.s*. 9 J. ..1.3^, ^.OMaUadMWilSeUwj^., BULLETIN i) E I, A SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Trftisieiiie S^rie. TOME X. nii\i:\i \)\: i.a socifiTE. (l-LECTIONS 1)L K) Jll.N IS/iS.) Pifii(/i lit. M. JoMAr.ii, ( .M. RootR. I'iir-Pit-iiileiiti. Scnilatriirs. ( !\I. Co:iuiER. I M. ne Mauroy, i M. (^H. I>F. LADOUCtTTE. SeiiJliiire. M. Coriamdert. /isfc lies Prcsiilfiils /lonoraircs tie Id Snciete , depnis son nngiiie M.M. I)e Latlace. De Pastoret. Ue r.HATEAi:BRIA»D. ('n.ABROi. OK Voi.vir. Kecqukv. Ai.EX. DE HiiMBOLDT. CnADROf. DE Crodsoi.. CfVIER. Hyde de Nelvii.i.e. I)i; D()iDEAi;\ II t.K. J.H. Eyrh's. L'a.irral do Kii.ny. DuMONT d'Urvii.i.e. Dtr.AZEs. M.M. De MoNTAI.IVKT. De P.ARANTE. I.e general Hklet. Gui/.OT. De Salvandy. TLrlNIER. De I.AS (Uses. VlI.I.EMAIN. (!i;x!N Gridaine. I.'iiniinil nouHSiN. I.'atniriil le MAritAt;. I.e vuc-aiiiM.il Hai.c,\n. Wai.ckekaer. Mdie Corrcspoiuldiils ctrdiii^eis thins I'ordrc de friir nnnii'/iati'on. MM. Le iliutiui- J. AIevse, a l'liil.ulel|iliii'. H. S. Tanker, a I'liilailclpliic. \V. 'WoODURlDUE, a I'lOSlull. Le ll-col. F.DWARU Sabine, a I.oiiJies. Le roloiK-l 1'oissett, a \Va-liiii^tini. Le rol. D'AiiRAUAMsori, a (;o|)eiiliagiic. Le prulesseiir Schumacher, a Alton.!. Le iloett'iir Keincamjm, a Berlin. Le rapil. sir J. Fhankmn, a Londres. Le docleiir RicharumjK, 'a I ondrrs. Le iirolessriir Rakn, a Copi'niiagiie. Le capilaine (Ira/.-i, a Copeiihagne. AiN^\»iiiiTM, a lidiiiiboiir^'. Leeoii-eiller Apbiem hAi,m,aViei;iie. Le colonel Lonc, a rltiladelpliie. Sir J.liii PiARROw, a Londres. Le lapitaiiie Maconociiie , a Sydney. Le capilaine .sir Joh.v Ross, a Londies. Le ronsoiller di; Macedo, a Lislionne. Le prolVsscur Kari. Ritter, a Berlin. Le rnpilaine O. Hack.. F. Dubois de Moutpereux, a Neurlialei. Le cap. Jolin WAsiiiNinoN, a Londres. P. DE Angems , .i Riieii(is-.\yres. Li- JjjcU'mi' Kriec.k, a Fianrfoil. Adiilplic Imiman. a liiilin. I e dc rt iir \\ aim'AI.'.s , a Ooellinmii'. Le I'oloiifi Jackson , a Londres. LepiiMieDEOAi.nziN,iiS!-Hetersbour^'. Ferdinand de Luca, a Naples. I'ililS. — IMl'lll.MLI'.IK !>E I. JUISHNEI, nii ijrub , SO. BULLETIN l)K L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Ti*oi8ieiiie ISterir. ^ame biiicmc. PARIS, CHEZ ARTIIUS-RERTRAND, M B R A I n E D K LA S O C I !■; T H D li 0 ^ 0 G R A P H I i- RU« H*UrEPF-UtLI.I, N" iS. 18'i!i CO MM ISSION C KiN TH A U:. COMPOSITION 1)1 hUREAD (Predion dii 7 Janvier 184S. President. M. Roux iit Rochei.i.e. f ice-Prcsidtiils MM. I'ouLAipf de Bossay, Davsst. Sccretiiiie-i;eiiinil. M. Vivies ue Saint-Martin. Section dc (. orrespondance. MM. Bajot. MM. C. Mon-aii. Callier. Nocl-Desvwrgers. De Caslelnau. D'Orbigiiy. Cothrlft. Roger. Giii^uiaul. Tfxicr. I.iifunJ. L)e Siiiiluri'iii. Lrbas. Section de Publication. MM. Allifrl-Muiili'iiionl. MM. JmiiaiJ. D'Avezar. Ladoiicelte. Kerlluilol. Lttroniii-. Ciirlaiiibt'it. Sedillol. De Fi olnrvillf. IVriiaux-Conipjiiis. Gay. Walckeiiacr. Iillix'il (Us .MollrlcllfS. Section de Coniptabilitc. MM. Aiisarl. MM. De Lovenstei 11. l.e colonel Coralnriif. De In Koqiitlle. Tiianibcrl. Tbonia^sy. Coniite charge tie la publication du Bulletin. MM. Alberl-Moiilemoul. MM. Joiiiard. D'.\\ezac. Foiiiain de Hus^ay Corlainberl. De la Ko(nielle. Oanssv. Konx de Koclielle. De l'rol)erville. Viconite de Santarein. riiiii;uaMl . Viviin vl. (:li;i|i. li.ei . nol.iiri', Iri'S'irier ) bekry, qui vivalt en Espagne, iiiais qui embrassa aussi dans ses observations d'autres pays places sous la do- mination des Arabes. Abou-llamid, ne a Grenade, fit de grands voyages en Orient : il visita I'Egypte, Bagdad, les bords de la nier Caspienne, les rives du Volga, le pays des Rbozars et des Bidgares, le Kborassan. I'Arabie, une partie de I'Afrique, el il vint mourir a Danias en 1170. Le scherif Edrisi, ne a Ceuta, ful le geographe le plus celebre du xii" siecle, II visita une partie de I'Es- pagne, du Portugal, de la France et de I'Angleterre, se rendit dans I'Asie mineure, parcourut qnelques re- gions de I'Afrique, et fut au nombre des savants que le roi Roger de Sicile avail attires a sa cour, vers le milieu du xn* siecle, II conslruisit pour ce prince un planisphere en argent, sur lequel la forme du monde, tel qu'on le connaissait alors, fut representee; et on lui doit une description Ires detaills'e de toutes les conlrees qu'il avait visitees et de celles sur lesquelles il avait pu recueillir les notions les plus exactes : la traduction en a ete publiee sous les auspices de la So- ciete de geographic, par feu Amedee Jaubert, I'un de ses membres. Les iliaeraires dun grand nombre de voyageurs pouvaient etre consultes par les savants; et c'etait en rassemblant tous ces documents particuliers que Ton parvenait h mieux saisir la forme des continents et a rectifier ce qu'ellc avait de plus irr^gulier dans les cartes anciennes. Nous voyons en effet, par celles d'Edrisi, que deja de son temps la lerro etait mieux representee, que les bassins des niers, la direction des chaines de montagnes, celle des principaux fleuves, etaient plus exactement figurees. De nouvclles recti- ( 1<^ ) fic.iliuiis luri'iil lailes, dans Ic xiii' sit'cle, j)iir le voja- gour IIei;A\i ct par Yacoul, a qui Ton doil un diclion- naire gL'ograpliiquc plus complet que lous les ouvragos precedents. Le secours des inathenialiques lendail a donncr aux descri|)lions geographiques plus do prdcision ; on clier- cliail d'ailleurs a perfectionner les instruments astro- noniiqucs el tous les proc('ides niicessaires pour micux determiner les situations, les hauteurs, les distances. Nassir-Eddin ful un des savants les plus dislingues : ses Tables astronomiqucs I'urent redigees d'apres ses propres observations et d'apr6s celles qui avuient ct(^ laites, soil par Ilipparque et Ploldmee cliez les anciens, soil par les g(^ographes arabcs dcpuis le khalifat d'al- Mamoun jusqu'au xtn" siecle. AIBateny, IbiiSaid, publi^rent dans le meme si(5cle plusieurs ouvrages geographiques sur ce qu'on noni- mait alors les meiveilles du inonde. On donnait souvent cc titre a la description des pays lointains visiles pour la premiere fois, et r«)n 6lait porle a y j)lacer des 6tres inctmnus ct chim6ri(pics : on croyait ^veiller la curio- site ct I'altention du Iccteur par des tableaux imagi- naircs; mais ces fantomes devaicnt successivement disparaltre. Omary, Ibn-AIouardi, Cazouini, (lorissaient dans le xiv" siecle; ils se dislinguercntcornme savants etcomme poetes. La plupart des ouvrages de celle cpoque sont ccrils en vers; et coinme la poesie aime a parcourir le champ des fables, ce melange expliquc une partie dc colics que nous retrouvons dans les ecrivains arabes. Ibn Bathouta , ne a Tangor au commencement du meme siecle, ful un des j)lus celebres geographes de son leinj)S. II entreprit en 1325 ses voyages en Orient; { il ) il pai'coiirul I'Egjpte, la Sjrlc, la Pcise , Ics hides, navigua vers les Ilea de la Sonde el jusqu'en Chine, visila Ceylan, les lies Maldives ct les coles du Zan- guebar. Revenu dans son pays, il parcourut I'empirc de Maroc, p^n^tra dans des regions plus interieures , et, apres un demi-siecle de voyages, se retira a Fez, ou il moiirut, Les recits qu'on a publies sous son nom sont meles aux erreurs du temps ; mais s'il cut quelque credulite, du moins on ne doute |ias de sa bonne foi : ses relations furent estiniees, et Ton reconnut, sur un grand nouibre de points, sa veracite. Abulleda , son conlemporain , mourut beaucoup plus jeune que lui; mais il avail pu connallre ses pre- miers voyages el s'eclairer d'une parlie de ses lu- mieres. Apres lui parurent encore en Orient d'aulres geo- graplics distingues. Ulug-Begh, dans le xv* siecle, ela- blil un observaloire a Samarkande, el rectifia par des observations astronomiques les positions de lieux qui n'avaionl pas encore etc fixees. Un Iraite de cosmographie Cut public en 1516 par Ibn-Ayyas; mais il se trouvait Ires en arriere des con- naissances que venaient d'acquerir les Occidentaux. La d^couverte du nouveau monde el la navigation ouverle enlre le Portugal ct les Indes avaient rectified une parlie des erreurs de la geograpbie, et preparaient a celte science d'aulres perfectionnemenls. Les doctrines geogrnpliiques des Arabes onl ele exa- minees dans la troisieme parlie de I'lntroduction de M. Reinaud : on y retrouve un UK^-lange de Iradilions populaires qui n'onl pas loutes la mtnne origine. Les unes sonl bibliques et rabl)iniqucs; les aulres vien- M5 ) nont (Ics Grecs, Hes Romains, Hps Perses, des Indiens : I'Alcoran en consacia iine partie. On supposait divisos en sept regions los cieux, la terre el les niers donl elle est entour^e. La plupart des goograpljes arabcs regar- daient la terre coinine ronde; plusienrs hii donnaient la forme d'un disqu qu'environnait la reinture des eaiix et que surmontait et couvralt la voule dii ciel. Les montagnes etaient regard^es par eux comme les bases et les colonnes qui soutenaient cetle voule. La terre nageait sur I'Ocean ; elle etail port^e par un ^nornie leviallian : d'autres peuplades orientales lui donnaient pour appiii une torlue ; d'autres, un die- phant. Les mansions lunaircs (|ue parcourait la June dans sa revolution etaient au nomhrc de vingt-luiit, el ser- vaient a mesurer le cours de I'annee : les Arahes em- prunterenl ensuite des Grecs les signes dii zodiaquo; d'autres constellations occuperenl les autres parlies de la voille c(^leste, el sorvirent a disiriliuer en autant de signes les mille vingt ^toiles que les Grecs v avaient apercues. Les plan6tes dont on reconnaissait les mouvements elaioiit distingu^es des (^toiles que Ton rcgardait comme immohiles, ou dii inoins comme entraindes loutes en- semble par un mouvemont general, et commo n'ac- complissant leur revolution que dans un grand nombre de si^des. Les Grecs ct los Romains avaient transmis aux Arabes leur astrologie : on ;illribuaii aux jdanetos ol aux con- stellations des vcrtus particulleres ; leur influence fut indiquee dans los alinanaclis, et cette vaine science de I'aslrologie s'osl consorvcc choz de nombrcuses na- tions. ( 13 ) Le systeine d'orienlalion des Arahes se refi;lait siir ie lever et le couclier du soleil : la rose des vents so bor- nait d'abord a indiqiier ceiix de Test et de I'ouesl, du nord et du sud; elle se parlagea ensuite en trente- deux divisions. L'un et I'autre moyen dc se diriger elaient utiles a consulterdans la navigation : la j>ropri6te qu'a I'aimant de se diriger vers le nord devint ensuite un indice et un r^gulateur plus assure : on y avail recours, vers le milieu du xiiT si^cle, en Orient comme en Occident; et il est trt's difficile de rcmonter aux auteurs de certe decouverte et de reconnaitre a quelle nation elle apparticnt. Les Chinois s'attribuent cette invention , qui remonterait, selon eux, a plus de dix siecles avant ['ire chretienne. On laisait d'abord flotter sur i'eau I'aiguille ai- mantee; mais la resistance de I'eau nuisait plus ou moins a la mobilite de I'aiguille et a sa direction. On la suspendit ensuite par un fil attacbe au centre et te- nant en equilibre ses deux pointes; puis on la placa sur un pivot qui lui laissait une digale liberte, et c'est ainsi qu'on a continue do construire la boussole. C'est par elle qu'on trace aux vaisseaux la direction qu'ils doivent suivre, et elle est egalemcnt utile pour donner aux inesures et aux operations topographicjues plus de precision. Les Arabes, a I'exemple des Grecs et des Romains, reconnaissaient la zone torride, les deux zones tem- perees et les deux zones glaciales : ils croyaient que le quart seul de la terre ^tait babite, et I'ile de Lanka etait pour eux le centre du monde : d'autres le pla- ^aient enlre le Jaxartes et I'Oxus, dans la Sogdiane , ou se trouvalt un des qualre paradis terrestres. C'elail ( lA ) aussi dans collo ccnlroe qn'olail silu^o la ville do Sa- markand, famouso parses j^iands ctahlissonicnts scion- lifiqiios cl lillciairos. Al)uiri;da di\isait la Icno en sept clini;ils, qui coni- luencaicnt au douzicinio degre de latitude seplcnlrio- nale ol qui llnissaienl au cinquanlienie. Cclte division etait cnii)rui)l(''e dos Grecs; elle ctait fondee siir la longueur des jours, qui, d'un cliinat a I'autrc, gran- dissaient d iiin' denii-heuro. Edrisi avail ogalement adopte cc partage ; inais il conimencait ses climals a rcquatcur ol il Ics terniinail au soixanle-quatriomo degro. Pour determiner la (iiflerence dos longitudes, il lal- lait partir d'un premier nieridien : lHol«5mee le fixa aux lies Fortunees, qui elaient rextromilo occidentalc de I'ancion monde , et (juclcjues geograplies arabes ado|)teronl la nienir ligue nieridionne; d'autres la fixeronl au milieu di: la terre liahitahle, el dduiierciil ace jH)inl central li' noui ile coupole d'Krin : ils sup- posaientce lieu place sur la ligne equinoxiale et a uno ogale distance dos deux poll's; niais ils ne s'aceordaienl pas sur sa situation. T.es Arabes n'eurcntquc des movens bion imparfails pour determiner la dilTerenco des longitudes. Souvont ils evaluaicnl les distances par des itineraircs et par le temps emploje pour passer d'un lieu a I'aulre; mais on n'oblenail par co moyen (]ue des mesures approximatives : ils s'aiderent aussi de quclques ob- servations sur le mouvemenl et la position des corps planetaires. Comme les mosures do distances (bml les aneions se scrvirent n'etaicnt ])as pailoul Ics memos, il devail en resulter de nouibreusos errours : il etail didicilo de ( 15 ) faire coincidcr tons ccs calcnls, dc los compnrer, et d'aniver a mi resultat posilif : aiissi lours Ovalualions laissent-elles subsister un grand nonibrc d'incoili- tudes, nolamment sur la longueur dc la leric d'occi- deiit en orient. IHolenieo donnall a la Mtdilerranee vingt degres de plus qu'ellc n'en a reellement, et Ton prolongeail los cotes urifiitales d'Asie bien au-dela de leur position \eriiable. On supposa de honnc lieure que I'Ocdan occidental comniuniquait avec la nier des Indes , apres avoir baigne les cotes meridionales d'Afrique; mais on pla- ^ait vers la ligne dc I'oquateur cetle communication maritime, et Ton croyail a I'existence dun autre con- tinent plus austral, separe de TAfrique par un vasle bras de mer. Cetait la I'opinion d'Albalony, dont les Tables gtiogra])liiques furent composeos dans le xn' sie- cle, ct ce fut aussi cello de Massoudi. Ce dernier voyageur sujiposait une communication entro la mer Noire et la Ballique, el il en supposait line autre entro la mer Noire el la mer Caspicnne, ou plulot entre le Tanais et Ic Volga, dont los lils so rap- procbent vers le 49* degr6. Ptolom^e crut que la cole orientale d'Afrique tour- nait vers Test, a quelquos degres au sud de I'equalcur, et il regardait la mer des Indes comme une mer inte- rieure, qui allail se joindrc, vers son extremity orien- tale, aux eaux de I'Ocean , dont la lerre est cnvi- ronnee. Nous passerons sous silence dans colte analyse les fables et les r(!'cils invraisemblables que les sectateurs de Boudda et de Bramab avaiont adoptes sur la cos- mogonie el sur lo nombre dos cioux donl ils compo- saient leur empyree ; nous n'avons pas non ])bis a { 16 ) nous occuper ici des opinions consignees clans les Hmi'S sanscrits, sur le culte des t-lenienls, des astres et des g^nies qui constituent les forces de la nature, Bornons-nous, dans colic appiecialion geographique, aux remarques et aux fails qui lendenl a nous faire mieux connaitre les progres desOrientaux dans I'^tude de la lerre, progris qui donnerent cnlin une base plus solide a celle parlie tie nos connaissances. C'esl surlout dans les voyages et dans les expeditions du commerce que nous avons a cherclier ce genre d'instruclion. D^s les temps les plus anciens il s'elait ouverl des relations par caravanes entre la Chine et les conlrees occidentales d'Asie. Les Perses parlaienl du Khorassan et s'avancaient au-dela de I'Oxus : les Romains pas- salent au iiord de la mer Caspienne et to rendaient dans le pays des S^res. Les etoffes de soie qu'ils allaient y clierchcr etaicnl le principal article de leurs ^changes; el I'empiro d Orient conlinua de les rccliorclier jus- qu'au milieu du \i' siecle , ou Ton inlroduisit a Con- slanlinople I'dducalion des vers a soie, et ou Juslinien ill faire de nombreuses plantations de niuriers. Le sel ammoniac, que I'on se procurail par la meme voie , venail des contrdes situdes entre la Chine el le Khorassan : on le recueillait dans de longues vallees sl6riles et descries, d'oii s'ecliappaienl par inler\alles des feux volcaniques et des lourbillons de fum6e, et ou i'on conlinuail d'exploitcr plusieurs depots de cetle substance niincirale. Le commerce du Ihe suivail aussi cetle direction : on le recevait par la ligne de Samarkand et de Bo- chara; et quoique les Persans et les Arabes ne renon (^assent pas a leurs expeditions a travers le centre de I'Asie, ils entretenaient par mer d'autres communica- ( 1/ ) tions avec les pajs plus orienlaux. lis allaienl rcciieillir tlans les regions inaritimes ct clans les arciiipels qu'ils frequentaient les perles, I'ambre, les pierreries, I'i- voire, T^bene, les bois de senteur, le baniboii, I'aloc's. 1ft camphre, la muscatle, le girolle, le sandal, d'autres substances parfuinees. La mer Rouge, le golfe Persique et los cotes voisines ^taienl les principaux points de depart des vVrabes ot des Persans. Los Pb^nicicns avaient deja fr^quent^ ces parages; les flottes de Salomon s'\ otaient montrees, les rois grecs successeurs d'Alexandre v envoyorent ieurs navires, et Ion fit etablir des stations el des lieux d'entrepot sur dilTerents points des cotes que Ton avail a parcourir de proclie en proche. Hippalus fut le premier navigaleur qui, pour tra- verser la mer des Indes, s'abandonna aux vents pe- riodiqucs, et parvinl, sans suivre le liltoral, a se rendre de la mer Piougo au golfo do Cambaye. Dopuis re temps, les relations maritime s avec le midi de I'Asie devinrent plus regulieres et plus assur^es : les Occi- dentaux s'avancaient jusqu'a I'ile de Ceylan, ct les Chinois venaient y apporter Ieurs marcliandises et y faire Ieurs ecbanges. Les Romains firent avec avantage ce commerce; el lorsqu'il eut pass6 entre les mains des Arabes, Bassora en devint un des premiers entre- pots. Le mouvement de la navigation allait toujours en augmentant, et I'on s'accoutumait de part et d'autre a de plus longues Iraversees ; les jonques cbinoises vinrcnt jusque vers les cotes de Perse et d'Arabic, ot les Persans et les Arabes navigu^rent jusqu'a celles Ao la r.hine. Les sept mors qu'ils traversaient dans cy X. Illl.l.F.T. 11. !> ( 1-s ) \(>yn|i;e (lij long oouis (jtaionl cellos cic Mckran, au niidi flu golfe Persique ; de Larevi, ontre rinde ol les La- qucdives; d'Erkend on golfe de Bcngale; de Kaiahbar, le loDg de la presqu'ile dc Malaca ; de Kerdendi, au midi du golfe de Siam ; de Sonf, pr^s des cotes meri- dionalos de Cocliinchine; de Sandjy, dans les parages de la Chine. Le mouvenieiit alternatif des moiissons favorisait Taller et le retoui- dos navigateurs qui parcouraient I'oc^an Indien : les vents y soufTlent du sud-ouest au nord-est pendant une nioilie de I'annee, et ils souf- flent dans une direction contraire pendant les six au- tres inois. Le secours qu'ils pretaient a cctte double travers6e laisail generalement pr6lerer a la voie de terre les expeditions maiitiuies. Cependant les routes du comnaerce se rouvrirent a travers le continent vers le milieu du xni" siecle : ce fut le temps des voyages de Marco-Polo. D'autres missions poliliques, commcr- ciales ou religieuses, se succ6derent pendant les croi- sades. Les puissances chretiennes chercbaient alors a entrelenir des relations avec les Tarlares et a obtenir d'eux (|uelque diversion utile aux interels de la guerre sainle : il se melait d'ailleurs a ces relations quelques vues de proselylisnie, el Ton cberchait a convcrtir aux dogmes et a la morale de I'Evangile ces nations con- querantes et idolatres. L'analjse que nous venons de vous ollrir, et dans laquelle nous nous sommes particulierenienl attacbe aux questions qui tiennent a la gc^ograpbie, pout faire reconnaitre le nitrite du grand travail que M. Reinaud vienl lie terminer. Ln ouvrage si estimable et si in- struclif est digno d'fitre consults par tous les amis dt; la ( «<> j science qui desirent s't^claircr (lav;iiil;iti,(' sin Is prn- gres qu'elle a fails dans le moyen age. Le second volume de la traduction d'Abulft^da n'esl pas encoi'e public, et Ton doit attendre qu'il le soit, afin de rendre compte avec plus d'ensemi^le d'un mo- nument geographique si remarquable. NOTICES sua PLUSIEVRS OUVRAGES ADllESSis A LA SOCl^Tt DK ciOGRAPHlE DANS SES DERNlliBES STANCES. Un Essai statistique el politujiie sur les Elats-Utiis (V Amerique a ^(6 pidjlie recemnient par M, de Mori- neau, membre de la Socit^t^ de g^ograpbie : I'auteur, apres avoir present^ des notions gendrales sur chacun des Etats de I'Union, complete son ouvrage par vingt- sept tableaux synoptiques et analytiques de la consti- tution i'(^derale et de celle des fitats parliculiers. Ces observations el ces tableaux renlorment des documents inslructifs sur I'ancienne siluation de ces vastes contr^es, sur leurs formes de gouvcrnement depuis leur independance , sur I'accroissement pro- gressii de leur population el de leurs richesses terri- toriales et industrielles, sur les principales produc- tions de cbaque Elat, et sur les brandies de commerce qui leur sonl propres. U est a regretter que les renseignements donnt^s par I'auteur ne s'^tendent que jusque vers i'ann^e 1833. Les Ktals-l nis ont acquis depuis cette 6poque de nou- ( 20 ) veaux developpomonis : lour puissance ol lour prospe- v\\6 s'accruissenl dc jour en jour; d'autres pavs sonl enlros dans I'l nion lederalc ; nn grand nonibro d'enii- granls curopeens sc rondenl cliaquo annec aux l^itats- Lnis, et la iia\igalion el I'industrie aniericaine font journelleuienl d(>s progres : d'immenses territoires restenla defricher; Us appollcnt des cullivatenrs, leur ofl'rent d'immenses ressources, et leur ouvrent nn avenir riche d'esperances et bien propre a los encou- rager au travail. Le rapprochement qu'a tait M. de Morineau des dif- f^rentos constitutions qui r^gissent les Ltals de IT nion ol du conlrat solennel qui les attache a nn gouverne- ment central, nous montre comment la confederation americaine a pu s'accroitre ot admettre de nouveaux hials sans que ce lien liil airnihli. Chaque nouveau territoire, occtipr el mis en culture par les planteurs qui on onl lait I'acquisilion , pent elre eleve au rang d'Elat lorsque sa population viont a s'eleverau nombre de 60 000 iiabitanls, et a mesure quo los culti\atcurs s'avancent vers I'ouest et le nord-ouost, do nouveaux Ktats sont encore promis a cettc confederation qui, d'une annee a I'autre, s'agrandit el devionl plus puis- sanle. Quclque brillant que soit son avenir, il peut nean- moins s'y elever quelques nuages : la question de I'es- clavage, aboli dans les Ktats du Nord et maintenu dans ceux du Midi, peut devenir entre eux un grave sujet de dissension : on ne peut aujourd'luii quo lindiqner et faire des \ueux pour (ju olio nCntrahu' pas de cruols dechiiomenls. H — x. ( "21 l^oynge atix sources du tiio-Fnuicisco et dans la fXinnnce de Goyas. M. Auguste de Sainl-Hilaire, (jui a reside longteinps au Br^sil, vient de publler sous ce tilre la Iroisieme partie de ses voyages sur Ic liltoral et dans I'interieur de ce vaste empire. On y Irouve dc nonibreuses et in- leressanles observations sur I'itinerairo qu'il a suivi , fu partant de Rio-Janeiro, pour gagncr la cliaine de inontagnes qui s'eteiid enlre Ics sources du llio-Fran- cisco, dont le coiirs se dirige vers le nord, et cellos du Rio-Grande, qui coule vers le sud-ouest. Quoique ce voyage ait (^le fait on 1818, el qu il se soit opere , depuis trente ans, cjuelques cbangenienls dans les pays que I'auteur a parcourus, neannioins le Jond du tableau reste cncoie le memo. Cos provinces inlerieures paraissenl avoir fail peu de progres dans I'industrie, la culture el I'elal social : il leur faudrail une popidalion beaucoiq) plus iiombreuse pour niellie en valour les ricliesses leellos de lours inmicnses lor- ritoires. L'auteur, qui s esl pailiculioremcnl occupo do la flore du Bresil, a conlimio ses reclurches en ce genre : il nous fait bien cunnailre les did'eronls syslonies de vegetation qui caracterisenl chaque coiitree, ceux qui appartiennent aux niontagnes, aux cumpos, aux de- serts qu'il a tra\erses, aux riviigos dos torrents et dos cours d'eau (|u'il a ronconlros dans sos voy ages. Tous los details slalisliquos dans loscpiols I'aiili iir osl enlre s'appliquenl parlioulieronioiil a la juo\ineo de Goyaz, (|u'il a \isilee, ilu u)idi au norJ , juscju'a Villa-Boa qui en est la capitalo. Les jirecieusos notions ( 22 ) (ju'il a recueillies clans son voyage seront utiles a con- suller par tons les homnips qui s'occupent do I'liistoire el de la geograpiiie du Bresil, et qui aiment a observer et a suivre les progres et les ameliorations que cc pays peut obtenir depuis qu'il a pris rang parmi les grandes puissances du nouveau monde. Tant qu'il ^tait dans Ja di'-pendance d'une monarcbie europeenne , cette esp^ce de tutelle encbainait necessairement son essor et nuisait a sa prosperite : il pout aujourd'bui deve- lopper librement ses forces et aspirer a un florissant avenir. M. de Saint-Hilaire aurait aide ses lecteurs en joi- gnant a son ouvrage une carte des positions du Bresil qu'il a parcourues : on se rend plus aisement comple des positions que Ton a sous les yeux; mais cette re- inarque ne tou)iige (iiilonr flu monde siir la cntvelle la Bonite. Quoique le \ on age an lour du monde, ex6cut6 par M. \aillant, capitaine de vaisseau, remonte aux annees 1836 el 1837, le (Ulai de sa publication, qui n'est pas encore termin^e n'en diminue pas I'inter^t, et tous les navigateurs sont inleresses a connaitre cet ouvrage. L'Academie des sciences avail 6t6 invil(ie par M. le minislre fie la marine 6 donner a ce capitaine des in- struclioiis snr les recbercbes qu'il pourrail faire pen- dant sa circumnavigation; et MM. les comnjissaires dAsignes par rAcadcniit! s" dislribuen-nt les dilTerenls ( 2'^ ) genres de travaux dont MM. les ofllcieis de la Honitc auraient a s'occuper. Les rapports fails par chacun des rnembres de cette commission, surles resullats scientifiques deco voyago, nous montrent que le commandant de la Bonite et tous les ofTiciers places sous ses ordres se sont occup^s, avec autant de z^le que de siicces, des nonibreux tra- vaux qui leur etaient confi^s. lis ont enrichi les collec- tions zoologiques de notre Cabinet d'histoire naturelle d'un grand nombre d'individus, dont quelques uns ont 6t^ rapport^s vivants, et dont une partie constitue des esp^ces nouvelles. Ce nombre et cette vari^te s'expliquent aisement lorsque Ton songe a la diversite des climats et des lieux que In Bonite avait a parcourir pour accomplir sa mission. Cette corvette avait, en effel, a se rendre a Rio-de-Janeiro, a reml)ouchure de la Plata, a Val- paraiso, dans plusieurs ports du P^rou , sur les coles du Mexique et de la Californie, aux lies Sandwich, a Manille, en Chine, dans la presqu'ile de Malacca, sur les coles de i'lnde, dans I'ile de Bourbon, an cap de Bonne-Esp^rance et a Sainte-H6l6ne, d'ou elle devait revenir en France. Son voyage avait dure six cent trente et un jours; el quoique son Equipage n'eut eu que cent cinquante et un jours de relache, il les avait si bien mis a profit qu'il avait recueilli dans chaque pays toutes les notions qu'il 6tait a portee d'obtenir. II avait saisi I'occasion d'acheter en diff^rents lieux des recueils d'histoire naturelle qui pouvaient aider a remplir les vides de nos propres collections. De nombreuses etudes ont 6te faites sur la physique du globe, la temperature de la terre a differenles pro- iondeurs, la m^leorologie , le magn^tisme terreslre : tl'itulres I'otil (ilo sur la bolanique. On a recueilli de riches lierbiors, sur Icsquels on compte plus de douze cents especes de plantcs nouvclles : des liges , des frnils, des t^raines, onl ete rapporl«^es, et Ton a pu faire differents essais d'accllmatalion. Plusieurs cartes nouvelles onl ei& dressees, et Ton a fait un grand nombre de dessins, propres a faire con- naitre les dilT^rents sites do chaque contree, les cos- tumes, les usages, les traits des habitants. La niinuralogie et la geologic ont ete I'objet d'uiie etude speciale, et les acquisitions, les recherches que I'on a faites ne peuventqu'ajouter de nouvelles lumit'jres a celles qu'on a doja oblenues sur la constitution du globe. Nous n'aurions rappele qu'uno partie des Iravaux do M. le capitaine \ aillaut et de son etat-major, si nous passions sous silence ceux qui liennent specia- lement a la navigation, ceux qui ont ou pour ohjet la direction du navire, les moyens de r(§sistcr aux cou[)s de vent et aux lempetes, les reconnaissances I'aites pom- signaler les ecueils indiques par quelqucs autres navi- gateurs, uiais fixes sur les cartes avec peu de precision. Aucune question h\drographiqi;e n'a ete negligee par les olliciers dc /a Bonitc ; ils ont fait en iner, coniuic sur le littoral, toutes les observations aslronomiques, ou physiques, ou uieteorologiquos, qui pouvaient ollrir quelque interet. On doil kur en sa\oir d'aulanl ])lus de gre ([uc la cor\ettc la lloiiilc n'avait d'abord etc chargee que (b; transporter a lour destination plu- sieurs consuls francais, nonmies pour r(5sider dans dilFerenles conlrees de I'Atlantique et du grand Ocean. Mais le dej^ar lenient de la marine a\ait un trop grand nombre d'oHiciers, dislingucs par Icur savoir, pour ne ( 25 ) pas leur conlerer une mission scientilique, el pour ne pas chercher a accroitre par leur cooperation les con- naissances que nous avons deja recueillies sur les dif- f^rentes parties du globe que nous liabitons. R-x. Ciiviiiiiiun'l^dtion dc la fvegnte rArtemise. M. le capilaine Laplace, qui avait fait en 1830 un voyage autour du monde, I'ut charge huit ans apres de revoir les parages qu'il avait parcourus, d'y proteger les interets de notre commerce et de nos nationaux, de tuuclior, durant sa navigation, aux dilT(^rents points des continents et des lies qu'il n'avait pas encore vi- siles, et d'y faire, dans I'interet des sciences, toules les observations qui pourraienl en etendre les pro- gres. Le volume de sou voyage que nous avons sous les yeux s'applique aux pa\s que i'auleur a explores de- puis son depart de Mascale jusqu'au moment oil il quiltail I'ile de Java, pour naviguer vers les meis au- strales. La fregale rJrteinise se dirigea de Mascale sur Ceylan, en passant enlre I'arcbipel des Maldives et cclui des Lakedives; elle mouilla ensuite a Pondi- chery, a Madras, lra\ersa le goU'e de Bengale, el se du-igea vers Poulo-Pinang, ile occuj)ee par les Anglais, et voisine de la cote dc Malacca. En coloyant une partie des rivagcb do I'empire bir- man, I'auleur a recueilli un grand nombre de docu- ments sur riiistoire de ce pays, sur les revolutions et les vicisbiludes rfu'ont eprouvees les ihals \oisins, sur ( 26 ) I'agrandissemenl de la puissnnco el du commerce de TAnglelerre depiiis la conquele qu'elle a faite d'une partie de cet empire. La possession de Poulo-Pinang a d'autant plus d'im- poilancc pour Ics Anglais, quils ont egalemenl acquis surle littoral voisin de cettc ile une province de trentc lieues do longueur sur dix do largeur, et qu'ils v ont des plantations do muscadiers, d'indigotiers, et d'au- tres arbros ou arhrisseaux qui ne croissaienl sponta- nement que dans les possessions hollandaisos. M. Laplace, apres avoir visits les beaux 6tal)lisse- ments de i'Angleterre situes a Sinkapour, a I'extremite de la presqu'lle de Malacca, entra dans les mors de la Chine, et se dirigea vers File do [.ncf)n. Lo sejour qu'il fit dans le port do Manille lui permit de completer les documents qu'il avait riej^ recueillis liuit ans aupara- vatit sur I'arcliipei des Philipj)iiios, sur son gouvenic- inont, ses ressources , son commerce , sur le prix que I'Espagne doit attacher a conserver de si importantes possessions. La fregate rArtcmise se rendit ensuite de Manille a Canton , et M, Laplace mit ^galement a profit sa sta- tion dans ce port pour y faire de nouvolles rocherches sur la situation industrielle de celte place, qui est le principal entrepot du commerce de la Chine avec les autres nations. On doit metlre au nombre des prin- cipaux renseignemenls qu'il recueillil a Canton ceux qui sont relalil's a la fabrication de la laque et aux pro- c6d^s dcmt on (ait usage pour I'appliquer a dilTc'-ronls meubles de luxe el d'ornement. Des pcintures de moeurs succ^dent aux tableaux de counnercc et d'industric que I'autcur a mis sous nos yeux : il s'engagc ensuite dans les changcmenls qu'a ( --^7 ) eprouv^s la situation politique du celeste empire de- puis les discussions et les hostililes survenues entre lui et le gouvernement biitannique; il cherche a en prevoir les consequences, a en calculer les inconve- nients ou les avantages. Ce que Ton peul prevoir de tous ces t^venements , c'est que la Chine commence a sorlir de risolement ou elle s'lissements dans les mers orientales, les Hollandais, les Espagnols, et les Anglais surtout, ont deja I'ait de nomhreux efiorls pour alTaiblir et d^truire ces for- bans; quelques uns des plus redoutables ont et^ ex- terinines; on continue, chaque annee, de leur donner la chasse , et la security deviont plus grande dans les mers et dans les dditroits de ces arcbipels qu'ils avaient longtemps infest^s. Depuis que la guerre et les traites ont rendu plus accessil)les quelques ports de la Chine, on remarque dans I'induslrie de leurs habitants plusieurs amelio- rations sensibk'S. lis commencent a adojiler quelques ( '^8 ) procedes uieciiniqiios ties inanuFactures europeennes; ils les prercrenl a Icurs ancicns indtlcrs, et ils en re- connaissenl la superiorile. Nous-rniime.s nous pouvons nous enrichirde plusieurs procedes dc leur Industrie : ce sont des echanges de services mutucis, qui lendenl a donner une nouvelle impulsion aux progres des so- cietes humaines. Les constructions navales des Chinois doivoiil aussi participer aux changements et aux perrectionnemenls de leur Industrie : s'ils se sonl homes a suivre un usage immemorial dans la forme donnee a lours navires, sans doute ils la trouvaient micux adaptee aux parages marilimcs cju'ils frequentaient habituellemenl; mais en (iteudaut plus loin leur navigation, ils pourront re- connailre la necessilc^ d'adopter des formes nouvelles qui puissciil lour odVir a la fois plus de solidity dans la construction et plus de celerity dans la marche. En se rondant des iles Philippines a Batavia, M. le capitaine Laplace recueille d'aulres ohservations tres instruclives sur I'archipol Solo et sur dillerenls points de la grande ile de IJorneo, qui offre un vasle champ au commerce des puissances maritimos, et qui entic- tient dt^ja des relations nomhreuses av(>c les Hollan- dais, maitres de Java et dos Moluques. La puissance des Hollandais dans ces parages re- monte au milieu du xvi'^ siticlo. Batavia devint le chef- lieu de leurs 6tablissemenls : la prosperilc n'en a pas toujouis (ile la momc ; mais grace aux efforts dc la melropolo et au zole constant de la Compagnie des Indes et ensuite du gouverncmenl luimeme, ces pos- sessions eloign^es se irouvenl aujourd'hui dans une situation florissanto. La Ilollande a soumis a sa do- jninalion une parlio do I'ile de Sumatra, des Molu- ( 2^^ ) fjnes, ilo Celt'ljos, de Timor, de Gilolo ; son commerce sV'tend encore dans los archipels voisins de la Non- veile-Guindo, ot les soins que donne la melropole aux tlorissantes colonies qui kii apparliennent so sont en- core multiplies de])uis la separation de la HoUande ct de la Belgique : sa bonne administration est venue lui assurer uno compensation de ses pertes. L'auteur nous offrc d'interessants details sm- le gou- vernement de Batavia, sur les mojurs el les usages des habitants, sur la ricliesse du pays, sa culture, ses pro- ductions; et c'est apres avoir complete ses observations sur I'ile de Java qu'il gagne le detroit de la Sonde, le francbit, et va poursuivre sa navigation vers les terres australes. Dans tout le cours du voyage dont nous venons it'of- frir I'analyse, l'auteur s'esl particulierement attache a tout ce qui pouvalt int(^resser le commerce el la puissance maritime de la France; il a constamment sa patrie devant les yeux , et Ton retrouve a la Fois dans son ouvrage le bon citoycn , I'habile observaleur, le marin ex[)eriinente. R -\. NOTICE SUR UN OUVRAGE DE M. ISIDORE HEDDE, iNTiTUi,i5 Description nielhndifiiic de pvodiiits divers reciieillis dans lui voyage en Chine, de \M'^ a l8/i(i. Messieurs , Vous avcz eu sous les yeux, le 30 avril de I'annee derni^re, un Uapport de voire Commission sur les ser- vices rendus au commerce et a I'induslrie par los de- ( :'CIE.\NE G^OGnAPHIE HISTOMQLE DES PAYS VOISINS DE LA iWiiUITliRnAiViE ; I'ai M liOlX Di; ItUCIIICI.Li: La Gr^ce reconnul tie bonne lieure, el dans ses pro- pres domaines, I'avanlage de passer d'un territoire k I'autre en cotoyanl ses rivages. Ses fronli^res mari- times sont lellement sinueuses, d6coup6es, formees d'une longiie suite d'angles saillants el renlrants, de promontoiros avances, de bales profondes et p6n6- tranl dans Ics terres, que la iner qui les environne et que I'on retrouve partout abridge la fatigue do Ics par- courir par un voyage de terre. ou les communications dii'eclcs soralent souvent interi'ompues par les eaux. Mais quelles tMaient les facilil^s dont pouvait alors s'aider la navigation iles Grecs? Cette question a sans donte quelque interet, et nous ne devons point la passer sous silence, puisque i'art de navigucr est de- venu pour la geographic nn dcs principaux moyens de pcrreclionnemont. r.ha(|uo contrcc n'a eu d'abord de navigation que sur les dcuves dont elle est arros^e. Les riverains, en vovanl flollcr sur Ics eaux quelques bois abatlus , furciil iialuriUcuii'iil ((iiiduits ;'i y cliercher un sou- ticii , dans Icur piopic uaUilldii , uii viMiiculc pour y supplecr; ils lircnt dcs ladeaux ct dcs |)iiogucs pour vogui r sur nn IIcum-, pour \v liavcrscr, en dcsccndre Ic cours : les premieres bar([ues n'avaienl de largcur ((uc ( ^i' ) r^paisseur iu6me dii troiic d'arbre oi'i on Ips avail cieu- s6es ; leur longueur aidait a leur legerete : I'arl vint ensuile. commo de lui-meme, au secours des naviga- teurs : le besoin est le premier cr^ateur de I'industrie : on appril a diriger ses esquifs par un aviron , a leur donner phis d'impidsion par des rames, a leur adapter un mat, une voilr, pour emprunterle secours du vent, lorsqu'il etait devenu favorable. Ces moyens aid^rent quelquefois a remonter les fleuves. On navigua encore plus aisement sur des bassins Iranquilles , et I'on en vint ensuite a se diriger le long des cotes de la mer, sans toutefois les perdre de \ue, et sans se priver de la facility de dt^barquer, lorsque le temps devenait orageux et qu'on etail menace d'une tempete. L'exp^rience apprenait a perfcctionner la construc- tion des navires; on sentait la n^cessitd; de les elargir, de les agrandir, pour lenler une navigation plus as- sur6e. On leur donna bientot une forme plus large, plus arrondie, pour empecber qu'ils ne chavirassent. mais cette largeur nuisait a leur c^l^rit^, et en obser- vant de plus pres les avantages que donnail aux pois- sons une forme plus allong^e, on se regla plus ou moins sur ce module : leur queue avail donne I'id^e des avirons, leurs nageoires avaient donn^ celle des rarnes. C'etail ainsi, en consultant la nature meme , qu'on avail imagind; les moyens de perfcctionner I'art de la navigation. Tous ces premiers essais onl ete renouvel^s dans la suite; mais nous n'avons pas encore a nous occuper ici de ces grandes ameliorations : elles furenl I'ouvrage des siecles, que nous allons conlinuer a parcourir. Kxaminons avant tout ic premier usage que les an- ciens peuples voisins du Ponl-Euxin et de la mer Egee ( 40) firent da Jem- n;i\ii:;itii)u pour liansporter des colonies sur Irs diflorents rivages ou les essaiins do leur popu- lation allaient s'etablir. La navigation des Argonaulescominandes par Jason, pom- aller a la conquete de la Toisoii-d'Or, est la plus cclebie cxpt;dition uiariliaie dent les annales de la Grece nous aient conserve le souvenir. Pc'lias, roi dc Tliessalie el oncle de Jason , avail fait embarquor lo jeuue prince pour accomplir cette p^rillcuse entre- jiiiso, a laquelle se trouvaient associt^s Ilcrcule, Castor et Pollux, Oipli6e et d'autres illustres personnages de la Grece. liercule les quilta vers Tile de Lemnos, les autrns poursuivirent leur navigation de rivage en ri- vago, loucberenl aux cotes de Billiyuie, et franchirent la Piopontidc, le Eospliore, le dangereux passage des lies Cyanees qui , souvent battues par la violence d(>s vagues, seniblainit tour a lour s'6loignerct se hcurler. Les Argonautes se dirigerent ensuite \ers rOrient, Ic long des rives meridionalcs du Pont Euxin, et ils arri- verent en Colchide, ou regnait Aetes, pere de Medee. l.a Toison d'Or qu'ils voulaient cnlever etait gard^e par des dragons et ])ar des taurcaux, doiit les naseaux lancaient des flamnios. sil faut en croire les poetes. II I'allail d'abord vaincre ces monstres; mais MeJee , lille du loi do Colchide, parvint a les endormir par ses breuvages et son ai t magiquc : olle favorisa I'enlove- meut de la Toisou-dOr, et s'etant eprise d'auiour pour Jason, elle s'enfuit de Colclios avec son ravisseur, re- gagna a Iravers le Pont-Euxin les cotes orientales de la Tlirace et liiiil ses jours en Grece. Si Ton dopouille cette expetlition du fabuieux pres- tige donl les jioetes I'ont entourcc, on croil v rctrouvcr ( Ai } le souvenir iruiio grancle ontiepiise couunerciale qui avail elt^ formee pour cxtraiic dc la Colcliide les belles laines de ses troupcaux, ct nieme pour transportrr en Grece la race des moutons qui en sout couverts : pre- cieuse ricliesse que le roi de Colchide regardait comme un tr«isor utile a conserver, Les avenlures rnelecs a celte exp«^dition nous offrent une vive peintiirc des violences qui caraclerisent un siecle de piraterie, oil Ton debarquait pour piller, oil Ton enlevait des fillcs de rois, oil Ton provoquait la guerre par des brigandages. Ges evenements se passaient Irenle ans avant la se- conde guerre de Troie, qui I'lil egalement causee par le ravissement d'H^lene et par I'union des princes de la Grece, que Menelas sut associer a sa vengeance. L'expedition des Argonautes, quoique obscurcie et dt^naturee jiar des fables, merite jiarticulieremenl d'etre rcmarqu^e : ellc fit mieux connailre le Ponl- Euxin et une parlie de ses rivagos : elle ouvrit ces regions a quelques entieprises de commerce ct d'e- change. Cc iut d'ailleurs I'epoque oil Orpli^e cher- cliait , par ses liyiiines melodioux , a civiliser les peuples de la Tbrace, oii ces accents poetiques pene- traient jusqu'aux enfers, oil I'oracle des cbfines de Dodone cominencait a predire les grandes destinees promises a li Grece. Les accents de celte voix, qui seniblait einaner de leur ecorce meine , s'etaient fait egalement entendre sur le navire Aigo, et comme il avait ete conslruit d'arbros coupes dans la foret dc Dodone, on suj)posait qu'il avail conserve laverlu pro-' pbetique. Les imaginations , IVappees de ces riives brillants, n'elaient pas sans inlluence sur I'avenir, ot i li'^ ) cv que Toil regardait cominc uu presage , coniino mi arret du ciel, tenilail a se realiser. Les diff^rcnts peuples de la Grece avaienl df^ja re- coinmcnce a s'unii- jilus etroitemeiit |)ar la comiiui- naute du langage : les dialoctes eiilro lesqiiels se partapoait huir idioine ne difleraient les uns des au- tres que par quclques iormes accidentelles , et les chants d'Orph^e et de ses successeurs lendaient a fixer cette langue harmonieuse, que le premier de nos poelos ej)iqiies allail consacrer aux lieros de la guerre i\c Troie, et qui devail retenlir, de generation en ge- neration, jusqu'a la derniere posterite. Quoique les Grecs de ces temps eloignes ne fussent pas entieremcnt sortis de la barbaric, ils etaient nean moins tres superieurs aux peuples qui occu|.aient les regions occiilentales et septentri(males de I Europe : ils entraienl dans I'ordre social, ils avaient des demeures fixes, et se livraient aux Iravaux de I'agriculture, tandis qu'un grand nombre de tribus errantes avec leurs troupeaux conservaient leur vie nomade , et s'atta- chaient a un syslime d'indcpendance absolue qui ne faisait que les isoler el qui leur olait tout moyon, tout espoir de s'enlre-secourir, quand des peuples plus avanc^s viendraient les attaqucr en detail , et vaincre tour a tour leurs hordes dispersdes. Les deux plus c^lebres poemes des temps anciens, rUiade el I'Odysscie, sont aussi les monuments les plus remarquaiiles de r(3lat ou se liouvait la geographie a I'epoque de la guerre de Troie, et surtout a celle oil vivait Hom^re. Le grand poele avait recueilli loutes les connaissances de son siecle, il avait voyage dans une ( 43 ) partie ties regions qu'il avait d^crites, et il se procura SLir toutes les autres les relations qui lui parurent les plus certaines. Cos considerations nous onl engage a consulter dif- terenls ouvrages propres a ccrtilier le luerite des des- criptions geograpliiques d'Honiere, non siulement sur la Troade , mais sur los diflerentes contr^es tl'ou les heros de cette guerre etaient parlis, et sur celles qu'U- lysse etd'autres guerriers cel^bres avaient parcourues, les uns pour retourner dans leur patrie, les autres pour chercher a s'^tablir sur (lillerents rivages. Si dans les descriptions poeliques qu'Orphee, Ho- mere, Hesiode nous onl laiss6es des regions que Ton connaissait alors, il s'est mele des traits d imagination et si la verile y est accomjiagnee de (juelques fables, une saine critique peut en falre le discevnement, et profiter des lumi^res repandues sur ce tableau des connaissances bumaines. Si vous rassemblez les descriptions qui se trouvent dispersees dans diirerenles parties de I'lliade , vous pouvez aiseinent recomposer la geograpbie de la Grece et celle des contrees occidentales de I'Asie mineure : consultez surtoul les donombrements des principaux peoples de la Gr^ce et de leurs allies, et ceux des na- tions asiatiques (jul vini^ent au secours de Priam. Ce ue sont pas de simples populations qui vous passent sous les yeux ; vous reconnaisse/ leurs mceurs, leur maniere de vivre , los ressources de leur pays, les ri- cbesses de leur commerce, I'etat de leur navigation ; et ces monuments bistoriques et g^ograpbiques vous paraissent d'autant plus precieux , (|u'il ne vous est parvenu jusqu'a ce moment aucun document plus ( A4 ) anclon, ot ijiiils n'oiil etc controtliis par aucunc lia- dilion plus inodcrnc Cest de celte manierc que Ton aime a recueillir des connaissances geograpliiquos , elles n'onl aucune so- cheresse, quand ollessc Irouvcnt fondues dans le corps d'un ouvrago : ellcs doviennont les auxiliaires de I'liis- toire; clles mdlenf plus d'instruclion a la poesie, et la languc des dieux trouve encore a s'enricUir des bcaut^s de la nature, de la ricliesse ct de la variete de ses pro- ductions. Les voyages d'lllysse, tels qu'Homfere les a retraces dans I'Odyssce, nous font connaitrc quelles etaient alors les connaissances geograpliiques des Grecs. Les vaisseaux d'Llysse furent d'abord jet6s sur les cotes des Ciconiens, peuples de la Tlirace , qui furent pllles par ses troupes. Le vent du nord les porta cnsuite jusqu'au cap Malee qu'ils doublerent , et ils furent jetos par I'orage sur les cotes d'AlVique habitues par les Lolopliages. De la ils gagnerent les cotes de Sicilc, ou se trouvaient les Cyclopes; les lies d'Eole, arcliipel situ6 au nord do la Sicile ; le pays des Lestrigons , contree d'ltalie , au nord de Baya ; I'lle de Circ6 , dent le nom se retrouve encore dans le monte Circello. La descentc d'Ulysse aux enfers cut lieu sur le continent voisin , oil Llysse visita les liabitations souterraincs d'un ancien jieuple et les vastes cimotieros oil so d(^posaient les morts : il traversa I'Acheron, dont Carou dtait naulonier, vit les cliamps brides par des feux volcaniques, les riclics canipagnes connuns sous le noni de Cbamps-lilysiens, ot apres cc voyage, oii la sibylle lui scrvit de guide, il ( hh ) se rembarqua pour regsgner Ithaque; il gagna Tile des Syrfenes, siluee au nonl tie la Sicile , re\il los iles d'Eolie , traversa le delroit de Carybdo et Scylla, dc- barqua dans I'lle d'Ogjgio ou Calypso le retint long- temps , alleignil I'ile des Plu'-aciens ct terniina ses voyages a Itbaque. D'anciennes ti'adilions ajoulent a ce r^cit des pre- miers voyages d'ljlysse, qu'apres avoir regne quelques anni^es, il remit a son fds Tel(^maquc I'autoritd! su- preme, et qu'il entreprit d'autres voyages dans le bassin occidental dc la JMediterranee et jusque dans I'Ocean, ou il suivil les cotos de I'Europe : on lui altribue la fondation de Lisbonne, et Ton suppose qu'il remonla vers le nord jusqu'a Temboucbure du Ubin; niais ce sont de simples bypolbeses dont rien ne prouve la realile. La plupart des recits geograpbiquos d'Honi^re ont 616 confirm6s par les poetes et les bisloriens qui I'ont suivi. et Ton a pu en demelcr la verity a Iravcrs les fictions et les allegories, dont ils avaient ele enibellis par sa feconde imagination. Je crois pouvoir m'expliquer la cause de ce melange d'erreurs et de verit^s qui se relrouve dans les ou- viages po^tiques les plus anciens. II n'y a pas d'ou- vrage de g^nie sans inspiration , et les poetes tcndent a Iranchir les bornes de la nature, et a se placer dans un monile id^al , ou tous les objels leur apparaissent plus majestueux et plus grands. L'bistoire a recu d'eux ses premieres alterations. Elle a divinise les bommes qui s'etaient le plus eleves au-dessus de lours contem- porains, par leurs vorlus ou leurs bieiit'aiis, ct'ux qui avaient merilc I'amour du genre bumain, ceux niemo qui lui avaient inspire le plus ile crainte : oUo a sous- trait a I'einpirc de la inoit I'esjjiit dc ros Otros |)rivl- logi^s ; los ims sc sont 6]ov6s an cid , d'aulros sont resles sur la Icrio, d'aiilres onl ott^ rt-jetes dans la pio- fondcur do ses abtnips, d'autres enfin out subi dlverses transformations : ils nous out accompagn^s et ont exerc6 quelque influence sur nos destinies. De la les dogmes du polytheisme , retaldisscment de ses croyances , Ic partage et la distribution de I'autorild entre cos 6tr(^s superienrs, dont la credulilo des peu- ples a longtemps fait dcs iminoilols. Ces systemes une fois 6tal)lis se sont confirines dans ropinion des hommes : le gj^nie Its avait invenlc^s et il les rendil populaires. Si I'Olympe des Grccs nc fut pas une citation d'llomere, du nioins ce poete Torganisa, le perfectionna, r^gla les allribntions do cbaque (li\i- riite, et Icur assigna quatorze siicles de duroo, jusqu'a i'(^poque ou les oracles sc turent el ou le roi ile I'uni- vers regna sans partage. Les premiers temps de riiisloire ancionne ont ni~ cessairemcnl 6te denatures par do semblablcs apo- theoses, ct il devient diificile de disccriier, a tra- vers tanl de relations obscures la fable el la v6nt6 : mais celtc confusion n'esl pas 6galement a craindre dans les descriptions et les lolations geographiques que les anciens nous ont laissees. Comnie (sn a 6l6 souvent a port^e de los comparer a la nature mSme, qui est gen^ralemonl conslanto (ians ses operations ct dans ses formes, on a pu aisomenl reconnaltrc dill'i^- renlos erreurs et les reclilior. H^siode parlageail los id^es d'llomere sur la forme du monde; il le croyait enloure du grand fleuve de rOcean. Le soleil sortail tons los jours ilii soin des ( A7 ) Hols pour eclaircr lo moiicic : il se rf jilongealt le soir dans les eauxde I'Occ^an, el les pliilosophes nc s'accor- daient pas entre eux sur la route qn'il suivait pour reparallre le lendemain a I'liorizon. Les contrees de la terre n'etaient ([u'lmparfailemenl connues : les notions de la geographic se hornaient au bassin oriental de la M6dilerranee et des mers in- tdrieures qui sont en communication avec elie. Ces notions etaient plus etendues et moins erronees 300 ansapres Homere (600 av, J.-C). Thal^s, fonda- teur de I'^cole de Milet, regardait la lerre comme une sphere qui tournait autour de son axe en s'inclinanl sur I'horizon; le soleil en passant d'un tropique a I'autre causait la dilTerence des saisons, et la terre ac- complissait sa revolution diurne 365 fois par annee. Herodote s'occupa moins de ces notions g^nerales que de I'etude des contrees qu'il avait \isitees : il avail voyage en Gr^ce , dans I'Asie mineure, en Syrie, en Egypte, tians le midi de I'llalie, et il avait cbercliedes renseignements sur les autres regions qui etaient alors connues ; niais ces dernieres notions etaient necessai- rement incompletes et souvent I'autives. On placait dans les contrees inconnues differentes classes de monslres dont quelques traits appartenaient a la race humaine, des pygmees, des satyres, des hommes ayanl la tete dans la ])oitrine, des arimaspes n'ayant qu'un ceil : on etendait de profondes tenebres sur plusieurs contrees terrestres ou marilimes , regard^es alors comme impen^trables. Les Cimm6riens al'ouesl, les Hyperhoreens vers le nord ne voyaient pas la lumiere du jour, soil qu'iis babitassenl encore des antres , des cavernes obscures , comme I'avaient fait les premiers hommes , soil qu'iis fussont enloures d'une atino- {48 ) sphere ohscurcii^ par des I)rouillards ou d'lin clul nii- l)ulcLix ct charge do loini)L'los, soil que rcnfancc do la navigalion rcndil plus difTicdo loiilc couimunication avec leurs rivagcs. Sous le I'L'giie de Darius, Scylax, qui I'avail accom- pagne dans I'lndo, ful charg6 do lairc la reconnaissance dos cotes niarilimes de I'Asic, depuis I'ombouchure de rindus, et, apros en avoir visile les parages, il gagna le bassin de la mer Rouge; Nechos (it pailir de cetlc nicr une expedition qui suivit les cotes d'Afrique, et Ton dit qu'il renlia dans la Medilerrant^e par les colounes d'Hercule; inais on pout doulcr de la realile de ce p^- riplo, dont il ne nous est reste dans Ihistoire aucune preuve irrecusable. Les Carthaginois , qui 6taicnt une colonic pheni- cienne, et qui, a rexeinple de leur uielropolc, etendi- renl au loin kur navigation, tcntercnl plusieurs expe- ditions dans rOcean. Ln de leurs voyages les plus remarqiialjjes les conduisit le long des coles d'Europo jusqu'aux lies Cassilerides , situ(^es au sud-oucst do I'Anglelerre : une autre expedition, dont Hannon etail le chef, suivil les cotes occidentales d'Afrique el s'a- vanca jusque vers la Guinee, d'ou ellc revinl a Car- thage. NOTleli sun OUELQl'IiS VNES Dies IM.US ANCIKNNKS COLONIES CRECQVES. Les plus ancieniies colonies do la Gr6ce fureiU en- voy^es dans I'Asie mincure, i|ui n'elait separeo do ce p;i\s (juc par la I'roponli !c el la mer Kgee : riles lor- inerenl liois coniederalions , ccllis di's Iviliens, des f /49 ) loniens et des Doriens. Les villes do Smyrno, dc Miti- l^ne , de Cuines, et les lies do Lesbos et do Tenedos aj)partenaient a la premiere : les villes do Phocee , d'Erythree, de Milet, d'Ephese, de Sanios , faisaieiil parlie de la scconde; et la contederation dorienne coin- prenait Halycarnasse et quelques villes do la Carie. Parmi les colonics grecques qui fiirent envoyees siir les bords du Pont-Euxin , nous devons citer Heracl<^o, Synope, Tr^bizonde , Phasis, situecs siir les rives ine- I'idionales et orientales ; Olbia, dans la (Uiersonese Taurique; Tomes, Salmidessc , sur la cote occiden- tale. Lampsaque et Cyzique furent fondles pres de la Propontide; Perinthe , dans la Thrace; Byzance et Chalct^doine , a I'enlr^e du Bosphore; Seslos, /Egos- Potamos , dans la Chersonese; Chalcis, Amphipolis, Olynthe, Potidee, dans la Macedoine. Le nombre des colonies grecques se mulliplia biSntot sur les rives septentrionales du Ponl-Euxin. Cinime- rium, Nymphee, Panlicapee, s'eleverent dans la Cher- sonese Taurique ; Phanagoria, et d'autres villes, etaient situ6es plus a I'orient : il se forma dans I'Abkasie une autre association de colonies grecques : Dioscurias en 6tait la ville principale : d'autres cites furent elablies sur les bords du Phase. Les Cimmeriens prenaicnt aussi part a ce systeme de colonisation : les Chaldeens envoyaient en Paphla- gonie quelques essaims de population , les Chalybes en envoyaient en Iberie, et Ics Phoceons, en Colchide el en Albanie. La guerre donnait lieu quelquefois a des etablisse- nienls semblables : les uns etaient formes par le vain- quour; les aulres, par des refugirs f[ui veiKiiciil rhci-- X. jrii.i.K'i . fi. Ix { 50) clicr iin usiie; mais la plupart elaiont diis a des exiles volontaires, qui changeaienl dc sitiialion pniii- obltnir uii laeilleiir sort. Los fondalions dc colonies 6taient fr^quenles chez ies peuples ancicns : elles avaient conlribu^ a la po- pulation de la Gr6ce, a sa sociabilite, aux premiers progres des arts et de I'iuduslrie. Quand la population (I'liu pays devenait tr^s nonibreuse, il s'en d(ilachait quelques essaims qui allaient cherclier plus de bien- etre dans d'autres contrees; et la terre avail alors un si grand nouibre de deserts qu'il n'etait pas diflicile d'y former des etablissemcnts sans elrc inquiete par ies peuplades voisines. Plusieurs conlrees nouvelieuient occupies deve- naient ainsi aulanl do centres de population , el la Gr^ce, qui avail regu des colonies d'etrangers, en en- vovail c» son tour sur Ies rivages des mers qui elaient le plus a sa porlee. Les dillerenls lieux occupes par ces emigrants devenaient autanl d'enlropols pour son commerce , aulanl d'auxiliaires pour sa puissance , autanl de cilis oil sa langue elait comprise, oil ses dieux etaiem admis, oii se Irouvaient lies les interels des colonies et de la metropole. Ces origines, ces aililiatioiis, nous expliqucnl I'as- cendanl dont la Grece conliiiua de jouir dant, les dil- lerents pays ou elle avail porle ses institutions el ses lois. Elle ne ccssa pas d'entreleiiir avec eux des relations inlimes qui les faisaient parliciper a lous ses progrt^s sociaux, el qui leur permellalenl de les etendre ensuite cliez d'autres nations. De hi bienlaisanls resultuts se lirenl remarquer de bonne heure dans le bassin oriental de la Mediter- raiiee , coinme d.ins la Proponlide d le Ponl-Euxin, ( 51 ) :^ egalemenl (inverts a la iiaviL^alion lics Crocs; cl la cliaine tie ieurs ilablissemenls s'^tentlil bicntol , du noi'd au sud, depuis les Pakis-Meolides jusqu'aux rives du Nil et au littoral de I'Afrique. Cyr^ne est la plus ancienne des colonies que les Grecs etablirent sur les cotes de Libye, situ^es a I'o- rient de la grande Syrthe. Battus, son fondateur, avail quilts, 639 ans avant I'ere chretienne, I'ile de Th6ra, afflig^e de secheresse depuis plusieurs ann^es : il cher- chait en Libye un elablissement ; et I'oracle de Del- phes, qu'il etait alld consulter, lui avait d6sign6 un emplacement fertile oil s'^lev^rent les cinq villes qui firent donner a cette contr^e le nom de Pentapole. La fondation de Cyrene fut consacr^e par des cere- monies religieuses : la statue de la nyinphe qui pr6si- dait aux destinees de cette ville y fut plac^e a Tenlr^e d'une grotte mysterieuse d'ou jaillissail une source d'eau pure; on eleva pr6s de cette grotto un temple consacre a Apollon, el Ton donna une grande majeste au culte des dieux. Cyrene etendit rapidement son lerritone: elle sou- tint d'heureuses guerres contie les Libyons; mais sa tranquillite fut Iroublee par des dissensions int^rieures. Les habitants eurent rccours aux conseils de Demonax, legislaleur de Mantinee, qui redigoa pour eux des in- stitutions plus populaires; mais olios ne s'afleimirent pas; I'autorile royale y reprit son ascendant, et la dy- nastic de Battus s'y maintint pendant deux si^clcs. Le gouvernement aristocratique qui lui siicceda vit re- naltre de nouveaux troubles, a la suite desquels Aris- ton r^tablit encore la royaut^. Cette derni^re rt^vohi- tion eclata dans I'annee AOO avant I'^re cliretienne. ( 02 ) Lcs guorrcs de Cyrone ct de Caiihage avaiont eto tcr- minees dcjuiis longlomps par le devouenicnt des frcres Philones, fjui s'lilaionl geneieusement sacrifies a I'a- grandisseinent de leur patrie. Platon fut Invite par les Cyroncens a leur donner iiii code de lois; mais ils continuerenl dc a'aflaiblir par leurs dissensions : le parti le moins fori liil exile ; lcs refugies se retirerent a Alexandrie; et IHoleniee Soter, qui regnait alors en Egypte, jiarut dispose a soutenir leur cause , pour avoir la facilite de s'emparcr de la Penla|)ole. II conquit en cllet la Cyr^naique , qui fut successivement gouveruec par Ptolemee-Pliiladelphe ct Pliiscon-Evergetc, et qui fut l6guee au peuple re- main par ce dernier prince, I'an 90 avant I'ere clire- lienne. Barce etait deja devenue une ville considdrable pen dc temps apres la fondalion de Cyrfene; sa population se composait de Grecs ct de Libyens : Apollonie s'e- leva bientot dans le voisinage de la mctropole, dont elle devint le port; HesptJiris, Darnis, Ptolemais, furent successivement I'ondees, soil avant, soil apres I'occu- pation des rois d'ligypte, Cyrene continuail d'enlre- tenir de nombreuses relations jiolitiques et religicuses avec la mere patrie : les habitants lui envoyaient cha- que annec une tlieorie ou deputation sacr^e , pour lui oiTrir les premices de leurs recoltes; ils «^laient 6troi- lement lies avec les aulres colonies grecques, et le commerce qu'ils faisaienl avec I'interieur de rEtbiopie avail un entrepot babituel dans I'oasis d'Ammon. Leurs caravanes pouvaient meme p^nilrer plus au midi, el V porter les denrecs dues a la fcrlilite du sol el aux riches importations qui arrivaienl dans les dif- fereiils ports de la Pentapole. ( 5:5 ) On voyalt jnes (It C\rene et d'Apollonic de noiii- brcuses excavations faites dans Ics flancs d'linc tcr- rasse a plusleurs etages, qui conduisait aux plateaux eleves de cette region : c'otaient dcs liypogees, qui, sans doute, servaient de magasins au commerce. On y avail aussi ci'euse un grand nombre de groltes se- pulcrales, ou se d^posaient des sarcophages; et cette necropole, ou ville des morts , s'agrandissait de siecle en siecle aux deepens de cello des vivants. Des tableaux peints sur les parois d'une pavtie de ccs grottes repre- sentent des jeux funeraires. Les arts furent cultives a Cyr^ne ; la Grece les y avail Iransplantes : cette ville connut toutes les jouissances du luxe et des plaisirs; elle eut des courses de chars, des danscs, des spectacles varies, dcs festins : on y praliqua la pbilosopliie d'Epicuro et d'Aristippe, et Carneade et Eratosthenes ne purent y ramener une morale plus pure La Cyrenoique, apres avoir appartenu a I'Egypte et avoir ensuite recouvre son independance, devint enfin sous Augusle une province do rempire romain, ct fut gouvern^e par un proconsul. Avant de quitter la Grece ancieiine et une partie do ses colonies, arr^tons-nous un instant aux liommes qui contribu6rent aux progres do la geographic par leurs observations et leurs ouvrages. Les voyageurs avaicnt public des relations; les savants les compa- raient, les jugeaient, les reduisaient en systemes; et s'ils se Irompaient quelquefois dans leurs theories, on pouvait separer do I'crrour la verity, el s'cclairer en- core en ^tudiant lours ouvrages. Le regne de PIulij)pe do Macedoino, et surtoul celui ( •)/« . d'AkxaiuIre, ettnidirent les pros ) et6 un instant I'empire d'Alexandre, et le vaste heritage de ce roi a el6 ensuite paring^ entre ses premiers capi- taines, Ces variations, que Ton pent remarquer egale- ment dans les autres regions de la tcrre el aux differen- tes ^poques de I'tiistoire, monlrent que la geograpliie politique a souvent change; la scule qui soit immuable est celle qui se fonde sur les divisions physiques et naturelles de la torre, et sur la configuration et les liniiles invariables de ses diverses conlrees. Mais la connaissance de cette geogrophie ne s'est developp^e que lentement : la plupart des regions du globe n'ont d'abord cess^ d'etre ignorees que pour etre mal con- nues, et les erreurs sont devenues plus difTiciles a com- batlre que I'ignorance meme ; car elles s'appuyaient souvent de I'autorit^ d'nn grand nom et de celle d'une longue tradition. Ne soyons pas surpris de rimperfection desconnais- sancesg^ographiques de I'antiquite. Quand les peuples civilises etaient en petit nombre , ils avaienl avec les autres pays peu de communications; entoures de na- tions sauvages ou de regions inhabitf^es, ils regardaient les unes comme enncmies, les autres conime st^i-iles , et ces contrees forinaient autour des premiers empires une barriere que la guerre seule francliissait quelque- fois. Aussi tout etait vague et indelerminti dans les traditions des ancicns sur I'c^tendue des continents, sur leur forme el leurs limites, Au nord de I'Europe on ne connaissait rion au-delade la Ballique : vers I'o- rient et le nord de I'Asie, les limites de la terre etaient tracees au hasard; on ne lui croyait pas meme la moi- tio de sa iargeur actuelle. Au-dela de I'Oxus tout etait inhabite ou inconnu ; etdans la mcr des Indes on avail rarement navigue au-dela de la Taprobane. A I'orient ( 60 ) de rAlViqiie , Ics plus lonpuos navigations des anciens ne s'etiiient dtonducs quo jusqu'a Sofala : ils nc con- naissaient dans I'AUanlique que Ics ilcs Fortun^es el quclques parages des cotes voisines ; et conime ils ne s'elaient pas avanccs vers le centre de I'Afrique , re- garde par eux comme inliabitable, on ignorait I'^ten- due et les lirnites de ces regions que les anciens ont dislingu^es sous le nom g^n^ral d'Etliiopio. Les uns les croyaient bornees par I'Ocean ; d'aulres suppo- saient que leurs rivagcs meridionaux se repliaient vers I'orient , et qu'ils allaient se rapprocher par un long circuit des rives orlentales de I'Asie ; qu'ainsi la uier des Indes (Jilait une mer interieure, dont la terre em- brassait presque loule I'enceinte. Des iles nombreuses y etaient dispers^es ; mais on n'en connaissait avee exactitude ni la situation ni Tetendue, Les anciens, en nous laissanl leurs conjectures sur la forme de la terre , nous ont impose!; {'obligation de la rectifier ; et coninic la fable se melait a la verite dans la plupart de leurs descriptions, il a lallu , pour les s^parer I'une de I'autre, reconunencer partout les decouvertcs. R~x. ( <>1 ) DEIJXIEME SECTIOIV. Actes tie la Societe. EXTRAIT DES PROCES-VERIUUX DES STANCES. PntsiDF.NCF, DE M. RoUX DE RoCHEI.LE. Seance clu 21 Jui//et 18/i8. Le proems- verbal de la derni^ro sdiance est lu el adopts. MM. Jomard, Roger et Cordier, de Mauroy et Charles de Ladoucette, Cortambert, nommes president, vice- presidents, scrutalenrs et secretaire de la Society dans la derniere assemblee gi^nerale, adressent leurs remer- clmenls a la Commission cenlrale. Les Soci^tds g^ographiques de Londres et de Bom- bay envoient la suite de lours Transactions. M. Alexandre Keith Johnston, g^ographe de S. M. la reine d'Angleterre, adresse a la Soci^te les derni^res livraisons de son Physical Jtlas. M. de Morineau oflre un Essai stalislique et poli- tique qu'il vient de puhlier sur les btals-Unis d'Ame- rique, dans le but de fournir quelqu(>s elements ;'i la discussion de la future Constitution ile la France. ( <5'^ ) \1. Hoddc olfro a la Society la (losciiplion des pro- duits divers qu'il a rocuodlis pendant son vo}age en Chine. M. Roux de Roch(>lle est piie de rendre conipte de cet ouvra^e, principalemcnt sous le point de vue g^ographique. M. Jomard offre a la Societe, de la part de I'auteur, M. Augusle de Sainl-Hilaire, un exemplaire de son Voyage aux sources du Rio San-Francisco ct dans la province de Goyas ; il est pri6 de rendre conipte de cet ouvrage. Le menie membre entretient I'assemblie au sujet d'une niaison rurale qu'occupait vers le milieu du xvn° sieclc Nicolas Sanson , le cr6ateur de la science g^bgraphique en France; ce point est silu6 enlre Lo- z6re et Palaiseau ( Seine-et-Oise ). M. Jomard est par- venu , par la recherche des litres et par Texamen al- tonlif des lieux, a d^couvrir remplacenientdela maison du c6l6bre g(^ographe, el il y a Tail placer une pierre commemorative. II donnera une notice relative a I'exa- men critique des travaux de Nicolas Sanson el a la d6- couverte de son habilalion. M. le secretaire tlonne lecture de la reclamation communiquee a la Society par MM. Gabot ct Hue, au sujel des mauvais traitementsque leur ont I'ail^prouver les agents du gouvernemenl chinois pendant leur mis- sion au Thibet en I'anncie 18/|6. La note qui accom- pagne ce memoire , el qui est relative a I'organisation adminislralive de la Chine, est renvoyee au comite du Bulletin. M. Roger annonce lo retour de M. Rafi'enel a Paris. Ce voyageur, auqucl la Societe avail remis des instruc- tions, sur la demande tie M. le ministre de la marine, a renconlr6 des di(licull6s insurmontables qui ne lui ( 63 ) out pas peiiiiis de coiuimipr le grand von age d'cxplo- ration qii'il avail projele en AlVique. ODVRAGES OFFERTS A LA SOCIliTli. Seance tin 21 juillet 1848. Parle Minislie de ^ agriculture el dii commerce : Do- cuments surle commerce exlerieur, n°'ZilO a h'ih (mars et avril 1848). Par la Societe roy ale geo graph ique de Londres : Jour- nal de celle Societe , vol. XVIII , premiere partie. I'ar la Societe geographiqiie de Lombay : Transac- tions de celte Societe, de levrier a decembre 1846. ParM. Alexandre Keith Johnston : tlie Physical Atlas, 8% 9' et lO^ livr. Par M. de Morineait : Essai statistique et politique sur les Etals-Unis d'Amerique, in-4°. Par i\J. Hedde : Description methodique des produits divers recueiJlis dans un voyage en CUine; par Isidore Hedde , delegue du Ministere de I'agriculture el du commerce, de 1843 a 1846, et exposes par la Cham- bre de commerce de Saint-Etienne , aux I'rais de i'ad- ministration niunicipale de la meme ville. 1 vol. in-8. 1848. Par y. Auguste de Saint-Iiilaire : Voyage aux sources du Rio de S. -Francisco et dans la province de Goyas. Paris, 1847 el 1848. 2 vol. in-8. Par les Auteurs et Kditeurs : Resume des observa- tions recueillies en 1847 dans le bassin du Rbone, par les soins de la Cionimission bydrograpliique de Lyon. — ( 6/1 ) Bulletin special ik- rinslilutricc. Juillet, 18/iS. — An- nales do la Propagation He la Foi. Juillet, 1848. — Bulletin do la Societe g(^ologique dc France, 2' serie. Tome V (10 janvior au 6 mars 1848). — Journal asiatique , 4* seric. Tome XI (juin 1848). — l\e\ue de rOricnt ct de I'Algerio, mars 1848. — The Journal of the Indian Archipelago and Eastern Asia, Janvier et fevrier 1848. BULLETIN DK LA r r SOCIETE DE GEOGRAPHIE. AouT 18Zi8. PREMIERE SECTIOIV. AIEMOIUES, EXTRAITS, ANALYSES ET KAPPORTS. NOTES SUR LES VA-NIUNGUE ET LES MABSITI , PEOPLES DE l'aFIIIQUE ORIENTALE; Par M. ECGEIVE DE FIIOIIER VII.I.E. LliS VA-MUNGUE. II y a environ huit ans, les nations qui vivent au sud du Zembedzi se virent assaillies par les hordes noin- breuscs d'un peiiple appele Mabsiti, dont ils n'avalent jamais enlendu parler auparavant. Delruisant lout sur lour passage, ces sauvages p^nc^trerent a travers le Ku- Tonga et le Ru-Ts'iambo jusqu'au Ru-Niungue, dont ils massacrerent les habitants. Un petit nombro dc ceux-ci purent se refugier dans I'^tablissement des X. AOUT. 1, 5 OU ) Porliigais, qui n't''t;iionl pas en lorcc pour ngir, aula-- incnt que par la dofcnsivo , conlre los innonibrablcs et farouches Mahsiti (I). D'aulrcs, parmi Icsqiiels so trouvaient mcs informalenrs Dliiek et Padekliio, pour- suivis de pr^s par los envahisscurs, reussirent a passer le Zembedzi, et se sauvcrenl clifz Ics Va-Zimba , qui derneurent a queUjue distance du fleuve, au iiord-est du Ku-Niungiie ; ceux-ci los flront prisonniors, ct les vendirent aux marcbands d'esclaves de Quilimano (Kii'ilimana ou Ts'ilimana ), ou ils furcnt enibarques snr le Jose, negricr du Bresil. Cc iiavirc, poursui\i par la corvette anplaise le Lily, des sa sorlie de I'enibou- cbure du ZombiJidzi, so jola a la cote, et c'cst de ce naufragc que le batinient anglais recueillil quelques centaines d'esclaves. qui furent transporlis a I'ile Maurice el rendus a la liberty. J'cn ai interrog^ un grand nombre , et j'ai oblonu los renseignemcnts sui- vanls des deux plus inlelligcnts Va-Niungiie. Les Va-Niunguc babitcnl sur la rive droitc du fleuve Zembedzi, vis-a-vis les llols nommes Matsiriimha el Kanhnbi. La principale montagne de Icur pays est appob'^e Khiovcra. Ce tcrritoire est sous la domination des Porlugais, qui y ont une villc dont la position pa- rait, d'apres les itineraircs sulvanls, concorder avec cclle de Tele. liinemire dc la ville de Ku-Niunguc a Msena ou Senna par teire. Elapf:. Distiicis ou pays. 1'°. Massn/igano. 2«. T'l/mi. (ll VovP/. p- 7f) 1-1 no"' i'(l:ilivc ;i res liiliiis. [ *i7 ) Klajics. Distric 's uii p:ij's. Trois ou quatie hemes de tnarthe, apres avoir (luiltc Tipui, vuus ameiicnt an Luphla, endroh ou le fleuve s'est frayp, entre Ics niontayiies, uii nassafjc tlan{5cieiix pour la navigation. 3*. Bandhle. !x\ Mt.s'igogo. Dans la jounu'e, on passe la liviere ih; Muv'ira ou Muixira, qui vient du pays des Va Ts'iiimbo , et so jplt«* dans le ZeniLed/.i. h'. Mts'iramba, (5^ ...?... ( Stallon donl iiion informatenr avail oublic le nuiii , el que j'lndiquerai egalenient par uii ? dans les aiilres itine- 7^ Ma-mliitski. (D'apres un autre renseignemcnl, cet endroit est appele Dotsge et Dbtsite.) Le lendeiiiain de bonne hcuic on arrive a 8^. Msena. Itineraire de Ku-Niungue a Ms^nay>«/' ba'eau. Sl;ilioiis. Districts ou pays. 1". Msiingo, situe sur la rive gauclio clu Zeiiibeclzi, ou T'ipui, sur la rive droite. On passe devaiil Bandale. 2^ Mts'igogo. On passe devaiit Mt$ irumbu. 3«. ...?... h\ Msena. ( «8 ) Itineniiie de Mscna a Ku-I\iunguo in )fi>ioiil(uil le Zeml)e(l7.i. Statiuns. Districis ou pnys. 1". On entre dans Dolsge, situe sur la rive droite du fleuve; la navigation esl penible. 2*. ...?... 3*. On entre dans Mts'iramba (rive droite). 4'. On va coucher a I'autre extreinilei du pn\s de Mts'iinmbn. On passe la riviere de Muv'ira. 5'. On va coucher a I'extremitt!! dc Mts'igo^'o ( rive droite). 6'. liandale (sur la meme rive). 7'. On couclie en amonlde Lu-pata : c'est la qu'est la montagne elev^e nommde lamarongo. 8". Msiuigo ou T'ipui. Oil passe (levant lankangaiun , ilot reinpli J'oiseaux ; puis devant Mugatsania ou Makalsiina, siliic >ur la rive gauche du fleuve. 9'. Masangnno-pn-Mats'irika (rive droite). Matsi- rika esl I'endroit ou le Litgenia ou Luhhnia se jette dans le Zembedzi ; il s'y forme des cou- ranls et des tourbillons violents. Ires dangc- reux pour los barques. ■J0^ On couche a hialupanda (rive gauche). On passe devant Bi'uga ct MisingoJzi et devant leiii- bouchure du Lupvubue ou Ruviigue, riviere qui vient du pays des Maravi. H*. On va coucher, soil a Bambn, qui est vis-a-vis ct lout proche de h'li- I\iiiiigue, soil a h'u- Aiiins:ue memo. ( 69 ) Jc loiai suivrc ccs ilint>ruires He quelques aulrcs clonnees topograpliiques de nieme nature, que je clols a inon informateur Dliiek. Etiipcs. vf re 2^ 3^ 5°. 6^ Itineraire de Ru-Niungue /( Buiz'ia. Pisli ids ou puys. Niamingare, proclje de Ku-Niungiie. Makoski, dont le chet" s'aj)pelle Pingasatu. Ku-Tanda. Iniabago, district du Barue , arrose par la ri- viere de K a //I bare. Lupiri. Rhiridze. Biirz'ia, pays inontagneux, abondanl en trou- peaux. Le roi s'appelle Gutu-lsikala (1). Itineraire de Ru-Niungue a Uniaina. Maroa, district de Barue. Ts'ipfunie, id. Ru-Niamanda, autre district de Barue, ou resi- dait un enchanteur celebre et v^nere , qui avail la faculty de vivre sans manger et de se rajeunir a volenti, quoiqu'il se montrat or- dinairement sous la figure d'un vieillard a cheveux blancs. Personne n'osait entrer dans la demeure de Buia (le grand p5re, c'^tait (i) Voici un specimen ile la Ian{;up du Bi'n/.'i.i : 2'. 3«. Soleil, luliua. Huniine, muliimc. Fonntie, inuknzi. I'eie, tstiuu. Mere, aniiii. M.uson tniiiuinlm. Lune, muthi. Uoriiiir, kul'inda. Millet, iniipfiiiuli. Espece lie liaiicots, iiiialuiin. ' lispeee il'aiai liis, n'litti). Kspere lie Vdaml^ci.i, tiiobrciiihi. ( "0 ) son iioui), dans la crahitc du leopard d d'une quantite de serpents, qui (ilaienl Ics servitcurs tlu magicien. On le voyait jiarlois chutier rudomcnt ces redoulahlcs aniinaux quand ils n'obeissaicnt pas a ses ordres. Bi'na recevail dcs presents considerables des chefs voisins, et le roi de Banie avail pour lui les plus grands ^gards ; il 6tait sans cessc con- sult6 par ces chefs, et Ton avail loujours re- cours a sa science pour faire lomber la pluie. i^ Pu(^huerTga, oii Ton voil un 6tang qu'habite une tortue a lete rouge, que les habitants consi- derent comme sacr6c. 5*^. Lessa, dont le roi s'appelle Kalcrcrc. La rivic're de Kaveretzi separe ce pays de celui dc 6'. L-Niania, ires abondant en bcstiaux, ainsi que son nom I'indique. Les Va-Niungiie admeltent I'existoncc d'un Eire in- visible qui regit la nature a la fa^on dont lours chefs gouvernent leur Iribu; mais ce dogme , dont ils n'ont du rcste qu'une id^c obscure, ne parait avoir aucunc influence directe sur leurs actions. L'exislcnce du mauvais principc est bien plusgeneralement comprise choz eux , el leur croyance a ce sujel sc manifesle par une fouie d'aclcs supcrstitieux; on peul dire que le cullc du Demon est le seul qu'ils connaissenl, car c'est la crainte seule du mal qui les inspire a obeir aux in- nombrables prohibitions , aux abstinences peniblcs dont je cilerai quclqucs cxemples dans Ic cours de celte note. Les traditions Niimgue relatives a la creation de I'honimc onl bcaucoup d'analogie avec celles que con- ( -I ) servent Ics aulres peuples de I'AlViqno oricntale. On reconnalt dans cos antiques el neiives legendes les lam- beaux d'une tradition primitive uiutilee ou iravestie par des narrateurs barliares, mais dont I'oriiijine se lie intimement a celle des recils bibliquos. J'en citerai une que j'ai recueillie presque texluellcmenl : « Les Va-Nifingiie racontent que Dieu ayantcr^e un homme et unefemme, les conduisit dans un beau jardin plante d'arbres a fleurs odorantes et a fruits ex- quis. Dieu leur dit : « Cette lerre est a vous, mangez de tout ce qu'elle prodnira, mais gardez-vous de cueillir le fruit de cet arbre-ci ; c'est un fruit qui ni'est re- serv(^. Et , afin que par m^garde vous n'y loucbiez , je depose a« pied de I'arbre une marmite couverle a laquelie vousnedevez pasnon plus toucber. » L'liomme el la femme vecurenl quelque lemps au sein d'un con- tenli'Uientsans borncs. Mais unjour, ceile-ci fut tour- mentee du desir de savoir si la marmite renfermail ^alfWl^ 9^(1' 1-1 • ■ ■!■■■ 1- rr-Ti,„ -TTi _ ^9Rii-aRiioiij;u<:; Kubitda mu )ii«-.M[)Oi!{;ii(; ; D/iul,n/i mil ii/d-Makot.'i ; Kdhittlu Maliotn , Diiiili ua l!;iii{;o-trrc ; Kuhiida Ii;iii{;()-lere, Viistlrua mu na Kiiriiljjf;; Kuhiitla mu im Kiiniljj'f, Das'ikua mu iiii Misi'le. ( 70 ) J'ijrrorripftjjiK; cii (;iiti<; Ic roi Allaiil an /-"usu ( iIvk'tc i airive a Alisi-le ( ri-iiiji iiff- i il rii'a i'\i: rapporw' (lar mir* AfrirairiH. ( 80 ) cliaicnl siir cctio villc , lorsqii'ils rencoiilrt'ienl , dans le pays de Mafiinda , la troupe coinniandee par Nam- diafodi. Un engagement cut lieu, el les Porlugais, mis en fuitc, abandonn^rent un canon enlre los mains des sauvages. C4eux-ci, dans le but de detruire un insliu- raent que ses detonations ct sos elTcts meurtriers avaient fail classer parrai los clioses surnaturelles, et consequemment diaboliques, placerent le canon au centre d'un buclier, auquel on mil le feu. Or, le canon (!itait charge ; il eclata, et fit perir un grand nombre de gueniers niabsiti qui dansaicnl autour des flammes. Get ovenemenl, qui parul aux chefs un avertissement celeste , leur fil changer leur resolution de se porter sur Sena, lis march^renl au contraire vers le sud , et comntiirent des ra\ages terribles dans rint(!irieur du Barue, dont le roi s"6tait enfui a la nouvelle de leur approche. On les voit ensuite penetrer dans les pays de Ts'idima et de L iiiabcipo, puis revenir une seconde fois dans le Barue, et se dinger, a Iravers le Ku-Timda, vers la ville de Ku-Niungue, dont ils ne purcnt s'em- parcr. La, ils traverscnt le Zombedzi, et se rcipandont sur les terres des Maravi, cu on les perd do vue. Les femmes, aussi bien que les hommes mabsiti , allaient ordinairement tout nus; mais a la guerre, ceux-ci ornaient leur tete d'une longue plume et por- iaienl autour de la taille une lunique de lanieres de cuir de boeuf oil de queues d'animaux, qu'ils aimaient a faire voltiger en pirouellant. Ils porlaient aussi de ces lanieres ou de ccs queues a leur cou, a lours bras et a lours jambcs. Ils ne se rasaient jamais les che- veux, ne s'enlaillaient pas les dents, el no so tatouaient pas ; mais ils se percaienl de grands Irons aux oreillcs, el y suspendaieut des anncaux de cuivrc et de fer^ Ils ( SI ) campaienl ordinalremont duranl la saison dos pluios. ot semaicnt le millet ot d'autres grains dans Ics pores oil los bcEiifs avaient ete enfermes. lis onlerraient leurs morts dans la posture d'un homme accroupi, Ics mains plac(§es le long du ecu. D'apres un petit vocabulaire recucilli dun Mu- Niungue qui les a vus de pres , el d'un Mu -Tonga qui ful pendant deux ans leur prisonnier, Ics Mabsili mc paraissent etre une lril)u de ces belliqueux et sauvages Zoula , qui ravagent depuis vingt ans les pays a I'ouest et au sud de la baie de Lorenzo-Marques ou Delagoa, et se sont avances, scion des lemoignages certains, en deca dutropique du Capricorno, Les details de niauirs el coutumes rapportes plus haul corroborenl celle con- jecture. EXTRAITS DES PAPIERS DE J. MACli:. Parmi les pieces conservoes dans les archives colo- niales de Pile Maurice se trouvent plusieurs cahiers intitidcs Journal pour sen'i'r h Vhistoire de ma vie et inc rappeler ce qui se passe sous mes yeiix, CeS memolrcs , empreinls d'un republlcanisme ardent et intolerant, sont ccux de J. Mace, personnage donl I'existence ob- scure et presque miserable a I'lle-de-France, vers la {"m du siecle dernier, contraste avec son education soignee et avec la correspondance suivie qui avail Ilcu entre lui et Lareveillerc-Lt'paux, Thouin, elMlllin de Grand- maison. La plus grande parlie des notes qu'il consi- gnait chaquc soir sur ces cahiers sont relatives aux evenements politiques on adininislralirs dont l,i poliU' X. AOIJT. 2, G ( «2 ) colonie etail Ic ihealre. Cetle circonslanco laissorail supposor quo le but pi'incipal dc cc travail (ilail suilout (ratlirer I'allention ct peut-etre les rigueurs du gou- vernement de la uK^tropole sur les habitants d'un pays qui , tout en conservant loyaleinent le drapeau de la France, venait de refuser ouverleinenl obeissance a des dccrets spoliateurs el d'expulser les commissaires Baco ot Burncl, envoj es de Paris pour le regir en dictateurs. Tout ce que j'ai pu apprendrc a I'lle Maurice sur noire chroniqucur, c'esl qu'il etalt medccin a Paris; qu'en I78tj il se roiidil a La Ilayc , oil on le pcrd do vue; qu'il passa quelque temps au cap de Bonne-Esperance avantde s'^lablir a I'lie-dc-France; el qu'enlin ses pa- piers furenl saisis par ordre du gouverneur de celle colonic. Mais, par les dossiers des Archives du minis- tere de la marine, que j'ai rarcmenl consultes sans y trouver des renseignemenls precis, j'ai su que Mace, lie d'amiti^ avec plusieurs des savants naturalisles, geo- graphes ct voyageurs qui formerent depuis uno des classes dc I'lnslitiit, s'clait, en partanl de Paris, engage au service dc la llollande coninie medccin d'un regi- ment qui fut cnvoye au cap dc Bonne-Esperance en 1790. Apres avoir dcmeure deux ans dans cet etablis- semenl, ou il se livrail a des rccherches de bolanique, Mac6 vint a rile-fle-I''rance (1793), el oblinl aussitot des adminislratcurs un Iraitemenl de 400 fr. parmois et un logemenl en qualite de naluraliste. Cependanl il se plaignit a la Sociele d'hisloire nalurelle de Paris de Tcxalionsque lui I'aisaient, disait-il, subir les adniinis- irateurs de celle colonic. La Sociele jiorla scs rciclama- lions (sansdoulc melees de dcnoncialions politiques) au Comilc dc salul public, qui, sur la proposition de la commission de la marine el des colonics, rendil un ( S3 ) arrCle (le 11 pluviosc an m) par lequcl Marc elnil nomme naluralisle du gouvcrnement avec 6 000 IV. de Iraitement. Cclte commission lui Tut expediee par le ministre Dalbarade. Le 11 thermidor an iv, I'As- semblee coloniale suspcndit les appoinlements de Mac6. 11 s'en plaignit vivement, et demanda h lirer des trailes sur le tresor national, autorisation qui lui fut refusee par le Directoire ex^culif, lequel donna memo des ordres aux administrateurs de I'lle-de-France pour faire repasser en France le lurbulent naturaliste. Au mois de germinal an vi , le gouvcrnement colonial ayant acquis des preuves certaines qu'il chercliait 'i troubler la tranquillite du pays, de concert avec d'au- tres demagogues, le lit deporter, en lui laissant le choix du lieu on il voulait aller et en lui donnant le temps de terminer ses affaires. II se decida a se rendre sur la cote de Coromandel , et sojourna a Tranquebar et a Fr(^deriksnagor, d'ou il fit plusieurs envois de graincs et de plantes au Museum d'bistoire nalurelle. J'ignore quelle fut la suite et la fin de celte vie agit^e et malheu- reuse. Quoi qu'il en soit, Macd , en homme curieux, re- cueillait aussi des renseignements sur I'histoire et la geograpliie des contrees avec lesquelles I'lle-de-Franco se trouvait en rapports continuels par son commerce et par les expt^ditions de ses intrdpides corsaires. J'ex- trais de celte partie des manuscrits de Mace les pages suivantes, donl la redaclion peu soignee n'a pas besoin d'etre excusee, puisqu'elles n'etaient pas destinies par leur auleur a voir jamais le jour sous leur forme nr- tuello. E. F. ( «A ) Attaquu ct pillni^e ilu fort portiigais ile la bale Lorenzo-Marqiies (on Delajjoa) par lis l''ranrais. — Mo^iiiibique et son {T'.uvernciir, M. de Souza. — Colloriion de peintures eliinoises de M. Ar;ole; ses impoiiaiits iravaux iiiaiiuscrits sur Tliistoire, les inoeiiis, les arts, et les metiers de la Chine. — Lellres de M. Granuiiont, jc- suite, et de sir Georges Staunton, a M. Agole, au sujet de I'am- bassade dc lord Macailney. 21 vendeitiinire an v ile la Bepuhliqiic, — Toul an- nonce que la Pveneuse et le Bmle-Gueule iront visitor la bale de Laurens-Marques , pour prendre des hati- inents anglais, qui y font aujourd'liui la pfichc. Les Porlugais y ont un petit etablissement avec un fort, et Ton dil que les Anglais ont fait conslruire une espece de citerne sur I'ilol qui est a I'entr^e de la baie, dans laqucllc ils mettenl I'huile de baleine a niesure qu'ils la font, 22. — J'ai rencontrti ce solr un marin nomme Ri- valz, qui m'a dit qu'il avail fait deux voyages a Mozam- bique depuis qu'il ni'avait vu. Je lui ai dcmande des details sur colle ville et sur le gouvernour Souza. Voici cc qu'il m'a appris : — M. de Souza, voyant les Fran- cais revenir a Mozambique sous des pavilions neutres, kur dil : « Je sais parfaitement que vous etes tous des Fran^ais; vous pouvezmellre vos verilables pa\illons.» — 11 a donn6 une fete magnifique a roccasion que los Fran^ais fri-quentaienl cet etablissement, qui ne serait rien sans le commerce qu'ils y fonl. Rivalz avail relarde son depart de deux jours pour assisler a ccUe fete. Le gouverncur avail declare u Maiarlic (gouverneur de rilo-de-France el de Bourbon) qu'il ne caplurerait point les vaisseaux francais quand meme ils vien- draienl a Mozambique. « Lc roi de Portugal, dil M. de Souza, a approuve cello detorminalion on me mandant { 85 ) que j'avais prt'\enu ses inlentions. » Ce gouvern*ur a annonce a Pilvalz qu'il etait nornm6 au gouvcrncment do Fernambouc, elablisseinent portugais sur la cote du Bresil, et que son cousin, appel^ comme Uii de Souza , viendrait le remplacer a Mozambique ; ii I'es- perail , au mois d'octobre prochain. Pendant son ad- noinistiation , M. de Souza a fait conslruire une vaste citerne publique. Les navires strangers qui y viennent faire lour eau paient un droit d'une demi-piastre par tonneau au profit de I'liopital. 11 a aussi fait faire de la cliaux au milieu de la ville, ct Ton dit que, par ce moyen, il est parvenu a diminuer I'insalubrite de I'air do Mozambique; celte chaux so fait sans fourneau ; on brule ainsi beaucoup de l)ois. 11 a de plus fait con- slruire une jiyramide, sur laquelle ii a fait meltrc une spbere qu'on dit mal orientee. — L'^veque de Mozam- bique voulait forcer un particulier a se separer d'une femme qu'il aimait {stc); en sa qualite d'inquisiteur, il a reussi a Ten separer ; mais comme il recevait du gouvernement des suppl(^ments pour vivre, ce parti- culier, probablemenl favorise par Souza, est parvenu a les lui faire supprimer, en sorte que M. I'inquisiteur est reduit a une portion congrue. — II n'y a point d'ar- bres ni de jardlns a Mozambique; on n'y voit qu'un petit gazon; tout I'ilot n'est form6 que d'une espece de selenite dont on fait do la chaux; il n'y a point d'eau douce. II y existe plusieurs couvents de divers ordres. — Le gouverneur avait perdu sa femme quolque temps apres son ai rivee ; mais la dame de compagnic do celle-ci vivai't cliez lui. — Au grand bal donne par le gouverneur, Rivalz avait vu un Portugais presque noir danser avcc un habit convert de galons. On lui raconta que eel houune-lu a\ait voulu soulevcr les ( S6 ) j)Ciiples voisins ties derniers elal)l'isseinenls porlugais de Manica (a ISO lieues dc Mozainbiquo); qu'll avalt (ite pris et amene devanl le gouverneur, auquel il donna, dil-on, dix-ncuf flacons pleins de poudro d'or pour arranger cetle mauvaiso afl'alro. (Cela cst-il vrai? J'en doute , d'autant plus que Ic gouverneur depcnse de sa fortune dans le poste qu'il occupe , au lieu de I'augmenter, comnie son prcdccesscur, qui s'en est retournd en Europe avec un luiilion de piastres qu'il y avail gagne.) Rivalz a entre son batimenl dans la riviere de Quania- Senna (le Zembedzi)', il dil que rien n'est si beau que les environs de ce vaste fleuve, oil les vaisseaux de trois cents tonneaux peuvent penctrer facileraent. II y a vu des forets immenses de superbes bois de construction. II a remonle jusqu'au premier etablissement silue sur la riviere. On y plante beaucoup de ble qu'on vend aux Arnioniens Bagnians de Mozambique. II n'y a pas dix- huit Portugais dans les trois (itablisseraenls situes sur cette riviere, qui charrie tant de paillettes d'or. Les particuliers qui demeurent dans ces postes eloignes ont souvent des disputes entre cux; le gouverneur les met a contribution pour finir leurs dillcirends.— Rivalz rcgrctle que ces etablissemenls, si favorablement si- tues, ne soient pas on notre pouvoir. 16 hntmaire, — La Prencuse ct le Bni/e-Giienle ont mouille vers les deux lieures et demie. On a lu ce soir ( a rAsscuiblcc coloniale) le Rapport que Bruneau de la Souchais a fait de i 'expedition a la baie de Laurens- Marques. f.a Prencuse a louchd en voulant entrcr dans la baie. Bruneau , commandant le Bnile-Gueule, s'esl prciseute a une demi-portee de canon devant le lorl portugais. 11 elait sous pavilion anglais; il a auiene cc ( 87 ) pavilion, et hisse le pavilion tricolore , qu'il a assure par un coup de canon a boulct. 11 a envojM^ a terre un de ses officiers dans un canot arme. Cclui-ci n'a trouve dans le fort qu'un seul Portugais, qui lui dit que tous les aulrcs s'etaient enfuis dans les bois avec le gouver- neur Lepadre, et avaient emporte ce qu'ils avalent de plus precieux. Le second du Bnile-Gueule s'est enipare facilenient de ce fort ou plutot de la palissado, et a hisse le pavilion franrais, pendant que Ton lirait vingt et un coups de canon avec les seize pieces en mauvais etal qu'on y a trouvees, et dont la plus forte etait de huit. Aprfes les avoir enclouees, on a visits les niaga- sins, el Ton y a decouvert trente-lrois balles de mau- vaises... (toiles)... On en a trouve dans un auire en- droit cent cinquante , quclques dents d'6lephant et d'hippopotame , ainsi que d'autres elTels. — Bruneau a donne I'ordre de faire des recherches pour taclier de trouver les Portugais ou plutot quelques vaisseaux dans la riviere, qui est navigable a plus de six lieues dans les terras. Le detachement est revenu sans avoi rien decouvert. — Un chef du pays a envoy6 un bceuf en present au capitaine Bruneau; cclui-ci lui a donne une vingtaine de pintes d'arak. Ce chef a 6le fort civil; il a fait echanger des volailles contro quelques bagatelles; il est venu lui-meme , avec une garde de cinquante liommes arm(^s de sagaies , pour empe- cher que les naturels ne fissent quelques friponneries. II parait que le pillage a 6t6 fort grand le jour de I'ar- rivee de nos batimenls ( le 5 bruniaire). Le 6, Bru- neau a fait eniharquer tous les meubles et effets qui se trouvaienl dans le fort, et Ton a mis le feu a la con- struction. — II parait que los matelots ont pille et vole coinuic s'ils avaient ele des corsaircs: ils ont pris jus- { ^^^^ ) quaiix habillomouls dii piclro, cl so soul oiDjiares ties vases sacrc^s, d'uue viorgo on or, etc. lis out enlevo Ics oignons planlos pr6s clu fori; on clll niemc qu'ils out vole des naliirols da pays. C'osl une chose aboiiii- na]>lo : voila coininenl Ton paie I'liospitalite de ce pcuplc. — Dix Portugais se soul pr^sentiis, el onl prie Ics olTiciers de les embarquer; ils onl declare que ieurs camaradcs les avaient depouill(is de Ieurs piastres. — Le chirurgicn de la Preneuse in'a dil que les luilurels sent d'unc ivhs haule stulure, qu'ils paraissent etre de bonnes gens; que les environs de cet elablissenicnt sont ires jolis, qu'on y veil de beau manioc, des poni- nies de tcrrc, et des palalcs, et que lout seuiblc y bien venir. 25 thcntudor. — J'ai soupe avec los Espagnols du vaisseau capture par Lcnienic. J'ai cause avec un su- percargue espagnol qui nous a rapporle qu'il s'occu- pait a rassenibler des objels pr<^cieux pour les sciences nalurclles cl bisloriques. II dil avoir toutes les nie- dailles IVappees en Cliinc depuis qualre niille ans ct j)his, et des collections de dessins represenlant les oi- seaux et les aniniaux dc ce pays. U nous a dit qu'il y avail a Canlon un ex-jesuitc franrais nonime Grani- niont (jui elait ires inslruit en astronomic; que ce je- suiio , deja verse dans la langue, d'lail alle a Pekin en qualile d'aslronome de I'Academie. i" J'rnctidor. — Je suis alle voir M. Agole ( le sujier- cargue espagnol). II m'a d'abord nionlre douze vo- Juiucs in-Zi" du journal (]iril a lenu diirant son sejour en Chine ; ce sonl >o( <'(iiil.i ut ( •.^^) ) ( I'cinjx'ic'ur csl viciix) qu'il y a dcs Cin'ihho ol Jos Msninidsflr'[(hi«, Caih.-iIIo ol «Ios PomjKulotir) dons Ions Ics pnys; (raillcurs tons los ^ridilo imiiu t:iiiiil ilii lullii occinii (tons IfS grands fils dc rcmpcrcur sonl inocoiilonls el inm- iniircnl do cclte adairc). )) Je n'ai pas Ic lcinj)s d'ccrlrc a M. Mioropf;; j(; |)ii(; Voire Scigncuric de liii coinimini(|uor colic lollrc (Jont jc souliallorais (ju'd fit ua oxlrail [xiur olrc eiivoyo a lord iMacarlnoy. » Voire Seigncurio rcccvra 100 piaslrcs dc M. Mar- chini, losidcnt a Macao. Ellc coiinall inos hosolns par ineslcllrcs prficd'denles. Pour du vin, je n'en veux poinl, a inoins que ce nc soil du xoros dc ccnl ans ; car jc no suls point asscz richc pour jjaycr Ic; lransj)orl : vingt a Ircnlc boulcilles me sudironl. Millo saluls a lous nios amis k qui j'ai (icrit dans Jo niois d'aviil par Ko. Ma sanlo va toujours dopr';rissanl. Jc souliailo rpio la voire aillo loujours dc niicux en inieux, ol quo Diou la conserve dc longucs anneos. « Si'mc : GiUMMOiVT. n o (NoTK Dii Macj:;.) — Santliia^'olii, prelrc cliinois, piis a Rome pour olro inlerpr6le do lord Macarlnoy, a montrc Leaucoup dc dtsinld'ressf'imcnl et dc grandeur d'ame. II n'a voulu ricn rcccvoir do lord Macartney qui voulail lui tomoigncr sa reconnaissance. II a sou- loment acceptd- pour son Ircrc qui est mandarin uno pane de pistohiLs garnis en or, un fusil, une (';p«ie el un sabre ogalcmcnl garnis en or. Lord Macarlnoy lui a fail cos presents a Macao. II voulail le dciL-rminer a venir a Londres y etahlir une (['cole pour la languo cliinoisc, etc. ; co j)rC;lro n'a j)as voulu. — /nithaii^oii ( ^-Hi ) est lo noni du niinistro qui ('iah charge dc jircscnlor lord Macarlney it I'empcrcur. II paraiJ , d'apres plu- sieurs leltres, que ce niinislrc est I'enncun declare de tous les Europecns. I.ettrc dc sir George Slaunlon a M. Agotc qiu lid avail coimiiuiiiqiie la lellre precedenle. « Acceptez incs rcmcrcimenls de I'cxlrait que vous avez bien voulu m'envoycr au sujet dc FAmbassadc. Piicn ne saurail elre plus honnete que ce qu'on dit dc M. rAmbassadeur et de lous ccux de sa suite. II faut pourtant convonir qu'il s'cst glisse beaucoup d'crreurs dans la relation generale. Nous ne pumcs guire , durant noire sejour a Pekin , jouir de la soci6t6 des missionnaires ainsi que nous I'eussions soubaile. II leur (itait naturcl de supposcr une disposition a nous tout egalement refuser; et il est vrai qu'au premier abord on nous a donne des r^ponscs pcu salisfai- sanles; mais on y a supplo6 dejiuis, car : 1° Tcmpc- reur desire voir encore un niinistre anglais a sa cour; 2° Sa Majesty impdriale a donni des ordres les plus precis pour donner a noire coninierce a Canton toutes les satisfactions que nous pourrions desircr, et en con- sequence le vice-roi a deja fait publier deux 6dits en favour des Changers, car nous n'avons rien demande exclusivement pour nous-memes. A I'egard des objels de rAmbassade, on s'cst egalement tromp6. II est bien evident que la cour d'Angl(>lerre ne pouvait pas avoir pour objct, par cxcmplo, d'^lablir des missions dans chaque province de I'empire , ainsi qu'il est dit dans I'exlrail. L'annonce des presents y est tr6s imparfaite. A I'egard de noire depart do Pekin, nous avons certai- nomont demande la permission do parlir pliilot au ( 97 ) commencement qua la fin dc l'lii\er qui t'sl exln;- memcnt rigourcux a Pekin, lorsque nous apcrcumos que celte dcrniere epoque ineme n'aurail pas sulli pour determiner la cour en faveur de certaines propo- sitions de noire pari. » M. Grammont s'est bien tromp6 en supposant quo nous n'avions pas apporle des presents pour les mi- nistres ou grands de I'empire. Nous en avions de tres beaux eten grandes varictes; mais lui-meme, ainsi que d'aulres qui furent des biensd;ances de la cour, nous conseilla de ne les ofTrir qu'a noire relour de Geho. Des I'instant que nous retournames a Pekin, nous les prosentames a Ho-clioung-sliun, a Fooliu, au vice-roi de Canton, et a d'aulres. Ceux que je viens de nom- mer n'ont pas voulu les accepter. » 11 suppose que nous avons manque, faute de sa- voir, aux ceremonies usitecs. Le fait est pourlant que le c6r6monial a ete regie avcc le premier ministre, et que I'empereur en a paru content et s'est comporte a noire egard d'une maniere Ires-gracieuse. )) Pour ce qui etait do notre habillement, nous le clioislracs le plus riche et le plus convenable aux ycux des Chinois qu'il nous avait lito possible. M. I'Ambas- sadeur parliculiercment, outre une variete d'babits brodeset galonnes, avait la robe et le plumetde grande ceremonie de I'ordre du Bath avcc le crachalet le col- lier de diamants, etc. » Ce detail vous paraitra minutlcux; mais, puisque M. Grammont en tire des consequences, il faut ctablir les fails tels qu'ils out ete. Au reste M. Grammont ne parlait que d'apres des oui-dire dont vous connaisscz rincertilude. Ce qui se passe dans I'inlerieur d'une cour europeennc ne penctre qu'a la longuo el quol- X. AOUT. 3. . 7 ( ^s ) qiiefois janiiiis dans l^'xacte \crilt', Jugez conil)ioii poii il est surpronont que dons une cour asialiquo on se soit trompo par rapport aux cHets ol a Icnr cause. S'il m'etait pei-niis tie declarer I'liistoire de I'Ambassade, vous en scriez encore plus convaincu. Au reste le temps vous Ic fera savoir, du moins en partie, et je vous en ai dit assez pour vous faire vousdefier des conjectures. » Personnecependantn'a plus d'esprit que M. Gram- monl, el nou> 6tions hien convaincus, ainsi que nous le somme.s encore , de sa bonne volontd'pour nous, Je vous |)riede lui dire millc clioscs honneles de la part de TAmbassadeur et de la micnne, ainsi qua M. Roux, M. Poirol, Signoi^ Deodati. >i Signe : Staunton. » /'^.ifriat '/\/iie /ettredeM. Gi'a.\nmor\t ndressce a M.Agote, en reponse n la leltre de sir G. Staunton. I'ekin , le 22 ooiobrp lyo^- )) A propos du milord anglais, j'ai ete extremement surpris qu'il ail ele mecontent de ma lettie a Voire Seigneurie concernant son ambassade, et que le cbe- valier Staunton ail cbercbe a la refuter article par article. Je voudrais, pour Tamour de ces seigneurs, pour lesquels je conscrvcrai loujours les sentiments de la plus liaute estime, et qui meritaient a tousc'gards I'accueil le plus favorable, je voudrais, dis-je, de tout mon coeur pouvoir relraclcr loul ce que j'ai ecril ; mais ils ne savent que trop eux-memes que je n'ai ecrit que le vrai ; et, apres les demarches que j'ai faitcs pour eux a Pekin , ils ne me rcndraient pas justice s'ils me soupi^onnaicnl de I'avoir d'crile dans de mauvaiscs in- tonlions. Un'" pieuvo con\aincante d"' ni;i btmiie I'oi et ( 99 ) bonne volonlc a leur egard, c'esl la priere que je Fai- sals a M. Mierope de tirer copie de cette lellre et dc la faire tenir a M. I'Ambassadeur. Aurais-je el6 assez sol pour vouloir lui en imposer a lui-meme ? )) fJe vols bien ce qui peul avoir deplu a ces mes- sieurs, lis auraient voulu que je ne divulguasse pas sitot leur raauvais succes et que je n'en disse mot a Votre Seigneurie ; mais : 1" c'eut ete trop exiger que de vou- loir presci'ire des bornes et des regies a notre corres- pondance ; 2" quel avantage auraient-ils retire de mon silence sur un ^venement que cent plumes doivent publier ? » Les affaires, et siirtout les affaires des ambassa- deurs etrangers , ne se traitent point a Pekin comme dans les cours de I'Europe, ou les ministres sont mai- tres du secret. Ici les eunuques, les gens des ministres et une foule de petits employes des differenls tribu- naux peuvenl assister a toutes les deliberations, d'oii il arrive que tout transpire, lout se public, lout se salt. D'ailleurs dans les affaires concernanl les Europeens, les mlsslonnaires eux-memes sont toujours appeles , Interroges, consulles. Un ambassadeur qui voudrait les ecarter el se passer d'eux , comme a lent6 de le faii'e milord Macartney, en condulsanl avec sol un in- terprete, se rendrall suspect et galerail ses aflaires. » En un mot, je n'ai rien ecrit qui ne Idt vrai et que je n'eusse mol-meme vu, lu, ou enlendu. Je n'ai fail que supprimer un article qui avail si fori 6mu la bile du petit chtjvalier Staunton, lequeJ, au relour de Gebo, repetait sans cesse qu'on les y avait traites cuinine des chiens , et que durant trois jours on ne leur avait servi a manger qu'unc lasso do riz, des herbes salees et des clioux. ( JOO ) )) Quelquc malheurcux qu'ait et(^ le succc-s de cclte ambassade, je ne dissimulcrai pas cependant une chose qui n'est pas moins vraie quecelles que j'ai (.\i']a 6crites, el que je consigne ici avec plaisir pour la con- solation et la justification de ces deux seigneurs: c'est qu'ils out laissd ici une idee tr(>s-avanlageuse de leur nation et de leur na6rile personnel, que le mauvais accueil qu'on leur a fait aet6 improuve de la nieilleure partie des grands et du peuple, Lous charmes de leur conduite pleine de sagesse et de moderation, et que, s'ils reviennent a Pekin comme ils I'onl dd'ja fait an- noncer a retnpereur des le mois de dccembro de I'ann^e derniere, i! y a toute apparenco qu'ils scront bien regus, surtout s'ils n'y viennent qu'apr6sun chan- geuient de minislre. » Je ne conseillerais pourtant pas a la cour ni a la compagnie d'Angleterre d'envoyer M. Staunton comme chef d'ambassade, car, nonobstanl tout son merite, sa figure ne parait pas avoir pris dans ce pays-ci; en outre, le nouvel auibassadeur, quel qu'il soil, fera bien de changer le style et le ton des d^peches de sa cour, et surtout de n'y point rep^ter contre la France les invectives dont ^talent pleines les depechcs de milord Macartney , invectives qui n'ont point fait pcrdre 5 cette cour I'estiine qu'elle a toujours cue pour la nation francalse, et qui ont et6 inlerprelties au di^savantage de la nation anglaise. » Get article merite d'etre envoy6 a Loudrcs j)our I'instruction du premier ambassadcur qui viendra. Cost pourquoi jc prie Voire Seigneurie de vouloir bien le communiqucr a M. Mierope qui pourra I'adresser de ma part, s'il le juge a propos, a M. Mathieu Pepcr, mon ancien ami, parce c|ue jc doutc que mos Ictires ( 101 ) kii conviennent, car je n'ai pas eu tie reponseala der- niere que je lui a ecrite , ce qui n'empeclie pas que jo ne le salue trfes affeclueusenient. » Sigiie : Grammont. » ANALYSES. NOtVJiLLliS ANNALtS DES VOYAGES, 1848, t. 11. Le contenu de ce volume montre toute I'aclivit^ et toutle zele scienlifiqnes que deploie son savant redac- leur pour tcnir ses lecteurs au courant des progres de la geographic en France et a Tetranger. Le tome II de I'annee i848 renferme les articles suivants : Traduction annotee des voyages d'Ibn-Batoiita dans la Perse et duns I'Asie centrale, par M. de Fr^niery. Histoire des Aghovans, par Moise Galkliantouni, tra- duite par M. E. Bore, et accompagnee de notes par M. Vivien de Saint-Martin , qui a aussi donne des remarques tres-interessantcs sur le Voyage de M. Sjogren dans les vallees centrales dn Caucase. Conipte rendu de V exploration de VOural en 18/17, par le prince Emm. Galitzin. Lettres ecrites de Finlande en 1847. Viborg, Imatra, et Puterlach. Par le meme. Relation du voyage de la Favorite dans les niers de VInde etdela Chine. 1841-184/1. (Bombay, Kurattcby dans le Scinde, Mascatc, Buschir, I'ile de Karack, Bonder Abassi, Adon, Pondichory, Iloangkang,Tin-IIae dans ( 102 ) I'ilo cle Cliusan, Cliing-llai, la riviere de Yang-Tse- Kiang, pI la cote cle Chine depuis Macao jusqu'a Nankin, I'ile de Soiilou, Monado, Bezoekic dans I'ile Java.) Histoire du Mexique, par Alvaio Te/.ozomoc. Acquisitions que la a^eogrnphie doit aux derniers evene^ inents de I'AJglianistan, par M. Vivien de Sainl- Martin. Parmi los melanges et nouvclles geographiques, nous remarquoDS une foule dc renseignenicnls sur la Ilussio orientale et merldionale, la G^orgie, et la region trans- caucasienne; dcs notes sur les r^cenles acquisitions Icrritoriales des Etats-Unis dans le Mexlque , sur les travaux hydrographiques executt^s par la marine an- glaise depuis dix ans; un memoire de M. Ch. Martins sur la temperature de la mer Glacialc, et une note re- lative au Cabinet des cartes de la Bibliotlieque natio- nalo, que les amis dc la g^ograpliie ne liront pas sans inquietutle; enfin, dans la partie consacree a I'elhno- iogie, deux m6inoires sur les pcuples et les langucs dc rVfrique orientale, I'un de M. le docleur H. Ewald , I'autre de M. H.-C. Gabelenlz; un article sur les habi- tants de rarchipel Djolior, et une description des Chaouia, habitants des monls Aures. Canalisatio.n dms isthmks de Suez et de Panama, par les frcies de la Compagnie maritime de Saint-Pie, onlrc religicnx, rnililairr, et indnstricl (parM. Ic marquis dc Mayny). Paris, t8A8; 63 pages in-8". Cctte brochure sc divisc en deux parlies : la pre- ( 10.^ ) juicrc! coiilii'ul les coiisidorulioiis |)uliti(jiio.s d icli- i^ieuses sur Icsquellos rauteur s'appuie pour proposer ail saint Pcro et a lous les csprils philanthropiques du siecle ile concourir a la formation d'linn compagnio ou plutot d'une croisade au noni do Tindiistrie. A ce nouvcl ordre d'ouvriers pioux, de travailleurs dire- liens, les gouvernements confieraienl les travaux de perceinent et la garde des istlimos do Suez et de Pa- nama. Les peuples civilises t'avoriseralcnt I'etablisse- mcnt des freres de Saint-Pie dans ces contrtes loin- taines, ou ils portcraient en nieine temps les fruits de I'induslrie et ceux de la morale (^vangelique. La sc- conde partie du memoire renferme une notice liisto- rique et geographique qui resume succinctomenl les publications failes a diverses epoques sur la lopogra- pliie des deux isthmes, la possibility de leur canalisa- tion , et les avantages que I'humanite retirerail de ccs strands travaux. A Commentary on Genesis, c. m, v. 10, by W.-A. C. London, i8Zi5; 13 pages in-12. Malgre la clarltJ; cl la precision des termes dans Ics- quels Moise decrit la situation du paradis lerrcslre , aucun passage des saintes Ecritures n'a pius que celui- ci donne naissance a des interpretations contradic- toires. L'Kden a tour a tour ete place, suivant des theo- ries parliculieres, des bords du Gange aux rivages de la mer Ballique , et des pays voisins del a mer Cas- pienne a I'Amerique ; les qualre fleuves donl il est parl6 dans ce passage out eL(^ reconnus lantot dans riraouaildy, tantot dans le Nil, dans Flaxarles, et jus- que dans Ic Tage. Parini ces conjectures divcrgcnlcs, ( lOA ) il s'eii obl elo\c imo qui, lout anssi pen loiuloe, jouil neanmoins d'unc ccrtainc faveur : c'est ccllc qui place VKden siir /cs nionli neigeiix de rArmenie, el idenlifie les quatre fleuves avoc rRuplirato, Ic Tigre, le Phasis, el I'Araxos, qui prennent leurs sources dans ce pays. L'auleur du ni^moire que nous analysons est surpris que Ton ait loujours choisi, pour y placer I'liden, une contrtie arrosee par (/uatre rivieres; il s'titonne encore plus qu'on y cherclie leurs sources, quand Moisc ne paric express6ment que d'une seule riviere. D'ailleurs, coiume M. Bekc I'a observe avec raison [On'^inex Bi- hlicce), une conlrie d'ou decoulent quatre fleuves doit otre silu6e a une grandc elevation ; le cliinat y doit elre fort rude, el des lors s'^carler singulierement de Tiddc charinanle que nous nous laisons de la temperature du paradis lerreslre. Revenons au tcxle do la Genesc. « Malte-Brun et Pin- korlon, continue M. C, ont-ils jamais dccrit un pays d'uue maniere plus claire? « I^Le Seigneur planla uu jardin a I'oiient dans I'lulen. » Nous voyons ici deux localites liien delinics, I'fiden et le jardin. « 2° Uno riviere (et non pas qualre) sortait de I'Eden, et arro- sail le jardin; » ensuite elle se divisait vers qualre sources, lilleralemcnl vers qualre commencements ou teles, et non en quatre branches ou cours, ni en qualre rivieres, comme on I'a encore traduit. Or, si nous vou- lons suivre une riviere vers son commencement ou sa tele, nous devons nalurcllement en remonler le cou- ranl ; et cependant on a ele chercher le Pcison el le Gihon a remboucluire de TEuplirale. II est done evi- dent quele flouvc qui sorlail de I'l'iden etail ['ormii par In reunion (\^: qualre rivieres. II est egalement clair (]uc I'Kuphrale 'l le Ti;.Mv ('-laienl au nombro d.- ( 105 ) cellos ci. Do la posilion respective tie ces deux liviores, I'Euplirale a I'oucst, le Tigre a Tost, il nous est pcrmis d'inferer qu'en citant les quatre rivieres de I'fciden, Moise procedait do Test a roucsl. Jetons done les yeux sur une carte de I'Asie nioyennc, nous y voyons que I'Euplirate et lo Tigre se r(!!unissent a Corna pour former le Shatt-el-Arab ou fleuve dcs Arabes. Or, une Iradilion locale place, si je ne me trompe, le jardin de rtden aux environs de Corna. (Sir W. Jones, t. V, p. 562; d'Herbelot, au mot Nahar-Obollah.) « Si nous recherchons le Tcwv a Test, comme le Icxle nous I'indique , nous Irouvons une grande riviere, lo Kerkhali, qui se jelte dans lo Sliatt el-Arab, et qui, pour la longueur de son cours ou le volume de sos eaux, est peu inlY-rieure au Tigre lui-meme. Le Ker- khali est form6 par deux affluents piincipaux : celui de I'ouest est appele Kara-Sou ( eau noire) par les Turcs ; colui de Test nous est connu sous le nom de Koon (carte de M. Kinneir), appellation qui, si olio n'est pas inexacle, se rapproche beaucoupdu nom do Fttov. » Mais, dira-t-on, cette riviere entourait toute la terrc d'hthiopie. » L'auteur donne ici les raisons pour les- quelles il croit devoir traduire ce passage ainsi : « Celte riviere circulait (coulait en moandres) dans toute la torre de Cash, » nom propre que les SejJtante auraient dii conserver et qu'ils ont rendu par celui d'Elhiopie. « Cost une circonstance remarquable, ajoute-t-il, que la vaslc province de Perse, que le Koon atrose, soit justcment appeloe Aushistan ou la terre do Kiis/i. Nous avons ainsi la confirmation la plus netle do Tidcntile du Koon ct du Gilion. )■) En avancanl oncon' vors lost, on rctrouvo lo Pison ( JOG ) dans runiquo, inais considerable alUuenl, du SluiU el-Arab. Cest le Ha/far, appcle aiissi Karoon, Pasi- Tigris (c'est-a-dirc Tigre persan), el Djidjle-Chaxter, qui a sa source au sud-ouesl d'Ispahan , non loin de la fronli^re dc Pars ou Fnrs, d'oii liii vient ])eul-elro son nom de Pison on Phison , conime ceux de Persia et de Parlhia, deprives de la incme racine. Dans son cours vers I'ouesl, celte riviere traverse une cbaino de liautes inontagnos ( les monts Bakliyari), oil se Irou- veraient, selon toule probabilile , rav6pa? et le ),<0o; b Trpajoo,-, quellcs que soient ces nialiiircs. » «Mais, dira-t-on encore, le Phison enlourait Unite la terre d'Havilali. » Ici je Irouve de nouveau dans la gciograpliie moderne les preuves les plus fortes pour idenlifier cette riviere avec le Phison. Sur la rive gauche du Karoon , vers son cours inTerieur, el tout pies (les etablisseinents priinitij's de Kiis/i, nous reniar- quons le Ka'aban , terre de Kaab ou des Arabes de Chnnb, dont le nom peul etre ramene, par ses diverses inflexions Chaul, Huale^ Hauila, en celui du Havilah ou Chavilah de I'tcrilure sainte. » De eel expose, donl nous n'olhons ici qu'un impar- fait abr^ge d.ipouille des citations, I'auleur tire la con- clusion suivanie : « Je tiens corame un fait hors de toule discussion, que les quatre rivi6res dont parle Moise se reunissaient pour former la rUnere qui sortait de V Eden. Je consi- d6rc comme un fait a peu pres aussi certain que ces quatre rivieres etaient le Karoon, le Kerkhah, le Tigre, QlVEiiphraie. La situation des rivieres de I'Edcn (^tant ddterminee, la question du lieu qu'occupait le Paradis lerrcstre se trouve tigaleraenlresolue. En consequence, si Ton sujipose que I'Eden s'elcndait du point ou le { 107 ) Karoon se d^charge clans Ic Shatt el-Arab jusqu'aux rivages dii golfe Persique (environ 20 milles de lon- gueur), et si Ton admelque la forme de cetle contree (itait circulaire, on aura pour remplacemcnt habite par nos premiers parents un espace de 60 milles de tour, espace assez vaste pour que loutes les faveurs divines dont le premier couple humain a et^ I'objet aient pu s'y trouver reunies. » L'aulour termine en disant que, s'il 6tait dispose a concevoir quelque doute sur le resultat de ses reclier- clies, ce serail par une raison bien difld^rente de colles qu'on invoque ordinairement dans ces sortes do tra- vaux. II trouve « qu'il est surprenant qu'une conliee d(^crite avec tant de fidelile par Moise ait ^prouvi si peu do cbangemenls apres un cataclysme aussi terrible que le deluge. » On the Ophik of the fiust Book of Kings (sur VOphir du l^Livr'edesRois), by A. C. — London, November 19"", 1847; 12 pages in-12. Celte petite dissertation sur une des questions les plus controversees , et consequemment les plus em- brouillees de la geograpliie des H^breus, est du meme auteur que celle dont nous venons de donner une ana- lyse. Nous laissons au lecteur a juger si M. C. a r6ussi a eclaircir cette maliere ; lout ce que nous pouvons dire, c'cst que I'oiiginal de son savant opuscule est d'une lecture facile et agreable, qualile que peut dif- licilement conserver ime traduction dont rexactitudc est le premier objet. E. F. « Et la flotlc d'Uiram , qui poi tait de Tor d'Opliir, ( 108 ) apportait aussi d'Ophir une grande quanlitii dc bois d'algum et des pierres precieuses. » (Ch. x, v. H.) « Sed et classis Hiram, quce portabat auriim dc Ophir, attulit et Ophir ligna thyina miiltn niinis, et gemtuas pre- tiosas. » (Vulgate.) La situation d'Ophir a, comine on sail, etc Tobjct de nombreuscs discussions (1). La plupart des con- tr6es ou I'on trouve dc I'Dr, depuis le Perou jusqu'a la pininsule de Malacca, ont 6le signal6es par divers au- leurs comme le bul. des voyages qu'enlreprenaient les flottes de Salomon. U'Anville, auquel la g(iographie historique doit tant de travaux precieux, place Ophir sur la cote orientale d'Afrique, aux environs de la moderne Sofala ("2). II appuie cctte opinion sur des analogies dc nom et sur le fait, quelque peu douteux, de migrations d'Arabes crranis vers ce pays. Mais si son memoire n'apporte pas a I'esprit une conviction entiere, on ne regrellera pas du moins de I'avoir lu. Vincent se range a I'opinion de Prideaux et de Gos- sclin , qui font corresp.ondre Ophir avec Sabea ; il motive ce sentiment en disant que le voyage d'Ophir lui parait etre la consequence de la visite que la reine de Saba fit a Jerusalem, le recit de la navigation pr6- Ciidant immediatemcnt, dans le meme chapilre, celui de I'enlrevue de la reine avec Salomon (3). Forster, de son c6l6 , place Ophir dans le Tehama , province occidenlalc de I'Arabie ; il croit que la visile (i) Calmet, Dictionnniie de la Bible, au mot Oriiiii. (j) Mem. de f/lcad., I. XXX, p. 83. {?>) Peripl. of the Erjlhican Sen, t. II, p. 268. — Lr voyagr irOfilm r-i K l.ui (l,in> 1<; fliiipiiip |)rrccdciil ( ix, iB ). ( 109 ) de la roino tie Saba a Salomon I'ul la consequence tlu voyage d'Ophir, ces deux fails etant, selon lui, inli- ineinent ll(^s enlre eux (1). Au sujel des hypotheses de Montanus, de Josephe, et de Bochart, Vincent fait remarquer qu'elles n'ont pour appui que la mention de I'existence de mines d'or dans les pays ou ces auleurs rapporlent I'Ophir des H^breux. 11 n'est peut-etre pas inutile d'etablir clairement la question, afm , si c'est possible, de ne pas confondre des faits qui sonl reellement dis- tincts (2). II me parait d'abord que le voyage d'Ophir, la visile de la reine de Saba, et le voyage de Tarshish (lei est I'ordre dans lequel on les trouve racont^s), sont trois 6venements distincts et separes ; s'ils eurent enlre eux les rapports de cause a effet, rien dans le lexte nc I'in- dique; et par consequent Ton n'a aucun droit de pre- juger celte relation. II me parait encore qu'Ophir et Tarshish dtaicnt deux endroits differents, du moins en avons-nous des preuvcs negatives, car des huit articles de commerce qu'on tirait de ces deux pays, il n'y en avail qu'un qui leur fill commun : c'etail I'or. Quelle ^tail la dur6c du voyage d'Ophir? Nous I'ignorons. Nous savons seulc- ment que la flotle rapporlait de la beaucoup de bois d'algum et des pierres pr^cieuses. (i) Geoijr. of Arabia, t. 1, p. i6o. — lloubiganl soupconnc <|iic' It; verset i3 devrait precedcr les versels i i et 12; dans ce cas, les deux faits lie scraicnt point lies eiitre eux. (2) Hocliait, Calmet. d'Anville, Vincent, tons confondeiit Ic voyagn d'Ophir avec celui de Tarsliisli, et p.iiaissent cinlianasjes d'en cxpli- quer la duree ; Ton pent ceptndaiit s'cn leiidii; conipte par une doii- iii't' i>i('ii diftV'KMitc de cclle lie la navi;;ation cotiiMe. ( 110 ) Le bois d'aliuug ou d'alguin, car on Iruuve ce mot eciit des deux nianiores (1), a fait nailrc bien des dis- cussions (2), cl cependant il semble qu'un pcu d'al- lention et de refloxion Ics aurait renducs inutiles en meltant ce point hors do toute controvcrse. Nous trou- vons dans les Chroniques (lI" livre, c. n, v, 4-8) que Salomon manda a Hiram : « Je balis unc maison au nom du Seigneur men Dieu ; envoyez-moi des cedres, des sapins, et des arbrcs d'algum (3). » Si avant loute information sur ce sujct on s'etait demande quel bois Salomon avail dil employer dans la construction du temple , on aurait a peine hesite a r6pondrc : le bois le plus dur et le moins sujet a pourrir, le bois, en un mot, dont les anciens se servaient pour la construction de lours temples, a cause de ces memos qualiles de duree (Ji). EU bien, conformement a celte (1) SCHLEUS. voce A7Zi)txriT0:. (2) Calmet, nu mot Jltnuyim. Get auieur confonil le thuya avec I'oranger, et cite inexacteiTi»;nt I'line, liv xili, chap. xvi. (3) Ce que Lutl>er trailuit par ebenholz, cltene. FoRSrEn {Geogr. of Arab , t. I, p. 164, note) ponse, comiiie Gesenius I'avait fait avant lui {Lcxic. in voce) qu'il a decouveil VAtgum (hins le liois de Sandal; inais il se trompe en siipposant que ie ?y/.ov aotyaii'vov (hois de Sandal) est la mcme chose que le al'lawa ou aguru; le gharu, hois d'aiyle, ou hois d'aloes du coiniiieice, vietit des contiees situees eiitre Siam et la Chine; le sandal crolt dans I'archipel indieii depuis Java jusqu'a Ti- mor. (CniWFCRD., Jnd. Archipel, t I, p. 5 19.) — Quoi qu'il en soit, nos auleurs n'ont pas fait attention au chap. 11, vt-is. 8 du 11' livre des Chroniques : ni rehene, ni le sandal, ni le hois d'aiyle, n'ont jamais pousse sur le mont Lihan [Did. Jes sciences nat., voc. PlaqucHiinier, Sautalin, Aloes, Agalloche.) (4) Kot Fti ^iau>»)u.oviuovotv o/o-^a; Tiva;T(o'v ap^^aiuv (vauv txGua^yousa;. AaaiTtti ykp o)(i)5 to 4v>ov. ( TheophraST., Hist. I'lant , lih. v, cap. ill. — Outre sesgrandes qualiles de dure(! el de durele, le hois du thuya elait 1 xireinenient odoriFrranl; I'line (liv. xiii, chap, xvi ) rtniai(|ue (Ill ) prohahilile , nous voyons, comnio nous tlevions nous y atlendrc, que I'alguai est pr6cisement ce meme bois. Touto inceiiiludc disparait absolumont ici, car saint Jerome traduit ainsi le passage du Livre I des Rois ( ch. X, V. 11, 12) : (( Atlulit ex Ophir ligna thyina : » la (lotte apporta beaucoup de bois de Thuya; et il ajoute : a Non sunt allata , hujuscemodi ligna thyina , neque visa usque in praBsentem diem (1). » Les anciens ne connaissalenl qu'une seule esp6cc de llniya, unc seule du moins etail indigene dans I'Occi- dent (2), el nous apprenons par le livre II des Chvo- niques ( cli. u, v. 8) qu'on la trouvait sur le mont ces deux avantages, et rappelle que Calypso en briilait comnie jiai- fuin avec du cedre et du meleze. {Oiljss., h. v, I. 5g.) Mais ce n'etait pas sous ce point de vue que Salomon paraissait tant estimor ce bois, car le sandal et le bois d'aloes sont encore plus odoriferants ; il recher- cliait le thuya non pour le faire bruler, mais pour le faire ineitre en oeuvre dans des constructions. Le pai funi que Ton briilait sur I'aulel de I'encens, et que I'on gardait avec soin, est tres-exacteinent de'fini. {E.xoiL, XXX, 9, 34, 38.) (i) On trouve cbez les traductcurs de la Bible un disaccord remar- (piable quant aux noms qu'ils donnent aux divers bois qui entrerenl dans la construction du temple. Saint Jerome parte du cedre, du pin, du sapin, et du thuya ; les Septante oinettent le pin (ivitu?)^ le sapin (e'/aTyj), et le thuya (6uov), et introduisent le cedre, le {^enevricr (apxEu6o5), et le mrleze (ticuxti). liCs le xicograplies augmentcnt ce desordre. Ce qu'on trouve dans Schleusner et dans Biel est pis (lue rien ; I''acciolato est bien plus exact. Quoi qu'il en soit, nous pou- vons nous tier aux traits principaux, a savoir, que des bois dune {>rande duree, coinme le cedre, le {jcnf'vricr, le rypres (bien (pi'on n'pu fasse pas mention), et surlout le ihuya, entraicnt dans la con- struction de I'edifice, et que les bois tendres et comparativernenf sans valour, tels que le pin, le sapin, et le meleze, servaient a faire les echalaudages, les baraques, cl les ouvragcs temporaires. (2) 11 Les thuya, uiic seule espece exccplre, sont tons originaiies dc rAuioritpic I'l des tndes. » (Diet, des sc/c/itr.* lutlur , au niol Tuiva.) { 112 j Liban. Lne autre cspoco, Ic iliyd juponica ou Tliya orieutdlis, est nalurelle aux conlrces oricnlalcs (1). Nous pouvons done en loute siirele inf(irer que c'elait la le l)ois que Ton rapporlait d'Opliir, ce qui expliqnc parfaileincnt I'expression de saint Jerome : « luijusco- raodi ligna lliyina. » Les mots « pierres pr^cieuses » des versions nio- derncs sont rendus par ).e9ov rt^xiov dans la traduclion des Seplante, el saint Jerome, dans deux passages paral- Itiles, les Iraduit par genunas pretiosas et geininas pie- liosissimas. Si nous pouvions adopter ce dernier sens comme la traduction parfaitement correcle et lilterale do I'oi'iginal, nous scrions bien avanc^s dans la solu- tion du probleme. Examinons ce point. Nous entcndons mainlcnant par cctle expression, pierres tresprecieiises, le corundum parfaitement cris- lallis^ (2) : c'est la plus dure, la plus brillanlc, el la plus recherch^e des pierres precieuses. La tr6s-petite et Ires-variable quantity d'oxide de fer que conticnt cello gemme lui donne la serie complete de toules les couleurs, avec les nuances intermediaires du rouge le plusfonce au plus pale violet (3); mais les trois teintes (1) Cetle planle croit a la Chine el dans les Indes orienfalcs. [Ibid.) — " Et cons(;f|ueinment Ion ne pent sen procurer a Sofala, ni dans aucune autre partie de TAfrique, ni de I'Arahie orientale; on en trouve mainlcnant dans le Tehama, Arabic occidenialc. » (Wellsted, Travels in Arabia, I. II, p. 4^3 ) Le lliuya oriental est commun dans les jardins do la plus {jrandc parlie de IKuropc. (Loudon, Arborct. vt fruticet. Brit., t. IV, p. 24-'9i "" pa" I- "'i • I'- <:xiii.) (2) Je renvoie aux deux niemoires de de Bouhhon et de Ciiekevix, dans les Philosophical Travs"Ctio)is(iSo2) : \\s onl donne', I'un coinme mineralojjiste, I'autre ronune cliiniiste, tous les rensci^jnenicnls desi- rables sur cetle gemme. (3) lUfV, Trnitc (Ic viincrnloijir, I. 11- p. lo<( ( "l.'i ) primilivcs ( le rouge, Ic jannc, cl Ic hicu ), du melange rlcsquellcs tonics les aulres derivcnt, sont les plus communes ct les plus connues. Elles sc trouvent dans le rubis, la topaze, etle sapliir. On a toujours supposti ( jusqu'a ces derniers temps, ol avec quelques exceptions doulcuses) que cette sub- stance precieuse se trouvait cxclusivemcnt dans cer- taines contr^es de I'Asie (1), savoir : Cejlan et I'em- pire Birman (2). Les plus beaux cristaux sont ceux de Ceylan (3); mais I'Ava et le Pegou en fournissenl le plus abondammcnt {h). Quoique inf^rieurs en beauts ct en valeur a ces pierres, le cymophane, la spinelle, le balais (5), et le cejlonite, peuvcnt 6tre class«5s au rang des gcmmes proprement dits; ces pierres ne se trouvent t^galement que dans les pays que je viens de citer. Si done les anciens connaissaient les pierres pr6- cieuses aussi bien que nous, s'ils emjjloyaient ce terme de gemmc d'une maniere aussi precise, on ne scrait plus inccrtain sur la position geogra|)liique qu'il con- vient d 'assignor a Ophir. (i) « C'e-t un point iloiucux, ilil ilu Rounioii, de savoir si le co- i'uii< (Ibul.) (4) " Le premier lieu est une monta{;ne (dans le Pc{ju ) ; c'est la mine d'oii se tire la ])lus {;r;,ndc (jnantite do ridjis et espinelles, de topazes jaunes, de sophirs bieus ct blancs, d'hyacintlies, d'amc'thistcs, ct aulres pierres de differentes coulcurs. " [Ih'ul ) (5) Hubis Bnlals, de l!.dan passer aux ycux dos personnes su- porficielles pour le carbonc crislallis«i (3) : loutes cos pierres se trouvenl dans la region oricnlale dc noire hemisphere el sinon exclusivemenl, du moins le plus abondammcnt, a Ceylan el dans le Pegou. Elles pa- vaissent etre inconnues, sans presque aucune excep- tion, dans I'Afrifjue orienlale, et je ne crois pas qu'on en ait jamais trouv«i une seule sur la cole de I'Asie entre Bab el-Mandeb et I'lndostan. Quelle que solt done I'elendue de Tcxpression de saint Jerome que nous adoptions, que nous rcslrei- gnions le sens de scs Icrmes a celui que nous donnons au mot gemine ou que nous i'dlargissions pour y fairo entrer I'id^e que nous atlachons au mot gemnoides , dans I'un comme dans I'autre cas nous sommes con- (i) Nkcrku {^licijnc mineral, classe iv, oiJies i et 3 ) Jes appclle ulumiiiidiciis it siliciiliens, tie leurs bases lespcclivcs, laluiniiie t-t le siiex. (2) Dknm-.t's Ceylon, cli. XL. (3) « La sixieiiie jiicrie tlu [)ectoral d'Aaron e.-.l appehie diaiiianl ; iiiais, au lieu de .is non plus ties <<)- uiiiiluiiis- (JameS()>'s il/i/Ki--'/. t. I, p. 37.) ( t'-' ) <^luils sans hositation vers I'ilc tie Ccjian (rO|.liir do Bochart) ou vers le royaumo du P6gon. Ainsi le premier des objets exotiques rapportes par la flotte de Salomon nous signalait Ics Indes orien- tales comme devant Sire le champ de nos recherches ; le second vient resserrer les liraites de nos investiga- tions <^ deux pays de cette rc^gion. Voyons si le Iroi- sieme article du commerce d'Ophir nous fournira le moycn de d<5cider en faveur de I'un ou de I'aulre pays. II serait inutile d'accumuler ici les lemoignages qui constatent que I'empire birman produit de I'or ; jc me contonterai de ciler Tavernier (1), Symes (2),et Crawfurd (3). Celte contree fournissait autrefois une telle abondance do metaux precieux (fi), que les an- ciens lui avaient donnd le nom de Chersonese (For (5), C'dtait, en effet, le P6rou et I'Oural de Tantiquitt^. (i) i< Dans les inuntagnes qui courent (l(>|>iiis Ic I'e'jju jnsqu'.iii royaume de Camboya, il se trnuve qnclqups rubis, foice rpini'lles , siphirs, «t topazes. II y a des mines d'or clans res montaqnes. « ,Ta- VKiiNlKR, Voyage dcs Indes, liv. u, eh. xix.) (a) « Le royaume fTAva al)on(Ie en tnelaux; jncs des frouliores de Chine, il y a dis mines d'or et d'ar{;enl. On trouvc aussi des mines d'or, d'arfjent, do rul)is, er de sapliirs, maintciiant onvcrlcs dans la montagne de Kecndnem; relies qui produiscnt Ics plus beaux juyaux sont dans les environs de la capilale. On trouve des pierres precicusrs dans plusieurs autre* parties de I'empire. On dc( ouvre aussi de I'oi dans le lit sablonneux des ruisscauv qui descenilcnt des mon'ifjiies. Entre le Keeiic]ueni et lliraouaddy est une petite riviere noinmec Shoc-lien-kioup ou la rivieie du sable d'or. .. (Symes's Embassy to Ava, eh. XII.) (3) X Les Birmans ont des mines d'or, d'arf;eut, de saphir et d'ambre. On exporle de renq)ire bit man et surtout, comme on me le (lit, de Bassein, des quanliles considerables d'or et d'ar{;ent : ces niatieres sent considere'es comme objets de contrebaiide. " (Craw- Fi'iin's Embassy to Ava, t. II, pp. 178, i()6.) (4) Ptolem., Geofjr., lib. vii, cap. xii, sect, xvu, xxii. (5) GosSELiti, Gc'o(jrapliic dcs ancic)i<:, t. HI, p. 272. ( IIG ) Quaul ;'i I'oxislcnce do lor I'l Coj liin, jc no poux iiiii-ux fairc que d'emprunter le passage suivant au docteur Davy, niedecin de rarniee anglaisc, qui demeura dans cetle lie pendant Irois ans el demi : « On a, dil-il, avanc^ dans quelqucs publications que I'or et le mer- curc natifs se tiouvaient a Coy Ian. Les rcnscigncmenls que j'ai pris a ce sujot infirment categoriqucnient cette assertion : aucuii de ccs mctaux, sous quelque forme que cc soit, na encore etc trouve . 91 et suiv.) De cetle facon, on trouvcrait facileiiieut nn Oiiliir 'l.ius tons l(;s rciviiiK du mutido. 1J7 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES Sl^ANCES. Plll^SIDKNCE D15 M. RoUX DE RoCIIELLli. Seance du h aoilt 18/18. Le procos-verbal dc la dernil('-lenu'iU nu sol ou ils se sont fixes. Ouaiit aux tribus nomadcs du Saliara , files sont piesf[uo loutes form»''es par des populations arabes. ( 123 ) qui, venues dans le desert lorsque les Kabyles y ^taienl di'jh ^tablis, ont apporte avec dies leur gout passionn^ pour la vie erranto. Aucun sol ne pouvail mieux con- venir a leurs inslincls vagabonds; aussi adoplerenl- elles avec bonheur pour patrie ces plaines iminenses, en liai'monie parfaite avec leurs idees d'independance et do liberie. En voyant la vaste etendue qui se de- roule sans cesse a leurs yeux, les Sabariens se regar- dent comme les maitres de I'univers, et professent une sorte de ni^piis pour les habitants sedentaires des ksours et nieme pour leurs freres qui restent fixes dans le Tell : leur orgueil est lei qu'il leur semblerait d^roger en s'alliant avec eux. L'orgueil est, en general, lo principal trait du ca- ract^re des populations sabariennes. II est port6 a un tr6s haul degr6 cbez les Hamyan, qui occupent le sud- ouest de la province d'Oran, et dans les ksours vers lesquels I'expedition a particuliereraent eu lieu. Cette nonibreuse tribu peut mettre environ 2 000 chevaux sur pied, et fournir, en outre, un grand nombre de fanlassins. Elle se partage en deux grandes fractions : les Hamyan Cberagas (de Test) ou Trafi, et les Ha- myan Garabas ( de I'ouost) ou Chafa. Ces derniers occupent le sud de la subdivision de TIemcen, et com- posent la principale tribu que la colonne d'operation devait visiter. Les ricbesses de cette tribu consistent en immenses troupeaux de moutons et de chameaux. Les Hamyan Garabas ont en outre un grand nombre de juments, plus propres que les chevaux a supporter les vives cha- leurs, la fatigue, et la privation momentan^e d'eau et de nourrituro, II n'est pas rai'e de voir le chef d'une riche lenle posseder 8 a 10 000 moutons, i 800 a 2 000 ( 12/, ) chameaiix. Lf^s mnutons sonl liahiliipllpmenl divist^s en troiipeanx tlo h a 500 conduits par iin berger, el les cliaineaux sont confic-s, au noinhre do 100 environ, a la garde dun seul Arabe. Les populations sahariennes , autrefois idolalres , acceplerent avec empressemont, conime les habitants (hi Tell, rislamisme, dont hi morale pen severe conve- nait a nierveille a leurs gouts licencieux. U n'on avail pas et6 de nieme du chrislianismo , auquel elles ne se soumirent jamais qu'avec peine ; aussi Ic nom de roumi ( Chretien) est-il en horreur dans toute I'Afrique. Ce sentiment d'intok-rance, pousse a I'exlreme chez les Arabes qui habilent le Tell, nc parail pas aussi vif parmi les populations sahariennes, qui ne semblent avoir pour les Chretiens que I'eloignement moins hai- neux qu'elles eprouvent pour lout cc qui n'cst pas musulman. Les Sahariens sont pourtant aussi superstitieux que los Arabes du Tell, et ont le meme enthousiasme rcli- gieux. Celte double tendance est habiiement exploilee par leurs cliefs religieux, pour Icsquels ils professenl un profond respect, ct qui, grace a cetle cr(^dulite, trou- vent aisement moven de s'enrichir et d'etendrc lour influence. Les mccurs dcs habitants du sutl sonl phis relacbees encore que celles des Arabes du Tell. En raison de cette extreme licence, la polygamie est devenue choz eux presque sans limite. Chaque bomme pent avoir quatre femmes, sans compter les esclaves, ainsi que le permet la loi de Mahomet. 11 pcut, en outre, repu- dier aisement I'une d'elles el en prendre une autre. Enfin, la liberte de res dernieres est telle, et la to- ( 125 ) lerance tlo lours maris si grandc, qiruUcs se livrciil a d'aulrcs sans prcsque prcnciro la peine de chcrcher a Ic caclier. I'^Ilcs sont, en general, petitcs, ct lours traits pcu rcgulicrs n'olTrcnl pas la hcaulii ot la finesse qu'on leur preto habiluellcmcnt. Elles aimcnt beau- coup la parure ; elles portent des bracelets en cuivre ou en argent aux pieds et aux mains, des colliers et des boucles d'orcilles d'argent ou de cuivre, de corail, de pieces de monnaie, elc. Des ceintures en soie de coulcurs variecs scrrent a la laille leurs liaiks (longuc pieces, de laine blanche plus ou moins fine dont elles s'cnveloppenl lo corps). Elles ont la figure decou- verte, conlrairomont aux habitudes des femmes arabes du Tell, et so tatouent le visage. Leui's sourcils sont noircis avcc du henne, et leurs ongles peints en ver- milion. Los hommcs sont do laille moyennc et bien mem- brcs, marcheurs infaligables, d'une extreme sobriele. lis ont la barbe noire, mais rare ct peu fournie. Leur figure est, en g":neral, asscz ex])rcssive; ils n'onl aucun trait du negro; lour leint est seulement lortcmcnt ba- sane par los rayons du soleil; leurs yeux sont vifs et noirs; la vuc est chez eux pcrcante et tres exercee ; Ic nez, rarement cpate; les dents, blanches el fort belles, lis sont velus de haiks (longues pieces d'eloUe de laine roulees aulour du corps et ile la tele, ou elles sont habi- tueilcment maintenucs par unc corde de cliameau). La finesse plus ou moins grande du tissu etablit la dille- rence entre los riches et les pauvres. lis sont ras(^s en- tierement, excopto a la parlic superieurc du crane, ou ils laissent pousscr une loud'e de chevoux asse/, epaisse cju'ils tresscnt ct qu'ils noniment inaJioiiict. Us pensent (juo c'est par celle toulTe qu'apres leur mort ( 126 ) I'envoye de Dieii vieiil les cnlcvcr dans le ciel. Cctle croyance explique tout cc qu'a d'affreiix pour oux I'idee d'avoir la tele Iranchee : car, leur corps restant alors sur la terre, ils ne peuvent aller jouir dans le ciel du bonheiir qu'ils 6taient destines a y goiiter. On comprend 6galement par la racharnemcnt avec lequcl ils tranchent la tele des Chretiens , puisqu'ils out la conviclion qu'ils les etnpeclient ainsi de pouvoir ja- mais monter au ciel. Ils portent sur leurs haiks un ou deux burnous, blancs ou jaunatrcs, en laine, destines a les prolt'ger conlre la fraicheur des nuits ct contre I'ardeur des rayons du soloil. Tous ceux qui sonl un peu riches ont un cheval cl souvont plusieurs; ils pos- s^dent egalement un ou plusieurs fusils, des pistolets, yatagans, etc. C'est la leur principal luxe, avec celui du harnachcmcnt du cheval , qui est en uiaroquin brode d'or plus ou moins richernent, selon la fortune du cavalier. Celui qui ne peul sc procurer ni cheval ni arincs, porlc un long baton arrae d'unc pique sou- tenu par une bretcllc : c'est unc cspece de lance dont il se sert au besoin pour sa defense. La sobriete des habitants du sud est excessive. Les datles, fruit du palmier, fornient la base principale de leur nourriture. lis mangcnt aussi une grande quan- tite de sauterelles qui, a ce qu'on assure, corrigenl r^chaufl'ement qui serait produit par I'usage seul des dattes. Au printemps, lorsque les sauterelles arrivent en abondancc, ils les ramassent avant le lever du so- leil, quand elles sont encore engourdies par la frai- cheur des nuits. lis les font secher, apres hnir avoir enlev6 les pattes ct les ailes, et les conscrvcnt dans des vases, pour les manger plus lard, tnnlot seches, lantot bouillies. La longueur dc ces sauterelles est de 7 a ( l--^-^ ) 8 centimetres, at leui' grosscur, de 2 centimetres en- viron. I no onnoe qui produit une immense qiiantile de ces insectcs est pour cux une annee tres houreuse, et leur arrivee est aussi desiree dans le sud que Jeur migration est redoutee dans le Tell, ou ils ddvorent les recoltes, ct on les terres sent devastees pour deux an- nees au moins sur lour passage. De I'orge grill^e et moulue grossieremenl entre deux pierrcs est aussi une importante parlie de la nourri- ture des Arabes pauvres. lis la mangent en la melanl avec un peu d'eau dans le creux de la main. Quant aux proprietaires de grandes tentcs, qui constituent les riches du pays, ils mangent souvent du mouton roti et du couscoussou , sorte de pate au beurre, roulee et pr^paree par los femmes on petiles boules comme des anis. On fait cuire le couscoussou a la vapeur produite par un mprceau de mouton bouilli , et Ton sert cette viande sur la pate dans un grand plat en bois. Les Arabes riches prennent du cafe j)lusieurs fois par jour et quelquefois du the, qu'ils aiment egalement beau- coup. Mais cet usage est surtoul repandu chez les ha- bitants des villos. Le lait dc chamelle et de brebis compose avec I'eau toutc la boisson des habitants du sud. Cette oau , presque toujours plus ou moins saumutre el croupie, ne se rencontre que de loin en loin dans le desert. On la Irouve dans des trous de profondeur variable, sorles de puits creuses dans le sol par les Arabes. Ces puits doivent siilTue en ouh'c aux bcsolns des chevaux el des troupeaux, besoins qui sont d'ailleurs aussi restreints que possible, car les moutons restent quatrc a cinq jours en hivcr, el deux ou trois en ete , sans boire, et les chameaui, habituellemenl six a huit ( J28 ) jours. All ( uiinneiiccuiciil du pi iiiloinps , vn mars cl avril, CCS aiiimaux n'oprouvcnt mcinc pas le hesoiii de boire pendant six scmaincs ou deux inois, cc qui licnl, sans doutc, a Cf que Ics planlcs nonl ils se nouriisseiil icnfcrnn'nl alors, a la suite des pluies, assez de sub- stance liquidc pour Ics abrcuvcr. La cobmnc expedi- lionnairc conimandeo par M. le general Cavaignac a cle a nicme de conslater cctte anonialie curicuse, car les 1 900 cbamcaux donl clle disposait sent resles sans boire depuis !e commencement d'avril jusqu'au 10 mai environ. On s'explique d'apres cela comment , malj^re leurs immenses troupeaux , ces populations pcuvent vivre dans le desert, ou les stations proprcs a fournir de I'eau sonl liabituellcment distantes de 8, 10, 12 lieucs el quelquefois davanlago. La premiere condition de Icur existence est de se mouvoir aisemcnt; tout est prepare dans ce but. Sous les tcntcs, les provisions de toules sortes sont reunies el pretcs a cbarger. Ces lenles, conslruiles en poil de cbameau , s'enlevent clles-memcs aisemenl; de colle maniere, en quclques heures a peine, une population entierc emigre d'un point a un autre. II est indispensable qu'il en soil ainsi , car les di- verscs tribus du sud sont presquc conslamment en hostilili^ avec les tribus voisines, el peuvcnt elre atla- quties ct surprises par elles a Timprovistc. 11 faul done qu'elles puisscnl s'eloigncr rapidement, landis que les cavaliers protegent la luile des I'cmmes, des enfanls ct des troupeaux. Le pays qii'liabitent ces populations csl nomme dans leur langage figurci le /Vn ,v flu fhsil, et ils vculenl dire par la qu'il apparlienla celui qui est le plus fort. Cost ce qui arrive, en eflet, conilammonl; ( 129 ) los naluraj^is It's ineilleurs , \cs i)iiils Ics plus ;il)on- daiits, soul a ccliii qui pout s'en eiiiparor cl s'y main- tenir. Lc caracloro dcs habitants tlu Sahara est en har- monic avec lour vie nomadc. Us sont legcrs ct incon- stanls, pleins d'cnlhousiasme, ct passant facilcmcnt de I'oxallation hi phis grandc a rabaltement le plus com- plct. lis sonl a la fois orgueilleux ct ruses, aclifs pour un moment, mais paresseux par nature. Us passent des journces emigres assis au iioiubre de cinq ou six chefs de famillc formant ce qu'ils appellent un myade (reunion), tournes vers I'orient, et no sc parlanl qu'a de rares inlervalles. Ccpendant les jcuncs gens, chez les Hamyan sur- loul, sc livrent souvent a rexercicc de la chasse ; ils poursuivent avec des Icvricrs raulrucho , I'ouach ( cs- pcce d'antilopo); la gazelle, qu'on rencontre souvent par troupeaux de dix a ([uinze. Us sont prcsque lous • excellenls cavaliers, adroits et courageux, Comme les Arabes du Tell, les Sahariens sont fins, pcu confiants, • et reserves. Chez eux, un voleur adroit jouil d'une certaine consideration. Ils sonl avides de nouvcllcs et conteurs, comme la pluparl des peuples de I'Orient. Les hisloires merveilleuscs sont cellos qu'ils apprecient le plus : aussi n'esl-il prcsque pas de localile qui n'ait sa legondc accreditee parmi ces populations. Les croyances rcligicuses y jouciit presquc loujours un grand role. Malgr6 do nombreux vices, on irouve sous la lente de nobles senlimonts. La vie palriarcale y exisle en- core, ainsi (jue le respect des enfaiits pour leurs ance- Ires, donl I'autoritc esl absolue. Le voyageur musulman y rc9oil une bonne hospita- ( ISO ) lite ct [notecliuii an bcsoin. Si dcs chcls roligieux ont persuade a quclquc inembro d'une tribn qu'il est ap- pele a unc mission qui inleressc la religion, on le voit s'y devouer coniplelemenl sans crainlc et sans regrel. Les tribus sahariennes nc reconnaissent pas I'auto- rite d'un cbof parliculier ; toutcfois clles ont un grand respect et une soumission profonde pour les families nobles et religieuses, dont elles suivent la fortune. Sou- vent elles sont en lutte pour soutenir seulemcnt I'in- teret do telle ou telle famille qu'ellos scrvent. Dans un etat de guerre presquc continuel, les popu- lations sahariennes eprou\ent le bcsoin d'avoir dcs lieux silrs pour renfermer les approvisionnemonls qu'ellcs vont fairc chaque annce dans Ic Tell. Ces ap- provisionnements consistent en bl6, orge, cotonnade. soieries, armes, poudre, tabac, bijouterie, verrotcrie, outlls, epices, etc. lis se font babituellement au moyen d'^cbanges et sans argent inoniioye. Les populations du sud apporlent dans le Tell do la laine bide ou en toison, dcs haiks, tapis, ccinturcs, moutons, cbameaux, esclaves noirs , ceufs et plumes d'autrucbcs, |)eaux de pantlicres et d'ouacbs, datles, etc., ct ellos se procu- rent par la les produits que nous venons d'indiquer. Les populations sahariennes font, en outre, un com- merce important avec le sud au moyen de caravancs. Elles exportent de la laine, dcs tissus, de la soie, de la verroterie, du ble, de I'orge , etc., ct ellos imporlent dos dalles, dcs esclaves noirs, de la poudre, du bcnno, et des mati6res proprcs a la teinlurc. Autrefois los cchangcs se faisaienl chaque anndc apres I'epoquc de la moisson a\cc les maltrcs du Tell, auxqucls les Sabaricns payaient un certain droit, et dont ils subibsaient momentandment les conditions; ( 131 ) puis ils reiilraient dans leurs plalnes immenses, el re- prenaient jusqu'a I'annee suivante leiir vie iiomade. Depuis noire occupation, la crainte ou le fanalisme religieux les empeclia de s'approvisionner ainsi. Les exigences de la guerre avaient d'ailleurs diminue Its ressources en cer^ales du Tell, qui, en oulre , ne leur oflrait plus la meme security ; aussi ils ne s'y presen- terent plus pour acheler des grains, et ils allerent les chercher au Maroc, malgre la longueur du voyage et les conditions onercuscs qui Icur etaienl souvcnt im- posees. Les diverses expeditions dirigecs successivement dans le sud des divisions de Constantine , d'Alger, d'Oran , et , en dernier lieu , de la subdivision de Tlemcen, ont eu pour l)ut de rendre aux grains leur ancien ecoulement et de ne pas laisscr subsister pres de la domination francaisc des populations chez qui les mecontents et les fanatiques trouvaient un refuge assure. Les ksours dans lesquels les llamyan emmagasinent leurs grains sont, en se dirigcant de Test a I'ouest, ceux d'A'Sla. de T'loul, Moghar-Tatani , Moghar-Fokani, Ain-Sel'ra, Ain-Sefisifa. La ])uissante tribu des llamyan est limitee au sud par les Ouled-Sidi-Cheikli , a I'ouest par les Zegdou, a Test par les Laghouales, au nord par Ics Ouled el- Nar el Irs Benl-Matar, trlbus aujourd'hui soumisos. Les Ouled-Sidi-C.heikli forment une tribu forle de 1 800 a 2 000 Icntes environ, ce qui suppose une po- pulation de 10 000 a 12 000 individus. Ils se divisent en deux grandes fractions, les Ouled-Sidi-Chcikh Ga- rabas (de I'ouest), et les Ouled-Sidi-Clieikh Clieragas (de Test). Ils sont lous ou presque louscberifs, el des- ( 132 ) cendciil en I'l^iio tliroclo ilo Sidi-Olieikli-liou-Bt'tkor, premier klKilifa dii pi-oplielo cl fondaleur dc la Iribu. On los \uiici\; cdiume des inaraboiils ou des sainls, cl Icur 'mfliioiicc ndij^icuso est Icllc qu'un ^raiid nombre do tril)iis se rcconnaissontd'cllcs-iiiCMncs lours khcddain ou scrviieurs, ct so font bonnourdc ce lilrc. lis so sont cinparos a lol point do rcspril dos populations qui les cnlouicnt, qn'ils sont plus puissants que les chefs de CCS populations eiix-niomcs, ct (ju'ils Icur font prendre aiscmenl les arinos pour dofcndrc leurs proprcs inlo- rcts. Chez les Oulcd-Sidi-Choikh, I'autorile est licrcdi- lairo ; ils ne s'allient qu'enlro oux. Les Zcgdou, tribu marocaino, se subdiviscnt en un Ires grand nouibrc de fractions. Lour ensemble forme uno poj)ulation tres noml)rcusc. Ils sont, plus que tons les aulres habitants du Sahara, pillards ct vagabonds, ct se tiennent au courant do toutes les querelies dc tribu a tribu , afin do s'y immisccr, s'ils penscnt y trouver leur intcret. Ils sont souvciU en lioslililc avoc leurs voisins, et, en lonibaiil sur eux a limprovisto, ils Icur onlcvenl par uno razzia leurs troupeaux ct leurs provisions do loulc nature. Pour faire cos expeditions, ils montent doux a deux amies do fusils sur lo dos d'un chamcau , qui porte deux oulros plcines d'cau , ct, au nombre do 1000 a 1500, ils so prccij)iloiit commc unc avalanche sur la tribu qu'ils veulcnt piller, el qui, souvent soj)aree d'eux par unc grando distance, pouvail se croire a Tabri de leurs coups. Ils vivent aussi sous la Icnti', el mangent souvenl la chair du chamcau. Cettc nourriluro est pour eux il'aulant plus prccicuse, qu'ils n'onl que fort pcu do moutons ct pas du lout d'aulrcs besliaux. ( 13S ) Les Laghouates formcnt une trihu moins nnmhreuse el de mceurs moins sauvages que les Zegdou. Quand , pour so rondrc au sud , on (|uittL' Daya, plac6 sur la liniile nieridionale du Tell, on niarchc pendant environ deux heures au milieu d'un pays bois6 et montagneux : on y Irouve encore de beaux pieds^le clienes, de lontisques ct de sapins, quoiquo beaucoup d'entre eux restent rabougris par suite du sejour devastatcur dcs Iroupeaux de moutons, de cha- meaux, etc., dont la dent, en arracbant les jeunes brancbes, ote aux arbres leur puissance de vegetation. Bienlot les arbres, devenus dc plus en plus rares, dis- poraissent complelement. A 3 lieues et demie de Daya, on se trouve au milieu des bauts plateaux , plaines immenses qui ne prcscntent que de legcrs plis de ter- rain et oil poussent en abondance des loufl'es epaisses de thym et d'alfa. L'air est impr^gne des Emanations de la fleur du tbym. L'aspect de ces vastes plaines, depourvucs dc louto autre vegetation, n'ofTrc qu'une triste monotonie, qui augmente a mesure qu'on s'avance dans le sud ct qu'on perd de vue les dernieres cbalnes de I'Atlas. Ces bauts plateaux, qui precedent I'etendue de ter- rain qu'on appelle le Petit Desert, ferment dans leur ensemble un vaste bassin sans issue apparente et sans penle sensible, dont le centre est occupe par les C4bolt. On ddsigne sous ce nom de grands lacs peu pro- fonds, sans eau apparente a la surface, mais dans I'in- terieur desquels on en trouve prcsque paitout a une profondeur plus ou moins considerable. Cettc eau est generalement saumatre, et renferme souvent, en dis- solution , d'aulrcs sols que le cblorurc de sodium. U y a deux lacs principaux de ce genre, le Gbott el- ( 134 ) Chergui ( de Test), cl le Chott el-Garbi ( cle I'ouest). L'extremil6 ouest du premier de ccs lacs est sitii6e a 19 lieiies environ au sud de Daya. Le Chott el- Chergui n'est qu'une vasle depression de terrain, dirigee du sud-ouest au nord-est, de 2 a 4 lieues de largeur sur 30 lieues environ de longueur. Les berges qui I'entourenl ont j)arlout une hauteur de 25 a 30 metres ; elles sont habituellemenl rocheuses et presque a pic. A 1 000 metres environ de distance de ces berges, en s'avangant dans I'intt^rieur du Cliotl, les dernieres traces de vegetation disparaissent coni- pldtcment, cl le sol n'offre plus qu'une vasle surface de sable parfaitement plane, souvent cfllorescente par suile des depots saiins qui s'j Irouvent, et oil Ton voil se dessiner d'une maniere inerveilleuse les diff^rents phenomenes du mirage. Tantot on croit apercevoir devant soi une eau claire et limpide dans laquelle se refl^chissenl les berges du Chott; tantot il scmble que des cavaliers nombreux s'avancent a grande vitesso en produisant des flols de poussierc; tantot, enfin , los moindres touffes d'alfa qui se Irouvent pres des berges, ou les d6chi(ju(>lures de ces berges elles-mfimcs, oITrenl a Tceii I'aspect de minarets, de clocliers, de balimonis magnifiques, etc.; mais a mesure qu'on approche de I'objel represente a la vue, le prestige disj)arail, et Ton ne retrouve devant soi que du sable cfilorescent el des berges escarpees. Les Arabes, toujours amis du merveilleux, out sin les Chott une l(^gende curieuse. lis raconlent que, dans les temps reculles cxiblcnl, on divers points, sur b? vasle osj)ace du l\lit Desert cl des bauls plateaux, (jui n'ollrenl poiiilanl dans bur ensemble a Tceil du voxa^cuc ijue I'aspect de plalnes imnienses. Ainsi les Cbott ocriii)iMil la paiiie la plus basse des bauts plateaux, laiidis que le j)uint de Fritliss est conqnuativeinenl bien jdus eleve. ( 155 ) RAPPOUT DU CONTRK-AMIRAt BhAUFORT, HYDHOGBAPHE I)E l'aUIRAIT^ ANGLAlSi;, KN R^POUSE A I)ES DEMANDES FAITES PAR ORDISF. DE LA CIlAMBRIi DES COMMlINtS, LE 10 FE\RIER I8/18. { ( loniimini(|tie par M. D^iussy.) Deniancies : 1" Pour cliaciine des dix devnieics aniK^es, un ta- l)leau donnnnt loul ce qui, dans I'Ainiraule , se rap- porle a I'liydrograpliie, avec un ^tal dc loutes Ics dis- penses sous lous les cliapilres, savoir : lo nombre el Ic grade des ofTiciers employes, leurs supplements de solde et auties frais accessoircs; le nombre de mate- lots; les frais relatifs a la solde et aux vivres; les de- pcnses du l)ureau liydi'ograpblque pour les instru- ments, les cartes, etc.; le nombre, le rang et la description des batiments employes a des travaux by- drograpliiqucs , el leurs depenses annuelles. 2* LV'tat et la description dc toules les reconnnis- sances enlreprises ou continuces jiar le d^partemenl liydrograpbiquo, faisant connaitrc les travaux qui ont (^le termines pendant ces dix annces, ccux qui sont en cours d'ex^culion, ceux qui sont inlcrrompus el la cause de leur interruption. 3° I. a nomenclature des portions de mers, cotes, bavres et rivieres du Royaume-l'ni, dont les levels, les carles el les instructions nauliques peuvent elre con- sider^s comme deleclueux ou incomplels ; indiquer quel serait le nombre d'ofTiciers, matelols et batiments qu'il faudrait employer pour parvcnir a con)pleter I'exploration dc toules ces parties, dansl'espnce de dix ans, [)lns ou nioiiis. ( 156 ) /r L"(!!lol (los loves (los rolos i'trang- SI co 2 ^" ■^ ^^ '^ ■i-3 £3 ^ « o _ = - = =^ .^ r o .J to 3j o — — « > 5, ^ u s 2 — « E .■5 s " « oj — 1. ==J ( 168 ) § 2. — TABLEAU Dcs liavaiix entrrpri^ par le service hy, — Aux travaux en cours d'ext^cution on ajouta I'exploration des recifs de la Barriere (vers la Nouvclle- Ilolhuule) et du detroit de Torres : le Fly et le Bnunble furent employes a cette reconnaissance. Le Philomel fut onvoye pour examiner les ports des lies Malouines ; le leve des Ac^ores fut commence j'ar lu vapeur le Styx ; le Sulphur el le Sturling abandoimerent la cole de Cliine; tuais ils y laissi'-'rent /« se rcndit aussi dans lc golfc dc Benin, jiour en ronlitiuer lo Icvc. Lc Hasher ful sub- sliluc au Fearless dans le travail du leve de Porlsmoulh. I; II lin , Ic Tarinnis ful dclourne de la reconnaissance ( ]6l 1 do la cole iiiurklioualc dc i'lrlande, (jui lul couliiuiee avec des bateaux loues. I8/16. — A la i-econnaissancc dc la cote du Lanca- siilre siicceda celle de I'ilc dc .Man, an moycn dc ba- teaux loues. On entreprlt Ics grands lacs intericurs dc Corrib et dc Mask, en Irlande. Le Fly revint d'vVus- tralic, ou il etait occupc au leve des recifs de la Bar- riere, qui fut continue par le Bramble ot un autre ba- ilment frete a cet eflfet. Le Philomel, ayant tcrminc la reconnaissance des lies Malouines, se rallia a rcscadrc de la Plata. UJvon revint d'Afrique, apres avoir ter- niine le travail Jont il etait charge. Le Plover revint aussi de Chine, ou il laissa Ic Royalist, pour terminer Ics ()j>cration3 commencees. '18^7. — le Rattlesnake fut envoye pour poursulvrc le leve du d^troit dc Torres, ct continucr les travaux commences par le Fly. A la fin dc I'annee, le Colombia rccut I'ordre de quitter la bale de Fundy, et de revcnir pour desarmer. Le vapeur V Aeheron fut charge dc lever les cotes et les ports de Terre-Neuve. Au printemps, le vapeur V Jvon alia rcmplacer le Sparrosv sur les cotes d'Ecosse, dont la reconnaissance fut poursuivie jus- qu'au cap Wrath. Pendant rautomne, le Blazer, le Dasher, le Firefly, le L^ucifer, le Porcupine et le Shear- ivater, avec dc nouvcaux etats-niajors, furent employes a porter des vivres sur les cotes occidentales de I'lrlandc ct dc I'Ecosse , et les reconnaissances auxqucllcs ils etaient employes furent continuees au moyen de ba- teaux fretes. S3. Les parties des cotes des lies Britanniqucs dont la reconnaissance , les cartes et les descriptions peuvent ( 162 ) 6tic coiisitlorees cuniino dt^feclncuses sont Ics sui- vantes : 1° La plus graiidc parlic do la cote siul do I'A nglelorre est trt'S grossierement lrac6c, ct 1 On u'\ Iroiive auciin do ces details qui soul absoliiment ii^ccssaires pour juger la valeur exacte des nonibreux projets qui sonl souinis a rAiniraulc. ■2' Les cartes des cotes ocridenlalesde I'hcosse, dopuis le Mull ot Gaiitvre jusqu'aupres du cap Wralli, ainsi (]ue loules les Hebrides, soiit dans I'ctat le plus deplo- rable; non seuleincnt les details hvdrographiques n6- cessaires pour la silrele de la navigation y manquenl, niais la position geographique des points y est quel- qucfois en erreurdc plusieurs uiiiiules eu lalituile. 3° Deux grands espaces sur la cote ouesl de I'lrlande u'ont jamais ete explores , ct les cartes ne sont pour ces parties que des esquisses. ll" La cote sud-est de I'lrlande, enlre Waterford et Cork, est presque dans le m^me etat. 5° Une investigation complete des couranls de ma- rees dans la Manche est une operation de la plus graudc importance pour la lunigalion de cetle mer; 11 serait necessaire de s'en occuper. Ces dideronls travaux [(ourionl prubablejnent elre executes, avec toute I'exaclilude necessaire, en dix ans, tn y consacrant les sept balinienls a vapeur qui oiil ete derniercmenl emi)loye5 au service liydrograpbique , avec (jualre sections de bateaux, et en y alFectant en memo temps environ ciiuj cent ciucjuante hommes, y compris les ofliciers. 8 4- Les reconnaissances qu'il serait necessaire de faire ( 1<^'^ ) daijs Ics pays eliaiigers, j)Our (iiio I on puisse fouinir aiix iDarins des carles exacles cl de bonnes instruc- tions naiitiques, coniprendraient une si grande parlie de loules les cotes maritimes du globe, qu'il seiait presque impossible d"en donner I'eniimeralion dans un rapport limite ; niais celles qu'il serait le plus ne- ccssairc d'entreprendre mainlenant seraient : 1° Les lies sltuees dans la parlie orienlale de la Me- dllerranee, ainsi que les cotes de Syric et d'Egyple, ct une parlie de celles do TAlVique scptentrionale jus- qu'aux Iravaux executes par les Frangais, qui, ayant deja commence rexploration du littoral de TAIgerie el du Maroc, continueront tres probableineut ce lra\ail dans la partie orientale de la liarbarie. 2° A parlirdu dctroit de Gibraltar, la cole occiden- talc de TAfrique a eteexploree avec assez d'exaclitude jusqu'au cap Formose , dans le golfe de Benin; mais comma , en dehors de la Iraite des negres, un com- merce l(?;gitime se fait aussi sur les cotes orientates do ce golfe , ainsi que vers le sud , loute cetle parlie de la cote d'Afrique jusqu'au cap de Bonnc-Esptirance a besoin d'etre examinee avec plus de soin clde delails, afm qu'on en connaisse tous les ports et les mouillages. 3° Les cartes do loute la colonie du Cap sonl exces- siveinent defeclucuses, ainsi que le temoignent les nombreux naufragcs qui y ont lieu, et nous savons a peine quelque chose siu- la partie qui s'elend depuis nos fronlieres jusqu'aux etablissfuients porlugais de la baie de Lagoa. h" Les cotes d'Afrique tlepuis la baie de Lagoa jus- qu'a la mer llouge, ainsi cpie celles de Madagascar, sonl assez bien representees sur nos carles pour les bcsoins de la navigation, quoique des recherches noii- ( Ifi'l ) velles siir la cote d'AlViquc liisscnl encore lies iililes. 5" La mer Roiipre, une partic de la cole d'Arabie, le golfe Porsique et quolques parties d^tacli^cs des Indes orientales ont deja 4te levees par les officiers de la Compagnic des Indes; nous ne doutons pas que ccs Iravaux nc soient conliniK^s sur les coles de Malabar ct de Coromandel. La longiic presqu'ile ct le dc^troit de Malacca demanderont aussi beancoup dc temps el de sagacile pour compleler et combiner les differenlcs parlies qui ont et6 dc^ja levees. 6° Nos connaissances sur la mer dc Chine augmcn- tent tons les jours, mais il leste encore beaucoup a faire; il est probable que, parmi celte mnllitude de rochers et d'ecucils dont clle est semee, il n'y en a presque aucun qui soil marqu6 dans sa veritable posi- tion ; plusieurs sont reputes deux ou trois lois, et d'au- Ires sont omis. Cependant celte mer, qui est conlinuel- lemcnl sillonnee par im grand nombre de batiments de fortes dimensions et de valeur considerable, el qui est si reraplie de dangers, doit etre n^ccssaircment exploree avec le plus grand soin el le plus tot pos- sible. 7" Nous avons des carles excelU-ntes des coles de Ciiinc depuis Canton jusqu'a I'emboucliui'e du fleuve Yang-tseu-kiang ; mais nous connaissons Ires pcu dc chose sur la mer Jaune et encore nioins sur la Coree, le Japon ot la cote de la Tartaric jusqu'aux Irontieres de I'empire russc. 8° Les passages pour arriver dans la mer de Chine par le sud n'ont jamais et6 examines avec le soin qu'ils nifiritent, et tout cc qu'on connait de ce que Ton ap- pcllc les passages par Test dans le grand arrhipcl nia- lais resulte uniquement des observalions accidenlelles ( 165 ) et des osquisses que quclques marins instruils onl faitos depuis quelques annexes. 9° Les iles et les coles qui environment la mer d'Ara- foura (1), si clles etaient uiiciix connues, pourraient oflVir plusicurs ports dc refuge cl augtncnler probable- menl le champ des entrcprises commerciales. 10° Le delroit de Torres a ete explore avcc tout le soin que Ton peul desirer; mais, avant qu'il devienne le grand chemin pour tous les batiments qui sc ren- dront a Sydney ou qui en rcviendront, il sera neces- saire de connaitre plus en detail les coles de la Nou- velle- Guinea qui bordent ce clienal. 11° Tout le pourtour de la grande terre de I'Australie a ete explore, et les trails caracteristiques qui dislin- guent cbaque partie de ses cotes sont suflisaniment connus pour les besoins goneraux; mais des leves plus minutieux doivent etre faits, et les ressources mari- times qu'offre tout le littoral doivent etre plus appro- fondies, avant qu'on en vienne a habiter ces divers parages, en commencant par la cote de Test, ou le (lot de la colonisation parait deja commencer a se pro- pager. 12° Les cotes de la Tasmania ne sont Iracees aussi que Ires grossierement, et meme jusqu'aujourd'hui nous n'avons pas une carte du port et de I'entree de Hobarl- lown , qui est la capitale et le principal ela- Ijlissemenl du commerce de la colonic. 13° Le leve complet de la Nouvelle-Zelande vient d'etre commence : on ne doit pas douter qu'il ne r6- ponde egalement aux besoins des navigaleurs et a ceux des colons qui vont s'y etablir. (i) Celte mer est comprise antra la cole norj de la Nouvellc-IIoI- laixtc, la Nouvelle-Guine'e et les Muhiijites. ( s cartes et les instructions nautiques, out ('•!(} rondns ( 1(58 ) (I'linc acquisition facile pour la marine marciiande par une vente a des prix trc-s l^as, et, pour prevenir toule tromperie a ce sujet, Ic prix csl loujours impriuie sur chaque carte, plan ou volume. Les carles gravecs du plus grand format, celui qu'on nonmie nntequary ou double-elephant, sont vendues 3 sli.; le format au- dessous, 2 sh.; et ainsi de suite, en din)inuant jus- qu'aux plus petils j)lans, dont le prix est de 6 d. Pour la \Lnle des cartes, rAmiraule emploie un agent general (Bate 21, Poultry), auquel elle fail une remise de ZiO pour 100. Des sous-agonls sont dlablis dans lous les ports du Pioyaume-Lni ])ar I'agent general, ct recoivent 25 pour 100 de remise; lorsqu'unc correction est faite a une planche , des cxemplaires corriges sont donnes en echange pour tous les exemplaires que les agent.4 peu- vent avoir entre les mains, et qui sont immedialemenl renvoy^s a rilydrograpliical-oflice, el detruils. S 6. Les difl'erents objels dont i! est question dans la derniere demande faite par ordre de la Chambre des Communes pourraieul Olre obtcnus en placant a la tete du deparlement liydrographique de I'adminislra- lion de la Compagnie des hides a Londres une per- sonno competenle. Oe devrait etre un marin, qui serait a meme di; conuailrc les points sur lesquels les navi- gateurs ont besoin d'observations; ce devrait etre aussi un liydrographe (surveyor), qui saurait comment ces observations pouvenl etre oblenues avec exactitude. La Cour des direcleurs a toujours favoris^ I'^tudc des sciences. On Irouve dans la marine de la Com- ( 1«^' ) pagnie (l(;s officiers aclils ct expei^imentes ; un (^tahlis- seiueut qui ne serait pas ties coilteux pourrait bienlut donner une nouvelle face a I'li^diographie de ces iiiers orientales. EXTRAIT n'vT\ VOYAfili DK M. L. COHTAMRliRT F.N ORIKNT. COTI! T)U r.OLFF, DK l'aKABAH KN AnABIK, Les Bedouins m'avaient dit que Ion ne compte que qualre journees du Sinai a I'yVkabah; cependant nous cainpons une quatrieme nuit avant d'arriver. Apr^s avoir conlourne en partie une baie nomniee Oiiddf-Mgahbele, nous renlrons pendanl quelque lemps dans les monlagnes, pour reprendre ensulte le rivage au Ouddj-Lout-el-Bdhur, baie prol'onde et irreguliere. La maree haule nous oblige de passer dans I'cau, au milieu des rocliers. Le Oucidy - Uurdbag, qui vient apres, a un puils. Au nord s'ouvre une large baie, (levant plusieurs pelites vallees, dont la plus septcn- Irionale se nomme Ouddy- Doiun, parce quil s'y trou\e un dounj. Dans la partie meridionale de celte baie s'^leve une ile peu elendue, qui presenle deux collines couverles de mines. Je ne pus y aller. Je crois qu'on chercberait vainement une barque dans lout le goH'e de I'Akabab. On voit un inur crenele avoc plusieurs tours carrees. C'est probablemenl une ancienne lor- teresse arabo. J'interrogeai en vain les Bedouins a cet egard. Leur laconisme etait im sur indice de leur igno- rance. Tout ce qu'ils purenl nic dire, c'est li; nom de X. SI^PTKMBUE. h. \'l \'\h\ qui osl (Irny. Los monlngnos qui s'6l6vent dcvnnt colic baio sc nominoiU Djclicl-IIdmiiiar. Le golfe de I'Akabali sc lertiiinc carreiiicnl. Quaiid on est parvenu au sommel de I'anglo nord-ouost, on fait a peu pros uno lieue vers I'est sur Ic rivage, ol Ton arrive dans iin eiidroil rouverl do palmiers. C'lsl l;'i, vers Tangle nord-esl du golfo, on loiunanl un )><'U vers le suil , qu'on Irouve Cdlnl - el - yllutbili . la loMo- rcsse de I'Akahali , ainsi nominee d'lino nionlagno an pied de laciucile elle se Irouve, Nous y arri\iunes apres qualre journees et deniie de marclie, c'osla-diro a peu pres quarantc cinq heurcs, dejiuis Ic Sinai. J'onlrai avcc ma ]>elilc caravane. Le commandant, Almied-ElTcndi, me re(;ut avcc polilesse. Lne grandc cliambro fut imm^dialement nclloyee el mise a ma disposition. La forteresse est un carr^ d'environ qualre -vingls pas de cote, avec une tourniunie d'mi canon a cliaquc angle. Le pacha y entretienl une garnison de cent cin- quanle liommes, avcc un commandant turc. Devant la forteresse sont des cabanes de piorres et de branches de palmiers, occupees par les families des soldats. 11 \ a aussi des jardins, oil Ton cullive quehpies logumes, des figuicrs, des grenadiers, dos vignes. On Irouve de I'eau douce en creusant dans le sable, sur Ic rivage, cl memc dans le lit do la mer a maree basse. Ce lieu olTre des monceaux de decombres, qui pro- vienncnt peut-6tre de I'antiquc Jziongnber. In outre groupe de palmiers, a quehpie distance au nord ouest, indique probablcment la place iV/Jilalli ou .Ehtiia. On ne voit jamais parailre ici ni iiaviro, ni barque. II n'y a pas assez d'eau, me dit-on. Cependant c'cst a Azion- gaber que Salomon fit construire une floltc pour allor ( ^7'' ) cliorrlior I'or (rOphir. La niar^e ost a pen pres la lueuie qu'a Suez. Jc comptais pouvoir me rcnclrc jusqu'i Jerusalem avec les Aral)es qui m'avaienl amene du Sinai; mais on nie dit que le droit de me conduire plus loin ^tait ac- quis a uno autre tribu, 11 fallut me plier aux exigences de Tadminislralion b^douine, et envoyer chcrcher mes nouveaux guides a une douzaine de lieues. La iorleresse contient quelques logements, disposes sans ordrc, et une petite mosquee. II y a un puits. L'eau qui s'ecoule quand on puise forme dans la cour ime mare inforte, autour de laquelle dcs cbameaux, (les moulons, des cbevres , iles gazelles privc^es , de» jjigeons, des enl'ants nus , prennent leurs 6bats. I'nc douzaine ile cbarneaux morts, provenant de la cara- vane de la Mecqtie, dont une parlie 6lait passee quel- ques jours auparavant, empestaient les environs, J'avais a peine eu le temps de me reconnailre, que je me vis assailli par lous les malades del'endroit; qui pour une opbtbalmie, qui pour une timieur, qui pour In fievre, qui pour jo ne sais quoi. Je commenrai par declarer que je nVMais pas m^decin ; on ne tint comjito di' m;i dt^claration. En Orient, qui dit Franc, dit doc- teur. Jc donnai des conseils hygieniques; on ne m'e- coula pas. Celui qui avail la fie\re me demanda en grace un doigl do momie , pour se I'appliquer siu- la jjoitrine; il avail d^ja eprouve la verlu merveilleuse de ce reniede ! ( 172 ) EXTRA IT d'w.NE I-ETTRIi DE M. VATTIER DK UODRVILLE, AGENT CONSU- I.AIUE A IU:>G1IA7.V, ADRKSSJiE A M. JOMARD. Henglin/.y, i5 mai 1848. L'oiivragc de M. Pacho ui'a bcaucoup aide dans quel- ques lines de mcs rccherchcs, quoiqiie j'y aie observe un grand nombrc d'erreurs ij;raves. Ainsi I'existence du lac Trilonis et des ileiives Liccus el Lalhon nien- lionnes dans Strabon , conlestee par ce voyageur, ainsi que par plusieurs aulrcs voyageurs modernes, a ele constatt^e par moi, ainsi que j'ai eu I'bonneur de I'ecrirc ces jour* dcrnicrs a M. Ic luinislre el a M. Le- Ironne. Cc lac existe en ellet a Irois niilles de la \ille tie BenghazY, au milieu de cinq ou six aulres lacs; unc lie csl au milieu, et sur cette ile il v a des ruines. Cos lacs ne sont jamais a sec; I'eau de quelques uns est douce; elle est saumalrc dans Ics autres. La position de I'ancienne ville d'Adricn a et6 verifide par moi, et la situation de ses ruines, assoz eloignees du clialeau d'el-Burssis , et connues sous le nom de Deriana, est d'accord avec les itineraiios anciens. Je pense qu'il est inutile, pour le monicnt, d'insister sur ces errcurs et sur plusieurs autres. Jusqu'a present, grace a Dicu , mes travaux ont ete couronn^s de quclque succOs, et le fruit de mes reclier- cbes sera par la suite, je I'cspere, bicn plus grand et plus complet, si le gouvernement de la R^publique nc juge pas a propos ne suspendrc une mission que je crois vraiincnt utile dans I'interet de la science et donl ( i7;> ) Irs rosuUals sont deja assez. iionibreux. Aiusl dos poiii- turcs antiques du plus haul inleret (pi. LIV, album Pacho ) sont enlrc mcs mains, avec des marines, lels que statues et beaux fragments de bas-relifs, des in- scriptions que je crois inediles, des vases precicux dont quelques uns fort remarquables par leur gran- deur ct Ics sujets de Jeurs pcintures, des terres cuilcs, des medailles, et quelques petits bronzes. Depuis longtemps j'etais a la recherche de ces carac- teres inconnus que Ton rencontre en divers cndroils, dans la Cyrenaique et dans quelques autres parties de I'Afrique, graves, soit sur les parois des puits, soil sur les murs d'antiques chateaux en mine. Quelques voja- geurs ont considerc cescaractercs comme des marques parliculieres i certaines tribus, et d'autres savants n'y ont vu que des traces d'un ancien idiome libyen main- tenant oublid; (*). J'ai voulu approfondir ces deux questions, et j'ai cherche (pour y parvenir plus aise- ment par la comparaison) a reunir un certain nombrc de ces signes dont se servent les diverscs iribus de la grande famille des Arabesnomades, pour se dislingucr entrc elles, marquer leurs chamoaux, ou indiquer leur passage dans telle ou telle contrt^e, par Tinscriptioa de ces signes sur des pierres, sur la roche, ou sur des debris d'antiques edifices, J'ai ete amen6 par la re- flexion a penser que les Arabes actuels nc pouvaienl guerc en avoir ete les inventeurs, et qu'un usage si ge- neral, ct rcconnu si necessaire, devait avoir une memc (') Cntle remarque repond ;> mic dcniaiulo coinpiisf dans Ics iii- slructioiis donno'cs an voyaf;cur jiar I'Acadi'iriie d<'s iiiS(ri|itions ct belles-lettres : niais I'idiome amjnel ;iji|iarticiiiieiit les raractcres 'lout il s'ajjit n'csl pas (;ntici ciii'iil jiridii, cl cos sijjiies sont i ncore en usafje. J — I'- ( 17/1 ) oii^liio cl tiali.'i d uiic Opuque plus cloiyiici:; que la necessile qui s'etail Fait senlirde se scrvir cle ces sigues, pour disliiiguer enlre elles des families el des fractions de ces meincs fan)illes , dcvait remontcr jusqu'aux ti'inps Ics plus anciens, aiors que Ics differeutes popu- lations iioiiiados elalent beaucoup plus considerables el plus repandues qu'aujourd'hui. De la, jc suis arrive a conclure que ces divers signes onl rte probablenient el naturellement fournis par des caracteres apparle- nant adiverseslanguesou idiomcs anciens, mainlcnanl perdus, lesqucls onl pu elre plus ou inoins alleros par la suite des leuips (*); les Arabes de nos jours n'au- raient fait qu'beriler de ces signes ou caracteres pri- initifs. Le nonibre de ces signes n'esl ])as d'ailleurs aussi considerable qu'on pourrail le supposer, a cause des combinaisons a I'lnlini de ces caracteres enlre eux, coniinc je vais essayer de le prouvcr, si vous voulez bien nie suivre dans mon raisonnenicnl. La grande famUle nomade se compose , il est vrai, d'un nombrc indefini de branches; nials, dans la for- mation de ccUes-ci, il faut bien se garder de confondre les rameaux avec le Ironc principal : cc dernier soul a un bigne parllculier donl parlici[)enl ses dlverses ra- milicalions, avec de legeres variations qui pourlant ne le rendenl point m^connaissable , el il devient comme un lion commun enlre ces divisions sorties d'une meme souclic el un signe do lallienjenl autour de la md.ue Irib'i. En ollol, tuutes ces tli\lbions et sub- divisions dune uiomo i'uuillle portent la marque de (*) M. (le rmin \ illi' (oiihirnc ici l'o|iiiiioii cjiR' mdus avons (.■ini^e sur CPs cniacteres, ipn, puur d-iic tlis iiiaicjues paklicilicics de tiibus, n'cii soul pas iiiuiiis ( piusieurs ^iuiiuut ) ties sialics phuneliquus. [Bull, de la Sof, ilt- O'c'o'/i'., aiiiiec 1B47.) J — ". ( i75 ) collo de'iiiiere, avec I'adjonclion d'autros pelils sigiies particulicrs dcslines a eviter la confusion entre elles La lilbu ties Awaguir, par exeniple , repandue a Test do Benghazy, et qui occupe Teiikiia, IJarce, etc., se divise en trols families prlncipales, qui sont Ailel- Salcli, Adcl-Ibrahim et Ailet Souleiman, lesquelles se subdivisent ensuite cbacune en un nombre plus ou moins considerable do families, et do meme de cba- cune de celles-ci en plusieurs aulrcs. La tribu dc Saleb compreiid six principales divisions, cello dlbrabim quatic, et cello de Souleiman six. Ainsi le signo dis- linclif et commun de toule cctte famille consisle dans un angle aigu, s'ouvrant borizontalpment a gaucbe et coupe par une ligne qui en fait deux angles egaux (1). (Voy. la plancbeci-jointepourco loiivoi ot Icssuivants.) Pour les autres tribus partielles, derivanl de cetle memo source, cet angle resle le memo, avec coltc legeio dilTc^-ence qu'il est pos6 verticalement , le sommet en baut, et qu'a droite ou a gauche do ses coles so trou- vent d'autres caracleres particuliers a cliacune d'cllcs. En voici quebjues uns qui servironl a en doinior une idee : Adcl-Salob (2), Ailet-lbrahim (3), et Ailet Sou- leiman (/i), font partie de la tiibu de Saleb, de meme qu'Ait-Mutawali (5), Ait-Fesseyat (6), Ait-Agueye (7), Ait-Abedla (8), etc. Le signe distlnclif de la grande famille des Mu- gbarba, habitant au sud et a I'ouest, est une ligno verticale , marquee a cbacune ile ses deux extremites d'uno ligne horizontalo (9). EUe so subdivise en douze blanches prlncipales, qui loutes, moins doux, portent cetle marque; telles sont Ait-ol-Baidal (10), YVilBou- cheibt! (H), AilBelgueraga (12), Ail-Aleuu (13), Ail- ( 176 ) Notcl (l/i), AU-Eigliuich (lii). Ait ■ el - Ab;,nut'cl (10), Ailet-Nasr (17). Ail-Ali (18). Celui de la tribu des Dgeuazi est comme un lanialef renversdi do droite a gauche (19), et cellc des Fouaid resseniblc a un losange (20). Ces deux grandes trihus ont ete chassees successivement de la Cyr^naique par cellos qui I'occupent en ce moment, et se sont refu- gieos sur les terres d'Hgyple. Les Mourahoulin , dont j'aurai occasion de parler plus lard , vastc famille qui n'a, pour ainsi diro, ni centre, ni slgne commun, sont repandus partout et ont tons des marques diffcl'rontcs, dont void quclqucs unos : ElFouaklicr (21), El-Clic- liibett(22) , El-Munclaa (23) , Essaitb (2Zi) , Emwalik (25) , Ouled-el-Clieikh (26). Emcbcitab (27), Ezwije (28), Ferdgian (29), Dgerara (30), Ait-Abd-el el Semii (31). Je me reserve, par la suite, do dresser un tableau ex- plicatif de loutes les grandes tribus a ma connaissance, (!e leurs subdivisions, des signes parliculiers a cbacunc d'ellcs. Je crois inutile, pour le moment, de m'e- lendre davantagc sur ce sujet. Tout ce que je viens d'avoir I'bonneur de vous dire tend done a reunir deux opinions qui paraissaicnl opposees jusqu'a present (*), et a prouver que ces signes dillerents, qu'on rencontre en divers endroits dans ces contrees, sont en meme temps et les marques distinctives des nombrcusos tri- bus qui les habitent ou les parcourenl en tous sens, el des caracteres ayant apparlonu a des langues anle- ricurcs ol diverses que nous ne connaissons plus au- jiiurd'hui. Quolques doutcs pourtant s'dtaient elevens a (') Les ikux opinions auxquclles M. de 1>, tail allusion ne sont pas cunlradictoircs. J — d. { -177 j oet ogard dans iiimi cspril el iira\aioul oiiipeclie jus- qu'a cc jour d'eineltre ces idees; mais ccs doulcs se sont dissipes acluellcment, dcpuis racquisllion impor- tante, precieusc et pcut-etrc unique dans son genre, quo j'al faite derniercmenl a Dcrna d'une pierre gravee (agalhc, je ci'ois), niincc el legerement ovale, de 28 nill- linietres do largeur et do "26 de hauteur, ayanl d'un cote 16 lignes d'inscription grecque , et de I'autre six ligne.s d'ecrilure que jc suppose libyenne , et lenfer- niant trente-huil lellres , dont voici la transcrip- tion (32) . Plusieurs de ces lellres, que je souligne, sont idcn- tiques avec les marques de quelques tribus, et quel- ques cheiklis , auxquels j'ai niontre cette pierre, ont et6 saisis d'dtonnement a la vuo de ces caractcres , parnii lesquels ils en ont roconnu pour etre de tellcs ct telles tribus qu'ils m'ont nominees. Voila une preuve assez convaincanlo, a laquelle je me pcrmettrai d'cn ajouter une autre, qui, tout en n'ayant pas la meme autorit^ a mes yeux, n'est pas moins digne d'attention etd'interet. A peu de distance de Gyrene, sur la route d'Apollonie, on rencontre quelques grottes Ires vastes, designees sous le nom de Magharenat : M. Pacho n'a vu dans ccs immenscs excavations que des magasins servant d'entrepot aux commercants cyreneens; je no parlage nullemcnt une pareille opinion. Dans une de ccs grottes, j'ai remarque une inscription en caracteres inconnus, que je me suis empressc dc copier, ct que j'ai riionneur de soumetti'e ici a vos regards (33). n mo serait didicilo de preciser raainlenant si cette inscriplion est ancienne et susceptible d'une interpre- tation quelconque, ou tout simpleaient un assemblage ( i7R ) do signcs traces an liii- d ;'i incsurc, ci les uiis a cole (les autres, par dos Arabcs, a des 6poquos diverses, ce qui loutofois ne me parait pas vraisemblabie ; il me serail C()ie plus dillicile de clicrchor a penelrer Ic sons oil la valour de cos caracl^rcs, paruii loscjuels j'en ai recoiiiiu plusicurs eii usage cliez quelques lrii)us. En admcllanl done que les caractercs alphabetiques (raiuiens pcuj)les onl ele on pu elre rorigiiie des si- liiies noinbreux employes pac les dilTeronles popula- llons nomades, cctle decouverte pourrait offrir une source de recherches nouvdles et imporlantes a faire, qui seraient du plus haul interet, el dcsquelles pour- raient jaillir quelques lumieres. Les meres trihus qui a |)reseiU liai)ilonl cl parcou- lenl la Cyrenaique sonl cellos des Ilarabi, des A\va- i^uir, des Mugharba , et les Mouraboulin. Ces dernicrs se divisent ot so subdivipenl en une I'oule d'aulres tri- bus nombreuses et iinportanles qui, presque toules, onl des signcs diffd'renls el sans aucun rapport enlrc eux. La majeure partie de ces .Mouraboulin ne se bat- lonl j)oint, cl sont comme places sous la proleclion (les clieiklis avvaguir, liarabl on mugharba, dont les Iribus sont bien moins nombreuses que les lours. Cost quelque cbose de vraiment surprenant quo cot esprit de dependance qui poiurait denoler ici la conquete el la le conquerant, d'un cole les anciens j)roprielaires du sol , ot dc I'autre les maitres nouveaux. Lour ori- i;ine, en efl'cl, me [)arail (ilie fori ancienne, et je ne suis pas (^loign(^ de cioiie qu'ils peuvent Ir^s bien 6trc les descendants des anciens peuples libyeiis de la Cy- renaique. Mes cfl'orts pour pen6trer la virile a ce sujcl n'onl pas eu encore grand succos ; uiais pourlanl c ( 170 ) n'ai piis perdu lout espoir d'ai)prenilie quelque chose (le plus posltir sur eux, et, dans cecas, j'aurai I'lion- iicui' de vous en faire jiart. Avanl de lerniiner celle letUo, pcrmettcz-inoi, nion- tiiour, d'iijouter encore quelques mots reialivcuienl a quelques iiiarbres existant parinl les ruines de Cyrene, ol qui m'avaJenl etc indiques, avant uioii depart de Paris, comuicsuscepldjlos d'etre Iransportes en Franco. J'al longtcmps cherclie et j'ai fini par trouver le torse de Cesar, dont parle Paclio dans son estimable ouvrage. 11 en exihtc deux, prestjue enlierement semblables, molns quelques ornaments de la cuirasse, et de la memo dimension, I'un au nord et I'autre au sud du Cesareum, ce qui m'avait induit un instant en erreur. Le torse connu, celui du sud, a etc deteriore proba- blcment depuis la visite de ce voyageur, et je pcnse que le dessin qu'il en a fall a, comme en geneial les portrails des renimes, ele un pen cmbelli, comparali- vement aux ravages du temps; ce n'est acluellemenl qu'un grand bloc de marbre, sur Icquel on remarque pourtanl encore quelques beaux vestiges, et surlout le medallion, represeulant la tele de Mcrcure, qui est paifaitiMuenl conserve : mais jc crains bien (ju'il ne vaillc pas la peine el les frais du voyage. Quant au sarcopbage siu- lequel sonl reprcsentes deux grif- I'ons, il faul y songor l)ien moins encore; il est cn- tieremenl in'ise , coumie tous les autres monuments de ce genre; car de loute celte immense (]uantite de grotles sepulcrales dont se comj)ose la vasle INecro- polis de Cyrene, il n'y en a pas une seule qui n'ait ele ouverte, rcmuee de lond en conible, el saccagee, Tou- tefois, dans ce memc liypogee se lrou\ait un aulre sarcopbage orne d'un grand uombre de beaux bus- ( 1^0 ) lelicls, (.1 ilcul uiu; seulc paiui, inoiiis tloterion'jc cl plus inlaclc, pent oll'rlr quelque int^rel; je suis par- venu a la falrc diHaclier, npres beaucoiip de poino, cl j'ai dit la laisscr a Cyreno, avcc d'aulres marbrcs tiop lourds, que je n'ai pu faire porter avcc rnoi a Ben- ghazy, faute dc iiioycns sufllsants dc transport. Parmi CCS marbres est la belle statue dc fcmme, dont la tetc, trouvec separement, est en ma possession. Le dcssin en a ele envoye dernierement a M. le minislre , ainsi que cclui d'une demi-stalue, ct d'une magnifiquc letc d'houime d'une parfaite conservation. Ayant du sus- pcndrc nies travaux, je n'ai pu encore en decouvrir Ic torse, qui doit infailliblcment e^ister et etre tres beau, puisque j'en ai le pied droit et la main gauche tenant un papyrus, avec un morceau de fer qui les unissait au corps. Sig/ic : J. Vattier du BotnviLLE. EXTRAIT u'li\r, MiTTRE ADRESsiE A M. JOMARD, PRESIDENT DE EA SOCIEXi, PAR M. 15ERTHEL0T, COKSUL DE FRANCE A TiwiRIFFE. 8 srpteinlirc iS/jS. . . . J'ai trouvo ce pays en voie dc progrcs sous beau- coup de rapports ; la pclile ville dc Sainle-Croix , que j'habite, s'est cmbcllic depuis que je la quittai, il y a dix-huit ans. J'y ai relrouve plusieurs ancicns amis , qui m'ont recu avec ruccucil le plus cordial. L'indus- ( 181 ) Irii" ni;u'ilimc s'esl beaucoup clcJvoloppee ; on a con- struil a Sair)le-Gioix, a I'ilo de Palma ct a la giandc Canarie , de fort jolis navires, tres fins voiliers, qu'on emploie a la navigation marchandc dans les relations commerciales entre ces iles, Cadix, les ports de la cote d'Esjjagne et Marseille. Ceux d'un plus fort tonnage sont expedies a la Havane. Tous sont commandes par dos capitaines ct des pilotcs du pays, excellenls ina- rins, qui ont fait leurs etudes a Fecole de navigation etablic a Sainte-Croix, et dirigee par le vieux Maffiotle, un de nos compalriotes, ancien chef de liinonnerie a Lord du vaisseau le Neptune, fait prisonnier au combat de Trafalgar, et residant dans ces iles depuis ce grand desastre de notre marine... Son fils, ingenieur civil, a etudie sous les yeux de M. Poircl, directeur dcs Ira- vaux du port d'Alger, le systeme de construction dcs jetees sous -marines ; la Chambre de commerce de Sainte-Croix a adopte, a son retour d'Afrique, les plans qu'il a proposes pour le prolongement du mole. De grands travaux sont commences depuis un an; d(^ja un bon nombre d'enormes pierres , formees de pouz- zolane, de chaux hydraulique, de sable et de fragments de rocbes volcaniques, ont 6te lancees a la mer. Ces blocs prismatiques, de k metres ct demi de long suv 2 metres et demi de large , et autant de haul, presen- tent deja asscz de consistance pour etre depouillees de leur encaissage au bout de quatre a cinq jours Soixante-dix pierres prismatiques sont deja pretcs pour le remblai sous-marin qui doit combler I'espace vide entre le navire petrifie et le point du mole qu'ont d6ja atteint les travaux. Lorsque tout ce grand ou- vragc sera achev6, nous aurons un port ferme ou les batiments de commerce pourront decharger leurs mar- ( 1^5 ) rlinndisos ot prondro cliargo cominddrnKMil. \,o nuilf sura abordablo a toiilc maiV'o j)oiir los )ntj>i'iiix de gueni' qui reiachenl ici, el qui jKuirronl cmbaiquer le charbon donl ils auront besoin, avec facilile cl sans porlc de temps. Si Ton consid^rc les progres rapides que fait cbaque jour la navigation par pvroscaphos, on coniprendra de suile lout en que TenerifTe, ce cara- venserail des navigateurs, cette station sur la route dos deux Indcs, qui r^unit deja tons los avanlages dos ap- jirovisionncments, aura gagne d'imporlnnce en devo- nant, avec son boau mole ol son port lerme, le mcil- leur dobarradore de rAllanlique ol roscale obligee des l)atimenls a vapeur qui traversent I'Ocean Yous parlerai-je de la pOcbe, qui est toujours plus abondanle et souvont mcme miraculeusc? Cette In- dustrie, vraimenl providenticlle pour la classe pauvro, cbez un peuple eminemmcnt ichtbyopbage , n'est pourtant encore que dans son onfance. Les arts do pecbc sont ici tres peu varies; mais le poisson pullule, et le marcb6 est toujours assez pourvu. Le beau pois- son ne se vend guere que 35 cent, ia livre double do 32 onces; souvenl memo i! ne vaut que 15 cent. De- puis plus de deux mois, los tbons de la grande ospeco, dils o/Oa corns, abondent dans la baio. Cos c^normes scombres pescnl depuis 100 jusqu'a 300 kilogr. On les sale pour les exporter en Espagne ; mais Ic scl nianque souvenl, el alors on los doniie jdutol qu'on ne les vend J'ai peut-6tre contribui un peu par mes (ravaux sur les Gouancbes a fortifier le pencbant nalurol des insidaires vers lelude do leur hisloire ])rimitive, el je ni'en rejouis. L'/liirore a deja j)ublio sur ce sujel d'oxcellonts el curieux docunionls que je rasseniblo, ot ( ']8:'. ) flonl i<' voiis romeltrai f[iii'l((iii'.s cxliaiis; Ic jpiino poete Negi'in a cliar.li'' a\cc uue vciso clialourciise ccs nobles martyrs do la lil)er[c, (jiii defendirent plod a pied I'indd^pendance de lour palrie conlre des conqiie- rants harbares. Mais je nie borne mainlenant a ccs simples indications, me rdservant de vous donner nnc autre fois de plus longs details, el de vous dire un mot de la culture du no[)aI pour la projiagalion de la co- clienille, de celle du murier des Pliilippines, de la fa- brication de la soie dans I'ile de Palma. Toutcs ccs industries sont en voie de progres. Les Canaries exj>e- diont en Europe pour plus de deux millions de francs de cocbenille; Marseille, le grand marclie des drogue- ries el teintures, en recoil sa bonne part; et si le prix se soutient seulemont a 13 IV. le kilogramme, ces iles pourront bien en exporter pour quatre millions avant trois ans. S. BF.RTni'.LOT. EXTRAIT d'unk i.i;tti\i-; ni: m. iti:i'.Tni:i,oT a m. uoux nr: nociniiJ.K, pr/:sii)i:m' tti; i.v commission centrai.e. Saintc-Gioix do ri'iiprlffe, <) noi'it i8:{8. . . . L'ai'ciiipel des Canaries est en voie de progres sous plusleurs rapports. La petite ville de Sninle-Croix de TcnerifTe s'est beaucoup embellie; jy ai relrouve plusicurs anciens ami;-, (jui m'ont accueilli comme mi des leur.s. I-a culture de la coelicndh' prospi're, ci les ( m ) lies on oxpt'cUonl on Europe pour unMroii tlcux mil- lions lie IVancs; niais ce jjroduil pourrail iloubler en deux on trois ans si le prix se soutenait seulemcnt a 13 IV. le kilogramme sur les marches de Franco et d'Anglclerre. La pcche est toujours tres abondante ; le poisson est excellent, et les esp(ices en sent lr6s varices. Le pic do Teyde n'a pas bouge de place; il est lou- jours solide sur sa large base; majestucux el superbe, il porle comnie autreCois sa cimc au-dessus dos nuages, qui le drapcnt ; les vapeurs sullureuscs qui s'cchappent des soHalaros qui crevassent son cratere nous disent que le foyer central n'esl pas encore ^teint; mais loul est calme autour du g^ant des montagnes; les plantes qui veg(^lent sur les scories qui I'encombrent conli- nuenl a cmbaumer du parl'um de leurs ileurs les bautes solitudes de Tile; plus bas, des sapins s^culaires rap- ]jollcnt encore la vegetation primitive ; et, au-dessous, des bois de lauriers conservcnt loujours leurs frais ombrages. Ainsi la nature, aprcs les grandcs revolu- tions qui ont bouleverse co sol volcanique, I'a dot*!: d"une constitution vigoureuse et leconde; son travail lent, SOS riiaclions incessanles, ont convcrti les torrents de lave en une lerre fertile; du sein de la roche cal- cinee sont sorties ces sources providentielles qui arro- sent les vallees agiicoles, cl luaiiilouanl le ble, Forge, le mais, lavigue, unc foiile de produclions varices , d'arbres et d'arbusles aux IViiits delicieux, croisscnl a I'envi ct donnenl de riches rccollcs sous Finflucnce d'un climal privil^gie. In peu de lerre vegetale avec de I'eau ct du soleil, voila les princlpos qui constituent ici la veritable richesse. l.o Sin-olaloui- mililnipo, (fl^'""" 1848.) X>a>s ••"*i'^'^ Novd Kf«(i-i/'ii/ti-M-/nn// . .^ y^ ^ \ oEl-AFtcliit \ ■J\t'rlmi/a ,,. J. -jitxncvauv L-EXPElSHTlffJiX Sll)l)KTI.KM(EN \\n\ el Maj oPtiman /-' Purl,t^ /loit-i/iier/i "^f //''iiiUJ rtlO'lT-'''-*''"'''^ / ' > * r;>x 'VWa '-/- ^'"<^/" ('•••"■'I Souiuf/ia \ / l'tttt<*y \Alil>ii.fii f/'utf.i' ■fvml'/i:c t-n ftiirlic/ \Am-6cnMe/t/ /Pu,/^, ^ \ p yiaouj'tv'ii ^, * . jV>'V-i(^.--' /Cj''/'''''''' •'"'''■"7 ^ '> K S E R T £p Bp N ota^f'tT iottrhes /wrtxon. fa/Kf rrprr^cnie/if /es prmctpitti.r nwiwr- i/ii/ttfftfft/ iTffncf\itf\- ,rtfiut ptTr /a io/unnc ■ Marqiics / r ^ -e 8 EA — RTa 7/ / A V f-^^r^TD c/n K lil/f fi'/tcfecte^ . Bii/hla, ^, /* jVf Jc C.y 7 "■' /S4 H BULLF/riN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. OCTOCRE 18/i8. PREMIERE SECTION. MfeMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. NOTICE SUR L'ISLANDE. PAR M. DE LA ROQUETTE. Vers la limite extreme de I'oc^an Atlantique boreal exisle , entre I'ancien et le nouveau continent, une grande lie dont la portion septenlrionale est baign^e par Toc^an Arctique glacial : c'est I'lslande, cel^bre par une ancienne civilisation et par les progr^s remar- quables que ses habitants avaient fails dans les lettres, et parliculieremenl dans I'histoire, a une 6poque oil I'Europe (^lait plong^e dans I'ignorance. Tandis que certains g^ographes, d'accord avec I'usage gen^rale- ment adople, la font d^pendre de cette partie du monde, d'autres la comptent au nombre des lies de I'Amerique, dont elle est en effet beaucoup plus rap- prochee et qu'il parail certain que ses enfanls ont vi- sit^e et peut-etre meme colonis^e siir quelques points X. OCTOBRH. 1. 13 ( 186 ) plusieurs slides avant les d6couvertes dc I'illustre Co- lomb. Situ^e entre le 63" 24' et le 66» 32' de latitude sep- tenlrionale, et entre le 26° 51' et le 15° hV de longi- tude ouest du mt^ridlen de Paris, I'lslande appar- tient au Danemark. Elle est plac6e a 60 mllles danois (Zl5'"5"-,1920) (1) de la partie habit6e du Greenland {Gronland) et a 30 milles f 22™)"--,5960) seulement de celle quine Test pas; 6loign6e de I'lslande de 150 milles (112'"y-,9800) et de 78 (58'"y-,7/iG6) des iles Fcero, elle se trouve sous la meme latitude que la province norvegienne de Trondhiem et a 120 milles (90"'y'"-,38ZiO) de distance i I'ouest. On lvalue a 65 milles (48'">''-,9580) la longueur de I'lslande de Test a I'ouest, entre Latrab- jarg, Bjarlangar, Bjarnargnupr et Gerpir, et sa largeur a 50 milles ( Sy-^y^-.OOOO ) de Dyrholar ( Portland ) a Raudignupr. On n'est point d'accord sur sa superficie, qui serait, suivant les uns, de 1800 milles carres , tandis que d'autres la restreignent a 1 ZiOO. L'Islande parait 6tre d'origine volcanique ; elle est parsem^e en grande partie de rochers nus, dont quelques uns, couverts de glaces et de neiges perp^tuelles, sent appeles yolVfl!/',- d'autres, egalement st^riles, sont composes de sable et de roches. Quelques uns olTrent, le long des cotes, de larges portions de terrain couvertes d'nne belle ver- dure. Les babitanls ont genc^ralement (itabli leurs re- sidences dans les valines et dans les plaines 6troites situees au pied des rochers. L'Hekla, le Krabla, rOrcefa-jokull, le Skaptar-jokull, le Kotlugja, rEyafjalla-jokuU, et plusieurs autres mon- (i) Le milie danois doot nou« avoos fait usage est egal a 7 53a me- trei. ( 187 ) tagnes ont 6t6 jadis des volcans en activity : I'HekIa , qui a toujours occup6 la place la plus remarquable parmi les volcans de I'lslande , a eu seul de recentes eruptions. Presque loutes ces montagnes sont cou- vertes de glaces et de neiges perp^tuelles. La partie la plus 6lev6e de I'ile est situee au sud-est. On y remarque I'Orcefa-jokull , qui a 6 000 pieds da- nois (188Zi metres) au-dessus du niveau de la mer; dans la partie du sud-ouest, en g^n^ral la plus basse, I'Hekla a environ 5 000 pieds danois (1570 metres) de hauteur (1). La constitution physique de I'lslande a fr^quemment 6prouv6 des changements funestes, qu'il faut attribuer en grande partie a des Eruptions volcaniques et a des tremblements de terre, principalement dans la partie meridionale. Les plus d^sastreux de ces derniers ph6- nomenes sont ceux des ann6es 1755, 1783 et 178/i, quifurent accompagn6s d'6ruptions volcaniques. Aprfes ce dernier, la riviere de Skapla fut entierement des- s6ch6e , et le district de Skaptafell , dans lequel elle coule , auparavant I'un des plus fertiles de I'lle , ne pr^senta plus que I'image d'un d6sert. Cette revolution de la nature fut suivie d'une epidemie qui fit perir une portion considerable des chevaux, des betes a cornes, des moutons, etc., et causa la mort d'un grand nombre d'habitanls. Une lie, ou le feu brulait encore, surgit tout a coup du sein des eaux, mais ne tarda pas A y disparaltre. On doit faire remarquer toutefois que les devastations caus6es par Tiiruplion volcanique de 1783 (i) C'est lelevation que Itii donne V. Troil; J -C. Schytlie I'evalue a uii peu oiuins de 5 dOO pieds; et tandis que le lector GunliSgsen ne la porta qu'a 49^6 pieds ( t 55o metres) d'apres des mesures tri- gonometriques, elle serait , suivant Thienemann, de 5 210 pieds (i 63o metres); on sail que \* fod ou pied danoi* =■ o'",3t4- ( 188 ) ont laiss6 aujourd'hui pen de traces, que la lave s'est couverte dc vegetation, et que cliaque annee on 6tablil dc nouvcllcs iormi'S. La premiere eruption de FHckla, dont riiistoire ait conserve le souvenir, a eu lieu en llOi ; la derni^re, du 2 septembre 18Zi5, a ete decrite dans une excellente monographic par M. J.-C. Schythe, que le roi de Danemark avail envoj'6 en Islande pour examiner les resultats de ce phenom^ne (1). Les sources d'eau chaude qu'on rencontre en difTe- rents endroits, et dont quelques unes ont un gout mi- neral, doivent probablement leur originc a un feu in- terieur toujours en activite. L'eau de plusieurs est buuillantc, et pourrait servir a cuire des aliments. L'une des deux principales, nommees Geisir, situee r dans I'Hauxadal ( ArnesSjsla), jaillit p^riodiquement avec une grande force, et alteint parfois une elevation de plus de qualre-vingts pieds ( 25™, 1 ) , m6nie de deux cents (62'";8), si i'on s'en rapporle au professeur Schouw. L'Islande renferme aussi d'autres sources min^rales et froides, appelees par les habitants Olkel- ilur (2) . L'argent, le cuivre , le fer et le plomb se trouvent dans les montagnes; mais le manque de combustible lie permet pas d'exploiter ces mineraux; on y ren- contre ^galement la pierre a chaux et a platre, difTe- renles especes de marbre et d'argile, et de la pierre meulifere, ainsi que la vari6t6 de chaux carbonatee appel(ie spatk cVIshmde, dont les crislaux rhomboi- daux pr^senlent souvent un volume asscz considd- (l) Hekla og dens sidste Udhrud, den i''"' September i845 ( I'Hekla et sa deriiiere rruplioii du 2 scplciiiLTO iSj.')), p;ir J.-C. Schylhe , accompagnc ede), et le Melr ou Mehir [Eljrnus arenarius), qu'on confond quelquefois avec le Sandha{>re, et qui donne une farine assez bonne; les os de poisson el la viande, s^ch^s et pulverises, servaient ^galemenl autrefois a faire du pain. Malgr6 les importations annuelles des grains et des farine s de I'etranger, les Islandais, qui se nourris- sent aussi de viande, de lait, de beurre el de poisson, ^prouvent fr^que mment de terribles famines, surtout lorsque la peche n'est pas productive; ils sont alors obliges de sacrifier leurs bestiaux pour apaiser leur faim. La mousse d'Islande sert egalement a la nour- riture des habitants, ainsi que diff^rentes sortes de legumes et de racines, tels que des choux, des raves, desnavets, etc., I'angelique, I'oseille, lecochlearia,etc. Dans tous les temps, les Islandais se sont adonnes a I'eleve des bestiaux. Suivant un 6crivain danois, or- dinairement bien inform^, ils possedaient en 1753: 112 054 betes a laine ; 30 85i betes a comes, dont 755 ch^vres; 32 689 chevaux. Les maladies ^pidemiques de 1783 et de 1784 re- duisirent ces nombres a cultives ensuite par M. AILoy, agriculteur de Picardie, atteignirent rapidement un volume considerable el depasserent en produits toutes les varietes connues. Des tubercules de la meme espece, remis par M. Alboy a M. Du Fays du Monceau, ont ete a Bruxelles I'objet de I'admiration generale a I exposition de 1848. «Cette espece de pomme de terre, dit le journal I'Emancipation, de Bruxelles, si reniarquable par sa fe'condite, sa precocite et ses qualites nutritives, a ete jusqu'a present preservee de la tnaladie qui fait tant de ravages parmi les au- tres varietes de ce vegetal. » « G'est, suivant le Journal d' agriculture ■pratique, la plus precieuse des especes connues, " et " elle est reclier- cliee en Belgique, au jufjeuient de M. Ch. Morren, professeur d'agri- ctilture a Liege, et de M. Bellefroid , directeur de I'agriculture au niinistere de I'interieur de Bruxelles, coinme I'or Test en Californie, « ( 192 ) 42 243 boles a laine; 9 996 betes a cornes ; 8 395 chevaux. Depuis, la siluation dc I'Islande s'est tellement ame- lioree, qu'on y comptait en 1845, suivant des docu- ments officiels : 617 401 betes a laine; 23 713 betes a cornes; 34 584 chevaux. Les rennes, introduits en Islande du Finmark en 1773 el dans les annees suivantes, se sont extrSrae- ment multiplies et se tiennenl plus particulieremeiit en troupes nombreuses sur les plateaux des montagnes du nord et du sud de I'ile. lis sont a I'etat sauvage, ct on les cbasse comme les autres betes fauves. Lour nombre est Ires variable, car il en p6rit beaucoup pendant les hivers rigoureux, ou les masses de neige compacte qui couvrent les rochers les empecbenl de trouver de la nourriture. Una herbe assez haute, qui croit ])rincipalement dans les vallees situees pres de la mer et des rivieres, et meme sur les montagnes, quclques plantes marines, de la mousse de rennes et des debris de legumes, for- menl la nourriture des animaux domestiques, dont la plupart sont de petite taille. Les chevaux, ordinairc- ment dc laille moyenne et souvent lr(^s pclits, sont vifs et robustcs, et ils ont le pied extrfimement siir; aban- donnes dans les champs, en hiver comme en 6le, ils y cherchent eux-meracs leur nourriture. On a elabli en quelques endroits des esp^ces de haras. Ilorrebow affirme que les Islandais 6l6vent aussi des cochons, ainsi que des poules et des canards, mais en pelit ( 193 ) nombre, et qu'ils nourrissent egaleuient des chiens el cles chats. Les renards y niultlplient beaucoup, et lea ours y arrivent quelquefois par bandes du Gioenland, sur des glaces flottantes. Parmi les diverses especes d'oiseaux auxquels les habitants font une guerre con- tinuelle , la plus pr^cieuse , sans contredit , est le ca- nard appele cedr [Anas f/io/lissima), dont le chaud et moelleux duvet, cedardun ou dim (edredon) , est I'objel d'un grand commerce. Les mers qui environnenl I'ile sont tr^s poissoii- neuses, surtout en morues et en barengs; parmi les poissons qu'on peche dans les lacs et dans les rivieres, on doit citer en premiere ligne le saumon. L'introduc- tion r^cente de bateaux norvdgiens pontes et de filets de peche perlectionn^s , ainsi que I'envoi en Islande d'hommes habiles a preparer les barengs , poissons dont on a dt!;couvert des bancs considerables dans jilu- sieurs golfes, ont donn6 quelque extension aux peche- ries des cotes, quoiqu'elles aient encore beaucoup de progrfes a faire. On s'y plaint gen^ralement du manque de chanvre, de lignes et de bois dans le commerce. La population de I'lslande, qui parait s'etre elevee a environ 120 000 ames pendant le xii* siecle, a eprouve depuis de grandes variations. Les Eruptions volcani- ques, les tremblements de terre et les terribles mala- dies epidemiques de 1302 et de 1395, la reduisireut, a la fin du xiv* siecle, a moins de 20 000 ames; elle s'etait un peu relev^e, puisqu'en 1703 on I'evaluait a 50ZiZiZi; mais les bouleversemcnts de 1783 et de 1784 la firent descendre a 38 66.7. Elle 6tait, en 18/|5, do 68 559 ames, et tend a s'accroitre, suivant des rap- ports olhciels de I'evequc d'Islando que nous avons sous les yeux. Ces rapports font connaitre que I'ivro- ( m ) gnerie est la cause d'un grand nombre de deces, el que la proportion entre les naissances ill^gitimes el les naissances legitimes, qui ^tait en 1830 comnie 1 a 4 5/7, 6tait, en 183Zi, comme 1 a 6 2/5. Les Islandais fabriquent eux-mSmes presque tout ce qui sert dans leur menage; la pluparl sont k la fois charponliers , menuisiers, constructeurs de bateaux, forge rons, orfevres, etc; ils ont peu de manufactures. Dans le dernier sierle, il en avail ^t6 ^labli une de laine a Reykjavik ; mais, malgre I'appui du gouverne- ment, le monopole en entralna la chute. Dans les der- niers temps, on a eleve une fabrique de has et ^tabli une machine a filer. Depuis 1733, mais surtout a parlir de 1830, la navi- gation a fait de grands progr^s en Islande. Les habi-j tants ne poss^daient gu^re, vers celte dernifere ann^e, qu'environ 2 200 navires ou bateaux de differentes mensions de 1 a 12 hommes d'equipage. En 182( 52 navires, jaugeant 2/il5^ last de commerce, dont d'un tonnage de 1 557 last, qui se rendirent h Cop( hague, el qui ^taient en presque lotalite Danois, fur€ employes a la navigation , tandis que 16 seulemc avaient visits cette capitale en 1733. En 1834, c'est-l dire huit ans apres, on employa a la navigation de I'l lande 84 navires jaugeant 3 535 last ; et sur ce noml 56 furent diriges sur Copenhague. Le nombre des vires employes au commerce de I'lslande s'est 6le\ annuellement, torme moyen, savoir : DE 1832 A ISZil. Venant de Daneniark, 66 jau- geant ( last Je coniiii.). 2 ySg Venant desduclies de Holstein et de Slesvig, i5 jau{»eant . 4^7 EN 1845. Vi'nant de Copcnhafjiie, 69 jau- {leant ( last de comni.). 2 3- 1 Venani d'autres lieux du Dane- mark, 1 3 jaugeant. . . . i33 Venantdesaiirhes,! a jauj;. 362 ( »P5 ) Quelques navires norv^giens, charges de bois de con- struction, visitent cbaque annde I'lslande, ou se ren- dent aussi de rares vaisseaux francais, anglais, etc.; mais les premiers s'occupent plutot de peche sur les cotes, ou dans les cours d'eau, que d'op6ralions com- merciales, a cause des droits eleves auxquels sonl soumis les navires etrangers. Pendant le temps que le gouvernement de I'lle ful repuhlicaiu , et principalemenl avanl le xin^ sifecle, les Islandais f aisaient un commerce considerable avec leurs propres vaisseaux. Mais depuis qu'ils eurent passe, en 126Zi, sous la domination des rois de Nor- v^ge , et surtout lorsqu'en 1376 ils furent unis au Da- nemark, des dispositions peu eclairees adoptees a leur egard, des restrictions auxquelles leur commerce, de- venu le monopole tantot de compagnies particuli^res, tantot de la couronne , fut soumis, et, il faut le dire aussi, les calamites dont ce malheureux pays fut ac- cable, rendirent pendant de longues annees ce com- merce presque nul. Un ecrivain islandais fait observer que I'un des resultats du monopole qui pesa si long- temps sur sa patrie, ful qu'un pays qui a si peu de moyens de pourvoir a la subsistance de ses habitants exporta frequemment, par une etrange anomalie, et plus particuli^rement de 1655 a 1764, une plus grande quantity de produits alimenlaires qu'il n'en importait du dehors. Sous le regime du monopole, le connnerce n'etait permis qu'aux agents des compagnies qui exer- Qaient ce monopole ; les indigenes ne pouvaient equi- per de navires pour leur compte. Le pays 6tait divise en districts de ports, dans chacun desquels residaient des employes des compagnies, et c'etait avec eux seu- lement que les naturels avaient le droit de trailer. Get ( I9 sale'es. Piece. 20 722 40 230 T„ile. ill. 37 712 » — de renard. id. 406 143 Mouchuirs. Piece. 7 456 „ — de cliien Sucre. Livre(l). 7 270 15 575 de nier. id. u 1 568 .Sirop. id. » 8 000 [Eflredon. Lisp.(r). 120 136 C.ifcen grain. id. 3 361) 8 558 Pluniesde cy- giie. Soufi-cvaflme T.ibac. id. 54 000 76 160 Piece. 16 09". 17 578 Sel de Frame Lispuod. 2 829 >1 et d'E^pa- Casaqnes de S'le. Baril. 2 955 2 378 laine. Piece. 1 313 6 282 Ch.irbon de Seigle etorge Ba.il. 5 369 6 591 terre. id. 22 588' * Anne'e moyenne. (1) Le skippund est de 320 livres danoises ; le lispiind , de 16 livres ; et la livre danoise e'quivaut a 499 grammes. (2) L'anne danoise ==0m,628. ( 198 ) Ptincipales exportations et importations de I'Jslande pour, et de torn pays, en i84a et i843. EXPORTATIONS. - 184-2. IMPORTATIONS. — 1845. DESIGNATION UNITE des DESIGNATION UNITE des W -J- 115 des Foros et des POIDS et P B U MAKCHANDISES. MESUBES. MARCHANDISES. MESUH. C - Poisson. Skippuud. 16 000 Seigle. Tonne. 20 000 Huile de baleine. Tonne. 6 800 Farine de seigle. id. 4 200| Ruguc. id. 500 Gruau d'orge. id. 7 000 Laine. Skippund. o400 Pois. id. 4 400 Has de lainc. Paiie. 10.=; 000 Pain. Livrc. 160 000' Mitaines de laine. id. (iSOOO Eau-de-vie. Pot. 330 000{ Viande salee. Lispiiud, 22 OOU Klium. id. 10 000 Skippund. a 150 Vin. Oxbov, no' Cafe. Livrc. 116 000' Edi edun. Les quanlites ne Sutre. id. 14-2 000 Plumes de cygne. sont pas iudique'ks. Sirop. id. 95 000 Tabac. Sel. Fer. Cbarb, de lerre. 1 Tonne. Skip. Tonne. 94 000 1-2 000 500 2 500 Principales exportations et importations pour, et des pays Strangers, non compris te Danemark et ses d^pendances, pendant I' annee 1 845. EXPORTATIONS IMPORTATIONS POUR LES PAYS ETBANGERS. DES PAYs Strangers. DESIGNATION des MARCHANDISES. U in a M t H 0 11^ £i2 PAYS de DESTINATION. z o S X i E VI a S" p VI ^ H - = 1 "1 PAYS do PROVENANCE. Merlnche. Livr. 6 0-26 Angleterre. Sel. Tonn. 4 776 Anglelcrre. id. id. 2 567 312 Mc'dilerran, I'harbon de Morue plate. id. 580 Anglcleirc tcrre. id. 155 id. id. id. 60 928 Mcditerran. ':afc. Livr. 2 200 id. Rogue de Fer. id. t 449 id. poisson. Tonu, 432 France. Id. ouvre'. id. id. id. id. 558 Medilcrran. Set. Tonn. 280 Norvege. || Suif. Livr. 22 080 id Bids de con- Huile de ba- structiou. Pice. lis id. leine. Tonn. 127 id. Sel. Tonn. 28U Portugal. Lainc. Livr. 118 3.33 Angleterre. id. id. 17 358 Mcditerran. id. Ball. 270 id. ( 199 ) Avant 1770 et 1783, I'Islande 6lait adininistr^e par un gouverneur royal portant le nom danois de Stlft- befalingsmand ou Stiftatntmand, et appeld en islandais Stiptamtmadr on Hofudsinadr ; ces derniers noms avaient ete importes de Norv^ge d^s les plus anciens temps. Aujourd'hui File est divis^e, sous le rapport adnii- nistratif, en trois Jinter ou prefectures, d'une super- ficie a peu pr6s egale, nomni^es d'apres leur situation geographique, Festr-amt ou anat occidental, Nord-aint ou amt septentrional et Austr-nmt ou amt meridional. Chacun des pr^fets exerce d'une mani6re independante la juridiction administrative et de police dans son amt; mais celui de I'amt meridional, qui a en meme temps le titre de Stiptamtmadr, est une esp^ce de gou - verneur. II preside la cour superieure [Landsyfirettr), institue les pretres ou pasteurs des paroisses {Proeste- kaldene) , a I'exception toutefois dans les six principa ux pastorats, qui sont a la nomination de la couronne, a la haute direction des dcoles de toute File, conjoin - tement avec I'^vfique, et exerce enfin un controle sur les finances avec le Landfogeti, comme caissier public ; mais, du reste, iln'a aucune superiorite sur les autres pr^fets. L'ile est encore divis^e en vingt Sysselnerne ou districts, subdivises eux-meme s en Hreppar. L'Islande avait autrefois deux 6veches on Stipt, celui de Skalholt [SkalhoU-stipti), et celui d'Holum ou Hola [Hold'Stipti). II n'existe en ce moment qu'un 6veque r6sidant a Laugarnes, pres de Reykjavik, chef-lieu de I'Amt meridional et de loute I'Islande, et resi- dence du Stiptamtmadr. 19 prevots ayant sous eux 183 pretres ou pasteurs de jjaroisses, et un nombre a peu pr6s 6gal, mais variable , dc pretres et de chape- lains, compietent la hieraixhie ecclesiastique de Hie. ( 200 ) Les rois de Danemark s'^tant empares de la majeure portion dos proprit^t^s de I'c^glise, a I'^poque de I'in- troduclion du kitheranisme en Islande , les revenus des eccl^siastiques sent fort mediocres, el leur casuel se rdduit a peu de chose. La justice est exercee en Islande par dix-neuf .S/.s/h- rtienn, charges de la police ct du maintien du hen ordre ; ils jugcnt loutes les adaires en premiere in- stance, et percoivent les impots et revenus publics , qu'ils versent dans la caisse du Landfogeti , dont la juridiction s'^tend sur toute I'lle. Ce dernier est en meme temps Bcejarfogeti, ou magistral de Reykjavik. La cour superieure, cr^6e en 1800, et presidee par les stiftamtmand, recoil les appels des d(icisions des Syslumenn, et ses arrets sont portes devant la cour supreme etablie a Copenhague. L'assemblee natio- nale [nlmindelige landret) oil se traitaient toutes les affaires du pays , et qui jugeait les affaires judiciaires {Rets.sager) en dernier ressort avec une esp^ce de jury, fond^ en 930, sous le nom de nithing, a 6te supprimee en 1800. Unc dcole, devenue celebre, fut 6tablie en 1056, a Sknlliolt, et une seconde a Holum, en 1105, par Jon Ogmundsson, den Hellige ou le Saint. La premiere fut transferee, en 1786, a Reykjavik, et la derniere fut r^unie, en 1801, a celle de cette ville. L'^cole savanle deRejkjavik, transportee en 1805 a Bessasladir ou Bessoslad, a 6te retablie en 1846 dans la capltale de I'lslande. Le personnel de cette ^cole, a laquelle on se propose de donncr les proportions d'un gymnase, se compose en ce moment d'un recteur, d'un professeur {overlarer, en isl., yfirbennnri), de trois adjoints a demeure et d'assistants. II existe, en outre, en ( 201 ) Islande un senilnaire [Pastoral serriinarium) pour les ^tudiants qui se destinent a I'etat ecclesiaslique , avec un professeiir de th^ologie et un adjoint [medlcerer). II y a, en outre , une ecole d'enfants a Reykjavik. C'est aussl a Reykjavik, eloigne d'un milleseulement de I'etablissement de Besseslad , qu'est ^tablie la pre- miere division [fhrste afdeliiig) de la Societe litteraire d'Islande, cr^ee en 1816; la seconde division est a Copenhague. Les jeunes Islandais reQoivent, en gene- ral, dans leurs families les premiers elements de I'edu- cation ; une partie de ceux qui ont i'requente I'ecole savante vont termiiier leurs etudes a I'Universite de Co- penhague, ou ils ont pendant quatre ans le logement et dix rigsdales par mois. L'Islande n'a pas , a proprement parler, de ville , puisque la population de Rejkjaiuk, sa capitale ac- tuelle, situee dans I'amt meridional , ne depasse pas 700 habitants; les autres endroils remarquables, quoique infiniment moins peuples encore, sont : Fest- niannaeyiar, egalement dans I'amt meridional, Gr««- darfjord et Isafjord, dans I'amt occidental; Ejiafjord et Eskejjord, dans I'amt septentrional et oriental. Ces six petites places ont neanmoins le titre et jouissent des droits de villes de commerce (A'anpsfadir]. Sk,:liolt, autrelois le lieu le plus important de I'lslande, a trois milles au sud des sources chaudes de Geysir et de Strokkr, est tout a fait d^chu ; il a seulement conserve une petite eglise. Anterieurement au vi* siecle , des Irlandais sont venus s'^tablir en Islande, si Ton s'en rapporte a I'ouvrage d'un moine do cette nation , nomme Di- cuil, De mensura orbis , qu'on suppose avoir ete com- post vers I'an 825; et ainsi se trouverait expliquee X. OCTOBRE. 2. ill ( 202 ) Torigine des li\ros(le piet^ en Jaiigue irlandaisc qu6 les Norv^gions y Irouvfetent a leur premier d(^barrjue- monl. Oiini qu'il on soil, jet6 en 861 sur les coles de cette lie, Naddod, pirate norvegien, I'appela Snjoland, ou terre de Neige , nom qui fiit change en celui de Gardars holnii , ile de Gardar, lorsqu'en 864 , Gardar, Suedois , (itabli en Danemaik, la visita. Trois ans apr^s, Floki, pirate norvegien, s'y rendit et I'appela Island ou terre de Glace, nom qu'ellc a conserve. Le despotisme de Harald harjagri, que les historiens norv^giens et danois appcllent Harald haarfager , devenu seul souverain de toute la Norv^ge aprfes la victoire decisive remport^e par lui , en 872, pr^s de Hiilursljord , detcrmina une partie de ses sujets, dont plusieurs etaient naguere ses egaux , a s'enfuir avec leurs families. Ingolfr futle premier Norvegien qui se fixa definiti- vement en Islande ; il etablit en 87A son domicile a yirnarholl, pres de Reykjavik. Le nombre des Norve- giens qui se refugi6rent en Isiande devint bientot si considerable, que, dans la crainte de voir son royaume depeuple , Harald se vit oblige de raettre des obstacles a Temigration ; neanmoins, malgre les mesures rigou- reuses qu'il adopta, il ne pulparvenir a I'arreter com- pletement. Les nouveaux colons, adoptant une sorte de gouvernemenl r^piiblicain aristocralique , divise- rent I'ile en qualre districts (1), a la leto de chacun desquels furent places les chefs des principales fa- milies qui exercercnl I'autorile civile el religieuse sur (i) D'apres I'ancieime division de I'lslande en 4 districts [Fj6r- diiHgar), ceux-ci furent subdivises en i3 ping, et chaqixe piny en 39 godortl. (jhafiin des chefi de ces dernieres subdivisions portait le nom de Godi, et avail la direction de son district sous le rapport { 203 ) tous les habitants de leur district respectif. La bonne harmonie dura pen de temps entre ces bommes tiir- bulents; et I'ile tout enti^re ne tarda pas a etre livr^e a la plus complete anarcbie. Pour y mettre un terme , on confia, a la presque unanimite, a un sage et savant Islandais appele Lllfliot le soin de r^diger un corps de lois. La mise a ex(^culion de ce code, qui recut le nom de son auteur, et surtout le choix qu'on fit en 930 de Rafn Hcengson pour occuper le poste important de pre mier logsogumadr, juge supreme ou chef de la r^pu- blique , 6lu dans I'Altbing par les godi ou chefs , reta- blirent momentanement la tranquillity dans le pays. Ce fut en profitant des intervalles de paix que les Islandais se livrerent avec ardeur a 1 'etude dans leur lie , et, allant se perfectionner dans les ecoles etran- geres , firent des progres dans les sciences et les belles lettres , mais plus particulierement en histoire. En 982, ils decouvrirent le Greenland, et peu d'ann^es aprfes il paraitrait qu'ils abord^rent en Am^rique. De 980 a 985, Tborvald Rodranson, leur compatriote, sur- nomm^ Fidforii, ou le voyageur, baptise en Saxe par I'dvSque Fr^dclsric , tenta, mais vainement , de concert avec ce dernier, d'introduire le christianisme en Is- lande. A differentes fois le roi de Norvege , Olaf Tryg- gvason , esperant les soumettre a son empire en leur faisant adopter un nouveauculte , envoya des mission- naires pour les convertir. Les premiers furent mal ac- cueillis; mais Gissur et Hlalte, qui se rendirent dans I'lle en I'an 1000 , d^cid^rent les habitants a se laisser temporel, aussi bien que sous le rapport spirituel. Tous les godi ( Goderne ) devaient se rounir dans V Althing ou assemblee nationale, ou Ton faisait les lois et les reglements ou concessions (Bevillinger), qui etaient ensuite proclames dans I'assemblee par le Logsogumadr, ( '20!i ) baptiser en laisanl d'adroilcs concessions a leurs an- ciens prejiigcs; sous aucun preloxte, neanuioins, coux- ci ne \oulurent reiionccr a lour Independancc. Isleil, fils de Gissur, clevu en Allomagne, fut le premier eveque d'Islando; ses conipatriotcs I'elurenl en 105(3. Malgre les dissensions intestines qui ne cesserent d'a- giter les habitants de I'ile depuis le commencement du XI'' siecle , I'entbousiasme qui les animail pour la liberty leur lit loujours repousser avec energie les I'requentes tentalives des rois do Norv^ge. En J 113, la bonne harmonic sembla reiiaitre , lorsquc le ce- lebre historien Snorre Sturlusson ou Sturleson , ap- partenant a I'une des principales lamilles d'Islande, en lul iiomme logs Sans rechercher ici si les iles Shetland et Hebrides, loin d'avoir forme la premiere population des lies Foero, n'ont pas elles-memes recu de la Norvege leurs premiers habitants, quant aux Shetland du moins, ainsi que I'affirment plusieurs historiens, nous nous bornerons a citer quelques autorites dont le temoignage nous fait persister dans I'opinion que nous avons emise en ce qui concerne les iles Foero. On trouve en effet, dans la Fccrejinga saga, ou Histoire des iles Foero, pubiiee en i832 par M. le professeur C.-C. Rafn, un passage qui nou^ parait decisif : Madr er ncfndr Grimr Kaniban, hann bjgdi fyrstr Fcereyjar a d6qum Uaralds hiiis hdrfagra; thajlydu fyrir hans ofriki fjSldi manna , seltust sumir i Foereyjum ( ok hygdu thar, en sumir leitudu til annarra eydilanda. Audr hin djupaudqa for til hlands, ok Kom vid Foereyjar, etc.; c'est-a-dire : n Un homme nomme Grim Kambau fit le premier des constructions dans les iles Foerii, au temps d'Harald Haarfager. II y avait a cette epoque un grand nombre de personnes qui fuyaient la tyrannic du roi, dont plusieurs s'etablircnt aux Foero et yfi^erent leur domicile; mais plusieurs aussi cbercherent d'autres n^s inbabite's. Aude Grundrige arriva en Islande, et se rendit «re la aux iles Foero, etc. » Gerhard Schiining, dans son His- toire du roraume de Norvdge, pubiiee en danois a Copenhague en 1781, rerlifie que les iles Frero ont etc colonisees par les Norvegiens pendant la vie d'Harald Haarfager, et il cite a I'appui de cctte assertion les textes de diverses sagas et autres ecrits des Islandais Armi Berntsen Bergen ' Danmarkis og Norgis fructbar herlighed, imprlme' a Copenhague en 1 656) dit positivement , premiere partie, page 32a, etc., que les iles d'lslande, de Groenland, de Foero, etc. appartenaient a la Norve'ge, ce que confirme Lars Hes.i Bing dans sa ( 207 ) Par Qrdonnance du 15 niai 1834 , il a ete ddicid^ que I'Islande nommerait deux deputes a I'Assemblee pro- vinciale de S6lande. Posterieurement, une nouvelle ordonnance du 8 mars 1843 a accorde a cette ile une representalion speciale plus complete sous I'ancien nom de Jlthing, dont les inembres doivent se reunir lous les deux ans a Reykjavik. Les Norvegiens qui vinrent s'etablir les premiers en Islande au ix° siecle y introduisirent avec leur langue, portant a cette 6poque les noms de Donsk tuni>a, de Norrena tunga{l), leur religion, leurs poesies ou chants nationaux, renfermant des traditions historiques et mythologiques, qui couiposaient avec les runes a peu pr^s tout le savoir des anciens peuples scandinaves. Ces germes de la litt^rature podlique et historique prirent de rapides d^veloppements par suite des fre- quents voyages des Islandais dans les diff^rents pays de I'Europe, dontils frequentaient assidilment les 6coles, en meme temps qu'ils ^tudiaient I'histoire, les moeurs et les coutumes de leurs habitants. Le sejour habituel a la cour des rois scandinaves des skaldes, poeles lyri- ques qui chantaient les exploits des h^ros mythologi- ques et ceux de leurs protecteurs, qu'ils accompa- Description du royaume de Norvege, des ties d' Islande et de Far 6, ainsi (fue du Greenland, qui a paiu en danois a Copenhague en 1796, II paraitrait, d'apres rinspeciioii de I'Alinanach royal du Dane- Diark [Koticjelig Dansk Hof 0(j Stats-Calender), que les lies Fcero dependent en ce moment, sous le lappoit ecclesiastique, de I'eveclie de Selande; niais ce que nous contcstons , r'est qu'elles en aieiit de- pendu a IVpoque ou la Norvejje formait un royaume completcment independant du Danemark. (i) Gette langue, dont I'usage s'est encore conserve aujourd'liui en Islande, etait parlee dans les temps les plus recules par les trois peu- ples scandinaves, les Danois, les Norvegiens et les Suedois. ( !^08 ) ^naient souvent Hans leurs expeditions militaires, ne contribuaient pas pen aussi a repandre en Islande , lorsqu'ils y retournaient, le goiit de la litldralure et des sciences historiques. On ne doit done pas s'elonner si cette ile, isolee dans I'Ocean et separeo pour ainsi dire du reste du raonde , a produit des les premiers temps de sa colonisation, outre des liommes d'Etal emiiionts, un grand nombre de litterateurs et de savants distin- gu6s. Parmi les liommes les plus remarquables que nous croyons devoir mentionner ici , nous ailerons comma apparlenant au x^ siecle {jlfliot, homme d'Etat re- nomme par ses connaissances et par sa sagesse , qui visita plusieurs pays etrangers, el devinl le legislaleur de sa patrie, a laquelle il donna un code qui porte son nom; et Thorvaid Kodransson , surnomine Vidforle [l^'idfbrull), ou le Voyageur, le premier qui tenia de convertir ses compatriotes au christianisme. A ce meme siecle appartiennent Biarne Heriulfson , Leil" Erikson et Thorfinn Rarlsetne, auxquels on attribue la decou- verto et la premiere colonisation de I'Amerique par les Scandinaves, dont les anciennes sagas nous ont transmis I'interessante narration, Les xi*" et xii'' siecles donnerent naissance a Ulfr Ospaksson, guerrier et compagnon fidele du roi Ha- rald Sigurdssoii pendant son siijour a Constantinople avec les Virrin^uerSy a Gizur Isleifson, (iveque do Skal- lioit, protecteur des sciences, reformateur des lois, morl en 1118, dont le roi Harald disait qu'il possedait a un degre 6gal les qualites necessaires a un : oi, a un guerrier el a un 6v6que; a Ari Thorgilsson, surnomme Hinn Frodi oo. Frodr, c'est-a-dire le Savant, plus connu sous le nom d'Are Frnde, auteur d'une hisloiro abregee ( 209 ) d'lslande. qui donna I'impulsion a la litt^rature histo- rique, et futle premier ou tout au moins I'un des pre- miers qui fit faire des traductions, en substiluant a I'ecriture imparfaite des/vmeil'alphabet latin ou anglo- saxon (1) . L'homme le plus celebre de cette periode tut SoemundouSoemundrSigfusson, surnomme egalement Hinn Jrodi, mort en 1133, lequel, apr^s avoir periec- tionne son education dans leshautes ecoles etrang^res, et particulierement a Paris, ou il parait avoir fait un long s6jour, reunit en un corps d'ouvrage, portant le titre d'ancienne Edda ou Edda de Scemund [Edda Scemiin- dar), les plus anciens monuments litteraires de la Scandinavie (2), etconcourut a la formation du recueil des anciennes lois ecclesiastiques , avec les eveques Thorlakr Runolfsson et Ketill Thorlaksson. Son petit- fds, Jon Loptsson, mort en 1197, dont la mere etait fiUe du roi de Norv6ge Magnus Barfod , fut I'un des hommes les plus puissants de son temps; il contribua par sa grande influence et son habilete au maintien de I'autorite des lois et de I'ordre. Pendant le xiii' siecle, vecut en Islande Gizur Hall- sson, qui mourut en 1206, apr^s avoir voyage en Al- lemagne, en Italic et en plusieurs autres contrees; il exerga les fonctions de marechal de la cour '^Stallari) (i) Quelques e'crivains lui attribuent la Landnama saga et la Chris- tendoms saga. (a) M. F.-G. Bergmann, dans son introduction aux Poemes islandtiis tirds de I'Edda de Saemund, dont il a piiblie en l838 le texte original et la traduction francaise, accompagnee de coinmentaires et de sa- vantes notes, emetl'Dpinion, snfHsammeat motivee, que Soemund n'est pas et n'a pu etre ni I'auteur ni meine le collecteur du recueil qui porte son nom. II pense en outre (]ue I'Edda de Snorre, quoiqu'on I'appelle la nouvelle Edda, a ete oomposco avant celle qu'on atlrihue a Soemund. ( 210 ) aupr^s de Sigurdr Munnr, p^re du roi de Norvege Svcrre, et devinl plus tard Logsuguinadr ou juge su- pericur de I'lslande. On doil a Gizur, dontls clergc de Rome faisait grand cas, une relation de voyage por- tant le titre de F/os peregrinationis, et il concourut a la publication de plusieurs sagas, entre autres a celle d'Olaf Truggvason et de plusieurs autres rois de Nor- vege. C'est a Snorri Sturlusson [Snoire Sturleson), n6 en 1178, qu'on doit V Heimskringla ou I'Histoire des rois de Norv^ge, et la jeune ou nouvelle Edda [den yngre E(lda), qu'on appelle aussi Snorra-Edda. Ce recueil c^lebre, dont il existe un grand nombre d'(^dilions et de traductions, est ecrit en prose, et traite de la mvtlio- logie, de la grammaire, de la rbetorique et de la ver- sification scandinaves. Snorri, poete distingue, I'un des hommes les plus puissants et les plus riclies de I'lsr lande, en fut pendant plusieurs annees le Logsogumadr, etmourutassassineenl2Zil. SturlaThordarsson, neveu du precedent, mort en 1284, est auteur de plusieurs sagas, entre autres de celle de Magnus Lagaboetis; il est estim^ comme poete, et a pris part a la conlection des lois introduites en Islande lorsque cette ile renonca au regime republicain pour se soumettre a la Norvege, changemeul politique auquel Rain Oddsson, mort eq 1289, I'un des bommes les plus dislingu^s du pays, opposa vainement la plus vive resistance. Bjorn Einarsson et Jon Arason font honnour aux XV* et xvi' siecles. Le premier, surnomm6 Jorsalafari (celuiqui a fait un voyage a Jerusalem), mort en 1415, fut pendant sa vie I'liomme le plus considerable de flslande par sa naissance et par ses ricliesses. II fit plusieurs voyages en Palestine , en Espagne et dans la plupart des fitats de I'Europe, et en publia la relation, ( 211 ) qui 6tail encore connue en Islande au xvii^ si^cle. Le second, dont les poesies jouissent d'une certaine re- putation, a et6 le dernier 6veque catholique d'Holuni ; ce fut malgr^ ses efforts les plus energiques que le lu- theranisme p^netra en Islande. C'est a lui qu'on doit I'introduction de I'imprimerie dans cette lie; il est morl en 1551. Les quatre Islandais les plus remarquables du xvn* siecle furent : Gudbrandr Thorlaksson, pendant cinquante-six ans eveque d'HoIum, qui a publie dans I'imprimerie de cette ville plusieurs Merits sur la theo- logie , I'histoire et les maihematiques, ainsi qu'une traduction de la bible en langue islandaise. — Arngrimr Jonsson Vidalin, plus connu sous le nom Iatinis6 d'Jrngrimus Jonce, pr^tre de la paroisse de Melstad, est celfebre comme historien et comme antiquaire. Parmi les ouvrages qui ont fait sa reputation, nous indiquerons : 1" Crjmogcea sen rerum Islandicariun , libri m, publie a Hambourg de 1G09 a 1630; 2" Spe- cimen Islandice historicum et magna parte geographir cum , qui a paru a Amsterdam en 1643 ; et 3° enfin , Grmlandia , traduit en islandais par Einar Ejolfsen , Skalholt, 1688; et en danois par Andr. Bussceus, Co- penhague, 1732. — Bryniolfr Sveinsson (lat., Btjnol- phus Svenonius) , Eveque de Skalholt, n6 en 1605, que ses profondes connaissances en philologie et en his- toire firent nommer par Fr^d^rik III historiographe royal, charge qu'il resigna quelques annees avant sa mort, arriv^e en 167Zi. — Et Halgrimr Petursson, prfitre islandais, dont les poesies, principalement les poesies sacrees, jouissent encore d'une grande reputation dans sa patrie. Un grand nombre d'6crivains ont illustr6 I'lslande ( 21-2 ) pendant le x\iii' sieole. Nous parlerons d'aljonl de Thorinodr Tliorlasson , plus connu sous les noms de Thormodiis Torfcrits. On doit a cet historiogvaphe royal de Frederic III, morl on 17i9, plusieurs ouvrages estimes sur I'liistoire et la critique historique , ainsi que sur les antiquites, Arni Magiiusson, connu en Da- nemark sous le nom (V Arnas Magnceas, fut cel^bre et corame historien critique et pour sa belle Libliotliequo de Copenhague, dans laqucUc il avail reuni un nouibro considerable d'ouvrages imprinies et inanuscrils sur I'histoire et les antiquites du Nord, et qui fut brilli''e en grande parlie on 1727. Les ricbesses litteraires que I'incendie avail epargnees, el particuli^renient les ou- vrages impi'iiues et manuscrits relatifs a I'histoire et u la lilterature de I'lslande, furent Idgues par lui a I'Elat, avec une somme d'argent considerable pour I'entrelien de celte bibliotbeque et de deux ^tudiants islandais qui devaient y etre attaches. Arnas Magna^us 6tait directeur des archives du royaume ( geheime Archivarius ) et professeur d'anliquites a I'tlniversite de Copenhague. Pall Jonsson Vidalin, mort en 1727, juge superieur de rislande , el petit-fds d'Arngrimr, avail fail une etude Ires approfondie des ancionnes lois de I'lslande et de la Norvege; il est auteur de plusieurs ouvrages eslim^s sur la jurisprudence. Jon Thorkelsson Vidalin, petit- fds d'Arngrimr comme le precedent , lut eveque de Skalholt, et se fit une grande reputation comme ora- teur sacr6 et comme poete lalin. Ses sermons, r^unis en collection, sont encore estimes. Finnr Jonsson i^Finnus Johannceus), eveque de Skalholt, ne en 170Zi, auteur de I'Historia ecclesiastica Islandice et de plu- sieurs autres Merits estimes, est morl en 1789. Bjarni P^Usson (en danois, Bjurnr l'(h'plsen) , clief de I't'tal ( -213 ) medical [Landphysicus) d'lslande en 17(i0, etait aussi distingue conune medecin que par ses connaissances en liisloire naturelle. II a public en danois, sous son noni et sous celui d'Eggert Olalsson iO/a/sen), islandais comme lui, I'ice-Loorinaflrde I'ile, etauteur deplusieurs ouvrages dent quelques uns onl ete imprimes, la rela- tion d'un voyage scientifique qu'ils avaient execute ensemble en Isiande et qui a ete traduit en plusieurs langues; Povelsenestmovt en 1779 et01af5Sonenl768. Jon Eriksson [Erichsen], iie en 1728, s'est fait dis- linguer comme juriste et comme historien , a occupe des postes eleves dans I'adminislration danoise, et rempli les fonctions de bibliotbecaire de la grande bibilotlieque royale de Copenbague. II est morl en 1787 conseiller des conferences, laissant plusieurs ou- vrages estimes sur la pbilologie, I'bistoire et la litte- rature de I'lslande. Slepban Bjornsson , recteur de I'ecole d'Holum, ne en 1730 et mort en 1798, a fait faire des progres aux sciences matberaaliques, el a publie, outre unc Introduction a la Trigonometric, le Rymhiega ou Rudiinentutn compiiti ecclesiastici , les yin- fialcs vetenim Islandoriim , cion versione latina. llannes Finnsson, appele par les Danois Hans Finsen, et donl le noni littcraire est Johannes Finmeiis, etait fils de I'e- veque Finnr. II devint docteur en tbeologie, et publia plusieurs ouvrages importants surl'ancien droit eccle- siaslique de la Norvege, sur I'bistoire et la statistique de rislande, et mourut en 1796. L'Islande n'a pas deg^nere dans le xix"= siecle. Nous citerons parmi les bommos distingues dans les arts, dans les sciences et dans la litteralure, qui y ont vecu pendant cette periodc : Jon Thorlaksson, poele agreable, morl en 1819, ( 214 ) apr^s avoir traduit on vers islandais le Paradis perdu de Milton, la Mcssiade de Rlopstok, ['Essai sur I'koinme de Pope, etc. Olufsson Stephensen, conseiller de conference et president de la Cour sup^rieure d'lslande, n^ en 1762 et mort en 1833, qui a pris une part tr6s active, de 1800 a 1830, a toutes los affaires int^ressant le bien- etre des habitants de cette ile, telles que I'organisation des 6coles en 1800, I'emancipation du commerce en 1816, etc. II a conlribu^ aussi a r^pandre dans sa patrie un grand nombre d'ouvrages dont il ^tait I'au- teurou qu'il avait fait publior dans I'imprinierie plac6e sous sa direction. Bjarni Vigfiisson Thorarensen , amtmnnd ou pr6fel du departement septentrional et oriental, mort en 1843, etait petil-fils du Landphysicus Bjarni; il a laisse des poc^sies lyriques pleines d'originalit^. Finnr Magnusson, appele en danois Finn Magnu.ten, ne en 1781 et mort en 1847, etait petit-fils de I'eveque Finnr. II occupe une place tr^s remarquable parmi les savants et litterateurs islandais, a public un grand nombre d'ouvrages sur la mytbologie, I'arch^ologie, la paleographie, et s'est rendu surtout celebre par son explication des Runes. Finn Magnusen babitait Copen- hague, ou il etait directeur en chef des archives du royaume , professeur dc litt^rature islandaise a I'l ni- versite, el vice-jirj^sident de la Societ(i des Antiquaires du Nord, dont la ceIobrit(!! est due en grande parlie a ses savantes recherches. Nous croyons devoir placer ici, et considerer comme une des gloires de I'lslande, le celebre sculpteur Thor- valdsen , dont le pere et tous les ancelres etaient n6s dans ceite lie, ou ils ont occupe dans les anciens temps ( 215 ) une position elevee, quoiqu'il ait lui-meme recu le jour, en 1770, a Copenhague, ou il est mort en ISlih. Les Danois reconnaissants ont clonn6 le nom de Musee Thoivaldsen a la precieuse collection d'objets d'arts qu'il a iegu6e a cette capitale. II nous a paru utile de donner, en terminant cette notice, la liste des principaux ouvrages imprimis que nous avons consultes pour la rediger. Nous devons re- connaitre en meme temps que nous sommes redeva- bles de tres bons renseignements qui nous ont servi a la completer, surtout en ce qui concerne la biographie des bommes celebres, a I'obligeance de M. I'ai'chiviste Jon Sigurdson, savant islandais residant en ce moment a Copenhague, ou il prepare un grand ouvrage sur la physique, la g^ographie et la statistique de sa patrie. Letronne, Recherches sur le livre de menscra onsis, du moine Di- fuil; Paris, l8i4; in--i2. Arngrimi Jonse, Crymogea, etc., etc., ou trois livres sur les affaires d'lslande; Hambouroj, i6og-i63o. Scripta historica Islandorum; Copenhague, 1828-1846; 12 vol. in-S". Jon Espolin, Islands Arbcehr i Sogu formi, Annales d'Islande de 1264 a 1770; ibiil., 1821-1833; in-4°. Finn. Johan, Iltstoria ecclesiastica Islandice ; ibid., 1772-1775; 4 vol in-4°. C.-M. Falsen, Tforijes Historie, etc. Histoire de Norvege; Chris- liania, 1823-1824; 4 vol. in-8°. G.-L. Baden, Danmarks Riges Historie, Histoire du royaume de Danemark; Copenhagne, i82(j-i833; 7 vol. in.12. J.-H. Schouw, Ordonnances royales et Lettres patentes de 1670 a iS I 2; ibid., 1777-1813; in-8<>. Olafsen et Povelsen, Reise, etc., Voyage en Islande; Soroe, 177a; a vol. in-4°. J. Anderson, ii/ferretwui^fer, etc., Renseignements sur I'lslande, le Greenland et le detroit de Davis; Copenhague, 1748; i vol. in-ia. ( 21fi ) i\. HoirchoK, Tilfoitiitltliye EflKtretnniijer, et( ., RenseijjiiemenU aiithentiquessur rislaiiile; ibid., l-S'i. Tliaarup, Statistisk Udsigt over, etc., Apercu statistique sur I'Etat danois ; (lopeiihajjne, iSa.'i; i \ol. in-8". Nyerup, Esaai historiquc et statiitique w/r I'Elat du Datiemark et de la jXorvege datis les temps anciens et moderiies; Copenhague, i8o3; .i vol. in-i 2. Lars Hess J^iuOi Beskrivt'lse over Konqeriijet Norije, etc., Dcscrip- lion du royaume de Norvepc, de I'l.slaiide, etc., etc.; Copenhafjue, 1796; I vol. in-80. Nathanson , Bnnmarks Handel, etc.. Commerce et navigation du Danemark de lySo et i83o; Copenhague, i83?.. — Udforlirjere Oplys- ninner, etc., Nouveaux edaiicissements sur le coininerce et les tinniices du Danemark sous les regnes de Christian VII et Krederic VI; ibid., 183?.. — Historish Statistisk Frenistilliiig, etc., Renseignements histo- riques et statistiques sur I'economie politique du Danemark depuis le regne de Frederic IV jusqu'a nos jours; ibid., 1 836. De 'I'roil, Lettie'i sur I'lslande, traduction Francai.se par Lindhlom; Pans, ijiSi; 1 vol. iii-8". Gliemann, Description fjeographique de Uhlande; Altoiia, l8a4i in-8". SchouvN, Description physique ft geotjraptiiquc de VEurope; Copen- hague, 1 835; I vol. in- 1 8, avec atlas. Aug. Raggesen, den dansk Stat, etc., I'Etat danois, ou le Royaume de Danemark, etc.; Copenhiigue, 18^0; 1 \ol. grand in-8'. ( 217 ) SUR LA LIMITE MKRIDIOINALE DE LA MONARCniE DANOISE ET SUR L'ETYlMOLOGIE DES NOMS GEOGRAPHIQUES DU SLESVIG ET DE LA NORMANDIE. Pai M. ETIENNE BORKING. Le priijcipe de nationalite souleve des questions de la plus haute gravity. Interpretanl I'esprit de frateniito dans un sens etroit, on vise a elever entre les nations des barrieres insurmontables, au lieu de gi'ouper leurs forces dans un accord comniun tendant au develop- pement de la civilisation g^ndirale. Aux liuiites liisto- riques, determinees par des traitds conclus sous I'in- fluence de la politique , on tache d'en substituer d'autres indiquees par un vague senlimentalisme de nationalite, et Ton soumet ainsi les territoires des anciennes monarchies a une espece d'examen linguis- tique. C'estd'apres ces principes qu'on a voulu elablir que le duche de Slesvig a|)parlient par son origine et sa population acluelle a I'empire gernianique. Cette pre- tention limilerait la monarchic danoise a la riviere du Kongeaa, qui separe le Jutland septentrional du Jut- land meridional. Remarquons d'abord que le nom de Slesvig n'a il& donne au Jutland meridional que depuis le ix= si^cle. Ce changement de nom a ete inlroduit par les dues de Ilolstein dans le but de faciliter ainsi la fusion avec i'Allemagne de cette partie de la monarchic danoise. Pour parvenir a elfecluer la reunion deja projetee X. OCTOBRt. 3. 15 ( -218 ) par les dues dc Holstein , on a |netendu d'abord que le Slesvig esl, ])ar I'origine de sa population, une pro- vince gernianiquo, et ensuite que le chiilVe acluel des differents elements de population du duclie pr^sente une majority en faveur de la nationalile allemande. 11 n'en est rien. Jusqu'au ix* si^cle , Thisfoire de la peninsule cim- brique ou danoise est envelopp^e d'epaisses t^nebres. Le christianisme, vers I'an 826, vint eclairer cette nuit profonde. On ne connait jusqu'a cette epoque rien de positif sur cette partie de I'Europe. Les traditions des hauls I'aits de Hengist el de Horst, et d'autres h^ros appartenant a cette epoque recult^e, avanl Tinlroduction du christianisme, portent plus ou moins I'empreinte de fictions poetiques. On ne possede que des renseignements vagues sur la repartition des divers elements de la population. La partie septentrionale de la peninsule cimbrique etait habllee par les Juters; la partie du sud-est, par les Angliens; celle du sud-ouest , par les Prisons; et la conlr(!!e au sud de I'Eider, par les Prisons et les Saxons. Au v" siecle, il y eul, selon les niemes traditions, des emigrations des peuples de la peninsule. Les Juters el les Angliens sorlirent de leur pays et alierent s'^tabiir sur les cotes de I'Angleterre. On a pretendu que les Juters et les Angliens 6taienl d'origine germanique, et que leur emigration depeupla la presqu'ile. Les races scandinavos, dit-on, vinrent occuper la partie abandonnee du terriloire. D'apr^s cetle hypoth^se, I'ancienne population du pays, d'ori- gine germanique , aurait et6 conquise par le peuple scandinave. { 219 ) Lorsqu'il s'agit cle determiner la watlonalile d'un peuple eteint dont on ne connait que vaguement I'his- toire et encore moins les mceurs, nous doutons qu'il existe un moyen preferable a celui des recherches lin- guistiques d'ajires lesquelles on arrive a d^couvrir les traces des origines primitives. Ces Etudes ont fait d^couvrir que I'idiome des popu- lations du Slesvig contienl une foule de mots qui ne se rencontrent ni dans la langue litl6raire ou ^crite, ni dans la langue parlee du reste du Danemark. Quelques espi'its superficiels en ont voulu tirer la consequence d'une origine etrang^re a la race scandinave. Mais, loin de la, ces vieux mots sont islandais, idiome primitif du danois modernc. L'action que le developpement de la litt^ralure exerce sur la langue a fait disparailre ces mots dans les autres parties du Danemark , en y en substituant d'autres d'une formation moderne. Les habitants de la campagne du Slesvig, loin de tout con- tact litteraire , conserv^rent ces mots islandais ou du danois primitif. En voici quelques exemples : Le mot davre, signifiant dejeuner, s'appelle en da- nois moderne frokost, et en islandais, dagverdr. Fikke, en frangais, poche ; en danois moderne, lomme; en islandais, y^cAv. Grande, en frangais, voisin; en danois moderne, nabo i en Norvege, en Suede et en Islande, gratini. Gdd, habile ; en danois moderne, y//«X:; en islandais, gUdr. ■Feig, moribond ; en danois moderne, dodsens; en islandais, /e^^i". Kaud, cabane; en danois moderne, hytte; en islan- dais, kot. ( :->2U j Made, buuili))cr; cii danois uiodorue, beslikkc ; cii islaiidais , iimld. La permanenco de ces vieux luols dans I'idiomc du Slesvij^, loiij d'infirmcr I'originc scandinave do la po- pulalion , oilVo un puissant argument en sa I'aveur. iNous avons dil (ju'il y a eu des emigrations de la peninsulc en Anglelerre; mais lous les habitants ne s'on allercnt pas. La langue nous en oilVe la preuvo. Dans le canton situe an sud-est de la prescju lie da- noise, eiilre le yolfe de Flensborg et celui do Slie, oil se tiouvait la ])atrie des Anglicns, on reconnait, dans le dialccle encore parle aujourd'iiui dans le pays, du nombreux vestiges du langage de I'ancien peuple. Ces restes linguistiques des anciens habitants prouvenl que certain nombre d'entre eux ne quitlerent pas le pays. Ainsi le mot want, qui signifie en danois modernc ina/i^/c, en IVangais, manquer, y est encore usitii. De memo le mot grillon , qui repond h faarv/cj //inij du danois modernc, s'aj)pclle en slesvig /«rt/'eXo/t, et, dans I'anglie, krikker, qui est identique avec I'anglais cric- kets, etc., etc. Si les Angliens ont continue d'habiter le pa\s, il est evident qu'ils ont du imprimer aux noms geogra- phiques le cachet de leur langue. Si ccUc-ci 6tait de la lamille germanique, les anciens noms nous en olFrl- ralent des traces. Loin de lu, il n'existe pas un seul nom qui presente la moindre allinite avec la langue ger- manique. Les noms g^graphiques de la province du Sicsvig sont tous d'une originc commune, analogue a cellc du reste du Danemark. En voici les terminaison^ les plus communes : by, hoi ou />"/, ^//v/yy, haul, skov, riis, I yd) rud, holm., hof^e, kwed, kja-r, kMc, zicu'/e, vi'g. ( '2-21 ) Auriine tie ct^s terminaisons ne se Irnuvf dans les noinsde villes da Ilolslein, ni dans ceiix des autrespays saxons; mais on les retrouve en Angleterre, en Nor- mandie et dans lous les lieux ou ies Scandinaves con- querants vinrenl etablir leurs foyers. Pour facillter la rechorclie elyniologique des noms de lieux, nous devons remarquor que c'est le peuple qui en est I'inventeur. La connaissance de la pronon- ciation vulgaire ou de la valeur phonatique usuelle des mots ou de leurs elements est done plus importante que la connaissance de rorlhographc, donl le peuple se soucie lort peu, surtout dans le vieux femps, oii I't^- criture elait peu repandue, et ou rien n'etait fixt^ a eel egard. La terminaison by, qui ne fail partie d'aucun noni de ville allemande, se rencontre dans les villes sui- vantes du Slesvig : Schuby ( primitivement Skovby), Nieby (Nybyj, Riseby (Riisby), Gauiinelby, Husby, SiJnderby, Sieseby, Soby, Brodersby, Borby, Bar- kelsby, Ropperby, Haddeby, Fleckeby, Windeby, (jsterby. Plusieurs de ces villes appartiennent a cette parlie du Slesvig qui etait habitee par les Angliens. La Norniandie presente la meme terminaison dans plusieurs noms de ville, avoc la seule modificalion que ly a 6te transforme en n, voyelle dont la valeur pho- natique correspond a peu pr^s avec le son de I'j da- nois. En voici des exeniples : Tornebu (en danois mo- derne, Taarnby (i), nom de ville encore existant dans Tile do Selande), Bourguebu (nom qui repond a celui de Borby dans le Slesvig), Caubu ( ou pour Kalvby, on danois, ville riebe en veaux; ou pour Sko\by, ville \l) .III ie ))rniionrp rnninip Vn nuveit. ( 222 ) aux environs d'un bois), Longbu (ou Langby, villa longue ; ou Lyogby, ville situee dans les bruy^res), Carquebu (ou Kirkeby, ville avec une ^glise ; ou Krogby, ville lortueuse). La terminaison bull ou bdl paralt dans les noms de DingsbuU (pour Tingsbol ), ^\alsbull, L'lvesbull , Kotzenbull, Halkebull, Rlckelsbull. Bui, qui signifie dans I'ancien danois domicile , habitation , est le sy- nonyme des mots bubir en ancien danois, et bo en danois moderne. On retrouve la derni^re terminaison [bo], sous une forme un peu modifi(^e, dans les villes normandes Quillebeuf (en danois, Rlldebo, village aux environs d'une source), Elbeuf (en danois, El- lebo, petite ville situ6e pr^s d'une aunaie), Crique- beuf (en danois, Kirkeby, ville qui a une 6glise; ou Krogby, ville situee sur une bale , une crique ou ville tortueuse), Daubeuf ( ou Dalby, ville silu6e au fond d'une vallee; ou Dagby, qui se prononce Da\by, ville situee vers le lever du soleil ), Marbeuf (en danois, Markby, ville pr6s d'une foret : le mot mark ou mdrk de I'ancien danois signifie bois, for6t), Limbeuf (la premiere partie de ce mot se retrouve dans le nom du golfe Limfjord, au nord du Jutland. On pourrait aussi deriver ce nom du mot danois Had, qui signifie tilleul; Limbeuf serait alors la ville aux tilleuls. Le d est presque muet devant b, et n se transforme en m de- vanl celle consonne), Quillebeuf ( ou Qviebo, ville aux genisses ; ou Hvidby, ville blanche -Aq d a, devant b, presque le son du /). llundhof, en Slesvig, au lieu de Runeloft, presente une terminaison tr^s usit^e dans les noms de ville en Danemark. Le mot toft signifie le champ conligu d'une maidon, lequel est appel^ en islaudais tun. ( 223 ) Plusieurs noms de villes de la Normandie traliissoni la meme oiigine. Nous citcrons en exemples les nrnns suivants : Eletot (en danois, Elletofte, champ aux aunes; ou Ellastofte, champ dElla), Grastot (en da- nois, Grcestofte, champ herheux), Lillelot fen da- nois, Lilletofte, le petit enclos), Routot ( en danois, Rodtofte, le champ rouge), Criquetot (Kirketofte ou Krogtofte ) . L'anse d'un golfe ou il y a des bas-fonds se nomme, en ancien danois, noer, Plusieurs petiles anses en Da- nemark et en Slesvig ont cette denomination. Le cha- teau meme du prince Fr^d^rik d'Augustenborg porte ce nora d'apr^s une anse du golfe de la Slie, Sur ce m6me golfe, on rencontre encore le Haddeby-noer, le Gundefcy-noer, le Vinning-noer, le Selk-noer. La denomination de nes ou nis, qui, en danois, d6- signe un petit cap un promontoire , se relrouve dans les noms de Grimsnis, Amis, Espenis, Olpenis, qui sont des pointes saillantes du Slesvig. La m6me termi- naison se rencontre en Normandie. De petites iles situ6es dans le golfe de la Slie portent le nom danois de holm, comme dans le nom des ilots Heslholm, Lindholm, Mindholm, Roesholm. Le m6me mot danois se presenle en Normandie sous les formes de houline ou de houme, aussi abrege en hou. II parall ainsi dans le nom de Turhulme (en danois, Torsholm, petite He de Thor), et dans le nom de Nealhou, plus tard Nihou ( en danois, Nielsesholm, j^etite ile de Niels au de Nicolas). La tei'minaison houme rappelle aussi I'ancien mot danois houm, en danois moderne, hjem, qui signilie domicile. Selon cette derniere etymologic, Nihou , pour Nihoume ou Nealhoume, pourrait desi- gner le domicile de Niels, HoiUme, nom d'un ilot pr6s ( '224 ) Rouen, prt^sente la d(^nomination tlanoise sans aucune add i lion. L'ancienne th^ogonie des Scandinaves a aussi fourni des noms aux villes du Slesvig. Le nom du dieu du tonnerre Tlint- se retrouve surtout dans la composition des noms du Slosvig meridional; ceux de Balder, I'A- pollon du Nord, et de Freya, la Venus scandinave, figurent dans des noms du milieu du pays; le nom iV Orii'n, qui etait le premier el le plus ancien des dieux de la Scandinavia, sert principalement a la formation de noms de villes au nord du duche. En voici des exemples : pr6s de la ville de Slesvig, on rencontre les noms de Taarstedt (ville de Thor), Tostrup (hameau de Tlior), Torsbek ( ruisseau de Thor), Torlschel (source de Thor). Le nom de ce dieu scandinave r6gne en Normandip dans lo nom de Torfville (en danois, Thorsveile ou Thorshvile, enclos ou repos de Thor ), et dans le nom deja cite de I'ilot Turhulme. II parait encore dans le nom de Thongnr,\\\\e situ^e dans la partie nord-ouest de la province. Ce nom se compose des deux parties T/ior et I'gnr. La premit^re en est lout simplement le nom du dieu scandinave ; la seconde en est une terminaison inherenle a d'autres noms de ville normands, tels que Formigny, Juvigny ; elle r6pond, pour la valeur phonatique, a la termi- naison danoise 'n£^e, que Ton rencontre dans plusieurs noms geographiques danois : Bellinge, Helsingc, Jul- linge, Tliorsinge , ofi clle remplace par corruption lo mot eng, pr(^. II est assez commun que la voyollij ini- tiate e se change en /' dans ces scries de combinaisons. llinr-igny parait, par consequent, identiquc avec le danois Thors-inge, qui signifie le pr6 de Thor, ( 225 ) Pr^s de Flensborg, on rencontre les noms de villes Frbrup (hameau de Freya), Froslev (heritage de Freya). Non loin d'Aabenraa sont silu6s Bolleislev (Ballerslev), Bjoklerup etBylderup (Balderstvop ) . Si Ton reconnait que les voyelles formenl la partie la plus mobile des mots, on pourrait retrouver le nom de Balder dans le nom de ville normande Belbeuf, qui serait alors, par contraction, pour Baldersbo ou Baldby, la ville de Balder. On retrouverait egalement ce dieu scandinavo dans la ville normande de Bolbek, dont la formation primi- tive serait Holders ou Balders-bek. Bek est encore au- jourd'hui un mot danois signifiant petit ruisseau. Bold ayant en danois le sens de beau, Bolbek signifierait aussi tout simplement le beau ruisseau. On reconnait encore plus distinctement le nom de Balder dans la ville normande de Balleroy. Les deux elements de ce nom sont Bailer poav Balder, et or, qui rappelle le mot danois /loi, signifiant colline. Le nom entier r^v^le ainsi le mot danois Bnldershdi, colline de Balder. Remarquons que la transformation du d en / apres un autre / est Ires commune en danois. Dans la prefectuve do Haderslev, au nord du Slesvig, on rencontre Wonsmos (Odinsmose, toui-biore d'O- din), Wonsbfek (ruisseau d'Odin), et Wonsild (Odins- hylle ou Odinshnl (colline d'Odin), En admettant que le nom de la ville normande de Honfleur provient de Wonfleur, on retrouvera la pre- sence du nom d'Odin dans celte ville. La terminaison //ewr provient ou de I'ancien mot danois /7/o?, en anglo- saxon,y?eo^ qui signifie fleuve ; ou mieuxdu/Zc/, qui, dans I'ancienne languc du Nord , designe une baie Iftrge. Lorsqu'on considere que la valeur plionatique ( 226 ) de la diphthongue fran^aise eit et de la voyelle danoise o est presque idenliquo, la derni^ro derivation gagne en vraisemblance. Le mot Ilonfleur serait alors pour ^\ onfloi, et signilierait la baie d'Odin ou la ville situ^e sur la baie de cc dieu. L'etymologie des noms des villes du Slesvig prouve ainsi d'une niani^re assez concluante que la formation de ces noms date du lemps paien ou d'une 6poque anterieure au temps historique du pays. La haute an- tiquity de ces noms est ^galement la preuve de I'an- cienne origine des peuples a qui ils appartenaient (1). La formation du nom de la ville de Slesvig, capitale du duch6, date d'une ^poque post^rieure a I'introduc- tion du christianisme, Au commencement du ix°si6cle, son nom etait encore Hedeby, dont la plus ancienne forme danoise est Hei^abyr, nom qui signifie ville si- tu6e aux environs des landes. Le nom de Slesvig, qui y a 6le subslitu6 , se compose de deux elements, Sle et vig. Le premier, qui est le nom du golfe de la Slie , (i) La question tn'a ete faite comment il fallait expliquer I'litynio- logie du nom de lieu normand d'Osseville, dont I'orthographe a autre- fois ete OzzeviUe. Pour I'explicntion de l'etymologie de ce nom, il faut faire observer que la consonne s a, dans le daiiois, une prouonciation plus dc'licate que la meine consonne en fran(,'ais prononcee au commencetnent d'lin mot. La valeur pKonatiqiie en repond a peu pres a celle de I's eutre deux voyelles dont rdquivalent est le i. Encore faut-il remarquer que le son du z, tres faible en danois , disparait habituellement dans la prononciation du peuple devant un s, qui, en tel cas, prend le son d'un s double. . Nous allons voir rimportaiice de ces remarques. Dans la tres ancienne ville d'Odinsee, capiiale de I'ile de Fioiiic, il existe une place qui porte le nom de Horse-torv, en francais, marche itux chevaux. Ce nom se prononce vulgaireinent hosse-torv. S'agit-il d'exprimer le son de ce mot, tel qu'il paraitraic dans ia bouche d'un ( 227 ) derive de I'ancien mot danois Sle ou Slie, qui signifie jonc ou algue marine, ce qui explique facilemeiit com- ment ce nom a pu etre choisi pour servir de denomi- nation d'un golfe rempli de bas-fonds, souvent envahi par les algues marines. La seconde partie du nom, qui est vig, derive ou du mot anglais wick, signifiant ville, ou du mot vig, qui signifie anse. La formation plus recente de ce nom fail pencher en faveuv de la derniere derivation, selon laquelle Slesvig signifierait ville si- tu^e sur une anse de la Slie. Cette remarque prouve encore que c'est contraire- ment a I'etymologie qu'on s'est habitue, par esprit de germanisation, a ecrire Scldesi\'ik au lieu de Slesi'ig. Dans le cadastre territorial dresse a I'epoque du roi Waldemar, vers le milieu du xin° si^cle, tous les noms de disti'icts et de beaucoup de villages du duche de Slesvig sont entierement danois. Sous I'influence ger- manisante due au Holstein, ils s'alter^rent peu a peu. Plusieurs en sont meme devenus presque m^connais- Fran^ais, il faudra d'abord effacer le h, que le Francais ne prononce guere dans les mots etrangers, temoin le nom de ville Elseneur, dent I'initiale est, en danois, un h (lielsingor ). Le double s se pronon- ceraii comme deux z. L'orthograplie du mot serait par consequent, selon les lois phonatiques, Ozzetorv. La premiere partie de ce nom est tout a fait celle qui parait dans le nom de Ozze- ville. Elle equivaut, selon ce qui vient d'etre explique, au vieux mot danois horse, nom dun cheval. La derniere partie, ville, parait a la hn d'une toule de noms geographiques normands. Elle r^- pond ou au nom danois veile, siguitiant enclos, ou au danois hvite, signitiaut repos. La signification du nom entier sera, par consequent, I'euclos aux chevaux ou le rtpos des chevaux. L'ancien nom danois korse-torv, invoque en faveur de I'etymologie, constate que Temploi du mot hoise (ozze), dans la formation des noms de lieu, etait anciennement usuel en Danemark. II nous serait facile den citer d'autre.s exemples analogues. ( -I'lfi ) sables. Ainsi la terminaison /i/Vrr est soiivont transfor- ni^e en kirkc; par oxoinple, le nom de Jordkjivr est devenu Joidkirk; Moork/trr a ete chang^ en Moorkir- ken, Rai'rikjoer en habenkirken; Fuglewick a ete meta- morphose en VoUervick. II en est ainsi de la plupait de ces ([(^nominations. Pres de Flensborg, I'ancien nom de Fruerhmd, signifiant la forfil de Freyr, a 6t6 augment^ du nom allemand de holz (forot), de sorie que le nifime nom y est expiime dans les deux languos, Fruerhindkolz. La pr(''sence des deux parties h(itero- g^nes de ce nom {hind et holz) plaide, par son ordro m6me, en faveur de i'anteriorite de I'element dawois. Ces alterations des mots prouvent, du reste, combien il est souvent diflicile de ddgager les nonis de leur tra- vestissement germanique , operation linguislique in- dispensable pour arriver a I'origine du TJiot. Les anciens monuments lapidaires du Slesvig ttimoi- gnent aussi de I'ancienne origine danoise de la popu- lation. Des pierres portant des inscriptions runiques y ont 6t6 d^couvertes. Elles attestent I'existence dans le pays d'une race vivant cole a ccjle avec les Danois. Au-dcla de I'Eider, au contraire , dans le Holstein et dans la parlie septenlrionale de TAIlemagne des monu- ments d'anti(juit(i scandinavc n'ont jamais cid Irouvt^s. Au midi de la ville de Slesvig, jires de Sclk-noer. on d(icouvrit en 1796 et 1798 deux pierres a inscriptions runiques faisant partie d'un tumulus. Voici la plus courle de ces inscriptions faites en ancien danois : Osfridr {{enji kuinlil t>aiin oft Sutrit: sun sin. En danois moderne : Osfred gjonle flenne lioi for Sitiik sin son. (Osfred Hi cp tiniuilus poiii' Silrik son Jils). ( :>2H ) Voioi mainlenant ce que nous apprcnd I'liisloire. Cliarlemagne, ayant concjuis Ics Saxons, sc prepara a envahir la peninsule citnbrique. Mais sur les limites du pays, aux environs de I'Eider, il renconfra le roi danois GodlVed. Pour se defendre centre I'invasion de I'ennemi puissant, Godfred lit elever, pi'es de la fron- tiere de son pays, une muraille en pierres et en terre, nounnee Rurgrav, qui s'etendait depuis le Selknoer jusqu'a la riviere de Redeaa. Des vestiges de cet ou- vrage existent encore aujourd'hui. iVest derriore ce boulevard que GodlVed attendait I'arrivee de Charle- magne. Cependant, avanl que les deux armees fussent a nieme de se livrer balaille, la mort enleva GodlVed dans son camp. L'annee suivante. Hemming, succes- seur dc GodlVed, lit la paix avec Charlemagne. Selon Eginhard et Adam de Bremc, il tut determine, par cette paix, que I'Eider lerait la limits entre les Danois [sic) et les Allemands (1). Arrivons a I'histoire moderne. En 1835, le recensement de la population du SIcsvig lut entrepris sous la surveillance de fonclionnaires allemands. M. le docleur Poulsen, professeur de droit a I'Lniversite de Kiel, en a public le resullat dans une brochure qui a paru a Copenhague en 1837 (2). Selon (i) Voir les oiiviayes que nous avons coiisulles: Danncvirkc , Danshhedcus gamle Grwndsevold mod Sjden , aj Worsaae, Kwbiiihavn, 1848 (Danevirke, antique boulevard de la nationalite danoise vers le sud, par Worsaae. Copenliague.) Recherches sur I'origine, I'elyniolooie et la signification primitive de (juelques noms de lieux en IN'ormandie, par M. Petersen, traduites en t'rancais par M. de La ll()(|ueltc. (Hullcliii de la Scjcietr df 0('i)(;ra- pliii', Paris, Janvier I 835.) (u) Del danske SptOij i JhrliijdoiiuiKl .Shsrij (li l,iii;;iif (I.mihim' dans le duihe de Slesvig). ( 230 ) cet auteur, les elements de la population totale du Slesr\ig sont de 338 102 habilants. Sur ce iionibre , 195 058 sont Danois, 25 000 Prisons, et 11813Zi par- lent allemand. Le dernier element ne forme done que le tiers de la totality. Couime le recensement a ete execute sous les yeux de fonctionnaires alleniands, on ne saurait entacher d'irregularitd; le r^sultat en faveur du nombre de la population danoise. En 18Zi5, un nouveau recensement a eu lieu. M. le professeur Allen en a rendu compte dans un ouvrage publie a Copenhague en 18/|8 (1). INous y voyons un accroisscment de population danoise. Dans I'intervalle de dix ans , la population s'est augmentee de 24808 ames. Le chilTre de la totalite en est ainsi de 3(33 000. Ce nombre est r^parti dans la proportion suivante : 209 200 Danois, 28 800 Prisons, et 125 000 babitants qui parlent allemand. L'element danois reuni a celui des Fi'isons presente par conse- quent une majorite qui depasse de 113 000 ames le cbiffre de la derni^re categoric. Si c'est un fait constat^ que la population augraente en proportion de la prosp(§rite, il y a des raisons pour admetlre que la population danoise du duche s'est d6- veloppee pendant les anncies dernieres, avant J8Zi8, dans une plus grande proportion que I'ailemande. II est notoire, en effet, que les villes de commerce du nord et du milieu du Slesvig, babitees , ainsi que les districts avoisinants, principalement par des Danois, sont celles dont la prosperity s'est le plus accrue pen- (i) Om Sprog et Folkeiendommelicjhed i Ilertugdommet Slesvig (Sur la langue et les particularites nationales du duche de Slesvig). ( 231 ) dant ces annees si Tavorables a Tagricullure et au com- merce. Mais il faut bien reconnaitre que la languc, malgr^ toule son importance, ne suffit pas pour resoudre a elle seule une question de nalionalite. II y a d'autres elements qui doivent venir I'appuyer : les mceurs, la religion, les lois, et , avanttout, les souvenirs, I'his- toire. Si la langue jouissait du privilege exclusif de constituer la nalionalite, les Etats de Geneve et de Neulchatel, toute la Belgique et la Savoie devraient faire partie de la France. II faut aussi remarquer que les Strangers s'^tablis- sent dans un pays plus tot par les villes que par les campagnes. Ainsi, au milieu d'une contree tout a fait danoise il existe une ville dont la population est pres- que exclusivement allemande. Faudrait-il done qu'une pai'eille ville, selon le systeme de la nalionalite, for- mat, au centre d'un pays d'une population aborigine, une partie du grand empire germanique , une espece d'oasis allemand au milieu d'un territoire scandinave ? II nous parait qu'un pareil systeme conduirait a des r^sultats inadmissibles. Enfin, si, sur la lisi^re des deux pays, il fallait adopter un systeme de division d'apres la grammaire, il faudrait souvent revenir a rectilier la delimitation des fronti(^res. Tous les dix ans au moins il faudrait leur faire subirles empietements de la langue. Ces considerations nous semblent militer en faveur de la conservation de I'anlique limite assignee par I'histoire et la geograpbie a la monarchic danoise, d^ja depuis le temps d'Adam de Br^me, qui la foi'mule en ces termes : Daniam a nostris ISordalbingis Jlumen Ei- dora diiimit. ( 232 ) ANALYSE DliS OUVKACiJiS ET JOVBNAUX OFFEHTS A LA SOClixi DE GliOGBAPHIE DANS LE MOIS d'oCTOBRE 1848. Nous nous occuperons d'abord des journaux. 1. Le n° d'aout 1848 du Journal cle Veducation popu- laire, Bulletin de la Societe poui rinstruclioii 6l6men~ taire , ne conlicnt aucun article proprenient geogra- pliique. 2. On trouvc dans le n° 43 du Recueit de la Societc polytechniqiit la continuation d'une notice sur les Pro- gres de la science navnle en yJngleterre an xix* siecle, et des Observations critiques sur le developpement de la po- pulation en France. 3. Les n" des mois de juin et juillet 1848 du Journal asiatique contiennent une serie de Leltres sur rEg^^pte, Sorites pendant un voyage de France a Singapore, par M. Arist. Rey, ancien elove des langues orientales, aujourd'hui chancclier du consulat de France dans ce port; et deux notices dc M. Nalalis Rondot, Tune Sur les inonnaies on niorens d'cchange en usage dans I'ar- v/iipel de Soulou (Malaisie), et I'autre Sur les mesures de longueur en usage en Cochinchine. Le morceau le plus important sans contredit, et que nous croyons par ce mo til" devoir raentionner, quoi- qu'il n'ait aucun rapport a la geographic, est un petit poeme indien intitule Tchorapantchdcat , traduit et connnente par M. Ariel, residant a Pondichery, et dont la traduction est publiec avec le texle en regard. 4. La y livraison (1848) du Journal ties missions ( 233 ) evangeliques, et le n° tie spptembre 18A8 des Jnnales de la propagation de la J'oi, ren ferment quelques infor- mations g^ographiques, savoir : Le premier, une lettre de M. Daiimas , ^crite de Mekicatling en decembre 18Zi7 et avril ISZiS, sur une Excursion a la colonic de Port-Aatal (Afrique nieri- dionale ); Et les ylnnalesy Une Lettre, ecrite de Ndakar au mois de novembre J8Z|7 par le missionnaire catholique Ernest Briot de la Maillerie, conlenant des details interessants sur la cote de Guinee el sur les moeurs et usages des habi- tants; et des Lettres ^crites en oclobre et decembre 'J8/i6 et mai 18/|7, d'Opolou, ile de I'arcbipel des Na- vigateurs, de Futuna et de Rotouma, dans I'Oct^anie centrale, par le missionnaire Vernes. 5. Les n" de juin, juillet et aout 18/i8, de la Bei'ue dc rOrient, dc rAlgeric ct des colonies, donl la direction est confiec a M. 0. Mac-Carlby, conliennent un Me- nioirc stir les richesses itiineralogiques dc I' yilgerie, par i\L Renou (E.); Ln Foyage dans les oasis meridionales de CAIgeric, par M. Prax; et deux Notices de M. Cb. Lavallee sur la religion el les diviniles de la Chine, et sur les forces mililaires de cet empire. li. Dans une brochure intitul6e Geographic de la republique francaise et de ses colonies, formant les 3" et h^ iivraisons d'un ouvrage ayant pour litre : Connais- sances gcograpkicpies nccessaires anx niilitaires , au.v adniinist/dtenrSf etc., etc., M. 0. Mazas de Sarrion re- sume succinctement et d'une maniere melhodique et claire , loutes les informations qu'il importe de pos- seder pour avoir une idee de la geographic de la France. X. OCTOBRli. li. 16 ( 234 ) Parli de Lisbouue le 25 seplembre 1834 pour exercer diiiib le royaume d'Angola et ses dependanccs les fonc- lions de m^clecin du gouverneinent, M. Tilo Ombroni, qui vienl de faire liommagc a la Societe de Geographic des 9, 10, 11 et 12 livraisons de la relation de ses voyages, intitules Viaggi neW Jfrica occidentale ( Mi- lano, 18/i6-18Zi7), a reside plusieurs annees en Al'ri- que, oil sa position officielle I'a mis a porlee de faire de bonnes observations. Dans les quatre dernieres li- vraisons que nous avons sous les yeux, I'auleur decrit les lies de Saint-Thomas, du Prince et de Fernando- Po, situees toutes trois dans le golfe de Guin^e, et sur lesquelles il donne des renseigncments etendus. U en fournit ^galement sur le royauine d'Accra , sur les Fanti et les Aschanti, peuples limitrophes, ainsi que sur les Cumassi. Apres etre retourne a I'etablissement holiandais d'Accra, M. Tito Ombroni s'est embarqu^ pour revnnir en Europe sur un navire irlandais. 1 he Report of the Seventeenth meeting, etc., etc. Le rapport de la dix-septieme reunion del'association bri- tannique pour les progres des sciences, tenue a Oxford au mois de juin 18ili7, public a Londres en 18i8, con- tient : la traduction faite par le docteur Norton Shaw d'une Note du pi-ofesseur Nielson de Lund Sur les ha- bitants primitij's de la Scandinai'ie ; deux Menioires, I'un de M. James Cowler Prichard , membre de la Societe royale, Sur les dii>erses methodes de recherches qui con- tribuent a r avancement de V ethnologie et des relations de cette science ai>ec les autres branches des connaissances ^ et I'aulre de M. AViiliams Hopkins Sur les theories geo- logiques d'clevation el des tremblements de terre. L'au- tevir s'occupe, dans la premiere partie de ce second Memoire, du phenomine et de la tht'-orie des volcans, ( 235 ) de la forme, de la solidification el de I'epaisseur de la croute solide de la lerre, en adoptant une premiere fluidity de toute la masse terrestre. 11 Iraile , dans la seconde partie, des elTets des lorces soulerraines sur la croute solide de la terre. Une Notice hislorique sur la vie el les travaux de Colebrooke, lue a la seance publique annuelle de I'A- cademie des inscriptions et belles-lettres de 18il8 par M. Waltkenaer, notre savant coUegue, et dont il a of- fert un exemplaire a la Society de G^ograpbie, ne saurait etre passee sous silence. Henri -Tbomas Cole- brooke, ne a Londres en 1765, et mort dans I'lnde en 1837, n'etait pas seulement, en etlet, un erudit el un pbilologue du premier ordre, mais aussi un savant et judicieux voyageur. Ses Observations meteorologiques faites pendant un uoyage sur VOcean Atlantique ; ses m^moires Sur le climat de V AJrique meridionale ; Sur les monts Hijiialaya; Sur la vallee du Setlej ; Sur les sources du Gauge; Sur la geologie de la frontiere nord- est du Bengale; Sur les monts Findhya; sa Relation dhin voyage de Mirzapoor a Nagpoor; etc., ne lui font pas moins honneur que ses importanls travaux sur les lan- gues sanscrites et pracrites, sur les ceremonies reli- gieuses des Indous et des Brabmes, sur leur astro- nomie, etc., etc. Les tomes VII, VIII et IX des Memorie, etc., Me- moires de ^ Academie royale des sciences de Turin, que cette savante institution a bien voulu ofTrir a la Sociele de Geograpbie, imprimis en 18A5, 18/i6 etl8Zi8, nous ofTrcnt, entre autres morceaux qui peuvent se ratta- cher a la geograpbie, 1° Une Analyse ditaillie faite par M. le professeur Giuseppe Gen6 de la stalistique manuscrite et ineditc ( 2;i6 ) de I'lle dv, Tiiora (Saiiloriu) quo lo cuiulo Giuseppe de Cigalla a i-nvnyec a rAcademic; 2° Ln .Mouioire dc M. Despiue Siir les girles lombees en ISZiO rhins les Etats de Terre-Feniic de S. M. le joi de Sardnigne, d'apri's les doniiees recneillies p(ir la com- mission superieure de statistique ; S° 111 Apercu du professeur Alcssio Perrey sur les Irenihlcments -12.44 8.46' 7.18| 10,56 3,251 10,87' 8 90 7.94 0,47, 4, 5ft 4. -20 0,57 - 0,42 1 69 12,00 12,i'5 1 i,"8 8,12 1 1 ,05 13,07 13,56 1 24,80 18,15 0,00 22,40 21, .50 17,8.-. 14.34 17,41 21,08 7,29' 8,70 8.35' 17,85 18,.56' —12 58 5.97 -13,67 22,57 9,07 EUROPE. Paris 48.50 45 07 0,00 3,.55 E. 0,15 0. 2,26 O. 6,130. 0.08 O. 27,58 E. 31.12 E. 156.04 E. 14 05 E. 1 1 ,04 E. 11.-26E. 10.22 E. 26 40 E. 1,59 E, 2.33 E. 10.15 E. 15.44 E. 8.25 E. 2,. 58 E. 21,27 E. 10 05 E. ll.;.5E. 15.1 iE. 10.45 E, 5.41 E. 11.29 0. 8,58 0. 77,52 E, 114,08 E. 58,. 58 E. 86,00 E. ■27,28 E, 51.20 E. 28 55 E. 00,44 E. li.OO K. 79.15 0. 76.21 0 77.21 O. 83,47 0. 45,56 0. 94,21 O. 157,58 0. 115,08 0. 154,45 E. 149,18 E. 2,60 7,55 — 0,25 5,26 6,00 0.60 — 5,95 1 ,75 -50,18 — 0.02 — 0.24 3,50 — 6 16 5.97 2,77 1,01 — 0,51 — 2.1)5 — 5,92 1 .92 —11,57 — 7.47 6,54 6.95 10 -21 — 0,15 4,90 9.12 9,29 21,78 — 2,56 — 4,65 17,89 14,42 14,17 11,79 9,92 11,47 25,20 2,56 -- 0,84 — 0 85 15,42 20,95 -26,54 1,22 —86.86 23,35 13,81 8,27 12,85 4,50 7,26 7,83 5,03 2.25 8,72 — 9,68 8,71 6,85 9,61 3,95 9,55 8,50 7,19 5,15 2.70 5.59 5.52 — 1.85 0,91 1 1 ,00 10,72 15 10 7,57 10,51 12,29 12,24 26,50 11 01 5,79 24,71 16,58 23,46 18,48 12,65 15,79 21,62 6 55 8,91 7.91 17,56 18.98 — 16,54 4,57 —15,64 83,12 8.67 14.48 19,21) 11,15 15,70 14.07 10,55 13.(9 17.14 8.11 10,02 14,47 17,51 11,50 17,49 14,90 14,59 15,04 12,05 12,59 1 1 ,82 11.51 10,72 18.77 18,28 20.00 16,11 19,75 17,51 17 08 27,44 21 85 17,01 24,52 26,67 25,00 18,83 25,65 18,48 13,81 17,30 17,49 22,55 16,26 2.68 10,77 2.26 20.65 4,48 8.98 14,47 5.53 8,89 10,60 4^01 9,07 -18.01 8,51 7.00 10.97 5.90 12,09 9.45 8,55 7,42 5.51 4,72 7.01 0.04 2.61 15.67 13,06 16,54 8,93 11.51 15,55 14,82 23,60 10,03 8,26 22,69 20,92 17,55 15,94 18.75 21,02 7,57 9,42 8,83 18,00 18,03 — 9,92 7,33 — 14,44 25,1.5 9,51 42,50 51,50 Swansea Leadhills 51.56 55,25 59,56 44,56 70,58 48.13 .52 50 Saiul-Peterslioiug iSehastopo\ jUstjank Berlin Trieste . ilVIui'ieuhad Cunstaiilinople 45;58 4 1,59 49.00 52,04 52,25 55,41 |Amsleidum Storkhulni Christiania Bergen 59 21 59.55 00,34 6J.24 0,5.24 41,54 40.52 58 11 IVaples 46.51 40 25 58.42 Mailiid 30 52 ASIE. 11., 56 59 54 Eizeioiim 59,57 22, .58 AFRIQUE. 51 15 Kcnneh 26,00 .50 02 Alger 56 47 Suuillac (Ile Main ice ). . AMERIQUE. Washiliglou 58 .57 Xew-Yurk Phi hill elphie Syiiil-Aiigustin 'Rio-Janeiro Boolliia-Felix Silch; lie Melville OCEANIE. Pre.'^qu'ile Cohourg. . . . |H(>haillo\vn 40,45 59, .57 29,50 22.54 69,.59 57,05 74,47 11,25 42,55 ( 23S ) Lo dornior ouvrago que nous avons a menlionncr ici esl la relation d'une excursion faile dans le nord du Moxique pendant les annt^es 1S46-1S47, par M. A. W is- iiienus, mt^decin alleniand etabli aux Ktals-l nis. Celte relation, que M. 11. Ludewig consiJire, dans une letlre 6crite par lui i\ M. .lomard de New -York le 10 juillet 1848, conime la moilleure qui ait paru sur le Nouveau Mexiquo, a ^te imprinuV* en ISiS iV Washington par ordre el aux tVais du Congr^s : elle est acconipagn^e d'une carte pi^ographique , d'une esquisse geologique sur le pays parcouru par le voyageur, d'un prolil d't^- l^vation au-dessus du niveau de la mer, et d'un trac6 des routes que M. Wislizenus a suivies. II est i regretter que ce voyageur, auquel M. Ludewig recounait de fin- dj^peudance, du courage, cette fantaisie pur sang alle- mand qui salt m^uie peupler le desert et la prairie de choses int^ressantes el I'amour des ricliesses scien- tiliques , n'ait pas eu plus de temps et de moyens techniques a disposer. II est probable, au surplus, qu'il fera un nou\eau voyage dans les contrees doja parcourues par lui et qu'il le poussera jusqu'aux Cali- ioruies. Parti le 4 mai 184(5 de Saint-Louis, chef-lieu de comle, dans ittat du Missouri, le voyageur, allomand de naissauce, devenu par choix citoyen des btats-Lnis, hoiuiue instruit en uiineralogie el en botanique. et muni de bous instiumenls, se rend d'abord a Indepen- dence, villefronti^re du Missouri. Se dirigeant ensuite de lest a Touest, il visite et decrit le pays compris enlre cette derni^re \ille et Santa-Fe, qui u'a quune population de 3 000 ames , et est situee, suivant les propres observations de M. Wislizenus, h 7 047 pieds au-dessus du niveau de la mer, par 35" 41' 6' de lati- ( 239 ) tude, et 106' 21' 30" de longitude occidr^ntale du m6- ridlen de Greenwich (108" 22' 30" du m^ridien de Paris ) . Santa-F6 est la capitale du Nouveau Mexique, sur lequel les Espagnols obtinrent les premieres informa- tions en 1581. M. Wislizenus donne la statislique et trace succinctement I'histoire de ce pays peuple au- jourd'hui de 70 000 habitants. En quillant Santa -F6, il se dirige directement au midi et visite successivement el Paso, Chihuahua, capitale de I'fitat du mfeiue nom, fondee eo 1791 et ayant 12 a 15 000 ames, el Cosi- huiriachi, situee au 28" 12' de latitude septentrionale. Sa population, qui s'elevait autrefois k 10700 ames, est reduite en ce moment a 3 000 depuis que les mines des environs ont cesse d'etre aussi pi'oductives. Le nombre des habitants de I'titat de Chihuahua , dont on trouve la statistique dans la relation, ne s'elevait en 1827 qu'a 120 157 j il pout etre evalue aujourdhui a 160 000, ce qui donne environ 1,3 par mille carre an- glais. Eu quittanl San Jos6 de Pela}o, M. \Visiizenus se dirige de I'ouest a Test, traverse Monterey, capitale du Nouveau L6on, et dont la population est, en temps de paix, de 15 a 20 000 ames, et arrive a Mier, celebre par I'invasion texienne de 18a0, sur la rive droite de 1 Alamo ou Alcontre, petite riuere qui se jette a cinq miUes plus has dans ie iUo-Grande del ^orte. Le voya- geur se rend ensuite a Pieynosa, en lougeaut ce tleuve, sur lequel il navigue jusqu'a son embouchure, dans le golfe du Mexique, ou il trouve un navire qui le Irans- porte a la Nouvelle-Orleans, d'oii il retourne a Saint- Louis, sa residence habituelle. ( 240 ) M. Wislizenus lvalue toute la population dos fitats fie Chihahua, a IHO 000 habit. de Sonora 130 000 du Nouveau Mexique . . 70 000 de la haute Cahfornie. . 35 000 de la basse, id 5 000 400 000 Nous lerminerons cette revue par la liste des ouvragcs publii^s jusqua ce moment sur le Nouveau Mexique ct les Caiifornies. M. Ludewig, auquel nous la devons, les consid6re plus qu'insulfisants : 1. Frank J. Edwards, a campaign in New- Mexico with colonel Doniphan. Philadelphia. 1848, in-12. Tres superficiel; la carte ne vaut rien du tout. 2. James Madison Cutis, the conquest of California and New -Mexico by the forces of the U. S. in the years, 1846^^1847. Philadelphia. 1846, in-12. Compilation sans aucune valeur scientifique. 3. John. 1 . Hughes Doniphan's expedition containing an acoiint of the conquest of New -Mexico, general Kear- ney, against the Navajos, his unparalleled march upon Chihuahua, and Durango and the operations of general Price at Santa- Fe. Cincinnati, 1848, in-12 (edition po- pulaire). Meilleur que les autres, raais aussi tres superficiel. Le meme auteur a public : 4. California : its history, population, climate, soil, pro- ductions and Harbours, from sir George Simpson's ot'er- land Journey round the world an account of the rei'oiuHon in California, and conquest of the count ly by th- Li. S 1846 r.t 1847, by John T. Huguos. Cincinnati, 1848, 12", p. 105. ( 241 ) Ensuite le petit livre, Ires inl^ressant. que l\I. Ti- mothy Flint avail puhlie en 1833, a Cincinnati, sons le titre de : The personnal narrative of James Pattie of Kentucky, a et^ reimprime sous ce titre : 5. The hunter of Kentucky or the trials and toils oj trapper and traders, by the captain of an expedition to the Rocky-Mountains... New-Yorck, 1847, in-8°, im- prime a deux colonnes. Dans la r^impression , on a chang6 les noms des personnes pour masquer un peu le plagiat; mais tout le reste est pure reimpression. PUBLICATIONS LKS PLUS R^ICENTES SUR L\ CALIFORNIE. 6. What 1 saw in California : being the journal nf n tour by the Emigrant route and South-Pass of the Rocky- Mountains, across the continent of ISorth America, the great desert basin and through California, in the years 1846, 1847. By Edwin Bryant, late alcalde of S. Fran- cisco. New-York, 1848, 12'"'. Yingt-neuf mots de la langue des lllahis. Journal peu int^ressant pour relbnologie. 7. Descripcion geografica del departemento de Chiapas y Soconusco por Enieterio Pineda, niagistrato de tri- bunal, etc. Mexico, 1845, in-8°, avec des tableaux sta- tistiques. Livre apporl6 du Mexique par M. Heller. 8. Breve informe sobre la agricultura, industria y co- mercio de Tabasco por el C. Pedro Requena, consul de Belgia de este puerto [S. Juan-Bautista), 1847, in-S". Livre apport^ du Mexique par M. Heller. Ouvrage commence, mais non continue, a cause de la guerre. D. L. R. ( 242 ) DEIJXIEME SECTIOIV. Acte« de la Society. EXTEAIT DES PROCES-VERBAUX DES S^A^CES. PRisiDENCE DE M. RoUX DE RoCHELLB. Seance du 1" septernbre 1848. Le proc^s-verbal de la derni^re stance est lu et adopte. M. Jomard communique une lettre de M. le minlstre de I'instruction publique , en r^ponse a celle par la- quclle il I'avait pri6 de comprendre la Soci6t6 dans la repartition du fond d'encouragement pour les voyages scientifiques. M. le ministre annonce par celte lettre qu'il met a la disposition de la Soci^t^ une somme de cinq cents francs a titre d'encouragement ^ventuel. Le radme membre dispose sur le bureau une leltre qu'il a regue de M. Boiiat, prtitre africain, dlev6 en France, aujourd'hui curd de Goree, au sujet de son voyage h Joal. A cette lettre sont joints : 1° la Relation de ce voyage, accompagnde d'aquarelles, representant la phjsionomie des indigenes , leurs moeurs el c6r6- ( 243 ) monies ; 2" deux manuscrits contenant une nouvelle grammaire wolofe. — Renvoi de ces documents a M. Roger. M. Jomard rend un compte verbal du Tableau adresse par M Russegger a la Societe, et comprenant le r6sum6 des observations m^t^orologiques faites en ftgypte, en Nubie , en Syrie , et dans I'Asie mineure. Ce tableau presente en meme temps le calcul de la hauteur des lieux au-dessus de la mer et les latitudes observees. M. Roux de Rochelle rend compte de I'lntroduction a la geographic d'Aboulf^da, consacree par M. Rei- naud aux connaissances g^ographiques des Orientaux. — Renvoi au Comity du Bulletin. Seance du 6 octobj-e 1848. Le proems -verbal de la derni^i'e stance est lu et adopte. Les Academies de Berlin et de Tui'in et I'Association britannique pour I'avancement des sciences adressent la suite de leurs Memoires. M. Lejean adresse deux communications a la So- ciete, en lui demandant ses instructions et ses conseils pour la realisation de ses projets : I'une est relative a un voyage d'exploration dans I'interieur de I'Australie ; I 'autre, ayantpour but la publication d'une g^ographie detaillee de la France fciodale , est accompagnee de deux cartes specimen du comt6 de Nantes. Ces deux communications sont renvoyees au Bureau, et M. le president veut bien se charger d'y r^pondre. M. Roux de Rochelle communique une lettre de M. Berthelot, agent consulaire de France aux lies Ca- ( Wi ) naries, flans laqnollc il I'ait coniialtre la situation prosptre de Tile de Ttin^rilFc, les aiutMioralions de son agriculture, et les developpements de son commerce. — Renvoi d'un exlrait de celte letlre au Coraite du Bulletin. M. Jomard depose sur le bureau un imprime inti- tule Projet de voja^r a In decouverte des sources du Nil par le reverend docleuv IVuilloblotzky, transmis par M. le docteur Beke dans sa lettre du 2 septembre. II communique ensuile : 1° un Memoiro, avec Irois cartes, de M. Wislizenus, sur son voyage dans le Mexique septentrional, a la suite de la rdcenle expe- dition du colonel Donipban ; 2» une Lettre de M. Ber- tbelot, renferraant des observations arcbeologiques sur I'ile de TdincrifTe; 3" une Notice des ouvrages pu- blics cette ann^e aux Elats-Unis sur I'Ori^gon, la Cali- fornie, le Nouvcau Mexique, et d'autres ecrits sur le Yucatan; h" une Lettre de M. d'Arnaud au sujet du nouveau projet de voyage vers les sources du Babr el- Abiad. La pr^cedente expedition a eu un resultat fa- vorable au commerce; les navires remontent jusqu'au 7« degre cbez les Elliabs. Les travaux du barrage du Nil sont en activite; le nivellement de I'istbme de Suez est termind depuis longtemps. Le meme membre met sous les yeux de I'Assembl^e un projet de M. le lieutenant Maury relalivemenl a la navigation enlre le Sanglay et Monterey et San Fran- cisco, en passant par les lies Fox. Enfin, il communique la medaille qui a (it6 frapp6e en I'bonneur de Marco-Polo, et distribute a Venise a I'epoque du dernier congres des savants italiens. — Renvoi au Comit6 du Bulletin pour cxtrait de ces com- munications. ( Uh ) Plusieurs iiiemhrt's entretienneiil I'assemblee du projet tie translation au Musee de Versailles cics doux celebres globes de (loronelli qui ornejit une des salles de la Bibliotheque nalionale; ces globes sont reclames conimc apparlenant au Musee ; mais ce dernier eta- blissement est tout noiiveau , et, de plus, les globes n'ont jamais ete a Versailles. Places au chateau de Marly en 1683, ils ont ete trans|)ortes , en 1721, a riiolel de N-evers ; c'est alors que Ton a construil expres, a la Bibliotheque, le salon dit des Globes. II est a remarquer que ces globes, qui representenl, I'un I'etat du ciel . I'autre le progres des decouvertes geo- graphiques a la date de leur construction, sont dune epoque precisement intermediaire enlre la rehnnie de la science geographique et le temps present, c"est-a- dire environ cent soixanle ans apresla r^forme el cent soixante ans avant I'epoque actuelle. L'assemblee decide que le nom de M. Barufll, auteur du Voyage aux Pyramides, sera inscrit sur la liste des candidats aux places de correspondants etrangers. Seance du 20 octobre 18i8. Le proems -verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. James Forrester, membre de laJSociele, a Oporto, adresse une carte en trois feuilles du cours du Douro portugais et des pays limitrophes. M. le president communique la r(iponse qu'il se propose de faire a M. Lejean relativement a la publi- cation d'une geograpliic de la France feodale et a un projet de voyage dans I'int^rieur de TAuslralie. M. Jomard annonce la decouvorte (pic Vow \ieiil de faire a Durango (Mexicpio) d'un nonibre considerable ( '2A(3 ) de mouiios amoricaines donl rouibaumoiuont et les orncmcnls prt'-scnloul hcaucoup de rossemblanco avec les luomies d'ftgyplo. M. Roux dc RochoUo lit uue Notice sur Ki gt^ograpUie historiquo du Daneiiiark. Or\RAGKS OFFF.RTS \ l.\ SOCIKTt. Seance du 1** septemhrr IS^S. Par fe mim'sf^rv dn commerc<> : Histoire et Doscription des voios do communication aux Ktats-Lnis el des travaux d'arl qui en despondent, par Michel Chevalier. Paris, 18.10. ISM. IS43. *> vol. in-4', avec un atlas in-fol. — Documents sur le commerce oxl(^rieur, n" 415 A 42S. Par M. ff'.-J. C. : A Coninionlarv on Genesis, II. iO. Broch. in-t2. — On Iho Ophir of the first book of Kings. Broch. in- 12. Par M. de Magny : Canalisation des isthmos de Suet et de Panama , par les fr^res de la Compagnio mari- time de Saint-Pie, ordre religieux, mililaire et indus- triel. Paris, 184S. Broch. in-8*. Par ies autenrs et ed/iettrs : Mt'^moires de la Soci^l^ d'agricuUure des sciences, arts et belles -lellres de TAube. 2« st^rio ; T n»' 3 el 4). — Table gi^n^irale des mati^ros contonucs dans la 1" s6rie (1S22 k 1846). — Rocueil de la Soci^l^ pol\ technique. Avril, mai el juin. — Journal d'(6ducalion populairo. Juin ot juillel. — Rovue d« I'Oriont, de TAlgi^rie et des colonies. Mai. — L'lnvcstigateur, journal de rinslitul historique. Juin et juillet. — Nouvcllcs Annales des Voy.igcs. 2* vol. de 1S48. ( 2/|7 ) Seance du 6 octobre I8/18. l'nip;liohcn Akadoinlc dor Wisscns- chal'loM zu HniTm. Aiis dom Jaliro 18/|(). Jiorl'm, 18/j8. 1 vol. in-/i». Pur l^ /Icadnnic royalc dcs sciences de Turin : Mo- morio dclla llcalo Acadoniia dollc scicnzc di 'TDiiiio. Scria sccunda, I. Ml, Mil, ct IX, annfies 18/|5, 18/j(>, et 18/|8. 3 vol. in-/i°. Par r ytssncidtion hritannifjne jxiiir l^icdiiceiiicnt des sciences : Tlie roporl of llic sevonlcciilli moeling oC the Brilish Association lor llio advaiiccnucnt ol'scionce, loi' 18/|7. London, i8/|8. I vol. in-8°. Par M. f/^a/c/iC/i/icr : Notice luslori([ue siir la vi(i <'t los tiavaux dc M. C.olubiookc. Paris, 18/|8, Brocli. in-/i°. Par M. O. Mazas de Sarrion : Connaissances g6o- ji,ra|)liiqiics , ncicessaircs aiix mililaircH, aiix adminis- Irali'iirs, aiix liouinios |)olili(|U('.s , (;tc;. 3° ol h" livr. (Goographic do la r(';publiqiio I'ran^aisc ct dc ses co- lonics). Paris, 1 8/18. 1 vol. in-8°. Par IM. 'Pito Oinljoni : Viagi^i ncll' Africa occidcnlale. 9" ii 4-2° livr. Milan, 18/iG ot 18/|7. Par M. Ic docfenr Lialc\\'is contrees peu favorisees du ciel , oil le cliniat est rigouroux, la nature recele souvent des jiroduils precieux et rares, donl le commerce a besoin pour ses transactions; landis que, dans les contrees interlropi- cales, la botanique decouvre des Iresors inconnus de richesses vcgetales, ct quolquelois la medecine y re- cueille des antidotes et des substances salutaircs; par- tout enfin le physicien Irouve matiere a observer les ]ih6nonienes almospheriquos, a en dtudier la marche, a en assi^^ner les lois. Voyez ce que nous ont revele depuis un tiers de siecle les expeditions russes dans rAltai el dans rOural, les expeditions anglaises dans rAuslralic , les cxpedi- lions iimcricaines au nord oiie&l du Mexique, les expe- ditions egjpliennes siir Ic cours supeiieur du Nil. Ici se preseiile naturellement un rnpprocboment remar- quable : aiix deux exlromiles du globe, ou, pour parler plus exaclement, sur les deux brandies opposees d'un niemc cercle nieiidien (60' est et 120° ouest), se Irouvent deux pays, ricbes I'lin et I'aulre en inefaux piecieux; sous la domination. I'un et I'aulre, do deux puissants goiivernomenls, la Ilussie et I'Lnion ameri- caine; opposes dans lour syslt'me politique, niais ega- lement forts jiar I'inimense etendue de leur Icrriloire; lous deux njarcbant vers une prosperile croissanle; I'un et I'autro assis au nord du grand ocean, de maniere a sc parlager un jour le commerce des empires de I'est, sinon meme a mcnarer leur independance dans un avenir plus ou moins procbain, Conlre celtc double force, I'Europe a la juiissance de sa civilisation; mais, cbaque jour, I'Europe se depcuple; sa pojjulation s'exporte par miliiers, par ccntaines de milliers d'in- dividus, et iransporte avec elle les arts et les sciences; tout ce qu'il y a d'energie et de savoir dans les races europeennes va successivement cbercber une existence nouvelle sur un sol moins peuple , oii les moyens de vivre sont moins disputes, ou Ton esp^re, a tort ou a raison, que I'acquisilion de I'aisancc coutera moins de lutte et de travail. Qui sail ou s'arretera ce mouvemenl de I'Europe vers I'Occident? Une observation attentive, aidee de la connaissance des lieux, conduira le gco- grapbe a des apergus inslructifs et fournira des ele- ments a la solution de cetle grave queslion. Nous vcnons de faire une allusion indirecte a ces nouvelles decouvertes dont se I'elicite TUnion anieri cainc, trail des i econlcs expeditions contre lo I\Iexi(jue; ( 254 ) nials ce qui, aux ycuxdii philosojihe, est pr^f^rable a tout I'or de la Calit'ornie, c'est la connaissance parl'ailo du sol et des populations qui I'onl liabite ou de celles qui riiabitent aujourd'hui. C'est sur Jes rives memes dc rOcean Pacifique que doit aboutir celle immense iigne fcrrec quo les Hlats Lnis projcltont a travors tout le continent americain. On le voit : rien de difficile et de hardi n'elTiaie I'industrie americaine : c'est le cas de dire, avec le poete, nil nwrtalibns ardtnim est, mais non dans le meme sens que lui : a toute la perseverance anglaiso elle joint le savoir et I'esprit d'invention do I'Europe conlinenlale; la nation s'inspire constam- ment de la mode^ralion de Washington , de la sagesse de Franklin, de la fermet6 qui cacarlerise la race anglo-saxonnc : c'est la qu'est Ic secret de ses haules destinees : puisse la prudence eclairer toujours ses conseils! Non tr^s loin de cetle Iigne de communication ter- reslre, destin^e un jour a franchir les 60 degr(is qui separent les deux oceans, la geographie a marque de- puis longtemps trois isthmes que devrait traverser un canal maritime. L'Amerique cenlrale, mieux gou- vern6e, aurait pu, par elle- meme, accomplir cclte opc^ration, reclam^c par toutes les nations commer- (^antes : c'est la concurrence mfeme de celles -ci qui ajourne sans cessc I'entreprise. 11 est vrai que toutes les donnees giographiques exactes ne sont pas encore obtcnues; on a un exemple recent de I'erreur ou ^laient, mfeme des horames inslruits, sur le relief de I'isthme particulier de Panama. II est triste de songer que trois si6clcs d'unc domination paisible n'aicnt pas suffi a I'Espagne pour otivrir ccllc voie a son com- merce, el, par suite, a celui des aulres nations. ( 255 ) Pareil obstacle el pareille cause se vflroLueiil sur un autre point du globe encore plus fameux, I'isthnie qui unit rAfrlque et I'Asie. Qui pent dire quand les puis- sancesqui pesenl sur I'Egypte permettront de songer s^rleusenient a rexecution du canal projete, il y a au- jourd'bui un deini-sieclc , lors de I'expedition fran- caise? Le glorieux vieillard qui a pr^sidd si longtemps aux destinies du pays aurait su trouver des ressources pour mener I'entreprise a fin, et rappeler encore une i'ois le regne des Pliaraons , si les interets rivaux des grandes puissances n'eussent paralyse sa volonte. Pour revenir a I'Am^rique, a ce qu'on appelle le nouveau continent, il ne faut pas oublier que, si Ton y a fait dans ces derniers temps d'importantes decou- verles historiques, I'honneur en revient en partie a la geographic : c'est elle qui a signals les points ou Ton devait trouver les traces d'une ancienne civilisation, anterieure a celle du Mexique, a celle du Perou , et mcme plus avancee ; la pren:ii6re surtout n'en serait que la degeneration. C'est de voire sein, messieurs, qu'avec le concours d'un de nos illustres presidents, le baron Humboldt, est parti cet appel aux g^ographes et aux voyageurs, qui a revels d'admirables monu- ments dans le Yucatan ; cet exemple en a fait retrouver aussi quebjues uns dans la Nouvelle Grenade, el, dans ces derniers jours, sur les bortls de I'Obio et du Scioto : le nouvcl ouvroge du docleur Squicr sur ces vallees partagera la curiosite publique avec ceux du docteur Stephen et de Catberwood ; et ces productions scien- tificjues ct arlisliques scrviront a leur tour de guide ou d'exemple aux exploraleurs futurs de Piio Gila , et an nord comme au mldi de Cuzco. Par toule I'Am^rique, pour ainsi dire, se revele I'indice et prcsque la prcuvc ( 256 ) (juu \o prelcndu iioiivoau monde csl aiissi viciix que I'ancien , pour nc pas dire davantago avec le docteur Lund; mais surtout que sa jiopulalion est Indigene et reellement auloclitlione ; que celle-ci est arrivee , sur divers points, a un certain dcgre de civilisation, difle- rent suivant le climat ou le sol qii'elle liabitail; nullIus souvcnl sur des etran- gers que sur des compatriotes; c'est que voire insti- tution etait, on quclque sorte, cosmo|iolilo , et vous I'aviez annonce df;s I'aurorc de voire association ; niais nous n'en rogrctlons pas nioins que los rcssources, les encouragements, mais non Tinstruclion ni le courage, manquent trop souvenl a nos voyageurs pouraccomplii de grandes enlreprises. De noire cole, avec le noinbre des prix ollerts, nous avons vu diminuer le noujhre des explorateurs francals ; ct iri par le mot de piix il ne faut pas entendre la souimc ollerle a celui ilont Tcx- pedition a r^ussi : I'honneur est lo premier mobile de ceux qui vculenl doler leur palric d'une grande decou- vcrte; niais il est des encouragements indisj)cnsables au succ6s, et qui ne manquent pas aux voyageurs chcz les peuples voisins. Tout homme zdile pour I'honneur de son pays et le progr^s des sciences n'est pas en mesure de faiie le noble sacrifice de sa fortune , comme la Sociele pout en odVir un genih-eux excmple ])armi ses membrcs. II faut bien I'avouer (el ce nest pas sans regret) : la sympathic publique n'accom- pagne pas vos travaux comme a I'origine, el lautoritc a singuliercmcnt reslreint sa protection. Vous avez ( Ml ) mulllplie vos sacrifices pendant ([ue se veduisaienl les moyens d'aclion. La Sociele anglaise coin|)te trois fois plus (le memlircs que la votre. Ce d^faut de concouis en France pour los progres de la geographic se concoit pen et s'explique ninl en presence de ce qu'on y a vu jadis : i)cndant lout le xviii' siecle , la science y a ete en honneur; Guillaume Delile , Philippe Buache et d'Anville ont tenu pour ainsl dire le sceplre de la geo- graphie , et c'esl chez nous, vers le milieu du nifirae siecle, qu'a 616 executive I'enlreprise gigantesque de I'atlas topographique de la France, devenu le modele de tous les Iravaux du nierne genre en Europe. Si la France n'est pas la premiere nation qui ait fait faire les grands voyages de decouvertes, si elle a ele pre- cedee par les Italiens, les Portugais et les Espagnols, elle a du moins hien avant Louis XIII, et des le temps de Henri II, toujours honore la geographic; c'est elle enfin qui, la premiere, a etabli des associations g6o- graphiques independanles pour encourager les decou- vertes en dehors des gouvernemenls. Pourquoi de nos jours repudierait-on , en quelque sorle , I'honneur qui en a rejailli sur la patrie? La France n'est-elle pas toujours ce pays prisilegie, si favoris6 de la nature, qui I'a assis sur trois mers, avec presque deux cents ports de toule grandeur, dislrihues sur trois cents lieues de cote? Ne possedons-nous pas une population maritime qui ne demande qu'a s'elan- cor sur K-s oceans, et a parlager avec I'Amerique et I'Anglelerre I'honneur el les avantages des grandes speculations commerciales? Est-il sur le globe beau- coup de porls superieurs a Toulon, Brest et Marseille, el surlout mieux silues pour les expeditions lointaines? La navigation connnercinlr rcstera-t oIIp loujours cir- ( 2G2 ) conscrite dans des homes etroites? Le g^nie lran<;ais no saiira-t-il pas so plier aux ndcessites de la position geographiquc ? L'administration superieure ne fcra- t-clle lien pour devolopper, dans line paitie de la j)o- pulation, Ic goiit des voyages? La science ne saurail- elle elre en iionneur parmi nous conime elle Test, ]iar exemple , en AUemagno? Rcslerons-nous enfin en ar- rifere de la Russie, la dernic^re enlr^e dans la carriere, et qui possede une Sociele geograpliique deja plus prospdre que les autres? A toutes cos questions, la reponse n'est pas facile; le mal soul est ais6 a constaler; quant au renxkle, il est en grande partie aux mains de l'administration. En elTet, ne depond-il pas d'elle, et memo d'elle seule, d'ctablir parlout un enseignement geograpliique vrai- ment digne de ce noin? Pourquoi, clans les grandes villos , ne donnerait-on pas une impulsion aux haules etudes de celtc cspece, comprenanl la gc^ographie phy- sique , la statistique commerciale , relhnographie ot retluiologie , avcc certaines branches de la linguisli- que? Pourquoi ne pas creer des collections geogra- ])hiques completes, cheque jour ouvortes gratuilement a la jeunesse, commo aux voyageurs, aux savants, aux marins, et surtout aux navigatcurs du commerce? S'il y a la de la depcnse, elle est de celles qui produisenl, et meme elle ne couterail pas a I'Elat de nouveaux sa- crifices si elle en rempla^ait d'autres qu'on pent re- garder conimc superflues. Qu'on institue un enseigne- ment a I'instar de celui de rAlleinagne, ot les fruits ne tarderonl j)as ocloro; qu'on etahlisso des collections do livres, do carles et d'instrumenls, comme il y on a beaucoup en Europe et ineme dans de petils Etals. Ci'est surtout en visitant des musees de la geographic ( -263 ) etdes voyages, c'est an rt''cit des explorations savanles et glorieuses que la jeune population frangaise conce- vrait I'imporlance etles avantages dcs expeditions loin- taines, ct s'echaufferait du feu sacre de la passion des decouvcrtes. Messieurs, la Soclete frangaise de Geograjihie a de- vant les yeux I'exemple des Soci(^tes russe et anglalse; qu'elle ne se d^courage done pas, qu'elle redouble, au contralre, de travail et d'elTorts, el elle verra, comnie autrefois, afiluer cliez elle une foule einpress^e d'amis de la science, qui I'aideront a traverser les niauvais jours ; ils ranimeront le zele qui semble parfols pret a s'etelndre, mals qui bientot peut se rallumer plus vlf et plus eclatant. JoMARD. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA S0C|/:Ti5 DE GEOGRAPHIE ET SUR LE PROGRliS DES DicOUVERTES ET DES SCIENCES GEOGRAPHI- QUES PENDANT l'aNN^E 18/18. Lu a r.Tsseniblee geiierale de la Societe, le 19 Janvier j84q, Par M. L. VIVIEN DE SAIIMT-SIAUTIIV, Secrelaiie gi-'iier;il. Messieurs, II est dans I'hisfoire des peuples de subites ct violenles commotions qui par un contre-coup fatal suspendent, si meme elles ne les rejettent pour long- temps en arrifere, les progrfes intellectuels de I'huma- nltc^. La Science, qui vit de recueillement, eflray^e de ( '26h ) tant (Ic hriiit el d'aj^iUitinn , se voili' la laco alors, et, silencieuso, ellc allond que dps jours iiKiilleuis soiont revenus pour ellc. I/anrxie qui vienl dV-xpiier a \u eclalor une do ccs cii.sos nefaslos quo los pouplcs, au nom do la raison ineconnuc cl do la civilisation ou- Irageo, voudraient plus lard pouvoir cilacer do lours annales. Nos Iravaux out du so ressenlir profondoment des circoiislanccs que nous avons Iraversees. Quand lout s'ocroule aulour de soi , no laissanl partout cjue ruines et debris; quand la foudre gronde sur nos totes et que le sol Ireinblo sous nos pas; quand toutos les existences sont brisees ou mcnac^os; quand, dans cette fi^vre ardente de renovation il n'y a plus rien de respecle , ni les institulions, ni los nioeurs, ni les croyances, ni les traditions; quand les plus odieuses profanations, quand los doctrines los plus monstrueusos no craignent plus de sc produiro au grand jour avcc un cynisiue brutal; quand lo passe csl un litre de proscription, le present un sujot do douleur, I'avonir un objet d'eflVoi, qui done pourrait encore apporlor un esprit calmo et libre a ces (!!tudes qu'en d'aulres temps les nations bonorent el que les gouverncmcnls encouragent ? El 06 n'est pas la France seulcment qui aura donnt!; pendant la Irisle annee qui Unit cc spoclacle de funesle agitation : le vent dcs rd'volulions partout decliaino a promen6 sur I'Europe presque onliorc sou souffle des- socbant. L'Allemagne ellc lueuio, la sliidieuse ol froide Alloinagne, en a sonti ratteinle morlelle; et la, coninie cbez nous, les 6tudo!- sciontifiquos ont ol6 a pou pros nuUos. L'Angloterre, si ricbe bablluoUomont cu pu- blloalions goograpbiquos , n'on a vii parallro (ju'un prill noiuluc, I't aiicuuo d'linc ini[)(iiian('i' ndahlo. ( 2()5 ) Tant (Ic slcirillle pour quelqiies mois do cl^sorganisa- lion sociale monlrc assez ce que deviendraient le inonde ot notre hanle civilisation , si les doctrines subversives des nouveaux Barbares v pouvaicnl usur- per un empire de quelque duree. II semblc que la meme influence se soit propagee jusque dans les autres parties du monde les plus eloi- gnees du ib^utre de nos dissensions, car il n'en est aucune, un seul point exceple, qui, dans le cours de cette annee , nous presente une de ces decouverles, un de ces progres notables dans la connaissance du globe , que nous avions ei vous signaler en si grand nombre dans nos precedents Uap ports. Les doux entre- prises capilalcs qui nous promettaienl, a la fin de d8/|7, de si importants el de si prompts r^sultats, celle de notre jeune compatriote, M. Anne RafTenel , dans I'Afriqnc centrale, et celle du docteur Lcicbbardt dans I'int^rieur de I'Auslralie, ont I'une ct I'autrc nialluMi- reusement echou6 devanl des difliculles apparemment insurmontablos. Nous ignorons encore les causes pre- cises et les circonstances de I'insucces de M. Raflenel, qu()i(juo depuis plusieurs mois deja nous sacbions le voyageur do retour a Paris. Les didicultes qui ont ar- rete la marclie du docteur Loiclibardt, el qui I'onl oblige de revcnir a Sydney a\ec les compagnons de son expedition , ne nous sont pas non plus tres nctte- mont connucs; mais co premier olTslacle n'a pas de- courage I'ardent explorateur. Les journaux australiens nous ont appris recemmenl que Texpedilion reorga- nisee s'^tait bienlot apr^s remise en route, se propo- sant, conime aiiparavant, de traverser obliquemont toule la longueur du continent australien, entre Syd- ney et la riviere du (Ijgne, sur la cote occidentale, X. NOVKi\MUlK IT niiCKAMlUl . 2. 18 ( •200 ) a|)r6s avoir rccunnu en diilall le pays dtija parllello- nicnl decoLiverl oii se trouvent les lignos de parlage d'caux entrc le golt'c de Carpentaric, Jo golle Spencer et la cote oricnlale. Ici du niolns nous pouvons encore espdrer ties decouvertes iuiporlanles dans iin avcnir plus ou moins prochain. II faut nous transporter aux exlr^tuiles de l'Eur()|)e orientale , sur les confins glaces de la Siberic, pour trouver un fait geographique d'une veritable impor- tance que nous puissions atlribuer a celte annec IS/iS, si jiauvre en resultals de ce genre. L'expediiion scien- tifique deslinee a completer rexj)loration delaillee du nord de I'Oural, au triple point de vue de la geogra- phic, de riiistoire nalurelle el de Tothnograjjliie , a poursuivi cette ann^c et lermino ses reconnaissances commenc^es dans sa premiere campagne de 1847. On sait que cetle expedition elait tlirigee |)ar MM. Jlof- mann el Straglievski, du corps des ingenieurs des mines de Russie, assistes de M. Kovalski pour la parlie aslro- nomique, et de M. Brandt pour I'liistoire nalurelle, independamment d un certain nombre d'ingenieurs- lopographes pour les operations geod^siques. L'expe- diiion est parlie cette annee du 05" paralicle, oii elle s'ctait arretee I'ann^e precedente , et s'est avancee jusqua I'extremil^ de la chaine qui vienl aboutir a la cole vis-a-vis de Tile de Waigalch , etudianl avec un soin scrupuleux la crete et les deux versants de rOuial, fixant par de nombreu.ses observations la position as- ironomique et I'altitude de tous les pomls imporlanls, suivant a droile el a gauche les vallees lal^rales qui vonl porter Icurs eaux a I'Ob ou a la Petchora, ne ne- gligeanl rien, en un mol, ile ce qui pent contrihuer a combler la lacune (jue celle grandc region avail laisstie ( 267 ) jusqu'alors clans la geographio positive. Les r(*sullnts de celte expedition , dont on annonre la publication prochaine , se lieront pour les completer aux travaux ant^rieui's de M. Ernian, de M. Murchison et du comte de Keyserling, et inaugureront dignement la cremation de notre jeune sceur la Societe Geographique de Russie, car c'est sous ses auspices el avec ses instructions que I'exp^dition s'est accomplie. J'ajouterai que M. de Middendorffa d^ja fait paraitre a Sainl-Pdslersbourg quelques parties de la relation de ses courses scienti- liques de 18A3 et 18M dans le nord et Test de la Si- Lerie , courses ou il 6tait accompagne de M. Brandt, qui a fait aussi partie de I'exp^dition de M. Hofmann ; et que M. Caslren a poursuivi cette ann^e, dans la valine supi^rieure du J^nisei et sur les deux versants de la chaine Altaique, les etudes de geographie na- tui-elle et d'ethnologie dont il a recu mission il y a quatre ans de I'Acadernie imperiale de Saint-Peters- hourg. Les rapports du voyageur, adress^s de temps a autre a I'Academie, et qui sont publics en langue allemande dans le Bullelin Scientijtque, annoncent assez de quel liaut intdiret sera plus tard la relation complete du savant explorateur. Ici se termine la bien courte nomenclature des tra- vaux actifs que I'annee ISiiS aura ajoutes a I'explora- tion du globe terreslre par les nations savanles de I'Europe. Quand le foyer s'eteint ou s'allanguit, ses rayons afl'aiblis cessent de porter au loin la chaleur et la vie. La Societe de Geograpiiie ne pouvait ecbapper au mal universel, Frappdte directement dans quelques uns de ses membres , et plus ou moins dans lous les aulres de ces preoccupations douloureuses, de celte ( '^^^^ ) nionio intolli'ctuollf (jiii acrom])at^npnl in(''vitnl)lomi'nf (Ir Idles crises, ses reunions habitiielles ont dil se ics- scnlir He celte double cause rrinactivilt^. Les seances onl (lu etre nioins animces et les Icclurcs nioins noni- breuses. Plusieurs d'enlre \ous, messieurs, el au noui de lous il faut leur en rendre grace, onl poiutant essayci de lultor ronire le (iecouragement general. Voire vene- rable president, par des rapports nombreux ct de Ire- quentes communications, s'esl conslanimenl efforc^ d'enlretenir ou de r^veiller en vous I'indpuisable z^le donl lui-meme est rempli. La riche correspondance do notre collogue M. Jomard n'a pas cesse , comme par le passe, d'alimenter une partie nolable de nos reunions. Vous avez entendu surtout, avec I'interet que des comn)unications neuves sur des contr^es peu ou point conuLies portent loujours avec elles, une nolice Ires circonslanci6e sur le pays de Ouadai, donl M. Ful- gence Fresnel a recueilli les elements pendant son se- jour I'ecent a Tunis el a Bengazi, et qui sera imprimee dans voire liiilU'tin. Noire collegue, M. Pricot de Sainte- Marie, donl les explorations odicielles dans la rc^gence de Tunis sonl deslinees a completer les Eludes g(^od(i- siques de nos odiciers d'elat- major dans I'Algerif orienlale, vous a rendu coniple de la suite de ses ope- rations de 1(SZ|7, ct des decouvertes archeologiques dont elles onl 616 I'occasion. M. Ciiarles Bcke, le ce- lebre et savanl explorateur de I'Abyssinie, dans un long m^moire ecrit en francais el que voire Bulletin a public, a victorieusement justifie deux anciens mis- sionnairos j^suiles, le P. Paez et le P. Jerome Lobo, des accusations plus fpi'injuslcs que Bruce avail jior- teos conlre la veracile do b-urs relations des sources ( -mu ) cle I'Abai. Poiii' lous les homines iiistruils et iinpar- liaux, ces aecusalions etaicnt depiiis longtenips ju- g6es; inais il parait qu'en Anglolerre la juslificalioii (!es deux iiiissionnaires poitugais avail besoin'eiicore de preuves nouvelles. Cclles que M. Charles Beko a d^veloppees dans son niemoirc, on honime (jui lui- uieme a pu apprecier de ses propres yeiix les des- criptions poiiugaises, nc laissent plus desorniais le nioindrc pretexlo an doiite, meme pour les vanites iialionales les plus exaltees. Dans la j)osllion de M. Beke , son niernoire csl un aele de lo\aule, en memo Icmps qne le choix (juil a cru devoir laire de voire journal pour la publication de son travail est un hommage rendu a rinij)arlialite scienlifi(|ue dc la France. Parmi les communications qui de lemps a auh-e sont venues revciller I'interet dc vos stances, je dois menlionner encore une notice sur I'histoire ancienne el sur I'origine des Siainois, d'apres les traditions 6crites du pays, envoyee de Bangkok par un respec- table ct savant missionnaire frangais , M. Pallegoix, vjcaire apostolique de Siam ; ainsi qu'unc note (]ue vous a lue M. le |)rofesseur Borring, de Cof)enhague, sur I'Hecla , en Islande, ct ses dcrnieres eruptions. Vous avez re(^u de M. le prince Emm. Galilzin, membre correspondant de la Sociele dc Saint- Pclersbourg, plusieurs morceaux plcins d'interet relalifs a la Si- berie. Pour M. le prince Galilzin , la culture dos sciences et des leltres esl une tradition de faniille ; la traduction francaise de la belle relation que I'amiral de Wrangel a donneo de rexj)edition russe de 18'20 en Siberie el dans la nur glaciale, et celle dune autre relation rubse , celle de DoI.hII, thms le nord de la ( 270 ) Chine, l^'iuoignent assoz , indepondammonl de ht.-au- coup d'aiilros Iravaux publii^s dans diUerents recaeils scienlifiques, du ztle aclif de voire correspondant de Sainl-Pelersbourg pour los sciences geographiques. Ce litre de correspondfint , M. lo prince Galilzin rst d'ailleurs du nombrc de ceux qui y attachent une va- leur s^rieiiso, ct qui ne se croient pas rlispenses de le reconnaltre par de bonnes el uliles communicalions. Si nous devons un l^uioignage de gralllude aiix bonimes qui, dans rellVoyable lournienle qui nous agile , et dans le courant violenl qui nous omporle , n'onl pas desespere encore de I'avenir des grands Ira- vaux inlellecluels, il nous faul aussi payer un tribul de regret a ceux que la morl a IVappos an uiilieu do leurs Iravaux. La morl I rien n'arrfite ses coups impla- cables : ni les tilres acquis par une longue carrifere de devouement A la science, ni les litres nouveaux que des Iravaux commences, que des enlreprises coura- geuses allaicnt conqudrir. Ln voyagcur j)Iein d'ann^es encore ct de vigueur, apres avoir rrucluousemenl 6tudi6, en gdologue, en naluralisle, en physicien ct en geographe, les steppes arides qui se deroulenl au nord du Caucasc, enlre la Caspionne el la mor Noire, avail concu le hardi projet d'allcr explorer la region, moins accessible encore ct plus dangereuse, qui borde a Torient la mer Caspicnne. Cc nouveau champ d'e- ludes, que peu de voyageurs ont aborde, que pas un n'a parcouru tout cnticr, r^servait A I'explorateur in- tclligont d'inleressanles ddcouvertes a poursuivre el des fails curieux A recueillir. Nous poiivions esp6rer de voir enfin complelemenl r6sf)lu par I'examon des lieux ce prubleme de I'jncien debouch*^ do I'Oxus dans la mer Caspienne, sur Icqucl nous avons jusqu'a ( 271 ) present moins de tails positil's que iles conjectures et des inductions. M. Flommaire do IIcll — cliacun de vous I'a deja noinme - — avail coupe rAsie-!\linoure , franclii I'Eupliratc, traverse le Kurdistan, I'Arminic et I'Aderbaidjan , non sans marquer sa route par de nombreusfs obseivations de g(^o2;raphie astronomique et de g^'ograpliie physique, dont quelques resultats se trouvenl consignes dans ses premieres lettres; ii av;>it enfin alleint T6heran et touchait au seuil de la terre promise, lorsqu'uue mort soudaine, dont nous igno- rons encore la cause et les details, est venue andantir ses esp^rances et les ndlres. Un autre voyageur francais dont nous avons a re- gretter la perte r^cente est M. Combes, qui, tout jeune encore, avait parcouru avec le saint entliousiasme de la jeunesse la vallee moyenne du Nil , au-dessus d'As- souan , les bords de la mer Rouge et TAbyssinic. La propension dominante de I'espril de M. Combes /Hait I'olude physique el morale de I'homme; el, sous cc double rapport, il y a d' Ires interessantes observa- tions dans les deux relations qu'il a successivement donn^es, I'une de son voyage dans I'interieur de I'A- bvssinie, de compagnie avec un autre jeune Francais, M. Tamisier, de 1835 a 1837; I'autre, de ses courses aiili^ricures de 183/i , dans la Nubie, le Sennar el le desert de Souakim. M. Combes se range modestemi nl dans la classe des eclaireurs de la science; mais u'uu- blions pas que parmi les noms que la science rcivere, les plus illustres npparliennent pour la pluparl a celte classe d'explorateurs audacieux qui ont ouvert la voie aux grandes dccouverles. Sans doule le nom de M. Combes ne sera pas inscrit a cotd des noms im- morlels des Marco- Puln. dcs ('.(ilnii)l). des Cook, des ( --^^^ ) Mungo-Park, dcs Mackenzie, des (laillo; inais il morito d'etre inscrit honorablenicnt dans la phalange d'Eu- ropeens insliiiits qui dopiiis vingt ans ont tant ajoute aux notions anterieiires sur les hauls pays du Nil. M. le haron Ladoucette, dont la Sociele deplore aussi la perlo , n'^tait pas un voyagcur; c'elail un homme de bien el dc savoir, qui, dans Ic cours d'unc longue carriere honorablement remplie, a su partagor son temps cntre les auslt;res devoirs de la vie adminis- trative ot la douce culture dcs lellres. C'elait un de ces administratcurs inlegres donl les populations gardenl un long souvenir, meme aprcs que les vicissitudes po- litiqucs I'ont cnleve a leur aflection. Sept anne(!S pas- sees comme prcfet dans le dcpartement dcs Ilautcs- Alpes, de 1S02 a 1809, Ic niirent a meme de reunir sur ce coin piltoresque de la France unc grandc quan- tity de documen!s que M. Ladoucette a fondus dans uu tableau aussi complct qu'instructif, sous !(■ lilie d'lJis- toirc tnpngrnphii^uc ct sta(isti(jiie des Hnutes-Alpes. Get ouvrage est un modele de slatistique dcpartemenlalc , el ce sera j)our son aulcur un litio duralile pres des amis de la science ge()graphi([ue. Mais une perle plus grandc encore et |)lus doulou- reuse nous otait rescrvec dans celte cruelle annoe qui vient de finir : c'esl cellc de M. Lelronnc, membrc de TAcademic des inscriptions. M. Lclronne fut, en 1822, un des membres londateurs de la SocitHe de Geosira- j)liie; et si depuis celte ^poquc dcs etudes plus parli- culiei emenl epigraphiques et arch^ologiques I'avaieiit en partie delourne de sa premiere direcliun , K; Ira- ducleur des deux dcrniers livres dc Strabon , le com- niiMilaleur de Dicuil et de Scjlax, n(! resla jamais indiilVrenl aux etudes gcographique?. I ne I'oule d'ar- ( ^7:i ) tides el tie nulices repnndiis, soil dans los uiivrages qu'il a publics sur rantiquile egyplienne, soil dans les Memoircs do I'Acadeniie, soit dans le Journal des Sa- vants ou dans d'aulies recueils scienlifiques, temoi- gnent au contraire du \if iuterct qu'il n'a jamais ccsse do prendre aux progros do la geographic et a loules les questions qui s'y rattachent. Un esprit net et ferme, un jugemcnt droit et lucidc, une sagacite penetrante jointe a unc grandc force do dialcctique, feront tou- jours do M. Lclronne un des flamheaux on menic tcinps qu'une des gloires do I'^rudition francaiso. Si les noinbreux ecrits qu'il a laisses nc niontrcnt pas la liaute puissance do gc'neralisalion pliilosopliique que possedait rilUistre Frcret , cctte autre gloiro de I'an- cienne Acadt-mic, il y a d'aillours de nonibrcux points de contact et une rcuiarqu.djje analogic entre ces deux homnies eminents, distingu^s par un savoir egalement profond , par une critique egalement sure, par un egal eloigneraent pour les hypotheses hasardees et les theories aventureuses, par une faculle egale de con- centrer sur un point on discussion , comme en un puissant et luminoux fover, les rayons multiples d'une vaste erudition. C'est surtout en ces esprits a la I'ois clairs et positii's, chcz Icsquols i'induction gagne en autoiitti ce qu'elle pcrd en autlaco, que la France savanle aime a porsonnifier co que i'elranger nomrae W'cole franatise. Disons-nous, messieurs, avec un sen- timent de confiance et de joie , qu'un pays qui dans son passe commc dans son present compte en si grand nond)re des homines ('e cotte valcur, no saurail voir perir, ni memo s'afl'aiblir los liaulos eludes intclloc- luolkvi , alors m^me que des docliiiios iugenpeejj les ( •27A ) menacent, ou (ju'iino indiirerence et dcs preoccupa- tions passageros en compriment I'essor. All milieu dc celle indifTcrcnce el de ces prc^occu- pations, qui ont arrets ou suspendu lant de publica- tions utiles, j'ai pourlant a vous signaler, messieurs, i'apparilion d'une oeuvre capilale, TAbou'lfeda fran- cais de M. Reinaud; mais il faut remarquer que si cc livre important, voyagour 6gnr6 au milieu des ruines, a I'ait ainsi son apparition dans les premiers mois dc 18/i8, c'cst que I'impression en etait achevee, et (pi'il 6tait pret a voir le jour dfes la fin de 18^7. L'ouvrage du savant professeur, fruit do longues annees d'un la- beur assidu, se compose de deux parties. La traduction du geographe arabe, accompagni^e de notes perpe- luellos tant critiques que geographiques, sorait doja un grand service rendu a nos etudes, nonobslant I'an- cienno version latinc de Reiske ; mais la ne s'est pas boiii6 le travail de M. Reinaud. II y a joint unc Intro- duction (jui I'orme seule un volume in-Zi" de pres de 500 pages, et ces pages sont toutes remplies d'une science neuve, substantielle, puis(^e, cela va sans dire, aux sources memes de la litterature orienlale, sources inedites pour la pkipart el dont beaucoup n'avaicnt pas 6le compulsees encore en vue d'en exlraire ce que les auleurs arabes, persans ou turks, ont ecrit sur la g(^ographic du monde musulman. M. Reinaud n'a pas voulu seulement faire connaitre Abou'lfdida dans lous les details de sa vie publique et privec, et surtout de sa vie litteraire; il n'a pas seulement voulu donner des df^tails ('"Icndiis sur les sources icriles donl le prince de llamalli profila pour la composition de sa geogra- phic universellc, independammenl des nombreuses ( '-^75 ) informations orales qu'il avait recueillies : M. Reinaud a fait phis. II s'est propose de prendre la science gco- graphique des peuples musulmans a son berceau m^me, et de la suivre dans ses developpements gra- duels jusqu'a I'epoque de la renovation europeenne, voulant montrer ainsi ce qu'elle a du aux nations sa- vantes de I'antiquite gr^co-latine , et ce que nous- memes en avons pris. II y a la une transmission inin- terrompue de fails et de doctrines que I'auteur a voulu parcourir du premier au dernier anneau. Depuis la chute et le d6membrement du monde romain par suite de I'irruption des Barbares, ou s'abima la civilisation antique tout entiere et oil la science geographique s'c- teignit en meme tem|)s que toutes les autres sciences, depuis cette immense catastrophe jusqu'a la grande epoque du xv° siecle, qui vit se r^veiller dans le monde Chretien I'activite intellectuelle si longtemps engourdie et la passion des decouvcrtes lointaines, il s'ecoula un intervalle de plus de neuf siecles pendant lequel le sceptre de la civilisation elait passe aux mains des Arabes du khalifat. La geographic, ainsi que d'autres sciences, fut cultiv^e avec honneur dans les ecoles de Bagdad, de Kharizm, de Samarkand, de Bokhara, de Seville, etc.; et un grand nombre d'auteurs musul- mans consign^rent dans leurs Merits, outre les doc- trines generales sur la forme, I'etendue et les grandes divisions de la terre , les notions speciales quo procu- raient les expeditions militaires des Arabes ou les voyages de leurs marchands, sur des contr^es de I'O- rient que les Grecs et les Romains n'avaient pas con- nues ou dont ils n'avaient eu qu'unc idee tres vague. 11 est done aise de coinprendre de cpielle extreme im- portance I'etude approfondie do la periode du khalifat ( 276 ) doit clre coiniue poinl do jonclion oiilrc I'lusloire de lii geographic dans rantiquitt^ ct le tableau des progi-es siinultanos de la Science et des D^couveiies dans les teiri|)s modernes. Cctle imporlancc, on I'avail appre- cieo depuis longtemps sans doulc, ft deja plus d'une lois, lont en Ailemagnc qu'cn France et en Angleterre, on avail esquiss<^ les traits principaux do la periode de transition nuisnimane pendant I'inlerregno intellec- tuel do rOccident; mais aucun de ces travaux nc pout se comparer a celui que vient de nous donner M. Roi- naud, ni pour la grandeur de I'ensemble, ni pour I'a- bondance des developpements, ni pour la richesse et la precision des details, non plus que pour la profon- deur du savoir. Ce travail restera comme un beau monument dans I'bisloire de la lilterature geogra- phique. Lne autre etude non moins curieuse au point do vue de I'histoire generalc de la gdograpbie , quoique infinimenl plus aride et plus pauvre que I'olude des siocles brillants do la prop()nd(!'rancc musulmano, est celle do la periode memo du mojon ago ein'0])6en. II serail impossible d'imaginor, si les documents con- Icmporains no porlaient a\ec oux lour evidence, qu'a- pros la civilisation rairmee de la Groce ct de Rome I'esprit huniain ait pu arrivcr au point de degradation ou nous le voyons alors dcscendu. L'6lude de la science g^ographique duranl cette longue pdriode n'est qu'une des faces do rolude intelloctuolle du moyen age, et c'est la surtout cc qui on reievo rimporlance et I'in- t^ret : mais quelle grossierclc, quelle incroyablo bar- baric dans tout CO qui nous est parvenu de ces siccles inculles, soil que Ton decliitlre les rares manuscrils qui se sontcpnseives dans les archives poudreuses des ( -rn ) rlollros, soil que I'on s'atlaclie aux cartes jnintes a quelqiies uns de cps inanusnils ! Les carles, ai-jc clit? •issurement c'est employer un terme trop noble pour designer ces ebauclies infornies, sans nul doule beau- coup plus grossieres que les premiers essuis dc I'art grec traces six siecles avant notre ere par la main en- core inhabile des Tliales et des Anaximandre. Et ce- pendant, on le concoit, c'est seulement dans ces mo- numents de cliaque siecle, quelque barbares qu'ils puissent elre , qu'il est aujourd'hui possible de suivre la progression de ce que Ton ose a peine ici nommer la science geograpbique, d'abord dans la rapide deca- dence qui suivil la cbute de Rome et le demembre- ment de I'empire, puis dans le travail de reconsti- tulion de la science cpii commence a poindre avec le xiv* siecle, et dont il faut suivre pas a pas les progr^s encore bien lents jusqu'a I'epoque memorable des grandes decouvertes marilimes, ou les Benincasa, les Toscanelli, les Martin ile Beliaim, les Juan de la Cosa, les Bernardo Sanudo, les Diego Ribeyro , nous appa- raissent commc les precurseurs de Sebastien Munster, d'Orlelius, de Mercator, des Sanson, de Cellarius, de Guillaume Delisle et de d'Anville. Mais celte elude scientifique du moyen age par les monuments elait restee jusqu'a ces derniers temps bien diflicile, sinon impossible. Les cartes des xiii% xiv et xv*" siecles etaicnt renfermees dans quelques bibliolbeques particulieres d'Espagne, de Portugal, d'ltalie, d'Allemagne el de France, ou dans les grands depots publics des memes conlrees, inconnues pour la pluparl, et a pou pres inaccessibles : c'est a deux de vos coliegues, vous le savez, messieurs, que la science devra eel immense service de pouvoir eliidit r enlin avec facilile et d'line ninniere romplele cos rares moniimenls carlograplii- fjiirs du moyen uge. M. le viconile de Sanlarem etl le premier qui en ait public en fac-simile une suile d6ja nombreuse, laous le litre A' Atlas des monuments de la geo^raphie du nioyeu cige ; nous devons nous feliciler que Ics circonslances n'aient pas arrets la gravure de celte riche collection. Plusieurs fcuillos nouvelles ont ete terminees en 18/i8, et mises sous vos yeux, ainsi que sous les yeux de I'Acadeuiie des inscriptions. L'admirable /ac-ivV/i/Vc de la carte venitienne de Fra- Mauro sera lermine dans le cours de I'annee qui com- mence , el les cinq feuilles dont il se compose forme- ront une livraison de I'Allas des Monuments. M. de Sanlarem travaille simultanement a un lexte qui con- liendra, avec I'liistoire generale des doctrines gdogra- pliiques au moyen age, une notice sp^ciale sur chacun des monuments que renferme I'Atlas, el la traduction, avec d'aniples commentaires, des innombrables le- gendes inscrites sur toutes les carles imporlanles. Le premier volume de ce grand ouvrage, qui n'en aura pas moins de cinq, est acheve , et je puis vous en an- noncer avec certitude, messieurs, I'appaiition pro- cbaine, car le louable empressomont de I'auteur pour tout ce qui pcut hater la publicile des documents qu'il a reunis a grands frais a deja mis ce volume entre mcs mains. Je n'ai pasbesoin d'ajouter, messieurs, que les savants trouveront dans ce travail une immense quan- tity de fails prdcieux et d'indications curieuses. M. le vicomle de Sanlarem paie ainsi noblement a la France riiospllalit^ qu'il en a reoue. J'aurais voulu, messieurs, vous pouvoir annoncer aussi la mise au jour a une epoque plus ou moins pro- cliaine de la collection analogue a laquclle s'est con- ( -^^i) ) sacre tie son cole noire savant collogue M. Joinarcl, el tlont les planches, termlnees ou trds avancees, s'^l^- vent cleja au nonibre do cinquante neuf; nous nous affligeons , sans nous en elonner, que les evenenients aient suspendu cette publication. Esperons du moins que cetle interruption ne sera que momentanee, et que bientot ces nouvelles richesses viendront s'ajouler, pour les completer, a celles que nous devons deja a M. de Santarem. Nomnier M. Jomaixl, c'est reporter noire pensee vers le cabinet geographique de la Bibliolbeque Na- tionale, place sous la savante direction de noire col- legue. Vous ne serez pas surpris, messieurs, que les ressources consacrees aux acquisitions aient conside- rablement dirainue cette annee, et que le conservateur aitdii restreindre les achats; toutefois la collection s'est encore enrichie, dans le cours de I'annee, de plusieurs dons et de diverses entries graluites. Les uns et les autres seront enumeres plus lard, dans un rapport analogue a ceux qui ont et6 publics annuellementdans le Bulletin depuis le 1" Janvier 1839 jusqu'au 1" Jan- vier 18/|7. En I re les dons fails au Cabinet des Cartes on peut signaler une tr^s ancienne Carte du Milanais analogue a celle du Bosphore de lZi53, et ofl'erte par M. Challaye, consul de France; douze cartes anciennes de la Scandinavie provenanlde M. Werlauff; un grand nombre de cartes de I'Amiraute anglaise ; I'ouvrage de la geodesic de I'lrlande par le Bureau d'onlnance ou de Tartillerie ; plusieurs grandes cartes rdcentes de rUnion anii^ricaine, don de M. Wattemare; sans parler des carles du Depot de la marine de France et du De- pot de la guerre. On distingue parmi les acquisitions une carte aulographe de Phil. Buache, laite pour I'A- ( 280 ) rad<^mie dos scioncos en 17/|7, el la siiile rles carles ofllcielles puhlit'cs par les gouvernoincnis ('■Irangors. En terniinant cet apcr(;;n dii hilan scientifiqiie de Tannee iShS pour les sciences geoi^rapliiques , cxpri- mons encore une fois I'espoir quo les circonslances deplcirablos que nous avons troversees, et menie, le dirai-je? au milieu desquelli's nous vivons encore, cesseront bientot de I'aire sentir lenr pression niorlelle aux nobles lia\aux de I 'esprit el aux haules tHudes de la science. Les evenements exlerieurs pr^sagenl d'ail- leurs sur plusieurs points du globe un notable accrois- sement a nos connaissanccs acluelles. La prise de pos- session de la Calitornie par les Etals-L'nis, jointe a la fievre qu'excite en ce moment dans Unite I'Ameiique, et jusqu'en Europe, la d^couvertc que Ton y a faite de riches giscmenls d'or, ne sera surement pas sterile pour la g(5ograpbie el relbnographie d'une contree jusqu'a present Ires peu coniiuc. Nous en dirons au- tant de la prise de possession de la CalVerie jiar I'Au- gleterre. Nous avons deja menlionne la persev(^rantc enlreprlse (]u ddcleui- Lcichhardt pour I'exploration de I'Australie inlerieure; un autre voyage dont il est permis d'altcndre de ires bons resullals est cclui que vient d'entreprcndrc un jeune Ilanovricn, M. Biallo- blolzki, Le plan en a ele ti'cs judicicusement trace par M. le docteur Cliarles Bcke, de Londres, dont le nom figure (leja dans les premieres pages de ce Raj)porl ; el il a pu fitre enlrepris immetliatement, grace a la sympatbie sponlande de quelques Anglais amis de la science, el aussi au coiicnuis du gouvernement Brilan- nique, qui a bien xoulu aciorder h; passage L;ratuil jusqu'a y\den sur les balimcnls de I'lvtal. L'objel que se proposi' le vo\ii!i(Mir est, on |><''iH''li'.inl d.ins I'inli''- { 28-1 ) rieur de I'Afrique australe par la cote clu Zanguebar, de porter enfm une exploration directe dans la haute region, encore absolument inconnue, qui s'elend au sud de I'Abyssinie. De grandes questions de geogra- phic physique se rattachent a cette expedition , a la- quelle il est peut-6tre reserve de resoudre en fin le probl^me, agite depuis lant de si^cles, des veritables sources du Nil. Un voyageur dont la renommee est europ^enne , M. Antoine d'Ahbadie, nous revient enfin, accompagn^ de son fr^re Arnaud, du tond de I'Abyssinie, oii lous deux ont pass6 plusieurs annees. Nul ne saurait dire quelle immense moisson d'observations de toute es- p^ce les deux freres rapportent de leurs longues pere- grinations. Rappcllerai-je enfm que I'Europe n'a pas recu en- core, mais doit sans doule I'ecevoir dans un lemps peu eloign^, des nouvellos do la grande expedition scien- tifique parlie de I'lnde au milieu de 18Zi7, sous les auspices du gouvernement anglais, pour aller explorer les vallees alpines du Tibet au nord de i'Himalaia? Dirai-je que M. Rawlinson poursuit sans interruption a Bassora le cours de ses travaux philologiques pour la complete interpretation de la grande inscription tri- lingue de Darius, inscription d'un si puissant interfet pour I'histoire et pour la geographic de I'ancien Iran ; et que, dans une nouvelle excursion qu'il a faite a Bi- sutouTi pour y completer quelques parties de sa trans- cription, il annonce avoir Irouv^ un nouveau site il'an- tiquiles qui nous reserve peul-etre des decouverles non moins riches et non moins inatlendues que celles de Khorsabad et de Nimroud ? Ajouterai-je cnfin que la riche collection de dessins et d'insnriptidns rap- X. NOVKMBRK ET Dl^CinilUU:. 3. \i) ( 282 ) port^e de ce dernier site par M. Layard se grave ac- tuellement a Londres, et qu'oulre ce grand ouvrage archeologique, digne pendant de ceux de M. Flandin sur Persepolis et de M. Botta sur Khorsabad, le voya- gcur annonce la publication , mainlonant tres pro- chaine, de la relation de ses courses savantes dans les pays de I'Euplirate et du Tigre? Ce sont la sans doute dos previsions bien faites pour reveiller nos sympa- Ibies les plus vives. Fasse le ciel que rien ddsormais ne vienne en delourner nos esprits ! NOTICE CONCERNANT DliS TRACES EXISTANTES D ANCIENNES EXPLOI- TATIONS MINI^RES DANS LA RUSSIE ASIATIQl/E, ANT^RIEU- REMENT A LA COKQUETE DE LA SIB^RIK. Redigee d'apres des documents originou.v parM. le prince Emmanuel Galitzin , des Societes de Geographie de Russie et de Paris. Pierre-Je- Grand s'initie en Saxe a la science du minpur; I'exploi- tatiun refjnlii'ie des mines de la Siberia date de son re({ne. — Traduc- tion d'une ordonnance de 1679 relative a la decouverte d'anciennes exploitations. — Minerai enfoni, decouvert en 1726; objets en cuivre, avec inscription en c;iracteres inconnus, trouves en 1722. — Popu- lation disparue. — Aspect qu'offrent les exploitations d'origine in- connue; outils en pierre dure; uiie tonibe; foiirneaux et scories. — Fxtrail d'une piece ofHcielle du regne du tsar Micliel Fe'odorovitch relative a I'extraction du fer. Ce Cut le g^nie I'econdant de Pierre-lo-Grand qui lira I'induslrie metalliirgique de I'^tat (IVnlance dans le- ( 283 ) quel elle etait demeur^e en Russic, Frapp6 tlo I'idee qu'une exploitation convenable pourrait avoir uno granrle utility pour son empire, par I'extraclion tie richesses rainerales enfouies dans le sol et que Ton soupconnait a peine, il donna une attention particu- lierc a cet objel important. Pendant son sojour en Saxe , Pierre commenca par visiter en detail les tra- vaux d'exploitalion des mines de I'Hertzgebirge ; ajnos quoi , et sulvant sa coutume, il se fit initier a tons les details de I'extraction et du traitement du minerai. De retour dans ses fitats, en 1699, ce I'ut a la Saxe qu'il s'adressa pour en obtenir des mineurs inslruits dans leur partie : I'ing^nieur Blaghcr, a la tele de douze ouvriers rnineurs, repondit a Tappel dn monarque, et arriva en Russie. Il \ recut commission de se rendre en Siberie pour rechcrcber des gisoments de minerai. En 1700, Pierre-le-Grand 6tablit a Moscou le gnrn/- prikaz ou Chambre administrative des mines. Enfin , en 1702, douze eleves mineurs partirent de Moscou pour la Saxe, expdidies ?ux I'rais de I'Etat, pour s'y livrer a une 6tude approfondie de la science du mi- neur. Quelque cbose avait pourlant 6t(^ fait auparavanl pour activer I'exploitation des mines reconnues : c'est ainsi qu'en 1679, seize ans avant I'avenement de Pierre- le-Grand an trone, une ordonnance sur la mn- tiere avait 6t6 rendue par le tsar Fcdor Alekseievitch : elle est adress6e a» cbef de Voxtrog de Nertcbinsk, et a pour objet de lui enjoindre d'explorer les gisements r^cemment d^couverts au-dela du Baikal, et en m§me temps de faire suivre les traces d'exploitations an- ciennes et d'origine inconnue, qui, disait ■ on , exis laient dans ces contrees. ( 284 ) L'exanieii des localites proiive , eii etVel , que les peiiplades qui jadis habileionl la Siberie avaient tail de grands effoiis pour cxiraire du sol les metaux utiles ou pi'6cieux qu'il renfermait. Mais, iji;noranl I'usage de la poudre , vegetant dans un elat d'ignorance gros- siere, el par consequent entierement d^pourvues dun oulillage appropri^, pouvaient-elles esperer de reussir dans une pareille enlrepi'ise? Nous complons entrer dans quelques details sur le sujet en question; mais auparavant nous placerons sous les yeux du lecteur une traduction textuelle de I'ordonnance citee ci-dessus : celte piece nous parail 6tre d'un inleret majeur, TEXTIi DE l'oRDONNANCE. AO CHEF DE LOSTBOG DE NERTCHINSK SAMCEL-ALEKSANDROVITCU I.ISOVSKI. L'an dernier, 7186 (1678) (1), notre voievode , le boyard Pierre Vasilievitch Cher6ui»^tefT, nous a 6crit de Tobolsk pour porter a notre connaissance une de- peche da /lis de boyard Paul Cboulghine, datee de I'oslrog de Nerlchinsk, et contcnant ^noncialion des fails suivants : En I'annee 7184 (1676), un certain Bougboitsa ar- riva de Nertchinsk en qualite d'envoye , de la part du chef uiongol , Dain-Koutaicha, pour nous renouveler ses assurances de foi et homraage, et soiliciter en meme teuips I'elargissement des freres Maghikofl", re- tenus dans cet ostrog en qualite d'olages. Or, ledit (j) Avani le icgne (!e l*ierre-le-Grand, on datail en IUi>>ii- de l'an du niomle d'npres I ere de Constantinople, (|ui, roniine on saiL con)pte 55o8 ans avant la pnmlrre annee de I'eie aitnelle. ( 285 ) nmbassadeur se trouv;iiit a I'iiotel dc \il!e de Ncrt- chinsk avec Paul Choulgliine, ct discourant avec liii SLir differents sujets, lui raconta qu'une decouvertc venait d'etre faile d'une mine de plomb et argent dans la sleppe voisino de la riviere Argouna. Suivant hii , deja Dain-Routaicha avait expedie un certain nombre de cbameaiix, avec les liommes necessaires, pour y cbarger du minerai et le lui apporter dans son on- /niisse ( village), son intention etant d'en remplir plus tard des bateaux qui remonteraient la Yana jusqu'en un lieu convenable pour proceder a une declaration tormelle de la decouverte; mais, comme en attendant que ce projet put se realiser il n'avait aucune personne pres de lui qui fut versee dans I'art de Iraiter les mi- nerais, Boughoitsa expiima le desir de se procurer, parmi les Russcs elablis a Nertchinsk , quelqu'un de capable d'extraire le metal du minerai. Ainsi renseigne, Paul, qui etait sur le point de laire partir Bazile Miloslavski avec une suite de cinq bommes pour les bords de I'Arouna, ou il s'agissait de perce- woirle yasn/c (impot en fourrures) des Toungouses de Namiasinsk, lui enjoignit de rechercber la trace des gisements des minorais de plomb et d'argent recem- mont decouverls par les Mongols, et, si faire se pou- vait, d'en rapporter des ecbantillons. Miloslavski, apres avoir renipli sa mission, revint a Nerlcbinsk, rappor- tant des ecbantillons de deux especes de minerai, I'un de couleur grise, el I'autre de couleur jaune. On apprit de bii que, contormemenl a ses instructions, il avait |ircinierement essayti de recueillir des renseignements pres des Toungouses de Namiasinsk; mais aucun de ces Tixingoiisos, y compris meme le |)rince Anga, cliel dc ronlimsse f villam' ). doiit \r lils '^t au nombre des ( 286 ) (itngos reteinis a Nertchiiisk , n'avait pu le satisfaire, P.ir contro, lo liasard lui fit rencontrer Arauza, ce Mongol qui, d'apitjs les ortlres dc Dain -Koiilaiclia , a\ait explore les gisemenls sitiies sur les bords de I'Argonna : cc fdt de lui qu'il o!)tint, au moyen de quelques presents, les echaiitilions de minorais rap- |iortes jiar lui a Nerlclilnsk. Aranza I'avait assuie que recliantillon jaune etait du minerai d'or, et que I'e- chaiitillon gris etait du minerai d'argent; que tous les deux avaient ete recueillis sur les bords de I'Altalcha, de l:t Mounglioutcliaet de laTouzatcha, rivieres voisines de I'Argouna et qui y debouchent; enfin , que cinq jours de niarche suflisaient pour se rendre de iNert- cliinsk au bord de ces rivieres. Ce (|u'avaut oui , Paul se (it montrer les echanlil- lons. A|n-es les avoir suflisaniuient examines, il jugea n^cessaire d'envoyer derechel" a la recliercbe des gi- seuients de nnnerai. En consequence, Philippe Svech- nikoIT, dizainier des Cosaques de Nerlchinsk , lui charge par lui d'aller visiter lour a lour les rives tie rArgoiuia, de rAltatcha, de la Moungoutcha el de la Tuuzatcha, afin d'y reconnaitre au juste les giseuients designes. Qualre Toungouses lazalchnie (payanl rim- pot (n lourrures, et par cons6erile. FCkl-il prouve coinpietemenl faux, il nous rcsleiail encore a expliquer I'erreur des ancicns, el celle de lanl d'Alricains, les uns ancieus, ies auUes modernes. D'ailleurs ie sysleme de Ploiemee, quoique presente avec une assurance pariaile , n'esl pas lui- nienie a i'abri de loute objecliou. Un peul, a priori, le declarer lout au moins inconiplel, puisqu'il ne Tail menlion d'aucun alUucnl oriental ou occidental pour loute la zone comprise enlre 2 el 12" de latitude bo- reale, zone annuellemenl inondee par les pluios equi- noiiaics. L'absence d'afiluenls est loute naturtlie en Eg) pie et en Basse- rSubie, Pius au sud, eJle est impos- sible. Le systeme de toule ianliquile, rlolem^e seul ex- ceple, peut se resumer en deux articles, donl le pre- mier I'eprcisenterail I'id^e gen6rale, el donl le second ne serail que ie developpement du premier, reduil a sa plus simjile expression. Art. 1". Le ISil vienl des regions occidenlales de i'Alrique. An. 2. Le iMl et le Niger ne font qu'un. Voyez H^rodole, livre n, ^ 32; Slrabon, livre xvni, p. 82d (edition de Paris, 1620); Pime, llistoire naUi- relie, liv. vni , cliap. xxxu; et liv. v, chap, x, d'apres ' Juba (el le lemoignage dos texles puniques, ainsi quo nous I'apprend Solinus Polyhislor, chap. xxxv). Nojez enhn Poniponius Mela, liv. u\, thap. x. Ce dernier auteur I'orinule tres bien , el en ptu de ( 299 ) niois, ropinion accrtnlitt'e de son temps. Aprfes avoir parlt" des Elliiopiens occidentaux (Hesperii), il ajuule: « In hoiiim finibus Ions csl quern INili esse aliqua )) parte credibile est... Alit et flumen , et minora qui- )) dem, ejusdem tarnen generis animalia gignens; aliis y> omnibus in oceanum vergenlibus, solus in mediam » regionem ad orientem abil : et quonam exeat incer- » turn est. Inde colligitur, ISilum hoc fonte concep- » turn, actumque aliquandiu per invia, et ideo igno- » turn, ilerum se, ubi ad Eoa j)rocesserit, oslendere. » Caelerum spatio quo absconditur eflici, ut bic aHo )) cedere, ille aliunde videatur exurgere. w Je Iranscris ici la note dun commentateur ((^(|i.lip9 de Leyde, IQliQ, p. 139) : « Nunc Nigra palus et iluvius inde procedens, Niger )) tluvius a Lusitanis diclus : bunc eundem lontem nos )) in cbarta nostra Apbricana Nili lontem fecimus , » sequuti non mode Melam, sed eos qui nostro secul.o » regionem illam vidcrunl. Lusitani primi, ex nostris, )) per iluvium Asenagam (Senegal) et lluvium Gaiii- )) brem (Gaaibie) verti, illuc venerunl, et cum scisci- )) larentur ex eis , qui ad mercalum Hodeii (?) veni- » rent, de progressu iluvii, responderunt Arabes hlnc » JiUNDEM NlLUJl ESSE. » La memc reponse fut I'aite a Ibn-Balouta suf ios bords du Niger, il \ a quelque sept cents ans; la meme , de nos jours, a Clapperton, par le Jeu sultan des Fellalab, Mobammadou Eello : on peul lire, sur la carte que ce prince a tracee du Soudan occidental, ces mols ecrits en arabe le long de la rive gaucbe du Niger : « Ceci est le Rouara, le ileuve qui coule en » Kgyple, et qu'on nomme le Nil. » En un mot, c est la reponse eterncllc des Occideiilnux (Hesperii). ( 300 ) Voici un renseigneinent plus i'X|)lic"ile, venant de la uifimc region occidentals, et qui, ce me semble.donne la clef d'uiie des plus }i;raiides diflicultes que I'on puisse rencoiilrcr duns une science qui procedc par voie d'enquete, noninicment I'opposition flagrante du le- moignage unanlme des AlVicains, avec une vei'it6 re- connue en Europe depuis les d^couvertes de Clap- perton et des freres Lander. Un pelerin lellalah , nomm6 Abder-Rahman , re- cemmenl arrive a Djeddah, me fut amene ces jours passes. II vient de Sakkaton (ou Sokoto). C'est un homme sans malice, parlaut assez bien I'arabe (pour un Fellalah), qui ne manque pas d'une certaine intelligence, et parail doue d'une excellente m^moire, si j'en juge par I'itineraire de son immense peregrination a Iravers le Bornou , le Baguermi, le Wadaj , Dariour el Kordofan, itin^raire que j'ai Irouve parl'ailement exact. Je lui ai parle d'aboi'd des succes- seurs de Bello, Atikou, son frere, qui ne r6gna que Irois ans, et Aliyyou (Aly), lils de Bello, qui r^gne depuis cinq ans; puis du commerce avec le Nord , principalemenl avec I'ex-regence de Tripoli : a ce sujel, il m'a vante la s6curil6 dont on jouit sous le gouvernemenl d'Al} , non seulemeul dans les villes, mais sur toutes les routes commerciales de I'empire des Fellatali. Arrivant enlin a I'objet principal de mon enquete, je lui ai demande le nom des districts ar- rests par le Kouara ( ou Niger), en descendant le fleuve, noms deja connus depuis I'exploration des frferes Lander, et il me les a donnes jusqu'a I'embou- chure du fleuve dans la grande mcr environnanle ou mer sal6e. La-dessus je n'ai pas manque de me re- crier : « Pourquoi done le feu sullan Bello menail-il ( 301 ) le Kouara en Egyple? » Et je cnoiitrai la carle inseree dans la Relation anglaise du Voyage de Denliam et Clapperton (p. 109, t, II), oil le sultan a ecrit en ca- ract^res arabes occidentaux les paroles citees plus haul. « Oui, m'a r^pondu Abd er-Rahman, le Kouara est un bras; » et il ^tendait son bras gaurhe vers le nord-ouest; « le Nil est un autre bras; toute la terra, depuis Sokoto jusqu'a Khartoum, est une lie. » Je commenQais a comprendre, car mon renseigneur me donnait sans le savoir la solution d'Ediisy. Alors je parlai de Bossnn. extreme limite des expeditions les plus aventureuses de nos Wadaiens dans le sud de I'Afrique, situee a trois mois de Wara , dans une di- rection sud-sud-ouest et au-dela de leur fleiwe Blanc Dicridional. ( Voycz Denham et Clapperton'^ Trrtce/*-, p. *266.) Abd er-Rabman en avail entendu pailer, et apres quclques mots d'explication, je suis ari'ive a cette conclusion, qui m'avait deja ^te sugger^e par un autre renseignement obtenu dans le meme mois (aoutl8/i8): « Que le Bosso ou Bossou, tout a la fois nom de peuplade et noin de fleuve, se divise en deux cours d'eau : celui de I'ouest est la riviere nommee Tchndda par les freres Lander, et Toto par Abd er-Rabman, qui connait aussi I'autre nom, laquelle se jette dans le Kouara ou Niger au sud de Kakunda. Le bras oriental est le Babr el-Abyad de Khartoum, c'est-a-dire le Nil. Ainsi , abstraction faite des cataractes et des gouf- fres souterrains , tels que celui observe par Abd-AIIah de Wara, au sud de Rounga , chez les Wand)a, et qu'on peut nommer provisoirement Bahr-lVdiuhn . on pourrait aller par eau du Niger en Egypte : 1° ou des- cendant le Niger jusqu'a reiubouchure de la Tcbadda ; 2° en remontant la Tchadda jusqu'a sun embraurhc- ( ?0'2 ) nient a\ec Je Bain- el-Ahyad, (|iii, coinme elle, sort cki Bossoii (i); 3° onfin, en flescendnnl le Bahr cl-Abvad jiisqu'anx derni^res cataractes. De ce point de vue , toute I'Afrique scptentrionale, moxns la Trop;lodytique et la Hsi^re a Test du Nil, ne serait en effet qu'iine grande lie on un immense delta, dont le hassin du Tchad occuperait la partie centrale. — Voila comma on peut entendre ViWenfite da Niger et du Nil (jusqu'a plus ample informe). C'est une simple communication de I'oc^an Atlantique avcc la Mediterran^e par un autre canal des deux mers dont la nature a fait les frais. — Tout cela peut tr^s bien coexister avec le Nil de Ptolemee, qui coincide (dans la portion cxjilorec) avec celui de M. d'Arnaud. Tout cela peut tr^s bien coexister avec la belle d^couverto de MM. d'Abbadie. Comptoz les alTluents de la riviere des Amazones du premier, du deuxi^me et troisifeme ordre ; considerez que I'Afrique est la plus grande surface continentale expos^e aux pluies diluviales de I'dquatour, et vous screz conduit , par une irrecusable analogic , a pro- noncer que le plus grand fleuve du monde doit couler en Afrique et qu'il doit couler de mille sources. De ces mille sources, on ne connaissait jusqu'a MM. d'Ab- badie que celles qui concouront a former le Bahr el- Azrak, et qui sent les plus rapproch^es de I'erabou- chure du Nil. C'etait un premier pas , mais assez important pour que Bruce en voulCkt disputer I'hon- niim-auxjesuites. Quatre-vingts apr^s Bruce, MM. d'Ab- (i) II est plus quo |)rol)abIe qu'il y a un {»ran(I lac a cot einbran- chement. tJdiisy le vent, aaOTICE UE .M. FRESNEL Sin I.ES SOURCES DV MI.. Aiijourd'liui que les regards des geo_u;raphos et des amis des sciences geographiques se portent avec une vive curiosite du c6t6 de I'Afrique , et surtout du c6t6 du bassin du Nil, on n'est pas surpris de voir un esprit investigateur comme M. F. Fresnel s'occuper a son tour du probleme des sources du grand fleuve. Sans cesse agil6 depuis des si^cles, ce problome reste encore a r^soudre : il semble que la t6te du Nil se voile, se cache, recule m§me de plus en plus, jusqu'aux approches de r^quateur, au-dela peut-etre; les vojagenrs d'un c6t6, les savants de I'autre , s'elTorcont en vain d'y at- teindre, et le champ demeure ouvert aux conjectures. C'est surtout depuis I'exp^dilion francj-aise en figypte que I'attention s'est dirig^e avec plus de suite vers la recherche de la veritable source, de la source la plus reculee. Le voyage de Bruce n'avait fait connaitre que la plus rapproch^e; il n'avait eu , ou m6me n'avait Toulu donner qu'une fausse 'u\6e de la maltresse branche, qu'on appelle le Nil Blanc, le fleuve Blanc (Bahr el-Abyad); et quand les hommes du Darfour ncus disaient au Caire qu'au sud du Kordofan il cxis- tait une gmnde riviere, qui apportait au Nil le tribut de ses eaux sous le nom m6me de ^rande enu, nous etions d^s lors autoris^s a prdsumer que la source du Nil de Bruce 6tait bien loin d'dtre la principale; aussi, quel- ques uns des voyageurs de I'expc^dition Iran^aise au- raient sans nul doute reraont^ le fleuve par la branche d(^ I'ouest, si les ev^nemenls de la guerre Teussenl permis. ( 305 ) Telle flit rorigine du premier projet de voyage qui fut concu trente ans plus tard a Paris. Une souscription fut ouverte en 1832. Le vice-roi d'Egypte, hoinme fait pour comprendre et aussi executer les grandes entre- prises, adopta en 183^ un plan de voyage de decou- vertes surle fleuve Blanc. La France offritdesressources et des instruments. La direction du voyage etalt confine a M. Linant, le Frangais le plus capable , alors , de le r^aliser, parmi ceux qui habitaient ILgypte , parce qu'il connaissait le mieux les bommes, les lieux et les cboses de cette partie de I'Oinent. Des obstacles in- connus vinrent suspendre malbeureusement les pre- paratifs, et le voyage fut ajoiirne. M. Kcenig, orientaliste, autre Francais instruit, avait recueilli auparavant sur les bords du fleuve des ren- seignements precieux sur les pays au sud du Kordofan et du Daifour : ces documents prouvaient I'existence de grands cours d'eau dans ces regions reculees; ils servirent aux instructions dressees pour M. Linant. Enfin, en 1839, en revenant de sa visite aux sables auriferes de Fazoqio, le vice-roi se decida a envoyer une expedition considerable sur le Nil Blanc : elle ne fut confine ni a M. fananl, ni a aucun autre Europeen. Le binbachi Selim , capitaine de fregate egyptien , qui la commandait, avait sous ses ordres quatre cents bommes, cmbarques sur buit grands navires armes en guerre. Le voyage dura cent irente-cinq jours. On par- vint jusqu'au &" degre de latitude, sans quitter le grand bras du fleuve, et se dirigeant constamment vers le sud aprfes le 9° degrd. Aucune position ne fut d6ter- minee g6om(^triquement, mais on eut cpnnaissance de tout le cours du Nil, d'une multitude de lieux babites par une population nombreuse et paisible, et des prin- ( 300 ) cipalfs pi'ocliicticiis dii sol. C'c>l a la seconde expe- dilion, (]iii eiil lieu on 18/iO, que Ton doit une con- naissance plus exacle du cours du Bahi el-Abyad. Cetle fois , la direction scientifique etait confine a M. d'Arnaud, ingenieur francais ; il parvint jusqu'au h' degre 42 minutes, a peu pres sous le ineridlen de Khartoum; arrive la, il entendil parler de trois cours d'oau, dont I'un vcnant de Test; ce dernier cours d'eau pouvait etre , ou la branche principale , ou un simple iilTluent; il fut trace sur la Carte du Balir el-Abyad due a ce voyogour, carte publiee en exlrait par la So- ci^td de Geographie en 1842 (1). Ces details etaient necessaires pour connaitre le premier point de depart de la Notice de M. Fresnel. En ofTet, notre cel^bre voyageur et collogue, M. An- toine d'Abbadie , se Irouvant, apres celtc expedition , dans les pays d'Enar^a et de CafTa, decouvrlt et deter- inina la source d'unc grande rivii^re qu'il consid^ra comme etant la meme que celle qui rejoint le Bahr el-Abyad de M. d'Arnaud, vers le li" degr6 de latitude, el par consequent il etait autorlse a regarder cette source comme la lete du Nil Blanc. M. Fresnel et beau- coup d'autres savants, entre autres M. Ayrton, adop- tent cette opinion , conlredite d'ailleurs par un autre celebre vpvageur en Abyssinie, M. le docteur Beke. Les avis sont done parlag(^s, et c'est le cas de dire : Adhiic siih judice lis est. 11 resulte en efTet de la carte et des observations de M. d'Arnaud que, dans le pays de Pu- luncb, au-deli du Ix^ degr6 nord, un cours d'eau y vient du sud-ouest, et un autre cours du sud , d'apr^s les ([) La carte orifjinalc a 4 inefres fl'etcndui the Nile and its tribu- taries. Les voyages de d(^couverte qui se pr^parent et ceux qui sont en cours d'execution avanceront, s'ils ne la (l) Voyez plus haul. (a) Voyez la preface du 'yoya'ge au Darfour. ( 308 ) compl^tent pas encore, la solution cic la question; c'esl-a-dire qu'on trouvera , a n'en pas douter, divers affluents du Bahr el-Abyad, soit dans le sud-sud-est. soil dans le sud etle sud-ouest; mais il faudra encore bien du temps pour que la science pose sur la carte d'Alrique la veritable tete du Nil Blanc, ou du moins expose les tilres de chacun des affluents, de chacune dcs sources; car il faudra d'abord avoir suivi tous les affluents divers, les avoir compares entre eux, etre re- uiont^ a leur origine , et en avoir assign^ la position math^matique. C'est alors seulement qu'on connaltra dans sa vaste etendue tout le bassin du Nil , depuis le pays qui separe a I'ouest le Darfour du Ouaday jus- qu'aux montagnes qui bordcnl le golfe Arabique , et depuis la M^diterranee jusqu'aux approcbes de I'^qua- teur. Dans tous les cas, il r^sultera inconlestablemenl de cette determination que le Nil a un cours bien plus long quo le Mississipi ct 1' Vmazone , et qu'il est de beaucoup le plus grand fleuve du globe. Que serait-ce si Ton admettait un instant le rapport des indigenes de I'Afrique centrale , rapport d'apr^s lequel le Dhinliba qui passe a Tounbouctou, le Kouara oil Quorra qui coule a I'ouest de Saccatou , ont une communication avec le Nil d'ftgypte (1)? Cette pre- tendue communication a 6te I'objet de bien des re- cbercbes, et les savants n'ont pu s'accoi'der : seule- ment on convient que les mots de ba dans I'Occidcnt, de bahr a I'Orient, sont appliques a toute graude eau, lac, fleuve ou rivi(^re ; que le mot de nil lui-meme esl un terme gendrique, et que ces mots peuvent tromper le voyagour qui recueille des informations. Qu'on (i) Voir l'e.M|uisae de carte du sultan Bello. ( :50<) ) puisso allei en haleau cle Tounbouctou au Balir-el- Abytid par une pente continue, cela ne pent guere se concevoir : au sue) sont les hautes nionlagnes primi- tives que le major Denham a vues et parcourues au- dela du lac Tchad; au nord, au conlraire, le lac Tchad et scs environs sont Irop peu elev^s pour qu'un cours d eau qui s'y ^coulerail parvinl au bassin du Nillilanc, lequel, sous la nieme latitude, est beaucoup plus haut au-dessus du niveau de la mer. Une explication com- plete, apres celle de M. Fiesnel, reste done a donnor de cetto opinion , qui est si generale parmi les noirs, d'une communication entre les eaux courantes de I'A- frique intertropicale (1). Nous ne terminerons pas ces remarques sans ren- voyer le lecteur aiix ecrils publics sur le cours du Nil et ses sources par M. Desborough-Cooley, le docteur Beke et M. Ayrton, et sans adrcsser de justes felicita- tions a MM. d'Abbadie pour le talent, le courage et I'admirable perseverance qu'ils ont deployesdans leurs excursions, pendant pres de dix annees cons^culives, et pour les decouvertes dont ils ont enricbi la science g^ographique. JoMARD. (l) L'auteiir dun Mihnoire sur In rotnniuiilcittlnii du Nil ties tioirs avec le Nil d'Euypte (lu a I'Anadeinie des sciences le 18 aviil iSaS ) a hasardc line explication ijiii a de I'aiialojjie avec celle que piDpose ici M. Fiesnel Voye/ aussi un ailiele Surla peiile du Ail Bltinc [Hull. de la Soc. de Geogr., 1 848 ). ( 310 ) SUR LES SOI RCES I)L NIL. ANALYSE d'uN MiMOiniC I.U PAR LE DOCTEUR BEKE DEVANT I.A SOCI^xi SYRO-EGYPTIEKNE DE LONDRES , DANS SA STANCE DU 9 JANVIER DERNIER. L'auleur pose en principe que les sources de la ri- i^iere sont loiis ces couranls supdrieurs qui naissent au pourtour des limites extremes du bassin, a la ligne de partage entre le Nil et les bassins des autres rivieres do I'Afrique s'f^coulant respectiveraenl vers la mer Rouge, la mer des Indes, I'Atlantique et la Mediler- ranec, ou bien formanl des syst^mes liydrographiques s6par6s sans communication avec I'Ocean. 11 s'attache ensuite a determiner la position des sources du l\il conformement a cet apercu. A partir de Tisthme de Suez, la ligne de partage longe le pays desert silue entre ie iNil et la mer Rouge jusqu'au plateau eleve d'Abyssinie. L'auteur met sous les yeux de la Societe des sections de ce plateau. D'a- pr^s la description qu'il en donne, c'est une suite de plaincs ondulees, s'inclinant tres graduellement vers rouestetle nord-ouest, irregulierementsurmonteesde masses de raontagnes considerables, el entrecoupees de nombreuses rivieres courant dans de prolondes val- ines, a une depression de 3 a A 000 pieds au-dessous du niveau general du pays. Ces rivieres s'ecoulenl vers le nord-ouest, pour aller se joindre au cours principal du Nil, qui borde le llano occidental du plateau, et qui lorme le receptacle commun de ses eaux. Le cours de cette parlie du Nil est tr6s lent el a presquc I'appa- ( Ml ) rence tic marais, cxcepte a I'epoqiie des inondalions; cle sorte que, dans la saison seche, son lit consisle en une suite de lacs et de marecages plutot qu'il ne forme le canal d'une cau couranle. A Khailoum, par 15° 37' de latitude nord, a la jonction de la riviere Bleue avec le Nil, on a constate que le lit du fleuve n'est qua 1525 pieds au-dessus du niveau de la mer; et il n'est pas impossible que, plus au sud, par 5 de latitude nord, son altitude absolue ne depasse pas 2 000 pieds. Le haut plateau de I'Afrique orientale parait s'e- tendre au sud au-dela de I'equateur, le pays de Mono- Moezi, qui est au sud du 2' degr^ de latitude meridio- nale, etant une plaine elevee, a laquelle on arrive par les has pays qui bordent la cote de lOcean Indien au nord-outsl de Zanzibar. On ne peut dire jusqu'ou ce bassin continue de lormer la bmite du bassin du i\il; inais il est manit'este que si on continue de le suivre du nord au sud, on linira par atteindre un point ou les eaux du cole occidental de la iigne de partage, au beu de continuer de secouler au nord dans le ;,il, doivenl se porter a I'ouest a Iravers le continent vers I'ocean Atlanlique, en meme temps qu'il se I'ormera une autre Iigne de partage entre I'Atlantique el la Mediterranee. Dans les cartes d'Alrique ordinaires, I'exlreme limile raeridionale du bassin du Nil consiste babiluellement en une chaine de monlagnes s'etendanl de lest alouesl a travers le continent, entre 7 et 8° de latitude nord, chaine a laquuUe on applique le nom de lUontu^ncs de la Lime. Les expeditions recentes envoy 6es par iVlo- bammed-Aii, pacba d'ligyple, pour I'exploration du iNil, ontcepeudaut demonlrt!! la non-existence de cette chaine de montagnes; car elies onl navigu6 sur I'em- placement meme qu'on lui atlribue, et ontremonte la ( S12 ) riviere jusqu^ Bari, par /i" latitude nord , sans ren- contrer de hauteurs qui pussent r^clamer le titre de montagnes. Les naturelsde Bari informerent iM.\Verne, qui accompagnait la sccoiide de ces expeditions, que la riviere continue vers le sud jusqu'a une distance de trente journ6es; el si Ton eslinie en gros ces journ^es a 12 milles , ceci porterait les sources de la branclie directe du Nil a 2° de latitude sud, c'est-a-dire au pays de Mono-Moezi. De I'examen attentif de la description originale que le g^ographe Ptoleinee donne des sources du Nil dans les montagnes de la Lune, il paralt r^sulter que ces montagnes ne seraient autre chose que le bord oriental ou maritime du plateau de rAlVique orientale, qui, lorsqu'on I'apercoit du has pays qui longe les coles de la mer des Indes, presenle I'apparence el a le carac- t^re d'une Ires grande chaine de hautes montagnes. Au nord-ouestde Zanzibar (le AJenut/iias dePtolemee), ces montagnes fornient la limite orientale du pays de Mono-Mod;zi, lilleralement « le pays du roi de Mo6zi ; » et comme le mot moezi signifie lune dans la langue des Saouahilis, indigenes de la cole, de qui les marchands grecs d'Alexandrie Irafiquant avec la cote orientale d'Al'rique avaienl regu les notions que leur compa- Iriote Plol6m6c a consignees sur ce sujet, il est rai- sonnable de conclure que le nom grec SeXwvj? opo?, les montagnes de la Lune, est simplemenl une traduction de I'expression saouahili, les montagnes de Moezi. Les limites miridionales du bassin du Nil sont pro- bablement form^es a Test par le bassin de la riviere Lufidji, qui va d^boucher dans la mer des Indes, et i\ I'ouesl par celui du Congo superieur, qui verse ses eaux dans TAtlantique. II sc pent aussi que le sysleme ( 313 ) liydrograpliique dii grand lac do rAriiijiio oritMitalo , appelc N'Yassi, lorine la limite dans la preniuTc d(^ ces deux directions. II est a esperer que le voyage du docteur Bialloblolzky, dans celle region jusqu'a prt^- sent incxploree, i^soudra quelques uns de ces obscurs problemes de la geographic africaine. L'elendue du bassin du Nil du cote de Fouest est inconnue; uiais il est nianifeste qu'il ne peut depasser de beaucoup, si uieuie il Tatleint, le 20* degre de lon- gitude orientale (de Greenwich), ou il doit se trouver limite par le syst^me hydrographique du lac Tchad. Descendant au nord le cours principal du Nil, nous arrivons, par 9° !^0' de latitude norti, a son grand hras occidental nomine Bahr el-Ghazal a-Reilah, que M. Lafargue , qui y penetra , represente conime une raagnifique riviere passablement rapide. M. Werne apprit des indigenes que cette riviere vient de la Bar- barie! Cela est physiquement impossible, carDenham et Clapperton travers^rent le continent d'AI'rique de- puis la M^diterranee jusqu'au lac Tchad, a peu pr^s sous le 15* merldien de longitude orientale, et ils au- raient rencontr^ cette riviere si elle existait. Tres pro- bablement les inlerpreles de I'expedition d'figypte employ^rent I'expression arabe Belad el-Gharb, qui signifie litteralement le pays de Voiiesl, mais qui est usitee aussi parmi les Orientaux pour designer la Bar- baric ; de sorte que tout ce que les indigenes inler- roges par M. Werne voulaient dire, c'est que cette ri- viere vient de quelque contree de i'ouest. Uerodole, dans le second livre de son Hisloire, de- crit le iNil conime ayant sa source dans la Libye, et son cours de louesl a Test. On a suppose gen^rale- ment que la riviere ainsi decrile etait le Niger, r'l-st- X NOVKMBRE BT DICCEMBBE. 5. 21 ( .'.I /I ] fi-diii' If njnli-ha 1)11 QiKMia. iVIais rixaincn du recit ijue tail riiisl(»ricn flo I'oxjiodilion dcs Nasamons vers celte rlviert,', telle que la lapjiorlail Kk'arqui', roi des Ammonites, monlre que s'il faul entendre celte rela- tion dans ce sens que la route des Nasamons aurait eu constamment sa direction a i'ouesl, il ne leur aurait pas ^tt§ plus possible d'atteindre le Djoliba que le Nil. Mais s ils se porlcrent d'abord au sud , et qu'ils n'alent lourne a I'ouest que dans la derni^re parlie de leur \oyage, ils peuvent sans difliculte eire arrives a ce bras occidental du Nil , probablenient non loin du lac Tchad, a lest ou au nord-est. La mention de ce lac conduit le docteur lieke a sup- poser que le N'Yassi ei le Tchad, I'un a I'exlremile du bras le plus meridional du Nil, I'autre a I'extremild du bras le plus occidental, ont bien pu elre I'origine des deux lacs que Ptolemee represenle comme rece- vant les neiges des montagnes de la Lune. Au norl du Darl'our et du Kordofan , quo Ton jieut rcgarder 1 un et I'autre comme etanl compris dans le systeme hjdrographique du Nil, le bassin de la riviere ne s'^tend plus guere au-dela de sa vallee meme. Dans Ic cours de ses remarques, le docteur Beke a appeU I'altention sur ce lait, que le Bahr ol-Abyad et le Bahr el-Azrek, c'esl-ardire la Riviere Blanche et la Riviere Bleuc, que 1 on nomme communenienl, mais a tort, le A./ Blanc et ]e I\i/ Bleu, ne sont pas les deux principaux bras du Nil decrits par Ptolemee comme ayanl leur source dans les montagnes de la Lune. Le confluent de ces deux rivieres, qui a lieu a Khartoum, par 15" 37' de latitude nord , est simplenienl la jonc- lion de V^stapus (Riviere Bleue) avec le Nil (Riviere Blanche). La bifurcation du Nil, telle que I'indique f 315 ) Ptoleni6e , esl reprt^senlee par limion du Sol)at, nne des rivieres du Habesch, avec Ic Bahr ol-Abyad ou Riviere Blanche, par 9° 20' df latiluclc nord, plus de six deares au sud de Rharlouni. il o; I imnortant d'a- -o poi voir ce fait present a I'csprit, qu'une des plus grandes sources d'erreur dans rexainen du sujet aclutl a 6te de regarder la riviere Bleue ( le Nil de Bruce, ainsi qu'on le nonmie t'requeramenl) comme une des bran- ches principales du Nil de Ptolemee. NOTE DE M. CH.-T. BERE SUR LE COUBS INFiRIEUR DU GODJEB. « Au mois de novembre 18^3, immedialoment aprc's mon retour d'Abyssinie , je reunis dans une commu- nication faite a la Societe royale de Geograjjhie de Londres (voy. le Journal of roy. Geogr, Soc, vol. XUl, p. 264) diverses parlicularites relatives a un peuple negre nomme Snro, qui habite la valine tiu Godjeb, a peu de distance a I'ouest de Kafl'a. J'avais apprjs ces parlicularites d'un marchand abyssin intelligent, 'Omar-lbn-Nedjat, qui assurait que ces gens de Suro « s'arrachent deux des dents de devant de la ran^ee inf^rieure, et qu'ils se percent la l^vre correspondante pour y insurer une cheville en bois. ;> » M. Ferdinand Werne, qui accompagnail la se- conde expedition ^gyptienne a la Riviere Blanche, a recemmcnt puldit^ un volume [Exjxulition ziir Entdec- kuiig der Quellen des weinsen l\il, Berlin, 18^8) dans diverses parlies duquel des usages semblables sont ( 316 ) deceits comnie existant cliez les lialtilants noiis de la vallee de cetle riviere. II rappoile qu'en allant vers le Slid, jiisqu'i'i IJari , par h" de hitilude nord , les indi- genes sont dans riiabitudc « de s'arracher deux des incisives sup^rieures et qiialre de la rangee inferieure, afin de ne pas ressembler a des bfetes de proie » (p. 188); el il dit aussi « qu'ils se percent tout aulour le lobe de Foreille, et qu'a d^faut de grains de verro- terie ou d'autres ornemeuls, ils ins6rent dans ces ou- vertures de pelils niorceaux de hois » (p. /|2S). Les indigenes de Bari forment seuls une exception. Ces derniers « se dislingiient de tous les peuples que I'exp^- dition avail vus jusque la par cette circonstance qu'ils ne se percent pas les oreilles pour y insurer des orne- ments, et aussi qu'ils ne sont pas tatoues » (p. 293). Le voyageur ful informe en outre que plus haul en remontant la riviere, au-dela de Bari qui fut le point extreme atteint par I'expedition, les indigenes gardent toutes /eurs dents (p. 325). » Par le rapprochement de ces particulariles, il est manileste que les negres Siiro sont de la raeme race que les habitants de la valine de la Riviere Blanche au-dessous de Bari^ mais non de ceux qui demeurent au-dessus de ce pays. Et comme ils occupent la vallee du Godjeb (voyez la carle d'Omar, dans le Journal of Geogr. Soc, vol. XVII, part, i), qui est un affluent du Nil, il en resulte que le confluent de ces deux rivieres doit se Irouver au-dessous de luui et de Suro. Mais il n'y a au-dessous de Bari d'autrc grande rivifere venant de I'est et se reunissant au Nil (|ue le Sobat, nomme aussi lelji et rit'/rrc de I/ahesch; il en resulte quo cetle derniere riviere doit etre le cours interieur du Godjeb. Ceci , bien enlendu, est lout a Tail indepi'ndant des ( 3'J7 ) autres arguiueiilb que j'ai deja protluils a I'appui de cette meme conclusion. » ( Voyez le Journal of Geogr. Soc, vol. X\I1, p. hh et suiv.; Bulletin de la Soc. tie Geogr., 3° serie , I. \ III , p. 356 et suiv.; Edinburgh JSeiK' Philosophical Journal, vol. XLV , p. 238 et suiv.) Londres, iSdecembre 1848. APERCL SOMMAIRE PE l'hISTOIRE G^OGRAPHIQDE DBS PAYS CAUCASIENS, ET DES PRINCIPAUX DESIDERATA ACTUELS DE LA ctOGRAPHlE ET DE l'ethnographie DU CAUCASE, I'ai M. L. VUIEIM DE SAINT-MAUTIN, Secietuire ge'neriil. Lu dans la seance du 18 aoi'it 1848. L'antiquile n'avait eu que des notions tr^s vagues et tres inoparfaites sur Tistlime Caspien, jusqu'a I'epoque memorable 011 leurs guerres contie Mithridate y con- duisirent les Romains. Ce fut dans le premier siecle de notre ere. De ce moment une ere nouvelle s'ouvre dans riiistoire geographique des jnijs Caucasiins. L'ex- p6dition de Pompee , et les rapports suivis qu'a dater de ce moment le peuple-roi conserva avec les Arsa- cides de TArmdnie, procurerent rapidement aux ecri- vains de I'Occident d'abondantes notions sur c(\s pro- vinces de I'Araxe et du Cauoase, que jusqu'alors on avait a peine connues de nom. Mela et Strabon dabord, parmi les geographer, puis ( 318 ) bieiitol apres eiix Piine, et uii pen plus tard Plolemee, |>iii'>6r('nt A cetle source noiivelle les details donl ils ont rempli la partio de leurs ouvrages qui se rapporto a ces contrees. A la riclie noinencialure que presontcnt surtout la troisiouie carte de la Geogiapliie de Plo- lemee et les quatre cliapitres de son cinquierae livre qui sy rapporlent, on est poi't6 a croire que le geo- graplie d'Alexandrie se guida sur une g^ographie ar- m^nienne analogue a celle que plus lard Moise de Khor^n fit entrer dans la partie de son Abrege geo- graphique qui Iraile de sa patrie. Pendant plusieurs siecles, I'antiquite greco-latine vecut sur ces notions, sans que rien les vlnt augmenter, si ce n'est ca el la dans quelques details. Au v" siecle, les guerres des empereurs de Constantinople contre les Persans procurerent une connaissance beaucoup plus d^laill^e qu'auparavant des pays qui bordent le fond do I'Euxin, particuliei'cment i ont mis en lumiere un Tail im- portant, a peine entrevu , niais non explique, la pre- ( 334 ) scnce tie iiietaux venant de tres Join, preuve d'un com- morcc etendu ou de grandes migrations. Les grands lacs, les nionls Aileghanis, le Mexique et tout le goUe mexicain auraient done et6 en rapport a I'epoque de leur construclion. Les coincidences de formes entre rancien monde et le nouveau ne vous ont pas paru une preuve que I'Am^rique d^rivat de I'Asie. En cela vous etes encore dans le vrai , selon moi. Partout la soci^le liumaine arrive par la culture a des risultals analo- gues; il est dans I'essence de I'liomme de chercher le progres, ct il ^ parvifent toujours, si les circonslances ne sont pas trop defavorahles. En industries, en idees fondaincntales, en symboles meme, I'Africain, I'A- mericain, I'Asialique, ont pu se rencontrer sans que cela prouve que le second est issu du premier ou du dernier. Partout I'hotamie, n^ imilatelir, a imit^ la nature, et partout celle-ci pr«!!sente certains lyjies con- slants , certains ph^nomenes idenliques. Le cicl et la terre ont fdurni a rhommo des faits et des mndelcs tinalogues : comment les produils nc se ressemble- raient-ils pas dans les points du globe les plils eloi- gn^s? Mais la nature locale est aussi partout diver- sifiec; de li les differences, encore plus ildnibl-ouscs que Ifes analogies, entre leS arts, les mceurs et le lari- gage des peuples des deux continents. Or, c'est a ccs difTdrences que la critiqill? et I'anaHse philcisophiqiie doivent s'altaclier. afiri de Hi^lel'miner partout lo ca- fracl^re distinctif. 11 est juste que Tort ifassc aii moins autant pour les races humaines que pour les plantes, les corps briils et tous les prdduits de la creation : il Taut enfin obtenir desvoyageul'S naiuralisiei5 f^u'ils s'occupont surtout des varit!(tes hurtiaines. Cette branche de I'histoire natu- ( 335 ) relle, la premiere de toutes , a ele Iroj) negligee. J'oubliais la plus grande cause de similitude enlre tous les hommes, malgre leurs differences physiques et leurs divers langages; c'est le souffle divin qui les aniine et les distingue de la brute, c'est la raison , I'aptilude a connaltre, le besoin de savoir, la faculte de refl^chir et de combiner deux id^es pour former un jugement. Avec ce don commun a toute rimmanit^, comment ne serait-elle point arriv(^e, partout, a cer- tains resultats elementaires, surtout dans les climals favorises du ciel? Oi'i done est la n6c65sit6 de les expli- quer par des emprunts si pen vraisemblables el qui repugnent au bon sens? Point d'bistoire, point d'an- nales qui les autorisent; si la tradition est muette , qu'on consulte done la nature; ce temoin-lA vaut tous les autres, il n'est pas suspect. Vous avez, monsieur, dans votre letlre , expos6 en termes si clairs, en expressions si justes, I'opinion qui est la mienrie, qu'il me serait impossible de la mieux rendre. J'ai toujours resiste a celles qui voulaient faire deriver I'Amerique de I'lnde, de I'Egypte ou de la Chine, et qui lui refusaient une race indigene. Com- bien je dois me feliciter de voir un savant americain , qui observe sur les lieux, et qui , apr^s avoir fail d'im- portantes decouvertes, repousse comme moi une ori- gine elrangere ! Maintenant, me permettfez-vous, monsieur, de vous consulter, ou d'appeler votre attention sur plusieurs points qui se rattachent aux ruines des affluents du Mississipi ? Ces points vous sont sans doule familicrs : je me bornerai a les enoncer sans d^veloppemcul sous forme de questions. 1" Vous avcz sou\ent irouve tie I'argent et du cuivre dans les re&les antiques : u'} a- ( ,'^3<> ) t-il pas aussi dc Vov? 2° No trouvc t-on jamais tlans les tiiviuliis que des sqiioletlcs et point dc monites:' 3° Les cranes troiivds autrefois a Noyer-Creck n'onl-ils pas un caracterc parliculier? En a-t-on pris des monies ou des dessins lr6s exacts? li° Que faut-il penser des traces de pier/s empreintes sur des rochers des bords du Mississipi (1)? b" On a trouv6 a Piqua , sur les bords de rOliio. de longs nnirs paralloles et tres rapproch^s. Quelle destination avaicnt-ils? 6» Outre les deux es- p^ces de monuments antiques que vous signalez dans cette valine de Mississipi, les mounch en les ctwhsures ( tertres et enceintes fortifies), n'y a-t-il pas encore des pw'ls antiques, et m6mc des puits de plusieurs espoces? 7" On a trouve aussi a Noyer-Creck des especes de routes horizontales, c'est-a-dire dont toutes les pierres posent horizontalement I'une sur I'autre , comme les voutes que j'ai decouvertes jadis a Abydus, dans la Thebaide; peut-on en avoir un dessin exact? 8° Quelles especes de mounds y a-t-il chez les Sioux? Voila bien des ques- tions, monsieur, et cependant jc ne devrais pas vous distraire du grand travail dc publication dont je vous sais oocupe ; pcrmettez-m'en, toulcfois, encore une. 9" Le fameux tertre de Grave-Creek, Gix a ^t^ trouvee ]2ipierre grnvee, renfermait, cntre autres, une tete bien conservee : n'en possede-t-on jias un moule ou un dessin Irbs exact? Vous vous etes probablement occupe - de ce monticule antique, I'un des plus grands connus ou meme le plus grand de tous. A quelle epoque cette pierre africaine (ou a caract^res africains) a-t-elle 6te enferm^e dans le tertre ? Voila un probl6mc pour long- (i) I.^ rcssoiiiblaiicc ost romnlete aveo les imajijes (tc pieds que j ai vus et (lessines sur les icrrasses ties moTiumeiits tie Tliebes, saiif qu'il manf|uu ici ties insi-riptions. ( :537 ) temps pcut-etre insoluble ! Mais on ne pcul nior Ja simililuclc des signers de cetlc ])iei're avec ceux dc I'i- dioine lihyen, idiome sur lequel j'appelai si longtemps rattcnlion, jusqLi'au moment oil ie docteur Oudney rapporla d'El-Gha't dcs caracteres touariks graves sur les rochers; je n'hesitai pas alors a les regarder corame ceux par lesquels les anciens Libyans ecrivaient leur langage. En meme temps je pensai que les Berb6res d'aujourd'hui pai'laient encore un dialecte de cettc meme langue antique, que par consequent ils avaient unc ecriture, et cela malgre I'opinion commune. Or, le monument de Tliugga prouve la v(^rit^ de la premiere proposition, et la seconde se confirme tous les jours, comme vous le verrez par une brochure ci~)ointe (1). Revenant a la butte d'oii a 6te extraite la pierre libyque americaine, n'y avait-il pas, outre les trois squelettes observes par M. Tomlinson, des debris de beaucoup d'autres cadavres et quantity d'osseraents humains re- duits en cendres, et de mani^re a faire juger que ce grand tertre etait un immense cimetiere ? J'ai use , monsieur, et j'ai abuse de I'occasion que votre lettre m'a fournie de m'entretenir avec vous. Si j'ai ele jus- qu'a I'indiscretion, prenez-vous-en a TinterSt que m'ont inspire vos belles decouvertes et vos premieres publi- cations. J'attendrai avec une vive curiosite, comme tous vos lecteurs, I'ouvrage qui doit paraitre, et je ne serai pas un des derniers a rendre hommage a votre m^rite et a vos travaux. E. J. (i) vSecondc note Sur une pierre rjravee trouvee dans un iincien lumulus arncricain; in-S"; iioveinhre l845. ( 338 ) LETTRE DE M. LL'DWIG A M. JOMARD. 19 julllet 1848. Jc voiis envoie le ra|iport do 111011 ami, le docteur Wisllzenus, de Saint Louis, puljlie par le senat dcs Etats-Lnis. M. Wislizeniis , qui d^ja une fois avail pouss^ ses recherches jiisqu'aux Rocky-Mounlains : il a visits encore une fois le Fnr-West ct est passe par Santa-Fe a Chiluialiua, par la a Mapimi, Taltillo, etc. La carte qu'il a j)iiblioc sur colte route est la tneil- leure de celles que nous avnns jusqii'a present. II est porte pour Ics recherches scienliliques ; el coinnie je suis sur qu'il r^petcra son voyage et qu'il le poussera encore aux Californics , il pourra rendre de considerables services pour la science... M. Squier publiera son ouvrage sur les Indian mounds dans peu de semaines, cliez Barllett , a Welford. Le t (liiiu il a (It'ji'i lUt- fait mention dans la (lerniore seance. M. (jc la Pylaie entrotient I'asscmbl^e de la ilecou- verte qui vient d'etre laile de deux voies ancicnncs situees dans la tourbi6re de la riviere de I'Ourcq, entre Mareuil et la Ferte Milon. Seance du 1" decembre 1848. Le proces- verbal de la derniere stance est lu et adopte. M. Tuss, socrdtaire perpctuel de I'Academie impi^- riale des sciences de Saint-Ptitersbourg, remercie la Societe de I'envoi du dernier volume de son Bulletin. M. Jomard lit une letlre par laquelle M. Laniarc- Picquot annonce son I'etour a Paris, apres avoir rap- porte des rives du Mississipi superieur plusieurs caisscs remplies de la plante vivante connue sous le nom de Picquotiana, deja mentionnee dans la correspondance de la Societe. Le meme membre lit une letlre qu'il a recue du ministre des aflaires 6trangei'es contcnant une notice (ilendue de M. Fresnel, consul de France aDjcddah, au sujet du Waday, et destinee a 6lre communiquee k la Societe de Geographie. Cette notice, beaucoup plus conipletc que celle dont la Societe a deja eu connais- sance , est renvoyee au Comit6 du Bulletin. M. de La lloquelte olTre ii la Society : 1" de la part de la Societe des Antiquaircs du Nord, le volume de ses Memoires pour les ann^es 1 8/15-1 847 ; 2° de la part de M. le professeur Rafn , un apercu de I'ancienne geographic des rtigions arcliques de rAmilirique , une pelite carle de I'l'lislribygd du Groenland, et un pro- ( 5^5 ) gramme dos Archives Uistorico-archeologiqucs de Co- penhague ; 3" de la part de lord Ellesmcre, un Guide de rArch(^ologie du Nord. M. Jomard donne leclure de la nolice de M. Ful- gence Fresncl sur le Waday, mentionn^e ci-dessus dans la correspondance. Seance du 15 decembre I8/18. Le proces- verbal de la derni^re stance est lu et adopte. M. Ravenstein, memhro de la Sociilste gd'ographique de Francfort, adresse a la Societe plusieurs nouvelles carles en relief qu'il vient de publier en Allemagne , et il la prie de vouloir bien encourager ses efforts pour le progres des Eludes g^ographiques. La Commission centrale, voulant r^pondre aux d^sirs de M. Raven- stein, renvoie ses travaux a M. Jomard pour un rap- port. L'Acad^mie impcriale des sciences de Saint-Peters- bourg adresse a la Society la suite de ses Memoires. M. Alfred Maury, membre de la Soci^t^ , fait hom- magc de plusieurs notices qu'il vient de publier. M. le president annonce a la Socit^t6 la pcrte sen- sible qu'elle vient de laire dans la personnc de M. Le- tronne, unde ses membres fondateurs; la Commission centrale decide que I'exprcssion de ses regrets sera mentionnee au proces-verbal.* M. Jomard communique unc lettre qu'il a regue de M. Antoine d'Abbadie , datde du Caire le 8 oclobre dernier. Cette lettre mentionne les travaux geographi- ques do son frere, Arnaud d'Abbadie, qu'il a laisse :'i Moiissa\va en quittant I'Abyssinie , TUilamment les oh- X. .NOVK.MHRt; F.T nKCUMUr.li, 7. 23 ( 3A6 ) servations qu'il a faites aux sources Hu Nil Bleu : il ajoute que Al. Thihaut conlirmo de tout point les ren- seigncinenls de M. d'Arnaud sur Ic haul du Nil Blanc. M. do La Pjiaie annonce son prochain depart pour la Numidie ; il doit visiter successivenienl Alger, Bone, Constantine, Tunis, Carthage et les principaux points de la cote, y compris la Cyr^naique. Ce voyage ayant un but a la fois historique, geograpliique et archeolo- gique, M. de La Pylaie prie la Soci6t6 de I'aider de ses instructions , et il lui offre ses services pour toutes les communications qu'elle d^sirerait obtenir sur ces con- tr^es. La Commission cenlrale fixe le jour de la prochaine stance generale au 19 Janvier 18ZI9. MliMnRE ADMIS WANS LA SOCIliXt. Seance du 15 decembrc 1848. M. Jean Jordan. OBVRAGES OFFERTS A I,A SOCIIiT^. Seance du 3 novcmbrc 1848. l*ar la Societe orientale d'j4llemagnc : Zeitschrift dcr Deulschcn morgenlandischen Gesellschaft herausge- geben von den Gcschai'tsfuhrern. 1 cahicr in 8°. Par la Societe d' agriculture et de commerce de Caen : Concours de labourage. \ cahicr in-12. Par les auteurs et editeurs : Bulletin de la Soci6ld g^ologiquede France. Juillet et aoul. — Journal asia- lique. AoCkl. — Journal dcs missions (^vangeliques. ( 3A7 ) Septeiiibrc. — Bullolin special do rinstitulrico. Oc- tobre. Seance du 17 novembre 1848. Par le niinistere cle Vagriculture et du commerce : Do- cuments sur le commerce ext^rieur. Juillet et aoilt 18A8. Par les auteurs el cditeiirs : Journal des missions (ivangeliques. Octobre 18Zi8. — Recueil de la Sociele polytecbnique. Aoul 18Zi8. ■ — Journal asiatique. Sep- lembre 1848. — Revue de I'Orient, do rAlgenstein : Plaslischer Schul-Atias, compose des cartes dont les titrcs suivent : Sud-Amc- rika, Nord-Amerika , Australien , Afrika, Asicn , Eu- ropa, Deutschland, Karten ideal. ParM. L.-F.- Alfred Maury : Rccherches hisloriques et geographiques sur les grandes forets dc la Gaule et de I'ancieane France. — Notice sur la vie et les ou- vrages de J.-B. Prosper Jollois. — Du corybantiasmc et de I'analogic que certains auteurs ont ^lablie entrc eel d'tat et la choree ou le tarenlisme. — Recherches sur la divinite mentionn^o dans les inscriptions latines sous lo uom do Caniulus. 4 broch. in-8°. { 3i9 ) TABLE DES MATIERES COSTEKTES DANS LE X' VOLUME DE LA 3' SfiRlE. N<" 55 b 60. (Juillet a De'cembre 1848.) PREMlfeRE SECTION. JltMOlRKS, liXTUAITS, ANALYSliS liT RAPPOUTS. Piigrs, rrailiu'tion Je lj geographic il'Ahulfeda , par M. Rcinaud, inembre de I'liistitut. (Analyse par M. lloux de Rochelle. )• 5 Notices sur plusieurs oiivragcs adresses a la Societe de geo- graphic dans ses dernieres seances, par M. Roux de Ro- chelle .... 19 Essai statistique et politique des Etats-Unis d'Amerique, par M. de Morineau. — Voyage aux sources du Rio-Fran- cisco et dans la province de Goyas, par M. Auqusle de Saint- Hilaire. — Voyage autuur du monde sur la corvette la Bonile. — Voyajje de circumnavigation de la fregate I'Arthnise. — Description methodique des produits divers recueillis dans un voyage en Chine par M. Isidore Hvdde. — Decouverte des cotes occidentales d'Afrique au-dula du cap Bojador et sur.les progres dc la geographic, dus aux navigateurs portugais du moyen age, par M. le vicomte de Sanlarein. Suite des Mcuioircs, lus a in Soeieiu, sur lancieiiiic geographic historique des pays voisins de la Medilerrancc; par M. Roux DK Rochelle .38 ( 350 Notite sui fjiielqiies uiies lies plus anciciines colonies gicc- ques 48 Notes sur les Va-Niiinrjue c t les Mahsiti, pcupies do rAfiinuc oiientale; par M Eiiyt-iie de FnOBEnviiLE 65 Exlraits des papiers de J. Mace (Journal pour servir a rhistoire lie nia vie et me rappeler ce qui se passe sous mes yeux ). . 8i Alta(|ue et pillnfje du fort portugais de la hale Lorenzo-Mar ques ( ou Delagoa) par les Francais. — Mozambique et son gouvemeur, M. de Souz.i. — Collection de peintures chinoises de M A{[oie, ses importanls travaux manuscrits sur riiistoiie, les mojurs, les arts el les metiers de la Chine. — Lettres de M. de Graunnont, jesnite, et de sir John Staunton, a M. Agote, au suji-t de I'ambassade de lord Macartney. Analyse des ouvrages offerts a la Societe, par M. K. de Frobeb- VILLE lOI I'Jxlrait des souvenirs de I'espedition dirigee dans le sud d". la subdivision de Tlemcen en avril et mai 1847, P*"" ^' ^- "^ (^liAMBERtr, capitaine d'etat-uiajor; avec uno carte. . . 121 Uappcjrt du contre-amiral Beaufort, hydrographe de I'Ami • raute, en reponse a des demandes faites par ordre de la Chainhre des communes, le 10 fevrier 1848. (Article com- munique parM. Daussy.) i55 Kxtrait d'un voyage de M. L. Coiitamdeut en Orient (cote du golfe de I'Akabah en Arabic) 169 Fxtrail d'unc lettre adressee a M. Jomard par M. Vattikh de BouRViLi.E, agent consulaire a Benghazy ; avec uiie plancbe. 172 Ivxtrait d'une Icitre adressee a M. Jomard par M. Beiitiielot, consul de Fiance a Teneriffe 180 lOxtrait d'une leitic adressee a M. Boux de Rochelle, par le mcme correspondaiit i83 Notice sur I'lslande, yvc M. de La Hoquette i85 Sur la limite mcridionale de la monarchic danoisc et sur I'ety- inologie des noms geographiqucs du Sicsvig et de la INor- inandie, par M. Borring 217 -Analyse des ouvrages et journaux olFerts a la Socicle dc Geo- graphic dans le mois d'octobre 1848, par M. de La Uo- Ql'ETTE '3a Djscours prononce a rasscmblce generalc du if) Janvier 1849. ( 351 ) par M. JoMAiin, meniljre tie I Iiistiliu, pri'sitlt'iil ile la Sociele. a^y Rapport stir les Iravaux EUR ATA nr lULLETlN D ocTonnu iS^8. Paj^e 186, lipne 9 ; au lieu d'hliimic, liscz Irlatule. Menie p.ijje. lip.ne 20 a 29 ; au lieu ilu passaj^e commom-aut par ces mots :«L l>laiule parait etre d'origine volcanique; elle e>t parseoie'e. » ( jusqn'a la fin du para(;raplie ), lisex : • Llslande paraif eire iroiijjine voK-auique, et se compose en ma- » jeure partie d'une chaine continue de montagnes qui s'etendeiit de • 1 esl a l"oue#t. Quclque* iincs de ces nionta;:iies, convenes de place » et lie neige perpeluelles, sont appelees Joklar; d'aulres, egalenient » sieriles, sont fbrmees de roches et de sable. II en est d'aulres enfin » qui offrent. soil a Icur pied, surtout ie Ion" des cotes, soit meine a » leur sommet, des portions de terrain couvertes d'une belle verdure. > Cest sur ces terrains et dans les v-allees que les habitants ont elabli » leur residence. » Page 204. ligne 10, an lieu de ; i ii3. lisez 1 2i3. Page a36, ligne jo : an lieu de btjivmelfe, V\*ei. ihennonielre. Pans — Imprimerir de L. MiBTiSET. rue Mignon, a.