^. ^ 3 ^. A . /^, frntrnj-^' ■■■ii.rMiwi'.^c'B irn-*-T< wT»ii«». BULLETIN D£ LA SOCIETE DE GEOGRAPHIC- Seuxieme Serie. TOME IX. COMMISSION GENTIIALE. COMPOSITION DL BUR E AC. (Election du iSdecembre xSS;.) President. M. le baron AVai.ckin\i;r. /■' ice- Presidents. IVIM. Laresaudiere, Jomar». Secretaire-general. M. Noel-Desvergeks. Section cle Corrcspundance. MM. Bajot. MM. Lafond. Berard. Cesar-IVforeJU. Callier. D'Orbigny. Daiissy. PeyliiT. Dubiic. Tarilten. Tsanibert. Warden. Jaubert. Section cle Pubh\ cation. MM. Albert Montcmont. MM. Eyries. Ansart. Le baron Ladoucette. Barbie du Bocage. De Ponimeuse. Biancbi. Foiibiin. Le colonel Coraboeuf. Piiillon-Boblaye. Le baron Costaz. Rou.\ de Rocbelle. D'Avezac. Section de Comptabilite. MM. Bonclier. MM. Le general Haxo. Cadalveue. Di' Moiilrol. Le colonel Denai.x. Le baron Roger. Comite c/iarge de la publication du Bulletin. MM. Albert-Monteniont. MM. Jomard. Ansarl. Montrol. Barbie du Bocage. Noel-Desvergers. Boblaye. - Poulain. Daussy. Ronx de Roclielle. D'Avezac. Warden. M. Chapell'er, notairc lionoraire , trc.sorier de la Sociele, rue de Seine, 6, M. Noirot, agent-general et bibliotbecaire de la Societe, rue de TUniver- silc, 23. BULLETIN DE LA ' t SOCIETE DE GEOGRAPIIIE. Deuxieme Serie. lomc nciunhne. PATTTS, CHEZ ARTHUSBERTRAND, ILIBRAIRE DE lA. S O C I E T i; DE GEOGRAPHIE, RUE HAUTEFtUILr.E , n" 23, 1838. BUREAU DE UA SOClfiTE. ( ELECTION Dt 7 AViUr. 1837.) President, yice-Presiiierils. Scnttateurs. Secretaire. M. OllJZOT, int-ml-Tc de la Chambre des deputes. ( M. le lleulenant-general BAliDRAND. I M. BOUCHER, Iiis|)erteur-general dii !;enie maritime. i M. DKSAUCilERS , directeur ati niiiiistere des affaires ' eirangcres. (m. LEBEAU, consiillerji la C mr de cassatioD. M. Ar.ctDE D'ORBIGXY. Liste des Presicletits honnrnires de la Societe depiiis son or-f^i/ie. MM. le marquis do Lapl.kce. Le marquis de Pastoret. Le \icomtede C.hateacbriasu. Le romte Chabrol de Volvic. Becquey. Le baron Alex. deHcmboldt. Le coniteCuABRoi. Dt Ckousol. Le baron Cuvier. Le baron Hyde de Neuvii.le. MM. Leduc de DocDEAUvir.LE. J.B. Eyriks. I.i' tomte de RiiircY. Dtisiosr d'Urville. Le due DtCA/.ES. Le comie de 1\1ontai,ivet. Le baron de Barante. Le lieulenaui-ijeneral Pelit. Correspondants ctrangers dans Vordre de leur nomination. MM. Le docleur J. Mease, a Pliiladelphie. H. S. Tanker, a Pbilad. I|)bie. W. WOODBRIDGE, a BoSluU. Le capil. Edward Sabine, a Limerik. Leroloni'l Poinsett, aiix rtals-Uiiis. Le col. u'Abrahamson, a Copi-nliague. Le pr.ifessciir Schumacher, a Altona. De Navarrete, a Madrid. F. Ant. GuKz.ALis. a Madrid. Le dorleur Keinganum, a Berlin. jLe capil. sir J. Fkanki.in, a Loiidrcs. Le docleur Richarl-sok, a l.oiidres. Le professciir Rafn, a ('oprnliague. Le capilaiue Graah, a Coptnbai;ue. /LmswuRTH, a Edimbuui'g. MM. Adrien Balbi, a Vienue. Le conite Grabero de HEMs6,a Flo- rence. Le colonel Long, aux Etat.s-Unis. Sir J. Ill) Barrow, a LunJres. Le capitaine IMaconochie , a Sidney (\ouvi'lle-Galies> Le capilaiue sir John Ross. Le couseiller de MACtno, a Lisbonne. Le professcur Karl Rittkr, a Berlin. P.-S. DU Ponceau, a Pbiladelpliie. Le colonel JuanGalindo, a Sail Salva- dor (Anieriqiie centralej. Le capiiaine G. Back. PAKIS. _ IMl-lllMKr.lK lit BOIJKuOUr.E ET MAKIINET MIf J.> ver aucune alteration. Entouree presqueenti^rement » par une riviere profondement encaissee , et par une 19) » enceinte de hautesmuralUes, cette vllle estconsideree Dcomnie uno des places les plus fortes du monde. » Les Romains vegardaient la vllle de Constantine comme'la position la plus essenlielle a occuper , soil pour conquerir, soit pour defendre la Numidie. Dans la premiere guerre punique , le premier soin du roi Massinissa Cut de s'en emparer. Jugurtha employa lous les moyens possibles pour s'en rendre mailre. De cette position centrale et forte, Metellus et Marius dirigeaient avec succes tous leurs mouvemenls mili- taires contre I'liabile et infaligable Jugurtha. Lorsque les Vandales , dans le v« slecle, envaliirent la Numidic etles trois Mauritanies, et detruisirent toutes leurs villes florissantes, Constantine resista a ce torrent devastateur. Kous allons Jeter un coup d'oell rapide sur les autres villes de cette province, sur les cpmmunicatlons qui les lient enlre elles et avec Constantine, et sur les principaux cours d'eau qui sillonnent sa surface. Les villes du plateau inferieur, enlre le Petit-Atlas et la nier, sont : i" Bougie, autrefois Saldcc, pres du cap Carbon , a I'exlremile du Jurjura. Son port , abrite contre les vents du nord et du nord-ouest qui dominent dans ces parages, est siir et dune bonne tenue. Le commerce de cette vllle etait autrefois tres florissant; mais sa population s'cst affalblle pen a peu et se Irouve redulte a molns do 2,000 times. Son ancienne enceinte est en ^tat de mines dans beaucoup de parties ; mals son cbaleau ou casbah est assez bien conserv(!!. Placee presque au centre de la cote marlliiiie de I'Alg^rie, occupant un point salUanl el une position nalurellemcnt forle et facile a defendre, possedant un bon port, cette ville avail fix6 Taltention de I'hablle ( 'o ) ministrc de Fcrdinand-le-Calholiqiic (le cardinal Xi- nienos), qui, en la soiiinoUant a i'Espagnc, avaitresolu d'en ialro Ic point d'appui d'linc nouvelle colonisation ospagnole sur cette partiede i'Afrique. 2° Gigei, poitmaritimo cntre Bougie et Collo, est un jioint important tant a cause de la fertilite des pays qui i'environnent, que de sa force naturelle sur un cap on presqu'ilc qu'une langue basse reunitau continent. Co lilt la premiere ville d'AlVique que Barberoussc soumit a son autorit(^. Prise en jG64 par une flolte fran^aiso, sous les ordres du due de Beaufort, elle resta quolque temps en notre pouvoir; mais negligee par le gouvcrnement francais, qui j)ortait des lors toute son attention vers ses nouvelles colonies d'Am^rique , elle retomba sous la domination des Turcs. Elle ne presente en ce moment qu'une population pauvre, r^upie dans 2 ou ooo hultos delabri^es. 5° Collo a (^te une ville populeuse et florissante sous la domination des Remains, qui y avaient elabli le principal depot de leur marine militaire. Notre com- pagnie d'Afrique en avait fait une de ses principalcs eclielles pour I'achat des builes, de la laine , du miel et des peauxnon preparees. Nos longties guerres de la revolution francaise, en faisanltomber cc commerce et la compagnlc d'Afrique qui I'alimentait , ont fait d6- clioir la ville de Collo de son ancien etat d'activit6 commcrciale et de splendeur. Collo , Gigel et Bougie sont entoures do pcuplades Coubayes (i) , qui sont la portion la plus belliqueuse de la population indigene. Ces peuplades n'ont jamais conscnli a payor un Uibut aux janissaires d'Alger, et (i) Coubayes on Kubiles. ( »' ) Irailaient avcc eux conime de puissance i> puissance. Elles sont sedentaires, agricoles, et beaucoup plus in- dustrieuses que tout le reste dc la population indigene de rAlgerie. Les Coubayes du Jurjura ont a Calla, au pied du versant oriental de cette chalne , une ville de 3 a 4,000 aines , oix Ton fabrique avcc assez d'habilele les arts melallurgiques et paiticulieicment le fer et I'acier, et ou Ion conft ctionne dos poudres de guerre avec le salpelre que le sol de I'Algerie lournit presque partout en abondance. En occupant Bougie, Gigel et Collo , on parviendra assez facilenient a attacber les Coubayes de ce district a la France, soit par la voie du commerce, soil en y organisant, comme nous faisions autrefois avec la Suisse , des corps auxiliaires a la solde du gouverne- ment franrais. La porte de Fer [Bibent) dans le Jurjura, defde elroit, entre deux escarpements verticaux de ro- cbes calcaires, est situ^e au centre de ces peuplades et sert a la communication la plus directe entre Alger et Constantine. 4" Stora, pr^s des ruines de I'ancienne Russicata, est une position d'une haute importance, entre Collo et Bone; c'est le point maritime le plus rapprocbe de Constantine, Une route romalne, assez bien conservee, servait a la communication entre cette derniere ville et Piussicata. Cette route, qui traverse le Petit-Atlas dans un deses points d'abaissement, n'a que seize licues de longueur, tandis qu'on compte trente-deux lieues de Bone a Constantine par de nombreux defiles, entre autres par cclui de Raz-el-Akba, que Mas&inissa et les Piomains regardaient comme une des clefs principales de la Numidie. Le port de Stora est parfaitement abritc centre les >^ ->•.** A- N>- '^1* .<<«<<• *■ <««• ,,., , ..„.,..-,, , ..,j, ., . ,. ,, ; c^f, , , - ..-jrij^AtiKW, ; , ' ^^aU d^i'Harfjisf»k i ^ t trf»* ftotit dit* «:r* c^r<%aka j d<> la rjvj«i,r<> d'<'>r rOoftde nornbreux et b du temp* d^ji fJornairiS. Oft troove daT»a Ja pro'viricfe d^ Cotiatantin** aur lea deox plateaux, ^n^ktiknt di mferieor , lea reste* d'on fCF'itid fiombre de vilks ancienrtes, qu'ane expUTalion att<=^»tive et $dvante pourta faire con-ftaitre par la suite. ( '4 ) Lcs ileux derni^ios expeditions dc Conslanlinc nous ontappris, d'aprcs des lemoignagos inconloslables, que Aslikoure est sitae sur lcs ruines de I'ancien Asue- rus, et que les nombreux monuments et les niurailles d'enceinte, en grande parlie conserves, qu'on volt i Guelma, apparlenaient a Sullml , villo colebre dans I'hisloire ancienne commc ayant servi dc depot aux tresors de Jugurtha, et comme ayant 6te Ic theatre de la defaite complete du propreteur Aulus Posthumius que I'aviditd avait allire sur ces lieux avee une armee nombreuse, sans avoir pris les precautions n^ccssaires. La plupart dcs tribus qui liabitcnt la province de Conslanlinc reunissent la culture des lerres aux soins destroupeaux. Plusicurs d'enlre elles sent nombreuses et puissantcs. Les plus remarquables sont les Ilenme- chas et les Nemenchas, qui liabitcnt les vastes plaines de la rive gauche du Mejerda. Ce fleuve sert de ligne de demarcation entre lcs possessions d'Alger et cellos de Tunis. Ce fut avec I'appui de ces deux tribus bclliqueuses que les Algericns ont enlcve la province de Conslantine a la domination de Tunis. Ces memcs tribus ont rendu d'immenses services aux janissaires d'Alger dans lour derni^re guerre contre la regence tunisienne. Les cours d'eau, tres nombreux, qui sillonncnt la province de Constanline, vont presque tous du sud au nord et d«^bouchent dans la M6ditcrranec. Les Arabes donncntlenom de oued-el-kebir, ou grand fleuve, a ccux de ces cours d'eau qui, descendant du Grand-Atlas, traversent le plateau superieur, Ic Petit-Atlas dans ses points d'ahaisscment , et enfin le plateau maritime, avanl de se jeler dans la mer. Tels sont le Shellif, a I'ouesl d'Alger, le fleuve de Bougie, le Rummel (autre- ( '5 ) I'ois Ampsaga), qui baigne les murs de Constantine, et qui, apres avoir traverse le Pelit-Allas a Gebel Aouat, aboulit a la mer dans le vaste golle compris entre Gi- gel et le grand promontoire dc Seba-rous (sept caps) ; le Seibouse (Rubricalus fluraen), qui, apres un cours sinueux, verse ses eaux pres des murailles de Bone; le Mejerda (Baguedas flumcn ) , qui arrose les belles plaines orientales de la province de Constanline et la separe du territoire de la ri'gence de Tunis. Les petils cours d'eau qui dcscendent du Pelit-Allas sont Ires nombreux. On distingue parmi cux : i° le Mansourah, entre Gigel et Bougie; 2° le Zourah, a rouest du promontoire des Sept-Caps; 5<> le Zearaa, a Test de ce meme promontoire ; 4" la pelile riviere qui, se terminant dans le golfe de Sloia, longe le cbemin remain qui lie ce port a la ville de Constanline; 5» le Oued-Saboure qui debouche dans la parlie orienlale du golfe de Slora; G" le Mafrag (Armoniacus flumen), qui, aprfes avoir parcouru de nombreuses sinuosites et arrose des plaines trhs ferliles, verse ses eaux au centre du golfe de Bone ; 7° le Zaine pr^s del'ile de Tabarca. L'ltin^raire d'Antonin et la Table de Peutinger font connaitre que la surface de la province de Constanline 6lail traversee par un grand nombre de routes romaines, dont on retrouve des traces en beaucoup d'endroils. Les plus importantes de ces routes longeaient le litto- ral maritime depuis Tabarca jusqu'a Bougie , et de la se prolongeaient jusqu'au delroilde Gibraltar. D'autres liaient Bougie (Saldae) a Setif (Sitifis) ; celle derniere ville a Thevesle (Tibessa), la ville de Slora (Russicata) a Constanline ; celte derni6re ville a Reff (Sicca Vene- rea), et enfin Carthage a Stora, et Ilippone a Constan- line. ( ,G ) Ces routes olaienl genci-alemcnl bonnes et pou- vaienl elre parcourues par les chariots romalns. Dans leur etat actuel dc degradation , il est asscz facile do les rendre carrossables.comine le prouvent les espaces parcourus paries troupes Irancaises depuis Bone jiis- qu'a Conslantine, el depuis Bone jusqu'a Stora. Appuy^e, au nord, par la mer et par les points na- lurelleraent forts qui se trouvent sur le littoral mari- time el que j'ai indiqu^s comme dovant etre occupes; ayanl a sa dioltc, du cote de Tunis, le i\k'ierda et les tribus belliqueuses qui babltent la rive gauche de ce fleuve; couverte, a I'ouest, par la haute chalnedu Jur- jura qui, dans son long jirolongementdu sud au nord, n'offre que deux ou Irois defiles cncaisses enlre des escarpements verlicaux, ou deux cents honimes sufii- seul pour arreter des corps nombreux ; ayanl sur ses derriferes les vallees arides du Beledulgei'id cl Tim- mense zone areneuse du Sahara; travers^e dans son interieur par deux chaines parall6lcset par leurs rami- fications cntrelacees, enlre lesquelles existent des plaines immcnses et des \all6es profondes; coupee par de nombreux cours d'eau qu'un orage de vingt-qualre heures suflit pour rendre inlransitables, la province de Constantine nous parail aussi facile a defendre que difficile a abordcr. C'est un excellent theatre pour les grandcs operations mililaires. Appuye paries avantages locaux que nous venons d'enumerer, maitre des points strategiques , le general , charge dc la defense de celle province, pourra, avec des forces modirees , r6- sister avec succ^s contre des assaillants trois fois plus nombreux. Fcrtilite et produits de la province de Conslantine, — Slrabon , en par'.anl de la ferlilile de la Nuniidic, dit ( >7 ) que « dans lepays des Massaesilliens (c'est la province de » Constantine), la terreporte souvent deux foisl'annee; » on y fait deux moissons, Le froment, dont la paille est » haute do cinq coudees (7 a 8 picds) et grosse comme »le petit doigt, rend dans quelqucs endroits a^o pour )) un. On ne seme pas au printemps ; les grains lombes » des epis, lors de la moisson , sufiTisent pour I'ense- »mencoment. » Pline confirme les observations deStrabon, et ajoute que « grace a la legeret^ du sol, on se contente de » remuer la surface du terrain avec une charrue legere: >> que la herse , qui a pour but de briser les mottes , y » devient un instrument inutile , et que les terres ne »recoivent jamais d'engrais. — Le poids et la qualite 1) du froment sont remarquables, » M. I'abbe Desfontaincs , celebre botaniste et sa- vant agronome, qui a parcouru I'Algerie en 1786 et 1787, place au premier rang le fi'omentdes environs de Constantine. II en a retire a la moulure 70 livres de fleur de farine, 4 livres de recoupe et 6 livres de son sur 80 livres de grains. Les bles de Mascara et de Tle- mecen ne lui ont donne que 45 livres et demie de fleur de farine sur 70 livres de beau ble. Le mais , le sorgho, le millet, sont tres abondants dans cette province. On les seme au raois d'avril et ils murissent au mois d'aout. Leurs feuilles fournissent un excellent fourrage dans la saison des secheresses. Le safran, I'indigo, le pavot a opium, le labac, le gombault, les melons, les pasleques, les legumes d'Eu- rope, sonl cullives avec succes dans cette province. La vigne y reussit lr(^sbien; on employait ses fruits pour faire des raisins sees au lieu de les uliliser pour la fa- brication du vin. IX. JANVIEK, y. 2 ( '« ) L'olivier croll parfailenicnt dans touto la Numidic. Lcs inonUigncs du Pclil-Atlas sont couverles d'olivlcrs sauvagcs qui, sans clre grefTos , donnenl d'excollonlos olives, pelilcs, pen liuileuses, niais que lcs gens du pays uiangenl avec plus de plaisir que les fruits des oliviers cullives. On voil dans ce pays dos olives nalurellcnient douces qui n'onlpas besuin d'etre macerees dans I'eau de saunuirc pourelre coineslibles. Le colounier reussit dans I'Algerie, el Teerlvain arabc Edrlsi , que nous avons d^ja cil6, dit que cettc culture florissait des son temps a Setif, villc siluee sur le plateau superieur comine Conslantine. Les maUac^es, panni lesquelles les cotonniers se trouvent conipris, parviennenta une grande bauleur dans celte province. Mais on nous assure que la laine des cotonniers de Setif est d'unc qualili commune et meme grossiere. L'cxcmple des deux Carolines et de la Georgic, dans les Ktats-l nis d'Amerique, montre que le cotonnier croit avec force meme sur les hauteurs, avec une tem- perature mod6r(ie; mais ce n'est que pr6s de la mer, et meme dans son voisinage immediat, qu'on oblicnt des laines de coton de la meilleure espece. Le muricr vient tr(^s bien dans toute cette province, qui, a I'exception des hautes montagncs , convient sur loutc sa surface a la culture de cet utile v6g6tal. On commence a culliver avec succes le muricr mullicaule dans les environs d'Algcr. On a propose d'iutrocluire dans nos possessions al- gerlennes la canne a sucrc et le cafdier. Ce dernier vdgetal necessite une clialcur plus forte que celle de la temperature moyenne de cette partie de I'Afriquc. Nous pensons qu'il pourrait tr6s bien reussir dans le Beledulgcrid, avec lcs datliers, au sud du Grand-Atlas ( 19 ) Quanl a la canne a sucre , c'esl une folic que de chercher a ctablir dans I'Algerie la culture de celle planle saccharilere qui iiecessite beaucoup de Iravail et de soins et qui epuise promplement le sol. Nous recommandcrions plutot la culture de sa nouvelle et puissante rivale, la bellerave, qui ameliore la lerre au lieu de I'epuiser, et qui trouverait dans le sol are- iieux, charge d'humus v6g6tal , de ce pays, los condi- tions convenables pour son extension et son develop- pement. EUe servirait aussi a nourrir et a multiplier les animaux domestlques , qui se sunt abatardis par leur exposition conlinuelle aux intemperies de I'air et aux privations de la saison rigoureuse, et qui s'amelio- reraient par le moyen d'un bon tiaitement alimentaire dans les etables et les ^curies. D'apres les observations de Desfontaines, de Shaw et de Shaler,la terre, dans toute I'Algerie et surtout sur les plateaux supei-ieurs, renferme unegrande quantity de nitrate dechaux, dont on ])cut tircr uu excellent salpetre par le lessivage. C'esl a la presence et a I'a- bondancc de ce sel que, d'apres I'opinion des plus habiles agronomes, onpeut atlribucr la grande fertilile de ces provinces. Dans la culture des vegetaux, on doit avoir egard a la difference des deux plateaux superieur el inferieur. Dans le plateau inleineur, au nord du petit Atlas, les orages sont frequents, I'air est assez generalemenl in- salubre. Dans le plateau superieur oil se trouve Con- stantino , la temperature est plus uniforme , le froid plus vif et la salubrile parfaite. On pense , d'apres quelques observations baromelriques, que ce plalcau superieur a une elevation moyenne de 5 a (ioo me- tres au-dessus du niveau de la iner, comme celle ( '^o ) (\o Madrid ot do la Nouvolle-riaslille , en Espagno, Lc coniincrcc acliicl do la piovince dc Conslantine est en grande partie dirige vers la regence de Tunis. II convient , sans proscrire les relations diro.cles , par Icrrc, aveclesd(^pendances du gouverncmenl lunisien, il'alliror raltcnlion des Conslanliniens vers les ports dc leur propic littoral maritime., el par consequent vers lu France... Sanscelte mesiire, les marchandiscs etrangercs penetreraient facilement et fi-aiiduleuse- ment dans nos possessions algerlennes par la voie de Tunis, oil les produits de tous les pays sont admis en payant le faible droit d'entr^e de 5 pour o/o nd va- lorem. 11 sera de notre int(^ret d'ouvrlr a travers les monts Auras les anciens rapports commerciaux de la capi- tale dela Numidie avec I'inlt^rieur de I'Afrique. D'apr^s les magnifiques mines qui existent sur les monts Au- ras, on pent croirc que ce commerce (^tait Ir^s avan- lageux. Population. Les Arabcs, les Turcs , les juifs , les cbretiensct IcsBerberesou Coubavesou Kabayles sont les el6ments dc la population dc la province de Con- stanline et gd'neralemcnl i\c loute I'Algerie. Les C.ou- bayes composent la population primitive , ot parlent une langue qu'on croit ctre colle des anciens Numi- des. Cnllivalours et g(^neralement sedenlaires, ils sont plus induslrioux que la pailie purement nomado des babitants do I'Algerie. Llablis sur les montagnes, ils sont plus indepcndants, plus fiors et plus bcUiqucux que les autics Algerions... Comme ils n'ont pas un type dc figure distinct et des formes pbysiques biei^ dolermineos, on lesregarde comme le r(isidu et le vni- langc (1(> Idutes les racosdonlle caract^re independant ( u, ) a r^siste aux din'6rentos invasions du sol airicain. Les Arabes, qui firent la conqiiete de I'Algerie veis la liii du vu" siecle do I'ere clirelienne , lonnent la grande majorite de la population algt^srienne. lis se divisent en deux classes. Ceux qui habitent les villes et leurs envi- rons sonl distingues sous le nomde Maures. Les tiibus nomades, qui vivent sous des tentes el se livrenl a la culture de la terre et a I'educalion des troupeaux , se nomment Bedouins. Les Turcs, maitres de I'Algerie, depuis le xyf siecle. ne s'etaientjamais fondus dans la population indigene. Leurs enfanls, dils Koul-oglous, nes d'une femnie ap- partenant aux races dupays, n'6taient que dans descas fort rares admis a participer aux privileges de la ini- lice souveraine. Cette milice se renouvelait par des recrutements en Turquie. Les renegals europeens y etaient admis et pouvaient parvenir a la dignitede dey. Avec de telles restrictions les janissaires turcs ne pou- vaient pas etre nombreux. Lesjuifsne sont guere plus nombreux que les Turcs ct les Koul-oglous. lis etaient traites par les maitres du pays avec mepris et cruaut6. Mais I'amour du gain les faisait passer sur toutes ces considerations humi- liantes. Quelqucs ecrivains modernes ont donn6 a I'Algerie une population totale de 1,870,000 ames. Nous ne croyons pas, d'apr^s quelques documents comparatifs et precis, qu'elle d^passe la moiti^ de ce nombre , c'est-a-dire 900,000 ames. On pent les repartir de la mani6re suivanle : ( 22 ) Maiires et Arabes ciiltivi itPH rs r oiivrliTs, 4oo,oon ames. Bedouins , 240,000 Berberes on Coubayes, 200,000 .luifs. 3o,ooo Turcs et Konl-oplous , 6,000 F.iiropt'ens (noii ronipris les fjarnisons) , 24,000 Total 900,000 On pense que les deux cinquiemes de celte popula- lion apparliennent a la province de Conslanline , mais sous (los rapports difiFerents de ceux que nous venons de piescnter. Suivant une slatisliqnc approximative, basee sur des documents nombrcux , on complerait dans la seule province de Constanline 120,000 Coubayes, 13.0.000 Maures, 100,000 Arabes bedouins, 10,000 juifs, 5,000 Turcs el Koul-oglous , et 2,000 Europeens. Total 5Go,ooo ames. Les troupes francaisesne sontpas comprises dans ce nombre. Les Coubayes sont |)roportionnellement plus nom- breux dans la province de Constantino qu'ils ne de- vraient I'etre d'apres le tableau ci-dessus de la popu- lation de toute la regence d'Alger. Mais on doit observer qu'une partic des iribus Coubayes se trouve agglo- meree sur les deux vcrsanls du Jurjura et sur le vasle espace montueux compris, pr^s du littoral maritime, entre Collo, Gigel et Bougie. J'arreterai ici mes considerations statistiques. Je me contenterai d'observer que le savant M. Desfon- taincs, qui a parcouru , avcc I'oeil d'un babile observa- teur, loulcs les regences barbaresques, regarde la province de Constantino comme possedant le mcilleur ( '^"^ ) terroir de cette parlie scptontrionale dii continent africain, et comme elant susceptible d'oblcnir en pen de temps une nombreuse population, et d'acquerir promptement une tres grande prosperitt^ par les pro- duits considerables et varies de son agriculture et par ses relations commerciales avec la mer, Tunis et I'in- terieur de I'Afrique. {Extvail du Spectateiir Militaire.) Questions adressees a M. le capitaine Chesney ai>ant sa seconde exploration du cours de V Euphvale (i). X^nophon parle de plusieurs canaux (i) que I'ar- m6e de Cyrus eut a traverser depuis le mur de Medie jusqu'a Cunaxa, c'est a-dire dans le pays ou I'Eu- phrate et le Tigre se rapprocbent le plus I'un de I'autre. Les gt^ograpl.es modernes en indiquent beau- coup sur leurs cartes; mais ils ne s'accordent ni dans le nombre , ni dans la direction qu'ils leur don- nent. Recliercber les traces des canaux qui partaient de la gauche de I'Euphrate , et allaient se r^unir au Tigre. II doit etre facile da trouver et de tracer d'une maniere precise le Bahr-Melcha, ou canal royal qui passait pr^s de Seleucie. Donner aux vestiges de ces canaux les noms par lesquels les habitants les d6- signent. La carte de M. le capitaine Chesney indique une pe- tite riviere (a) au N. de Babylone. Ne seralt ce pas le Nahr-Sares de INiebuhr? A quelque distance de fi) Pour les renvois, vovez l;i carle. ( 24 ) rEuplirale, on doit Irouver sur celle rivifere ou sur ce canal une villc oppckW^ Kerbelai ou Mcschid-IIoscin ; et a parlir de la vllle , le canal doit s'^largir et former un lac dosst^clie aiijourd'hui, niais dont il serait peut- etre possible dc deleiiuiner la forme et I'itendue (5). A 25 rallies au-dossousdc ce lac enelait un autre que d'Anvillo appolle Rahemah , et auquel Mebulir donne le nom dc Bahr-Nedsjcf, Ebn-Hubeira ou El-Bulicria. II y a deux cents ans, il n'^tait pas desseche, Teixeira ^a^u plcin d'oau ; il lui donne quarante lieues de cir- cuit et six lieues de largeur. Sur le bord oriental de ce lac, ^tait Roufa, et au nord se trouve Meschid-Ali qui est peut-ctresurremplacementd'Alexandrie (4). Le lac communiquait avec I'Euphrate par deux canaux. Le canal septentrional (5) est appeld Nihis par d'Anville et Pallacopas par Niebuhr qui I'a vu plcin d'oau; le ca- nal meridional (6) est le Pallacopas de d'Anville. Niebubr a vu un canal parallele a TEuplirate , qui , partant des environs de Piamahleh , s'6tendait au sud , beaucoup au-dela de Lemlun (7). Entre ce canal et I'Euphrate , existait un marais qu'il croit avoir 6t6 le lac dans lequel Alexandre s'egara. Rechercher ce canal et ce marais; en indiquer avec precision la forme et I'dtendue. Dans cet espace , M. Chesney marque cinq canaux sur la rive droite de I'Euphrate; jusqu'ou s'^- tendent-ils (8) ? M. le capitaine Chesney a indiqu(^ un canal paral- lele Ji I'Euphrate, qu'il nomme Pallacopas , ancionne. ■bmnche. de r Euphrate (0). C'est I'opinion du docteur Vincent, de Reichard et de plusleurs autres geogra- phes, qui n'arretent pas ce canal a la hauteur de Ba- bylone(io), mais le prolongent au nord jusqu'aux en- virons de Hit (1 i).L'Edrissi le conduit meme jusqu'a ( 2'^ ) Raliaba , qui devail etre pits de Tapsaque, aiijourd'hui Deir. Ce canal devait traverser les deux lacs dont il a ele question (3 et 4) . Rechercher les traces de ce canal, et en indiquer le cours avec loutes ses sinuosites. La partie de ce canal qui avoisine le golCe Persique merite surtout I'attention. M. le capitaine Chesney n'a point marque sur sa carte un canal qui existait encore il y a peu d'ann^es, que d'Anville nomme Nahr-Saleh, et qui est appele Djarre-Zaade par JNiebuhr (la). Selon d'Anville, ce canal i^tait I'ancien litde I'Euphrate avant que ce fleuve ne se jclat dans le Tigre , ou avant que sa communication avec le Tigre ne devint son cours principal. Le docteur Vincent pense que ce canal n'a jamais ete le lit de I'Euplu'ate , mais qu'il a et^ creus^ par les habitants de la contree. II est plus probable que, selon d'Anville, c'etait la I'ancienne embouchure de I'Euphrate dans laquelle venait se rendre le canal parallele dont on a parle (9). Exami- ner d'apres la pente et les accidents du terrain , s'il n'y a pas moyen d'acquerir des donnees certaines a cet egard. Les relations des voyageurs Teixeira , Tlicve- not, etc., font presumer que ce lit desseche a quel- que profondeur, et qu'il est encore marecageux en quelques endroits. M. le capitaine Chesney indique un courant d'eaa qui vient se jeter du nord au sud dans le canal paral- lele a I'ouest de Basra (i3). Je doiite que la direction de ce cours d'eau ou de ce canal soitbien incHqu^e. Co doit etrc le canal que d'Anville, d'apres Teixeira, fait passer par Basra (i4) , et qui recoit lui-meme le canal d'Oboleth (i5). II fut creuse ou renouvele du temps d'Omar; il etait appelt!; Nahr-Moakeli. L'embouchure de I'ancien lit de I'Euphrate (16) se nomme Rhore-Abdillah. Des voyageurs parlont d'un ( 2 ,000 pieds anglais de superficie , 44 pieds de haul avec une petite ruine de 8 pieds de plus. Le nom signifie rouge d'aprfes les couleurs de ce monument, comme on disait FAUiamara ( Alhambra ) de Grenade. Apres avoir I'ourni les canaux du Nil et de Birs , I'Euphrate, alors le NahrSirat, se partageait en deux branches; Tune passail par Kufali , I'autre se per- dait dans les Paludes Babvloniac, cts'appelait le Nahr- Sares. Dans les temps les plus anciens, le canal de Kufah se perdait dans le Pallacopas qui passait par Orchoe, ct auquol Alexandre fit une contre-ouverture pres du Dawaunia actuel. Dans le temps d'Abulfeda il se per- dait dans les marais do Bumigah, ct El-Edrisi dit : « Euphrates in universam ditionem Kufa, residuum ejus aquis in lacus inlluenlibus. » Le nom do Nahr-Sares, le NaapTap-zi; de Plolom^e et le Flumen fetidum de Pline et d'autres, parail avoir 6te donn6 a la continuation de I'Euphrate , parce que la plus grande partie de ses eaux ayant et6 dpuis^e par le Nahr-Malka, le Kutha et les autres canaux, ce qui restait n'avait qu'un cours faible et presque sta- gnant avant de se perdre dans les marais de Lemloom on los Paludes Babylonias. C'est presque le m6me cas ( 35) aujourd'hui , quoique lo Nahr-Sares soil a present le Jit principal de I'Euphi'ate. Pline I'appelle aussi Narraga. n Flumen fcetidum (dit Hyde), quod ad paludes ducat per Babyleen.i) Abulfeda dit que le Nahr-Sares conduit par Sura. « Aliud etiam ad Sura, » dit M. Edrissi. Vologesia ful sur le meme canal. La position de Sura est bien connue ; il ne peut done y avoir de doute au sujet du Nalir-Sares. II y a sur la rive droitede I'Euphratequelquescanaux modernes, tels sent le Nalir-el-Kadder, dit Alcator d'Edrissi; le Nahr-el-Kerbelai, appele par Ockley, dans son Histoii'e des Sarrasins, la riviere de Rerbelai ; elle fut ouverte par Hassan , pacha de Bagdad, quand la persecution des Chiitos par les Sunnites eut diminue, et qu'il fut permis aux Perses de se retirer aupres du iombeau de leur prophete. Vous me demandez si c'est la le Nahr-Sares de Niebuhr; je ne connais pas le ca- nal de cet excellent g^ographe et voyageur habile, mais je vous indique en revanche le Nahr-Sares des anciens. En dernier lieu il y a le canal dit Nahr-el- Nesjeff, iG farsangs de Rerbelai et i farsang de Kufah; il fut construit par Nadir Shah et porte a Meschid Ali. Vous avez cru que remplaceraent d'vVlexandrje pou- vait etre au norJ du Rumigah ; mais la distance du Pallacopas du h^ros mac^donien a Babylone, est ex- press^ment rapporlee dans Arricn : cette distance don- nerait a peu pres 76 milles anglais, et, en descendant la riviere, conduirait aux environs de Dawania, 011 est lePallacopas de d'Anville , elou M. le colonel Chesney, dans son premier voyage, visita les ruines d'Alexandrie. Le Nilus de d'Anville est le Nahr-el-NedsjelL J'ai d^ja indique la position du Nil. L'expedition a visite des ruines de la ville de Uaha- IX. JiNVIliR. 3. 5 hi\h ou Rehobolli, sur rEiijil)inle; il y a des briquc* babyloniennes ct une tradition d'unevillcde Nemrod. On n'y a pas \u le canal qui, scion Ics uns, etail le comuiencemenldii Pallacopas; uiais, d'apres I'inspec- tlon goologiquc , lo courant du ileuve, sltue a pi'csent a une lieue de distance, peul avoir pass6 an pied de la vllle. Je n'ai pas beaucoup de details a vous donner sur ce long et int(iressant Ileuve; je crois que les opi- nions des geograplics sunt trop d'accord sur ce sujet,. »'t que ce canal a et6 vu en trop d'endroits, pour qu'il y ait aujourd'liui aucun doute sur son existence, niais il manque encore des details. J'ajouterai un ou deux fails qui peuvenl vous interesser. Or, les ruines d'Orchoe ©nt ete vues premierement par Pietro della \alle : ellcs ne sont pas si pros de TEupkrate que vous les marquez d'apres Reicbard, niais dans le nieme paral- Ifcle, et caraclerisees, comme loules les villes babylo- niennes, par des monts eleves, les xoma de Strabon. Le Pallacopas, non celui d'Alexandre , mais le grand Pallacopas dont nous avons parle , passait par ici; Ar- rien, Sauraaise et Cellarius nous le disenl. A combiea d'erreurs a conduit le fait raconte par Pline ! »Euphra- tcn praeclusere Orcliceni et accoL-c agros rigantes , nee nisi Pasitlgri defertur in mare. -> L'emplacemenl de rOrcboe de PtoUm^e elantconnu, combien cette as- sertion devient simple I On salt que le Pasillgre de Pline n'esl pas celui de Nearque. II restait encore a de- terminer si le Pallacopas se perdait dans le golfe Per- sique par un canal propre, ou par le Djarre-Zaade, le IS'abr Saleh de d'Anville, qui passail par Zobeir. L'ex- pedilion a fait des rechercbos sur ce sujet. Le canal de Zobeir a Hi lrou\6 d'une bien trop petite 6tendue pour avoir conlenu l(!s oaux de lEuphratc; mais au sud- ( 35) ouesl etaitle mont dit Jebel-Senam, veritable relique babylonienne, et c'est la qu'on voulail chercher I'an- cienne Teredon, par la dislance donnee de Babylone, par le caracl^re du monument, par la ti-adilion d'une ville plus ancienne que Zobeiv, qui est elle-meme I'ancienne Basra , et par les apparences geologiques. Recemmcnt, le colonel Clianey , dans son dernier voyage a travers le desert de Zobeir a Palmy re et a Damas, a rencontre le lit du Pullacopas a une demi- journde al'ouest de Zobeir en se dirigeanlsur le Jebel- Senam. Je regrette de n'avoir aucun renseignement a vous donner sur le pretendu canal partant du Khore- y. bdullah ou Obdillab pour se rendre a El-Ratif. Les ruines de Gerrha ont ete rencontr^es pres de Granie, mais dans I'interieur; cet emplacement ne pourra elre concede qu'en reculant, comme nous le faisons, dans les temps du N^arque, I'emboucliure de I'Eupbrate a Teredon ou au Jebel-Senam, et non pas au Khore-Ab- dullah d'aujourd'hui. Vous me I'aites quelques questions sur les rivieres du Rhusistan; je vais y repondre aussi brievement que possible. Aujourd'hui le Raroon arrivant aupres de Moliamra se partage en deux cours , dont I'un , de peu de longueur, a la basse maree porte les eaux du Ra- roon dans le Shat-el-Strab, et I'autre est le Bahani- Chiir, prononciation francaise ; Baham-Sbeer, pro- nonciation anglaise, qui se porte droit a la mer. Le Baham-Chiir ct la riviere de Mohamra portent tous les deux, h la baule maree, les eaux de la mer dans le Raroon. A une distance de quatre i'arsangs ou de quatre grandes lieues de I'emboucbure du Raroon dans lo Baham-Chiir et le canal de Mohamra , sont les ruines 3, ( -"^(i ) de Sabla, aupic^s dii lit ancien dii fleuve qui s'appelle aujourcriuii lo Karoon-cl-Aina , c'est-a-Hiro Rarooii aveiiglo; Mcbiihrcn parle souslc iioni de Khore-Sabla, 11 est done evident que tout le cours de la riviere , en- ire celte branclie ct Nouamra, est le canal dlt HalTar; car le Djiban-Nounia a rapporte que ce canal avail qualre farsangs de longueur. A present il vient du Jorahy par la ville de Felaliia ou Dorak, residence du slieik des Kaab Arabes, un petit canal qui passe par le Karoon-el-Ama. a un mille an- glais de Sabla , et se jelte dans le Karoon par ce memo lit. Ce canal est navigable pour des petils bateaux; nous en avons fait le trajet jusqu'a Dorak. Le Jeraliy lui-meme est prescjue mis h sec par de nombrcux canaux d'irrigatlon qui sont tires de la li- vi^re pendant une grande partie de son cours; a deux lleues a I'estde Dorak , il n'en part pas moins de sept , dont deux se reunissent pour former le canal de Gaban, dont j'ai parle ci-dessus. Ce qui reste du fleuve, selon les gens du Dorak, va se perdre dans le golfe par I'em- bouchure dite ile Lusba; et dans le tenqis des crues , les eaux des autres canaux se reunissent apres avoir et6 r^pandues sur le terrain ])our former le Khore ou Kbor-Moussa. Selon les informations jiriscs avec soin, I'ancicn fleuve du Karoon avait aussi deux cmbou- ehurcs, dont une plus a Test appcl^e Seledge ou Se- l^ge; ce qui est certain, par I'examen fait du Karoon etdupays appele Gaban et Dorakstan (Ic IMargastana d'Arrien) , contenu entrele Babam-Cbiir ct le Jcraby, c'est qu'il n'y a pas de traces ni de traditions d'autres branches du Karoon qui aient jamais traverse ce pays, conime lindlquent les carles de Vincent, de Dalrimple, de l\ennell , de Barbiti du Bocasje, el ( "'7 ) ^e tousles auteurs modernes. Cepcndant il existait ap- paremment une connexion entre le Karoon et le Jerahy ; car nous avons suivi les traces d'un canal ou lit do fleuve qui contientmeme encore de I'eaudans plusieurs endroits, ct qui, parlant du Karoon a Hawaz, se ren- dait dans le Jerahy, ^i nn endroit appele Oreiba. L'expedition a aussi clierche et a rencontr^ les traces d'un ancien lit de fleuve qui apparlenait jadis a la riviere dite Chaboun, et quise rendait auparavant dans le Karoon a Hawaz, oil les (races de la riviere sont bien evidenles. Selon de nombreuses informations prises dans les environs du Karoon, quand les Arabes de Bendikll ont empecli^ nos explorations dans cette di- rection, le Chaboun s'est recule j usque vis-a-vis Weiss, village sur la rive gauche du Karoon, et a jirt^sent se verse dans I'Ab-i-Dez , la riviere de Dez ou Dgzpbool, au-dessus de la jonclion de celle-ci avec le Karoon, le canal dit Shalilo elant entre les deux. Le Chaboun, passant an centre des ruines de Susa, parait corres- pondre a I'ljlai ou Khoaspes et a I'Euleus des auteurs anciens. C'est ici un champ vaste de debats; mais si vous comparez la geogiaphie moderne avec la geo- graphie ancienne , vous senlirez les facilit^s qu'elle donne. Le Kerah, Karason ou riviere de Suaz, se perd au- jourd'hul par les canaux dits Nahr-Josera, partant au- dessus de Ilavveesa et Ic Bu— Famoos au-dessous de la memc ville, et qui, avec le Shat-el-IIud , venant du Tidre, torment les niarais dits Samarga, habites par les Beni-Lam. La riviere, alorsappelee llawesa, donne d'autres canaux aux marais dits Samecda, el enfin se jette dans le Shat-el-Arab , une petite lieue au-dessous de Korna , ayant en premier lieu fourni un grand ca- ( 58 ) nal appel6 Zeratiia, et qui suit un cours parall6le au Sliatcl-Aral) jusqu'a Basra. Lc ir.ur (le .Meilie parailfilre lo memo que le mur de SemiraiDis ; commc il no suit pas uno ligne droile de I'Euphrate au Tigre, mais rju'il s'allonge du sud-ouest au nord-ost suivant la disposition du terrain, il a ^t^ par les uns place trop au nord , et par les aulrcs Irop au sud. 11 a etc visits en plusieursendroits, quolqueim- paifaitenienl examine, et parait commencer a Ambar le Macepracta d'Ammien, les Peyla3 de X^nophon , d'oii il se porlait, selon Strabon , stir Opis, c'esl-a- dire au nord-est, ou il a 6te relrouv^ , portanl le nom de Chfdel ou Sid ^limrooc. Sa direction diagonale ex- plique aussi la marche de X6noplion qui quitla le mui' pour approcher do Silace, qui doitelre ou I'Acca-Ruf, ou le Shenat-el-Bcilha « Tendroil ou Ton va puiser de Toau n d'aiijourd'iiui. Los ruines d'Opis ne me paraissont pas etre a la junction presente do I'AdhaYm ou Pliyscus avee le Tigro, mais a son ancienne jonction ou on trouve au- jourd'hui los ruines dites de Babileen. Les ruines d'Akbara , que nous savons par toutes les autoritds oricntales avoir 616 sur le Tigre una ville florissante du temps des kalifes, sont aujourd'hui sur le mome lit ap* pele Shatite , a present desseclie et qui partail du Tigre pr6s de Kadesia ( Voy. la carte dans I'ouvrage de M. Rich) , et se continuait avec la riviere d'aujourd'hui au-dessus do Kazmcu et de Shenat ol-Boillia. Je ne puis comprendre comment Niebuhr a pu dire que llillah est a vingt milles anglais au sud de Baby- lono; CO doit 6tre uno faute d'impression. Hillah a a roueslle quarlier de Babylone, de Bursif ou Borsippc qui conticnt le Birs Nemrod; a Test le quartier dit ( 59 ) 'El-Heimar, etaunord-estle quartior du NlletTorveiba. Je ne saurai vous donnor des indicalions decisives sur Babylone ni surl'ancien Draliemia ouZobeirque qnand ies cartes seront publi<^es. II reste encore deux questions qui sont tout-a-falt de tlieorie, ct sur lesquelles je ne puis donner qu'une opinion. 11 me parait qu'il y eut deux lacs : le lac Chaldeen , dont Plineparle quand il dil : « Tigris inter Seleuciam el Clesiphunlcm vectus in lacus Chaldaicos se fundit, » et le lac de Susiana, dont parle Arrien dans le voyage de Nearque , et par lequel le navigateur macedonien passa a son relour de T«!!r(^don ou Dirido- tis a Aginis. Supposant Teredon etre le memo que le Jebel-Senam et Aginis, village de Susiens, le meme que Hawaz, le lac Chaldeen scrait entre Ies deux. Polycle- tus nous apprend que I'Euleus el le Tigris se repan- daient dans un lac. Slrabon dit que tout I'inlervalle entre la cote de lArabie a Diridotis et rextremitd de la Susiane, est occup^ par un lac qui recoil Ies eaux du Tigre. (Lib. xv, p. 729, ed. de Paris.) Et Pline (lib. VI, c. 20) pai'le du « lacus quem faciunt Euleus €t Tigris juxta Characem.o Quant au Spasini-Cliarax, je I'al toujours place!; au Mohamra, pensant bien que ce canal 6tait celui dont parle Arian, et que Cliarax etant«in colle manufactoo (Pline, lib. vi, c. 27), ou , comme d'Anville a tres bien ecrit : « une bande de terre isolee par un canal, » c'est le Messana de Xipliilin , ile formee par le Tigre et sous le gouvernement d'Alhambilus (un nom lati- nise), que Trajan reduisit. Je me suis beaucoup occupe , pendant mon s^jour dans ces pays, des questions qui concernent Ies pro. .gr6s des alluvions dudella deTEuphrateet du Karoon , (4o ) el j'espere que quand les carles et I'ouvrage que M. le colonel Cliosney se propose de publior incessainmeiil seronl a voire disposilion, vous y Irouverez des indi- calions plus dotaill^es sur quelques uns des sujels dont je ne puis pour le present vous donner que des idees generales. \ euillez rccevoir, Monsieur, I'assurance de la consi- deration Ires dislinguee avec laquelle j'ai I'honneur d'etre , Monsieur, Voire tr^s humble el obeissant scrvileur , William Ainsavortii, Corrcipniulant ctranger de la Snciete tie geographic. Note .mr quelques explorations a faire en Sy'rie , en Palestine, et dans l' Arahie-Petree (i). Le voyageur qui se propose de recueillir des rensei- gnemonls utiles a la geographic doit ^viter, aulant que possible, de suivre Ics traces de coux qui Ton I pre- cede. II serait superflu dc lui rccommandcr de tenir un registre exact des distances ct des direclicns, ele- ments indispensables a la construction d'un ilint^raire. II est fort important d'ajouter a ces premiers docu- ments des reconnaissances journali^resoii Ton dessine avecsoin Ics formes du terrain. II faut se tenir en garde conlre toules les illusions d'opllque, et ne rien deci- der par conjecture; des apparences douteuses doivent constamment etre mises de cole, cc sont presque (i) Gi'Ue note a ^le adiessee a M.deBprtou, l^'ran^ais dtabli cii Syrie , qui avail dernande des instru( lions a la Sociole de (;eogia|ihie. /j/y //)■//// <•/<" At- .lot -fi'/t' ff/' Ofo^fay>fT/(' ^ t. -^.v. ./{////jrffiO.to. y> I£e 7 ^^('ffl RE Bt f^e e/j/ou^^ff/f ,//>/(/ th//^'t-f/o// fl^ /^(///-f'/ff/'/^^ oj//fjyw/ "&" 'i"' s^ifim ciepuis 1 embouchure dc ^f//ef/r, t/^ /^ JoffV/.-'t/^ ^f'oyfft/^Ai^ J: '^0. ./, 'i/Jfftfr'f'. /,///i,t/e/'.-^'/f^^fa*/,/-iff f/^,r^Vaffu/t^' - .lh/*&of//ff ^t. J- O'favr'/^er/- ^f//r-t'y^/. ( 4i ) loujours des causes d'crreur. On doit se contenler do reprcsenler cc que Ton voit clairemenl a dioite et a gauclie de la route, sans trop se preoccupor de ce que Ton peut apercevoir vaguement a une trop grande distance. Quant aux observations astronomlques, on peut les nd-gliger sans regret dans un pays oii Ton a deja un certain nombre de positions connucs, servant de point de repere, ct entre lesquelles on encadre assez facilement les itin^raires qui vont de I'une a I'autre. II Taut d'ailleurs une longue habitude de I'emploi des instruments et des m^thodes d'observa- tions, sans laquelle il est impossible d'arriver a des r^sultats satisfaisants ; il vaut done mieux porter toute son attention sur la mesure des distances et des di- rections , sur le figure du terrain et sur la transcrip- tion exacte des noms de toutes les localites qui doivent avoir place dans la carte itineraire. Pourne pas sorlir des limites queM. de Bertou parait avoir posees a ses projets de voyage, on se bornera a donncrquelques conseilspourl'exploration delaSyrie, dela Palestine et de I'Arabie-Petree. Vers le nord , il serait utile d'eludier la forme du lac d'Antioche, les dilTerentes valleesqui vicnnent y aboii- lir et toute I'etendue de son bassin. Le pays com- pris entre la vallee du Pyrame (Djihoun) et la plaine d'Antioche , est fort peu connu, a I'exception du littoral el de la route d'Alexandrette a Antioche. Entre cette direction etle cours du Kouek (Chalus) on peut encore faire des rccherches utiles, malgre les resultats que proniettent les travaux de I'expedition anglaise de I'Euphrate. Cette Commission parait avoir explore ccmplele- ment le rivage qui s'etend depuis I'embouchure de (42 ) rOronte jusqu'a Alexandretle la route d'Ainlab a Scanderoun par Killis el le Bt^an. Les officiers char- ges de celte exploration ont sui le chemin ordinaire de Conslanlinople jusqu'a Tarsov, et revenant vers Test, iis ont \isile le passage du Tarns, la ville de Sis et les ruines d'Anazarba d'ou ils se ont diriges sur Marach par Anabat; celte derniere pt-tie etait tout-h fait in- connue jusqu'alors. De Marat, on s'est rendu a Bir, d'un cole en suivanl la rou- direcle , de I'autre en passant par Roum-Kalah. Cce indication des princi- pales recherches de I'expedit-a anglaise dans le nord de la S)rie, monlrera a W.de Bertou les lacunes a remplir. En descendant vers le sd , on peul etudier avec afantage ie cours de I'Oroiv (Nahr-el-Aassi) depuis Anlioche jusqu'a sa sourcelont la decouverte reste encore a faire. Bien que ^!^^. Barker pense I'avoir trouvee a I'E.-N.-E. do BaDek, a 5 heures d'El-Ras daos la rneine direction , iy a des raisons de croire que celte source n'esl paia seule , el qu'on doit en trou\tT d'aiilres du cote d'l'ouest, au pied desmon- lagues du Liban; il serail ^nc a desirer qu'on fit des reclierchcs le long du ve-ant oriental du Liban sur toule la rite gauche du flrve. Enlre la vallee de TOrole el le rivage de la mer se presenle encore un Taste camp d'exploralions; lout ce pa^is monl.iinieux est a tiu pr^s inconnu , du moins qujj:it aux details: on peul ire dans eel espace une abon- iLinte moisson de renseigrrments uliles a la geographie. U isut s .AlUclier a rfeterauer bien exaclement Teten- «4 k direction de clque vallee, el les limiles des de I't*. Le plateau qui s'elend sur 1^ dkwte u< I i.»r\>ule recn>? a"ssi rallenlion du voya- (43) geur; il resto beauoup h faire a di'oite et a gauche de la route de Dama a Alep : I'interet de ces recherches pent s'etendre jusu'a Damas et dans la direclion de I'ouest jusqu'au Have de Tripoli. Dans les con Ires situees au sud de Tripoli et de Balbek, on connit seulement le lilloral , les routes de Tripoli a Dame par Balbek, de Beyrout a Damas par Zahle, de Baiek a Hasbeya par la valine du Lcy- tani, cellesde llaseya a Seyda par Arnoun, de Seyda a Damas, de Beyrul a Balbek par Zahle, de Beyrout a Balbek par Akoura, Ageltoun, Afka el Bcharre. Les divers espaces ompris entre ces routes auraient besoin d'etre rcconus avec detail. Le figure du terrain estsurlout d\ui grnd inlerel dans ces pays de hautes tnonlagnes. L'AnlLiban est beaucoup molns connu que le Liban ; onn'a que trois itin^raires a travers cette montagne : c sont ceux qui parlent de Damas pourabouliraBaiblc, a Zahle et a Job Djenein, encore ce dernier laisse-l- beaucoup a desirer. Au sud de la lipe qui va de Damas a Si^yda , tout I'espace compris eire la mer, la vallee du Jourdain et la plaine d'Esdreloi, a besoin d'etre eludie; les voya- geurs n'ont gucre uivi que les routes du liltoral, de Damas a Na/,areth> cde Saint-Jean^d'Acre auMonl-Tha- bor, a Tiberiade et Safad. II serait important de par- courir les lacunes emprises entre ces diverses routes, et d'en rapporler di itineraires d^tailles, A parlir du lac de Houle jusqu'Jamer Morte, le cours du Jourdain serait fort interessat a relever; on ne devralt pas ne- gliger les formes (h lacs de Houle et de Tiberiade , dont il faudrait fay? le tour, ce serait la un grand service a rendre a 1 geographic ; la vallee de ce fleuve celebre m6rile d'eti mieux connue. Une exploration (44 ) tletaillcic de lamer Morte compl6tcrait los notions geo- giaphlques relatives au Jourdain , et ferait connaitre a I'Eiirope ce lac bilumineux dont Seetzen n'a donne qu'une description trop courle , quoiqu'il soil le pre micr voyageur qui en ail a pen pres fail le tour; il serait d'une grande utililc^ d'en determiner exactenient les formes et de fairc avcc soin une topograpliie des pays qui I'avoisinent. Un voyageur anglais, M. Moore, a lento de faire cclle exploration au mois de mars 135-; il serait utile de s'assurer quels ont 6te les re- sultals do sa tentative, elde remplirensuite leslacunes qu'il pouri'ait avoir laissees. Les nioiitagnes de Saraarie el de Judee, enlre la plainc de Saron et le cours du Jourdain, demando- raient aussi des recherches dirig^es sur les parties que les Europ^ens n'ont pas I'habitude de traverser. A I'exccption du littoral et des routes qui conduisent de Jafa a Jericho par Jerusalem, de Il6bron a INazarelli par Jerusalem, Nablouz et Djenin ; de Djenin a Tibe- riade etquelquesautres itin^raires moins bien connus, on n'a plus aucun document geographique dune valour positive sur tout ce pays. La parlie comprise entre la mer .Morle el le littoral , tlepuls Jafa jusqu'a Gaza , serait du plus grand intoret a visiter, et no pourrait man- quer d'etre fertile en vesullals nouveaux. L'exploration de la vallee qui joint la mer Morte a I'extremite du golfe d'Akaba proniel la solution d'une question de geographic physique fort curieuse. Depuis la decouverte de cclle longue vallee par Burckhardt , lous les voyageurs el tons les geographes ont admis qu'elle avail du sorvir autrefois a recoulement des eaux du Jourdain dans le golfe Elanltiquc; mais cotle opinion n'est encore qu'une simple hy|)otht'so dont ( 45 ) j'exaclitude n'a ele conlirmee par aucuno observation positive et qui repose iiniquemcnt sur une grande pro- bability; line exploration recente de M. le capitaine Callier dans le desert situe a roucst deceOuadi, sem- ble meme prouver que cette opinion n'esl pas vrai- semblable, et que la merMorte a un bassin parliculier independant du phenomene local auquel on atlribue la destruction des villesde la Pentapole, ct de plus que ee bassin est anterieur aux epoques bistoriques. Pour r^soudre la dlfficulte et pour faire prevaloir I'une des deux opinions, il faudrait suivre la vallee depuis lamer Morte jusqu'a Akaba sans jamais s'cn eloigner, afin de constater si aucun obstacle n'a pu s'opposer autre- fois a r^coulement des eaux du Jourdain par cette voie. Cette exploration doit etre faite avec le plus grand soin; etil serait indispensable de I'entreprendre pendant la saison des pluies, pour s'assurer d'une mani^re certaine de la direction suivie aujourd'hui par les eaux, et de la situation du point de partage qui doit separer O/iadi-el-G/ior de Ouadi-cl Araba ; cav W n'est pas douteux d'apres les renseignements recueil- lis par M. Callier, que ces deux ouadis ne coulent en sens oppose , le premier dans la raer Morte , le second dans le golfe d'Akaba. II faut examiner si la disposition des affluents qui aboutissent a Ouadi-el-Ghor est plus favorable a I'une qu'aFautre des deux opinions entre les- quelles il deviendra ensuite possible de decider. A la ri- gueur il faudrait un nivellement exact pourresoudre de- finitivementla question;mais une exploration faite avec soin, el surlout sans se preoccuperplutotd'un systems que de I'aulre, peut conduire egalement a une solu- tion salisfaisante. Si quelques ruines attlraient I'atten- tion du voyageurhorsde la vallee, il faudrait qu'il re- ( 4G ) \int ;ui point de cl<^part alln de ne point laisser de In- cline dans I'ilinerairc principal, le sciil qu'onne doiso pas prrdie de viic. Le voyage de Pivtni ne parail pas de- voir lournirde resultals utiles a la science. Les publica- tions qui ont deja paru sur celle ville semblcnt avoir bien fail connaitre sa position el ses monuments. Apres Buirkhardt, Bankes, Mangleset Irby , Strangwais ct Anson, Linant etLaborde, il y a peu de probabilite (le I'aire de nouvclles decouvertes. Arrive a Akaba, il serait important de se rcndre direclement a Gaza ou bien a El-Arich; cette portion du desert est fort peu connue; il est indispensable de s'inl'ormer avec soin des noms de tous les ouadis et des lieux oii ils aboutis- sent; on peut arriver ainsi a I'aire passablement la distinction des divers bassins et de leurs embrancbe- ments. L'6tude de ce pays est plus dilficile et reclame beaucoup plus d'attention de la part du voyageur. II serait completement superllu d'aller d'Akaba au mont Sinai, cette route est parfaitement connue; si Ion tient beaucoup a faire ce voyage, il faudrait s'eloigner lout de suite du bord de la mer, et prendre a travers le desert aussitot qu'on aurait quille Akaba; la pre- miere partie de cette route |)ourrail t'ournir des docu- ments nouveaux sur le pays compris en Ire le litloral et le chemin quimene du Sinai a El-Aricb. Cette note, quoique tres succincte, indique sufli- sammsnt au voyogeur les lacunos ou la geograpbie reclame encore des explorations faites avec detail; le redacteur ne s'est pas d'aillcurs propos(^ d'aulre but, pensanl qu'une pareille indication sulGsait a la personnc inslruil a qui elle s'adresse : il se bornera seulement a rappeler encore, avant de terminer, qu'en aucune oc- casion il ne faut negliger un rcle\e exact des distances ( 47 ) et ties direcllons , et un croquis pour repiesenter les formes tin terrain. La moindre negligence dans ce tra- vail , surtout dans I'appr^ciation des distances et des orientations, produirait des interruptions bien fa- cheuses dans la construction definitive des itineraires. c . c ALLIKR. M. de Bertou ayant le projet de parcourir toute la vallee d'Araba , il lui sera possible de verifier si le cours du Joui'dain se prolongeait autrefois jiisqu'au golfe Elanitlque. On peut arrlver h une certitude par plusieurs movens : en prenant le niveau de la mer Morte et celui de la mer Rouge, et en les comparant. Si Ton ne pouvait pas penetrer jusqu'a la mer Rouge, il suf- firait encore d'avoir la hauteur de Petra ou d'un autre point connu , silue entre les deux mers ; mais il y a un autre moyen qui doit etre employe dans toute la longueur de la vqllee , c'est d'oliserver la direction des ravins et des petits courants qui s'y precipitent. Si la mer Rouge n'a jamais recu les eaux de la mer Morte , I'ecoulement des eaux aura d'abord sa direction vers la mer Morte jusqu'au point le pkis eleve du desert , ensuite vers la mer Rouge a purtir de ce point. II serait a desirer que la mer Morte fut exploree. On en connait assez bien les contours; mais le voya- geur qui pourrait naviguer sur cette mer, en sender souvent la profondeur, surtout dans sa largeur, ren- drait un grand service a la geographic physique el a la geographic historique. M. de Bertou est instamment prie de faire une explo- ration qui pourra metlre fin a une discussion archeo- ( 48 ; logique cl liisloriquo assoz importante; et puisqn'il habilf Beyrout, on esperc que la proximilc dcs lieiix I'engagera a se preler a colte exploration. L'ile ou litait balie la ville de Tyr, qu'assi6"-ea Alexandre, dtailforniee plus anciennement de deux lies d'lnd'gale grandeur. Le port septentrional est I'entree d'un canal qui soparait les deux lies, et qui a ele en partie combk^. Jusqu'ici , c'cst la une conjecture ; il s'agit d'acquerir une certitude qui confirme cette opi- nion ou qui la delruise conipletement. Pour cela , relever les cotes de la presqu'lle actuelle depuis A jusqu'a B ; indiquer exaclement les points oil la cote est basse. Les points C et D ne sont-ils pas plus 6lev6s que le point E? ct si les points C et D sont mal indiques, n'est il pas facile de reconnaitre , a la sim- ple inspection , que la presqu'lle contenait deux points ^videmment plus elev6s que lout ce qui les entoure? Au fond du port septentrional F, Irouve-t-on de la picrre dure , ou au nioins ties terrains qui ressem- blent aux autros rives du port et aux cotes voisines a a a , ou Irouve-t-on uniquement de la torre qui a pu elre rapporlee ? Suivre par I'inspection des terrains et ( 49) par quelques fouilles la direction qu'a pu avoir le canal vers la partie meridionalc de la presqu'ile ac- tuelle G. Sur la rive occidenlale , il y avail un autre port H. Examiner s'il n'a pas pu exister autrefois un canal entrc ce port etcelui dont il a ele question. Enfin, rechercher par tous les moyens possibles le canal combleetqui si'paraitles deux lies. Le nieilleur moyen d'arriver a ce but serait de creuser de distance en distance et a une certaine profondeur dans la direction de I'O. a I'E. (I et J). II n'est guere dou- teuxqu'apres avoir depasse la cioute form^e par les ruines et les decombres, on ne trouvat promptement la pierre dure dans certains endrolts , tels que i et u , et qu'au conlraire on ne trouvat des terres evideni- ment rapportees entre ces deux points. POULAIN DE BOSSAY. Traduction (run extvait de V Encyclopcdie Atnericaine. ( Article Foulab. ) Les Foulahs, ou , comme on I'ecrit quelquefois, les Foolahs , sont une nation nombreuse de I'Afriquo centrale : ils se nomnicnt eux-memesFellan et Foulan. Les negres les nommont Fellatahs. lis s'etendent de I'Allantique aux limitos du Darfour, et ils parlent par- tout la nieme laugue. On lit, dans une interessante communication de M. Hodgson a M. du Ponceau , les observations suivantes, qui remonlent a I'annee 1829. De toutes les nations de TAIrique centrale , qui ont 6te decrites par le capitaine Clapperton , ctJle des Fel- latahs est regardee comme laplus remarquable. La re- IX. JANVIER. 4- 4 (5o) lalion de son premier voyage au Soudan lepresente ce peiipJe conime habitant Ic pays des negres , mais dil'fe rant d'eux essenlielleinent sous les rapports physiques : ils ont les chevcux Hsses, le nez assez rcleve; les parie- taux ne sontpas aussi coniprimes que ceux des negres, et Icur IVont est luoins arquo. La couleur de lour pcau est d'un bron/.e clair, comme celle des Condreagants ou Melano-Gotuliens, el, par ce soul trait caracterisli- que,ils peuvent etre classes dans la variete ethiopienne de I'especc humaine. Les Fellatalis sont une race guerri^re de pasteurs, et dans une courte periode de temps, ils ont subjugue une portion etendue du Sou- dan. L'infortune major Laing, qui arriva a Timbuctoo , nous assure qu'ils etaient en possession de celte villa celebre. Ce fut un ordre du gouverneur Fellatah qui le for^a de quitter Timbuctoo; et sa mort dolt pro- bablement etre attribuee a I'instigation ou a la conni- vence de ce chef. Mungo-Park. lut tue par un parti de cette nation lorsqu'il descendait le Quorra. On peut supposer qu'ils occupent les rives de ce fleuve, depuis sa source jusqu'a son embouchure. Ils sont connus sur les bords du Senegal et de la Gambie, sous les noms de Foulahs et de Pouls. Mungo-Park les decrit sous la premiere denomination, et M. MoUien sous la seconde. 11 est probable (jue les Fellatahs 6rigeront un vasle empire dans le Soudan ; et Tintluence que cette nation peut exercer dans la grande question de la civilisation europeennc lui donne une in)portance remarquable. Si le sultan Bello pouvait 6tic amen6 a abolir I'esclavage, on aurail trouv6 le moycn le plus cfficace [)Ocn- ariiver a son enliere suppression. L'exem- ple d'un si grand empire, ou la menace de son chef, arrelcrait certainemenl la cruejlc cupidite ou la bar- ( ^^ ) barie dos plus faibles Iribus qui sont sur les coles. Un tel evenement amenerait one grande revolution dans le commere de ces contrees, et les arts de la civilisa tion pourraient etrepi'omptemenl adoples. Marocetles Regences perdraient le gain de leur trafic en esclaves ; et des qu'il ne serait plus un sujet de benefice, le commerce cboisirail les marcb^s les plus convenablcs sur la cote atlanlique, plulot que de s'exposer aux difficult^s et aux perils du desert. Ce point de vue n'a pas ecbapp^ a I'attention des Maures, qui, comme on le sait, ont employ^ toute leur influence sur les gouvernements negres , pour s'opposer au libre acces des Chretiens au milieu d'eux. La colonic de Liberia est deslinee a contribuer et a participer a une telle revolution de commerce. Comme ce peuple peut acqu^rir de I'importance dans I'bistoire des progres du christianisme et de la civilisation en Afrique, nous jolgnons ici un vocabu- laire de quelques mots de la iangue foolah , prepare par M. Hodgson. Eau , Feu, Soleil, Luiie , Homme , Fi'mine , Tfeux, MHin , Chien , Vache , Maiso.i , Cheval , Glial , Deam. Gheabingol. Nandjee. Lauro. Gorkoo , Gorbai 1 Debbo . Riobai ) Singulier. Pluriet. Horee , Koiee Yeleree , Gitee. Djungo, Djundai. Dawano , Dawarei' Naga, Nai. Sodo, Ouro. Pulcho , Pulchee. Mii^oro, Musodce. I Piiiriels. ( f,2 Oiseau , Sondo, Cliiiillp.'. Jour, Handt'L- , Nyaiidi't-. Wiiit , Djcmina , B;.r.lce. Aiin6e . Diinj^oo , Doobec. Les adjcclifs n'ont pas de changemenls de genre. Les pronoras personnels sonl : RIoi oil je , Mfc. Nous, Mcenora. Toi ou tu , An. Vous , Anoon. Lui oil il , Kaiiko. lis, Kambai. Los pronoms possessifs s'emploient de la maniere suivante : Ma tete . Horee-Ani. Ta main , Djuiipo-Aii. Sa inaison, Sddo-Mako. Les langues negres ont un caractere parliculier. Quclques recherches sur les idiomes de Tihboo , de Bornou , de Hoiissa , de Timbucloo, monlrent qu'ils n'ont pas de disUnclions de genres et de nonibres. Peut-6tre les verbes n'onl pas d'inilexions. Si les langues complexes des Tuaricks au nord , el des Fel- lalahs au niidi, qui tous deux occupcnt une longue 6tenduo en degr^s de latitude , sont comparees aux dialoctes simples et grossiers du Soudan , on pourra en inlerer que I'auteur de I'univers a fait d'aussi gran- des differences dans le langage que dans la couleur et I'aspect des homines. ( 55 ) LETTRE (Ic M. JoMARD 4 ) DEUXIEME SECTION- Actes de la Societe* PROCfeS-VEHBAUX DES STANCES. Seance du 5 Janvier i838. M. le baron Walckenaer, nomm6 dans la derni^re seance president de la Commission centrale , adi'esse des remerciements a M. Roux de Rochelle pour le z^le (!!claire et constant avec lequel il a exerce les fonctions de la pr6sidence pendant le cours de la derni6re an- n6e. M. le president oxprimc ensuite sa gratitude a ses collogues , et promct de faire tous scs efforts pour r^pondre a I'honorable confiance dont ils vienncnt de lui donner de nouvellos prcuves. II appellc I'attcntion de la Commision centrale sur I'utilite qu'il y aurait pour la Soci»!!l6 d'acc^lerer ses publications , et sur les moyens d'augmenter ses ressources. M. le minislre de la marine ^crit a M. le president que, sur sa demande , il vient d'accorder une prolon- gation de cong6 de deux ans, a M. Lefebvrc, cnseigne de vaisseau , qui a et6 autorise par son prodecosseur a concourir a une expedition scientifique dans I'int^- rieur de I'Afriquo. M. le minislre des Iravaux jiublics adresse un exem- ( Ob ) plaire du Recueil qu'il a fuitpublier sous le tilre d'Jr- chives statistiques du ininistere des tnwaux ijublicx , de r agriculture et du commerce. M. Kupffer, membre de rAcad^mie des sciences de Saint-Pelersbourg, adresse a la Society, au nom de M. le comte Cancrine, ministre des finances et chef" du corps des ingenieurs des mines, un exemplaire d'une publication destin^e a faire connaitre au monde savant les resultats obtenus dans les observatoires m6- t^orologiques et magnetiques fond^s depuis pcu , sous les auspices de ce ministre , sur plusieurs points de I'empire de Russie. M. le president invite M. Peytier a rendre compte de cet ouvrage. M. le baron d'Hombres ( Firmas ) 6crit d'Alais pour annoncer un nouvel envoi min^ralogique de cette contr^e , destine au Mus^e geographique de la Societe , et contcnant quelques ^chantillons curieux el assez rares pour le choix. M. Pingeon, secretaire de I'Academie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, adresse une serie d'ob- servations critiques sur les voyages de Marco-Polo , presentee k cette Academie, par M- le docteur Vallot, I'un de ses membres. Ces notes sont renvoy<^es a la section de publication. M. Hubert , professeur de philosophic a Charle- ville , fait hommage a la Societe d'une 'Geographic his- torique , physique , statistique et administrative du depar- tement des Ardennes, et il offre de lui adresser de nouvelles communications sur les travaux geographi- ques auxquels il se livre. MM. Combes et Tamisier 6crivent a M. le pr(!!sident qu'ils desirent se mettre sur les rangs pour concourir ( 56 ) au prix annuel doslinc a la d^couvcrte gt^ograpliiquc la plus imporlanlc , ot qu'ils sont prets a raellre a la disposition de la Soci6l6 les divers matcriaux qu'ils ont recucillis dans Icur voyage en Abyssinie et dans Ic pays des Galla. M. Roux de Rochclle communique une lettre que lui a dcrite M. J. Washington , secretaire de la Soci^t^ g^ographique de Londres, pour le remercicr de I'en- voi qu'il lui a fait des deux premieres carles du voyage de M. d'Orbigny. Le meme membre fait hommage de la i" didilion de son poome des Trois Ages , qu'il vient de publier avec de nombreuscs additions. M. Poulain depose sur le bureau des observations de M. Ainsworth, I'un des membres de I'expidition de I'Euphrate , eri riponse aux questions de geogra- phic ancienne qu'il avait k\k. charge de lui adresset ,-' et qui ne lui sont parvenues qu'a son retour en An- gleterre. Les questions de M. Poulain et les rdponses de M. Ainsworth sont renvoyees au comity du Bul- letin. Apr^s diverscs obseivalions , la Commission ccn- trale renvoie a la section de comptabilit6 une demande dbM. d'Avezac, tendant h obtenir un tirage a part du travail sur Plan Carpin, qu'il prepare pour le tome IV du Recueil des M^moires. M. Jomard annonce la formation d'une nouvelle Socieie fondle a Paris pour \ exploration de Carthage; son but est de faire opirer des fouilles sur le sol dfe' I'ancienne Carthage, et' de faire des recherches de' geographic et d'histoire dans^ les contrees environnan- tes. Les deux commissaires charges des operations sont MM. Falbe el Greenville Temple, connus par ( 5; ) jeurs publications sur e meme pays. lis sont sur les lieux, et ils ont d6ja recueilli des plans, des dessins et des inscriptions pendant leur voyage a Conslan- tine. lis ont en outre rapporte des oJiservations dc latitude et des observations baromelriques. Le meme membre fait connailre I'arriv^e de M. d'Ab- badie au Caire avec M. Lefebvre, et il communique a cc sujet une leltre de M. Linant, en date du Caire, i8 novembre 1857. Cette lettre contientdes reflexions sur la direction choisie par les premiers voyageurs , et des nouvelles sur I'etat actuel de I'Abysslnie et la difficulte des communications. Plusieurs membres presentent successivement des considerations sur les avantages ou les inconv^nients qui resulteraient pour la Soci6l6, de I'inserlion , dans ses M^moires , des ouvrages qui seraient couronn^s dans ses concours annuels. La Commission centrale nomme au scrutin la Com- mission speciale charg^e d'examiner les documents envoy^s pour concourir au prix annuel offert par la Societe a I'auleuF de la decouverte la plus importante en geographic, faite dans le cours de I'ann^e i855. Cette Commission est composee de MM. Eyries, Jo- mard, Larenaudiere , Roux de Roclielle ct Walc- kenaer. Seance dn ic^jarwier i838. Le proc^s-verbal de la derni^re seance est lu et adopte. M.de Navarette, correspondant etranger dc la Soci6t6', a Madrid , adresse plusieurs ouvrages de geographic et de voyages espagnols, publies en partie par ses soins au Depot hydrographique de Madrid. ( <^« ) Ces ouvragcs soront deposes dans la bibliolhi-qiie , el dcs romcrciomonls soront adrosses a M. de Navarelle. M. J. 11. AVcllsted (icrit de Londres pour offrir a la Society un exemplaire de ses Voyages en Arabic , el il espLTC qu'elle voudra bien apprecier ses Iravaux el ses rccherches sur les conlr^es encore peu connues qu'll a visllees. Get ouvrage est renvoy^ a la Commission du concours. M. Jomard presenle, dc la part de M. Frederic Dubois, la premiere livraison de pon voyage au Cau- case, composee de douze planches, de carles, vues, geographic, physique, etc. Le meme mcmbre annonce que le college de Ira ducleurs elabli au Calre el dirige par un Ulema , an- cien eleve de la mission ^gyplicnnc en France , vienl d'eU-e charge de traduire du francais en arabe deux importanls ouvragcs. Cellc decision du vice-roi lui a He annonc^o par une lellre officielle du premier mi- nislre egyptien. Le premier de ces ouvragcs est VHis- toire (la Mais, par M. Bonafous, de I'Academie de Turin; I'autre est le Traite sur Veducation des vers a soie ct la culture des miiriers , traduit du cbinois , par M. Stanislas Julien , par ordre du gouverneraenl fran- cais. M. Barbie du Bocage communique un Exlrait des voyages du cheikh Sidi Muhammed , conlenanl I'itin^- raire de Tripoly de Barbaric au Caire , traduit de I'a- rabe.par M. Rousseau, fds de I'ancien consul general de France , el attache a Tadminislration des domaines a Alger. Ce document est renvoy6 au comity duBuUetin. M. le secretaire donne lecture de deux notes r6di- g^es par MM. Callier et Poulain , sur quelques explora- tions a faire en Svrie . en Palestine, dans I'Arabie- ( ''9 ) Pelr^e, el parllculicrement dans le valine du Jourdain. Ces questions , qui sont deslineos a M. le comte de Beilou, acluellement a Beyrout, seront ins^r^es au Bulletin, et adressees ensuite, sur la demands de MM. Barbie du Bocage et Jomaid, a plusieurs voya- geuis qui resident dans la menie contree. La Coinmission centrale, sur la proposition de la section de complabllite, decide qu'il sera reinis a M. d'Avezac cinquante exemplaires a part de son tra- vail sur Plan Carpin , qui doit elre public dans le tome IV des Memoiros actuellement sous presse. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance da 5 jniwier i858. M. J. p. Chevalier, membro de plusieurs socieles savantes , pharmacien a Amiens. M. ^Vmbroise-Firmin Didot. M. Gustavo de Spakre. M. diaries Texier. Seance dn 19 /aTH'i'er 1808. M. le vicomte de PoNTfjcouLAKx. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 5 jain'icr i (S58. Par M. le i/iinis/re des traiiaud publics : Archives sla- listiques, 1 vol. in~fol. — ParM. Kupffer: Observations meteorologiques et magnetiques faites en Russie , pre- miere parlie, in-4°.- — Par M. Hubert: Geographic his- torique , physique, statistique et administrative des Ardennes, i vol. in-12.— 7^«/- M. Roux de Rnchelle : Les trois ages, ou les Jeux olympiques , I'Amphitheatre et la Chevalerie, suivis de remarques et de melanges Utti^raires, 2° edit., i vol. m-^^.—ParM. Rienzi : L'U- ( 6o ) nivers pilloresque, Oc<^anie, tome III, 59* i 84* livrai- sons. — J'(ir M. Morin : Troisicme memoire sur les nioiivcmonts ct les effets d6 la mcr, in-S". Seance dn \(^ Janvier i858. Par M. de Navarette : Relacion del ultimo viagc al cstrecho de Magallanes de la fragata de S. M. Santa- Maria de la Cabeza , en los afios do 1786 y 1786, 1 vol. in-4". — llelaclon del viage liecho por las goletas Sutil y Mexicana, en el ano de 1792, 1 vol. in-8° avec atlas in-fol. — Derrotero de las coslas de Espafia en el Mcdi- terraneo y su correspondiente do Africa . escrito en los an OS do 1780 y 1785, por el brigadier de la real armada , don Vincente Tofifio de San-Miguel ; segunda edicion , corregida y adicionada por la real diroccion de liidrografia. Madrid, 1802, 1 vol. in-8". — Coleccion de los viages y dcscubriniienlos que bicieron por mar los Espafioles dcsde fines del siglo xv, por don 31. F. de Navarrcte, .5 vol. in-8". — -Disertacion bistorica sobre la parte quo tuvidron los Espafioles on las guerras de ultramar 6 de las cruzadas, y como influy^ron estas expediciones desde el siglo xi , hasta el xv, en la extension del comerciomaritimo V en los progresos del arte do navegar, por don M. F. de Navaretle , 1 vol. in-4". — Par M. Fellsted: Travels in Arabia, 2 vol. in-8". — Par les aitteiirs et cditenrs : .Journal asiatique , cab. de d(^- cembre. — Bulletin de la Society de goologio , lom. 7, I'euilles 21 a 25. — Nouvelles annales des voyages, cab. d'oclobre , novembre et docembro. — Journal do la marine, cab. de docembro. — liiiiliotlioque de Geneve, call, do novembre. — Journal des missions ^vangell- ques , cab. de dccembre. — Annales de la propagation de la foi , cab. de Janvier. — L'Ecbo du monde savant et rinslitut. t Mertdien c/e Pari^ . JfuUe/i^t Je fa Socie/e t/e (*eoo\ii' nioiili-er ^) PAR LE CAPITAINE \V. (' . IIAUKIS ^"^-^ Mai i85-. 1 -"^ \ ■J.S 14. lontpliide a rOrienf declin dc I'lige, cherchant imc nouvello palric dans une conlree elrangerc ot sur un sol inhospitalicr. Les perles qu'ils ont souffertcs par rcmancipalion do leurs csclaves , I'abscncc dc lois qui puissont les proleger conlre les raaux qui r^sultent d'une fainean- tise que rien ne pout slimuler ct conlre les ravages d'une nuee dc vagabonds dont la colonic est infeslee, et par-dcssus lout le pcu de siirelti qu'ils Irouvenl sur les fronlieres de I'Est, a cause de Ja faiblc proloclion que leur accorde lo gouvernement anglais conlre \os agressions de leurs voisins les Caffres, loujours en guerre et aux aguets pour les surprendi'c, et dont les incursions repetcies ont rendu ddscrtcs les plus belles habilalion ct ruin6 plusieurs cenlaincs dc colons riverains; Iclles £ont les causes que donnent les emi- grants pour juslificr le parti hasardcux qu'ils ont pris. La marche au-dela des fronlieres de ces exil6s vo- lontaircs et leur position au milieu des Iribus nom- brcusos dont ils sont entour^s ne sont pas gencrale- ment connucs ; nous allons done essayer de les suivrc dcpuis le commencement de I'^migralion. En i835, plusieurs fermiers dcs front! ) clpal est colui de Kaoh, qui donne son nom an golfc. On pent s'y procurer dos rafraichissemcnls en vo- laillcs , fruits, torlucs, pores, elc; el Ton y Irouvo du bois ct de I'eau , ce qui en fail une Ires bonne rc- liiche pour un navirc vcnant dc I'Occanic ou Poly- n6sie. Toul le long de la cole oucst , dans I'espacc ci-des- sus, le fond est couvcrt dhuitres perliures de differen- tcs formes ct grandeurs. La peche de ces perles fait I'objet d'un nionopole appartenant au sultan de Ter- nate dont ce pays est Iributaire. Ces liuilrcs gisent prcsque a plat sur un fond sableux de qua Ire a cinq brasses. Les plongcurs les enlevonl sans dilficulle. II y en a de qualre sortes. La premiere ajusqu'a 12 pouces dediametre, dont 11 pouces de la nacre la plus belle. Elle donne les plus grosses perles, ctl'on a une chance d'une sur six pour en rencontrcr. L'nc autre huitre plus petite, et dont la nacre est de meme nature, mais de mauvaise couleurdansla mollis de lacoquille, produit des perles lirant g^neralement sur le noir. C'est la nacre franchc , et Ton nomme ces perles des Veuves. La troisieme sorte , d'lm tiers plus pclilc que la premiere , est de forme ondulec , et la qualrieme , de la grosseur de nos huitres ordinaires, est plate. La nacre de ces deux especes s'effeuille, et n'a aucune valeur Elles produisent les perles les plus petiles, mais d'une belle eau. Tandis que le c6l6 ouest du golfc est soumis au sul • tan de Ternate, ainsi que la parlie nord de I'flc, les terrcs du cole oppos6 et la parlie sud dependent du suUan dc Tydore. On y trouvc 6galement plusicurs villages , entre autre Vassely. ( 77 ) Plus au nord ot sur !e meme cole que Rawr, on irouve le village de Tobels, dont les anciens habitants etaienl les pirates les plus redoules des mers voisines, et ont lalsse un nom qui est encore aujourd'liui un objet de terreur dans ces contrees. Le sultan de Ter- nate, aide dcs Hollandais, les a refoules dans I'ile Ceram. Le petit nombre d'individus qui les ont rem- places a Tobels s'occupent d'agriculture et de peclie. Pres de la commence une longue suite de jolies petites lies entour^es de hauts I'onds, ou le caret (tortue a ecaillos) etle Ir^pang (holothurie) sont tres abondants. La peche s'en fait en grande partie au profit du sultan de Ternate. Apres Tobels, vers le nord, la cote continue a etre bord^e d'iles tres rapprech^es les unes des autres , et couvertes de la plus belle verdure. Cette cote n'est plus qu'un joli rivage plat et sableux, au-dessus duquel les arbres presentent des massifs de feuillage interrom- pus par des cases d'Indiens. Ces iles ferment , avec Gilolo, un joli canal ou voguent les petites embarca- tions du pays. Cette suite d'iles continue jusqu'a plus de demi che- min de Galeta, principal village et chef-lieu de cette parlie de Gilolo. A cette hauteur, les lerres du cote oppos6 se terminent, etlaissent lamer ouverte jusqu'a I'ilc Mortag. L'espace entre elles el cette deriii^re forme le delroit de Mortag par ou on entre dans le golfe en serranl de pres la cote est. Aux approches de Galeta, I'aspect du rivage change. Ce n'est plus que la lave d'un volcan trds actif et voisin de la mer. Cette lave pelrifiee forme la cote, et s'etend presqu'a toucher le village, formant un cote de la petite baie oil il est situe. On cnlcnd IX. I'tYKItn. 2. C) 7« ) presque conlinuelleinent gionder cc volcan , distant d'cnviron trois lieucs au siid, niais donl le bruit soni- bh; beaucoup plus rapprocbe. Tanlut ce sont des de- tonations scniblables a celles dcs plus gi'os canons, tantot on dirait des coups de tonnerrc , ct souvent les deux ensemble; puis un rouleinent sourd el conlinuel. Ce Nolcan, qui briile tou jours, fait de frequentes »^rup- tions qui ont plus d'une fois mis en iuile les habitants voisins. Le village de Galeta est bali presque sur la plage: dans I'interieur, et a environ deux lieues de la cote, est un job lac d'une longueur de cinq millcs dans uno direction est et ouesl el d'une largeur de tiois, seme d'ilots converts du plus beau feuillage. Ses bords s'el6- vent verlicalement a une grande hauteur, et les villages ombrages par de beaux arbres qui couronnent ces rives , fournissenl une perspective Ires intdressante. L'ancienne lave, dont les cot^s de ce beau bassin , ainsi quele plateau au-dessus, sont formes, indiquent I'ancien cralere d'un grand volcan. Les oiseaux aqua- tlques, tels que les ])oules d'eau, les canards, les sar- celles, etc. , y abondent. Cest principaloment sur les bords de ce beau lac que sont les habitations de la peuplade Galeta, peu- plade qui se distingue avantageusement de celle des iles voisines , tant au physique qu'au moral. Les naturels de Galeta sont doues d'une forte ct belle stature , bien sup^' juillel i835, et finisscnt au 5o juin i856. Ohse'rvations havometriques . — Les pressions barome- triques exprim^es en demilignes (mesure russe ou anglaise), sont toutes reduites a la temperature i5° ~ de Reaumur, qui est la temperature normale de la mesure lineaire en Russie. Lo resume de M. Rupffer donne toutes les observa- tions barometriques par mois, jours et heures, ainsi qu'uno nn»vinne des differenles heiu'os par mois, et ( 85 ) enfin une moyenne des difierentes heures pour I'an- nee. II lesulte de ces dernieres moyennes que la periode diurne est de 0.08 lignes (o°',2 ) , et que le maximuirr de pression a lieu a dix heures du malin. Obseivations thermometriques, — Le resume de M. Kupffer donne les tableaux des temperatures par mois, jours et lieures; puis les moyennes par mois et heures, puis des moyennes generales par mois, et enfm la moyenne de I'ann^e. Temueialures movennes dfs diffeieiits mois. i835 Juillel + '^"■99 iS56 Janvier — /''■r9 Aout 4- • 10. i5 Feviier — 4.57 Sfpleiiihre _j_ 8 55 Mars + 1.17 Oitobre _|- 5 ()2 Aviil + 4.7« Novtiiihre — 4.'l2 Mai + .'>.6o Docembiv — 10. 1 1 Juin + 10. 5g Movennf de I'ann ee 4- 2„6S.. laximiun ile chaleiir 20.0 Maximum de fioid 2^.4 ■ . 1.7 juillel. le 25 deci nibre. A la suite des temperatures, le resume de M. Kupffer donne les tensions des vapeurs contenues dans lair, que Ton obtient avec les tables psycbrom^triques. M. Kupffer pense que ce mode d'observations psychro- metriqucs n'est pas tres exact, quoiqu'il lui paraisse cependant le meilleur. Dans I'hiver, le thermometre a mousseline humectee marque quelquefois une tem- perature plus forte que le theimomelre libre.Dans ce cas, il a rejele les observations. Dans I'ete, deux psy- chromfetres places I'un a cote de I'autre marquent des degres diffe rents lorsqu'il existe une petite diffe- rence dans la forme des reservoirs et dans la finesse de la mousseline qui les couvre. II resulle de ces obsei'valions que c'est a midl qu'a lieu le maximum de tension de la vapeur conlenue ( 8G ) dans I'air, ct qu'au niois de juillet elle est presque qualre fois aussi gr.mdc qu'cn decembro. En relranchant dcs pressions barometriqucs los ten- sions des vapeurs de rutmosphere, on obtiontainsi Ics pressions de I'air seul. Cela change les heures des ma- xima et minima. L'iieure de dix heures devient celle du mininum, et le maximum a lieu alors a dix heures du soir. Les observations magneliques, commencees plus lard que les observations meleorologlqucs n'ctant pas en nombre sulTisant, Ic resume de M. Kupffer n'en fait pas mention. Quant aux observations sur I'otat du ciel, sur in- direction des vepts et sur la quantity d'eau tombee, quoiqu'il les ait consignees dans son resume, M. Kupf- fer ne les rcgarde pas comme assez nombreuses pour en tirer des resullats. Voila, Messieurs, I'analyse succincteduRecueild'ob- servations meteorologiques public par M. Kupffer, et dont votre prdisident m'avait charge de rendre compte a la Sociele. Peytier. Sur /a mesure a'cs hauteurs par Vobservation de la temperature de Peau bouillante. M. Francis Lavallee, vice-consul a la Trinidad de Cuba, aadresse a la Soci6te de geographic une note sur uno melhode pour mesurer les hauteurs [)ar le tliermometre , qu'il paralt regarder comme nouvelle, etqui lui a cl^ communiqu6c par M. Caldas, physicien a Popayau. ( 87 ) Cette idee n'ost cepeiidant pas neuve, car on dolt au reverend Francis John Hyde WoUaston, frere du celebre physicien , un thermometre appele baromfetre thermomelrique , servant k mesurev avec precision la temperature de I'eau bouillante sous differentes pres- sions almospheriques, et meme M. Woilaston con- vient que I'idee n'est pas de lui (i) ; qu'on la trouve dans une dissertation de Fahrenheit, portant le litre de Bnivmetri iiovi descriptio , Transactions philos. , vol, XXXIII, p. 1 ■J9 , et dans an Memoire de Cavallo, insure dans le vol. LXXI du meme rocucil ; mais qu'avant lui I'inslrument avait peu de precision. Le thermometre dc WoUaston , dont il est ici ques- tion, marque seulement quelques degres pres de la temperature de I'eau bouillante ; alors ces degres peu- vent avoir une longueur consideral)le. Ce physicien conslruisit un thermometre dont les degres Fahrenheit avaient chacun 4 pouces anglais (o", ioi6) de lon- gueur. Ces degres etaient divises en cent parties, et un vernier donnait les milli^mes de degre. Dcs comparaisons de ce thermometre avec d'excel- lents barometres de Trougthon et Carry avaient fait voir a M. WoUaston qu'une diminution de i degre centigrade dans la temperature de I'eau bouillante correspond a une difference dans le barometre de o'°,o27 ' n^^'is cette difference n'est pas constante pour toutes les variations de i degr^ , dans le terme de I'e- buUition de I'eau ( ce chiffre o"',o2 7 n'est exact que prfes de loo degres, il est plus faible pour les tempe- ratures inferieures) ; et pour r^duire les observations Ihermomc^triques de I'eau bouillante en pressions ba- (i) Aniiale^ de chiiiiif , tonu' VIII, pagp 84. ( 88 ) romelriqiies , il scvait nocessaire de former par line suite dcxptTienccs tine table donnanl Icstempc^ratures d'dbullilion sous des pressions decroissantes par diffe- rences tres pctites. Encore vaudrait-il micux diviser le thermometre , dc maniere a marquer directement CCS pressions. La table de Dal ton donne bien les pressions corres- pondantes aux temperatures d'ebullition de degr6 en degre ; mais lestermcs de cette table no sont pas assez rapprocbes, et jusqu'a ce que, par une seric d'exp6- riences , on ait forme une table a termes beaucoup plus rapproclu'-s, les determinations de bauteurs par le thermometre do Wollaston serunt bien inferieures h celles que donne ic barometre. M. Wollaslon cite cept-ndant quelques resultats obtenus avec son thermometre, dont I'exactitude pa- rait vraiment surprenante. Ainsi , il a oblenu pour la hauteur de la galerie dorec du dome de Saint-Paul, a Londres , 279 pieds anglais au lieu de 281. A une station pres de Woolwich, il a obtenu 448 au lieu de 444 » ct dans deux autres (^preuves sur des hauteurs d'environ 3oo pieds, I'erreur ne depassa pas 2 pieds. Le thermometre barometrique dc M. Wollaston est forme d'un tube de verrecapdlairc, tcrmine par un re- servoir en forme de boule qui doit etre plein de mer- cure. Un petit renflementdu tube au-dessusde la boule forme une capacity suffisantepour contenir lemercure dilate jusqu'a une temperature peu 6loignee de 1 00 jus- qu'a 90, par excmple, si Ton vcut que le thermometre marque les degr^s a parlir de 90. Le lube iiUxnl capil- laire , les degres peuvent avoir une longueur assez considerable. o'",o27 environ suffit pour que rechelle du thermometre ait un degre de precision egal a I'^- ( 89) chelle dii baromfetre. Au lieu de marquer sur ce Iher- mometre les degres et fractions de degre depuis 90 JLisqu'a 100, il vaudrait inieiix y marquer la pression correspond ante. Un tliermometre ainsi conslruit, et dont les degres auraiento",o27, aurait une longueur deo", 07 environ, en comptant la boule, le renfleinent et la partie perdue a I'extreniite du tube. On voit que cet instrument serait beaucoupplus portatif qu'un baromelre ;mais il demanderait peut-etre plus de soin dans I'observation, et donnerail sans doute de plus grandes erreurs , une erreur de o°i dans la temperature de I'eau liouillante en donnant une de 0^,027 dans la pression barome- trique. Bienentenduqu'independammentde la temperature de I'eau bouillante, il faut en outre observer belle de Fair libre. M. Cialdas, dans la note envoyee par M. Francis Lavallee , ne dit pas s'il se sert d'un thei^mometre analogue a celui de M. Wollaston, ou simplement d'un tliermcm^lre ordinaire. Mnis la maniere dont il parle du barometre qu'il rcgarde comme d'une con- struction fort difficile , tandls qu'il dit que le Ibermo- metre est d'une construction facile, fait presumer qu'il emploie un tbermometre ordinaire, et dans ce cas, ses observations donneraient des resultats bien peu satisfaisants. M. r.aldasparalt regarder comme constante la diffe- rence de pression correspondante a une variation de 1 degre dans leterme d'ebuUilion, et il etablit comme resultat de ses experiences que 12 lignes (0°, 02707) du barometre correspondent a une variation de o™,974 Reaumur, dans la tempdirature d'ebuUilion. M. Caldas ( 90 ) fait qiielqucs exemples do calculs en parlanl dc ceUe hypollieso qui nest pas exacte; car si on cxaininc la table do Dallon, on vena un decroissemont tres sensi- l)le dans la pression correspondanle a une variation do 1 dogrc dans la temperature debnllilion. Vers loo" cette diflerence de pression est de o"',o27, ct vers 80", elle est de o'",oi5. M. Caldas dit aussi qu'avec un thermomelre et un instrument propre a mcsurer les angles et les distances zenilhales, un tlieodolile, par exemple, on pourrait non seulement faire un nivelloment , mais encore cal- culor Its distances dcs sommets cntre eux (a I'aide do 1 'observation d'une distance zenitbale faite a cbaque sommel) , et par suite faire assez rapidcmcnt lo leve d'unpays. II est bien certain que, connaissant la difft^- rence de niveau de deux sommets ct la distance z»!!ni- tiiale de I'un d'eux prise a I'autrc, on pout calculer Icur distance. Cependant ce moyen est pen exact , puisqu'il emploie une tres peiite base pour en calculer une grande; et si Ton admet qu'un vovageur soit muni d'un theodolite, ou de tout autre instrument ])ropre a mesurer les angles, il vaut alors bien mieux qu'a lous les sommets il observe les angles horizontaux enlre les divers points qu'il veut determiner et leurs distances zenlthales , parce qu'alors s'il pout so procurer une base , et determiner la hauteur d'un seul point d'une mani^re un peu exacte, les calculs geod6siques donne- ront avec precision les hauteurs des autres points ainsi que lours distances. 11 est cependant a dtisirer que cette mdthode de mc- surer les hauteurs par le thermometie se repande davanlage. L'inslrument deWoUaslon etantplus por- tatifquc le harom^lre , cola pourrait engager un plus ( 9' ) grand nombre de voyageurs a faire des observa- lions (i). La Society doit savoir gre a M. Francis Lavallee du zele qu'il met a lui communiquer toutce qui parait de- voir I'interesser. ExTRAiT des Foyages du Scheykli Sydy Mohhammed. Iliiieraire de Tii|>oli de Barbaiie au Caire, Iradiiit de I'aiabe, par M. A. lioiKSKAu , allachea railmiiiisliation des domaines a Alger ; commuiiifiiie a la Sonielii par INI. BABmi'; du Bocige. I. De Tagjourah a Ouady-el-Mesyd : en partant au lever du soleil , on arrive a trois heures apres midi. a. De Ouady-el-Mesyd a Souany Sydy A'bdela'atby : partant au lever du soleil, on y arrive a trois heures apres midi. Je m'y suis repose une demi-heure. 5. De la on repart, et on arrive a la chute du jour k Sahhel-el-Ahhamed ; la journ^e 6tant a cette epoquede douze heures. 4. Parti deSahhel-elAhhamed au lever du soleil, ar- rive a Passr, ou a trois heures apres midi, a Tarf-Ezly- ten-el-Scherqy. 6. Parti immediatement de la , et arrive au coucher du soleil a Zaouyat-el-Mahhgjoub. G. Parti de ce dernier lieu au lever du soleil ; arrive Je soira un Ueu appel6 El-A'ra'ar, plus haul que Mcss- (1) M. LL'ivboiirs con-.lruil des iheriiioineties sei'liblablcs a ctliii de Wollastoii , decril dans ics Aniiales de chimie , tome VIII ; ils so it iiial- heurcus -meiit dun [irix un pen eleve. ( 92 ) ratah , au Lord de la mer; on \ trouve de la bonne eau. 7. Au lover du soleil, parli de A'ra'ar ; arriv^ au coucher a El-Sseqa'h-ou-el-Mcnschourah. II y a la dcs sources d'eau bonne , et pres de ces sources un ancien chateau d'orlgine arabe. 8. Parti de El-Sseqa'h-ou-el-Manscbourah au lever du soleil, arrive a I'assr a un endroit appele Methraou. L'eau y est mauvaise. 9. Parli de Methraou au lever du soleil , arrive au coucher a El-Za'laran au bord de la mer. L'eau y est bonne. 10. Parti d'El-Za'laran au lever du soleil, ayant eu soin de prendre de l'eau , attendu qu'elle est mauvaise en route; arrive aprfes dix-huit heures de marche a El- Na'ym. L'eau y estd^testable. Gette distance forme une traite et demie. ,11. Parti d'El-Na'ym au lever du soleil, arrive au coucher pr6s de A'moud - Qerousch. L'eau y est bonne. 12. Parti de A'moud-Qerousch au lever du soleil , arrive a El-llhcnyouah. L'eau y est bonne. II y a trois constructions romaines. i3. Parti d'El-Hhenyouah au lever du soleil, arrive a Solthan en dix heures. L'eau y est bonne. i4- Parli de Solllian au lever du soleil, arriv6 au coucher a Djeldcl-Aby-Sa'dah. L'eau y est bonne. i5. Paiti de Gjeldet-Aby-Sadah au lever du soleil en prenant de l'eau, attendu qu'elle est mauvaise en route; arrive au coucher a Assryj^hyn. 16. Parli de Assryghyn au lever du soleil , arrivt^ a ['assra El-Mana'l. L'eau y est bonne. Avant d'y arriver on passe a El-IUiedadyah, oil l'eau est mauvaise. ( 93 ) 17- Parli d'El-Mana'l en s'approvisionnanl d'eau, on passe a El Baryqali a midi ; puis on couclie a sept heures du soir al'ynqan. L'cau y est mauvaise. 18. Paiii del'ynqan au lever du soleil , passant par un terrain sablonneux , ou Ion trouve de la bonne eau ; arrive au coucher a El Mcrat , ou I'eau est trfes mauvaise. 19. Parli d'El-Merat au lever du soleil, arriv6 a Fassr A'rq-el-Ousbahh. L'eau y est bonne. L'on y passe le reste de la journ^e et la nuit. 20. Parti de A'rq-el-Ousbahh, et arrive a El-Bouyb. L'eau y est bonne. L'on y passe unc demi-journee. '2 1. Parti d'El-Bouyb au lever du soleil, arrive a midi a Qemyness, oii i'eau est bonne. L'on y passe le reste de la journee. 22. Parti de Qemyness au lever du soleil, aiTiv6 a midi a El-Deghafelah , ou l'eau est bonne. On y passe la journee. 25. Parti d'El-Dcghafclah au lever du soleil, arrive a midi a Bt!;ny-Ghazy. 24. Parti de Beny-Ghazy au lever du soleil , arrive au coucher a El-Abyar, oil l'eau est mauvaise. 25. Parti d'El Abyar au lever du soleil, arri\d a rassr a Gjerdes ; avant d'y arriver on passe a El- Benyah, qui est a environ dix railles de Gjerdes. 26. Parti de Gjerdes au lever du soleil, en s'appro- visionnanl d'eau; on ne suit plus la route dans I'est, on se dirige vers le sud. On enlre dans le terriloire appel6 Ardh el-Seroual. On n'y trouve point d'eau pen- dant quatre jours; arrive a /W.s/ a Ouady-Smalous , oil il y a des citernes. 27. Parti de Ouady-Smalous au lever du soleil, arrive a El Mckhyl au coucher. C'est une pelile ville XI. FtvRiiai. 5. 7 ( n4 ) romaine , ou Ion Irouve ties citornos sans cau. U y a aussi un immense reservoir «ii devait couler I'eau de la riviere. 28. Parli de Mtkhyl, et arrive a un endroitou se trou- vent dos conslruclions romaines. II y a un grand noni- l)re de citernes, mais ayant trds peu d'eau. 29. Parli de cet endroit au lever du soleil, arriv6 au couclier a El-Temym, oil Ton Irouve un puits d'une eau excellente. 00. Parli d'El-Tem\ men passanl par A'yn-el-Ghaza- lah,ou I'on Irouve de la mauvaise eau. De Temym , il laut s'approvisionner d'eau jusqu'a El-Tharfaouy. Entre le premier point et celui-ci,il y a troistrailes ou trenle- six lieures de marche. On voit sur la route plusieurs citei-nes sans eau. 5i. Parli d'El-Tharfaouy au lever du soleil en pre- nanl de I'eau, el arrive au couclier du soleil a un endroit qui se Irouve en-deca de A'qbat-Aoulad-A'ly. H y a des puils profonds, mais I'eau y est mauvaise. 5v. Parli de cc lieu au lever du soleil en passanl par A'qbat-Aoulud-A'ly 5 midi, et arrive au coucher du soleil a un endroit ou Ton trouve des puits appelds El-Abyar-el-Thoual. L'eau y est mauvaise. 35. Parti de ce lieu au lever du soleil en prenanl de l'eau ; on couche le soir sur la route. 34. Reparti le matin en passant par un endroit oii Ton trouve des constructions romaines; plusieurs ci- ternes. 11 y a un bois de figuiers. On arrive a Schemas a sept heures du soir. L'eau y est bonne et abon- dante. 35. Parli de Schemas au lever du soleil, arriv<^ a El-Jlelhrouhh au coucher. L'eau y est bonne. II y a des conslruclions romaines. ( 9'^ ) 3G. Parli d'El-Mothrouhh au lever du soleil, arrive a El-Medaroiibah, ou I'eau esl bonne. Get endroil est au bord de la mer. II faut s'y approvisionner d'eau pour deux jours. 37. Parti d'El-Medaroubaii au lever du soleil, arrive au coucher a ElScbemamah. Leau y est mauvaise. 38. Parli d'El-Scliemamah au lever du soleil, arrive au coucher aEl-Uhemmam. II y a des puils. L'eau y est bonne. 3g. Parti d'El-Hheinmam au lever du soleil, arrive au coucher a El-Roussat. II n'y a point d'eau. 4o. Parti d'El-Roussat au lever du soleil , arrive a El-Hhousch au coucher. Get endroit est sur les bords du fleuve de I'Egypte , le Nil. Tribus arobes sedentaires et nouuules ^ cam pees dans Ips lieux iiidiqiu's ci-dessiis dans ritiiwraire. 1. Tagjoura (sedentaires, habitant des maisons). El-Thyour, Aoulad-Aby-cl-Ascheliar, El-Zerqah, El- A'marenah, El-Tai^chah, El-Mathys, Aoulad Rliassyb, El-Gharsah, Aoulad-A'byd , El-Rnaderah, El-A'kare- niah , El-Fares, Aoulad el-Qenioudy, El-Meraounah , Aoulad-Sydy-0'tsman, Aoulad-el-Theschany , Aoulad- Sydy-A'ly-el-Nefaly , El-Maqaqah. Ces derniers habi- tant I'exlreniite du lerriloire de Tagjoura du cote de Test. 2. Ouady-el-Mesyd(nomades, habitant los tentes). La tribu d'El-A'thayah qui sc divise en trois autres tri- bus, savoir: El-A'thayah, El-Zyaynah, El-Qemathah. Celtc dcrnierc tribu so subdivise en quati'e autres , sa- 7- ( 06 ) voir : El-A'maryyn , El-A'doul , El-Schahl) , El-Mc- riidalt. 9 5. Aoulad-Sydy-A'bd-el-A'alhy ( s^dentaires, hahi- lant des niaisons dans les monlagncs). Cellc Iribu so subdlvise on trois tribus : i" Aoulad-Sydy-A'lid-el-A'a- Inhy, El-Iibegjaoiiat, Aoulad-Ben-Abnydy. Ces Iribus, qui bnbitent la monlagne, cultivcnt la vlgne, et onl des bois d'oliviers et de figuiers. 4. Sahhel-ol-Ahhamed ( sedcntaircs). Trois Iribus; Aoulad-cl-Sclicykli , El-Abliamod et El-Roiiaraglilyali. 5. Azlytcn , jolie petite ville. Deux Iribus sMcn- laires : El-Foualyr habilant dans la parlie sud , Aou- lad el-Scbeyklibabitant le cote nord, Cetle dcrniere so divise en deux tribus, Aoulad-A'bd-Allab et Aoulad- Abbmed. G. IMessratab , assez grande et jolie ville commor- Qanto. Quatre tribus : Aoulad-ol-i\labhgjoub, Aoulad- el Scheykh-Zorrouq, El-Kouaragblyab, El Ra'yab. II v a a Messratalibeaucoup do daltiers; les c. aloursy sont excossives. Pres de Messralah sc trouve Taourgbab. 7. El-A'ra'ar. Aucune tribu n'babite ce territoirc , altendu les lacs qui I'entourcnl. U n'y a d'ailleurs point de paturages. C'est la le commencement de ^!ert (Gyrenaique). 8, El-Ssaqa'h-ou-el-Manscbourob, silude au milieu de Scrt (nomades , babitant les loutes). Trois Iribus : Ma'dan, El-Qazazfab, Ei-Ssabf. (). Metbraou. Deux tribus nomades : Fetbaym et Tc- maym. 10. El-Za'faran (nomades.) Deux tribus: El Zaouyab et Aoulad-Suleyraan. Cette dernii^re est peu conside- rable. n. El-Na'ym. Ge lerroir n'est presque point ha- ( 97 ) l)itd. L'ne partie des tril)us ci-dessus y sc^journenl quelquefois. 12. A'moud-Qerousch Ce lerroir n'est habile quel- quefois que par les susdites tribus. On y voit un cha- teau et uneville romaine. II y a de bons paturages ; il elaitonciennementhabil^ par les Scherydat. Cetteribu s'etant r^voltfee centre le gouvernement tripolitain, ils ont et^ andantis et n'existent phis. i3. El-Hhenyouah. Ce terroir n'est point habile; il y exisle une conslruclion romaine. On y voit les resles d'une ville qui a du elre bien grande. i4- Sollhan. Ce len'oir, qui est dans le desert, n'est point habile. i5. Gjeldat-Aby-Sa'dah. Ce terroir n'est point ha- bile. r€. Assryghyn, habile par les tribus ci-dessus nom- inees et par celle dile El-Sa'ad. Limiles do Sert. 17. El-Mana'l, dans Barqah. Deux tribus nomades : El-Hhesoun elEl-Sa'ady. i8. A'ynqan , habil6 par les susdites tribus. 19. El-Merat n'est point habile. L'eau y est Ires mauvaise. 20. A'rq-el-Ousbahh. Deux tribus nomades; El-Fer- gjan et Mesamyr. D'autres tribus y s^journent; leurs noms sont inconnus. 21. El-Bouyb. Deux tribus nomades: El-Meqerfyn et El-Hhoulah. 22. Qamyness, habile parfoispar les susdiles tribus. 20. El-Deghafeiah, habile paries susdiles tribus; il y a pres de la une construction romaine. 24. Beny-Ghazy, ville commercante sur le boi^d de la mer, ayanl un grand chateau du cole de I'ouest et ( ys ) plusieurs tribus sedcnlaires aux environs, cnlre autres Aoulad ^Icssratah et El Scbolaounah. 20. El-Abyar. Deux Irlbus nomades : El-A'bydat et El-Hbcrabab. 2G. Gjerdes : AmUiyryd, Iresgrandc Iribu nomadeet pillarde. Plusieurs aulres tribus dont los nonas me sont inconnus. 27. Ouady-Smalous n'ost point babite. II n'y a point d'eau. La tribu ci-dessus vient s'y etablir en liiver. 28. Amkhyl, ancienne ville dans le desert, inbabil(^e aujourdbui. 29 Lieu oil se trouvent des constructions romaincs, dit El-Q()SSOur, n'est point babite. Lcs Arabcs nomades A'rab-Hhadoutsab viennent s'y dtablir en biver, et en 6te vont camper dans la montagne appel6e Gjabal-cl- Akbdbar. 5o. El-Temym, un peu plus loin que la ville de Demi'. Trois tribus : El-Qetba'an, Zouabys etFouayd. 3 I . El-Tharfiiouy , babite par les susdites tribus. 32. El-Abyar-el-Tboual , habits par les susdites tri- bus , et par cellc appelee Aoulad-A'ly. Tout le reste du tcrritoire jusqu'a IVIassr ( Caire ) est babite par la grande tribu Aoulad-A'ly. ( 09 ) UFXIIERCHES METEOKOLOGIQUKS Proposees par la Societe meteorologique de Londres. 38. Biilaniiia Siieet , city Road, June iSoj. 1. Delerminer la temperature moyenne de chaque saison de Tann^e, ainsi que de loute Tann^e , a diver- ses stations sur la surface du globe. 2. Indiquer la marche journaliere de la tempera- ture et determiner la forme de la courbe thermom^- trique diurne, ^galement a diverses stations, et deter- miner par ce moyen les deux periodes de chaque jour, ou se rencontre la temperature moyenne pour chaque station. 3. Determiner la pression almospherique moyenne pour toute periode donnee , conime par jour, par mois , par an. 4- Indiquer les divers ph^nomenes atmosphdriques , et I'etat du ciel immediatement avant et apres chaque observation. 5. Noler la direction et la foi'ce du vent a de nom- breuses stations, et determiner la forme des courbes anemometriques particulieres a certaines latitudes , cerlaines saisons, etc. 6. Determiner la nature des rapports qui existent entre les courbes anemometi-iques , barometriques , thermometriques et hygrometriques. 7. Noler les quantites de pluie a diverses stations , et en v^riQer la distribution proportionnelle a diverses hauteui's. 8. Rechercher I'influence de la lune sur les ph^no- m^nes atmospheriques. 9. Reniarquer les retours de pluie, gx'ele , gel^e , brouillard , rosee ; la cristallisalion de la neige , etc. f 'oo ) 10. Examiner les phenonieiies de lenipetcs , oura- gans, lourbillons, etc., el les rapporlor a leurs causes originelles. 11. Delerminer jiisfju'a quel point les phenomenos atmospherlqucssonl inlluences par I'aclion volcanique, eleclrique, magnelique. 1 2. Former des hisloires locales de climal ; constater les makidies predomlnantes en cliaque slalion pour cliaque mois, et determiner jusqu'a quel point elles sent influencees par I'-jclion almosph^rique. W. H. A\iHiK, secretaire. ExTRAiT de plusiciirs Lettres de M. 1)e Falue a M. Jomard, datees de Ihnis , \^ et 5o jaiwicr. Depuisma derniere sir Grenville Temple el moi nous avons fait une excursion a Tile d' Jrgimums ( Ziinbre- el-Gjamour), aupr6s du cap Bon, ainsi qu'a Porto- Farina et Ltica, qui n'a pas 6te enlierement infruc- lueuse , mais qui a un peuretarde la redaction de noire relation, dont jc vous envoie ci-joinl les feullles 8,9, 10 , etc Nous avons escav6 un peu plus sur la colline n° 55 (voir le plan de Carthage deM. de Falbe), etnous avons creuse la ruine n" 70, qui est tout prfes , a 12 pieds de profondeur, sans trouver autre chose que des dc^bris, et verifi6 que c'est un temple d'assez curieuse archi- tecture. Nous travaillons avecune soixanlaine d'hommes par jour. Aussllot cette ruine un peu deblayee , nous irons a la recherche do la ville de Nopheris el de la co- lonic romaine qui a du y elre elablic apres. Lorsquc nous aurons fait cette lournee, nous penserons a une grande course dans I'int^rieur, vers Sbialla el Kef... ( lo. ) COLOME DE LIBERIA. Les direcleurs de la Soci^te americaine pour la co- lonisation , qui nommenl le premier niedecin de la colonie , lui ont accorde la direction g^nerale des au- tres medecins. C'est lui qui fixe les lieux ou ceux-ci doivenl s'^tablir, el regie les devoirs qu'ils ont a rem- plir pour veiller a la sante des habitants. II y a actuel- lement trois medecins assistants a Monrovia, a Cald" wille eth Millsburg. L'infirmerie qui se trouve sur le Stocktone est sous la direction du m^decin en chef qui reside a Monrovia. Personne ne peut faire usage de medicaments sans Tordonnance du docteur que Ton doit averlir a la moindre indisposition. Tout individu qui n'est pas a la charite publique est tenu a payer, d'apr^s ses moyens, les medicaments et honoraires du niedecin, que celui-ci ne recoit pas, raais qui sont deposes au tresor de la Soci6l6 de colonisation. On vient d'etablir une ecole pour les aris mecani- ques sous le litre de If^/iite p/ani's (i), manual-labeiir- school. Les jeunes orphelins africains y apprennent les premiers elements et les arts m^caniques. lis y sont recus depuis I'age de dix a quinze ans jusqu'a celui de vingt-un. Get 6tablissement est situe sur les bords de la riviere Sainl-Paul. II existe dew's, factoreries dans le pays de Galinas, dont on exporte tous les ans plus de 7,000 esclaves. (1) Ainsi nommc'e d'aprcsle lieu de ce nom dans I'Elat de New- York. (Exlrait (III Liberia- HeraUf.) I >02 ) DELXIEME SECTION. Actes de la Societea PROCES-VERBAUX DKS SI5ANCES. Seance du ^ fevrier i838. Le procc'S-vcrbal de la derni^rc seance est hi et adople. M. le due de Doudeauville, president horiorairc de la Societe, ecrit qu'il regi'eltc beaucoup que le mau- vais 6tat de sa sanle rempeclie d'assister plus souvent aux stances de la Commission centrale , el de pren- dre une part plus active a ses utiles travaux. M. Chevalier, mcmbre de la Socifevner i838. Le proces-verbal de la derni6re seance est lu et adopts. I\l. Lush, voyageur anglais, qui arrive de Bombay parl'Arabie etl'Egyptc, assiste a la stance, et remel a la; Commission centrale plusieurs num^ros du journal public par la Soci6t6 geographique de cette ville. M. le capitaine Harris, du corps des ingenieurs de I'arm^e britannique dans I'lnde, icrit du cap Town , le 20 octobrc 1807, pour offrir a la Soci6t6 une carte ' des contrees nord-est de la colonic du Cap. Cette carte est accompagn^e d'une Notice renfermant des renseignements curieux sur les piojets et les mouvc- ments des emigrants hoUandais qui s'eloigncnt des ( '0'5 ) fonti6res de la colonic pour s'avancer clans I'inl^rieur da pays. M. le capitalne Harris se propose de publier le Journal de son expedllion dans I'interieur de I'A- frique , lorsqu'il aura reuni un nombre suffisanl de souscripteurs. Sur la demande de M. le president, la communication de M. Harris est renvoy^e au comite du Bulletin. M. le docteur James Burnes, qui a bien voulu trans- mettre I'envoi de M. le capitaine Harris, informe la Soci6t6 de son retour a Bombay , ct lui offrc ses ser- vices. M. le prd;sident donne quelques details sur la com- paraison qu'il a faite de plusieurs cartes avec celle du Quorra, presentee par M. le capitaine Allen dans la derni^re seance ; il annonce ensuite le retour de M. Har- ris d'un voyage de neuf annees qu'il vicnt de faire dans plusieurs contrees de I'Amerique centrale, ou il a re- cueilli de nombreux documents g^ograpliiques. M. Charles Texier, dans une lettre adressee a M. le president, appelle I'attention de la Societe su ses derniers voyages en Orient, pr^sente vm ensemble de ses travaux, et exprime le desir de concoux'ir au prix annuel pour la decouverte la plus importanle en geo- graphic. Sa lettre est renvoyee a la Commission du concours. M. Briere 6crit a la Society pour lui annoncer la pi'ochaine ouverture d'un cours public et gz-atuit sur les hi^roglyphes egyptiens et les mysteres du paga- nismc , et il adresse des billets d'entree pour ceux des niembres qui voudraient y assisler. MM. Lecoq ct Bouillet , secretaires de la G'' sess'oti du congrcs scienlifique de France, annoncent a la Society que la prochaine session aura lieu celle an- nee, au inois do septembrc , u Clermonl-Ferand , ct ils la prienl do vouloir bien lour adresser les ques- tions qu'elle jugerail convenablo , dans TinlerSt de la science, de faire inserer au programme du congres qui parailra le i" avril prochain. M. le president appr^cie tous les avantages que les sciences peuvcnt rctirer de ces grandes reunions an- nuelles , ct il invite la section de corrcspondancc a repondre a I'appel de MM. les secretaires du con- griis. M. Albert Mont^mont fait Tbomniage de la 5" edi- tion de ses Letlres sur I'astronomie , edition cnti^re- ment refondue et augmentee de nombreux documents. M. le colonel Coraboeuf est prie d'en rendre compte. M. d'Avezac lit une serie de notices sur divers voya- geurs du moyen age , Simon de Saint-Quenlin , Guil- laume de Rubruck , Guillaurae de Tripoli , Marc Pol de Vcnise, Ricoldo de Monte-Croce , les deux Ilayton d'Armenie , Jean de Monte-Corvino , Oderic Mattbiussi de Frioul , Jean de Core, arcbeveque de Sultanie , Jourdain de Severac , Pascal de Victoria , Balducci Pegolotli , Jean de' Marignoli, Mandeville , Ruy Gonzalez de Clavijo , et Hans Scbiltperger de Mu- itich. Dans ces notices , M. d'Avezac prilssentc quelques obseivations sur le manuscrit n" 7067 de la Bibliotbeque royale , d'aprfes Icquol la Sociele de geograpbie a pu- blic, en 182/4, son edition des voyages de Marco - Polo, et il regarde la langue francaise de ce manu- scrit comme cclle dans laquelle fut primitivemcnt 6crite la relation. M. Roux de Rocbellerappelle h cette occasion qu'uno opinion diiTeronte a He oxprimee et motiv^e dans Pin- ( 107 ) troduction du volume public par la Societe : il avail ete charge de ri^idiger cette introduction, et son travail avail ^16 mis sous les yeux de la Commission cenlrale. Puisque celte question est mise aujourd'hui en con- troverse, il demande h developper dans un nouveau M6moire les motifs qui I'ont port*^ a croire que eel ancien vojageur venitien ecrivit et publia sa premiere relation dans sa propre langue. M. le president invite M. Pioux a s'occupcr de celte dissertation. Un membre annonce la mort recente du plus jeune des fds de M. le capitaine d'Urville, et la Com- mission cenlrale exprime les regrets unanimes que lui fait ^prouver celte perte. MEMBRES ADMIS DAKS LA. SOClfiTK. Seance du 2 fci'rier 1808. M. Willam Allen, capilaine de vaisseau de la ma- rine royale britannique. M. LACHEURii, directeur de la chambre mai'itime d'assurance. M. Plover, directeur de la compagnie d'assurance maritime d'indemnlt6. Seance da i(j Jci'rie/- i838. M. Ch. BALANCER, naturaliste, ancien directeur du Jardin Royal de Pondich^ry, etc. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCliXE. Seance du 2 feviier i838. ParM. Tassin : Anglo-Persian Map of India, G feuilles. — Par V ylcadentie dc Dijon : Menioires et seance pu- ( *o8 ) blique de ccltc Acadomie pour i85G. 2 vol. in-8'. — Par M. Clici>alier : Traits Inedit de geographic metallurgiquc. i vol. in-S'. — Par M. d'Auezan: Re- glcment de la Societe metoorologique de Londres, Seance dn iG f'vvrier i858. Par M. le baron de Humboldt : Examen critique de la geographic du JN'ouveau-Continenl, 17' livraison. — Par M. le capitaine Harris : Africa, north-east of the Cape Dolony , i feuille. — Sketch of the emigration of the border colonists. Extracted from the unpublished Journal of a visit to the chief Moselekatse by capt. Ilax-ris. — Par M. Lush : Proceedings of the Bombay geographical Society. i856 et 1857. 2 vol. in 8". — Par les auteurs et edileurs : Constantino et terrain cnvironnant, 1 feuille. Plan de la partie de I'enceinle de Conslanline faisant face au Coudiat-Aty et du ter- rain des attaques , 1 feuille. Vue de la breche de Constantino, 1 feuille. — Encyclopedie nouvelle, 27' li- vraison. — Plusieurs numeros des Annales marili- mes , — de la Bibliolheque de Geneve , — du Journal asiatique, — du Bulletin de la Societe de geologic, — du Journal dos ">lissions evangdliques , — du Journal de rinstitul historiquc , — du Bulletin de la Societe elemcntaire , — du Recueil Industrie! , — du Memo- rial encyclopediquc, —des Annales d'agriculturc do la Charente , — du Recueil de la Societe d'agriculturc del'Eure, — du Bulletin de la Societe d'agricullure du Mans, — du Bulletin de la Societe industrielle d'Angors, — de I'lnstitut, ~ et de I'Echo du monde savant. BULLETIN DE LA t t SOCIETE DE GEOGRAPHIE. MARS l858. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET HAPI'ORTS. MihioiRE descviptif (h la route de Tehran a Meched et de Meched a Jezd, reconnue en 1 807, par M. Truii.hier , canifa/ne an corps du genie. M. Triiilluer, capilaine du genie, qui avail accompagne Je general Gardanne en Perse, elan I parti en 1 809 pour I'Es- pagne, laissa scs papiers a M. Burckardt, qui avail examine avec lui scs observations. Ces maiiuscrils sc composent , 1° d'un caliier intitule, Memoire desciiplif de trois routes reconnues en Perse, savoir, de Tehran a Mcclied, do Meclied a Kengever par Jezd et Ispahan, et de Kcngever a Tehran. Ma Ig re son litre, ce cahier ne contient reeliement que la description de la route de Tehran a Meched el de Meched a Jezd J 2° plusieurs feuilles conlenant tous les relevcments pris successivemcnl sur les trois routes indiquees ci-dessus , excepte cependant une lacune qui se trouve enlre Meched ct Jezd ; 3" un cahier d'observations de hauteurs du soleil el de plusieurs etoiles pour determiner les latitudes d'un grand nonibre de points; malheureusement riustrumenl avec le- qucl elles ont ete faiies ^lail un mauvais sextant en bois , ct IX. MARS. 1 . 8 ( I'o ) dies picseutent par consequent quolqiie inccrlitude; 4° en- fin , plusicuis caliicis de calculs. M. Buickardt m'avait donne cos papiers pour quo je lachasse d'en tiier parti. J'avais done trace tontes ces routes au inoyen des relevc- mentSj et cherche a obtenir los resultats les plus piobables dcs observations. Ce travail interrompu long- temps par beau- coup d'autres occupations m'a paru etre denatured interes- scr Ics porsonnes qui s'occupcnt de la geographie de I'Asic. J'ai done pense qu'il trouverait un accueil favorable aupres des membres de la Societe , et je donne ici le Mciaoire des- criptif de la route de Tehran a Jezd. Plus tard, j'cspere pouvoir donncr, ou les relevements eux-nicmes de toutes les routes, ou le trace que j'en ai fait, ce qui cpargnerait aux geogiaphes qui voudraiciit les emplover la peine d'en faire une construction, qui nc laisse pas que d'etre assez lon- gue; enfin, j'y ajouterai la discussion des observations qui , quoique imparfaitcs, presenlent cependant del'interdt pour un pays sur lequel on possede si peu de donnces certaines. P. Dadssy. On comple 6 farsakhs (i) de Tehran a Rehoun-Abad, qui est frequerament la premiere station des cara - vanes de Meched. Cetle route en plaine est sans diffi- culle. A unfort farsakhde Tehran on traverse les ruines de Rai (Ragoe); une parlie de I'enceinte est encore net- tement indiquec : le restc de I'emplacement ofTre des ondulalions de terrain parsemees de debris de poteries. On remarque une lour dont la projection horizontale est un cercle dentele ; les poinles ont 2 ou 3 pieds dc saillie. L'ne vague tradition veut qu'elle ait scrvi (x) Le Farsakh 011 la Parasange est d'environ 17 an degre. D'apres nue suite dedislaoces doDnees parM. Truilhier en Farsakhs et en kilometres, ou dediiirait par une moyeniie qu'on pcul compler le fariakh poureuvi- rou 6 kilometres. ( 'II ) jadis aux Guebres pour appeler an son du tamboiu' le pcuple a la pri^re. Rai etait buti a la pointe d'une montagne nominee Alhourd , qui est une ramification de la grande chaine regnant au nord de Tehran : celte montagne est a gauche , et a une forte lieue de la route que Ton suit. Le village Clia-Abdoul-Azem (5oo maisons) estbati sur les mines de cette ville. On le laisse a tr^s peu de dis- tanceet a droite de la route. L'eau qui sert aux besoins de la culture et de la vie vient des fonlaines d'Ali [Ali- Tcheschme) par-dessousterre,etdu village d'Ali-Schabar a decouvert. Les fonlaines d'Ali sont un reservoir na lurel situeau milieu des ruines deRagoe. Le village de Cha-Ab- doul Azem tire encore une partie de ses eaux d'un ruis- seauassez volumineux qui vient de la gauche, ct dont on coupe la direction une demiheure avant de parvonir au village. A peine depasse-t on les dernieres maisons qu'onapercoit a gauche renfourchement de la route di- recte d'Aiouanek, laquelle concourt a Sad-Abad avec cclle que j'ai suivie. Elle lui serait preferal)le d'a- pres ce que je puis presumer. On pourrait faire station sur le bord de I'un des ruisseaux qui entrent dans la plaine au-dela de la montagne Albourd, et I'on arriverait facilement k Aiouanek. On pourrait en- core faire la station a Sad-Abad. Au-dela de Cha-Abdoul-Azem commence la contree de Veraminn , a laquelle une ville ruinee a donne son nom , et qui s'etend jusqu'a Aiouanek inclusivemcnt ; sa largeur est bornec, par les montagnes d'une part, ct de I'autre par le desert de Khoum. Elle comprend une centaine de villages qui apparlicnnent a divers proprietaircs ct gouverneurs. Arrosee d'un assez grand nombre de ruisseaux qui sortenl tous d'une 8. ( "2 ) gorge voisine de Rai , elle offre iK^anmoins beaucoup d'intervalles sleriles enlre les villages. Les eaux qui traversent la contree de Vcraminn se peidenl dans le desert de Rhoum;je les ai lrouv6es assez vives et abondanles dans les premiers jours de juillet. La neigen'avait pas enlierement disparu surles monlagnes du nord. Lo pic de Damavend , remarqua- ble enlre ces montagnes par son devalion, ne se di- couvre pas toutes les annecs et jamais avant la mi- aout; c'est du moins ce que Ton m'a assure. D'aprts les renseigncmenls que j'ai pris, il paraitrait que le pic de Damavend scpare deux gorges, ou sont deux chemins de Piai au Mazenderan. Je crois que le passage occidental est celui connu sous le nom de CaspicE-Pilce. On y voit de gros serpents en asscz grand nombre , et des concretions sulfureuses; mais aucune de sel marin. A Icuirc'e de ce delile, on voit les ruincs d'un vieux cbateau qui en defendait I'acces. Dans le pays de Veraminn , comme dans presquc loute la Perse, ia distribution des eaux devient pendant les chalcurs le sujet de querelles fr^quentes (it quel- quefoi.s sanglantes entre les villages. Je consignerai ici une remarquc a laquelle j'ai ete conduit par I'aspect des limites cntre les divers gouvcrnements et contr^es parliculieres : c'est que la division de ces gouverne- mcnts a el6 faile anciennemcnt , de mani^re a reunir sous Tauloritc d'un soul lioinme un bassin cnlier ou une parlie de bassin telle qu'ello ne piil donaer lieu a aucune rixc pour le parlagc des eaux. J'ignore a quel souverain il faudrait faire honnour de celte concep- tion, dont la sagcssc ne peut etre r6voqu6e en doute. Mais elle me parait avoir servi de base a une ancienne division de la Perse , qu'ont dcTigurie plus ou moins ( H'^ ) d'aveuglcs favcurs apres un certain laps de loinps De Clia-Abdoul-Azem a Rehoun-Abad, on suit d'a- bord pendant plus d'une heure un petit ruisseau; on en coupe ensuite plusicurs autrcs; tous coulcnt de gauche a droile , mais dans une direction peu oblique h celle de la route. On passe aux villages de Kbarl- cbek (4o maisons ) el de Bouinek ( 60 niaisons). On on voil 7 de dilTerents points et a peu de distance du cliemin. Le pays est denue d'arbres , et cultive dans les environs des villages. Rehoun-Abad ( 200 maisons ) appartient a Mlrza- Riza-Khouli, qui possede dans le pays de Veraminn onze villages jusques ct compris Aiouanek. On y voit d'assez jolis jardins , un courant d'eau assez volumi- neux, etunmoulin quipeutmoudre en nn jour 45 bat- man taurisi (1) de farine. Les habitants font en grains une recolle quiexcedeleurs besoins. lis exportent leur superflu a Kachan. lis recoltent un peu de coton pour leur consommation, poss^dent un millicr de moutons ou chevres, environ 100 boeufs et 4 ou 5oo chevaux , mulcts ou anes. Le pays de Yeraminn est en general fertile en grains. II y avait a Rehoun-Abad de superbes platanes : on n'a pu conserver le dernier qu'en oppo- sant une allegation superstitieuse a la rapacite des agents du gouvernemcnt, qui avaient fait couper et enlevcr les autres. La plaine de Veraminn se prolonge vers Khoum. La direction depuis Tehran estpresque sud j mais en parlant de Rehoun-Abad pour aller a Aiouanek , on marche vers Test la distance de 6 farsakhs. Le chemin est uni et sans difficulty : le pays est enti^reraent de- sert et aride au-dela de Guelil-Abad, mais seulement (i) Lc Balraaii laiirisi cs,l d'cnv'nii ', kilogrammes. (Voy. cu Perse de Dupri'. ) ( "4 ) par inlervalle jusqu'a ce village'. On Iraverso plusicurs niisscaux qui , sorlis des monlagnes par la gorge voi- sine do Rai , coulent lous a droite vers la plaine de Klioum. On dit que ces eaux prennenl leur source commune au pled meme du Damavend. Au sud-esl de Relioun-Abad , el a une pelile lieue de distance, on voit les ruines de V eraminn , qui ful fondee al'cpoque de I'etablissement de Tislamisme en Perse, et fut quelque tomps florissanle. On reconnait Tenceinle d'assez loin, mais elle ne rcnferme aujour- d'hui qu'un village. Sur la facade d'une mosqu^c an- cicnne , on lit en vieux caracl6res I'indication de I'epo- quc oil fut balicla ville. II est probable qu'clle s'agran- dil aux depens de Ragoe, et qu'apres avoir h^rile des avanlages d'une situation vers laquelle se croisenl les routes de Tauris au Kborasan, d'Ispahan au Mazande- ran , elle les transmit a Tehran lorsqu'elle fut detruite. La route passe ensulte a Sad-Abad, village de 20 mai- sons. La elle s'unit avec la route dlrecte de Rai a Aiouanek. Lne heure plus loin , on voit a gauche les ruines de vastes ecuries que Nadir-Cha avait fait con- struire pendant un sejour que son armee fit en ce lieu. A parlir de ce point, on ne voit plus aucun \illage sur la gauche. La culture est beaucoup moins 6tendue quoique I'eau ne manque pas. On passe successive- ment aux villages de Zoghrabi (20 maisons) , de Djoumi-Karsoun et de Guelil-Abad ( 100 maisons) Dans ce dernier intervalle, on trouve un petit camp de nomades, on voit encore un peu de culture, et Ton passe Irois ruisseaux; mais quand on est parvenu a une heure au-dola de Guelil-Abad, il n'y a plus qu'une bruyi;re aride jusqu'a Aiouanek; a gauche, elle est terminee par une montagnc continue qui.scm- ( "5 ) Lie parallele a la chaine du Dainavend, et qui se pro- longe depuis la gorge voisine de Rai en obliquant vers la route jusqu'a Aiouanek; celle monttigne s'appelle Kaheurt. A droite , on apercoit una autre montagne plus accident^e , qui converge 6galement vers la route a- mesure qu'on avance. Elle contient beaucoup do sel qu'on en retire px'es de Khoura , ou s'etend son pro- longement, par une exploitation r^glee. C'est de ccs mines de Rhoum que Ton tire le sel qui est Iransporte jusqu'a Ispahan, Raicht, etc. On voit au pied de la montagne, a une forte demi-lieue et a droite de la route, deux heures avant Aiouanek, de la verdure produite par I'^coulement des eaux de ce village. De Tehran a Aiouanek on voit prfes de la route un assez grand nombre de levies en terre de forme carree. La tradition les suppose autant de villages guebres rui- n6s. Aiouanek est bati trfes pres de la montagne Ka- heurt, sur les bords d'un ruisseau qui en sort par une coupure et dont I'eau est bonne. On cmploie encore pour la culture, et meme pour les besoins de la vie, I'eau de quelques sources moins pures et moins dou- ces. On voit beaucoup de figuiers et quelques autres arbres dans des jardins clos. Le village est ferme d'une enceinte neuve en terre, de 20 pieds d'elevation ; on y compte 5o ou 4o maisons, mais on acheve d'en con- stiuire environ i5o, sur un rayon d'un quart de lieue, pour de nouveaux habitants envoyes par ordre du roi. II parait que la situation du ruisseau d'Aiouanck a determine les souverains a y enlretenir constamment la population. Le petit village de Robat oii Ton passe, un quart d'heure avant d'arriver a Aiouanek , et qui en dtipend , peut faire foi de cc qu'on avance ici. II fut bati par Cha-Abbas-le-Grand. ( >'C ) Aiouanek possede environ 20 chevaux cl unc cin- quantaine de mulcts ou anes, 4 ou 5oo moulons ou chevres , 80 boeufs. II y a un excedant sur Ics recoltes de grains en sus de la consommp.lion. On vend cet ex- cedant auxcaravancs, qui ne peuvcnt 6viter de faire ici line station. II y a un moulin qui pent moudre en uti jour2 khalvars_(i) de farinc. Les liabilants d'Aiouanek font dcs benefices considerables sur la vente aux cara- vanes de ce qui leur est n^cessaire. On croil qu'ils cnfouissent I'argent dont ils peuvent disposer. lis sont neanmoins indociles, et r^pugnent beaucoup h fournir les chevaux pour le relais de posle. D'Aiouanek a Aradan on compte 7 farsakhs. A quel- ques minutes du village on passe le ruisseau dont I'eau est la meilloure; il coule directement au sud vers les montagnes de sel (Koui-touz) , et va se perdrc a leur pied. Le chemin oblique vers le sud-est au travers d'un desert sans eau, et Ton parvient ainsi a I'enlree du d6- fil6 appele Serdari Khar ; ce point est a deux heuies d'Aiouanek. On v trouve les mines d'un caravanserai ou chateau carr6, qui Tut conslruit avec des pierres composees presque enti^rement de cristaux de sel. II est silue sur un mamelon dont le reste est couronnt^ d'une levee de lerrede forme reguliere. Ce mamelon est bien plac6 pourcmpecherqu'on ncdebouchc du defile, quoiqu'il soil infcrieur aux montagnes qui le rossorrent. Voici comment les montagnes m'ont paru s'enchai- ner les unes aux autres. La grande chaine a laquelle appartient le Damavend n'estplus en vue depuis le de- sert avant Aiouanek. Pres du Damavend, il est probable qu'elle diverge un pcu au nord-est. II s'en detachc (r) Le Kalvar on Karwar est dVnviron .',00 kilrgranimes. (V'oy. f^a Perse dc Diiprc. ) ( "7 ) un grand conlrc-fort, ou plutot une chaine secon dairedont la direction est un peu au sud de Vest, et qui enferme la fertile valle^e d''Itsch, appelea aussi Firouz-Kouh. Un rameau de cette derniere forme la montagne de Kaheurl, a peu presparallMe h la chaine principale, et vers I'origine de laquelle prend sa source le ruisseau d'Aiouanek. Le defild de Serdari - Khar coupe la direction d'un vaste conlre-fort, qui, partant plus loin de la chaine secondaire, va s'unir, dit-on, aux montagnes noires de Rliourou (Sia-Kou). Ce con- tre-forl est le Roui-touz, et autant que )'ai pu en juger, il se dirige vers le sud-ouest. U est moins acci- dente prfes de son origine. Le defile de Serdari-Khar a deux lieueg de longueur; il est sinueux. On y trouve plusieurs honnes positions defensives. Ln petit ruisseau sal6 le suit d'une exlr6- niite a I'autre, et court vers le pays de Khar. Un quart d'heure apres I'enlree , ou voit a gauche pres du che- min une belle roche de sel qui a 616 jadis exploitee. Au milieu du defile est une valine sterile qui a un fort quart de lieue de largeur, et plus d'une demi-lieue dans le sens de la longueur que Ton suit. Le defile de Serdari-Khar, que Ton m'a assurd etre le seul passage pour francliir les montagnes de sel, fut le theatre du second combat de Nadir-Cha, lorsqu'il vint du Khora- san attaquer les Agwans, alors maitres d'Ispahan. U fut blesse dans cette rencontre. Les montagnes qui for- ment le ddfil6, souvent ti'es serrees et tailleesapic, ne sontpas en general d'une grandc hauteur. La gorge de Serdari-Khar, ou plutot les montagnes de sel , separent la conlree de V^raminn du pays de Khar, dans lequel on debouche a quatrc beures d'Aiouanek; la premiere partic en est aridc et incullo; on aper- ( "S ) ^oilau sud ouest los monlagnes Noires fori eloignees, ctle cliemin se diiige vers I'esl-sud-est, ayant a gau- che, a une distance nioyenne d'une demi-lieue , les montagnes qui separent le pays de Khar du pays d'llsch. A droile et en avant, on voit unc vasta plainc qui ne commence a etre cultivc^e qu'a six heures d'Aiouanek ct a qualre d'Aradan. Les six premieres sont entiferement descries et sans eau douce. Le pays de Khar conlient environ 20 villages; il appartienl a divers parliculiers et gouverneurs; c'est la derniere conlree de I'h'ak-Adgemi ; il a pour borne le desert, excepte au nord , ou la montagne nomm6e Kalibav le separe du pays d'llsch. L ne rivi6re sort de ces niontagnes trois heures avant Aradan , et se divi- sant en une vingtaine de ruisseaux que Ton traverse tous, va se pcrdre au sud apres avoir arrose le pays de Khar. La culture eslfiequemment inlerrompuc par des intervalles steriles, et, en general, on la laisse de meme que les villages sur la droile. La gorge ^troile d'ou sort la riviere , 6loign6e de la route de pr^s d'une heure, olfre un chemin par ou Ton va a Firouz-Kouh. A la fonte des neiges il est souvent couvert d'eau. De Firouz-Kouh tin chemin direct, mais tres mauvais, au passage de la chaine secondaire dont on a parle, conduit a Tehran en deux journees. Le pays de Khar est assez abondanl en grains el bes- liaux. Celui d'llsch Test bien davantage , mais il n'est guere plus elcndu. II s'y trouve quelqucs hordes no- mades. Pour aller du Khorasan a Kachan , sans passer dans le Veraminn, iln'ya qu'une route; elle se s6pare au pays de Khiir, traverse un desert aride dans lequel il est tr^s dangercux de s'dgarer , ic terrain d'tant Irfes ( "9 ) peu compacte et souvent creux. ChaAbbas y a fait 6tablir line route qui conduit a un defile des monta- gnes Noires. Ce defile est le seulmauvais passage. Les stations en partant d'Aradan sont : Touiki-Robat ( caravanserai ) 6 farsakhs. Defile de Sia-Kou 6 Merindjab( village ) 6 ■ Kachan 6 s4 farsakhs. La route directe ne passe pas a Jateri, mais laisse ce village a une demi-lieue sur la droite. C'est celle qu'ilconvient de suivre ; elle est meilleure. Aradan a Go ou So maisons , 3o chevaux , lo mulets, 20 anes, 20 bcEufs , 3o cliameaux , 4 ^ 5oo moutons ou clievres; il appartient moiti6 a Ismael et moitie a Mirza Ch^fs : c'est un village abondant. En general le pays de Khar n'a besoin d'aucune importation de grains , bestiaux ou fruits , et a au contraire un su- pcrtlu. On voit pres du chemin des tours parsemees dans la campagne. C'etaient des lieux de refuge contre les Turkmen pour les cultivaleurs en des temps de moindre s6cui'ite. Celte ^poque encore peu ^loignee occasionna la cloture de la presque totalite des villa- ges. Aradan a un petit chateau en fort mauvais 6tat sur une butle 6lev^ede main d'homme, ce qui servait a la fois pour une meilleure defense , et pour voir au loin. D'Aradan a Deynemek on compte 3 farsakhs. Le chemin est unlet sans difficulte. Les montagnes de gau- che sont a une distance moyenne d'une lieue. Cesont des rameaux irr^guliers. A Padi, trois quarts d'heure apres Aradan, finit la culture, et commence un desert ( '2" ) asscz dlcndii. On voil 5 on 4 ^illages pr(^s de la roule dans cclle premiere pai lie. Deynemck, hamcau de 4 ou 5 maisons avec un ca- ravanserai est Ic dernier village de I'lrak. II est au milieu du desert sur les bords d'un ruissoau donl I'eau est saumulre et purgative. II possede (2 banifs ct quel- ques anes. On recollc assez de grains pour en founiir a la consommalion des caravanes qui font d'ordinaire station en cet endroit. Le ruisseau coule de gauche a droite. Dc Deynemek a Laskiert on oomple 7 farsakhs. Le chemin est tout desert. Lcs monlagncs de gauche s'approchent insensiblement de la route. C'est un ra- meau asscz ^lev6 dont la pointe n'est plus qu'a un quart de lieue du chemin a 4 farsakhs de Deynemek. Ci'est h nn demi farsakh plus loin que Ton passe , sur un pont d'unc arche bati par ordre de Kcrim-Khan , un ruisseau sale fort encaisse , qui est la limiio precise du Khorasan et de I'lrak. On appelle le pont lol-Keupri. Une tour en ruine est a cole. On voit d'autres tours de distance en distance; depuis Deynemek elles formaient une chalne de signanx entre le pays de Semnann et celui de Khar, pour averlir de I'approche des Turk- men : cet ouvrage est de Kerim-Rhan , qui chercha inutilement h metre un lerme a I'anarchie sous laquelle gemissait la Perse. On voit les ruincs d'un ou deux villages qui n'ont pas resists aux depredations des Turkmen. A peu de distance au-dela du pont lol-Roupri , on passe cncoredeuxravinsprofonds par le moyen dc deux ponls en fascines dc 18 ou 2opieds de longueur. Dans le second de ccs deux ravins coule un ruisseau said. Le terrain va en pente a droite, el vers le point par oil Ton ( »'^» ) arrive. La direction dopuis Serdari-Khar jusqu'ici est au Slid de Test. On oblique ensuite a gauche, ct on monte insensibleinent vers une ramification large et peu haute , que Ion coupe dans un petit defile. Celte ramification se prolonge au sud-est, et parait tenir h une suite de collines nues que Ion apercoit a une ou deux lieues a droite du chemin, depuis avant Deynemek. Les hauteurs que traverse le defile prennent une belle decouverte sur le glacis par oii Ton monte , ct cette position serait bonne a d^fendre , si elle ne pou- vail elre tournee. On voit a Tentr^e du defile une tour pour les signaux, qui est eloignde de Laskiert d'un demi farsakh. On debouche apres un quart d'heure sur le plateau 6lev6 de Laskiert. A ce point est une source d'eau assez bonne , raais qui cesse tout de suite d'etre potable en se versant dans un ruisseau sal6 qui coule dans la gorge, et descend dans le second ravin dont on a parl6 ci-dessus. Laskiert a un caravanserai et environ 80 maisons. Le village cstbati dune maniere tr6s bizarre. Les mai- sons, toutes h deux elages, forment une enceinte cii'- culaire continue , elevee sur un escarpemenl de terre d'une vingtaine de pieds de hauteur. Get escarpement, sans doute rcv^tu primitivement d'une chemise, main- tenant taill6 i pic, n'est soutenu que par I'extreme compacit^ des terres. 11 ne serait pas facile d'arriver a la porte qui est fort elevee. Laskiert a des jardins ctcnduset beaucoup d'arbrcs fruitiers. L'eau est bonne et assez abondante ; elle vient des montagnes d'ltsch , dont le pied se voit a une demi-lieue a gauche. On compte 2 farsakhs de Laskiert au pays d'ltsch, et ce chemin est assez mauvais. Les revenus de Laskiert appartonaient a la mosquec { '2*-* ) (I'Imam-Ri/a do M<^cliod ; Foit Ali-Cha s'on csl cm- par6. Lc village est reuni au gouverncmcnt dc Sein- nann. Le grain que Ton r^colle siiffit aux besoins. On recueille aussi iin pen do colon qui est vendu h Sem- nann. Dc Laskiert a Semnann lo cliemin est tres bon : il lescend legoremcnt. On a toujours a gauclic Icsmon- lagnes a une distance moyenne d'une demi-lieue. A droite la plaine s'etend, born^e au loin par desmon- lagnes peu elev^es. Jusqu'a un farsakh au dcla de Laskiert ces collines ne sont guere ^loiguees dc la route que d'une deaii-lieuc. A 2 farsaklis de Laskiert, scion le compte des babitants, on passe au village de Sorkba (100 maisons), dont la construction resscmble a celle de Laskiert. 11 est un pcu a droite du cbemin surlequel est bati le caravanserai. Ony volt des jardins clos assez etendus. Lnpeu avant Sorkba, on laissc a droite a 5oo toises le village de Dgeban-Abad qui a 20 maisons. A peu pres a moili6 cbemin de Sorkba a Semnann, on voit a gaucbe a la distance de 5oo toises el pres des montognes le village de Mouminn-Abad ( i5 maisons). II n'y a dc culture que dans Ics envi- rons de ces divers villages : les intcrvallcs sont deserts. En general, I'cau du pays vicnt des montagnes dc droite par des ruisseaux decouvcrts ou des aqucducs soutcrrains. On passe trois de ces divers cours d'eau entre Laskiert et Sorkba. En approcbant de Sorkba , on voit sur la gaucbe, une trentaine de tours disposccs en ccbiquier dont on a deja expliquc I'usage pour se garantir des surprises des Turkmen. Ces tours indi- quentune anciennc culture, aujourd'bui bcaucoup diminuee. On passe a cole d'une citerne dont I'cau est ( 123. ) bonne a peu pr^s a la hauteur de Mouminn-Abad; une demi-lieue au moins avant d'entrer h Semnann, on commence a marcher entre des ruines. La culture ne commence guere avant ces ruines, mais elle en couvre tous les intervalles. . Semnann est una ville reduilc a 600 maisons ; elle a ete bien plus considerable , et sa fondation reraonle certainement a la plus haute antiquite. Son ancieu nom 6tait Sem-Lam, decelui de deux prophetes, Sem etLam, dont les tombes ont subsiste jadis en ce lieu : c'est par corruption qu'on a forme le nouveau nom de Semnann. Les seules antiquites sont quelques pierres couvertes de caracteres cuffiques, m'a-t-on dit. On y decouvrait frequemment des medailles ; mais depuis le regne acluel, on cache avec soin celles qu'on trouve dans les ruines, pour se garantir de I'avide et soup- ^onneuse inquisition de I'autorite qui suppose des tresors caches. Zulfakhar - Rhan , frere d Ismael-Beg-Telaoui es gouverneur du pays de Semnann qui se compose de la ville, 3 ou 4 villages et autant de hameaux. L'impot est aujourd'hui de 7,000 touuians pour la contrde ; il n'^tait que de 1,000 sous Rerim-Rhan. Le gouverne- ment de Semnann est borne par les deux deserts qui le separent du pays de Rbar et du caravanserai d'Aiouann, Semnann est entoure d'une mauvaise enceinte de briques crues avec un tres mauvais mauvais fosse. L'enceinte a i5 ou 18 pieds de hauteur moyenne. Ali- Rhouli-Rlian, fr^re d'Aga-Mohammed-Rhan avait fait conslruire dans cette ville un beau palais. Apr6s la mort de son frere, il pr^tendit a la couronne de Pei'se. Feil-Ali-Cha, I'ayant invito amicalomonl a une ( "M ) conference , lo fit arrelcr par Irahison et lui fit arra- chcr les yeux. L'cau tic Semnann est excellente; on I'cmploie tout enliero a la culture ; mais die est Irop peu abondante. La recolte de grains ne suffit que pour Irois niois ; on tire le supplement des contrees de DeuigUann et de Khar. La recolte du colon est considerable : on en fait a Semnann des tolles communes en grande quantity ; on les leint et imprime : elles sont cxpedities dans toute la Perse et jusqu'a Astrakhan. Les manufactures emploient encore des cotons apportis de Dimghann et de Khar. Ces manufactures paient 2,000 toumans (1) de droit fix6 a 2 pour 0/0 ; ce qui conduit a ^valuer la fabrication lotale des toiles a la somme de 100,000 toumans par an. Semnann possede environ Goo chevaux, 100 mulcts, une centaine d'anes , autant de boeufs , environ 5o cha- meaux, 1 1 moulins a eau qui peuvent chacun moudre en un jour de 2 a 4 khalvar de grains. On donne le vingtieme pour la mouture. H y a deux mesures, la brasse chai et la brasse inoiikesser. Nous evaluerons ailleurs la premiere. Lcur rapport ontre elles est celui- ci : i4 chai valent 10 moukesser. On divise le rial en 25 ckai ( monnaie longue) , ou 12 ^ chai (monnaie courte ) . L'air de Semnann est triis salubrc. A 4 lieues au sud-est de Semnann est une source d'eau Ihermale qu'on emploie dans quelques maladies. IJn mddecin de Semnann m'a dit avoir fait I'dpreuve du l)aume inouinmie dit de I'os de poule, qui consisle a casser une jambe h cet animal. En une heure de (i) Lo Touman vaiit -^9 francs 64 cent. ( Aiiniiairo du buieaii des lon- giliidi s ). •( 125 ) tomps im eniplatre dc bilume et une ligature doivcnt avoir r^pare la fracture. LeZabit (fermler) de Semnann m'a dit que les mon- lagues de cc pays, savoir, cellos audela de la ville, se prolongenl jusque pres d'le/.d. Oncompte 5 ) farsakhs de Semnann au pays d'ltfch. On m'a assur6 a Semnann que Ic pays d'ltsch n'e- lait point borne au nord par la grande chalne, mais bien par un contre-fort nomme zcrin-koii , et que I'in- tervalle entre ces deux dernieres montagnes est habite par des tribus dc Turkmen etablies sous des cabanes de paille. Au-dela de la grande cliaine qui porte , dil- on , le nom de Sariloi' , il y a un vasle desert. De Semnaim au caravanserai d'Aiouann on compte 6 farsakbs. Cette route est entierement deserle et pri- vee d'eau. On a a gauche les montagnes a une distance moyenne d'une demi-lieue. A Irois heures et demie de Semnann, oil commence une montee extremement douce d'une lieue et demie, tousles villages du gou- vernement restent alors en arri^re. Le sommet de la montee est une belle position mi- litaire , parce qu'a droite les montagnes se reinvent et se prolongent indefmiment. II n'y a guere plus d'une demi-lieue entre les montagnes de droite et de gauche. La descenle est courte, praticable et peu rapide; elle conduit dans un petit vallon perpcndiculaire a la direction de la route, qui se prolonge a droite en une gorge resserr^e entre les montagnes. C'est par la qu'arrivent les bri- gands turkmen. Un second rameau de montagnes plus large etplus elev6 queleprec^dentet qui coupe deraeme que le premier la direction que Ton suit, ferme d'un c6t6 la gorge dont on vient de parler. On en monte le flanc par unepenlo insensibh^, aussi d'une heuro et demie. IX. MA1\S. a. (J ( '2G ) Celle paiiie clu chcmin csl lortucuse, enlre des mamo- lonselcles accidents tie terrain qui ncpermetlenldc. oir qu'a tres pen de distance. Cest le lieu Ic plus perilloux pour Ics Turkmen. Les Persans disent que celtc route puc le sang, pour expriiner la frequence des assas- sinats. En general, le pays actucUemenl inl'esle par les Turk- men, n'est que I'intervalle entire Semnann el Dani- gliann; la partie deserte est la plus perilleuse. La route est aussi plus dangercusc I'hiver que I'ete; cir- constance que Ton attribue a I'usage des Persans , de ne voyager que de nuit pendant cette derni^re saison. Les Iribus qui allaquenl ici les caravanes portent di- vers noms. Leurs forces ne sont pas considerables; cllos sont ^tablies dans le desert a droile de I'intervalle que nous venonsd'indiquer, eta la distance de6a Sfarsakhs au moins. Peut-etre ces Iribus sont-selles les memcs qui se pr^scnlent quelquefois sur la roiite de Tehi'an a Ispahan , sorlant du grand desert sal6. Les armes des Turkmen sont la lance, le sabre , Fare , les fleches el le bouclier. Quand on ne voyage pas en caravane , on prend une escorte de Semnann a Damgbann. Avanl les temps presents, le p^ril s'etendail jusque dans le pays de Rliar, comme on I'a observt^. A la seconde montee , les montagnes de gauche, loujours a peu prcs a memc distance qu'auparavant , ne paraissent pas formees de roches; elles sont cou- ples en plusieurs endroils , ct semblenl autant de ra- meaux de la grande chaine , ay ant toutes la direction commune du sud-sud-est. Au reste , il ne me scmblo pas Ir^s facile de d^meler ici la dii'cction et i'enchai- nemcnt des montagnes, au moins de gauche. Quant a celles de droile , c'csl un ramcau du conlre-fort sur lequel on monle en avan^ant, et il est (iloignii du ( i-i7 ) cliemin d'un fort quail Je licuc, el du double qiiand on arrive au point de parlage des eaux. Ce point est encore eloigne d'Aiooann d'environ demi-heuro. Dcpuis Laskiert jusqu'ici, la direction parait elre a peu pres de I'ouesla Test. Au-dela du point de. parlage, on a a droite un nou- veau rameau de contre-fort, et a gauche un autre pareil, eloignes respectivement d'un quart de lieue. On franchil celui de gauche par une coupure, et on s'avance Ic long d'un vaste glacis, dont la penle est a gauche vers une vallee deserle ; Ton Irouve bientot aprfes Aiouann. Le caranvanserai d' Aiouann, station ordinaire des caravanes, prend son nom, qui signiCiefontaine, d'une source legeremcnl saumatre el peu abondante qui surgil de terre , et coule a gauche vers la vallee. Ce caravanserai est vasle et bien bali. On voit a cole dc lui les ruines d'un autre plus ancien. Du caravanserai d'Aiouann a Damghann ou Dam- khan, on comptc 12 farsakhs. La route se dii'ige au nord-esl; elle est unie et sans difficulte. Le chemin converge insensiblemenl vers le fond de la vallee , et traverse un terrain un peu inegal. Le rameau qui r^gne a droile est peu saillant au-dessus de la crele de ce glacis. On apergoit des Aiouann, par le debouche de la vallee , les villages du pays de Damghann qui sont a grande distance : lout le reste est desert. La vallee a deux lieues de largeur, el quoiqu'on ne 1^ decouvre guere qu'en arrivant au caravanserai, son origine semble placee a hauteur de la demi-dislancc depuis Semnann. Elle est bornee au nord el au nord- Guest par des montagnes clevees et nues, comme toutcs coiles que Ton apercoit depuis Tehran. 9- ( ^-^ ) Dans la belle saison, les caravanes, au lieu de s'ar- reter au caravanserai d'Aiouann , vonl bivouaquer pres d'une source un peu plus abondante que la pre- miere ct non moins bonne, situ^e. a 2 I'arsakhs d'Aiouann , unc dcmi-lieuc a droile de la route <• i)aiiii;li.iiiii a Tolianli'V ( too (liaisons) ti farsaklis. a Cliakuii ( loo 111. ) fi d Ester-Abad 6 Total i8 a IVliardiv 6 a Ujuiiuama 6 a Ester AbaiJ 7 a Khorabi-Clifii 6 a Esrbrcf Id a Siiri 8 Total 3" De Daiiigbanii a Tcbardcy (loo niaisoiis) a PaljenJi'} ( 5o ni.) a Lai ( 3o iii. ) a Okorka ( 3o m. ) a Sari (3,ooo m) Total 5' De Danijjhaiiiia A^lanii ( 3o iiiaisotis) a Soikhadiy ( lo lu. ) a Kioiisser ( loo in.) a Cha-Vilascli ( 25 ni. ) a .Sciri ( 4>ooo m.) a Balfrouich •( io,ooo m. ) Total 43 6 4 6 fi (i 28 6 5 (i 9 35 Toules CCS routes sont raonlagncuscs et Ires dilfici- Ics. Daprds ridcc que Ton m'a donnce de la ])remiore, Ic passage d'uiie seule monlagne exige deu.\ journ^cs enlieres de mavclie. Tousles villages du pays de Darnghunn sontferm^s d'une enceinte. Quelques unscnont deux, ou unfoss6, oii meme Tun et I'autre ; ce sont aulant de precautions prises conlrc Ics Turkmen. ( i55 ) De Damghann a Deymoullah , le chemin est tout en plaine et sans auciine clifficulte. La direction est a I'est- nord-est, la distance de G farsakhs ; cet intervalle n'est pas infeste par les Turkmen. Les inontagnesrestent au nord a unc lieue et demie ou deux lieues ; mais cet eloignement diminue insensiblement, et se reduit a une forte demi-lieue pres de Deymoullah. Les eaux coulent toutes de gauche a droite, et vont se perdre dans I'immense desert apr^s avoir arros^ quelques vil- lages , qui sont disperses des deux cotes de la route jusqu'a une lieue et demie ou deux lieues de Damghann, et tous a di'oite dans la seconde partie. Ces deux par- ties sont separ^es I'une de I'autre par une esp^ce de croupe peu elev^e et inculte ; c'est dans cette position, appelee Meymandous, que les Agwans furent attaques la premiere fois parNadir-Cha, lorsqu'il vint d«!!livrer la Perse du joug de ces strangers. On a dit ailleurs que la seconde bataille ful livr^e au defile de Serdan-Tihdr. La troisicme et derniere eut lieu a Moutclii-Khar, sur la route de Tehran a Ispahan. La fortune fut constam- ment favorable a Nadir-Cha. II portait alors le nom de Thamas-Rhouli Khan, sous lequel il est plus connu en Europe. Jusqu'a la position de Meymandous, on voit beau- coup de files de puits qui sont la plupart en ruines; elles servaient jadis a.conduire I'eau des monlagnes , soil aHecatompylos , soit a divers villages ruines. Les villages subsistants ont tous des jardins clos assez 6lendus. Les terres cultiv^es forment a I'entour des es- paces isoles, entre lesquels on apercoit des bruyeres. Ce pays de Damghann est un de ceux ou les effets de la depopulation frappent davantage lesyeux. Sur la croupe de Meimandous , dont on a parl6 ci- ( ''^6 ) desSLis, ii4oo lolses u droilc de la route, eslhiili le village (I'lbrahini-Abad (somalsons) ; de lu jusqu'a Dcymoul- lah, s'etend la juridiclion de Mirza-Riza, fils de Mirza- Mc4iedl-Rhan, historion de Nadir-Cha. Lc premier, aprc'S avoir gouvcrne Chiras comme visir de Baba- Klian, quiregneaujourdliui, s'esl retire dans ses terrcs. II possede ici 12 ou i3 villages, et habite celui de Ra- der-Abad (i5 maisons), ou Ton passe. Ln petit quart d'heure auparavant, on passe a Neim-Abad (i5 mai- sons) , et le village de Meymandous (4o maisons) , est un pou a droile de la route, etplus pres d'Ibrahim-Abad quede Neim-Abad, II a donn6 son nom a la position , et il est remarquable par un petit ruisseau dont I'eau est bonne. A Dcymoullab, I'eau est saumalre ; tout pres de ce dernier village, est un ruisseau decouvcrt dont I'eau est bien preferable. Dejmoullah, bali sur une butte, est ferme d'une en- ceinte assez t^levee. II y a 1 5o maisons , environ 5o che- vaux, G mules, 5o anes, 4^ boeufs, 1,000 moutons ou clievres, 6 moulins a eau, qui peuvent moudre chacun en un jour de 60 a i5o batmans taurisis de grains. On recolte assez de grains et beaucoup plus de fruits qu'il n'en faut pourles besoins des liabitanls. Les grenades- de Devraoullab sont fameuses; I'eau est saumatre. Pour aller du village au caravanserai, qui est en fortbon etat et situe au nord, on marcbe un quart d'beure a travers des jardinsclos.— Les poids et mesures sont les memes qu'a Tehran; le rial se divise , comme a Dam- gliann, soit en 26 chais, soit en 12 i- A Deymoullah, commence le gouvernement dcBaslan ; il y a deux ou Irois villages a tris peu de distance de celui-ci. De Deymoullah a Chahrout 4 farsakhs; la direction a peu pres noi'd-est; le chcmin estunielsans difficulte. On ( ^37) serre de plus en plus les montagnes de gauche, qui sont hautes, accidenlees , et presentent dans cet intcrvalla les pointes d'un vastc contre-fort dont I'origime me pa- rait devoir etre placee pres de la souixe de Tchcsebme- Ali, et qui ferme probablement au nord le vallon de cette riviere. La plus grande proxlmite des montagnes au cheminestd'un quart de lieue. Le terrain eststerile a gauche , et prend sa penle a droite , vers le fond d'une petite vallee ou Ton voit quelques villages. La largeur de cette vallee est born^e a droite par une suite de montagnes peu (^ilevees, entrecoupees, irreguliei'es, qui semblent formees de terre ; elle sont eloignees du chemin d'environ trois quarts de lieue; elles sont peul-elre le relevement du contre-fort de gauche , qui est abaisse de telle maniere entre deux, qu'a peine peut-on distinguer le point de partage des eaux au nord et au sud, si menie il existe ; la vallee a la meme direction que le chemin. Chahrout estbati aupied d'un petit rameau de rocbers que le contre-fort lance dans la plaine, dans une direction sud-est. Lne coupure dans ce rameau am^ne de Bastan un ruisseau volumi- neux qui arrose les vastes jardins disiribues autourde Chahrout. Cette ville, que le voyageui- Forsler a mala propos confondue avec Bastan ou Boslan, n'a pas plus de 5 ou 4oo maisons. Elle a du etre plus considera- ble; une partie seulement est close d'une enceinte de briques crues de vingt piedsde hauteur, pr^cedee d'un mauvais fossil. Chahrout possfede, m'a-t-on dit, une centaine de che- vaux, autant d'anes, septmoulins qui peuvent moudre chacunde looaaoo batmanstaurisis de grains en vingt- quatre heures; on laisse le vingtifeme pour la mouture. II n'y a pas beaucoup de bands, la principale culture ( .58 ) (^tant celle des jurdins et des arbres IVuiliers. On ne rc- colte pas asse/. de grains pour la consomuialion , et I'on lire le supplement d'une douzaine de villages dis- tribues dans les environs. On recueille assez de colon; il est lisse dans le pays en loilt^s communes qn'on im- prime quolqucfois; on n'exporle guerc ces loiles. — Poids ct mesures de Tehran. Lo rial se divise , soil en 20 chais, soil en 12 i. Chahrout est sous un climal tres froid; c'est la slation ordinaire des caravanes. Le paysdeBastan ouBoslans'^tenddepuis Deymoul- lah jusqu'a Abbas-Abad inclusivement. II comprend deux villes, Bostan et Chahrout, et, dit-on, une tren- talne de villages; mais je crois qu'il faut doubler ce nombre. Le gouvcrneur- general s'appellc Maharned- Zeraan-Rhan; il reside au village de Deoulet-Abad , a une demi lieue de Boslan. Bostan est situ6 au nord-nord-esl de Chaliroul, ;'i une lieue et demie de distance , au milieu d'une petite plaine dont le banc de rochers cache la vue. Le pays est riche et abondanl en grains, bestiaux, fruits et co- ton ; il abonde aussi en cUevaux. La ville de Bostan passe pour etre plus grande que Chahrout. Onexporte le colon dans le Mazanderan , de meme qu'une partie des loiles qu'on fabrique. Tous les villages de Li plaine de Bostan et de la plaine de Chahrout sont fermes, environncs de jar- dins ; les terrcs bien arrosees ct bien cultivecs ; I'eau est fort bonne. Anclennemcnl les caravanes dc Tehran a Herat quittaient souvent a Chahrout la route de M^- ched, el se dirigeaient par Tourchisch , comme le prouve I'ilindraire de Forster. Mais la rebellion de Tourchisch, dont Ic gouverneur s'est mainlenu indc- pendant depuis la fin de I'anarchie, les a forc(-W"'S de ( ^^'3 ) choisii" une autre route, et la premiere n'estplus pra- tiquee. De Chahrout aux frontiferes du gouvernement dc Cha-Zade-Mahamed-Veli Mirza, la route est presque entitlement deserte et Ics caravanes exposees aux de- predations habituelles des Turkmen, La route dc Bostan a Ester-Abad est trfes mauvaise, montagneuse et etroite ; elle offre des precipices dan- gereux. On y trouve des bois assez considerables. La distance est de 16 farsakhs, que Ton fait en deux jour n^es. La station est a un caravanserai nomm^ Robat- Sefid, a mi-chemin. Le village, de Bedescbt, ^loigne dc Cliabrout d'un farsakh, est bati h la poinle du banc de rocbers. 11 a de vastes jardins. Au-dela commence un grand dissert que Ton pent appeler le domaine des Turkmen , et telle est la terreur que ces brigands inspirent, qu'une caravane deja forte d'environ 200 hommes, sachant mon arri- vee, m'attendit plusieurs jours dans I'esperance de profiter d'une escorte de 20 fusiliers qui m'etait pro- mise. Bedescbt a .... maisons, 10 cbevaux, 100 boeufs, 9.0 anes , 4 ou 5oo moutons et cbevres , 5 moulins ; le territoire est fertile. On vend a Cliabrout le superflu des recoltes. L'eau est bonne et abondarite. De Bedescbt k Meiamenn il y a 9 farsakbs. La direc- tion est, del'O. al'E. , jusqu'a 2 farsakbs de Meiamenn, ou le chemin oblique au N-E. La route est toule de- serte et aride apres qu'on a passe un petit ruisseau qui coule de gaucbe a droite, a une lieue de Bedescbt. A 4 farsakbs de ce village est un caravanserai en mau- vais etat, dans la citerne duquel il y a quelquefois de Veau. Dans ce cas , il vaudrait mieux faire station ici ( '4o ) qu'a Bodescht. Lc caravanserai I'lil ball par GluVAbbas. La route suit a rai-penlo unc vastc croupe qui se raltache a droitc a ties coteaux contlnus clepuis Dey- mouUah. De Taulre cote, on volt Ic fond de la valine qui oblique un peu a gaucbe, a partir dc Bedesclil. Elle est teruiinee a deux ou Irois lieuos du chernin par des montagnes arides et basses qui onVenl I'aspect de co- teaux enlrecoupes. Derriiire cos montagnes commence le pays des Turkmen, qui s'etend au nord el au nord- est jusqu'a Bokliara. Les Turkmen ( peuple tartare) habllent sous des tentes. Des les temps les plus rccul^s, I'liisloire parle des depredations qu'ils commeltaient en diverses par- lies de la Perse , voisines de leur pays, surtout lorsque la faiblesse du gouvernement ou les troubles civils favorisaient leurs enlreprises. Pendant I'anarcbie qui sui\it la mort de JNadir-Cba , aucun point du Kliorasan n'etait a I'abri de leurs incursions; et eel elat de cboses a dure jusqu'a rinstallalion de Cha-Zade-Mahamed- veli-Mirza, comme gouverneur de Meched. Sousle gouvernement vigoureux de quelques souve- rains guerriers, tels que Nadir, Roustam, etc. , les tribus de Turkmen furent momentandment assujellies, c'est- a-dire reduiles a ne plus exerccr de brigandages. On cliercba vainement a les soumctlre d'une maniere defi- nitive en diminuant leurs forces , et pour cet etl'et on envoya , a diverses epoques , un grand nombre de fa- milies dans I'inlerieur du pa}s comme pour seivir d'olages. La tradition rapporte que Piouslam avail ainsi cliang^ I'liabitalion de 2,000 families : Nadii'-Cba suivant le mdme plan, en envoya beaucoup du cote d'lhunadan , mais jamais la soumission des Turkmen qui rest^renl dans le pays ne fut durable; el, dans les ( '4' ) temps inodernes , leur haine contre les Pei-sans fut envenimee par la difFerence de religion ; ces derniers s'^lant separ(!!S des musulmans sunnis en adoplant les dogmcs qui distingiient les Chyas. Je regarde coinme une opinion probable que des recherches historiques failcs sur les lieux etabliront d'une nianiere positive, i" que dans les temps reoules les Turkmen envahircnt les contrees de Bastan , de Damghan, de Semnann, et peut-etre de Khar; 2° qu'ils y batirent ou occuperent des villes ; 5° que ce pays est celui connu des anciens sous le nom de Parthie , pi oprement dite ; 4** que les Parlhes ayant conserve par leur origine , leur langue , leurs moeurs , leur nia- niere de combattre, peut-etre meme leur religion, une espece de fraternite avec les autres Turkmen, s'al- d^rent des forces de plusieurs tribus restees nomades, lorsqu'ils renverserent, sous la conduite d'Arsace , la domination des Seleucides, alors etablie en Perse; 5° que si le nom de Partbide , donne aux conlrees que nous venons de designer, n'est pas anterieur a la con- quete faite par les Turkmen , et je le crois alnsi , il devient vraisemblable que I'on pourra trouver quelque Iribu de Turkmen qui s'appelle Part encore de nos jours. On a dlt plus haut quelles etaient les armes des Turkmen; on ajoutera ici qu'ils attaquenl par une charge directe, et que leurs chevaux ne sont pas exer- ces a ces mouvements souples par lesquels un cavalier accouturae a combattre corps a corps evite le peril et porte des coups imprevus. On estime a 4o ou 5o,ooo families la totality des Turkmen qui habitant le pays indique ci-devant a gau- che de la route de Meched, Ce nombre augmente ou diminue , parce qu'ils n'ont point de domeure fixe , et XI. MARS. 3. 10 ( '4a ) jiaicc qu'ils Iransporlent quelquel'ois lours tontos jus- qu'aux bords de la mer Caspienne d'une part, el de I'aulre jusqu'au pays des Agwans, pour faire quelquo commerce avec ces derniers pcuples ou avec Ics Russes. lis vendenl les beaux tapis du Kliorasan , que les femmcs lissent babiluellement, des pelleteries et des esclaves. lis prennenl en ecliange divers ob- jets. Sur les 5o.,ooo families donl on a parle , un quart ou a peu pres est actuellemenl soumis au gouverneraent persan. lis se sent etablis d'une mani^re plus fixe, mais sans abandonner leurs tentes, dans le desert a droile de la route ct en d'autres lieux ou s'etendent la sur- veillance et la protection des Persans, Le nombre des acharets ou tribus est Ires grand ; aucune ne surpasse beaucoup les autres par sa puis- sance. Elles obeissenl loutes a descliefs dont I'autorite est peu considerable. Les Turkmen sonl sunnis; ils font les cinq prieres , les ablutions, et dcposent fide- lement la dime enlre les mains d'un imam ; celte dime est employee en aumones distribuees prihcipalement dansie pays des Agwans lorsqu'ils s'y rendent, ou au profit de quelque fondation pieuse dans ces contr6es ou regne la meme secte de I'islamisme. La misere est inconnue entre les Turkmen; leurs ricbesses se composenl, i<>de leurs troupeaux; 2° des r^coltes sur dill't^renls terrains qu'ils ensemencent; 5° du pillage des caravanes; 4" de quelque induslrie, par exeuiple le travail des tapis. Les Turkmen ont en g«^neral uni> pbysionomie bien caracl(iris6e ; de petits traits, une barbe peu fournie, de petits yeux tr^s vifs , un front large, un nez retrousse , la peau plissee sur les tempos, et presque toujoursune ( -45 ) expression de mechancel^ commc de laideur sur la figure. Leurs habils sont tres simples ; une robe de loile de coton piquee et rayee de deux couleurs, une calotte de meme etofle, voila le costume des hommes du commun , et, a peu de chose pres , celui de leurs prin- cipaux chefs. Leluxe en chevauxne rapproche pas noolns les rangs chez les Turkmen que la miserable simplicity des habits ; ils en ont generalement de tres bons et meme de beaux. Si leurs races de chevaux n'egalent pas celles des Arabes pour la perfection des formes , elles I'em- portent pour la taille, pour la resistance a la fatigue , la facilitt^ de s'acclimater dans les pays froids, et elles partagent d'ailleurs I'exemplion de vices commune aux chevaux eleves par des nomades. Les plus renommes sont ceux de la trlbu T^ke , au nord du Kourdistan. Les Turkmen, comme on I'a dit, sont dans un 6tat habituel de guerre avec les Persans. Ils attaquent fre- quemment les caravanes , en force de 5o, loo et jus- qu'a i5o hommes. Semblables a tous les peuples vo- leurs, c'est surtout le butin qu'ils recherchent; une defense audacieuse et ferme Icur en imjiose. Quand ils sont les plus forts, ils reduisent leurs prisonniers en esclavage, J'ai cherche a connaitre, independamment de touie prevention , quel etait le sort des esclaves; En general, les vils emplois, comme la culture des ter- res , le service du manage et le soin des troupeaux, sont leur partage. II parait meme que les cinq ou six premiers mois, on leur inflige de mauvais traitements pour les obliger a se procurer le prix de leur rangon. Cetle circonslance n'a pas lieu sans exception; elle est du reste assez officace, et beaucoup d'aumones sont lO. ( '44 ) appliquecs a loiirdeliviancoclanslcspajs cnsiionnanls. Quanil 11 n'v a plus lieu d'esperer une rancon, on vend quelquofois Icsindividiis aiix Agwans on aux Kalmouks ; mais d'ordlnaire on leur prcscrit un travail habilucl, et on leur laisse a disposer d'une on deux heures, plus oumolns, chaque jour, pour Iravailler a leur profit. On respectela propricte qu'ils acquiercntainsi par un sur- croit dc labeur, que ce soit des troupeaux, do I'argent ou autre chose; et les esclaves, apr6s un certain nom- bre d'annees , ach^.tcnt souvent leur liberie de cette maniere pour une somme originaircment fixee. J'aivu un individu qui avait obtcnu la sienne apres vingt-cinq ansde servitude, delapieuse liberalite d'un vieux Turk- men qui n'etait pas son maltre, et chez lequcl I'esprit de sccte n'avait pas 6teint Thumanile. II arrive aussi qu'au lieu de fixer une somme d'argent pour condition du rachat d'un esclave , on lui impose simplement le travail de tant d'annees. De quelque maniere qu'un Turkmen ait determine I'epoquo ou le prix de la liberie, jl tient religieusemont sa promesse; il y a dc frequents cxemples de I'indignation universelle excitec dans une tribu conlre un mailrc avare qui differait au-deli du terme rafTrancbissement d'un esclave. J'ai entcndu exallcr les qualllcs morales des Turkmen par un Per- san qui <5lait reste nombre d'anndes en servitude. II m'assurait que la plupart des esclaves devenaienl, apres un laps de tem|)s, beaucoup plus riches ct plus heu- reux que les paysans des villages. Lui-mt^me elait dans ce cas, et sans la dilT^rcnce de religion, me disait-il, il no serait jamais revcnu dans son pays. Les fcmmes prises par les Turkmen sont vendues Ic plus souvent. lis les donnenl quelcjuefois on mariagc aux esclaves do la memo nation, et il est bien rare ( i4o ) . qu'ils s'en servent eux memes pour leurs pUiisirs. La langue turque, telle que la parlent les Turkmen, est gdjneralement repandue dans le Bastan, ce quin'est pas etonnant. De vingt-quatre homnaes qui m'ont escorts jusqu'a Mezinann, aucun, ace que je crois, n'avait echappe a I'esclavage. La description que je viens de donner est peu con- forme auxidees repanduespar quelques voyageui's. En general, il y a de bonnes raisons de se tenir en garde centre les assertions des Persans ; leur haine centre les Turkmen est d'ailleurs suffisamment justifit^e. On donne unc recompense de 5 toumans a celui qui ap- porle la tete d'un Turkmen. ( La suite nil numero (nochuin. ) EsQUissE des i'oja^es d' exploration des ncwires I'Adven- lure et\Q Beagle, de i8,j5 a i856, commondes par les capitnines P. P. Ring, P. Stokes et R. Fitzroy, de la marine royale d' Jnglelerre (i). Les meilleures cartes des cotes de I'Am^rique meri- dionale qui avaient et6 dressees par les Espagnols et par (i) La lisie des posilious delerminees dans I'exptidilion dii Hi-at^le , de 1 83 I a i8 36, nous a paru necessaire a doniicr dans le Bulletin, coinmc unc des donnees les plus precieuses qui puissent conlribuer au perfection- nemenl de la geographie. Nous avons cru devoir la faire preceder de j'esqnisse de cette expedition, presentee par le capitaiue Fitzroy a la Societe de gcpgiapliie de Londres, pen de temps aprcs son arrivee. On y verra tout I'interet que prescnle cc travail , dont il est a esperer que les details seronl hientot publies. P. Daussv. ( i46 ) lesPorlugais 6laieial reconnues insutlisanles, atlenclula grande extension du commerce avec ces contr^es, lors- que la Fiance et rAngleterreentreprirenl I'exploration de lollies ces coles pour rulllile de la navigalion gen6- rale. Les Francais reconnurenl les cotes du Bresiletles Anglais cclles dc la Patagonie, de la Tcrre de Feu, du Chili el tiu Perou. En 1820, deux balimcnls, V Aiho.>i Dti ui:l' I'OINT DKTKIIMI.NE. i..vmtuE — ^ VARIATHIN u fu U-iiips. en degrrs. Sud. Ouesl. Est. , Cocjiiinibo ( la „ , , /.. ■„. ,. u / villi',. . . .Maison d? M. Kdward.. 29.54.10 4 54.37 73.39. 9 Tortorallllo . . Pointe de Tenirt^e du 1 lluasco . . . Sud ■29.29.15 454.57 73.44. 9 O ' Maison du capitaine du •- 1 port 28.27.15 4 54.38 73.39.24 13.37 ~ / Herradura de u ] Carrlsal . . . Ddbarcadere . . . . 28. 5 45 .4 54.25 73 36. 9 13 23 i I'.ijonal . . . Angle s.-K 27. 4a. 30 4.53.50 73.27.24 13.28 f Copi.ipo . . . Debarcadere . . . . 27.20. 0 4.53.30 73 22.24 13.32 [ H:ii;!li.sli llar- \ bour .... Grevedansl'angleS.-O 27 5.20 4 53. 6 73.16.24 13.30 \Flamenco . . Angle. S.-K. de la bale. 26.34,30 4.52.32 73. 7.54 13.46 Lavala. . . . ,' Copiapo . . . Anse prcs la p'«S.-0. . 25.39.30 4.52.31 73 7 39 Debarcadere . . . . 27.20. 0 4.53 27 73.21.39 13.36 o 1 liuioue . . . Milieu de llle. . . . 20.12.30 4.50.20 72.34.54 12.18 "'^Icailau. . . . Pavilion de I'Arsenal. 12. 4 0 5.18.16 79.33.54 10.36 =-o ]Chalam (lie). . FoinleS.-o. de la bale «:?<, Stephen 0.50. 0 6. 7.49 91.57. 9 9.30 5-1 Charles (lie). . Baiede la Posle, angle « 4) 1 S.-E . 0.15.25 6.11.28 92.51.54 = f Albermarle{ile) Anse [guana, pres I'ex- ;All)ermarle (lie) tr6mile S.-O. . . . 0.59. 0 6.15.31 93.52.39 Anse Tagus 0.15.55 6.15 9 93.47. 9 9.30 1 Olaheile . . Pointe Viinus. . . . 17.29.15 10. 7.40 i5i. 54.54 7 54 Kn partant de cette position , el continuant les observations chrononielriques du c6te de I'ouest , on a obienii la position suivante : l>st \-Z.|«aiedes lies, .illol I'aihia |35. 16.30111. 2fi 44lll7I.il. «| Kn partantde Bahia, et allanl vers I'est, les chronometres onl donnd les r6sullals suivants : Ouesl. Itahia .... Korl San-P6dro. . . 12.59.20 2.43.25 40.51 9 4.18 K Ascension. . . Barrack square. . . 7.55.33 1. 6.59 16.44.39 13.30 O. Sainte-llelene. . Uans le nieridien de lobs., pres la laisse de pleine mer. . . . 15.55.15 0.32.13 Est. 1. 421 8. 3. 9 18. 0 .Simons (baiel. . Extri'-m. r. du chanlr. 34.11.24 16. 5.21 28.30 Le Cap (la v"') Observaloire .... 1. 4 32 16. 8. 6 1" Louis (Mau- rice) .... Oh.icrvatoire .... 20. 9 25 3.40.4'i 55.11. 6 11.18 lies Keeling. . 1'" S. del'ile Direction. 12. 5.22 6.18.17 94 34.21 1.12 . / I'ldu roiCieorge Havre de la princesse ~ royale, la maison du 2 gouverneur 35. 2 11 742.24 115.36 6 5 36 - \ Hobart-town. . = 1 Sydney . . . - V I'aratnatta . . Fort Mulgrave. . . . 42.53.30 9 40.15 145. 3.51 11. 6 Fori Mac(|uarie. . . 33.51.30 9.55.46 148 56 36 10.24 Observaloire .... 9.54.54 148.43 36 N-Z- Bale des lies. . Hot Paihia 35.16.30 11.27.17 Ouesl. 171.49.21 14. 0 Olaheile . . . Pointe Venus. . . . 17.29.15 10. 7. 7 151.46 39 1 7.54 ( '55 ) /icsidtrifs de qu'elqnes observations J ailes par les offtcicrs dc la conserve du Beagie, en \%'hl^et i836. 1S34. LONGITUDE ^\ A l'OUEST de PARIS — NOM DU LIEU. POINT DETERMINE. I.VTITliDE. VARI\T10^ en Qips. te en depres. Sud. Esl. O ' /i . m. .1. o ' '' o /Ship harbour. . P"- S.-O. del'tleShip. . 31 43.10 4.14.31 63.37.39 20 3 /Port Louis . . Crique de I'^tabiissem. 51.32.15 4. 1 51 60.27.39 19 (» Baie Choiseul . C6le s. de Mare harbr. 51.54.15 4. 3.23 60.30.39 19.2 Long - Island sound. . . . Parlie 0. de I'fle. . . 52.12.15 4. 5.41 01.25. 9 . I Port Porpoise . Cap de la Crique. . . 52.20.45 4. 6.45 6141 9 19.7 o ille SpeedweU. . Havre du c6t6 Est. . 52.13. 0 4. 8. 8 62. 1.54 .£ /PorlEdgard. . Bras de 10. du c6l6 du 3 \ iiord. ...... 52. 3.15 4.10.28 62.36.54 20.0 — 1 Port Stephens . Extremity E. du port- 52.11.35 4.12. 6 63. 1.24 20.4 IS (Hope harbour. fish cove 51 20.45 4.12. 4 63 0.54 ' Port Egmont. . Ruines de I'etablissem. 51.21.30 4. 9 39 62.24.39 19.5 WhiteRock har- bour .... Extr6m.0.de la falaise. 51.26. 0 4. 6.30 61.37.24 \ Port St-Salvad La premiere crique du \ C(jl6 0 51.27. 0 4 2 43 60.40.39 4836. />. m. s O ' " /Valparaiso. . . Fort Saint-Antonio. . . 4.56. 7 74. 1.39 f Paposa. . . Whitehead P'de la Consti- o ' " ,, tution. . . PoinleShinglesur I'tle. 23.29.10 4.52. 3 73. 0.39 12.8 Cobija. . . . Mdt de javillon. . . . 22.34. 0 Iqiiique. . . . Centre de Tile . . . 20.12.30 4.50.18 72.34.24 12.0 .Arica . . . . Le mole. . . . • . 18.28. 5 4.50.56 72.43.54 11.0 Islay . . . . La Douane 17. 0. 0 4 58. 2 74.30.24 11 0 .Atico . . . . Anse de I'Est. . . . 16.13.30 5. 4.22 76. 5.24 11.2 Lomas. . . . Mat de pavilion sur la pointe 15.33.15 5. 9. 0 77.14.54 10.3 San-Juan. . , Needle hummock. . . 15.21. 0 5.10.14 77.33.24 10.3 Baie de Ynde- pendencia P"! S. de rile S^-Rosa. 14 18 15 5.14.15 78.33 39 3 /Pisco . . . . Pointe 0. de la baie O < Paracas 13.48 0 5.14.50 78.42.24 10.0 0. \callao. . . . MAt de pavilion de I'ar- senal 12. 4. 0 5.18.15 79.33.39 10.0 Sup6 . . . . Extr^m. 0 du village. 10 49.15 5.20.29 80. 7. 9 9.8 (iuarmey. . . ICxtrem. O. de la l)lage de sable 10. 6.15 5.22.13 80.33. 9 9.5 Samanco . , . Pointe de la Croix. . . 9.15 30 5 23.32 80.51.54 9.5 Malabrigo . Bay rocks 7.42.40 5.27.14 81 48.24 lie de Lobos de Afuera. . . . Arise du p^cheur sur le C(il6 de I'Est. . - . 6.56.45 5.32.17 83. 4. 9 95 Payta . . . . Extr6mil6 nouvelle de la ville 5. 5.30 5.33.54 83.28.24 9.0 lie de Puna . . Maison du consul sur \ la pointe espagnole. . 2.47 30 5.29.12 82.17.54 \Guyaquil. . . Extrt^m. S. de la ville. 2.13. 0 J 5 28.55 82.13.39 ( io4 ^ Les ohronometrcs du Beagle ontdonno la dilTiToncc des meridiens entre Falmouth et Greenwich, ainsi qu'il suit : Portsmouth , ohservaloire , ct Greenwich o*" 4™ 24', 5 nevonport (maison Ju j;oiivein .)'et Portsmouth. . . 0.12. i5,3 Falmouth ( Pendeniiis castle) el Devoiiport n. 3. 3i,t Falmouth, a i'oui.'si de Greenwich o. 20. •0.9 \ oici quelques details necessaii-es pour fairc juger du degrede confiancequ'oii doit accorder aux observa- tions dontnous venons de donner les resultats. Les chronoraetres , au nombre de vingt-deux , furont embarques a bord du Beagle un mois avant son dd'- part de Plymouth. Leurs boites etaient plac6es dans de la sciure de bois; elles etaient divisees et retenues par des separations sur deux larges tablettes. lis etaient places tous dans une petite chambre , ou personne n'entrait exceple pour les comparer et les monter; aussi il n'y avail rien autre chose que les chronome- tres. La plupart d'entre eux n'ont pas (^te bouges de leur place depuis qu'on les y avait apportes. Les chronom6tres etaient montes tous les jours , a 9'' du matin , et compares h midi. Ces deux operations ont ete constamment executees avec le plus grand soin par la meme personne, M. G.-J. Stebbing, de Ports- mouth. Le temps a toujours ete determine par plusieurs se- ries dc hauteurs correspondantes du soleil , obscrvdes par la m6me personne , avec le mCime sextant et le mfime horizon artificicl , et le toit dc glace etant place de la mfime raani^re , le matin et le soir. On s'est toujours servi pour obtenir le temps d'un Ires bon chronometrc de pochc , porte a la main dans ( '55 ) une petite boite ; il elait compare chaque fois avec les chronometres elalons (i). Cc garde-temps (le n" io4i de Parkinson et Frodsham) etait si bien conslruit, que les intervalles des observations du matin et du soir ont toujours ete trouves les memes qu'avec les chronome- tres, en a) ant egard aux marches respectives. Generalement parlant, on a pris pour chaque serie sept hauteurs de cliacun des deux bords. On prenait ordinairement trois series a peu d'intervalles les unes des autres , et Ton adoplait le resultat moyen , a moins qu'on ne reconnut une difference sensible dans les diverses series; alors on calculait separement chaque couple de hauteurs, et les observations d^fectueuses etaient rejetees. On considerait comme telles celles qui donnaient un resultat different du plus grand nom- bre ; mais on a generalement trouve un accoid satis- faisant entre les resultats de chaque couple d'observa- tions, comme entre ceux des diverses series. Lorsqu'il survenait des nuages , les series etaient n^cessairement irregulieres, mais il restait presque toujours un nombre suffisant de couples pour obtenir le temps. Dans un tres petit nombre de circonstances, les chro- nometres ont ete regies d'apres les resultats de hauteurs absolues ou independantes, prises avec les memes precautions et a des heui-es semblables. Dans ce cas, les marches ont toujours ete obtenues en comparant les observations du matin avec celles du matin de dif- f^rents jours , el les observations du soir avec celles du soir. Jamais on n'a combing les observations du matin (i) On a doniiu le nom de chroiiomcirc ctalon a ceiix auxqimls tousles a'.ilrcs elaicnl conijiares. ( ,56 ) avec cellos dii soir, ni reciproqiiement; rnals pour la determinalion exacte du temps, on a toujours employ^ des hauteurs ^gales. Au cap de Bonne-Esp6rance et a Paramatta, nous avons reconnu que le temps ainsi determine ne dilferait pas de celui donn6 pas I'aslro- nome. Le sextant dont on faisait usage pour obtenir le temps t'tait un excellent instrument, failpar Worthing- ton ct Allan. Son erreur de collimatlon n'a jamais varie, et Ton a jamais eu besoin de le rectifier. 11 ne servait que pour ces observations. Dans les intervalles des hauteurs correspondantes , on le gardait avec les plus grandes precautions, on n'y louchait sous aucun pretexte, et Ton avail soin qu'il nc fut pas expos^ a un changement de temperature. Pendant les trois premieres annexes du voyage, toules les observations pour determiner le temps ont etc faites par moi; pendant les deux dernieres ann6es,M . J.-L. Stokes, assistant, les a faites presque toutes. Dans celte derni^re periode, mes propres observations ont dte peu nombreuscs , ct faites seulement pour servir de comparaison. Ayanl vu que M. Stokes obscrvait mieux que moi,jelui abandonnaivolontiers mes observations, principalement celles du premier et du dernier jour de chaque relache , car c'est surtout a ces 6poques qu'il est necessaire d'avoir de bonnes series, et c'etait juslement alors que j'^tais le plus occupt^ d'une foulc de details insignlfiants sans doute, si ce n'est en raison de leurs consequences ; mais qui etaicnt inevitables ; aussi je crois devoir protester ici contn; la reunion dans une seule personne des fonctions d'astronome , de physicien et de commandant d'un balimcnt de guerre. ( i57 ) Les latitudes ont 6t6 obtenues par diverses m^thodes et par pkisieurs officiers. L'accord que pr^sentent les resultats lorsque plusieurs observations ont etc faites dans le memo lieu, nousporte a nous fier entierement a celles qui ont 6te obtenues avec les deux meilleurs instruments. Pendant les trois premiferes ann^es les calculs ont et6 fails par moi et par un ou deux officiers, pour servir de verification; depuis , ils ont ele fails par M. Stokes el par le lieutenant B. Sullivan. Ces deux officiers calculent mioux que moi. Dans la lisle des differences de m^ridien que nous avons donnee , j'ai trouv^ quelques coincidences re- marquables avec les determinations d'autres personnes. L'accord qu'ont pi'^sente plusieurs fois les differences obtenues a diverses reprises par le Beagle entre deux positions , est aussi tres satisfaisant. Cependant il reste encore sur la lotalile des observations une incertitude qu'il m'a ete impossible de lever jusqu'a present, et que je ne puis expliquer d'aucune maniere. La somme lotale des differences desm^ridiens a I'ouest et a Test, au lieu de faire exactement 24'', fait 24'' o"' 33». Les positions du cap de Bonne-Esperance et du cap Horn paraissent elre sures a moins de 5' de temps; celles de Valparaiso et de Callao s'accordent avec les resultats des meilleures observations calculees parM. Oltmann ; celle d'Otalieite ou Taiti est d'accord avec ce qui a ete obtenu par Cook et Wales. La longitude que nous avons trouv^e pour la NouvelleZelande s'accorde par- faitement avec celle du capitaine Duperrey. De Sydney au port du roi George , les observations du Beagle confirment celles de Flinders. Entre Mau- rice et le cap de Bonne-Esperance , la difference des IX. MARS. 4- 11 ( "58 ) longitudes aslronomiques , aussi bien que les mesurcs chronomt^triqucs du capilaine Owen sonl parfailement d'accord avec nos observations. Comment done et ou cetlc erreur de 33' a-t-elie 616 commise? Les calculs ont lous 616 examin6s et verifies plusieurs fois; la marche des chronom6lies et leur comparaison joiir- naliere auraient da faire connaltre une erreur ou un changement subit. Remarques sur les chrnnovietres. Ayant suivi pendant liuit ans les marches d'un grand nombre de chrononietres, je suis arriv6 a etre con- vaincu que les mouveraents ordinairCs d'un batiment, un roulis et un tangage mo(l6res , n'olTectent pas sen- slblement les bons chronometres qui sont places d'une mani^refixe et mis a I'abri des mouvemenls de vibra- tion et des secousses. L'emploi frequent que j'ai fait de chronometres dans des chaloupes ou de petits bafiments, a fortifio encore mon opinion que , generalement parlant la tempera- ture est la principalc etpcut-6tre memel'unique cause des cbansjomonts de marche. 11 exisle bien peu de chronorailres dontle balancier soil assez bien compense pour rcster constant pendant une longue suite de temperatures hautes et basses. II arrive souvent que I'air dans un port ou prfes de la terre a une temp6rature diff^rente de celle qu'on eprouve en pleine mer, m6me J* peu de distance. De \h. vient la difference que Ton a quelquefois trouv6e cntre la marche d'un chronometre datis un port et en mer. Les changemcnts quo Ton d souvent remarques dans la marche des chvonom^tres poites de terre a bord , et r6ciproquement, sont ccrlainement causes en partie ( '59 ) par la variation de tomperature el en parlie par le changement de position. Je n'ai jamais trouve que las chronom^tres allassent mieux que quand les boites sont placo ) pres i\ la mtmie valeur , en altoignanl line temperature 6gale. Celle circonstance arrive toiijours dans un degre plus on moins forta lousleschronomelrcs qui passent I'equateur, parliculitirement en allanl a Rio-Janeiro, lorsque le soleil est au nord de la ligne. Quelques personnes pensent que le magn^tisme peut avoir une influence sur la marche des chrono- inttres; il est difficile de la reconnailre. R. FiTZROY. Lettbe c/e M. Ramon de la Sagra , cunespondant de riitstitut de France , a M. le president de la Societe. M0^SIETJR , Jecroisbien dignesdes encouragements de la Soci^le de geographic, le zele et le devouement des personnes isolees , el qui , au milieu de mille contrari6l6s et des obstacles de tous genres, cultivent les sciences avec ardeur , et font des travaux utiles et consciencieux. Dans cette categoric rare el estimable doit elre plac6 don Domingo Fontan , direcleur de I'Observaloire de Aladrid , et savant Ires dislingu6 dans les sciences ma- lh(imatiques et physiques : je ne veux pas parler de ses divers travaux, et je me restrelndrai seulemenl A la grande carte g^omdtrique de I'ancien royaume de Galice. M. Foiilan a eu la Constance de se d(^vouer pendant dix- sept ans a I'examen et a larigoureuse trian- gulation d'un pays qui comprend i,o5Glieues carrees de 20 au degr6), fixanl les positions de tous les points ( '6. ) de la carle, villes, villages el hameaux; cleteiniiuanl ia hauteur absolue au-dessus du niveau de )a iner des pics el chaines de monlagnes, et reclifia nl lous les poinls de la cole de celte paitie de la Peninsulelberique. Un r^seau non interrompu de triangles s'elend sur lout le royaume de Galice ainsi que sur les parties voi- sines des Asturies,.deL6on, de Zamora et du Portugal, qui exc^denld'un dixieme la surface de la Galice. Deux -bases paifaitement d'accord ont ^16 mesurees a una grande distance, I'une vers le milieu de la partie orien- tale, el I'aulre dans une position semblable dans la partie occidenlale du pays. Les irr^gulariles du leriain n'onl pas permis de donner a ces bases une longueur considerable : celle du cote de I'orient est de 4 99-5 metres, el celle du c6t6 de I'occidenl de 2.293 seu ^emont. Ces bases bien mesurees onl eii liees a des triangles de premier ordre de la inaniere la plus avan- tageuse. Les cotes de ceux-ci sont d'une longueur con- siderable , et s'approcbent beaucoup des triangles ' isocoles. Si on voulait repeter la Iriangulalion du premier oi'dre, il suffirail de douze triangles; lant est vaste I'horizon du meridien cenlral el des monlagnes par ou il passe , car il est possible de voir les pics voi- sins de la cote el les poinls culminants des Asluries, de L6on el de Zamora. Mais la Iriangulalion generale n'est pas aussi sim- ple, puisqu'il y en a un nombre quadruple de trian- gles : la longurur moyenne des cotes est de 5 lieues, quoiqu'il y en ait de i.5 et plus. Les triangles du der- nier ordre n'onl qu'uneou deux lieues de cole. Les stations qu'on a faites dans un pays si monta- gneux sont au nombre de plus de 2,000. Elles ont ioutcs et6 placees sur la carte a I'lichelle du cent-mil- ( >6-i ) Ii6me. La surface de la carte de Galice est de 8 pieds carr^s (espagnols). La projection est coniquemodifi^e , e'est-a dire la projection adoptee en France, Ic centre dii developpcment est le point mojen du meridieri central. M. Fontan a determine les positions astronomiques et g^ographiques de Santiago, de Lugo , de Moya, de Monteforle , etc. ; par celle de Santiago on a calcule les autres ct loutos les stations du premier et du deuxit'ine ordre. Les dilTerences de latitude entre les positions deduites et observees n'ontpas d^passe 2 secondes. Le 1 '■'■ decembre i834,ce beau travail a 6t6pr(!!sent6 aS. M. la Reine; naais lesmalheurs de la guerre civile on t retards sa publication. Dans ce moment, la de- putation aux cortfes pour les provinces de Galice s'oc- cupe de trouver les moyens de laire graver a Paris la grande carte g6om6lrique de M. Fonloii, lis prolils ba- romt'lriques et les details de la triangnlation. Connaissant I'interet que la Soci^te de geographic attache aces grandes ontreprises geodesiques, qui])eu- vent servir de modele, j'ai pris la liberty de lui adresser ces notes. Madrid, 1 5 Janvier i838. Source d'eaux minerales nommee par^l. Spalding Source naturelle de Soda. M. Spalding, missionnaire de la Sociel6 am^ri- caine des missions eirangeres pres des Indiens qui habitcnt a Touest des montagnes rocheuscs, dans unc lettredaiee du port vancouou (1), dont un cxlrait a tiie (i) Sur le lleuve Colombia 45° 37' iiorJ. { i05 ) public!! dans le dernier nuniei'o de I' Herald cles /nission- noi res, annonco avoir decouvert une source naturelle de Soda, a trois journc^es de distance du Port-Hall. Cette source a plusieurs ouvertures, dont une a environ i5 pieds de diam^tre. M. Spalding ne put en trouver ]e fond. Quandony jette une pierre I'eau devient agitee au bout de quelques minutes. Les Indiens fr^quentent cette source, et se trouvent bien de I'usage de ses eaux. Dans un autre endroit, M. Spalding d^critla mani^re dont il a echapp6 au danger d'etre englouti dans des sa- bles moui>ants. « Peu de jours avanl notre arriviie au ren- dez-vous, dit-il, plusieurs de mes compagnons, moi et mes betes de transport, nous iailiimes elre enseve- lis sous terre, Je chargeai mon {vagon sur ce que je supposais etre une plaine de sable blanc , quand tout-a-coup je vis la surface agitee a une grande distance par un terrible tremblement. Je criai aussltot a madame Spalding , qui etait a clieval en avant , de s'arreter. Au meme instant mes deux chevaux dispa- rurent presque entierement dans le sable. Le wagon heureusement ne s'enfonga point. Je me retournai pour appeler du secours, et je vis un des cbevaux de transport de M. Whitiman s'enloncer avec plusieurs autres. Pendant ce temps, M. Fitzpatrik ramenait le cheval de ma ftmme , et nous eumes le bonheur de nous tirer sans accident de ce mauvais pas. C'etait une mare dont la surface se trouvait durcie par Taction du soleil. Dans plusieurs endroits, il etait Evident que des. hufjles ou bisons avaient plonge et disparu.» ( •64 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe* PROCfeS-VKIlBAUX DES Sl^ANCES. Seance da 2 in a is 1808. Le proc6s-verbal de la dcrnidre stance est lu el adopts. M. le president de la Sociele induslrielle d'Angers informe la Commission cenlrale de la nomination d'un comile de sept membres , qui est charge de pre- parer les bases d'un travail geographique et statisti- que sur le d^partement de Maine-el-Loire. M. de Macedo, correspondant stranger de la Sociele a Lisbonne, remercie la Comniissioii centralc dcl'en- voi du dernier volume du Bulletin, et il lui adresse la 2* partie du M^moire slatislique , public par M. Bo- lelbo sur les possessions portugaises de I'Ali'ique orientale. M. Piamon de la Sagra appelle I'altention de la Soci^td sur les travau? g^od^siques de M. Domingo Fonlan, dii'ecteur de rObservaloire de Madrid, et parliculierement sur la grande carte g(^om(^trique de I'ancien royaume de Galice dont il s'occupc depuis un grand nombre d'annecs. Cette Icltre est renvoyde au comit6 du Bulletin. M. Hersant, consul de France a Pliiladelpbie , 6crit h M. Barbid du Bocage, que M. Edraond Roberto, cn- voy6 par le gouvernement des Etats-Lnis pour clablir des rapports coramerciaux entrc la confcd(iration ( '65 ) am^rlcalne et le^ diff^ents princes qui regent clans rinde , viont de publier une relation de son ambassade en Cochinchine, a Siara et Maskat, et il le prie d'offrir a la Soci^te, en son nom, un exemplaire de cet ou- vrage. M. Barbie duBocage se charge de transmettre a M. Hersant les remerciements de la Commission cen- trale. M. Francis Lavallee annonce I'envoi des plans du cours de I'Hudson et de la ville de Puerto-Principe , ainsi que d'une collection de coquillages et de min6- raux pour le Must^e de la Soci^t^. Ces objels ne sont pas encore parvenus ^ la Commission centrale. M. Jomard communique un extrait de la correspon- dance de MM. de Falbe et Greenville Temple , relative a I'exploration des ruines de Carthage. M. Warden communique diverses Notes exlraites des Journaux americains sur des antiquites peru- viennos, sur la d6couvcrte d'une source d'eaux min6- rales a I'ouest des montagnes rocheuses et pjr^s de la riviere Colombia, et sur les progrt^s de la colonic africaine de Liberia. Ces Notes sont renvoy^es au co- mil^ du Bulletin. M. le secretaire lit une Notice sur un voyage a Ban- ger-Massen ( lie de Borneo ) , redig6 par M. Gabriel Lafond, d'aprfes les notes de M. le capitaine Desp6- roux. L'Assembl^e g^neraleest fixee au vendredi 5o mars. MM. d'Orbigny et dePontecoulantseproposentdefaire des lectures a cette seance, le premier sur son voyage dans la r^publique de Bolivia, etle second sur les observations scientifiques qu'il a faites pendant la der- ni^re expedition de Conslantine. ( iGC ) Seance tin 16 mars i838. Le procos-verbal tie la derniure stance est lu et adopted. M. Nisard , chef de la division des sciences et des lellres au rainist^re de Tinslruction publique, 6crit k la Commission cenlrale; pour lui annoncer que le rai- nislre a bien voulu souscrire a cinquanle exemplaires de \ Oro^^raphie de I' Europe, publiee par la Soci6l6. M. de PonUcoulanl exprimc le regret de ne pouvoir s'occuper de la notice qu'il s'elait offert a lire dans la prochaine Assembl^e gen^rale , et il fait homtnage a la Societe de deux opuscules qu'il vient de publier.- M. Schacsh, niembre de I'Lniversit^ , annonce son prochain depart pour un prochain voyage aux Indes orientales, pendant lequel il doit se livrer a I'etude des langues de I'Asie et a des reclierches scientifiques. M. Schacsh offre ses services a la Societe , et la prie de vouloir bien lui remetlre ses inslruclions. L'objet de cette lettre est renvoye a la section de correspon- dance. M. d'Orbigny presente la carte d'une partie de la r«^publique Argentine qu'il vient de publier, el il donne quclques details sur les documents qui ont sei'vi a la redaction de ce travail. M. Roux de Rochelle , au nom de la Commission sp^cialc du concours pour le prix annuel , presente le resum6 du rapport qui sera lu a I'Assemblee gen6- rale du 3o mars. M. Jaubert annonce qu'il continue de s'occuper de la traduction de I'Ldrisi. II communique ensuitc I'extrait d'une lettre de M. deMacedo sur I'int^rSt que pr^sentcrait la publication des soixante cartes inedites ( i67 ) qui aceompagnent le manuscritarabe, et il offre le con- cours de ce savant pour rexeculion de ce grand travail. M. Joinard fait observer que la section de publica- tion a laquelle cette question a et^ soumise a decide , qu'on publlerait seulement, comme specimen, les trois feuilles jointesau i" volume de I'fidrisi, el qu'un mrtnbre s'^tait charg6 de preparer pour le 2" volume une reduction de toutes les autres feuilles. MEMBRES ADMIS DANS LA SOClETi. Seance du a mars i838. M. Domingo Fontan , directeur de I'Observatoire de Madrid. Seance du 16 mats i838. M. Fr. DE MoNTHOLt)N. M. DE Salvandy, minlstre de Tlnstruction publique, Gra:nd-Maitre de I'Universite. OUVRAGES OFFERTS A LA SOClixi. Par M. le baron Walckenaer : Vies de plusieurs per- sonnages cel^bres des temps anciens et modernes. Laon, i83o; 2 vol. in-8°. — Par M. de Macedo:U^- moire statistique sur les possessions portugaises de I'Afrique orientale, par M. S X. Botelho. — Par M. Hersant : The Ambassy to the Eastern courts of Co- chinchina^ Siam and Mascat , in the U. S. sloop of war PeacocA. By E. Roberts — ParM. Cli. Lenormand : Co\iv& d'bistoire ancienne , i" volume. — ParM. Albert Mo n- temont : Lettres sur I'astronomie, 3"= edition revue, cor- rig^e et augmentee. a' vol. in- 8". — Par M, Huerne de Pommeuse : Questions et r^ponses relatives auxmoycns d'^tablir en France des colonies agricoles de divers genres, in-8". ( '^8 ) BllM,IOCn.\PFIIE. Cartes publiees en i SSy , par le bureau hydrographiquc tie Londres. Carte de la mer Arnfwa , avec le trac6 des routes par- courues en iSaS, 1826 et 1828, par les navires le Dourga , le Triton et This , d'apr^s les observations des lieutenants Rolff et Modcra. do la marine hollandaise. Instructions pour la nai'igntion de la mer Arafura ^ r^dig^es d'apres les r^cits des lieutenants KolfT et Mo- dera, de la marine hollandaise; par George Windsor Earl. Le lieutenant KolfT fut occup6 pendant les ann<^es 1825 et 1826 a I'examon des dif^'rents groupes d'lles qul^e trouvent a Test de Timor. En 182 , la corvette le Triton, command^e par le capitaine Steenboom , suivit la cote occidcntale de la Nouvelle-Guinde pour (^tablir une colonic dans la baie du Triton au fort Dubus. Le r^cit de ces deux expeditions a k\.k public en hollandais; la premii>re, par son commandant, M. KolfT, et la seconde , par M. Modera , lieutenant a bord du Triton. On y Irouve des documents g^ogra- pbiques nouveaux, mais surtout des renscignemonts tr6s intiressants pour ccux qui voudraicni faire le com- merce avcc ces iles peu frequenl^es jusqu'ici. M. Earl a exlrait de ces voyages tout ce qui est sp6- cialement naulique. L'expi^-ricnce qu'il avait acquise dans les expeditions qu'il a faites dans les lies de la Malaisie et les relations qu'il a cues aveclesBughis qui sont les principauxnavigateurs derarchipel Indien , le rendaienl plus propre qu'aucun autre a ce travail. ( >69 ) Les officiers hoUandais paraissent avoir mis beau- coup de soin pour df^termlner les latitudes et les lon- gitudes des points qu'ils ont visites, et nous leurdevons des rectifications imporlanles dans la position do ces iles. La carle qu'il a dressde et qui s'etend depuis Ti- mor jusqu'a la Notivelle-Guin^e et depuis Celebes jus- qu'a la cole nord de I'Australie, ne peut nianquer d'etre utile aux navigateurs. Comme la plus grande partie des naturels qui habi- tent ces iles paraissent, d'apr^s leur langage et leurs usages, appaitenir a la grande famille des Arafuras, M. Earl a jug6 convenable , pour distinguer cette partie du vaste archipel Indien, de lui donner le nom de mer Arafura. Carte de la rh'ieve du Quorra , depuis la ville de Rabba jusqu'a la mer, avec une petite partie de la ri- viere Tcbadda, par le lieutenant William Allen. Cette fcarte, qui comprend le cours du Quorra dans une etendue de 36o milles, est sur une echelle de 6 mil- limetres 3 dixi^mes pour un mille; pour faire tenir sur une seule feuille lout le d^veloppemenl quelle con- tient, on I'a divis^e en plusieurs sections. Un tableau d'assemblage fait voir I'ajustemcnt de toutes ces par- ties; plusieurs vues font connaitre aussi I'aspect du pays. Carte du golfs Saint-Laurent , lev6e par le capitaine H. W. Bayfield, en iSSa et i834; Feuille 3, depuis I'ile Lake jusqu'h lapointe Pasbasbeebo; Feuille 4 . depuis la pointe Pasbasbeebo jusqu'a labaie Magpie ; Feuille 5, depuis la baie Magpie jusqu'a la pointe de Monts. ( lyo ; Ces trois feuilles, a une echellc d'environ 6 millime- tres i/4 pour un millc marin, donnenl la cote nord dii golfe Saint Laurent, depuis le cap ^VlIiltle jusqu'a remboucluire du fleuve, ainsi que la cote nord de Tile d'Anlicosti. Cap du flcin'c Saint-Laurent \c\(:g par le capilaine Bayfield, de 1827 a i854: r" parlie, comprenant depuis le cap Cbal jusqu'a I'ile Bic ; ' ■ . 2* partie, depuis I'ile Bic jusqu'a Quebec. Cette carte est a la mfime ^chelle que la pr^cedente et en forme la suite. Plan (la fleui'e SaintLaurent au-dessous de Quebec, par le capitaine Bayfield : ir'Teuille, depuis la pointe de Monls jusqu'a la ri- viere de Bersimis ; 2« — depuis la riviere Bersmais jusqu'a la riviere Saguenay , y corapris les Iks Bic et Green (verles) ; 5' — dcpuis.les iles Green jusqu'aux Pilgrims; l^ — depuis les Pilgrims jusqu'a la pointe Quelle; S"" — depuis la pointe Quelle jusqu'aux iles Seal, y compris I'ile aux Coudres; 6« — depuis les iles Seal jusqu'a I'ile d'Qrleans; -j' — Quebec et ile d'Qrleans. Ces 7 feuilles sent sur une i'cbelle de 10 millimetres environ pour un mille. Plan a grand point des passes entre Pile d' Orleans et I'tle de Crane, parle capitaine Bayfield, tchelle 5o mill. pour 1 niille. Ces cartes du fleuve Saint-Laurent, r^sullals des Iravaux du capilaine Bayfield, sont accompagneesd'un ( >7» ) Tolume intitule : Instnictions pour naviguer dans le golfe et lejleuve Saint-Laurent , par Henri Wolsey Bayfield, capitaine de la marine royale; resultant de la recon- naissance hydrographique faite par ordre de \ Amiraute. On ne croit pas pouvoirmieux faire , pour faire con- naltre ce travail, que de copier Tintroduclion de ces instructions. 0 On trouvedans cetouvrage des instructions claires et completes pour entrer entre le golfeSaint-Laurent, pour passer entre les lies de la Madelaine, pour entrer dans le fleuve , soit par le nord d'Anlicosti, soil par le sud , et pour naviguer dans I'Estuaire du Saint- Laurent, dans toutes les circonstances, jusqu'aux fles Bic et Green. Au-dela de ces iles un navire etrangerne doit jamais s'avancer sans un pilote. » Ml^MOlRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. ASSEMBLfiE G^NERALE du 3o mars i838. Rapport siir le Concours auprix annuel ^ hi au nom iViine Commission, composee de MM. Walckenaer, Jom4rd, EvRliiS, DE LARENAUDliiRE, et RoUX DE RoCUELLE , rapporteur. Messieurs, Les concours que vous ouvrez annuellemenl aux voyageurs , pour decerner un prlx a celui d'enlre eux qui a fait les d^couvertes ou les oljservations geogra- phiques les plus imporlantes , continuent d'etre pour eux un noble sujet d'emulalion. Vous avez, chaque ann6e , a remarquer des explorations nouvelles; et si IX. AVRIL. 1. 12 { 174 ) I'amuiir tie la science ou le desir dc servir les int^rCts de son pays seniles genereux mobiles de ces enlre- prises, nous remarquons aussi. Messieurs, que les voyageurs, apr^s avoir accompli leur mission , atla- chcnl du prix aux suffrages de voire Socii^le de geogra- phic, qu'ils aimcnl a lui faire hommage de leurs publicalions, ct qu'ils regardent les dislinclions liono- rablos qu'olle leur accorde corame une especc de gage de la faveur publique, et de la celebritd; promise a leurs Iravaux. ^ ous n'avezpas. Messieurs, a vous occuper exclusi- vement des voyages enlrepris par nos nalionaux : le champ de vosconcours a plusd'etendue. Voire Soci6l6, agrandissanl son domainc comme la r^publique des lellres dontelle fail partie, embrasse tousles pays ou la science csl cullivee : elle regarde comme membres d'unc meme palrie lous les hommes qui avanccnt les progres de rinlolllgcnce humaine; elle recherche, elle 6tudie leurs ouvrages, va au-devanl de Icur meritc, et desire signaler lous les grands Iravaux g^ographiques qui ont pu arrivcr a sa connajssance. Celle latitude rend vosconcoursplushonorablcset plus solennels : elle tend a conserver a la science ce caractere cosmopolite qui doit en repandre au loin les bienfails; elle ouvre a remulalion des voyageurs une plus vaste carriere; elle leur impose de nouvcaux efforts; et lorsqu'on a un jugemenl a porter entre eux, il devient necossaire d 'analyser et dc comparer sous tous les rapports leurs observations les plus neuves, les plus jmportanlos, les plus f^condes en riisultats. Telle etait , Messieurs, rpbligalion imposee a la Com- mission spciciale , charg(5e d'cxaminer les d^couverles el les rcchcrchcs geographiques qui ont cu lieu dans le ( '75 ) coLirs do I'nnnee iSS-^i. Cello commission, composee deMM.Walckenaer, Joniard, Eyries, de Larenaudiere et de moi, va vous exposer les motifs qui I'onl porlee a juger dignes de voire grand prix les voyages de M. Dubois de Montpereux dans les regions du Cau- case ; ce savanl est ni en Suisse, pr^s de Neufcluitel. L'examen de ses differenls travaux sur le pays qu'il a visits serale principal objetde noire rapport. L'etude de la geographie a pris une extension nou- velle, depuis que Ton s'allache, en decrivant la lerre, a fairc remarquer les inegalites de sa surface, a en me- surer avec exactitude les asperil^s et les depressions. Ces observations sur le relief du globe ont conduit a d'aulres recherclios sur les moyens de I'expliquer; et le voyageur inslruit ne so borne point a la sterile ana- lyse des objels quipasscnl sousscsyeux. S'il visiUune region qui porterempreinte dequelquesgrandes revo- lutions pbysiques , il y observe tous les accidents du sol; il saisit I'occasion de verifier les differentes couches dont I'ecorce de la lerre est form^e; il voit la maniere dont elles se succedent, leur position liorizontale ou leurs degres d'inclinaison , leurs brisures, les sub- stances qui se sont fait jour dans leurs intervallos, qui les surmontent, qui les ont souvent recouvertes, et qui couronnent de leurs pics ou de leurs creneaux les grandes sommiles de la terre. Mais ilne se borne point a ces observations physiques etgeologiques :lesrecher ciies de la geographie s'etendentbien au-dela; et l'etude du globe terreslrc nous intdirosse encore plus directe- ment, quand nousle voyons s'embellir, se fertiliser par le travail deshommes, recevoirleursraonuments , nous offrir r^tat de leur civilisation, de leurs uioeurs, transmeftre aux generations I'heritage de leurs langues , 12. ( '76 ) cIg lours opinions, dcloursprogri'S : vastessnjetsrl'iilude, qui ont eu pour base primilivc la doscriplion do la lerre , cl qui ont donne a la science de la g^ograpliie les plus lieureux developpemenls. ^lOus aurons lieu d'appliquer les rcmarqucs precd- denles aux divers travauxde M. Dubois dc Montp^reux, ct nous aliens nous allacher a suivre les pas de ce voya- geur dans les conlr^es qu'il a parcourues. Le d('sir de presenter dans un ordre ini^lhodique toule la serie de scs observations, nous determine a les partagcr en differcntes classes, a considerer d'abord I'aspect du pays, a nousrendrecoraptede sa geographic physique, dcs nouveaux points de vuc sous Icsquels M. Dubois I'a examine , et du suppli^rnont do connaissances que ses traviuix peuvcnt nous offrir. S'il a suivi des routes nouvclles, s'il a vu des monuments, des ruincs ensevelics depuis long-temps dans I'oubli, s'il a point des sites rcmarquables qui n'avaient pas 616 decrits avant lui, cclte parlie neuve de ses reconnaissances et de ses observations pout etre assimilec a dos docou- vortos. M. Dubois s'embarquc on Crimee, pour visiter dans loutos lours parties les regions situecs au midl d» Caucase. Et d'abord il observe cotte longue cljalne de hauteurs qui sc developpe depuis Anapa jusqu'a la Colchide, lantot parallelement au littoral, tantotren- fermant entre elle et h\ m(>r quelques bassins plus etendus; il se rend compte de la nature du terrain, il dessine la forme des valloes, cclle dessommites ct des embranchements dcs montagnes ; souvent il en calcule, il en com|)are los elevations, ct il donne sur le rclitl decctleconlree toutcs les observations qu'il a pu faire, ious les renseigncments qu'il a pu recueillir. ( '77 ) Arrive dans la Colchkle, BI. Dubois examine Ics all(^rissemcnls , Ics depols, gratlueUemenl exbausses par le limon du Phase ; il en remonte les rivages , il en observe lous les aflluenls; el lorsqu'il parvienl a I'em- boucburo des deux grandcs rivieres qui Font forme, il parcourt successivoment celle du nord qui a berite du nom du fleuve, et celle de Test qui elait le vrai Phase t ce fameux monaslc're d'Elchmiadzin, qui devint pour les traditions religieuses et savanles un lieu d'asile, liabi- ( '88 ) iucillcmenl rcspccl*^ an iniliou des rdvolulions politi- quos tie rAnuenie. Ces grands edifices, clevis par la religion, renfermaient aiissi des lombeaux, el M. Du- bois a dessine ceux dont la forme el les bas-reliefs lui paraissaicnt les plus rcmarquables. Apri-'S avoir trace le tableau de tous cos pcuples qui furcul plus ou moins avances dans la civilisation, dans les leltres et les arts, ce voyageur considere sous d'au- tres rapports les principales nations du Caucase; il les met en parallele avec d'autres j^euples, dont les gran- des migrations onl autrefois cbange la face politique de I'Europe : il range au nombre des tribus indo-ger- maniques celles qui occuperenl les vcrsants meridio- naux du Caucase, el il rapprocbe de la race linoise, aujourd'hui repanduc au nord de I'Europe, la popula- tion des vorsanls soptcntiionaux. Les Georgiens et les Armeuiens appartiendraient a la premiere classe, el les Lesgbiens , les Circassiens , les Osseles appartien- draient a la seconde. (les diffei'ents peiiples virent successiveraent passer plusieurs conqueranls dans leurs conliees ; mais ils 6cliapperent a un joug stranger en se refugiant dans leuis vallees et leurs sauvages retraites. Leurs plaines elaient envaliies; mais ce fleau passait : ils avaient garde lours moeurs, leur caracterc national; el, apres un grand nombre de. siocles , leur situation ct une par- tie de leurs usages sont resti^s les memos, Quoiquo nous ayons cu a nous arreler specialement aux observations failes dans les regions du Caucase, nous ne pouvons passer sous silence celles que M. Du- bois avail ant^rieui'oment failes on Crimec, et qu'il a igalcmcnt consignees dans son ouvrage, dont I'im- ( i89 ) pression esl commcncoe, el donl il poursuil avcc zele la publication. L'aspect topograpliique de cctte penlnsule cliffore completement de celui du Caucase. Quclques masses granitiques y sonl a peine apparenles, et Ton y de- couvre generalemcnt des couches de schisle , de cal- caire jurassique, de craie , de grcs, de marne et d'au- trcs formations lertiaires. M. Dubois n'a done pas eu a observer en Crimc^e les mC'mcs bouleverscmcnls qu'entre lamer Caspienne et la mer Noire; mais il a retrace avec soin les plans topographiques , les sites pittoresques, les monuments, les traditions de cetle terre classique ; et , pour en citer ici quelques exem- ples , il a retrouv6 dans la Cliersonese heracleotique , placee a Texlremite m^ridionalc de la Crimdse , I'em- placemcnt du temple d'Iphigenie, du cap Sacre, du cap Parth(!;nium, du port ct de la ville de Ctonos, cites par Strabon, des cryptes taillees dans les rochers des environs , et de ce rempart de soixante stades de lon- gueur qui s'etendait entre la ville de Ct^nos et celle de Palakium, pour fei-mer et defendi'e I'entree de cette langue de terre 'ou furent ensuile crigees les villcs de Cherson et de Sevastopol. Plus ce pays a eprouve de changemenls do domina- tion, plus cet amalganie des ruincs que cbaquc peuplc y a laissecs avait besoin d'etre d^mele par un habile observateur , qui fiit en etat de rendre a chaque na- tion, a chaque sieclo, les monuments qui leur sont proprcs. M. Dubois retrouvait, dans les tombeaux de Panlicapec et des environs, difl'erents vases, dont le style lui rappclait celui des Grecs qui avaient fonde cetle colonic: il y voyait d'aulrcs ouvrages d'art, ap- parlcnant au sicclc dc5 rois du Bosphorc. Quclques IX. AvniL. 2. i5 ( "J'J ) uns dc CCS antiques, pelnls ou ciseles, rappelaient des croyances ct des ceremonies roligieuses , lellos que celle des iniliallons; d'autres retra^aient Ics gucrrcs des Amazones ; d'aulres oflraient un melange de la fiction et de la verit<^; on y faisait combatlre les lions et les panlhercs centre les grilTons , cos elres fantasli- ques , adoples par la meme iraaginalion qui avait cr6«i les centaurcs. Plusiours monuments decrils par cc voyageur apparticnnenl aux temps de Justinien el de tout le Bas-Empire , a ceux de la domination genoise , - i ceux des khans de Crim(je : on voit se derouler la geographic etl'histoire des differcnts sieclcs, depuis la fondation des plus anciennes colonies de la Chersonese taurique, jusqu'au siecle ou elle perd son indepen- dance etn'est plus qu'une province d'un vasle el puis- sant empire. Vous avezpu reconnailrc, Messieurs, par cettc ana- lyse des nombreux travaux de M. Dubois , qu'il a exa- mine les regions situecs au nord el a I'orient de la mer Noire , sous tous les lapports qui pouvaicnt atlirer I'at- tention du geographe , du gcologue, de I'hislorien, de I'antiquaire, de I'artisle, ct de cctle honorable classe d'observateurs qu'interesse I'elude de I'homme, et qui ainient a s'expliquer la liliation ct les migrations des peuplcs , par I'analogie de Icurs langues ou de leurs mceurs , par la comparaison do leurs trails , par les tra- ditions que les annales du mondc nous out conserv^cs. Ln lei ensemble dc travaux sur la geographic nous parait consliluer la \6rilable science; il I'agrandil, il lui donne une large base ; ce n'esl j)lus une simple des- cription du sol: le tableau s'anime ; la puissance des grands agents de la nature en change quclquefois I'as- pecl, el il est ensuite modihe par les homiucs. La g«io- 1 ( »!)• ) graplilc d'un pays cmbi'assc aiasi loutes les observa- tions qui aidciil a le luioux connailre. Elle clierche ses notions dans le passe comme dans les temps acluels. Les contrees , meme les plus anciennemcnt habiteos, peuvent encore donner lieu a des dccouvertes; I'etude ct I'esprit d'observation savcnt les faire; ils rajeunis- sent les sujets qu'ils ont consideres sous toutes leurs faces, et ils assurent a la geographie de nouvelles con- quetes dans les regions que d'aulres voyageurs avaient deja parcourucs. L'expose que nous venons de metlrc sous vos yeux vous represente les litres de M. Dubois de Montpereux a la recompense qu'il nous a paru.meriter. Mais d'au- tres voyages, dont le meritc est Ires remarquable, ont el6 egalement examines par voire Commission; et nous nous empressons, Messieurs, de rappeler que lesnom- breux et imporlanls Iravaux de M. Texier sur I'Asie- Mineurc vous ont deja ele signales en 1806, par une commission dont j'avais, comme aujourd'bui, I'bon- neur d'etre I'organe. Nous vous avons alors represente les savanles explorations de ce voyagcur en Phrygie, au milieu des monuments de ses anciens rois , ct des ruines de Pessinunte ; a Angora , I'ancienne Ancyre , oil il a reconnu les inscriptions de FAugusleum, des- linees a rappeler les actes du regno d'Augusle; aux bords de I'llalys, ou il a decouvert ces gigantesques et merveilleux bas-reliefs, tallies anciennemcnt sur les parois des rochers; a Cesaree de C.appadoce, au mont Arg^e dont il a observe les formations \olcaniqucs, et dans la vallee d'Urgub, lierissec de cones naturels, qui s'el^vent comme les tcntes ct les pavilions d'ua vasle camp , oil les bommes ont pratique leurs habita- tions. Cetle parlic des voyages de M. Texier avail lieu i3. en 1834. Nous avons rcniarque avoc Ic mOmc inlerOit Ics oJiscrvalions qu'il a failos I'anncc suivanlc siir Ics lies (Ic la Propoiilidc, sur les coles occidentalcs de rAsie-Mineurc , sur les vcsllges dc quolques uns de ses anciens porls , ct sur Ics altorissomcnls qui les lienncn t aujourd'hui eloign cs du rivagb. II nc nous reslerait qu'a vous rendrc conijite dc scs Iravaux sur Ics rives mdri- dionalcs do I'Asie Mincuro, dans les provinces dc la Caranianie el de la Cilicic , et dans la chainc du Taurus qui leur sert de limile vers Ic nerd. Cello parlle dcs voyages de M. Texicr nous a paru aussi imporlanlc , aussi inslruclivc que scs jncccdcnles observations, mais clle apparlicnt'arannee i83G; ellc nepouvaitpas elre prise en consideralion dans un concours ouvert sur les Iravaux leimincs en i855; et n'ayantpas afaire nous-memcs Texamcn approfondi de ses int^ressanles explorations, nous pcnsons qu'il doit elrc renvoye au concours de I'annee suivanlc. Un autre voyage Ires digne , Messieurs, de voire ac- cueil el de la favour publique , a etc commence en i8o5 dans rinlerieur dc I'Abyssinic, par MM. Combes et Tamisier. Ces jeuncs voyageurs avaient quitte a vingtet tin ans Icur palric, pour se rendrc dans les regions d'Orienl. Apres avoir separement visile unc parlie de I'Kgvpte el de 1' Arabic, ils arriv^rent a Massouah, principal port de I'Abyssinic sur la mer Rouge, ct, (ibs le 1 5 avril i835, ils commenci;rent ce nouveau voyage, se dirigerenl sur Adoua, pres d'Axum, an- cienne capilale dc eel empire , qui obiissait autrefois a Tin memc souverain, mais qui se Irouve aujourd'hui divise en plusicurs lilals : ils quilti>rent cnsuile le pays dc Tigrc, pour traverser la chainc du Simin , el se ren- drc duns I'Amhara, oil Gondar est situc; ilsparcouru- i ( >0'^ ) rent ce bassin clu Dambea, an niitli duqiiel Bruce etait i\]U chercher, en 1769 , los sources du Nil bleu; cl s'a- vancant au-dela des regions observees par ce voyageur, ils Iraverserenl le pays occupe par les Gallas-Douello , entrerenl dans le royaume de Clioa, qui fait egalement parlie de I'Abyssinie, gagnerent la ville d'Angolola , oil residail le roi de ce pays, et se rendirent a Ankober, qui devint le point extreme de leur voyage. Cette dei'- niere ville est le lieu de rendez-vous des caravanes qui viennent de Gondar ou de I'int^rieur de I'Afrique , et qui prennont cnsuite la route do Zeila , ou leurs mar- chandiscs sont embarqu^es pour differentcs regions de rOriont. MM. Combes et Tamisier ayant quilts Ankober pour revenir chez les G alias independants, continu6rent leurs cxploi'allons en Abyssinie , par plusieurs routes qui n'avaicnt pas 6t6 frequenlees avant eux. Un voyage si p6niblc , qu'ils entreprenaient sculs , sans protection, et avec leurs uniques ressources , a 6lti mele de perils , et ils ont el& souvent a I'cpreuve de radvcrsite ; mais ils I'ont subie avec courage ; I'ardeur de connaitre des regions qui , dcpuis le temps des Por- tugais du xvi'^ etdu XVII' slecle.n'avaient pas ete visilees, cl dont les invasions des Gallas avaient rendu Tacc^j plusdidlcile , a soutcnu leur louable zele, et ils ont heu- reuscmcnt accompli leur voyage dont une partie est deja publiec. Voire Commission a pcnse , Messieurs, que leurs explorations, soil en Abyssinie , soil en Arabic , n'ayant ete terminees qu'en iSoG , c'elaitau concours de I'an- nee prochaine que devait clre renvoye I'examen de tous leurs travaux. Mais, quoiqu'elle n'ait pas eu a s'en occuper elle-meaic, ellc a cru devoir signaler a voire ( '94 ) inlerf'l lo' di'voi.pnicnt dc ccs amis, tlo ccs associes do perils, de forlune, de ponsdes, qui, se donnanl loiijours I'un a I'aidre iin appui mutiicl , sont venus , a ia suite d'une expedition difficile, parliciper aux memes en- conragcmonls ct a la meme renonim6c. ■ Tandis que I'un el I'aulro obseivaient, soit en Al)ys- sinio , soit en Arabic, Ics regions baign(^cs par la mer Rouge, un voyagcur anglais, M. AVelislcd, lieutenant de la marine brilannique, visilail d'aulres conlreos de I'Arabic. U arriva de Bombay a Mascale le 21 novem- bre i855, navigvia vers le sud-est , le long dos colos de rOman jusqu'au port de Sih'. Penetrant cnsuite dans rinlerieur, il Iravcrsa Ics monlagnes qui se pro- longcnt parallclemcnt a cc lilloral, et il suivit lo vcrsant occidental de cctle chalne jusqu'au Gebel-Akdar, d'oii il revint vers la mer, pour contlnuer dans la direction dunord-oucst la reconnaissance du rivage. M. Wclisled fit une autre excursion au mldi del'Araljio, jiour \isi- ter, dans la contr^e d'Hydramant, la vallee dcWadv- Mcisab; il parcourut, dans un autre voyage, la mer Rouge jusqu'a Suez , au mont Sinai , au golfe d'Akabali ; il \isila, a son retour, dilTerenls jioinls de la cole, soit en Arabic , soil en iVubie, fit dcs observations sur I'an- cien port egyptien de Berenice, et sur I'emplacemcnt de I'ancirn port de Berbera, pros du detroit de Bab- el-Mandel. Ce voyageur avail dejaconcouru , en i835 , a un rc- Irvement des coles de la mor Rouge, sous les ordrcs de M. Ilaynes, et avail r^digt^ un tr5s inl6ressanl mt^- moire sur I'ilc de Zocolora. 11 a fail enlrer dcs tableaux de moeursdes tribus arabesdans les voyages que nous venons de vous rappcler; ses obscrvalions sonl varices ( >0'^ ) et instriiclivcs, ct nous croyons, Messieurs, que son ouvrage est digno d'uno mention trtis lionoi'aLle. D'autres voyageurs anglais ont fait parailre d'impor- tants travaux sur I'Afrique. M. le capitaine Alien a dresse une carte du Quorrali, et MM. Mac-Gregor et Oldfield ont publie la relation du voyjige qu'ils ont fait en 1802, iS33 et i834, avec Richard Lander, en re- montant le meme fleuve. Cette relation est remar^ quable, non seulement par les descriptions delieux, de moeui's ct d'evenemenls qu'ellc renfcrme , mais par de judicieuses remarques sur les moyens d'abolir plusef" ficacement la trailc des noirs en faisant penetrer dans le coeur de I'Afrique les relations du commerce et les bienfaits dc la civilisation, et par le conseil que ces voyageurs donncnt au gouvernement britannique d'elablir un certain nombre de postes et de stations, soit le long du Quorrab, soit enlre ce fleuve et la cola de Sierra Leone, pour assurer a I'Angleterre la jouis- sance de ce commerce. Les missionnaires du midi de I'Afrique ont pour- suivi, en i855, leurs explora lions vers le nord; ilsgont parvenus, en remontant le cours du Galedon , vers le Mont-aux-Sources, qui distribue dans toutes les direc-^ lions les eaux de cette partle du continent. Une autre expedition dirig^e par un naturaliste, par le docteur Andre Smith, pt^inelraitaussidaosrintdrieur, a travers le territoire des Missions; elle arrivait, au commencement de i835, sur les rives du Ky-Gariep, se rendait ensuite a Kourouman , et , poursulvant sa route vers I'equateur, clle depassait le troplque du Capricorno et s'avaiicait jusqu'au 20' degre 2G mi- nutes. Quoique ces travaux vous aient deja etc signalis I'annee derniere, et qu'ils aient alors oblenu de vous ( 'ofi ) une mention honorable, nous avons cm pouvoir les rappeler clans noire rapport, parccqu'ilsapparllennenl a I'annee i855, dont vous vous occupoz aujoiird'liui. Honncur aux honimes excites par Taniour de I'huma- nite, quicherchent a inlroduirc chez les nations sau- vages les principcs de rordrc social, a adoucir Icurs moeurs, a poursuivre, en agrandissanl la raisori hu- maine, le systeme de travaux et de conquetes le plus digne d'un si^cle 6clair6 I Nous venons, Messieurs, devousrendre compte des principaux voyages qui sont a noire connaissance et qui remontent a Tannce i855; il ne nous resle qu'i'i r6sumer les conclusions du rapport que nous avons eu I'honneur de vous presenter. Voire Commission ajug^digne duprix que vousavez a decerner aujourd'hui , les voyages de M. Dubois de Montpereux dans les regions du Caucase. EUe a pens(§ que I'examen des voyages dc M. Tcxier dans I'Asie-Mineure , et de MM. Combes et Tamisier en Abyssinie, pouvait elre renvoyd au concours de I'annee suivante. Elle juge digne d'une mention honorable les voyages de M. le lieutenant "NVellsted sur differcnts points de I'Arabie. FnACMENT (Vim voyage dans Vinter'ienr de la Boli^'ia , parM. Alcide d'Obbicnv. Six annics dt^ja s'^taicnt ccoulecs, depuis que j'ox- plorais I'Amerique meridionalc, quand , apri^s un an de voyage au sein des divcrses nations indigenes de ce ( >97 ) conlincnt, j'arrivai ^i Trinidad de Moxos, rt''publique de Bolivia. Je n'avais parcouru ces provinces, jusqu'a- alors inconnues, mais si interessanles pour Teliide de riiomme, de la geograplile , des sciences naturelles, que grace aux moyens de transport que le gouverne- nient de Bolivia avail si geniireusement mis a ma dis- position, moyens auxquels n'auraient pu suppleer mes faibles ressources personnelles, et mon plus ar- dent dc^sir etait de trouver une occasion de payer, au moins en partle, a ce gouvernement hospitalier la delte de la reconnaissance. Lcs communications qui existaient entre Cochabamlia et Moxos etaient lon- gues, tr^s perilleuses surtout, et leurs difficulles ap- portaient les plus grands obstacles au commerce 6tabli entre ces deuxpoints. Je songeaique trouver, au milieu desmontagnes etdesforets, unchcmin plus court etune navigation nouvelle qui pussent obvicr a ces inconvci- nients, serait rendre a la Bolivia un service propre a manifesler a ce gouvernement mon desir de reconnal- Ire les faveurs dont il me comblait. Quclque peu au sud de Trinidad , sur la rive occi- dentale du Mamore, j'avais remarquc!; Fembouchure du Rio-S^curi , inconnu sur les cartes, et dont personnc, meme dans le pays, ne soup^onnait le cours. Cette grande I'iviero, venant plus directement des monlagnes a Test du Cochabamba, pouvait m'aider a mettre mon projet a execution ; mais je voulais prealablement con- naitre, par moi-m6me, si Ton n'exag^rait point les dif- ficulles des communications acluelles En consequence, bien qu'a peine convalescent d'une de ces fievres malignes si souvcnt morlelleS en ces conlrecs, j'abandonnai les plaines brulantes et inondecs , une parlie dc I'annee , dc la province de ( >08 ) Moxos, m'ombarquai sur une pirogue form(^e d'un seul tronc d'arbrc creiiso , ct sccondo par des Indicns caj'uvavas, les meilleurs ramouis da pays, je remon- tai le Mamorc jusqu'a son connucnt avec le Rio- Chapare , ensuite ce dci'nier jiTsqu'a sa jonclion au Rio-Coni. Enfin, apr6s qtiinze jours d'une penible navi- gation pendant laquelle jc n'avais aper(;u que des fo- retscl la petite parliedu ciel correspondanl au profond sillon que creusenlles rivieres, au milieu de cet ocdan d'unc vorduro perpotuello ; apres quin/.e jours em- ployes, conime d'ordinaire, amesurer les moindrcs de- tours des cours d'eau a I'aide d'une grande boussolo d'arpenteur et d'une monlre, en nolant soigneusement cliaque rumb et Ic temps que je I'avais suivi, non sans avoir prealablement , calculi la marclie des pirogues d'apr^s des mesures tcrrestres, j'arrivai chez lessauva- ges Vuracares, au pied des derniers contre-forts des Andes-Orienlales. Je consacrai quelque temps a I'dtude de cette nation remarquable , dont j'aurai , plus tard , occasion de pavler; puis, abandonnant ces plaines, couvertes de la plus riche vegetation, je commenrai mon ascension sur les monlagnes, au travers de pre- cipices sans nombre. La nature cbangeait graduelle- mcnt de formes et d'aspect, u mesure que je m'dlevais : les arbres dont la cimc s'elance vers les cieux , les palraiers elegants au tronc svelte, les fougeres arbo- rescentes au feuillage si leger , disparurent pou ti peu; les arbres furcnt rcmplacds par des buissons, ceux-ci, par de petites planles graminees ; le ciel memc se de- gagea des nuages que je laissais sous mos pieds , et bicntot les neiges pcrpetuelles succedercnt aux sites plus riants des regions cbaudes, egayecs par ces legcrs oiseaux, cliamarres de si vivcs coulcurs, el dont la pr6- ( '90 ) sonco semMo vouloir animcr dos flours cinnt I'oclal ne Ic code pas a celui donl biillo leur plumage. Cinq jours apies avoir laisse la zone torride, je cou- cliais sur la neige , peu au dessous du niveau d'el^va- tion de noire Mont-Blanc. Douze lieues de crfetes de- cliirecs, s^part^es par des gorges profondes, arrotent sonvent Ic voyageur au milieu d'elles ; et lorsque la neige lombee la nuit en abondance vienl a recouvrir les defiles, 11 faut altendre que le soleil de quelques jours sereins viennc fondre les neiges et decouvrir des sen- tiers que riiabllude des guides pcut seule leur falre apercevoir. La celebre grolte de Palta-ciievn, plact^e enlre deux creles qu'on doit francblr, no mon- Ire que irop, par les squclettes de mules dont scs en- virons sont couverls, le danger de s'y arreler; danger neanmoins difficile a e\iler, en raison de la longueur du Irajet et des osperlles du cucmin. Ne pouvant plus douter de la realile des perils qui menacaient le com- mercant assez hardi pour prendre , afin de so rendre a Moxos, cetle route, la seule pourtant qui exislal, a moins qu'il ne se resign at a falre pros de trois cents lieues en passant par Santa-Cruz de la Sierra, jc ne pensai qu'a abandonner les somracts glaces, non sans avoir reconnu avec surpi'ise qu'a celte enorine eleva- tion au-dessus de la nier, les points culminanls des pics sont composes de terrains de transition, contenant des fosslles de coqullles marines. Je descendis rapidement vers les valines du versant meridional , traversal des lieux couverts par les habita- tions des Indiens quichuas, agriciilteurs et pasleurs, ot gagnai la ville de Cocbabamba, ou j'eus le bonbcur de renconlrer le general Santadruz, president dela Repu- blique, auqucl je dcvais toutes les favours que j'avais ( 200 ) oblonucs. Je lui parlai dii projol que j'avais ronrii ; il approuva Ic plan quo je m'elais trace, lout en me f.ii- sanl enlrevoir les tlilliciilles a vainci'e , el les perils qui maltcndaienl au sein de ccs conlrees inconnucs, ou j'aurais a luller da fois, conlrc les obstacles de la na- ture et peut-elrc centre des nations sauvagcs. Inebran- labledansma resolution , un mois apres tous mes pre- paratifs 6taient Icrmines, ct j'allais entreprendre C3 voyage, sur le recit duqucl j'ose appeler un moment la bienvcillantc attention de la Sociel6. Le 2 juillet, je laissai Cocbabamba, abandonnant encore une fois la civilisation d'une ville pour aller de nouveau m'enfoncerau sein de deserts oii je devaisetre seul avccmoi-memc. J'etaisacccmpagne d'un rcligicux cbarg6 de convertir a la foi cbreticnne les sauvages que nous rcnconlrerions, d'une personne qui devait suivrc mes instructions surl'ouvcrture de la route pro- jetee, et s'enlendre en quicbua avec les Indiens por- leurs desbagages, et enfin d'un m6tis qui savait un peu la langue des Yuracares, que je cro} ais trouver de I'autre c6t6 des Cordilitires. La troupe arriva le soir a Tiquipaja : je m'y vis enbutte a Timportunc curiositc^ du cure et des babltants, qui conccvaient dillicilenicnt quel inti'ret pouvait determiner un etrangcr a un lei voyage; ct je I'us involontairement encore la cause de beaucoup de larmcs; car il fallait enlever presquc de force, a lours families, les Indiens qui devaient m'accompagner. La neccssite absolue de mon depart me rendait sourd aux plaintes doulouieuses d'une mereagee, d'une jcune fenjme qui rcstaienl sans soutien : il fallait que je partisse. En ces conlrees, I'indigtnc n'est pas, il est vrai, astreint au service militairo; mais sur lui soul poscnl toutes les cliar- ( 20I ) gos tie la socielo , sans qu'il ail jamais le droit dc tc plaindrc. Lc lendemain, jc laissai la plaine, ct montai toule la joiirndie par dcs pentes abruptes , pour arriver vers le soir, sur lc plateau de la Cordilicre oiientale, ou je ra'arrctai dans le but de rclcver, par un reseau de rumbs, tous Ics points du vastc horizon qui se deploy ait sous niespieds. Au sud, la belle vallec dc Cochabamba que je venais de quitter , circonscrite de montagncs s^clies et aridcs, contraslant avcc I'aspect de vie de la plaine; a gauche, unc grande villc orndiepar les domes descsedilicesrehgieux;puis, dans loutes les directions, des villages semes au niiliou de nombreuscs cabancs de Thumble descendant des Incas , scmblablos a ce qu'ellcs etaient il y a qualrc siecles, mais entourees aujourd'hui de jardins , de vergers , que composenl nos arbres t'ruitiers, apportes par les conqueranls du Nou- veau Monde , et de guerets que sillonne tous les ans la charrue. Tel est I'aspect de I'anlique Colcha-pampa (plaine du lac) des anciens Incns, qui, de meme que ics fertiles vallees de Clisa et de Sacava , que j'avais a ma gauche, jouissenl, neuf mois de I'annee, d'une tem- perature douce el d'un ciel.lpujours sans nuagc. Rien de ce qui caracterise I'Amerique ne se monlrait a moi dans ces lieuxj tout au contraire m'y retra^ait trop vivement le souvenir dusol de noire belle France, dont j'etais eloigne depuis plus de six annees. J'aimais a m'abuser un instant; je promcnais ma vue sur ce beau paysage avec le plaisir qu'on oprouve a contcmpler la peinture fiddle d'un parent cheri dont une longue dis- tance nous separe j mais ce bonheur fut d'une courlc durec : mes compagnons de voyage m'arrach(^rent assez brusqucmcnt a mcs illusions, a mes douces reveries, ( 2<)2 ) cii mo uiunlranl Ic soloil dcja avance clans sa course. Alors jclcvai les yeiix , la nature avail change d'aspecl: des monlagnes sccbcs, des ravins profonds, le sol le plus accidenle et Ic plus sterile s'elendaient auloin; ct, conime la simple bordurc d'un riclie tableau , faisaient ressorlir la bcaule des vallccs auxquellcs je dis, nou sans peine, un dernier adieu. Je me relournai Irislc- ment vers la Cordiliere orienlale que j'allais francbir pour la cinquieme fois. A droite el a gauche des pics aigus sur lesquels , ca et la, des poinles dticliir^es d'une roche noiralre conlras- taient avecla blancheurdes neiges qui les rccouvraient; devanlmoi un plateau presque uni, oil I'etd le pasteur am^ne quelquelois scs brebis , mais dont alors en biver les agiles guanacos, la curieuse vigogne, sont les seuls liabitanls ; rclrailes sauvages el silencieuses que fre- quenle aussi le majestueux condor. Le reste dc la journ^e, ainsi que le jour suivanl, nous chcminumcs sur le plateau; le second soir nous avions alteinl une colline voisine d'un lac glace , 6]c\& de 5,ooo metres au-dessus du niveau des mers. L'exces du froid s'v fai- sail d'autant plus scnlir que nous n'avions aucun abri; et la rarefaction de I'air y etail telle qu'a peine pouvais- je respirer. La nuit parul bien longue; mais, comrac dc coutumc, le jour, consolation du voyageur, vinl nous faire tout oublier. iNous parvinmes bionlot au point culminant de la chainc ; la, malgre les souffran- ces que j'eprouvais, je m'arrfitai pour conlcmplcr un spectacle imposant : au sud, le eiel le plus pur; au nord, vers le versanl dt^g plaines chaudcs, a deux ou Irois millc pieds au-dessous dc moi, s'etendalt au loin il'liofuon une zone permanente de nuages qui formail couijue une vaste mer agllcc se heurlant sur les fluucs ( 200 ) desmontagnes plus elevees, etdu sein de laquelle, sem- blable a des ilots, sortaienl les soniniites des cliaines inferieures. Nous avions franchi la chalne sans obstacles. L'une des difficullcs de mon enlreprise etait deja vaincuc ; je n'avais plus qu'a dcscendro. Jerae dirigeaiau N.-N.-O., a} ant, de cliaque cote, des sommets neigeux; vers qualie hcures , apices une marclie forcee , j'etais entle- rcHient cnveloppd; de ces nuages que j 'avals admires le matin. Impossible de distinguer aucun objet a dix pas de distance , et j'eusse infailliblement ete force de m'ar- reter, si je n'avais suivi un legersenlier trace, au milieu de rocliers , sur la pente on ne peut plus abruple et in^gale d'un coteau. Avec la region des nuages coni- men^a la vegetation; j'avais jusqu'alors senti ma poi- trine oppressee; aussi ne saurais-je exprimer avec quel plaisir jc commengai a respirer, pluslibremcnt, un air moins rarefie et deja parfume par les fleurs des zones plus basses. Quand j'eus travei'se une couclie epaisse de vapeurs blancbalres, cliaquc fois que s'ecartait, de- vantmes yeux, le rideau mouvant de nuages alors moins presses, j'apercevais encore a quelques milliers de pieds au-dessous de moi, un ravin profond, convert d'une ve- getation des plus actives, et quelques cabanes, tcrme dema course de la journee. Je roulai*, plulot que je ne descendis; et j'arrivai, a la nuit close, au hameau de Tululima , dernier lieu ou I'bomme agricullcur ait ose fixer sa demeure , ajant ainsi passe dans un seul jour, des glaces du pole aux limltcs des regions cbaudes. Le lendcmain j'oubliai mes fatigues en revoyant avec bonlieur, voltiger les legers oiseaux-moucbes; ct en attendant ma troupe , qui ne ful completcment reu- nie que doux jours apres, je m'occupai de recherches ( 204 ) d'liisloire naUiieilc, non sans poller qiiolqucl'ois nics regards sur celle voulc de nuages qui s'ouvrail et se re - fermail allernalivement sur ma lele , mais qui ne s'a- baissait jamais jusqu'a moi. Lc 8, apres beaucoup de conlrarieles, provenant do la mauvaise volonle de mes Indiens , je quiHai le der- nier point habile pour m'enfoncer dans le desert, pour fouler unc lerrc encore vierge. Trouvant qu'avec la va- rialion E. de 8° 28 ', le ravin de Tululima , dirig^'au N.-N.-O., de la boussole me donnait unc ])onnc route, je le suivis, ct d'aillcurs il m'eut 616 impossible d'cn gravir les coleaux escarpes. Charge de ma boussole, d'un fusil et d'un couteau de chassc, pour ouvrir le fourre , je dirigeais la marche , non sans 6tre ai'rete a chaquc pas, suivant quclquefois le lit du ravin, pas- sant ct ropassant la riviere, Iraversant leshalliers de ses coleaux , decbir6 par les epines ; ou bien ayant a franchir des blocs de granit roules par lc torrent ct amoncel6s sur ses bords. Les fatigues inouics du jour nous rcndirenl la nuit bien douce ; le creux d'un ro- cher rc(^ut une partie de la troupe, I'autre se groupa aulour. Je ne pourrais peindre les sensations que me faisait eprouver I'idce d'clre ainsi Iransporte dans un lieu oil nul autre homme n'6lait encore parvenu; je me trouvais heureux de pouvoir, enmemc temps, ser- vir mes scmblables ct les sciences en faisant a chaquc pas de nouvellcs decouvcrtes en hisloire naturdle et en geographic. Je passai une partie de la nuit plonge dans mes reflexions; ct, le dirai-je? couchc sous ma roche sauvoge, je me bcrrais de ces douccs illusions , de ces esperances qui soulicnnent le voyagcur , ctqui me souriaient encore, lorsqu'au point du jour, un organislc, I'oiscau cUanleur par excellence, fidele ( 205 ) habitant dcs precipices, perclie siir iinc l)ranchc sus- pcnduc siir Ic torrent, commenca scs melodiciix con- certs, meles an bruit dcs eaux mugissanles. Lesgammes cbronialiques lespkis douces, Ics modulations des sons Ics plus purs et les plus etendus s'y succedalcnt rapi- demcnt : je I'ecoutais avec un ravisscmcnt pour lequel I'expression me manque. Ses accents s'barmonlaient et sympatbisaient si bicn avec ma disposition d'esprlt , que j'aurals voulu pouvoir en piolonger le charme ; mals cette esp^ce d'cxtase dura peu, et men relour sur moi-meme futpresquep6nible. La troupe sereveilla; six de nos Indiens avaient deserte pendant la nuit, et neanraoins il fallait affronter de nouvelles fatigues. Six jours de suite , je marcbai dans le meme ravin , variant ma direction duN. an N.-N-.O. , mais faisant a peine trois a quatre lieues par jour. Les obstacles croissaicn t a cbaque instant; nous n'avionsni Ic temps ni lesmoyens de les aplanir ; il fallait les valncre. Tantot le torrent etait tellement encaisse , que force nous ctait de gravir les coteaux et de marcber de precipices en precipices; tantot cemdme torrent etait grossi destri- butsdeplusieurs rivieres nouvelles, qu'il fallait passer et repasser , en lultant contre la force d'un courant des plus rapides, etmarcbant dans I'cau jusqu'h la ceinlure. Ici, necessile de construire un radeau pour le traverser; la, de se frayer, la bacbe a la main, un passage au travcrs d'un bois opais. La vegetation cepcndant deve- nait toujours plusbelle , les palmiers au feuillage si gra- cieux semblaient se multiplier, alnsi que les differentes especes des aulres arbrcs ; mais, au milieu de ce beau paysage, la nature restait silencicusc, inanim^e. Plus de ccs nombrcux oiseauxquipullulent ordinairementdans les forels cbaudcs : on scrait lenle de croire que la pre- IX. VRL. 3. i4 ( 20G ) sencc do I'liomnio o>t recllcmonl la coni-lilion neces- saiic do rappiivilion dc la gent alloc; on pcut-olrc on coslicux le biuil du lorrcnt dpouvanlalt-il Ics oisoaux, car a peine y apercevait-on quelqucs solitaires coqsde roclic, au plumage dc feu, sculs habilanlsdc ccscotcaux escarp (is. Je pouvais jusqu'alors me croii'c suv un dcs afllucnls du Uio-Mamor^, el la direclion suivio elail bonne ; mais loul-a-coup une cliaine do monlagncs clevees se uion- Iradovant nous, el la riviirc quo je suivais, recevantun autre cours d'cau , qui venait dc I'E.-S.-E. , tourna Lrusquemenl au M.-O. Tout cspoir scniblait m'e- tre ravi ; car, sans aucun doule, ce devail elre en- core un Iribulaire du Rio-Beni. Mon embarras 6lait exlrcme , el je no vis d'aulre moyen que celui de fran- cliir la cordlliere, coupant a angle droit la dii'cclion quo jo dcvais prendre. J'examinais la cliose on moi- mfime, lorsque, fixanl parhasard les yeux sur le sol, j'y reconnusrempreinte dc plusieurs pasd'hommcs, se dirigcanl vers le noavel afllucnt. Dans le dosir de com- muniquer avec Ics maltrcs de cos licux, je m'avancai en suivant les traces I'raiclies , ct bienlot j'apercus au mi- lieu de la rivi6re, un sauvage arme d'un arc et clier- chant a peixer d'un Irait le poisson qu'il epiait d'un ceil allentif , au sein d'unc onde dcs plus pures. 11 ne parut point e(Tray6 dc noire presence; je reconnus de suite a sa tunique sans manchc, a son bissac plac'i sur r(!;paule gauche, a ses traits surloul el aux pcintures de sa face, que ce n'etait pas un Yuracariis, ce dont je m'assurai d'ailleurs en lui adressanl, dans la langue de cetle nation quelqucs mots qu'il n'cnlendll pas. 11 me fit signc d'allor plus loin, ou je trouvai luilt Indions dc sa Iribu , cello dcs Mocelonts, ot quelqucs Indions Yu- racarts occupes, sous une ramcc do i'cuillc de pulmicrs, ( '^O/ ) a lairu rolir ties singes cl tUi poisson. Nous elionspeut- etre aussi elonnes Ics iins que Ics aulrcs de nous Irou- ver en presence, ct Japlus grande curiosile regnait do pari ct d'aulre. Les sauvages s'empresserent de nous oirrir de partager leur rcpas ; mais il fallut attendre le gros de ma troupe pour apprendre de Finlerprete "iuracarfes ou nous elions et a qui nous avions affaire. C'claicnt des Indiens Mocelcnes , habitant a une jour- nee de niarclie, re\enant de faire une visite aniicale aux Yuracar(^s qui vivenl de Fautre cole de la chaine , et avec eux quelques uns de ces derniers, qui avaient accompagn^ leurs visiteurs, Tous melanges, nous formions le plus singulier as- semblage, les contrastes les plus curieux, de couleur, de trails, de costume; et landis que cliacun s'occupait de ce qui pouvait I'interesser, je rcpris mon role d'ob- servateur; jecomparailes caracteres physiques des Irois nations americaincs qui se trouvaient la forluilement reunics : le Quichua monlagnard ou descendant des Incas, a la couleur foncee, au corps court et large, dont le tronc n'est pas en harmonie avec les exlremi- tes, a la figure serieuse et Irisle , au nez aquilin ; pres de lui , le Yuracares , presque blanc, aux belles formes elancees cl males, aux trails prononces, a la figure fiere , haulaine et souvenl belle; plus loin, le Mocelenis, tenant entre eux un juste milieu par sa laille, par scs formes, par sa couleur encore presque blanclie, mais ay ant des trails effemines, le sourire gra- cieux, pleinde douceur, le nez Ires court et la face a peu pres ronde. Je cherchais, comme je I'avais toujours fait, dans les memes circonstanccs, a m'expliqucr ces dif- ferences par des causes nalurellcs qui influent, a la longue , sur les caracteres physiques et moraux de 14. ( 208 ) riioninic ; jc. mo, dcniandais si la forme massive dcs Quichuas, la largcur extraordinaire dc Icur poilrinc , n'elaienl pas dclcrminoes par le besoin d'aspirer une plus grande quanlile d'air, par suite de la rarefaclion des plateaux eleves sur lesquels ils vivent. Jc me de- mandais encore si la teinte prosque blanche dcs Yu- racar^s, qui ont, au rcsle, les traits des Qulchuas, ct si leurs belles formes ne pouvaient pas provenir dc la conlinuite deleursejour au scin de cos forelshumidcs, ehaudes, impen(^trablcs aux rayons du soleil , ct si dif- ferentes dcs montagncs seches ou vivent les nations montagnardcs. Jc me domandais cnfin si les Mocete- r^'S, qui prcsentent les (rails cffemincs deslndiens des plaincs de Moxos cl dc Cbiquitos, ne seraient pas les descendants des nations de ce rameau , dont la meme cause aurait pall la couleur. Ces reflexions , que jc n'^tcndrai pas en ce moment, pour ne point abuser des instants que la Soci(5!l(^ veut bien m'accorder, ct que j'ai d'aillcurs consignf^-cs dans im travail special sur I' lioinnie americaiii , m'occuperent jusqu'a la fin du jour. Lc soir, comme dcs freres d'armcs, nous 6tions tous les uns pres des autros au bord de la riviere, ct sous une voiile cpaissc du feulllage le plus varl6. D'un cote Ton entendait la langue gulturale dcs Quichuas, qui rappellc un rauque croassemcnt; plus loin, le par- ler doux ct miclleux des Moc(iten6s, contrastant avec lc langage arrogant , la parole fiorc et bautainc dcs Yuracares, orateursprctcnticux.Lcsidiomesderancien monde elaienl la lout-a fail en minorltc, et a peine c'tions-nous trois a les entendre. II est difficilcdcsc ren- drc compte dc rimprcssion singulicrc que recoil lc voyageur dcs grands trails d'une nature imposante et sauvage , en se voyant cntourc d'objots si dilTcrcnts dc ccux qu'il rencontre au milieu dc la. civjljsaliou dcs ( 209 ) villes. J'^tais priv6 de tonics les commodilt^s de la vie; pour me reposer de longncsratigucs, je n'avais d'aulre lit qu'un sol humidc, et neanmoins je n'aurals pas ced6 ma place du moment, pour en prendre une des plus commodes au milieu de la fete la plus somptueuse de notre brillante capitale. Le lendemain, on se separa des Mocetenes, qui re- lournerent cliez eux, charges des presents dont je les avals gratifies; mais les ^ uracarfes voulurcnt nous gui- der vers leurs bois : ils nous conduisirenl a I'endroit d'ou ils etaient descendus de la montagnc, afin de la franchir le jour suivant. Au lever du soleil , la ti'oupe s'ebranla : d'abord perdu au milieu du fourre , s'ac- crochant aux branches pour s'aider a monter, chacun gravit p^niblement, sansrien apcrcevoir autourde lui ; puis, au travers des haules fougeres, la for6t moins epaisse permettait de voir, avec Ic ciel, le ravin que nous abandonnions. Apres quelques haltes obligees par la fatigue , nous arrivamesenfin , vers quatre heu- res, sur la parlie la plus elev^e de la chaine ; mais quel ne ful; pas mon disespoir, lorsque je m'y trouvai enve- loppe de nuages qui ne me permettaientde rien distin- guer de ce qui m'cnlourait! Ma seule espdrance de reussite consislait dansle choix a faire d'un coursd'eau que je ne pouvais rcconnaitre que de la sommitd sur laquclle je me trouvais : j'attendis et laissai la troupe me devancer. L'ne lieu re d'inquietude me parut bien longue , et je perdais [)rosc|uc courage, lorsque, par un bonhcur inatlendu^ les nuages s'ouvrirent un in- stant; et je pus plongor sur un hoi'izon immense : les derniers contre-forts des montagnes, commedessillons irreguliers converts d'arbres; descendaient lentemenl, en serpenlant, vers unc mcr do verdure sansbornes, com- ( 2 1 o ) :pos6e dos fori'ls de la plaino, qui hordent Ics monta- gnos, siir nno otcndue de plus do quaranle licuos. Ploin d'anxiel6, je suivais , d'lin ocil avide , la direction dcs ravins profomls , chercliant avoc crainlc le^r point de reunion , pour d^couvrir un cours d'cau navii:;able. Ln rayon do soleil me le d(5voila, en faisant brillcr, a unc immense distance, uno riviere sorpentantau milieu de la foret, dans la direction du nord i5" E. C'^tail le port qui s'ouvrc au navigatcur ri])Tbs une longuc tra- versee; cYlail lo resultal dc mcs calculs ; c'litait le triomphe ile mosidocs, un affluent du Rio-Securi , que j'avais laisse pr6s de Trinidad de Moxos. Commc "un enfant, jo me livrai a la jnie la plus folle , ot apres avoir releve tous les points visibles, ct rcmarque que cetle chaino, elcndue au loin a l.'cst et a I'ouosl, scrvait de liuiite aux deux versanls du Rio-Beni et du Rio- Mamord, je dcscendis vers mes compagnons de mai'- che, que je rejoignis encore avant la nuil. - Je les Irouvai tristes; ma joie- m'avait fait oublier que je n'avais pas bu de la journie; mais cux, que le TO^me zele n'animait pas , me le rappelerent par Icurs ^lainles ameros. Confiant en la Providence, qui s'e- tait toujoui's monlree si bonne pour moi , je parcourus des \eux les environs , je demandai un vase ct m'l^loi- gnai : on me regardait commc un fou ; mais un in- stant apr6s , au grand otonnoment de ma troupe , je rapportai le vase pleln d'unc eau dos plus purcs. Aux frontit'res du Paraguay , dans une circonslance sem- blable , un Indicn Guarani avait apais(i ma soif dc^vo- rantc en m'apprenant qu'unc espece de bromelia con- lenait loujours de I'eau dans I'intericur du calice , forme par la reunion de ses feuilles. J'avais apcrcu l^eaucoup do ccs plantcs parasites sur les troncs des ( 211 ) • arbi'GS qui nous enlouraionl, et j'y trouvai lo meme secours qui, tant de fois , m'tivait rendu la force et lo courage. Des lors plus de murmurcs; chacun , de son c6l6, se mit a en recueilllr, el a satisfaire au plus iinp^ricux de tous les besoins, loul en me remerciant de mon heureuse decouverle. Pendant deux jours jo suivis, en descendant, la cr6te des memes montagnes, sous une voiite elernelle de branches croisees que Ic soleil ne perce jamais de ses rayons. Aussi ces lieux liumides donnaient-ils nais- sance a des plantes cryptogamcs des plus belles, dont je me cliargeais cliaquc jour. J'avais deja, depuis le depart de Tululinia, renipli mon cliapeau de'coquilles precieuses, qui, avec les plantes que je recueillais , figurcnt aujourd'hui dans les collections du Museum , et me rappelleront loujours les plus doux souvenirs. J'arrivai au Rio, que les Yuracares nomment Icho : \\ n'^tait pas encore navigable ; aussi me laissai-je con- duire par eux jusqu'a un autre affluent plus conside- rable. Nous cheminions au milieu de la foret, en suivant un senlier trace. Tout a coup mos Yuracarfes s'arrelent et me font signe de les imiter : ils prennent chacun un instrument suspendu a leur cote ; et,.tous ensem- ble, executent trois sifllemcnls aigus que I'echo re* pete au loin. Un instant je me crus Iralii; mais bientot ils reprirent leur marche , et quelques minutes plus tard, nous avions atteint une maison de la memo na- tion. J'appris que jamais un Yuracares ne s'approche d'une habitation a I'improviste; ce serait un signe d'hoslilite. La hutte ^\.Mi un vasle hangar convert de feuillos de palmier, ouvcrt aux deux extremites, et en- tour6 de champs de bananiers. Je fus reru sans au- cune ceremonic : les femmes me presenterenl de^ ( 212 ) racincs de mandioca rolies; mais, a peine cnlr6s , mes conducleurs allerenl s'asscoir en silence pros du mailrc de la raaison , ct I'un d'cux prononca sans le regarder, sans s'arreler un soul instant, un discours aninie qui dura plus de deux heurcs, pendant lequel ses into- nations elaient alternativenienl graves et chaleureuses. U se tut enlin, et le chef de la famille, sans regarder non plus I'aulre orateur, parla aussi long-tonips que lui : toute la nuit se passa en pourparlers du mi;me genre, relatifs h noire arrivt^e , mais qui me parurcnt ne ricn avoir d'inquielant. Les habitants de la hulte voulurcnt nous accompa- gner jusqu'a une autre de leurs maisons. Les hommes se chargerent sculement de leur arc et de leurs flechcs, tandis que les pauvres femraes , non seulcment por- taient tout I'avoir de la famille , mais encore soit leurs jeunes enfanls par-dessus leur charge, soit leurs singes, leurs poulcs ou leurs perroquels, ce qui formait pour elles un Lien lourd farbeau , place sur le dos dans un filet, etretenu, d'avant en arriere, par une bande d'6- corce d'arbre, qui posait sur le front. Tel est toujours le sort de la compagne de I'homme chasseur, qui croirait se deshonoi'er, s'il accordait un seul instant se- cours el soulagement i celle qu'il aime assez pour ne la quercller jamais. Je passai le Rio-Inennma , et m'arretaichcz mes conductours, au sein de la foret, a peu de distance du Rio-Malclo, sur lequel je voulais m'embarquer. Des courriers furenl depeches dans loules les directions, pour prevcnir de ma visile les Yuracaresdisseminesdans lesbois. Apri>s avoir renvoye mes Indiens Quichuas vers leurs montagnes, jo repris I'etude deshomraes singulicrsparmi losquels je vivais; je me hvvai de nouvcau a mes recherchos d'histoire ( 9i5 ) naturoUe , et ne negligeai rlen pour obtenir des ronsoi- gnomenls sur de nombreuses rivieres encore incon- nues aux geographes. Deux jours aprcs, une fanfare bruyante m'annon^a Tarrivee d'une visite. Je vis bientot une douzaine d'lri- diens marchantsur une seuleligne, ayantla figure et les jambcs bariolees de rouge , les cheveux bien peign^s et couvcrls du duvet blanc des aigles, assez analogue, pour la couleur, a la poudre que nos peres meltaient sur leurs cleveux lis etalent tous vetus d'une tunique sans mancbes , faile d'ecorce de murier, ornee de peinlures rouges tres regulicres, et par-dessus avaient un large cordon de perles de verrc , passant sur l'^- paule droite et soutenanl leurs instruments de musi- que , pendus sur le c6t6 gaucbe du corps. A la main droite, ils avaient une espece de sabre, et dans la gauche un faisceau compose de leur arc et de leurs longues Heches. Ils s'avancerenl gravement, me firent I'un aprcs I'aulre une legere inclination de lete , el allerent s'asseoir en rond autour du maitre de la mai- son, avec loquel s'entama un discours qui dura toute la journde. Je fis faire aussi moi, par Tinterprete , ma petite harangue de remerciement pour le bienveillant accueil dont j'elais I'objet, et trouvai les nouveaux venus bien disposes a me servir. Ne voulant pas laisser rcfroidir leur z6ie, je partis avec eux des le lendemain , et m'cnfon^ai au sein de la foret la plus belle du monde,pour dt^couvrir un arbre qui put me servir a conslruire une pirogue. A chaque pas, j'admirais le luxe de la vegetation a trois etages dislincls. La, desarbres immenses de deux a trois cents piedsd'elevation, forment une voiile perpetuelle d'une verdure souvent charaarree de teintcs des plus vives, ( 2-4 ) des plus clivorsifiees , dont la parent los flcurs dc la lianc enla^anle ; aii-dcssous, cominc prol(^g(is par ce berceau naturcl, s'elancent de soixantc a cent pieds, Ics Ironcs grdlesel droits des palmiers, an feuillagc si varii dans ses formes, et'si ulilQ a I'liomme sauvage ; plus bas encore, h huit ou dix pieds d'dlevation au-dessus du sol , ou I'ampent les plus elegantes fougeres, croissent d'autres palmiers plus grOles encore que les premiers, et que renverserait le moindrc souffle du vent; mais les aquilons ne peuvont jamais agiter que la cime des geanls de la vegetation, qui laissont a peine arrivcr jiis- qu'au sol quelques rayons du soleil. Quel imposant spectacle I Que de jouissancos n'eprouvc pas Ic voya- geur, en contemplanlune aussi belle nature ! Son ima- gination s'exalte : il se sent transports ; mais s'il rentre en lui-raeme , s'il se mesure a rcchelle d'une creation aussi grandiose, qu'il se Irouve petit , combien son orgucil est bumilie par la conscience de sa faiblesse ! Je parcourus la forfit sans obstacles, en suivant mes sau- vagcs vers le plus gros arbi'e , car tous leur etaient connus; cnfm, I'un d'euxestchoisi; son tronc, quipeut- i^tre a dc'ja vuplusieurssiecles, son tronc dc vingt-cinq pieds de circonference a la base, comme un rocher que sape la mine, est aussitot entam6 par la haclie; les (Eclats volcnt ; mais le soir seulement, apres un travail forc6 , sa chute fait trembler la lerre , renverse, devant lui, lous les autres, et a plus de deux cents pas il en tombe encore, entrahK^s les uns par les autres. Les coups redoubles de la hache firent retentir la forct sept jours de suite , pendant lesquels je dirigeai les tra- vaux des Indicns, et soutins leur courage par men exemple, en travaillant avec eux. Enfin le doyen des arbres des environs s'est transformd en une nacelle ( 2i5 ) assoz gratiflo; los oltslacles qui s'opposont a sa marche vers la riviere sontaplanis sur lous Ics points a la fois, au travers de la foret, I'ospace de pros d'un quart de lieuo; elle y est lancee triomplialement; et je com- menrai a pouvoir m'applaudir du succes de mes voenx; car, pour accomplir la mission que je m'^tais donnee, il ne me restaitpius qu'a voguer vers Moxos. Avant de continuer la description de mon voyage , je crois nd'cessaire d'indiquer los principaux traits du caractore dc mes nouveaux compagnons , les Yuracares. Cettc nation , dissemin6c dans los fo- rets qui, sur une largeur moyenne de Irente lieues, bordont tout le pied du versant oriental des Andes, du67 au 70' degrede longitude ouest de Paris, se croit la premiere du monde, et son orgueil est au-dessus de tout ce qu'on en pourrait dire ; elle est vaine de son in- dependance sauvage , et son caractere pr^sentela plus monslrueuse I'eunion de lous les delauts que peut ame- ner, cliez I'homme ignorant et supcrstitieux, une (Edu- cation a tous les ages affranchie des reprimandes et memo des plus simples conseils. Gais , d'unc penetra- tion facile, hardis , cntreprenanls, les Yuracari^s ne redoutent rien ; aussi cruels pour eux que pour los au- tres, endurcis aux souffrances physiques, leur insensi- bility est extreme, habitues qu'ils sent, dans toules les occasions qiie leur en ol'frent leurs superstitions nom- breuscs, a se couvrirde blessures , a martyriser leurs femmes et leurs enfants. lis n'ont aucun altachement pour leurs p^res qu'ils abandonnent souvent, et im- molont, de sang-froid, leurs enfants, dans le seul but dc s'affranchir dc I'embarras de les clover. Ennomis de toute especc de sociitc qui pourrait leur oter quelquc peu de lour independance , ils no vlvent que par fa- ( 2»<> ) niillos, ct dans ccllo-ci, nc sonl connus ni les 6garcls mutucls, ni la subordinalion, cliaque indi\idu n'y demeurant que pour son coniple propre ol person- nel. La feramc a le menie caraclire que I'homme : cbez elle on nc Irouve pas le scntimenl maternel , car elle sacrilic la moilie do scs cnfanls, tout on restant I'esclavc de ceux qu'elle croit devoir con- server. Toujours auibulanls, les Yuracares scniblent se fuir, n'habilanl jamais plus de Irois ou qualre ans le meme lieu, lis se marienl h la suite dune orgie. Le nouveau couple s'eloigne aussilol, va s'cUiblir dans les parties les plus sauvagcs de la foret, abat les arbres , y met le feu,* et s'y conslruit une cabane. Visiteurs infaligables, ils se traitenl avec ceremonial : ces visites amenent toujours d'abondantes libations de boissons fcrmentees et des danses inonotones. Les fe- tes, chez eux, marqucnt les diverses epoques de leur existence, la nubilite d'une jcune fillc, par exemplc, el ne se terminent jamais sans que cliacun ait arrose la lerre de son sang , on se faisant de nombreuses bles- sures aux bras et aux jambes; les liommcs , pour dc- venir ])lus adroits, les femmes pour acquerir plus de force. Celles-ci vont accouchcr au milieu des bois , au bord d'un ruisseau, dans lequel elles se baignent im- nn!;diatemcnt, et reviennent a la maison reprendre leurs Iravaux ordinaires. Les bommes connaisscnt le suicide, et sebattentsouvent enduel acoups de fl6ches. En r6unlon , les hommes mangent ensemble et leurs rcpas, comme leur cliasse, comme lour pecliCj sonl as- sujetlis a une foule de superstitions. A la mort de I'un d'oux, lout CO qui apparlicnt au del'unt est aneanli ; sa cabane cl son champ sonl abandonnes, el jamais on ne cueille un fruit sur les arbres qu'il avail plantcs : ( '. 1 7 ) son souvenir se conserve neanmoins long-lenips dans sa famillc. L'industrie des Yin-acares se borne a la fa- bricalion de leurs tuniqucs d'ecorce , aux peinliires imprimecs avec dos planches de bois qui les decorcnt, a la chasse et a la peche. lis n'ont pas de gouverne- menl. La religion des Yuracares est des plus singulicres ; ils n'adorent et ne respectent aucune divinilc, et pour- tanl ils sont plus superslitieux que lous leurs voisins. lis croient que les choses se sont formees d'elles-mS- mes dans la nature, et qu'ils ne doivent pas en etre rcconnaissants. lis croient n'avoir rien a attendre d'unc conduile plus ou moins irreprochable , riioinme elant ne le mailre absolu dc ses actions bonnes ou niauvai- ses. Ils ont ccpendant une bistoire mylbologique des plus compliquees , remplie de fictions dans lesquelles apparaissent, tour a tour, un assez grand nombi'e de genies et d'autres etres fabuleux. Le Saranima a cause un incendie general des forets qui remplace le deluge des autres nations; un seul bommc y ecliappe , en se cacliant dans une caverne. Le meme Sararuma lui donne des graines qu'il emploie a rcpeuplcr la terre de ses arl:)rcs ; apres quoi plusieurs etres surnaturelsse succedent dans le niondo, et y joucnt un grand role : c'est Ulc, qui, del'arbrele plusbrillant de la foret qu'il etait d'abord , se metamorphose en liomme a la priere d'une jeune fdle ; c'est Tiri qu'elfeve la femelle d'un ja- guar, apr(^s I'avoir arrache du scin de cette meme jeune fille devenue mere; c'est Cam, qui rend les homnies moitels parsa curiosilci. Tiri a fait sortir ducreux d'un aibre toutes les nations que connaissent les Yuracares, et I'a refermc, des qu'il a vu la terre assez peuplee. Tou5 les Yuracares connaissent celle histoire my- ( 2.8 ) Ihologiquo, cl se plaigncnl de lous ceux qiii y onl iou6 iin role : de Moiorama ( dicu du lonncrro) , qui, du haul dcs nionlogncs, lour lance sos fou- drcs; ils le luenaccnl dc Icurs flechos lorsqu'il tonne; de Pepezu, qui les cnleve au milieu des bois ; dc Chunchtt ( dieu dc la guerre ). Leur demandc-t-on quel csl leur dieu bicnlaisant ? ils monlrent leur arc et lours filches, armcs auxquciles il doivenl leur nourrilure. Ils croient noaamoins a une autre vie, dans laquelle ils auront abondance de cbasse ct de pocbe , cl oii tous, sans exccplion, dcvronl se relrouver a jamais. Mes pi'omcsscs avaient determine trois Yuracar6s a me sui\re jusqu'a Moxos cl a me servir de rameurs. On rdunit pour toutcs provisions quelques racincs, el je me disposai a quiller los forels. Ln seul bommc , le religieux n'etail pas contcnl : pen habitue a la patience et aux privations de lous genres que Ics missionnaires, plus que lous aulres, doivent s'imposcr pour arriver a dcs resultals salisfuisanls, il n'oblinl aucun ascendant pendant mon sejour, ct pril le parli dc relourner a son couvcnt. Les eaux etaient tr6s basses , la riviere remplie de sauls : je mis qualre journees a faire a peine trois lieues jusqu'au confluent du Rio. Toujours dans I'cau pour trainer la pirogue ct presque sans cl.aus- surcs, nous elions, le jour, dcvores des piqures vcni- mcuscs des maringouins, quo remplacent, la nuit, des myriades de mousliqucs plus acharnis encore. Mes compagnons dc voyage so plaignalcnl a juste litre, elce n'etail pas trop dc loule ma rc^signation et de ma con- stanle cooperation a Icurs travaux pour les' engager h porsislcr. Enlin , au confluent ou les deux riviiros reu- nies i'oimcul le lUo-iJccuri, toujours navigable, il me ( '-^'y ) fallul abandonner toul-a-falt les lieux habilos; il nie fallut, picsque sans provisions, me confier aux hasards d'une navigation dont je ne pouvais prevoir ni la duree , ni les obslacles ; et cela , dans la compagnie de gens si peu experimentes, quo le scul manque d'equi- librc suITit pour faire chavircr plusieurs fois noire frele embarcation. Je suivis ces m^andies sans cesse renais- sanls au sein do la foret; mais, I'avouerai-je? celle nature si majestueuse avail alors perdu pour moi, pour ainsi dire, lous ses cliarmes, lanl il est vrai que la po- sition physique est un piisme qui coloi-e les objcls selon I'impression du moment ! On sent que le caractere de mos rameurs, malgrd I'empire que j'avais pris sur eux , devait du plus au moins me I'cndre le jouet de leurs caprices. Comment, en elTel , empeclicr des chasseurs passionnds de s'ar- reler pour suivrc, dans les forels, une troupe de singes hurleurs qui se monlraienl sur les arbres du rivagc, ct qui, peu epouvanles, paraissaient se jouer de nous jusqu'au moment ou une experience tardive leur ap- prenait a redouter la fleche meurlriere de mes sauva- ges? Comment les empecher depoursuivi-e ces joyeuses troupes de legcrs caUithrix , ces hoccos criards, ou le piicari, reprcsenlant , dans ces bois, de noire san- glier d'Europe ? 11 fallait alois atlcndre une journec entierc qu'ils rcvinssent avec le gibier. Dans une autre circonslance, c'elait une plage poissonneuse, oil, tan- dis que nous jetions nos lignes , ils pergaient de leurs dards les poissons qu'ils apercevaient au fond de I'onde. Les journees ainsi se succedaient lentement, quoique les rives fusscnt somen I animecs par les holes de la for6t, quo nous aperccvions a chaquepas sur les plages ou sur les arbres. La c'elait un tapir qui abandonnait ( 220 ) procipllammcnt lo rlvago; ici iin gabiai, qui po cachiiit dans I'cau a noire approche; plus loin , un ccrf Icgor, rclournant plusicurs fois la tele pour raicux nous rcconnailrc, ou dcs singes sautant de branche en branche, ct des oiseaux nichant en grande troupe sur les bancs dc sable. Souvcnl, au lever de I'aurorc , dc cruels jaguars , dont les traces fraiches dans Ic jour nous donnaient des cralntes, et dont les rugisscmcnts, la null, avaiont trouble noire repos, sc promenaient lentement sur la berge, ou , commc de jeunes chats, sc jouaient sur la plage, s'enfuynnt pourlant au bruit de nos annes a feu, moins Tiers queic caiman cuirasse, qui se montrail a chaque instant dans les eaux. D'abord I'abondance regna , grace au succcs de la peche et de la chasse ; mais , a mcsurc que nous avan- cions, la foret devint de plus en plus deserlc , et bien- lot nous fumes reduils a du poisson sans sel pour ioulc nourrilurc. Enliii , apres avoir vu plusieurs ri- vieres considerables, toutes inconnucs, se leunir a cellc que nous suivions , apres deux jours d'unc naviga- tion p^'nible, constamment exposes i I'ardcur des rayons d'un soleil brulant ou a la jiluic si abondante des regions chaudes, le Rio-Mamore , dans toute sa grandeur, se deroula denouveau dcvant nous. J'oubliai alors les souffrances passees; j'oubliai que jY'tais peut- elre eslropie, a\anleu, dans unc occasion parliculicrc, dont jem'absliendrai de parler ici, le bras traverse par les serres aigues de la grande liarpie ( Inlco destructor des autcurs j. J'etais a Moxos, le but dc mon enlre- prise , et le lendeniain, apres quarante jours de voyage, jc rcvis la capilale dc cctle province , ou jc fus J» peine rcconnu, tant la fatigue avail allere mes traits. Mes itin^raircs drosses me donnercnl un tiers dc moins dc ( 22 1 ) clicniln que par Ic Cliopari. Mcs souhalls, dans cede circonstancc , avaicnt done encore (!;le exauc(^s, el jc poiivais olTrir, au moins en parlie, an gouvcrncmcnt de Bolivia, dans la route nouvolle ouvertc a ses trans- actions commcrcialcs , un prix digne de ses blcnfails, sans rac croire pour cela libre envers lui de robligalion imprescriptible de gratitude personnclle que son noble chef m'avait imposee. I'NE JOrRN^E A TAUni5. (Exlrait (lu voyago mix IiiJes orientalcs par le norJ de I'Europe , Ics provinces dii Caucase , la Gcorgie , I'Armenie et la Perse , execute par M. Bur.ANGER , Jurant les aniiees iBiS a 1^29, ) Pendant le saint mois du Ramazan , il scrait difficile de prendre unc haute idee de la population ct du commerce de la ville de. Tauris. Le jeiine rigoureusc- ment obscrv(^ durant le jour, par tons los Persans , et la fatigue que colte vie ascetique leur cause , les forccnt pour la plupart a rester enfermes jusqu'au soir, et cra- pechcnt mcme les raarchands d'ouvrir leurs boutiques avant deux ou trols heures de I'apres-midi. Mais il faut voir le mouvement qui anime cctte grande cite dans les temps ordinaires : essayons d'en reproduire quclquos trails, ct commcncons au lever du soleil. A peine les moczzins ont-ils psalmodi6 sur tous los Ions la pieusc invitation qui appclle les croyants a la priere, que le son rauque du cornet des dallaks ( gar- cons de bains) so fait entendre etvient couvrir les der- niorcs modulations des arertcssenrs (Voffice. L'eau est chaudc , ct les femmes, dcja couvcrtes de leurs chd- drcs (voiles), n'attendcnt plus que cc signal pour aller so II. AvuiL. 4. '5 ( 2^^ ) baignor uMwd ritniic consacicic aux hoiinncs. EveillOs par CCS biuils, Ics chiens pousscnl do longs aboie- menls; Ic cbanl dcs coqs, le braiemcnl dos anes et Ics cris dcs valets qui s? font entendre prcsquc en racme temps coiuplele ce concert discordant. Aussltot Ics devots oulcs gens presses par Icurs affaires s'appcllont a I'envi. Les esclavcs ramasscnl siir les lerrasses les lils des ferames , et les liommes que I'indolcncc y retient presque toujours les derniers se decidcnt enfin a abandonner Icur couclic. Cependant la musique du prince, coraposee d'in- slrumenls a vent, de tambours et de timbalcs, a donne le signal aux marcbands du bazar, qui s'ajjpretent a ouvrir Icurs boutiques. Les pay sans atlardes pousscnt en loute bale, vers le marcbe, dcs troupes d'unes cbar- ges de legumes, de fruils, de bois ou de glace, dont les Persans font une grande consommalion, IMalbcureusc- ment voici qu'une caravane partant pour Ispabun ou pour Yezd les arrele dans lour course. Cette rencontre occasionne un embarras qui s'augraente et sc compli- que par rarrivee de voyagcurs dirigeant leur kafdeh les uns vers la route deTelici'an, d'autrcs vers celle d'Er/.c- ro.um; de tdmppurs (courriers), presses d'accomplir leurs missions, de porle-faix pliant sous le fardcau, de villagcoisqui, retournant cbez eux, videntles Irous des- tines pri'S de cbaquc niaison a rccevoir les immondiccs et en cbargenl Icurs botes. Cbacun veut nvancer, nul ne se monlre disposd a faire place. Les cris et les injures les plus grossicrcs se melcnt aux plaintes des passants el aux quolibetsdcs desccuvres. Maisd'ou nait le dcsordre qui \ienl lout a-coup boulcverser cetto foulc ? Les ancs rucnt et se ddbarr assent de leurs far- deaux, les cbumcaux grogncnt, les mulcts prcnncnl lo galop en renvcrsnnt les pultons pen inganihes. C'est un seigneur qui va a la cliasse, suivi de faucon- niers a clicval , de valets conduisanl la meutc , et dont \es feirac/is Y>ouv faire place a leur maitre, frappent a coups de baton conducleurs et betes de somme , sans s'inquieler des accidents, consequence de leur bx'utalile. Les artisans et les gens affaires se croiscnt dans tous les sens. On I'encontre a chaque instant des orfe- vres , des ctameurs etautres ouvriers qui, le sac surlc dos, et suivis de leurs apprenlis portant leurs petiles forges, leurs fourneaux ou leurs outils, vont Iravailler chez les personnes qui les ont raandes. Pic/i-/ia/naz (i) et mollalis marclicnt d'un pas grave vers leurs mos- quees , pendant que des groupcs de bambins nial ve- lus jouent en courant a leurs ecoles. Des mirzas, le rou- leau a la ceinture , prcssent le pas de leurs mules pour so rendrc aux ordrcs de leurs patrons. Plus loin des mai-chands cheminent lentemcnt, preoccupds des affaires qu'ils vont trailer. La, des soliicileurs gagnent le palais du Chab-Zadeh, ou se rendent au lever des ministres et des favoris du prince. Cependant les bar- biei's, a I'air important, font leur lournee du matin et vont presenter a leurs habitues le miroir dans lequel ces derniers reconnaltront s'ils doivont se faire rasor • la tele ou teindre la barbe. Enfin, les femmes sorlont pour faire des visiles ou bien pour aller au bazar, ou ia plus grande parlie de la population de Tauris se con- centre, pendant que les quartiers eloignes dovicnnent d(^serls. (i) hc% ficn-namaz, pretrcs charges ile faire puljliqiieniciit la pricre sont choisis parmi les mollahs, reputes les phis sairils ct les plm sa- vants. 10. Dcs bouclicis donl Ics vianclcs sonl ailislcmcnl dics- secs , des boulangcrs a la porlc dcsqucls sonl clalos dcs pains dc loiile cspcce , comme tcluirch , Un'ach ol saiii^uk (i), dcs loin 111 ricrs, dcs maioquinicrs ct dcs apprclcurs dc pcaux dc chagrin, dcs corroycurs, d( s poliers cl des raffincurs dc sucre dc I'lndc el du Ma- zanderan , (ilablis dans Ics rues voisincs , annonccnt aiix ciirieux que le bazar n'cst pas loin : on en Irouvc Ics abords occujics par une foulc dc banquisles, dc marcbands ambulanls ct d'6lalagislcs. Devanl cc pavsan sonl enlasses dcs paslequcs, des concombres et des giienneks (melons balifs). Pres dc lui dcs gens dc la canipagne oflVcnl aux passanls drs cbargcs dc bois a biider ct deslisacks; plus loin on voit des vcndeurs dc racines et d'bcrbagcs dont abondcnt Ics jardins des environs dc Tauris ct qui sc vendent a vil prix ; Ics lailues y sonl en anias considerables. On y debile aussi, par Ijoltcs, les ligcs jeunes ct blan- chies du rluwumh (rliubarbe) , dont Ics Persans trou- vent Ic gout dtilicieux. Ici Ton crie dc la glace qui sc donnc prcsquc pour rien ; souvent dcs mcndianls en acbclcnt, au momcntniemc oil ilsvicnncnl de soUicitcr la cbarile des p?ssanls. Des inairhaiirls de fuincc , por- lant a la ccinlure un pclit baquel conlcnanl des pipes, a la main un rc^cbaud avcc unepaire depinccllcs, surle dos unc crucbc dc cuivrc ct quclqucs sacs dc niauvais labac, invilcnlles pauvres gens a fumcr a bon niai'cbe (i) Le p;i!n .nji]nlii lavach ost lo :d, de la largeur d'line grande as- jidtc 1 1 niliire romnie un paiclicniiii : ou Ic ciiit s ir unc plaque de lole. l,e sangiih ou /Yj//i dc cailloiix est ainsi nonimc pnrco ([u'ou le fail culrc dniis dts fuui'i cou\ciIs d uue riiuclic dc cailloux d'cnviiou ■>. ponces , rt asscz siiul)lal)Ks aux iiolrcs. Ce pain , plus I'pais que Ic priccdtul , csl fa- fonue en lon^uei galedcs du poids d'uuc a deux livrcs. ( 925 ) les prelendus tabacs fins de Chivdz , dc Suze et de Damas, Lu sont dcs eclioppes d'epiceries communes, de viandcs stclics et de polssons sal6s : on trouve dans quelques unes dcs abricols conserves, des pislaclies de Kaswin , des prunes dc Boukhara , des noix et des araandes; dans d'aulies de la pale de dalles [adjonc) et des dattes nouvelles [ronteb); los plus rechercli6es sont celles du Benderat; ailleurs, des fromages, du lait caillii et du lait aigre ; en face, dcs gommes, de I'encens, dcs parfunis , des poudres epllatoires et du henna. D'enormes grappes de raisins de Tauris, sus- penducs a des cordes el parfaitement conserv^es (i) , indiqucnl a rachclcur les echoppcs ou se vendent les fruits encore frais, tels que grenades du Mazanderan , coings d'Ispalian , pommes de la Georgie, oranges de rinde , jujubes dc Cliira/.. Des malheureux entourcnt Celles ou Ton donne a bas prix les leles, les pieds et les enlrailles, en un mot le rebut des viandcs que consomme la classe aisce. Plus loin sont des mar- chands de pates fritcs au bcurre , dont la fumee re- pand une odeur nauseabonde , et 9a el la des amas de sel gerame en gros quarliers, qui se debitent au mor- ceau. La foiilc dcs acheleui's et des oisifs est surtout con- sidtirablc dans le bazar. C'esl une cohua dont on ne pent sc faire aucune idee, mais qui s'explique par I'es- pace resserri que le marclie occupe. D'ailleurs, les bouliquicrs ct les artisans n'y sont pas, comme dans les aulres villes de la Perse, classes suivant la nature de leurs marcliandises ou de leur Industrie. Les maga- (i) On !c nomnie ti'bit:l : le ijrain en est tirs lonij et ii';i pas Je prjiins il se [jardc loul I'laivcr. ( 926 ) • s:ns, larf^cs do i o ;\ 19 jiicds, profonds do C> iiS an plus, fi'elevenl de a a 5 picds au-dcssus du sol ; iin banc de ' piciTc qui s'avance sur Jc bazar pour la commodil^ de I'acheteur, rcduit cncoro la Yoic publiquo souvent occupeo par dos fdes dc baudels qui marchenl a pas coniples, indilTLTonts aux maludictions ct aux coups que leur dislribuont les piolons. .\ rinconvenicnl d'unc circulation difficile, vicnt se joindrc le bruit confus ct assourdissanl produit par Its invitations dcs niai- cliands, par le babil dcs feuimcs, Ics discussions (les chalands et les blaspliemcs des porte-faix. Que vos regards penctrent dans la boutique de cc lailleur, vous aporcc\rczun jounePcrsan qui complete I'ek^gance de son costume; il essave un brronni , nianteau en drap, anij)le et a larges manchos , pen- dant que d'autres achcteurs examincnt des jnidhcns , chemises en soie ou en toile , des alcaloks ou veslos de dessous en indiennes matelassees, dcs kabas etdes bagnlLs peu dilTcrents I'un de I'autre , des tekiiieks et des oyinchs , redingotes a pou pr6s semblables. Dans la boutique voisine ou Ton vend des essences parfu- niees, du muse, delacivelLe, de I'ambre gris, du baume de la Mecque, des bois de sandalc et d'alocs, el toutes les drogues indigenes a I'lndc et a la Perse , la ked- banou (i) d'un harem cherchc a obtonir au plus has prix possible, pour la favorite de son maitre, im flacon d'huile de rose , pendant qu'un vieux barbon choisit les substances les p'lus propres a reveiller ses appetits amoureux. Pres de lui, une femme agee demande avec instance qu'on lui serve qucl(]ues grains do bczoar (1) "Li Aediaiioii et-t cliargee d'iiistruire de ses devoirs l'e|)ouse aJulcs- cenle fl do former Ici jciuu'S cirlnvi"! au\ caprices du maitro. ( 557 ) pour un malade a la dcrniure exlroinite; el un homme encore jeune , la figure pale et I'oeil morne , attend avec iinpalicnce la dose d'q/ioun (i)qui doit le rani- mer. Ici un marcliand de niiels du Kurdistan et de Kazeroun, de vinaigres a la rose, d'liuiles de sesame, d'olives ou de cartliame, mesure du g/u's, beurre li- quide, dont beaucoup de Persans, pour se fortifier I'estomac, prennent une tasse, le matin, avant Ic caf(^. Plus loin sont exposes des vases de toute especc, memo des monies a balles, en porcelaine de Chiraz ou de Mechlied, non moins estimee des Persans que la por- celaine de Chine; la menie boutique renferme de la faience, do la poterie vcrnissec, des carreaux emalUes et ornes d'arabesques. Pres d'un magasin de soierics oil Ton peut sc pro- curer des brocarls simples {retbaj't) , des brocarts a deux faces (^zerbcift dou-ronj) el des velours d'or [uuihh- iiieli zei-bajt) , un marchand de roti s'occupe aclivement de sa cuisine. II qultte son fourneau, ou cuisent des pieces enormesde mouton et de chevreau, pour dispo- ser, au fond d'un de ses fours cieuses en terre, une terrine qui servira de lechefrite; il y descend ensuite un agneau entier qu'il suspend par le cou a unebrochc placee en travers de la bouclie de ce four; puis il passe a une autre, d'oii il tire une gazelle parfaitement cuite. Sans perdre un instant, il met sur lefeu ses brocheltes de filets de mouton coupes en petits morceaux, dont plusieurs amateurs altendent la cuisson avec impa- tience. (t) I'afioiin plus gcneralempnt coiinn in Pirsc sous le iioin de terlak^ est le sue ile [)avot. Los mumlnians di'vuts (iiii n'osenl s'ciiivior aver le viii font un usage aljusif de cette drogue, doiit les fuuestes uflels soiit assez coiinus. ( 2o8 ) A la porle d'un joaillier qui vend de^ aigrettes en pierres fines, dcs cliaincs d'or, dc» bagiics, dcs poi- gnards, des biacclots pour Ics pieds cl Ics bras, des kdlioittts (j)ipcs d'cau) d'un grand prix ct dcs monnaies antiques, un groupe de fomnies quo le son dc leur voix fail supposcr jcuncs, carles chadres cmpeclicnl de dis- tinguer Icurs trails, dispulent avec beaucoup de chaleur le merile d'une bollc aparfums enrichiedc picrrerics. Un devol personnagc est arrele devant un inarchand qui lienl a la fois des cuillcrs en jioirier pour les sor- bets, des miroirs, des verroteries, des bourses et des chapelets trus varies par la forme, la grosseur et la sub- stance des grains. Un sentiment de vanite qu'il reprime avec peine le fail liL'sitcr un moment cnlrc un cliape- let en lerre de la Mecque el plusieurs aulres beaucoup plus seduisanls, en corail , en calambac cl en bois de sandale. De tous ces marchands, les confiseurs sonl les plus nombreux et les plus frequenles; les Persans , tres friands de sucrerics, excellent dans cet art. Voici des boutiques oil Ton vend les tissus du Ca- chemire et du Rerman, les piousselines a fleurs de I'Inde; celles-ci appartiennent a des appreleurs de peaux d'agneaux pour bonnets; celles-la a des mar- cbands de sellcs, dc barnais el de bousses vemarqua- bles paries couleurs cllabizarrerie de leurs broderies. Puis, c'esl un rclieur qui vend dcs ccritoires, des kn- /fl/wA- (plumes), des canifs, enfin loulce qui concerne la papcterie. V is-a-vis sonl desfourreurs el dcs cordonniers, des fourbisseurs cl des armuricrs. On Irouve cbez ces derniersdes lames de tons prix el dcs amies a feu, dc- puis le fusil a meclie le plus grossier jusqu'au fusil a canon daniasquine cthballeries en argent; en un mol. ( 229 ) toules les pieces si nonibreuscs do I'^quipemcnt d'un cavalier persan. 11 faut visiter aussi Ics boutiques ou se delaillent les serges epaisscs du Mougan a I'usage de la classe infe- rieure, Icsrt(5'rM(raanleaux) enpoils de chevreduMazan- derun, les feu Ires don t on garni I les lapis et qui servent do manteaux aux pauvres. Les boutiques de m^decins qui donncntleurs consultations et debitent Icurs composi- tions pharmaceuliqucs sontnonibreuses. Chez les chau- dronniers on Irouve des aiguiferes, des plateaux fa^on- n^s en cuivre, en fonte ou en ctain, toute la vaisselle de table ctlcs ustensiles de cuisine ou de nic^nage. Les marcliands de labac joignent a Icur commerce celui des pipes; ils vendcnt ces beaux tuyaux de jasmin et de cerisier si estimcs des amateurs, et des bouquins d'ambre emallles ou garnis de pierreries. Les ^piciers liennent des fruits confils au vinaigro de Chiraz, du jus de citron et d'orange pour sorbets, des pains de Sucre d'Astrakhan, et des bougies preparees avec de I'huile de cannelle ou do g^roflo. En face, s'achotent des pa- niers d'osier, et des nattes donl les plus fines viennent du Slslan. A c6t«S le voyagcur pout se procurer a bon compte des couvcrtures, des sacs do voyage et des cof- fres tr6s logers, couverls de peaux noires, ornes sur le devant dc figures decoupoes en cuir de couleur. Dans la boutique la plus voisine, quatre ou cinq grands chaudrons de cuivre places sur des fourneaux sont entoures d'une foule de gens du peuple qui se font servir du pilaw a la viande; les meches qui bru- lont au milieu de la marmile et se nourrissent de la graisse, averlisscnt les chalands que le mcls est cuit. Plus loin, sont des magasins de toiles de Cambay pour le votcmcnt ordinaire des fommes, dc loilos impri- ( «3o ) m6cs cl dc loilos ticrues del'Inde; lout pn'^s on vend les riches lapis du Kcrman el du Sislun. La des gens cousenl fori habilcmcnl la poicelaine ct le verre; quel- qiie pclits que soient les morceaux , ils les allachcnt Ir^s adroitoment avec du ill d'archal , et revelcnl en- suite la couture d'un enduil de chaux el de blanc d'oeuf. Des lapidaires, au moycn dun mecanisme des plus simples, taillenl les pierres fines el gravent des cachets (i). On voit chez lesraieuxfournis des turquoi- ses de Nichahour, do vieille et de nouvellc roche ; des pcrles de Bahrain, des emcraudes d'Egyple, des topa- zes, des grenals syriens, des rubis de Ceylan et du P6- gou. Les marcluuids de bas et de chnussclles en drap, en laine ou en colon, ontleurs boutiques pros de I'en- tree des caravanserais, ou se liennenl aussi un grand nombre de mollahs. Cos dorniors, accroupis sur un feulre dlroil, avec un petit pupitre dovant eux , el lout a c6l6 du papier el une dcriloire, sonl h'lau service des paysans qui, ne sachant pas ecrire, ont besoin de leur minislcre. Les caravanserais , occup^s presque tous par les marchands en gros, ouvronl sur le bazar. Dans I'un (i) Le cachet remplace dans rOrieiil la signature. La profession Je piaveur csl done un clat de confiance ; voir! ce que Rlalcolm dit a ce siijet : ■• II doit tenir un ret;istre oil il dcsigiie rliaque scean qu'il a grave, el si » la personnc a laquclie il la \enJii I'a pcrJii, ou si un le iiii a vole, il » ne pent , sous peine dc mort , en faire uu semblable. II cit oblige d'in- >> diquer cxaclemriit la date du jour ou il fait le nouvcau. T.e pioprii'taire » iuliTcsse , s'il conlinue son coiuincri'c, doit conslaler le fait par les » tcaioignagcs les plus respectables , cl en inslriiire scs correspondanls en » declarant nuls tous comptes ct actes qui auraient ele scilles dc son pre- ■' micr sccau , poslerieurenienl au jonr oil il a ele perdu. ..(Sir Jolin Malcolm's, UiUory of I'crsiti , vol. the IV"', chap, the WV''. ; • ( -'-^l ) sonl ommagasinos Ics colons les plus cslimes <\c la Perse, les soies dn Glillan el clii Mazaiideran ; rautre sert d'cntrepot aux grains de loutc cspece. Les Arrne- nicns, les Georgiens el des commis de qnelques mai- sons de Conslanlinople, onl leurs magasins dans un troisienie ; on peut s'y procurer les marchandises d'Euiope convenables an goiit du pa\s, telles que draps d'AUemagne el do Piussie, quincailleries anglai- ses, soierles de Lyon, sucre en pains, elc. Les cliales, les ^tolTes, les toilcs, en un mot lous les arlicles do rinde, sonl reunis dans un qualrlome. Si la confusion et le bruit sont moins grands dans les caravanserais que dans le bazar , le mouvemcnt y est aussi considerable. A lout monicnl les mar- cbands qui arrivent ou ceux qui ont termine leurs affaires appellcnt les valets d'^curie poor se debar- rasscr de leurs nionlures ou se les faire amcner. Vous cntendez la voix ties muletiers pressant les porte-faix de cbarger ou de decbarger lours betes. Ce nego- ciant s'inipatiente et mallraile les hommcs de peine qui rangcnt avec lenleur sos ballots de marchandises, tandis qu'un aulre explique au mar^cbal, avec boau- coup do cbalour, I'accident arrive a son cbeval, accident qui re^clame lous les soins du vclerinaire. La bas, un conducleur de chameaux jure et grimace horriblement sous le rasoir d'un barbier inbabilo , dont I'apprenlis- sage se fait aux depens de sa pauvre tele. A I'aulre extremity du caravanserai , le palron du jeune fraler esl lout enlier a scs fonctions de cbirurgien : arm6 d'une lancetle effrayanle par sa longueur, il rafraicbit par une saignee un gros marcband a visage apoplecti- que. D'un cole, des domcsliques preparent la cuisine do leurs maitres, dc Taulrc des ferrachs font secher des ( 2 5->. ) Icnles dc voyage. U faiil entendre les changeurs ; assis sur un parquet de 5 a 4 p'leds carries, entoures de petits colTres en for et ;ijant un cuir devant eux j)our compter, ils piodigiienl les ressources de Jeiir elo- quence, afin d'aiiacher quel(jues cliayes (i) do plus a ceux qui ont bcsoin de leur oUicc : ce coninierce est I'un des plus avantageux qui sc fasse en "Perse, ou les variations de la monnaie sonl trds fr^quentos. L'agilation qui ivgne ne parait produire aucune im- pression sur les raarchands inoccupes; ils lument avec un calme, une gravite qu'on nc saurait decrire. Mais cc qui merite surtout I'attention de I'observa- leur, c'esl la nianitre mysterieusc donl les negociants Saudaguer (faisours de profits) , comme on les appulle dans ce pays, concluent les marches de quelque impor- tance. Apres avoir long-temps raisonne, crie , dispute sur les qualiles ct la valeur de la marcliandise; s'ils s'entendent pour traiter du prix , ils se prenncnt aus- silot la main droite, et, la couvrant de leur manteau ou de leur mouchoir, ils commencent a marquer dis- crc'tement, par lesmouveraents de la main , Its sommes qu'ils veulent donner ou accepter. Ainsi la main plioe vaut mille , la main ouverte cent, le doigt clendu dix, Ic doigt plie cinq, le bout du doigt un. Durant lout ce manege, leur visage est tellement serioux qu'il est impossible de deviner ce qu'ils pensent ou ce qu'ils disent. Le marclie Tail, cbacun rejirend I'air de physionomie qui lui est propre , et la conver- sation rede\lent animce. Toulelois, on ne S2 qiiittc pas sans boirc une tasse de caie et sans fumer dans la meme pipe. (i) I,c rliaye est la plus petite des monnaiivs roiiiantes d'.ir;;onl et vaut enviruu a 5 centimes. ( ^5'^ ) Copciitlaiil, Ic solcil a porcouru la moilio do sa courso, cl deja les lieux publics sc rempllssent d'oisifs ct dc beaux parleius. Retournez alors au bazar et d'uigoz vos pas vers quolqucs niaisons voisines, tcnues par dps Armeniens; vous vcrrcz y cnlrer fiirlivemcnt dps Per- sans de lout age, la pluparl de condilions elevecs. lis vicnnenl y boire du vin et des liqueurs fortes. Si vous oscz penetrcr dans ces repaircs dc lous les vices, un spectacle curieux vous y attend. Dispers(5s dans plu- sieurs pieces, les consommaleurs, la coupe en main, appuyes sur des coussins, ayant devant eux des pla- teaux converts de flacons, se livrent sans reserve a leur gout pour le delicieux poison (i). Ceux-ci, deja dcbaufftis, ne trouvantplus de gout au vin, se plaignent qu'il n'a pas dc monlanl (flc/nai^/i neddred) et deman- dent de I'eau de-vie; c'est la plus forte qu'ils vculent. D'aulres, rendus indiscrets par les vapeurs du brcu- vage, disent tout baut leurs cliagrins domesliqucs, pendant que les plus serieux critiquentavec amcrlume le gouverncment qui ne s'en inquiete guerc. Quclques uns rienl aux larmcs en ecoulant I'liistoirc improvisec par un conteur, tandis que des birichs (danseurs) (?) (i) SiiivnnI ks Pirsaiis, Djcinchid, un do leurs anciins rois , ful Ic premier (|iii s'avisi JVxiirirncr Ic jus t'es raisins et de le laire IVrin'Miter ; il gDUla la liipieur , cu trouva le gout trcs aciJe , el la pril pour du poison. Unc de ses femnies souffiant de vioiculs niaux de tele , ciul mellre fiu a ses tourments en buvant de ce poiion aux incidents de cetle derouvertc, il I'appela zehcr-e-hhoch , delicieux poison. Celle expression est encore cotuinune th z los Persans pour dcsiyiier le vin. (Sir Jolin Malcolm's, Historj- of Persia, vol, Ihe I", ehai). II-^.) (a) Lilteralcment gareons sans harbe; les danseurs sonl toujours bi- riclis. ( '-^54 ) provoquonl p;»r lours dansps lasclvos los propos olsce- iu>s, ct qu'un poetc chanlc I'amour el le vin. Le procUiil tic cos lloux de plaisir les fail lolcicr par le Daroghdh, qui pi'6l6vc un doublo irnpolsur los debi- lanls ol sur losconsommalours; carccux-ci no pou^ont los IVoquoiilor sans on avoir achclo I'aulorisalion. Los cabarols doiit nous parlons romplaconlaujourd'hui los cafos qu'Abbas II, lout dissolu quil olait, fit fcrmor pour moUre fin a la jirostilulion dos jcunos gardens, a laquollo ils sorvaionl i\Q rofugc. Co vico infamo rognc encore dans los cafes do Conslanlinoplo. II scrait a dosirerquo Mabinoud, Ic r6rorinalour de la Turquic , iniiU'il roxcmplo donne par Abbas. Sorlcz de ces cabaiots pour visiter les maisons ou Ion boil le coquonard el le bong, vous Irouvoroz sur voire cbemin dos gens defails, mornos el languissanls; suivez ces nialbouroux, ils vous conduiront jusqu'a la porle des lavornes, ou ils vionnonl cberclior dans I'oni- vremcnl unc trove a leurs ennuis ou h Icur niisere. Bion- tot vous los vorrez, apres avoir bu deux ou Irois lasses de coquonard, devcnir liargneuxctcol6res, puiss'apai- ser par dogres ol s'abandonner a lour passion do- minanlc. L'amoureux eclat o en Ironsporls ])our sa belle, Ic fanfaron no parlc quo balailles, I'avarc sup- puto siloncicuscmcnl toules los pieces d'orqu'il csporc accumulordans Tannine. Alors ces laverncs i-essemblont a do vraies maisons de fous ; au bavardage le plus niais, a la gaiete la plus desordonnoc succ^dc un idiotismc couiplct. Le hcng, fait (I'unc infusion do graines de pa- vot , de cb^nevis, de cbanvre ct de noix vomique , agit plus forlcmenl que le coquonard, et cause de fr(^qucnls» malbeurs. Quelques jours avanl noire arriv(ie, un Pcr- san qui en avail prisune dose considerable enlra dans ( aOd ) une folio sifurieuse, qu'apros avoir IVappcJ dc son poi- gnard plusieurs personnes du cabaret, il so sauva , ct blessa encore cinq ou six individus avant do se laisscr prendre. Ccpendant la foule n'a pas cesse de se concenlrer vers le bazar. Quclles couleurs assez variees rendraient exaclemcnl I'dTet pillorcsque produit par railluencc de gens appartenant a loutes les classes et a toutes les nations de I'Asie qui s'y pressent? La I'ctranger peut passer en revue les peuples les plus dloigncs par leurs croyances religicuses, leurs niceurs et leur patrie ; pa- norama mobile qui fait defiler tour h lour dovant les yeux de I'observateur, negociants de Paris, olliciers russes arrives dc Petersbourg, marcbands turcs ct grecs de Constantinople, Anglais partis do Calcutta ou dc Madras, Boukbarcs de Sarmacande el des frontiercs de la Cbinc , Georgiens de Tiflis, Maures do Telouan, Gu^brcs de Bombay, Armenicns d'Yezdet de Smyrne, juifs de tons les coins de I'Asie, Afgbans du Kaboul , Arabcs de Mascate, Ouzbecks de Boukbara, Ilindous de Labor, Rurdes et Turkomans. 11 est impossible de voir une plus grande diversity de costumes, despbysio- nomies plus disparates par le caractereet I'expression, des maniercs ct des attitudes plus diirerenlcs, d'en- lendrc des idiomes jilus dissemblables. Le voyageur distingue ces strangers parmi la masse dc la popula- tion, remarquable par la beaute des trails et la blan- cbeur du leint. Les fcmmes, tres nombreuscs, y vien- nent plutot par desoeuvrcment , et pour repandre ou recueillir des nouvelles , que pour acbeler. EUes s'e- cbaufTent si bien dans celte importanle occupation, qu'a peine entendenl-elles les cris de khahev-ihiv (prc- nez garde) ! rd'pclos a cbaquc instant, lanlol par un ( 2.56 ) liomnin dc lol (jiii s'avanco gravcmonl siir son anc , Innlot par un cavalier impalionlde sc fairc passage. Lc Poisan est aussi badaiul que le Parislen ; a la plus legc-re occasion on voit se former lo noyau d'un groupc qui grossil rapidcmcnt, el qui l)ien[ot obslruc la voie publique. Ici des gens allures so prcssent aulour d'un saca qui, I'oulrc sur le dos , une lasse de cuivre brillantc a la main, crie dc toule la force de ses pou- naons: A Vean! a F can! an imni des hicnheuvcux Jinansl La unmalade s'exliale en plainles qui allirent unefoulc curieuse pres de la boulique dc riiakim auquel il dc- niande secours. Plus loin un nombre considerable d'bomnics el de fcmmes se pressent aulour d'un dcr- viche en repulalion ; les talismans qu'il ecril passent pour infaillibles. Mais ou court loutcemonde? En peu d'instants la foule enloure un jeune liomnie qu'un dal- lal (rcvendeur), charge de loulc sorle d'habils, vient d'allraper. Le pauvre diable s'est aper^u que le chalc dont on lui avail lant vanld la beauld n'esl qu'une vieillerie reprisee qu'il a payee dix fois sa valeur. Aussi ne trouve-t-il pas d'epilheles assez injurieusespour qua- lifier la friponnerie du dallal. Ccluici veut maintcnir son marche, etdeploie une elTronteric qui impose un moment u la galcrie. Cepcndant rachcleur Irouve main forle pour le conduire chez le daroghab, qui, en- vironne de ses ofiicicrs armes de longs balons, se lient au centre du bazar dont il a la police. Laissons ce ma- gistral rendre , s'il lui est possible, une justice impar- liale, el dirigeons-nous vers le Meidan elvers les pelilcs places voisines du marclie. Beaucoup de marcliands ambulants s'y promi-nenl au milieu de rassemlilemenls nombreux. Des oisifs ecoutcnt un conteur qui suspend sa narration au mo' ( «37 ) tnent le plus inWressant, pour avertir ses auditeurs qu'ilsaient a fouiller h la poche s'ils veulent connaiti'e le denouement. Dcvant d'autres on faitdanser desloups ; divertissement populaire, lellement recherche des Per- sans, que les derniers arrives en viennent souvent aux mains pour avoir part au spectacle. Personne ne fait attention aux cris d'un malheurcux delinquant que les hommes du Mohtecib (i) emportcnt plulot qu'ils ne I'emmenent. II implore en vain la pitie do ses bour- reaux qu'il adjure par Tame de leiir mere^ par celle de leiirs aieiia\, par la tcte dit prince , par le propliete AU et par tons les I mans ! En quclqucs minutes ses jambes sont introduites dans le fatal nceud coulantdu falacka, et on lui applique en mesure, sur les talons, des coups de baton dont la force diminue en raison dela somme que le patient prometde payer si Ton veut adoucir son siipplice. Enfinle soleil a disparu, la musique du prince a fait retentir I'air de sons eclatants, le jour tombe, cha- cun reprend le chemin de sa demeure, et la foule s'ecoule lentement. Les marchands se preparent a quitter les boutiques et a regagner leurs logis, les por- tiers ferment les caravanserais : on entend de nouveau le chant des nioczzins , et les devots s'empressent de gagner les mosquecs pour ecouter la' priere du soir. Le miragha ou chef de la police de nuit entre alors en forictions , et distribue ses escouadcs dans les divers quartiers de la ville. Le Kichiktclu-bachi , qui com- mande le guet du bazar, place les gardiens charges de (i)Le Mohtecib rei;le le prix di: toulcs les iiiarchaiiJises niises tii veiile dans le bazar; il vciifie aussi la justKSse d«'s poids et mesures et la qua- lite des denrees. IX. AVRIL. 5. iG ( 238 ) veiller sur la propri(ile des marcliands; service que ces dernicrs paient moyennant une faible r^lribulion par mois. Dans Ic niarche, ou quelques heurcs aupara- vanl bourdonnaionl la foule, regne un silence absolu ; le bruit et Ic mouvement animenl mainlenanl les inai- sons parliculiires. On sert le rcpas du soir , ot les es- claves choidient a egayer Icurs inailres en chanlant quelques unes des odes des poetos favoris. Ici Ton danse au bruit discordant de la musique persane; la on se querelle ; mais I'lieure s'avance, et deja sur les terrasses les doniestiques ont dispose les lils. Mille fanaux de couleurs varices lultent avec la clart6 de la lune , et ces lueurs, joinles aux feux d'un million d'e- toiles qui scintillent dans un ciel pur, vont bicnloi eclairer les scenes do nuit de ceite cit^ populeuse. ( *^59 ) PROGRAMME DES PRIX PROPOSES EN 1838. I. PRIX ANNLEL POUR LA D^COTJVERTK LA PLUS IMPORTANTK EN ciOGRAPHIE. Meclaille dor de la valeur de 1,000 francs. La Soci6te offre une m^daille d'or de la valeur de mille francs au vojageur qui aura fait, en geogra- phic, pendant le cours de I'ann^e 1 838, la decou- perte jug6e la plus importante parmi celles dont la Soci^te aura eu connaissance; il recevra. en outre, le titre de Correspondant perpcHuel , s'il est etranger, ou celui de Membre, s'il estFrancais, et il jouira de tous les avantages qui sont attaches a ces litres. A defaut de decouvertes de cetle espfece, une me- daille d'or, du prlx de cinq cents francs, sera decernee au voyageur qui aura adresse pendant le nieme temps a la Societe les notions ou les communications les plus neuves et les plus utiles au progr6s de la science. II sera porte de droit, s'il est etranger, sur la lisle des candidals , pour la place de correspondant. ( 240 J II. PRIX FONDli 1>AU S. A. R. I.E DUG u'oUI.liANS. Meddille d'or de hi vale/ir dc 2,000 francs. S. A. R. le due d'Orleans ofrro un prix de deux mUle francs au navigateur ou au voyageur dont les travaux geographiqucs auront piociire, dans le cours de j85S, ladecouverte la plus utile a I'agriculture , a I'induslrie ou Ji riiumanile. S. A. ayant bien voulu charger la Soci(^le de geograpliie de d^cerner ceprix, la Soci^t^ s'altachera de preference aux voyages accompagnes d'itin<5raires exacts ou d'observations geographiqucs. III. ANTIQl ITtS AM^RICAINES. MedaUle d'or de la valenr de 0,000 francs. La Societe offre une medaille d'or dc la valeur de trois mille francs a celui qui aura le mieux rcmpli les conditions suivantes : On demande une description, plus complete etplus exacte que celles qu'on possede, des ruines de I'ancienne cite de Palenque, situ^es au N.-O. (hi village de Santo- Domingo Palenque, pres la rivi6re duMicol, dans I'lhat de Chiapa de I'ancien royaume de Gualimala, el desi- gnees sous le nom de Casas do Picdras dans le rapport du capitaine Antonio del Rio , adress^ au roi d'Espagne en 1787 (1). L'auleur donnera les vues pitloresques (i) f^oy. Descriplioii of llie ruins of an aiiridit rity discovered near Palenque, in llie kingdom of r.uatemala, in Spanish America; translated from the original inaniisrript report of rapilain don Antonio del Rio. London . 1827 , 111-4". ( '^4> ) des monuments avec les plans , les coupes et les prin- cipaux details des sculptures (i). Les rapports qui paraissent exister enlre ces monu- ments et plusieurs autres de Guatimala et du Yucatan font desirer que I'auteur examine, s'il est possible, I'anlique Utatlan, pres de Santa-Cruz del Quiche , province de Solola (2), I'ancienne forteresse de INlixco et plusieurs autres semblables, les ruines de Copan dans I'Ltat d'Honduras (3) ; celle de I'lle P^ten dans la laguna de Itza, sur les limites de Chiapa , Yucatan et Verapaz ; les anciens batiments places dans le Yucatan et a vingt lieues au sud de Merida, entre Mora-y-Ticul et la ville de Nocacab (4) ; enfm, les edifices du voisi- nage de la ville de Mani, pres de la riviere de La- gartos 1^5). On recherchera les bas-reliefs qui representent I'a- doration d'une croix, tel que celui qui est grave dans I'ouvrage fait d'apr^s del Tiio. II importerait de reconnaitre I'analogie qui rfegne entre ces divers edifices, regardes comme les ouvrages d'un meme art et d'un meme peuple. Sous le rapport geographique , la Sociele demande surtout : i» des cartes particuli^res des cantons oil ces ruines sont situees , accompagn^es de plans topogra- (i) II est a desirer i|u'il soil fail des foiiilies pour roiiiiailie la destina- tion de galeiies soulerraiiies pratiquces sous les edifices, et pour coustater Tcxislence des aqueducs souteiraius. (2) La caverne Tibulca, pres de Copan , est soulenue par les rolonnes. (3) On compare les restes d'Ulallan , pour leur masse et leur grandeur, a tout Cf que le plateau de Couzeo el le IVlexique ofl'reiit de plus grand, el I'on pretend que le palais du roi a 728 pas geometriques sur 376. (4) L'un de ces batiments a , dit-on , 600 pieds de face. 5) Ces dernieis ctnient encore habile." |>ar un princi; indien a I'epoque do la C(.nqiiele. ( 24-i ) phiques : ces carles doivent eti-o construites cl'apres des methodes exacles ; 2" la hauteur absolue des princi- paux points audessus de la mer; 0° des remarquos sur I'etal pIiNsique et les productions du pays. La Society demande aussi des recberchcs sur Ics traditions relatives a I'ancien peuple auquel est attri- bute la construction de ces monuments, avec des ob- servations sur les moeurs et les coutumes des indigdnes, et des vocabulaires des anciens idiomes. On cxaminera sp^cialement ce que rapportenl les traditions du pays sur I'age de ces edifices, etl'on recborcliera s'il estbien prouve que les figures dcssinces avec une cerlaine cor- rection sont anlerieures ^ la conquete. Enfin I'auteur i-ecueillera tout ce qu'on sait sur le Votan ou Wodandes Chiapanais, pcrsonnage compare a Odin et a Bouddali. Ce prix sera d^cerne dans la premiere asserablee generale de i83g. Les meraoires, cartes et dessins devront etre deposes au bureau de la Commission cenlrale, au plus tard le 3i d^ccmbre i838. IV. INIVELLEMEMS BAROMI^TRIQLES. Deux inedailles (Cor de la valeur de 100 francs chacune. Deux mdidailles d'encouragemenl sont offertes aux auleurs des nivellcments barometriques les plus 6ten- dus et les plus exacts , fails sur les lignes de parlage des eaux des grands bassins de la France. Ces medailles , de la valeur de cent francs chacune, seront deccrn^cs dans la premiere assemblee g<5n(^rale annuolle de iSSg. Les memoircs et profils, accompagnes des cotes c'' ( 245 ) des 6l6ments des calculs, devront etre deposdjs au bu- reau dela Commission cenlrale, au plus tard Ic 3i de- cembre i858. Les fonds de ces deux medaillos sent fails par M. Perrot , mombre de la Societe. CONDITIONS Gl^NtRALES DES CONCOURS. La Society dc^sire que les memoires soicnt ecrils en francais ou en latin; cependant elle laisse aux concur- rents la faculte d'ecrire leurs ouvrages en anglais , en italien , en espagnol ou en porlugais. Tons les memoires envoj es au concours doivent elre Merits d'une manl^re lisible. L'auteur ne doit point se nommer, ni sur le litre, ni dans le coips de I'ouvrage. Tous les memoires doivent elre accompagnes d'une devise et d'un billet cacliete, sur lequel cette devise se trouvera repet^e, et qui contiendra , dans I'inl^rieur, le nom de Fauteur et son adresse. Les memoires resteront deposes dans les archii>es de la Societe^ mat's il sera libre aux autetirs d'enfcdre tirer des copies. Chaque personne qui d^posera un m^moire pour le concours est invitee a retirer un recepisse. Tous les membres de la Societe peuvent concourir, excepte ceux qui sont membres de la Commission cen- trale. Tout ce qui est adress6 a la Society doit etre envoy6 franc de port , el sous le convert de M. le President, a Paris , rue de /' Unii^crsite , n° 20. Paris, !e 3o mars j83S. I '^44 ) DEIXIEME SECTION. Actes de la Societe* I'KOCES-VRHliAUX DES SKANCES. A sseinhlee general t' du 3(i ukivs i85S. La Socielo dc geographic a tciui su premitrc Assem- blee generale de i858, le vendredi 5o mars, dans luie dcs salles de I'Hotel-de-Ville. M. Boucher, I'un des vice-presidents , occupe le fauleuil en I'absence de M. Gulzot, president de la Sociele. M. d'Orblgnv, secretaire, donne lecture du proc^s- verbal de la derniere seance g6nerale ; la redaction en est adopt6e. 31. le secretaire comnuinique cnsuitela liste des ouvrages deposes sur le bureau et olTerts a la Sociele. U est donne communication a I'Assemblf^e d'une leltre de M. le ministre de I'instruction publique , an- non^ant une souscrlption pour cinquante exemplaires AQVOiog''oplue de I' Europe , publiee par la Societ6 , alnsi que d'une lettre de M. le ministre de la guerre , annoncant I'envoi du Tableau de la situation des eta- blissemeiits francais dans V^lgerie. M.lo colonel Denaix fail hommage de la cf livraison ( '45 ) de son hoiweau cnitrs de geographie genernle rnlion- tielle. Cctte livraison , qui appartlent a son Atlas de la France, est formee des tableaux geographiques et his- loriques faisant connaitre les principaux cliangetnents survenus dans I'etendue territorlale de la France, et dans son etat politique, depiiis retablissement des rois de la premiere race jusqu'a ravenementdel.ouis- Philippe pr. M. Barbid du Bocage communique une letlre de M. Leguevel deLacombe, auteur d'un voyage a Madagas- car, qui se propose de soumettre a la Soclete les docu- ments qu'il a recueillis sur cette ile pendant uti sojour de huit ann^es. Apres quelques observations de M, le baron Wal- rkcnaer, cette lettre est renvoyee a la Commission centrale. M. le president proclarae les noms des candidats pr^sentes pour etre admis dans la Societe. M. Roux deRocbelle, rapporteur d'une Commission spiciale , composee de MM. le baron Walckenaer , Eyries, Jomard, de Larenaudiere et de lui, fait lecture d'un rapport sur le concouts relatit' au prix annuel pour la d^couverte la plus imporlante en geographic. La grande m^daille d'or est decern^e a M. Dubois de Montpereux, pour ses voyages dans les regions du Caucase, et la Commission juge dignes d'une mention honorable les voyages en Ai'abie dc M. le lieutenant J. R. Wcllsted , de la marine des Indes. Les droits de M. Texier pour ses voyages en Orient, et ceux de MM. Combes et Tamisier pour lour \oyage en Abyssi- nie, sont reserves pour I'annee procbaine. M. d'Orbigny lit un fragment de son voyage dans rintei'ieur de la Bolivia ; mais I'hcurc avancee ne per- XI. AVuiL. 6. 17 ( 24G ) met pas a M. Belangor do faire la lecture qui ^lait annoncee dans I'oidie du jour dc la seance. Cetle communication est rcnvoyec a la prochaine reunion de la Commission ccntrale. L'Assemblee , aux terraes de son r^glement, pro- cede au renouvellement annuel des merabres dc son bureau , et elle norame au scrutin : President. M. de Salvandy, ministre de I'inslruc- tion publique. /M. le general de Rumigny , aide-de- \ camp du roi , f .-Presidents. {,. ^ . , . , , , ) M. Uaussy, ingeniour-liydrogiaplie '^ en chef de la marine. [ M- le baron Rotschild , Scriitatciirs. < M. Castellan , membre de I'ln- f stitut. Secrelnire. M. Peytier, capitaine au corps ro\al d'elat-major. M. le vicomte de Santarem est nomme au scrutin, a une place vacante dans la Commission centrale. L'Assemblee, conformement a ses statuts, decerne a M. Cuizot, president sorlant , le tilre de president honoraire de la Socidte. La stance est levee a dix heures et demie. MEMBRJiS ADMIS l)A>iS I. A SOClUTl':. AL Sabin BiiRriiEi-OT, naturalisle. M. Charles- Alexandre CiiAi.i.Avii. M. le docteur Dkuodi;. M. Gustave d'Eiciitiial. M. L^on Pl^e. ( 247 ) OUVRAGFS OFFERTS A LA SOCIIiTE. ParM. le ministredela i'lierre : Tableau de lasitualion des ^tablissements francais dans I'Algerie, i vol. 111-4". ■ — Par le Depot de la guerre : Caiie cle I'Algeiie , dres- see sous la direction de M. le lioutenanl-g^neral Pelet, d'apr^s les leves et les reconnaissances des oITiciers d'etal-major, etc., 3 feuilles. — Carles particuli(^res des provinces d'Oran, d'Alger et de Conslantine, 5 feuilles. — Par le Depck de la marine : Carle de la mer de Chine, dressee par M, Daussy , ingenieur liydrogra- phe en chef, d'apres les travaux du capitaine Hors- burgh, etc., 1 feuille. — Carte des allerages de I'ile de Terre-Neuve ( partie comprise entre le cap Raze ct les lies Sainl-PieiTe et Miquelon), levee en i83G el 1837, par M. Lavaud, capitaine de corvette, i feuille. — Instructions nautiques sur les mors de I'lnde, lirees de la derniere edition de I'ouvragc anglais public par J.llorsburgh, et Iraduiles par M. le capitaine Le pre- dour, tome II, in-8'. — Instructions pour naviguer sur la cote orientale de Terre-Neuve, par M. le capitaine la Lavaud, in 8". — Par M. le ministre de I'instriicltoii piihlique : Voyage dans I'Amerique meridionale, par M. d'Orbigny, ooe, 3ie et Saelivraison. — ParM. Du- bois : Voyage en Crimee, au Caucase , en Arme- nie, elc. Alias, i'-- et a'' livraisons. — Par M. Bcrthelot : Histoire nalurelle des lies Canaries; G^ographie des- criptive, feuilles 5b a 40; Miscellanees canariennes , feuilles 1, 2 et 5 et huit planches. — Par M. Denaix : Atlas physique , politique ct historique de la France , accompagn^ de notes ellegendes cxplicalives, formant la 96 livraison du Nouveau cours de geographic gene- rale. — Par MM. Combes et Taniisier : Voyage en Abys- ( ^48 ) sink', (Uiiis Ic pays de Galla , fie Choa et d'llal , pre- cede d'unc excursion dans rAiabie-Mcureuse, et ac- compaj^ne d'une carle dc ces divcrses conlr6os, loin. I el II, ni-8". — Par M. Teniaitx-Conipans : \o\i\^cs , Relations el M^moires origlnauxpour servir al'liistoire de la decouverle del'Amerique, 7<% 8''el 9^ vol. — J'tir la Societe royale ffeogrnp/iifjiic de Loiidres : Journal de cellc Society, tome VIII, i^'" partie, — Par MM. Ileck It Pice : Atlas des families; la France g^ographi- que, induslrielle el Inslorique , 1 vol. in-4''- — Pfii' M. Cortnmbcft : Cours complel d'^ducation pour les /illes ; Lecons de geographic , in-8°. — Par le Bureau des longitudes : Connaissance des temps pour 1840, t vol. in-8°. — Par M. d'Orbigny : Carte d'uTie partie de la republlque Argentine, compi'cnant les provinces de Santa-Fe , d'Entre-Rios, de Buenos- Ayrcs, el la partie septentrionale de la Patagonie, 1 feuille. — Par M. f/V/f'6^^(7c .• G^ographie de Virgile, ou Notice des lieux dont il est parle dans les ouvrages do ce poete, par M. llcllicz. Paris, 1771, 1 vol. in -12. — Par M. le vicomtc de Pontecoularit : Des representa- lions zodiacales ( extrait de I'Encyclopedie du xix« si^- cle ) , in-S". — L'Espagne en 1807, premiere lettre , in-S". — Par M. de Montholon : Notices sur I'llide ; une excursion a Goale, Mysore elMahe. 2 brochures in 8". — Par les Auteurs et les Editcurs : Plusieurs numeros des Annales des voyages, — des Annates marilimes, — — du Journal de la marine, — du Journal des mis- sions evangeliques, — des Annales de la propagation de la loi , — du RecueiL induslriel , — du Memorial encyclopedique , — du Journal asiatique, — du Bul- letin de la Societe 6l6menlaire, — de I'Extrait des Iravaux de la Soci6t6 d'agriculturc de Rouen. BULLETIN DK L\ f r SOCIETE DE GEOGRAPHIE MAI i838. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. MiiMOiRE descriptif de la route de TeJiran a MecJied et de Meched a Jezd, recoimue en 1807, par M. TRUiLniER, capitaine au corps du genie. (Suite. ) Au-dela du cai'avanserai dont on a parle, le terrain ayant toujours sa pentc de droite a gauche de\ient in^gal. II se dessine en langues de terre dont la direc- tion est oblique a gauche. II y a souventdes embusca- des dans cet endroit. Les soldats arm^s de fusils a meche conservent le feu a des liges de I'arbuste qui fournit la gomme copal dont on voit une assez grande quantite dans ces deserts. * On n'apergoit plusdcpuis Bedescht la grande chalne de montagnes ; j'ignore si ellccst fort aboissee et si elle n'existe plus que dans ces coteaux dont il a ele ques- tion, comme separant le desert do Baslan du pays des u. \:ai. 1 . 18 ( *^5'> ) Turkmen. On m'a dil qn'il y avail au iiortl dcs monla- j^ncs plus hautes. En avancant vers Meiomcnn, on aporcoil de fort loin une chaine elev(^e, (loiil la direction coupe por- pendlculairemonl cclle du clieniin rjue Ton suit, ce qui oblige de marcljer au N.-O., alin do la passer a la pointe. C'esl en entrant dans la plaine de Meiamenn , el a 2 farsakhs du village que la route oblique ainsi vers Ic nord. On voit a droito, au pied de la cliainc , trois groupcs d'arbres. Le premier seulemenl est un village; il est eloign^ de la route de i,5oo toises. Lnc lieue avant Mciamenn, on passe un petit ruisscau dont I'eau est bonne , et coulo de droite a gauclie. Meiamenn estbiiti a un quart de lieue du pied de la montagne. Le cours du ruisscau qui I'arrose est mar-. qu6 par une suite de jardins clos , dont la longueur est de plus d'une demi-lieue depuis la source. II y a aussi bcaucoup d'arbres autour du village. Meiamenn a loo m:>isons, 5 cbevaux , loo anes , 20 chameaux, 5o boeuls, 6 moulins faisant cbacun 100 batmans de fariue en vingt-quatre lieures ; 1,000 moutons ou ch^vres. Lfs recolles de grains suflisent a peine pour six mois. 4 o^' ^ villages que Ton voit dans les environs , a pcu de distance , fournissent le supplement. L'eau est bonne. La route de cette joumee n'a presque aucune dilliculte. Le groupe de villages est sous Tautorile d'un Zabit (fcrmier). De Maiamenn a Daskiert on comptc 9 farsakbs. Cette journ^e est la plus p6rillcusc a cause des Turk- men. La route est toule d^serte. On marcbe une lieur^ dans la plaine vers le N.-O. pour francbir ensuite la montagne , et le resto de la direction est a I'E. II y a une source al'entree du defd^, et pas d'aulrc cau jus- qu'a la station. ( 25. ) La montagne dc Meiamcnn eslnue, haule , acciden- t6e et d'un aspect gianilique. Quoique je n'aie pu obtenir de renseignomenls sur la situation du village de K ana hoKfli ., donl pdAc Forsler, je crois reconnallre 'ici la cliaine a laquelle il donne ce nieme nom, etque Rcnnell suppose elre le mont Masdoramus de Ptole- moc , qui bornait a i'Oiient le pays dcs Parlhes. La direction de la montagne est du nord au sud, un peu vers Test; elle s'abaisse subitement a une lieue de Meiamenn, et se prolonge au nord en un terrain mon- tueux, dechire en tous sens, ou s'embusqucnt les voleurs, et qui parait tenir aux montagnes qui separent ce desert du pays des Turkmen, et participer de leur nature. On marche 3 farsakhs dans ce terrain. Cette parlic du chemin n'esl en general pas bonne, mais clle est pralicable. On deboucbe dans une immense plaine deserte a. 5 farsakbs de Daskierl. II y a un ravin a une lieue de Daskiert. Ce poinl est a peu pres a la hauteur du village de Kezzarou ( 5o maisons), qui est 4oo toises adroite. L'eau en est, m'a-lon dit, un peu meilleurc que celle de Daskiert. II est moins eloigne ■de Meiamenn que de ce dernie-r lieu. II y a assez de cul- ture aulour do Kezzazou ; elle n'est guere interrorapue jusqu'a Daskiert. On passe dansl'intervalle un ruisseau qui va du second au premier village. Ce sent les seules eaux que Ton ti'ouve dans la plaine. Daskiert a loo maisons, 5o bceuls. So anes, i.noo ch^irt's et moulons; un moulin qui fait en un jour lOo batmans de farine. Le territoire suffit aux besoins. On recolle beaucoup de colon ; on envoie le superflu a Bastan. 12 paires de boeufs sonl employes au labou- rage. Dans ce pays, une paire de boeufs fournit par son travail une r^collo (\c i5 a 18 khnlvars de grains, ce qui i8. porte le pioduit total a environ 200 klialvars. L'eau (fe Daskiert est saumutre el plcine de sangsues; aussi la plu- part desajiimaux onl-ils frequemmenl la Louche ensan- glant(^e. II n'y a point darbrcs. Les parlies cultiv(ies de la campagnc sunt parsemecs dc tours qui scrvenf d'asile contre les Turkmen. Lc village est closa lordi- naire d'une mauvaise enceinte de lerre. L'eau man- que quelquefois au moulin. On lire alors la farine de Meiamenn. On voit au sud de Daskiert, el a la distance de plu- sieurs lieues, la pointe d'une montagne aussi 6levee que celle de Meiamenn , et qui parait tenir h celte derniere par un rameau bas ct encore plus eloign^. On appelle celle montagne Douchakh. II y a dans les environs une mine de cuivre designee sous le nom d'Elhack; elle est a 5 ou 6 farsakhs de Daskiert. Cette mine lul exploilee sous les Ceplieis ; ayanl ete creusee jusqu'a plus de 200 pieds de profondeur, les eaux que Ton renconlra obligercnt de I'abandonner. Nadir-Cha fit faire des efforts inuliles pour epuiser les eaux et re- prendre I'exploitation. De Daskiert a Abbas-Abad le sol est entidreraent a ride ; la distance est de G farsakhs. La route est unie et sans la moindre difficulle. Enlre les deux plaincs 011 sonl situes les deux villages, on traverse pendant trois heures un terrain leg^rement montueux, dont la pente est a droitc vers une valine deserle , couverte d'efflorescences salines, et qui se ratlache a gauche a des hauteurs peu eloign(^es. C'est encore un lieu d'em- buscade pour les Turkmen. Cha-Abbas avail fait con- slruire plusieurs citernes dans le desert de Baslan , et iiotamment sur la route de cetlc journ^e; elles sonl ioutes en ruino. Le pays est toujours nu , ot on ne i ( 963 ) commence a trouver un peu de culture qu'en arrivant a Abbas-Abad. Le \illage et le caravanserai d'4bbas-Abad sont I'ouvrage de Cha- Abbas. Ce prince avail fait execuler tous les travaux necessaires a la siirete et a la commo- tllte du pelerinage de Meched. II ^tablit ici cent fa- milies geoi'glennes, et leur accorda de grands privile- ges qui ont el6 renouveles par Nadir -Cha et par ler oi regnant. Le pi'incipal consiste a etre dispense de toute fourniture aux individus qui voyagent avec firman. Le roi lui-memc fait payer a Abbas-Abad ies provisions necessaires, lorsqu'il y passe. Malgre ces exemptions , lescenlfamilles sontreduites a vingt, ce qu'on attribue aux enlevements des Turkmen. Le village est fonde de- puis sept generations; il est clos de murs, et bati sur une hauteur qui tient a celles de gauche. Les habitants possedent i6 chevaux , lo boeufs , une centaine de chevres et moutons, oo anes. Le territoire fournit h peine des grains pour cinqmois. On apporle le supple- ment de Daskiert ou du pays de Sabzavar. On recolte du coton. II n'y a pas de moulin. lis vendent leur fro- ment aux caravanes , et tirent de la farine de Mezi- nann. Le real ne se divise ici qu'en lo chais. Les poids et mosures sont toujours les memes qu'a Tehran. II y a deux sources a Abbas-Abad qui coulent a droite vers les terres cultivees. La premiere est tres legere'ment saumatre; la seconde est bonne, et un peu plus abondante. Abbas-Abad est le dernier village du gouvernemont de Baslan. De la a Mezinann, on compte 6 farsakhs. La route est unie et sans difficulte. II n'y a pas d'eau nidc culture jusque vers le village de Cuiohh^ (oomai- sons) qu'on laissea gauche, une lieuc avant Mezinann, ( a54 ) el ou commence le gouverncment de Sabzavar, r lorrain fsi en pluine. A 4 tarsakiis de Mclir on passc' a un ( 207 ) caravanserai dontl'eau elaitpuanle vl mauvalse ;i la fin de juillel. Je crois qu'au lieu d'y faire station , il vau- draitmieux se porter Doo toiscs a gauche au village de Piivat ( 3o maisons) oil Ton voit des jardins. On voit 2 ou 3 autres villages a Tentour du caravanserai; mais ils sont peu considerables. Lne partie de I'eau qu'ils emploient a la culture est fournie par un petit ruisseau que Ton -passe un quart d'heure avanl le caravanserai, el qui coule de gauche a droite. L'eau est bonne, mais singulierement chargee d'argile. Au-dela du caravanserai, le pavs est a peu pres inculle jusqu'a un minaret qu'on apercoit de fort loin, et au pied duquel on passe. Dans cet intervalle, il n'y a gu^re d'eau que celle qui vient d'un petit village a gauche , eloigne de la route de 3 ou 4oo toises, autour duquel il y aquelqucs terrescultivees; tout le reste est bruyeres. Depuis le minaret jusqu'a Sabzavar, sur un cspace d'environ une lieue et demie ou deux lieues , on voit plusieurs villages a droite et a gauche. L'eau abonde. La culture estriche, et n'offre presque pas d'interrup- lion. Lo terrain est toujours en pente a droite, et en meme temps il s'eleve , de sorte que la hauteur des montagnes qui regnentdu cote du nord'parait moindre. Deux lieues h droite, une autre chaine se forme paral- lelement a la premiere depuis 3 farsakhs avant d'arri- ver a la ville. Sabvazar, ou plus correctement Sebzevar, est une ville dont I'enceinte batie en briques crues a au plus 1 farsakh de dt^veloppement. Les murailles sont pr^cedees d'un assez mauvais fosse; elles ont 3 ou 4 piedsd'ej)aisseur etune vinglaino de pieds de hauteur nioycnno. I,;i ville est renijiTK! de mines auxquelles on ( '^58 ) roconnail la clominatlon des Agwans. Elle est reduite mainlenant a environ Goo luaisons. On me I'a dit ainsi; mais je crois que Ic nombre doit approcher de 1 ,000. Les habitants posstidunt 200 chevaux , 200 anes, 10 mules, 20 chameaux (article 6videmment au- dessous de la verite), 2,000 moutons ou chevres, 45o bocufs ouvaclies, dont cent couples sont employees au labourage. Le territoire de la ville est arrose par six courants d'eau qui viennent des monlagnes du nord. L'air est salubi'e , I'eau bonne , le pays decouvert et ddnue d'arbres. Sebzevar a 20 moulins , dont chacun pout faire en vingt-quatre lieures de 2 a 4 khalvars de farine. L'usage est comme dans tout le nord du Kho- rasan de donner un vingtieme pour la mouture. Le pays recolte des grains au-dela de ses besoins. Les moutons sont apportes de chez les Turkmen et du Rourdistan sur un rayon de dix a douze journees de distance. 11 y a dans cette ville un bazar miserable dans lequel on vend presque uniquement des fruits et des comes- tibles. Le pays fait en cotons des recoltes abondanlcs qui sont I'objet d'un pclit commerce. Mirza-Maliamcl- Khan Eslou, de la tribu des Kadjar est gouverneur de Sebzevar; son autorite s'etend depuis Abbas-Abad jusqu'a Robati-Zafrani incluslvement. J'estimc qu'ii pout avoir une cinquanlaine de villages sous ses ordres. II obeit au Chazade Maliamed-Veli-Mirza, gouverneur du Rhorasan. La maison qu'il habite est renferinee dans une enceinte interieure, dont les murs et le fosse ressemblent a ceux de la ville , mais sont dans le meilleur 6tat. On (iprouve quclquefois a Si'bzdvar des tremblementsde tcrre. Les caravanes do Tcluau a ileral se dirigcnt d'ordi- nairo de Siih/evai- sur Toiirbrt, d('|)nis qur li* passage ( 2^»9 ) par Tourchiscli leur est intcrdlt. Elles suivent jusqu'ici la route que j'ai deci'ite. Une route va de Sebzevar a Tourbet par Tour- cliisch, savoir : De Sebzi'var a Sinmiir 12 fin^^hs. a Khal.ri-Mi'iiliin (i a S r 6 a Tourcliisih 8 Total 3i De Tourchiscli a Azraii Soo niaisoiis) C> a Toiifbet (ij.lioo ni.) 8 Tulal 14 Celte route par Tourchiscli est montagneuse. On peut eviter Tourchiscli qui est rebelle , et remplacer cette station par celle d'Erzabad ( 5o maisons). Void quelle est la route de Sebzevar a Tourbet par Robati-Zafrani. De Sebzevar a Rohali-Zafrani 6 farsaklis a Houssiiii-AbaJ (i (5o 111.} Eaii saiirnalre. a IMeliimid-Ab.iil 3o (3om.) ul. a ru)Ioiiki-r>tl-H('i- 8 ("io ni.) Eau leg. sniim. a Teikhirrienki 8 (20 ni.) Eau douce. a Kame 7 (3o ni.) /(/. a Tourbet 4 . Total 45 Cette derniere route est plus facile etmeilleure que loutes les autres. Deux ou trois routes vonl de .^ebzevar a divers points du Rourdlstan en deux journ^os de marche. Le Kourdistan se compose de plusicurs vallees , dont I'origine est a peu pros au nord de Sebzevar, cl ( .Go ) qui so prolongent Al'est jusque pri>sd'lldrat, ayant une longueur lolale dc dix a douze journ6es sur deux ou irois de largeur moyenne. Celle conlree est habitic en grande parlie par des Rourdes nomades. II y a aussl «in grand nombre de villages. On estime la population lotale a families, (le pays obeit a plusicurs chefs, tous souniis au Chazad6. Le plus puissant d'enlre cux s'appelle emir Gouna-Kban. Le Kourdistan est tr^s abondant en bestiaux. On y recueille aussi beaucoup de grains et de coton. On y fabrique dans un village los tapis les plus beaux du Khorasan, a moins que ceux de Kbain ne meritent une pref»irence que je leur ai entendu atlribuer. Mais, en general, celte fabrication est trt>s r^pandue dans le Khorasan, comme aussi celle des I'eutres quo Ton em- ploic au merne usage. II y a une route dcMechod par le Kourdistan; elle est moins sure que celle de Neycha- Ijour, mais elle est au moins aussi abondante. De Scbzevar a Robati-Zafrani, il y a 6 farsakhs ; la route est en plaine , et n'a pas de difficulte notable. La direction est a rE.-i/4-S-L. Les montagnes de gauche sont a une distance moyenne d'une lieue. Leur sommet, peu 6leve, est decoup6 en aretes aigues. Sur les 3 premiers farsakhs, il y a a droite et a gauche pres de la route d'assez nom- breux villages. On passe a quclques uns. L'eau ne man- que pas; elle n'est saumatre qu'au village de Djoulal ( 25 maisons), qui est le dernier a droite. On apercoit une plaine sterile qui s'etend jusqu'aux montagnes in- (liquees ci-devant. A un quart de lieue-de S^bzcvar . on laisse A droite renfourchementdc la route commune de Tourbet et de Tourchisch. La pente de terrain est toujours du meme caAiS. Les 5 dorniers farsakhs du ( 22 ) La penle par laquelle on deboiici.c clans la plaine do Neychaboui" est bion plus douce, plus large, et plus accessible que la gorge d'enlree. Inleriourenient, colle- ci est fo^^meo au coucluinl par des nioulagncs abruplcs qui paraissent le noyau principal de loutes celles que Ton traverse, Aunfarsakh avant IIoussein-Abad, el a pareille dis- tance des montagnes, on Irouve dans la plaine de Nejchabour quelques maisons ruinecs, et un ruisseau donl I'eau coule de gauclie a droile; elle est bonne et abondanle. Quelques villages. sont balis a renlour. Je crois cetle station pr^lerablc a colle do Houssein-Abad, le seul village ou passe le cbemin , el ou les caravanes s'arrelent d'ordinaire parcelle raison. La plaine de INeychabour est couverte en grande partie do bruy^res. Elle presenle ndanmoins un nombre de villages si considerable, que je n'ai pas vu dans le Rliorasan de pays phis riclie. C'est une des parties les plus fertiles de la Porse.'La largeur de celte plaine du nord au sud est de trois a quatre lieues. Lne tr^s haute chainc de montagnes la ferme au nord ; elle n'est decouverte a une grande distance que du cote de I'E.-S.-E. Des montagnes plus basses, dont il est dif- ficile de saisirla liaison entre elles. la borncnt a I'ouesl, a une distance de quatre lieues du point ou Ton debou- che. Les eaux sont en general bonnes et abondantes. Houssein-Abad a 5o maisons, So boeufs, 3o chevaux, 5o anes, 4 o" 5oo moutons ou cb^vres. Les habitants emploient lo paircs de boeufs au labourage. Ilsrt^coltent engrains au-dela des besoins, etverrdcnt leur superflu aux caravanes. Point de moulins; I'eau est saumalre. Le village est clos d'un mur. De Houssein-Abad a iNeychnbour on comple 3 far- ( '-^^i^ ) sakliS. Le chomln esl ea plaine et sans difiicull^, si ce n'est le passage de quelques ruisseaux. Les eaux coulou t toules du nord au sud, en obllquanl un peu au siid- est. On voit dans eel inteivalle ime quinzaine de villa- ges pres de la roulo , et en approchant de Nevchabour de vastes enclos remplis de jardins qui dependent de la ville. De Houssein-Abad a Nejcbabour, au moins sur les 2 premiers farsakhs , la culture des villages est inler- rompue par quelques intervalles cteriles ou bruyeres. Cesbruyeres, ou petites broussailles epineuses , res- semblent a celles qui couvrent les deserts de la Perse. Lescbameaux en sont Ires avides; mais je n'ai pas en- tendu dire ailleurs qu'a Neycbabour que ces epines portassent une espece de maiine : on la recucille ici melee avec la graine,- et on I'emploie en raedecine. J'estime la direction depuis Sabzavar a TO. i/4 N. Neycbabour, bati, comme on I'a dit , au milieu d'une vaste plaine , est une ville de 2,000 maisons. Elle renferme beaucoup de ruines dans son enceinte , qui a de developpement environ i 1/2 farsakli. Les murailles ressemblent a celles de Sebzevar ; mais elles sont en moins mauvais etat; elles ont environ 20 pieds d'elevation , 3 ou 4 d'epaisseur; elles sont en briques crues. II y a un fosse de ti'es mauvaise defense , et des tours pour flancs. ('.cite ville a ele plusieurs fois de- truile par les neiges. La tradition fail rcmonter au regne de Tamerlan I'epoque ou elle fut ruinee le plus recemment. On suppose qu'un pareil ev^nement a eu lieu au temps de Salomon, et les habitants debilent a ce sujet les bistoires les plus ridicules. La neige y sejourne presque toutes les annees, et le fioid est souvent Ires vif. L'air de Nevcliabour est salubro ; I'eau ( 2f)4 ) fori bonne. Tout ce qui tsl neccssaire ;'i la vie se Irouve en abondance dans la ville el ses environs : on V recueille bcaucoup de colon, el on en fabrique des toiles pour la consoramation de lout le pays : on fail quclqucs lapis el beaucoiip de feulres. La plaine pro- duil bcaucoup plus de grains qu'il n'en faut pour Ics besoins des babilanls : on y recolle de la soie , qui nionle a la quanlil6 de 5oo balmans pour le seul ter- riloire de la villo ; on I'exporte a Meclied. 11 y a de nombreux Iroupeaux dans les environs; la bruy«ire nourril surloul bcaucoup de cliameaux. Les Iruils sont bons el abondanls. II y a a Neycliabour quelques juil's qui, sous I'appa- rence de Ir^s pauvres marchands, I'onl un commerce clandeslin en lurquoises. Dans cello ville, comme dans»loul le Rhorasan , les denr§es sont en general a vil prix. On a pour un rial 20 balmans d'orgc ou 12 balmans de IVoment. Lne charge complete d'ane, de broussailles epineuses qu'on cmploie souvent pour brillcr, ne coule qu'un chai. Le gouvernement de Mejcbabour s'etend dcpuis les monlagnes de Robali-Zafrani jusqu'a Cherif-Abad ex- clusivoraent. II est posscd6 par Mahamed-Khan-Sardar, ou general des troupes du prince el chef de ses mi- nisties. Neychabour etail la residence de Djaffar-Khan , frere d'Aga-Mobammed-Khan , a qui Feit-Ali Cha fit arra- clier les yeux, lui supposant des desseins ambitieux , il y a quelques ann^cs. Ce seigneur vil encore a la cour de son neveu, le roi regnant. II exisle a Meychabour, a Sebz^var el dans loutos les villes de Perse un approvisionnement considerable de grains qui nc'diminnc qu<' pendant les sieges. C'esl ( 965 ) une precaution importanle clans un pays oii I'on ignore I'art d'atlaquer les places, et surlout dans une province qui fut si long-lemps en proie a de sanglantes divisions. Les fameuses mines de turquoises sont a 8 farsakhs ouest-nord-ouest de Neychabour, dans un rameap con- siderable de la grande chalne dont on a parle prece- demment. Voici I'i^lat dans lequel je les ai trouvees : Snr les flancs de la montagne appel(^e Firouz-Kou ( montagne des turquoises ) , on voit a diverses hau- teurs douze ou quinze cavernes spacieuses distribuees sur une ^tendue d'une demi-lieue. Toutes ces caver- nes resultent de I'excavation du roc vif. Les plus grandes peuvent avoir 5 a 600 toises cubes de capa- cite. On voit dans I'une un puits d'une grande profon- deur, ^galement taille dans le roc. Les parois des groltes sont rajees en tout sens par des veines de tur- quoises de plus ou moins belie couleur. Ces veines sont en general minces de 2 lignes; elles s'etendent beau- coup en surface, et se coupent entre elles sans aucune .regularity. Les belles turquoises sont un point plus gros de la veine, dont la couleur doit eire d'ailleurs d'un bleu pur. On en trouve aussi quelquefois d'iso- l^es dans le massif de la roche. Dans I'exploitation primitive, on enlevait a la pointe ou a la poudre un l)loc de pierre que Ton brisalt ensuite avec precau- tion, et on morceaux de la grosseur d'une noisette. On relirait a mesure les turquoises. Ce travail occupait et occupe encore a present quatre ou cinq cents individus ^lablis dans deux villages voisins (qu'on ap- pelle l\laden , villages des mines). Quand I'exploitalion se faisail au comple des divers gouverneurs, elle exi- geait des frais considerables, et Tinfidelite des survpil- IX. MAI. 'i. 19 ' v.G(. ) l.ints ou dcs ouvriers . on meme le siiiiplo hasaril diminualcnt hoaucoiip Ic b«'!nt!;fice net. On a done pre- feiA abandoniier la mine au comple des ouvi'iers, avec la seiilc obliualion de payer loo loiunans chaque ann6e augouverncur de Neychabour. Cos loo loumans sont ensuite reparlis enlre Ids deux villages qui con- licnne'nt ensemble 900 maisons. Depuis lors, Ics ouvriers onl forme une association , et au lieu d'attaquer le rocher selon I'ancienne me- Ibode , ils se contenlent de trier une secondc fois I'immense amas de pierres d^ja cassecs , que Ton voit a Tenlree des groltes, ce qui leur donne un profit moindre, mais assure, et suflisant pour repandrc dans les villages un air d'aisance Iri^s remarquable ici. Pour cet effet , on apporte a dos d'ane tout cc cail- loutis a la soui'ce d'eau la plus voisine; on le lave el on fail le triage. Les turquoises qu'on obtient sont en genei'al petites, mais en si grande quantil(i , que les ouvriers sont dedommages de leurs peines. De temps en temps, ils font quclques attaques nouvelles , mais eela ne dure pas long-tomps, et ils ne tardent pas a I'abandonner. Dans le moment ou j'ai vu les mines, ils croyaient avoir decouvert au pied de la montagne un rocber moins dur a travailler et qui devait contcnir d'assez belles pierres. Je doule qu'ils fasscnt quelque enlreprise suivie ; ils craindraient qu'on ne leur sup- posat un benefice trop considerable. Lc clicmin le plus court pour aller a M(^clied tra- verse les raonlagnes du nord. 11 est de i4 farsakhs soulcment, mais tres difficile. Pout* aller do ^'cycba- bour a Herat, il faul passer a Tourbet ou a Mocbed, ou du moins se diriger sur I'une do cos deux villos. Nous ( 5r.7 ) donncrons a I'arlicle Tourbcl 1«'S rotnmunications avec ce point. . De Neychabour a Kademga , la tlislance est de 4 ff^«'- sakhs; la route se dirige a rcst-sud-est ; elle est iinle et sans difficulte. A un quart de licue de la ville , on laisse a dioite le cbemln deTourchisch; a 2 farsakhs 1/2 de Neychabour, onvoit a dioite, a 800 toises, les villa- ges de Halt (20 maisons) , et de Bismerou (5o malsons) par lesquels passe la route de Meclicd par la montagne. Dans ce premier inlervalle, on voit une qninzaine de villages a portee de la route. L'eau abonde. Les ruis- seaux coulent de gauche a droite. La culture est ricbe €t presque continue, surtout dans le voisinage de Neychabour. Les montagnes restent a une distance moycnne de trois quarts de lieue de la route. La derniere partie du cliemin jusqu'a Kademga est une croupe leg^remont inclinec a droite et denuee de culture. On voit du meme cole un village autour du- quel il y a de beaux jardins. Kademga est nn village de 5o maisons enliereraent habile par des Seids , a qui le fondateur Clia-Abbas a accords de grands privileges; ils ne paient aucune imposition. Ce village, bien abrite au nord et a I'ouest, presente I'aspect le plus riant; on y volt a I'entour de la mosqu(^e de magnifiques pins, et d'autres beaux arbres. Les habitants possedenl 20 cbevaux, looanes, 100 boeufs ou vaches, dont i4 couples sont employes au'labourage ; 4oo moutons ou chevres, que Ton pent porter, je crois , a pres de 1,000. On recolte 6 a 7 khalvars de colon, des grains au-dela de la consomma- tion. Point de moulins; ils se servent de ceux des vil- lages environnanls. L'eau est bonne et abondante, I'air salubre. Je n'ai j)as vu dans loute la Perse un m!- 19. ( .68 ) iage aussl agitable. Le travail d'une pairc de boeufs ne donne pas nioins do 5o ou 4o klialvars de grains chaque annee. Au lieu d'eniplover quatro journ6es pouF so rendie de INcvchabour a Meched par cetle route, on peut a la rigucury arriver en trois; alors il faudrait prendre pour stations intermediaires Meichounn ( i oo maisons) , qui est un peu a gauche, i farsakh plus loin, et Cherif-Abad (i5 maisons), De Rademga a Cherif-Abad, on comple 7 farsakhs. La direction est d'abord au siid-est , ensuile a lest, et la derniere demi-lieue au nord-est. Les montagnes de gauche regnent toujours a trois quarts de lieue du che- min ou davantage; mais on traverse ou bien on long© des hauteurs ou des langues de terre qui s'y raila- chent. II y a 5 ou 4 villages pres du chemin jusqu'a Meichounn. Les environs de ce dernier sont particulife- rement fertiles; mais de la jusqu'a Cherif-Abad, on ne quitte plus les bruyeres. La quality de la route est en general bonne. II y a neanmoins deux ou trois passage* qui auraient besoin d'etre repares pour les rendre praticables aux voituros , savoir : 1" pres du village de Dizbar; 2° a la descente pros de Cherif-Abad; 5° a un fort farsakh avant d'y arriver. A demi-distance de Rad6mga a Ch6rif-Abad , on p£isse un gros ruisscau qui sort des hauteurs, et coule a droite dans la plaine. Les broussaillos ne manquent pas dans les environs. 11 y a a peu de distance aupara- vant et sur la droite quelque culture. IJne lieue au- dela de ce ruisseau, est un caravanserai en ruincs dont la construction est encore due a Cha-Abbas. On passe encore trois petits ruisseaux qui coulent do gauche a droite. La inontagne dont on conlourne la pointe en ( «"9 ) approchant tie CherH-Abad, est un rameau de la chalne de gauche. En cet endroit est une petite source, et I'enfourchemcnt de Ja route de Meched a Tourbet qui se dirige au sud. Ch<^rif-Abad est un village dependant du gouver- nement de Tourbet; il n'y a point d'autres habita- tions a- grande distance. On y compte i5 ou 20 mai- sons, 20 boeufs , 2.5 anes, 4oo moutons ou chevres. Les habitants recueillent des grains au-delh de leurs besoins. Point de moulins. On y batit un caravanser*»i. L'eau n'est pas tres bonne. Le village est bati dans un vallon dont la direction est au sud-est. Dans celte di- rection, on voit a deux ou trois lieues le terrain se relever. C'est une ramification large et elevee de la chaine qui regno au nord , et qu'il iaut franchir pour entrer dans la plalne de Meched. La chaine qui unit les montagnes caspiennes ati Caucase indien, ot que Ton ne perd pas de vue depuis Meychabour, a sa direction au sud-est-quart-est; elle se prolonge vers Herat, et finit avant d'y arriver, ear les deux routes ordinaires d'Horat a Meched et a Tourbet sont en plaine I'une et I'autre. II se pourrait nean- moins qu'elle s'abaissat en quelque endroit , et qu'elle se relevat au nord d'lleral; car, pour aller a cette ville de Mechecl, le chemin le plus court est diflicileetmon. tagneux. Quoi qu'il en soil, je crois a I'existence d'une chaine de montagnes principale, qui unit les monta- gnes caspiennes au Caucase indien. Mais la considea'a- tion prec6donte m'engage a la rapporter quinze ou vingt lioues au noi'd de Meched. Alors les cinq v-allees paralU'Ies qui sont au nord ide Sebzevar auraient leur origine a un conlre-lort dirige du nord au sud, comme la moutagne de Aleianionn , el seraienl (li\isccs enln-- ( -^/o ) elles par autant do rauicaux dc ce centre lorl, diriges dans le nieme sens que la cliaino principale , c'est-a- dire a resl-sud-est. Celle description des ranieaux apparlient d'abord evidemnient aux montagnes sltuee* au nord de St^bzevar; leur elevation subitc au milieu de la plaine entre Abbas-Abad et Mczinann en presenlc- rait line pointe. A la hauteur de Mehr, ou un peu plus loin, elles ofiVent leur maximum dehauleur, quiestscn- siblomcnt diminue lorsqu'on les iVanchit pour jjasser dans la plaine de Neychabour. On m'a assur<^ de plus a Meclied, que la chaine de montagnes siluie au nord de cette vllle sc pr»- longe jusque vei's Kaboul : cette chaine s'appelle Leybas. De Ch6rit-Abad a M6ched on compte 5 farsakhs. Le cheminestmontagneuxjusqu'a 2 farsakhs de la ville; on trouve alors un beau caravanserai, autour duquel sont batis 8 ou 10 moulins. L'eau est bonne el abondantc; elle coule au nord-est. La premiere parlie de ce che- min est a proprement parler la seule dilTiculle que Ton rencontre depuis Teliran. Les mauvais passages sont au nombre de cinq : nous allons les indiquer endecri- \ant la configuration de cette monlagne. Elle est cou- ple en deux par une gorge etroile et profonde dirig^e au sud-est, dans laquelle coule un ruisscau d'cau douce. On y trouve les mines d'un caravanserai , a la distance de Ch6rif-Abad d'un fort farsakh, Un chemin patt de la, et va a Neychabour paries montagnes. Pour arriver k ce caravanserai on franchil un rameau d'une elevation mediocre, donl le flanc, expose au sud. est de rocherassezescarpe. On y monte par un senlier perillcux pour les betes de somme . ct on entre dans uneespece dc petit col; la desccnle, biL>n pluslongueet ( '^71 ) plus douce , traverse un terrain dechirt^, et n'esl pas enlierement praticable. On s'eleve ensulte par un mauvais sentier pierreux et extremement rapide sur le plateau du noyau prin- cipal de lacliaine. Cette seconde raont^e est tout aussi dilTicile que la premiere; il faut monter sur un es- carpement de rochers entre des blocs de fortes dimen- sions. Le plateau sup^rieur est peu etendu; il regne a gauche ct au pied d'une sommite , et se terminc de meme, 4oo toises a droite, par un relevemenl de la Crete : on y chemine un quart d'heure, Le commencement de la descente est tres rapide. On trouve bientot une citerne avec une source d'ou Ton tire I'eau pour la remplir. Cette descente se prolongc une lieue et demie jusqu'a la plaine de Me- ched. Le terrain est varie ; mais il n'y a plus de dilTi- culte qu'enunseul point, c'est encore une portion de descente tres rapide, et longue de 2 ou 000 toises. La rampe est sinueuse et embarrass^e de rocliers. Tous les obstacles sont surmonles quand on est parvenu au pied. On suit une demi-lieure une petite gorge dirigde au nord avantd'arriver au caravanserai des moullns; il y a un petit ruisseau dans cette gorge. Du caravanse- rai a Meched, la route est en plaine. On ne voit pres- que pas de villages, quoique la culture s'elende a plus d'unelieue de la ville. La direction du chemin de Cherif-Abad a M.ecbed me paraitdu sudaunord, peut-etre declinant vers I'ouest. A I'entour du caravanserai ou sont les moulins, on volt disperses environ deux cents blocs de marbrc blanc dont la solidile moyenne est de 3o ou 06 pleds cubes; il y en a de Go et davanlag". Nadh-Cha les avait fall apportor de Tauris pour servlr a la construe- ( 27» ) tion dun ])alai3 qii'il avail orclonnee a Kalaal, ville mainlenantruineo, a cinq journ^es au-dela de Meched. Un plus grand nonibre de ces blocs a d^ja t^le enlev(!» et enQploy(^ on diflerenls endroils. Le lieu ou les aulres sont resl(^s deposes indique clalrement qu'ii n'y a point de passage plus pralicable dans celte chaine de mon- lagnes. • Moched, capilale actuelle du Khorasan, est batie en plaine. C'cst une grande ville remplie de ruines , de jardins, et qui renferme encore 4'Ooo maisons. Elle commence a se relever apres avoir beaucoup soullerl dans les guerres civiles et etrangeres qui ont desole le Khorasan durant le dernier siecle. Elle est fcnnee d'une muraillfe flanquee de tours , haute d'environ 25 pieds et epaisse de 5 pieds, batie en briques crues ; I'enceinte estcouverte enpartje et Irfes irreguliferement par un massif de terre elev6 sur le bord intd-rieur du fosse; I'epaisseur de ce massif est de 8 a 9 pieds. En quelques pJ^ies on aelev^de plus, immcdialemont sur la Crete de l^^conlrcscarpe, un petit mur cienele pour avoir un feu plus rasant; il n'y a point de glacis, et le foss6, dont les terres coupees a pic ne se sou- tiennent que pai" leur extreme consistance , peut avoir 18 a 20 pieds de profondeur sur 1 2 delargeur raoyenne. Le developpement de I'enceinte est de 2 larsakhs. Le palais du prince est ferm6 d'une autre enceinte a peu pr^s scmblable , mais mieux enlrelonue. Meched est celebre par la sepulture d'lmam-Mouza- Riza , dont le tombeau atlire une grande affluence de p^lerins de tous les pays oii r6gne la sccle musul- manc des chyas. On y a bati une mosqu^e dont la coupolc et les deux minarets couverls do cuivro dore se distinguent de fort ioin ; du rcstc , elle n"a 1 icn de ( 275 ) reinaiquable , si ce n'est la grando quantite d't-taMis- seinenls et fondalions pieuscs qui y sonl allaclios, tels que des ecoles , bains, hopitaux , etc. La dota- tion actuelle de eel edifice sert a nourrir, dit-on , plu- sieurs milliers d'individus panni lesquels il y a beau- coup de roligieux; la decoration interieure est inoins belle que celle des mosquees d'Ispahan. On sail que les riches offrandes faitesau tombeau d Inaani-Riza ont en partie disparu pendant les troubles de la Perse. Le reste de la ville est fort nial bali. Le palais du prince, qui n'est pas entierement acliev^, est assez beau, et ressemble pour la distribution a ceux du roi. Nadir-Chu, desirant que sa cendre reposat dans la ville de Meched, s'y etaitfait construire un magnifique tombeau. Feit-Ali-Cha, qui vint dans ce pays il y a peu d'annees, ordonna la demolition de cet edifice, pre- tendant venger sur les restes de Nadir la mort de son aieul , qui avait ete supplicie par I'ordre de ce souve- rain , pour avoir voulu lui disputer le trone. II y a a Mt^clied une centaine de families juives que iNadir-Cha y avait reunies, dans la vue d'activer le commerce. A la mort de ce prince , elles ont perdu toute protection, et vivent aujourd'hui dans le der- nier opprobre. Leur condition sous le gouvernement persan est en general beaucoup plus triste que chez les Agvvans et les autres musulmans sunnis. Non seulement la population de Meched ne corres- pond pas a I'etendue de la ville, mais ellc est inferieure a ce que Ton pourrait conclure du nombre de mai- sons liabilees, dont plusieurs ne le sont que par des femmes ; les pertes occasionnees par la guerre sonl ^cnsiblcs. ( 274 ) MiicLetl u toujuurs uii appiovisionnoiiKMil considera- ble en grains, comnie toutes les villes lermees de la Perse ; mais ce qui lui est particulier , elle est aussi approvisionnee en besliaux. Le d^faiit de security pendant un sii-cle de troubles a oblige les cultivateurs de la plaine a s'enferiner habituollemenl dans la villa ; aussi voit-on bien peu de villages dans les environs. Les bouchers de la ville ne tuent gufere d'ailleurs les raoutons pour la consommation ordinaire. II n'y a presque d'autre combustible que la broussaille epi- ncuse du desert. Le peu de bois employe pour cet usage et pour les constructions vient du Kourdistan et des environs. Dans le Kborasan, des loiles de colon de differentes qualiles soniriiabillementcommun; on recueille assez de coton pour les besoins. On recueille aussi un peu de soie dans les environs de Meched ; on en tire des diverses parlies de la pro- vince, et on en fait quelques 6loffos qui sorvent a I'u- sage des femnies , ou qui sont cmpJoj6cs pour pan- talons d'bonimes. Pendant I'liiver, I'usage des pelisses de niouton est general; les plus estim6es viennent de Bockhara; elles coutent de 20 a 3o reals. Les pelisses de diverses qua- litesfontl'objet du principal commerce avec Bockhara, et celles de mouton sont exportees dans toutes les villes de I'lrak-Adgemi. On fait a Meched des tapis de feutre; mais ceux a poils coupes viennent du Kourdistan , et paiticulidre- nuntdechez les Turkmen etautres peuplesnomadesdu kiiorasan; les plus renommtis sont ceux de Khain, comme on le dira ailieurs. 11 se fail a Meched un commerce consid(^rable en ( 270 ) ol)icts de supoi'stition, coinme chapelels, linceuls nior- luaires , sur lesqucls sont ecrlts des vcrsets du Koran avec de la terre apport^e de Rcrbela, etc. Les pelerins en prennent tons. Le commerce de chales de cachcmire se divise a H(^rat entre Jedz et Meched. La plus grande parlic est dirl- geepar la premiere route qui est plus sure. Les guerres civiles qui desolent maintenant le pays des Agwans ont beaucoup diminue le transit , el par con'.re-coup les cliales ont augmenle de pr ix en Perse. Durant les troubles civils de I'Afganistan, beaucoup de pierres precieuses et joyaux out et6 derobes du tresor des souverains, ou ont ete pilles sur d'autres personnages de marque. La plupart de ces bijoux sont entre les mains des juifs et de divers particuliers que la crainte des avanies oblige a observer la plus grande circonspection pour s'en delaire; ce commerce clan- deslin a lieu surtout a Herat et a Meched. 11 ya a Meched des graveurs sur pierre assez ha- biles; ils s'occupent surtout du travail des turquoi- ses; ils taillent aussi les cornalines qui viennent de I'Yemen. On ne fabrique plus de sabres a Meched, apparem- mentdepuisque les guerres civiles ont fait abandonner I'exploitation des mines de fer et d'acier du Khorasan. Une branclie d'industric tres remarquable a Meched est celle des vases de pierre ; on les emploie g^ne- ralement pour la cuisson des aliments liquides; ils sont I'a^onnes au tour en marmites, cafetieres, etc. La pierre est argiloide , coloree en bleu, et provient d'une carri^re situ6e dans la montagne au S. de Meched , a 1 farsakh; une cafetiere a bee et anse tallies ne c(;utc que 5 chais (5o cent. ). ( 2/0 ) L'acier piincipiilemcnl employe clans les ails vient du Mazanderan : celui ties Iniles apport6 a dos de rAfganistan est rare cl chcr. On ne Irouve plus d'acier du Rhorasan , sinon ddja employe. On travaille ce dernier quelqucfois sous une aulre forme. Le culvre, I'elain et les aulres melaux sont apportds de Tehran et d'Ispalian. Le climatde Meched est en general salubre, raais plus froid que ne I'indiquerail sa lalilude. La maladie du ver filaire n'y est pas inconnue; mais elle est bien plus commune vers Bokhara. II parait que dans ce dernier pays les symptomes n'en sont pas les memes que dans le Fars. Le ver n'est que de deux ou trois brasses; il se manifestedans toutes les parties du corps. On s'en debarrasse en faisant une Ugfere incision, des qu'il parait sous la peau ; si on le laisse d^velopper, la maladie se prolonge dans les liniites dc vingt jours et de sixmois. On distingue la maladie dile du verj'einelley parce qu'il en parait plusieurs a la fois. On Irouve a Meched une Iresgrande quanlite de cha- meaux, cbevaux et autres betes de somme. Les pays environnants en possedent aussiengrande abondance, surtout des chameaux. On y Irouve rarement celui a deux bosses; il vient de chez les Turkmen. On redoule dans ce pays et dans tout le Rhorasan la piqure d'une araignee nommee Chelour Zenek ( dompte-cha- meau ) ; elle est morlelle pour ces animaux et meme pour les hommes, selon I'dpiiiion vulgaire. Les poids et mesures sont les memos qu'a Telu-an. Le khalvar (iquivaut a loo batmans de Tauris Aschta- bassi ; le batman noabassi est au premier dans le rapj)orlde 9 a S, ce qu'exprimenl les deux noms: I'lin ill I'aulro se divisent en l^o sirs. Les mesures de longueur sonl la hrasse rovalc (guiaz-cbai), egale a o^.ggS, et la brasse courte (guiaz- moukesser), egale a o'",94'2 : cbacune se divise en 19 gueres. Mabamed-Veli-Mirza-Cha-Zad6 (fils du roi) , gouver- neur du Khorasan, reside a Mecbed; il est age de vingt-cinq ans , plein de cbaleur et d'ambition ; il ne voit pas sans jalousie le prince Abbas-Mirza declare beritier pr^somptif de la couronne; il tienl ses Iroupes en baleine par diverses expeditions; telle fut celle de Kourian , I'annee derniere. Pendant mon sejour a Mecbed I'armee s'est mise en marcbe pour aller reta- blir en possession du gouvernement de Merv , iNasr- Eddin Mirza , frere du roi de Bokbara , que des deme- 16s avcc son souverain avaient force de venir en personne implorer I'assislance du Cha-Zade. Maba- med-Kan, de la Iribu de Kadjar, gouverncur de Ney- cbabour, Sardar (general) des troupes du prince, m'a dit que I'une et I'autre de ces deux campagnes ont ete entreprises sans le consentement formol du roi de Perse. Mabamed-Veli-Mirza se croit, et non sans raison , a la tete des plusbelliqueuses troupes del'empirepei'san, II est probable qu'il deviendra un conip^titeur dange- reux pour le successeur de Feit- Ali - Cba. II m'a paru m^priser les Agwans, et se livrerait volontiers a I'idee d'une invasion de I'lndoustan , parce qu'il suppose peut-etre qu'il y gagnerait une couronne. Le gouvernement du prince s'elend de I'O. a I'E.* depuis Abbas - Abad jusqu'a Kourian, sept a buit lieues en-de^a d'llerat. II a pour bornes au S. le desert qui separe le pays de Tebb^s de celui d'Jezd, et au N. la plaine immense et aride qui s'elend jusqu'aux porles ( '^7^ ) do Murv, Au S.-O. , il est |)res({iJo Isolc- do la Perso par le grand doscrl salo ; il esld'un acces dillicilc de quel- que cot^ que ce soil, par la rarcle des sources el la mauvaise quallld! des eaiix. Aussi le Rhorasan n'a l-il ])our ennemis nalurels qiio les Turkmon, ot autres habitants dii doscrl. La securite dont on jouit aujoiird'luii sur prcsqiie toiitcs les routes de celle province, nolamment celles du S., est due au courage aclif du jeuno prince. Nomme gouverneur du Rhorasan, peu de temps apros I'ave- nement ce Feit-AIi-Cha , il fallut qu'il en lit la con- quete. Depuis la mort de JNadir, ce pays etailplonge dans I'anarchie. Chaque chef particulior de canton se considerait comme independant; ils se faisaient la guerre entre eux, pillaient el devastaient reciproque- menlleurs territoires. L'apparition memo d'une armeo d'Agvvans , qui assiegea ou bloqua Meched pendant plusicurs annees, ne Tut pas capable deles reunir. Au milieu de ce desordre general , les Turkmen porlorent leurs lentes au centre du pays, et etendirent leurs incursions sur lous les points. Les divers personnages qui dominerent passagorement sur le resle de la Perse, n'eurent pas le temps do penser au Rhorasan, ou craignii'ent de s'y presenter, ou cnfin echou^rent dans leurs tentalives pour le soumettre. Aga-Mohamed- Khan , predecesseur du roii-egnanl, occupo ;i surveillor ou a combattre les Piusses, ne put achevcr d'y retablir I'ordre, parce qu'une telle entreprise ne demandait ^as moins de persovorance que d'aclivito. Cclhonneur etail reserve a Mahamed-Veli-Mirza , qui d'ailleurs ar- riva dans le Rhorasan en des circonstances favorables. La mort deTymour, €ha desAgvvans, avail faiteclater la division entre sos fils, qui tons pretendaient lui succ^der, et avail donne le signal de cesgucnes in- testines qui durent encore , et qui ont deja donne et ote la courqnne a trois des fibres. Maliamed-Veli-Mirza soumlt successivement Sebze- var, INeychabour et Meched, apres les avoir bloques environ une annee. 11 surprit phisieurs fois des camps^ de Tui^cmen, leur tua beaucoup d'homines , souniit ou cliassa les diverses tribus. Les gouverneurs parlicu- liers des autres cantons senlirent I'impuissance oii ils etaient de resister. Ils joignirent leurs forces a celles du prince, et remplissent aujourd'hui les charges de sa coura Meched. La securite seretablit, etdepuisl'ex- peditionde Kourian, le petit pays de Tourchisch est le seulquidemeure en etat de rt^ibellion, Mahamed-Khan, se confiant dans la force des mui'ailles de Sullan-Abad , a refuse constamment de se soumettre. line chalne de petils postes elablis autour de son terriloire I'a prive des benefices que lui procurait le passage des carava- nes d'llerat a Tehran. Elles ont pris depuis celtc epo- que leur direction par Tourbet et Sebzevar. Quant a I'expedition de Kourian, voici quelle en a et6 I'occasion. Ibrahim-Khan etait gouverneur de ce petit pays, qui est silue surlaroute de Tourbet a Herat, a 8 farsakhs de cette derniere ville. II avail epouse une fille d'Isaac, Khan de Tourbet , el il csperail s'elre ■ assure I'amitie el le secoufs de ce gouverneur. Loin de reprimer les brigandages des Turkmen, il parail qu'ij a sonvent parlage avec eux la depouille des caravanes qui se rendaient a Herat. On I'accuse meme d't'n avoir fait altaquer pour son propre compte. Celle conduilc allira Taltention du Cha-Zado, qui se disposait a le punir lorsquTbrahim-Khan, se scnlant trop faible, consul el execula la resolution do recevoir a Kourian r 5S0 ) li's Agwans d'llcTal. II profila clii voisinage de celle villc dont le lerrlloire confinail avec lo sien , et il so declara sujcl du roi dc Kaboul. L'annee derniere, le Sardar de Mechod , Maliamed- Khan, marcha contre lui avec I'armee du prince, et a\ant chass6 les Agwans, il fit couper la tdte a Ibra- him-Khan, et retourna apros avoir pille les etivirons d'llerat. Pendant mon S(^jour a Mcched , le m(^mo general reunissait I'arm^e , et il est parti le 19 aoiit pour Merv, oil il doit rctablir un prince Lsbek , frore du roi acluel de Bokhara; j'estime que les forces destinies a cette expedition ne s'elevent pas au-dessus de vingt-deux mille hommes; en cas ce besoin, le Cha-Zad6 pour- rait rassembler des troupes plus nombreuses , parce que les nomades du Kourdistan et desenvirons d'H6- rat sont tous soldals quand on les paie hien , sem- blables en cela a laplupartdes peuj)les pasteurs; je ne crois pas que, dans aucun cas, on put lever dans le Khorasan une armee de plus de quarante a cinquantc mille hommes. Quant aux finances, il n'y a pas lieu de croire qu'elles soient dans un etat bien florissant. Les impols sontassez. mod^res. Le prince a eu la guerre a soutenir presque sans interruption depuis qu'il est a Meched , etquelque sage economic qu'il mette dans les depen- ses, pour en recueillir les fruits dans un avenir facile a pr^voir, il n'est pas possible qu'il ait de grands tre- sors. Les pcuples du Khorasan sont en general affection- n6s au prince et au gouvernement actuel de la "Perse. Us passcnt pour les plus belliqueux de cet empire. lis font peu de cas dc I'infanterie, et n'en connaissant pas ( 28» ) d'autre que la leur; ils sont fondes a la mepriscr; mais ils sont courageux cavaliers. Leurs chevaux sont en general durs a la fatigue , plus grands et robustes qu'agiles. II faut distinguer les races de chevaux des Turkmen qui reunissent toutcs ces qualites. Les armes de la cavalerie sont la lance , le sabre , le poi- gnard etle bouclier, et celles de Finfanterie un fusil a meclie qui porte avec soi un petit chevalet 16- ger , destine ^ assurer le coup lorsqu'il est fiche en terre, Dans le Khorasan , le pi-ix d'un bon chevalcommun est de 7 a 8 toumans. On paie a peu pr^s de meme un bon cliameau. Nous avons deja remarque que deux routes condui- saient de Meclied a Herat; I'une un peu plus courle , mais montagneuse : la seconde en plaine , n'offre au- cune esp^ce de difficulte. En voici I'itineraire tel que le suivent les caravanes : De Meclied a Senkbast ( caravanserai ) 6 farsakhs n Adire f caravenserai ) 5 a Kehr Abad 8 a Tourbet 8 a Abbas-Abad 5 a Kerize 5 a Poussan 6 a Rovzenek 5 a Meroizfk 4 a Herat 6 Total 58 A I'exception de Senkbast et d'Adire , tous les noms indiquent des villages. Le pays est peuple ; I'eau bonne partout. IX. MAI. 5. 20 ( 282 ) Herat esl bali, a ce qu'on m'a dit, sur uno petite emi- nence. C'est une ville tr^s peuplee , dont on porte le nombre de maisons a lo ou 12,000. 11 y a la exag6- ration , s'il est vrai que Tenccinte n'ait pas tout-a-fait 1 farsakh de developpement. Le mur est bati en terre et en briques crues; il est ^pais de 5 ou 6 pieds au moins, et liaut de 25 ou 00. Le foss6 est large de 6 a 7 brasses de 5 pieds environ I'une. Sa profondeur varie d'une brasse a 0 , mesur^e a la contrescarpe, a cause qu'il a 6t6 tailld en partie dansle talus des lerres du mamelon. L'enceinle du cbateau, qui forme d'un c6t6 celle de la ville , est plus haute que I'autre, batie en pierres, et a 4 ou 5 pieds d'epaisseur. Les musulmans chvas sont dans une forte proportion parmi los habi- tants d'Herat. On la croit des deux tiers. Pendant mon sejour a Meched, le gouvcrneur d'Herat, se croyant menace par le rassemblcment de I'arraee du prince , dont la destination ^tait gardee secrete, fit expulser tous les Chyas, etprit quelques autres mesures de de- fense. Ce gouverneur estFirouz, un des fds de Tymour- Cha des Agwans. Le pays d'Herat est excessivement abondant en grains, bestiaux, chevaux, chameaux, coton, etc. On y recueille aussi un peu de soie , et on en fabrique des etoffes. Mais les manufactures les plus considerables sontcelles des loiles de coton, que Ton oxpedie jusqu'a Raboul. Tout le commerce de la Perse avec Kaboul , Kachemire et le Penjab passe a Herat. Telle est la richesse propre de celte fertile contr6e, que les Persans y cnleverent, dit-on, 100,000 tfites de betai! gros et menu , dans I'expedition de Tannic derni^rc , et quo colto perte fut insensible. ( La suite nil iiumcro prociiain. ) ( 285 ) FjXtr A\T (/'u/i voyage a Banjerinassing (ile de Boi'neo) , entrepris par le capitainc Desperonx et redige srir ses notes par- le capitaine G. Lafond. En suivant la cote de Borneo, qui, h partir de la poinle Salalan septentrionale , prend une direction N. pen- dant une distance de 1 2 lieues environ , on arrive de- vant I'embouchure du beau fleuve Banjerinassing (tor- rent d'abondance), dont I'entreen'a que deuxmilles de large, mais qui s'elai'git en remontant, et permel d'assez longs bords aux plus grands navires. Ses rives sans elevation sont composees de vase tres molle et sans dangers ; ellessont bordees par une foret dont les arbres avancent jusque dans I'eau qui recouvre pres- que loujours leurs pieds. Ges bois sontpeuplcs de sin- ges de plusieurs csp^ces, et plus particulierement d'une tres grosse , de couleur roussatre, el au long museau. La solitude regne dans ces lieux dont le silence n'est ti'ouble que parlescris de ces animaux etceux des oiseaux, cris que I'echo prolonge et rend plus sonores. Quoique ces parages paraissent deserts, il est pru- dent de se tenir sur ses gardes surtout la nuit , car les Dayacks , indigenes appeles aussi coupcurs de tetes, guettent I'occasion de se saisir d'une proie, et atla- quent par surprise, meme les batiments. II serait tres imprudent de s'approcher avec une era- barcation des bords du fleuve ou ils se tiennent embus- queis. Apres avoir remonte le fleuve environ i5 lieues , on voit a sa droite le confluent de la riviere Tatas; on quitte le fleuve pour suivre cette riviere, qui, aprfes 20. ( '^84 ) bcaucoup (le sinuosites, conduit a la villc do co nom ou les Hollandais ont un etahlissemcnt. Celto vlUe indienne est balie sur des troncs d'arbres flottants , ol retenus a la terre par des cables , de telle sorte que dans un cas d'incendic , clrconstance qui arrive asscz fre- queminenl, elle se met toutenliere en mouvement, et cbaque maison est dirigee de sorte a ^viter le feu. Elle est ainsi balie , parce que jusqu'a cet endroit, et inenie plus a I'interieur, les lerres sont presque toujours sub- mergees , excepts a maree basse ; les maisons ou les radeaux qui les soutiennent reposent alors sur de la vase. Les habitants sont presque tous Cbinois etMalais. II s'y fait un grand commerce en diamants, or en poudre, rotins, cire, nids d'oiseaux, bois d'alo^s, etc. U y vient annuellement des jonques de Chine qui y font les principales affaires. En remontant encore la riviere , on entre dans les plus belles possessions du sultan , souverain de ce pa\s , mais ii n'est permis de depasser les limites de la ville de Tatas qu'avec une permission revetue du ca- chet de ce prince; des instruments de supplice sus- pendus a une corde tenduc d'une rive a I'autre , avertissent celui qui ne serait pas muni de cette sauve- garde du danger qu'il court. Dans d'autres stations ou villages , on voit aussi de ces enscignes, afm de retenir les habitants dans leurs limites rospeclives ; ce sont des averlisscments toujours presents, et iis ne les meprisent pas en vain. Entre Tatas et Martapoera , les bords de la riviere sY'l^vent insensiblement et le terrain devient plus ferme; on voit quolques champs de riz , mais la plus grande partie du sol est eh friche. Les crocodiles de la plus grande esp6ce abondent dans celle riviere , et ( -285 ) devorent souvent les habilants qui sc hasardont dans ses eaux ; on on voit sur la plage exposes au soloil et la gueule b^ante attendant leur proie. Les serpents y sont egalemenl tres communs, el les arbres qui bordent la riviere sont couverts d'une espece tres petite de ces reptiles qui se suspendent aux branches; cette espece est tres dangereuse, el leur morsure est, dit-on, mor- telle; ce reptile est cependant peu redoute, vu le peu de chance d'en etre attaque. II se nourrit d'insectes et de mouches qui sont tr^s abondantes dans ces marecages. II faut un jour et plus a une embarcation legere, ar- mee de vingt rameurs, pour aller de Tatas a Martapoera, ancienne residence (\es sultcws , et dont les habitants sont presque tous lapidaires et exploitent les mines de diamants du voisinage. Ce travail est tres penible, car entierement ignorants dans la science hydraulique , ils emploient plus de temps a secher ces mines, pro- I'ondes a peine de i5 a 20 toises, que pour faire la principale besogne, qui consiste a retirer les terres; on les lave ensuite pour en extraire les diamants. Leur maniere de proceder est la suivante : disposes par Echelons, les uns au-dessus des autres, sur trois ou quatre hommes de front, et faisant face a ceux des stages inferieurs, ils se passent des seaux, contenant d'abord de I'eau , puis , quand celle-ci est 6puis6e, la terre de la mine. L'abondance des pluies presque journaliferes qui inondent ce pays les empeche souvent d'effectuer la premiere partie de ce travail. Le terrain ou se trouve le diamanl se reconnait a une superlicie couverte de caillouxblancs et transparents; la' terre est blanchatre, ct I'eau qui y sejourne prend une leinte verdatre sur ( 286 ) les bords; cc sont des indices assez cerlains pour ro- connaitre Ics lieux qui conlicnnent du ccs pierres pr^cieuses. Celte terre , qui contienl aussi do Tor Ires fin, est pou proplce a la vegelalion cl n'cst rocouverle que d'arbres rabougrls. On voit a Marlapoera rancieii dulum ou palais du sullan , giand edifice en bois, orn^ a I'interieur de belles sculptures peintes el dor6es. II tombe en ruines el est abandoiine par les princes de ces conlrees que la politique refoule dans I'lnterieur, a mesure des pro- gresdes etablissernenls hollandais. I.a vie quo ces prin- ces menent est presque nomade, et leurs principaux meubles consistent en nombreux coffres portalifs dans lesquels ils ronferment leurs ricliesses alin de pouvoir demenager en un instant , ce qui leur arrive si frequeni- raent, qu'ilest souvent difficile do savoir ou les rencon- trer. Aussi, en general, I'extericur de leursdemouresne fait guere soupconnerla residence d'un souverain. Ce sont pour la plupart de simples cases , no diff^rant de celles de leurs sujcls que par la grandeur. Toutefois il en est autrement a I'interieur, qui est tres somptueux. Dans de grandes salles dont les murs sont recouverts de soie et d'or , ces princes se monlrenl les posses- seurs des mines do diamant par la profusion avec laquelle ils en etalent les plus beaux produits aux jours de fete ou de reprosonsation ; occasions oil le spocla- teur voit se realiser les merveilles en ce genre des Mille et une Nuits. En pareille occasion, les membres de la famille en sont couverls de la lete aux pieds, et ccux principale- ment qui executenl des danses de caraclere en ont sur la iete en telle abondance qu'on dirait les guir- landcs de fleurs blanches qui chez les Malais orncnt la ( '-^87 ) lele des nouveaux marles , et retombent en feslons sur leurs epaules. lis en portent de tres gros a leurs doigts de pieds, a leurs bras , a leur cou ; les hommes sur le contour de la bande qui tcrmine a la cuisse leurs courtes culottes; les femmes, au corsage, au bas du sarong (cspfece de jupe) , et lorsque I'appartement est bien eclaire, ces parures sont tellement eblouissantes, qu'il est presque impossible d'en soutenir la vue. A peu de distance au nord de Martapoera, la riviere Tatas se retrecit el devient encaissee ; ses bords s'ele- vent progressivement, et sont garnis jusqu'a la ville Matavavian d'une suite d'babilations , enlourees de jolis vergers. Le pays alors est d'un aspect riant et en- chanteur. Line brancbe de la riviere conduit a Ca- ra-Intann [bouquet de diamant), residence la plus babituelle du souverain. La contree, d'abord de plaines , est niontueuse dans cet endroit; les eaux serpentent alors enlre des collines, et prennent par- iois la rapidite d'un torrent , ce qui exige toute la vi- gueur de nombx^eux rameurs pour faire remonter les bateaux legers du pays. Devant Cai'a-Intann, a peu de distance de leur source , ces eaux perdent et leur rapi- dite et leur profondeur, et coulent gracieusement sur un lit de petites pierres Iransparentes de toutes couleurs, et de I'espece de la cornaline et de I'agate ; leur limpidite permet d'en apercevoir toutes les nuances. On jouit a Cara-Intann , ainsi que dans les environs, de la vue d'un pays magnifiquc, presque tout de plaine, entrecoupe dc jolies collines, arrest de plu- sieurs rivii-res, qui vont se jeter dans de tri^s beaux fleuves, navigables meme aux plus gros butiments. Le sol est richc , propre a differentes sortes de cul- tures; mallieureuseinent ces Icrres restent en friche. ( 288 ) laule d'habilants, el sont en grande parlie couverles lie lorels. Les seuls possesseuis de ces lieux, debris dune colonic javanaise, rael^s a de petites tribus d'indigenes, sont peu nombreux, et pr6f^rent la rechorclie de Tor et des diamanls a ragricullure. Le manque de popula- tion est general dans Borneo, et Ton peut I'attribuer en grande partie a I'usage cruel qu'ont les indigenes de s'cnlre-dctruire. En eifet, cliez les Dayacks, peu- ple primitit de cette lie si belle, qu'on pounait pres- que appeler Continent, et qui sont encore repandus dans toutes ses parties, ' chaque district, et meme chaque village se inaintient en elat de guerre conli- nuelle avec ses voisins, alin de pouvoir toujours se procurer des letes humaines, indispensables pour leurs ceremonies. Celleclu mariage, entre autres, exige de I'epoux, I'liommage a sa future de deux letes qu'il lui laut conquerir. Ce peuple n'enlreprend rien sans qu'un sacrifice humain ne vienne lui rendre le deslin propiccj il s'imagine qu'a sa morl, ceux dont il a coupe les letes le soutiendront dans le chemin difticile qui mone a une autre vie; Ton retrouve cette af- I'reuse coutume dans les iles voisines, surtout aux Ce- lebes chez les tribus du nord dc ces iles. Le Dayack est la tone de la tete aux pieds ; mais ce qui le rend bideux, ce sont ses oreilles, dont la partie inf6- rieure est percec d'un trou qui s'agrandit graduelle- mcnt paries ornemenls qu'il y fait enlrer, et arrive a pendre jusque sur I'epaule. Sa couleur est cuivree, ses cbeveux sont lisses , et sa pbysionomie semblable a celle des Malais. Ses armes sont \e parang, sabre d'un trancbant excellent, tres lourd, et recourbe dans le sens du plat de la lame; un poignaid tres petit, une lance dont le manche est une cerbacane en bois dc fer, ( .89 ) et qui lui sert a envoyer des fleclies empoisonnees , et un boucliei' de forme longue et <^lroite. Quoique le nombre de ces indigenes soil loin d'etre en rappoi-t avec I'etendue du pays, il ne lalsse pas que d'etre encore considerable , et le sultan de Banjermassing , dont les sujels connaissent I'usage des armes a feu , se fait redouter, et exerce un droit de suzerainete sur plus de cent mille Dayacks. Ln bien plus grand nom- bre paie tribut a celui de Kotey , et cliacun des autres princes malais qui possedent des territoires a Borneo , en ont plus ou moins sous leur dependance. En outre, il est bon nombre de tribus qui ne reconnaissent au- cune autorite , principalement' celles qui habilent la contree appelee le Grand-Day ack. Malgr6 leui's coutumes leroces, Jls cultivent la terre et recoltent du riz, et ceux qui avoisincnt les etablisse- ments etrangers s'adonnent egalement au commerce , portent des rotins , de la cii'e , des gommes el de I'or, qui s'echangent pour du fer et quelques articles de nos manufactures. Mais ceux qui vivent dans I'interieur sont les sauvages les plus atroces qui puissent exister. Les plus civilises liabitent de grandes cases , construi- tes sur des piliers, et renfermant beaucoup de monde, afin de s'y defendre contre les attaques de leurs voi- sins; les auti-esn'ont pour asile que les cavernes et les troncs d'arbres, et pour nourriture que des racines, des reptiles ou autres animaux qu'ils se procurent a la cliasse. Une caste appelee Pari se rapproche encore plus de la brute , el merite mieux la qualification d'orang- outang que le singe a qui Ton a donn6 ce nom. Celte espece d'bomme insjiire la plus grande terreur aux Dayacks, qui leur attribuenl une force et une adressc ( 290 ,) suruaturelles; ils at'firmcnt que cincjuanle ties leurs ne peuvent r^sisler k dix Paris. (iBOGR&PHIE Dli 1.A 1- RANGE. Quoique la g^ographie de la France ait ele eclairce jusqu'a ce moment par un grand nombre d'ouvrages ' instructifs , cependanl ellc laisse encore a desirer dcs recherches elendues, soit pour completer les tableaux deja traces, soit parce que la science, consideree sous d'aulres rapports, at multipliant scs applications, a pris une extension tres remarquable , et a fait entrer dans ses eludes de nouvelles series d'observalions. La Soci6l6 de geographic a cherche a encourager ce genre de recherches dans les diflerentes regions de la France. Elle a pense que des etudes sp^ciales, faites sur les lieux nieraes par la classe des hommes eslima- bles et laborieux qui aimcnt a s'occuper de la situa- tion et des interets dc leur pays, pourraient avoir d'importants resultats : elle a exprime ce voeu dans son Bulletin g6ographique, et bienlot elle s'est trouvee secondee par plusieurs des Societes savantes qui cor- respondent avec elle. Cellcs du Jura et de Maine- et- Loire ont ele les premieres qui aient accueilli ccttc pensee, et nous nous empressons ile publicr un sujcl de prix que la Sociele industrielle d'Angers vient de pro- poser, pour obtenir une geographic compl6te de I'Anjou. On peut juger, par le programme des nombreuses questions a r^soudre, que ce sujct a ele considere ( '-^O' ) sous loules ses faces, et qu'etant dignemenl Iraile, il r^pandra une nouvelle llluslratlon sur ce beau pays et sur ses annales. Ln tel exemple aura sans doute des imitateiirs, dans un temps oii les etudes de la geographic, de I'histolre el des sciences naturelles sont si justement encoura- g^es. Quelles recherclies pourraient avoir un but plus utile, et promettre aux hommes studieux une plus vive satisfaction , que celles qui tendent a leur faire mieux connaitre leur pays natal, a en decrire avec plus d'exac- titude les ressoui'ces, les beautes , tons les caracl6res dislinctifs, et a suivre a Iravers les siecles le cours des ev^nements qui s'y sont accomplis ? Nous avons done pense qu'il elait a la fois interes- sant pour la science, et utile a notre patrie de donner une grande publicite a un programme qui lionore le zele eclair^ de la Societe industrielle d'Angers ; et nous aurons encore plus a nous feliciter de I'impulsion que nous avons desire donner a ce genre de recher- clies, s'il peut s'etablir en ce genre une heureuse emu- lation entre les Societes savantes qui se sont formees dans les differentes parties de la France. R. Souscription pournne geographie de V Anjou. La Societe industrielle, appreciant I'immense utilile d'une geographie speciale de I'Anjou , a vote dans sa seance du 5 de ce mois , un prix de 5oo francs, pour I'auleur du meilleur ouvrage qui sera fait suivant le programme qu'elle en a puhlie ; Mais consideranl I'insuffisance de ses ressources pe- cuniaires, et convaincue qu'un grand nombre de per- sonnes attachenl toutc I'importancc qu'il merilo an ( 2()5 ) li'avail ci-tlessus indique, el soionl jalouses d'y co- •tperer de Icur plume ou de leur bourse ; A decide qu'un appel serait fait a tous Ics Angevins l)our oblenlr tous les renseignements utiles qu'il^ pos- sederaient, et qu'une souscriplion serait immedia- temcnt ouverte pour fairo les fonds n^cessaires a cc prix. En consequence, le bibliotliecairc de la Soci<^l6 est charge de recevoir les documents qu'on voudra bien lui remeltre , afiu de les communiquer aux personnes qui desireront concourir au prix propose, et d'inscrire sur le registre , a ce destine, le montant des souscrip- tions qui seront versees entre ses mains. Angers, -nj mars i838. Le president de la Societe , GuiLLORY aln6. Vvograinnie d'nn prix propose par la Societe indnstrielle d' Angers et du deparlemenl de Maine-et-Loire. M^DAILLE d'oR DU PRIX DE 500 FR\NCS POUR LA MEILLEURE cioGRAPHlE D£l'aNJOU. D'apres le rapport de son comit6 de geographic , et sur sa proposition, la Soci(^ti^ Induslrielle fonde un prix pour le Memoire le plus complel, et accompagne des melUeures cartes sur la. geograp/iie de /' -J/iJou. Ce prixconslsteen unemedaille d'or de la valeur de 5oo francs. Des a present le concours est ouvert ; il sera ferrn^ le 1 '' mai 1 839 ' ^^ jngement sera proclame dans la seance de la Fete-Dicu de la memo annee. ( 59"^ ) Les questions a resoudro auronl pour objotles points suivants : 1" Quelles etaient clans la grande confederation gauloise les families ou pcuplades qui se groupaient au bas des rivieres de Sarthe, Loire et Mayenne, autour de leur confluent avee la Loire , par le canal ou s'unis- sent leurs eaux ? — Determiner les limites du terriloire que ces fa- milies occupaient; le nom particulier du corps de nation qu'elles formaient; les points de leurs etablis- semenls principaux. — Dire le gouvernement qui les regissait : druidique, guerrier ou mixte. 2° Comment peut on se figurer, au temps de Cesar et de ses lieutenants, la circonscription dupays, ou, dans les Comnientaives , sont places les Andegaves. — Que devinrent, sous les empereurs , les villcs et bourgs de cette contree. — Quels furent, durant les siecles de la domina- tion romaine , les camps, les cites, les monuments, les routes. 3° Que fut TAnjou a parlir de la conquetc des Francs, sous Childeric. — Quelle dut etre sa division en deux provinces : en- deca Maine au sud ; outre Maine , au nord. Quand et par qui cette division s'opdira-t-elle. — Quelles etaient I'etendue et la force des deux sections. 4" Qu'etait I'Anjou sous les Ingelgeriens. — Distinguer la premiere branche de la seconde. — Decrire les etats d'Ingelger. — Le comte qui lui fut donne par Louis-le-Begue. — Les lerres qu'il acquit par alliance. ( «94 ) — Montrer I'Anjcni reiini lout enlier aiix mains dc Foiilqiios-lo-Roiix. — Peindre les effets des guerres et des trailes sons les Foulques. — Sous les Plantagonets. — Kairo voir enlin les vicissitudes qui lessen orent ou 6lendirent la souverainote depuis le ix'sidcle jus^ qu'au xin*. 5» Quel fut I'Anjou quand Phillippe-Auguste le con fisqua sur Jean-sans-Terre. — Quand saint Louis le donna a Charles son frfere. — Quand Pliilippc-lc-Bel I'^rigca en coml^-pairie. — Quand Philippe de-Valois rentreen sa possession, le ceda a Jean , son fds. — Quand Charles V le transfornia en duch^ Ii6r6- ditaire. — Quand le due Louis ]" fut appele au ti-6ne de Maples. — Quand le roi Rene fit le honheur du pays. — Quand Louis XI le ressaisit au profit de la cou- ronne. 6" Quel 6tait I'Anjou al'^poque de la revolution. — Comment 11 sc dlvisait en Ilaut et Bas-Anjou. — Quels furent, en resume, scs princes souverains, ses princes apanagisles. — Indiquer le Saumiiiois , et remontant a la crea- tion de son gouvernenaent en faire voir les limites d'abord plus etendues et ensuite plus restreintes. ■-" Quelle est la topographie exacte du departement dc Maine-et-Loire. — Et enfin , d^ns la suite des siecles , quels furent : I . L'Anjou consid^re sous le rapport militaire et po- litique. — L'Anjou dans sa circonscriplion diocesainc. ( ^95 ) — L'Anjou dans son rossorl judlciaire, et relalive- ment aux pays sur lesquels s'etendaient ces coutumes. 2. Le cours des fleuvcs et riviferes; leurs varia- tions. — L'etat des ponts-et-chaussees, ainsi q^ue des bar- rages. — Le progrfes de la navigation. — Le developpement de la population, de la ri- chesse agricole, du commerce, des manufactures et des arts. Le M^moire doit ainsi avoir sept chapitres, avec leurs diff^rentes sections, et etre appu\ e de cartes diverses; le tout neanmoins sur un plan analjtique, mais prouve par des textes , des cliartes, des autorit^s. Notn. LesMemoires, cartes et pieces justificatives , avec un bulletin cachele, renfei'mant le nom de I'au- teur, devrontetre adresses, franc depot/, avantle i^mai 1859 , au president de la Society industrielle , botel de la prefecture , a Angers. Arrete en assemblee g^nerale , le 5 mars i838. Le president , Guillory aine ; Le secretaire, G. Bordillon. TRAVAUX astronomiques et geodesiques executes dans la pro^'ince de Constantine ( Exlrait d'luie letlie de M. Puillou-Boblaye, capilaine au coips royal d'elat-major.) Coiiitaiitiue, le 18 avril i838. Je suis arriv6 a Constantine le samcdi 24 mars avec M. le capitaine de Saint -Sauveur. Les trois premiers ( '-^9" ) jours de marchc ont ele favoriscs par le temps, ol j'ai pu faire au camp de Dreaii une station asse/. com- plete; une seconde station a la\ igie de Fedjougv a eU'; interrompue par la necessile de rejoindre le convoi ; il ne manque que les distances zenitliales, et je pourrai les prendre au prochain voyage. Le soir de mon arrivee au camp de Modjez-IIamar, j'ai (ite visiter les sources chaudes de Hamnumi-Mcs- coutin , I'un dcs plienomenes les plus remarquablcs qu'il soit possible d'observer, et qui, a lui seul, meri- terait, a mes yeux, un voyage d'Afrique. Le lendemain nous avons passe le col du Ras-el-Akba . eta parlir de ce point, la ncigc et la grele nous ont accompagne jusqu'a Conslantine. Je me suis presente en arrivant chez M. le general INegrier, qui m'a felicltti de ma prompte arrivee , attendu que I'expedition sur Stora est fort pro- chainc. Le dimanche j'ai observe la marchedu chronometrc au Minaret de la Kasbah , et commence une station que j'ai terminee le lundi. Le mardi je me suis rendu sur I'un des sommels du plateau du Djebel-Ouach, a quatre lieues de Conslan- tine, et j'y aifait une station qui n'apas repondu com- plulcment a mon attente. M. le general Negrier m'a- vait donn6 une escorte de 5o cavaliers , etla necessite de pourvoir aux besoins des chevaux, I impossibi- lite de les conduire partout ou I'on voudrait aller, se- ront quelquefois de grandes contrarieles ; neanmoins , j'ai pu observer de celte station les points de jonction des deux versants vers Bone , et, ce qui etait plus inat- tendu, le port de Stora et !e col ou passe la route qui V conduit. Apres un jour de repos employe a deter- ( 297 ) miner la marche de la montre , nous nous sommes rendus au sommet dela monlagne de Raikara, a trois heures de marclie de Constantine. Celle station, quo je desirais faire promptement , principalement pour determiner le col de la route de Stora, a etecontrarlee par le temps; le ciel etait brumeux , la temp(^rature de 5° seulement, et plusieurs objets sont restds invisi- bles. Je ferai sans aucun doute la jonction de Constan- tine a Bone et a Stora, ct cela par plusieurs enchaine- ments, mais il me sera impossible d'y arriver par une triangulallon aussi reguliere que celle de la carte de France : il y aura necessairement des angles conclus a raison de I'impossibilite ou je me trouverai d'aborder certains sommets sur lesquels il faudra cependant m'appuyer ; au sui'plus, si, comme je I'espere , j'ob- liens la position de Constantine a moins de lo metres, par rapport a celle de Bone, je crois que j'aurai satis- fait, aussi bien que possible, vu les circonstances, aux exigences de la science. Depuis jeudi, la pluie et la neige recommencent , et mettent M. le general Negrler dans la necessite de re- tarder I'exp^dition ; il craint d'etre arrete par le debor- dement des rivieres et^l'etal fangeux du sol; il pense n'^prouver aucune resistance serieuse de la part des Ara- bes, etpeut-clrememe ne pas ^changer un coup de fusil. J'ai trouve dans ce pays un jeune officier plein de zele pour les travaux topograpliiques , M. Thomas, aide-de-camp de M. le general Negrier; malgrt^ les oc- cupations que lui donne cette position, il ne perd point une occasion de faire des reconnaissances qu'il dessinc ensuite avec soin Constantine est la position oil il y a le plus a faire pour la geographic de I'Afrique , el je vois avec peine que, jusqu'a ce moment, ses progres IX MAf. 4. 21 ( 298 ) reposent apeii pies nniquoinenl siir lo /<''1l' do cc jeune ollicicr Ayant rcconnu , d6s mes premieres excursions dans les monlagnes des environs de Bone , la possi- bilile d'operer unc jonclion geodesique entre celte ville et Conslanlinc, j'ai du donner de I'extcnsion h la liicho dont jc suis charge, et ne consid^rer les di- terminations astronomiques que comme des nioveiis de verification et d'oricntalion. Sans doute il eilt Hd beaucoup plus expeditif et moinspeniblo pour moi de me contcnler do determiner astronomiquement hi position de Constantino ; mais jamais I'exactitude du resultat n'eutapproche de la precision donn^e par unc triangulation memo iraparfiiito , et j'eusse ]aiss6 dans le vague tout I'espace compris enlre Constantine, Bone et Stora. Une expedition trts rapide vient de me donner le moyen dObtenir ce beau resultat geodesi- que, la jonction de Constantine el de Slora ; avant peu, j'adrcsscrai un enchainement de triangles beaucoup plus developpe, lequel embrasse tousles points culmi. nanls qui sont compris entre Constantine, Bone, les pics de Taya (a I'ouest), et le Nifenser (au sud-est). Cependant je ne negligerai pas les observations as- tronomiques; deja I'elot de la montre marine a et6 observe a Bone les 1 1 , 12, i5, i5 et 16 mars, et a (Constantine , les 26, 28 mars, 1, 2, 4 et 5 avril. Dans le trajct do Bone a Constantine, la rapidiie de la niar- che et surlout le mauvais temps m'ont empeche d'observer le soleil; n^anmoins, les premieres donn^es sufliraient pour unc determination approximative de longitude. Dans les journees des 1, 2, 4 el 5 avril, nous avons observe un ;i/.imuth dc verification. La longitude sera oblenuo pur qualre transports du temps ; les deux ( 299 ) premiers avec la seiile montre n" 5 i ; el les deux dernicrs avec trois montres qui me sont envoyees de Toulon. Quant a nos travaux geodosiques, la ndcessile d'a- voir des escortes nombreuses et de rentrer chaque soir a Constantine , a Bone et dans les camps , ne m'a per- mis jamais de faire des stations un peu prolongeesi quelquefoismemc j'ai ete r^duita ne faire qu'un simple tour d'liorizon. En outre raes signaux ne peuvent etre etablis que lorsque je vais surla montagne pour y faire ma station, et ils sont toujours ddtruits par les Arabes d^s que j'ai quilte la place. Ce n'est done point une triangulalion qui puissc etre cxecutee avec I'extreme precision apport^e dans les tiavaux de la carte de France ; neanmoins les limites des erreurs ne d^pas- seront pas lo a i5 metres: je crois qu'avec unc telle approximation, oblenue en Afrique et sur une sigrande suiface.je pourrai compter sur I'indulgencedes savants. Je vais juindre a Tindicalion de mes travaux, quel- ques details sur I'expedition que M. le g(^neral N6grier vient de diriger sur Slora. Noire petite colonne mobile se composait d'environ 1.800} ommes, parmi lesquels etaient un corps nom- breux de cavalerie arabe ( les Sinelas ) , un balaillon de I'infanterie lurque et quelques autres troupes indi- genes. La colonne se mit en mouvcment le 6 avril, et campa sur la rive droite du Rummel, a deux lieucs de la ville. Celte partie des environs de Constantine fait un conlraste charmant avec le grand desert qui I'en- toure ; les maisons de campagne sont nombreuses et la vegetation admirable. Ce sont les arbres de notre climat meles a des cilronniers , des jujubiers, ct au- dessus desquels s'elevent de magnifiques palmiers avec !(Mu-s fruits. Le7, la colonne sui\it le flancnord du pla- 2 1. ( ooo ) teau de Djebol-Ouacli cl Ic coui s cle lOiied-Uammah , fort rulsseau allmenle par des eaiix tliennales (la temperature des nombreuses sources Ihermales des environs de Gonslantine no varic qu'entre 27" ct 29" cenligradosl. Vers la naissance de ces eaux, nous \imcs de nombrouscs rulnes, au milieu dosquellos s'eli.vaiont beaucoup dc palmiers dont la chalcur des eaux favorise la vegetation. C'est ici que tombe fort exactement la station romaine ad I'alinam. A partir de ce point , nous avons rencontre la voie lomainc que nous n'avons presque plus quiltee jusqu'a Rusicada, Cotte voie est trac^e avec beaucoup d'art : elle ne monlre pas cette affectation de rectitude qui brave tons les obstacles , elle clierche les lignes de moindre pentc et se main- lient long-temps sur des lignes de faites ou elle estad- rairablement conservee. Mais ailleurs les eaux ont deplace Us blocs ct la voie est in)pralicable. Sa lar- geur varie ; elle augmente dans les lieux ouverts , comine dans la plaine ou Ton rencontre la route de Bone , et se resserre sur les pentes et dans les d^fdes ; sa plus grande largeur est de six metres. Les cotes sont soutenus par de gros blocs 6quarris , souvent de pr6s d'un metre de longueur, el le milieu est un gros pav6. Je crois que c'est un des |)lus beaux ouvrages de ce genre que Ton puisse voir. J'ai Irouv^ une colonne milliaire , mais sans inscription. A chaque balte, jc fis des observations baromelri- ques qui auront leurs corresponduntes a Bone el a Constantine. Nous campames, le 7, au pied d'une cliahie que je d(^signerai sous le nom de Sidi-Dris ou Toiunihath, du nom des pics les plus remarquables qu'elle supporle. Quelques jours avant, cherchanta determiner, des en- ( 3o> ) virons de Constantine, un point sur la direction de Slora, j'avais cru reconnaitre Ic passage de la route dansle col de Sidi-Dris, el j'avais determine la monta- gne la plus voisine; notre marche nous amenait cam- per au pied meme de notre petite montagne , jamais geodesien ne fut mieux scrvi par la fortune. M. le ge- neral Negricr, cmprcsse d'allcr au-devant de lout ce qui pouvail concourir au succcs de ma mission , mil pourle lendemain un delachement a ma disposition; el je devais, aussi promptemenl que possible , rejoin- dre la colonne. J'etais au point du jour sur le sommel de la montagne, mais nous avions eu un orage dans la nuit, et les monlagnes refroidies 6taiont couvertes de nuageS; j'elevai un signal, et je partis sur les huit heures, crovant avoir manque le bulle plus important de mon exploration, la jonction de Constanline el de Slora. Suivant toujours la voie romaine , nous coupames en plaine le chemin Ires fr^quenle de Bone a Mllah. Je m'attendais a y Irouver les traces d'un embranche- ment; il nous echappa, car il doit exister : des ruines romaines situees au centre de la plaine, au confluent de rOued-El-Ensa et de I'Arroucli (direction de Bone) ; d'autres ruines, que j'ai observees au retour vers le couchanl, el qui pourraient apparlenir a I illa-Sele, indiquent ce trace. Du point ou nous elions, on peut aller en deux journees a Bone par un chemin facile et decouvert, abondanl en bois et en eaux. Quatre jour- nees suffiraient done pour alteindre Constanline par celle direction, au lieu des six journees penibles de la route actuelle. Depuis que nous Elions descendus dans la plaine, nous ne pouvions plus avoir de doutes sur les disposi- ( 502 ) lions hosliles dcs liabilaiils. Parloul de riches cultures, mais partoul lenlcs, populations el Iroupcaux elaient disparus. Nous campaines ccpendanl uu pied de Cos- leiijs oil t]U(>lques douars n'avaient pas encore deme- naf^e. M. le general Negricr les rassura, ctleur cheick \inl donncr dcs assurances de soumission, pendant que nous enlendions crier la guerre sainle dans la luon- lagne. Le lendemain a midi, nous elions d^ya sur lesruines de Rusicadd', nous avancames])ar la vallee qu'occupail la ville jusqu'aux Lords df la nier qui baltail avoc unc grande violence sur les ruines des quais et des digues romaines. Toule la colonne vint avcc enipresseujenl pour y chercher la ville donlelle elait encore cloignee de 1,000 a i,5oo metres. i\os tribus auxiliaires vinrent a leur tour y faire leurs ablutions et conlempler un spectacle nouveau pour le plus grand nombre. On re- Irograda jusqu'a I'entree de la petite vallee oil nous campames. J'avais devanlmoile marabout de Skikida, qui derail me servir de point d'observation. Toute la population kabyle de ce pays, plus nom- breuse que je nc I'ai vue nulle part en AlVique, avail abandonne ses maisons el ses belles cultures ; on la voyail se refugier surlcs plushautes montagnes. Deux cbeicks, ou soi-disant lels , vinrent cependant Irouver M. lo general Negriir, regurent des bouruous, etpro- lesterenl que nous nc scrions pas alta(|ues, inais pre- vinrenl en meme lenjpsque nous recevrions quelques coups de I'usil, atlendu que leur aulorite n'allail pas jusqu'a s'y opposer; en ellet, deux lieures apiis les balles alteignaienl en grand nombre noire camp, place Irop pres du pied des montagnes; il n'y eul point d'ail- leurs d'accidenls graves. ( 5o5 ) Le lentlemain 8, j'oblins la permission de faire une station au sommet du cap Skikicla. Je partis avec 200 liommes des bataillons d'AlVique, pendant que M. le commandant Njell dirigeait une reconnaissance vers Slora , avec un detacliemenl beaucoup plus fort. Je terminai ma station sans etre inquiete. La position de Unsicada etait peu avantageuse sous le rapport militaire : situ6e dans une petite valine longitudinale , comprise entre les coUines du cap Ski kida et celles plus 6levees de I'int^rieur, les Romains avaient «^t6 obliges d'enlourer de mars une etcndue considerable de ces derniferes, pour la presei'ver des attaques des indigenes vis-a-vis desquels leur position etait, tout I'annonce du moins, la meme que la notre. De grands Iravaux d'art avaient (^16 laits pour se pro- curer, a I'ouverlure de la vallee, und(5barcadere;mais en meme temps une voie romaine laillee en corniclie, sur le bord de la mer. et se dirigeant vers Stora, .an- nonce qu'ils avaient eu besoin d'aller cbercher la le seul mouillage sur que pr^sente celle cote. Les difficultes pour tirer un parti avantageux de cette position seront grandes. Les environs du mouillage sontbordes de monlagnes abruptes qui s'encbainentet s'elevent a une grande liauteur, et rendraient I'etablis- sement militaire difficile et dispendieux. Quant a la route de Rusicada a Constantine, elle ne j)resentera que peu de difficultes; au surplus ces questions de- manderonl a etre ^tudiees sur le terrain, mieux que nous n'avons pu le faire. Le seul monument remarquable ([ue j'ai vu a Rusi- cada est un cirque en pierre de taille : je crois etre le seul qui I'ait vu, car on s'est peu occupe d'antiquites. Au relour, j'ai pu faire la station de Sn/i-Dr/s ; les 5<)^ : Aiubt'S a\itnt altunduiiiu;, h nulre upproclii*, Ics deliit'S qu'ils dlaicnl \tiiii> i)(rii|H'r. ^l)lls cunpamch a iiin' l^randc liiiiitcur, au pird du pic, <.>l j'fus lo iiialhour l KM I I I S ri lU \ I I \M >. Lr capilaino Hoiijaniin Hay, do Nanluckcl, flans lo MassaclmsoUs, rnnimandanl du naviro /e Logon . ai nv«4 vers lo miliou do doconibro dornicr i ^'o^v-Bod^ol■d. d'liT) vo\agc sur la colo du Pi^rou , a rapporltWIivors ol)jol», oxlraits di's docoinbios d'uno \illc soulorraino. rccommonl dorouvorlr aiix on>iion« il<' (Iiiarniov. pro>inco do TruNillo , pai laliludo lc("^ud, «>l dont los Iia1)ilaids dii pa\s n'onl conserved ni souxonir, ni lia- ililion. 1,0 lapitaini' Hav xisila I'omplaronionl do o< llo villo , doscondil dans los oxcaxalions qn'on \ avail praliqin^os. ol jtarccturnl los ininosqiii avaionl doja olo d«il)lay<^os. Los inuis dps i^dilicos olaionl i neon' inlacls, olony avail Iromj^ plusioiirssrpiololloslui mains, dosus- ( ooS ) IcDHiiiVH tic m»'iu>m\i'l tlaiilifs ailii'lcH .scrv.iiil .1 (li\ri ■i iiHiif^cs. ('.••s (dips rtiiiciil iiairiiili-mciil ('oiiHfi'vrs ; IcH (•|icMii\, Irs (.u;-Ji's .1 Ifs l,'-|;iim. Ills ii'.is .liciil siilii .111- cmit' allciMliim . el \r sn^Iiimc iuimmix ('lail lirs ptMi cmiliiiflt'!, (|ii(H(|tir i(>m|ilrlrmi'iil (Ii-HHi'scIm''. llrMillils (|iir Ic Ciipilaiiit' alliilxic a la iiiialilt"' niliciiHi- tin m>I rii\ iruiinaiil. I. a iximIioii (\.n\s la'|iM'llr tm .1 liniiNc fi's mtniiifS I'tM'ail croil'f (|iir la |)(i|mlali(Hi. cniIiii r, d'aiMt'-H I't'lcii iliif pnSsutni-i' ilr la \ il'c, a liciilf milli- amt's, a till tUio Hurprisf an inilim ilr ms (Min|iali(nis li.iinlncllcs , ai' (|iii-l(|nf Ntiml.nni' il li rnl)li" foinnl ,HH)H t|f la naltnc, ( )n \ a ticlci re iiili .• anii rs ini lidnnni' i|ni I'lail dilionl , el tm a lit iiciHi ilaiis Hi'.H xHt'lDcnl.s (U'S |)it!('t'H tif luoiiiiaic i|ni' It's aiiltnUt''s ilf rciidrtnl i\l fuvoM'-fs a Lima. I.rs |iciri(mi»c.H fliai'^t'-fs df led »;ximiiiU!r pt-nst iil (|n d a i\\\ s't'utxdt-r an iiiom.s tlt'iix Cfiil fiiKHiaidf auH dt'imiH rt'-ptxiiit; tli' cflli' r|>(»n vaiilaUlt' calaslrti|dif. M. Hay \il dans imr d«"> mai ,st>iis It' coip.s iriiiie rcmmc Nt'lnr d inn- ii>l>i- tie < olon Iri^H ailiplts assist' ilcvani im mi-liiT, rl (|m , an mn ini 1(1 di' SI moll, t'lail t>i'(Mi|H''i' a li.ssci. Snr If imi' lior , roriiu; il(3 rosouux , t'lail tjloiidiic niii' |>(ldi' |»it'!CC tl'tlilnrrti , »;n parlio tissoi; , ol la ifinmi! It-n.iil a la main uiit' t''|>iiii! aif^nc dc S i*) 10 potiiM-s d«' Ittiig, aiiloiir do lu(|ui'lli> t'lail ronlt't; nnc t|uaidilt'' tit' lil tic ttdtm Iris's [ill t'l d'liii 1)11111 It'^t'i; tlfs t'cluvcaiix tit- ciiluu cl di' laino tit; tlill't^ri'iili's ctddt'iiiH f^isaiunl aussi (;i\ I'l U\. Lo capilaiiu! Kay s'csl pntrmi- It- inoicfiui il't'lt)!)!' iiia- t'liL'Vt', r(''pm(' till In.sfin . il |dn.sicm,s ct iianldlun.s tlea Ids. L olnlit' a I'livirtm Spumes laiit's, tm la iiindif tic la tliiuoiisiim tpi'im dc\ad Ini ilt)imi 1. W . 1 5o6 ) DEIXIEME SECTION. Actes de la Societei PROCES-VKIiBAUX DES S^AN^ES. Seance du b iiviil i858. Le proces-verbal tic la tierniere seance est lu el adopte. ^ I 11 est ensuile donne communication du proces- verbal de la derniere assembl^e generale. M. le general de Rumigny et M. le capitaine Peytier, nomraes dans celte stance , le premier vice-presidenl et le second secretaire de la Sociele , adressent leurs remerciemenls a la Commission centrale. M. le secretaire de TAcaderaie des sciences de Saint- Pelcrsbourg accuse reception do I'envoi qui a etc fail a cette Academic des derniers volumes du bulletin. M. le docteur Muller ecril d'AsclialFenbourg qu'il s'occupe de la publication des documents geographi- ques recueillis surl'ile Borneo parson frere , G. Muller, et qu'il d^sirerait pouvoir completer son travail avec les cartes de cette lie levies par son fr^re,et envoy^es ( 5o7 ) a la Soci^le par M. le bai-on tie Capellen , ancisil ■gouverneur general des Indes neerlandaises. La Commission cenlrale accuei!le avec empressc- menl la demande de M. le docleur Muller, et elle decide qu'il lui sera adiesse un caique des carles manuscriles deposees dans les archives de la Societe. M. Ambr. Tardieu veut bien se charger de I'execulion de ces caiques. M. le president de la Societe induslrielle d'Angers , ecrit a la Commission cenlrale que dans le but de seconder ses efforts par une coopc^ration active , et entrer une des premieres dans la voie de progres ouverte par son appel aux socieles nationales , celle rompagnie venait d'adopler le programme d'une geo- graphic generale de TAnjou aux diverscs epoques de son hisloire. La Commission cenlrale invite le Comile du Bulletin a seconder les vues utiles de I'honorable sociele d'Angers, en donnant de la publicile a son programme et a I'appel qu'elle fait aux amis de la geographie de concourir a la fondation d'un prix de 5oo francs. M. Jomard donne connaissance d'une lettre de Madrid, 20 mars 1S38, par laquelle M. de Navarrete le prie d'offrir a la Sociele sept notices relatives a I'histoiie de la navigation el de la geographie , ainsi que de plusieurs illustres marins espagnols. Le meme membre communique une lettre qui accompagnail la seconde livraison du voyage de M. Dubois de Mont- pereux. L'auteur annonce un envoi prochain ; le texte est sur le point d'etre mis sous presse. M. Jomard communique ensuite une lettre de M. Lefebvre , datee de Malle le 2G mars. M. d'AbJjadie esl parli seul pour Massouah, M. Lefebvic n'ayanl pas ( no8 ) recu a lemps sa }Molongalion de conge. II revient en France pour (juolque tomps , et il reloiirnera ensuile en Egyptc, d'oii il se rendra en Abyssinie accompagne d'un pretro du pays. Ce voyageur ajoute qu'une nom- breiisc cnmvane se rend maintennnt nnnnellcmenl de Gondar a Mourzouc. M. Jomard terniine par la lecture d'un fragment traduit de I'arabe , et cxlrait d'un manuscril de la Bibliotlieque royale , faisan I mention du voyage d'un certain Malek ben Mobammed Folany , natif de Bolala , d'abord dans le Gbarb, aux pays de Fez et de Maroc. puis au pays de Toinbouclon : la pit'ce a pour date le 26 chanal de I'an 983 , c'est-a-dire a la fin du xvi" siecle de I'ere cbrelienne. M. C. Moreau communique un n" du Courrier Beige du 3 avril , annoncant qu'a la suite du Iremblenient de terre qui a detruit la ville de Maya, dans la Nou- velle-HoUande , une ile est sortie de la mer a environ deux lieues el demie de la cote. Ce journal reproduit une partie de la relation des personnes qui ont visits celte lie, donl la longueur serait de une lieue un quart , et la largeur de trois quarts de iieue. M. B^langer communique le fragment de son voyage en Asie , que le temps ne lui a pas perrais de lire a I'assembl^e generale. La Commission centrale entend cettc lecture avec beaucoup d'interet, et elle renvoie la notice au Comite du Bulletin. Seance du 20 m'ril i838. 1.8 proc^s-verbal de la dernierc seance est lu et adopts. M. Dubois de Montp^reux , qui vient d'obtenir le prix annuel propose pour la decouverte la plus im- ( •''09 ) porlante engeoginpliie, (Merita laSoci^le, et luiexprime toute sa gratitude pour la haute marque dinteret qu'elle veut bien accorder a ses Iravaux sur les regions du Caucase. M. Dubois, auquel la Societe decerne en meme temps le titre de correspondant etrangerj an- nonce qu'il fera tous ses ellorts pour repondre a cette honorable confiance. M, Ic vicomte de Santarem , nomme dans la der- ni6re assembl^e gen^rale Ji una place vacante dans la Commission centrale, adresse ses remerciements a la Societe , et promet de cooperer a ses utiles travaux. M. leprofesseurRafn , secretaire de la Societe royale des antiquaires du Nord , annonce a la Commission centrale I'envoi de nouveaux prospectus d'un grand ouvrage que cette savanle compagnie vient de publier sous le titre de : Aiitiqnitntes Jineiicana\ M. le presi- dent invite le Comite du Bulletin a faire connaitre cette interessante publication. M. d'Avezac fait lecture deplusieurs fragments de la notice qu'il prepare sur les voyages de Plan Carpin. Seance du 4 mai i858. Le proces-verbal de la derni^re seance est hi et adopte. M. le colonel Coraboeuf communique de la part de M. le general Pelet, directeur du Depot de la guerre , I'extrait d'une lettre de M. le capitaine Puillon-Boblaye, charge d'operations geod^siques dans la province de Conslantine. Cette lettre , qui fait connaitre les pre- miers r^sultats des travaux de cetofficier, est renvoy^e au comite du Bulletin. M. le docteur Muller remercie la Soci^t^ de la com- ( '^'O ) municalion qn'elle a l)ien voulu lui donner cles diverses carles manuscrilos sur i'ilc Borneo, levees par feu M. MuUer, et adresseos a la Commission ccntrale par M. lo baron de Capellen. M. le profosseur Rcinganum , correspondanl de la Soci^le a Berlin , adresse unc carte du conlinent orien- tal dressee sur line projection cvlindrique pnrM. le doc- tf'ur Jacobs, ct accoinpagnee de tableaux explicalils. M. Beinganum annonce qu'il s'occupe d'un m^moire sur les d^couvertos r^cenles failos par le professcur Ross, d'Atbenes , dans I'l'le de Sicinos, I'une des Sporades. II accompagnera ce mdmoirc de notices qui lui ont 6t6communiqu^espar M. Cb. Ritler, a son re- tour d'un voyage en Orient, sur celtelle peu connuejus- qu'a present, mais remarquable par ses anliquit^s. M. Daussy est pri(^ de rendre comptc de la carlo et du memoire de M. Jacobs. M. Olivier, deCanipen, lait bonimagc a la Soci6te d'un voyage dans I'arcbipel des iMoluques, donlla j)ubli- calion a die favorablemenl acruclUic en Ilollande. II offre enmeme temps decommuniquer successivementa la Commission ccntrale divers documents qu'il a re- cueillis sur les possessions necrlandaises clans I'arcbi- pel Indien. M. Kamerralb, direcleur de rUnion stntisd'rjue de la Saxe , ^crit a la Sociele pour lui faire connailrc le but des travaux de cette noiivellc association, et lui pro- poser I'ecbange des publications iaites par les deux Socieles. M. Gh. Massas, direcleur des archives du Havre, adresse un cabier de ce Rccueil , et il en demande I'ecbange avec le Bulletin de la Soci^t^. Ces deux droposilions sont renvoyees a la section de corres- pond ance. (on ) M. Manger, nienibrc do la Societo , lui adresse , an nom des 6diteurs, un excmplalre de V Jrmuaire statis- tique du departement do I'Yonne, pour iSSy et i858. Get ouvrage, qui est accompagne de plusieurs plan- ches , est redige d'apr^s un plan bien concu , et ren forme, oulre les documents generaux necessairesa tons les departements , un grand nombre de documents particuliers destines a former la stalistique dei^arte- mentalo. Le volume de iSSy contient une Notice de M. Mauger sur feu M. le baron Fourier, I'un des fon- dateurs de la Societe. M. Eyries, membre de la Society au Havre, Irans- met a la Commission centrale un plan lopographique de la ville et des environs de Santa-Maria de Puerto Principe , publie en i83y, ainsi qu'une carte du cours de I'lludson , entre Sandy-Hook et Sandy-Hill, avec les routes de poste entre New-York et Albany. Get envoi avail 6te annonce precedemmenl par M. Fi". Lavallee, vice-consul de France a la Trinidad de Cuba. M. Berthelot fait hommage de la carte lopographi- que de I'ile Canaria qu'il a dressee sur les lieux en 1829 , el qui accompagne son grand ouvrage sur I'his" loire naturelle des lies Canaries. MEMBRES ADMIS BANS LA SOCIETY. M. Acbille Desp^iroux, capilaine au long cours. M. Hippolyte - Victor Pinondel de Labertoche, avocat. OUVRAGES OFFERTS A I,A SOClfcTt. Seances du utois os d'lme autre plus vasle indi- quent une dimiiiulion considerable dans la grandeur de la ville. Les nuiraill ;s ont environ 3o pieds de hau- teur, et 4 ou 5 pieds d'epaisseur a I'ordinaire. Led6ve- loppemcnt est de 1/2 tarsakh au plus. Le fosse est etroit el tr^s prolond. 11 y a a I'interieur une deuxi^me enceinlo qui rcnlerme le palais du gouverneur Isaac Khan, ancion sardar de Meched. La ville esl rianle. On y voit deux ou trois rues assez proprcs, bien alignees et tres vivanles. Quoique tous les environs soienl cul- tives, il n'y a de jardins que dans la parlie inferieure, vers la route de Jezd, a cause qu'un ruisseau aboudant amen6 par un aqueduc soulerrain surgit en cet en- droit. L'eau est bonne a Tourbet cl en suffisanle quan- lile. Lesjardins sont fort agrt^ablcs, tousclos, els'etcn- dent jusqu'a une cinquantaine de toises de I'enceinte. La plaine de Tourbet est extrenicm^nt abondante en grains , colon , bestiaux de toule espece, chevaux et chameaux. On \ recolle aussi un peu de soie, mais il n'y a de manufactures qu'en colon. Le surplus des recoltes s'exporlc quelquefois a Meched , mais ordi- nairement vers Tebb^s. Isaac Khan a do Ires beaux haras dans une valine au sud-est de Tourbet, et a 4 far- sakhs de distance. On porte a 9,000 le nombi'o de sea juments pouiini^res. 11 esl certain que dans lout le Rorasan, pays abondanl en chevaux, jen'aipasenlendu parler d'un (^tablissement qui approche de celui-la. Le gouvernement de Tourbet comprend environ i5o villages. 11 s'elend du nord au sud, depuis (Iherif-Abad jusqu'a Feiz-Abad inclusivement, et de Test a I'ouest , depuis Rouhi jusqu'a Tourchisch. Isaac Khan, pere du visir de Meched, Hussein-Ali- ( ^'9 ) khan, habile lui-m6me a la cour du prince, et y jouil d'un grand credit, tanl pour sa puissance que parce qu'il a exerc6 les foriclions de g«in6ral (sardar) avant Mohauied khan. Une route direcle conduit de Tourbet a Neychabour • vn voici I'ilineraire : De Tourbet a Routoul-MaJjaun (too maisons) 6 farsakhs a Biurs (aoo m.) 4 a Aliabad 3o m.) 5 a Neychabour i Total 1 8 L'eau est boune pai lout sur celte route. La preaiiere journee seule es nioiitagneuse. On a donnd; a I'article S6bzevar, la route qui y con- duit en passant par Tourchisch ou en evilant cette ville. II parait qu'il faudrait diininuer les distances por- tees sur cet iliniraire de Tourchisch a Tourbet , car une foule de rcnseignements que j'ai pris ne la fixe pas a plus dc 9 a 1 o farsakhs. Une route direcle va de Tourbet a H^rat. En voici Irois itln^raires. II resulte de nombreux renseigne- inents , que celte distance est moindre de 4 ou 5 far- sarkhs que celle de Meched a Ht^rat. Le chemin est uni, carrossable et Ires direct. Les environs sont peu- pl6s el cullives , si ce n'est dans rinlervalle de Sen- guian ouSindjann-Rouhi au caravanserai de Chour-Ab. On Irouve parlout de l'eau douce et abondamment. Au seul point de Chour-Ab , elle est un peu saumatre, PREMIER ITINi;RAIRE. Oe Totiibct a Senguian (200 maisons) 3 larsaWhs a Rischkhar (100 in.) 5 a Sidja-Avcti (100 ni.) 5 Total 1 3 ( 320 ) D'aulre part i3 a Selame (20 in.) 4 a Rouhi (villede 2,ouo m.) 4 a Senguian-Rouhi (Sou m.) 4 a Cliour- Ah (beau caravanserai) la a Kourian (200 ni.) 8 a Signiouan (100 m) 4 a Herat 6 Total 55 Roiibi est la residence de KelescliKan, chef des Azaia , peuple en graude partie nomade , compose de 12,000 families. Son territoire s'e- tendjusqu'a Kourian. DliUXltME ITINiltAIRE. De Tourbi'l a Siudjann a Rouschkhar a Sedjaveu a Rouhi a Sindjauu Rouhi a Khosch-Ava. a Robati-Tourk ii Kourian a Herat 4 far^akbs 4 4 6 8 > desert 6-) 8 8 Total 52 Klio5ch-Ava siguifie hon air. C'est un bivouac dans le desert. Ii y a de I'eau. Robali-Tourk est le caravanserai de Chour-Ab. TROlSlkME ITIsiKAIRE. De Tourbet a Sengnioun ^200 maisous) 4 farsak!« a Sedjaveu (100 m.) 8 a Rouhi (2,5oo m.) 8 a Senguian-Roubi (3oo m.) 4 a Cliour-Ab la a Kourian (200 m.) 8 a Cbikevoun (100 m.) 4 a Herat 6 To(al 54 ( 32. ) - line route conduit d'lierat k Candahar; en voici I'ilineraire : •'Herat a Chabil 6 farsakhs. Desert. a Adiaskliau 6 II y a iin niisseau. Habitations sous des lentes. a Djambaraii 8 C'est un village. a Kouriiialeu 9 Hal)itations sot;s des tentes. a Ferali la C'est liiie ville ; pays peuple. a Abi-Khourma 6 Habitatious sous des tentes. a Douraiu lO id. id. a Khoschroud xo id. id. a Chuur-Ab lO id. LVau est saumatre. a Guirischt lO II y a un ruisseau. C est un village peuple. a Kouschki-Nokhout lO II y a beaucoup de villages dans les environs. a Agoiian 5 C'est un grand village. a Kandabar Total 107 De Tourbet a Feiz-Abad , on compte 9 farsakhs. La direction est au sud-ouest. La route est a peu pres sans difficultes. En sortant de Tourbet, on laisse a droite, a distance d'un quart de lieue, une pointe de montagnes nues et mediocrement elev^es. C'est au-dela de ce rameau et a une demi-lieue de la ville , que s'enfourche la route de Sebzfevar. Dans cette premiere partie du chemin, le cote droit n'offre que quelques champs labour^s. On a a gauche une suite de riches jardins, enlre les- quels on distingue 4 ou 5 villages et beaucoup d'habita- tions isolees. Us sont arx'os6s par les eaux de Tourbet qui coulent au sud, en un ruisseau assez considerable. Le chemin s'en rapproche a une lieue de Tourbet, puis on coupe plusieurs derivations, en obliquant un ( 3.2. ) pen :\ tiroile. On voit a droitc et a gaiiclio 5 ou 6 vil- lages de plus, aprbs quo! on vadireclemenl sur Dgen- noLikh (Go inais.), a travers un terrain inculte et aride, et leg^rement ondule, qui s'abaisse tout-a-coup dans unjietit vallon oii est silue le village. II ne ma pas etti possible de determiner quel estle point ou la route d'Hcrat a Tourchisch coupe celle de Tourbet a Feiz-Abad; I'aspecl du terrain me porte a le placer au village de Dgennoukh , ou pen auparu- vant. A Dgennoukh (Go mais.) I'eau est bonne et assez abondante. Le fond est presque tout cullive. On a a gauche seulement quelquos montagncs peu elevdes , d'ou les eaux paraissent venir et se diriger au nord- ouest. Le reste n'offre que coteaux incultes. On compte 4 farsakhs depuis Tourbet. Dgennoukh est ferm6 a I'ordinaire. On monte ensuite pour francliir ces coteaux. Le terrain est inculte jusqu'a la descente, qui est assez douce , et eloign^e de trois quarts d'heure. On enlre alors dans la plaine de Feiz-Abad, bornee a droite par des collines, que Ton traverse pouraller de Feiz-Abad h Tourchisch. EUes se forment a demi - lieue du che- min , et divergent beaucoup de sa direction a mesure qu'on avance; a gauche, il y a des collines assez eloi- gnees et plus basses. On voit dans la plaine o ou 6 vil- lages, dont la pluj)art paraissent assez riches. On ne passe qu'a celui de Tchinsar ( i 5 mais. ) , a farsakhs avant la station. La plaine n'offre de culture que dans les environs des villages. Ln quart d'heure avanl Tchinsar, on passe un ruisseau qui coule de droite a gauche. A moitie cherain de Tchinsar, k Feiz-Abad , on trouve une citcrne. ( 3y5 ) Feix-Abad a 3oo niaisons. 11 est forme en partie d'un mur de terre en bon elal. C'est la residence d'Has- san Khan, frere d'Isaac Khan, Je crois que ce canton fait partie du gouverneinent de Tourbel, qiioique quel- ques personnes m'aient dit le contraire. Le pays de Feiz-Abad est Ires fertile. II y a beaucoup de l^estiaux de toiite espece. On y recueille des grains et du coton en suffisanle quantile pour les besoins. II y a beau- coup de fruits, ils y sont excellents. On compte 5 farsakhs de Feiz-Abad a Tourchisch. Deux I'oules conduisent de Feiz-Abad au pays de Goun-Abad ou commence legouvernementde Ttibbes. Elles se s^parent a 3 1/2 farsakhs; celle de droite passe par quelques villages du pays de Bedeschtoun, mais elle est un peu plus longue el moins unie. Ve Bedeschtoun on peul aller a Tounn sans passer par Goun-Abad. Voici I'ilineraire a partir de Feiz- Abad. De Fi'iz Abad a lounsi 200 maisou'i) 7 farsakhs. a Bi'deschtodii 5oo m.) 7 a Tounn 12 26 L'eau est saumatre a lounsi. On en trouve de douce entre Tounn et Bedeschtounn. Cette derniere partie de la route est extrememeni montagnouse, et beaucoup plus difficile, m'a t on assurd, quo Ic passage de la meme chaino de montagnes entre la plaine do Goun- Abad et celle de Tounn, On compte 12 farsakhs de Feiz-Abad a Djouminn de Goun-Abad. Sur les lo premiers, la route est deserte. La direction genei'ale m'a paru iN. etS. Elle pr^senle quelque difficulty. ( ^^^^4 ) April's avoir marche environ 2 farsakhs lUins la plainc de Feiz-Abad, qui oll're do la culture sur la plusgrande partie de cet intervalle ou a proximile, on franchit un l^gerridcau, el Ton trouve a 5 1/2 eta 4 farsakhs deux cilernes, dont I'eau est bonne, parlicuii^remenl a la seconde. On peut y faire station, si Ton n'aime mieux passer par lounsi, dont la route s'enfourchc a la pre- miere citerne, comme on le dit. II n'y a plus d'eau douce jusqu'a ce qu'on arrive a proximile du village d'Anibran (10 mais.), que Ton laisse a droite 5 farsakhs avant Djouniinn. Ln farsakh plus loin, oji trouve un ruisseau qui coule de Test a I'ouest. 11 y a aupres un pen de culture et un village ruine. L'eau est bonne. C'est un peu plus loin que se trouve la partie difficile du chemin. Toutes difficull{^s sont 6vanouies, quand on passe pres d'un moulin a 1 1/2 farsakh de Djouminn. On apercoit ensuite la plaine de Goun-Abad , dont le premier village est celui de Ghouscht (100 mais.). On y passe de meme qu'k ceux de Pilon (100 mais), el Bakhi-Siah (60 mais.). Djouminn est la residence du Zabit de Goun-Abad, qui obeil au gouverneur de T(ibb6s. Ce village a 100 maisons. II est en partie fcrme. II y a beaucoup de fruits; I'eau est Ires bonne. La plaine de Goun-Abad (on 6crit G nun- A bad , demeure du geant, et ce nom fut donne a cause du s(^jour de Roustam), comprond une cinquantaine de villages riches et i-approches les uns des autres. On v recolte en abondance de la soie, du tombac et du colon. Le sol , bien arros6 , porle beaucoup de muriers et d'arbres fruilicrs. Le pays cullive est d'un aspect Ir^s agr^able. On Irouve sur ses bords des las de sable mouvant, de couleur gris foncii; et au sud-ouest une vaste bruyere. On fabrique ( 025 ) a Goun-Abad une sorle de drap leger, d'une qualilc siiperieure a celui qui vient des provinces de Kerman et de Daghistan. On tisse le colon et on exporle quel- ques toites. Mais ces precieuses cultures privent le pays de grains; on n'en recueille guere que pour six raois de I'annee. Le reste s'iniporte de Tourbet, de Neycha- bour, et jusque de Meclied quelquefois. La plaine est bornee au sud-ouest par une cliaine de monlagnes hautes et accidentees, qui se dirige a I'est-sud-est , et ailleurs par des rideaux de terrains ou collines. Les eaux viennent en gent^ral des montagnes, et m'onl paru verser ensuite a louest-nord-ouest. Une route conduit deDjouminn a Herat, sans passer a Tourbet ni a Khafn. En voici I'itineraire : De Djoumiiin a INovdey pechenk (60 iiiaisons) 4 farsakhs. a Keiber 6 a Zouzan (roo ni.) 4 a Neschle-Foun 4 a Kf'laat 6 a Cheri-Goun 6 a Kouriaa ("200 in.) 9 a f.hekivoim fioom.) 5 a Herat 6 Total 49 Cfllc route est un peu monta;;neuse , mais tres peiiplee; elle est plus c()t!i le quf crlle par Tourbet de deux jouruees de caravane. On verra plus bai nil itiueraire de la nieme roule iiii peu different. De Djouminn a Tounn , on compte i 2 farsakhs. La direction est sud-ouest jusqu'a Ralaat, et la distance 4 farsakhs. La direction genc^rale du reste du chemin est a peu pres au sud-ouest quart ouest. A une demi-lieue de Djouminn, on laisse, 4oo toises a droite, le village de Rahhim (60 mais.), le reste du ( •^■^6 ) -clicmin jus(ju'a Ivlialaal est une hruyere aride dans la- quelle broutenl des cUameaux on grand nombre. On passe a cole de 4 citernes a pen pros egalement cs- pacees. L'eau en est assez bonne. Khalaat est ball sur la pointe d'un contrefort de la chaine, a I'entr^e d'une gorge etroile d'ou sort mi riiisscau. De nombroux canaiix d'irrigation derives plus loin servent a entretenir la vegetation la plus belle sur les coteaux qui entourent le village. Les arbres fruitiers y sont tres toudus. Jusqu'ici la route no prescnle aucune dilTiculte.Il ven a quelques unos sur les 2 iarsakhs suivanls, que Ton fail en remontant uno gorge Ires sinueuse , ct de plus en plus etroite, dans laquclle coule d^abord le ruisseau et ensuite un filet d'cauallluenle.Maislepassagc du col est lout-a-fait impralicable pour des voilures , a cause de sa rapidileet des rocs qui percent vers la cime. Ce point est apeu pr^s a meme distance de Tounn etde Djouminn. La descente est mauvaisc par sa ra|)idite, mais elle n'est pas longue. On suit une autre gorge en sens op- pose a la proiniere, ot dans laquelle on trouvo presque au pied du col I'originc dun ruisseau qui va a Bakbes- toun. A 4 farsakbs do Tounn, la gorge sYlargit, les monlagnes s'abaissenl ct s'eloignent ; le ruisseau s"e- loigne a gaucbe et va passer au village de Feit-Abad (20 mais.), eloigne de la route de 500 toises. Lecbamp que Ton traverse estinculle. Un 1/2 farsakli plus loin , on Irouvc une source et Ton passt; nn polil ruisseau, e I aussilot apres toutes les eaux ilu vallon r^unies, olios coulont a droite versla plalni\ ontrc des bautcurs rap- procbces cntre elles. II y a a ce point doux moulins. On olilique pour contourner par la gaucbe lesbauteurs qui sont au-dcla , ct on doboucbe dans la plaine en ( '^'^1 ) sortanld'un terrain un pen mamelonn6 qui forme I'ap- pendice des contre-forls en arriere. La gorge que Ton descend prescnte a divers endroits quelques points difficiles, et ils sont meme un peu plus multiplies que dans la premiere. L'une et I'aulre sont couvortes d'herbe dans la belle saison . Le chemin dans la plaine est de 3 farsakbs au plus. On suit la gauche du ruisseau qui descend a Bakhes- toun , village situ6 a moitie chemin de Tounn. Get intervalie est sterile. Dans ce village, ou plutot dans ces immenses jardins, les passages sont souvent coupes de trousetpar le cours des eaux; on y marche pr^s d'une beure. Bakhesloun se compose d'environ 5 ou 600 mai- sons, dispersees dansune foret de muriers et d'ai'bres frultiers. Les jardins sont clos de murs, le village no Test pas. De la sortie du village jusqu'a Tounn , il n'y a guere que 1 farsakb. On passe d'abord a cote d'un moulin a eau, puis de deux cilernes, et une grande partie de cet intervalie est cultive. On voit tres peu de villages et tous eloign^s. Tounn est une ancienne ville, batie en plaine, et dont la population actuelle ne repond pas a I'etendue que ronferment ses murs ; car celle-ci a de developpe-' mont 1,800 a 2,000 toises , el il n'y a guere que j,5o maisons habitees, quoiqu'on m'ait dit 2,5oo. On n'ar- rose pas les champs de ble faute d'eau. Les annees oii la pluie est abondantc, on recolte une sufTisante quan- tity de grains, mais d'ordinaire on en apporte de Seb- zevar, Tourbet et Neychabour. La ville est riche de ses r^colles en soie, coton , tombac et fruits, 11 y a une grande quantite de chameaux et de bestiaux de toute es- pece, mediocrement de chevaux. ( r.28 ) L'enccinto est Toil d^labree; elle resscinljlo du resle a toutes cflles deja decriles. Le canton deTounn, doiit le gouverneur relive de celui de Tebb^s, comprend une vingtaine de villages. Le peu d'-eau couranle do cette plainecoule al'ouest, comme celledeGoun-Ahad, et seperd dans les sables; elle est passablcment bonne. A I'est-nord-est de Tounn, on trouve le pays de Rhain , tres abondant en besliaux , clievaux, cba- meaux. On y fait une immense quanlite de tapis, qui passent pour los plus beaux de la Perse. On en fait aussi a Tounn ; on y fait encore beaucoup de toiles de coton. Lne route conduit de Tounn a Herat par le pays de Goun-Abad. On va de Toimn a Klialaat (5o maisons) S farsaklis. a IWiJoiiklit (3oo m.) <"> a Novdey-Pechenk (60 m.) 7 a Haoiizi-Hadgi-Isackcaravansera'i <> Peud'caii. a Zouzi-n 100 m.) 7 a RouVji (2,000 m.) 8 a (Sens^uian 3oo.) 4 a Chourab (caravanserai) 12 Eausaumatre. a Klioiirian (200 m.) S a Chikevouii (100 m.) 4 a Hi-rat 6 Total 76 Cette route paralt 6tre la meme que celle detaillt^e a Tarlicle Djoiuninn. Une autre I'oute conduit de Tounn a Herat par Kbain. DeTounn a Seraioun 6 farsakhs. a Biout. 6 a Kliain (ville) 7 A reporter 19 ( •'>29 1 lY autre part I.J :i K.hanek :> a Deyhliane (J a Zarhakhs 0 a Bemroud 5 a Eiarou. S a Kourian 1 1 a Chekivouu 5 a Herat 5 Total 70 Celte route, la plus courte de toutes, est aussila plus mauvaise soil pour la qualite des eaux, soit pour la nature du chemin. ( La suite an niimero pi-ochain. ) DtxERMiNiTiON trigonornetrique de la hauteur du lac de I\eufchdtel 1 au-dessus de la mei\ communiquee par M. d'Ostervald, de Neufchdtel. Dans un moment 011 Ton s'occupe autanl qu'au- jourd'hui des constructions de routes, de canaux , de chemlns de fer et de dessechements , la connaissance exacte de la hauteur du lac de Neufchatel au-dessus de la mer peut offrir quelque interet, puisque ce lac se trouve ontre ceux de Bienne, de Moral et de Geneve, ct qu'il communique aux deux premiers. Les liautes et basses eaux presentent une variation de i^^gS (6 pieds) et au-dela , j'ai adopte pour repere fixe le mole de la ville de Neufchatel , situ6 au bord du lac , et qui est elev6 de i^.G a i^jQ (5 a 6 pieds) au-dessus des eaux moyennes. IX. niiN. 9. «>3 ( 55o ) Les donn^es de dtipart sont prises dans les nivelle- ments geod^siques de la iiouvelle carte do France , tels qu'ils sont consign^s dans la seconde partie de la Des- cription geom6trique de la France acluellement sous presse. (Voyezles pages 210, 246, 247 et 098. ) , , , , „, I parallele de Eourges. . . = i6o9n',8 La hauteur dii Chasserou < "^ , ... j c. i ,««« 1 ( mendieiiue de Strasbourg. . = ido» ,d Moyeniie. . . = ittoij , i Par uneserie d'ohservatioiis de distances zeiiilliales re- cipro(|ues et simiiltaiiees qtiiuntcte failcs par M. Tralles et mui , la liauteur da Cliasserou au-dessus dii mole a etc trouvee de I'Ti »^ Hauteur absoliie dii mule. . . 434 ,9 1 quadrilatere ; Vassy, Slras- Li hauteur du t^basseral' boiirg, Pontarlier, Reanne. . ^ 1609 ,1 (^mendienoe de Strasbourg. . = 160S ,6 MoyeiiDe. . . == 1608 ,8 J'ai determioe trigonomelriquemeDt la hauteur du Chasseral au-dessus du mole de 1174 9" Hauteur absolue du mole. . . . = 434 ,8 La hauteur du Molesson (meridienne de .Strasbourg). . = aoo5 , 2 Par une serie de distances zenilhales recipioqucs et simullanees entre M. Tralles au Molessoi;, el moi a Neuf- chaiel , la hauteur du Molesson au-dessus du mole a ete trouvee de 1570 , 9 Hauteur absolue du mole. . . . = 434 , 3 . , i le Chasseron = 434 ,q Ona trouvec.-dessuspar,j,^,.,^^^^^_.^, _ ^^^ 'I Hauteur du mole sur la mer, par une moyenne. = 434 ,7 J'ai calcule cette mdme hauteur par 377 observations barometriques qui m'out donne. . 436"", o et par 721 auties qui ont doune 433 , i I.a moyenne. . . = 434 , 5 En admettant i'", 9 (6 pieds) pour la hauteur du niole au-Jessus des moyenaes eaux du lac 1,9 On aura puur la liauti'ur du lac au-dessus de la mer. . 432 ,8 Par iin nivi-llemeiit exact , on a Irouvc que le lac ile Bleiiiie eaiix moyenncs) elait muins eleve que celui de Neulcliatel dc o'"70, el que le lac de Moral le surpassait de o'", 3. On aura dune pour la hauteur au-dessus de la mer du niveau des eaux moyennes du lac de Moral 4^3 , i — de Nenfihatel 432 , 8 — de Piienne 432 , r On sail que la hauteur absolue du lac de Geneve (eaux moycnni's a la sortie du Pilione) est de 874 , 8 [Description geumetrique de la France, i"^ partie , page 379.) d'Ostervald. HAUTEURS TRIGONOMi:TRIQUi:S EN SUISSE. ( Extrait des calculs de la triangulation 4et la Suisse. ) OBSERVATIONS. Le tableau suivant presente les hauteurs de la plu- part des stations trigonometriques, et de quelques autres points remaiquables de la Suisse. A I'ouest , plusieurs de ces stations raanquent, parce qu'a I'epo- que de la triangulation de cette partie on attachaitpeu d'importance a la determination des hauteurs. Les calculs intitules : Hauteurs de la Suisse du nord , resultent des observations faltes avec des cercles de Gambey et de Reicbenbach , par MM. Buchwalder et Eschmann, ingenieurs de la confederation, et on peut les admettre avec confiance, a un demi-metre pres. Les determinations des ingenieurs suisses , qui sont la continuation de celles des francais, different d'environ 6 metres des resultats obtenus par les ingenieurs au- trichiens , ce qu'on peut attribuer a la difference de niveau entrel'ocean Atlantique et la mer M^diterranee , et aux erreurs qui se sont accumulees depuis Dun- kerque jusqu'a Trieste. ( 002 ) Pour calculer loules les hauteurs absolucs de la Suisse, on s'esl appuye sur les hauteurs clu Chasscral et du Rolllliili, qui ont 6t6 obtenues en partant du ni- veau moyen de I'Ocean , telles que les donne la lYou- velle description geometrique de In France, parce que beaucoup d'autres observations garanllssent I'exacti- tude de celle premiere base, et que d'ailleurs la posi- tion gdographique de la Suisse est Irop peu favorable a des calculs s'appuyant sur la mer. Les hauteurs du \ alais ont (ite donnees par la irian- gulation de M. Berchtold , chanoine de Sion; les autres, precedees de le'lros alphabetiques, ont et6 calcul^es par M. le lieutenant-colonel Buchualder ou par M. le lieutenant-colonel Eschmann , ou par tons les deux. Toutss ces hauteurs, a moins d'indications con- Iraires, ont etc!; prises au pied du signal, qui, a I'ex- ception du Tambohorn, Leckikorn et du Galenslock, se confondent avec le sommet de la montagne. Les couches de neige qui recouvrent constamment certaines cimes, telles que le Todi, Ig Titiis et le Ga- lenstock varient en peu de mois d'une epaisseur de 7 metres en raison de la fontedes neiges et de I'evapo- ration, ce quiresulte d'une observation faite dans I'etede ibSy , sur le Titiis , au moyen d'un signal enterri dans la neige. ( Voyez les remarques a la fin du Tableau des hauteurs. ) ( 55S ) 1. Hauteurs de la Suisse du nord. 1 .fUies inilinles du Melre». nodi des * obse i-Taleurs. Chasseral, a I'ouest du lac de Biel. Nouv.desc. i6io,54 Rotifliili,au nord de Soleure. geometr. 1398,52 VIoiito, au nord de Biel. E. i332, 10 WalpeiswII, exir. nord de la base raosuree. E. 446,34 ?rienisberg, siir la route d'Aarberg a Berne. E. 7»9,i4 Wiesenberg , par Laiifelfingeii sur la route de Hanenslein. B. et E. 1000,64 Qyslifluli, a deux lieues d'Aarau. K. et E. 772,16 Lagerberg, a I'est de Baden, rocher pres la mai- sou du garde. R. et E. 853,91 Uto ou Hiilliberg, au-dessus de Zurich, seuil de la porte du corps-de garde. B. et E. 868,95 Hu.senberg, au midi de Diciikon, canton de Zu- rich. B. 782,35 Zurich, sol de I'interieurde I'Observatoire. B. et E. 456, 8i Lac de Zurich, zero del'echelle graduee. E. 406, 14 Lindcnberg, entre Muii et Hitzkirch, caulou de Lucerne. E. 868, 1 6 Homberg, au snd-ouest du lac HalKvyl. B. et E. 789,07 tlecketschwand, a uue demi-lieue au sud de Kuss- wyl, canton de Lucerne. E. 845,67 Horuli, a une lieue a Test de Baunia, cantcm de Zurich. B. et E. 1133,75 Gabris, a une lieue au nord de fiais , canton d'Appenzell. B. et E. i25o,57 Seiitis, au sud d'Appenzell. B. et E. a5o2,4o Fahneru, au nord d'Appenzell. B. r 5o6,2o Fra^tenzersalld, a I'ouest de Frastenz en T)rol. B. i633,73 Id., d'apres le? ubservations des Autrichiens sur la mer Adriatique. 1627,58 Fiiudlkopl, au nord-ouest de Brand en Tyrol. B. 2401,37 Id., d'apres les observations des Autrichiens. 2394.68 Kumcnberg, au nord-ouest de Golzis en Tyrol. B. 667,2., Id., d'apres les observations des Auiricbiens. 662,3^ NoTA. La compaiaison des mesures communes de-. trois deriiicrs points presenle une ditterence le r)U>,i 5, 6'»,69 et /t^SSa, duut la nioyenne 5"',9 donne la dilfei euce de niveau de I'Adriaiique et le TAtiantiqiie. ( 534 ) II. Hauteurs de Id Suisse du sud-est. .rllre; )»i iiiles (In , Metres. no 111 di'.x obsf rvaieur.'. Kaminegg. au iiorJ de Sargans. B. 23X0^4,') Wa^seislo. k, soinmet oiiest du f'.laniisrli. B. 2911, 4 Schfyeiistock, point ciilininaiil du VViggis, caij- tnn de GI.Tii«. p.. ft K. 2259,96 Coirc, pavp de la route a I'oiicst de la lirassene, noil loin de la lour de Saint-Salvador. B. 578 38 Cilaiida. ail uord de Coiie. B. 2806^54 Sresa-Plaiia, a Teiitree de Pretligau. B. 2966,37 Scinvai/.liorn , a Xt-X de Diirreiihoden , dans la valU'e de Disnia, au midi de Ddvos. p. et E. 3i5o, 6 Piz Px'veiiii, au iiord-oui\st d'Andeer, siir la route de S|)liii;i-n. B. et E. ■^•999, 2 Cima di Flix , au sud de Molins, dans la vallee d'Ol)irhalbs|ein. B, et E. 3207, 3 ranibdliniii, a I'oiiest de la hauleiir du Spliigen pass. Le point ruliniiiant de la niontagiie est a 3o pii'ds all dessus de la base du sij^iial. P. el E. 3276, 4 Pizzo Pmrellizzn, futrc le val Masino, dans la Valtiline et I'Engadiii. E. 3076, 4 Vlontc Legnone, a I'entree de la Valteliiie. E. 2611, I I'izzo Menoue di Gino, dans le fond du val Ca- vaigna, et sur la frontiere du raiitou du Tessin. E. 2246, 8 III. Hauteurs de la Suisse de I'ouest. Leltrp* nniii dfs ol)scrfaleuis. MclTCS. I'.oi'nicl. Noiivellc S3o. 7 Kaux d'Enson. description 9'-9. f' La Dole 1,'eometri- 16S.., 3 Mont Tendre. qiie de la 1680, I Moleson.' France. 1 2007, I ( 5 35 ) IV. Hauteurs du Falais. LeUns iniliale^-dti MrlreB. notn des obserf aletirs. Mnntnoble, au sud-est de Sion. Bercht. 2654, 8 \iii daberg, a I'est de Marligny. » 2469, 2 Lens. M 1278, 3 Pierre-Rouge. » 2889, 2 Lammera. n 3 1 14, 8 \iveii, a Test des bains de Loesch. » 2776, 8 Mont d'Orge. D 794, " Oldenliorii , sur les fioiilieres du canton de Berne el de Waadl. » 3r3o, 2 C;)l(ignie, au sud de Marligny. » 2579, 5 Grainmonl. » 2178, I Vlai tigny, signal. » 2o53, 4 Deul-Rouge. M 2815, 8 Oeiit de raidi, au sud de Saint-lManrice. » 3182, 9 Diableret. » 32i6, 3 Grand Moe^eian. )) 3o58, 3 Sion, place de la Calhedrale. )f 527, 9 Qe la Cbaux. » 2219. 4 Nesliiorn. )) 3207, 2 (iredelscbhorn. » 2928, 4 Borlelhorn. »> 3 1 94, 8 Selzen. ), 2962, 3 Cuminen. » 2753, 3 Gros Sidelliorn. E. 28 79, 4 Klein Sidellioin. E. 2765, 0 Blasihorn. E 2779 C Galen signal. E. 3o27, 0 V. Hauteurs de la Suisse centrale. Napf, enire la vallce de Lutern el rEminentlial. Rigi, la cinie. IJ.^ taile del'auberge. Id,^ Seuil de la porte des bains fluids Id., Hohlluh prcs Gersau. l.nires initiales du tiom des observaleurs. et E. et E. E. E. E. Meir 1406,74 1798.35 i(io(), 6 1435, I 1700, 5 ( 53f) ) V. Hauteurs de la Suisse ceritrale. [Suite). Lelli(-» 1 iiiiiiales du Melret. tioiu des ob»er»af*urfl. I9.20, 2 Hi)!u' Rlioiie, eiitie les lacs de Zurich el d'Egeii. E. (Jrosse-Myilien, an nord-ouest de Siliwvz. E. 1903, 6 Slauzerhoni, au iiiidi de Staiiz. E. i8g8, (i Pilatu-:, Slieglcegs;, au uord d' \l|)anach. E. 2042, 3 /i/., Esclspitze. E. 2121, 3 Lao lie Luicrne, iiioyenue des eaux. E. 435, : Holie Hiisen, siir les frontieresdu ranlon d'Uri. E. 24o3, 7 Hohfustolleii, an nord de Meyi uigen. E. 2482, 6 Niedeihaueii ou S:;cliilirrger , la cime, sur le lac des (piatre cautuos yls a-vis les haius. E. •i)-^5, 4 Uri Rothsiock, \ K 2931, 3 Hlacken^lock , J o i i ■ . I c. II n .L 1 1 Sur la cliaiue enlnl Eiigelbei"er Rothsiock, f , ,, . ■ „ ,,,^. . ? ' \ les vallees de ReussJ V\eibStock , / . ,.„ ,, ^ „ ' I et d Eueelberr. (ji-osses S|)aiinori ,1 o >. E. E. E. E. 2g5o, 5 2818, 0 =895, : 3198, . Sohlossbeig , ' 1 E. 3i34, 5 rilli.s,au sud d Engelberg, somuiet du Signal. E. 3233, 1 rillis, 'Vollen , point limite des iieigcs. E. 3237, 2 Ross'ock, \ E. 2461, 5 Hiindslofli , / Chaine entie les val- I P- 2214, 8 Uieppcn , lees de Schacheu et E. 2224, 4 Kopbaien, y de Mulla. 1 ^• 2081. 0 Kaiserslock , / 1 ' E. 20 I 5, (i Wn.dg.lle , X E. 3187, g Srlirei'born , i Chaine de moiilagnes E. Sagg, 0 I'odi, \ J'Ur la limiiu est du E. 3620, 3 Oberalpslotk, i laiiiuD d L'ri. ' E. 3327, 7 Kristeiistoik, / | E. 3076, 5 Spiizlib rg, ' E. 34 1 5, g Su>tenburn, i ('liaiuc de iiiuutagnesi K. 35ii, 7 I'rit'leiistoeh , f eiiire la valiee dile E. 3175, I fl.Tsteidiorii , } Rfiisslhal el rober- E. 3i68, 3 GalenslDck, s-ignal. 1 laud de Perue. i E. 3o27, 0 Glelsrhhoru, ] \ E. 33o4, 4 ■iix-Maduu , 1 c . J c • . I , ., ' f SoMiuitl du Saint- 1 ,, , ' i Golhard. i Vlulihoin, ) \ E. E. E, agag, 5 3o5o, 0 3ioi, 3 Forcola Ri)>sa, enire la Gieiua el Ic Vrinlhalc. E. 2856, 0 I'lzzo Fonio, a I'estde Giornico, canton du 'I'essiii. E. 2go7, 3 Fiiisleraarhorn point culminant de I'Oberland de Kerne. E. 4272, 7 ( 357 ) Remarques sur le nU'ellement geodesique que MM. les ingenieiirs suisses out execute en partant des donnecs de In triangulation francaise ^ et sur la coniparaison du niveau de la mer Adrintique avec cetui de V Ocean. Dans les observations preliminaires qui sont pla- cees en tele du tableau des hauteurs au-dessus de la mer de la plupart des stations Irigonometriques de la Suisse, on trouve le passage suivanl : « Les determina- » tions des ingenieurs suisses qui sont la continuation » de celles des Francais , different d'environ 6 metres ))des resultats oblenus par les ingenieurs autricliiens, y> ce quon pent attrihuer a la difference du niveau entre y>V ocean Atlantique et la mer jMcditerranee , et aux » erreurs qui se sontaccumul^esdepuis Dunkerque jus- » qu'a Trieste. » En admettant une telle supposition , comme les de- terminations des ingenieurs autricliiens (qui provien- nent de I'Adriatique) sont plus faibles que celles des ingenieurs suisses d'environ 6 metres, il s'ensulvrait que le niveau de I'Adriatique serait elev^ de cette quantite au-dessus du niveau de I'Oc^an. L'objet de nos remarques est de demontrer que cette anomalie doit etre atlribuee a quelques erreurs commises dans les determinations autrichiennes. Les nivellements geod^siques du premier ordre qui ont el6 executes en France sur les chaines principales de triangles, en pre- nant leur point de depart, soit au niveau de I'Oc^an (mer moyenne) , soit au niveau de la Mediterran^e, sont exempts d'une telle accumulation d'erreurs, comme Ic constatent les diverses comparaisons faites ( 358 ) enlre ces nivellements indt^pendaiits el qui ofirenl une concordance vrainient remarquable; d'autre pari, jMM. les ing^niours sulsses r^pondent de I'exactilude de leurs determinalions a moins d'un demi-melre. Si Ton compare les resullats que les ingenieurs suisses ont oblonu pour la hauteur absolue des points de Pizzo-Forno, Pizzo-Menonc et Monte-Legnone (dans le sud-esl de la Suisse), avec les determinations anterieuresde cesmemes points, selon les observations qui ont ete faites par les officiers franrais du coi'ps des ingenieurs geographcs a I'epoque oii I'ltalie superieure etait placee sous la domination francalse (determi- nations que paraissent avoir ignorees MM. les ingd- nieurs fed^raux) , on trouve un resultat de signe controire a celui que donnent les observations au- tricbiennes et parfaitement analogue a celui que nous avons oblenu en France pour la dilference du niveau enlre rOc6an (mer moyenne) et la Mediterranee, se- lon le nivellement geodesique de la chaine des trian- gles des Pyrenees. Nous remarquerons que I'indica- lion ingenieurs lombards, que I'ontrouve surle canevas dela triangulation Suisse aux cotes Pizzo-Forno-Pizzo- Menone-Mofite-Legnone , devrait ^tre remplacee par celle-ci : ingcnieurs-geographes francais , parce que ce sont eux qui ont execute dans toule I'ltalie superieure la triangulation du premier ordre dontces trois points font parlie. Dans le nivellement geodesique de cette triangula- tion generale du royaume d'ltalie, les hauteurs au- dessus du niveau de la mer obtenues par des mesures directes a Rimini , Chioggia et Venise pour la mer Adriatique , el a Genes pour la mer Mediterranee , ont servi de donnees de depart pour determiner de proche ( 359 ) en proche et par des nioyennes successives , les hau- teurs ahsolues de tous les sommets du reseau trigono- metrique qui couvre I'ltalie sup^rieure , des Alpes aux Apennins, de I'lslrie aux montagnes de la Savoie. Quoique I'efl'et des marees soil peu sensible dans I'Adriatique et la Mediterranee, cependant on y a eu ^gard en prenant les niesures directes que Ion a rap- portees toujours au niveau des eaux moyennes. Dans le nivellement des sommets des chaines principales du premier ordre , on n'a admis que les resultats du calcul des differences de niveau provenant des distan- ces zenitliales reciproques. Les determinations qui I'e- sultent des donn^es de depart prises aux bords de I'Adrialique ont ele comparees entre elles, et en ou- tre mises en comparaison avec celles qui sont rap- port^es au niveau des eaux du golfe de Genes, a I'aide du concours des chaines principales sur un point qui leur est commun , par exemple I'aiguille du dome de Milan. Voici ce que Ton a obtenu pour la hauteur absolue de ce point : lljuleur fetir lit iner. I" En partaiit de RiDiini , par la cliaiiie de jomtii/ii qui lie ce point iiveo Milan 228™, 24 20 En parlaiit de Veiiise par la chaine de la perpeiidiculaire de Milan 228, 3i 3o En pail«nl de Kimitii, de Ciiios;gia el de Veiiise par le coucoiiis de loiites les chaiues ue triangles dii pre- mier ordre 228. 01 4" Enfin en parlant de Genes, el par la chaiue de plus rourte distance qui lie ce poiiil avtc Milan. . . . 22S, 38 La parfaite concordance de ces quatre resultats , le ])lus grand ecart alteignant a peine o'",4. indique sans doute qu'une juste compensation d'erreurs inevitables s'est r^pandue sur toutes les determinations; mais aussielle prouve beaucoup en I'aveur des obseivations ( 34" ) sans rexactitude desquelles bieii ceiiaiiieiuenl cetle compensation n'aurait pas eu lieu , et de plus elle monlre que le niveau de I'Adriatique est le memo que celui de la Meditorranee, Get expose nous a paru necessaire pour donner une idee du degre de confiancc que Ton doit accorder aux operations geodesiques que les ing^nieurs-geographes IVanc^ais ont execul«es en Italie, et qu'elles meritent par consequent d'etre aiises en coniparaison avoc des travaux analogues qui I'emplissent les memes condi- tions d'cxactitude. Laseconde partie de la nouvelle description georue- trique de la France (actuellement sous presse) ofl're tous les details des nivellements geodesiques du pre- mier ordre , avec les elements qui ont servi aux cal- culs des differences de niveau , pour cliaque r6sul- tal partiel, aiin que Ton solt h meme den verifier I'exactitude. Ce travail a necessite un revision generate de tous les calculs ; revision opert^e depuis la publica- tion de la premiere partie , laquelle a produil une di- minution d'un peu plus d'un metre sur les hauteurs des points de la meridienne de Strasbourg qui ont servi de donn^es de depart aux determinations de MM. les ing^nieurs suisses, savoir: Chasseral. RotiQub. Differ, on correct. moyeiiuH. HAUTEURS SCR LA MER. " Differeuce Descri|)tioii geomelriijue de la Franrf. oil ?rf mitre partie, page &U7. l)euxit-iiie part., page a6. correctioas. l6to'",54 1608"', 6 — i'°,94 iJ98",53 t) i397">, 4 I%12 — i'>',53 1 I ( ^^' ) En sorle que la correction moyenne qu'il faut appli- quer aux r^sultats du nivellement geodesique de la Suisse sera — i'",5. Cela pose, voici les comparaisons que Ton pent etabllr entre les determinations de MM. les ingenieurs suisses et celle des ingenieurs geo- graphes frangais en Italie sur trois points qui leur sont cominuns dans la parlie sud-est de la Suisse. Monlc Legnone. . Pizz.) Meiioiie. . Pizzo Fonio Difference movenne. HAUTEURS SUR I.A MER. Rcsiillals des inge- nieurs .''Uissej ^\T;inl la rectifu-al. a6t l'U,l 2246"',8 290701,3 2609'", 6 2245^,3 29o5n',8 des inpr- nienrs f;eo fi'diK^dis eii 261 I"!, 6 2247"> 3 2907'",/! nifferpnce. -I- 2'n,0 -j- 2"! (1 + Voila done une difference de -|- i™,9, entre des hauteurs qui sont rapporlees au niveau de la Medi- terranee ou de I'Adriatique , et celies qui proviennent de rOcean (mer nioyenne) , resullat qui concorde d'une maniere fort remarquable avec celui de -,- i"',7 (oui", 67) que nous a donnela comparaisondu niveau des deux mers selon la cliaine des P\ renees et en pro- cedant d'une maniere analogue , o'est-a-dire par les moyennes successives prises entre les resultals de cha- que point (Nouvelle description geom^trique do la France , premiere partie , pages 075 et 377). Quant aux determinations des ingenieurs au- trichiens qui sont communes a celies des ingenieurs suisses , il est facile de voir qu'en les comparant avec les determinations dt s ingenieurs-geogroplios francais , ( 542 ) elles (lonnenl uiie dilTeronce moyeiine (jiii est ojjjalf a — G^.S. Mous pensons done quo cetle discordance de plus de 6 mMres olTerte par les observalions aulricliiennes, est une anomalie qui leur appartient , parce qu'unc telle dilTerencc liepassant la limitc des plus grandes erreurs probables, dontpeut elreaffecle un nivcllcment geodesique bien execute, est inadmissible. ConABOEUl'. Le tnemoire suivant sur quelques Etats de I'ile de Bor- neo a ete adresse depuis long-temps a la Societe de geogra- phie par M. le baron de Capellen , ex-gouverneur general des Indes Neerlandaises. Ce memoire est un extrait des travaux de feu George Muller, qui avait ete inspecteui- general des nienies etablissements, et qui avait fait plusieurs voyages sur les cotes et dans I'interieur de cette ile. Nous apprenons avec satisfaction que M. le docteur Muller, son frere , niaitre des forets royales de Baviere a Ascbaffenbourg , se propose de faire bientot paraitre les nieinoircs et les cartes que cet interessant voyageur a laisses; et nous regardons la publication du travail envoye a la Societe de geographic, coniuie propre a attirer i'attention des voyageurs et des golla-l\inguin ; au S. et a TO. la mer- Les lies Carimala, dont nous parlerons ci-apres, sonl des dependances de I'empire de Mallan. ( 349 ) Void les principales rivieres de INIaltan : La Siiccadana , La Meliiigsan, — SlJoh , — Siri, — I'oiitii , — Sagoune, — Djaniboiakan , — Teiiggar, — BlandoDgaii, — Gayong-LKnul , ■ — Pas.ii-Tjina , — Bakko , — Awaiig , — Peodawal , — I'lakaoii , — Peniiiggdou , T- Kcrbaou > ) , , — Simbar, — Kelappan,) ' — Molee, — Ambaiig, — Ayer-Itani , — Sayah , — DjeHai. — Pelang. Toiiles ces rivieres soiit navigables, et ont leurscours ouest et sucl jusque dans la mer. Quelquesunes pren- Tient leur source dans les mot\ts qui s'elovent au nord dans rint6rieur de Mattan , prfcs des limitcs de Suca- daou , et dont une branche considerable , savoir : la serie des montagnes de Palongang, s'avance jusqu'a la plage de la cote occidontale en se terminant par le Bouquit-Laout, le Poungalong, le Palirongan , le Sue- cadana, le Datou et le Melingsan. Le sillon de la cote est form 6 par les pointes de terre eogra- phie anti-colombienne de rAmerique , consistant : 1° dans son ouvrage sur les anliquites americai- nes; 2° dans son memolre sur la decouverte de I'A- merique au x" siecle; 3", l^" , b , et 6° dans plusieurs cartes gen^rales et speciales relatives a ses reclierches sur ces contrees ; 7" et 8" dans des gravures repr^sen- tant les monuments scandinaves au Groenland et dans TAmerlque du Nord; ()' dans un abrege Islandais de la g^ographie du xiii'' sit^cle, et lO" dans un /(7r a7- mile de la relation d'un voyage dans la Floride en 1027. L'envoi de M. le professcur Rafn est conlie aux soins de M. de Serre , consul de France a Elseneur , qui a bien voulu en donner avis a la Societe. ( 568 ) M. Francis Lavalleo, vice-consul de France a la Trinidad de Cuba, ocrit a la Societe qu'il vient dc lui expediei" , par I'cntreuiise olTicieuse de MM. Mollien et Eyrids , deux caisses contonanl dcs mineraux et des coquillages de Tile de Cuba , destines a son musee gc^ograpliiquc. M. Lavall^e joint a sa leltre une note explicative des pieces composant cet envoi. M. Jose de Urcullu , membre de la Soci^te a Oporto, lui ^crit pour lui olTrir un exomplaire du Roteiro de Vasco de Gatua, qui vient de paraitre, et il annonce le prochain envoi du Iroisl^me et dernier volume de son Trntddo clementar de Geoi^rafin. M. John Vaughan, bibliotliecaircde la Societe philo- sopliique americaine de Philadelphie , adresse a la Commission contrale un exemplaire de I'ouvrage que M. P. du Ponceau vient de publier sous le tilre de A Dissertation on the nature and character of the chinese sytem oJlVritim^ , in a letter to John Vaughan, etc. Le meme correspondant adresse le premier volume des Transactions phdosophi(jues qui manquait a la col- lection que possede la Socidte de celte importante pu- blication. M. Jomard appclle lattenllon de I'asscmblec sur la perle douloureuse qu'on vient defaire dans lapersonne de M. R6ne Caillie , deced6 h Labadaire , le i" mai dernier, apn^s une tres courte maladie. 11 demande que la Society, en consignant cette nouvelle dans son Bul- letin, exprime le regret que lui inspire ce triste evene- ment. II donne ensuitc lecture d'une lettre dans la- quelle Ii6n6 Caillie exposait le plan d'un nouveau voyage a Bammako et a Bouri. Renvoi au comite du Bulletin. Le meme membre annonce , i que M. liussegger. ( 569 ) naturalisle allemand qui a voyage en Egypte et en Syrle, etait au mois de Janvier dernier sur le fleuve Blanc; 2° que le baron de Hallberg, Bavarois, niaintenant a Malle, a trouve une caravane venue de Tombouctou au Darfour. II pense que le nom du vice-roi d'Egypte 6tant connu et redoule dans loute I'Afrique centrale , il faul profiler des circonstances presentes pour effec- luer un voyage de decouvertes par la direction du Dar- four. Le meme membre lit une notice de M. Lefebvre , lieutenant de vaisseau, ct compagnon de voyage de M. d'Abbadie en Afrique. Celle notice, qui contient le recit des relations de ce voyageur avec des pelerins abyssins, et les renseignemenls divers qu'il a pu recueillir sur I'Abyssinie est renvoyee au comite du Bulletin. M. Jomard fait aussi hommage du discours d'ouver- ture qu'il a prononce, comme president, dans la seance publique annuelle des cinq academies. M. Ansart depose sur le bureau plusieurs Memoires en partie in^dits sur Madagascar, laisses par Fortune Albrand, ancien eleve de lEcole normale, et ancien agent commercial de France a Bourbon. M. Ansart offre ces Memoires a la Societe au nom de la famille de M. Albrand, et sur sa proposition, la Commission cenlrale en renvoie I'examen a la section de publi- cation. M. d'Avezac continue la lecture de sa notice sur Jean de Plan Carpin, et il annonce que le commence- ment de son travail vient d'etre livre a I'impression. ( ^1<^ ) OVVR&G£S OFFKRTS A LA SOCIEXi. Seance n iMoliikschcn archipol naar Makassar enz. etc. door J. Olivier Iz., voormals se- crelaris te Paiembang. Amsterdam i834. 2 vol. in-8°. — ParM. Reingannm : Erlautorungen zu der arealkarte derosllichen Krdhalfte.etc; vonUudoIf Jacops. In-8° ParM. Manger : Annuairo statislique dii dcparlement de I'Yonne : Rccueil de documents aulhenliques desti- nes a former la statislique ddpartcmentale, u* et 2*" annee. Auxerre iSSj et i858, 2 vol. in-8". — Par M. Francis Lava/ice :V]i\no topografico de laCiudadde Santa-Maria dc Puerto-Principe, y sus cercanias en la isla de Culia, etc. i feuille. —Map of the Hudson bet- ween Sandy Hook et Sandy Hill with the post road bet- ween New-^ ork and Albany. — Par In Societe (Pa^rri- ctilliire de Caen: Seance de cetle Societf^ , lenue le 19 Janvier i838. — Comptc- rendu par M. Bitot dc sa culture de betteraves a sucrc. — floncours ouverls ct prix proposes pour i838. Seance dn 1 8 nua. Par 31. dn Pnncra/i : Memoiro sur le syst6me gram- matical dcs langues de quelques nations indiennes de I'Amc'jrique du^ord ; ouvragc qui, a laseance publique annuelle de I'lnstitut royal de France le 2 mai i855, a remporle le prix fond6 par M. le comte de Volney. 1 vol. in 8°. — Par MM. Ed. Combes et M. Tnmisier : Voyage en Abyssinie, dans le pays desGalla, de Choa vX d'Ifat, etc. ; t. HI et IV avec la carle du voyage. — ( 37' ) Par M. Caiiet : Le Moniteur Indien, ou dictlonnaire con- tenant la description de I'Hindoustan et des difl'^renls peuples qui habitent cette contree, etc. ; par M. Dupeuty Trahon. i vol. \n-S".—ParM. le baron (V Hombres Firinns : Recueil de menioires et d'observations de Physique, de Meteorologie, d'Agricullure et dUistoire naturelle; troisieme partie : agriculture, i vol.in-S". — Par M. Pa- riiigaiilt : Notice hislorique sur la ville dc Laon. In-8°. Seances des i" el i5 jitin i838. Par (a Socicte p/ulosophique americainc de Phdadel- phie : Philosophical Transactions. New series, tome I, in-4''. — A Dissertation on the character ol" the Chinese system of writing, in a letter to John Vaughan, Esq. by Peter S. Du Ponceau, etc.; published by older of the american philosophical Society, by their historical and liltcrary commitec. \ vol. in-8°. — Par M. dcSaiiit- Hdaire : Notices statistiques sur les colonies francaises, imprimees par ordre de M. le vice-amiral de Rosamel. Seconde parlie : Bourbon, Guyane francaise. i vol. in-8". — Etats de population, de culture et de com- merce relatifs aux colonies rrancaisespourl'annee 1806, avec le complement des ihats de i835. In-8", — Par M. P. Jacquemont : Voyage dans I'lnde, 1 8^ livraison. — Par la Societe royals geograpldque de Londres : Journal de cette Society, tome VIII , 2' partie. — Par M. le capitaine Washington : A sketch of the progress of geography, and of the labours of the royal geogra- ])hical Society, during the year 1837-8, by Cap.W., se- cretary. In-8<^. — Par la Socicte royalc asiatiqnc de Londres : Journal de cette Soci^l^, n" viii, 1 vol. in-8''. — - Par M. Fan der Maelen : Essai sur la slalisticjuc ge- (n;2 ) n^rale de la Belglque, compose sur les documenls publics et parlicLilicrs parX. Heuschling. i vol. in-12. — I'ar MM. Leroux et Reynaud : Encyclopodie nou- velle , 28*^ liviaison. — Par M. Achncvman : Projet de voyage a Madagascar pour y conlinuer des Iravaux d'histoire naturelle, de plillologie eldo topographie int^- dicale, presentee a MM. lesprofesseursdu Museum d'his- toire naturelle. In-8". — Paries Auteurs et Kditeurs:V\\i- sieurs numeros des Annales des V oyages. — Des Annales Marilimes. — I)u Journal de la Marine. — I)u Bulletin de laSocielede Geologic. — Du Journal Asialique. — Du Journal des Missions Evangeliques. Du Journal de I'lnstilulhislorique. — DuBullelinde laSocieleEleinen- taire. — Du Recueil de la Soci6i(^ Polytechnique. — Du Memorial Encyclopedique. — Des Archives du Havre. — Des Memoires ou annales desSociel^s d'Agriculture d'Angers, d'Angouleme, d'Evreux, du Mans, de Rouen et de Troves. — De ITnstitut et de I'Echo du Monde Savant. TABLE DES MATIERES COHTEBUES DANS LE IX' VOLUME DE LA 2' SERIE, Nos 49 a 54. (Janvier a Juin iS38. ) PREMIERE SECTION. m£mOIRES, liXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Pageft. Considerations siir la province de Constanline, par M. le general baron Jochekeau de Saint-Denis 5 Questions adicss(5es k M. le capilaine CHES^Er avant sa se- conde exploration du cours de rEiiplirate 23 Reponse de M. Ainsworth aux questions adress^es a M. le capilaine Chesnet p;ir M. Poijlain de Bossat au nom de la Society de gt^ograjihie.. . a8 Nolo sur qiu'iipics explorations a faire en Syrie, en Palestine el dans rArahie-Petree , par MM. C. CALLrEBcl 1'oiji.ain de BosiiAY 4o Traduclion d'ua E.xtrait de TEncyclopedie aoi^ricaiue. (Arti- cle Foulali ) /iQ Letlrc de M. Jomaud a M. le president de la Sociele de g(5o- giapl'ie 55 Esqnisse de I'l-inigration des colons habitant ics froiili^res de la colonic du cap de Bonii2-E^p(irance, par M. le capi- laine llAnRi!', du corps iles iiigenieurs de la compagnie des Indes (j 1 Notice sur la parlie N. E. de lile Gilolo, parM. le capi- taine Desperolx ^5 ( 574 ) llapporl siir iiu ouvrage inlilulti Observations mitcorologiques et iniigndtifjiies fuiles dans letenitue de I' empire dc Hussie, public pai- A. 'r. KuPFFEft , de rAnaddmie lies soieiices de Sainl-Pelcrsboiirg , par M. le capilaitiu Pevtieh Si Rapport do M. le capil.iir-.c 1'i:iti[;r sur un mcmoire de M. Caldas , relalif a la ini'suro iles hauteurs par i'obser- vatiou tie la temperature dc I'eau boiiillaule 86 K\lrail des vo}ages du clieykli Sydy Moldiainined. lliiit^raire de Tripoli de Jiarbarie au Caire, avec- I iiidicalioii des Iri- bus arabes, sedenlaires et iioniadcs, cainp6es dans les lieux indiques par ritineraire , Iraduil de i'aralje (lar ^I. A. Pioiis- scau gi Reclierchcs meteorologiques proposccs par la Socielc inetdo- rologique de Londrcs , yy Extrail dc plusicurs letlres de M. Kalbe a M. Jomahu. dalees de Tuuis, 16 et 00 jarivitr 100 Note sur la rolonie auiericainc de Liberia , CDmmuniqui^c par M. W I o I M<5inoire descriiilil tie la roule 2o.> G^ograpliif tie la Franre- Programme d'un prii propose par la .Soci(:'le iiuluslrielle d'Angrrs pour la ineilieure geogra- pliie (le lAiijou 290 Travaux astronomiques ct geodisiques executes dans la pro- -vlnce dc Constanliiic. ( Extrait dune letlre de M. Puillon B0BI.AYK , capit.dnc an corps royal d'itat major. ) sgS Anliquit^s pt^ruvieuncs . par M. W 5o/( Menioiie descriplif de la route de Tehran a Meched et de Meched a Jezd . leconnue en 1807 , par M. Truxluier , capilainc au corps du genie, f Troisi^me article. ; 5i3 DeterMiiiKilion Irigonometrique de la liauteur du lac de Neuf- chatel au-dessus dela iner, comniuniquee par M. h'Oster- VALU df iNeafchalol -^29 Hauteurs Irigononietnques en Suisse. (Extrait des calculs de la triaiiguUilion do la Suisse.) OOi I'lcniartpics sur If nivellement geodtisique que MM. les iuge- iiieurs suisses out execute en parlant des donnees de la tri.mgulalion I'rancaise , et sur la couiparaison du niveau de la mer Adrialique avec celui delOc^an. par M. le co- lonel CORABCEUF 'iSy Notices sur Jivers Elals do I'ile de Borneo. (Extrait des voyages de leu M. Mailer, et communique a la Soeiele par M. le baron Van per Capellen , aucien gouverneur-general des Indes neerlandaises . ) ^h'i^ DEUXIEME SECTION. .4CTES DJi LA sociixi;. Piapport sur le Concours au prix annuel pour la decouverte la plus Mnporlante en g^ograpliie. lu au nom d'une Commis- sion composee de MM. Valckenaek , Jomard , Eyries , Dii Larkivaudiebe, et Houx ue Iiociielle , rapporteur 1^5 Programme des piix proposes i)ar la Societe en i838 203 ( 5:6 ) I'rocis-verbaux cl(;» se.iuces de la Commhsioa eenlrale de Janviir a Juin 54 102 , 164 , 244 , 5o6 lI 364 Piores-verbal de la seance generate du 5o mars i858 244 iMembfos admis dans la Society. .. . 69, 107, i^iy, 246, 3ii Outrages offerU a la Socielo. . Sg , 107 , 167 , 247 , 3i i , 070 PLANCHES DU IX' VOLUME. I'arlie du cours de I'Eiiphraie et du Tigre. Al'rique au N.-E. de la colonic du Cap, drcssie pour moulrer la posillou relative des feriniers eraigraulsel des tribusnalives, (lar M. !e capilaiiie Haruis. FIN DU IX VOLUME. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE Deuxieme Serie. TOME X. lUTRI'AL 1)1' LA SOClfiTK. ( I'i.ECTIOPf DU 30 MAPS 1838. ) President. I'ite ■ Presidents . Scnitiitenrs. SecrJtaire. M. de SALVANDY , mi^i^lre de I'inslruction publiqiic. M. le general de UUMIONY, aide-de-ramp du Roi. M. DAL'SSY, ingeiiiciir-h} di'ographe en clief de la marine. M. leharonROT.SCHILD. M. C.VSTELLAN , membre de llnslitut. M. PEYTIF. R , rapitaine au cor|)s royal d'etat-major. Liste des Presidents honoraires de la Socicle depuis son ortgiiw MM. le iTiar(|uis de Laplace. Le marquis de Pastoret. L« vicOmtede CBATEAtBRIAND. Le comte Crabrol de Vor.vic. Becqley. Le baron Ai.ex. de Humeolct. Le comic Chabroi, de Crousol. Lc l)aron Cuvier. Lc baron Hvoe de NEuvrti-E. MM. Le due de Doudeauvim.e. J.-B. EVRIKS. Le comte de Rignk. DUMONT d'UrVII.I.E. Le due Uecazes. Le coinle de Mu^talivet. Le baron de Barante. Le lientenant-general Pelet. GuiZOT. Conespondants etrangers dans Pordre de leur nomination. MM. Le doclenr J. Mease, a Pbiladelphie. H. S. Tanmer, a Philadi-lpliie. W. Woodbridge, a Boston. Le capit. Edward Sabise, a Limerik. Le colonel Poinsett, aux Etals-Unis. Lecol. d'.\brahamson, a (lopenbague. Le prnfesscur Schumacher, a Altona. l)f, Navarrete, a Madrid. F Ant. Gonzai.fs, a Maibid. Le docteur HeinganuMiJi Berlin. Le capil. sir J. Fkanklin, a Londres. Le docteur Richaru.son, a I ondres. Le prolessiiir Rafn, a r,Oj)i nliague. Le capitaine Graah, a Copi nbai^ue. AiNSwoRTH, a Edimboiirg. MM. Adrien Bai.bi, a Vienne. Le comte Graberg de HEMsd,a Flo- rence. Le colonel Long, aux Etats-Unis. Sir Ji)bn Barrow, a Lomlres. Lc capitaine Macokochie , a Sidney (NouvcUcGalles . Le capitaine sirJoHN Ross. Le conseiller de Macedo, a Lisbonne. Le professcnr Kari. Rittkr, a Berlin. P.-S. DU Ponceau, a Pbiladrlpbie. Le coliinel Juan Gai.indo, a San Saha- dor (Anieri(|ne centralc;. Le capiiajne G. Back. F. DunoisDE MoNTi'EREUX,a Neufchatel. I'AKrS. — IMPIlIMlCfili; hE llOUUiiOliMi ET MAltllNKT, nif J..<.oli , 30 BULLETIN OK LA ' f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxieme Serie. tome Hiirirnu-. PARIS, CHEZ ARTHUSBRRTRANl), I. I im A IKE I)K I. A SO CI At t DK G EG G P. \ P H I E , RLE HAUrEFEUII.I.F , n" 2 S . 1838. COMMISSION CENTRALE. COMPOSITION DU BUREAU. CEIectiondu 1 1' deeerabre 1837.) President. M. le barou WAt,c;KE>*iLR. fice-Presidenis. MM. L»rexaudiere , Jomard. Secretaire-i^eneral. M. Noei. Desvercers. Section de Corresponxlance . MM. Bajot. MM. Lafond. Berard. Cesar-Moreau. Callier. D'Orbiguy. Daiissy. Peyticr. Dubuc. Tardien. Tsambert. " Warden. Janbert. Section de Publication. MM. Albert Montemont. MM. Eyries. Ansart. Le baron Ladoucette Barbie dii Bocage Dc Pommeuse. Bianchi. Poulain. Le colonel Corabceuf. Puilloo-Boblaye. Le baron Costaz. Roii.\ de Rocbelle. n'Avezac. Section de Coniptabilite. MM Boucher. MM. Le general Haxo. Cadalveue. De Montrol. Le colonel Denaix. Le baron Roger.^ Comite charge de la publication du Bulletin. MM. Albert-Monteniont. MM. .lomard. Ansarl. Montrol. Barbie du Bocage. Noel-Desvergers. Bnblaye. Poulain. Daussv. Roux de Rocbelle. D'Avezac. Warden. M. Chapullier, uolaire bonoraire, tresorier de la Societe, rue de Seine , ft. M. Noirot, agent-general et bibliolhecaire dc la Societe, rue dc ITniver- sile, n" 2 J. BULLETIN DK LA t r SOCIETE DE GEOGllAPHIE. JUILLET l838. PREMIERE SECTION. M^MOIHES, EXTRAITS, ANALYSES ET HAPPORTS. Mf^MOiRE clescriptif de la route de Tehran a Meched et de Meched a Jezd, reconnue en 1807, par M. Truilhier , capitaine an corps du genie. (Suite et fin. ) De Tounn a Bouschraye, la route est deserte. A trois farsaklis de Tounn, on passe un petit ruisseau a cote d'une citerne. A G farsaklis , on trouve une se- conde citerne dont I'eau ^tait puante au mois de sep- tembre. La station est a un beau caravanserai, nomm6 Chour-Ab ou Bobali Chour. II y a un peu de culture et une source dont I'eau est legereraent saumatre. La di- rection de celte premifere partic de la route, dont le developpement est dc 8 farsaklis , estau sud-ouest jusqu'a la seconde citerne, puis au sud. On francliit un terrain monlueux qui separe la plaine dc Bouschra\e de celle (6 ) de Tounn. Celte denvi6re ville esl balie au pied d'urr rameau qui fait parlie de cesmonlagnes, ot qui se di- rigeversTE.-S.-E., ou a peu pres. Iln'y a dc difficulles qu'en un point , sur le rovers du rameau, a troislieues de Tounn. Du caravanserai Robati-Chour a Bouschray^ la dis- tance est de 7 farsakhs, dont 3 dans un sable mouvant ires incommode pour la marche. La direction est trcs peu a rO. du S, Le chemin est en plaine, et n'est sus- ceptible d'aucune reparation; il est tout desert jus- qu'aux portes du bourg. En partanl on trouve Irois citernes espacees d'un farsakli cntre ellos. L'eau en etait encore assez bonne a la fm de septenibre. Bouschraye ou mieux Bouschreje est un bourg ferme, bali dans une plaine aride et d<^couverte , a peu de distance d'une vaste cbaine de montagnes qui regne au S.-O. L'enceinle en est fort delabr<^e ; elle peut avoir 7 a 800 loises de d^veloppement , et ne renferme gu^re que 000 maisons habitees. L'eau est peu abondante et leg^remenl saumalre. La recolte en grain est insuffisante ; on en apporte de Tourbot, et autres lieux. Le canton de Bouscln^ay^ comprend une douzaine de villages, et releve du gouverneur de Tebbos. Les pro- duils en sonl les memes que ceux de Tounn : soie, coton et tombac. II n'y a point de bcsliaux dans une aussi grande proportion. On trouve assez de chameaux. De Bouscbraye Ji Dey-Mobammed , la distance est de 10 farsaklis. Les qualre premiers sont en plaine, et diriges a I'O.-N. O. On longe a distance moycnne d'une lieue , puis d'une demi-lieue, les montagnes de gaucbe. On trouve un premier ruisseau au milieu de eel intervalle, et un second dont loan est nioins ( 7') Lo..wc; a la fin ; Tun et Tautre coulent de gauche a droile. On peut faire station soit a ce dernier ruisseau , soit a diverses sources aupres desquelles sont quelques habitations qu'on ne voit pas de la route , mais qui n'en sont guere eloign^es. Les six derniers farsakhs pourarriver a Dey- Moham- med n'offrent guere plus de difficultes que les pre- miers; ily a seulement une espece de petit col a fran- chir a 1 1/2 farsakh de Dey-Mohammed. II n'y a pas d'eau sur la route meme. On a toujours des monta- gnes a droite et a gauche de la route a peu de dis- tance; elles sont toujours nues, mediocrement 6lev6es, et projeltent divers rameaux pres du chemin. La direc- tion de cette seconde parlie de la route est un peu au S. de rO. ; la chaine de montagnes s'appelle Tferesch. Dey-Mohammed est un village form6 de 1 5o maisons. II y a un beau caravanserai neuf, L'eau n'est point saumatre , mais elle est pesante et desagreable. Ce village est bati au debouch^ des montagnes. On y trouve assez de bestiaux et de grains. On y recueille aussi un peu de tombac et de colon. Les mines d'ou Ton tirait le fameux acier du Khora- san sont silut^es a 2 farsakhs N.-O. de Dey-Mohammed, dans la montagneTeresch. Elles ne sont plus en exploi- tation depuis les troubles de la Perse. La route la plus courte et la plus directe pour aller de Dey-Mohammed au caravanserai Robati-Chour, entre Tounn et Bouschraye, ne passe point par ce der- nier bourg. La distance est alors diminu^e de 2 far- sakhs. Pareillement on peut aller a Tchardey de Dey- Mohammed sans passer par Tebbes , et la distance est raccourcie de 2 farsakhs. La station intermediaire est la meme que pour aller a Tebbfes. ( 8 ) De Dey Mohammed a Tehbes , la distance est dc lo farsaklis. On trouve a mi-distance un ruisseau d'eau saumatre qui coule de gauche a droite. C'csl la station donton vient de parler. Avani d'y parvenir, le chcniin longe les montagnes de gauche a distance tantot d'une demi-lieue, tantot d'un quart de lieue; elles paraissent plus hautes que du cote de Ja plaine de Bouschray^. A 4 I'arsakhs de Dey-Mohammed , une montagne s'dleve a droite, qui I'ait un peu ohliquer le chemin du c6t6 oppose. Alors le terrain cesse d'etre uni. Tl estsillonnd, puis raving. Le ruisseau s'appelle Ab Chour , parce qu'il est sau- matre. >Les bords en sont cncciisses. Au-dela le che- min devient bientot pierreux. On est dans un petit vallon d'une demi-lieue de largeur, oi'i Ton se voit enlour^ de montagnes de toules parts. On debouche par un petit passage tortueux, rocailleux, entre des roches escai-pees. On entre dans un autre vallon assez semblable au precedent, plus uni dans le fond, plus decouvert a I'ouest, mais dont le debouche est un pe- tit col tres difficile. La direction depuis Dey-Mohammed jusqu'a ce point me parait la m6me que la direction generate jusqu'a Tebbes, savoir : au S.-S.-O. En cet endroit qui est eloign^ de Tebbfes de plus de 3 farsakhs, le chemin oblique subilement k I'O. -S.-O. et suit jusqu'a la plaine de Tebbes le lit a sec d'un torrent ou plulot un senlier sur la pente , parce que le lit est inegal. Les montagnes de droite sont un rameau medio- crement ^lev6 ; celles de gauche sont de simples col- lines. On debouche dans la plaine de Tebbes a 2 farsakhs el demi de la ville. Le chomin est uni. On trouve bien- 161 une citerne , et successivemcnt deux autres a des ( y ) intervalles de trois quarts cle lieuo environ. La cullure commence a un 1/2 farsakh de Tebbes. Tebbt's est une villa d'environ 3, 000 maisons, donf la plus grande partie est dispersee dans les vaslcs jardins des environs. Le reste est ferme d'une enceinte carree en fort bon etat, haute de 25 ou 3o pieds, flan- quee de tours , et prtcedee d'un fosse non revetu a I'ordinaire. Le palais du gouvernement est a I'lnl^rieur dans une seconde enceinte encore plus haule que la premiei'e. C'est une des villes de Perse dont les fortifi- cations sont le mieux entrctenues ; elle est batie en plaine. Les jardins sont remplis de dattiers qui donncnt des fruits en abondance , mais d'une qualite me- diocre. Le pays de Tebbes, et particulierement la plaino oii est situ^e la ville, est riclie en soie, colon et tombac. 11 participe de la nature sablonneuse du sol d'Jezd et du desert qui s^pare les deux gouvernements. L'eau n'y abondc guere , et elle est en general mauvaiso. Le canton de Tebbes, qui est imm^diatement sous I'aalo- rile du gouverneur, comprend une vingtaine de vil- lages, et fournit uno suffisante quantite de grains pour la totalite de la consommation de la ville. Le tombac est renomme; on I'exporte a Jezd , a Herat , a Meched et dans tout le Khorasan ; il est nean- moins inferieur a celui de Chiras. On fait quelques eloffes de soie; mais la plus grande partie de ce produit est exportee a Jezd du gouvernement de Tebbes. On fait des toiles de coton en quantite. L'eau de la ville est tres bonne, I'air saliibre , les fruits en general oxcellenis, II y a peu de chevaux a cause tie I'aridite. ( in ^ II y a asse/. ile mules, inalsune mullilude do cliaiueaux qui paissent les broussailles du desert. Mir Hassan-Khan, gouverneurdeTebb^s, est riiomme le plus juste et le plus sage que j'aie renconlr«^ en Perse. 11 est rcnomine pour I'accueil que reroivent les etrangers dans son pays. Les contributions sont niodercL'S. 11 avait beaucoup diniinue les droits de transit des marchandises que Ton exporte ou importe d'Jezd a Herat. Le bruit court ence moment qu'il vienl de les supprimer cntidrement. Le nom dc Mir-Hassan- Kban est exalte dans le pays qu'il gouverne , comme dans lout le Rhorasan , cjuoique I'administration soil on general assez douce dan les diff^rentes parties dc celle vaste province. De Tebbes a Tcbardoy , il y a 4 Tarsaklis. La direc- tion est a rO. Le chemin est en plaine , desert , uni el sans dilliculte. Tchardey est un village ferm6 de i5o maisons; la culture est belle , I'eau assez bonne; le pays est d6- couvert. On a ddja remarque qu'on pouvait eviter en venant d'Jezd de passer a Tebbes, et aller diroctement de Tchardey a Dey-^lobammed; on obsorvera de plus que pour aller de Jezd a Herat il faut necessairemenl passer ici et a Dcy-Mohammed. Quelques personnes m'ont dit aussi qu'uiio route allait de Dey-Moliammed a Kbain , se dirigeant entre Tounn et Bouscliraye; mais je n'ai pas pris dautres renseignements, parce qu'elle est dcserte , plus mau- vaise que les autres , et gu^re plus courte. De Tchardey au caravanserai Cbour-Ab la route est descrle et a peu pros sans dllTiculte; elle est en plaine ( " ) les 4 premiers farsakhs , et assez unie sur les deux autres, quoiqu'elle traverse un pays un peu mon- tueux. En approchant du caravanserai on voit une vallee couverte defflorescences salines , que je crois etre du nitrate de potasse. La direction de cette jour- n^e est a I'O.-S.-O. L'eau du caravanserai est tres sau- matre. H y a assez de broussailles dans les environs ; a peu pres a mi-cbemin , il y a une citerne dans la- quclle il n'y a pas toujours de l'eau. Du caravanserai de Chour-Ab a celui de Kalmi^rs, la distance est de 6 farsakhs en deux directions a peu pres egales. La premiere a I'O. le long d'une montagnc mediocrement ^lev^e, que Ton tourne ensuite pour marcber au S.-S.-O. On a a droite une plaine terminee par des montagnes, et Ton voit dans cette plaine un petit village ci trois quarts de lieue de la route au moins, qui peut etre a 5 ou 4 farsakbs de Kalmers. A 2 farsakbs de ce dernier caravanserai, les mon- tagnes se rapprocbent du cbemin a droite , et forment une gorge qui monle insensiblement jusqu'a la sta- tion. Le caravanserai de Ralmers est bati vers le baut de cette gorge , dont les raontagnes paraissent faire par- tie du systeme d'une cbaine large et mt^diocrement elevtie , dirigee au S.-E. , si je ne me trompe. L'eau de Ralmers est saumatre. Le caravanserai est assez beau. II y a aupres 5 ou 6 cabanes, et un peu de cul- ture. De ce caravanserai a la source de Tcboutouroun , I'intervalle est tout desert -et sans eau la distance de lo farsakbs, la direction au S.-O. , ou un peu plus a I'O. L'ne beure apres le caravanserai on est au sommet du col cnlre dos montagnes assez elovees. La descenle est ( '2 ) Ires siuueusc el i ocaiileuse : c'esl le Foiul d'un ravin creuse dans la gorge. La descente est de 2 larsakhs a peu pr^s. On est ensuite dans une plaine vasle , ou se reinvent quelques rameaux de montagne. On tourne d'abord la poinle d'un proniii-r qui est a gauche; le second est a droilc ; mais lochc'iuin n'a plusd'autre dif- ficulle que des sables niouvants qu'il Taut traverser i deux lieues de Tchoulouroun sur une etendue d'un 1/2 farsakh. De la jusqu'a la station , on a a gauche un rameau bas et conlinu dont I'origine est plus loin. A Tchoulouroun , ce rameau est une montagne assez liaule. La source de Tchoulouroun, auprfes de laquelle sont les ruines d'un caravanserai, est eYtrenieraent sauma- tre el a peine potable ; les environs sont arides. De Tchoulouroun a Pouschlibadoun on conipte la larsakhs. La direction est au S. (). A un quart d'heure de la source on franchil un rameau de montagne; on en suit le pied une demi-heure apr6s avoir oblique a droite. Ensuite on s'en eloigne direclement, ct apr6s avoir passe enlre quelques maraelons , donl I'inter- valle est rempli de sable , on debouche dans une vasle ])lainedeserle. Les5 premiers farsakhs on marche pres- que toujours dans le sable. Plus loin, le sol esl ferme. Cetle plaine esl la limite enlre les gouvernemenls de Tebbes el d'Je/d. A 3 larsakhs de Pouschl!badt)un on a dcs collines a droite et a gauche; mais le chemin reste uni etbeau. A 1 1/2 farsakh avanl la station, on trouve une premiere source; elle est Ires saumalre. On oblique alors a gauche. Une seconde plus abon- dante, mais aussi mauvaise, est un peu plus loin. 11 y a a cole quelques cultures; c'esl la seule jusqu'aux portes du village. ( '^ ) PouscbtibadoLin, le premier village du gouverne ment de Jezd, a environ 2 5o maisons. Ce village est ferm6 sans fosses. L'eau en est bonne et assez abon- dante. La culture est assez ^tendue ; on y recueille des grains en suffisante quantite, un peu de coton ot de tombac. De Pouschtibadoun au caravanserai d'lla-Abad on compte 9 farsaklis. La route est toute deserte et sans eau. La direction au S.-O. , comme la precedente. On franchit a i farsakli de Pouschtibadoun des montagnes basses. Le chemin est rocailleux : on descend par une pente insensible jusqu'a Ila-Abad. Ce cai'avanserai est assez grand; quelques cabanes sont aupr^s. On cultive quelques miserables pieces de terre ; l'eau du ruisseau est saumalre; il y en a d'assez bonne dans un puits. D'lla Abad aSoukban il y a 4 farsaklis. La route est assez unie ; on voit a dioite et a gauche quelques mon- tagnes relev^es dans le desert. Soukhan est un village ouvert de 1 5o maisons. L'eau est assez bonne, mais peu abondante. Il y a quelques jardins. On y recolte assez de grains , de coton et de tombac. A I'O. de Soukhan est une montagne assez conside- rable a distance d'un quart de lieue. De Soukhan au caravanserai de Rizab, il y a 5 far- sakhs, et 9 de ce dernier au village de Kharan^. La du-eclion est au S.-E. ; le chemin lout desert est assez uni. Il y a parlout divers passages mauvais, en parti- culier a i farsakhde Soukan. On ne trouve d'eau qu'au caravanserai ; elle est saumalre. II y a des montagnes assez 6levees, dont les poinles s'approchent du che- min. A 2 farsaklis de Kharanti , on oblique a I'O. , et ( "4 ) on monti! quolqiio tomps sans dilTiculle le lil presqu'a sec d'un torrent. Bientot on reprend la premiere di- rection avec Ic ruisseau qui est d'eau Irus saiiraatre ; ftn en renionte les bords enlre dcs collines irr^guHeres qui paraissonl lormer ensemble un vaste rameau , donl I'origine est aux monlagnes de droile. La direction est Ires sinueuse pendant la derni6re heure de marche. Rharane, village ferme de i 5o a 200 maisons , est bati sur un coteau 6lev6 expose an S.-E , parfaitement cultive. II serait assez difficile d'y monter avec des voi- tures, a nioins qu'il ne soil possible de tourner a gau- che par le lit du ruisseau qui recoit loutes les eaux d'irrigation : cellos-ci proviennent de plusieurs sources cxislantes au-dessus du village, et sont tres bien distri- buees. On recueille en abondance des grains, des fruits el du coton. L'eau est trds bonne avant de se m^ler avec celle du ruisseau inferieur. On compte G farsakhs de Kharane au caravanserai d'Endgilek , et 6 de ce caravanserai a Jezd. La direction est S.-E. jusqu'a Endgilek ; elle commence a d^cliner en approchant de cet endroit , et va un peu a I'E. du S. dans la plaine d'Jezd sur les 4 derniers farsakhs. De Rharane au caravanserai , il y a plusieurs passa- ges difliciles ; on a des raontagnes a droile ct a gauche qui sont tr^s escarp^es , et point d'eau, si ce n'esl dans une citernc a 1 farsakh d'Endgilek, ou il n'y en a pas touJDurs. On n'entrouve pas toujours au caravanserai; mais il y en a clans la inonlagne a gauche , a un quart d'heure de distance, et on creusait un aqueduc souterrain •quand j'y ai pass6. Ln farsakh apres le caravanserai on trouve une cilerne avec de l'eau potable ; elle est siluee dans une coupure d'un dornifr ramoau do mon- ( "'^ ) tagnes qui separe le vallon d'Endgilck de la plaine d'Jezd. Le chemin depuis le caravanserai jusqu'a la ville est assez uni; mais il est convert de sables mou- vants les 4 derniers farsakhs. C'est ce qu'on appelle dansle pays la mer de sable qui.soulevee paries venls, el port^e en lourblllons sur les terres cultivees , y cause les plus grands d^guts, et ruine quelquefois les villages. Jezd a environ 6,000 maisons; cetle ville est batie sur le bord de la mer de sable , separee par une vaste bruyere d'une cliaine de monlagnes qui regne au S. , et que Ton suit pour aller a Ispahan. La ville est ^loignee de 2 farsakhs de cette bruyere qui est couverte deTdes de puits, dirigees du S. au N. ou au N.-O. Les uns portent de I'eau dans les villages existans, les autres sont en ruines. La ville est grande et remplie de ruines; I'enceinte n'est formee en beaucoup d'endroils que par des mai- sons unies entre elles par un bout de mur dans lequel on a perc6 une porte. Mais vers le centre est une en- ceinte plus r^gullere, precedee d'un fosse non revetu de 20 pieds de profondeur, dans laquelle est ren- ferm6 le palais du gouverneur. Cette enceinte a 2 5 pieds de hauteur et 5 pieds d'epaissenr. EUe est flan- qu^e de tours a I'ordinaire. L'eau d'Jezd est bonne, mais elle n'est pas tres abondante , et les tourbillons de sable dont on a parl<^ sont un obstacle de plus a I'extension de la cul- ture. Jezd ronferme habitucllement, comme toutes les autres villes, un grand approvisionnement de grainsi La presque totality des grains, riz et bestiaux con- sommes dans le pays, vienl du Pars, et jusque de ( lO ) (iliirns. On \ Iroiivc une assoz gronde qiianlil(5 di^ clia- ineaiix , rnais peu de chevaiix. On reciieille dans le pays d'Jezd, 1° une imnicnso quanlite de garanco qu'on cmploie danslc pays, el doni on exporto aussi une jiarlie aux Indes; 2» beaucoup de tombac quon lransporlejus(pi'aErz,eronm; 3" du colon de qualile sup^rieure ; mais corame il nc suffitpas en- core pour alimenter les manufactures du pays, on en tire de Tebbes, de Rbain el meme de Tourbel; 4° en- viron 2,oco batmans de soio que les manufaclures consommenl; elles en lirenl en oulre de Tebbes, de Rain , de Tourbet et de Rcscht. II y a 6 moulins dans la ville et 1 4 ou 1 5 dans les vil- lages a proximile ; ils peuvent moudre chacun en un jour de ooo a 4oo batmans dc grains. Les manufactures de colon et de soie sont la source d'un commerce considerable. On compte 4.*ooo me- tiers dans la ville et les villages les plus voisins qui composenl le canton d'Jezd. II en sort par jour i,4oo pieces de toiles de colon fines, nomm^es 'l^aft, du nom d'un village eloigne de 5 farsaklis d'Jezd, ou il s'en f a - brique beaucoup; car ce village ou bourga, dit-on , 700 metiers a lui seul ; on fait aussi unegrande quan- lite de toiles plus communes. On fait a Jezd toules les esp^ces d'etoffes de soie comme en Perse. On tire d'Aslrakban I'or nc^cessaire pour les broclior. Le transit dcs soies du (aiilan ne paie aucim droit, et on en cxporte a H^ral. On fabrique aussi des cliales de laine a I'instar de ceux de Rerman. On emploie pour les teinlures un peu de cochenille, beaucoup de bois d'lnde , dc garance et d'indigo. L'in- digo est de deux qualitc'-s; I'une apporl^e de I'lnde par ( •/ ) lioucliekh, a un prix double de celui quon lire dc rAlganislan par Herat. Lc ler el I'acier viennent du Mazandcran. el d'As- trakhan ; le cuivre , d'Erzeroum ; le cafe , le sucre , I'e- lain, ies 6lofl"es de I'lnde, elc, viennenl par Bouchekh. Legouvernemenld'Iezd se divise en 3 cantons: i "celui d'lezd , qui comprend environ 5o villages; 2° celui d'Erdekou, a peu pres aulant ; 5° celui de Nil, une quarantaine de villages; ce troisieme canton est mon- tagneux. Les deux derniers cantons ont plus de besliaux que ie premier, meTis tr^s peu de manufactures. Les limiles du.gouvernement sont : sur la route de Iverman, le village de Mezreichour, a 1 o farsakhs d'lezd; sur celle de Meched, le village de Pouschlibadoun , a 40 farsakhs; surlarouted'Ispahan, le village deGuichhe, a io farsakhs. Presque tout le commerce de la Perse avec I'Afga- nislan passe par lezd, el quoique ce commerce semble diminuer, on pretend que celui d'lezd en general aug- mente ; ce que j'ai entendu expliquer par I'accroisse- mont du nombre des metiers. II y a a Ifzd plusieursmaisons juivcs, el la populalion guobre, dislribuee dans les villages circonvoisins, s'e- leve, dil-on, a Irente mille ames. Les juifs s'occupent de commerce, et les Guebres de la fdalure des soies el colons, el de la fabrication des diverses etolfes. Ces derniers reconnaissenl pour Deslomi Destonr (chef de la religion) le chef des pretres de Kerman. Dans tout le pays que j'ai parrouru depuis Meched, les montagnos sans exceplion sontnues, les plaines steriles el couvertes plus ou moins de petiles brous- sailles 6pineuses qui servent de pature aux chameaux, X. JUILI.ET. 2. 2 ( '8 ) ct de combuslible aux habilanls. Les environs dcs villages ont unc zone de cullure peu 6lendue qui forme comme aulant d'oasis dans les deserts. Ce n'est qu'aux approchcs des villes que les terrains cultives S3 lionl sans interruption. Enfin, h loo farsaklis d'Iczd, le sol commence a devenir sablonneux , et Test de plus en plus jusqu'a lezd. Tehijin. 9.8 pivvirr 1*^08. Le capitaine da Genie, TRUii.inr.u. \ OYAGR de Cextremite sud de la mer Movtc a la pointe noj-d dn golf'e Elanitique. (LeUre de M. le romlp J de Bertou a M. le presidenl de la Commissiwi (•ciilrale.) .Terusalem, if a<) avril i838. Mo.>SIEUR , .le suis arriv6 hier a Jerusalem; une occasion sepre- sente pour Beyrout, ouma lettrerencontrera, j'espere, le bateau a vapeur ; je veux en profiler pour vous com- muniquer les r^sultats de mon voyage en Arabic Pe- trdie. J'ai trop peu de temps pour vous envoyer un travail plus etendu, que je me reserve de mettre plus tard sous les yeux de la Sbci^te de geograpbie. Je me bornerai done aujourd'bui, monsieur, ^ vous entrete- nir des faits principaux qui se rattachent a la question de la continuation dn Jourdain jusqua la mer Rouge. La solution de ce prcbleme etait le but principal de mon voyage : j'eprouve la satisfaction de vous annoncer , monsieur, que, malgr6 de nombrcux obstacles, j'ai reussi a suivre dans toute son etendue la vall(ie qui se prolongc depuis rextremitc sud de la mer Morte jus- ( 19 ) (ju'ii la poinle nord clii golfe KUmilique. J'livais quille Jerusalem le 28 mars en compagnie dc M. Monfort , peinlre fran^ais; le meme jour nous arrivames a He- bron, ou le secretaire du gouverneur , le seul chretien qui habile celte ville,s'e(alt charg6 de me procurer des Bedouins pour me conduiro. En effet , six Arabes de la Iribu des F'jahelincs ne tarderent pas a aiTiver : mais mille dlfficulles s'eleverent quand j'expliquai quelle route j'entendais suivre... Enfin, apres de longs pourparlers, et ayant fait de grands sacrifices d'argent, j'oblins ce que je desirais; mais le moutselim me fit dire que sije persistaisamc rendrca Akaba parleGhor eirAraba,il ne repondait pas de ma vie... Nonobstant nous nous mimes en route le 1=' avril. A deux heures d'Hebron,nousvimes les vestiges d'une route ancienne cl despuits situes au pied d'une colline nomm^eparles Arabes Daaral ct Zif (i), c'est a-dire la colline de Zif. Ce nom doit preciscr rcmplacemcnt de la ville, des collines et du desert de Ziph que M. Bru^ a places sur sa carte beaucoup tropal'ost, et par consequent troppres dc la mor Morte; il en est de meme pour les ruines de Carmelia, qui conservent encore le nom de Karmel el qu'on rexicontre a deux heures au dela de Zif... (Plus lard je donnerai les angles et les distances exactes qui servironta placer ces deux points). Enfin, nousvinmes passer la nuit au milieu du camp des Djahelines, assis pres despuits de El-Karitaine, a 5 heures 55 minutes au sud, 1 5" a Test d'Hebron Apr6s avoir mange le pain duscheilcMoussa Abou Daouk (2\ qui avail lue un moulon pour nous feler, et avoir rocu de lui I'assurance que nous serions obeis ct siiivis pailoul ou nous vou- (i) II faiidiait Ez-'/A. pour la prononciation. (2) CVsl siiis (Joule Daoiid. ( -^-o ) (h'ions aller par les six Arabes, qui, sous la conduile (le son fr^re, formaienl notre escorle, nous nous rp- miniesen route, nous dirigcant a Tost vers les monla- ^nes de Zoarat... Ce nom me promellail la decouverle dun point interessanl. Notre caravans elait forte de six chameaux, six Arabes , nous-memes et deux domesli- ques, tous bion armes... Nous 6tions partis tard, nous ne marcliaines que pendants heures 9 minutes, etnous campames sur les montngnes qui dominent la mer Morle... Aucune description, nimeme le pinceaud'un peinire habile, ne donneraient une juste idee de I'as- pect desole du pays au milieu duquel nous nous trou- vions... La vengeance de Dieu a elendu un voile de mort surcette terresur laquelle nos Arabes eux-memes ne marchaient qu'en tremblant.. . Malgre leur reputa- tion de courage , les Djahelines se monlraient Ires craintifs, nous assuranl que si nous etions apcrcuspar quelqu'un des Arabes qui errent dans ccs monlagnes, nous p^ririons tous... Nous posiimes nos tentes dans un ravin au fond duquel on cacha aussiles chameaux, et Ton fit bonne garde pendant loute la nuit... Je re- petaila rcxp6rience Ihermom^trique que j'avais faile a Hebron etau camp des Djalielines. A Hebron, 5i mars, 1 o heures du soir; temperature de I'air, i G° cenligrades; ('(bullilion, 96'' centigrades. Au camp des Djahelines, i""^avril,a4 heures dumatin ; temp(^rature de I'air, 29" centigrades; ebullition gO'i/io, Aucampement, a 5 heu- res 9 minutes, a Test du camp des Djahelines, le 2 avril, ay heures du soir; temperature de I'air 27° centigrades; ebullition, 9S". Le lendemain 3 avril, nous nous mimes en route de fort ijonne heure, et nos Bedouins conti- nuercnt a marcher avec la plus grande prudence, cherchant sans cesse sur le sol s'ils n'y decouvraient ( 2. ) pas I'empreinledu pieddequelque ennemi... Nous no lardames pas a renconlrer le lit du torrent de Zoarat que nousdevions suivre jusqu'a lamer Morte. Sa pente etant tresrapide, il n'y reste jamais d'eau aprfes que la pluie a cess6 detomber. Les Arahes nous montrerent, a 3o minutes a droite de la route, un h\pog6e qu'ils di- sentelrc un ouvrage des cliretiens; c'estMoliaral (i)e! Daboura. A I'aidede malonguevuc, je pus reconnaitre que son entree est un carre regulier et sans ornement; nous vouljons pousser une reconnaissance jusqu'a ce point, mais nous dumes ceder aux instances de nos guides qui nous suppliaient de ne pas les exposer en nous ari'etantplus long-temps surcetteterre ennemie.. . Deux heurcs apres notre depart, nous attoigntmes les ruinesdeZoara, Kalaat el (9) Zoara... La decouverte de I'emplacement de Tsohar me causa un grand plaisir; mais cependant, craignant de ceder a une agreable il- lusion , j'examinai avec soin si ce lieu'avail jamais pu servir d'assiette a une ville, bientot j'en decouvris des preuves evidentes.... des citernes creusees dans le ro- cher et une source assez abondante ne permettent pas de douler qu'il fut habile. Si le nom de Zoara qui est conserve par les Arabes n'etaitpas une preuve suffisante de I'identite de ce lieu, on pourrait en cherchcr d'au- tres au cli. xix de la Gen^se. ,. Quand Lot quitta So- dome pour sc rendre a Tsohar, sa fcmme regarda en arri^re et fut chang.) Zoara elaiil iiii iioiii jiiojirc, il faudrnil siippriinti- railiclc il. ( 22 ) ment pres cle ces monlugnes... Lot arriva done a Tso- liar (jui elail uiic petite ville,ch. xix, § 20, elcraignanl cl'y rostei-, luonta sur la montagne el se relira dans line Caverne, oh. xix , g 00... Peul-elre les premiers cbre liens considoraicnt-ils la caverne qu'on nous raonlra (Moliaral el Daboura) etqu'on nousdit etrc iin ouvrage des Francs, comme celle danslaquelle Lot s'elait retire avec scs douxfdles? liurckhardl, qui nc put ni desccndrc (.lans Kl Ghor, ni visiter los montagnos de I'ouesl, dlt, p. 445, que le uom dc Tsoliar est inconnu aux Arabos... Quand on considire les diniculles sans nombre qui durent en- traver les iTcherches dc cet illustre voyageui-, on ne pcul s'etonncr qu'il soil tomb^ dans cetleerreur; il esl presque impossible de se fier aux renseignemcnls que iournissent les Arabes; si vous les inlerrogcz scpare- ment sur le menie sujel, vous trouvez presque toujours de notables diflerences dans leurs reponses ; iin vova- geur nc peut croire que cc qu'il voit lui-m^mc. Le colonel Leake fut un -des premiers, je crois, qui exprimal'opinion quele Jourdain, avanlla destruction des villes de Sodome el Gomoi'rhe, coulail a la mer Uouge... Dans I'interessante preface dont il accompa- gna la publicalion des voyages deBurckbardl en Syrie, il paric de la formation du lac Asplialtile el de I'inler- ruption du cours du Jourdain en citant le xix'' cba|)ilre de laGenese; mais danscecliapitre, non plus que dans aucun autre des Sainlcs Ecritures , il n'est dit que le cours du (leuve lul interrompu, ni que I'emplacenient des villes iut submerge... Si cela fut arrive, il seinblc qu'on n'eut pas manqu^ de le dire; quand on voit avec quelle minutieuse exactitude loutes choses sont decrites dans ce livro , peut-on croire qu'on aurail negligd d'y ( '-*3 ) menlionner des faits aussi imporlanls que la formation d'un kic el rintcrruplion d'un fleuve. Cei'tes, le pas- sage suivant de la Genese parait difficile a reconcilier avec I'etal acluel des clioses : « EtLot (^levant les yeux, » vit toule la plaine du Jourdain qui, avant que I'Lter- » nel eiit d^lruit Sodome et Goniorrhe, i^tait arrosee j> partoui. jiisqu'a ce qn'o/i -vien/ie a Tsohnr, comme Ic ojardin dc I'hternel , et comme le pays d'Egypte. » (G. c. i5,§ 10.) Avant de liasarcl^r une opinion sur la maniere d'expliquer I'apparcnte contradiction de ce verset avec I'etat present de la valine de Siddim, je ne puis m'empScher , monsieur , d'exprirner ma surprise que ce mot//w(y«'a Isoharxi'ait jamais arrete les spe- culations de ceux qui ont voulu conduire le Jourdain a lamer Piouge. .. Ce verset ne leur avail 2:)as dchapp«^, car ils en ont cite la premiere parlie , mais ils semblenl n'avoir pas lu qu'alors comme aujourd'hui le Jourdain s'arretait a Tsohar... U est done hors de doule que le lac exislail avant la ruine des viiles de la Pentapole , puisqu'une aussi grande quanlite d'eau n'a jamais pu se trouver arrelee sans former on de vasles marais ou un lac. II rcsterait a expliquer mainlenanl comment la vallee de Siddim, si fertile autrefois qu'elle ^lait com- par^e au pays d'Egypte, est devenue sterile et descrte, si nous ne savions que lElernel dans sa vengeance de- truisit non seulement les viiles et leurs habitants, mais encoi-e le germe de la terre. (Gen.,ch. xix, § 25.) Aussi n'aurais-jo pas pouss^ plus loin mes investigations sur les causes du changement survenu dans la nature du sol, si je n'avais vu souvcht, en d'autres circonstances, que Dieu a accompli les 6vencments miraculeux plu- tot par I'cxtension que par la subversion des lois de la nature. J'examinai done avec soin les montagnos (for- ( =^4 ) mees d'6normes blocs de sel ) qui s'elfniienl a poii pr^s depuis Ja latitude Zoara jusqu'a rextreinil6 sud de ElGhor, et je remarquai qu'elles sont loutes declii- rees par le passage des eaux pluviales qui tombent , pendant I'liivcr, sur les plaines clev^es dont ellcs sont comme les contre-forts. .. Les eaux en Iraversant ces monlagnes dissolvent une grande quanlite de sel, et se repandant ensuite dans la vallee de El Ghor, frappenl de slerilite loutes le^portions de terrain qu'elles inon- denl... puis fmissantpar arrivcr dans le lac Asjdialtitc, elles y portent la prodigieuse quantile do sol qui en rend les eaux si reraarquablcs... J'ai eteconfirra^ dans cette supposition par le fait que partout ou il se ti'ouve un petit tertre, il y a des veg(^talions; sans doutoparce que les eaux, s'ecoulant rapidement vers la mer, n'at- leignent jamais un niveau assez eleve pour recouvrir ces petites ondulallons du terrain... Celte circonslance est Ir^s frappante; on voit des loulTes d'arbustes, des tamaris et desroseaux d'une vegetation Iresvigoureuse, places comme des oasis au milieu d'un terrain cou- vert d'une croute de sel. La partie du Ghor qui s'6- lend au pied de la chaine arabique a Test , et celle qui en forme I'extremite sud sont verdoyantes , parce que les eaux qui tombent des monlagnes salves de I'ouest ne pcuvent y arriver (i). Sice qui precede manque de (j) Nc [leiil-oa pas pciiscr, q>ravant la convulsion ([iii di'lruisit li'S villes de la I'ent.ipole , les eaux qui lombenl aujourd'liui dans le Glior en Iraversant les monlagnes Salees, avaient une autre direction , et (|u'a- lors la vallee de Siddira, arrosee par le Jourdain , qui formait luu- Joiirs a sun extreniite un lac , mais un lac d'eau duuce , et par les i'ol)ablement eiivahi leur eni|ilai'eiiieiit apris leur deslruclioii. (Note do I'auU'ur.J (1) Foui III proiionrialitMi il Idul /wf-INafilc. (a) C'esI .'iins doule AJi\^iinif. ( 26 ) salee... Lcs Arabes nous disent qu'on peiil y marcher pendant un jour avant d'en alleindre roxlromile... JNous faisons a la hate un croquis |)()ur Indiquer la forme d'une longue presqu'ilequi tienl a hi cole orien- tale... Jc lis encore une experience sur rebulhllon dc I'cau; cllearriva a loo" ccntigrades. La Icmpt^raturc do I'air (itait 32". Nous (itions tellement presses, obs6d6s paries Bedouins, qui avaient vu sur le sable des pas de chameaux et qui craignaient une allaque, que je n'eus pas le temps d'apprdcierla temperature de I'eau de la mer. .. Nous depassames bienlol I'exlromite sud de la mer (la, I'eau est si peu profonde qu'elle recou- vre a peine le fond) , et nous continuames a marcher sur un angle de 180° longeant les monlagncs deselqui vonttoujours s'abaissant a mesure qu'elles s'eloignent vers le sud ; leurs decoupuros presentcnt souvent lcs formes les plus bizarres, quclquefois elles ressemblent a des forts cr^neles, quelquefois a des (^glises gothi- qucs avec leurs tours denteldes... Le Wady el Ghor s'etend ii notre gauche, j'estime sa plus grande largeur - a 3 3-4 milles entrc la chaino arabiquc et Djebel Es- doum. Au sud, une ligne decollincs rcunit les chalncs tie I'cst etderouest, et ressemblea un murquiformele ^ Ghor. Aprts avoir suivi pendant deux heures et demie la chaine des montagnos do I'ouest, et avoir traverse un grand nombre de Ilts de torrents qui sc dirigenl lous vers la mer, nous changeanios de direction, el nous niarchamcs sur 200°. Nous renconlrames encore plu- sieurs lils de torrents, puis nous traversames des ma- rais ( couverls de joncs, de lamaris et d'acacias ) et form O Oi p; P5 + ;> + 1-3 .... W •«i < ™ ei 1— < 9J J3 g H .S. to -5^ 11 ^— — U. O S X < tji < -* n 5 ^ ? o <1 < 1 w < >«.■' M S s ^ !« ^ £* a, /^ O t < 5 2 ■.... ■ o ^ cq rt o U2 OJ tn 3 CO to -a '- 5 u o > C C 3 cr 3 fl! a> o o >-2 © o cq fa a, & w !-H- o c ^ < .Z o < Z O o G < o W o ( '^-^ ) A mon retoiir cle Pelra , a rondroil on It's routes dc Caza ol cl'llt^bron se reunissenl, une coHlne isol(ie, clans le desert a I'O. du Wady-Araba, me ful designee par Ics Arabes sous le nom de Kadessa... Ce noni dans celte localite ne pr(!!ciserail-il pas la position dc Kadesh- liarnca ? Le doctf ur Robinson et le reverend M. Smitb , missionnaires americains , qui voyagent pour faire des recberclies g(!!Ographiques , onl rencontre enire Jeru- salem el Caza, a 2.5 milles geograpbiques de ce premier point, un village qui a conserve le nom de Bersab^e... Ces messieurs ont fc\it la route d'Akaba a Gaza ; j'esp6re oblenir d'eux quelques renseignements sur cette partie du desert. Renseignements sitr V Jbyssinie , rcawillis an (aire, par M. Lefebvre , enseigne de -vaisseau. Toute cspt'ce de renseignement est dilTicile au Cairo. Souvenl on sail mieux en Europe ce qui se passe dans celte ville , qu'on ne le sail en ligyple mfime. Cola doil b'atlribucr a la rarele des rapports de la sociele euro- p^enne , et a la vio retirt^o des musulmans, tandis quun gi'andnombre d'babilanls de cesconlrees, ayani des connaissances en Europe, ecrivent ce quils savent, elbientot les journaux s'emparentde cette reunion de niat^riaux pour donner des rapports qui ne sont pas loujours exacts, mais qui, souvenl, donnent a |)ou pres I'etat dps cboses , ce (jui est presquc loujours ignore des babilanls de la ca|iilalo do I'Egyple. Celti' diiricidle de so procuror los infornialioiis les ( ^3 ) plus simples in'a fait rester pendant plusieurs jours sans pouvoir apprendre oii je pouirais rencontrer des Abyssiniens, et s'il etail facile de se mettre en rapport avec eux. L'on me repondait toujours, lorsque j'inter- rogeais la-dessus , qu'jl fallait aller au bazar aux es- claves; mais j'avais pu me convaincre dfes le deuxieme jour que Ton ne rencontre dans cet endroit que des Gallas vendus sous le nom d'Abyssiniens. Plus lard il m'est arrive d'y voir deux chretiens ; mais c'elait un pur hasard, et les Djellab m'ont souvent assure que c'^tait une chose eXlremement rare. Ce n'est qu'apres bien des rccherches que j'appris enfin que plusieurs p^lerins de ditTeients points de I'Abyssinie ^taient log^s al'etablissement de la Mission anglaise. Je me rendis aussitot clicz M. Crutzer, I'un des ministres de cette Mission , et il eut la bonl6 de faire appclcr un prelre abyssinien qui parlail arabe. II me laissa causer avec lui, et m'offrit, lorsque je m'en allai, de revenir aussi souvent que je le desiierais pour recueillir des renseignements sur unpa\s oil je lui avais declare avoir I'intention de penetrer. II me mon- Ira , en outre , quelques itin^raires qui lui etaient ex- p6di(!!s de temps en temps par des voyagcurs anglais et allemands qui s'occupcnt en ce moment a lever une carle du pays, et m'assura qu'il me tiendrait an courant de lout ce qu'il apprendrail jusqu'a I'epoque de nion d(^parl. Je profilai des lors de Toffre obligeante qui m'avait et6 faite pour aller cliaquc jour causer avec le pretre abyssinien, qui s'^tait pi'opose lui-meme pour ni'cn- seigncr sa langue. Mais ayant appris quelques jours aprfesqu'unecaravane quicontenait plusieurs habitants duTigre venait d'arrivcr, aprcs avoir debnrque a Cosscir, X. JUILI.UT. 5. 5 ( 34 ) je fus aussilot chez le palriarchc cophte qui dcvait les recevoir, afin d'obtenir son aulorisation pour avoir chcz. moi , pendant le s6jour de la caravane au Caire , un habilanUluTigi^ quiconsenlitani'enseignersa langue. Avant oblenu celte aulorisation, el U'ouve un jK-lerin qui consenlit a me donnor dcs lorons, moyennant un cadeau que jclui fis, jc laissai nion premier profosseur qui ne parlait que I'amareen , pour en prendre un deuxieme qui pouvait m'enseigner la premiere langue qu'on entend parlerlorsqu'on fail son entree en Abys- sinie. II me semblait que colic la'ngue devait avoir une utilite plus immediate , et je m'etais'decide a I'e- tudier dc preference, quoique moins belle el moins douce que I'amareen. C'esl en vivant pendant trois raois avec ce pcMerin que j'ai pu recueillir les renseignemenls suivants. II est conlre les moeurs des Abyssiniens laiques de voyager bors de leur pays, mais il part cbaque annec des difierentes provinces des religieux qui se reunis- sent en caravane pour aller en pelerinage au Saint- Sepulcre. Les pfelerins prennent ordinairement la route de la mer Rouge, debarquent a Cosscir, et viennenl se reposer un ou deux mois au Caire , oil ils sont a la cbarge du palriarcbe cophte , qui porle aussi le nom de chef de I'l^glise d'Abysslnie, Ce palriarchc doit loger el nourrir la caravane, el payer I'escorle jusqu'e'i Jeru- salem. Autrefois ces d6penses etaient compensc^es par les cadeaux que la caravane apportait de la part dos princes ; mais depuis plusieurs annees les prc^scnts ont cess6, I'hospitalitd du palriarchc est devenu moins g^nereuse , et les p^lerins sonl devenus rares. J'eus lieud'fttre^lonne en voyant arriver, I'annde passive, au Caire. une caravane dequarantc pcrsonnes, au nombre ( 35 ) dosquclles selroii\aientdou7,e femmes; maiscela provt- naltdeccque plusieursdeces Abyssiniens^taienladres ses a la Mission nnglaiso du Caire par les mission - naires d'Abyssinio; ils elaient vonus dans I'inlonlion d'cxploiter Fliospilalile anglaise, quoique plusioiirs d'entre eux se vantassenl d'appaitenir aux premieres families du pays. La conduite des missionnairos en envoyant a Icurs collegues du Caire de semblablcs holes doiloccasionner peu de depcnses, et donne un grand relief a la nation anglaise. C'est creer aux voyageurs de puissanles pro- tections , et facililer d'une maniere habile les relations desEurop^ens avec I'Abysslnie. Grace a celte maniere d'agir, et au respect qu'inspire aux miisulmans le pa- vilion brilanniquc qui flotle constamment dans la mer Rouge, les voyageurs anglais n'ont aucune dlffi- culte sur la route d'Arklko a Adoua , soil de la part des musuhnans, soil de celle des Abyssiniens. On ne pent pas en dire autant pour les voyageurs frahcals. temolns MM. Aubert et Dufey, qui vlennent tout recemment d'etre depouill^s et maltraltes a moitie chemin d'Arklko et Adoua. Si Ton en crolt les leltres de CCS voyageurs , Ion n'aurait pas lieu de donner des elogcs a la conduite de M. Codln, non plus qu'a celle des misslonnalres allemands, qui, non contents de ne leur preter aucune assistance , auralent adresse au Caire, pour etre imprlmee , une lettre calomnlatrlce. Depuls que la route est devenue molns difficile aux Anglais, Us ont essaye d'elablir des relations de com- merce desir^es depuls si long-temps avec un pays qui pent olfrir des echangcs avanlageux pour une nation richc en produits manufactures; nials, malgre I'avan- tagc qu'ils rctirent dc la protection de I'agenl de leur 5. ( 5r. ) gouvernemcnt, ct dii credit dcs missionnaires , ils eprouvent encore beaucoup tie (lillicull»^s a cause dc I'elat des chomins qui nc permct gucre le transport d'objcts lourds. ]1 serall a desirer que la route d'Anslcy a Adoua, en passanlpar Asbj jllliaramaty elTembine, fut ouverte aux voyageurs; car, au dire de plusieurs Abyssiniens , elle est infiniment plus facile pour le transport des marchandises. La route , en partant du port de Beloul , est encore tres commode; elle futpendanl long-temps la seule fre- quentee. Les routes sont dangereuses a cause du bri- gandage des Iribus que I'on est oblig6 de traverser. Voici I'ilineraire de la premiere route : D'Anslay a Asby 3 jours avec des millets charges. On fait des haltes frcquentcs. el on s'arrcte le soir de boiiue liciire pour elablir les tentes et preparer les feiix pour la iiiiil. D'Asby a Hharamaly i De Hharamaly a IVnibine 2 De Tembine a Adoua i Les articles du commerce de I'Abyssinie , sont : L'or en lingol? Qondam en Shangalla; a la suitedcspliiics, I'or roule en poudre dans le ruissean. L'ivoire , Le cafe, Le muse , La goinnie , Plusieurs resines, Des essences , C/iToae, e° '"■^'^^ ' jel-lia' ? ^n tigreen , corarima. Cire. Le kabaiiren, pour Ic ver solitaire; en amareeu , coso ; en tigreeu, abbi. L'arbre est tres grand , la flcur donne des graines qu'on fait ( 57 ) setlier, puis on Ics [>ile , el la pnudre tsl iiiise dans de I'eaii. Le cliaouai -e plaiilu qui ressemble a la vigne et porle des ;,'ra|)pes ccmme elle. On fait secher ses giappes, on les pile, on met la poudre dans I'eau , Ton en forme une liqueur eliicace coutre les glaudes et loutes les humeurs. Massena arbre dont on prend la racine pour guerir les rhnmes. Elessa Zeni conire la morsure des serpents. Je viens de citer les articles d'exportation , voici quels sont ceux de rimporlalion : Drap couleurbleue et ecarlale, Etoffe d'or, Soies bleues et jaunes , Soie en fils cuuleur bleue , jaune et rouge , Toiles de colon , Epees a deux tranchants; i melre de longueur , Fusils a pierre , Couteanx, Grosses aiguilles, Vermterie, On comprend aisement tout I'avantage qui peul r6- sulter pour une nation oii 1 'Industrie est repandue, et cherche conlinuellement de nouveaux debouches , en etablissant des relations de commerce avec un pays aussi riche que I'Abyssinie en pioduits bruts, tandis qu'elle est entierement depourvue de produits manu- factures, Aussi nous avons vu successivement les Ma- dianites , lesPli(5niciens, et enfin, a une epoque plus rapprochee, Venise, aller chercher Icurs richesscs dans cette conlree. Aujourd'hui la nouvelle Phenicie parait vouloir puiser a la meme source que I'ancienne. LEFEBVRJi. ( CuniDiuuiqiie parlVI. Jomard.) ( 58) PBOJKT (Van voYfii^e a lioiire. (Extrail d'uiie leltic dc M. Kticr. Cmlle a M. Jomahd , nieml)i'e de I'liislilut . l.iihadirie, le . . . . i838. Voire dernicTC leltre ne me donhe pas d'espoir pour le voyage en Afrique que je vous al soumis; la Jongueur de I'ilineraire vous ellraie pour moi , mais voire solli- cilude m'en indique un plus modesle , plus facile, ct plus dans I'interfit du pays el les disj)osilions du rai- nislere. Boure me paraSt, comme a vous, monsieur, un pays Ires inleressant; son voisinage de Baquel rend n^cessaire un voyage dans celle conlree si riche ; les mines d'or qui font sa celebrite doivent donner un jour a nos possessions de la Senegambie une grande imporlance. IN'est-il paspermis de prcvoir quo la pre- sence d'un agent franrais a Bamako peul rendre de grands services au commerce, en cngageant les indi- genes a diriger leurs caravanes de mai'chandises plutot sur nos etablissements du Haul-Senegal que sur les possessions anglaises de Ja cole. La science ne peut rester etrangere a une entreprise qui renricbirait de nouveaux documents sur le pays el de nouvelles col- lections d'hisloire nalurelle. Si j'dtais cbarg6 de faire un voyage dans cette partie de I'Afriquc , je me proposerais de reconnaitrc exac- Icment le cours du Senegal, depuis Cowina jusqu'a j'cndroit oi'i le fleuve cesse d'etre navigable. Je delcr- minerais cnsuite le plus exaclemenl possible la dis- tance qu'il y a de ce point pour arriver a Bamako sur le Niger, afin de pouvoir tracer la route aux caravanes francaises qui pourront un jour venircommerccr sur le Dliioliba. Apres un st^jour de plusieurs mois a Ba- ( ^ ) mako , pendant lesquels j'auials mis tout en oeuvre pour nous concllier les habitants ct les engager a din- ger lours caravanes de marcliandisessur notrecomptoir deBaquel, je ferais les dispositions necessaires pourpe- netrer jusqu'iiBoure elvisiter siismines; jeremonterais ensuile le Niger jusqu'ou il cesse d'etre navigable. Enfin, de Bamako, point central, je reconnaitrais les villes de Sego , San-Sanding , Jamina , Jenn6 et meme Temboctou et Ton tacherait d'etablir des relations de commerce entre ces villes et Bamako el Baquel. Co voyage a dejh ete propose au ministt^re de la marine; une residence fut decidde a Bamako , et je fus nomme, en 1829, pour aller remplir les fonclions de resident sur les bords du Niger. Vous savez, monsieur, qu'a celte 6poque ma sant^ ^tait un obstacle a I'ac- complissement de cette oeuvre; quelques annees de sejour en province m'ont tout-a-fait r^tabli, el ma sante me permet de courir de nouvelles chances. J'ai I'cspoir qu'une nouvellf proposition de voyage ne serait pas repoussee trop loin , et que I'appui d'un ami des sciences , devoue et influent , aplanirait les difficult^s. Avant d'en faire la demande , je d^sirerais connaitre les dispositions des personnes que nous pourrions employer Dn 4 avril i83S. Vous me parlez peu du voyage a Bour6 , et vous pen- seriez que mon age et un intcrvalle de dix annees sont un obstacle h I'accomplissement de ce voyage. Mon age ne pent otre un empechemont serieux. A quarante ans I'homme est encore dans toute sa vigueur, et je n'en ai pas trente-neuf. Quant au temps qui s'est ecouledepuis mon retour, quelques semaines de s6jour chezlesne- gres me rcmettront au fait de leurs mojurs et de leurs (4o ) habitudes , commo si je no les avais jamais quittes. Je crois done , monsieur, pouvoir donner suite au voyage a Bourd'. Mungo-Parkentroprit son second voyage apri^s onze ans do sejour dans sa patrie; il avail peul-elre plus de quaranle ans. F,- le ministre est disi)ose a m'cn- voyer explorer ce pays inleressanl , je suis a sa dispo- sition. J'ai une cnvie extrfime de visiter le Senegal et Baquel, etc... (i). Caill^. socit'ri pour I'e.iplonition de Carthnge. ( I'.xirail tli: |iliisuurs kllrt-s ilc IMiVI. Gkknvu.i.k Tempi. k ct Fai.uk , dplct;ues de la Societe , tciites a MM. Jomard et Dureau he Lamai.lk , nicmbies du romile adiiiinislratif de la Societe. Carthage, le i5 niai t838. J'ai fait Iravailler au point marque 56 du plan de Carthage par M. Falbe , et apres au n" 79, au temple de Salurne; a ce dernier endroit, je trouvai, enlre autres objels, une inscription punique dont je vousen- voie copie , ainsi que le fragment d'unc autre ; sur la premiere, on voit le nom de la deesse Tanat; elle a el6 trouv^e dcrrifere le temple de la deesse de ce nom. Au n° 58 du plan, je trouvai deux troncs de statues etbeaucoup de medailles. J'aid^pos^ chezM. Gaspary, vice-consul deFrancealaGoulette, dixnouvelles caisses de mosai'qucs et beaucoup d'autres objets. La Byrsa doit , sans doute, etre le meilleur endroit pour fouiller. Le nom de Sonninh n'esl donne qu'a une moitifi de la coliine de ce nom , I'autre partie de la butte s'ap- pelle Hajcrah-en-Nab I)u 18 mai. J'ai consignea M. Gaspary une inscription punique, deux statues rautilees, deux inscriptions romaines, plusieurs lampes et petits vases en tcira-cotta , ainsi qu'unc balance en bronze , etc (i) Voir le Monitctir du 6 mai i838 ( 4i ) II existe cffectivement des mines pres cle I'cndroit ou M. Bureau a place la maison d'Annibal. On y volt des voutes , et j'ai, mol-meme, trouvele Ironc d'une petile statue en inarbre blanc. Cos ruines sont situ^es entre le Colhon et le village de Douar-el-Schat, un peu plus rapproche du premier endroit que du der- nier. Le Ciinens, ou etait le temple d'Hercule, ne se- rait-il pas le cap de Sidi Bou Said? le nom parait deriver de la forme de ce cap. Sur les murs d'une maison, j'ai trouve des dessins qui ont et6 grattes avecla poinled'un instrument aigu ; entre autres, il y en avaitdeux, dontl'un representeun centaure au moment de sauter amoui'eusement sur une centauresse , qui se prepare a recevoir ses caresses. Le second dessin nous fait voir ce couple amoureux dans I'extase du delire. Course a SbaitlaparM. Falhe. Du 2 1 mai. Mon barometre m'a rendu d'excellents services pen- dant vingt-huit jours, et je me demande encore com- ment cet instrument si fragile a pu resister a tous les coups qu'on lui portait. Je n'ai pu encore Her mes observations geodesiques; j'en ai form^ un reseau par une dizaine de sommels des plus hautes roontagnes et par de nombreuses sta- tions intermediaires. Pour examiner et determiner I'emplacement des villes et bourgs en ruines que j'ai parcourus , il me faudrait quatre ans au lieu de cin- quante jours. La Serdianab , le Sebkha de Aiswan , le Scberahil et Thascba ( Tacla ) , Hadjeb-el-Aioun , Bir- el-IIafey, les aqueducs et les villes ruin^es pres de Sidi- ali-ben-Aoun, les ruines deRbimab sous le rapport de I'^tendue ct de la conservation, Juba, Arkou, Bou- Arada, Felis, Meded, Ro(|arali, Abied , Semiugiali , ( 42 ) Ilaralh, seront, je I'espere, dutilcs auginenlalions sur la carte de Tunis , sans corapler les mines cl Ics mon- tagnes deja connues, mais mal placecs, quoiqiic je ne sois pas aussi certain des nonis anciens de ces villes que jo Ic suis rclalivenicnt a Maedie , a (inbiiiin lunui el ivLdtes (ou Laribus) nuigna ; cette derniere est lout-a- fait dillerente de Lares que nous connaissons a Corbos. Les inscriptions s'6levenl a i -20 ou 1 5o ; la majeure partiesontsopulcrales; souvent je ne los ai copiees que pour conslalor leur presence sur trllc ou telle ruine. Jen'ai que deux petits cippes numidiques de peu d'im- portance,ctdeuxegalementpetitsavcc la memo espece decaractercs africains qui se trouvcnt sur Ic monument de Duqa, actuellement a Londrcs. 1)11 7.5 niiii. J'ai trace les vestiges du Grand Jquediic, en le re- montant aux divers embranchements et aux diverses sources d'ou il etait aliments. Je lais done amende honorable, et je declare que I'aqueduc contenait les eaux de Zaghwan; mais j'ajoutc que les eaux de la source de Djouar ( qui aujourd'liui est la source de ^Vad-el-Mcliana) etaicntles premieres, la branche de Zaghwan la scconde , ensuite cellos d'Ain Djour et cellos de Djebel Rarouba ou d'Audenah. II y a pro- bablement encore d'autres sources qui conlribuaient a alimenter cet aqucduc, dont la destination (^talt de conduire les eaux d'arrosage dans les jardins, planta- tions et champs cultivos existants autrefois dans toute I'etcndue qu'il parcourt,et en memo temps de verser le surplus dans les citernes des bourgs et villes jusqu'a Tunis et Carthage. J'ai vu une necropole intactc qui est a exploiter; j 'ai vu (45) aussi une belle ruine d'unc grande vlUe qui n'a pas et6 fouillee depuis plusieurs siocles. Falbe. Voyage dnns diucrses pvovinces- de la ivpnbhqne da Cluli. (Exiraitd'uiie lettre deM. Oay, naluralisle, voy;igciir Jii Museum d'his- toire iiaturelle, a M. Jomard, membre de rtiistilut.) Sdii Cailoide Cliiloe, aS aviil 1837. Monsieur, L'int^ret tout particulier que vous prenez pour I'a- vanceraent de la geographie , ct I'cnlretien mallieu- reusement trop court que j'eus I'honneur d'avoir avec vous au moment ile mon depart pour le Chili, m'en- gagont a vous donner une idee des courses que je viens de faire dans plusieurs provinces de celte interessante republique, et des travaux que j'ai pu y executer. D'abord, des mon arrivee a Santiago, je m'occupai a mettre en ordre mes nombreux instruments de me- t^orologie , et surtout mes belles boussoles d'inclinai- son, de declinaison, d'intcnsite, et surtout de variations diurnes, provenant toutes des ateliers de M. Gambey ; ce travail acbeve , je commencai une sei'ie d'observa- tions pour m'en scrvir plus tard comme terme de com- paraison, et deux mois apres je me decidaia aller par- courir les provinces du Sud. Le gouvernement chilien, toujoui's plus attentif a tout ce qui peut faciliter mes travaux, mit a ma disposition un brick de guerre , et me donna de plus de fortes lettres de recommandation pour pouvoir visiter ces provinces dans toutc leur 6tendue et avec la plus grande facility possible. La petite ville de Valdivia fut en quelque sorte mon quar- tier-general, c'est la que j'6tablis convenablcment tous mes instruments , et lorsqu'une personne inlelligente ( 44 ) fill a mCme de bien observer, je me decidai a ontre- jirendre mes courses qui s'elendirenl jusqu'aux exlre- inlles N. et S. de celle vaste province. Je pus aussi penetrer jusquc chez les Indians les plus barbares, el assister a loules lours ceremonies do mariage, d'enler- rement el de religion. La, remplissanl aussi bien que possible mon m^lier d'observaleur, j'ai cliercbe a bien saisir lo caraclere distinclil" dune [)ouplade encore bien peu connue du monde savanl, et cependant bien digne de Tetro. L'inlroduclion cbez eux des vaclies, boeufs et cbevaux a dii faire une bien grande revolution dans leur 6lal social ; il a du changer lotaloment leur maniere d'etre, et par suite leurs moeurs el habitudes. Cest un sujet vraimenl pliilosopliique a trailer, qui m'a beaucoup occupe el qui ni'occupora encore lors- que je visitcrai la province de Conception, el la [)lus grande parlie des lerres Araucaniennos, qui , coronie vous savez, se Irouvent aux liniitos S. de celte vasle province. Dansloules ces courses, dans tous ces voyages, qui n'avaient d'aulre but que I'etude de I'liistoire nalurelle el de la physique terreslre, je n'ai point oublie la g6o- graphie propremenl dilc. Muni d'un ccrcle do reflexion, d'uno lunette aslronomique de Cauchoix, el do (rois bons chronoin^tres, j'ai pu dcterniinor la latitude et la longiludedesjjrincipauxpoints, que j'ai enchainesapres par des Iriangulations magneliques. La carle qui est r^sultee de ce travail diflore considei'ablemenlde loules celles que Ton a publiees jusqu'a present, et fera con- naJtre assez bien, j'aime a le croirc, celte parlie aus- trale de I'Ainerique , les noinbreux lacs qu'elle ren- ferme , les rivieres qui y prennenl naissance , et le nombre exact de volcans qui y existent. Sous ce der- (45) nier point de vue.les physicicns se sonl generalement trompes en admeltant tons ceux qu'un examen pen attentif a pu y faire croire. Malgre toutes mes recher- che s , malgre que j'eusse consulte a cet egard le plus grand nombre des Indiens qui vivent au pied ou dans les anfractuosit^s de ces orgueilleuses Cordilieres , il m'a dte impossible d'en connaitro et d'en visiter plus detrois, celui de Villa-Rica, celiii de Rhiiiigue, et celui de Yanquigue ou Cunaraouquen ; tous les autres, tels que ceux de Quechucavi, Guanegue , Osorno , Ranco Chinal , etc., u'ont jamais existe que dans I'imagination de quelques voyageurs ou des premiers conquerants, a moins que Ton n'ait pris pour tels cer- tains pics plus ou moins aigus, plus ou moins eleves, et composes seulement d'eurite porphyrique , de diorite, et d'autres roches d'epanchemenl, classees jadis dans les terrains inlermediaircs; peut-etre aussi que quel- ques navigateurs ayant vu de loin ces volcans, les auront d^crits sous des noms diffdrents , et les physi- cians de I'Europe les auront reous dans leurs cata- logues comme tout-h-fait dislincts les uns des autres; par example , le volcan connu a Osorno sous le nom de Yanquigue , et qui se trouve en effet sur les bords du grand lac de ce nora, est appel6 ici (San Carlos) , volcan d'Osorno, et comme il n'est pas tres loin des golfes de Reloncavi et de Quechucabi, il ne serait pas 6tonnant que jadis ces voyageurs I'aientdecrit sous I'un de ces noms, d'ou il serait resulte cette meprise pro- pag^e jusqu'a nos jours; je pourrais en dire autant des volcans de Ranco etde Guanegue, qui, suivantmoi, ne seraient rien moins que celui de Rhiiiigue, ct des volcans de Chafial etde Villa-Rica, qui ne seraient que celui bien connu sous le dermer de ces noms, Du reste, mes ( 4ti ) Iravaux dans les autres provinces dc ccltc ropubliquc feront connailre si lous ceux que Ton cite, depuis Co- piapo jusqu'a la presqu'lle de los Tres-Montes, existent reellcment, ou si, comme je suis porte a le croire, ce ne sont en general que des pics plus ou moins pyramidaux. Jusqu'a present il n'y a, a ma connaissance , dans le Chili, que cinq volcans brulanls : celui de S.Clemente, de Yanquigi'G, de Rhiuique, de Villa-Rica et d'Antujo; tous les autres, en cas qu'ils existent, doivcnt etre classes panni les volcans eteints, aucune eruption n'avant eu lieu depuis les temps historiques. Un autre genre de recherches qui m'a aussi beau- coup occuj)e dans ces voyages, c'est la temperature des eaux de source, les nivellements barometriques, et la difference qui cxiste pour le calorique rayonnant dans un pays de plaines nuesou dans un pays de bois. Les resultats que j'ai oblenus soraient Irop longs pour vous les signaler; maisjeniocontenleraide vousdonner, quoique un peu a la hate, ceux de la petite ville de ^ aldivia. Cette villi; est situee sur la riviere de ce nom, a 2 lieues et demie de ce port, et par ag" 49' de latitude et 75° 3()' 10" de longitude. Cette dernifcre position est la moycnne de seize observations d'^clipses de Jupiter et de distances lunaires. Sa tempt^rature est une de celles que les physiciens sont convenus d'appelqr conslantes; les 6t(^s y sont tres tempires cl les liivers tr6s doux; la plus grande chaleur n'a guere fait men- tor le thermometre centigrade qu'a 25°, et la plus petite I'a fait desccndre a 2° au-dessous de zero ; la temperature annuelle, par des observations direclos, serait i3,i; et par celle des sources 12,8; la moyenne de tous les minima a et6 1 1, et celle des maxima 16,7. ( 47 ) D'api'esces resultats, il vous sera facile, monsieur, de concevoir que I'agriculture ne peut s'enrichir ni de rolivier, ni du figuier, ni de la vigne , vegelaux d'ail- leui's qui y ci'oissent parfailement bien , mais dont les fruits ne peuvent jamais arrlver a maturite. La hauteur moyenne du barometre serait 761,95, temperature ordinaire; les plus petitcs variations diurnes ont et6 de 0,66, et les plus grandes 1,89; la moyenne serait 1,27; mais, calculee sur une plus grande ecbelle , par exemple sur neuf mois d'observations , je trouve 1,15, nombre beaucoup moins susceptible d'erreurs, el qui, compare avec les observations de I'hemisphere nord, confirme la loi sur la diminution des variations bo- raires , a mesure que Ton s'eloigne de I'equateur. La plus grande hauteur observ^e a ete 77274 , et la plus petite 74379, ce sont la les limites extremes, dont la difference, 28,95, serait I'echelle que peut parcourir lacolonnebarometrique dansces regions australes. Mes observations magnetiques m'ont donne pour resultat: inclinaisonderaiguille 46-.- (1) dt^clinaison 17, 58, 7, intensite 1,0'hy; celle de r(!!quateur 6tant 1, les varia- tions diurnes ont ete de 7°"" pour I'ete, et 5"™ j/2 pour I'hiver. Je ne puis vous parlcr ici de Finfluencc qu'ont eu les vents sur les hauteurs barometriques ; toutefois, je me conlenterai de dire que les vents S. r^- gnent enete, et les vents N. en hiver; cesontcesderniers et les S.-O. qui amenent la pluie; celle-ci est assez fr^- quente : sur une annee , on peut compter 148 jours pluvieux. L'humidite est quelquefois tres grande ; sou- vent j'ai vu I'hygrometre de Saussure arriver a la divi- sion extreme ; la moyenne serail de 74°. D'apres des observations psycom^triques , un metre cube d'air (i) La IVactiuii esl effacee. {Note de I'cdiuur. ) ( 48 ) rcnfermcrait 6 grammes de vapcur flans los jours les plus sees, et i3 grammes clans les jours les plus bu- mides. Quant a leloclricile almospherique , malgre que le pays soil enlieremenl cou\erl de bois, el !iialt!;re la grande proximite de la mer, qui l)aigne loule la la- titude de celte vaste province, cependant elle y est loujours Ires I'aible; ce n'est qu'au moyen d'un grand condensateur a lames d'or, el en armant la pointe inetallique dim morceau de pbospbore , que j'ai pu en obtenir quelques traces assez faibles; die a m con- slamment positive. Je me vois oblige , faule d'espace , de ne point vous parler des resultats que j'ai obtenus dans I'inlerieur de la province et des nombreux voyages que je vions de faire dans J'arcliipcl deCbiloe el jusqu'a I'extremile nord du golfe de Reloncavi , j'en lerai le sujet d'une autre Ictlre ; beureux, monsieur, si elles peuvenl vous elre agreables et utiles a vos savants travaux. Gay. HISTOIRE ANxfe-COLOMBIENNE DE l' AMfiRlQUE. (Exlrait d'uiic lettre de M. Rafn, secretaire do la Sociele royale des aiiliquaires du Nord.) Je viens de lire au Journal des Debats du i3 juin un article rclalif ;'i I'histoire ant6-colombienne de I'Ame- rique. J'ai die 6tonn6 de voir parailre dans un journal aussi respectable un article rcmpli de tant d'erreurs. On y allribue les recbercbes I'aites par moi, el consi- gnees maintenanl dans les Antiqidtales Americana; a un ejeune bistorien su^dois, M. Folsom;B mais il n'exisle pas d'bislorien suedois dc ce nom. II y est encore dil ( 49 ) tjue ce niGme M. Folsoin a nouvellement 6te en Irlande, ou il a trouveles manuscrits qui prouvent la decouverte de I'Amerique par deux Islandais dans le commence- ment du x« siecle. Mais aucun hislorieri contemporain de la Suede n'a visite I'lslande, et les manuscrits oii Ion trouve la description de la decouverte mentionnee sont uniques et deposes dans nos collections de manu- scrits, et non en Islande, d'ou ils nous ont «^te envoyes il y a plus d'un siecle. II exisle a New-York un homme de lettres, Americain, nonim6 George Folsom, qui , apres avoir recu mon ouvrage , a fait un cours sur cet evenement remarquable ; mais c'est a mes recherches qu'il a emprunte le fond de ses lecons, comme on peut le voir dans le journal The New-Yorker , march. 5i. 1 838, et dans d'autres journaux ou les Antiqaitates Ame- licanm sont citees expiessement. L'article du Journal des Debnts e?)\. date de Stockholm. Je lie concois pas comment a Stockholm on peut de- biter deschoses aussi absurdes , et je suis presque porte a croire que la source de l'article est apocryphe ; du moins estil vrai que les hisloriens et hommes de lettres de Stockholm sont trop bien verses dans la litterature du Nord pour remplir un article d'autant d'erreurs. Je souhaite que le public soil mis au fait de la verite, et que les erreurs du correspondant du Journal des Debuts soient relevees et refulees. Je le souhaite parti- culi^rement dans I'interetde la Societe des Antiquaires du Nord, k I'honneur delaquellej'ai espere contribuer par la redaction de mon ouvrage qui repand du joui sur une epoque importante de 1 histoire universelle dont jusqu'a present on a eu peu de connaissance. Rafn. x. juii.e.et /\. 4 ( 5o ) ExTRAiT dune Icttre . J'avoue pourtnnt quo, malgr6 cela, j'ai ete bien trompe dans mon altenle a Calcutta, tant sous le rapport commercial qne sous celui de I'aspcct de cette ville , dile des paiais, et qui est loin de mferiler ce beau nom, Le Gouvcrnemenl seul merite cc nom, quoique son architecture ne soil pas fort elegante. (5i ) Le fori William esl superbe ; c'est , a une aussi gk-ande distance de I'Europe, une place imprenable ; son grand vice est d'etre trop grand : il faudrait huit a dix mille liommes pour le defendre ; c'est une de ces belles CEUvres de la Compagnic que Ton pourrait taxer de folie. Cequej'ai vudeplus remarquableeslla Monnaie, qui est sur une echelle giganlesquo aupres de la notre; il est vrai que celle-ci n'a qu'a entretcnir une monnaie existante, tandis qu'au Bengale, on en cree maintenant une nouvelle , aussi I'activite est-elle tr^s grande ; on y produit un lac et demi de roupies par jour (i5o,ooo roupies). Nous devons appareiller apres-demain pour nous rendre a Sumatra , ou notre presence pourra elre utile A nos Irailantsde poivre ; dela, nous pensons que nous irons a Colombo, et ensuite remonlerons toute la cote de Malabar, et apr^s un sejour a Bombay, nous irons dans le golfe Persique, voir par le trou d'une aiguille des pays que vous avez studies a fond , et sur lesquels il me sera bien intei-essant de vous entendre parler, si, comme je I'espere, j'ai le bonheur de vous trouver a Paris. Nous reparaitrons sur la cote du Coromandel vers ie mois de mai, pour aller ensuite visiter les Pbi- iipplnes et la Chine. fe'i-AT de Liberia a la Jin de I'annce 1887. Cette colonic s'etend le long des cotes de la mer environ 3oo milles , et de 10 a ^o dans I'inl^rieur. Elle comprend quatre colonies, savoir: 4. (6m 1° i\/<)/iro('in , elablic par la SocJ^U^ americaine dc colonisation , comprenanl les villes de Monrovia , Nouvelle-Georgie, Caldwell, Millsburg el Marshall ; 2" Bassn-Cove, 6tal)lie par les Socieles rdunies de co- lonisation de New- York et dePensylvanie; celte colonic comprcnd Bassa-Cove et Edina; ce dernier village ful forme par la Socicte americaine de colonisation, cl derni^remcnt C(^d6 auxSociet^s reunios ; 5° Greeru'ille , elablie a Sinou, par les Societ^s de co- lonisation de Mississipi cl de la Louisiane ; 4" Matjhmd , etablie an cap Palmas par la Societe de colonisation de Maryland. Ces 9 villages renfermenl une population de 5, 000 personnes de couleur, parmi lesquelles 3, 000 sont des ^migr^s de ce pays , el le resle des natils d'Afrique , la pluparldes jeunes gens, qui sont veniis pour apprendre II Merica push » et se faire homines blaiics , en se con- formant aux habitudes de la civilisation , et devenanl sujets de nos lois. Le commerce de cetlc colonic, quoique naissanlo , est tr^s 6lendu ; lous les ans on exporte de 80,000 a 1 20,000 dollars en camwoud , i\olre, liuiles de palmier , etc. , et en retour on apporte une ^gale quantite de productions europeennes et d'Ami^rique. Monrovia, qui est lavillela plus considerable et le prin- cipal port de mer, fail un grand commerce sur les cotes par le moyen de petils batimenls apparlcnant aux habitants. II n'y en a pas moins de i 2 ou i5, de 1 o a 5o tonneaux , 6quip6s et navigues par les colons , qui sont constammont engages dans un commerce lu- cratif , a la distance de 700 rallies sur les cotes. Le port de Monrovia est raremenl sans balimonts etrangers ; tous les ans il y louche plus de 70 , vonant t 55 ) rlc's fitats-Lluis , de I'Angleterre , tie la France, de la Sii^de, du Portugal et du Danemarck. Bassa-Cove et le cap Palmas ont tous deux de bons ports, et possedent de grands avantages pour le com- merce. Sinou aussi possede un excellent port, et est deja le grand depot des productions d'un pays riche et fer- tile. Les produits principaux sont le cafe , le coton , le Sucre, le riz, I'indigo , I'huile dc palmier, la gomme , lesbois de teinture, I'ebene, etc., qui se trouvent dans lesforets; une Soc'iete dc tempei^ance , formee en i854, complait, quelques semaines apres son organisation, iiooraembres qui, acetic t^poque,etaient la cinquieme partie de la population. A Bassa-Cove et au cap Palmas , les lois defendent la vente des liqueurs fortes. II y a 18 t'glises a Liberia , savoir : 4 a Monrovia, 2 a la Kouvelle-Georgie, 9 a (laldvvell, y aMillsburg, 2 a Edina, 3 a Bassa-CiOve, 1 a Marshall, 2 au cap Palmas, parmi lesquelles il y en a 8 de baptistes, 6 melhodistes, 5 presbyleriens, et 1 ^piscopalien. Comme il y a 4o ecclesiastiques dans la colonie, les eglises ne sont pas seulement bien desservies, mais dans plusieiirs des villages il y a toutes les semaines des reunions religieuses. 700 des colons, ou la cinquieme partie de la popu- lation, professent le christianisme. II y a ) o ecoles dans tous les etablissements qui sont soutenues par les Socidtes d'educalion etdes mission- naires de ce pays. Dans quelques endroits de Bassa-Cove on a forme des societes litleraires, ou ils s'instruiscnt entre eux, sur If plan des lycecs des Etats-l nis. ( 54 ) A Moni'ovia el Bassa-Cove il \ a ties bibliolhequcs piihliques ; dans ce dernier village il y en a una de i ,200 ci i,5oo volumes. Un journal hebdomadaire se publie a Monrovia sous le* litre de Liberia Herald, et est redige par un noir. 11 y a maintenanl 95 ou 3o personnes blanches alta- chees aux differenles missions et auxSocietes pour I'e- flueation, ou fixees dans les colonies commemtlidecins. Le gouvei'nement est essentiellomenl republicain, tons les officiets ( le gouverneur excepte , parce qu'il est Homme par la Soci^t^ de colonisation ) elant cboisis par le peuple. II y a des elections tous les ansdans les difft^rents villages; un vice-gouverneur, des consoillers, grands sherifs, constables, sontnommes annuellcmcnt. La milice est bien organisee. II v aun nombre de corps de volontaires bien equip('!. W. [(^Colonisation llcrald. ) La Societe de culordsation de la Louisiane a iait I'ac- quisilion d'une etendue de terrain siluee sur la cote occidontale d'Afrique, arros^e par la riviere. iSVwoe, vers la latitude de 5" N. , et au S. des autres colonies americaines. On y a elabli une colonie sous le nom de Greeiwiile. Aw mois do juillet dernier, la goeletle VOrien- tale, de la NouvoUc-Orleans, y aborda avcc Ic reverend Findley, comme gouverneur, et le docteur Blodgett , sous-gouverneur et medecin dc la colonie. Pendant la derniere annee, la Societe de la l\ouvelle-0rl(ians a re^ulasommede 14,000 dollars des habitants du comte pour aider a eel etablissemenl. Le capilaine Isaac lioss a legu6 tous sesbiens, montant a 400,000 dollars, pour le meme but, cl a mis en liberie 170 esclavcs qui doi- ( ^^ ) \ent y elre envoyes. Le brick l\Iai/ , de 180 tonneaux , appartenant a ladile Societu, doit etre employe cornme paquebot cntre la Nouvelle-Orleans et les colonies al'ricaines. h' Herald de Liberia ,]\i\\\ei 1857, annonce lamortde Boson, roi du pays de Rondah. Get homme extraor- dinaire etait d'une taille gigantesque , avait sei'vi tres jeune a bord d'un vaisseau de guerre, etpar celte raison on lui avait donne le nom Boatsv\>ain 011 contre-mailre ; son g^nie natural lui avait assure un immense as- cendant sur beaucoup de peuplades africaines. Le 16 mai 1807, on a ^tabli a Monrovia une Societe d' agriculture , afin d'encourager la culture de la canne a Sucre. W. I '56 ) DEUXIEME SECTION* Actes de la Societea rKOCES-Vr;iiBALX des sf^ancls. Seance (In i .") juin i858. Le proces-verbal de la derniere seance esl Iti il adopte. M. le vicomle d'Archiac, secretaire de la Societe de geologie , 4crit a la Commission cenlrale pour lui proposer I'echange des Mcmoires publies par les deux Soci^t^s. Cette proposition est acceptee avec empres- sement. M. de Saint-Hilaire , direcleur des Qolonies, au mi- nistere de la marine , adresse a la Societe la seconde parlie des Notices statistiques siir les colonies francaises , publiees sous sa direction, Cette partie comprend les Notices sur I'ile Bourbon et sur la Guvane francaise , et complete la statislique de nos qualre prlncipales colonies. M. Van der Maelen adresse un exemplaire de YEssai sur la slatisliqne generate de la Belgrqne , compose a I'aidede materiaux recueillis par son bel etablissement geographique de Bruxelles. Les Soci^t^s royale asiatique de la Grande-Bretagne, et royale geographique de Londrcs adressent un nu- mero de Icur Journal. M. le capitainc Jolm A\ ashing- ( ^7 ) Ion joint a cet envoi son Esquisse des progres ile la geographic et des travaux de la Socle te geographique (le Londrcs pendant I'annee 18^7-1 858. M. le comte de Raffetot adresse a la Societe, pour son niusee , divers objets d'industrie des sauvages du Canada. Ces objets ont ete apportes de ce pays par M. de Boishebert, son grand-pere, qui,apres avoir op- pose line vive resistance aux I'orces de I'Angloterre , quitta le Canada lorsqu'il devint colonic de cette puis- sance par le traite de 1765. M. Roux de Rochelle communique uno lettre dc M. le comte de Bertou , datee de Jerusalem , le 29 avril i838, et contenant les resultats de son voyage en Arable-P^tree. M. de Bertou cntreticnt la Societe des fails principaux qui se rattaclient a la question du coins du Joiirdnin, et qui tendent a etablir s'il a ou s'il n'a pas dc communication avec la nier Rouge. La solu- tion de ce probleme etait le but principal de son vovage, et il annonce que, raalgre de nombreux obstacles, il a rdiussi a suivre dans toute son etendue le pays qui se prolonge depuis I'extremite sud de la mer Morte jusqu'a la pointe nord du golfe tlanitique. Cclte lettre int^rcssanto est I'envoyee au comite du Bulletin. M. Jomard communique une lettre de M. Gay, dalee de San-Carlos de Chilo^, ronfermant le resume de scs observations de geographic, d'(?!thnographie et de physique terrestre. Renvoi au comite du Bul- letin. Le meme membre lit I'extrail dc quatre lettres da- lees des ruinesde Carthage (du mois dc mai dernier), el ^crites par MM. Falbe et Grenvillc Temple, de- l6gues de la Societe pour I'exploration dc Car- thage; ils ont decouvcrt des inscriptions puniques. ( .^8 ) lies peinlures u fresque , et ils onl fait des observa- tions geograpliiques , astronomiques et archeologi- qups. Renvoi dc ces cxtrails au coniile dii Bulletin. M. Jomard annonce que M. U. Ternaux lui a rcmis une notice sur le Yucatan , tiree des ecrivains cspagnols, et il en donne lecture. II pense qu'elle est de nature a etre jointc a la publication des Memoires relatils a I'A- inerique centrale. M. Barbie du Bocage prescnte a la Societe, de la part de M. le docteur Ackerman , chirurgien-major de la marine, un projet de voyage a Madagascar. Pendant un premier sejour de trois annees dans cetle ile, comme medecin des elablisscnients franeais, M. Ackerman a fait plusieurs excursions au dehors de ces elablisse- ments; il a eludie la langue el les mceurs des Malga- ches , et s'est trouve souvent en rapport avec les peu- ples de I'interieur, et parliculierement avec les Ovas , nation aujourd'liui mailresse eta peu pres souveraino de I'lle. M. le docteur Ackerman se propose de retour- ner a Madagascar pour en 6tudier la topographic me- dicale et I'histoire naturelle; il a obtenu de M. le mi- nistre de la marine, sur la demande de MM. les professeurs du Jardin des Plantcs, toutes les facilit6s pour se transporter sur les lieux, et il prie la Sociele de vouloir bien le diriger dans ses nouvelles recherches, el particulierement sous le rapport de la geographie. M. le baron Walckenaer communique une letlre dalee d'Alh^nes, contenant des details sur I'etat actue de cette ville , ainsi que quelques renseignenients sur la situation generale de la Grece. Le meme membre appelle ensuile I'altention de ses collegues sur diverses inscriptions qui se trouvent dans le dernier numero du Journal de la Sociele asiatiqwe de Londres. i ( 59 ) M. le vicoinle de Santarem lil uiie Mole sur le tio- teiro de D. Vasco da Gaina, adiesse a la Societe par M. Jose de Drcullu. Renvoi au coraite du Bulletin. M, INoel Desvergers donne quelques details sur un nianuscrit d'lbn-Batouta, qui se trouve a la Bibliolhe- que Royalc , et dont il se propose de publier une tra- duction en francais. M. Warden communique a la Societe plusieurs documents relatifs a I'etat actuel des missions des Etals-Unis, ctablies sur divers points du globe. Renvoi au coraite du Bulletin. Seance du 6 jiiiUet 1808. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. La Societe royale d'Edimbourg adresse un volume de ses Transactions, et la Societe de geologic les deux premiiers volumes de ses Memoires. M. le professeur Rafn, secretaire de laSociete royale des antiquaires du Nord, ecrit a la Commission cen- Irale pour lui rappeler I'envoi qu'il a fait recemmenl a la Societe d'une caisse renfermant divers ouvrages, et cntre autres un exemplairc de ses Antiquitates ameri- cniice ■ cette lettre contient en outre une refutation d'un article pub lie dans le Journal des Dehals relativement a riiistoire ante-colombienne de I'Amerique. La Com- mission centrale, pour repondre au desir de M. le professeur Rafn , et dans I'intt^sret de la v6rite , renvoie sa lettre au comite du Bulletin , en I'invitant a I'inse- rer dans un des prochains numeros de ce Recueil. M. d'Orbigny transmet une caisse de coquillages et de mineraux de I'ilc de Cuba , envoyee a la Societe par M. Francis Lavallee , et il offre ses services pour le classement des collections zoologiquesdans son musee. ( 6" ) M. le docUnir Aiiisworlh ecril a la Sociele pendauL son sejour a Paris, pour lui oflVir un cxeinplaire do I'ouvragc qu'il viont dc publicr sur rAssvric , !a Baby- lonie el la Chaldee , d'apres les documents qu il a n>- cucillis pendant la dernierc expedition de I'Euphrate. M. Jomard appellc particulierement I'atlenlion de la Society sur la carte du cours de I'Euphrate et du Tigrc inferieurs qui est jointe a cettc relation ot qui diCF^rc considerablement dps cartes antericures. M. Ainsworth annonce son procbaih depart pour rOrienl, comme chef d'une nouvelle expedition scien- tifique; il indiquc a la l^ociete les points qu'il se pro- pose d'explorcr, et il la pric de vouloir bion lui adres- ser des instructions. La lettre de M. Ainsworth sera inser^e au Bulletin , et les nieuibres de la Commission centralc sont invites a preparer des questions pour ce voyageur. M. TaitboutdeMarigny, consul de llollande a Odessa, ot qui a dejA fait plusieurs communications interos- santes a la Societe , lui 6crit pour lui offrir un Recuoil de ses voyages en Circassie. M. Jouannin donne communication dune letlre de M. Paris, officier de marine, attache a Toxpedition do r Aitemlse. Cette lettre, qui est daleo dc Calcutta, ot qui conlient quelques ronsoignements sur I'lnde , est renvoy^e au comile du Bulletin. "\I. tie Saint-Lcger oCTre a la Societe un appareil dont il est I'invonteur , qui pormot d'6criro la nuil sans lumid^re , et qui est destine a scrvir A' agenda pour los voyageurs. II appelle I'attontion de la Societ(5 sur cet appareil qui se recommandc par la simplicile et I'economie , et il joint a son envoi rextrail d'un rap- pot f favorable qui a die fait par M. Jomard a la Societe d'encouragcmcnl pour I'industrie nationalo. ( ^' ) l\i. Jomard aiinonce qu'une souscriplion esl ouvcrti' pour clever un monument a la memoire de Reno Caill^, le voyageui en Afrique, et il demande a la Soci6te de permettre que lannonce de cette souscrip- lion soil consignee dans son Bulletin periodique. Le meme membre communique une letlre de M. Lefebvre, oflicier de marine, dans laquelle il pric la Societe de vouloir bien s'interessor au nouveau voyage qu'il se propose d'enlreprendre sur les cotes de la mer Rouge et dans I'interieur de I'Abyssinie. La Commission centrale accueille le projet de M. Lefebvre avec un vit" inleret, et M. le pr«^sident est prie de I'ap- puyer aupres de M. le ministre de la marine, M. Jomard communique ensuite des nouvelles re- centes de Carthage. M. Falbe a decouvert dans I'inte- rieur de la regence de Tunis plusleurs villes anciennes ; il pent assurer avec certitude la position de Gabinia- Nova et Ma-die dont on connaissait a peine les noms, ainsiquecelle de Lares -Magna, vue imparfaitement par le docteur Sbaw. II espere pouvoir donner une carte de Tunis, meilleure que toutes celles que Ton possede. Les travaux de M. Falbe n'ont pasete sans danger pen- dant qu'il parcourait la chalne de I'Atlas au milieu de tribus independantes et de peuplades inhospitalieres. M. d'Avezac communique Textrait de deux lettres qu'il a regues de M. Th. Wright, secretaire de la Campden Society de Londres , et relatives a des carles du commencement du xiii" siecle , conservees au Bri- tish museum, et qui donnent, I'une un itin(!:raire de- tains d'Angleterre a Jerusalem en traversant la France et ritalie, I'autre un planisphere complet, accompagnc d'une note fort curieuse ou sont cites comme aulorites quatre autres planispheres , savoii- : celui de Mailior ( 6t> ^ Robcrl do Melkelesa, celui de I'iihbayo do \\ altliain . oelui du roi a ^^^'stlninsler, ot celui de Mallhieu- Paris. M.^^ light offre a M. d'Avezac d'enfaire faire des fac simile, et lui promel d'y joindrc, pour un essai g<^o- graphiquc sur los itineraircs des pelorins au moycn age, de nonibreux mat^iiaux pulsus a des sources inedites. Celte communication est accueillie avec un vif inl6rel par la Societd qui csp^re que les recherches de M. Wright auronl d'heureux r^sultats pour la science. Le raemc membre comnmniqao unc lollre do IM. Ch. Rev, adrcsseo a M. le president, ot dans iaquelle il olTre ses services a la Society. M. Rey est I'auteur de la Notice sur Charpennes , dent il a ete fait mention a Tune des dernieres seances. Les offres de M. Rey sont accueillies avec inl^ret par la Commission centrale. M. le president annonce a la Society la perte dou- loureuse qu'eTle vient de faire dans I'unde ses collogues les plus dislmgues, M. le general Ilaxo , mort, le 25 juin , a la suite d'une longue et cruelle maladie. La Commission centrale, dont M. le general llaxo avait preside les travaux, invite son president a vouloir bien ecrlre a madarae la baronne Haxo pour lui cxprimer los vifs regrets de tous les collogues du general. OUVRAOIiS OrKKUTS A I.A SOCIKTK. Seances des 6 et 'lo jiu'Hct. Par M. Rafn : Anllquitates americanae, sive scriptores septentrionalcs rerura ante-Columbianorum in Ame - rica. Edidit Sociotas regia anliquariorum septentrio- nalium. Ilafnia> iSSj, i vol. grand in-4 , avec 17 pi. — Momoircsurladc^couvertodel'Araoriquc au X'si^cle, par Ch. Christian Rafn , traduit par M. X. Marmier , ( ^5 ) br. ln-8. — Carte de I'lslande, en Ian looo, une feuillo. — Carte du disti'ict de Julianeshaabs, dress^e par le capitaine Graali , une feuille. — Carte generale desde- couvertes dcs Normands en Amerique aux x% xr, xiT. xiii' et xiv"" siecles, une feuille, — Carte du Vinland , une feuille. — Carte des ties Faeroe, une feuille. — 8 planches et lac simile represenlantdes monuments scan- dinaves au Greenland et en Amerique. — Nordische vor zei tund mythen, 2 cah. in-8. — Samlede tildels forbeni ulrike afhandlinger af Rask, tom. Ill, in-8. — Par la Societe royale (C Edimhotirg : Transactions de cette Societe, tom. XII, 2' partie, et tom. XIII, 1 "■ partie , in 4- — Pcii' In. Societe geologiqne de France : Memoires de cette Soci^le, tom I el It , in-4. — Par M. Harden: L'art de verifier les dates, suite de la Chronologic histo- rique de I'Amirique (Antilles), 1 \ol. in 8. ~ P^?/- M. Taitbout de Marigny : Voyages en Circassie, 1 vol. in-8. — Par M. Jinsworth : Researches in Assyria , Babylonia and Cbaldapa forming part of the labours of the Euphrates expedition , i vol. in-8. — Notes upon the comparative geography of the Cllician and Syrian gates by W. Ainsworlh, in 8. — Par M. Wegener: De aula atlalica lilerarum artiumque faulrice libri sex. , vol. 1 in-8. — Par M. Hamilton: Addres to the Royal geographical Society of London, by W"' B. Hamilton, esq. president in-8. — Par M. Fabre : Memoire pour servir a la statislique du departement du Cher, 1 vol. in-8. — Par M. d'Jvezac : Histoire des anciennes revo- lutions du globe terrestre , avec une relation chronolo- gique et historique des Iremblemenls de terre arrives sur noire globe depuis le commencement de Fere chrelienne jusqu'a present; Amsterdam 1702, 1 vol. in-i 2. — Par iM. le baron de llanibolilt : Examen critique de la geographic du nouveau continent, 18'' livralson. — Par M. le major Sabine : Report on the variations of the magnetic intensity observed at different points of the earth's surface, i vol. in-8. —Magnetic observa- tions, made during the voyages of II. M. Ships, Advqn- ture and Beagle 1 82G- 1 850 discussed by major Sabine, in-8. — Par 31. le colonel Long : Report on a recon- noissance et survey of the wesiern el atlantic Rail Road of the stale of Georgia, in-8. — Par M. Buessard : Cours ( •■>4 ) eit'iiienlaire el supeiicnr tie gc^ograpliic , 2 vol. in-12. — Par les Jitlciii;i et /■.(/itciirs: \ ovago piUorosqnc en Afrique, i"' a 4 livraison, in-4- — Plusieurs minierns dos Annalos dos N oyagcs. — Des Annales Mariliines. — ])u -loiirnal do la Marine. — Dii Bullolin dc la Soclele de G(^ologie. — Dii Journal Asialiqiie. — i)u Journal des Missions Kvangeiiques. - Du Journal de I'lnslitul hislorique. — Du Bulletin de la Sociele Llernenlaire. — Du llecucil de la Sociele Pol\leclini(jue. — Du Memorial Encyclopedique. — Des Archives du Havre. — Des M^inoires ou annales desSocieles d'Agricullure d'Angers, d'Angoulerae, d'Kvreux, du Mans, de Rouen et de Trovi'S. — Des Annales de la propagation de la Foi. — De rinstilut et de rEcho du Monde Savant. SouscRiPTiON ail monnmeii t (ic REJikCkiLLE (1). Paris, le ■?. juillel 18 3!?. MoNSlEliR LE PRiSlDE^T, line souscription est ouverte pour elevcr un petit monument tuneraire a Pont-l'Abhe, deparlcment de la Cliarenle Interieure, lieu oil estinhum^ Rene (faille, le voyageur eu AlVique. L inttiret que la Societe prend a la memoire de cet homrae regrettable , enleve au moment oil il meditait un voyage presque aussi im- portant que le premier, me tail esperer qu'elle per- metlra I'annonce de celte souscription dans son Re- cueil periodique. Jomard. I Premiere liste des Soiiscripietirs. Jomard, Roux de Roclielle, baron Walckenaer, Noel Dosvergers, Ansart , Taidieu ( Ambroise) d'Avezac, Albert Monlemont, Benjamin Delessert, Leon Dela- borde, Corabccur, Wilhem,Teallier, madame Leli^vre. (i) On souscril che/ M. Jomard , meraliic de I'Tnstiliit , rue des Potils- Cbamps , 12, et rhez M. Noirol , agent de la Societe de peographie, me de rilniversiti', a 3. BULLETIN SK LA. SOCIETE DE G^OGRAPHIE. AOUT i858. PREMIERE SECTION. M^MOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. EXTRiiT d^un Memoire sur Zanzibar el siir Qiiiloa. L'ile de Zanzibar fait parlie d'une chaine d'iles qui s'etendent le long de la cole d'Afrique au noixl de Qui- loa, Elle a iC lieues de long sur 5 ou 6 de large. Sa po- sition est par G" 6 lal. S. et 67° 20' long. E. de Paris ; sa pointeN. git par 5" 4o S., el lapolnteS. par G" 28'S. Cette ile est basse et parait sorlie de la mer; elle re- pose enlierement sur le corail qui se niontre parlout sur le rlvage, et qui perce meme en quelques endroils dans I'inlerieur du pays. Elle n'est separ^e de la cote d'Afrique que par un bras de mer de 6 a 7 lieues de largeur; un reciffort etcndu se projelte du continent, et laisse cnlre lui et l'ile un chenal pralicable pour les plus grosnavires et qui va se r^tr^cissantversle sudCe chenal, abrite des venls de S.-E. et de N.-E, par la X. AOUT. I. 5 ( GG ) terre , ct de la grosse mcr par les hauls fonds qui le st^- parent du continent, offre une esp6ce do ladc conti- nue de 16 lieucs dc long, dans laqucllc Ics floltos los plus nombreuses pourraienl mouiller sans danger. Assez large au nord pour perunellre le louvoyage , elle ne presenle au sud qu'une passe de deuxencablures de large qu'il serait tresais6 de fortifier. Le mouillage proprement dil est situ6 dans la par- lie sud-ouestde File ; abritd ainsi quelerestedu chencl par la terre etles hauls fonds, il est en outre defendu par une chalne de petites ilea qui en augmenlent la su- rety. Le debarquement est facile en tout temps, la mcr n'ayant point de ressac. Le fond vaseux est de bonne tenue, et je n'ai pas entendu dire qu'aucun navire y ail jamais fait des avaries. II est tres vrai qu'on n'a dans ce paysnuUe experience des ouragans qui ont souvent desole les lies de France el de Bourbon. L'aspecl de I'ile est fort riant; elle ofTrc a I'oeil une vaste plaine, cultivable dans tuule son etcndue , ct di- \ersifiee par des coteaux donl I'elcivalion n'excede pas 200 pieds , el donl la pcnle est rarcmenl rapide. Les parlies non defrichecs sont couverles de beaux bois jusque sur le rivage , 011 la vegetation somble dispntcr le terrain a la mer ; les flols viennent y baigncr le pied des arbres. Le sol. leger et sablonneuxa la superficie, est partout d'une extreme fertility; les produils vt'-ge- laux sonl d'une beautd qu'on ne pent attribuer qu"a Texccllence de la terre, la culture Hani Ires negligee et les moyens qu'on y emploic Ir^s grossiers et tr6s d6~ fcctuenx. Placee sous un parallele lr6s rapproch^ do Tcqua- leur et dans le voisinagc du continent, I'llc Zan/.ll)ar jouit d'un climal plus lenipirii que sa po&ilion ne scm- I (67") blerait Tannoncer. La saison oCi nous I'avons visitde etait la plus brulant(i de ces climats, Le soleil parvenu au zenith lancait pcrpendiculaircraent ses rayons dont nulle briso ne temperait I'ardeur; la chaleur pourtant ne m'a pas paru excessive, bien que j'aie souvent par- couru la cole a I'heure de niidi. Quoique prive des in- struments n^cessaires pour faire des observations -exactes , je crois pouvoir assurer que le thermom^tre de Reaumur place a I'ombre ne doit pass'y clever au- dessus de 28" (35" centig. ). Cette temperature, qu'on pent regardercomme douce par une latitude si voisine de la ligne , eslprobablement due a la frequence des brisesde mcr el a la rarete decelles du continent. Les vents dominants sont du nord au nord-est depuisno- vembre jusqu'en avril; ils soufflent du sud-est le resle do I'annee. Les eaux courantes ne m'ont point paru abondan- les , du moins dans la parlie que j'ai parcourue. La ri- viere ou lesnavires font leur eau est a une demi-lieue au nord de la ville. Ce n'est qu'un ruisseau gueable partoul; i! couie sur un lit de sable et n'a nulle part 2 pieds de profondeur. L'aiguade n'est pas commode; il faut remonter assez loin avec le flot, attendre d'abord le jusant pour que I'eau ne soil pas saumatre, et en- suite la pleine mcr pour pouvoir redescendre, de sorte que les bateaux ne peuvent faire qu'un seul voyage en deux marees. On m'a parlc de deux aulres rivieres plus consid(^rabios, dont I'une coule u Test; mais je no los al point vuos. Au surplus , on Irouve partout en crousanl la tcrre do Fcau tres potable et tr^s bonne; j'cn ai bu souvent, et elle ne m'a paru dilferer de cellc do la riviore que par sa couleur Ijlancbatrc, qui sem- blc indiqucr qu'cllo contionl quclquo substance niine- 5. ( 68 ) rale en dissolution. Tous les habitants s'accordent d'aillours a assurer qu'cllc n'a aucune qualite malfai- sanle. Les pluies sont rares, mais ce d^faut est plus que compense par I'abondance dcs ros6es de la nuit. Cellc abondanceesl telle, qu'a I'^poque ou nous avons visile Tile, la campagne presentait, apres deux mois de se- cheresse, un aspect aussi vert et aussi anim6 qu'il peut I'elre dans la saison des pluies. Celte saison commence au mois d'avril et ne dure guore au-dela de mai. On m'a assur^ que leseaux dtaient quelquefois assez abon- dantes pour rondre le passage des rivieres dangeroux. Je ne sais si cette assertion est fondee. Dans tous les cas, cet inconvenient est de peu de dur^e et il serait facile d'y remedier; car quel que soit le volume des eaux, le terrain sur lequel elles coulent a si peu de pente , que leur lapidite ne peut 6tre bicn grande. Le climat de Tile Zanzibar passe pour etre tres sain ; plac^e au vent de la Grande Terre, dont elle est distante de septlieues, elle n'en pourrait recevolr des miasmes contagieux, et Ton assure d'ailleurs que celte parlie du continent n'est point sujellc aux maladies qui infec- tent la cote depuis Quiloa jusqu'a Mozambique. La saison des pluies occasionne , dit-on, quclques fiovrcs; mais elles sont de peu de durde, et ne presentent point ce caractere de malignil6 qui rend si redoutables les fievres de Mozambique el de Madagascar. Diverses pcrsonnes de notre equipage onl eprouvd dans noire court sejour des affections calarrliales dues a la fraicheur des nulls, mais nul n'a rcssenli le plus leger mouve- mcnt de fievre. 11 ne pourra gufere roster de doule rai- sonnable a cet egard, lorsqu'on saura que trois navires espagnols qui ont sejourn6 a Zanzibar pendanl trois ( 69 ) mois n'onl perdu que deux hommes qui s'6taienl con- duits avec imprudence. La salubrile du pays m'a ^le du reste confirmee par tous les navigaleurs quiontfre- quente celte cote et que j'ai eu occasion de consulter. Les productions vegetales de Zanzibar sont varices et nombreuses, et pourraientl'etre encore davantage ; elle est presque entiferement couverte de cocoliers , dont on retire de I'huile et dont la bourre sert a faire des cordages connus sous le nom de bastain. On y re- marque aussi le rnanguier, le citronnier, I'arecquier, I'oranger, le jacquier, le bananier, etc. Le manguier, par la beaute de sa verdure, I'epaisseur de son feuillage et I'elegance de son port, est dans ce pays un des plus beaux arbres que j'aic vus; on vanle I'excellence de ses fruits. La banane et le citron sont d6licieux; I'orange n'a qu'une saveur douce el fade, et est tres ^loignee de va- loir cello de Bourbon, La noix d'arecque enlre dans la pi-eparalion du betel, donl I'usage est gt^neral dans le pays. Je n'ai point aper^u de daltiers; le riz el le ma- nioc sont de la plus grande beaute. Le petit mil, qui sert d'aliment_a la majeure partie do la population , est la seule culture faite en grand a Zanzibar; il s'en exporte annucllement une quantile considerable pour I'Arabie it la cote d'Afrique. Les Cannes ne m'ont point paru belles; j'en crois I'espece mauvaise, et je ne doute pas que ccllede Batavia n'y reusslt parfaitoment. Je n'ai pas vu d'indigo ni de cafcj;, niais on m'a assure qu'il en exislait des plants dans File, et qu'il y vcnait tri?s bien. Quelques girofliers, apport6s par M. Des- jilantsdansl'ile, onttout a-faitprosper^ ; ils rapporlenl an bout do cinq ans , el j'en ai vu, mis en terre dcpuis sept ans, qui s'elevaienl deja a la hauteur de i5 pieds. ( 7o) La r6colte avail eu lieu dans le mois de Janvier, el ils avaient H6 Ir^s charges. II ne sera pas inutile de rap- peler ici que les premiers girofliers planl6s a Bourbon furent trente ans avant de rapporler. Le cotonnicr est, ace qu'on pretend, altaqu6 par une espece de ver- mino qui le fait perir. Slle fait est vrai, on ne pcut que I'attiibuer a la negligence des cultivateurs, lorsqu'on songe que les Amirantcs et les iles de TArchipel, qui sonl plac6cs aux environs du parallele de Zanzibar, el dont le sol ne diff^re pas de celui de cetle ile , produi- senttoutesun colon siestim^, qu'on lepreftre meme h celui des Seychelles. Au rrste , il ne faut pasperdre de vue que ce serait se tromper etrangemcnl que de juger ce qui peut se falre a Zanzibar par ce qui s'y fail , et tout porle a croire que bcaucoup de produils vegetaux qui y languisscnt enlre les mains des Arabes, prosp6- reraient bientol s'ils recevaient les soins d'un cultiva- leur europeen. En effel, rien n'est plus miserable que la culture de ce pays. L'ignorance et I'insouciance des habitants vent au-dela de tout ce qu'on peut imaginer. Les de- frichements se font en brulant; on ne donne aucune faron a la lerre ; on se contenle do semcr , el Ton abandonne les plants a I'heureuse Inlluence du sol et du climat. L'habilation du gouverneur que j'ai visilee n'esl pas elle-meme mieux lenue que les aulres. D'aprt'S des renseignemenls que jc crois exacts, les deux tiers de I'ile sont encore en friche. 11 est aise d'on conclure que la propriety terriloriale doit avoir peu de valeur a Zanzibar, el en effet, a I'excoplion du ter- rain situ6 aux environs du port, a la distance de deux ou trois lieues , tout le rcsle csl a celui qui vcul I'ensc- mencer. II suffit de donner une demipiastre au chef ( 7> ) maure du canton auquel appartient la terre qu'on se propose tie cultiver, et de lui payer en oulre pendant tout le temps qu'on garde son terrain une redevance annuelle de deux h Irois cents livres de riz. Zanzibar abonde en b^tail et en animaux utiles; on y trouve du boeuf et du mouton d'une excellente qua- lite. Les volailles y sont si communes, qu'on en donne de vingt a vingt-cinq pour une piastre. Ellcs sont d'un gout trcs delicat, mais d'une petite espece. Lcs bois sont remplis de pores sauvages qui ont H6 probable- ment apportus par les Porlugais : ces animaux ont dil se mulliplier a I'infini dans un pays ou les prejuges de la rdligion proliibent I'usage de leur chair. Je n'ai apercu d'autre gibier que des tourterelles qui y sont fort nombreuses. On dit la rade Irfcs poissonneuse, ce- pendant nous avons jete plusieurs fois nos filets sans succes. II y a dans I'ile des anes d'une ties belle espece; ils ont el6 appoites de Mascate , aussi bien que les cba- meaux el le peu de chevaux qu'on y trouve. Les cliicns sont Ires rar^s : je n'en ai pas vu un seul dans la ville; il parait que les Maurcs ont pour ces animaux une sorte d'horreursuperstilieuse. On assure que les singes sont fort nombreux dans les bois et dans les lieux non delVicbes. Quclques tigrcs babitenl la parlie la plus reculde de I'ile. lis sont d'une pelile espece el atlaqucnt raremenl rhonime. Au reste 11 seralt aise de lcs dd;truire , et I'eloigncment du con- tinent ne pcrniot pas de supposer qu'lls pussent se re- montrer sur I'ile, surtout dans le cas ou elle serait cntierement defricb(^e. Le pays produit aussi deux esp^ces de couleuvrcs : I'une, grosse comme le bras, ne fait de mal qu'aux ( 72 ) animaux et fuit dcvant I'liomme; I'autre, tres lorrgoc et Irt'S mince , pique douloureusement, mals s;i bles- sure n'est point morlolle. L'une et I'autre sonl pen communes. La population libre de Zanzibar se dlvise en Irois classes: les Aiabes, qui forment la premiere, sonl originaires de Mascate et douiinent dans le pays. On les reconnall ais^ment aux trails de leur visage el a la couleur olivatre de leur teinl. Politiques el vains, ils m6nagent les chr^liens et les mdprisent. Observaleurs pen zelds des lois de I'islamisme, ils n'en gardent que la liaine et le d^dain de tout ce qui n'est pas musulman. Descendants de ce peuple guerrier et marchand a qui sa religion et son commerce mirent loujours les armes a la main, ils ont porl6 I'Line et I'autie sur celle cole dont ils possedent les principaux points. L'asluce ot I'avidile du gain forment les principaux trails de leur caraclere. Du reste , amoUis par I'oisivete et I'abon- dance, ils onl perdu la valeur farouche de leurs anc6- Ires, et vainqueurs degen6r6s, ils n'onl pas d^daigne de sallier aux Maures qu'ils avaienl vaincus. Le nombre des individus de celle nation disperses dans I'lle se monte, d'apr^s leurs calculs, a mille homraes en dial de porter les armes. Celle Evaluation me parait foil exagerde. Les Maures, qui sonl les plus anciens el les plus nombreux habitants du pays, composent la seconde race : ils sonl noirs el onl les cheveux laineux. Accou- tumt^s a commercer avec lesFran^ais, plusieurs d'en- Ire eux parlenl le Creole de Maurice avec assez de faci- lity pour etre compris; ils sonl du resto doux'et hos- pitaliers , et trailent les chreliens avec affabilild. Sujels du roi de Quiloa, ils onl vu avec indifference I'occu- ( 75 j palion des Arabes, qui ne iVoissait ni leurs droits ni leiirs inlerels, ct n'etail onereuse qu'a leur souverain, dont clle dlminuait les revenus. Rapprocli^s d'ailleurs de ces elrangers par une religion commune et des al- liances frequenles, ils ont peu a peu oublie leur prince legitime, et reconnaissent pleinement la domination de I'iman de Mascate. C4es Maures sont, ainsl que les Arabes, musulmans Schiites, c'est-a-dire de la secte d'^Ali; ils ne different entreeux que par quelques cere- monies exlerieures peu importantes. Les Banians forment la troisieme race; leur couleur est culvree, el ils se dislinguent par leur coiffure, qui est une esp^ce de turban rouge tres 6lev^ et d'une forme bizarre. Ilsliabitcnt la ville etse livrent tous an negoce. On vante leur douceur, leur humanity et leur scrupuleuse bonne foi dans les affaires commercialos. Ils ne s'allient point aux deux autres castes dont ils sont meprises a cause de leur religion. Leur nombre est de 214, et ils paient patentepour demeurcr a Zanzi- bar et y exercer le commerce. Les esclaves, dont le nombre se monte dans I'ile a environ i5,ooo, sont tous musulmans. Lour condition est fort douce et differe a peine de celle des liommes libres. Soumis a une discipline indulgente et a des Iravaux peu faligants, la bonte avec laquelle on les traite leur donne une familiarit(^ importune et qui pourrait devenir dangereuse. lis sont tres rarement punis, a cause de la facilild qu'ils ont de se sauver a la Grande Terre, ou on ne peut les ravoir qu'a prix d'argent. L'usage ou Ton est sur le continent de leur laissor des amies pour se defendre des betes f(^roccs, s'ost conserve a Zanzibar, quoique le meme motif n'y exislc ( :4 ^ pas. II scrail did'icile d'en ronconlror iin qui ne I'ul pas muni d'un arc, d'une lance , ou d'un sabre. Lours Ijoucliers, do forme rondo, n'onl gu^rc plus de lo pouces do dlaniMrc. Us sonl fails do peau do rhino- ceros qui, travallleie par des proc6d6s connus de cc peuple, acquiert la transparence de la corne et la con- sistance d'un bois Ires dur. Au surplus cos armes pa- raissonllcur servir d'ornemenls plulot que de defense. Co genre de parure n'est pas paiticulier a celte classe d'hommes, tousles Maures el los Arabes, de quelque condilion qu'ils soionl , 6lanl egalenienl anntis lors- qu'iis paraissciit on public. La langue du jiays se nomine lo soiuiili. Elle s'(^crit avec les caraclores de la languo arabe et n'ad'ailleurs aucun rapport avec olle. Le souaili est un idiome fort doux, compose d'un petit nombro de sons faclios a prononcer, et tr6s simple dans scs rajiports gramma- licaux , aulanl que j'ai pu en juger par la decomposi- tion de quelques phrases que je me suis fait expliquer. II n'offre aucune ressemblance avec los differenls Ian- gages dusud et dcl'ouestdc I'Afriquc, dont plusieurs voyageurs nous ont donn^ les vocabulaircs. L'arabe, qui est la langue de la religion, est parl6 par los iNlascatais et les Banians ^ ces dorniers le pro- iioncent fort mal; les Arabes Creoles I'entendont a ])eine ; bcaucoup de Maures le liscnt sans le compren- dre , et c'est a ce degr«^ de connaissances que se bprne gen^ralemcnl Teducalion dans lo pays, (-'a i^'te un grand sujet d'etonnement pour lous ces musulmans que de voir un livre arabe imprim^ a Paris par des chrdtiens, et d'y trouver des lellres de I'iman de Mas- cate. Celte circonstancc n'a pas pcu conlribue a lour donncr unc haute itiee de la civilisation de la France. ( 7^ ) Zanzibar est I'cnlrejiot gern^ral du commerce de la cole d'At'riqiie, depuis Palle jusqu'au capDelgado, oil commencentles possessions porlug;iises. Ce commerce consiste principalement en noirs. On m'a assur6 qu'il en entrait lous Jes ans dans Tile, par Quiloa seule- ment, i3,ooo; celte donnee me parait trop forlo , si on la compare au nombre dcs navires qui moiiillent sur la rade de Zanzibar , nombre qui ne depasse pas vingt-cinq ou Irente. II est vrai que les ClielingULS de la cote prennent part a ce trafic d'une maniere fort active, etpeutetre la quanlile d'esclaves exportes par ce cabotage va-t-elle beaucoup plus baut qu'on ne I'imaginerait. Quoi qu'il en soil, la portion la plus considerable est enlev^e par dos navires europeens, qui apportent en ecbange des piastres, de la poudrc et des armcs. Outre le trafic des noirs, Zanzibar fait encore un commerce assez etendu en ivoire, qu'elle exlrait de la Grande Terre; en bastain qu'elle fabrique; en cire qu'elle tire de Bombetoc sur la cote N.-O. de Mada- gascar, et en petit mil (ju'elle recolte dans son sein. Une douzaine de navires de Surate , Bombay, Mascate, et unoudeux du Bengale, lui apportent des grosseries de Surate, du sucre, du cafd, desdaltes, dcs poteries, degros colon, quelques chales. Une parlie de ces objets se consomme dans le pays, le reste est porle a Pemba, Mombaze et sur tous les points de la cote, jusqu'a Oi'bo. Les memcs navires prennent en relour diverses marchandiscs que nous avons mcntlonnees plus baut, et les piastres que les bailments de tralte ont versees dans I'lle. Ce dernier article entre ordinairement pour un tiers dans la valeur de leur cargaison. Celte navigation se fait dans des navires du port de ( 7^ ) »oo a 200 lonneaux , fort elev6s sur I'eau ct ra- remenl ponies. On les nonime daou ; ils sonl i'orls Jaids ct d'une construction bizarre. Qnelques uns ont troismats, mais la plupart ne portent qu'une seule voile carree. Les capitaines de ces navires ne perdent jamais la cote de vue et ne naviguenl que vent arri^re. Malgre toutes leurs precautions, leur ignorance est si grande, qu'il n'est pas rare d'apprendre qu'ils se soient perdus. Les bateaux de la cote se nomment chelingues; ce sont des embarcations non pontees qui peuvent porter de 20 a 25 lonneaux, et qui en general mar- chenl fort bien. II n'y a d'autre Industrie dans le pays que la fabri- cation du bastain, celie de I'liuile de coco , et la con- struction navale. Le baslain, comme je I'ai dejadit, forme une branclie de commerce Ires interessante avec rinde; on ne fait de I'huile de coco que la quantite necessaire a la consommalion. 11 y aurait pourtimtdc I'avantage h en exporter a Bourbon. L'on construit a Zanzibar des daous et des cbelingues. On tire les ma- l(5riaux necessaires du continent, ou ils sont lr6s communs, a ce qu'on assure. Un gros trois-mats de Mascate, qui 6tait mouille a cole de V A ma rant lie, en I'ade de Zanzibar, avail ete construit sur les cbanliors de cette ile. Ce navire, du port de 700 lonneaux, etait tout enlier en bols du pays, aux bordages prcs qui etaienl de Tek ct avaient etc apporl6s de I'lnde. Si on en exceple ces divers genres d'induslrie, Zanzibar est pour lout le reste dans la d(ipendance de Mascate, ct c'esl pour mainlenir cclte d6pendance que I'iman a probibe relablissemont de loute manufacture dans ce pays. On y a cependant forme lout recemment deux sucreries. J'on ai vu une qui appartient au gouvcrncur; I ( 77 ) clle est dans iin elat d'iniperfeclion vraimcnl pilo}a- ble; elle ne fait que du sirop sale, propre seulcmcnt a confire des fruits, et en quanlite a peine sufiisante a la consommation du.proprietaire. Les seuies nionnaies qui aient cours a Zanzibar sont la piastre d'Espagne, et I'ecu de Hongrie au coin de Marie-Tliercse, qui ont tous deux la nieme valeur. Lors de notre passage, le pays regorgeail de piastres que les Espagnols y avaient versees. La plus petite monnaie metallique est le quart de piastre : pour les marches au-dessous de cctte valeur on se sert de petit rail, qui est un objet g^n^ral decliange sur la cote d'Afrique. La ville est sltuee devani le mouillnge, par 6" G' lat. S. Son fort, ses maisons blanches derriere lesquel- les s'elevent les tfites de nombroux cocotiers, presen- tent de la rade un aspect assez agreable. Ces maisons sont baties en corail, la pierre manquant absolument dans le pays. Elles n'ont qu'un seul etage et sont re- crepies en chaux; leur toit plat est recouvert de feuil- les de cocotiers, ce qui de pres leur donne un aspect miserable. Le resle de la ville consiste en hultcs basses et etroiles, niais assez propres a I'interieui'. Les rues sont sales, tortueuses et non pav^es. Le gouverneur de Zanzibar n'esl, a proprement parler, qu'un fermier qui loue de I'iman de Mascate, moyennant une somme annuelle, la perception des droits sur la Iraite desnoirs, sur le commerce des ba- nians et sur la fabrication du bastain, Je n'ai pu sa- voir au juste le produit r^el de ces deux dernieres branches de revenu , mais je le crois peu considerable, si on le compare a celui de la premiere. Chaque noir exporle de Zanzibar paie un droit de dix piastres. Les ( -8 ) navircs arabes sont seuls exempts de ce tribut, elanl lotis armes par liman, qui est Ic scul ii^gocianl de Mascate. l)u resle on(ivaluc a 80,000 piastres le revenu .net que ce prince tire de Zanzibar. (^ehil qui commande actuellcment dans I'lle se nomine Saidi ; c'est un bomme d'environ quarante- cinq ans, d'une belle taille et d'une figure majeslueuse. On le dit d'un caract^re juste et bumain, et nous n'a- vons eu qu'a nous louer de la manidre bonn^te et obligeante dont il nous a accueillis. Celui a qui il a succed^ se nommait Yagaout; c'etait un eunuque noir d'Abyssinie , ancien esclave de I'iman de Mascale , au- quel il etail enli6rement d^vouc. Sa meinoire est ex6- crie dans le pays, ou Ton parle encore avec borreur de ses cruautes, de son avarice et de ses exactions. A sa mort il a legue a I'iman tous ses biens, evalues.a cinq ou six cent mille piastres. Les Arabes de Zanzibar sont divises en deux partis : I'un d'eux se compose de la tribu Harllii , et a pour cbef un nomme Abd-Allali-Ben-Dgema , bomme Ir^s ricbe et trbs considered qui a ete gouverneur de Zanzi- bar, et qui commande actuellement a Quiloa sans y resider. Le cbef de I'autre parti se nomme Saleb. Get Arabe est bien connu de tous les Fran(;ais qui sont venus a Zanzibar; cost un bomme d'un grand sens et d'un bon caract^re; il a environ cinquanle ans cl a voyage; il paile passablement le Creole de Maurice. ^ea Mascate, et sorti jeune de son pays, il a visits Sey- cbelles, Maurice, Bourbon, et salt apprecier la sup6- riorile de nos arts. II a il^ plus d'une lois presde payer clier la consideration que lui ont acquise sa fortune et ses connai-sanccs. Poursuivi- par la baine el la jalousie de la tribu de llarlbi , il a su se faire un parti (pii le ( 70 ) prolegout contre leurs violences, et il a eu I'ait d'y laire eiilrer le gouverneur lui-meme. Ces deux parlis en sont venus aux mains peu de temps avant notre passage a Zanzibar, el le sang a coule pendant quel- ques instants. L'ordre 6lait tout-i-fait r^tabli a noire arrivce, el il n'a pas el6 trouble un seul moment pendant toute la duree de notre rclache. II est Ires vrai que Zanzibar appartenait aultelois au roi de Quiloa, et les Arabes eux-memes en convlen- nent; mais il serait difficile d'assigner I'epoque precise oil celte lie lui fut enlevee; loutes mes reclierclies a ce sujet ne m'ont pr6senle que contradictions et incerti- tudes. J'ai vainement interroge la tradition; elle est muelte dans ces conlrees, oii I'liommo, sans inquietude sur ses besoins, ne vit que dans le present, et n'a ni pass6 ni avenir. Les relations porlugaises que j'ai pu consuller n'ofFrent que des fails vagues el obscurs qui, deja suspects par eux-memes , Ic deviennent davanlage par les mensonges et les absurdiles auxqucls ils sont meles. Nlebubr place la conquete de Zanzibar sous le r^gne d'un iman dont le fils etait contemporain de Nadir Scliali , c'est-a-dire vers la fin du xvn° siecle ou au commencement du xvni*. Enfin, s'il taut en croire Saleh, les Arabes etaient elablis a Zanzibar avant I'apparition des Porlugais dans I'lnde. lis y avaient uu fort sur la petite ile de Tombal, situee pres la pointe nord , et un aulre a la pointe sud. Ils en furent clias- ses par les Porlugais au commencement du xvi" siecle, et perdirenl meme Mascale en i5o8; rentres en pos- session de cette place i5o ans apres, ils vinrent met- tre Ic siege devant Monbaze, qui ajipartenail aux Por- lugais. Ce siege dura six ans, au bout desquels les Por- lugais n'elant pas secourus, capilulerent el se rolir^- ( So ) rent a Mozambique, cmmonanl avcc eux dans Iciir relraile lous ccux tie leur nalion qui etaient etahlis sur Zanzibar ct sur Ics aulres points de la cote. II sufTirait, pour conciller ce r^cil avec la dale donnee par Nie- bubr, de supposer que ce que ce dernier nppelle la conquete de Zanzibar, n'elait en cffet qne la reoccu- pation de celte ile par les Arobes. Quoi qu'il en soil, loujours cst-il certain que Zanzibar faisait originaircuient parlie du royaurae de Quiloa. Ce royaume , aujourd'hui bion d«'>cbu de son ancienne splendeur, doit probableniont sa fondation aux Arabes qui , sorlis de la mer Rouge et du golfe Perslque vers la fin du ix* siecle , vin- renl s'elablir a Madagascar et a la cote d'Afrique , oil ils port^rent leur religion, qui y subsislc encore coinine un monument de I'ancicnnet^ de leurs rela- tions avec ces contr»^es. Cetle conjecture est du moins confirmee par la tradition des princes de Quiloa qui se prelendent originaires de Scbiraz, et qui ajoutent en effet a leurs titres celui de Scbiraziens. Le royaume de Quiloa s'etend dcpuis le cap Dolgado jusqu'a la ligne equinoxiale. Get espace est occupe par trois nations distinctes : les Makoudc qui habitcnl la cote depuis le cap Delgado jusqu'a la baie de Lendi ; les Mouquindo qui peuplenl le bord de la mer depuis Lendi jusqu'a Monbaze, el les Moudjaoua qui s'(ilen- dent derriere eux dans I'inl^rieur. Tous ces peuples sont musulmans a ce qu'on pretend, el je crois, sans I'assurcr , que I'idiome souaili leur est commun a lous. Cetle parlie du continent de I'Afriquc est tr^s pen connue. Les Arabes la nommcnt Morima, ct n'<'n frc- quenlent que le rivage. lis n'oseraienl se liasarder dans ( 8i ) rinlerieur du pavs cju'occupent dcs Uibus sauvagos ci inhospitalloies. On assure que I'une d'elles, noramee Moudavi, est anlhropophage ; elle habile an pled d'une montagne qu'on apcrcoit du mouillage de Zanziliar, et qu'on dit situee a trois journees de marchc du bord de la mer. Ce qu'on salt de plus positif sur ce pays, c'est qu'll est fertile, couvert de beaux bois et blen ar- rose. La I'iviere Mongallou qui se jette dans la mer d'Afriquc , au sud de Quiloa, porte bateau a une dis- tance considerable, et recoit a son entree des navires de toute grandeur. Au fond de la baie de Quiloa est unc autre riviere dont j'ai rcconnu I'emboucbure et que M. Sausse a remontee assez loin en une maree. II assure que les bords tn sont converts d'arbres rnagni- fiquesdont quelques uns, droits^ forts etlegers. peuvent faire d'excellenlts matures. Je regrette que I'extremc brievele de notre sejour a Quiloa ne m'ait point per- inls de verifier par mol-meme ce fait intercssant. Les sculs beaux arbres que j'aie vus existent sur I'ile de Quiloa; ce sont des tatamaka donthuit hommcs n'em- brasseraient pas le contour. La ville de Quiloa, ou reside le rol, elall au com- mencement du xvi' slecle I'etablissement le plus llorissant de celte cole, et les relations portugalscs font un taijleau brillanl de son commerce el de son opulence. Co n'ost plus malntenant qn'une miserable bourgade a laquelle le trafic des noirs donne seul quelquo importance. Sa position est par S" 4:' If^t- S. et oy -Ji' long. E. do Paris. Elle est dislante de Zan- zibar de /(T) lieues au sud. Balie sur une petite ile au fond d'aie bale formec par deux pointes avancees de la cote d'Alrique, elie ofiVo un port vasle et siir , mais embarrasse de quelques X. AOUT. '2. G ( 82 ) pat6s. Le climat n'ost point aiissi sain qu'a Zanzibar; il est sujot a des lievres retloulablcs : celle insaliibriU' parall due a la grande quanlile de vase laissee a de- couvert par les marges, qui sont de quinze piods siir loulc la cote. L'ile dc Quiloa n'est s«ipar^c de la Grande Tcrro que par un bras de mer d'un quart de licuc ; on li'ouve sur le continent lous les animaux de la zone torride , le lion, le tigre, rel^phant, le rhinoceros, le croco- dile , le z6bre , le cameldion , I'liippopolame , la gi- rafe, etc. La ville est une reunion de hulles construilos en fenillcs dc cocolier ; les rues sont des sentiers au milieu du mais; neanmoins son aspect a quelque chose d'a- greste qui rehute moins I'oeil dc I'Europc^en que la sa- let6 etTirregulariledes ruesde Zanzibar. La maison du roi est seule conslruite en picrrc. Cost un edifice a un sculelage,fortvastc, etelevcd'environ trenlo-cinqpicds. II est compose de deux corps de logis s^pares par une cour. Les appartcments sont assez grands, mais mal meublcs ct i'ort sales. Quiloa a i'i6 altaqu(5, il n'y a pas long-temps, jiar les Saklaves, peuple brigand qui ha- bile au nord de Madagascar, et qui dcsolc tous les points de cclte cote el etend ses ravages jusque sur le pays des Makouas ou sont les possessions porlugaiscs. Ces pirates ont 6le accueillis vigourcusement et forccis a se rembarquer avec pcrle. lis ont forme Tannce der- niere une expedition sur Munlia , donl ils avaient rcussi a emmcner les habilanis esclaves; mais Icurs pirogues onl etc allcinles a Quivinja par une flotlille arabe qui les a'forces a relachcr ](>uis caplil's. Le royaume dc Quiloa est a la fois heredilairc et eleclif. La couronne nc pcul sortir de la famille re- ( 83 ) gnante; mais tons les parents du dt^fiint au memo de- gre y ont egalemcnt droit , et le choix doit etrc lait entre eux par les deputes des diverses tribus de la cote. Lors de noire arrives a Quiloa, le dernier X'oi venait de mourir, et son succosseur n'elait pas encore elu. Deuxfreres du defunt aspiraienl a leremplacer, et cette rivalite paraissait n'exciter entre eux aucune mesintel- ligence. L'aine de ces princes, nomme Soleiman , est d'un caractere vif et entreprenant; son animosite con- tre les Arabes est extreme, mais il sail la dissimuler. Eten effet, les usurpations successives des Arabes n'ont laisse a ce prince que Tombre de son ancienne puissance. Ces etrangers , maitres de Zanzibar dcpuis plus d'un siecle, ont etendu pea a peu leur domina- tion sur tous les points do la cote , et ont fini par s'eta. blir a Quiloa meme il y a quinze ou vingt ans, M. Sausse commandait un navire mouille sur la rade de celte ville lorsqueiesArabcs vinrenl. en fairel'attaque sous la con- duile de Masoudi. Le combat fut vif et acliarne ; le neveu du roi, Manfalme hasan , s'y distinguapar sa valeur ; un vieux serviteur de ce prince, nomme Moindani,m'a mon- tre les blessures qu'il recut a cette occasion. M. Saussc donna asile sur son bord aux princes vaincus, et fut le mediateur de la paix. On laissa au roi le tilro de sullan et le cinquieme des droits de douane. Dcpuis ce temps les Arabes sont demeures maitres de lilc et y ont construit une citadellc qui, bien que depourvuc do tons moyens offcnsifs, suITit pour intimider et conlenir les habitants. 11 y a quelques annees que Timan avait donn6 ce pays en apanage a son onclc Sidi-Ali; ce prince, qui y faisait sa residence, vient d'y" mourir presque en nieme iensps (jue le roi. Les Arabes de Mascale sont done maiiitenant par le G. ( 84 ) fait les verilablos souverainsde celle conlree. Ce pciipid polilique qui, depuis un sieclc, poursuit avec une perse- V(^ranceremarquable ses obscures usurpations sufcoUe coleinconnue, vientd'y meltrc le sceauparla conquele do Palte. Le roi de celte ile , delroui' par son pcuplc, avail implor^ leur socours; ils I'ont en diet replace sur ie trone , mars en le rendant Iribulalre; et deja une I'orloresse elevee sur le rivage dc ses Etats assure son obeissanee ct celle de ses sujets. Ainsi maitres de Monbazo , dc Palte, dc Formosc , de Pemba,de Zanzibar, deMonfia, dc Quivindja,de Djingara , et de Quiloa, leur puissance, cimentee pat" la politique et le commerce, est trop bicn etablie pour que les efforts du roi de Quiloa puissent I'ebranler. Albrand. NoTK sur le voyage de M. le cointe de Bertou , depnis le lac Asphaltite jusqii a la iner Boiige, par le Oaadi-el- Araha. Vous avcz enlendu , Messieurs , dans votre seance du i5 juin, la lecture d'unc Icttre de M. Bertou, datee de Jerusalem Ic 9() avril dc celle annee. L'au- leur de cette letlrc s'ctait dc}a adresse a votre Socicte, au raois de septembre 1857, pour Itii faire part de ses premieres explorations en Orient, et pourannon- cer une prochainc communication de ses illnerai- res que vous devez regrollcr de nc point avoir recue jusqu'a prdscnt, Dans sa premiere leltre , le voya- geur vous priail aussi dr lui donner dcs instructions pour leguider dans ses travauxde geographic. Toujours empresses de vous associer par vos conseils a tousceux ( 85 ) qui les roclament pour los progres de la science aux interels de laquelle vous vous etes specialement d6- youes, vous avez accueillifavorablementceltedemande, et vous nous avez charge de rediger les instructions dont I'envoi a ete fait a M. Berlou. Voyageur nous- meme dans les contrees oil votre correspondanl se proposait de faire des recherches, nous avons acceple la tache que vous avez bien voulu nous confier, dans I'espoir que nos propres etudes sur I'Orient contribue- raient h nous la rendre inoins difficile. Dans lerapide expose des explorations que nous avons indiquees a M. Bertou , nous avons insiste principale- ment sur cclle de la longue vallee qui s'etend depuis la nier Morte jusqu'au golfe Llanitique. Vous savez , Messieurs, qu'une importantc question de geographie physique et d'histolre se rattache a I'etude de cette vallee. Nousl'avons presentee comme telle a I'altention de notre corrcspondant, et nous n'avons neglige aucune des indications qui devaient lui montrer la meilleure marche a suivre pour recueillir les elements necessaires a la discussion. Noire voyageur a suivi la route que nous lui avons tracee, et les documents renfermes dans sa lettre sont une preuve du soin qu'il a mis a ne pas s'en eloigner. Avant d'analyserles recherches de M. Bertou, il nous semble utile d'etablir d'abord r(^tat de la question, et de rappeler comment nos propres travaux nous ont paru devoir la modifier. De tout temps la partie de I'Arable-P^tree , comprise enlre la mcr Morte et le golfe tlanitique , parait avoir ete assez mal connue. On peut attribuer I'obscurite dans laquelle est rest^e la geographie de ce pays, aulant a sa position qua la nature de ses habitants. La plupart ( 8G) des lieux mcntlonnds dans la Bible ol dans les auleurs des i^poqoes grecque et romaine, sont dcmeuri^s in- connus jusqu'aujourd'hui, ell'on n'a que dos notions peu elenducs surl'etat physique de la conlreo. En 1 8oG, Scclzen contourna I'cxtreraite mciridionale du lac As- phallite; mais la mort I'ayanl frapp^ avant son relour en Europe , on ne connait de ce voyage que la Jellrc adressee par lui a M. de Zach , et Ton y Irouve peu do renseignemenls pour la question qui nous occupe. En iSi2,Burckhardt, apres avoir suivi les traces de Seetzen dans le Haoran et a Test de la mer Morte , continua sa route vers le sud , etparvint ainsi jusqu'a Pelra, dont il fit le premier connaltr/3 remplucemcnt et les ruines. Une decouvcrte non moins importante de ce voyage fut cellc d'une longue v.dlee s'elendant depuis le lac Aspliallite jusqu'au goll'e Elaniliquo. Ce trait impor- tant du relief de la contree tl>tait completeracnt ignore, et atlira bienlot I'attention des savants. On dut elre frapp*^ de I'existence de ce prolongement de la vallee du Jourdain au-delade la merSalee, eten meme temps de son embouchure dans le golfe d'Elana. Cette struc- ture remarquablc conduisait naturellement a regarder celto vallee comme ayant du seivir, a une cerlaine epoque, a conduire les eaux du Jourdain h la mer Rouge. Cette opinion avait a la fois un caracterc de prohahilite ct do seduction auquel il etait dilTicilo d'e- chnpper. MM. Carl lliller ct Leake I'urent les premiers a Tadopler et a la publior. La decouvcrte des belles ruines de Petra attira bienlot des voyageurs sur les pas de Burckhardt, et tons semblent avoir adopte et confirme I'opinion do I'ancien ecouloraent du Jour- dain j)ar la vallee d'el-Araba. En >8'2S, M. Loon de Labordc ossava vaiucmenl d'arrivcr a ces ruines en ( s- ) suivant lo chemin de ses devancieis ; il y renon(;a et se rendil en Egypte. Ce contre-temps lut une chose houreuse pour la geographic. M. de Lahorde s'associaa M. Linant , et parvint k I'ancienne capilale des Naba- l^ens par une nouvelle route. Ce voyage nous fit con- naitre , par des releves topographiques fails avec un grand soin, loute la vallee d'tjl-Araba, depuis le cha- teau d'Akaba jusqu'h la hauteur de Ouadi-Mouga. Cette exploration inleressante a donn^ lieu a une des plus belles publications pittoresques que nous posse- dions sur I'Orient; et, quant a- la question qui nous occupe, t-'llc semblait avoir demonlre I'cxactitude de I'opinion de MM, Carl Ritter et Leake. M. Lc^on de Laborde I'a deduite en effet et de considerations lo- cales et des livros de Moise. Le texte bibliquc 6tait invoqu6, car non seulement on avait adniis I'ancien ecoulement du Jourdain dans la mer Rouge , mais on en avait encore cherch6 la cause dans r^v^ncmcnt qui a detruit les villes de la Pentapole. On altri- bua h ce phc^nomene, decrit par I'auteur de la Ge- n^se, I'intcrruplion du cours du Jourdain et la for- mation de la mer Morte. Volla quel «^tait I'etat de la question en i833, lorsque je me proposal de I'^tu- dier sur les lieux. Pour lever toute esp^ce de doute , il fallait completer I'exploration dela vallee dans sa partie septentriojiale , et visiter tout le pays inconnu qui s'e- tend a I'oucst ; car sans cela , quelque probable que fut I'opinion generalement adoptee, il etait encore permis de la regarder comme une hypothese. Nous avons fait tons nos efforts pour remplir ces lacuncs ; mais des circonstancesdcfavorables ne nousont permis d'accomplir qu'une parlie do la tache. II nous a et6 impossible de penetrer dans Ouadi-(^l-Ghor ; des tribus hostiles nous en ont d^fendu I'enlree, et nous avons du nous homer a oxplorcr lo ticsci I. (jiii scli'iicl dii cole do I'ouesl depuis Hebron jusqu'a Kalaat el-Akiiba. Nous avons fait connaltrc dans one lellro inseree au Joiinuil (Ics Sai'ants , au mois de Janvier i85G , comment noire exploration nous avail conduit \x doulerdc I'exactitude dc i'opinion gen6ralement admise sur I'ancien 6cou- lement du Jourdain dans la nicr Rouge. Des noire entree dans le desert, les renseignemcnts dcsArabes nous a vaicnl appri' I'existencc de divers cours d'cause rcndantdans Ouadi-el~Ghor ct s'ecoulantdans le lac Asphallile; nospropres observations ne tarderenl pasanousdemontrerlexacliludedecesrenseignemenls, par lad^couvcrtedeplusieurs ouadisdont les directions tendaient evidemment vers lenord, etqui, scion les Be- douins, aboutissaienten cffct a Ouadi el-Ghor, dontils nous parlaientcommed'une grande valine situ6e a I'ex- Ir^mile de la nicr Mortc, ct recevant dans la saison des pluies les eaux de nombreux affluents qui s'ecoulenl dans le lac. Ces ouadis se rencontrerent sur notre route jusqu'a une journee de niarche d'Akaba , prolongeant ainsi jusqu'a celle distance le bassin du lac Asphallile. Les notions des b'djilants se veriiiaient ainsi a nos \cux par I'aspect topograpliique du pays; nous etions oblige de reconnaitre, conlre notre attcntc, I'exis- tence d'un bassin fori elendu appartenant en propre a la mer Morle, ct donl I'origine nous paraissail rcnion- ter a Tepoquc ante-hislorique ou la contrdc recut les formes qui la [caracl^risent aujourd'liui. Ccs obser- vations etaient d'ailleurs conformes a coUes de Seclzen et dc Burckhardl, qui avt(ient remarque, a Test de ()uadi-el-Chor. une foule de vallons dont les cours so diiigeaient aussi vers la mer Morle. Des cc moment il nous parut impossil)le de croire plus long-temps, avec ( 89 Ics geugraphes, a rancien ecoulemcnl du Jourdain dans le golfe d'Elana. Aussilot noire reloiir a Paris, nous limes j)art de nos doutes a plusieurs savanls; mais nous devons dire qu'ils nc I'urenl gucre parlages.Il elait, en effet, diflicile de laire rononcer a des idees rocucs de toulle monde,et qui d'ailleurs avaient un grand carac- lere de probabilite joinle a unecertaine seduction. Co- pendant, pen de temps apres, M. Lelronne ]iul)]ia celle iiouvelle opinion dans le Journal des savants, a propos de I'ouvrage de MM. Leon de Laborde et Linant. Notre leltre parut ensuite dans le memo journal, et comme line annexe a i'ingenleuse discussion du c^Jebre philo- logue. L'examen de la carte des deux voyageurs four- nit a M. Lelronne les elements de sa discussion, C'est aussi par les directions des cours d'eau tendant vers le nord que le savant academicien conclut I'existence d'nn bassin particulier a la mer Morle, et de la I'impossibi -. lite de I'ancien ecoulement du Jourdain dans le golfe Elanitique. Depuis lorsil y eut deux opinions contraires en presence; mais ni I'une ni I'autre n'etait exempte d'incertilude : il restait encore a obtenirun ^lementin- dispensable a]adiscussion,c'elaitla conn aissancede tout leGlioretdela partieinexploree de la vallee d'el-Araba. Nous avons signale k M. Bertou I'imporlance de cette la- cune, enluirecommandanlde suivrela vallee danstoute son etendue, et dene jamais s'enecarler, afindenerien laisser echapper dans cette exploration , qui devait etre decisive pour la solution du probleme. II elait en effet indispensable d'^viter dans ce voyage toule excursion accessoire dont le but aurait ^16 etranger a la question de I'ancien cours du Jourdain. C'est d'apres un plan dresse en vue de cet objet que nous avons engage M. Ber- lou a faire ces rcchcrches. 11 est done parti d'llebron ( 9" ) pour sc rendre a rexlromilL" meridionalc do la mer IMorle, qui devait ctrc lo verilaUle point do depart do son excursion. Dans ce trajel ii a ciu vctrouver I'em- placemenl de Zoara, donl I'ancien nom s'cst conserve cliez les Arabcs. Seetzen el Burckliardt n'avaienl point cntendu parlor de celte position, el ils en croyaienlla denomination inconnue. D'Anville la placait au bout du lac Aspbaltilo, du cole de Test; M. Bertou pense I'avoir irouvee dans les monlagnes a Touest du lac, a quelques milles au nord de son extreiuite. Get enii)la- ccment nous parait convcnable, car la pUiparl des textes de I'anlit^uilii scmblenl en eft'ct I'indiqucr pkitot a I'oueslqu'a Test de la mer Morto. Notre voyageur des- cend cnsuite dans la plaine elreconnail los monlagnes de sol. donl Seetzen avail deja fixe I'eniplacement, et dont Foulcher de Cbartres nous fait une description dans sonrecitderexpeditlondeBaudouin I'ou Arabic; elles correspondent sans aucundoute numons Sniis des Remains. A peine arrive dansOuadi-el-Glior, M. Bertou aperroit vers le sud une ligne de collincs reunissant la chaine de Test a celle de I'ouest, et qui, selon son ex- pression , ressenible a un mur qui forme le Gbor. Ce trail remarquable dans la structure topogra|)biquo de la vallee avail eto indique a Burckbardl; les Arabes lui avaient dil qu'a une cerlaino distance du lac, la valine ^tail inlorrompue par un pays de rocherset de ouadis. Celte esp6ce de barrage avail 6ld egalement reconnue par MM. Mangles et Irby en 18,18; mais leur ouvrage, dislribuo seulement a des amis, est fort rare, et celte circonstance si curieuse de leur exploration otail de- meuree comme ignor^e. Je dois moi-meme celte connaissance u la bonle de noire savant confrere M. Eyri6s, qui a bion voulu me preler la relation de ces vovageurs. Celle sorte do digue nous cxpli- ■( 9' ; que aussi poarquoi Seetzcn n'a pas parle de la valloe dont Burckhardt a fait plus tard la decouveite. Le vo\ a- geur allemand, en conlouinant le Lord meridional du iac, n'a du voir vers le sud qu'un bassin ferme, el son silence sur rexislence d'une vallee dans le prolongc- ment de ccUe du Jourdain est parlailement juslili6. jN'ous ne comprenions pas en effet qu'un trait de celle importance eut echappe a un obsevvateur tel (]ue Seetzen; c'elait meme pour nous un argument n6- gi.tit" a opposer a I'opinion draise par M. Carl Ritter. Apr^s avoir marclie durant trois lieures le long des montagnes de I'ouest, d'ou s'ecoulenl un grand nom- brede torrents qui se rendent dans la merMorte, noire voyageur arrive a ces collines transversales, au milieu desquelles il rencontre un canal de 260 a 000 metres del argeur, encaiss6 par des escarpements calcaires de 5o a 60 metres d'elevation. Cette coupure a I'apparence du Jit d'un grand fleuve, dont la pente est visiblement vers le Jourdain. Onl'appelleOuadi-el-Araba a son en- tree dans le Ghor. Les Arabes avaienl encore fait con- naiti'e ce changement de nom au voyageur de Lau- sanne; il parait done que la denomination d'el-Ghor s'applique seulement a la grande plaine comprise de- puis I'extremit^ du lac jusqu'a la limite naturelle des collines qui barrent la vallee vers le sud. Cette plaine basse et fei-mee n'a point ecliapp6 a I'espiit observa- teur des Bedouins, et ils auront voulu la designer par un nom particulier. En s'arretant ici et en r^unissant les observations de Seetzen etdeBurckbardt, cellesdeMM. Mangles etirby, Jes notres et celles de M.Bertou, on voit qu'elles s'ac- cordent toutes a nous montrer a rcxtremile meridio- nale de la mer Morte, non pas une vallee ouverlc par ou le Jourdain aurait pu autrefois prendre librement ( 9'^ ) ' son coins, mais une plaiiie bassn ef fcrmee, dans la- qiicllo (lohoochenl une Ibuledevallons tcndanl lous vers le lac Asphallile, et dont le principal (Ouadi-cl-Araba) \ionl pi ocisi-nienl en sens conliaire du Jonrdain. (les seules considerations seraicnl deja concluanles; mais pour profiler do lous les elements favorablcs a noire opinion, coulinuons encore, avec M. Bertou, I'explo- ration de Ouadi-elAraba. A mesure que Ton s'avance vers lesud, la vallee selargit, ct le lit des eaux n'occupc plus toule sa largeur ; il se r6duil a une sorle de canal creus6 dans le sol, el dont la penle demeure toujours visiblement dirigee vers le nord. C'esl a so b. ;^,V de la mer Morle que noire voyageur arrive a I'origine de celte pente; c'est a celte distance que s'op^re le partage des eaux pour sc rendre d'un cole dans le lac Aspballile, et de I'aulrc dans le golfe d'Elana. Les Arabes ont appcle cet endroll Es-Sa/e,ou IcToit, Serait-ce pour designer I'exislencede deux versanls opposes? Dans ce cas, celle de^nominalion serail lorl remarquable, parce qu'elle serail un indice de la connaissance de ce point de par- tage cbez les Arabes, et qu'elle en conslaterait par elle- memerexislence. D'aprisM. Bertou, la vallee prendrait ici unau Ire nom,celuideOuadi-Akaba. Celte designation n'a etc donnee ni aBurckbardt,ni a M. L. de Laborde ; si cependanl elle est exacte, comme je serais porle a le croire, d'apres les deux noms de Araba-Bogaze et de Ouatli-Akaba, souslesqucls on me parlait indislincte- menl de la vallee a I'extremile du golfe Elanitique, ce cbangementde nom seraitencore I'indication d'une dif- ference etablie paries Arabes entreles dexix ouadis. II n'est pas indifferent de faire remarquer ces circonslan- ces, emprunlees aux id^es des babilanls du pays; elles constatent leurs propres observations, et prfilent Icur appui aux consequences auxquellcs nous voulons arri- ( \)^ ) ver. Apres avoir reconnu rexislonce evidenlo d'un point de parhige dans la vallee, M. Bertoii a du rononccr a I'opinion qu'il adoptait comme tons lesgeographes, et qui, dans sa premiere leltre a la Societe, lui avail fait rejcterune depression de la mer Morle, annonceepar MMi Moore et Beke , par cela seul qu'elle etait contraire a I'ecoulement du Jourdain dans le golfe d'Asiongaber. Laconnaissance decetle opinion deM. Bertou nousavait meme engage a I'avertirde ne passe laisser aller,dans le cours de son exploration, a des idees preconcues ou a des preventions qui pourraient nuire a I'exacli- lude de ses recherches. Aujourd'hui cette premiere op- position de notre voyageur ajoute en quelque sorle du prix a la nouvelle opinion que I'etude du pajs lui a fait adopter comme malgre Uii. 11 est faclieux que M. Ber- tou se soil borne a I'cxploration unique du cours de la vallee, et qu'il n'ait pas releve les directions des divers ouadis qui s'y rendenl; il aurait recueilli de cette ma- ni^re de nouveaux arguments qui auraient confirme sans doute les observations de Burckhardt sur Ic cours des affluents orientaux de la vallee, etcellcs quo nous avonsfaitessurles ouadis venantdu cotedel'ouest. L'en- semble des fails eiit el6 plus salisfaisant; mais en defi- nitive le point important est constate. II est bien demon- Ire mainlenant que Ouadi-el-Araba est un grand aflluent du lac aspbaltile, qu'il coule en sens oppose du Jourdain, et qu'a son origine dans la vallee il cxiste bien 6videm- ment un point de parlage au-dela duquel les pentes vont en sens contraire el se dirigenl vers la mer Rouge. II n'y a plus que i5 h. 55' pour se rendrc de eel en- droil au cbuleau d'Akaba. Le falle, appele Es-Sale, di- vise done la longueur de la vallee on deux parlies inega- les; la premiere du cote du nord etant une fois et de- mie plus grande que la seconde verslesud. Celte obser- \ 1)4 ) valion s'accorde encore avec les nolrcs, car nous avons trouve la separation clcs bassins plus proche d'AknIja qiiedu lac aspliallilc. Ccllc simple analyse duvovagcde M. Bcrlou, et les consequences que nous en avons li- rees avec lui, sont done unc conlirmalion puissante du resullal de noire exploration anlerieure; ellos nouspa- raisscnl prouver d'une manierc salislaisanle ce que nous avions du nous borner a px-esenler conimc uno probabilile. Si nous avons neglige d'cmploycr jusqu'a prcscni dans cet expose les mesures du degre d'ebuUilioii de I'eau prises par M. Berlou toulle longde la vallec dune mer a I'aulre, afin d'oblenir un nivellemont do ce ouadi , cclait d'abord pour montrcr que les conside- rations topograpbiques pouvaient sc passer, danscelte question, d'aucun autre sccours, cton second lieu pour nc pas meler a dcs observations inconlcslables des me- sures fort inccrtaines de leur nature. La discussion des bauteurs detcrminees par revaluation du degre d'eljul- lition de I'eau vous prouvcra d'ailleurs , Messieurs, qu'ici ellcs sont completement inadniissibles. M. Bertou a commence par se servir d'un barometro dans plusieurs stations anterieures a son arrivee dans le Gbor. Cet instrument fournit ordinaircment d'assez bnns resultats; cependant ceux de noire voyageur pa- raissent entacbcs de quclque cause d'crreur, elde plus, les bauteurs qu'il a calculecs ne s'accoi'dent pas avec cellos que nous a donnees le calcul fail d'apres les ta- bles d'Ollmanns. Uno lecture barometiique failc a I'ex- tremite seplenlrionale de la merMorlo a donne7()7"'"',52, correspondante a une depression de 4o6" environ au- dessous du niveau do la M(!;diterranee, oii nous avons suppose le barometre a 760'"'". In pareil abaissement dcs eaux du lac Aspludtile nc nous parait nuHomont ( 95 ) admissible; il est conlrairc a tout ce que nous con- naissons iusqu'anjourcriuii. La nier Ciispicniio a bieu iin niveau inferieur a celul du Pont-Euxin; mais celtc differoncc, d'apres une mesure exacts oblenue I'tJccin- ment par une commission scientifique dc Russio , est seulement de ioi,y pieds russes ou 94>9 piods franrais , depression deja considerable , mais blen moindre cependant que ceile de la mer Morle indi- qu^e ci-dessus. D'apres notre voyageur, Jericho se- rait egalement fort au-dessous de la Mediterranee; la lecture barometrique est de 785™", oi, et corres[iond a une depression de ajo'". II existcrait done une ditTe- rence de i55" entrc le niveau du lac ct celui de Jeri- cho, ce qu'on ne peut guerc admcttre d'apres I'ins- pection topograpbique des lieux, reiiiplacement de Jericho paraissant devoir etre peu eleve au-dessus de la mer Morte. Ce resultat seul sufTirait pour inspi- rer des doutes surl'exactilude deces observations. D'a- pres qualre mesures baromelriques prises au couvent de Jerusalem, on a une moyenne de 698""°, 2. Lc cal- cul donne pour I'elevation de ce lieu au-dessus do la Mediterranee 720™ ou 2061 pieds anglais. Ce re- sultat parait un peu faible si on le compare a celui de 2,600 pieds anglais donne en 1807 par MM. Moore et Beke (i). Apres avoir quitle Jerusalem, notre voya- geur ne se sert plus de barometre, il determine le degre d'ebullition de I'eau ; mais raalheureuscment il ne fait connaitre aucune des conditions de I'experiencc. Nous avons convcrli ces mesures thermometriques en liau- teurs du^barometre en nous servant des tables de Dal- ton , et nous avons ensuite calcule les altitudes par la methode ordinaire. On trouve pour la hauteur d'lle- (i) Journal cli' hi Suciele de gciigrt:pliie dc Londies. vol. VI I, (i. 4 56. ( OG ) i)ron 1227'". Ce resullat, compare a ctliii dc Jerusa- lem, no (levrait pas donner une grando dinV'rence, car lesdeux \illes sonlsiluees sur le memo plaloaudcs mon- lagnes de Judee, dont les ondulalioiis no sonl pas Ires considerables, el cependantla dillercncecst ici deooy"'. Celle discordance est tr6s ccrlainemenl inexr.cle. Si la haiileur de Jerusalem, determinee.par MM. Moore et IJeke , est admise comme voisine de la verite, il faul conclure que la mesure baromelrique de M. Bertou est trop faible a Jerusalem, et que la mesure thermome- Irique prise a Hebron est au conlraire beaucoup trop forte. Ces observations ne sont done pas comparables; c'est du reste ce que demonlrc encore mieux I'expe- rience llicrmometriquei'aite a Megaral-Esdoum, dans le voisinage de I'exlremile mtiridionale de la mer ^lorle, ou notre voyageur a trouve loO" pour le degre d'ebul- lition de I'eau. Celle observation placerait la surface du lac Asj)haltilc a Ires peu pr(^s au niveau de la Mediler- ranee , cc qui est tout-a-fait conlraire a la determina- tion baromelrique obtenuc a I'aulre extrcmile du lac et d'apres laquelle la depression serait de 4oG'"' Celte dilu^rence demonlrc completement rimpossibilile d'e- lablir ici aucun rapprochement entre les hauteurs obtenues par le barom^tre et celles que fournisscnt les mesures tbermomelriques. Nous ne ferons plus mention que des altitudes de (]ru\ jioinls impor- lants, celle du faite reconnu dans la vallee , qui se- rait de 722™, et enfin celle du chateau d'Akaba sur le rivage du golfe Elanitique , qui serait de 210"". Dans celte derniere station, nous avons henreusement un point de comparaison, c'est le niveau de la mer Rouge determine par les ingenieurs de IVxpedition francaise en Egyple. iNous savons en effet que par un nivellement r^gulier la liauleurde la mer a Sout>s a ete I ( 97 ) Irouvee de 3o pieds 6 pouces au-dessus de la Mediler- ranee, et comme il est permis de supposer que la mer Rouge estau meme niveau a Soues et a Akaba, on peut en conclure que la mesure de M. Bertou est trop fort^ d'environ aoo". Cette erreur est trop considerable pour en chercher la cause ailleurs que dans une mauvaise methode d 'observation. Cependant il nous est impos- sible de rien pr^ciser k ce sujet, M. Bertou ne nous ayant pas appris comment il faisait ses experiences. Nous ignorons quelle pouvait Hre la precision des lec- tures, eu egard a la grandeur des degres de r^chelle du therniometre; nous ne savons pas si M. Bertou s'est soumis a une foule de pr(^cautions n^cessaires dans ces sortfs d'observations. Quelle eau eniployait-il? dans quel vase la faisait-il bouillir? comment le degr6 d'e- bullition etait-il estim6? tout cola nous est inconnu. II est done impossible d'apprecier ici le degre d'exacti- tude de ces observations si delicates, et dont les resul- tats peuvent etre si dilTerenls suivant les conditions ou Ton opere. Toutefois, en supposant la cause d'erreur constants dans toutes les mesures Ihermometriques de notre voy a- geur, on pourrait se servir du point do comparaison oflert par le niveau connu dc la mevPiouge pour corri- ger d'une maniere approximative les hauteurs corres- pondantes a ces mesures. II faudrait pour cela retran- cher de cbacune de ces hauteurs la difference dc 200'" qui existe entre le r^sultat des ingenieursfrancais et ce- lui de M. Bertou au niveau de la mer Rouge. On aurait ainsi pour Megarat-Esdoum , dans le voisinage de I'ex- Iremite merldionale de lamerMorte, une depression dc 200" , et pour le point de partage une hauteur de 52 2'". Ces resultats sont sans doute beaucoup plus X, AOUT. 3. 7 ( 98 ) pr6s de la verite que los premiers, sans meriler nean- moins une enlicre confiance. Remarqunns que Ton oblieul encore, merue apres celte correction , une forte dt^pression pour le lac Asphaltilc. La mesure de MM. Moore et Bcke, iDde])endante du travail que nous examinons ici, lui donne une valeur encore plus con- siderable. Ces voyageurs ont mesur6 le degre d'ebul- lition de I'eau au bord de lamer Morte, et, dapres ce que nous apprend M. Bertou, ils I'ont trouve de 2 16°, 5 du thcrmometre Farenheit. La reduction donne en de- gres du thermometre centigrade 102°, 5, et a I'ecbelle du barom^tre SiS^^jOS. En calculant celte mesure, on obtient pour la surface du lac Asphaltitc une di^prcs- sion de 6o7"',8. r^sultat sup^i-ieur de 200" environ a celui de M. Bertou , et a plus forte raison beaucoup moins admissible. N^anmoins, cet accord, pour une hauleur negative considerable , entre Irois observa- tions independantes les unes des autres, et obtenucs par trois instruments diflt^rents, doit des aujourd'luii faire regardcr celte depression, sinon comme bien de- terminee dans sa valour, au moins comme extreme- men t probable quant a son existence. Nous avons vu plus baut qu'une depression de 200" pouvait bion ne pas elrc fort loin de la virile; celte circonstance sulTi- rail a elle seule pour demontrer sans replique I'impos- sibilile de I'ancien ecoulement du Jourdain dans la mer Rouge; elle est done fort iraportante a remarquer. II est indispensable , pour celte solution particuliere du probleme, qu'une nouvclle mesure prise avec ious les soins qu'exige la science vienne confirmer cetle de- pression de la mer Morte; nous serions hcureux que cclle discussion engageat quelque voyageur a fairo cette iutercssante determination. D'apres les considi'ralions precedentes, on peul done i 99 ) . le&oiulre la question ilo deux manieres, et par-Ies fails resullaiil de I'exploralion lopogra]>liiquo , et par la de- pression exlremement probable du lac Asphaltitc ; on peut encore oblenir une solution au moyen de nou- velles dtJ-ductions tiroes des rapports exislant entre les mesures thermometriques de M. Bertou. Ces obser- vations sont au nombre de sept, dont les extremes ont ete faites au:: deux mers , et la moyenne au point culminant. En suivant I'ordre des observations et en allant de la mer Morte au point de partage, on re- marque une progression indiquant un accroissement de hauteur d'un terme a I'autre, et en continuant en- suite jusqu'au golfe Elanitique, on trouve au contraire une diminution progressive en passant d'une hauteur a la suivante. Sans admettre aucune des altitudes ab- solues, et en ne tenant compte que des diflerences suc- cessives , ces deux progressions d^montrent evidem- ment I'existence d'un point culminant, et son ele- vation dc plusieurs ccntaines de metres au-dessus de la Mediterranee. Nous avons vu qu'elle pouvait etre de 022". Cette valeur serait encore plus considerable par rapport au niveau du lac Asphallite, dont la de- pression ne paraitpas devoir etre fort eloignee dc 200"". Ces nouvelles deductions conduisont done egalement a rejeter I'ancien ecoulement du Jourdain dans la mer Rouge, et serventainsi de confirmation a la meme con- sequence obtenue deja de deux manieres differentes. Aprcs cette discussion, d'ou resulte clairement, ot par des considerations diverses, I'impossibilite de I'an- cien ecoulement des eaux du Jourdain dans le golfe Elaniliquo, on ne peut s'empecher d'admeltre pour la mer Morte I'existence d'un bassin particulier ant^rieur aux epoques historiques, et independant du pheno- 5 . ( lOO ) m^nc a.uqiiel on atlribue la dcslruclion des viHes de la Penlapole. Ce bassin se prolonge Irop loin du c6l6 du sud pour supposer que sa formalion soil due a I'^vd- ncmenl par loquel Sodome el Gomori'he furont anean- tics; Ics recils de la (jcnese nc nous paraissenl aulori- ser en aucune maniero cetle supposition. Cet «venc- ment, dont Moise nous a transniis les principaies circonstances, n'a pu inlluor ni sur les directions des valines lalerales de Ouadi-el-Giior, ni sur la formation du point de partage enlre les deux mers, ni enfin sur les traits de relief de tout le pays dont les eaux s'e- coulent par le sud , vers la mer Morte. II serait encore plus diflicile d'adraettre une orlgine moins anciennc, car une revolution caj)able de produii-e une modifica- tion aussi considerable n'aurait ecliappd ni a I'histoire ni aux traditions, el nous ne connaissons rien de sem- blable dans le passe. La geologic prouve d'ailleurs que les revolutions de eel ordre sent bien anterieures a toute ^poque historique. Voila, messieurs, comment les travaux de M. Bertou, auxquels la Society de geographic s'etait associee par ses conseils, ont fourni des documents qui avaiciit manque jusqu'alors a la discussion dont nous venons de vous entrclenir. Ces travaux ont rendu un veritable service a la science en servant a resoudre une question d'un haul inleret ; ils sont dignes a ce titre de vos eloges comme de vos encouragements. C. Calher. Lettre ^p M. Pallecoix, inissionnaire francais, IJro-i'icairc. dc Si am. Bangkok , le i,r novembre iSS;. MONSJEIR, Les embarras de deux eglises en construction, ot le mauvais (itat dema sante ont inlerrompu pendant plus ( .o' ) de deux ar>s lues relalions avec voire honorable Sociele. Aujourd'hui j'ai I'honneur de vous transmeltre par la voie du seminaire des missions elrangeres des docu- ments sur plusieurs villas du royaume de Siam. Monseigneur Havard , eveque , vicaire apostolique au Tonquin, me prie de vous faire part des observa- vions suivantes : Les cartes de geographic que j'ai enlre les mains (dit monseigneur Havard), fourmillent de faules. « Les unes vous mettent tout le Laos et le Gamboge dans ce qu'ils appellent empire d'Annam, expression d'abord I'ort inexacte , car suivantla langue du pays, il fau.drait dire empire Annam, ou mieux Annamite tout simplement, comme on dit empire Birman , et non de Birman. »En second lieu, Annam ou royaume uni tunquino- cochinchinois , n'est point un empire, mais seulement un royaume vassal du grand empire, c'est-a-dire de la Chine. Le Gamboge et le Laos sont bien sous I'in- lluence , tantot de Siam, tantot d'Annam, mais ne sont incorpores a aucun de ces Ltats. Aucun de ceux- ci ne les gouverne par des mandarins , prtTets ou roi- leletsnomm^s par lui. Souvent laCochinchine et Siam se sont disputes a qui y exercerait le plus d'influence, mais la question n'a jamais ele decidee. En tout cas, il faudraitles marqucr s^parement sur les cartes avec leurs denominations particulieres, sauf aux sou- verains voisinsa s'endisputer la possession selon qu'ils I'entendraient; car on doit faire des cartes independan- les des evencnients journaliers et hypolheliques. J'en excepte toutefoisla partie de I'ancien Gamboge qui s'6- tend de rextremit(iuTeridionale jusque vers le i2* dcgre de latitude N., qui apparlient delinitivement a Annam. » En troisieme lieu , on place au N. du Laos un pays qu'on appellc Laclho , cc qui est unc faulc impardon- ( ro2 ) nable, puisque ce Lactlio que j'ai visile Tun dernier est un petit pays suuvage qui iie figure que pour Ires peu de chose dans la division de Tonquin , ct qui est fort 6loigne du prelcndu Lactlio des carles. C'est un simple baillage qui repondrail assez bien a un canlon de France. En quatri^me lieu , dans differenles carles, et meme assez niodernes , j'ai vu aussi com- prcndre Siam el loule la peninsule malaise sous la dedominalion ^'empire birinun : vous sentez combien cetle denomination est faullve. » A propos du Lactlio , j'observerai a la Socl^le que i'ai eu plusieurs conversations avec le prince de Muan- gnhn qui apporlait le tribul au roi de Siam ; je lui ai mfime donne a examiner la carte que la Soci6t6 a ei%, la bonte de m'envoyer, et il m'a assure qu'au nord des divers fitals du Laos, il n'y avail point de pays appcle Laclho , mais un pays asscz vaste donl il m'a nomme les princlpales villes ou pelites principautes qui relevenl des Birmans ; il appelle cetle nation Xat-Lu\ la nation Lu' ; ot il m'a assure aussi qu'ils avaienl des moeurset usages differents des Laociens. Quandce prince reyiendra, je prcndrai de plus grands ronscignements que je vous communiquerai. Sisnei.-^. Pallf.goix , missionnaire frnncais. ^OTicv. geograpkiqiw snr p/iisirurs proi'iiiccs (In rnyaume de Siam. (Copic d'une leltre de M. Pallegoix a M. GoiiIktI , aiic fii proffsseiir, autPiir di- |ilu.siciirs cartes geograpliiques ). Bangkok , le 24 jauvicr i838. Nous mo parlez, monsieur, du besoin quo Ton aurait d'une bonne carte du rovaume de Siam el des ( 1 o3 .) pajs adjacenls; je voudrais avoir plus d'aptiludo au dessin que vous mo demandez do cette carle; mais \oicl dos donnees generales pour en avoir une. Les eleinenls pouvent elre pris dans celle do Bergliaiis , iniprimee a Gollia, en 1 832, sous le litre d'///A/^m//rfe//. On doil la tfouver aisement a Paris. Celle carle est trc^s exacle pour les bords de la roer, mais elle est tros faulive pour I'interieur des terres. II me serait dilTicilo do vous enindiquer toutes les erreurs; jo vais vousfaire connailre les plus grossieres, seulomont par les licux que i'ai parcourus, ou sur lesquels j'ai des I'enscigne- monls certains. 1° A environ 6 lieues au-dessous de Juthia, le fleuve se divise en deux branches, dont Tune lemonte a Juthia , c'est le fleuve propreraentdit; I'autre branche, aussi Ires considerable , se dirige au N.-N.-O., el va se I'eunir au fleuve a environ 6 lieues au-dessusde Juthia. 2" Les marais appelt^s Latchado ne sont point un lac, mais un terrain Ires has qui est inonde la moitie de I'annee , et Talan est une petite ville sur un canal , dont une extremite aboutit a Ang-lzong, et I'autre a la branche indiquee plus haul (n° i) vis-a-vis memo de Juthia. 5° La riviere Rzone-Pasak, qui vient du J\.-0. de Juthia, doit se pi'olonger jusqu'a Pachebon (mieux Pitchaboun), puis jusqu'a La (mieux Mo-Lom). Korat est a une bonne journee de la riviere susdite. 4° Enti-o cetle riviere et la branche du fleuve oil est place Nok- Buri ( ou Louvo) , au-dessous de Nok-Buri meme, com- mence une chaine de montagncs dans la direction du ^.-l^.-E. , et Phrabat doit se trouver au sud de INok- Buri; etde plus le canal ou est situe Nok-Buri, passe cette ville , prend la direction N.-N.-O. et rejoint le fleuve a une ville appelee Paknambang Ponsa , a en- ( .o4 ) vlron 5o lieues au-dessus de Julhia. La position de Mok-Buri n'cst pas jusle ; elle doit ctrc plac^e a environ 20 lieues de Julhia, direction de N.-N,-E. 5° C'est en- viron a 2 lieues de Lackhon-Savan que le fleuve se divise en deux branches, dont I'une remonte k Xieng- Mai, et I'autre a Pitsilok. Coinme je vois que lout est erreur dans cette carte pour ce qui est au-dessus de Juthia, je perds courage et ne vous ferai pas d'autre observation; sculemenl je vais vous indiquer les noms des villes que j'ai parcou- rues a commencer de I'embouchure du fleuve, Indi- quant a peu pr^s leur position juste de I'embouchure a Bangkok, 8 lieues direction N.-N.-O. villes : 1° Baknam , mandai'in. marche, Ijelles fortcresses el bien garnles de canons sur les deux rives du fleuve; au milieu du fleuve , petite ile naissante , ornee d'une superbe pagode. 2» Environ a mi-chemin do Bangkok , Pak-lat, mandarin, belles forteresses bien garnics de canons sur les deuxi'ives du fleuve. La com- mencent d'immenses jardins qui se prolongent a peu prfes de 8 lieues au-dessus Bang-kok, jardins arroses par d'innombrables canaux qui leur donnent une fer- lilile surprenante. Bangkok, ville royale; avant la ruine de Julhia ce n'etait qu'un village. Elle a plus de deuxlicues dc longueur; elleeslcoupee parplusieurs canaux, les unsnaturels, les autres artiliciels. Tout le long de la ville sont rang^es sur deux files des milllers de boutiques floltanles sur des radeaux. La cite est une ile dc forme presque triangulaire, enlour^e d'(^palsses muraillcs crenelees,ctd(^fendues de distance en distance par des tours ou bastions. Avant d'arriverau palais et sur la rive opposec, on remarquc une jolle forleresse batie par les Francais avant la ruine de Julhia. Lc palais ( 100 ) (111 loi n'a rien de bien distingue, si ce nest un grand e.'lifice a qiiatre faces, dont la toiture a quatre etages est surmonlee d'une haute pyramide ou fleche doree qui fait un beau coup d'oeil. C'est la que sont gardes les ossements des rols, qu'on broye, et avec lesquels on fait de petites statues qu'on recouvre d'or. Lespagodes, soit dans la cit6 , soit hors les murs, sont d'une magnificence vraiment royale et d'une richesse inconcevable ; I'or y est employe comme le fer ou le cuivre en France; il y en a une qui est tapissde avec des nattes d'argent, et il s'y Irouve une idole faite d'une seule pi^ce d'emeraude magnifique, qu'un Anglais, qui est ici , estime a loo.ooo piastres (en- viron 5oo,ooo francs). Chacune des pagodes royales ressemble a un superbe palais avec des cours, des jardins, desetangs, de beaux et de nombrcux edifices ou babitent jusqu'a 8 a 900 talapoins (pretres) que le roi nourrit lui-meme et auxquels il donne une paie tousles raois. Le commerce est tres aclif a Bangkok, quoiqu'il n'y vienne pas d'Europ^ens ( il ne vientguere que deux ou Irois navires europeens par annee) ; mais les Maux-es, les Malais, et surtout les Cbinois, viennent en foule s'y dis- puter les productions abondanles du royaume qu'on y accumule pendant le cours decbaque annee. Ony trouvo lous lesobjets de commerce provenantdeSiam, duLaos et du Gamboge , comme fer, plomb, etain, ivoire , riz , Sucre, bois de Campecbe,phincliede Tek, peaux etcor- nes d'animaux, gomme de Gamboge, buile decocos, seJ, gommelaque, poivre, cardamome, etc., etc. Ce qui eloigne les Europeens de Bangkok, c'est que le roi, par esprit de defiance, pour qu'ils ne viennent qu'en petit nomhre, leur fait payer des droits exorbitants, ( 'o6 ) liindis queceux qu'il leve sur les Chinois et autres sont clix fois plus faibles. La population, qu'on ne peut connaSlro au juste, puis- qu'il nese fait pas de denonibrcnient, est oslini6ogcne- ralement a 200,000 amcs, sur quoi environ un tiers de Cliinois,unpcuplusd'un ticrsdeSiainois;leresleMalais, Pegouans, Laociens, Cambogiens Annaniites. Le noni- bre des cliretiens ne s'el^ve pas a 3, 000. Depuis quelques annees la civilisation s'lntroduit rapidementdanscelle villc, el on aurait de la peine a compter toutes les con- structions nouvelles qui se font cbaque annee. Les ha- bitations sont de trois cspeces : les unes en bambous, les autres en planches, et le reste en briqucs. Des cinq eglises chr^tiennes, trois sont en briqucs, et deux autres en bambous, couvertes d'une espcce deroseau, ou plutotde palmier ties has qui abonde aux environs dc Paknam. Le sol de Bani;kok parait etre un terreau form6 en grande partie de detritus de v(ig(^taux, ce qui le rend si fertile ; mais a 5 ou 4 pieds de profondeur on rencontre une argile de couleur Tariee qui, a la pro- fondeur de y brasses environ , se trouve mel6e de concretions ferrugineuses. Le fleuve y a gen^ralement de 4o a 5o pieds de profondeur au milieu de son lit, et les plongeurs m'ont dit que le fond en etait d'une argile dure clglissante. De Bangkok a Julhiailya environ iG lieucsen ligne drolte, mais au molns 20 en suivant Ips detours du fleuve. A environ 2 lieues N. de Bangkok on rencontre un gros hour/:;- appel6 Talat-K^ca , march6 ; une licue plus haul Talat-Khouanne , autre gros bourg avec un marchc, une longue file de boutiques sur des radeaux; une lieue plus haul, le fleuve forme un grand contour que personne ne suit , el on enfile un petit canal d'une ( '07 ) demi-lieue dc long, habit6 sur les deux rivos par une peuplade dePegouans, occiipesiiniquemenlafabriquer de la polerie assez grossiere ; c'est la la ville de Pak- tret, douane. Au dessiis de Pak-lret, les villages se succfedent sur les deux rives presque sans interruption pendant I'espace de 5 a 6 lieues environ. Enfin on arrive a une ville pegouanne de tout au plus 5,ooo ames, appelee Samkok, dont les habitants font des briques. La finis- sent les jardins, el s'ouvre la vue des campagnes im- menses qui n'ont d'autres bornesque I'horizon. Deux lieues plus haut on rencontre une ile longue d'une lieue. La rive droite du fleuve en montant est garniede bambous sauvages qui formcnt une vasle foret, au milieu delaquelleon trouve beaucoupde ruines, ce qui indique que c'etait autrefois une ville ; car la coutume des Siamois est de laisser devenir foret toutes leurs anciennes villes , comme on le remarque surtout a Jutbia el a Louvo. A une lieue au-dessus de I'lle dont j'ai parle , on rencontre un bourg appele Bangsi (village du sable) , car c'est a peu pres la que Ton commence h rencontrer des bancs de sable, douane. La, le fleuve se divise en deux branches et forme une Sle de lo lieues de long; on remonte h droite, et de la h Juthia il n'y a que des villages assez clair-sem^s, ca et la de belles pagodes antiques que les ravages du temps n'ont pas encore pu abatlre; on depasse 4 lies qui se suivent presque, et Ton arrive au village qu'on appelle le Navire verse; et en effet, quand I'eau est basse , on voit encore au milieu du fleuve leboutdel'enormematd'une^owwe chinoise, navire qui s'y trouve englouti depuis plus d'un siecle. Apartir de la, en voyant les pyramides des pagodes ( ,o8 ) noircies par Ic lemps s'^lever dans les nues , des arhres centenaires et majeslueux couvranl de Iciir vastc oui- hragc dc's ruines ^parses sur les deux rives, on a le presscnliment que Ton approche de cello fanieuse cile, autrefois une des plus opulentes de I'Orient. A moins de tracer un plan, il esl impossible de donncr une idee de Julhia ou de ses environs, vu la (juanlile de canaux qui se coupenl el s'enlrecoupent au poinl qu'il est facile de s'y egarer, Mais ce qui ^tail proprement dit la cit6 , est une lie de forme a peu pr6s ronde, allongoe ; il faul Irois bonnes heures pour in fuirc le tour. J'ai parcouru en tous sens les vastcs ruines qui couvrent la surface decetteile ; les plus remanjua- bles sont celles du palais et des pagodes royales, ou sont encore des statues colossalosde 5o a 60 pieds de bant. L'inlerieur est en briquos, I'exterieur est d'airain, epais de plus de deux doigts. Dans une de ces pagodes on Irouve un dieu dormant, d'environ 100 pieds de longueur. Les murailles sont toutcsboulevers^es, el eel immense nionceau de ruines est recouvert do brous- sailles imp^netrables, et oinbrage par d'antiques peu- pliers d'lnde, asile des cliats-buants el des vaulours. Ces ruines recelent des tresors imraenses; c'est une mine inlarissable pour la cupidite des fouilleurs qui abondenl. Lanouvelle villo esl tout aulour de I'ancienne cite. On eslime les habitants a 00,000, Siamois, Cbinois, Laociens et Malais. Autrefois le tleuve y elail profondj des navires de loule nation venaient ancrer sous les murs de la ville ; mais uiaintenanl Ks albnions et les bancs de sable ont envahi meme jusqu'au-dessous de Jutbia, de sorte que, dans les temps de seciieresse, les barques de moyenne grandeur ont bicn de la peine a Irouver un passage a travers le sable. { >09 ) Le sol de Juthia difl'ere beaucoup de celui de Bankok : premiere couche , terre vdgelale , sablonneuse, epaisse de 5 pieds ; deuxieme couche, axgile sablonneuse, 5 a 4 pieds; troisieme couche, argile sablonneuse, meleo decaillouxferrugineux, Epaisse de3 pieds. L'inondalion annuelle rend celte lerre extiemement fertile. C'est ordinairement au commencement de septcmbre que les eaux se repandent dans les campagnes qu'elles cou- vrent jusqu'au commencement de novembre; il y a. annee commune, de 2 a 4 pieds d'eau dans cette plaine immense , qui j^eut elre comparee a celle d'Egypte. Le detriUis dcs plantes et la terre amenee par l'inonda- lion 6levent insensiblement cette plaine. Par I'inspec- tion des ruines enfouies dans la terre, je puis poser comme certain que la plaine s'est elevee de plus de 3 pieds dans I'cspacc de cent ans (i). Au sorlir de Juthia , en remontant la principale branche du Menam , on arrive en deux heures a un village appele Tuk-Farang, c'est-a-dire edifice euro- p6en. II paralt qu'il y avail la autrefois un village chre- . lien, compose en partie d'Europdens; et a un demi- quart de lieue de la un village appele Maha-Phram (grand hrachman). La sont les ruines d'un college fonde par les evOques francais etablis a Juthia. A partir de la, les bords du fleuve commencent a s'elever in- sensiblement cL on commence a trouver ^a et la des bancs de sable oil les barques ont de la peine a passer dans les temps de secheresse. II faut savoir qu'a Siam les saisons sont Ires reglees; on a environ six mois de pluie , dcpuis mai jusqu'a la fin d'octobre; c'est le (i) Pour rectilkr la carte de Siam , voycz ritincraire de Jiilhia a \ai- iiat, iuseie dans le r.ullttiii de la Societe de geograpliie , No „ ^ jnillii ^ 2"^ seiie, tome II , tSS/,. ( !10 ^ temps tie riuimirlito ol tics mousliqiics; les six aulros mois sonl im lomps dt^llcioux, sans pluio , sans orage , ciel fjprein , vent sec el frais , nuits superbes. Sans parlcr ties noinbreux villages qu'on rencontre a gauche et a t^roito, j'arrive a la villc la plus voisine appelee Ang-Thong ( urnc tl'or) (i). EUe n'a guere que 1 ,5oo habitants, mais c'est le siege tl'un gouver- neur assez puissant. Dcpuis Juthia a cctte ville les ri- vages se sont Aleves insensiblement tl'environ" lo pietls de hauteur. Le terrain y est tres sablonneux , et on n'y Irouve d'argile qu'a la profondeur d'une vingtainc de pieds. A un quart de lieue de la, pagode remarquable par une superbe plantation de manguiers bien alignes. On rencontre ensuite plusieurs villages qui cultivent la canne a sucre dont on evapore le sue, qu'on coule en petils gateaux ronds. Une fois arriv^ au village dcs Cail- loux, les rivages 6levds sont couverts tie broussailles, et on ne jouit plus que Ires rarement de la belle vue des campagnes de riz. On romarque aussi, ca et la dans les plaincs, d'antiques palmiers comme jetes au hasard et sans alignement. La , le fleuve est tellement poissonneux, qu'efl'ray(^s par le bruit ties rames, les poissons sautent souvent dans la barque; et, pentlant la nuil, le bruit qu'iis font a la surface des eaux res- semblc assez a cclui d'une grosse averse. De Ang-Thong a Muang-Phratn [ ville des Archan- ges) , la distance est a peu pres d'une journee de che- niin. (^esl une \ille laocienne et siamoise, batie sur les ruines d'une ancienne ville du in6nie nom. J'ai vi- sile CCS ruines qui nc consistent qu'en vieillespagodes, (i) Dans ritiiieraii-e insere au BMlletiii ile l.i Sociele di; geo^rapliie , j'avais ('crit han^ ^ qui sigiiifie queue: c'esl iiiu- encur; il fniil I'crire an^. ( ", ) et unelongue enceinte carrt^e d'un miir qui est (letruit. Ces Laociens amenes en captivite, au nombre d'environ 2,000, obeissent a un goiiveineur siamois qui leui- fait fabriquer de la chaux pour le service du roi. Environ 5 lieues plus haul, lefleuve forme a droite une branche qui court au sud-est, va baigner les murs dc INok Bourl (ou Louvb). Un peu au-dessus de cet em- brancbement est une petite ville appelee Emboucbure des Jujubiers. La se trouve une grandefabrique d'arak; il y a un mandarin cbinois pour gouverneur, et la population toute cbinoise peut monter a 2,000 ames. Environ a 5 a 6 lieues plus baut , Muang-In, ville des princes des anges, laocienne et siamoise, d'une lon- gueur interminable ; mais les habitations sont assez clair-semees. On lvalue le nombre des Laociens h 1 ,000, et celui des Siamois et Cbinois a 2,000. II y a la une douane et un mandarin siamois. lis sont laboureurs, et cultivent aussi le betel et le cotonnier. Les rivages aux environs sont garnis de forets de bambous sauvages. Le terrain change d'aspect, il est mele de grains de mine de fer en quanlitt^, Les pelicans nagent par troupes dans le fleuve, sans presque s'en- fuir a I'aspect du voyageur. A 9 ou 3 lieues au-dessus de Muang-In, est la coUinedes TroisRois, qui termlne la grande plaine de Siam : elle est bien boisee, et c'est dans les forets des environs qu'on fabrique, avec la resine d'un arbre trfes gros et tres baut, les torches dont on se sert ici en guise de chandelles. L'inondation annuelle ne s'etend pas oixlinairement jusqu'a ces terres elevees. II arrive cependant, certalnes annecs , que des pluies extraordinaires occasionnent des inonda- tions passageres , quoique le rivage y soit eleve d'en- viron 5o pieds au-dessus du niveau ordinaire du lleuve. ( ..2 ) Xainat (rivagc majcslucu\); cclte ville est a lo lleuos environ de Muang-In; j'en evalue les habitants tout ati plus a 1 ,5ooSiamois, Chinois ct Laociens; ilsfaljiiqucnl des torches, cultivcnt le tahac , le betel et le riz ; il v a un gouvcrncur de la province. A I'extr^'raite de la ville. grandc pagode royale antique, decoree de figures ct statues fort curieuses. De Xainat on a la vue d'une s^rie de collines don I Tune vient aboutir au fleuve meme, environ a lolieues plus au nord. Si jen juge par cetle derniere , ellos sont couverles d'une espece de bambou fin et delicat qui serl a une foule d'usages. A partir de la , les deux rives du fleuves sont bordt^es de forets , repaire de ioutes sortos d'animauxsauvagos. entre aulresde tigros, elephants, rhinoceros, bufllos sauvages, etc. Les paons y sont tres multiplies, et une foule iniionibrable d'oi- seaux aquatiques peuplent ces rivages deserts. En remontant a pr^s de i5 lieues au-dessus dc Xai- nat, on arrive a Cha-Soung; c'est une \ille chinoise plac^e un peu au-dessus de I'embouchure d'une riviere qui vient du eouchant. 11 y a la une fabrique d'arak et des forges qui sont en grandc activite ; dans les en- virons , il y a des mines d'excellent fer tres abondariles, ct la lonle provenant de ces I'orges, non seuiemenl suffit pour I'usage du royaume, mais encore est un objct considerable d'exportation pour les royaunK^s voisins : habitants chinois el siamois evalu^s a 3,ooo. A 12 ou J 5 lieues plus haut , polite ville appel^e Houa-Den , douane, mandarin siamois; rien de rc- marquablc, si ce n'est que le fleuve, rcsserre par les bancs de sable, coule avec une rapidite effrayante ; bande innombrable depi^licans qni pechentle long des i)ancs de salilo. Lakhon-Savan ( comcdie du ciel ^ , ( '»5 ) petite ville d'environ 2,000 ames , est a una bonne joiirnee de Houa-den; il y a une doiiane et un manda- rin gouverneur do la province ; elle est situ^e au bord du fleuve, presque au pied d'une coUine, au sommet de laquelle est une jobe pagode. Environ 5 beues au. dessus de Lakon-Savan, le fleuve se partage en deux branches; celle a gauche vient de Xieng-Mai; la bran- che a droile vient dePilsilok. La jonction de ces deux branches s'appelle Paknam-Pho. Au couchant, a la distance de 10 lieues , apparais- sent majestueusement les montagnes Royales (Rhao- Louang), formant une longue chaine , ayant a peu pres la direction N. Prenant a droite, on Irouve le fleuve etroit, resserre dans un lit tres prol'ond ; sur les deux rives r^gnent de hautes forels impraticables. Si Ton tire un coup de fusil, les crocodiles mugissent sous les eaux; une espece de singes qu'on appelle kang poussent des criseflrayants, se repondant les uns aux autres dans loute I'etendue des bois ; lel^phanl sauvage fait entendre un cri comparable au tonnerre , et le voyageur est saisi d'eflfroi. Cest un vrai desert pii I'on ne trouve de village que de lo lieues en 10 lieues, jusqu'a ce que Ton soil arrive aux environs de Pitsilok, Cette ville, dont la fondation, selon les annales de Siam , remonte a plus do i,'':ooans, fut detruite lors de I'irruplion des Birmans. La nouvelle ville est ha- bitee par 5 ou G,ooo Siamois, Chinois, Laociens, dont la principale occupation est de couper les poutres de bois de tek , les disposer en radeaux , et les faire flot- ter jusqu'a Bangkok. Dans les environs, les Chinois surtout font d'immenses plantations de coton; le tabac y est aussi d'une excellcnte quality. A deux journees au-dessus de Pitsilok, Tha-it, gros X. AOUT. 4- 8 r ii4 ) hoiirg, paiiie Siamois , parlic Loacicns. C'cst comme un enlropol de seletaulres marchandises qu'on Irans- porto a dosd'oK'phanl a la capilale du royaume laocien, appele IMuang-Plirt!!, a environ cinq journecs dans I'in- lerieur des tcrres. J'ai oublie de dire que depuis Lakhon-Savan jusqu'aux environs de Pitsilok , on ne rencontre point de montagnes. C'est une plaine dlevee, couverle de forets. Mais depuis Pitsilok, le pays devient montagneux. A trois journ^es au-dessus de Tha-it est situ^e une petite ville laociennc , appelee Lab-Lt^. La finit le territoire de Siam proprement dit, et com- mence le royaume laocien, appele Muang-Nan. J'a- jouterai ici une petite description de Nok-Bouri (Louvo ou mieux Lovo ) que j 'ai visite jusqu'a trois fois; enfin, je dirai un mot des autres villes de Siam que je n'ai point visitees, mais sur lesquelles je suis n^anmoins a m6me de donner quelques renseignemenls. Lovo, aujourd'hui Nok-Bouri , est une petite villc d'environ 3,ooo ames; elle a un mandarin, une douane, une fabrique d'arak, plusieurs fours a chaux, des carrieres de blanc d'Espagne, d'immenses jardins, des dattiers el autres fruits ddlicieux. Sa position est tr^s agreable: a I'ouest, ce f.ont des plaines de riz a pcrte de'vue; a Test une chaine de montagnes fort pitloresques au pied desquelles elle est situde; une branclio du Menam vient arroser ses antiques mu- railles fondles sur le roc. La fondation de ^ok-Bouri remonte a environ 1,200 ans. C/est la que levoyageur visile avcc plaisir I'eglise et le palais du celebre man- darin t>onstance , qui inlroduisit par son adroife po- litique une partiede la civilisation europ6ennedans le royaume de Siam. Si Ton en jugc par le grand nom- bre de pagodes qui ont survecu a la rulne de Lovo , on ( >«5 ) ost cnnvaincu que c'elait une ville populenso , riche ct pi]issanl(\ J'y ai vii des tombeaux avec de bellos in- scriplions, que je crois composecs en caracleres arme- niens, de grandes pagodes antiques et fort curieuses , que je crois avoir appartenu a certaines castes d'Hin- dous, puisqu'on y voit sur une espece d'autel les parties de la generation assezgrossierement travaill^es en pierrc. Avant la ruine de Julhia, les rois de Siam y faisaicnt leur residence pendant I'inondation, et s'y divertissaient surtouta la chasse des elephants. Dans les environs, il y a pluslcurs indices de mines que per- sonne ne songe a exploiter. D'apres le dire des habi- tants, il y a dans les vallees plusieurs puits d'eau lim* pide oil Ion voit briller diverses esp^ces de pierres precieuses. Dans les montagnes, le gibier de toute sorte y abonde ; la riviere et les canaux qui coupent la campagne, fourmillent de poissons, ce qui atlire des nu6ps de pelicans, de canards sauvages et d'aulres oi- seaux aquatiques, de mani^re que c'est un pays en- chanteur, ou regnent la gaiele et I'abondance. Quant aux autres villes de Siam, je commencerai par enumerer celles qui sont a I'E. i" Battanbong : c'pst la capitale d'une grande province cambogienne, qui auparavant etait seulement tributaire;'mais depuis la derniere guerre contre le Gamboge, elleparait etn* incorporee au royaume de Siam ; elle est situee sur une petite riviere qui va se decbarger a cinq ou six journees de la dans le fleuve du Gamboge. La popula- tion , y compris la garnison siamoise , peut aller a 5 ou G.ooo habitants, parmi lesquels environ 25o cliriHiens avec une eglise , mals sans prelre. Gette jiotile chrelienle relfeve de la mission de Gochinchine. Depuis deux ans on travaille a enlourer la ville de 8. ( "6 ) murailles. 11 y a une forteresse assez raal gardee. 2° Rorat, capilale d'une grande province, donl le gouverneur a droit de vie et de mort sur scssujels; elle est situ^e sur un plateau tres eleve qui s'incline d'un c6t6 vers le Gamboge et de I'autre vers Siam. La ])opulalion de la vlUe ne s'dleve pas a 7,000 habi- tants Cabogeens, Laociens et Siamois. On dit que sa situation est tr^s pitloiosque ; mais pour y arrlver , il faut traverser une haute foret inrernale d'environ lo lieues de largeur, appelee l-ong-Phaja-Fai (I'oret du Roi du Feu) , peut-elre parce que la plupait des voya- geurs qui la traversent y trouvent la mort. 30 Mouang-Pachim, uouvelle ville que le g^neralis- sime siamois a fait batir il v a deux ans sur la i-iviere de Pe-Riou, un peu au dessus de Bangkok. II y a forteresse et garnison; mais la ville est peu considerable; 3, 000 habitants. 4° Salabouri , petite ville sur la riviere Khoue-Pasak, a une journec et demie de Jnlhia : douane , gouver- neur de la province; dans la ville 2,5oo habitants. Cetle province produit le meilleur riz de tout h: royaume. Les Laociens y sont plus nombreux que les Siamois. C'est a parlir de cette ville que commencent des monlictdes qui s'elevent graduellement vers I'E. La vegetation y est superbe ; par I'inspection des ri- vages, on voit qu'il y a plus de 4t> <» 5o pieds d'excel- lente terre v6g6tale. 5" Chunlabouri, port de mer, environ 6,000 habi- tants : Siamois, Chinois, Annamitcs. Elle est situee au pied de hautes montagncs, habilee par une tribu independante, qu'on dit composee d'esclaves fugitifs, et qui se gouvernent cux-memes par des lois, dit on, tr^s s^v^res. On les appelle Xang. Cette tribu , ainsi ( "7 ) qu'une partie du Gamboge , viennent commercor avec Chantabouri. Les objets de commerce (Jue Ton ap- porte de cette ville sent la gomme de Gamboge , le cardamome , le bois d'aigle etle poivre , dont les Ghi- noispossedent de grandes plantations aux environs de ia ville. Les montagnes voislnes recelent diverses es- peces de pierresprecieuses, entie autres des rubis fins, qu'on appelle ici grains de Grenat, et donnent plu- sieurs indices de mines qu'on n'a pas encore songe a exploiter. Le fruit appele tbourlen y est tres com- mun, line grande partie des habitants s'occupent a la peclie qui est tr^s abondante le long de la cole. Der- niei'ement on a construit une grande iorteresse a en-, viron 2 lieues au-dessus de Ghantabouri , et il s'y est forai6 comme une nouvelle ville qui prend tous les jours de I'accroissement. 6" A I'ouest, a deux bonnes journees de Bangkok , Ralbouri, ville d'environ 3, 000 habitants: Siamois, Ghinois, Gambogiens ; douane, mandarin, fours a chaux, fabrique d'arak, nombreuses sucreries. G'esl surtout de celte province que se tire le beau sucre de Siam , qui fail le principal chargement des sommes chinoises et de quelques navires europeens. 7° A truis journees plus haul et sur la meme riviere, Kanbouri, ou Pak-Phrek : Siamois, Ghinois, Gambo- giens, Annamiles. Les uns sont occupes a la coupe et au transport du bois de Gampeche, les autres au commerce des colonnes pour les maisons; colonnes d'un bois compacte et pesant comparable a celui qu'on connait en France sous le nom de bois de fer. Cam- bouri etant la ville frontiere du c6t6 de I'ouest , on y a etabli une douane rigoureuse. La nation des Kariens liabito dans les montagnes voisines; elle est sous la ( ii8 ) protection du roi ile Siam. On en Irouve aussi une au- tre peuplacie Lien nombreuse dans une chaine de montagnes a I'E. , tout pr^s de Pak-Plirio. Outre les villes que jc vicns de nnmnier, il y en a hien d'aulrcs encore, mais sur losquelles je n'ai aucun ren- seignement certain a vous donner. \ euillez remettre I'inciuse a la Sociele de G^ogra- phie avee laquelle j'ai I'uonneur de me trouver en rap- port, et la prier de me conlinuer I'envoi de ses Bulle- tins, dont la rdceplion annuelle m'est infinimcnl agreable. Vous donnerez en meme temps a celte ho- norable Societe une copie de la presente. Srgne3.-B. Pallecoix. ExpiDiTion de l'Astrolabe etdeLA-ZkLthpoiiriin voyage d^ exploration nu Pole sud et dans r Oceanic. ( Li'ltre de M. k cajtitaine Dumokt d'Urvili.e, coinmandaDt de rfxpediliuii, a M. le Miu.siiL- de la inariiie. ) Monsieur le ministrr , En attendant que je puisse vous adresser le rapport delaille de toutes nos operations dans les parages an- tarcliques, je m'empressc de vous annonccr I'arrivee des corvettes I' Jstrolabe et la Zclce sur la radc de la Conception , oil cllcs se trouvent raainlonant au mouil- lage. Apr6s avoir employ^ pr6s d'un mois, dans le de- troit de Magellan, aux travaux hydrographiques, aux observations de physique et d'histoire naturolle, nous quittames le 8 Janvier cc fameux canal, et, favorises par un beau lemps et un bon vent, dans les journees ( »'9 ) du 9 et du lo, nous proJongeames a Irois, qualromilles de distance toute la cole orientale de la Tene-de-Fou jusqu'au detroit de Lemaire, relevant exactement sa direction et ses accidents. Cela fait, je me dirigeai en toute hate vers les rt^gions australes. Le i5 Janvier, nous eumes la vue des premieres montagnes de glace par 58 degr^s de latitude sud ; le i 7, nous passames a quel- ques milles a Test de I'ile Clarence , que nous ne pumes voir a cause des brumes. Durant deux jours nous res- tames enveloppes par ces brumes impenelrables, qui ne nous permettaient pas de nous voir a une encablure de distance. Au sortir de ces brumes, les glaces devinrent nom- breuses, et il fallut commencer a manoeuvrer pour les eviter ; pourtant nos progr^s vers le sud etaient rapides, el je me flattais de I'espoir de les pousser assez loin , quand le 22, au point du jour, nous fumes d(!!finitive- ment arret^s par une barrifere de glaces compacles, qui s'elendaient aussi loin que pouvait porter la vue du S.-O. au N.-E. D'enormes masses de i5o a 200 pieds de hau- teur flanquaient de distance en distance cetle insur- montable muraille , et rien ne semblait annoncer sa prochaine decomposition. Nous la suivimes a un ou deux milles de distance, I'espace de 240 milles, au tra- vers des montagnes tlottanles, et elle nous ramena du 64'degre de latitude sud au 61% pres des iles Orkney. Une fois, je voulus tenter de penetrer a I'inlerieur, au travers de plusieurs centaines de masses floUantes, mais je fus assez heureux de pouvoir me replier a temps. I ne autre fois, nous traversames sans accident un en- droit ou les glaces , plus di^composcos , nous permirent de penetrer; mais nous ne tardames pas a nous Irouver resserres enlre deux banqiiises, ot obliges de courir ( 'SO ) des bordees a Iravers d'innombrables glarons , afin de gagner un espace un peu plus Hbre. ISous passaiues ensuite quelques jours au nord des lies Orkney, el attcignlraos ainsi le 2 levrier. Dans I'es- poir que I'^le plus avance aurait enfin opeie un cban- geinent favorable dans I'elat des glaces, je piquai de nouveau dans le sud. D^s le 4» par 62 degr^s, la bar- ri^re reparul; cependanl, vojant un espace en appa- rence plus d(^gage , j'y lancai les deux corvettes, el, aprfes avoir couru toule la soiree enlre d'innombrables glaces, les corvettes furent amarrees , pour la nuit, cliacune sur un gros gla^on. Le jour suivant, le vent ayant cbange , tout avait change d'aspect autour de nous , toute issue nous etait fermee. Tous nos eflbrts , dans les journees du 5 et du 6, au travers de mille dangers et de mille fatigues, n'aboulirent qu'a nous placer au milieu de glaces lel- lement resserrees, que les deux corvettes ne pouvaient plus fairs aucun mouvement. Les journees du 7 et du 8 furent encore plus facbeuses, et tout nous presageait la triste n6cessite de rester bloqu(is dans cette barriere de glace pour un temps indefml. Dans ce cas, la des- tinee des corvettes et de leurs equipages n'aurail plus ofTert que Ires ])eu de cbances de salut. Le 9, nous profilames d'un violent coup de vent du S.-S.-E. pour nous couvrir de voiles. Grace a ce puissant auxiliaii-e , au courage et a racllvile que deploy 6rent les Equipages , tant en virant sur les grclins qu'en de- gageant, a coups de pihces et de piocbes, los glaces (jui arretaient les navires, en buit lieures de temps nous francbimes les deux millcs qui nous tenaient S(i- pares de la mer libre , et nous nous \lmes encore une fois bors de danger. Dans ces tcnibles journees, oil ( '2. ) noire perte totale fut constamment imminenle , la con- tliiile de lous les officiers fut parfaite; les Equipages conlinuerenl d'obeir avec zele et Constance , malgre les fatigues prolongees auxquelles ils ^taient assujetlls. Les corvettes memes ne subirent d'avarie remarquable que dans le doublage en cuivre, qui fut trfes gravement en- dommag^. 11 faut ajouter aassi qu'elles durent leur sa- lut a leur parfaite solidite et a leurs excellentes qualites. Des navires moins solides, ou incapables de porter aussi bien la voile , auraient succomb^ aux pressions et aux cbocs i^eiteres des glaces, et n'auraient pas pu se degager comme nous I'avons fait. Aussilot ^chappes de notre prison, nous continuames a prolonger de tres pres la barriere, I'espace de 3oo mil- les environ , sans laisser aucun vide. Cetle fois elle courait uniforni^ment de I'ouest a Test, sans offrir la nioindre apparence de passage. Le iSfevrier, parvenus au 33' degre de longitude, ayant traverse tous les en- clroils par ou Weddell prelendait avoir p^nelre sans avoir vu un seul banc de glace , et voyant la l)arrit;re prendre la direction du nord vers les iles Sandvvicb, je jugeai qu'il 6tait temps de quitter cetle penible recon- naissance. Les equipages elaient tresfaligu(^s; lesnuits, deji longues, redoublaient les dangers de celle aven- lureuse navigation , et je ne pouvais plus la prolonger ^ans une sorle d'imprudence avougle. Dos lors nous gouvernrimes a I'ouest; nous fimes successivement la gt^ographie des iles Orkney, de la partie orientale des iles New-Shetland , ou nous rec- tifiames de graves erreurs ; puis nous piquames de nou- veau au sud. La, entre le 63*^ cllo G4''degr6 de latitude, dans I'ospace de pros de i8o niilles , nous fimes la re- connaissance do terres Jusqu'alors compl^tcmcnt in- ( »22 ) coniuics , qui nous dedonimagurenl des conlrarietes passecs. Enfin nous franchimes entlerement le delroit de Bransfield , que nul navire de guerre d'aucune nation n'avail encore traverse, el Ic 7 mars nous quillaines de- finilivemenlles terres australes, et avec elles les glaces, que nous cessames de voir, Depuis cinquanto-deux jours nous n'avions pas cess6 un jour d'en etre envi- ronnes, et nous en comptions souvent de soixante a qualre-vingts , et meme davantage autour de nous, ind^pendamment des banquises qui nous barraient souvent la route. Cette navigation a ete bien penible pour tous les membres de Tcxpedilion ; et, quolque ce soil la pre- miere fois ([ue de semblables tenlativcs aienl ete I'aites par des Frangais, j'ai I'inlime conviction que nul autre cliel d'expedilion n'aiirait pousse ses reclierches plus loin que j'ai pu le faire , sous I'empire des memes cir- constances. Deaormais, mon but etait de rallicr au plus vite un des ports du Chili , pour y donner a nos equipages un repos et les rafraichissements devenus necessaires apres une navigation de six mois aussi active que la noire. J'avais encore I'espoir de les y conduire en bonne santdi; mais, au bout de quelqucs jours, le trisle scor- but commenca a faire invasion sur la Zclcc (Juinzo jours seulemenl auparavanl, le capilaine Jacquinot m'avait hel^ que la sante de son Equipage etait satisfai- sante; aussi ina conslcrnalion tut grande quand le 1 6 mars il m'annon^a , au moycn du t6l6graphe marin, qu'il avail d^ja trcntescorbutiques, dont vingt-un alil^s. Cette triste nouvelle fut cach6o a I'^quipage de l.'J.stio- Inbe; toutefois, le mal conlinua ses progres. Pour sur- (123) - croit de mallieur, les vents, quoique le plus soiivent moderes, nous furent long-temps conlraires , et ce n'a die que le 7 avril au soir que les deux navires ont pu entrei' dans la baie de la Conception , et s'aflburchcr devanl le petit village de Talcahuano. II etait grand temps d'arriver. A bord de la Zelce , quarante hommes gemissaient sous I'atteinte du mal ; Irente alil6s , sept a huit a la derniere extremite , et un morl le 1" avril. L' Astrolabe ^ bien moins maltraitee , comptait cependant quinze hommes plus ou moins gra- vement altaques. Dans les etats-majois, quelques per- sonnes meme commencaient a eprouver les premiers symptomes de celte funeste maladie , dont je voyais pour la premiere fois les ravages. Tons les malades ont ele sur-le champ deposes h terre dans un local que j'ai loue pour cet emploi , et ou ils recevront tous les soins possibles de la part des medecins. J'espere que I'in- fluence du climat, I'air de la terre, et surlout d'excel- lents vivres irais, vont ranimer promptemcntleurs for- ces dteintes , et je compte reprendre la mer apres un mois de relache en ce port. Nous avons trouve ici la frigate anglaise President , capitaine Scott, portant le pavilion du contre-amiral Ross, qui va commander la station de I'Amd^rique occi- dentale, et plusieurs beaux navires baleiniers francais qui font leur peche sur la cote du Chili. J'ai deja vu quelques capitaines de ces navires , et tous m'ont dit qu'ils elaient contents de leurs equipages. Signe : J. d'Urville. ( '^4 ) Note siir tin ])nssage cles Jntiquites americaiiies (i). On remarque, a la page 279 de I'ouvrage , la figure tres simple d'un planisphere divis6 en deux parties par une bande oblique. Chaque moilie renferme un ou plusieurs rectangles ; k la section du bas , qui repr6- sente lo nord du monde , il y en a Irois avec ces mots : Apprica , Europa , Asia ; a la section du haut il y en a un Ires grand avec ces mots islandais : Synnri hY^(U que Ton Iraduit par : meridionalis hnbitata pars vel re^io. L'edileur parait ne pas douter que celte derniere par- tie se rapporte a un nouveau continent, puisqu'il dit : Hinc elucescit^ atai'os nostras , propter tres vulgo notas iiniiidi partes, accepisse qnartam (piaiulain, et habitatam qiiidem^ illis cunctis non multo /ninorem, sed American et Polynesia; junctis extensione fere cequiparabiletn. N'y a-t-il pas une maniere plus simple d'expliquer celte figure? Ne voit-on pas sur toutes les cartes an- ciennes, et meme du xviii' siccle , jusqu'au capitaine Cook, figurer conslamnient, dans le sud , I'immense plage des teires australcs:' Cetle tradition n'a^t elle pas pers6ver6, meme apres les decouvertes de I'illuslre navigateur? Et d'ailleurs les mots : Synnri bygd, si la traduction est exacte , ne sont-ils pas precisd'ment 1*6- quivalent des terres australes? Enfin , comment ad- nietlre que ces mots region australe puissenl s'ap})li- (i) Antiijiiitates nmericaiicv s>\se H:r\\iyoTt:s in America. ICdidil Socirlas regia anliquarioinni seplcntrioiialis roniiii aiite-coliiinbiaiiai'iitn septen- triuiiHlium. Hafni:e 1837, i %ul. grand iii-.'(° du \i. , 4S0 pages, avec 18 cartes et planches; prix 72 fr. ; eliez Arlhiis Bvrlrand, Iibraire, 23, rue Haiitefenille. On Irouve cliez le memo liltra're les aiilirs pnl)!icalio!is de la Sociclc des Auti()iiaires du Nord. ( '2-^ ) quer k rAm(^rique , c'est-a-dire a la region occidentale du globe par rapport a I'Afrique et a I'Europe? II est done dillicile d'adinettre que cette figure puisse venir en preuve d'une ancienne decouverte de I'Am^- rique ; mais, hatons-nous de le dire, cetle opinion n'a pas besoin d'une demonstration de plus ; le nombre et la nature des preuves accumulees dans les Jntiqui- tates amerkana' sont tels qu'on ne peUt plus, sans se refuser k I'evidence, douter que I'Amerique n'alt et6 visitee par les Scandinaves dans le x'si^cle, depuis le Groenland jusqu'au 4'^* degre de latitude nord. Cette decouverte ote bien peu , sans doute , au merite de Christopbe Colomb; ajoutons qu'elle a ete sterile et sans consequence pour le reste du globe; mais le I'ait n'en est pas moins de la plus baute importance pour I'bistoire de la geograpbie, et la publication que vient de faire la Societe des Jiitiquaires du Nord lui a acquis des droits a la reconnaissance de tous les amis des sciences et de I'bistoire. JOMABD. I '2G ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe* PROCES-VEl'.UAUX DES STANCES. Seance dn 20 jiallel 1808. Le proc^s-verbal de la derniere stance est lu et adople. Madame la baronne Ilaxo ecril a M. le president pour lui tenioigiiLr tnute la reconnaissance quelle eprouve de la demarche qu'il a bien voulu laire au- pres d'elle an nom de la Societe de Ci^opraphie , a I'occasion de la perte cruelle dont elle vient d'etre frajipee. M. Ic baron de Humboldt adresse a la Societe la dix-luiitieme livraison de son Examen critique do la geographic du .\ouveau Continent. M. Pierre de Angelis 6crit de Buenos- Avres , le 2(> Janvier 1808, pour annoncer a la Societe Tenvoi des premiers volumes de la Collection qu'il public sur la geographic et sur I'hisloire des provinces du Rio de la Plata. Cci envoi est confie aux soins de M. Roger, consul de France a Rueiios-Aues. M. Jomard communique, r une lettre de M. le ca- pilaine Sabine , qui le charge d'offrir a la Socii^te deux ouvrages sur finlensite m;»;4niHique observee en divers points du globe; 2" une Icllre de iM. Falbe, da- tce de Carthage, le 19 juin 1808. 11 a trouve dans les fouillcs des ci|)pos puniques et des pierres d'inscrip- lions romaines. Six nouvelles caisses de Icrrcs cuites , medailles, fragments de marbre, etc., vonl etre ex- ( .'^7 ) pedi^es a Marseille, ce qui porlc Ic noiiibre a Irente-une II se trouve clans les dcrnieres rinscripllon d'Ucrcs et une de Tunis. Des niosaiques Iroiivees dans le meme lieu , et qui viennent d'arriver en France, represcntent des arabesques, des cavaliers remains el numides , une foule de quadrup^des poursuivis par des chas- seurs : lions, sanglieis, ours, cerfs , clievreuils, lie- vres, et des Grangers charges de fruits, des arabes- ques avec des fleurs et des ornemenis entremeles de figiu-es de chats, d'ecureuiis, de lions, etc. M. Jo- inard met ensuite sous les yeux de la Societe un speci- men des peinlures a fresque et des mosaiques trouv^es a Carthage , et faisant partie d'un ouvrage qui est sur le point de parailre. M. le comle de Bertou, ecrit de Jerusalem, le a6 mars i858, pour accuser reception des questions que la Sociele lui a adressees, et qui lui sont parvenues au moment meme de son depart pour le Wadi-Araba. Celle lettre, anlerieure a celle que la Societe a recue dans sa seance du i5 juin , contient des observations inleressantes sur le Jourdain et la mer Morle : elles sont renvojees au comite du Bulletin. M. le capitaine Callier communique une lettre de M. le comte de Caraman , ^crite de Beyrout, au rnois d'avril dernier, et contenant des details geograpiiiques suT les excursions qu'il vient de faire en Syrie. M. de Caraman sisnale dans sa leltre les erreurs relatives a la position des lieux et a I'orthographe des noms, qu'il a rf marquees sur la carte de Syfie de Berghaus, donl il s'est servi cans le cours de son voyage. La Commis- sion centrale accueille celte communication avec beau- coup d'int('ret, et temoigne le desir d'entrer en I'ela- tion avec M. le comte de Caiaman. A I'occasion de quelques observations contenues dans la lettre de M. de Caraman sur la nomenclature topogra- phique de la Syrie, M. d'Avezac communique I'exlrait dune leltre qui lui a tHe recemment adressee d'Angle- terre par M. le capitaine de vaisseau Washington, secre- taire de la Societe geographique deLondres. CetolTicier y exprime levoeu que lesvoyageurs en Orient prennent soin de recueillir exaclcmenl les noms de lieux, tels qu'ils sont orlhogra})hies par les indigenes , en cm- ( '-^8 ) ploy ant, a defaul dos caraclorcs arab ;s , iin nioile do Iranscriplion blc>n determine , qui ne puisse lals- ser d'equivoqiie sur rorlhographe oiiginale. Le mode adople par la Socielt!; geographifpie do Loiulies siir la proposition dn Rev. M. llenouaril, parail dune graiide sim|)licile, et IM. d'Avezac pense qu'il y auralt un grand avantage a s'enlendre generalenient sur un systeme de transcription uniCornie, alors nu:me qu'il laisserait a desirer en quclques parties. Diverses observations sorjl presentees a se sujet par MM. Joinard , AValckonaer, (iallier et Desvorgers. Le premier rend comple des discussions qui eurent lieu pour cet objet dans le sein dc la Commission dhgyple (oil se trouvaient MM. de Sacy, \ olney vl Langies ^, quand il I'ut quoslion de publier le grand ouvrage dont les materiaux avaient et6 recueillis par rexpt^dilion fran(j"aise. L ne premiere decision, prise sous I'influence de Yolney , admit dcs signes accessoires, auxqiiels on reconnut plus tard des inconvenients; et Ton adopta enfin un systeme plus simple, qui parait remplir d'une maniere tolerable loutes les exigences d'une trans- cription de noms propres. M. d'Avezac communique ensuite , d'apres une leltre du Rev. M. Renouard , I'annonce de la publication pro- cbaine a Londres d'un Memoire sur les connaissanccs I'ccueillies par les Arabes, au moyen age, sur le Beled-el-Soudan; travail qui parait prt^senler sur cette matiere des resultats nouveaux, et qui doit oKVir des lors un grand inleret aux amateurs de la geograpbie. M, Jomard continue la lecture d'une notice de M. Henri Ternaux sur le Yucatan, liree des ^crivains espagnols. Renvoi de ce document a la section de publication. La Commission cenlrale accei)tc la pro|)osition qui lui est faile d'^cbanger son Bulletin avec les /Irc/iu-cs (III Havre, publi6es par M. Cli. Massas. BULLETIN DK LA SOCIETE DE GfiOGRAPHIE SEPTEMBRE l858. PREMIERE SECTION, MEMOIRES, EXT15AITS, ANALYSES ET HAPPOHTS. Analyse gengraphique du ^jioynge de Ren^; Caill^; chez les l)l (Hires de Berciknali en 1824 et 1826, Par M. d"Avezac. Rene Caille, dont le nom est ineffacablement alla- clie a celui de la fameuse Ten-Boktoue, que , seul cntre tous les vo)ap;eiirs europeens, il est venu nous decrire apres I'avoir vue ; Caille, qtie la mort avail epargne au milieu de sa perilleuse entreprise, el qu'clle a naguere Irappe au milieu de sa famille, au coin du foyer domestique ; Caille avail prelude a son grand voyage par d'aulres courses dans I'inlerieur de cette Alrique 011 il voulait conquerir une longue renomniee. II avail nolamment, pour se fagonner aux usages des Maures du desert, passe pros d'une annee sou's les tenles des bedouins de la tribu de Beraknah , I'une des brandies les plus puissanles de cello de Sscnhe- X. SEPTEMRRi;. I. • (J ( I'^o ) gah , et donl piusieurs raniilications sont encore desi- gnees sous le litre de Marahoullis, qui rappolle celui de ces I'arouches Morabelhoun , si fameux dans Ics chroniquos elics romans andalous sous la d^noniina lion adoucie d'Almoravides. Le savant academicien qui a le premier prete au vojageur revenant de Tfn-Boklouc lo sccours de son exp(5rience et de ses lumieres pour la mise en ceuvre des elements geographiques qu'il rapporlait de sa merveillc'usc pdr^grinalion , M. Jomard n'a point cs- say6 d'uliliser les indications, bicn imparfaitcs , il le faut avouer, que Caille avail conserv6es de' ses courses nomades avec les Beraknali pendant cette annee d'e- preuve qu'il s'etait imposec. Cependanl aujouixi'hui que la mort nous I'a enleve, et que nous rassemblons, comme un hommage a sa memqire , ious les souvenirs qu'il nous a laisses, peul- etre accueiilcra-t-on avec indulgence I'essai dune construction grapliique de la ligne qui unit entre cux tous ces campements du desert oil Caille s'essayait aux dures privations doiit il devait plus lard suhir avec aisance Tinevitable joug, Ce n'est point un- travail recent que jcvions offrir; 11 date des premiers instants de la publication du journal de noire vovageur. Occupe alors du trace du cours du Senegal et des regions voisines, je voulus mo rendre comple des marches do Caille sur la rive droile du lleuve , dans ces parlies si peu connues, que la soup- Qonneusc susceplibilite des fliaures rend prosque inaccessibles ; el tout en rec )nnaissant quo son recit ne fournissait point des elements aussi precis et aussi exacts qu'il eilt ete adesirer , j'acquis la certitude qu'il etait n^anmoins possible d'oblenir un trace tolerable ( .5. ) (Ic sa route, olcrajouler ainsi quelques resultals utiles a la geographic alVicaine , denuec , en cetto parlie, de loul autre renseignement. Je resumerai d'abord avec brievete , sous un point de vue purement topographique, les donnees que peut fournir le recit de Callle ; j'exposerai ensuite les precedes de construction a I'aide desquels j'ai coor- (lonn6 ces elements pour en deduire les resultals gra- phiques dont la petite carle ci jointe offre I'es- quisse. Resume du voyage. Parti de Saint-Louis du Senegal , le 5 aoiil 1824 , I'aille se rendit par Leybar, Gandon, Nghiez, IS pal , Sokhogne, Merina , Mall, Nieye el Neyie, villages du Ka\or ct du Oualo , a retablissemcnt £vancais de Ri- vhard-Tol sur le Senegal , oil il arriva le 1 4 aout; il en ropartit le 18 pour se rendre par eau au poste de Daghanah; apres un repos de huit jours, il repartit le 27 aout, et fut debarque le 29 au village de Podor, pres des ruines de I'ancien poste I'rancais de ce nom. Jusquc la les carles (jue nous possedoiis suffisent jiour suivre d'etape en etape noire voyageur; mais ici com- mence uii ilineraire compl^tement nouveau. Le i'^' seplenibre, a huit heures du matin, Caille quitta Podor en compagnic de quelques Maurcs pour sc ren- dre a leur camp. lis suivirenl la rive gauche du Sen«^- gal pendant 2 milles en descendant vers YEscale du Coq; ils travers^rent le fleuve, et ayant charg^ leurs bagages sur des bocufs porteurs , ils s'acheminerent vers le marigot de houndy, qu'on mit beaucoup de temps a traverser. On se remit en route a deux heurcs, et Ton fit haltc a a niilles N.-E. de Koundy sur un joli 9 ( 102 ) coleau. On roparlit a cinq heurcs, et Ton fit hake de nouveau a onze heures du soir, apr^s avoir fait 9 milles au N.-E. 1/4 N. Le 1 ser,..ombre , a cinq heures du matin, on mar- cha au N.-E. I'espaee dc 9 milles, ct Ton s'arreta a une hcure apres midi aupres d'une marc bourbeuse au milieu dc laquelle s'elevaltun gros baobab. On reparlit apres la priere de trois heurcs , et Ton fit encore 1 2 milles au IN.-E. Le 5 septembre, depart a cinq heures du matin, marche de 9 milles au N.-E. 1/4 N., et halte a Irois heures aupres d'une seconde mate. Dans la soiree , nouvelle marche au N.-E. 1/4 E., el halte a dix heures du soir aupres d'un /rwi/i. Le 4 septembre , elanl parti une heure avant lo lever du soleil, on alleignit, apres une marche de 5 milles a I'E. Ics traces d'un cnitip abandoiinc recemment, et ayant fait 1 mille de plus au S. , on arriva a un petit camp d'esclaves apparlcnant a Ahhmedo, scheykh des Beraknah. Reparti a deux heurcs , on fit 8 milles a I'E, 1/4 N.-E. jusqu'a un ruisseau qui venait , disait-on, des montagnes voisines deGalam, a I'E.-S.-E. , et qui coulait rapidcment au N.-N.-O. pour se perdre dans un lac situe a trois journees de distance. On fit encore 5 milles 5 I'E. , puis 1 mille au N. pour trouver dc I'eau, et Ton s'arrfita vers onze heures aupres d'une mare. Le 5 septembre, a midi , on se remit en route; on marcha 12 milles au N.-E. , et Ton arriva a dix heures du soir a un camp surle bord d'un ruisseau. Le 6 septembre, on parlit a sept heures du matin , et Ton alleignit h neuf heures le camp de Sidy-Moliam- med; a dix heures on conlinua la marche, et I'on fil ( '55 ) 8 inilles au N -E. jusqu'a un petit camp de quinze tentes, ou Ton s'arreta. Le 7 septembre , on ne se mit en marche qu'a deiix" heures apres midi , et faisant 5 inilles au N. . on entra a trois heures dans le camp d'un puissant personnage, que le voyageur appelle Mohammed - Sidy- Moclar , grand marabouth du roi , et chef de la tribu de Dhie- dhiehe. Le 8 septembre, on se dirigea au N.-E. , et traver- sant plusieurs camps au pas d'un chameau rapide , Caill6 et le grand marabouth arriv^rent apres une course de 'i4 milles au camp du scheykb, que notre voyageur, suivant I'usage des colons du Senegal, decore du titre de roi : ce camp ^tait place aupres d'une mare dans un endroit appele Gaiguis. Le 9 septembre , on leva le camp, et on le transporta a 5 milles au N. Le i5 septembre, on lit 9 milles a I'E. 1/4 N.-E. , et Ton campa , a midi, au voisinage d'une chaine de montagnes que Ciaill^ entendit appeler Zire. Le 20 septembre , notre voyageur alia visiter la plus haute de ces montagnes, situee a 2 milles a I'E. du camp; elle n'avait guere que aSo pieds d'elevation , et etait formee de rochers de granit noir, dominant une chaine qui se prolongeait au loin dans le N.-E. sur une largeur de 3 milles du N. au S. Le 24 septembre, on d^campa pour se porter a tra- vers les montagnes jusqu'a 6 milles vers le N.-E. aupres d'une mare appelee Lakhadou, situee au milieu d'une belle plaine couverle de vegetation. Le 00 septembre, on alia camper a g milles au N., aupres d'une mare nommt^e Tohditi^ sur un sol sablon- neux seme de plantes piquantes. Ce fut le terme le plus eloignc de la route do Caille vers le N. ( '.^4 ) Le 8 oclobre , il partil a six heurcs tin matin avcc iin seul guide, pour se rendrc au camp du maraboutli Mohhammed-Sidy-.VIoclar; il monlait vm boeiif por- teur, et sc dirigeant au S.-O. i/4 O. , il alteignil vers deux lieures, apr^s une marche de 20 milles, le lit d'un ruisseau ombragti d'arbres frais, dont le cours elait dirige de I'O. au S.-O. ; dans la saison des pluies , ce ruisseau d^bordait et inondail la plalne ; on le nommait El-Hadjar. Le voyagcur crul v reconnal- tie celui qu'il avail precddemmcnt traverse. Apres avoir parcouru 5 milles encore vers le iN.-O. surun solcnlre- coupd de dunes de sable mouvant , Callle et son guide arriverent aucamp d'un scheykh de Beraknah, nomm6 Mohliammed ; le lieu s'appelait Lam- K hate. Le 10 oclobre , il se remit en route a sept heures du matin avec un nouveau guide, et fit d'abord 1 niille a rO. le long d'une mare considerable, aprds laquelle il prit au S.-E. , et fit i5 milles a travers un sol pierreux couvert de gazon , pour arriver a midi au camp de Boubou-Fanfale, sur les bords du ruisseau d'El- Hadjar. II repartit a deux heui'es, et apres 10 milles de marcbe au S.-O. sur un sol pierreux, il arriva a six heures du soir a Teneque , camp d'esclaves appartenant au scheykh ou 6myr de Bcruknah. Le 11 octobre, depart a cinq heures du matin , pour conlinuer la route dans la m6m« direction I'es- pace de 10 milles sur un sable jaur.atre, et arriver a onze heures au camp de la tribu de Dhieolebeu. Reparti a deux heures , marche a I'O. sur un terrain argileux et gras, retrouvd encore le ruisseau d'El-lIadjar, ct a six heurcs, halte a El-Kliava-lled-LonJied-LaJii. Le 1 2 octobre , de six heures du matin a neuf heures , route de 6 milles au S. sur un sol quelquelois pier- , ( '5.5 ) reux, OLi se montraient quelques beaux pieds d'in- digo , et arrive au camp de iMohliamined-Sidy-Moctar. Le i5 octobre, on leva le camp pour aller chercher de nouveaux paturages a 4 milles S.-O. i/4 0. sur una presqu'ile forme par le lit du ruisseau , et qui porte le iiom de Guigiie ; la vegetation y etait plus belle qu'ail- leurs. Lc 6 noverabre, nouveaii campement a 3 milles O. I /4 N.-O. du premier, en suivant les bords du ruisseau d'El-lIadjar. Le 10 novembre, depart a huit heures du matin, marclie de G milles au N.-iN.-O. sur un terrain couvert de plerres ferrugincuses, et 5 milles ensuite sur un sa- ble jaune. Le ID decembre, lc camp se transporta a 12 milles O. 1/4 N.-O. , et se Irouva ainsi a 3 inilles a I'E. du lac Aleg, ou les femmes allerent dd;sormais chercher leur eau; elles parlaient du camp a neufiieures, et y rentraient a une heure apres midi. Le 12 decembre, le voyageur alia visiter ce lac, qui poiivait avoir douze lieues de tour, s'(^tendant en lon- gueur du S. au N. et se terminant en tournant au N.-O., sur une largeur de 5 xnilles. II rccoitle ruisseau d'El-liadjar; ses bords sont ombrages d'arbres nom- breux, et les environs sont entrecoupes de petits mon- ticules couverts de pierres ferrugincuses. Divers cainps de marabouths etaient disseminc^s a I'enlour. Le i4 decembre , Caille alia visiter celui des Oulad- Biery, a i mille au N. du dernier campement de ses botes. 11 apprit en ce lieu Texistence, a sept journees au N. du lac Aleg, d'une ville nommee Adrar, capitale d'un petit Elat du meme nom, habitee par des mara- bouths cultivateurs, dont les maisons sont en terre el surmontees de terrasses. ' ( '5G ) Lc 2 1 Janvier i8'25, repuisemcnl des palurages Cl lever le camp pour se porter a 2 milles a I'E. sur un sol lierisse do monticules ferrugineux , ct neanmoins fourni d'herbagcs. Le 6 fevrier, on rctourna a I'O. , puis laisant 5 millLS O.-S.-O, on traversa le ruisseau, et Ton conlinua en- core (J milles dans la meme direclion pour s'arrAlcr sur un sol sablonneux et dur, mais couvert de palura- ges; c'est toujours au lac qu'on cnvoyait cliercher I'eau. Le 21 fevrier, aprcs avoir fait provision d'eau pour deux journees, on delogea de nouveau , et Ton s'a- vanca a I'O.-S. O. I'espace de i5 milles. Le 22 fevrier, on conlinua dans la meme direction I'espace de 12 milles, ct Ton se trouva a 5 milles au S,-E. d'une mare appel6 El-4wanU , 011 Ton envoy a prendre de I'eau. Le 29 fdvrier, noire voyageur alia visiter lui-meme cette mare, dont les environs elaicnt garnis d'arbres nombreux. Comme on se trouvait rapjjroche de I'escalc ou les Maurcs de Beraknali vont vendre lours gommes aux Iraitanls franrais, Caille obtiut de son maraboulh I'au- torisation de s'y rendre pour renouvel'M'sa garde-robe en lambeaux. II parlil le 9 mars avoc un dos fds de son hole, et se dirigeant a I'O. , ils rencontrcrenl apres une route de G milles le marigot de Roundy, qu'ils pass6- rent a gue ; ils firent encore 5 milles dans des bois touffus. puis un dcmi-millc au S. pour gagner un camp appele Teneque. Le 10 mars, ils se remircnt en route au point du jour, et apres une marche de 9 milles, ils alleignirent vers deux heures les bords du S u Potior reprendre leurs montures , en repartirent vers deux heures apr^s midi, et ayant passe la nuit dans un camp de marabouths, ils rentrerent dans la journee du i6 a leur propre camp. Le 2g mars , I'etour a I'escale ; pour s'y rendre di- rectement sans passer par Podor, on se dirigea a I'O.- N -0. , et Ton arriva le 3 i a bord des balimenls sla- tionnes dans le fleuve pour la traite de la gomme, Le 1 5 avril on repartit , et on arriva au camp le 5 avril; 11 avail retrograde de 3 milles vers I'E. , et se ti'ouvait pres d'une mare nommee Tiartinka. Le 8 avril, nouveau voyage a I'escale, oil Ton arriva le 10 , et nouveau retour au camp. Le i8 avril enfin , Caille partit encore pour I'escale , oil il altendit une occasion pour ledescendre a Saint- Louis. II quittait les Beraknah pour ne plus revenir cliez eux. II nous a donne sur celte grande tribu maure une notice assez etendue , ou nous nous bornerons a re- cueillir quelques indications geographiques. Le pays qu'elie occupe est situe, dit-il , a environ soixanti; lieues E.-N.-E. de Saint-Louis; il a pour limites, au S. le fleuve du Senegal, a I'E. le pays des Douiches, au N.-E. celuides Kounts, au N. la tribu d Oulad-Leme, a laquelle s'est reyinie une autre tribu voisine, formant a elles deux un corps de nation redoute a cause des brigandages qii'elles exercent, et ne suivant point la religion mahometane ; au N.-E. ( lisons au N.-O. ) la tribu des Labos; enfin a I'O. les Trarzas. Mon dessein n'est pas de me livrcr ici a I'examen et a la restitution de la nomenclature plus ou moins de- ligurce de notre voyageur; je m'en suis occupe ailleurs. ( '58 ) Mon seiil hut en ce moincnl est cle tonstruire grnphi- cjueiuent son iliii'iraire. Trace cle Itt route. U est aise cle reconnallre que le voyage donl nous vcnons de presenter le resume se compose de deux parlies, I'une d'aller, I'aulrc de retour, enlre Podor d'unc pail el la mare de 7^oZ»«/// d'autre part; et il est (hident que chacune de ces deux lignes floxueuses doit se resoudre on definitive en deux lignes'droites identiques de longueur et de gisement. Exaniinons successivement chacune d'elles, et d'a- hord occupons-nous de culle d'aller. II existe dans la serie des elapes quelques lacunes qu'il est important de suppleer : ce doit etre notre pre- mier soin. De Podor a I'emhouchure du marigot de Roundy, le voyageur ne precise nl la distance, ni le gisement; mais ici nous avons le secours des carles delailldes du cours du Senegal; prenons celle de Blanchol en qualre feuillcs, gravee dans I'atlas de Durand; nous y verrons enlre Podor et I'escale de Bcraknah I'emhou- chure d'un marigot non. denomm^ , qui esl evidem- ment celui auquel Caille donne le nom de Koundy. Mais la position de Podor etant un pcu Irop rccul^e a I'E. sur cetle carte, tandis qu'elle est au conlrairc porlec trop a I'O. dans la carle de Dupont el Dus- sault, une moyenne nous donnera une distance de 5 milles, dans une direction iN.-O. , pour celle pre- miere mutation. Le second jour, le vjyageur a fail 9 milles le matin et 12 milles le soir; le Iroisiemc jour il lait encore { '^O ) 9 milles le matin, et n'indique point la distance por- couruc le soir dans une niarche de sept heures; nous supposons la troisieme journee egale a la seconde, sans courir la chance d'une erreur sensible. Enfin, le sixieme jour, le voyageur indique une marche de deux heures sans marquer la direction de celte fraction de route, non plus que la distance par- courue; mais comine la marche precedente et la mar- che suivante sont I'une et I'aulre dirigees au N.-E. , il est probable qu'en inscrivant en cet endroit 5 milles N.-E. , nous serons tres pres de la verile. Nous traduirons done la route d'aller en une ligpe continue et homogene ainsi qu'il suit : I^OUOIl. IllillfS. M.iiiijot de Kouiidy 5 N.-O. Halle 2 N.-E. Hulle 9 N.-E. i/i N. Mareilu baobab 9 N.-Ii. lUtUf. . ^ 12 N.-E. Mare 9 N.-E. ./4 N. IlaWii. . . . : 12 N.-E. i/iN. Camp abaiidonne. ...... 3 E. Caiiif) d esilave.s. i S. Ruisseaii 8 E. i/', N.E. ( Lac a 3 jours N.-N. O.) Halte , . . i E. Mare i N. Camp t-t niisseaii 12 N.-E. Camp de Sidy-Mohammed. ... .5 N.-IL Petit camp 8 N.-E. Camp de Dhiedhiebe 3 N. Guigiii-. . , a.V N.-K. Camp-.-uieiit 3 N. Caiiipeimnt. . 9 E. 1/4 N.-E. ( Moiitaijues a 2 milles E. ) Lakhadou r> N.-E. ' Tobaili 9 N. ( '4«) ) La construction de cet itincraire nous donne en ligiic droile une distance totale de i4o milles dans uno diioc- lion a peu pr^s N.-E. (E. 47° N. ) Passons a la route de retour. On remarque dans la soiree du ii octobre une mar- clie de quatre heures dans la direction de I'O. , sans indication de la distance parcourue ; nous estimerons cette distance a lo milles, ce qui ne peut s'eloigncr beaucoup de la v6rit6. Puis, lo lo mars suivant , le voyageur fit 9 milles, dont la direction n'est pas explicitement marquee. Le gisement qui precede imuK^diatcment elant le S. , nous supposerons que la meme direction a ete conser- vee, d'autant plus que d'autres considerations, fon- dees sur la disposition generale dc la route, mililent aussi pour Tadoption de ce gisement. Ainsi complelee, cette route offrira a son tour une ligne continue ct homogene, que nous allons prendre a rebours en supposant le point de depart a Podor et celui d'arrivee a Tobaili, afin de rendre plus facile la comparaison des deux lignes qu'il faut faire con- corder. Podor. niillt>$. Tciiei|iie 9 N. Aii^l'- J>! route 1/7. N. Mariijot de Kouiidy 3 K. Carnpemeiit 6 K. (Mare I'.l-AwaDil a 3 milles N.-O.) (Mare Tiarliaka a 3 inillcs E ) Halte ti E.-N.-K. OTmpement i5 K.-N.-E. Kuisseau F.l-Hadjar ;) K.-N.-E. Campemeut 3 E.-N.-E. rampenient. . . . : . . 21 E. i/.; S.-E. liainpomeiil <) S.-S. E ( '4. ) Oiiigne 3 E. 1/4 S.-E. Camp de Mohammed Sidy-Moctar. . 4 N.-E. i 4 E. El-Miara-Hiti-Loiilied-Lahi.. . . 6 N. (Passage du niisseau EUHadjar.) Camp de Dliioleheu 10 E. Teueque 10 N.-E. Ruisseau El-Hadjar lo N.-E. Giaude mare i5 N.-E. Lamkhale i E, Ruisseau El Hailjar 3 S. E. Tobaili 23 N.-E.- 1/4 E. Cet llin^raire se resoul en une ]i8;ne clrolle de i^o milk's dirigee a pen pres E.-N.-E. (E. 24° N.). Ainsi les deux ilineiaires s'accordenl completement sur la distance, et ils nous fournissent quant au gise- ment une direction moyenne a peu pres N.-E. 1/4 E. (E.35° 00' N.); d'oii il suit qu'en prenant pour la po- sition de Podorla latitude de 16" 44' 5o" observee par Adanson , et une longitude estimec de 17° 21' O. , Tobaili so irouvera porte a 18" 7' N. et 15° 20' O. Mais, outre ce resullat general, il y a lieu de deter- miner les rapports mutuels de situation des deux routes dans lour construction slmultanee. Si, apres avoir trace a part cbacune d'elles, on se bornait a les reporter I'une sur I'autre en faisant exactement coin- cider leurs axes , on les verrait se croiser en des points oil le recit du voyageur n'oITre aucun indice de leur rapprochement. L'accoid a elablir cnlre dies doit principalement etre determine par le role que joue dans cbacune le ruisseau d'El-lladjar, traverse deux fois en allanl, tra- verse trois fois et lenconlre en d'autres points au rctouv. (le ruisseau est traverse, la premiere fois, a G2 milles ( i4'2 ) en llgne droilo do Podor, dans un cn.lroil oi'i il (oiilc ail N.-N.-O. , pour s'aller jcter dans le lac Aleg, eloi- gn6 de Irois journees. On le passe la seconde I'ois a iG milles plus loin vers I'E.-N.-E. ( E. aS N. ) , a G5 millos de Tobaiti , coulant alors necessairement do 10. a I'E. {Into serisii). Au rclour, ce meme ruisseau sc rcnconlre d'abord a 2 5 milles de Tobaiti ; on le traverse cnsuile a Sg milles du meme point de depart : la disposition des angles de route demonlre que le voyageur avait d'abord le ruis- seau a sa gauche , c*esl-a-dire a I'E. , et qu'au passage le courant so dirigeait des lors a I'O. ; puis on le passe do nouveau, ct alors necessairement coulant a I'E. , cntre le camp de Dhieolobou qui est a 5() milles de Tobaiti, et El-Khara-Hetl-Loubed-Lalii, qui on est a fiy millos ; la moyenne serait de Go milles, identique a la distance enoncee pour le second passage du ruisseau dans la route d'aller : voila done un premier en- droit ou les deux routes doivent sc trouver tres voi- sines. A 1 2 ou I 3 milles de la on arrive a Guigud, sur une presqu'ile form6e par le lit du ruisseau , et on lo suit, ou a pen pr^s, vers I'O. , I'ospace de 25 milles jusqu'a son dcboucli6 dans le lac Alog, qui est aiiisi a 02 ou 55 milles de la travers^c precedente. Ainsi, ontro cette travorsoo et le lac, le ruisseau fait un coudo doiit le CJmipement de Guigue determine I'^tendue , et dou il rtisulte que Ic courant venanl n peu pros du N. au S. jusqu'a Guigue, prond ensuite vers I'O. jusqu'au lac; c'est done en cette derni^re portion de son cours que le ruisseau a dil 6tre passe pour la premiere lois dans la route d'aller; et la distance de 62 milles a i'egard de Podor est une nouvelle condition propre a (■,/,5 ) renfcrmer I'lncerlitudc! tin point precis do. passage dans (les limites assez etroites. De ces combinaisons il resullc que le coude do Guigue, qui apparticnt a la seconde route, doit rcslei- a I'E. de la premiere route on Ire les deux points de celle-ci ou on passe le ruisseau , et que par consequent il doit y avoir au voisinage do ce coude une double in- tersection des deux routes. II resulte encore de la disposition du cours supe- rieur du meme ruisseau , au voisinage de la seconde route, tandis qu'il n'en est pas fait mention sur la premiere route entre le camp de Sidy-Mohammed et Tobaili, que ces deux routes ne se croisent plus en celte partie , et que la seconde y reste dans I'O. de la premiere, le ruisseau couiant pendant un certain cspaoe entre elles deux. Quant a la portion comprise entre le ruisseau et Podor , il est certain qu'au voisinage du ruisseau la seconde route se lient a I'O. de la premiere; mais le contrair^' parait avoir lieu au voisinage de Podor. ainsi qu'oii doitle conclure de la iraversee du marigot de RouTuly. En elTet, au depart, le voyageur descend le Senegal pendant 2 milles en pirogue , puis il marche sur ia I'ive drolle du (leuve jusnu'au marigot de Koundy qu'il tra- verse en pirogue pres de son embouchure , et qu'il ne renconlre plus en se portanl au N.-E. Done, il vient de passer de la rive gauche a la rive droite du marigot, c'est-a-dire (Jato sensii) d'E. en O. , le marigot lui res- tant (lesoruiais a I'E. Au relour, le voyageur traverse le marigot d'E. en O. , et fail ensuite une douzaine de milles pour gagner Podor; or comme le marigot s'embouche a 5 milles ( '44 ) au N.-O. dc Podor, il parait de toute evldonco que pendant la derniere etape de 9 milles(a I'^gard de laquelle au surplus le voyageur ne nous donne qu'une indication tres vague) , il a du traverser Ic marigot; dans tous los cas, le point oil il enonce formellomcnt I'avoir pass^ au retour, 6tant plus 6loignd' do Podor que I'endroit ou il I'avait travers6 au depart , il s'en- suit que le point de passage sur la route de retour est ndicessairement a I'E, de la premiere route ; ily a done aussi necesfite d'un croisement des deux routes entre le marigot de Koundy et le ruisseau d'El-IIadjar. Ces bases pos6es , il suflira de quelques legeres inflexions au trace preparatoire de chacun des deux ili- neraircs pour faire converger ou diverger, suivant qu'il \ a lieu, les portions de I'un et de I'autre dont la correlation vient d'etre ^tablie. C'est ce que j'ai exe- cute sur la petite carte ci-joinle. Peut-etre aurai-je a dire encore comment la direc- tion reelle du ruisseau d'El-IIadjar, el la distance ou il alteint le lac Aleg, ne concordent point avec les pre- mieres informations recues par le voyageur, et d'apr^s lesquelles ce cours d'eau venait des montagnes de Calam vers le S.-O. , et s'allait jeter dans le lac a trois journ^es du point du passage. Line scule explica- tion me semble naturelle et plausible : c'est que Ic voyageur, qui ne savait que bien imparfaitemcnt la langue de ses guides , a pu s'etre m^pris sur le veritable sensdeleur rdponse, ouque ceux-ci. peu instruitsdela verity, ont repondu a I'avcnlure. La rectification est rosult^e des verifications m6mes du voyageur. Paris , aoiit i838. ( '45 ) FR4^GMENT SUR fiONDAR KT LE NicUS , Par M. le docteiir AuBtia' (i). Derniere capitale de I'Abyssinie , un pied dans la tombe comme ses souverains, la ville imp^riaLu de Gondar subsiste- comme ses Negus , sans force, faible ct languissante sous le coup que les ras gallas lui ont porte. L'heredlte jusqu'alors unique dans les families des Salomons , suivie comme principe dans la famillo des grands, a renvers^ le pouvoir des empereurs, ei parlage enlre deux hommes ce pouvoir aujourd'luii inconlesle. Oubi , Abyssinien d'origine, simple gouverneur du Samen , s'esl rendu , par une adroite politique , maiUe ct chef de toutes les provinces resides sans melange gaila. Le ras Ali (2) , Galla d'origine, commande toutes les provinces oii ce peuple s'est etabli et mele au sang abyssinien. Gondar appartiont au ras : lesElats d'Oubi s'avancent a mie demi-heure de marche de cello ca- pitate. Le Nf^gus n'est plus rien. Gondar n'est plus le cen- tre de I'empire; ce n'est plus que I'ombre d'une giande ville et d'un grand empereur. Son Negus, mannequin sans pouvoir, sendjlo n'avoir ete conserve que pour atlester la grandeur passee, ct inspirer aux voyageurs au milieu de ces belles contrees , les plus hautes et les plus tristes pensees (3). Bruce avail assiste a cette (i) I'Htiait Jis II iles d'un voyage en A'lyisiiiic execuli; p.ir M. lo ilocleur Aubert cl M. Dnfry. (2) Lc lilre de ras rcpond a celul de litulcuaut-gcueial du loyauinc, oil bicii a Tancieu titre de maire du pa'uis. (!!) Voir Bruce. X. SEPTEMBUE. 2. 10 ( '46 ) (i(5cadoncc. Jason II, on frappanl tin plod sur la iele flu ras i\likacl, lui pardonnant sa ruvoltc, avait prophd'tise haulement la mine dc sa dynaslie, de son pays. Cinquanlc ans plus lard, un ras, vorilablc raaire (le j)alajs, osait faire trancher la main et doposcr son muilre qui lui avait desobei. A peine un demi-siecle nous separc de ce temps oil le pouvoir ct la splendour imperlale elaienl encore quelque chose, ou le ras Mikaol purgeait la cour de Gallas. \ aincu par eux , ils sonl de nouveau revenus, se sont eniparcs du pouvoir, tormine el consacr6 par des alliances la prise de possession dcs plus belles conlrecs de I'llabesch. Cos Gallas ne sonl plus Gallas; ils sent Abyssiniens, et le disent. G'est une invasion de barbarcs accomplic apres trois cents annees de iullcs,ct qu'on aurait dii regarder comme accomplic le jour oil le terrible Baccouffa mil dans son lit impe- rial une epouse galla , la nomma rogenle , et donna a ses i'rores les premieres places de I'empire. Cost une question curieuse de savoir, d'etudior si le ras Mikael, au cocur abyssinien , n'a pas eu, on sou- levant son pays contre les Gallas ddja elablis a la cour, le prcssontiment de ce qui devait arriver ; s'il n'a pas recule I'inslant de la division de sa palrie ; si, pre- voyant I'impuissance de ses successeurs h sauver son pays, il n'a pas eu raison de massacrer deux de ses mailres, afin d'exlirperde la maison imperiale Is sang galla que I'epouse de BaccoulTa y avait inliltrci. Qui dit que ce ne fut pas la pcnsee de cet hommc remar- quable? Lisoz Bruce qui I'a connu, et vous vcitcz ce ras en veritable Abyssinien, faire une guerre a niorl a lout ce qui sent le Galla. II peril u I'oeuvre; mais je suis bion convaincu que dans le cocur, plus d'uu ^47 ) Abyssinion en voyant la division de sa patrie, plus d'lin Negus en voyant son abaisscment , a beni ct plaint le ras Mikael, malgre lous les maux qu'il a fait nailre sur son pays pour n'avoir pas reussi. La destinee des empires s'accompJit comme cclle des hommes : les loinps elaient venus. Depuis le jour ou, les gouverneurs, des deux bords de la mer Rouge , qui portaient le titre ponipeux de rois avaient et(i cliasses par les^Musulnians; depuis qu'Azab (i) et le royaume d'Adel 6taient devenus musulmans, que le commerce du monde avail ^cbappe aux mains des Abyssinicns, qu'Axum n'elail plus la capilale, que les Negus, quoique grands, elaient reduits souvent a se defendre ; depuis que le Sclioa el I'llat echappaient par une barriere de Gallas au pouvoir des mailres, que des hordes barbares pressaient I'empire en lous sens, apprenaient a resider dans ses plus belles pro- vinces , se faisanl cbreliens et se polissant au contact de la cour; I'empire devait crouler. Sa marclie des- cendante est remarquable, malgre lous les elTorts des hommes distingues qui ont gouverne ce pays. II devait fmir par se divisor, et tomber entre les mains d'un empereur sans force, sans pouvoir, qu'un ras tient enferme dans son palais jusqu'h ce qu'il puisse , nou- veau Pepin , lui arracher le bandeau imperial et le placer sur son front. La premiere chose qui frappe les regards lorsque du haut de la montagne Ton decouvre Gondar, ce sent de vastes bosquets, et a travers ces bosquets un grand batiment carre , avec une tour tres 6lev6e res- scmblanl a un chateau fort du moycn age ; puis en (i) Aiicii'miL' cajntalu Jc I'Abyssiuic avaiit Axuni. 10. ( '48 ) avanrant ces chateaux sc mulliplicnt ; deux nouveaux se jnosenlcnt entour^s do ruines et dc liaulcs inu- railles : ce sont les palais des N(igus. lis dominonl loule la villo. Devant eux s'^lend la ville chrelionne , et aux pieds do la villo chretlenne la ville maure. Cette cilci est la plus imporlantc de I'Aljyssinie. Bien qu'A- douali (i) puisse etre compte pour une ville , on peul dire que Gondar est vc^ritablement la seide; lout le rcstc nem^rile que le nom de villages. Admirablemcnl siluee sur le penchant d'une coUine d'oi'i Ton docouvre I'immense lac Tsana; plac(^e aux (xtreniites des pro- vinces du Dembea , du Gojam, du Bejemder, du Vo- gora, du Volkait, du Sameu, elle devait etre la capi- tale de I'llabesch lorsque le Schoa fut declare ind6- pcndant. Si Ics souverains places de ce point rcndaient leur action plus forte sur ces provinces, et veillaient d'un cole sur les Gallas, de I'aulre sur les jiasleurs et les Schangallas mena^ant leurs frontieres ; malheu- reusement le Teccaze , torrent impralicable pendant quatre mois de I'ann^e, I'eloignement des provinces qui etaient au-dola, einpechaient leur action sur ces pays, qui bienlot echappant a leur pouvoir devaient divisor Tempire. Aussi le coup qui brisa le trone en est-il parti. Les empereurs eloignes des bordsdela mer les laiss6rent conquerir par les MusuJmans: c'^- taient les clefs de I'dnpiie. Massouah, Zella une fois conquises , morle I'Abj'ssinie. Une ceinture de for devait (^treindre ce malheureux pays, aneanlir son commerce , ses richesses. -Tot ou tard Gondar et les Negus devaient porter le coup dc cette faute. Qu'estce qu'un enipereur sans argent, surtout dans un pays a (i) Province du Tigre. ( >45o ) liabilc le I\6gus octucl, los troiis oii dos niorceaux de ])ois avaient ^le enfonces pour y appendre lances ct boucliors. Ces sallcs relenlisscnt encore des oris d(! vicloire et des chants barbares des Gallas : lis les ont envabies narguantretoile de Salomon qui brille au-dcs- sus de chaque porle , landis que devant Ics cglises ils sesonttus, sc sent buniblemcnt courbes; ils n'ont ose en francblr Ic seuil , et loin de degrader leurs mu- railles, ils en ont echauffe les pierres par de saints baisers. Les Gallas ont bien scnli que, pourelrc Iranquilles jpssesseurs de TAbyssinic , il leur fallait se faire Chre- tiens et respecter la religion, lis I'ontfalt, et ont mis de leur c6l(5 le clerge, qui toujours aime le pros6ly- tisme. Les ras gallas, imc fois alTcrmis dans le pouvoir, ont donne toute protection aux eglises, et leur ont toujours conserve le droit d'asile. S'ils ont rcnvcrse le pouvoir des ^'egus, et laissc toniber en ruines son pa- lais, ils ont buti des eglises, cntrctenu les pretres , ct meme augmentc leur pouvoir. Si les deux chefs qui se partagent les pays Habcsch sonl d'accord sur le Ne- gus, ils soutiennent le clerge, ct batissent des Eglises. Ils sont soumis. Ceux qui ne craignent pas de toucher au bandeau imperial craindraient de deranger le tur- ban du prelre chreticn. Les ras ontabandonne Gondar (i); ib n"y habitcnt plus; ils I'ont laissee avcc un simple gouverneur a qui ils ont conlie le Negus; niais le veritable ])ouvoir qui regno a Gondar, et qui de la regit toute I'Abyssinie, cest cclui des ])rC-tres. Que leur importe le ras et les autres ! ils sont la lesma^lti-es : d'un mot, ilspourraicnt (i) lis resident sur les lords du lac Tsana , a Irois jotirnces de Ooudar. ( »5i } soulever Ic pays. Ici, Gondar est veritahlemcnt capi- lale. C'esl encore elle qui garde religicusemcnl son an- cien conseil supreme , los Umbarcs , qui tous, corainc I'enipereur descend de Salomon , descendent des en- voyesa la reine de Saba, par les douze tribus d'Israel. C'est une seconde relique. Nous en avons vu phisieurs chez I'un d'eux, noire digne hole, le bon Lidjasco. Ceux qui I'ont connu se rappelleront s'il est une ex- jiression pour louer sa generosilf^. Sa presence a Gon- dar esl pourun voyageur un bienfait du ciel. Quoique vieux, il fut notre guide et noire drogman ; il parlait un peu d'arabo. Ilorame plein de res|)cct pour les gran- deurs passees de son pays, il fut noire inlroducteur pr^s du N.egus. Ce fut avec bien de la peine qu'il con- senlil a nousy conduiie, Yousvous d^shonorerez, nous disait-il ; n'y allez pas. Puis il ceda a noire curiosite, plus vivcmcnt piquee de voir un bomme aussi sage nous parler ainsj. Un cmpereur dont la vue pourrall nous desbonorcr! lui qui autrefois ne se laissait pas voir par les personnages les plus baut places, de peur que les yeux ou le souflle ne souillassent son sacre caractere. Je crois bien plutot que le brave homme craignaitde nous monlrer le peu de cas que Ton fait de ses vicilles re- liques. Je raconlerai done celle visile u deux ruines , le pa- lais et le Negus. Sur un cmplacemonl d'une lieue carree , au sommet de la colline , existent trois palais qui se ressemblent : un est presque en ruines , el se Irouve isole dans la cam- jiagnej les deux autres, environnes de grandes con- structions, sont cnloures de hautes muraillcs crene- lees. Au premier aspect, on voit que de puissanls souverains onl fait la Icur residence. Devant une grande ( «52 ) place , oil jadis r^sonnall le ncgarel annoncant los cilils do remperoiir, oxistc la grantle porlo privee de son concierge. Nous la poussons, et nous nous Irouvons ail milieu d'une vaste cour ou I'egne la [)lus Iriste soli- tude : pas un plre vivant. Ccpendant nous elions dans la cour imporiale. En face se Irouvait Ic palais. C'esl un l)alimenl carre, sans decoralion d'archilecture; Tangle (hoil de la facade se terinine par une liaulc lour carree ; hois grandcs porles ou fenelrcs donnent sur un im- nicn c balcon donl il nc teste plus que le bois. Ailroitc, une longue batisse, servant degalcrie , otqui vadu pa- lais, en longeanlle inur, jusque sur laplace; a gaucbe, une eglisc cnlourcje d'arbres, riche cl respeclec dans ioutc sa vie ; puis , dcs arcades , des especes de porli- ques en ruines, dcs tours rondes et carrees, rcstcs d'an- ciens edifices, les unes a moitie delruiles, Ics autres crcvees par In milieu ; puis derrlurc , la cour dcs che- vai'.x el leurs ecuries, la cour dcs grands-ofiicicrs , la cour des betes feroces : lout cela est en ruines. Aprcs avoir jel6 ce premier coup d'oeil, Lidjasco se decouvrit jusqu'a la ceinlure selon I'usage d'auliorois; I'ombre dcs anciens mailres semble encorfi inspirer le respect; puis, il s'avan(;a jusqu'au pied dujialais, ct iVappa dans scs main^. Cc Iruit, bien que faiblc, sem- bla reveiller Ics morls. In bommc parut sur la porle du milieu , disparut pour nous annoncer, et rcvinlbicn- tol pour nous conduire vers la facade nord ou regno le grand escalicr. 11 clait autrefois recouverl de larges briques rouges ; il en rcslc a peine encore quclqucs uncs a demi brisccs. Nous iconlons done dans la pre- miere salle du palais , cspccc d'anticbambrc longue, aux murs sans ornemenls; une etoile scule ddcorc le dessus do cbaque porle : c'esl lY'lolle de Salomon. On nous ( '^^ ) fait remarquer une lablc'longue replide sur elle-meme, c'est la table du festin ; olle doit la en attendant qu'un maitre plus puissant vienne la charger de mets. Ilfallait donner le temps a I'empereurde so preparer a la visitc. A!ors, pieds nus, sous la conduitc d'un scul domes- lique , on nous fait entrer dans une secondc salle lon- gue et nue comme la premiere; seulemcnt une natte ctait etendue dans toute sa longueur. Au fond, sur un petit divan, reconvert d'une mauvaise couverture d'in- dienne , etaitassis un homme a cheveux gris , a la figure affable, au teintpresque blanc , ayant a ses cotes qua- trc ou cinq domesliques assez salemenl habilles. Lid- jasco s'avanca vers lui , et se proslerna. Nous le sa- luames en portant notre main a la tete selon I'usage d'Orient, regardant cet homme, et lout 6tonne de la salutation de notre ccnducteur. \ oila le Negus, nous dit-il. Si cet empereur sait lire sur les figures, il duty voir de bien tristes choses pour lui. Notre etonnemcnt etait a son corable ; je ne savaisplus oil j'en etais. Nous avions bien pense que I'autorite de ccs princes ^lait tombee bas, mais autant, nous ncl'aurions jamais cru. Pauvre empereur , emprisonne dans son palais avec quatre domestiques , qui peut-etre sont des espions places la i^ar un ras impitoyable, ayant a peine de quoi vivre (i) dans ce palais a inoitie mine, ou la pluie vient le trouver jusque dans son lit; a peine pour re- presenter, un mauvais divan et un tapis (roue. Quel abaissemcnt ! Je compris alors la parole de Lidjasco : Vous serez dt^shonores. Cet empereur etait moins que le dernier de ses sujets. Notre conversation fut peu de (i) II rcrnit (111 IMS a pen pics i,Soo IVaiics par an. Voila un em- pereur a Ijon niarclic. ( >54 ) cliosc. 11 n'osait nous interroger. A peine nous do- nianda-t-il le nom des rois ct des capilales de France et d'Anglclcne ; pas une question sur la puissance de I'Europe : los queslions de celtc espece lui sont de- ft-ndues. 11 nous fallait rcspircr aprcs un aussi triste tableau; aussi montamcs-nous surle haul du palais, alin d'eni- Lrassor d'un coup d'lL-il Gondar etsos environs. La, du moins, noire coeurs'dpanouil au magniliqiie spectacle quise deroulaildevant nous. Sur un coleau , en lace de la ville , etait Koscam , palais et residence d'ele des em- pereurs. Dans la plalne,surle Lord d'un ruisseau , lui fort joH pare, enloure de muraillcs , avec lourelles de distance en distance. C'etaille palais de la reine-m^re. Je mecrus en Finance en voyant ces deux sites. Puis, au pied du palais i a droite et a gauche des mines, la ville avec ses maisons cachces sous les nauzea en fleurs, et de tous coles les eglises aux sombres bosquets de da- i^os (i), de cedres, d'olivicrs sauvages : c'elait un vrai jardin. Nous 6lions au milieu d'un grand pare borde par un lac immense el de haules monlagnes. La vue s'etendail a plus de quatre-vingts licues. C'elait un beau coup d'oeil ; mais, helas! il fallait descendre , et dire adieu a la Iriste relique des Negus. Je ne sais si noire bon conducleur avail devine la fii- cheuse impression que nous avaient faile loules ces ruines amoncelees, ces debris de palais, d'edifices, de pouvolrs el d'empereurs. 11 mil le remede presdu mal, ct nous Hi voir des eglises bien conslruiles, bien en- Irelenues, veritable asile de paix et de bonheur. II elait fier de nous montrer le seul ornement de la capitalc. (i) Arbre immcuse Je la famille dos figuiers. ( i55 ) • Les egliscs dc rAfriqnc n'ont pas ce grandiosede nos cathediales; dies sont modcsles : les arbres scculaircs qui les entourent, liur sombre et epaisse verdure qui laisse a peine passer quclques jols de lumiere, tout in- spire le recueillemenl. Ici, la religion cbrelienne n'a pas change, ni subi detransformalions : elle est encore telle que I'Abyssinie I'a recue au commencement du iv° siecle. Aussi forle qu'il y a mille ans, elle est reside IS sans fairc un pas. Si elle n'etale pas unc pompe exterieure aussi grande qu'autrefois , elle est plus vivace au coeur, die est plus forte. Quelle ponctualile(i)cliaque homme ne met-il pas a excculer tous les actes de religion? 11 n'y a pas de jour du celui qui possede un livre ne lise quelque passage des psaumes ou des evangilcs. J'ai ele fi'appe de la mani^re all'able dont nous avons ele accueillis par le chef des pretres , I'itchegue. Nous sem- blions etre de la meme famille. II s'informa avec bien de I'anxiete si nous etions catholiques ; mais lorsque nous lui cumes repondu que nous etions voyageurs . que nous ignorions la difference d'un catholique ou d'un cophte , qu'avant tout nous (!(tions chretiens , li- sant et connaissant I'Evangile qui ordonnc a lous les hommcs d'etre freres ct de s'aider les uns les autres, il voulut nous donner sa benediction : cefut avec un pro- fond recueillement que nous la reciimes. C'etait un vieillard, le grand pretre des chretiens noirs d'Afrique, qui benissaitdeux Europeens , les nommait ses freres , ct appclait sur deux blancs la protection celeste. S'il (i) Ji; n'ai pis vii uti Ahyssiiiim qui ne jciiiiat rogullciemenl li^ mer- creJi, le veiuiredi ct le sameili , iie Ijiivaiil ]ias nieiUL' de IVau avant trois heurcs dc Taiircs diiii-e, ct ne m.iiigrant ces jours ni beurro, ni criifs, ni viandc. ( '5G ) y eul lui niomenl oii los scnlimcnts do religion et dc civilisalion recurent une puissante excitation, ce liit bien celul-la. Linv^n^rablo prolre abyssinien benissait deux blancs qu'il savait d'un rit dilltirent du sien , mais Chretiens, mais frercs. Quelle le^on de fraternite pour lo clergc catbolique (i) I On a dit qiierignorance etaitprofondc dans ce pays- Qu'importe quo lepeuple et leclcrgeabyssinionssoient ignoranls, s'ils ont le sentiment du bien? Du reste , a qui la faute de cette ignorance! Est-cea eux, qui de long-temps ont 6te abandonnes par leurs fr6res d'Eu- ropePOn ne peut compter comme un sccours celuidcs Portugais (2), envoys onze ans apr6s la demande faite pour chasser les Musulmans qui s'etaient presquc em- pares du pays. S'ils y all6rent,cefut dansdes vucsd'ani- bilion , trainant a leur suite dcs membres de la So- ciele de Loyola, qui linirent , comme partout, par se faire ou chasser ou massacrcr, et mirent dans le cceur des Abyssiniens (5) une hainc contre les blancs, que quclques hardis voyageurs , comme Bruce et Poncet , sonl enfin parvenus a ^teindre. Le Christ, en ordon- nant aux hommcs de s'aider los uns les autres, de se visiter, n'avail-il pas prevu que les lumi^res ct la civili- sation jailliraientde ce pr^ceple? Si I'Europe estaussi (1) Tout le moiiJe toniiult rinloltTatice dc cu cli'ryc pour IfS scliis- niaiiques. (2) K\[)r>iilion )rirlie tie Goa dans riiitcnlion de coniiailrc le pays pour s'cii empariT plus larJ. L'atlenlioii du f^ouvernement, portee tout enticre sur los Indes, lit que ce projet n'eut pas de suite. (3) Les Ahyssiiiieiis duuneiit le tilre de Haiue-Fran^i aux blancs, les dc- signant comme cathuliques. Oux (|ui comme nous ne les coiitiaiient pas dans leurs opinions religieuscs soul appeles Copli , qui signiCe Chretiens comme cu\ de I'eij'ise d'Alcxaudiie. ( '57 ) avancee, ne le doit-cUe pas a cettc agglomeration de nalions qui toutessuivent la nieme religion, el que re- git la meme loi? Qui done visile et soulicnlles chreliens d'Afrique? lis sont abandonnes, resserres de toutes parls par des Musulmans. lis reslenl sans lumi^res, ne pouvanl prendre laloichrc^tiennequ'aupieddela leltre, el s'ils se fourvoient, personne n'esl lapour lesavertir. Peuple fier et independant , mais en meme temps bon et social, avide d'instruclion ; qui done ira lerelever? quelle nation lui tendra la main ? Ce ne sont pas des mis- sionnaires sculementqu'illeur faut, c'est de I'induslrie. Chretiens d'Europc, ne secourrez-vous pas vosfri^res? Si la religion ne \ous excite pas, choisissez une autre porte , le commerce. Pres de I'eglise, sont debout les N6gade-ras; ils sont encore ee qu'ils etaient il y a des siecles , lorsque la commerrante Venise venait echanger jusqucsur les marcliesd'Adel ses amies et ses produits manufactures centre Tor, I'ivoire et le muse d'Abvs- sinie. Rien n'est change; ces produits sont la; ils altendent qu"on vienne les ramasser. A defaut de re- ligion, faites du commerce; donnez aux Abyssiniens de la civilisation par i'induslrie; venez au-devant de vos ireres, ct, pour recompense, ils vous gorgeront d'or. ( '-^s ) NOUVELLE EXPLORATION DE l'sUPHRATE ET DU TIGRE. (Exlrail d'lme lellre Jc M. Ainswoktb a la Sociele de geographic.) Paris, le 11 juin i838. ■ L'expeclition dont j'ai aujourd'bui la conduitc, sous les auspices dc la Socield de geograplue de Lon- dres, est coniposee de Irois personncs : de M. Russell, charge paiiiculieremcnl de I'aslronomie , du luagne- lisineel de la meleorologle; do M. Rassam, Chaldeen, nalil" de Mossoul , dont les grandes connaissances dans les langucs orienlales pi'omettent a I'expedition beau- coup de ressources, el dont la parente nous facililci-a peut-etre le moven de penetrer dans les monlagnes centrales du Kurdistan , oii a deja peri un voya- gcur distingue par ses connaissances profondes ct va- riees. L'expcdilion se propose, selon les instructions re- cues, d'examiner en premier lieu le coui-s de I'llalys, et de determiner si, couime M. W. Hamilton le sup- pose , la riviere de Kaisari^h est le Melas de Strabon , ou bien si c'est la riviere de Malatia. Apr^'S avoir de- termini quelqu6s positions aslronomiques plus parti- culierement sur I'etendue du lac Kodjbissar, et avoir pris quebjucs notions geologiques sur les environs , on doit examiner la rivi6re de Malatia , et I'expedition conlinucra ensuite par I'Eupbrate jusqu'aujioint ou ce lleuve traverse le Taurus , point qui n'est pas encore definitivement determine, quoique bien des voyagours soient passes a Malatia au N. , ct a Samisat au S. L'expcdilion ira alors examiner le cours du Tigrc ct de ses alTluenlsjusqu'a Mossoul, d"ou , selon le Icmps, ( 1^9 ) la saison , ou Ics oppoi iunites , clle ira faire des re- cherchcs dans le pays de Slnjar, auprcs de Ras-Aina et de Halhr (Atia de Severus ) , ou bien clle essayera de p^nelrer dans les monlagnes de Ilakari pies de Ju- lamerick, et de visiter les Chretiens dits Nestoriens pour faire connaissancc avec eux : c'est un des grands bills du voyage. Les i^eclierches se continueront alors vers le N. Le Djebel-Tour sera examine; les rivieres d'Amadiya , le grand Zab, les rivieres de Betlis ot cellc de Sert, se- ront rcconnues. Les lacs d'Ui'imiah et de Van seront determines aslronomiquement et par le baromelre , et s'il est possible, on fera une reconnaissance de geogra- pbie desci'iplive et physique jusqu'a Erzerum. Vous voyez , messieurs, que dans les pays dont jo parle , il resle bien des fails a recueillir, et permel- tez-moi d'ajouler que ce sera pour moi une grande sa- tisfaction de recevoir de voire Societe des renseignc- ments qui pourraienl faciliter mes recherches. Explications et renseignements an sujet de la lettrc de M. AiNSWORTii sur son prochain voyage dans I'Jsie- Mineiire. La lettre que M. Ainsworlli a ecrite a la Societe de geographic pour lui faire connailre le but du voyage qu'il va entreprendre de compagnie avec MM. Russell et Rassam, a 6te de notrc part le sujet de quelques explications. M. le president nous ayant prie de les mettre par eciut , nous nous sommes conforme a ce desir, mais en nous reservant de prtisenter nos obser- vations conimc de simples renseigncmcnls, et non ( >^^> ) commc des Inslruclions pour Ic nouvcan voyage dc M. Ains\Yorlli. 11 serall sans doiile inulile d'indiqucr a voire correspondanl les principales reclierchcs aux- quelles il faut se livrcr durant rexpidilion, donl la di- rection lui est confiee par la Society dc geographic do Londrcs. Celle savante ccmpagnie aura sans doute accompli cette lachc de maniere a rendre toute autre instruction superdue ; cependant comme le tra\ail de cett3 Societe nous est inconnu, et que M. Ains- worlh reclame vos conseils on vous signalant quel- qucs uns des points sur lesquels doit porter son attention, il nc sera j^eut-elrc pas sans inleret de rc- commander parliculierement au voyageur quelques unes des plus interessantos lacunes a remplir sur la route qu'il se propose de suivre, el de donner quel- ques explications sur Ic Melas , dont Tcxploralion est specialement demandee au voyageur. M. Ainsworlli devant quitter Constantinople pour traverser I'Asie-lMinoure et se rendre dans la partie du Kurdistan habitec par les Nestoricns, on ne saurait trop I'cngager a s'eloigner deschemins iVequentes jus- qu'aujourd'hui par les Kuropecns, et a visiter surtout les portions de la Billnnie, de la Paphlagonie et du Pont comprises enlre les rivages de la raer Noire et la grande route dc Constantinople en Perse, par Boli , Tossia, Amasie , Tocat , Sivas , etc. , itincrairc parfaitement dessinds par M. Bernard, ingdnieur-geo- graphe, attache a I'ambassade du g<5neral Gardanne. On ne poss^de guere pour ce pays que la route suivie par J.-M. Kinncir, dcllamamli a Samsoun parCostam- l)oul, et celle de M. Fontanicr de Baibout a Sivas par Cara-Hissar. ( i6i ) • Dans I'exploration de la vallee de I'llalys, on pent surtout recommanderlc cours sup^rieur du fleuve, de- puis la hauteur de C^sai-ee jusqu'a son origlne dans les anciens monls Paryadres. II serait egalement cu- rieux d'etudier les vallees lal^rales qui descendent du cote du Nord. La question du Melas sur laquelle I'attention de M. Ainsworlh est appelee , nous semblait avoir 6t6 dejci a peu pr^s r^solue par nos explorations de 1 83 1 dans les envii'ons de C^saree; mais le recent voyage de M. Hamilton nous parait lever toute difliculte, en nous confirmant dans nos propres observations , et en re- nouvelant une explication du texte de Strabon d^ja proposee sans succes par M. Falconer. On s'accordait g^neralement a placer dans les flancs ou au pied du monl Argee la source d'une riviere dent le cours so dirigeait de I'O. a I'E, pour se joindre al'Euphrate non loin de Malatia. Ce tleuve 6tait pour tous les geographes I'ancien Melas de Cappadoce , sur lequel Strabon donne assez de details. D'Anville adopte cette opinion et il ajoute que la riviere porte aujourd'hui les noms de Korcmoz et de Kara-Son. Malgre le silence du savant geographe sur les ouvrages auxquels il emprunte ces denominations , il est probable que la premiere lui a ete fournie par le Djihan-Numa oil elle est donn^e a la plus grande riviiljre du pays de Cesaree ; et quant a la seconde, il I'a sans doute prise dans quelque relation de voyage, ou dans quelque geographe d'Orient; Edrisi et Aboulieda n'en font point mention, niais on la trouve dans les auteurs Arm^niens. Mannert partage I'avis de d'An.ville, et il s'appuie sur le voyage en Perse de M. Schillinger. Les cartes de Mcrcalor, construitos d'a- dcpres les positions de Ptol6mee, figurent aussile Melas X. SUPTJiMBRE. .1. I 1 ( ' par ( .(;; ) rarcbcvcque grec dyrillc qui a visile la plupaii des lioux mentionnes dons celte carte. Ce prelat figure un cours d'eau, auquel il donne le noro de Melas, dont I'origine est au pied occidental dc I'Arg^e , et qui se jetle dans le Rizil-Irmak apres avoir traverse Ic lac Kara-Sou. Cette indication de I'ecoulement des eaux du lac dans I'Halys, etla denomination grecque de Melas se retrou- vent aussi dans plusieurs ilindraires communiqa(^s au g(!!n6ral Guilleminot par des clir^llens indigenes. Le savant orientaliste Saint-Martin nous apprend aussi que dans lesouvrages Armeniens ecrits en langage lit- teral , la denomination du fleuve est Meghos ou Melos , landis que la di^signatlon vulgaire est K ara- Sou on Djan- Soii. Ces diffi^rents temoignages s'accordent tous a pr6. senter I'identite du Melas et du Kara-Sou comme une opinion repandue dans le pays. On est done en droi* de regarder cette identite comme un fait parfaitement demonlre, et des lors rien ne nous parait plus devoir 6tre contraire a la rectification du lexte grec propos^e par M. Falconer. Le changement du mot Euphrate en celui d'Halys corrigera un contre-sens en meme temps qu'il permellra de relrouver dans le Kara-Sou de nos jours le Melas si exacteraent decrit par le g^ographc d'Amasie. Nous n'ignorons pas que M. Cramer, dans sa description de I'Asie-Mineure ancienne, explique les dommages causes sur le territoire des Galates , en sup- posant que les eaux retenues dans la plaine de C^saree parjes digues d'Ariarathe, ont pu se frayer une issue jusqn'a I'Halys, et inondcr ensuite une partie de la Galulie, mais celte explication est inadmissible, elle est tout-a-fait contraire au loxte grec , ou il est positivement dit que les dommages ont dl6 causes par le debordc- ment dc I'Eupbrale et non par celui de I'Halys, cir- ( lt>8 ) Constance toulc naturelle si ronadmel la correclion dc M. Falconer. La carte du pachalik d'lconium nous montre aussi le nom Koremoz ou Roramas, donne au Kara-Sou })ar d'Anville et le colonel Leake , comnie celui d'uno chaine de collines a Iravers laquelle la riviere passe avant de se jeter dans I'Halys; cette dt^noniinalion s'applique sans doute au cours inferieur du Kara-Sou comme on le voit dans le Djihan-Numa. Tout ce qui precede nous montre clairement la cause de I'erreur, si long-temps accreditee, des geo- graphes et des voyageurs. La faute en est entiere- ment due au textc de Strabon et a celui de Ptolemee, qui tres probablement a ete r^dige d'apres le premier. Independamment de toule connaissance de geogra- phic moderne, il a fallu d'abord , pour satisfairc aux conditions exprimees dans la description du Me- las, placer la source du fleuve dans le voisinage dc Mazaca, et tracer son cours de I'O. a I'E. jusqu'a I'Euphrate. C'est ainsi que tous les auteurs I'ont en- tendu. Plus lard , la decouverte d'une riviire portant le nom de Kara-Sou, ct ayant son origine dans les envi- rons de Cesar(ie , dcvint une confirmation du recit des geographes d'Amasie el d'Alexandric ; on se laissa s6- duirepar la synonymie des d6nominations Kara-Sou et Melas-Polamos, comme par la conformitd de diverses circonstances relatives a Templacement et a la nature de la source ; on crut avoir retrouvt!; le fleuve de Strabon'et de Plolimtse, et Ton coiillnua a tracer son cours vers lEuphrale, sans s'inquietcr de v6ri- iicr cette condition importante. Ces differentcs con- iirmalions de plusieurs parliculariles dc la descxiption des deux geographes grecs avaietit sufii, ct i'erreur i 169 ) de recoulemenl du Melas dans TEuphralefut recue dc lout le iiionde comme I'expresslon de la verite. M. Falco- ner, en proposantune correction qui faisait disparailre un contrc-sens dans le texte de Strabon, aurail du fairo naitre des doutes sur I'exactitude de cet 6coulement du Melas dans TEuphrate, puisque cette modification exi- geaitle remplacement du motEuphrate par le motllalvs; mais I'erreur 6tait tellement accreditee qu'on refusa la rectification, comme contraire a la verity. M. Hamilton laproposedenouveau avee des chances de succes dont nous ne saurions douter; quant a nous, elle nous semble devoir etre adoptee comme I'explication la plus satisfai- santedu texte grec, euegard au sens et au veritable etat des lieux. Nous sommes heureux que notre quality de voyageurnous ait permis d'entrer dans] cette discussion et d'y apporterle resultat de nos explorations et de nos etudes. Cette participation ne sera peut-6tre pas inu- tile a la solution du problerae, car nous croyons avoir demonlrd les trois points sur lesquels repose la ques- tion: 1° I'erreur del'exlstence d'unfleuve ayantson ori- gine pres de Cesaree, et coulant dans I'Euphrate; 2° la necessite de rectifier le texte de Strabon, tant pour le sens propre que pour I'exactitude geographique; 5" I'i- dentite du Melas des Gi'ecs avecle Kara- Sou des Tui'cs. Nous engageons M. Ainsworth a verifier de nouveau tous les faits dont nous avons parl^ , et a visiter la vallee inexploree du Tokma-Sou, qui aboutit a I'Euphrate dans le voisinage de Malatia. Une fois arrive sur les bordsduMourad-Sou, il sera important d'en descendre ■ le cours pour determiner exactement son passage a travers le Taurus; nous avons reconnu cette issue au N.-N.-E. de Soverack, mais des obstacles facheux no nous ont pas permis d'en approchor. Pour se rendre au lac de Van , il serait fort interes- ( 1/0 ) ' sanl de suivre le grand hras de rEui)hialo qui vlonl rejoindre celui d'Erzeroum, un pcu au-dessus de Ko- ban-Mad6n. On connalt fort pen cet affluent du flenve. Cesdiverses indications sont comprises dans lecercle des recherches que sc propose de faire M. Ainsworlli , et I'eloignement des Rurdes , dont les moeurs barbares ont ioujours ^le lo phis grand ol)slacle oppos6 auxvo\ a- geurs , lui permeltra sans doute dc parcourir sans dif- liculle lout ce pays sous la protection de I'autoril^ lurque qui regne aujourd'hui sans conlesle sur celte parlie de I'Asie-Mineure. La g^ographie aura beaucoup a gagner aux succfes de ces diverses explorations. C. Callieb. Narbative of an expedition undcrlaken with a view to geographical discovery on the arctic shores , in tJie years iSStJ-iSSj; by capitain Back. London, i toI. in-8% i838. (Relation d'lin voyage entrepris dans un Lul de dccouvertes geograpliiques sur k's rivages antiques, I'n i83C et iSS;, par le eapitninc^BvcR, de la marine royale de S. M. B. , commandant de I'expediton. ) L'interet qu'avaient excild les expeditions effectu^es dans I'int^rieur des terresetle long des cotes arcliques du continent americain , et les informations successi- vement recueillies a chaque tentative, porterent la So- ciete de geographiede Londres a provoquer I'attention du gouverncment britannique sur une entreprise qui t^tait proposee pour compli^tcr la ligne de cote depuis I'en- tree du Prince Regent (Regent's Inlot) jusqu'a la pointe Turnagain. Le projet fut examine , et le capilaine Back, qui avail deja fail rdcemmcnt des explorations si imporlanles en allanl a la recherche du capilaine Ross dans les memcs regions, ful chargd de lo mcllre a cx6- rulion. ( '7' ) A cet effet, il recul, le i3 mai i836, sa commission en qualit<^ de commandant du vaisseau Ja Teneur {the Terror^, approprie a un voyage aux mers po- laires, avec un approvisionnemenl pour dix-huit mois, ot un (!!quipage choisi , compose d'environ cinquante bommes. Le i4 juin, la Terreur quilta Ic port de Chatham. Le 4 juillet suivant, il elait a 507 milles du cap Fai'e- well, par Sp' Sg' lat. N. , et 20" 25' long. 0. Le 6, il se trouvait par 61° lat. N. Le 25, il perdait de vue le cap Farewell, dont ils'elait rapproche, ct du 25 au 28 vo- guait a travers le detroit de Davis. Le 29, iPrencon- trait dcs montagnes de glace, dont quelques unes avaient plus de 5oo pieds d'elevation. Bientot on aper- cut le cap Chudleigh el les iles Button, puis I'jle de la Resolution, situ^e enlre Gi° et 62° lat. N. par 65° long. 0. , quand soudain un delta de glace parut en face du batiment, et comme pour le defier de passer outre. On dut faire un detour , et Ton so dirigea vers les iles Sauvages inferieures {Lower Savage Islands) qu'on laissa a I'E. Dans ces parages, on eut quelques rela- tions avec des tribus d'Eskimaux , et il y eut entre elles ct r^quipage un petit commerce d'echange. Le 5 aout, on d(!;passa les iles Sauvages sup^rieures (Upper Savage Islands) , sises par 62° 20' lat. N. -70* long. 0, au S. de North-Bay, et oii Baffin avait, suivant Back, penetr^en i6G5, date qui peut-etre est sujette a contestation , ou du moins aurait besoin d'etre veri- fiee. La , on eut de nouveaux rapports avec les Eski- maux , dont une jeune femme ayant apercu le front d'un des officiers anglais enlierement chauve, lui offrit de ses cheveux a elle pour un anneau de rideau. La temperature (^tait de 55" Fareinhcil. Continuant do longer la cote oriontale du detroit , ( '72 ) la Teireiir se Irouva Ic lo aoiit au S. de Broken point , deBailin, situce par 64 lat. iN. 7.5° long. O. Le 16, on vit encore des Eskimaux. On avail au S. I'ilede Salisbury el au S.-O. I'ilc Mill (Mill Island). Depuis ce jour, le vaisseau fut constammcnt environne ou press6 par des masses floltanles de glace. Le 20, on 6tail par G5° lal. 8o» long. O. Le aS , on eul au N. la vue de I'Ue de Baffin, el on etait par 65„ 42' lat. N. 82"* 4 i' long- O'. loujours au milieu d'enormes masses flotlantes. Le 25, on essaya de porter vers I'lle Southampton au S.-O. , en redescendant jusque pr5s de 65" lat. pour reprendre une direction N.-E. II y eut tour a tour de la pluie et de la neige. Dans les premiers jours de septembre, le batimenl fut cerne par les glaces. II se trouvait par 65° lat. 82° 5i' long. 0., a environ 5o milles de la bale du due d'York dans le d^troit Glac6 (Frozen strait). Le ther- mometre Farcinheit etait a 93° au-dessous de zero. 11 n'y eut plus alors que des d^placements laboricux du vaisseau. On commenca A voir des ours polaires vers le cap Comfort; on en tua un de 6 pieds 1 1 pouces an- glais de longueur du museau a la queue , et qui s'6- iait avanc6 hardiment jusqu'a cinquante pas du vais- seau, lequel, au i4 septembre, etait entierement cei'ne par les glaces dans le canal de Fox ( Fox's Channel ). 11 fallutsc frayer a coups de hache ct avec la scie une route a travers ces enormcs amas qui menacaient a chaque instant de broyer cntre eux le batinient. En octobre, les officicrs se construisircnl des mai- sons de neige , el lirent des excursions dans les terres. Le capitaine Back imagina des amusements pour trom- per la lenteur des jours et abreger la longueur des nulls. II y eut des chants religieux et des lectures. On chanta meme des chansons francaises ( sang french ( '75 ) songs); on elablit des mascarades et on joua la come- die. On s'exercait a faire babiller I'echo d'un rocher; ^cho tellenient clair et distinct que I'infortun^ voya- geur ^gare au milieu de ces affreuses solitudes pour- rait entendre au loin sa propre voix, et se figurer qu'il n'est pas seul. On s'aventurait sur les traces des ours blancs, des loupset des renards, et Ton parvenait quel- quefois a en saisir ouen tuer, lorsque ces aniniaux ve- naient roder dans le voisinage. Mais ce qui incommodale plus I'equipage durant sa longue captivite glaciale, fut I'extreme humidity qui regna quelque temps dans les cabines, par suite de derangement dans les tuyaux des poeles et des machi- nes a vapeur. On fut aussi tres inquiete par des ci'c- vettes (shrimps) qui faisaient dc prompts et grands degats dans les vjvres des matelots. Quelques incidents venaient rompre la monotone uniformite des occupations journalit^res. Un jour, par exemple, un matelot tomba dans une crevasse de neige glacee, et allait disparaitre sous les montagnes de glace qui entouraient le vaisseau : secouru a temps, il reparut hors de I'eau , ou il avait , rapporta-t-il , ressenti une douce chaleur, qui provenait sans doute de la difference (i5") entre I'eau etl'atmosphere. A peine ramene sur la glace, il voulut s'y asseoir et s'y elendre ; mais il y eut 6te aussitot geld; et serait mort* On le forca de courir, et lorsqu'il fut epuis^ de fatigue et accable par la I'oideur de scs vetements geles, on le reconduisit dans le vaisseau pour I'y envelopper de couvertures de laine, qui, lui procurant une copieuse transpiration , le rdlablirent bientot, de maniere a ne plus etre qu'un sujet de plaisanterie pour ses ca- raarades. ( «74 ) Le 1" jan\lcr 1807, un conlre-mallrc mouriit; I'ei- quipage lui rendit les derniers devoirs dc la reli- gion, et ronsGvelit dans un lombeau de neige et dc glace. On cut plus tard a rendre Ics m&mes devoirs au canonnier du batimenl. On disait chaque dimanche le service divin d'aprfes le rit anglican. On cel^bra, le 1 1 fevrier, la fele de saint Valentin , jour ou en Angle- terre , suivant la croyance populaire , chaque oiseau se choisil une corapagne pour le reste de I'an; jour en- core ou le premier homme que voit une jeune fille doit etre son bon ami ou son Valentin jusqu'a I'annee suivante. Le 22 du meme mois, le baiiment se re- tiouva dans une situation presque descsperee apr^s le craquement et le deplacenient dcs masses glacees qui I'etreignaienl de toutes parts. Le i 5 mars, ii fut sou- leve par elle, et presque renvers6. Cependant ellesUe ramenaient insensiblement vers le S.-E. Le 12 mai , il se trouvait au S.-O. de I'ile Nottingham par 63° 11' lat. N. 78* 56' long. 0., et le 18 juillel au N. des lies Charles, par 62" l^o' lat. N. 70° long, O., dans le detroit de Hudson. II etait reste enferme par les glaces pen- dant six mois; il se trouvait fort d6labr6, ayant plu- sieurs voies d'eau ; il faliut le reparer sur les cotes dc Labrador. Enfin , il etait de relour u Chatham en oc- tobre 1837, la poupe et I'etambord fractures. Jamais batiment n'avait eprouve de si nombreuses et si terri- bles avaries dans sa navigation de dix-scptmois. Le resultat da cette nouvelle expedition de M. Back a 6t«l presque nul pour la science ; la relation qu'il nous en a donn^e est generalement aride et d'une lecture peu amusante; elle n'aura guered'inter6t que pour les marins qui visiteront les memes parages. ALBEUT-MoMiiAlONT. ( '75 ) ExTRAiTS de deux lettres adressees a M. d'Avezac pa?' M. Thomas Wright , secretaire de la Camden Society de Londres , et relatives a des cartes geograp/iiques die mojen age, Londres, 22 mai i838. J'ai fait une soigneuse recherche d'anciennes cartes, et j'ai pris note de plusieurs dont il sei'ait interessant d' avoir des fac simile pour en faire I'objet d'une publi- cation g^ographique. II y a au British Museum, dans un manuscrit du commencement du xni' siecle, une magnifique carte donnant toule la route depuis Lon- dres jusqu'a Jerusalem, avec Vindication de chaque station, des villcs, des villages, etc., le long de la route , offrant sous beaucoup de rapports une grande ressemblance avec la table Peuting^rienne. Elle est remplie de descriptions en fran^ais du temps ( ou plutot en anglo-normand) , et occupe plusieurs pages. Les peleiins t'aisaient route a travers la France et I'l- talie , puis par mer jusqu'en Gr^ce , et ainsi de suite. Je crois qu'on pourrait y jolndre un curieux essai geographique sur les voyages des pt^lerins ; je pourrais vous fournir sur cet objet des materiaux interessanls, puises a des sources inedites, et je le ferais avec bien du plaisir. ■i jiiilltt j838. J'ai pris note dernierement de deux cartes. Le ma- nuscrit Cotlonien J\ero D. v. contient une curieuse mappemonde de la premiere moilie du xiiie siecle , offrant principalement les cotes de Ici Mediterranee avec I'inlericur de I'Europe. La forme de la Mediterra- nee , beaucoup plus deliguree que dans la vicille carte saxonne du x' siecle conservee dans lu ineme biblio- ( '76 ^ lh(^que , offrc unc hiisure a angle droit , de maniore a ce que celte mer enloure presque enli^remcnt lEuropo. Toulefois, ce qui me parait le plus curieux , e'csl la note suivante (si ello n'est point dejaconnuc) : « Summalim facta est dispositio mappamundi nia- Dgistri Rob' de Melkelesa et mappamundi dcAValtham. 1) Mappamundi Domini Regis quod est in camci'a sua )i apud Westmonastorium, figuratur in ordine Mathaji »de Parisio. Verissimum autem figuratur in eodem or- » dine quod est quasi clamiis (ciilamys) extensa. Talis » est scema (schema) nostra} partis habitabilis secun- I) dum philosophos, silicct quarta pars terne qui est » triangularis fere. Corpus enim terrae spericum (splia;- » ricum) est. » Cctte note est 6crite a I'un des coins de la carte et de la meme main que celle-ci. 11 semble en r^sulter qu'll y avait quatre c^lebres cartes du monde qui ctaient regard^es comme des autorites : celle de mal- tre Robert, celle de I'abbaye de Waltham, celle du roi a Westminster, et celle de Matthieu, Paris, qui se trouvait, je suppose, a I'abbaye de Saint-Alban. La carte dont je viens de pai'ler est placee en tele d'un exemplaire de riiistoire de Matthieu Paris; mais je crois avoir vu des cartes differentes dans d'autres ma- nuscrils dc Matthieu Paris. Celle de Wallham elait probablement une carte saxonne; celle deWestminster ^taitvraisemblablement d'unc redaction plus moderne. Je pense qu'il ne serait pas impossible, au moyen dc renseignemonts ultericurs, de se procurer des copies de chacune de ces cartes. La note dit que' celle de Malbieu Paris et du roi etaient pareilles. ( '77 DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe* PROCES-VERBAUX DES STANCES. Seance dii 3 aout i838. Le proc^s-verbal de la dernifere stance est lu et adopts. M. le ministre de la marine accuse reception de la lettre que M. le president de la Commission cenlrale a eu I'honneur de lui ^crire pour appeler son interet sur le projet de voyage en Abyssinie, presente par M. Lefebvre, enseigne de vaisseau de la marine royale. M. le ministre est tres disposed a seconder cette entre- prise soientifique , etil a donn6 I'ordre d'examiner ce qu'il sera possible de faire en faveur de M. Lefebvre. M. le capitaine Back ecrit a la Societe pour lui faire hommage de la relation de sa derniere expedition dans les regions arctiques pendant les ann^es i836et iSSy. M. le capitaine John Washington , secretaire de la Societe royale geographique de Londres, remercie la Commission centrale de I'envoi des derniers volumes de son Bulletin destines a cette Society , et a plusieurs de ses membres. M. le comte de Ranuzzi ^crit a M. le president de la Socieie qu'il se propose de pubUer en Italic un Re- cueilscienlifiquesous le titre de Annali di scienze'^geo- grafiche , et il appelle son interet sur cette publica- X. SEPTEMBRE. 4- 12, ( .78 ) lion , a Inquelle plusieurs savants etrangers onl bien vouliilui promeltre de cooperer. M. Warden communique una leltre qu'll a recue de M. le proFesseur Rafn , de Copenliague , contenant quelques 6claircissemenls relalifsaux Antiquitates ame- ricnncR que ce savant danois vient de publier sous Ics auspices de la Society rovale dcs antlquaires. M. Jomard presente quelques observations sur un passage de cet ouvrage dont il fait sentir toule I'im- portance. Ces observations seronl insereos au Bulletin. Le meme membre annonce que M. Ic cbevalier Friedrichsthal, de Vienne, est sur le point de se ren- dre en Am6rique; il visitera le Mexique et la Calilor- nie, ainsi que I'Am^riquecentrale.M. Friedrichslbalse cbargerait avec plaisir dcs questions de la Soci6t6; il a d^ja fait des voyages dans I'Asic-Mineure en quality de naluroliste et de gdographe. M. le capitaine Callier lit une note sur le voyage de M. le comte de Bertou depuis le lac Asphaltite jus- qu'a la mer Rouge par le Ouadi-Araba. Le meme membre donne quelques ^claircissemcnts sur divers points de geograpbie que M. Ainsvvorlli se propose d'examiner dans son prochain voyage en Asie-Mineure. M. le president invite M. le capitaine Callier a vou- loir bien communiquer ces observations au comlt(i du Bulletin. M. d'Avezac prdsente a la commission centrale M. le capitaine William Symonds, de la marine royale de la GrandeBretagne , et il le propose avec M. le baron Walckenaer comme membre de la society. ( '79 ) Seance da 17 aoilt i838. Le proces-verbal de la derni^re seance est In et adopte. M, le baron de Derfelden de Hinderstein , membre de la Soci6t6, communique de nouveaux details surla publication de la carte de I'Ocean Indien dont il s'oc- cupe depuis plusieurs ann6€s. Ce grand travail, d'a- pr^s le rapport favorable qui a 616 fait au roi par une Commission sp6ciale, sera grav6 et public aux frais du gouvernement n6erlandais. Le meme membre adresse une brocbure en hollan- dais, contenant I'abr^ge d'un voyage dans I'int^iieur de rile Sumatra, par MM. Muller et Helbach; il joint a eel envoi, de la part de S. E. le baron Van der Capellen, ancien gouverneur des Indes orientales, Ja copie d'un plan figm-atif A'xmQ partie de Sumatra , sur lequel sont lrac6es les routes entre Padang et Natal. Ce plan, qui offre plusieurs positions int^ressantes pour la geographic , est accompagne d'une vue A\x fort Fan der Capellen, donnant une id6e exacle de ces es- peces de maisons forlifiees ou biockhaus que les Hollan- dais font clever pour reslster aux indigenes. La Com- mission centrale accueille avec inl6ret ces diverses communications , et elle les renvoie au comil6 du Bulletin. M. Pallegoix, missionnaire frangais, pro - vicaire apostolique de Siam , par sa lettre dat^e de Bangkok , le i"novembre 1837, adresse a la Soci6t6 une Notice g^ographique sur plusieurs villes du royaume de Siam ; sa lellre conlient en oulre quelques observations criti- ques de 1\P'. Havard, eveque, vicaire apostolique au Tonquin , sur los carles qu'il possede de ces conlrees. ( .80 ) Ces documents sent renvoyis au comile du BuUelin. M. le capilaine Callier annonce que le colonel Vyse Yient de d^couvrir dans la grande pyramide de Giseh, au-dessus de la chambre du roi, trois nouvelles cham- bres dont I'une renferme un cartouche. MM. Cham- pollion et Rosselini ont ti'ouv^ ce cartouche parmi ceux qui figurent dans les tombeaux, et ils y ont lu le nom de Cheops. La decouverte du colonel Vyse vient done confirnaer Manethon, qui, comine on sail, uttribue la construction des pyramides de Gishe a Cheops, et de plus elle prouve que ces monuments ne sont pas anterieurs a I'invention des hy^roglyphes , comme on I'avait suppose gen^ralement jusqu'aujour- d'hui. Le nombre des correspondants strangers n'^tant point encode au complet , M. d'Avezac propose a la Commission centrale de decider qu'elle s'occupera , dans saprochaine seance , de pourvoir ci une ou plu- sieurs places de correspondants. II propose comme can- didal M. le capitaine de vaisseau JohnWashington, se- cretaire de la Soci(it6 royale g^ographique de Londres. Seance du 7 septembre i838. Le proems verbal de sa dorniere stance est lu et adopte. M. le chevalier Amedde Jaubert ^crit a la Soci^te pour lui annoncer qu'il continue de s'occuper de la traduction de la geographic d'Edrisi , et qu'il vient de terminer les premiere , dcuxieme , troisi^me , qua- trifeme et cinqui^rae sections du quatri^me climat , comprenant I'Espagne m^ridionale , la Corse , la Sar- daigne, la Sicile , les ties Loliennes, la Morde et les lies de I'Archipcl , ce qui forme les deux tiers et plus de Touvrage complet. i 1'^' ) M. James Burnes, par sa lettre ecrite de Bombay lu 3 juin 1 838, annonce que M. le lieutenant de vaisseau Wood, de la marine de I'lnde anglaise, vient de de- couvrir la source de I'Oxus. Cette riviere , c6l6bre d'a- pr^s la description qu'en donne le capitaine Alex. Burnes, nait dans les regions 6levees de Pamper dans le Sirikoi. EUe provient d'un& nappe d'eau entouree de tous cot^s par des collines , excepte a I'ouest , par oil coule la riviere , commencant son cours a la hau- teur d'environ i5,6oo pieds anglais au-dessus du ni- veau de la mer, ou a quelques pieds pres aussi haul que le Mont-Blanc. Le lieutenant Wood propose de donner a cette nappe d'eau le nom de lac Fictoria , en I'honneur de S. M. la reine de la Grande-Bretagne. M. d'Avezac communique une lettre de M. Robert Carr Woods, Directing Registrar^ et membre du con- seii de la Society meteorologique de Londres , charge par cette Soci^ted'un travail special relatif a I'enchaine- mentdes phenom^nes atmospheriques dans leurs rap- ports avec les circonstances de iocalite. M. Woods re- clame pour I'accomplissementdecetle tache I'obligeant concours des amis de la science ; il desire obtenir des divers observateurs dissemin^s sur le globe, des se- ries d'observations depuis la dale la plus anciennc possible jusqu'ci ce jour, et leurs reraarques person- nelles sur les ph^nomfenes m^tt^orologiques de leur residence , avec la determination precise de la position g^ographique et de la constitution orographique du lieu d'observation. D'apr^s le d6sir exprime dans la meme lettre par M. Woods , la Societti I'admet au nombre de ses raem- bres sur la proposition de M. d'Avezac et Valckenaer. M. Sanis ecrit a la Societe pour appclor son altcn- ( '8-^ ) tion sur un travail g^ographique qui ne pent manquer, dit il, d'etre de la plus grande ulilite pour la science. Ce travail est la reproduction au naturel, sur un ar- pent de terrain, de la France avec ses montagnes, ses fleuves, ses mers, ses lies, ses productions veg^tales, sescanaux, ses villes, etc. D'aprfes le desir de i'au- teur, M. le president d^signe une Commission de cinq membres , composee de MM. Barbie du Bocage , Co- raboeuf , Eyries, Roux de Rochelle et Tardieu pour visiter I'^lablissement de M. Sanis , et faire un rapport a la Commission cenlrale. M. Conseil , capitaine au long cours , membre de la Soci^te, donne communication d'un M^moire sur un systfeme general de sauvelage qu'il propose d'etablir a bord des batiments, et sm' cent soixan te-dix-neuf points des c6les de France , qui formeraient entre eux une cbalne continue de secours pour les naufrag<^s et les navires naufrageants, depuis Dunkerque jusqu'a la Bidassoa, et depuis le cap Rear jusqu'au Var. II croil pouvoir assurer que si ce syst^me de sauvetage, ou tout autre analogue, 6tait employ^, on sauverait la vie au 9/10 des cinq cents marins qui perissent, ann^e commune , sur les divers points du globe, ainsi qu'une grande partie des cent cinquante navires de toute es- p6ce qui se perdent dans la meme periode de temps, et dont la valeur est estim6e avec celle de leur cargai- son, h 1 5,000,000 do francs. Le capitaine Conseil eslime ensuite que les cent soixante-dix-neuf postes de sauvetage pourraient coiiter h I'Etat 543,445 fr . pour la d^pense primitive, et 1 19,075 pour la depcnse an- nuelle. La Commission cenlrale ecoute avec un vif interet celle communication , et son president , apr6s avoir ( '83 ) adress6 ses rcmerciements a M. le capitaine Conseil, lul exprime au nom de la Soci6t6 , 1'espoir fonde que M. le ministre de la marine vouclra bien nommer une Commission sp^ciale pour examiner son sysleme , et en proposer I'adopiion si elle en reconnait I'utilite. M. Barbi6 du Bocage depose sur le bureau , de la part, de I'auteur , M. Leguevel de Lacombe , un Me- moire geographique et stalistique sur I'ile de Mada- gascar. Renvoi au comile du Bulletin. M. d'Avezac presente une analyse geograpbique du voyage de Rene Caille chez les Maures de Bera- knah eri 1824 et 1825, avec une petite carte du voyage, laquelle ne contient que les noms mentionnes par le voyageur, et suivant I'orthographe qu'il leur adonn^e. Renvoi au comite du Bulletin. MEMBRES ADMIS DANS LA SOClfeT^. M. W. SiMONDs , capitaine de la marine royale bri- tannique. M. Robert Carr Woods , membre du conseil de la Soci^t^ meteorologique de Londres. OUVRAGES OFFERTS A LA S0Clf;Tfe. Seance des mois d'aoilt et septembre. Par M. le capitaine Back : Narrative of an expedi- tion in H. M. S. Terror , undertaken with a view to geographical discovery on the arctic shores, in the years iSSG-iSSy. 1 vol. in-8. — Par M. le baron Der- felden'de Hiderstein : Berigten over Sumatra net eene Kaart van een gedeelte van hetzelve voornamelyk aan- toonende de Wegen en rivieren , Welke nit de Pa- dangsche binnenlanden naar de Oostkust afloopen. Broch. in-8. — Par M. le baron de. Capellen : Esquisse { '84 ) lies priDcipales routes de la partie occidcntale de Su- matra entre Padang et Natal, pour servir a la gtJjogra- phie de ces conti'ees. i feuille manuscrite. — Vue du lort Van der Capellen a Sumatra, i feuille manuscrite. — Par M. le major Mitchell : Three expedition into the interior of eastern Australia, with descriptions of the recenthy explored region of Australia Felix, and the present colony of new south wales. 2 vol. in-8. — Par M. P. Jacqiiemotit : Voyage dans I'lnde , 19*^ livraison . in-4. — Par M. Bianchi : Journal d'Ab- durrahman Gabarti pendant I'occupation fran^aise en Lgypte, suivi d'un Precis de la meine campagne, par Mou-Allem-Mcolas-el-Turki, traduit de I'arabe par Alex. Cardin. 1 vol. in-8. — Par MM. Leroux et /fejna«rf .• Encyclop6die nouvcUc. Tome IV, 29* liv. , in-4. — P- ^^- Boux (le Rochelle : Pievue encyclop6di- que ; plusieurs ann^es. — Par M. Fr. Dubois: Voyage en Crimee , au Caucase , en Armenie, etc., 3e liv. , in-f". — Parle Bureau des longitudes : Annuaire pour i858. — Par la Societc geologique de France : M6moires de cette Societe, Tome III , 1" partie, in-4. — Par M. le major Sabine: INote; being an appendix to his report on the variations of the magnetic intensity ob- served at dillerent point of the earth surface , in-8. — Par il/. I.\ I'fl/,' K.iifiii.r.rr nr loiilli'lil ,/rlr /r.r iiiiili.r /nr/i/t/////it',r ptw //• in/i/tit/rio' . i-f ,r//wi//i/ / ort/uu/rir///ie f/tt '// /t-a/' tt tf/in/n-i' . /iiittfr tf \i/l/'/- /lull/,- ,/,■ /<,-/„iir . y rj I at' > o I J. t /) _ /- A- i^ Saiul '// Laiuldjnl^* /!t.,I„„„ ^. . . I)l.u-<.liiisiii V ;f r.u./nu,. If..,nf.r.- ,/,- /, , ,v, '■t"/t ,,'nffil/v 8G ) niercaient depuis des siecles : plusieurs savants gco- grap'iiesont merac pense qu'elle •' ) luiiles, dontqaekjuesunes, quisont aroniatiques, poiu- raienl etre ulilcs a la medeclne , tl'aulres a IVconumie domestlque. Nous croyons qu'il est utile de romaFqoer icl que les arbres de Madagascar sont couverls d'oiseaux rares, curieux et utiles, et que le commerce pounait liror parti d'une espece particuliere demac dont la chair est aussi bonne que celle du li^vre et la fourrure aussi riche que celle de la martre etdc I'hermine. Le gibier aqualique est si abondant surles lacs et Ics rivieres de cette ile, et il est si facile a prendre , que, s'il 6tait con- serve par les precedes nouveaux de Quinton et do Collin de Nantes, il pourrait etre utilise pour le ravi- laiilement des batiraents qui vont dansl'Inde, et qui ne consomment aujourd'hui que fort peu de salai- sons. Les pores pourraient ol'frir au commerce des res- sources plus grandes encore. Quoiqu'il n'y en ait pas dans toutes les parlies de I'ile , un prejuge ne permet- tant pas a tous les Malgachesd'en elevcr, ils sont ccpen- dant en si grand nombre a limirne et a la cote orientale et coiitertsl peu, queFexploitalion de leur chair et de leur graisse ne pourrait manquer d'etre lucrative. A Tananarive le pore le plus gras ne coute que 5 francs. Nous pensons aussi qu'on pourrait tirer quelque parti dans le commerce des jambons et des soies de san- glicFs , ces animaux etant tres nombreux dans toutcs les parlies de Madagascar. L'indigolicr et le cotonnier des meilleures especes sont indigenes a Madagascar; le caficr, le glrofle, y ont parfailement reussi, et le poivrier y, vient aussi bien qu'a Sumatra. La vigne ne se Irouve pas ailleurs que sur le tcrriloire d'bmirno, d'ou il est probable qu'clle ( '94 ) est originairc; le raisin qu'elle produil devrait olre bon si les Hovas le laissaienl miirir, et on en r6collerait as- sez pour fairo du vin qui vaudrait peul-olre celui du cap de Bonne-Esp6rancc. Les mineraux sont aussi riclies a Madagascar que les veg^taux y sont varies : on voil en plusieurs endroils de I'ile, mais particuli6rement sur les montagnes de Bey-Four, debeau cristal dontreclal produit au soleil un effet merveilleux. Plusieurs montagnes de Mada- gascar renferment dans leur sein d'excellent fer, de r<^tain et de Tor, donl les mines vaudraient la peine d'etre exploitees. On voit dans la valloe d'Amboule, pres du fort Dauphin, a Bout-Zanaar, sur la route de Tamatave a Emirne, et en d'autres lieux des sources d'eaux Ihermales ferrugineuses; et dans un pays a qui la nature semble avoir lout accorde , on finirait peul-6tre par d^couvrir la houille, qui seraitd'une uti- lity immense aux batiments a vapeur qui vont dans l'Inde(i). Cependant la population de Madagascar est loin d'etre en rapport avec son 6lendue et la richesse de ses produits ; celte abondance est peut (>tre la cause de I'apathie de quelquos peuplades fixecs dans les conlrecs les plus favorisees. Plusieurs causes nous onl paru s'op- poser a I'accroissement de la population de cetle lie; la principale ^lait la Iraile des esclaves; aujourd'liui qu'elle a cess6, nous n'avons plus a indiquer que les 6preuves du tanguin et du caiman, et I'usage barbare, conserve encore par plu ieurs peuplades de Madagas- car, de laisser niourirles enfants nesa des jours mal- heureux ou a des heures reputees sinistres. (i^ Voir TiOcuny, f'o_)-ijge aux Iiidcf-Orientales , [t, 8. ( '9^ ) Quoi qu'il en soil, les coles sont beaucoup mors peiiplees que rinterieur. La population du royaumc d'tmirne(i) ne s'el^ve pasparelle-meme a plusdecent cinquante mille ames; mais, en y comprenant tous les peuples qui lui sont soumis, elle peul etre d'un million cinq cent mille ames. Les Sacalaves et les peuplades encore independanlcs lormenl lout au plus deux mil- lions d'ames; ainsi, depuisl'abolition de la Iraite des esclaves, on peut evaluer la population de I'ile entiere a trois millions cinq cent mille individus. L'ile de Madagascar etant sous le vent de Maurice el de Bourbon, dont elle n'est eloignee que de cent quarante lieues, sa position geographique assure aux navigateurs de ces colonies des Iravers^es beureuses et faciles qui durentrarement plus de quatre a cinq jours quand ils abordent a la cole orientale . et dix a douze jours quand ils en reviennent, a moins qu'ayant ele at- tires dans I'Ouest, ils n'aienl a lutler, pour gagner Mau- rice ouCourbon» centre les vents contraireset les cou- (i) C'est a tort que plasieurs cartes presentent I^inirne comme une ville; c'est le nom d'un royaume, d'un Elat puissant, dont la capitale est Tananarive. J.e royatime d'Emirne preud son nam d'une grande riviere qui le Ira- verse, etsejelte dans le Mangourou qui passe dans le pays des Anlatrlii- mes e» pres de la ville d'Anboudeliar, sa capitnle, situee dans I'interieur, a uue jntiinee de niarche , dans le sud-oucst de IVlanourou. Le goiivcri.ement de Maurice ayant voulu s'assurer s'il etait possible de faire uu port it Manouruu , y cnvoya, eu 1821, un ingeaieur arrompagne de son agent, M. llasti-y. Ces messieurs etaient proteges dans lenr explora- tion par uiie diviMon de troupes liovas c oinmandee par le prinre Rafaralah, car ou avail fait romprendre a Raiiaina one, si l.s tra\aii.\ projeti-s a Ma- nourou etaiout reconnus pralicables, il aurait uu jour, par la lixiere d E- inirue, le Mangourou et la riviere de Mauourou, un debourhe pour Its produit^ de son pays. ( 'OG ) ranis violents qu'ils foul prcsquc toujours silrs dc renconlrer au cap d'Ambre ou au cap Saintc-Maric , quand lis out ;i doublor ces caps en quillant la cote occidenlalo. Tous les avantages raari times et commcrciaux que nous venons de signaler atlirerent, des I'annee 1642, ratlonlion de la Trance, et pendant pres de deux siecles les Francais furent seuls en possession de com- mercer sur la cole orientale de Madagascar. lis v fon- d^rent succcssivcment divers elablisscmenls qui, de- puis i6()7 jusqu'cn 1^71, d^pcndirent du fort Dauphin, chef-lieu des possessions orientales de la compagnie des Indes, ot residence d'un gouverneurgent^ral et d'un conseil souvcrain. Depuis 178G, apres I'abandon monienlan6 de ces 6tablissemenls necessile par des circonslanccs locales, la France n'eut plus a Madagascar que quelquos posies de Iralte neccssaircs pour assurer rapprovisionnement de I'ile de France el de Bourbon en riz, bteufs et sa- lalsons ( I ). Les plus considerables de ces posies, qui elaienl pen- dant les guerres de I'cmpire a Foulpoinle el a Tama- tave, oil un agent commercial ot quelques soldalslos prolegcaient, tomberent en 1811 au pouvoir des An- glais; mais le Iraite de Paris, du 00 mai i8i4. ayanl rendu a la France lous ses droits sur Madagascar, elle sc d^cida, ayanl perdu I'ile de France , a rentrcr dans ses anciennes possessions, possessions qu'ello a ccsse d'occuper, a I'exceplion de la petite lie de Sainle-Maric ou elle conserve encore un poste mililaire. (i) Precis sur les ctsbii'ssemcnls fraiiciils Joimes it Mtidfigtiscar, un" pi line pur ordre dc I'ltiniiul Dii/ienc, iniiiistrc de la marine, p. 2. ( 197 ) On sail que, dans les lemps anciens, les exactions •dcquelques agents dc la compagnie etiesmoyens de ri- giieur qu'ils eniployaient rontre les Malgaches, concou- rurent, avecle zele inconsideie des missionnaires, a la ruine de nos ^tablissements. Mais la principale cause de nos desastres futla division des peupladesde 1 ile et I'etal de guerre permanent dans lequel elles vivaient enlre elles. On comprcndra facilement que cet etat de choses ne pouvait offrir aucune garantie au commerce; car si les Francais faisaient un jour un Iraite avec le chef d'une peuplade , ce traite avait si peu de valeur, que souvent, des le lendemain, une petite puissance Aoisine de cclle avec laquelle on venait de conUacter cnvahissait le territoirc de celle-ci, et subslituait son autoi'ite a la sienne. D'un autre cote il etait impossible de connaitre les ressources du pays et ses besoins, puisqu'on n'aurail pas pu, sans s'exposer au pillage, voyager dans I'inte- rieur et parcourir des peuplades qui, etant toutes en guerre enlre elles, n'auraicnt pas manque de punir nos agents des relations qu'ils auraienteues avec leurs ennemis et de I'hospitalite qu'ils leur auraient ac- cordee. Les fievres endemiques qui affaiblissaient nos garni- sons se joignirent a ces causes pour nous (liloigner de Madagascar; car la France avait malheureusement choisi pour fonder ses ^tablissements la parlie la plus malsaine de I'ile, ou les marais sont presque parlout au-dessous du niveau de la mer. II eut ete cependant facile d'y fonder des ^tablissements durables si, moins occupes d'asservir et de convertir au chrislianisme des peuples sur la conscience desquels on n'avait aucun droit, on s'etait un peu plus occupe dc leur civilisation ( "JS ) ■en repandant parmi cux les connaissanccs qui leur sont necessaires pour prf^parcr el mcltre en valeur les iliverses substances que produll leur pays. L'insalul)ril6 d'une parlie de Tile ne devait pas etrc un obstacle a sa colonisation , si Ton avail pu compter sur I'assislance des populations indigenes; caravec leur concours il eill ^16 possible d'oblenir pour son assainissement les memesr^sultals que lesHollandais ont oblenus a Java, ou ils sont parvenus h faire une colonic saine el floris- sanle, quoique celte ile soil beaucoup moins grunde el moins fertile que Madagascar el qu'ellc I'ul d'abord plus maisaine. Slant arriv6 aux derniers essais de colonisation fails par la France a Madagascar en 1820 el 1819, il est nd- cessaire que nous parlions d'une grande revolution qui s'est op6r6e dans cette lie depuis un demi-si^cle. Si celte revolution a port6 alleinle a nos anciens droits sans les detruire , elle a ouvert pour nous a Madagascar une ere nouvelle , et nous aurions depuis long-temps dans celte lie des champs couverts de raoissons el un debouche considerable lant pour le superflu de noire population que pour les produils de nos manufactures , si le gouvernemenl de Bourbon avail pu , sans diroger ii la dignit(5 nalionale, accepter les offres que Radama lui fit en 1825. Le roi des Ilovas nous proposait : i" des concessions de terres et des hommes pour les culliver, avee lesquels nous eussions pu contractor des engagements pour plu- sieurs ann^es; 2" la jouissance de tous les porls de Ma- dagascar, ou il nous autorisait a faire los Iravaux qui nous conviendraient, cxceple ceux de fortifications. Un pouvail meltre au nonibrc des avanlages que nous en eussions retires Ic d^vcloppement de noire commerce d'^change dans loules les parlies de I'tle sous la pro- ( '99 ) tectiondugouvernement d'Emirne, qui consenlait a se porter garant et au besoin vengeur du tort ou des in- sulles dont nos compalrioles pourraient avoir a se plaindre. Le gouvernement d'Emirne a toujours eu le d^sir de nous allirer a Madagascar, et de nous voir y former des ^labllssements de commerce et de culture; menie depnis nos hostilites de 18-29, la reine a plusieurs fois temoigne le desir d'avoir desFrancais dans son pays, et le prince CoroUer, son conseiller priv6, qui nous a sou- vent engage a nous y ^tablir, n'a pas manque do laire connailre a cette princesse toutes les ressources de notre induslrie. Au resle, quelques Francais ont com- merce sur les coles de Madagascar avant et depuis 1829; qu'on leur demande si le gouvernement d'E- mirne a neglige dans aucun temps de nous faire rendre justice dans toutes les parties de I'lle ou son autorif^ est reconnue? Le peuple hova, conquerant et dominaleur aujour- d'liui de la plus grande partie de Madagascar, doit pro- bablement son origine a I'une de ces associations ma- laises qui emigrt^rent dans les temps recul^s et furent s'etablir dans la plupart des lies de I'Oc^anie. Les traits, la langue, la couleur, les cheveux et les habitudes des Hovas viennent a I'appui de cette opinion, confirmee d'ailleurs par la tradition des aulres Malgaches, qui n'ont aucune ressemblance avec eux. Le peuple hova vecut jusqu'au commencement de ce si^cle dans le me- pris que lui valait de la part des peuplades indigfenes son caracl^re parliculier et sa qualil(^ d'etranger. Ce- pendant d^s 1808 il commen^a a sorlir d'une maniere sensible de cet etat de misere et d'abjection. Ce fut a Diauaropouine, pcro deFiadaraa, qu'il dut sa preraii;re { 200 ) orgnnisalion socialc ct ses succ-js a la guerre, tfui le rendirent bicnlot redoutablo a scs voisins. Quoique cctte peiiplatlc nc fut pas nomhreuse et que son terriloirc n'eul pas une grandc; ctondue, clle avail sur les Malgaclies encore sauvogesrascendanl que donne toujours a un grand nombre de forces indivi- duellcs une seulc volonld qui Ics dirige: eel e!al resul- tait d'un conimencemenl de civilisalion qu'cllc avail sans doute apporle de sa palrie primitive. Les llovas connaissaienl les metaux et leur usage; ils exploilaienl dcs mines et cultivaient le sol fertile qui les nourrissait avant qu'iis eussenl communique avec aucun Euro- peen. Leurs mceurs ^taient bien differentes aussi de Cellcs des Malgaclies qu'iis commencaienta sul)juguer. Ceux-ci, peu occupes de I'avenir pourvu qu'iis eussenl des fruits, du riz el de I'eau , etaient sans ambition el sans amour-propre; landis que les llovas, ■envieux de tons les objels etrangcrs qui flallaienl leur vue, elaienl capables d'un travail assidu pour se les procurer: des jiensecs de domination el de fortune venaient deja Irou- bler leur sommeil , el quelqucs annees plus lard ils etaient devcnus admirateurs enthousiastes de nos usa- ges, de nos vc-tcmcnls.et des produils de noire Indus- trie el de nos arts. Radama, qui clierchait a attirerdans son nouvel em- pire des elrangers capables, rdussit a se ])rocurer quel- ques ouvriers de Maurice, Ce prince, el la pluparl dcs grands qui rcnlouraicnt, avaient di'ja dans leurs mai- sons une parlie des commodilc^is dont les gons aisds nc se passcnl pas en Europe , el ils chcrcbaienl a se pro- curer a lout prix les superfluilcs el les objets de luxe reclicrcbes par les liabilanis de nos cites. Cepcndanl I'empire malgacbe que Dianampouine ( 201 ) avail fonde pril un accroissemenl rnpidc sous Radania : ce prince parcouralt I'ile pendant six mois de I'annee a la t&te de ses legions victorieuses qu'un soldat mtila- tre avait instrultes et disciplinees; il ^tablit bicnlot dans ses quatre parties principales des garnisons et dcs gou- verneurs generaux, charges de maintenir en son ab- sence les popukitions qu'il av;iit souniiscs. Ces scries de proconsuls intervenaient toujours en son nom dans les affaires civiles et administratives du pays, quand elles etaient d'un ordre eleve. Les residences de ces gouverneurs, encore les memes aujourd'hui , sont : Tamalave, Foulpointe, le fort Dauphin et Mazangayc. Radama passait dans sa capilale le resle de I'ann^e, et I'employait utilement: c'elait pendant la saison des orages et des inondations qu'il preparait dcs conqueles nouvelles, et qu'il s'occupait sans relache de la legis- lation et de I'inslruction de son pcuple. Un code mili- taire, qu'il redigea pour ses armees, devait suffire a un pays ou lout le monde 6tait soldat et soumis a la volonte d'un seul homme. Radama elablil a la meme epoque, sous la direction d'un sergent francals, son instiluteur, des ecoles publiques, oil los vicillards , comme les enfanls, etaient admis gratuitement , el il ordonna que lescaracleres francais, qu'il trouvait plus simples et plus tomniodes que ccux dcs Arabcs, se- raient employes pour ecrire le malgaclie : lis sont encore en usage aujourd'iiui. Des hommes de cin- quanle et soixante ans , de vieux guerriers et des cour- lisans, voyant la necessiti^ d'eludier pour plaire au piince et pour conservcr leurs emplois , apprircnt en peu de temps a lii-e et a Ecrire, et en quelques an- nees celte education premiere, regardee h tmirno comme indispensable , se propagca de caste en casU; N. OCTOIiRK. 2. l/, ( 202 ) jusqua cclle des Cirondas , qui est la dcrnierc el la moins considcrce. Bienlol il ful possible dc faire Ic denombrcixient (i ) Ces colliers ne soul j)as seulement pour les Malgaclies, qui u'en coii- acrvi-iil (|ii'iiiie |)fliU; qiiuiitilc : li'saulrt's sfjiil enleves par les Aral)** et les Mauivs de l;i cole d'AIViqin', tie la niir Koiiije el ilu milfe Persi(|ue, qui Ml-iiik III a la rrile de I'oucsl avec la iiiuus-oii dii siid-oiiest, el soul expcdies par iu\ d:ius rintcrieurde I'Afriqde el en Asie. ( 207 ) aux Hovas et qui sonl payees en piastres d'Espagne , les void : — Linge et habits bourgeois confectionn^S; unifornies d'officiers gendraux ; — . sabres a fourreaux dores ; — chapeaux d'unilorme ; — chapeaux ronds en soie; — vins blancs et rouges en boutei lies; ^liqueurs; • — savon; — eau de Cologne. Aussitot qu'on s'elablit surun point, on fail venir chez le chef du lieu ou Ton s'est fix6 des hommes H- breset aises du pays qu'on appelle commandeurs; on en prend vlngt, trenle, quarante , suivant la quantity de marchandises que Ton veut ^couler ; on rtmet a chacun de ces commandeurs, en presence du chef, les marchandises que Ion sail convenables pour traiter deux ou trois cents bocufs, chez telle peuplade dont on connait le gout et les ressources. Lorsque chacun a recu son lot, qu'on appelle a atone , le chef fait tuer un boeuf , et tous les commandeurs , plongeant successivementleurs sagayes dans ses flancs, jurent d'adminislrer avec economic et fidelite les Inte- *■ rets qu'on leur a confies ; ils s'obligent a laisser pour garanlie de leur gestion leurs families et Icurs trou- peaux, qui doivent resler sous la main du chef jusqu'a leur retour; ils mettent ensuite le dime sur ce meme chef. Le dhne est une imprecation d'une haute portee a Madagascar, et il est tres rare qu'on ne soit pas sur d'un horame qui a prete ce serment teri'ible, concu a peu pres in ces termcs : « Que le chef iin tel meure ; '•que son corps soit la pature des caimans et des oi- oseauxde proie; que sa posterite , manquant d'eau et » de riz, soit devoree par les chiens des forets , si je fais » le moindrc tort au blanc qui m'a confii ses marchan- s discs pour etre echangees conti'c les productions de » noire pays. » ( 208 ) Ce sermcnl prele , chacun des commandcurs s'ad- joiiil Irois oil qiiatre lioiuiiies de peine que Ton appelle marmiles. On donne par mois a chacun do ces mar- miles l\o i:;rains de colliers , qui ne reviennent pas en- semble a plus d'un franc. Lorsque loutes les marchan- disos sonl divisees en pelits ]ols et emballees dans des leuilbs de vakoua pour Ics preserver de riunnldile qui pourrail les allerer pendanl le voyage , on les dirige vers les divei's lieux de leur expedition. Le salaire qu'il est d'usage d'allouer a chacun de ces comraandeurs consiste en Go grains de colliers par niois, plus^o grains pour leur depense, ce qui forme unc masse dont la valeur en fabrique est de 2 francs lout au plus. Nous n'avons jamais pris a 3Iadagascar plus d'un homme par 5o bocufs pour conduire un troupcau dans les senliers les plus diiViciles , et nous ne perdions ja- mais plus de quatre a cinq de ces animaux sur cent, dans un voyage de qualre-vingis a cent lieucs; deux ou Irois elaienl enleves la nuit par les caimans; les au- Ires mouraient de fatigue, et leur chair boucan^e ser- vait a nourrir les hommes de I'expedition, II est rare que de telles expeditions durent plus de deux mois, a molns qu'un commandeur ne soit arrete par quelque chef cupide ou retcnu par un snJial ou j)roct;s ; ce qu'il est facile d'eviler en gagnant par des presents dc peu de valeur I'amitie des chefs puissanls, ceux qui sont a redouter dependant prosque loujours de ceux-la. Au reste , de tels accidents ne pourraient avoir lieu que dans la parlie dc I'ile qui n'est pas en- core soumise a lautorilc!; de la reine Ranavale. Nous pensons que la baie tie Diego Suares scrait prefeiable a lout aulrej"'point pour foinier un clablis- ( '-^og ) scmenl qui pourrait devcnir un jour considerable; car Boiubeloc, Anlcianac et le pays dcs Sacalaves du Sud elant les conlrees les plus riches en Iroupeaux , c'est le plus pros possible de cesElats, ou dans la position la plus commode pour commercer avec eux el avec les colonies europeenncs, qu'il laudrait se placer. Les principales chances commerciales reposeraient sur les boeufs, dont on salerait la chair pour approvisionner Maurice et Bourbon, et dont les peaux sechees seraienl expediees en Europe. La baie de Mouroundava se trouverait aussi au cen- tre du commerce des boeuls ; mais I'insalubrit^ de celle localile (ou les fjevres sont cependant moins perni- cieuses qu'a la coto de Test) et la lenleur des commu- nications avec Maurice et Bourbon, la rendent moins propre a I'entreprise dont nous parlons. La baie de Diego Suar^s, au conlraire , nous parait reanir des avantages qu'on chercherait vainemenl ailleurs. C'est Vd aussi que le gouvernement fran^ais avail forme en i852 le projet de fonder un etablissement colonial (i). 11 lit explorer ce point par la corvette la Nihrc ; le ca- pitaine Owen en avail fail I'hydrographie plusieurs annees auparavant, et nousmeme nous lavions visile plusd'un an avantrarriveed'Ovven (2). Suivanlun usage trop frequent chez les navigaleurs, le marin anglais a (i) Precis sur Us etublissfinents friuicais formis a ^fai/ngascar, im- [irtiiie par ordre du miriistre de la iiiaiine, |i|i. 70, 7 i tt 72. (i) All coinnieiiceiuent df riiiveniai;e de iSaS, qiiej'a\uis piis d'abord ja resoliilioii de pu'-ser a Tanialave, drs noiivelles que je re cus du prince Ratcf , avKC qui je in etais lie penJaiil la gnei re des Vounines , me dccidt- l-enl a I'acconipagmr jii^qu'an capd'Ainbre , ou il avail loidie de se lendie avt'c uiicdivisiiHi liova dont il alia prriidre le conimaiiJemeiit a Taiiaiiaiivc. f)u vena hs delails de ce viiyage dans le reeit de moii sejoiir de liuil anuees die/. lesMalgaelies.doiil )'■ pir|)aie en ee iiionient la pulilicaliou. ( 2 1() ) forge pour Ics divcrscs parlies decetle baie une nomen- clature tout europ^enne, a laquellc on nous permet- tra dc pr^l'i^rer celle des naturels , la se'ule qui puisse se perpetuer surleslieux; nous I'avons scrupuleuse- ment roproduite dans la pelitc carte ci-jointe avec la traduction lilterale de chaque denomination. On n'y verra pas sans inlerfit que Ics Malgaches donnent a Tune des parlies principales de la baie le nom de Doin>onch-v(isn, qui signifie baie des Frnncais. Vasa est en effet le nom par lequel ils designent les Frangais , en dislinguant, quand il v a lieu , les Vasafoutchi ou Franrais blancs, qui sont les colons des lies de France et de Bourbon, des Vasa-minty ou Franrais noirs, qui sont les gens de coulcur de ces memes lies ; quant aux Francais d'Europe , ils les appellent Vnsa amni tnnr bey ou Francais de la grandc terre. Pour les Anglais, ils les nomrnent Engnilisch. Notre carte ofTre aussi le Ibdalre sur lequel nous croyons que devrait ctre clablie une premiere base d'opera lions commcrciales. C'est dans le port de la Me- vre que Ton devrait se placer. C4e port est assez grand pour contenir plusieurs batiments, qui y seraient a I'abri de tous les vcnls , et qui trouveraient assez d'eau pour mouiller pres du village d'Antombouc ou du Pied, residence d'un petit cbef 6lu par une famille d'Anlancares qui s'y est fix(^e. Les sondes varient dans ce port depuis 'i brasses jusqu'a i5, fond dc sable ou Ton n'a a redouter le volsinagc ni d'ecueils ni dc bancs. Deux rivieres considerables ou Ton trouve d'ex- cellente eau douce , celle des Caimans et celle des Macs, sont a proximite du port; on peut rcmonter la premiere assez loin en canot. Lcsbabilants de la baie de Diego Suares, alnsi que f 2 I I 'l lous les Malgaches dii Nord, depuls la riviere Soumba- Ranou dans la baie de Possondava jusqu'a celle d'An- kalava, sont connus sous le nom d'Antancares. Leurs traits et leiirs habitudes sont presque les memes que ceux des Malgaches del'ouest, maisils sont encore plus sauvages qu'eux depuis le port Louquet jusqu'au cap d'Ambre ; ils sont plus noirs que les Bessimlsaras et les Antavaratz; leurs Ifevres sont plus larges , leur ne/. plus epate, et presque tous ontdes cheveux laineux, ce qui donne lieu de penser qu'ils se sont mel^s avec les Cafres; d'ailleurs plusieurs motsdu langage de ces peu- ples en usage h la baie de Diego Suar6s prouvent qu'ils onteudes rapports frequents etsuivis avec les Africains. Les Antancares sont plus tacilurnes et nioins tra- cassiers que les autres Malgaches ; on doit convenir aussi qu'ils sont moins intelligents et moins adroils. lis reconnaissaient aulrefois la supr^matie d'un cliel, que les Hovas ont vaincu et soumis. Au resle , I'espece d'hommage qu'ils rendaient a cc chefne les obligeait a rien, pas meme h lui payer ti'i- but; les habitants de chacun de leurs villages obeissent a un vieillard qu'ils choisissent eux-memes. Cotte sorte de patriarche, assiste d'un conseil compose des plus anciens, dt^cide de toutos les affaires de la petite sociele. On ne trouve pas a la baie de Diego Suares , et en geniiral dans tout le nord, de grandes associations d'hommes, comme dans certaines conlrees de I'lle. La on ne voit que de miserables villages composes de vingt ou trente cases, petitcs et peu solides. Ces peu- ples n'ont aucune idee de ia culture , qui cependanl devrait mieux reussir chcz eux qu'ailleurs s'ils vou- laient s'y livrer, car ils ont de bonnes terres vegetales du Strabon ullemaud avaiit iciir publication dans Ic recucil de Canisius. ( 235 ) tonnerpent toutes les fols qu'il pense que Ptol^mee, tie a Alexandrie, ou il composa son grand ouvrageet ou i] passa toute sa vie, que ce savant ait pu commettre tant d'erreurs en traitantde Suez et du golfe EUanitique. Castro ne s'aidait pas seuleincnt des ouvrages des auteurs anciens; il etudiait aussi , au milieu des dan- gers d'une navigation p^rilleuse , d'autres livres qui pouvaient I'eplairer sur les localites (i). C'est ainsi que nous remarquons que quand il parle (}e Sainte-Catherine du Mont-Sinai , il cite Anlonin , archeveque de Florence (2), ce c^lebre chroniqueur du XIV* si^cle canonist par Clement XII. Castro portait done avec lui une collection des au- teurs anciens qui traitent des localiles dont il devait ecrire son celebre itineraire. Neanmoins, je ne dois pas cacher mon etonnement de ne le voir jamais citer les auteurs grecs; car il ne s'etait jamais servi des notions d'Agalarchides de Cnide (3) ni de celles d'Arrien, qui a donn6 dans son periple de la mer Erythree la des- (0 Plusieurs passages de I'llineraire de Casiro proiivent qu'il avqit avec lui dans son vaisseau une cqllection dts auteurs qu'il cite , et uolamiiieut celui avec lequel ii determine la position de I'llot pres du promonloire Pos- sidio, passage oil il dit qu'il debarqua pour mesurer les distances, pour faire des observations astronomiques, et rapprochtr les noins anciens du proinontoire avec les noms modernes. (2) Roteiro, p. 199. La cbronique d'Antonin eut plusieurs editions. Au tqnips de Castro existaieul deja celles de Venisede 1480, de Nureinherg de 1484, eii lettres golhiques; celle de Hale en 1491, et celle de Lyon do i5 17, en 5 \ol. in- lol. (31 Cel auleur ecriyit sous Ptolemee Philometor. Photins nous a con- serve dans sa Bibliotheque quehpies extrails de sou livre; mais ce hel ouvrage etait ccrit en grec, et la premiere traduction latine de Scott u'a pai u qu'en 1606, plus d'uu demi-siecle apresla mort de Castro. ( ae6 ) cription de tous Ics ports, ties radcs, iles el stations do cette mer j). S'il cite Hipparque dans un passage de sa preface , il n'cn a parl6 que d'apr^s ce qu'il avail lu dans Pline I'Ancien , qui nous a conserve les litres des ouvrages de eel astronome, ouvrages qui se sont perdus (2). Quoi qu'il en soil, ce que jo Irouve encore- de plus extraordinaire , c'est que Castro , en parlant longue- ment du Nil el des causes du d^hordement de ce (1 euve , debordement qui, comme il le remarque lr6s bien, « avail Jhiirnl aux anciens philosopkes un theme de dis- cussion sans qu'i/s aient pit le resoudre , » n'ait point cit6 H^rodole, ni Erastoslhene , ni Thoophraste dans Porphyre, d'autant plus que le premier aurait du le (i) Au temps de Castro, il n'y avail pas eiicoro de Iradiiriion laliile d'Ar- rien.La premiere n'a parii qu'en 1377, prcs de trenle. aiisapres la mort di: Castro; Arrien n'a point observe, comme noire auleur, lesninilis des vents et les courants du golfe Ar,ibiqtie. Le Pere (Descript. de I'Egypte, toin. XI, edit, iu-8) parait n'avoir pas ronnu la tradiictidn piecitee, il ne cite que la traduction faite par Blacnard en i6S3.0osselin (Reclierches, etc., II, 176) ditque ce pcriple est fausseiuent allribuc a Arrien. Sur cette question voyez le savant ouvrage du docteur \V. Vincnit, Voyage de Near- (pie, etc. (2) Castro ne ponvait pas conuaitre ce qui nous r«ste de cet auteur , le Commenlaire sur Aratus. qui ne fut imprime avec nne traduction laline ci'HildiTic ipi'en 1067, chcz les Juutes, prcs(|ue viugt ans apres la raort lie Castio. S'il parle d'Vrchimede, c'est peul-etre d'apres la traduction latine faite ))ar lesavaut evecpie deOoa, don Fraurois de Mello, sou cornpalriole et son contemporalu. Ku elfet, ce prelat Iraduisil du grec en laliii le Traite De incideiitibus in hiiniulis^ el les Iraitts d'liuilide. Ouant a Diodore, qu'il cite et qnil corrige qnelquefois , probablement de la traduction latine des six premiers livres de cet auleur qui avail ele ini|)riniee a Venise en i4'j''- ( '-^27 ) charmer par le tableau si interessant qa'il nous a la,iss6. Les anciens philosophes auxquels Castro fait allusion ne pouvaienl etre les auteurs qu'il cite. Seraient-ce Thales , Anaxagore , Euripide , Ephore , Aristote et son scoliaste Alexandre d'Aphiodisee, qui se sont occupes de ce phenom^ne? Nous ne pouvons que le pr^sumer. Notre auteur pretend avoir obtenu la connais- sance des causes de ce ph^nom^ne du debordement du Nil, que de s\ grands genies , dit-il, ont ignore ; et fai en pen cVhenres sans depenses , sans veilles et sans travail, decouvert le secret que tant de puis s ants rois , apres avoir depense des sommes immenses ,. n'ont pas pu decouvrir. Dans ce passage, Castro parait vouloir nous faire comprendre qu'il entendaitparler des rechercbes faites par diff^renls princes qui ont regnd sur I'Egypte , tels que Sesostris,Cambyse, Alexandre, les deuxPtolemees Pbiladelphe et Evergete, enfin des rechercbes faites du temps de C^sar et de N^ron pour decouvrir les sources du Nil , rechercbes qui furent toutes infructueuses. Ces observations nous montreronl a la fois I'inslruc- tion et le savoir de Castro , et nous prouveront en meme temps qu'il aimait de preference la langue latine, qu'il ne se servait des ouvrages des auteurs grecs qu'autant qu'il en existait des traductions latines. En effet, il ne parle jamais, malgre son Erudition, des diff^rents syst^mes des Grecs , tels que cenx d'H6- siode , d'Hom^re, d'Orpb^e , de DtJsmocrite , de Scylax et d'Eudoxe. II n'est pas moins digne de rcmarque que , contre I'usage des gcographes du moycn age , il ne parle qu'utio ou deux fois d'une manierc claire des tradi- ( 228 ) tions bibliques et de la gdographie des Heibreux. II ne cite pas meme la denomination donnee a la mer Rouge dans les textes de nos livres saints de Ynm-Suph , mer des joncs ou de Talgue (i) , dont une ile Su[fange-id- Bahari , dont il determina la position et indiqua la synonymie, conservait encore un nom analogue a celui que les livres saints donnent a ce golfe. II garde le meme silence quand il discute quelques donnees pour determiner la position astrononiique de Berenice, ne se rapporlant pas aux traditions bibliques; il ne nous dit pas si c'etait I'ancienne Esiongaber d^^ Hebreux (2), quoique , du temps deJoseplie, elle fut d^ja nommep Berenice (3j. II est etonnant, dis-je, que notre auteur, qui aimait a faire des rapprochements, n'en ait point fait ici avec Ifis denominations des textes sacres , el qu'il n'ait pas signale non plus une ville appel^e du meme nom de Berenice, et siluee dans le golfe Arabique, savoir : la Berenice de Slrabon pres de Sabee, xora Sa^a;, Ber(^- nice Epi-dires ; et ce silence est d'aulant plus remar- quable que Jean de Castro, tout en suivant Pline, as- sure que les donnees fournies a I'^gard de cette ville par Pomponius Mela ^talent insuffisantes (4). D'autre part, Castro parait avoir eu quelque connais- sance des langues arabe et persane; car nous remar- quons qu'il designe la signification en portugais d'un (i) BarraJas, auteur portugais du xvie siccle, cap. X, De Mare RiibrOj p^'oduit la denoniiualiou lifbraique de celte mer. (1) Liv. m des Rois, rhap. c), v. 26; Paralipom , liv.ll, cha]). 8, v. 17. f 3) Flav. Josephe, 1. Auliq. judaiq., liv. VIII, c. 6, p. 437. Du temps de Cas(ro il u'cxislait pas de traduction laline de eel ouvrage. f^) Selou Pomponius Mela, cette ville elait placce entre le promon- ^toire d'Heroopolis et celui de .Strobile. Joscplic dit, en parlant de la ilotte ( 229 ) grand nombre de noms arabes, et qu'il rappoiic iift'e longue etcurieuse conversation qu'il eut avec un Arabe, qu'il dit tres instruit , et qu'il qucstionna sans inter- pr^te sur les traditions qui existaient parmi eux sur I'endroit par ou les Israelites effectu^rent leur passage ; problfeme que notre auteur discuta avant qu'il ne fut discute par un grand nombre de savants et de voya- geurs celebres (i). Je dois ajouler ici que notre auteur prouve dans cette discussion qu'il avait 6tudie les auteurs qui avaient parl6 avant lui de ce passage , quoiqu'il garde le si- lencre sur ce que dit Eusebe a cet egard (a). Nous signalerons encore ici une autre particularite fort curieuse qui montre la perseverance de notre au- teur : ce fut de cherclier tousles moyens de s'instruire de Salomon, que Beieiiice fut coiislruite a Aziongaber, mais que celte AZiongaber s'appelait de sou temps Berenice, et qu'eile n'etait pas loiii dElana. (Aniiq. judaiq., p. 269 Selon don Caloiel, Josephe s'est trompe loisqii'il a mis de ce cole c!e ia mer Rouge line Berenice qui elaila I'aulre l)or(l. Vossiiis croit, an nontraire, que la Bereuicedc Josephe est la meme que cello de Pomponius Mela. Nous nous bornon'i pour le present a citerau leoteur cette discordance d'opinions ; mais nous disculons ce point dans noire examen critique ct geoj;raphique de I'ltiueraire de Castro, auquel nous reuvoyousle lecteur. (i) Castro devanca aussi dans cette discussion Bellonius, Furer, son compalriote le jesuite Barradas , qui ecrivit Ititierarium filiorum Israel ex Egrpto , etc., ouvrage pnblie pour la premiere fois a I yon en 1620, a Anvers en 1621 (edit.de la Bibliolh. du roi). II devanca egalement Le Clerc, qui ecrivit aussi De trajectionis maris Idiimaei; le celebre Bo- chart, Mith'aelii, Schaw, Goldsmith , qui ecrivit Nova demonslratio tran- sitiis popiili Israel; enlin noire auteur devanca Pokoke, Niebuhr, M. Dti Bois Ayme, etc. (2) Eusebe, Preparai. evangel., liv. IV, c. 17, qui expliqua le passage de la mer Rouge au move n ues niarees, et qui parle d'Arlapamus, qui pro- dtiisait celte opinion cofiime ayant ete celle des prefres de Memphis. Le silence de Castro sur le passage d'Eusebc doit nous elonner d'aufaut' ( 200 ) sur lout ce qui avail trait a I'liistoire el a la geographic ancienne de cette parlie du globe. A cetcffel, il se procurail, par I'inlcrmediaire de ses correspondants qui voyageaient en Perse, V Histoire d'Jlexandre-Ie-Grand d'apres les ecrivains orientaux , et nommcmcnt d'apres les auleurs persans, parlicula- riles qui nous sonl revelees par deux dcs documents publics dans la nouvelle edilion d'Andrade. En elTct , les deux correspondants de Castro , c'est- h-dire Falcao, et Garcia de La Pcnba, lui envoyerent cha- cun un exemplaire de V Histoire (V Alexandre en persan. Le premier ajoute, dans sa lettred'envoi datee d'Orrtius le^i fevrier i546, quil pense que les livres orientaux dece genre sont nioins exacts et inoins veridiques que les notres. Falcao parait faire ici allusion aux fables d6bitees par lesOrienlaux sur XcuvEskander ou Iskender Doulkarnain, fables qu'il croyait pcul-elre trouver dans cot ouvrage. Quoi qu'il en soil, Falcao nous revele en meme temps par cello lettre la consideration dont noire auteur jouissait parmi les gens inslruits; car il ajoute que le meme volume conlient d'aulres bistoiros ( ou plulot des conies ) oulro ci lie d'Alexandre , mais dont la lec- ture plairait peut-etre mieux a D. Ferdinand de Castro ( qui etait un joune homme) qu'a lui, homme grave et savant; particularite qui parall monlrer d'une maniere plus decisive encore , que ces histoires n'^taient au- tres que les fables d'Eskander. Le second exemplaire envoyo a Castro par La Penha etait trosprecieux; car celui-ci dit dans sa leltre qu'on plus qu'a I'epoque oil il ecrivit son Itineraiie il exislait deja deux Iradiic- tious latinos des ouvraf;es du savant evcque dc Cesaicc, c'e^t-a-dir c cellos de i.',7(> et i522, et qui iirecederenl telle du texle oriyiiial yrliens, i7()6, in-8, p. 78. Le lemoignaije de cet auteiir est d'aulaiit plus precieux qu'il \i'ciil a AU'xandrie, oil il diit etre au fait de ces parliiiilai'ites. (a) Eirisi, traduction de Rl. A. Jaiii)crl; I, i35. Les diflicultes qu'offre la navigation de ce golfe ont ele signalees au.-^i dans des ouvrages posteiifurs a I'itiniTaire de Castroy c'esl-.i-din' dansreiix de Dodwel, Hudson, Hiiet, Bruce, Robertson, NicLulir, Keunel, \V. Vin- cent et d'autrcs. (3) Castro commciK^a sa navigation du golfe le 28 Janvier i54i, ct later- mina le 2C avril. (4) Le navigaleiir portugais ayant pariouru le golfe dans toule sa lon- gueur, fit non seulement 1,000 lieues marines ( rapprocliez Malte-Brun, VIII, 243, ct LePere, Mem. snr le canal des deux mers, p. 199), mais il le traversa encore en dilfeicntt-s directions dans sa largi'ur. (5) 15al)-el-Mandel) sig'.iCe Poiie du Malheur ou des naufrngcs , ou jiluioi de rajjliction, scion la traduction de noire savant confrere M. Rci- 11.111 J. ( 205 ] Au surplus, I'insci'ipliou saiiscrilc qui se conserve encore dans le jardin du cclebre chateau de Penha- i'ej-de a Cinlra , inscription dont le savant orienlalislo Wilkins donna rexplication , nous altesle d'unc part, area d'autros monuments, le zele de ce grand hommc pour la science , et nous montrc encore aulant de Irophees obtenuspar lui dans I'lnde. Je me permcllrai d'ajouter que , lorsqu'il sera jug6 irapartialement d'apr^s un examen critique et g^ogra- phique de ses ouvrages, ce qui n'a pas 6le fait jusqu'a present, il obtiendra dans la science un triomphe aussi beau que celui que la ville de Goa (i), imitant la ville ^ternelle des Emiles et dcs Cesars, decerna a'ce grand capitaine apr^s la conqudte du ro^aume de Cambaye. J'ose done prier la Societe de geographic , qui pos- sfede maintenant les ouvrages qui attestent les services que cet hommc venerable a rendus comme geographe et comme guerrier, ouvrages dont elle m'a I'ait I'hon- netir de me charger de luirendre compte; j'ose la prier, dis-je, d'accorder une place dans son Bulletin a celte notice consacr6e a la memoire d'un savant dont la carriere litleraire comnicnca dans les premieres an- nees du xvi* siecle, et qui a consacre sa vie lout en- ti^re a la science , a la gloire de son pays, et surtout a la vertu. (i)La ville de Goa lui decreU le triomphe, qui cut lieu le i5 aviil 1547. Voycz les longs details daus Aiidrade, liv III, p. 234 el suivaules. Castro marrkail cuuronne de lauriers et !,ui>i des cleiidarJs du royaunie de V.nm- Leya Iraiues par lerre, le jusarcam et les autrts capitaines raptifs, tt 600 prisouuiers euehainps. 4. ( 25G ) OnSEnVATlONS SLR LES Nt'MiDES. M. Lllenne QualreiiK^re a recemmcnt insure dans le Jounutl des Savants (cahlcr do jiiillet i858) des Obsor- vallons siir Ics Numides, qui rcnfermonl de curieusos indications sur la signification ct I'origine de quelques unes des denominations de ce peuple. Celle de Aonmdes , purement grecque, n'est don- nt^e qu'appcllalivemenl par Ilerodote aux Libycns pas- teurs; c'est Polybc qui parait I'avoir employee pour la premiere fois comme designation speciale de ce peuple. Le§ Romains , adoptant le mot grec , le firent passer dans leur langue sous Ic forme insolitc de Nu- rnt'da;, qu'on voit dans Sallusle, C6sar, Titc-Live et autrcs (i). II est exlremement remarquable que ce nom si- gnificatlf, traduit par les Arabes d'Afrique, s'est ainsi pcrpelue jusqu'a nos jours dans le pays, oii I'idiome des indigi'ines est appele sc/ioiv/ah, et les peuples qui le parlent, Sc/uuvis. Makrizi raconle qu'un vizir de Fez implora le secours des ScIuwLs , et leur en- voya des sommes considerables. Ebn Khaldoun dit que les Zenatah , dans Ic ]\laglireb , elaient Scha- wls (2) , el il explique que ce nom de Schawls signifie (i) Festiis, en son livrc De iierbonim significationc , dit a re siijtt : « Numidas diciiiius quos Giaeci Nomadas , sive quod id genus hominiiin pecoribus uegociatiir, sive quoj lierbis nt pecoia alimtnr. » (.V. duR.) {■i) Cetle inJication se retroiive dans Marmol, lib. i , cap. 24, oi'i on lit : •• Los Zenetes tieuen siis antigiias hnbilaciones en los ran)pos de Teme- rena, que es la ultima y mas occidental pruvincia del nyno de Fez; y es- tos sollan ser los mas podorosos, mas alioia uo lo so;) tunto ; y los ilamau Xai'V"-'- •• (N.dii H.J . ( '-^37 ) ccux qui SHiveiUent les moidons et les bauijs (i). Ce pas- sage et plusieiirs autres no peuvent laisscr de doulo sur I'etyinologie arabe et sur I'acception reelle des noms dc Scka^vis et de Schaivin, qui rappellent les ha- bitudes pastorales du peuple indigene de I'Afrique seplenlrionale. Le savant hebraisant Gesenius s'est cru autoris^par certaines considerations a regarder la langue des an- ciens Numides comme analogue au punique, et.cons6- quemment a I'hebreu; mais, oulre que nul c^crivain de I'antiquite ne fournit d'argument propre a appuyer une telle bypolhese, Salluste ^nonce implicitement le conlraire quand il paile de I'alteration du langage des Sidoniens de Leplis par suite de leurs alliances avec les Numides. D'ailleurs tous les noras propres numi- des, de peuples, d'hommes et de lieux, paraissont pen susceplibles d'etre ramenes a des racines liehraiquos; sauf loutefois celui de la capitale Ciitha , qui si- gnifie ville , ct qui fut emprunte directement a la langue punique , parce que I'idiome des pasteurs n'a- vait pas de mot pour exprimer I'idee de ville; et c'est le meme que les Berbferes de nos jours ont, pour le meme objet, emprunte h leurs voisins arabes le mot medinak dont ils ont legeremcnt modifi6 la forme (y). (i) On Iroiive dans le livre de Jean de Leon, Ddla dcscracione dell' Jjrica , nn chapitre tout entier consacre aux >< Soaiia, cio e qti'gli clieal- tendonu alle pecoie, gente africana cliesegne lo stile de yli Araiji, •> ce qui doit s'entendie des Schaouyah en general, non de la tribn de Zouaouah, I'une desLranehes de Kctamidi , et encore moitis des Zuua^hiiii (hraiiche de Dharysali, comme se Test imagine Marmol dans sa parajihra e. (.V. d„ li.) (2) Dii mot arabe medynah, les Kerbers ont fail , en radoplaril, celui de C'tidrnt. _ (^A'. (/„ /,■.) ' ( .58 ) L'inscrlplion bilinguc diiTliugga, ou Ion voit, a cole d'un lexle en caracleres puniqucs, figurer un second texte en caracleres inconnus, esl expliqude par M. Ge- scnius comnic un monument numide, ayant pour auteur le roi lllempsal. II n'esl guere a presumer que les deux inscriplions soionl Iracees dans la meme langue el seulement en caracleres differents ; on peut croire avec beaucoup plus de vraisemblance que Tune dos inscriptions esl la Iraduclion de I'autre; or, en consideranl combien I't'crllure punique de celle pierre est bideuscmenl barbare, landis que I'aulre paratt ex6culee avec beaucoup plus de soin, on est amene naturellement a conclure que I'inscriplion punique offre la iraduclion, et que c'csl I'autre qui donne le texte original. L'exislence du monument dans une an- cicnne ville numide rend suffisamment probable que ce texte en caracleres inconnus est verilablcmcnt numide (i) ; ilparqit, au surplus, otTrir simplemenl une inscription lumulaire en I'bonneur d'unlNumide, dont elle rappelie la longue genealogie. El celte dcr- niere circonslance opposcra loujours un grave obsta- cle au dechilircnienl coniplel de I'inscrijilion, altcndu que les noms propres numides presentent des formes clrangires, inconnues, qui n'ont pas le plus l(^ger rapport avec ces denominations significalivcs rclracees sur les monuments pbeniciens ou puniquos, ol aux- quelles M. Gesenius a voulu les assimik-r en les rame- nanl a des etymologies bebraiques, landis que c'est (t) Outre I'iiisrriplion niinii(li(|iie dii monument dc Thiigga, revelee a I Kiirope savaiile par le roiiilc O.iniille Ilorgia, d'aulrcs fm^iiieiits d'iiisirip- lioiis en caracleres st'iiililal>lt''>oiil ilerecueillisfii AlVicpie par noire cvrelli nt aim le c.ipitauiede vaiiscan de Falhe. (jV. clu It.) ( 25(J ) uniqucuient dans la langue ties indigenes qu'on peut tenter de leur Irouver une explication. II est remarquable sous ce point de vue , que le nom des deux principales nations nuniides, savoir, \esMas- sf liens el les Massesylicns , et les nonis individuels do Massinissa, Massiva, Biassugradn , commencent uni- formement par la syllabe inas; or dans la langue des Berbferes le moiinas signifie un fits (^i) , el Ton est fonde a croire que ce mot a dii etre employe devant les noms de tribu et les noms individuels , a la maniere des Ara- bes, chez lesquels rien n'est si commun que les noms de Iribus commencanl par le mot /?e«OH (les fds de. ..), etles noms d'hommes formes pareillemenl du rnol Ebn (le fiis de...), accompagne de celui du pere ou de 1 aieul ; une coulume analogue se conserve parmi les juifs d'Europe, dont beaucoup s'appellent Lei'isohn, Jacobsnhn , etc. (2). Tel est en peu de mols le resume des observations du docte oricntalisle donl le monde savant s'est lia- bituc des long-lemps a considerer I'opinlon en de (i) Ce mot est doniie, avec quclques variations de f.nine, Jaas les vo- cabiilaires betbers que nous possedons. Quo! qii'il en soil, nous avions con- jectiiralt'meiil decompose le nom de HJnssesrlieiis va lUes-Zezoiil , en ad- metlaut la premiere syllabe comme la forme pluritlje, phis ou moiiis cor- recte, du root schaouy , qui signjlie /ey?/f, el reiitituant ain>i en beiber un nam de tribu que nous avions renooiitie chcz Ifs liislorieus anibcs sous la forme llenoit-Ztzonl ; niais nous n'avions point appli(]Ue le ineiiu' procide de dpcomposition ctym(il()gi(|ue an uoin des Massylieus , qui nous seiuble avoir des correlatifs assez procliains dans les noun d'FI-,V<-,«r/«/( it de Beiiv- Mascl. f a; cIii n.) fa) En general Us peuples de la famillc gerniaiiiqiie oflVeut de tre< nom- breux exem|)les de patrony mes de rette forme : Uii ksnn , Joliiisoii , Jaiisen , I'etersen, F.rikson; ct I'analogie se repri'diiit dans plusieurs aulns langiics europOeiiiK's. {j\\ du It) ( 240 ) telles matieres , comme la sentence du juge le plus competent. Nous sommes flatl^ personnellemenk d'y trouver la confirmation des r6sultats auxquels nos propres etudes nous avaient conduit. d'Avezac. EiTRAiTs de deux lettres de M. le comte J. de Bertou, siir son voyage dans la Palestine ( 1 ) . PREMliiRE LETTBE. Jerusalem, 26 mars i838. M. LE President , Lorsque j'eus I'honneur do vous ecrire au mois de septembro dernier , je vous parlai deji de mon desir d'explorer dans toute sa longueur le Wadi-Araba, celte continuation de la vallee de El Ghor, dans la- quelle on a cru retrouver I'ancien lit du Jourdain, qui par cette voie aurait coule a la mer Rouge avant que la destruction des villes de la Pentapole n'eut form^ le bassin dans lequel il s'arrete maintenant. J'ai trouve des Arabes qui me promeltcnt de me conduire a Akaba par cette route (qu'aucun voyageur n'a encore suivie). Mais j'ai perdu I'espoir d'y retrouver le lit du Jourdain ; car , d'apres mes observations barometri- qties, la mer Morte est de beaucoup au-dcssous de la Meditcrranee, el par consequent ne peut pas etre au- dessUs de la mer llouge, que je crois un peu plus elev6eque cette seconde. fi) Ces deux lellres, f]uoiqiic d'uue date aulerieure, ne sont parve- iiiies a la Soiiele qti'apres celle (jiii a ilii iiiscree dans le Culiier du iiiou de juillel. ( 24l ) yarintions Jti barometre deyuis inoit depart de Dejrotit. 3 mars. Beyrout. Raroni. nS^nim g6 therm. 21 cent. 3 h. apresmiJi. id. id. id. » 16 6 ]i. du matin. » 12 1^2 8 b. id. » 1 9 10 h. id. » 18 5 1). apres miJi. » 1 3 3/4 4 h. id. » 12 1/2 8 h. du matin. » 1 3 3/4 8 h. id. » 21 3/4 5 h. apres uiidi. » 14 6 h. du matin. » 22 ' 9 h. id. » 27 1/2 3 h. aprei midi. » 16 5 h. id. Depuis quinze jours que je suis a Jerusalem, la plus grande varialion du barometre a et6 6""",-j5. 23 mars, Jerusalem Bar. 699 82 Therm. 17 1/2 '4 b. 1/2 ap. midi. 2,'» id., mont de I'As- censiun » 697 07 » 16 3/4 5 h. id. 25 mars , couvent latin » 699 32 » 17 6 i/4(sol.couch.\ 4 id. Sidon » id. Couveut latin a Acre »• 737 66 7 mars. Nazarelh » 726 38 7 id. an basdelamon- tagne de Nazarelh , plaine de Zabulou >> 75i 19 7 mars a Kabate (ij ■> 735 40 8 id. Naplouse « 712 84 9 < 78a 76 1 3 id. a id. » 785 Ol 1 3 id. bord nord de la mer Morte » 797 52 1 3 mars, relourja Je- richo » 785 01 1 4 mars, retour a Je- rusalem » 607 07 (i) El-Kabatc a i 1/2 heure au S. i/5 K. de Djeuin me parait corres- pondre a rtraplacement de Dolbaiui. Kl-Kabate fait avec Djenin uu angle de 1 4*. (2) Ce point est compte par les Arubes comme mi-chcmiu de Naplouse a Jerusalem . ( »4*2 ) En calculant los dilTcirences baromiHriques d'aprcs les tables (rOllmanns, jc Irouve quo Jerusalem est (couvenl latin) 725"", 07 au-dessus de la Medilerra- nee , et ii45"", 54 au-dessus de la mer Morte. Ce der- nier resultat est cerlainement exag^re, el I'elevalion du mercure sur le bord de la miT Morte, licnl sans doute a des causes indepcndanles de la difference des niveaux. Peut-etre Ics evaporations dela mer Morte ayanldes j)roprielesparticulieres, modifient-ellcs beaucoup lape- sanleurde I'air ; loutefoisje crois impossible que le ni- veau de la mer Morte soil en raison contraire de I'ele- vallondu mercure, et surlout qu'il soil assez elevepour procurer une pente suffisante a I'ecoulement du Jour- dain jusqu'a la mer iiouge... Bien qu'il se Cut introduit un peu d'air dans le tube du Ihermomelre a bain que j'avais porte a J<^riclio , il est monle a 101° quand I'cau est entree en ebullition. Si le mercure n'avait pas eu a vaincre la resistance de I'air enferme dans le tube , il serait sans doute monle beaucoup plus baut et aurait confirme I'experience barometrique. Je dois a I'obli- geance de M. le comte de Caraman un bon thermomJ;- Iro de Lcrcbours, et a raon retour de I'Arabie Petree je repeterai I'experience, qui du reste a deja ete faite par un de mes amis, M. G. Moore, qui avail Irouvt; que Teau commcncait a bouillira 216° ou 217° du tbermo- nielre de Fabrenbeit,sur le bord de lamer Moi te. A ces experiences il y a d'aulrcs raisons a ajouler qui sont egalement contraires a I'opinion que le ^^a(li Aral)a fut autrefois la continuation de la vallee par la- quelle coulait le Jourdain... Rcland , dans son savant ouvrage sur la geograpbie de la Palestine, nie absolu- ment que I'on puisse attribuer la formation du bassin ( 245 ) du lac Asphallite a la dcslruclion des villes de Glio- morre, Adania, etc., et les arguments qu'il piiise dans Ics sainlos EcriturLS elles-memes me paraissent deci- der de la question... J'ajouterai encore que I'inspec- tion du terrain me paralt confirmer les resullats baromt^- triquos... Si Ton vient de la cote, d'Acre par excmple, au pied du Tabor, en laissant a gauche les montagnes de Nazareth, on n'a traverse que de petitescoUincs qui ondulent un peu la plaine de Zabulon, et Ton se trouve loujours a peu pres au niveau de la mer, ainsi que I'indique aussi mon barometre , dans lequel le mer- cure s'est eleve a ybi""", 19. Du point ou j'al pris ccttc observation, on gagne le Jourdain en qualre heures a Iravers une plaine legerement ondul6e ; mais le fleuvc coule dans un encaissement Ir^s profond, qu'il ne faul pas moins d'une heure pour gravir... Je crois done que le .lourdain, en sorlant du lac de Tiberiade, est deja au-dessous du niveau de la Mediterranee , el comme il lui reste un degre et plus a parcoui'ir avant d'arriver a la mer Morte, et que son cours est rapidc, la difference des niveaux cutre la Mediterranee et Baharat Lout (1) doit etre considerable... IN'ayant plus I'idee de retrouver le lit du Jourdain dans le Wadi Araba, ilme restcra a determiner le point de jonc- lionentre les deux bassins,ce qui sera assez facile a celle saison, ou il doit encore restcr de I'eau dans les torrents (malgr^ la secheresse remnrquablc de celle annee). Enfin je ferai une reconnaissance aussi exacle que les moyens me le permcltront.. . Arrive a Akaba, je pous- scrai jusqu'au monl Sinai, puis je rcvlendrai a Pcclra , el del a ici... 3" Le mnl Baliarat est eniplo\e pour Ji'sigiiei un lac pu uiic piLle ( 244 ) L'insurrcctlon du Ilaouran a r6veill6 rartlcui- belli- queusc des Arabes; ceux qui habitentle bord oriental du Jourdain, pros de la mer Morte, m'ont re^u h coups de fusil.... J'espere trouver ceux de I'Arabic-P^tr^e dans des dispositions moins Ijostiles, et, Dieu aidant, rapporter de mon voyage quelques Iravaux pour les- quels je reclame d'avance I'indulgencc de la Society de gdographie, a laquelle j'aurai I'honncur de Ics adresser. DEUXlliME LETTRE. Au moment oil j'allais quitter Jerusalem, un expr^s, venu de Beyrout en quatre jours, m'apporte la lettre que vousm'avez fait I'honneur de m'adresser, et je ne veux pas laisscr partir celle que j'ai fermie bier sans y ajouter mes romerciemens pourlesprecieuses direc- tions qu'elle renferme... Je ferai de mon mieux pour repondre aux differentes questions qui me sont adres- s6es ; mais mon zele suflira-t-il toujours poursuppleer a mon incapacile?... Demain matin je serai en route pour Hebron; c'esl de la que j'enlrerai dans le Wadi-Araba, que j'espere pouvoir suivrc jusqu'a Akaba, si les Arabes me lais- sent passer... Les dernit;res nouvelles du Ilaouran 6tant favorables aux armes d'lbrabim-Pacba, j'espere Irouver les Arabes moins hostiles qu'ils ne I'etaient derni^rcment. Si vous aviez de nouvelles instructions a m'envoycr, vcuillez continuor, monsieur, a les adresser a Beyrout. Des mon retour dans cette ville, je m'occuperai s(^rieu- sement des questions relatives a Tyr; j'ai deja fait des rechercbcs a ce sujet, mais elles ne m'ont conduit a aucun resullat satisfaisant. Le sol est rccouvcrt d'une ( 245 ) sigratide quantild de sable, qu'il est diOlcilo de rctrou- ver remplacement du canal comble par Ics soldats d'Alexandre... mais en ni'aldant des conscils de M. Poulain de Bossay, et en faisanl des sondages, j'espere elre plus beureux a I'avenir. Dans les questions de M. le capitainc Callier, je re- marque qu'il desire connallre les resultats de la tenta- tive que fitM. G. Moore pour explorer la mer Morte... M. Moore avail transports sur le lac un canot, et il s'etait muni des instruments necessaires a une recon- naissance complete. Jc devais le rejoindre, quand il m'ecrivit que le gouvernement local lul refusant toute assistance, il allait se rendre en Egypte pour obtenir de Mebemed-Aly des iirmans assez explicites pour qu'on nepuisse plus meltre d'entraves a ses vues. Le resultat de son voyage fut mil. II revint avec un firman qui ne valait pas mieux que le premier, et il ne put rien obtenir du gouverneur de Jerusalem... Environ a loo metres de I'emboucbure du Jour- dain, il a descendu 4oo brasses de corde sans trouver de fond ; mais il croyail probable que le poids qu'il avait attacbdi a sa sonde ^tait insuflisant pour vaincre la resistance offerte par la pesanteur de I'eau. II a fait prendre despoissons dans le Jourdain; ils mouraient aussltot qu'il les mettait dans feau de la mer Morte. Plusieurs fois il en a repris qui etaient prt!s d'expirer dans I'eau de la mer Morte ; il les a remis dans de I'eau douce, et ils sont revenus a la vie. Je me suis baigne dans la mer Morte, et j'ai etc surpris d'etre porte dans I'eau sans faire aucun mou- vement pour m'y soutenlr. II y a plus; je me suis crois6 les jambes, comme le font les Arabes; j'ai sorti mes deux brashors de I'eau, eljc suis reste a la surface ( 246 ) (Ic Tcau... Ainsi je n'hesilc pas icroirc ce que Josephc dil des osclaves lies qui, jcles c'ans le lac, n'allaionl j)oint au fond. J"ai vu des oisoaux , des liiiondclles voler au-dessus du lac... II y a meme des vegetations en certains en- droits jusqu'au Lord de lamer... J. DE Bi:nTor. Lettrus si:r rastronomie, parM. Albert Montemoat. 2 volumes in-8°. De nos Iraites ^l^mentaires d'aslronomie les plus ri- ccnts, VUranographie de M. Francoeur est celui qui remplit parfaitementla condition de rendre I'enseipne- ment de celte science Ires accessible a ox personnes pou versees dans les mathematiquos, et d'olTrir les raovens de I'approfondir a celles qui, possedant une instruction plus elev^e, veulent en faire une elude spti- ciale; a des demonstrations faciles a coniprendre pour lout lecteur doue de celte application d'esprit qui pcr- met de suivre un raisonnement, sonl joints des types de calcul propres a diriger dans la recherche des t^- sultals les personnes qui peuvenl faife les applications auxquelles donnent lieu les divers problemes. L'auteur des Lettres sur I' astronomic s'est propose un autre objet; il s'est borne a satisfairc ledesir d'une classe trds nombreusc de lecleurs qui veulent penelrcr les mvsl^res de la science sans s'astrcindre a une ap- plication serieuse pour laqucllc cerlaines eludes preli- niinaires sont indlspensables. En composanl son ou- vraijc, iladonccherche amotlrcl etudodc I'astronomie ( '47 ) a la porlde des gens du mondc qui nn soiit pas inilii's dans les math^maliqucs, cl, pour rupandre plus dc charmes dans la lecture de ses leltres, il a cu n^cours a la poesie , auxiliaii^e blen allrayant surlout pour les jeunes imaginations. Consideree sculcment sousle raji- port de rcnseignemcnt, celle laclic odrait de grandos dlfricultes; I'auteur a lait evanouir, souvent avec assez de bonlieur, quelquesunes d'entreellcs qui semblaient insurmon tables. L'ouvrage, divis6 en qualre livres ou sections, com- prend en toutdix-sept leltres, dans lesquelles I'auteur a su distribuer avec nielhode les divers maleriaux qu'il a puises dans nos meilleurs traites; il y expose succes- siveraent tout ce que prescnte I'elat actuel de nos con- naissances en astronornie. Chaque lellre est accompa- gnee d'une note dans laquelle le sujet que Ton y a traits recoil tout le developpement necessaiic. Des reclilicallons importantes ont ele lailes a celle publication; elles sont mentionn^es dans les eridtn qui accompagnent acluellement chacun des deux volumes de l'ouvrage. En resum6 , les Lettres siir /'astro/io/nie oiniront une lecture pleine d'attraits aux peisonnes qui de- sirent acqu^rir presque sans application des notions precises sur les phenomenes gdineraux de I'uni . vers, sur les mouvements , les dimensions et la struc- ture des divers corps celestes ; lecture qui ne pent manquer d'ailleurs d'inspirer aux jeunes esprils ani- mes du veritable amour de I'elude , le desir d'appro- fondir celle science en cberchant ci se mettre en (itat de recourir aux trait«is speciaux. On doit done savoir gre a I'auteur des Letlres xur Pnstro/iomic, d'avoir public un ouvrage dont lebut est ( 248 ) depropagcr, parmi les gens du monde, leliule dune science qui contribue si puissamment a reclifier et a agrandir les idees. CORAB QEIF. ERRATA ■flu cnhier d'aout i858 {n° 56j dn Bulletin. Page io3, ■x'^ alinea, Ang-Tzong , iisez : Ang-Thong. W. 3' La riviere Kzoiic-Pasak , Iisez: Khotie-Pasak. Id. id. Qui vientdii N. O., Iisez : du N.-?:. id. id Jusqu'a La ( mieu\ Mo Lorn ) , Iisez ; jusqna Lo ( miettx Muano-Lom ). Cc Muang-Loni tst saiisdoute le Noliaug-Laiiiii; ([iie Us carles placenl de I'aulrecolc du Mrkoji, landis qu'il doit etre sur la rive droite, et a qnelqiie dis- tauce de ce fleuve. M nan g ■iv^i\\(\f pays , et lorn, du -vent, d'apies line autre relation ile M. Paliegoix. Page io6 , 3« aiioea. Talal-Keca , /(.jfz : Talat-Keco. Page I to, id. Muaug rliiam , /lic; .• Muaiig-Plnom. Page H2, id. Cha-Soung , //5fz ; Tlia-Soung. Page iiG, a' aliuea. Cabogeens , /(^e~ : Cambogiens (nom de ]n uple reptte souvent dans celle relation ). Page 117 , 3^' alinea. Au milieu de la a'' ligne du 3"^ almca, on a ou- blic 4,000 habitants avanl le niut sinmois. \ F^ I'l. \ \ ^eratui ^i^i^^Jc-, //,rt^ It M IS.r. I f HI f t f I /,f I , i;ii//tf. . \ Sff//f/rn ,/,• // .Ihri.'/^' t&. A^vvy^vyVfA I)eni% oufIi-Fou(clii tin ffiiie t/Ar fitit/tfu^r &t4uuur fi it'* ;■■ ])oii\i: i>ir.<;o- si vkkz \"\s\\.vi- on ifi'jr* , fU/u-Uf /iu BULLETIN DK L\ t f SOC[ETE DE GEOGIIAPHIE. KOVEMBRE l838. PREMIERE SECTION. 1MEM0IRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. VOYAGE AUTOUR DU MONDE DES FRIGATES l'aSTROLABE ET LA ziL^E. Rapport sur les operations tie la campagne depuis le depart de Rio-Janeiro jiisqua Varrivee a Valparaiso ( j). A bord de la corvelte V Astrolabe , 25 niai i838. Monsieur le mimstre. Par ma leltre du lo avril , je vous annoncais un rapport plus detaille sur les operations de notre cam- pagne. Aujourd'hui que je suis raoi-meme beaucoup mieux dispost^ , que les malades des deux navires sont en pleine convalescence, et que les reparations marchent (i) Voir la carle jointe a te rapport. X. JVOVEMBRE, 1. jn ( 2 50 ) rapidcinenl vers Icur tcrmc, je vais m'acquiller de cc devoir. Commo il esl probable que les lellros que j'ai laissees a Port-Famine ne vous scront pas encore par- venues quand vous recevrez cetle jn^cc , je reprendrai mon rccit h notrc depart de Rio-Janeiro. N ous pourrez vous rappcler que je mouillai sur la rade exlericure de ce beau port, le i3 novembre i Soy, pour y deposer I'eleve de la marine Duj)arc, alteint d'une pbtbisie pulmonaire lelloment avanceo, que Jos medecius I'avaient condamnt^, s'll lui fallail subir i'e- preuve dcsglaces australes. Dcs le jour suivant, je re- mis a la voile, et j'eus soin do diriger la route des cor- vettes au sud, en m'eloignanl de la cote le moins qu'il m'elait possible. Je lenais surlout a mo rapprocber destcrrcsde la Patagonie, aussitolque j'aurais depasse I'embouchure du Fiio de la Plata. Dcs calmes frequents, iiilcrrompus seulomcnl |)ar des vents d'ouest persevc- ranls, me forceront a renoncer a cc projet. Tout CO que je pus faire, et non sans quclques dilli- cultes, fut de donnerdans le canal qui s6pare les Ma- louines de la Terre-de-Feu. Le lo decenibre nous passumes precisdment sur la position assignee par quclques cartes a la vigie de I'Aigle, sans ricn voir. Alors les vents ayanl passe a Test, je me decidai sur-le-cbamp a dcbanger la relacbe de la terre des Etats, assez insignlfiante par elle memo, contre une excursion dans lo dotroit do Magellan, qui nous promettait des resultats bien autremont interes- sanls sous tous los rapports. La tentative dans los glaces, qui devait absorber au moins deux raois do Tele austral, m'avait seulc contraint a rayer du cadre geno- ral de la campagne cettc curieuse reconnaissance, el je savais que plusieurs ualuralislcs du premier ordro ( 25. ) avaienl appris avec beaucoup tie regret celte suppres- sion. Comme je venais de relire attentivement tous los recils des navigateurs qui avaient essaye de penetrcr dans CCS regions anlarctiques, j'avais fait une elude ap prolondie des meilleurs raoyens a employer, et j'etais denieure convaincu que loule tentative de cette nature serait parfaitement inutile avant la fin de Janvier, al- lendu que les depositions de tous ces navip;ateurs serablaient se reunir pour demontrer que le degel n'est vraiment complet qu'a cette epoque. Le fait important une fois etabli, je jugeai qu'tine pointe dans le detroit de Magellan, si peu connu en- core, si d^laisse depuis bientot un siecle, et qui n'avait vu que Bougainville parmi nos compatriotes, serait un prelude fort honorable aux travaux plus penibles qui nous attendaient au travers des glaces. Le 12 au matin, les corvettes donn^rent a pLeines voiles dans ce cel^bre canal, et favorisees par une vio- lenta brise du nord, elles franchirent le premier gou- let, et mouillerent le soir dans le bassin suivant , au travers de remous, de courants furieux, et par un mauvais temps qui nous firent craindi'e un moment un abordage presque inevitable entre les deux navireS: abordage dont les consequences eussent ete sans doute desastreuses. Le jour suivant, nous appareillames avec la maree, el franchimes rapidement le second goulel. Comme nous touchions a son extr(!!mite, de grands feux allu- m^s sur une des pointes, etpr^sd'eux des hommes qui gesticulaient avec vivacite, el nous somblaient porter des costumes europeens, attirerent noire attention, et nous conjeclurames que ces hommes devaient elre des naufrages qui reclamaienl noire assistance. Bien '7- ( 25V. ) que ce dtilour m'ecarlalen ce monienlbien mal h pro- pos de ma route, je n'bi^silai pas A me dinger vers eux pour leur porter secours; mais en approchant sufli- sammonl nousreconnumes dislinclement des sauvages vetus de peaiix et paisiblement assis pres de leurs feux en attendant notrc arrivec a la cole. Ayant rcprissur-lc-chanip nolro route, nousprolon- gcamcs durant lanult la bande nord de 1 ile Klisabetb, la sonde a la main , el a minuit precis, par un temps fori sombre , nos corvettes francliirenl le passage elroit qui separc cetle Ile du cap N6gio sur Ic con- tinent. Desoi'mais nous nous retrouvfimes dans un canal spacieux ; mais le mauvais temps, le vent debout etla grosse mer nous arretferent dans la journee du i4. el nous ne pumes atteindre le Port-Famine que le i5 dans I'apres-midi. C'esl un mouillage admirable : excel- lenle tenue, abri parfait, debarquement facile en tons lieux et de tons temps; bois , eau, poisson, celeri en abondance, tout s'y reiinit jiour en faire une station precieuse pour des equipages fatigues d'une longue navigation, sans avoir a craindre aucun des inconve- nienls si frequents dans les ports habil^s. IVous \ passames douze jours, et malgrd les opera- lions du bord, ces douze jours furent bien fruclueuse- menl employes sous tous les rapports nautiqucs et scientifiques. Les ofliciers des deux corvettes , I'ing^- nieur, les naturalislcs et les dessinateurs purent y prciluder avec le plus grand succds aux travaux qu'ils elaient appeles a remplir dans le cours de la mission, donl celle relache formera I'un des plus beaux Epi- sodes. Divers documents trouvEs dans un petit bai-il sus- ( 'i55 ) penduaun arhre de la plage na'apprirent que quelqucs navires anglais et aiuerlcains frequentaienl liabituello- luent ce passage, surtout dans leur retour de I'oc^an Pacifiquedans I'Atlantique; j'y trouvaimeme les notes de deux de nos capitaines-baleiniers, qui, plus entre- prenants que les aulres, avaient aussi ose prendre cette roule de preference au grand tour par le cap Horn. J'aime a croire que notre exeniple en encouragera d'autres, et que ce canal sera desormais plus frequente qu'il ne Test par nos batinients. II ne peut offrir de dangers serieux qu'a de Irop grands navires, coinme vaisseaux, frigates ou batinients au-dessus de 600 ton- neaux; encore pour le retour, avec ces navires, je pre- iererais cette route a celle du cap Horn. Le 28, les corvettes avaient releve leurs ancres , et, pousseesde nouvcaupar une belle brise du nordal'est, clles clieminaient rapidement et paisiblcment vers le S.-S.-O. jusqu'au cap Frovvard, sourcilleux promontoire qui termine dans le d^troit la pointe na^ridionale du continent americain. Dans cette partie du canal, nous puraesjouir d'un spectacle nomeau et touta-fait gran- diose , car nous ^lions enlour^s de toutes parts de hautes montagnes dont les sommcts ^taient couverts do neiges perpeluelles, tandis que leurs flancs etaient revetus de la plus rianle verdure. Jamais encore, dans mes courses prec objct principal etait desoraiuis do rallier les glaces po- ( 257 ) laires, je prolongeai de pres la bande septentrionale de la terre des Elats ; et le ii a midi, prenant notre point de depart definitif a un mille environ du cap Saint- Jean, nous mimes le cap au S.-E., pour attein- dre les legions antarctiques. De tous les navigateurs qui m'avajent pr^ced^, Wed- dell etait le seul dont je pouvais suivre la trace avec quelques chances de succes pour faire des progres vers le sud. En effet. Cook, en 1776, apres avoir pu p6ne- trer assez avant sur d'autres points du globe, dans ces parages, s'^tait maintenu par une latitude plus elevee, et s'etaittrouv6 arrete par desglacesdes le parallele de Go" aux environs desiles Sandwich; Bransfield, en 1820, vit sa route barree, un peu avant le 65' degre, par des champs de glace; en 1821, I'entreprenant Powel ne put penetrer au-dela de 62° 00' ; enfin tout r^ceniment Biscoe, aprtis diversestentatives sur d'autres meridiens, laissa toutcet espace inexplord, et sa route fut arretee pres des iles Sandwich, a peu pres au meme point que le ut celle de Cook. Weddel, au contraire, en iSaS, pretendait avoir atteint le 74'degr6 sans difficultes, et, ce qui est plus surprenant, sans avoir rencontre aucune barrifere, ni meme aucun bancde glace; en outre, son recit annont^ait, par ces hautes latitudes, des mers as- sez belles et des temperatures moderees. Toutes ces considerations dovaienl done me porter a suivre la trace de ce navigateur pour atteindre ses limites, et meme les depasser , si les circonslances me favor risaient. Apr^s avoir quitte la terre des l^ltats, notre navigation fut paisible et assez rapide; seulement des brumes fr«i- quentes et si epaisses que les deux corvettes ne pou- vaient se voir en pleiu jour a une cncublure de dis- ( '2bS ) lance, commcncorenl a exigcr dc notre part une vigi- lance tres aclive pour nc pas nous perdre et ne pas faire d'avarie. Le i5 Janvier, dans la soiree, nous eilmes la vue des prcuiieres glaces, pai- ,3()" 5o' latitude sud ; I'une d'elles oflrailun volume considerable, les autres n'elaicnt que des IVagmt-nls de six a douze picds de hauteur. Mais c'etait la premiere foisque nos equipages voyaient d'aussi pres ces masses flollanles; la mer hrisait dessus avec violence, la r^uil approchait, le temps avait im aspect trisle et sombre; enfin nous sorlions a peine d'une brume epaisse qui menacait de nous en- vahir de nouveau : aussi je pus facilement saisir sur les traits etonn^s de nos niatelots vm saisissemeul subit et involontaire ; mais il passa vite, et chacun eul bien- tot pris son parti. Je voulais |>rendre connaissance de I'ile Clarence, la plus orientale du groupe des New-Soulh-Sbetland ; mais bien quej'eusse dirig^ ma route de maniere a en passer a cinq ou six niilles au plus, la brume nous en deroba completemcnt la vue. Cc lut bien pis les jours suivants : jour et nuit la brume fut si intense que nous dislinguions a peine la Zelee a deux ou trois lon- gueurs de navire. Nonobstant les lintcmenls des clo- ches , les amorces brulces et les coups de canon tiris de demi-heure en demi-heure, nous ne pilmes 6viter de nous s^parer deux ou trois fois pour quelqucs hcures. Ce qui rendait notre ])osilioii plus critique encore, c'est qu'il nous elait impossible de doulcrque nous ne fussions enlouros de glaces, dont I'approche nous etait revelee [)ar des briscs d'une fraicheur tics piquante. ¥a\ elTet, le 18 au matin, dans une courte eclaircie, nous aper<;umes un gros bloc de glace d'environ ( 25y ) 80 picds de hauteur, sur lequel nous courions direc- lement. lleureusement les brumes, bicn que fre- quentes encore, de\inrent nioins prolongees, et nous accorderent par inlervalles des eclaircies dont je pou- vais profiler pour redresser un peu la roule. Le nom- bre dcs montagnes de glace croissait d'une maniere sensible; dans la nuildu 19 au 20, elles parurenl un moment nous barrer le chemin. Toulelbis, avec de la \igilance, nous pumes continuer noire route, et nos progres vers le sud etaient meme assez rapides. Nous avions deja depasse le 65'= degre de latitude sud, et par consequent la /.one ou Powell avait ete arrete ; nous approchions du sillon trace par AVeddell , et nous avions tous bon cspoir ; mais le 22 Janvier, a Irois heureseldemiedu matin, par 64" latitude sud el47°5o' longitude ouest, cou)me nous courions ventarri^re avec unc pelilebrise du M,-0., les premieres lueurs du soleil nous fiienl d^couvrir unebarriere de glaces compactes qui s'etendait a perte de vue de babord a Iribord, etnous barrait comijlelement le passage. Des masses de toutes les grosseurs, de toutes les formes, se trouvaient disse- min6es sur toute son elendue, et affectaient les appa- rences les plus singulieres quand les rayons du soleil venaient les eclairer. Tantot on eut dit d'une ville im- mense avec ses palais, ses domes et ses tours, d'autres fois de jobs villages situes surle bord d'une iranquille greve et entoures de bouquets d'arbres; le plus souvent de vastes carrieres de marbre parsemees d'une loule de blocs diversernent travailUs. Tout en admirant ces mcrvcilleux elTcls d'optique , la reflexion me rappolait bientol a une triste r^alitd- , quand je songeais aux nouveaux dangers qu'allaient courir nos corvettes dans le voisinagedccesredoutables ( 2Go ) muraillcs. En ellot, leiir porle out ele inevitable si des vents violents du ^'. au N.-O., accompagncs de grosses houles, los eussent surpris le long de cette banquise; forcees de c6der a leur impulsion , il leur aurait ele im- possible de se relever , ct elles auraient fini par tomber et se defoncer sur les glaces. D'un autre cote, je sentais que notre mission n'eOt et6 qu'imparfaitement rcmplie si je m'etais con- tcnte de reconnaitre un ou deux points de cette bar- riere, puis de rae replicr prudemment sur mes pas. II lallait a tout prix la prolonger assez long-temps pour s'assurer si elle n'offrirait pas quelque passage sur cer- tains points de son elendue. II me parut inutile de me diriger a I'ouest, oii j'aurais crois6 bientot la route de Bransfield, arrete , comme je I'ai d^ja dit , pres du 65" degr6. C'^lait dans Test, vers la trace de Weddell , que je pouvais me flatter de rencontrer la voie ouverte, ou du moins des passes pratlcables. Je pris done les aniures a babord, et la banquise me ramcna d'abord I'espace de pres de 25 milles diroclemcnt au nord. Dans la soiree, nous traversames, au milieu de nombreux Iragments de glaces, une pointe tr^s aiguii, puis la mer me parut quelque temps libre dans Test ; mais cette illusion fut detruite dans la journi^e suivante , 20 Jan- vier. Des barres de perroquet, il fut aisi de suivre la banquise regnant sans interruption dans toutelabande du sud, ct sa direction revenant brusquement au nord, nous barra de nouveau la I'oute. Des lors je previs que cetle formidable ceinture allaitnousramener jusqu'aux lies Orkney. Du rcste, nous avions beau temps, la mer calme et unie, ct une brise siincertaine, qu'en passant Irop pres d'une montagiie dc glace do 70 pieds do liauteur , le ( '^6i ) calme subit et la houle nous porl^rent a quelques toises de ses parois incna^antes et taillecs a pic, et nous al- lions y subir des chocs desaslreux, si les avirons de galeres, promptement mis en jeu , ne nous eussenl tii-es de ce raauvais pas. Le calme et le beau temps m'engag^i'entaexpedier MM. Roquemaurel et Dumou- lin sur un glacon d'un vaste volume et d'un acces fa- cile , a im mille de distance de la corvette , pour y ex^cuter des observations qui eurent un plcin succ^s , tandis que les naturalistes et dessinateurs y occupaient leurs instants d'une mani^re utile. Cependant nous ne tardames pas a reconnaitre com- bien il est hasardeux de s'aventurer pour un certain temps sur des masses aussi peu stables. Le calme nous retint toute la nuit suivante pres du glacon ou les ob- servations avaient ete failes; de fortes detonations se firent entendre durant la nuit , et le lendemain matin il avait subi dans sa forme et dans son volume de si etranges modifications par I'effet du travail qui s'etait oper6 sur sa masse , qu'en passant le long de ses flancs nous fumes assez long-temps pour nous convaincre de son identity, Dans la joui'n^e du 24 , nous continuames de pro- longer la banquise de tres pres I'espace de 4o milles dans la direction du N.-N.-E.; nous depassames quatre pointes entre lesquelles elle formait des anses plus ou moins ouvertes, et nous traversames la derniere pointe au travers d'innombrables fragments de glace de toutos les dimensions. Alors les montagnes de glace devinrent plus nombreuses et plus volumineuses qu'elles ne I'a- vaient encore etc; nous en complames plus d'une cen- taine autour de nous , et la banquise nous parut en dissolution. ( .6. ) En consequence je courus jusqu'a neuf heures ot demie du soir an liavers de ces masses, esperant enfin me frayer un passage sur ce point ( par G5° lalilude sud el 44° ^o' longitude ouest), d'aulant plus que J'avais deja doi)assc I'espace ou Weddell avail pu circuler sans aucun obstacle. Mcseirortsfurent complelonicnlinfruc- tucux : a mesure que j avancais, les glaces se resser- raient de plus en plus, et il vinl cnlin un point ou ellcs m'oflrircnt de nouveau une muiaille non interroinpue. Je rebroussai chemin ; mais il etait tiop tard pour sortlr dc ce dangereux labyrinthe. Je choisis un espace un peu degag6 , de 200 toises d'elenduc environ sui- cliaque face , flanque lahe , pour r(^parer les graves avaries occasionneos dans le doublage par les glaces. Tout cela a proionge notrc rolaclie de quinze jours, et nous n'avons pas perdu un instant. Je ferai en sorte de regagner ce retard dans ma procbaim; tra- vorsee, de maniere a rcnoucr a Ambovno le fil de mes operations, a peu presconlormeMiient au plan primitii". Vous trouverez, amiral, joints a ce rapport, un dou- ble de la carle generate represeutant nos routes le long de la banquise , nos explorations aux lies Orkney , New-Soutb-Sbctland, et Terre-Louis-Pbilippc ; une carte particulierede celtedernidrcdecouverte, et divers aulres documcnls. Je desire que vous vouliez bien or- donner I'inscrtion de notre carle g^nerale dans les Annates maritimes, et en faire adresser une copie a la Society de g<^ographie , pour qu'elle lui donne une place dans son Bulletin. M. Daussy, j'en suis sur, se cbargera volontier> de veiller a ce quccette double in- sertion se fasse d'une manifere correcte. En terminant ce rapport, vous me permettrez de rendre de .nouveau un temoignage authentique de ma satisfaction pour le z^le, le courage el les talents deplo\6s par tous mes collaborateurs. M. le capitaine Jacquinot s'est montre tel que je le connais d6ja depuis bientot vingt ans , parfait sous tous les rapports. MM. Dubouzet et Roquemaurel nous ont admirable- ment bien sccond^s. MM. Demas et Mon travel, cliarg(is des montres marines, par les circonstances les plus dures, paries temps les plus rigouroux, ont poursuivi ( •^7<) ) leiirs delicatos observations avcc une assidtiite sans pareille; et tons les aiitresofficiers, m^decins et Aleves ont parfaitement fait leur devoir. Pour lesobservalions de physique elle trace des glaces el des cotes, M. I'in- geniein-liydrographe Dunioulln n'a laisse absolunienl rien a ddsirer, et il a mesure la hauteur et I'elendue de pros de Irois cents des principalcs glaces que nous avons vues. Sur la Zelee, M. Goupil empHt ses cartons de tableaux precieux, et sur C Astrolabe, le jeune chi- rurgien Le Breton, qui a un talent remarquable dans CO genre, execute aussi a ma demande des dessins charmants. Au milieu de ces motifs de satisfaction, je n'^prouve qu'un seul regret veritable, c'est de n'avoir pu faire gagnera nos equipages la prime qui leur etait annoncee. Bien ccrtainement, les malheureux ont cent fois nlus travaille, plus soufl'ert, et cent fois plus merile cette recompense que si nous eussions trouve, commc Wcd- dell pretend I'avoir fait, la mer llbre ; car, dans ce cas, quinze jours d'un navigation paisible, et exempte de dangers, eussent sufii pour nous conduire jusqu'au 70* degre et nous en ramener. Naturellement insou- ciant de son avenir, comme vousle savez bien, amlral, le matelot attache peu de prix a I'argent pour I'argent meme; aussi les notres ont bien vite oubliti la prime, aprfes en avoir plalsante durant quelques jours. Mais je ne I'ai pas oubliee ; je n'oublieral pas non plus les epreuves terribles auxquelles je les ai 'soumis. Plu- sieurs d'entre eux ont des families auxquelles ces in- demnit(!!S feraient grand bien. Vous verrez ce qu'ilsera possible de faire pour eux, et je m'en rapporterai en- ti^rement a \os sentiments d'humanil^, s'il vous est perrais de suivre lour inspiration. d'Urville. ( 58<) ) i\\ppoRT fdit a In Commission centrnle de geograpJde (/finssa seance du 2 novemhre i838. Messieurs , Ine carte en relief de la France a ete execulee par IVI. Sanis, ancicnclief d'institulion; rauteurdecc grand travail a desir^ que la Societe de geographie en prit connaissance , et vous avez charge de son exainen une commission coniposee de MM. Barbie du Bocage, Co- rabeuf, Eyriez , Tardieu, etdemoi. Nous avons I'hon- neur, messieurs, de vous rendrc compte de noire opinion. Celts carte , figuree sur le terrain mfime , hors de la barriere du Maine , et pres de la chaussee de ce noni , n'' 8 , occupe I'espace d'un arpent carre. Son cadre est plus etendii que celui de la France, mais I'auteur vou- lait y comprendre I'ilc de Corse ; dans celle vue , il a dii prolonger vers le midi et vers I'orientles limitcs de sa carte. Elle embrasse unepartie dela Medilcrran^e, lePiemont, le Milanez , la Suisse enlifere , et les con- trees d'Allemagne qui forment les bassins du Necker et du Mein ; au nord , elle renferme une parlie de la Belgique et de la Prusse rb^nane. On voit a I'ouest quelques parages de I'Ocean , et le midi de I'Angleterre devrait egalement y trouver place ; mais dans la carle deM. Sanis on ne I'apercoit point. Copcndantce grand pays ne peut pas elre Iraite comme i'Atianlide, les llols nc I'angloutiront pas. L'indlcation dcs differentes parties de ce tableau et de I'etendue que I'auteur lui a donn^ , montre que la France n'en occupe pas les deux tiers; I'echellc que ( ^8> ) Ton a adoplee est de ida millimetres pour chaque lieue de a5 au degre» Colic carle fait connaitre tousles grands bassins fluvialiles de la France et des regions voisines; on y a figure le cours des rivieres les plus remarquables, en indiquanl leurs sinuosil^s, les chal- nes de hauteur qui les separcnl les unes des autres, ot leur penle jusqu'aux plages marilimesou leur cours se termine. Ce tableau bydrograpbique est encore rendu plus sensible i)ar le mouvement des eaux quo Ton voit coulcr dans leurs lits. L'auteur a repr6sente toutes les irrigations de la France par aulant de fileLs d'eau qui jaillissent des points ou leurs sources ont du C'lre placees. Chacun des fleuves que Ton a ainsi figu- res coule jusqu'a la mer en suivant tous les detours auxquels il est forct^ par les inegalites du terrain. Ces diflerentes sinuosites ont «^le etudiees avec soin ; etafin que le cours des fleuves soil immuable et sans inter- ruption accidentelle , leurs lits ont ete creuses dans la pierre , ou Ton a reserve des saillies pour les princi- pales lies qui sont baign^es par leurs eaux. Les cotes marilimes de la France ont egalement 6te lormees par des lits de pierre, afin que les eaux n'en rongeassent pas les bords. On a pu creuser dans ces massifs les bassins, les lacs, les t^tangs qui sont voisins de quel- ques parties du lilloral , tels que le bassin d'Arca- cbon sur lOceaii , les lacs de Thau sur la Mediterra- ndie; on a indiqut^ la forme des ports, leurs bassins inlt^rieui^s, les ouvrages d'art qui y sont executes; on a ligur^ le relief des dillerents archipels situes dans les parages voisins, celuidesilcs JtTrsey, Guernesey et Au- rigny ; les lies Dieu, de Noirmou tiers, de Belle-Ile „ de rdie et d'Oleron dans I'Oc^an, les iles d'llyeres dans la M<5dilerranee ; ct Ton a egalement relev6 en saillic -\. KOVJiMURli. 3. If) ( 28-i ) les terrains d'alluvion qui echapponl au domaino dcs caux, et qui [leuvent recevoir des essais de culture, teis que la Camargiie qui terminc le bassin du Rhone. Tous ces accidents du littoral et de son voisinagc sont figures avec beaucoup de soin. Quelques unes dcs irrigations artificiellcs de la France sont egalement indlquees : le canal de Lan- guedoc, ccux de Briaro et d'Orleans , ont 6\.g places dans la carte , et d'autres lignes semblables y scront aussi figur^es. En voyant cette imitation du cours dcs fleuves et du mouvement dcs eaux, on reconnail combien il a fallu de travail et de soin pour I'^lablir. Toutes ces eaux repandues dans les valines deriventd'un reservoir comaiun, sup^rieur a Icur niveau : il a lallu les distri- buer, par un grand nombro de canaux souterrains, jusqu'aux dilTerents lieux ou ellcs surgissent et com- raencent a couler sur la terre. Un syst^me veineux qui nous est cach6 correspond a cette circulation appa- rente ; c'est lui qui la produit, qui fait jnillir loules les sources, et qui Icur permet de porter jusqu'aux mers leurs diflerenls tribuls. C'est par l=s eaux de tous ces fleuves que colics des bassins de I'Ocean et de la Md- diterranee se renouvellent. Leur mouvement empeche qu'elles ne s'alt^rent; et afin que le niveau de I'Octian nc s'dldve pas assez pour devenir superieur a ses riva- ges, le trop plein se deverse par unc issue particuli^re. Un conduit souterraincn ramfcne les eaux dans le puits mfime d'ou elles ont ete tiroes, et il s'etablit ainsi une circulation habituelle cntre les eaux de la mer et le reservoir d'ou derivcnt les sources des fleuves. On pent naviguer sur I'Ocean et sur la Medilcrranee pour |)arcourir les parages voisins de la France. Deux ( ^85 ) vaisseaux y sonl en croisicre . et chacun d'eux pout recevoir jusqu'a six voyagcurs. Les bassins des niers ont constaniment assez d'eau pour perinellre cclte tra- versee, et les abimes de FOcean ont jusqu'a tienle- slx pouces de profondeur, abimes sulfisanls pour recevoir des barques sans quille et a fonds plats qui ne prennentpas unpiedd'eau. Le navlrc acopendant a se preserver de quelques ecucils situes pres du rivage : on y volt s'elever a fleur d'eau lesrocliers du Calvados, quelques recifs des coles de Bretagne , quelques bancs que decouvre le mouvement des vagues; et , dans une telle navigation, il est prudent de cingler au moins jusqu'a liuit piedsdes cotes pour nc pas echouor sur la greve , et peut-etre pour ne pas risquer de batlre en briche les falaises escarp6es qui s'elevent de quelques pouces au-dessus du niveau de I'Ocean. Si nous remontons sur le continent, et que nous examinions tour a tour les differentes lignes d'irri2;a- iion qui lo slllonnent et le parcourent, nous voyons converger un grand nombre de rivieres vers le lit de quelques fleuves qui portent leurs eaux jusqu'a la racr, vers la Seine, la Loire , la Gironde , le Rhone, le Rbin, et quelques autres lils qui ont moins d'etendue. Les sommit(!!s qui separentles uns des autres tous ces bas- sins represenlent des montagnes, ou des embranche- ments d'un ordre secondaire , ou meme de simples ondulations du sol; et toutes ces inegaliles de surface ont du elre reproduites avec plus ou moins d'exacti- tudedans la carte en relief de W. Sanis. Mais quoiqu'on ait adopte pour en figurer les baulouis une echclle six fois plus grande que celle dont on s'ost servi pour mesurerles surfaces borizontales ; ccpendant ces hau- teurs ne peuvent pas elre assez scnsibics pour produirc •9- ( a84 ) ou menic pourrappclcr les impressions que fait nailre le spectacle desgrandes in(5galitesdu globe. Les Vosges, lesmontagnes d'Auvergne, les Pyrenees, les Alpes, ne peuvenlpas etre reduites aiix proportions de la minia- ture sans perdrc leurs edels pitloresques; mais du moins on a figure lours directions , leurs cmbrancho- monts, leurs masses generales : on a memo indique la difference de lours climals par quolques unes des planles parliculieres a cliaque conlree. Ainsi, nous voyons vers Test quolques planlos alpines ; les veisanls lourn^s vers le midi ont des brins d'oliviers, de lau- riers, d'autresarbrisseauxqui exigent une lemperalui'e eJev^e ; les landes onl quolques pins ct d'aulres ra- meaux verts , et Ton reconnall dans les plaines de Normandie quelques branches de pommiers. Cliacun de ces veg6taux ne peut avoir que des formes tres exigues : un arbre abandonne a ses devcloppements naturels couvrirait quelquefois la surface de plusiours deparloments. U ne convienl d'avoir en cbaque lieu que des ccbanlillons, des boutures; et a mcsure qu'unc tige grandit et prolonge ses rameaux, il faut la rera- placer par de plus jeunes et plus faibles rejelons. L'intenlion do M. Sanis est de perfectionner le sys- l^me et la forme de ses montagnes. En ne faisant cn- Irer que de la terre dans leur construction , il n'a pu couronner ses hauteurs que par des plateaux ou des sommolsarrondls ; iln'a pu donnerases pontes qu'une inclinaison oil la terre put so soutenir d'clle-mfime ; et comme sa carte terreslic se lrou\c oxposee aux effets de la chaleur et de Thumidite , aux orages, aux aver- scs, a toutes les intempi^ries , il a fallu adopter un re- lief dont les talus ne fussent pas trop exposes aux eboulemonts, aux ravines, a loutes les deteriorations ( 285 ) accidenlelles. Gc relief s'^carte souvent de celui de la nature : il faudrait faire entrer dans sa composillon des materiaux plus solldes, et I'auleur se propose d'ex^cuter en asphalte loutes les montagnes qui affec- tcnl des formes aigues, et dont les pics, les glaciers, les rocs escarpdis^ontbesoin d'etre figures avec plus de pi'ecision. Sices parties de la carte etaient ainsi figu- r^es, alors nous pouri'ions avoir une image fiddle des dill'erents systc'mes de nos montagnes, des formes qui leur sont propres, des noyaux dc granits ou de rochers mis a d^couvert , des crat^res de nos volcans 6teints , des revolutions g^ologiques ouphysiques que celte par- lie du sol a 6prouv6es. Mais de telles rectifications seront dispendieuses, el plus elles approcheront des formes de la nature, plus on deviendra exigeant sur leur exactitude. Chaque spectaleur sera naturellement port6 a rapprocher des montagnes qu'il a visitdes lui-meme, celles dont il aura I'image sous les yeux. L'auleur a desir6 nous faire connaitre dans sa carte les ricliesses mineralogiques de la France et le gisement de celles qui sont en exploitation. Deja il nous indiquc les principales regions d'ou Con extrait la houille, la lourbect le charbon de terre : cbaque local est dc^signe j)ar un puits d'un pouce de diametre, danslequol est place im ecbantillon de ces substances m6mes. Ce tra- vail va rccevoir plus d'elendue, et les mines de fer ou d'autres metaux seront 6galement figurees. Nous nous sommcs arrelos avant tout au caract^re hydrograpbique de cette carte, parce qu'il nous parait on conslituer jusqu'a ce moment le principal merite; maisl'autcur Fcut aussi rendrc son tableau utileal'etude de la geograpbie politique. II a place les noms des ( •-% ) principalcs villcs" dc la France dans Ics positions qui leur apparllennent; ctafinqueTon piit apprdcicr avec justessc les degres dc laliludc ct de longitude oii clia- cun do cos lieux est situc,-il a trace, sur deux cotes de la barriore dont sa carte est onvironnde, rocliclle des paralleles auxquels correspondent les dilFcrentos par- ties du tcrritoirc, et sur deux aulros coles, I'echelle de lours degres de longitude. On peut reconnaitre par le point d'interseclion (^el'une et do I'aulre ligne, la posi- tion geograpliique de cbaque lieu. Le nombre des villos qui sont indiqu^cs dans cettc carte doit otre encore augmente, ct I'intcntlon de I'auteur n'est pas de se borner a unc simple nomen- clature. II a le projet de figurer sur le terrain la forme et les dimensions de chaque ville , en les gravant sur des plaques de metal ou Ton pourrait rapporter dans la suite leurs changomcnls ct leurs accrolssomcnts ul- terieurs. Dans ce sysleme , et on se r(^glant sur I'd'chelle generale , Pains occuperail un diametre de dix a onze pouces d'etendue, ct cc scrait dans des proportions analogues quo les plans dos aulros villes de la France seraient egalement traces. Les principales routes qui les imlsscnt avaient 6te indiquees par Fauteur, mais il y avait employe des maloriaux trop fragilos, et il en substiluera d'aulres qui soient plus a Fahri ties injures du temps. Son intention avait egalement et6 de tracer sur sa carle les lignes de demarcation de tous les de- partemonls; mais nouspensons que tant de figures ir- roguliores jioiuraient repandre dc I'obscurite sur ce tableau. Cos nombrcuscs lignes se confondraient quel- qucfois avec cellos dos routes dc communication , avec oollos (les rivieres qui traversent didercnls bassins. 11 I'audrail , pour Ics rcndro plus dislinctes . leur donner ( 287 ) une (^paisseur qui diminuerail la surface des arrondls- semenls voisins : plus les llgnes se niulliplieraient , plus les dimensions intermediaires parailraient i'6duites. On verrait que plusieursd^partements n'occupenl que quelques pieds d'etendue , et la carle entifere perdrait ce caractere de grandeur qui lui appartient dans son 6tat actuel , et qu'il faut chercher a lui conserver. Get ouvrage est du nombre de ceux que le temps aide toujours a perfectionner ; mais, tel qu'il est au- jourd'liui, il nous parait mtlsriter tout Tinteret des amis de la geographie. Cetle science est une de cclles donl r^tude peut etre le plus favorisee par des signes, et aucun signe ne peut elre a la fois plus frappant pour nosyeux, et plus analogue a ce genre de recherches et d'instruction, que ceux qui sont pris dans la na- ture. Accoutum6 a ^tudier dans un atlas et dans les livres la geographie d'une contree, on est d'abord frappe d'avoir ici sous les yeux la terre elle-meme. Elle est par^e de sa veixlure et de quelques unes des produc- tions propres a nos climals. On aime a voir autour de soi ce travail de la vegetation : on pr^voit le perfeclion- nemenl de I'image qu'on a devant soi; on en suit les progres, on se Iransporte au temps ou il pourra s'ac- complir. Et, romme si Ton voyait alors la France a travers un oplique qui en reduit loutesles dimensions, on I'eludie, on la parcourt, on la traverse dans lous les sens ; et ce voyage , qui nous la fait mieux con- naitre , en grave aussi plus profondument I'image dans notre m^moire. M. Sanis, en Iracant sa carte tcrrestro , parait sur- tout avoir eu en vue Tinslruclion de la jeunesse ; il a travaille pour cct age ou la puissance des signes a plus ( 288 ) (Je force, ou Ion est conduit a la meditation par les images, oil Ton saisit avec plus d'avidilt^ les notions qui s'olTrent d'elles-m6mes. Trouver I'inslruction au l(!rme d'une promenade, c'est iililiser jusqu'ases loi- sirs : on aime h jouir d'une distraction qui aide encore nu developpement de rinlelligcnce ; et dans un age ou. Ion a devant soi one longue carric»re , on d(^sire que (••iiaque pas, chaque mouvement, amene un nouveau ])rogres. Nous pensons , messieurs , que la Soci^te de geogra- phic doit savoir gre a M. Sanis d'avoir applique A la Trance le systeme de relief qu'il a execute. Si la geo- graphic de chaque conlree du globe est digne d'int^- ret, celle de la France devient pour nous le sujet d'une (;tude indispensable : elle se lie aux aulres connais- sances n^cessaires a lout homme qui veut bien con- naltre sa palrie , et qui est toujours appel6 a la servir. Le z^le de M. Sanis pour les progrfes de la science I'a entrain*^ a des sacrifices considerables ;il ne pour- rait plus en supporter seul le fardeau ; mais il a pens6 que ses travaux seraient jug^s dignes d'interet, et qu'ils pourraientetreassez utiles a I'instruclionpublique pour etre proteges et encourages par le gouvernement lui- meme. II serait a desirer que les louables intentions de M. Sanis pussent recevoir celle haute approbation, et que I'auleur d'un ouvrage ingenieusement con^u , dej4 trfcs avance , el conduit de maniere a se perfec- tionner de jour en jour , pill obtenir les secours et les- nioyens necessaires pour le terminer. Signe , Baiibik du Boc agk , Corabocuf , EYnifes, TAnniEU, elRoux uu Rochem.i. , rapporteur. ( '2^9 ) Rappotxt s/ali>lrille. (2) Rcuseisiii'inems doimt's p.ir iiu iiaviyaluir ar.il)i> dis ii-s Maldives a M. J. Priase|i. ( 29> ) toile, ou les colangentes de Tangle form^par cc rayon el par une ligne dirig(^e au centre de la corne. Orce dernier angle'estevidemment la moitie de Tangle com- pris entre les rayons visuels superieuret inferieur, ou autrement de Tangle d'observation, c'est-a-dire la hau- teur cherchee de T^toile ). M, James Prinsep remarque la correspondance de ces points avec la position de plusieurs lieux frequentes par les navigateurs arabes. Ainsi, la premiere division n° 12 respond a 22"58' qui est la latitude de Calcutta, et la limite de la navigation des gens des Maldives, vers lenord. La division n° 8 repond a. , i5° it^'. Le n° 4 est le point de depart des naviga- teurs des lies Maldives ; il repond au sud de Ceylan et a 7° 36'. N. B. Si on eut pris pour unite G diametres, au lieu de 5 , on aurait eu les divisions de Tfssabali, de i" 36', employe par les navigateurs du xv' siecle suivanl le Mo/lit. (Voyezp. 445 et 44^ de la traduction du i):/o- hi't , par le baron de Hammer. ) 2" Le hilisly n'est que le kiuiidl perfectionne ; seule- mcnt, les plus pctites divisions sont du cote de Toeil, qui est ici le point fixe. 3° Le troisieme instrument sort pour prendre la hau- teur du soleil, par Tombre que projetle sur une regie, divis(^econvenablement, la traverse placee a Textremite. 4"Lequatriemeestuneboussole. Les boussoles arabes sont extremement rares; il a ele impossible a M. Prin- sep de s'en procurer; celle qu'Jl public est tiree d'un flessi/i (joint a un traile pratique de navigation, le Majcd kitab ). Celte bous^ole est divisive en 02 rhumbs. La circonierence est [)artagee en 4 parties, numerotees ( 292 ) <> a 90 (do 10' en loO. Le diam^lre est d'environ 4 pouccs el demi. Les noms des principalcs (^toiles sont marques siir les rhumbs ; le savant secretaire de la Societe cntre dans quelques details sur la nomencla- ture arabe dcs etoiles. L'aiguille qui est figuree sur le cerclc est beaucoup plus grande quo dans les bous- soles chinoises. Jomard. iNoTK siirles travaux geodcsiqucs executes dans V Algevie. Sur I'invitalion de M. le president, M. Puilion-Bo- blaye rend compte des iravaux g^ographiques qu'il a executes dans I'Algerie depuis le mois de fevrier jus- qu'au mois de seplembre i858. Les instruments dont il avail ete pourvu d'apres les ordres de M. le g^n^ral Pelet, direolour du depot de la guerre, consistaient en un theodolite de Gambey, un cercle de r^llexion du memo artiste, deux baromi'tres de Bunion el plusieurs thermom6lres, une montro ma- rine de Motel, n" 3i. Arrive a Alger le 7 fevrier, M. Boblajo cmploya plu- sieurs jours a etudier la marche de la montro marine , a v«^rifier la concordance des azimuts du commandant Fillion ct do M. B«^rard, et a d<^lerminpr des positions goographiques dans la direction de I'osl ou do I'Isser, direction dans laquello on projotail relahlissoment yageurs francais en Abyssinie. Le premier est demeurt^ a Gondar, occupe de I'etude des langues, et il possede la connaissance des idiomes tigr^en et amharigue ; 2° sur le depart de M. Lefevre, ingenieur civil pour le llaul-Sennar, ou I'envoie le gouvcrnement egyplien pour I'examen des sables auriferes d^couverts recemment dans le Fazoql, terrain qui parait d'une assez grande richesse, et, dont les echanlillons sont maintenant soumis a I'essai; 5° sur le deparl d'un ingenieur francais, chaz'ge de di- nger a Alexandrie le bassin de carenage. En quatrieme lieu, le meme membre donne des details sur les puils fores, signal^s dans les oasis du midi de I'Egypte par le gouverneur de ces regions, M. Ayme. Ces details sonl entendus avec inleret, et seront mentionnes dans le Bulletin. M. Albert Monlemont lit un fragmcnl d'un ouvrage ( 302 ) qu'il va publicr sur Ics moeurs ct les coulumcs des Es- quimaux. M. Boblayo, capitainc au corps royal iretat-major , de relour de sa mission scienlique en Alg^rie, presente un rc'sum6 verl)al des travaux aslronoraiques et g^ode- siques qu'il vient d'cx^cuter dans la province de Con- slanline. La Commission rcnlralc ^coute avec int(ir6t cotte communication , et M. le president prie M. le capitaine Boljlaye de r«^diger pour le Bulletin une no- lice sur ces importanls travaux. Seance (III 2 novemhre iH38. Le proces-verbal de la dernierc seance est lu et adoptc. M. Lefebvre , officier de la marine royale , annonce qu'il vient d'obtenir I'appui du gouvernement pour I'execution deson voyage en Abyssinic, el il demande a la Societe des instructions qui puissent le guider dans les rechcrclies qu'il se propose de faire,.tant sur la cole africaine do la mer Rougo que dans I'interieur de rAi'riquc orientale. M. in-8. — Par M. A. de Ravenstein : Topogra- phische kiale der umgegend von Fi'ankfuit am Main im Maasslabe von 1: 76,000, i feuillc Carle en relief des environs dcFrancfort-sur-lc-Main. — ParM. Rouxde Ro- cJielle: Fernand Cortes, poeme, 1 vol. in-8. — ParM. le comic Graberg de Heoiso : Vocabulary of names of places, etc., in Moghribu-1-Aksa, or tlie empire of Ma- rocco, in-8. — Par M, Rafinesque: Bulletin of tlie histo- rical and natural sciences, n"' 4 ct 7 — Par les auteurs et editeurs: Plusieurs numeros des Annalcs marillmes, — du journal de la Marine, du journal Asialique , du journal des Missions evangoli({ues,— du Memorial cn- cyclopidique, — du journal tie la Lillerature, dc I'ln slilut el de rtchu du monde savant. h. FK\UIKPx,MAnS,18;i« CX~ ■ I ■ I ■ I ■ I ■ I ■ I K 'V Si 3 .'i2 -T-.-r. I' . I . I - I-. 1 . I . I . I . I --fa KT LA ZEI.EK , niu'tii" ll^ (li'oo'i'aplie DK LA MARINE , jA M 36 3^ 33\ .is TH-^p I ■ LU ^L^i_:_p3=i: t)J 00 ^2 •AI'KDITIOV \l I'Ol.i: AISTIiM. I.T DWS 1/ 0( K AMI". . ( OM M WDT K l'\K M'< 1)1 .MONT DTIIVI l.l.K CAI'N' dk VAISSKM . ,IAN\ I I-.U. TKN UIF.U . MAKS . I»; W?. I^AJt^uXliLlltT'JJ^ . 1> 'C,,^^ P)^AA. '■'■1|\<.\k»»-''..,.T , .„,„ nierniur ntc nn.txmFiMi.ti ■ • .^X-'S-*' 'J^t!"''* n I I K H r I. /■ J fi) ^. -,jja«_, 1 \ l> K V 1 \ .^^ -A y j: \ '■■'' '^■'yn>r v\Kr\'. UKS rOllVF.TTKS l/.WTI10l,AIIK KT I.A /.KI.KK , u.i.v.i i.KX /iKiJ/DS.-' ir.irini.KS \svit ft iiymit /,„,t /f ' /„„,„,/■,> -S.' »iii,»^i„ iiije^iii'iii- JK-rfi'imTflitln" UK I.A M.tlUlfK . r/ .//tM/f/tr ttltr i'/,i/-ft ^ ^^ya^^^yy-^ '■^ I laSMS CSJi.3a.IL2IS ^ BULLETIN VE LA r T SOCIETE DE GEOGllAPHIE. oiCEMBRE 1808. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTIIAITS, AKALVSES ET RAPPOKTS. iSSEMBLtE Gl^NEUALE DV 1" niCEMBRE 1 838. DISCOURS D'OUVERTURE PRONONCi PA.U M. DE SaLTANDT , Miiiislre de I'Jnslrudion publique. President de la Societe. Messieurs, Appele a ce fauteuil par vos suffrages , jc ne me mc- prends pas sur les motifs de voire choix. Je vous etais etranger; je suis etranger a vos Iravaux. Si j'ai acceple I'honneur que vous m'avez fait, c'est que je penso , comme vous, que la premiere obligation du poste dans X. oiCEMBRE. I. 2i ( 3oG ) lequcl voire bienveillance venaitrne chcrchcr csl tie so nielti'e loul onlier au service de la science cl des insti- tutions qui la propagcnl. Lorsqu'unc fois dans sa vie on a eu la fortune de gerer les inlerels intellectuels de la France , on ne peutplus avoir qu'une pcnsec : c'esl de veillcr a ce que pendant le durde de cette raagislra- lure aucun d'euxn'ait depori. Je n'en saispas qui merite plus de sollicilude, mes- sieurs, que ceux dont vous avcz pris en main I'utile patronage. La geographic confine de touscotes aux j)]us positives des connaissanccs humaines, aux nialhenia- tiques, a la geologic , a i'dconomie politique, a I'liis- toire : elle est leur centre cominun. II semblerait qu'elle dut etre la plus ancicnne des sciences. On croirait que riioninie , lorsqu'il se \il place sur cette tcrre pour y regner en mailre , sappli- qua d'alioi'd a reconnailre I'elendue de son empire, A recherchcr ou la main de Dieu en avait pose les limi- tes. II n'en I'ut pas ainsi. 11 sinquiela de connaltrc et de mesurer le ciel, avant de mcsurer la tcrre. II avait raison : ses guides dtaicnt la-haul. La lerre ne s'eleii- dit devant les lentes ddcouvertes des peuples de qui la civilisation est issue, que grace au commerce et a la guerre. Les conquiranls furenl les premiers voyagcurs. Les premiers explorateurs furenl les marchands auda- cieux qui allaient ^changer les produits des nations de ri- vage en rivage. Quand la science naqu)tcnfjn,ce futpour enrcgislrer les conquelcs accomplies, point pour on pre- parer ni memo en pressentir de nouvelles. Elle s'arrela sans effort ou Marseille , Carthage ot Tyr avaient arrets leurs exlracleurs d'anibre et d'dlain , ou Rome avait arrfile ses l6gions. L'investigation scientifique , la re- cherche curicuse et ddvouee des continents qui s'l^ten- dent sur la face du globe , des mcrs qui les baignent , ( 5o7 ) des lies qui nogent dans ces mers, des tribus, des ra- ces que CCS i!cs ont rccucillies, toutc ccUe geographie syslemaliqiie et savanle esl unc decouverte des moder- nes, et qui date presquc dc nos jours. • Peut-etre devait-il en etre ainsi. L'hoinme , pour reculer toujoursles frontiercs de son empire, avalt be- soin d'un mobile -jilus puissant que le IraTic ou la guerre. Pour affronter tant de perils, il lui fallait I'a- mour de ses semblablcs. C'esl un sentiment que Tan- liquite, avec sos nations autochtones, sans originc et sans fin communes, ne connut pas. La loi cbrelienne I'a mis au jour, avec ce grand principc de I'unite du genre bumain sur leqiiel roule loule la civilisation Kioderne, et qui a lait egalement nos conquetcs scien- tifiques et civiles. Ce principe a tout cbang^; il a tout agrandi ! Sous la forme de la foi religieuse , il nous a r^islitue un monde. Cbristopbe Colomb fut un mission- naire arme de la bouss(de, comine saint Bernard I'etait du glaive. La meme pensee entrainait celui ci vers rOrient , celui-la vers I'Occident. La passion de trouver un chemin plus court pour porter , pensait-il, les lumieres de TEvangile aux Tartares, et ranger sous la loi de I'bglise des lerres, des nations ignor(^es, celle passion, etrangere a toulos les nations de I'anliquite, pouvait seule tourncr les forces de ce *;^nie audacieux vers la resolution inouie de meltre le cap sur les de- serts de rOcean , par une route que jamais I'bomme ne s'etait frayee vers des rlvages pleins de myslercs et d'^pouvante, si toutefois il y avait ties rivages. Nuilo curiosite d'^rudit , nulle speculation de marcbatu! n'aurait fait C(> miracle. C'est le principe nouveau di-- monde qui a enricbi d'un bemispb»>re de plus la dut de I'bumanit*^. • '2 1. ( 3o8 ) Dcpiiis ce temps, le globe a 6le reconnu loul en- I'or, loul enlicr explore. Cc n'est done qu'au boul do six mille ans que nous avons pris possession de loul noire domaine. 11 olall dans la dostinec de noire age de I'agrandir dans lous les sens. Tandis que la geographic , mainle- nanl sure el libre , sillonnait sans enlraves loule la sur- face de la terre, ne s'arrelant qu'aux barrieres eter- nelles des poles , la geologie naissait , qui , plongeant dans ses enlrailles, allail y retrouver a ioules les pro- fondeurs I'hlsloire oubli^e des espeees morlcs ou vivanles , des cataclysmes successifs qui ont brove leurs debris, el des vicissiludes par lesquelles celle planete, qui nous a 6le donnee pour denieure el pour royaume, a pass6 long-lcmps avanl nous. De son cole, I'aslronomie, ajoulanl loul-a coup a la grandeur des cieux, rejelle a des dislances incoinmensurablcs la Toiite des mondes ignores qui pfesc sur nos lules, et nous associant a des syslemes au milieu desquels le noire n'esl que poussiere , fail do cc sysleme lout enlier un anneau d'une chalne si vaste qu'elle nous ^chappe. Grace a Dieu, c'eslle propre des sciences de s'd- tendre ct de ci^oitre comme lous les aulrcs domaines de riiomme. En avan^ant, les horizons se deplaccnt; ilsfuient, ils se succ^dent, voilatout. On ne les alteint jamais. C'est i cette 6poquc ou les decouverles considera- bles semblenl lermincies, ou tant de r^sultats sont ob- tenus, que la g(5ographie , avraidire, s'est constiluce; c'estalors aussi que voire Soci(!!l6 a pris naissance, pour assuror a lous les Iravaux la suite et Tensemble qui font les solides succos. Vous avcz cu raison, messieurs : ( 3o9 ) la geographic ne finitj)as, elle commence ; elle sail les configurations generates ties tcrres et ties mers ; quelles monlagnes sont Ics areles principales flu globe ; quels fleuves sont, suivant I'image antique , les art^res de ce g^ant. Mais rAm^riquc , apres tant d'efforts qui sont la gloire de notre age , la gloire par dessus tout de I'illustre stranger qui m'ecoute , n'a-t-elle plus de se- crets pour nous? Connait-on bien I'Asie? L'Afrique , qui est a nos portes, ne reste-l-elle pas presque enti^- rement ignoree? Ouand la geographic positive sera terminee, si elle doit jamais I'etre, ne lui restera-t-il pas a etablir les niveaux , ci fixer les hauteurs, a pre- parer les moyens de rapprocher les fleuves et les mers, de feconder les terres, de desunir ou de lier les conti- nents? La geographic historique , qui veut de si pa- lienles et de si judicieuses etudes, est nee en quelque sorte avecle dernier siecle. L'ethnographie commence. Parlerai-je de la geographic politique, non pas celle quis'enquierl des changements de convention , tels que les distributions de territoires et les deplacements de fronlieres, mais de celle qui etudie les besoins , les ressources et les inlerets des peuplcs pour eclairer de ses lumieres les economistes et les gouvernants? Nous pouvons nous rassuror sur Tavenir. Je disais tout h I'heure que Thumanite a pris possession enfin de tout son domaine. Nous apercevons maintenant lout ce qui lui reste a faire pour le bien connailre. Yoyez en cfiet, messieurs, ce qui se passe aulour de nous. La geographic ne s'est jamais recommandee par de plus nombreux travaux ni de plus eclalanls. Le tableau qui va etre mis sous vos yeux des r^sullats de Tannoo qui s'acheve, vous montrera le globe inter- roge parlout a la fois, ct toutes les branches de la ( 5io ) science culliv(jos avoc unc ogalo ardeur. \ ous veircz Il's rnontngnes mosiirees , des cotes relevues, des ni- \eaiix do iiicrs lixi'>s, do nouvelles lerres apercues, d'ancionnes conlrdes explorees, I'hisloire mem '. dc la g(^ogra{)liie cclairee par de palienlcs el frucUicuses crivcnl plus que ce qu'ils connaissent bien. En voyant ainsi les limites s'elendre et le cercle s'agrandir, felicitez-vous, messieurs, de'n'etre pas etrangers a ce resultat. Vous avez Il's jircmiers donn6 a I'Europe I'exemple d'une inslilulion libre crcec pour I'avancement des sciences ( "^'2 ) gc^ograpliiques; ce iioljlc appel a (il^entendu. LesBar- ro\Y, les Washington, les Riller, les Meidinger, les Reinganum, les Kriegk, les Ravenslein, president a dcs tiavaux senihlables aux volres. L'elan est donne , conslalons-lc , et que cetle pensie nous console , alors quo la moisson est nioins belle, alors que les amis de la science ne peuvent applaudir a I'apparilion d'une de ces lueurs subiles qui parfois viennent (^claiicr les points les plus obscurs. L'annee dcrniere , a pareillc epoque , nous avions I'espoir que bientot le jiole sud n'aurail plus de mys- tires. U Astrolabe et la Zelee avaient fail voile de Tou- lon : les hauts talents du chef, son courage , le courage et le zele des Equipages, lout se reunissait pour laire croire au succ6s , si le succes elail possible. Malheu- reusemenl M. d'Lrville a rencontre des obstacles insur- monlables. La ou Weddel n'avait trouve qu'une nier libre , des masses de glaces haules et compactos ont arrets les vaisseaux frangais. En vain le comman- dant de I'expedilion a lenle le passage sur plusieurs points. Enfermces de toutos parts dans une de ces p«^rilleuses lontalives , les corvettes n'onl du leur salul qu'a rexccllcnce de lour construction , ainsi qu'aux efforts soutenus et habilcment diriges de leurs equi- pages. Bien que n'ayant pas penetre dans le sud aussi loin qu'il avail pu I'cspd'ror, M. le capitainc d'LIrville a deja r^colte pour les sciences geographiques d'abon- danlcs moissons. 1 80 milles de coles, jusqu'alors com- pletcment ignorees, reconnues dans Test de la Trinity Land; lu g('M)graphie des ilcs Orkney el dc la paiiic orienlale des iles Ncw-Sliolland completemenl exami- nee; de nombrcux tiavaux hydrographiquos, de nom- brcuses observations dc physique el d'bisloirc nalu- ( 5i3 ) relle, voila Ic n^suitat tie quelques mois do voyage. M. d'UrviJle continue son explotatlon dans I'Oc^anie ; bienlot nous apprendrons ses nouvoaux progres, et nous devrons sans doute a noire collogue, au milieu des soins nombreux qui I'occupenl, de nouvelles rccher- ches sur I'elhnographie de la Polynesie , seul guide que nous puissions avoir pour mieux connailre I'his- loire des races peu etudiees qui I'liabilent. Une expedition r^cente , celle de MM. Dease et Simpson, tous deux officiers au service de la Compagnie de la baie d'Hudson, a port6 un nouveau jour sur les regions arcliquesdu Nouveau Monde. Rattachant les tra- vauxducapilaineBeecheyaceuxdu capitainc Franklin, completant la reconnaissance de la cote depuis le de- troitde Bchringjusqu'a la pointe Turnagain,MM. Dease et Simpson ont fait faire un grand pas a la geographic de ces conlrees. Le z^le et I'habileld qu'ils ont deploy^s dans I'accomplissement de leur lache , donne I'espoir bien fonde qu'ils ne seront pas moins heureux pour celle qu'ils ont enlreprise encore. Poursuivanl Icur reconnaissance a Test, afm de lier les decouvertes de sir John Franklin a cellos du capitaine Back, depuis la pointe Turnagain du premier jusqu'a I'embouchure du Back-river, ils tentent de completer le relevement des cotes septentrionales de I'Amerique, but de tanl d'efTorts courageux qui , jusqu'a present, n'avaient eu qu'un succes partiel. Tandis que s'acheve ainsi la reconnaissance de ce vaste continent, nous ne pouvons plus doulcr, d'apres I'imporlant ouvragc public a Copenliague par la Sociele royale des Antiquaires du INord , quo sa decouvertc premiere ne remonte au x" sieclo , epoque a laqucllo les Scandinaves ont visit^i les cotes americainos depuis ( 3'4 ) lo Groonland jusqii'au 45'' degrd do latilude nord. Voiis connaissez cettebelle oeuvredonl >I. lo profossour Rafnvous a fait hommage; vous avoz pu apprecier la nature consciencieusc dcs rechcrches conlenues dans les Antiquilates americamv , donl la pid)licalion fixe d'une maniore irrecusable un point csscnllel a I'liis- loirc do la science. Avant de quitter le nouvcau conti^ nent , constatons la perseverance do M. Robert Sclioiu- burgk, qui continue ses explorations dans la Guvane anglaise, tandis que M. le baron de Humboldt, aux observations duquel M. Schomburgk espere bientot lier ios sienncs, de maniere a determiner la largeur exacte du continent am^ricain entro Guayaquil et Demerary, public un m^moire rempli d'intc^ret xitr quelques points iniportants de la geograpliie de la Guyane. Nous signa- lerons aussi un m^moire remarquable de M. le baron \\ alckenaer, relatif aux recentes decouvertes faites sur les cotes de la Guyane, par M. Laurens de Clioisy, alors gouveineur de Cayenne , et I'inleressante notice dans laquclle M. Reynaud, officier de marine, a resume les grands traits physiques des terres noy6es de la Guyane qu'il a explor^es entre I'Oyapok et Mapa. Consta- tons encore le zele avec lequel don Pedro de Angelis continue la publication de ses documents officiels, re- lalifs a I'bistoire et a la geographic des provinces du Rio de la Plata. Deux nouveaux volumes contiennent , sur les rives de la Plata, sur la ])rovinco de Buonos- Ayres, sur les cotes memos de la Patagonie, des details noufs ct de curieux itineraires. Des rives occidcnlalcs do rAmerique si habilomont relev^es par le capitaine Fitz Roy jusqu'ci la terro d'A- sie, les paisibles conqu6tes de la science s'etcndent sur ccllc vaste'mcr ou les dangers du navigateur sont sou- venl recompenses p;ir dhabiles decouvertes. L'exp(- ( -^'S ) dilion cominan(!(^e par le capilainc d'Uiville a ele le signal d'une seinblablc expodilion envoyee par le gou- vernemenl des Etals-Unis. A rouest, au midi, los colo- nies anglaises s'avanccnl vers Ic cenlrc da continent auslralien : le major Mitchell vient de publier le resid- tat de ses explorations dans I'inlerieur des Nouvelles- Galles dn Sud , el deux batiments partis d'Angleterre sous lecommandementdeMM. Goi-donBremeret Owen Stanley, sont charges d'executer les travaux hydrogra- phiquesnecessaires a laconnaissance parlaile des cotes septentrionales de ces vastes conlrees. Les Maldives, cet archipel curieux , pendant si long- temps peu connu des Europeens, el dont cependant un voyageur arabc avail donn6, des les premieres an- n^es (in xiv^ siccle , une descriplion tout a la fois pillo- resque ct exacte, vient d'etre entierement releve j)ar le capitaine Moresby. Cet otTicier, ainsi que nous I'apprend M, Washington , doit ensulte examiner et d^crire avec precision le grand banc Saya de Malha , a ooo milles au S.-E. des Seyclielles. INous devons a la Societe geo- graphique de Bombay d'inleressanls memoires sur la geographic du golfe Persique et de I'lnde, dont les re- gions occidentales sont explorees en ce moment par plusieurs ofliciers de la marine anglaise. Des positions nombreuses dans le golfe de Cambay et sur les cotes de Kal' lliwar, ont ele d^terminees par MM. White- lock et Ethersey. Non seulement nous pouvons csperer de I'expedition du capitaine Burnes la reconnaissance complete du bras principal de i'lndus, depuis Altock jusqu'a la mcr, mais les bouches de ce fleuve liislo- rique ont et6 soigneusemcnt relevd-es par les travaux du lieutenant Carless. Yous avcz imprimii dans voire bulletin un memoiro sur I'elat de Simpang, dans i'iie de Borneo. Ces notes. (oi6 ) reciieillies par Georges Muller, inspecleur-g^n^ral des Indes neerlandalses, ne sont que les preniices d'un travail plus lilendu qui sera bicnlot public. M. Palle- goix, missionnaire francais, pi'o-vicaire de Siam, vous a aussi tiansiiiis de pr^cieux documents sur plusieurs pi'ovinces siamoises qu'il a parcouiues lui-m(>ine, ou sur lesquelles ses frequents rapports avec les indigenes I'ont rais a m6me d'acqu^rir des notions etendues. Tout en reconnaissant le m^rite de la carle de Bcrghaus, quant au trac6 des cotes, il vous a communique de nombreux elements pour etablir la position de plu- sieurs points imporlants dans I'interieur du pays. L'an- nee derniere , on a publit^ a Londres, par les soins du professeur Wilson , les voyages de Moorcroft dans les parties septontrionales de I'llindoustan, dans I'liima- laya et le Pendjab, dans le Ladack et le Cachemir, a Peichaver, Caboul, Khoundouzet Boukhara, Plusieurs annees se sont 6coul6es depuis la mort raalheureuse de Moorcroft ; long-temps meme on eut a craindre la perte de ses papiers ; c'est done une apparition impor- tante que celle des travaux d'un homme consciencieux etinstruit, dont les observations sur le Ladack joignent, a I'imposanle autoril6de son nom, le merito d'etre les SL'uls renseignements d(^tailles que Ton ait obtenus sur cesbautcscontrees. Trente-six feuilles de la grandc carle des Indes, que jMiblie I'Angleterre a I'echolle d'un pouce par quatre milles geograpbiques, et qui conticndraccnl cinquanle feuilles en lout, ont deja paru. Les tra\aux dirig^s par le colonel Everest s'etcndent mainlenanl sur les pays au nord du fleuve Krisnab. La Perse , I'Asic Mineure , la Syrie , la Terre-Sainle , ccs conlrees ou sc deroulcnllcs annales de I'bisloire et { 3'7 ) de la religion , ot chaque lieu est marque par un sou- venir, oil chaque nom moderne revele a rinvesliga- teur une antique cel6bril6 , une gloire eteinte, nous apprenons tous les ans a les mieux connailre. Cetle ann^e encore des objections ont et6 resolues, des doules ont et6 leves. M. W. Hamilton , Iraversant I'Asie IMi- neure E. etO. depuis Karsetles ruines d'Anni jusqu'a Smyrne , a deploje dans son voyage des connaissances variees qui, bien rarement, appartiennent ti un seul homme. Determinant les latitudes de plus de quaranle points differenls, decrivant I'elat present d'anciennes villes qu'il a su retrouver, donnant par des observa- tions barom^triques la hauteur exacte des plateaux et des montagnes qu'il a du franchir, examinantavec soin la constitution g^ognoslique des differenls terrains, il se pr^sente avec une masse de faits tous importants pour la geographic. Le voyage du colonel Siel, depuis Tauris jusqu'a Van ; les travaux de M. Ainsworlh sur Mossoul , Ninive, INisbin, Mardin , Nimroud , Diarbekir, nous avaient eclair^s sur I'etat actuel du Kurdistan. M. Ain- sworth, nomm6 chef d'une expedition nouvelJe dans ces curieuses contr^es, a offert ses services a la Societe en lui annoncant son depart et son itineraii'e. De Tehran h Mesched , de Mesched a Kengever, par lezd et Ispa- han, de Kengever a Tehran, un memoire desciiplit" contenant tous les relevements pris sur ces trois routes, et une serie d'observations de hauteur du soleil et de plusieurs 6toiles pour determiner les latitudes d'un grand nombre de points, vous a ^t6 communique par M. Daussy. Ce travail de M. Truilhier, capitaine du g6- nie , qui parcourut la Perse en 1807 , ne peut qu'in- teresser viveraent les geographes, et paimi eux surtout ceux qui se sont plus sp^cialement consacres a I'Asie. (5.8 ) M. de Berloii parcourt en ce moment la Palestine ot I'Araliie Petree : depiiis rexlrcmile sud du lac Asphal- tile jusqu'a la mer Rouge. II a recherche les traces de rancien lit du Jourdain ; niais ses observations tendenl a prouver que le Ouadi-ei-Araba est un grand ailluent de la mer Morte ; qu'il coule en sons oppose du flouve Sacre , et qu'a son oiigine, dans la vallee qu'il par- court, il existe un point de partage au-dela duquel les pentes vont on sens contraire ct se dirigent vers hi mer Rouge. Bienlot, messieurs, vous recevrez la relation complete do son voyage, ainsi qu'une carte detaillee de la marche qu'il a suivie et des nivelkmcnls qu'il a operes depuis Jerusalein jusqu'au goll'e Elanilique. Ces documents sont en la possession du pero Rillo, arrive depuis peu de Bagdad , dont il a lev6 un jdan exact. La Socielc apprendra avec interel , a ce sujet , que bienlot deux colleges, I'un en Syrie, I'autre a Bagdad, vont devenii' pour ces inlercssantes contr^es deux centres oii des missionnaires instruils auront a leur disposition des instruments de toute espece. MM. Moore et Beck , plus rdcemment encore M. le pro- fesseur Schubert de Munich, se sont livi'es , en Pales- tine, a des recherches varities dont les resuUats con- cordont avec les observations de M. de Bertou. Li'S premiers, par I'observalion de la temperature de I'eau bouillanle; le second, par des nivelhmenls i)aromc- triques, pensent elre arrives a reconnaitre que la mer Morte est de 5oo pieds au moins au-dessous de la Mediterianee. Lne telle diderence de niveau parait s'opposer a I'opinion si long-temps soutenue que le cours du Jourdain a |)u s'etendrc autrefois jusqu'a la mer Krj three. Nous devons a M. le capitaine Callier ous I'ont monlre pendant quaranle annees, depuis le siege de Landau jusqu'a celui d'Anvers, associant son nom a la gloire de nos arracs, a la bonne comme a la mauvaise fortune de la Fiance; ils vous ont dil ses Iravaux pendant la paix pour ])reparcr ou completer la defense du pays; ils n'ont pas oublie son z^le eclaire, sa perseverance infaligable, sa courageuse indepen- dance devant la })lus imperieuse volonli!;, et loujours et a loules lcs epoques de sa carriere son amour vrai de la palrie , son cuUe de I'honneur franoais. Cost a nous, messieurs, dans le cercle de noire in- slllulion, a rclrouver encore le general llaxo au premier rang, a celebrer dans le grand ingenieur Ic grand geo- graphe; nul plus que lui n'cn reunissait los qualiles, nul n'cn possedait plus a fond lcs connaissances va- ricics. Rappelons-nous que I'idee fondamentale do tous ses Iravaux ful raj)plicallon des forlificalions au mou- vcment du terrain ; de la ses eludes perseverantes du relief du pays; de la le soin parlic^dior qu'il apportait dans le trace des details, el rexacle indication dos plus legers accidents du sol. Ce fut une haute pensee poli- tique qui lui inspira son dernier travail , cette grande ( 3'i9 ) el bello carlo do rKiirope ou se Irouvenl Indiques les progr^s ct los accrolssemenls de chaque Llat, ou I'on pout voir d'un coup d'oeil le resullal desguerres passees cl le genne des gucrres a vonir ; Iravail loul palriotlque ou I'illuslre general ne pensail qu'aux inlerols futurs de la Franco, a ses dangers el a sa glolre. Vous n'avez pas ou])lie, messieurs, I'inleret que le general Ilaxo porlait a vos travaux. II fiit un des premiers mcmbres de la Soci^le, un des presidents les plus assidus el les plus zeles de voire Commission centralc, ou il eclairait la discussion par la prolondeur de ses vues, par la con- cision de sa penst'.e et la clarle de ses resumes, ou il savait encore par toules les qualiles du coeur qui font le charme des relations privtijcs , se faire aimer de tous les admirateurs de son talcnl, Le nora de M, Caillid se prcsentc 'encore sur noire lisle de deuil. Co nom, desormais inseparable de la plus perilleuse exploration des temps modornes, merveil- leusemcnt executeo, inseparable de la connaissance de celte Temboclou tant chercbee , vous appartient a Irop de litres pour n'etre pas ici robjet d'un eloge tout special. Celui de nos collogues qui provoqua ce grand voyage de docouvertes si babillement et si audacieu- sement execute par Caillie, qui fut le premier a le mettre au concours, a souscrire au prix propose, qui accueillit avec tantd'eraprcssemont le pauvre vojageur a soil relour d'Afrique et qui le seconda de tout son talent, s'est cbarge de vous rappoler les traits princi- paux d'une vie si courle et si pleine. Caillie no pouvait trouver un plus digne bislorlen, et nos regrets ne pouvaient pas avoir un meilleur interprete. ( 35o ) NoTlCF. liistomjuc siir la 7>ie et Ics voyages tie Ri N't Cailli/-. ( DiirourS In a la S'ancc ])iil)li(]i e cic la Fociete de geogr.i]>liie du 10 (Icccnibre i838.) Au milieu des dures epreuves qui altcndent les ex- ploraleurs des regions inconnues , si quelque chose peut soutenir le courage de ces horames avenlureux, et pout faire oiiblicr la fatigue , la soif et los perils, c'e? t sans nul doiilc rospoir d'oblenir un jour restime de ses compatrioles , ct do lais?er A sa famille un nom recommandable el lienor^. Tel fiil le mobile de celui a qui la Sociele de geographic d(^cerne un nouvel hom- m;ige par ma I'aiblo voix , de celle dernierc victime du devouemont a riioimcur national, de cet intvrpide martyr de la cause des decouverles ! 11 y a dix ansque Rene Caillie rappoita du fond du Sahara, avec la couronne de vainqueur du desert, le germe du mal qui vienl do nous I'enlever; niais sa mort est aussi glo- rieuse que s'il edt succoinbe sur le chanip d'lionneur, comme Park , Browne et Ilornemann , commc Oudney, Cla|)porlon et Bo\Yclich , comme Beaufort, Laing et Davitlson. Que son nom soit inscrit non loin de ces noms illuslrcs, et que ses enfants s'en glorifient de generation en generation! Si ses decouvertes n'ont pas eu lout racial qu'onl eu celles de ses predecesseurs , en revanche il a endure peutetre deplus longues souf- franccs, subi de plus rudes fatigues; Ic premier, il a trace a I'Europe un chemin jusqu'a la ville m\slti- rieuse, il a disslpe une grande erreur. 11 a monire une resoluliou, une persti-verance , une ferraele, une i ( 55i ) inteJligonco que nul autre n'a depasstVs ! Honnour a Reno Caillie pour avoir acquis a sa patrie une part aux decouvortes dans FAlVique cenlrale, pour I'a- voir i'ait entrer en partage avcc de nobles rivaux, qui, depuis plus de trenle ans, scmblaicnt exercer un privilege sur I'exploralion de ce continent! 11 a paye cher cet avantage , il I'a paye de sueurs et de sang; il a pour ainsi dire depens6 sa vie a chaque moment, pendant cinq cents jours de voyage, precedes de trols cents jours d'epreuves. Sa Constance et son adresse ont triomphe de tous les obstacles ; il a reussi , il a jete sur le nom francais une gloire qui lui manquait encore '. lionneur a Rene Caillie ! En couronnant le voyage a Temboctou , la Societ6 de geographic s'etait assuree de son authenticite. La simplicite dcs evenemenls, la candeur du recit, I'ab- sence du mcrveillcux, laissaicnt pen de place au doute. Avoir fait le premier une troupe si profonde en Afri- que; pouvoir exploiter pendant sa vie entiere un suc- ces romanesquo, et renoncer a poser comme un h^ros d'avenfures; se condamner volonlairement au role le plus simple et le plus modesle, c'elait Ih une preuve de plus de sa sincerite ; I'cxemple qui a suivi de pr^s ne I'a que trop confirmee. Vainemenl I'esprlt do rivalite , juslifie, je I'avoue , par de nombreux succes dans I'Afrique interieure , a essaye un moment de revoquer en doute cette authen- ticite ; vaincment est-il revcnu plus tard a la charge, en soutenant que le voAageur n'avait pu voir, telle nuit» a telle heure, les constellations que mcntioiine son journal, et niant en consequence la realile du voyage ; tous ces ingenieux elTorls d'un amour-propre ma! place ont disparu dcvant la simple verile. Le major ( "o^ ) Laing lui-memo aiirait rojiarii on AngliMorio, echappe par miracloaiix assassins, qu'il aiirail t'l6lc premier a vengcr noire compaliiolo deccsinjuslcs altaques. Grace au ciel, la Grandc-lJrolagne coniplccle iiublus esprils, toujours prels a rendre homniage a ce qui est vrai el beau, dc quelque part qu'il viennc , lul-ce de la rive opposee , el ce n'est que la jusle reciprocile de cc qu'on voit en France lous Ics jours. Le major Laing, vonant du nord-esl, a el6 le premier a enlrer dansTeuiboclou, Ton n'en saurait douler; un an apres, Kene Caillie y pcinelrail venantdc la region du sud. Ces hommcs, qui s'ignoraient muluellement, auraienl pu so rcnconlrer plus lard. Le sort a ele falal a Laing, il a favorise Caillid. Celui-ci a pu sejourncr et revenir en Europe, non sans millc maux; mais enfin revenir, et rappor- ler a sa pahie le souvenir de ce qu'il avail vu , le Fruit des dangers braves et celui de ses longuos fatigues I On me pardonnera ccs reflexions, placees a la tete dc la vie simple et modeslc que j'ai a raconler. Kene Caillie est ne, le 19 novembrc >7<.9, d'une fa- mille pauvrc, dans un liamcau des Deux-Sevres appel6 Mauz6 , sur le Mignon , a qualre lieues de Niort. Son pere, Frangois Caillie, etait boulanger do ju'ofession ; sa mere s'appclait Anne Lepine. Tres jeune , il Ics perdit I'un et Taulre. Son luleur le fit enlrer a I'ecole du lieu; mais la curiosite de I'enfant et son caraclere ardent le poussaient au-dela de I'inslruction vilkigcoise. II 6tait serieux cl grave liabiluellemenl; il sc distin- guait surtout par un violent amour pour la lecture, et devorait le peu de livres laisses dans ses mains. A douze ans son oncle jugea prudent d'arrfiler cet essor; il le mil en apprenlissage. Ln elat sedenlaire convc- nait peu au jeune Rene, Iransporle d'enthousiasme k ( 353 ) la leclurc dcs rclidions de voyages. Dcs que son mallre s'absenlail, il stispcnclait son travail, cl allait en secret se r-ourrir des llvrcs do cclte especc ou oludlcr do itiau- vaiscs carles d'AlVlquc. On lo surnommait rideologuc, a cause do son alllhidc medilalive. La soif des voyages s'empare de lui ; sans aiicun penchant pour Ics jeux de son age, il nc reve plus qu'aventures el que decou- verles. Bicntot son gout pour la vie erranle alarme sa famille : on lui r^siste. Enfin, a force d'iinporlunites, il arrache a son lulcur la permission d'aller aux cole-, nies franraiscs : Rene avail alors qulnze ou seize ans. On le volt, cos commenccmenls elaient bien obs- curs; lui, apr^s son sucees, aimait a s'en souvenir, ct les raconlait tout le premier. « D'aulres, disait-il, rou- igiraient de cette origlne; moi, je m'en fais gloire. Je »suis de seve plebeicnne, mais le fils de mes ceuvres, • suppose que jc sols quclque chose. » Caillie part done pour Rochefort a seize ans, pas- sionne, plus que prepare pour la carriere des voyages. La gabarre la Loire faisail voile avec la Dlcduse pour lo Senegal ; il s'y embarque avec fio francs dans sa poche pour toule fortune. Sa condition a bord etait dcs plus humbles. La Loire, qui devait marcher de conserve avec la Mediisc , s'en ecartc par bonhetir, et pendant que celle-ci perlssalt sous une horrible catastrophe, la gabarre jette Iranquiilemont Tancro dans la radc dc Saint-Louis. I'ne nouvellc expedition anglaisc parlait en cc moment memo pour rinleriour; elle so rendait au Foula-Toro : il hii fallait franchlr de hautos mon- tagnes , de nombreuses rivieres. Le major Peddle, son chef, en arrivanl a Kakondy sur le Rio Nunez, meurt; le capltaino Campbell, son successour, poursuivi par I'.tlniamy c'Uiil parloul sur la route, el deja on commen^ail a Ic prendre pour un vrai croyanl. Dos avant son nrrivee sur la rive drolle du Senegal, Ics agents du roi des Braknas (ilaicnt a Podor; ils venaienl dc rccevoir les coutumes a Saint- Louis. Caillie traverse le flcuve avec eux el cntrc dans les terres de Hamet-Dou ou Jhmcdo. II raconte unc histoire preparee d'avancc au chef des marabouts et au roi , et il en est bicn accucilli : son rccit nc manquait pasd'une sortc de vraisemhlance. « Lc Goran qu'il avalt, »disait-il, hi en franrais dans son pays, Tavait penelrc » d'admiration. Apros avoir tout vcndu , il otait venu lau S^n^gal pour y cmbrasser la foi; la haute rt^pu- • talion des Braknas I'avait determine a se fixer parmi »eux » II suit le roi dans ses courses el ses campc- menls; il est forc6 de dcvcnir medecin, et ramassc des graines sous le pretexte de I'curnir des remedes aux maladcs et au roi lui-meme; mais parfois il est surpris icrivant des notes; on le dessert pres d'lfamcl-Dou ; plusicurs le denoncent et le poursuivent par mille mauvais traitemcnls. Il sounVail horriblcmenl do la nourriturc, qui se reduisait a dulail. Lesanglo(bouillic de mil) elait du luxe pour lui. Ccpendant il continue de s'introduire chez les marabouts, frcqiienlc leurs ecolcs errantes; il observe avec soin Ics coslumcs, lesmwurs, les usages ,le caractcre, Ics molicrs, lc commerce, en- fin Ics productions du sol, toulcs choses que plus tard il decrira avec des details curicux, en dislinguant Ics castes, cninncrant les tribusol marquanl les distances des lieux. Pour conqucrir la confiance des maraboul3 il vicnt a I'escalc dc Podor et rctournc; il y revient plu- sicurs fois, et toujoujs il rctournc fidclcmcnl au camp maure. II pratique lc jcum; ligour'Hix du mois dc ra- ( 55; ) madan, qui ne pormel pas meme d'avalcr une goulte d'eau pour calmer les ardcurs d'unc solf bnllanle. La fjevre le saisil bienlol; mais il gueril par degr(^s , el il s'accoulume a celle vie du desert, dont jamais un Eu- ropeen , qui ne I'a pas soufferle , nc peut se faire une juste id^e. Qu'est-il besoin de prolongcr le r^cit de'ce dur no- viciat ? II suffit de dire que ccs dix mois de rudes pri- vations , de patience stoique , ont cle la premiere cause de sa reussite. Tout , dans son sdjour choz les Braknas, la protection duroi, les lecons des marabouts, I'ap- prcnlissage de la vie animate , I'clude des moeurs et des prcjuges, la maladie, la soif et la faim ; tout, jus- qu'aux outrages, aux humiliations qu'il a rerus, a con- tribud au succcs du grand voyage. Le 16 mai, Caillie etait de retour a Saint-Louis; il Irouva le gouverneur parti pour la France, en conge. Son successeur ne pouvait porter le meme interet, ni a la personne, ni aux projcts de notrc voyageur; d'ail- leurs , il faut le dire , il lui clail impossible de disposer des fonds de la colonic pour I'execulion de cc projet, lequel consistait a acbeter un Iroupeau et des esclaves, a p^netrer jusqu'a Adrar; puis, sous pieloxlc d'un pelerinage a la Mecquc , sc ])orlt'r sur Walet ct sur Temboctou. Caillio , oblige de se sc[)arcr dc sos com- pagnons maurcs, ct de sc caclior dans la villo , per- sista cependant a porter le costume alVicain , rcfusa plu- sieurs ofTres, et fmit par accepter de M. le baron Roger, au mois d'aout i8a5, un poste a riichard-Toll on qua- lit(i d'lemploye aux cultures du Senegal, cliargedc siir- veillerla culture de Tindigo (5). Tanlotil s'occupailde chasser el d'cmpailler des oiseaux, tanlot il bcrborisait, cl puis il lisait Mungo Park avec avidite, X. PltcEMBRE. 5. 25 ( 538 ) Ici sc prt'scnlc iinc circonstancc grave clans I'liisloirc de rcnlrcprisc. Dcpuis long-lcuips , el (lis I'oi ii;ino dc la Socielc dc geogiapliic , I'on s''Jtait occiipe ici do la dccouverle si souvent Icnloi; dc Tcinboclou. Cellc villc avail ellc I'imporlancc que lui donnuieiil losgcograplios cl Ics rapporls vagiics dcs \o\agoiirs? I'Uail-ce Inca le ccnlrc du coimiiorcc ? Aviiil-cilo en eirol cenl luille lia- bilaiils ou plus? Elail-ello sur lo grand llcuvc central? Quel elail co flcuve , d'oii \enait-il cloi!i sc perdail-il? FalUiil-il acceplcr les dcscripllons de L(ion I'y^fricain, dc Bon Balouta, I'Edrisi, cl d'aulres auleurs, ou les recils suspecls dim malclot americain lei qu'Adams, ou les rapporls fails a Mungo-Park , ou bien s'en Icnir aux vagucsrcnseignenienls de I'excursion dc Paul Im- berl en 1670? Aulant d'enigmes ct dcproblemes a resoudre I Pour Iranchcr la difliculte, une souscription fut ouverlc a Paris en i8'i4> On presenla un programme a la ISocieli^ ; on en fit lobjet d'un prix exUaordinaire , qui, joinl a la souscriplion , presentail une somme assez imporlanlc, non pas sans doule pour payer les fatigues el les perils, nl capable d'enlrer en balance avec la \ic d'un bomme , mais qui pouvait, au relour, le dedommager, jusqu'a un certain point, de ses sacri- fices pecuniaires, ou , si le vo^ageur succombail, in- deniniser sa famiilc. Ce programme lomba enlre les mains de Caillie (4). Lerctour dubaron Rogera Saint-Louis I'y 111 revenir lui-meinc; il rcnlrcllnl dc son vojagecbey, lesBraknas, <:l luidemanda les moycns de penelror dansrinteiieur; mais la diniculle (^lail loujours la meme. II nc reslait jilusa Caiiiie auciin moycn de succcsa Saint Louis. II so decida a relournera celleile de Gorec(ju'iI avail dejavuo en 181 8; dc la il pasbu a Albrcda, puii u Sierra Lt^one, ( 339 ) oiicommandaillo gt^ncral Turner, bienlolroniplacopar sir iMllCauj])boll. La, son litre d'employe anxciilturcs clu Senegal liii scrvit a oblenir une position ;legoiiver- nenient anglais lui donna iin traitement de 5,600 fr. pour dirigcr une indigolerie; niais I'etablisscment rosla en projet. Pendant ce temps, et lout en faisant dcs eco- nomies pour se procurer des ressources, il se prepare a une nouvelle mission qu'il se donne a lui-mfime. II veut penetrer dans I'inlerieur. non plus par Ic nord ni par Ic centre, mais par le liaut dii Dhioliha ; il lui faudra franchir les monlagnes au sud du Foula Dliia- lon, s'exposer aussi au danger d'etre decouvert el arr6(t^ par I'almamy de Timho , si hostile aux Enropecns ; mais il tournera cet obstacle, en se joignantcomme un pauvre fakir a quelque caravane partant du Rio- Nuiiez. . Ici j'emprunterai i M. Ic baron Roger des re- flexions pleines dc justesse sur la condition de suc- ct;s dans toule cnlreprise de dccouvertes en Afrique ccntralc; cclte condition, qui lui a 616 r6v6leo par I'e- lude des mncurs du pays, comme par I'cxpericnce du pass6, c'cst la pauvrete. Le plus grand obstacle est dans la pretention d'imposer aux natifs par Tapparence du luxe et dt;la iichesse. «I1 ne faut pas, dit-il, tenler folle- »ment les indigenes; tant qu'ils verront a prcndi-e, ils » vexeront pour ranconner , ils lucrontpour pilkr. » Un marabout de I'interieurluidisai} : « Independammontde nl'avidite nalnrclle aux chefs africains, chacun d'eux sail » que s'il laisse passer par son pays de^ amies , d(>s va- » leurs, desmoyens de puissince, sesvoisins;iin p'dfi jillil? '^ » pres , un pou plus loin , s'enipareronl de ce qu'il aura » laisse echapper, etqu'avec ces ressources, ils nounonl »lui (aire une guerre plus redoutable. Cliaqi'.o clierpille 25. ( ^4o ) »donc los vo)agC'urs, soil pour en lircr du profit, soil • pour iviter d'cnrichir ses enncmis. d Cost la une con- sequence dc Tclal du pays. Caillid a bicn prouv^ par son exeniplc que Ic nioycn de penolrcr au cceur de I'Afriquc, du moins par la voie I'occidonl , esl de pa- railrepauvro el luisorablc. 11 esl remarquablc que dans le mcme lomps ou Caillie medilait celte grandc trouec, un Franrais ct un An- glais, lous deux dignos dun nieilleur sorl, I'un par le haul Senegal, le capilainc Beaufort; I'autrc par Tri- poli, le major Laing, se prt^paraient a allaquerle meme problenie. 11 nc Test pas moins que le gouvernement de Sainl-Louis el le gouvernement de Sierra - Leone refusaienl, })ar le nieme motif, de le seconder dans une cnlreprise quipouvail enipecbor I'un des deux aulres d'enlrcr le premier a Tcmboclou. La fortune a decide conlrc lous ; cllc n'a prolcl'ge que le scul Caillid. ^lais, ici, le hasard a-t il agi uniquemcnl, el n'a-l-il pas ete seconde par la prudence? Caillit^ n'a-t-il pas eu le nit- rite d'observcr et de reHecbir, el de s'elancer cnsuitc dans la carriei'C avec I'assurance d'un liomme qui, d'a- ^ance , a combine Ics donnees ct les fails? II est heurcux , disons-le , que le gouvernement dc Sierra-Leone lui ait reius6 les G,ooo francs qu'il doman- diiil pour Ic grand voyage; Tbonneur en aurait cle ravi h la France. Caillie benit le ciel dc pouvoir reprendre sa li- berie : « Mori ou vif, s'ccriail-il , j'aurai le prix de la Sociclc (5), ou ma sceur le recc\ra. » 11 avail amassd 2,000 fr. a Free-Town, il possedait un trexor. II acbetc des marcbandises, lelles que de I'ambrc, ducorail , des moiicboiis, des coiileaux el des ciseaux, des vcrrole- ries, de la poudre, du tabac , des clous degirofle, du papier, des miroirs, des objels qui pour riluropecn ( -^4! ) sonl do UHS(^raI)lL'S bagalollos, cl pour rAfricain des mcrveilles , enfin un parapluie ct liois pieces do gui- nec. II se lie avec dcs Saracolays et des Mandii)guos, qui se rendaient uTemboclou , cl il commence un role nouveau. Au lieu du recil fait aux Braknas il raconle a ces Mandingues, que, « nc en Egypte, il avail elti 9 emmen^pardes Francaisdc rcxpcdilion, et, plus lard, • conduit parson mailre au Senegal, oii ildlait devenu » libre ; que , maintcnant , il voolait relouineren Lgypto »poury retrouver sa famille et sa religion, » Ce theme, il taut en convenir , etait conforme a la vraisemblance en tout point, hors un; la couleur ctle langage du narrateur j concordaient aussi,mais certain trait de sa physionomie clait pcu en luirmonie avec la race arabo. A force de reciter sur son chapelet I03 prieres du Goran elde se livrer aux cxerciccs d'un bon musulman , sous le nom d'Abd-AIIab, il finit par les persuader; toulefois, apr6s deux exomplesdc trabison, il renonce aparlir avec ses nouveaux amis, etlc 22 mars 1827 il prond la resolution de s'eml^arquer tout scul pour Kakondy sur le Rio-Nuficz, a 5o lieues nord de Free-Town, babille cetle fois en Arabe, et avec toutes ses marcbandises; il y avait joint des medicaments, des purgatifs, ttls que le jalap , la creme de tartre , du calomel, du sulfate de quinine, du nitrate d'ar- gent, plus environ 3oo francs , parlie en or, partie en argent. A Kakondy, la fortune continue de le favorlser; des negociants franrais et anglais I'accueillcnt avec bontd; on le pr^sente a un prince des Landamas qui par hasard s'y trouvaitalors. Des Mandingues acceptent son rt^cit et le propagcnt. Enfin une caravane du Kan- Kan , cbargee d'or, entre a Kakondy, ct communique avec les arrivants. En attendant qu'clle reparte, il s'i- ( '^k'^ ) lahlil a Rabljoi;lij;;a ; il cUiilio los usages dos Landamas, deslNakuis, dosl>ugos, lous idolulrcs , coinine il avail fait des Diaknc^s, auisulixiaiis zclcJs; usages qui soul on lie peul plus cui'ioux. ISomuions ici avcc reconnaissance un Franrais clabli u Kakondy, M. Castagncl, qui lui prodigua les soins, les couscils, los inrorraatiojiis. 11 est ainsi un dcs ailisans du succl's do Caillic ; il ne se borna j)as a faii e veuir des hojiinics consideriis parmi les Mandingucs pour I'instruirc cl I'cclairer; il leur donnail de riches presents. En vain ceux-ci delour- naienl Caillie en lui represenlanl rexUcmc diflicullt^ des cbcmins , tout en admirant, apres un si long leinps , son ardent desir de revoir 1 Egyptc sa patrie. Quant a lui, ricn ne pouvail I'ebranler. La petite caravane se met en marche le 19 avril; elle ctailconiposec dedouzepersonnes. Caillie prend conge d» scs amis les negociants, cl en memo leuipsdes deux lonibeaux qu'il voyail tons les jours j c'etaienl ceux de Peddie cl de Campbell, ses precuvseurs, viclimesque pcut-elre il allait rcjoindre. En se dirigcant par le pays de Kan-Kan, il traverse ou rencontre les rivieres principalcs qui, de tons les coles, descendcnt du haul plateau de Tinibo. Ainsi celtc route Ires longue qu'il allait prendre avail I'avan- lage de pouvoir nous eclaircr un jour sur un des secrets de la geographic de I'Ahiquo. Avant de sui\re plus loin noire voyageur , aliens au-devant d'une question que lera lout geographe : De quels instruments Caillie etait-il poui'vu ? II ne possedait aucun instrument d'aslronomie ; il avail seulement deux boussolcs; celles-ci lui onl servi con- slamment a reconnailre les directions : la nuit, il s'orioulait par les eloiles. Quant aux xnlervalles, il avail d'avance (!;value sa marche, par houre, au moyen (545) tl'oxpj^rionces r{''p(^lt''es failes a Siorra-Leono (G). Son heiiredo niarchemoyennc ropondail a environ 2 milles — gcographiques(ou 5 milles anglais); lesdislanccs, les directions elaient noloesavcc soin.Avecsi peud'insti'u- inenls, on ne peul fairo sans doirle qu'iin journal de route hien injparfait, j't-n convicns sins peine; mais quipourrailse flalter de porlcr iuipunement, dececolo de lAfiiquc , un cercle ou un scxlanl au uiilieu des Foulahs,desMandingues, dcs Touariks,desBcrabiches? Non seulenient I'inslrumont resterait enrcrnie dans son enveloppe et loujours inutile , mais il compromel- trait la vie du voyageur a lout instant s'ilvoulait en user. Pour dcrire scs notes, Caillie etait chaque fois oblige d'entrer dans un bois, ou de se cacbcr derri6re un buisson , un arbre, un rocber, unc pierre ; le soupcon seul I'eul perdu. Aurait-il pu inonlrer le moindre in- strument sans tenter la cupidite des barbares, sans etre signale comme cbretien ? Noire voyageur, au surplus, a cu le soin de mesurer la longueur clc I'ontbi-c viviidieiine loulcs les fois qu'il en a eu la possibilite. (I'est ainsi que nous avons oblenu une latitude approclu^e pour la position de Toniboctou et cellc de Time. (\oy. lleuianiuvs el Ixcchcrcltcs , etc. , pages 82 el suiv. ) II serait superflu de monlrer Caillie Irancbissant peniblement les moiilagnes el les torrents de I'oula Dbialon , Iraversant le BaQng, iion loin de sa source; I'aisant le ni("!dccin malgre lui cbcz les Man- dingues , et se Irompant beaucoup , quelqueiois , sur les doses de jalap ; observant loujours les moeurs, le caractere , les babitudes el les jeux des peupla- des. Cbacun, dans sa relation, a pu lire ou pourra lire, aveclVuil conune avec plaisir, loutesccs pcintures naivcs, sans pretenlion, riches de fails el d'obscrvu- ( 544 ) lions plcinos (1(! laol. Qi*''"'' '' ;ilt'-inl, puis Iravorse lo gi;iii(l lloiivc a|)jiolc Dliiolibu (7) , il ne iiogligi; lion dc CO fjiii peul Hiiie C(>nna.ilro Ks regions oi'i il coulc, ni les pi'ocliidions remarqiiiiblos toilosquc I'arb/e a beiiire ; ni les localiles iinporlanles coiniue Doure, ses mines d'or el leur cxplollalion ; ni les usages singuliers par les rapprochemenls a I'airc, tels que lepreuvc ilu feu ; ni les maladies regnanlcs, ni les positions oil il serait possihle d'avolr des comploiis ou des lesidences, ni les lieux qui font un grand commerce avec I'inlericur, ni I'elat de Tagriculluie , de rindustiie el de la civili- sation. 11 nous appread que les marches du centre sont npprovisionnes de marchandisos de I'Kurope; il y voil avec surprise deslolles, des indiennos, des quia- cailleries, do la poudrc et des i'usils. Dans la ville do kan-Ivan, sa position devlenl des plus critiques. Denonce comme chreticn, comme vou- lanl Iromper les habitants ct porter aux blancs la con- naissance des mines, comment pourra-t-il seul, sans appui, sans sccours, resistor ii ces altaques ? C'esl encore Ic medocin qui sauvera Ic voyageur. Ileureuse- ment, les maladies ahondcnt, les maladcs aflluont ; tout le monde a la ficvrc ou veut etre purge. 11 n'en est ])as moins piiio dans sa case, el pcrd une partie do ses ell'ets sans pouvoir los recouvrcr. Tous ces details ot mille autres sont decrits dans la i-elation avec un cer- tain charme de simplicity que la vd'rilc soulc possede, el que le mensonge ne saurait empruntor. Enfin , apres des marches fatiganles qu'une plaie au pied rendait encore plus pi^jnible; apres avoir tra- verse do nombreux villages de Kambaras, il arrive a Time, liiu el('V(>, terme du voyage dans le S.-E. Non loin do la, sont des monlagnes d'nne grande hauteur el la chahie dite de Kong (ou Kongke) (8). C'esl ici ( ')45 ) quo r;iUoii(lall line eprouve lorrihle. La fi^vre s'empare delui; il csl force de laisscr |arlir la caravane qui rauruil conduit a Jenne. Lino pluie froide lombait le jour et la nuit, ct penetrail dans sa case. 11 esl couch6 surla toirc luimide; sa plaie augnienle et fait des pro- gres clTiayanls; mais il esl Icndroment soigne par une bonne vieillo negresse. Apres qualre-vingt-dix-huit jours passes a Time , il se croil prcsque gueri; ot, comme il so preparailandepaii.ildecouvrc, helas! qu'il estatteint du scorbul ! Bicntot son palais est depouillo, les dents sorlent de lours alveoles; sos macboircs sont on proie a do violentos doideurs; une partle des os du palais s'en dtHacbent. II appello la mort a son secours : coshor- ribles soufTrances duront encore six semaines entieres. II devait y survivre : la force de son caractere se joi- gnant a colic de sa constitution, il rcprend courage ct songe au depart, quoiquc encore malade. II pref^re mourir en roulo, sur le cbeniin do Tcmboctou , a un voyage retrograde qui aurait ole quatre foisplus court. Le 1.5 (It^combro enfin , il eiilro en convalescence, ct le 9 Janvier 1S28, il quiltc Time pour so rendre a Jenne, avoc le frere de son bote ct douze Mandingues; On traverse un pays lout dilTeront ; le 10 mars on al- toint la rive droile du Dbiolilja , \is-a-vis de Jcnn6 , et on entre a Calia. Jenne est une ville ricbo, commercanlo, non sur le fleuve, mais sur un marigot, et a 10 milles de distance, animeo par une foulo de voyagours et de marcbands ; son etondue est mediocre, ce qui la fait paraitre plus pouplee qu'clle nc Test. Apres un s(^jour do trcizo jours, il s'embarquc pour Tcmljoctou sur une pirogue, et paie 5oo cauris pour son passage. II faut diro qu'il s'etait acquis toulo la bionveillance du clit^rif de Jcnn(i , en lui faisant cadeau ( 540 ) desonporapluiodo Freo-Town , tlon bion lt';gor on ap- porcnce , mais qui lui valul iinc vocoiunianclalion puis- sautc el un boa accueil a Tciuboclou. IVivcs du journal dc Muiigo-Park., qui avail navigu^ dcins la meme dircdion, nous sommes heureux de posscdcr cclui dc Bene Cailiie; nous y Irouvons des delailscurieux surcelleparlio du cours du grand fleuve, aussi peu connue que louL le rcsle dos parlies centra- les dc I'Afrique. Devant Jcnne, lo fleuve coulc majeslueusemont dans un lil qui a Irois fois la largeur de la Seine an PonlNcuf; le portrait qu'il en fait cxplique I'enlhou- siasme que Park ill eclalcr a sa vue. Caillie decouvre a Isaca un grand bras vcnant de S(^go; il y a done la une He immense; ])lus loin il Irouvc un grand lac d'eau douce, appcle lac Dtbo, une sorle do mcr interleure a pcrle de vue, avcc des ilols auxquels, comme Francais, il impose des noms francais, comme s'il eul Irouve des iles nouvellcs dans quclque mer Inconnue. Lnede CCS lies pourrail elrc armec el commander la naviga- tion. Omettons les souffrances qu'il endure a bord de son embarcalion. Le 19 avril, il arrive non loin de Cabra , la ou le fleuve sc divise en deux brandies. La plus bor^alc n'a pas encore d'issue connue, el sera long- temps un sujel dc lecberclies fail pour preoccupor les geographes. Cabra n'esl autre chose que le port de Temboctou , sun ne d^rivaliondu fleuve, amoilie cbcmin de laville. Le 20 avril iS'^S, au coucber du soleil , noire com- palriolc enlra cnfin dans la \ille lanl cbcrcbee I Quel elonnement succede a sa joie, a son enlbou- siasme ? Tous les p6i'ils sent surmonttis ; mais, parvenu aubiil , il Iccberche encore ! Ou eslcetlevillesi grand.-, si con)nieicanl<-, si ricbe el si peuplee? Des maison ( -^ly ) do Icrro on de l)ilquo an miliou d'un desert, dos sablos mouvonls, le flcuve eloigno de 8 milles ! Cependant il voitdes UKiisous de briques assez giandes, des mos- qu^es avec desminarels; dans les magasins, des mar- chandises d'Europc; des ncgocianlsrichcment monies, des amies a feu do fabrlque rran(;'aiso. Chose remar- quable ! le liclie uiarchand a qui il etait recommandd par Ic clierif de Jennc le logo dans une maison en vue et loulevoisinede celle que le major Laing avail quiltee depuis dix-neuf mois. Leseleslle plus fort article de commerce deTemboc- tou : on sail que du temps d'Herodole cette denree etait d^jal'objet d'un grand traficen Libye. Ce qui cstneccs- saire a la vie se tire de Jenne. Pour connaltre les construc- tions de la \ille , les arts, les metiers, la population, les usages et le reste, noiis renvoyons au second volume da voyage oil Caillie a r<^uni ce qui peul interesserle lecleur curieux. On y litsurloul avcc une vive sympathie les de- tails qu'il raconte sur i'int'orlune du majorLaing el sa catastrophe, et I'onne pent so defcndre d'une rellcxion douloureuse. Cette resolution qu'il avaitprisede porter partout le costume d'otlicicr anglais, cette temerite d'ccTire toitte la i'illc en presence des habitants (ce sont les expressions des Maures) , si elles prouvent son ad- mirable courage, pouvaient-ellcs avoir une heureuse issue ? Apr^s avoir mis a profit lous les instants, Caillie songea au rctour. Reviendrait-il par Sego et le Sene- gal? se rendrait-il a Tripoli? ou bien se dirigerait-il sur Tafilet el le Maroc ? Des reflexions judicieuscs liii firent prt!!ferer le dernier parti : en toute circonslance, onje voit deplojerune intelligence parfaile de sa situation, cl s'arreter aux plus surs moyens de reiissite. II se de- cide done a porlir par la route du nord, el se joint a ( .V,8 ) line Iroupp all;inl a Fil-AraoAn. Lo 4 niai , la rnravane sc mot en route. Notre vovageur venail dc louh r le sol oi'i Laing a\ail p6ri, luclieuiont massacre. Kn presencede ce Irisle lieu, Caillie regicltait qu'on ne put y placer une pierre de souvenir: aujourd'hui, c'est pour lui-meme que nous sommes reduits a r^clamer une pierre lumulaire, pour la placer aussi pres du lieu ou il a succombd. V . Ici commence une nouvelle serie de fatigues inex- primables : los puits sont rares ; ceux qu'on trouve contiennent dc I'eau presquc impotable , et il faut e.icore ies deblayer; la cbaleur est sullocante; on Git forc6 de ne marcbcr guere que de nuit. Des vagues de sable semblent courir sur cet oc^-an ; un vent d'est brulant Ies emporle avec violence. On enlend Ies esclaves noirs, pieds nus sur le sable, pousscr des cris arraclies par la douleurj Ics Maiues eux-mfemes sonl accables : cbacun s'cHorce , en ouvrantla bouche pour resjiirer, d'empeclicr Ies Hots do sable d'y pent- Irer en memo temps. L'eau manque avnnl d'arriver a El-Araouan ; dans la vllle memo, la souIlVance est ex- treme ; une cau cliaudo ct saumutre ajoule a I'ardeur de la soif au lieu de la temperer. yVpres Araouan , on trouve encore un lieu babite, Mourat, et c'est le dernier. Toules COS tortures n'elalont rien en quelque sorle ; d peine avait-on mis Ic piod h la porte du Sabara , il fallaitencorc naviguer doux mois dans la mor du sable. Le iQmai, la caravane de Tafdetse met en mouve- ment; elle comple i/|Oo cbamcaux ricbomcnt charges, et4oovoyageurs. On entre onfin dans le granddesert. A son aspect, louls'elonne; tout send)le frappe deslupeur; Ies cbameaux eux m^mos font entendre do sourds mu- gissemenls. (laillie, quoique ngucrri a la fatigue et aux ( 349 ) privalions, no luUc plus qu'a peine conlre le lourment de la soif. 11 rcslc coinme cxpirant sur le sable , sa bou- cheesten feu, la langue csl collie aupalais. Losesclarcs se desalt6rcnl avcc I'eaii qui vienl de servir a panser les plaies des cbamcaux niouranls. Son cbapelel a la jnain.Caillie allait , de Icnle en Icnle, nicndier quel- ques gouUes d'oau. C'est dans son livrc qu'il faul lire la peinlurc de toutcs ces scones dedegoiU ct d'liorreur, et deslronibesqui bouleversentla caravane, au milieu des cris plaintifs et des prieres , meles au bruit des vents, des lenipelcs de sable, des gemissenienls des cha- meaux, Le croira-t-on ? des bommcs de la caravane tuent expres un cbameau pour se parlager Cenu conte- niie dans son eslomac. Voila done le sort de cet animal infaligable, present du ciel, lui qui reslera jusqu'a une scmainc sans s'abreuver, portantsur lui eten lui I'eau qui doit desallercr les voyageurs ! Quelquefois, quand ils sentcnt raj)proche des puits, les chameaux devienncnt indomptables; puis ils se disputent enlre eux a qui avalerale sable, unpeufraif, qu'on en retire avant d'arrivcr jusqu'^ I'eau. A lanl de misores , ajoulez la deception du mirage cl ctlle des puils, qu'apres des jours de recberches on retfouve, mais dcsseclies ; ajoutez les vexations, les outrages de loule sorlc supporles par noire voyageur, qu'on alloclo souvcnt, malgre toutcs sos precautions, de confondrc avec un cbrelien ; puis les Irabisons de sos guides et le lourment de I'incortilude, et vous n'auroz qu'une f;iible esquisso de lout ce qu'il a dil souffrir avant de sorlir du Sahara ! Au milieu de ce ponible rocit, presque sterile pour la geographic, commo le desert lui- memo , qu'il me soil pcrmis de fairc une romarcjue qui lui est un peu moins eliangere : ne \oitun pas lous les jours evuluer ( 55o ) Ics journces des caravancs sans dislinclion ilc cellcs qui sonl legcremenlou pcsaramcntcliargces, plus on moios nombreuses , plus ou moins long-temps en marclic, ou enfin iclardoes par des accldenls ? El cepenclanlil faut assignor avoc quciquc oppioximalion la distance dos lieux , dc CCS licux ou il est si difllcilo dc transporter des instruments, et prcsquc impossible de s'cn scrvir. On est reduit a employer la m^lbodo des movens ter- mes , d'attenucr Ics erreurs par la compensation. INous en usons tous ainsi , quand il liiul tracer Ics marches du desert, etquc nous avons a construircdes ilimiraires do journees. Maisqu'on rellecbissea I'cnorme in(!:gaiilc! des lermes. Pendant Ic premier tiers de la route, une caravane ordinaire fcra aisement 2 milles a 2 milles 7 a riicure; pendant le dernier, cllc nc feraplus qu'un mille ; quelle moyenne etablir enlredcs termes si diffd- renls ? Cest ce qui est arrive dans le voyage du Sabara. 11 a lallu tenir comple de loutcs ces circonslances en traeant les lignes do route de lilinerairc. Lcs nom- breuses rcmarques do notre intelligent voyageur ont singuliercmenl aide a cc travail , en memo temps qu'elles temoignaient dc sa sagacile. Pres de soixante-dix jours s'elaient ecoulcs depuis lO depart de Temboctou ; la caravane etail enfin arrivee dans le territoire de Drab et d"Kl-Ilarib. Lcs nomades Berbers, du revers meridional de I'Atlas, faisaientdes incursions friiqucntes. Cisbommes rcndentles Maures memes tribulairos; ce sonl eux qui, enreaUle, lie 11- nent les portes de ce cote do. I'Afrique. lis se cbar- gent eux monies du transport des marcbandises venanl de Soudan , el destinees pour le Tablet ou j)our Moga- dor, Nous devons a Caillie sur ce siijet un grand noni- bic de iiulious utiles et ucu\es. Tout voyageur les lira ( -^S' ) ;»voc iVuil dans sa relalion, pour so guidcr dans ces lieux et parml ces peuplis si poii connus. Bicnfot il franclilt un des cols dc I'Allas ; en Irois ou qualrc jours il alteint Fez, I'ancipnne capilale du Maroc. Plus il approcliait du Maioc, ct plus il senlait la neccssil6 de soulcnir son role d'Arabe d'Egyplc, re- lournant dans sa patrie par Alger, ct sc disposant au p^lerinago dc la Mec([uc ; mais comment le concilier avec son projet d'aniver a Kabat, Larache ouTanger? S'il se portail a I'oucst il devcnait suspect, il elait de- couvert et couraitun nouveau peril. Son etoile, jc veux dii-e son intelligence , le guide encore cette fois : « S'il iveut, dit-il, aller a Maroc, c'est pour exposer son in- » fortune a I'cmpereur et invoqner sa protection; le K sultan ne sera pas insensible A de si longs malheurs, » et lui donnera le moyen de gagner Alger et Alcxan- >) drie. » Apres avoir ])endaul Irois jours parcouru et observe la cekbre ville dc Fe/,, il lourne brusqucmenl a I'ouest pour alteindre le port de I'Ocean Ic plus voisin. II se rend a Mequinaz, ct des le lendeniain se met en route pour Rabat , a pied , le sac sur le ilos ; mais ses janibcs ne pouvaicnt plus le porter; il loue un ane etun guide, ^ et arrive sans autre avonlure a Rabat. II cbcrche et decouvre, par un babilo slratageme. ladcmcure du re- prc^senlant de la France ; mais cc prelontlu agent fran- cais n'cslqu'un juii" ignorant qui le congedic sansaulre marque d'inlrrL't. No saclianl que devenir, il cliercbe un refuge dans lui ciinclioro voisin. Pendant quinze jours il vil dans la jilus graiule driresse. et se decide II ecrire au consul general h Maroc, puis au \ ice-consul a Tanger. Le 57 ^eplcinbre il prolito dime occasion pour so rendro h cellc uerniere ville , uu il eiilre enlin le 7 a la nuil. ( O02 ) Conimcul, sans e\eiller le soupyon, dciuandcr aux habitants la niaison cJu consul fran(;ais ? La sltiuillon itaitdcs pliisdlfTicilcs. Lo jour venu, il se rend a I'liotcl de la residence angUiisc. La il apprend I'adrcsse dc noire agent consulali c : la porte est ouvertc, il s'y glisso habilement sans etre apcrru. Cet agent elait hetireu- semcnt M. Delapoite, noire collegue, Icmdme h qui j'avais, qualrcansauparavanf, cnvoyele programme du voyage a Temboclou. Lc nilseriiblc , couveit de hail- Ions, le mendiant que venalt de repousscr avecdegoul, prcsquc avcc horreur, un domcslique du consul anglais, tant son aspect etail sale el rebulanl, des qu'il se dit Francais, M. Dclaporle I'embrasse avec efl'usion, cllui prodigue le plus genereux accueil. Tout danger semblalt e\anoui; mals il s'en fallait bien qu'il iut facile d'ecliappcr aux rcchcrches, ni de quitter cet asilc pour s'cmbarciuer. Pour ccarler tous lossouprons, il lui fajlul sorlir ;i rinstautmeme du con- sulat, reprendre la vie de Mauro, annonccr aux gens qui ra\aient vu arriver, qu'il allait partir pour Alger ; puis error trois jours dans la ville jusqu'a cc qu'enlin M. Delaporte cut Irouvc le mojen dc le i)l.icer on lieu sur. Avec quelle joie Caillie depose le costume ou pluldt Icslanibcaux de costume arabe I a\ec quel bonlieur il rcnlrc dans la >ie euro])eenne, il sa\oure la conver- sation d'un bomme lellre connne M. Dclaporle , si distingue par son sa\oir, par sa bonlo. p;ir un carac- lere noble ct elove I Mais ce bien-etre, si nou\eau pour lui, aprcs cinq cent \ingl-huil jours des plus violentes epreuves, ne pouvait sufllre a retabllr une sanle alterec si prolondemcnt ; la licvre nc le quillail j)oinl. Toule- lois il uicUait scs notes en ordre, el j)endai)t ce leuJ])S, { soo ) ]e commandant dc notrc slalion a Cadix vepondail a la dcmando que M. Delaportc lul avail adressec pour avoir im butiment. C'est Ic yS qu'il s'ombarqua sur la goelcltc, et le 8 octobrc qu'il aniva a Toulon , lou- jours sous le poids d'une fievre continue, raais hcureux de toucher le sol de la patiic, mais ficrde lui apporter en tiibut une glorlcuse decouvcrte , de I'avoir faile avcc ses seuls moyens, sans aucun sccours ctranger. On trouvera dansle Iroisicnie volume de son voyage le recit des circonstances qui ont suivi son relour. Jc passe au jourmemcde son arrivee h Paris. Cc moment 6tait Inen critique pour lui. 11 enlrc chez le correspon- dant de M. Dclaporte (9), avcc une lellrc d'inlroduc- lion : c'ctait le 8 novembre. L'inccrlitudc dol'un est 6gale a I'inquietude de I'aulrc : quelle preuve a- t-il de sa sincerite? Sans aucun autre Icmoi-. gnage que le sien proprc, comment inspircr quel- que degre de confiance? Malgre des questions pros- santes, ou plutot un rigoureux interrogatoire, il n'hesite point, il n'oublic rien ; il est ferme sur les noms des licux, sur les dales; il repete au bout de six heures les memcs details, sans varier , sur Tem- boctou comme sur Jcnne, sur le haut pays de Fouta. Dhialoncomme sur Ic cours du grand llouve, ct sur le desert. Bien mieux, il donne , sans les chcrchcr, les mots du dialectc de Temboctou , tous scmblabks u ceux que le major Dcnliam avait rccueillis pendant son memorable voyage. 11 repond surlos ri\iercs, les mon- tagnos, les distances, los directions; sur la popula- tion, le commerco, les ma?uis ot les coulum.-s ; sur les animaux, les planlcs el les pro:!ucti()ns. Que dis-j(>? il montre.il depose ses notes origiuales au cravon , ces notes ecrites sccretement au desert, sous sou Z. D^CEMBRE. 4- ^4 ( 554 ) maiiloau d'Arabo, clcniL'ie ios Ijiiissons cl les rochc rs ; ensiiilc unc st'iic tic vocaljiilaircs, puis loulc sa rcla- lion, Iranscrilc a Tangor da Toulon. Cominciil cxpli- quer d'aillcurs son rcloiir jiar Rabat (quand on csl siir tic son depart dcKakondy), sans a'ImcUrosa Iraverst'c dii Sahara? La simplicile, la candcur el tons les carac- tijios dc la virile accompagnaicnl cliaquc parole de son rccil ; lo doiile n'clait plus pcrniis : dans la journee menic la decouverlc est proclamee, cost la nouvelle du jour. La Sociele do geographic , les mlnislrcs , lln- slilut, en sont inslruils ; lours sccours ou leurs suf- frages sont acquis au vo\agcur; il oblienl lo prix, el il rcroil la couronnc , ici inemc , le 5 do- ccnibre iSuS, dcs mains du niinislrc de la marine, M. llydc dc Ncuvillc , alors noire prcsidenl. qui I'avait deja conible des marques de sa gontircuse bicnveil- lancc (lo). BionUH Ic minislre le fait nommer mcndjrc de la Legion - d'Jlonncur ct agent de France a Ba- mako, sur le Dhioliba, sans residence obligee. Enfin il roeoil le prix special de la Sociele de geographic pour la decouvcrle la plus imporlanlc de I'annee 1828. In an elail a peine ecoule qu'il publiail son voyage en 5 volumes. La vie dc Pien(i Caillie a ele telle qu'on pourrait la reduire i cos douzc annoes de voyages. 11 semble <4), jl csl cnlcve h sa famille, a ses amis, a la Sociole de goograpliie , qui I'avail en qiielquc sorto adoplo. Pliisd'un gloricu?(hoiiimn;-e liii a -HO rendu avant ce jour. Si, aprcsles c'loqucnlcs paroles du nnuvel tidilcurdes Lcttrcs cdifianips (i5), on pou\ail cilci'quelque chose, jc parlcralsdes regrelsqucsafmprecocea excil(!?s dans son pays, des plcurs qu'ellc a fait verscr de lous les yeux. Cost encore la I'exprossion eloqiienledusentimenl qu'a suinspircrcelhomme, distingud par des qtialiU'-s rarcs ! II lui a manque sculementunc inslruclion dlenduc, ct des eludes au'rcs que cellesqu'il avail pufaire : cxemj^Io frappant, argumcnlbien fori en favour des partisans de la n^ccssile de reducation universello, depuisl'liabilant des villes , jusqu'au palrc el au plus humble individu dcshameaux! Qui pourrait douler que I'inslruclion , alliee a sa fermetd heroique , a sa porsevcrancc infali- gablc, a sa volonle de fer , aurait fait de Rene Caillie un homme de haute distinction ? Cost cclte mcme force de caractere , cause premiere de son succes , qu'il de- ployail dans scs Iravaux agricoles. II esperail, par un bon syslemc dcdessechemenl el un travail sans relachc, doubler dc valour son pelil domaine. Ce rcsle de vie que lui avaient laisse scs voyages, il le consacrail a la culture, sans s'occuper de raffoclion maladivc qu'il avail rajiporlee du desert. II a voidu que scs reslos fussent haiisporles a Poiit- Labbe, nrrnndir^sonionl deSainlos, I)ourg distant d'une lieuOjSouslagard'i nqii(l([iii^snr!e(lii maircderendioil, M. Corbinaud, run do ?(\s amis. In aulio do sos vocux ilailqu'on fit connailre sa vio; c'oslio Irisle devoir que jcroinplis en cr juonicnl Ainsi s'cst i5loinl, prosque tout d'un coup, Xx'cwk: Claillic, age de Irunte-huit ans el donii ( 357 ) . seulemonl. Ln nnuvclli' dc sn niort a ('"lo lo .signal d'un deuil univorsel ; la foiilc so pressail a colle marchc fu- nebrc ; Ics hommcs Ics plus marquanfs du pays s'y etaient joints avcc cmpressement. On a vu,nieme dans celte capitale, on chaquc jour cnlt-vc une de nos gloiros, ou une grande pcrtc est vile cffacee par unc aulie en- core plus grande, on a vu eclaler des scnlimonls de douleur. Des hommes d'un esprit ole\e onl mel6 leurs regrets a ceux dc la famille et des amis : un signal*^ service rendu au pays, une fleur de plus altachtie a la couronne de I'honneur national , no peuvent laisser indifferent le w'rltablc homme d'Klat. Cost avoc plus dc satisfaction quo d'6lonnementqu'on a vu lo niinistre qui, en ce jour, preside a nos Iravaux, donncric pre- mier le signal d'une loucliante sympalhie, et reclamcr la protection royale pour une famille que la perle de son chef plonge dans la dctrosse. Des cinq enfanls du loyageur, I'nn a ele adopts par I'Etat, d'autres le se- ront plus tard , et sa veuve aura quolquo part a la mu- nificence publiquo. Pour dernier liommage a sa me- moire , un niodcste monument, ou plutot une simple tombo sera elevec a Pont-Labbe. Puisse cette fin precoce, cetle vio presque ignor6e, et le trop long ajournement d'uno r(^compense nalio- nale, recompense quil'aurait tantflatlo et qtiiaurait et6 justice, no pas eloigner de la carricre des decouvortes les jounes Franrais prets ay enlrerl Nous I'esperons, au- jourd'buiqu'une erode protection est arrivde pour ceux qui s'aventurent dans les pays lointains. Le gouverne- mentleur prodigue toutes sortrsdo sccours et d'encou- ragemcnls; I'lnslitut, le Museum, la Society de geogra- phic, toutos sortes de directions , d'appuis el de con- soils. Pour no parlor que de TAfriquo, a peine deux de nos hardis compalrioles, MM. Combos ctTamisier, ( 358 ) (Hil-ils iVanchi los platoaux do rAbyssinio , quo qualre aulres Franrais se pressenl sur lours pas, il \oici que tfois nouvcaux voyagcurs out oblonu riionncuv de Ics Euivre. Au-dola, onlre les deux Mis, nous voyons en- core Iroisingenicurs franrais, pvofilanl duhardi voyage de Mohammed Aly jusqu'au Fazoql, parllr pour obser- ver ces lioux quoM. Frederic Callliaud nous a fait coil- naitre et a decrils lo premier, et accompUr en Irenle jours dos marches de qualre mois. Du cole de la mer, rAnglclerre cmbrasse en quelque sorte ces memes re- gions; ellc a I'ceil et le pied sur les deux rives du golfe arabique. Franrais , Suisscs , Anglais , AUomands , Au- trichiens, tous remontenl le grand fleuvc et en cher- chent la lete. On dirait que I'Europe s'est donnd rcn- dez-vous au N.-E. de I'Afrique afm d'assister au reveil dc la region du I\il el de prendre part a I'emancipalinn d'unc grandc partie de la race humainc. C'esl a qui atteindra lo premier ces sources myslerieuses que, jusqu'ici, nul n'a vucs. Encore quelques annoos, el los grands problemos de I'Afrique ccnlralo seront resolus, les varieles do races qui rhabiloiil seront connues; Ton saura si la mer interieure a un ecoulemenl, et aussi quellcs eaux I'alimcntent , ot qucllos se jettcnt dans le Quorra et dans la mer do Guinoo. Les nom- breux dialeclcs des peuplados iutorlropicales sur ce conlinont seront compares et apprecit^s; los ou\ragos de I'hommc sur louto la terre seront succ.-ssivemont ctudios et rapproches; Tethnographic sera c'evenuc in- separable de la geographio dont elle est I'ame el la fm veritable; enfin ; I'csprit philosophique , rompanl avec I'esprit de sysleme ct quillant desormais la region des nuagcs , prondra son point d'appui sur des bases inebranlables. Jomard. ( Sag ) NOTES. (i) Ell ) 3ao, Caillic rl.iil eiii[iloyr anx tliaiitifis do Saint Louis; aiiiiu i ; de sci>tembre , il fut orriiiK- dans lis Ijuicaiix de la direcliun daiiilleiie pcudant nil UKii-. (■2) Eiiire celle qioqiiR el lannco 182', , Caiilic s'cmliarqua pour los Antilles, el fil jiUisicurs voynges |)our Ic commerce, et pour Ic coiuiitc (I'une niaisou do Bordeaux qui Itii doiiiiait uii inloict. (3) Il fnt iioninio le i" aout, ol se rttira Ic 16 oflobre sulvanl. (4) Voy. lo prograninie dans le /ItiUctiu , aiineo 1S24. f5) Moit, il destinait le prix a une yncur clierie. II a clo asscz houroux pour le iui faire partagcr. (6j Jai dis:iitc aillours la quoslion de rapprocialion dos manhos. Yoyez Itemarqiics et rcchcrches geographiipies siir Ic I'ojagc tie Cailtii} pagce 38 cl q'j. ('/) Le floiivi! a la lai:,'inw du Soiiei;ila PoJor, et sa profoii lo 1 /• est de 9 piods. fSj Le iiioine quo raiionyme (pii avail soi.sciit le promior, dos i S 1 .', , pour le voynije de docouvorlo. (f)) Co I iin lirme i;eiierique signirmil monta^^ue. Colic nmarque ox-, plii|ue line dis grandos diriicullr's do li get grapliio de l'Arrii|Uo; olio s'ap- pli(pie au\ mots ?iil, Tchad ot a Ijion d'autros. (10} La hionvoilliinco qn'avait one on AlVique pour Rone Caillio rancion gouvonicnr dn Srni'g.il , M. lo huon Ilo^cr, sVsl cxorcoo d'uno ni-iniore noil nioiiis goiierense a ranivoedu voyagonr a Paris. Caiilio avail l»o40!ii do sou limoignago , et cc temoigiiflgo no Iui a pas niaiupie. (r 1} Arroiulissonieiit do Saiiilrs. (12) AirouJissonionl do Mareiincs. (i3) La sitnalioii dos possessions franchises est plus fa\oral)lc qii'anciiuo outre pour ceuwploratious, cl Ton dovrail liien la inellrea prufil. II no doit pas y avoir luancoup plus de 100 liems cu liguedroile do G.ilaiu a lionro, il jnsqn'au gran.l (kiivo ; un souil pi 11 i-love soparo son bjssiii de d loi du I'li-fiug ou haul Senegal; ajouloz ciifiii que Galani est plus [nos do Saiiit-Lonis , d'onviron 2 dogrcs cii longitude, qn'ou no oio\ai( iadis; c'est ce que j'ai raoutre aillours, (14) 11 n'a itii alilc tpie cinq jouis. (i 5, M. Aiiiie aiai tin , dans sa dcdicacc a K'nc Cai lie , a !a lolo do la nouvelle edit ou dos I.ttlres cJifianttS Uu porliait sera jo nt a cello notice. ( a6o ) FiwcAWST /('/m I'oya^T c/i CapjHuloce, pnr^AX.n. Ti.xier. ^ I. II a 1j sojiite gcMLT.Ic .111 lo licoiiibic iS38.) do (jui donne uiix voyages on Oritinl un allrait lout parliculior, co qui fail ouhlior les faligues cl les priva- lions qu'ils enlralncnl apres cux , c'cst rimmense va- rleld des tableaux et des scenes qui se devoilenl aux regards; scenes dans lesquclles le voyageur n'cst pas sculenicnl speclateur, mais ou il est souvenl forc6 d'inlervcnlr. Cependanl I'ensemble d'un voyage d'cx- ploralion en Asie Mineme n'olTie plus les difTiculles qui enlravaienl les anciens voyageurs. Nous voyons Tavcrnier, Pokoke et Tournefort obligees do sulvrc les giandes caravanes, do \ivre couinie les inarcliands , de faire balle avec cux, cl bien souvenl conlrainls de nc- gliger quelque observation inlercssanto pour ne pas s'ecarter de leurs conipagnons. Aujourd'hui la s^curile regno parloul en Asie; les habitants coxnnicncent a concevoirque Ton pent visi- ter lour pays sans elre pousse par I'appat d'un bene- fice commercial , ou par quelque ponsee hostile. lis ne coniprcnneni pas au juslo quel interet pent atlirer les etrangers au milieu de leurs monlagnes; mais ils ne sonl pas malveillanls , cl Ton |obllenl d'eux sans peine des secours cl des rcnseignemenls, (^el elal do clioscs, si favorable a la connaissance de I'Analolie , appellera desormais dans ces contrees un plus grand nombre d'obscrvaleurs, de ces hommes qui vont en avanl pour preparer les voies aux amateurs de voyages, qui kur aplanissent les ciidiculles , qui prcnnent soin do lour indiquer les sites qu'il taut visi- ter, (.'ties villes oil il Taut demeuror de preference. II ne faul pas croiio que de parcils soins aient un rosullal fiililn. O'csl Idisqui' los nirieiix choisissenl nn pays conuno but ilo leiirs excursions que la science geograpliique pcut so vanter d'avoir alleinl sis der- niercs limitos; en oflVant a lous une inslruclioii facile ct un noble delassemcnt, die a rendu populaire la connaissance dos lieux. Or, il est Icmps do preparer de nouvcaux clianips h ractive curiosild (jui cnlrainc sur les rivages loinlains la mobile nation dis lonristos. L'llalie et la Suisse n'ont plus I'altrait de la nouveaule, et graces h des transports faciles, la Grece el I'l'^gyple peuvent elre parcourucs sans danger. Mais ces antiques conlrees seront ij lour tour une jn-oie delaissee , et un jour vien- dra, qui est procho , oii les amateurs de voyages diront au geographe : Trouvez-nous dos pays qui soient di- gnes de notre attention. De toules les contrees que baignc la Medilcrranee , il n'on est pas ime qui olfrc des phenomenes naturels et des souvenirs liisloriques plus attachants que I'Asie Mineure. Lesdill'erents Etats semblcnl so reunirpour que d'ici a peu d'annees les voyages soient aussi faciles en Asie qu'en Eiiro[)e. La mer Noire et la I\Iediterran6o sont silionnecs par los bateaux a vapem- des grandes puis- sances; et par les ordres du sullan , on travaiile sans relaclie a etablir des routes enlre les principales villos de I'Anatolie. La route de Bilbynie est acbevee depuis long temps, et en so munissr.nt d'un leskere de la chancellerie lur- que, on pout se rcndro en voilurc de posto de Scutari a Niconiedie ; ccUe loiile conduira a Brousse. Au-dela de la Bitliynie , il faut reprcndre les movens do transport en usage, les cbcvaux ot les cliamoaux; ot pour le moindro Irajel, il faul organiser une cara- I SGa ) vane qui porlo avoc ollc tons los ohjets n^cossaires, los \ivros t'l les lenlrs. Nous avions ainsi porcoiiru la Plirygie et la Gulnlic. Apres un long sejoiir a Ancyrc , nous nous rendlmes a Jcuzgalt. Jou/gall osl une polite villo sltudc sur les confinsdu pacliaiik d'Angora. La verdure qui rcnviionne , el la fraicheur dcs eaux qui I'arrosent, conlraslcnl avoc le pays au milieu duquel clle est situ6c. Enlouree de lous coles par dcs montagnes arides , on n'aporcoit les poinles de ses minarels qu'au mo- ment ou Ton louche A ses portes. Cetle ville ne saurait r^sister a une allaquc; cependant c'etail jadis la capi- lale d'un ziamet gouvern^ par un de ces puissanls Der6- Bey, entre lesqucls etait parlag*^ tout le terriloire de I'Asie-Mineure. Le gouvernemont ties Dero-Bey reproscntait le sys- tome feodal dans toulc son elenduc. Cos princes pou- vaiont elre consideres comma grands feudalaires de rcmpire , soumls a cerlaines redevances cnvers la Porle, mais parfaitcmenlindcpendanls dans leur gou- vernement. Aussi les rivalites et I'ambition furent-elles souvcnt la cause des longues et cruelles guerres qu'ils se livr6rcnt enlro eux et qui commencetont leur ruine. Le sultan Abdul-liamid et son fils le sultan St^lini, enlretinrent ces dissensions qui devaient donnor au gouvernenient de la Torle le pouvoir d'execuler uno reforine devenue intlispensable, el que la politique du sultan Mamhoulsut accomplir dans toule son ulenduo. Avant de songor a I'aneanlissement des janissairos, il lallul dclruire la i)uissance de laqucllo cetle milice tirait ses principales forces et ses immenses ressourcos. Les Dere Bey etaienl lous allilitis a cetle redoutable corporation, 't leurs Iresors elaiont ouverls pour la ( 363 ) defense d'une cause qu'ils regardaicnt commc colle de lislaniisnie. C.hainvan-Oglou, gouverneiir de Jeuzgall, I'lit un des dernieis Dero-Eoy qui resislerenla la puissance de la Porte , non pas par la violence et par Ics amies, mais par une inerlie presque inallaquable. 11 avail su meltre dans ses inlerels les principaux habilanls de la ville; son gouvernement ferme et habile avail eloigne lout sujet de plainte de la part de son suzerain. La paix re- gnait sur ses lerres; jamais les nomades n'avaient atta- qu6 les Tartarcs de la Porte, et les incursions des Kurdes avaienl pris une autre direction. Cet elat de choses durait depuis quelqucs annexes, lorsque Chapwan-Oglou recut par un capidji-bachi I'ordre de se rendre a Constanlino|>le. Sachant trop Lien le sort qui raltendait il pretexta des obstacles. Mais le divan crut le moment venu de I'attaquer ouver- tement; il fut traite conime rebelle. Les spahis mirent le feu a son palais. Chapvvan-Oglou refusa de prendre les amies, et sut affronter tranquillement la mort au milieu de son palais en flaninics. \ingt-cinq annecs se sonl ecoulecs depuis ccs evene- menls, le palais est rcste comme I'ont laisse I'incendie el le pillage. Les habitants semblcnl conscrver cot amas de charbons et de deconibres, commc le souvenir d'un homnie qu'ils regrettent encore ; el, lorsqu'un voya- geur ari'ive parmi eux, ils ne nianquentpas de le con- duire sur cetle place et de lui raconter comnunt leur ville ful soumise au pouvoir imniedial de la Porte. Jeuzgalt est une ville toute moderne qui n'offre pas de monuments remarquables. Les malsons sonl bien balies; les rues el les bazars conlrastent avec oeux des aulres villcs d'Orient par une grande proprete. Le G aout , notre caravane se remit en marchc. G'esl ( .^ti/. ) t pUinlc dcs picds; Ic klba , condimont a l)asi3 d'anti- moinc, au nio} en duquol on donnc aiix cils etaux sour- cils la (einic d'un noii bleu qui rend Ics yevix si cx- pressifs el si doux. Cello autre boilo conlicnt le sari, pommade jaune composec do lllliargo cl do realgar, pour fairc lomber le duvet dc la pcau. Les cri;mcs de sandal, dc roses ct do jasmin sonlcon- tenucs dans des boitcs dc metal; d'autrcs boilos con- tiennenl le rouge cl le talc pour donncr a la peau lout I'onclucux do I'ivoiro poli. Quand on a vu I'aUirail de la parure d'une riche kadine asiallque , il est inulllc do so dcmander quellcs sont les occupations iournallores du harem , car los jours que Dieu fail sonl trop courts pour voir le com- mencement ct la lin d'uno loilclle orienlalo. La ville de Cesarce est un des grands entrepots do commerce enlre la Perse el la Turquic. Les khans y sontnombreux el blen conslruits. En general, I'aspect dc colic ville annonco chcz les habilanls plus d'aisancc qu'on n'cn rencontre d'ordinairo dans la plupart dcs \illes de I'Asie intcrieure. Apros avoir etc rcndrc visile au pacha, nous par- times immediatcmcnl pour lo nionaslerc de Surb-Ga- rabed, situe a quclquos licucs de la \ille. Ge monaslerc, luii dcs plus considerables do I'Asio- Mineuro, est construit avcc lout lo soin ct la solidito necessairos pour rcsislcr a une allaquc. II nMilerme dans son iutT'iicui' drs niagasins cl plusirurs corps de logis reserves pour Ics pelerins qui, a corlaines epoqr.cs de I'anniic, aOlucnl do toulos los parlies de I'Arm^nie. En parcourant les cn\irons du monastcre , nous pumes rcconnaiiro dans los vallccs dcs ralacombos ct des chambrcb sopulcralos soniblablos a colics que nous ( '^PO ) avions deja observees au bord da fleuvc llalys. 11 est a remarqiier rao cet u^dpe d'enterrer les morls dans dcs cavoaux lailles dans Je roc s'est principalcment propage dans les pays dc forinalion volcanique. Les ca- tacombes de Rome et de rElniric , les vastes necro- polis de la Phrvgie et celles dc la Cappadoce sont loules laillecs dans des lufs volcaniqiies. Les villes qui sont au-dela du Taurus ont de preference enterre leurs niorts dans dcs sarcopliages. On ne trovive pas une seule grotte sepulcrale dans les mines dc Patare, de Perga et d'Aspendus; Telinissus, Anliplielius et Myra sont les seules villes de la Caranianie assises sur dcs terrains calcaires oii Ton renconli'e en merae temps des sarcophages et des chambres sepulcrales. Mais ccs derni^res sepultures sont toujours destinies a un ou deux individus; cc ne sont pas des syringes semblables a cellcs.de. Cappadoce et de Pbrygie. i,J j ^; C^saree, quoique situee sur rcniplacement de I'an-: ciennc Mazaca, n'olTre aucun debris de monuments antiques dignc d'altenlion. En elTet, les materiaux que fournit la contr^e ne sont que des varietes de luf vol- canique lendre qui ne saurait resister a Taction, des Slides. La population de cctte ville so compose de Grecs , d'Armeniens et de Turcs; elle est divist^e ainsi : disOUi tnrciues ly.ooo id. ■iniieii'.cuncs l.SoO i-i. griTcjues 400. Total I i,yoo. En supputant un minimum de cinq habitants par maison , on obticnt par approximation 09,500 ames ; maisl'on n'ignore pas combien il est dilFiciled'obtenir ( 5;" ) IcchiflVe exaclde la population dans uncconlr^e oii les fcmmes ne sonl pas souniises aux recensemenls ot oil Telal chil est si inal lenii. Nous parlimes de Cesaree Ic aS d'aoiil , en nous di- rigeanl au sud-ouesl. Aprcs avoir traverse Ic vastn ^tang de Kara-Sou, qui exhale en dt^ des vapeurs peslilcn- tielics, nous fumes coucher Ji Inge-Sou, petite ville apparlenant jadis a Daniat Fclhi-Pacha. Elle est con- slruile au fond d'unc enceinte dc rochers, el n'a que deux entrees praticablcs. Sa population est aujourd'liui de 6,000 habitants, dont le plus grand nombre est dc la religion clireticnne. Mais dans toule la Cappadoce Ics faunillos grecqucs ont perdu I'usage de lour langue inaternellc; la langue grecque est employee unique- ment pour le rituel, niais le peuple ne la coniprend ]>lus. Les habitudes musulmanes ont p^ndtre dans les families chr^licnnes , ct les fenimes grecqucs et arnii^- niennes se voilcnt le visage comme les fcmmes turques lorsqu'elles sortenl de leur maison. Nous sejournames pcu de temps a Inge-Sou; el aprfes quelques observations g^oioglques nous parlhnes pour Urgub. 11 y a cent ans qu'un voyageur frangais, Paul Lucas, visila le terriloire d'Lrgub. La relation qu'il donna de celle contree parul si extraordinaire qu'on n'hesita pas a la regarder comme fabuleuse : cependanl le pa- liont voyageur avail dit la verite ; les vallees d'Urgub existent encore lelles que Lucas les a vues, et offrenl sans aucun doute le phenomene nalurel le plus curieux de toule I'Asic-Mineure. Nous mimes six hcures a franchir la distance qui se- pare Ingc^-Sou des valines d'Lrgub ; nous marchions conslammont ;iu milieu d'une plaine legt^remcnt accl- donl«}c , qui formo un vaste plateau. Arrives a Textre- ( "'7' ) ' mile de ce plateau , nous nous Irouvames dominer une longue vall. ( 'y^ ) ^l le succos qu'elle a eu dans le mondo savnnt devaient I'aire augurer que les voyageurs du inoyen age occu- pcvaient dans voire recueil unc place dislingu^e , a la condition d'olTrii' des textes inedits, ou dii moins plus aulbenliques el plus complcls qu'on ne les possedail eticoi'e. Le quah'iemc volume de voire coUeclion , donl j'ai a vous enlielenir plus sp6clalement aujourd'iiui , vienl remplir celle espece d'engagement lacile. Mais avanl dc vous en occuper, je rappelleraid'abord qu'il a ete precede par un deuxieme et un troisieme volumes; et que sa publication a m6mc ete devancee par celle du tome cinquieme. , Le deuxieme volume, portant la date de 1820 , est consacre a dc&miscellanees. Je n'ai point a vous redire qiielsj dQCiim^nls s'y Irouvent rassembles : aucun de vous ne peut oublier les notices que MM. Jaubert, De- laporte , Roger, onl respeclivement loui'nies sur divers points de la geographic africaine ; celle que M. Cora- boeufa r^digee sur la mcsure des Alpes; Je pelerinage de la iNlekke, traduit par M. Bianchi; la topographie de quelques paschalicks de la Turkie asiatique, par M. Rousseau j celle de diverses provinces de la Perse, par M. de Uanjmcr j enfin les deux memoires de M. ^Varden sur les anliqulles de Palonque et sur celles de rOliio, ainsi que des autres litats de I'Union am6- ricaine. Le troisieme volume, paru en i83o , est occupe tout entier par I'imporlant travail de M. Brugui6rc sur I'o- rographic de I'l^urope ; travail entrepris sous voire in- spiration, el que vous avioz couronne dans un de vos concours solennels. Le cinquieme volume, du au zele et au savoir dc ( 585 ) I'un de nos orientalistes les plus renommes , ne con- llent encore que la premiere moilie dun ouvrage dont le m^ritc est consacre par une longue celebrite, hien qu'il ne nous fut encore parvenu qu'a travers les mu- tilations dcs abreviateurs. L'lieureuse decouverte d'un lexte complet de la geographic arabe de I'Edrysy a offert a M. Amedee Jaubert I'occasion de signaler par de nouveaux services son amour pour la science qui fait I'objet special de vos sollicitudes : il a enlrepris une traduction enliere de ce texte precieux; et votre cinquieme volume, public en i836, renferme les trois premiers climals dumonde connu des Arabes; les qua- tre autres climats , dont I'habile Iraducteur s'occupe avec pers<^verance , rempliront un sixieme volume. Je ne puis oublier ici qu'un autre savant professeur a aussi consacre ses veilles a preparer pour vous une version fidele d'un geographe arabe non moins renom- me , le celebre Abou-el-Feda, M. Reynaud, faisant marcher sa traduction parallelement avec I'impression du texte arabe epure que public la Soci^te asiatique, touche maintenantau termedesa double tache : et vous lui avez reserve dfes long-temps votre septieme volume. Mais j'anlicipe, en vous parlant de la publication de ce beau travail, sur un avenir qui , pour devenir pro- chain , a besoin d'etre hate par des secours financiers. Esperons, nous le pouvons sans doute avec quelque confiance , qu'un ministre qui souvent s'esl monlr6 genereux a encourager dcs travaux lilteraires d'uno autre nature, et qui vient aujourd'hui s'associer a nos efforts, fcra aussi une part aux publications geogra- pluques que vous nieditez (i), et pour lesquelles noire (i) Cc \uMi el (Icjn realise in I'.tvlio. Le iiiiiiibtii; csl vein; ii iiolic a Jc X. DicEMiuu;. 6. aO" ( 386 ) devonoincnl no lounirail ([a'a la longne des vessources siidisanles. Jo lue liale dc revenlr an (]ualrienic volume, depuis si long-lenips altcndu. II fsl corisacre . conimc le se- cond, a cU^smisccUanees, cl il sc lie tonl specialement au proiniei par la nalure tie la plupail des documents qu'il rcnferme. Saul' deux pieces (I'une offrant la re- Inlion originale d\in ancien voyage a Taili, conservec dans un manuscrit espagnol que vous devez a I'obli- geance de M. Henri Ternaux ; — I'aulre donnant une serio de vocabulaires alVicains recueillis en iNubie par M. Koenig, et precedes d'unc savanle introduction dc M. Jomard ), — lout le reste du volume est occupe par des vovageurs du moyen age. ("est en premier lieu .Tourdain de Severac, qui parcourutl'Orient au xiv*^ sie- cle, et dont la relation in6dite , tiree d'un manuscrit unique appartenanl a M. Walckenaer.esl acconipagnee d'eclaircissemenls dus a feu M. CoqueLert de Monbret. Plus loin est reproduit Guillaume de Rubx'uk, I'envoye de saint Louis en Tartaric , dont le texle n'avait encore paru que mulile, et qui est ici donn6 pour la preniierc fois dans son entier, grace au zelc dc MM. Michel et Wright, qui ont coUationne plusieursmanuscrils restes caches jusqu'alors dans diverses bibliolheques de I'An- gleterre. Ensuite vient Jean du Plan de Carpin , le l^gat d'Innocent IV, et le plus ancien desvoyageurs en Tar- taric, dont le texle complet, retrouv^ dans un manu- scrit de la biblioth^quc dc Leyde , et collationud sur divers autros manuscrils , paralt aussi pour la premiere fois dans son entier. I n long travail consacre a I'eclair- nour la coiiliiiualii u ili; I'Kiliysy; c'lsl un luureux gat;e de re ()iril nous est permis U'csiicrer pour I'Abou-el-Feda. ( 387 ) cissement g^ographique et hislorique de ce tcxle te- moignera , sinon de I'habllele , au moins du devoue- ment de son auteur. Voila ou est arriv^e I'impression du volume, ct a ce point il comprond deji quatre-vingl-dix-sept fpuilles ou 780 pages (un tiers de plus que les aulres volumes); quelques feuillcs encore sont en preparation pour le completer, et il serait deja defmitivement lermine si des epreuves n'etaient atlendues d'Anglctorre ou elles ont^te envoyees pour une collation de inanuscrits. Ce qui reste a imprimcr consisle en deux morceaux de peu d'etendue : I'un olTrant le pelerinage du nioine Bernard a Jerusalem , au ix'^ siecle , recit dont on ne connaissait qu'un fragment, et dont M. Michel a re- trouv6 un manuscrit enlier a Oxford ; I'autre est la re- lation inedite d'un semblable pelerinage par le moine anglo-saxon Saewulf , au x' sifecle ; celle-ci a eii relevee par M. Wright sur un manuscrit de Cambridge. Le volume contiendra divers facsimile de manu- scrils pour les relations de Jourdain , de Rubruk et de Carpin ; ccUe-ci est en outre accompagn6e d'une carte de I'Asie centrale au vnf siecle. Nous avons lieu d'espercr que ce tome quatrieme, commence depuis plusieurs annees, sera enfin achev6 dans quelques jours, et qu'il pourra vous etre distribu^ au commencement de I'annee ou nous allons enlrer. d'Avezac. Paris, 10 decembre i838. s6. ( 388 ) COMPTE-RENDU DES RECRTTES ET DES DISPENSES DE LA S0C1^t6 PENDANT l'exercice 1837-1838. Recettes. Reliqual du compte de i836-i837; inleret des fonds places; souscription duRoi; renouvellement des souscrip- tions annuelles et produit des diplo- mas d^livres aux nouveaux mem- bres; venle du Recueil des Mdmoires etdu Bulletin , . 8,755' 5a'- DiPENSES. Frais d'administration, d'agence, de loyer; frais de publication du Recueil des M^moires et du Bulletin; Prix annuel d6cern6 en i838. . . 8,729 42 En caissele 10 d^cembre i838, aS 90 Plus, une inscription de 600 fr. de rente 5 p. 100. Certifie par le Tresorier de la Societe et approuve par Signd ClIAJELLIEB. r Assembiee generate Paris, le lo decembre i858. ( 389 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societea PROCES-VE.nBAUX DES STANCES. Seance da \6 noi>embre i838. Le proces-verbal de la derniere stance est lu et adopte. L'Academie imp^riale des sciences de Saint-Pelers- bourg adresse a la Society lesdiflercntes sections de ses Memoires pour I'annee 1837, et M. Fuss, son secre- taire perp^tuel , remercie la Commission centrale de I'envoide son Bulletin. . Le comity directeur de la Soci6t6 de geographic do de Francfort adresse a la Commission centrale un re- lief des environs de celte ville avec une description pliy- sico-geographique ; et M. Kriegk lui oflio, en son nom, un exemplaire de sa description d'Otuquis , une des contrees encore inconnues de la Bolivie. A ces en- vois etaient joints trois diplomes de membres corros- pondants delivres par la Socit^it^ de Francfort a MM. les president et vice-presidents de Ja Commission cen- trale. M. Roux de Rochclle offre a la Soci^t^ un exemplaire du poeme qu'il vient do pnblier sur Fernand Corle/., ( 590 ) M. J. do licitou aclrosse de Beyrout le risullal des lecherches auxquclles il vicnt de se livrer sur la villc dc Tyr, pour r^pondre aux quesllons de geographic an- cicnno quo lui avail adressc'cs M Poulain. M. Bertoii annonccaussi I'envoi , par rentremise dii consul g6no- ral de France a Alexundrie, d'un plan de Tyr destine a accoinpagner son travail. Apres dlverses observations do MM. Caillie, Jomard , Poulain , Roux de Rochelle et Walckenaer, la notice de M. Bertou est renvoyee au comile du Bulletin. M. de Monlrol communique a la J"ocielc deux leltrcs qui lui ont ete adressees par le commandant de r As- trolabe. L'une est datee du port Famine , au moment ou Texp^dition va quitter led^troit do Magellan, pour s'a- vancer vers le pole antarctiquc; I'autre est ocrile dc Valparaiso, aprfes que les deux corvettes sont miracu- leusement sorties des glaces ou elles avaient I'ailli rester l)loqu6es. Le rapport de M. d'Urville au ministre de la marine contient les details les plus circonslanci(>s sur le debut de la campagne dc I' Astral dbc ct de hi Zc/^'e/mais dans ces lettres M. d'Urville donne d'inttiressantes explica- tions sur les sentiments qui I'ont guid6]ct soutenu pen* dant le cours de son aventureuse entreprise. Sous ce rapport elles devaient exciter rallention de collogues que M. d'Urville n'oubliait point a Taulro bout du monde, et dont I'estime et lesencouragements semblcnt etrc au nombre des plus puissants mobiles qui Ic poussenl dans sesponibles etglorieux travaux. M. d'Urville annonce qu'il va se dinger immodialo- mcnt sur Gaulwol pour y visiter rolablissenient de nos missionnaires de Picpus. M. Barbet, chef d'institution a Paris , rend complc ( ^9' ' a la Socit^le de la visile qu'il a faile avec ses eieves a la carte en relief d,; la Franco construile par M. Sanis , pres de la barriere da Maine. vV rempressement rju'ils ont mis a en examiner lollies les parties, a la piiere qii'ils lui ont faile de les y laisserlont^-temps, il a jiig^ que cette invention seiait d'lui grand secours pour I'e- tude de la geographie. M. Barbet annonce qu'il s'est vivement inl^resse a celte enlreprise . el il prie la So- ciele de vouloir bien, dans la limite de ses pouvoirs, seconder les efforts de M. Sanis. M. le president fait remarqiier a M. Barbet que la Societe ne pent pas ve- nirpecuniairement au secours de I'auleur, mais qu'clle s'empressera de lui remcUre plusieuis cxemplaires du rapport qui a ele fait par une commission speclale sur I'ouvrage de M. Sanis. M. Barbet remorcie la Societdi deses dispositions bienveillantes. La Commission cenlrale nomme au scrulin , au nombrede sescorrespondants etrangers , M. Jolin AN as- bington, capitainedevaisseau de la marine britannique, secretairede la Societe royale geograpliiquo deLondres. Seance (la oo riovenibre i858. Le proces-verbal de la derniere s6ance est lu el adopte. L'Academie royale des sciences de Turin adrcsse le tome xl" de ses Memoires. M. le secretaire-general du ministere do la mariiu; adresse le premier volume du catalogue general dcs li vi'cs composant les bibliotbeques de ce departeinent. M. Carmoly, auteurde plusieurs ouvrages geogra[)l!i- ques dont il fait hommage a la Soci(^t6 , lui ecril (pie desirants'associer a ses utiles Iravaux, ilia [iricdeTad- uu'Ure au nondjre de sescorrespondants etrangers. ( ^92 ) M. d'Avezac communiquo une lellre de M. le capi- laine John ^Vashlngton coiitcnant divers renseit^ne- mcnls gcographlques, et il annoncc qu'il est auloiise a souscrlre en son nom au monument qui doit giro (5lev6 a la meuioire dc liene (^aillie. M. Jomard pr^sente de la i)aii ile M. Paeifique Dc- laporle , le plande Mogador, ainsi que le plan paiiicu- lier du port avec une vue gt^nerale. 11 fait remarquer, d'apresroplnion deM. Delaporte, que la population de cetle villa a et6 beaucoup exagoi^e dans les diction- naires de geograpliie. Le meme raembre olTre de la part des Fill. PP. Mar- chi etTessieri, du college romain, un hocal renfermant tm reptile et un scorpion. M. Jomard donne ensuitc I'extrait d'une lellre re- centedu Caire , dans laquelle est decrit le dt^parl du vicc-roi d'Egvpte pour lehaut Sennar el le Fazoql , el il exprime I'espoir que les ing^nieurs francais qui I'ac- compagnent mettront a profit une circonslance aussi favorable pour faire des observations geographiques entre les deux Nils. Cetle communication est renvoyee au corai!^ du Bulletin. MM. Toxier et Bertlielol coniniuniquent , le premier un fragment de son voyage en Cappadoce, le second des observations geograpliiques sur la grande peche. Ces deux lectures sont destinies pour I'assemblee gdne- ralc du lo decembre. Seance generale da lo (Ucc.nihre i858. La Society de geograpbie a lenu sa deuxieme os- semblec generale de i 858 , le lundi lo decen)bre , A l'116lel-de-\ ille, sous la presidoncede M. dc Salvandy, minislrc de Tinslruclion publique. ( -^95 ) M. le capitaine Pcylior, secretaire, donne loclure du proces verbal de la derniere seance generale; la redac- tion en est adoptee. M. de Salvandy, dans un discoursecout^avec le plus vif int^ret, passe rapidemenl en revue les causes qui a diverses epoques ont contribu6 aux progr^s de la g6ogra- phie, et il lelicite la Sociele du genereux patronage qu'elle accorde a cette science utile qui confine de tous cotes aux plus positives des connaissances humaines. M. le secretaire fait lecture de la correspondance : M. de Rosamel , ministre de la marine et des colonics, M.le colonel Poinsett, secretaire du departemenl de la guerre des Etals-linis, M. de laRoquette, en son nom et pour M. le professeur Schumacher d'Altona, et M. Rcy, ecrivent a la Socit^le pour lui faire don de diverses cartes et relations de voyages rcceroment publiees. Dos dons semblables lui sont ofFerts par les ministres de I'instruction publique et des affaires ^trangeres, ])ar diverses academies et soci^t^s savantes, et par plu- sieurs de ses membres et de ses correspondants etrangers. En I'absence de M. Noel Desvergers, secretaire-gene- ral de la commission ccntrale , M. RouxdeRochelle lit la notice annuelledes travaux de la Soci^te et d.i pro- gres des sciences geographiques pendant Tann^e i858. M. le president s'empresse de s'associer porsonncl- lement a Ihommage qui vient d'etre rendu a la memoire du general Haxo , et il remercie M. de La Renaudiore d'avoir si bienexprime dans la courte notice necrologi- que qu'ii a jointe au rapport du secretaire general, le tribut d'eloges et de regrets que la Society de geogra- phic acquitte envers une de nos gloires nationalos en meme temps qu'envers un dir sos membres li^s phis iiluslres. ( 394 ) Rl. d'Avezac faitconnailre a rassonibloe la silualion aclucUe de I'inipression des Memoiros do la Socielt^. Apresavoirsuccinctemcntrappcle la naturo et I'enchai- nemenl mutuel des pieces auxquelles ont et6 consacres les premiers volumes du recueil, M. d'Avezac passe ra- pidcment en revue les documents reunis dans le tome qualriome, dontrimpression est sur le point d'etretor- mineo; iisignalo le caraclere de nouveaute qui faill'in- t-ret dc chacunede ces pieces, et il annonce la distribu- tion tr^s prochaine du volume aux mombres de la Sociite. En rappelantque le tome ciuquieme deja paru rcni'erme la premiere moilie de la g(^ographie ar;tbe de I'Edrysy, le meme membrc expose que le tome sixi^me qui donnera le complement de cet ouvrage, et le tome seplieme reserve a la geographic d'Abou-el-Fedu, ne pourraient etre imprimes prochainement faute de res- sources acluelles pour une telle d«!'pense; maisiltemoi- gne I'espoir qu'un ministre quis'est monlre genereux a encouragcr des publications d'une autre nature, viendra aussi en aide a la Soci6te de geograpUie , dont il a ac- cepte le patronage et dont il sail appr^cier les edorts. Le ministre se liate d'annoncer que cet espoir ne sera point d^cu, et que deja il a pris une decision dans le but d'aider a I'aclievement de I'Edrysy. M. d'Avezac, en remerciant le ministre de celle bien- veillante disposition , saisit cette occasion dexprimer le voeu que ce t^moignage d'interet en favour de la So- cietc de geographic soil pour elle un gago de ce qu'il lui permel d'esperer pour I'avenlr. M. Jomard lit une notice historique sur Pione Cail- lie , le celebre voyageur a Temboclou , et M. Charles Texier lit un I'ragmcnt de son voyage en Cappadoce, Ces deux communications ont 6le accueillics par I'as- sombk'e avcc le plus vif inleret. ( '^<)5 ) L'heiire avanceo n'a pas periiiis a M. Bcrllielol do faire la lecture de ses observations geographiques sur la grande pecUe qui etaienl annoncees sur Tordre du jour de la seance. M. le baron Walckenaer, presldentde la Commission centralc, en I'absence de M. Cbapellier, tresorier dc la Socielti, piesente le compte annuel des recettes et des depenses pendant I'exercice 1857-1 838. MM. Henri Ternaux etBerthelot sontnorames, au scrutin, aux deux places vacantes dans la Commission centrale. La seance est lev^e a dixheures et demie. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCliTfe. Seance da 3o nove/iibre. M. G. Ci.Avi; , ancien professeur. M. Fleutelot, agreg^ des classes sup^rleures des lettres. Seance generale du 1 o decembre. M. Eugene de Frobervii.le , del'ilede France. Seance dii a 1 decembre. M. Peynaud , capitaine au long cours. ( 3y6 ) SOUSCRIPTION A.U MONUMENT FUNER\IRE A ELEVEH , A. PONT-i/aBBE, A LA MtiMOIRE DE R^NE CAILLIE. ( Deiixleme liste. ) MM. Bajot, LiRENAUDlkRE , J. Washington, DE NeUFFORQE, MOLLIEN , Louis DuBEUx, Challaye, MM. E. Vail, Ravaisson, G" Lafond, DE FrOBERVILLE, Berthelot , Ic baron Larrey ct sa famille. Voyez la premi6re liste dans le Cahier de juil- let i838. On continue de souscrire choz M. Jomard, direc- teur de la Bibliolh^que loyale, rue Neuve-des-Pellls- Cbaraps, n° 12, et chez M. Noirot, agent de la Soci6t6, rue de I'Universili!! , n" 23. II sera tir6 des exeraplaires a part do la Notice historique sur la vie et les voyages de Riwi CAiLLit, lue a I'Assemblee g(!;n6rale de i858, par M. Jomard; cclte Notice sera accompagnee du portrait du voya- gcur. TABLE DES MATIERES CONTEKUBS DANS LE X^ VOLUME DE LA 2^ SERIE, N*'* 55 a 60. ( Juillet a D6cembre i838. ) PREMIERE SECTION. M^MOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPOUTS. Vuget. Menioire descriptif de la route de Tehran a Meched et de Meched a Jezd , reconnue en 1807, par M. Trdilhier, capitaiue au corps du genie 5 Voyage de I'exlremite sud de la mer Morle, a la poinle nord du golfe Elanilique, par M le comte J. de Bertou 18 Renseignements siir I'Abyssinie recueillis au Caire, par M. Lefe- vRE, lieutenant de vaisseau 52 Projet d'un voyage a Boure. [ (Extrait d'une lettre de M. Rene Caille a M. JoMARD.) 38 Sociele pour rexploralion de Carthage. — Extrait de plusieurs leltres de MM. Greenville Tkmple et Fai.be, comuiissaires de la Sociele, a MM. Jomard et Bureau de la Malle. . . 39 Voyages dans diverses provinces de larepubliqiie duChili, — (Extrait d'uue lettre de M. Gay a M. Jomard. ) 43 Histoire ante-colombienne de TAmerique. — (Extrait d'une Itttre de M. Rafn , secretaire de la Societe royale des antiqnaires du Nord.) 4i* Vovam! Jc I'Artemisc. — (Extrait d'unc lelire de M. Paris.) . . 5o k(at do la colonic de Liberia, a la Cn do 1837 ( coiii!iui!ii(|ue par M. Warden) 5i Extraif d'un Memoire stir Zanzibar el sur Qnilna , pnr M. Ar.- DRAND 65 Nule sur le voyage de M. lo, comle de Hertou, depiiis le lac A ( ^99 ) ExlMits (le dei.v k' tires dd M. J. de Rertou.sui' son voyage en Asie-Mincure 240 Lettres sar raslrononiie, par M. Albert-Mostemont. (M. le colo- iit'l CoRAnoEUF. ) , . •i'lS Voyage aiitoiir dii moiide drs fie};alrs l' Astrolabe et la Zi-lee. Ka()- porl sur les operations de la canipagrie depuii; le depart de Kio- Jaiieiro jusqu'a I'arrUee a Valparaiso , par M. le capitaiiie dUr- vii.i.E, commandant de I'expedition 249 Rapport fail a la Commission centrale sur la carte en relief de M. Sanis, par M. Roux de Rochei.i.e , au iiom d'uue coramissinn specials 280 Rapport snr une Notice du Journal de la Societe asiatique de Cal- cutta, relative aiix iiislriimiiils des Arabes, par M. Jomard. . 286 Note snr les travaiix geodesiques executes dans I'Algerie, par M. le capitaiue Boblaye 202 Assemblee genciale du 10 decemhre iS38. Discours d'ouverliire prononcc par M. de Saf.vandy , minislre de rinttruction piiblique, President de la Societe 3o5 Notice annuelle des travaux de la Societe, par M. Noel Desver- GERs , secretaire general de la Con.imissiou centrale. . . ■ . 3ii Notice historique snr Rene Caillie, par M. Jomard 33o Fragment d'lin voyage en Cappadoce . parM. Cu. Texier. . . . SSg Considerations geographiqut'S sur la grande peche, par M. S. Ber- THELOT 3^3 Note sur Tetat de Timpressioa du Recneil de Voyages et de Memoi- res de la Sociele de geographie , par M. d'Avkzac 383 Compte-rendn des recetles et des depenses de la Sooicle pendant I'exercice 1837-1838 3,(5,<} DEUXIEME SECTION. ACTES Dli LA SOClixi. Proces-verbaux des seances de la Commission centrale de juillet a decembre. 56, 126, 177, 297 et 3Sg Proces-verbal de la seance generate du to decembre i838. . . 392 Mcnibres admis dans la Societe i83, 3o3 et 305 Ouvrages olftrls a la Sociele 62, i83, 3o3 ( 4<'o ) PLAKCHES JOIKTES AU \t TOI.CME. Esqulsse du voyage de Caillie chrz les Maures de Beraknali cii 1^24 et iSij, par M. n'AvEZAC • 129 Plan de la bale de Diego-Siiarez dans I'ile dc Madagascar , viiitce en 1823 par M' B. F. Leguevei. de Lacombe i85 Carle contenant les routes et les reconnaissances des corvettes V Astrolabe et la Zelee , levee et dressee par M .Vincehdon DtjMOin.iN , iugenieuf hydrographe de la marine, et assujeltie anx observations de MM. les officiers des deux corvettes. . . 249 PIN DE LA table DU X« VOLUME. ERRATA tin Bulletin du mois (Vnoiit. Page 8;, ligiie iS, au lieu de : la cause, lisez .-la suppression. Page 90, Ugne 17, an lieu de : ou Arabic, lizez : en Arabic. Page 92, ligiie 17, au lieu de : Ks Sate, lisez ; Ks Satebh. Page 93, ligne 3i id. . . . id. Page 94, ligne 21, au lie\i de : soul complclemenl inadmissibles, lisez . ne sont adniissibirs qu'a])re> une correction. Page 98, ligne 3, au lieu de : nieme apii-s , lisez : au inuyen de. id. ligne i6, aprcs le mot: aiiuhs'\bie , lisez : comme note , le nombre 2i()<>,.'J indique par M. Berlou est inexact. I'obsei valion des voyagcurs anglais founiil uno de- pression de 5oo p. a. , .rtisuilat tort rapprocbe de cclni de Mcgaral Ivdouiii. ^;o.:,^.^^