaire , avril. ( 62 ) Seance (hi IS Jiiin 18Zi7. Par Id Societe nrc/ieolo^iqiie de Beziers : ^uWeliu do cette Soci^te do 1836 a \Shll , 9 liv. in-8. Par rjcadeinie des Sciences , Arts et Bel/ex- Letf res de Dijon: M^rnoires de cette Academic, ann6esl8/i5, 1846. \ vol. in-8. Par M. Ch. Deville : Voyage geologique aux Antilles, et aux iles de T^n^riffe et de Foco 1" liv. Paris,1847, in-li. Par M. le Dr Vizer : Allocutio ad Palriam lingua na- tional! habita , in merilo : Celebeniniorum status oeconomiae publici piojectorum regni Hungariae ; res- pectu canalis Danubio, Tibiscani, Peslino Szegi^dinuni ducendi, turn portus danubialis Peslini struendi, at- que urbiunj Btidae, ac Pestini ab extraordinaria exurj- datione Danubii glaciali salvandarum; peculiari attcn- tione impensa relate ad novum pontem, Danubiiquo radicalem regulationem ; e principiis slaticis , dyna- micis , bydraulicis et tecbnicis evoluta, ac in extractu juris publici reddita, 1846. Un exeniplaire ms. en latin et deux exemplaires imprim«^s en langue bongroise. Brocli. in-8. Par les auteurs et editeurs : Annates maritimes et co- loniales , mai. — Revue de I'Orient et de I'Algerie, fe- vrier et mars. — Bulletin dc la Soci6l6 economique des Amis du pays de Valence , avril. — Recueil de la Soci^tti polytccbnique , avril. — Bulletin special de rinstitutricc , juin. — L'Investigateur, journal de I'ln- stitul bistorique , juin. Seance du '2 juillet 1847. Par le Ministere dc ra<^riculture et du commerce : Do- ( 63 ) ciimenls sur le commerce exterieur. ( N"" 369 a 370). In-8. Par la Societe pkiiusupkique rt//^e/Yca/rte.• Transactions ol the americaii philosophical Society, held at Phila- delphia , for promoting useful knowledge. Vol. IX , part. Ill, in-Zi. 18Z|6. Par M. le general chwalier de Saluces : Carta tope - grafica degli Stati di Sua Maesta Sarda in Terraferma, opera del Real Corpo di Stato Maggiore Generale. Feuilles IV, V et VI. Par M. le viconite de Santareni : Apographon des- criptionis orbis terras, figuris et narratiunculis dis- tinciae, manu germanica opere nigelliari discolorio circa medium ssc. XV. Tabular aencae Musei Borgiani Velitris consignatae, quod Camillus Joh. Paulli F. Borgia, cruce hieros. ornatus, ah intimo cubiculo Electoris Bavarici , patrui cardinalis exempla imitatus, summa fide , maximoque artificio expressum , reco- gnitumque Erudilis spectandum proponit A. C. CI3IDCCXCVII. Par John Russell Bnrtletl : The progress of Ethno- logy, an account of recent archa3ological , philological and geographical Researches in various parts of the globe , tending to elucidate the physical liislory of man. In-8, New-York. 1847. Par M. Coulter : Atlas general des phares et fanaux; Suede , 18° livraison. Par le D^ Antonio Toschi. : Intorno ad alcune localita di Spagna e di Francia visitate nell' autunno del 18^0. Broch. in-8. Par les auteiirs et edileiirs : elournal asiatique, avril. ( ier, c'est-a-dire la belle riviere , titre qu'elle merite bicn , ajoute M. Delegorgue ; et en effet,« du hauldes montagnes on laconfondrail avec un (leuve de vif argent qui s'efforce de chercher des obstacles , afin deprolongcr son cours sinueux, commc s'ilredoutait le ndantqul I'altend a lamer, » Les vallees environnantes offraient de beaux paturages et beau- coup de njiuiosas. On lit route vers le nord ; on passa la haute chahio des montagnes appelees Draakensberg, puis on gagna les bords de la riviere Totigucla , que Ton franchlt le 20. On campa le 21 pr6s de fi/ipiin'ier , rivi6re pier- reuse , difficile a traverser a cause des roches qui ( 71 ) I'encombrent, Le 23, on laisuit roiiti; [)arnii dos ter- rains couverts de mimosas. Le 28 , on traversait Zand-R(\>ier, et le 29 Oin-Siuyati , ou riviere des BufTles. Le 30, on etait dans la contree des Cafres Ma- kazanes , el le 31 Janvier 18/|0, on franchissait Om- philos-Oinsc/dopii,, c'est-a-dire la riviere Blanche, non loin de laquelle se trouve la capitale du roi Uingaan. Cette riviere s'abouche avec Oinphilos- Mouniama ou riviere Noire , a 18 lieues de la mer, et toutes deux portent leurs eaux a la baie de Sainte-Lucie sous le nom A'Oiiiphilozie; sur les cartes marines, I'Omphi- lozie des Amazoulous est indiquee par celui de riviere de Sainte-Lucie. Le voyage de M. Delegorgue offre sur ces cours d'eau quelques details plus ou raoins nouveaux , dont nous ne rapporterons ici que les principaux. « Apr^s avoir arrose une vaste ^tendue de contree cliauve , a partir de la chaine de Qaathlambene ou sont leurs sources , ces deux rivieres , Omschlopu et Mou- niama, arrivees a la moitie de leur course , penetrent , dit M. Delegorgue , dans un pays convert de bois , abondant en gibier de loule espece. Leur cours de- vient alors sinueux a plaisir, car partout se pr^sentent des obstacles. C'est an centre de ces forels , pr<^s de leur confluent , que je passai une partie de 1841 et 1842 a chasser les grands animaux, et principalement les elephants. )) Omphilos-Onischlopu s(; distingue par son lit dc sable, d'ou lui vient son nom de riviere Blanche. Omphilos-Mouniama , quoique pen distante , est re- connaissable en beaucoup d'endroits par dos pierrcs rondos ot rlclachces, do teinle noiratrc, qui jonchoni ( 72 J son lit, et influent sur sa coulour apparcnto «u point do liii avoir valii Ic noin de riviere Noire. » Le 1"' f^vrier on campa dans une jolie valine , et le Icndemain on renconira dcs cavaliers calres qui an- nonc^rent la deroute complete des troupes de Dingaan, lesquelles en etaient venues aux mains avec celles de Panda et d'un autre chef indigtine. Le but de I'expe- dltion des Boers cliez les Amazoulous etant alors at- teint, on reprit bientot la route du retour, et en elTet, on 6tait rentr6 le 30 mars a Pieters- Mauritz-Burg , nouveau chef-lieu de la colonic des Emigres hollan- dais d'origine. Revenu a Port-Natal , M. Delegorgue s'y procura one habitation et y diposa ses collections d'histoire naturelle. Dans un chapitre de son livrc, il a consigne de prccieuses observations sur les mceurs dcs Rooyc- Booken, ou antilopes , et sur ccllcs des serpents de la contree ; nous regrettons que los limites de celte ana- lyse ne nous pennetlent point de les consigner ici. Nous eprouvons le meme regret ci I'egard de I'int^res- sant chapitre concernant les hippopolames, auxquels M, Delegorgue a fait unc chasse opiniatre qui hii a perniis de les dludier a fond. Les rivieres et les lacs de la (lafrerie sont remplis de ces animaux generale- ment craintifs , et qui ne sortent que la nuit pour al- ler brouter I'herhe. M. Delegorgue a fait aussi une longue el terrible chasse aux rhinoceros et aux 6\&- phanls , dont les habitudes et le caractere sont d'gale- nient retraces avec un soin particulier dans I'ouvrage que nous analysons. Forcd de choisir au milieu de tant de renseignements divers, nous nous arreterons uti moment au tableau que le voyageur nous tiacc dcs danscs gucrrieres des ( 73 ) Cafres Amazoulous , ranges sous I'autorite despotique du cln'i Panda. Ce chef elait alors environne de qiiatre-vingts belles femnies noires, n'ayant pour costume qu'une legere celnture , ct laissant a i'oeil curieux le plaisir de con- templer a peu pres tous Icuis charmes. EUes ^taient divisees en escouades de quatie , et gesticulaient en clianlant une esp^ce de cantique en I'honneur de leur maitre.Vingt cinq rt^giments de chacun mille honimes d^fderent devant le roi. Laissons maintenant parler le voyageur. « Apres le salut, qui dura plusieurs lieuies , cette masse reunie de guerriers forma le eerie et se mil a chanter des cantiques helliqueux avec une intelli- gence des sons , une justesse , une precision telle quelle ra'^tonna beaucoup. Lorsqu'eurent cesse les chants, desorateurs distingues quitterent leurs rangs , et, se tenant a quinze pas devant le roi, ils improvi- serent des discours, njarques par une extraordinaire volubilite. A un sign(;donne, la foule qui jusque la s'e- tait tenue debout, s'accroupit pour ecouter plus a I'aise. D'autres orateurs repondirent aux premiers ; ils traitaient specialement des affaires du pays ; il n'y etail question que d'interets gen^raux , et Panda de son siege r^sumait a part les discours , se formait une opinion pour repondre lui-meme ensuile au vceu ex- j)rim6 par son peuple. L'6loquence de ces hommes produisit sur moi I'effet le plus extraordinaire. La ra- pidlleavec laquelle ilss'exprimaientprouvait qu'ils par- laient d'abondance. EUe m'empechait de suivre leurs phrases ; mais, en m'attachant a I'intelligence de leurs gestes , je pus comprendre dun boid a I'autre tout ce qui lul (lit dans celte seance. ( 'h ) » Ainsi, (lu gestc fail ile la main droitu, ariiice dun tonga oil baton leger, soupleet pliant, ils ponctuent ad- mirablement leurs phrases. Au moment ou la convic- tion est forte, oii lesniots arrivent heureux et rapides, oil ils veulent forcer les auditeurs a leur opinion , le tonga tourne invisible , fendant I'air qui siflle apros son passage; il se pose, sereleve aussilot, decrit vingl cercles dont I'a-propos nc saurait etre contcste, el I'o- rateur j)arle, parle toujours , sans qu'un mot jamais lui fasse defaut. II y a un temps d'arret ((uelquefois , niais poui- prouver encore plus de v6h(imcnce a la re- prise. » II y a dc beaux moments dans cc genre d'elo- quence, oii etonnc loujours I'excessive facilile d'elo- cution , si eminemment renforcee par les geslcs par- lants; mais aussi vers la fin, lorsque I'orateur veut porter le dernier coup , ses traits se contractentcorame par conviction : c'est un demon qui bondit et semble menacer de percer de son omkondo ou poignard qui- conque ne pense pas comme lui. C'est le travail le l)lus fatigant que je connaisse, a en juger par ces corps ruisselants de sueur, et si je ne I'avais vu , je ne com- prendrais pas comment un liomme peut ainsi pai'ler une heure entiere. » Le 10, le temps dtaitpluvieux des le matin ; mais lo roi devait danser, I'usage le veut ainsi , et pour cetle cause chacun resla. Vers deux heures seulement on put se reunir, et bientot ensuite la terre tremblait au loin sous la mesure marquee par les pieds j)uissanls du peuple, et I'air retentissait de la voix une, immense, (le 25,000 guorriers. J'etais encore la pres de Panda, fatigue , n'ecoutant plus , ne pouvant j)lus entemlrc , lant ces sons m'avaient assourdi , lorsque vers quatre ( 75 ) heures le roi se lc\a lout d iin coiij) pour passer the/, lui. II y tillail afin de changer son manleau do pourpre contra son coslumo de guerre, et pour m'en Instruire, il me detacha un de ses capitaiiios chargd; de me te- moigner sa volonte , qui etail d'occuper pour lui son fauteuil jusqu'a ce iju'il revint. )) 11 n'y avail point a balancer. « Asseyez-vous oi'i s'assied le roi , » me r^peie encore I'oai-douna ou in- terprete ; et moi d'obeir sans reflexion permise, et loutefois avec une repugnance senile. Pour la premiere tois de ma vie je me voyais sur ua trone , heureux que rette premiere fut la derniere, heureux encore que mon role de roi ne durat que ce qu'il fallut a Panda de temps, je ne dirai pas pour passer une chemise , il est bien entendu qu'un Cafre , meme roi , n'en porte pas, maispour revetir ses ornemcnls et distinctions de combat. » J'^taissimaldansmon royal rauteuil, oblige de sou- tenirles regards detant d'hommes, tous egalement cu- rieux de voir comment je reussirais a me tirer d'alTaire ; et puis, ne senlais-je pas peser d'un poids, gravitant sur mes epaules , cette chape de plomb que le peuple nomme un manleau royal , el ma tete comprimee dans ce carcan decore du nom de couronne , ne souf- frail-elle pas a regretter le simple et moelleux bonnet phrygien ? Roi nouveau-venu , roi par hasard , roi d'un quart d'heure , j'eus cependant le temps d'ob- server la nargue peinle sur les Irails de ceux qui n'6- taient mes sujets que comme j'^tais leur roi, tant il est vrai que ce lot est celui de tout parvenu. » Deja mon front se plissail de soucis, et je com- mcngais a sentir un cauchemar. Pantia rcparait ma- gnifique. imposanl, Fair bolliquoux , tenant de la ( 76 ) iiKiiii p;auilie qtiatio ass;\f:;iij'(!S ou flcclies fines , ol dc ladioile iiii autre assagayc on IVr. II avail la Icile orn6e tie piunics, L't son accoulrcnient avail quelqiie chose (!<• \ raiment guerricr. II so mil a chanter en marqiiant la mesurc , puis a hraiidir scs armes , ct , plein tl'une expression sinislre , il mo menaca comme s'il aliail me percer ; mais ce n'etait qu'un simulacrc , el le lor no quilla point sa main. ICnIin Paiula se remit a la telo de sa coionne , le chanl do guerre reconimen(;a et los mouvements dovinront plus rapides ; le prince en pas- sanl dovanl inoi simula do uouveau la menace , puis , disparul comme I'ciclair. » AprlIK)LES. Lcjinli'es, I ' iioni 1847^ , Vous connaissez mes opinions sur le sujel des nolations geographiqaes (1) ; jc suis ("ermement con- vaincu que la geographie n'atteindra jamais cc haul rang qu'elle nierite , comme une des sciences les plus iinportantes , tantquo son langa^e no sera pas regulie- reinenl systematise, II ii'y a plus de tr6s grandes dt'- couvertes a faire , bien que de norabreux details manquent encore pour completer la connalssance de I'interieurde I'Afrique, du centre del'Asie etdu sud de I'Amerique; avec le temps, on obtiendra ces notions, et le trace cartographique de la terre deviendra assez complet, autaat du inoins qu'il est [)ermis du I'espe- rer, pour remplir ics blancs qui existent encore et pour rectifier graduellement ce qui pourrait encore se trou- ver inexact. Ge dontnous avons maintenantbesoin,c'est de conslruire un bel et complet edifice avec les abon- dants materiauxr^unis jusqu'a ce jour. Afin d'obtenir cette parfaite symetrie et cct ontier arrangement des parties , sans Icsqucls un edifice ne peul avoir ni convenance ni beaute , il est necessaire , avant tout, di! clioisir et de classcr les materiaux que Ton a ;'i elever : tanl que cct arrangement ne sera pas fait, nous conlinuerons de r^unirdos objels lietdrogenes en une masse inl'orme et dune inextricable confusion, Ge labeur pre[)aratoire est trop considerable poiu- une seule personne ; il doit etre eflcctue par un certain (1) Voyc/. Bulletin de la Socic'K! de jjr(){;iM[)liie , avril 1ituelleraeiit d'El-Ghat a Kanou. \ Oicila serie entitjrede ces vingt caracteres d'apres la transcription qui resulte des alphabets conibin6s , sauf le l""' qui est inconnu , \—-\ (le 5*" qui est un B, comme Ic 6% sc transcrit par un sscu/ selon M. Prax, mais cette valeur est tres douteuse). •Y iN CII B B M N M CIl ji Cll (,H F T T R N OU Le 16° signe en forme d'X a la mdme valeur (dans un autre alphai)ct) que lesdeuxenlre lesquelsil figure ; mais il est probable qu'ici il a uur, autre significa- tion. ( 85 ) D'apres M. Prax , Ic caractore libyen est usite au- jourd'hui a El-Ghat, concurremment avec le caractt'ie iirabe, ct, do plus, il sorait familier aux deux sexes : remarquons que le recit du voyageur anglais lie don- iiait pas lieu de soup(^onner ce fait. II resulte de tous ces rapprochements , qu'on ne ])eulplusnierrexistence d'un caracterc special Ir^s aii- cien , servant a 6crirc la langue libyenne (langue dont le berbere est le reste) ; un autre fait non moins im- portant est que I'usage de ce caractere a persevere jusqu'a nos jours (1). On ne saurait done trop recom- mander aux voyageurs qui parcourent I'Afrique sep- tentrionale de recueillir partout k-s exemples de cette eciiture , soit sur les rochers , soit sur d'anciens mo- numents, soit sur des armes et ustensiles , et surlout les texles suivis, et meme ccrlaines figures isolt^ses qui ne sont peut-etre que de simples marques : ce qui n'empecherait pas, d'ailleurs, que ce fussent des signes alphabetiques. J — D. SUR L\ LANGUE DES MUYSCAS (2) OU 1,A LANGUE CHntCIIA. M. le colonel Joachim Acosta (3) a rapporte de la iNouvelle-Grenade unVocabulairemanuscrit remontant (i) Vov. M<'itiniies do la Soch'ti- ih- Gcoar I'Acadi'niie des Inscriptions et belles-lettres. (2) MiiYSigalion. II vient de parallre un ouvrage posthunie (leD. Fer- dinand de Navarrete, ouvrage plein d'int^ret. La publication nouvelle que nous annoncons re- porle les souvenirs sur la pcrle sensible qu'ont faite les sciences dans la personne de M. de Navarrete : lAcad^mie royale d'liistoire de Madrid publie elle- inenie I'ouvrage du celebre auteur qui la presida si longtenips. Get c^cril posthunie meriterait une analyse d^taillee : ici, nous nous bornerons a un complerendu tres succinct (1) . Apr^s une courte inlroductionj'auteur entre en mati^re ; il expose I'originede la navigation et ses premiers progr6s, et il inontre comment 1 'appli- cation des sciences matliemati(]ues a contribu^ a la perfcctionner : c'est I'objet de \a premiere [larlie ; ellc conduit cette histoire de la navigation jusqu'a la fin du xiii" siecle. Dans la seconde, M. de Navarrete traite do la decouverte de la boussole , de I'invention des cartes plates, del'usage de I'astrolabe pourles observations de latitude, et de I'emploi de Tartillerie a bord des navi- res. II s'attache a monf rer quelle grande part ont eue les Espagnols dans ces innovations, etcombien ils ont in- flue sur les progres de la navigation jusqu'a la fin du XV* si^cle. Dans la troi.sieme partie , relative aux siecles suivants et la plus etenduode toutes, I'auteur fait voir I'etat des sciences mathemaliques en Esjiagne et les ap- plications qu'on en a t'aitcs a la navigation et aux autres arts ; entre autres , I'invention des cartes sph^riques (i) Disertacion sobre la histuria de la Nauticu y tie las Ciencias riia- tcinalicas que han coiitiibtiiilo a >^iis profjiesos cnCre lus Esjianules Olira postmiia del Kxrino Si D. Marliii rernaiidez Navaireti-, i vol. iii-8. Madrid, iH4fi. ( 91 ) cliez les Espagnols, 11 apprecie lus 'litrerenls truitcs de navigation composes par eux, ct II traltc cles tenta- tlves qu'ils ont faites pour la detennlnallon des lon- gitudes en mer. L'ouvrage est termini par des notes tres d6veloppees, parail losqueilcs on remarque I'a- nalyse d'un grand noinbre d 'ecrits qui roulent sur I'art de la navigation, princlpalement par des <5crivains espagnols. En sonune , c'est un excellent resume de tout ce qu'on salt sur I'liistolre de I'art de la navi- gation. J— D. Note sur le public domain des Etats-Unis. En ce moment, il y a un milliard d 'acres apparte- nant au dnniaiiie public de I'Llnion amciricaine , ce qui ^quivaut Ji AOZi millions 671,000 hectares. Tous les Etatsetles tcrritoires ont entrepris une operation ca- dastrale , etablie sur un leve geom^trique , et chacun d'eux poss^de un diagrainoie ou tableau figure sur le- (|uelsont marquees et distinguees par lotscarres toutes les terres ali6n6es et a aliener pour les ann^es 1843 et suivantes. Ces sortes de cartes-cadastres contiennent seulement Ic cours des eaux , les lacs et les rivieres. La Societe de geograpliie arecu , comnieechantillon de ces diagrammes, celui du terrltoire du Wisconsin et celuidel'fitatde Missouri ; plus, un relevedes quantltes d'acresappartenant au domalne dans les Etats d'Arkan- sas, Missouri, Floride, Misslsslpi, etdans les tcrritoires de Wisconsin et Iowa , actuellement en Amission , montant en total a 10,4/16,818 acres (1). Les terres a minerals sonl evaluees a part; celles (i) Voir liullc'lin (I avril 18^7. ( 92 ) qui icnferiuenl du plumb clopciuleiU dii lorriloiro Iowa, de ILtat d'Arkansas,de Baterville, de Fajetleville ctd'Illinois. La region du cuivre est dans le Missouri ; les terres de ce canton renfennent 811,890 acres. Le prix minimum des terres du domaine est i dol- lar et l//i ; les terres a minorai , 2 dollars 1/2. En ce moment, lh'2 millions d'acres bont a aliener. La description fait connaitre la quality des terres, lours dilTcrents degr«5s de fertility, ainsi que colics qui sont propres aux divers genres de culture. Le Land -System a 6t6 fond^ par un acle du Congres du 10 mailSOO. La loi veut que toules les terres, avant d'etre offertes, soicnt rigoureuscment mesur^es ; lo travail se fait aux frais du trosor. La base dos opera- tions est une serie de meridicns observes; le pre- mier de ces meridions est dans I'Obio le second dans Indiana, le troisiome dans Illinois el ainsi de suite. Tout le pays est divis6 en divers carr6s de 1 mille et de G millcs chaque, tous a cotes paralleles. La plusgrando division est ap])el6e Towns/iip ( territoire urbain } , et contienl 23,040 acres, et il se divise en 36 carr^s (de 3,840 acres), partag^s en sections do 6/i0 acres, dont le quart [quarter-section) est de 100 acres. II y a enfm les demi-quurts de section de 80 acres. Le terrain porte des marques correspondantcs a ces divisions. Une suite de Townships contigus s'appelle range ou cbaine , et les series de chaines sont numi^rotees, a partir d'un parallele fixe. La baute direction des operations do mosurage est confine a 5 ingonieurs generaux. Le produit d'une 30' parlie, dans chaque Township, estr^servee pour le sou- tien des 6coles , et d'autrcs portions, pour les colleges el les universilcs. Les sources salines ct los mines do I (93 ) plo.inb sont reservees pour la location..., Le land-office general est etabli a Washington , sous la direction d'un conimissaire special, suborrlonne au d^partement du tresor; il existo des bureaux particuliers , dont le nombre actuel est do 52 Dans chaque Elat, 3 cin- quiemes du produit sont reserves pour les routes lo- cales , et 2 pour I'encouragement de I'instruction. Les terres du dornaine public sont exemptes de taxes pen- dant cinc[ ans a partir de I'achat. Le monlant des alie- nations depuis 1801 au 30 soptembre 18/|2, a 6te de 107,9/|0, 9Zi2 dollars ;de 1830 alSZiO, ellcs ont fourni pres de 82 millions de dollars. En 1819, le Congres a dote les colleges, les universites ot los Academies de pr^s dc 5/iO,000 acres de terre ; les canaux ont eu plus de 2 millions 1/2; les salines 330,000; les batiments publics 30,000 , etc. i^e total des conces- sions s'elevait alors a 12,800,000 acres en nombre rond. 9 millions d'aci'os ont etedonnes, aulieud'argent, en gratification aux soldats qui ont servi dans les deux guerres avec la Grande Bretagne. LeCongrfes a accords a des individuspr^sde 281 millions d'acres. On a donne aux sourds-muets 46,080 acres On a achete des In- diens, dc 1840 a 18/|3, pres do 26,000,000 d'acres A niesurc que les operations d'arpentage s'effectuent , ondecouvrecontinuellementdc nouvelles ricbesses mi- nerales, en fer, charbon , plomb ct cuivre. Dans la saison derniere , on a fail una pri^cieuse d6couverte de mine dc cuivre dans 1 Etat dc Wisconsin. Dans le terrain mineral des Illinois, il rcste encore pros dc 2Z|3,000 acres a explorer ct a mesurer. La culture des terres a ajoute plusieurs millions dc dollars au revenu public, en memo temps que los classes pauvres et laborieuses ont vu leur bien-etre augmenter,el que f 94 ) les bienfaits do la civilisation se sonl repanduij de plus en plus, et onlajoul^ a la prospc^ril^ del'Lnion AirnS- ricaine. " L'n t^moignagc qui n'est [)as suspect est cclui do VEclimbitrg-Revieii', dans son dernier nuniero, au su - jetde la Statistique aniericaine de Macgregor : « L'Ame- » rique est, a cette heurc, plus que jamais, ce qu'elle » a ete pendant des sieclcs, un grand luenfail providen- » tiel pour I'aiicien monde surcharge de population. » P. S. A 1.1 derniere session ilu Conyres (i847),l'adininislration du iresor pnhlif a fait un rapport siir Id situntion du public (toinaiii , il'oii il resullc niie el'ndue , lonte (leduciitni faite, de i,orf ,538,2 i4 acres , qui , e'tinics a i dollar l/^, rcjiresentpiit 1,345,673,767 dol- lars , clc. ExTRAiT d'une lettre de M. Antoine d'Abbadik n M. JOMARD. Omokullu , 6 aoul 1847- « Voila quatre ann^os que j'ai I'intention de quitter I'Abyssinie, et I'cspoir de terminer quelque chose ma toujours retonu. J'ai voulu completer nia collection de manuscrits Giiz , approfondir mes Etudes de cette langue , planter avcc mon frere le drapeau tricolorc sur la source du fleuve Blanc, et rclier cette source avec Gondar par unc suite d'azimuts. Ces deux (lerniers buts ont cte attcints, cl, quant aux autres, j'ai dQ me dire avec Uippocralc : Ars Ionian, intti brevis , et y renoncer en definitive. Malheurcusement ma collection de 150 manuscrits est resl(ie A Gondar ; j'y veux retourner pour la retirer, et les chances du voyage en Ethiopia sont si grandes que je n'ose plus annoncer nion retour en France. Je ne puis pas pro- metti'c grand'chose pour unc carte du S.-O. de I'Aliys- ( 95 ) sinie : la guerre a ete si constarito clans ces derniers temps que j'ai dtl renoncer a dcs lev6s de detail, et tout le pays entre Bonga et Gondar est plutot esquiss^ par quelques points fixes avec soin que par une bonne configuration du terrain, qvii exigerait des allees et venues toujours difliciles el souvont impraticables. J'ai borne enfin mon ambition a faire I'esquisse d'un ca- nevas trigonomelrique. Jc n'ose dire que j'aie des preuves (matbematiquement parlanl) que la princi- pale brancbe du Nil-Blanc ne vient pas du sud , mais bien tourneautour de Kafa ; mais il me semble que les renseignements de M, d'Arnaud, parfaitemenl d'ac- cord avec les miens , et une suite d'analogies, empiri- ques peut-etre, mais que je developperai plus lard , rendent ma conclusion Ires px'obable, a savoir, que la vraie source du Nil-Blanc est situee entre Inarya et Jimma-Raka , par environ 7° A9' de lat. et 34° 38 long. E. de Paris. Mes informateurs Dogo m'ont tou- jours dit que la riviere principale est celle qui tourne autour de Kafa. » Je me suis amus6 a calculer ainsi la longueur du Nil : niilU'5 gtogr. Dr. la source dans la foret • Plus , 1/3 di' sinuosit(?s . . .- yo 5 De Puxeria a Jeanker,d'apres la lonjiitudedcM. d'Ar- naud 53o 11 Plus , ^ de sinuosites ... 1 -3 3 De Jeanker a Kliarluni, tl'ajtres M. d'Ainaud I 2,'|3 3 De Kailutn au Athara gy „ Plus , \ de sinuosiles 21 nS D'Atliar.i a Datniette, scion M. de iluridjoldl i85o » Total 4321. (1) La sourt c du Nil- Bleu est par 10° 58' dc latitu 84 die- Grenade (1). En parcourant a diverses reprises la province de Tunja , uniquement dans le but de reconnailre le pays, jc recueillis un renseignement vague sur I'exis- tence prt^suraee, dans le canton de Leiva, de quelques ruines appartenant a un temple ou a un palais du temps des anciens Indiens. Cette nouvelle variant cliaque fois que je reitt^rais des demandes tendant a m'^clairer sur Texistence de quelques vestiges d'edifi- ces anterieurs a la conquete , et personne n'affirmant les avoir vus, je commencai a douter de la veracity d'un tel bruit. Toutelois , un tel sujet m'interessant vi- vement , j'entrepris un voyage en juin 1846 , ma]gr6 le temps et la peine que cela devait me coutcr , afin de fixer nies incertitudes. Apres avoir pai'couru le canton de Leiva en dilTerents sens , sans renconlrer ce que je cherchais, apris m'etre avanc(^ jusqu'aux environs de Moniquira , en suivant la direction de Gachantiva a cet endroit, a travers une belle plaine livree a la culture et l6gerement en pente, jc decouvris une grande picrre (i) Tiaduit iilli'tiii Jc mai"< i!^ J7, j>. 20c). VIII. AOUT. 3. 7 ( 9S ) qui , a line certaine distance ,ne mc parut pas d'abord avoir 6t6travaillee par la main de I'liomme. En appro- chant, je reconnus que c'etait uneesp^ce decolonnede 4\ares 2/6 de longueur sur 31/2de diam^tre. Je pen- sai que de telles pierres , quoique grossi^rement tra- vaillees, avaient dil servir de colonnes. En parcou- rant le terrain, je irouvai, eparses ca et la, d'aulres pierres semblablcs aux premieres; cnfin , s'oflri- rent a ines regards, treize pierres des plus grosses, rangees comme en un ccrcle d'cnviron 50 vares de circonference. U me senibla qu'elles devaient pro- venir de quelque temple ou palais remontant a des temps eloign^s. Certaines de ccs colonnes ont une forme aplatie comme un poisson (1) ; cliacunc a des cnlailles a ses extremites, ce qui annonce clairement par quel mo J en on s'y pritpour les attacher el les trans- porter hors de la carriere jusqu'a I'emplacement qu'elles occupenl. Alors que je desosperais de rencontrer les ruines d'un edifice , objcl principal de mon voyage, les In- diens d'une cabane me signalerent certain lieu eloi- gne d'environ 400 vares des Ireize dernieres colonnes; je m'y dirigeai aussitot, et quelle ne fut pas ma joie d'y aperccvoir des ruines ! elles me causerent une vive (Amotion. Je Irouvai des colonnes cylindriques fortbien travaillees, fixees en terre , et occupant une surface de 45 vares de long sur 22 de large. Ces ruines, dans le sens (le la longueur, vonl de I'orient a I'occident ; quelques unes sont rangdes en ligne droite, dans la nieme direction , avec cette particularite , que, dans (i)ll y a clans I'cspagnol : Sfinej^inle a la ile un pez, expression qui ne seinble pas rentlre exactemenl la pensec de I'autcur de la Noiicc. Ces colonnes elaieiU'])riil),iljlcinent un pm ovalr> rornnio rtlles ilc Raniiii<|iii. Vov. (ilii> l>i<, p. io3. (99 ) une des files, les colonnes sont tellement rapprocUees, que leur distance respective ne depasse pas une 1/2 vare. La circonferencene va pasnon plus au-dela d'une lj'2\are[sicj; quant a la longueur, ellenesauraitetre de- terminee , ces restes 6tant tellement endommag^s que la plus haute n'a guere que 1 vare 'J/3 au-dessus du sol; d'autres sont a peine visibles, les rangees aux- quelles elles appartiennent se trouvant intcrrompues. Les diametres de ces colonnes sont d'une egalite par- faite; elles sont d'une exacte ressomblance entre elles, et si bien tournees en forme cyiindrique qu'elles me sembl^rent mieux travaill^es que celles qu'on emploie actuellement a Bogota ; elles forment par leur legerete et leur elegance , un contraste iVappant avec les treize ^normes morceaux mentionnes plus haut. II est impossible d'aflirmer que I'edifice dont il s'a git eut seulement bb vares de long sur "I'l de large, parce que dans cet espace les colonnes se toucbent. Dans toute I'etendue de ce terrain, sur une surface considerable , on rencontre quantity de morceaux de colonnes epars, ainsi que d'autres pierrcs , parais- sant avoir et6 travaill6es sur certaines de leurs faces. A 100 vares de la, je trouvai egalement un terrain rem- pli de bi'oussailles et d'un nombre considerable de pierres qu'un examen rapide me fit soup^onner avoir ete travaillees. Les colonnes qui existent en- fonc6es en terre sont au nombre de 29. Dans tout ce que je vis , je ne remarquai aucune trace de mortier de cbaux ni d'autre cimcnl; en sou- levant quelques unes de ces colonnes, on en trouvcra peut-etre. L'examen de ces vestiges me fit une grande impres- sion , et j'acquis la certitude que le territoire qui les renfermait , pr^sentanl environ 2 milles d'ctendue , ( 100 ) a\ail (111 elri! occiipo par iinc grando villo , i!t , selon inoi , par line nation beaucoup plus ancienne que les Miiiscas (1). Comme la superslilion est toiijours dispos6e a mal interpreter tout ce qui a appartenu aux nations idola- tres , les gens du pays appellent les ruines du tem- ple ou du palais en question , le Pelit-Enjer. Mon opinion est que ces ruines remontent a une grando antiquite, parce quecescolonnes, lant cellesqui sont enfouiesdans le sol que cellesqui sonleparses dans la plaine, portent sur elles la marque des ravages du temps, etdos traces non equivoques de mutilations et de deteriorations anciennes. Je pense aussi que ce qui a contribue a leur deterioration, c'est que ces ruines ont du servir de carriere pour les besoins de la ville de Leiva, du \illage de Moniquira et du couventdu vallon Santo- Exehonio[sic), les environs ne pr^sentant ni montagne ni eminence, Ainsi Leiva devait surtout puiser des ma- tdriaux parmi ces debris de colonnes d'un transport facile, pour construire ses temples et ses convents. Jc (i) Je ciois que c'est une nrciir d'-ippeler Muiscas les aaciens ha- liilaiits (le ce j);iys , parce (|ue,dai)s Icur itliorae, ilfidscn si{;nifie lioinmc et est un mot compose. Mil vcut dire corps , ircrt se tra- (lnit par cinq ; de telle sorte que, reunis et traduits en espagnol, ces uiois sifjiiifient liiter.ilciiuiit corps ile cinq points ou corps Je cinq extremites. Coiiirne il c.^t proijahle que les Espnjjnols eiitcndirent de- signer [)ar Ic mot de 3Jiiisca ou Muiscas qiiel(|ucs individus, ils en conclurent que tous portaient ce noin, et que la nation s'appelait Muisca. Je n'ai jamais In dans aucune histoire que ce pays fiit d('sif,nc par un nom generique. Tuiija , seuleiiient , s'np[)eiait la province de Yravaca; niaissur le plateau de liogota, il n'existail point de designa- tion commune, parce que les Zipas , qui etaient soumis au roi de Tiinja, s'claient affrancliis soixante ans a peine avaiil la conquete. Pans ce laps de temps, ils elendireiit leur domin.ilion |),ir I.i force des armoi. ( ioi ) pcuche vers cetle o[)iiii()ii, traulanl plus (ju .i])rt'b in uir visile ces mines, je passai par la paroisse de Moni- quira qui deja elait entierement deserte, ct qnc, dans I'eglise et la maison du cure, seuls edifices existants, je reconnus des colonnes et d'autres pierres entiere- ment semblables a celles des ruines. L'ignorance qui a loujours regne dans la province de Tunja explique la negligence et le manque d'at- tention a I'egard do monuments si interessants ct si dignes d'etre ctudlds. Les habitants de la contree en ont eu seuls connaissance jusqu'a present ; et bien que , sous le rapport de I'importance et du grandiose, ils ne soient point comparables a ceux qu'on a decou- verts dans le Guatemala et le Yucalan,ils n'attestent pas moinsl'existence depopulations anciennes etdeja fort avancees en civilisation. Un autre motif qui me porto a etre convaincu de I'antiquite de cesrestes , c'est que la province de Tunja est , selon moi , le lieu de la Nouvelle Grenade habile depuis le temps le plus recule. Ce qui le prouve, c'cst I'absence de terre vegetale qu'on remarque asscz ge- neralement , de telle sorte que certains tcrritoires , tels (jue le canton de Leiva, sont deserts, traverses par des ravins, occupes par des rochers remplis de fentes, et presentent I'image de la miserc et de la desolation, tandis qu'a une autre epoque , ils furent cultives , peuples et ferliles. Ce qui me fortifia dans cette maniere de voir, c'est que dans la province de Tunja, il n'existe pas en general de bois, par exem- ple a Somagose, ou les gens du peuple font la cuisine avec de la fiente dessechee , et cultivent avcc soin le saule, afind'en tirer parti pour la construction do leurs maisons. Co qui ajoute en (in a ma conviction , c'cst ( 102 ) que la on dd'truit les bois avec unc imprevoyanco non moins deplorable que dans la uiajeux'e partie de la province de Tunja, et qu'un lei ^puiscment est un fait qui dinonce rexislence de populations anciennes. Au commenecment de cette ann6e, je vis ^galement a Tunja les deux piorres nomm^es les Coussins ilu Diable. Sur une colline, a 6 cuadras (1) de la portion babitee de la ville , et dans la direction de I'ouest , on trouve un rocber travaill^, embrassant un espace d'en- viron fiO vares , sarmonte seulement de deux pro(^rai- nenccs alTeclant la forme de pierres de meule , mais un peu plus grandes. Le laile superieur est elev6 d'une \l'l ou 2/6 de vare ; le contour est parfaitc- ment circulaire a la partie sup^rieure; mais vers le haut de la colline , ces deux pierres sont un peu en declive, ce qui a donne lieu de les appeler Coussins; elles sont 6gales et tellement jointes I'une a I'autre, que rintervalle de 1/4 de vare seulement les s^pare. Elles semblcnt avoir 6le travaillees. Je me suls age- nouille sur une d'elles , et jetant de la les regards au- tour de moi , jo jouis de la vue magnifique de la ville et du plateau de Tunja. Dans cette position , on se trouve en face de I'Orient. Pout-etre les habitants , comme les Peruviens , adoraient-ils dans ces pierres le soleil a son lever. II dut en couter de grands efforts pour travailler tout ce rocber , afin de le rendre uni en laissant les deux gi'andes monies pro^mincntes. Je me dirigeai ensuite aRamiriqui par BoyacA, pour voir les grandes colonnes appel(ics commun^mcnt les Pontres dc pierre ou Potitres da Diable. Dans lui d6- tour, a peu de distance de la riviere de Ramiriqui, je (iJCuadra siyiiiHe ile du niaisons; ceue distance e(|uivaui a 600 vares. ( 103 ) trouvai trois grandes colonnes couchees par terre. Les deux premieres que j'apercus sont plus renforc^es au milieu quo dans leurs extremites ; elles ont la forme elliptique , mais leurs contours sont si parfaiteraent arrondis, et travailles avec un tel art, qu'on pourrait les I'aire entrer dans la construction d'un edifice actuel , sans avoir a les retoucher. L'une a 7 vares 1/4 de long et presque la menie circonferencc que I'autre. Toutes deux pr^sentent a leurs extremites des entailles qui ont aid(^ sans doute a les saisir et a les transporter. L'autre colonne se trouve a quelque distance des pr6- cedentes ; elle a la meme circonference , sur 4 vares 1/2 de longueur; elle n'est pas cylindi'ique, mais elle a des faces que je ne pus compter, parce qu'elle est a moitie enterr^e ; l'une de ses extremites est plus grosse; quant aux faces, elles se presentent dans le meme ordre. Lorsquc, descendu de clieval , je me mis en devoir d'cxaminer attentivement ces pierres , quelques habi- tants de la localite m'entourerent , se moquant de moi,et, autantque je pus le comprendre, s'imaginant que j'etais un i'ou ou un maniaque ; lorsque je leur dis que ces pierres avaientete travaillees par d'anciens Indiens , ils furent dt^concertes et surpris. Cela me rappela ce qui advint a M. Bullock, Anglais d'origino, vojageant au Mexiquc . lorsqu'il alia visiter la pyra- mide du Soleil ou de Teolihuacan ; comme il interro- gcait a cet egard le cure d'Otumbra , celui-ci ne put rien lui en dire , ne se doutant memo pas de son exis- tence, quoiqu'elle liit en vue des I'enetres de sa maison. Le docteur Monco , cure de Ramiriqui, me fit con- naitre ensuite que, dans un autre lieu de saparoisse. ( JOZi ) cxistaionl ciiu| ou six coionncs on luul sombkiblcs a celles que je vcnais de voir. Mon ami le colonel J. Acosta, qui ecrit unc histoirc de la conquete de la Nouvelle-Grcnadc , m'a mande , d'apr^s des manuscrits inedits, que les grandes pierrcs de Raquira ( existant entrc l\lf)niquira ct Gachanliva, a quatre lieues a peu pres de Raquira) furenl con- duiles, au temps de la conquete, au plateau deTunja, oil les Indiens les cmployercnl a la construction dun temple. Mais les auteurs de ces rccits n'ont pu ecrire de lelles choses qu'en s'appuyant de relations faitcs par les Indiens dcpuis la conquele; or, ces versions , propagees par Ic vulgaire , ne meritent pas plus de credit (|ue ce qu'on raconte a Ramiriqui des colonnes allibuees au diable. La nation qui a su travailler ces pierres a du assu- rcmcnt atteindre un certain degr6 cle civilisation ct d'intelligence : aussi ne doit-on pas croire ceshommcs assez stupides pour aller travailler des pierres cnor- mes a cinq lieues de distance, ct les conduirc ensuite par de prolondcs valloes et de rudes pentcs, lorsqu'ils les avaient a Tunja mfime , et qu'ils pouvaicnt les tirer d'exccUentes carrieres. C'est le gres avec Icquei on bei- lit a Bogota, Tunja, Cdiiquinquira, etc. Les pierresdcs mines que j'ai vues , tant dans la vallee de Leiva (ju'a Ramiriqui, sont toutes de gr^s (Ij. En outre, la cir- constance d'avoir trouv6 ces mines adherentcs au sol , avec des rangees de colonnes, enclavees au milieu d'c- normcs pierres, detruit entierement ce que rappor- tent ces auteurs inedits. Je suis arrive a me convaincre que ces pays onl etc (i) Aspcron , soilu dc {jrtis ou pierru h ai(;uisL'r. ( 105 ) habitcis par des peuples j)lus anciens et plus civilises que ceux qu'ont rencontres les Espagnols au temps de la conquete. Par exemple, sur le terrltoire de Saint- Augustin, dans la partie elevee de la province de Neiva, on trouve des monuments celebres, tels que la grande table de pierre , soutenue par des cariatides et dite des sacrifices, des statues de fortes dimensions, et une foule d'autres objets artistement Iravailles. Or, au temjis de la conquete, les Espagnols ne ren- contrerent que les Pijados, les Pantagosas et d'autres tribus qui , bien que remarquables par leur bravoure, etaient tres barbares. On ne saurail en aucune inaniere leur altribuer la construction de ces ouvrages aujour- d'liui ruin^s qui , sans nul doute , remontent a des temps plus anciens et plus civilises. Dans la vallee de Medellin , province d'Antioquia , les Espagnols n'ont rencontre qu'une petite tribu bien pauvre et fort ignorante ; mais Piedrahita rapporte qu'ils trouverent, en compensation , des lombcaux d'une grande ricliesse. Ce qu'il y a de certain , c'est qu'en 1833 , j'ai vu retirer d'un de ces tombeaux pour trois mille castellanos d'or (1) en bijoux fori curieux. 11 est done presumable qu'avant le temps dc la con- quete de I'Amerique par les Espagnols , il avait existc deja dans ces localites des peuples puissants elriclies, que des causes difticiles a determiner avaient alTaiblis ou fait completement disparaitre. Une autre preuve dc cette origine antique et de la presence de populations nombreuses dans ce pays est ce qui suit. A Antioquia , dans le canton de Sanla-Uosa, mes parents creusercnt jadis un terrain de granit (i) Aiicieiiiie nioi)ii;iie tl'oi'. ( 106 ) d'alluvion appelii Guadalupe, au luoyon de la poudre, et depensorent beaucoup de leiiips et d'argent. Des qu'on se fut enfonce a environ 8 vares de profondeur, on trouva un lit d'arbres touifus , bien conserves, sp^cialenicnt des chfines , tout pareils a ccux de la forftt de dessus. Sous ce tissu de bois enfoui par quel- que cataclysme , on decouvrit une armc des anciens Indiens dite mncana, en bois de palmier, longue de 2 vares, terminee en lornie de lance a I'unede ses extr6- mit^s, et ayant a I'autre une lame ctroite d'epic cn- ricbie de reliefs fort curieux. J'ai fait cadeau de cette aime au docteur Jervis, qui I'a envoy^e en Angle- terre.... Ici, a Bogota, on a fait r^cemment des excavations dans le but de cbercher de I'eau jiotable , et a une profondeur d'environ 16 vares on a retrouve un lit de bois et de plantes semblable a ce qu'on a decouvort dans les mines d'Anlioquia dans la vall(^c de Santa- Rosa. Je crois devoir ajoulcr que, lors du dernier voyage que je (is dans le canton de Leiva, j'ai visitii dgalemenl une grande grotte servant aux Tndiens pour entcrrcr leurs morts , ct decouvertc par liasard par les liabi- tants du pays il y a deux ans. Dans la direction deGa- cbantiva, canton de Leiva, au sein de la Cordill6re ou se trouvent les mines de cuivre de Moniquira , et a pen de distance de celles-ci , coiile la riviere qui plus has forme le Suar^s, en suivant un cours inipetucux Dans cette fondricre , un liomme poursuivait avec un petit chien un renard lorsquc , tout a coup , Ic renard et le cbien disparurent par un trou. L'individu cbercbant a ilargir le trou alin de retrouver sou cliicii» quelqucs pierres se detacherenl et laisserent ( 107 ) voir une grotte lies vasle remplie de inoiiiies , de vete- ments et de differents ol)jets. A Tentfee de la grotte etait une de ces momies, assise sur un siege en bois, bas et sans bras , tenant un arc et une fleche, dans I'atti- tude d'une personne pr6te a lancer son javelot au de- hors : on assure qu'elle portait aussi une couronne d'or sur la tete. L'individu, saisi de frayeur, n'osa tou- cher a rien , et se contenta d'accourir pres de ses voi- sins pour les prevenir. II revint accompagne de plu- sieurs d'entre eux , lesquels penetrerent alors dans la grotte , en priant; ils arracherent aux momies les bi- joux qui les couvraient, et les jeterent apres. lis em- porterent quantity d'objets curieux qu'ils ^taient in- capables d'apprecier, surtout des masses de v6tements, des manteaux de colon d'une grande finesse et fort bien conserves , avec lesquels on se vetit dans tout le pays , et meme on en couvrit des mules. J'arrivai en juin 1846 pour visiter cette grotte. Je montai avec beaucoup de peine la cote depuis I'em- bouchure de la riviere, ayant avec moi un guide; je sui- vis durant 400 vares une direction presque verticale , m'accrochant pour me reteniraux arbustes que je ren- contrais. Aux abords de la grotte, je decouvris d'abord des OS en grand nombre, ainsique les I'esles des momies qu'on avail jetees d'une maniere si deplorable. En- trant le premier, je reconnus que cette caverne 6tait creusee dans un roc calcaire , ce qui explique com- ment tons les cadavres s'etaient conservc^s et changes en momies, et comment les manteaux et les autres objets dont elles (itaienl revfitucs etaient dans un etal si par- fait, dopuis je ne sais combien do sieclcs, . Jenepuspdnetrerdanstoutcl'^tenduede la grotte, car bien qu'a Texception dc rentrec, la hauteur inlei'ieure ( 10b ) liil ill! nioiiib aiisM considerable (jiie clans nns aj)|)ar- ments, je n'c^tais pas precede de torches aliumees; en outre, par suite de la s^clieresse du terrain calcaire , la poussiere que je soulevais en marchant me genait beaucoup. Le fait d'avoir creus6 des tombeaux dans un roclier de cette nature , si bicn approprie a la conser- vation des cadavres , prouve la sagacite des Indicns. Luc telle ddcouverlc ayant ele laitc par des gens ignorants, nous accourilnics pour retirer de leurs mains ce qu'ils avaient retire de la et dejii disperse , et sans doute ce n'etait pas la partie la moins curieusc. Cependant j'ai vu en possession du docteur Garcia, cure de Guateque , quelques emeraudes parnii les- quelles une grande, non ouvragec, et d'autres portant I'empreinle dun assez niauvais travail. En insislant, j'ai pu me procurer le petit siege en hois, un huste en tcrre (1) , deuxmorccaux de manteau, un collier d'os Tort artistement travaille, lie au moycn d'un cordon, forme d'un curieux tissu , deux petites figures d'animaux en or, des pcndaiils d'orcillcs en toni- bag, d'un bon gout et tres riches , une tete ou crane de petit cerf avee ses cornes, recouvertes d'un enduit de cire noire d'abcilles, circonstance qui me lilpenser que cette substance avait du etrc employee comme baume. II pent se faire que, jiour embaunier les cada- vres, on se servit de cire noire ayant la proprield de les preserver de la corruption. Le musee de cette ville a perdu la precieuse pierre pentagone qui contcnait le calendrier des anciens In- diens , et que le baron de Humboldt d^crit dans un de ses ouvrages. Dcpuis , on a decouvert dans le petit (i) Barro, argilo rougeatre , scivitnl a taiic des vases. ( '109 ] ravin do San-Dlogo, pres dc la ville, une autre pierre qui 6tait la propriete deM. Quijano, ct que je possede niaintenant. La pierre decrite par M. le baron de Hum- boldt 6tait pontagone, plus grande quecelle de M. Qui- jano etverte; celle-ci est un petit carre long debasalle , contenant des signessernblablesa ceuxde la pierre que le museea perdue(l). Une telle coincidence corrobore I'opinion exprimee par MM. Duquesne et de Humboldt au sujet du calendrier des Indicns, que de telles pierres etaient d'un usage \ulgaire. La pierre que je possede a deux signes a moiti<^ effaces ; aussi ai -je pens6 qu'il 6tait interessant de la faire accompagner d'un dessin fidole , qui la reproduisit sous toutes ses faces. Bogota , I o (lecembre 1 846 Signe : VALEZ. ( Cet article est tire d'luie lettre adressee a M. Bous- singaidt,et coinmuniquee a M. Jo maid par le colonel j4 casta.) ANTIQUITIES DE LA Kl^lGENCE DE TUNIS. Tunis, 3o aout l8^Cy. Monsieur le Pri^sident , Encouragdi par la maniere bienveillanle dont la So- ciete de geographic a parle dc mes iravaux dans son Bulletin , je viens aujourd'liui vous presenter quel- ques apergus sur I'ensemble de la r^gence de Tunis. Le gouvcrnement m'a con fie une riclie mine a ox- (i) Ma collection americaine renferme 5 pierres penlagones de la meiiie espece, reciieillies dans l.i jNouvcIIe-Grenade , avec Leaii- t:oup d'idoles, de colliers ct ornetncnts en or et en pierres dures , ainsi que des toilcs de inoinie?, ini[»riini''<"s en coidfur avec de riclics dessins, jirovcnanr scli)n to\ifi> appars^ncc des de'iouverles failes a I.eivn. I — n. ( IIU ) ploiter :Je le t'erai de mon mieux , et cela en reunis- sant le plus de maleriaux qu'il lue sera possible. Quelques annees encore me seront neccssaires pour completer mon ouvrage ; mais alors j'aurai , j'esp^re , termine la carte de toute la Regence ; j'y joindrai une grande quanllte d'observallons barometriqucs qui permeltront de fixer les bauteurs de beaucoup de points ; les observations correspondantcs tenues regu- liferement a Tunis, aux heures indiqueos par I'Obser- vatoire de Paris, seront suiiisantos pour faire connai- tre les variations de temperature de ce pays. Je releve avcc soln toutcs les inscriptions deja con- nues ou non ; cus dernieres seront nombreuses; je determine tous les avant-postes romains , toutes les villes anciennes que je rencontre; plusieurs n'ont pas encoi'e ^te signalees. J'apporterai, j'espere , quelque jour sur la forme el la situation des trois lacs de Ptolem6e, qui sont en effet bien distincts. La ville de Nejta est plac6e au noeud de ces lacs. La masse d'eau qui verse dans ces bas-fonds est considerable, etl'observalion des eaux du Djerid, leur temperature relative, commo lour niveau relatif, ne font que me confirmer dans I'opinion que j'avais deja 6mise , d'une grande nappe souterraine coulant du nord-ouest au sud-est. Le lac du nordrecoilles cauxdes monlagnes dcpuis un point pres de Tebessa , pris a partir de Ga/sa; une large vallee courant au sud-ouest est bornde par deux hautes chalncs abruptes, dont les eaux, jusqu'a Tama' greza au nord, et El-Hnnmta au sud , versent dans ce m6me lac. C.elui de I'ouest apparticnt a I'Algiirie ; cclui de Test, ( 111 ) dit Sebkhat-Faraoun (1) , recoit les eaux du versant sud de la chaine qui va de Gafsa a El-Hamma, et borde cette chaine jusqu'aupi-es de Hamma (de Ga- beuss), distinct du precedent, et est toujours au nord bordee par la chaine , qui , sous Ics noms de Chereb Dakrelania, Chereb Berrniiia, Dzehaniet Hadifa, hhangiiat A'icha, lids el-Oued , ahoutit a la mer au nord de Gabeitss. Dans lids el-Oued est la source de Oued el-Akarit , que Ton supposait a tort venir du lac, pour elablir ainsi sa communication avec la Mediter- ranee (2). Cette communication n'existe pas, n'a menie , je crois , jamais existe , et n'aurait eu lieu jadis qu'au sud dela petite ville de OuderiJ' {?>). On trouve au Z^yV/vV/plusieurs sources d'eaux chaudes ; les plus considerables sent a Kl-Haninia de Gabeuss j une d'ellcs marquant hO" , porte le nom de Bauinin , nom , dit la tradition , d'un ancien sultan chretien de ce pays. La sont des ruincs romaines : tout le pays d'ailleurs en est parseme. Je vais rapidement faire I'analyse des principales villes de cette partie de la Regence. A Gafsa, oil Ion trouve aussi les sources thermales, les Romains avaient ^tabli plusieurs bains , aujour- d'hui delruits par le temps; ils ont ete releves avec (ij LV'tymolofjie ile Faraoun auiait-elle pour orifjinc la cataslto- phe du rui Pharaon ? Pour passer dans le pays des Net'zaoua, si Ton sort des passages connus , on est englouti dans les sal)les. (2) De El-Uamma nila Gabeuss part la longiie chaine des Nefzaoua, borJaiit le lac au sud, courant au sud-ouest, et dile le Djebel Aziza, ayant apres , le nom generic^ue de Djebel el-Beluir. (3) Les maleriaux que j'ai envoyes receminent au Depot do la guerre feront niieux compri'ndre la contiguration du terrain, et doniipront les distances entre les divers points que je rite. ( 1 1 2 ) los ancieiis inaloriaux ; ;'i I iin tlcux on trouve I'in- criplion suivanlc : AQUE- SV.V PliC" Crtvixrt IVNIVS SSIIIHNAGRVM ..A FECIT Cellc-ci parail donner pour le noni do la ville , CAPSE au lieu de CAPSA. .Oil • MNOSTRORVM N MAGISXnVM ^ilLlT ..NIAINE CAP.SK...G Les cinq pierres suivantcs sont sur les raurs do la Casbah, qui est done d'une epoque post^rieure. DM SA II AAPOAA0M SSACAP A |XXX llPIVSlilJVS R\EP RVA RCAV R-M A 1L.TV FR'CE XDAH EC\ ENT. IMP- CAES MAVIIELIVS ANTONINVS PIVS AVGVSTVS PONT- MAX- BRITMAXS MAX- TlUl! PO XVIIII QWSIYl HES' r 1 T. . . . J'ai trouve encore d'autres inscriptions, mais celles- ci sont les principales. En allanl dc Ca/sn au Djcrid , on trouve sur la route, a Goiirbatii , une lioineniilliairerenvcrsee; I'in- scription est illisihle. ( 113 ) k EI-Mnnima , Tozeiir, Acfht , il y a dcs restes ro- mains, mais pas d'inscriptions. En partant dc Tozeni- pour Gabeuss , en longeant SebkJiat Farnoiin , on. passe a El-OiuUen , amas de pe- tits villages, oil Ton voit aussi les traces des Romains; ce pays autrefois s'appelalt , d'apres la irailition, Ta- gidouss , noiu d'un anclen sultan chretien ; puis on trouve quelques anciens petits postes jusqu'a Khnnmiat Dzehcmiet. Ensuite on ne trouve plus de ruines ro- raaines, qu'apres avoir traverse le lac , un peu avant d'arriver a El-Hanuna rntn Gaheiiss. Dans ce lieu , qui est aussi une rt^union de villages, on ne rencontre pas d'inscriptions. En partant de EUHamma jjour venir a Gabcitss , on traverse un ancien poste dit Enchir Chenchou. Gabeuss est aussi une reunion de petiles villes ; la est une belle foret de paltniers ; la riviere, qui prend naissance a deux lieues environ , arrose un ravin d'une fertilite remarqual)le , ot d'ou s'exporte une quantity considerable des feuilles de I'arbrisseau dit El-hennc. Je n'ai trouv6 a Gabeuss que ces fragments d'in- scriptions. O .. PRCOS CPOINT^"" T>TESTAMENTO (1j •NPENSAE ., OPPI En continuant I'exploration au sud de la fi(!!gence Ic long de la nicr, on traverse plusieurs villages , qui tous ont ete des points de I'occupation romaine , Teboulbou, Ketena , Zarnt; puis au pied d'un marais sont de grandes ruines dites El-Mcdina ; on voit en • (i) Une tioisieme inscription est en raracteres pliciiieicns an ncnn- l.r.- (1.. 14. VIII, \Ot;T. 'i. 8 ( 114 ) core Ic canal qui avail (ito cieusii jusqu'a Ja mer; on arrive apr^s en face do I'ile dc Djerbn (1). La se relrou- vent aussi dos ruiiics; los plus considerables, les seules memo imporlantcs, sont aupr^s de Bordj El- hantera sur la cote sud de I'ile au bord de la iiier. A. NNIOQF.... I\I" FN ATI A >t •' O;* II i-IION FViSCTDC IN OllD OBEI^r INMAC IJNDVST.FI'AJ) ONKINTKGHR AUMINISTUATAV IMPENSRKMIS •■ ET- PORT VL IS DEDICA VIT Inscription a Medina ISunlj el-Kantera, ilo deOlpilin. Des fouilles ont 6t6 I'altes ici dans I'espoir d'y trouver un trtisor ; ellcs ont procuri^ la docouvcrtc de trois statues, dont deux colossales en inarbre blanc , mais sans tete; elles semblcnt representor un empereur et une imperatrice. La sans doutc des fouilles bien en- tend ucs donneraicnt des rt'sultats ; mais un point sur lequel j'appellerai votre attention, et qui est encore vierge de rechcrches , c'est une ancienne ville sur le continent, a I'ouest, et a peu dc distance de Zarziss, et (lite Encliiv Medi'nt Zicn : la, sur un point des ruines , sont enfouies a moiti6 neuf statues, dont deux a tuni- (i) Faut-il passer sous silence I'affreux ossuaire cleve sur la c6te nord a Souk, avec les ossemeiils des Espaijnols, et (jni , encore de iios jours , se dresse !)caiil dcvant le chrctien qui met le pied sur cplte plajje? Nola. IjC Bey " it'iic ) , p. itiu. ( 'US ] ust habilee, sinon ])ien peuplec. EUc possode cles valines, des plaincs ct desmontagnes.comine toute autre jiartie du globe ; seulcment des masses dc sable giseiit gii et la ; I'cau s'y Irouve partoul , saumatrc sur beau- coup de points, potable en d'autres endroits. Les na- turels sont d'un caractere completement inoircusii', detestcnt les spiritueux , usent peu de la viandc , vi- vant prlncipaleincnt dc riz et de racines bouillies. Ccux du littoral sont iclitliyopliagcs. Leur religion est un lelichisnie absolu. J'ai rapporte un de leurs dieux en bois grossierement travaille: il est entre les mains de M. le due de Luynes. Ces braves gens connaissent I'usage des armes a feu, sont excellents chasseurs, et font le commerce de pellelerie. Un fait d'une haute importance resulte des decla- rations d'un aventurier anglais que j'ai rencontre dans le pays, voyageant a la maniore de Levaillant, dans un chariot attele de boeufs. S'il faut Ten croire , vers I'int^rieur, il y a dans Test, a 5 ou 600 niilles du litto- ral, un vaste lac d'eau sol^e cmbrassant toute I'e- tendue de I'horizon. Serait-ce cette mer interieure d'Afrique, dont le souvenir est venu jusqu'a nous (1) ? La corne d'unicorne que j'ai rapporit^e de la Cim- b^basie, et qui est en ce moment suspendue dans la salle de billard du chateau de Gour-Senlisse , m'a H& donnee par un chef Cimbddjas do I'intc^rieur, venanl d'un pays oiiil est difficile de rencontrer le narval, dont d'ailleurs je connais tr^s bien la corne, qui est courbee Itigerement vers 1 'extremity, et d'une mati^re toute par- (i) Ce fait se rapporie manifcstcment au grand lac on mer inte- rieure dont le savant M. De,sl)orou(jh Cooley a traite dans un des derniers numeros du Journal of the Geographical Royal Society. J-D. ( 119 ) ticuli^re. La conie que je posscde est de meme nature que celle dest^lans; sculement elle est completement droite sans aucun contour de spirale , sans etre can- nel^e , et d'une longueur de pres de O^jSO, Je nc puis inalheureusementdonner d'autres renseignements sur I'animal que les indications, par signes, du chef qui nous donnait a entendre que cet animal est peu elev6 sur les jambes, qu'il est fort rare et n'a qu'une corne sur la tete. Ce meme chef m'a t^galement donne la peau et les comes d'un kamisbeurk, animal completement in- connu en Europe , de la hauteur d'un ane , ayant les pattes munies d'ergots; cet animal a des cornes d'une longueur et d'un poids extraordinaires. La peau a ete donnee a M. le due de Luynes et les cornes sont sus- pendues aussi a Cour-Senlisse , ou chacun peut les voir. Dans ma publication, je mc bornerai a la descrip- tion hydrographique des cotes et a I'expose des res- sources du littoral , dont j'ai pu vt^rifier la certitude. Th. DE Saisset. MANUEIi du negociant frangais en Chine , ou commerce de la Chine consider^ au point de vue frangais , par M. C. dc Montigny, attach^ a I'ambassade du roi en Chine. 1 vol. in-8. Paris , J81G. Get ouvrage contientdes renseignements nombreux et prccieux a la fois pour les relations du commerce frangais avec la Chine. On y trouve une analyse deve- loppee des principaux ax'ticles d'importation et d'ex- portation ; les tarifs des droits de douane; divers ta- bleaux de comparaison et de conversion desmonnaies, poids et mcsures, tant de la Chine que des pays de ( I'^o ) JOritMil qui coimiicrcent avcc cllo; clc. , clc. I.o li\ii; se termine par une esquisse historiquo cl descriplivc de Canton et de Macao. Indiquons sculement quelques traits do cette derniero portiuu du travail de M. de Montigny ; car, ayant fait partie de Tanibassadc de M. de Lagren6e, en I8Z1Z1 , il a pii rocuoillir siir les lieux et d'une maniere plus precise les fails geogra- phiques nouvoaux ou encore pea connus qu'il nous presente. Le nom do Canton est ecrit sur les cartes chinoises Kwangtiing-Sanii-Ching , mots qui signifient cnpitale de la proi'iace de Canton (Ivwangtung) ; mals en par- lantdc la ville elle-meme , les Cliinois Tappcllent ha- bituellcment iS'a«^'--67i<«, ville provincialc , ou capitale de la province. Canton est batie sur la rive nord de la riviere des Porles ou Chou-Kuing , Ic Tigre des Europccns. Elie est situee par 23" 7' 10" lat. N. , 113" l/j'30" long. I':. de Greenwich , a 3° 30' long. 0. de Pekin , a environ 60 milles ou 100 kilometres de la mcr, ou de I'em- bouchure du Hou-Mnn, le Bogiie ou Bocca-Tigris , Bouclie du Tigre. Aux environs de la ville et dans les campagncs voisines , la perspective est richc cl variee, mais n'offro rien de pittorcsque ni de grandiose ; au nord cl au nord-cst, le pays est accidenle ct monl;-.- gneux. Dans les autrcs directions, il est plal d I on decouvre un point de vuc Ires etendn. An niidi , Ic coup d'o'il cmbrasse un immense espace d'eau ; des rizitires et des jardins occupent tous les terrains bas , sauf quelques monticules et quelques arbros qui roin- pent runiformile du tableau. La panic de Canton qui est environnee de nui- railles alFoctc la forme d'uu quadrilatere , divise lui- ( i-2'1 ) meme cii cleu\ sections par iine auho inuiaille couiant de Test a I'ouest. La partic nord , qui est la plus grande et qui s'appellc la Vieille cile ou Fille tartare , est ccUe que nous venous de citer ; la partie sud sc noinme la ISoiwelle cite, ha p6rimetre entier des niu- railles qui emhrassent aujourd'liui les deux parties, est d'environ 9 kilometres 1/2. Du cote du sud, la muraille se prolongc de Test a I'ouest, parallelement a la riviere, a une distance d'environ 50 metres. Vers le nord , ou la ville est assise sur le penchant des col- lines , la muraille suit naturellement les ondulations du terrain. La hauteur de ces inurailles , construites en pierres et en hriqucs , est de 9 ei 10 metres , et leur epaisseur de 7 a 8 metres. EUes ont des embra- sures et des creneaux et un chemin de ronde inte- rieur. La ville de Canton a 16 portes , dont h percces dans la inuraiile inlerieure qui separe la vieille ville de la nouvelle , et 12 dans la grande muraille qui envi- ronne tout Canton. De plus, cntre la riviere et les mu- railles, il ya les faubourgs , qui sont aussi peuples que la ville meme. Enfm , il y a ce qu'on appelle la ■vi/Ie /lottante , ou v'lWe sur I'eau , peuplee de plus de 300,000 ames. Tout I'ensemble de la population de Canton depasse 1,580,000 habitants. .Macao, petite peninsule situ^e a I'extremite de I'de de Hiang-Shan, par 22" 11' 30" lat. N. , 111° 32' 30'' long. E. de Greenwich, est trop connuc pour nous y arretcr. Sa population est d'environ 35,000 auies , dont 5,000 Chretiens et le reste Chinois. ALnERT-MoNTli.MOT. ( 1-22 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. EXTHAIT DES PROCES-VERBAUX DES STANCES. PniisiDliNCE DK M. JoMARD. Seance du 6 aoiit 1847. Le proccs-verbal do la (lerniL-re seance est lu ct adople. M. Ic conseillcr commaiulcur Lopes de Lima , adiuis rt'ccmnient comme incinhre, adressc ses rcincrci- nicnts a la Societe, et promet de concourir a ses utiles travaux. M. A. Cocholct, consul general de France a Lon- dres, ecrit a M. le President que M. le D'^ Leichardt auquel la Societe a deceine uue uiedaille d'or pour ses d6couvertes en Australlc, vient de repartir pour un nouveau voyage, et il ajoutc qu'il a remis la medaille a M. le 13' Nicholson, ami dcce voyagcur,qui se charge de la lui Iransmettre. MM. Vandcrmaelen et Coulier cciivent a la Societe, pour lui offrir, le premier, le comptc-i-endude I'exploi- tation des mines en Belgique de 1839 a 18M , et le second , sa Description gen6ralc des phares et fa- naux. M. J. Codemo, professeur de geographic ctdelitt^- ( 123 ) vature a recole imp6riale et royale de Trevise, fait hommage a la Societe de plusieurs de ses ouvrages; il rend compte de la raethodo qu'il a adoptee pour I'en- seigncinent de la geogx'aphie ct des heureux resultats qu'elle a produils; en appelant I'attention de la Societe sur ses Iravaux , M. le professeur Codenio espere qu'elle voudra bicn Ics examiner ct exprimer son ju- genient sur le mode d'enseignement qu'il vient de mettre en pratique dans recole de Trevise. ( Voir le Bulletin. ) M. Berllielot offre , de la part de rauteur,M. d'Has- trel, plusieurs livraisons de ses Souvenirs de voyages, et entre autres un Album de I'ile Bourbon. M. dc La Roquette est pri6 d'en rendre compte. Le meme membre fait hommage en son nom d'une dissertation sur I'histoire de la navigation enEspagne, ouvrage posthume de M. de Navarretc. M. Jomard depose sur le bureau la collection en couleur ou en noir des ancienncs cartes faisant par- tie de ses Munuments de la geogvaphie , jusqu'au n° AO des planches. M. le President annonce a I'assembl^e la presence de M. le D' Beke, le c6lebre voyageur en Abyssinie dont elle a couronne Ics decouvertes. II felicite ce voyageur sur le succes de ses explorations, et le re- mercie des interessantes communications qu'il a bien voulu faire a la Soci6t6. M. le vicomte de Santarcm continue la lecture de son Memoire sur un portulan royal ou atlas maritime portugais in^dit de 1546. M. le secretaire continue la lecture du Memoire de M. le D' Beke rclalif aux descriptions dc I'Abyssinie par les PP. Paez el Lobo. La Coininihisioii ceiilrdlo aiipii'inl avt'c licaucouj) d'intfirel le I'etour de M. ilc Castclnau dc son long voyage dans les diflerentes contrecs de I'Amerique. Seance flu 20 ttout 18/|7. Le pi'oces-vcrbal de la dorniei'c stance est lu et adople. M. Ewald , secretaire do la Sociele geographique do Daimstadt, ecrit a la C4omiiiission centralc pour lui olTrn' uno description dn grancl-duclie dc Hesse Darmstadt, publiL>e par cette Soci(^t6, et il joint la suite des livraisons de son atlas geograpliiquc uni- versel. M. Delegorgue ecrit a la Societe pour lui laire hom- mage de la relation de son voyage dans I'Afrique aus- trale en 2 vol. ;il annonccqu'il a le projctd'entrepren- drc un nouveau voyage dans rAlViquo interieure, el il pric la Societe de I'aider de sesconseilset de son appui. Deja M. le ministre de I'lnstruction publique el i'adnii- nistration du Jardin du Roi lui ont promis de seconder son entreprise. La Societe accueille cette communica- tion avec interet, et invite i\L Albert- Montcmont a lui rendre compte du voyage de 1\L Delegorgue. M. Dicirenbach, capitaine au long cours , arrivanl de Sumatra, ecrit a la Sociele pour lui signaler unc rectification a faire a la position geographique de I'llc Amsterdam. M. DielTenbacli doit accompagner M. De- legorgue dans son nouveau voyage. M. Angelot, de retour d'un voyage en Amt^rique, ecrit a la Societe pour lui communiquer deux Irag- nients relatifs aux indigenes de I'Alabama et a unc reunion cliampelrc religicuse des liabilants tic Mo- bile. ( 125 ) M. le jirotesseur Rafn, correspondant do. la Sooieti a Copenliague , adresse une Notice sur les anciennes Sagas dc I'lslande. — Ren\oi au comite du BuUelin. M. Jomard met sous Ics yeux de la Commission cenlrale I'csquisse g^ographique du Ouaday ajouteo par M. le D' Perron a la relation de ce pays, qu'il a tra- duite en francais de I'arabedu clieykh Moliammed-el- Tounsy, ainsi que les dessins de costumes , d'armes , at ustensiles joints a la relation de son voyage. Le meme membre signale les questions relatives a rinde et a la Perse , enoncees dans le dernier rapport genciral de la Societe asiatique de Paris, comme pou- vant servir a la commission speciale chargee de faire un travail gdnt^ral sur les questions de geographie. M. Berthelot offre a la Societ(^ , pour son mus^e , une petite natte en tissu vegetal , objet de curiosite ayant appartenu a M. le contrc-amiral d'Urville , et anterieurement au capilaine Cook. Le meme membre annonce son prochain depart pour les iles Canaries , oii il va remplir les fonclions d'agent consulaire ; il offre ses services a la Socit^te et temoigne le desir de conserver avec elle des relations utiles a la science. M. le President remercie M. Berthe- lot de ses offres, et I'assure du bon accueil que rece- vront ses communications. M. Angelot donnc lecture des deux cbapitres de son voyage, donl il a ete fait mention au commencement de la seance. — Renvoi au comite du Bulletin. M. d'Avezac lit une Notice geographique et bistori- que sur I'lle de Sainte-IIelene. (120; MEMBRE ADMIS DANS LA SOCliiTJi. Seance du 6 aoiit 1847. M. Atlolphe d'Hastrel , ancien oflicier d'artillorie. OUVRAGES OFFERTS A L.V SOCI^Tl^. Seance clu 6 aoilt 18Zi7, Par le Ministere de la marine : Tableaux tie popula- tion , de culture , de commerce et de navigalioii , lor- mant, pour les annees 1843 et iSlih , la suite dcs tableaux inserts dans les Notices statistlques sur les colonies frangaises. Paris , 18/17 , in-8. Par la Societe rojale geographique de Londres : Vol. XVII , l"partie de son journal. In-8. Par M. C. Hitter : Die geograpbische Verbreitung einiger cbaracteriscbcn arabiscben Producte. 1 vol. in-8. Par M. le D' . IVilhchn Mahhnaun : Monalsbericbte iiber dieVcrbandlungen der GescUscbaft fur Erdkunde zu Berlin, 18/|5 et 1846. '2 vol. in-8. ParJM. G. CWfWf^ ; Elcnienti di geografia (isica es- posti in tre jirospettisinottici. Treviso, 18/i4. In-fol. — Descrizione geografica della Monarcbia austriaca con cenni storico-genealogici csposla in quadri sinottici. Venezia, 1845, in-fol. — Una Scuola di geogralia elemenlarein Trcviso con una tavola litografica e quat- tro incisioni in rame lavoro e descrizione, in-fol. Par M. Fandermnelcn : Statistique de la Belgiquc ; mines, usincs mineralurgiqucs , macbincs a vapcur. Annees 1839 a 1844. — (loniptc-rcndu , public par le minislre des travaux publics. Bruxclles, 1840, in-fol. Par M. Coulter : Description generale des pbares , ( '127 ) fanaux ct remarques existanl sur Ics plages maritimes clu globe a I'usage ties navigateurs. 1" edition. Paris , 18Z|7. 1 vol. in-12. Par M. Adolphe iVHnstrel : Souvenirs de voyages a travers la France, I'EsjDagnc , I'ltalie , I'Algerie , le Senegal, le cap de Bonne -Esperance, I'Amerique du sud et les iles de Sainte-Helone , Bourbon , Maurice et Madagascar, dessines d'apres nature. 1"'° livraison. — Album de I'ile Bourbon, compose de trente-six etu- des, sites, costumes, etc. , dessines d'apres nature. i" et 2" liv. in-fol. P(ir M. Berthelot : Discrtacion sobre la hisloria de la Naulica, y do las ciencias matematicas que ban con- tribuido a sus progresos entre los Espanoles. Obra postuma del Exc. Sr. D. Martin Fernandez Navarrete : la publica la Real Academia de la bistorla , etc. Ma- drid , 18i6. 1 vol. in-8. Par les auteurs et cditeurs : Nouvelles annates des voyages, avril , raai et juin. — Annales maritimes ct coloniales, juin. — Journal asiatique , mai. — Jour- nal des missions evangeliques, juillet. — Journal d'e- ducation populaire , mai. — Bulletin de la Societe geo- jogique , inars , avi'il. — L'Abolitioniste francais, 1" liv. de 1847. — Boletin de la Sociedad economica de Amigos del pais de Valencia, mai. Seance du 20 aont ISA?. Par M. Neumann : Zeitsclirilt der Deutschen mor- genliindisclien Gesellscbaft herausgegeben von den Gescbartsfubrern. Heft n. Leipzig , 18Zi7. Brocbure in-S. Par M. Eivald : BanerkeWers Handatlas der allge- ( 'I -28 ) meincn laxlkundo , (IcrLandLT -und Slaatcnkiintlo. ()' ct 7" liv. in lol. Par la Societe geographique de Darmstadt : Beitrage /,ur Lande-Volks - und Staalskunde des Grosslien-og- thunis Ilossen, 1 cahier in-8. Par M . .Id. Delegorgite : Voyage dans I'Afrique aus- trale, nolamnicnl dans le territoirc dc Natal , dans celui des CalVes Amazoiilous et Makatisscs el jusqu'au tropique du Caprlcorne, execute durant Ics annexes 1838 a 18M , acconipagnc de dessins et de cartes, avec une introduction par M. Albort-Montemont. Pa- ris, 18Zi7. 2 vol. in-8. Par 31. de La Roquet fe : Notices historiques siir Santa-Cruz, cosuiographe espagnol ot sur raniiral Saumarez. ( E.cfrait dc la Biographie universelle. ) Par les auteur.f et edileiirs : L'Abolitioniste francais , 2«, 3"= et h" liv. , 18/|7. — Journal d'(^ducation popu- laire, juin. - Boletin de la Sociedad economica de Amigos del pais de Valencia, juin. — - Recueil de la Societe polj technique , juin. — Annalcs niaritinies et coloniales , juillcl. BULLETIN DE LA » r SO(]IETE DE GEOGHAPHIE, SEPTEMBRE 18/17. PREMIERE SECTION. iMEMOIHES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. OBSERVATIONS sun L/V NOMENCLATURE ET I.E CLASSEAIENT UKS ILES ET ARCHIPEI,S DE LA MF.U DE MA»A(;ASCAR. (Lues ii laSocictcilt'ijoogiapliic, danssasL-aiicedu 5 iioveinbrc 18 fy); Par M. D'AVEZAC. L'lnde, leire des prodiges ot des inerveilles, donl les riches produits laisaient Ics dolices et rcnvie de FEurope , dont les vo\agcurs avalent popularise le renoui par leurs magnidques recils , ct dont les navi- u:atcurs n6o-lalins cUerchaieat avcnUireiisemeiit la route inarilime , par I'Orient ct par I'Occident a la I'ois : rinde devait natiuelleiuent donner son nom a la mer ou les vaisseaux porlugais, apres avoir double le cap de Bonne-Esperance , n'avaient plus qu'a vogucr en droiture vers ces rivages taut desires. viii. sEi'iEMiiUE 1. y ( 130 } I uc li^iio (lu (|iiinzo cents licues, tiref.' clu cap des Aiguilles urcxtrc'iiiilo siid de rAustralie, inaifiuc I'ou- verturc de cc goH'e immense, qui onfoncc son large front a plus de raxlle lieues dans les terres avant d'at- teindre aucun point de ces plages indiennes qu'il va presser de sa double corne sous les noms de iner d'Oman et de golfe du Bengale. L'aiitiquite classique avail de meme appcle mer des Indes , ou plutot ocean Indien ( IvocV; 7r£).a-/oc ) , cette grande mer qui, baignant les cotes des deux Indes, ronlait au loin ses ondes vers le sud a des distances inconnuos ; mais parmi les opinions diverses qui eu- rent cours entre les gtJiOgraphes , aucunc certainemeni n'attribuait a cette iner, si vaste qu'on la supposat , unc cHcndue comparable a celle que nous veiions d'indiquer ; ct en cilet , qu'on la considerat, avec Era- tosthenes ou Strabon, conime un immense golfe ouvert ainsi qu'clle est en roalitc, ou qu'avec Hipparque et Ptolemec on en fit unc nicr interieuro fermee au sud par des terres imaginaircs, toujours est-il que la lar- geur en dtait subordonnce aux proportions mediocres que Ton assignait au prolongement austral de I'A- frique. Dans tous les cas , alors comme aujourd'liui , i'A- frique avait droit a revendiqucr pour son domaine une ])arlie considerable de celle mer, sur laquclle pourtant, pas plus aujourd'liui qu'alors , ce droit d'ac- ccssion qui etend jusqu'au centre de I'ocean Indien les limiles africaines, n'^tait signals par aucunc denomination quelconque : sortc dc repi'csaillos que rinde fait subir a I'Afrique , en compensation de I'em- plol exclusif du nom alVicain d'ocean Atlantiquc jus- qu'aux ii\ages meme.s du Nouvcau-Mondo. I i;u ) II lut uii loiiips , ii cbt vrai , oil prticiscineiit ci; nom d'ocean Allaiitique,coatour)iaul par le sud uiie Afrique ecourtee , fut suppose applicable a la mer qui venalt baltre de ses flots les cotes xneridionales de rAi'abie(l) ; mais I'Arabie alors etait censec se prolonger au sud pour le moins autant que lAlriquc (2) , et cellc-ci n'avait ainsi encoi'e aucun contact avec I'ocean Indien : ne remontons done pas, dans I'antiquit^ , plus haut que le dernier etat des connaissances gdograpliiqucs tel qu'il nous est expose dans le livre de Ptoletnee , pour nous rendre compte de ce qu'etait la nier des la- des chez les anciens , et des subdivisions que rusaj:,e y avait tracees suivant les plages oil elle ctalait s'.'S ondes. Au centre , depuis rextreniite orientale do I'Aiabie jusqu'aux approches de la Taprobane , elle conservail son noni d'ocean Indique; au-dela, elle s'enl'oncail dans les terres sous la denonnnalion de golfe Cange- tique ; et tout au bout du mondc connu, elle forniait encore le Grand golfe. Dans I'ouest, autour de I'Ara- bie etle long des cotes alVicaines jusqu'a I'ile loin- taine de Menoutliias, elle s'appelait la niei- Erytbree ( c'est-a-dire Rouge ) avec ses deux longs appendices le golfe Persique et le golfe Ai^abique : sans parler des subdivisions sccondaires auxquelles s'attachaient les noms de golfe Sakhalite, do golfe Adulique , de golfe Avalite , en-deca du cap des Aromates ; puis de nier d'liippade (3) , d e golfe Barbarique, de uier Peril- (i) SxiiABON, XV[, IV ; IJionoiiE, III, 38. (a) Opo? iJ' au tj.jo-aiA(3pcv)i; eT/-hri Apa^i'n tuv oixeoj/e'vwv ^(^opiwv eati... (Uehodote, hi, 1 07.) {3j Peut-etre iJ'Hi|)pale : ne'/a/o; iTtnaAov xa),eiTai ; couinie le pio- f 132 ) leuse (1), so succedant au-dcli du cap dcs Aiomates jiisqu'au cap Prason on Vert. De la uno ligne tireovers I'est jusqu'aux deniicrs rivagcs du Grand goH'e (2), en passant par la Taprobane (3), tra^ait la liniite dc la grande nicr Piasode ou Vcrle, qui s'etendait an sud jusqu'a rimmense terre inconnue formant I'imagi- nairc prolongeinent oriental de I'Afrique vis-a-vis des plages de I'Asie. Ainsijl'ocean Indique, lei que sc le figuraient les anciens, oquivalait a peine, dans son ensemble, a la moilie seplentrionale de cc que nous appelons aujour- d'hui nier des Indes; ct dans celte etcndue meme , la limite derriere laquelle lamer Prasode se deroulait au foni de I'horizon, etalt le dernier tcrrac des notions reellos. Tout cc qui est au sud de cette limite appar- tient done cxclusivemcnt a I'liistoire des d<^'Couvertes niodcrnes, 11 cii resullc nalurcUement , dans I'etude des mers et des iles de I'Afrique orientale , deux sec- tions distinctes : Tune consacree aux parages conn us de I'anliquite, et celebres surtout par ces vieux souve- nirs ou sont consignes tour a tour les recits merveil- leux d'Evhemerc , et la fameuse d^couverlc nautique d'llippale , et les periples des anciens nautoniers ; pose le professeur ^obbe, au lieu dc Tls).x/o-, l-rndSoi xaltiVai. (IV, vi>. 4«.) (i) Bafipaxtia BaXaiTia dans tontes les ^iluions «]e I'toleme'e (VII, in, G), sans doiite pour Tpaxei'a on pour Epaxtfa- Cette tlerniere Ic.cou est celle dc Man icn d'Htradec, ahic'vialciii du j^i'-o-jraplifi Alexaix- driii. (tdilion de Mdlcr, page :<. i., (a) UpaaiiSr,; fiaXatraa... iito T^; MivouOiaJo? vio'uou Si(XTtivti xxtsc n-xp- oiW»i5iov ypotuL(jiY)» .ocxpi t5v 3ivTixci(jit'yuv tu M>/x)'J zo'litu. (PtOLEM^E, \ II, (3) TaTrpo?xvn5 vyi'ffou 3tVi;... HpaTOJiJ*); xoXiro?. (PjOLtM^t, VJI, IV, 4.) { 133 ) TaiUre, an contraire , born^c aux parages doslitu^s tie traditions antiques, et dont I'liistoire ne commence qu'avec les explorations et Jes conqiuHes de \'asco da Gama, avant lesquelies on n'enlrevoit que de I'ausses lueurs dans les confuses descriptions des geograplies arabes. Cette derniere partie de la mer des Indes est preci- sement celle dont nous voulons nous occuper exclusi- vementici. Danscette grande moitie australe de I'ocean Indien, TAlVique, I'lnde etrAustraliereclament cba- cune leur part , et nous avons a fixer la demarcation oil doivent s'arreter les pretentions mutuelles des trois continents circonvoisins. Lne ligne tiree du nord- nord-ouest au sud-sud-est par le point d'inlersection de I'equateur et du meridien de 60° a Test de Paris, nous semble resoudre toutes les diflicuJtes du pro- blemo de la nianiere la plus simple et la plus beu- reuse ; car elle coupe justement I'equateur u egale dis- tance de Magadoschou et du cap de Comorin , et le parallele de 30" sud , a egale distance du cap das Cor- rentes etdu capLeeuwen, laissant d'ailleurs a determi- ner, entre I'lnde et I'Australie, une delimitation dont nous n'avons en ce moment aucun besoin de prendre souci. Les Arabes, chez qui les ouvrages de Plol^mee 6taient en bonneur, et qui calquaient Icurs cartes grossieres sur les siennes, avaient re^u de lui la fausse notion du prolongement des parlies australes de I'Afrique dans une direction parallele aux rivages de I'lnde; etilsne se firent faute de considerer le trac6 conjectural de cctte cote imaginaire, comme un type immuable auquelils devaient rapporter les connaissances eflectives qu'eux- memes avaient acquises , des terras centrales au-dela ( m ) du cap I'l'ason ; c'csl aiiisl que lo pa\s clos Zenges , Sol'alah, elles contrees ulterieuves, au lieu de sc pour- suivre au sud , se succederent a leurs yeux d'ouest en est, \is-a-vis de la Perse, de I'lnde el dc la Chine, et que les iles africaines et asiatiques sc trouverent res- serrees dans celte mediterranee orientale, de manidre a sc toucher et sc confondre, si bien qu'il est a pcu pres impossible de se reconnaitre au milieu du chaos qui en est resulte (1). Des Arabes, cette geographic de convention passu aux Europeens, et se pcrpetua chcz eux jusqu'au moment ou I'expedilion de Gama eut ouvert la voie aux explorations directes. Celles des Porlugais eurent bientot peuple les mers de I'Al'rique orientale d'un nombre considerable d'lles et d'archipels : I'hydrographie moderne les a fait con- naitre , sans doute , avec une exactitude a laquelle ne pouvaient atteindre les observateurs et les cosmogra- phes du xvi^ si6cie ; raais il y a lieu de croire que tout , dans CCS parages, avait etc vu et signals par les naviga- teurs porlugais avant les reconnaissances qui en ont procure des Icves ]>lus rigoureux ; el il est a i-egrelter qu'unc critique erudite ne se soil point assez appli- quee a rapprocher, des travaux plus r6cents , les indications et la nomenclature des premiers d^cou- vreurs. II semble , au contraire, que la negligence des hy- drographes etl'incurie des copislcs sc soient conjurt^es pour eiracer, d^placcr, ou rcndrc meconnaissables les denominations que les anciens navigatcurs porlugais (i) Voyez particulierenient lionisi, edition de la Socicte de (jeogra- phie^ tome I, pnges 58 et suivantcs, en ce fiui concerne les iles de Zaleilj; et romparez REiJiAun, Relation dr voyarje!: dan^ I'lnde et a l„ Chine, tome I, pnRcs Ixxiv et 17. (.4 35 ) avaient imposeos a ces iles a mosure qii'ils los rencon- traient sur lour route vers I'lntle : a la corruption , aux deplaceinents , aux fausscs applications , a I'oubli ties noms , il Taut ajoutcr encore les rigueurs intempesti- ves de la critique elle-meme, qui a elimind , proscrit aveugli^ment, commc un double emploi errone , I'at- tribution repetee du nom d'un meme navigateur a diverses iles par lui successivement decouvertes. Une telle confusion est advenue dans la nomencla- ture historique de toutes ces iles , que ce serait aujour- d'hui un travail penible et difficile que de retablir completement, sous leur forme correcte, a leur place exacte , en donnant la date et le motif precis de leur application, tant de noms defigures, meconnus, dont I'oi'igine est oublide ; un element essentiel pour accom- plir une pareille taclie nous manque d'ailleurs encore : nous ne savons pas assez I'histoire detaillee ties expe- ditions , des voyages, des decouvertes des navigateurs et dcs pilotes porlugais du xvi" siecle, pour faire , a regard de chaquo ilc , des verilicalions sufllsantes ; mais il y a lieu d'esperer que les erudits porlugais dontle zele s'applique depuis quelques ann^es a exhu- mer dela poussiere de leurs archives les pieces justi- ficatives de leur ancienne gloire maritime, rempliront eux-memes ou nous fourniront les moyensde remplir cette deplorable lacune. Dans I'^tat actuel des choses, quelques rectifications clairsemees sont tout ce que nous pouvons entreprendre , et nous nous bornerons a les indiqucr. En partant du cap Delgado pour aller a Test, on rencontre d'abord, sur les carles niodernes, une ile appelee Aldabrai sur les cartes du xvii'' siecle ce nom est ecrit Albadru , el sur la grande mappemondo de (13G) Cabot (1) yiUindarn : evidemment c'ost Ic nom arabc Jl-khahdid, ou la Verte , appartcnant a I'ile connue vulgairement sous celui de Penha , qui, par une m6- prise facile a s'explifjuer dans la lecture d'uiio carte a petit point , a 6t6 attribue a unc ile voisine ; il y a done ici corruption el ddplacement d'unc denomination certainc : il faut desormais ecrire correclement yll- khndhrd et rcstituer ce nom a Ponba. Quant a la petite ile a laqueile ce nom avail ete transporte a I'etourdie , quel est celui qui lui appar- ticnt en realite? Diverscs cartes du xvn" si6cle disent Adavno , celles d'Ortclius ajoutcnt alus I. darcn , etla carte cspagnole de Diego Piibero, de 1529 (2), confirme celte derniere lecon en ecrivant /. de Arena; d'autres portent /. darco , et un bel atlas portugais de 15/15 (3) ecrit /. do Jnjun . il semble qu'il y ait la en presence deux denominations distinctes, qu'il faut restltucr en Ilha da Jira ou ile du Sable, et llhn do Arco ou ile de I'Arc ; nous sommes dispose a croire que ce dernier nom , qui parait fairc allusion a la (l) Ce curieux monument de la geographic dii xvl" siecle, {;rave en Ij44; PSt fort rare; il en exisle un be! exeinplaire an deparleim nt dps carles de la Bdjliotliiquc royale , aeipiis en Hiviere par les soins de M. Jomard et les bons offices dii I)' Marlius. (a) Conservee a Wuimar, et doiil \\\t fae-siinile, en ee cpii eonrerne rAfri(|ne, fait pour M. de Hiiinlxddt, a <'le reproduit dans le l)el Atlas du viconite deSanlaretn. (3) Get atlas manuserii est en la possession de M. de Santarem, qui I'attribue an cosmograplic portugais Jo.'io Freire ; le savant posscsseur a communi(|ue a la Societe de geograj)Iiie nuelcpies fragments d'une notice iju i! a ('ntrij)ris den donner . et es applique a une bale bien connue de Madagascar. Enlin nous terminerons cette fastidieuse recapitula- tion des bevues onomastiques des cartographes, en res- tituant sa denomination veritable au grand banc que Ton appelle aujourd'hui ridiculement Cavgados-Gnra- ( l-'iO ) JOS , et quelqiiefols plus ricUctilemont encore, simple- inent Cnrgados. Les cartes du xvu'' siocle ecrivaient Corgddos-Garajos , ot on lit sur colic tie Cabol publico en. Ihhh , a cnrda dos Gariocus , peiulanl (juuii l>el atlas porlugals anonyme , qui dale dc 15/|5, ))ortc />'. ( c'cst-a-dlre hcdxd) do Grciiao ; Ic grajao on garajao est un oiscau do mer tres commiiii dans cos parages , et lo banc sur lequel il puUulo a du elre appclo natu- rellemont /irt/.ra ( c'est-a-dire Basso) ou Coixxi ( c'esl- a-dire Banc de Sable) do Garajao ou dos Gavajaos. Au nord de ce banc en est un autre qu'on est tout surpris de trouver exactcment nomme Sain dc inalha ou Cotle de maille. II nous x'esle a indiquer le classement le plus natu- rel do tous cos groupes insulaires. Au premier aspect dos cartes du xvi" siocle aussi bien que des Neplunes les plus nouveaux, I'oeil est frappo , avant lout, de la predominance de Madagascar au milieu d'une I'oule de petites iles qui ne figurent a son egard que comme d'luun])les satellites; I'usage on a momo reuni le plus grand nombre sous I'appellation commune d'yJrchipe/ J\ord-Estde Madagascar, ne laissant a raentionner que les iles du Nord-Ouestpour completer unrecensement general. II y aurait done toute raison a designer par le nom do mer de Madagascar I'ensemble de ce do- maine maritime ; et il est nalurel de faire de la grande lie do Madagascar, avec les ilots qui lui sont imme- diatemcnt contigus , la premiere subdivision de noire cadre. r/arcbipol , ou jdutot ronsomble des arcbipels et des iles au nord-csl do Madagascar, forme une secondo subdivision, non moins bien dolermint'e par les d lev|ii( I-, nous etions eiiire pour 1 explication de la table lunaire forniani I.i pa{»e 1 de I'atlas Walckenaerien qui Fait I'li'irt i\r cclic nutiic i l/lo ) 11 so composo du qiiulorze ieuillols, doul le j)iemioret le derniev sont en simple parchemin , et los douze aulres en beau velin : ceux-cl oirrent , en realite , six feuilles entieres pliees cliacune separement par le milieu, jiixtaposees dans un ordi-e successil', et non suporposees en un seul caliier; tandis que le premier ct le dernier feuillet , qui probablement sont aussi les deux moiti^s d'une meme feuillc , sont aujourd'hui independants I'un de I'autre. Tous ces I'euillets sont colles ensemble deux a deux, de maniere a ne presenter en totalite que quatorze pages , dont la dixiemc et la quatorzieme sont reslees blanches. Des le premier aspect, I'oeil le moins exerce pent y reconnaltre trois parties de factures diffe • rentes : la plus considerable comprend la serie des pages 2 a 9 ; la seconde dans I'ordre d'importance est formee des pages H a 13 ; et la derniere consiste uni- quement dans la page 1, Ce volume fut achete a Londres, en 1790, par M. Ic baron Walckenaer, moyennant cinq guinees ; il lui fut vendu par les freres Edwards, libraires bien connus dans le quartier de Piccadilly, ou lour petite boutique, exclusivement remplie de raretes bibliograpbiques et de raanuscrits curieux , etait froquentee par les hom- mes les plus distingues , par les plus riches amateurs. Us declarerent au savant acquereur que ce petit atlas provenait de la celebrc bibliotliequc Pinelli, et qu'uno notice manuscritede douze pages, en langue italiennc, dont le volume etait accompagne , et qu'ils lui ven- dircnten meixic temps, (ilait do la main du doclcTira- boschi. La haute reputation ih: ptobite des Ireres Edwards ne permellait point d(> 5us[)e(ler leur sincerile, leur ( m ) bonne foi, dans cetle double declaration. Mais il j avait certainenient de leur part erreur complete sur le se- cond point, et au moins equivoque, sinon erreur aussi , sur le premier. Quant a la notice, en ellct , I'ecrilurc en est radica- lement difTercnte de celle d'une lettre aulographe de Tirabosclii avec laquelle nous I'avons confrontee : au- cune comparaison n'est possible enlrcl'une et I'autre. Pour ce qui est du nom de Pinelli, un eclaircisse- ment est necessairc. On sail que la magnifique biblio- tliequc rasserablce de p^re en fds par Ics Pinelli de Venise fut, a la mort dc MaiTeo Pinelli en 1785, ftcbeleepar des libraircs anglais, et transportec a Lon- dres, oil ellc fut vendue publiqucment, du "2 mars au 2juinl789. Le catalogue dc ccttc riclie bibliolheque avait ele r^dige par le savant abbe Jacques Morelli , et public en 1787 a Venise , on 6 volumes in- 8" , puis rc^imprime en 1789 a Londres , sous unc forme abre- geeet compactc, en un seul volume grand in-8°, pom- servir dc guide aux acbeteurs. On y remarquc , sous les numeros /|005 a /i908 , I'indicalion de plusieurs porlulans analogues a celui qui nous occupe ; mais on n'y voit point figurer celui-ci. Comment done admeltrc qu'il appartient ilaraemc collection '.' Supposcra-t-on qu'il avait echapp(i d'a- bord a la verification dc Morelli , et que le savant bibliograpbe Tajant retrouve seulement apres la con- fection do son catalogue , se serait alors borne a le reunir a la masse des livres inventories , en y joignant la notice manuscrite dont nous avonsparl^? Cettc idee nous est venue a nous-meme, et nous en avons clierchc la confirmation dans lexamen comparatif de I'ecriturc do ccs douze pages avec celle de diverses ( lAo ) lellros autograpbes de Moielli , dont nous devons la communication a la gracieuse obligeance de M. Bois- sonnade. An premier coupd'oeil, uneressemblancege- neralc des deux ecrltures semblait permettre de les attribuer a la meme main, en tenant comple d'une distance do vingt annees entre leurs dates respeclives; mais line verification plus attentive etplus scrupuleuse nous a donne lieu de reniarquer, dans la forme de certaines lottrcs , des dilT6rences essentiellos, qui ont du nous fairc renoncer a cette pensee. Au surplus , la declaration des fiercs Edwards pour- rait etre rapportee a unc auire blbliotbeque Pinelli , non moins precieuse , non molns celebre que celle de Venise ; nous voulons parler de celle qui avait ete for- mee a Padoue, a la fin du xvi° siecle, par Jean-Vincent Pinelli, et qui uit dispcrsee apres sa mort, entre \ c- nlse , Naples ct Milan. Mais 11 serait bien dilTicilo , si- non Impossible , de ]iarvcnlr aujourd'bul a constater une telle origine, et nous sommes lorces de rester a cet cgard datis 1 'In certitude. Peut-etrc pourralt-on tirer quelque luniierc d'unc notion precise de I'auteur a qui est due la notice ano- nyme jolnte a I'atlas. La vue de son ^crlture sufllrait probablement a quelque Italicn amateur d'aulogra- phes pour le reconnaitre avec assurance parmi les ce- lebi-iles lltleralres de la fiu du siecle dernier; et nous ne desesperons pas d'obtcnir par cette vole une indi- cation certalnc; mais jusque la nous devons obsei'vcr une prudento reserve. Quo! qu'll en soit, le devoir de lalre connaitre les n^suitats d'un examen qui a precede le notre , et dont nous avons pu profiler, nous ilelermlne a inserer ici une traduction lilterale de cette note inedite ( eu te vni. sEPiEMBRr.. '2, 10 (|ui (Miiu'cnie les poinLs (jiic nous uxaijuiuous dans ccs IVagments 1, « Ges cartes paraissent fort ancioiincs , ct sont coii- )) striiites avec Ijcaucoup d'exactitiulo ; dies merltent » cependant d'fitre examinees avec soin , ctqu'onen » releve le prix en sij^nalantquelques uncsdesparticii- » larites qui les rendont justcment precieuses. » I. Elles sont toiites hydrographiques , si Ton en » exceple la premiere , laquellc n'est autre chose » qu'une table numdrique offranl probablement quel- » que r6gle relative a la navigation , ou aux variations » de la lune , comnic le font soupconner quclqucs » mots interrompus encore apcrccvables , bien que » celte carte soit d'ailleurs fort maltraitee par les in- » jures du temps et des inscctes. Les mots dont il s'a- » git se voient a droite du tableau, en baut. Celle-ci )) est i)lus gatee , et plus endommagee que toutcs les » autres , qui, a vrai dire, n'ont rtiellement que tres » peu ou prosque point souflfcrt. )) II. Cette premiere carte n'occupe qu'une page ou » demi-feuille. La scconde , qui est la premi6re des » cartes bydrograpliiques, est diviseo en deuxportlons » dgales formant chacune une j^agc du volume. Nous )) donnerons quolque idee de toutcs deux ct d'abord » de la premiere. » Ellc ])rescnte , inscrit autour de la marge , un cy- » cle comuiencant a I'annee i'iSh et se continuant jus- » qu'cn IZil'J. ; ce qui pourrait peut-etrc donner lieu » de pcnser que ces cartes out etd faites vers I'ann^e » 1384, suivant I'usage ordinaire de ne s'occuper, » dans le d^veloppementdes cycles, que des annees a )) vonir : a nioins (pn- quelqu'un ne priitendit que ce )) cvcle est pUilot un recueil d'ex|)eriences et d'obscr- » valioub |)uur ties aniicib deja ecoulees; au(juel cas il ( 1^17 ) » en faudrall rap[)orler la construction a I'annec l/ill, » et peut-etre menic plus lard. Les annees bissextiles :i; sont distinguees par le signe B en cncrc rouge. II faut » observer ensuite que sous la ]n'emiere annee de ce •» cycle, c'est-a-dire sous I'annce 138/i, estplaree I'an- » nee l/i3Zi, cc qui se continue jusqu'en 1387 qui a, » en dessous, lZi37,d'une encre, et , a cc qu'il me )) semble uiemc , d'une ccriture un peu dilTercnte. )) On voit ensuite trois mains , dont la premiere , » entierement ouverte , donne quelques regies pour la » Paquo; les deux autres ofFrent probablement quel- » ([ue regie pour la navigation. Sur les plialanges sont )) (les cliiflres romains; et en outre, sur la premiere )j et sur la troisieme main , le inillesime 138/i , qui )) est la premiere ann^e du cycle. Sur la premiei-e et » la seconde se trouve aussi Ic mlllesime Ih'^ll ; mais » on doit observer que celui de 138/i est toujours du » caractere 2)lus ancien dans Icquel la carte a ete pri- )) initivement eci'ite , et celui dc lA3/i du meme carac- « lere et de la liieme encre que les additions mcntion- » nees ci-dessus. » Sous ces mains se trouve unc table de tons les » mois, pour cbacun desquels est notee quelque par- » ticularile , entre autres une maladie speciale, celle » peut-etre qui dominait en ce mois d'apres les idees » de I'auteur. En voici un excmple pour plus de clarte : Mars Avril a'msinommi\ v Le soleil dons li belier\fiappesur In ie(e. iihisi nomme ; i J.c soleil dans It: laurcau\frnppe sur Ic con. il a oi jours. Un Ttdjnurs. )) All mois de mai est encore indique Ic soleil (Ums le )) Tanrcriii; et le dernier mois ile la table , qui est I'e- )) vrier, est ainsi marque : FevrierUii-usi nomme ILesoUildansle verseau les poissom frapps Siirlcspieds II a2» jours. ( I'lS ) » Lc pcu do connalssancos rjuc montrc I'antcur )) quant aiix controcs scptcntrionales dc lEuropo, iii- » dique peut-clrc que ces cartes furent construites » avant la relation des voyages des deux Zeni. Et Ton » voit neannioins que I'auteur elait Vcnitien , puisque » toutes sont ccrites en ce dialectc. » » Les deuxdernieres cartes sont ecrites d'un carac- )) t^re plus grand et plus lourdquc les pr(icedentes. Jo )) soupgonne qu'elles ne sont point I'ceuvre de celui qui )) a fait la secondc , la troisicme , la qualrienie et la 1) cinquiemc; et la premiere scmblo aussi n'etre I'ou- » vrnge ni de celui qui a execute ces deux dornieres , » ni de I'auteur des quatre autres.... En outre, le rouge » avec lequel sont ecrits quelqucs noms, est dlffdirent, ); et n'cst j)as aussi vif dans ces deux dernieres (jii'il I'cst » dans les autres; dans la derni6re nieme , le noir est )) di fie rent. )) Ouanl aux qualrc premieres hydrograpliiques , je » les crois ridig^es avant la fin du xiv' siecle , et cela » pour diverses raisons. Premierement , I'ecriturc 1) senible aljsolument de ce temps , el Ton n'y trouvc » pas d'abrdvialions ; sccondement, le peu de prcci- )) siou du trace des parties septentrionales de I'Europc )) nous fait croire qu'elles ont ete faites avant que Ton » cut vu les relations des Zoni; on Iroisiemc lieu , re )) cycle que nous avons deji'i observe sur la pr uiivre » carte, et qui commence a JaiUK-c l^S/j el linil avec » I'annde lAll , nous porte naturellemont :i le croire » compose vers 138/i ; et les Irois carles suivanlcs suiit )) ecrites absolumenl avec le menic cnractere quo colle >i (|ui conlient le susdil cycle. ( IM) ) On volt que rauteur de cette Notice ava'it examine avec autant d'inteiet que de soin lo pellt atlas au- jourd'hui possedd par M. ^^ alckenaer ; qu'il en avail bien distingue la triple origine sous le point de vuo grapliique ; qu'il avail reconnu dans la nomencla- ture les formes du dialecte VL'nitien ; et qu'il estimait la date des quatre cartes principales voisine de 138/i. Ce sont des donnees g^nerales, a I'egard des- quelles il a tout I'honncur de la priorite. EUes ont 6te admises par M. Walckenaer dans la plupart des citations qu'il a faites de ce monument geographi- que , et divers 6rudits, tels que Angelo Pezzana , Malte-Brun , Zurla , Andres , Baldelli, Humboldt , les ont repc'tees plus ou moins exactement apres lui ; une seule fois le savant academicien a indique d'une mani6re plus vague la date de son portulan , en di- sant que, d'apr^s le calendrier dont il est accompa- gne , il peut remonter jusqu'en 138/i ou descendro jusqu'en HilMi; et M. de Humboldt a reproduit cetle assertion, dr meme que M. de Santareni. On a pu voir que cette indecision s'etait deja montrtlse dans les observations de I'auteur de la Notice. Mais le docte Italien n'en avait laisse percer aucune sur la question de I'origine venitienne du portulan, dont la nomenclature appartienl en cntier, d'apres sa declara- tion formelle, au dialecte special de Venise. Cependant Baldelli, qui, par inadvertancc, en cilant inexactement M. Walckenaer, altribue a un Caslillan la carte de 138/i dont nous ])arlons ; Baldelli , dans sa dissertation sur le portulan Mediceen de 1351, fait, sur I'origine de cclui-ci, une serie de remarques, toules applicables au portulan Walckenaerien : uDc nombi'eux indices, » dil - il , « doivcnt I'aire reconnaitre ce portulan ( 150 ) » pour I'oeuvrc d'un G6nois. II n'ost pas prt'snmahic » qu'un Vt'nitien , un Catalan , enuiles des Liguricns , » eusscnt pris soin de pcindre sur les Canaries la ban- » niere des Genois, pour rappeler que ceux-ci en » avaient 6te les decouvreurs depuis la renaissance » des lumi^res en Europe. On rcconnail I'oeuvrc d'un )) Gonois en lisant C(ii>o di J\on, par excmple , ot non » Cabo di Non couimc aurait (^crit un Vdnilien , ou )) Capo di Non cgmme un Pisan. Une des lies Cana- )) ries est appel^e sur la carte Isola de^ ^^gi Marin , » comnie s'^crit en genois Ic norn d'un genre d'am- » phibies que nous a])pelons , nous autres Italiens , » vecchi marini. » M. Walckenaer a pris note de cette opinion sur les gardes de son atlas , ou on lit de sa main : « Selon la remarque do Baldeili dans ses » Viaggi di Marco Polo , tome I , p. clv , cette carte est » gcnoise, puisqu'on y trouve Cauo de Enbueder , au » lieu de Cuba qui scrait Vdniticn , et de Capo qui se- )) rait du dialecte pisan. » Quoi qu'il en soit, les motifs sur lesquels Baldeili appuie son opinion n'ont point un fondement solide : independamment de I'aflirmation si precise de I'au- teur de la Notice , il suflit d'eludier les porlulans de Grazioso Benincasa , natif d'Ancone et dtabli a Venise, pour reconnaitre que plusicurs des indices releves comme des signes caracteristiques d'une origine gc- noise se retrouvent dans Ics productions do I'ecole v6- nitienne : ainsi i'6cu de G6nes est marqu(i sur Lan- cerollc dans les cartes de Benincasa ( et mdmo dans les cartes catalanes ) aussi bien quo dans le portulan M^diceen ; Benincasa emploie de mSme la prt^tendue forme g6noise Cai>o; et enfm Ic nom de I'llo des f^egi Marini est si peu caractorisliquo d'lino facture gcnoise. Table hmaire, (urmml la paye I dc I Alias mamscril tie la BibliolMqne 7^»<^1.fiH 11 -.1 30 31 30 "1 51 30 milckemer, exaclement cufk'e. sur VurUjmul IV ' " ^ i B. .^ 111 2 f a 5 © U B Regula dc I.1 hiii no ..1....1 21 676 8 2 21 102 1 9 983 1 9 983 30 22 608 29 9 32 2. .2 .17 27 1 311 23 13 233 25 2 46 13 739 ...a en.... 13 oil 97! 22 18 692 20 7 104 19 20 122 17 21 903 8 623 16 10 330 14 23 .9 14 11 94. .2 12 13 .9 d 1. 23 370 9 13 77a 10 498 8 .6 200 8 4 993 6 17 706 (i 6 418 4 19 132 923 20 638 33'l 22 64 to 838 D 28 23 570 27 12 273 29 0 .72 27 3 788 27 2 300 23 13 214 .3 23 _16 22 S 437 21 18 147 20 (i 939 16 16 632 ^^ 16 18 13 13 13 1 . 13 II 11 9 9 € 20 260 21 78 22 ri84 11 297 1 . .0. 223 12 21 734 .47 fi 7 6 4 29 29 28 27 f 17 3 .8 6 20 8 2. 13 1 360 934 7.. 309 92 882 598 .11 ..i 24 801 527 241 26 21 23 23 23 21 19 18 17 16 13 © 23 3 16 4 17 19 7 20 9 2 I03» 247 460 183 966 679 1003 808 611 324 .7 13 12 14 13 12 11 9 7 7 5 6 St 10 23 12 0 13 2 1,3 3 16 ;> 18 6 830 5i3 236 1093 702 473 188 981 69 i 694 120 913 2 2 2 31 50 23 28 26 26 23 24 a 19 18 21 9 22 0 9 12 1 13 2 5 4 676 339 833 336 771 14 724 490 203 900 .712 423 22 21 22 21 20 18 18 17 13 IS 13 13 B n 3 18 7 20 8 21 10 IS II 0 (85 ■ 931 344 337 70 833 396 2'JU 297 902 413 his- -iektiles. ( U)b ) si cette ann6e A dovait suivroimmediatementrannd'eT aulieu de la preceder de presque toutun cycle. Un tel arrangement ne peut etre I'cfTct du hasard ; il provo- que natiirellement de nouvelles questions. La partie du tableau qui s'^tend de A en F serait- elle done une suite de la portion renfermee entre L et T? — La place occup^e par le bissexte ou I'embolisme doit nous venir en aide pour rdsoudre ce pi'oblt;me. Malgre les lacunes et les erreurs de notre tableau , il est aise de verifier que le bissexte y est employ^ aux ann^es C , G,.., 0, S ; on n'en d^couvre aucune Irace entre les annees G et O. II est evident que si I'ordre g^n^ral des annees du cycle progressait de A en T, les bissextiles G et G devraient etre suivies des bissextiles L, P, T; ou bien les bissextiles 0, S, devraient avoir devant elles les bissextiles 15, F, K; tandis que si Ton renverse les deux parties du tableau , les bissex- tiles 0 , S , appelleront naturellement a leur suite Jes bissextiles C, G; nous avons done une complete certitude que notre tableau se compose de deux par- ties transpos(ies entre elles , dont la coupure doit se trouver entre G et 0. Quant a la distribution des lunaisons embolismiques, ces intercalations figurent dans le tableau aux anmies A, C, F, I, M, O, R ; comme, d'apres les conditions qui r^sultent de I'ordre connu des bissextiles O, S, G, G, nous no pouvons faire commcncer le cycle plus tard que I'annee O, ni le terminer plus tot quel'annee G, ie commencement de la serie indicative du rang des an- nees embolimisques ne peul tomber que sur les lettres M et 0, dont la premiere suppose le commencement du cycle en K, ce qui ferait correspondre I'ann^o A a ( 156 ) la 11* (la cycle; la secondo etabllt \o coinuiencement du cycle en N, et la corndatlon de i'aiinoe A avec la 8° du cycle : d'ou il resullo que I'liypolliese dd'ennea- docaelerldc a cjualrobissexllles, qui fixe le coinmenco- ment du cycle en L, dolt etre rejelee, et qu'il y a er- reur niaterielle dans roniission du rinquienie bissexlo enlie G et O. Mais la cou[)urc domeure toujours incertaine et flol- tante : il nous taut done recourir encore a d'autres in- dices. Quatre dates particulieres, 1/173,1550, 1458, l/i46, ucrites a la marge, vis-a-vig des lettros D, E, H et P, semblent nous venir enfin en aide pour obtenir sans plus de tatonnements une determination precise ; car ces dates , malgri leur interversion apparentc , sont placces de maniere a conserver entrc elles le rang qui convlent a chacune dans le cycle decemnovennal , puisque lii73 , qui est vis-a-vis de la lettre D, rc'pond au nombre d'or 11; que 1550, en face de E, r(!!pond k 12; 1458 , en face de H , a 15 ; el 144(5 , vis-a-vis de P, a 3. Nous aurions ainsi la clef de la valeur nume- rique de toute la serie des dix-neufleltresdu tableau : la lettre A designerait la 8° annee du cycle, B la 9", C la 10", ot ainsi de suite jusqu'a M , qui representerait la lO" et derniere ; tandis que N serait la 1", 0 la 2*. P la 3°, et ainsi de suite jusqu'a la 7" , reprosonlt'C par T ; la 8* se retrouvant en tete du tableau , sous la lettre A. Si celtc corrcspondance est exacle , Ics donniios sur lesquclles elle se fonde doivcnt nous procurer imme- diatement des resultats plus importanls : car les dales ainsi exprimees ayant un rapport direct avec la dis- position du tableau, il y aurait li'ii il'en conclure qu'unc d'ollos au moins apparlienl au cvcle nit'-nie ( J^>' ) dont la deterininallou est le hut liiial de notie re- cherche. Quelquo hesitation (jiic Ton ait, on no pent echa])- per a cettc coiisideralion speciale , quo Ic ta]:)Ieaii, de L en T, et do A en V , presente uno serie liemogene dont la rcgulavite nc pcut etrc mise sur le comple du hasard ; qu'il y a memo certitude acquise, a raison de la place occupee par les annees hissexliles, que la por- tion A- F est rcelJemcnt la suite de L-T ; tandis que le defaut de liaison ne se nianifeste qu'entre aovit de I'an- nee V et Janvier de rannoe L. Faut-il done en \enir a supposer que le commencement du cycle remonic plus liaut que ranuee N, et que Ics dales niarginales n'ont pas autant de portee que nous ravlons presume? Examinons la chose de plus prcs. Toutes ces dates marginales, eerites, a ce qu'il seni- ble , a des epoques diverscs, el appartenant a des cy- cles dilFerents, concourent neanmoins a designer I'an- nee N pour la premiere de la serie deceninovennale qui fait le sujet de ce tableau. C'estaussi Tunc des hy- potheses ou nous avail conduit la consideration spe- ciale de I'ordre qu'affectent iei les annees embolismi- ques , lesquelles se Irouvent trfes bien placees aux n"' 2, 5, 8, 10, 13, 10 et 19 du cycle. Les annees bis- sextiles y occupcnt de lour c6l& Icsn"' 2, 6, 10, ill et .... (il y a omission du 5* bissexte). II ne nous restc plus qu'ix verifier comment peuvent y elrc coordon- nees les dates inscrites a la marge, en exaniinant tour a lour jusqu'a quol point chacune d'elles ])eul elre prise pour celie de la redaction de noire tableau. Picprenons-les successivement a leur rang dans le ryole, c'est-a-dire dans I'ordre que kui' assigue res- ( 158 ) pecti\cuiuiil le noinljio dor qui lour deiiieurc at- fecte. L'annec 14/|(3, 3" du cyclo, doit tout d'abord utre ecartec , puisqu'elle auienerait , aux places oil toinl)e Ic bissexte, les annecs llihb, 1/149, 1453, 1457 ot 1461 , qui ne sont aucuneinent bissextiles. L'annee 1473 , 11*^ du cycle, ayant j)Our bissextiles correlali\es 1464, 1468, 1472, 1476 et 1480, s'enca- dre au contiaire parfaiteiuent dans notre tableau, con- sidere comme representant exclusivement le cycle qui a couimence en 1463 , et c'est en ce cas sur l'annee L que devrait porter la correction relative a I'omission du cinquieme bissexte, outre la correction generale des erreurs de calcul a operer des lors sur toute la por- tion comprise depuis l'annec F jusqu'a l'annee M iil- cluse, de maniere a retahlir, entre cellc-ci et l'annee N initialc du nieme cycle , la dillerence de 7 beures 485 points resultant inevitablement de la proeg^se. En supposant done que cette annee 1473 expriinat la date precise de la redaction du document qui nous occupe, il fuudrail reconnaitre , d'une part, que Ic redacleur aurait fait rcmonter son calcul au commen- cement du cycle dont on comptait alors la 11" ann^e , et d'autre part, que la liaison immediate de Tannic M avec l'annee N (et celle de l'annee L avec l'annee M) ne serait que reflet dun pur hasard , au milieu dc la conlusion causee par les erreurs de calcul dont la portion mediane du tableau se trouve entacbee. Ni I'une ni I'autrc dc ccs liypotb^ses n'est pi'obable : d'un cole, c'est, en general, a partir de l'annee canmntc que k'S redacteurs de cessortesdu tables commenccnt Icur calcul, en le poursuivant jusqu'a epuisemenlde la periode ibematique; et daus le cas aLlufl , cc ne serait ( I5i) ) noiiil ca roiiioiitaiit de dis aiiiiees jiiscju'a 1463, mais bien en descendant juscfu'en IZjOl , que siiivant loutc apparence le redacteur de notre document eut I'enipli son cadre et complete son cycle. Cette conjecture est corroboree en ce que, d'un autre cote, le passage immediat de I'annee M a I'ann^e N , comme ceiui de I'annee T a I'annee A , s'effectue avec une exactitude qui ne peut raisonnablement etre mise sur le compte du basard. Le r^dacleur, d'apr^s ce qui vient d'etre dit, commencant son calcul a I'annee D, 11° du cy- cle alors courant, I'aurait poursuivi de M en N et de T en A jusqu'a G , dans les dix premieres annees du cycle suivant. Si cela est , les bissextiles correlatives a la date initiaie de 1Z|73 deviennent lZi76, IZiSO, 1484 el 1488 , dont la prcmici'e tombe exactement sur la lettre G , comme nous I'avons deja verifie ; mais les deux dei'nieres se Irouvent correspondre aux annees P et T , qui ne sont point affect^es du bissexte : d'oii il faudra conclure que I'annee 1473 n'est point la date de redaction que nous cherchons a decouvrir. Continuons notre verification. L'annee 1550 , 12° du cycle , se presente dans des conditions absolunicnt identiques; car, consider^e dans son proprc cycle , elle a pour bissextiles corre- latives 1540, 1544,1548, 1552 et 155(3, quitombentde meme sur les annees 0, S, C, G, L ; tandis que, con- sid6ree comme date initialo, elle apour bissextiles cor- relatives 1552, 1556, 1500, 1564 et 1568, dont les trois dernieresse trouvent correspondre aux annees P, T et D, sur lesquelles ne tombe point le bissexte : d'ou nous tirons cette consequence , que 1550 ne devra |)as non plus elre |)rise pour la date de reduction de notre document. Nous pouvons ajouter que ce niillc- ( 160 ) sime nous semble d'une cncrc el dune main cUlTeron- tes, et coninie de raison plus modernes. Reste rannoo l'i58, 15'= du cycle, laquellenous oflVc preciseraent los conditions inverses. Considcree dans son propre cycle, elle doit se produire avecles bissextiles ihhh, 1/148, l/i52, 1456, 1/K50, iV-pondant aux annees N, R, B, F, dont aucunc n'cst alloctee du bissoxtc , et K, qui demeure doulcuse; prise au contraire commc date Initiale , cette memc annee 1458 entrainc apres elle les bissextiles l/i60, 1464, 1468, 1472, ctl476, qui repondent aux annees K, 0, S, C, G, sur Icsquellos, apart Ic doutc relalll" a la premiere , tombc eirectlve- mont Ic bissexle. Cc scrait done la, a notre sens, la date r^elle de la confection du document qui fait I'ol)- jet do notre ^tude, et la clef des corrections applicables a notre tableau , corrections qui se trouveut dos lors renfermcs dans le cercle le plus I'troit possible , puis- quc, sauf le retablissemcnl du blssexte sur raniiee K, les autres ne sont ameneos que par des errcurs mate- riellcs de calcul. Et il n'est pas sans interet de remar- quer en outre que la bissextile 1476 tombant tout juste sur Tanneo G, qui pr(5cede imniediatcment I'an- nee II a laquclle correspond J 458 , il ne pcul rester d'incertitude sur I'endroit precis de la coupure ou doit se manifestcr la proegese de 7 heures 485 points. III. Calendricr solaire fovinant la denxienie page de I'Jflas. Iminedialuniout apres la table dos nromenies, que nous venous d'examiner, el que nous presumons ecrite en 1458 , vicnt la serie de quatre feuilles for - mant les pages 2 a 9 du volume, et constituant incon- ( 101 ) testablement la partie la plus ancienne et la plus im- portante de ce manuscrit (1). Ainsi que I'a fait remarquei'l'auteur anonyme de la Notice que nous avons tiauscrite , la premiere de cefl quatre feuillesest divisee en deux pages, dent robjet est complelemeut distinct : I'une presente en efl'et uno carte hydi-ographique de I'oc^an Occidental, quise rat- tache inimediatement aux cartes de mfime espece des- sin^es sur les trois feuilles suivantes; tandis que I'au- tre page est un tableau dent la Notice anonyme fait pressentir pkuot qu'elle n'en d^liait la nature. C'est en realite un calendrier solaire perpetuel , dont nous avons a examiner les elements , la disposi- tion generale,et la signification chronologique eu egard a I'atlas dont il fait partie. II oifre , des I'abord, trois divisions principales , savoir : un tableau des mois occupant un peu plus de la moiti^ inferieure de la page ; trois mains dessinees au-desSus et chargees d'indicalions numeriques ; enfia. un encadrement dans lequel sont distribues, par case:^ successives, une serie de millesinies. Roprenons tour a tour cbacune de ces trois parties, pour en determi- ner la composition et I'emploi. Le tableau des mois est dispose sur sept colonnes verticales, dont la derniere est restee vide, et dont la se- conde est sans motif separee de la premiere, puis- qu'elle ne contient que ces mots a noine, uniforme- ment r^pt^tes a la suite de cbaque nom de mois ecril dans celle-ci ; la troisieme renferme des elements numeriques sur lesquels nous reviendrons specialu- ment. La quatrieme indiquercntrec successive du so- (i) Le fac-similc en tsi tompris Jan* le Ltl Aildi An Mtomte tie Santuieni. VIII. iHPTE.MBRt. S H ( 162 ) leil dans les douze signcs du zodiaque respectivement corri!spoudants aux douzc niols ; par inadverlance , comme I'a deja reraarque I'auteur de la Notice ano- nyme, le signe du taureau a ete ecrit deux fois au lieu d'une, el tousles signes ulteiieurs se sont ainsi liouves recul^sd'un rang, ce dontlc calligraphene s'estaperQU qu'a la fin de la colonne , et alors, pour signaler la correction n6cessairc, il a ajoute, en dessous du Fer- senn , les Pot'ssons resles sans emploi. La colonne sui- vante est consacrec a certains pronostics astrologi- ques ; la sixieine donno le nombrc des jours de chaque mois. Enl'aisantdisparailre la septienie colonne restee vide, I'inutilc separation des deux prcmiores , et la r(^p(^ti- tion erroncc du Taureau dans la quatritJine, toutes les indications de I'original se trouveront exactement re- produites dans les cinq colonnes que voici : Marzo a iiome. 1' sol ill aries. fiere in la lesia. 1 a di xxxi. Avrtl a Home. I si)l ill lamos. fitri' ill ta qnla. a (li x\x. Mazo a noMie. tn sol ill ieiniiii. fierc in le braze. a di \x\i. Ziiqno a iiomc. Vl sol in caiucr. fieie ill In peii. :i tli XXX Luw a nonie. I Sol ill leu- ficie in lo cuor. a (ji xxxi. Avoslo a iiomi'. tilt ^ol ill \ir!;(3. fifie ill le bintcle. a ili xxxi. Senleiibie a iioiiic. vn sol ill libra. fteie in le an, le Centiloquc lie Ptoli'mce, ill-folio, Paris iG5i. p GH. — I'kthi Adam Coitcilialoi- conlrovcfiiiiritin , iii-lolio, Venelii- iS65,diff. 168, fol. aa ■!, c. E. — Antoine Mizacld, VExplicalion,usa(je et practicjue de I'Llph^nu'ride celeste, in-8", Paris kV'iG, foil. 49 1 ^o, — Comp. MS. fraiirais K" '938 do la Bihiioiliequc loyale : ■< ('omincnt la lune est j'ouvei- u Danic (Je toute huinaine creature el regno .1111 I liomnri' jmi ihascun » des XII signes du Zodiacie. » ( 16o ) guere a reconnaitre que , ])Our completer ces indica- tions, il n'y a plus qu'a determiner Ics jours de la se- malne ; et I'on en doit conclure a priori, que I'element numerique renfermu dans la colonne qui nous occupe est piecisement la clef de cette determination ; en d'autres termes, que ces cliidVes respectivement affec- t6s a chaque mois ne sont autre chose que les quan- tites invariables dt^signees par les anciens comj)Utistes sous le nom de Heguliers sol a i res , et dont Taddilion avec I'epacte annuelle du soleil donne immediatement le nura6ro d'ordre , dans la semaino, du premier jour de cliaquc mois. Ainsi, par exemple, I'epacte annuelle du soleil etant 1 , et le regulier solaire du mois de mars etant 5 dans notre tableau , il s'ensuit que dans toute annee dont I'epacte solaire etait 1 , le 1" mars tombait le &^ jour de la semaine , ou , suivant ie Ian- gage des computistes , la terie 6% c'est-a-dirc le ven- dredi; le regulier d'avril etant 1 , le 1" avrll tombait le 2"= jour de la semaine , ou la ferie 1" , c'est-a-dire le lundi ; le regulier de mai etant 3 , le 1" mai tombait le h" jour de la semaine ou mercredi, et ainsi de suite. De meme , dans toutes les ann(^es dont I'epacte solaire etait 2 , le \" mars , dont le regulier etait 5 , devait tomber le 1" jour dc la semaine ou le samedi ; le 1" avril , le 3'^ jour de la semaine ou le mardi ; le 1"^ mai, le 5' jour de la semaine ou le jeudi, et ainsi de suite. Le second element indispensable pour le calcul des jours de la semaine au moyen des regulicrs solaires men- suels.c'est.comme on voit, I'epacte du soleil pour chaque ann^e ; nous devons done necessairement trouver, dans le calendrier que nous etudions, unc table particuliere des t^pactes annuelles du soleil , sans lesquelles le pe- ( 166 ) tit tableau des reguUers que nous vcnons de reconnal- ire ne pourrait etre utilise. Rendons-nous compte d'a- bord de ce que c'etait que Tcpacle du soleil : I'ann^e commune 6lant de 365 jours, c'est-a-dire decinquaute- deux semaincs plus un joui* , et I'annee bissextile etant de366 jours, c'est-a-dire cinquante-deuxsemainesplus deux jours , il s'ensuit que cliaque ann6e empiele d'uu ou deux jours, suivant les cas , sur la semaine initiate de I'annee suivante , de telle maniere que , le jour de la semaine auquel commence une annee quelcon- que etant connu , on en pourra conclure aisdiment ce- lui auquel doit commencer I'annee suivante , et ainsi d'annee en ann6e; en sorte que, si toutes les anniies 6taient communes , le menie jour de la semaine se re- trouverait au commencement de la liuiti6me ann6e ; mais le bissexte qui s'intercale tous les quatre ans fait que cette proegese ne s'epuisc qu'au bout de h fois sept annees, c'est-a-dire alafm devingt-huit ans; c'est ce qui constitue le cycle solaire. L'epacte est precis6- ment le nombre indicatif de cette proegese particu- li^re ; etant 1 pour la 1" annee du cycle, ellc est 2 pour la seconde , ." pour la 3% 4 pour la h" ; apres quoi I'inlercalation du bissexte amenc 6 pour la b^ annde , 7 pour la 6" , 1 (1) pour la 7% 2 pour la S' ; et ici une nouvelle intercalation du bissexte am^ne U pour la 9' ann6e du cycle, 5 pour la 10% 6 pour la 11% et ainsi de suite , en intercalanl le bissexte tous les quatre ans, jusqu'a la derniere annee du cycle, apres laquelle seulement I'dpacte 1 concourt de nouvcau avec la 1" ann6e du cycle suivant. La maniere dont ces nombres («) Nous disons i au lieu de 8, paicp (jur 8 est en rf^alitp une se- maine entiere plus i dV'jiactc. ( 167 ) courent parallulemenl aux annees du cycle leur a valii le nom usuel de concurrents. La table des concurrents de tout un cycle doit done olTrir sept fois quatre nombres se succedant en progres- sion croissante par I'addition d'une simple unit<^, avec ressaut de deux unites en passant d'une s(^rie a I'autre, en cet ordre : 1. 2. 3. li. 6. 7. 1. 2. tl. 5. 0. 7. 2. S. li. 5. f-r 1. 2. 3. 5. 6. 7. 1. 3. h. 5. 6. Or, si Ton jette les yeijx sur les trois mains figur^es dans la moitie superieure de la page , et qui sont char- gees d'indications numeriques, on remarquera que les deux mains placees a droite sont r^unies pour former un seal tableau a septcolonnes de quatre cases chacune, offrant prare de la raxon de le pas- que » ; e'est-a-dire : « Celle-ci est la main pour trou- ver le calcul des paques » ; ce qui signifie quo nous avons ici un tableau du terme pascal. En olTet , tons les doigts etant ouverts , le pouce est charge de trois indications numeriques , ot les autres doigts de quatre, ce qui fait en tout dix-neuf cases, nombre 6gal a ce- lui des annees du cycle lunaire. Les nombres ecrits dans ces cases sont les uns en rouge, les autres en noir; comme ceux en rouge sont les plus elevens, et oeux en noir les moindres, il est ais6 de devinerqueles premiers se rapportent au mois de mars et les autres au mois d'avril , puisque le terme pascal, c'est-a-dire 1ft pleine lune ^quinoxiale, ne pouttomber qu'entre le 21 mars et le 18 avril. Dans le tableau des concurrents qui couvre les deux mains accol(ies a droite , comme dans celui du terme pascal inscrit sur la main isolee a gauche, on romarque deux mlllesimcs, suvolr 138/i el l/l34 , inserts chacun dans une des cases du tableau. Sur celui des concur- rents, i;J3/| est ocrit en rouge dans la 21" case, et l/l3i en noir dans la 15' case : cela est lout simple ; 138/| est la 21' annee du cycle solaire commence en 13(i/i, et \h^h est la 15' annt'o du cyclo solaire com- ( J'5^> ) inence on 1420; ct il elail convonable tie marquer, clans la case qui lui apparlicnt, la date qui devait ser- vir de clef pour ra))plication de tout le tableau. Pa- reillement, sur le tableau du terme pascal, 138/1 est marque en rouge dans la 1 7' case, et 1 /|3/4 en noir dans la 10" case, parce que 138/| est la l?"^ annee du cycle d6cemnovennal commence en 1308, et 1434 la 10' annt^e d'uii cycle ulterieur, commence en 1425. Nous reviendrons bientot sur la significalion de ces deux dates. Maintenant, portons nos yeux sur I'encadreroent de la page , forme de cases successivcs au nombre de 28, ce qui nous indiquc immediateiTient la duree d'un cy- cle solaire ; dans chacune de ces cases se trouvent indi- qu6s, d'abord un millesime , en commencant par 1384 et fmissant par 1411 , avec un K aux annees bis- sextiles; puis un nombre accompagne dela lettre A ou de la lettre M : ricn n'est plus alse que de reconnaitre la les paqucs d'avril ou de mars ; ces dernieres sonl ecrites en rouge , ainsi que les annees on elles tombent. II est evident que nous avons dans ces cases les buit dernieres annees du cycle solaire commence en 136!i, et les vingt premieres anndes du cycle suivant, com- mence en 1392; si done on voulait num<^roter ces cases d'apres I'ordre des annees dans le cycle, la 1"" case aurail le n* 21 , la 2' le n" 22, la 3' le n'' 23.... ; la 9" le n° 1, la 10" le n" 2, el ainsi de suite jusqu'a la derniere, qui aurait le n" 20. Or, il est a remarquer encore que , sous les quatre premieres cases, c'est-a dire celles que nous ve- nous de numeroler 21, 22, 23 et 24, se trouvent ticrits quaire noiiveaux millesimes, savoir , 1434, 1435, 1436 et 1437; les Irois premiers, accompagnds ( I'O ) do la double indication dii torme pascal et de la paque. Mais couune ccs annublier sous le tilre de liecncil des hdiitpurs des pays conipris dans le cadre de la carte generale de la Suisse. Cc llecueil doit son existence a un travail plus diffi- cile et de plus longue haleine qui occupe M. Oslervald depuis bien des annees , celui d'une carte generale de la Suisse, dont ce Recucil doit en quelque sorte servir a la fois d'annonce ct dc complement, la publication de cette carte ne devant paraitrc, pour des causes qui sont enoncees dans un avertissemenl mis en tete de ce Recueil, qu'au commencement de 1849. La necessile de rendre cette carte portative et a I'u- sage des voyagcurs, a force de reslreindre son 6chelle a cclle du /|00,00()". Elle aura deux feuilles, cbacune de 65 sur /|') ccntimrlres. Dans un expose , qui precede ce llecueil des hau- teurs, M. Ostervald donne tous les renseignements qui sont proprcs ;i fairc apprt^'cier le m^rite de celte carte, tant sous le rapport do I'exacUlude des fondc- nienls sur lesquels elle repose , que de la bonte des documents que I'auteur a recueillis et mis en teuvre ; elle a pour fondement plus de 1500 points Irigono- metriques, dont Ics positions gc^ograplilques ont 6te calculees rigoureusement. 11 n'y a gucre de carte mo- dorne qui en r6unisse un aussi grand nombro pro- portionnellement a son t'lcnduo. ( 173 ) Quant aux altitudes, qui doivent etre I'objet princi- pal de cette note, M. Ostervald a dti , a I'aison de leur nombre (environ 5500), les elaguer enticrement pour les reunir dans ceRecueil. Cette niarche lui a permis, tout en evitant de surcliarger la carle , de preciser le lieu qui a ete d^termind, d'indiquer les personnes aux({uellcs sont dues ces observations, ainsi que les variantes qui existent entre celles-ci, et de rendre fa- cile enfin la comparaison des mesures barometriques et trigononielriques au point de vue de I'exactitude respective des deux melhodes. Les liaulcurs trigonometriques sont precedees d'un A, les hauteurs barom^triques d'un B ; lorsqu'il y en a plusieurs, lo noni])re en est donne a cote, ct Jors- qu'elles sont dues a des nivellements, elles sont carac- lerisees par une N. Toutes sont rapportees au niveau de la iner, et exprim^es en metres et en pieds do France. L'auteur a joint de petites tables pour trans- former le metre en pieds de roi et en pie'ds anglais, a I'usage des personnes cjui ont I'habitude de ces der- nieres mesures. Les hauteurs de la Suisse sont classees par cantons, et, au-dela des fronti^res, par Elats; dans chacune de ces divisions I'ordre alphabetique est adopte. Si M. Ostervald avail pu joindro a chaque altitude la position geographiquc du point auquel elle se rap- porte , il aurait ajoute un perfectionnement bien utile a cette interessante orographic de la Suisse et de quelques parties des pays limitrophes. C4'est un soin qu'il prendra sans doute lorsqu'il dcvra s'occuper d'une scconde edition d'un Recueil que le monde sa- vant accueillera avec faveur. F.-F. CoRABfElF. ( 17/1 ) NOTICE sur les anciennes Sagas de Vlslande , PaiM. C.-C. IIAFN, Secretaire de la Socieie royale des Antiquaires du Nord. fhiande attire sous plusleurs rappoils ratteiition de I'historien. C'est a la fois la palric ct le foyer de I'hlstoire du Nord, et c'cst Ic premier pays du nou- veau nionde qui fut decouvert et habit6 par les Eu- ropeens. L'amour de la m6re-patrie, en tournant la vue des colons emigres vers les lieux ou leurs ancfitres avaientv^cu, les portait a recueillir les hauls fails des lemps passes, a les consigner dans leurs annales, pour en conservcr le souvenir et les transmettre a leurs en- fan ts. L'histoire des exploits des aieux, en passant ainsi de generation en generation, dcvint le lien (jui rattachait le passe au present ; et tandis que I'auiour de la palric se rechaullait dans ce foyer des souve- nirs , I'esprit se penolrait du desir irresistible de mar- cher sur les traces glorieuses des anc6tres. Les limites du nouveau domicile que leur ofTrait I'ile rocailleusede rOcean leur devinrent alors trop etroites; I'envie leur prit ainsi d'aller plus loin a la d^couverle d'autres pays, ct le pi'cmier fruit de eel esprit aventurcux fuL la decouverlc du littoral de I'Amerique du Nord. C'cst en reconnaissant le haul int(iret des manus- crits contenanl de lels fails, que la Sociel6 royale des antiquaires du Nord a public les sources do I'hisloire anleColombiennedespa}sdticouvertsen Ameriqucpai- des Islandais pendant le x'' el lexi" siecle. Ccs manus- crits primilifs ont ainsi fourni des malciriaux aux deux (175) ouvrages sui' les Antiquites ameiicaines et sur les Mo- numents histoi'iques du Groenland. Un troisieme ouvrage s'y rattaclie etroitement, en formant pour ainsi dire la cloture de la serie des documents litt^raires Indis- pcnsablcs a la connaissance complete de cette partic interessante de I'liistoire ant^-Colombienne de I'Ame- rique : cet ouvrage , qui a pour titre Isleiidinga Sbgur, conlient les Sagas de I'lslande et les exploits des Is- landais depuis la colonisation du pays jusqu'au xiv*" siecle ; le premier volume en parut deja I'an 18/i3. En publiant toule cette siiric de Sagas , on a resolu de suivre I'ordre topographique indique dans le Lan- dndniabSk , qui nous offre I'histoire de la premiere habitation du pays, et de sa division entre les colons : conformement a ceplan, on commencera par Rey- kiarvik , qui est le lieu ou le plus ancien des colons Emigres de Norv^ge eta1)llt son nouveau domicile ; en partant de la on passera vers I'ouest, et Ton fera ainsi le tour du pays, de maniere a terminer la serie par les Sagas d'Arnesthing et par la Sturlanga Saga ou Islendinga Saga hiii mikla , la grande liistoire des Is- landais. Le 2* volume, que nous venons de publier, contient par cette raison les Sagas de Kialarnesthing et de Thverarthing, dont voici I'enumeration : 1° Har- dar saga Grimkelsotiav ok Geirs , dont les ev6nements appartienncnt a la lin du x° siecle ; 2" Hcensa-Potis saga; Z" Saga af liafiu ok Giinnlangi Ornistungu, qui est une des plus cc^lebres de toutes les Sagas de I'ls- lande, dont les ev^nements principaux ajipartiennent environ a I'an mille ; W Fragments de la saga de I'iga Styr ok lieidarvigam ; 5° l\ialnesinga saga ou Saga de BucAndridson. Ce volume contient encore, en supple- ment: Narration de Jokul Iluason ; puis Gritamal et ( 176 ) Tr)-gdamal,iormu\es dereconcilialion prealable etd'ac- cord definilir, citees taiil d'apr^s la Grettissaga que d'a- pres lesdeux codes islandais Graga.s{}'o\G grise)de I'an 1128, ct Jonsbok dc I'an 1281, pour servir de tenne de coniparaison avec les ties anciennes formules con- servees dans la Ueidarviga saga. Le volume est accom- pagne de six facsimile ot'lrant des echantillons des nianuscrits Ics plus impovtants qu'on ait employes, et dont la collection Arne-iMagnecnne de Copenhague et la bibliotheque royale de Stockholm sont les depo- sitaires. La collation des manuscrits est due aux soins de M. Jon Sigurdson, archivistc de la Societc. M. Rain a aussi coUationne le texte avec les anciens manuscrits d'apres lesquels il a ete reproduit. Copenhague, le li aoiit l847- Lhiiaia jwu) Ic BulUlin itc In Sociif'tr ilf ijcognijiliie ^ luiiie VI. Paye (^4 , lij-nc ij, Are Trode ; lUe: Are Fiodo , r'est-a-'lire le savant. , li{rne 2^, Uvitsak : liset Hvirtserk. Paj'u 6.'», ligiie i , Heriulfiics : lisez Ueiiult'snes. — , ligne 8 , Si{',listiorJ : lisez Si(;liiH<)ril. I'aj;e 6G , liyne 4 > Noitlsttur : lisez Nonlrselin. ( 177 ) Renseigxf.ments .iiir les hoydges et Albums p'dloresques lie M. d'Hastrel, et sur Ics travaux cJiorograpliiques de M. Laguillermie , par M. Berthelot. J'ai eii riionneur, dans une dc nos deriueres stances, de presenter a la Societe quelques specimens des albums pittorcsques dont M. d'llastrcl lui a fait hommage, et je viens aujourd'hui Ini fournir quel- ques nouveaux renseignements sur les voyages et les travaux de cet habile artiste voyageur. M. Adolphe d'Hastrel, ancien oflicier d'arlillerle et fils du lieutenant-general baron d'Hastrel de Rivedoux, a ete successivement employe a Tile Bourbon, au Se- negal, a bord de I'escadre de blocus de Buenos-Ayres , de I'eXp^dition de la Plata , etc. Dans les diderentes positions ou il s'est trouve place, il a su uliliser ses loisirs 2>ar des etudes de moeurs et de nombreux des- sins originaux qui ont fait apprecier a la lois ses con- naissances et ses talents comuie observateur et comma artiste. Chez lui, I'aniour de I'art s'est associe a celui de la science. Peintre distingue , et bon niathemati- cien , il s'est encore voue avec z^le a I'etude de la nature. G'est pendant ses expeditions militaires et les differentes missions dont il a ete charge qu'il a jiu for- mer des collections interessantes et rediger une foule de notes sur les sites curieux que reproduisait son pin- ceau. N'ecoutant que son zele et ses gouts studieux , il a entrepris a ses frais do longs et penibles voyages , tels que ceux de I'lle de France et de Madagascar; il a visile rAlg(!:rie el pkislcurs autres contrees, et en a rapporte des albums ])r(jcieux qu'il s'occupe de repro- duire par la lithographio, d'aprt'sscsdessins originaux. M. d'Hastrel sc propose en outre de publier une rela- viii. si:?Tr,MiiRr.. h \1 ( 178 ) tion diUailli-e de ses voyages, qui formera le comple- ment de ses albums. Ses Souvenirs du Biesil, le beau Recueil des vues de la Plata , son Album de Sainte- H^lene ct celui de Bourbon ont d^ja paru , et la So- ciety a e\i a meme de juger de leur intdret par les beaux exemplaires que M. d'llastrel liii a ofl'erls, L'al- bum du Scn(^gal est en voie de publication; Ics excur- sions au cap de Bonne- Espt^rance , en Algdrie , en Es- pagne et en France paraitront plus tard. L'album scul de I'ile Bourbon sc coraposera de 36 dessins et d'un textc descriptif; ce que nous en avons vu donne la plus haute id6e du sentiment vari6 de I'artiste , do ce coup d'ceil exerc^ qui lui a fait saisir les grandes vues d'enscmble , el de I'liabilct^ dont il a fait preuvc en rendant dans tous leurs details les pays qu'il a par- courus. C'est sous ce dernier rapport, surtout, que M. d'llastrel m(!;rito d'Strc encourage dans ses Iravaux. Son crayon facile a reproduit avec exactitude ce que trop souvent les artistes-voyagcurs negligent, je veux pai'ler du port des grands vegetaux, de cc facias qui forme le caracl6re distinctif des esp6ces , et dont le dessin seul peut donner une juste idee. Mais lorsqu'a c6t6 de cette fidele representation de I'arbre exotique de la foret vierge, on ajoute I'aspect des lieux, les ro- chers et les montagnes , lorsqu'on anime ce paysago original par des groupes de figures dont los physio- noniies s'liarmonisent avec le costume el Taction , alors la scene est complete, et I'artiste vous fait par- tager toutes ses impressions, ^'oila ce qui resulte de I'examen des albums de M. d'llastrel, qui forme une suite de panoramas des plus pittorcsquos, Un mot maintenant sur des travaux plus serieux et non moins utiles. Oe sont ceux de M. Laguillermie, ( 179 ; qui nieritent bien aussi de fixer rattonlion de la So- cioto , et ont des droits a ses encouragements. Je niels sous ses yeux quelques cchantillons des belles cartes splieriques de I'atlas de cc chorogrophe , qui est venu remplir une lacune dans I'enseignement elemeiilaire de la geographic. M. Lagiiillermic a eu I'idc^e de reprci- senter par ses cartes la terre telle qu'elle est , en rcpro- duisant ses principaux aspects, et cetleidee fort simple I'a conduit a d'heureux i-esultals. La maniere dont il a ombre ses cartes lui a pcrmis de faire sentir la convexite du sph^roide sur toules les parties de I'hemispliere , de sorle que la portion du globe qu'on veut 6tudier, et qui se trouve toujours indiquee par le titre meme de la carte, est precisemcnt la plus eclairee et la moins deformee. Les autres details de la carte indiqucnt les parties qui, dans un globe materiel, fuient devant I'ceil du spectateur ; mais ces parties, vues ici en raccourci, se reproduisent ensuite dans Icur developpement na- turel sur chacune des cartes qui ferment I'atlas. En un mot, les cartes splieriques que M. Laguillermie a en I'heureuse id»§e dc composer ne sont autre cliosc rjiie \a figure de la terre prise sous ses differents aspects. L'atlasqui les renferme est , pour ainsi dire , un globe que Ton fait tourner en le feuilletant. L'auteu» se propose de completer nalurellcment son atlas spheroidal par la sc'rie des carles parlicu- li^res a chaque Ltat , et dans lesqaelles on trouvera tous les details topographiqiies qui ne sauraient pren- dre place dans une carle g(in(^rale embrassant un d(^- veloppemcnt de 180 degres , et dont le but est d'of- frir le tableau synoptique et spheriquc tout a la fois d'un hemisphere, quelle que soit I'inclinaison que Ion suppose a la lerre. ( 180 ) Note snr hi puhliccitinn, prcparee par M. Jnji\iu), (Vnn reciieil dc cartes da moyeii age, sous le litre de Mom'- ME>TS Dli \.K GiOGRAPHIE. Dans Line des derniercs stances de la Soci^te (cello du 0 aoiit) , M. Joinard a depost' sur lo 1)iul';ui iine sc- rie do planches, dcstinees a lairc partic d'unc niagni- lique collection qn'il prepare sous le litre de Monn- miiits de la geographic ; dej)iiis (seance du 1" oclo- bre), 11 y a encore ajoule plusieurs leuilles, de mo- niere a porter a 35 planches, dont 2i doubles, le riombre total des facsimile dont il a mis les epreuves sous les yeux de la Societe. II nous a paru utile de faire connailre, au moins d'une maniere succincte , d'apres cetle communication anticip^e , la composi- tion d(! ce beau rccueil , en nous aidant , pour ranger dans iin certain ordre les monuments dont il sc com- pose, des indications que nous avons puisees , soit dans les planches mfimes, soit dans les diverses lectu- res quo nous avons pu entendre a I'lnstitut, dc quel- ques fragments du texte qui en doit accompagner la ])ublication , soit enfin dans les explications orales du savant editeur. Le corps principal de I'ouvrago, cxclusivemenl con- sacre a la geographic, est precede d'une introduction, a laquclle se rattachent quelqucs planches relatives a I'uranographic , la gnomonique el la cosmographic , savoir : 1" Globe celeste arabc koufiquo, en bronze, du xi* si(^cle, faisant partie de la collection geographique de la Hibliolheque royale u Paris; ce globe est repr^sente ici (If tiois innnifr(-s dinV-iTnlis : ilahnrd en dessin ( isi ) peispectit ombre , suf uii diam^tre qui n'oxcede gutTc 7 ceiitimetros ; puis projet6 st^reographiquement en deux hemispheres depres de 13 centimetres de rayon ; enfin en vingt-quatre demi-fuseaux propres a etre ap- pliques sur une montuHC spherique d'environ 9 cen- timetres de rayon. Le tout occupe deux planches sim- ples porlant les no' provisoires 13 et III. 2" Astrolabe arabe koufique i^apport^ d'figypte , tire de la collection de M. Marcel ; il est repr^senle en vingt-deux figures de 9 a 11 centimetres de diametre , sur une scale planche portant le n" provlsoire 56. 3o Ancien cadran arabe koufique de 39 centimetres de large sur 29 centimetres de haut, occupant la nioi- ti6 d'une feuille numerotee provisoirement 57, et dont I'autre moitie parait destinee a conlenir un second specimen du meme genre. li" Enfin des fragments tires d'un manuscrit floren- tin de Goro Dati, du x\' siecle. Sur une seule planche portant provisoii'ement le n" 36, se trouvent reunies qiiinze figures, dont huit , relatives aux theories cos- niographiques du temps, sont renfennecs dans dcs cercles de 3 centimetres de rayon ; los sept autres sont des tractions de cotes , tant de Syrie que d'Afri- que , jusqu'au-dela de Mesah sur I'Ocean. Quant a la partie g^ographique proprement ditc , elle se compose, dans I'^tat actuel, de trente planches, la plupart doubles , comprenant ensemble treize su- jels, dont deux sur six feuilles chaque , trois sur trois feuilles , un sur deux feuilles , et les sept autres cha- cun sur une feuille. Nous allons les passer en revue dans I'ordre chronologlque. V La carte du scheryf El-Edrysy, reproduite a la fois en planisphere clrculairc de 12 cenllmi'tres de ( i82 ) rayon , taiil d'apres los manuscrils dc Paris que d'a- pr^s cclui d'Oxiord , ot en tableau d'assciiiblage reduit des 70 carles de detail rcnrerinees dans le uianuscrit parisien, formant ensemble un parallel ogramme de 80 centimetres de long sur 33 centimetres de haul; la Icttrc y est remplacee par des chilTrcs de renvoi a une liste qui sera donnce sans doute dans le textc pre- pare par le savant editeur ; une autre planche sera consacree a une restitution de la carle arabe : celle-ci occupe une fcuillc double, portant Ics n"' pvovisoircs li2 el AS. 2' Itineraire d'un pelerinage de Londres a Jerusa- lem, tir6 d'un manuscrit de la chronique de Mathieu Paris, du xin" siecle , ou il occupe neuf pages do 37 centim(Nlres de liaut sui- 25 de large ; il est ici ren- fernic en trois planches numerotees provisoirement 39, 40 etil. 3' Mappemonde du xni" siecle conserv«^e a Hereford ; cette curieuse carte porte, conimc on sail, la signa- ture de Richard dc llaldingham et de Lall'ord , et oc- cupe I'interieur d'un cerclc de 70 centimetres do rayon , cntoure d'un encadrcmcnt figurant un carre surnionte d'un fronton ; clle est roproduite ici en six feuilles ou planches doubles, dont Ic numerotage pro- visoire s'elend de 1 a 12, Ix" Carte nautique de la Mediterranee , prdsumec du commencement du xiv" siecle, appartenant a la Bibliolheque royalo, et provenant d'une ancienne fa- mille de Pise : elle a 1 m^tre de long sur 51 centime- tres de haul, et remplit une fcuille double, numeroiee 50et51. 5* L'atlas duGenois Pietro Vcscontc, date dc Tannic 1318, et appartenant a la IJibliotheque imperiale de ( 183 ) Viennc; foi'mo dc nonf petites cartes, liautos de 19 centiiii^tres et larges de 20, lesquelles se trouvent reu- nies ici en iinc seule planclie double, poi'tant les nu- meros provisoires 37 et 38. 6° Moppemonde du xiv" siticle , tir^e du manuscrit latin Z|939 de la Bibliotheque royale, intitule Chronicon ad anniirnu.ccc.xx, et consideree par le savant editeur comme le type de cclle qui accompagne, dans le Gcsta Dei per Francos deBongars, le Secreta fideliian Crucis de Marin Sanudo ; elle est dessinee dans un ccrcle d'en- viron 17 centimetres dc rayon , et occupe le centre d'une planclie double , nuinerotee provisoirement 58 et 59 , ou M. Joraard sc propose de coniprendre en outre neuf autres mappemondes du x" au xv^ siecle. 7° La fameuse carte venitiennc des IVeres Pizzigani, portant la date de I'annee 1367, et consei'V(^e dans la bibliotheque dc Parme ; elle n'a pas nioins d'un metre 33 centimetres de long, sur 90 centimeres de haut, et se trouve representee ici en trois feuilles doubles , ayant provisoirement les n°' l\h a A9. 8" Carte italienne de I'ancien Padouan , dat^e de I'annee 14/(9 , et sign^e dc Hannibal de Madiis , ren- fermde dans un cadre circulairc d'un pen plus de 30 centimetres de rayon, formant ici la planclie h!\ pro- visoire. 9 ' Carte italienne des pays compris entrc la mer de Marmara et les nionts Balkans, tiree d'un manuscrit de la Bibliotheque royale , et dont la redaction parait au savant editeur devoir etre estimec voisine de I'an 1453 ; elle a environ 37 centimetres de long sur 32 centimetres de haut, et forme ici, provisoirement, la planclie 35. 10° Mappemonde allomande en deux hemispheres , ( 185 ) tl'apres le globe de Marl'm clc Behc'nn , dc 1/192 ; c'csl uno projection stereograplnquc a lY'diclle do 28 cen- timetres pour lo ravon lerreslre ; chaque hemisphere occupe une phmche simple : I'une portc Ic n" 52 pro- visoirc , I'autre le n° 53. 11° La cel(^bre inappemondc do Juan de la Cosa , pilote de Clu-lstophe Colomb , datee de Tannoe 1500, ct dont I'original appartient a la preciouse bibliotlio- que du baron Walckenacr ; longue de 1 metre 80 cen- timetres, haute de pr6s de 9(5 centimetres; clle remplit trois grandes feuilles ou planches doubles , qui portent provisoirement les no' 17 a 22. 12° Globe terrestre du xvi* slecle , dont ['original est a Francfort ; repr^sente ici de deux manieres , sa- voir, en une projection st^reographique de notre he- misphere , a I'echelle de 13 centimetres pour Ic rayon lerrestre ; et en vingt-quatre demi-fuseaux propres a s'adapter sur une monture spheriquo do 27 centime- tres environ de diametre ; lo tout est reuni sur une plancho double a laquellc sont alToctos provisoirement les n"' 15 et 16. 13° Enfm une grando mappemonde uu plani- sphere, cxecutee vers 1550 par oxxlre du roi de France Henri II, et formant un vastc parallelogramme qui n'apasmoins do 2 motics 5G centimetres de longueur de i'Ouest a I'Esl, sur une hauteur d'un m^trc 27 cen- timetres du Nord an Sud ; elle est ici distribuee en six grandes feuilles ou planches doubles, qui portent los n°' provisoires 23 a 3Zi. Get aperru pout donner une idee de la magnifique entreprise a laquelle dej)uis longtemps le savant aca- demicien consacre dos soins assidus ot uno parlio do sa fortune; nous I'avons entendu plus d'uno fois enon- ( '183 ) cor le j)roJL't de porter jusqu'a une ceiiturie complete le noml)re tie documents qu'll projette d'y coinpren- dre : c'est pour le public studieux une perspective di- gne d'admiration et de sympathic ; niais en passant en revue , comme nous venons de le faire, les parties dej4 execut^es , n'avons-nous point a regretter, dans I'inte- ret du savant editeur comaie dans le notre, que ces richesses ne soient pas d^ja raises on circulation? Nous repeterons ici , en terminant cette note succincle , le voeu que nous avons a plus d'une reprise exprinK^ k I'editeur lui-meme, qu'une publication tr^s prochaine mette au plus tot ces belles planches a la port(!!e de tous : puhliei juris fiant. * A. Notice d'une carte des Vents et dcs Courants de Vocean Atlantiqiie septentrional , parM. Mauuy, lieutenant de la marine dcs Etats-Unis , directeur de C Observnloire de la marine a JVashins'ton. Le lieutenant de vaisseau M. J. Maury, directeur de rObservatoire de la marine a Washington, a cntrepris la publication d'une carte fort interessante , donl la premiere Aaiille a ete mlse sous les yeux de la Societe. Cette carte, redig^e d'apres les materiaux rdunis au bureau hydrographiquc sous la direction du commo- dore Lewis Wari'inglon, et dessinee par le lieutenant W. B. Wliiting, a pour but do constater la direction ct I'intensit^ des vents ct des courants, en toutc sai- son, dans I'ocean Atlantiquc septentrional : la pre- miere feuille , qui a pour limitcs , au sud I'equateur, au nord le parallele de ZiOo, et d'est en ouest les mt^ri- diens de 70" et de 100" comptes de Grecnvich, est un curieux specimen de cette cnlreprise, que I'ingenieux ( 186 ) ^dilcur a le projot d'd'tontlro ulloricuretneut aux aulres grandes mcrs du globe. Des lignes de I'oules multipliiies sillonncnt ici I'O- c6an : c'est le trac6 du sillage efToctif d'une quantile de batimenls , dont les livres de lok out ele soigneu- sement depouilles pour y relover les dates , les vents , les courants, la temperature de I'eau , la variation ma- gnetique, constates par I'obscrvation ; et tout cela est note sur la carle avec exactitude et sans confusion : lil-on un chiffrc romain , c'est la variation observee a I'endroit meme ou ce cliiffre est 6crit; remarque-t-on un cbiflre arabe , c'est le nombre de nceuds accuse par le lok; le cbiffre arabe est-il soulign^ , c'est le degre de la temperature de I'eau a la place indiquee ; une flecbe designe la direction du courant; quant aux vents , la notation est aussi simple qu'ingenicuse : du point d'observalion s'echappe en rayonnant.a I'oppo- site du cole d'ou vient le vent, un faisceau de liachu- res dont la longueur cl la force sent proportionnelles a I'intensit^ du vcnl; des inegalites dans la disposition du faisceau signalent des rafales intermittentes. Qu'on suppose un pilote familiarisi par plus de cent voyages avec la Iraversee de I'Occan; n'cst-il pas evident qu'il aura, pour elToctuer rapidement une sem- blable Iraversee , une aptitude bien sup6rieure a celle du marin qui ferait le voyage pour la premiere fois ? Eh bien , cette experience , celle de cent autres pilotes habiles , la carte du lieutenant Maury a pour bul de la mettre immediatement a la portce de tons , en reunis- sant a un point de vue synoptique loutes les observa- tions propres a caracl(^riser, pour ainsi dire , chaque point de I'Ocean, sous le rapport desvenls etdes cou- rants qui y regneul, sinon constaniment, au moins ( 187 ) le plus habiluellement. Cettc carte, toute riclic qu'elle est de rdsultats acquis, n'est qu'un premier canevas, sur lequel viendront successivement prendre place des milliers de rdsultats nouveaux, de mani^re a procurer, a la simple inspection, une connaissance detaillee de rOc(^an, et la facilile de choisir, suivant les saisons, la ligne la plus favorable pour le traverser avec rapiditd. « Quand le D' Franklin , » (^crit M. Maury au con- sul americain a Paris, M. Walsh , « quand le D' Fran- klin, en plongeant son tliermometre dans I'Ocean, mit ainsi aux mains des navigateurs un moyen sur de re- connaltre le Gulf-Stream, pour I'eviter ou le mettre a profit, la route maritime de I'ancien et du nouveau monde setrouva en reality raccomxie de moitie. N'est- il pas permis d'esperer que la connaissance parfaite des vents et des cou rants amenera aussi des resultats dont il serait difficile dc limiter I'importance ? On a vu recemment une fregate fine voiliere mettre cent jours pour se rendrc des Etats-Unis a Rio-Janeiro , tan- dis qu'un autre bailment, parti en meme temps, avait fait la meme traversee en trente jours ; avec la carte actuelle, certes, la fregate ne se fut pas meprise surle choix de sa route au point de mettre a sa ti'aversee plus que le triple du temps n^cessaire. » On ne pent qu'applaudir cbaudement a Futile en- ireprise du lieutenant Maury : il ne qualifie lui-meme son travail que de grossier cssai ; c'est une formule de modestie que personne , en voyant son beau speci- men , ne sera tente de prendre au pied de la lettre : mais nous repetons avec lui que c'est un commence- ment qui acquerra une valeur plus grande a mesure que I'experience de lous les jours lendra a le comple- ter, et dont on doit cspcror des I'csultals nautiques d'une haute importance. * A ( 188 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. EXTRAIT DES PUOCES-VKRBArX DES STANCES. Pri5sidence nu M. Jomard. Seance dn 3 septeinhre 18/|7. Lo proces-verbal do la derni^re seance est lu ot adople, M. le President communique une lettro de M. le D' Gustave Klemm, directeur du musee de Dresde , annoncant qu'on vient de dorouvrir dans un marais de la seigneurie do Beilzsih ( Pomeranie prussicnnc), enlre autres aiines et armures antiques, un casque en bronze auriftire , le premier qu'on ait decouvcrt en Allemagne de cette forme, lout a fait diff(5rente de 'celle des casques remains ct grecs. Le savant anti- quaire pense qu'il est de I'^poquc des plus ancien- nes invasions en Europe des peupladcs dc la haute Asie. 11 annonce que M. le colonel Jackson lui a 6crit une leltrequi rouln sur le sujet del'unite aintroduire dans Ics mcsures g6ograpliif[ucs , et dont il donno la sub- stance. 11 lit ensuile uac lellic de M, Haven , nicmbrc cl ( ISO ) bihlioth^caire dc la Societe des antiqualres arn(^ricains qui , apres avoir pariti des reccntes decouvertes sur les anciens monuments de I'Ameriquc , annonce I'cnvoi prochain a la Societo d'un ouvragc en deux volumes sui" riiistoire de la colonic de Massachussetts-Bay. Enfin , il annonce le depart pour la cote orienlale d'yVIVique de M. John Leigh , voyageur qui est deja connu pour avoir fait la reconnaissance d'une riviere voislne de I'embouchure du Jub , et pour avoir fourni a M. le D' Cooley un itineraire de Zanzibar au lac dit Niassy; qui, enfin, a forme un vocabulaire de la langue sowayli , comprenant 7 a 8000 mots. M. John Leigh se rend a Quiloa d'ou il espere peni^trer dans rintchneur. M. Berthelot lit unc Note sur les voyages et les al- bums pittoresques offerts a la Societe par M. d'llas- Irel , et sur les travaux chorographiques de M. Laguil- lermie, dont plusieurs feuilles sont mises sous les yeux de Tassembldje. — Renvoi au comite du Bulletin. M. le colonel Coraboeuf offre , de la part de I'au- leur, M. Ostervald, un Recueil des hauteurs des pays compris dans le cadre de la cai'le generale de la Suisse, et il communique une analyse succincte de cet ouvrage. — Renvoi au comite du Bulletin. M. le vicomte de Santarcin lit la suite de sa Notice g^ographique et analylique d'un atlas maritime por- lugais inedit de l5/i6. M. le vicomlc Le Serrec de Kervilly, lieutenant de vaisseau de la marine royalc, qui a fait partie dc I'ex- p6dition de M. Tardy de Montravel sur I'Amazone , donne lecture d'un M^moire sur les delimitations de la Guyane francaise et du Bresil , et sur les moyens d'oblenir pour la France la ligne do 1' Amazone, Dans ( 100 ) ce travail, M. de Kcrvilly a etc conduit a faire des re- chcrches sur la vraic position de la riviere de \incent Pinson , et il prt^senle Icurs resultats a la Sociiite. La Commission cenlrale 6coute cette lecture avcc beau- coiij) d'interet, et elle prie M. de Kcrvilly de donner communication de son travail au comite du Bulletin. Seance da 17 septembre 18/j7. Le proc^s-verbal de la derniere stance est lu et adopts. M. le ministro de I'lnstruotion publicpie adresse a la Socid'te une circulaire par laquelle il I'invile a lui faire connaitrc I'etat do ses ressourccs et de ses dd- penses annuelles, afin de lui accorder, s'il y a lieu , les encouragements necessaires pour continuer ses utiles travaux, M le D"^ Mauruc ocrit a la Socidt^ pour lui olTrir, de la part do son IVere , le capitaine Arnaud Mauruc , 1" un plan de rarchipel Dangereux en h feuillcs , avec une Notice; 2° la carte et lo journal d'un voyage qu'il a fait dans I'Oceanio en 18^0. M. le capitaine Mauruc, qui a i'ait de nombreux voyages dans ces parages , a recueilli des renseignements qu'il croit utiles i la science , et il espere que la Soci^te voudra bien les accueillir avec interet. La Commission vote des re- mercieuicnls a I'auteur, et rcnvoie ses communica- tions au comite du Bulletin. M. Cochelet, consul general de France a Londros , dcrit a M. le Priisident qu'il a remis la medaille d'or de la Soci(ile a M. le D' Nicbolson, qui s'estcbarge de la transmetlre au D"^ Leiclihardt. II annonce que le voyage du savant allomand doitbientot paraltre a Londres , et ( 191 ) que M. le D' Nicholson se propose d'en offririin exem- plairc a la Societe. M. Lamare-Piquot ecril a la Societe pour lui ollrir un echantillon de la plante farineuse qu'il a rapportee d'Amerique pour I'introduire en France ; il y joint un specimen de cette plante etune note sommairesur son histoire. — Reinerciements et renvoi au comite du Bul- letin. M. le vicomte de Santarem donne lecture de plu- sieurs observations relatives a une note inser^e dans le Bulletin du mois de juin dernier. M. Jomard re- pond a ces observations. M. de La Roquette rappclle a la Societe qu'en 1826, une commission composee de MM, Maltc-Brun, baron de F6russao, L. de Freycinet, Jomard, baron Wal- ckenaer et de lui, fut chargee de preparer pour un voyageur frangais, M. Cbemisard , des questions sur la Cochinchine, le Gamboge, le Laos et le Tonquin. Nomme rapporteur de celte commission, M. de La Roquette redigea une serie de questions , et reunit celles que chacun de ses collegues avait prt!par6es. M. Cbemisard n'ayant point mis son projet a exe- cution, et la Commission ccnlrale ayant cesse la pu- blication de son recueil de questions , aucun usage n'a ete fait du travail de M. de La Roquette et de ses collegues. Ilpense cependant qu'il pourraitetre publie ; raais comme plus de vingt ans se sont (icoules depuis qu'il a ete r^dige, et que dans cet intcrvalle de temps, plusieurs des questions qu'il contient doivcnt avoir 6t(i r^solues par quclques uns des voyageurs qui ont vi- sits I'empire d'An-Nam , il propose a la Socitite de nommer une commission qui serail chargee de revoir ( 192 ) avec lui CO travail, ot do lo renioltro au niveau do la science. Apros quclques obscrvalions de .MM. Jouiard , d'A- vezac ct dc La Roquotle , la Commission cenlrale de- cide , SLU- la proposition de M. \'ivien , son secri^taire general , que M. de La Roquelle reverra lui-memc son travail, apr6s avoir consulto ks dillfl-rentes relations qui ont paru sur I'An-Nam , ct en particulier Ic Dic- tionnairo an-namitique du missionnaire Tabcrd. M. Roux de Rochellc lit un rapport de M. Berthelot sur I'histoire ct la goographie dc Tile de Madagascar, par MM, Mace -Descartes et Mac-Carthy. — Renvoi au comit6 du Bulletin. M. d'Avczac lit une Notice sur quclques lies dc I'o- ccan Atlanlique. M. Noel dcs Vergers entretient la Society des diffd- rentes phases qu'a eu a subir Ic ])rojet de publication d'un recueil gdn^ral d'inscriptions latines, forme par M. Villcmain , sous son ministere , recueil dont I'exe- cution aurait un grand int^ret pour la geographic an- cionne. M. des Vergers est priidedonncr une Note a ce sujet au comiie du Bulletin. MEMBRL ADMIS UANS LA SOCliT^. Seance du 3 septembrc 1847. M. Laguii.lermie , geographe. BliLLElIN DE LA SOCIETE DE GEOGUAPHIE, OCTOBRF, dSZi?. PREMIERE SEC/nON. M^MOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS DISSERTATION GEOGRyVPHIQUE, COMMUNIQUliE A LA SOCltxiJ DE GI^OGRAPHIE Par M. FRANCIS LAVALLKK, Vice-consul de France, etc. LAmrrique fiil-elle lonime dps anripns? L'esprit rl'association propre u produire les j>lus heureux vosultats clans ce sieclo, tloit s'appliquer sui'toutavec ulilile a la propagation des connaissances gdograpliiques. Lcs homines dclaires, dont nous nous proposons aujourd'hui d'oxposor les travaiix , sont bien pendti-es de cetle verile. Les fruils de cette reu- nion dcsinleressee n'ont point tarde a se montrer. I'ne vaste correspondance sur divers |ioints dn ^^loho , Vni. OCTOBRE. i. '];5 ( m ) les gratifications et inderanisations promises an zelc des voyageurs, et des prix oITerts a I'emulation des savants ont fait connaitre les immenses bienl'aits de cette institution. Mais il nc suffit pas de r^unir en si- lence les notices des pays c^loignds, d'elablir des ques- tions sur des conlrces non encore cxplorees, et de reunir dans un centre commiin tant de lumieres tlis- seminees. Tout ces services, justement apprecics au moment qu'ils sont rendus , auraient pu se perdre pour les temps a venir, si la societene s'6taitempressee de laisser un monument durable de ses travaux. Les Merits qu'elle a publies jusqu'a present ne sont que les preludes des communications importanles que Ton doit esperer d'elle, quand ses moyens d'action auront acquis plus d'etcndue , et quand, convaincue du bien qu'elle pent faire, cette Soci^te aura plus de conliancc en elle-memc, plus de perseverance et plus d'activite. Les ecrits cites ici contiennent des relations et des memoires. Les relations que Ton rdunit dans cette coUecllon nc sont pas do celles qui meritenl Tappro- bation du vulgaire , mais celles qui n'ont rien de roma- nesque et dans les(|uelles des observations neuves, exactes et scrupuleuses occupent la place du cliarla- tanisme et des forgeurs de voyages. Le celebre Malte- Bnin dit dans le prologue de ccltc collection : « Un itineraire, un vocabulaire constituent souvent le ra6- rite d'un r6cit aux yeux du monde savant; quelqucs grandes cartes suffisent quelquet'ois pour indiquer le resultat d'un long et memorable voyage ; mais par malheur il y a des editeurs, dont le premier soin est de supprimer ou d'alt(irer de semblablcs documents dont ils ne connaissent point la vnleur. II est a desirer ( 195 ) que d^sormais aucun voyageur ne les livre a des spe- culateurs qui les alterent au prejudice de la science, lis ont ici laSociete qui leur facilite les moyens de leg publier. II n'est point necessaire d'ajouter que son secours sera encore plus efficace pour les dissertations ou tneiiioires qui s'adrcssent en g<^n6ral aux savants. Combien d'observations et de decouvertes partielles sont I'estees ensevelies dans I'oubli pour n'avoir pas rencontre un semblable asile et encouragement ! Combien d'entreprises de voyageurs auraient echoue, si les profondes etudes des geograplies celebres, reu- nies en collections, n'avaient guide leurs pas! Le Vdnitien Marco-Polo, vrai p^rc de la geographic orientale et de la science des voyages, a ete celuiqui a recu le premier bommage de la Society. En elfet on a public une traduction de son ouvrage en Irancais, dans le langage du xiv siecle , extrait de la bibliotbe- que royale ; cette copie est, de toutcs cellos connues, la plus exacte et la plus complete. Les autres travaux d^ja publics sont relatifs a la Cy- r^naique et a la Pentapole. Quelques I'ecits sur 1 inte- rieur de I'Afrique, un itineraire de Constanlinopie a la Mecque, et aux gouvernements de Bagdad, de Orla et d'Alep, avec une notice de M. Barbie du Bo- cage ; les provinces meridionales de la Perse decrites par M. Hammer dans un memoire traduit par M. Ner- ciat; le beau travail do M. Bruguiere, intitule : Oro- graphic de I'Europe, etc., etc. l^ous ne nous arreterons pas sur {'importance et la nouveaute de ces documents geographiques enrichis la pluparl de cartes inedites et de dessins, et nous appellerons I'attention des per- sonnes instruites sur I'Am^rique dont nous no con- naissons, encore bien faiblement, que les peuples qui ( 196 ) existaient a I'^poque de la rlecouverto du c^lebro Co- loml). Et, surait-il possible qu'avant ces Indiens, doiit nous parlentlesancienshistoriens espagnols, de grands pouplcs aient habite ces contrees?... Que ces peuples aient conslruit dcs villcs opulenlcs , do inagnifiquos edifices, et quel'Amerique ait scs ruines comme I'Eu- rope , I'Asieet I'Afrique? C'est cepcndant ce que nous assurcnt les autorit^sles plus respectables, dont les t^- moignages ont et6 reunis par M. Warden, ancien consul des Etats-Lnis, dans des meinoires tres pi'ecieux , I'un sur les ruines de Palenque et I'autre sur les antiqiiites de divers Etats des provinces unies de I'Am^rique. Nous parlerons de ces faits parce qu'ils sont encore tres peu connus. Dans loules les parties de rAni6riquescptentrionalc, baignees par I'Oliio dcpuis li" lac Eri«^ et I'etat de I'll- linois jusqu'au goU'c du Mexique, et sur les bords du Missouri jusqu'aux montagnes Rocky, la terre decouvre des indices d'dpoques passees, et montre I'existence d'une grande et puissante population, dont Ihistoire, sans doute , est perdue pour toujours. Des elevations iminenses dont I'usage reste ignore, mSnie pour les Indiens inodernes, pleins d'ossemenls luunains qui seniblent emaner de peuples elrangers ; des arnies dont la forme n'a jamais 6te imltec dans ce continent depuissa d^couverte, des restes de villes, construiti;s de briques et dcchaux, entoures de grosses murailles de terre, sur lesquelles viigetent des arbres d'une grosscur prodigieuse; quclques constructions r^gu- liercs, des habitations on vouto et des inscriptions dans une langue inconnue du lenips des j)reniiers voya- gcurs ; tout annonce I'anlique existence d'un peuple Ires diirerentde celuique les Europeans renconlr^rent ( 197 ) d'abord dans ces memes pays. Et ces profondes mar- ques d'antiquite la plus I'eculee , doiit le pays sltuo a I'Est des monls vVlleghany ii'offre pas le niolndrc ves- tige, sembleut nous dire que nous soninies bien loin de savoir ce qui se passail dans cescontrees, bien avant qu'ellesl'ussent decouvertes. Des traits semblables d'antiquites se rencontrent parfois dans les provinces du Nord. La roclie dc Dig- ton, dans I'Etat deMassacluissets, a fatigue I'esprit des savants des deux mondes. Plusieurs se sont limites a rencontrer dans son inscription la forme de caracteres pheniciens et en consequence une prcuve des expedi- tions commerciales des Carthaginois en Am^rique ; d'autrcs plus hardis se sont figures lire tr6s claire- ment sur cettc roclio le nom du /i/s Indien, qui vivait, selon leur opinion , du teuips de I'empereur de la Chine Yao, an du monde 2,296, quarante - huit ans apres la submersion de I'Atlantide. A Fayelteville, sur la rive de I'Elk, aux environs d'une fortification ruin(!!e , on vientde rencontrer une monnaie romaine, qui doit etre du second siecle de notre ere, car elle porle en bon style numismalique , d'uu cote Ic nom de Antuiiinus Pius , et de I'autre celui de Marcus .lurelius. Celle-ci est, il est vrai, une me- dallle qui prouve fort peu de chose, parce qu'elle prouveiait trop ; cependant il est bien (^tonnant de I'avoir rencontree dans ce lieu. La decouverte des mines trouvees pres de Palenque , dans la province de Gunfciiia/u, sera sans doute encore plus int^ressante. Restes majestucux d'ddifices (jui sont restes caches I'espace de beaucoup de si6cles, dans des hois impenetrables, et qui jusqu'a nos jours sont restes inconnus aux historiens du nouveau monde. ( 198 ) Ces ruines manifestent un etat cle society plus floris- sant que celui des peuples qui habiterent la vallt^e dc I'Oliio. Des aqueducs qui paraissent de construction romaine, des bas-reliefs ou quelques nns ont cru rencontrer les faits fabuleux dc I'anliquitc classiquo , et des erablemes analogues a ceux de I'ancien monde, ont indult le capitaine del Rio, un des premiers obser- vateurs de cette nouvelle Ilerculanum, a penser que des Ph^niciens, des Grecs ou des Romains purenl ^tendre leurs conqu&tes ou leur commerce jusqu'a ces regions lointaines, oii ils auraient laisse quelques l(5gers signes de leurs arts et de leur croyance. D'autres , dans les fragments confus de ces idoles, ont pretendu rencontrer I'lsis et I'Osiris de I'Egypte, malgrequeces extravagantes figures ressemblentplutol aux dioux de I'lndc, ot que cette ressoniblance s'ac- corde mieux avec I'opinion, plus probable, que I'Am^- rique i-ecut sa premiere population de la partie du Nord-Ouest. D'autres se sont hasardes jusqu'a fixer annee par annee et presquc jour par jour , re[)oque cerlaine oii Ilercule Libicas d^barqua dans I'Atlautide et d'un point de la cote expedia une nouvelle colonic pour le continent americain. M. Warden ne se decide pour aucune opinion, et il n'cst pas besoin d'etre bien tcmeraire pour assurer qu'il a raison. Quelle quo soit I'opinion qu'on ad()[)te touchant ces restos d'une civilisation elTacee depuls tant de slecles, il est certain qu'ils existent et (jue des lioinmes dignes de foi Irs ont deciits. Done Robertson a eu tort de dire que les Espagnols, dans leur conqudte, detruisirent tous les anciens monuments de I'Am^rlque, et m^me ense- velirent leurs ruines. Les voyages de MM. de Humboldt, Bullock, etc., le r<5futent completcment, et onl sul'fi- ( 199 ) samnient inanifeste que le nouveau monde possedait aussi ses antiquites. Et ineme on croit que beaucoup de ces magailiques ruines etaient deja perdues dans I'obscuril^ des temps , a I'epoque de la conquete ; et que la f^conde et riche vegetation, qui, aujourd'hui meme, permel a peine de distinguer les palais , les temples etles monuments, les cacliait alors. Ces resles sont moins parlants que ceux de I'ancien monde, eta peine meritent-ils le nom de inomnnents, car ils ne font allusion a aucun fait connu , et ne presenlent a la memoire aucune histoire. Ceux de la Giece et de Rome ont poui' interpreles les ecrits im- morlels de ces grands peuples , et, grace a eux , nous pouvons suivre , enti'e les siecles, leurslongues vicissi- tudes. Plus confuses et plus obscures sont certainement les annales d'Egypte et de Palmyre; cepcndant les traditions du pass6 ne sont pas enlierement muettes quant a leur origine et a leur destinee ; on espere meme quelque jour voir dissiper les mysteres que ca- client les anciens temples de I'lnde, mais aucun cspolr ne nous reste sur les monuments de I'Amerique. Le peuple qui eleva ces temples, qui adora ces idoles, leurslivres, lours annales : tout a disparu IL'Amerique, surtout dans lo Nord , ti'oUVe ci I'inutile curiosite du voyageur que les signos d'une langue a jamais })erdut, et des ruines sans souvenir. Tout le monde sait combien de systemes ont imagi- gines les modernes dopuis Rudbeck jusqu'a Bailly, touchant I'Atlantide dePlaton , ilc plusgrande , d'apres ce pliilosoplie , que I'Asic et I'Afrique ensemble, et que le meme Platon place en fact; des coloinics d'Her- cule. II dit dans Tiiiieus que les rois de ce vaste con- tinent, maltres d^ja d'une partie de I'Afrique et de ( 200 ) rEurope , s'eiForcei'erit de conquC'iir Atli6ncsqui sau- va sa liberto par une victoire. <( Avec le cours des sie- cles, ajoiite Plalon , a la (in tlu jour inevitable, arrlva I'horrible nuit , ct avec ello le treniblemcnt de terre , qui, au milieu des inondations , plongea dans les profonds abinies tous les soldats d'Alhenos ;. ct I'ile de I'Allantide resla ensevelie pour loujours dans les ■undcs. Aujourd'liui cetle mer est inaccessible, et le feu du continent submerge arreto les navigateurs qui veulenten visiter los ruines. » \ oila le reclt que I'an- cien Critias entendit de la bouche de Solon. Nous voyons dans Pro^lus que le meme Platen avait lu cctte meme relation ecrite en caracteres iiieroglypbes sur des colonnes egyptiennes, et Jamblicus ajoiite que c'etaient cellesdc Herntes Trisinei^islni. Beaucoup con- viennent que cette tradition n'estpas entiercment I'a- buleuse, que Tile submergee pent Ires bien avoir exlste dans I'ocean Atlantique, et que peut-etre les lies Canaries et les Antilles en sont quelques rcstes. La memoire d'une grande calastropbe de cetle nature parait s'etre conservee parmi quelques peuplades er- rantes de I'Amcrique du Nord. Ghass^es sans cesse par la civilisalion des Ltats (jui formont la nation americaine, elles vie doutenl point que leurs tribus pe- rironlegalement, comme dans un autre temps perirent les Atlienicns avec les habitants de I'Atlaulido, qu'ils avaient vaincus. « Quand les liommes blancs, disent leurs sages , auront fini de tuer les hommes cuivreux , lo (Irand-Esprit donnera lo signal de la vengeance : la gigantesque toitue qui |)()rle sur son ecaille noire lerre , secouera son I'ardivui , counne cile le (it dans iiu autre tcinps; les blancs seront tous vielinies de ce nouveau deluge , et le Grand-Esprit restituera alors ( 201 ) la terre aux hommes cuivreux. » Ces relations sont a coup siir trus singulieres : nous pourrions en reunir plusieurs autres plus notables, si nous examinions la question qui se discute clans un ouvrage, qui n'a point appelc!; I'attention de M. Warden , et qui fut public a Boston sous le nom de r Aineriqiie conniie des anciens. Pour ne point nous engager a tout dire dans ce bref discours, oil a peine les Jiiiiites que nous nous sommes tracees nous permettent d'indiquer rapidement qucl- ques fails, nous nous bornerons ici a une compa- raison qui peut-etre n'est venue a I'esprit depersonne, et que nous soumettons aux reflexions de nos savanls et illustres lecteurs. La topograpbie de Mexico est assez connue. T-ette ville, dit Robertson, est situee dans une plaine entouree de montagnes ; leseauxcjuidescendentde ces hauteurs se reunissent a difTerents lacs; une communication natureile existe entre les deux principaus. Sur les boi'ds de I'uu des deux, et dans qiielqnes iles conti- gues etait batie la capitale du Mexique , ou Ton arrivait par des cliaussees en pierres et en terre, do trente pieds de large a peu pres. Cornme duns lo temps des pkiies abondantes, les eaux des laguncs ino;;daient la plaine, la cbaussee avait beaucon|) d'etendue. Ces digues n'existanl pas du cute du levant, il elait neces- saire de se servir do bateaux pour arriver a la capitale. Cbaque cbaussee etait coupee, de distance en dis- tance, par des ouvertures sur lesquelles on avait construit des ponts. La ville n'etait pas moins admi- rable par la magnificence des temples, des palais de I'empereur et des maisons des principaux pcrson- nages. Lisons a present le Critids de Platon. (lonime nous ne pouvons pas traduire ici toutc la description ( '20-2 ) de la capitale de I'Allantide, nous nous limiterons a en donner (juelques fragments. « Neptune conimenga par entouror do fosses remplis d'cau le terrain oil il fonda sa ville , lescoupanl, de distance en distance, par des chemins en terre plus ou nioins larges. Ces fosses etaicnt autant de barrieres deslinees a rendre la vlUe inaccessible. On fit des ouvertures a ces di- verses chaussees, et Ton construisit sur chacune d'elles des ponts , de mani^ro qu'un trireme pilt passer faci- lement par dessous Les rois de I'Atlantide 6taient si puissants , qu'aucun prince n'eut et n'aura jatnais aulant dt^ riclicsses , etc., etc. » Sans doule que cette ressemblance est casuelle ; mais cnfin est-ce impos- sible qui; qut'lques navigateurs pht^niciens aient ap- porte jusqu'cn Egypte quelques notions d'un autre liemisphere , et que sur ces ancienncs traditions, Platon format sa description poetique dun continent qui n'existait plus et que Ton considerait comme de- truit. Dans I'hisloire de I'Amdriquo tout est conjecture parce que sa decouverte est recente , et poi'ce que les circonstances et I'epoquc de la decouverte firent disparaitre beaucoup de temoignagns du pass6. Mais les conjectures sont plus foiidoes quand elles s'ap- puienl, non sur le recit de quelques paroles ou de quelques usages, sinon sur le terrain meme, et quand elles peuvcnt sorvir de guide au voyngour (^claird el impartial, qui nous montre encore, au milieu de bois im))enelrablcs , les respectables vestiges de villcs, de fortifications, de cimctieres, etc., et nous transmet la copie des inscriptions des pierres sculptdes, des arines et des bronzes , ouvrages dun pcuple enseveli dans la nuit des temps. Les coutumes varient el les analogies ( 203 ] des idiomes peuvenl tromper; mais les grandes cons- tructions et les restes raagnifiques temoignent que, dans un autre temps, I'industrie et les arts regnerent dans ces immenses solitudes, qui de temps a autre sont maintonant traverst^es par quelques Indians sau- vages sans annales ni traditions. Avec ie secours des probabilites de la science moderne, ct marchant pas a pas avec une lenteur scrupuleuse au milieu de sem- blables traces d'une obscure antiquite, on parviendra successivement a enrichir nos connaissances ou au inoins les vraisemblances bistoriques. La civilisation avec un pied victorieux et une main genereuse s'avance dans ces regions si longtemps in- connucs, introduisant dans I'intt^rieur son bienfaisant flambeau. Le desert va disparaitre, et chaque nou- vellc tentative laisse a decouvert quelques secrets. Les Humboldt, les del Rio , et les Warden ont com- mence a soulever un coin du voile qui couvre I'anlique berceau du nouveau monde. II reste beaucoup a ("aire encore, meme il est probable que jatnais on ne par- viendra a dissiper entierement I'incerlitude , mais I'impulsion est donnee, les investigations font des progr^s , et dans un temps plus ou moins eloigne I'agricullure et les sciences refleuriront sur ces im- menses contrees. La Societe de geographic , par ses savantcs publi- cations, excitera une honorable Emulation ; elle donne d^ja un salutaire exemplc; elle facilite les commu- nications entre les voyageurs et les savants de tous les pays, elle offrc a leur zele de nobles recompenses, elle encourage et public les d^couvertes , qui en quel- que sorte complelentle monde et son histoire ; en ex- citant ainsi tout les homnies eclaires a concourir au ( 204 ) noble ct principal l)ut de son institiiliun , cc corps illustre est ajjpele a reniplir la mission lu plus digne d'un peuple haut en civilisation. 0L\ RAGES, MEMOIIIES ET JOLRNAUX OFFERTS A LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE Peiuluil le iiKiis (l'orli)l)ie 18.47. Plusieurs de ces ouvrages no contenant pas de morceaux consacres spccialement aux sciences g(5o- g!a|)hiqiie.s, nous devons nous borner a en donnor le litre (1). Ce sonl les sulvants : Rcciieil 'le la Sncietr polytechnique, public sous la di- i-ection de M. de Moleon , nuniero d'aout 18/|7; Journal d education populuire, publlo par la Societe pour I'instruction elementairc , nuniero d'aout 1847; Bulletin special de VinstUulrice , public par plusieurs protesseurs, livraisons d'aout el de sepleaibre 1S/|7; L'lnvestigateur, journal de I'lnslitul hislorique, li- vraison de septembre 18/j7 ; Annales de la Societe d' agriculture du depnrtcnient de la Chareute, Janvier ct fevrier 18/|7. Meinoires de la Societe royale d'agriculturc , etc., du departeiuent de Seine-et-Oise (1847). Seances et travaujc de I' Acadeinie de Reims (1847) . (i Qiichiiies nii-i do ces journn ix on n-ciinil-; p.-ri uliqnos nons fo.irnisM'iil rppcmlant de temps a .iiUre des indications dont l.i geo- graphic peul tirer profit. ( 205 ) Voyage en hi nude en 18/iG et en 18 A 7, par M. Ed. Dechy. Paris, 1 voluine in-8, i8Zi7. Histoire de la Belgique depins son origine jusquca 18Zi/i , etc. , par M. Casimir Henricy ; Paris , 18^7. JOURNAUX ET UECUEILS PiRIODIQUES. Memoires de la Societe ou Acndemie geographique de Saint- Petersboiirg, 2 vol. ln-8. Saint-Petersbourg, JSZiG et 1847. Parini les ouvrages otlcrts a la Societe pendant lo mois d'octobre 18/17, je dois signaler en premiere ligne les tieux volumes designes ci-dessus, publies en langue riisse par la Societe ou Academie geographique. de Saint-Petersbourg. II est vivement a regretter que celte Societe, tondee en 18/J5, public ses Memoires dans une langue peu connuc dans le reste du globe, ct pour laquelle iln'exlste malheureusement pas de cbaire hors des limites de I'empire russe. A en juger par les volumes en ce moment sous nos yeux, les publica- tions de celte Societe savante , bauleraent patronnee par le gouvernement russe, et qui a pour protecteur le prince imperial, ofTriront un grand int^rSt pour la science. On poui'ra en prendre une idee par les courts extraits qu'il m'a 6t6 possible de faire , grace a I'obli- geance de mon ancien collogue et ami M. Bigot, tra- ducteur au ministere des affaires etrangeres Le premier volume commence par la liste des mem- bres de la Societe, et par un expose siir sa creation et sur le but qu'elle sc propose. H contient ensuite plu- sieurs memoires et relations dont je suis l"orc6 de ne donner ici que les titres. 1. Memoires sur la geographie de la Russie d'f.urope. ( 206 ) par M. Struve, lu en francais dans la stance du 12 d^- ceinbre 18/15 (1). 2, Menwire stadstique et historique stir les relations MOMiT\iRES de la Riissie, par M. Arseniew, 3. E.rtrnit de la relation dii voyage de iV. Freymann, charge par la Societe Waller -visiter les etablissemeitts de la Compagnie anglaise de Giidzof dans F ylineriqiie sep- tentrionale. k. De V Ethnographie et de la topograpliie en general, et particuliereinent en Riissie, par M. Behi\ 5. Coup d'au'l sur la situation actuelle de la Societe geodesique et topogra plaque, par M. Bolotof. Ce volume est termine par le catalogue des ouvra- ges, carles et plans olTerts a la Societti jusqu'au mois de mai 1845. Apres le-compte rendu de la situation de la Soci(^t6 gc^ograpliiquc adresse au grand due Constanlin , on trouvc dans le second volume les nieraoires suivanls : 1. Memoire de M. Kanikovv sur Vetat oil se trouvait en 18Zii la grande horde des Kirghises. Ce memoire, dont I'auteur vous a donne comu)unication dans le temps pendant son sejour a Paris, est accompagne dune carte du territoire occupe par les Kirghises, entre les goui'ernements de Saratof et d Orembourg, 2. be renseignenient de la science ethnologiqne en Russie , par M. iNaliegcdin, 3. Coup d\tul sur les p/vgres tie la stalislupie , par M. Zublotskl. Ix. Jijetrait du Journal de i\J. Zagoskine, ou de la Re- (ij La Soiieie geo{jrapliii|iie lU- Saint-Petersliotir{T nous rendrait service en faisnnt parvenira Paris uiic cupie dc ruri{;inai (M.rit en traii- (;ais par I'auteur. ( 207 ) lation de son voyage aux cotes de I'Am^rique septen- trionale, avec une carte dress(!;c de lSli'2 a 184/i. 5. Dc la race des Tnrfimenes , des Gorklans et des Ynmacs, par M. Ic baron Bode. 6. Des moyens de s\iccUmalcr, par M. Poroschine. 7. Extrait da voyage ethnograpJiique en Livonie et en Courlande , par M. Schegrine. 8. F^oyage a la presqu'ile de Manghislak execute en 1846, par M. Ivanine , accompagne d'une carte des cotes de la mer Caspienne , et d'un plan du cours de la riviere Ashtschivasch ( golfe d'Aschtsclia). La liste des prix fond^s par le grand due Constantin terminece second volume. BeRICIIT iJBER DIE ZUR BEKANNTMACHUNG, etC. ExtraitS des rapports niensucls de FAcademie des sciences de Berlin pendant les six derniers mois de 18Z|0 et Ics six premiers de 18Z|7. 1. Snr la patric or'iginaire du cafe. Suivant M. Bitter, auteur de ce m^moire, le cafd? n'a 616 probablement importe en Arabie que pendant le moyen age; mdme sur le sol de I'Yemen, qui lui est si favorable, et ou croissent les plus belies graines du moka (mochlia), cet arbuste n'est qu'un produit du jardinage et sa culture exige toutes sortos de precau- tions. Son noni ne derive d'aucune racine arabe. Le pays veritablement natal du cafe, ce sont les liauts pla- teaux de I'Elbiople, les pays interlropicaux de I'Afrique, et, parmi ces pays, plus proprement les regions com- prises entre I'equateur et le 6" degr6 de latitude seplen- trlonale. C'est la que I'arbre du cafe se trouvo a I'etat sauvage. A CatTa et Enarea ut dans le pays des Gallas, sur le Niger et jusqu'a Sierra-Leone et a Angola, on le f 208 j trouve forniant dcs forfets 6tenduos et porlant des fruits d'une qualit(i supeiieuie et extrfiinciiient abondanls. M. Riltor pio})Ose d'appolcr Ic cafo sauvagc CofJ'ea Su- danica , et Ics vari(^tes cultivees, (-oJJ'ca /El/tiopica ct ^rabica. 2. yJnomuii'es que prcsenlenl les coiubes des tempera - ttues annuelles dans C jimeriqne da Nord. M. Dove donne dans cc meraoire les lemperatures mcnsuelles moyennes d'un grand nonibre do points de nos terres sej)tentrionales, el linit par attrihuer les grandes anomalies des courbes annuelles de la tem- perature americaine , a la complication du climat do celle partie du globe , qui presente en biver les pbe- rionienes d'un climat continental , tandis qu'en ete il se comporte compietcmenl a la nianiere dcs climats oceaniques. 3. Siir la ilispersioii gvographiinie du dioiiindaire [chameau a tine seule basse [Kainee/\ ) el du palmier a deities coiisideres dans leurs rapports avcc la vie nnmade on sedentaire des premiers peuples. Le but de ce m^moire de M. Rilter, lu dans les seances du 17 decembre 18/|6 et 7 Janvier lSli7, est de montrer que le dromadairc a toujours ete la condition indispensable de tout d^veloppemenl de la vie no- made ; que c'est un animal cminomment continental et apparlenanl aux rc^gions cbaudes et tcmper(ies, mais non luimidcs; que la zone dc la jjropagation s'ar- r6te au inidi avoc le connnencement dcs regions a ti- gres el a elephants de I'Asie meridionale , el au nord avec Tapparition du rennc ; que c'est laniinal par excellence du sol sale, sableux et siliceux, des steppes peuples dc planlcs marines, de mimoses epineuses el d'acacias; que celte especo, refusec completemenlaux ( 209 ) climats littoi'aux, pourrail rendre cie grands services si on I'iinportait dans crrtaines contrees de rAm^rique dn Sud.au Chili septentrional et an Perou, parexemple, ei surtout dans I'interieur de la Nouveile-Hollande, Z|. Sur les changements qucprom'e la direction moyenne (In vent dans la pcriode annuelle , dans V Americjuo septen- trionale. Dans ce nienioire, lu le 1" fevrier 18^7, M. Dove, que nous avons deja cite, prouve que, contrairement a ce qui a lieu en Europe, ou le vent souffle en hiver moyennement du sud-ouest , en ete du nord-ouest et en automne du midi, dans I'Amerique du Nord les vents du sud-ouest regnent pendant I'et^, et ceux du nord- ouest pendant I'hiver. Dans cctte meme seance, M. Dove ae galement dit quolques mots sur la distribution des pluies dans I'A- merique septentiionale. Avant de clore cet apercu du Monots-Bcricht , nous devons annoncer que M. FrapoUi , de Milan , a pre- sente le 30 juillet 18A6, a I'Academie des sciences de Berlin, le manuscrit d'une carte topographique et geo- logique du pays subhaercynien septentrional [Vorder- fiarzes), ainsi que les dessins qui I'accoinpagnent, et que cette carte no lardera pas a parailre. Abhakdlungen der Akadeinie dcr JVissenschaften zu Berlin ; Menwires de V Acadenrie des sciences de Berlin , pour I'annce 1845. — Berlin. 1 vol. in-Zi". 18/17. On y trouve cntre autres memoires d'une haute uti- lity pour la geographic : 1. Sur les variations non pcriodiques dans la distribu- tion de 1(1 Irinperature sur la surface de la terre , par Vm. OCTOBRK. 2, 1/4 ( -210 ) M. Dove ; c'esl lo qualrieme ni^moire siir le memo siijel. L'autciir Tail, dans co mcmoire, I'liisloire de la tern- peraliirc du globe, dopuis I'anii^e 1729 jusqu'a I'annde ISiZj. II u riiiini, dans cct immense travail , toults Ics donndos a\nnl r;ippoii a la temperature leriesire, [)en- danl cc iaj)s de temps, qui se Irouvaienl eparses dans une quantlte 6noime de brochures et demonographies isolees. II les a groupees el les a coordonn^es en nom- bres exacts et en tableaux ; ct cis tableaux de nombres occupent pres de cent qualre-vingls pages d'un grand m-h. M. Dove |)aivlent ainsi h confirnier Tinipcirlant r^sullat que les elevations exlraordinaires de la tempe- rature ne sont jamais puremenl locales , mais qu'elles se propagent sui' de grandes etendues de la surface de la lerre , et parviennent sur des points donnes, a des maximums en plus et en rnoins, enlre lesquels la tem- perature alFecte lou tes sortes de passages. Ce qui elablil mire les differentes parlies de celte surface une veri- table compensation de cbaleur et de froid , qui main- tient a la temperature generale ime inlensite normale ct constante pour toutes les anndes indifTeremment. 2. Sur la hauteur du Pole au uom'el Ohservatoire de Berlin, par M. En eke, Apres une discussion profonde de lous les elements preexislanls , et en se fondant egalement sur des ob- servations directes, I'auleur eiablil defmitivemenl celte hauteur It 620 30' 16" 68 3. Cosmngrapliie franconne du vii* siede. M. Peilz public celte ancicnnc cosmographie ecrile en tres mauvais vers latins, dont il avail d'abord de- couvert deux copies parmi les anciens manuscrits de la grande Bdjiiotlieque de Paris, et qu'il a retrouvees ( '^11 ) })liis tarti dans les ancicniies papoi asses do divers(\s biblioHiequcs d'Allemagne. Celle cosniograj)Iiie n'a aucune importance poiu' I'etat actuel de la science. b. Abrege de la Grammaire ossetique. On doit eel abreg^, qui prtsenle le plus haul inte- ret, a M. G. Rosen, connn par sos voyages dans I'intc- lieur de I'Asic. II lui sert a et;dj]ir que les Osseles [Iron, dans leur idiome ) sont unc branchc de la fainille medo-pcisane , et que , quoiqiie isoles, ils appartien- nont par consequent a la grande division caucasique. Dans un second memoire sur les langues caucasien- nes , M. Rosen demontre I'analogie des dialectes de la Miiigrelic suanique et nbchasique. 5. Sur rofigiiie et les pr-emiers temps des jjeuplddes niniigoles et tatares. M. Scholl a reuni dans ce tr^s savant memoire tout ce que Ton sait sur ces peuples qui, dit-il , tant qu'ils ont conserve la devise : Le chemin de I'liomme n'esl qu'un seul (celui de la gloire etcrnelle) — aiaun riidr nignn htii — ont et^ invincibles et ont subjugu^ la jjIus grande partie des j)euples de I'ancien nionde , dcpuis la presqu'lle de Koree jusqu'au centre de I'Alle- niagne. Report of the si.rteenth rncelr'ng, etc., etc.; Rapport de la seizieme reunion de I'Association brilannique pour les progres des sciences, tenue a Southampton , en septembre i8A6. — Londres , Murray , ISliJ. Lebut de cette association, qui tient annuellement ses seances dans des lieux ditJ'ercnts, est de propager tes sciences et'd'en hater les progr^s. ia |)r(Mniere parlie du noIuuk' qui nous a ete otFert, relative aux actos particulicrs do la sociele , Tail connaitre les qucs- ( 212 ) tioiis (itija Iraitees dcpuis I iinnee 1834, ct les soinmes qui onl 6le payees soit poui' la publication des m*!!- inoires, soit pour remuneration ou indemnites aux auleurs, etc., etc. Ellcs sc sont elevees pendant cos trviz-o annees a environ trois cent dix niille francs ; le ternie nioyen de 1839 a 1843 a ete de trente-scpt mille francs, et pemlant les trois annees de 1844 a 1846 de vingtetun mille francs. Dans le rapport qui tcnnlne cette premiere partie , sir Roderick Impey Murchison, pre- sident de I'Association brltannique, rappelle succinc- tement les Iravaux de ses collogues, et rend en menic temps un juste ct impartial liommage aux travaux des savants etrangers. Parml les Frangais ilont II apprecie le merite, et dont quelques uns appartiennent a nos Societes de geograpliie et de geologie , nous citerons MM, de \'erneuil , Elie de Beaumont, Dufresnoy , Deshayes, Alcide d'Orbigny , Adolpbc Brongniart , el M. Dumas, donl le bel ouvrage, la Chiniie appli- (laee aux arts, est, sulvant M. Murchison, aussi fa- milier a tons losmanufacturiers d'Angleterre qu il pent I'etre a ccux de France. Nous y joindrons le nom de M. le baron Alexandre de Humboldt, que nous ai- mons a consid^rer presque cornmo un compatrlote. Le d^faut d'espaco et la nature aussl de la plupart des m^moires contenus dans la seconde partie du vo- lume que rAssociation brilannique a bien voulu offrir a la Soci6t6 de geographic, ne nous permettent pas d'en donner une analyse. Nous ferons toutefois re- marquer que la geologic, la geographic physique, la stalislique et rethnologle ont fourni un assez grand nombre de notices et d'extraits de communications i'ailes a rassociation. ( 213 ) Boletiu (le la Suvietlcid economica, etc. Bulh'tin du lu societe economlque des amis du pays de Valence; Va- lence, aoiit 18/17. Ce nuniero renferme un seul article interessant la geogi'aphie, avant pour litre : Description gcograpliu^ue et statistiiiue de Id riviere Juciir. II doit etre acconi- pagn^ d'un plan que les redacteurs n'ont pas joint, et comme ils out neglige egalement de nous envcyer le couimencenient de cette notice, nous ne pouvons on donner I'analyse. Nous dirons seulement qu'on trouve dans I'Appendice uti tableau de I'elevalion au-dessiis du niveau de la mer de 12Zi points voisins du fleuve Jucar; le plus elev<^, nomine Pic de la Mogorrita^ a une altitude de 6407 pieds castillans (1785™, Zil 7) (1). Les sources du Jucar ont une elevation de 6097 pieds cas- tillans (environ 1700") au-dessus du niveau de la mer, et la longueur de son cours (developp^) est de 92lieues de vingt au degr^. Annaes niaritimos e coloniaes. Annales maritimes et coloniales (de Portugal). Lisbonne, 1846, n" h. De limprimerie nationale. De meme que les annales maritimes et coloniales de France , les annales portugaises commencent par des documents officiels sur lesquels nous ne nous ar- reterons pas. On trouve dans la secondc partie du n" h : Un Me/noire sur le /^reside de Piinp;n-/4ndn/>go , par Francisco de Salles Ferreira, capilaine de idtramar, membre de I'Association maritime et coloniale de Lis- bonne. (l l,r pied I'iistillan =; cnviion o'°,a-S. ( 21/i ) Lc prohitlc do I'liiigo- .-tudoiii^f, i(j)|)olc aii.s^i dc /'<■- (iras-Ncgras, est situe dans la iNigritie ni6ridionale , a h millos au nord do la livioro do Quanza ou Couuzn el a 60 oil 70 lioues de son eaiboiichuro. Sa juridiction esthoriieo au siid parle Quanza, au nord par lc district d'Ainhaca, a Test par la riviere de Loango , et il con- fine ;i I'ouest avec la juridiction du pr(^side de Cam- hauibc. Ln plan du preside do Pungo-Andongo en acconipagne la description, qui donne des renseigne- nionts. sans doule exacts, sur le gouvorncmont , la population, les usages et coutumes des habitants, ainsi que sur les productions du pays. Deux documents inedits sont aussi contenus dans le m6me numero. Lo premier, dont on n'indique pas le nom del'auteur, est intitule : ISolices snr In pays de Qitisdiiui , situe sur la rive meridionale de la riviere de Quanza, a deux lieucsau Sud dc la viUe capitale d'An- gola. Le second a pour titre : Aofice sur /c pays de Mo- siil ( royaume d'Angola), conquis, pendant I'annee 1790 et les premiers mois de 1791 , par le sergent- major Paulo Martins Pinheiro de Lacorda, aujourd'hui colonel d'inlanterie, et ecrite par lui-meme. CiCtte no- tice est a la fois historique et geographique. Les derni^res pages du n° k des Annalos maritim s portugaisos sont consacrees a des observations met6o- roiogiques. faitcs a I'observatoire do la marine en jan- \ier ot fevrier I8/|6. AiiiuiU's inarlliines et coloitiules (do France), mois de septembre 1847. Paris, 18/j7. Cc nunif^ro , divis6 comuie les pr6c6dents en deux j.arties, I'une consacroe aux actes officiels, et I'autre ( 215 ) mix sciences et (iris, en contienl niuine (lej)iiis (luclcjuo temps line troisi^ine portant le titre de lievue cnloniale, oil Ion traitc plus spec'ialeinenl Ics matieres concer- nant les colonies. Nous n'avons a nous occuper quo des deux dernieres. On trouve dans la division Sciences et arts plusieurs articles dignes de fixer I'attention du geographe. Nous allons les enum^rer successivement : 1. Des oitrcti^ans , tonindos, typhous ct tenipetes , ar- ticle extrait par M. Keller, ingenieur hydrographe do la marine, d'un grand travail in^dit sitr les cortrants des marees et stir les ow/es liqiiides, qui a ete, le 18 Janvier '1847, Tobjet d'un rapport favorable prdssente a I'Aca- d(^mie des sciences. 2. Rensei'ji^nenieiits siirhi luivigation du golfe Persiqne, recueillis par le lieutenant de vaissoau CAnARET , capi- taine du transport le Cormoran. Les vents regnant a I'ouverture du golte Persique , les courants, les points oil Ton trouve des pilotes , les ports et les rades, I'espece de baliinents la plus avan- tageuse pour la navigation du golte Persique , I'eau , les provisions, les »^tablissements de ce goHe. telles sonl les matieres traitees dans ce Meinoire par un marin instruit et competent. 3. Navigation du navire francais le Stanislas dans le de trait de Torres. Parti de Papeiti, I'un des havros de I'ile de Taili, le 11 juin 1846, pour se rendre a Java, M. Durand, capitaine du Stanislas , donne sur le detroit de Torres des informations qui se rapportent parfaitement a la carte du grand recifde la barriere , levee par le capi- taine Blachwood , en 18/13-1844, et publiee par I'aiiii raulo ;«nglaiso on 1846. ( 216 ) li. Journal dii voyage da capitn'inc de corvelte Maissin, commandant le navire a vapeur i.e Puai^ton , anx iles Marquises et a Taiti , par le detroil de Magellan, de 18Zi3 a 18Zi5. C'esl Ic premier voyage accompli au-dela d'un des grands ca])s par uii navire a vapeur frangais. Les An- nales maritlines pour le mois de septembre en donnent seulement le commencement; la fin paraitra dans le prochain numero. Celte seconde partie dn numero de septembre con- tient aussi : 1° \\n exlrait d'un Rapport fait le 8 aout 18^7 park' capitaine de vaisseau Jehenne , comman- dant la corvette la Boiissole et la station de Terre- iSenve. On y trouve des renseignemenls nautiques et commerciaux sur le port anglais de Sidney, dans la Nouvelle-Ecosse, et des informations pr6cieuses sur I'imporlance dc ses mines de houille. 2" Ln Rapport lu a rvVcademie des sciences, le 13 septembre 18/|7 , par M. le baron Seguier, sur des perfectionnements apportes par lui dans la navigation a vapeur ; Et 3" enfin un resumd' des operations faites par le i)rick de la Compagnie des Indes anglaises le Palinu- rus , commands par le capitaine J. -P. Saunders, pour la reconnaissance de la cote d'Arabie . comprise entre Ras-Morbat et Ras-Seger , et entre Ras-Jartach etles mines de Messinah. Ce rt'sume est Iraduit du journal de la Societe g^ograpliique de Londres ( tome 1", 18/i7). La Rei'iie coloniale , ou troisieme partie des Annales marilimes, donne un Memoire de M. A. Kairenel , da- t6e de Toubabn-Knne , le 8 mars 18/i7 , dans lequel il rend compte dc sa nouvelle expedition au Jiambouk, ( 217 ) et fait connaitre une nouvelle exploration tie la rivi^ri; du Gabon , eflectui'e en novembre et d(!!cembre 18ZiO, pai" M. Mequet , lieutenant de vaisseau , commandant la goeletle F Aube. ElJe I'ournit des details cmieux sur les peuplades de la cole el de rinterieur. Jonriutl asiatique , elc, etc., public par la Soci6l6 asiatique de Paris, /i° serie, t. X, n° d'aout 1847. Ce numero du Journal asiatique ne renferme qu'un seul article qui puisse se raltacher a la geographic; c'est celui qui est intitule : Thien-Tchuu, Vliule, com- pris dans les Notices sur les pays et les peupfes etnm- gers, tirees des geographies et des annales chinoises, par M. Stanislas Julien. II exisle ^galement dans le meme numero la suite d'un savanl M/aioiRK sur Tecriture cuneifortue (tssyrienne, par M. Botla, dont la lecture peut elre utile aux voya- geurs archeologues. Revue de r Orient et de V Algeria, etc. Bulletin el actes de la SocicHe orienlale. Redacteur en chef, M. O. Mac- Carthy. — Nuuniro de septernbre 18/17. Un interessant M^moire sur File de Madagascar, a la fois geographique et historique, adresse au roi par le Conseil colonial de 1 ile Bourbon, nous parait elre le seul morceau que nous devions citei". Deux autres articles contenus dans ce num6ro con- cernent essentiellement rcconomie politique. Journal des missions ei>angeliques, 8" el 9' livraisons, aout el seplembre 18Z|7. — Paris, 1847. A I'exfception de quelques extraits d'un Journal de voyage dans VAjrique meridionale ^ par M. Dyke, ces •21. s ) deux miineriis iie coiiliL'iiiu'nt aucuii docuniL'nt ge<>- grnpliiqiie. Si quelquos ims tU-s redacleiiis du journal des uii'-- sions proteslantes tmploieiit des expressions tr^s peu evangeliques en parlant du catholicisme, qu'ils appel- lont Ic c/iristia/iisu.r carroinpit s lieux ou Ton suppose qu'elle peut exisler, en observateur instruit et con- sciencieux, aussi ignoree qu'elle I'^tait dans les temps anciens. Les vains eflorts qu'on a fails jusqu'ici ne doivent copendant pas d6couragor les voyageurs. Les expeditions entroprisos par les ordros du pacha d'T^lgyple d'un cote, et les explorations des nouibrenx voyageurs qui ont |)on6trd en Al'ri((ue i)ar la cole ( -'^ ; oricnlale en se tlirigeant vers roiiest , out |trotUiit dc riches materiaiix qui aidcront a resoiulre la question. Le but que s'est propose M. le docteur Beke en r6- digeant son essai a et6 , ainsi qu'il le dit lui-meme , de passer une revue generale aussi complete que pos- sible des nombreux cours d'eau qui s'unissent pour former la riviere d'Egypte. La methode usuelle el la plus mcHhodique de de- crire une riviere , est de commenccr a sa source et de suivre en entier son cours, en prenant note de ses di- vers affluents au fur et a mesure qu'ils se reunissent. Pour le Nil , on est force d'ado|)ter une marche in- verse; il faut le remonter , en parlant de son embou- cbure, enum^rer successivemeut sos differenls af- fluents, et cliafjue fois qu'on parvient a un point de jonction , agir de la meme maniere avec cliacun des bras de la fourche , comme si chacun d'eux ^tait le principal courant. M. Beke commence par VAtiximli , appele Takkasie en Abyssinie , el designe aussi sous le nom de Buhr ■ cl-A''swnd , ou fleuve Noir. r4'est le principal tributaire du Nil, dans lequel il se jette par 18° de latitude. Le savant anglais s'occupe ensuite du Bahr-el- Ahyncl et du Bahr-el-Aireh (fleuve Blanc et flouve Bleu) , qui con- fluent au 15° 37' de latitude nord , a une distance de KiO milles environ de la jonction de I'Atbarali avec le Nil. II rend bommage au merite du p^re Pierre Paez , religieux portugais , auquel on doit une des- cription exacte et d6taill6e de la source de VAhni (1), et blame la conduite do Bruce a son egard (2). II ne (i) Kirkci's OEdlpus ^ijypttunuSi siiiglama i , cap. vli, p. 5~. (i) hi' proFesseur HnrliiiHiwi, linu:^ VEtlihii Africa, pulilit'p jini liii partage ni l\)pinloii du doctcur Murray qui , dans sa vie de Bruce, ilitque le Bahr-el-/lb:adm(iv\{c par son importance d'etre nonirae la principale source du iNil, ni, et peut-etre encore moins, celle de M. d'Abbadie, qui affirme que le Godjeb est le Nil lui-meme, et place sa source au 7° 20' de lalitudc, et au \° 20' de longitude a I'ouesl de Sakka. Les explorations recentos de M. d'Arnaud et de ses compagnons jusqu'a 1008 niilles [Nonvclles Aimnles ties -voyages, 18Zi5, vol. II, p. 112) au-dessus du point ou le Bahr-el-Abyad est joint par le Bahr-el-Azrek, ont prouv6 cependant d'une mani^re incontestable, suivant le docteur Beke, que le premier de ces cours d'eau est unc riviere infiniment plus considerable que le premier. II ajoule qu'd ne faut pas perdre de vue , qu'au-dessus de 9° 30' de latitude nord, le couranl sur lequel M. d'Arnaud naviguait n'est que le tiers de trois ri\icMos, car, \ers ce parall6le, deux bras, le Sohnt ou 7V//7 a Test, ct le Balir-el-Ghazal a I'ouest, qui se detacbent du bras principal , ont cba- cun autant d'importance que cc dernier. Quant an Godjeb de M. d'Abbadie, M. le docteur Beke en sou- tient I'identile avec le Sobal ou Telfi. Un apercu general du pays dans lequel Ics affluents de la rive droite du Nil prennent leur source , termiuc cetEssai, dans lequel le docteur Beke a compart entre elles les opinions des diff«^rents voyageurs anciens et modernes qui se sont occup^s du Nil et de sa source. Sa conclusion est , ainsi que nous ravens dit plus baut, en 1796, reUve les mcnson{»es et accuse la mauvaise t'oi de Hruce, .iit(|Hf;I il rriiroi-lir d'nvoir chcrrhp a s'altrihuer les Irnvniix ilo sn< ilevanrieis. (|u on ne peul encore aflTinner avec certitude que cette source est trou\ee. IIisTOiKE DE l'OciiANIF. , (lej)uis SOU Olivine jiisqu^cn 18/16, siiivie de notices hiograpltiqiies siir ses grands honinies , par M. Casimir Henricy , Paris, I8Z16; Pa- gnerre.l vol. in-18. En jetant d'abord un coup d'ceil sur le litre de ce resume, je n'ai pu , je dois I'avoucr, me defendre de quelque surprise. Donner I'liistoire de I'Oceanie depiiis son oi/gine ne me semble pas en ofTel chose facile , si tant est qu'elle suit possible. Apres avoir lu attentivement cet ouvrage, il m'a paru qu'avec de I'esprit el de la lecture , I'auteur se laissait souvent entrainer par son imagination, et adoptait ])arfois des ide^es un peu trop arretees en traitant des sujets sur lesquels les maitres de la science osenl hasardcr tout au plus des doutes. Avant de parler de I'Oceanie, I'auteur remonte a la creation du monde et a celle de rhomme. II entre- prend de les expliquer a sa maniere , et se monlre, toutes les fois qu'il en peut saisir I'occasion , I'adver- saire declare de la Genese. En donnant sur certains points a peu pres les m6mes idees g^nerales qui pre- valent dans la science, M. Henricy commet, au juge- ment d'eminents geologues que j'ai dil consulter, beaucoup d'erreurs de dcUail , qu'il serait trop longde relever ici. Nous nous bornerons seulement a quelqucs observations. La conclusion quo tire M. Henricy des premiers bouleversements du globe, que a desonnais h Vahrides » catadysmes , il ne doit phis suhir que d'insigni/iantes )) mndificntions pnreinent locales , » n'est pas admise par ( ^-^-^ } les geologues inodt'iiics. lis [X-'iisenl iju aucim luit no lend a prouver que les causes internes qui ont proikiit 1( s grandus revolutions du globe aient cesse d'agir cl (jiie la torre ail perdu la propriele de se rider succt-ssi- \onion! en dinVrcnls sens, comnie dans les ten)ps an- Loi'ieurs. lis ajoutenl que rien en consequence ne peul assurer que h\ pc'riotle de calme dans laquelle nous \ivons ne sera pas trouMee a I'improvistc par I'appa- rition de quelque nouveau systerne de montagnes...; d'oii suit I'idee d'une fin ou d'un renouvellemenl lout au moins parliel , si ce n'est g<^neral, des choscs dici Ijas... Apres s'etre elev6 , a noire avis , avec aulanlde I'orce quederaison, contre les materialistcs qui tendcnt a laire descendre I'lionime par enchalneraenl des autrcs aniinaux, el a lui doiiner ainsi pour premiers ancetros des zoophiles el des coqulllages , M. llenric) s'expriiue ainsi : « Mais de la a /« cro) (iiice nbxurde et par ttop » biblique (Van seal couple , soiiche de toutes les races » hiiniaines , it y a loin. Celle idee dernisonnable n'esl » rien moins que religleuse malgr6 ses prelenlions. » D'ailleurs il ne se forme nulle pari de nouvelles » races , tandis quon en voil disparaitre de la surface » de la terre , ct il esl evident qu'une fusion s'opere » entre les autres, laquelle fusion doit (itahlir I'unite » dansun temps eloign^. Telles sont les divorscs con-- » sid^ralions qui nous ont fail placer Iwrdinient Ic » herccau des Polynesiens dans I'une des conlrees » qu'ils habitenl, bieit que personiie ne reiU fait encore, » el au risque de voir caloinnier nos inlentions par des )) gens ennemis n6s de quiconque ose conlredire la » Gen(!!se. » Sans av(»ir I'idee tic caloninior en aiu iiiie nianiero { 223 ) les intentions de M. Henricy, nous devons diio ccjien- dant qu'il est adniis assez geiieraleinenl anjoiird'hui que la succession des eties organises, teili? qu'elle est rapportee en peu de m( ts dans Ic recil de Moise, n'est point en contradiction a', ec les faits, que les details ajoutes au r^cit de la Genese par robservalion sont en harmonie generals avec les faits qui s'y Irouvent brii'vement eniis , el donl ils ne sont que le ddvelop- pement, et qu'il y a lieu enfin d'admirer cette force de genie qui a fait deviner au legislateur liebreu quel- ques uns des faits que les recbercbes scientifiques de- vaiont d(^montrer vingt-trois siecles plus tard. Quant a la tlcscendance de toute la race bumaine d'un seul couple, question sinon insoluble, du moins Ires grave et tres difficile , trancbee avoc tant d'assurance dans V Histoire de VOceanie, nous croyons devoir citer I'opi- nion d'un liomme parfaitcment competent, M. Flou- rens , qui (lit : « Qu'en dernier resultat, Yuidtci\Q » I'espece bumaine et la variete de ses races est la con- » elusion generate et certaine de tous les faits acquis » sur I'bistoire naturelle de I'boinme. » Nous ajoute- rons que de nos jours cette opinion , presentee dans rouvrage que nous examinons corame deraisonnable et ab.sitrde , a 6le soutenue par les naturalistes qui out fait faire le plus de progr6s aux sciences, par les Buf- fon, les Blumenbacb, les Cuvier, MM. de Blainville, Burdacb, Duvernoy , I. GeolTroy Saint-Hilaire, etc. Dans le quatri^nie volume du Precis de la 'geogmphie urdvcrselle , public^ en 1813, le c(^l^bre Malte Brun, rejetant cornme insignifiantes ou inexacles les d(5no- minations d'Justral- Jsie (I), cVJiistra/ie, de Ao- (l) C'est Maltc-liiiin , ol nmi p.is Hiiot, qui demande ce f)u'il y a il'nsiali.inp .lnn« l,i .Ninivpllc Mnlhuiiic , |ii.m- r,i|;|Rl('i- Aiislialasip; ( 524 ) tnsie, etc., proposa de d'uiser la cinquicme partie du monde , qii'il appelait Ocedtiitjue , et a laquelle tous les geographes modernes s'accordent a donner le nom A' Oceanic, en Oci^aniqiic du nord-oiiost , Oceanique centrale ct Oceanique orientale ou Polyn^slc. Ce sonl, a quclques legtjres modifications pies, les divisions adoptees, il y a longtomps, par M. le baron Walcke- naer, par Adrien Balbi , etc. On divise done aujourd'hui I'Oceanie en Irois par- lies appelecs : Oceanic occidendale, ou Malaisic; Oceanic centrale, ou Australie; Oceanic orientale, ou Polynesie (1). M. Henricy adopte ccs trois dernieres divisions , et on ne peut que le f^liciter de s'fitre conforme aux decisions des maitres. Nous lui reprocherons seule- nient d'avoir pr6fer6 le nom di! Austral- A sie a celui ^Aiislralie; cette derni^re denomination , equivalant a continent austral, s'applique, en eiret, assez bien a la Nouvelle-llollande, qui, par sa vaste etendue, peut s'appeler prosque un continent, tandis que nous rc- petons, avec Malte-Brun , (luUl n'y a rien d\isialiqtte dans la Nouvelle Hollande. Voulant faire autrement que Malte-Brun, M. Huot, c'fst lui aussi (|ui f.iit reinai qiier <]iio li- hasard seul donna naissance ail nom de Xoufellc-Hollaiulc, ce qui peul otrr re|ioiiilant jiistifn' si I'on fait atlenlion qup les premiers decouvirurs, ou ceux du iiKiiui (|ui I'mil fait connaitre les premiers, furent des Hollamlais. Cest par des niiitils seiid)l;d)les qu'on a donne les nonis de Nouvelle-Zelaudi', Nouvellc-lireta{;iie, Nuuvelle-Ecosse , etc. (l) Le nom d<' Malaisie rst du a M. Lesson, celui A'AuUialie fiit propose par le capitaine Flinders, el c'est le president de Brosses (pii, dans son Ilistoiro des navigations aux terrcs anstralcs (t \, p. 80), appliijua le nom de Polynesie a la par lie orienlale de I'Oceanie. Ren- duns a I'hacuii ce qui lui apparlieut. ( -'25 ) son continuateur, a cru devoir diviser I'Oceanie en quatre parties, savoir : la Malaisie ou Oceania occi- ■dentale, la Melanaisie ou Oceania cenlrale, la Micro- n^sie ou Oceanie septentrionale , et la Polynesia ou Oceania orlentale. Nous croyons qu'il a eu tort, d'a- Lord parce qu'en geograpbie il faut eviter autant que possible d« muUipliar les divisions at les denomina- tions, et d'en introduire de nouvelles, surtout lors- qu'il an axiste qui ont 6t^ generalement admisos et ont ragu I'assentiment des personnes competentes ; et par plusieurs autrcs motifs qu'il serait tout au moins su- perllu de dt^valopper. Quant a la superficie de I'Oceanie, alle est t^valuee parBalbii'i 3,100,000 mill, carr., ou 10,631,000 kil. Par M. Henricy, a 496,105 1. carrees de 25 au degr^, ou environ. . . 9,920,000 Par Huot, a 495,000 lieues carrees, dont il na fait pas connaitre respece. Enfin, en ce qui concerne la population de celte 6' partie du monde , Balbi I'eleve a 20,300,000 bob. Huot, a 23,627,000 Rienzi, a. , 25,250,000 Henricy, a 31,0/i7,000 Entre ces evaluations si dilTerentes, de populalioi principalcment, quelle est celle qu'on doit adopter ? C'cst una question peu ais^e a resoudre ; il n'esl pas un soul (les calculateurs qui n'affirme qua ses cbiflres sont le fruit consciencieux de tous les elements dont la connaissance est necessaire pour la solution de ce probl^me aussi important que difTicile. Les redacteurs du Dictionnaire geogrophique de Picquet et Kllian , en bommos |)rudents, n'indiquent aucune population. Us se b'jrnent a evaluor a 532,000 lioues carrees U vui. ocTOBr.i:. 3. 15 ( 22G ) superlicie de lOceanie qu'ils divisenl cu iruis parlies, savoir : la Notasie, la plus petite au nord-ouest; I'Aus- tralie ou Aiistralasie au sud ; el enfin la Pohnesie a Test. Le talent bien conuu d'Adrien Ualbi , lr!s con- scioncieuses ct niinulieuses recherclies auxquclles il se livrc, et le soin qu'il met a consulter toules les sources, nous foraient adopter aveuglenicnt ses r^sultals, si nous n'etions convaincus que peut- etre longlemps encore on sera dans I'impossibilite de pouvoir ajouler une entiere confiance aux donnees statisliques sur I'ensemble de lOceanie. La population des lies Marquises, que M. Henricy evalue a /|0,00() anies, ne serait meme pas de 20,000 suivant M. Vincendon-Dumoulin , ingenieur liydro- grapbe de la marine , qui a visile cos lies, en a lev6 la carte, et sur lesquelles il a j)ul)lic en 18/|3 un ouvrage special; M. le centre -aniiral Dupclit-Tbouars leur donne une superficie de 128,880 bectarcs ct environ 20,200 babitanls, dont 8,000 pour rsouka-llisa, ct 6,000 pour Hiva-Oa. Balbl adopte les evaluations de M. Vincendon-Dumoulin, tandis que M. Iluotporte, comme M. Henricy, le nombre des habitants ;'i /|0,000 en citant Dumont d'Lrville. On trouvcra sans doute que nous avons donnc Irop de d^veloppenient a notre examen d'un manuel sur VOceanie, el copcndant nous ne nous somnies pas occupy encore de I'histoire de cotle cinquieme parlie du monde, et quclques lignes seuleinent onl ele con- sacrees par nous a la slalistique g^n^rale. Ce reprocbe nous paraissant lond^, nous nous arrdlerons on re moment, sauf a proseiilor plus lard un aperou com- pare des dillt^renls ouvrages geograpbiques ou autres publics sur rOcoaiTK^ . ''l il nous sera Iros facile di^ ( 227 ) prouver alors qu'on peut appeler des jugeinents plus que s^veres que I'auteurdu inanuel a portos sur presque tous ses devanciers. Atlas general des phares et fanaux a I' usage des naK>L- gateurs, par M. Coulier. — Deux-Siclles. — 2' section. — 18/i7. Cette livraison, la 20' qui ait paru depuis la creation de I'Atlas, se compose de sept pages et demie de texte, dune carte hydrographiquo generate de la Sicile, et de onze plans de pliares, etc., executes tous d'apr^s les carles du capitaine anglais W.-H. Smyth. Je n'ai ni le temps necessaire, ni surlout des con- naissancos assez speciales, pour rendre un compte detailie du travail de M. Coulier. Les marins Instruits qui en auront fait usage a la mer peuvent seuls aflirmer si I'auleur entre dans des d^veloppements sufiisants pour les dispenser de recourir aux instructions qui accompagnent ordinairement les cartes hydrographi- ques. M. Coulier aime assez a criliquer les travaux des autres, el pour ma pari je suis loin de Ten blamer. Lorsque les critiques sont faites sans passion et d'une nianitre convenable, qu'elles soient foudees ou meme qu'elles ne le soient pas, la science ne peut qu'y ga- gner, parce que, dans tous les cas, il en resulte des discussions, et, dans le dernier, des refutations qui ne sont pas sans iitilil^. M. Coulier dil, par exemple, p. 12, que sur le plan frangais du port de Syracuse la latitude est ^crite 37° 20' 58" N., que c'est une faute, et qu'il faut lire 37° 2' 58". Pour elre impartial, il aurait du ajouter que ce plan, public en 1827 au I 2-2S ) Depot des carles el plans de la marine, a el^ copie siiv celiii (111 capitaine an£;lals Smylh, ou Ion remarque I'erreur, signalcie avoc jiislc raison ; c'est une erreur an^'/nise el non francaise , ainsi qu'on jiourrait le sup- poser d'apres le texte dc 1 Atlas dos pharos. M. Coulier aurait dil ajouter aussi que cettc erreur n'exisle pas dans la Connaissance des temps. Quant a la pretenduo reduclion an (iO* d'une partie dc ce plan, ce n'esl point une heureuse correction , ainsi que le dil M. Coulier a\cc une ospecc d'ironie, mais tout bonnement rellot du retrait du papioi-, cffet qu'il connait aussi bien que qui que cc soit. Si la position du cap Castagna de I'ile de Lipari , comparee a celle de la j)ointe Bandiera de Vulcano, n'est pas la meme dans la carte francaise que dans celle du capitaine Smyth, el s'll exisle d'autres differences entre les cartes anglaise et francaise de ces deux iles , •cela ne prouve pas du tout que leurs positions ne sont pas exactement determinees, coranie le suppose I'au- teur. On peul en c«)nclure seulement que, dans notrc D6p6t de la marine, on n'a pas copi6 servilement le travail de Smyth, mais qu'on s'est servi des observa- tions du capitaine Gaulhier. Ce n'est pas, au surplus, la carte francaise n" 607 qui renfcrme les iles I ipari et Vulcano, ainsi que le dit M. Coulier, mais les cartes n" 906 et 1)07 ; le n" 607 est consacre a une carte du Vovage de Denlrecasleaux. L'dvalualion de 3,237 metres donnee par M. Coulier a la hauteur de I'Rtna parail au moins douteiise, bien qu'il I'ait prise dans V ^humnire du Bureau flcs/on^ntufle.s-. Je crois en effel qu'on est assez gL^n6ralem.ent d 'accord aujourd'hui a ^valuer ^i environ 3,315 metres la ban- f 229 ) teur de la cime la plus elev6e de rElna, en s'appujanl sur les travaux de Ferrara (1), du capilaine anglais Smyth, de sir John Herschell et de Caccialore , aslro- nome de Palerme. Les trois premiers ont elabli la hau- teur du volcan d'apres des observations barometriques, et le dernier d'apres des angles d'altilude, mesures en evaluant la refraction terrestre a 0,07(5, et leurs evalua- tions n'odrent que des differences imperceptibles. Ainsi Feir.nia tiouve 10,872 pieds anglais = 3, 313", 8 Smyth. . . . 10,874 — =3,3i4"',4 Hprschell. . . io,87(J — =3,315" raccintore. . 1.1.898 — =3,324"' Dans son Essai sur la gco^rapUie physique de C Eu- rope (2), M. lo professeur danois J.-F. Schouw assigne cependant a la cime orienlale de I'Eliia, d aprfes ses propres observations et d'apres cclles consignees dans la correspondance astronomique de Zach , et dans la Bibliotheque wdvevselle (1819), une elevation de 10,484 pieds francais, correspondant a 3,406 metres, Evalua- tion qu'un voyageur, M. Angelot , menibre distinguE de la Soci6te de geologie, qui est mont6 au sommet de celte cime en 1835, est tente d'adopter, bien qu'il nail fait personnellenient aucune observation. On ne doit pas s'^tonner si les evaluations de la hau- teur de I'Etna ont souvent varie, parce que ceite eleva- tion n'a r^ellement pas 6t6 toujours la meuie, la parlie sup^rieure du cone principal grandissant quelquefois par suite de I'entassement des d(!;jections , (andis que frequemment^elle s'abime subitement dans le fond du (l) Dascrizioiic dell Kliui. I'alci iiio, i,Si8. {») Hurojiii, i-ii /)/ms(s7i ijtiifiliii:(il Skildiituj; .iijiii ii I (h;.ivr;- KuiliciilKivn, I 83."). [ 230 ) cratfere. II existe encore plusieurs autres causes des diilerenccs qui existent entre les Evaluations recentes el celles qui ont EtE oblenues anterieurement. -le n'en signalerai qu'une, en faisant remarquer ici que, dans I'origine de remploi du baroinetre pour la mesure des hauteurs, en negligeait d'avoir des observations cor- respondantes faites dans un lieu dont I'altilude filt connue , et qu'on supposait en consequence que le barometro se niainlonait a 760 inillimetres au niveau de la mer, supposition qui , en certains cas , pouvait produire des erreurs enorines, Dans son P^oyage critique a ['Etna, execute en 1819, M. S.-A. de Gourbillon pi^tend ( I. I , p. 531) que, solon les calculs de La Hire et le baromelre de Bry- done, I'Etna aurait de hauleur 17,632 pieds francais, c'est-a-dire 5,728 metres. II cite une longue sepie d'e- valuations de hauteur de I'Etna donnees par plusieurs observaicurs, presenlant entre elles des differences considi^rables, et fait remarquer que les savants sont loin de s'enlendre sur le nombre de toises, de pieds et de lignes :» assigner a chaque ligne de niercure dans les observations barom^triques sur lesquelles reposenl leurs calculs. C'est de la, suivant lui, que proviennent les erreurs ou les enormes differences. Aujourd'bui, grace aux progr^s de la science, I'observation de notre voyageur n'est plus exacte, et nous ne pouvons que Irouver spirituelle la boutade par laquelle il termine un de ses cbapitres : « Que le ciel fasse paix aux savants, » aux calculs et aux baromelros ; qu'il les accorde entre » eux; et nous apprenne enfin a q«iels savants, a quels » calculs et a quels barometres il t'aut croire ! » D. L. R. ( 2^1 ) LETTRE DE M. ANTOiNE DABBADIE A M. D'AVEZAC. College catholique deGul a, Aj;'niiie (Ahyssinie), 9 -eiileiiilii r 18.^7. Mon chei' monsieur, Je n'ai legu qu'en aoilt 18Zi7, el par les soins d'un ami (xnglais, M. Ayrton, le Bulletin de la Societe de geo- graphie tie novembre 18^2. II y a done un mois que j'ai appris pour la premiere I'ois qu'on avait jug6 mes leltres assez iinportantes pour les imprimer toutes. Si j'avais su cela plus lot, je vous aurais deja envoys un nombre effroyable de renseignements; carl'autre jour, en faisaiit la revue de mes noms de lieux, j'en ai trouve plus de six mille , sans compter tous ceux que j'ai ajoules dans le grand Damot. Le principal but de ce travail fastidieux 6tait d'avoir une donnee , au moins approximative, sur la population d'Abyssinie. Avant de commencer, je mis par ecrit les noms de tous les ha- bitants de cinq villages du Tigray, y compris Halay et Digsa. Cette petite statistique me donna pour bases, entre autres : qu'il y a en Abyssinie, comme en Arabie, pres de cinq ames par feu ; que les hommes en 6tat de porter les amies sont un peu plus du quart de la popu- lation ; et que le nombre des bommes est ^ celui des lemmes a peu pres comnie 16:15.5, resultat dA6 ) Suulliainploi) in September IS/iO. London 1847. 1 vol. in-8°. Par le secrelaire j/erijetuel de l\lcademie lies inscrip- tions et belles-lettres : Rapport lait a rAcademie au noni de )a commission cliargee de rediger Ics instructions demand^es par M. le ministre des AfTalres diliangeres sur les recherclies arch^ologiques qu'on pourrait en- treprendre dans I'ctendue de cette partie de rAfn(jue qui correspond a I'ancienne Cyr6naiquo. \ cahier in-A". Par M. Cdsimir Henrici : Histoire de I'Oceanie tle- puis son origlne jusqu'en 1840, suivie de Notices bio- graphiques sur ses grands liomuies. Paris, 18/i(). 1 vol. in -12. — Histoire do la Belgique depuis son origine jusqu'en 1847, suivie de Notices biograpbiqucs sur ses grands bommes. Paris, 1847. 1 vol. in-12. Par les iinteiirs el edileurs : Journal asiatiquc. Aout. — Boletin de la Sociedad economica de amigos del pais do Valencia. Aout, — L'Investigateur, journal de I'lnstllut bistorique. Soptemhn^ — Bulletin special de rinslitulrico. Aout et soptembre. —Journal d'edu- cation populaire. Bulletin de la Society pour I'instruc- tion 6l6mentaire. AoAt. — Revue de I'Oricnt et de I'Algerie, Bulletin des actes de la Soci6t6 orientale. Aout. Sonnce dii 15 octobre 1847. Par la Sociele dc ^'pngraplne de Saint- Petersbonrg : n"' 1 et 2 de ses Memoires ( 1846 et 1847 ). Par M. Coulier : Atlas g6ndral des pbares ct I'anaux, 20' livraison, (Deux Siciles.) Par M. le I)' lieke : an Essay on ibe Nile and its Tri- butaries. London. 1847. lirocb. in-8". { 'W ) Par M. Ed. Deck) , ojficier tie gendarnieHe : Voyage. — Irlande en I8Z16 et 1847. 1 vol. in-8°. Par les anteurs et editevrs : Memoires tie la Sociele (1 'agriculture et des arts de Versailles. 1x1" annee. — Annales de la Societe d'agriculture de la Charente, Janvier et fc^vrier 18Zi7, — Seances ct travaux de I'Aca- d6mie de Reims. N" 1 et 2. — Annacs maritimos e coloniaes de Lisbonne. N" h de 18/i(5. — Journal des missions ^vangeliques. 8* et 9" livr. — Recucil de la Societe polytechnique. Aoiit. BULLRTIN DE L\ SOCIETE D\i GEOGRAPHIE, NOVliMBRE KT DlkEMBRE 1847. IMIEP^IIERK SECTI01>1. m6m(>ii«es, extraits, analyses et It Alports ASSEMBLEE GENERALE TENUE A L'llOTEL DE VILLE LE l/i JAWVIER 1848, SOL'S LA PRF.SIIIENCE DE M. LE COMTE MOI.E , Pair de France (1). DISCOLRS PRONONCE PAR M. MOLE. Messikurs , Vos sufTrdges m'ont p^n6tre de reconnaissance; je me sens fier et touchy de voir mon noui inecrit sur cette liste d'lioinmes illustres qui ont ^te appel^s a vous presider. En remarquant parmi eux plus d'un peisonnage politique, j'ai cru comprendre voire pen- (i) Une inrlisposition lie M. le comie Mole avail fait ajourner au • 4 janviei l.i sf'ance fjetipr.ile qm devaii avoir lieu le f deceiiibre. VIII. >OVEMBRE ET ofcCEMBRE. i. 17 ( 250 ) sde. Nous xivons dans un teiiips ou la science clle- menie ne peut s'isoler de la grande association civile el politique. II n'est pins donne a colui qui se voue a son culte de se I'enfernicr dans des meditations solitaires. On attend de ses velUes ct de scs vlves lumiferes quelque chose qui ajoute au bien-itre, a la grandeur, a la prosperite de tons. Plus que ja- mais vous avcz dii croire que les hommes d'Etat ne pouvalent se meprendre sur I'importance de vos travauxet rutllite de vos services. Sous ce rapport, du molns, je justlfieral votre choix. Ce n'est pas moi, assurement, qui denianderai quel profit, quels avan- lagos le pays est en droit d'attendre de vous. N'est-ce pas vous qui encouragez le zele et le devnuenient.de ces hardls voyageurs, qui sont comnie les eclaireurs de noire commerce, de noire navigation, que dis-je ? de la civilisation elle-meme? N'est-ce pas vous qui reunissez en faisceau , qui faites aboutlr a un centre commun tant d'clTorts et d'entreprlses suggerds par des motifs et un but si differents? La science ne s'cnricblt pas seulemenl au moyen de ces voyages qui lui sout particulierement dedies, et dont les gouver- ncmenls font niagniliquement les frais : elle ne piofite pas moins de ceux qui sont librement commences et inspires par cette passion que I'liomme apporle parfois ennaissant, de connaJtre , d'explorer ce globe sur lequel 11 est place. Comme le grand Cliristophe Colomb, 11 sesent alors entrain^ vers des cleux incon- nus; nul obstacle ne I'arrete ; il brave mille moils pour atteindre des rivagcs qu'il ignore, mais que lui r^vele je ne sals quelle conscience mysterieuse et silre. Tanlot c'est Icgeologue, lebotaniste, le naturallste qui poursuit, a travcrs les privations et les dangers, ( 251 ) des coTiquetes dont la science qu'il cullive liii fait sen- lir le prix, et qui recueille en passant des fails, des observations qui agrandissent la voire. Parlerai-je du plus sublime des voyageurs, du missionnaire cbr6- tien, auquel la geograpliie el i'humanite lout entiere ont du tant de decouvertes et de progres? Vous ne voulez pas non plus que j'oublie une autre sorte de voyageurs, un autre ordre d'esprits avides de con- nailre les nouveaux espaces que vous ouvrez a leurs regards : je veux parler de ceux qui senlent la nature plus qu'ils ne I'eludienl. Aides par le fd que vous re- mettez dans leurs mains, ils aiment a penelrer dans ces solitudes rccul^cs qui ont encore leur physionomie native , parce que I'industrie humaine n'a pas com- mence a les exploiter. Ceux-la , messieurs, ne rap- portent de leurs courses les plus aventureuses, les pluslointaines, que destr^sors demotions et de poesie. Devons-nous le leur reprocher? L'univers ne reslerait- il pas imparfailement connu si, a cote de ceux qui I'expliquent, ne se trouvaientceux qui le contemplent? Les merveilles de la nature ^tonnent et confondenl la science qui s'efforce de les approfondir; mais dies ne se reflfetent avec loute leur grandeur que dans I'ame qu'elles remplissent d'admiratlon et de plaisir. Que la poesie et la science fassent done ensemble une ^troile alliance : c'est dans leur inlime union que se trouve I'homme tout entier. Grace aux progres des lu- mieres, on ne les voiti)lus se reieguer dans des camps s^pares el presque ennemis. Politique, Industrie, science et poesie , sources diverses et abondantes de ricbesse et de civilisation , qui se reunissent aujour- d'bui el se confondenl dans une grandeur commune. — Un prince, objot ile nos inconsolables regrets, et ( 252 ) qui trouvail en lui-in6me toutos los pensees grandes et genereuses, avail ainsi coiupris noire sociabilile nouvelle. II vous la bien prouve, messieurs, en fomiant ce prix que vous n'avez pu donner encore , el qui est reserve au voyageur qui fera I'importalion la plus utile a noire agriculture, a noire induslrie on a I'liunianite. Voire Sociel^, qui comple deja plus d'un quart de siecled'exislence el lantde laborieux Iravaux, a adopts plus qu'aucune aulre ce principe d'associalion de toules les forces inlellecluelles au profit de lous. La science que vous rcpr^senlez vous met en rapport avec tons les interdts de la societe ; elle est un des llani- beaux de I'histoire; la science economiquea lous mo- ments I'inlerroge; la statislique ne pcut se jiasscr d'ellc ; enfin les sciences naturolles ou exactes lui de- mandcnl incessamment son concours. \ otre mo- destie est egale a voire importance. Vous nevous faitcs connailre que par vos services, el vous savez attendre la juslice , tout en n'^pargnant rien pour la meriler. ( 25:^ ) RAPPORT sun LBS THAVAUX DE LA SOCltxi DE GEOCKAPHIB, ET SUR LE PROGRES UES DF.COUVER TFS ET DES ETUUES GEOGR APHIQUES PEMIAM I.'aNMKB 1847. I.u a la leiinion anniielle de la Socie'te de {^eographie de Pari*, le I 4 Janvier 1848, Par M. I.. VIVIEiN DE S UNT-HVUTIIV , Secretaiie general de la Societe. Messieurs, Lorsque, il y a vingt-six ans, quelques hoinmes z^l^s pour la science, que tous avaient d^ja longuement servie par leurs travaux, se r^unirent dans la pens^e commune de fonder a Paris une Societti de g^ographie, le but de cette creation fut iion seulement de feconder, en les rapprochant, Ics travaux individuels, et de con- centrer dans un meme foyer la connaissance de tout ce que I'activit^ des nations policies produit chaque jour d'entreprises et de dccouvertes geographiques dans les diverses parties du globe, mais surtout de contribuer directenient a ces entreprises et a ces de- couvertes par des instructions bien etudiees, par de bonnes et nombreuses publications , par des prix et des encouragements. Ce but^levci de votre association, messieurs, a toujours ete present a voire pensee. De nonibreux sujels de prix mis au concours, de nouveaux theatres d'exploralions signales par vos programmes au zele des voyageurs, des recompenses et des me- dailles d^cernes solcnnelk-menl chaque annee, scpl ( 254 ) volumes in-A' tie Memoires remplis de documents pr6- cieux, voire Bulletin mensuel, dent la collection forme aujourd'liui quaiante-huit volumes in-S" : ce sonl la des litres qui attcstenl ct votre constanlc sollicitude et votre incessante activity. Et cependant, messieurs, vous avez eu , comme tout ce qui est utile, a iulter conlre les difiicult6s et les obstacles. Votre marche a pu en etre ralentie, mais vous ne vous etes pas d^cou- rages. Vous aviez en vous le sentiment profond de votre utilit<^; ce sentiment vous a soutenus contre I'oubli de ceux qui devaient vous aider et vous prot6ger. Si, livres presque entierement a vous-memes et aux ressources bien limitees cbez vous de rassocialion individuelle, vous avez pu rendre encore a la science tant et de si grands services, qu'eussiez-vous fait, messieurs, plus liberalement secondes ! Le moment viendra, espcrons-lc , ou votre perseve- rance portera tous ses fruits et ou il vous sera possible enfin de rodonnor a votre institution tous les develop- pemenls que comportait sa pons6e premiere. Deja cette ann^e je suis heureux d'avoir a vous annoncer que MM. les ministres du commerce et de I'inslruclion publique ont pu pr6lever en voire faveur, sur les fonds donl ils disposenl pour I'encouragement des sciences, une double allocation de 1,000 et de 500 francs. Get accroissemont dans vos ressources vous a permis de songer a la continuation du septieme volume de vos Memoires, depuis longtemps suspenduo, par suite de rinsudisance de voire budget. Des documents d'un baut inleret attcndcnt dans vos cartons les moyens mat^riels de publication; d'autres ont et<^ mis tout rd- cemment a votre disposition, sur la seule annonce de la decision ministerielle : nous avons done tout lieu ( 255 ) d'espt^rer qiu; notrc collection s'auginentera prochai- nement d'une nouvelle partie, non moins riclie que les parties prec^dentes en raateriaux utiles pour la con- naissance du globe et pour I'histoirc de la science. Mais loute voire ambition ne sera satisl'aite, — et cette ambilion-la, messieurs, vous pouvez I'avouer hautement, car elle n'aspire qu'a rendre a la science de plus grands services, — que lorsque-vous aurez pu rcprendre dans tous ses dt^veloppemenls voire pro- gramme fondamental. La cr^^ation de prix sp^ciaux pour des explorations determin6es en etait une des principales conditions; ces prix, vous avez et^ depuis quinze ans contraints de les supprimer, et il vous a fallu restreindre vos encouragements a la medaille que vous ri^servez cliaque annee pour la deconcerle la plus importanle en geographic. L'utilite de cette medaille est grande encore, mais elle ne saurait remplacer les prix que vous avez dvi elTacer de vos programmes. Maintenant plus que jamais des prix de cette nature, appliques a des Etudes ou a des explorations determi- nees, sont appeles a rendre d'incontestables services. Aujourd'hui que nous connaissons d'une manidjre a peu pres complete la surface terrestre dans son en- semble, il n'y a plus a faire de grandes d^couvertes propreraent dites. Si deux ou trois espaces d'une vaste 6tenduc restent encore en blanc sur nos cartes, ces grandes lacunes, donl le rayon va cliaque jour decrois- sant , sont du moins parfaitement circonscrites. SauF un petil nombrc d'exceptions , tels que le Soudan oriental, I'interieur du sud de I'Afrique, el le centre de I'Australie, ce ne sont plus les grandes courses pous- s^es au liasard par les explorateurs qui peuvenl etrc actuellement d'une utilite reelle a la science : ce qu'il { 256 ) faut aujourd'hui, ce sont des Etudes approfondies con- cenlr^es dans un rayon ]imit(^. L'ne bonne uionographie consacree a un peuple on a une tribu, a un canlon ou a une province, au pourtour d'un grand lac, a un massif montagriiux, au cours d'un flcuve important, servira desormais la geograpliie et relhnograpliie in- comparablemcnt micux que de longues courses a Ira- vers tout un conlinent ou dans I'etendue enti^re d'un grand pays. C'est quand une ^lude est arrivee a ce point qu'clle appelle surtoul I'intervention directe et continue des corps savants. Dans une science toute d'observalion telle que la geograpliie, ou cliaque jour ajoute un fail nouveau a la masse toujours croissante des fails ac(juis, ce n'est pas une cbose si aisee ni si commune que de savoir exactement et d'une maniere complete ce qui s'est fait depuis trois ou qaatre sitcles pour la connaissance d'un point donn6 du globe; et cependant celte notion prealable est indispensable pour diriger et preciser les recliercbes encore neces- saires, ne pas recommencer inutilement co que d'au- tres ont accompli, s'aider de toutes les lumieres ac- quises, et concentrer ainsi tout son temps, toute son attention el toutes ses forces sur les inveslisations vrai- ment neuves et utiles. Or il est facile de comprendre combien une reunion d'hommes sp^ciaux qui ont con- sacre leur vie enliere a ces longues et dilllcilcs Eludes, qui ont explore toutes les sources et compart lous les resultats, peut contribucr utilement aux recbeiches futures et bater I'aclievement de I'edifice, en dirigeant les pas sou\enl indecis de Tobscrvaleur, en lui signa- lant ici la mine deja fouiil^e, la le fdon encore vierge; en un mot, en appelant ses investigations lA ou elles peuvent le mieux servir la science, et aussi en ccVirant ( 257 ) ses travaux par de bonnes et solides instructions. Le sujet que je touche ici serait f6cond en considerations d'un ordre eleve et en developpements instructifs : je ne puis que I'indiquer a vos meditations; et il n'est assurtinicnt aucun de vous, messieurs, qui, dans le cercle plus ou moins etendu de ses Etudes de predi- lection, ne lui pressente de nombreuses applications. Mais ce qui doit etre des a present evident pour tons les esprits, c'esl qu'une serie continue de sujels de prix concus dans cette pensee d'etudes monographiques, en provoquant une longue suite de travaux approfondis sur toutes les parties encore incompletes de la science du globe et de rethnographle, ne diit contribuer puis- samment a en bater les progr^s. Et d'ailleurs, au point de vue meine de I'application pratique, dont I'liomme d'Etat doit peut-etre se pr^occuper avant tout, com- bien vos actives incitations ainsi dirigees ne pour- raient-elles pas servir nos interets communs ! Qui pourrait dire que les sujets de prix que vous aviez pro- poses jadis, et qu'il vous a fullu retirer, pour rexplo- ration des contr^es inconnues comprises entre le lac Tchad et le bassin du Nil , et celle de la region du lac Maravi dans I'Afrique auslrale, n'auraient pas de- puis quinze ans amene des resultats qui profiteraient aujourd'hui, d'un cote aux rapports de notre 6lablis- sement d'Alger avec les Etats du Soudan , de I'autre aux relations recentes que nous avons 6tablies avec le sullan de Zanzibar? TRAVAUX INT^RIEURS DE LA SOCI^Xi. S'il vous est encore interdit, quant a present, mes- sieurs , de donner vos pensees a cette parlie impor- ( 258 ) tanlo do vos travaux , lauto des nioyens p^cuniaires dont il taudrail appuyer chacun de vos concours, du rnuins n'avez-vous jainais cesse de travailler activeinent, autaiit qu'il est en voire pouvoir, aux progrijs gen^raux des sciences geographiques- Cette annee , conime tou- jours, voire Bulletin s'est rempli d'utiles maleriaux, t'ournis soit par vos correspondants dlrangers, soil par le z^le des mernhres residents, soit par les frdquentes communications des voyageurs. Vos rapports avec la [)lupart des societes savantes de toutes les parties du monde sont toujours actives comme par le passe, et leurs nombreuses Transactions viennent regulierement enrichir voire bibliollieque, en echange de vos propres publications. La nouvelle Soci^te g(^ograpbique de Saint-P^lorsbourg vous a recemment I'ait parvenir les deux premiers volumes de ses M^moires, volumes ri- ches en documents importants sur la Siberie , I'Asie cenlrale et la region nord-ouest de I'Amerique , mais lualbeureusemcnt t^crits en russe , c'ost-a-dire dans une langue gen^ralement j)eu accessible pour I'Occi dent de I'Europc. La societe de Saint-Petersbourg, g^- nereusement soutenue par un patronage 6lcv(5, est ex- clusivement consacree a I'etude (^thnographique el geographique des parties les moins connues de I'em- pire russe; mais eel empire est a lui seul un monde « tout cntier. 11 mc suffira de rappelcr ici quelques unes des nombreuses lectures qui ont en partie occup6 vos seances. M. de Maslnlrie sonm donne, en plusicurs notices, un apcr^u de ses travaux dans I'lle de Cypre , pendant la mission coinmerciale el lilt^raire qu'il y a remplie il y a deux ans, el il a mis sous vos yeux une tres belle carle de I'ile, conslruile a granimii re- grelter que le savant Iraducteiir n'ait eu a sa disposilion que deux mnnusrrils du goographe arabe, dont lo texto aurall eu besoln de moyens de controleplus al)ondanls, et surtout qu'il n'enUat pas dans le plan de M. Jaul)erl de joindre a sa version un commentaire souvenl indis- pensable, et dont mieux que personne il sentail la ne- cessite : mais, telle qu'il nous I'a donn^e, cetle ceuvre n'en est pas moins un dcs presents Its plus precieux qu'aient regu les letlres orientales , el elle m^rile a son auteur toule la reronnaissance des geographes. Tout recemment, la mort a fail aussi un double vide dans los rangs de vos conespondanls eliangers. Vous avez perdu le general Nisconli a Naples, el M. Graberg de Hemso a Florence. Toule lEurope connalt les nom- breux travaux de M. Graberg de Hemso, comme geo- graphe, comme voyageur, comme criliquo», comme lin- guiste et comme historien; ces travaux remontent a un demi-siecle,etdepuislors chaque annee on en a vu sac croitre la lisle, (^e n'est pas ici le moment de les rap- peler lous : mais je dois mentionner ses Anuali di Gen- y:,rafia e di Stntisu'ca, ou se trouve un bon aper^u de riiisloire de la geograpbie jusqu'a la fin du movcn age, travail qui ajoute nombre de fails curieux a ceux que deja Sprengel avail recueillis sur le meme sujet, et dont Malle-Brun a beaucoup profile ; je ne puis non plus omettre son Specc/iio ffe//'iinpcnfl di Mamcco, fruit d'un s^jour de six ann^es a Tang(>r, fruclueusement employees a r^unir sur I'empirc du Maroc des docu- ments de toule nature. Vosm^moires renferment plu- sieurs morceaux curieux (ournis par M. Graberg, sur le nord de I'Afriquo, rl vos Bullelins sont reuiplis dc ses fr(^quenles cninmiinira lions. ( 269 ) C'esldaiis uu auUe ordre do liavaux qii(j s'esl signale le general P'isconti. Directeur du bureau topographique de Naples, il a attache son nom au grand Iravall de la carle topographique des environs de celte capitale, dont I'execution , tr6s superieure a la carte de Rizzi Zannoni , est comparable aux meilleurs ouvrages de ce genre publics par les corps savants de I'Europe. Le general Visconli elait vers^ dans les sciences nialhe- maliques et dans I'aslronomie pratique. L'Academie de Naples, donl il 6tait inembre, lui doit d'iniportanls m^moires. Saperte sera longtemps sentie dans le corps du g6nie , a la tete duquel il elait place. Elle rappelle celle de I'aslronome Fergola, dont lui-m^ine nous an- non^a la catastrophe. Vous vous souvenez , messieurs , que ce savant fut frappe de la foudre sur le sommet d'une montagne, au moment ou il faisail une observa- tion geodesique. MOUVEMENT EXTJ^RIEUR DES TItAVAUX ET DES DECOUVERTES GEOGRAPHIQUES. Maintenant, messieurs, j'appellerai voire attention sur le mouvement ext^rieur des travaux et des decou- vertes gc^ographiques dans toutes les contrt^es du globe, pendant I'ann^e qui vient de s'ecouler. Ces enlreprises et ces d(^couvertes vous sont deja en partie connues par les communications plus ou moins d^taillees dont elles ont tiQ I'objet pour la plupart dans vos stances parliculieres ; mais il est bon d'en resumer ici le ta- bleau gen(^ral. Des expeditions importantes ont iiik. commenc^es cette ann6e; d'autres se poursuivent ou sont arrivees .^ leur terme : je vous entreliendrai d'abord de cclles qui se rapporlent a I'Asie. ( 270 ) ASIE. L'Acad^mie impt^riale de Saint-P6tersbourg ne se rulenlil pas dans son active sollicilude pour I'explora- lion scicnlifiquo dos parties encore iniparrailement connues de remj)ire russe. Depuis 1720, que Daniel Messerschmidt parcourut le premier , par ordre de Pierre-lc-Grand, I'interieur de la Sibt^rie , une armee tout enliere de voyageurs, — naluralistes, astronomes, ellinologues et g^ographes , — sortis pour la plupart des rangs niemes de I'Acad^mie ou dirig^s par scs instructions, a p^nelre dans loutes les provinces d Eu- rope etd'Asie, fouillant le sol, 6ludiant les produc- tions, determinant le cours des rivieres et la direction des monlagnes, fixant la position des lieux par I'ob- servation des aslres, recueillant des vocabulaires, re- cherchant les anliquites et les traditions, decrivant les moeurs, les usages et le genre de vie des populations d'origiue diverse : mais ces populations et leurs langues sont si nombreuses, les pays a (^ludier sont si vastes el les climats si dilTerenls, que, malgr<§ la masse 6norme de documents recueillis depuis cent vingl-cinq ans par une suite presque ininterrompue d'expeditions collec- tives ou de voyageurs isoles, c'est a peine si la lache paralt entam^e. Ajoutons que les frdquentes acquisi- tions de provinces qui d't^poque en ^poque ontrecule les fronli^res de I'einpire, notamment dans la rc^gion du Caucase, sont dcvenues chaque fois I'occasion d'ex- peditions nouvelles dans un but il'^lude scientifique ; et puis enfin la rigueur toujours croissante des m^tho- des d'observalion dans toutes les parlies des sciences, en faisant reconnaitre de nombreuses lacuues ou de graves imperfections dans les resullals d'une dale an- ( 271 ) oienne,out necessile la revision de beaucoup de lia- vaux que pendant longtemps on avail crus d^linilifs. Celle grande et belle taclie occupe incessammenl I'at- tenlion de I'Academie. Les provinces ou les regions deja ddicrites par les voyageurs du dernier siecle sont parcourues de nouveau pour la pkipart, et soumises a des investigations plus completes etpkis rigoureuses ; celles qui n'avaient pas el(^ examinees encore , ou qui n'avaient ele vues que superficiellenient , sontl'objet, ci leur lour, d'exp^dilions sp^ciales. A peine M. Midden- dorlT avait-il termini ses peniblos explorations, qui se sont etendues depuis la poinle la plus septcntrionale des cotes de la mer Polaire jusqu'aux bords de la mer d'Okhotsk qui baigne le Kamtscbatka, que TAcademie faisait enlreprendre un nouveau voyage , non moins vaste dans ses proportions, quoique plus limits dans son objet. M. Castren, le nouveau voyageur, est un jeune Finnois deja connu par des productions litl6- raires c^critcs dans sa langue natale, et par des travauj linguistiques sur plusieurs dialectes de la meme fa mille, notamment par une grammaire de la langue tclierc^misse. Aussi I'objet de son expedition est-il prin- cipalement ethnologique. M. Castren doit soumetlre suc- cessivement a une 6tude approfondie toutesleslangues, avec leurs nombreux dialectes , qui se parlentchez les peuples indigenes de la moitie occidentalede laSiberie, depuis les nionls Ouraliens jusqu'au lenisei , et com- parer ces langues soit enlre elles, soit avec le groupe des langues finnoises ; en meme temps qu'il p6n6trera d'une mani^re inlime dans la vie priv^e de ces popu- lations nomades, et qu'il recherchera avec soin tout ce qui peut eclairer sur leurs idees religieuses et leurs souvenirs traditionnels. Le voyage do M. Gastrin, com ( 272 ) menc6 au mois de juin 1845 , a d^ja deux ans et demi de dur6e , el ne parait pas devoir toucher de silot A sa fin. Ce que Ton en connall jusqu'A present paries rap- ports qu'il envoie p6i'iodiquement a I'Acad^mie , et par un grand nombre de ses lellres adress^es a M. Sjo- gren, est de nature a faire concevoir une haute id^e des r^sultats que Ton peut atlcndie de celte grande 6lude. D'impoitants details sur hi nature des pays ou le voyageur sejourne , sur le chmat, sur le cours des rivi6res , et sur d'autres points de gdographie physique, se melent frequemment aux tableaux de moeurs et aux recherches purement ethnologiques. Les rapports de M. Castren et des lettres a M. Sjogren sont 6crits en al- lemand; h\ traduction enparailau furet k mesure dans les Noiwelles Aniiales des Voyages. M. Castren a visits en premier lieu le versant oriental des montagnes d'Ob- dorsk, qui forment Texlremit^ de la chaine de I'Oural. II a ensuile remonte I'Ob jusque dans sa region supe- rieure , est passe du systeme de lOb dans celui du lenisei , a descendu ce dernier fleuve jusqu'a Tolstoi- Noss, au milieu des mar^cages glacis qui en avoisinent I'embouchure et bordent sur une immense 6tendue les cotes de la mer Polaire ; puis de Tolstoi-Noss il est revenu a Itiniseisk et a Minousinsk , d'ou sont datdes ses dernieres lettres ecrites au mois d'avril dernier. Le voyageur a ainsi compl(itement explore les deux bas- sins fluvlaux do I'Ob et du I6nisei , faisant des haltes frc^quentes et de longs sejours au milieu des popula- tions indigenes, et poursuivanl les diflerents ohjels de sa mission avec une ardeur que ni les fatigues, ni les privations , ni les souflrances d'un aussi rude climat, ne peuvent ralentir. Aux dernieres nouvelles que Ton avait de lui , M. Castren se disposait a penetrer dans ( 273 j les halites valines de la region altaique, point rle depart probable des populations de la Siberia (Ij. La nouvelle Sociele geographique de St Petersl)oiirg a ^16 sp^cialenicnt instilnee pour s'occuper, d'une ma- nifere plus exclusive encore que I'Acadeinie imperiale, de ces vastes etudes ethnographiques et physiques des- tinies a completer ou a perfeclionner la connaissance de I'enipire russe. L'expedition scientifique qu'elle a envoy^e dans la partie des monts Ourals qui vient aboulir a la mer Glaciale, en completant Ics exjilora- tions de MM. Murchison et Keyserling, inaugurera digneinenlcette 6re nouvelle qui s'ouvre dans I'histoire geographique de la Russie. On n'a rien public encore des premiers resullals de cetle expedition. Un autre geologue russe, M. le comte de Tchiha- tcheff, deja connu par un voyage a I'Altai dont la re- lation a ete publiee en France il y a deux ans , est occupy en ce moment a eludier les parties les moins frequent^es de I'Asie-Mineure. Deja a la fin de Tann^e derniere il avait explore plusieurs cantons de la haute Phrygie que M. Charles Texier et M. William Hamilton n'ont pas touches, ou qu'ils n'ont vus que rapidement, tela que les environs du lac d'Egherdir et le groupe alpin du Sultan -Dagh. Revenu a Constantinople, pour y laisser passer I'hiver, il en est reparti au prin- temps, pour completer la carte geologique de la p^- ninsule. M. de Tchihalcheffdestinait deux ann^es a ce grand travail, sur lequel aucun detail ulterieur ne nous est parvenu jusqu'a present. (j On a rt'(;u posteriemenient de nouviUcs lettres de M. Castiea jusqu'au mois d'aoiu 1847. " a^''"*'* parcourii d('ja les sleppcs des Koibales, visite les monts Saiansk, et penetrc dans les pays des Soioies s de noire coiiipatriolo iM. tlomrnaire tie Hell , parli de Puris I'an dernier pour aller eludier les pajs qui bordonl a I'o- rienl la mer Caspienne et qui enloiirent le lac d'Aral. Les dcrnii;res lotlres rogues de lui il y a plusiours mois le hiissaicnl a Krzeroum, se disposaiit a pen^lrer t n Armenie (J). A I'aulre extreraile de I'Asie , noire station navale , placee sous les ordres de I'amiral Cecille , n'a rien n6- glig6 pour perfectionner I'hydroj^raphie des mers qui baignent la Cliine a I'Orient. Lne reconnaissance com- piote des archipels de Lieou-Rliieou a 616 faite : ces lies, par leur position intermediaire enlre la Chine et le Japon, sont indubitablement appelees a un role important dans nos futures relations avec ces grands empires de lextreme Asle, qui lot ou lard s'ouvrironl au commerce europ6en. Mallieureusumenl la perte recenle de deux de nos corveltes , sur un banc non signals, est venue monlrer combien laissent encore a desirer nos meilleures cartes de ces parages loin- tains. La Coree , arrosee souvenl du sang des neophytes Chretiens, a vu se rcnouveler dans ces derniers temps les elTorls des missionnaires franoais pour s'ou\rir de nouveau cette lerre , non moins rigoureusement fer- in. 19 ( 282 ) rdes. N'csl-ce pas en effct a la direclion elexee que les etudes aclLielles des corps savants ont donn^e aux in- vestigations des voyageurs, n'est-ce pas a la precision qu'elles les ont habitues a moltre dans leurs observa- tions, que Ton doit ces grands r^sultals qui niarquent aujourd'hui la plupart des voyages strieux, et qui ont tant contribue de nos jours a etendre en nienie temps qu'a perlectionncr toutcs les branches dis sciences historiques et des sciences naturelles? AFRIQL'E. I/Afrique , ou nous allons enlrer, ne nous reserve ni ces imposants tableaux d'uiie nature grandiose, ni surloul cette magie des vieux souvenirs, qui donnent tant d'attrait aux etudes sur I'Asie; mais un autre charme , celui de I'inconnn , plane vaguoment sur cette terre encore a demi voilee. Et d'abord, messieurs, nous devons nous feliciter d'y avoir en quelque sorte retrouve un de ses plus constants explorateurs, sur le sort duquel un silence de plus de deux anndes avait fait concevoir les plus vives inquietudes : vous devinez que je veux parler de M. /Jnloine (VAbbadie. Ses longs tra- vaux en Abyssinie sont connus de toute I'Europe. Des lettres datees du mois d'aout dernier nous ont expli- qu6 la cause de ce silence prolonge. A la fin de 18A4, alors qu'il se dirigeait vers Massouah pour reprcndro le cheniin de I'Europe , un scrupule sur rexactiludo de quelques unes de ses operations lui fit rebrousser chemin pour retourner dans I'Enarj^a. La conduite in- consider<^e de deux voyageurs anglais, en irritant con- ire les Europeens les chef's dii pa\.s, la tail rctcnir pendant deux ans par le roi (jalla de ces confreres. ('.« { 285 j sejour involontaire ii y aurn pas du uioiiis ^t6 perdu pour la science; le voyageur, accorapagn6 de son fr^re Arnaud , nous revient plus riclie que jamais en ob- servations de toutes sorles sur les haules regions de TAbyssinie nieridionale. Parnii les d^couvertes que M. d'Abbadie annonce dans sos lettres, il en est ce- pendant une sur laquelle on parlagera dilTicilement la confiance du voyageur. Je crains fort, je I'avoue, que M. d'Abbadie ne se flatte un peu prematurenient d'avoir, ce sont ses expressions, « planted le drapeau tricolore a la source du Nil-Blanc. » La solution defi- nitive de ce grand probleme des sources du Nil , de ce probleme qui depuis deux mille ans tient en 6veil la curiosite du monde, et que bien avant le c^lebre Bruce les missionnaires portugais du seizieme si^cle crurent aussi avoir resolu, cette solution pourrait bien, en effet , exciter le k-gitime orgueil de notre compa- triote ; car le genie scientifique du xix' siecle la con3p- terait au nonibre de ses plus belles conquetes. Mais il reste encore, duns le fait annonc^ par le voyageur, trop de sujots de doute pour que Ton puisse le rece- voir sans examen. Ce que M. d'Abbadie appelle sa d^couverte n'esl en definitive qu'une conjecture; et dans une cbose de fait, une conjecture ne peut jamais, aurait-flle pour elle toutes les probabilites , tenir lieu d'une verification directe. Tant que la source que M. d'Abbadie a reconnue ne sera pas liee par une re- connaissance non inlerrompue avec la partie d^ja con- nue du fleuve ; tant qu'on ne se sera pas assure en outre que dans I'inlervalle encore inexplor^ aucun cours d'eau plus important ne vient s'y r^unir , on n'aura pas le droit d'affirmer d'une maniere positive qu'on a Iroiive la source vraie du Nil. II y a plus d'un ( 284 ) mdice qui st^iiblorail devoir , en fllfl. ropurUr celte source jusqiie dans les regions interieurus de I'Alrique auslrale; et avant de rejcter df^finilivemont ces indices, il faut en avoir constate la valcur j)ar uiie pxjiloralion directe. Lin autre voyagcur, le docteur Beke, assureinent un (los plus hahiles et des plus savants parmi ceux qui depuis dix ans ontvisite I'Abyssinie, a public der- ni^rement a ce sujel , dans le Journal do la Socit''l6 de Geographic de Lonilres, un travail elabor^ dont il faut tenir grand complo dans I'examen theorique de cette question. II se peut, apr^s tout, que la conjecture de M. Antoine d'Abbadie soil fondt^je , el dans ce cas nous sorons les premiers a nous en aj)plaudir avec bonbeur; niais dans Tela t aclutl des faitsconnus, nous avons dii ne I'accueillir qu'avec cetle sage reserve qui previent les deceptions. Siiremcnt, bien des doutes seraienl deja leves et bien des notions acquiscs sur les contr^es inconnues qui bordent au sud I'Abyssinie, si le niissionnaire I^iapJ' avait r^ussi, comnie il en avait I'intention, a pcnelrer dans ces r«!!gions intdrieures en partant de la cote du Zanguebar. Je vous exprimais dans mon dernier rap- port les inquietudes que deja Ion avait lieu de conce- voir sur le sort de ce zel6 propagaleur de I'Evangile; rien dans I'annee qui vient de s'ecouler n'esl venu dissiper ces inquitHudcs. Au mois de Janvier 18Zi5, au inomcnl de quitter lMonl)aza, il adrcssa a un orienta- lisle alleinand , M. Ewald, une notice; tres int^ressante sur les peuples et les langues de la cote orientale d'A- frique au sud du rap Guardafui , notice que M. Ewald a publi^e en 18Zi6 dansle premier cabierdu Journal de la Societe orientale dAllomagne : dcpuis celte epoque. c'est-a-dire dopiiis liois ans, il no parnlt pas qu'au- ( !>8o ) cune luiuvelle cle M. Kiapt' soil parveiiue en Europe. Cetle region si longtemps negligee de la cote orien- (ale d'AIVique , commence au resle a altiier I'attention des gouvernements d'Europe , et a eveiller la sollici- tude des exploralours. Depnis qu'un traite de com- merce entre la France et le sultan de Zanzibar nous en a ouverl Faeces , I'Angleterre s'en est surtout beau- coup occupee. On sait qu'en 18M, un officior de la marine dellnde, le lieutenant Christoplier, a fait una reconnaissance de toute la cote du sud au nord , a parlir de la hauteur de Zanzibar : aujourd'hoi il est question d'en faire explorer une des principales ri- vieres, le Gotchob, par une mission speciale confine a un officior du nom de Parker, en vue de s'ouvrir par cette voie une route commerciale vers le sud de I'A- byssinie ; en nieme temps qu'une association, qui s'est forin^e a Londres depuis un an, envoie un autre voya- geur, M. Leigh, a Quiloa, d'ou il essaiera de remon- ter vers la region du grand lac interieur design^ sur les cartes anciennes sous le nom de Maravi. C'estpr6- cisdmenl le projet indiqu^ par voire programme de 182Zi , que vous avez 6t6 contraints de retirer du con- cours. Nous , messieurs , qui plagons les ^tornels in- terfets de la science au-dessus des mesquines rivaliles de ndgoce , et qui croyons d'alUeurs que dans cetle vaste arene de 1 'emulation commerciale il y a place pour tous, nous faisons des voeux sinct^res pour que M. Parker et M. Leigh, plus heureux que I'infortund Maizan, notre compatriote. assassine, il y a deux ans, non loin de Zanzibar, puisscnt reussir compl^tement dans leur double tentative. .I'ai d(!!Ja mentionne les courses de M. Adulpke Dele- govgue au milieu des tribus kafrcs , et les fructueuses ( 286 ) • tudes de M. Eugene de FrobeiviUe sur I'etliDologic de I'AFrique auslrale ; I'Angleterre a vu aussi paraltre , dans le cours de cette ann^e, trois relations d'une certaine importance sur Irois autres parties du conti- nent africain : celle de M. Dnniell , qui renfcrme de bonnes donn^es sur les pays et les peoples negres qui avolsinent le golfe de Benin et le Congo ; celle de M. John Ditncan qui s'est avanc6 plus loin dans I'int^- rieur du Dahome qii'aucun des voyageurs pr^c^dents; enfin, la relation toute recente ou M. James Richardson raconte ses courses de 1845 et de 1846 dans quel- ques unes des oasis du Sahara septentrional. Parmi les notices particuli^res, qui, sanss'etre elevees jusqu'aux proportions de la relation proprement dite, ne laissent pas de fournir d'utiles renseignemenls sur quelques points speciaux , je citerai une Ires bonne nionogra- phie du pays de Kalagari donnee par un des mission- naires proteslants du sud de I'Afrique , M. Lemiie , et un rapport tres reuiarquable d'un de nos officiers de marine , M. Mequet , sur le pays qui avoisine le cours inferieur de la riviere Gabon , au fond du golfe de Be- nin. Quant au pays de Kalagari, c'est une contrde aussi grande au moins que la France , situee entre le 21" et le 27" degr^s de latitude australe, depuis le 20* jusqu'au 26* degre de longitude a I'E. du meridien de Paris, pr^ciseuient a I'ouest des pays kafres parcourus par M. Delegorgue. Aucun Europeen avant M. Leniue n*y avait p6n6tre. Le missionnaire donne de tr6s-int«i- ressants details sur la nature et I'aspect du pays, sur ses productions et ses animaiix. sur ses habitants, qui appartienncnt a la race Bechouana , sur leurs usages et leur constitution sociale. A I'autre exlrc^mitt^ de I'A- frique, un de nos officiers les plus distingues du corps ( 287 ) royal de I'^tat-major, M. Pricot de Sainte-Marie, a re- pris depuis quolques mois la suite de ses t^tudes topo- graphiques dans la regence de Tunis . qui se lieront , pour les completer, aux travaux de nos ingenieurs en Alg^rie. Ces excursions, ces tentatives, ces publications que je viens de mentionner, depuis les confins meridionaux de I'Abyssinie jusqu'a nos possessions de I'Atlas, ne touchent guere encore qu'au pourtour du continent. Voici une entreprise qui dans ses inimenses pro- portions n'embrasse rien moins que I'interieur tout entierde I'Afrique septentrionale : c'est celle de notre jeune et intrdpide compatriote M. Anne Baffeiiel. Non moins audacieuse que les voyages de I'illustre Mungo- Park, qui le premier, il y a cinquante ans, a ouvert la voie aux explorateurs du Soudan; plus vaste encore, sinon plus perilleuse , que ceux de Dochard et de Caillie, de Ritchie et de Lyon , de Clapperton raeme, de Denham et d'Oudney, ces immortels eclaireurs des grandes decouvertes africaines , cette entreprise de M. RalTenel, si le succes la couronne, aclievera de d6- chirer, pour le nord de I'Afrique, le voile que ses de- vanciers ont a demi soulev^. C'est en attaquantle con- tinent par nos possessions de I'ouest, et remontant le bassin du Senegal pour atteindre celui du Djoli-ba, que M. Raflenel a voulu penetrer au cceur meme du Soudan pour en parcourir toute I'etendue de I'ouest a Test jusqu'aux pays du Nil. C'est une route de onze a douze cents lieues en ligne directe, a travers des con- trees dont quelques parties seulement ont et6 apercues par un trts petit nombre de voyageurs, et oii de vastes regions sont encore absolument inconnues. M. Raf- lenel a envisage d'avancc lous les perils, loutes les dil- ( 288 ) ficultis que doit rencontrer I'exi^cution d'un seniblable projot , et il n'a pas d6sesp<^r(^ de les vaincre. II est parti d'au milieu de nous prepare par des Etudes prt5- liminalres , muni d'instruciions que rAcadomic des sciences et vous, messieurs, lui ont fournies , pourvu des principaux instrumenls necessaires pour les obser- vations pbj siques et astronomiques, soutenu par quel- ques moyens [)ecuniaires indispensables au milieu de ces peuples dont il faut capter la bienveillance et acbeter la protection par des presents continuels, et que le gouvernement a pu lui fournir; mais plus que lout cela encore, anime de cette confiante ardeur, de ce chaleureux entbousiasme qui seuls poussent I'homme atix glorieuses entreprises el le arandissent devant les obstacles. M. Raffenel s'^tait d'ailleurs prepare, il y a trois ans, a cette tacbe immense par un premier voyage d'explo- ration a la Fal(^m6, dans la Haule-S^negambic, voyage dont les resullats soiit connus par la relation qu'il en a publiee. Cette fois encore, avant de pent^trer dans le Soudan, le voyageur a voulu revoir la Fal(^me pour completer sur quelques points sa reconnaissance de ISZiA; il voulait aller, par cette voie, jusqu'au pays au- rif^re de liambouk, et preparer des rapports ullerieurs entre cette ricbe contr^e et nos etablissements du S«^- negal. Cette excursion accessoire n'a pas reussi aussi completement que M. Raffenel I'aurait d6sird. II a trouve , aux approcbes du Banibouk , des difficultes contre lesquelies il n'a pas jug^ prudent de s'opinia- trer tro|) longtemps, n'oubliant pas qu'un but plus grand r^clamait de lui tons ses efforts et toute son Anergic. La tentative de notre z^l6 compalriote n'aura pas 6te cppendant sans resultats utiles : le voyageur y ( 289 ) a recueilli des informations noinbreuses, et il trace de bonnes directions pour ceux qui la reprendront apr6s lui. II y a la des elt^tnents de relations commerciales qui peuvent etre pour nous d'un grand avenir. Les dernieres nouvelles de M. Rallenel remontent maintenant a liuit mois, et sont dalles de Kaarta, au nord du Haut-Senegal , a nii-chemin environ enlre notro t'tablissement sen^gambien de Bakel el la ville de Sego , la premiere place importante des pays du Niger. C'est par Sego que le voyageur doit entrer dans la Nigritie, pour se porter de la d'abord jusqu'a Tom- bouklou , en descendant le grand fleuve du Soudan. « Tr6s probablement, dit-il dans ses letlres, je serai forc^ d'liiverner a Sego. Je pourrai y murir tout a mon aise mon projct nouveau de visiter la ville myslerieuse, et m'orienter pour continuer ma route. » II promet d'ecrire de Sego, et d'envoyer ses itineraires. Avant fl'abandonner le continent alVicain, ou nous pouvons esperer , dans un avenir procbain , d'iinpor- tantes decouverles, je dois, messieurs, vous dire quel- ques mots dune publication reccnte qui a fail une cerlaine sensation dans le monde geograpbique d'AlIe- magne et de France : c'est la relation ^crite par un musulman de Tunis nomm^ Za'iii el Abulia, d'un voyage fait par lui, vers I'aim^e 1800, dans le royaume negre de Ouadai ou Vedai, par le Kordofan et le Dar- four (1). Le Soudan oriental, c'esl-a-dire les parlies de I'Afrique interieure comprises enlre le Fezzan , le lac Tcbad et le bassin du Nil, est pour nous, je I'ai dcija (l) Das Bucli i/ej Hutlaii , oiler lichen ilcs Scliciili Zaiii el AhuUn in Nigritieii. Aiis dem Uiikisclivn libersetii von IV G. Rosen. Leipzig, 1847, in-8". ( 290 ) dil, a peu d'exceptions pres, une teire ahsoluinenli n- connue. C'est dans cct espacc d'unc vasle eleiidue que se Irouve silu6 le Ouadai. Le noin de ce pays, un des plus grands et dos plus renommes de celle regio ignotn, 6tait vaguemont arrive jusqu'a nous parrai les rcnsoignenienls recueillis par quelques voyageurs de la houche dc's n6gres esclavcs ou dcs uiarcliands arabes, prlncipalcment par lirowne , Seelzen , Ritchie el Biirckhardt; mais aucun Europeen connu n'y a jamais penetr*^, el meme sa situation jirocise est encore ind6- terminee. Peut-elre est-ce la une des [jalmes r^servees au courage perseveranl de M. Raffonel. Dans celle ignorance a peu pres absolue oil nous sommes encore sur celle region du Soudan oriental, il n'est done pas surprenanl que la seule annonce d'un voyage fail dans ce inyslerieux I'oyaunie de Ouadai ail excite cliez nous une assez vive curiosil6. Celle curiosity s'y irouvot ellc juslifieo ? — Oui, re- pondiai-je, si I'on n<^. cherche dans la relation de Zain el Abidln que ce qu'un Asialique y poiivait mettre : une foule d'anecdoles el de details propres a nous ini- tier aux mcEurs, aux usages, aux croyances religieuses, en un niol a la vie morale et h la vie mat^rielle des peuplesque le voyageur a visiles ; — non, si nous lisons celle relation a notre point de vue europeen, ot que nous lui demandions des indications (jiielque peu pre- cises sur la situation respective el la distance des lieux, sur I'aspecl general et la nature du pays, sur les rivieres el leur direction, sur les monlagnes el lour hauteur, ou meme encore stir les trails de conformation phy- sique qui rapprochcnl ou diversificnl les races. Pour- tanl, El Abidin n'est pas, tant s'en Caul, un homme d'une intelligence commune. Quoique son (iducalion ( 291 ) ait 6te concentree dans le cercle liabituel des eludes qui se rattachent au Koran , et que les courles excur- sions qu'il a faites en deiiors de ce theme ordinaire ne se portent gu^re que vers les steriles speculations des sciences occultes et de ralchimie, il a cependanl puise au contact des chretiens qui f'requenlenl Tunis, sa ville natale, quelque notion de nos idees et de nos connais- sances gen^rales. 11 est plus d'un fait que je pourrais citer dans la relation , qui montre chez le voyageur musuhnan un esprit de recherche et d'observation assez rare chez les Orientaux. M. George Rosen, traducteur allemand de la relation de Zain el Abidin , a fait il y a qualre ans un voyage au pays des Lazes, el il a public depuis lors dans les Menioires de rAcademie royale de Berlin une suite de travaux importants sur les langues de plusieurs peu- ples du Caucase occidental. M. Rosen, qui occupe au- jourd'hui a Constantinople le poste d'interprete de la legation prussienne, ne saurait assurement mieux em- ployer les loisirs que lui laissenl ses devoirs ofTiciels, qu'a doter I'Europe savante de quelques uns des monu- ments encore inconnus qui peuvent exister en Turquie sur I'histoire ou la geographic des pays musulmans. G'est un exemple malheureusement trop peu suivi par les residents europ6ens dans les pays etrangers. L'original de la relation du Ouadai ^tait ecrit en arabe : M. Rosen n'en a eu dans les mains qu'une ver- sion turque. On pent regrelter que le savant traducteur n'ait pas fait de recherches pour decouvrir le textc m^me d'El Abidin. Peut etrc quelque voyageur futur sera-t-il plus heureux a cet egard. C'est surtout h Tunis meme, patrie du voyageur, qu'il conviendrait de porter ses investigations. 11 serait possible que le traducteur ( 29'2 ) turk n'eiit tlonne qu'uii abr6{;6 de hi relation origiiiale. Cetle relalioii rappelle un autre voyageurmusulman, natif de Tunis comine El Abidin, el qui, coinme celui- ci, a el6 au Darfour et au Ouadai a peu pres dans le meme temps, .le veux parler du clieikh Mohatumed el Tounsi. On sail qu'une traduction IVancaise de la parlie des voyages du cheikh Mohammed qui se rap- porte au Darfour, traduction hiile au Gaire par le doc- teur Perron, sous les yeux memos du voyageur, a el6 publi6e il y a deux ans par les soins de noire collegue M. Jomard. M. Jomard a aussi dans les mains la partie du voyage qui traile du Ouadai : il serait bien a d6- sirer que les circonstances lui permissent de la rendre judjliquc. La comparaison de deux documents qui ont enlre eux tanl de rapports ne pourrait manquer d'etre ei la fois interessante et instructive. Je ne dois pas oublier un fait curieux rapporte par el Abidin. 11 nous apprcMid (jue pendant qu'il etait au Ouadai (c'etail probablemcnt en 1800) il y vit arriver un voyageur chretien. Ce voyageur parlait parfaitement I'arabo, ot il dit a noire Tunisien avoir 6te charg6 par le gouvernement fran^ais d'explorer les pays a Touest du Nil dans un ])ul d'6ludes scientifiques. On sail en effet que pendant son st'-jour en tgypte, c'est-^-dire en 1798 et 1799, Bonaparte avail songe a 1 'exploration des contrees inlcrieurcs avec lesquelles i'Egypte entre- ti-nait des relations de commerce, et que meme il t^crivit plusieurs letlres au sultan du Darfour. Mais on n'a eu en France nulle connaissance , que je sache , d'un voyageur francais envoye dans le Soudan. 11 est certain, en tout cas, que ce voyageur, quel qu'il soil, a do perir au rctour, car aucune nouvelle de cetle ten- tative n'est jamais parvenue en Europe. ( 291^ ) AMiRIQUE. Je viens, messieurs, de parcourir avec vous le cercle entier des travaux, des entreprises, des derouvertes et des publications g^ograpliiques qui ont plus ou moiiis ajoute, dans le cours de I'annee 18/i7, a la somme de nos connaissances acquises sur les contrees asialiques et sur le continent africain : ceux qui me restent a mentionner pour le monde oceanien et pour les deux Ameriques ont ^t6 moins nombreux et nous arreleront peu. Un voyage entrepris au mois de jnillet 18i6 par les ordres des directeurs de la Compagnie anglaise de la baie d'Hudson, et termine au mois de septembre der- nier, a doune des resultals d'une certaine importance pour la geographic de la mcr Polaire. Le docteur Bac, qui conduisait I'expedition , s'est dirige par la mer d'Hudson jusqu'au golfe profond qu'on a noram^ Re- pulse-Bay; et de la, prenant a I'ouest a tracers terre, il a reconnu un vaste golfe que borde d'un c6l6 la cote occidental de la peninsule Melville, de I'autre la cote orientale d'une autre presqu'ile nommee Boolliia- Felix, et constate, ce qui etait en lilige, que cette der- nifere peninsule est liee par un isthme au continent. Ce voyage de quatorze mois n'esl connu jusqu'a pre- sent que par un rapport circonstancie que le docteur Rae a redig^ pour les directeurs de la Compagnie, et qui a 6t6 livre immediatement a la publicite. Ajoulons que I'Amiraute britannique, justement aiarmee de ce que, depuis deux ans et demi, aucune nouvelle de la derniere expedition polaire n'est parvenue en Angle- lerre, vient d'ordonner que Irois expeditions simulta- ( 29/1 ) n6es aillent, dans differentes directions, ^ la recherche du capitaine Franklin. La premiere de ces exp<5ditions, destin6e a gagner la mer Polaire par le detroit de Behring, vient de mettre a la voile; les autrcs suivront d'ici a peu de mois. An prix de quelles soufTrances et de quels dangers Ihomiiie doit achotcr chacun de ses progrt'S dans la connaissance de ces aflreux cliuiais du nord ! Les deux ou trois dernieres annees avaient vu pa- raitre aux Etals-Lnis un assez grand nombre de rela- tions, dont plusieurs imporlantes, sur la region que doininentles montagnesRocheuses et qu'arrose la Co- lumbia. Cette annee n'aura pas ajoute, que nous sa- chions, d'ouvrage notable a ces recentes publications. Mais les ev^nements qui se sont acconiplis au Mexique doivent sans doute procurer bientot a I'Europe de nou- velles et plus aniples notions non seulement sur les provinces mexicaines, mais aussi sur les deux Calilor- nies el le lerritoire de I'Oregon. L'esprit entreprenanl de la race saxonne servlra ici la science en ni^me temps que la civilisation. J'ai deja mentionne les courses si fructucuses de notre savant collegue M. le comle de Caste/nan dans une immense ctendue de I'Amerique du Sud : qu'il me soit seulement permis d'exprimcr encore une tois le vcBU que la publication des riches matiriaux fouriiis par ce vovage soit, au moins quant a la partie histo- rique et gdographique, a la fois prompte et accessible aux hommes d'dtude. C'est un vceu auquel on est inces- samment ramen^ par I'experience du pass6. Ln autre de nos voyageurs, M. Alfred Deniersay , est aussi tout r^cemment de retour d'un voyage de plu- sieurs annees dans I'Amerique du Sud , ou il avail et« ( 295 ) charge d'une mission de notre gouvernement. Plus heureux que M. de Castelnau, M. Demersay a pu fran- chir la bnrriere dont la politique ombrageuse du doc teur Francia a entoure le Paraguay, et il a consacre dix mois enlicrs a I'etude ethnogr.iphique et economiquc du pays. Les notes et Ics documents de loute nature que rapporte le voyageur paraissent etre des plus ri- ches; nous espt^rons qu'unc prompte publication nous niettra bientot a menie d'en apprecicr toute la valeur. M. Atiguste de Saint Hihiire, un de nos voyageurs qui out le mieux etudie le Bresil , et qui a deja donne sur ce grand pays deux ouvrages jusleuient apprecies, en prepare un troisi^me qui en forniera le compl(!'ment. Plusieurs fragments de cctte nouvelle publication dc notre savant naturaliste ont 6te cetle annee communi- ques a rinstitut, et sont imprimes dans les Noiwelles 'Annales des voyages. Ln autre de nos compatriotes, M. le comte de Saiiit- Cricq, qui parcourait I'Amerique du Sud dans le meme temps que M. de Castelnau, et qui , dit-on, en a rap- port(^ aussi d'abondantes observations, est de retour a Paris depuis quelques semaines seulement. C'esl sans doute un bel ouvrage de plus que nous reserve I'avcnir. Enfm , un autre Francais, M. d^Jrcet, digne heritier d'un nom clier a la science, et qui lui-ineme promet- lait de grossir la liste des bons observateurs , a pe^ri miserablement il y a Ireize mois au moment ou il venait de toucher la terre du Bresil. La seule lettre que Ton ait de lui, ecrile de Rio de Janeiro immdidiatement apres son arrivee , est de nature a faire senlir plus vi- vement encore celte perte cruelle. ( 20fi ) Ln dernier regard jcte sur cette immense elendue d'ilcs, qui occupe, sous la dt^nominatlon collective de Monde Oc6anique, tout I'intervalle compris entre I'ouest de I'Amerique et I'Asie orientale, va completer ce rapide aper^u des travaux geograpliiques et des decouvertes de I'annee. Plusieurs publications se pre- parent en ce moment a Londres, (jui, sans nul doute, enrichiront notablemcnt la geographic, I'liistoire na- turelle et rethnographie du grand archipel asialique. l]ne ere nouvelle s'est levee pour I't^tude de ces vasles arcliipels dej)uis que I'Angleterre y clierche un nou- veau foyer d'exploitation commerciale. Les INeerlan- dais eux-memes , reveilles au dangereux contact de celte activity devorante, secouenl la torpeur qui depuis deux siecles a prive I'Europe de tout ce qu'une nation plus agissante aurait j)u donner d'informations scien- tifiques, et semblent vouloir raclieter leur trop longuc inaction. Ln membre de la commission ncerlandaise des sciences physiques, le docteur Sc/nvaner, a fait r6- cemmont dans I'interieur de Bornt'io un voyage d'ex- ploration dont on ne connalt pas encore les resultats. Le temps approche oil ces regions insulaires, si long- temps negligees, vont enlrer a leur tour dans le cercle chaquc jour plus large de nos investigations liabi- tuelles. Les Anglais ont pris pied cettc annee sur un point de la cote meridionale de la Nouvelle-Guinc^e ; mais jusqu'a present il n'en est rien sorli pour la geogra- phie. II n'en est pas ainsi de la Nouvelle-IIollande. La chaquc jour voit s'agrandir ou sc pcrfectionner Its ( 297 ) connalssances acquises sur co continent ocd^anien, oil I'activitd britannique se deploie dans tonte son ^nergie. Toute line brigade d'ingenieurs, condiiile par M. Mit- chell, I'ancien expkirateur de la riviere Darling, a reconnu avec le plus grand soin le pays qui s'etend depuis Sydney jiisqu'au fond du golfe de Carpentarie, dans le but de prc^parer de faciles communications entre la capitale de I'Australie ct les futurs etablisse- ments de la cote du nord. Ce grand travail de M. Mit- chell, et de son second, M. Keimeily, travail qui n'est pas encoi'e publie, couvrira de details circonstancies une portion tres ^tendue de la carte de I'Australie orientale, qui elail il y a peu d'annees absolumcnt en blanc. Mais dans Ihistoirc actnelle des entreprisos geogra- pbiques en Australie, il est un nom dont la gloire do- mine tous les antres noms conlemporains : c'est celui du docleur l.fichhanl!. A ce nom s'altache a la fois le souvenir encore recent d'importantes decouvertes heu- reusement accomplies, et I'ospoir de decouvertes en- core ])lus importantes courageusement enlreprises. Je n'ai pas a vous entretenir des travaux passes du jeune naturaliste prussien ; vous les avez, messieurs, juste- ment apprecies en leur dccernant il y a six mois votre grande medaille annuelle , en meme temps que, par une coincidence aussi rare qu'elle est honorable, la Societe de Geographie de Londres decernait de son cole une recompense semblable a I'habile explorateur. La relation circonstanciee du premier voyage du doc- teur Leichhardt de Sydney a Port- Essington vieut d'allleurs de paraitre a Londres. Vous savez, messieurs, qu'a peine remis des fatigues i)e cetle premiere exploration, I'infatigable voyageur VIII. novembue et d^cembre. h. 20 ( 298 ) en mdditait une autre hien autrcment vaste , el que bienlot il en eut arrdtti le plan. Celle fois il ne s'agissail de rion moins que tie la traversc^e lout entiere du con- tinent australien dans sa longueur de Test a I'ouest , — une distance de 1,000 lieues au moins, ou pros de 3,000 niilles anglais, a travers des d(!!serts inconnus ou nul Europ^en n'a jamais p6n6tr6. Le docteur Leich- bardt a quitt^ Sydney le 21 ddcembre I8/16, pour se rendre ii Moreton-Bay, ou 6lait le rendez-vous general de la nouvelle expedition. Elle a dil se composer de sept personnes , independamment du docteur lui- meme, qui conduit I'enlreprise. Outre les clievaux et les mulels pour le transport des liommes el des provi- sions, on avait r6uni un assoz grand nombre de bceufs destines a fournir les voyagcurs de nourriture animale. De cette fagon , ia partie la plus encombranle des ap- provisionnemenls se transporte d'elle-meme, et I'ex- pddition est ainsi assur^e de nourriture fraicbe pour toute sa duree, que Ton a suppose devoir 6tre de deux ann^es. Inutile d'ajouter que le voyageur a eu soin de se munir de tous les instruments n^cessaires pour les observations. Tous ces pr^paratifs ont 6t6 fails des pro- pres denicrs du docteur Leicbliardt, qui y a consacre la majeure partie de la sommc que la colonic lui avait vot6e apres son retour de Port-Essington. Les journaux australiens , au moment du d(!ipart de I'expedition , manquaient de termes pour exprimer tout ce que le zele infatigablc du savant prussien, non, moins que son intrepidite et son d6sint(^ressement , Icur inspiraient d'admiration. Et nous aussi, messieurs, nous suivons avec un vif et profond intdret les persev^rants elTorts de ces bom- mcs courageux qui ddvoucnt Icur vie u I'accoinplisse- ( 209 ) menl d'une graiide pens6e. Ce saint enthousiasme de la science, cette noble et g^nereuse ambition de s'illus- trer par de grandes d^couvertes, nous y applaudissons, nous aussi, de toules les forces de notre ame el de nos sympathies. Ainsi, par one coincidence qui sans doute aura deja frappt^ vos esprits, deux hommes egalement animes de cetle passion des entreprises hasardeuses , Raffenel en Afrique et Leichhardt en Australie, tous deux eprouves par de premiers travaux et recompenses deja par de premiers succ^s, s'attaquent maintenant a la fois aux deux plus grandes lacunes qui restent en- core dans la carte du monde. Puisse un double succ^s couronner cette fois une double tentative ou d^ja tant d'efforts sonl venus se brlser! Ajouterai-je que, s'il en fallait croire quelques bruits de gazelles, que nulle information oflicielle n'a jusqu'a present confirmes, I'expedition du docteur Leichhardt aurait t^prouve un echec des ses premiers pas vers I'in- tei'ieur du continent? Les animaux dont I'expedition s'etait pourvue, soil comme moyen de transport, soit comme provisions vivantes, se seraient, dit on , dis- perses a la descente des montagnes Bleues, emportes par leur naturel sauvage , et auraient ainsi mis les voyageurs dans Timpossibilit^ de s'aventurer plus loin. Cette nouvelle , heureusement , ne semble guere pro- bable. En tout cas, on connait la perseverance de I'in- trepide observateur et son esprit de ressources, et nous pouvons etre bien assures que lant qu'un moyen hu- main lui restera pour surmonter les difficultes insepa- rables d'un tel voyage, et que mieux que personne il a prevues, il n'abandonnera pas une carriere a laquelle ii attache la gloire de son nom. ( 300 ) TRAVMIX U'^RUDITIO cfeoCRAIMllQt E. Avanl de terminer, messieurs, cette imparfaite es- quisse des entreprisos el des ri^sultats ([iio ranuec 1847 aura legu6s aux sciences geograpliiques , quel- ques mols encore me reslenl a dire des cEuvres de pure erudition et des Iravaux de cabinet. Les plus im- porlants et les plus vastcs, je les ai deja menlionnes : ce sont les deux splendides publications de nos savants collogues , M. le viconite de Suntareni et M. Joinnnl, coraposees I'une et I'aulre de la serie chronologique des monuments cartograpliiques du moyen ago, et destinees , nous I'esperons du moins , a se completer rauluellement en se parlagcant les soins si minutieux de cette longue et dispendieuse publication. Deja plus de soixante monuments, presque tous inetlits, ont et6 pubJies par i\l. de Santarem, tant int6gralcmcnt qu'en fragments ; et bien qu'a noire grand regret M. Jomard n'ait encore rien mis au jour, plusieurs d'entre nous ont ele a meme d'apprecier la beaute des plancbcs deja gravees, au noinbre de cinquanle-neuf, qui doi- vent entrer dans ses premieres livraisons. M. Jomard et M. de Santarem joindront d'ailleurs a leurs publi- cations respectives un lexte critique dont plusieurs fragments out ele d6ja communiques a I'Academie des Inscriptions, et qui ne pout manquer d'ajouter encore au prix ainsi qu'a I'ulilite des monuaients jus- qu'a present a peu pres inaccessibles, qui vont enfin entrer, grace a eux , dans la circulation du monde savant. Lne autre pidilicalion r^cento qui se raltaclie a lliis- toirc g»^ograpbique du moycn age, est celle tl'une edi- ( :^oi ) tlon nouvelle de Marco Polo, que MM. Lazari et Pasini viennent de faire paraltre a Venise. Je n'ai pas 6te a meme d'exarniner cet ouvrage, et je ne saurais dire, consequemment , ce que Ics commentaires de M. Lazari ajouteront a ceux de Marsden , de Baldelli et de NeuLnann, ainsi qu'aux remarques d^tachees de quelques orientalistes contemporains, notamnient de Klaprodi et de M. Etienne Quatremere; mals ce qui doit du moins donner pour vous, messieurs, un prix particulier a cette edition du c^Iebre vojageur veni- tien , c'est que le texte francais que vous avoz public dans le tome I" de vos Memoires en forme la base. La version italienne de M. Lazari a »^te faile sur ce texte. M. le baron de la Pylaie , membre de la Soci^t^ , de retour a Paris aprfes quatre ann^es de rerhercbes dans I'ouest de la France, annonce la publication trfes pro- chaine d'une carte de geograpbie comparee en meme temps qu'arcb^ologique, comprenant la Gaule celtique occidentale, la Neustrie, le Maine et la Touraine, sous la domination romaine et au moyen age ; cette carte, que plusieurs de nos collogues ont vue avant qu'elle fut mise a la gravure, presente la synonymie com- plete des noms des peuples, des localit^s et des ri- vieres. Vous savez, messieurs, et personne dans le monde savant n'ignore que M. le protesseur Reinaud prepare depuis de longues annees une version francaise d'Abou'lfeda, dont il a deja public le texte arabe con- jointemcnt avec M. de Slane. Cette traduction de M. Reinaud est accompagnee d'une introduction , qui a elle seule sera un ouvrage capital. On avait esp^r^ que ce grand travail pourrait 6lre mis au jour dans { 302 ) I'ann^e qui vienl de s'^couler; I'^tendue des recherches de I'auteur, et le soin consciencieux qu'il y apporte, ne lui onl pas perinis encore de salisl'aire au voeu uni- versel de lous ceux qui s'interessent a I'histoiro geo- graphique de I'Orient. .\ous soinmes du moins certains que ce voeu sera bienlot reinpli. L'liisloire, vous le savez, messieurs, a plus d'un point de contact avec les sciences g^ographiques; a ce tilre, je puis rappeler I'lllstoire de I'ltalie que publie notre savant collegue, M Roux de Rochelle. M. le professeur Carl Ritter de Berlin , un de nos correspondants strangers, a publie celle ann^e un nouveau volume de sa g^ograpbie g^nerale, ou, selon son litre allemand , V Erdkundc ; c'est le douzl^me de I'Asie, ei le second de I'Arabie, qu'il terniine. Get ou- vrage colossal, beaucoup plus connu cbez nous, je dois le dire, par sa reputation europ6enne que par lui- meme, demanderail une notice particuliere que ni I'espace, ni le temps ne me peruiettent de lui consa- crer ici. Le savant auteur ne s'y est pas seulement pro- pose de tracer une description pbysique ct politique de la terre selon I'id^e que nous attachons communi>l(! cii jii isoiiiin i ■> :\r f^iii'iic., c.ii I ('^(■l,lv.^J•," rlotnc'Stitjuc est alisoluinciit imcmiM il iii' I \Iii'|iip hi iciil.ili ( '^-ro ) )) I'appelait Kassipi. Unc annee y fiit paiiiculierement » si abondanle en grains, que les iiabitanls, dont les » magasinsetaientpleins jusqu'au comhle, ensablerent » leurs cliemins, au lieu d'en faire present aux peu- » pies voisins qui eprouvaient alors une affreuse di- » setle. Moiiloukou, le Bon Dieu, fut irrit^ de celtc m6- » chanle indiflerencc : « Malheui" sur vous ! » dit-il )) aux habitants de Kassipi; et celte malediction ne » tarda pas h s'accomplir. La terre devint sterile, mais » cetle nation ne devint pas nieilleure. Les diables » prirent possession du pajs, niais le coeur des liabi- » tanls s'endurcit davantagc , et ils firent cause com- » niune avec les demons. La mer envahit leur lerri- )) toirc , mais les mauvais esprits les aiderent a gagner )) le rivage d'AtVique , oii ils furent bien recus des )) indigenes parce qu'ils etaient intelligents et in- » dustrieux. Alors Mouloukou dit : « Ces gens sent » incorrlgibles , et los peuples qui les ont accueillis » sont slupides. Je detourne mes yeux de cette race » de mechants et de fous. » C'est depuis cette epoque » quelesAfricains se vendent les uns les autres,et que )) les navires des Blancs viennent les enlevei-. Cepen- y> dant comme les diables vivent toujours au fond de » la mer dans le pays de Kassipi, et qu'ils soulevent des )) lempelcs terribles, le passage est dangereux pour » les navires, et il est d'usage de les apaiser en jetant » al'eau un sac d'argent ou I'esclave le mieux fait et )) le mieux vetu de la cargaison. » Je ne quitterai pas ce siijet sans faire part a laSociete des reflexions que m'ont suggerees mes longucs cau- series avec les natnrels de I'Afrique oricntale, relative- nionl a la traite et a I'esclavage. Tons m'ont dit que ( 32G ) c'est un grand malheur que d'etre csclave; mais on se tronipcrait si Ton niesurait les impressions des Afri- cains a I'echelle de nos sensations. Pour apprecier ce qu'ils entendcnt par un grand malheur, il faut savoir ce qu'est pour eux le supreme bonheur. Se rcpailre abondamment, puis perdre dans une complete inac- tion le sentiment de I'existence, tel est pour eux Ic comble de la lelicite. On comprend dfes lors que la privation de ces jouissances materiellcs leur soil une grande infortune , mais ce n'est pas la I'idee desolante que concoivent de I'esclavage les races europecnnes. Une etude attentive de ces peuples montre qu'ils pos- s^dent dans tout son d^veloppement la serie cnliere des instincts humains , et qu'ils ont a peine depasse la ligne qui separe ceux-ci du domaine du sentiment. L'esperance et le regret sont des etats de I'ame a peu pres inconnus des Africains, et I'absencede ces senti- ments, si puissants cliez les Europecns, permet aux races africaines de supporter avcc infiniment moins de peine le fardeau de la servitude. On ne cite pas un seul cas de nostalgic parmi eux aux lies Maurice et Bourbon, tandis que celte maladie , dont la cause est toute morale, 6lait tres commune parmi les Madecas- ses , esclaves comme eux et places dans les m6mes conditions. La sensibility nerveuse des Africains est aussi proportionnellomcnt peu marqu(ie. lis endurent avec un sang-froid inoui les operations chirurgicales pour nous les plus douloureuses. Ln coup, une pi- qure , un chalouilloment qui fail tressaillir et crier un Ilindou, un Malais ou un Creole, les trouve impas- sibles et siiencicux. J'ai cu dans mes operations de moulage bien souvonl I'occasion d'observcr le calmc avec lequel ils se laissaicnt arracher des chcveux et de ( 327 ) la barbe et quasi ^toufferpar leplatre. Plusieurs s'en- dormirent profondement pendant qu'on moulail lour visage. Loin de moi la pens^e de fournir aux partisans de Tesclavage un argument en faveur d'unc cause donl les idees chretiennes etliberales ont fait justice depuis -ongtemps. De ce que les Africains sentcnt moins vivc- ment que nous, ne surgil point le droit de les asscrvir. D'ailleurs, les I'aits de perfectionnemenls ou plutot do changemenls moraux sont si nombreux, si notoires dans celte race, la dissemblance intellectuelle si frap- pante entre les enfants nes dans les colonies et leurs parents africains, que I'on ne saurait sans aveuglement desesp(^rer d'ameliorer I'organisation apatbique des populations noires au milieu desquelles on fera pendi- trer les doctrines vivifiantes du cbristianisrae. On sail deja avec quelle promptitude, meme sous I'influence abrutissante de I'esclavage, les negres les plus barbares se faconnent et s'ameliorent au contact des Europeens et des Arabes. C'est de ce rapide per- fectionnement que I'Afrique profitera des qu'on per- mettra la libre circulation des indigenes et leur stlijour comma travailleurs dans des centres industrieux et moraux. Qui pent douter que, de retour dans leur patrie, ces bonimes n'y rapportent quelques unes des idees elementaires sur lesquelles sont poses les fonde- mcnts de la civilisation europecnne , et ne deviennent ainsi , sans le savoir eux-memes , de veritables mis- sionnaires sociaux ? On comuience a reconnaltre que les efforts tenths a grands frais pour 1 'abolition de la traite , les croisieres, les Iraites n^gocies aupres des souverains semi-bar- ])ares des cotes, n'cnt fait que detourner le cours de ( 328 ) ccl odicLix commerce; los <^pouvanlal)los moyens par lesquels il est allmcnte sont plus en lionneur que ja- mais dans rinldiieur du continent. On comprendra done aujourd'hui que c'est au si6ge du mal qu'il faut appliquer Ic rcmede, et cp reniede , c'esl la diffusion des principcs d'ordre et de travail, qui, en adoucissant les mceurs, en d^veloppant la prospc^rite mat^rielle des peuples , les preparcnt a I'cnseignement dogmati- que du christianisme. Or, I'Afriquc centrale, vaste foyer des miseres desolantes qui se trahissent par la Iraite , n'est accessible qu'aux indigenes. Le besoinde certains produits europeens les amene sur le littoral ; pour peu qu'on y prete la main , la curiosite et rapj)at du gain les conduira jusqu'aux colonies ou ils seront emer- veilles du spectacle de I'industrie el des bienfaits d'une societe rdgulierc. Le jour ou ils relourneront dans leur pays , les instruments de la r(§g{^n6ration alVicaine se- ront trouves. Par leur inlermediaire , ce grand acte providentiel s'accoraplira silroment. D'un autre cote. Ton sail de quelle importance pour les colonies est cette question de i'immigration des Alricains. L'experience est venue d(^montrcr qu'il etait chimerique d'attcndre des affranchis un travail regu- lier. L'idee d'esclavage a ete, dans leur esprit, si long- lemps associec a celle du travail des champs, que la culture est abandonnee sans relour des que I'heure de la liberte a sonne jiour eux. La vie est d'ailleurs si fa- cile sous I'beureux climat des colonies, la nature y pourvoit si gc^ncireusement a lous les besoins du corps, que I'indolcnt affranchi n'y eprouve jamais I'aiguillon de la mis«ire. Le colon reste done maitre de la tcrre , mais priv6 des moyens d'en tirer les fruits, si cc n'est par des sacrifices au-dessus de ses forces. ( 329 ) Cependant I'Afrique est la qui croupit dans son antique bai^barie : en poursuivant les negriers, en don- nant la liberie aux esclaves des colonies, on n'a reelle- ment rien fait jjour elle, et la synipatliie souvent sen- timenlale dont les n^gres sont I'objet en Europe n'a eu pour resultat que de rendre cette immense population nuisible a elle-meme , inutile au reste du monde. La pbilantbropie abolitioniste , victorieuse des pr6- juges qui maintenaient la necessite et la justice du principe de I'csclavage, bornerait-elle son ambition a cette lAcbe purement pbilosopbique? Grande, forte, chretienne , tant qu'elle s'est tenue dans le doinaine de la tlieorie , vacillerait-elle devant I'application de son principe ? Oublierait-elle que c'est en faveur des Africains que doits'accomplirla grande revolution qui bouleverse les colonies? Enfin, se laissera-t-elle accu- ser de n'avoir combattu que pour une utopie , et de voir avec indifference les malheurs que son triomphe cause aux colonies ? Ces terres loinlaines ont rendu des services eclatants a la cause de la civilisation euro- p^enne ; elles sont, plus qu'a aucune autre epoque , necessaires a leurs metropoles , qui se ressentiraient longtemps de leur ruine. L'initiative du travail de la regeneration africaine leur appartient. Qu'un pacte Equitable soit etabli entre les colons et les noirs , que I'immigration des ni^gres soit organisee , el les colo- nies deviendront , par la seule force des choses , les instituti-ices de I'Afrique aux raccurs cruelles et bar- bares. VIII. KOvivMnnii r.T dkcf.mbuk. 0. 22 ( 330 J NOTICE SUR L'liXPiDITION ENVOViE PAR LE GOUVER^"EME^T FUANCAIS DANS L'AMETUQUK DU Sl'D, SOL'S LA DIRECTION De M. le comte DE CASTEI.NAIJ. II est peu de contrdes qui se pr^sentent a Tiina- gination avec aiilant do j)rcslige que I'Atni^rique (lu Sutl ; pendant quo la parlie septcnlrionale do ce continent perd cliaque jour dc son caractere primitif pour faire place aux mcrveilles de Tindustric mo- derne , la parlie du Sud au contrairc conserve encore aujourd'hui le cachet dc la nature viergc : la point de cheniins de fer ni dc canaux, ni le plus souvcnt de routes quelconques, mais parlout d'admirables forfits \ierges, des tleuves dont rotcndue est sans bornes, des montagncs dont les cimes glacees se perdent au-dessus des nuages , des nations sauvages auxquelles le nom ni6me de I'Europe est inconnu. Dans I'Avncrique du Nord riiomnie civilise empiele sans cesse sur la nature sauvage; dans rAmerique du Sud, au contraire, tout vous rappellc un lendemain de creation, et dans ces solitudes sans bornes I'ceuvre de Dieu deploie partoul son admirable grandeur. De lout temps mes d^sirs les plus ardents avaient etc de parcourir cos controos, ct ce fut avec joie quo je me vis charge de diriger une expedition scientifique que le gouverncment frangais avail decide I 331 ) d'y envoyer pour en explorer Ics parties les moins connues. Mgr. le due d Orleans, qui portait le plus vif inldret aux sciences gdiographiqucs , contribua puissamment a I'organisation de ce voyage, auquel Mgr. le due de Nemours a continue la meme protection. Nous partlmes de Paris le 23 avril 1843. Mes com- pagnons de voyage etaient M. Eugene d'Osery , jeune ingenieur au corps royal des mines, dont les talents et la capacitd etaient garantis par son admirable exa- men de sortie de I'^cole Polytechnique. Fils d'un officier general illustr6 par cent combats, neveu de I'illustre Moreau , M. d'Osery, a peine age de 24 ans , s'etait deja fait connaitre et estimer par son carac- terc honorable et par la grande ^tendue de scs con- naissances; nous 6tions loin alors de nous attendre que quelques anndses plus tard ce brillant jeune homme,dontle concoursfut si precieux a I'expedition, et devant lequcl s'ouvrait un si bel avenir , dcvait tom- ber sous le I'er do laches assassins. Venait ensuite M. le docteur Weddell , m^decin et botaniste de I'expedi- tion, dont I'inlrepidit^ et le savoir me furent souvent d'un grand sccours; et enfm M, Emile Deville , jeune naturaliste, le seul de mes compagnons de voyage qui ait revu le sol de la France , aprtis avoir accompli en enlier I'immensc tache que nous nous (litions pro- pos^e. Apr^s avoir relach(^ a Teneriffe et au Senegal , I'expedition d^barqua a Rio-Janeiro ou ello fut rc^ue avec une extreme bienveillance par le gouvernement imperial. Les ordres les plus positifs furent aussilot envoy6s aux presidents des differentes provinces que nous devions traverser, afin qu'ils tinssent prets tout ( 3.V2 ) les secours dont ils pourraiont disposer en noire fa- veur dans dos regions aussi 6loit,'nd'os. Notre sejour a Rio fill de pr^s de trois mois. Ce temps fut employe a organiser nos moyens de recherches scienlifiques el a fairc les nombreux prepai-alifs que necessitait un voyage de ce genre. Pour donner une idee de la diffi- cult(^ que pr^sentait une telle organisation, je ne citerai que le faitsuivant : Onm'avait beaucoup recommand6 un FranQais qui avail fait quelques excursions dans rint^rieur, et on mele represenlait comme ayant une grande habitude des mules et des muletiers. Je le pris pour majordome, sentant parfaitcmcnt qu'en raison de noire ignorance de la langue porlugaise, ce person- nage nous devenait indispensable. 11 fut done charge de transmettre les ordres, et je lui confiai la surveil- lance du materiel; mais peu de jours avant I'^poque fix6e pour le depart, je voulus verifier si lout etait con- venablement prdipare, et nos 50 mules ayant et6 arae- n6es, on en commenga le chargement. Quel ne fut pas mon etonnement, lorsque je vis ces betes de somme s'abattre les unes apres les autres au fur et a mesure qu'on placalt les caisses vides sur leur dos ! L'on dicida qu'elles etaient defectueuses, et on se mit a en cher- cher d'autres. Ilcureusement que dans I'intervalle je fis connaissance avec un Bresilien de la province de Minas - Gera'es , et que lui ayant fail connaitre mon embarras, il voulut bien venir visiter nos Equipages; ce fut alors seulement que j'aj)pris que les caisses destinies a rccevoir les charges avaient etc faites sur de telles dimensions et avec des hois tellement j^esants, que leur soul polds , mfime (^tant vides, excd'dait dc beaucoup le chargement complet d'une mule. II fallul ce de secours de la part dcs autorites, ct jc ne puis me rappeler, sans en etre profondemcnt touche, I'interet que nous temoignerent tous les liabitants , jusqu'aux plus pauvrcs Indiens. Arrives au Para, le gouvernement bresilien mit le comble a ses bonles en mettant a ma disposition un batiment a vapeur qui me conduisita Cayenne. J'envoyai en France M. Deville et toutes nos collec- tions, et je me dirigeai vers le Nord sur un ])rick do guerre qui avail 6te specialement destine a eel effet. C'est ainsi que je \isitai successivement Surinam, Demerari, la Barbade, Sainle-Lucie et la Martinique. La je pris un bateau a vapeur anglais, qui me fit faire la lournee des Antilles et me conduisit a I'ile danoise de Saint-Tbomas , d'oii le magnifique batiment transat- lantiquc le Twcd me ramena en Angleterre. ( nil ) Cellc expedition a duri!: quatrc ans ct demi : elle aura pour resultats principaux de mieux faire connaitrc les parlies centrales de I'Ameriquo du Sud , alnsi que les productions de ces rej^ions. Les imracnses collections d'histoire nalurelle qui ont elc rccucillies durant le voyage ont 6te cxposies dans I'orangerie du Jardindes Plantcs, et I'Academie des Sciences est appel^e en ce moment a donner son avis sur leur interet scien- tifiqiie. Quant a nous, nous oublierons avec joie nos fati- gues et nos dangers, si nos travaux peuvent contribuer a etendre dans le nouveau monde linflucnce fran- ^aisc ; nos mceurs et noire religion nous y preparcnt un grand avenir, car ce continent recovra avec reconnais- sance le patronage de notre civilisation. Castelnau. { 3A5 ) LES ANTIQlJITtS AM^RICAINES AU POINT DE VUE DES PHOGRES DE LA GliOGRAPIlIi;, Par M. JOII/VRD. Ce n'ost que depuis peu d'annees que los antiquiles du Nouveau-Monde occupcnt sericusenicnt les hommes de science, meme au sein de la nation la plus instruite de ce continent. II y a environ un derai-siecle que les savants americains, europeens, alleinands , anglais, italiens et francais ont cnfin, comme a I'cnvi, tourne leurs regards de ce cote; de nombreux voyageurs ont visite el decrit ces vestiges antiques; plusieurs ont pu- blie leurs decouvertes. Les erudils ont rapproche , comment^ les recils, et ils ont essay e, quoique avec peu de succes, d'expliquer les monuments de I'an- cienne, ou plutot des anciennes civilisations de I'Ame- rique : on doit reconnaiire aujourd'hui que ces efforts ^taient prematures. En eilet, pendant longlcmps on n'a guere parlc que du Mexique et du Perou ; au nord , on n'avait pas ex- plore les regions plus boreales que le Mexique (1); ni au midi, la Nouvelle-Grenade et Venezuela; ni au centre, les cinq cents lieues qui s6parent le Mexique du golfe de Darien ; ct c'cst la qu'etaient caches les tr6- sors d'une ancienne ct etonnantc architecture. II y a plus : le Mexique lui-memc etail assczmal connu avant (i) (Vest-a-dire au nord du 4^'' parallele. Vni. NOVKMHRE ET miCEMBRE. 7, 23 ( 3Zi6 ) Alexandre de Iluinboklt, el Ics grandes mines des Za- catecas ne relalcnt pas du tout. Du c6l6 du Pcrou, Ion n'avait pas dcciit Cuzco, si riche en ancicns ouvrages de I'artperuvien, Depuis seulenicnt vlngt-cinq ans, sur un appel parli de lEiirope, on a recherche, decouvert et decrit plus de monuments el de ruincs qu'on n'en avail fail connaitre dans lout le temps qui a prec6d6. II ne se passe point, pour ainsi dire, une annee qu'on n'apporte en Angleterre, en France ou en Allemagne, d'anliques objets porlatifs, en or ou en pierres dures, figures, ornemcnts el sujets de loule espece ; ou hien les dessins des ancienncs constructions raonumenlales inapevcues jusqu'a ce jour. El comme on est hien loin encore d'avoir parcouru tons les lieux au nord ct au midi a partir de lAmcriquc centrale, et, dans chaque lieu, d'avoir vu , decrit et dessine loules les ruines ( ainsi qu'on doit le penser par I'abondance et la pro- fusion qu'il y en a dans les parties connues), n'esl-il pas prudcnl de suspendre toute conclusion syslema- tique sur rinlerprelalion des bas-reliefs americains (1)? Les fails nouveaux se mulliplienl sans interruption; chaque annee des ruines inconnues apparaissent aux yeux des voyageurs, assez liardis, assez perse\erants, pour penctrer au scin des forets et dans les lieux ecarles qu'habitent des peuplades demi-sauvagcs. On a vu , a la fin du dernier siecle , Th6bes d'Egyple en quelque .sorle exhumee ; apves \iut le lour da Persepolis, puis celui de Babylone et de Ninive; lAmerique anleco- (l) II a fallu plusicurs sicclcs J'otudcs aux aiuii^uaires pour inlrr- preter les anliqucs ilc la Gicce, les vases, les pointiires, les ini'dailics, les bas-reliefs, ct Ton av:iit le secours des textes classiques; encore, rombien d'explications rcsleiit coujeclurales ! Iti , aucuiie anlorite pour appuyer les explieo(jr. Soc , vol. XVII, p. 4° ^'t ^U'v. ( 359 ) expose les raisons sur lesquelles je fonde lopinion que le Godjeh et le Guihhe se reunissent pour former le cours superieur du Saubat (Sobat), ou Telfi des exp6- dillons egyptlennes. Selon M. d'Abbadie, c'etait d'a- bord lo Godjeb {\), mais maintcnant c'estle Guibbe (2), qui forme ]a tete de la brancbc principale du Babr- el-Abyad, L'examen plus attcnlif que j'ai ete amene a faire de la carte de M. d'Arnaud par I'objection dc M. d'Abbadie toucbant la longitude du Babr-el-Abjad dans celle carte, m'a olTert une explication probable de la meprise dans laquelle M. d'Abbadie parait etre lombe. On voit dans cetle carte une route marquee depuls Easo dans le Godjam jusqu'a Berry, passant ])ar lo Gouderon, lo Djima, le Gounia, I'Enarea, Rolla, KalTa, Bakko et Bakka-Kolla; et cetle route se ]Molonge de Berry, qui est une grande villo a marche, jusqu'a Bel- lenia sur le Babr-el-Abyad, par 5° lat. N. environ, Des notes de M. d'Arnaud (3) on pout raisonnablemenl inferer que jusqu'a Berry celte route n'est pas le re- suliat d'informations personnelles qu'il aurait prises a Belltinia , mais qu'elle lui avait ete fournie par M. Blondeel van Cuelebrook, que M. d'Arnaud rcn- contia a son retour au Sennar en 1842, et qui, avec M. Bell, venait d'y arriver du Godjam. En analysant la route d'apres cctte supposition lr(I;s fondec, nous pouvons admctire que M. Blondeel avait el6 informe dans le Godjam que la route de Baso passe (comniG cela est en efl'el) pros du Gouderon ou par le Gouderon meme, puis par lo Djimma, le Gouma (i) Biillflui dc la Societe, 3° serie, t. Ill, p. 3l3 et suiv. (?.) Athemcum, \\° io4l. (3) Bulletin (le la Societp, it' srrir, 1. XVIII, p. 379. ( 360 ) ct I'Enarea, ct cnlin par Kolla, c'est-a-tlirc par lo k'olla oil vallec du Godjel), « entre Yigga et Je desert de Kankalli (1) » jiisqu'a Kafl'a, Au-dela de Kaira, on fait passerla route par un lien on un pays appelo Bakko, puis par Bakka-Kolla, et de la a Berry. M. d'Abbadic, parlant dans une occasion precedente dc la carte do M. d'Arnaiul , dit (jLi'ii ny a pas de ville nomniee Bakko (2); mais dans une leltre recenle, inseree dans yjl/ienceiim (3), il admet, cc qui est important, que « le pays etendu silue a I'ouest du Baro est appcle Bago (Bako), et non Ouallega. » Voila done Ic Bakko de M. Blondcel; ct sa Bakka-Kolla est tout simjilement Ic k'oUa, ou vallee, de la rU'icre Bakha, — Bago ou Baca [h), — situec a Vouest de la riviere Baro, et, par une consequence necessaire, egcdement ties loin a I'vucst du Koffu. C'est done dans cctle direction, vers I'ouest el a ii/ie faille distance an siid du Kajfa , qu'il faut placer la grande riviere Godjeb , Ouma, Bago, Bako, Bakka, Baca, de quelquc nom enfin qu'on I'appelle, que traversent les caravanes qui vont aux tuarcbcs dc Berry, non seulemcnt venant de I'Enarea el du KafTa (5), mais aussi de Fadassi sur le Yabus (0), Si, au contraire, on mainlient la vallec (k'olla) du Bakka dans la po- sition que lui atlribuent ogalement ct la carte de M. d'Arnaud et celles de M. d'Abbadie publices dans (1) Bulletin de la Socield, 3° seiic, t. Ilf, p. 3 14. (2) Hiid,, p. i35. (3) N" 10/12, du 16 octoljic 1847. (4) Dans une lies carles dc M d'Abbadie ( Atliciuvum , u' 1042), le nom est edit Baca. (5) Bulletin de la Socicte, a' si'ric, t. XVIH, p. ^-jq. (G) //.If/., t. XIX, p. 95. ( »(^l ) VJtfievfeiini , il est t^vidcrit que ce lleuve ne pourrait etre Iraversf'' |);»r les routes (|ni vont do ces pays a Berry. I^e r^sullat senible concluant quant a ce tail que la riviere dont il s'agil n'est autre que le cours siip(^rieur du Saubat (Sobat), Talfi, Ta, Bahr-el-Mekadah ou riviere de Habesch des expeditions egyptiennes, riviere que M. Russegger a aussi connue sous le nom de Balir- el-Abyad (1). Si maintenant il est perinis de hasarder une conjec- ture sur I'origine de la m^prise de M. d'Abbadie au sujet de celte riviere, on peut supposer que cette in6- prise provient de ce qu'il aura considere qu'en con- duisant le Godjeb ( Uma ou Baka), loin de KafTa vers le Slid, de maniere a ce qu'elle rejoignit le Bahr-ei- Abyad au-dessus du point extreme atteint par la se- conde expedition egyptienne, il avait un guide sur dans M. d'Arnaud, qui. irnpres son obsen>ation person- itelle, aurait rencontre cette riviere a mi-chemin en remontant depuis le pays de Pulunch par h° lat. N., au lieu qu'en r^alite c'est seulement M. Blanrleel qu'il a siiivi dans sa determination hypolbetique du cours in- ferieur du Godjeb (Uma ou Baka), c'esl-a-dire seu- lement (les injormatioris amies obtenues dans le God jam. S'il reslait encore le moindre doute a cet ^gard , il suffirait pour le dissiper de se rappeler ce fait que ya liakka k'nila est une expression abyssine (amha- rique ) signifianl la bailee du Bakka, expression qui a dii naiurellement etre employee par coux de qui M. Blondeel recevait ses informations dans le Godjam, (l) /?<•/.«■ \n Enropa, /Isieii tiiid .tfrlha, t. II, a* partie, p. 88. Voy. aiissi Journal of iUp Hoyal (•i-o(/r. Soc. vol. XVII, p. /ft. VIM. .NOVrMURF, FT ntCKMBBK. 8. 2A ( 3(52 ) inais qu'il nest pas vraiseuiblable que M. d'Arnaud ait entendue dans la bouche d'aucun des habitants de la vallee du Bahr-el-Abyad. Croyer-moi, monsieur, elc. C.HABLES T. BeKE. BE LA DETERMINATION DES COTES SEPTENTRIONALES DE LA SIBERIE Par MM. de WBANOELI. ft ANJOl'. 1821 — 1823. Coiiiniiinique par \I. le prince Emm\M'RL Galitzis, de Saint- Prtcr.shour{^, menibre corrpspondant de la Societe. Le resultat le plus frappant des expeditions accom- plies avec tant d'energie par MM. de Wrangell et Anjou dans le nord de la Siberie, est sans contredit la deter- mination definitive de la longue etendue de cotes qui s'etend de I'embouchure de I'Olenek, vers Test, jus- qu'aupres du detroit de Behring, dans une (!"tendue totale dc plus de 60 degres de hmgitude, II y a inrii^rt- sept ans seulement que la g^ographie de cetle partie du globe demeurait encore inexplor^e. Alalgre les efforts 6claires du gouvernement de rimp^ratrice Anne pour niettre un terme aux tenebres repandues sur ces regions, aucun rosultat n'avait ^le obtenu qui flit propre a satisfaire aux justes exigences de la science : c'est au regne de Tempenur Alexandre qu'apparlient riionncMH- 'In lAsultat. L'liistoiio des giandes entre- ( 363 ) prises dans le domaine de la geogi-aphie I'a consigne dans ses annaies, «'t elle a inarqut; une place brillante aux hoinmes courageux qui se sont acqiiittes avec une si noble abnegation de la penible et laborieuse taclie que la confiance du gouvernement leur avail confine. II siiflit de lire la relation de M. de Wrangell, dont nous avons donn^ une traduction francaise en ISiS, pour connaitre les privations sans nombre que les voyageurs eurent a supporter dans un climat horrible, au sein de plaines de neige heriss^es de rocbers de glace, bien souvent forces de bivouaquer sans feu par un froid de Irente degr^s. Non seulement M. de Wrangell et ses compa- gnons eurent a supporter lo froid le plus apre , )e manque de feu, d'abri, de nourriture; ils furent en outre exposes plus d'une fois aux plus grands dangers. Ils coururont le risque de disparaUre sous la glace, qui s'effondrait au passage des Iraineaux, et ils finirent rneme par etre emportes a la merci des flots de I'o- cean Glacial le jour ou la plaine glacee sur laquelle ils voyageaient se rompit autour d'eux. II est a presumer que les difTicultes que M. Anjou (actuellement contre- amiral ) aura eu a supporter n'auront gu^re ile moin- dres; par malbeur, I'bistoire de sa relation n'a point encore vu le jour : il est, dit-on, question de I'impri- mer. Toulefois les relevements astronoiniques de ce dernier voyageur sont acquis a la science, et ce sont ces relevements, joints a ceux de IVl. de Wrangell, qui ont servi conjointement de donnees au trace definilif des cotes septentrionalos de la Russie asiatique. La relation de M. le baron de Wrangell ayant ele rommnniquce par moi aux lecteiu's francais, il ne me resterait rien ;'i v ajoulor aujourd'hui. si je n'avais de- convert dernieremenl, dans iin recueil de ilocumonis piihlii: en 1824 par ramiraule dc Sa'mt-Pt^tersbourg, une notice int^ressante de rastronomc Schubert. Cetle piece, qui presente le Com ptc- Rendu de I'examen que ce savant avail ete charge de faire des Cahiers astro- nomiques rediges pendant le voyage par les deux explo- rateurs, est propre a en faire ressorlir la haute valeur, et a confirnier I'exactilude du trace actuel de la cote sib^rienne. J'ai pense que la Soci6te de Geographic de Paris ne se niontrerait pas indifferente a la com- munication de cette notice, el c'est ce qui m'a engagd a la traduire rlu russe : la voici reproduile textuelle- -ment. •Opinion exprimee en J82Zi par M. Schubert, membre ho- noraire du dcpartenient de l\iniiraute , sur les opera- tions astrononiicptes faites pendant deux expeditions aux cotes scptentriounles de la Siberie par MM. les lieutenants de marine de Wrangell et Anjou. « Le d^partemenl imperial de I'amiraute m'ayant charge de lui faire connaitre mon opinion sur les ob- servations faites en Siberie par MM. de Wrangell et Anjou en 1821, 1822 el 1823, j'ai souniis leurs Cahiers astronomiques a I'examen altentif qu'ils meritenl a lant d'egards, examen dont je consigne ici le r<^sullal. Cahidrs de M. de JVransell. » Le nombre de points determines lant en latitude qu'en longitude par eel ofiicier est de 110 : ils out donne lieu a la serie d 'observations qui suit : 1° Pour la determination du tiMups \rai el de la marche des ohronom^lrcs , ( ?^ih ) 3^0 luiuleias siui|)les dii suleil , 'I'l luuiteuis d'e' toiles, G hauteurs ile Salurno, et 135 hauteurs corres- pondantes doubles du soleil ; 2° Pour les determinations en latitude, 145 hauteurs meridiennes du soleil , 8 hauteurs d.e la lune, et 1 hauteur d'6toile; 3° Pour les determinations en longitude , 465 distances de la lune au soleil, 17 distances des etoiles, et 3^cli|>ses des satellites de Jujiiter. » En outre, la d^clinaison de I'aiguille a donnti lieu a 165 observations d'azimuts du soleil, et son incli- naison a 6 observations. Cahiers de M^ Atijou. )) Ce voyageur a determine la longitude et la latitude de 65 points, au moyen des observations suivantes : 1" Pour la determination du temps, 276 hauteurs simples du soleil, 110 hauteurs d'c- toiles, et 4 hauteurs doubles correspondantes du so- leil; 2" Pour les determinations en latitude, 59 hauteurs m(!!ridlennes du soleil et 3 hauteurs do Mars; 3" Pour les determinations en longitude , 35/i distances de la lune au soleil, 113 des etoiles, 49 de Salurne, et 23 de Mars. » La comparaison des intervalies de temps avec les differences des hauteurs ou des distances lunaires m'a demontr6 que les observations de I'un et de I'autre voyageur sont aussi exactes qu'il est possible de les laire a I'aide des instruments dont ils disposaient (1). (i) Voici la lisle des priiicipaux in.'.lruiiK'iil.N nils a la disposition d.' rexpedilioii ile la Kolima : J scxtanis, 3 horizons aiillicieU an ( 366 ) Mus par le desir de rendre les r^sultats de leurs obser- vations aussi exacts que possible, ils ont eu recours a loute espece de precaution, el n'ont n^gligf^ aucun genre de correction : on peut citer parmi ces derni^res des corrections de refraction par le moyen du ibermo- nietre et du baromotre , cc qui est indispensable sous d'aussi bautes latitudes. )i J'ai soumis a des verifications rigoureuses un nombre considerable d'observations, et n'ai decouvert aucune erreur grave, trouvant presque toujours reva- luation des longitudes et des latitudes seconde pour se- conde. Habituellement il existe une difference marquee entre I'expression des distances lunaires orientales et occidentales ; inais, dans les observations faites par ces messieurs, la difference est presque nulle ; en voici un exemple frappant. Si Ton compare les observations qu'a faites M. de Wrangell en 1821, du 15 mai au 10 juin (v, s.), on trouve que les distances orientales donnent, pour la longitude de Nijne-Kolimsk, 10'' Z|3' 15", tandis que les distances occidentales donnent 10'' A3' hh". En general , les distances lunaires qu'il a ob- servees donnent pour la longitude des rdsultats telle- ment satisfaisants, qu'entre les observations extremes et I'observation moyenne la difference atteint rarement une minute. » Je pense d'ailieurs que Ton ne saurait Irop ac- corder d'eloges a la fermete , a i'activite, au soin , a I'babilete et aux connaissances d^ploy^es par ces deux ofliciers; el Ion est d'autant plus porte a leur rendre ■nercuie, i sextint de porhe, une boussole pour mesurer les azimuls, 3 boussoles d'.irpeiit('ur, 3 thermometres au inercure, 3 thermomplrei« a raltoni, 7. haiomplrrs portalif>, 1 at^nillr H'ln^llnal^on, et a ainianl.'- arlifiriels. cclte juslicc, que leurs voyages, et principal(Miienl celui de M. cle WrangcU , surpassenl en diiliculles de toute sorte, en fatigues et en dangers, ce qui s'^tait vu jusqu'a ce jour. •» SCENES DE LA VIE SIBERIENNE. HECHE DE LOMOILE DANS LA SELENGA. Traduit du russe et communique par Ic mcmr. Parnii les diverses espfeces de poissous qui, peuplant tes eaux du Baikal, donnent lieu a une Industrie lucra- tive pour les populations avoisinantes, et fournissent une nourriture substantielle aux habitants des districts ^loignes ou I'agriculture est nuUe , I'omoule merite, par i'importance de sa peche, une mention particu- liere. Gette vari6l6 de la truile, a laquelle Pallas a donn^ le nom de Sahno autiunnalis, a une tete effil6e de forme conique, la machoire inferieure debordant celle de dessus, et I'iris d'un jaune pale; elle est d^- pourvue des dents que possedent les autres poissons du genre : cliez elle, 1 'orifice des branchies est spa- cieux; le tronc est fourni et un peu comprime sur les c6t6s; le dos est 6pais, de couleur bleu fonc6 et taill6 en gouttiere ; la ligne lalerale est droile, tachetee de points noirs; les flancs sont blanchatres, etles ticailles sont menues. Ce poisson a de 6 a 10 veichoks ( le verchok equivaut a h" ",i/i) de longueur; son poids depasse 3 livres. On assure que les indlvidus pris dans le voisinage des coles de I'ocean Glacial, ou bien dans la partie superieure du lenisei , dillerenl de ceux qui ( 368 ) proviennent n raison dcs iliniensions qu<' de la disposilion variee des nageoires. Dans les derniers jours du mois de juillet ou au coiimienccment du mois d'aout, les omoulcs aban- donnent le Baikal, et, passant a travers les embou- chures des rivieres qui y vcrsent leurs eaux, mais plus particuliiirement par I'embouchure de la vaste S6lenga, ils en remontent le couraiit , a la recherche d'eaux inoins froides, pour y deposer leur frai. Quoique ce soil alors Tepoque des grands travaux, lellement peni- bles pour les riverains qu'ils lui ont donne le nom de saisoH des sou/J'rances ( stradnoie- vremia ) , les villages isitu^s sur les bords de la Selenga se d^peuplent de leurs habitants, qu'appelle le moment favorable pour la peche. Ilommes, femmes et enfants, se meltent en marche ; de lourds bateaux apparaissent vcnant d'lr- koutsk, el des centaines d'embarcations , chargees de tonnes vides destinees a recevoir le produit de la peche, descendent de la partie superieure de la Selenga. Plu- sieurs villages, places au bord du courant, servent de points de reunion. Je ne vous parlerai que des opera- lions de la peche aupr^s du village de Tchertovkina, celle des stations qui est le plus rapproch(^e de I'em- bouchure de la Selenga , a 12 verstes du Baikal. Les habitants du village, avant que les visiteurs n'arrivent, vont s'etablir sur des bateaux amarr^s pr6s du rivage, tant pour y guelter I'approche du poisson que pour laisser I'espace libre aux arrivants. L'^poque ou I'omoule apparait n'6tant pas parfaitement deter- minee, celte population continue fort souvent a habi- ter sur I'eau pendant un mois et meme plus. Durant ce lemps, barques et marchands arrivent de tous coles, «t le village se translorme en un bourg conimerganl. ( 369 ! Les rangces de bouliqucs de sun bazar, qui est une conslruclion a demeure en bois, ainsi que boii noinljio de hultes treillag^es, s'emplissent de niarchandisos de loute esp^ce. Trois bras, qui ont leur point de depart a 30 versles du Baikal, tormenl rembouchure de la Selenga. be poisson clioisissant toujours de prel'^rence le couraiil le plus profond, et le iond des Irois bras 6lant d'ail- leurs sablonneux, c'est-a-dire sujet a varier de profoii- deur, il en resulte que ce n'est jamais par les trois bras a la fois que les onioules p^netrentdans la riviere, mais par celui qui leur offre une eau suffisaininent profonde. lis ne parcourent pas, dans leurmarcbe, au-dela de 20 verstes par jour; circonstance qui perniet aux pecheurs, lorsque le cas I'exige, de se mettre a la poursuile du banc : ceci a lieu toules les fois que, par defaut d'attention sulfisanle, ils ont manque le mo- ment oil le poisson franchit le point ou les pecheurs ont dispose leurs filets. Afin d'eviter autant que pos- sible de laisser echapper une aussi riclie proie , oes gens ne cessent d'aller et venir entre un Inas et I'autre, pour s'assurer dans chacun d'eux, au moyen d'un petit lilet destin6 a ces essais , si le poisson commence a y passer. Divers indices annoncent la prochaine apparition des omoules; en voici deux remarquables. Par exem- ple, des I'instant oil les petits filets destines aux essais ameiient beaucoup de kariouzes {Salmo ihy- mullns), ou bien sitot que des voltes nombreuses de cormorans ou de mouettes se metlent a planer au- dessus de i'eau , on en conclut que le banc d'omoules est arrive. Les kariouzes s'avancenl en bandes au-de- vanl des omoules, donl ils I'urmcnt Tavanl-garde . { 370 ) landis que lis oiseaux pecljeurs les suivenl pour loiulre sur eux et en faire leur palure. C'est d'ordinaire iorsque le temps est sombre et fixe a !a pluie quo le poisson se met en route; c'est la un fait tellement connu parmi les gens du pays, qu'ils donnent au maiivais temps If nom de temps mix nnionles ( oinoulevaia-pogoda ). D^s rinstant qu'il a et6 reconnu a des signes certains que les omoules apparaisserit en phalanges noni- breuses, un tableau des plus animus se deploie aux regards de I'observateur. En un clin d'ceil, les pecheurs, reunis au quartier general, se dispersent de tous cotes pour courir a leurs fdets. Le large fleuve se couvre de batelets agiles , qui se crolsent dans tous les sens, et vont d'un bras du fleuve a I'autre porter des nouvelles sur la marche que suivenl les omoules. Ceci se pro- longe pendant le jour; d^s que la nuit a parn , bar- ques et bateaux allument des lanternes revfitues de papior de diverses couleurs, qui, vues a distance, produisonl un coup d'ceil agr^abie. Le cliarme du ta- bleau est encore accru par I'elTet de la r^llexion de ces mille feux dans le miroir du fleuve. L'activit^ du jour se prolonge encore pendant la nuit : on voit alors se former des groupes nombreux, qui se livrent a des cntretiens anim(^s ; questions et riponses s'y succfedent coup sur coup, ettoutesse rapportent au puissant motif d'interSt qui tient les esprils en suspens : la pecbe !... Cependant le jour a paru, et les bateaux st; remeltent en route : les uns transportent des pficheurs; les au- tres, lourdement charges, portent le produit de la pficlie au rivage. lei, le tableau est dilFerent, mais non moins piltoresque : on y aper^oit des acheteurs, venus d'Irkoutsk, courir a la rencontre des p^cbeurs qui >iennent de descendre a terre, leur transmettre avec ( 371 ) volubilite des oflVes d'acliat, s'efl'urcant a qui mieux mieux de parvenir les premiers aupres des vendeurs de poisson : chacun pretend se faire livrer de prefe- rence la cargaison d'omoiiles. Plus loin , ce sont des groupes nombreux de femmes et d'enfants occupes a laver, a saler et a serrer le poisson dans des tonneaux. Des ventes de diverses marchandises s'operent aussi et en meme temps dans le village. Line foule d'acheteurs, russes et bouriales, circulent dans les paleries du bazar et a I'enlour des liuttes, transformees en magasins. Beaucoup de gens qui n'avaient pas le sou la veille se Irouvent en cet instant pourvus d'argent, qui provient des ventes de poisson qu'ils ont deja faites, et ils en profitenl pour s'approvisionner, sans retard, des divers objels nt^cessaires a leur menage. La, tous les visages expriment I'animation et le contentement ; la rumeur est grande , et Fair retenlit conlinuellement de cla- meurs joyeuses. Un tableau tout different apparait aux regards dans les annt^es ou la peclie est mauvaise : alors plus de joie, de chansons, d'entrctiens animes !... mais raballement se peint sur toules les physiono- raies, le silence r6gne de toutes parts, et les eaux de la Selenga ne sont plus sillonnees que par quelques rares bateaux. Dans I'int^ret des populations riveraines, et pour ^carter tout sujet de trouble capable de noire au succes des operations de la pecbe , I'autorite locale a soin de prendre quelques mesures de police. C'est ainsi qn'une limite fixe a ete placee, sur les deux rives du fleuve, a une distance de 10 versles du village, limite au-dela de laquelle la peche est strictcmenl inlerdite. Cette niesure a ete adoptee parce qu'une longue expe- rience a fait reconnaltre quo [>our pru que Ion effa- ( 372 ) rouclie ie poisson au inoineiil oil il coiuiiKMice a re^ uionter le courant, il InttMTompt sa inarclie, e!, laisanl voile-face, rentre dans le Baikal. Cost aussi dans un> interfit d'ordre que les pecheurs presents au village sont divises en trois principales troupes, suhdivis^es cliacune en nn nombre plus ou inoins grand de bandes, dont le cbiirre atleint lre(juenunonl a cent. Les lilels dont on fait usage sont fort longs : 200 sagenes est une longueur qui n'est point extraordinaire. Avant que la p6che ne commence, un Inspecteur de la police ru- rale se rend dans le village pour tout organiser et dis- tribuer aux diverses bandes de pecheurs des permis. de peche num^rotes, specifiant le chef dc la J)ande ,. ainsi que le nombre et la dimension des fdets. Le nu- mero premier joull de I'avantage d'aller s'c'tablir a la liraite meme de I'espace reserve; les autres numeros. s'echelonnent successi\emeut b la»suite du premier. A une epoque d^yci eloignee, ou le poisson donnait plus abondamment que de nos jours, chaque station de peche rendait dans la journee jusqu'a cent lonneaux d'omoulcs; mais actuellemeut vingt tonneaux est le maximum. Dans r^tat actuel des choses, le produit total de la peche s'^leve a environ 7,700 tonneaux de poisson (pour les diverses pecheries de la Selenga); chaque tonneau renfermant pr^s de 1,;^00 poissons, il en re- sulle, pour les 7,700 tonneaux, un total dc 10 millions d'onioules. Enfin , chaque tonneau valant 50 fr. , on voit que le |)roduit de cetle peche represente une va- leur de AOO.OOO fr. Quoique , comme nous venons de le remarqucr, le nombre des poissons ait tliniinuc, il arrive souvenl (lu'a I'epoqui; du passage du banc d o- moules les bateliers (jui Iraversenl le fleuve , en rele- ( -"^/'^ ) vant la rame , enlevenl un de cos poissons, qu'ils lan- cenl hors de I'eau. Les omoules accomplissent regulieremenl cliaque annee leur voyage en amont du fleuve; la peclie serait toujours favorable si des circonstances particuli^res no venalent en troubler le succ^s. Quelquefois c'est pen- dant la nuit qu'a lieu ie passage du banc d'omoules, qui, par ce moyen, inettent en defaut toute la sagacile et I'experience des pecheurs. line crue subite peut etre cause que les omoules se dispersent et penetrent a la fois dans les divers bras et canaux d'ecoulement que le tleuve forme pres de son emboucbure. La profon- deur variable du fond de la riviere, variation que Ton ne peut qu'imparfaitement apprecier, est souvenlcause que le poisson se dirige par un cliemin tout h fait hors de ses habitudes, de maniere a deranger tous les cal- culs des pecheurs vieillis dans le metier. Tout le poisson provenant de la perhe est immedia- tement transporte dans le village de Tchertovkaia. Des qu'il y arrive, les fenimes s'en emparent pourle laver d'abord, apres quoi elles le deposent par rangees dans des tonneaux , en ayanl soin de V( rser sur chaque rangee une quanlite sufTisante de saumure. Au reste , les proctides de la salaison sont encore tr^s imparfails, et s«us ce rapport de grands progres restent a acconi- plir. line des principales causes qui abregent parfois la duree de la conservation du poisson sale dans le pays est particuliere et m^rite d'etre rapporlee. On a ob- serve que toutes les fois que le desordre s'est mis parmi les pecheurs, el qu'ils se sont precipit^s brus- quement et avec des clameurs dans leurs bateaux pour s'en aliei' jelor le fdet, an risrpie d'effarouchcrlo ( s-zi ) poisson , les oinoules sont descendus au fond de I'eaii ot sonl all^s clierclier une retiaile dans les nombiouses cavil(^s que lenreiine le lit de la riviere. Lne fois qu'ils V sont entres, ils y demeurent pendant plusieurs jours, el ce n'est qu'apres ce laps de temps qu'il devicnt pos- sible de les prendre, Mais ce long sc^jour dans de pa- reilles cavites, ainsi que rimuiobilitd oil ils sont restt^s si longtemps, a sufli pour donner lieu au d^tfeloppe- raent de certains vers d'une esp^ce parliculi^re , qui prennent toujours naissance dans la partie inferieure des branchies. Ce commencement de corruption s'ac- croit rapidement apres que le poisson a ete retir6 de I'eau, et la salaison ne relarde que pour peu de temps une decomposition complete. L'omoule, apres avoir ete sal6 et serr6 dans des ton- neaux, est ensuile transporte dans les diverses parties de I'immense gouverneinent d'Irkoutsk, qui, comme on sail, renferme une superlicie d'environ 24,000 milles geograpliiques carr^s. Dans les districts les plus 6loi- gn^s, il forme la base principals des moyens de sub- sistance des habitants. Soumis dans des chaudiferes a Taction de la chaleur, ce poisson laisse ^couler une huile que Ton emploie a un Ires grand nombre d'u- sages diirerents, et dont la venle est I'objet d'un com- merce de quelque valeur. Les riverains de la Selenga la mulangenl aux couleurs donl ils ont I'liabitude de decorcr les toits de leurs habitations et leurs cloisons de cloture. Elle convient, et meme est tres employee, pour r^clairage. Knfin, les Siberiens ne dedaignent pas de s'en servir pour I'usage de leur cuisine en ma- ni^re d'assaisonnemenl. Les operations de la peche que nous venons de de- crire dans le village de Tchertovskaia ont egalemenl ( 375 ) lieu dans plusieurs aulres t^tablissemenls disseniines le long cics bords de la Selenga, surle vaste espace qui s'etend du c6t6 du sud jusque dans les environs de Riakhta. II est certain que roinoule remonte ce fleuve a una distance qui d^passe 500 verstes, car ce poisson penelre dans la partie de la Selenga qui traverse le territoire chinois. Arrive au terine d'un aussi long voyage, I'omoule depose son Trai : ceci fail, ses forces paraissent I'abandonner, et, cedant au courant, il se kisse entrainer par lui , dans un etal de somnolence , jusque dans le Baikal. Mais la Selenga n\st pas le seul des Iributaires du Baikal que I'omoule ait I'habitudc de reraonter; plu- sieurs autres rivieres qui y debouchent sont dans le meme cas, el nous cilerons parmi elles la haute Angara et la Baigoumin. Les omoules que Ion peche une fois par an dans chacune de ces rivieres different sufTi- samment entre eux par la taille pour constituer des genres differents, Ir^s reconnaissables pour un ceil exerce. II n'y a point d'exemple, au dire des pe- cheurs du pays, que le genre qui frequente les eaux de la Selenga se soil jamais fourvoye dans celles de I'Angara , et 7jice vevnd. ( 37« ) KXTRAIT D'UN MKMOIKK SLR LA LAZIQLE DE PllOCOPE. Ill a In Siicii'tP dp fji-ogrnpliie (Ltiis la spaiice dii 4 j'li" '^i' P;ir M. V1VIE!\ DE S-\I1VT-M \RT1IW. Lcs anciens n'avaient pas, commo nous, de voyageiirs curieux qui niissenl a profit Ips rapports, dftvenus plus faciles d'htat a btat, pour aller 6tudier, d apres Ls niate- riaux nicmes que vienl de publier M. Drosset ( voir la Preface de ce tieinler, p. ij et suiv.), cette carte, disons-nous, niarquait le pays de Tcbancllii, <|ui y est ccrit Ischatieli, dans la nienie silualiuii ^1 I'nrient de Trebi/.ondc : et cclte indication avail ele reproduite pai d'Aiivillc snr ses c irtes ( ."^^i) ) de Djanik, qui ii'esl qii'iinc autre lorme du meme ethnique, s'est pi'opagee parnii les Turks du nord de de I'Asie-Mineure, qui seulement I'ont eteiidue beau- conp plus loin vers I'ouest le long de la cote, jusqu'aux environs de Samsoun (1). ^ L'historien, dans iin autre de ses ouvrages (2), donne sur les Tzanes des details assez etendus. Indepen- dents de toute antiquite, et n'etant pas meme soumis a un roi , ils vivaieiit a la maniere des lielcs sauvages. lis ne rendaient de culte qu'aux arbres, aux oiseaux et aux clioses de la nature. Cos! ce que Ton rapporle, meme de nos jours, de beaucoup de tribus conlinces dans les hautes valines caucasiennes. Ne quiltant ])as leurs montagnes couvertes d'epaisses forets, comple- tement etrangers a la culture de la lerre, et sans com- merce avec leurs voisins, ils ne subsistaicnl qu(! de vols et de brigandages. Entoures de neiges porpeluellcs et d'elernels frimas, vivant sous la rude etreinte d'un cli- mat sans etes, et foulant un sol pierreux dont le soleil ne venait jamais amollir la surface desolee, leurs col- lines memes elaient sans verdure et leurs arbres sans fruits. Ils avaient cependant parfois reconnu I'autoril^ romaine ; mais c'etait une ob(^issance toujours pre- caire. Cependant, sous le r^gne de Justinien, c'est-a- dire du temps meme de Procope (3], on parvint a les dompter d'une maniere plus durable en abattant une partie des forets qui leur servaient de repaires, en per- ^ant des routes a travers leur pays, el en conslruisant ou en reparant un certain nombre de chateaux dans (1) Voyi'Z notie Description ile I'/tsie- Miiicini- niodi'rtie , i846, p. 44;). (2) Pc yEclificiis, 111), ill, i:. 6; .IJJ. Hell. Feis., i, i5. (3) Kn I'annee SaS. ( 380 ) les silualions principalcs (1). Procope en noinmo scpl, dont il indlquc les posilions relatives; inais, dans I'etat acluel dc nos connaissances lopograpliiques sur ces vallees sauvages, on es^nierail vainemcnt d'assigncr a ces posilions sur la curie moderne un <'inplacemenl precis et des synonymies. Dans le meme temps, le christianisme tut porle cliez les Tzanes , nouveau moyen dadoucir leurs mceurs farouches el de les maintenir dans la soumission. Au fond de la vallee alpestrc el boisee que les mon- tagnes des Tzanes separent du pays littoral coule un fleuve rapide auquel les indigenes donnont le nom de Bons; pres de la mcr, ce lleuve change de nom, et c'est sous la denomination nouvelle (VAcanipsis qu'il debouche dans I'Euxin, — denomination, dit Procope, qu'il doit a Tabsence de sinuosites ( &y.oi,u\|;l;) de son cours interieur. Cct Acampsis ne dilR're pas de V Jb- saros des anciens auteurs , et Arrien nous montre une place de ce dernier nom a quinze slades de son embouchure, c'est-a-dire a un pcu plus d'une demi- licuc do nos mcsures actuelles. C'osl le Tchorokh ou riviere de Sber de la geographic georgienne ; le nom meme de Sber, dont It:? Turks ont fail Spir, se recon- nail sans peine dans celui d'Absar-os, qui ne differe de la denomination indigene que par une simple trans- position de lettre ( pour Asbar-os ). Quant au terme de Boos, ce n'est auire chose que I'appellation com- mune de Phase, deriv^e d'un mot (/vv) qui signifie riviere, et qui s'est originairement appliquec non seu- lement au fleuve celebre de la Colchide , mais aussi a I'Araxe superieur et a d'autres rivieres de cette region. (l) I'rocop . Htil. I'lis.. t. I."); I>c .1'','lifi>\, ill, (> ( :^8i ) La domination direcle des Roniains sur le pays lit- toral, a Test de Trebizonde , ne s'^tendail guere que jusqu'a RhizcEiim ( le Rizch dc nos cartes modernes). Non loin de la commencait le terriloire d'une popu- lation libre comprise enlre les Romains et les Lazes; c'est dans cet intervalle que Ton trouvait les villes d^Athence, d'ArkJuibis, d'Absaros, et plusieurs aulres lieux notes par les anciens periples (1), On y men- tionne notamment une place de Theodorias, dont la position est inconnue (2). La frontiere de ce que du temps de Procope on nommait specialement la Lazique ne commencait qu'au-delu de I'Acampsis. L'hislorien insisle expres- sement sur la distinction des Tzanes et des Lazes, que d'autres auteurs avaient confondus (3); ce dernier peuple occupait la contrde que les anciens avaient nommee la Colchide. Le Phase traversait la Lazique; mais le pays situ6 a la gauche ou au sud de ce fleuve n'6tait guere qu'une vaste solitude oil ne s'elevait aucune place notable, a I'exception de Petra, ville fortifiee que I'empereur Jus- tinien , peu de temps avant I'epoque ou Procope ecri- vait, y avail batie au bord meme de la mer, sur I'em- placement d'une bourgade auparavant insignifiante. Des rochers escarpt^'S, qui, du cole de la tcrre, n'y laissaient acces que par une gorge etroite, lui avaient valu son nora ('j). Potra existait encore au x* siecle, et (i) Piocop., Bill. Goth., lil). i\, c. •■>; /?«'//. Peru., il, 29. (a) A;;atliias, lil). v, p. i44? d- I^e<;. (3) Piorop., Bell. Goth., iv, 1. (4) IJ., r. J er l3; fkll. Hers.. 11, 1 7 et 09; 0>- .itdifii: . Ill, 7. ( 382 ) peul-^tre mfime deux ou trois slides plus tard , car elle est mentionnee dans une liste des sieges 6pisco- paux de rempire grec , coinmunemcnt imprirnee d la suite des oeuvres de Conslanlin Porphyrogencle (1). Un voyageur recent croyait en avoir relrouve le site dans des mines situ6es entre Osourgheli et la mer, dans le Gouria meridional (2); mais les quaire lieues d'intervalle qui separent ccs luines de la cole sent absoluinent contraires a celle supposition. Un examen plus attenlif qu'on ne la fait jusqu'a present de la partie du littoral comprise entre Baloum et Poti per- mellra peut-etre sinon de retrouver les resles memes de la vilie, du moins d'en reconnaitre remplacemenl si clairement decrit par I'auteur grec (3) . C'^tait au nord du Phase, c'est a-dire dans le pays que les anciens Grecs avaient autrefois proprement d^sign^ sous le nom de Colchide , que se Irouvaient toutes les villes de la Lazique, Archceopolis, Ap;^aioiroXtf , y occupait alors le premier rang par la grandeur et I'importance. Son nom grec, qui signifie la vieille mile, indique I'aneiennete de sa fondation; mais Procope, ni aucun autre ancien, ne nous apprend quel nom anl^rieur elle avail pu porter. M. Dubois, qui a explore le pays en archeologuo autant qu'en naturaliste, a cru pouvoir, sur des raisons qui paraissent fondles, I'iden- (i) De Cerimon. Aul. Byzanl., edit. Beg., p. 458. (2 Dubois de Muiitjjt-reux, f'oya^eautourrfu Cawcase, t. II, p. io4; ett.JH, p 87. (3) Le docteur Karl Koch, dans son premier voyage au Caucase ( flt'ise nach dem kaukasischen Isthmus, t. I, p. 227 ), avail deja releve la siiigulierc crreiir de M. Dubois; mais M. Koch lui-m^me se trompe en avaiicant i|U(; Petra n'etait qu'un chateau fort et non pas une ville. Procope (Dt /Edif.) dit formellemeiit le conlraire. ( 383 ) tilier avcc lo site moderne de l\akalak('i'i. II y croit re- connaitre aussi, mais sur des raisons peu solides, I'an- tiqiie ^Ea, dont la silualion n'esl que Ires conlusement indiquee par les texles aiiciens (1). Koutatisinn, autre ville que les Grecs des temps ant^rieurs nomnialent Kotini'on [Coticeum dans la transcription latine), et les plus anciens poetes Kuta'ia, ne le c^dait pas en anti- quil6 a /Ea ; comme celle-ci, elle se rattachait aux plus vieilles traditions poetiques de I'expedition des Argo- nautcs. Ni son nom ni sa position ne sont changes : Kouthathis, sur la gauche du Rioni, est encore la capi- tale de I'lmerdsthi; et c'est par un adouclssement de prononciation tout a fait analogue a celui des Grecs que nos cartes europeennes ^crivent Contais. Apr^s ces deux cites celebres, les principales du pays 6taient Rhodopolis et Mokhoresis. Rhodnpolis (la ville des roses ) est 6videmment la traduction grecque d'un nom indigene. Plusieurs lieux de I'lmerethi por- tent en ed'el des noms oii le terme georgien inird (rose) entre comme element de composition. La plus notable de ces localites est Vai'-tsikhe (la citadelle des roses), que M. Dubois idenlifie avec la Rhodopulis de Procope(2). Mais ce rapprochement est evidemment impossible, car lihodopalis . comme toutes les antres villes de la Lazique, 6tait au nord du Phase, et les (i) Pioco))., Bell Goth., IV, i3 et i4; Bell. Pers., ii, 29; Dubois de Monlpereux, Foyaye autour du Caucase , l. Ill, p. 5i et suiv. Comp. Wackhoucht, Descrlpt. de la Geonjie, p. 397. Nous ecrivons Nakalakevi avec I'auteur {{(-oij^ien, ct non Nakolahcvi aver le voya- geur. ( 2) Dubois de Montpereux, voyaj^e cite, t. II, p. 220. Comp. Brosset, dans le Bulletin ncientifique de I'Arnd. de Snint-Pi^tertlxnirij. I . VI , col. i56. riiiiics til! \ ar-tsikli(; sont a la gaucLo, on an siul du ileuve. De plus, \ar-tsiklie csl an sommel tl'uno hau- teur, et Riiodopolis elait siluee dans la plaine. 11 iaul done en chercluM' le sile sur un auire point. La con- jecture du docleur Koch , qui le placeralt a Tzikh6- Darbazi , entre Koutliais et Var-tslkhe , n'ost pas sans quelque probahilite (1); mais ce n'est qu'une simple conjecture qui no sappulc sur aucun fail direct. Mo/iuresis ou Moukheiresis donnait son nom u un canton particulier, le plus fertile el le mieux peuple de loute la Lazique (2). C'est ce que Ton peut dire aujourd'hui encore du district de Pake (3), qui s'etend a I'ouest de Kothalhis jusqu'au Tkhenis-lsqali, dans la posilion menie que plusieurs indications assignent au territoire de Moukheiresis. Ce dernier nom, sous ses formes georgiennes de Mlsqeris, Mt(jouris , Mou- khar, etc., qui toutes font allusion a des plantations de chSnes , est frequent dans le Karlveli et dans i'lm^- I'ethi. II y a encore aujourd'hui une ville {.\g iMunk/iaoitr a environ hull de nos licues communes dans Test de Kothalhis; mais la situation dela Mouk/iei'resis do Vio- cope, a une journee seulemenl d'Arnli^opolis, dans la plaine fertile qu'arrose le Rioni, ne permet pas de se porter si loin vers la frontiere orientale de la province. Une place du nom de Moukhour, que nous trouvons indiquee sur la droite du Rioni, un peu au-dessous du confluent de T6khouri et a 7 ou 8 lieues de Naka- lakd'vi, nous parall repondre complitement, indepen- damment de I'idenlile dcs noms, a loules les conditions (1) Rehe nack dem kaukasischem Jstlimu%, t. J, p. l83. (2) I'locop., Bfll. GotI,., IV, i4; Bell. Ptrs., II, ag. Comp. A{]atLias, lib. II, p. 56, edit, tie I'nris. (3) Dubois dp Montpr-reus, t. III. p. i[i-j. ( :vs5 ) (lonnues par les Indiculioiistle Procopo el d'Agalhias (1) pour remplaccmenl tie Moukheircsis. Nous ne pouvons done souscrire au sentiment de M. Dubois de Monlpe- reux, qui a cru retrouver Mouklieiresis dans un site Leaucoup plus iapprocli6 de Kollialhis, el ou il y a de belles mines connues dans le pap sous le double noni de Tzikhe-Darbazi et do Tainara-tzikhe (2). Nous re- connailrions plus volonliers dans ce site de Darbazi, nous I'avons deja dit, reinplacemenl de Rliodopolis. On menlionne encore d'autres places loiles dans I'inlerieur de la Lazique. Les plus frequemment cilees, parce que leur position leur assignail un role eminent dans riiistoire des guerres locales, sont Skanda et Sa- nipanis (3). Toules deux existent encore sous les noms identiques de Skanda et de Cliorapani, la premiere dans I'interieur des lerres, la seconde sur les bords memes de la branche meridionale du Pliase, que les Georgiens dislinguent par le nom de Qi'lrila. Line autre forteresse, cit6e sous le nom d'Onougonris par un auteur conlem- porain de Procope (/»), etait au voisinage d'Archceo- polis; la situation de ce lieu, que Ton supposail avoir pu etre fonde par les Lazes en memoire de quelque victoirc anciennement remportee sur les Huns Ono- goures, el qui etait plus communement designe sous le nom d' Agios Steplianos depuis qu'une eglise y avail et^ erigee sous I'invocalion de saint Eticnne, celte si- tuation n'esl pas specifiee d'une manierc plus precise. M. Dubois de Montpereux, I'babile explorateur de la G^orgie, a cru pouvoir identifier Onougouris avoc la (i) A{;;itliias, lib. in, p. -S. (a) Dubois (ic Montpereux , t. 11, p. j i •;> pt. 200. (3) Proc, Bell. Goth., iv, i3. ^4) Aj^athias, lib. 111, p. 7-, ed. IJcj.. floiiip. lib. 11, p. fxi. ( 386 ) \ille actuelle de KItoni , situ^e a quelques lieues vers Test de Nakalakevi, et dont I'eglise principale est d«idi6e a saint htienne, I'apolre des Lazes. Mais le nom A'On- naghira que pnrte encore dans le pays une chaine de hauteurs qui couvre Nakalakevi a I'ouest, et qui forme de ce cot^ la ceinture extreme de rinier»^llii (I), nous disposerait a croire que c'esl la qu'il faut chcrclier le site d'une place forte destinee probablement a defondre les approclies du pays. Ajoutons que, d'apres une in- dication d'Aj^atliias (2), Onougouris se trouvait pr^s d'une riviere que I'hislorien nonirae Kntharis. Cle nom ne se rencontre dans aucun autre auteur. Si Ton veut bien y admettre une transposition de syllabes, ce que tant d'exemples autorisent dans la nomenclature g6o- graphique des anciens auteurs, le mot Thakaris , ou plulot Takhnris, reproduira presque sans alteration le nom de la Teklwuri, qui passe en eftet a Nakalakevi, et baigne la base des hauteurs d'Ounoghira. Toutes les indications que fournissenl les ecrits de Procope sur la geographie du pays des Lazes teraoi- gnent d'une connaissance tres circonstanciee et g^n^- ralement exacte de cette region , ce qui ne doit pas nous surprendre, puisque, selon toute apparence, les notions de I'liislorien etaient i)rincipalcment tiroes des ra])ports militaires adresses \\ I'empereur Juslinien. Procope, de m6me que Strabon , applique le nom de Phase au plus meridional des deux grands bras supe- rieurs du (leuve (3), a celui que les Georgiens nom- ment Qviriln, et qui n'est pour eux qu'un affluent du liioni. Ce dernier, qui vienl du massif meme du Cau- (i) Waklioucht, Descript. de la G^orgie, p. '.igy- 'i) Lib. Ill, p. 8(1. (3) Prorop., BtU. Goth., iv, a. ( 387 ) case, et qui passe k Rotbathis avant de recevoir la Qvirila. est en effel de beaucoup le plus considerable des deux. Procope le connait sous son nom indigene, qu'il ecrit Rheon, Pewv (1). II fait nailre le Phase dans les inontagnes qui confinent au fertile district des Meskhi, c'est-a-dire a la haute valine du Kour (2), ajoutant que, jusqu'aux gorges ^troiles que la riviere franchit pour pen^trer de I'lberie dans la Lazique (3), elle porte chez les indigenes le nom de Boas, et que c'est seulement a la sortie de ces gorges etroites qu'en devenant navigable elle prend le nom de Phasis, qu'elle garde jusqu'a la mer [k). Le Rheon ou Rioni serait ainsi regards comme la branche affluente, landis que chez les Gf^orgiens c'est le conlraire qui a lieu. Nous Savons d'ailleurs que le mot Bohm n'est qu'une des formes indigenes du terme appellatif Phase, dont la signification primitive n'est autre que celle de fleuve ou de riviere. Procope ne mentionne nulle part I'an- tique cite de Phasis qui existait a rembouchure meme du fleuve; mais elle est citee dans Agathias, son con- temporain et son continuateur (5). Les parties hautes de la Lazique, du c6t6 du nord, (i) Procop., Bell. Goth,, iv, 14. (2) Dans un autre endroit [Bet/, Pers., lib. ii,c. 29), I'historien , moins exact, fait naitre le Boas dans les inoiitaf>nes ijui dotninent la Tzanique, <:'est-a-dire vers les confins septenlrioriaux dii canton artuel d'Adjara, qui appartient a la vallee infe'rieure du Tohorokh. II y aura eu dans ces indications contradictoiies i|uelque cause d'eireur prove- nant de la confusion de noms seinldables appliques a des cours d'eau differents. La meme inexactitude se rencontre dans des geograplies anterieurs, ou peut-etre Procope I'aura puisee. (3) Bell. Pers., lib. it, c. 29. (4) Comp. Strab, , lib. xl, p. 5oo, Casaub. (5) Agathias, lib, 111, p, gS, edit. Paris. ( :J88 ) elaiiMit [irincipalL'iiiL'iU occupies par le pays des Skiirnni ol des Soiinni, Ixjpvi'a et 2ouavt«, I'un et I'autrc tributaires des rois lazes, quoique gouvernes par des cliersparliculiors(l). kciuc\\cmcn\.ex\coxe, Lctchkhoumi et SouanetlU sont deux grands pays dii nord de I'lni^- rtithi. Ptol^mee (2), et longlemps avant lui le geo- graplie Eudoxe (3), avaient menlionne sur le versant nord du Caucase un peuple Skumnilc ( Sx-juvuTai ou Sxyfiviaoate ), (jui paiait avoii' 6t6 line tribu gelique. et qui peut-etre sV'lait fixe, dans les premiers si^cles de noire ere, au sein des valines meridionales oil Procope nous montre XcsSkumni. Dans un autre passage de ses histoires (4), Procope cite un peuple Souniti, Souviroe, qu'il dit etre voisin des Alains, c'esl-a-dire des parties centrales de la haute chalne caucasienne. II semble, coinme I'a conjecture M. Saint-Martin (5), que ces Sounites ne doivent pas etre distingues des Souanes. Peut-etre le mot grec n'est-il en eflet qu'une trans- cription vicieuse du g^orgien Souanethi, qui signifie pays des Souanes. Dans remuneration geographique qui se trouve au commencement de la Chronique Pascliale , les noms de Salli (pour Sanni) et de Sanitce, sont mentionn^s (i) Proco|i., Bell. Goth., iv, a, II y a de nombroux et curieux de- tails sur le*; Souanes et ieur pays, dans les fn{;ments qui nous sont parvenus de 1 Histoire de Menander, Excerpta de Legationibus, p. i38 et suiv. Sur Menamlcr el son ouvra{;c, voyez la page suiv., note /{. fa) Geo(]raph,, lib. v, p. 9. (3) Dans Kiienne de Byzance, au mot l*vtj.yly.i%:, Ludoxe vivait dans le 11' siecle avant notru ere, vers I'an i3o. (4) Belt. Pen., i, i5. (5) Note-; sur V Histoire du Biif-Empire i}e Ijflif^ai) . I. VIII. p, tig; ( 389 ) conime synonynies (1). On trouve tie meiue frequem- rnent, dans les derniers auteurs de la periode byzan- tine, Tznnnidce pour Tznnni (2), Agalliias, dont il ne faut pas separer les notions de celles de Procope , parce qu'elles se lapportent au meme temps, et que sans doule elles derivent en parlie des memes sources , Agalliias montionne frequem- ment (3) la tribu montagnarde des Misimiaiti ( Mear- fiiavot ), dont les valiecs confinaienl vers I'ouest a celles des Souanes. Les Mislmiani, sous le nom legerement modifie de Miiidiiniani , figurent dans le curieux recit de Tambassade envoyee en 567 par Justin, successeur de Juslinien, au grand kakhan des Turks de I'Altai (A). lis etaient, comme les Souanes, soumis aux rois lazes; mais ils parlaient une langue parliculiere. Cetle cir- constance parait indiquer une orlgine etrangere au Caucase, car on sail que la langue des Souanes n'est (i) Chronic. Pascli,, p. 34; comp. les varianles de ce passa^je, ibiil., p. 4965 edil. Paris Cette clironitjue aiionyme, edite'e dans le Corps des ecrivains byzanliiis, est du iv' sieclc. (i) Voyez nolainmeiit Chalioeondjlas, p. 34, etc. I.e texte a par cnrruptioti T^avjvioat, au lieu est une furtiie .illeiii.inde elraii{;iMc a l'oithopra[)lic fianrai'>c. (4) Wakhouchl, p. ^2-j. ( 395 ) La meme forme se rettouve dans Ics ^crivains orien- taux. Tous les anciens geographes arahes out Leks , Legs, Lclisch, Leksi (1), et aussi Lnkz. Celte derniere consoniiance, qui nous donne presque int^gralement le nom des Lazes, se trouve dans Macoudi et dans Aboulfeda (2), On sail combien les voyelles sont aise- ment variables dans la transcription des mots orien- taux, surlout pour les noms de peuples et de tribus que I'ecrilure n'a pas fixes, et combien aussi certains sons qui tlottenl indecis entre les sons arretes de nos cinq voyelles sont part'ois dilficiles a exprimpr nette- ment avec les al])habels euro[)eens. Josaplia Barbaro, qui visita I'Armenio , la Perse el la Georgie dans le XV' siecle , raais qui parait avoir puise a des sources arabes ce qu'il rapporte des pays du Caucase oriental, oil il n'avait pas penetre, donne aux Lesglii les nonis de Lokzl et de Lczikh (3). Enfin , quant a cette muta- tion frequente de IV en a, et reciproqiiement, dans certains sons elrangers, nous en trouvons encore ici un exemple parliculieremenl IVappant, en ce qu'il se rapporte a une grande tribu du nord-ouest de la Perse, qui presente, au moins par le nom, une grande ana- logic avec les Lcksi du Daghestan, et que IVI. Morier dit 6tre indilTerennnent nomm^e Lek ou Lak (4). Nous ajoulerons, quoique nous n'attachions a ce fait qu'une (i) Don), Geoyraphica Caucasia, 1847, iii.4', j,. 5o el 78; Itescliid- eldi'n, tiaduil par M. Quatreiiii;re, p. 399. (a) Macoudi, tiadaciioii anglnise i\v M. Spienger, I, ;iio; Aboul- feda de Reisk, dans le Biischiiifj's Maijazin, t. v, p. 008, 3 1 S ci 35q. (3) J. Barbaro, Viaggio nella Persia, dans Rainii>io , 1. II. 1 5-7 j p. 109, A et D. Lezikh est la forme plunellc do I elhin(|ne Lczi. (4) Morier, Some acrount of Ou: [li\ als, dans le Jouninl of GeO'n . Soc, of Lond., vol. VII, p. y.]-!. ( .liiO ) impoilancc .Sfcoiulaiie, qsio j^oki' Ics Turks Lazes et Lezghi sont un seul ol memc iiom (1). La langiie est le second ])oinl a considerer. II existe encore acluellemcnt dans Jes sonibics montagnes qui doininent la cote a i'r.-i dc Trebizonde jusque vers I'enibouchure du Tchorokh, une population a demi sauvagc a laquelle la tradition a conserve, et qui se donne aussi a elle-meme, le nom de Liiz. Ce sont bien indubitablement les descendants des Lazes de I'anti- quil<^, de ceux que nous deci'it Procope : seulement, cornme ces apres vallt^es etaient occupees anterieure- ment par d'autres tribus, notamment par les Tzanni (dont le nora, nous I'avons vu, s'est perpetue, a I'o- rient de Trebizoude, dans I'lschanelhi de la geographic georgienne, et a I'ouest dans le Djanik des Turks), el que les Tzanni, de nieme probablement que d'autres tnbus anterieures, aj)partenalcnt a la tamille des po- pulations georgiennes dont les Souanes sont un ra- meau ; coninie les Lazes, d'un autre cole, ne sonl vraisemblablement descendus dans ces vallees de I'an- cienne Tzanique quau x* siecle de noire ^rc, epoque oil leur domination fut renversee , au iiord du Phase, par les Bagratides di^ (^('-orgie, el que sans nul doule ils devaient etrc alors nuineriquement inferieurs aux tribus qui occupaienl deja le pays, il a dil resuller de cet enseajble de circonstances, joint a Taction des huil ou neul' siecles ecoules depuis lors, que les differenls diah.ctes ainsi mis en contact se sont plus ou moins rapproches et confondus, et que dans cetlc fusion to- tale ou partielle il y aura eu absorption dc I'un des (i) Hadji-Khalfa, Descnplion du livali de Tre'bizonde , iiD|iritiire (Jang notre Pescriptioii dv rAne-Mintiiic modcnie, p. 6ri5. f 81»7 ) il^ments par Taulrt!, selon le degre ile ieur predomi- nance relative. C'est ce qui est toujours arrive, I'his- toire et I'ethnologie nous ratlestent, dans tous les cas analogues. Or, ici que voyons-nous? Plusieurs voyageurs ont recueilli des vocabulaires du dialecte laze tel qu'il se parle actucllement dans le gouvernement de Trebizonde. Le comte Potocki le premier rapporta de Constantinople, il y a une soixan- taine d'annees, une liste de mots que I'abbe Hervas publia dans son Vocabidaiio Poligloto ( in Cesena , 1787, \x\-h°, p. 65 ) sous le titre fautif de Vocabulaire les'^hi, meprise qui provenait sans dnute de ce que les Turks, comme nous I'avons dit, donnent aussi le nom de Lesglii a ces montagnards de la cote Pontique. Klaproth reproduisit partiellement ce vocabulaire dans I'edition originate de son PT/yag-e an Caucnse (1), et avec plus d'elendue dans I'edition francaise qu'il en donna plus tard (2), ainsi que dans son y4sie Poly- glotte (3). Mais un jeune savant prussien , le docteur George Rosen , qui a parcouru en 1843 ces vallees sauvages de compagnie avec le docteur Koch , en a rapporte des documents ethnographiques bien autre- ment ^tendus que ceus qu'avait pu se procurer le comte Potocki, et il en a fait I'ohjet d'un travail spe- cial, accompagne d'un vocabulaire de plus de six cents mots, qu'il a publie dans les Memoires de I'Academie des sciences do Berlin (4). On est done parfaitement a ( l) Reise in den Kaitlaisus, ill. II, 1814, p. t/^ et sniv. (2) I'^ojage au Caucase, i8>3, t, II, p. 53o. (3) Asia Polj'ijloUa, iSai, p. 122. (4) Ufher (lie Spraclw dcr Laz-.-u, dans ie? AhlianI, deriidnigl, Ahad. ( 398 ) m^iiip de reconnaltre le degre de connexion ou de parente qui existe entre le dialecte laze et les autrea langues de I'isthme caucasien. Un seul coup d'ceil suffit pour apercevoir cetle parenle. Klaprotli I'avait deja signal^e, et les Eludes du docleur Rosen n'ont fait que la confu'nior. Le dialecte laze est un rameau de la souche georgienne, et il se rapproclie siirtout, comrne on pouvait le prevolr (i priori, du mingrelien et du souane; mais , ainsi qu'on pouvait le prdsumer aussi d'apres I'^tal de barharie des inontagnards du Lazistan et la diversity des elements qui se sont fundus dans leur idiome, cet idiome est tr^s grossier, les elements constitutifs y ont subi boaucoup d'alteration , et un grand nombre de mots grecs et turks s'y sont intro- duits, ce qui s'explique assez par la domination suc- cessive des Grecs deTr^bizonde et des Turks Osmanlis, k laquelle les Lazes ont ete soumis depuis leur etablis- sement dans la Tzanique. In point important pour la solution de notre pro- bl^me restait a exiimiiier. II fallait rechercher si au milieu des elements tneles et corrompus donl se com- pose actuellenient le dialecte laze il s'y trouve encore quelques traces d'anciens rapports avec les dialectes multiples des montagnards du Daghestan. Nous avons compare tous les mots du vocabulaire de M. Rosen avec le vocabulaire des langues lesgbi donn6 par Kla- proth dans la partie linguistique de son voyage (1), et nous avons vu avec satisfaction, mais sans surprise. der Wissensch. lu Berlin, fiir l843. Berlin, l845, in-4°i partie philo- loj'ique, p. I ;i i58, (i) Kankasiacht Sprachen, ji. 74 et suiv., ou t. II de IVdition frao- (^aise, p. 3o6, ( 399 ) que de nombreuses analogies s'y laissent en effet re- conn aitro. Si done la linguistic] ue coinpar^e n'apporte qu'un t'aible secours dans la question qui nous occupe, elle concourt cependant jusqu'a un certain point a verifier la solution ou d'autres consid(^rations nous ont con- duit, — elle y concourt, ajouterons-nous. dans la me- sure que les indications de I'histoire pouvaient faire pressentir. D'autres faits, que nous avons developp6s dans un travail anterieur (I), en nous faisant reconnaitre dans le peuple c^lebre des H(^niokhes une tribu lesghi (les montagnards du Caucase oriental recevant encore au- jourd'hui des Tcherkesses le nom de Hhannodtche), nous autorisent d'ailleurs a faire remonter la presence des Lesgbi sur la cote orientale du Pont-Euxin a une Ires haute antiquite. Dans le m^moire que nous venona de rappeler, nous avons montre qu'a une epoque voi- sine de noire kve les H^niokhes, que Scylax , environ 500 ans avant J.-C, connait sur la cote actuelle des Abazes, etaient descendus au sud jusqu'aux envi- rons de Trebizonde, lu oil d'autres tribus de inSme sang devaient revenir dix siecles plus tard sous le nom de Lazes; que les montagnes qui separent le haut bassin du Kour du systenie tluvial du Phase, monta- gnes nommees dans Pline Heniochorum mantes, portent dans la geographie georgienne le nom conespondant de monts Lekki ou montagnos des Lesghi; enfin, que dans V Alexandra de Lycophron , ce poete erudit de I'ecole d'Alexandrie contemporain de Plolemee Phi- (i ) Memoire historique sur la yeoyraphie aucieunc du Caucase avant les (juerres de Mithridatc , lu a rAcadt-iiiie dt'S iiisiTi|iti<)iis et helles- lettres. Paris, 1847, iii-S", p. ay ct sniv. ( /|(H' ladeJplio, const'iquemnient du la* slecle a\anl notre ere, Routaia on Koutbais, I'antique metropole de la (lolcliido, est surnommee Ja Ligustique , Kuvaia r, hyu- ;t(xy; (I) , epitliete qui emporte iiecessairement le sens de terre des Lighyes, et qui doit s'appliquer aux Lesghi, AiyjEc etant pvecisrmonl le nom (iuialogue au JJkhi ji;eorgien) sous leqnel les Lesghi sont d^signes dans la recension que fait llerodolo des peuples voisins des bords occidentaux de la mer Caspienno (2). Si cet ensemble de lemoignages et de rapprocbe- ments a quelque valeur, il en resulte necessairement que depuis les temps les plus recules les Lesgbi, Lekhi, Leksi ou Lakzi du Caucase oriental ont pousse des incursions cl lorme des etablissements h loxtremil^ opposeo de ristbme , sur la cote du Pont-Euxin; qu apr^s s'elre portes sur diff^rents points de cello cote ct des monlagnes qui la conlournent, depuis les confins du pays tcborkesse jusqu'aux environs de Tre- bizondo, il vint une epoque, au commencement du vi'" siecle de noire ere, ou par suile d'evencmoiits que I'hisloire ne nous a pas conserves iis etablirent leur dominalion sur la Colchide , c'est-a-dire sur la Min- grelie el I'lmerelbi ; (]u'a (later de cetle epoque les historicns grecs contemporains, Procope notammen!, ne connaissent plus I'ancienne Colcbide que sous le nom de Lazique; enfin, que cc dernier mot n'est que le nom nieme des Lesgbi , appeles par les auteurs (i) Lycophronis Alexandra, cd. Meursio, 1697, p- 88. Kiistailie, dans son Corameutaire sur Denys le Pcrit-geie [ad vers. 76, p. i5 de I'edition de Londrcs, 1688 ), fait allusion a ce passage de Lycopliron pouietnblir qti'une rolonio des Ljnlives d'Kuiope s'c-tait ti\ce en Col- chide. (3 HiTodot., lib. VI!, c. 7a oi'ientaux, georglens ft arabes, AiVt.s/ t-t Lakzi, laili- culation niediale ilu noin s'etant effac^e dans la pro- nonciation grecque, toujoiirs porl(!ie a adoticir le son des mots etrangers. D'auties ecrivains avalent entrovu deja cette idon- litt; des Lesghi ct des Lazes (I); niais auciin, que nous sacliions, n'avait cherclie a i'etayer des preuves qui la peuvent justifier. Poursuivons maintenant I'exposi' iles notions de Procope sur la geographic du pouitour oriental de I'Euxin. La zone maritime du pays laze, a parlir des environs du Phase et remontant vers le nord, etait, comme au temps de Pline et d'Arrien, occupee par les Jpsiles, K-l/u.h'. (2). Menander, dans sa relation de I'amhas- sade de Zemarkh (3), nous les montre dans la memo situation. Le pays qui leiir est ainsl altribue rcpond a VOdtcId oji Udi/i/d de la geographic g«^orgienne, qui s'etend sur la cote jusqu'a Anakopi, a une dizaine de lieuL's dans I'ouest dc la Kodor. On reconnait en elFet a Anakopi meme, dans une passe etroilemenl res- serree enti'c le front ahrupte dune montagne et la mer, un defile que decrit Procope sous le nom de Tralikea, comme formanl \a seule entree du pays des Apsiles dans celui ties Abasges (A). La Tzkhenis-tsqali (1) Notamment G'aiher, dans ses Heniaiques sur le iin'inoire oi'i Uiiiyer ; t. X des Conimentarii Petropolh.), examine la jn'-ograpliie de. CciD^tantin Porphyrof;('iirt(' (.iiinicfliiiiii/cn, dr., ilniis Miiller, .S'«mm- liiiin lussischer Gusc.hichte, t, IV, p. 1 49]. (2) Proiop., Jk'lt. Goth., IV, a. (3) Excerpta de Legat,, p. 1 10, ed. Hej;. (4) Procop., JBe//. Go//i.,iv, 9; coiiip. Dtihoisde Monlpereux, jf'oyao* aulonr ilu Caurasp, t. I, p, 'i~ '\. ( /i02 ) ( I'ancien IJ/ppos) lul servait cle limile du c6t6 de rim^relhi (J). L'Odichi porte aussi chez les Georgiens le nom de Mee ^rel ou Megreli, d'ou ies Europeeiis ont tail Mingrelie. Ce dernier nom, que les chroniques karthlosiennes rattachent a tgros, un des fils de Tliar- ganios, niais qui derive beaucoup plus probablement de la riviere d'Egouri ( I'Engour de nos cartes), la plus considerable de celles qui arrosent ce pays, ce nom de Mingrelie, disons-nous, n'a ^te mentionn^ ni par Procope ni par aucun autre ecrivain de I'antiquit^, a I'exception de Ptolemee (*2j, qui compte les Manrali au nombre des peuples de la Colchide (3). Dans la Geographic de Moise de Klioren , 6crite a peu pr6s k la meme epoque que les livres de Procope, ce qui se rapporte a ces provinces extremes de la Georgie est ainsi concu : « La Colchide, on le pays d'Egher, est a I'orient de la mer de Pont et dans le voisinage de la Sarmatie ; elle est divisee en quatre petits pays, nom- mes Manrheghia (mot qu'il taut prononcer Manrlwliu), Jkrhedi^he, Ghana' ( j)rononcez Laziv), et Ujani^', qui sont les Khaldeens (/i). La Colchide conllenl una grande quantite de montagnes, de fleuves, de cantons, di' villes, de forteresses, de bourgs et de ports (5). » (i) Wakliuuclit, Uf script, de la Gdorijic, p. 393 a 4o3. (2) Geogr., lib. v, c. 9, Willj. (3) On a cru y rocoiinaitie aussi I'Tscretice de Pline, vi, 4 ! niais ca iKirii doit plutot s'appliquer au district ineme de rE{;our, coniiiie le liKjiitre le passage de Moise de Klioieii que nous citons ri-apres. (4) L'auteur armenieii coiitoiid evideniinent ici les Tzanes nieridio- najix de Tchorokli, qui tourliaient aux Khaldi de TArmeuie occiden- tale, avec les Sanni ou Souanes du nord de la Lazique. ^5j Geogiaphie de MoVse de Khmcn , tradurt. franf. de M. Saint- Martin, dans ses Memoires sur I'Annenie, t. II, p. 357, •'**'^ ''^* '''"'" rections de la page 388. ( A03 ) Sur I'origine du nom des Apsiles, non plus que sur celle du nom des Lazes, nous ne ti ouvons aucune indi- cation ni dans les auteurs, ni dans I'etude m^rne de la topographie locale. II sembie rcsulter d'un passage oil ils sont noinm^s dans Agathias (1), que leur langue ne differait pas de celle des Lazes. On les trouve mentionn^s dans les auteurs armeniens sous le nom A' Jphschel ou Aphschegh, mais sans aiitres details (2). Le comte Potocki, dans son iiistoire pvimitwe des peu- ples de la Russie (3) , a signale I'analogie de ce nom avec celui des Chupchigh, ou, plus conectement , Chnpsu^h, tribu tcherkesse qui demeure actuellement aux environs du has Rouban, et qui s'etend aussi sur la cote assez loin vers le sud. Ce lapprochement nous parait d'autant plus naturel , que los anciennes infor- mations mentionnaient les Gliapsougb conimo 6tant d'extraction abaze [h), ce qui leur suppose une habi- tation autrefois plus mt^ridionale, Parmi les tribus tcherkesses, il n'y en a guere dont le nom ne soit 6crit avec des differences d'orthographe beauconp plus grandes que celles qui se trouvent entre le nom des Apsiles et celui des Chapsough. Les mots tcherkesses et abazes sont d'ailleurs herisses d'arliculations gultu- rales extremement difficilos a saisir pour une oreille ^Irang^re; et il ne taut pas oublier combien les Grecs se faisaient peu scrupule d'ndoucir I'apret^ des noms barbares. (i) Lib. Ill, p. 91. (2) Saint-Martin, dans ses notes sur Lebeau , Histoire du Bas-Em- pire, t. IX, p. 206, (3) Page 240, edit. Klapr. (4) Pallas, Voyage dans les gouvernements meridionaux de Fempire de Russie, traduct. franc., in-4", t. I, p. 421. ( 40/1 ; Les yl/uiso/ii , A^a^ysi, succedaieiit aux Apsiles (1). Arrien, qui nous rounill uin' iiulicalion analogui^, ^tend loui- lerritoire a I'ouost jusqu'a la riviere acluelle tie Chaklio : une partie des valloes maritimcs comprises dans cet intcivalit! sout encore occupt^es aujourd'luii par plusieurs petites tribus designees par leurs voisins les Tchorkesses sous la commune appellation d'J- Ixizn (2), Les Abasjihi sont les Abkluiz de hi geographie georgienne, dont les princes, hientot apres lo lemps de Procope, Jirent une grande ligurc dans I'lnstoire de ces r^^ions. Les Ahasges adoraient les arbres des forets; la trace de ce grossier i'etichisme sc retrouve chez. leurs descendants, melee aux pratiques d6gen^- r^es du chrislianisine, qui I'lil porle clioz eux du temps de Justinien. Leurs princes enlevaienl les enfants les plus beaux du pays, ct ils les vendaient aux Remains, apr^s en avoir fait des eunuques. Le commerce des esclaves sur cette cote est en vigueur depuis les temps les plus anciens, et il s'y est pcrpetue jusqu'a nos jours (3). 11 parait que les Abasges proproment dits etaient principalemenl confines dans les vallees supe- rieures, el que la cote etait occuptie par les Sagliides, "Layioxt, sur le terriloire desquels s'elevaient les villas de Sebastopolis ( anterieurement appelee Dioskourins) et de Pitfiis ou Pitynnta. Cette derniere place est la Bitchvinda des chroniqueurs georgicns , nommee plus (j) I'rocoj)., /i, //. ColU., 111). IV, c. ;^. (2) Slan. I'cll, Journal nf a Hcsidciirr in Ciic/is%ia, \(A, 11, (i. \>ii- (3) ii taut rapproclici- dp cclte inilicalion ce qm; I'rocope ( Bell. Pers.^ II, a8) et A<;.illiias (lil>. iii, |>. 76 et suiv,) disent des relation- comiiieici^lcs do- I,;izfts .tvic les lloinnins. Conij). I'cvssoncl, Obxcr vatioiis liisli>ii(jues et gijoqraph'ujucs sur les peuples barbares (jui out hahite /pv Imrdi du DanuJie ei . ( 405 ) habituellenient Pitziunta dans les reliilions europeen- nes. Cies deux places, autrel'ois celebrcs ct llorissaiites, ^taient graiidouient decliues au vi° s'k^cIo ; Procope ne les qualitie que de chateaux, ainsi que Justinien dans une de ses Novelles. Les Saghides sont du reste indu- bitablement le meme peuple (ju'Arrien, et avant lui Pline et Meranon , r\omvs\Qr\l Sanii:;ltes; mais I'ortlio- graphe de Procope serait la veritable forme du mot, si les Saghides, comme cela parait probable, retrou- vaienl leur synonymic dans la tribu abaze de Sakhi, maintenant confinee a I'extr^mite occidentale du ler- ritoire que les anciens auteurs leur altribuent. A mesure que I'historien s'eloignedes pays du Phase, ses notions sur une cote a demi sauvage, avec laquelle les Romains n'avaient depuis longtomps que peu de I'apports, deviennent plus maigres et moins precis. II y a meme dans son texte (1) une contusion qui semble placer les Zekkhi enlre les Abasges ct les Saghides, arrangement directement conlraire aux indications d'Arrien, ainsi qu'a la realitO; des faits. Les Zekkhi ou Zikhs sont les Jflig/ic, que nous connaissons sous le nom de Tcherkesses, et qui ont occupe de toute anti- quite 1 extremity nord-ouest du massif caucasien jus- qu'au Kouban inferieur. Chez les Georgiens, 'e nom des Adighe prend la forme de D/ik (2), tout a fait analogue au Zik/i des Romains et des Grecs. Au-dela des Zikhs, c'est-a-dire vers les bas Kouban, sur les pentes septentrionales du Caucase, et le long de la Meotide jusqu'au Tanais, habitaient au temps de (l) Bell. Goth., IV, 4. Dans nn autre endroit de ses Histoires {Bell. Pers.), II, 29 ,, Pioco|ie cniimcie les ALasp.es et les Zekhes(c'est ainsi qu'il y ecrit leur pom, Zri^'ii) sans nominer les Sa{i;hides. (1) Wdkhoucht, p. ^f'p. ( 406 ) Piocope difTerentes tnbiis hunniques (i). La plus puis- sante 6tait celle des Sabiies; Icur iiom figure perp6- tuellemcnt dans I'hisloire des guerres dont les pays caucasiens furcnt alors le theatre entre les Perses et les Grccs. Les Outourgours occupaient, au-dessus des Sabires, la paitie des plaines sarniatiques qui horde a I'orient le Pakis Mceolis. Les Goths dits Tetraxites, ToT^ot TcTpa^rTjt! , deujouraient sur le Bosphore, siege antique du peuple kimmcrien. Sur le reste du Caucase, Procope se borne a quel- qu€s generalites. II depeint bien la prodigieusc ele- vation de ces montagnes enormes , dont la partie superieure est couverte de neiges 6ternelles, et qui portent leur front sourcilleux bien loin au-dela de la region du ciel ou se lornaent les orages (2). Deux prin- cipaux defiles qui traversent la chaine ouvraient les contreesdu midi aux redoutables incursions des hordes du nord : I'un de ces defiles, connu de loute antiquity sous le nom de Partes Caspiennes (3), coupe le centre m§me du massifcaucasien au-dessus de I'iberie; I'autre, . que notre aulour appelle Tzour, est, selon toute proba- bilite, la passe de Dzour-zdouk de la geographie geor- gienne, qui conduit des hautes vallees de I'Aragvi a la (1) Bell. Pers.., ll, 29; Bell. Goth.., iv, c. 3 et 4. H f:iut rectifier, par le premier de ces deux passages, ce qu'il y a L LA lilBLlOlHIiQin-: IIDVALL. * MEiviKMi; r, vpi'oitr. 1 Pour r.iniii'C li<47. , L'espoir et le \oeu cxprimes a la lin tlu rapport de I'annee 1846 pour Ic progres de la collection geogra- pliique do laBibliothtJque royalenesesoiit pas realises, malgre la bienveillaiico souvoiU niauit'cstoe par lo mi- nislre sous les ordres duquel ehl place ce grand niusee litteraire. Dillerentes causes out ralonli les acquisitions, el rien n'a ete fait pour laire jouir le public des nom- breiix objels precedemiuenl acquis et rccueillis non sans peine. La branche la plus nou\cllc, cello qu'il I'st le plus urgent de completer, ne devait pas soulTrir des plaintes. plus ou moins i'ondees, aux(piellcs a donne lieu I'absence du catalogue des livres imprimes : or la slapnalion est bien })lus lacbeuse pour unc institution naissanle que pour des etablissenients des longtenips constitues el aussi riches que le sont les departe- menls des livres, des ;mtiques, des estanipes et des jnanuscrits. In peu plus de quinze cents articles, lor- inanl environ deux niille cinq cents pieces, sans com- prcndrc le depot legal, sont intrt^s au Cabinet de g(io- grapbie colte annee, au lieu de cinq a six mille pieces qui I'avaicnt cnrichi cbaque annee depuis 1839. Heu- reuscinent, et couime par une sorte de compensation, bcaucoup de dons, et plusieurs iraportanls, sont vonus ( 409 ) suppleer le maiujuc d'acquisltioris. La collection a deja uu dehors un commencement de renom; plus connue peut-elie dans I'etranger qu'a Paris meme, elle a excite I'attention dcs academies et des compagnles savantes, commocelledes geogvapheset des savants illnslrcs,dont s'lionorent TAllemagne, I'Anglcterre et I'ltalie. (liter ici le suflVage de Carl Ritter, du baron de Humboldt, d'Adrien Balbi, du colonel Leake, de JVIM, Pasini , Graberg de Hemso, Lelewel, Beke, etc., c'est prouver i'estime dont joiiit au dehors la nouveile collection. Le conseiller ^\erlaut^ a ajouto encore quarante- trois carles a son riche present de I'annee derniere de cartes sur la Scandinavie, tellement qu'on peut re- gardcr le Cabinet de Paris commc aussi riche en ce genre que pas une autre collection de cartes g^ogra- phiques. Le gouvernement de la Grande-Bretagne a adresse les nouvelles carles de Hong-Kong; le due de Luynes, une ancienne carle chinoise; le comte de Saluces, la carte des Etals sardes de terre lerme ; M. Morse, citoyen des Ktats-Unis, son alias cerogra- phique execute par un procede nouveau ; M. P*afn, le secretaire de la Soclete des aiitiquaires de Copenhague. une carte du Groonland ; M. de Chateaugiron , consul a Nice, la carte de la ville et de la campagne de INice; I'amiraute brilannique, soixante-dix-sept cartes hjdro- grapbiques recentes sur toutes les parties du niondc; le depot de la marine tie France, soixante-huit cartes; M. Mollien , de la Havane, plusieurs cartes sur I'lle de Cuba; le professeur Lepsius el M. Pergameni, une nouveile carte de la presqu'ile de Sinai, avec I'expos^ de I'opinion du sctvant prussien sur la situation qu'il nssigne au mont Sinai; M. de l^jurlales Gorgier, la (arte sous-aqueuse du lac do Neuchatol ; !•' ministre Mil. ■'ON KMIiRK r,T Pi.CF.MnUF,. II 57 ( MO ) cles Irtuaux publics, la carte geoloyiqiie dc France; le minislere de lu uuuirie, le grand Aeptune du Cailegat; le minislre de la guerre, la carte forestiere dc I'Al- gerie; M. Mquesnel, la carle geologique de I'Europe, par M. Bone; VI. Vattemare, le bassln du Mississipi, de M. Nicollet; le doctcur Beke, son Kssai sur \v. Nil; M. de Caurnont, ses cartes agroiiomiques du Calvados et d'Argentan; M. Graberg de Ilemso, unc collection d'opusciiles geographiques ; M. Biot (Kdouard), la notice des meteores observes en Chine; M. Sedillot, les systemes geographiques des Grecs el des Arabes; M. D'Avezac, ses iiiemoires sur les decouverles dans rOc-^an et sur le voyage de Bethencourt; le chevalier de Falbe, plusieurs ouvragcs siir I'ancien Danemark [Origiiie.s Haf metises, etc.). Nous passons sur d'autres envois gratuits de cartes et opuscules geographiques; cette enumeration suc- cincle sulllt pour prouver le d^sir des savants eti'an- gers, comnie des savants frangais, de voir la iiou\elle collection se completer de plus en plus. Puisse I'ad- ministralion en apprecier assez I'utilite j)our la con- stituer delinitivement! Les services qu'elle pent rendre aux ingonieurs, aux voyageurs, aux marins, au com- merce, aux savants, a ceux qui s'occupcut de I'his- toire, au public francais el etranger, doivent engager le gouvernement a prendre des mesures eflicaccs pour tirer parti d'un dt^pot deja considerable, fruit d'un travail assidu de dix-huit annocs, mais qui n'est en- core pour ainsi dire qu'un simple magasin. Nous arri- vons au detail des acquisitions'. T.ii i'ukmiJ;re ci-\sse, consacrec a la cosmograpliiv et a la geo^raphie inathrmatiqiie. ne s'est augmentei' d'an '•niif^ pit'C irrs iniportanlr; il nest guen^* rnln^ on ( (* ( '111 ) genre au Cabinet que Ja Carte de leclipse aniuilaire de 18Z|7, et un Catalogue des nieteoies obsei'Ves j^ar les Chinois. La siicoNDK CLAssii, ckorograpiiie el hY(iroi^r(tj)hie , s'est enricliie bcaucoup davantagc : voici une liste sug- cincte des piincipales pieces. AsiE. — L'lle de Hong-Kong, recemnient publi^e en Angleterre en quotre grandes teuilles, ouvrage du lieutenant CoUinson ; une tres grande carte de la Chine, ancien ouvrage cliinois; un atlas d'Arabie, de Zimniennann , el une carte generale de I Arabic; I'Enipire chinois, par Weiland et Kiepert; I'lndostan, par Allen, en six grandes leuiiles; la presqu'ile de Sinai, par le docteui- Lepsius, avec la situation nou- velle qu'il assigne au mont Sinai. EuROi'i;. — AngU'terre, un grand plan de Londres recent en six leuiiles; — Hclgiquc ft Hollnitde , trois nouvelles leuiiles de la gramie carte lopographique de la Belgique; — Scandiiun'ie, quarante-lrois leuiiles des carles diverses et anciennes I'elatives au Daneinark, a la Norvege, a I'lslande, et carte d'une partie du Groen- land ; — Hussic, environs de Sainl-Petersbourg, j)ar le bureau lopographique, carte russe; — Pn/op^ne, plan de Cracovie, par Koczicka ; — .Uleina^ne, la suite de I'atlas de lianovre, par Papen; [)lan de Hainbourg el environs, par Nagela, l8Zi5, six grandes feuilles; six nouvelles leuiiles de la carte de IVwleinhcrg, par le bureau lopographique de Stuttgard; plan de Cassel, par Boekel, a 1 :3000; carle sp^ciale de Mersebourg , par Albert Piatt; — P russe, la suite de la Wcstphalie, par retat-major prussien ; les Environs de Schv\eid- nitz, en quatre leuiiles. 18^3, parlFollniann; la Prusse entre la Meuse el le Weser, pai' Sclnnitll, .184(5; ( a-i ) UDo j^iamle carlo de la Prusso eii ilix leuilles a Tusaj^e ties posies, publiec par le bureau des posies de Prusse; carle lopograplu([ue des environs de Berlin, par \. Falckensleiu, unr ^lande feuille; la carte topo- grapliique de la province dc Brandebourg, par I'elal- major prussien ; — Ktals (tittrichiens., lloyaunic d'lllyrie et duche de Styrie , par relat-major autrichien , en Irente-six feuilles ; la Carte geniirale du royaume lom- bard-venitien, en qualre i'euilles; — Turqide et. Grece, TEurope oltomane , par Kiepert; Carte grecque de la Turquie d'Europe (Belestina); le Detroit de Constan- tinople, par Kephala, en grec; — V Italie, carte topo- graphique de la ville et de la campagne de JNice ; les ihals sardes de terre ferme, excellentc carle, par I'etat- niajor de Turin, quatre feuilles a 1 : 25000; — la Repn- hlica romana, carte gravee a Rome en Ian vi (1798), represonlant ifilat romain avoc sa division en huit deparlenienls; — Suisse, le Canton de Geneve, en quatre leuilles, par Ic colonel Dufour; I'Atlas lopo- graplii((uf' de la Suisse, par li; meme, les deux pre- mieres feuilles; — France, dix nouvelles feuilles de la Carle topograpbique de la France , par le Depot de la "uern; ; une suite (b; cdtes des anciennos provinces de France; plusieurs carles speciales de nos deparle- menls, publiees sur b's lieiix, ouvrages qui deposent d'un progres r6el dans les travaux geograpbiques et dans I'int^rSt que les administrations locales et le pu- blic leur accordent; par exemple, trois feuilles du d6- partement du cber, I'atlas des Ardennes par cantons, ie d^parlemont de la Haule-Marne, I'allas du d^parte- ment du Rbone p;ir cantons, de M. licmbiclinski ; enfin ciuebpies bons dessins de localites divcrses des- sines a miv grande t-cbolip ; a '[iici i! tuit j"indrr plu- ; /,!:; ) ■sleurs dejiarteniPiil.s iii rs dc l:i ■■! mule i-,\vir (\o France (III depot de la i;!ioiT<.' jtar le procede o» central, par Arenales, Buenos- \yres. i 830 ; — rile de Cuba. j)ar I). Jose de la Torre; Plan de la Ila- vane et Port de Cienfugos, a la Havane, 1S/|7: — le Mexiqiie et la Cnlifnrnic\ par Kieperl. Ockanik; — .-I'lstriflie^ ime grande feullle, par \\ ie- land, 18/47. Atlas r.iiNKUArx : le nouvel ;itlas puhlie par Rudolph Gross, Imprime en couleur el dune belle execution; I'Atlas universel en qiiatre-\iniils carlivs, puhlie par Ewald, Stutlgard, imprime en couleur d'apres le pro- cede de P)auerkeller ; I'Atlas general de Ziegler. en \ingl-quatre feuilles, d'apres les lecons de Carl Piitter. HvnROCRAPHiK : le Neptune du Cattegat, de Claret de Fleurieu, solxante-di\ feuilles: suite de I'Atlns des Phares, de M. Ccudier; cartes de ramiraute hritan- nique, puhliees pendant I'annee precedento, au nom- bre de soWante-dix-sept lenities, relatives a toutes les pai'tles du globe; cartes du Di'-pot de la marine, de France, soixante-neuf feuilles: deux anciens atlas de la mer Adriatique et d'une parlie de la Mediterranee, dessines par nn ingenieur de la republlque de Venise, F.-G. de Lato, en M^lS). formanl cent soi\ante-qua- ( Hit ) torze feuilles, comprenant tous leslieux, llots et cha- teaux, dessines en perspective, oiivrage inedit qui I'ut achet6 reoeinment a Lodi par un voyageur anglais. A cette deuxi^me classe se rapporte un ouvrage de Pierre Boyer, sieur Duparq , I'oniiant un grand atlas general en deux volumes uianuscrils, du temps de Louis XIII , intitules Cathahnjiie de cartes idrographi- (jties et g('ogr(iphi([ues de la iner occenne, etc., et une autre serie de cartes diverses, ^galement inedites, sur TEuropc, sur la France en particulier et ses colonies. Troisi};mk CLA.SSE; Geograjjhie pliysique; — cartes geo- logi(liie.i : Carte generalo geologique de France, im- primee a I'lmprimerie royale a vingt-deux coulcurs, par de nouveaux precedes; Carte geognostique des environs do Paris, par Cuvier et Brongniart; Essai d'une carte geologique du globe et une de I'Europe, par M. Boue ; publications de la Sociele gdiologique de Londres; la Carle geologique de New- York, faite par urdre de la legislature, en quatre feuilles; Carte geolo- gique de la Manclie, par \1. de Caumont; la Carte geognostique du lac Laacb, par M. OEynhausen, en huit feuilles; la Carte geologique des provinces au- strales du Bresil; la Carte geognostique de Saxe , par Nauniann, I8/|5; Hydrogrdphie continentnle ; plusieurs cartes sp6ciales des rivieres et canaux de France ; Carte du fond du lac de Neucl.fitel, avec toutes ses sondes; Cours de lAdige, carte a une tr6s grande eclielle (1:288), publiec a Inspi'uck; un Atlas general de Sydow, en vingt-se])t feuilles, montrant principale- meiit riiydrographie continentalc; rEinbouchure de la Seine, une tres grande carte en deux feuilles, par i\|. Saint-Genis, ing^nieur civil; le Panorama du lac 4c Constance, par Brandmayer, en huit feuilles; le ( 415 ) Cours (le Rio-Bermejo, par Descalzi , Buenos -Ayres, 1831; Panorama du Danube, d'Llin a Vienne, par Griiber, en quinze feuilles; le Bassin liydrographique du haul Mlssissipi , par Nicollet, Orographie ot cartes physiques : Carte orographique de la region du Cau- rase, d'apr^s I'etat-major imperial russe, 18/42: le Mont-Cenis, au 5000", par Thuillier, carte publiee anciennement par I'lnstilut; la Carte physique de la France et une Carte g(^nerale de France, par le baron Walckenaer; Carte climaterique de Varsovie , par Jaczelbowski, 18'i6; la Carte physique des environs de Frejus, par M. Ch. Texier. QuATRii'ME classe; geographic stt'itist/cjue, adniinistra- five, ecnnoniiqiie. — Ici se classent les cartes des che- mins de fer, cartes qui, naturellement, se multiplient beaucoup en Europe, en meme temps que ces lignes de communication rapide : 1' Le reseau des chemins de fer ilaliens, Racchia, 1846; les Chemins de fer entre Berlin, Dresde, etc., par Hammer; Berlin, 184- ; Atlas des chemins de fer allemands, par de Perthes; le Chemin de fer du Nord, Paris a Amiens, et les auti'es chemins de fer de France; les Chemins de fer de la Baviere, parBnuern; 2° L'Atlas administratif des Elats prussiens, execute par ordre du mlnistre du commerce de la Prusse, en vingt feuilles; la Carte forestiC^re de I'Al^erie, 1847; suilo de Cartes forestieres de la France; Carte des vi- gnobles de I'lmlon douaniero , cm t com payee : line carte An forum Julii et des anclennes carrieres de Fiejus, par M. Texier; 2° le Theatre de hi •^nrrre : la colleclion des Cartes du general Guilleminot sur les cauipagnes d"Al- lemagne, d'ltalie, etc, en cent quarante-cinq articles; une serie dc cartes nailitaires pour les campaghes du xvii" siecle et du xvin^ (avant 1789); une autre suite relative au theatre de la guerre pendant la llevolulion; ileux cartes de la derni^re guerre au Pcnjab, une en quatre I'euilles par Zimmormann , 18/16, el une autre parWyld; I'Atlas des campagnesdu prince Eugene de Savoye, par Kausler, en trente-quatre i'euilles; \\° Atlas historiques : I'Atlas hislorique el geographique dc We- dell; h" lesl^'oyages: suite duVoyage de Russegger en Asie et en Afrique. et Voyage deWaddlngton en tthiopie ; du docteur Dcsborough-Cooley, Histoii'e generale des de- couvertes maritimes; Voyage de Delia Cella, de Tripoli d' Afrique vers I'Egyptc; Voyages dc Franklin et de Ri- chardson a la iner Polaire; Voyage de decouverles aux regions arctiques, par John Barrow, et divers autres voyages avoc cartes; 5° Cartes orientales : les cartes en turc des gucrres maritimes des Ottomans, par Kiateb- Tclielebi ; Ebn-llaukal , geograplie du x*" siecle ; une carte arabe de I'an 1009 de Tiiegire (1600 de J.-C), sur parchemin, par le Tunisien Mohammed-ebn-Aly- ebn-Alimed-el-Cherfy, natil' de Sfax, Mappemonde laite daprfes la geographic d'El-Edrisi : il est a remar- quer que le pere et le fiis de ce cartographe arabe se sent, commo lui, adonnes a la geographic; cctto na- •( VI7 ) lion a foiirni aiissl plusicurs voyagcuis rocoiumaiida- bles; d" Moiiumeitts do /a -^vngniphic : line Carle voni- tienne du x\" siecle, par de Giroldis, datee de 1422, acquisc a Lodi , el representant la Medilcrran«^e, la mer Noire, elc; un \olume de trente et une cartes an- ciennes de la nioitio du xvi'' siecle ; une polite carte d'une partie des cotes de I'Oc^an et de la Moditerranco. sur parchcmin, avec une rose dos vents on bas-breton ; enfin , le i'ac-simile du globe de Martin Bebaini . doni il a ete (juestiou dans un des rapporls precedents. Le reste des acquisitions de I'annee 1 Si? se compose de plusicurs articles qui ne rentrenl pas exactement dans Ics cinq classes precedentes. En dictionnairos de geographic, on a recu la onzieme livraison du Die- tionnaire geograpbique de feu Adrien Guibert, que I'editeur, M. Renouard, s'efforce de rendre digne des premieres livraisons; plusicurs dictionnaires geogra- phiques des I^tats de Lorraine et du Barrois; le Dic- tionnaire de la Mosello ; la suite du Dictionnaire topo- graphique de rAllemagne, par Eugene Huhn ; celle du Dictionnaire geograpbique de I'Autricbe, par Raf- felsberg; la Topographic des l-ltats prussiens, par Messow, par ordre alpha]>6tique; pour les recueils g^ograghiquesperiodiques, la suite desjournaux de la Societe geographi([ue de Paris el de celle de Londres; duRecueildoLudde: du iVloniteurdesIndes doSiebold; des Nouvelles Annales des Voyages; des Progres de la geograj)hic, parFroriep; en ouvrages divers, plusicurs volumes ou opuscules de geographic de M. Graberg de llemso sur le Maroc, I'Algerie, I'ltalie, la mer Noire, les Rirghis, sur les uavigateurs genois, sur Its progres de la geographie depuis ISZiO, les d(^couvcrtes dans I'Amerique el dans rAIViqiiP centrale . otr.; - le Ta- ( fiiS ) bleau des otablisscments publics en Algerie pour 1845, adress^ par lo ininist6rc dc la guerre; les hauteurs des points de la carte de Suisse, par M. Osterwald, 1847; les Symbolce ad geogrnphinm medii avi, par M, WerlaufT; les opuscules et ouvrages dejac ites,ofrerts au Cabinet de g^ographie par MM. le docteurBeke, S(^dillot, Falbe et D'Avezac. Quant aux atlas composes par M. Morse, citoyen des htats-Inis , ils sont publit'is a I'aide d'un procede particulier qu'il appelle ccmgraphiqnr. Ce n'est pas le lieu de fairc la description dc sa niethode; il suflit de dire qu'elle est propre a gen^raliser de plus en [)lus les connaissances en geographic et mdme k populariser tout a lait cette 6tude, attendu que par ce moyen on niultiplie ind^liniment le lirage des cartes geographiques ile inaniere a en abaisser le prix consi- d(irablemenl, L'ne seule carte en relief a ^t^ d^pos^e cette annee; elle est encore I'ouvrage deM.Bauerkeller; eile represente I'Esjiagne et le Portugal. Tel est, en abreg6, lo resultat des acquisitions dont s'est enrichie la Bibliotheque royalc en 1847; quel- ques unes sont assez pr(icieuses pour comi)enser I'in- leriorite du nombrc des pieces. Puisse la svmpathie iiianifestee par les savants Strangers pour la nouvelle collection, et lourbienveillance pour celui quilui a con- sacre tous sos olVorts, ^veiller en France un sentiment semblable, d4montrer I'utilile de cet ^tabiissement ])»]blic, et provoquer des mosures salutaires et effi- caces, changer enfin un si.njilo depot en un lieu de hautes etudes et de recherches scientifiques k la hau- teur des connaissances du xix' si^cle ! ( 419 ) EXTRAIT D'lJNE LETTRE DL COLONEL MARIENI, AU SERVICE D'AllTIUDHK, Datee de Vienne lp 21 novenibre 1847. Au mols d'aout dernier, j'ai fait un sejour a Tama- grai ( royaume de Pologne), pour convenir avec le lieutenant g^n^ral russe Tenner des moyens d'op^rer la jonction de la triangulation qu'il dirige dans cette partie de I'empire de Russie avec la triangulation au- trichienne du royaume de la Gallicie. J'esp^re que, dans le cours de la prochaine ann^e, on metlra a exe- cution les travaux que demande cette liaison, laquelle aura lieu dans les environs de Cracovie et de Tamogrod, c'est-a-dire sur deux points. On aura done ainsi la preuve de I'exactitude des operations trigonometriques aulrichiennes, si peu connues jusqu'a present. Le general Tenner reunit et coordonne les travaux trigonometriques russes , qui se poursuivenl avec una grande celerity. A I'aide de ces travaux on obtiendra dans peu d'an- nees la mesure d'un arc de meridien de 25°, lequel s'elend depuis Ismail, sur le Danube, par Jacobstadt, Borysat et Tornea, jusqu'au cap Nord. Je moccupe en ce moment de la mise en ordre des travaux trigonometriques qui , dans ces dernieres an- n^es, ont et6 executes en Transylvanie, pour pouvoir ensuite les publier Tannic prochaine, et procurer ainsi la description geom^trique d'un pays jusqu'a present si peu connu sous ce rapport. ( 'l^O CO.MPTK REN 1)1 Dcs Recettes ct tics Depenses tie la Society pendant rexerrirr 1S/|0- 1 S/i7. KKCKTTi;s. Reliquat du complc de 18/15-18^6; in- t^rets des Ibnds placf^s; souscrijjtion dn Roi; renouvollemcnl des souscriplions annuelles ct prodait dcs diplomcs delivres aux nouveaux nifinljres; venti' dii Recucil dos Memoircs <'t dii Riillotin 10 107'' 70' DKPENSKS. Frais d'administration , d'ap;onco , do lover; impression du Rnllotin ; medailles d6cernees eii 1 8/i7 8 978 89 En caisso le 31 decembre 18/i7. . . 1 038'' 81' Plus, une inscription de 600 fr. di' rente 5 p. 100. I' /4sseinhlee senerale Certifie par le Tresorier de In Societe et approuve par Signe (^iiWF.LiJER. Paris. \f 1 4 jnnvier iS^8. ( m ) I)£liXI£M£ SE(;nO]>i. Actes de la Societe. EXTRAIT DES PROC.ES-VKBBALX DK.S SEAINCES. Prdsidknce de M. Jomaru. Seance clu 5 novembre '.18Zi7. Le proces- verbal de la dei'iiieie stance est Ju el arlopte. M. Constant Dul'eu, architecte, ecrit a la Societe que, conformement a I'autorisation qui lui a ot^ clonnee, il vient de I'aire au tombeau du contre-amiral Dumont d'Lrville les restaurations des pelntures et quelques atilres rejiarations. Les procedes qu'il a employes pour les peintures sont peu dispendieux et assiirenl une loiigue duree a cet ouvrage. M. Duleu souniet a la So- ciete quelques observations au sujet des inscriptions, el il la prie de voulolr bien lui donner son avis sur la rectification quil propose. Cet objet est renvoye i I'examen de la commission sp6ciale du monument. AI. \ erger eciit a la Societe pour lui oirrir en son nom et au noni de M. Lc Sanl une Geograpbie t^lemen- tairc du deparlemonl do la Loire-Inforicure , et il ap- pelie son attention ^ur re travail. ( 422 ) M. le presidoul met sous les yeux de I'assemblee un dessin representant douze caracleres hi^roglyphiques graves par les anciens Indions Cliibchas do la Nouvclle- Gronade sur un rocher dc la province de \clez, au nord de Bogota, et envojes au colonel Acosta. M. lo president invite ensuite MM. les niembres qui auraient des renseignemcnls sur le nouveau voyage de M. Rae, officier de la Coinpagnie de la bale d'Hudson, a la terre de Boolhia-Felix, a vouloir bien les communiquer a la Sociele. M. le viconite de Sanlarem fait hommage a la So- ciete de plusicurs volumes de son ouvragc sur les re- lations politiques et commerciales du Portugal avec les diflerenles puissances du monde, depuis le commen- cement de la monarcliie ]>ortugaise au xii*^ sieclc jus- qu'a nos jours. U oll're aussi le premier volume de sa Collection des documents relatifs aux relations exte- rieures du Portugal, ayant pour litre Corpo diplomatico. M. le vicomte de Santarem fait observer que, dans les volumes deja publics et renfermant les sommaires de plus de six mill*; documents, pour la plupart inedits , on en rencontre un grand nombre qui appartiennenl a riiistoire de la geograpliie et qui interessent cette science. D'apres le d^sir manifesto par la Commission centralo, M. de Santarem signalera ces docunu.nts dans une procbainc notice. M. D'Avezac presente des observations sur ia nomen- clature et le classement des lies et arcbipels de la mer de Madagascar. Le meme niembre donnc des explications sur le calendrier de I'Allas venitien de la bibliotlieque de M. le baron Walckenair. M. Roux de liochelle |)resente un compte rendu des ( /i23 ) demlers tableaux do la situation dcs elablissenieiits francais on Algerie, publies par Jc iiiinisteie de la guerre. Senncc dn 19 novenibre 18/l7. Le proces-verbal de ki derniere seance est lu el adopte. La Societe royale asialique de Londres adresse la troisienie partie du dixienie volume de son journal M. le viconite de Santarem communique la premiere feuille de la grande mappeiiiondc deFra-Mauro, A^ 1Z|59, publiee pour la premiere lois en entier et de la grandeur de I'original, avec ses nombreuses legendes, si importantes pour la geograpliic du mojen age et pour riiistoire des decouvc rtt s du xv*' sieclc. II annonce que les aulres feuilles paraitronl successivement de mois en mois. M. lo president, en adressanl iles remerciments a M. le vicomle de Santarem, au nom dc la Commission cenlrale, rappelle qu'en 1843, a son retour d'ltaiie , il a rendu compte a la Societe de son voyage, et qu'entrc autres cartes anciennes de diflercaites villes qu'il avail tail copier ou decrites, il a insiste sur la beaule du tra- vail de la grande carle de Fra-Mauro, transportee de Sainl-Micliel de Murano au palais ducal de Venise ainsl que sur son admirable conservation sous le rapport du dessln , des ecritures et des couleurs. M. Roux de Rochelle fait hommage du second vo- lume dc son Hisloire dc I'ltalic. M. le president annonce que M. Forchbamnier est present a la seance, et il I'invite a laire une commu- nication a la Societe sur ses voyages. VI. de Frobervilk- lit uiio notice siir les Va-i\ghindo, peupladc do la totu oricntale d'Afrique. M. le presi- dent I'invite a vouloir bien detacher ii[i fragment de cetto notice pour le lire a la prochaine assemblee ge- nerale. M. D'Avezac aur>oncc qu'il a recu de M. Ifldouard Dulaurier, professeur de malai a I'ecole speciale des> langues orientales vivantes, I'oirre do deux morceaux geographiquos d'un grand int^ret, pour etre compris dans le recueil de Voyages ct de Momoires public par la Societe. Lc premier de ces morceaux est la relation ti'iui \(iyageur indigene dans I'interieur de Ja penin- sulc malaic, traduite sur le inanuscrll original; le se- cond est la relation espaggolo du celebro Mendana, avec la traduction falte egalement par M. Dulaurier. Cette ollVc est accueillie avec emprcssemcnl, et ren- voyee a I'examen de la section de publication. M. D'Avezac entretient ensuite la Societe d'un ilocu- rnent genois vulgairement intitule llincrariiini /i.si/s- iiKuis; ce document, signale en ]667 par Soprani, en 1802 par M. Graberg de Hemso, ot Ires ])ien caracte- rise par Akerblad, I'ut I'objet, en 1809, de savants apercus de la part de M. Walckcnaer ; enlin inie copie cntierc en fut cnvoyee en 182/i par M. Graberg a la Societe de Geograpliie. M. D'Avezac, qui a\ail pro- voque en 1832 dcs verifications en Italie pour relrouver le manuscrit original , annonce qu'il a repris person- nellemenl ces rcchcrclies en 18/12, el qu'il est posses- sour d'une recension nouvcUe qu'il so dispose a pu- blier; il donne quelqucs details sur Ics dlverscs paities dont se compose le manuscrit, sur la date de cbacune d'elles, ct sur la nature, I'origine ct rautcui presume He celte compilation. ( ^'25 ) Scancr (hi 3 deceinbre V^!x" . Le proc6s-verbal do la dernit're seance est In pl adople. A I'occasion du proces-vcrbal, M. Ic president rap- pelle qu'il a etc question de plusicurs nianuscrits sus- ccptibles d'entrei' dans la composition des memoires inedits, et que la section de publication pourra s'en occuper, en nieme temps que de ceux qui viennent de lui etie signales. M. le colonel Corabreuf communique une letlrc de M. le colonel Marieni, au service de I'Autricbe, relative aiix moyens d'operer la jonction de la triangulation dirigee en Pologne par le general russe Tenner, avec, la triangulation autricbienne du royaunie de Gallicic. Un extrait de cettc lettre est renvoye au comite du Bulletin. M. Jomard donne lecture d'une lettre de M. le doc- teurBcke, ainsi que de ses ol;)servations relatives a la source de la principale brancbe du fleuve Blanc. — Renvoi au comite du Bidtetin. Le mfime membre fait les communications suivantes : 1° II resulte de sa correspondancc avec M. Carl Hitter, au sujet du voyage au Soudan [das Buck des Sudan) que M. Rosen vient de traduire du turc en alle- mand, que le voyageur lunisien, Mobammed-ben-Ali- ben-Zaid-el-Abidin-el-Tounsi, est autre que le cheykh Mobammed-el-Iounsi, auteur du Voyage au Darfour ct d'un Voyage au Ouaday, dont Ics dessins ont t''(c communiques a la Societe. Tous deux y sont alles par I'Kgypte, ct sonl vevcnus du Ouaday a Tunis par le Fez/an et Tripoli; mais le cbeykb scul est revenu d<' Tunis au Caire. Celui-ci no parle aucuneincnt de lui- VIII. .^ovl■;\n'.UK i;t i>j':(:uMr.RF,, \'l. 2S ( /i2f) ) IK'S, lie sarcopliagt'S, d'inscriptions siir lahlcs do cuImc avec Ics signes (111 soloil, rtc, nienliomx^s dans le liiic/t (las Suflri/i, 111 d'un Fraiicais voyagcanl a Ouaday a la mfime epoque. Ces divers points seront examines dans la preface du Voyage du clieykh an Ouaday. 2" M. le docteur Squier est occupe a la publication de ses recliercbes sui' les anciennes enceintes ou cir- convallations et les tainulns ain^ricains qu'il a fouill^s, el sur divers sujels curieux d'antiquitcs aniericaines. Plusieurs planches de son ouvrage repr6sentanl en plan et on coupe des enceintes et des lumuliis silues sur les l)ords des rivieres Print-Creek, Little-Miani et Brush-Creek. son( depns^es sur le bureau ; la derni^re pr^sento In singuliorc conformation dim sorpenl ot d'un cBuf (ou ovale) a son extremlte. S° M. Gustavo Klemin, dirccleurdu inusee deDresde, on continuant ses rerborcbos au sujel du cas(jiie asia- tiqne trouve dans un nriarais dans la seigneurie do Beitzsch f cercle de Guben, r6gence de Francforl), s'est assure que le poignard et los bracelets trouv^s au meme lieu sont d'une inaliere el d'une forme tout a fait diff^rentes de celles des armes et ustensiles con- sorves dans sa collection et dans toutes les collections connnes. M. de Bruyn adresse d'Amslerdam une grande carle de la Paloslino, qu'il vienl de publior, ot il exprime a la Societe le desir de connaltre son opinion sur ce Ira- vail. — VI. Poulriin do Rossay est prio d'on rondro comptp. M. Jomard olTro, en son noni , uno brochure (\o M. Geoll'roy Saint-Hilaire sur I'acclimatation et la do- mestication de nouvollos cspoccs d'animaux. M. Adolpbo d'llaslrol Hiit boniinage de la Iroisii'inc ( 427 ) el (loinu'ie livi'ciisou de sun Album tie I'lle liourhoii. Seduce iln 17 deceinhrc .\9,l\l . Le proces- verbal de la deiaiero seance esl lu et adopte. M. le piesidenl ill uiic leUi(> de M. le coirite Mole par laquelle il prie la Commission de vouloir bien re- inettre la seance gendrale qu'il doit presider au niois de Janvier procliairj, I'etal de ses youx ne !ui permet- tant pas de reniplir ce devoir avant un mois. La Com- mission fixe la seance an vendredi 14 Janvier. iVI. le prince de Craon , vice-president dn Comile central de I'ceuvre francaise pour le mont Carmel et la protection des Chretiens d'Orienl, ecrit a la Societe qu'apres avoir aide au retablissoment de eel hospice, le Comite dont il est I'organe avail pense aussi a reor- ganiser la bibiiolheque qui I'ul detruile par Tarmee francaise lors du siege de Saint-Jean d'Acre, el qu'il comptait sur les sympathies dc la Societe. La Com- mission contrale, d^sirant contribuer, pour sa part, a la realisation de celle p<;nsee du Comite central, que la reedification du mont Carmel est non seulement une question de religion, mais encore d'humanile, decide qu'ello mcllra a la ilisposilion de ce comile une collection dc son Bulletin ct dc son recueil de M6- moires. M. le president aimonce la perle douloureuse que la Societe vient de I'aire dans la personne de deux de ses correspondants elrangers, M. le comte Graberg de llemso a Florence, et M le gent^ral Visconli, direcleur du depot geographiquc el hydrographique de Naples. La Commission cenlrale cit^cide (|ue lexpnssion do ses regrets sera menlionncc ,ui proces-vcrbal. ( 428 ) II aiinonce oiibiiilo It- tli^part pour C.eylan de M. Jauge Ills, ([ui sc rend a Colombo pour un long sojour, ot se met a la disposition de la Socidte. M. le president informe aussi la Soci6te du passage a Paris de M. Layard, qui a fait des d^couverles impor- tantes aux bords du Tigre , sur I'emplacement de la viilc de Nemrod, et en rapporte de nombreux dcssins ; on \ comj>te plusieurs palais, des li'm|)lcs c* divers baliments; les sculptures sont d'une grande richesse, et rappellent celles de Kborsabad ou Ninive , avec cer- taines parlicularitt^s. Les bas- reliefs representent un passage de riviere, une cliasse aux lions, des marches mililuircs, des combats, et d'autres sujets hisloriqucs. M. Layard a vu la pyramide citee par les auteurs grecs ; elle a 180 pieds environ. Le menie annonce qu'il a recu de M. Pasini, secre- taire de rinslitul de Venise, une nouvelle edition ita- lienne de Marco Polo, qu'il vient de publier avec un Commentaire de M. Lazari. Le texte de la Societe de Geographle a &li choisi pour cctte version, comme le plus complet. Une longue Introduction, dans laquelle est cite M. Roux plus d'une fois, pr^c^de tout I'ouvrage, (]ui est accompagn6 d'une carte des voyages de iMarco- Polo, avec les deux nomenclatures. II donne lecture d'un rapport du general Edhem- liey, ministre de I'instruction au Caire, sur I'citat actuel des 6coles publiques en Egypte. Enlin, il communique le I'ccit d'un voyage on cara- vane dans les deserts de (".alii'ornie, oil se Irouve decrit un phcnomene extraordinaire de mirage. M. le baron de La Pylaie donne, a celle occasion . quelquos detail.'- sur les mirages (juil a observes eu France. ( /|29 ) M. lo tlocteur Ewald ecril a la Sncielo pour lui olTiir les livraisons 8-10 de son Atlas imiversol. M. le vicomte tie Santarem fait homniage d'line nou- velle planche de sou Atlas de mappemoiidcs et de carles du nioven age; cettc planche renterme les mo- numenls suivants : i" Une mappemonde tiree d'un manuscrit de Ma- crobe du x° siecle; 2° uu autre monument tire du memc manuscrit; 3° une mappemonde du xn" siecle tiree du Liber (hiuionis de la Bibliothcque royaie dc Bruxelles, d'apres un facsimile envoye par M. le baron de iieilTenberg ; h° une autre mappemonde liree du meme manuscrit; 5° une mappemonde du xiii"" siecle tirco d'un manuscrit islandais, et publiee dans les Jntiquitntes aiiiericaiice; 0° un monument du xiv" siecle, tire d'un manuscrit de la Bibliothecpie royaie de Paris, j)oui" servir de demonstration aux theories de quehjues cosmographes du moyen age; 7° un monument tire d'un manuscrit du xiv" siecle de la Bibliothcque royaie do Paris, pour servir d'explication aux theories dc quelques cosmographes du moyen age; 8° une map- pemonde du xiv'' siecle, qui se trouve dans un manu- scrit dc la Bibliotheque royaie de Paris. — M. de San- tarem donne I'analyse de ces monuments dans le texte explicatil'de son Atlas. OUVRAGES OFFERTS A H SOCIIiTJi. Seance du 5 iioveinbre 1847. I'tir M, le ricomte de Snntaiein : Ouadro eleinentar das relacoes politicas c diplouialicas de Portugal com as diversas polcucias do niundo, desde o principio da monarchia porlugue/a ale aos nossos dias. Tomes II , ( 430 ) 111, 1\, \. Paris, I8/|2-1845. — Corpo diploiuatico Porluguez contendo loclos os tratados de paz, de al- lian^a , d(> neutralidade , de Iregua , de commercio , de limiles, de ajustes de casainenlas, de cessdes de terri- torio e oulras transac^oes eiitre a coroa de Portugal e as diversas potencias do mundo, desde o prlncipio da monarcliia ale aos nossos dias. Tome I. Paris, I8Z16. i\ir Mi\J. Le Sunt et f^erger : Geop;ra])hie eleineii- laire de la Loire-lnlerieure. Mantes, ]8/i7, 1 vol. in-18. Par /es nuteurs et editeura : Annales de la Society d'agriculture de la Charente. Mars et avril. — Stances cl Iravaux de i'Academie de Reims, n" h. — Nouvelles Annales dcs voyages et des sciences g^ographiques. Tome III. 1847. — L'Abolitioniste IVancais. 5* livrai- son. — Revue de I'Orient et de I'Algerie. Seplembre. -- L'Investigateur, journal de I'lnstilut hislorique. Oc- tobre. — Journal des Missions evang^liqucs. lO*" li- vraison. — Bulletin special de I'lnstitulrice. Oclobre. — Annales de la propagation de la Foi. Novembre. Seance dn 19 noi>einbre 1847. /'«/ la Societe royre. ( A3I ) Seance (III .'5 (leeemhre 1847. I'(ir le ministere de r Agriculture et du Commerce : Do- cunienls sur le commerce exierieur ( n"' 383 a 385). In-8". Par M. Adolphe d'Hasirel : Album de I'ile de Bour- bon. 3*^ et derniere livraison. In-fol. Par M. Bttiyti : Palaeslina ex veteris aevi monumentis ac recenliorum observationibus illustravit M. D. dc Bruyn. Amslclodami. 18Zi/i. 1 feuille. The journal of the Indian Archipelago and Eastern Asia. N"* i, 2 et 3 (July, august, September 18^7 ) . Singapore. In-S". Par M. Jomard : Acclimatatioti et domeslicalion de nouvelles especes d'animaux (exlrait de la Bevue Inde peiidntite), par M. Is. GeofTroy Saint-Hilaire. Broch. in-8°. Par les aiiteurs et eiliteurs . Revue de I'Orient el de I'Algerie. Octobre. — L'Investigateur, journal de I'ln- stitut historique. Novembre. — Journal asiatique. Oc- lobre. — Bolelin de la Sociedad economica de Amigos de\ pays de \alencia. Septembre. — Journal des Mis- sions evangeliques. Novembic. Seance dn 17 decembre \%hl . Par l\i. le capitaiiw sir James (lark tioss : A Voyage of discovery and research in the southern and antarctic regions, during the yars 1839-1843. 2 vol. in-8". Lon- dres, 1847. Par M. le -vice-president da I omile : OEuvre IVan^aisc du Mont-C-armcl. Broch. in-8". ( A32 ) l\n les auteurs et editenrs : Journal d't'diication po- |)iil;iire. Septembre et octobre. — Seances et Iravaiix (le I'Acack^iTiie do Reims. — Bulletin special de I'lnsti- tulrice. Decembre. — Tableaux de mars el avril de la Commission bydrometriqiie do Lvon. fc V*-^ *^*'^ *^ *■» tablp: des matieres COSTENLEs DANS LE VHP VOLUME DE LA 3' SfiRlE. N<" 43 a 48. (Juillet a, Decembre 1847.) PREMIERE SECTION. MfcMOlRES, KXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. P.iS<-». Explorations dans la Taitaiie niongole et au Thibet, de i844 a 1 846 , par MM. Gadet et Hue , missionnaires francais. Frag- ment inse're aucahier do juillet 1847 '^^^ Annates de la Pro- pagation de la foi, et analyse par M. Albert-Montkmont, membre de la Commission centrale ^ The wild spoits of southern Africa; being the narative of an expedition from the cap of Good Hop through the territoiies of the rhief Moselekatse, to the tropic of Capricorn; by captain HAitnls. — Scenes sauvages de I'Afrique meridio- nale, ou recit d'une expedition depuis le cap de Bonne- Esperance, a travers les contrees placees sous la domina- tion du rhef Moselekatse, jusqu'au tropique du Capri- corne. (Analyse par M, Albert-Mostemont, membre de la Commission centrale. ) 2- Anri<|uites ameriraine.:. — Lettre de M, Samuel F. Haven , membre et Jiibliothecaire de la Societe americaine des anti- quaires des Etats-Unis, a M. JoMARn, membre de i'lnstitut de France /- Ouvrages ou Memoires offerts a la Societe de geographic , dans Ips dernieres seances. Notice par M. Albeut-Montemoxt. Voyage dans i'Afrique australe, notamment dans Ic ferritoire de Natal , dans celui des Cafres .^mazoulous et Makatisses el VIII. NoviMRui i:r i)i';<;r-\ii!Ri;. !.'}. 29 '(9 ( 434 ) jusqu'au IropiquH dii Onpricorne; execute durant les aniiees 1 838, 1839, 1840, 1841, 1842, 1843 et 1844, ;n:ioin[>a- gne de dessins et cartes , par M. Adulphe Deli^orgue. ( Analyse par M. Albkrt-Montemont , membre de la Com- inission centrale. ) 65 Des Notations geographiqiies. (Extrait d'line leftre de M. le co- lonel Jackson a M. Jomard, iiii-inbre de I'lnstitut . ... 81 Fragment d'ecriture libyenne. .1 — D 83 .Sur la langue des Muyscas ou l;i langue chilicba. J — D. . 8^ Enseigneinent {»eo{;raphic|ue. J — D 8q tlistoire de la navi{;ation , par M. be N/vvvRRKTt. J — I). . 90 Note sur le public domain des lilats-Unis. J — D gi Extrait d'une lettre de M. Antoine o'ABBAniK a M. Jomaiih. t)4 Notice sur les antiquites de la Nouvelie-Grenade, par M. Valez. 97 Aniiquites de la Krgence de Tunis, par M. de Sainte-Mahie , capitaine au corps royal d'etat-major en mission a Tunis. . iuservations sur la nomenclature et le classement des iles et archipels de la mej- de Mada{;ascar (lues cl la Sociele de geo- graphic, dans sa seance du 5 novembre 1847). 1""" ^ n'A- VEZAC IT(J Fragments d'une Notice sur un Atlas manuscrit de la l>iblio- tlieque Walckenaer. Fixation des dates des diverses parties dont il se compose, par M. D'AvEz.\c 142 I. Introduction ih. II. Calendrier lunaire formant la premiere pajje de I'Atlas. . 1^' III. Calendrier solaire formant la deuxieme page de I'Atlas . i6(i IV. Conclusion 171 Note de M. le colonel CoBABOEtiK sur un Recueil des hauteurs au-dessus de la mer, public par M. Ostervai.d 17a Notice sur les anciennes Sagas de I'lslande, par M. C.-C. Rai-n, secretaire de la Societe royale des Antiquaires du Nord. . . 174 Kenseignements sur les Voyages et Albums pittoresques t\v M. d'Hastrel , el sur les ti'avaux chorographiqiies dc M. I. a- ( A35 ) OUII.LERMIE, par M. BtHTHHLOT • '77 Note sur la publicalion, prepaiee par M. Jomaru, cl'un Kecueil de cartes du moyen age, sous le litre de Monuments de la q^ographie 180 Notice d'une carte des Vents et des Courants de I'oceaii Atlan- tique septentrional, par M. JVLvhry, lieutenant de la marine des Etats-Unis, directeur de rObservatoire de la marine a Washington '. i85 Dissertation geographique sur I'Amerique, communiquee a la Societe de fjeographie par M. Francis Lavallee U)j Revue des ouvrages, memoires et journaux offerts a la Socie'te de geographic pendant le mois d'octobre i847 ***4 Lettre de M. Antoine d'Abbadie a M. D'Avezac a3t Discours prononce par M. le conite Mole dans I'assemblee gene- rale tenue a I'hAtel de ville le i4 Janvier 1848 249. Rapport sur les travaux de la Societe de Geographie et sur le progres des decouvertes et des eludes geographiques pendant I'anne'e 1847, par M. Vivien de Saint-Martin 253, Notes sur les moeurs, coutumes et traditions des Aniakoua, sur le commerce et la traite des esclaves dans I'Afrique orientale, par M. Euoene DE Fbobebville 3ii Notes sur les Amakoua 3i2 Notice sur I'expedition envoyee par le gouvernement francais dans I'Amerique du Sud, sous la direction de M. le comte de Castelsau, 33o Les antiquites americaines au point de vue des progres de la geographie, par M. Jomard 345 Lettre de M. Beke adressee au president de la Societe de Geo- graphic 356 De la determination des cotes septenlrionales de la Siberie par MM. T)E Wrangeel et Anjou 36:>. Scenes de la vie sibe'rienne. Pcche de I'omoule dans la Se- lenga . , 367 Extrait d'un Mtiinoire sur la Lazique de I'rocope, par M. Vivien DE Saint-Martin 3^(5 Progres de la collerrion geographique de la Ribliotlie(|ue royale 408 Extrait d'uiie leltie du colonel Marieni rehuive aux nioyeiis d'operer la joiictioii de la ti iaiigulalion dirigci en I'niognc 1^ ( 436 ; avec celle de la Gallicie /|n Compte rendu des reietles et depenses de la Sociele pendant I'exercice 1846-1847 4^0 DEUXIKME SECTION. ACTKS DK l.A SOClfeXE. Proces-verbaux des seance,> de la Commission