<}.qzj^,4.^. F^— ^->i*>^^|» BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. f^nairi^nic faerie* TO»I£ VIIZ. COM POSITION Dl BURKAL J)E l.\ SOCIl-lE POLR 185a-185'i. president. M. Hip. Fortoui., iiiiiiistrc ilt- I'lii-lriiclioii piiljlicme. „ . . , I MM. r.uiuJinuT, iiiuM.|)i'e df I'liiililul. I LtFtiivRE-UuiiuFLE, sL'iiuleur. MM. Hi|). l>ucHASov. ScriiCiileiiij. y !■ I f I'flU. rABRK. Secretaire. M. \. Micuelot. COMI'OSITIO.N DU JJUliEAU DE LA CO.MMISSION CEMHALE rouH 185^. President. M. Jomard. f ice- Presidents. M.M. d'A\ezac rl Dh i.a Roquetti. Secretaire i;eiieriil. M. Coktambert. Secretaire adjoint. M. V.-A. Mai.te-Bruw. Section dc Correspu/idance. MM. A. J'Abbudit-. MM. Iniheil des MotlrlellM Callicr. Laloiid. Cochelet. Lifbas DiiO it de Mofras. Melssas. D'Escayrac. Noel-Desvergers. Ferry. Poulaiii de IJossay. Section de Publication. MM. Albeit-Montemonl. MM. Maiiiy (Allied). Daiissy. Moiel-Falii). de Fioberville. Pieio.sl (Coiislaiil). Gay. de .Saiitartm. Jacobi. Sediflot. Mamuy. Ternuiix-Compans. Section de Cotnptabilite, MiVl. Diicliaiioy. MM. Isambert. Gaiiiier, Lowensteru. GuiKuiuut. yivcldviste-hibliothecaire. M. Tresorier de la Societe. M. Meignen, iiotaire, i lie Suiiit-Hunuic, 370. Meinbrcs adjoints. MM. D'Eirhlhal. M. Miihelut. Hec(iuaiil. M, Noirol, .agent de la Societe, ru« Christine, 3. «'■? >N;>vi ^. ■*•'-■/■■■■■'*»•?'' . ^ ? - V>' ■ ■ -^ .V,' J . if^ . IB £ 1 lL '(J T . BULLETIN i)i; L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE. RtblGt PAR LA SECTION DE PUBLICATION ET MM. COllTAYIBEIlT, SECRETAIRE GEMiRAL DE LA COMMISSION CENTRALK, ET MALTii liHlA, SECRETAIRE ADJOINT. QUATRljfcME SERIE. — TOME HUlTlfeME. ANNtE l85Zi. JUILLET— ihU;embri;. PARIS. CHEZ AR Til US- R ERT R AN D, t, 1 I! Pv M R li D K LA S O C 1 li T K D li G i 0 G R \ l> II 1 1'. , KIIE HAUTEFtUir.I.F. , M" 2 1. 385/1. USTE DE3 PRESIDENTS HONORAIRES DE L\ SOClETfi DEPDIS SON ORIGINE. ' MM. De Laplace. De 1'astoret. Ue ClIATEACBRIAND. CHAnnoi. DR Voi.vic. Hecquey. Ai.EX. DE Hi;MEOI.nT. CuAnROL DE Crousol. Georges Cuvier. Hyde de Neuvili.e. De Doudeauvii.i.e. J.-B, Eyries. MM. L'amiial de Ric;: ) nions ^mises jiisqn';! prt^sent par los personnos qui ont Iraile de collo qnoslion. Ln plus paiiidnxale, scion liii, etait collo do ^Vllilako^, qui coiului.'-it Annil)al en Italio par le Grand Sninl-Bcrnard : Simler el Gioslec radoploienl aiL'<.si, jc crois. Jc ne puis m'cmpficher de remarqiier qu'il y a en qtielqne chose de person- nel dans la plupart de Ci s opinions diflerentes, basees sur un sojour habitiiel des aulcurs dans cliacnnc des localil(^s qui onl participo a I'hormeur de celte csp^ce de celebrile, Toutefois j'exemple de cc roproclie cellos des opinions sur lesqueiles jc suis precisc^nicnt appcle a porlor la discussion on ce niouiont. MM. Deluc ol Melville conyurent la |)iiis rcmarquable, et la fironl connaUre par une publication (|ui a en trois editions, dont la premiere date de 181 S. Dc-s 1820, MM. Wic- kam et Cramer pnblierent leur adhesion molivce a celte opinion, en I'am^liorant par mi ou deux points de ddtails assez plausibles. lis adoplerent Roquemaure commc le lieu du passage du Ulionc ; Viennc, commc le terme de la marcho en amont ot sur la rive gauche du fleuve ; V Insula Allobrogum, ce Delta trinngiilaire nnnlogne a cehd d' Egypte, selon Polybe, dans la partie du deparlrmcnt de I'ls^re comprise entre cette riviere et le Pihone ; Saint-Genix-d'Aoslo, comme le ])oint oil les Carthaginols enlrorcnl cnSavoie; le mont du Chat (mons Thuatos), comme le premier point ou Annilial, abordant les monlagnes, cut a combaltre les monta- gnards qui n'en gardaicnt le passage que duranl lo passage d' Anuibal el ilt'fetfic tic I'opviion tic Ueluc^ tl'apres lenucl Ai>ni!. L R. ( ' ) jour; la riclie plaiiic de i'.haivil)ery, puis, jiisqtrau bourg (le Sainl-Maurico, la fertile et large vallee ariosee par risere, comine rilineraire facile suivi au liavers des inontagnes jusqu'au lieu du dernier combat contre les monlagnards ; le col du Petit Sainl-Bernard, enfin, comme le tbeatre de ce combat, et le j^lateau qui le couronne, comme le sommet ou le general afiicain campa deux jours, pour donner aux Irainards le temps de le rejoindre. M. Deluc attacliait une importance peut-etre excessive a la decouverte dune grande recbe blancbe el de squeleltes d'elephants sur le Petit Saint- Bernard , et a celle d'un preleiidu bouclier d'argenl Irouve, en 171Z|, ))ar un formier de la tcrre du Passage, entre la Tour-du-Pln et les Abrels, a un denii-niille de la route de Yienne a Cbamhery, et dans lequel on crut voir d'abord un bouclier carlbaginois, puis un bouclier votif (1). Mais les nieilleurs arguments de MM. Deluc, Melville, Wickam el Cramer etaient dans ()) M. Letronne s'expiime ninsi, n j)io|)os de ce bouclier, dans to Journal de^ Mvants de i8ig: « Celte f|ualitication (de bovicHer car- tlia^'inois) fut d'abord donnee a ce monument, sur une simple con- jecture des membres de I'Academie tlci iiisciiplions. Celte conjecture avail pour unique appiii le lion et le palmier qu'on y voit graves, types qui se reirouvent sur des mt'dMilles cartli.iji;inoiscs. Les anti- quaires s'accordent maintf-nant a reconnaitre dans ces pretendus l)oucliers votifs, sans porliails ni inscriptions, des plats, ou niieux des plateaux, qui, sous le nom de pinalies, lancet, disci it tympana^ ornaient les buffets des riches, lis y faisnienl fjraver des sujets sou- vent fort compli(|UPs, temoin le pretendu bouclier de Scipion. Du reite, il serait constate que ce plateau est un bouclier votif cariha- pinois, qu'un srmblablo monument pouvant, dnns I'cspace de deux niille ans, avoir ete transporte lade fort luin, ne jirouverait pas plus, aux yeux de la critique, que les medaille* rarihagiiioises trouvees sur le Grand Saint-Bernard. » ( 8 ) la concordance de leur itinerairc avoc les distances, le nonibrc des jours de marcho, les ddtails geographi- ques enonces dans \c lextc de Poljbe; dans rad()[)lion de ce lexte, conime seul digne de confiance, ct dans I'accord de cet itinerairc avec les convenances de lieux el de saisons qui guident iin homnie dou6 de simple bon sens, el a j)l»s forte raison le general charge de la conduite d'une armee. Tel n'avait pas ele le mode de raisonner du marquis de Saint-Simon, lorsque, apres avoir amend les Car- thaginois au piod du inonl\ iso, par la vallee de I'Lhave, il suppose qu'ils avaient 6[i c-^ares par /ears guides, pour disposer de neuf jours dont il ne savait que fairc lui-meme, et qu'il ajoute, en les amenant sur le mont Viso, pour voir de la les plaines de I'ltalie: a qu'il no sait pas precisement quelle route ils s'etaient ouverle pour y arriver. » Le moindre devoir d'un commenta- teur qui emet une opinion neuve, est au contraire de savoir trouver des arguments a I'appui de cctte opinion (d'autrcs critiques pourronl toujours se charger d'at- taquer la force de ces arguments) ; c'est un devoir d'autant plus imperieux, lorsqu'il souticnt une verile qui n'est meme pas -vraiseiublable ; lorsqu'il prefere (pour I'amour d'un discours de rheteur) une cime aigue do 11 800 pieds a des passages de l5 a 7 000 pieds el a Thypolhcse si naturelle que les guides d'Annibal savaienl leur m6lier, leurchemin, ct que c'^tait pour cela que la nation des Insubriens, nation qui I'-lait en rapports frequents avec la Gaule transalpine, sa palrio origineilc, avail fail choix de cos guides pour les en- voyer jusqu'a I'omboiichure du Ilhono, a la ronconlrc d'une armec qu'ellc allcudait avec impatience. Les (9) Insubriens, voisins des Alpes, avaient sollicite I'anivee des Carlhaginois; ils avaient su Irouver pour cela le chemin de Cartliagene ; ils avaient envoye des guides, done ces guides devaient 6tre surs; la route pour arriver chcz Ics Insubriens devait etre dirccte, el celte route devait etrc la meilleurc, car elle elait choisie avec d'autant moins d'enlraves qu'Annibal s'etait mis en marche avec I'appui des Allobroges, comme avec lea guides des Insubriens. En 1851, M. Jacques Replat, avocat distingue de la ville d'Annecy, a fait connaitre, sous le litre de Note sur le passage (UAniiibal, une opinion nouvellc dansle monde lltlerairc, mais doiit il avoue parlager la soli- darity avec M. Blanc, notaire a Beaufort, et qui avait Ole pr^cedemnienl inseree, par M. le comte Vignet, dans les Memoires de V Acndemie de Savoie. M. Replat ne conduit pas Annlbal jusqu'a Vienne ; mais il I'arrele au bord de I'lsdre, c'est-a-dire en debors du terriloire des Allobroges, malgrti ce qu'il y a de formcl sur ce point, datis Polybe et dans Tile-Live. "L'lnsitla AUohvogum est pour lui I'intervalle compris entre I'ls^re et la Drome, He a laquelle les hautes monlagnes du Trievcs, du Vercors et du Royans olent toute rossemblance avec le Delia d'Egvpte. Cette lie est cependanl si evidemment au noni do I'lsere, que meme M. Letronne, qui conduit Annibal par le mont Genevre, ne croit pas pouvoir sc dispenser de le faire onlrerd'abord dans I'inlcrvalle compris entre le Rlione et risere, quitle a le faire revenir sur ses pas, au sud de cette derni^rc riviere, pour parvcnir ensuite, par une route bien delournee, dans le Briangonnais, en remontant le Drac el la Durance. M. Replat fait aa ( 1(> ) ronlr.iire remoiiler a Annil)al la rn>c gauche de I'Isere jiisqu';! Ponuliain, nnn loin d'Allevard et dii fort Barraux. C'esl la qu'il place le premier conibal centre les iiionlapnards, qui ue gardaienl pas lo passage pen- dant la nnit. 11 lui fail onsuilo remonter I'aiilre rive jusqu'a Albert-ville el Conllans. Ici coniinence par- liculierenienl la portion originale de I'itineraire de MM. Vignot. Blanc el Ueplat. TIs ahandonnenl la grande vallee de 1 Iserc, ct, pour epargncr a Annibal les uioin- drfs dolours de cette vallee, n'iniporle a fjuel prix, ils riniroduis'-nt dans la vallee de Bcatdort, situoe enlre Albcrl-vlUe el le monl Blanc, au nord-est de la pre- mitjre ville. Apres y elre enlre, il faut en sorlir a Test pour gagner enfin la grande rrete iles Alpes /?ar/e che- mill le plus court; et celte giande crfile, ils la veulent franchir non an Petit Saiut-Bernard, niais au col de la Seigne, qui descend en Italic i(\Ai'VJUee-Blaiiche, der- riere le Monl-Blanc. La hauteur du Petit Saint-Ber- nard est de 6790 pieds; j'ai trouv6 celle du col de la Seigne de 2 519 nielres, ou 7 75'i pieds. Pour y parvc- nir, en sorlanl de Beaulort, M. Replal Irouve plusieurs passages a I'exlremile orienlale de la vallee de Beau- fort, destines a le condiiire au liameau de Chapiu, qui est sur le reveis meiidional du col de la Seigne; ce sonl : 1° le col de la Sauce, a la source du Doron, que j'ai trouv6 si clroit et si escarpe que cela senible une folic d'y songer; 2" lo col I'u Petit-Connet ou de la Platte, aussi nomine la Croix de tiiollay: W oITre une surface de paliM'ages assez acccssibles ; mais il laul, pour y par- vcnir, s'elevcr d'abord a la liauleur de 1 975 nielrcs (suivant la niesure de iM. le professeur Favre) et fran- cliir au prealablc plusit urs gorges etroitcs dans la ( n ) valine de Roselein ; 3° le col Jo^\ que j'ai Irouve 6gale- nuMit de 1 976 metres ; el h" le col de la Fenetre, qui le siirpasse en haulciii-. .Mais ces deux dernii-rs pas- sages, au lieu tie conduiro au pied du col de la Seigne, descendent d'ahord au val de Monljoie, co qui ol)ligo encore a franchir un col plus difficile et plus haut (7 5/|0 pieds), celui du Bonlioimne, pour redescendre au Cliapiu, ou tous ces chemins convergent. M. Rcplat considere naturelleinent le col de la Platte comme la route la plus probable ot la plus facile de toules; mais il ne regarde pas conimo absolument improl)ablo qu'Annibal « egnre par ses guides » ait escalade sue- cessivenient le col Joly, celui du Bonbomme et celui de la Seigne, e'est-a-dire //-om- passages difficiles au lieu d'uii scul, le Pelit Saint Bernard, Un de nos conciloyens, qui, parses nombreux voyages dans les passages des Alpes, a acquis le droit de discuter toutes les opinions sans elio soup^onne de partialite personnelle pour une localite plulot que pour une autre, M, I'avocat Schaub, a cntiepris de r^- I'uter la note de M. Re|)!al. Les amis ile M. Scbaub savenl qu'il joinl la connaissance approfondie des auteurs grecs a son gout ])our les voyages alpestres, et que volonliers il ajoute un do cos auteurs a son leger bagage de louriste. II est aise de comprendre dfes lors avec quel avantage il discute contre un adver- saire qui parail n'avoir eu a sa disposition que des traductions assez incorrectes de Polybe. M. Scbaub n'a pas recbercbti le plaisir d'imaginer pour son compte une opinion nouvelle sur celte question si debattue; il s'est bornd aux seules autorit^s bonnes a consul ter, sans cbercher a en forcer le sens pour les ( 12 ) plicr a aucune opinion precongiie. II a I'oruKi la sienne, guide par ies noms geograpliiqucs, les distances el Ic nonibrc dcs jours de morclic indiqu^s par Polybc. II a aussi regards conimc une prosomption nalurelle que Ic general carlhaginois , pourvu de guides experimenl6s, (ilait doue de sens commun et d'une dose ordinaire de prevoyance ; que ce n'^tait pas trop allcndre d'un Annibal, que de penser qu'il seraitguide non-seulenient par Ic choix d'une roule directe, niais plus encore par celui d'une route silrc et ou il put laire vivre son armee. M. Schaub niontre, cl je puis appuyer son opinion de nion experience personnelle, qu'il n'cxislc pas dans lout le voisinage de Ponlchnra une seule niontagnc dont la crt'te forme le passage, el derri^re laquelle il y ail une contre-penle qui ait pu servir de theatre au premier combat d'An!iiI):d contre les monlagnards. La distance dcj)uis remboucliurc de I'lsere a Pont- cbara nc s'accorde pas avcc Polybo. La vallec do Btaulorl n'cst accessible qu'a son entree et ne tarde pas a etrc inlcrceplee par dcs gorges etroiles, des defiles d'une magnificence sauvage, ainsi que le rc- connait M. Replat lui-meme, qui conduiscnt en plu- sieurs endroits a un ciiaos de precipices, de rochos sourcilleuses el de cols clcves. Daulre part la vallec do ris^re, quoiquc M. Replat suppose, trcs giatuite- ment, (ju'elle devait etre autrefois marecageuse ct submergee jjar la riviere, est large el ouverle sur toutc sa longueur depuis Alberl-ville jusqu'au pied du Petil SaiiU-Beinard ; sa pento est douce, et sa fcrlilite per- mct qu'ellc soil senieo d'un grand nombre de bourgs K't de villages florissanls. ( i:^ ) Le Pctil Sainl-Bernard est nn des passages los plus faciles des Alpes, cl suit, aussi blcn que le col ile la Seigne, le ilanc du Craiiiont, montagne que CibHus Anlipalor designait peut-etre sous le nom de Creiiionis Jiigum, coiume le lieu du passage d'Annihal. Ces deux passages din"(h'enl beaucoup: on ne Irouve ni au som- niet de la Selgne, r>l au-dessous du sommet, comme le suppose graluitement M. Replat, aucune plaine de quelque elendue, tandis que le sommet du Pelit Sainl- Bernard est marqu6 par une plaine de 2 lieues de longueur, presquc parlout a un niveau de 900 pieds inferieur a la cretc elroile du col de la Seignc. Cettc plaine a du suflirc a Annibal pour camper, ainsi qu'il le fit deux jours pour allendre ses soldals en retard, sans parler des trois jours pendant lesquels il fut relenu plus bas par les neiges qui intercoptaient la descente sur le rcvers ilalien. « Comment croire, fait observer I'auteur, que les guides envoyesa Annii)al par les Insubres, qui elaient ses amis et qui altendaient son arrivee pour resister avoc plus de succes aux le- gions romaines, comment supposer que ces guides ne connussenl pas le passage du Pelit Saint-Bernard el ne sussent pas que, dans cette saison avanc(5e surtout, e'etait la route la plus commode ct la seule ou une armee piit encore s'engager sans imprudence?)) II n'est pas possible d'admettre non plus que ces guides, au nombre desquels se trouvait un prince des Gaulois cisalpins , interesse a sa promple arrivi^e en Italic, aient voulu , comme Tite-Live le donne a entendre, egarer Annibal dans les monlagnos ol qu'il ait el6 oblige de s'ouvrir un cbcmln a ravcnlure. Or, M. PiC- phil, opi'es a\oir rejf^le Q\^ commencant Tautorito ( i-^t ) tie Tile-Live, i-n esl iijiliiil, jxHir iitlenuer ies invrai- sembhincos qu'il accuiiiulo,a rcparder coinmc fondco I'asseilion de cct hislorien sur la liahison ties guides. a Get aveu do M. Replat ine parait ('quivalent a peu pres a la comlamnation de scs hypolh^ses. » La distance d'Alherl-vilie a la valloo d'Aosla, en reiiionlanll'Isere ct en passant le Petit Sainl-Bernard, est de 17 lieiies, donl 11 sunt a plat et b sonl consa- cr6esa IVanchir un col unrrjite ot facile, haul de 2 176 mi- tres. D'autre part la distance d'Albert-ville au m6ine point de la vallee d'Aosla, mesuiee horizonlaleinent, suivanl rilinurairc adopts par M. Replat, serait de ill lieues, dimt trois a peine peuvent elre considerees coinine taciles, tcindis (\ue lo reste est trace dans un pays inhospilalier oil Ics Cartliaginois auraient eu a francliir successivement ) Ayant el^ conduit, par I'snalysedos ilineiaircs allri- bues a Annibal, a uieulioiiiier souvenl la vallec do Beaufort, il me sera peut-etre perinis d'ajoulor a cello leltre, d^ja si longue, une description de I'etat nalurel de ce pays encore bien peu connu, d'apres rnes pro- nibal par les Alpei CoUiennes (le moiit Geiievie); Pline, Cuvier, les Peres Catron et Rouille, Heeren , Fergusson, WliitHkei-, Siiiiler, Groslee, par le Grand Saint- Bernard; Arenth, Richaid, par le Sim- plon; Napnleoii,Lar;iuza,tJe Saussiirc,cleSiollieig, Millin, de Ca/.eaux, par le tnont Cenis; Dt-iiina, k* iiiai(|uis de Saiiit-Siiiion, Jeim iMuller, par le mont Viso; i'olybe, Cornelius INepos, P. Jove, le general Melville, Dcluc, Leniaire, Wickli.-nii, Ciamer, le ge'neral Rogniat, Ch. Schaub, par le Petit Saint- Bernard; Jacques Replat, Blanc, le rouite Vignet, par le col de la Seiijnc, derriuie le inont Bl.uie. Nous terminerons celle lungue nomenclature, qui est sans doute li)in d'etre complete, par la conclusion d'une Notice sur le passage d'/lnnibaly (lue le general Saint-Cyi-Nugiies, dont nous n'avons paj trouve le noiii cite dans les ouvrages cnnsultes par nous, a fait in- serer, en 1837, dans le Spectateur rnilitaire et cjui a ete ensuile liree a part. Ce savant oftiiier general, ne sur les bords de I'lsere, aprc3 avoir discute et compare principalenient les lecits de Polybe et de Tite-Live, suivant lui mal interpreles par Deluc, ainsi que les opi- nions des eerivains modernes qui ont traite la question, croit devoir se resumer en quelques lignes et il concint: 1" Que pour eclaircir le point de fait du passage des Alpes par Annibal, il ne faut pas expliquer isolement le re'cit de Polybe, ou celui de Tite-l.ive, niais expliquer les deux recils I'un par I'autie, en d'autres termes les concilier, si c'est possible; 2* Qu'en procedant ainsi, et s'aidant de la vraiseniblance pour decouvrir la verite, on trouve qu'Annibal a passe le Rlione, de la rive droite a la gam he, a tnoiiie distance de la nier et de I'lsere, c'est-a- dire pres de Roquemaure; 3° Que de la, remontant le fleuve, i! est venu en quaire marches vers reniboucliure de I'lsere, en dix marches a I'entree des Alpes, tl en quinze marches a travers les hautes niontagnes sur les bords du P;e d'Anniltal. D L R. ( 17 ) nanl ses dependanccs, les chalnes qui I'enlouront et Jes cols par lesquels on les passe. Le chef-lieu, nouini6 Sainl-Maxime-de-Beaufort, est a li lieues environ a I'E.-N.-E. d'Albert-ville ; a ce point convergent cinq vallues dont I'ensemble compose le j^ays do Beaufort. Ce sont : 1" la vallee d'llauleluce, vonant du N.-E.; 2" la vallee de la Gitc, vcnant de I'E. ; 3" celle do Pontcellamol ou Ponlcelamont, venanl du S. ; h' celies de Tr^cols, et 5" de Roselein , qui du S.-E. debou- chcnt dans la vallee de la Glte. Cliacune d'elles donne naissance a un cours d'eau particulier: laGite, au Doron; Ponlcellamol, a V /Irgentine ; Hauteluco, au Dorinet ou Petit Doron; les deux aulres dorineiU lours nonis aux rivieres qu'elles forment. Ces eaux abon- dantes et limpides, reunics dans le voisiuage du chef- lieu, vont, sous lo nom de Doron, grossir la riviere Arly, qui ne tardc pas a son lour a se deverser dans risere , en aval d'Albert-vllle et de Conflans. Une route fort modesle remonle le Doron depuis Albert- ville jus([u'au chef-lieu; dans toutes les aulres direc- tions on ne pen^lre dans ce pays que par des cols qui ne sont praticables qu'a pied ou a mulel, et dont la hauteur approche et depasse quelquefois 2 000 me- tres. On en comple une douzaine. Ce sont: au S.-O., la Baiia, qui lombe d'Ar^chc a la Batia dans la valldo de risere ; — au S., la Louse et le Grand- Cormet, aux- quels M. le professeur Favre a trouve une hauteur dc 2138 metres etde 2 139", 6; ils descendent egalement de la vallee de Pontcellamol dans celle de I'lsere en Tarentaisc. — Au N.-O., Ic col de la Leizette, haut de 1 776 metres, conduit, par N.-D. dc Bellecombe, de Flumet a llauleluce. — Au N.-E., le col de la Fenetre Vin. JUILLKT. 2. 2 { 18 ) (.1 le colJoly (1 y75 nielrcs) conduiseul indireclemenl a Cliamounix jiiir le \;il do Montjoyo. — A IE. onlln, on piiil ai liver an Cliapiii, dans la Tarenlaise, depuis Roseleim et la Gile, par les cols de la Platte ou de la Croijc-de-BioUny (1975 ni^lrcs), cl par celui de la Sauce. Coinme coininiinicalionb de I'miede ces vallees ciux voibines, je chorai le Chnr-ile-Mont(ii;iie on col de Boudin (voy. la caile), cnlre Areche el Trecols, haul de 1730 luelies, el telui de I'exlreniil^ du P/an-de- I'Estaii, que j'ai Irouve le pliiselev6de lous ("2 287"), et qui.de rexliemite supeiieure de la vallee de Haute- luce, descend a la Gile. On y arrive egalement depuis Ro.selein par un cliemin facile au Iravers ile paluiai^es ruoins eleves que li-s aulres |iassagps. Le plus dilficile de tons est peul^lre le col de la Sauce, et surtoul la gorge etroile des Caves, parlaquelle on y nionle depuis la Glte; mais ancun des cols de ces vallees ne i)re- sonte de dilFiculles ou de dangers dignes d'etre uien- tionnes. II Taut un jonr enlier de marche pour se rendre de Sainl-Maxinie (le-Beauforl aMouliers dans la Tarenlaise, soil par lo Grand-Cunnet, soil par le col de la Louse; quatre luures deBcaulort au Ciiapiu, par le col de la Plalte ; une demi-journ^e |)our passer de la parlic superieure de la vallee d'llaulelnce a ia Gile par le Plan-do-l'Eslau ; du colJoly on peul, en une heure et detnie de p«inible ascension, escalader la cime du mont Joly, luiule de 2 566 metres, tandis qu'on des- cend en une denii heure a N.-D. de la Gorge el en deux Inures etdeiuie a Conlaniinis.Poiir arriver au col de la Leizelle il faul quatre heuros el ileinie de marche au tra\ers dc terres cultivees et de paturages inond«Js, et Ton deticcnd en one heure du somniet a Hauteluce. ( ly ) Aiicune des sominites dont ie pays do Beaufort est doniine n'appartionl aux plus liaules des AIpos; ce- pendant loules se coinreiit de neif;e de bonne heiire dans I'aulomne et ulTrent des foinips majestueuses. Ccci est parliculierement vrai de I'aiguille du Grand- Fond el du Crest-du-Re (roi), dont je reserve I'ascen- sion pour la cainpagno de eel ^l6. Le mont Joly, la poinle A'Jrolle el raiguille de Rousselette pres^ntent au N.-E. des sommiles aigdes en face du mont Blanc. Le trait le plus curicux peul elro de I'orographic do ces vallees est le massif qui en forme le novau et s'eleve, sous le nom de Rockers des Enclaves, enlre les vallees d'Hauleluce, de la Gite et de Beaufort. La se trouve un bassin solitaire dont les eaux emprison- nees n'ont d'issue que par des voies soutorraines et vent tomber en magniliques et nombreuses cascades dans la sauvage valine de la Glte. La pointe de Nazeaux s'6leve a I'ouest, et les Rochers des Enclaves, a Test de ce bassin , au centre duquel on trouve les ciialets d'Onlray ou d'Olrai. Tout ce massif est granitique, j'y ai trouv6 beaucoup de cristaux de quartz el des ^cbantillons de fer et de cuivre stdfurt^s. Ce massif central est aussi form^ de scbisles talqueux el j'y ai vu de ranlbracile. Telle est en grande parliela forma- tion geol()gi(iue des monlagnesde Beaufort. DeFlumet, on s'eleve au col de la Leizelte par des scbislcs mica- ces; le sommel du col presenle des aidoises a coucbes inclinees au S.-E. ; ces m^mes ardoises formenl la Crete des montagnes jusqu'au col Joly, ou elles plon- gent dans la meme direction. Les ardoises se retrou- vent encore au col du Grand-Cormet, mais plongeant au N., tandis qu'en approcbant doce col par la v.illee ( 20 ) de Pontcellaraol on les voil plongor an S. Niille part ce genre de formalion nc prcnd iin developponient plus grand que dans celle vallee et dans le massif de DQonlagncs cjui la sopare de I'lseic a I'O, Depuis Ar6che jiisqu'a PcrilCoeur el Cevins, on voil de ma- gnifujiics couches d'ardoises a grain fin oi luisant, qui sonl enplusieurs cndroils un oLjet d'utile exploitation. J'en dirai aulantde Tantliracite, dont I'cxploilalion est ddja en activild du cole de Pctit-CcEur; j'ai vi ^gale- ment un commencement do travaux anpres d'Arcclie, dans la vallee de Pontcellamot. Cclte valine est formie de schistes graniliqucs que Ton relroiive an S. du Cormcl el de la vallue de Trecols, tandis que dans toule la valld'e de la Gile jusqu'a Beaul'orl, le Doron s'ouvre un passage dans une gorge profonde composee de schistes talqueux plongeant a I'E. et au S. Chacune des vallees dont se compose le pays de Beaufort prc^sente un caraclc'-re parliculier; le vallon de la Gite est sans contredil le ])his beau de tous. Le Doron nail a son extr^mile orienlale de la reunion de deux ruisseaux, dans une plaine gazonnee el un peu raarecageuse, au pied des cols de la Sauce el du Plan-de-l'Estau ; I'un de ces ruisseaux s'echappe de la gorge eiranglee et sauvagc des Caves, et I'orme une cascade a I'entree de ces palurages ou s'eltsvent les cbalcls de la Gile. En sortant de ces palurages le Doron s'engage a I'O. dans une gorge profonde, qui se pro- longe, sur une longueur de 3 licuos, enlre deux parois verlicales dc rochcrs. La riviere n'y forme qu'une cascade non inlerrompuc, dans jnesque lout I'inter- valle. D'autres cascades lombent sur la rive droiie de loule la liaulcur des Rochers des Enclaves; el des (21 ) sapins dc haute tailie augmententla teinte sombre de ce tableau parloiit ou I'cscarpement des rochers ne leur iiiterdit pas d'y prendre racine. Des defiles d'une niagnilicencc egaleniont sauvage conduisent le voya- geur de celte vallee dans celle de Roselein. La vallee de Pontcellamot presente dans sa partie inferieure, en sorlant de Beaufort, une coupe plus ouvcrle. La terre cu I livable y est en plus grande abon- dance et les forels qui garnissent pittoresqucment les montagnes, domincnt une succession de champs et de prairies dont Taspecl annonce la ferlilitpulalion eiirop^enne, se groupant de plus en plus sur un point donne, juslifio par son extension la dc'-pense qu'eniraine Tnulorile civile. Ln« cour d'appel, 6 Iribunaux de premiere instance, 19 justices do jiaix, 6 comniissarials civils, reunissanl, h leurs allribulions administrallves, les fonclions de jngcs de paix, composent au)(uird'hui I'ensemble de rorganisalion judiriuire de I'Alg^rie, independam- menl des commandants de place qui rendent la justice dans nos posies avanc^s. Quelques inslilulions do bienfaisance ont M Sta- biles sous rinspiralion des bosoins speciaux. Un mont- de-pi6le est cr^e h Alger, afin d'y exlirper I'usure qui s'y [iraliquait d'une maniere iffrenee. In d6crctadol6 le pays de caisses de secours mulucls, puis d'asiles I ( M ) pour I'orplielinal. On a constitue des inunicii)alit6.s nouvelles dans les trois cl^paiienients d'Algcr, Oran ct Constantine; on a cree do nouvelles routes, elabll des usines et des lelegraphes, tandis qu'on amelioralt les ports. On salt que I'Alg^rie ful jadis appel^e le grenier de Rome. Aujourd'liui la ferlilite de cette Viiste contree a periiiis (I'en tirer pour la France d'^normes quantiles de cer^ales. Les tahacs algeriens ^clipsenl deja ceux d'Lgypte et de Grece ; les (abacs de Hongrie out un gout moins agreable, cpux de Kentucky ne sont ni plus fins ni plus combustibles, et ceux du Maryland ont ua delaut d'^lasticil^ et un gout d'anierlunie que n'ont point les tabacs d'Algerie. Ainsi, la France truuve a ses portes des tabacs pi eterables A ceux de Hongrie et d'Ani6ri(iue. D'autres Elements de ricbesse seront ^galenient tires de notre colonic d'AlVique j I'mduslrle sericicole y fait deja de grands progres, ainsi que la culture de la ga- rance, du colon et I'education de la cocbcnille. Le commerce des builes, di's laines ct des peaux brutes y a pris une notable extension. II en est de m^me de I'industrie inelalliirgique, cuivre de iMouzaia et de Tenes, mines de ler de I'Alelik, plomb de Bouzareah et de Setif, etc. La pecbe du corail se continue dans les parages de Bone et de la Calle. Enfin, le domaine forestier de I'Algd'rie coniprend plus d'un million d'hectares, et cette belle contree, qui est d^liuitivenient sortie de la p«^riode des essais, pourra un jour devenir rinde de la France. \ ( 32 ) LETTRE DE M. LE COMTE d'i-SCAYRAC A M. LE PHtSlDENT DE LA COMMISSION CENTRALE. Eeyrout, 5 juillet iSS^- Monsieur Ic President, Je \iens tie lire clans le Bulletin de mars el avril une lellrc de M. A. Polerniann sous la dale du 25 mars 185/i. Cc savant nous fait part dans cclle letlre de I'hcureuse arrivee du doclcur Barlh u Tenboctou (1). Je lerai au sujet de cclle leltre deux observations. La premiere est rcialive a la latitude assignee par le docleur Barlli a la viiie de Tenboctou, qu'il place a quelques minutes au nord du 18' parall^le, tandis qu'elle dc^passe rarement le 16e parall^le sur les cartes les plus recentes (2). J'ai loujours pense, quant a moi, que Tenboctou devait etre placee plus au nord. Dans un travail pu- blic il y a quelques raois, voici comment je m'expri- mais a ce sujet : « S'il est bien etabli qu'une ville ( telle que Ten- boctou) ne revolt pas de pluies, elle ne doit pas, sur nos cartes, etre ])lacee plus au sud que le 17', ou tout (i) Nous avons ileja tlit que I'oi iliofjrnplie Tombouctou est plus employee, et que cclle de Tenboctou (ou Ten-hoktou) , (\on\. se >en lei INI. il'Escayiac, est pioLableriient la incilleurc. E. C. (2) Voyez dans le Dulletiit de mai iB/J^, p. 354 ^^ suiv., la latitude donnoe par le doctcur 15ailh, des reflexions de M. Joniard relatives a la situation dc Toinhouclou. ( 33 ) au plus le 16' parall^lo. » (Le Desert el lo Snudmi, page (31 , lig. h el suiv.) Je me basais, en emcttanl celle opinion, sur un fait qui est thi doniaine de la geograpliie physique, et qui me parait elre paiTaitement dlabli, a savoir que les pluies estivalcs ilu Soudan ne depassent nulla pari au nord le 17' parallele, el ne presentent deja que peu de frequence sous le !()«. Cependant le Kouara, dans le voisinago de Kabra, recoil quelques pluies d'apres le docteur Barth; elles ne lombent que de deux ou Irois jours I'un, et ne sont pas tr^s abondanles ; ellcs se |)resenlent surloul vers le mois de seplembre ^c'ost-a-dire vers la fin de I'hi- vernage), Ges caracleros sont exactemenl ceux que presentenl les pluies eslivales entrc les 16" et 17° pa- valleles nord. On pourrait cependant admettre que Kabra se trouve au-dessus i\o. ce dernier parallele, ou au moinsdans son voisinage immediat, en considc^rant que les nuages anienes tians celle saison par les vents de sud-ouesl duivent suivre le cours sup^rieur du Niger, et peuvenl elre enlraines un peu au dela de la limilc normale par les courants d'air qui se meuvent necessaireniont audessus de la vallee de ce fleuve. Cello action des caux sur I'aUnospliere se manifesle d'lme ma- niere appieciablo a la surface de tons les cours d'eau. Peul-elre cependant la latitude de Tenboclou, et par suite celle de Kabra , sonl-elles porlees un peu trop haul par le doclcur Barlhj c'esl ceque la connais- sance des elements de son calcul nous pcrnietlra d'apprecier ull^rieurement. II nous est loutefois per mis do consideicr la lalilude de Tenhoclou coniuie ogale au nioins a 17° 30'. \UI. Jlll.LKT. 3. S { 'ill ) Celte preiuiero (ibscrsnlion iiic comluil a cii fiiiie line ^ecuiulo. Toiiboclou osl j)Ius [ucs tic luis Iroiilieres cjue nous ne le supposions : il n'y a j)as de Laghouat a Tenboc- tou plus de 1 000 milles do 60 au de^rc, distance que de bons droniadaircs peuvLiU parcourir en Irenle ou trenle cinq jours, les jours d'arrel el de repos conipris. La France copendant senible oublier enliereuient un objet (ligne de tout son inl^rel, I't'labiibsenienl de rapports coiunierciaux entre le Soudan el TAlj^erie (1); elle n'a que quelqucs pas a I'aire el ne les fail pas, lanilis que rAnglelcne, reduite a suivre une route dillicile et longue, Tail preuve d'uno perseverance sans egale. Dopuis le lac Tchad seulement , le docleur Barth a parcouru pres de 2 000 milles pour arriver a Tenboctou , et ce n'est guere la quo la muitie de son voyage. Une telle perseverance devait elre couronnee de succes : c'est ce qui csl arrive. Disorniais, les An- glais so)il adniis a Irafiquer avec Tenboctou, dont lis inonopoliseronl bientol les eclianges, soil par la route de Tiipoli, soil par celle de Mogador, soil par les bouchesdu Kouara, ce qui me senible plus probable. Veuillez agr6er, Monsieur le prc^sidcnt, I'expression de la profonde consideration avec laquellc j'ai I'lionneur d'etre Voire Ires humble et ob^issant serviteur, C* u'EsCAVRAC DE LAUTrRE , Meiubre de la Coiiimisiion centrale. (i) Voyez le Bulletin de in;ii i854, page 358. ( 3^ ) tDUGAllOiN PUBLIQUE EN ANGLETERKE. D'AVnks UN RAPPORT ADRESSi; , I.K 13 JUILI.KT 1854, A M. LE MIMSTRE DE l/lN.STRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTJiS PAR M. MIL>E EDWARDS, DOVEN I)], LA FACULTJ^ DES SCIENCES DE PARIS, CHARGE d'uNE MISSION EN ANGLETERRE. L'Angleterre posside aujourd'hui plus de /iO 000 6colos ordinaires, dont 15 500 sont entretenues en lotalite ou en parlie ;'i I'tside des dcniers publics ou de dons volontaires, et doiil 30 500 appartiennent couiplelement a rinduslrie privee. A cote do ces etablisscinenls , oil iin enseigiieinent plus uu inoins elemenlaire so donno cliaque jour a 2 llih 000 en- fan Is , on a ouvert aussi, pour les classes ouvrieres, 23 500 ecoles du diinanche, qui sont suivies par 2Z|00 000 enfants, et i 500 ecoles du soir, qui recui- vent environ /iO 000 adulles. En 1851, epoque a la- quelle ces documents out etc recueillis, la j)opulalion de I'Angleterrc s'elevait a 17 927 605 ames. Lcs beaux Iravaux de statistique executes a i'occasiun du dernier recensenient niontrent que le noinbre total des en- fants ages de Irois a quinze ans constilue environ les 2/7" de la population tolale, et pent elre evalue a environ 4 900 000. On voit done que les enfants, coin- plelement prives des benefices d'une education sco- laire quelconque , ue cousliluenl pas 1/10° de cette portion du peuple anglais; mais que, pour plus de la nioitid des enfants qui frequenlenl les ecoles, I'ensei- gnement, ineme le i)lus elementaire, doit etrc tort ( 36 ) incomplet, puisqu'on n'y consacre (ju'une petite parlie d'lin scul des jours de la semaine. Si I'on compare a la poi)iilation lolale de rAiiglctcrre le nombrc des en- fants qui rccoivent dans les ecolcs une inslruclion qiiotidionno , on voil qu'il correspoiul a environ 12 pour 100 des liobitaiils. La pluj)art des ecoles admel- tonl a la fois des enfanls des deux sexes, el les gar- dens y figurent dons la proportion d'environ 13 pour 11 fdles. La (lureo moyenne de la presence des enlanls dans les classes ainsi etablics parait (sire d'environ quatre ans Irois quarls, et il rcsulte des ri nseignemeuls re- cueillis par I'adniinislralion que, dans la plupart de ces ecoles, renseignenienl est des i)lus elemenlaires. Ainsi sur 100 garcons: 88 apprennent a lire, 62 a (icrire, 56 a conipler, 27 eludieut la graumiaire anglaisc, 30 la g^ograpliie, h les langues modernes, ll les langues ancienncs, 3 les lualh^maliques, 5 le dessin, 10 la inusique. Le nombre des Ecoles norniales destinies a former des iusliluleursa beaucoup augraente depuis quclques annees:cn en coniplo aujourd'luii /lO, qui, presque loules, rcgoisent des subventions de IKtat el olios pcr.vonl admetlre environ 2 000 eleves. ( '^7) EXTllAIT d'uN BAPPOhT A L'liJIPEllKtR, ADRESS^ , LF. 16 JUIN 185/i, PAR M. LE MAR^CHAL VAILLANT , AU SUJET DE LA CRiATION DE I'LUSIEURS COMMUNES DE PLEIN EXERCICE DANS l'aLG^RIE. Siro, il entie dans les vucs cle votro godverneinent de donner a rorganisalion inunicipale en Alg^rie lout le dev&loppement que permet et comporte I'^tat de la populalitin civile dans ce pays La crainle de compromellre une ceuvre aussi im- porlante par des niesures prematurees a longlemps I'ailhc'siter I'adininistralion devant I'applicalion de ses propres doctrines, ct lui a toujouis impose la plus grandc reserve dans ses propositions d'organisation municipale. Jo ne m'ccarte point, Sire, de ces erremenls de pru- dence et de circonspection, en venant vous proposer do porter presque au double le nombre de municipa- lites qui cxislenl aujourd'luii en vMgerie, et d'eriger en communes de plein exercice neuf villes dont cette niesure va consacrer I'imporlance politique et agran- dir le role dans I'aiuvredc la colonisation algerienne, Voici les noms de ces villes : Dans la province d'Alger: M^deah , Miliauah , Cherchell , Temz; ( 38 ) Dans la province d'Oran ; Mascara , TIenicen ; . Dans la province de Conslantine: Bougie, S6lif, Guelnia. Permettez-nioi, Sire, tin vous exposor sommaire- ment les litres de ces villos a I'existonce municipalo, et de vous faire connailro en memo lemps les bases et les traits essenliels de rorganisalion que je propose de leur donner. 1. Commune de Medenh. Grace a sa position avancee dans la region du Tell, siir la route la plus directe qui relie le port d'Alger au Sahara, la ville de Mcdeah a toujours joui d'une grande importance politique et commercialo. Sous la domination lurque, elle elait la capitale du beylik de Tilery. Medeah est le chef-lieu d'une subdivision miiitaire. L'adminislralion civile y dale de 1850, 6poque de I'in- stilulion du commissariat civil; une justice de paix y avail deja ele creee I'annee pr^cc^dente. Celte vilio poss^de un niarclie Ires frcquonle, ou les indigenes apporlent en abondance les divers j)ro- duils du pays en laines , cer^ales et bestiaiix. La population coloniale y a trouv6 un sol et un climal propices a la culture de la vigne, et elle s'esl empres- s^e do les mellre a profit. Les vins de Medeah out doja acquis une renommee qui conlribuera a la richesse du pays. ( 39 ) La circonspection du district formeia celle de la commune, qui comprondra d(^s lors, comme sections ou annexes rurales, les colonies agricoles de Dnniiette et de Lo(H, ainsi que !e centre de Moiiznin-les-Mines , La population fixe de la commune ct de ses an- nexes s'eleve en ce moment a 7 200 habitants, dont la r^i^arlition, on raison de I'origine, s'etabllt ainsi qu'il suit : Frangais 2 OZiO Europeens /iiO • Indigenes musulmans. ... 3 950 Id. isra^liles 790 Total. . . 7200 2. Commune de Milianah. Milianah est une ville d'origine romaine ; des mines imposantes altestent son antique prosp^rite. Assise a mi-( ote, sur un contre-fort du Zokkar, elle commande la vallee du Clj(^liF et doit a cetlc jjosition une grande importance stralt^gique ; aussi a-t-elle et6 clioisie comme centre d'nn commandement militaire supe- rieur : c'est la qu'est le quartier general de I'une des subdivisions de la province d'Alger. Un commissariat civil y a ele institue en 1850. La fertilite de son territoire, I'un des plus abondam- ment arroses de I'Algt'irie, son marcbe arabe, son in- dustrie minoliere que favorisela multiplicitedes chutes d'eau , sont pour Milianah des sources certaines et permanenles de jirospcrite. La circoiiscription de la commune est celle du dis- trict,-et comj)rcndra comme section la colonie agri- ( !iO ) cole d'y///'rei>i/!c , foiulee sur I'l'inplact'inonl d'nne anciennc colonio romainc qui (lorissail ;'i I'ombre dc ranlique cilc. C'csl ainsi f|uc, sur presque tous los points cle I'Alj^ciic, la ci\ilisalion IVancaise nc I'ait que repreiulre, en qiiolquc sorle, a dc longs siecles d'inlervaile , I'oeuvic inlenompuc dc la civilisalion romaine. La population lixe dc Miliaiiah cl dc son annexe depasse 4(300 liahitunls, classes ainsi qu'il suit : Fran^ais 950 Europeens 5/iO Indigenes musulmans. ... 2 630 Id. jsiaelilcs 5'2U Total. . . h OiO 3. Loinriuinc dc Chcnliell. Cliercliell, qui, comme lanl (1(> villes niarilinics do ccUe coif, doit s,i preniid'ie (ondation aiix Carthagi- nois, a cle, sous le nom de Jnlid Cccsarcit, la capitate dc la Maurilanie Cesariennc. Lno aussi liaule destinec lie sera point ccUc de la ville IVancaise succedant a la ville arabc ; mais elle nc s'engourdira point comme ccUo-ci dans I'indolence el la miscre, sur les nom- brfiux debris d'une epoquc dc richcssc et de prospc- rile. Son port, deblaye el reslaurc, appelle de nouveau I'activite comnierciale et la spcculaTKui ; car Cbercbell esl nt^cessairemenl ledebouche niarilimcdcs produils agricoles de I'ouesl dc la Milidja el du district de Milianah. Cctlc ville pobscdi: un uiarclir f)u so trailenl. doux ( /il ) fois par semainc, des afTaires asscz iniportanlcs en bestiaiix, laincs et cer^alos. Lo commissariat civil de Cherchell, erige en 18Z|1, comprend dans son disti'lct les colonies agricolos do Noi'i et de Zurich. La circonscription du district ibrmcra cclle de la commune, dont les deux colonies ci-dessus designees composeront des sections rurales. La population fixe de Cherchell et de scs annexes depasse 3 000 hahilants, conform^ment aux distinc- tions suivanles : Frangais 1 250 Europeens 350 Indigenes musiilmans. ... 1 ZiSO Total, . . 3 050 4. Coniiniiiw de Teitez. Sur remplacement de la cil6 romaine de Cartena Co/oriia, aune petite distance de la ville arabe de Tenez, s'est elevee depuis 18/|3 la ville acluelle que, pour la dislinguer de sa voisine, on a nommee le Nouveau- Tenez, ville loute francaise que sa belle position mari- time cui debouche de la vallee de Chelif , et les gites metallurgiqucs dont elle est entouree, doivent faire grandir rapidement en population et en richesse. Tenez est aujourd'hui le chet-lieu d'un district admi- nistri' pat un commissaire civil, et la residence d'un juge de paix. ■ La circonscrij>liiin communale, qui sera la memo que cells du district, comprendra : 1° Le f^ieitx-Tenez, jadis rapitale d'un petitroyanme, ( 'l2 ) reduile u I'^tat de pauvre liourgade depuis qu cllc fut conqnise et a poii pres dotruilo par les freres Barbe- roussc, fondaleurs de la douiinalion turque dans ce pays. 2° Montetwtte, colonic agricole de 18/i8, dont I'ave- nir est doublement garanti par la feiillile du sol et par le voisinage des mines de ciiivre de rOued-Allelah. La population fixe de Tenez et de ses annexes d6- passc 3 000 habitants, qui se divisent ainsi qu'il suit: Frangais 1 200 Europ^ens 650 Indigenes musulmans. ... 1 150 Israelites 30 Total. . . 3 030 5. Commune de Mascara. Mascara, au temps de la rei;ence d'Alger, etait la capi(ale d'nn beylik. De nos jours, avant et depuis le traile de la Tafna jusqu'er) 18il, elle fut le centre du gouvernement de 1 emir Abd-el-Kader. C'est anjour- d'hui le chef-lieu de I'une dos subdivisions mililaires de la province d'Oian et d'un district adminislr^ par un commissaire civil. Mascaia, par son assietto, domine la vaste et fertile plaine d'Ejihris. Independamment de I'importance politique et militaire qu'il doit a cetle position, la na- ture I'a dot6 d'un grand avenir comme centre com- mercial et iuduslriel. Le sol et le climat y sonl 4gale- incnl favorablos a la culture des c^rdales, du labac, de la vigne et de I'olivier. Ses fabriques de burnous noirs et de lapis de Kala& ont une grande rcnommoe dans ( /l-^ ) tout le MogUreb. II s'y lient, Irois fois par somaine, un des i)lus considerables maicht^s do la province de roiiest. Quand les routes qui doivent relier Mascara aux perls d'Oran et de Moslaganem, d'une part, avec plu- sieurs grands centres de I'interiour.d'autre part, seront achevees, sa pro?perite sera aussl rapide que certaine. La circonscription du district formera celle de la commune, qui aura pour annexes ou sections les villages agricoles de Salnt-Andrti et de Saint-Hippolyte. La population fixe de Mascara et de ses annexes de- passe 6 lOOliabitants et se decompose ainsi qu'il suit : Francais, 1 hhO Europeens 6/iO Indigenes musuimans. ... 3 500 Id. israelites 560 Tolal. . . 6 1/iO 6. Commune de Tlemcen. Elevee sur les mines dune ancienne colonie ro- maine, Tlemcen a ele florissante sous les dynasties arabes et berbferes. Elle ^lait alors la capitale d'un royaumequi complait plus de (300 kilometres de cotes, depuis remhoucliure de la Tafna jusqu'au port de Djidjelli. Les histoires arabes disent dcs merveilles de ses palais, de ses mosqu6es, de ses grandes ecoles, des caravanes de ses marcbands au pays des dalles et de I'or. Elle conserve assez de vestiges de sa splen- deur passee pour allester la veracity des r^cils qui la peuplent de j)ius de 100 000 ames au lemps de sa prosperity. Tlemcen est aujourd'hui le chef-lieu d'une subdi- ( Ai ) vision militaire de la province d'Oran. Couimc insli- tiilions civilos, cllo no possedo encore qu'un com- missariat civil el line juslicc de paix, niais ello verra hientot s'agrandir sa jmidiction adminislralive et jiidlciaire. Placee comme en vedclte an sommet du bassin de la Tafna, a proximito des IVonlieres dii Maroc, Tlemcen aura loiijoiirs uno liaiilo importance politique ct mi- litaire. Cette position n'est pas moins I'avorabic a son existence industrielle el conmierciale ; elle lui doit d'avoir toujours clo un des plus grands marclu'-s de la region du Tell. C'est la que vicnnent adluer Ics laines et les cer^ales des tribus du sud oucs,l, aussi bien que les marcbandisos apporlees par Ics caravanes qui font la traile avec le Maroc. Des tanneries, des fabriques de baiks el de burnous y soutiennent la vieillo renommee de I'induslrie in- digene. L'inluslrie europeennc y a niulliplid, depuis quelques annees, les moulins a buile ct a farine, qui fournissent au commerce d'expnrtation un aliment dcja considerable. La ciiconscription commnnale sera celle du district, et la commune aura j)our sections rurales les cinq villages de Brca, JScgrier, Saf-Saf, iSlansoiirah et llen- nnya, tous londcs, dans son fertile voisiiiage, do 1849 a 1851. La population lixe de la commune et de scs annexes s'^lfeve a 12 /iOO ames, savoir : Frangais 1 800 Europeens 1 000 Indigenes musulmans. ... 7 300 Id. israoliles 2 300 Total, . . 12Z(00 ( ^5 ) 7. Conir/nine |)atliii' dans les lial)ilaiil.s dii pays. Des terrains capablos de lout produire, dcs lort^ls vierges, des mines sans cxplnilalion, auciin olaMisse- ment pour le bien-6lre ol le conrortal)lo, point d'asso- tialions pour se i allier, s'unir et proleger los inlerfils goncraux ct conimuns. II n'est pas n^cessaire. Monsieur, de sonder le sol pour vous dire que loules sortes de productions sonl possil)les. Cc sonl des terres Corles avec loutes los pro- prioles physiques cU'sirables. '.'appr(iciation s'en fait facilcmeiit a la sinipl' vue, et a Texamon des v^gt^taux produils spontanement ou avec jieu de culture. Yoyanl ce que la nature fait par elle-indme, on se demandc a comhien s'elexerait lo produit par les ainendementsel les engrais. Qu'on juge du parti qu'en lirerait I'elude, avec la classinoaiion des sols suivanl lour base, pour les approprier plus particuliferemenl a I'elaboralion dos substances nutritives ol aux travaux geologiques. Pour les dofrichenients, los desseche- ments, los exploitations de toule sorte, qui apparlien- nent ^ I'economie ruralo, rion n'a ele tenle. L'indiffe- rence pour le rendement ties ierres, des bois el des mines devail influer naturcllenienl sur le coinl du Rio Colorado situ^ a 20 milles au-dessous ( '^c^ ) dii confliioiil (In Rio Gila avoc ce fleiivo , donl clle rc- monlpra le milieu vers le nord jusqu'a son inlcrseclion avec In fionlicrc acluolle cnlrc Ics ulals-Lnis cl Ic Mexiquc. Afiii do nicHre a cxeciilion cellc clause, deux comuiissaircs, noinmos par les gouverncments ros- pcctifs, dcvront, Irois iiidis apr6s I'echangc dos ralifi- catiuns, se reiinii'dans lavillo do Piiso-dol-Norto, pour rcconn;iiti-o ot marqucr onsoinljle sur les lieux la lignc de separation ainsi dj^signee, parlout oii cclle opera- lion n'aurait pas deju elo tcrminee par la ccniniission niixlc creoe en veiiu do I'ocle de J8Z18. Les decisions arretees en ( ornniun par ces delcigues seront conside- r6escomnic faisanlparlie in'.cgranledu nouvcau Irailc, sans avoir besoin de la ralificalion ultericure de leurs gouvernemcnls, dont cluicun s'engagc a rcspoclcr leur travail, et a n'y porter alleinte, dans la suite, que du jihrc consonlement do I'autre parlie conlraclante. D'apres I'arl. ll, la lencur dos art. 0 cl 7 du Irailo de Guadalupe ayant e[6 supptimeo on grande parlie, en raison do la cession do loniuirc lailc dans Ic premier article du Irailti actuci, ccs articles sonl abo- lis; les aulres stipulalions (jii'il ronfermait sont rem- placeos ainsi qu'il suit: ccLos navircs etics citoyons des Elals-Lnis ])ourionl aller et vcnir librcniout dans Ic golFe do Californic, soil pour so rcndre dans lours pos- sessions siluoes au nord do la ligno do doinarcalion , soil pour les qnillo r, ponrvu que ce passage ail lieu par le goifo ot par le Uio (lolorado, ot non par lerie, a moins d'oblenir \v. consonlement expriNs du gouver- ncinent moxicain. » Les dispositions et restrictions du 7* article de I'acte i]c 18^8 ne sont mainlenues, reia- tivemcnl an Rio Rravo dc! Norle, que pour la parlie ( 57 ) de ce fleuvo situee tiu-dessous do I'inlersection du jiarallele de 31° h7' 36" avoc la ligne de separation que Tail. 5 de ]a convenlion precedente avail placiie dans Je milieu de ce (leuve, en remontant a partir dc son embouchure. L'art. 5 rend applicahles au loniloiro nnuvolloment cdde Ics slij5ulalions des art. 8, 9, id et 17 du Iraile de Guadalupe, concoruant Ics droits des pei'sonnes el Ics pro|)rielt''s civiles ct ccclcsiasliqucs. Le 8" article se refero a I'autorisalion accordee le 5 fevrier 1853 par Ic gouveinement mexicain, a I'eiTet de conslruirc un chemin de fer cl de hois a travers I'islhmo de T^huantejiec. Les deux gouvernements s'engagent a ne pas mctlre d'ohstaclo au transit, par celte vnie, des marcliandises el des voyageurs apparte- nant aux pays respectifs. Les biens el les ])ersonnes des citoycns des Etals-Unis ne i)aieront pas de droits plus forts que ceux imposes ;'i d'aulres elrangers. Nul interet dans rentroprisc ne pourra otre transfdre a un gouvernemenl etrangor. II ne sera exige des vovageurs ni passe-|)orts, in saufs-conduits. Les effets en transit circuleronl libres de lous droits de douane. La raalle des Elats-Unis traversera I'isthme sans elre ouverte ; le cabinet de Washington preiidra des arrangements particuliers avec colui de Mexico pour le prompt transport des troupes ou des munitions enlre les deux oceans. Lorsque le chemin sera achevc^, un second port d'importalion, outre celuide la Vera-Cruz, sera Guvert a i'endroit ou il viendra aboutir au golfe du Mexique. ( OS ) LETTRE DU DOCTEl 11 VOGEL, sun L*nrSTOIRK NATUni-LLli Dli 1,'AFniQUI'. CENTIWLE ; Insere'e dans le Literary Gazette. (Tradiiit de I'anglais par M. Cobtambeht.) ...r/est r^ellement une terrible logioii, Celui qui croiralt y roncontier r;ibonclance tropicalo, sorail hien ddsappoinlo. Dans I'esnacc de cinq somaines, je n'ai pu, avec Ions les soins possibles, reunir que soixante- quinze plantes tUfTerentcs. Les forets ne consislent generalcmcnl qu'en acacias (de deux esp6ces) et en tainaiiniers; les palmiers ne commenceut a se mon- trer qu'a 50 milles au N. de la riviere Yeoii. II n'y a pas un arbre, pas iin huisson , qui ne soil horiss6 d'oplnes. Peut-6lre la terre prusonle-t-e!le un aspect plus riant apres la saison des pluies; en ce moment, presque toulcs les plantes berbac^es sont brulees par le soleil, car le thermom6tre s'el^ve souvent au-dessus de 100 degr^s (Fahr.), meme au commencement de f^vrier. Nous soulfrons beaucoup du manque de trulls et de legumes; nous n'avons guere que des lomales, des olgnons, des melons; les indigenes mangent, il est vrai , une sorle de bale, mais on n'en donnerait pas meme aux troupcaux on Europe. Les bestiaux et la volalllc sont, en revanche. Ires abondanls et a bon nuirche , et offrent presque I'unlque aliment qu'on puisse se procurer. Un mouton coiile 18 pence, et Ton a un enorme bcenf pour 6 shillings, une poule a peu pres pour rien. Nous nous nourrissons surtoul de vo- ( oO ) lallle, ctir la viande de boucherie ne se conserve sans se giiler qu'un jour ou un jour et demi au plus. Le sol serait jiropie a toule sorte de culture, s'il y avail une population assez industrieuse pour en tirer parti. L'indigo, le colou et lea melons viennent sau- vagos. I-e riz et le ble pourraient etre abondamment r^coltes. Le premier est d'urie excellente quality, mais si rare qu'on ne peut I'obtenir que comme un present du sultan. Les liabitants, au lieu de se livrer a I'agri- cullure, prelerent enlreprendre des excursions de pillage dans les conlrees environnantes, et eniever des esclaves, jirincipalement des enfants de neuf a douze ans, qu'ils ecliangenl avec les mai c'lands arabes et lib- bous conire les quelques objets qui enlrent dans lours besoins, c'est-a-clire des calicots, des burnous, du sel, un peu de sucre. Dans ces eclianges, un jeuue esclave de dix ans est estime environ 15 shillings; une jeune fille du meaie a;.',e, a pen jjres 1 livre s!cr!ing. Le lac Tsad n'oflVe pas une eau pure et belle, mais 11 a une apparence mar6cageuse, el ses rives sont in- fest^es de moustiqucs, verilable tleau pour les honi- nies el les clievaux. Je suis oblige de dormir pros du lac dans une bulle de cbaumo loute remplie de fuuiee, car il me faut y entreleuir du feu la nuit entiere pour chasser ces insectes. Kouka, situee a 7 miiles anglais a I'ouest du lac, a raoins de cousins, mais les niouches y sont innombrables : il est vrai que la nature puralt avoir pourvu a la destruction de ces dipteres par I'existence de deux petitesespeces de lezards, quicourent par mil- liers sur les ukus avec une incroyable rapidite, et d^- vorent les insectes a\ec une extreme promptitude. Les arbres sont converts de cam^leons. Les scarabees ( 60 ) et les papillons sonl fori rares ; je n'ai pii me iirocurer que cK'iix cspeces dcs premiers; et, parmi les der- niers, jo n'en ai recucilli quo dix ou douze , dont une senle grando. Kn revanche, Jcs fourmis et les termites sont innoinhrablos ; ces insectes devorent loules les ^tolles , bi Ton n'a la precaution de les fcrmer avec le plus grand soin. Ilsont mallieiircusemont penelredons un paquet dc j)lanles du desert ilont j'avais fait unc colleclion, et les ont aneanties. II y a enlin unegrande quantile do serpenls venimeiix ct dc scorpions, ainsi quedecrapauds, donlplusieurs ont quaire oucinqpou- ces i\c diani^tre. Lesel(^phnnts et ieshijipopolaines sonl tres comnuins vers le lac : j'ai soiivent vu ensemble vingt ou Irentc de ces derniers pacliydermes. Les lions el les leopards sont plus rares; jo n'ai pas vu de lions, mais j'ai cnlcndu lours mugissoincnls, et j'ai rencontre lout recemmont un beau type de leopard. J'allais le lirer a Ircnir ou (|uaranto pas, lorsqu'il m'aper^ut et se sau\u (Uitis un iniponelrablo fourre d'acacias. Les san- gliers [P/uiscoc/iocfiis) sont Iros nonibroux, ol se creu- sent des terriers dans Jos hois. II y a aussi boaucoup d'anlilopos et particidierement de gazelles. Les bullies sauvagos iVequentenl les bords niarecageux du lac, el sont tres recberchos pf)ur lour chair ol lour j)oau ; mais la chasso en osl dangereuse. Ln bullle (|ue j'avais blessc avec une ballc, revint sur nous tout a coup, alla(|ua mon mond(! qui tieja se iolicitail dc la \icloire, lua deux chevaux ct blessa un de mes bonuncs Ir^s gri^vement; un aulre, que nous rencontraines sur Ja route a enviiun cinquantc milles do lu , so jota a Iravers lu caravane, ( I , voyaul sa marcbc arrotee par la longue lib; des chamcaux, se precipita sur I'un ( t3l ) d'eux, le reinersa, et le blessa si tIangerouseiDent quo nous funics obliges d'tiballie ce pauvre animal le len- demaiii. Les dames iioires de ce pays ariaiif^enl leurs che- veux en Irebses innundjrablos , employant pour cela une quantile inci'oyable de beurie , et elles lassem- blent le tout au milieu de la lele , au moyen d'un peigne, ce qui donne a leur coillure I'apparence d'un casque de dragon. Quelqud'ois elles disposent leur cbevelure en j)elites boucles autour de la lele, de manlere a imiter assez bien la forme, la dimension et meme , par suite de la graisse qu'elle^ y meltent, la consislance de nos copeaux de menuisier. Elles pei- gnent leurs denls de devant en rouge, leurs dcnls ca- nines en noir; en sorte que leur bouelie ouverle olTrQ presquc I'aspect d'un ecbiquier. Elles se leignent le corps, et jusqu'aux bras et a la figure, avec de I'indigo, et offrent ainsi dans tout leur etre une teinie bleue ir^s extraordinaire. EXTRAIT u'dNE MiTTUE ADRESsiE, LE 12 AVRIL 185/i, PAR M. J. MAR- COU, A M. DELESSE, INGENlEUn DES MINES, SUR UN VOYAGE DEPUIS LES MONTAGNES ROCHEUSES JUSQu'a SAN-FRAN- CISCO. Le gouvernemcnt des Ltals-Unis ayant decide que Irois expeditions se rendraienl dans la Californie en traversant le continent americain, un jeune Frangais, M. Jules Marcou, membre distingue de la Societe giio- logique de France, a ete attache a I'une do ces expe- { ^i ) ditiuns en qualilf do jtt'ologiie. Paili du fori Smilh, dans I'Arkansfis, il vient d'ai river lieurouseinenl i\ San- Francisco, apros a\oir passe par Albuquerque; c'est de la premiere do cos villi's qu'il ^crit a son ami et collogue, M. Dolesse, D. L. R. « Enfin, me voici arrivd; i'l San-F'rancisco, et, a vous dire vrai, cela n'a pas 6te sans poine ; passer tout riiivei' a voyager dans la Sierra Madre o[ los hauls plateaux du Rio Colorado, c'est un peu dur, pour ne pas dire plus. )) Parlie Ic 10 novemhre d'Alhuquerque {Noiii>eaii- Mexiqiie) , I'exp^dilion a niarch6 constanimenl a I'ouest, en se tenant, autant que possible, aux environs du 85"" degrade latitude. Apres qualre inois et 12 jours, nous somnies arrives de nouveau dans un pays liabit6 par des blaiics, au Pueblo de Los Angeles. C'est avec infiriiment de plaisir, je vous assure, que Ton arrive dans un pays habite et oii Ton Irouvc toutle comfort dont on a ele prive si longtemps; du resle il elait temps, nous n'avions })lus rien a manger: partis d'Al- buquerquo avec trois mois et vingl jours de provisions, nous avons ^l6 six semaines a demi-ralion et meme on parlailde tuerdes mulets pour s'en nourrir, lorsque nous avons alleint le pied occidental de la Sierra Nevada. D'Albuquorque au Rio Colorado, nous som- mes venus assez lenlemcnt, I'aisant des sLilions et explorant a droitc et a gauche ; souvent tres occup^s k nous preserver du iVoid, de la neige, el a trouver de I'eau et ilu founago pour nos animaux. D^cenibre et Janvier onl el6 tr^s froids; Ic thermometre 6lait lous les matins de 10 a 25 degr^s centigrades au-dessousde ( ^3 ) glitce ; vers le milieu tlu jour ii laisiail uioins iVoiil ; niais le soir rainenait la geiet ; et nous n'avions rien de inieux a faire que de nous hiotlir aulour de grands feux ou bien dans nos lits de peaux de bison et de couvertines de laine. Nous n'avons jamais eu beau- coup de neige, generalement de 6 ponces a 1 pied; cetle neige, du reste, nous a beaucoup servi, car par son moyen nous avions de I'eau dans des trous de roclies oil il ne doil pas y en avoir dans toute aulre saison de I'ann^e.Quoique celte marcbed'Albuquerque au Rio Colorado ail ele lente, nous avons cependant perdu, dans cclte parlie du yoyage, toutes nos voilures el nos fourgons; nous avions charge loules nos caisses, malies, etc., sur nos mulels, plusieurs jours avant de traverser le Pvio Colorado. » Nous avons traverse le Rio Colorado le 28 fevrier; cclte operation nous a pris lout le jour el le dernier radeau a passe lorsque la nuil (^lait lombee depuis une demi-heure; ce passage est assez dillicile ; nous y avons perdu plusieurs moulons. doux ou Irois radeaux ont chavire, el une parlie des objels qui se Irouvaient dessus ont ele perdus ; ce qui a ele sauve elail mouille et dans un elat j)itoyable. La malic de votre Ires humble serviteur, mon lit, ma selle, etaienl sur un des radeaux qui onl cbavir6 ; el pendant deux jours je n'ai fait que secher au soleil ou au feu mes vele- menls, carles, notes, etc... Du resle, les Indiens du Rio Colorado ont 6le tr6s amicaux avecnoas, et, sans leurs secours, nous aurions eu plus de peine a traverser le fleuve. )) Partis le 2 mars du Rio Colorado, nous avons tra- verse le desert Calil'ornien sans nous arreter, jusqu'au ( ^!i ) 22 mars, jour de nutri' arr'nt^e a f-os Angeles. Dans celle derniere niarche nous laisions de 8 a 15 lieues par jour, avoc dcs animaux fatigues, rcstant souvent deux jours sans eau, ou avcc do I'eau saliic ct peu do fourra2;c, pour nc ))as dire pas du tout. » A Los Angeles, nous avons vendu lous nos mulcts, sellcs ct autre altlrail de voyage; puis nous sommes venusnouscmbarquer a San-Pcdro, pour San-Francisco, oil nous sommes arrives le 27 mars. II y a /|00 milles de San-Pedro a San-Francisco ; el, connne la mer est asscz mauvaisc dans ces parages, il Otait curieux dc voir la prcsque lolalile de nos homines el de nos ofliciers malades, eL incapables de so tenir sur leurs jambcs , eux qui venaicnt de traverser par Icrre tout le continent amoricain , apres avoir supporte toule sorle de fatigues ot de privations. Pour moi, deja vieux voyageur, lo mal de mer n'a plus prise sur moi, jo soignais mos compagnons. » Tous les oflioii'rs de I'expedition, apr6s etre rcsles qiialre ou cinq jours a San-Francisco, se sont embar* qu^s sur le vapcur du 1" avril, pour New-York; je suis rcsl6 seul ici avec I'ofiicier d'arlilleiie (]ui com- mandait notre domi-balterie d'escorte ; nous partirons ensemble par le vapcur du 16 couranl. Je n'ai pas vouh) quitter la Californie sans visiter los mines, et j'anive d'une excursion dans la vallec du Sacramento et a la Sierra Nevada; jc vous avouo que, quelque eton- nanl que vous paraisse San-Francisco, on n'a pas vu la Californie lant (jue Ton n'a pas vu Ics mines; c'cst la cliosL' la })lus extraordinaire que j aie rencontree sur mon (.liemiii ; ct j'cii suis encore un peu abasourdi a I'hcure qu'il est. Imaginoz vous (lu'il n'y a pns le plus ( 65 ) pelil ravin, la plus pelitn colline, qui n'aitetti boule- versec, peiToree ; que I'eau y a t'io accaparee par ties spocuUileurs, qui, au moyon (i'immonses I'oscrvoirs ol de canaux, la conduiscnt dans toules les direc- tions dc la Sierra; malheureusoment a un prix tres eleve pour les inineurs, car 2 pouces d'cau content 1 doliai' par vingt-quatre heurcs : ainsi les Iravaux ne s'arretent ni jour ni nuit; il n'y a que la saison seclie qui ciupeclie le lavage. Je vons enverrai de Washington une courte notice sur ce quo j'ai vu aux mines et dans la vallee du Sacramento. » Je vous envoie quelqucs latitudes et longitudes que nous avons d^lerminees, nuiis ne les regardez que conime approxlmalives, car les computations ne sont pas encore faites. )i Pueblo de Zuni 35" h Leroux Spring au pied du griind volcan eleint do San-Francisco Mountains Embouchure du Bill Wil- liau) Forkdans leGrand- LATITUDE. LONCITUUE OUEST DE GREENWICH, 35" h' 108" 55' 35° 16' 111" 29' 3 A" 18' 11 A" 10' Vni. H'lLLET. 5. (6fl ) i^oiiTrlles ^eographiqiies. F.UROPE. ufcCOUVERTKS ARCIIK OI.OCIQUES SICNAL/:KS PAR M. NOF.f. DESVERGERS. Noire confrere, M. Noel Desvergers, a ecrit, on inal 185/i, line leltre remarquable a M. J. de ^Vitte, correspondant do I'Instltut , siir des d^couvertes ar- cheologlques en Italie : il y mentionne partiouli^rement le lemple de Diana ne/norensis , que M. Pietro Rosa croit avoir' retrouv^ sur les ]ientes du crat^re du lac de Neini, et des fouilles r^centos faitos dans les ratacom- bes de Rome . VOYAGK DE MM. ELAN ET SCIII.OTTM ANN DANS I.ES ILES DU NORD DE l'aRCHIPEL. Le premier secretaire dc I'ambassade prussienne, M. 0. Blan, et le pasleur allacb6 de cette ambassade, M. Scliiotlmann , viennenl de faire une expedition scienlifique a Samotbraco, a Tiinedos et a Imbros. lis rapportent, dlt-on, un riche butin scienlilique. Leurs prlncipalcs decouvertes sont : i" celle d'un inur cyclopecn qui entourait un sanctuaire Ir^s ancien, et qui est d'une arcliitccturc tres remarquable; 2" celle d'un temple, siege central des mystercs, avec tous les In'itimenls annexes; 3° cello dc la grotte g^ryntique, oil IVm sacriCinit des chions a la d^esse sans nom ; ( 67 ) h° celle d'une grande quantlle de reliefs des t^poques les plus diverses de I'apogce do I'liellenisme ; 5° celle dune trentainc d'inscriplions grecques Ineditos , d'une trentaine de monnaies grecques, et de qualre m^dailles pheniciennes. Un rapport detaille sur les resultats de cette expedition sera adresse a FAcademie royale des sciences de Berlin par M. le professeur Curtius. AFRIQUE, CniATION DES VILLAGES DE CIl^BLI ET d'aINSMARA. Par d^cret imperial du 21 juillet, un nouvcau village a 6te cr^e , en Alg^rie , sous le noni de Chebli , eni- prunte tout a la fois a Turi des haouchs formant son territoire , et a un produit celebre de la conlree, le tabac dit chebli, dont la regie reconimande speciale- ment la culture. Ce village s'eleve a 8 kilometres environ du bourg de Bouffarick, dans une position salubre, sur la route mediane de la Milidja , vers la riviere Harrach. — Un autre decret imperial determine la creation d'un autre village, nomm6 Ainsinara, a 16 kilometres de Gonstanline , sur la route de cette ville a Setif. NOUVELLES DE M. LIVINGSTON. L'ne lettre adress(;e par un commercant de Cassange (clans la Nigritie meridionale) a son correspondant de Saint-Paul de Loanda (Angola) , et datee du 13 avril lH5/i, annonce I'arriv^e recente du doctenr Livingston ( 68 ) dans ceUe parlie do rAfriqne anstralo. Nous nc tarde- rons pas, sans douto , a recevolr dir. clement la rela- tion du conragoux voyageiir, doiit nous avons inser6 line leltre si inlt'ressanle dans le Bidletii) du mois de mai dernier (I. MI de la h' ?eric, \\ 3(i4). WOtVF.I.I.i:S UK MM. ANDURSON, WAHI.BKRC 1:T VICTORIN. On lit dans un journal dc Slockholin du \h juillet: « Nous venons (ie recevoir des nouvelles de Irois nalu- ralistos suedois qui cxplorent lintirieur do I'Afrique, MM. Anderson, "NVahiherg ct Viclorin. Le premier elail de relour an Cap, apr6s une absence de seize niois de cetle ville , et il commencail a r^diger en anglais la rolalion dc son long voyage; M. Wahlberg se Irouvait aux monls Camarones, snr le golfe de BialVa, et M. Viclorin dans lo district do Saint-George, siluc snr la cole orienlalo do la colonic du C4ap. Tons Ics trois , en depit du climat et des immcnses fatigues qu'ils avaient eprouvees, jouissaient d'une cxcellenle sanl^. » NOUVELLES DI VERSES, M. Th. Dickcrl, conservateur du museum d'hisloirc naturelle dc I'universite de Bonn, a execute des reliefs de plusieurs pays inleressants, surtoutsous le rapport geologiquo : 1" la r6gion de Moscnberg et le lac dc Meerfeld, dans rEil'el ; 2° los bains de Bcrlrich et Icurs environs, pr^s de la MoscUo ; 3" le lac d'Uelmcn cl (69 ) ses environs, dans rEit'el; h' I'ilo do Paluia, dans los Canaries; 5" I'ilc de TenerifTe. Le memo a execute le relief de I'iiemisphere visible de la Lunc, a reclielle de -gQ^'p^Q pour les distances, el ., „ u'm, „ pour Ics hauteurs. Ces reliefs sent cxeculds avec des feuilles dc cuivrc minces. Dans unc dc ses dcrniercs seances, rAssociation scicntifique amerlcaine a entendu M. le professeur Bache presenter les resultats d'observalions faites sur les mareespar les ofliciers du Coast Suri'ey, a San-Diego, San-Francisco et Astoria, sur I'ocean Pacifique. II cii resulte que, des deux marees qui ont lieu en vingt- quatre heures, I'une est beaucoup plus faiblc que I'autre dans ces parages, au point qu'il ne paraltrait presque y avoir qu'un flux par jour. Tandis que, sur la cote de I'Atlantique, la niaree sc meutdans une direc- tion a pcu pr6s parallele a la cole, elle arrive, du cole de I'ocean Pacifique, a peu pres perpendiculairenient sur le rivage. On annonce la raort tragique d'un desvoyageurs les pluszeles et les plus intrepides, M, Vaudey, vice-consul de Sardaigne en Nubie. 11 est mort a Guadacor, vil- lage de la tribu de Barry, sur le fleuve Blanc. La cause en est, dil-on , la falale inadvertance d'un homme de sa suite, lequel avail oublii qu'il avail charge son fusil avec du gros plouib. En faisant le salut d'usage , il blessa quclqucs enfants; un ful tue sur le coup. A la suite de ce malheureux accident, il s'ue des Deiuv-Mondes, el mSnie la Mecanique celeste do Laplace. M. le docteurOppert, revenu recemnient de I'Onent, met sous les yeux de la Societe un plan nianuscrit de reinplacomcnt de Babylone ; il entre dans des d^velop- pements <^tendus sur ce travail, sur les dimensions que devail avoir cette ville, sur le cours de I'Euplirate, etc. II annonce racheveinent prochain d'une carte beau- cou|) plus considerable conlenant , outre Babylone, tout le terriloire avoisinnnt. Al. Oppert est pri6 de re- diger les conimunications cju'il vienl de faire , pour qu'elles soient inserees au Bulletin. M. le president communique une notice anglaise sur I'histoire naturelle de rAlViquc cenlrale, par M. le docteur Vogel. M. Morel-Fatio en donne, stance tenante, une traduction vcrbale, M. de la Roquelte annonce quo la souscription ou- verte en Angleterre en I'honneur du lieutenant Bellot permet d'eiever au bord de la Tanaise un beau mo- nunKMil de granit , et qu'il restera encore environ 30 000 IV., destines a la lainille de ce jeune niarin. M. Morel-Fatio apprend a la Societe que les Anglais residant en France ont, de leur c6t6, eu I'idee d'offrir au Mubce de Marine, au Louvre, en I'lionneur de Bellot, une inscription monumenlale qui rappellera les ser- vices et le devouement de ce coiu'ageux navigateur. ( 75 ) Seance dull juillet \%bh. PR^SIDENCE DE M. JOMABD. Le proc<^s- verbal de la dernifere seance est lu et adoptt^. II est donne lecture de la correspondance : M. Alfred Maury , qui exprime ses regrets de ne pouvoir assister a la seance , adresse de la part de M. Th. -Henri Martin VExamen d'lin inemoire posthwne de M. Letronne et des questions relatives aux anciennes mesares de la Terve. M. S^dillot est prie de rendre compte de cet ouvrage. La Societe imperiale cl cenlrale d'agriculture adresse plusieurs billets pour la seance generale qu'elle doit tenir le 23 juillet. M. Sedillol fait honimage a la Societe de son Hiatoire des Arahes ; M. Cortambert est charge d'en rendre compte. M. Jomard presente , de la part de M. Lejean , une feuille de la Carte de la Bufgarie que public ce g^o- graphe. M. d'Avezac offre, au nom du contre-amiral Smyth, I'ouvrage intitule t/ie Mediterranean , dont M. de Cas- telnau est prie de rendre compte. II est donne lecture de la lisle des aulres ouvrages offerts. M. Cortambert communique un memoire de M. Bu- nou, intitule : JSomencJature des rues de Paris appliquee a V etude de la geographie de la France, de V Europe, etc. II 6mel I'avis qu'il n'est pas possible d'adopter le pro- jet, propose par I'auteur, de faire un changement ( 76 ) complcl dans Ics noms tics rues d'linc villc comme Paris, et quo le plan, ingenieux sans doule et accep- table pour unc villc noiivclle oii Ton auiait a crocr la nomenclaUiro, n'cst pas pralicahle pour une cilii aussi ancienne el ou I'liistoirc el Ics liabiludes out imprime aussi profondeinenl Icur caraclcre. Apres quclques observations de divers uiembres, qui, ioiii d'admcltre un changeincnt radical dans les noms des rues de la capilale, cxprimenl le regret d'avoir vu disparaitre de- ptiis quel{|ues aiinees un grand noiubre de noms liis- toriques, la Commission ccnlralc decide que le projet de M. Bunou ne sera pas pris en consideration. ( 77 ) OUVRAGES OFFEUTS DANS LES SEANCES DES 7 ET 21 JUILLET 1856. O II V R A r. E s. Eur.OPE. Titrcs (les ouurages. Donateurs. The Medilcnanean, a Memoir physical, historical and naulical, by lear-aJmiral William Henry Smylli. London, i 854- ' vol. in-8°. M. le contie-aniiial Smyth. Geograpliie du theatre de la guerre, accotnpnjjnee de trois cartes : Baltique, Danube, mer Noire; et onice dcs plans des principals villes; par M. V.-A. Malte-Brun. Paris, i854. i vol. in i8. M. V.-A. MALiK-Bnuj*. ASIE. Histoire des Arabes, par M. Sedillot. Paris, i854. i vol. in-ia. M. StDiitOT. Ml^MOlRES, P.ECUEILS ET JOURNAUX Pl&RIODlQUES. Aiinales du commerce exierieur. Mai i854- DiEECTlON DE l'aGB. ET DU COM. Bulletin de la Societc geologiijue do France. Juin I 854. — Revue de rOrient et de l.^lgcrie. Juin el juillet. — Revue coloni:de. Mai. — Bibliotheque universelle de Geneve, et Archives des sciences phy- siques el natureiles. Mai. — Bulletin niensuel de la Socit'te zoolo- gique d'acclimatalion. Mai cl juin. — Annales de lapropai;ation de la foi. Juillet. — Journal des missions evaiigeliques. Juin. — Journal d'education populaire. Juin. — L'Athenacum fran^ais, n"' 24 a 28. — The Journal of the Bombay branch of the royal asiatic Society. Janvier. — Zeitschrift fiir allgetneine Erdkunde. Mnrs et nvril. Les fioiTECns. MliLANGES. i Nonvel abre'ge de ge'ographie physique, politique, commerciale et historique, prtsentant I'etat du globe au milieu du xix^ siecle. Paris, iS53. 1 vol. in- 8°. Les Fheues des ^coliis curbt. ( 78 ) Titrei lies ouinnjes. Douateurs. Rapport siir les tr.ivaux de M. Alexis Pnrrey, relatifs aux ti-pniMe- metiis lie Icirc. PjioiIi. iii-.(°. L'Institut ne 1'r\>ci;. Exainen d'un ine'moire poslliuitie tie M. Leironne et iles questions relatives aux anciennes mesures de la Terre. Brocli. in-S". M. Tii.-Henri MAnxis. CARTES. Titres des cartes. Donateurs. General-Karte von der euiopaischen Tiirkei, nach alien vorhandenen Originalkiuten und itiiieraiisclien Ulfsniitleln. Berlin, i853,4 f'*'- — Karte von Kleiii-Asicn. Beiliii, i854- 2 feuilles — Die Enplirat- Tigris-Lander, oderArmeni en, Kurdistan und Mesopotamien. Berlin, i854- 4 feii'l'es. — Karte der Kaukasus-Lainder und der angran- zenden tiiikischeti und persisclien Provin/.en,Arinenien, Kurdistan und A^eiheidjan. Berlin, |854- ' feuille. — IIoLen-Vcrlraltnisse des Westlichen llochasiens. Berlin, |854- ' feuille. M. Hemii Kiepert, Tbe pliysical Atlas, a series of illustrations of the geographical dis- tribution of natural phenomena. A new and enlarged edition. 1854, 1" livr. M. A. Keith Jou>STOK. Carte generale des celebrites de la Franre. Paris, i854. i feuille. MM. El'g. et Ricu. ConT.\MBEnT. Carte de la Bulgarie d'apres les itineraires et les rcleves les plus re- cents. i8.'i4, i" feuille. M. G.Lejeak. ( "9 ) BIBUOGRAPHIE Gl^lOGR APHIOUE {Suite {i)). (Voyez aussi les ouvrages oft'erts a ia Socie'te. ) ASIE. Carte de la Turquie J'Asie, par M. Dufour. Paris, iSSjj. Carte de I'Asie Mineure, par M. de Tchihatcheff. 2' edition. Journey through Syria, by Van de Velde. 1854. L'empire Chinois, faisaiit suite a I'Duvrage intitule : Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Tibet. Par M. Hue, ancien iiiission- riaire. Tome I, in-8°. Avec une carte. Paris, i854. AFRIQUE. Vie en Abyssinie et trois ans de sejour dans ce pay-, par M. Parkyns. Londres, i853. AMliRIQUE. Bartlett's Narrative of Explorations in Texas. 2 vol. 1854. Reisen in Nordaraerika in der Jalnen iSSa und i853, von M.Wapner und C. Scberzer. isler Band. In-8°. Leipzig, 1854. Exploration of the Valley of the Amazon, by lieut. John Lewis Hern- don, of the United States navy. With map and plates. ^1-8°. Washington, i854. Voyages dans les glaces du pole arctique, a la recherche du passage du nord-ouest, par MM. Herve et de Lanoye. In -16. Paris, i854. Le passage du nord,par John Lemoinne. In-8°. Strasbourg, i854. OCEANIE. Nouvelle-Cale'donie, par M. Brainne. In- 16. Paris, 1 854. G6OGRAPHIE ANCIENNE ET HISTORIQUE. Normandie souterraine, par M. I'abbe Cochet. In-8°. Paris, i854. Les Marches de I'Ardenne et des Woij'pres, on le Barrois, le Wallon (1) Voir le Bulletin de juiii. ( 80) et le pny» ile Cliiny, etuilies sur le sol, ilnns Its clmrtrs et les noms Je lienx ; par M. Jeanlin. a vol. jn-8°. Nancy, i8o4' Decoiivcile d'liric ville {^;il!o-rom;iiiic, tlite Landiinum. Examcii iles fuuiilcs, |i.Ti- MM. Mij'.n.iid et I.ecoutanl. In ij^ aver l3 plandics. Paris, 18.5/1. Ktudt's (Ii; {»i''o,'jrajiIiie anciciine et iVcllinofjraphie asialiijnn, par M. Vivien ilo St. -Martin, t. II, in-8°. Paris, i8.'54. Voyages et missions tin P. Alexandre ile Rhodes, do la compagnie de Jesus, en la Cliine et autres rovaunies dc I'Orient. rvouvelli; edition, in-8". Paris, iSS.'j. Types o( mankind ; or lillinoloyieal Researches based upon (he ancient monuments, j:aintings, etc., of races, and upon llieir natural, {jeofjraphical, philulo{;icaI and biblical hi-tory. l!y J.-C. Nolt and Geoi'jc R. Gliddou. (Ouvrage enrichi d'extraits des papiers inedits de Samuel-George Morion , et d'addilions de MM. L. Anassiz, \V. Uslur et II. S. Patterson.) i vul. Phlladelphie, 1854. (II se trouve, dans le nume-ro dii 27 mai de WitlitH f„„r.' 'ml '',t,,la Hiirle KSl il1„„.r i.'lii,;, la:) r a,,,,., ll„i,i,-/„,,- 1,1 IU,'i//flIJf o/is,'/-it " /„/,-, ~,-ll,\ ,„/„„ ,/,:..m.,-,/ ■//<„, I,-/,,, ;■ i,/ „wi,i.,h,„„ie .S„l,v />„„„■ ,l,,/l,'l/,;„„i/„- fl/ tlft//\' uli.vfflt. ii{ fiitlfc (/<' /SX'^ i/'lifW {itt//f //ni/\n//i. (hiifoi/o (/// /-'fttiiv/- (hlJi'xFourx -if.-iif r/,„i.,-.- nil . a„„. Jim . ri,a, /."> : ri,„i. ITH'I II a,,,!. lllll.l Ih,,,. Iltj. I i},„i si: IV„i,., iiri :i-i,a,:. •Mill a,,,:. in Ouii., ■ttifl-i ih„n ,focielv df frci'fifitft/in' . ^'?-J>V7,- Ihifhiin i/r./wV/^l, ■»s-u.iiiuniviiiuiKln.\Ur .Vl.' t^U^^^^.lml « ilaulciurt audu»!«lM du lilVi-uu tiflaTllor IU7 lllj:irrvi.i,-.i-, ll.uiU-ursuiuWsusiliinivi-auiIi-liiJllcr M'.* (IWipvbUui . IhiuU-Ui-sninli-SMiMiln niviimiUliiMu' y\T Ub™-vuU'»i .///w/ /7//.- 3/J -.tB^uunon ii/- -VW B>ll..l ./k,v,u- />/ :iiMm,rt»er.„., /;■/// jhi'/if A',-/viw ■d r.d Xlmi EnJirr u /li'i-f>iiv 2lil BUl„>t uf- id f'i uMft el o; ( 'iiii/nn IJ'-" Jiiidrj- id. Hit! Hn„.f Xi/Ja-ritiu- ,!.• ite ii4/i>i-t..t r/uf/ij'--- ryv tSratintoitl id iiu/iv tiiuvf" ' ':n fi,i,u^„.,„, it! .fi>? dt- ll-ttdieiyif .i idA>v/-u 'iililmi.v id ii lE^ltsv siu-iui nuunelon Ti? i(/ia:f Cufdit/itidrf oil dida (ii'i.id^'Jitol/a^ I'Jd- jh,.f.; ,d t.n f<,.:;- {of di- ht /.ou.n- VIS r.-...-- d''/yt/id.//ifn/ oit fiord i/i- /ii /.••f.iv ?7:U' r.i,-,,- lul dii ('/Hind (hrnu'f 'il^'.i' r;„„v Clia/i'."d,-S'frtii'f'in tin l'a»n- tUmaid tiWlFm'.v {'/ii/i-di\//iadtitfiii'oti end de/t'iiudi7i ITM /«*•»* li^sYl^m I'll /ta»di'/t M' /;'-'* /f,>,.-/.w I'll /(mvien iiui,y uliMuv " l.i^iPfiVL.idffaij.' ,i„ ,Mid ,L-/l,uiii/ih-f .■Irri'^i',!! I 'J-^qli.fc Foiilitiite. /iiuiwnti ii*f de ISeim/^d Liintv ii/iex f'l/rdh' Fpikhh /'tttii d,- IKthn, i^diiif d,-s:.'i.',f.iA- id. nuOv di' ts^^d'uitf nuhv /md.n pjw xrtstx^u- y...^ (idd,da.>i-ii/,i4- tint OtaU- itt,.n,r Ihiifoirv dti Maeii-/- in <»ntr T a.Mj I'al iie.%-fniiij>- '<■•'/ If—'-' _ t6st r.i,-^ BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGRAPHIE. AOUT ET SEPTEMnRE 185/u MeiBfioireis, I%[oiiec$^, Docuiueiits origiuaii^K , etc. NOTICE SUR LE DAR-FOUR(l), ET SCR I.ES CARAVANES QUI SE RENDENT I»E CE PAYS EN EGYPTE, ET VICE VERSA, PAR LE Dr CH. CUNY. Anrien cliirui'gien ilcs hopilanx niililuiros ile I'Algerie, ex-me'decin sanilaire en chef ilos prgvinces (le la liaiilu Egyple, (iicniTn: au cvinE, le 19 m.vi i854-) Pendant un s^joiir que jc viens de fairc ii Assiout, en mc preparant a nn voyage au Dar-Four, que des circonstances diverses m'ont enipfiche ci'entreprendre, j'ai recueilU des djellabs (2) les renseignements qui (1) Consultez le Voyage au Darfour, par le cheykli Moli.ninmecl- ehn-Oinar-el-Tounsy, reviseur en chef a I'ccole de medecine du Caire, traduit de I'arabe par le docteur Perron...; prece'de d'une preface contenant des reniarques sur la region du JNil-BIanc superieur par M. Joniard; ouvrage accompagne de cartes et de planches, i volume. Paris, 1845. (2) Negociants r|i\i, pnur leur compte oil celui d'un associe, trans- portenl a travcrs Ics deserls de I'inli-rieiir aient aucun motif de reserve en conver- sant a*ec moi. Je transcrirai ces notes lelles que je les ai recueillies, en y ajoutanl ccpcndant les observations que j'ai eu occasion de I'aire pendant les sept annees que, par ma qualile de medecin en clief, j'ai etc oblige d'avoir des relations avee les djellabs pour faire vacci- ner leurs esclaves. Le Dar-Four est born6 k Test par un desert de quatre a sept jours de traverstie qui lesepare du Cordufan (1) et autres contrees de la valine du Nil; au nord egalement par un desert, mais d'une immense 6tendue, le ddserl libycjue, qui s'^tend sur quelques points jusqu'au litto- ral de la Mediterranee ; a I'ouest, c'est encore le desert, non plus secct aride parlout, maisofl'ranlde distance en distance desherbespropies aux aniuiaux, des arbres.et de I'eau pour la commodile des caravanes. Les nion- tagnes deDar-Mara formentles limites sud duDar-Four proprement dit ; mais au dcla de Dar-Mara, il exisle encore d'autres provinces qui dependent du Dar-Four et s'6tendent tresloin de ce c6te-la. Au dela des savanes situees a I'ouest du Dar-Four, on rencontre le Borgou et d'autres Etals dependants du Dar-Four. Le climat du Dar-Four est sec et tr6s salulaire: la maladie qui y cause le plus de ravages est la variole, qui la n'a encore rien perdu de son intensity premiere, el enl6vepresque lousles indi\idusqui en sont atteints, d'aulant plus qu'ils sont tres rnal soignes. Quand ar- (i) O.I clii j,liis gener.ilriiipiit Kortlofaii. E. C. ( 83 ) rive la saison des chaleurs, los habitants en souffrent moins qu'en Egyple : elle y est plus supportable et moins etouffante ; ce qui s'explique par la liauteur du plateau sur lequel s'etend le Dar-Four. Inutile de dire que, vii son plus grand voisinage de I'equateur, les djellabs regrettent pendant I'hiver, lorsqu'ils sont en Lgypte, les douceurs de cetle saison dans leur pays. Les Arabes nomades M'gbarbe (1), qui habitent la lisiere de la valine du Nil dans le desert libyque, de- puis le Fayoum jusqu'a Monfalout, au nord d'Assiout, font un commerce d'echange de clievaux et de ju-. ments d 'Egyple contre des cliameaux que leuramencnt des Arabes de I'interieur de I'Afrique a une station si- tuee dans le desert, sur la route d'Assiout au Dar-Four, et que Ton appelle Bir-Malehb, ou Djebel-Natroun : le premier nom signifie puits cVcau salee, et le second, moiitagne de natron (2). Cette station est la cinquieme depuis Assiout, et de la pour se rendre au Dar-Four, il n'y a plus que onze journees de marche de chameau, que Ton fait d'une seule haleine, si les caravanes ne preferent passer plus a I'ouest par EI-Meydoub. Outre les Arabes des tribus d'Egypte , les Terboune, les Amaim6, les Djab^me, les Djoazi, etc., qui so rondeut directement a Bir-Malebli par le desert, en passant par les oasis libyques (3) a I'ouest de i'Egypte, il est a (i) Ce sont, en effet, de veritables Mogliebins, qui, traversaiit de i'ouest a lest le desert libyque, sonl veiius s'e'tablir en E^ypte. (2) Le natron est un carbonate de soude et quelquefois de la sonde impure : il sen a blanchir les tuiles, a faire les lessives, etc.; les Bedouins et tous les Soudaniens le inelent au tabac qu'iis tiennent coiitinuellement dans la bouche. (3) Les oasis de Thebes et relies situees plus au noid. { 8'i ) obsorver que d'aulres noniade?, cnlrc aulrcs ties Bi- charis et des Abahdes, vonl a cetle slalion, en parlant d'une autre Irts voisine du Nil el qu'on appolle Se/i/ne, laquelle est la Iroisiiime d'Assioul an Dar-Four. Ces derniers n'y vont guere que dans le but do s'y pro- curer du natron, qui ne leur coule la que la peine de le rainasser et do le cbarger sur leurs chamcaux. Quant aux Bedouins de la moyennc et de la liaulo Egvple, ils ne vont a Bir-Maldbb, ou Djebel-Natroun, qu'uno seule fois par annee ; ils partenl vers la fin de juillet et ils sont de retour vers le mois de Janvier de I'annoe suivanle; leur expedition annuollc dure ainsi environ six mois. Comme Bii-Malehli n'est point habilii, Ics Arahes d'Lgypte conviennent avec coux de I'intericur de rAlVique du jour do I'ann^e oil lis s'y renconlreront, el, apres s'elre accordes sur I'epoque de ce rendez-vous, qui a loujours lieu, du reste, dans le mois do seplembre, ils jurent sur lo Goran d'y elre fideles, ce qui ne man([uc jamais d'arriver, les Arabes elanl toujours Ir^s exacts a lenir lours sermcnls. Les Arabes d'Egypte, ne pouvanl d^passer ce point pour s'enfoncer plus avantdans I'interieur del'Afrique, 6cbangent la leurs juments et leurs clievaux contre de jeunes cbameaux, chargent ces derniers, ainsi que ceux qui les avaient apporles , de natron, et s'en reviennent ainsi dans leui's tribus : cctte coulume d'^change commercial a existe de tout temps, et Ton ne sache pas que la bonne foi ait ete viol^e de part ou d'aulre, et que jamais il y ail eu des querelles sui- \ies de combats, quoiquc tous sc rendent la bien armes. Les Arabes d'Lgyplc ii'cmmenent avec eux que des clievaux, pour on faire commerce, et ils y ( 85 ) joignent, raremenl, qiielques amies, quelques tapis oil quclqiie aulre niatiere d'echangc; mais ceux de la Nubic qui vont a Bir-Malehh par la station Selime font un commerce d'echange beaucoiip plus compli- que et plus actlf avec ceux do I'interieur de la Libye, scion ce qui m'a ele rapporle : car je ne puis parler avec certitude que des premiers. Quant aux Arabes de I'interieur de I'Afrique, avec qui ceux de I'Egvpte et de la Nubie font le commerce d'echange aBir-Malehh, ils sont pour la plupart soumis au roi du Dar-Four ct soiit dc la trihu des Baqaras; de celle des Kaba- biches, etc. Cependant on m'a assure qu'il en venait non-sculement du Borgnu, mais qu'il en venailde tons Ics points du desert libyque : il y en a parmi eux (m'ont assure Ics M'gliarbt^) qui sont aussi Iilancs qu'eux-m^mcs. Comine nous avons dit que les Arabes d'Egyple ct ceux de Nubie no j^ouvaient penetrer au dela de Bir-Malehh, dans I'interieur de TAfrique, il n'est pas ituilile de rolatcr quo des noniades soumis au Dar-Four so reunisscnt souvcnt en caravane, ayant un khabir nomme par Icur sultan, et vieunent en Egyple y vendre du natron qu'ils ont piis a Djebcl- Nalroun, ainsi que quelques aulrcs objcts de I'interieur, comme plumes d'autruclie, jnaux de panlbere, etc., clquelquefois des esclaves en ties pelilnoinbre. Ces ca- ravanes sont loujours Ires pauvrcs, c'est-a-dire qu'elles n'apportenl pas de riches marchandises avec elles : celle qui est arrivee cetle annee, etdont le khabir s'ap- pelle Lazouga , n'avait que quinze charges de dents d'elephant, la seule marchandise de grande valeur. I. a meme station de Djobcl-Nalroun renferme aussi dcj mines de sel, Ics sotdcs qui on f'nirniss'Mit a tout ( 86 ) le Dar-Four et a heaucoup d'auties Klals ile riiiterieur; elvoila pourquoi on I'appelle aussi bien tie ce premier nom que de cclui de Bir-Mal6lih, que Ton devrait tra- duire, non point par piiits d'eaii snlee, mais l)ien par station du sel. Car I'eau que Ton trouve la en \\k& j^rande abondance a, dans une monlagne, uiie source si considerable, qu'elle forme un pelil ruisseau, et elle est d'une legerete etd'un goQt delicieux. Goinme il est facile d'en juger par cc qui vient d'etre dit, ce lieu est tres frequent^, puisque c'est le point central ou se reunissent les Arabes d'tgyple et ceux de I'intericur de I'Afrique ; que tous vont la pour s'y pourvoir soil de natron, soit de sel, et que de IVequentes el noiu- breuses caravanes y passiint en descendant du Dar- Four en tgypte, et vice versa : aussi les nomades dc rtgypte, ceux de la Nubie, chacune des diverses tribus de I'interieur de I'Afrique orientale, y ont-ils, soit a la mine de natron, soit a celle de sel, des en- droits particuliers , d^signes chacun par leur nom, oil ils doivenl, d'apr^s I'antique usage, sojourner et camper sans se permeltre d'en dcipasser les limites. Quoique cctte station soit Ir6sfr6quent6e et qu'il s'y trouve de I'eau excellente et en tr6s grande abondance, clle n'est point habitee par des Arabes compl(^lement fixes : chacun n'y reste que le temps necessaire a ses allaires et en part. De la au Dar-Four il y a onze jours de marche de suite, sans puils, sans station et sans eau, quand on prend la route qui y conduit direclement et que Ton ne voyage pas a I'epoque des pluies inter- Iropicales ou bien quelque temps apres ; bien entendu qu'alors on tiouve dos reservoirs naliiiels d'oau de tlisluuce en distance, et dans des vallees donl la ( 87 ) position est connue des guides de caravanes. Quand les chameaux ne sonl point trop epuises par la traver- see d'Assiout a Bir-Malehh, les caravanes franchissent loujours cette distance en ligne directe ; dans le cas conlraire, et quand elles ne peuvent faire autrement, elles devient un pen a I'ouest et passent par El-Meydoub, ou habitent en jieruianence des Bedouins soumis au roi du Dar-Four. Ce lieu est a six jours de Bir-Mulehh et a six du Dar-Four : en y passant, on n'allonge presque pas sa route ; mais les djellabs I'evitent autant que possible, car les habitants les soumettent a une conlribution forcee et dont le chiffre ne ieur est point escompte a la douane qui est percue d'eux par le sul- tan du Dar-Four. En montant d'excellents dromadaires, on pourrait arriver d'Assiout au Dar-Four dans une douzaine de jours; quand on fait cette traversee sur des chameaux charges, on arrive au bout de quarante-cinq jours. Mais, quand la caravane amene un grande quantite d'esclaves, on met le double pour faire la meme quan- tite de chemin ; c'est pourquoi les caravanes venant du Dar-Four reslenl toujours environ quatre-vingt-dix jours en route, et Ieur arrivee est, de cette maniere, toujours sue d'avance par les negociants de i'lilgypte, qui en sonl avertis par les djellabs venant de I'interieur de I'Afrique et se rendant en figyple par le cours du l\il. Voici, en allant du nord au sud, les noms des sta- tions du desert ou les caravanes, se rendant direc- tement d'Egypte au Dar-Four, trouvent de I'eau, et oil elles se reposer)t quand il y a necessite; ce sont : 1" Be/is el DJoqes, le premier, village, et le second, simple station, a pen de tlislancc I'un do I'autre, ( S8 ) dcpomlaiils tous deux dc Ju Graudo Oasis, (jiie Ton .nj'pellc iiKiinlonaiil El-Kliarguo (1); 1" Cheb (aliinj, oil se Uouvonl des mines dc sulfate daluiiiine et de po- tasse ; 3° Sdune, donl j'ai parle et ou se icndcnl tliroc- teineiil les noaiadcs dc la iNubio jioiir aller dans rinlurieur; h' Leguyc, dont il n'y a ricn a dire ; 5" Bir- Malehlt ou Djebel-jSntrotiri, que iions avons fail con- naitrc en detail. Dc la, on se rend diroclt uicnt a Qobe (Kobbe), dans le Dai-rour, qui est la ville des tljellabs, c'ost-a-dire colic qui leisr est assignee pour demeure et la seulc place dc commerce d'ou ils ue peuvenl point s'ecarter, sice n'est pour aller au Faclier ou a Dar-es- Sullan, a la demeure royale quand ils y sont appcles, ou qu'ils y vent pour des reclamations. Nous avons deja fail observer (jue si les cliameaux, en revenant d'Egy[)le, sont par tro[) iiarasses et Irop allaiblis pour pouvoir faire les onze jours c'.c marclie de Bir-Malebli a Qobe, les caravanes inclinent un pmi a I'ouesl et passenl : 6° par El-JMeydoub, ou sont lixes des Arabes fouricns. I.-cs intcrvallesqui separciillcs cinq premieres (itapcs sonl tic qualrc a cinq jours de marclie j celui de Bir-MaJehh a Qobe est tie ouzo jouriiccs dc marcbe continue. Les djellabs sont Ires mal vus par les babilanls du Dar-l*'our; mais le sultan les protege a cause des re- (i) F^a sorlaiilc, [iHice qu'elle est plus vuisini; quo raiitrc tic tli;jy[)te, ct quo c'cjt [)ar ellc que Ton joitdw df'seit jiour anivcr aux terres cullivces; — la Petite Oasis pit ajipeloe inaintcnaiit VA Ilakli'lo (rjiiJenie), parce qu'elli; est plus dans rintciicur du ili-scsl quo Tautre. A la prcniiiic, on ariive d'Assioutcn tiois jours ct deuii; il en f.iut stq)t pour atlc'iiulie la dcuxiuiiie Cn. Cv^v. Kl-KI)aij',i''Ii ((HI KIiar{]U(') sifjnilii; piojucinrul \'cxlnicure, par on- po;itioii a 1,1 I'cl tc O.isis, (pii j'.ipprlji: VinlnUwc. V.. i. ( 89 ) vciiiis que lui procure le commerce qu'lls font, soit eii exportnlion, soit en importation. L'empire du Dar- Foiir n'est pas Ires etendii par lui-meme, il n'a que tlix-neuf jours dc marche dc Test a I'ouest, et vingt- deux du nort! au sud ; mais, parmi tous les Elals de I'interieur de i'Afrique, il est le plus puissant, du inoins au dire des djeliahs. Le Borgou ou VVaday lui pave Iribut, ainsi qu'une lies grande quantile d'aulrcs souverainet^s takrouricnries , lelles que cclles des Felialah, de Dar-Mara, de Dar-Fougara, de Dar-Sala, de Dar-Bunga, de Dar-Gou!n, deDar-Biighcrmi, etc. (1). !1 comple ausiji parmi ses vassaux uue grande quantile de diflerenles tribus arabes. II arrive souvenl que ceslotats tribulaires se revoltent et relusent de payer au Dar- Four la redevance annuelle alaqnelle ils sont soumis; pour eviter les guerres et les expeditions qu'occasion- nent de pareils evenemeuts de la part des nomades, qui sont Ires puissanls, la cnur fourienne a rccours au systenic poliiiqne de Machiavel, et cnlrelient parmi eux des jalousies et des dissensions perpetuelles, qui les empeciient de s'unir pour t'aire une guerre qui ne pourrail nianquer d'etre terrible pour le Dar-Four: c'esl pour les memes motifs poliliques qu'oii les laisse libres et presque independanls, et ils no soul soumis qu'a de Ires faibles contributions. (i) Nous laissons n INI. le docteur Gmiy In lesponsahilite enlicie de cetie assertion relative aii trihut que payeraient au Dar-Four les Fellatah, le Banliornii, etc.; nous a^olls fjuclqup raison de penser (ju'il (kcnd un peu trop la puissance du sultan fourien. E. C. L'empire des Fellatah est, aujourd'liui , non-spulcnitiit indc'pen- d.int, niais des plus puiss.uits c! des plus vaslcs de I'Afii'pic; sa do- iniiialiun stsl ctcndue sur un ';i,in'.l nuinl'ic de {onl.ccs. !■>..!. { 90 ) Le sultan IIussein-Mohamined (1), einpereur actuel du Dar-rour,est iin [Jiiucc bon, giinereux, lies huiiiain et ne condainnant iin coupable a Ja murl qu'a la der- ni6re n^cessilc- ; surloul il traite les etranuers avec toutes sortcs d'^gards. Le sultan Cherlf , roi actuel du Borgou, etant nialheureiix ot poursuivi par ses com- p^liteurs au trone, vint, apr^s bien des malheurs et des adversit^s, se r^rugier pre!s du sultan de Dar-Four: il en fut bien accueilli el fut replace par lui sur le Irone qui lui appartenait; c'est depuis cette epoque que le Borgou est tribulaire du Dar-Four. Cepcndant le sultan Cli^rif, se raontrant en ceci pen veconnais- sant eiivers le sultan Hussein-Mohammed, envoya, il y a quelqucs annees, des cadeaux a la Sublime Porte pour en oblenir I'envoi de fondeurs de canons, d'ar- muriers el d'autres industriels. Son ambassade, qui, entre autres presents , etait chargee d'oflVir a S. H. Abd-el-Medjid des diamants d'une grosseur prodi- gieuse, a eu un plein succ^s, et maintenant il se pre- pare a secouer le joug de son bienfaiteur et a renou- veler, peut-etre avec succ^s, une tentative qu'il avail dt'ja essay^e en vain il y a quatre ou cinq ans. Au Dar-Four, le trone esthereditaire, etil est, d'apr^s la loi uuisuhnane, transmis a I'ain^ de la famille en ligne indirecte : ainsi le pelit-fds d'un souverain deced6 pent succeder a son grand-p^re, au prejudice de son oncle, fils du defunt, si ce dernier est moins age que lui : comme, en Egypte , Abbas-Pacha, pelit-fils du grand Mohammed-Ali, a succ6de a la vice-royaut6, au (i) 11 jiicml le title iri]iiiir-el-!Mouiii('iiin, prince des cioyaiUs, litre i|ni ii';ii)j)arti('iit ((u'aii legitime siiccesseur du prophete Mo- Ijainiiied. (91 ) prejudice de Said-Pacha, parce que ce dernier 6tait moins ag6 qu'Abbas-Pacha. Cependant, au Dar-Four, ]e voi dt^sigrierjuelquefois son successeur de son vivant at le choisit parmi ses fils, ses petits-fils ou mSnie ses neveux: pour donner lieu a un pareil clioix, il faut etre doue do qualites eminenles . et superieures, ou avoir ])u gagner toute Taffection du prince r6- gnanl. Mais, au lieu d'assurer la paix a I'Etat, ces mesures sont au contraire les motifs de lr6s graves troubles, II arrive aiissi que le successeur au trone doil sa place a des intrigues ourdies dans le harem par sa mere; et, par I'autorite dont jouissent les eunu- ques des femmes royales, ils proclament sullan un des fils ou parents du defunt, sans qu'il y ait droit. C'esl ainsi, a ce que Ton m'a rapporte, qu'en cachant pendant plusieurs jours la mort du sultan Mohammed, Hussein, un de ses fils, qu'il avait eu d'une esclave abyssine, a pu regner a la place de son aine, Fourien pur sang, qui obtint des troupes de Mohammed-Ali- Pacha pour aller reconqu^rir son (rone, mais mourut au Cordufan d'une mani^re subile. Le p^re du sullan actuel du Dar-Four ])assait pour etre sanguinaire. Le gouvernement du Dar-Four est assez serablable a celui qui existait en France du temps de la feodalit^ : cliacun des princes touriens possdde une 6tendue plus ou moins considerable de pays, qui, a sa mort, est transmise a ses heritiers : les redevances en nature que cbaque vassal offre au sultan lui servent a solder ses officiers et a faire des cadeaux aux personnes dont il veut r^compensier les services. Le sultan ne se reserve jamais la moindre portion de ce qu'on lui apporte, car, d'apres les usages et les lois de I'empire, il doit pour- ( 92 ) voir a son cnlrolicn el a cclui de sa inaison particu- liere, au nioven dcs rcvcmis de scs proprcs terres et des pays qui liii Nicnncnt de s^s ancetres; il se croirait deshonore d'cinploycr a son iis;ige parliculicr la moindre deschoscsqni lui ont (ite apporlecs en cadeau ou sous forme de contiibulions. Si los rcssources foiir- wics j)ar cellevoie pour payer I'armee ct los aiiUv s em- ployes derj^at nesufliscnt pasjc monarquo !cur cede iinequantile,proponionnollcalemsscrvices,dc charges dc minerai dc cuivre qu'ils rc\cn(U'nl aux tljcllabs, Ics- quelsen font Tcxportation dans los regions dc Touost. II est a rcmarquor que les liofs qui apparlionnoiU aux princesses ctaux grandes dames nobles, ou issues do la lige royale, sont tons gouvernes par des cunuquos dc Icur niaison, ce qui cxpiique le grand pouvoir de ccux- ci a la niort dos souverains du Dar-Four. La population du Dar-Four se divisc en prelres dc la religion musulmane , qui est cello do I'Elal, el d'apres laquelle la ju.'lice est rentiue ot le pLuiplc gou- verne ; en soUlals, qui dovienneul, la pluparl, labou- reurs apros la guerre lerminee ; en labourcurs proprc- nicnt clils , qui ne s'cccupont qu'a culilver los torrcs ct a nourrii- los besliaux ; vn djellabs ou nogociants, la j)luinu-t nes liors du Dar-Four el faisant le coniuicrcc paries caravanes; enlin en Arabcs nomades, a la lois pasleurs, guerriers ot cullivateurs. Les pr^lrcs, que Ton appellc en arabe /(ujirs, fequis, iinains, oiilcinns, jouissent de plustlo consideration que loutes les aulrcs classes. Quand il s'agit d'appliqucr les rigueurs de la loi contre un coupable, ce sont loujours oux (jui, au nonibrc de plusieurs ccnlainos, et foiineinl un jury ]!rcsquc scion les regies de I'Europo, euieUcnt les avis ( ^3 ) par siiito tlcsqiiels le sullan prononcc la sonlence el cii ordonne I'exdiCLition, qui a lieu immedialement. Lc palais do I'erapereur fourion, (\uc Ton appelle Dar-el- Sullan , ou hien El-Facber, est excessivement vaste; il n'en sort que les vendredis de chaquc scmaine jiour aller fairc sa priere a une mosquee qui en est eloignee d'environ une demi-lioue. Quand on se croit victiine de quelque injustice de la part dcs agents de I'auloritt!! et que Ton n'a [)u pen^lrer en personnc jusqu'a son trone, c'est ordinaireinent lorsqu'il se rend a la mos- quee qu'on I'interpelle a haute voix et en t'tendant le bras droit en I'air; on lui crie : Selnm alik, ia emir el mounieniii ! (Que le salut soit sur vous, 6 prince des croyants!) Aussitot qu'il a enlendu la voix d'un plai- gnanl, il s'arrelo, et, sous I'abri du vaste parasol qui le defend a peine conlre les ardeurs d'un soleil tropi- cal en pleia midi, il ecoute patiemment les reclama- tions qui lui sont failes. Get usage de pouvoir ainsi approcberle sultan est d'une origine quise perd dans la nuit des temps, d'apres lc dire des djellabs, mais qui, selon loute probabilile, n'est point anterieure al'isla- misme dans ces conlrees: quoi qu'il en soit, le sultan ne fait jamais la sourde oreille, el il n'oserait refuser d'^couter les plaintes qui lui sont faites alors. Lorsqu'il est dans son palais, il est beaucoup plus difficile d'approchcr de sa personne, surtout s'il se tient dans le di\an interieur, ou n'entrent jamais que les favoris intiuies et ou il est garde par plusieurs cen- taines d'eunuques, dont on fait monter le nombre a mille six cents. Dans le divan de I'exterieur, oil sonl jug(^es les grandes affaires administratives et autres, les oulcmas et les grands fonctionnaires sont admis ( 9/1 ) assez pres de la personne dii rol ; mais les djellabs on n^gocianls s'cn troiivml loiijoiirs Iri^s eloigners, a I'exception de qnclques privilegies : ils so tiennonl dans un nntidivan , donl le sol est plus has que celui ou sont les vizirs el les ouleaias places pr6s du souverain. On approche du sultan de la ni6ine mani^re que I'esclave approche de son maitre, en rampant. Qiiand quclqu'un est admis en presence du sultan, il s'avance en rampant sur le ventre, et en graltant la lerre avec la main droile, appuye sur son coude gauche; il exjiose ainsi ses raisons. Le sullan Hussein est age d'environ cinquantc ans : il r6gne depuis une quinzaine d'annees ; il a des idees do progres et de civilisation. II exists, au Dar-Four, des mines de cuivre dont le mineral renfermo dix pour cent d'or, d'apres I'exp^- rience qui en a ete taite par la niaison coplc Chenoud*^, d'Assiout, qui I'envoya a I'analyse dun chimiste du Caire. Surian -Chenoude passe au Dar-Four pour etre le plus riche etle plus respectable des negociants d'ligypte; c'etaitla seule maisonqui faisail des affaires autrclois avec los djellabs: elle est si bien vue et en si grande consideration pres du sultan, qu'il avait on- voye prier le chef de la I'amille de hii envoyer un de ses enfants, lui promellant d'avance pleine liberie pour son culte et lui laissant meuie la faculle d'amener avec lui ses idoles et les ministres de leur culle. ( Le sultan, a ce qu'il paralt, ne fait point de diffc^rence enlre un idolatre el un chr^lien ; il ressenible en ceci a beaucoup de Turcs et d'Arabes do I'Egvple et de la Syrie, chez qui existo la m6me erreur.) Comme r^tiquetle de la cour fourienne nc permet pas que le ( 95 ) sceau imperial soil a]ipose sur iin ordro sans qu'il soit rigoureusement execute; coinme aussi cet ordre ne peut etre donne a iin etranger et probablemenl encore moins a un cliretien , le kliabir (chef do cara- vane) avail apporte le cachet lui-meme, comme signe de la mission qui lui etait donnec de faire venir au Dar-Four un fils de la maison Chenoud^. Lle, parce que, dans le ddserl.il exerce presquc los infimes pouvoirs iju'un g^ndral d'arm^e, et il peut arriver sou- vent qu'il soil jugeet parlio toul ;'i la fois, car il a a se pro- noncer siu" des cas ou, parmi les plaignants, il comple bien souvcnl ou un de sos parents, ou un de ses asso- ci^s, ou bien un de ses amis inlimes. II faut, en outre, qu'il soil Ir^s habile dans le commerce ; car c'est lui qui (i) Si nn (Ijcllab pirvoil que le kh ibir se contluiia iiial i son e'gard, il preiitl la roiue du Nil, an lieu de cclle du desert, ct devieiit ainsi inattre de foire ce fju'i! veut de ses inarcliandises. ( lOS ) vend en gros toutes les marchandises de la caravaiio a la fois, ou cliaque article separ^meiil, au lueme nego- ciantou hien a phisieurs n^gociantsdiff^rents, et il vend ainsi non-seulement les articles qui appartiennent au sultan (U a lui-meme en porticulier , mais aussi lous ceux des niarchands qui composent la caiavane; nul parmi les djellabs ne peut vendre separement oe qui lui appartient : c'est un droit reserve au kliabir. L'on congoil maintenant que les motifs qui engagent les n^gociants d'Assioul a se montrer si gen^reux envers le khabir, proviennent moins du desir d'en recevoir eux-momes des presents que de celui de se le rendre favorable dans les transactions qu'ils pensent devoir faire avec lui. Mais, depuis une dizaine d'annees, les kliabirs et les djellabs sont devenus beaucoup plus clairvoyants, par suite de la grande concurrence que se font enlro eux les negociants qui se presentent pour acheter les marchandises de la caravane, et, cjuoique l'on fasse avec eux des gains encore tres considerables, cependant il n'est plus possible de les tromper, comme cela avail lieu autrefois, sur la quality, le prix et le poids des marchandises qu'ils livrent, ni sur la qualile et la valeur de celles qu'ils resolvent en ^change de leurs produils bruls; en 1851, ils onl commence par exiger d'etre payes iiitegralemenl en argent comptant, afin de eboisir par eux-n eines, el cboz les negociants qui les leur c^deraient a meilleur |)rix, les marchandises destinees a 6tre Iransport^es au Dar-Four; il est hien probable que d'ici a quelques annees. chaque djellab aura aussi la liberie de vendre a qui bon lui semblera, et au prix qu'il voudra lui-nienie, les divers articles dont il est le proprielaire. Carles vices du syst^me actuel ( 104 ) sonl Irop visibles et Irop controires aux interels des parliculicrs pour qu'il soil besoin dc les enumercr; il sufllra dc lappcler que des caravanes ajiporlent qucl- quefois pour plus d'un million de francs dc dents d'ele- phanl sculcmcnt; c'cst un scul nepociant qui doil les aclieler; il y en a lies peu qui soienl luiliionnaires, et, par consequcnl, il y a ties peu de concurrenls: SI CCS dents d'elephant avaient pu elrc vendues par parties fraclionnees, par cbacun des djellabs, selon son bon plaisir, clles seraicnt certainemenl vendues bien plus cber. Quand les caravanes qui vienncnt du Dar-Four nc sent point compos^es de djellabs donl la profession est le commerce, mais qu'elles ne renfcrment que des Arabes nomades, clles sont alors toujours trcs pauvros: elks n'apporlcnl presque quo du natron qu'elles pren- ncnt a Bir-Malchb, des plumes d'autrucbe recueillies danslc desert, un peudegomme, et, quand ellesontdes dents d'elepbant, elles ne font que les colporler par commission pour le complc des djellabs ou de leurs correspondants d'Asslout. Au relour, ces caravanes, ces Bedouins fouriens prennentsurlout des tapis et Ires peu d'objels manufactures. Comme tousles nomadSs, ces Arabes sont fiers et independants : ils apportent aussi Ir^s peu d'esclaves. Quand deux caravanes de djellabs et d'Arabes s'unissent et marcbent ensemble, ii ) a toujours un kbabir j)our les Bedouins, malgre leur pauvrete; ils ne cousentiraienl jamais a elrc ad- mlnislres par d'autres que par des individus de leur race. Quant aux caravanes de djellabs, qui passent la plus grande partie de leur vie a traverser les deserts de ( 105 ) rAfriqiie pour faire le commerce, elles exportent du Dar-Four des dcnls d'eldphant en grande quanlite; dcs esclaves des deux sexes ; du tamarin ; de la gomme arabique ; des plumes d'autruclie ; des cuirs maro- quinos tres bien tannes, de couleur rouge et jainie; des peaux de tigrc, doponlhere; dcs denls de rlii- noceros ; des cliasse-mouclics fails avec les crins de la queue de la girafe; des courbadje (1); du chich'me, grainc qui, reduile en poudre, forme un collyre sec tr^s usite et avec avanlage en Egypto; de la pulpe du fruit de baobab, qui, dissoute a froid dans I'eau, forme unc boisson Ires rafraichissante dans les dyssenteries aiguijs et dans les fievres inflammatoires; quelques animaux rares de I'interieur de I'Afiique, comme des perruches, des singes, etc. En echange de retour, ces caravanes prenncni en l^gypte et importent au Dar- Four des cotonnades grossiercs ou toiles grises de coton qu'on fait pcindre a Assiout, moilie en bleu clair et moilie en bleu fence, apres avoir divise en neuf morceaux ces pieces de loiles, dont la longueur est d'environ soixanle piks chacunc : ces morceaux servenl,auDar-Four,demonnaie pour le petit commerce de detail. Les caravanes importent aussi des morceaux d'amhre iroues pour pouvoir etre enfdes et reunis en colliers, en bracelets ou suspendus dans les cheveux; des morceaux de corail rouge, deslines aux memes usages; du luercine; du c/iebe, espece do lichen qui vient de I'Eurupe et dont les Fouriens font usage dans les aliments. Dans les achats d'objels necessaires a la con - sommalion alimenlaire, ces deux derniers articles (l) Ciavachcs. ( 106 ) servent de petite inounaie; les djellabs remploient, au lieu de paille ou de toute autre mati^re, pour bour- rer les bats de leurs chameaux. II faut ajoiiler des lissus de soie ; des cordonnets de la mfime substance ; des rasoirs ; du ferblanc ; de I'elain ; du zinc ; de I'an- timoine; des verroleries ; do la quincaillorie de toutc esp^ce ; des selles ricliement brodees d'or sur velours rouge, vert ou l)lou, que Ton fabrique a Assiout (1); des essences; des parfunis; du sucre rairim''; du papier; du vinaigre et, en secret, de I'cau-clevie, etc., etc. Autrefois les djellabs prenaienl lous ces articles a Assiout; inais uiaintenant ils vont jusqu'au Cairo et n)6me jusqu'a Alexandrie acheter les articles, qui y sont nioins cliers qu'a Assiout. Aussi, quand la caravane est composie d'un nonibre considerable de djellahs . elle resle pr^s d'une annexe pour le voyage, avec relour d'Kgvple au Dar-Four. C'est pour(]u<)i les djellabs a leur aisc font voyager avec cux leurs lennnes et leurs petils enfanls, meme ceux qui sonl encore a la niamelle. Je n'ai jamais vu de kbabir ([ui ne ful accompagne tie sa iamille, et c'est de loute necessile pour lui, oar il est presquc toiijouis occujie (lafTaires, soil pour son comj)te per- sonnel, soil pour celui de la caravane; il doit lous les jours rccevoir a sa table tantol I'un , tantot I'aulre, faire presque a cbaque instant odVir le cafe aux nom- breux visiteurs (|ui viennent le saluor a lous moments de la journ^c ou bien lui parler d'affaires. Les Arabes (i) La carav.iric de i853 a Kiiipoite 1042 selles, doiit le niix ci-t d'cnviion 1200 piastres chacuiie: des sellieis du Caire elaieiU venu3 aider ccux d'Assiuui. ( 107) nomades ne se croient pas lenus h un aussi grand luxe de representation, at la plupart du temps ilsvoyagent meme sans tente pour s'abriter du soleil et du vent, et a plus forle raison sans leur harim ou famille ; ils i^estent d'ailleurs pen de temps en figypte, et n'imilent point les djellabs, qui, aussitot qu'iis sont arrives, louent des maisons, ou ils iiabilent pendant lout le temps qu'iis passent a vendre ce qu'iis ont apporte, et a acheler, en echange, les objels qu'iis devront re- porter dans leur pays; ils ne quiltent ces maisonS que quelques jours avant de se mettie en route pour le desert, tandis que les Arabes ne viennent jamais babi- ler en ville. Par suite du sejour prolonge des djellabs dans la capiiale de la Haule-figypte ot de leurs rela-^ tions de voisiuage avec ses habitants, il est arrive sou- vent qu'iis onl fini par se marier avec des Egyptiennes, qu'iis emmenonl a repo(]ui! de leur retour dans leur patrie. Les parents de I'epouse vont sou\ent voir leur fjlle, malgre la longueur de la route. J'en ai connu plusieurs exemples. J'ai eu aussi occasion d'observer que des fellahs egyptiens ont quitle leur belle vallee du Nil pour s'cnt'uir au Dar-Four. Quand ils ont ete oublies des fonclionnaires turcs donl les violences les avaienl forces de s'expatrier, ou bien, quand ces fonc- lionnaires ne resident plus dans le lieu de leur domi- cile, ou enfin , lorsfju'apres un long laps de temps ils ont Tespoir de n'elre j)lus reconnus que de leurs amis et de leurs parents, ils reviennent en Egypte y faire le commerce, de meme que les djellabs, et jouissent des memes droits, malgre la dillerence de couleiir. Des Chretiens coptes d'Assiout sont aussi alles s'etablir au Dar-Four. Le sullan Hussein -Mohammed ( 108 ) accueille Ires bien lous les ulrangcrs qui vonl se rcfu- glcr chez lui. Le Dar-Four est un pays oii Ton vil si heureux, que les djellabs eux-memes I'appellent Dar- el-Khair (tcrrc du bonbeur). Quand un individu s'in- troduit au Dar-Four sous n'imporle quel prelcxte ou pour n'imporle quel motif r^el, il y est rctenu i)rison- nier s'il est soupconne y elrc venu pour espionner le pays ; quand, au contraire, il est bicn avere que son voyage n'a d'aulie but que le commerce ou toute autre cause qui n'a nul rapport a la politique, il jouit, comme etranger, d'une protection loule speciale. Parrni les djellabs, on trouve, comme jc I'ai dcja dit, des Lgypliens, mais aussi des habitants dc la penin- sule Arabique et meme des Indiens. L'illustre Mobammed-Ali-Pacba, vice-roi d'Egypte, avail envoye au sultan du Dar-Four une ambassade cbargoe dc lui reraettre de riches presents ; elle etail composee d'cnviron une vingtaine dc personncs; cllcs furenl regardees comme des espions, ce qui pouvait bien etre (car le vice-roi avail songe plusieurs fois a conqudrir le Dar-Four), el elles furent toutes relenues prisonnieres. Cependant elles furent bien trailees ct moururcnt loutcs de leur mort nalurellc, a I'exception de ceux qui, ayant voulu s'^cliapper, furent alteinls dans le desert et niassacrt^s par les soldats envoyes a lour pouriuile. II y aquelques annees, un medecin du lledgiazalla au Dar-Four ety gueritle sultan d'uuefi^vre inlormillente; ilen ruttrusgencreusemenl recompense, et, sc irouvant assez richc, il voulut s'en relourner en Arabic. Le sultan le retint par dc nouveaux cadcaux et de bons procedes, qui ne firent qu'augmenter le disir qu'avait ce m^dccin prisonnier de relourner ( 100 ) dans sa palrie, afin tVen jouir a son aise au milieu des siens. Voyant qu'il ne pouvait vonir a bout dc ses des- seins, il ecrivit a son souverain, le cheriC de La Mecque. Celui-ci est en tres gvande veneration au Dar-Four, oil regne la religion niusulmanc dans toutc la purel6 prirailive du Goran; il ecrivit au sultan fourien pour le prier de lui renvoyer le niedecin en question ; ce qui fut accorde. Entrd tres pauvre au Dar-Four, il en sortit avec des richesses tres considerables. Tout etranger sera loujours bien regu par le sultan du Dar-Four; mais, s'il est soupconne etre venu pour prendre des notes sur le pays, pour I'explorer sous le rapport politique ou geographique, il sera retenu par le roi, elcependant bien traitd; si, au conlraire, il est venu pour le commerce, il aura la protection du gou- verncment, mais il sera environne de dangers de la part desdjellabsjsurtout avantqu'il aitpupenetror jusqu'aux pieds du trone ; ils sont trfes jaloux et trfes soigneux de conserver le plus longlemps possible pour eux-memes les benefices 6normes qu'ils font dans le commerce des objels d'importation et d'exportation ; ils crai- gnent de voir quelque (Stranger devenir le confident du sultan , et lui ouvrir les ycux ; voila pourquoi ils feronl loujours leur possible pour empecher les nego- ciants europeens du Soudan egypticn de penetrer jus- qu'au Dar-Four (1) ; et toules les fois qu'unEuropeen ira dans ce pays, il sera depeint au i^oi comma venu (i) Les Jjellabs ne font presque plus d'affaires Jans le Soudan eyyptieu depuis que, sous la protection de MoIiaiiimeJ-Ali-PacIia, les Europeens out pu liLrernent y faire le comnierce : il,s redoutent la meme concurrence pour le Dar-Four. { 110 ) pour espionner le pays , alin qu'il soil mal consicl(5r6 et retenu prisonnior. Ccpendanl, comme le sullan est anime cUi jjUis vif desir de fairo jouir ses peoples des bionlails de la civilisalion , comino il en cherche tous les moyens, ct qu'au Cordufan il y a des ne- gocianls do loutes les nalions qui d«isireiit et espe- renl doubler leurs benefices en allanl au Dar-Four, il est a esperer qu'un jour ce pays sora ouvert au com- merce libre pour lous ; des lois , lus voyages dans toules les parties du centre de I'Afiique ne prescn- leronl pas plus do difllcultes que ceux du Seiinar et des autres provinces soudaniennes coiiquises a la civilisation par les armes do riinniortel Moliammed- Ali-Pacba. En 1851, Abbas-Pacha ecrivil au sullan du Dar-Four pour le prior de peruietlre le passage des caravanes par la route si courte cl si facile qui va de Q6b6, capilale du Dar-Four, a Dongola-el-Q(§dini (sur le Nil) afin do laciliter les moyens de conununicalion el de commerce enlre les deux jiays. La lettre avail ete remise a M. Alexandre Vaudey , vice-consul de Sardaigne a RharUnn , qui I'avail solliciloe et obtenue du vice-roi d'Kgypte. Feu M. le docteur Relz, consul d'Aulrichc aussi a Kbarlura, en oblint plus lard une seniblable; mais ni I'une ni I'aulre ne produisirenireiTot desire, et toules los autres reslerent sansr^ponso. J'ignore si les djellabs eurenl assex d'inlluence pr^s du sullan pour lui persuader de bruler les cadeaux quilui etaient en- voy6s par MM. Vaudey ot Retz, comme ils I'avaient fait longtemps auparavant pour ceux qu'avait en- voyes, par I'ambassade retenue prisonniere, Moham- med-Ali-PacUa ; ils avaient fait entendre a leur sou- ( 111 ) verain que ces objets 6taient enipoisonn^s et ne manqueraient point de causer la mort a la personne qui en ferait usage. Quoi qu'il en soil, la route de Dongola au Dar-Four demeure ferm^e au commerce et a toute espfece de voyageur. II y a peine de mort pour lout individu, pour toute caravano qui passe- rait par la pour se rendre d'Egyptn on Dar-Four, ou 'vice versa. Les Arabes Kababiclies, qui fr^queiitent ce desert, et I'habilent meme en quelques endroils, ont regu, a cet egard, des ordres de la plus grande sev^rite : sous quelque pretexte que ce soil, ils ne peuvent jamais faire suivre cette route h n'imporle quel voyageur. En 1850, la soeur du roi de Dar-Four se rendit a La Mecque en passant par Assiout avec la caravane du kbabir Kunn. Pour rctourner dans sa palrie en revenant du pelerinage , elle passa de Souakin , port sur la mer Rouge, a Rliartum, de la au Cordufan, et suivit le chemin d'EI-Ob^id au Dar- Four. Puis(|ue je viens de parler des Arabes Kababiehes, dont les Iribus nombreiises et guerrieres couvrent une grande parlie des abords du Dar-Four, je rapporterai ici qu'il m'a ele assure, et de bonne source, qu'au nord de cet empire, il existe dans une oasis occup^e par eux les ruines d'une ancienne viile qui avail environ trois lieues d'etendue en tous sens : il y a encore des colonnes deboul et d'autres resles de beaux monu- ments , qui attestent qu'autrefois il a exists en cet endroit une civilisation Ires avanc^e. On trouve aussi dans ces parages le tartouch , plante souterraine sans feuille, qui ne revile son exis- tence dans les sables du d6sert par aucun signe ext^- { 112 ) ricur; son frnit ou sa feuille (car je iie \t\ d6cris que d'apvL'S ce qu'on m'en a dil) rcsscmblc !\ un fruit du figiiier sycomore, laiit jiar sa forme cxtcricure que par rinloricur, et renformo une grande quanlili de pclUcs scmcnces altachees a unc pulpe; la tigc ou racino resscmhle a des grains de grenade rouge ; toule la planle conlicnt un sue rouge d'unc saveur Ires aslringenle ; elle est employee dan's les dyssenteries; on s'en sort aussi pour tanner les cuirs. On Irouve ccllc planle sous les acacias {mimosa nilotica) qui pro- duisenl la goinmc arabiquc, ct que Ton ajipclle sant en langue arabe. Dans le desert silud enlre Dongola et ie Dar-Foiir, il y a beaucoup d'acacias et d'aulros arbrcs epineux. Suivant les circonstancos dcs saisons ct de leurs in- terets, suivant qu'ils sont plus ou moins bien Iraites par le gouverncment d'Egyple ou par cclui du Dar- Four, les clieiklis kababiclics so montrent dependants tantot de I'une, tanlot de I'aulre de ces puissances, c'est-a-dire qu'ils profitent de toules les circonstancos favorablcs pour se montrer rebelles, aujourd'hui aux figyptiens, domain auxFouricns, parce qu'a cliaque reconciliation nouvelle ils recoivent une nouvelle pelisse d'honneur et un nouvcau caftan d'amilid , non compris d'autres cadeaux, commc cafe, armes, indiennes, etc. Le voyageur qui pourra avoir assez d'habilele pour se faire passer pour un Arabc nomadc, se disant au- jourd'bui mcmbrc de telle Iribu, et plus lard do lello autre, suivant cello avec laquelle il se trouvera, sera celui qui pourra rendre les plus grands services a la geographic de I'int^rieur de I'Afrique ; car parlout en (118) deca dc I'dquatenr il trouverci dcs Bedouins. Mais il est Ires difficile de parvenir a prononccr I'arabe avec la meme accentualion qu'eux-memes. Pour n'cxciter ni les soupQons, ni la cupidite de ces peuples peu civilises, le voyageur ne devrait avoir avcc lui d'autres richesses que quelques medicaTnenls qu'il administre- rait a des nialades, ce qui lui procurerait partout une g^nereuse hospitalite. Comme il devrait avoir avec lui quelques instruments pour des observations aslrono- miques, il devrait les faire passer pour dcs instruments de cliirurgie ou meme de medecine astrologique, dont il reste encore des traces parmi les Arabes. 11 exisle au Dar-Four un ]>rejuge relatif a la duree ^ternelle de cet empire : on suppose que les amies a feu ne peuvent avoir d'eflet contre lui, et qu'clles ne pren- draient pas meme feu, quelquebien charg^es qu'elles fussent, si elles eiaient destinies a le detruire ou a lui nuire. Un effet aussi merveilleux a lieu par la vertu pro- tectrice du sabre da khalife SidnaAboubekr,quelcsrois du Dar-Four pretendent posseder, et au moyenduquel, non-seulement ils sonl invuln^rables, mais leurs do- mainesmfemes sont inattaquables. II paraltrait cepen- dant quelesarniesa feu destinies a la chasseneperdent pas leur propriety de bien tirer quand il s'agit de se procurer du gibier, car Clieikh-el-Haggi-Khaled-el-Az- rak (1) m'a achete cette annee un fusil a deux coups et a piston ; le khabir avail en outre un pistolet a cinq coups. Toute innovation n'est pas toujours bien acceptee. II y a environ dix-liuit mois, des djellabs, ayant ilA (i) C'est un parent Jc Cheikh-Salah, secix'iaiic tki sult.-jn. VIII. AOUT ET SEPTKMBnK. 3. 8 ( llfi ) tt'iDoins (le la prodigieuse ferlilit*^ iles lapins , Iranspoili'icnl dc I'figjple dans leur patrie un male et uno feniollo tju'ils ollrirenl en cadeau a leiir souve- rain. Coinnie t'tut le nionde sail, ccs animaux se creiisenl des terriers. Apr^s une longue deliberation, il fill avor^ ct jiige que les djidlabs n'avaient apport^ avec eux res aniiuaiix que dans des intentions crimi- nelles, el pour faire miner les I'ondements du palais du roi : lous les individus faisanl parlie de la caravane qui avail apporle ces lapins furenl mis en prison ; leur detention preventive dura sept niois, an bout desquels ils furenl libres , bien heureux encore , me dirent-ils , d'en avoir ete quilles pour si peu et dc n'avoir pas 6le condamnes a perdre la vie. C'est un fait avt^re et dont sont pleinemenl convain- cus lous les babilants de I'Lg) pte , Turcs, fellahs, Copies et aulres, que dans le Sdu Ian existent les sor- ciers les plus habiles, les encbanteurs les plus exlraor- dinaires. C'est au Sennar, pays actueliement soumis a riigj pte, et parmi lesFellatab, nation du Takrour, que se rencontrent les mages les plus instruits. Cheikb- Mobamined-es-Sennary,dontle nom indiquel'origine, et qui habile la ville de Ken(^, est repute et crainl pour avoir le secret de m^lamorphoser ses ennemis en ani- maux, en plantes,etc.,suivant la vengeance qu'il desire exercer conlre eux. II parait certain , du reste, que, parmi les Fellalah, il existe des corporations de sorciers, ou mieux, d'es- camoteurs Ires habiles, et par consequent Ires capa- bles d'en imposer a un vulgaire aussi ignorant (jue Test celui du Tnkrour : leuis lours d'adresse peuvcnt passer la pour de v^ritables sortildges. Le mallem ( H5 ) Surian-Chenoude, lichu negociant c o^ile d'Assiout, dont j'ai d^ja parle, et qui est sans cesse en relation avec les negocianls de I'interieiu' de I'Afrique, m'a assure que dans son divan il avait vu un escamoteur fellatah se changer devanl lul en ohacal, puis en loup. Tout ce que j'ai pu dire a ce Cople pour le dissuader de croire aux sorciers lellalah n'a fail qu'ajouter a sa premiere conviction. De tous le.s peuj)les soumis au Dar-Four (1) , les Fella^ lah seuls savent exploiter les mines de metaux ; e'est dans la corporation de ces soiciers que Ton rencontre ces ingenieurs des mines. Pour pouvoir arriver a etre inilie dans la science el les secrets de ce corps, il y a a faire de tres longues eluiies, pendant le cours des- quelles le neopliyte reste enlVrme dans des cavernes ou soulerrains ; il n'en sort qu'au bout de plusieurs annees, lorsque, apr^s avoir subi des epreuves Ir^s S(iv^res, il a ele juge, par ses uiailres, digne d(; I'inia- tion et de i'aire partie du corps redoute des mages. Quoique les sorciers fellalah se disent musulmans, les fervenls*seclateurs du propliete arabe les regardenl couime des idolalres, les apjjellent kafirs, el ne leur accordent oslensiblemenl leur estime ou leur amitie que par suite de la crainle qu'ils en out ou par suite du besoin qu'ils croient en avoir; car ces sorciers savent aussi ecrire des talismans , des paroles mysti- ques dont lellet est dune vertu extraordinaire : ainsi, il y en a qui metlent ceux qui les portent a I'abri, soil (l) Nous avoiis deja fait reniarqu.r que M. le docteur Cuny noui parait se troraper eii pla9aiit les Fellalah paiiiii les peupies souniig au Dai-Four. E, C. ( H6 ) lies scorpions on dos serpents venimciix, soil dcs bnlles, ties Heches, des coups de sabre, de lance, etc., suivant que lo credulc iuipetrant a pref(Jr6 lei on lei autre heggueb (ecrilure de talisman) pour (ichapper a tel ou tel autre danger ; Ton peut alnsi conjurer et dt^fier tous les accidents possibles de la vie, quand on porte sur soi des hegguebs pour lous les dangers auxquels on peut etre expose. II existe dans le Cordufan un cheikh qui poss^de le secret d'un talisman si puissant, que si ruSme on le faisait porter a un animal , a une cbevre , par exemple, les coups de sabre les mieux appliques ne parviendraient jamais a lui faire la moindre ^grati- gnure. Inutile de dire qu'un pareil talisman ne se delivre jamais que pour une somrae assez ronde, et dont ledit cheikh a soin de se faire reguli^rement payer une bonne portion d'avance. Les quclques Fouriennes quej'ai pu voir sont bien failes etmeme assez jolies. Los femmes d'originc libre et sans melange avec la race n^gre ressemblent beau- coup aux Abysslnes par les trails de la figure, par la couleur et la mani6re de s'haljiller : elles onl, comme ccs dernieres, la peau exccssivement fine, si chatoyeuse et si douce, qu'en les louchanl on croit passer la main sur une ^loffe du velours le plus fin et le plus moelleux. Du reste, comme dans tous les pays musulmans, elles ne sont conbid^rees que comme des servantes et des esclaves, en un mot, comme des etres inf^rieurs a I'homme ; j'ai connu des musulmans qui vont jusqu'a nier une ame chez la femme; cependant, au Dar-Four, elles sont plus esli- mees que les fellahs en Egyplc et aussi plus lil)res. En 1851, je suis alle plusieurs fois chcz le djellab Inka, ( il7) fr^re du khabir do la caravane de cette annee et tous deux fils du minislre du commerce : la femme d'Inka ne se retiralt pas a mon arrivee et m6me elle m'a parle plusieurs fois : elle avait assez d'empire sur son seigneur et maitre pour lui persuader de venir me demander pour elle tel ou tel objet qu'elle n'avait pas ose soUiciter clle-meme. L'instruction est aussi r^pandue auDar-Four qu'en fegypte et meme davantage parmi les djcUabs : car, toute proportion gardee, j'ai toujours vu plus de Fou- riens que d'figyptiens sachant lire. Les esclaves de I'un et de I'autre sexe ne s'appro- client jamais de leur mallre, soit pour lui parler, soil pour le servir, qu'en rampant sur les coudes et les genoux ; quand ils se sont assez approches et qu'ils viennent pour rendre quelque service, ils se dressent sur leurs genoux; si, au contraire, ils vont faire quel- que rapport sur un travail fait, ou pour prendre quel- ques ordres, ils demeurenl etendus tout de leur long sur le ventre, s'appuient sur le coude gauche afin d'avoir la lete un peu rolevee, et grattent la lerre avec la main droite, sans se mouvoir de la distance res- peclueuse oil ils se sont places. Quand un Fourien vous a dit : hahaba, akhou el betidt achra (soyez le bien venu, frere des dix filles!), vous 6tes devenu son ami : quant aux Bedouins, en general, de toutes les localiles possibles, vous pouvez croire a leur parole, comme a ce qu'il y a de plus sacre, quand ils vous auront fait un serment par celte formule : hair em I Au Dar-Four, les dimes ou contributions sont a peu pr^s volonlaires ; il n'exisle nulle adminislralion ( 118 ) rej^iilifere; le ferniier (I'lm \illage, qui n'apparlient i auciin prince foiulataire, depend des doinaincs da rEtot; il ne doniie an sultan que ce (|u'il veut bien ofTrii-: il n'y a rien de tax(^ ; le C-oran seul Ini ordonne de donner la dime de ses revenus. Ces villages ou fernies sont raroment donnds a des personnes qui ne sonl pas originaires du Dar-Four; cependanl un riclie djcUab, noinni6 F.dris-el-Mahaly, de Dar-Mahas, en poss^de un qui lui a ^t6 accords par le sultan artuei. Le principal revenu de I'l^latconsistedonc dans la vente des esclaves faits a la guerre ; dans les douanes pcreues sur les caravanes a leur depart ot a ledr arrivee ; dans les douanes sur les objets d'exporlation a leur s* rlie du Dar-Four, et aulros droits sur les objels d'iuipor- lation a lour entree dans le pays ; dans I'olTre des dimes que le Coran seul rend oi)ligaloires ; dans la vente des dents d't'leplumt el autros matieres brutes provonant de ces tllmes. II y a bien (juelques regies poi r la perception dt's droits de douane; inais, comme il n'y a pas de regislre, I'individu cbarge par le sultan d'aller faire I'inventaire des marcliandises que Ton ex|)orte on que Ton importc , s'acquilte lr6s mal de cetle commission ; il s'onlend avec le kbabir de la ca- ravano, dont il recoil des cadeaux, que ce dernier se fait rembourser au centuple par les djellabs : puis il va faire son rapport au roi, comme il i'entend, -el sans crainle d'etre controls par personne; de sorte que les revenus de I'Etat sonl gaspilles par cet oflicier en society avec le khabir el les djellabs. Quand une caravans est de retour au Dar-Four, elle a souvent interfit a caclier quelque ^v^'nement au sul- tan, comme des demandcs qui lui seraient adress^ea ( 119 ) d'figypte , des offres qui lui seraienl failes, des exa- g^rations dans le [)rix des objets qu'on lui rapporte, le recelement de quelque riche ca !pau qui lui serait envoys et que les djellabs ne veulent pas lui taire voir, parce quf le prix ou la beaule de ce present eclipserait les cadeaux moins riches qu'ils lui out destines; ou bien I'assassinat ou rempoisonnement de quelqu'un dont elle redouterail I'indiscrelion pr^s du roi ; etc. Mors le khabir, avaut leur entree au Dar-Four, assem- ble tous les notables de la caravane, el, pendant qu'il jouit encore de sa dictature provisoire, il leur fait jurer tous, les uns apres les aulres, de laire telle ou telle autre declaration et de forcer les gens de leur dependance a parler dans le ineme sens. Ces serments ont loujours pour but I'interet general des djellabs et aussi de tenir toujours le sultan dans leurdependance en luicacbant la v6rite sur tout ce qui pourrait leur nuire. II y a souvent des troubles a la niort des sultans : ceux-ci sonl enterres a plusieurs journ^es du palais qu'ils ont habile; il paraitrait que c'est dans une pro- vince d'ou est originaire la lamille du sultan. Dar-Marah , fitat dependant du Dar Four , est silue au nord de cet empire et gouverne par un eu- nuque, ce qui fait supposer qu'il appartient a qu<'lque princesse fourienne: c'est un pays de monlagnes dont les habitants ignorent presque tous la iangue arabe et ne parlent que leur idiome parliculier; il ne faut en excepter ([ue les personiies (jui sunt instruites dans la lecture du Goran. Aucun Fourien, pas meme le sultan , ne pent penetrer dans ces inontagnes. Les prodiges que racontent les djellabs de la ferti- lity, de la beaut6, des richesses, des mines d'or, des { 120 ) nionunicnis anfiqiics, que Ton trouve dans celte region forluncV, sonl incrcyablcs et smpassont lout cc que riniagination pcut cnfantcr cle plus merveillcux. Tout en avouant que jamais aucun d'eux n'a pu IVancliir Ics liniites de cet Eden cnchanteur, ils s'cxtasient surtout lorsqu'ils parlent do la bonle du miel, de rcxcellence des fruits et en general de tous les produils qui en arrivent. Nul stranger n'a jamais pu s'approclier de ces monlagnes, qui I'enferment tanl de richesses ex- traordinaires; dies ne sonl connues quo j)ai' Icurs ha- bitants eux-memes, car elles sont gard(ies do loulos pans par de vigilantes senliucllcs qui en interdisent I'approcbe a lout indi\idu qui n'y est pas nu; il faut de toute necessite elre du Dar-Marah pour pouvoir y cn- trer; I'eunuque qui gouverne ce pays n'en sort plus une fois qu'il y a ete inlroduit. Tout autre temeraire qui oserait en franchir les limiles scrait impitoyable- ment mis a mort par les montagnards indigenes. De ces montagncssorlentdes soui'ces abondantes.forraant de pcliles rivieres, dont les unes s'^coulent a I'ouest, d'aulrcs au sud-est et formont bicn proljablemcnt des aflluenls au Nil blanc, Los produils cxlraordinairos que les habitants du Dar Marah apporlont en tribut au sultan de Dar-Four, dilFcrent tout-a-fait par leurs rares qualites, a ce qui lui est ofTorl de plus beau j)ar ses aulres fitals. S'il ne p^netre point dans ces montagnes , ce n'est point parce que la force lui manque, car il a une armee d'environ 80 000 hommes a sa disposition ; niais ceci tient a un ancien pre- juge heredilaire dans la famille royale, prejugtS dont on n'a pu m'expliquer ni I'objel, ni i'origine. ( 121 ) itsialyse^; Miipport®, I^xirfiiUs d'on- Tragcis, llelaisg^es, etc. I. — The Grinnell expedition in search of sir John Franklin ; a personal narrative by Elisua Kent Kane. Nkw-York, 1853. (ExpiciTioN de Grinnell a LA RECHKRCHE DU CAPITAINE FrANKLIN; RfeciT PERSONNEL d'Elisiia Kent Kane, DOCXEUR-MiDECiN aux Etats- Unis.) Un vol. in-S". II. — Journal d'un voyage aux mers polaires, ex£cut^ a la recherche de sir John Franklin, en 1851 et 1852; PAR J.-R. Bellot, lieutenant de vaisseau DE LA MARINE FRANCAISE. Un vol. in-8*. Pai'is, 185ii. (Analyse tie M. Albert-Moniemont, raembre de la Cotnmission centrale.) Nous comprenons clans la meme analyse les deux ouvrages dont nousvenons d'offrir les litres, parce que les deux expeditions dont ils rendent coniple avaient eu lieu vers le meme temps et aux memes regions. Nous donnerons prealablement un rapide aper^u des voyages qui ont ete effectues aux mers arctiques dans la vue de trouver un passage maritime de Test a I'ouest au nord de I'Amerique (1). Observations preliminaires. Pi'eoccupes de ces detours immenses qu'il fallait ac- complir pour aller de I'Europe, soit aux grandes Indes (i) On peut pour rintelligence de cette analyse consuller la carte ilu passage noid-ouest publiee au Bulletin d'octobre 1 853. ( 122 ) en doublant le cap de Bonne-Espcrance, soil aux pa- rages nord-ouest d'Aiuorique el vers la Chine ou le Jajion en doublant le cop Horn, de celebres naviga- teurs oiil chei'ch^ bien longlenips dos routes nouvelles qui pusscnl abreger Ics dislanccs, el rendre la Iraversee a la fois moins j)ciiible et moins dispendieuse. D^ja le cap de Bonne-Esperance a pu etre 6vile, vA, au lieu d'onviron quatre niois qu'il necessitait, pour atteindie le Bengale et la Malaisie, on a reduil le Irajet a un niois en traversanl I'istiinie de Suoz et en gagnant par la mer Rouge la mer d'Ouian ; deja aussi, on a pu renonccr a doubler le cap Horn, navigation dange- reuse qui exigeait souvenl cinq ou six niois, et Ton a su, en moins de Irente jours, passer des cotes de France a celles de laCalifornie, en franchissant I'isthnie de Panama, ou existc aujourd'hui un cbemin dc fer. Voila de merveilleux progres, sans doute; mais la marine et la geographic en altendaienl do plus grands encore. En ellet, depuis environ irois cents ans on chercliait une communication plus directe e( jjIus courte enlre le nord de I'Amerique et le nord de I'Asic; en d'autres termes, il s'agissait de trouver un passage reliant le detroit de Davis, dans I'ocean Allan- tique, et le d^lroit de Behring, dans le Grand oc6an. L'Angleterre n'avait pas cessti d'envoyer des expedi- lions a la ilecouverle de ce passa<^'e appelt^ nord-oiiest; d'inlrepides marins s'etaient aventiirc^s dans les giaces polaires, pour s'y frayer une voie abr^ge^e d'un oc6an a I'autre; nos derniers temps out vu John Ross, Parry, Franklin el d'autres se distinguer successivement dans ces explorations si perilieuses; le dernier meme n'en est pas revenu; et c'est en allant a la recherche de I'il- ( 125 ) lustre et malheureux Franklin que le mjsl^rieux pas- sage a ete trouve; au capila'ine anglais Mac-Clvre est due cetle decouverlo; son lieutenant Cresswi.ll a rap- porte, on 1853, par le detroll de Davis, les depeches de son commandant, avoc lequel il 6tait entre dans la mer Glaciale par le delroit de Beliring. Essoyons d'indiqiier sommalrement la part de gloire de chacun des exploiateurs de ces regions glaciales, en nous bornant, toutefois , aux decouveites prin- cipales. Dans ces tentatives courageusesqui ont eu lieu pour Irouver le passage mariliine tant desii^, au nord de I'Am^iique, nuus vojons qu'en parlant de I'ocean Atlanlique, le premier succes fut obtenu en 1585 par I'Anglais John Davis, lequel decouvrit le d^troit qui porte son nom. Nous voyons tiisuite Hem i Hudson noai- mer mer- d' Hudson \a portion de merou il peril en 1611; el Baffiu, en 161(3, decouvrir et nommer d'abordla mei- (le Baffiu, puis le delroit de Lnncastre, ce dernier par Ih^ 20' de lat. nord. Quant au detroit de Behring, qui joint la mer Glaciale au Grand ocean, il fut de~ couvert en 1722 par le navigateur de ce nom, lequel perit dans le Iriijet. C jok penetra dans ces parages en 1779, et nomma le cap Glnce;}Lo\iQ\n\e les revitenl815 et 1818, et penetra beaucoup plus loin a Test, ou le capitaine Beechey, de 1825 a 1828, signala de meme son aj)])arilion , si iVuctueuse pour la geographic. En 1818, John Ross explore loute la baie de Baffin, ct penelre, lors dun second voyage, en 1829, jusque dans le golfe qu'il appelle golje de Boothia, et oil il note la veritable position du pole magnetique septen- trional. ( nil ) Dc 1819 a 1827, le cajMiaine Parry conlinuo les rclevcnicnts tics cotes de Test a I'ouest, sur une cton'luo trt'S considerable qui s'arrelait au cap Garry, pendant que de I'oucst a Test le capilaine Franklin faisait les siens, qui devaicnl aboulir vers le cap Turnagain, par 69» de lal. N. De son cote, le capilaine Ross avail, en resume, reconnu loule la portion de la cole siluee entre 72° 30' et 69" de lat. , entre 89" el 99° de longil. 0. ; et il ne laissait plus sur les cartes qu'un espace blanc de 500 niilles anglais. Ces dilTerenles explorations avaicnt claircmcnt prouve que le passage nord-ouest devail t-lrc chercli6 au dela de 74° de lat. N. Le capilaine Parry, aujourd'hui aniiral, avail pousse scs hardies excursions jusqu'au 82* parallele. II avail, en 1819, franchi le detroit de Lancnstre et d^couverl le detroit de Barroiv , pour arriver cnsuite a la terre ou ile Mehdle, dernier point connu le plus rapproche du pole aixtique. C'etait, en quelque sorle, pour le capilaine Parry, avoir accompli en 1827 la moiti^ du passage nord- ouest, par Test, coinme a son tour le capilaine Mac- Clure allait, vingl-quatre ans plus lard, acheveri'autre moilid par I'ouesl, tout en chercliant les traces de John Franklin, qui, parti d'Anglelerre en 18/15, n'avait point reparu. Cetle expedition du capilaine Mac-Clure, parlie en 1850, apres avoir double le cap Horn el louche aux iles Sandwich, elait arrivee au detroit de Behring. Elle se composait de deux vaisseaux : VEntrepvise et Vlnvcsti- gateur; le dernier seuleuient a fait la percee par la mer de Behring et entre le point extreme qu'il a atteint par Touest, sous le commanderaent du capilaine Mac-Chire, ( 125 ) el lo point extreme nltf^int par Test (I'lle Melville), sous le commandenient de Parry etde ses successeurs, il est resl^ iin certain cspacc obslrue par les glaces et qu'cn adu franchir a pied ou en canots de caoutchouc. C'est une sorte d'isthme de glace qui resle encore a couper par les explorateurs futurs, C'etait en prevision du succ^s de la tontativedu capi- taine Mac-Clure, par I'oucst, qu'un autre batiment, le Herald (le Heraut),fut envoye |iar I'autre coledu conti- nent americain, c'est-a-dire par la bale de Baffin et le detroit de Lancaslre, vers la terre ou He Melville ; le succes couronna cette entreprise audacieuse : en effet, apres Irois anndies de navigation et d'efforts, I'inlre- pide marin Mac-Clure renconlra sur les glaces, a un point ou nul autre avant lui n'etait parvenu, un d^ta- chement du Herald qui venait au-devant de lui; de ce point il envoya par Test un de ses officiers, le lieute- nant Cresswell, que nous avons cleja nomme, avec les nialades de son equipage, s'embarquer sur le bati- ment qui ^tait venu de Test a sa rencontre; et lui, alors, retourna vers I'ouest a son propre navire, 17«- vestigateur, bloqu6 depuis deux ans dans les glaces, d'ou il n'est pas encore revenu. Ses d^peches arri- v^rent bientot en Angleterre, ou Ton put enfin an- noncer au monde savant la solution du grand pro- bleme, c'est-a-dire la decouverte et raccomplissement du passage nord-ouest. Quelques details relativement a ce trajet ne seront pas sans interfit peut-etre pour nos lecteurs, surtout en ce qui concerne les points geograpliiques touches dans le voyage el les couluraes des indigenes de ces contrdes desheritees de la nature. { 426 ) h'lncestigateitr ayaul atleinl i'lle John on Jones, uno Iribu d'Esquiinaiix lui appniic du poisson i-t des ca- pards qu'on dchango contie un pen tie tabac. On gognc ensuite unc autre lerre on ilo, ou d'aulres in- digenes accueillenl les houunes de lYquipage , en Jevanl les hrtis au-dossus de la tete el en IVoUanl ieur net sur le nez des Anglais. Ces sauvages, qui avaienl d'abord cache leurs femmes, les amenont avec eux et apportent des provisions dc poisson el de \enaison, non sans d^rober adroileuient plusieurs objets aux Strangers. Le capitaino Mac-Clure vient d'explorer les cotes de I'Anierique russe ou la terre des Grands-Esquiaiaux ; il va niaintenanl penotrer dans los glaces, vers des lieux jusque-la inconnus. 11 vent cependanl gagner la terre de Banks, decouvcrte en 1819 par lo capilaine Parry. A sa grande surprise, il trouve le 6 sejilembre 1850 una terre considerable et en prend possession en la noinmanl terre de Baring, on I'honneur dii premier lord de I'amiraule. Cetto region etait la partie meri- dionale de la nieme terre de Banks donl hi partie seplentrionale est deja indiquee sur les Carles. Le capitaine Mac-Clure, continuant sa navigation vers Test, trouve bientot une lerre nouvelle, qu'il designs sous le nom de terre de Prince-Jlbert ; c'esl la suite el le rivage soj)lentrional du pay's deja connu sous le nom de WolUistoii el de Victoria. II enlre dans un canal qu'il nomme detroit du I'rince de Galles, et qui communique avecled^troitdeBarrow, lequel communique lui-mtyme avec le canal de Lancaslre, puis avec la mer de BalTin, puis avec le d^lroil dc Davis, el enfin avec roc^an Atlantique. C'etait ainsi un des passages du nord. ( 127 ) Mais une glace pennanente barrait co passage dtroit, et il fallut reveiiir vers le sud, oil la mer 6tait encoi'e libre. Toutofois, on hiverna dans ces parages, d'oi Ton lie sortit qu'au bout de neuf mois, en juillet 1851. Enfjn apres des recherches et des excursions peril- leuses, soil en Iraineaux, soil en canots, ie capilaine Mac-Clure parvint siir le rivage du d^troit de Barrow, et le passage etait troiive. C'etaitle 20 octobre 1851. Lescompagnons du capi- taine niontent sur une (Eminence a I'extrt^niite de la terre nouvellement nonim^e terre du Prince Albert, et y dressent un mat, auquel est attache un cylindre de cuivre, contenant I'avis de la d^couverte. On retourne au navire a Iravers mille dangers; on ne met que dix jours a laire 180 niilles sur la glace, et Ton renionte enlin a bord. Par une curieuse coincidence, acette^poque, M. Mac- Clure , avec ses compagnons explorateurs, se trouvait seulement a 20 milles du lieu ou venait d'apparaltre un d^tachenient arrive de Test par le dclroit de Davis et qui, en poussant ses recherches dans la terre nou- vellemont appelde ter-re du Prince Albert, laquelle eslla continu-ition de la terre Wollaston, s'elait ainsi avanc6 dans le detroit de Barrow. Uno autre I'ois, le vaisseau ne s'etait plus trouve qu'a 25 milles de rembouchure du canal qui doit joindre le detroit de Barrow; mais le couranl polairc qui charrie les glaces dut iui iaire rebrousser cheuiin pour prendre une autre direction, et chorcher une voie nouvelle. Nous avons dit que la lerre appel^e terre de Baring avail 6le reconnue pour etre rexlremit^ meridionale de la terre de Banks, sdparee elle-meme de la terre de ( 128 ) Hclvillo par un bras de rnei-. Cost en faisant le loui- de I'ile pour arrivcr ;i la poinlo do Banks, que le capilaine Mac-Clure comptait louchor au bras de mer ou canal communiquant avec le delroit de Bar- row, afin de renouveler alors la lenlative du pas- sage. Pour vtisullat, il reconnut que la terre de Baring elait la plus fertile el la plus habitable de ces contrees sauvagcs; elle abondait en gibier de toule espece, en canards, oies, daims, boeufs musques. Mais une fois lance de nouveau dans les glaces de la pleinc mcr, les perils recommcncent , et Ic batiment risque a chaque instant d'etre ticrase comme une coquille de noix, entre deux ice bergs ou monlagnes de glace. Apres avoir acliev6 le tour de I'ile Baring, le vaisseau entre bien dans le canal qui mene au detroit de Bar- row, c'esl-a-dire a la terre promise; mais il ne lui est pas encore donne d'acconiplir le passage, la glace venanl lui opposer une bavriere inlVanchissable. Du rivage oii Ton s'arrfita, on pouvait loutefois dislinguer au loin a environ 60 inilles la lerre de Melville, Le capilaine Mac-Clure passa I'hiver de 1851 a 1862 dans une baie qu'il dola du nom de bale Misericorde, parce qu'elle servait de rel'uge a son batiment; et au prinlemps il s'aventura de nouveau sur la glace, en tral- neaux, avec sept liommesde I'cquipage. Eniin il arriva dans I'ile de Melville, a Tendroit ou Parry avail plants sa tente en 1819; et I'inscriplion qu'il y laissa lui- meme servil plus tard a revt-ier son existence a I'expd- dition qui allait urriver de Test par le delroil de Bar- row, el, ainsi que nousl'avons dit plus haul,lcndre la main au brave Mac-Clure, venu de I'ouest. Ces notions preliminaircs mises sous les yeux de ( 120 ) nos Icclciirs, nous poiivons a present esqnlsser Ics travaux de rcxpeclilion Grinnell el ceiix clu lieute- nant Bellot. EXPEDITION GniNNELI,. Gelte expedition americaine envoyec a la recliercho de sii' John Franklin, donl un genereux citoyen de New-York avait fait Jes frais, et qui fut mise sous le commandement du lieutenant dc Haven , a hord du navire le Rescue (delivrancc) , auquel (Mait adjoint le midshipman Grlfiin , a hord du haliment Vyhh'ctnce, quitta le port de New-York a la fin de niai 1850, el clle atteignait, le 23 aout suivant, le port Leopold par 74° lat. N. a I'entrdie sud-est du detroit de Barrow. Ce detroit presentait alors une masse compacle de glace qui s'elendait le long des cotes septentrionales de la terre du North-Somerset, haignee a Test par le pas- sage du Prince-Regent et a i'ouest par le detroit dc Peel. On Irouva au nord la mer ouvertc et Ion put ga- gner File Beechey. Le 25, on etait pres du cap Fiiley. On penetra ensuite dans le canal Wellington, que Ton suivit jusqu'a la pointe Innis, vis-a-vis de la passe Barlow. On trouva sur cette pointe Innis ies dehrisd'une hutle d'Esquimaux. Ce furent Ies seules traces qu'on renconlra de ces indigenes dcpuis Ies rivages du detroit de Lancastre. On avait trouve a I'ile Beechey irois tomhes de mate- lots de I'equipagc des deux navires perdus , Erehiis and Terror, de sir John Franklin, qui y avaient pass6 leur premier hiver. Le 28 aout on atteigiiit le cap Bowden, au nord du VIII. AOUT KT SUPTiamUE. l\. 9 ( IBO ) c;i|) Innis. Le 5 soplemhro, on pt'Miclrait dans la passe Barlow, ou I'on put nicltre on silrete les deux vaisseaux que nienagaient les glaces floUantes. On 6tait ainsi vers le sud-est de la lei re Cornwallis. Le 9, on gagna rile GrilFin , ou les glaces einpSch^rent I'expedition d'avancor davantage. Lorsqu'elle put elre degagee, elle reprit sa naviga- tion vers le canal Wellington , au nord duquel elle apercut bientot, par 77° de lat. N. et 95" de long. 0. de Greenwich, une assezgrande terre que le aommandant du Rescue appela terre GrinneU, en I'honneur du plii- lanthropique ct digne auteur de I'expedition. Celte terre etait aussi, vers le meme temps, decouverte par le baleinier anglais Penny, lequel lui donna le nom de terie du Prince-Albert, ayant a lest le mont Franklin. En octohre el novenibre, les deux navires, bion que souvent ballolttis par un vent tres variable, ne sorlirent point du canal Wellington; seuleiuenl on put s'avan- cer peu a peu au sud-est vers I'ile Beechey, oix Ton denieura quelque temps, pour cingler ensuite vers le detroit de Lancastre et regagner la baie ou mer de Baffin. Le 19 mai 1851, on revenail vers le sud devant le cap Searle, et peu de jours apres on etait pr^s du cap Walsingharn et du dt^troit de Davis. On rentrail le 10 juin en pleine mer par 65° 30' de lat. N. Le 1" juillet, on atteignit I'^lablissement danois de Proven, el le 8 on 6lait a celui d'Lppcrnavik. Le 10, on retrouvait la flolte des baleiniers, et le 17, le yacht le Prince- Albert. Le 6 septembre on quiltail Holsleinberg et le cap Farfwell, exlr^mile meridionale du Groenland, pour ( 131 ) rentrer le mois suivant Jans la radc tie New- York. Tel est, en peu de mots, I'itineraire suivi parl'exp^- dition Grinnell. Quant a la relation du docteur Kent- Kane, elle roule principaleraent siir les incidents du voyage, sur les phenoniunes physiques observes, sur la composition etla decomposition des glaces polaires, sur les aniraaux qu'on rencontre dans ces regions arctiques, etc. Le docteur Kane rend compte du bois flottant qu'on trouve au delroit de Davis et dans le voisinage du cap Farewell. Le gianii contre-couranl qui, dans le nord de I'Atlanlique borde le Gulf Stream, va du nord-est au sud-ouest, devie au cap Farewell et est emport6 brusquement le lon^; de la cote occiclenlale du Green- land vers le nord. C'est ce qu'ont observe tousles na- vigateurs danois, et ce qui, du resle, est confirme par I'accumulation des glaces aux parages sud-est de la terre groenlandaise ; ces glaces proviennent tivi- demment des mers du Spilzberg, ainsi que le bois flottant qu'elles enlrainent avec elles, et aux epoques de I'annee ou les eaux superieures du Groenland sont d6sobstru6es, ces glaces remplissent les fiords ou baies de la cole sud-est. Ainsi les etablissements de Baal- river et de Juiianeshaab , sont pendant les mois d'ole en etat de blocus, a cause des invasions des champs de glace du sud ; tandis qu'a ;^olsteinberg et vers le nord la torre se trouve parfuitemenl acctssible aux navires. Grace a ce long trajet accompli par lea Ironcs que les fleuves siberiens versent clans la mer Glaciale, les rivages du Groenland, entierement dejjourvus d'ar- bres, son!, tie la sorle, alimentes en bois le chaufFage et de construction. ( 13-2 ) Le (locleur Kano donne quclqucs details siir son sejourdans In bale Disco cl sur Ics ^lablissemcnls de pficlie des balciniers. II s'ctend ^galemcnl sur la for- mation des glaccs, sur les trains de ces mouvanles accumulations boreales, sur les floes ou gla^ons flot- lanls, a bord desquels vovagent souvcnt les renards et les ours blancs, etc. Mais nous relrouvcrons avec plus de precision et de clarle les memcs developpements dans le livre du lieutenant Bellot, dont nous allons mainlenant nous occuper. VOYAGE I)U UECTF.NANT nP.I.I.OT. Avant de parler de cc voyage aux raers polaires, il n'est pcul-6tre pas sans int^rct de dire quelques mots sur la personne du voyageur. Joseph-Rene Bollot naquit a Paris le 18 mars 1826; mais sa famille s'elant fixee en 1831 a Rochefort, il s'est regarde avec assez do fondement comme enfant de cellc dernierc ville, a laquclle, d'ailleurs , il a dik sa premiere education et son entree dans la marine; son pere, simple artisan ou veterinaire et marecbal- ferrant, charge d'une nombreuse famille, n'eul pas eu les moyens de faire donner a son fils I'inslruction propre a diivelopper ses heureuses facuUes, Au sorlir du college, Bellol ful placti a I'f^cole na- vale de Rochefort, aux frais de la municipalilti, el il oblint, on 18Zi3, le grade d'aspirant. II partit alors pour les mers de I'lnde et en rovinl deux ans apres, 6l6ve de premit-re classe. II n'avait pas encore vingt ans. ( 133 ) Le l"noveniljie 18Zi7, 11 etait promu au grade d'cn- seigne tie valsseau, et il s'embarqua, le 23 julUet .lS/i8, SUV la corvette la Triomphante, qui se rendait a la Plata et en Oceanie. II eut ainsl a commander pour la pre- miere fois le quart, c'est-a-dire a diriger pendant un temps le batiment, d'apres la route indiqueepar le ca- pitaine. Le 20 seplembre 1850, la Triomphante etait de retour a Rocliefort. G'est alors que Bellot, dans la crainte dc re&ter longtemps inoccupe ou sans avancement, a cause du grand nombre des ofliciers de son grade , et de ne pouvoir venir efficacement ct assez tot en aide a sa famille, eut I'idee de partir pour les explorations arc- tiques et de s'offrir a lady Franklin, qui faisalt preparer a ses frais une nouvelle expedition a la recherche de son infortune marl. Le 7 octobre 1852, le Prince- Albert I'evenant des mers arctiques renlrait dans le port d'Aberdeen, en fecosse, sous commandement du capitaine Kennedy. Bellot, qui 6tait parti comme enseigne de valsseau sur ce bailment, appril a son retour sa promotion au grade de lieutenant de valsseau. Le 10 mai 1853, 11 repartait pour Londres et s'em- barqualt sur le Phoenix avec le capitaine Inglefield , pour retourner aux mers arctiques, d'ou il ne devait plus revenir. Le IZi juln 11 se Irouvait en vue du cap Farewell, exlremlle sud du Greenland, et le 12 aoilt suivant 11 arrivait a la bale Erebus et Terror. G'est la qu'll en- treprit la fatale excursion ou il allalt dlsparaitre a jamais dans une large crevasse de glace flottante , ne laissant pour t^nioln de sa Iriste fin que la cannc dont ( 134 ) 11 eliilt arme, a pcu cle dislaiice le de nouer deg relations. Quoiqu'il soit impossible de deviner cc qui sera ar- rive au docleur Barlh depuis le l/i decembre dernier, s'il aura ete rejoint par le docteur Vogel, ou s'il aura ele au-devant de lui ; si ce dernier, avert! de I'excur- sion de Barth a Tombouctou ( il ne I'elait pas au 20 fe- vrier), aura renonce a tous ou a quelques-uns de ses projets (1) etcherch^, avant lout, a entrer en com- munication avec Barlli, on pent cependanl conjeclu- rer, avec vraisemblance, que les deux inlrepldes voya- geurs n'onl rien neglige pour avoir reciproquement des nouvelles I'un de I'aulre, el aussi que le navire de M. Mac Gregor Laird aura pu, malgro la crue des eaux, remonler le Kouara, sous le commandement d'un autre oflicler, rernplagantle regrellable capitaine Becroft, avec les docteurs Baikie et W. Bleck, attaches a celte imporlante expedition. Chaciin attend les nou- velles ullerieures avec une curieuse anxi^te ; mais, en attendant, nous apprenons, par les dernieres lettres du docleur Barth, qu'il a pu dresser deux cartes im- portantes : I'une comprend une grande parlie du Sa- (i) II cciivait le 20 te'vrier, tie Kouka, (jii'il allait se preparer a I'un (le ces trois voyages : explorer le lac TsacI ; aller du cote ilu sud-ouest a Yoli ; visiter a Test le Rahr-el-Gliazal. ( 180 ) hara occidenlal, le desert de Rahayde et Sansandi, depuis I'oc^an Atlantique jusqu'au ineridien de Tom- bouclou.et du Niger (Kouara) aux lVonti6res duMaroc. L'aiitre carte embrasse la partie moyenne du Kouara au-dcssous de Tombouctou avec ses nombreuses rami- fications, partie de son cours jusqu'a present lout a fait inconnue, ainsi que divers Klals distribues le long de ses rives. Puissent ces documents arriver hienlot a la connaissance des geographcs et remplir les lacunes de la carte d'Afrique ! Puisse surlout I'inlrdpide et savant voyageur revenir parmi nous, sain et sauf, et recucillir le fruit de ses glorieux travaux (1)! JOMARD. (i) Dans une Roup. In-8°. Vienne, i854. Description topographicpie et sli al:'';ique du tli('atr(,' de la guerie turco-russe. Traduit de I'alli maud jiar .M. Tli. P.unienlicr. In-i8. Paris, 1854. Carte de la Grece tnoderne, de I'Archipel, de la Thessalie, de la Ma- cedoine, de rAlliauie ct de la .Moiee, par L. Bertlie. Paris, i854. Carter de la ville d'Odessa et de ses environs, depuis Ic cap Fonlain.' jusqu'a (_)lchakov, par J. Correard. Paris, i854. Siid-Husslaud uud die Tiirkisclien Donau-Luuder in Reisenschilde- ruiigen von 11. Oliphant, et(-. In -8". Leipzig, i8.^4- Lettres sur I'AdriaiKpie Pt le Montenegro, par X. Marmier. 2 vol. in-i a. 1854. ( 191 ) ASIE. Armenia. — A year af Ei/.eroum, and on the frontieis of Russia , Turkey and Persia, by I\ob. Ciuzon. In-8°. Avec carle. Londres, 1854. Notes of a naturalist in Bengal, etc., Ly Jos. Dalton Hooker. 2 vol. in-8°. Londres, i854. Shooting ill the Himalayas, by col. Fred. Markh.Tm. In-8". Londres, 1854. Mount Lebanon, a ten years residence, from i85i to i852, descri- bing the manners, customs, and religions of the inhabitants, by Col. Churchill. 3 vol. in-8°. Londres, 3 853. Avec carte. Reise nach Ostindien iiber Palasstina und iEgypten, von Juli 1849 bis April 1 853, von K. Gratil. 2 vol. in- 8°. Leipzig, i854. La Perse en i85o, par M. le comte de Sercey. In-S". Paris, i854- Ladak ; physical, statistical and historical, etc., by niajm- Alex. Cunningham. Avec carle. In-8°. Lomlres, l854 Aventures de Robert Fortune d.nns ses voyages en Chine. In- 16. Paris, i854- [Bibl'totheque des chemins defer.) Recherches archeologiques dans la Troade, par Morey 10-8°. Nancy, 1854. AFRIQUE. Carte hydrograpViique de la basse Egypte fit d'une partie de I'isthme deSue/., par M. Linant de Bellefonds. 2 feniiies. Paris, 1854. Madeira, its climate and scenery, by Rob. White. In-8°. Londres, i853. Carte du chemin de fer de la ligne cenlrale du Tell, avec rattaches a la cote, dressee par O. Mac-Carthy. Paris, 1854- AMliRIQUE. Wanderunjjen zwischen Hudson und Mississippi, i85l-i852, von M. Buseh. In-8°. Siutlgart, i854. Incidents of travel in central America, by John Lloyd Stephens. In-S". Londres, i854- Central route to the Pacific, from the valley of the Mississippi to California, etc., by Heip. ln-8". Washington, 18 "14. The history of Yucatan from its discovery to the close of the xvii"'. century, by Cii.St-Jolui Fancourt. In-8°. Avec carte. Londres, i 854. A Narrative of travels on the Amazon and rio Negro, by Alfred R. Wallace. In-8°. Avec carte. Londres, i853. Le Pilote cotier des Etats-Unis, de E. et G. Will. Blunt, traduit de I'anplais par Ch. Pi;;eard, lieutenant de vaisseau. In-8°. Paris, 1854. Voyage d'une femme au Spitzberg, par M'"° Leonie d'Aunet. In- 16. Paris, i85/[. {Bildiolheqiie des cliemim de fer.) Twenty-seven years in West Canada, by major Stiickland. In-8". Londres, i 854. The Ligue of the Ho-de'-no-sau-nee, or Iroquois, by Lewis H. Morgan. In-8". Boston, 1854. ( 192 ) Californi;), New -Mexico, Texas, Sonoi a, and Cliiliuahua ; heiiip a personal narialivc of exploralionJ nml inciilcnt-; cnnnerled with tlie United Slates and Mexican noundarv coimiiission, hy J. Rus- sell Fiaitlett. 2 vol. in-S". Avec carte. l'hiladcl|)hie, 1854. Reisen in Mexico in den Jarlh. In^". Ediubourg, i853. Hiitoire de la premiere mission cnilioliqne au vicarial de Melanesie, par Leopold Vcrjjuet. In-8°. Paris, i854- GfiOGRAPHIE ANCIENNE ET HISTORIQUE. Voyageurs anciens et modernes, par M. Ed. Charton. Tome I", voyageurs anciens, depuis le v* siecle avant J.-C. jusqu'a la fin du 17* siecic de notre ere. In-S". Paris, 18.54. Exaraen des recherches failes jusqu'a ce jour sur la mansion romaine Segora, par M. Leon Fnye. In-8°. Avec carte. Poitiers, 1854. Remarcjues sur la denominaiion celtique de (|uelques cours d'eau de I'Alsace, par A. Stoeber. In-8". Colmar, i854. Histoire des Berberes, par Ibii-Klialdoun, traduile de raral)e par M. le baron de Slane. In- 8". Tome II. Paiis, 1854- Voyages ;:yfff,fi. i^ynyAif, f.vif-.iffftm/'n'i.V, \ K I i: I Mift^fP-rlamt^f 1MHI(I VM tis i.-iilps lie lvipi-tlilnm itc T'Klcliai-M(K3>ia]iKTie»> PrAr.,-^,..,,- MrAUC.PETtRMANN 1. \. >1 Vl.TI.-IIKl > „..,„..„ij^rll.'/., lii/r^ l/r./ ...■".•■ .-■..„. ,.„/./,.- .1...... I, Bullilm .Hfixl- SapUmlir. i$if ^X^iUf .u,.,a^ .. ...U,„v„t .i«i>J .. Au- dtrnltrff fi^lf^ ,ll M"^ KiiT'-. ' ■■■'■ .ft" fti f""' 'fti ■' Itw If.' nfKw "^mfiT .'"'1.' ft' ■■■"-" ■■•"/•"■<" n."" "."'■' j.-nunr.' ■■•■• — — /j linitf M-iMf M./if<' h rful, .i,.w,f r-' !'■' t.tfhi-.,!,:'-' BULLETIN DK I.\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE. OCTOBUE 1854. (Notices, noeuBiBeBfits oa-i^Ine&sas., ele. DIVERSES INDUSTRIES (llIIiNOlSES, PAR M. RENARD, Anrif'ri dcl'-giii* du oommrrce en Clitiitf. Maniere iV inw rimer. Les Chinois, sans avoir dc caracleres uiobiles, ont cependant iiiie nuilhode d'impriiner tres prompte, car un seul ouvrier un pea exorce pout ("aire de deux a irois niille epreuves par jour. 'H.i. Ce iravaii s'execute dc la maniero sulvanle: L'iinprirneLir a devant lni,suiMine toljle, iinc pinnche de bois grav6; il tient dans sa luiiin uiie Inosse double, dont Tun dos coles est de soio de pnrc .' oiiple, ol Taulre "Cote, de soi'e plus roide. est inipregne d'cncre. 11 passe celte brosse sur ics caiacloies, les nuircit rcguliore- nienl, puis il [)l;'.cc une feuille de papier'^ur cette plariclie, et prom6ne le c6[e proprc dc la IIiossc sur la i'euille,. cpii, elant ainsi mlsc en contact a-voc les ca- racleres, se trouve etre iniprimee. VIII. OCTOBRi:. i. J 3 f lO/i ) Ljes priiicipaiix houliijuiors di; Canton ont tous de cos ini|rinicries economiqucs, et ce sont les coulis cle la niaison (jiii, clans leurs moments perdus, font rofiicc d'impriiueurs ; ces marchands so prociirent ainsi, ades prix excpssivemeiil has, des adresses qu'ils repandent k prolusion, el des annonccs; cliaque feuille de papier qui sell a envelopper la marcliandise , porte en gios caractdrcs , a I'enire de couleur, I'^lojiC pompenx du magasiii qui vous a vendu. C'est par ce precede si simple que les Cbinois im- priment cetle I'oule i le verre a vilres blanc est fait avec une malii re fondue deux fois. Les globes de lampes de dimensions couranles va- lentde 2 a 3 masses la piece, non depolis; le polissage s'opere a la main avec I'^meri. lis sont fondus dans des monies casses au renflement et uses ensuite. Les pelils flacons de verre |)our essence sont fabri- ques d'une raani^re Ires expedilive ; les ouvriers sont places devant un petit four d'environ 50 centinjetres { 200 ) de liaiileui' : ils uiil dcs lubes de verru doiil ds mettent rexlieuiite en fusion, en les plonc^oant dans la nialiere; ils les relirenlet souillenl, puis ilsLalancent les tubes, ce qui rend les globules ovales; ils le placiiit alors ilans lo petit luoule, soufllenl de nouveau, puis casseul le tul)o i'l une liauleur voulue ; le col du flacon a di)nc le dianielru du lube de vene employe: ces llacons ne sent point uses a la parlie cassec. Les jouels d'enfanls sunt labriqu^s de la ineme nia- niere ; les Cbinois enipioieul pour cela des tubes de verre Uhs minces; ils soulllent , et torment uno botde qu'ils aplalissent ensuite. En soufllaut et en aspirant dans ces pelites boules, lo fond flechit et rend un bruit assez sonoi-e. Les ouvriers fabritjuent ainsi une graude vavi^te de modules. Les crcusels employes dans les verreries sont iabri- ques a Canton avec une leirc argileuse. Les lustres sont, coaime je I'ai deja dit, de verre com-' mun; lesbranlanls out toutes series de formes: ce sonl genoralement des plaques ovales avec quclques des- sins. Aux joux's de giandes fetes, coijiuk' au nouvel an, a la fete des lauternes, a celle de Ta-Isiou, fete du feu, ces lustres se voient dans les rues en immense quanlitejla nuil, avec toutesleurslumi6res,ils forment un fort joli eifet. La fabrication du verre est restee inconnue aux Chinois jusqu'au temps de I'empereur Kang-hi , oil nos missionnaires, qui a cetle 6poque jouissaient de quelque faveur a la cour de Pekin, enseignerent les precedes alors employes en Europe. Les Cbinois fabriquent a Canton bcaucoup de lu- nettes, qui sonl ji;('>neralement Ires ordinaires, et Ton ( 201 ) peut dire cjue pour eel article ils soiit restt^s dans I'enfancG do I'arl. Les lunettes chinoises ontdesyeux Ires largos, rbnds, de A a 5 centimelies de diainfetre; les plus ordinaires sont en rolin, ct les branches sont remplaceespar deux petits cordofts qui vicnnent s'enrouler aux oreilles; quelquefois meme ces cordons ont a leur exlreniil^ un petit poids de plomb pour les maintenir sur le nez en equillhre; \iennent cnsuite les lunettes de cuivre argenle, de t'er, de corne, d'ecaille el d'argent, dont les branches se reploienl a charniero; les luneltos d'acier sont fori mauvaises; les Chinois ne parviennent pas ales tremper convenableincnt, etles ouvriers, reconnaissant en ce genre leur inferiorite, n'en I'abriquent que fort peu ; les C4hinois civilises portent des lunettes d'Eu- rope, mais ils ont de la peine a s'accoutumer a la pe- titesse des yeux ovales, qui ne garantissent pas assez' la vue. Les verres des lunettes pour la classe pailvre sont de verre fondti; beaucoup sont colores en vert, bleu, V jaune, elc. : les Chinois de la classe aisde veulent ab^ ■- solument des verres de crislal de roche, auxquels ils attribuenl le nitrite de conserver plus longtemps la vue, el leur premier soin, en achetant une paire de lunettes d'Europe, est d'aller chez un de leurs opticiens en faire changer les verres. On irouve chez ces memes fabricants de grandes quanliles de crislal de rocho ; les niorceaux ont souvent de 15 a 20 centimetres de dia- melre sur une longueur proporlioiinee ;le crislal de roche so trouve en ahondance chins le Vou-tchang-fou (province de Hou-kouang), dans le Kiang-si el dans beaucoup d'autres parlies de la Chine. ( 202 ) Les luneltes chinoises se renferment dans des ^tuis de papiir chagrine noir, su ferniant a gorge; ces etuis sont oiTK^sde lacets etde glands de soie, et ilsse portent suspendus a un houton sur la poilrine par-dessus les vfetcmenls. Les lunettes spnt un des articles de Pams qui peu- vent Irouvor un grand debit en Chine : elies sont in- dispensablcs a une bonne partic du peuple, surloul a la classe pauvre, qui vit sur I'eau, el qui est accablee de maiix d'yeux; il les faudrait sansverrc, et les yeux d'un diaui6tre tres grand, Lesoplicions de Canton nous ontparuforl peu nom- brcux, el surloul Tort peu avances dans leur art: car pour la pluparl du temps ils se bornent a la fabrica- tion des verres de lunelles. Le crista! de roche se tire en grande ({uanlite du Riang-si ; nialbeureusement la pluparl de ces crislaux sont eni'um^s. Pour debiter le cristal de roche, les ouvriers se ser- ventd'un archet, auquel est fixec une corde tr^s mince formee de deux fils d'acier blen Irempt^s; ils mouillent souvenl, el onl soin de ramener la boue qui s'^cbappe de la rainure. Les boulons que portent cerlaines classes de manda- rins sonl de cristal de roche; ils sont uses et arrondis sur une roue de bois avec I'eraeri. Les sculpleurs chinoisfabriqucnl beaucoup de petits groupes, statuettes, cachets, etc., en crista! de roche; ces objets viennent genc^ralement de Sou-tcheou ; les prix en sont souvenl Ires ele\es. Les cachets de cristal de roche et aulres servent a tous les marchands, aux acheleurs ie tissus, etc., et ils ( 203 ) ont tonjours bien soin d'apposer leurs cachots soil sur les marchandises achetees, soil sur le papier, cc qui remplace leiir signature daus un inarclio. Moyeii employe par les Chinois pour decalquer. Les peinfres copicnt a Canton boaucoup de litho- graphies, gravures ct peinhnes euro|)eennes; ces ohjels sent rendus avoc une grande exaclilude parle proc6de suivant. Les artistes placcnt sur le tiessin un verre de la di- mension dusujet a copier, el au pinceau, avec I'encrede Cliine,ilsen suiventregulierenienl tous les contours; ils humectent ensuite une feuille de pajiier qu'ils placent sur le verre en appuyant legerement ; ils obtiennent ainsi plusieurs epreuves correctes, mais renversees : pour obtenir des epreuves dans le meine sens que le modt'le, ils relournrnt lour verre el suivenl les mfimes traits avec le pinceau; la transparence du verre leur permet de le faire encore Ires exaclement. II ne leur reste plus alors qu'a appliquer les couleurs, les om- bres, qu'ils sont aptes a saisir. Poiu" (lessiner leurs divlniles, ils commencent par former un premier trait avec une espece d'estompe de papier, donl ils font briiler le bout a une lumiere ; ils ne se servent en aucun cas de crayons noirs. Raffinage du salpctre. Les Chinois, quoiquo recueillant beaucoup de sal- petrechezeux,en tirentcependantdegrandes quanlil^s des Europeens, qui peuvent leur en fournir a meilleur ( Wli ) iuarch6; c'ost iin arliclo moiiopolisi; par lo gouverne- racnt, ctquelques inaiuiarins seuls pcuvent en vondie, mais les contrebandiers savent en iVauder la plus grande parlie. En rallinant ce salpelre par lo moyeii suivanl , lis oblienntnt de beaux cristaux tres blancs. lis ont iin lourneau constniil eii bricjues relVac- taircs, place dans un courant d'air, et pouvant re- cevoir deux bassines de fonte rondes et concaves. lis meltenl dans chaque bassine 50 caltys de sal- pelre, 4 a 5 callys de navels coupes en irancUes, puis de I'eau de source, de manierc a remplir la bassine; ils cbaufl'enl avec du bois, font bouillir et reduire. Un ouvrier qui surveille I'operation renuie le tout entournant, el enleve avec uneecuuioire les saleliisqui surnagent a la surface; de temps a autre 11 Introduit un peu de colle forte el d'eau de source. Quand il juge que I'operalion est lenninee, c'est-a- diro que le salpfitre reduit est sur lo point de prendre, il le verse dans une terrlne de lerre, dans laquelle il a soin d'introduire un bout de ficelle afin de retirer plus facilenient le pain quand il sera lige. Ccs terrines sont ensuile placecs avec le salpfelre dans un endroit sombre, sur du son de riz. Pour oblenir des cristaux plus grands, il faul recom- mencer I'opciraiion. Etaniage Jes glaces a Canton. On otame a Canton une lr6s grande quantite de glaces minces, dont les vcrres ont ete fabriques dans les faubourgs de la ville mOme; les Chinois dlament aussi les glaces fortes qui viennenl d'l^urope, et que f 205 ) jusqu'a ce jour ils ii'onl. pu encore i eussir a fabriqner. Pour Clamor Ics glaces minces, rouvrier est plac6 devant une table a plan incline et a rebords eleves; vers le milieu de celle tal)le est fixee une planchette mainlenuc dans une position horizontale; celte plan- chette a jusle la dimension des glacps a etamer. fi'ouvrier commence par froLter ses mains avec un pen de lilanc; ii place une feuille d'etain sur la plan- chette, puis, jn'enant do la main droite le mercure quo I'inclinaison do la table force a se rassembler pres de lui, il I'etale sur toule la surface do la feuille; quand le mercure a bien penelre I'elain , il en prend de nou- veau une plus grande quantity et rechargff kx feuille; il place ensuilc par-dessus une feuille de papier, puis enfin la glace, et retir*immediatement la feuille de papier; le mercure, se trouvant alors en contact avec le verre, s'y attache et y resle fixe. Un apprenti saisit la glace, el, avec un petit morceau de bambou , il enl6ve les ^barbures de la feuille d'etain ; il la place en- suite sur champ, dans une boite, pour lalaisser egoul- ler et sechor; enfin un autre la netloie avec un peu de blanc. Toutes ces diverses operations se font en un clin d'ceil. Les ouvriers qui louchent ainsi le mercure sont sujets a elre pris do tremblements; mais, dans unpays oil la transpiration est abondante, les cffefs du mei'cure m'ontparu moinsviplentsqu'en Europe; cependant ces hommes.nous demandaient le moyen do s'en garanlir. Dans ces memes magasins on trouve de fort jolies lanlernes de bois scu!j>te, avec peinture sur verre de beaucoup d'efl'et ; dos tableaux representarit des pity- sages, des chasses el des portraits de dames aux petits ( 200 ) pieds; puis une foule dr petits miroirs de verre de modeles tres varies el excessivemeul minces ; mais la glace est loujours garanlie du choc, car tanlot ce sonl deux peliles jiorlcs qui se lerincnl a cliarni^re et qui sonl lixOos par un polil crochet, lanlot la glace est renlfrmee onlre deux plancheltes en forme de livre : d'un c6l6 est la glace, et de I'aulre un paysage ou un sujel peinl sur verre, represenlanl souvent des immoraliles revoltantes. Fabrication dejouels, statuettes et idoles. La fabrication des jouels d'argile , des staluelles, dfcs idoles, etc., occupe un grand nombre d'ouvriers en Chine. Pour fabriqucr les jouets d'enfanls avec la Icrre, ils s'y prennenl de la inaniere suivanle : Les ouvriers inodelcurs choisissent des sujets de bois sculptes, sur lesfjuels ils prennent des erapreinles; ils ^galisenl avoc soin los joiulurus de ccs euipreinles, les font secher a i'oinhre, puis ils les font cuire a un feu doux; c'cst ce qui conslilue le moule. Ces monies sont generalomenl fails de deux pieces. Tune pour le devani, I'aulre pour le derri^re du sujet. Les empreinlc's s'obliennenl en pressant forlemenl de I'argile dans I'inl^rieur des monies ; les deux pieces sont ensuite rcunies, puis ces sujels, qui sont genera- lenient creux, sent mis sur des claies a I'ombre pour y secher. Quand ils sonl bien sees, on adoucit avec un couleau les assemblages ; ensuite on les remet a des ouvriers decorate ui'S. ( 207 ) A Canton on trouve des statuettes avec tStes inou- vantes, fort jolimpnt execulees : ce sont des mandarins, des dames chinoises, des artisans, colporteurs, cou- lis, etc., etc.; quelques-unes des ces statuettes ont des costumes de soie, de crepe, etc.; les prix alors en sont assez elev^s. La fabrication des idoles est tres diflerente : les di- mensions colossales que les Chinois donnent a ienrs divinit^s exigent un autre genre de travail. lis construisent solidement en i)ois une carcasse grossiere de la forme que devra avoir I'idole, et I'en- duisent d'une bonne couclie d'argile qu'ils laissent s6- cher a I'ombre; ils appliquenl ensuile d'autres couclies successives et lui tlonnent les formes voulues; la der- niere couche exige plus de soin : il faul que les orne- ments soienl bien accuses, que les chairs soient par- faiteinent adoucies. lis placent enfin les yeux, dont la prunelie est fonnee d'un globule de verre noir, et creusent les contours pour donner a la figure plus d'expression. Quand la masse est bien seche, on remplit les ger Qures avec du mastic; les jieintres s'en cmparenl alors, lui donnent plusieurs couches de laque, I'ornenl de dorures, de petiles glaces incrustees et de peintures de toutes couleurs. En entrant clans les pagodes, on reste etonn6 de- vant les quatre divinites aux figures terrifiantes qui reposent sous la voule de la priiicipaie enlree: elles ont generalement de Zi a 5 metres de hauteur; d'autres, non moiiis haules, enli6reinenl dorecs, ainsi qu'une foule de plus petiles, de grandeur humaine, en ornent l'inl6rieur. ( 208 ) Inbricctllon (Ics iii.'^'u/l/'^". Les Chinois fabriquciiL onx-muiues leurs aii^uitles, et c'est dans lo nord de la Chine, principalemcnt a Ning-po, que j'ai Ho a nieme d'cludier celte int^ressante fit nunuticuse fabricalion, qui diflerc en plusicnrs points des prociides employes en Europe. ^ ^^ ._ Les fabricants d'aiauilles sent nombrcuj^ a Ning-po; on pijul compler jusqu'a \ingl ateliers dans une nienie rue : ce sont (!e pelits fabricants etablis en boutique et eraployant de sept a dix onvriers et quelques ou- vri^res. , La premiere operation consisic a dcibiter avec une cisaille, dont uno des branches est fixee dans un IjIoc d,' bois, les fils d'acier qu'elle coupe par une vinglaine 4.1a fois; c'est au coup d'ceil que I'ouvrier en regie la longueur. Ln autre ouvrier est chare6 de recircsser ces meuios ill) , _ . , i . o bouts qui sc sont courbes sous relTort de la cisaille, « et a cet efl'et il en saisit une pincee, les place sur une ■ petite enclume ct les dresse au nioyen de legers coups 1 de marteau ; ce travail fait, il aj)lalil un des bouts de chaque fd a Tend roil ou I'ceil doit etre perce. Ln troisi6me ouvrier est charge de iesdegrossir et de les apointisser; il en saisit une quin/aine cntre i'index el Ic pouce de la main droite, et les prc^senle sur une ineuledegres a sec, qu'il met en eolation ave9,l.c piod. Le percage do I'reil est I'opc^ration la jdus diflicile pour lesCliinois, el c'est cclle qui, demandant Ic plus de lomps, occupo lo plus grand nombrii d'ou\riers. Cf percage, si simple chez nous avec le poincon , se ( 209 ) fait au foret; ce toret est surmonle d'un morceau de bois lourcl, et il est maintenu perpendicnlaiie siir la tete de I'aigiiille, qui repose sur iin las d'acior; ii arrive fori souvent que la ni^che, a la moindre secousse, glisse et sort du trou commence; I'ouvrier est alors obliged de la tremper dans Thuile et de la placer de nouveau sur la I6te de I'aiguille : de la unu grande perle de temps, et iln'y a que les ouvriers ies plus experiment's qui puissent percer les nunieros ires fins. Les aiguilles sent ensnitc trempees et sacees, puis mises par num'ros en pelits paquels de papier blanc, avec de la farine qui les preserve parfaitement de la rouille. Chaque pelit paquet conlient 50 aiguilles, ct pour environ 2 francs on peut avoir un millier d'ai- guilles assorties de tous nuraeros. Les aiguilles fabriqueos aNing-po ontune renomm'e dans tout I'empire Chinois, parce que les fabricants savent leur donnor une assez bonne Irempe, que Ton ne saisit dans aucun autre endroil; mais elles sont h peine polies, I'oeil coupe souvent le fil et n'est pas perce au milieu ; les pointes, quoique assez piquantes, laissent voir les traits de la meule. N'anmoins, le bas prix de cette fabrication a empeciie jusqu'alors d'im- porler avec succes des aiguilles d'Europe; nos 'pingles sont encore moins demandees, mais pour une tout autre cause , c'est que les dames cbinoises n'en font point usage, leurs vetements etant fix's avec des boulons. vui. oCTonnF. 2. 14 ( 210 ) Analyses, Rapports, l<]iLtrait9 cVoa* vragcs, llelaiigcs, etc. NOTE SUR BABYLONE, PAR M. OPPERT (otVELOPPEE DEVANT LA SOCIEIE DE C^OGBAPHIK Di^•S LA SEANCB DV 7 JUILLET l854) (l) liabylone formait, d'apr^s mes calculs combines auxdonneesfournies par les ancicns elles inscriplions, un carre de dl/ikilom. canes. La cil6colosside s'olen- dait du point aujourd'hui nomine Sora (reniplacement (le la celebre 6cole judaiquo) jusqu'a la mine connue aujourd'hui sous le noui d'Olie\niir. Lc canal an- tique El Nil en formait la IVonti^re du nord. La ville etait presque orienlee vers les points cardinaux, ou plus exactemenl du N. 8° 0. au S. 8° E. , et les c6l6s dc Test et de I'ouesl avaienl la direction du N. 10° E. au S. 10° O. Cette ^lendue imnienhe, qui ressemblail plulot a une vaste enceinte forlifiee, et dont la plus i'orle defense etail cerlainemenl ses fosses pro- fonds, comprenait plusi»»Ui\s villes ou quartlers. Tout n'^tail pas habite : au contraire, les donn^es precises des anciens nous apprennent qu'en dedans de I'en- ceinie il se trouvail des champs cultives pour garantir les habitants, en cas de si^ge, des borreurs d'une fa- mine. Encore aujour.l'liui, les ruines, malgre la devas- tation, nous indiquenl les lieux habites et les distin- guent des localiles consacrees a Tagricullure. (i) Voy.le plan de Bahylone inseredans leBulletin de Janvier 1 854. ( 211 ) Le coin nord-est comprenait une ville distincte. Les mines qui s'y trouvent indiquent sunisainnient leur ancienne destination, par leurs nouns qui ne sauraient dater que d'une epoque reculee. Nous y trouvons le Khasneh, le tresor, probablemenl remplacement de I'ancien tresor, et le Bender, le port, doiil la foiiiie actuellcment exislanle nous fait voir remhoucUure (I'un canal alinientt^ par les eaux de rEuphrale. A l/l kilometres a I'nuest de celle ville se trouve la cite royale, donl I'enceinte lorlifiee est encore aujour- d'hui visible. C'est la que se irouvaienl' les verilables forteresses de la ville de Babylone, dunt parlent les anciens. L'espace renl'ermd dans i'enceinte, s'6tendant sur les deux^toies du fleuve , comprend a pen pr^s 6 1/2 kiloni. carres.Tout atuil au coin du nordse trouve le lort de Babel; a 2kiloin. au sud de ce point, le cbaleau royal, connu aujourd'luii sous le non; de Kasr; a un peu plus de i kilometre de la, les jardins suspen- dus. De I'autre cole de I'Eupbrate (rive ouest), se trou- vail un autre palais, qu'habitait Alexandre, mais dont il n'exisle guere de traces. Le fleuve etail canalise a la hauteur de la residence royale, et les restesdu quai de Nabonide, encore existant, nous tont voir que la direction de I Eupbrate cbaM^en (^tait presque la m6me que celle du fleuve d'aujourd'bui. La ville de HilUdi, qui se trouve a 5 kilom. de I'en- ceinte royale, est batie sur les mines de I'ancienne cit6 des Babyloniens. C'esl ici que lurent la j)lupart des temples que batit Nabucbodonosor. Cette ville avail a peu pr^s 3 kilom. carres, el etail egalement torlifi^e par un mur. Un espace de 10 kilom.au moins la s^parait du petit quarlier de Bursippa , dont le ( 212 ) nom s'est perpdlu^ dans lo noiu du IVirs-Nimroud , ruine de la tour de Bahjlono, qui a\ail un slade de hauleur. Encore aujourd'hui il en subsislc deux etages. Le premier finit avcc one plate-forme de 23 1/2 metres de liauleiM', el, en admellant avec Hcrodole que la lour enllere avail huit etages de hauleur, nous arrivons a celle de 188 metres, ce qui est exaclement la valeur de la longueur babylonienne. Ca et la se irouvent dcs traces de villes et des quar- liers; en tout, I'espace habile pouvait avoir 18 kilom. carr6s, la raoiti6 de Paris. NOTICE SUR LA VILLE DE NANGASAKI. Les rapports qu'anront in^vitablement, dans un temps plus on moins rap])roch6, les Europdens et d'abord les Anglo-Americains avec le Japan, sous le point de vuo commercial comme sous le point de vue politique, devant avoir lieu par linlermcdiaire de la ville importantedc Nangasaki (1), j'ai engag6 la Societe de geographie a pubJier, dans son recueil periodique, un plan japonais de cetle ville el des environs, grave sur bois en h feuillcs, que M. de Monligny lui a com- munique a son retour de Chine, et dont il a fait pre- sent a la Bibliolhtque impt^riale ; ce plan parait ante- rieur a 1778; on I'a reproduit ioi, reduit a moitie^', sans (i) CeUe notice ctait ecrile avant tiiiOn cooiiui \e traile oliiPiiu de reinpeieur du Jnpoii par le (■(inimodfire Perrv. Voycz, pour le noni de cette ville, page aai. ( 213 ) aucune correction , en fac simile, et malgre certaines bizarreries topographiques, par la raison que ces irre- gularites ne rempechent aucunement d'etre inlelli- gible ; il ressemble assez bien, d'ailleurs, a nos plans de villes, sauf les parties qui sent rendues en perspec- tive cavaliere, et encore, nous en avons beaucoup de cette espece dans les anciens plans dc villes d'Europe. L'echelle manque, selon I'usage des Orienlaux; on peut y suppleer par le plan de la baie de Nangasaki, figur6 dans le bel ouvrage de M. de Siebold sur le Japon, quoique la villo y soit figur^e en petit. II re- sulte de la comparaison des deux plans que l'echelle de la reduction qui est jointe au present Bulletin est d'environ 1 pour 8 800. La ville de Nangasaki, aiesui'ee d'apres cette echelle, a, dans sa plus grande dimension, environ 5 300m^t. de longueur : elle est iraversee par plusieurs canaux, et entouree d'un grand nombre d'edifices consacres au culle. Du cote du midi est une petite ile en forme d'arc, occup^e par des magasins: c'est la factorerie hollan- daise. Personne n'ignore que les HoUandais sont, de- puislongteinps.les seuls Europeens qui aieiit la faculte de commercer avec le Japon. Cern6s de toules parts dansleur residence par les batteries japonaiscs,conime on peut le voir dans le plan, ils ne peuvent absolu- ment ricn entreprendre aujourd'hui contre le pays, ni meme y songer raisonnablement pour I'avenir; leur impuissance est complete ; les navires a leur arriv^e sont desarmes; les voiles, le gouvernail, les cordages, les ancres, les canons, les munitions sont enleves et portes a lerrc ; I'inspeclion assidue el severe des offi- ciers japonais previent toute tentative indiscrete. ( 214 ) Bicn pins, les Hollandais n'ont aucun moyen H'ap- prondre la lanpne japonnise, el, pour leiir en oter la tcniation, les olTiriors japonais de Nangasaki appren- ncnl la langiie lioHamlaise ; ils reciivciit, ils la parlent et ils coininiiniqneiil par celle voie.avec le? Strangers presenls, meme avec les Pays-Bas. J'ai vu a Vollenlio- ycn, a qiielque distance d'Llrecht.chczlo baron Vander Capellen, ce regrettable ancien gouvernenr des lies n6erlandaises(l), la correspondance annuelle de rem- pereurdu Japon ayec le roi des Pa\s-Bas; elle est tout entiere cji hollandais (2) et ^crite d'un stylo imp^ra- tif. Ce qui est phis ^tonnant, c'est qu'on traduit au Japon nos plus savants livres d'Europe sur les nialh6- matiques, sur I'astronomie , etc.. par exemple, la Mecanique celeste de Laplace. On sait qu'il se fait des observations aslronoinifpics a Yedo, la capitale et en d'aulres villes, et que les astronomes japonais savent delei'iiiiner malhematiquemenlla position des lieux (3). Je reviens h la descrijition de Nangasaki. Le plan (|ni est ?ous les yi'ux du lecleui' est grav6 sur bois ; il n'^gale pas en precision nos plans de ville tels qn'on les lait aujonrd'hni ; mais il peul suflh'e (ij C'es( penJnnt les jonrnees |uelle il a succonibe. (2) Sans sorlir ilu sujcl de celle note, je dirai que ( hnque annee, en outre des armes , des pieces de inousqnelerie et d'artillerie. rein|icreiir fail venir. ili; Ibillande, des inslriirncnts d'astronoiiiie el de |)liysi<|up, des encyclopf-dies avec ti{;ures, el t"Ules sorles de bvres de sciences ei d'ait, qui incttent ses siijeis au courant des progri;s de la civilisation curnpoeniie. (3 Oil a iraile ce sujet dans un article succinct du Bulletin sous le litre de lEtat present du Japon (annee i846, t. VI, 3" serie,p. io3). ( 215 ) cependant a celui qui sail, lire les inscriptions et les indications chinoises et japonaises dent il est en quel- que sorte convert ; j'ai eu recours au profond savoir de M. Stanislas Julien pour Ja traduction des carac- t^res chinois. Le plan est oriente de la mani^re suivante ; bien qu'il puisse etre etudle en pltisieurs sens opposes, d'apr^s la direction di^s arhres et des edifices, celui qu'on a admis dans la gravure parait 6tre le sens prin- cipal ; le nord est a droite, le sud a gauche et, par con- sequent, Vest en has et Vouest en haul. Ce qu'il y a de singulier, c'est que les signes qui indiquent les points cardinaux sont poses, tous quatre, a 45 degres (envi- ron) a gauche de leur veritable phice. II s'ensuit que le port (le Nangasaki est ouvert du cote du sud et du sud- ouest. On voit, ici figures, plusieurs navires etrangers, qui font leur entree, venantdu midi ou du sud-ouest. Celui qui est le plus pr6s d'entrer dans le port est un navire hollaiulais; il approche de I'lle appelee Desiina, oil est concenlree la factorerie holiandaise; celui qui suit estun vaisseau chinois, se rendant au port destine a celte nation. Ces deux hatiraents sont accompagn^s, sur le plan, des signes n"' 2 et 1, II existe au departement de geographie de la Biblio- thdque imperiale de Paris, un plan prescjue en tout seniblable, qui provient de Jules RIaproth; M. Julien y a lu la dale du 8^ mois de la 1' annee de Tempereur Anye, ce qui correspond aranneel778; or, celui que nous publions (a la moilie de roriginaii parait an- lerieur, comnie on en pent juger par les additions (1). (l) All nombre des pieces composnnt la collection des cartesjapo- naiies de la Bibliotheque, se trouve une carte routiere, dans le genre ( 216 ) Mainteiiant je vais transcrire toutes les indications que M. Julicn a bien voulii traduin-, elles tormeronl une explication presque complete du plan de Nan- gasaki. Niime'ros, 1. Navire chinoi!> venant tie Fou-tcheou (i). 2. Navire eiranger entrant dans le port (le navire hollantlais). o. Bailment chinois, navire de 2san-king. 4. Barque du navire de £fau-kin{;. 5. Bateaux japonnis rcmorquant le navire etranger. 6. Le navire etranger a I'ancre. -. O'-pon to-ouo-poo,coraptoir de Desiiina, maison el magaainj des Hollandais. 8. Grenier de I'emptreur pour le I'u, g. Temple du bonheur des Saints, et six autres temples. 10. Port. 1 1. Chantiers des vaisseaux de I'empereur. 12. Le temple de la Sainte vertu. 1 3. Champs nouveaux entoures d'une digue. 14. Grande baie. 1 5. Chanlier pour les navires chinois. 16. Docks pour ks marchandises de Cbinr. '''i''7. Maisons et magasins des Chinois. I 8. Ta-te-sse (temple de la grande vertu). 19. Fa<;ade du palais imperial. 20. Voic.-tn (tout en bas a Tangle a droite de la carte'. 3 1. La montagne a sept faces. de]a table ibeodosienne : je puis eiter aussi une carte italieime ana- .ogue du XV* siecle, oil les Balkans, le Danube, le Bosphoro, etc., sont traces parallelemont, el tout rapproches; elle fait p.irlie des monuments de la (jeograpliie, en cours de publication, (1) C'est un des cinq ports do Chine ouverts aux Anglais par le >raite de 184*-'. ( 217 ) . Tableau des distances, par terre ou par mer, de Tchang-ki (Nangasaki) aux diff^reiites provinces (i). NOMBRE DB LIS par Icrre. par mer. A King-ton et Miyako 210 248 A Kiang-hou ou Yedo 332 ^yo A Ta-fan ou Hosaka igj a35 A Kouang-Tao,la {jrande ile dans la pro- vince de An-i (Aki) i3o li4 l/j A Hia-kouan, province de Tchan{j-nion ou Nagato 5g 1/2 89 A Siao-koiian, province de Bouzen. . . . 5y 86 l/a ATchang-tsin, province de Bouzen. . • 56 i3o A Ji-tien, province de Boungo 4^ '58 l/a A Hiong-pen, province de Figo 35 ^6 A Rhieou-ma, meme province 48 ^6 i/i A Lou-eul-tao (I'ile du Petit-Cerf), province de Satsoutna 65 l/a 97 A Tso-tou-youen, province de Figo. . . 71 147 A,Kieou-lieou-ini , province de Koung- heou (Tiikougo) 3a 61 A Lieou-ichouen, nieme province. ... 27 55 A Fou-kang, province de Tsikouzen. . . 5o 1/2^^68 i/a A Tso-kia, province de Fizen a4 „ So A Ping-hou, meme province 2S 27 A Thang-isin (le gue des Chinois), meme - province ..'olJjOio/oV 53OS: .\ Yuan, meme province. .' 33.64. JOh^ p ^nyeilgOKi 6^135 ATa-lhsum (le grand village), meme pro- vince 10 29 A Oa-tao-chin-kianji , meme province. . u 48 A I-ki, meme province • ^2 A Toui-nia(Ts()U-sinia), meme province. ■» gi 1/2 (I) Co tableau n" 22 el Ic suivoul n° 23 occupeni, dam rorigiiial, U place qae licul, 4*us c«tle redurlioD, le litre do U carte. ( 218 ) N* a3. Distances de Tchang-Ui (Nangasaki) a certaines localites, a partir du port de celte ville. Dp Tchang-ki a Ji-kien 2 lis. De Ji-kien a Chi-cliaiif; I — De Tchang-ki a To-llisnii (le grand villagp) 3 — De Tchang-ki a Chin-kio la fusse profonile) 3 — De Cliin-kio a Ye-men (la m^re sauvage) 4 — De Tch.ing-ki a Clii-Isin 3 — De Tchiiig-ki a Tcliang-yu 3 — De Si chan kheon (la gorge de la montagne de I'oui-sl] a Tchai)g-Yu, le cheniin le plus proche; c'est un endroit dangereux 2 I /a Ue Tcliang-ki a Ikiriki 5 — De Tchang-ki a Meou-mo 2 — DeMeou-mo aTliien-tsao et^Fizen, on passe en bateau. Scion M. dc Sioholfl, la lalitude du coinptoir de Desiina esl 32° A5' nord ; la longiliide, 129" 51' est Grctnw'ich, on 127° 31' a roriont de Paris, Conime il est necessaire d'ajouter a I'inl^rdt de ce plan par une description de la ville de iNangasaki, je vais en etnprunter une a la relalion de Kaeiiipfer, qui, apr^s plus d'un siecle, a encore, dlt-oi», K; merile de I'exactilude. D'ailleurs I'anciennele de celte descrip- tion la mellra mieux en rapport avec notre plan, qui est aussi du xviii° siecle. En ixlrayanl la relation de KaBm])fer, je rapprocherai plusieurs passages 6pars dans son livre ; elle ne doiine j>as une haute iilee do la richesse dos cotistruclions dans les viiies japnnaises; mais Nangasaki, sauf son conimerce, n'etait ricn alors en couiparaisou du luxe qui distingue les villes d'Yedo et de Miako. ( 219 ) Description de Nangasahi extrnite de Vhistoire du Japon par Kcempfer (1). « La situation commode et sAro 'le ce port en fait le rendez-vous commun des navlres etrangers, et des nations qui onl la pt^rmission de negocier au Japon, d'y apporter les marchandises eirangeres, et de les vendre aux marchands japonais qui s'y rendent de tous les entlroits de I'empire dans certains temps de I'annee. Ce privilege et celte faveur singuliere sont accord^s seulement aux Chinois ou aux Orienlaux qui trafiquenl sous leur nom, et aux Hollandais : mais c'esl pour les uns et les autres sous de grandes restrictions et sous une inspection rigoureuse. » Le liavre commence au nord de laville ; son entree est fort etroite et n'a que pen de !)rassesde profondeur avec un fond de sable. La raer regoit, aupres, quel- ques rivieres qui descendent des monlagnes voisines; le port s'elargit ensuile et devient plus profond ; la, il a une demi-lieue de largeur, ot cinq ou six brasses de profondeur, il tourne au sud-ouest et court ainsi la longueur d'une lieue le long d'une cote elev6e et des monlagnes, a) ant toujours un ([uart de lieue de largeur, plus ou moins, jusqu'a ce qu'il aboulisse a une ile, ou plutot a une monlagne entouree de mer et appelee Taka-Jama, ou Taka-Boko, comme qui dirait le pic des Bambous ou la haute monlagne des Bam- boos : les Holliindais la nomujent Papenberg. Tous les navires qui doivent laire voile de Naiigasaki a Batavia jeltent I'ancre ordinairement pr^s de celte lie, pour (i) Traduction fraa9aise, t. Il,in-i2, La Uaye, lySa (p.77 et suiv.). ( 220 ) altendre I'occasion de sortir du havre, ce que I'on fe- rait aisement dans deux heures, n'ctait la quautite de bancs de sable, de bas-fonds el de rochers, qui rendont le passage de ce detroit egalemeiU difficile el dange- reux. Pour se tirer d'affairc, les navires doivent gou- verner ouest, laissant la terre a droile et gagner la pleine mer, passant entre de pelilcs iles. » 11 y a rarcuient moins de cinqur.nte navires et ba- teaux dansle port, outre quclques ceiitainesde bateaux de pecheurs et autres pelils bateaux. A I'egard des vais- seaux elrangors, si Ton exceple quelques mois de I'hi- ver, il y en a rarement moins dc trenle, la plupart desquels sont des jonques de la Chine. » La ville de Nangasaki est au 32* degr6 36'de latitude seplentrionale, et au 15 1« degre de longitude (1) : au bout du port, oil il y a le plus de largeur, et ou, allant au nord,il forme unrivage endemi-cercle,ellealafiguro d'un croissant, lournant un peu sur celle d'un triangle; elle est batie sur le rivage, dans une vallee dlroile qui va du c6l6 de Test, formee jiar Touvcrlure des mon- lagoes voisines. Elle a trois quarts de lieue de longueur et presque autant de largeur. La rue principale, ot la plus large, s'elend sur loule la longueur de la valine et va jusqu'a la montagne. Les montagnes qui I'enlou- rent ne sont pas bien hautes, mais roides, d'ailleurs vertes jusqu'a leur soramet , et formant un point de vue tres agreable. Precisement derricre la ville, sur le penchant des montagnes sont balls plusieurs temples magnifiques, orn^s de beaux jardins el dc terrasses a la manicre du pays; plus haul, on trouve une infinite (i) L'erreur de longitude est d'environ 4 degres trop a I'eit. ( 221 ) de sepultures I'une dcrriere I'autre : un peu plus loin on voit une plus hauto monlagne, ferlile et culllv6e. La disposition du lout donne a I'ceil un aspect d6li- cieux et enchant^. » La ville de Nangasaki est ouverte comma le sont la plupart des villes du Japon, sans chateau, sans mu- railles, sans fortifications ni aucune defense. Les rues n'en sonl ni droites, ni larges : elles vont en montant vers la colline et finissent pres des temples. Trois ri- vieres, dont I'eau est belle, traversont la ville; elles ont Icur source sur lesraontagnes voisines. Celle du milieu, et la plus grande, traverse la vallee de Test a I'ouest. Pendant la plus grande partie de I'ann^e, elles ont a peine assez d'eau pour arroser des champs de riz, et pour fairc aller quelques moulins; mais pendant les pluies, elles grossissent au point qu'elles entrainent des maisons enlieres, » Nagasaki, qu'on prononce quelquefois Nangasaki, quoiqu'on ne I'^crive jamais ainsi, est divis6e en deux parties: Tune est appelee Ursiinatz ou ville inlerieure, composee de 26 tsjoo ou rues toutes fort irregidieres, commc ayant ote baties dans les commencements de cette ville. L'autrc est appelee Sottornaz , conime qui dirait la ville exl^rieure ou aulremenl les fau- bourgs. Elle conticnt 61 rues, de sorte qu'il y en a en tout 87. » Les batiments les plus remarquables qui sont a Nangasaki etdans le voisinage sonl les Janagura comme on les appelle; ils appartiennent a I'empcreur : ce sont cinq grandes maisons, baties de bois, au cote septen- trional de la ville, sur un fond bas aupr6s du rivage ,* on y gaidrt trois grandes jonques imp^riales, ou vais- ( 222 ) seauX de p:iierre, avec Ions Ifiirs agr^s prets d fe tie mis en iner an |)reinicr signal. » Le Ten siogura, on magasin a poudro, est sur le rivage vis-a-vis do la ville; pour plus dc silrel^ et pour prevenir los funesles accidenls, on a bati iine grande voikte sur une cullinc voisine oil Ton garde la poudre. » Les palais des deux gouverneurs qui resident dans la villo, occupcnl un lerrain considerable, un peu plus 6leve que le resle des rues. Les uiaisons sonl proj)res et belies, loules unilormes el ^galenienl exhauss^es. On onlre dans la cour par des porles forlifiees el bien gard^es. Le Iroisienie gou\enieur loge a Tattejama dans un temple, jusqu'a ce que son predecesseur, qui va el la cour de Jedo, lui iasse ])lace dans le palais de la ville. » Les ^Irangers denieurent hors de la ville dans des endroils separes, oil ils sonl veilles el gardes avec beau- coup de rigneur, comine des j)ersonnes suspectes et qui pourraient tranier quelque cons|)iralion. LisHol- landais demeurent dans une pelile lie silu^e dans le port loul toiilre la ville el noninn^e De-sima (Di ziniaj, c'est-a-dire. Vile de De. Les Cliinois el ies nations voi- sines qui prolessenl la inenie religion, el negocicnt sous le nienie noni, deiueurenl derrifere la ville au boul meridional sur une Eminence : leurs demeures sonl enlourees dune murailie, et sonl nominees Ja- kuijn ou le Jardin de medecine; on I'appelle aussi Dsiiisensju, noni des observaleurs de I'einpereur, em- ployes a observer du haul des collines voisines les na- vires Strangers qui gouvernenl du t6l6 du port et a donner avis de leui arrivee aux gouverneurs de la ville. » 11 y a environ 62 temples au dedans et au dehors I ( 223 ) de la ville, savoir : 5 temi)les des Sinsia consacrt^s aux Cami, ou tlieux el iLloios, adores dans If pays depuis un teinps immemorial ; 7 temples de Jammabos ou prfilres de montagne ; el 50 Tira ou temples en I'lion- neur des idoles eliangeres dont le culle a ete port6 d'outre-mer : de ces deiniers il y en a 21 dedans, et 20 hors de la ville sur le penciiant des collines, avec de beaux escaliers de pierre pour y monler. Ces tem- ples sont non-seulement consacres a la devotion et au culte, ils servent encore au diverlissement et a la r6- cr^ation : c est pourquoi ils sonl accompagnes et ornes de jardins agr6ables, de belles allies el de beaux ap- partements. Ce sont assortment Ics plus beaux edi- fices de Nangasaki par rapport au bon air, a I'agrement de la situation et au point de vue qu'ils offrent sur la ville, sur une bonne parlie du havre, et sur le pays d'alenlour. » Entre les edifices publics de Nangasaki, on ne doit pas oublier les ponts : il y en a 35, grands et petits, 20 balis en pierre et les autres en bois : leur structure est fort siniple. » Les rues, pour la plupart, ne sont ni droites ni larges, mais irreguli^res, malpropres et ^troites; les unes montent, les autres descendenl, a cause de I'irr^- gularile du terrain sur lequel la ville est b&lie. On a mis des marches de pierre a quelques-unes des plus roides, pour monter et descendre plus commode- ment (1). Elles sonl peuplees au possible; sepai'6es (i) Elles n'oiu pas plus de 3o ou 40 brasses de lony et contieniient un paieil iiombre de iiiaisons; Foy. de Tliunierg^ I. II, in-4°, p. 18; ^ditiun de Laiigies. Paris, 1796. Ce naturaliste voyageail au Japon en 1775. E. J. ( 22/i ) I'unc de Tautre par deux portes do bois, unc ;'ichaque bout, que Ton forme toules los miits, et souvent pen- dant Ic jour loisqu'il est nocessaire (1). II y a, en outre, dans cliaque nie, un Quasi Doogu, comine ils I'appol- lent, c'csl-a-dire un end roil oil I'on lienl tout ce qui est nocessaire en cas d'incendie, le feu faisanl beaucoup de ravages dans un pays ou lous les balimenls sont de bois: il y a done en ces endroits un puits plein d'eau, un seau ou baquet, un harpon a leu, etc.; I'dchclle est sous la direction de roflicicr qui commande dans la rue, et il la garde chez lui. » II faut remarquer que les rues de Nangasaki el des autres villes du Japon ne sont jamais d'unc longueur excessive. Elles ne sont pas toutes de la longueur d'un tslo japonais (mesure de 60 kios ou brasses), dont elles ont emprunto Ic nom, mais elles sont baties de sorle qu'on les puisse fernier commodOuient toutes les nuits a chaque bout. Elles sont toules sous le com- mandenient d"un ofllcier. A I'egard du nombre des maisons, il est rarement de plus de 60, et de moins de 30 dans une rue. » Les maisons du commun people sont de cbOlifs b&timents : elles sontpelites, basses, rarement de plus d'un etage ; s'il y en a deux, le second est si bas, qu'ii naOrite a peine ce noni. Le toil est convert de bardeaux ou coupeaux de bois, arretes seulement par d'autres pieces de bois que Ton pose en croix. Les maisons Bont baties de bois, corame sont tous les autres bali- menls dans tout TEnipire. Les murailles en dedans (i) Par ce moyen,on interc-epte loute comiimiiication avec le$ rue, voisiries. (f^oy. de Thuiibfiy, t. II, p. 18.) ( 225 ) sont lamhrisst^es et tapissees d'liii papier enlumine de (liverses couleurs; le j)lanclier est couvert de naUes donl le lissu esl fort epais; ils ont soin de les tenir dans line grando propretc: les chanibres sont separ^es I'une de I'aiUre par des fonetres h chassis et paravents de papier. lis n'ont ni chaises ni fauteiiils, et fort peu de meublos, n'ayanl que ce qui est absolument neces- saire pour les besoins journaliers de la cuisine. Der- riero chaque maison il y a une cour de decharge, qui est d'ordinaire assez grande pour avoir toujours quel- ques plantes curiouses et agreables qui rejouisscnl la vue et dont ils ont un grand soin. Les maisons des riches marchands, tant nalurels qu'elrangers, et des autros personnes riches, sont beaucoup mioux bSlics : elles ont ordinairemont deux etages, disposes a la ma- ni^re des Chinois, avec une avant-cour et un jardin sur le derri^re (1). >^ Josiard. EXTRA IT d'vNE LETTKE ADRESSiE A M. d'aVEZAC, Vice-president de la Commission centrale, PAR SIR ROBERT H. SCHOMBURGK , CONSUL DIS S. M. B, 4 SANTO-DOMINGO. a I aoiit 1854. Le Bulletin de la Socidl^ de gdograpliie de Paris ne parvient guere jusqu'a celte residence , et mon (1) Pendant les niois de seplenihrc et d'octobre, I^Linj^asftki et se« environs sont ties malsains : il y regne a celle epoquc une d(ari-h<^e opiniatre. {Voy. de Tliunbergy t. IF, ii>4''» p. a^.) VIII. OCTOBBE. 3. 16 ( 226 ) alisence d'Kiirope depuis ) pii!)lie('s on 1850, sous les yeoxdrs mcmbres de i'Acadeinio des sciences, qui les ont Iros favorabieinont acciieillis. Les auleurs ont fait roniarquer a rAcademif que la particularity qui distingue, dans lour atlas, les reliofs dos deux groupes caract6ristiques des Alpes de la plupart de ceux qui ont et6 fails jusqu'ioi, c'est que les hauteurs ne sont nulleuiont exagerees. L'dchelle est absolument la in^me pour les dimensions horizontales el verlicales, de sorte que les pontes des cimes et les inclinaisons des montagnes qui encaissent les valines ont pu con- server los memos angles que dans la nature. M. Adolphe Sclilaginlvveit a fait observer en meme temps, quanl atix ejireuves des carles pliolographiques prises sur les reliefs, qu'en faisant lumber la lumi^re sous un angle de AO a 50 degres dn nord-ouest sur les niodeles qui se trouvaicnl dans une position verticale, son frere Hermann etlui ont obtenu. parla voie pbolographiipie, des caries repr^sontant tous les details des reliefs, et ressemblant a des cartes gravt^es sur acier dans la ma- ni^re dite noire et mordante. Apr^s cot expose fort incotnplet desderniers fravaux de MlVl. Adolphe et Hermann Schlaginlvveit , la Society n'apprindra pas sans un vifititerdl que, sur la recom- mandalioii pressanle do noire anrien el iilustre prc^si- denl, M. Ic baron Alexandre dePhjmboldt, CO palriarche des sciences geograpbiques , res deux savanls Alle- mands viennent d'etre charges, conjoinlemenl avec « ( 231 ) leiir troisifeme frere Robert, d'une mission scientifique auxlndes orienlales, et en particiilierdans I'Himalaya. G'est sous les auspices de S. M. le roi de Prusse et de la Compagnie aiiglaise des Indes que ce voyage est en- trepris. Eml)arques au port de Southampton le 20 sep- tembre dernier, a bord du navire n vapeur /«^/m^ , MVI. Sclilaginlweit se rendent d'abord a Bombay par la voie de I'Lgyple. lis iront en liiver a Madras, d'oii ils s'embarqueront a la fin de fevrier pour Calcutta. En et6, ils visiteront IHimalaya oriental et peut-6tre le N<^paul ; ils comptcnt re&ter trois ou qua ire ans dans I'Inde, et, quand on connait le talent et le zele actif donl ces habiles explorateurs ont deja donne tanl de preuves, on ne saurait doutcr que leur voyage ne fut tr6s fructueux pour la g^ologie, la m6t(^orologie et la geographic, car ils partent dans les conditions les plus favorables. Ils sont munis d'un grand nombre d'excellenls instruments qu'ils doivent a la g6nerosit6 de S. M. le roi de Prusse et de la Compagnie anglaise des Indes, qui se chargent des I'rais de leur excursion. Les directeurs de celle puissante Compagnie, qui, dans une multitude d'occasions, s'cst monlree la protectrice eclairee des entreprises scienlifiques, paraissent atta- cher une grande importance aux travaux de MM. Schla- ginlWL'it, et ils onl fait lout ce qui dependait d'eux pour laciliter leurs recherches. Enfin, M. le colonel William Sjkes, tn parliculier, I'un des directeurs de la Conqjagnie, (jui s'inleresse vivement aux progr6s des sciences, principalement quand ils ont I'lude pour oliJL't, a ele on ne pent plus bicnveillaritpbur iMM. Schla- ginlweit, el leur a promis son concours em])resse. Sous tous les rapports , peu de [)ersonnes sont mieux pla- ( 232 ) cees que riionorahie colonel ; our los aider do son apjnii ct f!e so.s conscil>; aiissi (.K \uii.s-iiou5. fdiiiler iiii grand espoir siir le succ6s de cello onlreprise, en voyunt par qui elle sera execiilee al quels en sont les prolec- leurs et ies guides. M. AdoIpheSclila^inlweita bien vouluuie pronieKre, d'aprt'S le desir que je lui ai leuioigne, do saisir toules Ies occasions qui so presenleront pour nie lenir au couratil des printipaux resuilals que ses Ireres el lui pourronl oljlenir. J'aurai soin do communiquer iui- niedialeinenl a la Sociele tous Ies docunienls qui lue parviendront, afin qu'elle puisse Ies porter a la con- naissance des Ictteurs de son journal. ffioiJ'";' ■ ■- ■■ ■ laimabs'idffio 9'i U L ( 233 ) .HI 'i9bu^'®"^«"«« SeospapUifUBes.,, i,,,^^, 3(ie;^oy fl& ,98hq9'j|a9 oJloo^b-g^oDua 9I 'io2 'iiofjeD bne-ig -DsJoiq aol Jnoa naelojKujjopgJiJotJzs B'i9a alio inp 'ieq DECOUVERTKS AKCl{^.Ol.OGIQUJ!S DU nOYAU«)E DB NAPLEfi. ^Diuiiioiq y(Uij(iJO/ ntua ij Jis/mir^fuuaGTJinftijirA .tlr I'iLes tbuilles archeologiques continuent avec acliVitiS a Canosa {Cnmisiiitn) , dans la Pouille, sous la direction du cavalier Bonucci. On a transporlo an IVluseo Bot- bonico Ijeaiicoup des objets qu'on a trouv^s dans cei> ruines, ainsi que d'autres qu'on vient de deeouvrir'4 Capoue.A laJ'ioq eal aaaioq aila'op nils .laoibasinisq DicOUVEKTES AKCHEOLOGIQUES UANS l,E UiPARTEMENT DE l'eUKE. L'arrondissenienl de Beinay vient d'fitre le theatre d'unegrande decouverte archeologique communlquee par M. Charles Lenormant a TAcademie des inscriptions etbelles-lettros, dans sa seance liu 29 septembre dernier. C'est a environ iOO metres au nord de I'ancien prieure de Saint-Lambert de Malassis, propriele de M. Lenor- mant, que ce savant academicien etM. FiancoisLenor- luant, son his, ont I'ait cette curieuse trouvaille, au bord de la vallee delarulle et au milieu des ruines d'un edifice antique, oil un viiiageois pratiquait des iouillcs afin de s'elever une demeure. Quelques debris remains, medailles, tuiles a rebord, une grosse colonne imbri- quee, sorlirent d'abord de ces ruines en apparence in- signihanlos. Bieniot les fragments d'une statue grande comme nature, en pierri; tendre du pays, et dont ia tele, remarquablemenl cunservee, est celle d'un ( nh ) Hprcule, se monlrferent, avoc rinscription snivante : ((HEUCVLI MERCVPvIO ... ERQVINIIS. V. S. L. M. » Ces debris de colonnc, de statue et d'inscription font voir que redifice fouiile avail ^t6 (ileve auxd^pens d'un monument plus ancien, consistant en une statue d' Hercule-Mercure, ou Hermeracles, posee sur une co- lonne hisloiiee, consacr^e par Sertjuinius. Or, Ser- quinius n'esl point un personiuige elranger au pays, carc'est sur I'cmplacementdesa propriety, explor^e par M. Augusle Le Prevost, que s'est eleve depuis le village de Serquigriy, Quelijues jours apr^s, MM. Lenormant ohserverent des resles d'inscrij)lions, augmenl6s de symboles Chre- tiens; le chrisme calliolieus ou de Chlotarius. Une autre epitaphe sur tuile a lebord, portant la men- tion du regne d'un Cliildebert; d'aulres ^pitaphes oflrant les noms remains de Barbniti, Clemens, Vin- centiuSy Ursus, Leo, Friititentiii.t, de Coltiniba clulcissinia in pace, etc., (lemonlierent qu'un cimeti^re cliretien avail (IQ existcr en eel endroil duranl les premiers temps de la monarchic imnovingienne. Mais ce qui excita surtout Tinlerfil, ce fut I'appari- tion du nom de BAVDVLF 6cril sur une pierre, et de ( 235 ) celui de TEVDVLF, inscrit sur iine tuile a rebord. II devenait des lors evident que ce cimetiere avail r^uni des chieliens d'oiigine IVanqiie aussi bien que de race romaine. Le lendemain, parmi des inscriptions por- tant d'aulres noms latins, se liouv^rent trois inscrip- tions en caracleres runiques. La plus imporlante se lit ainsi : Ingondr sen Hagen in FrUle Konowtg Chloii- dootdg Consoul, ce que M. Lenormant traduit par : « Ingomir, fils de Ha2;on, en paix, regnant Clilodowig consul. » Or, Clovis I" ayant ^te le seul des urinces merovingiens qui recut de Constanlinople les insignes du consulat, celte inscription a ele t^critc entre I'an 508 et Fan 511. Les aulres inscriptions portent les noms de HERMAN, de SIGOBERT, de CREM (sans doule le commencement du nom de Cremhilde) , et de SIGEFRID. M. Lenormant tomba sur une ^pitnphe |)ortant : SVRFAMVDE. Or, la formule/rt/WM.y Dei indique invariablement , sur les monuments des premiers Chretiens, une personne vouee a la vie religieuse ; et precisement on lionore encore dans le pays un pieux solitaire du nom de saint Suron, donl le culle est tout a fiiit local. Une autre inscription a present^, en ca- racleres runiques, ces mots CrontcJiild in, dans laquelle on reconnall la forme franque du nom de Clolilde. Le nombie de loules les inscriptions trouv^es en cet endroit s'eleve a plus de 60; nous en signalerons encore deuxd'ou il parail rcsuller que ce lieu fut visile en I'an 3() du regne de Cbildebert, I'an bh~ de notie ere, par saint Germain, e\equc de Paris et mintstre de ce roi, dont un supcibe monogramme a aussi ele decouveit. Les noms de Clodoald et de Nanlechild font presumer ( '^36 que saiiil Cloud I'ut an iiomhre des visileurs de cet cndroil , oii M. Lenoiiuaiil a dc'couvorl los restcs d'lin baplislere qui a scrvi sansdoule j quclque ev&cfiiB des piemiers temps pour bapliser par immersion les' Francs et les Remains du voisinage, ■ .Tu^bii ' Ennn, I'inscrlption suivante: « VIRIODV SYRUS ET EX VICO GIS A\LERCO IN PA, » oii il est question du village de Gisaciini AulenoiiiDi , deja nienlionne dans la Vie de saint Taurin et dans les inscriptions du Vieil-Evreux, est fori curieuse pour I'histoire de la ville d'Evreux elle-meme. CULTURE DU RIZ DANS LA GIRONDK. Dans I'exposition des produitsde I'industrie, ouverle a Bordeaux le 15 juillet 185/i par les soins de la So- ciele philomalhique, on a remarque de beaux eclian- tillons dc riz cultive pres de La Teste. L'introduclion du I'iz dans lagricullure de la Gironde parait elre, aujpurd'bui, un fait definilivement acquis. ib'i. T^L^GRAPHE ELECTRIQTJE ENTRK LA SPEZZIA ET l'aFRIQUE. M. Albert do la Marmora vient de communiquiM' a la Socielo de geographic de nouveaux rensingnemcnts sur la ligne lelegraphique qui doit unir I'Europc a TAlrique et probablemenl a ITnde. Deja le cable est pose enlre laSpczzia et le cap Corse; apres avoir traverse la Corse, les Bouchos de Bonifacio ct la Sardaigue, la ligne, parlant du cap Sparlivento, exlrcWnile sud de la Sar- daigne. se portera sur I'ileGalita, ct de la sur I'ile ( :^.37 ) Tabarca^qiii loucho a la Cole d'AtVlque; deux branches parliront de co^Qivlt : I'lme vers La Calle pour des- seivir i'Algerie, I'autre vers le cap Bom, pour gagner Malle el le Levant, Urie vallee de 1 000 mfetres de pi*)*i> fondeur, qui separe le cap Sparlivento de la Galita'JI oiTrira quelque difficidl^ pour la pose du cable dans celte parlie de la Mediterranee ; mais on ne doutc pas du,succ6s.., v\vnoi\..u\\v M^iLci^ ab Ggsiirf ut ' '' - ■'"' 'roe ab 9iY Blansb AFRIQUE. - -"Siya-Ifsf? NOUVELLES DE L EXPEDITION DE L AFRIQUE CENTRALE (Ij. Extrnitps dune communication de M. Aufjnslus Petermann, datce de Gotlia, 3 octobre 1 854- II r^sullo d'une letlre du consul g(^n6ral anglais colonel Herman, a Tripoli, que le docteur Barth etait encore lo 2A mars a Tombouclou. Dans sa derni^re letlre du i/i d^cembre, il exprlmait I'esperance de partir dans le courant du mois pour Test; il faut done supposer que des obstacles insurmonlables I'auront emp^chc de realiser son projet. Un sejour de sepl moii'^ a Tombouclou aura ete une rude epreuve pour le hardi voyageur. A la dale du 25 aoiit, on ne savait rien de nouveau a Tripoli sur le docteur Vogel , mais cliaque jour on en alteiidait dos communications importantes. D'aprfes sa derniere letlre datee de Kouka, 20 fevrier 1854, il avail projele dlvcrses excursions aulour de ce point. « Dans qualre jours, ecrivait-il, je pars pour le fleuve Scbary ; je serai absent quatorze jours; je comple re- (l) J'.d *r'^lrte(^u^«»'E?sqri?lnai!«'!t '^ la recherche tlo^'n'su-ji •in«Win%''|Vi^^'ily !a ' i''i\e'>ir)Vi>vtrT]o Ring Wil- liaml's Fi^rifl ;f(in'c |jrar)d^'~'ile. II voyagcait iau itod'feer^'lt^'gl.ioft' (^ h'a'frthit tin batif^au. Personne dans ce '«li(ila<;Uottt^irt''tTft''patl«lt'1rt i^Hgu'>Plus tard, mais avant la debacle des glaces, les corps de 30 intlisidus furent decouverls sur le conlinent et 5 dans une lie voisine, a une longue journt^e au ribi'd- ouest d'oTie large rivicire qui n'est autre sans doute que le Back's river (nomine par les Esquimaux Oot-koh- ca-!ik); la description qu'ils en font etcelle qu'ils don- rient du voisinage de Point Ogle et de I'ile de Montreal s'accordent exacleraent avec la' description de sir George Back. Quelques cori)S auraienl etc enterres iprobablement ceux des premieres victimes de la famine;. Quelques- uns otaient sous une tente ou des tenles, d'aulres etaient sous le baleau qui avail eld renverse pour for- mer nn abri ; plusieurs etaient dpars dans diverses directions. Parmi ccux qui furent trouves dans I'ilc.il y en avail un que Ton suppose avoir 6t6 celui d'un officier. II avail son telescope suspendu a I't^paulc el son fusil ;i deux roups 6tail coucb^ aupres de lui. ( n\ ) D'aprt's I'etat de mutilation de la plupart dos corps et ce qui se Irouvait dans les cliandieres, il est Evident que nos malheureux couijiatriotes avaient ete reduits A la derniere exlr^mit^, lo cannlbalisme, pour prolonger leur existence. II paraissait y avoir eu grando abon- dance de munitions. La poudre avait ^le videe en las sur le sol par les indigenes, et au-dessous du niveau de I'eau on a trouve beaucoup de balles qui ctaient reslees probablement sur la glace. II devait y avoir aussi beaucoup de raailes, boussoles, telescopes, fusils a deux coups. Tous semblent avoir 6ti^ brisks. J'ai vu des fragments de ces divers articles enlre les mains dcs Esquimaux , avec des fourchettcs et des cuillors d'ar- gcnt. J'en ai rachete autant que j'ai pu. Ci-jointe la lisle des articles les plus impoi tants avec les chiffres et initiales sur I'argenterie. Les articles eux-m6mes seront remis au secretaire de I'honorable compagnie de la Baie d'lludson , a mon arrivee a Londres. Aucun des Esquimaux avec qui j'ai converse n'avait vu les blancs. lis n'avaient meme pas 6le aux endroils ou les corps avaient et6 trouvds; ils tenaient leurs renseignements de ceux qui avaient et6 sur les lieux el qui avaient vu le d6lachement en voyage. Se ne m'excuse pas de la liberie que je prends de vou» t^crire; je le fais dans la pensee que Vos Seigneuries doivent etre desireuses d'etre mises aussitot que pos- sible en possession de tous renseignements, quelque incomplets qu'ils puissent etre, sur ce sujet penible ' ment int^ressanl. J'ajoute que, grace a nos fusils et u nos filets, nous' avons ele largement approvisionnes rauloaine der- nier. Mon petit detachement a pass6 Thiver assez con" viii. OCTOBHE. /|, 16 ( 2A2 ) lorlablemenl dans des niaisons de neige ; Ics peaux des daims que nous avons tuis nous c^nt sorvi de veleinonts el de literie bion cLaiids. Moo soyage du printeuips a uaiique, par suile d'uue accumulaliun d'obslacles que ma piecedente experience des regions arctiques ne lu'avait pas ccpendaol fait prevoir. J'ai I'honneur, etc. Signo John Rae, Comniaiidaiil de rexjjcdilion de VArctic, de la coni|jagiiie de la Bale d'Hudson. (EMiait (111 journal du comuiandaDt John Rae.) Dans la matinee du 20, nous avons rencontre un Esquimau tr^s intelligent avec un traincau allele de chieus, portant de la chair de muse. Get hommc a consenli a nous accompagnor pendant deux jours; il a depos6 sa charge sur la neige et il s'est joint a nous. II nous a aid^s a arranger les traineaux, et nous avons voyage avec plus de iacilite. Nous avons ^te rejoints ensuile par un autre indigene qui 6lait ;i la chasse depuis la veille ; apres avoir visile notre maison de neige , cet homme uvait suivi nos traces. II ^tait tres comniunicalif. Sur la question ordinaire que nous lui avions laite, a savolr s'il avail vu deshommes blancs, ou des vaisseaux ou bateaux, il a r^pondu que non; mais il a dit qu'un detachemenl de kabloonans (hommes blancs) etail mort de laim a une grande dis- tance, a I'ouest, au tiela d'un grand fleuve. II a de- clare ne pas savoir posilivcment I'endroil, n'y ay ant jamais et6, el il a ajoule ne pouvoir pas nous accom- pagner aussi loin. Voici les reuheignemenls qu'il nousa donnes :"parmi les AO hommes dont se composait le deiachement de blancs, il y avail un oliiciei grand, vigoureux el d'un ( 243 ) Age moyen. Tous les liommes, a I'exception de I'ofli- cier, etaient amaigiis. lis liraieiit leurs traineaux avec des cordes. Quelques-uns de ces malheia'eux doivent avoir survecu jusqu'a I'arriv^e des oies sauvages (c'est- a-dire jusqu'a la fin de mai ) , car on enlendit des coups de fusil el Ton a tvouve des os frais et des plumes d'oie prfes du lieu qui tut le theatre de ces tristes 6ve- neuients. J'ai aciiete, entre autres articles, une deco- ration du Merite, sous la forme d'une etoile, et une petite piece d'argenterie portant graves ces mots : Sir John Franklin. D'apres ce que j'ai appris^ il n'y a pas lieu de sus- pecter qu'aucune violence ait 616 faite par les indi- genes a ces maliieureux. Voici la liste des articles achetes aux Esquimaux, et que Ton dit avoir et6 trouves a I'endroit ou 6laient les corps des individus morts de faim : Une i'omchette d'argent portant une tete d'animal, avec des ailes 6tendues; 3 fourchetles d'argent, avec les initiates F. R. M. C. (capitaine Crojier de la Terror], et portant un oiseau avec les ailes 6lendues; une cuil- ler et une fourclielle d'argent, portant un oiseau avec un ranieau de laurier au bee : devise : Spero meliora; une cuiller d'argent, une cuiller a ihe, une fourchette de dessert , une tete de poisson , redress6e avec des branches de laurier de chaque cote; une fourchette d'argent avec les initiates H. D. S. G. (Harry D. S. Good- sir, aide-cliirurgien de V Erebus), une fourchette d'argent avec les initiates A. M. D. (Alexandre Mac Donald, aide- cliirurgien de la Terror), une fourchette d'argent avec les initiates J. A. M. (Jillies-a-Malbean, commandant en se- cond deta Terror); une fourclielle d'argenl avec les ini- ( Wi ) tialesJ. T.; uno cuillcr d'argeiU do tlf-sserl, avec les ini- tiales J. S. P. (John. S. Pecldic, chirurgicn de VKrcbus^', unepii'ce d'argenterie ronde, avec ces mots graves : Sir John Franklin. K. C. B.; one ^toile ou decoration, avec ces mots : JSec aspera terrent. G. R. III. MDCCCXV. II V a encore un certain nombre d'articles sans marque de nature a les faire reconnaltre, mais qui , avec ceux ci-dessus. seront remis an secretaire de I'ho- norablo compagnie de la Baie d'Hiulson. Repulse-Bay, juiilet 185/i. John Rae. EXPI^DITION DU PHOENIX. L'Amiraute anglaise a recudesnouvellesdu capitaine Inglefield, du bateau a vapeur de S. M. le Phcenix, en date, a la pointe des Quatre-lles, du 9 juiilet. Apr6s avoir visile Skandsen et Ridenbenk, le capi- taine a voulu voir une foret pelrifieo donl parlenl les Esquimaux, a 1 08A pieds au-dessus du niveau de la mer; il a trouv^, en cfTet, un grand nouibre de debris darbres petrifies ; quolquos-uns des arbres se sunt couverlis en une sorle de charbon. II y a plusieurs essences dc bois. Le capitaine a envoy e a l'Amiraul6 des tpeciniens des petrilicalions el du charbon Irouves en cet endroit, peu oloigne de Ridenbenk-Ruilrud. A bord , on a fait usage du charbon qui avail 6te irouve; il est excellenl ct il vaudrait 36 sh. la tonne. Des brouillards ct des vents du sud ont enipech»i le Pluenijc d'approcher de I'ile des Lievres. L'iutenlion du capitaine olait dc counnuniqtier avec Prooen et L)pcrna\ik, afin de liiclier d'avoir des chiens et un con- ducleur csquiinau. [Morniii^-Heiald.) ( 245 ) ETUDES HYDROGRAPHIQUES UANS L\ GUYANE. Par une leltre de M. lo capitaine de vaisseau Bon- nard , dalee clu 1*2 juin dernier et adressee a M. le mi- nishe de la marine, on remarque que les etudes hydrographiques dans la Guyane IVangaise se pour- suivent activement : la carle de la riviere de la Comte est teruiinee jusqu'a la niontagne Cacao; les cartes des rivieres Approuague et Oyapok jusqu'au saut, sont aussi terminees. OGEANIE. ANNEXION DES ILES SANDWICH ADX iXATS-UNIS. On assure que les lies de Sandwich viennent d'etre annex^es aux Etats-Unis, par un Iraite que le gouver- nenient de cet archipel aurait conclu avec celui de rUnion. NOUVELLES DIVERSES. Le capitaine sir Edward Belcher, commandant une expedition dans 1 'ocean Arctique, a adresse a I'Amiraute anglaise un rapport dans lequel il accorde les plus grands dloges a M. femile de Bray, officier frangais qui a pris part a celte expedition sur le vais- seau anglais the Resolute. Son Exc. lord Cowley a ete charge par le gouvernemenl de S. M. B. dc transmetlre copie de ce rapport a S. Exc. le ministre des alfaires etrangeres. En voici la traduction : Apres avoir appel6 sur les noms de plusieurs olliciers appaitenant a la marine de S. M. I'altention des lords commissaires de rAmiraute, je suis infiniincnt heureux d'avoir les plus grands elogcs a donner a la conduite de M. Emile de Bray, place sous le couimandcment ( 240 ) plus immc^cliat de mon brave roop^raleiir, le capitaine Heurv KpIIpII, du vaissoau de S. M. Resolute, Justico a d«'>ja 6t6 rendue, par une lettre du capitaine Kellett, a cclte condiiito qui fait tant d'honneur au corps dont M. deBray est un nol)le rpprc^sentanl. Coinme Bollot, de si regrctlalilc m^moire , M. de Bray s'est acquis les plus oordiales sympathies de tous ceux qui ont eu le plaisir de le connallre. Je me plais h esp^rer que les sentiments qu'ils nous a inspires seront portos a la connaissance de son gou- vernemcnt, et que son merite recevra la recompense dont il est si digne. Dans la stance du 7 septemhre, la Soci^te g^ogra- phique de Berlin a entendu la lecture du m^moire de M. dc Kioeden sur les expeditions guerriferes des Al- lemands au Venezuela pendant la premiere moitie du seizieme si^cle. Lors de son mariage avec Isabelle de Portugal, Charles-Quint avail vendu le Venezuela au riche marchand Welser, a Augshourg , qui envoya successivemenl |)lusieurs expeditions dans ce pays pour decouvrir et conquerir i'eldorado esper^. Ces expeditions guerriferes furent commandees par des chefs miiitaires, cciTime Alfinger, George de Spire et Philippe i\i' Hultej) , qui ont accompli des exploits mer- veilleux , taches malheureusement par des cruauies revoltantes M. Babinel vient de laire, a I'Academie des sciences, une description des couranls dans les trois grands oc6ans du globe; il a expose leurs effets sur les cliinats des diverses contrecs, et a presente imc theorie neuve et interessante de ce phenomene. ( 247 ) VOYAGK DE M. BRUN-ROLLET SUR LE NIL BLANC. M. Brun-Rollet, d'origine sarde, qui voyage sur le Nil Blaiic depuis dix annees pour dcs operations cotn- merciales, a su mettre a profit toiites les occasions favorables pour faire des observations sur le pays, le climat, les habitants et sur la geographie. II vient d'arriver a Paris avec un memoire etendu et une carte qu'ii a mise sous lesyeuxde la Societe; on y reinarque, pour la premiere fois, un grand cours d'eau presque parallele au Balir-el-Abiad (a 60 ou 80 lieues de dis- tance a I'ouest, enlre les 9* et iO* degres nord, et qui se jette dans le Bahr-Keilak, riviere appel^e aussi Mis- selad par M. d'Arnaud). L'existence en est affirm^e par les indigenes avec lesquels ce voyageur s'est mis en relation ; on n'en connait pas la source, mais clle est fort reculee dans le sud, d'apr^s tous les rapports ; ses rives sont tr^s peupl^es; les habitants sont d'hu- meur paisible. Toule celte contree, qui paralt deslinee a fournir un nouvel aliment aux relations commer- ciales, ouvre en meme tejnps un champ entiereraent nouveau et d'une immense etendue aux d^couvertes geographiques. M. Brun-Rollet sc propose de la par- courir au raoins dans sa partie la plus orientals, c'est- a-dire qu'apres avoir remonte, en l)arque, le Bahr- Keilak, il reinontcrait la branclie dont je viensde parler jusqu'a ce que la riviere cesse d'etre navigable; accli- mate comme il Test, habitue par une longue expe- rience aux difficultes que presentent les hommes et les lieux, il peut esp^rer de reussir dans cette nouvelle excursion. Jomard. ( 248 ) :9^Iiiiilnr •: i (■, _ _l . .'i'MirxtnAVrS 1)KS l»UCKJliS-VERBAUX DES SKAiNOt^S, ■Jivji'j. -Y'L) Ji rj'j yTja**! sJ^IoqqiH -M -luoq h'j.p 2Sp^^f^^-,/„ 20 oc7oi/-e 1854. -3^"«H 91! ii ,j'ii ■ noaic 2d'j piii5siDi;>ci; uii m. jomaru. Lo proces-verbal de la dcniiferc s6an(i6' "dfet lu cl aJoj)le. II est donne lecture de la correspondanco : M. Joseph Henry, secretaire de I'lnslitul smilhso- luen a Waslilnglon, ecrit, an nom de ccllnslitut, pour accuser roceplion de plusicurs volumes du Bulletin et des Mc'i/ioires de la Societe, cl la remercier de cct envoi; il adresse en meuic loiiips un ji^rand nomhrc d'oLivragc'S qui provienncnt soil des publications de I'lnslitul suiitlisonicn nieme , soil de divers auteurs qui emploienl rinleruiediairc de I'lnslitut pour offrir ieui^' ti-iavaux a lu Societe. (Voy. la lisle dcsduvrages olTcrls.) Le secretaire de la Societe philosophique americaine de Philaileljihie remercie la SociiJle de I'envoi du tome V de la 4° serie du Bulletin. M. Hecquard, consul de France a Scutari (Alhaiiie), accuse reception des instructions que la Societe lui a onvoyees, el il annonce qu'il I'era tous scs eflbrls pour arriver a r^soudrc les questions qui lui onl <^t6 soumises. M. E. de Blosseville ecril a la Socidte pour lui ofl'rir one notice sur la vie et les travaux de M. Jules de Blos- seville, son frtjvc. (Voir page 227.) ( 2/49 ) M. Blondel, tlirecleur dii d(!!p6l de la guerre, adresse un exeraplalre de la Xl" livraison de la carte de France au 80000' ^^ ^^^ exemplaire d'une brochure inlitul»5e: Nutice^sui* la grande carte topographique de la France, dite Carte de V Rtat- major, M. Hippoljle Ferry ecrit d'Yssengeaux que, retenu dans la Haule-Loire, par les observations qu'il pour- suit sur la declinaison de I'aiguiile aimantee, il ne pourra, de (juelques mois encore, assister aux seances de la Commission centrale. M. Coclielet s'excuse de ne pouvoir assister ,a la ' -Jcjo;;^ seance. ,, M. de Saint-Cricq accuse reception des instructions que ia Socijite lui a adressees, et annonce qu'il s'ap- pliquera a combler les lacunes signal^es dans ces in- structions; qu'avant raeme de retourner en Amerique, il serait en mesure de resoudre une grande partie des questions, par la publication des notes et des obser- vations de son dernier voyage; qu'en ce moment il metau net le volumineux album qui doit accompagner son ouvrage ct donner une idee des villes, villages ^ habitants, scenes d'interieur et paysages comprls cntre I'occan Pacifique et I'ocean Atlantique, depuis le port d'Islay (P«irou) jusqu'au port de Sainte-Marie-de-Para (Br6sil). M. Alexis Perrey, prot'esseur a la faculte des sciences de Dijon, accuse reception du numero du Bulletin ou est inser^e sa circulaire relative aux tremblements de terre ; il demande I'aulorisation de laire faire un tirage a pari de celte circulaire : la Socit^le accede a cette demande. M. le major Cunningham, du cprpsjile^ ingenieurs ( 250 ) (Ui Bengalo, rernercie la Soci^t^ de la mention hono- rable qii'elle a faile cle ses voyages clans rHinialava ; il offre le volume intitule Rapport stir le Ladak, oCi sont consignees lef^ rt^snltats do ses voyages. M. Albcrl- Mont^mont est pri^ de rendre comple de cet ouvrage. M. de Barliosa-Canaes, biblioMi^caire g^n^ral de la grandc Biblioth^finc deLisbonne, accuse reception des numeros dn Bulletin que la Socif^lci a adross(^s a cette bibliolh^que ; il demande qu'elle veuiile bien lui cn- voyer, en outre, le recueil de sfes Memoires, en ecbange d'ouvrages que la Bibliolli^que est prSte -a lui offrir snr la designation de ceux qui lui conviendraient le plus. La Society aoceple cet ^cliange. Le secretaire de la Soci^l^ royale asiatique de Lon- dres adresse des remerriements pour I'envoi du tome V de la A" s^rie du Bulletin. M. d'Avezac communique une leltre de M. Schom- burgk, par laquelle ce voyageur decrit plusieurs des travaux r^cents auxquels il s'est Iivr6 a Saint- Doinin2;o: renvoi a la Commission du Bulletin. M. Jomard offre plusieurs ouvrages a la Soci^te au nom (le diff^renls auteurs: \° de la part de M. Augustus Petermann, une carle ailemande de la France, par M. Stiilpnagel , reniarquable par la beautd de I'exe- cution ; 2" De la part de M. BaruHi, un voyage intitule : Da Torino a S. Pietroborgo e Mosca; 30 De la part de iVl. Benedict, citoyen des litats-Lnis, le Bulletin de la Soci^t^ rle geographic et de statistique de New- York. M. de la Koquetle ollVe, de la part de MM. Adolphe el Hermann Schlagintweil : 1° des observations sur la ( 251 ) hauteur du mont Rose ; 2° des 6preuves de cartes photographiqiies, d'apr^s les reliefs du mont Rose et de la Ziigspitze ; 3" le supplement aux Recherehes geo~ logiques. II depose sur le bureau, de la part de M. le professeur Paul Chaix, la suite de la Bibliotheque universelle de Geneve. II offre ensuite un portrait du lieutenant Bellot, et rappelle que M. Perrotin a eu la bienveillance d'autoriser la Soci^tds a faire le tirage des exeniplaires de ce portrait insures dans le Bulletin de juillet 1854. Des remeiciements seront adress^s a M. Perrotin. Le secretaire general donne lecture de la liste des autres ouvrages offerts en grand nombre dans cette seance. (Voy. la liste p. 255.) M. de Rosny ajoute a ces dons, de la part de Mgr. Pallegoix, le Dlctionnaire de la langue thai ou siamoise; un rapport sera fait sur cet ouvrage. M. le president annonce la mort de M, Michelot , membre adjoint de la Commission centrale; cette perte, qui est vivement sentie par I'assemblee, laisse une place vacante dans la liste des membres adjoints, et, a la prochaine seance, on proc^dera a la nomina- tion dun membre pour la reniplir. M. Jomard ajoute que M.Forloul, ministre de I'inslruction publique et pre- sident de la Soci6t6, est dispose a pr^sider la deuxiome assembl^e gen^rale annuelle, qui se tiendra prochai- nement. M. Brun (Brun-Rollet), voyageur sarde, de retour de ses voyages dans le bassin du Nil Blanc, est pr6- sente par M. Jomard ; il expose de vive voix quelques- uns des principaux r^sultats de ses explorations : il a remonte le Nil Blanc jusque vers le 3* degr6 de la- ( -Ib'l ) tilude iiora; d'est la 'qii'il avail ins!al!e,'dans uno iiiai- son construite par ses soins, Ic missionnaire Artgclo Vinco, mort I'anii^c demiore ; il parlc do ses rapports avcc les Barry, les Berry, les Dinka, el autres peuples voisins du fleuvo Blanc; il expliquo comment le Sau- hal, aflluent de droite de cc fleuve , a 6l(^ jn'is a lort pour la branche principale du Nil; iine des plus im- portaules decouvertes qu'il pent offrir a la geographic, est celle d'un grand affluent du Bahr-Keilak (Mis- selad)? qui parailvenir d'une grande distance au sud; du reste, M. Brun a expose ses travaux geographiques sur le bassin du Nil Blanc dans un memoire qu'il se propose de faire imprimer ])rochainemcnt a son retour d'Angleterre, otdont la Socieli; pourra prendre communicalion ; il met cnsuite sous les yeux de I'as- semblee une carte qu'il va faire graver, et il offre a la Sociele d'en faire, pour le Bulletin, une reduction qui comprendra les notions nouvellement ocquises. La Societd accepte avec reconnaissance I'offre de M. Brun. '^-'iBont present^s par MM. Jomard et Cortambert, pour ^Ire admis dans la Sociele, trois candidals : M. Brun (Brun-Rollel), voyageur sarde en Alriquc ; M. de Tou* reil , chancelier du consulat general de Caracas , et M. Ed. Renard , ancien deldgue du commerce en Chine; on volera sur leur admission a la prochaine stance. M. Albert-Monlemonl fait une analyse de la des- cription du royaume de Siam ou Tliai, par Mgr. Palle- goix. Apr^s quelques observations j)resenl6es par M. le capitaine G. Lafond, on decide que celte analyse sera inscribe au Bulletin. M. de la Roquette donne des explications sur les cartes ( 253 ) et les notices adressocs a la Societe par MM. Sclila- ginlweit el,,?^;[-,pl.e4r .prochain voyage clans I'lnde. M.^Jomard rappelle, an sujet des cartes phologra:*^ pliiques de ces deux auteurs, la carte execut^e par MM. Bisson, d'apres le relief dc la France de M. Kuuimer.;^ g , 9709fi 93 sb slioib eb msuM^ M. Demersay communique des nouvelles g^ograTj phiques sur le Brc^sil, d'apres deux lettres de M. le docteur Sigaud; il donne particulieremejjjt.^ks details sur la nouvelle province du Parana. ^ M.lecapilaineG.Lafond annonce quele brigadier g^- n^ral D" Francisco Lopez, fils du president du Paraguay et niinislre plenipolenliaire de cette republique, est a Paris, et que, sur le point de repartir pour I'Am^rique, il emporlerait avec plaisir les instructions de la Socitile pour eclaircir les points douteux de la geographic du Paraguay. . ,^.^^^ M. Corlambert explique les efforls qu'il a deju fails pour avancerla goograpliie tluParaguay, en consultant le general Lopez, el il annonce qu'il a redig^, avec les materiaux que lui a fournis ce general, une carte qu'il ne laniera pas a publier. II s'enlendra avec M. DemejTA say, designe par la Comniissioa cenlrale, et avec la section de correspondance sur les inslruclions qui pourronl elre remises a M. le general Lopez. M. G. Lafond demande, au nom de la redaction de la Gazette de Costa-Rica, que la Societe veuille bien echanger son Bulletin centre cette Gazette, qui renferme dts details slalisliques etgeographiques; cette demande est appuyee et renvoyee a la section de complabilite. M. Jomard annonce qu'on vienl de cc^lebrer a Berlin le 85'' anniversaire i\o la naissance du baron de Hum- ( -^54 ) boldt, president honoraire de la Soci^l^ ; il ajoute que, malgre son grand age, lillustre savant travaille toujours sans relache, ct jamais il ne se couclie avant trois boures du matin. M. Jomard communique ensuite des nouvelles ar- riv(5esr6cemment de I'expeditionde I'AlVique cenlrale, et qu'il a revues de M. Pelermann. Elles contiennent particulioremenl les derniers projels d'exploralion du docteur Vogel et des nouvelles du docleur Barth. ( 255 ) OUVRAGES OFFERTS DANS LA SEANCE DU 20 OCTOBRE 1854. EUROPE. O U V R A G K S. Titres des ouvrages. Donateurs. Da Torino a S. Pietroborgo e Mosca passeggiata straoidinaria tli G.-F. Barufti. i vol. in-8°. Torino, i854. M. Baruffi. Notice sur la grande carte topographique de la Fiance, dite Carte de I'Etat-major^ par M. le directeur du Depot de la guerre Blondel, colonel a u corps imperial d'fitat-major. i vol. in-8°. Paris, i853. M. le MlNISTRE DE LA GDERRE. Sulle carte geometriche dei comuni da servire di base alia statistica generale, alia costruzione della carta amministrativa ed ai detini- tivo catasto de reali Domini! contineutaii del regno dalle Due ' Sicilie. In-8°. Napoli, i854- Le chev. B. Marzolla. Observations sur la hauteur du niont Rose et des points principaux de ses environs, par Adolphe et Hermann Sthlagintweit. Turin, 1 853, br. in-8° MM. A. et H, Schlagintweit. Nachtrag zu den geologischen Untersuchungen im zweiten Theile. — Cap. XVT. Beobachtungen iiber die geologischen Verhiiltnisse der Bayerischen Alpen, in den Unigebungen der Zugspitze und des Wettersteines ; von Adolph Schlagintweit. Broch. in-40, M. A. SCBLAGiaXWEIT. CARTES ET ATLAS. Carte de France au 80000'. 17' livraison. i854. M. le MlNISTRE DE LA GUERRE. Fiankreich bearbeiiet von Friedrich v. Stiilpnagel konigl. Preuss. Haupuiiann a D. gestochen v. C. Poppey. Gotha. Just. Perthes, 1854. I feuille. M.J. Perthes. Atlas zu den neuen Untersuchungen ueber die physic'alische Geogra- phie und die Geologie der Alpen; vou Adolph uiid Hermann Schlagintweit. i" livr. Leipzig, i854- MM. A. et H. bcuLAOiMXWKiT. ( -^-^6 ) Titres des cartes. Donateurs. Kpreuvcs liic, ir.ipies Ics reliefs du moul Rose et ile la Zugspiize, par A. et H. Schlaoinnvcit. Hnicli. iii-4". Leipzig;, l85.{. MM. A. et II. SCHLACISTWEIT. ASIE. Lailak, piiysiial, stntis(ica), mid hislorical ; with Notices oF tlie siir- rDimdiiif^ i:()untries. I vol. in-8". London, iSS^- Le major Alex. CrsNtxoHAM. AMF.RIQUE. Report of the debates in the convention of California, ljy J. Ross IVowne. Washington, i85o. i vol. in-8°. Instit. smithsoniek. Report on tho trade and commerce of the Rriii^h North American colonies and upon the trade of the Great Lakes and rivers, liy L.-\V. Andrews, 2 vol. in-8". Washington, i853. Id. Abstract of the 7"'. Census of the United-States, i vol. in-8°. Washington, i853. iVI. J.-C. Kennehv. Report of an expedition down the Zuni and Colorado rivers. 1 vol. in-8°. Washinjjion, i853. Le cap. L. Sitgreaves. Report of the Red River of Louisiana in the year i852; by Ran- dolph B. Marcy, captain U. S. A. assisted, by G. B. M'Glellan, U. S. \. I vol. in-8". Washington, i853. Le cap. R.-B. Maiicy. Personal Narrative of explorations and incidents in Texas, New- Mexico, California, Sonora, and Chihuahua. 2 vol. in-8°. New- York, 1854. M. John-Russell Babtlktt. Exploration of the Valley of the Amazon, made under direction of the Navy Department, by \V. Lewis Hcrndon and Lardncr Gibbon, lieut. tJ. S. N. Part i. i vol. in-8°. Washington, i853. M. W. Lewis HEnNDOK. OUVR.\GES GfiiSfeRAUX. Diciionarinm linf^uie Thai , sive Siamensis, intcrprctalione latiiia, gallica et anglica iilustratum, auctore D.-J.-B. Pallegoix, episcopo mallensi, vicario apostolico sinmensi. 1 vol. grand in-4°. Paris, i8'»4 Mgr Pam.fooix. Tilrcs (It's ouvriKjcs. iJoiiuifiiri. <;;ilcoli) fTc'oiilozzini^te'JeHa^-oi.o^SaWi'^t^.an .mv. .le SS. Ml't. T... fre;',i;iio tlell' iiniforme milUSre'Vli' f'|Ufi'3iV)'rdin(:, •fcbnsij^Iiere d'iip- pello. Didipato :\\\a. iiazioiie iivglffSe. *A ^iiestb c'Hlfc^fo *verihoro uiiili (hie rami o sei tavoir numeric lie. i vol. 111-4". Torino, i85.(. !! . Le baroii FuunAri. The aiiiuiil Eclip,se of may 26"', l854i published under the aulority of hon. Junes G. Dohhiii, by the Smithsonian Iiistitntioi^.Brocli. in-8°. Washington, tSS/]. I\sTiT. .ssiithsomen. HIOGI'.APHIE. Notice sur la vie et ies travaux de Jules de Rlcj.ssc ville. i vol. in-S". livreus, 1854. M. E. de Blo.ssevii.i.k. • MfeMOIRES, Rl'CUEILS ET JOUP.NAUX PERIODIQUE.S. Smithsonian contributions to knowledge, Vol. Ill, IV, VI. Wasbin/i;- ton, 1852-1854. 3 vol. in-4°. — Seventh annual Report of ihe Board of Regents of tlie Smithsonian Institulion for the year i852. 1 vol. in-8°. — List of foreign Inslituiions in < orresjjondcnce vvilh the Smithsonian Institution. Broch. in-8". 1854. Is.st. smitiisomen. Transactions of the Piiilosopliiial .Tinerican Soeiely of Pliiiadelphia. Vol. y, now series, part III. In-4". Philadelphia, i853. Soc. Piiii,. okPuiladelpiiii:. Transacpons of the american Ethnological Society of New'-Yoik. yol. Ill, pan I. 1 vol. in-8". New-York, i853. .,. ,.,. SOC. ETHNOL, UE NEVV-YoflK. Proceedings of tlie anieiiean Academy of arts and sciences. Vol. III. I cahier. Acad. ameb. des arts et sciences. Rostov) Journal of natur;d history, containing papers and comniu- nicalions, read before the Boston Society of natural history. Vol. VI, N" 3. In-8°. Boston, i853. — Proceedings of the Boston Society of natural history. Feuilles i5 a 24. In- 8°. SoC. d'uIST. NAT. DE BoSTON, Bulletin of the American geographical and statistical Society. Vol. I. ]S° 2. New-York, j853. Soc. geogr. et stat! de New-Yohk. The Journal of the Royal nsiatic Society of Great Britain et Ireland. Vol. XVI. Part. I. I vol. in-8°. 1854- Soc. nov. a.siatique. The Bepoil of the British Association for the advanceiiient of science, Mil. or.TORRF.. 5. 17 ( 258 ) 2'tliei ihi ouoitiijes. Doiialetti\. licl(i at Hull i8J3. I vol. iii-b". LundoD, 1 854- -Ass. BniT. I'Oi'ii i.'avanc. de> 4<:. PiocceJings of die Royal Society. Vol. VI!. IS"' 5 et 6. SoC. nOY. DE LONDIES. Address at tlie anniversary mfi'liiig of tiic Royal geograijliical Society of LoiuIdi), aa mni i854- In-S". Soc. hot. ciocn. ue Lonurk^. Literary and (.•(Uuational Register, for i854. i vol. in-ia. C.-l!. Nonroa. Tableaux dc popiil.ilion, de cultiiie et de navijjntioii pour i'annee i85i. I vol. in-8". I'.iris, iSo.j. — Revue coloiiiale, aoiit, septeinbie etoclolne i854- Misisr. uk i..* M.\Ri>E. Annates du coainierce exteiieur. N" ^65 a 775. MiMSi'. UK i.'.ion. Er ui: comm. Arclii\es di-s nii<;ions siie of rtie desciibed rojeoplpia Ol llir riiifd-Siaie', by !".-E. M< l-lin ( 259 ) I'ities lies oiiviuyes. Doiitileuii. iiitr, revised by S. S. Halcleniau and J.-L. Le Gonte. Iii-8*. Wasliington, i 853. Inst, smithsonibn. A Descriptive catalogue of the hislorital manuscripts in llie aiabii- and persian languages, preserved in the library of the royal asiatic SoLJely. I vol. in-B". London, 1 854. S'^'^- ''■^'^- asutiqdk. Catalogue of charts, plans, views, and sailing directions, etc., pu- blislic'd by order of the lords commissioners of the Ailmiralty. I vol. in-S". London, 1802. Le cap. \V.4shincto>. Gowans' Catalogue of american Books. I'logramnies des pri.'v proposes par la Soeiete d'enconragemeiit poui I'iiiduslrie nationaie ponr etre decernes dans les nnnees 1 855, I 856, i860 at I 865. BIBLIOGRAPHIC GEOGRAPHIQUE. (Voyez aussi les ouviages olferts a la Soeiete.) ELROHE. A niililary Tour in European Turkey, Crimea, etc., by major geufsral A.-F. iNIacintosh. 2 vol. in-8". Londres, l854. Publication de I'histoire de Charleville, par Jean Hubert. IMan pano- ramique de la ville de Charleville. Lithogr. par Fineteau. Paris, 1854. Carte hydrographique et administrative du dfipartoment du Rhone, dressee par IM. Rembielinsky. Paris, 1854. Uie Sladt B.ssel, hislorisch-topographisch beschreiben , von W. 'J'. Streuber. In-i6, Bale, i854- Les lies d'Aland, par M.Leou^on-Leduc. In-iG,avec carte. Paris, 1 854- Histoire de la ville de Chalons-sur-Marne et de .ses monuments, ln-4". Chalons sui-Marne, i 8.54. ASIE. Journal of a residence in northern Persia and the adjacent province.* of Turkey, by lieut.-col. Stuart. In-8°. I-ondres, i854. F'unjab Heport, with map, from ofHcial Sunty.s. In-S". Calcutta, 1854- (Jfiiiral lUqioil of the adniinislratioiis of 1'iiii|hIi. for llif yeai- 1,S j(|-l85(), ln:Kl-l8,T! . I.OIldll'.^, l854- ( 560 ) A ritual K (Jl. P(()li'iii:i?iis and llir Nilr. Iiy W. DcnIi. Cciulev. Loiiilre.-, I 853 AMElllQLMv I.e Budget dii Bie'sil, on liciliercliL-s sur les ressources df ci.'i cnipirc d.ins leiiri rap|ioil> .iwo les intcrcU euro|)eens dii cmniiifrce el (le remij;ralioii, |inr .M. Ii' comli; Van der Slraelcii I'oiuliox. 3 vol. in-8", avcc 3 cartes. BrnxeiJes, i854. Voyages dans I'Anu-riciue du sud, par le doctour Krnesi i\c Rihra. Manhiiin, iS.'j^. Ilistoiro do la Giiyane .injjiaise, par Henry G. Dal'.oii. j vol. in-8". Londri'S, i854. GliOGRAPIIlE ANCIENNE KT MIS rOUIQlK. Bohn's classical Library. Geoprapliy of Sirabo. Londns, i85.^. Dictioiinaire de geograpliie grecque el roniaine, par Wdliani Smith. i" vol. Londres, i8."i4. (Dans les numcros d'aout et de septeinbre du Joiiyiutl qeiicral tU: I'instrucliou piibliqiti\ se troiive une suite d'imporlants articles i\r M. Beule sur V/Jchaie, Olympie, et t[uel(|ues autres points de la gt'Ofjrapliii- coinparee du Pdloponnuse.) Piepertorinm iilierdie vom Jalire I Soo his znni .lalire i8/)>i, etc ; vnii D' W. Koncr, custns an der K. Univ. Rihl. zu r>erliii. (Iiibl'ioqni- ph!e (lesmemoire^ el articles aynnt trait a iliisloire et a ses sciences aiixiliaires, el contetius d'^iis ies ecrils pi^riodiqiies ties .-tcnddmies et autres Societes savatilcs, aiitsi que dans les jouruau.x scienlijiques rjui out para de 1 800 « iS.lo, par M. Roller, einplf)ye a la Rililio- llief|uc royale de Berlin.) (La .seconde panic du dftuxiime volume est consacrco a \a (jt^ofjnt- pltie, aux voyages, a Yet/inotjrapliie ot a la stntisdVyue. Get ouvrapc, ([iii vionl d'etre public chez NicoIaV , a Berlin, parait etre d'lnic {jrande utiiitii jiour tons les gcngrapbrs el les historiens. ) I'.RRAT A \)V NUMKi'.O I) AOUT ET SEPTIiMIiKE. Page i84i au lien de : par Malle, lisez: el a Malic. — II par.iil au surplus, d'aprcs bs derniers rcnsfi(;iu'tnents, f|ue ce n'est pas au cap Bon, cciiniiic 11 ct dii d.ins cct article, inais a I'ib' I'ahin-a, que les Ills ('leclrlipii s doivi-nl lourbi'r d'abord rAfriqnc. ii (I apiis nil .iiiniMi I'l.iii .la|ii>ii.ii-. lUn-nim IMK MMir MONTlli^VtONSt 1. I. Ill IK \ (lUN(.ll.\i ft M.Mi-PO u'iiiil « moiuc lie r Origin j1. 1 FinctKiu, faris, r AtiUui'.-LiuV'i- BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NOVEMBRE 1854. lleiiioireis, iVoliceii, Itociiiiieiits oi*ig;iiiaiix, etc. \ INSTRUCTIONS nUMISES PAI; I,\ SOCIKT/; VP. cfeofiRAPHfE h. M. LE BRIGADIER ctN^RAL D^. FRANCISCO SOLANO LOPBZ, Ministie Je la RepuLlique ilu Paraguay a Paris. REnlGEKS PAR M. ALFRED DEMEIiSAY. La Societe de geographie accepto avec reconnais- sance le concours que veut bien lui preler M. le ge- neral Lopez, et Ten I'eniercie : toutefois, d^sireuse de ne pas detourner a son profit des instants dont elle connait le prix, elle se borne a demander la commu- nication de renseignements qu'elle suppose devoir se trouvor d^ja entre les mains dn gouvernement du Paraguay. Apres la mort du docteur Francia (18/iO), une im- primerie a ele I'ondee a i'Assoniptiun, et la Societe recevraitavec interet un exemplaire de loules les publi- VIII, NOVEMRRE. 1, J 8 ( 262 ) cations sorties tie Sfs presses. Au premier rang de ces pul)licalioiis, ligiiient deux journaux qui rcnferment de precieux documents geographiques. Le premier [1:1 l^aragunyo indc'jjendientc) a j)aru pour la premiere fois en avril lSi5, ol a ole romplace quehjues annees plus lard par iin recueil (|ui se pu- blic regulierement cUaque somaine. La Societe trou- verait dans ces I'ouillos uffk-ielles dcs rensoignements detailles sur la question des /unites, question toujours pendante entre le Paraguay cl les blals voisius. Elle pduriait y lire le lexte des Iraitos recemmcnl conclus entre la republiqut: du Paraguay et la (lonlederation argentine, apres la chute de Rosas, el qui concernent le territoire si longtemps contesto des Missions de I'Entre-Rios; elle y verrait sans doute ies negocia- tions enlreprises sans succ^s par le dernier minislre du Bresil a I'Assomption , pour arrivor a la delimi- tation des fronti^ros du nord ct de I'est. El Paroi^uayo indepeiulieiite coutient, sur I'iiydro- grapliie el la navigation fluviale, des apercus qui, en I'absence d'observalions jilus precises, feraienl ailendre colics qui onl ete recueillies dans plusieurs voyages do Cuyaba a Corrientes, par M, le capitaine L\{i vais- seau Levergor, si digne de la mission didicile ^ue lui avail confiee le gouvernenienl bresilien, Cos observations seront d'ailleurs complelees plus tard |!ar cellos do la commission scienlilique des Elats-L'nis, qui explore en co moment Ies rivieres du Grand Cbaco, triluitaires du Rio Paraguay, a bord d'un baleau a vapeur dont la construclion doil permetlro d'cn remonler le cours jusqu'a de grandes distances dans I'inlerieur de cos plaines inconnues. Aucuno ( 20S ) reconnaissance n'a ete tentee do ce coto, depiiis la malheureuse expedition de Soria en 1826. Le gouvernenicnt public, depuis quclque lomps, un relcve mensuel du produit des douanes. Ces eta's pa- raissent dans Ic journal que la Societe reclame de robligeance de M. le general Lopez. lis lui peruiet- Iront d'apprecier des a present, en parfaite connals- sance de cause, I'importance toujours croissante des relations comnierciales du pays, ct de suivie le d^ve- loppement de Tagricullure el de I'industrie. Nous ne possedons que des notions tres imparfailes sur la nature et I'etendue des divisions adminislralives et judiciaires du Paraguay : on comprend la reserve que les voyageurs doivent s'imposor lorsqu'il s'agil de pareils sujels de recherclies. II y a plus : Taction persislanle du gouvernement est seule ca])able d'ob- tenir de ses agents des renseignements positifs sur les liiniles de leurs juridictions respectives. Au Paraguay, comme dans la plupart des colonies europeo-ainericaines, on reconnaitfaciienient, au sein de la population, I'oxlstence simultanee de trois races, s6pareespardes differences proFondes, dans leur orga- nisation comme dans leur origine. Ces trois races sont : la race guaranie, autochthone ; la race latine, sortie de I'Espagne; et la race negre, imporlee par celle-ci des rivages de rAlriquo. Pour quelle proportion chacun de ces elements entre-t-il dans la population lolale? Quel est le chiffre de celte mSme population? Quelques ^crivains I'ont eieve a 1 200 000, chiffre evideniment exagere ; d'autres I'ont reduit a (juelques centaines de mille. Li; iiDmbre vrai se Irouve probai)lement entre ces deux termes ( 20/1 ) extremes. Dans le cas ou le gouvernemenl acluol aiuail ordonnc un rocensemenl g«^neral, il serait cl'un haul iiilei'ul den connailie le losultat. Le plus recent dale deju du siecle dernier ; el des causes nonihreuses el puissanles ont dd, nous le savons, en uiodificr pio- londemenl les donnees. II a elo possible a I'auteur de cellc nole d'eludicr le rt^gimc aiiquel les jesuiles avaient souinis leurs neo- |)Iiyles dans les Missions; car leur admini^lration et Its regies de leur discipline s'/i. Us compleleront ainsi la slatistiquc de la France et de ses possessions d'outrc-mer a la menie epoque, c'est-a-dire au milieu du xix* slecle. Nous n'avons dans ce tableau menlionn et 38 755 269 habitants. 931 589 kilom. carres, ) Mainlenant en tenant compte des omissions qui peuvenl existcr dans les rccensemenls partiels , et en ajoutant les nouvelles acquisitions dc la France dans ces dernieres annees, en tenant compte enfin des chif- fres relalifs aux possessions de rOceimie, on jicut, sans s'cloigncr beaucoup de la verile , dire qu'en 1854 le pavilion frangais flolle sur 932000 kilometres carr6s, el qu'il protege 38 800000 individus. Nous avons voulu dans noti c tableau ronslaler i'Olat dc prosperit(i de nos colonies en lS5i, ( 285 ) Dans nos colonies purcmenl agricoles , c'est-a-dire a la Mai'linique, a la Guadeloupe, a la Reunion et a la Guyane, le produit net dcs cultures representail !a valcur dc 35 08/i 3Z|8 francs ; le commerce fait ])ar ces colonies atteignait, importation et exportation r^unies, 18/i/i00 953 francs, et ce commerce avait n 231550 10 826 64 279 90 975 58 000 15 000 5 859 6888 15178 » » (imp. 5 399 948 ( eiitr. 63 ( exp. 3 625 474 | sort. 85 1623 280 ( L-nlr. 554 3 625 474 ( sort. 83 (imp. 3 623 280 ( L-nlr. ( exp. 3 400 481 ( sort. 541 . r o-o onn i '""p. 25 805 885 j eiilr. 26-2 14 9o2 899 I ^^v ^^.^^ ,^^^ ^ ^^_^ ^^^ Martinique Guadeloupe et depend. Guyuue fran^uise. . . . Saint-VieiTe Miquelun Colonies d'Ame'rique. 98 782 542 515 .505 510 125 701 152810 17 625 2 600) „-,„.,. 18 423 -"" 31256 24 851 4 389 ,„ „,_ ,.„ ( imp. 35 884 006 ( eulr. 6'20 10 047 547! ^^_ 15 121 571 I sort. 586 9 000000 S""P- 25 967 786 1entr.554 J UUOUOO j ^^p ,, 702579 j sort. 532 „„„,.,( imp. 3456 195 ( entr. 54 "'' '■^* [ exp. 1 099 524 ( »url. 52 (imp. 2 918 745 ( entr. 556 { exp. 1 969 i 4 780 836 i sort. 347 lies Marrpiiscs 130000 Nouvcllo-Caledouie. . . 200000U Colonies d'Oceanie. 20 000 lies Ganibier. He Tahili. . . lies Wallis. . 50000? Les Fiaiijais occupent depuis 1842 Nouka- Hiva et Tahouala Decieteu colonic fraufaise poste'rieurement a 1831 (en septembre 1855, tectorat " ) La France u'exeice qu'uudioit dc proti ( sur ces lies. Tableau rccapiliilatif du Uiriluire et dc la population des colonies franfaises en Asie 48 902 hectares. 197 863 habitants Atrique 575 575 — Atnerique, ... 965 828 — T59O 363~ — V. A. Malte Brun 55 5-27 — 276 502 — 527 752 — ( 288 ) LETTRE DE M. DEMF.nSAY A M. LE PHtSIDENT DE LA COMMISSION CENTRALR DE LA SOCIETE DE cfeOGRAPHIE, SUR LA. KOUVELLE PROVINCE BIli^SlLIENNE UU PARANA. 10 iiovL'inljre 1854. Monsieur le President, J'ai eu riionneur de faire connaitre, il y a quel- ques naois, a la Commission centrale , la crt^alion au Br6sil d'une nouvelie province dile du I'amna, I'orm^e des plaines ininicnses et encore inoxplorees que traverse ce grand fleuve, el ile celle parlie de la province de Saint-Paul connue sous le nom de champs de Coritiba (cauipos de Coritiba). Pour repondre au dosir de ines collegucs, je mc suis empress^ de dcmander a mon ami, M. le docteur Sigaud, niedecin de I'empereur Doui Pedro, des notions precises et detaillees sur la situation g^ograpliique, les limiles, le climat, les productions naturelles el les indigenes de cetle contree. Ges renseigncmenls, je ne les ai pas encore regus : toulelois, voici un passage d'une Icllre de ce savant compatriote, ayant trait au meme sujet, el qui ne vous parallra pas, j'en ai la conviction, denuo do lout inlcret. liio tic Janeiro, i3 juin i854. (( U me sera facile de vous Iransmellre )) des informations sur la province du Parana. Par le ( 289 ) )) premier navire du Havre, je voiis cxpedierai le rap- » port de son president, avec un travail de major de » Bcaurepaire-Rohan sur les Indions du Mato-Grosso. » Le ministrc de I'empire (1) m'a remis la semaine » dernid're une note sur I'expioralion que vient d'or- » donner le Gouvernement de ses principales rivieres; » je nie dispose a vous I'envoyer. » Dans la nouvelle province se Irouve une pelilc » colonic fondee par mon confrere et ami le docteur » Maurice Faivre, ct qui date de qualre ans. Formec » a I'aide de fonds donnes par I'iinperalrice du Bresil, » elle en porie le nom, et s'appelle Filla Thereza. Le » docteur avail amene de son pays, lo Jura, une dou- » zaine de families pour cultiver le sol fertile des » champs de Goriliba; ces families sont resl<^es on » petit nombrc ; la plupart ayant pr(§fere s'^tablir sur » les plages du littoral, ou dans les villes maritimes. » Ce faible noyau s'est augments de Bresiliens et )) d'Indiens. La colonic n'admet pas d'esclaves : le » travail y est libre j on cultivc la canne a sucre pour » en faire de I'eau-de-vie, ct de grandes j^lantations » de riz, de mais et de manioc. Les colons etablis sur » les bords de la riviere Itagy ou Ibagy, laquelle par- » court pres de deux cents lieues avant de se jeler » dans le Parana, ont ouvert une route qui les met » en communication avec la petite ville de Guarapava, )) a vingt lieues de la, ou ils vont vendre leurs » denrees, el faire des (^changes. L'enorme distance » qui les stipare du Parana n'est habitee que par des » Iribus indiennes a I'LHal sauvage. Vous voyez qu'il (i) Do Itnperio, de I'interieur. ( 9.90 ) )) y a beancoup a fairc jKnir poupler cello province « m^iidionale do Tempirc ; niais le docteiir Faivre nc » roculedevant aiicuno ditlkullc ; il Irouvo dans I'lduvc » (111 holail des cncouragemenls el de procieuscs res- » sources. » Alfred Di-.mersay. STATISTIQUE DES BIBLIOTHtQUES DE FRANCE. D'apres line slatistitiue des biblioth^ques de France, qui vicnl d'etre dressde par les ordres de M. le ministre de I'instruclion puhlique, les d^partemenls (cclui de la Seine non compris) poss^denl 338 bibliolhtjques publiques, ollVaiit par semaine 1 060 seances de lec- ture, et fr^quentees cbaque jour, en moyeniic, par 3 640 lecteurs. On y Irouve 3 733 /i39 volumes, dont hk 070 manuscrits et 3 689 369 iniprimes. (Les details concernanl chaque bibliotheque se trouvent dans le Journal general de I'lnstruction publique tiu 15 no- vembre 185/i.) NOUVELLE DETERiMINATIOiN DE LA LONGITUDE ENTBK LES OBSERVATOIRES DE PARIS ET DE GREENWICH , PAR LE T^L^GRAPHE ilLECTRIQUE. M, Le Verrier a adress6, le 23 seplembrc 1854, un rapport (1) a M. le ministre de Tinslruclion publique (i) Ce rapport est iiisere dans le Journal gdn^rat de I' Imtt action jjublique du 8 octobre 1854. ( 291 ) suria (lolerinination de la longitude entrel'observatoire de Paris etceiui de Greenwich, par I'intermediaire du li^legraphe ileclriqiic sous-marin. II rappelle que la pre- miere inesure iinportante enlre ces deux observatoires date de 1790 : elle fut ex6cut<^e par le general Roy, pour I'Anglcterro, et par MM. Cassini, Mechain etLegendre, pour la France. La inethode emplDV^e consiste a relier les points extremes par une serie de grands triangles geodesiques passant par-dessus la mer. Celle niesuredonne, pour la difference de longitude, 2° 19' Z|2". La seconde mesure g^od^sique a 6te ex^cutee en 1821, 1822 et 1823, par les capitoincs Kaler et Colby, pour I'Angleterre, et, de Calais a Paris, par les aslronomes fran^ais; cllo a donne 2° 20' 22". La nouvelle deter- mination par la telegraphic electrique, oper6e pendant les mois de raai et juin 1854, par MM. Faye et Dunkin, a conduit les deux observateurs a fixer definitivement la difference en longitu0VEMHRE, 3. 20 ( 29Zi ) peiiple el qn'oii briilo devanl los idoles; celle (Kt- niere coiisoniiii;ilion I'sl tellemenl iinpurtanlo qu'on pent alllinier que la iDoilie tie celle fabrication est deslinee aux temples, aux pagodes, aux pelils aulcls des rues, aux ehapelles de chaque maison, de cliaque l)ateau. Les chandelles chinoises iie soul pas labiiqnees avee ia graisse des animaux, inais bieii avec 1(! fruit d'un arlire [Stilletigia sebi/'era), I'arbre a suif, donl le noin chiuois esi conc/iii ; ce fiiiit renferiiie dans une coque loiule trois petiles graines oleagineuses de fdrine Iriangulaire, aux coins anomlis; Ic suif, qui est blanc, est adlierent aux graines; on Ic recueiile en brovanl ensemble le tout , ensuite on fait bouillir dans I'eau el Ton ecujiie le suif a mesure qu'il monle ;'i la surface ; ce qui resle est presse lortemenl dans des lioncs d'arbres creus^s, el au moyen de coins do bois enfonces par le poids d'un bloc de granit ; les meclies de colon sonl remplaclile douilli- (pie porle lout chandelier ( 295 ) cliinois; avec ce syst^me, les cliandelles sont hiill^es enlieremont sans le secours do brule-bout. Les cliandelles I'abriqueos avec le siiif d'arbre sont d'un beau blanc, surtout quand les Fabricants ont prls la peine de le bien epurer; a cet eCFet, ils le font fondie a ])liisieurs reprises, ils le coupenl en petites bri- (juelles, el font seclier; le suif acquiert ainsi plus de blanchenr et plus de fermel6. Pour fabiiquer les cliandelles, les ouvriers sont places devanl des baquels dans lesquels le suif a ili verse en fusion; ils trempent perpendiculairement la partie du bambou recouvert de la m^che, le retirent el laissent liger; ils r^iterent I'op^ration jusqu'a ce que les cliandelles soient arriv6es a la grosseur voulue. Pour teindre les cliandelles en rouge, les fabricants' font bouiilir, dansune certainequantltedesuif, I'ocorce d'un arbre dont le noin chinois est ste-py, el aussi la racine d'une planle ap[)el^e tseu-ka ; ces substances onl la propri6t6 de teindre tout corps gras en une belle couleur cerise, raais elles ne comniuniquen t a I'eau aucune couleur; les cliandelles sont, par une siin|)le immersion dans ce suif, colorees en beau rouge. On trouve encore quelques cliandelles failes a I'usage des Europeens, et dont la tlerniere couclie est de cire d'arbre, ce qui les empecbe de coulor; la cire d'arbre s'ajqielle c/iiila , et I'arbre, appele ke- la-c/m, crolt dans le Chan-toung, dans le Hou-kouang st ailleurs. Cette cire esl form^e ])ar de petits \ers, qui se roulent dans les feuilles des arbres et y conslruisent des rayons beaucoup plus petits que ceux d'abeilles: elie est tres dure, les Chinois la fondont en pains plals, ( 296 ) In cassuio inteiieme cle cos pains laissu vtiir tie litaux cristaux. Fabrication des batons odoriferants et de.t aUtunetles. Les balons ct allumetles parfuini's soiit I'objel d'nii commerce fort iuiporlaiit en Cliinc: on en laljilquedans loiil rcmplre; les hulons et les allumetles se hriilenl ;'i pen pr^'s, commo les chandelles dont nous vononsde parler, dans les memos coremonios. c'tsl-a-dire dans les lem|)les, dans les pagodes, dans les maisons, les haleaux, dans les rues, sur le Lord des flcuves et des rades, aux divers cliangemcnls dc lune, el dans millo aiilres circonslances. Le nomhre vraimont exlraordi- nane de fumeurs des deux sexes, la j)elitesse des pipes qu'il faut recliargor a chaf|ue inslaiit, toules ces causes exigent que les ineches soient conslamment allum^es, chcz I'arlisan aussi hien que chez le mandarin: et il serait diflicile de so former une id6e de ce que Ton en consomme jouinelloment. r.es Chinois emploienl , pour la fabrication des balons pour fumcuis, differenles especes de bois et des 6corcesd'arbres qu'ils font bien secher; ils les reduisent en poudre el les lamisenl; ensuilc ils en fornient une pate, en y melangeant une coUe de riz trtjs claire, elle doit elre bien pelric et tres compaclo. Au moyen d'un rouleau, cettc pale est disposee en plaques, les batons sont formes ensuite avec un moule de bois conletiant des cannelures inlericures, qui soot iniprimOes sur la pale au moyen d'une forte pression. II lie resle plus alors qu'a tamiscr sur les plaques un peu de poussier fin, pour absorber I'luimidito, el en- suite on fait seclier. ( 297 ) La labricalion ties alluinettes parl'uinecs ililTcr(; !iii peu de celle-la; ces allunielles sont cxclusivemont compos(5es de bois de sandal, pulverise el laiuise lies fin; on y ajoute, pour les parFumer, de I'atnbrc, de I'cncens et cjiielquefois d'autrcs essences. Ellos sont roulees pi^ce jiar pi6ce sur un petit briu dc bamboii dont une des extremites, peintc en rouge, est destin(5e a eire fixee dans la cendre des urnes ou elles doivent etre consuni^es. Cesallumeltes sontensuite rt^unies en paquets rends et Carres; on les enveloppe soigneuscment de papier blanc et de couleur; chaque paquet porle de nombreux caract^res en cncre de divcrses nuances ; on en col- j)orlG ainsi beaucoup dans les rues. Dans rinde, on donne le nom de baty a ces allu- meltes ; dies servent aux memes usages qu'en Cbinc, el sont bruises dans les temples, clc; elles sont coin- posees de bouse dc vache, de sandal et d'encens. Les batons parfumes de Cbine s'expedienten grande quantity aux fitals-Unis et en Angletcrre ; les jonques d'Aiuoy portent les allunielles parfumees chez les sec- tatcurs do Bouddliali, a Bangkok el dans lout rarchipel Indicn. ( 298 ) !%oiivclles geog;rn|»liiqiDeN. FOUILI.KS AHCm.01,0GIQUi;S UANS 1,1, CAI,VADOS. La Societe des antiquaires de Nonnandic vienl do terminer les I'ouilles archeologiqucs cominenc6es, il y a deux aiis, an village de Vieux (cnnloii d'Evrecj). I'an- cieiine cite des P iducasses, a 10 kilom. do (laoii. On a decouveit parlicidi^romenl tin ancicn lliealre ou ampliilbeatre, de grandes dimensions. ASIK. RECEPTION d'i'N BATIMENT AMKRICAIN AU .lAI'ON. (Nouvelle ilatee de New-York, lo iioveniljic i854) Lc batiniont am^ricain Lady Pierce, cajiitaine Burr, pvopri^taire M. BurroAvs, parli de San-Francisco, a atteint la baie do Ycdo, quinze jours apr^s le depart du commodore Perry ; il a re^ii le moilleiir accueil des officicrs japonais. I.e hatiment 6tait garni de meu- bles riches et elegants qui onl frappe los Japonais; des artistes sonl venus sur le batimont. on onl i'ait les dessins, et I'empereur a manifesto son intention d 'avoir deux navires de ce modele. A bord etait \\\\ Japonais, seul snrvivant d'lm equipage do quinze hommes(donl la jonquo a\ait p^ri en mcr pros des iles Sandwich) et nomm6 I)ee-\ee-no-skeo. II a ete re^u avoc les plus chaudes demonstrations de joic et de gratitude. Son recildesbons trailemcnls (ju'il a roQus des Americains, ( 299 ) et des usages de celte nation , sera ])eut-etre plus efficace que les ambassades pour amener de rinlimile enlre les Japonais el les strangers. Ausbitol ranivf^e du baliuient a Uraga, ordre a ele donne, de Yedo, de i'ournir a M. Burrows tout ce qu'il demanderait el de le traiter ai>ec la nienie hospilalite que le commodore Perry. II avan^a jiisqu'a 10 inilles de Yedo : M. Burrows demanda de jeter I'ancre dans le port, niais on lui dit : ce ii'est pas ban, le commodore n'a pus etc /iisque-ld. Des cenlaines de visiteurs sont venus a bord; ils onl ete regales de toutes sortes de choses tlelicales, de boissons rcclierchees, de vin de Cbanipagnc, etc. Des njilliers d'aulres ^laient aulour du vaisseau ; pas une piece d'argenterie n'a manque aprfes les visiles. L'empereur a fait cadeau a M. Bur- rows de quantites de soieries, de porcelaines, d'oi)jets (le laque, avec priere d'annoncer, dans son pays, que Ics vaisseaux elrangers ne pourraient point s'arreter ailleuis qu'aux porls stipules dans le traile. A la deniande d'obtcuir du charhon de terre, il a d'abord rle repondu que legouvernement n'en accorderail pas; la I'eponse de Yedo meme a proiat^ (ju'il serait d'un prix trop eleve. Les Japonais sont inquiels des troubles de la Cliine qu'iis allribuenl a I'introduclion du commerco eiran- ger. M. Burrows aflirnieque c'esl un.' nation d'athees; ils adorenl l'empereur spirituol a Meaco. Ils elaient choques de voir Dee-yee-no-skee rondre grace a Dieu de sa delivrance el iion a I'einpereur spirituel ou lemi)orel. E.J. ( oOO ) KXPfeDITIO> DK M. HUGUETKAIJ Di: CIlM.l.ll;. M. lo capilaine de vaissoau Iliigueleau de Cliaille, commandant du Newton, est alio croiser sur la cole (ill RilV, pour repi-imer certains ados de piraterie, el il a donne quelques nonveaux ronsoignements sur les habitants de cette cole, particulifercmenl sur les Que- laia, dont une fraction, les Janazen, les Beni-Chiker, les Beni-Bouafia, se livrent a la piraterie. coi.ONii: nr. tip\/a. Un village s'el^vo, parlessoins d"un riche concossion- nairo,surrcmplacftnienlderancieniieTipaza(laTfassed des Arabes), en Algerie. C'est a vingl-cinq licucs ouest d'Alger, sil'on passe parBlidab el Marengo, niais a dix- huit seulemcnt, si Ton se dirige par Coloab. La villo aii- ciennc etailbienplacee, dans Ten roncemenld'unepclile baie abrilco des \enls d'ouestparia monlagne du Che- uoua; le Icrr.dn sur lequcl ellc s'elevait esl dispose en amphllhoalre et fail face a Test. Le tcrriloire esl convert d'oliviers sauvages , de lentisqucs et d'aulres vegf'laux vigoureux. Le port romain, dont la jel^e est encore rcconnaissable pres du rivage et so prolongc sous les eaux, olait vasle el sdr. Tipaza ctait d'origino l>crbere; mais ellc a traverse toule I'cpoquo romaine, ( ommo rindi(iuent les restos d'un grand tlioatro, de ])isoinos ct d'aquoducs. Les mines do plusieurs basi- licjues d^monlrcnl qu'elle (ilail florissanle durant les iHcniicrs siecles de r6rc cla^lionne. Tipaza est le port naturel du bassin du C.holifl", de Milianab etde toule la parlic occidentalc de la plaine <\q la Milidja. ( 301 ) AFRIQUK AlISTHALK. - En 1852, M. Anderson 6lail avec sir Francis Gallon a Tounobis, par 21° 55' S., 21° 1' E., a soixanle-dix- sept heuros (ou 200 niilles) du lac N'ganii. II remonta le Tioughe (Teoge) pendant Ireize jours au N.-N.-O.; le cours est Ires lortiieux, il a AO yards (metres) do largeur, il est profond, la vitesse est de 2 milles a riieure; les rives sent basses, la vegetation luxuriante; partout do beaux arbres. De nombreux animaux aqua- tiques (seacows) attaquent les naturels. Le canot de M. Anderson a ^te renverse par I'un d'eux. Lib^be, ville chef-lieu du Bavicko, sur le haul Tiou- ghe, est le centre d'un grand commerce, ou viennenl les Mambari, les Ovapangari ot les Ovahanyama. Les Griquas y renconlrerent la mouche tsetse, qui fit p^rir leurs chevaux et lours boeufs; la fievre emporta la nioilie des Griquas eux-memes. La grande riviere Cunenc court a la coto ouest, inais rembouchure est problcmatique ; une branchc importante du Cun^ne coniinenco la ou le Tiftughe tombe au lac. Les habitants voisins du lac sont les Balvana, tribu Bickuana, qui ont asservi les Bayeya ou Bakoba , de meme race que les Ovampos et les Ghou-Damup. Le vocabulaire cie lour langue est joint a la depeche, laquoUe renCorme aussi beaucoup dc renseignemonls sur Ic pays des Namaquas et le desert Kalahari, les latitudes de soixante lieux dilFiirenls avcc des itineraires diitailles. E.-J. ( 302 ) NOUVELLliS l)t) CAPITAlNIi CoLLINSON. Les journaux de Saii-Fiaucisco aniioncenl que le capilaine Collinson, comiiiandanl le navirc VEnter- prise, a Iresheureusomenl ocliappe aiixporilsde I'ocean Glacial. Cette nouvelle a ole apporloc u San-Francisco, le 25 septeiiibre , par le capilaine Henry Trollope, comuiandant le Rattlesnake, qui venait dii port Cla- rence, silu(^ a I'enlrec dii delroil de Behring, sur la cole meridioiiale dii cap du Prince do Gallos. f.e oa- pitaine Collinson y etait arrive, apres sa longiio expe- dition dans les niers arcliquos a la rcclierchc de sir John Franklin. L' Enterprise, partie de I'Anglelerre on uienie leinps que \' Investigator, con)mandti par le ca- pilaine iMac-Cluro, arriva, il y a environ un an, dans la parlie de I'ocean Glacial am^ricain qui regarde rvVtlantiqiie, apres avoir franchi le passage du nord- ouest; aucunt' nouvelle de cc baliment n'avait etc reQue depuis, el Ton etait fori inquiel de son sort. L'£«^e/y9me avail penctre dans I'ocean Glacial pen- dant r(^t6 de 185! , et pris le delioit du Prince deGalles; trouvanl la glace impraticable, elle passa I'liiver de 1851-1852 par 71° 35' de latil. it 119° 55' de long. O. Elle s'avan^a un peu, el liiverna en 1852-1853 dans la baie Cambridge, sur la cole de la terre Wollaslon, par 69° N. et 107" 50' 0, L'liiver de 1853-185/i la Irouva dans la baie Camden (70" 8' IN., ilxl" 50' 0.). La glace la laissa librae le J5 juillcl 1854, et elle olVoc- tua son relour, le 21 aout, au port Clarence , pour aller chercber de \h le Plover k la pointe Barrow; elle s'esl dirigee ensuitc sur Hong-kong, et lo Plover a pris la route de Valparaiso. ( 503 ) Durant les trois annees de son sejour dans )es mers arctiques, V Enterprise n'a perdu que trois liommes. Tous les autres memhros de I'expedilion ont conserve une sante excellcnte. Ce navire trouva des traces du passage de Vhwestigator ?,uy plusieurs poinls, et ne ful un instant qu'a 90 inilles du Winter Harbour ; nuiis la glace I'empeclia d'avancer, et il gagna le delroit de Woliaston, ou il rencontra des traces des reciierches du do( teur Rae. Pendant le prinlemps de 1852, des detachemenls de I'exjjedition s'avancferent sur la glace, et I'un deux gagna I'ile Melville a Iravers les plus grandcs diflicultes. Les indigenes qu'on rencontra dans le cours du voyage, ont niontre des dispositions paciliques el bienveillantes. Le navire Trincomalee , sous la conduite du capilaine Wallace Houstoun , a aussi visite le port Clarence cetle annee; quelques officiers de ce batiment ont explore le voisinage du port, el ont particuli^rement remonle en bateau la riviere Agaepuc , oil ils ne sont arrives qu'apres avoir traverse une suite de lacs; c'esl un pays marecageux, sans un arliuste, et ou abondent les lievros, les canards sauvages et autre gibier. On a recueilli sur les bords de I'Agaepuc des fossilos de mamuioullis. Les inous- tiques sont extrcmement norabreux. II y a une grande quanlite de saumons el dc truites. Les indigenes pa- raissent doux et intelligents. LAfi UlC SOUruii DANS L UTAH. Dans le territoire d'Utah, vers le Corn-Creek, a une trenlaine de inilles de Fillmore, M. CaravaUio , atta- che a une expedition d'exploralion pour le cheinin de ( 304 ) lor tie rociiiin Pacifi(]iio, a visile un lac de soulie , d'environ uii uiille de diainilre, donl toulc la surface est couverte d'une croulc composee de soiilrc et d'aluii foitcnienl inipregn^s d'acido sulfiiriquc. liXPKDITION DANS I,A SONORli. line compagnic de vingl-cinq hommcs, sous la con- diiite d'Edouard E. Dunbar, a quitlo Los Angeles pour se porter jusqu'au coeur de la contree des Apaches, el pr^s de la vallt^e de Santa-Cruz; la cliatnc de mon- tagnes A\isona passe pour contenir les plus riches mines dargenl du uionde ; inais, depuis plusde Irente ans, ce lieu est occupe par les Indians. Les Sonoriens ont en vain cherche a ronlrer en possession des mines, riches ^galemcnt en or cl en cuivre. Le point oii la couipagnie veul s'^tablir est uiie hellec vallee, qui louche au Rio Gila, ^ sa jonction avec le Rio Colorado; ce lieu est destine a devenir un port important pour le commerce. La compagnie est composee de gens energiques, endurcis a la fatigue et Lien amies; dans le nomhrc sont des hommes de talent cl d'iiisUuclion, en 6tal de faire une exploration tout a fait scicntifique. DfeCOtVunTE d'«NE ESPkCE DE GOMSII- AU TEXAS. (Nouvelle datee de Wasliingloii , 9 novembie i854.J On a d^icouvertla gomme appelee mczquele, en lout semblable a la gomme arabiquc, el en immense quan- lile, aux sources des rivieres de Big Wachita et de Brazos. L'arbre mezqu^le est semblable al'acacia d'oii ( 305 ) les Arabes tirent leur gorarne (soiinl). La decouverlo en a (ile faite par le docteur Shtimanl, (Mi oclobre dernier : chaquo arbre en fouinil depuis line onco jusqu'a trois livre.«. DliCOUVliRTE U UN MASTODONTE PRtS DR POUGHKEIiPSIE. On vient de decouvrir dans une fouille ies defenses d'un 6normemastodonle pres de la ville dePouglikeep- sie, el Ton a pris des mesures pour I'exhumer tout enlier. L'excavalion est opert^e sous la conduile du docteur Morse (le mfime qui a d(icouvert le t^legraphe magniiliquc) : il est d^ja arrive jusqu'a la tele el aux ^panics du niammoulh. Les os sont pc'trifies en partie, et Ton esp^re obtenir le squelelle tout entier dans un 6tat plus parfait que ious ceux qu'on a trouves jus- qu'ici. [Albany Register.) NOl VRLLES DIVEHSES. Le prince Paul de Wuilemberg est de relour de ses voyages dans I'Amt^rique meridionale. M. Krapf acbeve en ce moment a Tubingue I'im- pression d'un vocabulaire kikouafi et d'un dictionnaire souiihili; il se propose d'aller passer quelque temps en Angleterre, el de relourner en Afrique vers la fin de cellc annee 185^i. ( 30(5 ) DESTlNtE l)E SIR JOHN FRANK.I.IN Ef DE SES 137 COMPAGNONS; l'*n M. AIT.. PElKRMA^fN. Un vojagcur lien conmi par ses courses clans les n'-gions aicliques, le docteur Rae, nous a Iransmis, il y a (juelqiies jours, luic relation epouvanlable sur le sort (le I'expedilion du capitaine Franklin. Mais les fails qu'il raconle sonl si compleU'iuent inattendus, si inexplicables, si inysterieux, si incomplels, que nous avons juge a propos , pour les enlouri.r de quelque lumierc, de rappeler les circonstances par lesquelles ils peuvent se raltacher a des tails anterieurs el deja connus, el qui serviront au inoins a guider ceux qui n'onl pas suivi, dans tous les d6lails, les eflbrls consi- derables tenles jusqu'a ce moment pour la recherche de ceite malheurouse expedition. Si la relation dont nous parlous est (.'xacle, la ler- ril)ie calastrophe, la destruction des deux vaisscaux el de leurs equipages doit avoir eu lieu dans une partie Ir^s rapprochee el ires accessible de I'Amerique arc- tique, ot dont les environs immddiats, parfaitemenl connus, ont ete visiles et explores ii diverses reprises. On sail que I'expedilion du capitaine Franklin, fai- sanl une nouvelle tentative pour decouvrir le passage nord-ouest, quitla les cotes de la Grande-Brelagne au mois de niai 48/15. Troishiverss'elantpasstis sansqu'on en reciit aucune nouvelle, on jugea necessaire d'en- voyer a sa recherche d'aulres expedihons, dont la premiere quilla I'Anglelerre en Janvier 18^8, et les deux suivanles en mars et en juiu de la meme annee. ( 307 ) La (lernit're, cominandue par le capitaine sir James CRoss el le capilaine Bird, avail regu I'ordrede suivre i'expedilion perdue par la route ineme que celle-ci devait suivre, de diri^er sa course a travers la baie de Baffin et d'explorer allentiveaient les Lords du dt^troit de Lancastre et de Barrow jusqu'a la baie Walker, dans I'ouest, el le rivage occidental depuis Norlli- Soinersct et Boothia jusqu'aux environs du pole ma- gnelique decouverts par Ross en 1830. U'apr^s les traces qui on furent decouverles en 1850 et qui jusqu'a present etaient restees les seules qu'ou pul apercevoir, la inalheureuse expedition a du passer I'hiver de '18Zi5 a 18/|0 dans I'ile Beecliey, a I'enlree du canal ile Wellington, et a une distance d'environ 50 milles allemands de la baie de Baffin, du cote de I'ouest. Si nous en croyons les renseignements que le docteur Rae tient des Esquimaux, sir John Franklin el sa mallieureuse suite no seraient revonus qu'au prin- temps de 18oO sur la cote seplentrionale de la terre du Roi Guillaume, ou les Esquimaux auraient apercu en- viron 40 homines blaiics, venant a travers la glace, du cote du nord. Cest une distance d'environ 75 milles allemands, en ligne presque directe au sud du canal de Wellington, et il I'aul absolumenl que la troupe de Franklin ait dirige sa marche le long des memes cotes que I'expt^dition du capitaine Ross avail mission d'ex- plorer presque dans le meme lenqjs, c'est-a-dire pen- dant les ann^es 18/i8 el 1849. Malheurousement I'ex- pedition du capilaine Ross explora les cotes de I'ouost dans la direction du sud, jiisqu'ala moilie seulemenlde leur etendue, de])uis North-Somerset el Boothia, c'est- a-diro jusqu'a environ 72 dcgres de latitude. On ne ( 308 ) tr(iiiva pas dans eel cspace la moindn? tract; de I 'ex- pedition perdue, el Ton ne fut pas j)liis heureux sm In cote oppos6e, celle qui portele noni de Prince olWides, el qui fut exploreo en 185] par le lleulonant Browne. C/est un fail exlrfimemenl regrellabie que Je capilaine Ross n'ait pas pu pousser plus loin vers le sud, ou ii aurail dii, si les derniers rensei{i;neinents du docleur Rae sont exacts, se renconlrer infalliljlement avec los ZiOhonimes hiancs. Mais comme on se laissa entrainer a croire avec le caj)ilaine Ross que Franklin ne pouvail pas avoir visits cette conlr^e, les recherclies s'^carleront de la bonne voie, el depuis co moment presque toutos les expeditions, en quillant le d^lroit de Rairow, se dirigerenl plulot vers I'ouest et vers le nord. Ln trdjs petit nouibre de personnes, parnii iesquelles on ren- contre lady Franklin, continuerenl d'allacher de I'im- porlance a ce qu'on visitat comple lenient les regions siluees aux environs de la terrc du Roi Gidllaume. Deux nouvelles expeditions, preparees par les ordres et aux frais de lady Franklin, furent chargees de recommen- cer les recherclies, I'une en 1850, sous le coinmande- ment du capilaine Forsyth, I'aulre en 1851, sous la direction de M. Kennedy et du lieutenant Bellol, el tous les homraes compelonts furent d'avis que loutes deux etaient parfaitenient propres a atteindre le but. Mais une puissance superieure en avail decid(i aulre- inenl. Elles revinronl I'une el I'aulre sans aucun re- sullat, el ne depass^rent pas la limite a laquelle avaient atteint j)rect'demmont les expeditions de Ross et de Browne. Ainsi quatre expeditions avaient ele envoyees vers cetle region facilenient accessible, el aucune d'elles n'alteignit ie but. Pendant ce temps on se per- ( :iui) ) suada de plus en plcis de riiiipossiljilile que Franklin eiit pris celle diiecllon, el lorsqu'cn 1851 le docleur Rae, visitant dans I'ouest la ^e/vt; n appiil d'eux que quelqucs lioniuies l)liiiics, eui- baiques dans une clialoupe, avaient piis lerre sur leur riviige els'y elaienl eonslruil uneinaisonoii ilsvivaienl eiisemblo; mais quo les nalurels ayaul mis a inorl uu de ct^s elrangers, les aulres s'cnl'uiienl, ils no sauraient dire dans quelle diieclion. La viclime de ce meurire I'ut enlenee dans un lieu qu'ils indicpiereiil. Le capi- laiiie Mac-C-lure ajoule quo lorsqu'il voulut aller ;'i la vecberclie de ce tomboau, il eii lul empeclie par un tpais brouillard et oblige de retourncr I'l son l)ord. I! est exlrfimemenl regrettable qu'on n'ait pas |)u veri- fier rexactilude de ce recit; car il est dillicile d'ad- mettre (pie les nalurels se fussent eux-m6mes accuses d'un meurire, s'ils ne I'avaient pas reellement com- mis, surlout lorsqu'on songe que d6j;i , en 18/i8, une nouvelle seniblable avait ete rapporteede celle coiitr^e par les employes de la Cum|)agnicde la baie d'Hudson el publiee en Anglelerre. Si Ton considere, apr^s cela, que le mensonge, cliez les Esquimaux, est r<5pul6 une verlu, et «ju'il est im- possible de se fier a leurs rapports, on n'aura pas de peine a convenir que le voile impdnelrable qui nous a derobe jusqu'aujourd'bui la deslin6e de sir Jolui Franklin, n'a pas ete ieve par la relation du docteur Rae ; mais que ces bisloires d'Esquimaux oHVenl seu- lement un j)oint de ralliemcnl plus recent el une di- rection nouvelle a d'aulres recbercbes dont on a lieu d'allendro un resultal plus salisfaisant. II est, en cU'et, ( ''13 ) liors de doule, que deux vaisseaux ul 138 pcisoiines doivcnt avoir laisse il'aulies traces a decouvrlr (juc les rares objels qui ont ete conserves par Ics Esquimaux, el que le docteur Rae a rapportes avec lui. Le docteur Rae n'a peut-elre pas ete eloigne de phis de 50 milles allemands du lli^alre de I'horrible catas- troplic ; mais, probablemenl presse d'envoyer en Angleterre des nouvelles sur le sort de Franklin peut-elre aussi pouss^ par Ic desir de piovoquer des recberchcs plus ^tendues, il n'a pu se transporter sur les lieux et verifier par lui-menie le recil des Esquimaux. La grandeur et la noblesse du caract^re anglais nous offrent I'assurance qu'une nouvelle expedition, peut- elre sous la direction du docteur Rae lui-meme, sera prochainement envoyee pour oonstater les fails reconi- mcnt recueillis. Mais, d^s a present, les genercux eiForts qu'a fails la nation anglaise pour retrouver les traces du capitaine Franklin augmenleront I'eclal de son noni et ajouteronl a sa gloire un litre immorlel. Avec quelle liberalile inepuisable, au prix de quels sacrifices elle a cherrh^, sans interruption , pendant sept ans, a sauver ses ("umpatriotes, c'est cc que nous avons essaye de ineltro en evidence dans le tableau suivant, dn-sse avec soin d'aj)res les documents 1<'S plus autlientiques. ( 314) Elal denlepemes ifui out ctS occasionnees pur Ics diveisa cxpi'tlitiom envoyees a fa icrliorln dc sii Jtiliit Fintikliii jit^qu^h I'aiiu^c I 854- NOMnRE Uts liuliinciiis 1 SOM.MES .^ . dt-pensces tn livies sterling. INDICATION DES EXPEU.TIO.NS. *Q H a a 1 k.Exped.qui 0711 en lieiteu 1848, l849e( iS/Jo. 1. Expodilioii an delioil tie Belirinj;, sous Kellelt, Moore et Pollen. . . . 7. 4 9:. 466 7. — aux eotes arctifjues de rAriirrif|iip duISord.snus I'ae etRiehardson 11 4 10 000 3. — ail delroit de Barrow, sous Ics capilaines Ross el Bird 2 n ~o 000 4- - a 1.1 inetne destination, sous le i'a|iitaine Saunders 1 „ Fu) 000 5. — au detroit de Beliring-, sous Coilin- son,!Mac-()lure, Moore et Kellctt 4 » l,*)!) (X)0 6. - au (Irlroit de Barrow, sous Penny. 2 H 1 5 ooo /• ."i la nieme destination, sousAus- lin, Ommaney, Oshorn et Cater. 4 11 1 45 000 8. — a la nieme deslin.,sous Jolin Boss 1 >l 4 itno 9 — a la nieme destiii., sous Forsyth. 1 " 4 000 B. Exp(fd. qui ont eu lieu en iS,*)! et 185?.. In. Kxjiedition aux lef^ions arttiques de I'AtiK'- rique du noid, .sous Rae. . . . " I 2 000 II. — a Regent Inlet, sous le capitaine Kennedy a t)oo 12. — a la Baie de Baffin, snus le capi- taine Inglrfield, 1 V .s 000 C. Exped. q Ml out I'll lieu en i853, i853e; i854. l3. Kx|ipdilion au delioit de Harrow, sous le eapitaine Belelicr 5 » 2,^(1 0(!0 ■ 4. - an (letroit de Belning, scjiis le capitaine .Matpiire 1 )l 20 000 i5. - h la inenie destination, sous le capitaine Trollope 1 )t ."Jo 000 16. — a 1.1 meme destination, sous le capitaine Kennedy 1 )l 4 000 '7- — au delroit de Harrow, sous le ca- pitaine IngleHeid 2 » ()o 000 18. — h la memo deslinalion, sons le capitaine IngleHdil n „ ()o 000 '9- - a rislliinc de Boolliia , sous les ordres de Rae » '■> 1 1 4 000 '\ Totalis 10 1 tiuu 46() ( 315 ) Nous monlreronspeut-6tre, dans une autre occasion, quelle a ete I'utilile pratique de ces nobles tentatives et df quelle valeur elles sont pour la science. Tel est maintenant I'intt^ret qu'elles onl appele sur les regions arctiques, que, n)algre la deplorable deslinee de I'ex- p^dillon du capilaine Franklin, I'on ne s'arrfilera pas avant d'avoir havers^ et explore le bassin polairc, de- nieure jusqu'a present a I'abri des recherches. D^s aujourd'hui i'on peut allendre d'interessantes decou- vciles de I'cxp^dilion am^ricaine qui, sous les ordres du docteur Kane, esl partie de New-York au inois de niai do raiinee derni^re, avec la mission speciale de poussei- ji'squ'au pole nord. Nous en dirons autant du capitaine Penny qui s'est fait un noni si recomman- dahle par ses voyages dans les mers arctiques. Ou sait qu'il n'y a pas longtemps que ce navigateur tsl tie retour dun voyage exlrfeniement fructueux dont le profit, comnie il nous ralliruie dans une de ses lettres, u'esl pas lvalue a moins de 20 000 livres. 11 nous I'ait part, eii nienie temps, de sou intention d'entreprendre prochainement nn voyage de decouvertes, ainsi que de I'esperance qu'il conserve d'atteindre le pole nord et de croiser dans le bassin polaire. A I'lieure qu'il est, il esl d6j;i parti pour les conlrees qui sont deve- nues son element, el dont personne jusqu'a present i\'a su mieuxque lui evilerles dangers et les dilliculles. Aug' Pktermann. (j(jtlKi, Inslitut geogiaphique de I'crlli , 28 ottobic l854- (Tiaduit de 1 ;dleiiiaiid.) ( •'I»' ) .'%ctes lie la Kociete. tXTKAirS DLS I'KOCI-.S-VKIUSAUX ULS SLA.NCES. Seance i/n .'? nut'cnib/r ISbll. PRiisiDENCE I)E M. JOMARD. Lo proces-verbal do la derniere stance csl In cl adopto. On doniie lecture do la coirc.'-j)()iidancc : M. Larabil, scualeuc, oxprirae le regret de n'avoir pu assister, a cause do son absence de Paris, a la •stance du 20 oclobre ; il se propose do prendre regii- liereinentpart aiix travaux de laSociete pendant I'hivcr. M. Alfred Demersay annoncc fju'il cnverra procLai- nemcnl Its notes qu'on lui a tloniandties pour servir aux inslruclions que la Socit-te doit renictlre a M. le brigadier general docleur Solano Lopez sur la geogra- phic du Paraguay. M. Thomas Brunner ecrit do Nelson (ju'il a recu Ic diplome conslaUmt la mention honorable (jue la Soci^te lui a d^cern^e en 1852 pour ses travaux goo- graphiquesdans la jNonvelle-Zelaude; il cxprime loule sa vive reconnaissance pour cette marque d'estime qui lui a ele olTerle, et il met ses services a la dispo- sition de la Soci^te pour loutes les instructions qu'on lui adresserait. M. Encko , secretaire de I'Academie royale des sciences de Prusse, adresse a la Sociele les niemoires de celto Academic, annoe 1S53, et son Bulletin men- suel d'aoul 1853. ( '"^17 ) II est (Jonne lecture de la lisle des ouvrages olTerls. M. de la Roquette aiinonce le voyaj^e que M. Henri de Saussure so propose de fairo au Mexique; il de- mande que la Soci^to lui donne des instructions pour les desiderata de la geographie du Mexique, et veuille bien soliiciter, du ininistre des affaires ^trangeres, une recoinmandation pour MM. les consuls. La section de correspondance sera convoqu^e a ce sujet. M. d'Avezac fait connaltre a la Soci^t^, d'apres une letlre de M. Thonjas Wright, que I'assembl^e de I'As- sociation brilannique pour I'avanceraent des sciences, tenue en dernier lieu a Liverpool, a ete tres briilanle; que la section de g^ogrnphie et d'elhnologie a laquelle il apparlient, a et6 particulieremonl nombreuse, et qu'il a comple lui-meme dans une stance plus de trois inille auditeurs. M. d'Avezac ojoule que M. Thomas Wright lui an- nonce, sans autre detail, I'envoi d'une nouvelle edition anglaise des Voyages de Marco Polo , dont un exem- plaire est destine a la Sociele de geographic. M. le president fail remarquer qu'on a ouiis de mentionner, parmi les prix proposes par la Soci^te, et dont la lisle a ete inseree au Bulletin de juillet der- nier, le prix qui el6 ofTort par M. d'Abbadio pour !« debit comparatif du Nil Blanc cl du Nil Bleu. Cette omission sera rcparee aussilol que le donaleur aura r^pondu a la letlre qu'on lui a ecrilc a ce sujel. M. Albert do la Marmora, present a la seance, doimc des details sur la ligne l^legraphique qu'on etablit dans ce moment de la Spezzia a la Corse, et qui doil te prolonger par la Sardaigne jusqu'en AtVicjue (voir le Bidlelin, page 236), ( 318 ) M. (le la Iioquettc odVe, dc la pari dc iM. Paul Cliaix, la suite de la Bibliolli^(|iio iini\erselle de Gon^ve. La Coinuiission centrale adinet comme mcmiires les trois candidats proposes dans la dorniere seance : MM. BiiuN, RiiNiiRn et de Toureic. ' M. TUeroulde est pi'esente |)ai- MM. Garnior et Jo- mard pour laire partie de la Soci^te. On passe a la noniinalion d'lin menibre adjoint de la Comn)ission cenlrale, en reniplaceincnt de ,M. Mi- cliclot; M. Alfred Demersriv est nonnne. M. le [)residenl demande qu'on fixe le joiir de la deuxifeiue Assenibleegenerale de 185^; le 15 decembre est choisi pour cette stance. M. le president prie les inembres qui aiiraienl des lectures a faire ce jourda de vouloir bien les comniu- niquer au bureau a la stance procbaine. II invite la commission speciale nommee pour I'examen des reliel's lopograpbiques de M. Bardin a faire son rapport; il prie, enfin, MM. les njembrcs (jni auraient A proposer des sujets de prix pour les grands Iravaux g^ograpbi- ques, de vouloir bien les communiquer a la Com- mission centrale. Plusieurs ouvrages uuuvel lenient offerls a la Society sont remis a divers rapporteurs, pour qu'ils en rendent coinpte : la relation sur le Rio Colorado, par M. Sit- greaves , est confiee a M. Morel-Falio; la relation sur le Texas, par M. Bartlelt, a M, Albert-Monlemont ; la relation surle Red-River dc laLouisiane, par M. Marcy, a M. Alfred Maury ; la relation sur I'Amazone , par M. Herndon, a M. Isamberl; la notice sur M. Jules de Blosseville, a M. d'Avezac. M. (.Ue lellre, que les Jnnales ties voyages ne cesseronl |)as do ptirailre. M. Th6roiji.de, presente par MM. Garnier etelomard, est admis monihre de la Sociele. On coniuiunique la lisle des ouvrages oflerls. M.do larioqut'lte enlietienl de uouveau rassemblee du voyage scieniifique que va entreprendre au Mexique M. Henri de Saussure, present a la stance, et il invite les nienibies qui auraient quelques questions a faire sur la geographie du Mexique, a les renietlre a I'hono- ial)le voyageur. M. le vicomle de Santarem presente, de la pari du g(5ographe anglais, M. Desborougli-Couley, une carle d'Afrique qui donne tout I'espace depuis I'Equaleur jusqu'au sud du Iropique du Capricorne, et qui montre les routes suivies a Iravers le continent, par le lac Nyassi,le Mo6nomoe/i, leMuropue, leCazembe. 11 com- munique des notes redigees par le meme gt^ographe sur la publication faite dans le Diario do Govemo de Lisbonne, du 28 juillet 1852, au sujet d'une caravane qui a traverse I'Afrique de Zanzibar au Benguela. Le ujenie membre fail boramage a la Sociele, de la part de M. James Forrester, de I'ouvrage intitule the Olweira Price, Essay on Portugal, accompagne d'une grande carte du terriloirequi produil levin dildePorto. M. le vicomle de Santarem presente ensuile a la Sociele les six carles en fac-simile du celebre Portulan de Visconli de G^nes , dresse en 1318, conserve a Venise dans la Bibliotheque du musee Gorrer, et I'un des nionunienls geograpbiques qui font aujourd'bui parlie de I'atlas de M. de Santarem. M. Jcmard rappelle qu'il a tail graver dans sa col- leclion un aulre atlas de PeU'us Vesconte, en neul' ( 322 ) carles, d'apres i'orii;inal de la Bibliotlioque iinperialo tie \iemie, dale de I'an 1318 I'galeuient. M, Cmlainbort ilonne lecUire de deux cominunlca- tions adresst^es par M. Doinersay : runo est line notice surla nouvello province hresilicnno du Parana; I'aulre comprond dos instruclions sur la geograpliie du Para- guay, dcstinees a M. le general Lopez; M. Deiuersay, en adrossant ces communicalions au president el au secretaire de la Commission centrale , les a charges d'exprinier a cello Gonimission sa reconnaissamx- ilu litre de niembre adjoint qu'elle lui a decern^ dans la derni^re seance. Le secretaire general lit des ilocuiuents fournis par M. Desborougli-Cooley , geographe anglais , et que M. de Santareni vienl de coinmuniquer, sur la roiilo suivie par des voyagcurs entre Zanzibar ct le Benguela. M. do la Roquetle rappelle qu'il a deja i)ul)lie dans le Bttlletin sur cc sujet un travail qui lui avait ete adresse par M. le doctour Norton Shaw. M. Malle-Bron coniinunique un tableau statistique des colonies I'rangaises. M. de la Hoquetle annonce que M, Vattier de Bour- ville, niembre de la SocieL6, vient de mourir a Cons- tantinople; la Society se montre tr^s sensible a celle perte d'un mcnibre qui liii a adresse d'utiles commu- nications, qui s'est distingue p.ir d'iniportantes re- cliercbes dans la Cyrt^naique, d'ou il a rapporte uno [uecicuse collection arch^ologiquc M. Garnier, au nom de la section de coniplabilil6, Gonsull^e sur I'echange du Bulletin conlre la Gazette de Costa-Rica, declare que colte section apjirouve I'e- ehaiige. La Commissii)n centralt^ ralifie cette decision. ( 323 ) OUVRAGES OFFERTS DANS LES SEANCES DES 3 ET 17 NOVEMBRE 185/i. EUROPE. Tilres des ouvraijes, Donaleurs. Tlie Olivcirn price, Essay on Porliij^al, l)y Jainei Forrester, i vol. in-8", avec une carle. London, iS.'iS. M. J. Forhester. Karia iihi'r Sveriges juridiska indelning. Ar i845, en 3 fiuilles reu- nies. — Karta ofver Sveri{;es Jernwerk. Ar 1846, en 3 feuilles reunies. — 3' exeniplaire tie la ineiiic carte (sans tilre). S. A. R. le due de Scame. AFRIQUE Map ()|- .'VIrira, ironi llie Equator to the souihern Inipic. Shovvinj} the routes to lake Nyassi, Moenonioezi, the Muropup, the Gazenijje, and across the continent. With the discoveries of the niissionna- ries ill Eastern Africa. I feiiille. (853. M.W. l)ESBonorr,n.Cooi,KV. AMi:;RIQUE. Honiluras interoceanic Railway. Preliminary Report. Broch. in-8" , avec cartes. New-York, i854. M- F.-G. Squier. Carta corograKca del Paraguay segun las INoticlas eomunicadas por S. Exc. D, Francisco Solano Lopez, enviado extj-. y miiiistro ple- nipotenciario de la republica del Paraguay, i feuille. 1 854- M. CoRTAMUERT. OUVRAGES GFiNERAUX. Les Monuments de la geographie , ou Recueil d'anciennes cartes europeennes et orientales accompagne'es de spheres lerreslres et ce'lestes, de mappemoiules et tables (:osmoj;rapliif|ues, d'aslro- lahes et autres instruments d'ohservalion , dipuis les temps les plus recules jusqu'a repotjiie d'Ortelius el de Gerard Mercator, publics en i'ac simile de la grandeur des originaux, par M. Joniard, monibre de I'lnsliuit de France, conservateur de la collection geo- gra[)lii<|ue .'1 bi Ribliotheque iinperiale, etc., etc. 1" parlie. 1 vol. format grand utlanliqne, 1" livraison. M. Jommu). ( 32A ) I'itiis ,il upun ili.' amicnt incinunioiils. painliiinp,';, si uliituies, and iraiiia til |•a<■(•^, and ujn.n llieir iialuril, geogi apliical, philological and l»ililical liislory; illuslrated by selections from llie iiu'diti'd papers , de 1829 a i834i P-'"' M. Maliinoud, astronome cgyplicn, dirccteur de I'rdjservatoire dii Caire, t-tc. I'.rocli. in-8°. Bruxelles, i854. M. M-unioi n. Mft.MOIRES, RECUEILS ET JOURNAUX PfiUIODlQUES. .Vbliandlungen der konifjllclicn .\kadeiiiii' der Wissenschafleii 7.n r.i'ilin, ans deni Jahre i85.'i. 1 vol. in-4". Beilin, i8;'54- — Mo- natsberiobt, etc. Aout i853 a juillel i854- 12 cab. in-8°. Acad, pes sc. de Berlin. Annales du commerce exterieur. N°' 776 a 778. MlNISTEIlE Dt! COMMEIICE. Bulletin de la Societe geologique de France. Join. — Nouvelles An- nales des voyages. Septembre. — Annales de la propagation de la foi. Novembre. — Journal des n.issions cvangeliques. 10' can. — Bulletin mensuel de la Socie'ti- zoo!oj;if|ue d'acclimatation. Oclobre. — L'Athenaum franiais. IS° t\3. I'KS KonKins. (Am bibliot/rttpliie geoqiapitmue nn proclidiit )ii(iiii^ro) BULLETIN ni' I, A SOCIETE DE GEOGRAPHIE. DtCEMnKli 185^1, !l^BBB4»irC$^, [polices, IBociBBueiii;^ oi'isiiiaii:^, eta. ASSEMIUi:!': CENliRALE I)(i 15DliGEMBRE 185/i. PRKSIDliNCli Dli M, GUIG.MAUT, VicL'-pi evident ilc la Kocii^'It-. DISCOURS DE iM. GUIGNIAUT. Messieurs , C'est a M. le minislrede I'inslrnction publique, prt^- sident de la Soci^te de gi^ograpliie pourl'annee 185A, qii'il appartenait d'iiiaugurer celte seconde assemblee generalo, el d'ouviir celtu seance avcc I'autoi'itf^ que vous a\ez voulu imprimer a vos reunions annuelle.s. Plus d'une raison me rail^egrctler que des devoirs d'un oidre superieur n'aieiil pas perniis a M. le ini- nislie de remplir aiijourd'hui la mission qu'il avail spontanement acceplee ; uiais ce qui double nies re- grets, c'est que j'eusse aime, comme vous, a entendre parler de noire science ceiui qui en connait si bien lout lo prix , celui qui, le premier, lui a assigned, dans I'enseignonK'nt reloiine de nos lycees, uiio place in- dependanle, une ])lace digne d'elle et du role iuipor- tanl qn'(.'llc esl appeleo ;'i juncr dans la societe de nos \ui. in'.cKMiuii . 1. 22 ( 326 ) jours. Jamais, en efTel , I'liomnio no fill si fortempiil en possession de la nature et do ses foicos; jamais il n'out lant dc moyons de mosurer la Torre, do la par- courir, de la decrire , de mcllre on communication rapide, instanlan^e, les regions les plus distantes du globe, de rallaclier les peuples les uns aux autres par le commerce, par Tecliange des produits, et, ce qui vaut mieux encore, par la circulation de la pens^e, promjite tomme I'eclair, par le lien doublemeul elec- trique de toutes les idees utiles, syinpalliiques, gen6- reuses. Jamais, par ccla memo, I'homme n'eut lanl d'inleret a hien connailre sa domoure, as'en fairo une image fidele et complete, a la concentrer pour ainsi dire tout entiere, par avance, sous le regard de son esprit, en attendant I'heurc eloignee encore oii il lui sera donne, dans le progres de la civilisation ol dos lumieres, de dissiper les dernieres ombres qui en obscurcissent le tableau, d'abattre les derniferes bar- ri^res qu'opposont a la diffusion des connaissances geograpliiques I'ignorance el la barbaric. En effet. Messieurs, s'il a 6le I'ait beaucoup, depuis Irois ou quatre siecles, depuis les navigations des Por- tugais et depuis Colomb, pour decouvrir les terros lointaines, pour explore^os mers et reconnallre les cotes des deux liemisplieres; si, dans la seconde moitie du dernier sieclc surtout, et dans la premiere nioiti6 de celui-ci, les voyages dans Finltuieur des continents se sont multiplies, toujours plus bardis el plus Iruc- lueux, tandis que I'amour de la science et celui de la gloire poussent a I'envi vers les glacos des deux poles une succession d'lieroiques marins, qui nous en r6v6- lenl [leu a peu les ausl^res et quelquefois terribles ( 327 ) secrels, vous savez (jii'il iie roste guero mollis a faire |)our obtenir la connaissance reellc, positive et scien- liOqup de vasles pays ct de peu])les nombreux. C'est la proprement la tacbede noti'(; siecle; c'ost le but auquel vous coiispiiez noblcnicnt, voiis, i'ainee ties Soci(^t(^s de geographio do TEurope et du monde, avoc les sceurs que vous avez partoul suscitees ; c'ost ceque va bienlot vous exposer, avoc un detail qui ne in'est point permis, notre zele secretaire, en remellant sous vos yeux la suite de vos travaux, et tout le progies des sciences geograpbiques durantie coursde cetle derniere ann^e. II vous montreia cetle redoutable terra d'yVlVique, qui n'a [)as cesse de faire d'iilustres victimes, s'ouvrant pourlant, dans toules les directions, jusqu'a ses plus niyst^rieuses profondeurs, et sur le jjoint, du moins il Ic seinble, d'etre, pour ainsi dire, penetrt^e de part en part. II vous dira que, dans i'Asie centrale, dans I'inlerieur de I'Amerique du Sud, les exemples feconds de celui qwo j'aime a nommer ici I'un de nos genies lutelaires, d'Alexandre de Humboldt, n'ont pas cesse de porter leurs fruits ; que toutes les causes reunies, que les mobiles les plus divers, I'amour de I'or et lamour de la science, la propagando industrielle et le proselytisme religieux, slms parler de I'esprit de conquete, concourenl a 6clairer en memo temps qu'a peupler les plateaux deserts de I'Amerique du Nord et les solitudes inbospitalieres dc I'Australie, a faire cnlrer dans le cercle sans cesse agrandi du commerce dc I'Europe, a r^veiller, an contact de sa civilisation toujours jeune, les vicilles civilisations si longteuips endormiesde I'Asie orienlale.de la Chine et du Ja|)on, II vous I'era voir, bien plus pr^s de nous, aux conlins ( 828 ) meincs cic I'Europe cl dc TAsio, line Icrre qui iul Ic boiccau cle nos arls, do. nos sciences, qui brilla jadis i!o loLil I'eclal dii g^nie, ct que la barljario, fillc de la coiiquele, avail ressaisi an ])oinl de la plunger dans line obscurile plus profonde que celle qui coiivre Ijion des lerrcs leputees sauvages el cepemlaiil uiieux con- nues. Grace a I'irresislible alliance de la France t;t de lAnglolerre, armees jiourla cause dii droil euriq)een, la f;uerre cllo-nieme, une guerre necessairo ct sainle enlre loules, coiuplera, n'cn doulons pas, Mossieuis, parmi ses resullals les plus precieux, la couiplele re- velalion geographique de ces belles cl t'eitilcs pro- vinces de laTurquie, (jui furent rEj)ire el la Macedoine, la Thrace, la Mcesie, I'Asie Mineure, Cliypre, Candie, qu'unc nieme fortune, longtenips allendue, rendra bienlol a la civilisation ct a la science, sous les aus- pices d'une gloire d'autant plus pure qu'elle n'aura eu d'aulre principe que I'amour de la justice, d'autre but que le bien de I'liunianile. LETTRE i)K M. i.i; MiNiSTiu; uii l'instruction pubijque , pnisiDKXT Di; i.a sociiTi, A M. JOMARD, PRisiDJiNT l)Ji LA COMMISSION CKNTRALE. I'aris, le ii dc'cemlup 1854. Monsieur, Les travaux de la session actuelle au Conseil imperial lie ['instruction publique ne nie permeltront pas de presider, ainsi que je I'aurais desire, I'asseinblee ge- ( 3-29 ) nfiiale cic la Soci(!!l6 de g(!!ographie. Jo voiis pric dc vouloir bien Ironsmettre a nos honorables conlVircs I'expression de lout mon regret. J'aiirais fort a coeur de seconder, coiimie membre de la Soci6l(^, les utdes Iravaux auxquels elle se livre, et d'encourager, comme ministre, les explorations qu'elle provoque dans i'interet de la science, el dont elle recohipense les rc^sullals. Parmi les explorations de ce genre, qui pourraient etre profitables a la geo- graphic, notamment a la geographic de I'Afrique, il en est plusieurs qui paraissent devoir appeler en ce moment I'attention des voyageurs , et qui seraient dignes de leurs efforts et de leur courage. Elles au- raient pour objot : 1° De sc rendre de la colonic du Senegal en Algtric, en passant par Tombouctou, et reciproquement. 2" D'aller du lac Tsad a remboucbure de la Tcbadda dans !e Kouara, en passant par Yola el Yacoba. 3° De se rendre du lac Tsad a Belenia, vers le li" degr^ de latitude nord, sur le fleuve Blanc. /jo D'aller lie Mombas, sur la mer des Indes, jusqu'a Belenia, en passant pres du mont Kenia, couvert dc neiges perpctuellos. Si la Soci^te jugeail convenablede proposer un prix pour la realisation d'un de ces voyages, je reserverais volonliers sur les fonds du minislere de I'inslruclion publique une somme de 2 000 francs pour etre ajout^e ace prix. Cellc allocation serait independante de cclle qui est accordee annuellement par mon departement a la Sociele pour I'aider dans les frais de ses i^ubli- cations, et donlvouspou\ez des aujourd'hui lui assurer la continuation pour Tannee 1855. ( 330 ) Agreoz, Monsieui', rassuranct.' ile lua consideration la plus (iibtinguce. Le Minislre dr rinslniction (nihlique el des culU's. H. FonrouL. PRIX OFFERT PAR LA S0Ci6tE DE cfeoGRAPHIE. (La note suivante, dontM. Joniard a donne lecture dans la stance f^en^rale du 15 ddcembre, avait rte omise dans la liste des prix offerts par Ja Socidte, lors de rinserllon de cello lisle dans le Bulletin, num^ro de mai '185Zi. } La Soci^le de geographic rappollo qu'elle a offert un prix dc 99 piastres fortes (520 francs) pour ie voya- geur qui aura navigue sur le Nil pendant I'espace de ISOuiilles geographiques, comptes dansle lit du fleuve cl en amonl du parallele de /i° 10' de latitude nord. A defaut de navigation, le j rix serait dgalcmenl donne au voyageur qui aura reconnu le fleuve dans le menic espace, en cheminant sur Tune ou I'aulre de ses rives. Pour oblenir ce prix, il faut donner une relation, au uioins succiiicte, du voyage : il faudra aussi en elahlir I'elendue par des observations aslrononiiques qui seront publiees dans le Bulletin dc ia Societe. Pour redificalion des voyageurs zel(^s, accoutumes aux observations aslronomiques, el qui t;eraieiit em- barrasses de fairc un choix parini les methodes, on croit bien de rappeler ici qu'ils doivenl se raunir dun chronom^tre de poche, d'un horizon arlificiel a uier- ( 331 ) cure imini de sou toil el d'un sextant, donl on d^ter- mincra I'eireur de collimalion avanl et aprfes chaqiie serie d'observations. Le voyageur encadrera son ob- servation de latitude ou de longitude enlre deux series de 3 a 10 angles horaires simples, ou d'autant de hauleurs correspondanles du soleil. Dans ces series il est bon d'observor altornativeiiH'nt les deux bords de col astre. On observera la latitude par les doubles hauleurs d'une etoile brillante, a nioins qu'on n'ait le cercle prismalique de Pistor de Berlin, aumoyen duquel on pourrait observer le soleil menie a la grande hauteur a laquelle ii culmine dans ces latitudes. Pour obtenir la longitude, il est preferable d'obser- ver uue occullation d'etoile par la lune, ce qui four- nirait cetle coordonnee, a 2' ou 3' en arc pres. Mais, a defaut de la lunette neccssaire jiour ce genre d'obser- vation, on observera, on determinera la longitude par une niethocle tres simple, bien qu'elle alt ete pou employee jusqu'ici. Cette nieQiode , preferable sur lerre aux distances lunaires, et qui donne la longi- tude a 5'ou 6' en arc pres, consiste a observer la hau- teur d'un des bords de la lune quand elle est pres du premier vertical. En d'autri^ lermes, c'est une obser- vation d'angles horaires de la lune faile absolumenl de la meme maniero que les angles horaires observes au soleil. Seulement, il faut qu'en outre la latitude ait ete bien delermin6e dans le meme lieu, a moins qu'on ne profile d'un jour ou il strait possible dobserver des hauteurs correspondanles de la lune aux deux cotes du meridien. Les distances lunaires ne seraient admises au concours pour le prix que s'il y en avail une s6rie de 8 a 10 au moins : ces distances peuvenl ( 332 ) sorvir a tlclormincr la loni;itiulc a JO' pros dans Ic cas oil Ion n'auralt pas d'ohservallon cle latilnclc. II raudia d'ailleurs cUsisncr et meine d^crirc soigneiisemcnt le lieu de I'observation, afin qn'on puisse ridenlifier plus lard par des releveinenls de montagnes, collines, lochcrs ou aulres objels pcrmancnls. Lnc medaillc d'argent do 100 francs sera ddccrntJc a I'autcur d'unc niesure des debits comparalifs du fleuve Blanc et du fleuve Bleu a Kliarloum, unc autre dc meme valcur pour les debits coinj)ares du Saubat el du Keilak pr6s de leurs emboucbures, ct unc Iroi- sierae, enfin, pour Ics debits du llouvc ordinaireruenl suivi en amonl du lac Nu , en Ic comparant au debit de I'afllucnt qui lui est a j)cu jncs parall^le du cole de I'est. La condition indispensable pour cbacun de ccs prix de 100 bancs est de fournir lous les details des nic- sures, savoir, les diverses profondeurs niesurees dans la largeur du courant, la distance de chacun de ces sondages, la maniere dent la vitesse dc cbaque cours d'eau aura el6 mesurce a la surface, la longueur de la base employee pour verifier la Kugour du courant, la date precise de cbaque mesure, les formes et les sail- lies des deux rives au-dessus de la surface des caux , I'aspecl et la nature des bords, onfin, tous les details de I'operalion, afin qu'on puisse se rend re comptc du degre de confiance qu'elle m(^rito. , Les fonds et les indications j)our ces qiialre prix ont et6 (aits par M. Antoine d'Abbadie, membre de la Commission cenlrale dc la Socicle de goograpbie. ( 333 ) NOTICE DES TRAVAUX DE LA SOCIl^TE DE CtOGRAPHIE ET DES PROGRLS DES SCIENCES GfiOGRAPHIQUES PENDANT L'ANNEE 1854. PAR M. CORTAMBERT, Secre'lairc general He la Socie'te', Messieurs, J'ai a retracer dcvanl vous I'liistoire de !a geogra- phie pendant I'annee qui vient de s'ecouler. Une annee! c'est beaucoup dans cesiecled'activite presque febrile, dans un temps ou I'homme, excite par le noble d^sir de connaitre sa demeure tout entiere, ou de fournir des productions nouvelles aux besoins toujours croissants de la civilisation, s'agite en tous sens pour parcourir ce globe, I'^tuilier, le uiesurer, et en prendre une complete possession. C'est a noire (^poque sur- lout que peuvent s'appliquer, mais dans un sens favo- rable, les paroles du poete : Audax omnia perpeti Gens humana iSil morlalibus ardiuini est. Une plume liabile pourrait faire de I'annee geogra- pliique une peinlurc animee et attrayante; il y aurait de la grandeur el de la poesie a metlre sous vos yeux celle intelligence luimaine s'avangant liardiment par- tout, conqu(5rant sans ccsse de nouveaux domaines, inventant cliaque jour de puissants moyens de com- ( 33/i ) inuiiicalion, do transport, d'eciiaiige. On decrirait avec de vivos couleurs cos rogions nouvollcmentdt'couvcrles, ces v^nerables ruines d«^voilces sui' laul de points a nos regards, ces moeurs ciirieuses eludi^es par les vojageurs plnlosophes, et lant de dangers affronles, iantde courage, tanl de patience, tant de d^vouemenl inspire par ranioin do la science ou par la cliarite chrclienne 1 Mais celto pluuie halnle, je ne I'ai pas; et, I'eusse-je, le tenij)s me monquerait pour donncr a men resume la couleur delicate qui en lorait (ui agreable tableau; car (ct c'est encore la un d^s carac- l6ros principaux do notre temps) celui qui veut se tenir au courantde la marche des sciences, enlralnies aujourd'liui dans des progrds si vastes et si prompts, est absorbs par des Tails tellement nondjreux, qu'il lui est difficile de conserver les loisirs suffisants a I'ol^- gance du langage , a la grace de I'expression. Pardonnez-moi done, Messieurs, si mon osquissc bislorique de I'annee se ressent un peu du mouve- ment rapide de noire age, el si , par sa forme, elle n'est pasdigne de la grandeur et de la beauts des tra- vaux accomplis. Mon premier devoir, en entrant en mali^re, est de I'endre un trisle bommage aux membres Irop nom- breux que nous avons perdus depuis la seance du 23 decembre 1853. M. I'amiral lloussin en ouvre la liste funebre. Ce grand navigaleur, no a Dijon on 1781, debula dans la carrierc mililairo j)endant les guerres do la Ropubli- que, fil partie, comme simple officier, de 1803 a 1810, de la petite division navale dont File de France 6tait le centre d'operalion, el y prit une part dislinguoe ; il ( 335 ) revinl tiaus la mere patrie en 1811. Napoleon liii confia le commandement de la fregate la Gloire, qui devait croiser avec tant de difficulte et d'honneur dans I'Atlantique pendant i'hiver de 1812 a 1813. II fut charge en 181(> de la reconnaissance des cotes occi- dentales de TAfricjue; quelques annees apres, 11 alia I'aire I'liydrographie des cotes du Bresil, dontil publia, en 1826, un atlas coraplet; I'Acad^niie des sciences I'admil en 1830, le Bureau des longitudes en 1832, et il fut president de notre Societe en 18/13 et 184/1. A son savoir s'alliaient d'^niinents talents diplomatiques, el il y joignait des sentiments aussi nobles que fei'mes et droits. M. Beautemps-Beaupre a suivi de bien pres dans la tombe son illustre coilegue. Je n'essaierai pas de d6- crire les services inimenses que ce grand hydrograpbe ' a rendus a la science, a la pr.lrie, a I'liumanite. Entre de bonne heure dans la carriere, sous les auspices du celebre geographe Nicolas Buaciie, son parent, il Tut employe, presque a son debut, par M. de Fleurieu, dont les enseignements lumineux nc purent qu'avoir une hcureuse influence sur sa reuiarquable intelli- gence, et sous la direction de qui il dressa les cartes du heplune de la Baltique; a vingt-cinq ans, il accom- pagnait, comnie ingenieur hydrograpbe, I'expedilion de d'Entrecasteaux envoy^e a la recherche de la Perouse, et il fut dune admirable utilite a la navigation difiicile decette expedition. Revenu en France en 1796, il fut attache au Depot des cartes et plans de la marine; plus tard, Napoleon lui confia Texploration du cours de I'Escaut, celle des cotes de I'lllyrie et de la Dalma- tie, celle des embouchures du Weser, de I'Ems et de ( VM^ ) I'Elbe. Apres la rosluuralion , il eiilrepril le giaiul Iravail de la reconnaissance hydrograpliiquc ties c«'>tes de France, depiiis Diinkerque jusqu'a Bayonnc, cl il s'y li\ra pendant vingl-dcux ans avec une ardeur in- fatigable : il a fait ainsi le Noiweau Pilote froncais, admirable collection dc carles gent^rales el parlicu- li^rcs, qui permcttent de voyager avec securite siir toule I'elendue de nos coles dc I'Occan. Nomnui membre dc rAcad(5mie des sciences en 1810, cl plus tard du Bureau des longitudes, premier ingenieur-liy- drographc en chef de la marine, membre de la Com- mission des pliares, il fut un des plus actifs fondaleurs de noire Societe, en 1821. Entour^ des jusles hom- niages el do I'eslime profonde que merilaient ses cmincnts travaux, il eul le rare honneur de voir son Jjusle de marbre place, en 1852, par les ordres du chef de I'Etal, dans la grande galeric du Depot des carles et plans de la marine; il s'est ctelnt dans sa quatre-vingt-huiliemc annee, laissant, avec sa rcnom- raee scienlifique, le souvenir d'une ame bienveillanle et devoui^e. G'esl la Champagne qui se glorifie d'avoir produit cet Eminent geographe : il est ne a Neuvilic- au-Pont, pres de Sainte-Menehould. .v^ M. Rochet d'HerJcourt, enfant de la I'^anche-Comlu, n'a pas, comme Beautemps-Beaupr^, atteint le terme d'une longue carriere : il a ^te moissonn6 dans la vigueur de i'age, apres plusieurs voyages aussi fruc- lueux que penibles, qui ont ele sans doute la princi- pale cause dc sa fin prematuree. II est nc a Hericourt (Haule-Saonej en 1801 ; elev^ au college de Montbo- liard, il montra.des sa plus tendre jeuuesse, un carac- terc hardi et cntreprenant, et un gout particulicr pour ( 837 ) la lecture des voyages. Des revers subils de fortune ayant aneanli les ressources de sa fauiille, qui avait joui jiisqu'alors d'une biillantc aisance, Rocliet se voua courageuseinent a I'^lal de tanneur, et soulinl de son travail sa mere et ses sceurs; il fit faire des progres reniarquables a la maroquinerie, Irouva Ic nioyen d'y appliquer une couleur rouge excellenle, se rendit a Tunis, pour exploiter sa ddcouverte, el en vendit le secret pour 12 000 francs. Ce fut alors qu'en- Iralne par son amour pour les voyages, il partit pour I'Egypte. La, le pacha, charme de ses connaissances et de la sagacite de son esprit, le nomma directeur d'une fabrique d'indigo a Mansourah. vVpres sept an nees de sejour dans ce pays, il enlreprit en 1839 sa premiere excursion en Abyssinie : il accomplil ce voyage a travers mille difllcultes, el soulenu par ses seules ressources. Revenu en France, il repfit la route de rOrient en 18Zi2 , et executa un second voyages en Abyssinie, mais celte fuls avec rencouragenient de I'Academie des sciences et de la Societe dc geograpliie, et niuni d'inslrumenls, d'inslruclions, enfm (Xle* tons les.moyens propres a faire avancer la'-sfcience. II en rapportait en 18A5 les plus interessants renseigne- nients sur les pays des Adels et de Choa ; vous en avez enlendu, en grande parlie, I'expos^ dans vos stances. Messieurs, et vous les avez honores d'un de vos prlx de 18il7. 11 importait dans sa patrie plusieurs medica- ments pr^cieux, entre autres le cousso , ce cel6bre vermifuge pour rintroduclion duquel vous lui avez d^cerne une medaille d'argent. II est, depuis, all6 encore en Orient, avec le litre de consul de France f S38 ) on Abyssinie, ct il s<' Ironvail a Djeddah , qtiand il a loniiine ses jours, il y a pen cle niois. I'resque en nieme temps, luourail a Gallipoli \o ge- neral Carhuccia , enlo\6 aussi clans la lleur de I'age, viclinie de la cruelle epidemic f]ui vient d't^lendre ses ravages siir le nionde presque lout entier. NeaBaslia en 1808, il enlia a I'c^cole de Sainl-Cyr, lit parlie. comiue sous-li 'Uienant , de I'expedilion d'Algcr en 1830, prit part a presque toules nos expeditions du noid de I'Afrique jusqu'en 1851, ct s'y dislingua bril- lanunenl. Moninje colonel du 2^ regiment de la legion 6lrangere, il avait 6te invesli, en 18Zi8, du commande- ment superieiir de la subdivision de Balbna. C'est la que, mettant a profit son instruction et sa sagacite peu communes, il consacra a des recuei'clies archeologi- ques tout le temps que lui laissaient ses devoirs niili- taires; ii put reconstituer siir les lieux la geouraphio de I'epoque romaine d'apres Vltineraire d\lntonin , retrouver sous les ruines I'antique cite de Lambessa; decouvrir des bornes niilliaires, des indications de distances, qu'il a tlecrites avec une merveilleuse pre- cision. II savait aussi relever I'aridite de la science par une raaniere pilloresque, vive et originale de dire les choses: vous vous souvenez. Messieurs, de I'avoir en- tendu ici m^me, il y a Irois ans, expliquer sur sa carte de la subdivision de Balbna, les d^couvertes qu'il ve- nait de faire, el vous savez quelle impression pleine d'inl^ret et m6me de gaiete il lit sur I'auditoire. Les soldats eux-ni6mes qu'il employait a ses savantes re- cberches, les suivaient avec un certain atlrait, et il en faisait presque des archeologues. L'Acad^mie dos ( 339 ) iiisciiptions liii avail accorde le litre de membre cor- i'os[>ondant, el vousvoiis 6tiez empi'ess^s de ladinellre dans vos raiigs. Cree general de i)i'igade en 1852, Carbuccia devlnt cbef d'etat-niajor general dii camp (111 Midi en niai 1854; le 11 juin, il regul le comman- dement de la brigade de la legion elrangfere dans I'arm^e d'Orient, et le 17 julllet il n'etait p'ius ! M. Vattier de Bourville vienl aussi de succomber flans ce m6me Orient qui nous a ravi Carbuccia et Rochet d'Hericourl, el qui, en ce moment encore, voil lomber glorieusemenl des milliers de nos braves en- fanls. II naquit a Rbio en 1812, devint jeune de langues et 6leve drogman, Put nomme drogman cbancelier a Salonique, puis a Tripoli el a Bagdad, el il etail en dernier lieu second-troisieme drogman a Constanti- nople, oil il est morl en uovembre. Cet estimable inembre de noire Societe nous a adresse souvent d'utiles communications . parliculieremenl sur la Cyrenaique. Nous avons enfin a deplorcr le vide cruel qu'a laiss6 dans nos rangs M. Augusle Micbelot, un des aiembres ad joints de la Commission centrale. II serait long de dire tons les services qu'a rendus a linstruction pu- blique, a I'administralion, a la philanthropie , notrel estimable confrere. Ne a Strasbourg en 1792 , eleve de I'hicole polyteclinique en 1810, plus lard otiicierdu g^nie, il prit part aux campagnes de 1813, 1814 et 1815; il i'onda une institution en 1823. Son coeur bien- veillant, son esprit eclaire, I'appelerent a elre long- temps lame de plusieurs Socieles vou6es a la protec- tion de I'enfanoe el des classes pauvres; vous I'aviez cboisi, Messieurs, pour le secretaire de vos stances ( 340 ) genorales de celte anneo, it il aurail dii aujourd'hi!! sit'ger a cot6 tie nous a ce bureau «ju vous voyc:t sa place vide. II a public, soil soul, soil en coUaboralion avec M. Meissas el quelques auUes aulcurs, un j^rand nouibrc d'ouviai^es, lous I'ort eslimes, el presquo lous destines a I'educalion de la jeunesse, dont il conipro- .nail si bien les bcsoins et I'espril : je signalerai pai- liculierenienl la Geogiapliie melboiliquc et le Diction- naiie de geograpbie ancionne etmoderne. M. Michelol a 6le frappe subilciuent du cliolera en seplembre der- nier. Sa lin a ole ccpendanl paisible, et sa figure, sereine el douce dans la niorl> rappelait celle do M. Droz, son beau-pfere, ce sage el excellent bonime avec lequel ses sentimenls avaient une grande con- formity. Au sujet des Iristcs souvenirs que je viens de vous rclracer, je rappellerai, Messieurs, qu'on senible avoir la preuve troi) certaine de la niort de Jolin Fianklin et de ses compagnons : les details circonslanci^s don- nes par le docteur Rae , d'apr^s une narration dos Esquimaux, laissenlpeudedoule surlafin nialbeureuse de noire illuslre et cber corrcspondant (I), qui regut la grande niedaille de la Societe en 1829, pour un autre voyage aux regions arcliques. Parini les genereuses victimes de leurdevouenient pour recbercher ses traces, il ni'esl impossible do no pas rappeler noire courageux Bellot, donl nous avons deja deplore la morl I'annee derni^re, niais dont la menioire n'est pas jjres de perir : on a publie celle ann^e son journal, qui con- tient a la I'ois de noniLneux renseigncmenls geogra- (i) Voypz cependaiit les observalion-i de M Auj;. Peleimnnii, iI.tiis )(■ Biitlftiii (|p novenilirr, p. 3oG. ( m ) pliiqiii'f,, ol dcs pagos duliciedscs cle sonliinonl, uo donee philosfipliie, tie i-'ligion , cle fines ohseivalions moralos : on y vnit ;i nu sa liello amo, lout co carar- Il'I'c si iiKit^niliqufMiienl foniiii, cjui presentaif , coinun" in I'a dil (luclquo pari, nn melange excellent de la vivacil^ dii Francais, de Tospril pratique de I'Anglais, el de la puissance nieditalivo de I'Alleniand. On !ui a drige a GreiMiAvich un nionument digne de lui el de la grande lialion dans les rangs dc; laquelle il a sacrili.'- sa vie, ol la ville tie Rochet'orl voil s'rleser pour lui u:i autre monunieiil aiKtuel nolr(> Soeiele a eu I'lionneur de oonliibui'r. TIIWAUX DE r.A SOCIKTK. Je quiilo Ic trisle sujet de nos pcrtes, el je vais reni- plir un devoir plus doux, Messieurs, en vous parlanl des Iravaux de la Societe. Au premier rang des belles el bonnes clioses qu'on a dites dans vos seances, vous aUachez un prix parli- culier aux discours qu'a prononces voire ancien pi'e- sident, M. I'amiral La Place, et qui etaient empreinls de tant de bienveillance pour la Sociele, de lanl de zele pour la science, de si no!)les senlimenls pour les viclimcsde leur courage sci' ntifique et de leur liuina- nile. Les paroles elo(]uenles de noire president d'au- jourd'liui laisseronl a leur lour dans voire auK* nne prol'ondo impression, unovivc reconnaissance, el nous les inscrirons avec bonlieur dans nos annales. Que dir.ii-je au si tie notre dignc; etvenere president de la (.'.omn'.issiun cenlrale, M. Jumard, dont I'aelivilc est incessanle, dont le zele pour notre compagni.' i'.i- ( 3^r?. ) connail pas de bornes : il I'aime coimue sa famille, il liii consacro scs veillos les plus laborieuses, scs pen- sees les plus chaleureuses, et toule la vigueur d'un esprit qui clefie los ann^es. Que do comuiuuicalions, ([ue d'analyscs cl de discussions ne luidoit-on pas sur lous les sujets g^ographiquos ! Mais c'estvors rAlVique surloul que I'entrainenl ses predilections : il nous fail suivre avec le i)lus vif inler&t loules les pliases des explorations dans ce niyslerieux pays, dont il a tant avance la geographic depuis un demi-siecle. Nous lui devons un rapport present^ sur le prix annuel jiour la decouverlelaplusiuiporlante,elenconsequencedu(juel vous avez accorde des medailles a MM. Barth el Gallon pour leurs voyages en Afrique. Vous vous souvencz aussi, Messieurs, de son rapport sur le prix d'Orieans pour Tiniporlalion la plus utile a ragricullure, a I'in- dustrio ou a riuunanite. 11 a cnrichi voire Bulletin d'un nonibre considerable de notices , entre aulres sur la conlerence de Bruxelles pour Tadoption d'un sysleme uniiorine d'observalions met^orologiques ; sur la ville japonaise de Nagasaki, au sujet du plan communique par M. de Montigny a son rclour de Chine. Tout le monde se rappelle les details inleressants qu'il nous a iournis sur les anliquil6s romaines decouverles re- cemment dans la vallee dc I'Yvelte, au hameau de Lozorre, relraile paisible ou noire venere doyen va j)rendre quelques rares momenls de repos, tout pres de la demeurc qu'habila un autre celebre gtiographe, Nicolas Sanson. Parmi les ouvrages qu'il a oCferls oellc annee a voire bibliotheque , je citcrai le niagni- lique alias des flJoniunenfs de la jyeograpUic, fruii tanl dc rechercbes, de patience el tie savoir. (le ( 3/i3 ) M. {lAvezaL- nous a enlrelemis de la geograpliie d'Ethicus, tie la relation ties voyages de Benjamin de Tudele et de redltion de celle relation que i\I. Car- niol\ se propose de publier dans les nieinoire.i de la Sociele; il a j)resenle un rapport sur le travail que M. Edwy Norris a cousacr^ a la langue bornou ou kanouri, et il s'est passe peu de seances sans qu'il nous ait eclair«^s de quelque savante observation, de quelque lumineuse discussion. M. de laRoquelle, toujours infatigaljle, a donne dos notices biographiques du plus grand inl6ret sur le lieutenant Bellot, le prince Galitzin , le colonel Poinsett; il a fourni sur les travaux de MM. Scbla- gintweit des renseignements qui viennent d'enrichir voire journal, el il a fait, dans la plupart des seances, les [)lus utiles coinuuinicalions. M. Malte-Brun, qui s'est charg6avec tant de zele de la parlie carlograpliiqui; du Bulletin, a donne, enlre autres carles, ceile de rAl'rique centrale d'apres Pe- terniann, celle du cours de la riviere Sesheke, d'apres Livingston ; niais ses consciencieux travaux graphiques ne 1 out pas empecbe de fournir de temps a autre d'excellents articles, parmi lesquels je rappelierai la Description et rhistoire de la Nouvelle-Caledonie, et le Tableau stalistique des colonies fran^aises. La Societe doit de vit's remercimcnts a M. Albert- Munlemont, qui a presente d'importantes analyses de quelques-uns des pvincipaux ouvrages offerts a la Societt^ ; il a mis sous vos yeux tantot la description I'u royaunie de Siam, par Mgr. Pallegoix, tantot le livre sur la Bourse de Londros , par M. Let'ebvre- Durufle , une autre fois le Journal de Bellot, el la ( m ) lelalion do M. Kane siir I'e.NpL'dilidii (iiinnell ;"i la reclierciio ile sir Jolin Franklin. Les rapporls Ires savants, lies clrmliis, lI acotin- pagnes cl'une carle do la nicr do Galileo, quo M. Isani- l)ort a consacres aiix voyages dc MM. do Satdcy ol L\nch dans la Torre Sainlo, cMit lu iin giami rolontis- senient on dehors do la Socielo : iis onl sni^cilo (jiiolques oragcs.el piovoque quolqias r^ponses vivos el do\elop- peos do la part dc I'lm dcs deux celehros voyageurs. Ni notie honorable collogue, ni la Sociole, n'onl a se j)laindre de ces nobles lultos do la critique : cic lour choc ne peul jaillir (ju'une nouvelle luinioro, ol m.us ne voyons d'ailleurs, des deux coles, dans loule celh; jioloraique , que dos arnies courtoises el de la plus grande convenance. M. Poulaln de Bostay a fait I'exainon du \oyage agri- cole et horlicole en Chine dc Robert Fortune, Iraduil de I'anglais par M. le baron de Lagarde-^h)nl!ozun. Nous avons a] pi'is, cnlre aulres nouveaulos, dans cetle intoressanlc analyse, co:ubien nous somnies loin do prendre du lh6 pur, el que les amateurs du the vert parliculiereniont sont exposes a abstirber, avec I'in- fusion de leur feuillo iavorito, un melange assez con- siderable do bleu dc Prusse, de plalre el de kaolin. Une notice de noire tros honore confrc're, M. do Hammer, sur la coupolc d'Arin , a doniio liou a dc savanles observations de M.Sedilh.l, qui connait a fond tout ce qui concerne les Orienlaux el qui vienl lU' publicr unc remarquable histoire des Arabes. M. Morel-Falio, qui revienl du I'orul do la lialliquo, oil il est alle partager les hasards de nos \aillanle3 floltos, pour ropresenter snr ses belles loiles lours ( r>/i5 ) courses liaicUes et leiirs cf)!nl)ats ;uix ilos (!'yVlaiiil, a lait profiler souvent nos tseaiices fie sa coniiaissance parfaite de plusieurs langucs otrangeres, parliciiliere- inent de Tanglais, et ses Iruduclions iiiiprovisees nous ont ete de la plus grande uliiitc^. M. Alfred Maury vous a hi, sur les populations pri- mitives du nord dc I'Hindouslan, une curicusc uolice i|ui eclaire d'un jour lout nouveau la difficile ethno- graphie des pays conipris entre le Gangs et I'erapire Birman. M. le conite d'Escayrac, qui vient de publier son bel ouvrage sur le desert et le Soudan , vous envoie, du fond (le I'Orienl, des communications tou jours bien accueillies de lous ses collegues, qui apprecient son excellent coup d'tfiil et ses bonnes observations : les dernieres sont des remarques sur la position de Toni- bouctou et les pluies estivales de la partie nord dc la zone torride. Remercions M. de Froberville, qui a cnriclii I'un des derniers numeros du Bulletin d'un tableau stalis- lique de 1 ib; Maurice. M. le vicorate de Santarem , en vous oflranl une carte de I'Afrique auslrale de la pari de M. Gooley, a discule quelques-unes des parlies les plus ardues de la geographic tie ce continent, et remis une note sur les caravanes qui se rendent de Zanzibar au Benguela; il a mis sous les yeux de la Societe los dernieres carles du grand alias 6cs/a<-sfnii/e geographiques (ju'il publie avi'C tant de perseverance et d'habilete. M.Garnier nous monlie aussi de lemps en temj)s ses carles, si consciencieusenienl elaborees, si soigneuse- nienl relouchees cl eorrigees tant qu'il y >oit une ( sia ) lache scieiiliriqiio. (Ic n'osl pas lui qui dira coinme Veilol : Mvn siege est fait; ut il applique ]iarfaitemcnl a son travail los recommandalions di; Boileau : I'olisscz-le sails ccsst; ct le repulissc/ ; Ajoutez qiu-lquefois el soiiveni etVacez. L'n do nos plus nouvoaux nieinjires, d deja I'un dcs plus feconds, est M. Deniersay, qui nous a dcmne ses interessantes Etudes sur leslndiens Payaguas, ses con- siderations sur I'origine de la poi-ulation du Paraguay, et sa notice sur la nouvellc province hresiiienne du Parana. M. Rcnard, qui a fait eii Chine un voyage donl le commerce el I'industrie pcuvenl retirertanl de fruits, vous a adresse plusieurs communications, enlre autres sur la culture du riz en Chine, sur Batavia , sur les industries cliinoises et celles de Ja\a, etc. MM. Bazin ct Cadet travailloiit activement a leur alias de France pour Tinslruclion des lycees , et vous in oifrenl successiveinent les livraisons, dont vous appr^ciez tout le merite. Parmi les memhres coirespondanls etraiigers qui ont le plus souvent entretenu des relations avec la Soci^lti, se presenle d'ahord M. Augustus Peleruiann, qui vous a adresse un si heau Iravail sur I'AIVique cen- Irale, et qui nous cnvoio avec empressement loutes les notes que son aclivitc el .sa vasle correspondance recueillent de loutes parts. M. le professeur Paul Chaix a su rajeunir par d'in- eressants apcrgus la vieillo question du passage des Alpespar Annihal, dansle memoire qu'il nous a adresse ( 347 ) sur ce sujel ; il a d^cril les vall«^es de BeauJoil, el en a fait une carte iletaill6e. M. le docleur Kiepert nous a envoye ses belles cartes de I'einpire OUoman; M. Bache, ses notes sur les niarees. Dans I'une de nos dernieres seances, notre autre correspondant, M. le gin^ral Albert de la Marmora, nous a fourni les plus nouveaux renseignements sur la comn)unicalion elettrique entreLaSpezzia, la Corse, la Sardaigne et I'Afrique. La Commisjion centrale a donn6 des instrtictions a divers voyageurs : olle eu a adress^ d'abord a M. Hecquard, pour la geograpbie de I'Albanie, et elle a cru devoir y joindre des questions redigees par M. Viquesnel, qui a tant avance d^ja la description pbysique de ia Turquie d'Europe ; elle en a i^emis en- suite a M. deSainl-Cricq, pour le bassin de I'Amazone; a M. Felix Cadet, pour la Corse ; a i\I. Faidberbe, pour la Senegambie; aM. le general Lopez, pour le Paraguay; a M. Henri de Saussure, pour le Mexique et I'Am^rique centrale. Elle a admis dans le Bulletin une circulaire de I'bonorablc M. Alexis Perrey, de la faculte des letlres de Dijon, relative a I'observalion des tremble- ments de terre : vous approuverez sans doule la Com- mission centrale d'ouvrir ainsi avec bienveillance el courtoisie voire journal a de laborieux invesligaleurs qui, bien qu'etrangers a la Sociele , ont j)0ur but, comnie elle, les progres de la science. Parmi les nombreuses letlres de personnages illustres que vous avez classee.s dans vos arcliives cette annee , je rappellerai celle par laquelle M. Fortoul , notre digne president, vous a remercies de lui avoir decern^ 23* ( aas ) la presidence de 1856; celle aussi oil il vous a aniionce lii jiul)lication , j)ar Ics soinb ile son ininislere , fi'un RuHeU'n (iesSociete^ s(n>ante.it ou notrd compo^nie aiirail nfllurellemi.-nt la place qui lui convieiit; celle eiilin par laquelle il vous a Iransinis les carles de S. A. H. k prince liert'dllaire de Sut-di-. Je signalerai encore la lellre que, j)oin- vous roconimnnder M. Knlil, auteur dune carle liistorique de I'Amerique, vous a adriss6e celui que noire president vient d'appeler un de nos g^nies Uilelaires, M. Alexandre de Humboldt, nom si cher a tous les geographes, esprit si luniineux, coeur si excellent et toujours si ploin de chaleur. malgre ses qualre-vingt-six aus. Pour elre coniplet, je dois ajouler que j'ai fait moi- lu^me aussi quelques Iravaux : j'ai eu I'lionneur d'olTrir a la Sociele deux carles des C4elel)riies de la France et la INotice qui les accoinpagne ; j'ai rendu comj)te de la description du Japon par M. Fraissinet, et de Tou- vrage de M. Mazoillier sur les chevaux arabes ; j'ai presente dans vos seances generates le Parallele de la geographie et de I'liisloire, et la Notice des tra\aux de la Societe et des progres de la geograpbie pendant les annces 1852 et 1853; enlin, j'ai pris un soln assidu dc ce BuHetiii, voire oeuvre favorile, que noire rfegleinenl rftnli a la direction du secretaire general. Au sujet de cette oeuvre, j'en rappellerai une qui en vaut bien une autre, qui meme ^aut luieux que beau- coup d'aiilros : c'est le don de 500 I'rancs que noire estimable el nen^reux collogue, M. Talabot, a oftorl pnuf I'ani^lioralion de la partie carlograpbique de nos publications mensuelles : nous avons tSch^ de repondre a Bcs nobles inlenlions. ( 34& ) PROGRfeS DE LA GEOGKAPHIE DANS CHAQllE PARTIE DU MONDK. liUROPii. Je vais examiner lapideinent les progr^s de la g6o- graphie dans chacune des cinq grandes divisions du globe pendant I'annoe qui s'acheve. Les graves 6vene- nienlsqiii s'accomplissent en Orient ont absorb^laplus grande partie des efToits geographiques de I'Europe : parmi le deluge de productions qu'ils ont fait 6clore, se distinguent tres avantageusemenlde la toule la carte gt^inerale du theatre de la guerre de noire collegue M, Garnier; la Geographie de la guerre de M. Malte- Brun ; la relation de M. Laurence Ollphanl; le Guide dans la mer Noire, par M. Corr^ard ; la belle carte de la Criniee , par Arrowsmith ; celles de Jervis el de Handike; celle de noire D6p6t de la guerre; celles de la Turquie, par le doctenr Klepert. Les hydrographes frangais el anglais de Texpedilion de la Ballujue et de la mei' Noire oul relev6 el \erili6 ies ports, les canaux, lesancrages, quise trouvalenl uienlionnes surles cartes russes. Ainsi, ce grand maiheur de la guerre pourra lourner encore au profilde la science ! M. deChallaye a donne lilinerairc de Consiantinople a Choumla, suivi par le i;eneral Prim. Le g^neralJochmus a presente les plus inlercssanls details sur les passages du Balkan et surles routes quo, dans les temps anciens et modernes, les armies envaliissantes y onl suivies. M. Viquesnel vient de publier ses bidles reclierches sur Torographie de la Turquie. D'un autre c6t6, les travaux paisibles de I'Occidenl ont continue leur niarche brillante : les chemins de iev ( 350 ) lie la France, de la Suisse, des Etats sardes, de I'Alle- magne, ont regu de grands accroissements ; la telegra- phic y 6tend de jour en jour davanlage ses merveilleux r^seaux. La geodesic de la grandc carte topographique de la France est terminee (1). Les ing^nimus de I'Amiraule anglaise relevent sans relache les cotes des lies Britanniques , notent les bancs, les courants, les inarees, les inoiiificalions quo Ifs ri\ages eprouvent constannuent. La carle lopogiaphique des Klals sardes sc continue aclivement, de meme que la grande carte de Suisse levee par des oflicicrs places sous la direclion de M. le gen«iral Dufour. Les carles et Its notices de M. le chevalier Marzolla tonl iaire les plus grands progrfes a la geographic du royaume des Doux-Siciles. L'archeologie et I'epigraphie, auxquelles la geogra- phic est si intiinenient iiee, n'ont jamais ele plus cullivees que dc nos jours, el ccs savanles recherches deviennont presque populaires. La plus celebre des decouvertes arclieologiques failes dans noire Occiilont cette annee, est sans tloule celle qu'on doit a MM. Le- nonnant, pr6s de Saint-Lauiberl de Malassis. Les fouilles do Canosa (Canusium), dans la Pouille, sous I'hahile direction du cavalier Bonucci, ont ilonne des inerveilles. A Capoue el sur la vole Appicnne, de nou- velles f'ouilles ont produil aussi de reniarquables r^- sullats. Enfin, noire confrere, M. Noel des Vergers, a donne la descri|nion d'interessantes decouvertes ar- ch^ologiques r^centes failes dans le voisinage deRunie. (l) D'apres unc notice ile M. le colonel Blondel, iliicnteur (In Denot Je la {juerie, il lestait a Faire, au i" Janvier i8J4i 'ca a niillienics du travail total pour la ge'oilesie du a*" ordre (tlure'e probable i an), les 94 milliemes pour les leves (dure'e probable 5 ans), les 3!i6 milliemes pour la {iravure (duree probable lo ans). ( 351 ) M. Beule , a qui Ton doit tant pour I'aich^ologie grecque , a ecril sur la geograpliie comparee de I'Arcadie une suite d'articles d'une grande valeur. On lie peut parlor de la Gr^ce, sans rappeler I'^cole fran- ^aise d'Atlifenes, ([ui poursuil ses docles travaux, el sans signaler le savanl compte rendu de ces travaux par M. Guigniaut, noire digne el Ires lionore vice-president, ((ui traite I'archeologie el la geographic avec une egale profondeur, et qui m^rite toute noire reconnaissance pour la maniere habile dont il repand le goill des Etudes geographiques parmi noire jeunesse, par son cours si inslruclif a la faculle des leltres. ASIE. Si nous entrons en Asie , I'archeologie nous oHre, dans I'Asie occidentale, bien d'aulres merveilles (ju'eii Europe: ce sonl les prodigieux travaux de M. Place a Rhorsabad, a Iravers les resles de Ninive; les decou- vertes exlreineuient curieuses tie M. Rawiinson dans I'ancienne tcrre des Chaldeens; les Etudes si remar- qualjles de M. Opj)erl sur celle immense Babylone, qui avail 514 kilom6lres carres, mais ou les espaces habiles neparaissent pas avoir occupe plus de 18 kilo- metres carres, environ la moilie de Paris; il en a dessine la carte, qui a ete inseree au Bulletin. MM. Kieperl, i!e Vincke , Fischer et de Moltke, ont donne des cartes fort dt^veloppees de I'Asie Mineure, avec des plans de villes. M. Piitler a public une carte des pays baignes par I'Euphrate et le Tigro. M. Victor Langlois a fourni des details neufs sur les populations armeniennes du Taurus. M. de Tchihatchefl" a d^crit ( 352 ) lt:5 codres cl k't> itulres vegelaux de cclle cliaiuc, cl la iiomellc edition desa carle dc I'Asio Mincurc augnicnlc iius couuaissances sur cello peninsulc einincmiiieiil liislorique. Lnc loulc do pul>lications propres a eclairor le iheatre de la giiorrc dans les parlies dc I'Asie qui avoi- sinent la mer Noire n'onl pas fail avanccr heaucouj) la science serieuse. Mais dc verital)!es services onl 6le rondus par le docleur Bui.st, qui a eludie la geogra- phic physique de la merllouge cl indique de nouvcaux moyeus de mesurer larapidit6 el la direction des cou- ranls sous-niarins. Pendant ce temps, M. Ip lieutenant R. Burton laisait, de Medinc a la Mecque, un voyage qui parait devoir ollrir des rcnseignemenls nouveaux el imporlants. Ln grand ouvrage se public, qui interesse vivement lous les amis de la geographic, mais particuheremont noire Sociele, qui en a poss^de dans son sein el cou- ronne I'auleur, enleve sijcuno, helas I a ses courageuscs explorations; c'est le \oyagc en Turquie cl en Perse, ext'cul^ par Hommaire de Hell en ISAO, 18'i7 el 18/i8. Parmi les travaux les plus recenls sur rHiniloustan, nous pouvons signaler la grande carte gtiologique de rinde, par M. Greenough , les deux volumes que !\I. Hooker a consacres au Sikkini, el qui contienncnt des documents exceilents sur la geographic, la bota- nique, I'dhnologie, la geologic et la uniteorologie. Nous remarcjuons aussi au premier rang celte Notice de M. Mauiy (juc nous avons deja cilee, et qui Tail voir raiialogic remarquable des peuplades de I'Assam avec les Malais, dune pari, el les populations polynesiennes, de I'aulre, ( 353 ) Tout pres tie la esl lo Tibel, oi'i lezel6 niissionnaire M. Krick fait de nouveaiix elTorls j)oui' penelror par Je Slid, malgro les difficulles enormes qu'il a eprouvees dans nil pieniier voyage en 1851 el 1852, el dont il nous a donne una reccnle relation. Le nord-ouest de cette coiilree est le Lailak ou petit Tibet, dont la des- cription vienl d'etre faite dans un important ouvrage special dii major Cunningham, si coiniu de vous deja pour ses travaux sur I'Himalaya. Nous attendons, sur ces majestucuses montagnes , de nouvelles lumieres du vo}agc cju'y entreprennenl en ce moment MM. Schlagintweit, dans le but surtout de faire des observations de climalologie et de meteo- rologie. Mgr. Pallegoix, de son cote, a donne un ouvrage capital sur le royaunie de Siam ou plutot Thai, ct il a compose un dictionnaire tres detaille de la langue do ce pays, comparee an francais, a I'angiais el an latin, D'aulres dignes ecclesiasliques font connaitre les parties les plus inexplorees de I'Asic orientale : M. Miche , vicaire aposlolique du Gamboge, a rendu comple de son excursion au Laos en 1853 ; M. Hue a mis au jour la relation de son voyage en Chine. M. de Siebold, qui a publie depuis longtemps sur ie Japon un ouvrage dont vous connaissez rimpor- tance, continue a nous eclairer de temps en tem|)s sur son pays de predilection, et il vient defournir un memoire sur I'elat des sciences chez les Japonais. Mais le plus grand evenement geographique qui con - cerno ce myslerieux empire, esl I'arrivee des Ameri- cains dans ^es ports, lour Iraite de commerce avec le ( 354 ) Siogoun, le tlroit qn'ils onl acquis tie sejourner tians deux villes clii pays. Ce lointaiii Orient, si longtemps imniobilt', parail done se liaiihl'oinior taibsi, et eritrei" dans le lorrent de la ci\ilisalion europeenne qui eni- porte li^ luonde. Avanl dr (juiller I'Asie, je I'erai remarquer que la Soci6t6 geograpliique de Russia a decide une expedi- tion scienlificjue pour I'explorationdo laSiberie orien- talo , et j)our I'elude com|)Iele de ce pays sous les rapports aslronouiiques, topographiques et g6ogra- phiques. Quoique celle Sociele appartienne a une nation si piofontlement separeedenousence moment, nous n'en devons pas inoins rendre justice a son zfele et a ses lumieres. Nous nous souvenons avcc inlerfit des relations suivies que notre compagnie cnlrutcnail avec elle avant que les plus graves 6venemenis lussenl venus les inlerrompre ; la science, d'ailleurs, ne con- nail pas d'ennemis, el les savants russes et irangais ne peuvent cesser de s'eslimer, quelque barri^re que les fl^aux de la guerre aienl ^levee enlre eux. AFRIQUK. Abordons mainlenant I'Afrique, el visilons d'abord le Nil. Nous avons a signaler les >oyages de M. Vaudey, qui a malbeureusemenl p6ri chez les Barry dans une lutte qu'un malenlendu deplorable a fail nailre entre ses compagnons et les indigenes; ceux de M. Brun- Rollet, qui a remonle le Nil Blanc jusqu'au 3^ degre de latitude norl, el qui rapporle des renseignements nombreux sur ce fleu\e, sur les Barry, les Berry, les Dinka et aulres populations, sur le Saubat, sur le Keiiak ( 355 ) (qui est peul-etre le Misselad), sur line riviere consi- derable venant dii sud et afiluout de ce m^me Keilak ; il a mis sous les yeux de la Commission centrale, il y a peu de jours, une carte curieuse qui conlient toutes ses decouvertes geographiques, et il a redigd, pour I'accompagner, un niemoire qui ne tardera pas a etre livre au public. M. Mansfield Parkyns vient de I'aire paraJtre , sur sou \oyage de six ann^es en Abyssinie , un journal riche en observations de tout genre. M. le docteur Cuny , depuis longtemps etabli en Egypte, a recueilli de la boucbe des negociants du Darfour, des details tr^s developpes sur ce pays, et il a pu en composer un memoire qu'il a offert avec un aimable empressement a notre Bulletin. Mais c'est surtout I'expedilion de I'Afrique centrale qui absorbe notre attention : on suit avec une admi- ration melee d'inquielude ces bardis explorateurs qui, sur les bords du lacTcbad, comn)e surleKouara, afl'rontent les dangers du climal, millc obstacles de la nature, les intentions souvent hostiles des babitants, enfin la guerre qui divise presque partout les popu- lations. La fin deplorable des Richardson et des Ovorweg n'a pas arrete los Bartli et les Vogel. Mais serait-il vrai que I'un des deux vient aussi de suc- comber? A peine pouvons-nous croirc a la nouvelle funeste , et dunn^e sans aucun detail, qui vient de se r^pandre, de la mort du docteur Barth. Au mois de mars 185/1 , M. Barlb etait encore A Tombouc- tou, enloure d'ennemis, surtout parmi les Foullah de la tribu (\<.' Hamd-Allabi, mais lieureusement protege ( :^5ii ) par le clio\kh El B.tkai, litre cln gonvornour. S(in voyage ilo Kouka i> Tomhoucluii , oi'i il isl iiriht' lo 7 soplonibre J 85;^, a fourni dcs delails Irus noiiveaiix sur un i;i'anil iiomhro dc linix: Noiirna, l^lhlako, elc; it a clelermiiK' la silualion do Tomhouctou a 18' ;V lU)' do latilude, lotini iino masse enorme d'inforniatidns, el trace plusicurs carles, qii'il a d^ja en pailie en- voy^cs en Europe. Lo doclcur Vogel, a la lin du memo mois de mars, so Irouvail a Roiika, ou il olail parvoiui quelques mois aiipaiavanl, on passant par Mour/.onk, Tegorry, Ach(jnoiimma, Bilma; il aviit le projot dt? remonter lo Chary, de fixer la position du Faro el du Benou6, etc. Du rcslo, co joune savanl, verse a la lois dans raslrononiie el Ihisloiie naturelle, a deja fourni de pr^cicux ronscignemouls : il a determine astrono- miquement la silualion do Kouka; il en a inditjuo raltitudc, il a explore le lacTcliad; il a connnuniqtio, sur les productions el les moiurs, des details pleins d'inlerel, oil regne un agreahle melange do savoir el de gaiote. A-l-il desccndu la Tchadda, commo il parail en avoir eu le dessein ? A-t-il rojoinl I'expo- ililion oiganisoe pour explorer cello riviere? Nous lignoions. Nous savoiis seulemonl ([uc cetle expedi- tion , en romonlanl le Rouara , a malheureusomcnl perdu son cliol' , lo capilaine Bocrofl ; mais que M. Macgrogor Laird veille a la bonne direction do Ton- treprise; peul-etro esl-oUo en co momenl dans la Tchatlda. Nous atlendons de ses nouvollos avoc urie vive impalience. Ces regions interioures qui s'etcndent entre Zanzi- bar el la cole de la Cuinoo interieine cfimmenronl a ( 357) so devoiler peu a pen aux logaids des geograplies : des caravanes do marchands musidinans paraissent traverser de temps on temps le continent, comme on I'a raconte de quelques Maures etde leur suite en 1852. On sail enfin qii'un Hongrois, M. Ladislas Magyar, partit du Benguela pourl'interieur en 18/19, epousa la fdle d'un chef de Bihe, obtint la una troupe nom- hreuse et liardie de chasseurs d'^i^phanls, s'avanca dans Test, suivit longtemps la Coanza, arriva a des raonlagnes qui donnent naissance a de grands fleuves, enlre autros le Raszabi, et penelra dans le royaume du Kalounda, jusqu'a /j" hi' de latitude et 21° 23' de longitude ; mais nous ne savons ce qu'il est devenu depuis. M. Desborough Cooley a trace sur sa carte des routes curieuses qui eclairent un peu nos connaissanccs sur ies regions si obscures de la partie sud de la zone torride africaine. Nous avons recu avec bien de I'int^ret des lellres de MM. Krapf et Rebmann, datees de la fin de I'an- n6e 1853, qui donnent quelques nouveaux ^claircisse- ments sur la decouverte du Kilimandjaro, sur la terrasse du plateau de I'Afrique orientale , sur Ies Ouakouali, sur quelques attaques enfin donl ces deux estimables missionnaires ont ete I'objet en Angleterre. M. Krapf est , depuis, renlre en Europe, ou sa sante, ebranlee par lant de fatigues, I'a force de revenir, et il s'occupe de la redaction des vocabulaires de plu- sieurs langues africaines, entre aulres du kikouafi. Un autre missionnaire c^lehre par de merveilleuses d^couvertes en Afrique, c'est M. Livingston, qui nous a adresse une relation et uiie carle si int^ressantes de VMi. nAcF.MBnn. o. 24 ( 358 ) son voyage sur ies bords des rivieres Chob6 el Seslj6k6 ou Liainbye ; il nous a fait connallre I'aspect exlraor- dinaire de ce pays, inond^ au loin a cerlaines ^poques, herisse de roseaux, mais aussi, de temps en temps, pilloresque, delicicux, parsem6 de belles plantes, parmi losqiielles notre voyageur a rencontre avec un vif plaisir une sorle de vigne qui lui a rappel^ agrea- blement TEurope. II a conlinu^ ses courses bardies vers le nord-ouesl, el a gagn«^ I'Angola, oii il est enlin arrive a Sainl-Paal de Loanda, le 31 mai 185Zi. M. Li- vingston n'estpas qu'un courageux voyageur: c'esl un homme savant et un bon observateur; il a deleruiin6 des positions geograpbiques, dont ies calculs, souniis a M. Maclear, de I'observatoire du Cap, ot a sir John Herschel, ont 6te trouv^s fort exacts. Le jeune voyageur suedois, M. Charles Anderson , qui avail accompagne M. Francis Gallon dans son ex- pedition sifruclueuse de TAfriquc australe, a continue a explorer cette conlr^e avec un zele, un courage, qui a brav6 des souflrances et des privations inouies. Les dernieres nouvelles que nous avons revues de lui nous le monlrenl parvenant de la cote occidenlale au lac Ngami, remonlanl la riviere Teoge, qui se jetle dans ce lac, et decouvrant sur ses bords un pays tr6s sain, exempt de la redoutable mouche tsetse. Dans le mfeme temps, le lieutenant Dayman relevait avec soin la cote de la colonie du Cap, ilepuis le cap Hanglip jusqu'a celui des Aiguilles. Porlons mainlenanl nos regards a I'extrj^mit^ occi- denlale de I'Afrique : nous y trouvons un Fran^ais plein d'ardeur et de sagacite , M. Faidherbe, qui a 6tudi6 profond^ment les langues senegalaises. II nous ( 359 ) a envoy^ un in^inoire excellent sur les Berberes et les Arabesclesbords du Sent^jgal, avec un recit curieuxdela bataille d'Isly, recueilli cliez les indigenes et qui atlrl- bue Ires plaisamment toute la gloire de celte journee aux musulmans, toute la del'aite aux Frangais. M. Fai- dherbe , qui est un briilant ofiicier , a puissamment conlribud a la soumission toute recente de plusieurs populations bosliles a la France; il a adi'esse, sur I'ex- p6dilion dirigee centre lavillede Dialmalh, un rapport qui inleresse aussi bien la g^ograpliie que I'histoire militaire ; son nitrite vient de I'^lever au rangde gou- verneur du Senegal. M. le lieutenant de vaisseau Prolet, I'ancien gouverneur, a fait un rapport, fort interessant aussi, sur I'expedition qui a eu pour but le r^lablisse- ment de Podor, et sur le cbatiment severe des popula- tions du Dimar, province du Fouta, inlermediaire entre Podor et Dagana. II serait difficile de mentionner tons les documents qu'on donne chaque jour sur notre Algerie, ou des communes nouvelles se forment, ou la colonisation prend un accroissement si favorable ; je me contente- rai de nomrner le principal de tous : le rapport de M. le mar^chal \aillant a I'empereur, sur la situation de cette colonie en 1853. Nous soinmes, au contraire, bien pauvres eu ren- seignements sur la r^gence de Tunis. On doit done beaucoup de reconnaissance a M. Daux, qui a rapporte des travaux topograpbiques tres complels sur le terri- ritoire de la capitale de cette contree. Sortons de I'Afrique par cette belle mer qui est le lien des trois parties de I'ancien monde et qui fut comme le berceau de la civilisation antique : admi- ( 3(H) ) ral)le l)assin sui' lequol sc prcssoni lant de souvenirs, que sillonnonl lant do vaisscatix, ct ou s'agilenl plus que jamais dc p;rands intt^rets : M. lo conlre-amiral Henry Smvlh lui a consacre un superbo ouvrage.sous le simple litre de la Mediterranee ; la Society geogra- phique de Londres a decern^ a ce travail sa grande midaille d'or, et toul le mondc g^ographique ratifiera ce suffrage. AM^RIQUli:. J'aborde mainlenant I'Am^rique; et le premier be- soin que j'»^prouve en y arrivant, c'est de jeler un coup d'ocil sur ces regions arcliques, theatre de tant do d6- vftumenl, de tant de liardiesse et de si grandes infor- lunes. On parail done avoir enfin d^couvert les traces de John Franklin, et, par les renselgnements quo le docteur John Rae a re^us des Eskimaux, nous avons a peu pr^s la iriste certitude que I'illustre et malheureux navigateur a p6ri avec ses compagnons en 1850, au milieu des plus afl'reuses circonstances dudenumenl, dans le voisinage du Back's River. Le heutenant araericain Kane, parti de New-York en 1853, a la lete d'une expedition equiptie par les soins genereux de MM, Griimell et Peahody, est encore sans doule en co moment dans les glaces du nord : on n'a pas recu de ses nouvelles depuis juillel 1853, el son sort commence a inspirer de I'anxidli^. On clail inquiot aussi du capitaine Collinson, commandant V Enterprise: parti d'Angloterre, en memo temps quo le capitaine Mac-Clure, doiil vous connaissez les 6ton- nantes explorations, il etait parvenu, en 1853, a tracers lie passage nnrd'ouest ,^^r\?> la partie orienlalede I'Dc^an I A\ (361 ) Glacial ani^ricain; mais dej3uis un an, on n'avait pas de ses nouvelles, lorsqu'au mois d'aout 1854 il arriva au porl Clarence, situ6, comme vous savez, sur la cole ineridionale du cap du Prince de Galles, a I'entree du detroit de Behring. Le capilaine Inglefield , commandant du Phoenix, etail en juillet dernier sur les cotes du Greenland, et y a visits une grande foret p^trifi^e. Sir Edward Belcher est toujours a la lete d'une expedition qui etait all^e a la recherche de sir John Franklin : un de ses navires, le Reso/ute, est commands par M. Henry Kellett, et c'est sur ce vaisseau que sert notre compatriote M. Emile de Bray, a la conduite honorable duquel sir Edward Belcher s'est|)lu arendre, dans un rapport a I'Amiraut^, une ^clatanle justice : il a su, comme Bellot, s'acqu6rir les plus cordiales sympathies de tous. Le capilaine Penny, d^ja connu par ses voyages arctiques dans les ann^es precedentes, vientde repartir pour I'ocean Glacial, avec I'esperance d'atteindre le pole nord. Des expeditions qui ont moins de retentissement, mais qui offrent une haute utilite, sont celles du com- mandant Shortland et du capilaine Bayfield, qui etu- dient, notent et dessinent sur leurs cartes les dente- lures innombrables et les dangers des cotes de la Nouvelle-ficosse , comme M. Parsons le fait pour les Antilles anglaises et les cotes du golfe du Mexique. De leur cote, I'infatigable professeur Bache et ses collaboraleurs continuent le releve des cotes des Etats- Unis, tandis que les admirables instructions du lieu- tenant Maury se repandent de plus en plus et viennent d'avoir leur sixiemc edition. L'activite geographiquc ( 362 ) n'est pas inoins grande dans rint^rieurde cettegrandp ropuhlique. Voyez, par exeniplo, ccs enlreprisps im- menses et hardies pour i'otablisseinont de cliemins de fer qui doivent couper Ics moiils Rocheux et joindre les deux oceans! Cinq principales directions ont ele suivies pour ce grand objet: la plus septontrionale est celle qu'a prise M. Stevens ; il a remont^ le Mississipi jusqu'aux chutes do Sainl-Antoine, s'esl avance a I'ouest, a h'averse le Missouri au fort Union, pass^ par les territoires des Indiens IJpsaroka et Pieds-Noirs, coup6 les monls Rocheux a la passe de Lewis et Clarke, par une altitude mediocre, qui paralt favorable a un chemin de fer, et a |)6netr6 enfin dans le bassin de la Columbia par la riviere Clarko. Une expedition dirig^e par MM. Gunnison et Rerns, apres avoir traverse le territoire Indien, ^lait entree dans les gorges des monts Rocheux vers A3 degr^s, el avait parcouru le territoire montagneux de I'Utah avec des resullals salisfaisants, quand, parvenuc au voisinage du Grand Lac Sale, elle fut assassinee par les Indiens Utah. f/expedition de M. Nollis a fait connaitre une com- munication praticable pour un chemin de fer, de la vallee du Rio Sacramento au fort Laramie, sur la rividre Nebraska , en traversanl les monls Rocheux vers le h2« degre. M. le colonel Fremont, d^ja si connu par ses voyages do ISlih et 18Z|5, a execute en 1853 et 185/i une nou- velle exploration, en se rendant de Saint-Louis a San- Francisco par le fort Bent, par la passe de Cochetope, qui se trouvc vers la source du Rio-Gran le, a 38 degres environ de latitude, enlin par un passage dc la Sierra ( 363 ) Nevada situ^ vers ")7degres; le cel^bre voyageur ot ses compagnons onl eii de grandes fatigues et des froids rigoureux a souffrir; cependant la praticabilite de voyage en toute saison par celte route a ete de- montr^e par cetto expedition. Une cinqui^me ligne, la plus meridionale, a ete ex- ploree aussi en 1853 et 185Zi, par un corps nonilireiix de voyageurs que commandaient MM. Beale et Heap. De Saint-Louis il a gagne le Kansas, puis I'Arkansas, le Red River, enfin la vallee du Rio-Grande; il traversa ce fleuve a Albuquerque, dans le Nouveau-Mexique, vers 35° 50', s'avanga a I'ouest, au milieu d'une region infeslee d'lndiens nialveillants, lels que les Apaches, el atteignit le Rio-Colorado, puis la Sierra Nevada, Pueblo de los Angeles, et San-Pedro, sur I'ocean Pa- cifique, ou Ton s'embarqua pour San-Francisco. Dans une grande partie du trajet, on a rencontre des d6- sprts, des rocs volcaniques, et en general un pays pauvre etsans ressources. De cette expedition faisaient partie M. Jules Marcou, jeune geologue francais, dont vous avez vu la relation dans le Bulletin, et M. Mbllliau- sen , peintre allemand, qui se prepare a publier des dessins nombreux recueillis par lui dans ce long et difficile voyage. II serait long tie citer toules les explorations in- t^ressantes, toutes les piddications instruclives, dont ce grand tar West americain a ete I'objet dans Ces dcrniers temps. Je signalerai seulement, eiiire tant d'autres, les travaux de M. le capitaine Marcy dans le cours sup^rieur du Red River, la relation de M, UusselJ Bartlelt sur le Texas, le Nouveau-Mexique el la Cali- lornie; celle de M. Sitgreaves, sur le Rio-Colorado et ( 3(J4 ) le Zuni; Jo \o\age en Caliloruie de M. Boiircier de la Riviere, qui a procure a noire Museum d'hisloire na- turelle une collection bolanique Ir&s precieuse. Un aulre voyageur naturaliste el physicien, M. Henri de Saussure, noire collegue, qui vient de parlir pour Ic Mexique, en emportant los instructions de la Society, nous fait esperer pour les ann^es prochaines une am- ple moisson de renseignements neul's. Si, des Etats-Lnis el du Mexique, nous passons aux Antilles, nous retrouvons sir Robert Schomburgk con- tinuant Iructueusement des travaux que nous avons eu occasion de signaler souvent deja : il est consul d'Anglelerre a Santo-Domingo, d'ou il fail des excur- sions plcines d'interfit dans i'int^rieur de I'lle d'llaiti; il a determine I'asjjecl pbysiquc du sol, recueilli les elements d'unc carte exacte, lix6 les positions d'un grand nombre de points, constate la hauteur des prin- cipales montagnes, et fait des rechercbes hydrogra- phiques que la marine recueillera avec le plus grand profit. D'aulres Etudes bydrographiques.celles do laGuyane francaise, se poursiiivent activement sous la direction de M. Ic capitaine de vaisseau Bonard, et Ton prepare les carles des rivieres de la Comle , de I'Approuague et de rOyapok. Signalons, dans I'Amerique centrale, le voyage de M. Wagner a Costa-Rica, les Etudes de M. Squier sur le chemin de fer interoceanien de Hon- duras;— dans la Bolivie, les explorations du colonel Lloyd; — dans le bassin do I'Amazone, celles tlu lieu- tenant Herndon , qui vlennent d'etre publiees : cet exploratcui-, un des brillants eleves sortis de la belle ecole de West-Point, avail Iraverse la Cordill6ro du ( 365 ) Perou en lace de Lima, suivi la Huallaga, irihutaire de I'Ainazone, et, apres s'elre s^pare de son compagnon le liculenant Gibbon, envoye par lui dans une autre direction, il poursuivit sa course sm" le grand fleuve, jusqu'a Para, en butte a des privations de tout genre, au supplice des mousliques, a mille dangers. Pendant ce temps, M. Wallace , naturaliste anglais, remontait de I'embouchure de I'Amazone jusqu'au Rio-Negro. Une expedition de la marine americaine vient de parcourir le Parana et le Paraguay, ainsi que les prin- cipaux affluents de cette derni^re riviere : de la pu- blication de ses iravaux naitront sans doute de grandes rectifications dans les cartes de cette r6publique, long- temps isolee du reste du monde par le soupconneux Francia, mais qui aujourd'hui recherche ardemment le progres et le contact des nations civilis^es. M. De- mersay est un de ceux qui, dans ces derniers temps, ont le plus contribu6 a la faire connallre : on attend avec impatience la publication du grand ouvrage qu'il a prepare sur ce beau pays. Je viens moi-meme de donner une carte, ou plutot une esquisse Ires impar- faite, ou j'ai cherche a faire faire un pas a la geogra- phic du Paraguay, en plagant quelques notions neuves d'apres M. le general Solano Lopez. C'est non loin de cette region , dans la province bresilienne des Missions, qu'habite toujours, a San- Borja, notre venerable compatriote M. Aim6 Bonpland; du fond de sa retraite, il a adresse r^cemment des communications pleines d'interet, concernant surtout le mais d'eau et le the du Paraguay. Je ne puis quitter I'Amerique sans mentionner la curieuse carle (ju'a misc sous vos yeux, il y a peu de ( 366 ) inois, uij jeune savant allemaiul, M. Kohl, el >ur la- quL'lle il luontre, par rles trails el des couleurs inge- uieuseiiienl manages, touteslesdecouverles successive s I'aites dans cellc paiiie du mondo. OCiANIE. Je terniino moii voyage autcuir du monde par rOc^anie, ou de jeunes colonies de la France atlirent d'abord nos regards; la derniere acquise est la Nou- velle-Caledonie, qui vient d'c^lre ajoutee a nos posses- sions en septcmbre 1853, lorsque deja nos niission- naires devoues avaient heureusenienl prepare I'esprit de la population indigene a cclle cession , par leurs , couiageux Iravaux aposloliques a I'ile des Pins. Tous les grands peuples noaritiuies veulent avoir uno part dans res bi'lles lies du Grand ocean : avec la ^ollvelle-Caledonie, nous avons les Marquises, nous exercons une ]>roleclion surTaiti; I'Angleterre doniine dans I'Australie et la Nonvelle-Zelande ; la Hollande et I'Espagne, dans la Malaisie; les Klats-Lnis, dit-on, viennent d'annexer les iles Sandwicb a leur conle- d^ration. Un des plus beaux travaux geographiques accomplis recemment dans celte partie du monde, c'est la re- connaissance du Heuve Murray par un bulimenl a vapeur sous la direction du capitaine Cadell et du lieutenant gouverneur Young; il en est resulte qu'on pout regarder le Murray propreniont dit comnie navi- gable depuisGoolwa, ou il se jetle dans la nier, jusqu'a Albury, c'est-a-dire sur une etendue de 1900 a:tilles; d'un autre cote, le Morumbidgee, a parlir de sa jonc- ( 367 ) tion avec le Murray, a un cours navigable de 700 milles, jiisqu'a Guadagai. Ainsi cetle terre, dont I'inl^rieur est jiisqu'ici la parlie du globe la plus rebelle aux d^cou- verles, se devoile elle-nieiiie peu /i peu aux yeux des Europoens. On commence aussi a en connaitre mleux les indigenes: Mgr. Rudesindo Salvado a fail voir, dans ses Memoires historiqiies siirV AustraUe^ que ces peuples, decrits souvent comme les fitres les plus degrades du genre liumain au physi(|ue el au moral, sont, au con- traire, une belle race d'liommes, liospitaliers, capables de sentiments genereux el bienvcillanls. Ajoutons ce- pendant avec tristesse que Leichhardt , qui en a fait I'eloge comme Mgr. Salvado, est lomb^ leur viclimc avec ses compagnons, et que c'est la, dans tons les cas, une (ache bien iiieflacable impregnee a ce peiq>le. Parnu les services liydrographiques dont I'Oceanie a 6le le tb^atre dans I'ann^e qui vienl de s'^couler, signalons le releve complet de la grande ile Palaouan par le commandant Bale ; celui de la Nouvelle-Zelande, par le commandant Byron Drury ; celui des mers qui baignenl les iles Viti et I'arcbipel des Amis, par le capitaine Denham et le lieutenant Chimmo. TRAVAUX DIVERS. 11 mo serait impossible, dans cette breve exposition, de vous presenter. Messieurs, la liste des ouvrages qu'on vous a otterts. Toutes les principales Societes savantcs du moiitie, lous les auteui's de travaux geographiques d'un ordre c^leve, s'empressenl d'enricbir de leurs pu- blications votre belle bibliolheque , oii beaucoup de travailleurs demandent I'aulorisation de puiser, mais ( 368 ) que voire Reglemenl leservo rigoureuseuieni, vuiib lo savez, aux seuls meml)res de la Society ; la lisle coiu- plfele de ces publicalions se trouve dans vulre Bulletin; pour reinercier digncment lant d'lionorables dona- teurs, les membres de la Soci^te onl cru que le ineil- leur moyen elait de se partager la laclie dc lairc des cotnples rendus des travaux dans les seances do la Commission cenlrale. Les rapports sur les ouvrages offerls remplissent done souvent, cl tr^s utilement, une grande parlie de nos reunions particulieres ; ils vont ensuite c^clairer les lecleurs du Bulletin sur la valeur et I'importance de ces ouvrages. La geograpbic, vous le savez, Messieurs, n'a pas seu- lement pour but la description des lieux de la surface du globe : elle embrasse les productions diverses, leur patrie, leur acclimatalion; vous suivez avec interet la naturalisation, dans notre pays, de lous ces elres etran- gers qui peuvent devenir une richesse nationale. Parnii ces iinporlations, vous avez surloul remarque i)iusieurs plantes de Cbinc et les yaks inlroduits par notre col- logue M. de Montigny. Vous ne vous interessez pas moins aux progres de ces arls tout nouveaux et admirables (jue le genie dc notre siecle met au service de la geograpbie, comnie de la plupart des sciences et des besoins de I'bumanil^. Ainsi , la t^l^grapbie djiectrique est employee a la de- termination de la longitude, et elle a permis de trou- ver la difference des m^ridiensde Paris etdeGreenwicb avec une precision a laquelle on n'avail pas altcint jusqu'ici : deja elle vient de lancer sa communication merveilleusc enlre Lu Spezzia et la Corse; elle ne lar- dora pas a franchiv la Sardaigne et a loucbcr 1' Afrique ( 369 ) ello-mftmo. M. le lioulenant Maury croit m6nie a la possibility de lui faire Iraverscr I'Allantique entre Terre-Neuve et I'lrlande. — La pliotographie a range les cartes parmi sos produits les plus dellcieux : MM. Bisson ont donne des cartes photographiques trfes curieuses, et vous avez pu tout recemnient admirer celles de MM. SchlagiTrtweit ; M. Salztnann a rapporte une tres riche collection de vues photographiques des monuments de tous les ages qui se trouvent en Judee. — Les reliefs topographiques acquierent une perfec- tion remarquable : vous connaissez depuis longtemps ceux de M. Bauerkeller; M. Bardin en a prepare une collection qui parait devoir meriter tous les suITrages des amis de la geographic ; M. Maillard vous a olTert son joli plan de I'lle de la Reunion; M. Dickert , de Bonn , a represenle avec une pittoresque verity plu- sieurs parties de la Prusse Rh^nane et meme ledisque de la Lune. La cosmographie, sceur de la geogi-aphie, voit naitre aussi des progr6s dont nous partageons les avantages: on a inventt^ des appareils ingenieux pour expliquer a la jeunesse les mouvemenls de la Terre el des aslres ; parmi ces appareils, nous avons surtout distingue ceux dc M. Henri Robert, verilables pelits clieFs-d'teuvre de niecanic|ue, qui onl ele soumis a la Commission cen- trale et expliqu^s avec clart6 par leur habile auleiir(l). Ainsi, dans tous les genres, les progres se realisent, loutes les sciences se prelenl un mutuel appui. Mais la geographic est peut-fttre celle qui, par sa nature. (i) Nous rappelons aussi les appareils ties reniaiquahles de M. Guenal. ( 370 ) louche le plus a loutes les aulres connaissances hu- maiues, el profile le plus generaleuient des progr^s accomplis partout. Au resle, si elle s'appuie sur heau- coup d'aulres branches , elle les cclaire vivement ;'i son lour : on a souvent, il esl vral, ni^connu ses ser- vices el le rang qu'elle doit occuper dans {'education publique; on a meme lemoigne pour elle, pendant long- tenips, plus que de rindillerence. Cependanl on com- mence a lui rendre plus de justice ; le uiinislie 6clair(i que nous avons I'iiouneur de voir a notre tele lui a altribu6 un programme digne d'elle, il a monlr^com- bienil appreciait les avanlages de celle noble elude; et le public prend lous los jours un goal plus vif pour les connaissances geographiques. Soyez done pleins d'espoir, Messieurs ; votre science favorite est dans une bonne voie, vous la verrez triom- pher des prejug6s, des bai bares d^dains de I'ignorance, et la muse de la geographic, donl j'ai eu I'honneur de vous faire un jour la peinture, se monlrera enfin dans loule sa suave beaute. VOYAGE DE M. BRUN-KOLLET AU NIL BLANC. NOTE I'UiLlAUNAinii, DepuislememorablevoyagedeM.d'Ainaud,eni8iiO et I'annee sui\anlc, qui nous a, pour ainsi dire, revels le i\ii Blanc el qui a ujoute cinq conls lieues a la parlie connuedeson cours, les jeux de I'Europe savaulen'onl cesse de se louiner du cote des sources de ce grand fleuve, le plus grand peut-eire du globe, si ce n'est • ( 37i ) pour le volume de ses eaux, du moins pour la longueur cle I'espace qu'il parcourt. Plusieurs voyageurs se sonl presses siir les traces de M. d'Arnaud ; les uns par le d^sir de ])ousser les cl^couvertes plus loin que le Zi'degre 1/2 de latitude nord ; les autres, pourchercher a arraolier les paisibles et nombreuses populations ethiopiennes aux horreurs de I'esclavage, et pour pro- pager en ujeme temps la religion chretienne la ou le mahoni^tisme n'a pas encore p^n^tre; d'aulrcs enfin, pour profiler de la voie nouvelle qu'avait ouverte au commerce {'expedition egyplienne do 1840, ordonnee par le vice-roi Mohammed- Aly. On sail, en effet, que les bords du fleuve Blanc sont peupl^s d'elephants en nombre immense, el qu'une quantile incalculable d'ivoire peul y etre recueiliie en ^change de marchan- dises europ^ennes d'une I'aiblc valeur. L'appat d'un gain siir devait done allircr sur ces rives plus dun voyageur depuis le temps de la premiere decouverte : c'est ce qui est arrive. Mais il ne faut pas croire que ces mobiles soient les seuls qui doivent y conduire les explorateurs. L'his- loire n'y est pas moins inl^ressee que la geographie et que relhnographie,c'est-a-dire,que I'eludedes races, de leurs idiomes et de leurs mceurs. En eflet, on sail bien peu sur I'ancien empire de M6roe, dont les hisloriens, tout en nous en vantanl la richesse el Tanciennele, ne nous racontent ni les annales , ni I'origine, ni les phases successives de son existence. On a bien lrouv6 les restes de la capilale , tout au moins les derniers (Edifices qui ont survecu a la ruine de M^roe; mais son elendue et ses limites, la duree de I'Empire el ses revolutions, qui pourrail les assignerdans I'ctat actuel ( 372 ) ■ (les connaissanccs? Cepondant.on m^ [xnit douloi' que les deux grandes valR^es du Nil, depuis ses sources jusqu'aux cataractes nubiennes, ne lui aient appartenii: on doit done aussi, en exploranl, en dludiant les rives du fleuve, chercher u soulever le voile qui couvre encore ces origines niysterieuses. Interroger les tradi- tions, apros avoir etudie les idiomes et les dialectes, est done une sorle de devoir, pour les voyageurs qui prendront pari ;i des explorations scienliliques pro- prenient dites. En attendant, plusieurs remarques se presenlent a I'esprit, quand on etudie les objets rapport^s par M. d'Arnaud , les amies, les armurcs, los ustensiles, les costumes, les vases, etc., dont font aujourd'hui usage les habitanls des rives du Nil Blanc sup^rieur. On reconnait qu'ils sont les monies que ceux qu'onl figurcis les fegyptiens dans la pointure des scenes mi- litaires d'Ebsamboul et de Thebes ; les figures ont aussi la memc physionomie. II est done constant que les arniees egypliennes ont penctr6 aussi loin que le 10° clegr6 de latitude, ou meine plus loin. Lne autre reflexion vieiit encore a i'esprit de celui qui niedite sur I'etat de ces arts, demeures stationnaires pendant trente siecles et plus. Quand on songe a la nonibreuse population du j^ays, telle que I'ont constalee et decrite M. d'Arnaud et ceux qui lui ont succed^, et quand on reflechit a la fecondile du sol, a la ricliesse de ses pro- ductions, on se demande comment il se fait que ces hommes, rounis en sociele |)cndanl un si long laps de Icmps, n'aient pas fait plus de progress dans les arts. Serait-ce a cause do rinf^iiorili^ do la race noire, compar^e a la race caucasienne, laquelle a peuple les ( :i7H ) rives liu Nil inferieur, c'est-a-dire, I'Kgyple? Serail-ce parce qii'iiucnne nation civilisee nn serait venue mo- difier I'existence des Elhiopiens, et quo coUo condilioii serait indispensable au progres? Serait-ce enfin a cause d'une certaine influence du climal eqiialorial? Ces questions peuvent elre resolues un jour par des voyageurs instruits, par dos obseivaleurs philosoplies, et clies sont tout-a-fait dignes d'une epoque dii Ton recherche curieusement loutes les origines. Ces courles reflexions m'ont paru devoir prec^der Ja lecture d'un extrailde la relation de M. Brun-Rollct, comme propres a ajouler un inleiet de plus aux de- couvertes qui so font dans I'Afrique cenlrale , et a mieux fairc apprecicr le devouenient, les efforts et le courage des voyageurs qui explorent cos rd'gions loin- taines. JoM*nD, EXTKAIT DE LA RELATION DU VOY/.GE DE Nf. BRUN-ROLLET AU Nir. BLANC. Les Berry sont les n^gres les plus intelligents et les pins hardis voyageurs que nous ayons connus. Lcurs marchands allaient autrefois choz les Niagues acheler des conterics de fadasse^ dont j'ai vu sur eux plusieurs echantillons; j'ai egaiement achele d'eux quclques galeltos dun tabac Ires estime, qu'iis vont chercher aux monlagncs d'Imadan. lis penetrent au sud, cliez les Ciiiacco et jusque chez les Kuenda sous I'equalour, on ils renconlrent des marchands Strangers rouges el \ni. ii/.CF.\iBnE. /(, 25 ( 37/j ) hliiiics, aijx clieveiix longs el lisses , qui y viennent (prohablement de la cote de Znngiiebiii) acheler de I'ivoire a\ec dos conleries ct des brasselels de laiton on de niivte. Doux de ces Berry quo nous avions on- voyes avec des presents au roi ties Kiienda, chez kquol Dom Angelo se proposait de se rendre, sont levcnus Irois jours avanl nion depart de iMardjou, avec plusicurs des leurs el un cadeau de sept denls d'olepliant. Us nous ont assure que le roi nous allendail avec impa- tience, que nous trouverions chez lui I'accueil ie plus bien>eillant et tous les services qu'il pourrait nous rendre; que S. M. seulenient nous |>riait de lui ap- porler un babillement (une chemise bleue et un fez) et quelques chapelets de Mardjou. hineraire des deii.r Berry appe/es Lakine, etc. Jouro^es. Des bords du Saubat a Cacciari, dont le roi s'.-ippelle Laroueh Ue Ciicciari a Obo, autre village D'Obo k Chiacco, capitale de la tribu de ce nom. . . Peiidnnt ces trois jour.-s, ils ont lencontrc ()uelqiies peiils viliiifjes. Celte tribu est a trois jours de la rive orientale du Nil. De Cliiacco a Louban-bo De Loubaii-ho a Fadjouliib, autre tribu feroce, vivant de fruits sauvages, de thasse et de brigandages. . De Fadjouiab a Atliiak D'Athiak a Laka, sur le bord du ]Nil, rhez les Bido. . De cette ville ils se sont embarqucs dans un canol I'ait d'un tronc d'arbre et sont arrives eu un jour a Robenga, chez Thirobambi, roi des Kuenda. . . . Total des journees de niarche des bords du Saubat 4 Robeiiga, capitale des Kuenda [lirecliod. sud. id. id. id. sud-est. id. id. sud. ( 375 ) Dom Angelo esl all6 de Belenia tii Saubat chez los Berry en deux jours et demi (direction est-sud-eslj. II a ti'ouve chez cux une pioprele, une aisance et une hospilalile qu'il serait difficile de rencontrer ailleurs. Un do leurs deux rois lui a fait I'accueil le plus aniical possible; il est venu a sa rencontre avec une foule de ses sujets, jusque sur les bords du Schol. Gelte.ma- jesle s'est montree en celte occasion aussi adroite que polie. Apres les souhails et les compliments de sa bien- venue, elle a prie Doin Angelo d'accepter les deux bceufs qu'elle lui montrait d'assez loin, lui temoignant en meme temps le desir de les voir (uer avec son ton- nerre; c'est le nom qu'on donne a nos tusils. Com- prenant que son bote etait bien aise de verifier si nos armes ^feu etaieni aussi lerribles qu'on le disait, Dom Angelo se relourna vers !e plus adroit chasseur de sa suite et lui dit : « Notre surete depend de noire pre- mier couj); ajuste bien le bceut'a la tele, je me charge de I'aulre. » Quand la foule qui les observait eut vu ces animaux s'aCfaisser sous une double detonation, lous s'accroupirent a la fois, en poussant des cris d'exclamalion et en se tenantla tete entre leurs mains. Leur langue est un melange de celles des Ghelougs, des Dimka et des Bary. Au lieu de s'arracher les dents incisives de la machoire inf^rieure comme les rive- rains du Nil , ils se percent la levre au-dessus du menton pour y meltre un morceau de cristal cylin- drique , long d'un pouce et demi; leurs femmes se percent encox^e le bord des oreilles, qu'elles garnisseul de grains de verroleries. Les Berry portent un vele- ment qui est compose de deux lisieres en forme do T. La lisiero transversale , large de cin(| pouces, leur ( S7(5 ) cou\re la t^le et descend sur )«s lempes. La queue, large de Irois a qualie pouces, est tissue avec leiirs chevcux de derriire cl descend jusqu'aux Janets. Cctlo elolVe faite avec leurs cheveux est garnic de verrolerios. J^es Borry sonl si fiers de eel ornenient qui les dis- tingue des aulres races, que, pour en avoir un, il ni'a fallu ni'adresser a leur roi , qui me I'a cnvoye accom- pngne d'un cadeau do sept denls d'el^pliant. Les ennemis los plus redoutables des riverains du Sauhat sent les Gallali ou Ralakra, a Test, et les Nouers, au nord-ouesl. Les premiers ont conserve leur f^rocite primitive : ils vent a la guerre comme les Huns avec leurs bagages, cl avec leurs fenimos et leurs en- fanls, qui se melenl aux conibaltants pcndanl Taction, et devienncnt dans la defaitc la proie du vainqueur; ne demandant jamais merci pour eux, ils ne lent aussi aucun quartier ; ou ils reslenl (.'tcndus sur Ic champ de balaille, ou ils logenl dans le village cnnemi. Vain- queurs, ils tuenl lout ce qu'ils ne veulont pas pour esclaves el brulenl lout ce qu'ils dedaignent. Arm^s d'une longue lance dont la hampe n'a pas moins de dix a douze pieds, el d'un long bouclier sur lequel ils regoivent les fldches et les trails qu'on leur jotte a distance, ils s'avancent toujours en poussant d'hor- ribles cris de guerre, jusqu'a co qu'ils puisscnl com- battre corps a corps, c'est-a-dire pcrcer leur ennemi avec leur lance, dont ils ne se dessaisissenl jamais. Le Misselad ou Keilak se joint au Mil vers le 10° do- gre de latitude nord, a deux jours oueslsud-ouest de I'embouchure du Saubat. M. d'Arnaud, qui dirigeail les premieres expeditions turques, a remonl6 cet affluent pendant buil jours, el pendant ces buit jours ( 377 ) il n'a trouve qu'uu vaste lac |)eu profoiicl, paisemo d'iles et souvent convert de nenupliars el autiesplantes aqualiques a travers lesquelles ses harrjues devaient se frayer un passage. Les fievres que la mauvaise qualite de I'eau et I'huniidit^ des brouillards avaient semees dans ses equipages Ic lirent revenir sur ses pas. C'est d'aulant plus a rogielter que la navigation de cetle branche interesse encore plus le commerce de riilgypte que celle du sud. Apres un ou deux jours de perseverance, il aurait vu succ^der a ces marais pesliientiels un fleuve coulant entre deux rives boi- sees, dont la droite est babil^e par les n^gres Dyaks et Guiguis, et la gauche par les Baccara Amour, chez lesquels il aurait pu se ravilailler et etablir des rela- tions d'un grand interet. Ses voiles avaient el6 aper- gues par les Arabes qui se trouvaient alors campes avec leurs bestiaux entre ces plaines que le fleuve couvre de gazon en se retirant, et les bautes terres boisees et sillonnees par les torrents qui descendent du versant du sud des montagnes Noba. Apres les Omours, les Prisekats s'elendent jusqu'au Dai'four, dont ils out secoue le joug, il y a quelques annees, par trois victoires successives. La moindre des armees envoy6es conlre eu« etait de 3 500 cavaliers. Le Misselad fait ensuile un coude au sud, oil, au diie d'autres Arabes Aouazma , il re^oit deux canaux probablement alimenles par les eaux pluviales des marais superieurs. Selon eux, le fleuve revient ensuite a I'ouest, traverse une cataracle et laisse a sa gauche les tVontieres sud du Darfoui', ou des negres pecbeurs, appeles Kiba, vont vendre des poissons seches au soleil et parl'umes a leurs foyers. De la il passe a quatre ou ( 378 ) ciiui journees des derniers villages sud du Ouadfty et sort du lac Fitliy vors lo 13° dot^re dc laliliide nord, sur los coiilins du royaume do Bournou. Des peleriiis Fellalali, habilanl les rives de ce lac, m'ont assurt^ que le Bahr-el-Ghazal elait iin aulie afTluent considerable qui, du sud, veiialt se joindre au Misselad, a Irois jour- nees est du lac Fitlry. Siir les rives de ce fleuve et de ses affluents on pourrait etabfir un grand commerce d'ivoire el do nielaux precieux. Les monlagnes siluees ati sud du Darfour onl de riches mines de cuivre. Des uiarcliands darfouriens et bouinouais, quo renvic de s'eiH'icbir porlo a lout braver, jioines, fatigues et dan- gers, troHvenl vors le sud, apres une route de quarante- cinq jours, a travers des peuplades ennemies.des fortMs cl des monlagnes qu'ils sent obliges de traver- ser a pied, d'aulres montagnes auriferes, dont les habitants ochangenl presque au poids de Tor les ver- roteiies qu'on lour apporte. Pour faire ce voyage dan- gereux, ces niarcliands se rdunissont en nombie, tous determines a sortir de la uiisere ou a mourir. Le jour de Jeur depart, ils jirennent conge do leurs parents, de leurs amis, et font loms ablutions, conimo s'ils eiaient a leur derniere heure; puis ils s'en vonl pous- sanl dcTant eux les baudels1[ui portent quelques pro- visions, leurs conteries, leurs verrotories el le linceul dont les survivanls doivent les envelopper. C'est, du resle, I'usage de tout bon inusulman de porter son suaire avec lui dans un vciyage un j)eu long. Pour se faire un ; idee de Timporlance que le com- merce de I'ivoire accjuerrait en peu d'anii6es, il suflit de savoir que ChokiF, roi du Ouaday, a envoyo, il v a qnatro ans, a Honghay.i, 240 quinlauxde donts d'^le- ( 379 ) phant, presque toutes prises sur les bords du Misso- lad. Les marchands du Darfour, du Ouaday, du Bour- nou et du Bagliermi, ne tarderaient pas a porter a nos barques, ou a nos comploirs, les richesses qu'ils vont echanger au dela du Sahara conlre nos objels inanu- facturt^s. Les prix auxquels nous pourrions donner nos articles, nous feraient avoir la preference sur les marchands des cotes barharesques. Depuis sa joncllon avec le Misselad jusqu'au 7° degr^ de latitude nord, la branche sud serpenle a travers des inarais couverls de joiics et de forfets de mimosa. Les coudes ou zigzags qu'elle Fait sont si nombreux que le meme vent est favorable el contraire, de cbaque demi-heure a chaque deux heures au plus. La piupart de ces coudes sont au noid et nord-est ; souvent on voit derriere soi les barques qui nous ont devanc^s. Comme on ne peul prendre pied sur ces bords hi^ris- s^s de joncs flottant dans I'eau , on est obligci, malgre le courant qui est tres fort, de le remonler a force de rames, ce qui rend la navigation tres dillicile et Ires faligante pendant dix a quinze jours. II arrive quelqucfois, quand les vents soufllenl du nord-est, que I'equipage a mis loute une journee pour faire un© demi-heure de cbeniin. A quatre ou cinq heures au nord de Dim, premier village des Kjks, vers le 1" degre de latitude nord, se trouve I'embouchure d'un canal qui descend des mon- tagnes du Kombiral, vers I'equateur, et coule paral- lolomenl avec le fleuve, a Irois ou quatre journees de la rive occidenlaie. Les premieres Iribus qui liabitent ses rives en monlant, sont les Loots, cbez lesquels les Kyks vont achelor la plus grande partie de I'ivoire ( ;>80 ) qu'ils nous vondenl, Les villages les plus imporlanls dc ces Lools sonl Gon, pics de Dim, puis Bak et Kio-Molou, jilus au sud. N ientient ensuite les Madar, les Fudjuli, enlie le 6^ el le h' degrd J/2 de lalilude Dcrd, et les Ougara, vers le 3* degre. U esl diflicile d'elabliides relations comuieiciales avec ces derniei'es Iribus, tant a cause de lours continuelles hoslilites avec les riverains du fleuse que puree que ce canal, appelii RIodj par les Kjks et Louri par les Bary, cesse d'etre navigable dopuis le mois de Janvier. Fayal, dit Balo (forel), Chanibil par les marins, est le premier endroit oii Ion puisse prendre terre chez les Kjks; c'esl aussi un dos postes les plus imporlauts pour le commerce de I'ivoire. L'expedition turque y a ramasse I'annee precedenle quaranle-qualre dents d'^lephanl, c'est-a-dire le tiers de son produit. Les gens que j'y ai laissds Tan passe ra'en ont achele une cen- taine de quinlaux. J'ai observe que les terrains marecageux qui se trou- venl entre les fronli^res sud des Chelougs et le 6" degr^ de latitude nord lendent a s'exbausser. Le lac Nou, qui, en \Shh, avail une lieue carree, a presque disparu en 1851. J'ai vu une lie couverte de hamijaidj la ou nous avions jele I'ancre en ISZii. Lo niarais que j'ai traverse a Boniga pour me rendre a Outeb au raois de Janvier 18/14 , 6lail presque entierement sec au 20 decembre 1851. S'il est vrai que la crue du Nil n'est pas loujours egale, il n'en est pas moins certain que les joncs et auli-es plantes dont ces marais sont couverts, joints au limon que le fleuve entralne, doi- venl avec le temps elever les rives et creer, comme en l\a;ypto, des barriercs au Nil. Dc Bonign a Adcrak, ( 381 ) on rencoulre tie temps en temps dos villages assis sill- des terrains elev^s el entoures de marais ; ces villages sont ceux des Kyks, des Tuils et des Eliales. Vers le 6' degre de latitude nord, commencent le pays etla langue des Ghirs, chez lesquels nous prenons des drogmans. Ge peuple est un des plus lavorises que nous ayons vus sous le rapport du sol qu'il oc- cupe. II est renferm^ dans un groupe d'iles de huit a neuf lieues de largeur et de trente lieues environ de longueur. Plusieurs de ces iles sont couvertes de bons paturages; d'autres, de dourali,de sesame, de pois, de haricots, de courges, etc. Le fleuve semble s'6tre mulliplii'; pour les rendre les plus ferliles du monde; il ne laudrait que quelques travaux d'irrigalion pour les rendre lout a fait productives. Au dela des Cliirs est la grande tribu des Berry, jusque vers le 3" degrade latitude nord; Belv^nia, situe a cinq ou six heures au nord de I'ile Jonfu, vers le A* degre de latitude ( terme de I'expedition de M. d'Arnaud), est la capitale d'un des principaux dis- tricts de cette Iribu. Celte villa est situ^e a qualrc ou cinq heures de la rive droite, sur laquelle sont espac^s les villages de la fraction Mardjou, voisins de peuplades richeji en ivoire. Get endroit est devenu le centre d'un commerce qui s'agrandit chaque annee, grace a I'aclire assistance d'un ami influent que j'y ai fait dans mon premier voyage en I8/4/1. Yoyant que le peu de duree de la saison seche ne nous permettait pas un assez long sejour pour etablir des relations avec les Iribus plus ou moins rappro- chees d'oii les Bary tiraienl I'ivoire qu'ils nous ven~ ( 382 ) daient, j'ai cherche a nie procurer chez ces derniers des amis intluenls, actifs el inleresses qui puissant nous sci\ir ou crinlerinediaires ou du courlicrs avcc les [)euplados do I'inl^rieur, ou do piotecteurs zeles ])Our les gens (|ue je jjouirais laisser conlinuer nies achats jusqu'au retour de mes harques. Niguello, le frero du roi de Belcnia, me parut avoir les qualites que je desirais pour mesprojets; il devint nion commensal et men cicerone. Notre lamiliaril^ devinl si intime, il pril lant de plaisir a mes provi- sions, qu'au lieu de rn'offrirl'liospilalite ilmedemanda la mienne. Apres s'^lre assure que ma barque n'olait poinl une maison d^lacliee de la rive par riiiondalion et enlraineo par le fleuve, mais bien un bailment de Lois au(juel nous a\ions donne des ailes pour le I'aire aller ou nous voulions, il vinl s'y etabllr avec deux de ses femmes, quelques domestiques et ne voulul plus lo quitter. « Je me fie a vous, me di&;iit-il, je veux voir le pays qui produit les IVuils et les boissons que vous m'avez fait gouter, ks etolTcs et les objels que j'ai adr mires cbez vous cl qui prouvent que vous eles des gens bifii superieiirs a nous, qui ne savons rien pro- duire de pareil; vous uje donnerez de tout, el ja reviendrai,dans mon pays riche el puissant, avec vous si vous voulez, ou avec les gens que vous me donnlrez, j)our acUcter de I'ivoire. » Ces propositions elaient trop I'avorables a mes desseins pour les refuser. J'emn)enai Niguello dans I'esperance qu'il me rendrail bienlol I'bospitalite que je lui donnais. C'esl a ce voyage de Niguello que nous devons d'avoir pu faire I'essai du premier elablisseinenl de commerce et d'etablir une mission catholique aGuan- J ( 383 ) dokoro. Aucun autre que Niguello n'a voulii recevoir, en 1851, Dom Angelo, a cause ties prejugdts que ces sauvages out contie les l)]ancs, qu'lls regardent coninib, des soi'ciers. Gothiouk, cUef de Ferichat, lui retusa I'hospilalite sous prelexle que la graine que les Turcs lui avaient donuce avail lue la senience iudigfjne avec laquclle il avail ele sein»^ : de la ils altiibuaienl leur luauvaise I'ecolle a iios nialeiices. Belenia a ete presquo toujours le lerme des expe- ditions luiques jusqu'en 1850. M. d'Ainaud, donl j'ai suivi la carle, n'a guere depasse I'ile de Janfu ouGuba, II" l\0' de latitude, a cinq ou six lieures au sud deBel^nia, Doni Ignalio Knobleclier, qui, en 18/i8, a tail avec ma barque nn voyage qui a ele public, a ele jusqu'a la inonlague de Lonouak, qu'il place sous le 4° degi'e de latitude nord. Au dela de cette montagno, on ren- contre de nouvelles calaractes. Le fleuve s'elargit sur un plateau parseme d'ecueils, et I'eau manque souvent aux barques les plus legeres, qui louchcnt a cbaque instant. II fail ensuile un coude de douze beures a I'ouest-sud-ouest.Sur la rive droile, sont les derniers villages des Bary , et sur la gauclie ceux des Ouanguarali. M. IJlivi a fait une parlie de cette route sur un bateau porlant iiuil rameur§. Arrive au village Garbo, dont les raaisons sont balies de lerre et couvertes de cbaume, il a ele arrets par une calaracte qu'il n'a pu franchir. Cette cataracto est form6e par une lisi^re de rochers entre lesf|uels le Nil s'ecliaj)pe en ecumant. Quelques- uns de ces rocbers formenl des llots converts de joncs. Ils sont domines par une baule monlagne boisee d'oii I'oeil peut suivre les sinuosites que fait le Nil a travors le i)ays accident^ el souvenl piltoiesquo que presenle ( 38/| ) rhorizon, Tanlot on \c voit disjiaraitre derriere une montagne, tlonl il senible nieme la base, tanlot il sc dessino coiume un ruban bleu enlre les villages el les I'orels echolonn^cs sur ses rives. Cette cataracte, que je suppose sous le 3* dogre de latitude iiord, ne pour- rait 6tre pass(^e qu'a I'dpoquc des crucs: mais on serait alors oblige, a cause des vents du sud, de re- morquer les barques, et Ton serait sans cesse expose aux fleches des riverains et aux ouragans qui r6gnent dans cette saison. De cette cataracte, le Nil coule au sud-esl. Sur ses deux rives sont les nombreux villages des Makedo. Itineraire. Sur les (Icux rives sont los nombreux villages Jes Maki'tio , pc'iidaiit deux jours La |>]upart de leurs in.iisons sont baties de terra, ou de brlques cnies, comme celles du Sennar. Cette tribu, que jc suppose Galla, n'a plus I'usage de s'ar- racher les dents incisives de la machoire infeiieure c'omine les riverains du nord. Viennent ensuite les iMerouli,sur la rive droite, et les Coucans, sur la rive gauche Apres les Merouli, sont les Loujjoufi, sur la rive droite, et les Modi, sur la gauche Chez ce pcuple, le fleuve est teilement resserre entre les monlagiies, (|u'on le traverse sur un tronc darbre jete sur les deux rives Plus au sud, sont les Bido; a Test de cette tribu, sont Jes sauvayrs I'adjelou et les Chiocco, chez les- quels les Kuenda et les B.iry se rencontrent pour acheler de I'ivoire, les premiers pour les niarchands etraiigers qui viennent chez eux des cotes de I'Ocean, et les seconds pour nous. De Laka, un des derniers villages fiidu, a Hobenga, capiiale des Kuenda Journ^es De Robenga aux nionlagues Kotnbirat. Total des Makedo aux inoiita>;nes du Kombirat Direcliun. S.-S.-E, sud-esl. sud. sud-est. sud. 13 ( ;i85 ) Ainsi.ie voyage des Makedo aux iiioulagnesdu Koiu- birat estde duuzc joiirnees. en con)plant dix heures ou lieues par jour avec los contours que fait le fleuve. Lo pays siluo a Test du (leuve est coupe et traverse par des iHontagnes dont la plupart porleul le noni dcs Iribus qui les habilent, eomnie les Lynia, les Kayac, voisins des Bary, les Fadklou, les Laourdi, plus au sud. De Robenga on veil sedessiner au sud, dans un horizon de deux jours, les liautes monlagnes do Kombirat, que je suppose au nioins sousl'equatcur.Deleurflanc oriental descendent deux torrents qui viennent se reunir a Lo- kaya, situd a une journee sud de Robenga. Au dela de cette jonclion, la troisienie branche n'est plus qu'une petite riviere, un bras qui, au dire de ces Bary, vien- drait d'autres monlagnes tr6s elevees existant au del.'t des Fadongo, autre peuple que j'ai rencontre pendant quelques journdes au sud de Kombirat, Ces Fadongo sont olivalres comme les Ruenda , parlent la meme langue et se vetent comme eux de peaux de mou- ton et d'animaux qu'ils chassent. Al'ouest de Fadongo, se Irouve, au dire des Kuenda, un grand lac d'ou sort un lleuve dont ils ne connaissent pas le cours. Des decouvertes 6loignees nous apprendront peut-etre que ce lleuve est celui qui se joint au Misselad, a Irois jour- ndes est du lac Fittry. Plus loin encore, disent-ils, sont dcs blancs ayant des maisons de pierre et paraissant avoir une civilisation plus avanc«^e que les autres na- tions de rAl'rique centrale... Nota. J'avais envoye ce rapport en Europe, lorsque M. Thurburn eut la bontd de me communiquer la carte d'un missionnaire anglais (^tabli I'l Zanzibar, ( 386 ) Ce \oyageur, M. Rebmann, d'apr^s les renseignemenls donnas par les naturels, il a place les snurces du Nil aux inoiits Kenia, silues a peu pres sous la ineme latituile que los nionlagnes au deh'i de Fadongo, oil, d'apres les Kuenda, je suppose les sources du Nd. Cos renseignemenls nie furcnt donnas par deux Berry enlre aulres, que nous avionsenvoy^s avecdes presents ou roi des Kuenda, chez leqiiei dnn Angelo devail se rendre. Mmirs et usages des peuples du fleiwe Blanc La religion de ces peuples se compose de croyances et de superstitions les plus ridicules, an milieu des- quelles on retrouve des vestiges de tradition ethio- pienne, lels qu'il en exisle encore chez divers peuplades du Sennar. Je ne doute pas que les hautes rives du fleuvc Blanc n'aienteteconnucs des habitants deMero^, alorsque celte capilale florissait etque son commerce etson influence s'elendaient au loin jusque vers le bas- sin du iNiger. Plusieurs faguis du Sennar, comme les jongleurs ou kodjours du Nil, ne sont autres que des imposleurs accredil^s, qui s'allribuenl le pouvoir de donner ou d'olcr les malefices, d'empecher ou de faire tomber lapluie. Selim-el-Assounti raconlait au xin'si6- cle que les gens d'Aloa n'avaicnt qu'a semer et lecoltor, etque lesespritsenvoy(is par les hierophanles I'aisaient le reste du travail pendant la nuit, pourvu qu'on eut la precaution de laisser dons les champs quelques vases de merisse (bidre). En 'J8Z16, il y eut au pays de Gouleli, appurtenant ( 387 ) h Cherk-Syris-Acllan , uno epicl6iiiie qui liia en quel- ques jours plus de 3 000 personnos. Le fagui le plus renomme par son influence et ses rapporls avec les esprits, les demons, fut d'abord prie et paye pour les conjurer et chasser coux qui tuaient tant de nionde; puis menace et enfin mis a mort ; aprfes quoi lous les homines sortirent avec leurs lances qu'ils jelaient a tort et a travers dans le vide pour atteindre les mauvais esprils exterminateurs. Le pays de Gouleh est habits par les anciens 6thio- piens. La religion mahom6tane y est Ir^s peu prati- quee. Leur chef est le pelit-fils decefameuxMoliammed- Abou-el-Keili, qui fut le maire du palais, le Capet des derniers rois faineants du Sennar. Les kodjours et les roitelets du fleuve Blanc n'ont de I'influence qu'autant qu'ils sontcrus sorciers, et en pouvoir de relenir on de fairs tomber les pluies. Quand elles retardent, que les paturages commencent a manquer, chaque chef do famille doit lui amener un bteuf ou une vache pour laisser venir I'eau du ciel. Si, apres cela, le temps reste sec, on s'assemble pour reclamer de nouveau la pluie ; apres quoi, on leur fend le ventre, qui, romme I'oulre d'Eole, est cen^e conlenir les orages. Cest ce qui est arrive en 1850 au roi d'Hyapour ,. pays sltu6 entre Belenia et Ferichat. Chaba, roi des Bary, fut, en 18/i9, oblige de se caclier pour eviter le meme sort. Dom Angelo fut un jour invite par les habitants de Belenia a les accompagner chez leur roi Cboba pour demander la pluie. Comme saint Paul, il se mela a celle assemblee pour precher le Dieu inconnu, le veritable auteur des eaux du ciel. Tous convinrent de ses raisons, meme Choba comme les autres ; si ( 388 ) api^s son sermon la pluie fill lombee, les convertis n'auraienl pas nian(|ue; mais le temps resta sec, et les Bai y, qui n'avaicnl pliisde laitadonner a leiirs enfanls, rclourn^rent a leur roi quelques jours apr^s. Celui-ci mil de I'eau dans une clochello, que lui a\ail donnee Selim capilan, le chef tics premieres expedilions lur- ques, et, la repandanl en presence de I'assemblee, il predil I'orage pour le Icndemain. Le hasard ayant juslilie ccUe proilicliun, doiii Angolo perdil sa logique. Ainsi, les approches des plulcs sonl un Icmps de re- celleset de dangers pour les majestes du fleuve Blanc. Les Iroupeaux sonl si noml)reux qu'en moins de deux mois tout esl Lroule ou foule aux pieds des vaches. D'adleurs ces herbes, que le soleil brule en moins de quiii/.e jours, apparliennent en general a la famille des Junes et sonl peu nourrissanles. Au mois de mars, lesbestiauxd^perissent et ne doimenl plus le lait donl ces pasleurs font leur principale nourrilure, Les boeufs sonl leur unique richessc; celui qui n'a pas assez de vaches pour nourrir une famille, ne peul se marier, ni prendre la parole dans les assemblees : c'est un paria. Nos conteries memes sonl Ires eslimees, moins comiiie ornemenl, que comme moyen d'acquerir ces precieux animaux. Les jongleurs ou kodjours annoncenl encore Tavenir au moyen dc cinq jclons qu'ils jellent en I'air ; la maniere dont ceux-ci lombenl decide du sort du con- sultant, qui doit toujours donner une ofl'rande propor- lionnee a I'importance de sa consultation. Un de ces kodjours ctait par\enu a faire croire aux Kliahs qu'il etait moitie de fer, cons(iquemraent invulnerable ; par ce moyen il s'etait fait un grand parti. Les Ixjeufs el ( 389 ) les consullants lui arrivaient de qiialre a cinq journees a la londe. Malheur a celui qui aurait paru douter de ses predictions! Comine il coinniencait u etre redou- lable aux expeditions lurques, centre lesquelles il prfi- chait et ameulait son peuple, des chefs lures le firent tuer par surprise. On avail beau inonlrer sa tete aux Eliabs assembles, ils ne revinrent de leur stupidity que lorsqu'ils furent infectes par son cadavre, qu'ils s'atlendaient a voir ressusciter d'un moment a I'autre. On a 6valu6 a plus de deux mille les boeufs que cet imposteur avait extorques et qui furent repris par ses dupes. Mainlenant, il y a a Dim un autre de ces jon- gleurs, qui se tient6loign6 de nos barques, et pr^che a ses compatriotes qu'ils deviendront nos esciaves s'ils continuent de nous apporter de I'ivoire. Les Bary et les aulres peuplades du lleuve Blanc, croient siinplement a un elre superieur invisible, dont ils font descendre les esprits inlermediaires qui inspi- rent leurs jongleurs. Dans les premieres annees de notre apparition, ils nousdonnaient la ra§me origine. Lorsque dorn Angelo leur faisait connaitre leurs erreurs, et les prechait, ils I'ecoutaient avec beaucoup d'attention et d'inl^ret. lis semblaient d^sireux d'ap- prendre des choses dont on ne leur avait jamais parl6. Je crois qu'il est plus facile de convertir, quant aux dograes, les enfanls de la nature qui n'ont aucune croyance etablie, que d'autres dont les erreurs sont etay^es sur des apparences de raison. La plus grande difficulte serait de leur faire changer de mcBurs. Ils croient a la metempsychose et a la resurrection, non pour une autre vie, mais pour reparailre dans ce nionde aux m6mes conditions qu'auparavant. Laoulos, vni. DiCEMBBB. 5. 20 ( ^m ) (vi've Hu roi Lagono , qne M. d'Anuiud a connu, et oDcIo de meurtres eldc guerres; ils n'avaienl jamais elo aiissi Iranqiiillesqu'alors. Apres son dc^parl, les Bary, les Lyria el les Lokaia .-e sont lue 42 per- soiines vt briilc' plusieurs cabanes. Cc missionnaire s'esl Tail paiiui oux plusieurs disciples qui raccoui- pagnaicnt parloul, servaient a iui reridie projiici^s les populations qu'il visitail, el faisaienl connaltre la diffe- rence qu'il } a entrenos doctrines etleurs superstitions. Tous ces peuples vont nus, a I'exceplion desreinmes noarit^es qui couvrcnt lour pudeur avec des j)eaux de mouton. Les fillos des Chirs et des Bary seules.por- lenl d'oleganls paj^nos lissus avec di;s Ills d'ecorcc et largcs de quatre duigts. lis ne coniiaissent que deux saisons, celle des pluies et I't'te. Celui-ci correspond a noire liiver ; c'est aussi le temps des plus fortes cha- leurs , queiquofois tcmpt^rees |)ar les hrises du unrd, qui r^gnent dans cette saison. Les nuits y sonl IValchcs a cause de I'elevalion du terrain, et le sommeil peut reparer les pertes qu'on a t'ailcs le jour. Les j)luies commencent a la fin de mars et finissenl tn novembre. Pendant cette saison, I'air est raCraichi par des venls iVais et liumides et par les nuages qui voilcul souvent le solcil. Les premiers oragos suiluut sont accompa- gnes de lonnerres effrayanls; ils durcnt souvent deux jours de suile. L'iiumidile (jui regne a cetle dpoque cause quelques fievres iiitormiltenlcs, mais peu dan- gereuses. J'ai trouve tous mes gens relablis et bien portants. ( 396 ) Les hydroceles, le dragonneaii, lesiWaiesaux janil)es, s'y monlrent aiissi ; niais ces maladies sont dues a riiabitude des naliirels de marcher nus dans les ter- rains mar^cageux. Leur vigueur, la beauts de leurs I'emmes, le grand nomhre de leurs vieillards, sont une preuve de la salubrile du pays, surtout au dela du U» degre de latitude nord. Ces gens ne mangent ordinairenienl qu'une t'ois le jour, vers lo coucherdu soleil; leur principale Bour- rilure est le lait et la n)erisse (bi^re) ; puis le dourah, qu'ils mangent en bouillie, ou en grains cuils a I'eau. La viande est pour cux un regal qu'ils ne rencontrent que dans les feles, les sacrifices, ct quand il meurt quelque animal. lis ont aussi des haricots, des pois, du sesame, des courgos et du labac qu'ils cultivont sur les bords du Nil ou dans les lies. Les loretis leur four- nissent aussi quelques supplements, comme des ra- cines, des fruits sauvages, des champignons et du miel en quantite. lis ont des forgerons assez habiles, qui fabriquent des lances, des fleches, divers uslensiles du sar- clage, etc. Leurs menuisiers font de pelites chaises el des statuettes grossieres. Ces artisans sont peu esti- nads. Comme les riverains qui se nourrissent de pois- sons, ils portent le nom de totimouit, qu'un vaclier ou pio|)ri6laire regarderait comme une insulle. Plus fa- voris^s que les autres peuplades ilu nord, les Bary ont de rexcellent sel dont ils ne connaissent pas toute I'utilite. Les pays au dela du 7' degr6 de latitude nord sont accident6s el converts de foretsde lamariniers, d'igliks, d'eb^niers et des plus belles variett^s d'acacias. Ce^i ( 396 ) aibres , loujours verls, soiit eiilromeles de lauriers roses porlant dos grappos de fleurs les plus variees et les phis agreables a voir. lis fonnent fles jardins na- liircls, qui rrpandonl une onil>re traiche siir un .sol que la nature s't'sl plu a enibellir. Les lauriers roses onl ici les dimensions de nos plus beaux cerisiers. Les villages des Bary el desOuanguarali sonl lanlol elages sur le flancdes niontagnes qui leur servent de retraite conlre rennemi, et rantot groupes on disperses au milieu des riches for^ts qui les ombragent. Les monlagnes du sud des Bary donnent du crislal, du fer en abondance et un peu de cuivre; elles fourniiaient a un niineralogisle un champ d'etudes aussi int^-ressantes qu'uliles. Les Nouers nc reconnaissent qu'un seul Dieu, qn'ils appellent Nav. Leur prelre , appel^ Doua, esl une espece de Dalai-Lama, pour lecjuel ils out une venera- tion voisine du culte. lis le croient immorlel et exempt des servitudes inh^renles a la nature humaine, comme du besoin de manger. Sa mort est soigneusement cachee par ses disciples, donlle plus ag^ le remplace. Sa demeure est enlouree de palissades, et inaccessible a tout autre qu'a sos disciples et aux Djink , rois ou chefs guerriers. En voyage, on le transporte sur un brancard de fouillages. Rien ne se fail dans la tribu sans qu'il soil consulte. 11 passe, disent-ils, sa vie en communication aveclesesprilsquidominentcc monde, el enseigne a ses disciples I'art de la divination et la medecine au moyen des simples. Quand la guerre est r^solue, il envoie quelques disciples maudire les en- )iemis. Ces Balaam jetlent ensuile Irois dards au deli (les fronti^ros ou ils veulenl porter la guerre. ( 397 ) lis jeiinent pendant le mois d'ouich, qui correspond all solstice d'liiver; ils nc mangent rien alors depuis le lever du soleil jusqu'a son coucher, mais ils boivent pendant ce carenie. lis s'abstiennent aussi do la viande, du lait, ot ne mangent que du poisson et des fruits sauvages. Les premiers jours du mois qui suitcejeiine, ils ont des t"6tes et des rejouissances generales. Quand leur chef meurt, c'est le dernier de ses enfanls qui lui succfede. On coupe le cou aux voleurs. L'assassin est a la merci des parents du morf. lis ont le droit d'exiger de lui autant de vaches qu'il a de doigts aux pieds et aux mains. Les vieilles femmes et les vierges suivent les hommes a la guerre pour les encourager. Le roi et les siens reslent ordinairement derrifere les rangs pour les exciter et pour tuer, dit-on, ceux qui lacheraient pied. Le roi preleve une part du butin fait sur I'en- nemi ; le reste est partage entre les combattants. Quand une fille est enceinte, on la relegue hors du camp ou du village avecles prostituees, mais les parents adoptent les enfanls pourgarder les bestiaux. ( 5fl8 ) Anal.Tfief^, liapports, lOmtralts d'ou- vraji^cs, ll4'laiigos, etc. CANALISATION DE I-'ISTIHIE DE SUEZ. Lc Caire, le ag novembre i854. Tres honore Monsieur Joniard , Je neveux pasL'jisser parlir le couirierd'aujourd'hui sans vous (^crire, quoique le leiiips presse. II vient de sc passer une chose trop imporlantn pour le monde e,nlier, troj) iriteressanle pour voii^ (jui afft'clionnez lant rtgyple, et pour niol si desii(^c, que je regarde- rais comnie une faute de ne pas vous en informer le premier. M. Ferdinand de Losseps, ancien consul en Egyple et minislro, de France en Espagne, vient d'dlre autorise par S. A. le vice-roi a former une compagnic euro- peenne |)our la canalisation de I'isthme de Suez... Signe : Li.nant-Bey. Une note sur la determination pr^cedente est arriv^e .i Paris en memo lemps que la ieltre de Linanl-Bey ; en voici un exlrail : La grando oeuvre (jui depuis dos miliiers d'annees a (^l6 lo rfive des souverains de I'hgypte, ct plus tard do touie I'Europe, ce rove, qui, a quelques epoques, a eu de faibles realiles, va enfin , nous pouvons Pes- ( 399 ) p6rer, commencer a se realiser sur une immense ^chelle. Son Altesse ]o vico-ioi d'Egyple, cherchant a rendre son regne remarquable par la prosperite qu'il veut donner aux belles conlrees qu'il gouverne, a pense que le percement de I'islhme de Suez, et une commu- nication etablie pour les grands navires entre la mer Rouge et la M^diterranee, pouvait, tout en procurant a I'Egypte de grands avantages pecuniaires, la meltre aussi, euvers I'Eiirope et le monde entier, dans une position ou loutes les puissances seront inleress6es a la conserver dans son 6lat le plus parfait de tranquil- lite : olle a pense aussi que cotte grande ceuvre serait d'un resullat immense pour les puissances euro- pd-ennes , puisque cetle communicalion abregerail de plusieurs milliers de niilles les distances parcourues aujourd'liui. Persuade qu'a cetle epoque les rivalilos mesquinos et deplorables qui ont exisle autrefois, et qui aujourd'liui disparaissent par I'alliance franclie exislant entre I'Aiiglelerre et la France, dont les inte- rfets communs deviLniient presque identiques, per- suade, dis-je, de ces principes, le vicc-roi Said -Pacha vient de donner a M. Ferdinand de Lesseps, son ami depuis de longues annees et son bote actuel_, des pleins pouvoirs pour constitucr une compagnie uni- verselle,compos6e descapitalistesde loutes les nations, a laquelie sera concedee la coujmunication des deux mers et au moyen d'un canal direct avec tous les Ira- vaux qui en dependent. Cette grande ceuvre a laquelie, dep\iis soixante an- nees surlout, on a tant travaille, va done immediate- ment avoir un commencement d'ex^culion. ( 400 ) M. de Lesseps voulant poiivoir, savamment ot avec connaissance de cause, I'aire discnler tout cc qui a rapport a cetle immense enlroprise, va parlir pour I'islhme avoc Linanl-Bey, directeur general des travaux publics et des ponts et chaussdcs en l^>p;y|)te. Linanl-Bey, depuis trente annees , eludie cette grande question ; ses memoires, ses projets, lous ses travaux sent connus et onl ele mcme la base de la for- mation dc plusieurs soci»Mes ayanl rapport a I'istbme de Suez el aux communicalions a y olablir. En 1853, il a encore fait dans cette parlie d'imporlants travaux, el nous pouvons dire que, plus que tout autre, il est a meme, par les travaux qu'il a entrepris et ext^cutes, par les etudes serieuses qu'il a faites sur I'istbme, et enfin par les documents que personne autre ue pos- sede, de diriger cetle grande entrcprise; aussi M. de Lesseps I'a-t-il cboisi pour la conduite de cetle oeuvre en Egypte, et S. A. Said-Pacba I'a nomme son com- niissaire ingenieur poui- cetle immense entreprise. MM. de Lesseps ct Linant, agissant aver la loyaute de caractere qu'on leur connait, desirant aulant que pos- sible sentourer des personnes dent les lumieres peu- venl aider a la grande oeilvre donl ils sent charges, ont prie S. A. de vouloir bien leur adjoindre pour I'excursion prochaine dans Tislbme, Mougel-Bey, directeur des barrages du Nil, et dont la capacite est univei'selleraent reconnue. ( 401 ) EXTRAII d'une lkttrk adress^e bv caire a m. jomard PAR M. LE COMTE d'eSCAYRAC DE K\UTURE, MEMBRE DK I, A SOClfeTfi. 16 novembre 1854. J'ai requ Ja leltre que vous ui'avez fait I'honneur de in'ecrire dernierement au sujet de Ja lalilude de Tom- boctou, devinee depuis longteinps par vous, et sou- tenue recemraent par moi , en nie basant sur des indications cliaiat^riques. Vous me faites I'lionneur de me demander Jes nouvelles geographiquesqui nous parviennent ici. Je ui'empresse de vous satisfaire, bien que j'en aie, pour le moment, peu a vous signaler. J'ai obtenu des renseignemenls exacts sur la mort de Vaudey. En voici le r^cit d'apres les temoins ocu- laires. Vaudey »^tait parvenu au lieu nomme Olibo, latitude a peu pres 5 degres, et s'y tHait arrete pour attendre una de ses barques qui devait le rejoindrc dans la journe'e et qui 6tait mont^e par le nomme Moham- med-Effendi, son associ6. Cette barque n'etait plus qu'a une faible distance de celle dc Vaudey, quand elle apercul celle de la mission aulrichienne presidtSe ])ar dom Ign. Knoblecher ; Mohammed-Effendi voulut laire le salul d'usage el commanda le feu ; mal- lieureusement une des armes se trouva charg(ie a balle et un indigene fut tu6 sur le rivage. Les indigenes, r^unis en grand nonibre sur ce point, firent pleuvoir sur la barque de Mohammed-Effendi une grele de ( 402 ) n^clies; Molianiiiied \ r^pondit parun feu asseznourri; cjuclqucs lioinmes fun nl tu^s do pari el d'aulre. \audey, croyant la mission alla(|uec , desceiulil a lene avec quolques liomuich ol niarcha liardiuionl a J'ennemi. ^iallicuieuseiuenl, les iiulii;enes elaioiit en trop grand nouibie pour elre npousses facilcn)enl, el Vaudey ne songea a la relraile que lorsquc d^ja la pUiparl de ses liommos ^laiont hors de combat el que lui-ni6me elait alteinl de plusieurs fleches ; c'esl alors qu'en voulanl rejoindre sa barque, il I'ul atlcinl du coup de la mort. II nie seinble que le pacha d'tgyplc devrail elablir sur le Nil queiques posies uiililaires pour la police el la proleclion les negocianls; le soin de sa dignile lexigerail. Les missionnaires \ ont, a Gondokoro, un (ilablissement; jusqu';i present ils n'obliennent rien des indigenes, qui se jeltcnt sur leurs verrottM'ies des qu'ils les voient arriver, el les renvoienl h coups de bois de lance quand ils n'en altendent plus rien. La mort de Vaudey est regrettable pour la science; quoiqu'il ne fut pas a menie de faire des observations aslronouiiques, Vaudey pouvail rendre de grands ser- vices a la geographic. Je le definirais en disant que c'eiait un homme plus intelligent qu'instruit, plus brave que sage. J'ai vu M. Moiicheiel, (jui tlaitch;uge de la couslriic- tidn du palais d'Abbas sur le Sinai; il a determine, danscetlepeninsule.quelquos ahiludesqui nel'avaienl pas encore ete, el m'a ]ironiis de faire une esquisse ou une petite carle, qui, acconipagnee d'une notice explicative, serait une heureuse acquisition pour notre Bulletin . ( m ) M." Aivas, ing^nieur francais, qui a siiivi M. Mou- chelet au Sinai, a pris part a ce travail. M. le docteur Guny, qui ost de nouveau envoys a Siout, se propose de publier quelques rensei- gnemenls sur lo Darfour. Je I'ai engage ^galement a profitor dn Bulletin, qui ne peut que gagner a ces com- municalions. M. Vayssl^re, negociaiit francais, qui va reparlir incessammont pour le Soudan, a cu la complaisance de me remellre une carle, dressee par lui, d'une portion du fleuve Blanc. D'apres celte carte, donl M. Marietto est charge de vous renifllre une copie, le flouve Blanc recevrait sur sa rive gauche un affluent considerable, qui s'y jelterait par quatre houclies, a Iravers de vastes marecages; la lalilude moyenae est a peu pr6s 7° 1/2 (cnlre Aniop et Tahao, a distance egale de ces deux points); I'affluent parait venir du sud. M. Vayssi^re, ainsi que lous ceux qui remontent le fleuve Blanc, pla'cent les sources de ce fleuve au sud de I'ecfuateur. J'ai vu aussi M. le docteur en philoso- phie Heuglin, charge, par S. M. I'empereur d'Aulriche, d'une mission politique et scientifique dans le Soudan; il I'a heureusement accomplie, et rentrera hienlot en Europe avec une collection considerable , de nom- breux dossins et un grand nomhre d'animaux vivanls. II m'a promis de me communiquer bienlot la cai^e faite par lui des regions occidentales de I'Abyssinie et orienlales du Sennar, peu connues et inexacteraent repr(^senlees jusqu'a present. II me reste a vous donner une nouvelle plus impor- tante que toutes les autres: il s'agit d'un fait qui doit avoir sa page dans I'histoire du monde, qui sera la ( 'M ) luise en action de cotte devise : apeiiam terrain gentibus. M. Ferdinand do Lesseps, arrive recomnienl en Egypte, a suivi, d'Alexiindrie au Caire, le vice-roi, qui a fail avanl-hier son entree dans cetle dorni^re ville. Pen- dant ce voyage, M. de Lesseps a enlrelenu le vice-roi du projet formd par lui d'enlreprendre , au nom et aux frais d'une coinpagnie, la canalisation de I'islhme de Suez. Ilier dans la matinee , le vice-roi a regu le corps consutairc, et en presence de tous les agents de TEurope (moins le noire qui n'eslpas encore arrive, et vient de se Uiarier) a prononce ces paroles : « Je concede le privilege de canalisation de listhme de Suez a mon ami M. de Lesseps et a men ingenieur Linant-Bey. » Le cboix de M. Linant est a lui seul une garantie de succes ; depuis de longues ann^es il s'occupe sans lelache de cetle grande question : c'esl a lui qu'il appariient d'ouvrir au commerce du monde et aux Iriomphes de I'Europe celte voie nouvelle... C'"" d'Escaybac de Lauture, INTRODUCTION ET ACCLIiMATATION D'ESPfeCES UTILES i l' AGRICULTURE ET A l'iNDUSTRIE. Le consul general de France a Cliang-ha; et IMing- po, noire collogue M. de Montigny, a rendu un emi- nent service a son pays en nous adressant, il y a quelques ann^es, pour les repandre sur le territoire ( hOb ) francais, les graines d'un grand nombre de plonles qu'il est possible d'acclimater en France, el, lout v6- oeniment, en Introduisant ici donze jttks de la Chine. Voiri les premiers resultats conslales de ces precieuses importations. Lc sorgho sucre dc la Chine , Holciix saccharatas, a parfaitement reussi aux lies d'lTyeres. Semees sur 1 hectare de terrain, et cultiv^es a la a)a- ni^re du mais, les graines ont fourni 30 000 kilogram- mes de Cannes, qui, passoes anx cylindres, onl donn6 16 000 litres de jus, el par la distillation 800 litres d'alcool de la inoilleure qualite : I'alcool ainsi oblenu marquait de 10 a 12 degr^s a I'ar^ometre ; depuis, !e sirop a ci'istallis^. Dans un autre d^partement, celui du Nord, un fa- bricant a olttenu du sucre parfait, qui sera, dit-on , incessamment pr^senle a I'Empereur. Ce precieux vegetal pourrait done suppleer la betterave, aujour- d'hui frapp^e de cette sorte d'^pidemie qui a altaqu6 la vigne et la pomme de lerre. Ce sorgho a encore d'autres propri^tes : les feuilles s^ch^es donneraient un l)on fourrage; les racines, ainsi que les bagasses (apres Topc'ration), un bon aliment pour les animaux de basse-cour et aussi un bon engrais. Enfin, comme ccrdale, les epis de cclle planlefournissent aux Chinois une nourriture abondante. Ainsi, comme s'exprimait le maire dcs iles d'lly^res, lecomlede Beauregard (1), president du comice agricole de Toulon, V Holcus snccharatus peut abreuvcr et nourrir largement los bommcs, les animaux et la terre. Tel est le vegetal dont M. de Montigny a dote la France. (i) Rapport au comice ayiicole de Toulon ilu mois ile novernlire Jernier: celle pit'ce e.il deposeV sur le luireuii, VIM, DF.CEMBRH. 6, 27 r /iO(5 ) Ccllu j>i;iiilc ii't'bt pas la suule, 11 a enxiNc en France, la graine d'uu ignauie, la sara des Cliinois, qui leiir t'ouiriil line aboiulante noiirrilure. Celte plante, qui peul cotnbler lo deficil qu'tpidUNc aujourd'hui la par- uieriliure, a reusbi ici meiuc a ce point que. Tannine prochaiiie, on puurra s'en procurer cinquante niillo pieds. Los graines de luiit autres sortes de plantes, lroisesp6cesderiz, troisde legumes, un inaisgeant, etc., ont (igaloiiient (ile onvoyocs par noire honorable col- logue, et ont ct6 exp^rinientees dans une ilouzaine de nos deparlenienls. Le riz sec a reussi comj)letenienl. Le niais s'esl lev6 a huil ou neul" pieds, el a donne jus- qu'a iiuit 6pls, chacun Irois ou quatre I'ois plus gros (]ue celui de noire mais. Parmi leis legumes, il en est un d'ol6agineux, c'esl un po/s qui produit plus d'huile quelanavettc ctle colza el n'exige pas une aussi bonne lerre. Quelque utiles el iniporlantes que soient ces impor- tations, elles le cedent peut-6tre a celle des douze jaks ; loul ce (jn'on peut chercher aconnaltre sur ces aninuiux est consignedans un \olumedeM. Is. Geoll'roy Saint-lliiaire, donton sail lezele aussi ardenlqu'(^ciair6 pour I'accliinatation des espOces utiles : je me borne- rai a dire que les yaks ont et^ dislribues en diflerentes localit6s propices a leur mulliplicalion ; tleux sent pla- ces a Barcelonnette, aux soinsdu comice agricole; trois prOs de Pontarlier; deux aulres a ChampagnoUe, dans le Jura; les animaux soul devenus niagniliques ; un jeune yak est no dans le Jura : c'est /6me de g6ne dans la digestion des aliments aux- (|uels elle a ote melee. Deux a quatre jours apros que celto poudre a ete avalee, on sent conmie unc snrte He poids I^^or qui se d^place; c'est le tenia ou vor soiilaire qui se trouve amasse en une pelile pelole , tu^ qu'il a 6te par la poudro de moucennah; le pere Sapelo a eu a Cairo I'experience sur lui-m6me; car le tenia se deveioppe chez un Ires grand nombre d'individus, elraugers ou indigenes, dans lout le Soudan central, depuis la raer Rouge jusqu'a I'ocean Atlantique. La poudre de moucennah s'administre en Ahyssinie a la dose d'unc feiudjou, sorle do coquelier, ayant la contenance d'onviron 12 grammes de la poudr.' dont nous parlons, a I'etal de dessiccalion. Le pere Sapelo avail apporte au Caire, il y a un an, deux quin- taux d'^corce de moucennah. Un extrait alcooliquo prepare au Caire par M. Gas- tinel, a ^te donn6 a la dose d'uu grain pendant cinq jours de suite; quatre ou cinq jours apres, le tenia, qui avail r^jiste a loute medication, iut oxpulse. Le moucennah me parail destine ;'i remplacer com- pletenaent le kousso. Signe Perron. KOUVELLES Dl l'aFRIQUK CENTRAM;, AiNlNONCE DE LA i>JORT DU D' BARTH. Le docleur Vogel a ^crit dul8 juillet de Kouka ; sos iettressontarriv^esversleS d^cembre.^ Leipzig. Le doc- teur Barlli a beaucoup soufl'ert a Tombouolou ; il (^tait f 411 ) malade par suite du traitemenl qii'il avait 6prouve, et tr^s inquiet rle sa situalion. Son 6lat de captivile I'avait entioreinent d^couraf2;e. La leltre du 28 fevrier et les suivantes font connalire sa triste position; le 8 mars, il ecrivait encore a Hanibourg : « J'esp^re enlin, disait-il, paitir demain on apres. » On ailait jusqu'a lui dire qu'il n'y avait plus de honne chance a esperer de son voyage, et que ce qu'il avail de niieux a faire etait de se pendre ! ! ! Dans une des derni^res lettres du 1:^ mars, ecrite a un ami, le docteur Barlh I'aconte son anxi^t^, les lour- ments qu'il oprouve ; il se iaisserail, dit-il, aller au decouragemenl sans sa confiance dans ia miseiicorde divine. — Plus loin, il annonce qu'il a ete aux tentes, que la on la fail assister a une fete qui a dure trois jours. — II ajoute qu'en ce pays on ne peut se fier a personne ; les promesses qu'on lui fait sont illusoires ; les protestations sont autant de mensonges. La ville de Tombouctou esl, dil-il, comme un tohu-bohu, etlivree a I'anarchie, personne n'y commando. II esperail at- teindre Bornou en juin. — II ne pouvait se procurer du lail et il essuyait toutes sortes de privations. L'epo- que des pluies elait arrivee. 11 dit qu'a son prochain depart le bagage de ses chameaux sera tr6s leger... Une escorle piocuree par El-Bakai devait I'accompa- gner a Sakkatou. Le 23 mai's, il esl relourne aux tentes, d'ou il devait enlin parlir pour Sakkatou. La, s'arretent les renseignemenls lires de sesletlres: M. Petermann, dans une publication recente, conclul que la mauvaise saison , la saison des pluies, I'a trouvo affaibli ; c'est peut-elre la cause qui aiu-ailfait succomber Barth |^eu apres son depart de Sakkatou. ( ^1''- ) Lc (locleur Vogel se jiroposail d'aller a la Tclia Ida vors le 20 juillut, rovenir a Kouka et envoyer a Tripoli scs collections, puis se rentire au Oiiaday, an Daifour ct revenir en Europe par I'Egyple. JoMAftD. AUTRES NOUVELLES DU D' BARTH. (Socii'te loyalo {jeographique de Lonilies, |3 ilecenilne iBv'i^.) On a lu les letlres adressees parle docleur Barlh au chevalier Bunsen, de Tombouclou, 28 novembre 185S et 23 mars 185Zi , annon^anl son depart de cette ville, et des depeches du consul d'Angleterie a Tripoli au comte de Clarendon, des 3 et 2/i oclobre, el du 6 novembre 185A, annon^ant que la mission n'etait pas encore revenue du sad (a Kouka) (1). C'est le 24 octobre que le consul a Tripoli a annonce, d'apr^s une lettre du docleur Vogel du 18 juillel (de Kouka], la mort du docteurBarth aMeroda, a 100 niilles esl-nord-est do Sakkatou. La date de la derniere lettre de BartU est du 28 mars, dalee d'un lieu a Ix milles de Tombouclou, adresstlse au consul. II se portait vers Zinder, oil il comptait trouver des secours, altendus depuis tr^s longtemps. Le docteur Vogel, hors d'etat de se rendre a Meroda, en personne, y a envoye un horame siir, pour consta- ter le Tail de la Irisle nouvelle, et recueillir les papiers et les elTels du d^l'unl. Le docleur Vogel avail souffert (i) On a vii jilus hiul (|Ui; le duclcur Voyel se projjujait vers lc ao juillLt d'aller vers la Tcliadda. I ( III?, ) d'un violent acces de lievre, mais il avail pu accom- pagner le gouvorneur de Bornou a Musgaii, d'oii il revint en juin. Son intenllon t-lait, apr6s la saison des pluies, d'allcr au Ouaday, penetrer au Daifour et au Kordofan, et revenir en Europe par la voie d'l^lgyple; niais il n'«^tait pas sui" de pouvoir realiser ce projet. La caravane ou etait le porteur des depeclies reraises a M. H. Warrington, devait quitter Kouka quinze jours apres la date de sa lettre (2 aoul). Le consul a 6crit a un negociant arabe de Benghazi, agent du sultan de Ouaday, pour procurer au docteur aide et assistance. Le 6 novembre, le consul ecrit pour annoncer aussi la mort de M. Henry Warrington; il est mort aux piiits du Diable, a environ 100 milles au sud de Bilnia. Gette triste nouvelle est venue par une lettre de son domes- tique a M. Gagliuffi , qui a apporte a Morzouk les de- peches donlM. Warrington 6lait le porteur. Le docteur Vogel ^tait parti de Kouka pour le pays d'Adaraawa. DES COLONIES PENITENTIAIRES DE LA GUYANE ET DJi LEUR INFLUENCE sun LA G^OGRAPHIE DE CE PAYS. Depuis les infructueuses tentalives de colonisation du Kourou ct de la Mana , la Guyane, dont on avail cxag^re I'insalubrite, languissait oubliee de la metro- pole, surlaquelle elle faisait peser des charges que ses productions et son commerce etaient bien loin d'all6- ^cr. Elle existail bien commc colonic tVangaise, mais ( fll4 ) Ja vie semblait rabandouner peu apeu; le niouvement, I'esprit de colonisalion (li^paraissaicnl. les ^lablisse- menls de rint^rleur s'elTacaient progressivemenl, et la nature rcntrait en possession des terres que I'liomine y avail defrirh^es; les coles, I'embouchuredes riveres conservaient seules les rares centres de population que la France y avail etablis aulrefois. Le decret du 29 mars 1852, qui ordonnait I'etablis- semenl d'une colonic penilenliaire a la Guyano, devait apporler un beureux cbangemenl au Iriste etat de celto colonic. On peut aujourd'bui anirnier sans b^sitation, que la realisation et ledeveloppenientde celte colonisa- tion pt'nitenliaire ont deja eu pour r^sultal de faire pro- gresscr la g(^ograpliie de ce pays, par une etude plus approfondio du sol, du climal, des productions que Ton on pouvait tirer, el par la formation de piusieurs centres nouveaux de population curopeenne dans I'inl^rieur meme, ce qui jusqu'alors avail paru impos- sible a cause de I'insalubrite du climal pour les blancs. Nous ne ponvons mieux justifier ce que nous venons d'avancer qu'en faisant connailre la situation geogra- pliique et I'etat actuel des dillerenls points affectes au- jourd'bui a ce genre d'elablisseinenl colonial. C'est aux iles du Salut que fut d'abord tent^e la colo- nisation penitentiaire ; ces iles sont au nombre de Irois : Vile Royale, de 4 a 5 milles de longueur; Vile M archnmle et Vile au Diable, qui onl ciiacuiio a peu pres 3 milles de longueur; elles etaient autrefois con- nues sous le nom AHles au Diable et sont situees a 27 milles au nord-nord-ouesl de Cayenne, pres de Temboucbure du Rourou ; un etroit cbenal les separe, elles sont bois^es et leur climat est fort sain. Le prin- ( 415 ) cipal ^tablissement penilenliaire a 6te dtabli dans Tile Royale; les condamrK^s ;y sont dislribues par categories et pelotons. L'line des premieres comprend les con- damnc's politiques ; tons sont aslreints a un travail regulier et, outre les travaux de culture, il y a dans la colonie des ateliers de lailleurs, de coi'donniers, des fahriques de hamacs et autres objels de campement. h'ilet de la Mere, dependant du groupe des lies R^mire, situe a quelques kilometres au sud-est de Cayenne, et qui a 556 metres de long sur 363 de large, regul aussi un depot de condamnes. C'est aujourd'hui de lous les penitenciers le plus salubre. II y exisle des ateliers de tailleurs, de cordonniers, d'effets d'habil- lement et de couchage. On avait etabli aussi, des I'origine, a Cayenne raeme, un atelier de condamnes compose de ceux qui don- naient des gaianties de repentir; en attendant un eta- blissement plus complel, ils furenl casernes dans une fregate desarmee amarree en rade. Les heureux resul- tals que Ton obtenait des la fin de 1852 enhardirent les essaisde colonisation, on songea a former des eta- blissements en terre ferme ; le premier fut tent6 a la Montagne-cr Argent , sur la rive gauche de I'Oyapok et non loin de son embouchure. II est aujourd'hui en pleine prosperile, une grande colonie agricole y a 616 f^tablie ; les batimenls y sont de brique et de pierre, 6norme avantage sous un climat humide et pluvieux; il compte deja plus de 500 conilamnes, qui sont par- tag^s en pinsieurs pelotons el qui ont a leur tele des chefs de culture. Le riz, le manioc, le colon, les epices, sont les principaux produits que Ton y peut r^colter Aiix environs s'etendenl d'immenses forfits qui peu- { AJ6 ) vent fournir des bois dc construction el d'6l)6nistcrie pour Ic commerce. Lorsque Ton remonle TOyopok, cosfuretscleviennent encore plus epaisses, ct c'est au uiilieu d'uno clairierc produilc par un ancien defrichenient que sc trouvc, a environ 250 kilomelres au sud-cst de Cayenne, la polite colonie dc Saint-Georges. Elle est specialement affect^e aux forcals noirs el aux lib^r^s de cette cou- leur. Purement agricole, elle est en bonne voic de prosp^rile : les constructions y soul de briqucs. Quel- ques noirs s'y livrenl, commc a la Monlagne-d'Argenl, a I'exploitation des forfils. A environ 75 kilometres au sud de Cayenne, on arrive en remontant le Mahury, au confluent des deux rivieres de laComte et del'Orapu, qui, par leur reunion, forment ce petit fleuve. Ces deux rivieres de I'Orapu et de la Comle laissent enlre elles un plateau qui va en augmenlant d'elevation depuis ranciennc liabitalion Power jusqu'a la monlagne Cacao. Les plaines de ce plateau ont 6te jadis d^fricliees, mais elles sonl aujourd'hui couverles d'herbes de para et de quelques arbusles ; elles peuvenl elre tacilement deboisees et donneront ainsi de superbes paturages sans marecages. Le gouvernemenl a compris le parti qu'il pouvait lirer de eel emplacement pour la colo- nisation, el deux centres nouveaux viennenl d'y 6tre ^lablis recemment (septembre \^bh):V\in, situ6 al'an- cienne habitation Power elle-m6me, prendra desormais le nora de Saint-Jugustin ; I'aulre, silu6 a quelques kilometres au-dessus el a 86 kilometres de Cayenne, recevra le nom de Salute- Marie; on y enverra 500 con- damnes ou liber^s, et a ces derniers on fera des con- ( A17 ) cessions parllellos oi provisoires tie lorraiii, ou ils pour- ront cultiver le giioflicr, Ics vlvres du pays, et sc livror a r^ducation du betail, ce qui sera d'une inunense ressource pour Cayenne et nos navires, qui sont obliges d'aller demander aux Antilles leurs approvlsionne- inenls en viande fraiche. La riviere de la Cornt^, sur laquelle sonl ces deux nouveaux ^tabiissementsdeSaint-Auguslin etdeSainle- Marie, communique dircctement, par le Mahury et celle du Tour-de-l'IIe, avec la rade et la ville de Cayenne; sauf quelques coudes molns frequents et moins difii- ciles que dans celle du Kourou, elle est navigable jus- qu'a Sainl-Auguslin; elle assure done, par consequent, a I'aide d'un petit bateau a vapeur, une prompte com- munication enlreles deux elablissements et la capitale de la Guyane. La colonisation, en voie de progrfes, comme on vient de le voir, ne s'arretera pas la. Le gouverneur de la Guyane, M. le capitaine de vaisseau Bonard, vient de raire,dans I'interieur du pays elvers les hautcs terres, un voyage d'exploration dont nous pouvons esperer d'beureux resultats, tandis qu'a la meme epoque un commercant de Cayenne entreprenait une excursion jusque vers les sources de I'Oyapok, a la reclierche des arbres a caoutchouc. II est meme entre en rela- tions avec quelques Iribus de la haute Guyane, qui, apprenant de lui que I'abolilion de I'esclavage avait 6te tlepuis longtemps proclamee par les blancs, se sont bien promis de surmonler leurs crainteset leurs vieilles antipathies pour venir visiter nos marches ; une con- naissance plus inlime du pays doit naturellemenl ressorlir de ces nouveaux rapports. Le defrichenient ( MS ) reinontera le cours des rivieres el aclieveru d'assainir rinlt'rieur de la Guyane, des relations cominerciales pounnnt s'^lablir avec des peiiples dont on connalt aujourd'hui a peine les nonis, et peut-elre celle con- tree 06 Ton ne compte pas luoins de 259 especes de bois utiles produites par ses forels vierges, suirira-t-elle sculc a rapprovisionnement de nos arsenaux, Iribu- taires sons cc rapport de I'etranger. el a celui de la Guadeloupe et de la Martinique, qui lirout leurs bois de construrlion maritime el civile de I'ile de Porlo-Rico. V. A. Malte-Brun. NOTE SOR LE PERCEMENT DE L'ISTHME I)E SliEZ, fAl* M. TnEMAVX, Uembre de la Societe de geugrapbie. On sait qu'il est queslion de percer prochainement I'isthnie de Suez par un canal d'une mer k I'aulre. I/impoitant piojel qui se raltache a cette localite lui donne d'autant plus dinldret que peu de personnes Tonl visitee. Les quelques vovijgeurs qui traversent ce desert suivenl I'un des cbemins qui conduit d'Egypte en Palestine , el non la direction Iransversale qui ne mene nulle pari. Le sol bas, qui forme I'islhuie de Suez, s'etend a I'orionl jusqu'aux pieds des plaleaux sur lesquels sont Jerusalem et Nazareth; et vers I'occidenl, sauf quel- ques petiles moiitagues, on peul dire qu'il s'elend a iravers la basse E};\ple jusque dans le Sahara; uiais si ce sol est peu accidenle, il est, au conlraire, trts ( Vl9 ) vari6 dans sa nature. D'abord, dans la Palestine, il conslitue une riche plaine oili croissent en abondance les oliviers, ies Grangers, les palmiers, les figuiers de Barbarie, etc., jusqu'a Gaza, et memejusqu'a Caniou- nis. A partir de ce dernier point, le sol commence a presenter des monticules et des parties sablonneuses jusqu'auprds d'El-Ariche; la, le pays est un melange de collines et de plaines entrecoup^es de dunes, et ne produit qu'une niaigre vegetation. Le chemin dis])aralt souvent sous les niouvemenls du sable. Depuis El- Aricbe, qui forme la limite entre I'Asie et I'Afrique, jusqu'au Delta, on ne trouve plus de terre cultivable ; le sol est couveit de sable; de tous cotes s'^tend un liorizon plus ou moins accidenle de dunes et de brous- sailles. Si Ton parcourt ce desert, on rencontre de loin en loin des bas-tonds qui paraissent quelquefois plus bas que le niveau de la mer ; I'eau y arrive par inlil- tration et peut-6tre aussi par capillarity, si leur niveau est sup^rieur a celui de lamer; elle s'^vapore sous I'ardeur du soleil et laisse sur le sol d'epaisses croutes salines qui etincellent au soleil, et de loin ressemblent a des nappes encore liquides. D'autres bas-fonds sont etitourds de talus de sable trfes rapides, au bas desquels croissent de hauls palmiers dans un sol moins sablon- neux et huniide ; on ne les aper^oil que quand on arrive sur les bords; car ils n'atleignent geiieralement pas la hauteur des talus qui leur permettent de croltre en ies prot^geant contre les venis. En approchant. du lac Ballah, qui n'est pour ainsi dire qu'un enfonce- rnent de la mer Mediterrantie prolong^ jusqu'a un tiers de la largeur de Tisthuie, en face de Suez, les dunes deviennent tr^s accidenlees ; souvent nous ^lions obli- ( ASO ) g^s de faire tie grands circuits pour Irouver un endroit que Ics thameaux pussenl francliir ; el parfois, quand nous avions giavl oljliquement one parlie des talus, Ics chaiueaux rebul^s par rairaissement des sables sous leurs piods, se rejelaient en arriere, et nous obli- geaienl a cberclier aillcurs noire route. Entre le lac BallahclSucz, dans la plus courle Iravers^ede ristlimo, on renconlre une depression de terrain enlrecoup^e de dunes et de bas-fonds, couverle de croules salines du genre de celles dont nous venons de parler. Ces bas-fonds, asscz etendus sur ce point, sont noniiues lacs Amers. C'estdans cetle dt'pression que serait eta- bli le canal de communication des deux mers. Elie aboutit au port de Suez. La profondeur de ce port n'etant pas suflisante pour les grands batimenls, on serait obligii de creuser un chenal jusqu'a la rade oil mouillent les navires. Si Ton continue la traversee du desert, en arrivant vers le Delta, le sable et les dunes disparaissent presque sans transition pour faire plaC(.' a la plaine la plus fertile du monde. Plusieurs nivellemenls onl ele fails en vue du perce- menl dc I'istbme de Suez. Le premier, par les ing6- nieurs allacbes a rcxp^dition d'Egypte, accuse, pour la Mediterranee, une profondeur de 10 metres en conlre-bas de la mer Rouge. Le nivellenient opere plus recemment par les ingenieurs fran^ais charges des Iravaux publics en Egyple accuse une difference Ires minime, ou plutot demonlre le niveau de ces deux mers. En presence de cetle contradiction, il est nalurel de cbercher a se rendre comple de quel cot(i exisle I'erreur. D'apres le rapport public sur cet objet par Ting^nieur Le P^re, flans la description de riigyjJte, ( /ril ) la penlo, pendanl rinoii'lalioii oniro U) Cialre t-l hi M^clitonaneo, osl do /|0 pieils (39 P. 7 p. 3 1.). En sup- posant celte ponle regulierc, la hauteur do I'inonda- tion, an lieu ou die s'introduil dans I'ancien canal, a Abbaceh, serait a 20 pieds plus bas qu'au Caire, ce point etant a demi-distance environ de la Mediterranee ou du lac Menzaleh, qui conserve a pen pres lo meuie niveau ; mais I'inclinaison du sol entre le Caire ft Al)baccli nVst pas seulement de 20 pieds, elle est de 25 pieds; el, en elTet, celte plus forle pente, dans la partie superieure du Delta, est ralionnelle, car I'eau, de merne que le sol qu'elle a formt^ en sortant de la vallee etroite du Nil. doit s'afTaisser plus rapidement au moment ou son debouche s'elargit subiteraeul et oil les canaux perdent leur action. D'apres le rapport cite plus haul, la hauteur de la nier, a Suez, serait de III pieds 7 p. inferieure a I'inon- dation au Caire; elle serait done d'au moins 6 a 8 p. superieure a celte meme inondation, (i Ventree du canal a Abhdceli. Cependanl , voyons toujours . d'apres le rapport cile, ce que le r^sultat de I'inondation a denionlre. « T.a digue de Ras-EI-Ouad ayant ele rompue, Feaii » se porta avec rapidite jiixqii'aii Santoii Cheykh Henddy » (ou EInedi), qui n'est distant que de onze a douze )) lieues du tond du golfe Arabiqu(^»Toutefois, d'aprns le nivellement, ce j)oint serait au menie niveau que la haute mer a Suez, c'esl-a-dire superieure a I'inon- dation au point ou elle s'introduil dans I'Ouady. 11 ajoulc : « Nous remarquanies la graiide vitesse des eanx )) et la profondeiir du lit qu'elles avaient crease entre » Sahah Bvar et Clieykh Henddy. IS'nus voalumes /'ui^er viit. DKf.F.MnRi:. 7. 28 ( A22 ) )) de I'cf'f'et de leur courant, do/it la vitesae extreme, qui )) devait resitlter d' una pente considerable, nous fil suj)- » poser qu'olle pouvait se porter vers Ras-El -Moved )) ou (Jans los lacs Amers, ct, coinme elle devnit s'elever » encore, nous roslaincs persuades qu'olles auronl dO » se porter dans lo bassin des lacs. » Voici une autre observation qui accuse uue pente vers Suez. « II est tr^s probable que Tallluence p6rio- » dique des crues du Nil dans le bassin des lacs Amers » par rOuady, a dii former el entretenir uu courant » suivant la direction du canal, el celte assertion plau- » sible explique les petites inflexions, dont on ne voit » pas d'ailieurs de motif suffisant, ni dans I'^tat geo- » logique du sol, ni dans I'intention de diniinuer les » deblais. » Done, si i'exporience montie sur loule la longueur un courant ayant parfois une vitessc extreme resultant d'une pente considerable depuis I'cmbouchure de rOuady vers Suez, il est Evident, eu egard a la hau- teur de I'inondalion sur le premier point, qu'il ne pent y avoir une contrepente de 20 pieds entre ces deux points, commo I'indique lo iiivellemenl. D'un autre c6l6, il semble tres plausible que le dt^veloppement de cette pente depuis I'entr^c de I'Ouady vers Suez, avec des couranls Ires rapidcs, doit porter les eaux a un point au moins aussi bas que vers la Mediterranee, oil le d^veloppement est moins long et n'a que la pente douce d'un grand fleuve, tel que le Nil. L'erreur parait done exister dans le premier nivel- lement, erreur d'ailieurs bien concevable dans les tirconslances diiliciles ou ce travail a et6 fail. Pour Tcitecution du percement de I'islhme, en sui- ( hn ) vant les lacs Ballali, Tinisa ot Aiiiei-s, en aboutissanl a la Meclitcnaiiee au lieu d'aboulirau Nil, pr6s de Bu- basie, comme rancieu canal, on n'auraitpresquequ'uu QJienal a pratiquer. Dans la traversee dos lacs Amers, il ne s'agirait gu^re que d'y niettre les eaux d'une inaniere pernianente, et, entre ces lacs, les plus toils d^blais ne presenlent qu'une hauteur de 10 metres au-dessus du niveau des uiers. Jetons maintenant un coup d'ceil sur les fails histo- riques qui se lapportent ^ I'ancien canal. On atlribu^ I'execulion de ce canal a Totis ou a Necos. Straboii croit que ce canal a ete fait sous Sesostris ou Sesac, suivant I'ecriture ; mais M. Huet, eveque tl'Avianches, pense avec plus do vaison que ce ilernier ne fit que le leparer et le creiiser davantagi^, D'aulres attribuent ce travail a son fils ou a son petit-fils (probablement tous ont raison, car ce canal a du avoir besoin de fr^quenles reparations). Suivant une tradition arabe, ce canal paraitrait remonter au temps d'Abrahaiii. Quoi qu'il en sojt, ce fut par la que dut passer la tlotte (le Salomon pour se rendre de la nier llouge a la Mediterranee, ainsi queMenelas, apres la destruction de Troie , pour se rendro en Elhiopie. dependant, le canal se trouvant inlercepte de nouveau, Cleop^lrQ fut obligee de faire construire a grands frais des ma.-, chines pour transporter sa flotte par terre. Dans la suite, I'empereur Trajan lit aussi reparer ce canal, etlui donna son noni, comme Ptolemee avait fait avant lui. Le calile Omar, vers la fin du regne d'H^raclius, donna mission aAmrou, fds d'Asius, de rouvrir le canal, combl(§ par les sables, Le calife Hake, ainsi que plusieurs autres, le firent encore reparer. ( hn ) Or, si Ton reniarfjue cos inlerinitleiices de naviga- tion (in ranal dans les lonips les plus recnlt^s, si Ton r^flocliil a ccs reparations successives nientionnies comnie des fails importanls, et enfin a I'abandon coniplet dc ce canal ; si, d'autre part, on se reporte a la nature sablonneuse du desert de listhuae de Suez, A scs ilunes changcantes au i;ro des vents, dent la puissance est parfaitemenl juslifiee par la position de ristWn]e entre des uiers, des deserls brillants et des terres alternativement cliaudes ouhuniides; si enfin on remarqiie que les eaux du canal antique avaient cependant un couranl favorable au d^gorgenient, que n'aurait pas le canal des deux mers, ne scnible-t-il pas evidr-nt que la principale difficult^ du percement de rislhme de Suez'ne viendra ni de la diffc^rcncc de niveau, ni de la masse des d^blais a faire , mais bien de I'entretion de ce canal au milieu d'une telle con- tr6e, conlree oil, suivant plusieurs g6ologues, les venls inipetueux de Test paraissent avoir forme i islhnie lui- m^ine en accumulant les sables de I'Arabie dans le bras de mer preexislant? N6anmoins, sur certains points, tels que les lacs Amers, cet ensablement parait ne se prodiiire que lentement, el, avec les moyons puissants dont dispose la science aujourd'hui, tcls que dragues, ^cluses de chasse, etc., il pourra etre entretenu plus facilement qu'autrefois. ( 425 ) .liCtefii dc la Stoclele. EXTRAITS DES PROCES-VEUBAUX DES SEANCES. Seance du 1*' decembre 1854. PRESIDENCE DE M. DE LA ROQUIiTTE. M. Jomarcl, letenu par une indisposilioii, iie pouvaiil assister a la stance, M. de la Roquelte, vice-president, esl charge de la presidence. Lo proces-verbal de la derniero stance esl lu el adople. II est doniio lecture de la correspomlancc : M. Ferdinand de Luca, secretaire perpetuel de I'Academie royale des Deux-Siciles, ecrit au secretaire general , pour annoncer I'envoi de plusieurs de ses ouvrages a la Society, entrc autres, de ses Memoires siir les ports de la cote italienne de V Adriatiqne, el sur le caractere de In geographie du xix* siecle. M. le viconite de Santarem ^crit a M. de la Roquelte pour Ic prier de presenter a la Sociele M. Lricochea, de Bogota, qui a fail de proi'ondes eludes a GtEttingue, el est auleur d'un memoire sur les antiquites ueo- grenadines. M. Cortanibort coniniunique une ieltre de M. Bou- vier, docleur-medecin a Hericourt (Haule-Saone), qui adresse des notes biograpliiques sur M. Rochet d'Heri- court, son oncle, Le secretaire general donne lecture de la lettre que M. Forloul, niinistre dc I'inslruction publiquc , a adressee a M. Jomard , president de la Commission ( A26 ) centialfi , en faisant parvenir a la Soci^te les carles oirerles par S. A. R. lo clue do Scanic. II communique cgalemenl la leltro (iciile a M. le niinislre par iM. Gof- fro} , professeur a la faculty des lettres de Bordeaux, au sujel dc ces carles, que le prince heredilalre de Suede lui a remises pour les oirrir A la Societe. Ces carles sonl renvoyeos a M. Alfred Maury, qui est pri6 d'en rendre comple. M. d'Eichlhal so charge de faire I'examcn des Types of Mankind oCFerls par M. Gliddon, et dortt I'analyse avail 6t(^ precedenimenl conlit^se a M. Alfred Maurv. M. d'Avezac preseute. ile la pari de M. Thomas Wright, une nouvelle edition de la traduction des l^oyages de Marco-Polo, par Marsden. M. Cortamberl fait un rapport verbal sur les d&ux j)roposilions de MiM. Vivien de Saint-Martin et Artluis Berlrand , relatives a la fusion du Bulletin de la Societe, soil dans un nomeau journal g^ographique projele par M. Vivien de Saint-Martin, soil dans les Noiivellesi Annales des I'oyages : une Commission sp^- ciale, composee de MM.Garnier, Alfred Maury et Noel Desvergers, s'est reunie le 24 nnvombre, pour disculer cette affaire avec le bureau, el a conclu que, par des Considerations tiroes de la dignity de la Soci^ltS, de son inl^ret el de son Reglemonl, la Commission cenlrale ne devait pas consenlir a la fusion du Bulletin dans une entreprise privee. La Commission cenlrale adopte cette conclusion. M. Henri Robert met sous les yeux de I'asscmbl^e plusieurs nouveaux appareils cosmographiques de son invention : deux sonl destines a faire comprendre let precession des equinoxes; un autre explique la dur^e ( 427 ) variable des saisons, et un quatrieine lait voir cjue la chute parabolique d'un corps est aussi rapide (pie la chute verticale. Les membres presents donnenl de grands ^loges a la disposition ing^nieuse de ces ap- pareils. M. de la Roquelte annonce le depart de M. de SauS- sure pour le Mexique. Assemblee generale dii 15 decembre 185A. PKiSIDENCK DE M. GUIGNIAUT. Le proces- verbal de la derniere seance generale, tenue le 7 avril 185/i, est Ui el adople. M. Guigniaut, vice-president de la Soci^l6, preside la stance, en I'absence de M. le minislre de I'instruc- tion publique. II prononce un discours ou il exprime le regret de ne pas voir I'assemblee pr6sid6e par M. Fortoul, son president, et oil il rappelle riuipulsion que M. le ministre a donnee aux Etudes geographiques, les progres que fait la geographic sur tous les points du globe et auxquels la Sociele contribue puissam- ment, les explorations d'une foule do voyageurs cou- rageux, et les resultats geographiques qu'on devra a la guerre olle-meme ou se trouvent engag^es les grandes puissances de I'Europe. M, le ministre de I'inslruction publique ecrit a M. le president de la Commission centrale que, prive d'as- sister a la seance par les travaux du Conseil impcirial de I'inslruction publique, il le prie de transmetlre a ses confreres I'expression de son regret, et que, d^- sireux d'encourager les explorations provoquees par ( 428 ) la Sucii'te chins ! iiiteret do la science, il tiUre d ajouler, sur les londs do son minislere, una sonime dc ^OOOlr. a iin piix que proposerait la Sociele pour la lealisa- liun d'un des vojages sui\anls: du Senegal en Algeiic ol reciproquemenl, on passant par Tombouctou ; du lac Tsad au confluent de la Tcliadda et du Kouaia; du lac Tsad a Bclenia , sur Ic Ml Blanc; do Moinbas ;'i Belenia, en passant vers lo monl Kenia. L'assouiljloo accueille colle coinniunicalion avec les marques d'uno vive reconnaissance. iM. Joniard donne lecturo d'une nolo do M. Ant. d'Ahbadio, relalivo a I'oOre laite par co dcinior d'lni prix de 99 piastres lories pour un \oyage surloISil Jilanc en auiont de/i"10'de latitude, et do Irois niedailles de •J 00 IVancs chacune: 1" pour la uiesuro dos debits coiu- paralifs du fleuvo Blanc ol dutlou\e Bleu aKliartoum; i" pour les debits du Saubat et du Keilak pres de leurs embouchures, et 3° pour ceux du flouve Blanc en auiont du lac ISou, el de I'aflluent qui lul est a pou pres pa- rallolo du cole de I'esl. M. Jomard communique une lettre de Linant-Boy, relative au percement do rislhme de Suez par un canal de navigation dont la construction vienld'elro onlon- nee par le vice-roi d'Lgypte. M. Morol-Fatio, rem|)lissant les fonclions de secre- laire de la Sociele, a la place do M. Auguslo iMicliolol, decede, donne lecture des aulres pieces dc la corres- pondance. M. Vallemarc, directeur de ragcnce contrale des echangos inlernalionaux, ecrit a la Sociele pour lui oll'rir |)lusieurs ouvrages publics en Amerique. M. In docteur Adolphe ScLmiidl, professeur de geo- ( 429 ) graj)hie a I'Ecole polylechnlque de Vienne, chancelier (Je TAcadeniie des sciences de celte ville, adresse plu- sieurs oiivrages siir la geograpliie de I'Aulriche. M. Gaillaid de Ferry, consul general de France a La Havane, lait hoiumage a la Sociele, de la pari de M. Esteban Pichardo, de la premiere et de la deuxieme parlic d'une geographic cle I'ilo de Cuba. 11 est donne IfCturc de la lisle des aulres ouvruges oflerls a la Societe. M. Allied Deinersay olTre un porlrail de M. Ainie Bonpland, qu'il vient de I'aire giaver. M. le president donne communicalion de la lisle des membres admis dans la Sociele depuis la dernieie asseniblee generale, el il rappelle que receinnienl Ic litre de. niembre honoraire a ete confer^ a S. A. R. le due lie Scanie, j)rince heredilaire ile Suede. 11 Tail connaltre les candidals proposes pour etre admis , savoir, MM. Bonneau el Morin, presenles par MM. Jo- niard el Gamier; M. Theodore Le\i Alvares, presenle par MM. Joniard et Albeii-Montemont; el M. Froidefond des Farges, presenle par MM. Guigniaul el Jomard. M. Corlamberl, secretaire general, lit la notice des travaux dc la Sociele el des progres des sciences g^o- graphiques pendant I'annec 1854. II commence cette notice jiar I'esquisse biographique des membres (jue la Sociele a peidus dans le couranl de I'annee; il ex- pose ensuile les principaux travaux des membres de la Sociele , puis les progres de la geographic dans cliaque parlie du monde; il lermine par un examen rapide des services que celt« science lire des aulres connaissances humaines et qu'elle leur rend a son tour. ( m ) M. Jomard presente des considerations sur la g^o- grapliie du Nil Blanc , comine pr^aunbiile d'un frag- ment du M(^nioire de M, Brun-Rollet, dont il donne ensuile lecture. Ce fragment, relatit' A la geographic du pays, ainsi qu'aux inoeurs des Berry et autres poi)u- latioiis des hords du Nil Blanc, inleresse vivement I'audiloire. L'heure avanc^e ne perinel pas la lecture de diverses autres couniiunicalions qui devaient 6tre faites a I'as- sembl^e, entre autres, d'un article do M. Jomard, sur racclimatation de plusieurs espfeces do la Cliine in- troduites en France par les soins de M. de Monligny; d'uuc leltre de Linant-Bey a M. Jomard sur le perce- ment de I'isthme de Suez; d'une letlre de M. d'Escayrac sur divers sujols de g^ograpliie africaine ; et d'une letlre du docteur Perron sur un vermifuge puissant d'Ahyssinie, recueilli par lo P. Sapeto. On procede au depouillemenl du scrutin pour la nomination d'un membre de la Commission centrale: M. Alfred Demersay est ^lu. ( 431 ) OUVRAGES OFFERTS DANS LES SilANCES DES 1" ET 15 DfiCEMBRE 1856. O II V n A G B s. EUROPE. Titles des ouvrages. Donateurs. Wien's Umgebun,nen auf zwannig Stunden ini Umkreise. 3 vol. in- 1 a. Vienne, iSSS-iSSg. — Wien und seine iiachsten Umgebungen, mit besonderer Beiiicksichtiguiig wis.senschaftlicher Anstalten nnd Sanimlungen. i vol. in-i2. Vienne, i854. — Oeslerrelchische Vater- landskunde. 2 vol. in-8°. Vienne, 18.^2. — Kunst und Alterthuin in Oesterreicb. i"livr., in-f°. Vienne, 1846. — Die Grotten und Ilohlen von Adelsberg, Lueg, Planina lind Laas. 1 vol. in-8°, avec atlas. Vienne, i8,j{i. — Guide du voyageur dans la grotte d'Adels- berg et les cavernes voisines du Karst, d'apres les refherebes les plus recentes de i85o a i852, par M. A. Schmidl. Traduit de I'al- lemand par P.-E.Obermayer, avec 3 tableaux, i vol. in-32. Vienne, 1854. — Heise-Notizen zii Kunsl und Allertbum. — Ueber Benen- nung und Einlbeilung der Alpen in ihrem Zuge durch die oster- reirhischen Lander. — Ueber den unlerirdischen Lauf der Recca. -^ Oeber Begrift'sbestimmuiigen in der Geographie. — Ueber die Abfassung einer Chronik der Erdbeben in der osterreichischen Monarchic. 5 broi h. in-8°. M. le D' Adolphe Schmidl. ASIE. The travels oH Marco Populaire. Novernbrc. — L'Atlii-uajum fraii- iMis. N"' 49 el 5o. Lhs I^Idheuhs. CABTES, ATLAS, ETC. Esquisse d'uiie carle des pays compris dans la region du Nil Blanc, dessine'e d apres la carle de M. d'Arnaud et autres cartes recentes, les informations des indigenes et les dernieres relations, par M. Brun-Rollet. l Feuille. Paris, 1854. M. liiiiN-RoLLEi. Carte generate de rAfrique,d'apri;s les deinieresdecouverlps. i feuille. Paris, i854- M. AsDiiiVEAU-GotJJON. Collection des cartes iiydrograpbicjues publiees par le De'put general de la marine pendant I'anne'e 185^ : n" 1 438, plan de la baie et (lu niouillage de Toiirane; 11°' !43<^et 1^49: p'''" ''^ '^ ''^'^<^ ''•' (Cherbourg, ?. leuilles; n° i44'i earto do la panic septentrionale de Madagascar, de la baie d'Antongil an cap Saint-Andre; n" i442> carte de laparlie occidentale de Madagascar, dn cap Saint-Vincent au cap Saint-Andre'; n" l443, plan de Pile el euve^; n" 1445? ?'«"' '^"^ havres de Kirpon et de la baie aux Mauves, silues au nord de I'ile de Terre-iVeuve; n" l446» f^arle des cotes ( h'U ) lie lil'- lie Terrc-iNeuve, pnilie orienlnle, dii imj) Saiiil-Jeaii nil (ap Honnvisl.i; n" i447' c-'"''' particuli^re des ooios d'halic ( ;>ian(l- (liuhe lie Tos'^nne), parlie eoinprnnant les lies Pianosa et Monte- Cbristo; n" 144^) P'-"" ^'*^ ' ''"^ Pianosa (aicliipel toscan); n° 1 449) plan (la I'ile Monte-Chiisto (.irchipel toscan); n" i45o, plan du port de Leven (rote N.-K, de Madajjascar); n" i45i, plan de la baie de Passandava (cote ouest de Mada{;ascar); n° i452, plan du mouillnfje de Bararata, situedans la haie de Passandava; n* i453, carte particuliere de la cote noid de Terre-lNeuve, comprise entrc le cap d'Oignon et Ics lies Blanches; n° 14^4 » carte particuliere des c6les d'ltalie (grand-duche de Toscane), partie comprenant le mont Argenlaro et Icj iles Giglio et Giannutri; n" l455, carte par- ticuliere des cotes d'ltalie (grand-duclie de Toscane), parliii occi- denlale de Tile d'Elbe et ile Pianosa; n" 1 456, carte de lu partie septentrionale de TArcliipel; ti° l4"J7> f^rte de la partie ineridio- nale de I'Archipel ; n° i458, carle particuliere des coles d'ltalie (grnnd-duche de Toscane), canal de Pioinbino, partie comprise entre Popolonia et le cap Troja; n° i4'59) carte particuliere des cotes d'ltalie (grand-duchi! dc ToscaneJ, comprenant le mont Argentario, I'lle de Giannuiri et la pnrlic occidentale des Etats romains; n° i4fio, carte particuliere des cotes d'ltalie (Etats re- mains), partie ci)ni[)rise enire Montalto et la tour Linaro ; m° i46i, plan de I'ile Capraja (archipi-1 toscan); n" 1462, plan de I'ile de Giglio (iircliipel foscnn); n° i463, plan de File Giannutri (archipel toscan); n° i464, carte cle I'oce.in Atlantifjue nrctique; 11° l465, carle de Tocean Atlaiitii|ue septentrional; 11° 1466, carte de I'ocean Allantiquc meridional; n" 1467, reconnaissance liydrographique de la cote orientale de Corce et d'une partie de la Tartaric chi- noise; n" 1468, plan dn goU'e d'Anville (cote de Tartarie). MiNISTKIlK np. I* MARINB. ( liU ) BIBLIOGRAPHIC GEOGUAl'HIQUE. (Vijyez auisi Ie> ouvrages ofFerts ^ la Socrete. ) OUVKAGES GENEHAUX. M^lhode facile ei courte pour determiner la position de I'observaleur paries hauteurs; par Louis Pagel. In-S". Paris, i854. EUROPE. Eure-et-Loir pitloresque. — Vues et moiiuinents du dep;iHPiiient, par MM. Lefevre, A. Deroy et Beaujoint. Chartres, 1854. Geologic et mincralogie de la C6te-d'0r, iccompaj.nees d'une des- cription sur la ronstitution physique de ce de'parieineni, par Jos. Carlct. Dijon, i854. Les ports mihiaires de la France, par J.-L. Neuville. Paris, 1854. [Bibliotheqxie des chemins de fer.) Carte des environs de Sebaslopol, par Godefroy de Villiers. Paris 1854. Le Danube, la mer Noire et la nier Baltitjue. —La Kussie anrienne et moderne. Histoire, description, incurs, par J.-ll. Schnitzler. In-4°. Paris, l854. Baltic, Black sea, and Crimea, by C.-H. Scott. Iu-8". Londres, i854. Force et faiblesse de la Russie au point de vue militaire. Kludes geographiques et statisliques, par L. Dussieux. Paris, 1854. Carte de la tciegrapliie eleclrique de lEurope, drtssee par ordre de M. le viconite ile Vougy, par Sagansan. Paris, 1854. Statiitica del Gran Ducaio di Toscana, raccolln e ordiiiata da Aiiiliu Zuccap.ni Orlandini. ln-4°. Florence. ASIE. Voyage en Tnrquie et en Perse, execute par ordre du gouvernenient trancais, pendant les annifes 1846, 1847 et 1848, par Hommaire de Hell. 4 vol. in-8°, avec un atlas de 100 planches et cartes. Miitheilungen aus deni Tagebuche zu den elhnographiscben Reise- bildern. Gesammelt auf sechzehnjahriger Wanderung bei deu ( A35 ) Volkeistaaiiiieii Scluvedens, Kusslands, uiiJ ileii asintischeii No- inadeii, (ler KiilmuLkeii, Kiigisen, jowiedenTataren, den indischen Feueranbt-tprn,denBewohnernderKrimm,Armeniens,Persiens,etc. Von Kiesewetter. Berlin, i854. Me'moiies d'hisloire oiientale, suivis de melanj'es de critique, de philologie el de geogiapliie, jiai G. Det'remery. Paris, 1854- Journal of a cavalry officer, including the memorable Sick Cam- paign of_i845-i846; by capt. \V. Humbley. Londres, i854. AFRIQUE. L'Algerie en 1 854- Itineraire general de Tunis » Tanger, par Joii>eph Bard. Pari?, i854. AMERIQUb:. Histuire de la Guyane anglaise, comprenant une description ge'nerale de la colonic, avec carte et planrhes, par Henry Dnlton. -i vol. in-8°. Londres, i854- Voyage medical en Californie, par Garnier. Paris, i854. OCEAISIE. Rapports sur la Nouvelle-Caledonie, par M. le capitaine de vai$$eau Tardy de Montravel, commandant la corvette la Coiistantine. Dan^ les journaux d'aout et d'ortobre i854. GfiOGRAPHtE ANCIENNE ET HISTORIQUE. Relation de I'etat present de la ville d'Athenes, ancienne capitale de la Grece. Lyon, chez Louis Pascal, MDCLXXIV. ln-8'. — Repro- duction de la relation du peie Jacques-Paul Babin. Annotee et pubiiee par M. le comte de Laborde. Paris, i854. ( /i36 ) TABLK DES MATIRRES COSTESCES DA.\S LE TO.MK VIII DE LA /i' SfiRJI-: \»' ^3 a /i8. ( Jiiillet a decembpe iSS/j.) MEMOIRES, NOTICF.S, DOCUMENTS URIGINAIIX. ETC, Sur le passage ties Alpes par Annibal; par M. le profc^spur P:iul Chaix 5 Popiilnlion lie I'ilf Maiiriee ct rville.) aS Nolirp sur le Dar-Four, p{ sur les caravanes f|ui sp rPinlent de OP pays en E{»yple et vice versri, par le docteurCh. Cnny, ancien chirnrgieii (If-; liu|)it,tux inilitaires de I'Algeiip, ex- mederiii sanitaire pii chef des provinces de l.i Haulp-K{;yptc. 8l I3ivprsps industries cliinoisc-. par M. Reuard. anrien drlofiui' du rommerce en Chine • 19' liisiinclions remises par la Socicle de {;po{»rapliie a M. le Ini- .-jadier general D. Francisco Solano Lo[)ez, mini-itre de la republicpie du Paraguay "1 Paris. Redigees par M. Aified Deinersay 2C1 Notes pour le voyage de M. H. de Saussure au Mexique e( dans I'xVnierique cenirale, par M. Jomard r»fi."> Assendiliie gene'raie du iS decembre 1 804. — Discours de M. (juigniaut, vice-president de la Soi'iele' ?,or> I.eltre de M. le ministre de I'instruilion pni)li(|ne, presidtnl de la Societe, a M. Jomard, president de la Commission eentrale. .W8 Prix offeit- par la Societo de geograpbie (et en partienlier par .\[. d'Abbadie). '.\,\n Notice des travaux de la Socie'te de geograpbii' et des progres des sciences geographiques pendant I annee lS:>f\. Par M. Cortainbert, secretaire general de la Societe 2iX> Voyage de M. Bruu-Rolletau Nil Blanc. — Notf prcliminaire, par M. Jomard ."^-q ( /j37 i'«i* F.xirait de 1h rel,itii>ii il'-i voyajj:; de \I Biuii-Hollet .in Nil Blanc. A-'i ANAI.YSKS, KM'l'OUTS, KXTHMTS D'OHVn\tJES, MELANGES, ET(,. Rapport prpsenli' l\ lEmpeicur sur la situation de I'Aljjerie en i853, parM. le inarechal Vaillaiil. .-Knalyse par M. Albi-n- Monteuiont.) 'iy Letire de M. Ic coind' d'Escayrac a M. le president de la Com- mission rentrale, sur la latitude de Tonibouclou " 3a Fducation publifjuo en Anfjleterre. D'apres un rapport adresse, le i3 juillot 1854, a i\I. le niinistre de I'instruction puhlique et des culles, par _M. Milne Eilwards 35 Kxtrait d'nn rapport a I'Empereur, adresse, le i(i juin i854i par M. le marechal Vaillant, au siijet de la creation ile plusieurs communes de plein exercice dans I'Algerie. ... 3^ Extrait d'une leltre de M. Anp^elo Tedesco, memliro de la So- ciere de geographic, a M. le president de la Commission ren- trale, snr I'etat agricole et commercial de la Turquie. . . 49 Traite condu entre les Etats-Unis d'Amerique et I'empire du Japon 5i Traite enlre les Etats-Unis et le Mexique, au sujet de la limile des deux Etats et de la communication par I'isthnie de Teliuantepec S't Lpltie du docteur Vof;e!, sur I'liisioire nalurelle de I'AFrique centrale. (Traduil df I'anglais par M. Cortamberi.) 58 Extrait d'une lelire adresse'e, Ic laavril i854,l)ar M. J. Marcou, a M. Delesse, ingenieiir des mines, sur \iii voyage dcpuis b s niontagnes Roclieiiscs jusqti'a San-Francisco 61 The Grinnell expedition in search of sir John Franklin; a per- sonal narrative by Elisha Kent Kane. New-Yoik, iB53. (Expedition de Grinndl a la recherche du capitainc Fran- klin ; recil personnel d'EIisha Kent Kane, dccteur-medecin aux Etats-Uni>.) — .Journal d'lui voyage aux mi rs polaires, execute a la recherche de sir John Franklin, en i85i et i852; par J.-R. Bellot, lieutenant de vaisseau de la marine trancaise. (Analyse de M. Albert-Montemont , membre de la Commission ceutrale.) i , | Vni. wfecEMBRE. 8. 29 J.es rlievaiis aiahi-s do Syiir, par M. Miiioillier, vicj-'CoiiMil \\c France a T.ir.snus. (Conijite rendu par M. Coiiainberl.). l4i Noiivrau voyage du docteur Krapf dnns rOii?anjl)ara ; d'aprcs .son journal pulilit- par le C/i/ot/i Missionary intelUqencei. i ^^t I, a Bourse de Londr<>, par .lolin Francis; (radiiil i>i» I'anglais par M. Leffbvri'-Uumfle, scnateur, ancieii ministre des tra- vaiix pid)lics. (Analyse sommaire par M. Albert-Montemonl, nxnibie de la Commission centralc.) 1/8 I.e Zi'illuiu du Taurus i5s Inslruclion puhlique de la France. Circonscriptions acadenii- qiies etablics par le decret imperial dii ^i aout iSS^. ... i;^ Etat des .sciences i Iiez Ics Japwnais i56 Naturalisation d< rijjname-patatp de la Chine 1 58 Expedition de I'Afrique cenlrale, puLlii'e par M. Petermann ; analyse par M. Jomard; avec une carle 1 Sg Note sur Babylone, |)ar M. Oppert a 10 Notice sur la ville de Nanrjasaki, par M. Jomard aia Extrait d'une b-ttrc adresse'e a M. d'Avezac , vice-pre'sidenl de la Commission cenlrale, par sir Robert H. .Scliimhurgk, consul de S. "SI. R. a Saiito-rjominwo aaS Lctlre de .M. E. ih; Blosseville a M. le president dc la Commis- sion centrale de la Socicto de geographic .i-j" Kxtiait du rapport a I'assembiee des profi-sseurs adniinislrateur.-. (Ill Museum dhi^toirc nalnii'lle, siir les vep,f't.iux de la Californie, par M. Decaisne, professeur de culture aa8 Note de M. de la Roquelte stir des ouvrajjcs oft'erts pat MM. Scblagintufit ct sur leur procliain voyage dans I'lnde. 220 Description du royaume dcTliai ou Siaiii, comprenant la topo- grapliie, I'histoire naturelle, mauirs it coutumes, legislation, conimeice, Industrie, lan{>i\e, litK-rilure, religion, anuales des Thai et precis lii^toiirjue de la mission, avec carte et gravures, par Myr. I'allegoix, cveque de Malios,vicaire apos- loliijue de Siam. (Analyse de M. Albert-Monlemont, membre de la Commission cenlrale) 25q Les colonies francaises an 1 "Janvier 1862, par M. V.-A.Malle- '"'"" 283 Tabic nistatistique des colonies francaises en i8.'>i, p.ir M, V.-A. Malte-Brun ifj- Lettre de M. Deinersay a M. le president de In Commission ( 4B9 ) iei)(r;i!e ia|>!iic, >iirla iinuvi'lli' i)io\iii,rapliif 4'^ IVOL'VKIXES GliOGUAPHIQUES. Kii.oi'F. — bciouvertes archeologiques signale'es par M. ^'oil des Vergers 66 ■ — Voyage de MM. P>lan et Schlniiniann dans le? iles du uord dr rArcliipel 66 — t>analisation de i'Kuripe I^fi — Aqiieduc de Syracuse 176 — Ileconverles arclieologiques du royaume de Naples. . 333 — Decouvertes archeologi([ues dans le departenieni de I'Rure 233 — Culture du riz dans la Gironde 236 — Telegraphe electrique entre La Spezzia et I'Afrique. . . 236 — Fouilles ar( licologiques dans le Calvados 298 AsiE. — Voyage de M. Burton en Arabia 177 — Kf'ccption d'un batiment aine'ricain au Japon agS Afbiqi.'e. — Creation des villages de Chrbli et d'Ai'nsmara. , . 67 I — Nouvelles de M. Livingston 67 ( /iAO ) AKRlQlJt. — iS'ouvelles ile MM. AikUtsuii, Wahlln-iy el Vit toriii. (^8 — Nouvelles reccntes ilr I'expeililioii ^\c I'Afiiquu reiiliale, p.ir M. Joinaiil .... i^j — Nouvellps ilu ilocleiii D.ivi 1 Liviii{>slon. ...... i8i — Nouvclles lie I'cxprdilion tic I'Afriqije fpntiale, par M. Jumard 2^7 — Expedition lEniQi'K. — Leitie du comniandanl John Rae siir des nnn- velles de I'expedition de .lolni Franklin sSp — Expedition du PlRPiiix 244 • — Etude.s hydrographifiiies dans la Guyane fiancniM'. . . ^45 — Nouvelles du capitaine Coiiinson 3o2 — Lae de .soufio dans I'Utali 3o3 — Expedition dans la Sonore 3o4 — Decouverte d'une espece de jjomme an Texas 3o4 — Decouverte d'un mastodonte pres de I'oughkeepsie. . 3()5 — Destinee de .sir John Franklin et de ses conipagnons; par M. Aug. Petermann 3o6 OcEANiE. — Annexion des lies Sandwich anx lOtats-Unis. . . . 7.^5 NoDvELLEs mvEBSEs, par M. Cortambeii, etc. . . 68, 182, 245, 3o5 ACTES DE LA SOCIETK. Extraits des proces-verbanx des seances de la Coninii.'<^ion centrale. ... 71, 186, 3^^^ '■''iG, ^2!) Ouvrapes offerts a la Societe' 77, 189, a55, 323, 43 1 Bil)lio{»rapIiie {^efigrapliique ^9,189, 269, 434 Errata 260 Table generale des inatieres du tome VIII 4^6 1M..4NCHES. Portrait du lieutenant lieliot. Carte dune partie do la Haute-Savoie pour 1 intelligence d'une notice de M. Paul (Jhais sur ie pi)$.sage des Alpes par Annibal. (Carle de rAhi(|g(: cf;n(rqlc., d'apics celle de .M An;;. Peterniann. par M. Maltc-Bnni. Plan de Nangas.tki. Esfjuisse d'une c.irte des pays conipris dan^ la ref;ion du Nil Blanc, par i\I. Brun-Bollet. PIM llF. LA TABLR Dl.< VIII* VOI.UMk. / C(y,,, ^x-> \Aiasp/i \ Matt / 'I DU NIL BLANC M BIOR lOLllT s- ■\ 1 fi