ee maman ne 22 same en : Lis rer pen ne rs D EEE FÆ = Es . « ; . - 2, sn re a pes rar nue se jm ne 2 ee ce ve de ee Sue Je mme ge sono 2 ocmamen menu pes ns sn se eee mie nue nt noter ne ce me eme me ne bee ce sue AO van Hanyes Br, P ren x LAURE POLE 1 BULLETIN SOCIËTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE Gand, imp. C. Annoot-Braeckman. BULLETIN © SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE FONDÉE LE 1° JUIN 1862 TOME ONZIÈME Lo oi BRUXELLES AUVSTÉGE DE LA SOGIÈTE JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT 1872 € Enr €\ 3 À C A aJ © f _h F4 va Ÿ 2 VE NS Le] Ep Er D er, È b n P . Ÿ s du : Cu on k Me 67 Le Q" LL TAN k Ve Conseil d'administration de la Société pour l'année 1872. Président : M. B.-C. Du Monnier. w7 Vice-présidents : MM. J. Purzeys. — F. Muzcer. Secrétaire general : Secrétaire des publications : M. J.-E. Bouuer. M. F. Crépin. Trésorier : M. L. Coomans. Conseillers : MM. A. Devos. MM. J.-J. Kicxx. CH. GILBERT. L. Piré. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. MEMBRES EFFECTIFS. BAETENS (E.), fabricant, à Lokeren. BaGuer (C.), avocat, place du Peuple, à Louvain. Bawps (C.), étudiant en médecine, à la Pédagogie, à Louvain. Barcer (G.), docteur en médecine, rue de l'Hôpital, 12, à Bruxelles. Bauwens (L.), rue des Sables, 19, à Bruxelles. BEAUIEAN (R.), directeur de l’École moyenne, à St-Hubert. BeLLerOcHE (J.), professeur, rue de l’Évêque, 68, à Anvers. BELLYNCK (A.), de la Compagnie de Jésus, professeur d'histoire naturelle au Collége N.-D. de la Paix, à Namur. Bernarp (C.), chaussée de Vleurgat, à Ixelles. BERTRAND, percepteur des postes, à Havelange. BLonnau, régent à l'École moyenne, à Thuin. BoppaerT (G.), docteur en médecine, rue Basse-des-Champs, 67, à Gand. ( vu ) Bopsox (L.), pharmacien, rue des Guillemins, 17, à Liége. BoiceLor (l'abbé), chapelain, à Champion-Cognelée. Boumer (J.-E.), conservateur des collections du Jardin bota- nique de l’État et professeur à l’Université, rue de la Chan- cellerie, 48, à Bruxelles. BonnaerT (Raoul), rue de la Réunion, 5, à Mons. BouizLor, professeur d’arboriculture, à Couvin. BrirTEen (James), assistant à l’herbier du Jardin royal, à Kew. Broquer (B.), commissaire d'arrondissement, à Ath. Buzs (Ch.), marché aux Herbes, 105, à Bruxelles. Campiox (F.), à Vilvorde. CanpÈze, professeur à l’Université, à Liége. Caroy (l'abbé J.-B.), docteur en sciences naturelles, curé, Bauffe, près de Brugelette. CarRoN (G.), rue Coppens, à Bruxelles. Cerr (H.), rentière, rue des Champs-Élysées, 41, à Ixelles. CuaBauT (Ludg.), régisseur, à Solre-sur-Sambre. CHaLon (J.), docteur en sciences naturelles, place du Palais, QD @- Namur. Caapuis, docteur en médecine et membre de l’Académie, Verviers. CHaRLier (Eug.), docteur en médecine, faubourg St-Gilles, 19, à Liége. CoEnex (Arm.), à Heer, près de Maestricht. Cocniaux (A.), aide-naturaliste au Jardin botanique de l’État, à Bruxelles. Coowans (L.), pharmacien, rue du Poincon, 62, à Bruxelles. Coomaxs (V.), rue du Poincon, 62, à Bruxelles. Coururier (L.), régent à l'École moyenne, à Neufchateau. LES Coyow, professeur au Collége, à Dinant. Craninex (Osc.), rue Léopold, 1, à Louvain. Crépin (F.), conservateur au Musée royal d'histoire naturelle, rue de Louvain, 28, à Bruxelles. (IX) DarDenne (E.), régent à l’École moyenne, à Andenne. Daron (P.), rentier, rue Royale-Ste-Marie, 67, à Bruxelles. DE BRUTELETTE (B.), membre de la Société botanique de France, rue St-Gilles, à Abbeville. pe BuzLEMONT (E.), rue du Président, 60, à Ixelles. DE CANNART-D'HAMALE, sénateur, à Malines. DE ConTRERAS {F.), ex-consul, rue de Vienne, 15, à Ixelles. DE DiEeuDoNNÉ (Osc.), docteur en sciences naturelles, rue des Vaches, 7, à Louvain. pe KERCHOVE (Osw.), avocat, quai au Blé, 15, à Gand. DE Keyser (Edg.), avocat, rue de la Calandre, 11, à Gand. DELBASTAILLE, étudiant, rue du Pont-d’Avroy, à Liége. pE L’EscaiLee (J.), ingénieur, rue de la Station, à Louvain. DELoGxE (C.), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à Bruxelles. DE Looz-Corswarem (G.), rue Louvrex, 61, à Liége. DeEmoor (V.), médecin-vétérinaire, à Alost. pe Prrreurs (Ch.), docteur en sciences naturelles, à Zepperen, par St-Trond. DE Pris (A.), docteur en droit, place du Peuple, à Louvain. DE Rinper (l'abbé P.), directeur de l’hospice St-Antoine, à Gand. pe SéLys-Lonccamps (Edm.), sénateur, à Longchamps-sur- Geer, près de Waremme. DeTERME (T.), à Mariemboursg. Devos (A.), régent à l’École moyenne communale, rue Ste-Vé- ronique, 24, à Liége. . DEWAEL (J.), docteur en sciences naturelles, rue Otto Venius, à Anvers. | DE WoELmonrT (H.), rentière, rue Marnix, 25, à Bruxelles. Doucer (H.), secrétaire du Conseil de surveillance du Jardin botanique de l'État, rue de la Loi, 27, à Bruxelles. (x) Dusois (E.), répétiteur à l’École du génie civil annexée à l’Université, à Gand. Ducorrre (A.-C.), régent à l’École moyenne, à Jodoigne. Du Mortier (B.-C.), membre de la Chambre des représentants et ministre d'Etat, à Tournay, et Montagne du Parc, 15, à Bruxelles. Dumorrier (E.), rue des Palais, 75, à Bruxelles. Dupont (Éd.), directeur du Musée royal d'histoire naturelle, à Bruxelles. DuvERGiER DE HAURANNE (E.), membre de la Société botanique de France, rue de Tivoli, 5, à Paris. Firrer (Ch.), étudiant, rue Fragnée, 55, à Liége. Fiscuer (E.), médecin-vétérinaire, à Luxembourg. | FONTAINE (A.), colonel au 4e rég. de ligne, boulevard Frère- Orban, 27, à Gand. FonrTaixe (C.), bourgmestre, à Papignies. Fuxcx (N.), directeur du Jardin zoologique, à Cologne. Fusxor, chaussée de Waterloo, 129, à Ixelles. GausarD (N.), horticulteur, à Ledeberg-lez-Gand. GIELEN (J.), rentier, à Maeseyck. GILBERT (Ch.), rentier, rue du Nord, 29, à Anvers. Gizce (N.), professeur à l'École de médecine vétérinaire, à Cureghem. GiLLerexs, directeur de l’École d'horticulture, à Vilvorde. GiLLoN (J.), consul de Costa-Rica, rue de Bériot, 52, à St-Josse- ten-Noode. GorruaLs, pharmacien, rue de Bruges, 9, à Gand. Graver (Fréd.), à Louette-St-Pierre, près de Gedinne. GRiIVILLER (V.), instituteur, à Tournay. Grüx (K.), docteur en sciences naturelles, rue Lairesse, 121, Quartier Longdoz, à Liége. Guizmor (l'abbé), curé, à Bourseigne-Neuve. (x) Haxon (F.), docteur en médecine, rue du Marais-Meyboom, à Bruxelles. Hanoy (A.), régent à l'École moyenne, à Visé. Heckixe (Osc.), étudiant à l'Université, à Louvain. Henri (J.), étudiant, rue St-Séverin, 10, à Liége. Hogkirk (Ch.-P.), Arthur Street, 7, Fitzwilliam Street, à Hud- dersfield. Houzeau pe Leuaye, professeur à l’École des mines, à Hyon, près de Mons. | Howse, membre de la Société Linnéenne de Londres, St-Paul's Church Yard, 19, à Londres. IxGELs (R.-C.), directeur de la maison des aliénés, hors la porte de Bruges, à Gand. JAGQUEMIN (G.), capitaine, à Mons. Jouy (A.), chimiste, rue du Conseil, 72, à Ixelles. JoRiISsENxE, docteur en médecine, faubourg St-Gilles, 145, à Liége. cm KeceLsan (Ferd.), banquier, à Namur. Kickx (J.-J.), professeur de botanique à l’Université, rue St-Georges, 28, à Gand. ; KauTTEL (S.), Heerengracht, 169, à Amsterdam. LABOULLE, inspecteur des écoles communales, à Verviers. Lacroix, géomètre, rue de Stassart, 75, à Ixelles. Lacasse, professeur de chimie à l’École normale, à Nivelles. LacassE (Ern.), rue de l’Arbre-Bénit, à Ixélles. LamarcuE DE Rossius (Osc.), rue Louvrex, à Liége. LeBrun, instituteur à l’École moyenne, à Spa. Le Coure (Théophile), membre de plusieurs Sociétés savantes, à Lessines. Lecoyer {J.), instituteur, à Wavre. Lenecaxck (K.), docteur en médecine, rue des Longs-Chariots, à Bruxelles. ( xu) LeseuxE (Ph.), directeur de l’Institut agricole, à Gembloux. LEeNars (G.), capitaine pensionné, rue des Guillemins, 54, à Liége. Lenom, régent à l’École moyenne, à Stavelot. LÉONARD, capitaine au rég. du génie, au Camp de Beverloo. Linnex (J.), directeur honoraire du Jardin zoologique, à Bruxelles. Louis (H.), horticulteur, hôtel d’Arenberg, Petit-Sablon, à Bruxelles. Louvelcxé (H.), professeur au Collége, à Lierre. Lupgers (L.), secrétaire de la Société royale de Flore, rue du Berger, 26, à Ixelles. Mauaise (C.), membre correspondant de l’Académie et profes- seur d'histoire naturelle à l'Institut agricole, à Gembloux. Marcaz (É.), professeur à l'École d'horticulture de Vilvorde et aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à Bruxelles. Manrens (Éd.), professeur de botanique à l’Université, à Louvain. MAssancE (L.), à Malmedy. Mauserr (le frère), professeur, faubourg Ste-Marguerite, à Liége. Meyer (J.), chimiste, à Eisch, près de Luxembourg. Micuor (l'abbé), à Mons. MiéceviLee (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison (dép'des Hautes- Pyrénées). | Mier (H.), professeur, chaussée de Wavre, à Ixelles. Monueiv (V.), conseiller communal, à Aix-la-Chapelle. Monrex (Éd.), professeur de botanique à l’Université, à la Boverie, 1, à Liége. MuLeer (F.), président de la Société royale Linnéenne, rue au Laines, 22, à Bruxelles. Norrxer, régent à l'École moyenne, à Thuin. Orgax (F. née baronne DE Vivario), à Castelalne, par Havelange (prov. de Namur). ( xi1 ) ParTHon-DEvow, ex-consul, à Bruxelles. PÉTERS (Ém.), rue du Pont-d'Ile, 46, à Liége. Perir (E.), étudiant, Cour-du-Bailly, 9, à Mons. Pré (L.) professeur à l’Athénée, rue Keyenveld, 111, à Ixelles. PiRENNE (l'abbé J.), directeur de l’École normale, à St-Roch, près de Ferrières. PomErINcKE, étudiant en pharmacie, à Liége. Poxcnx (J.-3.), professeur de sciences commerciales à l’Athénée, à Arlon. Purzeys (J.), secrétaire général au Ministère de la Justice, rue de Naples, 55, à Bruxelles. PYNAERT (Éd.), architecte de jardins et professeur à l’École d’horticulture, rue de Bruxelles, 142, à Gand Rome, instituteur, à Forest, près de Bruxelles. Ronicas (Ém.), professeur à l’École d’horticulture, place d’Arte- velde, 25, à Gand. Ronpay (H.), capitaine au 2° rég. des chasseurs à pied, à Menin. Rossiéxoz (Alph.), professeur au Collége, à Chimavy. ROTHERMEL fils, pharmacien, à Luxembourg. SAUVAGE (l'abbé V.), à Celles, près de Tournay. ScHAMBERGER (P.), régent à l'École moyenne, à Boom. Sinaux, directeur du Parc, à Enghien. Sonier (Adr.), étudiant en médecine, rue du St-Esprit, 88, à Liége. STEPHENS (H.), architecte de jardins, rue St-Séverin, à Liége. STRAIL (l'abbé Ch.), curé, à Magnée. STRATTON (Fred.), à Newport (Ile de Wight. — Angleterre). TuieLens (Arm.), docteur en sciences naturelles, à Tirlemont. Tays (J.), jardinier en chef, au château de Dongelberg. TiLman, régent à l’École moyenne, à Visé. Tosquiner (l'abbé), curé, à Bure, près de Rochefort. ( xiv ) Tosquixer (J.), médecin de régiment, à Bruges. Tournay, étudiant en pharmacie, à Liége. Van BAmBekE, docteur en médecine, rue Haute, à, à Gand. Van BasreLaEr (D.-A.), pharmacien, Ville-Haute, à Charleroy. Van Bexeven (Éd.), professeur à l'Université, à Liége. VaxpexsoRx (abbé H.), professeur à l’École normale, à St-Trond. Vaxnen Broecx, secrétaire de la Société centrale d'agriculture de Belgique, rue des Palais, 121, à Bruxelles. Vanpen Broeck (Ernest), étudiant, rue Terre-Neuve, 124, à Bruxelles. | Vanxper KiNDeRE (L.), docteur en droit, à Uccle. VanpEer MAESEN, étudiant en médecine, passage Lemonnier, 19, à Liége. Vaxoer Merrscu, docteur en médecine, rue de Bruges, 42, à: Gand. Van Harsexponcr (G.-C.), docteur en médecine, à Tongerloo. Van Heurck (Il.), professeur de botanique au Kruidkundig Genootschap, rue de la Santé, 8, à Anvers. Van Horex (F.), aide-naturaliste au Musée royal d'histoire naturelle, rue de la Pépinière, à Bruxelles. Van Horex (H.), étudiant en pharmacie, à St-Trond. Van Merrgeec (E.), rue Vieille-Bourse, à Anvers. Vawré, régent à l'École moyenne, à Bruxelles. Van Secvezr (Edm.), pharmacien, rue du Serment, 11, à Malines. Van Vozxen (C.), boulevard du Régent, 52, à Bruxelles. Van ZuyLen (Alb.), avocat, rue Porte-aux-Vaches, 49, à Anvers. VERHEGGEN (H.), régent à l’École moyenne, à Maeseyck. Wansace (W.\, répétiteur d'histoire naturelle et de zootechnie à l’Institut agricole, à Gembloux. WesmaEL (A.), architecte de jardins, à Nimy. Weyers (J.-L.), industriel, rue du Persil, 5, à Bruxelles. (xv ) Waizcews (A.), horticulteur et architecte de jardins, chaussée de Vleurgat, 97, à Ixelles. Wizzemaers (Alph.), professeur au Collége communal, à Louvain. MEMBRES ASSOCIÉS. ALLEMAGNE. Braun (Al.), professeur de botanique à l'Université, à Berlin. DE BaryY (A.), professeur de botanique à l’Université, à Stras- bourg. Eicuzer (A.-W.), professeur de botanique à l’Université, à Gratz. FENZL, professeur et directeur du Jardin botanique, à Vienne. Garcke (A.), professeur et conservateur de l’herbier royal, à Berlin. Kocu (K.), professeur à l'Université, Potsdamer Strasse, 51%, . à Berlin. | Lôur (M.-J.), pharmacien, à Cologne. Prixcsueim (N.), à l’Académie des sciences, à Berlin. Reicuensacu (L.), ancien professeur de botanique, à Leipzig. Reicuensaca fils, professeur et directeur du Jardin botanique, à Hambourg. Scnimper (W.-Ph.), professeur à l Université, à Strasbourg. Scuuzrz (le docteur F.), membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes, à Wissembourg (Alsace). Srossica, secrétaire de la Société d’horticulture, à Trieste. ( xvi ) ANGLETERRE. BaBiNGToN (Ch.-C.), professeur de botanique à l’Université, à Cambridge. Baker (J.-G.), assistant à l'herbier du Jardin royal, à Kew. Benruan (G.), président de la Société Linnéenne, Wilton Place, 25,S. W., à Londres. Hooker (Joseph-Dalton), directeur du Jardin royal, à Kew. Moore (D.), directeur du Jardin botanique, à Dublin. AUSTRALIE, MüLLer (Ferd. von), directeur du Jardin botanique, à Mel- bourne. DANEMARK. Lance (J.), professeur et directeur du Jardin botanique, à Copenhague. FRANCE. Boreau (A.), professeur et directeur du Jardin botanique, à _ Angers. BronGniaRT (A.), professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue Cuvier, à Paris. Corpier (F.-S.), docteur en médecine, quai St-Michel, 19, à Paris. Cossox (E.), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. Decaisxe (J.), professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue Cuvier, à Paris. Des Mouuixs (Ch.), président de la Société Linncenne, rue de Gorgues, à Bordeaux. Durieu DE MaisoNNeuUvE, directeur du Jardin des plantes, à Bordeaux. ( xvir ) DucnarTRE (P.), membre de l’Institut, rue Grenelle-St-Ger- main, 84, à Paris. Duvaz-Jouve (J.), inspecteur de l’Académie, rue de l’Argen- terie, 20, à Montpellier. GERMAIN DE SAINT-PIERRE (E.), docteur en médecine, rue des Beaux-Arts, 11, à Paris, et au château de Saint-Pierre-des- Horts, près d'Hyères (dép! du Var). Gopron (D.-A.), doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, 4, à Nancy. GRENIER (Ch.), professeur à la Faculté des sciences, Grand’rue 106, à Besançon. JORDAN (A.), rue de l’Arbre-Sec, 40, à Lyon. Le Jouis (V.), président de la Société des sciences naturelles, à Cherbourg. Lesrisoupois (Th.), membre de l’Institut, rue de la Victoire, 92, à Paris. NyLanper, ancien professeur de botanique,chez M. Triana, place St-Victor, 23, à Paris. PLancuon (J.-E.), professeur à la Faculté des sciences, à Mont- pellier. TuLasne (L.-R.), membre de l’Institut, à Chaville (dép' de Seine-et-Oise). HOLLANDE. Oupemans (C.-A.-J.-A.), professeur à l’Athénée illustre, à Am- sterdam. SuriNGaR, professeur de botanique à l'Université, à Leyde. VANDERSANDE-LACOSTE, à Amsterdam. Van Haz (H.-C.), professeur de botanique émérite, à Beg-en- Dal, près de Nimègue. ( xvur ) ITALIE, DE Noranis (G.), professeur de botanique, à Gênes. PARLATORE (F.), professeur de botanique au Musée d'histoire naturelle, à Florence. RUSSIE. REGeL (E.), directeur des Jardins impériaux, à Saint-Péters- bourg. SUËÈDE. FRies (El.), ancien professeur de botanique, à Upsal. SUISSE. Boissier (Edm.), à Genéve. DE CaxpoLe (Alph.), ancien professeur de botanique, à Genève. Fiscuer, professeur et directeur du Jardin botanique, à Berne. Liste des publications périodiques que la Société recoit en échange de son Bulletin. Allemagne. Abhandlungen herausgegeben vom naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen. | Bericht der Oberhessischen Gesellschaft für Natur-und Heil- kund. Botanische Zeitung. Jahrbücher des Nassauischen Vercins für Naturkunde. L'Amico dei Campi. Oesterreischische botanische Zeitschrift. ( xx ) Schriften der Kôniglichen physikalisch-6konomischen Gesell- schaft zu Künigsberg. Verhandlungen des botanischen Vereins für die Provinz Bran- denburg und die angrenzenden Länder. Verhandlungen des naturwissenschaftlichen Vereins in Carls- rhue. Angleterre. Natural history Transactions of Northumberland and Durham. The Journal of the Linnean Societv. The Journal of Botany. Belgique, Annales de la Société Entomologique de Belgique. Annales de la Société Malacologique de Belgique. Bulletin de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Bulletin de la Fédération des Sociétés d’Horticulture de Belgique. Mémoires et publications de la Société des Sciences, Arts et Lettres du Hainaut. Danemark. Botanisk Tidsskrift udgivet af den botaniske Forening : Kjobenhavn. États-Unis d'Amérique. Publications de The Boston Society of Natural History. Publications de The Smithsonian Institution. (x) France, Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux. Bulletin de la Société algérienne de Climatologie, Sciences physiques et naturelles. Bulletin de la Société Botanique de France. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles- Lettres de Toulouse. Mémoires de la Société Académique de Maine-et-Loire. Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg. Revue Savoisienne. Grand-duché de Laxembourg. Bulletin de la Société des Sciences naturelles du Grand-duché de Luxembourg. Italie, Atti della Societa italiana di Scienze naturali. Giornale di Scienze naturali ed economiche. Nuovo giornale botanico italiano. Russie, Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. —-e2D90022e— 1872. — N°1. Séance du 5 mari 18792. M. B.-C. Du Mortier, président. M. J.-E. Bomuer, secrétaire général. Sontprésents : MM. C. Baguet, L. Bauwens, C. Bernard, L. Bodson, E. de Bullemont, G. Carron, A. Cogniaux, L. Coomans, L. Couturier, F. Crépin, P. Daron, A. Devos, O. de Dieudonné, H. Doucet, Ch. Firket, A. Fontaine, Ch. Gilbert, N. Gille, A. Hardy, A. Joly, Ern. Lagasse, Th. Le Comte, J. Lecoyer, Louveigné, É. Marchal, Éd. Morren, E. Petit, L. Piré, P. Scham- berger, A. Thielens, Tilman, Vandermeersch, G.-C. Van Haesendonck, C. Van Volxem, J.-L. Weyers, A. Willems. Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 5% décembre 1871. Ce procès-verbal est adopté. Il fait ensuite l'analyse de la correspondance. M. le Président fait part à l'assemblée d’une proposition du Conseil concernant la nomination de MM. Boissier et (2) A.-W. Eichler comme membres associés en remplacement de MM. Passy et Franquinet décédés. Cette proposition est adoptée. L'ordre du jour appelle les projets d'herborisation. Les projets indiqués sont les suivants : 1. Environs de Huy. 2 — — Philippeville. 3. — — Maestricht. 4. Flandre zélandaise. Ces différents projets sont peu discutés, mais sur la proposition de M. Thielens, M. le Président développe les avantages d’une herborisation dans l'Eifel. Ce nouveau projet est mis aux voix et il est adopté à l'unanimité. Quant à la fixation de la date de cette excursion, M. le Président déclare qu'il est impossible de prendre une décision séance tenante, à cause des élections communales dont l’époque n'est pas encore fixée. M. Éd. Morren fait remarquer que l'année étant précoce, il est nécessaire de déterminer la date de l'herbo- risation. M. Thielens croit que le mois de juillet serait avantageux pour la récolte des composées et des ombel- lifères. De nombreux avis sont encore émis sur les époques qui seraient le plus favorables à l'exeursion pro- jetée; plusieurs membres désirent qu'elle se fasse en juin, d'autres préfèrent le mois de juillet. Ce dernier mois serait préférable selon l'opinion de la plupart des membres. Sur la proposition de M. le Président, l'herborisation annuelle se fera dans les premiers jours de juillet et il sera donné connaissance de la date de l’excursion par une cir- culaire adressée à tous les membres. M. Morren, Thielens et Van Volxem sont nommés (5) commissaires pour l’organisation de l’herborisation : ils se rendront dans l'Eifel pour y choisir les localités qui pré- senteront le plus d'avantages à l'exécution du projet. Les travaux suivants sont présentés : Monographie des Roses européennes et de l’Orient, par Michel Gandoger. (Sont nommés commissaires MM. Devos, Crépin et Baguet.) Primitiae Monographiae Rosarum (Suite), par F. Crépin. (Sont nommés commissaires : MM. Marchal, Cogniaux et Chalon.) Les vieux Oliviers de Blidah, par J. Chalon. (Sont nommés commissaires : MM. Doucet, Linden et de Cannart d'Hamale.) Reliquiae Libertianae, par É. Marchal. (Sont nommés commissaires : MM. Piré, Cogniaux et Delogne.) Les membres suivants ont été reçus par le Conseil : MM. Joseph de L’Escaille, ingénieur, rue de la Station, à Louvain. Oscar Craninx, rue Léopold, 1, Louvain. Bertrand, percepteur des postes, à Havelange. A.-C. Ducoffre, régent à l'École moyenne, à Jodoigne. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Reliquiae Libertianae, par Ë. Marchal. Le Jardin botanique de l'État, comme établissement national, devait tenir à honneur de rassembler, avant tout, le plus grand nombre possible des collections formées par (4e) les anciens botanistes belges : aussi grâce au zèle intelligent de ses réorganisateurs, avons-nous vu ajouter successive- ment aux herbiers de Nyst, Galéotti et Lejeune, ceux de Bové, Pollaert, Libert, Coemans, et tout récemment le précieux herbier cryptogamique formé par le comte A. de Limminghe. Comme ces richesses scientiques sont tout spécialement à la disposition des botanistes belges, je crois leur être utile en faisant connaitre le résultat des observations bryologiques que j'ai faites dans la collection de Mademoi- selle Libert, de Malmedy, la plus riche en ceryptogames indigènes et en matériaux inédits; ce qui me permet en outre de répondre aux désirs d’un contemporain et ami de cette femme célèbre, de notre vénérable Président, en publiant un premier fragment des Reliquiae Libertianae. En déterminant ou révisant une partie des Mousses, j'ai été émerveillé à la vue du grand nombre et de la rareté des espèces; mon étonnement était d'autant plus naturel que l’éminente cryptogamiste, habitant une localité très- reculée, était pour ainsi dire abandonnée à ses propres lumières, ne disposant que d’un petit nombre d'ouvrages, ayant peu de matériaux pour la comparaison et cela à une époque où la bryologie était loin d’être arrivée au degré de perfection qu'elle a atteint aujourd'hui. Ainsi, J'ai trouvé dans sa collection 45 espèces signalées dans ces derniers temps comme nouvelles pour la flore, et qu'elle avait déjà découvertes 1l y a peut-être plus de trente ans, et8 espèces ou variétés encore nouvelles maintenant. Parmi celles-ci, il en est qui, comme le Splachnum sphaericum, Oligotri- chum hercynicum, Schistolega osmumdacea, sont très- curieuses en ce quelles montrent à la dernière évidence le caractère subalpin de la végétation de cette intéressante région. C5) Je ne mentionne pas, dans cette notice, toutes Îles Mousses comprises dans les Plantae cryplogamicae Ar- duennae, et dont la plupart étaient nouvelles pour notre flore au moment de leur publication ; elles ont été en grande partie signalées dans les excellents travaux bryolo- giques de notre confrère, M. Piré. Pour terminer, je crois bon de faire connaître la signi- fication de quelques signes que j'ai employés : les guille- mets indiquent ce que j'ai transcrit littéralement des étiquettes de l'herbier; un astérisque indique les espè- ces qui étaient certainement nouvelles au moment où M'e Libert les a récoltées, car elles n'avaient pas encore été signalées à l'époque de sa mort; deux astérisques servent à désigner les espèces qui, malgré les minutieuses recherches faites dans ces derniers temps, sont encore nouvelles pour notre flore. I. — MOUSSES ACROCARPES. *Ephemerum serratum Hampe. « Phascum Herb. Lib. » « Croit en automne dans les lieux humides. » *Physcomitrella patens Schimp. « Phascum Herb. Lib. » « Sur la terre en Martyr. — Été. » **Phaseum piliferum Schreb. ) gemmaeforme Nees Bryol. Germ., p. 68. Plante humble, à feuilles denses, les inférieures étalées, les supérieures conniventes en gemme. Hab. Lieux cultivés. — Malmedy. *“Pleuridium nitidum Br. et Sch. « Phascum Herb. Lib. » « Sur la terre, en été, près de Werbomont et de la Warge. » *Systegium crispum Schimp. « Phascum Herb. Lib. » « Champs au Rondthier. — Abondant. » Gymnostomum microstomum Hdw., « Weisia. Herb. Lib. » « In rupibus. — Majo. » Obs. — Forme très-voisine de la variété @ obliquum Bryl. Eur., qui se (6) distingue du type par sa capsule oblique, cylindrique, à oper- cule étroitement conique. Weisla fugax Hdw. « In saxis et rupibus. — Æstate. » — fugax, forme à feuilles nettement denticulées au sommet. « Rochers au bord de la rivière aux Trous Marets. » Obs. — Quoique les feuilles soient très-distinctement denticulées au som- met, je n’hésite pas à rapporter, au Weisia fugaæ, cette plante que Mie Libert avaii nommée Weisia denticulata : ses gazon- nements {rès-denses et son péristome fugace l’éloignent tout à fait de cette dernière espèce. — Dicksoni Libert P{. Crypt. Ard., fase. 1, n° 5. Obs. — Je crois devoir attirer l’attention de mes confrères sur cette espèce, confondue chez nous avecle Weisia cirrhata, dont elle a le facies. D’après Mie Libert, elle s’en distingue : 1° par ses capsules plus petites, cylindriques et non ovales; 2° par les dents du péristome blanchätres et non rougeätres et enfin 5° par son genre d’habitat : elle croit exclusivement sur les poutres en décomposition, tandis que le Weisia cirrhata croit généralement sur les troncs d'arbres vivants. “‘“Cynondotium polycarpum Schimp. « Dicranum Herb. Lib. » Plante à gazonnement dense, d’un vert généralement foncé. Tige rameuse, radicante à la base. Feuilles linéaires-lancéolées, papilleuses sur les deux faces, dentées au sommet, à nervure excurrente. Capsule oblon- gue, presque droite, à col muni d’un goitre très-apparent, opercule obliquement rostré, à bord crénelé. Anneau caduc. Hab. « Rochers près de la carrière du Mont. » Obs. — Cette belle espèce, nouvelle pour la flore, diffère du Cynodontium Bruntoni (auquel elle ressemble le plus par son facies), par ses feuilles et sa capsule plus allongées et surtout par son col capsu- laire irrégulier, goitreux. “Dichodontium pellucidum Schimp. « Lieux humides et ombragés en Martyr. » Obs. — Il y a eu erreur matérielle dans les Plantae Cryptogamicae Arduen- nae, fasc.T,n°6 : l'échantillon publié appartient au Dichodontium pellucidum Schimp., et non à l’Oncephorus squarrosus Brid. ! “Dicranella Schreberi Schimp. « Dicranum Herb. Lib. » « Au bord des rigoles dans les prés du Pouxhon des Iles. (7) Dicranella squarrosa Schimp. « Dicranum Herb. Lib. » « Sur les rochers qui bordent la Warge, à gauche, au-dessous du pré des Grous. » — cerviculata Schimp. « Dicranum Herb. Lib. » « Tourbières de Difflot et Maupas. — Été. » Obs. — Il y a deux formes : l’une à tige assez élevée, l'autre, qui semble provenir d’un endroit sec, est restée petite et pourrait bien con- stituer la var. 8 pusillum du Bryologia Europaea. — varia Schimp. « Dicranum Herb. Lib. » « Ad terram. — Vere. » Obs. — Il y a diverses formes en mélange avec le type. “Dicranum montanum Hdw. « Dicranum spurium var. + Brid. Herb. Lib. » « Vieilles souches dans les bois de l’Hermitage. » — majus Turn. « Bois humide en Gondoufat. » — spurium Hdvw. Environs de Malmedy. — Stérile. Campylopus torfaceus Br. et Sch. « Caïnpylopus flexuosus Brid. Herb. Lib. » « In turfosis. — Vere. » Obs. — La plante publiée par Mie Libert sous le nom de Campylopus arduennae, comme l’a très-bien fait remarquer M. Piré, dans ses savantes Recherches bryologiques, doit être rapportée au Campylopus flexuosus Brid. ; tout ce que j’ai vu dans l’herbier et provenant de diverses localités n’en est qu’une forme à fige et à feuilles généralement plus fermes, plus robustes, que dans le type. Fissidens adiantheides Hdw. « In paludosis ad rivulos. — Vere. » *seligeria pusilla Br. et Sch. « Weisia Herb. Lib. » « Ad rupes calcareas, Gondoufat et Martyr. » Pottia cavifolia Ehrh. « Gymnoslomum ovatum Herb. Lib. » « Sur la terre argileuse. » — truncata var. 5 major. « Gymnostomum Herb. Lib. » « Sur la terre au Rondthier, Montbijoux, etc. » Didymodon rubellus Br. et Sch. « Weisia curvirostra Bride Herb. Lib « Rochers et lieux rocailleux des bois. » LE] (8) Obs. -— Outre la forme typique, il y a des échantillons récoltés sur les rochers de Rondthier présentant des capsules courtes et ovales et qui appartiennent à la variété d globosa de l’Anacalypta recurvirostris Nees Bryol. Germ., p. 156, tab. XXXVIIT, fig. 6. *‘’Didymodon barbuloides Libert (inéd.). « Caule erecto ramoso-fastigiato, foliis lanceolatis carinatis striatis « patulo-recurvis colore viride flavescente lurido, nervo erasso continuo; « perichaetialibus longe acuminatis ; pedunculo e vaginula cylindrica « pseudolaterali ex innovatione solitario interdum gemello tergeminove « rubro; theca erecta cylindrica; peristomii dentibus triginta duobus « linearibus rubellis trabeculatis rigidis ; opereulo conico suberecto theca « breviore ; calyptra cuculliformi pallida apice nigra. » Hab. « In rupibus arenariis umbrosis. — Autumno. » Obs. — Cette espèce inédite, que la savante cryptogamiste avait récoltée en nombreux spécimens, pourrait être prise, à première vue, pour une forme robuste du Trichostomum rigidulum Sm., mais outre les différences marquées dans la diagnose ci-dessus, elle s’en distingue par ses gazonnements plus étendus, ses tiges plus rcbustes et fastigiées-rameuses. *Leptotrichum flexicaule Hampe. « Didymodon Herb. Lib. » « În saxis. — Semper sterile. » *Barbula rigida Schultz. « Ad rupes calcareas. — Vere fructificat. » — aloides Br. et Sch. « Trichostomum Herb. Lib. » « In rupibus arenosis et ad terram. — Autumno. » Obs. — Mie Libert avait recueilli et soigneusement étudié un très-grand nombre de formes des polymorphes Barbula fallax et unguicu- lata ; elles sont conservées dans son herbier et pour la plupart accompagnées d’une description ou de notes très-intéressantes. **_ fallax Hdw. var. vinealoides Nob. « B. vinealis Herb. Lib. » « Chaumont. — Vere. » Obs. — La plante nommée par Mie Libert Barbula vinealis ne peut être cette espèce, bien que sa coiffe soit grande et descende souvent jusqu’au milieu de la capsuie, et que l’opercule soit deux fois plus court que celle-ci : il lui manque un caractère de première importance, l'anneau, qui entoure l’orifice capsulaire du B. vinealis Brid. Je la rapporte au B. fallax, dont elle est une variété très-remar- quable et qui me parait inédite. Cr) Barbula convoluta Hdw. 1 « Murs, endroits rocailleux et sur la terre aride en Martyr, près du pont. » *— inclinata Schwägr. Environs de Malmedy. *— tortuosa W. et M. « Rochers en Martyr et à Rhenastein. » — laevipila Brid. « Syntrichia Herb. Lib. » « Sur les arbres près Beaufays du côté de Liége et non loin du Thier du « Mont. — Obs. — Cette espèce me paraît différer de notre Tortula rura- a lis : elle croît sur les arbres et est plus petite ; ses soies ne me paraissent « point dentées et ses feuilles sont plus larges et non bordées. » *Grimmia conferta Funck. « Grèimmia plagiopoda Herb. Lib. » « Sur les rochers, au-dessous de la ville près Montbijoux. » *— gracilis Schwägr. « Feuilles ouvertes-réfléchies, tournées d’un même côté, lancéolées, « en carêne, entières, à bords recourbés en dehors, non diaphanes au « sommet. Capsule oblongue, axillaire, jaune; feuilles du périchèze « terminées par un poil blanc, court, un peu dentelé au sommet. Pédicelle n’atteignant pas {1 millim. de longueur. Opercule convexe terminé par une pointe droite adhérente au pistil. Coiffe campaniforme déchirée à la base en 5-6 lanières, très-rouges. » 2 = = Hab. « Sur les pierres à Rhenastein. » Obs. —- Cette espèce n’est qu’une variété du Grimmia apocarpa à tiges très-allongées et gréles; on la rencontre assez fréquemment sur les rochers calcaires ombragés de la province de Liége. *— apocarpa Hdw. var. 7 rivularis Schimp. « Bord des ruisseaux. » — crinita Brid. « Vieux murs du château de Cronenbourg. » — orbicularis Br. et Sch. Obs. — Cette espèce, qui se trouve dans l’herbier sans étiquette, provient certainement des environs de Malmedy. *_ trichophylla Grev. Même observation. *— montana Br. et Sch. Même observation. *Racomitrium aciculare Brid. « In saxis humidis rivulorum. — Vere. » (10) “Racomitrium heterostichum Brid. «Rochers et pierres du chemin de Rhenastein. — Trouvéen septembre. » Obs. — Récolté moi-même sur les rochers en face de Bévercé, où il croît en abondance avec le Metzgeria pubescens var. elongata Nees et plusieurs Lichens, notamment le beau Sphaerophoron fragile. — — Var. } gracilescens Sch. « Racomitrium aquaticum Brid. Herb. Libert. » « Rochers près de l’emplacement de l’ancien château de Weisme ! » *— fasciculare Brid. « Trichostomum Herb. Lib. » s Sur les pierres en Martyr. » 5 Obs. — En juillet 1870, j'ai trouvé cette espèce en abondance dans l’Her- togenwald, sur des blocs de pierres, près de Drossart. — lanuginosum Brid. « Trichostomum Herb. Lib. » « Rochers de la Falisse. » Ulota crispa Brid. « Troncs d'arbres. — Printemps. » *Orthotrichum saxatile Woods. « Ad saxa et muros. » Hedwigia ciliata Hdw. « Schistidium Herb. Lib. » « Ad saxa. — Ilieme. » Encalypta streptocarpa Hdw. « In muris vetustis. — Æstate. » — Bien fructifié! — ciliata Hdw. « £. fimbriata Herb. Lib. » « Malmedy. » — Le péristome n’est pas persistant. » *Schistotega osmundacea W. et M. « Rochers de la Falisse et au Rhonthier. » Obs. — Cette magnifique espèce alpine, nouvelle pour la flore, a été trouvée en grande quantité et parfaitement fructifée ! **Splachnum sphaericum Hdw. Touffes lâches, d’un vert intense. Tige droite, courte, rameuse, émettant des radicelles rousses à l’insertion des feuilles inférieures. Feuilles éparses, # peu rapprochées, étalées, obovales-acuminées, entières ou irrégulièrement dentées, à côte généralement évanouissante sous le sommet. Pédicelle terminal, rougeätre à la base, allongé (de 5 à 10 centim.). Capsule dressée, subcylindrique, à apophyse ovale, globuleuse aussi longue qu’elle, plissée en séchant. Opercule convexe, papilleux. Dents du péristome lancéolées, obtuses, rapprochées par paires, parfois trouées sur la ligne divisurale. Columelle exserte, dilatée en disque. EMA 5) Hab. « Lieux tourbeux à Baileu et Maupas. — Trouvé en mai » Obs. — On n’observe cette belle espèce dans la partie centrale de l’Europe que dans les régions alpine et subalpine. Splachnum ampullaceum L. «S. Turnerianum Herb. Lib. » « Marais en Maupas. — Trouvé en mai. » *Enthostodon ericetorum Schimp. « Gymnostomum Herb. Lib. » :« Trouvé en août 1855, au pré des Glous, sur le rocher dit : le Bodet. » Mélangé avec d’autres Mousses. — fasciculare Schimp. « Gymnostomum Herb. Lib. » « Terre argileuse près Wavreumont et au Rondthier. » *Webera elongata Schwägr. « Pohlia Herb. Lib. » « Rochers de l'Eau Rouge. » *— mutans Hdw. « In ericetis et turfosis. » **— — var. : longiseta Schimp. « Meesia longiseta Herb. Lib. » Plante humble, à tige simple, à feuilles supérieures plus grandes étalées, à capsule pendante, plus courte que dans le type, portée par un n pédicelle très-long. — Cette variété est spéciale aux endroits tourbeux. Hab. « In turfosis. — Æstate. » — cruda Schimp. « Æypnum crudum Herb. Lib. » Sur les rochers à Montbijoux et près de la carrière du Mont. » — Fructifié, — annotina Schwägr. * « Au grand pré. » Obs. — Un second échantillon présentant les fleurs mâles porte cette indi- cation : « Sur les pierres à l'Eau Rouge. » — carnea Schimp. Environs de Malmedy. Bryum inclinatum Br, ct Sch. « Pohlia elongata Herb. Lib. » « Croît en Martyr au bord des rigoles et sous Chaumont. « Eté et au- tomne. » — Funokii Schwägr. (Bryum indéterminé de l’Herb. Lib.) Gazonnement peu dense. Rameaux amentacés. Feuilles ovales, cochléari- formes, à aréolation du tissu cellulaire lâche, à nervure dépassant un peu le sommet. Capsule inclinée, obovale ou globuleuse-pyriforme, semblable par la grandeur et la couleur à celle du B. caespiticium. Hab. « Mur d’un jardin à Steinbach. » Obs. — Ce Bryum, l’un des plus rares de la flore d'Europe, offre la plus grande ressemblance avec la var. 8 gracilescens Schimp. du (12) B. caespiticium ; on l’en distingue très-bien, d’après M. Schimper, par ses feuilles terminées par une pointe beaucoup plus courte, entièrement planes, à aréolation du tissu cellulaire moins dense, par le péristome extérieur de sa capsule qui laisse sortir, entre les interstices des dents, les processus du péristome intérieur, chose qui ne se voit dans aucune variété du B. caespiticium (1). Bryum pseudotriquetrum Schwägr. « In locis humidis. — Vere. » —— pallens Sw. « En Gondoufat, au bord de étang, mêlé au B. pseudotriquetrum. » Obs. — Cette espèce parait assez répandue dans cette partie de la région ardennaise ; je l’ai rencontrée abondamment, mais toujours stérile, à Polleur, La Reid et dans l’Hertogenwald. — roseum Schreb. Environs de Malmedy. — Stérile. Obs. — Abondant dans la vallée de la Vesdre, de l’Ourthe et dans l’Her- togenwald, où il se montre très-indifférent quant à la nature de ses stations, car je l’ai observé dans les lieux secs des bois à fond rocailleux et dans les endroits très-humides mélangé au Philonotis fontana et Aulacomnium palustre! Bartramia ithyphylla Brid. « Rochers. » Obs. — En juillet 1871, j'ai récolté cette espèce en petite quantité sur les rochers de Rhenastein, où elle croissait avec le B. Gederi qui y est très-abondant dans le voisinage immédiat des ruines. — pomiformis L. var. £ crispa Sw. « Sur les rochers en Martyr et le long de la Warge. » **@ligotrichum herecynicum Lmk; DC. F1. fr., 1, p. 492. « Polytri- chum crassiseltum Herb. Lib. » Tiges florifères dressées, simples, peu élevées. Feuilles inférieures petites, ovales-acuminées ; les supérieures serrées, linéaires-lancéolées incurvées, concaves, dentées au sommet; côte munie de lamelles nom- breuses, fortement ondulées, portant des excroissances en crête dentée sur le revers. Pédicelle dressé, tordu à droite. Capsule dressée, régulière, ovale- cylindrique, ferrugineuse, déformée sur le sec, anguleuse et un peu (1) Bryologia Europaea, vol. IV, p.78. (15 ) rétrécie sous l’ouverture. Péristome à dents courtes, irrégulières, blan- châtres. Opercule conique, aigu. Coiffe peu poilue quelquefois ciliée à la base. Dioique. Hab. « Entre Xhoffraix et Baileu. » Obs. — Cette belle espèce, nouvelle pour la flore, appartient exclusivement aux régions alpine et subalpine. *Polytrichum aloides P. Beauv. 5 minus Sch. « Polytrichum Herb. Lib. » Environs de Malmedy. *— gracile Menzl. « In turfosis! Maupas et Baraque-Michel. » — formosum Hdw. var. trunco-diviso. « In rupibus schistosis. — Vere. » — Strictum Menzl. « Environs de Malmedy. » Buxbaumia aphylla Haller, « Sur la terre au-dessous du bois de sapins en Moussepine, — Printemps. » IT. MOUSSES PLEUROCARPES. Fontinalis antipyretica L. « Ruisseaux, bords des fontaines. » Obs. — C’est une forme à tige courte, dressée et non ramifiée. Leucodon sciuroides Schwägr, « Trichostomum Herb. Lib. » « Troncs d’arbres. » Pierisophyllum lucens Schimp. « Æypnum Herb. Lib. » « Ad terram in sylvis humidis umbrosisque. — Vere. Bien fructifié ! Leskea polycarpa Ehrh. « Troncs d’arbres. » “Anomodon longifolius Hartm. Rochers de la Falisse. — attenuatus Hartm. « Rochers en Gondoufat, et sur les troncs d'arbres. » Climacium dendroides W .'et M. « Prairies humides. » — Fructifié. À “Brachythecium rivulare Schimp. XX Lieux humides en Gondoufat. : # (14) *Brachythecium salebrosum Schimp. « Æypnum Herb. Lib. » « Rochers dans les lieux ombragés en Gondoufat. » — albicans Schimp. « Hypnum Herb. Lib. » « Surles pierres dans les lieux sablonneux à l’Hermitage. » — populeum Schimp. « Hypnum Herb. Lib. » « Sur les pierres à Stavelot, Malmedy, ete...» — plumosum Schimp. « Dans les fossés des bois en Gondoufat. » Eurhynchium myosuroides Sch. « Æypnum Herb. Lib. » « Troncs d’arbres et rochers à Rhenastein. » *Hyocomium flagellare Br. et Sch. « Hypnum Herb. Lib. » « Pierres dans la Warge. » Obs. — J'ai découvert, en juin 1869, une habitation de cette rarissime espèce dans l’Hertogenwald, au bord de la Gileppe, en amont du barrage actuellement en construction. *Plagiothecium silesiacum Br. et Sch. « Hypnum Herb. be « Sur les vieilles poutres et les troncs d’arbres à Rhenastein. » *_ sylvaticum Br. et Sch. Lieux ombragés. — undulatum Br. et Sch. « Hypnum Herb. Lib. » « Bois humides en Gondoufat. — Printemps. » — Fructifié. *Amblystegium irriguum Schimp. Pierres dans les ruisseaux. *— fluviatile Schimp. « Æypnum Herb. Lib. » Même indication. Hypnum stellatum Schreb, « Hypnum protensum Brid. Herb. Lib. » « Dans les tourbières sous la Falisse. — uncinatum Hdw. « Lieux ombragés. — Été. » — Fructifié. *_ revolvens Sw. « Hypnum aduncum var. revolvens Herb. Lib. » « Prés, le long des ruisseaux. » *_— pratense Koch « Æypnum cupressiforme Herb, Lib. » « Sur la terre le long des ruisseaux. » — crista-castrensis L. « Ad terram saxaque in sylvaticis humidis. — Autumno. » Très-abon- dant et chargé d’urnes ! — palustre L. « Rochers le long de la Warge. » (15) *fypnum giganteum Schimp. « Hypnum cordifolium Herb. Lib. » « Dans les marais en Martyr. » — Fructifié. * Andraea petrophila Ehrh. « Andraea rupestris Herb. Lib. » « In rupibus. — Æstate. » *— rupestris Schimp. « In rupibus. — Vere. » Sphagnum fimbriatum Wils. « Sphagnum palustre var. B. Herb. Lib.» « Bois huinides aux Trous Marets. » Obs. — Se trouve en mélange avec d’autres espèces moins rares. PrimiTiAE MonoGrapniaE Rosarum. — Matériaux pour servir à l'Histoire des Roses, par François Crépin. DEUXIÈME FASCICULE. VIII. — Révision pes ROSES DE L'HERBIER DE WILLDENOW. Pour élucider l'histoire des Roses, il est indispensable de consulter l'herbier de Willdenow. Grâce à la bienveil- lante intervention de MM. Garcke et Ascherson, conser- vateurs au Musée botanique de Berlin, les Roses de l'herbier de Willdenow, ainsi que toutes les autres Roses conservées dans l'Herbier royal de Berlin, m'ont été confiées pour en faire la révision. Cette précieuse com- munication m'a permis d'étudier avec le plus grand soin les Roses décrites par Willdenow. Ces Roses sont renfermées dans un carton assez volumineux. Les spécimens de chaque espèce sont réunis dans une feuille double ou chemise en papier bleu. Sur le recto du premier feuillet de chaque chemise, 1l y a, au coin gauche supérieur, un numéro d'ordre général, et au coin droit inférieur, une étiquette portant le nom et (46) la diagnose de l'espèce. Les étiquettes collées sur Îles chemises, et qui sont écrites par Willdenow, ont été découpées dans les anciennes chemises spécifiques de l’herbier, qui étaient en papier blanc. Au verso du mème premier feuillet, se trouvent fixées des étiquettes se rapportant à des échantillons attachés sur les feuilles. simples. Ces dernières sont numérotées au coin droit supérieur et portent, au coin droit inférieur, un W.; parfois accompagné de certaines indications. Les inscrip- tions faites directement sur les feuilles simples sont de l'écriture de von Schlechtendal. Ce botaniste, après la mort de Willdenow, avait été chargé de mettre en ordre l'herbier délaissé par ce dernier. Dans la révision que j'ai faite, au lieu de suivre l'ordre des numéros de l’herbier, j'ai rangé les espèces d’après leurs sections ou tribus. J'ai eu soin de trans- crire textuellement toutes les indications qui concernent les espèces et leurs échantillons. Qu'il me soit permis d'exprimer ici ma profonde recon- naissance à MM. les Administrateurs de l'Herbier royal de Berlin, qui ont bien voulu me confier les matériaux précieux, dont une partie a servi de base à cette notice. En Allemagne, pays où la science est en si grand honneur, les administrateurs des Musées scientifiques ont compris tout l'avantage que la science peut retirer du prêt des collections confiées à leur garde, et, dans cette excellente voie, ils n’ont pas été arrêtés par Îles risques que peuvent courir ces collections dans les transports à longue distance. Lorsqu'il s’agit d’un groupe difficile et nombreux en espèces, il est souvent impossible d'en aborder l'étude pendant les courts séjours faits dans les Musées étrangers, et puis il arrive fréquemment que (17) le naturaliste ne peut aller consulter les collectons en dehors de son pays. Dans ce cas, les prêts à l'extérieur sont d'autant plus précieux qu'ils donnent lieu à des observations mieux faites et plus approfondies. En effet, les objets communiqués peuvent être confrontés avec ceux faisant partie de la collection particulière du savant auquel ils sont confiés, et ils sont étudiés à l'aide d'une bibliothèque spéciale formée dans le but d'élucider les objets soumis à l'examen. Appréciant les grands avantages de ces prêts à l'extérieur, les adminis- trateurs de plusieurs institutions scientifiques de notre pays ont imité l'exemple que leur donne l'Allemagne et, dès aujourd'hui, au moyen d'inventaires soigneusement dressés, le Musée royal d'histoire naturelle de Belgique et le Jardin botanique de Bruxelles sont en mesure de communiquer une partie de leurs collections aux savants étrangers. | SECT. SYNSTYLAE, N° 9845. — Rosa moschata. (Copie de la diagnose de l’'Hortus Kewensis d’Aiton, 2, 207.) — Habitat... Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère, et au bas de laquelle on lit : «a Heyne. W. » Ce rameau florifère, qui est à fleurs semi-doubles, appar- tient bien au R. moschata Ait. Axe glabre, mais muni de quelques fines glandes; folioles à côte et à nervures secondaires un peu velues, à dents un peu glanduleuses ; réceptacle un peu glanduleux dans sa moitié inférieure. Jusqu'à ces derniers temps, la patrie du À. moschata était restée douteuse. Lindley, dans sa Monographie, cite, ( 18 ) comme patrie de cette espèce, le royaume de Tunis,d'après Desfontaines, le midi de l'Espagne, d’après Quer et l'ile de Madère, d’après Staunton ; cet auteur considère l'espèce comme véritablement indigène dans le nord de l'Afrique, où elle s'étendrait de l'Egypte à Mogador et de ce dernier point jusque dans l'ile de Madère. Seringe, dans le Prodromus, indique le royaume de Tunis comme patrie douteuse et dit que l'espèce est plutôt originaire du Népaul. Je ne découvre pas sur quoi il s’est fondé pour faire cette dernière supposition. Lindley, à propos de l'opinion exprimée par Thory sur l'origine de cette espèce, écrit : « But there is no ground for Mr Thory's assertion, that it is a native of Hindostan. Roxburgh, who describes it under the name of glandulifera in his MSS, was uncertain how it found its way into the Botanic Garden at Calcutta; but guessed it might have been introduced from China.» Trat- tinnick en parle de la façon suivante : « Hab. in Barbaria, Gallia et Hispania. Colitur in toto Oriente, et ex India orientali propagata fuisse videtur. » Tout récemment, M. K. Koch, dans sa Dendrologie, en parle dans ces termes : « Warscheinlich Persien und (?) Nordafrika, wo sie vielleicht nur verwildert wächst. » La supposition de Seringe était fondée, car cette espèce habite bien le Népaul, d'où elle parait être originaire. MM. Hooker et Thomson l'ont observée dans cette région à une altitude de 5 à 8000 pieds. Antérieurement, Wal- lich avait déjà envoyé en Europe des spécimens provenant de cette contrée. Ce qui me porte à croire que l'espèce est bien réel- lement originaire de l'Inde, c'est qu'en Perse, à l'ile de Candie, dans l'Afrique septentrionale, d'après les spéei- mens que Jai pu examiner, la fleur est plus ou moins (19) pleine, ce qui indique apparemment qu'il y a eu introduc- tion : au Népaul, la fleur est simple. Meyen a rapporté le R. moschata (fl. plen.) de la Cordillière St-Fernand du Chili. La plante croissait à 5000 pieds d'altitude. Dans l'herbier du Musée de Leyde, j'ai vu un beau spécimen du R. moschata à fleurs simples récolté dans l’une des iles Moluques : il est probable que la plante y a été introduite. Miquel (Annales Musei Botanici Lugduno-Batavi, t. I, p. 59) signale le R. moschata au Japon, mais le D' Sava- tier ne l'y a Jamais observé et jusqu'ici je n’en ai pas vu d'exemplaires dans les herbiers que j'ai consultés. Lindley et après lui plusieurs auteurs de mérite ont cru que le R. Brunonii Lindl. était une forme spécifiquement distincte du R. moschata ; or l'étude approfondie que j'ai faite de nombreux échantillons de ces deux prétendues espèces ma démontré, d'une facon incontestable, que ce ne sont que deuxsimples variétés du même type, se reliant insensiblement par des formes intermédiaires. Le R. Bru- nonii est simplement une variété glanduleuse du R. mo- schata. Plus tard, dans un travail spécial sur les Roses de l'Asie, je m'étendrai longuement sur ces deux formes. Le R. Brunont est originaire du Népaul, ce qui vient confirmer l'opinion exprimée précédemment au sujet de la patrie du À. moschala. N° 9869. — Rosa sempervirens. (Copie de la diagnose de l’Hortus Kewensis d’Aiton, 2, 205.) — Habitat in Germania. Au verso du premier feuillet de la chemise, se trouve l'étiquette suivante : « Hunneman. W. » Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Réceptacle florifère ovoide-arrondi; colonne stylique velue. ( 20 ) Fol. 2). Un rameau fructifère. — Réceptacle fruc- tifère petit et globuleux ; colonne stylique velue. Ces deux spécimens appartiennent à la forme du R. sempervirens L. que M. Déséglise décrit sous le nom de R. scandens Mill. N° 9861. — Rosa repens germinibus oblongis glabris, pedunculis glandulosis, caule repente petiolisque acu- leatis. — Habitat in Austria. Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère et un long fragment de tige muni de deux ramuseules florifères. — Ces deux spécimens appartiennent à la forme du R. arvensis Huds. que l’on désigne sous le nom de R. repens Scop. Au milieu de la feuille, il y a un ramuscule qui appartient au petit groupe des Sepiaceae et qui parait voisin du R. Jordani. Au bas de la feuille, sont fixées deux étiquettes écrites par Kitaibel. L'un d'elles porte : « 171. Rosa an $em- pervirens ? Rami longissimi, ad 2 et amplius orgyas extensi, in terram decumbentes et radicantes, subinermes. — În fruticetis Hungariäe, Slavoniae, Banatus, sub finem majo. » L'autre étiquette porte : « III 59 Rosa (repens), campestris alba. C. Bauhin Pin., p. 484, n° 18. Scop. Carn. 2 n° 610. Ich schicke diese Art unter n° 171 mit den Frage : an sempervirens ? Sie antworteten : is von die R. collina. » L'échantillon de Sepiaceae se trouve évidemment égaré sur cette feuille. Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient au R. repens Scop. Fol. 5). Trois rameaux florifères, accompagnés d’une (21) étiquette écrite probablement par Wibel et portant Rosa serpens fl. Werth. — Ces trois spécimens appar- tiennent encore au R. repens Scop. N° 9860. — Rosa arvensis germinibus globosis peduncu- hisque glabris, caule petiolisque aculeatis, floribus cymo- sis. Lin. Syst., ed R., 2, p. 526. — Habitat in Anglia, Scania, Dania, Germania. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Roth. W. » Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Ce spécimen est trop incomplet pour bien juger de la forme du R. arvensis à laquelle il appartient. Fol. 2). Un rameau florifère. — C'est une forme de la section des Caninae, trib. Biserratae et voisine du R. oblonga Ripart. Fol. 5). Un rameau florifère accompagné d'un récep- tacle fructifère. — C'est une forme de la section des Ca- ninae, trib. Biserratae et voisine du À. oblonga Rip. Fol. 4). Un rameau fructifère. — C'est une forme de la section des Caninae, trib. Biserratae et qui peut être rapportée au R. viridicata Puget. Fol. 5). Un rameau fructitère avec réceptacles encore verts. — Ce spécimen est accompagné d'une étiquette de Schultz ainsi conçue : « Rosa sylvestris Schrank? — In dumet. ad vias public. Flor. Starg. » — C'est une forme de la section des Caninae, trib. Pubescentes et voisine du R. pyriformis Déségl. (22) N° 9831. — Rosa tuguriorum germinibus subrotundis glabris, pedunculis hispidis, calycibus pilosis, petiolis villosis aculeatis, caule aculeis sparsis. — Hab.……. Ce numéro est représenté par une feuille simple portant un ramuscule florifère. Sprengel et Steudel rapportent cette espèce de Willdenow au R. arvensis. M. K. Koch la rapporte au R. repens. Elle me parait être une hybride (R. arvensis X gallica?). Voici la description que j'ai faite sur le spécimen pré- cité, sur un second spécimen qui se trouve attaché sur la première feuille du R. cinnamomea N° 9819, et enfin sur deux autres, N° 9837, fol. 1 et 2. R. tuguriorum Willd. — Pas d’aiguillons erochus. Ramuscules flori- fères à entrenœud supérieur chargé de très-petits aiguillons assez peu nombreux. Folioles rappelant celles du À. arvensis, glabres en dessus, à nervures velues, portant quelques rares poils sur le parenchyme, à dents accompagnées d’un ou deux denticules glanduleux accessoires. Pétioles pubescents-glanduleux, inermes. Stipules à oreillettes très- divergentes. Fleurs réunies par trois, longuement pédicellées. Pédi- celles longs de 15 à 25 mill., modérément hispides-glanduleux. Récep- tacle florifère obovoïde, court, lisse. Sépales assez courts, à pointe courte, les trois extérieurs pourvus de pinnules assez nombreuses. Corolle petite, à pétales paraissant avoir été d’un rouge assez foncé, nombreux et rendant la fleur presque pleine et sans étamines. Styles saillants, non réunis en colonne, fortement velus. SECT. INDICAE. Sous le nom d'Indicae, j'ai réuni, dans l'Herbier royal de Berlin, les diverses formes qu'on a nommées R. indica, R. semperflorens, R. diversifolia, R. longifolia, R. chi- nensis, R. Lawranceana, ete. Selon moi, ces Roses méritent de constituer une section spéciale. Celle-er, (25) caractérisée par des styles plus ou moins saillants, par des stipules toutes étroites, par le mode d'inflorescence, a sa place marquée à côté de la section des Synstylae. — Trattinnick avait déjà établi cette section sous le nom de Smithiana, mais il y avait introduit une espèce qui ne peut en faire partie, le R. sinica. La section des Indicae est composée de formes dont la délimitation spécifique est encore très-obseure, ce qui est dü à ce qu'elles ont été toutes primitivement décrites sur des plantes cultivées et plus ou moins profondément modifiées par une longue culture, non-seulement dans les jardins d'Europe, mais dans ceux de la Chine et du Japon. N° 9833. — Rosa indica germinibus ovatis peduncu- lisque glabris, caule subinermi, petiolis aculeatis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 551. — Habitat in China. Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Ne se rapporte aucu- nement à la diagnose de Linné reproduite par Willdenow. Il doit appartenir à la même forme que le À. ndica humilis publié par Seringe dans ses Roses desséchees, n° 99, seulement les folioles sont un peu plus grandes. Rameau ne présentant qu'un petit aiguillon ; ramuseule inerme ; folioles tout à fait glabres, à dents accompagnées d'une glande ; deux fleurs, la médiane à pédicelle muni de 5 ou 4 fines glandes; réceptacle florifère ovoïde- allongé, lisse. Les pétales sont aigus comme dans la planche 1762 du Botanical Magazine, ce qui rapproche cette forme du R. Lawranceana Sweet. Fol. 2). Un rameau muni d'un ramuscule folifère. — Appartient au R. sinica Murr. (R. laevigata Mx, R. hystrix Lindl.). (24) N° 98371. — Rosa semperflorens germinibus oblongis pedunculisque hispidis, caule petiolisque aculeato-his- pidis, foliis subternalis. — Rosa semPerrLorens caule aculeato, foliis subternis, pedunculisque subunifloris aculeato-hispidis, calycis laciniis integris. Curt. Mag., 8, t. 284. — Habitat in China. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Eyserbeck. W. » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Trois ramuseules florifères. — Appartiennent au R. semperflorens Curt. Folioles ternées (dans l’un des ramuseules, les deux feuilles supérieures sont uni- foliolées), ovales, brièvement aiguës, glabres en dessus, à côte un peu velue en dessous, à dents assez souvent accompagnées d'un denticule glanduleux ; pétioles velus, un peu glanduleux, aiguillonnés; fleurs semi-doubles, solitaires; pédicelles longs (40-45 mill.), chargés de glandes très-fines et peu nombreuses ; sépales entiers. Fol. 2). Un rameau florifère à deux ramuscules flori- fères et accompagné d’une feuille détachée à 5 folioles. — Îl est possible qu'il appartienne au R. semperflorens, mais ce n'est pas la même forme que la précédente. Folioles plus amples, longuement aiguës, à côte glabre ; pétioles seulement un peu pubescents dans le sillon; fleurs plus doublées ; pédicelles plus épais, paraissant lisses; réceptacle plus gros, ovoïde; sépales extérieurs pinnulés; styles glabres dans toute leur partie exserte. Cette forme pourrait bien appartenir au R. indica décrit par Lindley. Fol. 5). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. nitida Willd.! (35 ) N° 9872. — Rosa longifolia germinibus oblongis glabris, pedunculis qglanduloso-subaculeatis, caule subinermi, petiolis aculeatis, foliolis glabris ovatis acuminatis. — Habitat in India. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les deux étiquettes suivantes : « Wendland. W.» — «Rosa indica. (W.) » Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Deux rameaux florifères, accompagnés de l'étiquette suivante : « Rosa longifolia Willd. var. florib. atro-rubris Red Hills Nombr. 25,99 M° Calls Garden (Klein). » Au bas de la feuille, on lit: « Klein. End. 1796. W. » Folioles ternées ou quinées selon leur point d'insertion ou la vigueur des ramuscules, parfaitement glabres sur les deux faces, ovales, lancéolées, acuminées, toujours plus d’une fois plus longues que larges, assez souvent une fois et demie à deux fois plus longues que larges, atténuées-arrondies à la base ou mème assez sensiblement atténuées, ordinairement longuement aiguës-acuminées , à dents larges, peu profondes, superficielles, simples, ou parfois accompagnées d'un denticule accessoire ; pétioles glabres, églanduleux, presque toujours inermes, rarement munis d'un petit aiguillon ; stipules étroites, ciliées-glan- duleuses, à oreillettes petites et divergentes ; bractée inférieure étroite, terminée par une pointe largement foliacée ; pédicelles longs (40-55 mill.), chargés de glandes fines et modérément nombreuses, les latéraux munis à la base de deux petites bractées alternes; récep- tacle florifère ellipsoïde-allongé, lisse ; sépales extérieurs un peu pinnulés, à pointe assez large, denticulée; disque conique et saillant; styles glabres, assez longuement sail- (26 ) lants, plus ou moins divergents et égalant presque les étamines. — Sur ces deux rameaux, il n’y a pas d’aiguil- lons. Fol. 2). Un rameau florifère , accompagné d’une éti- quette de Roxburgh portant: « China Rose. » — Me parait devoir se rapporter parfaitement au R. longifolia Willd. Je pourrais m'étendre en de très-longues remarques sur la synonymie des formes de cette section, sur la valeur des diverses formes au point de vue spécifique, mais com- me je ne possède pas encore les éléments suffisants pour élucider ce groupe extrêmement obseur, je préfère passer sous silence les nombreuses observations que j'ai déjà faites sur les Zndicae. SECT. PIMPINELLIFOLIAE. N° 9826. — Rosa pimpinellifolia germinibus globosis pedunculisque qlabris, caule aculeis sparsis rectis, petiolis glabris, foliolis obtusis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 26. — Habitat forte in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Bouché. W.» Ce numéro est représenté par quatre feuilles simples. Fol:1)7 Un rameau ‘florifère: ——: Ce spécimen me parait appartenir au À. spinosissima L. (ped. et recept. glabr.) cultivé. A l’aisselle de la feuille supérieure des deux ramuseules florifères et à côté du pédicelle terminal, se trouve un long pédicelle latéral muni de deux bractées. Fol. 2). Un rameau florifère. — Apparüent au vrai R. spinosissima (ped. et recept. glabr.). Fol. 5). Deux rameaux après floraison. — Appartien- nent également au R. spinosissima (ped. et recept. glabr.). (27) Fol. 4). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette suivante : « Rosa pimpinellifolia fl... Caucas. » — Appartient encore au R. spinosissima et c'est probable- ment la forme que Marschall von Bieberstein appelle R. pimpinellifolia. Les pédicelles sont hispides-glanduleux dans toute leur longueur ou seulement dans leur moitié inférieure; les réceptacles sont lisses, ainsi que les sépales; les styles sont entièrement velus. N° 9825. — Rosa spinosissima germinibus globosis glabris, pedunculis hispidis, caule petiolisque aculea- hissimis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 526. — Habitat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: € In Thuringia lect. W. » = Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Deux rameaux florifères. — Appartiennent au R. spinosissima. Pédicelles munis de quelques rares soies glanduleuses ; folioles assez grandes, ovales-suborbiculai- res ; styles hérissés-velus. Fol. 2). Un petit ramuscule florifère. — N’appartient pas, je pense, aux Pimpinellifoliae. Axe raméaire chargé de nombreux aiguillons sétacés, très-fins et longs. devenant plus délicats sur le ramuscule; folioles rappelant celles des Alpinae, mais plus petites. à dents composées-glandu- leuses, glabres sur les deux faces, à côte un peu glandu- leuse ; pétioles glabres, glanduleux ; stipules à oreillettes plus larges que dans les Pimpinellifoliae ; pédicelles soli- taires, un peu hispides-glanduleux; réceptacle ovoide- arrondi; sépales entiers, les extérieurs à pointe assez longue, foliacée, denticulée-glanduleuse; styles velus. Fol. 5). Deux rameaux florifères. — Appartiennent typiquement au À. spinosissima. L'un des rameaux a les (28 ) pédicelles lisses ou munis de quelques rares glandes ; les styles sont presque glabres, avec quelques rares poils visibles ; les pétioles sont glabres et presque églanduleux. L'autre rameau a les pédicelles hispides-glanduleux, les styles velus, les pétioles pubérulents et un peu glandu- leux, les folioles très-petites. N° 9822. — Rosa altaica germinibus globosis peduncu- lisque glabris, caule hispido-aculeato, petiolis parce hispidis. — Habitat in Sibiria. Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Au bas de la feuille, on lit: « Hort. bot. Berol. W. » — Cette forme ne pré- sente rien de distinctif, même pour en faire une simple variété ; elle appartient au type du R. spinosissima. Sur ce rameau, 11 existe trois fleurs, dont l’une a le pédicelle hispide-glanduleux et les deux autres, le pédonceule lisse. Fol. 2). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette suivante : « Rosa pimpinellifolia Pall. fl. ross. — Educavi ex seminibus auctoris. Accedit proprius ad R. spinosissi- mam. Mihi videtur sp. nov. Frutex plus quam sexpe- dalis. Corolla aiba. » Cette étiquette est de Pott. Le spécimen présente quelque chose de particulier dans le facies, sans cependant offrir de différences essentielles qui le distinguent du R. spinosissima. Les folioles ne sont pas « subrotundo-elliptieis, » comme le dit Willdenow (Enum.), mais ovales, assez allongées et assez souvent sensiblement atténuées à la base. Dans le rameau fixé sur la première feuille, les folioles peuvent être dites « subro- tundo-ellipticis » et sont arrondies à la base. A en juger d'après ce qui précède, le R. altaica Willd. ne serait au fond qu'un simple synonyme du À. spino- sissima. (29) N° 9854. — Rosa reversa germinibus oblongis peduncu- lisque hispidis, foliis glabris, aculeis caulinis reversis. — Habitat in Hungaria. Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant un ramuseule florifère, et au bas de laquelle, on lit: « Hort. bot. Berol. W.» Cet échantillon provient probablement d’un semis du type de Waldstein et Kitaibel. Par ses caractères, il répond bien à la description et à la figure que ces derniers auteurs ont données de leur R. reversa. Willdenow déerit les fo- lioles comme étant glabres, mais elles ont la côte-et les nervures secondaires velues. Les dents foliaires ne sont pas très-composées-glanduleuses : chaque dent n'étant accompagnée ordinairement que de 1 ou 2 denticules accessoires et même certaines dents sont simples. Sur le ramuseule, il y a deux fleurs réunies au sommet de l’axe. N° 9867. — Rosa glandualosa trermis, foliolis lanceo- latis, germinibus ovatis pedunculisque hispidis. Bell. App., 24. — Habitat in Gallia, Italia. Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant un spécimen accompagné d’une étiquette de Bellardi ainsi conçue : « Rosa glandulosa Nob. Append. » Comme le R. glandulosa de Bellardi est une forme liti- gieuse, dans laquelle beaucoup d'auteurs ont voulu voir une espèce de la section des Montanae et pour laquelle on prend fréquemment le vrai R. montana de Chaix, je crois bien faire en donnant la description détaillée du rameau authentique conservé dans l’herbier de Will- denow. | Rosa glandulosa Bell. — Aiguiilons et soies nuls. Ecorce paraissant avoir été violacée, ainsi que les stipules et les bractées. Folioles par- 4 ( 50 ) faitement glabres, à côte un peu glanduleuse, ovales-elliptiques, les inférieures subobtuses, les supérieures brièvement aiguës, arrondies ou arrondies un peu atténuées à la base, sessiles, à dents irrégulière- ment composées-glanduleuses, les unes simples, les autres accom- pagnées de 1-5 denticules accessoires. Pétioles glabres, un peu glanduleux, inermes ou munis de quelques rares et très-fins aiguillons. Stipules rappelant plutôt celles des A/pinae que celles des Pimpinelli- foliae, à bords glanduleux. Pédicelle solitaire, muni à la base d’une feuille ou d’une bractée unifoliolée, dressé, roide, hispide-glanduleux. Réceptacle florifère ovoïde, hispide-glanduleux. Sépales hispides- glanduleux, un des extérieurs munis d’une pinnule à la base, les autres entiers. Styles velus. Cette forme semble être une hybride (R. alpina X spinosissima), mais en présence de ce spécimen assez incomplet et de l’extrème variabilité du R. alpina, je n'ose affirmer que la plante décrite par Bellardi soit spécifique- ment distincte du R. alpina, ou soit un produit hybride. Dans la plupart des formes du R. alpina, formes que l'on à élevées au rang d'espèce, les folioles sont ordinaire- ment plus d’une fois plus iongues que larges, plus atté- nuées à la base, plus longuement aiguës et à dents très- composées-glanduleuses. Ce que l’on constate dans l'herbier de Willdenow au sujet du À. glandulosa de Bellardi vient, en quelque sorte, confirmer ce qu'avance M. Grenier, au sujet de cette for- me, quil réunit au R. alpina. Ce dernier auteur (F1. Jur., p. 229) se base, pour réunir le R. glandulosa au R. alpina, sur ce que Bertoloni et M. Rapin ont vu des échantillons authentiques du type de Bellardi dans lesquels ils ont reconnu le R. alpina. Que le R. glandulosa soit une hybride des R. alpina et R. spinosissima, ou une simple forme du R. alpina, il est incontestable qu'il est tout à fait différent de l'espèce que MM. Déséglise, Puget (51) et autres désignent sous le nom de À. glandulosa et qui est le R. montana de Chaix ! Le R. montana Chaix à été l'objet d’une longue obser- vation synonymique et phytographique dans un opuscule intitulé : Herborisations à Salève, par le Dr. Ch. Fauco- net; in-8°, Genève, 1867. N° 9848. — Rosa suavis. L'étiquette fixée sur le recto du premier feuillet de la chemise n'est pas de l'écriture de Willdenow et ne porte pas de diagnose ; mais sur la feuille simple, qui représente ce numéro et sur laquelle est fixé un ramuscule florifère, se trouve une étiquette écrite, je pense, par Willdenow et portant : « Rosa suavis. » Voici comment le À. suavis est caractérisé dans le sup- plément de l'Enumeratio plantarum horti regii botanici Berolinensis de Willdenow, p. 57 : R. germinibus oblon- gis glabris, pedunculis petiolisque glandulosis hispidis, foliis glabris subtus glaucescentibus, caule hispido. — Petala saturate purpurea, brevissime biloba. M. K. Koch, dans sa Dendrologie, rapporte le R. suavis Willd. au R. reversa W. et K. En se basant sur l’échan- ullon représentant le n° 9845, on est porté à admettre cette identification ; cependant, dans cet échantillon, les folioles sont une fois plus petites que dans le spécimen du À. reversa n° 9854, à côte seule un peu velue et glanduleuse. Dans ce mème échantillon n° 9848, le pédicelle mesure 25 mill. et est modérément hispide- glanduleux; le réceptacle florifère est ovoïde, contracté au sommet, lisse et non hispide. Dans l'herbier de Link, n° 208, se trouve un ramuscule en boutons du R. suavis, récolté dans le Jardin botanique (52) de Berlin, identique avec le spécimen du n° 9848 de l'herbier de Willdenow. Dans l'herbier de Kunth, n° 162, la même espèce, récoltée en 1806 dans le même Jardin botanique, est représentée par un rameau florifère et qui semble appar- tenir à la même forme que les deux spécimens précédents ; toutefois le réceptacle florifère est un peu plus arrondi et les pédicelles mesurent de 10 à 16 mill. Les folioles, dans ces divers échantillons du R. suavis, sont plus petites que dans le À. reversa et rappellent plus celles des Pimpinellifoliae. Wallroth, qui a examiné les Roses de l'herbier de Willdenow, a mis, sur la feuille simple du n° 9848, une étiquette portant: « Comparando cum KR. marginata Herb. n° 9824 quae eadem ! » N° 9824. — Rosa marginata germinibus globosis pedun- culisque glanduloso-hispidis, caule petiolisque hispi- dis. — Habitat... Ce numéro est représenté par une seule feuille simple, portant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on hit: « Hort. bot. Berol. W.» Ce R. marginata, qui n’a pas été publié, est rapporté par Wallroth (in Herb. Willd.) à son R. suavis « dolosa Hist.; 198: Il est bien possible que cet auteur ait eu raison en faisant cette assimilation. Ce n° 9824 offre à peu près le même genre de folioles que le n° 9854 (R. reversa), à côte glanduleuse, peu ou point velue ; il a les stipules larges comme dans le R. alpina ; les deux fleurs réunies au sommet du ramuscule ont des pédicelles longs de 18 à 20 mill., l'un d’eux étant accompagné d’une bractée ; ( 55 le réceptacle florifère est obovoïde-arrondi, assez gros et lisse ; les sépales extérieurs sont terminés par une pointe un peu foliacée. Dans ce R. marginata et les échantilions du R. suavis, dont j'ai parlé, les axes sont finement hispides. Il me parait que les R. reversa, R. suavis et R. mar- ginata Willd. Herb. n° 9824 non Wallr. sont des formes très-aflines et probablement des produits du croisement des R. spinosissima et R. alpina. Le R. marginata Wallr., qui parait être une hybride d'une Canine et de l’une ou l’autre forme du R. gallica, est tout à fait différent du R. marginata de Willdenow. SECT. ALPINAE. N° 9850. — Rosa alpina germinibus ovatis glabris, pedunculis petiolisque hispidis, caule inermi. Lin. Syst.,ed. R., 2,p. 529. — Habitat in alpibus Helvetiae. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: « Lutz W. » Ce numéro est représenté par quatre feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. — C'est une forme du R. alpina. Folioles moyennes glabres en dessous, à côte seule un peu glanduleuse; réceptacle florifère allongé et lisse. Fol. 2). Un rameau florifère. — C’est une forme du R. alpina. Folioles grandes, plus ovales, moins allongées, glabres en dessous, à côte seule un peu glanduleuse, à dents plus grandes. Fol. 5). Un ramuscule florifère, ne d'une petite étiquette de Willdenow portant: « R. fraxinea. » — Cest une forme du R. alpina. Folioles moyennes (54) glabres en dessous, à côte et à nervures secondaires glanduleuses ; stipules inférieures glanduleuses en des- sous ; pétioles plus glanduleux que dans les deux spécimens précédents. Ce ramuscule, fixé sur la 5° feuille simple, se rapporte- t-il bien au R. fraxinea tel qu'il est caractérisé dans le supplément de l'Enumeratio de Willdenow, p. 57 (R. germinibus ellipticis glabris, pedunculis glanduloso- hispidis, petiolis subaculeatis glanduloso-hispidis, foliis glabris, caule aculeis sparsis. — Petala obcordata, satu- rate rubra.) ? A part l'absence d’aiguillons, la diagnose du R. fraxinea peut s'appliquer à ce spécimen, mais, d’un autre côté, cette même diagnose peut s’appliquer en partie aux échantillons du même herbier renfermés dans la chemise n° 9818 (R. blanda) et qui appartiennent au R. fraxinifolia Gmel. Je reviendrai sur le R. fraxinea en examinant le n° 9818. Fol. 4). Un rameau florifère, accompagné d'une petite étiquette de Willdenow portant : « Rosa lagenaria ? » — C’est une forme du R. alpina. Réceptacle florifère ovoide, non contracté au sommet, plus court que dans les spéei- mens précédents; pédicelles plus courts; folioles de grandeur moyenne, glabres en dessous ou à côte un peu velue ; côte et un certain nombre de nervures secondaires glanduleuses ; stipules inférieures un peu glanduleuses en dessous ; pétioles assez abondamment glanduleux. (55) N° 98512. — Rosa pyremaica germinibus ovatis peduncu- lisque hispidis coloratis, petiolis hispido-aculealis, calycibus omnino foliosis. Gouun Illustr., p. 51, tab. 49. Rosa mispina Krockeri. — Habitat in Gallia, Silesia. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: « Starcke. W. » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Aiguillons nuls; folioles grandes, allongées, munies de quelques poils en dessus, un peu velues en dessous sur toute la sur- face, non glanduleuses ; pétioles glanduleux, inermes, avec quelques longs poils en dessus; stipules abondam- ment ciliées-glanduleuses ; réceptacle florifère obovoïde- arrondi, abondamment hispide-glanduleux. Fol. 2). Un ramuscule en boutons. — Aiguillons nuls; folioles moyennes un peu pubescentes en dessus, très-peu velues en dessous sur toute la surface; pétioles un peu velus en dessus, munis de quelques rares glandes, inermes ; réceptacle florifère hispide-glanduleux. Fol. 5). Un ramuseule très-incomplet, accompagné d'une étiquette de Kitaibel ainsi conçue : « Rosa an alpina ? vix dubitarem, si germina cessent glabra, licet in sylvis Matrae crescal quae a climate alpino longe distant. Inilio mai lecta, ab flore nondum expliciti exeunt. Pedunculi non casu sed ex natura recurvi sunt. » C’est évidemment une forme du À. alpina, mais l'échantillon est trop incomplet pour déterminer exactement la forme. Folioles à côte et à ner- vures secondaires un peu velues. Ce sont là trois formes différentes qui peuvent, à la rigueur, être rapportées à ce que l'on désigne fréquem- (56) mentsous le nom de R. pyrenaica. Dans le type de Gouan, qui n'est du reste pas spécifiquement distinct du R. alpina L., les axes sont un peu aiguillonnés. N° 9852. — Rosa pendulina înermis, germinibus oblon- gis, pedunculis petiolisque hispidis, caule ramisque glabris, fructibus pendulis. Ait. Kew., 2, p. 205. — Habitat in America borealr. Ce numéro et représenté par une feuille simple, por- tant un grand rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit: « Sello. W. » Ce spécimen provient probablement d'un pied cultivé. Folioles de dimensions moyennes, à 5 ou 4 paires par feuille, glabres, à côte un peu glanduleuse, à nervures secondaires parfois un peu glanduleuses ; pétioles glabres, modérément glanduleux, inermes; stipules inférieures glanduleuses en dessous; pédicelles assez longs, se re- courbant fortement après l'anthèse , lisses ; réceptacle florifère ovoide-allongé, modérément hispide-glanduleux, plus rarement lisse; styles velus. Il est plus que douteux que cette plante, qui n'est qu’une forme du R. alpina, soit d'origine américaine. N° 9849. — Rosa lagenaria germinibus obovatis glabros peliolis pedunculisque hispidis, caule inermi. — Habitat in Gallia, Helvetia. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un ramuscule fructifère, et au bas de laquelle, on lit: « Schleicher W. » Folioles glabres sur les deux faces, à côte glanduleuse ; pétioles assez abondamment glanduleux, inermes ; récep- tacle (encore vert) obovoïde, non étranglé au sommet, presque entièrement lisse, un peu hispide à l'extrême (57) base ; styles très-velus. C’est une forme du R. alpina qui ne peut être rapportée au À. lagenaria de Villars. Du reste celui-ci n’est pas spécifiquement distinet du R. alpina. SECT. GALLICANAE. N° 9840. — Rosa gallica germinibus ovalis peduncu- lisque hispidis, caule petiolisque hispido-aculeatis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 529. — Habitat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: « Passim in hortis. » | Ce numéro est représenté par einq feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Parait être Île R. gallica tel qu’on l'entend ordinairement, mais Je n'ose- rais me prononcer. Réceptale florifère ovoide-allongé ; folioles grandes, ovales-arrondies. Fol. 2et 5). Deux ramuscules florifères appartenant à la même forme. — Le réceptacle est ovoïde et ne diffère pas de celui de l'échantillon de la 5° feuille du R. provincia- lis n° 9857 ; mais, dans celui-ci, les folioles ont une autre forme. Les fleurs paraissent être simples ; les folioles sont grandes, ovales-arrondies. Ces deux spécimens rappellent assez le Rosa cultivé au Jardin botanique d'Angers que M. Boreau désigne sous le nom de R. provincialis. Fol. 4). Un ramuscule florifère. — Je n'ose me pro- noncer sur cette forme. Réceptacle ovoïde, assez atténué à la base ; fleurssemi-doubles ; folioles épaisses et coriaces. Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné d’une étiquette de Wibel ainsi conçue : « Rosa gallica FI. Werth. » — Parait devoir être rapporté au R. pumila. I] ressemble beaucoup au R. pumila Wibel, n° 9859, fol. 5, ci-après, seulement ses folioles sont plus larges. (58 ) N° 9859. — Rosa pusmila germinibus ovatis, pedun- culis hispidis, petiolis cauleque aculeatis, foliis subtus glaucis serraturis glandulosis, fructibus pyriformibus. Aiton Kewens., 2, p. 206. — Habitat in Austria, Italia. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: « Schmidt. Pragae. W. » Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère, à. côté duquel Wallroth a écrit: «R. alpina ! Cf. Hist. mea. » — Appartient au R. alpina L. Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Parait appartenir au R.pumila, mais il est trop incomplet pour pouvoir garantir l'assimilation. Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné de léti- quette suivante de Wibel: Rosa pumila Fl. Werth. in apricis. » — Comme je l'ai dit ci-dessus, cette forme ressemble beaucoup au R. gallica Wibel, dont il est ques- tion à la 5° feuille du n° 9840, et l’un et l’autre pourraient bien appartenir au même type; cependant, dans le À. gal- lica, le spécimen semble être un rameau détaché, rameau chargé d’aiguillons sétacés nombreux droits ou un peu arqués, tandis que le spécimen du R. pumila parait être une tige, dont l'axe est plus grèle, inerme inférieurement, et chargé de très-fins aiguillons sétacés droits dans Île haut. Dans l’un et l’autre, les réceptacles paraissent être semblables, et les fleurs sont solitaires. Fol. 4). Un rameau florifère , accompagné de l'éti- quette suivante de Wibel : « Rosa pumila F. W. variet. sylvestris. » La destruction des styles dans ce spécimen m'empèche de bien juger de cette forme, qui parait être bien voisine du R. virescens Déségl. ( 59) Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné de l'éti- quette suivante de Wibel : « Rosa pumila deflorata. » — C'est la même forme que le R. pumila Wibel, fol. 5 ; seulement les deux entrenœuds supérieurs ont des aiguil- lons sétacés assez nombreux comme ceux du R. gallica Wibel. N° 9837. — Rosa provincialis germinibus subrotundis pedunculis petiolisque hispidis, aculeis ramorum spar- sis reclis subreflexis, foliolis ovatis subtus villosis, ser- raturis glandulosis. Aiton Kewens., 2, p. 264.— Habi- tatin Hispania, Italia. | Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : € KHrausse. W. » Ce numéro est représenté par dix feuilles simples. Fol. 1 et 2). Deux ramuseules florifères appartenant à la même forme. Sur la première feuille, Wallroth a écrit: « R. Chamaerhodon Ÿ pomponia Hist. 283 » et sur la seconde: « Eadem cum antecedente Cf. H. » Ces deux spécimens appartiennent au À. tuguriorum Willd. Chez eux la glandulosité est plus marquée que dans le R. tugquriorum n° 9851 ; les dents foliaires sont souvent accompagnées de deux glandes ; les pédicelles sont plus glanduleux ; les styles mesurent 2 1/2 mill. au-dessus du disque. Fol. 5). Un rameau florifère, à côté duquel Wallroth a écrit: « R. Chamaerhodon var. caucasica monstrum muscorum Hist. 280. » — Je ne puis me prononcer sur cette forme, dont le facies ne rappelle aucunement les Gallicanae. Styles exserts et velus; ramuscules chargés de nombreuses glandes mélées avec de fines soies ; pédi- celles extrêmement glanduleux ; folioles étroites, ovales- 400)". elliptiques , acuminées, à dents três-composées-glandu- leuses ; stipules à ailes très-étroites, à oreillettes longues, étroites, cuspidées, divergentes. C’est probablement une hybride. Fol. 4). Un ramuseule florifère, à côté duquel Wallroth a écrit: € R. Chamaerhodon v. gallicae var. à quae se- quenta. » — C'est une Gallicane. Folioles ovales, assez allongées, non larges et arrondies comme dans le R. pro- vincialis cultivé au Jardin botanique d'Angers. Le récep- tacle peut être dit ovoïde. Fol. 5). Un ramuscule florifère. — Réceptacle ovoide ; un ou deux pétales supplémentaires. C'est la même forme ou à peu près que la précédente et toutes deux peuvent à la rigueur être rapportées au R. gallica tel qu'on l'entend ordinairement. | Fol. 6). Un ramuscule florifère portant sept fleurs doubles. — Pourrait bien appartenir au R. centifolia L. Fol. 7). Un ramuscule florifère portant douze fleurs doubles, et à côté duquel Wallroth a écrit: « R. Cha- maerhodon Ÿ damascena belgica Hist. 285. » Pourrait bien avoir quelques rapports avec le R. damascena. Le réceptable est campanulé. Fol. 8). Un ramuscule florifère, accompagné de l'éti- quette suivante : « Rosa suaveolens Oed. B.» Wallroth a écrit à côté : CR. Chamaerhodon austriaca 6 humilis H. p. 260. » — Pourrait bien être une forme du R. pumila. Fol. 9). Un ramuscule florifère, accompagné de léti- quette suivante écrite par Pott: « Rosa holosericea Mill. Folia paulo rotundiora, et calycinis magis pinnatifidis quam in R. provinciali. — Hort. » Wallroth a écrit à côté du spécimen : « Conf. Hist. 26% est. tristis atro- purpurea. » Fleurs un peu doublées, paraissant avoir été (M) d’une teinte très-foncée ; folioles assez grandes, ovales- arrondies ; réceptacle florifère ovoide un peu arrondi. Me parait être à peu près la même forme que le À. pro- vincialis cultivé au Jardin botanique d'Angers ; seulement les folioles sont un peu pubescentes en dessous sur toute la surface. Fol. 10). Un ramuseule florifère. — Appartient pro- bablement au R. gallica ; le réceptacle florifère est ovoïde. D'après ce qui précède, on voit quel mélange de formes hétérogènes sont réunies sous le nom de À. provinciales. Il est probable que Wildenow n’avait pas une idée bien nette de son R. provincialis, pas plus que de ses R. gallica et R. pumila. I est du reste fort difficile de s'entendre sur les diverses formes qui constituent une partie de la section des Gallicanae, à cause de leur extrême polymor- phie. Il me parait vraisemblable que toutes les formes désignées sous les noms de pumila, austriaca, Czackiana , provincialis, incarnata, eminens, mirabilis, cordifolia, decipiens, etce., ne sont que des variétés du R. gallica L., dont la forme spontanée la plus répandue est le À. pumila L. fil. N° 9857. — Rosa adenophylla germinibus ovatis caly- cibus pedunculisque glandulosis, ramis aculeatis, foliolis subtus glauciformibus, simpliciter serratis, margine glandulosis. — Habitat... Ce numéro est représenté par une feuille simple portant un rameau florifère. D'après les cicatrices laissées à la base du seul pédicelle qui termine le ramuseule, il est probable que cette forme présente parfois des fleurs en corymbe pauciflore. Sépales glanduleux sur le dos, peu pinnulés; corolle peut-être jt 22 Va MR EE, À PA \ ts: La Ÿ ST js & # (42) simple, à grands pétales ; stipules à ailes courtes et très- étroites; folioles épaisses, arrondies et comme un peu cordées à la base, glabres en dessus, glaucescentes en dessous, à côte et nervures secondaires saillantes en réseau, velues et avec quelques poils sur le parenchyme, à dents abondamment glanduleuses comme dans les R. gallica et très-souvent accompagnées d’un denticule accessoire ; axe du ramuscule chargé de quelques petits aiguillons sétacés. L'axe de la branche sur laquelle est inséré ce ramuscule est marqué de nombreuses cicatrices d’aiguillons, qui ont dü être petits et fins. Cette espèce parait être une Gallicane à folioles petites et probablement produites dans les cultures. N° 9870. — Rosa parvifolia germinibus ovatis nudius- culis, pedunculis glandulosis, petiolis cauleque te- nuissime aculeatis, foliis subtus vwillosis, serraturis glandulosis. Ehrh. Beitr., 6, p. 97. — Habitat in Europa. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit : « Fintelmann. W. Ce spécimen ne présente aucune trace d'aiguillons; le réceptacle florifère n’est pas ovale, mais bien ovale-cam- panulé, Il paraît appartenir à la même forme qu'un R. remensis conservé dans l'herbier de Kunth sous le n° 155 ; seulement dans celui-ci il y a quelques soies glan- duleuses ou non glanduleuses sur l'axe du ramuseule florifère. (45) N° 9841. — Rosa damascena calycibus semipinnalis, germinibus ovatis turgidis pedunculisque hispidis, caule petiolisque aculeatis, foliolis ovatlis acuminatis subtus villosis. Aiton Kewens., 2, p. 205. — Habitat in Europa australi. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on lit: « Tegel. W. » Lindley, dans son Rosarum Monographia, ne cite le synonyme de Willdenow qu'avec doute. | L'échantillon de l’herbier de Willdenow appartient bien au R. damascena Mill. N° 9855. — Rosa turbimata germinibus turbinatis pedunculisque pilosis, petiolis villosis, aculeis sparsis recurvis. Sp. pl., 1075. — Habitat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Hort.bot. Berol. W. » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. Fol. 2). Un ramuseule florifère. Fol. 5). Un ramuscule florifere. Aucun de ces spécimens n'appartient au R. turbinata ! et je pense qu'on peut les rapporter tous les trois au R. damascena, | Wallroth à joint une étiquette ainsi conçue: «N° 1-5 inter se longe discrepant. N° 1 et 5 R. austriacae nostrae polyphylla. N° 2 R. albae (Hist. 296) repraesentant...…. » CAEN N° 9839. — Rosa centifolia germinibus ovalis peduncu- lisque hispidis, caule hispido-aculeato, petiolis inermi- bus. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 528. — Habitat... Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. Au bas de la feuille, on lit: « Vulgaris in hortis. W.» — Appartient-il au R. centifolia L.? Je n'oserais me prononcer sur lui. Fol. 2). Spécimen atteint de monstruosité (sépales trans- formés en folioles) dont il m'est impossible de déterminer le type spécifique. N° 9864. — Rosa muscosa germinibus ovatis calycibus pedunculis petiolis ramulisque hispidis glanduloso- viscosis, spinis ramorum sparsis rectis. Ait. K., 2, 207. — Habitat... Ce numéro est représenté par une feuille, portant un ramuseule florifère du R. muscosa Aïit., et au bas de la- quelle on lit: « Würtzer. W.» N° 9856. — Rosa pulchella germinibus subrotundo-obova- tis pedunculis calycibusque glanduloso-hispidis,petiolis glanduloso-pubescentibus, foliis subtus pilosis, Hire sparsis. — Habitat... Ce numéro est représenté par une feuille simple. por- tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit : « Hort. bot. Berol. W. » La mème forme et portant le même nom se trouve dans l'herbier de Kunth sous le n° 164. Sur l'échantillon de l'herbier de Willdenow, il y a trois fleurs disposées en corymbe comme dans le R. centifolia, dont il est probablement une forme. Les réceptacles florifères ne sont pas «subrotundo-obovatis», mais cunea - ( 45 to-campanulés; les pétioles ne peuvent pas être rigou- reusement dits « inermibus », ear ils sont munis de quel- ques rares petits aiguillons. L'axe du ramuseule est chargé de petits aiguillons droits mêlés avec des soies glanduleuses. Willdenow, dans son Enumeratio, fait contraster son R. pulchella avec son R. turbinata, or, nous savons que le R. turbinata de Willd. doit être rap- porté au R. damascena. Dans sa comparaison, il dit, en parlant du R. pulchella « foliola subrotunda, quae in praecedente (R. turbinata) subrotundo-ovata ». C'est plutôt le contraire qu'il fallait dire, car dans la 1" et la 2° feuilles de son faux R. furbinata, les folioles sont plus arrondies que dans le R. pulchella. N° 9838. — Rosa hybrida germinibus subrotundis gla- bris, pedunculis g'anduloso-hispidis, caule petiolisque aculeatis, foliis sublus tomentosis. — Habitat in Hel- velia. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette imprimée de la collection de Schleicher : « 54. Rosa hybrida Schleich. — Au bois de Batie Grenevae. » Wall- roth à joint l'étiquette suivante : « Rosa Chamacrhoton damascena « geminata. Hist. 285. » Les folioles ne sont pas « tomentosis » comme l'écrit Willdenow, mais glaucescentes à la face inférieure, avec la côte pubescente et d'assez rares poils sur les nervures secondaires. Cette forme ressemble beaucoup à celle que Seringe a distribuée dans ses Roses desséchées n° 54 sous le même nom. Seulement dans le spécimen de l'herbier de Willdenow, les folioles sont un quart plus petites et les pédicelles sont plus courts. Le R. hybrida Schleich. 5 (46) est une hybride produite par le croisement d'une forme du R. gallica avec le R. arvensis. N° 9844. — Rosa pygamaea germinibus oblongis pedun- culisque hispidis, foliis ellipticis subtus tomentosis, petiolis glanduloso-subpubescentibus. — Habitat in Cau- casio. — Entre l'habitat et la diagnose , Schlechtendal a écrit : Species indeterminata diversa a R. pygmaea Bieberst. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un ramuseule extrêmement incomplet et privé de fleurs, et au bas de laquelle, on lit : « Bieberstein. W. » Ce fragment d'échantillon est tellement incomplet qu'il est fort difficile d'exprimer une opinion sur son compte. On peut cependant dire que ce n'est pas le vrai R. pyg- maea M. B. C'est peut-être un produit hybride d'une Gallicane et d’une Tomenteuse. Axe entièrement chargé d'une fine et abondante glandulosité non mélangée d’ai- guillons ou de poils; folioles petites, ovales, obtusius- cules-mucronées , glabres en dessus et églanduleuses, tomenteuses en dessous, sans glandes éparses, à côte glanduleuse, à nervures secondaires saillantes en réseau, à dents glanduleuses ; stipules glanduleuses en dessous, les supérieures étroites; pédicelle glabre, finement glan- duleux. C'est une forme qui parait très-curieuse et qui est peut-être inédite. N° 9853. — Rosa pygmaen. (Cette étiquette, réduite à ce seu] nom, n’est pas de l'écriture de Willdenow.) Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un ramuscule florifère accompagné d’une étiquette écrite par Marschall von Bieberstein. Cette étiquette ne CNET") comprend que le simple nom de : « Rosa pygmaea. » Wall- roth a joint une autre étiquette ainsi conçue : € R. pyg- maea M. B. quam in aliis....... vidi, longe distat, haec vero potius ad R. Chamaeroh. c. thurüigiae a colli- nam pertinet. Cf. Hist. 298. » L'aspect de cette forme rappelle tout à fait celui de certaines formes appartenant aux Caninae, trib. Hispidae. Il ressort de la description de Marschall von Bieberstein que le R. pygmaea est assez variable, ce qui s'explique fort bien si, comme je le soupconne, le R. pygmaea est une hybride d’une Canine avec le R. pumila. Voici la description détaillée de léchantillon de lherbier de Willdenow. Rosa pygmaea M. B. — Ramuscule loug de 4 cent., tout à fait inerme et églanduleux. Folioles tout à fait glabres sur les deux faces, de dimen- sions moyennes, ovales, une demi-fois plus longues que larges, celles des feuilles inférieures et moyennes très-brièvement aiguës, celles de la feuille supérieure plus longuement aiguës et un peu cuspidées, toutes arrondies un peu atténuées à la base, brièvement pétiolulées, à nervures secondaires saillanies, à côte modérément glanduleuse, inerme, à dents composées-glanduleuses (2-5 glandes au bord inférieur, parfois une au bord supérieur). Pétioles glabres, assez abondamment glanduleux, munis de quelques fins aiguillons, à glandes se pour- suivant plus ou moins entre les ailes stipulaires. Stipules de largeur moyenne, églanduleuses et glabres en dessous, ciliées-glanduleuses aux bords, paraissant avoir été un peu rougeâtres, les inférieures à oreillettes lancéolées, acuminées, divergentes, les supérieures à oreil- lettes dressées et à bords un peu rentrants. Fleur solitaire. Pédicelle long de 10 mill , modérément hispide-glanduleux, accompagné d’une bractée ovale-lancéolée |, à pointe plus ou moins foliacée , ciliée- glanduleuse , égalant presque le sommet du réceptacle. Réceptacle florifère ovoïde, à base atténuée et un peu hispide-glanduleuse. Corolle médiocre (50-55 mill. de diamètre). Sépales hispides-glanduleux sur le dos, les extérieurs munis de 5-4 pinnules, à pointe un peu élargie- denticulée égalant ou peut-être dépassant parfois la corolle. Disque peu saillant. Styles velus. (48 ) Dans l'herbier de Link, n° 255, il existe un spécimen du À. pygmaea accompagné d'une étiquette de Steven. Ce spécimen ressemble beaucoup à celui de l'herbier de Willdenow,mais il n'appartient pas à une forme identique. SECT. CiRNAmOmMeAne. Cette section telle que l'entend Lindlev est mal carac- térisée et comprend des espèces qui ne peuvent rester associées. En prenant le R. cinnamomeae, L. pour type de ce groupe, on ne peut conserver, dans celui-ci, les R.carolina, R. parviflora, R. nitida, R. lucida, ete., qui font partie d'une ou de plusieurs autres sections natu- relles. Si j'ai provisoirement conservé ces dernières espèces dans l’ancienne section Cinnamomeae, c'est qu'en ce mo- ment je ne suis pas encore en mesure de bien caractériser les nouvelles sections auxquelles je viens de faire allusion. N° 9819. — Rosa cinnamomea germinibus globosis pedunculisque glabris, caule aculeis stipularibus, petiolis subinermibus. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 525. — Habitat in Europa australi. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les deux étiquettes suivantes : « Hort. bot. Berol. W. » — « 8. Rosa cinnamomea ? in dumet. Flor. Starg. » Ce numéro est représenté par huit feuilles simples. Fol. 1). Petit ramuscule florifère , au sujet duquel Wallroth a écrit. « Longe distat a R. cinnamomea! » — Appartient au R. tuguriorum Willd. Fol. 2 et 5). Deux ramuscules florifères à fleurs semi- pleines. — Appartiennent au À. cinnamomea L. ( 49 ) Fol. 4). Un rameau florifère à fleurs semi-pleines. — C'est une variété du R. cinnamomea. Fol. 5). Un rameau florifère à fleurs pleines. — Ap- partient au R. cinnamomea. Fol. 6). Un ramuscule florifère. — C'est évidemment à ce spécimen que se rapporte la deuxième étiquette fixée au verso du premier feuillet de la chemise. Me parait être une forme du R. tomentella Lem. Fol. 7) Un ramuscule après floraison. — Au bas de la feuille, se trouve une étiquette portant : « e Sibiria an Caucasica Pall.?» Wallroth a écrit: Rosa majalis a. sibirica, foliolis mugis oblongis. Hist. 162. » Pourrait bien être une forme du R. cinnamomea à folioles amples, allongées, mais je n'ose rien affirmer. Fol. 8). Un ramuscule après floraison, accompagné de l'étiquette suivante de Schultz : « Rosa cinnamomea ? alio loco col. in dumet. fl. Starg: » — N'appartient pas aux Cinnamomeae ; pourrait bien être le R. coriifolia Fries. N° 9828. — Rosa microphylla germinibus globosis nudis, caule aculeato, foliolis lineari-oblongis serrulatis. — Habitat ad mare Caspium. Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant un ramuscule florifère , et au bas de laquelle on lit: « Bieberstein. W. » Une étiquette de Steven accompagne le spécimen; elle est ainsi conçue : « Rosa arenaria Hbr. Marschall Bieb. — ex Sibiria nec regione caspis. » Wall- roth à joint une étiquette que je ne puis déchiffrer. Sprengel ayant consulté l'herbier de Willdenow y découvrit cette forme qui était inédite et comme déjà le nom de microphylla avait été employé pour une Rose ( 50 ) asiatique, il déerivit ce R. microphylla Wild. Herb. sous le nom de R. Willdenowii (Spr. Syst., 11, p. 547). Ce R. Willdenowii a été admis et de nouveau décrit par Seringe et Ledebour. Seringe n’a fait que reproduire la diagnose de Sprengel ; mais Ledebour a publié, dans son Flora Rossica, une description nouvelle faite sur l'échan- tillon que je vais moi-même décrire avec le plus grand soin. Rosa Willdenowii Spr. Syst., I, 547; R. microphylla Willd. in Herb. — Axe raméaire grêle, à aiguillons géminés, petits, grêles, un peu arqués, assez épaissis à la base. Ramuscules florifères extrémement courts, à entrenœuds très-rapprochés et inermes. Feuilles très-petites, à 5-7 folioles. Folioles très-petites (2-5 mill. de larg. sur 5-15 mill. de long.), simplement dentées, glabres en dessus, velues en dessous sur toute la surface et abondamment glanduleuses sur le parenchyme interposé entre les nervures secondaires, peu glanduleuses sur celles- ci et à côte paraissant églanduleuse, à bords enroulés en dessous, celles de la feuille inférieure de chaque ramuscule relativement assez” larges et obtuses, les moyennes oblongues, atténuées à la base, briève- ment aiguës, les supérieures elliptiques, assez longuement aiguës. Pétioles velus, inermes, les inférieurs églanduleux, les moyens glanduleux en dessus, les supérieurs glanduleux tout autour. Stipules toutes glabres et églanduleuses en dessous, les inférieures et les moyennes des ramuscules florifères et toutes celles : des petits ramus- cules foliifères finement denticulées aux bords, à denticules terminés par une callosité noire non glanduleuse, les supérieures des ramuscules florifères bordées de nombreuses glandes résineuses, à ailes assez élargies, à oreillettes larges, courtes et modérément convergentes. Fleurs solitaires. Pédicelle court (7 mill.), lisse, dépassé par une bractée unifoliolée. Réceptacle florifère très-petit (5 mill. de larg. sur 5 mill. de long.), presque sphérique, un peu resserré à la gorge, lisse. Sépales entiers, les extérieurs chargés de glandes résineuses sur le dos et sur les bords. Corolle assez petite. Cette forme est très-curieuse à cause de la petitesse de ses folioles et s'il n'existait pas d’autres différences, on C5E) pourrait dire qu'elle est au R. cinnamomea, ce que le R. aciphylla Rau est aux formes ordinaires du R. canina. Dans le R. Willdenowii, la glandulosité suit une marche contraire à celle qu'on observe dans d’autres espèces, car au lieu de diminuer en intensité de bas en haut sur les ramuseules florifères, elle augmente de bas en haut. Cette espèce a été créée sur l'unique spécimen conservé dans l'herbier de Willdenow et je ne sache pas qu'elle ait été retrouvée en Sibérie. Avant de pouvoir se prononcer sur sa valeur, il faudrait en voir des échantillons plus complets. Par ses folioles à bords enroulés en dessous et par ses nombreuses glandes résineuses à la face infé- rieure, elle se rattache à diverses formes de la Sibérie, de la Mongolie et de la Mandchourie, que je décrirai dans un article spécial sur les Roses de l'Asie. N° 9830. — Rosa kasmiéschatica. (Je ne connais pas l'écriture de l'étiquette fixée sur le recto du premier feuillet de la chemise.) Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un petit rameau avec un bouton et accompagné d'une étiquette qui est peut-être de Willdenow. Cette étiquette est réduite au seul nom de l'espèce « R. kamtschatica. » Ce spécimen parait bien appartenir à ce qu’on décrit ordinairement sous le nom de R. kamtschatica Vent. L'histoire du R. kamtschatica est très-obscure et mérite de nous arrêter quelques instants. C'est en l'an VIIT de la première République française qu'il a été décrit par Ventenat, dans la Description des plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de J.-M. Cels. La description est accompagnée d’une belle (52) planche dessinée par Redouté. Ventenat nous apprend que cette espèce croit naturellement au Kamtschatka. Plus tard Thory et Redouté ont décrit et figuré la même plante dans: Les Roses. En comparant les deux planches, on observe entre les deux plantes figurées des différences assez marquées et à première vue on croirait avoir affaire à deux espèces plus ou moins distinctes. Ces différences sont du reste signalées par Thory qui dit, dans Les Roses : « En comparant cet individu (celui figuré dans l'ouvrage de Ventenat) avec celui qui accompagne notre deseription, on verra facilement que, depuis moins de dix- huit ans, le Rosier a subi des modifications assez impor- tantes sous le rapport de la longueur ou de la densité des aiguillons et de la forme des folioles. » Dans son Prodromus MVonographiae generis Rosae (1820), Thory donne le R. rugosa de Thunberg comme synonyme du R. kamtschatica de Ventenat, ainsi que le KR. ferox d’Andrews. Dans sa Monographie, Lindley maintient comme espèce distincte le R. kamtschatica Ventenat et rappelle la pre- miére-figure qui a été faite par Redouté; mais quant à la figure de la même plante publiée dans Les Roses il l’a rap- porte à son R. ferox, qu'il dit originaire du Caucase. Le même auteur déerit une prétendue troisième espèce, le R. rugosa Thunberg, qu'il accompagne de la copie d’un dessin japonais. Lindley voit donc trois types où Thory nen-yoit qu'un seul. Trattinnick décrit le R. rugosa Thunb., avec lequel il constitue sa section Hoppeana ; il lui rapporte le R. kamt- schatica décrit et figuré dans Les Roses, en critiquant Redouté et Thory d'avoir réuni ce dernier au R. kamt- schatica de Ventenat. Il place celui-ci dans sa section ( 53 ) Woodsiana en compagnie du R. spinosissima L. Pour lui, le R. ferox de Lindley et d’Andrews n'est qu'un simple synonyme du R. rugosa. Seringe admet le R. kamtschatica Vent., auquel il attri- bue trois variétés : la var. æ ou typique est représentée par la forme décrite par Ventenat et figurée la première fois par Redouté ; la var. 5 ferox, à laquelle il rapporte le R. ferox d’Andrews et de Lindley et le R. kamtschatica déerit et figuré dans Les Roses ; la var. y nitens qui est figu- rée dans le Botanical Register, tab. 924. Le R. rugosa Thunb. est décrit par Seringe sur la figure qu’en a pu- bliée Lindley et la diagnose est terminée par ces mots : «An R. kamtschaticae var. ? » Seringe n’admettait donc qu'une seule espèce où Lindley en voyait deux. Dans le Botanical Magazine, t. LIX, 18592, tab. 5149, Curtis et Hooker ont figuré et décrit le R. kamtschatica Vent. D'après la synonymie, on reconnait que Hooker distingue le R. kamtschatica du R. rugosa. M. K Koch, dans sa Dendrologie, considère les R. kamt- schatica Vent. et R. rugosa Thunb. comme deux espèces distinctes. En voyant des auteurs tels que Lindley et Hooker admettre les R. kamtschatica et R. rugosa comme deux types spécifiques distincts, en considérant que Trattinnick place ces deux types dans deux sections différentes, on est autorisé à croire à l'existence de deux espèces véritables et bien caractérisées ; mais quand on en vient à l'analyse des plantes que ces phytographes ont décrites , on arrive bientôt au doute et une étude attentive conduit l'observa- teur à réunir ces deux prétendues espèces, qui ne sont, selon moi, que deux formes appartenant au même type spécifique, formes qui se relient l’une à l’autre par des (54) variations intermédiaires. Ainsi se confirme l’assertion de Redouté et Thory au sujet des modifications qu'avait éprouvées la plante décrite par Ventenat et qui, de la forme R. kamtschatica, était devenue, après dix-huit ans, la forme KR. rugosa. Du reste quand on considère le vrai R. kamt- schalica tel que l'a décrit Ventenat, avec ses aiguillons petits et peu inégaux, ses folioles allongées, sa corolle et son réceptable fructifère de dimensions moyennes et le vrai À. rugosa, avec ses aiguillons plus robustes, ses folioles plus élargies et relativement plus courtes, sa corolle plus grande et son réceptacle fructifère plus gros, on ne peut voir, dans ces différences, de vrais caractères distinctifs ; dans l'un et dans l’autre, on constate les mêmes caractères essentiels et qui en constituent une: seule et unique espèce. A propos du R. ferox de Lindley qui est le type du R. rugosa, je dois faire remarquer que le monographe anglais a commis une erreur en lui attribuant le Cau- case pour patrie. [l existe bien un R. ferox dans la région du Caucase, mais c'est une autre espèce décrite par Marschall von Bieberstein, espèce appartenant à la section des Rubiginosae et dont il sera question plus loin sous le nom de R. rigida Willd. Herb. Tout me porte à croire que le R. rugosa décrit par Lindley sur un dessin japonais est encore le type de Thunberg. L'artiste a évidemment oublié de figurer les stipules et, pour bien montrer les fleurs, il a négligé de représenter la feuille florale ou les bractées. Dans le Botanical Register, ainsi qu'il a été dit ei- dessus, Lindley a déerit une var. nitens du R. kamt- schatica à folioles luisantes et glabres. Cette variété pour- rait bien être le R. coruscans Waïitz, que Link a déerit (55 ) dans son Enumeratio plantarum horti regii botanici Bero- linensis, n° 555. D'après un bel échantillon que j'ai vu dans l'Herbier royal de Berlin, le R. coruscans Waitz serait, selon moi, une forme presque glabre du R. rugosa et qu'on pourrait appeler var. glabriuscula. Les folioles n'ont de villosité que sur la côte; les aiguillons sont glabres, et l’épiderme des axes floraux n'est chargé que d'une légère villosité. Le R. rugosa, ce beau type de l’extrème Orient, a été tout récemment encore enrichi d’un nom nouveau. L'an- née dernière, les rédacteurs de l’{llustration horticole, croyant avoir affaire à une espèce inédite, ont décoré Île vieux type de Thunberg du nom de R. Regeliana. Dès la publication de cette prétendue nouvelle espèce, dont la dénomination était malheureuse, puisqu'antérieurement Reuter avait décrit un R. Regelii, je fis remarquer aux auteurs, MM. Linden et André, que leur R. Regeliana me paraissait être le R. rugosa, espèce cultivée depuis longtemps dansles Jardins botaniques et connue en Angle- terre sous le nom de Hedge-hog rose. Depuis lors, j'ai pu étudier le R. Regetiana dans les deux établissements hor- ticoles de M. Linden, à Gand et à Bruxelles, et j'ai acquis la conviction qu'il représente le vrai type de Thunberg, tel qu'il est cultivé dans les Jardins botaniques d'Europe et tel qu'il existe à l’état indigène au Japon. M. André, l’un des créateurs du R. Regeliana, à consacré un nouvel article à cette plante, dans le tome XIX de lIllustration horticole, pages 45 et 44 (1872), dans lequel il s'efforce de démontrer que la Rose qu'il a nommée n'est pas le R. rugosa de Thunberg et Siebold. Sa démonstration est loin d'être suffisamment claire et dénote que l'étude des Roses n’est pas familière à son auteur. Le R. Regeliana (56 ) tel que je l'ai vu dans l'établissement horticole de M. Lin- den, à Bruxelles, a les tiges bien dressées et non demi- couchées : dans les pieds cultivés en pots à Pétablis- sement du même horticulteur, à Gand, les tiges sont parfois un peu ascendantes, mais ce n'est là qu’un accident individuel. Les feuilles caulinaires sont à 5-9 folioles ; les stipules sont identiques à celles du type de Thunberg et de Siebold. Si les fleurs sont parfois en corymbe multiflore, cest quand elles se développent anomalement au sommet des tiges, car quand elles nais- sent normalement sur les ramuscules de deuxième géné- ration, elles sont ordinairement solitaires comme dans le type de Thunberg et de Siebold. Si les pédicelles sont hispides ou plus hispides, c’est également une conséquence de l’inflorescence anomale dont il vient d’être question. Si les sépales sont parfois au nombre de 6, 7 ou 8, c’est un état monstrueux dû au développement anoômal de l'inflorescence. Les sépales ne sont pas réfléchis sur le réceptacle fructifère, mais ils se redressent après l'anthèse ; ils sont persistants et couronnent le réceptacle fructifère comme dans le type de Thunberg. Du reste, d'après la description mème du R. Regeliana et comme au surplus le démontre la figure jointe à cette description, les sépales sont redressés sur le fruit. Les sépales restent réfléchis, quand les réceptacles florifères jaunissent après l'anthèse et ne fructifient pas, comme Je l'ai vu dans le jardin de M. Linden, à Bruxelles ; mais ce n’est là qu'un simple accident. Quant à la couleur de la corolle, elle est identiquement la même dans les deux formes. L'exa- men très-attentif que j'ai fait du R. Regeliana et l'étude que j'ai faite du vrai R. rugosa, tant indigène que cultivé, m'autorisent à aflirmer que le premier non- (97 ) seulement n'est pas spécifiquement distinct du second, mais qu'il n’en constitue même pas une variation : il y a identité parfaite entre les deux plantes. Le R. Rege- liana ne diffère en rien du R. rugosa qui était cultivé au Jardin des plantes de Paris, en 1858, sous le nom de R. kamtschatica Vent. et dont j'ai vu un beau spécimen dans l'herbier de Kunth; il ne diffère en rien du R. rugosa cultivé depuis longtemps dans plusieurs autres Jardins botaniques. Il est à remarquer que la planche de l’Illustra- tion horticole représente un spécimen plus ou moins monstrueux, c'est-à-dire une extrémité de tige devenue florifère. Le R. r'ugosa cultivé produit assez souvent des fleurs au sommet de ses axes caulinaires et les inflores- cences terminales, qui sont accidentelles, sont bien différentes des inflorescences normales naissant sur les ramuseules florifères partant, soit de la tige, soit des ramifications de celle-c1. Pour les R. ferox, R. rugosa et R. kamtschatica, qui au fond ne représentent, selon moi, qu'un seul et même type spécifique, Lindley avait constitué une section spéciale, celle des Feroces ; or ce n’est pas là une section naturelle et c'est ce que je démontrerai dans un article spécial sur les Roses asiatiques. Le R. rugosa a les folioles à bords plus ou moins enroulés en dessous et à face inférieure plus ou moins abondamment glanduleuse, comme diverses formes de la Mongolie, de la Mandchou- rie et de la Sibérie que je décrirai plus tard. (58) N° 9S18. — Rosa blanda germinibus globosis, caulibus adultis pedunculisque laevibus inermibus. Ait. Kew., 2, p. 202. — Hubitat in Terra Nova et Sinu Hudsoni. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les deux étiquettes suivantes : « Schott. W. »— « Rosa fraxinea. » Cette deuxième étiquette, qui est peut-être de l'écriture de Willdenow, se rapporte probablement à l'échantillon attaché sur la deuxième feuille. Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. Fol. 2.) Un ramuscule florifère. Ces deux spécimens appartiennent au R. fraxinifolia de Gmelin. Le type de Gmelin, qui a été créé sur la plante cultivée en Europe et devenue subspontanée çà et là, est souvent confondu avec le R. fraxinifolia de Bork- hausen. D'après Trattinnick, ce dernier serait une forme originaire d'Europe à folioles obscurément doublement dentées que Redouté et Thory auraient figurée et décrite sous le nom de À. alpina var. laevis. Les termes de la diagnose de Thory « foliolis bidentatis » ne permettent aucunement de rapporter ce R. alpina var. laevis au R. fraxinifolia Gmel., qui à toujours les dents foliaires parfaitement simples. Seringe ( : élanges botaniques, p, 55 et Prodr., tome Il, p. 606) a donc eu tort de rapporter la planche de Redouté au type de Gmelin. Lindley a commis la mème faute. [Il reste maintenant à voir si le nom de Gmelin est le nom princeps de l'espèce en ques- tion. Selon Trattinnick, Jacquin, dans son Fragmenta Botanica (1764), aurait décrit le R. fraxinifolia avant Gmelin et lui aurait donné le nom de R. blanda. Ce nom de R. blanda fut plus tard employé par Aiton (59) (Hortus Kewensis, ed. 1, 1789) et d'après ce que nous apprend Lindley, cet auteur avait consulté les manuscrits du Dr Solander, qui réunissait, sous la désignation de R. blanda, deux plantes différentes : l’une qui est Île R. fraxinifolia et l'autre qui est la forme déerite par Lindley sous le nom de R. blanda. I suivrait donc de là, si l’assertion de Trattinnick est fondée à propos du R. blanda de Jacquin, que le nom de R. blanda est le nom princeps du R. fraxinifolia de Gmelin et que les R. blanda Lindl. et R. blanda Ait. (pro parte) doivent devenir de simples synonymes et être remplacés. par le nom de R.Solandri, proposé par Trattinnick pour désigner la Rose si répandue dans l'Amérique septentrionale et généralement connue sousle nom de R. blanda. Nous avons vu qu'il existe dans la chemise du R. alpina n° 9850 une feuille simple, sur laquelle est attaché un spécimen accompagné d'une étiquette portant le nom de R. fraxinea, et, d'autre part, nous voyons ici, s'appliquant à l’un ou l’autre spéeimen du n° 9818, une étiquette por- tant également le même nom de R. fraxinea. A quelle for- me doit se rapporter ce nom de R. fraxinea ? Willdenow a-t-il voulu désigner sous ce nom une forme du R. alpina ou bien le R. fraxinifolia. La diagnose et la description du À. blanda reproduites dans son Species plantarum s’ap- pliquent parfaitement aux deux spécimens du R. blanda, n° 9818 de son herbier, R. blanda qui est done le R. fraxinifolia de Gmelin ; tandis que la description de son R. fraxinea renferme plusieurs caractères, tels que « ger- minibus ellipticis, peduneulis glanduloso-hispidis, petio- lis subculeatis glanduloso-hispidis, » qu'on observe point dans le R. fraxinifolia type de Gmelin et dans les deux spécimens du n° 9818 de l'herbier de Willde- now, mais bien dans l'échantillon attaché sur la 5° feuille ( 60 ) du R. alpina n° 9850. La diagnose du R. fraxinea (Enum. pl. hort. Berol. Suppl., p. 37), publiée après la mort de Willdenow, renferme un caractère « aculeis sparsis » qui n'existe pas dans le type du R. alpina, mais qui se pré- sente dans plusieurs de ses variétés et il se peut bien que le ramuscule inerme du R. alpina, n° 9850, fol. 5, ait été recueilli sur un pied dont l'axe caulinaire portait quelques aiguillons épars. Du reste ce caractère d'aiguillons épars ne peut s'appliquer aux deux spécimens du R blanda n° 9818, qui sont parfaitement inermes. Si les éléments fournis par l'herbier et les ouvrages de Willdenow ne sont pas suffisants pour élucider d'une façon complète cette question de synonymie, on peut cependant dire qu'il y a plus de raisons pour rapporter le nom de R. fraxinea à une forme du R. alpina qu'au R. blanda Ait. (R. fraxinifolia Gmel.). Sprengel rapporte sans le moindre doute le R. fraxinea Willd. au À. blan“a Aït., mais pour établir cette synonymie il s'est uniquement basé sur le n° 9818 de Willdenow ; s'il avait consulté la description de l’'Enumeratio et remarqué le spécimen fixé sur la 5° feuille du R. alpina n° 9850 et nommé R. fraxinea, 1} eut été moins affirmatif dans son assimilation. Seringe rapporte avec doute le R. fraxinea Willd. au R. blanda Aït. Il resterait à rechercher si le R. fraxinifolia Gmel. est une espèce autonome, ou si ce nest pas une simple variété d’un type américain produite par une longue culture en Europe. Jusqu'à présent, l'existence en Amé- rique du vrai R. fraxinifolia Gmel., tel que nous le con- naissons en Europe, est restée douteuse. En étudiant les nombreuses formes du R. Solandri Tratt. (R. blanda Auct. non Jacq.), l'idée m'est venue que le R. fraxinifolia pourrait bien être une variété de ce dernier. Avant de me (61) prononcer sur cette délicate question, j'ai de nouvelles recherches à faire. Si mon soupcon était fondé, on s'expli- querait facilement comment le R. fraxinifolia a été vaine- nement recherché en Amérique, et le nom de blanda, créé par Jacquin en 1764, resterait définitivement appli- qué à l'espèce américaine qui est généralement connue sous ce nom et que Trattinnick a proposé d'appeler R. Solandri. N° 9834. — Rosa carolina germinibus globosis hispidis, pedunculis subhispidis', caule aculeis stipularibus, petiolis aculeatis. Lin. Syst., ed. R., p. 527. — Habi- tat in America septentrionalr. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Krausse. W.» Ce numéro est représenté par six feuilles simples. Fol. 4). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. carolina L. Sépales extérieurs entiers ou munis de 1-2 pinnules très-petites et supérieures ; réceptacle hispide- glanduleux. Fol. 2). Un ramuseule florifère. — Appartient au R. lucida Ebrh. Fleurs simples. Fol. 5). Un ramuseule florifère. — Wallroth a écrit à côté : «.. ad R. majalem potius pertinet. » Appartient la à forme que Willdenow a décrite sous le nom de R. gemella. Fol. 4). Un rameau florifère. Au bas de la feuille, se trouve fixée une étiquette de Willdenow portant : À. penn- sylvanica. » — Je n'ose me prononcer sur cet échantillon qui appartient peut-être au R. parviflora Ebrh. Il présente six fleurs disposées en corymbe, mais ce nombre de fleurs est probablement anomal ; les pédicelles sont lisses ainsi que les réceptacles; les sépales sont un peu glanduleux (62) sur le dos. Dans son Species plantarum , Willdenow rapporte Île À. pennsylvanica Wangenh. au R. parvi- ftora Ehrh. Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné d’une petite étiquette portant: « Kien. 166. » — C’est une forme à fleurs semi-pleines, et au nombre de quatre au sommet du ramuscule. Aiguillons géminés, grêles et droits ; folioles simplement dentées, rappelant celles du R. lucida, mais paraissant avoir été peu au point luisantes, quelques-unes munies de quelques poils en dessus, toutes à face infé- rieure entièrement velue ; pétioles un peu velus, inermes ou un peu aiguillonnés ; réceptacle florifère campanulé, ordinairement très-hispide-glanduleux ; pédicelles assez abondamment hispides-glanduleux ; sépales extérieurs munis d'une paire de pinnules. Corolle large de 55 mill. Semble se rapprocher du R. Rapa tel que le décrit Lind- ley, mais dans le À. Rapa de cet auteur les folioles sont glabres. Fol. 6). Un ramuscule florifère, accompagné d’une petite étiquette portant : « 490 (Mühlenberg misit.). » — Appartient au R. carolina L. N° 9829. — Rosa parviflora germinibus globosis pedun- _ culisque hispidis, petiolis subaculeatis, caule glabro aculeis rectis, foliolis ellipticis, floribus subgeminatis. — Rosa PARVIFLORA Ehrh., 4, p. 21. — Habitat in Carolina. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les deux étiquettes suivantes : « Noak. W. » — « 492 (Mühlenberg misit.). » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. (65) Fol. 1). Une extrémité de ramuscule florifère dépour- vue de feuilles. — On ne peut guère se prononcer sur ce fragment. Celui-ci porte deux fleurs doubles, à pédicelles finement et abondamment hispides-glanduleux ; les sépales extérieurs sont appendiculés ; les aiguillons sont grèles, droits ou un peu inclinés, mais non recourbés. Appartient probablement au R. purviflora Ehrh. Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Il est probable que cet échantillon appartient au R. parviflora Ehrh. Fol. 5). Un ramuseule florifère. — Parait appartenir au À. parviflora Ebhrh. C'est à peu près la mème forme que la précédente. N° 9832. — Rosa lucida germinibus depresso-globosis pe- dunculisque subhispidis, aculeis stipularibus, foliolis nitidis glabris. Ehrh. Beitr., k, p. 22. — Habitat in America. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les deux etiquettes suivantes : « Bouche. W. » — « 491 (Mühlenberg misit). » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1) Un ra muscule florifère à fleurs pleines ou très- doubles. — Ce n'est pas le R. lucida Ehrh. Parait être la forme dont M. K. Koch, dans sa Dendrologie, fait men- tion en ces termes : « [in botanischen Garten in Berlin wird eine Form des R. lucida mit gefüllten Blumen kultuivirt, welche dicht mit steifen, geraden und ungleichen Stacheln besetzt ist und einen kreiselfürmigen Frucht- knoten besitzt. Von der Turnips-Rose unterscheidet sie sich ebenfalls durch flache Blumen. Sie ist für Boskets zu empfehlen, weil sie buschig wächst und sich End Juni, zum Theil noch Juli dicht mit Blüthen, welche ausserdem C°6#) noch eine lange Daucr haben, bedeckt. » 1 est bien possi- ble que le R. lucida soit intervenu dans la production de cette curieuse forme, qui pourrait être une hybride. Comme elle n'a pas encore été décrite, que je sache du moins, je vais en faire la description d’après le spécimen conservé dans l’herbier de Willdenow. Rosa . . . . . Écorce verte. Ramuscule long de fi 1/2 cent., inerme, à entrenœuds supérieurs chargés d’assez nombreuses glandes stipitées. Folioles rappelant celles du R. lucida, mais ne paraissant pas avoir élé luisantes et aussi épaisses, à dents ordinairement moins larges, beaucoup de celles-ei accompagnées d’un ou deux denticules acces- soires glanduleux, à côte glanduleuse avec quelques rares poils, à nervures secondaires un peu glanduleuses. Pétioles glabres, modéré- ment glanduleux, les inférieurs un peu aiguillonnés. Stipules moins dilatées que dans la forme ordinaire du R. lucida. Fleurs au nombre de deux au sommet du ramuscule, la médiane à pédicelle dépassant presque une fois la stipule de la feuille supérieure, la latérale à pédi- celle muni à sa base de deux bractées presque opposées et une fois plus courtes que lui. Pédicelles longs de 25 et 19 mill., abondamment hispides-glanduleux, à glandes fines entremélées sur le pédicelle médian de quelques soies. Réceptacle florifère campanulé, court, très-hispide- glanduleux, à glandes sétuliformes. Sépales assez allongés, hispides- glanduleux sur le dos, les extérieurs munis de { ou 2 pinnules. Corolle grande, ayant environ 60 mill. de diamètre et dépassant les sépales. Fol. 2). Un ramuscule florifère et un fragment de rameau — Appartiennent à la forme ordinaire du À. lucida Ehrh. Fol. 5). Un ramuscule florifère. — Appartient à la forme ordinaire du R. lucida Ehrh. Comme le R. lucida, découvert par Treviranus dans l'ile de Rügen, a été l’objet de la création d'une espèce nouvelle par Roth, sous le nom de R. baltica, je pense (65 ) que l'histoire de ce dernier, restée obscure pour beaucoup de botanistes, ne sera pas déplacée dans ce paragraphe. Cette histoire, outre qu'elle démontre l'inanité de la eéréa- üon de Roth, me fournit l’occasion de faire une obser- vation d'un grand intérêt. J'ai puisé les premiers détails de cette histoire dans une notice intitulée : Ueber einige Rosen besonders die Rosa baltica Roth, von D° Koch und D'Treviranus, insérée dans le Flora (de Regensburg), année 1852, part. I, pages 129-151. Cette notice, rédigée par Koch, contient des renseignements que Treviranus avait fournis sur le R. baltica et qui sont reproduits textuelle- ment. Je les traduits : « Mon digne ami Roth, dans son Nov. plant. spec., p. 154, et postérieurement, dans le 2° volume de son Enum. pl. phanerog. Germaniae, p. 464, décrit, sous le nom de R. baltica, une Rose, qui, dit-il, aurait été découverte par moi sur le rivage de la mer près de Rostock. Plus tard, dans son Deulschl. Flora, HE, p. 459, il annonce tout d’abord que l'examen de quelques exemplaires de cette Rose lui avait fait reconnaitre que celle-ci se rapportait assez bien, par ses divers carac- tères, au À. lucida, en second lieu, que le D" Detharding (Comp. pl. M. Duc. Megalop., p. 57) n'avait pu la retrou- ver sur le rivage oriental près de Warnemünde sous Rostock, et en troisième lieu, que cette Rose, d'origine américaine, peut-être introduite accidentellement, ne pou- vait pas provisoirement être considérée comme une espèce germanique. Je regrette beaucoup d’avoir été, mais certes contrairement à ma volonté, la cause de la création d'une fausse nouvelle espèce dans un genre déjà si embrouillé que l’est le genre Rosa. Pendant mon séjour à Rostock, je découvris, en juin 1815, dans les sables des dunes maritimes près de Warnemünde, un petit buisson de À. (66) canina qui se distinguait par ses grandes fleurs d’un beau rouge et agréablement odorantes : elles sont, dans le R. canina ordinaire, d’une médiocre grandeur, d’un rose päle et peu odorantes. En comparant les deux plantes, je découvris que les folioles étaient plus arrondies que dans le R. canina ordinaire et que les réceptacles étaient plus courts et plus arrondis. Quant aux autres organes, je ne leur trouvai pas de différences, en sorte qu'après avoir recueilli quelques spécimens de cette forme, je la renseignai, dans mon calepin, sous le nom de R. canina var. germin. subglobosis. Deux années après, en juillet 1815, dans une excursion à l'ile de Rügen, je découvris, sur une colline, entre Putbus et Geviz, une Rose que je reconnus pour le R. lucida L. Je me rappelle parfaitement avoir envoyé, au D' Roth, un exemplaire de la première Rose (de Warnemünde) avec le nom susdit, mais je n'ai aucun souvenir de lui avoir communiqué des spécimens de la deuxième. Cepen- dant la chose parait avoir eu lieu, puisque sa description se rapporte exactement à cette plante (de l’île de Rügen) et, le cas échéant, il faut croire qu'il y a eu une confusion matérielle dans les étiquettes. Ce que je puis assürer, c'est que jamais je n'ai considéré l'une ou l’autre de ces deux formes comme une espèce particulière et que si un exemplaire de celle de l’île de Rügen, envoyé par moi, existe bien dans l’herbier de Mertens, sa désignation comme R. baltica ne lui a pas été donnée par moi. » — Il résulte de ce qui précède que le R. baltica n'a pas été réellement trouvé près de Rostock, ainsi que l'avait écrit Roth et que l'avaient répété Trattinnick, Seringe et Koch et que ce type a été créé sur une plante de l'ile de Rügen et considérée par Treviranus comme appartenant au ( 67 ) R. lucida. Désirant me renseigner plus amplement sur le R. baltica, J'écrivis au vénérable professeur Rôper, de Rostock, afin d'obtenir des échantillons de la Rose de Rostock et de celle de l'ile de Rügen. Mon correspondant, avec sa bonté habituelle, se hàta de me répondre en me faisant parvenir des spécimens de la plante de Rostock, auxquels la note suivante était jointe : « Haec specimina def. Dethardingius in arenosis prope Warnemünde legit et Rosam caninam 7 glandulosam Rau nuneupavit, addita schedula in qua sequentia leguntur : Rosa. . . . an baltica? — West-Warnemünde. — Crediderim hance formam R. caninae, foliis saepius rubentibus floribusque laete (nec pallide) roseis praeditam, eandem esse ac Rosam beat. Trevirano a. 1815, in syrtis Warnemundensibus lectam et in diaro « Flora (1852, p. 151-152) descriptam. — Rosa baltica Roru a nullo botanicorum Rostochien- sium prope Warnemünde reperta est. Th.-Fr. Marsson (Flora von Neu-Vorpommern und den Enseln Rügen u. Usedom, Leipzig 1869), hujus plantae nullam fecit men- hionem. » — Les deux échantillons en fleurs de la Rose de Rostock, qu'a bien voulu m'envoyer M. Rôper, appar- tiennent à une forme très-voisine de ce que j'ai appelé R. scabrata et sont même peut-être identiques avec cette petite espèce démembrée du R. canina. — Il résulte done une seconde fois que Rostock ne doit plus être cité, soit à propos du À. baltica, soit à propos du RÀ. lucida. Koch, dans son Synopsis, ed. 5, p. 195, considère le R. baltica Roth comme synonyme du R. lucida, qu'il indique sur les rives de l'Elbe près de Hambourg. J'ai vu des échantillons provenant de cette habitation. M. Boreau, dans une publication dont il va ètre question, proteste contre cette assimilation des À. baltica et R. lucida, en ( 68 ) invoquant plusieurs caractères qui distingueraient le R. baltica du R. lucida. Cet auteur a surtout en vue le R. baltica signalé sur les côtes françaises. L'histoire de ce dernier mérite de nous arrêter quelques instants. En 1862, M. Boreau lisait, en séance de la Société académique d'Angers, une notice intitulée : Précis des principales herborisations faites en Maine-et-Loire en 1862, dans laquelle il annonce la découverte d’un Rosier nouveau pour la flore de France, le R. baltica Roth. D'après ce botaniste (loc. cit., p. 20), c’est Desvaux, qui, le premier, l'avait découvert dans les sables de la Loire-Inférieure, au Pouliguen ; il lui avait donné le nom de R. spinosissima Pesn. Cat. Loir.-Inf. Suppl. (1841), p. 181. En 1862, rapporte M. Boreau, MM. Ledantec et Provost le trouvaient, le 29 juin, dans les sables de Porni- chet, loin de toute cultureet formant de petites forêts ou groupes très-étendus. C'est de cette localité que provien- nent les échantillons fructifères publiés par M. Déséglise, dans son Herbarium R:sarum, sous le n° 42. En présence de l'indication de M. Boreau, on pouvait s'imaginer que cette Rose devait être, sinon indigène, du moins intro- duite depuis assez longtemps et bien établie dans Îles sables de Pornichet; mais on se serait trompé. Voici en substance ce que m'écrivait M. Lloyd au sujet de cette prétendue Rose française. — Les renseignements fournis à M. Boreau ne sont pas exacts et cet auteur a été induit en erreur, chose qu'il a du reste reconnue depuis lors. Aux deux localités signalées comme habitations françaises du R. baltica, celui-ci a été planté par le régisseur d’un chà- teau, de la bouche duquel M. Lloyd tient ce renseigne- ment. Au Pouliguen, le Rosa est très-rare ; à Pornichet, il est assez commun, mais avant 1844, la localité indiquée (69) était une dune ne nourrissant que les plantes maritimes propres à cette région du littoral. Aujourd'hui cette dune a complétement changé ; on y voit des maisons, des Jardins, des bois de Pins, des carrés d'Asperges, le Populus nigra et alba, l’Alaterne, plusieurs Saules et enfin le R. baltica. — M. Lloyd est un savant trop consciencieux, un bota- niste trop expert et connaissant trop bien de longue date la flore de son département, pour élever le moindre doute sur les assertions qui précèdent et pour voir autre chose dans le R. baltica français qu’un Rosier sorti des cultures. Dans le R. baltica des côtes françaises, provenant, soit du Pouliguen, soit de Pornichet, les folioles, du moins dans les échantillons que j'ai examinés, ne sont pas pol- lues en dessous sur les nervures, comme le dit M. Boreau; la côte seule est un peu velue et devient à la fin presque glabre, etles autres nervures ainsi que le parenchyme interposé sont parfaitement glabres. Ceci ne concorde pas tout à fait avec les termes de la description de Roth repro- duite par Trattinnick « costa venisque foliolorum pilosis. » Le R. baltica de France donne lieu à une observation morphologique qui n’est pas sans importance e£ dont il sera prudent de tenir compte pour apprécier la valeur de cer- taines formes de Roses. Les tiges, et j'entends par tiges les pousses qui s'élèvent directement de la souche, sont chargées de très-nombreux aiguillons épars, dont le plus grand nombre sont grèles et sétacés mélés avec quelques- uns plus robustes; de plus, à la base des feuilles, il y à deux aiguillons géminés plus robustes que les autres. Si les tiges restent courtes, ces nombreux aiguillons sétacés s'élèvent jusque dans les entrenœuds supérieurs; si les tiges s'allongent, les aiguillons sétacés épars disparaissent en tout ou en partie dans les entrenœuds supérieurs, qui (70) sont ordinairement réduits aux seuls aiguillons géminés. D'un autre côté, si la tige donne directement naissance, la seconde année, à des ramuscules florifères, on voit ceux-ci également chargés d’aiguillons sétacés épars dans leurs entrenœuds inférieurs et moyens, aiguillons devenant plus rares ou disparaissant dans les entrenœuds supérieurs, qui, dans ce dernier cas, sont réduits aux seuls aiguillons géminés. Du reste l'abondance des aiguillons sétacés varie d’un pied à un autre pied et sur certains individus ces aiguillons sont très-peu nombreux ou rares. Si enfin les ramuscules florifères naissent sur des ramifications de second ordre et non plus directement sur la tige, ils sont ou peuvent être réduits à leurs seuls aiguillons gémines, sans la moindre trace d’aiguillons sétacés épars. On reconnait là que plus les axes s'éloignent, soit de la souche, soit de la tige, moins ils sont aiguillonnés el qu’ainsi l’armature des axes est sous lu dépendance du degré de végétation, ou, en d’autres termes, sous la dépendance du développement que peuvent prendre les individus. Le R. baltica peut done nous offrir des ramuscules flori- fères de second degré de végétation plus ou moins sétigè- res, et des ramuseules de 5° ou de 4° degré de végétation réduits aux seuls aiguillons géminés. — Un fait analogue s'observe dans le R. lucida cultivé ou subspontané. Les tiges de cette espèce peuvent être chargées, dans leurs entrenœuds inférieurs, de nombreux aiguillons sétacés épars, aiguillons mélangés avec quelques-uns plus robus- tes : ce n’est qu'à une certaine distance de la base que les aiguillons géminés apparaissent sur l'axe. Comme, dans cette forme, la végétation est plus puissante que dans le R. baltica, du moins le R. baltica des côtes françaises, les ramuscules florifères sont ordinairement de 5° ou de 4° (71) degré de végétation et sont dépourvus d'aiguillons sétacés épars : ces mêmes ramuscules sont même presque toujours complétement inermes et privés d'aiguillons géminés. Il suivrait de là que la différence tirée de lar- mature des axes, qui a servi de caractère spécifique pour distinguer le ÆR. baltica des côtes française du R. lucida, se réduit au fond à une simple différence dans la vigucur de la végétation. Cette différence d’où provient- elle? Témoigne-t-elle de l'existence de deux types spécifi- ques distinets? Tout me porte à croire qu'elle nest probablement que le résultat de la culture. En effet, on doit s'attendre à ce que le À. baltica français cultivé dans le sable des dunes reste un arbrisseau petit, et que le R. lucida, ordinairement cultivé dans la terre fertile des Jardins botaniques, soit de taille plus élevée. Le R. baltica des côtes françaises se distingue cependant encore de la forme ordinaire du R. lucida cultivé dans les jardins par des folioles plus petites, moins épaisses, moins allongées, obovales, mais je ne pense pas que ces caractères soient réellement distinctifs et je suis disposé à ne voir dans ces caractères, comme dans les autres invoqués par les au- teurs, que de simples différences marquant des variétés d'un même type. D’après ce que je vois sur de beaux matériaux que j'ai récemment reçus d'Amérique, le R. lucida serait un type assez polymorphe, produisant des tiges très-gréles, peu élevées, ou robustes, à folioles variables dans leurs contours , tout à fait glabres ou plus ou moins abondamment pubescentes, à fleurs soli- taires ou en corymbe, etc., ete. Ces mêmes matériaux me font mème pressentir la réunion du KR. parviflora Ebrh. au R. lucida Ehrh., assimilation du reste déjà faite par MM. Torrey et Gray (F1. of North Americ.). (72) Je me réserve de discuter ce point intéressant dans un article spécial sur les Roses américaines. N° 9833. — Rosa nitida germinibus calycibus pedunculis ramisque hispidis, foliis utrinque nitidis glaberrinus. — Hab..…. Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule foliifère. — Au bas dela feuille, on lit: « Hort. bot. Berol. W. » Wallroth a joint une étiquette portant : « Rosa sinica à nivea Hist. 96. Stipulis jam longe a R. nitida recedit. » — C'est un ramuscule du R. sinica Murr. (R. hystrix Lindl., R. laevigata Mx). Torrey, qui a examiné les Roses de l'herbier de Willde- now, écrivait: « The specimen named R. nitida in Willdenow's herbarium is R. laevigata Michx! » (F1. of North Americ.). Cette confusion, ainsi que plusieurs autres que je constate dans l'herbier de Willdenow ne peuvent être le fait de cet auteur et ont dù avoir lieu après sa mort, lors de l’arrangement de sa collection. Fol. 2). Sur cette feuille, au bas de laquelle on lit : « Rosa nitida ? W.», se trouvent trois échantillons. L'un d'eux, marqué (a), me parait appartenir au vrai R. nilida Willd.; les deux autres, marqués (b)et(e), n'appartiennent pas au À. nitida, du moins à la forme typique, et pour- raient bien appartenir à une forme sétigère du À. parvi- flora Ebhrh. Ce mélange de diverses formes sous le nom de À. nitida fait naitre quelques doutes sur la plante que Will- denow a décrite sous ce nom, d’autant plus que la diagnose de l'Enumeralio, p. 544, peut s'appliquer assez bien à cette forme sétigère que je viens de citer et qui (F3 semble appartenir au R. parviflora. L’herbier de Link nous offre heureusement le moyen d’écarter tout doute sur le R. nitida. Sous le n° 212, il y existe un ramuscule florifère recueilli au Jardin botanique de Berlin, nommé R. nitida, et identique au spécimen du R. nitida marqué (a) de la deuxième feuille du n° 9855. Comme Link a été le successeur de Willdenow au Jardin botanique de Berlin, nous pouvons croire que le R. nitida décrit dans l'Enumeratio plantarum horti botanici Berolinensis de 1821-1822 et représenté par le spécimen n° 212 ci-dessus est bien le type de Willdenow. Celui-ci est le même qu'a déerit et figuré Lindley! Dans l'herbier de Kunth, il existe, sous le n° 114, un spécimen du R. nitida éuqueté par le monographe anglais. M. Asa Gray (Man. Bot., 1866, p. 122), contrairement à l'opinion d'un grand nombre d'auteurs, considère le R. nitida comme une forme du R. lucida Ehrh. Je me réserve de me prononcer plus tard sur cette assimilation. N° 9835. — Rosa gemella germinibus depresso-globosis pedunculisque glabris, floribus subgeminatis, foliolis oblongis aculis serratis petiolis venisque subtus pubes- centibus, aculeis caulinis geminis. — Habitat... Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. carolina L.! C’est probablement ce spécimen auquel Meyer a fait allusion dans une communication à Seringe, communication à la suite de laquelle Seringe a considéré le R. gemella Willd. comme la var. gemella de son R. cinnamomea (Vid. Prodr., I, p. 605, n° 59). Meyer en rapportant ce spécimen au À. gemella Willd. Enum. à certainement commis une erreur, Car ses caractères ne se (a) rapportent pas à ceux de la diagnose. C'est un délicat ramuseule du À. carolina uniflore, à stipules très-étroites, à folioles dont la côte est seule velue et à pédicelle muni de quelques rares glandes. Fol. 2). Un rameau florifère. — Dans ce spécimen, les folioles sont finement pubescentes en dessus et pubescentes en dessous sur toute la surface. Ce dernier caractère ne concorde pas avec lestermes de la diagnose « foliolis… venisque subtus pubescentibus. » Malgré cela cette forme parait bien représenter le R. gemella de Willdenow. Dans l'herbier de Link, n° 214, il y a deux spécimens de ce R. gemella provenant du Jardin botanique de Berlin ; dans l'herbier de Kunth, n° 165, il y a également deux échantil- lons de la même forme et accompagnés de cette étiquette : « Rosa gemella (teste Willd.). Hort. Berol. 1806-12. » Seringe, comme nous l'avons vu, fait du R. gemella une variété du À. cinnamomea; Lindley le place parmi ses Species incertae sedis; Sprengel le considère comme une espèce propre et le range entre les À. Woodsiü et R. carolina ; Trattinnick l’admet également comme espèce et le range dans sa section Linkiana. Link (Enum. hort. bot. Berol ) le distinguait comme un type particulier et différent des R. blanda (R. Solandri) et R. fraxinifolia Lindl. Pendant quelque temps, j’ai cru qu'il était une forme du À. cinnamomea à folioles assez amples, mais ayant depuis reçu d'Amérique de beaux et nombreux spécimens du R. Solandri, je ne suis pas éloigné de penser que l'espèce créée par Willdenow est une forme de ce dernier type. Avant de me prononcer définitivement, je dois réétudier ce R. gemella sur des échantillons re- eueillis au Jardin botanique de Berlin, où la plante de Willdenow a été sans doute conservée jusqu'aujourd'hui. (75 ) L'identité spécifique que je soupconne est d'autant plus probable que Willdenow n'a pas déerit le R. Solandri Tratt. (R. blanda Auct. non Jacq.), qui devait probable- ment exister, de son temps, dans le Jardin botanique de Berlin. Du reste Torrey, qui avait, comme je l'ai dit, examiné l’herbier de Willdenow, rapporte le R. gemella Willd. pro parte ex spec. au R. blanda (R. Solandri). SECT. MONTANAE, N° 9842. — Rosa montana germinibus oblongis pedun- culisque hispidis, petiolis aculeatis, caule aculeis stipu- laribus uncinatis, foliis qlabris obovatis qlanduloso- serratis Willd. — Habitat in Delphinatu, Helvetia. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on lit : « Schleicher. W. » — Le spécimen, accompagné d’une étiquette moderne ainsi conçue : « Rosa glandulosa Bell. teste K. », appartient au À. montana Chaix. N° 9843. — Rosa Reynieri germinibus ellipticis hispi- dis , ramis aculeatis petiolis pedunculisque nudis foliis ellipticis glabris arguto-serratis. — Habitat in Helvetia. — Entre l'habitat et la diagnose, von Schlech- tendal a intercalé : « Rosa montana. » Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un échantillon florifère, et au sommet de laquelle on lit : R. Reynicri. R. montana. Au bas de la feuille, est attachée une étiquette imprimée de la collection de Schleicher : «55. Rosa Reynieri. Hall. fil. — Ad viam Chemin neuf dictam supra Aven. » — C'est encore le R. montana Chaix. Dans les n° 9842 et 9845, les deux sp ÿ (76) échantillons appartiennent identiquement à la même forme ! et cependant les deux diagnoses de Willdenow sont différentes. N° 9846. — Rosa glaucescens germinibus oblongis pedunculisque glabris, caule petiolisque aculeatis, folio- lis oblongis serratis sublus glaucis. — Habitat in Hun- gariae altis montibus. Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1) Un ramuscule florifère, accompagné de l'éti- quette suivante de Kitaibel : « F. 21. Rosa glaucescens Mihi. In altis montibus. » — Appartient au R. rubrifolia Vill. Pédicelles courts et lisses ; réceptacle florifère ovale et lisse; sépales entiers et églanduleux ; pas de teinte rou- geatre sur les organes foliacés. Fol. 2). Un rameau foliifère, accompagné d'une éti- quette portant : «balsamea. » Wallroth y a joint une étiquette ainsi conçue : « Minime ! ad R. alyinam per- linet. » — Folioles minces rappelant celles des Alpinae, à dents composées-glanduleuses, glabres en dessus, à côte et nervures secondaires munies de quelques poils entreméêlés de glandes peu nombreuses; quelques rares aiguillons sétacés à la base du rameau. Ce rameau appar- tiendrait-1l à la forme que Willdenow a nommée (in Enum. Suppl. p. 58) R. balsamica et que Sprengel a décrite dans son Systema plantarum, H, p. 549, n° 52? En pré- sence d'un simple rameau fohifère, il n'est guère possible de se prononcer. Les termes employés par Sprengel pour caractériser les folioles « foliolis duplicato-serratis subtus pubescentibus » s'appliquent en partie à l'échantillon que nous avons sous les yeux. Trattinnick décrit également ce R. balsamica Willd. (Rosac. Mnogr., 11, p. 221). (ES) N° 9847. — Rosa rubrifolia germinibus ovatis pedun- culisque glabris, petiolis aculeatis, caule inermi. Vüll. — Habitat in Helvetia, Gallia. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les deux étiquettes suivantes: « Schleicher, W. » — « Rosa rubrifolia. In montibus Idriae. » Ce numéro est représenté par einq feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient au R. rubrifolia Vill. Pédicelles et réceptacles lisses (un des pédicelles porte cependant une glande) ; sépales munis de quelques glandes. Fol. 2). Un rameau florifère. — Je n’ose me prononcer sur ce spécimen. Fol. 5). Un rameau florifère. — Appartient au R. rubrifolia. Fol. 4). Un ramuscule florifère, accompagné de l’éti- quette suivante : « Rosa pruinala Fl. Bei dem Dorfe Brandberg in Zillerthal 98. » — Appartient au R. rubri- folia. Sépales glanduleux ; quelques glandes sur certains pédicelles ; réceptacle florifère ovoide. Fol. 5). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette suivante de Bellardi : « Rosa rubrifolia Vill. F1. append. planta culta. » — Appartient au R. rubrifolia. N° 9821. — Rosa livida germinibus globosis peduncu- hisque glabris, caule petiolisque aculeatis. — Habitat in Croatia. Ce numéro est représenté par une feuille simple, sur laquelle est attaché un ramuseule fructifère (fruits encore verts), accompagné de l'étiquette suivante de Kitaibel : € D, 52. Rosa livida. In rupibus calcareis Croatiae. » Wallroth y a joint une étiquette ainsi conçue : « R, maÿjalis 7 (78) v. glauca fol. ovatis! Hist. 164. — Ce ramuscule est très-incomplet ; il ne présente que sa feuille supérieure, une bractée et six réceptacles arrivés à mi-maturation. Malgré cela, on y reconnait le vrai R. rubrifolia Val. Réceptacles sphériques, même un peu plus larges que hauts; pédicelles munis de quelques rares glandes ; sépales églanduleux. SECT. CANINAE, N° 9866. — Rosa arguta germinibus oblongis peduncu- lisque hispidis, petiolis cauleque aculeatis. — Habitat ad Caucasum. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère, et au bas de laquelle on lit : «€ Mussin-Purschkin. W. » Sprengel (Syst. pl., IE, p. 549) rapporte le R. arguta Muss.-Pusehk. in W. herb. au R. livescens Bess., mais cette assimilation ne me parait guère admissible. Le R. livescens de Besser se rapproche des Gallicanae, tandis que le R. arquta parait être une véritable Canine. Comme ce dernier n’a pas encore été décrit, du moins que je sache, je vais en faire une description détaillée. Rosa arguta Mussin-Purschkin in Willd. Herb. — Rameau sinueux, à entrenœuds rapprochés, munis d’aiguillons légèrement arqués ou pres- que droits et appartenant au type de ceux des Caninae, ordinairement rapprochés par deux sous les feuilles. Ramuscules sinueux, assez grêles, longs de 6 cent., à aiguillons semblables aux raméaires, mais plus petits, rapprochés par deux sous la plupart des feuilles. Folioles presque toutes ovales-elliptiques, de dimensions moyennes (11-15 mill. de larg. sur 22-25 mill. de long.), ordinairement une fois plus longues que larges, presque toutes aiguës, celles de la feuille supérieure assez longuement aiguës, toutes un peu atténuées à la base, à dents simples, étroites, acuminées ct assez appliquées, assez rarement une petite dent (79) accompagnant une dent plus grande et simulant une dent double; folio- les de la feuille la plus inférieure de chaque ramuscule un peu pubes- centes en dessus, un peu pubescentes sur toute la surface en dessous ; folioles de la feuille suivante glabres en dessus, à côte et ner- vures secondaires un peu pubescentes ; folioles des feuilles supérieures à côte seule un peu pubescente ; côte présentant parfois quelques très- rares glandes. Pétioles inférieurs et moyens velus tout autour, surtout à la naissance des folioles, à poils longs se prolongeant sur les pétiolules; les supérieurs presque complétement glabres ; tous finement aiguillon- nés en dessous, un peu glanduleux aux bords du sillon. Stipules à ailes étroites, à bords supérieurs munis de denticules très-fins et calleux à la pointe, à oreillettes divergentes ou plus ou moins dressées, triangulaires ou laicéolées, aiguës ou acuminées. Fleurs solitaires, accompagnées d’une ou de deux bractées et, dans ce dernier cas, bractée inférieure terminée par une petite foliole. Bractées ovales-acuminées, égalant environ le pédicelle. Pédicelles longs de 10-12 mill., modérément hispides-glanduleux sur toute leur longueur. Récevtacle florifère ellip- soïde, assez abondamment hispide-glanduleux sur toute sa surface. Sépales hispides-glanduleux sur le dos, très-tomenteux à la face interne, les extérieurs munis de 2-5 paires de pinnules denticulées, mais non _ciliées-glanduleuses. Corolle assez grande. Disque peu saillant. Capitule stigmatique glabre. La pubescence des feuilles allant en diminuant graduel- lement de la base au sommet des ramuscules florifères embarrasse, pour le classement de cette forme dans les Caninae, et fait hésiter entre la tribu des Hispidae et celle des Collinae Le R. arquta n'est vraisemblablement qu'une forme du R. canina, mais c'est une forme curieuse et qui méritait d'être décrite. ( 80 ) N° 9868. — Rosa canina germinibus ovatis pedunculis- que glabris, caule petiolisque aculeatis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 550. — Habitat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Jungfernheide. W. » Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — C'est une forme du R. canina. Feuilles inférieures et moyennes à dents com- posées, la feuille supérieure ou les deux feuilles supé- rieures à dents simplement doubles; pétioles un peu glan- duleux, aiguillonnés, glabres ; stipules à ailes étroites, à oreillettes divergentes; fleurs solitaires; pédicelles de longueur moyenne, lisses; réceptacle florifère ovoïde, lisse ; sépales églanduleux ; disque conique, saillant; styles hérissés. Cette forme, à laquelle je ne puis appliquer rigoureusement aucun nom connu, appartient à la petite tribu artificielle Biserratae de la section des Caninae. Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient à la tribu Büiserratae et vient se ranger dans le voisinage du R. oblonga Rip. C'est également une forme du R. canina. N° 9862. — Rosa collina germinibus ovatis subglabris, pedunculis petiolisque glanduloso-hispidis, caule acu- lato. Host Synop., 280. — Habitat in Austria. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont atta- chées les deux étiquettes suivantes : « Host. W. » — «Rosa arvensis Flora Werth. (Wibel).» Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un grand rameau florifère à sept ramuscu- les. — Ce spécimen, qui provient probablement de Host, n'appartient pas au À. collina de Jacquin et ne répond du reste pas aux caractères de la diagnose reproduite par (81) Willdenow. Rameau et ramuscules inermes; pétioles un peu aiguillonnés dans les feuilles supérieures ; pédicelles de longueur moyenne, lisses ; réceptacle florifère ovoide, lisse ; sépales églanduleux ; styles hérissés. Les stipules supérieures sont modérément élargies, à oreillettes dres- sées, à bords un peu rentrants. Il y à une teinte violacée sur les stipules supérieures, les bractées, les pédicelles, le réceptacle et les sépales, et je pense que la corolle a été d'un rose assez vif. Si ce n'est pas une forme du R. corii- folia Fries, c'est une forme appartenant à la tribu des Pubescentes et se rapprochant du R. dumetorum Thuill. Fol. 2). Un long rameau presque inerme chargé de plu- sieurs ramuscules dépourvus de fleurs et de fruits. Ii y a un petit bouton sur l’un de ces derniers. — Wibel avait bien nommé cet échantillon, en lui appliquant le nom de R. arvensis. C'est une forme du R. arvensis d'Hudson à folioles petites, un peu pubescentes à la face supérieure, modérément pubescentes sur toute la face inférieure, mais d'une façon très-apparente et à villosité rappelant celle des Pubescentes. Pétioles pubescents, abondamment aiguil- lonnés et glanduleux. D'après les matériaux de son herbier, il est bien difficile de savoir ce que Willdenow entendait par son R. collina. N° 9876. — Rosa alba germinibus ovatis glabris, pedun- culis hispidis, caule petiolisque aculeatis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 551. — Habitat in Europa. Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant un ramuscule florifère du R. alba. — Folioles grandes, ovales-arrondies; stipules à ailes larges de > mill., à oreillettes dressées un peu divergentes; pédi- celles longs de 28 et 58 mill. ; réceptacle florifère médian étroitement pyriforme-ellipsoide. (82) N° 9863. — Rosa mexicama. (Ce nom, qui n’est pas de l'écriture de Willdenow, est la seule indication qui se trouve sur le recto du premier feuillet de la chemise.) Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette de Willdenow sur laquelle on lit : « Rosa mexicana. » L° L9 LS Sprengel (Syst. veget., Il, p. 555) rapporte ce nom de R.mexicana comme synonyme au R. montezumae H. B. K. et en faisant cette assimilation il a eu parfaitement raison, car l'échantillon de lherbier de Willdenow appartient au type décrit par von Humboldt, Bonpland et Kunth. Comme celui-ci est encore peu connu, je crois bien faire en déeri- vant le spécimen en question. Rosa montezumae H. B. K. — Rameau inerme. Ramuscules très- courts (15 mill.), inermes, à entrenœuds rapprochés et très-courts, Feuilles à 1-2 paires de folioles. Folioles petites, ovales-elliptiques, parfaitement glabres sur les deux faces, avec quelques cils aux bords inférieurs, assez épaisses, a dents paraissant être toutes doubles (dans un assez grand nombre de dents, le petit denticule accessoire et calleux à la pointe semble avoir disparu), à côte églanduleuse, celle des folioles terminales parfois munie d’un très-petit aiguillon à la base ; les feuilles les plus inférieures à folioles un peu atténuées à la base, subobtuses au sommet ; les autres feuilles, à folioles un peu atténuées-arrondies à la base, aiguës au sommet. Pétioles un peu pubescents tout autour, mais surtout en dessus, à pubescence se prolongeant entre les ailes stipulaires, munis de 5-4 petits aiguillons etun peu glanduleux. Stipules à ailes assez larges surtout la supérieure, finement ciliées-glanduleuses, à oreillettes courtes, aiguës, à bords rentrants et à pointes dressées. Fleurs solitaires. Pédicelles avant la floraison cachés par les stipules supérieures et la bractée. Réceptacle florifère avant l’anthèse ovoïde et lisse. Sépales églanduleux, les extérieurs munis de 2-5 pinnules. Les caractères fournis par ce spécimen, la figure qu'a publiée Redouté dans Les Roses, les descriptions de (85 ) Thory, Kunth et d'autres auteurs ne me fournissent pas les éléments suffisants pour assigner à cette espèce sa véritable place dans la classification. Constitue-t-elle un représentant américain de nos Caninae ? ou bien serait- elle un type de la section des Montanae? Dans le Nova genera et species plantarum, VI, p. 222, on lit: « Frutex statura et habitu Rosae rubiginosae. » C'est peut-être à cause de ces termes que Lindley a classé cette espèce, mais à tort, dans sa division Rubiginosae. Thory, dans son Prodromus, p. 106, en fait une variété du R. canina. Seringe (Prodr., [, p. 614, n° 76) l'admet comme espèce et la décrit à côté du R. canina. Trattinnick l’a placée dans sa section Thoryana en compagnie de diverses Alpinae. Avant de pouvoir la classer naturellement, elle doit être réétudiée, soit sur des matériaux indigènes sufli- samment complets, soit sur la plante cultivée. D'après ce que je puis voir, elle semble différer sectionnellement de toutes les autres espèces américaines connues. Le R. montezumae a été découvert par von Humboldt et Bonpland, à la cime du Cerro-Ventoso, dans les Andes du Mexique, entre la ville de Mexico et Moran, à l'alti- tude d'environ 9500 pieds. Placée sous le 19° degré, cette habitation est la plus rapprochée de l'équateur où l’on ait découvert, en Amérique, des Roses à l'état indigène. Dans l’ancien monde, il existe des habitations de Roses plus méridionales encore. €’est ainsi que le R. Schimpe- riana Hochst et Steud., qui parait être identique avee le R. abyssinica R. Br., croit en Abyssinie entre le 15° et le 10° degrés; que dans l'Inde, le R. Leschenaulliana Wight existe sur le Nila-Giri (Dekan), vers le 12° degré. (8) N° 9820. — Rosa hibernica germinibus globosis pedun- culisque glabris, aculeis stipularibus, foliolis ellipticis aculis arqute serratis. — Habitat in Hibernia. Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant un rameau florifère, accompagné d’une étiquette de Turner ainsi conçue : « Rosa hibernica nova nec dum des- cripta species ex Hibernia.» Une étiquette de Wallroth porte «_R. campestris var. spinosissima, fol. sublus petiolisque parce pubescentib. Hist. 119. » — Appartient au R. hiber- nica Sm. Les courts ramuscules florifères sont inermes ; le rameau porte quelques rares petits aiguillons; les folioles sont un bon tiers plus petites que dans la figure de l'English Botany, tab. 708, simplement dentées, glabres, à l'exception de la côte qui est velue; pétioles un peu velus ; stipules supérieures larges, à bords rentrants ; sépales se redressant après l’anthèse; réceptacle florifère rappelant celui du R. spinosissima. Le R. hibernica, qui est extrèmement polymorphe, parait être un produit hybride de diverses formes du R. canina croisées avec le R. spinosissima. SECT. RUBIGINOSAE. N° 9823. — Rosa rigida germinibus globosis peduncu- lisque glabris, caule uncinato-aculeato, petiolis pubes- centibus, foliolis subrotundis serratis rigidis. — Habitat ad Caucasum. Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant deux rameaux fructifères, accompagnés de deux étiquettes. L'une de celles-ci est fixée sur le côté de la feuille; elle est probablement de Marschall von Bieberstein et est (85 ) ainsi coneue : « Rosa ferox M. B. non a Caucaso sed ex Tauria.» La seconde étiquette, qui est du mème botaniste, et fixée au bas de la feuille, porte : » Rosa... Alupka- Temirkei. » AL est probable que lorsque Marschall von Bicberstein a envoyé la première fois la plante à Willde- now, celle-ci n'avait pas encore reçu de nom. Wallroth a écrit: Cf. Hist. 266. » — Wiildenow s'était trompé quand il écrivait « pedunculis glabris, » car, dans les deux spécimens de son herbier, les pédicelles sont hispides- glanduleux. Le rameau attaché au bas de la feuille pré- sente le caractère distinctif si saillant du R. ferox M.B., celui de très-nombreux aiguillons sétacés-glanduleux recouvrant l'axe des rameaux et des ramuscules, aiguillons sétiformes accompagnés d'aiguillons plus robustes et arqués. Dans le rameau attaché à la partie supérieure de la feuille, ces soies glanduleuses manquent à peu près complétement, non-seulement sur l'axe raméaire, mais sur les axes ramuseulaires. Sur les dix ramuscules de l'échantillon, huit sont parfaitement églanduleux et deux présentent seulement quelques soies glanduleuses dans un ou deux entrenœuds supérieurs; l'axe raméaire est complétement dépourvu de soies. A part cette différence, les deux spécimens semblent bien appartenir à la même forme. Dans le rameau dont il vient d'être question en dernier lieu, les réceptacles, qui sont bien murs, sont petits (8-10 mill. de largeur), un peu plus larges que hauts et sont parsemés de quelques glandes ; les sépales ont complétement disparu; les pédicelles sont courts (4-5 mill.); les styles paraissent glabres; les folioles sont petites, tout à fait glabres, à face supérieure lisse et sans glandes. Les deux spécimens paraissent avoir été récoltés sur un arbrisseau bas et tortueux, (86) Cette Rose a été décrite par Marschall von Bieberstein, en 1808 (F1. Taur.-Cauc., I, p. 596), sous le nom de R. provincialis. En 1819 (loc. cit., IE, p. 529), le mème auteur, ayant reconnu qu'elle ne pouvait pas être identifiée au À. provincialis, la rapporta au R. ferox de Law- rance et d'Aiton. Cette seconde assimilation n'était pas plus heureuse que la première, car la plante de Marschall von Bieberstein ne parait avoir aucune ressemblance avec le R. ferox des deux auteurs anglais susdits et qui est le R. rugosa Thunb., si j'en juge d'après la description qu’en donne Lindley. Je ne comprends pas comment Aiton ait pu attribuer le Caucase comme patrie à cette dernière espèce qui est originaire de l’extrème Orient. En admet- tant que le nom de R. ferox ne soit qu'un simple syno- nyme du À. rugosa, il faut adopter, pour la Rose du Caucase en question, le nom de R. horrida que lui avait donné Fischer (Cat. hort. Gorenk., 1812, p. 66). Ce nom de horrida a été employé plus tard par Sprengel (Syst. vegel., IT, p. 549, 1825) pour désigner le R. viminea Lindi. Ledebour (F1. Ross., II, p. 80) considère le R. horrida Fisch. (R. ferox M. B.) comme une variété du R. rubi- ginosa, variété qu'il désigne sous le nom de minor. Cet auteur rapporte comme synonyme, à ce À. horrida, le R. arguta Wild. Herb. n° 9866, or nous avons vu que ce dernier est une Canine et j'ajouterai qu'il n'a aucun rapport avec la forme que Marschall von Bieberstein à décrite sous le nom de R. ferox. Cette dernière est une vraie Rubigineuse et quin'est peut-être au fond qu'une forme orientale de notre R. rubiginosa L. J'en reparlerat quand je traiterai les Roses de la flore d'Orient. (87) N° 9865. — Rosa rubiginosa germinibus ovatis pedun- culisque hispidis, petiolis cauleque aculeatis : aculeis recurvrs, foliohs ovatis, subtus glanduloso-pilosis. Ait. Kew., 2, p. 206. — Habitat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées les trois étiquettes suivantes : « Jungfernheide Thier- garten Grünewald. W. » — «49% Mühlenberg misit.) » — «7 Rosa rubiginosa L. F1. Starg. (Schultz). » Ce numéro est représenté par six feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient à la variété du À. rubiginosa que M. Ripart a nommée À. echinocarpa. C'est une forme à grandes folioles, très peu pubescentes, à côte et à nervures secondaires un peu velues. Trois feuilles ont les folioles glanduleuses en dessus. Fol. 2). Un ramuseule florifère. — Appartient au À. echinocarpa Rip. Folioles petites, plus pubescentes en dessus que dans la forme précédente, à glandes supra- foliaires rares, à côte et nervures secondaires un peu velues. Fol. 5). Un ramuscule florifère. — Forme ordinaire du R. rubiginosa à réceptacle lisse. Fol. 4). Un ramuseule florifère. — Peut être rapporté au À. rubiginosa. Folioles très-peu pubescentes à la face supérieure, qui est parfois munies de glandes rares ; réceptacle lisse où muni de très-rares soies glanduleuses. Fol. 5). Un rameau fructifère. — Forme ordinaire du R. rubiginosa. Réceptacle fructifère lisse, non couronné par les sépales qui ont disparu. Dans les cinq formes précédentes, les styles sont plus ou moins hérissés. Fol. 6). Un rameau florifère et un rameau folüfère, (88 ) accompagnés de l'étiquette suivante: « 6. Rosa glutino- sa Mihi. Fl. Stag. In collibus apricis (Schultz). » Au bas de la feuille, on lit: « Rosa rubiginosa? W.» — Appar- ent à la tribu des Sepiaceae et parait être identique avec le R. inodora Fries. Folioles assez grandes, ovales-ellip- tiques, un peu atténuées à la base; celles des feuilles inférieures et moyennes un peu pubescentes en dessus ; pétioles densément pubescents ; réceptacle ovoïde-arrondi ; sépales paraissant se relever promptement après l’anthèse. SECT. TOMENTOSAE et VILLOSAE. N° 9827. — Rosa cuspidata germinibus globosis pedun- culisque corymbosis, hispidis, caule petiolisque aculeatis, foliolis acuminatis sublus pubescentibus. — Habitat propre Kislar. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant deux ramuscules défleuris dont l’un est attaché à un fragment de rameau. Au bas de la feuille, on lit: « Bie- berstein. W. » Comme ces deux spécimens sont authentiques et que d'autre part le type de Marschall von Bieberstein est géné- ralement mal connu, je crois devoir rédiger une nouvelle description. Rosa cuspidata M.B. — Ramuscules longs de 10 cent. environ, assez fortement aiguillonnés, à aiguillons arqués un peu crochus, munis de quelques fines soies glanduleuses dans les deux entrenœuds supé- rieurs. Folioles ovales-elliptiques, plus d'une fois plus longues que larges, un peu atténuées-arrondies à la base, celles des feuilles inférieures brièvement aiguës, celles des feuilles moyennes et supé- rieures assez longuement aiquës-acuminées, toutes un peu pubescentes en dessus ou presque glabres, munies de rares glandes suprafoliaires, pubescentes sur la côte et les nervures secondaires, à face inférieure ( 89 ) entièrement chargée de glandes nombreuses, brunâtres et très-visibles à l’œil nu, à dents très-fortement glanduleuses. Pétioles tomenteux, aiguillonnés et très-glanduleux. Stipules toutes fortement glanduleuses en dessous, assez étroites ou assez larges, à oreillettes longues, étroites, cuspidées, dressées-divergentes. Bractées toutes très-glanduleuses en dessous, étroites, cuspidées, l’inférieure égalant environ les pédicelles, les secondaires plus petites et longuement dépassées par les pédicelles latéraux. Fleurs réunies par 3-4, longuement pédicellees. Pédicelles (15-18 mill.) abondamment hispides-glanduleux, glabres. Réceptacle florifère ovoide, atlénuëé à lu base, très-abondamment hispide-glanduleux sur toute sa surface (paraissant devoir donner naissance à un récep- tacle fructifère ovoïde-arrondi). Sépales restant réfléchis après l’anthèse, très-glanduleüx. Disque peu saillant. Styles modérément hérissés. Marschall von Bieberstein a décrit tout d’abord cette forme dans le 1° volume de sa Flore et plus tard, dans le 5° volume du même ouvrage, ila refaitla diagnose et la description. Ces deux dernières s'appliquent parfaitement aux spécimens conservés dans l'herbier de Wilidenow, qui du reste sont authentiques. Ceux-ci présentent cepen- dant un caractère qui n'a sans doute pas été aperçu par Marschall von Bieberstein, celui de glandes suprafoliaires. Dans l'herbier général de Berlin, n° 297, se trouve un échantillon de ce même R. cuspidata accompagné d'une étiquette de Wallroth portant : R. villosae var. glabrata. p. 253. — Caucasus. » Le R. cuspidata M. B., qui est une des nombreuses formes du R. tomentosa Sm., n’est pas le même que celui décrit par les botanistes français, comme du reste on peut s’en assurer en comparant la description précédente avec celles qui ont été faites du R. cuspidata de la partie ocei- dentale de l'Europe. En conséquence, celui-ci, à titre de petite espèce, doit recevoir un nom nouveau: À. pseudo- cuspidata. ( 90 ) N° 9836. — Rosa villosa germinibus globosis peduncu- lisque hispidis, caule aculeis sparsis, petiolis aculeatis, foliolis tomentosis. Lin. Syst., ed. R., 2, p. 527. — Habitat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Jungfernheide W. » Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient peut-être au R. mollissima Fries, mais le spécimen est trop peu complet pour pouvoir se prononcer sur lui avec quelque certitude. Pédicelles très-courts, un peu hispides-glandu- leux ; réceptacle florifère petit, sphérique, muni de rares soies glanduleuses ; folioles non glanduleuses en dessous. Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Me parait être une forme du R. tomentosa Sm., à folioles affectant la forme allongée de celles du R. pomifera, à nervures secondaires un peu glanduleuses et avec de rares glandes éparses sur le parenchyme, à pédicelles allongés, grèles, un peu his- pides-glanduleux, à réceptacle florifère ovoïde-arrondi, très-peu hispide-glanduleux, à pétales à bords églandu- Jeux, et à styles velus. Fol. 5). Deux rameaux florifères. — Appartiennent au R. pomifera Herrm. type! Folioles à face inférieure chargée de glandes blanchâtres. Fol. 4). Un rameau florifère. — Forme appartenant à la section des Tomentosae, très-voisine du R. .omissa Déségl. Ramuseules florifères courts (5-5 1/2 cent.). Folioles un peu plus petites que celles du À. omissa, un peu moins obtuses ou un peu moins brusquement aiguës, à nervures secondaires un peu glanduleuses, à glandes éparses peu nombreuses. Stipules toutes glanduleuses (91) en dessous, les moyennes et les supérieures glabres à la face inférieure. Bractées glanduleuses et glabres à la face inférieure. Fleurs solitaires ou géminées, brièvement pédicellées. Pédicelles courts, hispides-glanduleux , le médian longuement dépassé par les stipules supérieures ou la bractée. Réceptacle florifère obovale-arrondi, modé- rément hispide-glanduleux. Sépales hispides-glanduleux. Pétales à bords églanduleux. A part une légère différence dans la grandeur et la forme des folioles, dont les glandes sont moins nombreuses en dessous, et la glabriété de la face inférieure des stipules moyennes et supérieures et des bractées, tous les caractères de cet échantillon sont les mêmes que ceux du À. omassa. Fol. 5). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette suivante: « 12 Rosa villosa var. ? germinibus pedunculis- que hispidis. — In dumetis fl. Starg. (Schuliz). — C'est une forme de la section des Tomentosae. Folioles petites, ovales, tomenteuses sur les deux faces, celles des feuilles inférieures à nervures secondaires glanduleuses, mais sans glandes sur le parenchyme, celles des feuilles moyennes et supérieures à côte seule glanduleuse. Stipules inférieures et moyennes très-glanduleuses en dessous, les supérieures à ailes seulement un peu glanduleuses en dessous vers le sommet, et glabres à la face inférieure. Bractées glabres et églanduleuses en dessous. Fleurs réunies par trois, briève- ment pédicellées. Pédicelles un peu hispides-glanduleux. Réceptacle florifère médian ellipsoide, lisse, les latéraux hispides-glanduleux à la base. Cette forme semble se rapprocher du R. annesiensis Déségl. [2 (92) N° 9836 a. — Rosa villosa varietas G germinibus glabris. Rosa MOLLISSINMA Prod. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Sprengel. W. » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère — Aiguillons grèles, droits et ressemblant à ceux des Villosae. Folioles ovales, assez allongées, pubescentes sur les deux faces, toutes glanduleuses à la face inférieure. Pétioles aiguillonnés. Fleur solitaire. Pédicelle très-court (4 mill.), chargé de quelques rares glandes. Réceptacle obovoïde-arrondi, lisse à la base, un peu hispide-glanduleux dans sa moitié supé- rieure. Sépales extérieurs un peu pinnulés. Styles velus. Il est bien difficile de se prononcer sur un spécimen aussi petit. Appartiendrait-il aux Villosae ? Son facies me porte à y voir une forme du R. tomentosa Sm., type, comme on le sait, extrêmement polymorphe et que l’on a démembré en un grand nombre d'espèces secondaires. Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient aux Tomen- tosae! Folioles à face inférieure chargée de glandes éparses très-apparentes, surtout dans-les feuilles inférieures. Pé- tioles aiguillonnés. Stipules étroites, toutes glanduleuses et tomenteuses en dessous. Bractée petite, beaucoup plus courte que le pédicelle, très-tomenteuse en dessous et à villosité empêchant probablement d’apercevoir les glandes. Pédicelle grèle, allongé (12 mill.), modérément hispide- glanduleux. Réceptacle florifère ovoïde-arrondi, lisse. Corolle moyenne (4 cent. de diamètre), à pétales à bords églanduleux. Styles velus. Pourrait bien appartenir au R. cuspidatoides Crép. in Scheutz Skandin. Rosa, p. 57. Fol. 3). Un ramusceule florifère, accompagné de léti- (95) quette suivante : « Rosa dubia fl. Werth. variet. villosae (Wibel). — Appartient à la section des Tomentosae, et constitue une forme voisine du R. cuspidatoides Crép. Folioles tomenteuses en dessus, un peu glanduleuses en dessous, mais à glandes éparses et en apparence peu nom- breuses. Pétioles inermes. Stipules très-tomenteuses en dessous, les inférieures pourvues de glandes visibles à la face inférieure, les supérieures et les bractées peut-être également chargées de glandes à la face inférieure, mais que la villosité empêche d'apercevoir. Fleurs réunies par trois. Pédicelles longs (atteignant jusqu'à 24 mull.), grèles, modérément hispides-glanduleux, dépassant la bractée. Réceptacle florifère ovoide-arrondi, lisse. Corolle grande (5 cent. de diamètre), paraissant avoir été d'un rose pâle. Styles velus. D'après l'étiquette fixée sur la chemise de ce n° 9856, c'est bien parmi les spécimens représentant ce numéro que nous devons rechercher ce que peut- être le R. mollissima que Willdenow a décrit dans son Florac Berolinensis Prodromus (1787). Dans cet ouvrage, Willdenow décrit tout d’abord, dans la subdivision **ger- minibus globosis, un R. villosa L., à réceptacles florifères «globosis. hispidis, » qu'il signale : « In der Jungfern- heide, prope Spandau, etc., » et dans l’addenda du même ouvrage, il décrit son R. mollissima, à réceptacles flori- fères « subglobosis glabris, » qu'il signale : « Prope Span- dau passim. » Il dit que cette espèce ressemble au RÀ. villosa, mais qu’elle en diffère par son réceptaele lisse et il demande si ce n'est pas une variété de ce dernier type. Plus tard, dans son Species plantarum et il rapporte ce R. mollissima comme var. 5 au R. villosa L. En 1815, dans son Enumeratio plantarum horti regii bolanici Bero- 8 (94) linensis, il décrit le R. villosa L. sans plus faire mention du À. mollissima, qui n'est plus rappelé que nominative- ment dans le supplément du mème catalogue publié par von Schlechtendal. Link, dans une nouvelle édition du catalogue du Jardin botanique de Berlin, ne parle pas du R. mollissima de Willdenow, ce qui doit nous faire penser que cette plante n'a pas été cultivée dans ce Jardin bota- nique. Le R. mollissima de Willdenow est-il bien l'espèce que M. Fries a décrite sous ce nom et qui est spécifiquement distincte du R. tomentosa Sm.? J'ai tout lieu de croire que non. Les termes de la description de Willdenow (FT. Berol. Prodr., pages 457-458) ne permettent de ürer aucun argument en faveur de l’une ou l'autre opi- nion, vu qu'ils peuvent aussi bien s'appliquer au R. mol- lissima Fries qu'au R. tomentosa, dernière espèce, qui, en 1787, n'avait pas encore été démembrée ou distinguée du type complexe que Linné avait décrit sous le nom de R. villosa. Il faut donc recourir à l’herbier de Willdenow pour trouver la solution du problème : malheureusement les matériaux de cet herbier nous laissent quelques doutes. Nous avons vu que Willdenow avait tout d’abord admis deux types, R. villosaet R. mollissima, et que ces deux types ont été plus tard fondus en un seul sous le nom de R. villosa, ce qui prouve qu'il n'avait pas eu une idée bien nette du R. tomentosa, espèce très-distincte qu'il confondait avec le R. pomifera et qu'il a fait ainsi la même confusion que Linné, celle de comprendre, sous le nom de R. villosa, les R. pomifera Herrm., R. mollissima Fries et R. tomentosa Sm. L'herbier de Willdenow témoigne suffi- samment de cette confusion, puisque nous y voyons réunis, sous le nom de R. villosa, quatre spécimens appartenant (9% ) certainement au R. tomentosa Sm., deux spécimens du R. pomifera Herrm. et enfin deux échantillons douteux qui appartiennent peut-être au R. mollissima Fries, mais que je soupconne être des formes du R. tomentosa Sm. L'un de ceux-ci est rangé sous le n° 98564, numéro représentant, dans l'herbier, le R. mollissima de Willde- now qui est considéré comme une variété du R. villosa n° 9856. Or, ce deuxième spécimen douteux étant associé à deux formes du À. tomentosa, on peut conclure, en admettant même que ce spécimen douteux appartienne véritablement au R. mollissima, que Willdenow, sous le nom de R. mollissima, n'a pas eu en vue l'espèce décrite plus tard sous ce nom par M. Fries, mais qu'il a eu l’inten- tion de distinguer une forme quelconque du R. villosa de Linné ayant le réceptacle lisse, Mon sentiment estque Will: denow a décrit, sous le nom de R. mollissima, une forme du R. tomentosa, et ce sentiment est renforcé par ce fait qu'aux environs de Berlin et peut-être dans tout le Bran- debourg le R. mollissima Fries n'existe pas. M. Ascher- son, dans sa Flore de la province du Brandebourg, ne signale pas cette espèce, et dans l'herbier de cette province, conservé au Musée botanique de Berlin, je n'ai vu aucune trace de ce type. Je crois donc qu'il est prudent de ne plus rapporter à Willdenow la paternité du type généra- lement connu aujourd'hui sous le nom de R. mollissima et qu'il faut, pour se conformer aux règles de la nomen- clature, désigner dorénavant ce type sous le nom de R. mollis Sm. (1812), qui parait être le nom princeps de l'espèce. sr (96 ) N° 9858. — Rosa tomentosa germinibus oblongis petio- lisque hispidis, foliis utrinque tomentosis, aculeis recur- vis sparsis. — Habitat in Helvetia. Entre la diagnose et l'habitat, on a intercalé : « Smith Brit., t. 559. » Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit : « R. tomentosa (Schleicher). » — Appartient au R. cus- pidata Auct. Gall. non M. B. Réceptacles assez abon- damment hispides-glanduleux ; styles hérissés. SECT. BRACTEATAE. Cette section, créée par Lindley, comprend les R. involucrata Roxb., R. bracteata Wendl. et R. Lyellii Lindi. Elle est mal caractérisée par l’auteur anglais, car la villo-” sité des axes et des réceptacles existe dans des espèces appartenant à d’autres sections et de plus cette section n’est pas vraiment homogène dans ses représentants : le R. Lyellii s'éloigne assez bien des deux autres types par son facies et plusieurs de ses caractères. N° 9874. — Rosa tomentosa germinibus ovatis peduncu- lisque iomentosis, foliolis obtusis subtus tomentosis, caule aculeato. — Habitat in India orientali. Entre la diagnose et l’habitat, on a intercalé : « Rosa incana » et entre parenthèses, il est écrit: « d. Schlechtendal p. » Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant un rameau florifère accompagné d’une étiquette de Roxburgh ainsi conçue : « Rosa bracteata. »; au sommet de la feuille, on lit: « Rosa tomentosa. — incana », et au bas, : « Roxburgh. W. » Ce spécimen appartient au R. involucrata Roxb. ! IT à PO EX VE (97) sans doute été envoyé à Willdenow avant que Roxburgh eût distingué son R. involucrata du R. bracteata de Wendland et ainsi s'explique l'identification vicieuse qui avait tout d'abord été faite de l’espèce de l'Inde. N° 9375. — Rosa bracteata germinibus oblongis sericeis bracteatis, caule sericeo-aculeato, petiolis aculeatis, foliolis glabris subaculeatis. Wendl. Obs., 50. — Habi- tat in China. Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- tant deux ramuscules florifères provenant de Wendland, comme l'indique l'inscription du bas de la feuille. — Ils appartiennent au R. bracteata WendI., mais 1ls constituent une forme délicate, à ramuscules grèles, munis d'aiguil- lons géminés grèles, droits, horizontaux ou même un peu relevés. Cette forme se rapproche de la var. 6 scabri- caulis décrite par Lindley et peut-être lui est-elle identique. SECT. LUTEAE,. Les Roses à fleurs jaunes semblent mériter de con- stituer un petit groupe spécial. Déjà Trattinnick avait établi, pour le R. lutea Mill. (R. Eglanteria L. pro parte), un petit groupe particulier sous le nom de Roessigiana, et plus tard M. Déséglise a créé, pour la même espèce, la section Eglanteriae, qu'il a rangée à côté de la section Pimpinellifoliae. Cette section des Luteae, qui comprend les R. lutea et R. sulfurea, est caractérisée par sa corolle jaune, par l'ouverture du réceptacle dépassée par une couronne velue qui entoure la base du capitule stigmatique, par ses anthères très-allongées et par divers autres caractères que je ferai ressortir plus tard. Les Pimpinellifoliae se rapprochent des Luteae par leurs (98 ) anthères allongées, par les poils intérieurs du réceptacle qui tapissent souvent l'ouverture, mais sans [a dépasser, par leurs fleurs ordinairement solitaires, à pédicelles munis à leur base d'une feuille et privés de bractées. N° 9816. — Rosa lutea germinibus globosis pedunculisque glabris, calycibus petiolisque spinulosis, aculeis ramo- rum reclis. Aiton Kewens., 2, p. 200. Rosa EcGLax- TERIA L. — Jabilat in Europa. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: « Bouché. W. » Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. lutea. Folioles un peu pubescentes sur les deux faces et un peu glanduleuses en dessous; aiguillons droits: deux fleurs. Fol. 2). Un rameau florifère. — A peu près la mème forme que la précédente. Fol. 5). Un rameau à réceptacles fructifères Jeunes, accomgagné de l'étiquette suivante : « Rosa Eglanteria (petata non vidi). In sylvaticis El. Starg. (Schultz). » Wallroth a écrit : « Rosa Cynorhodon, dumetorum mitis. » — C'est une forme appartenant aux Caninae, trib. Pubes- centes. Réceptacle fructifère assez petit et arrondi; dents foliaires simples, rarement quelques-unes doubles. N° 9817. — Rosa sulfurea germinibus globosis, petiolis cauleque aculeatis : aculeis caulinis duplicibus majoribus minoribusque numerosis, foliis ovalibus. Aiton Ke- wens., 2, p. 201. — Habitat in Oriente. Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : « Bouche. W. » (99 ) Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient au R. sul- furea. Axe inerme; folioles obovales, finement pubescentes sur les deux faces et églanduleuses, à dents simples s’arrêtant vers le tiers inférieur du limbe; fleur solitaire, pleine; pédicelle lisse. Fol. 2). Un ramuscule florifère et un fragment de ramuscule sans fleurs. — Même forme que la précédente. La véritable patrie des R. lutea et R. sulfurea est restée longtemps inconnue. Lindley indiquait quelques points de l'Europe où le premier aurait été observé à l'état indigène, et le second, il le donnait, d'après Clusius, comme vrai- semblablement originaire de l'Orient; Seringe ignorait la patrie du premier et supposait le second originaire de l'Orient; Trattinnick indiquait le premier en Europe et, pour le second, il a répété ce qu'on avait déjà avancé sur son origine orientale. Tout récemment, M. K. Koch, dans sa Dendrologie, rapporte que le premier est réputé ori- ginaire de la Turquie et surtout de la Turquie d'Asie, mais que pendant ses voyages, dans cette dernière contrée, il ne l’a jamais rencontré à l’état spontané; pour le second, il dit qu'il est vraisemblablement originaire de l'Orient et que, d'après la tradition, il aurait été importé de la Perse, au 16° siècle, tout d'abord à Constantinople et puis de là à Vienne. Dans son Flora Rossica, Ledebour indique le R. lutea en Crimée, d'après Parrot. Les recherches faites en Orient par les botanistes mo- dernes devaient amener la découverte de la véritable patrie du R. sulfurea. En 1849, M. de Tchihatcheff découvrait cette espèce sur le Kuredagh en Galatie (Asie mineure), à l'altitude de 1200 m. Je ne sais quelle forme ce botaniste a observée ( 100 ) et en quoi elle se distingue du R. Rapini Boiss. et Bal., que M. Boissier considère maintenant comme le type, la forme spontanée, du R. sulfurea Ait. Ce R. Rapini, avec sa variété caesarea, a été trouvé en divers lieux de l'Asie mineure par MM. Tchihatcheff et Balansa. La Rose que M. Buhse a décrite sous le nom de R. Bungeana, si j'en juge d'après un spécimen qu'il a bien voulu me commu- piquer, est encore une forme du R. Rapini. Le R. sulfurea (R. Rapini) s'étendrait donc à travers toute l'Asie mineure, l'Arménie et jusque dans le nord de la Perse. Quant au R. lutea, M. Tchihatcheff le signale (Asie Mineure, 5° partie, p. 125) autour de Baibut, en Arménie, et Kotschy l’a découvert en plusieurs endroits de l'Orient. M. Thomson l’a recueilli aux environs de Kischtwaar, dans l'Himalaya occidental, à l'altitude de 7500 pieds. IT reste à savoir si ces botanistes ont observé l'espèce à l'état spontané. M. Koch, ainsi qu'il est rappelé ci-dessus, n'a jamais pu découvrir le R. lutea à l’état indigène et M. le D' Haussknecht, qui a parcouru tout l'Orient, n’a vu cette Rose qu'à l'état cultivé, soit dans les jardins, soit dans les vignes. Je crois que M. Boissier a parfaitement raison de con- sidérer le R. Rapini comme la forme spontanée, le type, du R.sulfurea. Le R. Bungeana Buhse, si j'en juge d’après un échantillon que m'a donné l’auteur et d'après la des- eription qu'il en a publiée, est une forme du R. Rapini. Celui-ci varie assez bien dans plusieurs de ses organes. Les R. sulfurea et R. lutea ont été tenus séparés, par quelques auteurs, dans deux sections différentes. Lindley et Sprengel rangent le R. sulfurea dans la division des Pimpinellifoliae et Ie R. lutea, dans celle des Rubiginosae ; Trattinnick place le premier dans sa série Du Pontiana et ( 101 ) le second, dans sa série Roessigiana. M. Buhse considère son R. Bungeana comme une espèce appartenant à la section des Cinnamomeae. D'après cela, on pourrait croire que ces deux espèces sont extrèmement différentes par leurs caractères et leur facies. Il n’en est rien cependant et l'une et l’autre ont tant d’aflinité même qu'on pourrait se demander si ce ne sont pas deux formes dérivées d'un même type spécifique. Plus tard, je démontrerai que cette supposition n'est pas aussi étrange quelle en a Pair à première vue. M. K. Koch, dans sa Dendrologie, a du reste mieux apprécié ces deux formes en les décrivant lune à côté de l’autre dans sa section des Pimpinellifoliae ; en parlant du R. sulfurea Ait. (1788), qu'il appelle R. hemis- phaerica Herrm. (1762), 11 demande si cette espèce ne serait pas une variété du R. lutea. Le R. hispida Sims (R. lutescens Pursh) à en juger, d'après la figure publiée dans le Botanical Wagazine, tab. 1570, paraît avoir une très-grande affinité avec l’une ou l’autre des deux espèces précédentes. IT pourrait bien se faire qu'un jour toutes les espèces à fleurs jaunes fussent reconnues comme appartenant à un seul et unique type spécifique. SECT. SIMPLICIFOLIAE. N° 9815. — Rosa berberifolia foliis simplicibus ovatis dentatis, caule aculeato. — Habitat in Rossia. Au verso du premier feuillet de la chemise, il y a quatre étiquettes : « Stephan W. » — Rosa berberifolia Mihi (puis un nom en caractères russes) (Sievers). » — Rosa berberifolia P. » — « Flos odorus. — Ad. fl. Ulshar cum Rheo nana fruticos. sesquipedalis, radix stolonibus longis- sim. replans. D' Sievers (Pall.). ( 102 ) Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant un rameau muni de deux ramuscules. — Appartient au R.simplicifolia Salisb., 1796, CR. berberifolia Pall., 1797). Cette espèce constitue bien certainement un type spéci- fique qu'on ne sera jamais tenté de subdiviser en plusieurs petites espèces, comme on l’a fait pour plusieurs autres types linnéens. Cependant il offre des variations assez remarquables et qui ont, selon moi, une égale valeur à celles d’autres types avec lesquelles on à constitué de petites espèces. C'est ainsi que ses axes peuvent être sétigères ou non sétigères, glabres ou pubérulents; que ses aiguillons peuvent être glabres ou pubérulents ; que ses folioles peu- vent être glabres ou abondamment pubérulentes sur les deux faces, ovales ou ovales-elliptiques, arrondies à la base et comme subcordées, elliptiques ou oblongues-allongées, à dents étroites ou larges ; que les pédicelles sont courts (5 mill.) ou allongés (20 mill.), glabres ou pubérulents, inermes ou un peu aiguillonnés ; que les sépales sont glabres ou pubérulents sur le dos. Il existe un autre type asiatique qui est bien autrement instructif sous le rapport des variations et qui fournit des preuves péremptoires contre la validité spécifique d’une foule de créations modernes faites dans le genre Rosa. Ge type, qui est le R. sericea Lindl., varie d'une façon extraor- dinaire dans plusieurs de ses organes. Ses axes sont com- plétement inermes ou fortement aiguillonnés. Dans ce dernier cas, l’armature affecte deux états distinets : ou bien les aiguillons ont cette forme étrange qu'on n'observe que dans cette seule espèce, aiguillons très-aplatis, largement triangulaires, à pointe horizontale, ordinairement géminés ou ternés sous les feuilles, sans être accompagnés d'aucune autre production de l'écorce ; ou bien les grands aiguillons 2 ( 105 ) sont plus étroits que les précédents, à pointe fortement relevée, accompagnés de nombreux aiguillons sétacés et de soies glanduleuses recouvrant tous les entrenœuds. Par- fois les aiguillons géminés deviennent petits, peuvent même disparaitre et alors les axes sont seulement sétigères. Les folioles sont velues-tomenteuses sur les deux faces, velues en dessous et glabres en dessus, ou bien leur villosité peut être bornée aux seules nervures et même à la côte ; elles sont églanduleuses en dessous, ou chargées de glandes abondantes qui recouvrent toute leur face inférieure ; leurs dents sont simples ou composées-glanduleuses. Les pédi- celles sont courts ou allongés, glabres ou velus, églandu- leux ou glanduleux. Les réceptacles florifères et fructifères sont ovoïdes, obovoïdes ou sphériques. Les sépales sont à dos glabre ou pubescent, églanduleux ou glanduleux. En somme, ce type nous montre clairement que la même espèce peut être inerme ouaiguillonnée, à feuilles presque entièrement glabres ou fortement velues, églanduleuses ou abondamment glanduleuses, à folioles à dentssimples ou à dents composées, à pédicelles glabres ou velus, églanduleux ou glanduleux, ainsi que les sépales, à réceptacles ovoïdes ou sphériques. Il existe encore d’autres variations plus ou moins importantes au point de vue où se placent les phytographes de la nouvelle école, variations dans la forme des folioles, qui sont très-variables dans leurs contours, variations dans le point d'attache des folioles latérales supérieures, qui peuvent être plus ou moins décurrentes sur le rachis, variations dans le nombre, la forme des dents foliaires et la place qu'elles occupent. En tenant compte de ces nombreuses modifications, on pourrait démembrer artificiellement le R. sericea en une douzaine au moins de petites espèces; mais ce type est tellement bien dis- ( 104 ) tinct par ses caractères biologiques et morphologiques, tellement bien reconnaissable sous ses diverses livrées, qu'on ne peut le démembrer sans être taxé d’absurdité. Avec la forme inerme, Bertoloni a constitué son R. inerma. Je dois ajouter que le R. sericea a été étrangement méconnu par Lindley, qui l'avait rangé dans sa division des Caninac. Ce type, l’un des mieux caractérisés du genre tout entier, doit constituer une section particulière : dans l'herbier de von Martius et dans l’Herbier royal de Berlin, jai désigné cette section nouvelle sous le nom d’Ebrac- teatae, ; IX. — CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉTUDE DES ROSES. En présence de la confusion qui règne dans la science au sujet de l'espèce, je crois devoir rappeler quelques prin- cipes qui, à mon sens, peuvent utilement diriger le phyto- graphe dans l'étude des Roses. Après avoir lu le premier fascicule des Primitiae Mono- graphiae Rosarum, plusieurs botanistes se sont imaginé que j'étais devenu partisan de la subdivision des types dits linnéens, que j'avais renié les principes qui m'avaient toujours guidé dans l’appréciation des formes végétales, pour adopter les principes de l'école moderne. Ces bota- nistes ont sans doute compris bien mal divers passages de mon travail, car j'y marque clairement et sans ambages mon opinion, bien connue du reste, sur la plupart des créations spécifiques de l'école moderne. Si dans ce premier fascicule, j'ai, à mon tour, distingué spécifique- ment des formes secondaires, de petites espèces, ce n'est pas dans le but de les maintenir au rang des véritables espèces, mais, comme je l'ai fait remarquer, c'est, au contraire, ( 105 ) pour parvenir plus facilement à démontrer que ces mêmes formes secondaires ne sont pas de vrais types spécifiques. En employant cette méthode, j'espère arriver à convaincre les partisans de l'école moderne de l'inanité de la plupart de leurs créations et à les forcer à reconnaitre que leurs principes de spécification les conduisent fatalement à la distinction spécifique de l’individu. Le genre Rosa, groupe dont les espèces véritables ont peut-être été le plus divisées, sera probablement le genre un peu important qui, le premier, servira à renverser définitivement la théorie spécifique de l’école moderne. On a prétendu que le genre Rosa était plus que tout autre polymorphe dans ses espèces ; mais cette opinion est-elle réellement fondée? Je ne le crois pas. Dans ce groupe, la polymorphie est très-grande, 1l est vrai, mais elle ne l’est sans doute pas plus que dans une foule d’autres groupes dont on ne fait aucunement mention sous ce rapport; si cette polymorphie est mieux connue, mieux constatée, elle le doit, d’une part, à la nature des espèces qui sont ligneuses et, d'autre part, à des recherches plus actives et en même temps plus anciennes. En effet, depuis très-longtemps, les Roses ont'attiré l'attention des botanis- tes et les formes spontanées de même que les formes cultivées ont fait l'objet d’une foule d'ouvrages, qui aujourd'hui composent une bibliothèque tout entière ; d’un autre côté, les espèces étant ligneuses, souvent fortement buissonnantes et d’un accès facile, il a été possible de revoir, d'année en année, la mème forme sur place, de l’étudier dans ses moindres détails, d'en distribuer de nombreux spécimens et de fixer ainsi sur elle l’attention des botanistes. Toute forme plus ou moins intéressante a pu devenir l'objet de recherches spéciales qui lui ont ( 106) donné une importance systématique que n’ont point acquise des formes de même valeur, mais appartenant à des genres moins étudiés. Une forme annuelle qui parait et disparait, qui change de place d’une année à l’autre, une forme vivace, mais herbacée, représentée peut-être par un seul pied ou une seule touffe, une forme ligneuse à tige élevée, ne sont pas dans des conditions aussi favo- rables que les Roses pour être étudiées avec soin et pour acquérir l'importance systématique de ces dernières. J'estime donc qu'un grand nombre de genres, livrés aux mêmes investigations que le genre Rosa, nous dévoile- raient une polymorphie aussi marquée que ce dernier. C'est, au surplus, à ces conditions favorables à l'étude et à la récolte de nombreux spécimens qu'est due, en grande partie, la multiplication extraordinaire de petites espèces dans le genre Rosa. L'histoire de la botanique nous apprend qu'au sièele dernier la flore d'Europe s’est successivement enrichie d'une foule d'espèces véritables, que les anciens botanistes n'avaient pas découvertes ou qu'ils avaient méconnues ; que Linné à distingué, dans un grand nombre de cas, plu- sieurs espèces où ses devanciers n'avaient vu qu'un seul type spécifique. Elle nous apprend que les successeurs du célèbre réformateur suédois ont démembré, et avec raison, des espèces linnéennes qui étaient complexes. Considérant ce progrès continu, cette marche ascendante, les adeptes de l’école moderne, dite des subdivisions, ont cru que cet accroissement dans le nombre des espèces ne devait pas s'arrêter; ils ont même prétendu que la flore euro- péenne n'avait été étudiée avant eux que d'une manière très-superficielle, qu'en la soumettant à un examen approfondi et en employant une méthode d'analyse plus ( 107 ) rigoureuse, elle fournirait encore un très-grand nombre de types spécifiques nouveaux. En effet, cette étude plus approfondie, dirigée avec une méthode d'analyse plus subtile, a produit le résultat prévu et l’on peut assurer que dans un temps très-rapproché la flore européenne verra le nombre de ses espèces au moins décuplé. Le genre Rosa, par exemple, compte actuellement des espèces par centaines et il n'y aura rien d'étonnant à ce que dans peu d'années le nombre des Roses s'élève à mille et mème à quinze cents! Mais sont-ce là de véritables espèces, des types réellement distincts ? En général, parmi les créations spécifiques faites par l’école nouvelle, il se trouve certainement des types spécifiques véritables, types aussi bien caractérisés, aussi distinets que les meil- leurs types admis par l'école linnéenne ; mais, selon moi, la majeure partie de ces espèces nouvelles ne sont, au fond, que des formes secondaires, de simples variétés et mème des variations. Pour ce qui concerne les formes secondaires élevées au rang d'espèces dans le genre Rosa, mon intention n’est pas d'en discuter la valeur en m'appuyant uniquement sur des . principes ou sur des théories, qui ne peuvent guère in- fluer sur l'esprit de ceux qui ont établi ces petites espèces, car l'école moderne y oppose d’autres théories et d’autres principes, mais de les discuter surtout avec des faits. Aussi me suis-je placé dans le champ des faits et ai-je suivi les novateurs pas à pas sur leur propre terrain. Pour le genre Rosa, en adoptant la nouvelle méthode, j'ai en quelque sorte devancé ces derniers en fait d'analyses sub- ules. Dès aujourd'hui, je puis leur démontrer, avec de nombreuses preuves à l'appui, que leurs principes de spé- cification les conduisent déjà à la distinction spécifique du ( 108 ) buisson, de l'individu; je pourrais même leur prouver que les caractères distinctifs qu'ils emploient permettent parfois de distinguer plus d’une de leurs petites espèces sur le même buisson. Ces petites espèces qu'ils se sont efforcés de caractériser ne sont pas, le plus souvent, de vrais types secondaires homogènes dans leurs représentants, mais des associations artificielles de formes plus ou moins voisines qui, à leur tour, peuvent être démembrées. Du reste, et ici je parle d’après un assez longue expérience et en connais- sance de cause, il est souvent très-difficile d'identifier d’une façon satisfaisante deux spécimens provenant de deux individus différents, tant les caractères des petites espèces sont devenus subtiles : dans un très-grand nombre de cas, on n'arrive plus qu'à faire des rapprochements, mais non des identifications. Tout en critiquant les principes et la méthode de l'école moderne, gardons-nous de méconnaitre les services que celle-ci a rendus directement ou indirectement à la science. Animée d'une foi scientifique très-ardente, cette école ne laisse échapper aucune forme; elle cherche et découvre beaucoup plus que celle qui l’a précédée. Par elle, chaque espèce véritable sera connue dans ses moindres variations et par conséquent mieux connue qu’elle ne l'était auparavant. La lutte aujourd'hui engagée entre les deux écoles rivales sera très-favorable aux progrès de la science ; grâce à elle, la phytographie tend à reprendre le rang qu'elle occupait autrefois et qu’elle avait perdu, en grande partie, parce qu'au lieu de progresser rapidement à légal des autres branches de la botanique, elle s'était trainée long- temps dans les voies battues et faciles. Pour dresser l'inventaire général de certaines flores exoti- ques, pour les ouvrages généraux destinés à inventorier les ( 109 ) formes principales, on sera forcé encore assez longtemps de suivre la méthode ancienne, qui consiste à passer assez légè- rement sur chaque type en le caractérisant par une courte phrase diagnostique. Mais ces travaux seront, comme la plu- part de ceux qui les ont précédés, des travaux en quelque sorte préparatoires, limitant le champ qui doit être définitivement défriché par les pionniers de l'avenir. Grande me parait l'erreur des savants qui s'imaginent que la science est fixée par les travaux déjà publiés, car la majeure partie de ceux-ci doivent être remaniés et com- plétés par des études et des recherches plus étendues, plus approfondies. La nature est pour ainsi dire inépuisable et et quelle qu'ait été l’activité déployée par Les naturalistes qui nous ont devancés, ceux-ci ont encore laissé une immense quantité de faits à élucider. Dans les conditions où se trouve actuellement la phy- tographie, le botaniste qui veut sérieusement faire avancer la science doit se borner dans ses travaux et n’embrasser qu'un sujet assez étroitement limité. Le temps n'est plus où le même phytographe pouvait successivement toucher à une foule de points, élaborer plusieurs mono- graphies et rédiger des ouvrages généraux ; il faut aujourd'hui creuser profondément le même sujet et l'épui- ser si c'est possible, sous peine de voir tout travail remis de nouveau sur le métier et refait peu de temps après sa publication. Le genre Rosa nous fournit un exemple frappant de ce qui vient d'être avancé. Ce groupe est peut-être celui qui a été le plus souvent traité, sur lequel on a le plus écrit, dont les espèces et les variétés ont été le plus fré- quemment représentées par le crayon ou le pinceau, et chose étrange ! c’est peut-être le genre le plus mal connu 9 (110 ) et sur le compte duquel ont été exprimées les opinions les plus contradictoires. Les confusions sans nombre qui fourmillent dans beaucoup de Jardins botaniques et dans la plupart des herbiers, les assimilations plus que sur- prenantes faites par les botanistes voyageurs, et, d’un autre côté, les quelques dixaines d'espèces, admises par les uns, opposées aux centaines de types, acceptés par les autres, témoignent surabondamment de la vérité de la proposition précédente. D'où vient que ce genre, qui a été traité par un grand nombre d'hommes de talent, soit encore dans l’état déplorable où nous le voyons ? Cela vient de ce que ces hommes de talent n'ont pas consacré au genre Rosa un temps suffisamment long pour arriver à la con- naissance des espèces véritables. C'est précisément à cause de l'état imparfait dans lequel est resté le genre Rosa que j'ai entrepris l'étude approfondie de ce groupe intéressant. En abordant cette étude entourée de difficultés presque insurmontables, mon but est mul- tiple. Mon intention est d’élucider complétement ce groupe au point de vue morphologique, de tracer l'aire géogra- phique de ses espèces, de combattre les tendances et les excès de l’école moderne et de montrer dans quelle voie il faudrait que la phytographie füt dorénavant engagée. Un tel sujet embrassé de cette façon ne peut être traité avec la concision que réclament les botanistes qui ne voient dans la phytographie qu'une branche tout à fait secondaire de la botanique et dont le seul but est de fournir le moyen de déterminer les formes végétales; aussi qu'on ne soit pas surpris de me voir donner aux matériaux que je publie sur l’histoire des Roses un déve- loppement considérable. La phytographie, telle qu'on doit la comprendre, ne CHATRE) peut avoir pour unique but l'arrangement systématique et la simple description des espèces ; elle est appelée à étudier les formes végétales dans toutes leurs modifica- tions, à reconnaitre la limite des modifications et à décou- vrir les lois sous l'empire desquelles ces dernières se produisent. Envisagée de cette façon, la phytographie sort du cadre étroit où les simples descripteurs voudraient la tenir ccnfinée. Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici deux faits d'une importance capitale, surtout quand il s’agit de l'étude des espèces et de leurs variétés : la solidarité des caractères et l’existence des variations parallèles. Déjà en 1861, dans la préface dela 1" édition du Manuel de la flore de Belgique, j'ai dit quelques mots touchant la solidarité des caractères. Par solidarité des caractères, J'entends la liaison qui existe entre les caractères qui se manifestent dans plusieurs organes de la même plante. Pour bien préciser ma pensée, je vais citer un exemple. Ainsi, dans les Roses, que la glandulosité apparaisse et nous la verrons assez souvent se produire à la face inférieure des folioles, des stipules et des bractées, sur les pétioles, les pédicelles, le réceptacle et les sépales ; stelle est intense, elle pourra atteindre la face supérieure des folioles, des stipules et des braetées et même certaines portions des axes. Beaucoup de phytographes voient dans les divers siéges de cette glandulosité tout une série de caractères distinctifs, alors que réellement il n'existe qu'un seul el unique caractère, celui de la glandulosité. Celle-ci, dans les Roses, est fréquemment liée avec la double dentelure des folioles. La villosité, dans le genre Rosa, offre le même phénomène que la glandulosité. D'un autre côté, un cer- tain degré d'hypertrophie ou d’atrophie non tératologique, (112) l'élongation, le nanisme, le géantisme, sont, à leur tour, la source de modifications qui se produisent dans les divers organes de lamême plante, modifications liées entre elles et dont beaucoup de phytographes constituent autant de caractères différentiels. Ici encore, au lieu de plusieurs caractères, il peut n'en exister qu'un seul et qui disparait de tous les organes si la cause qui l’a produit vient à cesser. C'est certainement à l'ignorance de ces faits généraux que nous devons, en partie, la création d’une foule de petites espèces qui n'ont d'existence que dans nos livres. Dès 1865, dans le 5° fascicule de mes Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique, j'avais fait prévoir l'heureux parti qu'on pouvait tirer, au point de vue de la spécification, de l'existence des variations parallèles. Deux ans après, M. Duval-Jouve, qui ne paraissait pas avoir eu connaissance de ce que j'avais écrit à se sujet, a traité cette question avec beaucoup de talent en étudiantles variétés des Juncus. À son tour, M. Franchet abordait ce point inté- ressant dans ses études sur les Verbascum hybrides. L’exis- tence des variations parallèles jette un Jour tout nouveau sur cette foule de petites espèces qu'on croit distinctes et qui ne sont au fond que les variations parallèles d’un nombre beau- coup plus restreint de véritables types spécifiques. X.— REVUE DES PUBLICATIONS RÉCENTES SUR LES ROsEs. Depuis que le premier fascicule des Primitiae Mono- graphiae Rosarum a paru (14 novembre 1869), trois publications plus ou moins importantes ont été faites sur les Roses. Je vais les soumettre à l’examen, en suivant l'ordre chronologique. (115) Supplément à la Flore du Jura suisse et français, par Ch.-H. Godet ; in-8°, Neufchâtel, 1869. Dans sa Flore du Jura (1855), M. Godet avait déjà décrit avec beaucoup de soin les Roses de la région juras- sique et il les avait rangées d'après une nouvelle classi- fication. Celle-ci comprenait deux sections : les Diastylae, à styles libres ou presque libres et les Systylae, à styles soudés en colonne. Ces deux groupes primordiaux ont été reconnus depuis longtemps et généralement adoptés. La section des Diastylae est partagée en deux divisions basées sur l'absence ou la présence d’un pédicule aux ovaires, et chacune de celles-ci est subdivisée en tribus établies principalement sur la forme des aiguillons. Appliquée aux espèces du Jura ou de l'Europe centrale, cette classi- fication n'est pas sans mérite; elle permet de déter- miner avec une assez grande facilité les types spécifiques. Elle ne rompt pas un grand nombre d’aflinités naturelles, comme l'a prétendu un auteur; bien au contraire, elle laisse associées les espèces qui ont le plus de caractères communs entre elles. Dans son Supplément, M. Godet s'étend très-longuement sur le genre Rosa et lui consacre même plus de pages que dans l'ouvrage primitif. On voit que l’auteur a étudié le groupe avec passion et en à fait l'objet de recherches longues et soigneuses. Avant d'aborder la description des nouvelles espèces ajoutées à sa Flore, M. Godet entre dans quelques considérations sur les organes qui peuvent servir de base aux classifications et, à ce propos, il examine la classification fondée sur le disque qu'avait récemment proposée M. Du Mortier (Monographie des Roses de la flore belge). La classification qu'il adopte est une modifi- cation de celle qu'il avait suivie dans sa Flore, et les (, HN) principales divisions sont basées sur la forme des aiguillons. Comme cette classification peut intéresser des botanistes qui ne possèdent pas l'excellent Supplément à la Flore du Jura, je vais la reproduire textuellement. I. Heteracanthae, Aiguillons très-inégaux, grêles, sélacés où subulés, ou de deux sortes, les uns vigoureux droits ou un peu ai qués, les autres gréles et sétacés, les uns et les autres disparaissant quelquefois sur les vieilles tiges. A. LepracanTuae. Aiguillons inégaux, gréles, sétacés et subulés, ou nuls. Sépales entiers, persistant sur le fruit. R. pimpinellifolia L. — R. rubella Sm. — R. alpina L. B. DimorpnacanTuar. Aiguillons, les uns vigoureux droils où un peu arqués, les autres grêles et sétacés. Un ou deux des sépales pinna- tifides, les autres entiers. a) Sépales persistants. *Anthères sagittees ; fleurs jaunes. R. Eglanteria L. **Anthères égales ; fleurs rosées. R. Sabini Woods. — R. sabauda Rap. b) Sépales caducs. R. gallica L. — R. hybrida Schl. II, Biacauthae. Aicuil'ons des rameaux non florifères courts, arqués, géminés et opposés sous les stipules, ceux de la base des tiges grêles, sétacés et droits, facilement c-ducs. Stipules étroites, à bords conni- vents et tubuliformes. Sépales persistants. Feuilles soyeuses-cendrées en dessous. KR. cinnamomea L. III. Homoecanthae., Aiguillons de même nature, uniformes, droits, arqués où cerochus; point d’aiguillons sétacés sur les tiges ou les rameaux. A. OnTuacanTHar, Aiguillons droits ou faiblement arqués, du moins ceux des parties supérieures. a) Glandulosae. Folioles glanduleuses en dessous, du reste glabres- centes ou pubescentes sur les nervures en dessous. R. Pugeti Rap. — R, spinulifolia Dematr. (R. marginata Wallr.). (115) b) Villosae. Folioles pubescentes en dessus ou pubescentes-tomen- teuses sur les deux faces. Sépales persistants (plus promp- tement caduecs dans les R. tomentosa et foetida). R. pomifera Herrm. — R. vestita God. — R. mollissima Fries. — R. tomentosa Sm. — R. foetida Bast. c) Ambiguae, glabriusculae. Folioles glabres ou glabrescentes. Ai- guillons tantôt droits, tantôt plus ou moins arqués. “Styles glabres. R. mucronata Déségl. **Styles poilus ou velus. R.dolosa God.—R. rubrifolia Vill.— R. montana Chaix.— R salevensis Rap. — R. Chapusii God. — R. Godeti Gren. B. CampyLacanTHaE. Aiguillons très-arqués ou crochus, à large base (Caninae Auct.). a) Styles glabres, plus ou moins soudés en colonne. R. arvensis Huds. — R. stylosa Desv. b) Styles velus ou poilus, courts, libres. *Sépales persistants jusqu’à la coloration du fruit et redressés. + Folioles glabres ou glabrescentes. R. alpestris Rap. — R. Reuteri God. ++ Folioles pubescentes et cendrées. R. coriifolia Fries. ** Sépales promptement caducs. + Folioles et pétioles glabres, glanduleux ou non glanduleux. R. canina L. — R. biserrata Mérai. — R. Chavini Rap. — R. trachyphylla Rau. + Folioles et pétioles pubescents ; face inférieure des folioles non glanduleuse, ou glanduleuse seulement sur les nervures. R. collina Jacq. — R. affinis Rau. — R. tomentella Lem. +t+ Folioles fortement glanduleuses en dessous sur toute la face inférieure sur et entre les nervures (Rubiginosae). *Styles velus. R. rubiginosa L. — R. graveolens Gren. (R. Kluckii Bess.!). **Styles glabres où glabrescents. : R.micrantha Sm. — R. sepium Thuill. Cette nouvelle classification permet, comme celle qui l'a précédée, de déterminer avec facilité les espèces juras- (116 ) siques, mais, dans certains cas, elle ménage moins les affinités naturelles. L'auteur a supprimé les deux gran- des divisions naturelles des Systylae et des Diastylae qu'il avait adoptées primitivement, et, probablement in- fluencé par l'exemple donné par M. Grenier (Flore de la chaîne jurassique), il a rangé le R. arvensis parmi les Caninae. Dans une classification vraiment naturelle, cette espèce ne peut pas être associée aux Caninae. La division Leptacanthae est constituée par deux espèces affines : R. pimpinellifolia et R. alpina. L'auteur y main- tient le R. rubella Sm. comme espèce légitime, mais, malgré ce qu'il avance, je ne puis voir dans cette forme qu'une hybride des À. spinosissima et R. alpina. La division Dimorphacanthae n'est certainement pas na- turelle et les espèces dont elle se compose doivent être réparties dans trois sections naturelles différentes. Il est en outre probable que le R. sabauda n'est qu'une variété du R. Sabini. Le groupe Diacanthae ne renferme qu'une espèce, le R. cinnamomea, qui est le type d’une section naturelle qui pourra conserver le nom de Cinnamomeae, mais qui devra être constituée d'une tout autre manière que ne l'avaient entendu Lindley et les autres monographes. La division Orthacanthae n'est pas naturelle, car le R. Pugeti Rap., si c'est bien le même que le R. Pugeti Bor., ne peut rester associé aux autres espèces. Contrai- rement à ce que pense l’auteur, le R. marginata Wallr., que j'ai étudié sur un échantillon authentique, ne peut être considéré comme une forme du R. spinulifolia : tout me fait croire que c'est une hybride du R. gallica et d'une Canine. Le R. vestita God. n’est vraisemblablement qu'une forme pubescente du R. spinulifolia. Les observa- AIT) üons que fait M. Godet sur la persistance et la caducité des sépales, à propos du R. mollissima Fries, fait soup- çonner qu'il a confondu certaines formes du R. (omentosa avec le type de M. Fries et c'est du reste ce qu'il a fait, si jen juge par des échantillons qu'il a bien voulu me communiquer. Cette confusion, qui a été faite également par d’autres botanistes, s'explique par l’extrème ressem- blance apparente de certaines formes du R. tomentosa avec le R. mollissima. Dans celui-ci, les sépales sont toujours indéfiniment persistants, tandis que dans le R. tomen- tosa ils ne sont qu'accidentellement persistants. Le :R. po- mifera Herrm. et le vrai R. mollissima Fries sont deux formes étroitement affines ; elles sont tellement voisines même que Je ne serais pas surpris de les voir un jour réunies comme appartenant au mème type spécifique. Le R. foetida de la région jurassique n’est pas la même forme que celle de la France occidentale déerite sous ce nom par Bastard. Les R. mucronata et R. dolosa ne sont au fond que des variétés du R. canina. Le R. Chapusii God., si j'en juge par des spécimens que ma communiqués son auteur, parait être une forme délicate appartenant à la tribu des Pubescentes (sect. Caninae), à ramuscules florifères inermes, à pubescence légère et diminuant de la base au sommet des ramuseules. Elle paraît devoir se ranger dans le voisinage du R. urbica Lem. Le R. Godeti Gren., sur la valeur spécifique duquel je n'oserais encore me prononcer, semble appartenir à la section que J'ai désignée sous le nom de Glandulosae. Les nervures secondaires sont un peu glanduleuses en dessous ; les pédicelles sont assez courts (12 mill.) et dépassés par les stipules de la feuille supérieure ou par la bractée, ou allongés (26 mill.) et dépassant longuement les stipules de la feuille supérieure. CAES) La division Campylacanthae est composée d'espèces plus ou moins hétérogènes. Le R. arvensis ne peut rester associé au À. canina. Remarquons que le vrai R. rubigi- nosa présente souvent, sur ses tiges, de nombreux aiguil- lons grêles et parfaitement droits mêlés avec de robustes aiguillons crochus. Le R. trachyphylla décrit par M. Godet n'est pas la forme que Rau a désignée sous ce nom. La conclusion de ce qui précède, c'est que les aiguil- lons quelle que soit leur importance au point de vue de la spécification ne peuvent guère servir de base à une classi- fication naturelle des Roses. Du reste M. Godet n’a pas eu la prétention de jeter les bases d’une classification générale du genre ; il n’a eu en vue, comme il le dit lui-même, que de donner un guide pour la détermination des espèces. Malgré ses imperfections, qui s'expliquent par l'extrème difficulté du sujet, le nouvel article consacré au Rosa par M. Godet est rempli de détails intéressants et de remarques judicieuses dont tout monographe devra tenir compte pour traiter le genre. A Monograph of the British Roses, by J.-G. Baker; in-&, de 47 pages, 1870. (Extrait de : Linnean Society s Journal. — Botany, vol. XI.) Cette monographie, qui avait été précédée d'un essai (Review of the British Roses, 1864) plein de mérite, est le travail le plus complet et le plus savant publié sur les Roses des Iles Britanniques. L'auteur a repris la tâche de Smith, Woods, Lindley et Borrer, botanistes bien connus par leurs belles études sur les Roses d'Angleterre, tâche qu'il a complétée d’une façon remarquable. Pour traiter le sujet, M. Baker s'est trouvé dans des circonstances extrêmement heureuses. Après avoir étudié, dans la nature, he Se C9) les formes du nord de lPAngleterre, qui sont nom- breuses et intéressantes, il a pu consulter les vastes collections de Kew et de Londres, où se trouvent con- servés un grand nombre de types authentiques. M. Baker adopte les sections de Lindley, qu'il carac- térise avec beaucoup de soin. Voici le tableau de ces sections et des espèces dont elles sont composées. I. SPINOSISSIMAE. IL. RuoBicinosae. R. spinosissima L. R. rubiginosa L. R. rubella Sm. R. micrantha Sm. R. involuta Sm. R. pulverulenta M. B. R. hibernica Sm. IV. CANIN. II. ViLLosae. R. canina L. R. pomifera Herrm. V. SYSTYLAE. R. mollissima Willd. R. stylosa Desv. R. tomentosa Sm. R. arvensis Huds. Comme on le voit par ce tableau, M. Baker n'appar- tient pas à l’école nouvelle qui admet comme espèces une foule de formes secondaires ; il ne considère comme vrais types spécifiques que les formes bien tranchées et qui sont caractérisées par un ensemble de différences ou de signes morphologiques et biologiques, ensemble per- sistant dans chacune des variétés de ces types. En général, je partage les idées de eet auteur en fait de spécification. Je vais passer brièvement en revue les diverses sections traitées dans cette monographie. L. — SPINOSISSIMAE. R. spinosissima L. — M. Baker signale cette espèce en Islande et dans le Kaschmir. Est-ce bien ce type qui existe en Islande ? Son existence dans le Kaschmir me parait extrème- ment douteuse. Ce qu'on à indiqué dans l'Himalaya sous ce nom appartient à un autre type spécifique ! ( 120 ) KR. rubella Sm. — Cette forme est décrite comme un type autonome, mais, ainsi que je l'ai déjà marqué ailleurs, ce doit être une hybride des R. spinosissima et R. alpina, hybride très-variable et ayant reçu un assez grand nombre de noms en diverses contrées. — M. Baker n'est pas éloigné de lui rapporter le R. Webbiana Wall., mais ici Je ne puis partager son sentiment, car le type de Wallich est certainement différent du R. rubella et du R. spino- sissüna , non-seulement spécifiquement, mais encore sectionnellement. R. involuta Sm. — Ce type comprend neuf variétés : var. Sabini (R. Sabini Woods, R. coronata Crép.), var. Doniana (R. Doniana Woods), var. gracilescens, var. Robertsoni, var. Smithii (R. involuta Sm.), var. laevigata, var. Moorei, var. occidentalis, var. Wülsoni (R. Wilsoni Borrer). R. hibernica Sm. — M. Baker admet cette forme comme une espèce légitime. J'ai déjà exprimé des doutes sur la légitimité de cette Rose, que je soupconne devoir être une hybride. IT. — Vizrosas. R. pomifera Herrm. — Selon M. Baker, l'existence de cette forme dans les Iles Britanniques à l’état vraiment indigène serait assez douteuse. — Le R. ciliato-petala Bess. , que l'auteur rapporte comme synonyme, est une autre forme, car d’après un échantillon authentique que j'ai vu, ce doit être une forme appartenant spécifique- ment au R. mollissima Fries; mais FE R. ciliato-petala publié par M. Reichenbach, sous le n° 2567, appartient bien au type du R. pomifera ! Le R. resinosa Sternb., également rapporté comme synonyme au R. pomifera, si jen juge par la description originale de Sternberg et par RÉ (121) des échantillons recueillis en Styrie, n'appartient pas au type d'Herrmann, mais doit être une forme glanduleuse du À. mollissima Fries. Il est vrai que le R. resinosa publié par M. Reichenbach, sous le n° 1271, appartient bien au type du R. pomifera. Pour rapporter les R. ciliato- petala Bess. et R. resinosa Sternb. au R. pomifera, M. Baker semble avoir accordé un peu trop de con- fiance à M. Reichenbach qui n'avait, à l’époque de ses publications , qu'une connaissance assez confuse des Roses. — M. Baker attribue au R. pomifera des rameaux arqués (arching branches), ce qui ne peut être normale- ment, car ce type a les tiges et les rameaux ordinairement dressés et roides, comme le R. mollissima Fries. R. mollissima Wild. — Le R. recondita Pug., rapporté comme synonyme à cette espèce, appartient au R. pomi- fera Herrm.! — M. Baker attribue à son R. mollissima, qui est celui de M. Fries non Willd., deux variétés : var. coerulea et Var. pseudo-rubiginosa (R. pseudo-rubigi- nosa Le]., R. arduennensis Crép.). KR. tomentosa Sm. — Malgré l'extrême ressemblance apparente de ce type avec le R. mollissima, ces deux espèces ne peuvent pas, à mon sens, rester étroitement associées. Le R. tomentosa forme en quelque sorte le passage des Villosae aux Caninae et pourrait aussi bien être réuni à celles-ci qu'aux autres. — D’après un échantillon authentique que j'ai examiné, le R. Andrzeiouskii Steven, rapporté comme synonyme et qui n'est pas le même que celui des botanistes français, me parait appartenir aux Villosae : c'est probablement une forme du R. mollissima Fries. — M. Baker décrit les variétés suivantes : var. subglobosa (B. subglobosa Sm.), var. farinosa (R. farinosa Rau), var. scabriuscula (R. scabriuscula Sm.), var. syl- (12) vestris (R. sylvestris Lindl., R. britannica Déségl.), var. obovala. IL. — Rupicinosae. R. rubiginosa L. — M. Baker rapporte à ce type, et avec raison, les R. echinocarpa Rip. et R. comosa Rip., mais Je ne puis approuver l'assimilation qu'il fait du R. per- mixla Déségl., qui est une forme du R. micrantha, et du R. sylvicola Déségl. et Rip., qui est une forme que j'ai classée dans ma tribu des Glandulosae. R. micrantha Sm. — Deux variétés sont attribuées à ce type: var. Briggsii, var. hystrix (R. hystrix Lem., R. Lemanii Bor.). R. pulverulenta M. B. — En choisissant le nom de R. pulverulenta, qui date de 1808, pour désigner le R. inodora de M. Fries, qui a été établi en 181%, je crois que M. Baker a commis une erreur. Pour établir cette synonymie, il se base sur un échantillon du R. pulveru- lenta,recueilli en Crimée par Steven et sur un échantillon du R. pulverulenta décrit par Lindley. Mais il reste à voir si la plante de Crimée est bien la même forme que celle du Caucase décrite par Marschall von Bieberstein ; quant à celle décrite par Lindley, ce n’est pas la même forme que celle de Marschall von Bieberstein, car, après la publication de sa monographie, Lindley a reconnu lui- même que son À. pulverulenta était différent de celui de Marschall von Bieberstein et il en a distribué des spécimens sous le nom de R. pruinosa. Un échantillon de celui-ci, étiqueté par Lindley, est conservé dans l'herbier de von Martius sous le n° 1522a. J'ai examiné deux spécimens du R. pulverulenta M. B., que je crois authentiques. L'un provient du Caucase et est étiqueté par Besser, qui l'avait sans aucun doute recu de Marschall von Bieberstein; (135) l'autre provient également de Besser et a été recueilli sur un pied cultivé. Ces échantillons ne ressemblent aucunement au R. inodora Fries; ils constituent une forme qui appartient au groupe du R. glutinosa Sibth. — M. Baker attribue deux variétés à son R. pulverulenta : var. Billietii (R. Billietii Pug.), var. cryptopoda (R. cryp- topoda Bak.). LV. — CaAnINAE. R. canina L. — Les nombreuses formes de ce type sont classées de la façon suivante : Ser. 1. Ecrisrarar. Folioles non glanduleuses ; sépales restant réfléchis. var. lutetiana (R. lutetiana Lem.). var. surculosa (R. surculosa Woods). var. sphaerica (R. Sphaerica Gren.). var. senticosa (R. senticosa Ach., R. aciphylia Rau). var. dumalis (R. dumalis Bechst.). var. biserrata (R. biserrata Mérat). var. urbica (R. urbica Lem.). var. frondosa (R. frondosa Stev.). var. arvatica (R. arvatica Bak. non Pug.). var. dumelorum (R. dumetorum Thuill.). var. pruinosa (R. pruinosa Bak.). var. incana (R. tomentosa var. incana Woods). var. tomentella (R. tomentella Lem.). var. andegavensis (R. andegavensis Bast.). var. verlicillacantha (R. verticillacantha Mérat). D mena var. collina (R. collina Jacq.). | var. caesia (R. caesia Sm.). Var. Concinn«. var. decipiens (R. tomentella var. decipiens Dmrt.). SER, 2. SuBcriSTATAE. Folioles non glanduleuses ; sépales se redres- sant après l’anthèse et couronnant le réceptacle fructifère jusque vers sa complète maturité. var, Reuteri (R. Reuteri God.). (12% ) var. subcristala (R. subcristata Bak., R. stephanocarpa Déségl. et Rip.). var. Hailstoni (R. Hailstoni Bak.). var. ämplexa (R. solstitialis var. denudata Gren.). var. cortifolia (R. corüfolia Fries). var. Watsoni (R. Watsoni Bak.). var. celerata. SER. 9. SUBRUBIGINOSAE. Folioles à côte et à nervures secondaires un peu glanduleuses. var. Borreri (R. Borreri Woods). var. Bakeri (R. Bakeri Déségl.). var. Mmarginala (R. marginata Wallr., R. trachyphylla Wirtg., R. Blondaeana Rip). Je ne suis pas éloigné de partager complétement l'opi- nion de M. Baker sur la valeur de toutes ces formes rangées dans sa section des Caninae. V. — SYSTYLAE. R. stylosa Desv. -— Cinq variétés sont rapportées à ce type: var. systyla (R. systyla Bast.), var. Desvauxi (R. stylosa Desv.), var. opaca, var. gallicoides, var. Monsoniae.. R. arvensis Huds. — M. Baker rapporte à ce type, à titre de variété, le R. bibracteata Bast. Le vrai R. bibrac- teata existe-t-il bien dans les Iles Britanniques? Je suis porté à croire que non, parce que, d'après des échantillons authentiques que j'ai étudiés, 1l me parait être une hybride des R. sempervirens et R. arvensis. Il est probable qu'on prend en Angleterre, comme on le fait en Suisse, une simple variété du R. arvensis pour le R. bibracteata Bast. Malgré ces légères critiques touchant les détails, la monographie de M. Baker n'en reste pas moins un très- bon travail, travail basé sur des recherches originales et traité dans un excellent esprit scientifique. (1935 ) Studier ofver de skandinaviska arterna af slägtet Rosa, af N.-J. Scheutz ; in-4°, de 46 pages, Wexjô, 1872. Ces études sur les Roses de la Scandinavie doivent pré- céder un travail définitif, c'est-à-dire une monographie, que M. Scheutz publiera en latin. Dans son travail, l’auteur débute par un aperçu sur l'histoire littéraire du genre Rosa, dans lequel il passe succinctement en revue les principaux ouvrages qui ont été publiés sur les Roses et il s'y étend longuement sur les travaux des auteurs scandinaves. La préface se termine par des considérations générales sur les organes des Roses et sur l'espèce dans ce genre. Le tableau suivant donne une idée de la facon dont l’auteur comprend les espèces de la Scandinavie. J'y ai reproduit, traduites du suédois en latin, les phrases des divisions et les diagnoses des espèces nouvelles. ROSA. A) Caules omnino aculeati; aculei sparsi distantesque; sepala plerumque pinnatisecta. a) Aculei truncorum plerumque uneinati. I. Rupicinosas. | 1. R. rubiginosa L. 6. horrida Lange. comosa (R. comosa Rip.). echinocarpa (R. echinocarpa Rip.). :. grandifolia God. &. parvifolia God. a. alba Mortens. 2. R. inodora Fries (R. Klukïi Bess. sec. Fries). 5. R. sclerophylla (Scheutz loc. cit., p. 20) aculeis truncorum uncinatis, conformibus ; foliolis 5-7, elliptico-ovatis, duplicato-serratis, infra parce glandulis adspersis 10 (1%) costa et nervis secundariis pubescentibus: floribus solitariis; pedicellis erectis, glabris, eglandulosis; receptaculis fructiferis levibus, ovato-rotundatis ; sepalis reflexis, deciduis. IT. CanINAE. 4. R, Reuteri God. B. miligata Scheutz. y. tmponens (R. imponens Rip.). 5. R. canina L. #. nilens Desv, (R. sarmentacea Sw., R. Swartzii Billb., R. Swartziana Fries). B. glaucescens Desv. (R. Afzeliana Fries, R. canina B opaca Fries). ). transitoria Scheutz. . dumalis (R. dumalis Bechst.). z. glaucophylla Dmrt,. 5. biserrala (R. biserrata Mérat). n. Sscabrala (R scabrata Crép.). 8. senticosa (R. senticosa Achor.). … milis Scheutz. 6. R. Raui Tratt. (R. canina y hirtella Gren. et Godr.). R. alba L. 8. R. dumetorum Thuill. (R. collina Wahlnbg, R. Sw., R. agrestis Sw.), B. pallens Fries. 7. pyriformis (R. pyriformis Déségl.). 9. R. pubescens A Blytt. 10. R. toinentella Lem. 11. R. clivorum (Scheutz loc. cit., p.28; R. collina Jaeq. et plur. O2 ms. campestris auct. saltim pro parte) aculeis truncorum falcatis ; foliolis 5-7, ellipticis, obovatis vel ovatis, pubescen- tibus, saepe infra griseis (in var. 8 fere glabris), simpliciter serratis, pedicellis hispido-glandulosis ; receptaculis fructiferis ovatis vel obovatis, plus minusve hispido-glandulosis, erectis ; sepalis reflexis, deciduis. B. glabrescens (Scheutz) foliolis laete viridibus, infra nervis pubescentibus. (127 ) 12. R. coriifolia Fries (R. sepium Sw., R. sepincola Sw., R. cras- sifolia Wallm.). æ. typica Scheutz. B. vacillans Scheutz. y. scanica Crép. (in litt. ad scriptor. 4871). b) Aculei truncorum plerumque recti. III. VicLosae. 13. R. pomifera Herrm. 14. R. moliissima Willd. «. lypica Scheutz. B. grandiflora Scheutz. Sy o Ss Um e . foetida (R. foetida Bast.). . glabrata Scheutz. subrubiginosa Larss. et Aresch. calycida Aresch. . nemoralis Lange. . arenaria Lange. . micrantha Scheutz. 45. R. resinosa Stern. B. arenaria Scheutz. y. glabrata Fries. à. pyrifera Scheutz. 16. R. venusta (Scheutz loc. cit., p. 56.) aculeis truncorum satis gracilibus, debilis ; foliolis 5-7, ovato-lanceolatis vel lanceolatis, acutis, saepe basi attenuatis, viridibus, tomentosis, infra glandulis adspersis, duplicato-serra- tis, dentibus acutis ; floribus saepe solitariis, rarius corymbosis ; pedicellis hispido-glandulosis ; sepalis paululum pinnatisectis, corolla saturate rubra longioribus, post anthesim erectis vel patulis, per- sistentibus ; receptaculis fructiferis ovatis vel rotundatis, levibus, rarius hispido-glandulosis, paululum coriaceis, duris. 17. R. cuspidatoides (Crépin loc. cit., p. 37) aculeis truncorum rectis vel paululum falcatis; foliolis 5-7, ovatis, ellip- tico-oblongis vel lanceolatis, molliter tomentosis (raro cinereis), infra glandulis adspersis, duplicato- serralis ; floribus corymbosis, rarius solitariis ; bracteis ( 128: ) satis majoribus; receptaeulis fructiferis elliptico- rotundatis vel ovatis, erectis, levibus vel hispido- glandulosis, duris ; sepalis post anthesim patulis, demum deciduis. «. elatior (Scheutz) foliis duplo majoribus; foliolis lanceolato-ovatis, subobtusis. B. minor (Scheutz) foliis minoribus; foliolis lanceolatis, acutis. 18. R.tomentosa Sm. B. scabriuseula (R. scabriuscula Sm..). 19. R. Friesii (Scheutz loc. cit., p. 59; R. collina Fries Herb, norm., VI, 42 ; Summ. veget. Scand., p. 43 et 173) aculeis trunecorum falcatis ; foliolis 5-7, ellipticis vel ovatis, griseo vel virido-tomentosis (in var. 8 gla- bris), infra eglandulosis, patenter duplicato-serratis, dentibus saepe glandulosis ; pedicellis hispido-glan- dulosis, plerisque solitariis; receptaculis fructiferis oblongis, elliptieis ovatisve, plerisque levibus, coria. ceis, serotinis (sec. Fries), cernuis; sepalis post anthesim reflexis, deciduis. «. typica (Scheutz) foliolis utrinque griseo vel virido- tomentosis. : B. Acharii (R. Acharii Billb.) foliolis utrinque glabris, supra laete viridibus, duplicato-serratis, denticulis glandulosis; petalis profunde bilobis, saturate roseis, basi pallide roseis. 20. R. commutata (Scheutz) aculeis truncorum non copiosis, rectis vel paululum deflexis; foliolis 5-9, ovatis, viridibus, utrinque glabris, infra pallidis glandulis adspersis, duplicato-serratis, dentibus copiose glan- dulosis ; floribus solitariis vel ternatis ; sepalis corolla pallide rubra paululum brevioribus, post anthesim ascendentibus, patulis, dorso dense glandulosis; pe- dicellis hispido-glandulosis; receptaculis fructiferis erectis, rotundatis, hispido-glandulosis. B) Caules omnino vel ex parte dense aculeati; aculei saltim in turionibus graciles vel setacei; sepala plerumque integra. (129 ) a) Folia 5-7 foliolata. IV. CINNAMOMEAE. 21. R. cinnamomea L. x. cinnamomea SW. B. cinerea (R. cinerea Sw.). y. turbinella (R. turbinella Sw.). à. fluvialis (R. fluvialis FI. Dan.). . alvarensis Fries. 22. R. carelica Fries. b) Folia 7-11 foliolata. V. PIMPINELLIFOLIAE. 25. R. alpina L. 24. R. pimpinellifolia L. (R. spinosissima L.). © ça Comme ce mémoire ne constitue qu'un travail prépa- ratoire et que des modifications seront probablement appor- tées relativement à la valeur de certaines espèces nouvelles proposées, j'attendrai, pour juger celles-ci, que l'auteur nous ait fait connaitre son opinion définitive à leur égard. Du reste, pour bien diseuter, dès maintenant, la valeur de ces nouvelles espèces, j'aurais dû prendre connais- sance des nombreuses observations que fait leur créateur, chose que je n'ai pu encore faire jusqu'ici à eause des difficultés de la traduction. Quoique je n'aie pu prendre qu'une connaissance très- imparfaite de ce prodrome, j'estime qu'il constitue un travail beaucoup plus savant, beaucoup plus complet sur les Roses scandinaves que ceux qui l'ont précédé. Depuis les belles études de M. Fries, dont les dernières s'arrêtent à la date de 1846, les formes du genre Rosa ont fait l’objet de très-nombreuses recherches en France, en Angleterre, en Belgique, en Suisse et en Allemagne, recherches qui ont enrichi ce groupe d'un grand nombre de formes nouvelles, Stimulé par l'exemple des botanistes ( 150 ) étrangers, M. Scheutz a repris la tâche de ses prédéces- seurs et 1l a soumis à un nouvel examen les Roses scandi- naves. Déjà ses premières recherches ont été fructueuses, puisqu'il nous a fait connaitre plusieurs formes remar- quables inédites ou nouvelles pour la flore de son pays. Je fais des vœux pour qu'il continue ses observations et pour qu'il nous donne prochainement une monographie élaborée avec cette science et cette sage méthode qui distinguent les travaux des botanistes du Nord. BIBLIOGRAPHIE. GREVILLEA. — À monthly Record of Cryptogamic Botany and its literature, edited by M.-C. Cooke (1). A L'éditeur de ce recueil, dédié à l'illustre cryptogamiste Greville, nous apprend, dans une courte préface, qu’il se pro- pose de publier mensuellement les descriptions des espèces nouvelles de Cryptogames découvertes en Angleterre, de signaler les habitations des formes rares ou intéressantes, et, autant que l’espace le permettra, de donner la description des espèces exotiques nouvelles, et tout spécialement celles des colonies anglaises et des États-Unis d'Amérique. Il sera accordé une place à la bibliographie botanique (cryptoga- mique), aux listes de desiderata, aux offres d'échange, etc. Ce programme a été parfaitement suivi dans les quatre livraisons qui ont déjà paru, lesquelles sont remplics d’obser- vations intéressantes et de faits nouveaux qui y sont exposés (1) La souscription est de 6 shillings par an. Adresser les demandes à M. Cooke, Charing Cross, 2, Grosvenor Villas, Junction Road, N., London. CASE) par des cryptogamistes d’un talent reconnu, tels que MM. Leighton, Kitton, Braithwaite, Berkeley, Crombie, Cooke, etc. Voici un aperçu du contenu de chacune de ces quatre livraisons : N° 1. Juillet. Pages À à 16, avec À planche. 1. Vew-York Fungi, décrits par C.-H. Peck. Cet article reproduit les diagnose de 15 espèces nouvelles d’Agarics croissant aux environs de New-York, et décrites par M. C.-H. Peck in Appendix C. to the Twenty-third Report of the Regents of the University on the New-York State Cabinet of Natural History for the year 1869. — (AI- bany, N:Y., 1872.) 2. Pezizae americanae, par M.-C. Cooke et C.-H. Peck. Des 12 espèces de Pézizes, nouvelles pour l'Amérique, décrites par ces auteurs, 7 sont inédites et figurées dans une belle planche coloriée placée en tête de cette {re livraison. 9. British Fungi, par M.-C. Cooke. M. Cooke, qui est l’auteur du Handbook of British Fungi, se propose de décrire, dans le Grevillea, les espèces nouvelles de Champignons découvertes en Angleterre depuis la publication de son livre. Sa notice comprend 6 espèces appartenant à l’ordre des Coniomycètes. 4. Lichenological memorabitia ; par le Rév. W.-A. Leighton. Le savant lichénologue anglais fait d’abord une intéressante dissertation sur le Pilophoron Fibula Tuck. Jusque dans ces derniers temps, on considé- rait ce Lichen comme confiné dans les Montagnes Blanches de l'Amérique du Nord ; mais il l’a découvert abondamment en Angleterre, où il avait été jusqu'iei confondu avec le Stereocaulon condensatum Ach. Cependant l’examen des spores permet de distinguer facilement ces deux plantes : dans le Pilophoron, elles sont ellipsoïdes et simples, tandis que dans le Stereo- caulon elles sont fusiformes et (— 7 —) septées. Il a aussi découvert, dans un herbier soumis à son examen, un très-beau spécimen fructifié, portant le nom de Stereocaulon Cereolinum, et récolté en Écosse. Ceci l’auto- rise à penser que la plupart des habitations de ces deux plantes indiquées en Angleterre et en Ecosse seront, après une étude attentive, rapportées au Pilophoron Fibula Tuck. Nous sommes porté à croire qu’il pourrait égale- ment bien en être ainsi en Belgique, où notre région montagneuse possède les deux Stereocaulon en question. | (1532 ) 5. Bryology, par R. Braithwaite. L’auteur rapporte l'essai de classification générale des Mousses le plus récent, celui du Dr E. Hampe, extrait des Verhandl. zool. bot. Gesellsch. in Wien, vol. XXI, page 575 (1871). 6. On a minute Nostoc with spores, par W. Archer (avec fig.). Le Mostoc, objet de cette notice, rappelle beaucoup, par sa petite taille, le NV. minimum Currey, mais il en diffère par la forme de ses cellules et la grandeur de ses hétérocystes. Il pourrait bien être le N. paludosum Kütz., bien que M. Kützing n'insiste pas sur les caractères tirés des hétérocystes. Grâce à l’exiguité de sa taille, il se prétait admirablement à l’étude microscopique, pouvant être observé en entier sous les forts grossissements du miseroscope. C’est ce qui a permis à l’auteur de con- stater qu'il présentait de vraies spores analogues à celles que l’on remarque dans le Sphaerozyga, etc., mais avec cette différence que ces spores étaient toujours placées entre deux hétérocystes ; qu’elles étaient grandes, largement elliptiques, 1-5 fois plus longues que larges; leur diamètre était au moins 2 fois plus grand que celui des hétérocystes et 5 fois celui des cellules ordinaires. Un tel exemple de Vostoc présentant des spores est très-intéressant, en présence des nouvelles théories sur la nature des Lichens, d’après l’une desquelles les gonidies des Nostoc, entre autres, unies à un Cham- pignon parasite constitueraient les CoLemA ! 7. Chicago hydrant Water. Sous ce titre, sont consignées quelques observations extraites du second numéro du « Lens» concernant plusieurs Diatomées découvertes dans l’eau d’un appareil hydraulique à Chicago. 8. New American Polysiphonia. Diagnose d’une espèce nouvelle de Polysiphonia, le P. subcontorta Peck, voisine du P. fastigiata. 9. Série de renseignements botaniques, parmi lesquels nous notons celui-ci : 15 espèces nouvelles d’Hépatiques sont décrites par C.-F.-A. Austin in The Bulletin of the Torrey Botanical Club, for March, 1872 ; quatre sont dédiées à M. Sullivant. 10. Cryptogamic literature. Énumération des articles de cryptogamie les plus importants contenus dans les derniers numéros des principales publications anglaises et étrangères. N° II. Août. Pages 16 à 52, avec 1 planche. 4. New-York Fungi, décrits par C.-H. Peck. Continuation de l’article portant le même titre dans le numéro précé- dent (page 1) : l’auteur y donne les diagnoses de 15 espèces nouvelles d’Agarics. 2. Brilish Fungi, par M.-C. Cooke. Dans cet article, l’auteur continue l’exposé de ses additions à la flore mycologique d'Angleterre : 15 espèces appartenant au groupe des Hypho- mycètes sont décrites, dont 2 inédites. 9. Recent observations on Collema, etc., par W. Archer. L'auteur expose brièvement, en les appréciant, les vues de MM. Schwen- dener, Reiss, De Bary, etc., relativement aux Lichens collémacés, etc.; il cite plusieurs expériences de ces savants, et il en discute les résultats. Voici en résumé l’opinion si curieuse de M. Schwendener sur la nature des Lichens. D’après le résultat de ses recherches, ce ne sont pas de sim- ples plantes, ni des individus, dans le sens ordinaire du mot ; ce sont plu- tôt des colonies, qui consistent en centaines et en milliers d’individus, dont cependant un seul joue le rôle de maître, tandis que les autres, en perpé- tuelle captivité, préparent la nourriture pour eux et pour leur maitre. Ce maitre, c’est un Champignon de la classe des Ascomycètes, c’est un parasite habitué à vivre du travail d’autrui; ses esclaves sont des Algues vertes qu’il a cherchées, ou, à vrai dire, surprises et qu’il a obligées à le servir. Il les entoure, comme une araignée, sa proie, d’un réseau fibreux de mailles étroites, qui se transforme graduellement en une impénétrable enveloppe ; mais tandis que l’araignée suce sa proie et l’abandonne morte, le Champignon parasite excite les Algues que l’on trouve dans son sein à une plus rapide activité, bien plus, à un accroissement plus vigoureux. 4. À New Moss from Ireland, par le Dr R. Braithwaite. Il s’agit d’une Mousse appartenant à un genre exotique : du Splachno- bryum Wrightii C. Müller trouvé récemment en Irlande. Après avoir relaté cette remarquable découverte, M. Braithwaite rapporte une note intéres- sante du professeur Lindberg, dans laquelle celui-ci crée, pour l'espèce en question, la dénomination d’'Amblyphyllum hibernicum. 5. Novara Diatoms. Descriptions d’espèces et genres nouveaux, recueillis pendant le voyage autour du monde de la frégate impériale autrichienne « Novara » par M. A Grunow (traduction en anglais par F. Kitton). Dans la première partie 11 (154 ) qui a paru, il n'est mentionné que 9 Diatomées, dont 5 sont décrites comme nouvelles par M. Grunow ; toutes sont figurées. 6. Cryptogamic literature. N° III. Septembre. Pages 55 à 48, avec 1 planche. 1. Notice of North American Fungi, par le Rév. M.-J. Berkeley. Cet important mémoire est la continuation d’un autre, resté inachevé dans les Annals of Natural History, Octobre 1859. L'auteur y donne notamment les descriptions d’une partie des espèces nouvelles, publiées sans diagnoses par M. H.-W. Ravenel, dans ses Fungi Caroliniani, ainsi que celles de beaucoup d’autres Champignons de l’Amérique du Nord; il décrit en tout 50 formes. 2. À New British Weisia. Quelques mots sur la découverte, en Angleterre, du Weisia truncicola De Notaris Epil. del. Briol. Ital., p. 598, espèce rappelant assez, par son facies, le W. cirrhata et le Cynodontium Bruntoni. 5. Brilish Fungi, par M.-C. Cooke. Dans ce 5° article, l’auteur mentionne, avec descriptions, 5 espèces du groupe des Gastéromycètes. 4. Novara Diatoms. Descriptions d'espèces, etc. (Continuation de la page 52 du numéro pré- cédent). Huit espèces inédites sont décrites par M. Grunow et le genre nouveau Graticula Grun. y est établi. 9. Note on Acalyptospora, par C.-J Müller. Suivant M. Müller, l’Acalyptospora nervisequia Desmaz. n’est pas un Champignon, mais une production de l’épiderme que l’on rencontre sur les feuilles de l’Orme commun, à tous les états de développement. En faisant macérer les feuilles dans la potasse et les lavant ensuite à l’eau, les tissus sont rendus transparents et il devient évident, dit-il, que cette production n’est qu’une espèce de poil, qui n’a aucun des caractères des Champignons, pas plus que les poils glanduleux que l’on rencontre sur les feuilles des Vicia Faba, Sambucus nigra, etc. 6. The genus Tetrapedia (Reinsch) with two new forms, par W. Archer. Considérations intéressantes sur le genre Tetrapedia, suivies de la des- cription, par l’auteur, de deux espèces inédites appartenant à ce genre et recueillies aux environs de Dublin. 7. Lichens in Sowerby’s Herbarium. Le Rév. J.-M. Crombie a commencé, dans le Journal of Botany, du mois (155) d’août, une série de notes sur les Lichens conservés dans l’herbier de Sowerby. A en juger par l'extrait qu’en donne le Grevillia, cet article a une certaine importance; il fait connaitre d’une manière exacte les Lichens auxquels s'appliquent les figures de l’English Botany et par là même il rectifie plusieurs erreurs. 8. Cryptogamic literature. N° IV. Octobre. Pages #9 à 6%, avec À planche. 1. Notice of North American Fungi, par le Rév. M.-J. Berckeley. Suite de la page 59 du n° 5. 63 espèces y sont dd ae dont 29 avec descriptions. 2. British Fungi, par M.-C. Cooke. (Suite de l’article inséré à la page 40 du n° 5.) Description de 9 espèces d'Hyménomycètes, 3. Lichenologica! Memorabilia, par le Rév. W.-A. Leighton. Les Lichens de Bettws-y-Coed, Galles du Nord. Ea juin dernier, le savant lichénologue anglais fit une exploration cryp- togamique d’une quinzaine de jours dans la pittoresque vallée de Conway aux environs de Bettws-y-Coed; il en a rapporté de nombreux et rares Lichens dont il publie ici la liste avec d’intéressantes observations sur plusieurs espèces. Parmi celles-ci, nous citerons l’Arthonia aspersella Leight., espèce inédite, et les Lecidea occultu Kôrb. et Arthonia proximella Nyl., espèces nouvelles pour l’Angleterre. 4. New British Lichens, communiqués par le Rév. J.-M. Crombie. Les 10 nouvelles espèces de Lichens britanniques suivantes ont été dé- crites par le Dr W. Nylander, dans le Flora, numéro du mois d’août de cette année : Obryzum dolichoteron Nyl., Lecideu asemea Nyl., L. meso- tropoides Nyÿl., L. subfurva Nyl., L. confusula Nyÿl., L. deparcula Nyl., L. atro-badia Nyl., Verrucaria submicans Nyl., V. analeptella Nyl. et V. spilobola Nyl. 5. The new conspectus of the Families and Genera of Diatomaceue, par H.-L. Smith. Le nombre des genres auxquels l’auteur avait affaire dans ce conspectus est de 299 : il en a abandonné 189, c’est-à-dire près des deux tiers ! On Jjugera encore parfaitement de l’importance des réductions opérées par ce monographe, en comparant, au nouveau conspectus, le Synopsis of British ( 156 ) Diatomaceae : des 59 genres décrits dans ce dernier, 25 ont été aban- donnés. 6. Cryptogamic literature. La courte analyse qui précède montre que cette nouvelle publication est un supplément indispensable aux Flores cryp- togamiques anglaises et américaines, et qu’elle est en outre d’un très-grand intérêt pour les botanistes du continent, par les éléments précieux qu’elle renferme pour l’étude de diver- ses familles de la Cryptogamie : aussi la recommandons-nous vivement à tous ceux de nos confrères qui s'occupent de cette partie de la botanique. É. MarcHaL. Monographie der Gattung SaxirRaGa L. mit besonderer Berücksichtiqung der geographischen Verhültnisse, von D: A. Engleri(). L'auteur a déjà publié, sur le genre Saxifraga, plusieurs mémoires importants qui attestent que depuis longtemps il se préparait à cette remarquable monographie, entre autres : 1° Beiträge zur Naturgeschichte und Verbreitung des Genus SAxIFRAGA L. (Linnaea, 1866, t. XXXV, 124 p. et 2 cartes.) — M. Engler y passe d’abord en revue ce que les auteurs ont dit des Saxifrages depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours; puis il répartit les 98 espèces d'Europe en 1% sec- tions et étudie spécialement la section Dactyloides Tausch; enfin il entre dans diverses considérations sur la diffusion du genre. (1) Un vol. in-8e, de IV-292 pages avec une carte; Breslau, 1872. “ bites LS > C9) 20 Beobachtungen über die Bewequng der Staubblätter bei den Arten des Genus SaxirraGA L. und Begründung der Annahme des Genus BERGENIA Mônch. (Botanische Zeitung, 1868, pages 853-842, 1 pl.). — Deses études sur la fécondation de 40 espèces de Saxifrages, l’auteur conclut à l'adoption du genre Bergenia, qui a pour type le Saxifraga crassifolia L., parce que, dans cette espèce, c’est l’organe femelle qui se développe le premier, tandis que dans les vraies Sa xifrages ce sont les étamines. Il décrit ensuite quatre espèces de Bergenia. 5° Index criticus specieruin atque synonymorum genus SAXIFRAGA L. (Verh. der zool.-bot. Gesellsch. in Wien, 1869). Il s’est d’ailleurs trouvé dans les meilleures conditions pour traiter avec autorité ce genre si difficile : outre les Saxifrages des Musées botaniques de Berlin, de Vienne et de Munich, il a eu à sa disposition celles des principaux herbiers particuliers d'Allemagne et de Suisse. I a tiré un excellent parti de ces riches matériaux etsa monographie nous paraît très-savamment traitée. L'ouvrage est divisé en deux grandes parties. La première comprend toutes les généralités et est très- dévelopée, car elle n'occupe pas moins de 71 pages. Après quelques mots sur l’ensemble de la famille, l’auteur étudie successivement les différents organes et leurs modifications dans les diverses espèces du genre, puis il s'occupe de la distribution géographique. Ce dernier chapitre est tout particulièrement soigné. Dans une série de tableaux, l'auteur donne la dispersion de chaque espèce et de ses variétés les plus notables dans les 50 principales régions où croissent les Saxifrages, puis, le nombre d'espèces de chaque section que l’on trouve dans ces différentes régions. Enfin pour faire saisir d’un seul coup d'œil la dispersion géné- rale du genre, une carte des plus curieuses nous montre tous (158 ) les pays habités par des Saxifrages, et chacun d'eux est figuré par une teinte d’autant plus foncée qu'il nourrit plus d'espèces. Nous voyons immédiatement que ee genre est répandu dans toute l’Europe, dans le nord de l'Asie et l'Himalaya, en Afrique (le long de la Méditerrannée, dans les montagnes de l’Abyssinie êt dans les îles du Nord-Ouest), en Amérique (tout le nord jus- qu'aux États-Unis, et les Cordillères du Chili). Nous voyons aux teintes sombres des montagnes qu’elles sont beaucoup plus riches en espèces que les plaines : ainsi les Alpes ont jusqu’à 42 espèces, les Pyrénées en ont 50, les Apenuins, 19, les Car- pathes, 25 et l'Himalaya, 55. La seconde partie est consacrée à la description des espèces, qui sont au nombre de 166, plus 149 variétés, 14 hybrides et 2 formes insuffisamment connues; le tout est distribué en 15 sections dont 5 établies par l’auteur, lequel a en outre décrit 2 espèces nouvelles, 25 variétés et 2 hybrides. Remarquons en passant que le nombre des espèces serait plusieurs fois aussi considérable, si M. Engler avait sur l’espèce les mêmes idées que beaucoup de botanistes modernes ; mais il l’envisage au contraire d'une manière extrêmement large, comme la plupart des auteurs anglais. Ainsi pour donner comme exem- ple une espèce de notre flore, voici les synonymes qu'il rap- porte au S. decipiens Ehrh. et à ses variétés : S. caespitosa Koch ; — S. petraea Roth, S. villosa Willd., S. Lapeyrousii Sternb., S. latifida Don, S. tridentatu Don, S. denudata Don, S. latifolia Ser., S. Steinmanni Tausch, S. hypnoides d villosa Walk.-Arn. et Ser., S. atropurpurea Hort. Jen., S. geranioides Hort. Goett., S. serrata Hort. Paris., S. Stephaniana Hort. Bruxel. (non Sternb.); — S. palmata Pauz., S. Sternbergii Willd., S. elongata Panz., S. palmata Sm., S. hirta Don, S. hibernica Haw., S. incurvifolia Don, S. intermedia Tausch, S. geranioides Hort. Turic., S. laevis (139 ) Mack.; —S. quinquefida Haw., S. sponhemica Gmel., S. con- densata Gmel., S. hypnoides Dub., S. platypetala Sm., S. elongata Sm., S. decipiens var. acutiloba Sternb., S. laevis Haw., S. hirta Don, S. hirta et S. trifida Haw., S. caespilosa 7 sponhemica Koch, S. affinis et S. luetaevirens Don, S. sedoi- des Hort., S. ceratophylla Hort. Hamb., S. pedatifida Hort. Goett.; — S. groenlandica L.; — S. caespitosa L., S. uni- flora R. Br. En tête du genre, se trouvent deux tableaux analytiques des sections et, à chaque section, le tableau analytique des espèces qu’elle renferme, ce qui abrège beaucoup les déterminations. Après le nom de chaque espèce, vient d’abord la synonymie établie avec soin et très-souvent basée sur l'examen d’échan- tillons authentiques, puis la description, l'indication des figures, des exsiccata, la dispersion. Enfin de longues remarques critiques ou un complément de la description termine l’article. Nous pensons que la dispersion générale des espèces indiquées dans les Flores belges, donnée d’une manière très- sommaire, intéressera nos confrères : S. tridactylites L. — Toute l’Europe, mais assez rare dans le Midi ; Asie mineure et Sibérie ; Amérique anglaise. S. granulata L. — La plupart des contrées de l’Europe, mais M. Engler ne l'indique ni en Belgique, ni en Hollande ; en Afrique, près d'Alger; en Asie, dans l'Himalaya, de 5000 à 4500 m. d'altitude. S. rotundifolia L. — Régions subalpine cet alpine : des Pyré- nées au Caucase et de la Sicile aux Vosges. S. decipiens Ehrh. var. quinquefida (la synonymie est rapportée plus haut). — Dans le Jura, les Vosges, les contrées Rhénanes, la Belgique, les Iles Britanniques. S. hypnoïdes L. — Deux habitations en Portugal, quatre en en Espagne ; France, le Midi depuis la Méditerranée jusqu’à l'Auvergne et le Dauphiné : région montagneuse. 4° 3 (3 Eu A (140 ) D'après ce qui précède, il y aurait lieu de ne considérer que comme naturalisés chez nous, les S. rotundifolia et S. hyp- noides; mais n'est-il pas étrange de voir notre pays exclu de l'aire de dispersion du S. granulata? C’est évidemment un oubli. Nous constatons aussi l'absence, dans la synonymie, des S. palmata Lej. Fl. Spa, S. confusa et S. aggregata Lej. Revue. M. Engler n’a pas non plus relevé les espèces décrites par M. Jordan et figurées dans ses magnifiques Icones ; notons encore l’omission du S$. tellimoides Maxim., du Japon (in Bull. Acad. imp. des Sc. de St-Pétersbourg, t. XVI, février 1871) et du S. Muweana Baker, du Maroc (Gar- dener’s Chronicle, 1871, n° 42); il est vrai que la publication de ces deux espèces a précédé de très-peu le livre de M. Engler, puisque sa préface est datée du 51 décembre 1871. Malgré ces légères erreurs ou omissions, inévitables dans un ouvrage qui a nécessité des recherches immenses, nous n’hésitons pas à répéter que la monographie des Saxifrages est digne des plus grands éloges et est indispensable à tous ceux qui veulent étudier ce genre important. ALFRED COGNIAUX. HepaTiCar GALLICAE. — Herbier des Hépatiques de France, publié par Th. Husnot. Fascicule IE, n°* 26-50. Le second fascicule de cette intéressante publication n'est, sous aucun rapport, inférieur au premier, dont nous avons parlé précédemment; le même soin a présidé au choix des échantillons, souvent fructifiés et parfois donnés de plusieurs localités sous le même numéro. Nous nous bornerons done à énumérer les espèces qu'il renferme,en indiquant les localités belges d’où proviennent certaines d’entre elles : Scapania compacta, S. nemorosa v. gemmifera (de Louette- | | (14) St-Pierre), Jungermannia obtusifolia, J. Dicksoni, J. exsecta, J. crenulata (éch. (B) de Maeseyck), *J. Hornschuchiana, J. ventricosa, J. ventricosa v. gemmifera, J. minuta, J. diva- ricata, J. bicuspidata (éch. (A) de Maeseyck), J. connivens, J. setacea v. Schultzii (de Maeseyek), J. trichophylla, Sphag- noecetis communis (de Maeseyck), ZLophocolea bidentata, “Lepidozia tumidula Taylor, Ptilidium ciliare (de Lanklaer), P. ciliare v. ericetorum, Madotheca laevigata, M. Porella, Marchantia polymorpha, Targionia hypophylla, Anthoceros laevis. La plupart de ces espèces se trouvent en Belgique ; il n’y a -que les deux marquées d’un astérisque qui n’y ont pas encore été observées. Nous croyons utile de rappeler la synonymie du Lepidozia tumidula Taylor, renvoyant, pour les autres espèces, à notre Catalogue des Hépatiques de Belgique : Jungermannia reptans 6 pinnata Hook. Brit. Jung. (1817). Pleuroschisma reptans Ê pinnata Dmrt. Sylloge (1851). Lepidozia pinnata Dmrt. Rec. d’obs. (1855). Lepidozia tumidula Taylor MSS. in Synop. Hep. (1845). Il en résulte que le nom qui a la priorité est Lepidozia pinnata Dmrt. ALFRED COGNIAUX. Catalogue de la flore de Belgique, par F. Crépin, F. Gravet et C. Delogne (1). Sous ce titre, vient de paraître un petit travail réellement utile et qui comble chez nous une véritable lacune. Depuis nombre d’années, nous nous servions d’un ouvrage analogue, le Catalogue des plantes vasculaires de M. Lamotte; mais ce (1) Grand in-8, de 52 pages; Bruxelles, Mayolez, rue de lImpératrice. 12 (14 ) dernier opuscule, spécialement écrit pour la France, l’Alle- magne et la Suisse, renfermait pour nous trop et trop peu. En effet, nous n’avions pas à nous occuper des espèces du Midi, et d’un autre côté bien des types de notre pays n’y étaient pas renseignés. Il nous manquait donc un catalogue des plantes de Belgique, soit pour favoriser nos échanges en nous dispensant de dresser de longues listes manuscrites, soit pour servir de répertoire à nos herbiers ou de recueil d’annotations de toute espèce. Le catalogue que nous recommandons à l'attention de nos confrères atteint parfaitement ce but. Il con- tient, outre les Phanérogames et les Cryptogames vasculaires, les Mousses et les Hépatiques, et peut donc convenir au bryo- logue aussi bien qu’au phanérogamiste. Nous ne doutons point du succès de ce petit travail et nous nous permettons d'émettre un vœu : c’est que dans une prochaine édition qui ne tardera pas, nous l’espérons, à être nécessaire, les auteurs compléte- ront leur œuvre par le catalogue des Lichens de notre flore. Louis Pir£. Introduction to the Study of Palæontological Botany, by John-Hutton Balfour (1). Comme la paléontologie végétale tend à se populariser, qu'elle n’est plus seulement étudiée par quelques rares adeptes, le besoin d'ouvrages élémentaires se faisait de plus en plus sentir. M. Schimper, en publiant son beau Traité de Paléentologie végétale, a voulu répondre à ce besoin; mais ec traité est volumineux; il est en outre d’un prix relativement (1) Un vol. in-&, de 118 pages, avec 4 planches et 102 figures interca- lées dans le texte ; Edinburgh, 1872. (145) élevé, ce qui fait qu'il y avait place pour un manuel élémen- taire destiné à l’enseignement. M. Balfour a fait prendre cette place par sen petit traité. Dans son Introduction à l'étude de la paléontologie bota- nique, M. Balfour traite, dans une suite de paragraphes, de la détermination des plantes fossiles, de leurs divers modes de conservation, de leur structure, des roches fossiliféres, des classes auxquelles appartiennent les plantes fossiles; puis il passe en revue la flore des diverses époques géologiques, et il termine par une récapitulation succincte des points principaux concernant les végétaux fossiles. A la suite de cette récapitu- lation, se trouve le catalogue des ouvrages les plus utiles à consulter pour étudier la paléontologie végétale. Dans les chapitres consacrés aux flores anciennes, l’auteur ne donne pas la description des espèces, ce qui du reste ne pouvait se faire dans un manuel, mais il entre dans des détails suffisamment étendus pour qu’on puisse apprécier le caractère de chaque flore ; il nous y montre les différences ou les ressemblances qui existent entre les groupes anciens et les groupes encore vivants. Les figures intercalées dans le texte permettent au commen- çant de se faire promptement une idée des caractères et du facies des genres les plus richement représentés dans Îles flores anciennes. Nous sommes convaineu que le petit traité de M. Balfour deviendra classique et qu’il sera bien accueilli non-seulement des étudiants, mais des professeurs et des spécialistes. (144) De quelques Juxcus à feuilles cloisonnées et en particulier des J. LAGENARIUS el FonTanesit Gay et du J. SrriATus Schsb., par J. Duval-Jouve (1). Dans ce nouveau mémoire, M. Duval-Jouve poursuit ses études sur les Glumacées en employant, pour la distinction des espèces, les caractères fournis par la structure anato- mique des tissus. La première partie de son travail concerne les Juncus lagenarius Gay et J. striatus Schsb., dont l’histoire est exposée avec beaucoup de clarté et d’érudition. Les recherches auxquelles s’est livré l’auteur lui ont démontré que le J. lagenarius n’a été fondé que sur une déformation du J. Fontanesti Gay, due à la présence d’un insecte dans la capsule. Un paragraphe est consacré à l’étude des stolons et des rhizomes au moyen desquels se propagent les Juncus vivaces à feuilles cloisonnées. Au sujet des rhizomes, nous croyons devoir reproduire textuellement une observation d’un grand intérêt : « Ce qui a été attribué aux rhizomes comme caractère général, savoir : que, « en raison de leur structure anatomique », ils sont de la nature des tiges, n’est pas entièrement confirmé par la structure des rhizomes des Jones et des Graminées ; car ces rhizomes, bien que portant des écailles ou expansions foliacées, n’ont point l’organisation de leurs tiges, mais bien plutôt, par leurs deux zones concentriques, celle des racines des Palmiers et autres Monocotylédones, décrite par plusieurs auteurs. De plus, les rhizomes des Juncus que j'ai pu examiner n’ont point de cloisons transversales vers le point où nait une feuille-écaille ; et, en cela, leur structure ressemble plus à celle des extrémités des rhizomes de l’Arundo Donax qu’à celle des rhizomes de la plupart des Graminées, » —_t (1) In-£, de 40 pages, avec 2 planches; Paris, 1872. (Extrait de la Revue des Sciences naturelles, Septembre 1872.) TS PE 7) VS I NT (145) Le dernier paragraphe se compose d’un tableau synoptique des espèces françaises appartenant aux Juncus vivaces à feuilles cloisonnées. Nous allons en reproduire ce qui concerne nos espèces belges. A. Se propageant par stolons. J. supinus Mônch Enum. Hess., 296, tab. 3 (1777). «. Tiges jeunes non stolonifères, un peu gazonnantes, .étalées. « Culmo erecto humiliore » Willd. = J. supinus Mônch. 8. Tiges décombantes, radicantes et prolifères. « Culmo folioso repente, ad florum glomerulos prolifero. » = J, uliginosus Roth T'ent. fl. germ., W, 405-406. 7. Tiges allongées et flottantes. — J. fluitans Lmk Dict. Enc., TI, 270. 9. Six étamines; capsule plus courte, plus ventrue, subdéprimée au sommet. — J. nigritellus Koch Syn., ed. 1, 750 (non Don), ramené par l’auteur au J. supinus (Syn., ed. 5, 654). Chaque forme varie à glomérules petits et gros. B. Se propageant par rhizomes. J, lampocarpos Ehrb. (1). «. Glomérules nombreux et petits; forme la plus ordinaire. 8. Glomérules peu nombreux et très-gros. — J. tricephalos Gay in Lah. Mon. Jonc., 44; J. macrocephalus Viv. Diagn. Cors., 5; Boreau fre Not. Cors., 9. 7. Tiges couchées et radicantes. C’est à cette forme que Laharpe, loc. eit., 57, rapporte le J. repens DC. FI. Fr., VI, 508; rame- nant à tort le J. repens Req. de l’herbier de Gay au J. aculiflo- rus Ehrh. à. Forme un peu fluitante. — Var. fluitans Koch Syn., ed. 5, 655, à laquelle M. Duby (Bot. Gall., #77) rapporte à tort le J. hete- rophyllus Duf. (1) Ehrhart a écrit J. lampocarpos, et comme ce nom est étymologique- ment correct, en doit, selon M. Duval-Jouve, l’adopter au lieu de J. /am- procarpus employé par beaucoup d'auteurs récents. (146) J. acutiflorus Ehrh. (!). z. Anthèle assez dense, brune. 8. Anthèle dense, brune, à glomérules plus gros; capsules à bee moins long. — J. brevirostris Nees ab Es. in Bluff Comp. fl. germ., ed. 1, 884. 7. Anthèle très-diffuse, pale et presque verte. — Var.’ pallescens Koch. J. alpinus Vill. 4. Anthèle diffuse ; glomérules petits et noirs. — J. fusco-ater Schreb.; J. atratus Hoppe; J. alpestris Hartm. 8. Anthèle réduite. — J. nodulosus Wahlnbg. 7. Glomérules pâles. = J. rariflorus Hartm. J. obtusiflorus Ehrh. «. Anthèle très-diffuse, à rameaux réfractés : glomérules petits et nombreux. 8. Anthèle resserrée, à rameaux dressés; glomérules gros et peu nombreux. Les variations parallèles de ces divers types font faire à M. Duval-Jouve les réflexions suivantes : « Ou bien il faut ériger en autant d'espèces chacune des variations présentées parallèlement par ces types qui conservent au-dessous d'elles une organisation identique; ou bien il faut admettre que, avec la persistance de cette organisation fondamentale, il y a pour chaque type possibilité de subir des variations extérieures, variations qui se repro- duisent parallèlement et à peu près les mêmes sur chacun d’eux, parce que les combinaisons des conditions extérieures, doivent aussi, dans une même période, se reproduire à peu près les mêmes et amener ainsi sur des types congénères des modifications parallèles. À notre avis, l’hésitation n’est pas possible. Mais, les pièces du procès étant réunies, il appartient aux compétents de les examiner, de les apprécier et de se prononcer. » (1) M. Duval-Jouve croit qu’on doit abandonner le nom de J. sylvaticus Reich. souvent appliqué au J. aculiflorus, parce que le type de Reichard est obscur. Re ee de mn de ——. ( 147 ) Malgré la longueur des extraits faits au mémoire de M. Duval-Jouve, nous croyons devoir encore lui emprunter quelques réflexions extrêmement judicieuses sur l'absence de figures de certaines espèces. Après avoir rappelé les figures représentant les espèces françaises appartenant à la section des Juncus vivaces à feuilles cloisonnées, cet auteur dit : « Comme on le voit, les figures sont peu nombreuses, dispersées dans des ouvrages peu répandus et quelquefois même erronées. Celles de Host, si souvent admirables, sont ici trop imparfaites pour avoir la moindre autorité; et enfin, si nous avons quelques figures pour les espèces les mieux connues, nous en manquons absolument pour les espèces nouvelles ou litigieuses. Or, à mon avis, la publication d’une espèce, non appuyée d’une figure, offre de tels inconvénients, engendre tant de discussions inutiles et fatigantes, fait perdre tant de temps aux botanistes et tant de crédit à la botanique, que je voudrais qu'on pût s’accorder pour que nul nom spécifique nouveau ne fût admis dorénavant à avoir cours et droit de priorité, s’il n’était accompagné d’une figure. Je sais bien que cette exigence paraitrait exagérée; et pourtant elle ne l’est pas, si l’on tient compte de la facilité que présente aujourd’hui sa réalisation avec les recueils scientifiques existant sur tous les points et le bon marché de la lithographie; mais, la réalisation en fut-elle dix fois plus diflicile, que je maintiendrais encore ce que j'en dis, au moins comme expression de la répugnance que me causent et Les discussions oiseuses et les instants employés à se demander, sans solution possible, si c’est bien là la plante d’un tel auteur. Le temps qu'on perd à se contredire et l’argent qu’on dépense à demander des renseignements auraient suffi dix fois pour publier un bon dessin, ou pour l’acheter s’il était publié. » Il est incontestable que si la mesure proposée par M. Duval- Jouve pouvait être prise, ce qui malheureusement est impos- sible, la science en retirerait grand profit. Si on était forcé de dessiner ou de faire dessiner toutes les formes nouvelles proposées comme espèces, on se montrerait plus prudent, plus cireonspect, en fait de spécification. On ne verrait probable- ment point nos catalogues d'espèces se gonfler incessamment ( 148 ) d’une foule de prétendus types spécifiques établis sur des caractères souvent obseurs et à peine perceptibles. Les Sociétés scientifiques et les éditeurs de recueils, avant d'accepter la publication de nouveautés et de faire la dépense de gravure, soumettraient les espèces dites nouvelles à un examen sévère et rejeteraient celles dont les caractères ne paraissent pas suffisamment tranchés. Le Jardin d'Essai d'Alger, par J. Chalon(). Notre confrère, M. Chalon, dans un récent voyage fait dans le midi de l’Europe et dans le nord de l'Afrique, a recueilli de nombreuses notes sur le caractère de la végétation de ces contrées. Sous le titre qui précède, il a réuni toutes celles qui concernent le Jardin d’Essai où du Hamma, situé aux portes d’Alger. Il nous fait, de ce magnifique Jardin, une description colorée et vivante, dont la lecture est fort attachante. Il a vu les choses non-seulement en botanisie instruit, mais aussi en touriste sensible au beau et au pittoresque. Nous voudrions pouvoir donner une idée des splendides cultures de ce Jardin, signaler les plantes remarquables qui y sont introduites, mais nous devrions alors reproduire presque en entier la notice de M. Chalon, chose impossible : nous ne pouvons donc que renvoyer nos confrères au travail du botaniste-voyageur. (1) In-8°, de 51 pages ; Gand, 1872. (Extrait de La Belgique horticole, 1872.) (149 ) Sur une espèce spéciale de tubes existant dans le tronc du Sureau (SamBucus NIGRA L.) ef pris jusqu'ici pour un Champignon (RuizoMoRPHA PARALLELA Roberge), par C.-A.-J.-A. Oudemans (1). Les recherches morphologiques, organogénétiques et chi- miques auxquelles M. Oudemans a soumis le Rhizomorpha paraliela lui ont fait reconnaître, dans ce prétendu Cham- pignon, un élément anatomique de la moelle et de l'écorce du Sureau. Voici textueliement les conclusions auxquelles il est arrivé : « Que les stries brunes à la surface de la moelle et « dans l’écorce du Sureau n’appartiennent pas aux Champi- « gnons, ni par conséquent au genre Rhizomorpha, mais que « ce sont des tubes ou vaisseaux, provenant toujours d’une « série verticale de cellules et offrant les particularités sui- « vantes : 1° qu’ils sont oblitérés aux points où se montraient « primitivement des cloisons horizontales, et 2° que leur « paroi se compose de deux couches ou tuniques, dont « l’interne, en connexion lâche avec l’externe, doit être « rangée sous la rubrique générale « cellulose, » mais se « distingue de toutes les modifications connues de cette « matière par une série de propriétés spéciales, surtout en « ce qui concerne la faculté de se gonfler et de se contracter. » Beiträge zur Flora der Pfalz, von Dr F.-W. Schultz (2). Le Dr Schultz continue toujours avec un zèle que l’âge ne ralentit pas ses recherches botaniques dans le Palatinat, (1) In-80, de 20 pages, avec 1 planche. (Extrait des Archives Néerlan- daises, tome VII, 1872.) (2) In-8, de 85 pages ; Regensburg, 1871-72. (Extrait du Flora, 1871-72.) ( 190 ) contrée dont il a publié une excellente Flore. Cet ouvrage a déjà recu plusieurs suppléments importants qui ont été ana- lysés dans notre Bulletin. Les additions, dont le titre précède, renferment de nombreuses indications de localités, des notes phytographiques et synonÿmiques. Le grand nombre d'objets trailés ne permet pas d'entrer dans une analyse détaillée du nouveau travail de notre savant confrère. A propos de quelques ÆHieracium du Palatinat, il déerit une nouvelle espèce appartenant à ce genre et découverte par M. Fritze dans les Riesengebirge (4. Fritzei). Abhiandlungen herausgegeben vom naturwissenschafllichen Vereine zu Bremen. — WI Bd. II Heft (1872). Voici quels sont les principaux articles contenus dans cette livraison. Ueber die Haide. — Beobachtungen und Folgerungen, von Dr Bernard Borggreve. Ueber die Einwirkung des Sturmes auf die Baumvegelation, von Dr B. Borggreve. Eïinige Bemerkungen über Wald und Huide, von Dr W.-0. Focke. Ueber das Vorkommen von Lithium im Pflanzenreiche, von Dr W.-0. Focke. Viola hirta X odorata, von Dr W.-0. Focke. Bemerkunaen über die Flora von Fürstenau, von Dr Franz Buchenau. Zwei neue Juncus-Arten aus dem Himalaya und eine merkwürdige Bildungs-Abweichung im Blüthenstande der einen Art, beschreiben von Dr Franz Buchenau. Les deux espèces nouvelles décrites dans ce dernier article sont : Juncus ochraceus et J. Grisebachii. (151) Bulletin de la Société d'études scientifiques d'Angers. — Première année, 1871. L'année dernière, six jeunes naturalistes se sont réunis à Angers dans l’intention de fonder une Société scientifique, où chaque membre conservera sa liberté d'action, repoussant toute pression extérieure et ne subissant aucune sorte d'influence. La jeunesse studieuse d'Angers a répondu à l'appel qui lui a été fait par MM. Bouvet, Huttemin, Millet, Marceau et Préaubert, et, dès la même année, la Société était constituée avec un nombre respectable d’adhérents. Les séances, qui ont lieu deux fois par mois, ont été remplies par des communications fort intéressantes et par des discussions sur les sujets les plus élevés des sciences naturelles. L'esprit de liberté et de libre examen qui anime la jeune Société d’études scientifiques présage les plus heureux fruits pour l'avenir. La botanique tient une large part dans les discussions et les travaux de la Société, qui a nommé, pour son Président d'honneur, un botaniste de grande réputation, M. Boreau, directeur du Jardin botanique d’Angers. Mittheilungen aus dem Gesammitgebiete der Botanik, herausgegeben von Prof. Dr A. Schenk und Dr Chr. Luerssen. — Fasc. I ct Il, Leipzig, 1871. Ce nouveau recueil botanique débute par deux mémoires d’un grand intérêt. Le premier, intitulé : Zur Entwickelungs- geschichte der Andreacaceen, est de M. Emil Kühn; le second intitulé : Filices Graeffeanae. -— Beitrag zur Kenntniss der # (152) Farnflora der Viti-, Samoa-, Tonqga- und Ellice’s Inseln, est du Dr Chr. Luersseu. L’un et l’autre sont accompagnés de belles planches lithographiées. Statistica botanica della Toscana ossia saggio di studi sulla distribuzione geographica delle piante toscane, per Teodoro Caruel(1). Personne n'était mieux à même que M. Caruel de traiter la géographie botanique de la Toscane. Cette belle contrée de l'Italie a fait depuis longtemps l’objet de ses recherches bota- niques, recherches qui nous ont valu le Prodromo della Flora Toscana (1860-64). 3 Le chapitre premier traite de la topographie, de l’orogra- phie, de l’hydrographie, de la minéralogie, de la géologie et de la météorologie de la Toscane. Le chapitre IT est consacré aux botanistes qui ont étudié la flore de cette province. Parmi ces botanistes, on compte beaucoup de savants de grande réputation. Le chapitre IIT nous donne un aperçu du caractere général de la flore de Toscane, qui y est comparée avec la flore de l'Italie et avec celle de l'Europe. La flore de Toscane compte : 1° pour les plantes phanérogames, 125 familles, représentées par 725 genres et 2566 espèces; 2° pour les cryptogames vasculaires, 5 familles, représentées par 25 genres et 56 espèces. D’après la Flora Italica de Bertoloni, la flore entière de Italie compte : 1° pour les phanérogames, 129 familles, représentées par 805 genres et 4227 espèces; (1) Un vol. in-8o, de 574 pages, avec 1 planche ; Firenze, 1871. ) pages, l ) ) ( 155 ) 20 pour les cryptogames vasculaires, 5 familles, représentées par 27 genres et 80 espèces. Chose bien curieuse pour une contrée aussi restreinte, la flore de Toscane comprend 52 ou 54 espèces qui lui sont tout à fait propres et 51 ou 55 espèces qu’on n’observe pas dans les autres parties de l'Italie. Des statistiques dressées par l’auteur, on peut en tirer la conclusion que la flore de Toscane est extrêmement riche en espèces. Le chapitre IV est consacré aux régions botaniques, qui sont établies par M. Caruel d’après l'altitude. Ces régions sont au nombre de cinq : des Maremmes, champêtre, sous-mon- tagneuse, montagneuse et alpestre. Des tableaux ingénieuse- ment dressés indiquent quelles sont les espèces communes ou propres à ces diverses régions et quelle est la proportion des genres et des espèces que chacune d’elles possède. Dans les chapitres V, VI, VIT, VII et IX, chaque région botanique est traitée avec beaucoup de développements. Dans le chapitre consacré à la région champêtre, se trouve un calendrier de Flore très-détaillé. Le chapitre X traite de la flore des gabbri de la Toscane. On désigne sous le nom de gabbri des roches éruptives qui, au contact des roches sédimentaires, ont été profondément modifiées. L’épithète de gabbri leur a été donnée parce que ces roches forment une colline dans le pays de Gabbro, près de Livourne. Ces gabbri nourrissent plusieurs espèces ou variétés particulières. Enfin le dernier chapitre concerne les modifications que la flore de Toscane a éprouvées depuis les siècles derniers, par la disparition d'espèces indigènes ou par l’apparition d’espèces introduites. À moins d'entrer dans des détails nombreux en faisant de la géographie botanique comparée, nous devons nous borner à ne donner qu’une sorte de table des matières de l'ouvrage (154) de M. Caruel. Cet ouvrage, fruit de recherches longues et conseiencieuses, tant dans la nature que dans la riche littéra- ture botanique de la Toscane, sera consulté avec grand profit par tous ceux qui étudient la géographie botanique ; il vient se ranger à côlé des excellents travaux de MM. Watson, Moore et More sur la géographie botanique des Iles Britanniques. Nuovo giornale botanico italiano. Ainsi que nous l'avons déjà annoncé, cet excellent recueil est, depuis le départ de M. Beccari pour la Nouvelle Guinée, publié par M. Caruel. Sous la direction de lhabile professeur de Pise, ce recueil n’a rien perdu de son intérêt et de sa valeur scientifique. Le dernier numéro, qui a paru en juillet dernier, renferme les articles suivants : Passerini (G.). — Funghi Parmensi. (Suite.) CarueL (T.). —- Jllustrazione di una Rubiacea del genere Myrmecodia. (Avec une planche double.) — Biographia di Pietro Savi. (Avec un portrait.) IL viaggio del Dott. Beccari alla Nuova Guinea. (Lettre datée de Wahaiï adressée à M. Caruel par M. Beccari.) SaccarDo (P.-A.) — Florula spontanea horti botaniei Patavini. Di una nuova classazione delle Crittogame proposta dal Prof. Cohn. Cesami (V.). — Note giustificative della sinonimia per le Monoclamidee del « Compendio della flora italiana. » Le numéro se termine par des articles bibliographiques et des nouvelles. ( 155 Bulletin de la Societé royale Linnéenne de Bruxelles. Le Conseil d'administration de la Société royale Linnéenne a eu une inspiration très-heureuse en décidant la publication d’un Bulletin, qui viendra, sans aucun doute, imprimer plus d'activité encore aux travaux de cette Société. De belles expo- sitions horticoles, agricoles et botaniques, des conférences sur des sujets touchant à l’'horticulture, à la botanique et à l'agriculture, et des excursions scientifiques dirigées par des spécialistes instruits, ont donné à ectte Société une importance incontestable; mais il lui manquait un organe de publicité. Le Bulletin a fait disparaitre ce desideratum. C’est M. le professeur L. Piré qui est le rédacteur en chef de cctte nouvelle publication, et le comité de rédaction se compose de MM. Muller, Barbanson, Vanneck, Janssens, C. Bernard, Carron, E. Bernard, Van Campenhout et De Middelcer. Une livraison, composée d'une feuille d'impression, parait tous les deux mois. La première livraison débute par un excellent article de chimie agricole rédigé par M. le capitaine Ronday. Cet article est suivi d'une intéressante notice sur les forêts par M. Piré, d’une note de M. Barbanson sur : Les phosphates azotés, d’un article, accompagné de figures, sur une nouvelle méthode de cultiver l’asperge, par M. Spruyt, d’une note sur la multipli- cation des plantes de parterres, par M. Louis, du compte- rendu d’une herborisation, par M. Carron. Dans la 2 livraison, les articles de MM. Ronday et Piré sont continués ; M. Janssens y donne une note sur la culture des Auricules; M. A. Preudhomme de Borre y commence la traduction d’un ouvrage allemand de M. J. Kunstler sur les insectes nuisibles aux plantes cultivées. Cette livraison se ( 156 ) termine par le compte-rendu d’une excursion de la Société, par M. Bernard. Outre la suite des articles de MM. Ronday et Piré, la 5° livraison renferme : Des Marantacées, par Aug. Devenster ; Du Rosier, par Louis Dekerck. Nous ne doutons aucunement que sous lPimpulsion des membres du Comité de rédaction, le Bulletin de la Société royale Linnéenne ne prenne bientôt plus de développement et paraisse tous les mois. Ajoutons que l'exécution typographique de ce nouveau recueil ne laisse rien à désirer. Die Salicornien der deutschen Nordsecküste, von Prof. Fr. Buchenau und Dr W.-0. Focke (1). Dans cette notice, les auteurs, mettant à profit les récentes études de MM. Du Mortier et Duval-Jouve sur les Salicornia, examinent les espèces de ce genre croissant en Allemagne le long de la mer du Nord. Ces espèces sont : S. patula Duval- Jouve, S. procumbens Sm., S. stricta Dmrt. De nombreux détails de synonymie et de phytographie rendent cette note fort intéressante, (1) In-8v, de 15 pages. (Extrait des Abhandlungen herausgegeben vom naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen, 1872.) (157) MÉLANGES. Les Muscinées des anciennes tourbières de Belgique. — Dans des fragments de tourbes provenant des tourbières du littoral que le Musée royal d'histoire naturelle a communiqués à M. Gravet, ce bryologue distingué y a reconnu l'existence des Jypnum giganteum Sch., Camptlothecium nitens Sch. et Sphagnum cymbifolium Ehrh. Ces trois espèces végètent encore de nos jours en Belgique. On sait que les tourbières du littoral, recouvertes par les dépôts assez puissants de l'argile bleue d’Ostende, remontent à une assez haute anti- quité et alors que le Pinus sylvestris existait encore à l’état indigène en Belgique. — M. l'ingénieur Cornet a découvert, dans les terrains quaternaires de La Louvière (Hainaut), une Mousse formant plusieurs minces couches recouvertes par > à 6 mètres de limon de l’âge du Mammouth (Ælephas prémi- genius. À cette Mousse, se trouvaient associées des coquilles appartenant aux genres Cyclas, Lymnea et Planorbis. M. Gravet a reconnu dans cette Mousse l’Jypnum Sendtneri Sch., espèce vivant encore aujourd'hui en Belgique dans les marais de la région jurassique et qui se rencontre sporadiquement dans Ja région ardennaise. Nos tourbières anciennes réclament encore leur histoire sous les rapports botanique, entomologique et malacologique. Il est à souhaiter que l’un de nos confrères entreprenne bientôt l'étude des restes végétaux ensevelis dans les dépôts tourbeux du littoral et de l’intérieur du pays. Les résultats de cette étude seraient fort intéressants au point de vue de Ja géographie botanique. Expériences de culture au Jardin botanique de Bruxelles. — Sous l'inspiration de M. Du Mortier, 15 (158 ) président du Conseil d'administration du Jardin botanique de l'État, MM. Marchal et Cogniaux, aides-naturalistes dans cet établissement scientifique, vont commencer une série d'expé- riences de culture sur les formes de certains genres à espèces litigieuses. Ils débuteront par les formes appartenant aux Hieracium de la flore de Belgique. Il est à peu près superflu de faire ressortir l'intérêt qui se rattache à ce genre d'expériences. Tous ceux qui connaissent les besoins de la phytographie ou qui étudient sérieusement l'espèce en général comprendront l'importance des résultats qui peuvent être obtenus d'expériences culturales faites avec soin et intelligence. NOUVELLES. — Le 15 octobre dernier, un grand nombre de botanistes s'étaient réunis dans la salle des herbiers au Jardin botanique de Bruxelles, pour offrir à M. Du Mortier un album renfermant les portraits des membres de la Société royale de Botanique de Belgique. Cet album, véritable œuvre d’art, a été remis à M. le Président de la Société comme un témoignage d’estime et de reconnaissance de la part des botanistes belges. Dans un discours prononcé en cette circonstance, M. Morren a été l'interprète de ses confrères en faisant ressortir les services que M. Du Mortier a rendus à la science et à la Société, dont il est le Président depuis sa fondation. Ajoutons que la commission qui s’était constituée pour recueillir les souscriptions à l’album se composait de MM. Morren, Muller et Doucet, et que c’est M. Morren qui a inspiré et dirigé les artistes qui ont confectionné l'album. — Au mois de mai dernier, M. Decaisne, professeur au Jardin des plantes de Paris, et M. Parlatore, directeur du Musée botanique de Florence, ont assisté aux fêtes qui ont eu lieu à l’occasion du Centenaire de l’Académie royale de Belgique. Ces deux savants botanistes ont profité de leur séjour à Bruxelles pour visiter les riches collections du Jardin botanique. — Au mois d’août, le même Jardin a été visité par deux botanistes francais, MM. le marquis de Vibraye et Franchet. Le premier à promis (159 ) d'enrichir les collections du Jardin d’une riche série de fruits de Conifères. On sait que ce savant naturaliste s'occupe depuis longtemps de l'introduction de Conifères exotiques dans les boisements du centre de la France. — Le Jardin botanique et le Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles ont été visités, au mois de septembre, par M. le professeur Caruel, de Pise. Ce botaniste venait de visiter les principaux Jardins bota- niques de l’Allemagne et il devait, en quittant la Belgique, voir ceux de Hollande et d'Angleterre. — M. l'abbé Puissant, professeur, à Troy, a été revenu quelques semaines en Belgique. Il a rapporté, à plusieurs de ses anciens confrères de la Société royale de Botanique de Belgique, un beau choix de plantes de l'Etat de New-York. — M. Franchet est en ce moment occupé d’un travail important sur la flore du Japon. — On nous annonce que le deuxième volume du Flora Orientalis de M. Boissier ne tardera pas de paraître. — M. l’abbé Boulay vient de publier son importante Flore bryologique de Est. — M. le professeur Julius Sachs prépare une 5° édition de son Lehrbuch der Bolanik et une 2e édition de son £xperimentalphysiologie. — Le 2e fascicule des Hieracia Scandinaviae Exsiccata de M. C.-J. Lindeberg vient de paraître. Il renferme 50 espèces, dont 7 sont données comme nouvelles. Le prix de ce fascicule est de 15 Rdr. On peut se procu- rer cet exsiccata par lintermédiaire de M. le professeur Lange, de Copenhague. — Notre confrère le Dr Schultz, de Wissembourg (Alsace), s’est associé M. F. Winter, pour publier une nouvelle série de centuries de son Herbarium normale. Ces botanistes comptent publier, en 8 ou 10 ans, douze centuries. Il a paru au mois d’avril dernier trois centuries : 2 de phanérogames et 1 de cryptogames. A plusieurs reprises, nous avons fait ressortir les grands mérites des collections de plantes sèches de M. le Dr Schultz, qui n’éporgne rien pour rendre celles-ci parfaites, tant sous le rapport de la préparation matérielle que sous le rapport scientifique. Nous ne craignons pas de dire que ces collections sont admirables sous ces deux rapports; aussi engageons-nous vivement nos confrères à y (/ 460) souscrire. Le prix est de 25 francs par centurie pour les souscripteurs à la collection entière des 12 centuries. Le paiement se fait après réception des fascicules, soit par un mandat sur la poste, soit par une traite sur une bonne maison de banque de Paris. — M. Alfred Cogniaux est en ce moment occupé à préparer les plantes recueillies dans son voyage dans les Pyrénées espagnoles. II ne tardera pas à en faire la distribution. — M. C.-F. Austin a mis en vente, sous le titre de Musci Appalachiani, une collection de Mousses desséchées recueillies dans l’État de New-Jersey. Cette collection renferme 450 espèces ou variétés et se vend 25 dollars. S’adresser à l’auteur, à Closter (New-Jersey. — États-Unis). — M. P. Reinsch, de Zweibrüken, annonce la publication d’une collec- tion de Mousses desséchées de l'Allemagne et de la Suisse, sous le titre de : Herbarium Muscorum frondosorum Europre mediue. — M. Paillot, de Besancon, annonce la continuation de l’Exsiccata Billot. — M. le Dr Fr. Schmitz a été nommé assistant au laboratoire botanique de l’Université de Strasbourg. — M. le Dr G. Kraus a été nommé professeur de botanique et directeur du Jardin botanique de Halle. — M. le Dr Cohn, de professeur extraordinaire, a été nommé professeur ordinaire à l’Université de Breslau. — M. le Dr Hofmeister a été appelé à remplacer Hugo von Mohl à l’Université de Tübingen. : — MM. les Drs E. Pfitzer et J. Sachs ont été nommés professeurs de botanique à l’Université de Heidelberg. — M. le Dr Kerner a été nommé professeur de botanique systématique à l’Université de Prague. — M. le Dr Hegelmaier a été nommé professeur à l’Université de Kiel. — M. le professeur Faivre a été nommé directeur du Jardin botanique de Lyon. — M. le Dr Strasburger, de professeur extraordinaire, a été nommé professeur ordinaire à l’Université d’Iéna. — L'Institut de France a nommé, comme membres correspondants, dans la section de botanique, M Planchon, de Montpellier, en remplace- ment de Lecoq, et M. Weddel, en remplacement de Hugo von Mohl. C'A6€7) — M. le professeur De Notaris a été élu associé étranger de la Société Linnéenne de Londres. — M. G.-F. Reuter, directeur du Jardin botanique de Genève, est mort le 22 mai dernier. — M, Robert-Creaser Kingston, aide à l’Herbier des Jardins royaux de Kew, est mort le 21 juin, à l’âge de 25 ans. — Le Dr G.-M. von Martens, auteur de la Flore du Wurtemberg, est mort à Stuttgard, le 24 février, à l’âge de 84 ans. — Le Dr M.-A. Curtis, cryptogamiste américain, est mort le 10 avril, à l’âge de 64 ans. — Le Dr G. Dolliner, floriste allemand, est mort le 16 avril dernier. — M. Robert Wight, auteur d’ouvrages importants sur la flore de l'Inde, est mort à Grazeley Lodge, près de Reading, le 26 mai, à l’âge de 76 ans. — M. Mark-John Mcken, directeur du Jardin botanique de Natal, est mort le 20 avril, à l’âge de 48 ans. C’est M. William Keit, de Dublin, qui le remplace. — M. Alphonse de Brébisson, bryologue bien connu et auteur d’une excellente Flore de la Normandie, est mort à Falaise, le 26 avril, à l’âge de 74 ans. — M. Andreas-S. Oersted, professeur de botanique à l’Université de Copenhague, est mort le 3 septembre, à l’âge de 56 ans. — Artur Gris, aide-naturaliste au Muséum de Paris, est mort le 18 août, à l’âge de 42 ans. — M. le Dr Christener, de Berne, est mort tout récemment. Son herbier a été acquis par M. Schuttleworth. — Le Dr Hénon, botaniste distingué, est mort à Montpellier au m ois de mars dernier. — Le 11 décembre dernier, est mort à Vire (Calvados), M. Réné Lenor- mand. Ce vénérable et savant botaniste était parvenu à un âge avancé. — L'herbier et les instruments scientifiques du célèbre botaniste Hugo von Mohl ont été donnés à l’Université de Tübingen. — L'herbier de Hoppe a été acquis per le Gymnase de Salzburg. — M. le professeur Fée, qui a quitté Strasbourg pour s'établir à Nancy, a cédé son herbier au Musée de Rio-Janeiro. (62) — L'herbier et la bibliothèque délaissés par le Dr Spring ne tarderont pas à étre mis en vente. — Au printemps de 1874, doit avoir lieu à Florence une grande exposi- tion internationale d’horticulture organisée par la Société d’horticulture de Toscane, dont notre savant confrère M. Parlatore est le président. A l’occasion de cette exposition, il y aura un congrès de botanique, dont le programme sera rédigé par MM. Parlatore et Caruel. — La Société vogéso-rhénane d’échange s’est reconstituée sous la présidence de M. le professeur Becker, de Mulhouse. La cotisation annuelle des membres est de 5 francs et chacun de ceux-ci, pour 6 espèces recueillies à 50 échantillons, reçoivent 500 espèces. — Il s’est fondé récemment à Barcelone une Société botanique (Societad botanica Barcelonesa), dont le but est l’échange de plantes entre les membres qui la composent. — M. V.-F. Brotherus a fait, l’été passé, un voyage dans la Laponie russe pour y récolter des Mousses et des Phanérogames qui sont offertes en souscription. S’adresser à M. Adalbert Geheeb, à Geisa (Saxe- Weimar). — M. le Dr Herrich-Schäffer a, pour cause de santé, remis la direction du Flora à M. le Dr Singer. — Dans tome 18e du Bulletin de la Société botanique de France, pages 190-194, M. le Dr Warion a publié le compte-rendu d’une herbori- sation qu'il à faite dans la Campine limbourgeoise, au mois de juillet 1871, eu compagnie de notre confrère M. Thielens. — Dans le même tome, piges 329-550, M. Pérarui à publié une clef dichotomique du genre Euphrasia qui sera bien utilisée par ceux de nos confrères qui veulent distinguer les nombreuses formes démembrées de l’Euphrasia officinalis. — Le même phytographe, dans le tome 17e du même Bulletin, pages 531-547, a publié un travail très-détaillé sur les Mentha de la flore française. Cette notice rendra les plus grands services à ceux qui cherchent à déterminer les formes si nombreuses de ce genre. — Notre confrère M. Lecoyer a fait, cette année, deux découvertes précieuses aux environs de Wavre. C’est ainsi qu’il a découvert deux pieds du rare Orchis Simia Lmk à la lisière du bois des Templiers à Wavre, qu’il a constaté une très-riche habitation du Liparis Loeselii Rich. dans les marécages de Pécrot. Ce même botaniste a observé, à plusieurs reprises, le Plantago rarosa Gilib. dans la gare de Louvain. ( 165 ) — M. Gilbert, étudiant, à Louvain, a observé, dans le voisinage de cette ville, un pied de l’Asperugo procumbens L. — Trois jeunes étudiants liégeois, MM. Henri Donckier, Émile et Théophile Durand, ont communiqué, au Secrétariat des publications de la Société, une liste des principales découvertes botaniques qu’ils ont faites dans leurs nombreuses herborisations aux bords de la Meuse, de l’Ourthe et de la Vesdre. Nous en extrayons les indications suivantes. Silene anglica L. — Pelouse aride au-dessus de la gare de Nes- son Vaux. Geranium pratense L. — Quelques rares pieds le long de la route de Goffontaine à Cornesse. Vicia villosa Roth. — A la lisière et dans un champ de Vicia saliva à Bouny (Romsée). | Salvia verlicillata L. — Dos-Fanchon et ile Moncin (vallée de la Meuse). Alelittis melissophyllum L. — Deux habitations près de Tulfr. Doronicum Pardalianches L. — Deux habitations bien fournies dans un bois à Brialmont. Ces zélés botanistes nous ont envoyé des exemplaires des Silene anglica, Geranium pratense, Vicia villosa et Melittis melissophyllum, pour être déposés dans l’herbier de la Société. — Notre confrère M. le Dr K. Ledeganck est allé passer quelques jours de vacances, au mois de juillet dernier, à Poperinghe, pour étudier la végé- tation de cette contrée, qui est restée inconnue sous le rapport botanique. Parmi les espèces observées dont il nous a communiqué la liste, nous voyons le Juncus tenuis Mônch, trouvé à Poperinghe au lieu dit Groelgat- Molen, l’Ammophila arenaria Link, trouvé dans le bois St-Sixte et le Polygonatum verticillatum AÏl., trouvé dans le bois de Gasthuis-Molen. — M. Hardy a découvert en abondance l’Orobus niger L. dans d’épais fourrés à Petit-Lanaye. C'est là une très-précieuse trouvaille et qui nous permet de réintégrer cette rare espèce dans nos catalogues de la flore belge. Ce même botaniste nous annonce la découverte faite par un de ses amis du Lythrum hyssopifolia L. à Tillesse, près de Nandrin. — Notre confrère M. Fontaine, bourgmestre, à Papignies, a découvert, au printemps dernier, à Brugelette, une riche habitation du très-rare Poa bulbosa L. Nous avons déposé des échantillons de cette Graninée dans l’herbier de la Société. (164) BIBLIOTHÈQUE. Dons faîts à la Société. De quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier des JuNcUS LAGENARIUS et FoNrANEsn Gay et du J. srriatus Schsb., par J. Duval-Jouve ; Paris, 1872, in-4°, de 56 pages, avee 2 pl. — Sur quelques tissus de Joncées, de Cypéracées et de Grami- nées, par J. Duval-Jouve; Paris, 1872,.in-8°, de 9 pages, avec 4 pl. (De la part de l’auteur.) Notes d’un Touriste. — Le Jardin d’Essai d'Alger, par J. Chalon ; Gand, 1872, in-8°, de 51 pages. (De la part de l’auteur.) Relation de l’excursion faite par la Société Malacologique de Belgique à Orp-le-Grand, Folx-les-Caves, Wansin et autres localités voisines, par Armand Thielens, suivie de la descrip- tion de deux espèces nouvelles, par H. Nyst; Bruxelles, 1872, in-8°, de 40 pages, avec 1 pl. (De la part de M. Thielens.) Sur une espèce spéciale de tubes existant dans le tronc du Sureau (SamBucus NiGra L.) et pris jusqu'ici pour un Champi- gnon (RHiZOMORPHA PARALLELA Roberge), par C.-A.-J.-A. Oude- mans ; 1872, in-8°, de 21 pages, avec 1 pl. (De la part de l'auteur.) ADDITIONS ET CORRECTIONS. Page xvir, après la ligne 4, ajoutez : Fée (A.), ancien professeur, à Nancy. D SF, » DAS Verhandlungen der kaiserlich- kôüniglichen zoologisch-bota- nischen Gesellschaft in Wien. at » , 29, au lieu de n° 984, lisez : n° 9848. » 1927 » 24, » debilis, » debilibus. BULLETIN DE LA! SOCIÈTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. © —osogites— 1872. — N° 2. Séance publique tenue dans les ruines de Casselburg (Eïifel), le 7 juillet 1872. M. B.-C. Du Morrier, président. M. J.-E. Bowuer, secrétaire général. Sont présents : MM. Bodson, Burgers, Chalon, G. de Looz-Corswarem, Ch. Firket, Éd. Morren, F. Muller, Paques, Plateau, Petit, Schamberger, Thielens, Weyers. | Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 mai 1872. Ce procès-verbal est adopté. Il fait ensuite l'analyse de la correspondance. Plusieurs membres de la Société font savoir qu'ils regrettent vive- ment de ne pouvoir assister à l’excursion. —— L'ordre du jour appelle la lecture des travaux annoncés. M. A. De Vos fait présenter les travaux suivants 1° Comparaison entre la végétation des provinces de Namur et de Liége. (Sont nommés commissaires : MM. Chalon, 14 ( 166 ) Morren et Bellynek.) 2 Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la Montagne St-Pierre lez- Maastricht. (Sont nommés commissaires : MM. Cogniaux, Marchal et Hardy.) M. A. Thielens annonce une suite à ses Petites obser- valions sur quelques plantes nouvelles et rares de la flore belge. M. Chalon présente une notice intitulée : Une visite aux Châtaigniers de l’Etna. (Sont nommés commissaires : MM. Thielens, Muller et de Sélys-Lonchamps.) M. Du Mortier annonce une Monographie des Junger- mannes d'Europe. (Sont nommés commissaires : MM. Mar- chal, Delogne et Cogniaux.) M. Morren demande la parole. Il donne lecture d'une note sur la perforation de Pommes de terre par les rhizo- mes du Chiendent. M. Chalon communique la découverte qu'il a faite à Lives de nombreux pieds de Cynoglossum montanum Lmk. Dans les habitations déja connues de cette espèce, on n'avait jusqu'ici constaté sa présence que par d'assez rares échantillons. M. Thielens émet une proposition d'échange de plantes avec MM. Forster et Matewhs, botanistes du Canada. M. Firket communique à la Société la découverte, faite à Tilff, par M. Henri Donckier, du Melitiis melissophyl- lum L., que l’on croyait être disparu de cette localité. M. Thielens demande la parole. Il voudrait que le rapport de la présente excursion de la Société fût intitulé : Exploration dans l’Eïifel; il désire aussi que l'on y fasse mention de tout ce qui a été trouvé en dehors même (167) du règne végétal. M. Weyers combat la proposition de M. Thielens. M. Muller appuie l'opinion de M. Weyers. M. Weyers fait ressortir l'avantage de l'initiative qu'a prise la Société en adressant des invitations aux Sociétés Malacologique et Entomologique, pour les engager à assister à l'excursion. C'est selon lui un témoignage de bonne et franche confraternité, dont il remercie vivement la Société et son Président au nom des deux Sociétés susdites, dont il est membre. M. le Président expose quelques considérations sur la spontanéité et la subspontanéité des plantes. M. Morren, envisageant ce sujet au point de vue de la géographie botanique, engage, avee M. le Président, une longue discussion. MM. Chalon, Muller, Thielens et plusieurs autres mem- bres de la Société prennent successivement la parole sur le mème sujet. Après de longs débats sur cette matière, M. le Président déclare la discussion close. Le Secrétaire général, n'ayant pu tenir note des opinions émises dans une discussion aussi animée, demande que tous les membres qui y ont pris part lui fassent un résumé de leurs idées, qui lui permette de rédiger un compte-rendu pour être inséré au présent procès-verbal. Cette proposition, mise aux voix, n'est pas adoptée. Quatre membres nouveaux sont reçus par le Conseil : MM. Burgers, pharmacien, faubourg St-Léonard, à Liége. Paques, Erasme, pharmacien, rue de l'Université, à Liége. Plateau, professeur à l'Université de Gand. Hannon, étudiant en médecine, chaussée de Wavre, à Ixelles. (168 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Notes d’un touriste, par Jean Chalon. Une visite aux Châtaigniers de l’Etna. Malgré sa position entre le 57° et le 58° degrés de latitude et tout au centre de la Méditerranée, dont les rivages constituent une des régions botaniques les plus riches du globe, la Sicile possède une flore relativement très-pauvre. Sans doute, le voyageur venant directement de l'Europe moyenne, transporté sans transition dans quelque vallée fertile de cette ile, sera tout d’abord émer- veillé par l’exubérance de la végétation ; mais le botaniste qui, comme nous, a déjà parcouru en herborisant lAl- gérie, le midi de l'Espagne, les côtes de la Provence et l'Italie, sera plutôt frappé par le cachet général d’aridité imprimé à toute la contrée. La cause principale, c'est le manque d’eau; File est très-montagneuse ; les pentes sont rapides ; quand la pluie tombe, elle s'écoule rapidement et elle séjourne d’autant moins à la surface du sol que les forêts, ces éponges, ces réservoirs naturels, qui jouent un si grand rôle dans l'économie générale du globe, sont rares, et par une incroyable incurie des insulaires, ou plutôt par une coupable négligence du gouvernement, tendent encore à diminuer de jour en jour. En gravissant les flanes de l'Etna, on est douloureusement étonné de leur nudité; à peine quelques maigres buissons remplacent les antiques futaies, dont les plus vieux habitants gardent encore le (169 ) souvenir; à Nicolosi, petit village sur la route que les touristes suivent d'ordinaire pour parvenir au sommet du volcan, un vieillard nous disait que toute la contrée était autrefois couverte de magnifiques forêts de Chà- taigniers ; aujourd'hui, l'on rencontre seulement ceux que l’on a replantés de loin en loin, et l'on pourrait les compter sans peine. Non loin de là, est le village de Tre Castagni, une appellation significative ; et cependant, pas la moindre trace des arbres qui ont donné leur nom à la bourgade ; c'est à peine un souvenir historique, car il nous a été impossible d'apprendre, sur les lieux mêmes, si ces trois Châtaigniers étaient remarquables par leur taille ou par leur grosseur. Il est certain que des forèts ombreuses de diverses essences d'arbres, aussi touffues que les forêts vierges du Brésil, s’étendaient encore vers le milieu du XV[ siècle depuis le sommet de la montagne jusqu'à la vallée de Cantara; le cardinal Bembo, qui a laissé des œuvres écrites dans le latin le plus pur, s’extasie sur les belles forêts de Platanes de l’Etna ; et enfin il résulte de docu- ments authentiques, aussi bien que des traditions qui se sont conservées dans les cabanes des pâtres, que le tiers du versant oriental de la montagne était encore boisé il y a moins de cent ans. Mais l’homme est arrivé avec sa cognée; les arbres séculaires et les jeunes rejetons ont été impitoyablement coupés, et les croupes des montagnes, comme des brebis tondues, ont été exposées sans défense aux eaux du ciel ; car la luxuriante végétation de Pteris aquilina, qui appa- rait drue et serrée après chaque défrichement, est loin de suffire pour absorber les pluies. Puis certaines éruptions du volcan, certaines coulées de lave, sont venues com- (170 ) pléter l’œuvre de destruction; qu’on juge de leur puis- sance : on cite de ces coulées, véritables fleuves de feu, qui ont continué pendant plus d'une année leur marche lente mais irrésistible, et qui ont transformé, sur une étendue de trois ou quatre lieues, des campagnes fertiles et des villages entiers en un désert d'une absolue stérilité. De ces défrichements, tantôt inévitables, tantôt inintelli- gents, mais défrichements quand même, qu'est-il résulté ? Les pluies en Sicile sont rares, mais abondantes, et lors- qu'elles tombent, ce sont de véritables cataractes. Il y a d’abord la saison des pluies, correspondant à notre hiver de neige et de glace, mais beaucoup plus courte, puisqu'elle ne comprend guère que les mois de janvier et de février ; puis en été, ce sont les orages, terribles ordinairement, et termi- nés par une averse redoutable. L'eau n’étant plus retenue sur la terre par l'intermédiaire des forèts, s'écoule sur les pentes abruptes des monts comme sur les ardoises d'un toit, et forme en quelques minutes des torrents dont la puissance s’accroit avec une effrayante rapidité. Les Sici- liens nomment fiumares les lits de ces torrents; ils sont à sec pendant la plus grande partie de l’année, car l'eau y disparait aussi vite qu'elle y arrive. Rien de plus curieux à voir que ces grands thalwegs desséchés, espèces de rivières pétrifiées, dans le lit et sur le bord desquelles des touffes rabougries de Lauriers roses attendent avec impatience la pluie prochaine; les digues en sont hautes et fortes et le chemin de fer les traverse sur des ponts immenses et solides, tels qu'on en pourrait Jeter sur un grand fleuve. Mais vienne un orage : le monstre endormi se réveille, et l’on comprend aisément ce luxe de précautions ; des masses d’une eau sale et bouillonnante se précipitent vers la mer, entrainant des blocs de pierre énormes et des arbres déra- (171) cinés; la crue est parfois tetlement subite que des enfants et des troupeaux entiers, n'ayant pu gravir les berges à pie de la fiumare, ont trouvé la mort dans les flots du torrent instantanément formé; dans ce cas, 1l est néan- moins probable que les neiges du sommet avaient été fon- dues en grande masse par une bouffée de chaleur du volcan. Nous ne parlons iei que des grandes fiumares, correspon- dant à des vallées d'une certaine étendue; il en existe aussi de plus petites, très-nombreuses, et naturellement moins à craindre que les précédentes. L'apparition de nouvelles fiumares, l'accroissement de celles existant déjà, ont été les conséquences immédiates du déboisement, et nous ne doutons pas qu'un certain nombre de plantes némorales, alpestres même, car l’'Etna est une haute mon- tagne (5515 m.) au sommet de laquelle la neige séjourne pendant toute l’année, n'aient à jamais disparu de l'ile en même temps que les forêts, leurs protectrices. Quant à la stérilité générale qui en est résultée pour les flancs de la montagne, c'est un fait si naturel qu'il suffit de l'indiquer. En raison même de cette pauvreté dans le tapis végétal, les régions botaniques commandées par l'altitude sont moins apparentes sur les flancs de lEtna que sur tout autre pic d’égale importance. Cependant on y reconnait en général trois zones : tout en bas, la zone des terres eulti- vées, des champs et des vignes, la plus riche naturelle- ment en plantes de toute espèce et sur laquelle nous dirons un mot tout à l'heure ; au-dessus, les forêts; d’abord de Chènes et de Châtaigniers (Quercus pubescens et Q. lex, Castanea vulgaris); plus haut, de Hètres (Fagus sylvatica) et de Bouleaux (Betula alba et B. aelnensis); plus haut encore de Pins (Pinus sylvestris); enfin la zone des laves, où toute végétation tend à disparaitre. C'est le désert, (172) d'un noir mat comme le velours, et faisant une profonde impression sur le voyageur qui le traverse pour la pre- mière fois. Dans quelques recoins où une mince couche d'humus a pu s'accumuler, s'élèvent encore des touffes de verdure, mais le nombre d'espèces végétant au-dessus de la région némorale ne dépasse guère la trentaine. Nous avons particulièrement remarqué les plantes suivantes : comme arbustes, plusieurs Juniperus et Berberis; comme plantes herbacées, les Viola gracilis, Saponaria depressa, Astragalus siculus, Senecio actnensis, Anthemis aetnensis, Robertia taraxacoides, Tanacetum vulgare. Les cinq der- nières s'élèvent seules le plus haut, alors que toutes les autres phanérogames ont depuis longtemps disparu ; le Senecio se retrouve jusqu'au pied du cône, parmi les rapilli où il se hâte de croitre, avant qu'une bouffée de la vapeur sulfureuse exhalée sans cesse par le volcan vienne mettre fin à sa précaire existence. De toutes les plantes herbacées, une seule appartient à notre flore; c’est la Tanaisie. Nous avons trouvé ses touffes souffrantes et rabougries ; elles paraissent regretter nos terres d’alluvion, où leur développement est si large et si rapide, et croitre avec peine dans les scories volcaniques. L’Astra- gale, au contraire, est bien chez lui; ses grosses touffes arrondies, presque globuleuses, ont souvent plus d’un mètre de diamètre, mais elles ne portent de verdure et de fleurs qu'à l'extrémité des rameaux; le centre de la touffe est occupé seulement par les tiges nues. Les petites plan- tes de la Robertie, avec leurs grandes et belles fleurs jaunes, s'abritent volontiers dans le voisinage des Astra- gales. D'espèces alpines proprement dites, point. Les tapis spongieux des Sphaignes font absolument défaut; les ( 175 ) Lichens sont rares et bien maigres, et l'eau provenant de la fonte lente de la neige disparait au fur et à mesure dans les profondes crevasses de la lave. Combien les con- ditions de la vie végétale sont autres sur les montagnes élevées du continent, alors que l’eau des pluies, de la rosée ou de la fonte des neiges est retenue, d’abord par les forêts, plus haut par la compacité du sol; compacité qui permet aux Cryptogames d'y élire un domicile stable, et qui favorise ensuite le développement des végétaux supérieurs. Souvenir de nos excursions précédentes ou déductions tirées de ces mêmes souvenirs. telles étaient les pensées qui nous occupaient le 24 avril 1871, jour réservé exelu- sivement pour une visite aux grands Châtaigniers de l'Etna. Au temps du cardinal Bembo, c'était sans doute une grosse affaire qu'un voyage en Sicile; aujourd'hui, l'ile se couvre peu à peu d’un réseau de chemins de fer et l’on peut déjà la parcourir assez commodément. De Catane ou de Messine, grâce à la voie ferrée qui relie maintenant Messine à Syracuse, il est possible de faire en moins d'une journée l'excursion des Châtaigniers, que nul tou- riste, si peu botaniste qu'il fût, ne devrait négliger. En effet, c'est une promenade agréable, peu fatigante, et qui offre, sans compter les colosses végétaux qui en sont le but principal, des points de vue nombreux et de splen- dides panoramas. Nous prenons donc à Catane le premier train qui doit nous conduire à la gare de Giarre-Riposto; malheureu- sement il est déjà près de huit heures du matin et le soleil fait pressentir une chaude journée; il eüt été pré- férable de pouvoir partir à quatre heures, pour gravir les pentes de la montagne avant la grande chaleur du jour. (174) Enfin! on se console en songeant qu'il fallait faire, il n°y a pas bien longtemps, la route entière à pied ou à dos de mulet. Les trains ne marchent ou plutôt ne roulent guère mieux en Sicile qu'en Espagne, et ce n’est pas peu dire. Si le voyageur pressé s’en impatiente, en revanche le flâneur y trouve un grand charme; les paysages de la route et les menus détails des roches et des plantes peuvent être vus sans peine; pour celui qu'emporte un express anglais, au contraire, ce ne sont que des apparitions instantanées entre deux nuages de poussière. Commodé- ment assis dans notre compartiment, nous voyons ainsi défiler sous nos yeux toute la flore sicilienne que nous avons, il est vrai, appris à connaitre déjà par de nom- breuses herborisations. À en juger par les faits, la saison végétale là-bas est en avance, sur la nôtre, d'environ six semaines, et le 24 avril, en Sicile, correspond au 10 juin en Belgique; c'est, d’un côté comme de l’autre, l'époque de l'année la plus riche en plantes fleuries. Les Sureaux et les Robiniers avaient entièrement épanoui leurs corolles, mélant leurs àcres parfums qu'aucune brise n'emportait; le Froment était en épis, les champs d'Orge jaunissaient et dans maints endroits on faisait déjà la récolte du Lin. En sortant de Catane, on traverse plusieurs grandes coulées de lave, notamment celle de 1581 et plus loin celle de 1529. Depuis des siècles que ces laves sont refroi- dies, la vie a repris ses droits; de l'humus s'est accumulé dans les crevasses et une végétation souvent luxuriante s'y est installée ; citons au hasard quelques-unes des espèces les plus abondantes. Voici de grosses touffes de fleurs jaunes de deux nuan- (175) ces différentes : le Pastel (Jsatis tinctoria), aux fleurs du jaune d'or le plus pur, et la Rue (Ruta bracteosa et R. graveolens), d'un jaune verdâtre, livide, qui, joint à son odeur repoussante, suffit pour la signaler comme suspecte. Aux endroits les plus stériles, s'élèvent des Euphorbes arborescentes, feuillées, d’un ou de deux mètres de haut, et sur les pentes abruptes, sur les talus de roche nue, s'étalent les longues tiges des Ficoïdes; leurs fleurs roses et Jaunes, plus larges que la main, s'ouvrent par milliers au soleil et brillent comme de la soie ou comme un tissu de verre; dans leur riche floraison, ils constituent sans contredit la plus belle de toutes les plantes siciliennes. Souvent, dans nos serres, nous avons revu ces Ficoïdes, mais pauvres, étriqués, souffrants, épanouissant à peine, et encore d’une manière incomplète, une ou deux fleurs amoindries : tristes exilés, ils semblaient, comme Mignon, regretter le pays où fleurit l'Oranger. Tout auprès, s'élève le Genèt de l'Etna, dont certains pieds atteignent huit mètres de hauteur; sa forme ordi- naire est globuleuse, et comme il est feuillé jusqu'en bas et très-rameux, rien n'est plus singulier que ces buissons ou que ces arbres en forme de boule, tout couverts de fleurs odorantes. A ses pieds, des Liserons (Convolvulus siculus) dont les fleurs simulent un large cornet du rose le plus tendre, ne cherchent point à s’enrouler autour de ses rameaux, mais se contentent modestement de ramper sur le sol. Plus loin, ce sont des champs d'Aspho- dèles ; leurs grandes panicules commencent à perdre leur parure et leurs pétales rosés tombent à mesure que gros- sissent les fruits ; il est étonnant que cette belle espèce, d’une culture facile d’ailleurs, ne soit pas chez nous, à titre de plante d'ornement, plus répandue qu'elle ne l’est, (176 ) Après les coulées de lave, où l’on cultive tout au plus la Vigne dans quelques recoins privilégiés, la voie ferrée traverse des terres fertiles, de grandes moissons de Fro- ment, où quelques Coquelicots se mèélent à des milliers de pieds de Glaïeuls et tranchent, par la vivacité de leur coloris, sur le ton vineux de ces derniers ; et des champs de Lupins blancs et jaunes, excellent fourrage, au milieu desquels des Orobanches de plus d’un mètre de haut éta- lent leurs fleurs d'un blanc presque pur. Voici des haies de Nopals, redoutable barrière que le lion lui-même, en Afrique, hésite à franchir; quelques fruits, dits figues de Barbarie, oubliés de la récolte précédente ou abandonnés parce qu ils étaient inabordables, surmontent encore leurs énormes raquettes hérissées d'épines. Parfois de grands carrés de terrain sont exclusivement occupés par ces Cactées gigantesques; d'étroits sentiers, ménagés à coups de hache, permettent de les parcourir; à se cultive la Cochenille. L’Agave américain, qui dans tout le bassin de la Méditerranée semble se trouver chez lui, prospère en Sicile à merveille et partage avec le Nopal la faculté de former des clôtures impénétrables; un certain nombre de pieds ont fleuri l'an dernier, et leurs hampes gigantesques s'élèvent desséchées, belles encore et gracieuses, comme les candélabres antiques, auxquels leurs congénères doi- vent avoir servi de modèle; d'autres se préparent à fleurir, et du sein de leur rosette immense s’élance la Jeune tige toute suceulente et semblable à une asperge de la grosseur d'une euisse d'homme. Agaves et Nopals, quels types étranges et dont aucun analogue ne se retrouve chez nous! Des touffes d'Asphodèles croissent aux alentours; nous oublions que l'Etna forme le fond du tableau, et la pensée nous reporte en Algérie, où de tels groupements se ren- contrent à chaque pas. (177) Mais il n’est pas que les plantes herbacées ou sous- frutescentes qui attirent l'attention du botaniste placé au milieu de cette végétation méridionale; bien des arbres méritent plus qu'un simple regard et sont dignes à coup sûr d'exciter son étonnement. lei ce sont des Figuiers comme nous n’en avons jamais vu; leur tronc droit, haut de plusieurs mètres, de 50 ou 60 centimètres de diamètre, est surmonté d’une cime globuleuse toute feuillée et leur port rappelle celui d'un arbre forestier. Plus loin, s'élèvent d’antiques Caroubiers; des Amandiers séculaires, appar- tenant à cette variété qui produit les plus grosses amandes connues; des Oliviers, portant allègrement leur grand àge et se préparant à fleurir; des Néfliers du Japon, dont les feuilles ressemblent à celles du Châtaignier et dont les fruits jaunes, pleins d’un sue aigrelet, sont fort agréables dans les pays chauds. Plus loin encore, ce sont de grandes plantations d'Orangers: les arbres, plus serrés que les Pommiers dans les vergers d'Europe, souvent aussi gros qu'eux, étaient chargés, au moment de notre passage, de fleurs et de fruits; le parfum délicieux des premières se répandait au loin, mais ce n'est guère que le soir qu'il atteint toute son intensité, après que les feux du jour en ont favorisé la sécrétion. On achevait la récolte des fruits : des hommes montés sur l'arbre cueillaient à la main ceux qu'ils pouvaient atteindre et abattaient à coups de gaule ceux qui étaient trop éloignés. Çà et là sur le sol, s'éle- vaient des pyramides de pommes d'or. De loin, les Citron- niers se reconnaissent à la forme plus irrégulière de leur cime, à leur tournure plus débraillée, s'il est permis de s'exprimer ainsi. Parmi ces Orangers, 1l en est de très- gros, bien vieux assurément; cependant nous n'en avons vu nulle part d'aussi beaux que dans un enclos auprès de Cordoue. (178 ) Mais voici à droite, au bord de la mer, le village de Riposto ; à gauche, au pied de la montagne, le bourg plus considérable de Giarre ; le train s'arrête précisément entre les deux ; nous sommes arrivé ; descendons. A peine sorti de l'enceinte protectrice de la gare, nous nous voyons assailli par les cochers de fiacre, les porteurs de bagages, les mendiants de toute espèce et pis encore ; les offres de service, répétées avec une rare importunité, ne manquent pas. Cuirassé, blindé mème contre ces ten- tatives mercantiles par notre séjour antérieur dans la péninsule, et fort d'ailleurs de nos cartes routières, nous traversons impassible la foule de ces braillards des deux sexes, seul moyen de leur échapper ; si l'on a le malheur de leur répondre, même par un refus. voilà la discussion engagée et l'on ne s'en débarasse pas facilement. Giarre est un grand village, d’une vingtaine de mille àmes, presque une petite ville, n'était sa tournure dégin- gandée. Deux longues rues le composent ; l'une, perpen- diculaire à la mer, conduit par une pente douce de la gare vers la montagne; l’autre, plus importante, fait marteau avec celle-ci. Avant d'aller plus loin, il s'agissait de déjeuner; nous avisons la locanda qui nous parait la plus confortable ; nous entrons, et averti par l'expérience, nous demandons des œufs. Point. Du laitage ? Impossible d'en trouver. De guerre lasse, nous laissons à l'hôte toute son initiative, une faiblesse hélas ! qui devait nous apprendre une fois de plus, comme on va le voir, à nous méfier de la cuisine sicilienne, atroce entre toutes les cuisines méri- dionales. De la propreté, nous n'en parlerons pas; il est convenu que dans toutes ces auberges indigènes, décorées des noms sonores d'albergo, tratltoria, locanda, osteria, dispaccio, etc., elle n'existe pas même à l’état de théorie ; (179 ) il est convenu qu'une femme se peigne habituellement dans un coin de la salle à manger et que la vermine court jusque sur la nappe. Que l'on nous pardonne ces détails d'une couleur toute locale. Après une demi-heure d'attente, l'hôte nous apporte un déjeuner dont voici le menu : 1° bouillon de poissons avec macaroni, le tout assaisonné par une dose énorme de safran; on voit bien que l’on se trouve dans le pays où il croit; 2° les poissons bouillis, colorés en jaune intense par le susdit safran, et un plat de macaroni; 9° des morceaux d’une viande inconnue, frits à l'huile quelque peu rance, et entourés de macaroni; après mür examen, nous reconnaissons avoir affaire aux lanières coriaces taillées dans la cuisse d’une vieille bique. Il faut avoir faim pour avaler ces mets par trop nationaux, et bon estomac pour les digérer; heureusement, sous ce double rapport, nous n'avions pas à nous plaindre. Il est neuf heures et demie du matin; nous continuons notre route droit vers la montagne ; il n’y a qu'un chemin ; impossible de se tromper. Bientôt les dernières maisons de Giarre sont derrière nous; nous traversons une grande fiumare, et marchant toujours vers l’ouest, nous com- mencons à gravir les premières pentes de l'Etna. Pendant assez longtemps, la route monte entre deux murailles construites en pierre de lave et qui bornent compléte- ment la vue; nous remarquons avec plaisir, entre les fentes des pierres, la présence du Ceterach officinarum en touffes magnifiques. Les champs enclos par ces murs de lave sont plantés de Vignes, et l'on voit de temps à autre leurs pampres verts s'ineliner, curieux, par dessus les noirs blocs de la clôture. La chaleur est déjà acca- blante : vingt-six degrés centigrades et pas un souffle de brise. ( 180 ) Un peu avant d'arriver au village de San Giovanni, la vue s'ouvre tout à coup sur la gauche et l’on peut jouir à l'aise d’un magnifique panorama de l’Etna. Au-dessus de la région cultivée et boisée, toute verdoyante, s'élève la masse imposante des laves stériles ; la transition est marquée par quelques taches d'un vert plus sombre, qui ne sont autres que des forêts de Pins. Sur les flancs de la grande montagne, flottent quelques nuages blancs, en ceinture ; plus haut, brillent au soleil d'immenses champs de neige ; plus haut encore, s'élève le cône vol- canique, lançant dans les airs un immense panache de fumée sulfureuse. Tout à gauche, on distingue parfaite- ment les Monti rossi, double cône, formé pendant la terrible éruption de 1669; plus près, et immédiatement sous le cratère principal, l'immense Val del Bove ou di Bue, cuve profonde d'une effrayante stérilité, et dont les parois mouvantes sont formées par une couche épaisse de scories et de cendres; enfin, plus près encore, les cônes soulevés pendant l’éruption de 1865 ; ils exhalent une àcre fumée fauve, dont les volutes s'abattent lourde- ment sur les pentes de la montagne. Coup d'œil imposant, décor grandiose ! Que sont, auprès de ces tableaux de la nature, les œuvres des hommes ? Nous traversons le village de San Giovanni, sale et repoussant comine tous les villages de l'Italie méridionale et de la Sicile; sur la porte des cabanes, construites en pierre de lave, les femmes se livrent, sur la tête de leurs enfants, à des recherches d'une nature intime; le pore, animal domestique privilégié, se vautre non loin de là dans la fange du ruisseau. Partout la misère la plus sor- dide, la plus repoussante, et l’on peut prévoir que la paresse innée de ces lazzaroni la maintiendra longtemps (181) encore à l'état de fléau chronique. Enfin, une heure et demie après avoir quitté Giarre, nous arrivons à San Alfio, c'est-à-dire bien près d'atteindre le but de notre excursion. Ici nous prenons un guide qui nous sera une grande économie de temps; nous faisons, comme à l'ordinaire, nos conditions d'avance, mais, à notre grand étonnement, il nous demande tout d'abord un prix fort raisonnable, que nous acceptons sans être obligé de marchander ; de plus, les gens du village sont polis et nullement impor- tuns ; chaque chose s'y paie sa valeur. Ce qui prouve hélas! combien l’on visite peu les Châtaigniers; leurs rares admirateurs n'ont point encore réussi à corrompre la simplicité naturelle des habitants. A partir de San Alfo, le chemin est des plus pittores- ques ; on remonte le lit desséché d’une fiumare au milieu d'un bois de Châtaigniers, qui commencaient, au moment de notre visite, à se couvrir de feuilles. Ce devait être autrefois une belle forèt, mais tous les vieux troncs ont été coupés à ras de terre et une génération nouvelle d'arbres jeunes et vigoureux leur a succédé. Souvent, un certain nombre de ees derniers, six, huit où même davantage, égaux en grosseur et rejetons de l'ancètre abattu, ont poussé en un cercle parfait, s'écartant légèrement vers le haut en manière d’entonnoir. On peut prévoir le temps plus ou moins rapproché où ces diverses tiges, par l'effet de la croissance, se souderont à commencer par le bas et finiront par former un seul tronc, immense et creux. Nous verrons dans un instant pourquoi il est utile d’insister sur cette particularité. | A tout seigneur tout honneur; le guide nous mêne d'abord au fameux Castagno di Cento Cavalli, le Chätaignier des Cent Chevaux. Commençons par rappeler ce que. 15 (182 ) M. Marion dit de cet arbre historique dans : Les Merveilles de la Vegétation. | « « À A « Cet arbre est connu sous le nom de Châtaignier des Cent Chevaux à cause de la vaste étendue de son om- brage. La tradition rapporte que Jeanne d'Aragon visita l'Etna dans son voyage d'Espagne à Naples, et que toute la noblesse de Catane l’accompagna dans son excursion. Un orage étant survenu, la reine et sa suite auraient trouvé un abri sous le feuillage de cet arbre immense. « Cet arbre si vanté et d'un diamètre si considérable, dit Jean Houel, le premier voyageur qui en ait donné la description au siècle dernier, est entièrement creux; car le Châtaignier est comme le Saule, il subsiste par son écorce ; il perd en veillissant ses parties intérieures etne s'en couronne pas moins de verdure. La cavité de celui-ci étant immense, des gens du pays y ont construit une maison où est un four pour sécher des châtaignes, des noisettes, des amandes et autres fruits que l'on veut conserver; c'est un usage général en Sicile. Souvent, quand ils ont besoin de bois, ils prennent une hache et et ils en coupent à l'arbre mème qui entoure leur mai- son; aussi ce Châtaignier est-il dans un grand état de de destruction . « Quelques personnes ont cru que cette masse était formée de plusieurs Châtaigniers, qui, pressés les uns contre les autres et ne conservant plus que leur écorce, n’en paraissent qu'un seul à des yeux inattentifs. Ils se sont trompés, et c'est pour dissiper cette erreur que j'en ai tracé le plan géométral ; toutes les parties mutilées par les ans et par la main des hommes m'ont paru appartenir à un seul et même tronc. (185 ) «On a dit, en effet, comme le rappelle Houel, que plusieurs arbres étaient réunis dans ce végétal gigan- tesque; cependant, un examen attentif parait détruire « cette objection. Brydone, qui le visita en 1770, rapporte A À À que ses guides, interprètes des traditions du pays, assu- «ralent qu'à une époque très-ancienne une écorce con- « tinue et très-saine couvrait encore le trone, dont on ne € voit plus aujourd'hui que les véritables ruines. Le cha- « noine Recupero, naturaliste sicilien, attesta en présence « du voyageur anglais et de plusieurs autres témoins, que « la racine de cet arbre colossal était unique. La meilleure « observation à l'appui de l'unité de ce végétal, c’est encore « l'exemple fourni par d’autres Châtaigniers de l'Etna qui « présentent Jusqu'à 12 mètres de diamètre. « Celui que nous décrivons a cent soixante pieds de « circonférence; on ne -saurait assigner la limite de son «àge probable. « Aujourd'hui une ouverture, assez large pour que « deux voitures y passent de front, le traverse de part en « part, ce qui n'empêche pas qu'il ne se couvre annuelle- « ment de fleurs et de fruits. « Nous devons cependant ajouter en terminant que «c'était la coutume chez les horticulteurs anciens de « rassembler autour d’une même pousse plusieurs autres « de même espèce, de manière à former l'apparence d'un « seul arbre, dont les années affermissaient la taille colos- «sale. On écorçait les côtés intérieurs, et bientôt une « seule écorce paraissait l’envelopper. Ce fait se rencontre « surtout chez les Oliviers. » À Nous nous permettrons d'ajouter à cet artiele quelques observations. D'abord, il n'est pas probable que les horti- eulteurs anciens se soient amusés à planter en rond de ( 1847) jeunes Châtaigniers ; l'age plus que légendaire des débris que nous avons visités rend cette hypothèse inadmissible, attendu que ces vénérables restes sont contemporains d'une époque où l'on ne s'oceupait guère d'horticulture ; la Sicile devait être alors une contrée sauvage, où les pâtres disputaient leurs troupeaux aux bêtes fauves, se nourrissaient des châtaignes que la nature mettait à leur disposition, mais ne songeaient nullement à planter en rond les arbres qui les leur fournissaient si généreusement. Il est bien probable qu'autour d’un trone immense déjà, détruit plus tard entièrement par l’action des siècles, des rejetons ont poussé, comme nous le disions tout à l'heure, et se sont rejoints; que leur racine soit unique, comme l'affirmait le chanoine Recupero, cela doit être en effet, et rien nest plus naturel. Dans la suite des siècles, de larges solutions de continuité se sont de nouveau formées dans la paroi de ce cylindre, creux dès son origine. Telle est du moins l'opinion que nous nous sommes faite après un mür examen du colosse. Nous devrions dire des ruines du colosse ; c'est à peine si quelques rameaux, envahis par les Mousses, le Lierre et un Gui à fruits jaunes (Viscum laxum), développaient péniblement leurs feuilles au moment de notre venue ; grace au vandalisme des propriétaires du sol, la fin de ce monument végétal a été considérablement hâtée. La mai- sonnette et le four à sécher les châtaignes y sont réellement inclus et s'y appuient comme à un mur vivant; il n'est que trop vrai hélas! que la hache le frappe quand on à besoin de combustible ; de nombreuses entailles, toutes fraiches encore et mettant à nu son bois d'un brun doré, l’attestent. Mais le vieux est coriace, 11 tent bon, et lon usera bien des haches avant d’extirper sa dernière souche. (185 ) Qui sait pourtant? Il est possible que les paysans se hàtent de le détruire; il se peut que nous soyons le dernier voyageur qui le décrive après l'avoir visité. Mais non ; espérons qu'à un autre reviendra la tâche de composer son oraison funèbre, et que ces lignes inspireront à quelque botaniste errant le désir d'aller voir et toucher le colosse du mont Etna. Malgré son origine multiple, le trone immense du Châtaignier des Cent Chevaux, creusé, décrépit, tors et noueux, enveloppé par ses parasites comme un vieillard s'enveloppe de fourrures, fait une profonde impréssion à qui le voit pour la première fois. A ce sentiment d'instinctive admiration, succède un profond étonnement, lorsqu'on à exactement mesuré ses dimensions; à deux reprises différentes, car nous avions peine à croire que nous ne nous étions pas trompé dans notre première estimation, nous avons trouvé cinquante-six mètres de circonférence à la base (56!). Plus haut, il s'élargit en entonnoir, ce qui confirme l'hypothèse de sa formation. Et puis, un trone simple de plus de 18 mètres de dia- mètre, ce nest guère possible, même en supposant les circonstances les plus favorables. A ce propos, une der- nière observation sur Particle de M. Marion : il n'existe nulle part sur les flancs de l'Etna de Chàtaignier mesurant 12 mètres de diamètre; le plus gros de ces géants mesure 18 mètres de tour, soit environ 6 mètres de diamètre seulement, ce qui est déjà bien respectable. Nous allons immédiatement aborder la description sommaire des prin- cipaux d'entre eux. | Peu de temps après avoir quitté les restes antiques du Châtaignier des Cent Chevaux, nous rencontrons trois arbres énormes, encore sains et vigoureux, malgré la ( 186 ) masse des parasites qui les recouvrent; le sol est tout jonché des baies jaunes du Gui. Un chemin étroit et profondément encaissé, petite fiumare pendant les pluies d'orage, les sépare en deux groupes : du côté de l'Etna, le moins gros des trois troncs; de l’autre, les deux plus gros, qui sont aussi les plus décrépits. Ils n'ont jamais été réunis, Car une écorce saine entoure chacun d'eux à peu près de toutes parts. L'ainé des trois, mesuré à un mètre du sol, pour éviter les milliers de rejetons qui lui forment une base de broussaille, a 10"80 de circon- férence ; 11 est creux en grande partie et ouvert du côté qui regarde le chemin. Son voisin, fortement penché vers lui, est de forme plus aplatie et assez difficile à décrire ; sa cavité crée, par son inclinaison, une voûte magnifique. Le tronc principal se continue ensuite verticalement en se ramifiant; à mi-hauteur du corps creux, un autre tronc plus jeune s'en sépare; enfin, tout à la base, un rejeton beaucoup plus jeune encore et couvert d’une écorce lisse semble attendre [a disparition des vieux pour prendre tout son développement. Nous nous dirigeons à droite au travers des vignes et nous arrivons en quelques minutes auprès d’un arbre isolé, digne d'attirer notre attention. Du tronc primitif, la moitié seulement reste; toute la partie qui regarde la mer a été enlevée, mais bien que la cicatrice paraisse fraiche encore, nous n'avons pu apprendre de quelle manière. Du côté de l'Etna, une branche, un arbre entier, s'en détache; la cime en est régulière, bien garnie de rameaux, et porte quelques touffes de Gui. La face du trone tournée vers la montagne est presque plane, de sorte que l’on peut sans trop de difficulté mesurer directe- ment son diamètre ; il dépasse 4"50. Des planches sciées CTS72) dans cette énorme masse de bois, remarquablement saine, sufliraient done pour lambrisser d’une seule pièce et dans toute sa hauteur une chambre d’une grandeur ordinaire. Au pied du géant, des touffes de Cyclamens en pleine floraison répandaient leur délicieux parfum de vanille ; des uges de Daplhine Laureola, chargées de baies encore vertes, et de Ruscus aculeatus, avec ses eladodes piquants, for- malent çà et là broussaille. Nous continuons de marcher à travers champs ; nous escaladons une mauvaise clôture de lave et nous voici dans une moisson d'Orge auprès d'un autre Châtaignier colossal. Celui-ci est difficile à mesurer, parce que du côté de la fiumare qu'il surplombe il est absolument inabordable ; du côté opposé, son tronc énorme est creux ; une dizaine de branches relativement jeunes s'en échap- pent et lui font une vaste cime, régulière et vivace, entiè- rement exempte de parasites. Des touffes compactes de Cyclamens l'entourent. Prise du fond de la fiumare, la vue de ce bel arbre est réellement imposante. Dans le mème enclos, se trouve le dernier colosse qu'il nous a été donné d'examiner. [l existe à la vérité dans la montagne d’autres arbres célèbres encore, mais ne les ayant point vus, nous ne pouvons les décrire; et puis, ce qui vient d'être dit suilira pour donner une idée des grands Châtaigniers et pour inspirer aux botanistes voyageurs le désir de leur faire en passaut une visite. Ce dernier arbre est une véritable merveille. D'une base ligneuse parfaitement saine, sans la moindre cavité, bien plus, sans la moindre interruption dans l'écorce, haute de 2 à 5 mètres, et de 18"90 (!) de tour, s'élancent quatre trones dont chacun est un grand arbre. Deux autres troncs, ou plus exactement deux autres maitresses-bran- (188) ches, ont été coupées ou cassées, de sorte qu'il reste : une branche, simple dès son origine; une, se bifurquant un peu au-dessus de son insertion, et deux, primitivement bifurquées, mais aujourd'hui réduites à une seule tige. On circule sur le tronc principal et entre ces branches abso- lument comme sur un gros bloc de rocher. La petite forêt fournie par ce Châtaignier seul est vraiment admirable ; malgré son âge, qui doit être énorme, elle est encore pleine de santé et de vigueur. La partie supérieure des branches principales parait seulement tronquée. Quelques grosses toufles de Viscum laxum mèlent leur verdure Jaunâtre au vert gai des jeunes feuilles de leur support. Si nous insistons sur la présence de ce parasite sur les Chàtaigniers de l'Etna (sur les très-vieux seulement; les jeunes en sont généralement dépourvus), c'est que nous ne la trouvons signalée nulle part. De Candolle, dans son Prodrome, l'indique seulement « sur le Pin sylvestre en Espagne. » Nous voici de retour à San Alfio, après avoir consacré une heure et demie à la tournée des Châtaigniers ; nous trouvons, non sans peine, un verre de mauvais vin et une croûte de pain noir. De certains points, dans les environs immédiats du village, la vue s'ouvre sur un splendide panorama. Adossé aux pentes de l'Etna, nous avions devant nous la mer, nappe d'or liquide sous les feux d'un soleil ardent; des barques de pêcheurs, avec leurs voiles latines, paraissaient de grands alcyons immobiles à sa surface. À gauche Taormina, l'antique Tauromenium et ses blanches maisons dans une échancrure de la montagne ; à droite, les sombres coulées de lave derrière lesquelles est Catane ; en face, la plaine fertile, les bosquets d'Oran- gers, les villages de San Giovanni, Giarre, Riposto, La ( 189 ) Macchia et bien d’autres ; tout eela éclairé par une lumière vive et sous un ciel d’un bleu violent et sombre. Il est une heure et le thermomètre marque 50° à l'ombre; pas un souffle de brise. Que l’on se représente le mois d'août! Nous redescendons en une heure à Giarre, course beau- coup plus agréable que notre ascension du matin, à eause des belles échappées que l'on a presque continuellement sur la mer et sur la plaine; les murs de lave du chemin et les Vignes encadrent merveilleusement ce tableau paturel. Nous n'eümes pas longtemps à attendre le train qui devait nous ramener à Catane ; assez tôt pour confier au papier, le soir même, nos impressions de la journée. Le lendemain, nous partions à cheval pour la partie oceidentale de Pile, afin de visiter les gisements de gypse et de soufre aux environs de Girgenti. Les vieux Oliviers de Blidah. L'Olivier, l'arbre de paix, est un des plus anciennement reconnus et dénommés par l'homme; c'est la première plante, croyons-nous, dont la Bible fasse mention en l'appelant par son nom, Saith en hébreu. Sa vitalité et sa longévité sont énormes; les exemplaires du Jardin des Oliviers près de Jérusalem subsistent encore, et cependant, il y a plus de dix-huit siècles ils étaient déjà célèbres par leur grosseur, quand le Christ se promenait sous leurs ombrages. L'Olivier beaucoup plus vieux qui a présidé à la fondation d'Athènes vit encore au sommet de l'Acropole, et sa souche émet chaque année des pousses verdoyantes. Malgré l'extrème lenteur de sa croissance, — nous (190 ) avons vu, en Andalousie, des troncs de cent ans ayant à peine un pied de diamètre — on peut done s'attendre à rencontrer, dans les pays où il prospère, des individus remarquables par leur grosseur et dignes de figurer dans la liste des colosses végétaux. Il faut les chercher surtout en dehors des champs cultivés, où l'homme les mutile pour en obtenir plus de fruits ou pour faciliter la récolte. Le midi de la France, et surtout le midi de l'Espagne et du Portugal, — le nord de ces dernières contrées étant trop montagneux et par suite trop froid l'hiver — offrent d'immenses plantations d'Oliviers ; avec les Orangers, que l’on réserve pour les meilleurs sols et les mieux abrités, c'est la plus grande richesse de l'Andalousie, et les vastes plaines qui se développent autour de Cordoue, dans la si fertile vallée du Guadalquivir, peuvent être prises comme exemple. Tout d'abord la question parait assez complexe. On rencontre, il est vrai, quelques vieux troncs massifs, cul- tivés en têtards comme tous leurs voisins, et dont les dimensions exceptionnelles indiquent le grand âge; et d'autres plus décrépits, entièrement creux, et qui offrent une tendance marquée à se partager en plusieurs segments rangés en cercle et pourvus d'écorce d'un côté seulement. Mais auprès de ces arbres, visiblement uniques dans l’ori- gine, l’on trouve des troncs fort anciens, tordus et con- tournés de manière à laisser à peine reconnaitre l'écorce et son orientation primitive, et disposés sur un grand rond qui a souvent 20 et 25 mètres de tour. Faut-il croire qu'ils dérivent d'un individu unique, dont chaque frag- ment a continué à grossir et à s’écarter du centre primitif, exactement comme sil faisait encore partie d'un tronc d'arbre ordinaire et plein; ou bien que ce sont simplement (191 ) des individus distinets, plantés en rond par le caprice de l'homme ? La première suppositior, outre qu'elle est en désaccord avec le mode si tourmenté de eroissance de l'espèce, aurait l'inconvénient de donner à l'ensemble un âge vraiment fabuleux ; quant à la seconde hypothèse, elle est d'autant plus séduisante, au premier abord, que lon voit aujourd'hui les paysans espagnols pratiquer, sur une grande échelle, la culture de l'Olivier par cercles. Mais un examen attentif des faits, en Andalousie déjà, et surtout en Algérie, nous à démontré qu'il ne faut pas sy arrêter plus qu'à la première. Parvenu à un certain âge, l'Olivier jouit de la propriété d'augmenter considérablement les dimensions de sa base, sans que le tronc proprement dit en soit le moins du monde influencé. Le Phytolacca dioica présente le même phénomène, et l’on voit ordinairement les troncs de cette espèce s'élever d'un véritable piédestal irrégulièrement mamelonné, qui n'est autre que l’empâtement de la souche; enfin nous venons d'expliquer, par un fait de mème nature, la grosseur, au premier abord inadmissible, du Châtaignier des Cent Chevaux. Sur ces expansions ligneu- ses et dans les trois espèces végétales qui viennent d’être nommées, des bourgeons adventifs apparaissent volon- uers, percent la rude écorce, se développent en ramilies, en branches, en troncs. Ces troncs se trouvent arrangés naturellement sur un cercle, et, dans la suite des âges, le corps central primitif disparait, comme un aïeul entouré de sa jeune et vivace famille. Nous venons de nommer l’Algérie. Sur cette terre où la civilisation n'est pas encore bien acelimatée, peu ou point de cultures d'Oliviers ; seulement çà et là de vieux exemplaires venus en toute liberté, sauvages, point (192) greffés ; 1ls fleurissent vers le dix de mai ; leurs fleurs, d'un blane verdätre, sont innombrables et répandent, le soir surtout, une odeur douce et fade ; les fruits sont noirs, petits; 1ls donnent relativement peu d'huile à cause de la grosseur du noyau, mais cette huile est estimée. On rencontre déjà de beaux Oliviers dans les environs immédiats d'Alger : par exemple sur la colline non loin du champ des manœuvres, entre Isly et le Jardin d'Essai (5 kilomètres), et des deux côtés de la route de Constan- tine, un peu avant d'arriver à l'endroit dit le Ruisseau (6 kilom.). Mais les plus gros se trouvent à Blidah; ceux-là n'ont point de rivaux. Blidah, quoiqu'arabe de nom, est une petite ville toute française, bâtie au pied de FAtlas à l'extrémité de la fertile plaine de la Mitidja ; on s'y rend d'Alger en deux ou trois heures de chemin de fer. À dix minutes des portes, car Blidah jouit(?) d’une enceinte fortifiée, s'étend un pare public dit Jardin des Oliviers; on peut y admirer une centaine de ces arbres, tous de première grandeur et comparables aux plus grands Chènes de nos forêts. Les troncs sont sains et entiers; point de ces groupes d'origine douteuse desquels nous avons parlé. Voici les dimensions des plus remarquables d’entre eux. Ceux de trois mètres de tour dans la partie la plus mince de leur tronc sont communs; non-seulement il faut éviter, dans ces mesures, l'empâtement de la souche, mais encore la dilatation qui se produit sous les premières branches ; certains arbres ont ainsi l'air d'un sablier avec un étranglement à mi-hauteur. Nous avons noté des circonférences de 5"20, 5"25, 5"40, 5"50; cette der- nière mesure est prise à hauteur d'homme, parce que le tronc est beaucoup plus gros au-dessus et au-dessous, ( 195 ) Certains corps ont une forme aplatie; un très-vieux, en partie brülé à la base, mesure 1"50 dans son plus grand diamètre ; un autre, moins avarié, 1°40. Il n'est pas rare de voir plusieurs troncs secondaires sortir d’une souche commune, sans que l’on puisse affirmer que cette souche soit une dilatation de la racine; dans plusieurs cas même, sa hauteur et sa forme cylindrique la font reconnaitre pour un gros tronc; il ÿ a des transitions. Ainsi, deux trones sortent d'une base commune de plus de 1"50 dans son plus grand diamètre; quatre, d'un tronc commun de 5"10 de tour; trois, d’un tronc de 4"80 de circonférence ; deux, d'une base commune de 9"60 de tour. En fait d'empatement des souches, nous avons mesuré une fois 7°50 de circonférence; plus loin, 12°60. De ce dernier piédestal, s'élevait un seul tronc parfaitement sain, presque cylindrique dans toute sa longueur, et de 5 mètres de tour à deux mètres au-dessus du sol. Mais voici les véritables géants, les doyens parmi tous ces vieillards; il sont une demi douzaine au plus, et pour employer le cliché d'usage, leur âge doit se perdre dans la nuit des temps. C’est d'abord un tronc bien sain et bien plein de 4"25 de tour au plus étroit; un autre de 4%70 à hauteur d'homme et de plus de 9 mètres à la base; un troisième de 5"60 à vingt-cinq centimètres du sol et de 4"40 à hauteur d'homme. Ce dernier est tout creusé de cavités comme certains [fs non dues à la pourri- ture, mais à un mode particulier de la croissance et tapissées intérieurement d’écorce vivante ; la cime en est immense et la souche ne s’est pas développée d’une facon exagérée. On ne peut hasarder sur leur âge aucune conjecture; malgré leur vieillesse, ils ont conservé une vitalité puis- (194) sante; on devine la sève courant sous leur écorce bien nette et généralement exempte des parasites cryptogames, qui recouvrent, dans nos climats, la plupart des gros arbres. Il se vend à Alger diverses photographies d'arbres colossaux; malheureusement, par ignorance ou mauvais vouloir, les marchands refusent de préciser l'endroit où ils croissent. Blidah, 8 mai 1872. Le Chêne de Montravail. « Montravail près de Saintes, » dit M. Marion dans son livre: Les Merveilles de la Vegétation. Nous nous sommes done arrèté à Saintes, pour visiter le Chène merveilleux de 26 mètres de tour. Mais voilà que personne ne peut nous renseigner sur la direction à prendre pour arriver au lieu dit Montravail; quant au Chène, à plus forte raison, nul n'en a entendu parler. Enfin un vieux bon- homme nous indique au delà de Surjon, à plus de 25kilom. de Saintes, un petit hameau qui se nomme Montravail. Si tous les paysans français sont de cette force sur la géo- graphie du canton qu'ils habitent, nous ne leur en faisons pas notre compliment. Vingt-cinq kilomètres, autant pour revenir, c'est rude. Heureusement, les brouillards qui couvrent encore la Charente à cette heure matinale (6 h.) promettent une belle journée. En route donc. A Pisany (15 kilom.), halte pour déjeüner et prendre langue. Heureuse inspiration ! Il se trouve que Montravail est un groupe de cinq ou six maisons, situé vers la 8° borne kilométrique, et que nous avons par conséquent dépassé depuis une demi heure. (195 ) Enfin, voici le Chène (Quercus sessiliflora Sm.) dans la cour d'une ferme et tout au bord d'une mare qu'il surplombe ; impossible done de vérifier s'il a les vingt-six mètres de tour annoncés; quoi qu'il en soit, c'est une énorme et belle ruine, et nous ne regrettons point la course. Le dessin qu'en donne M. Marion est de tous points inexact. L'arbre est mort en grande partie; seule, une maitresse-branche a survécu et forme une cime globuleuse du côté opposé à la mare; d'autres branches desséchées se tordent vers le ciel, comme les bras des damnés du Dante. Le tronc est vraiment colossal, en diamètre, car sa hauteur est à peine de 2"50. Il est entièrement creux ; son bois est mort en grande partie et labouré par des vers de la grosseur du pouce. On pénètre à l'intérieur du vieux Chène par une ouverture étroite près de la mare; une autre ouverture plus élevée simule une fenêtre. Autrefois on avait garni ces fentes naturelles, Pune d'une porte, l'autre d’un châssis vitré; mais aujourd'hui tout cela à disparu. Un banc de pierre règne tout autour de la eavité centrale; on aflirme que dix-sept personnes assises y ont diné ensemble. Certes, l'arbre est gros, mais ces dineurs devaient être ou bien maigres ou bien serrés. Debout, vingt personnes de taille ordinaire tiendraient aisément dans cette chambre végétale. Le propriétaire de la ferme se nomme M. Fonteneau. Bordeaux, 22 février 1872. Les Tilleuls de Maïibelle et de Gerolstein. Les grands arbres s’en vont; les générations actuelles, peu soucieuses des souvenirs du passé, positivistes avant ( 196 ) tout, les suppriment par la hache ou par le feu pour aligner un chemin ou un mur, souvent pour moins encore. Certain habitant de Cortessem, et des notables s’il vous plait, ne nous a-t-il pas déclaré qu'il désirait voir disparaitre le vieil Arbre du Bon Dieu, parce qu'il était tout gàté et tout décrépit ! Il est donc utile, et c'est presque un devoir, de les sauver de l'oubli et, si faire se peut, de les placer sous la protec- tion immédiate de l'autorité ; on conserve souvent des choses moins dignes d'attention que ces irrécusables témoins des siècles passés ; ici du moins, nulle contrefacon possible. C'est ce qui nous à engagé, après avoir décrit ailleurs les Chènes de Liernu et de Cortessem, et en dehors de notre pays, beaucoup d’autres géants végétaux, à donner une note sur deux Tilleuls vraiment extraordi- naires. Maibelle, c'est un microscopique hameau de la province de Namur, à 20 minutes de la gare de Natoye, ligne de Bruxelles-Luxembourg. Au milieu d'un chemin, tout au centre de ce groupe d'habitations méritant à peine le nom de village, se trouve un magnifique Tilleul de l'espèce Tilia plaltyphylla Scop. Il est entièrement creux, ouvert par une large brèche ; à 5 mètres de hauteur environ, le tronc est rompu et les bords du cylindre creux qui a survécu sont déchirés par des dentelures profondes et irrégulières; deux touffes de jeunes branches attestent seules que la sève y cireule encore. Outre la grande brèche, large exactement de 2 mètres, qui donne accès dans la cavité, de nombreuses ouvertures existent vers la base sur tout le pourtour. Comme ce Tilleul croit sur un terrain vague, les voisins ont accumulé, dans son voisinage et aussi à l'intérieur, des fagots, des perches, des échelles, (197) des instruments de culture de toute espèce, et il est abso- lument impossible d'en prendre les dimensions exactes ; nous estimons sa circonférence à 9 mètres, en tenant compte de la partie — près d'un tiers — qui a disparu. L'ensemble de l'arbre est fort pittoresque ; il serait incon- testablement plus beau que le Chène de Cortessem, si l'on parvenait à le débarasser de son affreux entourage. Tout près de là, est un mauvais bouchon, portant pour enseigne : « Au Tilleul ». Au moment où nous y entrions, les paysans, ayant fini leur Journée de travail, y étaient rassemblés. Aucun ne parut se soucier beaucoup du vieil arbre, qui a vu se succéder trente générations peut-être ; aucun ne put nous donner le moindre renseignement sur son àge ou son origine, et l'un d'eux nous fit seulement observer qu'on ferait aussi bien de l'abattre, puisqu'il n'était plus bon à rien. O rus/ En estimant à deux millimètres en moyenne, et c'est évidemment beaucoup trop, l'épaisseur des couches annuelles du bois, un arbre de 5 mètres de diamètre serait àgé de 750 ans. Les assises ligneuses formées dans ces derniers temps par le Tilleul de Maibelle ont à peine un millimètre ; mais quand l'arbre était jeune, elles pou- valent avoir de cinq à sept millimètres. La moyenne exacte est donc fort difficile à trouver. Namur, juillet 1871. Signalons encore à l'attention des naturalistes le magni- fique Tilleul de Gerolstein (Eifel). Le tronc, à hauteur d'homme, mesure 5"50 de circonférence et plus du double à la base; il est parfaitement sain et entier, et il supporte une splendide couronne de feuillage; chacune de ses branches est tout un arbre, et nous estimons à 80 mètres de tour la cime du colosse. Celui-ci a encore 16 (198 ) de longues années à vivre, à moins qu'un barbare ne vienne l'abattre. Son ombre protège les tables d’un café champêtre : Unter den Linden. Gerolstein, 6 juillet 1872. Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la Montagne St-Pierre lez Maastricht, par André De Vos. La Montagne St-Pierre est une localité classique dans les annales de la flore belge. Presque tous nos botanistes ont visité cet heureux coin de terre, qui possède, dans un espace très-restreint,un grand nombre de raretés végétales. On dirait que la nature s'est plu à jeter, dans ce joli parterre, les plus belles fleurettes de sa couronne. En effet, les Orchidées les plus rares s'y trouvent réunies; Île Baguenaudier est semé sur les collines; le Camérisier croit çà et là; dans les fourrés des bois, on peut recueillir la Cynoglosse printanière, le Thalictrum minus, le Senecio erucaefolius : on y a mème observé les Orobes noir et printanier, le Doronice, la Pulmonaire oflici- nale; sur les pelouses et dans les pâtures, croissent les Gentiana campestris, Éryngium campestre, Koeleria pyra- midata, et il parait qu'autrefois s'y montraient les Sedum Cepaea, Campanula latifolia, Coronilla varia, Geranium sanguineum et Polygala austriaca ; dans les moissons et dans les champs, on a même prétendu avoir rencontré les Bunias Erucago, Senecio squalidus et Papaver hybridum; enfin on y a constaté la présence d’autres plantes plus ou moins rares, dont nous nous dispensons de donner l'énu- mération, parce que nous ne voulons pas faire ici la florule du Petershberg. (199 ) Notre but est de rechercher si, parmi toutes les plantes rares que nos floristes signalent aux environs de Maastricht, il nen est pas plusieurs que nous devons exclure de la végétation indigène, attendu que quelques-unes ne peuvent y être que naturalisées et que d’autres n'y ont été intro- duites que passagèrement. Parmi les espèces signalées plus haut, nous admettons comme natives les Thalictrum minus, Senecio erucaefolius, Koeleria pyramidata, Gentiana campestris, Eryngium campestre; nous pourrions aussi accepter comme indigène le Geranium sanguineum, bien qu'il n'ait plus été retrouvé depuis longtemps, mais qui semble être iei à sa dernière habitation vers le nord dans le bassin de la Meuse. Nous soupconnons même que nous pourrions avoir affaire à une échappée des jardins, puisque la dernière habitation de cette plante, le long du fleuve, est Wépion, près de Namur, et, sur un espace de près de 25 lieues qui séparent les deux localités, on ne nous signale aucune habitation intermédiaire. D'ailleurs encore, les rares habitations de l'espèce dans la province de Liége en sont bien éloignées; au surplus, nous n'avons jamais observé cette plante dans nos provinces méridionales que sur le calcaire carbonifère, roche de composition chimique toute différente de celle du tufeau de Maastricht. Nous considérons comme indigènes toutes les Orchidées qui croissent à la Montagne St-Pierre. Ce sont : Orchis miliaris, O. fusca, O. coriophora, O. mascula, Ophrys apifera, Gymnadenia conopsea, G&. viridis, Platanthera chlorantha, Cephalanthera grandiflora, Épipactis atroru- bens? Spiranthes spiralis ; plusieurs autres et des plus rares, telles que : Loroglossum hircinum, Aceras anthro- pophora, n'ont pas été revues depuis un demi-siècle au moins, mais elles paraissent y avoir été trouvées, ce que ( 200 }) nous aimons à croire. Îl est vrai que ces jolies plantes ont toujours attiré l'attention de ceux qui ont eu le bonheur de les rencontrer. Aussi regrettons-nous avec M. L.-F.-G. Du- moulin(l), botaniste, à Maastricht, que les amateurs de jolies fleurs se soient permis, dans leurs promenades à la Montagne, de détruire les riches habitations d'Orchidées, en enlevant, à chacune de leurs pérégrinations printanières, un bouquet de ces charmantes plantes et des bulbes, pour les placer dans leurs jardins. Nous croyons ne pouvoir admettre, comme indigènes à la Montagne St-Pierre, les espèces suivantes : Colutea ar- borescens, Omphalodes verna, Doronicum Pardalianches, Coronilla varia, Sedum Cepaea, Ribes alpinum, Lonicera Xylosteum, Papaver hybridum, Senecio squalidus, Bunias Erucago, et nous doutons même de la spontanéité des Orobus niger, O. vernus, Pulmonaria officinalis et Cam- panula latifolia. Nous appuyant sur l'examen que nous avons fait, avec plusieurs de nos confrères, de la végétation des environs de Maastricht, et à l’aide de nombreux renseignements que nous ont fournis les meilleures Flores anciennes et modernes de l'Europe, nous espérons pouvoir démontrer ce que nous avons avancé. Nous ferons remarquer, afin de ne pas rester dans un domaine trop circonserit, que ces plantes ne sont pas plus indigènes à la Belgique qu'elles ne le sont à la localité qui nous occupe. A ceux qui nous feront observer que nous nous occu- (1) Nous avons consulté avec fruit sa Votice sur les plantes les plus remar- quables des environs de Maastricht, présenté à la Société d'Horticulture de cette ville, manuscrit qui se trouve actuellement dans la bibliothèque de M. le Dr Éd. Morren, de Liége, ( 201 ) pons de la flore d'un pays voisin, nous leur répondrons que Maastricht est à nos frontières, entre les provinces de Limbourg et de Liège, que géographiquement, il appar- tient autant à la Belgique qu'à la Hollande, et qu’enfin le botaniste peut se permettre une excursion en pays voisin, surtout lorsque le sol de celui-ci est de même constitution géologique que le sien : une simple annexion dans un but scientifique ne peut nuire à personne. Comme le Colutea arborescens et l’'Omphalodes verna sont les espèces exotiques les plus abondamment répan- dues à la Montagne St-Pierre, c'est de ces deux plantes que nous nous occuperons spécialement et tout d’abord, en leur réservant la plus large part des observations cri- tiques que nous avons l'honneur de soumettre à nos confrères. Colntea arborescens L. Les anciens botanistes ne croient pas que cet arbuste soit indigène dans nos contrées. Ils le disent tous origi- naire du midi et de l'est de l'Europe, cultivé dans nos jardins comme plante d'ornement et par les apothicaires comme succédané du Séné. Leonh. Fuchs (Hist. Stirp., Bâle, 1549, p. 445) dit : « Satum utrumque in hortis pro- venit » ; ce que nous trouvons confirmé dans les Commen- taires sur l'Histoire des Plantes de L. Fuchs, éd. 1549, par ces paroles : « Se plante ès jardins et y profite à merveilles » et éd. 1550 : « Semé ès jardins et vient en abondance. » Dodoens (Pempt., p. 784) écrit : « Hortensis apud Belgas est stirps, et semine nascitur »;1l considère donc cette plante comme cultivée en Belgique, où elle serait simple- ment semée dans les jardins. Le même auteur (in Cruydt- ( 202 ) boeck, p. 1229) ajoute : « Dit ghewas wordt hier te lande in de hoven van syn saedt vermenighvuldight », et dans la traduction de son Histoire des Plantes par GC. Clusius, p. 516, il est dit: « Cette plante ne se trouve en ce pays, sinon en aucuns jardins ». Dalechamp(Hist. PI., T, p. 182, éd. 1658), rapportant ce qu'en dit Théophraste, écrit que le Baguenaudier croit en Lipari (au nord de la Sicile), que Matthiol l’a observé en plusieurs lieux et spé- cialement aux environs de Trente en Ananie (Gaule cisal- pine), et que lui-mème l'a vu croitre en France. Enfin, Linné (Sp., 5457) dit : « Habitat in Anglia, Gallia Nar- bonensi, Italia : copiose ad Vesuvium. » Les floristes belges du siècle dernier ne voient, dans le Baguenaudier, qu'un arbuste cultivé seulement pour l'ornementation des jardins et des parcs. Le B” de Poederlé (Man. de l’Arbor., 1788, I, p. 169) dit qu'il vient naturellement en Autriche, en Italie et dans les provinces méridionales de la France. +Roucel (F1. Nord Fr., IE, p. 145) écrit que cet arbre étranger est beaucoup cultivé dans nos jardins et nos bosquets. L'examen des Flores belges qui ont paru dans le courant de ce siècle ne peut non plus nous faire supposer que la plante soit indigène dans notre pays. Ainsi Lejeune (F1. Spa, 1811, IL, p. 99) assure qu’elle se trouve en quantité dans les bois de la Montagne St-Pierre, mais qu'on l'y aura probablement semée; dans le Comp. fl. Belg., I, p. 58, il confirme sa première observation et ajoute que la plante y est tellement abondante qu'on pourrait la croire spontanée. M. Lestiboudois (Bot. Belg., IT, p. 156) parle du Colutea comme d'un arbuste originaire de la Provence etcultivé dans notre pays. P. Couret-Villeneuve (Hort. Gand., 1809, p. 252) le dit de provenance italienne. ( 205 ) M. Du Mortier (Prodr., p. 102) dit simplement : « In fissuris rupium Petersberg » et se tait sur la spontanéité de cette plante en ce lieu. Tinant (F1. Lux., p.572) fait observer que la plante est cultivée dans le Luxembourg et est souvent sauvage autour des lieux habités. M. Michot (FT. Hain., p. 240) l'indique dans les bois du château de Morcourt (Nimy). Mathieu (F1. Belg., p. 159) la dit spontanée à la Montagne St-Pierre. M. Dumoulin (Not. man., p. 10) a trouvé cet arbuste dans le bois prèsdu bos- quet de Castert, sur le penchant oriental de la Montagne; mais, quelques lignes plus loin, il croit devoir faire ses réserves, car il s'empresse d'ajouter qu'on le voit fréquem- ment cultivé dans les bosquets d'agrément. Le même auteur (Guide bot. env. Maastr., p. 46) dit qu'on observe le Colutea le long du canal, près de la frontière, à Petit- Lanaye et dans les bois devant le château de Castert. M. Fr. Crépin (Man. fl. Belg., éd. 1) ne fait nulle men- tion de cette plante, parce qu'il n'ajoutait pas foi sans doute aux renseignements fournis par ses devanciers; dans la 2° édition de son ouvrage (p. 68), il la cite comme douteuse pour le pays. Ainsi qu'on vient de le voir, la généralité des auteurs tant anciens que modernes qui ont étudié la flore de notre pays ne reconnait pas le Colutea comme un habitant ori- oinaire de nos climats. En Belgique et dans les contrées limitrophes, on le voit planté dans les pares, les bosquets, d’où il aime à se jeter dans les haies et hors des limites que la culture lui a circonserites; car, ainsi que nous le dit Willemet (Phyt., I, p. 889), il se naturalise volontiers dans les terrains où on le place. Lecoq (PI. Fourr., éd. 2, p. 545) dit également qu'il se développe promptement dans les sols arides, sablonneux ou calcaires. Il n’est donc ( 204 ) pas étonnant de le voir abondamment répandu aux alen- tours du château de Castert, d'où, franchissant les limites du pare, il a étendu son domaine dans le bois voisin, pour tomber ensuite sur les collines qui bordent la route, sur- tout vers le Coq rouge. Aussi le botaniste est-il émerveillé, lorsque, placé au pied des rochers, il voit au-dessus de sa tête pendre, à travers les larges fissures du tufeau, de beaux bouquets de Baguenaudier. Il crie à prodige ! et sempresse de mettre dans son calepin la note suivante : « Colutea arborescens, indigène à la Montagne St-Pierre », puis d'en cueillir quelques beaux spécimens qui passeront, avec l'étiquette susdite, dans les herbiers de ses correspon- dants. Mais avant que d'accueillir cet étranger au même ütre que son voisin Le Nerprun, qui lui dispute la place, que ce botaniste refroidisse son enthousiasme et veuille bien nous suivre au sommet de la côte, d'où le Baguenau-: dier le conduira du bois au parc du château. En chemin, il pourra admirer la Cynoglosse Omphalode, les Orobes noir et printanier, autres étrangers également, et plus nouvellement arrivé qu'eux, le Robinier Faux-Acacia, qu'on voit répandu partout. Nous ne croyons pas qu'on puisse sérieusement soutenir que le Colutea soit indigène à la Montagne St-Pierre. Pour qui a vu les lieux, il n'y a pas de doute qu'on ait affaire à une plante naturalisée, dont l'introduction parait même assez moderne, car Lejeune est le premier auteur qui en parle. Nous ignorons si les botanistes de la Renaissance ont herborisé aux environs de Maastricht, mais Dodoens, dans son Cruydt-boeck (édit. 1551),dit qu'il a rencontré aux environs de Fauquemont, à quelques lieues de là, l'Actaea spicata (Christophoriana). Nous trouvons extraordinaire que le médecin malinois, dans son voyage de Brabant en ( 205 ) Allemagne, ne cite pas quelques plantes rares observées par lui aux environs de Maastricht, par où il a dù cepen- dant passer. Nous avons appris par expérience à nous défier des plantes rares qu'on trouve aux alentours des châteaux et des pares : beaucoup d'entre elles nous ont toujours paru suspectes, et si souvent elles revêtent un certain air d'in- digénat, une étude approfondie des lieux dira leur origine. C'est ainsi que nous avons pu constater, l'an dernier, que la belle habitation de Sedum dasyphyllum var. corsicum , trouvée autrefois par notre confrère M. Alfr. Cogniaux, en amont de Tilff, est tout simplement artificielle, car l'espèce que l’on voit répandue sur les rochers au pied du château de Brialmont devient de plus en plus abone dante au fur et à mesure qu'on s'approche des murs et surtout de la porte d'entrée. Cette plante étant cultivée sur les rocailles et en bordures dans les jardins, il est probable que les gens de service ont jeté par dessus Îles murs les mauvaises herbes, parmi lesquelles se trouvait mêlé l'Orpin cité, et comme toutes les Crassulacées ont la vie dure et se propagent sans soin, il a pu ainsi couvrir tout un grand espace en quelques années. Le Baguenaudier a trouvé à la Montagne St-Pierre des conditions d'existence favorables à son développement et à sa rapide propagatiou. Îl croit sur un sol où une végé- tation peu fournie lui a laissé assez d'espace que pour ne pas craindre la concurrence ; comme il se contente de tout terrain, il n’a pas eu grand” peine délire domicile sur la place qui lui était abandonnée; enfin, une exposi- tion sudo-orientale lui a procuré la chaleur nécessaire à son accroissement, comme le voisinage des eaux du canal et de la Meuse, qui baignent presque le pied des rochers, lui a procuré la fraicheur et la vie, ( 206 ) Il nous reste maintenant à rechercher le lieu d'origine de cette espèce intéressante. Nous citerons ici les rensei- gnements que nous fournissent les meilleures Flores. Frores n'Iraue. — Bertoloni (Flor. Ltal., VIE, p. 569) la dit commune dans les bois d'Italie, d'où on l’a prise pour la planter dans les massifs d'ornement. FLores DE France. — Lamarck (Dict. Encycl., L., p. 595). Il croit naturellement en Italie et dans les pro- vinces méridionales de la France. Lamarck et De Candolle (F1. Fr., V, p. 562). Cet arbrisseau croit dans les haies des provinces méridionales jusqu'aux environs de Genève; il est en Bourgogne, à Vautoux, et au Mont-Afrique, en Auvergne. De Candolle (Prodr., I, p.270). In Europae australis et mediae sepibus et dumetis. Duby (Bot. Gall., 1, p. 140). A sepes in Gallia australi. Loiseleur-Deslongchamps (F1. Gall., IE, p. 155). In sylvis et dumetis regionum australium; cirea Lutetiam quasi sponte. Willemet (Phyt., H, p. 889). Croit spontanément en Italie, Languedoc, Provence et autres lieux de la France. Grenier et Godron (Fl. Fr., 1, p. 454). Coteaux cal- caires de l’Alsace, de la Lorraine, de la Champagne, de la Bourgogne, du Lyonnais, du Dauphiné, de la Provence, des Cévennes, de la Nièvre, etc. Grenier (F1. Juras., 1, p. 179). Pied du Jura, dans la vallée du Rhône au-dessous de Genève, çà et là aux envi- rons de Neufchâtel, Nyon, Genève; abondant dans les carrières du Mont Querelles à Cuse dans le Doubs, où 1l parait bien spontané. J. Thurmann (Phyt. Jura, IH, p. 71). Coteaux secs, les régions inférieures, disséminé sur quelques points des ( 207 ) Collines lorraines, sous-vosgiennes, sous-hercyniennes et dans les basses Alpes occidentales. Dans le Jura, à Schaf- house, Landeron, Neufchâtel, Boudry, Nyon, Genève, Grenoble ; Savoie, Valais. Godron (F1. Lorr., 1, p. 190). Très rare: bois du cal- caire Jurassique : Nancy, ete., St-Mihiel. Lecoq et Lamotte(Cat pl. Plat. Centr., p. 158). Indiqué dans les bois des départements de la Lozère et du Gard, mais n’est que subspontané aux environs de Clermont. Chevallier (FT. env. de Paris, IH, p. 754). Indigène de l'Italie; il est maintenant commun dans les haies et les jardins. Cosson et Germain de St-Pierre (F. env. de Paris, éd. 2, p. 157). Fréquemment planté dans les bosquets, les jardins et les promenades publiques. Quelquefois naturalisé dans les haies et les bois. Boreau (F1. Centr. Fr., If, p. 157). Bois montagneux, rochers calcaires : dans les départements de la Nièvre et de l'Yonne. On le trouve aussi dans les haies des jardins, où il est souvent cultivé. FLorEs D'ALLEMAGNE. — Hoffmann. (Deutschl. Flora, WH, p. 85). In collibus sylvaticis : Autriche, Carniole, Saxe, Thuringe, Ratisbonne. Reichenbach (F1. Germ. excurs., II, p. 514). Auf Waldhügeln im ganzen südlichen Gebiete, in mittlern hier und da, bei Wien, Regensburg u. a. übrigens häufig cultivirt und verwildert. À. Garcke (F1. Deutschl., p. 102). Als Zierstrauch in Anlagen augepflanzt und bisweilen in Hecken verwildert. Dôll (F1. Baden, WI, p. 1147). Dans la Forêt Noire à Oberweiler et sur le Kaisersthul dans le Brisgau ; mais subspontané sur le Schlossberge près de Fribourg. ( 208 ) C. Koch (Dendrolog., T, p. 65).Süd-und Mittel-Europa, nôürdlicher Orient. Ph. Wirigen (F1. pr. Rheinpr., p. 125). Indiqué comme exotique. FLORES D'ANGLETERRE. — Curtis (Bot. Mag., 5-4, p. 81). À native of the South of France and Italy. Miller (Dict. Jard., H, p. 500). On le cultive ordi- nairement dans les pépinières, comme un arbrisseau à fleurs pour servir d'ornement dans les plantations; est ori- ginaire de l'Autriche, de la France méridionale et de l'Ita- lie, d'où ses semences ont été envoyées en Angleterre. Sweet (Hort. Brit., p. 172). Introduit dans les cultures en Angleterre en 1568. Obs. 1. — Il n'en est pas fait mention dans le British Flora de W.-J. Hooker. Obs. IT. —Nous trouvons singulier que Linné(Sp., 5457) dise le Baguenaudier habitant l'Angleterre, alors qu'aucun des auteurs de ce pays ne le signale. De tous les extraits que nous venons de citer, il nous est permis de conclure que le C. arborescens est évidemment une espèce méridionale très-répandue dans la région médi- terranéenne. On la voit done en Espagne, en France, en Julie, en Turquie et en Grèce; elle s'étend mème jusqu'au Caucase. En France, elle estcommune dans le midi, devient très-rare dans le centre, plus rare encore vers le nord, car ses dernières habitations naturelles sont en Alsace et en Lorraine, à St-Mihiel, par 49° de latitude. La dispersion està peu près la même en Allemagne : abondante dans le midi de l'Autriche, très-rare au centre et son habitation la plus septentrionale est Ratisbonne (Regensburg) par 49° également. Entre Maastricht et les habitations de St-Mihiel et de Ratisbonne, il y aurait done un écart de deux ( 209 ) degrés. Une distance aussi considérable donne beaucoup à réfléchir et commande une extrême prudence sur la délicate question d'indigénat (Fr. Crépin Mot., fase. V, p. 55). Gmphalodes verna Mônch. En 1811, Lejeune (F1. Spa, E, p. 98) signale cette inté- ressante espèce dans les bois du château de Castor(Castert) sur la Montagne St-Pierre. En 1821, Nyst qui commu- niqua à Bory de St-Vincent (Voyage souterrain à la Mont. St-Pierre) le catalogue des plantes que l’on rencontre ‘aux environs de Maastricht, mentionne PO verna entre le Coq rouge et le château de Castert. La plante fut retrouvée par Michel (Revue F1. Spa, p. 45) et ces découvertes sont confirmées par Lejeune et Courtois (Comp., [, p. 167), par M. Du Mortier (Prodr., p. 40). Dans un mémoire manuscrit de M. Dumoulin, nous trouvons le renseigne- ment suivant : « Si vous prenez la route de Liége jusque près des haies du château de Castert et si vous entrez, un peu avant d'atteindre ces haies, dans le bois qu'on voit à gauche de la route, l'O. verna s'offre à vos regards. » Le même auteur (fruide bot. env. Maastr., p. 102) indique les bois près du château de Castert. Nous avons visité,ces deux dernières années (1871-72), l'habitation de cette belle petite Borraginée. Elle y couvre un espace d'un ou deux ares, se cache dans la partie la plus touffue du bois, à un endroit où le sol se creuse profon- dément. Non loin de là, se trouvent la ferme et le château de Castert. La plante y est répandue avec une telle ahon- dance que les herbacées indigènes lui ont cédé la place ; elle aime surtout à se mettre à l'ombre des bouquets de Noisetier, de Charme et de Chêne, mais chose remarquable ( 210 ) elle reste dans une limite très-circonscrite : on la voit tout d'un coup couvrir le sol pour disparaitre complétement aux alentours de son centre de dispersion, de sorte qu’au premier aspect on pourrait croire que quelqu'un s'est fait un plaisir de la répandre dans un espace donné. Nous l'avons cherchée en vain dans d’autres parties de la Mon- tagne. Nous nous sommes souvent demandé si cette plante est bien indigène à la place où on nous l'indique depuis près de trois quarts de siècle. Que parce qu'une plante se trouve dans un bois, au milieu d'une végétation native, doit-on en conclure, sans aucun examen, qu’elle appartient à la flore du pays? A ce propos, nous rappelons avoir trouvé dans un bois montueux, sur le territoire de Marchin, dans la vallée du Houyoux, plusieurs centaines de pieds d’Euphorbia Lathyris croissant en toute liberté au milieu des buissons de la côte. Bien que cette plante ait pris là certains airs d'indépendance, on n'a nul droit de la considérer comme une indigène, à légal d’autres, telles que les Mercurialis perennis, Digitalis purpurea, ete., qui lui disputaient la place; elle nous offre un de ces cas de naturalisatio n extraordinaire dans le genre de celui qui nous occupe. lei l'habitation de la plante nous semble peu naturelle. En effet, elle se trouve à peu de distance des lieux habités : une ferme,un château et un parc sont aux alentours. Il est possible qu'autrefois des promenades aient été tracées dans le bois, que, le long de ces chemins, certains végétaux exotiques y aient été plantés, qu'à la suite des temps, ces allées aient été négligées, puis abandonnées et qu'enfin la nature sauvage ait repris son empire. On ne peut expliquer autrement la présence en ces mêmes lieux des espèces suivantes: Orobus n'ger, O. ver- (211) nus, Doronicum Pardalianches, Vinca major, toutes plantes étrangères qu'on introduit encore de nos jours dans les bosquets de nos parcs. D'ailleurs encore, pour- quoi l'Omphalodes a-t-il un domaine si eireonserit et, s'il était à indigène, pourquoi ne l'observe-t-on pas dans d’autres lieux de la Montagne, pourquoi ne la-t-on pas trouvé également à Fauquemont, dont la constitution scologique est identique à celle du Petersberg? On re- trouve près de cette petite ville les Orchidées et plusieurs autres plantes rares que l'on rencontre au Petersberg : on aurait quelque droit de demander comment il se fait qu'on n'y voit pas croître le Baguenaudier, l'Omphalode, etc. Au surplus, l'abondance d’une plante dans un lieu donné n'augure rien en faveur de son indigénat, surtout si l'on sait que cette plante peut se répandre avec facilité et rapidement. En effet, POmphalode à des branches rampantes, qui poussent des racines de chacun de leurs nœuds et la plante se multiplie ainsi fortement par ce moyen. Ses fleurs sont rarement suivies de semences qui, au reste, sont inutiles, parce que l'espèce se propage con- sidérablement par ses branches trainantes (Miller Dict. Jard., 1H, p. 748). Cette remarque est concluante et explique suffisamment l'abondance de la plante à Castert. Cest parce qu'ils n'ont pas bien étudié la station et l'habitation de la plante, qu’ils n'ont pas consulté les Flores générales de l'Europe, que nos auteurs belges se sont trompés sur la véritable patrie de l'Omphalodes verna en lui assignant la Montagne St-Pierre, comme habitation na- turelle. Leur erreur a été même reproduite par quelques grands botanistes, tels que A.-P. De Candolle (Prodr., X, p.162) et Loiseleur-Deslongchamps (F1. Gall., T, p. 156). Il ne parait pas que cette espèce ait été trouvée en (212) Belgique ailleurs que dans les lieux cultivés. M. Du Mor- tier l’a rencontrée dans le bois du château d'Anvaing (Michot F{. Hain., p. 70) et l'abbé Voisin, à Tournay (Dmrt. Prodr., p.40) sans indication de station; J. Kickx (FT. Bruxell., p. 115) l'indique comme très-rare entre Elegem et Bygaerde. Mathieu (F1. Belg., p. 561) la dit cultivée dans les Jardins, se rencontrant quelquefois en dehors, mais accidentellement. Le D' Georges (F1. Centr. Belg., p. 121) l’a vue dans les bois vers Hal. M. Fr. Crépin, qui se tient toujours dans une prudente réserve, lorsqu'il s'agit de faire entrer des plantes étrangères dans notre flore, dit en note (Han. fl. Belg., éd. 1, p. 87 et éd. 2, p. 148) qu'on cultive fré- quemment l'Omphalode dans nos jardins, qu'il se retrouve eà et là, mais très-rarement dans le voisinage des cultures. Enfin pour terminer, nous constatons qu’aueun botaniste belge de la Renaissance et du dernier siècle n'en fait mention. L'examen des principales Flores des diverses contrées de l'Europe nous dira la patrie de cette plante et les pays qui n'en sont pas dotés. FLores De France. — Duby (Bot. Gall., I, p.556). Pedemontii nemorosis indigena, frequenter in hortis culta. Loiseleur-Deslongchamps (FT. Gall., F1, p. 156). In sylvis et dumetis Belgici, Pedemontiique, probabiliter in Gallia orientali aut septentrionali. Obs. — Cette Flore ayant paru en 1898, l’auteur s'est emparé des renseignements fournis par Lejeune, et de ce que la plante a été signalée en Belgique, il en conclut qu'elle pourra être probablement trouvée dans la France orientale et septentrionale. Lamarek (Dict. Encycl., H, p. 259). Cette plante croit (215) naturellement dans le Portugal et la Carniole, au pied des montagnes, dans les bois : on la cultive au Jardin du Roi, Lamarck et De Candolle (F1. Fr., HE, p. 657). Cette plante est cultivée dans plusieurs jardins. Elle se trouve en Piémont, dans les bois autour du bourg de la Cà di Prà (AÏ.). Willemet (Phyt., 4, p. 17%). Originaire de la Carniole et du Portugal; s'est naturalisée au Jardin des Plantes de Nancy. Grenier et Godron (F1. Fr.,1E, p. 558). Ils ne eitent que deux localités et cela encore sans désigner la station : environs de Lyon, et Russy-Montigny, près de Villers- Cotterets. Boreau (FT. Centr. Fr., H, p. 566). Cultivée fréquem- ment en bordures et naturalisée dans plusieurs pares. Cosson et Germain de St-Pierre (FT. env. Parts, éd. 2, p. 555). Souvent cultivée et naturalisée dans quel- ques parcs. Bois entre Liancourt et Mogneville (Graves Cat. pl. de l'Oise). Peut bois de Russy-Montigny près Crépy, où elle croit avec l’Anemone Hepatica dans un espace restreint. Cette localité est éloignée de toute habi- tation et pour M. Questier, la plante y serait réellement spontanée; mais, d’après les notions fournies par la géographie botanique , nous sommes plutôt portés à admettre qu'elle y est seulement naturalisée depuis longues années. L’O. verna, originaire du Piémont, de Pltalie, de la Transylvanie et de la Carinthie, n'a Jamais été trouvé récllementspontané en France ; aux environs de Besançon, où Mutel l'indique dans les bois, M. Grenier (Cat: pl. Doubs) ne l'a jamais vu qu'échappé des jardins. Obs. I. — Nous nous sommes plu à citer tout un long extrait de l'ouvrage de ces estimables savants français, parce 17 (214) que leur opinion vient confirmer la nôtre et paree que les stations des localités citées nous paraissent semblables à celle de Maastricht. Nous profitons également de l'occasion qui nous est offerte pour rendre hommage à la science et à l’excellente méthode dont MM. Cosson et Germain de St-Pierre ont fait preuve dans leur Flore des environs de Paris. Les observations critiques de géographie botanique dont ils ont émaillé leurtravail seront souvent consultées et il serait à désirer que tous les floristes suivissent leur exemple. Obs. IT. — Les auteurs suivants ne parlent pas de cette plante: F. Chevallier (F1. env. Paris), Grenier (F1. Juras.), Godron (F1. Lorr.), J. Thurmann (Phyt. Jura), Ch. Doisy (FT. dep. Meuse), H. Lecoq (Géogr. bot. Eur.). FLORES D'ALLEMAGNE. — A. Garcke (F1. Deutschl., p.276). In süddeutschen Bergwäldern einheimisch, wird nur in Gärten gezogen und verwildert selten. Obs.— N'est pas renseignée dans Gmelin (F1. Badensis), ni dans aucune Flore de l'Allemagne centrale et septen- trionale. FLores D ANGLETERRE. — Miller (Dict. Jard., I, p.748). Elle nait sans culture dans les forêts de l'Espagne et du Portugal, où elle fleurit ordinairement à la Noël. Curtis (Bot. Mag., 7). À native of Spain, Portugal, and Carniola, and an habitant of woods and shady situations. Sweet (Hort. Brit., p. 488). Introduit dans les jardins d'Angleterre en 1655. | Obs.— N'est pas signalée dans l'excellent British Flora de W.-J. Hooker. Ouvrages GÉNÉRAUX. — Linné (Sp., 1090). Habitat in Lusitaniae, Carniolae nemorosis, ad radices montium. De Candolle (Prodr., X, p. 162). In sylvatieis montosis ts ne nn à à La (215) Liguriae (Thom.), Pedemontii (AIL.), Carniolae et prope Salzburg (Koch Syn.), nee non prope Besançon (Mutel FT. Fr., H, p. 225) et Spa (Lej. Fl. Spa, I, p. 98 ct Rev., p. 45). Obs. — Lejeune, dans sa Flore des environs de Spa, assigne comme habitation à l'O. verna les bois de Castert et de Fraipont (prov. de Liége). Dans sa Revue, il ne l'indique plus que dans la première localité et ce sur le témoignage de Bory de St-Vincent et de Michel. Dans le Comp. fl. Belg., il la mentionne aux environs de Maastricht. Pour ce qui est de l'habitation de Besançon, nous avons vu plus haut à quoi nous en tenir. D'ailleurs, M. Grenier passe sous silence cette localité dans sa Flore de France. De tous ces renseignements, il résulte done que lOn- phalodes verna a pour lieu d'origine le centre ct le sud- ouest de l'Europe. On le trouve en Hongrie, en Transyl- vanie, dans la Carinthie, la Carniole, la Lombardie, la Toscane, la Ligurie et le Piémont; à l'ouest, en Portugal et probablement en Espagne. Partout ailleurs, il n'est que subspontané ou naturalisé. Doronicum Pardalianches L. Cette plante est indiquée comme croissant dans les bois par plusieurs floristes belges du commencement de ce siècle. Lejeune (FT. Spa, L, p.175) l'indique à la Montagne St-Pierre; dans sa Revue, p. 177, il ajoute Blistain et Soiron; dans le Comp. fl. Belg., HE, p. 156, il mentionne en outre Ensival et Pepinster. M. Lestiboudois (Bot. Belg., (216) IT, p. 172) la dit originaire de Suisse, et Roucel (F1. Nord Fr., I, p. 247), des provinces méridionales de l'Europe, en ajoutant qu'on la cultive dans nos jardins. M. Du Mortier (Pro!r., p.66), sur le témoignage de l'abbé Voisin, l'indique comme habitant les bois humides du Hainaut. Ce renseignement est reproduit par M. Michot (FT. Hain., p. 272), qui dit de plus avoir semé la graine de cette plante dans le bois de St-Denis. Le Rév. P. A. Bellynck (F1. Namur, p. 127) la mentionne à Dave (F. Racot), où, malgré nos recherches, nous ne sommes jamais parvenu à la découvrir, et à Loyers (L.Deschamps), où elle existait le long d'un sentier conduisant à un pavil- lon construit au sommet d'un rocher et où elle n'a pu être que plantée. Nous-mèême, avec notre ami M. J. Chalon, nous avons observé ce Doronie à une lieue de là, dans la vallée de Samson, vers Goyet : il venait en compagnie du Marcissus poelicus, dans un ancien jardin, redevenu aujourd'hui prairie, près des ruines d’une usine de fer. M. A. Wes- mael l'a vu à Grimberghen (Brabant), dans un pare, associé à l’Asperula taurina. M. Dumoulin (Not. man., p. ») signale cette plante à la Montagne St-Pierre,dans un enfoncement au-dessus du bosquet où se trouve l'Orobus niger. Nous avons revu ce dernier et son voisin l'Omphalodes, mais nous n'avons pu retrouver le Doronic, qui, sans doute, n'a su se maintenir en cet endroit comme les deux précédents. Remarquons en passant que Tinant(F{. Lux.) ne signale pas cette plante dans l'Ardenne, ni dans le Grand-duché de Luxembourg. Pour M. Fr. Crépin ( Fan. fl. Belg., éd. 1, p. 151 et éd. 2, p. 225) l'indigénat de cette espèce, dans nos provinces, lui paraît très-suspect. (27) Nous sommes de l'avis de notre savant confrère. La plupart des habitations relatées dans nos diverses Flores n'ont pas été retrouvées dans ces derniers temps, ce qui. prouve que la plante est restée dans un rayon très-cir- conserit ou qu'elle a entièrement disparu. Nous sommes porté à croire qu'on ne l’a Jamais trouvée hors des lieux soumis à l'influence de l'homme : on l’a vue dans des parcs, dans des bosquets, le long des sentiers des bois voisins des lieux habités, où elle se montre rebelle à la naturalisation, car on ne la rencontre jamais en colonies nombreuses ; quelquefois même on n'en a trouvé qu'une simple touffe et souvent si peu fournie qu'on pourrait croire qu'elle est restée telle qu'on l'y avait plantée. A ce propos, nous nous rappelons avoir vu l'habitation classique d'Andrimont vers Blistain. La plante était dans une prairie au coin d'une haie, en pieds peu nombreux, vivant peu à son aise au milieu de la population indigène, qu’elle avait l'air de regarder d'un œil étonné, végétant médio- crement comme si elle était venue là de la veille. Il paraît que le Doronic existe en Hollande (Prodr. fl. Batav., p.122), dans les bois, mais là, comme chez nous, il est probable qu'il n'y est qu'introduit. MM. Babington et Watson le regardent comme d'origine étrangère dans la Grande-Bretagne. Miller (Dict. Jard., TE, p. 84) le signale comme cultivé dans les jardins d'Angleterre, et ajoute qu'on le trouve en Hongrie et dans les montagnes de la Suisse. M. Fries ne l’admet pas non plus dans la péninsule scandinave et le dit adventif en Danemark. Linné (Sp., 6406) lui assigne pour patrie la Suisse, le Valais et la Pannonie, où Clusius l'indiquait déjà (Hist. PL., IT, XIX). Dodoens (Hist. des PI., trad. de C. Clusius, p.58#) assure l'avoir trouvé au penchant d’une montagne en lieux om- (218) bragés ès Alpes de Savoie : il s'en trouve, continue-t-il, aucune fois de planté ès jardins de quelques apothicaires de France. Matthiole (Comm. sur Diosc., p. 585) dit qu'il l'a rencontré aux montagnes d'Ananie (Gaule cisalpine) en la terre de Trente, dans des lieux presque inaccessibles et malaisés. Si nous citons ces anciens auteurs, c'est surtout pour montrer combien leurs indications sont précises, exemple que devraient plus souvent suivre nos floristes modernes : si leurs renseignements étaient mieux détermi- nés, ils rendraient grand service aux botanistes qui s'oceu- pent de géographie botanique. Lamarck (Dict. Encyc., I, p. 912) dit qu'on trouve cette Composée en France, en Suisse, en Allemagne, aux lieux ombragés des montagnes. Il la dit commune dans les bois de l'Auvergne, obser- vation confirmée par Lecoq et M. Lamotte (Cat. pl. Plat. Centr.). Dans sa Flore Française, IV, p. 175, publiée en collaboration avec De Candolle, il ajoute qu'elle croit dans les bois des montagnes, dans les Alpes, les Cévennes, les Pyrénées, les Monts-d'Or, le Forez, le Lyonnais, à Auray en Bretagne, etc. M. Boreau (F1. Centr., IL, p. 285) dit cette plante très-rare dans les départements du Loiret, de l'Yonne, de Saône-et-Loire, de la Creuse; elle ne devient abondante que dans le midi. M. Godron (F1. Lorr., E, p. 590) l'indique dans les forêts du versant oriental des hautes Vosges, dans les vallées de Guebwiller, de Stein- bach, de Munster, à Soultzhach et au Champ-du-Feu. D'après J. Thurmann (Phyt. Jura, H, p. 151), elle est disséminée dans les Vosges, les Basses Alpes, sur quelques points du bassin Suisse occidental et dans le Jura. Elle est très-rare aux environs de Paris, puisque MM. Cosson et Germain de St-Pierre (F1. env. Paris, éd. 2, p. 515) ne lui assignent que les bois de Malesherbes et comme cette (219 ) plante est spéciale à la région montagneuse, ils ajoutent qu’elle a pu être introduite à la localité citée. Dans le rayon de cette Flore, elle est remplacée par sa congénère le D. plantagineum, qui est assez répandu. Enfin, Lecoq (Géogr. bot. Eur., VIH, p. 104) assigne comme limites à cette espèce, au sud : les Pyrénées, l'Espagne; au nord, l'Europe centrale, où elle est assez répandue; à l’est, la Suisse, l'Italie, l'Autriche, Ia Hongrie, la Turquie, la Grèce et le Caucase. Coronmilla varia L. Signalée à la Montagne St-Pierre, la première fois par Lejeune (F1. Spa, 1, p. 99), cette plante y à été retrouvée par M. Dumoulin (Not. man., p. 8) au-dessus de la ferme, derrière le château de Castert. Il fait observer qu'il ne s’en trouve que peu de pieds et il est probable, ajoute-t-1l, qu'elle y a été plantée : néanmoins elle s’y est conservée pendant plus de vingt ans et on peut la regarder comme entièrement naturalisée. Remarquons en passant que parmi toutes les espèces qu'il eite dans son mémoire, c’est la seule sur laquelle il émette des doutes quant à la spontanéité. Plusieurs floristes belges parlent des stations de la plante, sans noter ses habitations, sans indiquer aucune localité où on la trouve, comme s'il s'agissait d'une espèce vulgaire. C'est ainsi que Roucel (FT. Nord Fr., If, p. 146) dit qu'on la trouve aux bords des champs, que M. l'abbé Michot (F1. Hain., p. 241) la renseigne aux bords des fossés, que M. Du Mortier (Prodr., p. 102) l'indique dans les pâturages et GC. Mathieu (FT. Belg., p. 140), dans les prés sees et aux bords des chemins, dans les provinces ( 220 ) de Liége, de Luxembourg et de Namur. Ce sont là des données trop vagues, dont on ne pourrait faire aucun usage si l'on voulait dresser le catalogue exact des plantes indigènes du pays. Quelques botanistes ont cependant trouvé cette Coronille dans certaines localités déterminées de la Belgique. Lejeune (Comp., IL, p. 59) l’a observée aux bords de la Vesdre, d'où elle a disparu; Stoffels (ex Van Haesend. Prodr. fl. Anv.), aux environs de Malines, où l'habitation est détruite; M. Ch. Baguet, à Louvain et à Aerschot (F1. centr. Belg., p. 60) et M. Arm. Thielens, à Tirlemont (ibid.); enfin, nous-mème, nous l’avons signalée sur les pelouses du rempart de l’Arsenal à Namur, où elle n existe plus, par suite du démantèlement des fortifications. D'ailleurs nous n'avons jamais cru à l'indigénat de la plante en ce lieu : elle eroissait au pied du mur d’un jar- din et a dù y être amenée avec les mauvaises herbes que le propriétaire jetait hors de son terrain. Nous nous rap- pelons mème avoir vu pousser, en 1866, au milieu de ces détritus végétaux l'Adonis hortensis et le Cochlearia Armo- racia, autres espèces exotiques. M. Fr. Crépin, qui ne croit pas non plus que la plante soit indigène en Belgique, cite, dans la 1"° édition de son Manuel, p. 42, la plupart des localités que nous avons signalées plus haut, mais, dans la 2° édition, 1l ne rappelle plus que Namur. D'après ce que nous avons dit, il en résulte que cette espèce a probablement disparu de notre pays. Cette plante, étant souvent cultivée dans nos Jardins, a pu se trouver à l'état subspontané auprès des cultures; elle pourrait aussi provenir avec des graines fourragères de la France, où elle est très-commune et se propager ainsi dans les prairies, sur les pelouses, aux bords des fossés et des chemins. ( 221 ) Sedum Cepaea L. Cette Crassulacée, dont la dispersion en Europe est très- capricieuse, n'est vraiment commune qu'en Îtalie et en Grèce. En France, elle manque à plusieurs flores par- ticulières : elle est assez répandue dans le centre et dans le rayon de la flore de Paris ; en Lorraine, elle est très- rare et indiquée seulement à Neufchâteau. En Suisse, on la voit à Genève. Elle manque à la vallée du Rhin, par exemple aux flores de Bonn, de Nassau, de Trèves (Schäfer), de la Moselle (Holandre), du Palatinat (FE. Schultz). On la signale sur quelques points du Grand- duché de Luxembourg (Lôühr Taschenbuch); en Ardenne, sur les rochers schisteux des bords de la Vierre, entre Grand-Voir et Martilly (Tin. FE. Lux., p. 221), où M. Crépin a fait de vaines recherches pour la retrouver. L'espèce manque aux Iles Britanniques, ainsi que dans les Pays-Bas, car c'est par suite d’une erreur que de Gorter (ET. VIT prov., p. 12Ù) et Miquel (De distrib. pl., p.71) l'y indiquent : tel est du moins l'avis des auteurs du Prodr. fl. Batav. (1850), I, p. 91. M. Lestiboudois (Bot. Belg.,éd.1827, p. 589) ne l'indique pas en Belgique et la mentionne seulement à Douai. Roucel (F1. Nord Fr., I, p. 592) écrit qu'on la trouve dans les lieux pierreux et qu’elle est rare dans la contrée qu'il a explorée. Nous n'admettons pas plus ces renseignements que les suivants cités par Mathieu (FT. Belg., 1, p. 205) « sur les colli- nes pierreuses des provinces de Liége et de Luxembourg »; par M. Du Mortier (Prodr., p. 85) « in collibus lapi- dosis ». Toutes ces indications sont trop vagues et ne peuvent aider en aucune facon le botaniste qui désire connaitre la population végétale de son pays. M. Fr. Crépin (22 ) (Man. fl. Belg., éd. 1, p. 47 et éd. 2, p. 85) ne la signale pas comme indigène. Nous voyons aussi ce Sedum ren- seigné par Lejeune (F1. Spa, [, p. 204) sur la Montagne St-Pierre. Cette indication est mieux spécifiée par M. Dumoulin (Not. man., p. 8 et Guide du bot. env. Maastr., p. 159), qui dit l'avoir trouvée sous les haies de la vieille tour de Lichtenberg et dans un effondrement de la prairie voisine. Malgré cette indication très-précise, les nombreux botanistes qui ont visité ces lieux ne sont pas encore parvenus à retrouver cette plante. Nous-même, nous avons parcouru, pendant l'été de cette année, la localité désignée sans être plus heureux et nous n'y avons vu, comme plante remarquable, que l’Eryngium campestre. El est possible que le Sedum Cepaea ait pu être observé pendant quelques années à Lichten- berg, mais qu'il n'ait pu s'y maintenir par suite de circonstances dépendantes du climat, du sol, ete. S'il se fut trouvé dans des conditions favorables, nul doute qu'il ne se füt propagé aussi bien que certaine autre Cras- sulacée annuelle, le Sedum rubens, qui couvre les terrains calcaires du midi de la province de Namur, à Yvoir, Dinant, Anseremme, Waulsort, ete. Nous croyons donc qu'on peut rayer cet Orpin de la liste de nos plantes indigènes, et c’est par suite des fausses indications puisées dans les Flores du pays, que M. Alph. De Candolle (Géogr. Bot., 1, p. 80) cite Maastricht comme le point le plus avancé vers le nord (50° 3/4 lat.) pour cette plante. Nous pen- sons qu’elle ne dépasse pas Neufchàteau-sur-Meuse, les environs de Paris et peut-être le Grand-duché de Luxem- bourg. Nous ne savons trop quelle confiance 1l faut ac- corder au renseignement suivant fourni par Dekin et Passy (FL Bruxell., p. 27.) « In locis, petrosis Forêt », puis- (295 ) qu'aucun floriste belge ne l’a reproduit et que les botanis- tes bruxellois n'ont pas retrouvé la plante au lieu indiqué. Ribes alpinum L. Cet arbrisseau est indigène près de nos frontières. Tinant (F1. Lux., p.151) l'indique dans les bois et sur les rochers du Grand-duché de Luxembourg, sans indication de localités, attendu que la plante y est assez répandue, observation contrôlée par les botanistes belges dans leurs excursions à travers ce pays en 1869 (Bull. Soc. roy. Bot., t. VIII, n° 5, pp. 577-405). Ce Groseillier est également très-répandu dans les montagnes de l'Eifel, ainsi qu'ont pu le constater cette année plusieurs de nos confrères, dans l'herborisation qu'ils ont faite aux environs de Gerolstein. Nous ne croyons pas qu'on ait jamais rencontré cette espèce sur le territoire belge en dehors des haies et des lieux cultivés. Lejeune (F1. Spa, X, p. 121) prétend cependant l'avoir trouvée dans les bois du côté de Blistain et dans les haies près de Verviers. Dans sa Revue, p. 55,1l ne signale plus que quelques pieds épars dans les bois entre Verviers etBlistain, mais dans leComp. fl. Belg., X,p. 197, il l'indique dans la région montagneuse de l'Eifel, dans les vallées du Rhin, de la Meuse et de l'Ourthe. Nous avons parcouru pendant douze ans la vallée de la Meuse, et nous n'y avons vu le Groseillier des Alpes qu'en un seul endroit, où il avait du être planté : c’est dans un jardin abandonné d'une vieille usine, à Yvoir, dans la vallée du Bocq. Il se pourrait que l’on trouvàt un jour cet arbrisseau dans l'Ardenne belge; il est d’ailleurs indiqué à rechercher par M. Fr. Crépin, dans son ouvrage intitulé L'Ardenne (Bull. Féd. Soc. Hort. Belg., 1862, p. 515); mais aucun botaniste ( 224 ) résidant ne l'y signale et le compte-rendu de l'exploration de la Société royale de Botanique faite, en 1866, dans le Luxembourg belge n'en parle pas. M. Du Mortier (Prodr., p. 88) dit que cette plante habite «in Arduenna et Eiflia » : l’auteur n'a voulu sans doute parler que du Luxembourg cédé. Mathieu (FE. Belg., p. 207), qui souvent copie les renseignements fournis par ses prédécesseurs, écrit qu'on la trouve dans les haies et les bois des environs de Ver- viers et dans le Luxembourg. M. Michot (F1. Huin., p. 90) la renseigne, sur le témoignage de son frère, à Solre- sur-Sambre ; Roucel (F1. Nord Fr., 1, p. 179) ne l'a pas trouvée en Belgique et il assure qu'elle est souvent cultivée dans les parterres et les bosquets. Enfin, M. Dumoulin dit l'avoir trouvée dans un petit bois situé à droite du chemin avant d'arriver à Slavande, entre Maastricht et Lichtenberg. Les anciens auteurs se taisent sur la présence de ce Groseillieren Belgique. Incidemment, qu'il nous soit permis de dire ici que la lecture de Dodoens vient confir- mer ce que nous avons dit, Il y a quelques années, sur la spontanéité du Ribes nigrum dans quelques localités de notre pays (Bull. Soc. roy. Bot.,t. V, n° 1, p. 6, t. VE, n°5, p. 294 et Æickxia Belgica, n° 79). Il assure (Hist. des PL, trad. de C. Clusius, p., #78) que cet arbrisseau croit de lui-même en lieux humides et mal cultivés, le long des fossés et des rivières. La dispersion du Ribes alpinum en Europe est très-vaste. En voici les limites d’après H. Lecoq (Géogr. bot. Eur., VI, p. 225). Au sud, les Pyrénées, l'Espagne boréale et le midi de Fltalie; au nord, une partie du centre de l'Europe, toute la Scandinavie et l'Angleterre. A lest, il s'étend très-loin vers la Suisse, l'Italie, la Hongrie, le Caucase, la Russie et la Sibérie. Si on ne le trouve pas ( 225 ) spontané en Belgique, c’est que nos collines n'ont pas une altitude assez considérable que pour pouvoir posséder cette espèce alpine. Lonicera Xylosteun L. M. Alfr. Cogniaux, en 1865, dans un travail intitulé Coup d'œil sur la vegetation des environs de Vise (Bull. Soc. roy. Bot., t. IL, n° 1, p. 81) est le premier botaniste qui signale ce Chèvrefeuille, dans cette partie du pays. I l'indique sur les collines entre Argenteau et Cheratte, sur le calcaire de Visé et de Richelle et à la Montagne St-Pierre. Cependant M. Dumoulin , dans son Guide du botaniste aux environs de Maastricht, publié en 1868, n'en parle pas. Nous avons remarqué au Petersberg quelques buissons de cet arbuste souvent associé au Colutea arborescens, et, comme M. Crépin, nous le soupconnons d'être introduit en ce lieu. Nous ne pouvons assurer qu'il est indigène aux environs de Visé. La remarque suivante faite par Lejeune, dans sa Revue, p. 52, nous permet d'émettre quelque doute : « il est maintenant tellement naturalisé dans les bosquets de la province de Liège, qu'on croirait à son indigénat. » M. l'abbé Ch. Strail en a rencontré une seule touffe entre Forèt et Magnée, où probablement l'habitation est artifi- cielle. Il est une partie de la Belgique où ce Chèvrefeuille croit naturellement : c'est à l’extrème frontière méridionale du Luxembourg, aux environs de Lamorteaux, Torgny, Saint-Mard, Ruette et Virton, où il est très-abondant, mais localisé sur Île calcaire jurassique. On le voit d'ailleurs communément près de là en Lorraine (Godron FI. Lorr., 1, p. 555), dans les bois, les buissons et même jusqu'au sommet des hautes Vosges. ( 2% ) Parmi les floristes belges, M. Du Mortier est le seul qui renseigne cet arbuste indigène près de nos frontières : il l'indique (Prodr., p. 55) dans l'Eifel et le Luxembourg. R. Dodoens parait ne pas l'avoir trouvé dans nos contrées, puisqu'il éerit (Hist. des PL, tr. de C. Clusius, p. 548) : «Il croit en plusieurs endroits de la Savoie et au pays des Suisses. En ce pays (Belgique), les herboristes le plantent en leurs jardins. » Cette espèce est maintenant spontanée sur quelques points du midi de l'Angleterre, où elle a peut-être été transportée (Bromf. Phyt., p. 422); mais elle n’était pas indiquée par les anciens botanistes Ray et Dillenius. Elle manque à l'Irlande, à la Hollande, à la Normandie; elle s'étend peu vers l'ouest et ne se trouve pas sur une grande partie du littoral de la France et du Nord, de Nantes à Hambourg. Au sud, elle est dans le centre et le midi de la France, en Espagne et en Italie, Au nord, elle existe en Allemagne et en Scandinavie, la Laponie exceptée. A l'est, on la trouve en Suisse, en Dalmatie, en Hongrie, dans le Caucase, la Turquie, la Russie et la Sibérie. Papaver hybridum L. La présence de ce Pavot vers Maastricht a été signalée par M. Dumoulin (Guide, p. 108) dans les champs, près du château de Castert. Presque tous nos floristes indi- quent cette plante en Belgique et bien qu'ils ne la disent pas rare, on n'est pas encore parvenu à la retrouver dans ces derniers temps et peu d'amateurs la possèdent dans leur herbier. Roucel (F1. Nord Fr., 1, p. 425) indique ce Pavot dans les champs, où, dit-il, il n'est pas rare. ( 227 ) Ne le confond-il pas peut-être avec le P. Argemone, qu'il ne cite pas et qu'on voit cependant répandu abon- damment dans nos provinces : la description qu'il en donne et la synonymie qu'il relate nous portent à Île croire. Dekin et Passy (FT. Bruxell., p, 50) disent «in arvis et cultis,» et J. Kickx (FL. Bruxell., p. 195) dit in arvis Laeken, Jette, ete. ». Hocquart (F1. dép. Jemim., p. 181) le renseigne dans les moissons d’Ath, de Tournay et M. Lestiboudois (Bot. Belg., Il, p. 74), vaguement dans les champs. Lejeune (FT. Spa, 1, p. 240) l'indique dans les moissons, surtout près de Maastricht, dans les champs sablonneux à Bruxelles, à Tournay et dans la province de Luxembourg (Comp., 1, p. 180). M. Du Mortier écrit laconiquement « in arvis, » et M. Michot (F1. Hain., p. 181) et Mathieu (F1. Belg., F, p. 52), le copiant sans doute, indiquent les blés et les champs en général : le dernier ajoute toutefois que l'espèce est rare, mais il ne cite aucune localité précise. F.-V. Marissal (Cat. phan. env. de Tournay, p. 61) le renseigne sur les voies à Vaulx. Quelques floristes belges se taisent sur cette plante ; cesont: le Rév. P. A. Bellynck, auteur de la Flore de Namur, MM. Piré et Muller, auteurs de la Flore du Centre de la Belgique et M. Fr. Crépin, qui, dans la première édition de son anuel, p.21, la mentionne pour mémoire dans les provinces de Hainaut, de Brabant, d'Anvers et de la Flandre occidentale; dans la 2° édition de son ouvrage, il ajoute (p. #1) que cette espèce, signalée dans toutes nos Flores parait introuvable aujourd'hui ; néanmoins il engage les herborisateurs à la rechercher. Plusieurs contrées voisines de la Belgique paraissent ne pas posséder cette plante. M. Godron, dans sa Flore de Lorraine, ne l'indique que d’aprèsM.Doisy(F1. dép. Meuse, È ( 298 ) 1, p. 486), qui dit l'avoir trouvée dans le département de la Meuse; elle est également à peine signalée dans le Jura (3. Thurm. Phyt. Jura, I, p. 2%). Cependant MM. Gre- nier et Godron (F1. Fr., 1, p. 59) la renseignent dans les blés et les champs cultivés de presque toute la France. H. Lecoq (Géogr. bot. Eur., V, p. 7) donne sa dispersion de la manière suivante: commune dans le midi de la France, en Espagne, en Algérie, en Grèce, en Crimée et en Sicile; au nord, on l'observe en Angleterre, en Irlande et elle devient rare en Allemagne. Senecio squalidus L. Lejeune (F1. Spa, I, p. 166) prétend avoir trouvé des pieds de cette plante annuelle, par-er par-à, dans les environs de Verviers. On doit admettre que cette Com- posée exotique est venue du midi avee les laines brutes qu'on travaille sur les bords de la Vesdre. Elle y a végété, assure-t-il, de 1805 à 1816, mais comme l'été de cette dernière année fut froid et pluvieux, beaucoup de plantes annuelles ne purent mürir leurs graines; c'est probable- ment la cause qui fit disparaitre ce Seneçon du pays. Plus tard, le mème botaniste l'a encore rencontrée dans Îla vallée de l’'Amblève, aux alentours de Sougnez et d'Ay- waille (Comp., HT, p. 168) où on ne la signale plus aujour- d'hui. Il paraîtrait que M. Dumoulin (Guide bot. env. Waastr., p. 140) a également observé cette espèce dans les bois et les endroits arides de la Montagne St-Pierre; ce qui nous autorise à ne pas ajouter foi à cette trouvaille, ce sont les stations peu naturelles qui sontassignées à la plante, L'espèce semontre très-peu vers le Nord. En Angleterre, elle fut d’abord découverte par sir J. Banks (Smith ( 229 ) . Engl. FT, IT, p. 451) sur les vieux murs à Oxford et ensuite dans cinq comtés du midi. Elle n'a pu venir là qu'avec des graines du sud de l'Europe. Elle fait complé- tement défaut dans le nord de la France (De Candolle Géogr. Bot., I, p. 669) et dans le midi, elle habite les champs, les vignes, les murs et les bords des chemins de la région méditerranéenne (Duby Bot. Gall., 1, p. 262). Bertoloni (F1. Ltal., IX, p. 222) la signale en Calabre et au pied de l'Etna, observation confirmée par Boccone et Gussone. Linné (Sp., 6289) lui assigne pour patrie l'Eu- rope australe. Baunias Erucago L. Cetie espèce errante, maisessentiellement méridionale, est disséminée sur quelques points du sud de l'Europe et en Afrique. On la trouve dans la France australe, le Dauphiné, le Valais, la Savoie, l'Italie, la Sicile, PAu- triche, la Grèce, la Russie (De Candolle Prodr., I, p. 671 et Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 149). En France, elle s'avance jusque Lyon(Gren. et Godr. Fl. Fr., EF, p. 155). etse trouve çà et là dans les champs, entre le pied du Jura et le lac de Genève (Grenier F1. Juras., [, p. 75). A l’ouest, elle parvient dans le département de la Loire- Inférieure jusque Chéméré et Fresnay (F1. Ouest Fr., p. 41). En Belgique, cette Crucifère a été découverte en 1862 par M. L. Piré, dans un terrain vague à Ixelles : elle en a disparu l'année suivante. M. Dumoulin (Not. man., p. 11) dit qu'on l'a trouvée dans un champ d'avoine, sur les hauteurs qui dominent le bois de la Montagne St-Pierre, mais il n’assure pas l'avoir rencontrée, M. Du 18 ( 250 ) Mortier (Prodr., p. 121), d'après Van Hoorebeke, dit qu'elle croit dans les champs des Flandres, mais comme on ne peut avoir grande confiance dans les renseignements fournis par Van Hoorebeke qui n'était pas, semble-t-il, un botaniste bien sérieux, qu'il nous soit permis de ne pas ad- mettre son indication, surtout que cet auteur ne cite le nom d'aucune localité. Orobus niger L. La Flore des environs de Spa (1, p. 101) renseigne cette plante dans les bois, près de Verviers et de Maastricht. M. Dumoulin (Not. man., p. 5 et Guide, p. 106) la observée près du bosquet de Castert, où cette année, nos confrères MM. A. Hardy, Ch. Minette et Ch Firket l'ont retrouvée. Elle vient au même lieu que l'Omphalodes verna, et non loin du Vinca major, espèce très-méridionale, qui se montre rarement dans notre pays hors des pares et des lieux cultivés. Les pieds étaient peu nombreux (une dou- raine), mais de taille gigantesque. C’est là également qu'on a indiqué jadis les Orobus vernus et Doronicum Pardalian- ches. Nous avons dit plus haut notre avis sur la naturalisa- tion de ces espèces exotiques; c’est pourquoi nous nous dispensons de revenir sur cet objet pour la plante qui nous occupe. S'il faut en croire nos floristes, cet Orobe aurait été trouvé dans d’autres endroits du pays, et pour plusieurs d'entre eux, l'espèce serait si répandue qu’ils se dispensent même de citer des loalités précises, se contentant de donner des indications générales, tout comme s'il s'agissait d'une plante commune. Roucel (F1. Nord Fr., I, p. 154) prétend l'avoir souvent observée dans la forêt de Soigne ( 231:) et du côté de Wavre; or, J. Kickx (F1. Bruxell.) et MM. Piré et Muller (F1. Centr. Belg., n’en parlent pas. M. Lestiboudois (Bot. Belg., I. p.124) l'indique dans les bois; MM. Du Mortier (Prodr., p. 10%) et Michot (FT. Hain., p. 246), dans les bois montueux; enfin Ma- thieu (F1. Belg., p. 152) est plus explicite en indiquant les bois montagneux des Ardennes et du Luxembourg, où cependant aucun de nos confrères ne l’a vue. M. Chabaut la observée autrefois à Beaumont, au lieu dit Fontinette, mais elle en a disparu. On peut donc considérer l'O. niger comme une espèce très-rare en Belgique et l’on. serait même porté à la croire douteuse pour notre flore, si on ne la trouvait pas répandue dans les contrées limitrophes et n'y était signalée comme une plante assez vulgaire. Au reste, voici sa dispersion en Europe: au sud, ses limites d'extension sont le midi de ltalie, les Pyrénées et l’'Es- pagne; au nord, l'Europe centrale, le Danemark, la Suède, la Norwége et l'Angleterre; à l'est, la Suisse, l'Italie, l'Autriche, la Hongrie, le Caucase et la Russie. HI. Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 605). Orobus vernus L. S'il faut en croire Lejeune (F1. Spa, 1, p. 101 et Comp., IE, p. 75), cette plante aurait été trouvée dans les bois de la Montagne St-Pierre, mais M. Dumoulin n'en parle dans aucun de ses travaux. Comme pour la précédente espèce, nos floristes ne nous fournissent que des renseignements incertains, qui ont besoin d'être con- firmés par des recherches ultérieures. D'après Nyst et Van Hoorebeke, M. Du Mortier (Prodr., p. 104) l'indique dans les bois; M. Lestiboudois (Bot. Belg., 1E, p. 12%) la place dans les bosquets. Ce sont bien là les stations natu- (527) relles de la plante, mais à quel endroit, dans quelles localités la-t-on rencontrée? Mathieu (F1. Belg., EH, p. 152), copiant ses devanciers et remarquant que l'espèce a été signalée par Nyst vers Maastricht et par Tinant aux environs de Habay et d'Herbeumont, écrit qu'on la trouve dans les bois des provinces de Liége et de Luxembourg, mais qu'elle est assez rare. Sur quels documents s'est-il fondé pour aller même jusqu'à spécifier le degré d’abon- dance ou de rareté de la plante, alors qu'elle est douteuse pour le pays. C'est résoudre un peu légèrement la question et nous faire supposer que cet amateur faisait simplement de la botanique dans son cabinet et rédigeait sa Flore en com- pulsant les œuvres de ses prédécesseurs. On ne doit pas noter au hasard une plante comme indigène: un contrôle sérieux est nécessaire avant de pouvoir procéder à cette admission et le floriste doit toujours se défier de ces étrangères,qui sont venues, pour un jour, nous demander un coin de notre champ, un rayon de notre soleil et végé- ter tristement comme des exilées regrettant la patrie lointaine. La dispersion de cette espèce en Europe est à peu près la même que celle de l'O. niger. Au midi, elle s'arrête au sud de l'Italie, de l'Espagne et de la Grèce. Au nord, elle eroit dans l'Europe centrale, en Scandinavie et en Laponie. A l'ouest, elle n'atteint que la France centrale et à l'est, on la voit dans la Carpathes,en Turquie, dans le Caucase et en Russie (Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 599). Bien que son aire d'extension soit considérable, il reste plusieurs contrées de l'Europe qui n’en sont pas dotées et la Belgique est probablement de ce nombre. ( 255 Palmonnria officiaalis L. Nous eoncédons volontiers que cette plante soit indi- gène dans un grand nombre d'habitations qu'elle pos- sède en Belgique ; on la trouve telle en Flandre, dans la vallée du ruisseau de Maerke près d'Audenarde, à Etichove, Eename, Rooborst, où elle est en très-grande abondance dans les bois montueux ; on la voit également en Brabant, dans des dépendances de l’ancienne forêt de Soigne, à Rouge-Cloitre, Ucele, La Cambre et Tervueren ; enfin dans le Bas Luxembourg, dans ies bois assis sur Île calcaire jurassique, à Latour, entre Ruette et Lamorteau (Er.\Grépin Not fase. IV. prs2et fase. V4p:7300: Les indications fournies par les anciens botanistes pou- vaient faire supposer que lespèce est belge. Roucel CET. Nord Fr., 1, p. 151) dit qu'il l’a observée dans la forêt de Soigne, du côté de Waterloo, La Hulpe et dans le parc de Tervueren, mais il ajoute (Traité des plantes, ete., p. 15) qu'il ne l'a vue en Flandre que par culture. Dekin et Passy (FT. Bruxell., p. 17) écrivent «In silvulis propé La Cambre » et J. Kickx (F1. Bruxell., p. 116) note «In sylvae Soniae locis humidis, prope Rood-klooster, ete., non communis. » Sinous remontons plus haut, nous remar- quons que R. Dodoens (Hist. des PL, trad. de C. Clusius, p. 85) dit « croit ès lieux humides et ombragés. » Les habitations aux alentours de Verviers, signalées par Lejeune, sont réputées suspectes par A. Donckier (Bull. Soc. roy. Bot. Belg., 1, p. 254). La plante est-elle bien spontanée aux endroits suivants : Chereq, Enghien (Hocq. Fl. Jemm., p. 195); bois du château d'Anvaing et à Hollain (Michot F1. Hain., p, 71); endroits couverts à Chereq et à Calonne (Marissal Cat. phan. env. Tournay, (254 ) p. 19); pare de Corroy-le-Chateau (Bellynck F1. Nam., p. 172); bois de Bon-Secours (Lelièvre) en compagnie de l'Eranthis hyemalis, où elle couvre un espace de 25 mé- tres. M. Dumoulin (Not. man., p. 4) dit qu'il l'a rencon- trée sous les buissons à la Montagne St-Pierre, avant de descendre dans le jardin de la maison connue sous le nom de Poule rouge. Enfin nous-même, avec notre ami M. J. Chalon, nous l'avons vue le long du ruisseau de Marche- les-Dames (Namur). Il est possible que plusieurs de ces habitations semblent être naturelles, mais si l'on considère que cette Borraginée est cultivée dans presque tous les Jardins de la campagne, qu'elle est éminemment rustique et très-envahissante, on doit admettre, hormis les loca- lités citées en premier lieu, qu'elle n’est le plus souvent qu'une plante paturalisée. Campanula latifolia L. La dispersion de cette espèce en Europe est très-vaste. Au nord, elle s'étend dans toute l'Europe, y compris la Scandinavie, la Laponie, l'Angleterre et l'Irlande. A l'est, elle esten Suisse, en Italie, en Autriche, en Tur- quie et en Russie (Lecoq Géogr. bot. Eur., VIE, p. 51%). En Belgique, cette plante est considérée comme une des plus rares de la flore: notre pays semble en quelque sorte en dehors de sa distribution et l'altitude de nos collines est peut-être trop peu élevée que pour être favorable à cette espèce essentiellement montagnarde. Lejeune est le seul botaniste qui dise l'avoir trouvée dans les bois de la vallée de l'Amblève, à Coo. Il prétend aussi l'avoir ren- contrée aux environs du village de Cannes-lez-Maastricht (FT. Spa, 1, p. 107). Mais M. Crépin nous assure qu'il est ( 235 difficile de croire qu'elle soit indigène en ce lieu (Wan. fl. Belg., éd. 2, p. 187). Cette plante devient douteuse pour notre flore, car il y a très-longtemps qu'on ne lait revue. Dans le Grand duché de Luxembourg, cette plante est également très-rare, car Tinant ne l'indique (F7. Lux., p. 122\ que dans les bois de Fischbach. BIBLIOGRAPHIE. Traité de Paléontologie végétale ou Flore du monde pri- mitif dans ses rapports avec les formations géologiques et la Flore du monde actuel, par W.-Ph. Schimper. — Tome IT (1). Déjà dans le tome VIII, p. 160 du Bulletin, nous avors donné une analyse du premier tome de l'important travail de M. Schimper. La première partie du tome II, accompagnée d’un atlas de 25 planches, a paru en 1870. La deuxième partie devait paraître à la fin de la même année, mais la guerre franco-allemande, dont Strasbourg a eu tant à souffrir, n’a pas permis à l’auteur de réaliser sa promesse. C’est cette année seulement que la 2° partie, accompagnée d’un atlas de 15 planches, a été mise en vente. Un 5"° tome, comprenant la fin de la partie descriptive, le tableau synoptique des (1) Un vol. in-8°, de 966 pages, accompagné d’un atlas in-folio de 40 planches; Paris, 1870-72. (256 ) diverses flores, et le supplément de l'index bibliographique de la paléontologie végétale, paraitra à la fin de l’année 1872, accompagné des dernières planches de l’atlas. Le tome IT de ce grand ouvrage comprend la description des végétaux fossiles depuis les Lycopodinées jusqu'aux Dios- pyrinées. Comme nous avons exprimé notre opinion sur la haute valeur du livre de M. Schimper, il devient donc superflu à propos de la publication de cette nouvelle partie que nous refassions l'éloge du travail de l’illustre savant. Grâce au Traité du professeur de Strasbourg, l'étude de la paléontologie végétale est rendue véritabiement accessible. Avant sa publication, il était extrêmement difficile de s'initier à la connaissance des flores anciennes, à cause de l’absence d’un ouvrage méthodique général. Les éléments d’une flore paléontologique étaient disséminés dans une foule de mémoires très-coûteux ct qu'on ne trouve réunis que dans les grandes bibliothèques. MÉLANGES. Perforation des Pommes de ferre par Île Chiendent. — Pendant la récolte des pommes de terre, en 1869, un fermier de M. le chevalier Charles de Harlez, de Deulin, près Barvaux, sur l’Ourthe, fit voir à son proprié- taire un grand nombre de tubercules percés d’outre en outre par les rhizomes (soboles) du Chiendent (Triticum repens). M. de Harlez remit quelques-unes de ces pommes de terre à son médecin, M. le Dr Heusch, notre collègue de l'Université de Liége, lequel voulut bien nous les communiquer. Cette perforation, quelque extraordinaire qu'elle paraisse, (1237) est parfaitement naturelle : elle a été fort commune cette année dans la localité. Les soboles du Chiendent traversent un tubercule en ligne droite, entrant d’un côté et sortant de l’autre, sans éprouver de modifications et sans paraître influencer autrement le tubercule : la pénétration n’est précédée d'aucune dépression. Le canal de perforation est droit, légèrement irré- gulier dans ses contours et simplement limité par une couche brunâtre d’un millimètre à peu près d'épaisseur. Souvent la même sobole transperce successivement plusieurs tubercules à la file l’un de l’autre. Ce fait est un des plus beaux exemples qu’on puisse citer de la pénétration des tiges. Il est, en outre, une curieuse manifestation de cette lutte pour la vie, qui se livre entre les êtres vivants aussi bien sous le sol qu’à la surface de la terre. Il a déjà été, à notre connaissance, signalé en 1855, par Ch. Morren, à l'Académie royale des sciences (Bull. de l’Acad., 4855, p. 550); en 1859, à l’Académie de Bologne, par M. Ant. Santagata(l), et, en 1870, à la Société royale de Botanique de Belgique, par M. Fr. Crépin (Bull., VIII, p. 487). ÉD. MORREN. Genista prostrata Lmk. — Tinant, dans sa Flore Luxembourgeoise, pages 558-559, décrit le Genista prostrata, qu’il signale comme étant commun dans le Luxembourg : « Les collines arides, le long des bois. » Malgré de nombreuses recherches faites pendant un grand nombre d'années dans toutes les parties du Luxembourg belge, jamais nous n'avons pu découvrir cette espèce ; nos confrères du Luxembourg allemand ne l'ont point non plus découvert dans le Grand-Duché. A la suite de ces recherches infructueuses, on pouvait suspecter (1) Axr. Ssnracara De nonnullis plantarum fructibus abnormibus. (In Nov. Comment. Acad. scient. instil. Bononiensis, t. VIT, p. 87, tab. X.) 19 (258 ) avec quelques raisons l'indication de Tinant. Le doute est maintenant changé en certitude par l’examen qu'a fait M. Kolz, de Luxembourg, de la plante que Tinant a déterminée sous le nom de Genista prostrata, plante qui n'est rien autre que le vulgaire G. pilosa L. — M. Kolz a eu la bonté de nous com- muniquer un petit fragment d’un échantillon conservé dans l'herbier de Tinant. NOUVELLES. — Une Société de Botanique s’est constituée à Luxembourg sous le titre de Société de Botanique du Grand-duché de Luxembourg. Cette Société a pour but d’étudier les matériaux de la flore de cette province et d’en composer l’herbier. Ses statuts ont été arrêtés à la date du 17 février 1872. Son bureau se compose de : MM. Krombach, père, président; Eug. Fischer, vétérinaire, vice-président; Ch. Siegen, vétérinaire, secrétaire; Jos. Faul- becker, réviseur à la Chambre des comptes, conservateur des collections, et Aug. Weber, étudiant, {résorier. À cette date, vingt-cinq personnes avaient déjà adhéré aux statuts de la nouvelle Société. Celle-ci, nous n’en doutons aucunement, va imprimer une grande impulsion aux recherches botaniques dans cette belle province, que notre Société a visitée en 1869. Ses herborisations, qui, pendant la belle saison, seront au nombre de deux par mois, lui donneront, en peu d’années, une connaissance approfondie de la végétation si curieuse et si riche du Luxembourg allemand. Elle a mis à sa tête le vétéran des botanistes luxembourgeois, le respectable M. Krom- bach, l’ancien compagnon de Tinant, Marchand et Bové. — MM. Fischer et Kolz, membres de la Société de Botanique du Grand- duché de Luxembourg, sont occupés à la rédaction d’un catalogue général de la flore du Grand-duché de Luxembourg. — Notre confrère M. Van Heurck a enrichi son Musée botanique d’une collection de produits végétaux employés en médecine et dans les arts. Ces produits, au nombre de plus de trois mille, font l’objet d’un catalogue systématique qui paraîtra prochainement. (259 ) — Notre confrère M. Van Volxem a récemment éerit à M. Weyers, pour lui donner un aperçu de ses recherches au Brésil. IT faut savoir que M. Van Volxem s’est associé avec MM. Van Beneden fils et de £élys-Long- champs fils, pour explorer une partie du Brésil. Ces naturalistes sont partis l'été dernier pour Rio-Janeiro ; ils resteront au Brésil jusque vers le mois de juin prochain. Leurs recherches sont surtout zoologiques; mais la botanique ne sera pas négligée par ces savants. — La collection des Fougères vivantes du Jardin botanique de Bruxelles s’enrichit de jonr en jour d’espèces rares et précieuses, grâce à l’initiative et aux connaissances spéciales de notre confrère M, Bommer, chargé de la direction de cet établissement scientifique. — On annonce la publication d’une nouvelle Flore du Portugal, par le Senor Baroo de Castello de Paira. — Notre confrère associé M. le Dr Eichler, actuellement professeur à Gratz, est appelé à occuper l’une des chaires de botanique à l’Université de Kiel et à prendre la direction du Jardin botanique de cette ville. Il quittera Gratz aux vacances de Pâques. — Le savant botaniste-voyageur Friedrich Welwitsch est mort, à Londres, le 20 octobre dernier, à l’âge de 65 ans. — La veuve du célèbre botaniste W.-J. Hooker est morte le 16 octobre dernier, à l’âge de 75 ans. Cette dame, qui était très-instruite, était la fille de Dawson Turner, botaniste et archéologue bien connu. — Les élèves de l’École d’Horticulture de Vilvorde, dans leurs herbori- sations de cette année, ont fait plusieurs découvertes fort intéressantes, parmi lesquelles, nous citerons : Geranium phaeum L. — Bois près de Grimberghen (Boulanger). Ophrys muscifera Huds. — Bois à Melsbroeck (Deprez). Lycopodiun Chamaecyparissus AI. Br.— Sapinière près d’Elewyt (Abon- dant. — Boulanger). — Cette habitation est la plus occidentale que l’on connaisse en Belgique pour cette plante. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. 2660082060 1872. — N°5. Séance extraordinaire du 15 octobre 1872, dans la grande salle du Jardin botanique de Bruxelles. Sont présents : MM. C. Baguet, L. Bauwens, L. Bodson, J.-E. Bommer, G. Carron, A. Cogniaux, L. Coomans, O. Craninex, P. Daron, O. de Dieudonné, C. Delogne, A. de Prins, A. Devos, H. Doucet, Ch. Firket, C. Fon- taine, Ch. Gilbert, Gillekens, J. Gillon, A. Joly, J, Lecoyer, G. Lenars, H. Louveigné, L. Lubbers, É. Marchal, Éd. Morren, F. Muller, Nocfnet, L. Piré, Putzeys, Robie, Em. Rodigas, P. Schamberger, Arm. Thielens, Vander Maesen, E. Van Meerbeek, H. Verheggen, A. Willems. A deux heures, une députation composée de MM. Put- zeys et Muller, vice-présidents et Doucet, administrateur délégué du Jardin botanique de Bruxelles, introduisent M. Du Mortier, président, qui est recu aux acclamations de l'assemblée. (22) La salle est ornée, pour la circonstance, de drapeaux en trophée et de plantes rares. M. Doucet, qui a dirigé cette décoration, a fait disposer, au fond de la salle, un groupe de plantes choisies, parmi celles qui ont recu le nom de M. Du Mortier. M. de Cannart d'Hamale, membre de la Commission, fait exprimer ses vifs regrets de ne pouvoir assister à la séance. M. Du Mortier prend place sur un fauteuil qui est situé en face du bureau. M. Éd. Morren remet à M. Du Mortier un magnifique album(!) que les botanistes belges ont résolu de lui (1) L'Album a été confectionné sur les plans de M. Éd. Morren. C’est un volume grand in-folio, richement relié. Sur les deux plats de la reliure sont encastrées deux plaques d’argent, formant, l’une frontispice, et l’autre le revers en épilogue. La première représente un joli paysage coupé par les méandres d’un ruisseau et offrant par groupes et massifs les fleurs et les plantes qui ont fait l’objet des études et des travaux de M. Du Mortier. Au second plan, à droite, la Flore belge, figurine entière, dont les traits sont gracieux et le mouvement aisé, élève d’une main une couronne de fleurs au-dessus de l’inscription suivante : A B.-C. Du MorTier, LES BOTANISTES BELGES, et tient de l’autre un bouquet d'Aemerocalis Dumortieri. L'effet général de ce tableau, travaillé au repoussé, est des mieux réussis et tous les détails de fleurs et de feuilles sont exécutés avec une grande vérité de dessin et un goût exquis d’arrangement ; les contours se détachent d’une manière très-fine. L'auteur de cette œuvre remarquable est M. Henri Missair, artiste ciseleur à Liége, auquel a été confiée l’exécution de toute la partie métallique du travail. Sur le haut de la plaque du revers est cette inscription : AD PERPETUAM Du MORTIERI MEMORIAM. Au-dessous, sont sculptés les titres des ouvrages du savant botaniste ou (245 ) offrir et, prenant la parole en leur nom, 1l s'exprime dans les termes suivants : le rappel de faits qui se rattachent à ses efforts en faveur de la Société royale de Botaniqne. Voici cette liste : Observations botaniques .« . 1822 | Société belge de Botanique. . 1862 Agrostographie . . . . 1825 | Classification des plantes. . 1862 Florula Belgica . . . . 1827 | Rubuset Batrachium. . . 1865 Structure comparée . . « 1829 | Monographie des Roses . . 1867 | Motilité des végétaux . . . 1829 | Études sur le Michelaria. . 1868 Familles des plantes . . . 1829 | Monographie des Pulmonaria 1868 Sylloge Jungermannidearum. 1851 | Pomone tournaisienne . . 1869 Essai carpographique. . . 1855 | Bouquet du littoral . . . 1869 Polypiers composés .. . 4856 | Fondation de l'herbier national 1871 Embryogénie des mollusques. 1857 | Jardin Botanique de Bruxelles 1871 OPTIMUS IN MULTOS VITAM TIBL PROROGET ANNOS. VALE ET NOS AMA. Dos De beaux fermoirs émaillés, en style Lous XIV, reproduisent les armoi- ries de la famille Du Mortier. En ouvrant le volume, on voit, sur la première page, les initiales calli- graphiées du donataire. Sur la page formant frontispice, est un beau travail du même style, représentant, parmi des fleurs et des plantes, les armes de Belgique et le sceau de la ville de Tournay. Ce travail d’enluminure a été exécuté par MM. Ch. Florenville et Ed. de Guaita, artistes de Liége, qui ont aussi calligraphié l’Adresse rédigée par M. Morren et signée de tous les bota- nistes donateurs. Sur une des pages, on lit l'inscription suivante : BARTHOLOMEO-CAROLO DU MORTIER roRNAcI NATO 5 ApriLis 1797 HOC ADMIRATIONIS ET GRATITUDINIS DOCUMENTUM OBTULERUNT BOTANICI BELGICI MDCCCLXXII. Sur les autres pages, se trouvent 120 portraits photographiés des botanistes. ( 244 ) Monsieur Du Mortier, « Votre premier ouvrage, les Commentationes botanicae, publié en 1822, est déjà l'œuvre d'une science solide unie au patriotisme le plus ardent. À partir de cette époque, vous vous êtes intéressé de plus en plus à l'étude de la végétation de notre chère patrie. Il semble que vous ayez voulu l’affranchir des entraves de l'ignorance pour les temps, qui étaient proches alors, où la Belgique elle- même allait s'élever libre et radieuse. Vous avez fondé la Flore nationale en 1827, et, à la mème époque, étendant votre activité aux questions générales, vous avez embrassé d'un même regard l’ensemble du règne végétal. Vous avez parcouru les frontières vaguement définies qui le séparent du règne animal; vous avez scruté les mystères de la motilité des plantes, et, pénétrant dans leur structure la plus intime, vous avez découvert le principe jusqu'alors inconnu de la division des cellulles. Dans le domaine de la cryptogamie, vous avez jeté les bases sur lesquelles sont établies nos connaissances actuelles des Jungerman- nidées. Vous avez ainsi fondé, sur des faits que la science universelle a consolidés, votre réputation, que nous revendiquons comme une gloire nationale Puis, pendant une longue, heureuse et féconde carrière, vous n'avez pas cessé un seul instant de consacrer toutes les énergies de votre âme au service de la science et de la patrie. Partout où vous avez passé, vous avez laissé l'empreinte indélébile de votre passage: « Religionis et patriae propugnator strenuus, scientiarum artiumque fautlor munificus opera scripsisli insignia merilo posteris tradenda. » Plus que tout autre, vous avez contribué, par votre volonté inébran- lable et par votre infatigable activité, à établir la Société ( 245 ) royale de Botanique, à créer l'Herbier national et à constituer le Jardin Botanique de l'État. « Ce sont là des actes virils dont la patrie est appelée à recueillir les bienfaits et dont tous ceux qui honorent la science savent apprécier l'importance. Nous n'avons pas voulu que des événements aussi considérables s’accom- plissent sans que vous receviez le témoignage de notre vive reconnaissance. « Nous avons voulu, pour célébrer votre Jubilé semi- séculaire et pour vous montrer notre sympathie, à vous le plus digne représentant de la botanique belge, vous offrir un gage de notre admiration. « Nos images héliographiées sont rassemblées dans cet album, comme nos cœurs sont unis dans la communion du vôtre. Puissiez-vous, pendant de nombreuses années de bonheur et de santé, feuilleter souvent ces pages, qui vous remémoreront les sentiments de sympathie et de gratitude de vos confrères et disciples. » Cette lecture est suivie d'applaudissements prolongés. M. Du Mortier, d’une voix que dominait d'abord une vive émotion, à remercié ses confrères dans les termes suivants. « Messieurs, et chers confrères, ou pour mieux dire, mes chers et dignes amis, « Le témoignage de satisfaction dont vous voulez bien m'honorer en souvenir des travaux scientifiques com- mencés, il y a un demi-siècle, me pénètre de la plus vive reconnaissance. Dans le cours de ma vie politique, j'ai souvent eu l'occasion d'être l’objet de flatteuses dis- tinctions, mais il n'en est pas qui touchent plus profon- dément mon cœur que celle que vous voulez bien m'ac- ( 246 ) corder aujourd’hui, parce qu'elle émane de mes pairs dans la science. Comme vous venez de le dire par la bouche de mon savant ami, M. Morren, toute ma vie a eu un double mobile, servir la science et servir la patrie. Et, en effet, si vous voulez bien jeter les yeux sur les premières pages de l'ouvrage que j'ai publié, il y à cinquante ans, vous verrez quil débute par une pensée patriotique, celle de créer des genres de plantes pour rappeler les services des anciens botanistes du royaume des Pays-Bas. « Il faut avoir vécu sous l’Empire pour comprendre toutes les persécutions indignes dont notre pays était l'objet. C'est alors qu'assis au foyer domestique, tous les Belges entendaient leur père et leur mère rappeler à leurs enfants les douceurs de l’ancien régime, mises en parallèle avec la tyrannie impériale. C’est ainsi qu’élevé par un père et une mère qui tous deux portaient très- haut les sentiments d'affection à nos anciennes institu- tions et l'antipathie pour l'étranger qui avait subjugé notre territoire, j'ai sucé, Je puis le dire, avec le lait, l'amour de la patrie, et c’est cet amour de la patrie qui a guidé ma plume dans mes travaux d'histoire naturelle. Aussi, quand la chute de l'Empire arriva, ce fut pour toute la Belgique un soulagement universel; on vit avee bonheur la réunion des anciennes dix-sept provinces des Pays-Bas et la formation de ce beau royaume que l’entête- ment ét le despotisme. d'un roi sont seuls parvenus à briser: JE TUE _. « Veuillez le remarquer, mes chers amis, jusqu'en 4825, entièrement étranger à la politique et adonné à mes seules études, jamais je n'avais même lu un journal et je professais un véritable dédain pour ceux qui s'occupaient (247) de politique. Mais en 1825, tandis que j'herborisais dans les dunes de la Hollande pour enrichir notre flore, paru- rent ces arrêtés révoltants qui frappaient les Belges dans leurs plus vives affections et nous traitaient en pays conquis. Je ne saurais vous dire, mes chers collègues, l'effet que ces arrêtés firent sur ma jeune intelligence ; le roi Guillaume, du botaniste avait fait un homme poli- tique, consacrant dorénavant tout son temps à la science et à la défense du pays. Survint la révolution, consé- quence légitime des fautes que le gouvernement avait commises ; et bientôt après, je fus appelé au parlement, employant la moitié de mon temps à la science et l’autre moitié aux affaires publiques, jusqu'à l'époque où l’orga- nisation du pays dut m'absorber tout entier. « Ces événements m'avaient momentanément écarté des études qui ont toutes mes affections. C'est vous, Messieurs, qui m'y avez fait rentrer en constituant la Société de Botanique et en me faisant l'honneur de me mettre à votre tête. Comment pouvait-il en être autre- ment, entouré de tant de jeunes savants, de cœurs d'élite, pleins de l'amour de la science et dévoués à son avance- ment? Grâce à vous, la Société royale de Botanique a pris un développement auquel on ne pouvait s'attendre, et, par vos travaux, sa notoriété s'est étendue à tout le monde savant. « Vous me rappelez la création du magnifique établis- sement qui nous rassemble. Sans doute il a fallu bien des peines, résistèr à bien des tracasseries et montrer une bien grande ténacité pour réaliser en faveur de la botani- que un grand centre scientifique comme il en existe chez toutes les grandes nations de l'Europe. Secondé par mes excellents et dignes amis, les membres du Conseil du ( 248 ) Jardin Botanique, j'ai eu le bonheur de pouvoir coopérer à cet important travail et de doter le pays d’un établisse- ment que la Belgique pourra montrer avec orgueil à l'étranger et qui réunit à de magnifiques séries de plantes vivantes, un des plus riches herbiers de l'Europe, puisque par des accroissements que l'administration lui a fait subir, il contient aujourd'hui environ cent mille espèces de plantes. Au magnifique herbier de von Martius , nous avons adjoint les herbiers de Galeotti, de Nyst, de Lejeune et de M'° Libert, la riche collection cryptogamique réunie par le comte Alfred de Limminghe, celle de notre regretté collègue Eug. Coemans et bien d’autres qu'il est inutile d’énumérer. Si, en aussi peu de temps, nous sommes arrivés à ce résultat, vous pouvez juger du développement que prendront par la suite, avec l'aide et la bienveillance d’un gouvernement éclairé, les riches collections qui nous sont confiées. « Je vous remercie de nouveau, mes chers collègues et amis, de la marque de satisfaction que vous voulez bien m'accorder en ce jubilé semi-séculaire. « Je vous remercie tous de la bonne pensée que vous avez eue de vouloir bien me donner chacun un portrait, qui me rappelleront mes bons amis. J'adresse mes remer- ciments particuliers à MM. les membres de la Commission et surtout à mon savant confrère, M. Morren, qui s’est donné tant de peines pour réaliser votre pensée et m'accor- der ce témoignage qui sera toujours un des plus chers que j'aie obtenus de ma vie. Je remercie encore MM. les artistes qui ont coopéré avec un si rare talent à l'exécution de cet album et en particulier M. Missair, dont l'œuvre indique un artiste de premier ordre dans l’art de la ciselure qu'il cultive avec un si remarquable succès. Merci done, ( 249 ) mes chers amis, merci pour ce souvenir que je n’oublierai Jamais. » | De vifs applaudissements succèdent à ces paroles et, après la cérémonie, les membres de la Société, entourant leur Président, lui ont adressé individuellement leurs félicitations et renouvelé leurs témoignages de respect, de reconnaissance et de cordiale amitié. M. Piré, membre du Conseil, donne communication, à l'assemblée, d'une lettre qui lui est adressée par M. Eug. Fournier, secrétaire de la Société botanique de France, lettre par laquelle il propose de nous associer aux mem- bres de cette Société pour faire une excursion botanique en Belgique en 1875. L'assemblée accueille cette proposition à l'unanimité. Elle charge M. Piré de vouloir informer M. Fournier que le projet d'herborisation en commun avec la Société botanique de France, admis en principe, sera discuté dans notre séance du 1* décembre prochain. — La séance est levée à 5 heures. Séance du 1% Décembre 18792. (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL). M. B.-C. Du Morrir, président. M. J.-E. Bowen, secrétaire général. Sont présents : MM. C. Baguet, C. Bamps, G. Barlet, L. Bauwens, C. Bernard, Bertrand, L. Bodson, Broquet, Ch. Buls, F. Campion, G. Carron, J. Chalon, Arm. Coenen, A. Cogniaux, L. Coomans, V. Coomans, L. Couturier, Osc. Craninex, F. Crépin, P. Daron, E. de # L. L.. té ( 250 ) Bullemont, Ose. de Dieudonné, Edg. de Keyser, C. De- logne, Ch. de Pitteurs, A. de Prins, H. Doucet, A.-C. Ducoffre, Ch. Firket, A. Fontaine, Ch. Gilbert, N. Gille, Gillekens, J. Gillon, K. Grün, Hartman, Hannon, Osc. Hecking, G. Jacquemin, A. Joly, J.-J. Kickx, Ern. Lagasse, J. Lecoyer, K. Ledeganck, J. Linden, H. Lou- veigné, L. Lubbers, C. Malaise, É. Marchal, Éd. Mar- tens, H. Miller, F. Muller, Monteiro da Silva, Paques, L. Piré, Éd. Pynaert, Robie, Ém. Rodigas, Alph. Ros- signol, P. Schamberger, Arm. Thielens, J. Thys, Tilman, Van Bambeke, L. Vanderkindere, Vander Meersch, Vanhassel, F. Van Horen, H. Van Horen, E. Van Meerbeek, L. Vanneck, Edm. Van Segvelt, Alb. Van Zuylen, H. Verheggen, J.-L. Weyers. Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 7 juillet 1872. Ce procès-verbal est adopté sauf modification demandée par l’un des membres présents. Il fait ensuite l’analyse de la correspondance. Plusieurs membres de la Société annoncent qu'ils ne peuvent assister à la séance. ù M. Th. Le Comte, par lettre du 2 juillet, propose l'échange de nos publications avec celles de la Société des sciences naturelles de Graz. Cette proposition est adoptée. M. le D° J.-Dalton Hooker, directeur du Jardin royal de Kew, et M. E. Boissier, de Genève, font parvenir à la Société leurs remerciments pour leur nomination de membres associés. | M. de Borre Secrétaire de la Société Entomologique ( 251 ) de Belgique, adresse, au nom de cette Société, des remer- ciments, pour l'invitation qu'elle a reçue de la Société royale de Botanique à l’occasion de son excursion dans l'Eifel. Il annonce en même temps l’envoi d'une collec- tion complète des Annales de la Société Entomologique en échange de nos publications. M. le Président accorde la parole à M. Piré, qui donne communication d’une lettre de M. Eug. Fournier, Secré- taire de la Société Botanique de France, concernant une excursion projetée entre les membres de la Société royale de Botanique de Belgique et ceux de la Société Botanique de France. M. le Président fait part à l'assemblée des propositions du Conseil relatives aux mesures à prendre lors de la visite des botanistes français en Belgique. MM. Piré et Mauller sont désignés comme commissaires pour faciliter la visite de nos confrères de la Société Botanique de France à Bruxelles. Sont nommés au même titre, MM. Kickx, pour Gand, Morren, pour Liége et Gilbert, pour Anvers. — Il propose d'admettre en principe que l'herborisation annuelle, dont la date sera ultérieurement fixée, aura lieu en commun avec la Société Botanique de France. | L'assemblée accueillant [a proposition due à l'initiative de M. Fournier, décide que l'herborisation de 18753 se fera en commum avec les membres de cette compagnie savante et elle laisse, au Conseil, le soin de s'entendre sur les détails avec la Société française et d'en rendre compte à la séance du mois de mai. M. Piré informera M. Eug. Fournier de la décision qui vient d’être prise. (252 ) L'ordre du jour appelle le renouvellement partiel des membres du Conseil d'administration (art. 12). M. le Président demande si l’on procédera à l'élection par scrutin de liste ou sur un seul bulletin. L'assemblée décide que le scrutin se fera sur un seul bulletin. Le Secrétaire général procède à l'appel nominal: 77 membres sont présents, la majorité absolue est de 39. Le scrutin donne le résultat suivant : M. F. Muller est réélu comme Vice-Président et M. F. Crépin, comme Secrétaire des publications ; M. le professeur Martens, de Louvain, et M. le docteur Van Haesendonck, de Tonger- loo, sont nommés membres du Conseil. M. le Président invite les membres qui ont des travaux à présenter d'en donner lecture. Les travaux suivants sont déposés : Note sur le RuBus suerecTus Anders., par M. F. Crépin. (Commissaires : MM. Carron, L. Coomans et Hariman.) Contributions à la flore cryptogamique de la Belgique, par M. C.-H. Delogne. (Commissaires : MM. Piré, Marchal et Lecoyer.) Notice sur la Flore de Wavre et des environs, par M. C.-J. Lecoyer. (Commissaires : MM. Muller, Baguet et Robie.) Les Orchidées de Belgique et du grand-duche de Luxem- bourg, par M. A. Thielens. (Commissaires : MM. Morren, Kickx et Martens.) Examen critique des Élatinées, par M. B.-C. Du Mortier. (Commissaires : MM. Hardy, Delogne et Marchal.) Note sur un nouvel hybride entre deux espèces de genres ( 253 ) différents, par M. A. Cogniaux. (Commissaires : MM. Cha- lon, Gilbert et Crépin.) Étude sur l'herbier national de Belgique, 1* fascicule, par M. A. Cogniaux. (Commissaires : MM. Crépin, de Prins et Coomans.) M. le Président accorde la parole à M. A. Thielens qui donne lecture du compte-rendu de l'herborisation dans l'Eifel. — L'assemblée vote des remerciments à M. Thielens et décide que ce compte-rendu, après certai- nes modifications, sera imprimé dans le Bulletin de la Société. M. Kickx, nommé rapporteur par le Conseil, pour l'examen des comptes, fait son rapport à l'assemblée sur l'état financier de la Société. Les comptes sont approuvés. Des remerciments sont adressés à M. L. Coomans, pour sa bonne gestion financière. Les membres suivants ont été reçus par le Conseil : MM. Alport (Morton), membre des Sociétés Zoologique et Linnéenne de Londres, à Hobart-Town (Tasmanie). Monteiro da Silva (R.), étudiant en sciences, 83, Chaussée de Wavre, à Ixelles. Hartman (Louis), 52, rue Keyenveld, à Ixelles. Durand (Émile), élève en pharmacie, 12, rue Lambert Lebègue, à Liége. Van der Wee, candidat en pharmacie, à Lierre. Vanneck (Louis), Grand'Place, à Bruxelles. Vanhassel, étudiant en médecine, 19, rue de Bavière, à Bruxelles. (254) Donckier (Henri), étudiant, 81 rue du Paradis, à Liége. | Deklerck, horticulteur, à St-Josse-ten-Noode. De Beile, rentier, 56, rue St-Alphonse. à St-Josse- ten-Noode. | Ross (Alex. Milton), docteur en médecine, à Toronto (Canada). Blocx (l'abbé), professeur au collége de St-Rom- baut, à Malines. Examen critique des Élatinées, par B.-C. Du Mortier, président de la Société. L: Qu'il nous soit d'abord permis de revendiquer nos droits de priorité. Dans tous les ouvrages de botanique, on attribue la création de la famille des Élatinées à Cambessedes ; c’est là une erreur que nous devons d’abord rectifier. Nous avons, le premier, séparé les genres Elatine et Bergia des Caryophyllées, pour en créer une famille distincte sous le nom d'Elatineae. Cette création remonte à 1827 ; elle a eu lieu dans notre Prodrome de la Flore Belge, p. 111. Non-seulement nous y avons le premier créé la famille des Élatinées, mais, le premier, nous avons divisé le genre en sous-genres, et, le premier, nous avons employé les caractères tirés des graines pour en définir les espèces, et distingué deux espèces nouvelles, jusqu'alors confondues. Ce n’est que deux ans plus tard, en 1829, que Cambes- sedes, dans le XVIII volume des Mémoires du Muséum de Paris, p. 225, érigea, à son tour, les Élatinées en ( 255 ) famille distincte, en adoptant le nom que nous lui avions imposé deux ans auparavant. C’est done bien à tort qu'on attribue à Cambessedes la création de la famille des Élatinées, puisque nous l’avions établie deux ans avant lui. En 1829, dans notre Analyse des familles des plantes, p. 49, nous avons modifié cette désinense et indiqué la nouvelle famille sous le nom d'Elatinideae, pour ne pas confondre le genre avec la famille par une trop grande analogie de nom. La désignation primitive que nous avions donnée à celle-ci, dans notre Prodrome, ayant prévalu, nous croyons bien faire de la maintenir. Mais la question de priorité de la création de la famille des Élatinées ne fait pas de doute ; elle appartient à notre Prodrome, comme on peut s'en assurer par le rapproche- ment des dates. IT. Les Élatinées sont restées inconnues aux anciens ; ni Fuchs, ni Dodoens, ni Clusius, ni Lobel, ni Dalechamps, ni même les Bauhin, n'en font aucune mention. Le genre qui nous occupe a été créé par Tournefort, dans ses Institu- tiones rei herbariae, p. 244, sous le nom d’Aflsinastrum. Tournefort ne lui rapporte que deux formes : l’Alsinastrum gratiolaefolio et l'Alsinastrum galiifolio, qui sont l'E. Alsi- nastrum de Linné. Ce genre fut adopté par Vaillant, qui, dans son Botanicon Parisiense, y ajouta deux espèces, les Alsinastrum serpillifolium flore tetrapetalo et tripetalo. Bientôt après Buxbaum, dans sa deuxième centurie des plantes d'Orient, publiée en 1729, décrivit, p. 56, et figura, t. 37, f. 5, sous le nom d’'Hydropiper, une Élatine tétramère à fleurs sessiles trouvée par lui près d'Astrakan. Cette plante, dit-il, est la même que Ray, dans sa méthode, a nommée Graminifolia palustris vasculis granum Piperis ( 256 ) aemulantibus, figurée dans Plukenet, et comme Ray compare ses fruits à des grains de poivre, Buxbaum lui donne le nom d'Hydropiper. Nous verrons tout à l’heure quelle incroyable balourdise a donné naissance à ce nom. Les choses en étaient là, lorsque Linné entreprit la réforme de la botanique. À cette époque, qui est celle de la formation des genres, les botanistes, pour trouver des noms génériques, avaient pris l'habitude de les former d’un nom de plante analogue en lui donnant une désinense en oîdes, en astrum, en ella, etc. On comptait alors 105 genres de plantes terminés en oides, 21 en astrum, 17 en ella, ce qui rendait la nomenclature de la botanique réellement ridicule. J'ai souvent, dit Linné, dans sa Critica botanica, p. 54, entendu des philosophes et des médecins, en ouvrant un ouvrage de botanique, nous objecter ces oides, en disant que nous n'étions plus des botanistes, mais des botanicoïdes. C'est ce que le grand réformateur entreprit de corriger, en supprimant tous les noms géné- riques terminés en oîdes, en astrum, en ella, etc., pour les remplacer par des noms pris dans les anciens auteurs, ou trouvés dans les ouvrages des naturalistes grecs et romains. C’est ainsi qu'il changea le nom d’Alsinastrum en celui d’'Elatine, puisé dans Dioscoride, et qui était sans emploi. Linné explique cette désignation dans sa Flora Lapponica, p. 118, en ces termes : Hydropiper, Buxb. et Potamopithys, Buxb., ejusdem generis sunt, nomen utrumque dimitto (Fund. Bot., n° 225) et vacuum ELATINES vocabulum recipio. Mais il faut reconnaitre que le choix de ce nom, soit qu'il dérive d'éxrr, sapin en grec, soit qu'il provienne du radical sévw, pousser avec mouvement, ne s'applique en rien aux plantes auxquelles Linné le rapporte. ( 257) IT. Linné n’a décrit que deux espèces d'Élatinés, l'E. Alsi- nastrum et l'E. Hydropiper. La première, avec ses feuil- les verticillées, est parfaitement connue, mais qu'est-ce que son E. Hydropiper ? La solution de cette question est difficile, parce que Linné n’a donné, à cette espèce, pour toute diagnose, que ces deux mots seulement: foliis Oppositis, sans aucune autre indication; aussi le nom d'Hydropiper a-t1l été appliqué à presque toutes les espèces modernes à feuilles opposées, ce qui établit une étrange confusion, l'Hydropiper de l’un n'étant pas celui des autres. La première mention faite par Linné de cette espèce, est dans sa Flora Lapponica, publiée en 1757. On y lit à la page 118 ce qui suit : 156. ELarTixe foliis oppositis. Hydropiper, Buxb., cent. 5, p. 55, t. 57, f. 5. Alsinastrum serpillifolium, fôre albo tetrapetalo, Vaill. Bot Paris; JE 2:T.:2. Ad margines fluvit vastissimi Lulensis non raro sese obtulit. Et voilà tout. — La première édition de la Flora Sue- cica de Linné offre le mème texte, sans changer un seul mot, et sans en dire davantage, seulement elle fait con- naitre que la plante n'est pas rare en Suède. Remarquons que dans cette première indication de son E. Hydropiper, Linné confond déjà deux espèces entière- ment distinctes, celle de Buxbaum, qui a les fleurs sessiles et celle de Vaillant, qui les a pédonculées. On ne peut done tirer aucune conséquence spécifique ni de la Flora Lappo- nica, ni de la Flora Suecica, puisqu'elles confondent deux 21 ( 258 ) espèces distinctes. Les considérations présentées par M. Fries pour déterminer l'espèce archétype de Linné, sont done de nulle valeur, en présence de ce texte répété, qui constate la confusion des espèces. Peu importe quelle est celle la plus répandue en Suède, lorsque Linné lui- même, dans ses propres écrits, établit la confusion des espèces. C'esten 1755, dans la première édition de ses Species Plantarum, que Linné, en créant ses noms spécifiques, donne à sa plante celui d’'E. Hydropiper, nom évidemment emprunté à Buxbaum. Il y ajoute, comme variété B, l'A lsi- nastrum serpillifolium flore roseo tripetalo de Vaillant, qui est l'E. hexandra, mais sans aucun autre éclaireissement. La seconde édition des Species et tous les ouvrages posté- rieurs de Linné gardent le même silence. Il suit de là, que tout cequ'on sait relativement à l'E. Hydropiper de Linné, c'est qu'il appartient à l'octandrie tétragynie, que ses fleurs sont tétramères et ses feuilles opposées, mais que sous ce nom Linné a confondu deux espèces distinctes et même trois espèces avec sa variété f; que, par conséquent, l'espèce linnéenne désignée sous ce nom est collective, et que, dans son propre texte, elle comprend trois espèces distinctes. Au delà, on ne sait rien, en sorte qu'il est impossible de rapporter ce nom spécifique à aucune des espèces modernes. Il reste à examiner sile nom de l'espèce ne peut sub- venir au défaut des caractères, pour déterminer la plante de Linné. Hydropiper signifie Poivre d'eau ; il semble donc que ce nom spécifique doive indiquer une saveur pipéracée, comme dans le Polygonum Hydropiper, dont la saveur est acre et brülante. Le mème nom spécifique semblerait indiquer les mêmes qualités ; or, 11 n’en est rien, car dans ( 259 ) tous les Élatinés nous avons toujours remarqué une saveur insipide, et Wahlenberg a fait la même observa- tion pour les Élatinés de la Suède; là encore rien de poivré. Quelle peut done être l'origine d’un nom aussi caractéristique ? Comment se fait-il qu'une plante qui n’a rien de poivré, porte le nom de Poivre d’eau? Wahlen- berg, dans sa Flora Suecica, p. 245, dit que ce nom lui a été donné à cause de ses capsules qui sont de la grosseur et de la figure d’un grain de poivre : capsulae magnitudine et fiqura fere grani Piperis, unde nomen. C'est là une bien mauvaise raison, car les capsules de l'E. Hydropiper n'ont aucune ressemblance, ni pour la grosseur, ni pour la nature, ni pour la forme, avec un grain de poivre. Voilà pourtant comment ce nom, si opposé à la vérité, a été donné à cette plante. Nous allons voir que c’est le fait d'une incroyable balourdise commise par Buxbaum, balourdise à laquelle on est loin de s'attendre, et que l’exa- men des sources nous à fait découvrir. L'intérêt de la science exige de mettre en lumière cette incroyable bêtise. IV: L'Elatine Hydropiper n'ayant rien qui ressemble au poivre, ni pour la forme, ni pour le goût, nous avons été curieux de remonter aux sources, pour connaitre l’origine et la cause de ce nom, et voici le fruit de nos recherches. D'où vient le nom d'Hydropiper donné aux Élatinés à feuilles opposées ? L'auteur de ce nom est Buxbaum, à qui Linné l’a emprunté, pour en faire une dénomination spé- cifique, dans la première édition de ses Species Plantarum. Ayant trouvé, dans les étangs des environs d’Astrakan, une espèce du genre qui nous occupe à feuilles opposées et à ( 260 }) fleurs sessiles tétramères, Buxbaum la publia en 1798, dans la deuxième centurie de ses plantes rares d'Orient, p. 56, sous ce nom unique : Hydropiper, et il en donna la figure, planche 57, fig. 5. Il lui donne pour synonyme le Graminifolia palustris repens, vasculis granorum Piperis aemulis de Ray, Meth. Plant., en renvoyant pour la figure à l'Almagestum de Plukenet. Il nous apprend lui- même que c'est sur cette désignation de Ray, assimilant les fruits à des grains de poivre, qu'il a attribué à sa plante le nom d'Hydropiper. Donnons le texte de Buxbaum, il en vaut bien la peine; son ouvrage d’ailleurs, publié à St-Pétersbourg, est très-rare. Après sa description de l'espèce, il ajoute : Similis est planta Raii Meth. quam vocat Graminifoliam palustrem vasculis granum Piperis aemulantibus, cujus fig. vide ap. Plukenet. Ob vascula illa quae Raiuis Piperi comparat, Hydropiper salutavimus. Ainsi voilà l'Élatiné désigné sous le nom à la fois géné- rique et spécifique d'Hydropiper, à cause de l’analogie de ses capsules avec des grains de poivre. M. Seubert va plus loin ; il dit erronément que c'est Ray qui lui a donné le nom d'Hydropiper : huicce speciei Hydropiperis nomen dédit cel. Rajus, ob vascula granorum Piperis aemula (Seub. Monogr. Elatin., p. 48). Pour nous, ne pouvant voir aucune analo- gie entre un grain de poivre et une capsule d'Élatiné, nous conçümes des doutes, et nous résolümes, pour les éclaireir, de recourir aux ouvrages de Ray et de Plukenet, cités par Buxbaum. D'abord, en ouvrant les Methodus Plantarum de Ray, p. 14, notre surprise fut grande de trouver son Gra- minifolia palustris repens, vasculis granorum Piperis aemulis, classé parmi les plantes dépourvues de fleurs (flore carentes), c'est-à-dire, dans les cryptogames, à ( 261 ) la suite des Fougères. L'Élatiné devenue un crypto- game ! comment Buxbaum a-t-il pu faire une telle bévue ? Remarquons d’ailleurs que la plante de Ray a les feuilles capillaires (folia capillacea), ce qui l’éloigne entièrement des Élatinés. Plukenet, de son côté, dans son A/magestum Botanicum, p. 246, place le Graminifolia de Ray parmi les mousses, sous le nom de Muscus aureus capillaris palustris inter folia folliculis rotundis (ex sententia D. Doody) quadripartilis, et il en donne le dessin plan- che 48 fig. 1. Tout cela n’a rien de commun avec la plante phanérogamique décrite et figurée par Buxbaum. Il fallait done rechercher ce que c'est que Graminifolia vasculis granorum Piperis aemulis de Ray? Vous allez rire de la balourdise de Buxbaum, c’est tout bonnement la Pilulaire, Pilularia globulifera, qui a réellement les fruits semblables à des grains de poivre. Ouvrez les Species Plan- tarum de Linné, p. 1565, et l'English Flora de Smith, IV, p. 542, vous en aurez la preuve. Ainsi Buxbaum a commis l'étrange bévue de donner la Pilulaire comme synonyme à son Élatiné, et puis il a commis cette seconde bévue de donner à un Élatiné un nom emprunté à la Pilu- laire. Prendre la Pilulaire pour un Élatiné et donner à cet Élatiné le nom de la Pilulaire, c’est par trop fort. Riez-en tant que vous voudrez, mais c’est ainsi. Et voilà pourtant comment le nom d'Hydropiper est devenu spécifique chez les Élatinés, C’est incroyable, mais tenez pour certain que la grosse balourdise de Buxbaum occu- pera un rang distingué dans le grand bêtisier scientifique. De tout ce qui précède, nous concluons : 1° Que l'E. Hydropiper de Linné est une espèce collective, compre- nant toutes celles à feuilles opposées, et sans caractères applicables à aucunes d'elles en particulier. 2° Que les ( 262 ) considérations données par M. Fries, dans sa Summa, p. 161, pour déterminer l'espèce archétype de Linné, considérations tirées de la plus ou moins grande abon- dance de telle ou telle forme en Suède et en Lapponie, ne sont d'aucune valeur, en présence du texte formel de la Flora Lapponica, de la Flora Suecica et des Species Plan- tarum, où Linné réunit l'espèce à fleurs sessiles à celle à fleurs pédonculées et même celle à fleurs trimères, ce qui constitue, au plus haut degré, une espèce collective. 5° Que le nom d’Hydropiper est le fait d'une incroyable balourdise de Buxbaum, confondant l'Élatiné avec la Pilulaire et donnant au premier le nom caractéristique du second, en sorte que l’Elatine Hydropiper doit son nom à la Pilularia globulifera. 4° Que ce nom, ne s'appliquant à aucune espèce en particulier, a été attribué à toutes les espèces tétramères nouvelles, et a jeté ainsi la confusion parmi ces espèces. En sorte que, dans cette situation, ce nom col- lectif, qui ne s'applique à aucune espèce en particulier, doit être rejeté comme nom spécifique, ainsi qu'on l'a fait pour le Valeriana Locusta, le Medicago polymorpha, l'Ophrys insectifera, etce., sauf à le réserver pour indiquer la série entière des espèces à feuilles opposées. V. Nous avons dit que l'E. Hydropiper de Linné est une espèce collective et comprenant un grand nombre d’es- pèces distinctes parfaitement caractérisées. M. Hardy, dans sa Monographie des ELarine de la flore Belge, en a donné l'historique et nous ne pouvons qu'y renvoyer, en nous bornant à donner le tableau chronologique des espèces formées aux dépens de l'E. Hydropiper de Linné. Ce tableau prouvera que cette espèce est collective. ( 265 ) 1791. Elatine triandra Schk. Handb., 1, p. 545, t. 109:. 1808. Elatine hexandra DC Ic. rar., p. 14, t. 45, f. 1. 18... Elatine major Al. Braun in Sy/l. pl. nov., I, p. 85. 1824. Elatine tripetala Sm. Engl. Fl., I], p. 245. 1827. Elatine siphosperma Dmrt. Prodr. FL. Belg., p. 11. 1827. Elatine majuseula Dmrt. Prodr. FI. Belg., p. 111. 1827. Elatine macropoda Guss. Proûr. Sicul., p. 475. 1852. Elatine Schkuhriana Hayne in Rehb. F1. exc., p. 639. 1857. Elatine Hydropiper-pedunculata Moris F{. Sard., 1, p. 287, 20, 1. 2: 1859. Elatine orthosperma Düben ex Fries Summ., p. 161. 1859. Elatine Fabri Grenier Mém. Soc. sc. Besanc., 1839. 18... Elatine nodosa W. Arnott. in Edimb. Journ. nat. se., 1, p. 451. 18... Elatine spathulata Gorski in Eichwald Vaturhist. Skizze v. Lithauen. 1842. Elatine paludosa Seub. £latinarum monographiu, p. 52. 1842. Elatine campylosperma Seub. ibid., p. 49. Voilà donc quinze espèces d'Europe créées aux dépens de l'E. Hydropiper de Linné. Il faut y ajouter trois espèces étrangères à l'Europe, les £. minima, ambiquu et gratioloides. Sans doute parmi ces espèces il y a des dou- bles emplois, comme c'est toujours en pareil cas, avant qu'elles soient bien définies, mais parmi elles il s'en trouve beaucoup qui sont parfaitement caractérisées. Examinons donc les caractères qui les distinguent entre elles et débrouillons ces quinze espèces. VE Les Élatinés à feuilles opposées ont tous un port sem- blable ; ce sont de très-petites plantes rampantes sur le limon, qu'un œil inattentif confondrait entre elles. Mais en examinant leurs caractères et en les étudiant de près, on ( 264 ) y voit des différences considérables. La plupart ont la fleur à quatre divisions, d’autres à trois divisions; les unes ont huit étamines, d’autres six, d’autres seulement trois; le calice, ordinairement à quatre divisions, en présente trois dans d’autres, quelquefois deux seulement; les fleurs ordi- nairement sessiles, sont parfois longuement pédonculées. Tout cela offre des caractères entièrement différents, mais les graines présentent des dissimilitudes non moins grandes. Parfois elles sont à peu près droites, souvent on les trouve légèrement arquées, d’autres fois elles pré- sentent la forme d’un hamecon, enfin on trouve d’autres espèces où elles sont recoquillées sur elles-mêmes en une spire unique. Ces caractères des graines sont de la plus haute importance pour la distinction des espèces. La première espèce qui ait été détachée de l'E. Hydro- piper de Linné, est l'E. triandra de Schkuhr, si bien caractérisée par ses trois élamines, mais surtout par son calice à deux sépales, qui ne se retrouve que dans cette seule forme. Schkuhr et après lui Drèves et Hayne con- servent le nom d'E. Hydropiper pour l'espèce tétramère à graines recourbées en siphon, qui est notre E. siphos- perma. Peu après, De Candolle dans ses Jcones plantarum rariorum Galliae, p. 14, fait, à son tour, de la variété B des Species de Linné, son ÆE. hexandra, conservant le nom spécifique d'Hydropiper pour l'espèce tétramère à graines droites, qui est celle de Vaillant, citée par Linné. L'E. hexandra a été désignée plus tard par Sir James Smith, dans son English Flora, sous le nom d'E. tripetalu qui en est synonyme. En créant son E. hexandra, De Candolle déclare que jamais il ne se transforme dans l'autre. J'ai vu, dit-il, plus de six cent plantes de cette ( 265 ) espèce dans les environs de Nantes, sans jamais y avoir observé la moindre modification : Sexcenta specimina vidi circa Nannetes et nullam aberrationem discernere potui. Il ajoute que Vaillant et Desportes ont constaté la mème constance spécifique. Cela n'a pas empêché M. Seubert de réunir plus tard ces deux espèces sous le nom d’E. pa- ludosa, en quoi il a été suivi par MM. Grenier et Godron, dans leur Flore de France. Cette réunion n’est nullement fondée, et les deux espèces de De Candolle sont parfaite- : ment distinctes. En voici la preuve. L’E. hexandra est trèés-répandue en Belgique, dans le pays de Beaumont et de Chimay, dans la Campine et en Flandre, or jamais on n'y a rencontré un seul pied de l'E. Hydropiper de De Candolle, qui est notre E. majuscula. Voilà bien la preuve que ces deux plantes ne sont pas des variétés, mais des espèces bien distinctes. En 1827, reconnaissant que, sous le nom d'E. Hydro- piper, on confondait des espèces essentiellement différentes, et ayant observé que leurs graines, entièrement dissem- blables, caractérisaient ces espèces en les distinguant facilement l’une de l’autre, nous avons créé, dans notre Prodrome de la Flore Belge, p. 111, les E. siphosperma et majuscula. La première, remarquable par ses graines courbées en siphon, représente l'espèce d'Allemagne figurée par Schkuhr; la seconde, dont les graines sont à peine courbées et presque droites, est l'espèce française décrite et figurée par De Candolle. L’E. siphosperma à été plus tard, en 1855, désignée par Hayne, dans la Flora excursoria de M. Reichenbach, sous le nom d'E. Schkuhriana, qui en est synonyme. Quant à notre E. majuscula, plusieurs lui donnent pour synonyme l'E. major de M. Alex. Braun, mais toutes nos recherches ( 266 ) ne nous ont pas fait découvrir l'ouvrage où il l’a décrite, qui n'est pas même cité par M. Pritzel. Tout ce que nous en savons est par le Compendium de Bluff et Fingerhutt, vol. 1, p. 51%, où se trouve rapportée la phrase spécifique de M. Alex. Braun, ainsi conçue : E. major, foliis oppo- silis, floribus alternis pedunculatis, 4-petalis, S-andris, 4 gynis, calyce tetraphyllo. Cette diagnose, ne donnant pas la forme des graines, peut s'appliquer à la plupart des espèces tétramères, en sorte qu’on ne peut rieu pré- ciser à son égard. La même année 1827, Gussone, dans son Prodromus Florae Siculue, p. #75, décrivait son E. macropoda. Une forme de cette espèce a été publiée en 1859 par M. Grenier sous le nom d'E. Fabri, dans les Mémoires de la Société des Sciences de Besançon. En 1859, Düben dans le Botaniska Notiser de Lindblom, publia son E. orthosperma, très- voisin de l'E. siphosperma, dont il ne diffère que par ses graines droites et que M. Fries, dans sa Summa, pp. 59 et 161, regarde comme en étant une variété. LE. spathulata de Gorski parait lui appartenir, comme l'E. nodosa de W.Arnott appartient à l'E. siphosperma. Enfin, en 1857, Moris, dans sa Flora Sardoa, publia une plante voisine de VE. macropoda de Gussone, sous le nom d’E. Hydropiper- pedunculata, plante dont M. Seubert a fait son E. cam- pylosperma. C'est peut-être la plante de M. Alex. Braun. Après toutes ces découvertes, il manquait une mono- graphie des Elatinées; c’est ce qu'entreprirent M. Seubert et M. Hardy. L'Elatinarum Monographia de M. Scubert, publiée dans les mémoires de l'Académie des eurieux de la nature, et dont Walpers a reproduit les diagnoses dans son Repertorium, t. 1, p. 285, contient dix espèces d'Élatinés, dont trois sont exotiques, les £. minima, ambigqua, et ( 267 ) gratioloides. Parmi les sept espèces d'Europe, deux lui sont propres : les E. campylosperma, dont nous venons de parler, et paludosa. Nous avons dit que cette dernière est mal établie et réunit deux espèces distinctes qui ne con- fondent jamais, les £. majuscula et hexandra. La monogra- phie des Élatinés de M. A. Hardy, publiée dans le Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, séance de décembre 1871, est très-intéressante, par les soins qu'il a mis à recueillir tout ce qui concerne lhistori- que de ces petites plantes. Il en décrit huit espèces, toutes propres à l'Europe; aucune d'elles n'est nouvelle. Les localités y sont indiquées avec le plus grand soin. VIT. Après avoir fait l'examen critique des espèces d'Élatinés publiées jusqu'à ce jour, il nous reste à parler d’une espèce nouvelle qui fait l'objet essentiel de cette notice ; Notre jeune confrère M. Hardy est doué d’une incroyable puissance attractive pour les Élatinés ; partout où il va, il en trouve ; ces rares petites plantes semblent naitre sous ses pas. À l'automne dernier, en visitant les étangs situés à Sautin entre Sivry, Rance et Montbliart, dans le pays de Chimay, il mit la main sur un petit Élatiné tétramère qui y croit en abondance sur la vase des schistes. M. Hardy voulut la soumettre à notre examen, et nous y reconnümes une espèce inédite, bien caractérisée, que nous crûmes devoir dédier à l’auteur de cette découverte et de la mono- graphie des Élatinés, en la nommant Elatine Hardyana. L'E. Hardyana est une petite espèce rampante, croissant en abondance sur le limon asséché des étangs en Hainaut, à Sivry, Rance et Montbliart. Ses tiges, qui n'ont que quelques pouces de longueur, sont nombreuses, très- ( 268 ) rameuses, couchées, radicantes, et munies de feuilles opposées. Feuilles lancéolées, obtuses, atténuées en pétiole plus court que le limbe. Fleurs axillaires, sessiles, tétra- mères, alternes, calice à quatre divisions ; quatre pétales, huit étamines et quatre styles. Capsule déprimée, s'ou- vrant en trois valves. Graines recourbées sur elles-mêmes, involutes et comme coquillées, celles du bas recourbées en siphon. Cette espèce, qui se distingue au premier coup d'œil, diffère de toutes les autres par la forme de ses graines. Ses rapports sont avec l'E. siphosperma et surtout avec la forma terrestris de Seubert, mais jamais nous n'avons observé, dans cette plante, la disposition des graines que nous trouvons ici. L'E. siphosperma a les graines en fer à cheval ou en forme d'un hamecon, avec une de ses extrémités plus longues que l’autre. C'est ainsi qu'elles ont été figurées par Schkuhr, par Drèves et Hayne, par Seu- bert et que nous même les avons toujours observées. L'E. Hardyana, au contraire, a les graines enroulées, ce qui est tout différent. Il nous parait impossible de réduire à une seule espèce des plantes douées de graines si dis- semblables. M. Hardy nous annonce encore qu'il a observé en Hai- naut une espèce d'Élatiné triandre à calice composé de trois sépales. A cette forme, appartient, sans aucun doute, l'E. triandra de M. Grenier (Flore de la chaîne Jurassique, p. 129), qui reproduit ces caractères et surtout celui du calice à trois sépales sous une fleur triandre. Elle est répandue dans la Bresse parmi tous les étangs du canton de Chaussin, où elle parait avoir été découverte par Michalet. Mais M. Grenier fait erreur en disant qu'il a pu constater avec Michalet, et sans contestation possible, que ( 269 ) l'E. triandra a toujours le calice à trois sépales et « que le calice diphylle, indiqué pour cette espèce par Schkubr, Koch, Drèves et Hayne, ete., est une anomalie, un état exceptionnel, si ce n'est point une erreur. » Il est évident que M. Grenier n'a jamais observé le véritable Æ. triandra, dont le calice est toujours à deux sépales. S'il l’avait étudié, il aurait vu que cette prétendue anomalie y offre un carac- tère constant et spécifique, invariable dans tous les exem- plaires de l'espèce. M. Hardy a déjà critiqué avec raison cette opinion de M. Grenier, dans sa monographie des Elatinés, p. 16, en faisant remarquer que le calice à deux sépales est l'état normal de l'E. triandra, comme le disent tous les auteurs. Il y a donc ici très-probablement une espèce confondue, que nous nommerions volontiers E. ter- nata, mais nous attendrons de l'avoir étudiée vivante pour nous prononcer définitivement à son égard. VIIT. Il suffit d'avoir étudié ces petites plantes, pour voir qu'à travers une similitude apparente, elles offrent des caractères distinctifs de premier ordre. Si on les range suivant le nombre des étamines, on aura les divisions sui- vantes : *Huit étamines, 1. Elatine Alsinastrum L, 2. — siphosperma Dmrt. 3. — campylosperma Seub. 4. — majuseula Dmrt. 5. — macropoda Guss. 6. — orthosperma Düben. 7. — Hardyana Dmrt. **Six étamines, 8. Elatine hexandra DC. (270 ) ***Trois étamines. 9. Elatine triandra Schk. 10. — minima Fischer et Meyer. A1. — ambigua Wight. 12. — gratioloides Cunningham. Si, au contraire, on les range d'après la forme des grai- nes, on aura les divisions suivantes : *GRAINES PRESQUE DROITES, LÉGÉREMENT COURBÉES. a) Espèces tétramères. 4. Elatine Alsinastrum L. 2. — majuscula Dmrt. 5. — orthosperma Düben. 4. — macropoda Guss. b) Espèces trimères. 5. Elatine hexandra DC. 6. — triandra Schk. 7. — ambigua Wight. 8. — minima Fischer et Meyer. 9. — gratioloides Cunningham. **GRAINES RECOURBÉES SUR ELLES-MÈMES. a) Espèces tétramères. 10. Elatine siphosperma Dmrit. 11. — campylosperma Seub. 42. — Hardyana Nob. (271) On voit par là les différences sensibles que présentent les diverses espèces d'Élatinés à feuilles opposées, car pour ce qui est de l'E. Alsinastrum, sont port et ses feuilles verticillées en font un être à part. Toutes les espèces ont d'ailleurs les feuilles stipulées, que leurs feuilles soient opposées ou quaternées. Mais l'E. Alsinas- trum diffère des autres par un caractère particulier : son placentaire est globuleux, tandis qu'il est étroit et lan- céolé dans les espèces à feuilles opposées. Ce caractère déterminera la section des espèces à feuilles verticillées. IX. Parmi les espèces d'Élatinés que nous venons d’énu- mérer, il s'en trouve trois étrangères à l'Europe, les E. minima, aimbigua et gratioloides. L’E. minima de Fischer et Meyer, qui est le Crypta minima de Nuttall, est une plante de l'Amérique septentrionale, habitant depuis New-York jusqu'au Missouri; VE. ambiqua de R. Wight est une plante des Indes orientales croissant près de Tan- jore; enfin l'E. gratioloides de Cunningham appartient à la Nouvelle-Zélande; toutes celles-ci ont le calice trifide et sont à trois étamines. Pour ce qui est des neuf autres espèces, elles appartiennent à l'Europe. Parmi elles, il s’en trouve deux caractérisées par leurs pédoncules plus longs que les feuilles, les E. macropoda et campylosperma, qui habitent les régions méridionales de l'Europe. Ces espèces à longs pédoncules se trouvent depuis la Sicile jusqu’à la Loire, et n’ont pas encore été observées au nord de cette ligne, qui semble être l'extrémité septentrionale de leur aire de dispersion, et où M. Lloyd les a recueillies (Ft. de l'Ouest, éd. 2, pp. 98 et 99). L’E. campylosperma, (272) qui est l'E. Hydropiper de Perneau et l'E. Hydropiper- pedunculata de Moris, y est abondante et s'avance jusque dans le Morbihan, ce qui fait croire qu'on pourra peut être la trouver un Jour en Belgique. Nous ne donnerons pas ici la description des diverses espèces d'Élatinés; on les trouve, tant dans la monographie de M. Seubert, que dans celle de M. Hardy, ainsi que dans le Repertorium botanices systematicae de Walpers. Nous renvoyons à ces ouvrages. Mais nous ne pouvons nous empêcher de parler des espèces de notre flore ; ce sera une occassion de montrer combien celle-ci a été appauvrie dans ces derniers temps. Dans notre Prodrome, publié en 1827, c'est-à-dire, il y a 46 ans, nous avions déjà indi- quée cinq espèces belges d'Élatinés : les E. triandra, hexandra, siphosperma, majuscula et Alsinastrum. Le- jeune et Courtois, dans leur Compendium, avaient repro- duit ces einq espèces : Hannon, dans sa Flore Belge, en énumère quatre espèces : les E. hexandra, siphosperma, majuscula et Alsinastrum. L'auteur du Manuel de la Flore de Belgique, au contraire, qui a adopté pour système d'effacer tous les travaux de ses devanciers, en est arrivé à réduire, dans son ouvrage, le nombre des Élatinés indi- gènes à une seule espèce, l'E. hexandra. Afin de montrer combien ce système, tout personnel, est préjudiciable à l'étude des plantes indigènes, nous allons donner l'indica- tion, les caractères, et les localités de nos espèces indigènes, que nous extrayons de notre Flore Belge, jusqu’iei inédite. Cette comparaison pourra être utile pour montrer la richesse réelle de notre flore, si malheureusement appau- vrie par la prétention d'effacer les travaux des anciens. (273) ÉLATINÉS DE LA FLORE BELGE. ELATINEAE Dmrt. (1827); Camb. (1829). Elatineae Dmrt. Prodr. Fl. Belg., p.111, (1827); Cambessè- des in Mém. Mus., XVII, p. 225 (1829). ELATINE L. $ 1. Potamopitys Dmrt.,l. c. (1827); Seub. Elatin. Monogr., p. 56 (1842). Placentarium globulare. Folia verticillata. 4. E. Alsinastrum L. foliis floribusque verticillatis. Alsinastrum galiifolio Vaill. Bot. Paris., p. 6, t. 1, fig. 6. E. Alsinastrum L. Sp. Pl., 527; Seub. Elatin. Monogr., p. 66, t. V; Dmrt. Prodr., p. 111 ; Hardy Monogr., p. 19. Habite aux bords des étangs et des fossés dans le Luxembourg (Tinant ! Linden !), dans le Limbourg aux lieux marécageux du Ravelbosch (Nyst !), en Flandre près de Gand (Desmazières! Hocquart), de Condé (Hécart), dans la vallée de la Moselle près de Trèves (Schäfer, Wirtgen), près de Cologne (Sehlmeyer :). $ 2. Elatinotypus Dmrt. I. c. (1827); Elatinella Seub. 1. c., p. 46 (1842). Placentarium lanceolatum. Flores tetrameri, octandri. Folia opposita. 2. E. siphosperma Dmrt. floribus subsessilibus tetrameris octandris, seminibus hamato-recurvatis. E. Hydropiper L. pro parte; Schkuhr Handb., 1, p. 345, t. 106 f. 1; Drèves et Hayne PI. d'Eur., HT, p. 34, t. 71, fig. A ; Seub. Elatin. Monogr., p. 46, t. 5, f. 1-8. E. siphosperma Dmrt. Prodr., p. 111 (1827); Hann. F1. Belg., I, p. 80; Hardy Monogr., p. 25. E. Schkubhriana Hayne in Rchb. F1. excurs., p. 639 (1852). Habite les fossés sablonneux près d’Utrecht au Bildt! près Dortrecht, Papendrecht, Sliedrecht, Krimpen, etc. (van der Sande Lacoste), dans la campine hollandaise vers Bois le Duc (Hoven). 3. E. Hardyana Dmrt. floribus sessilibus tetrameris octandris, semini- bus involutis. 22 (274) Habite en abondance les étangs asséchés entre Sautin, Rance et Mont- bliart en Hainaut (A. Hardy !). 4. E. majuscula Dmrt. floribus pedunculatis tetrameris octandris, seminibus rectiusculis subareuatis. Alsinastrum serpyllifolium flore albo tetrapetalo. Vaill. Bot. Paris., p. 5, t2 02 E. Hydropiper L. pro parte; DC. Je. Gall., p. 15, t. 45, f. 2; Schkuhr Handb., t. 109; Lmk F1. Fr., p. 448, t. 520, f. 2. E. majuscula Dmrt. Prodr., p. 111; Hann. FL Belg., 1, p. 80; Hardy Monogr., p. 22. An E. major Al. Braun. Syll. pl. nov., p.84, ex Bluff et Fingerh. Comp., 1, p- 515? (dubia species). E. paludosa 8 Seub. £latin. Monogr., p. 54. Habite des étangs marécageux près Mons (Desmazières !). $ 5. Birolia Dmrt. I. c. (1827); Birolia Bell. Hém. Acad. Tur., 1809, p. 405. Placentarium lanceolatum. Flores trimeri 5-6-andri. Folia opposita. 9. E. hexandra DC. floribus pedunculatis trimeris hexandris, seminibus rectiusculis. Alsinastrum serpyllifolium flore roseo tripetalo. Vaill. Bot. Paris., p. 5, LUE. 1: E. Hydropiper 8 L. Sp. PI., p. 527. E. Hydropiper Sm. Engl. Bot., t. 955. E. hexandra DC. Ic. Gall, p. 14, t. 45, fig. 1; Dmrt. Prodr., p. 111; Hann. F1. Belg., I, p. 80; Hardy Monogr., p. 20. Birolia paludosa Bell. Mém. Acad. Turin, 1809, p. 405. E. tripetala Sm. Engl. F1., II, p. 245. E. paludosa « Seub. Elatin. Monogr., p. 52, t. 4. Habite les étangs en Campine ! en Flandre ! dans le pays de Chimay, à Rance, Sivry et Couvin (Hardy!), en Eifel (Wirtgen!). 6. E. triandra Schk. calyec disepalo, floribus trimeris triandris, semi- nibus rectiusculis. ; E. triandra Schkuhr Handb., 1, p. 545, t. 109%, f. 2; Drèves et Hayne PI. d’Eur., WE, p. 56, t. 71, fig. B; Seub. Elatin. Monogr., p. 42, t. 2, fig. 1-8; Dmrt. Prodr., p. 111; Hardy Monogr., p. 24. Habite les fossés limonneux, à Frahan près Bouillon (Delogne !), Rance (Hardy), Durtrecht, Sliedrecht et Krimpen (van der Sande Lacoste), dans l’Eifel (Wirtgen!). (275) Notice sur la flore de Wavre et de ses environs, par C.-J. Lecoyer. Le territoire de Wavre et des localités voisines, arrosé par la Dyle et quelques petits affluents, est généralement accidenté; de vastes prairies, parfois fangeuses, comme celles du Manil, de Rosières, Tombeek et Pecrot, occu- pent les parties basses, mais ces fanges, souvent intéres- santes au point de vue botanique, tendent à disparaitre rapidement par l'exhaussement continuel du sol, les travaux d'asséchement et les progrès de la culture. Les collines voisines, couronnées la plupart de pins sylvestres, et dont les points culminants atteignent environ 150 mètres d'altitude, offrent divers sables plus ou moins ferrugineux, mélangés, çà et là, d'argile, de marne ou de grès. La culture s'est emparée des moindres replis du terrain et l'on n'y rencontre plus guère que de loin en loin d’in- signifiants espaces arides et absolument vierges, où la physionomie végétale s’est conservée à peu près intacte ; là encore, est-il difficile de saisir le véritable caractère de la flore, si l’on n'a pas la chance de devancer la faucille ou les premières chaleurs desséchantes de l'été. Plusieurs botanistes distingués ont, à diverses reprises, parcouru cette région, exploré chaque localité et fait connaitre amplement la florule de Wavre, sauf pour quelques espèces rares échappées à leurs recherches, et que je me propose de renseigner ici, tout en confirmant les indications relatives aux plantes intéressantes connues, déjà signalées, et que la culture n’a pas encore fait totalement disparaitre. Parmi les espèces rares que je signale ci-dessous, (276) jattire particulièrement l'attention de mes confrères sur deux d’entre elles, qui sont nouvelles pour la florale de la zone argilo-sablonneuse. Ces espèces sont les Orchis Simia et Liparis Loeselii. Clematis Vitalba L. — Assez abondant par places surtout dans le bois de Laurensart (Gastuche). Myosurus minimus L. — A.R, Ranunculus hederaceus L.— Bierges, dans le ruisseau de Champles; près de la Lasne à Tombeek (Isque). R. — divaricatus Schrk. — A. C. — paucistamineus Tausch. — Ruisseau du pré de Querelles à Wavre. R. R. Obs. — J'ai comparé cette plante à celle provenant de Haeren, et toutes deux m'ont paru identiques. — LinguaL.— Dansles fanges du Manil, Limal et celles de Pecrot. R. — polyanthemus L. var. nemorosus DC. — Bois de Beumont à Wavre. R. — sceleratus L. — C. Nigella damascena L. — Espèce subspontanée sur les rives de la Dyle à Bierges. R. — arvensis L. — Limal (Dandois). Je ne suis pas encore parvenu à retrouver cette espèce. Dianthus Armeria L. — Wavre, Bierges et Limal. R. Saponaria oflicinalis L. — Assez répandu par places à Wavre, Limal et Gastuche. — Vaccaria L. — Quelques pieds dans un champ de seigle, en 1 871, vis-à-vis de la maison Caule à Wavre. Silene venosa Gil. — Wavre. R. Spergularia segetalis Fenzl. — Abondant cà et là dans les moissons à Limal, Wavre et Bierges. Sagina ciliata Fries. — Assez commun dans les moissons à Limal, Bierges et Wavre. (277 ) Sagina nodosa L. — Prairies à Rosières et dans les fanges de Pecrot. R. Holosteum umbellatum L. — À. C. Stellaria nemorum L. — Wavre. À. R. — glauca With. — Fanges de Pecrot. R. Cerastium pumilum Curt. — A. C. — aquaticum L. — Bords de la Dyle à Bierges et Limal. À. R. Radiola multiflora Lmk. — Dans le ravin d’Angoussart à Bierges. Geranium pratense L. —— Dans une saussaie, derrière le moulin de Bierges où il est assez abondant; pelouses du château de Bonlez. Erodium pimpinellaefolium Sibth. — C. Malva crispa L. — Cà et là derrière la Bawette à Wavre. Espèce subspontanée. Monotropa Hypopitys L.—Au centre du bois de Beumont à Wavre R. Androsaemum officinale L. — Un buisson dans la station de la Hulpe. Espèce introduite. Hypericum montanum L. — Sur la berge gauche du chemin allant d’Ottenbourg à Terlaenen (Isque). R. Drosera rotundifolia L. — Lieux humides à Rixensart, Archennes, Pecrot et Tombeek (Isque). Parnassia palustris L. — Répandu çà et là dans la vallée de la Lasne à Rosières, etc. Pyrola rotundifolia L. — Dans le bosquet du Chénoit à Bonlez. R. — minor L. — Les Saussales à Bierges. R. R. Reseda Luteola L. — Bierges et Gastuche. R. Corydallis solida Sm. — Haies à Wavre, Ottenbourg et Terlaenen (Isque). À. C. Fumaria capreolata L. — Un pied sur le bord de la Dyle à Bierges. — densifiora DC. — Assez abondant par places vers le Godru à Wavre. Barbarea lyrata Gil, var. stricta. — Bord d’un fossé près de la Dyle à Limal. Diplotaxis tenuifolia DC. — Talus du chemin de fer entre Gastuche et Archennes A. C. | ( 278 ) Lepidium campestre R. Br. — Bierges, Wavre et entre Gastuche et Archennes. R. et A. R. Genista anglica, L. — C. — pilosa L. — Rare dans le ravin Caule à Wavre et assez com- mun sur les collines de Gistoux. Ononis repens L.—- A. C. Melilotus officinalis Desr. — Très-rare à Wavre et moins rare entre Gastuche et Archennes. Vicia lathyroides L. — Moissons derrière la Bawette à Wavre. R. Lathyrus sylvestris L. — Bords de la route de Limal ; lisière infe- rieure du bois de Beumont à Wavre. A. R. — Aphaca L. — Entre Bylande et Terlaenen. Peplis Portula L. — Le Plaigneau à Limal. R. Herniaria birsuta L. — Assez répandu çà et là à Wavre et Bierges. Sedum elegans Lej. — Sur les murs d’une vieille chapelle près de la ferme Demolder à Wavre. R. Sempervivum tectorum L. — A.C. Comarum palustre L. — Fange du Plaigneau à Limal R. K. Alchemilla vuigaris L. — Près du chemin de fer à Bierges. R. Myriophyllum verticillatum L. var. pinnatifidum et pectina- tum Wallr. — A. C. Hydrocotyle vulgaris L. — Tombeek et Terlaenen. A. R. Oenanthe aquatica Lmk. var. latifolia. — Bierges, Wavre et Gastuche. À. C. Ribes Uva-crispa L. — Le Manil (Limal). A. R. Chrysosplenium oppositifolium L. — Le Manil, Bierges, et pro- bablement ailleurs. A. R. Centunculus minimus L. -— Près de la fange du Plaigneau à Limal. A. R. Plantago media L. — Vers Bonlez. A. C. Cuscuta major DC. — Sur le houblon aux Quatre-Chemins à Wavre, et à Limal. Es (279 ) Cuscuta Epithymum Murr. — C. C. Lycopsis arvensis L. — A. C. Cynoglossum oflicinale L. — Berge vis-à-vis de la ferme de Woelmont à Gastuche. R. Nicandra physaloides L. — Répandu dans plusieurs jardins à Wavre. Espèce introduite. Lycium barbarum L. — C.C. Verbascum nigrum L. — Cimetières de Grez et Bonlez. R. Veronica montana L. — Bois de Rixensart et de Laurensart (Gas- tuche). A. R. Pigitalis purpurea L. — Wavre. R. R. Utricularia neglecta Lehm. — Abonde dans la fange du Plaigneau à Limal; assez rare au Manil et à Pecrot. Calamintha Acinus Clairv. — Abondant vis-à-vis de la maison Caule à Wavre. Nepeta Cataria L.— Wavre et Bierges. A. C. Galeopsis villosa Huds. — Abonde à Angoussart (Bierges). Marrubium vulgare L. — ÇCà et là à Limal, Bierges, Wavre ct Ottenbourg. Leonurus Cardiaca L. — Répandu par places à Rixensart vers le Bourgeois. Phyteuma spicatum L. — C. — — var. nigrum. —- Bonlez et Gistoux. A. R. Viburnum Lantana L. — Bois de Laurensart (Gastuche). R. R. Dipsacus pilosus 1 — Abondant dans un endroit du bois de Lau- rensart (Gastuche). Onopordon Acanthium L. — Wavre, Florival (Archennes). R. R. Cirsium oleraceum Scop. — Abondant dans la vallée de la Lasne à Rosières, etc. Antennaria dioeca Gärtn. — Wavre et Gistoux. A. R. Filago apiculata G.-E. Smith. — Wavre. C. — arvensis L. — Vis-a-vis de la maison Caule à Wavre. R. R. ( 280 ) Seneclo Fuchsit Gmel. — Bois et haies sur la rive droite de la Lasne à Bierges, Rosières, Ottenbourg et Tombeek ([sque). A. R. Hypochoeris glabra L. — Ottenbourg. A. R. Leontodon hispidus L. — C. C. Lactuca muralis Less, — Chemin encaissé descendant d'Ottenbourg à Terlaenen. R. R. Crepis paludosa Mônch. — Vallée de la Lasne. A. C. Euxolus viridis Moq.-Tand., — Infeste le jardin de l’École moyenne à Wavre. Chenopodium murale L. — Rixensart, vers le Bourgeois et Pecrot. A. R. Blitum Bonus-Henricus Rchb. — Limal et Ottenbourg. R. Polygonum Bistorta L. — Assez répandu par places dans la vallée de la Lasne et vers Gistoux. Ceratophyllum demersum L. — Le Plaigneau à Limal et Wavre. Butomus umbellatus L. — Rixensart. R. R. Allium ursinum L.— Abonde dans le bois de Bylande à Wavre et celui de Laurensart (Gastuche). Tamus communis L. — Bois de Laurensart (Gastuche). R. R. Orchis purpurea Huds. — Bois de Laurensart, vis-à-vis du canal. Obs. -— Cette intéressante espèce a déjà été signalée par M. Baguet. — Simia Lmk. — Sur la lisière au bois des Templiers à Wavre (2 pieds). — incarnata L. — Entre Florival et Pecrot. A. R. Gymnadenta conopsea R. Br. — Tombeek (Isque) et dans les fanges de Pecrot. A. C. — viridis Rich. — Limal, Rosières, Gistoux et Pecrot. A. C. Platanthera bifolla Rchb. — Pecrot. R. R. — montana Rchb. — Bois de Laurensart (Gastuche). A. R. Epipactis palustris Crantz. — Tombeek et Pecrot. A. C. Neottia Nidus-avis Rich. — Derrière le Chalet au bois de Laurensart (Gastuche). R. Liparts Loesellt Rich. — Assez abondant dans les fanges de Pecrot. ( 281 ) Hydrocharis Morsus-ranae L. — Je ne l’ai encore rencontre qu'à Wecrt-St-Georges. Triglochin palustris L. — Le Plaigneau à Limal et Pecrot. A. R. Potamogeton alpinus Balb. -— Abondant dans les fossés du Manil à Limal. — pectinatus L. — Dans la Lasne à Terlaenen (Isque). À. C. Zannichellla palustris L. — Abonde dans un étang à Rixensart. Juncus capitatus Weig. Assez abondant dans un champ sous le Ri de Fétry à Rosières. — obtusifiorus Ehrh. — Dans la vallée de la Lasne au Plaigneau, Rosières, ete. C. C. Luzula sylvatica Huds. — Bois de Rixensart, à la source du ruisselet. R. Carex pulicaris L. — Tombeek et Pecrot. A. R. — paniculata L. — Le Plaigneau à Limal. A. C. — — var. simplicior, — Le Plaigneau. C. — Pseudo-Cyperus L. — Pecrot. R. — spadicea Roth. — A. C. — riparia Curt. — Le Manil et Bierges. R. Scirpus pauciflorus Lightf. — Rare au Plaigneau et assez commun à Pecrot. — setaceus L. — Limal et Rosières. A. R. Corynephorus canescens P. B. — C. Danthonia decumhens DC. — Bicrges et Rosières. A. R. Melica uniflora Retz. — Bois de Laurensart (Gastuche). C. C. Catabrosa aquatica P. B. — Abondant par places à Limal ; assez commun à Wavre, Bierges, Gastuche et Pecrot. Festuca loliacea Curt. — Sous le moulin de Bierges sur rive droite de la Dyle. A. C. — gigantea Vill. — Les Saussales à Bierges. A. C. Brachypodium sylvaticum P. B. — A. C. Agropyrum caninum R. et S. — Bois de Bonlez, Laurensart et vers Isque. R. ( 282 ) Scolopendrium vulgare Symons. Environs d’Isque. R. Asplenium Adianthum-nigrum L. — Près de Vieux-Sart. R.R, Cystopteris fragilis Bernh. — C. Polystichum Thelypteris Roth. — Le Plaigneau et Pecrot. R. Aspidium lobatum Huds. — Près de Vieux-Sart, à Terlaenen (Isque). R. Botrychium Lunaria Sw. —Au Chénoit à Bonlez, près du bosquet. R. Equisetum sylvaticum L — Assez abondant à la lisière du bois de Rixensart. Relation d’un voyage au Laacher-see en juin 1872, par Armand Thielens. Nous sommes partis en compagnie de nos amis et collègues MM. C. Vanvolxem et Hayez pour nous rendre directement à Mayence, d’où nous avons descendu le Rhin jusqu'à Andernach, après nous être arrêtés à Co- blence et à Ems. A 2 lieues environ d'Andernach, nous fûmes visiter à Bleidt, d'immenses carrières de trass et à Niedermendig (une lieue plus loin) les exploitations de lave dont l'on extrait les pierres meulières; les galeries sont à 100 m. environ sous terre et les carrières abandonnées sont louées aux fabricants de bière de Neuwied, Mülheim, ete., qui en font leurs entrepôts; seulement il est prudent, quand on y pénêtre, de se prémunir contre le froid qui y est très-vif et la bière qu'on y boit est tellement glacée qu'on est obligé de la chauffer avant de la prendre. De ce village, pour se rendre au Laacher-see, (but prineipal de notre voyage dans cette contrée , on passe au-delà d’Obermendig, près de Bell, où s'exploite une carrière de pierres à four qui résistent au feu. ( 285 ) Après avoir gravi une forte côte, on découvre tout à coup l’immense lac, aux bords duquel est bâtie la belle et riche abbaye de Maria-Laar. Rien d’imposant comme cette grande masse d’eau de deux lieues environ de circonférence, de 2900 mètres de longueur sur 2655 mètres de largeur, avec une profon- deur de 71 mètres, et située à 222 mètres au dessus du niveau du Rhin; ses eaux, d'un beau bleu et d'une admirable clarté, sont extrêmement froides et nourrissent d'excellents poissons. Au nord et à l'est, les collines sont abruptes et entière- ment boisées; à l'ouest leur pente est douce et des prairies s'étendent du bord de l’eau jusqu'à la lisière de la forêt, qui couronne leurs croupes ; au sud, se dressent des hauteurs nues et incultes, dont l’aridité contraste avec la riche végétation de celles qui leur font face. On ne peut douter que ce lac ne soit le cratère d’un ancien volcan ; ses bords sont couverts de scories, de laves et de cendres. Après un excellent diner composé de poissons du lac et arrosé d’un bon vin du pays, nous allämes sonner à la porte de l'abbaye. Bâtie en 1095, elle devint bientôt la résidence des moines Bénédictins; sécularisée pendant la domination française, elle fut détruite, sauf l'église, par un violent incendie qui éelata pendant l'hiver de 1855 : rebâtie quelque temps après par ordre du Gouvernement, elle fut louée à l’ordre des Jésuites, qui, après l'avoir habitée jusqu'à ce jour, viennent, par le récent décret de Monsieur de Bismark, de s'en voir expulsés. Un Belge, le père Renard, naturaliste distingué, nous fit, avec beaucoup de complaisance, les honneurs du couvent: il nous fit voir notamment la bibliothèque, une ( 284 ) des plus riches de l’Allemagne, et les collections scientifi- ques dont il est le conservateur. Disons en passant que le savant religieux nous fit cadeau d'une belle collection de produits volcaniques et d'un exemplaire de sa Florule du Laacher-see; celle-ci comprend une liste de 1174 phanérogames. Après avoir visité l'église, dont l'architecture nous offre un des échantillons les plus parfaits et les plus complets qui existent du style roman et où l'on entend un écho multiple unique dans le monde entier, nous primes congé du père Renard, puis nous traversàmes lelac en barquette, afin d'aller visiter sur la rive septentrionale une Moffette, espèce d’entonnoir d'un mètre environ de profondeur, d'où se dégage parfois un air méphitique qui tue les oiseaux et les petits mammifères qui s’aventurent sur Îles bords. Bien que nous allions visiter le Laacher-See en simples aniateurs, nous n'oubliâmes point la botanique et nous pümes observer les plantes suivantes : , Actaea spicata L. Bromus asper Murr. Agrimonia Eupatoria L. — mollis L. Agrostis alba L. Calepina Corvini Desv. (2 pieds). — canina L. Caltha palustris L. Alchemilla vulgaris L. Campanula glomerata L. Alopecurus fulvus Sm. — persicifolia L. — geniculatus L. — Trachelium L. Anthyllis Vulneraria L. Cardamine impatiens L. Asperugo procumbens L. — sylvatica Link. Asperula odorata L. Carex acuta L. Asplenium Filix-fæmina Bernh. — ampullacea Good. — Trichomanes L. — canescens Good. Avena flavescens L. | — Oederi Ehrh. Barbarea vulgaris R. Br. — elongata L. Betonica officinalis L. — flava L. Borrago officinalis L. — hirta L. Carex leporina L. — muricala L. — paludosa Good. — paniculata L. — pilulifera L. — pseudo-Cyperus L. — pulicaris L. — remota L. — riparia L. — stellulata Good. — teretiuscula Good. — vesicaria L. — vulpina L. Centaurea Cyanus L. — Jacea L. Chelidonium majus L. Chenopodium vulvaria L. Chondrilla juncea L. Cirsium palustre Scop. — Sp.? Corynephorus canescens P. B. Delphinium Consolida L. Echium vulgare L. Eleocharis palustris R. Br. Epilobium hirsutum L. — palustre L. — roseum L. Epipactis latifolia AI. — palustris. Crantz. Equisetum hyemale L. — sylvaticum L. Eupatorium cannabinum L. Euphorbia Cyparisias L. — Esula L. — helioscopia L. — strieta L. Euphrasia officinalis L. Festuca arundinacea Schreb. — gigantea Vill. ( 285 ) Filago spathulata Presl. Fragaria collina Ehrh. — vesca L. Fumaria offinicalis L. — Vaillantii Lois. Geranium molle L, Geum rivale L. Glyceria aquatica Presl. — fluitans R, Br. — spectabilis M. et K. Gymnadenia conopsea R. Br. Helleborus viridis L. Herniaria glabra L. Hieracium murorum L. — Peleterianum Mérat. — Pilosella L. Holosteum umbellatum L. Juncus bufonius L. — effusus L. — glaucus Ehrh. — lamprocarpus Ehrh. — squarrosus L. — supinus L. Knautia arvensis Coult. Lactuca muralis Fries. Lathyrus Aphaca L. Lemna trisulca L. — minor L. Leontodon hastile L. Lolium multiflorum Lmk. Luzula maxima DC. Lychnis diurna Sibth. — Flos-cuculi L, Lycopsis arvensis L. Lycopus Europæus L. Lysimachia nemorum L. — vulgaris L. Lythrum Salicaria L. Maianthemum bifolium DC. Melica nutans L. — uniflora Retz. Melilotus officinalis Willd. Mentha aquatica L. Menyanthes trifoliata L. Milium effusum L. Montia rivularis Gmel. Myosotis caespitosa Schultz. — palustris With. —- versicolor Pers. Nasturtium amphibium R. Br. — anceps Rchb. — offilcinale R. Br. Neottia ovata Bluff et Fing. — Nidus-avis Rch. Nuphar luteum Sibth et Sm. Nymphæa alba L. Orchis fusea Jacq. — latifolia L. — maculata L. — Morio L. — ustulata L. Orobus tuberosus L. Oxalis Acetosella L. Paris quadrifolia L. Petasites officinalis Mœnch. Phragmites communis Trin. Phyteuma nigrum Schmidt. Platanthera chlorantha Cust. — bifolia Rehb. Poa Sudetica Hänke. Polygala depressa Wend. — vulgaris L. Polygonum amphibium L. — Bistorta L. Polypodium Dryopteris L. — vulgare L. Polystichum Filix-mas Roth. — spinulosum DC. ( 286 ) Potamogeton crispus L. — lucens L. — natans L. — pectinatus L. — perfoliatus L. Potentilla argentea L. — Tormentilla Nestl. Pteris aquilina L. Pyrola minor L. Ranunculus aquatilis L. — arvensis L. — Flammula L. — fluitans Lmk. — hederaceus L. — sceleratus L. Rhinanthus Alectorolophus Gmel. — minor Ehrh. Rosa ; sp. ? (diverses espèces). Rubus; sp. ? (id.). Rumex crispus L, — sanguineus L. Salix ; sp. ? (diverses espèces). Sanicula europaea L. Saxifraga rotundifolia L. Scirpus lacustris L. — maritimus L, — sylvaticus L. Scolopendrium officinale Sm. Senecio aquaticus Huds. — Jacobæa L. — sylvaticus L. — vulgaris L. Silene inflata Sm. Sonchus asper Vill. Sparganium ramosum Huds. — simplex Huds. — — var. 8 natans With. Specularia speculum DC. Spiræa Ulmaria L. Stachys arvensis L. — palustris L. Stellaria glauca With. — ulig'nosa Murr. Symphitum officinale L. Teesdalia nudicaulis R. Br. Tragopogon minor Gries. — pratensis L. Trifolium fragiferum L. — pratense L. — repens L. Triglochin palustre L. Tussilago Farfara L. Typha angustifolia L. 987 ) Valeriana dioica L. — officinalis L. Valerianella dentata Koch. Veronica Beccabunga L. — hederæfolia L. — officinalis L. — triphyllos. L. Vicia cracca. — hirsuta Koch. — tenuifolia Roth. Viola odorata L. — sylvestris Lmk. — tricolor L. Vulpia sciuroides Gmel. — Jatifolia L. Nous avons noté ces plantes aux environs immédiats du lac et sur la route qui y conduit en venant d'Andernach par Niedermending et enfin du lac à Andernach, en passant par le Brohthal. Nous traversämes ensuite Tœnistein, célèbre par ses eaux minérales sulfureuses, semblables aux eaux de Seltz, puis nous nous engageames dans le Brohthal, vallée pittoresque, devenue célèbre dans les annales de la science par les travaux de Collini, de Delue, de Foster, de de Humboldt et de Nôgerath. On y remarque avec beaucoup d'intérêt des carrières de tuf et des moulins à trass, (matières volcaniques sem- blables, employées comme ciment et ressemblant à la Pouzzolane de Naples), qu'on exporte en quantités consi- dérables en Hollande pour la construction des digues. De retour à Andernach, nous primes le chemin de fer pour Bonn et Cologne et enfin pour Düren, où une autre voie ferrée devait nous transporter à Gérolstein, but principal de notre voyage. ( 288 ) Nous exploràämes pendant plusieurs jours les environs de cette localité, afin d'y étudier la végétation qu'un mois après nos confrères devaient venir visiter à leur tour. Nous retrouvàmes en juillet la majeure partie des plantes que nous avions observées en juin; toutefois les espèces suivantes, disparues à cause de la coupe des foins, de l’état plus avancé de la saison ou pour d’autres motifs, n'ont pas été rencontrées lors de l'herborisation de la société. Geranium pratense L. Orchis militaris L. Lychnis viscaria L. — ustulata L. Orchis fusea Jacq. Neslia paniculata Desv. Compte-rendu de la onzième herborisation générale de la Société royale de Botanique de Belgique (1872), par Armand Thielens. Lorsqu'un botaniste habite une contrée aux limites politiques restreintes, comme est la Belgique, il est néces- saire qu'il étende le domaine de ses explorations dans les pays voisins, surtout si ceux-ci offrent un sol, des altitudes et un climat semblables au sien. Le naturaliste pour parler en connaissance de cause de la flore de sa patrie doit avoir non seulement étudié la végétation des provinces qu'il habite, mais encore celle des pays limitrophes; 1l peut ainsi juger par comparaison de la richesse ou de la pauvreté du sol de son pays ; il établit mieux la statistique générale de son domaine, peut voir plus facilement les végétaux qui lui sont réellement acquis, ceux qu'il espère encore y découvrir, enfin il pourra se faire une idée plus nette de la rareté ou de l’abondance de telle espèce donnée, et identifier plus facilement les formes critiques de sa flore par leur comparaison avec celles des contrées voisines. Tels sont les résultats que le botaniste obtient en pous- Te ee, RE ET VE EE ( 289 ) sant ses recherches au-delà de ses frontières. En concen- trant ses recherches sur un espace trop restreint, le floriste peut verser dans l'erreur ; s’il n’étudie que les plantes de son pays, il est à craindre qu'il se trompe dans ses appré- ciations sur le type, qu'il reconnaisse comme espèce ce qui n’est qu'un jeu ou un caprice de la nature, erreur d’où nait souvent cette multiplieité de forines qu'on voit décrites comme types spécifiques dans beaueoun de Flores. A notre avis, on ne devrait plus s'occuper de la flore de tel ou tel pays, de telle ou telle province ; les bouleverse- ments politiques qu'on voit se produire depuis trois quarts de siècle en Europe, nous prouvent suffisamment que les limites conventionnelles tracées par les traités, n'étant pas respectées par les conquérants, le botaniste peut à son tour et avec plus de raison, se permettre des annexions ; du moins celles-ci ne porteront ombrage à personne, puis- qu'elles sont faites au nom de la science, et la science, toujours libre, toujours indépendante, n'attend pas un congrès de souverains pour fixer les limites de son domaine. Comme preuve que nous ne voulons plus de Flores trai- tant exclusivement de la végétation d’un pays donné, nous citerons un exemple choisi entre cent autres. La France, vaste empire sous le premier Napoléon, réduite sous les Bourbons et les d'Orléans à ses limites anciennes, se voit, sous le second empire, ravir deux belles provinees, mais s’agrandit au midi par l'annexion de Nice et de la Savoie. Lorsque de tels changements s'opèrent dans une con- trée, les Flores doivent nécessairement se modifier. Celles de de Lamarek et de De Candolle s'appliquent à la grande France d'autrefois : celle de MM. Grenier et Godron à un empire moins vaste, enfin il est réservé aux botanistes 23 ( 290 ) français de l'avenir, de la voir diminuer encore, puisqu'ils ne pourront plus mentionner dans leurs ouvrages, les excellents travaux de Kirschleger sur la flore de l'Alsace et de M. Godron sur la Lorraine, dont ils devront distraire la partie orientale. Si les botanistes devaient suivre les fluctuations que la politique fait subir aux Etats, nos Flores seraient comme ces ouvrages de géographie, que les auteurs se voient obligés de modifier chaque fois que des événements de guerre viennent remanier la carte de l'Europe, et l'on verrait s'étaler à la première page de nos ouvrages des titres singuliers dans le genre de celui-ci « Flore de tel pays, mise en concordance avec les derniers traités » ou « modifiée d’après les événements qui se sont produits dans les années... » etc. On ne peut donc raisonnablement admettre que l’on édite la Flore d’un pays donné, que pour autant que les limites politiques de la contrée correspondent avec ses limites géographiques. Pour les pays qui, comme la Belgique, sont renfermés dans des limites conventionnelles, les Flores régionales sont seules admissibles. Les auteurs belges devraient done publier la Flore des bassins des deux grandes fleuves qui traversent notre pays, ou s'occuper de la Florule de telle espèce de terrain, dont certains d'entr'eux, le terrain crétacé, le terrain dévonien, sont parfaitement bien repré- sentés chez nous. Les ouvrages de ce genre aideraient puissamment à élu- cider la question si intéressante de la végétation dans ses rapports avec Île sol; ils mettraient de l'ordre et de la méthode dans les recherches et feraient cesser ce chaos inextricable que l'on voit régner dans les Flores qui ont paru jusqu'à ce jour. (291) Que le lecteur nous pardonne la longueur de notre introduction, mais elle nous était commandée par le sujet même que nous allons traiter. La Société royale de Botanique avait décidé que l’'her- borisation de cette année, aurait lieu dans les montagnes de l'Eifel, aux environs de Gérolstein. Nous ne pouvions qu'applaudir à cette heureuse idée de faire une exploration dans l’Ardenne Prussienne, qui offre plus d'une analogie avec les Ardennes belges et françaises; en effet une grande partie du sol appartient au terrain dévonien; les altitudes, la configuration du sol, le climat, la flore, la faune, tout semble être de la même formation que dans notre pays; seulement la grande chaine de montagnes volcaniques qui traverse l'Eifei, se trouve couverte, sur de larges espaces, de ballons, de lacs, de laves, et offre aux regards étonnés du voyageur un sol tourmenté dont l'aspect est imposant et grandiose ; les montagnes se sont élevées et ont donné un refuge plus assuré aux plantes alpestres, que les modestes collines de nos Ardennes; par suite de ces élévations d'altitude, le climat y est généralement plus froid que dans notre pays. et la végétation parait avoir un retard de quinze Jours au moins sur la nôtre. … Quant à la flore, pour qui a parcouru nos Ardennes, il a pu remarquer que l'Eifel à une flore identique, avec cet avantage qu'il possède plusieurs espèces qui n'ont pas encore été signalées dans la Belgique orientale: il nous suflira de citer Aconitum eminens, Campanula patula, Phyteuma orbiculare, Ribes alpinum et Sedum villosum , les vraies patriciennes de l’Eifel, qu'on ne trouve pas sur notre territoire ou qu'on n'y renseigne qu'avec doute. L'époque choisie pour faire notre exploration avait été (292 ) fixée aux premiers jours de juillet. Nous avons le regret de dire que le moment avait été mal choisi et la triste expérience que nous avons faite nous a appris que quiconque désirerait faire une excursion botanique dans cette contrée, devra choisir une saison plus propice. Les plantes printannières avaient fini leur évolution, et les Orchidées surtout, ces admirables fleurs qui font frémir d'une vraie émotion le plus insensible des botanistes, avaient disparu. Une seule, le Cypripedium calceolus, fut trouvée par M. le Président, dont nous admirons toujours le flair du véritable chasseur de plantes, mais malheureusement, il n’en observa qu'un pied et en- core n'était-il plus en fleurs. Les plantes estivales n’avaient pas encore paru, de sorte que nous étions arrivés à une époque où il était bien difficile de juger de la végétation de la contrée. Ensuite, arrivés dans un pays que la plupart d'entre nous n'avaient pas encore vu, être sans guide, sans renseignements exacts, est un inconvénient très-grave : on perd bien du temps à s'orienter, à chercher sa route, à songer au gite et aux repas, à gravir des montagnes, traverser des bois, longer des prairies, surtout lorsqu'on erre à l'aventure, à la recherche de l'inconnu qui souvent ne se présente pas, alors que quantité de plantes rares se trouvent sur les montagnes, dans les prés et les bois voi- sins, mais que l'on n’a pas visités, parce que le hasard a voulu qu'on s'en écartàt. Lorsqu'une Société se propose de faire une exploration en pays voisins et inconnus, il faut de toute nécessité qu'un botaniste régnicole soit son guide ; 11 peut ainsi abréger les courses, rendre les her- borisations plus attrayantes et plus fructueuses en indi- quant d'une facon certaine, les endroits :que l’on doit visiter et ceux qu'il faut écarter du programme. Tous ( 295 ) nous savons par expérience que la première herborisation que l’on fait dans une contrée inconnue, donne de bien médiocres résultats, et que ce n'est qu'après des visites réitérées que l’on parvient à rencontrer des plantes que l’on était loin de soupçonner de trouver dès labord. Nous avions bien avec nous notre vénérable Président qui avait exploré l'Eifel autrefois, mais après 50 années, on ne se rappelle plus que vaguement ce que lon a observé, car après un demt siècle de distance, la topo- graphie, les stations des bonnes plantes, peuvent bien glisser de la mémoire. Afin de combler cette lacune, et dans le but de faire une reconnaissance de la contrée, nous avions été dépêchés par mandat de la Société pour préparer la grande her- borisation projetée. Qu'il nous soit permis, avant d'aborder le compte rendu de notre herborisation, de donner un aperçu sur la consti- tution géologique, lorographie et l'hydrographie de l'Eifel, afin d'en instruire ceux de nos confrères qui n'ont pas encore visité celte intéressante contrée. L'Eifel est une chaine de montagnes des provinces rhénanes qui s'étend entre les hautes fagnes et la rive gauche du Rhin : il appartient aux bassins du Rhin, de la Moselle et de la Meuse. Les points culminants sont : l'Ernstberg (700 mètres), le Schneeeifel (690 m.), le Kel- berg (650 m.), le Meyenberg (600 m.); de nombreuses rivières : l'Ahr, l'Elz, l'Erft, la Kyll, la Lieser, la Nette. la Roer, l’Uhr, y prennent leurs sources et larrosent. Elevée et froide, couverte de neige pendant plusteurs ui ois de l'hiver, cette région ne semble peuplée que dans ses vallées étroites, où le climat est plus doux et le sol plus fertile. Les forêts y sont encore vastes et peuplées ( 294 ) de sangliers et de loups: son caractère sauvage ne manque ni de grandeur, n1 d'originalité, mais ce qui la rend sur- tout intéressante, c'est la constitution géologique. Toutes ses éminences coniques sont d’origine voleani- que, et quelques uns de leurs cratères éteints ont été transformés en lacs, appelés Maare. Ce pays est intéressant à plus d’un titre : les minéralo- gistes, les géologues, les botanistes et les artistes peuvent y trouver de nombreux sujets d'étude, et le touriste flaneur ne regreltera pas d'avoir consacré quelques jours de ses vacances à parcourir cette région sauvage et |pittoresque. Le départ de Bruxelles avait été fixé dans la matinée du samedi 9 juillet; aux stations de Louvain et de Liège, plusieurs de nos confrères vinrent renforcer notre petite troupe. À Aix-la-Chapelle, nous nous comptàmes : nous éuons au nombre de 17. Etaient présents : MM. Dumor- üer, Muller, Morren, Orban, Weyers, Bommer, Chalon, de Looz, Bodson, Léon Coomans, Firket, Burgers, Plateau, Pâque. Petit, Schamberger et Thielens. A la station d’Aix, les botanistes allemands MM. Kalten- bach et Monheim et M. Forster, le célèbre entomologiste, étaient venus saluer leurs confrères de Belgique. Pendant que notre Président et M. Georges de Looz s'entretenaient avec ces savants étrangers, le train pour Düren, dans lequel nous étions placés, fila à toute vapeur et ces Messieurs qui n'avaient pu avoir leurs bagages, en- fermés dans le wagon de Cologne, durent se résigner à prendre la correspondance suivante, pour arriver à Gérol- stein vers onze heures du soir. Gérolstein est un petit village de 1000 habitants, pittores- quement situé aux bords de la Kyll, dans une vallée formée par des collines de calcaire et de dolomie qui ( 295 ) présentent des escarpements abrupts : les rochers dolo- mitiques offrent un aspect triste et sombre, la végétation y est bien rare, et leurs flancs sont tapissés de larges plaques de lichens et de mousses; ils sont percés de neuf grottes, appelées dans le pays Buchenloch : au nord est un cratère nommé Papenkaule, livré aujourd’hui à la culture. _ On peut encore citer comme curiosités des environs, la glacière de Roth, la source minérale de Brudeldreis, d'où s'échappe un jet d'acide carbonique, et le château de Casselbourg (488 mètres d'altitude), qui a appartenu successivement aux seigneurs de Casselberg, aux comtes de Wanderscheïd et aux ducs d’Arenberg. Le village de Gérolstein forme une seule rue dominée par une haute montagne, sur laquelle on aperçoit les ruines d'un vieux château ; il possède une modeste église et un hôtel confortable, Hôtel de la Poste, dont le propriétaire, Hernn Von Landenberg, fait les honneurs avec une poli- tesse et une obligeance dont nous lui savons gré; cet homme connait les touristes et leurs besoins, et la modes- tie de ses notes est un des plus beaux apanages de son caractère. La journée du dimanche, 7 juillet, fut consacrée à her- boriser dans les environs immédiats de Gérolstein : nous nous dirigeàmes d’abord vers le Hohenberg, grande mon- tagne isolée, de forme bizarre et dont le sommet simule la ruine d’une tour d’un vieux castel. En sortant du village, nous remarquämes tout d'abord un vieux tilleul d’une circonférence de 5 mètres 50 centi- mètres à hauteur d'homme, et dont les rameaux puissants ombragent un peut jardin publie bien frais et tout coquet. Dans les broussailles qui bordent la route, MM. Du Mor- ( 296 ) tier et Muller trouvent chacun un pied de Campanula patula (1). Une aussi belle trouvaille était de bon augure. Nous arrivons bientôtau vied du Hohenberg (ou Auberg comme quelques-uns l’écrivent), un des plus riches gites à fossiles dévoniens de l’Eifel. Pendant que quelques-uns de nos confrère remplissent leur sacs de Cyathophyllum, de Calceola, de Terebratula, etc., d’autres herborisent et récoltent : Anagalis cocrulea Lmk. Anthyllis vuineraria L. Asperula eynanchica L. Brunella grandiflora Mônch. Campanula glomerata L. Carex ornithopoda ? Willd. — panicea L. Carum Bualbocastanum Koch. Centaurea Scabiosa L. Ceterach officinarum Willd. Cirsium acaule All. Cuscuta major DC. Euphorbia Cyparissias L. Euphrasia officinalis L. Geum rivale L. Gymnadenia conopsea R. Br. Helianthemum vulgare Gärtn. Linum catharticum L. Lithospermum officinale L. Myosotis coronaria Dmrt. Orobanche Epithymum DC. Polygala calcarea Schultz. Poterium muricatum Spach. Sedum acre L. — album L. Teucrium Botrys L. Thymus citratus Dmrt. Trifolium filiforme L. — montanum. L. Dans les prairies humides, au pied de la montagne, croissent : Betonica officinalis L. Carex Hornschuchiana Hoppe. — Oederi Ehrh. — panicea L. Carex vulpina L. Carum Carvi L. Colchicum autumnale L (1) Observée pour la première fois dans l’Eifel; elle manque dans le « Ueber die Vegetation der hohen und vulkanischen Eïifel » de Ph. Wirtgen. 7 ( 297 ) Eriophorum angustifolium Foch. Polygonum Bistorta L. — latifolium Hoppe. Salix Helix L. Gymnadenia conopsea R. Br. Silaus pratensis Bess. Orchis latifolia L. Valeriana dioïca L. Dans les moissons, nous rencontrons : Carum Bulbocastanum Koch. Tussilago Farfara L. Echium vulgare L. Vicia angustifolia Al. Melilotus officinalis Willd. — Cracea L. Rhinanthus Alectorolophus Pall. — gracilis Lois. — angustifolius Gmel. (1) — hirsuta Koch. Trifolium montanum L. — tetrasperma Schreb. Dans les haies des prairies, nous récoltons en abondance un Aconitum dans lequel M. Du Mortier erut reconnaitre l'Aconitum eminens Koch; malheureusement aucun spécimen n'était en fleurs; cette plante n’a donc pu être déterminée avec certitude : disons toutefois que la plante publiée sous ce nom dans l’Herbarium de Wirigen, avait été récoltée aux environs de Gérolstein. Ici la caravane se partagea en deux bandes; les plus intrépides gravirent les rochers du Buchenloch : les autres crurent plus prudent de contourner la montagne. En grimpant aux rochers du Buchenloch, la montagne est parsemée de gros blocs de pierre aux vives arêtes, que la pluie et la gelée ont probablement détachés de ces rochers, et qui forment des amas qui nous rappellent les moraines des glaciers, n'était l'herbe rase qui croit tout à l’entour. Dans les fissures des rochers, on apercoit de nombreux lichens crustacés rongeant la pierre, et quelques fougères } (1) Indiqué par Wirtgen dans son dernier ouvrage sur l’Eifel ; c’est lui sans doute qui, dans sa Flora der Preussischen Rheinprovinz, cet auteur avait décrit sous le nom de À. alpinus. ( 298 ) d'un aspect rachitique : Ceterach officinarum Wild., Cystopteris fragilis Bernh., Polypodium vulgare L. La chaleur est extrême ; aussi est-ce avee bonheur que nous atteignons le sommet du Buchenloch, d'ou l’on jouit d'un panorama sans pareil. La seconde bande nous rejoignit bientôt, elie rapportait la moisson suivante : Antennaria dioïca Gärtn. Medicago minima Lmk. Anthyllis Vulneraria L. Onobrychys sativa L. Asplenium Trichomanes L. Polygala oxyptera Rchb. Campanula persicifolia L, Polygonatum multiflorum All. Cratægus monogyna Jacq. Rosa rubiginosa L. — Oxyacantha L. Sanguisorba officinalis L. Dianthus deltoïdes L. Sedum aureum Wirtg. Galium anisophyllum Vill. Trifolium aureum Pall. Au bord des champs, M. Du Mortier nous fait récolter une Valerianella de la section de l'Olitoria et qu'il consi- dère comme un type distinct sous le nom de V. decipiens. Nous voilà de nouveau réunis; en nous rapprochant des rochers, nous observons, dans les broussailles, les Ribes Uva crispa L., et R. alpinum L., chétifs, rabougris et dont plusieurs lichens ont envahi l'écorce; plus loin, nous retrouvons, mais cette fois en grande abondance, le Campanula patula L., enfin tout en causant et en mar- chant le long d'une route construite avec des laves, nous arrivons au Papenkaule. Impossible de nier iei l'existence d'un ancien volean : le sol entier est couvert d'énormes blocs de pierre, espèces de scories, gisant là comme un éternel témoignage des éruptions terribles qui ont soulevé l'Eifel ; c'est au milieu de ces débris de laves, que nous cueillons : Alyssum calyeinum L. Arenaria leptoclados Guss. Amelanchier vulgaris Mônch. Asperula cynanchica L. Arabis arenosa Scop. Campanula glomerata L. (299 ) Carduus nutans L. Genista sagittalis L. Cirsium eriophorum Scop. Herniaria glabra L. Cota tinctoria Gay. Orobanche Epithymum DC. Dianthus deltoides L. Sorbus Aria Crantz. — prolifer L. Trifolium aureum Poll. Filago arvensis L. Verbascum Lychnitis L. — germanica L. Dix minutes de marche nous amènent sur le plateau du Judenkirchhof, ancien camp romain, où l’on rencontre fréquemment des monnaies et d’autres objets indiquant le séjour d’une station en ces lieux. Dans un petit massif, nous trouvons plusieurs beaux buissons de Cotoneaster vulgaris Lindi. et, à quelques pas, un pied unique de Gentiana germanica Willd. le seul d’ailleurs que nous ayons rencontré dans toute notre herborisation. Nous traversons de grands champs couverts d'abon- dantes moissons et dans lesquelles pullulent : Anagallis coerulea Lmk. Melampyrum arvense L. Antirrhinum Orontium L. Rhinanthus Alectorolophus Poll. Cota tinctoria Gay. et nous nous engageons ensuite dans un grand bois, d'un site accidenté, qui fait l'admiration de tous nos confrères. Nous y récoltons tant à l'intérieur que sur la lisière : Aconitun eminens? Kock. Campanula persicifolia L. Aclæa spicata L. Cardamine impatiens L. Artemisia Absinthum L. Cuscuta minor DC. — pontica L. Epilobium montanum L. Arum maculatum L. Galium sylvaticum L. Asperula odorata L. Geranium sylvaticum L. Asplenium Ruta-muraria L. Geum rivale L. — Trichomanes L. Gnaphalium sylvaticum L. Campanula patula L. Lactuca muralis Fres. ea ( 500 ) Luzula albida DC. Pulmonaria obseura Dmrt. — maxima DC. Pyrola minor L. Mereurialis perennis L. Ribes alpinum L. Moebringia trinervia Clairv. Salvia pratensis L. Milium effusum L. Thymus Acinos L. Ncottia Nidus-avis Rich. Trifolium Alpestre L. — ovata Bulff et Fing. — medium L. Orobus tuberosus L. Uimus effusa Willd. Paris quadrifolia L. Viola hirta L. Phyteuma nigrum Schmidt. — mirabilis L. Platanthera chlorantha Cust. — sylvatica Fries. Polypodium vulgare L. Au mois de juin, nous avions trouvé dans ce bois le Phyteuma orbiculare L. en grande abondance, ainsi qu'un pied presque fleuri de Cypripedium Calceolus L. Au sortir du bois, les ruines du Château de Casselbourg apparurent subitement à nos yeux ébahis. C'est une remarque curieuse à faire que de voir presque toutes les localités de lEifel posséder de vieux castels, donjons ou abbayes. Comme dans le Luxembourg, on y rencontre à chaque pas des débris du moyen-àge ; mais aussi le pays, avec des éminences présentant des poiits de défense inexpugnables, offrait des demeures assürées aux chevaliers belliqueux de l’autre âge, et procurait un asile tranquille au moine, qui réclame, pour prier et travailler, la solitude et le silence et son éloignement des hommes et du bruit des grandes cités. De tous les débris de cette époque, le château de Casselbourg est celui qui en impose le plus au voyageur, par sa remarquable situation et son bel état de conservation. Ainsi que nous en avions donné l’ordre le matin, avant notre départ de Gérolstein, un excellent déjeuner froid nous attendait sur des tables rustiques placées dans l'an- cienne cour d'honneur du chateau. lat Sortete royal Bulletin d Botanique d Belgique. Jome ÀT 4 LT Lit. jar G Severeyres Pruccolles. ( 501 ) Pendant la première heure, le plus grand rôle füt laissé à la fourchette, car l’appétit du botaniste en course fait envie à celui du chasseur; puis quand lestomac fut lesté d'excellentes tranches de veau et de jambon, arrosées d’un petit vin rafraichissant de la Moselle, le Président déclara la séance extraordinaire ouverte. Le procès-. verbal, le dépouillement de la correspondance, la présen- tation des mémoires, enfin tout ce qui est du ressort de l'administration, fut lestement expédié; puis, comme l'on se trouvait si bien assis et heureux de la chasse de la matinée, on se prit à disserter sur quelques objets rela- tifs à l'exploration que nous avions organisée si loin de notre pays. Naturellement on devait parler de géographie botanique, cette science, si belle et si vaste, que nous ont appris à étudier et à connaitre, les travaux mémorables de de Humbold, de De Candolle, de Lecoq et de tant d’autres savants. Ce fut pendant une heure un échange vif et animé d'observations, de critiques, d'idées neuves ou plus ou moins originales, dont il ne nous appartient pas de repro- duire ici les débats, cette partie rentrant dans les attribu- _tions du secrétaire. Ces intéressantes discussions que nous désirerions se voir reproduire plus souvent, ont été d’un grand profit pour la plupart d’entre nous; en effet il y a dix ans que nous ne faisons qu'étiquetter et collectionner des plantes ; pour plusieurs, il n'a pas encore été permis de pénétrer les Arcanes de la science et leur bagage de connaissances botaniques est bien mince et peu lourd. De Casselbourg, on descend vers Pelm, petit village situé sur les bords de la Kyll. Chemin faisant, nous récol- tons quelques beaux pieds de Phelipaea coerulea Mey., (502 ) que nous retrouverons plus tard en grande abondance, puis : Alyssum calycinum L. Fragaria magna Thuill. Brachypodium pinnatum P. B. Impatiens noli-tangere L. Carduus nutans L. Senecio erucaefolius L. Cirsium acaule All. Senecio Fuchsii Gmel. — eriophorum Scop. Stachys recta L. A Pelm, nous traversons la rivière sur un beau pont de pierres et nous repassons sur la rive gauche que nous avions quittée depuis Gérolstein. Nous achetons de fos- siles au maitre d'école et aux enfants du village, lesquels trouvent plus avantageux de les vendre aux Franzosen qu'au magister qui ne les paye guère, mais qui les vend, lui, fort chers. La bourse lestée de quelques Silbergroschen et le havre-sac bien rempli, nous gravissons une côte assez forte pour remonter vers Giess. Nous parcourons leste- ment un vaste champ bien connu dans le nays comme l’un des gites à Trilobites les plus abondants dé l'Eifel ; quelques-uns de nos confrères en font une ample provi- sion, Car certains d'entre eux poursuivaient un double but dans leur voyage, et lorsque la botanique chômait, on faisait de la paléontologie. Bientôt nous nous engageons dans un bois, en suivant le cours d'un peut ruisseau où nous trouvons en abondance l'Aconituin eminens Koch et la Pulmonaria obscura Dmrt.; on grimpe toujours, car ce n’est que plateaux sur plateaux où l'on rencontre des prairies humides, des marécages et des tourbières. Nous récoltons en chemin : (505 ) 1° À la lisière, dans le bois et les pelouses qu’il renferme : Aconitum eminens ? Koch. Actaea spicata L. Ægopodium Podagraria L. Antennaria dioïca Gärtn, Aquilegia vulgaris L. Betonica officinalis L. Bromus asper L. Caltha palustris L. Carex distans L. — Oederi Ebrh. — panicea L. Circœa intermedia Ehrb. Crepis paludosa Môncb. Daphne Mezereum L. Elymus arenarius L. Galium sylvaticum L. Genista sagittalis L. Geranium sylvaticum L. Glyceria aquatica Whlbg. Hordeum secalinum Schreb. Juneus lamprocarpus Ehrh. Lonicera Xylosteum L. 2° Dans les marécages et les Aira caryophyllea. L. Alchemilla vulgaris L. Arnica montana L. Avena Sp? Cardamine pratensis L. Carex diandra Roth. —- echinata Murr. — flacca Schreb. — Goudenoughii J. Gay. — glauca Scop. — Cederi Ehrh. Lonicera Caprifolium L. Lycopus Europaeus L. Lysimachia nemorum L. Melica nutans L, Neottia Nidus-avis Rich. Orchis maculata L. Platanthera chlorantha Cust. Polygonatum verticillatum All. Primula elatior Jacq. Prunus insititia L. Pyrola minor L. — rotundifolia L. Ranunculus lanuginosus L. — Lingua L. Ribes alpinum L. Rubus Saxatilis L. Scirpus fluitans L. — selaceus. L. Stachys sylvatica L. Valeriana dioica L. Veronica oflicinalis L. tourbières : Carex panicea L. — paniculata L. — pulicaris L. — spadicea Roth. — vesicaria L. Drosera rotundifolia L. Equisetum sylvatieum L. Erigeron acre L. Eriophorum angustifolium Roth. — latifolium Hoppe. — vaginatum L. (504 ) Galium uliginosum L. Geum rivale L. Heleocharis palustris R. Br. Hypericum quadrangulum Fries, Juneus lamprocarpus Ehrh. — obtusiflorus Ehrb. — squarrosus L. supinus L. — sylvaticus Mônch. — Tenageia L. Luzula conjesta Le]. Lycopodium elavatum L. Myosotis caespitosa Schultz. — strigulosa Rchb. Orchis incarnata L. Orchis maculata L. Oxycoccos palustris Pers. Pedicularis palustris L. — sylvatica L. Plathanthera bifolia Rchb. Ranuneulus flammula L. — sceleratus L. Scirpus caespitosus L. — compressus Pers. — fluitans L. — pauciflorus Lightf. Sedum villosum L. Rhyuchospora alba Vahl — fusca R. et S. Le Sedum villosum, que la plupart d'entre nous n’avaient Jamais vu vivant, était fort abondant et chacun a pu en faire une ample provision. Toujours courant, nous arpentons une bruyère où l'on trouve le Genista germanica L. et la majeure partie des plantes de nos hautes Fagnes, sauf cependant Erica Tetra- lix L. que l'on ne rencontre guère que sur le Schneecifel et qui est très-rare dans tout le reste de la contrée. Vamos, comme disent les Portugais, de bruyère en bruyère, et de tourbière en tourbière, nous redescendons vers Gérolstein. | Sur la lisière d’un bois, nous récoltons : Geranium pa- lustre L., G. sylvaticum L., Polygonatum verticillatum AIT. Dans une prairie, nous admirons de magnifiques pieds de Gyimnadenia conopsea R Br. mélés avec des Helianthe- mum, remarquables par les grandes dimensions de leurs fleurs, et enfin un Scleranthus d'un aspect tout particulier. Ce Scleranthus qu’on avait d’abord appelé S. inter medius Kitt., a, depuis notre visite dans l'Eifel, été soumis à l'appré- (305 ) ciation de M. Reichenbach, qui y a reconnu une espèce inédite qu'il appelle S. ramulosus. Wirigen, dans sa Reise Flora, page 100, désigne la plante que nous avons recueillie sous le nom de Scleran- thus intermedius Kittel (et non Kitaibel); dans son livre intitulé Ueber die Vegetation der hohen und vulkanischen Eïfel, page 219 ; il l'indique à Ormont, à Dreis et à Daun, où nous la trouverons à notre tour. D'après M. Reichenbach, le Scleranthus intermedius de Wirtgen n'est done pas celui de Kittel, espèce toujours herbacée et très-répandue, tandis que celui de Wirtgen a la base ligneuse et est beaucoup moins commun. Dix minutes de marche nous conduisent au milieu des ruines du vieux château qui domine Gérolstein ; on y récolter: Acbhillea setacea Kitaib, Malva Alcea L. Alchemilla vulgaris L. Onobrychis sativa L. Brachypodium pinnatum P. B. Ribes alpinum L. Campanula elliptica Kit. Rosa cinerascens Dmrt. — glomerata L. Silene inflata Sm. — persicifolia L. — nutans L. — rapunculoides L. Sorbus Aria Crantz. Centaurea Seabiosa L. Tragopogon pratense L. Conium maculatum L. Trifolium alpestre L. Cotoneaster vulgaris Lindi. — hybridum L. Lamium mutabile Dmrt. — medium L. Il est huit heures du soir... Nous reprenons donc le chemin de l'hôtel. M. von Landenberg avait servi un diner succulent, mais comme on peut attendre un diner et qu'un diner ne doit jamais attendre, nous nous mimes immédiatement à table. Donc, en avant les fourchettes, et vive le petit vin blanc, la botanique. les histoires et les calembourgs. 24 ( 506 ) Après le repas, on organisa une soirée musicale. Il y a des pianos dans les hôtels de l’'Eifel, et notre propriétaire avait mis gracieusement à notre disposition celui de sa demoiselle. Nous profitämes largement du permis qu'il nous avait octroyé. On est si heureux de se délasser par un peu de musique, quand on a le corps endolori par les fatigues d’une longue course ! Et puis quelle musique peuvent faire des botanistes en vacances surtout quand ils sont à Gérolstein : ce nom ne peut éveiller que d’agréables souvenirs et rappeler l'ori- ginal compositeur allemand Offenbach, qui, dans ces derniers temps, est venu se poser comme une note discor- dante au milieu de ses compatriotes, dont les œuvres, toujours sérieuses, contrastent si singulièrement avec celle du Maëstro quia su acquérir l’art de eaptiver tout le monde. La cour et le peuple, l'homme grave et l'amateur de théâtres, la jeunesse et la vieillesse ; tous à l'envi l'un de l’autre, ont assisté à l'audition des opérettes de ce musicien excentrique. En souvenir de cet illustre compositeur, qui a su si souvent exciter nos rires et provoquer nos applaudisse- ments, nous nous mimes joyeusement au clavecin pour exécuter l'ouverture de la Grande Duchesse de (érolstein, et, en chœur, nous chantämes la partition de l'opéreite. Comme la soirée était chaude, nous avions ouvert les fenêtres de la salle du concert improvisé ; aussitôt toute la population vint nous écouter et témoigner par des bravos la joie qu'elle éprouvait d'entendre une musique bouffe, à laquelle leurs oreilles n'étaient pas habituées. Le lendemain, les autochtones qui avaient entendu nos chants, mais qui n'avaient rien compris du sujet de l'opérette, furent bien étonnés d'apprendre que nous avions chanté ( 307 ) la gloire et les caprices de la noble Dame de Geérolstein. Ces naïves gens ignoraient qu'autrefois, au château de leur souveraine, il avait existé un sergent du nom de Fritz, un général du nom de Boum, etce., et ils n'en purent croire leurs oreilles, lorsque nous leur dimes que le nom de leur modeste village était connu aux quatre coins de l'Europe et même par delà les mers. Heureux montagnards! Et que cette douce ignorance nous montre qu'il y a encore, par ei par là, un petit coin de terre où l’on rencontre ces vertus patriarchales, dont nous chercherions en vain la trace dans nos villes! Le soleil du 8 juillet était brillant comme celui d’Auster- litz et brülant comme celui d'Egypte : il nous promettait une journée chaude pour faire la visite des grands lacs de Daun. A 8 heures, trois extra-post nous attendaient à la porte de lhôtel. Bien que nous fusions à 528 mètres d'altitude, il nous en restait encore presque autant à gravir pour atteindre le but de notre course: aussi, omnium consensu, il avait été décidé que la montée, longue d’ailleurs de 4 lieues, se ferait en voiture. On se case tant bien que mal dans les trois véhicules, et le claquement du fouet des postillons fit marcher rondement les chevaux. La route était bonne, le paysage ravissant, le temps nous favorisait, enfin tout s’annonçait bien. On traverse Pelm, en suivant la Kyll et le chemin de fer; tout à coup, un peu au delà de ce village, les trois voitures s'arrêtent avec un touchant accord et de chacune s'élance un botaniste : nous longions un champ de trèfle, sur les bords düquel croissait, parasite sur l'Achillée, le Phelipæa cœrulea Mey., dont nous avions trouvé quelques rares pieds la veille. Lei la plante est abondante et chacun en fait une ample provi- ( 508 ) sion, puis l'on regagne sa place, les postillons sonnent une fanfare, et les chevaux prennent le grand trot. Après un nombre incalculable de montées et de des- centes, après avoir traversé les villages de Essingen, Hohen- felz, Petteldorf et Dockweiler, nous faisons une halte au milieu des bois, à une lieue environ de Daun, et nous com- mençons l'herborisation, laissant les postillons continuer leur chemin à leur aise jusqu'au village, où ils devaient nous attendre. Ii chacun de nous put constater que nous étions à une altitude très-élevée, car Flair était vif et la chaleur bien moins forte qu'à notre départ. Dans les bois, nous notons : Asperula odorata L. Juniperus communis L. Asplenium Filix-fæœmina Bernh. Lactuca muralis Fries. (Exemplaires énormes.) Luzula albida DC. Epilobium spicatum L. — maxima DC. | Equisetum sylvaticum L. Lysimachia nemorum L. Hieracium boreale Fries. Vaccinium Myrtillus L. — murorum L. Veronica officinalis L. Hypericum pulchrum L. Sur la bruyère : Antennaria dioïca Gärtn. Platanthera bifolia Rich. Arnica montana L. Trifolium medium L. Genista sagittalis L. Dans les fonds macérageux : Carex canescens L. Carex turfosa Fries (1) — flava L. Galium saxatile L. — Goudenoughii J. Gay. Gymnadenia conopsea R. Br. — Oederi Ehrh. — viridis Rich. — panicea L. Juncus lamprocarpus Ebrh. — stellulata Good. (1) Le Carex turfosa Fries n’a jamais été signalé en Belgique ; Wirtgen ne l’indique pas non plus dans l’Eifel. C’est une excellente espèce qui a été trouvé en Hollande à Roosmalen et à Bambrugge et qu’on pourrait par conséquent fort bien rencontrer dans notre pays. ( 509 ) Juneus squarrosus L. Pedicularis palustris L. — sylvaticus Reich. —— sylvatica L. Orchis maculata L. Ranuculus hederaceus. L. En quittant les hauteurs pour descendre vers Daun, nous longeons un talus aux bord duquel nous retrouvons Île Geranium sylvaticum L., puis nous traversons une grande prairie, où nous eucillons un Phyteuma qui oecasionne des discussions et qu'on reconnait, après mure délibéra- tion, être le vulgatissime P. spicatum L. A l'entrée du village, on observe les Coronilla varia L. et Genista tinctoria L. En somme, nous n'avions pas gagné notre déjeuner quand nous nous mimes à table à Daun, ce qui n'em- pêcha néanmoins pas les convives de fonctionner des màchoires, comme s'ils eussent fait la campagne de Russie. Grâce à deux énormes buissons d’écrévisses dont il ne resta que les pinces, et aux nombreux flacons de Pisporter très-jeune (trop jeune hélas! car bientôt chacun s'en ressentit), dont l’hôtelier nous abreuva, nous fûmes recon- fortés ; seulement il nous réclama la modique somme de sept francs par tête : mais nous avions mangé des brochets pêchés dans le Schalkenmaar, et on ne mange pas tous les jours des poissons d'origine volcanique : ensuite la pre- mière règle d'un bon hôtelier qui rédige sa note, c’est qu'il faut faire payer l'étiquette. Oui, ainsi que le disait un de nos spirituels confrères, grand amateur de calem- bourgs et doué du vis comica qui éclate à chaque instant, Karl Gandner notre hôtelier, venait de donner à notre bourse une bonne chiquenaude (chique note), que nous redirons à ceux de nos amis à qui il prendrait fantaisie de visiter ces parages de l'Eifel. Daun est un petit village de 800 habitants, situé sur la (510) Lieser ; son vieux château, encore habité, vit naître le Feld-maréchal Daun qui commanda les armées autri- chiennes pendant la guerre de sept ans, et qui bâttit Fréderic-le-Grand à Rolin. Cette localité ressemble à nos petites villes d'Ardenne; elle possède une source d'eau minérale que nous reconnümes très-agréable et chacun s'en fut à tour de rôle, faire sa cour à la naïade du lieu, représentée par un de nos compagnons à longue barbe, qui, pour le moment, était le seul possesseur d'un gobelet en cuir bouilli. Puis l’on se mit décidément en route pour les lacs. Quelques-uns de nos confrères, chez qui le Pisporter des- cendait particulièrement dans les muscles cruraux, se remirent par prudence en voiture; MM Bodson et Pàque les deux âmes joyeuses de la bande, s’instituèrent gardes du corps des fatigués, et se postèrent debout derrière la voiture, dans la tenue classique des laquais de bonne maison ; il ne leur manquait que les bas de soie et quel- ques autres accessoires de faible importance. Le chemin était malaisé : aussitôt que nous quittèmes la grande route, le soleil dardait d'aplomb sur la nuque, et l'acide carbonique du maudit Pisporter bouillonnait dans notre cerveau; malgré cela nous gravissions une route à pente raide, taillée dans une roche grisàtre et d'aspect schisteux. Heureusement que nous n'avions pas à jeter les yeux de côté, car la végétation est bien pauvre dans cette solitude, où nous ne notons que pour mémoire l'Euphrobia Cyparissias L. et le Gnaphalium sylvaticum L. Tout à coup un brusque changement s'opère dans le tableau : nous voici arrivés au sommet de la montagne, haute de 570 mètres. Thalassa! Thalassa!... nous avions devant nous le Gemündermaar, un grand lac, presque une (311) petite mer, oceupant le vaste entonnoir d'un ancien cratère, dont les laves bouillonnantes ont été remplacées par des eaux tranquilles, que vient caresser une brise légère. Tout est silencieux sur les bords de cette eau : les oiseaux se taisent, la bête fauve vient rarement s'y désaltérer, et l'homme n'y parait que sous la forme du touriste à la recherche du beau et du sublime dans la nature. Les pentes de ce lac-cratère sont tapissées de bois dont la fraîche verdure contraste étrangement avec la côte escar- pée, aride et brülante que nous venions de quitter; c'est ainsi que, par un geste de fée, la nature nous fait passer d’une transition à l'autre. Nous restèmes longtemps à contempler ce spectacle et involontairement nous avions cessé de parler en présence de ce majestueux silence : enfin il fallut partir et tout en nous baissant pour cueillir quelques plantes en souvenir du Gemündermaar nous vimes en abondance : Alyssum calycinum L., Filago canescens Jord., Herniaria glabra L. et le curieux Scleranthus ramulosus Rehb. que nous avions déjà trouvé la veille à Gérolstein. Au bord du lac, les paysans ont défriché péniblement quelques arpents de terre où ils culivent lavoine, le seigle et le trèfle. Le pays est beau à coup sûr, mais il est bien pauvre; la terre est difficile à Tabourer, le elimat y est trop froid pour la culture du froment : cependant les indigènes n’ont pas l'air trop misérable. C'était l'époque de la fenaison et l'on voyait quelques chariots de foin trainés par des bœufs rouges (tous les bœufs sont rouges dans l'Eifel), et conduits par de forts gaillards fumant paisiblement leur grande pipe dé faïence. Tous semblaient contents de leur sort, mais n'importe nous ne croyons pas que si feu Virgile avait véeu dans (312) l'Eifel comme garcon de ferme, il eût Jamais écrit sa célèbre phrase : O fortunatos nimium ! Décidément notre bavardage ne ressemble guère à un compte-rendu, mais comme il faut être vrai, nous croyons que notre herborisation n’a guère été, à Daun du moins, qu'un prétexte à Joyeuse vie, car si jamais on vit pauvre végétation, e'est à coup sûr de ce côté. Donc puisqu'il faut herboriser à tout prix, notons que nous avons recueilli, au bord du chemin que nous sui- vions, plusieurs pieds de Dianthus prolifer L., dans un champ de trèfle, le Cuscuta Mulleri Strail, qui embrasse de ses étreintes mortelles sa pauvre victime et couvre la terre de plaques d’un rouge jaunâtre, et dans les moissons, les Euphrasia Odontites L. et Viola arvensis Murr. Depuis quelque temps nous cherchions notre hôte de Daun qui avait bien voulu nous servir de guide, mais il avait disparu. Avait-il eu raison, le pauvre homme, de nous quitter ! Un attentat sur sa personne avait été commis en chemin, non pas qu'on eut voulu le jeter à l'eau (les noyades ne sont plus de notre temps), mais l'un des nôtres, par mégarde, avait communiqué, avec sa pipe, l'incendie dans les vêtements de Karl Gandner, et le malheureux craignant que les Franzosen ne fissent un auto-dafé de son individualité teutonique, avait pris la poudre d'es- campetlte. | D'aucuns prétendent, fama volat ! et Dieu sait s'il y a de méchantes langues parmi les botanistes, que l'incen- diaire se livra à cet acte barbare pour se venger de son hôte qui lui avait fait payer deux thalers un simple déjeuner. Que Flore veuille que cette accusation soit fausse et (515 ) pour la sécurité du prétendu coupable et pour l'honneur de notre corps! Enfin nous atteignons une petite église abandonnée et le cimetière de Weinfeld, un trop beau nom pour Fasile des morts; les chauves-souris et les hiboux habitent seuls le bâtiment à demi ruiné. La croupe de la montagne est nue et rocailleuse; le vent y souffle avec force et malgré l’ardeur d'un soleil de juillet, on trouve la brise glacée. Tandis que plusieurs s'étendent sur le sol dans les positions les plus variées, d’autres, sous prétexte d’un grand zèle pour la botanique, maisen réalité craignant un refroidissement, herborisent dans le cimetière et dans les environs. Cet endroit sert encore de sépulture aux habitants des villages voisins car de nombreuses croix toutes neuves y sont dressées, au milieu d'un fouillis d'herbes sauvages. La vieille chapelle est ouverte à tous, et ses fenêtres, veuves de leurs vitraux, laissent une facile entrée à tous les vents : quelques bouquets de fleurs fraichement eueillies sont placés sur la table chancelante de l'autel, dans des vases de tous genres, excepté du genre religieux ; tout dans ces lieux porte un cachet de désolation et d'abandon. Du point où nous sommes, sur le seuil de la chapelle, on ne voit que des montages dénudées dont les rochers grisâtres fatiguent l'œil par leur monotonie : autour de nous, les croix du cimetière et à nos pieds le Weinfelder Maar, vaste lac aux eaux silencieuses, occupant comme le précédent le cratère d’un volcan éteint. [ei les parois de l'entonnoir sont plus évasées, mais on n'y voit pas de verdure; rien que de laves et des roches de schiste ardoisier. La tristesse menace décidément de nous envahir et nous (314) quittons notre funèbre chservatoire pour aller explorer les bords du lac. Mentionnons d'abord le Sedum aureum Wirtg., en très beaux pieds recueillis sur la montagne, et au milieu du cimetière les Artemisia pontica L., Hyoscyamus agrestris Kit et Turrilis glabra L. Les flancs de l’ancien cratère sont peuplés d'Echium vulgare L. et sa variété albiflora, de Scleranthus ramulosus Rchb., d'Ononis repens L. et de Verbascum Lychnitis L. Sur les bords du lac, nous récoltons. Arundo Phragmites L. Polygonum amphibium L. Carex inflata Huds. Scirpus lacustris L. Heleocharis multicaulis Koch. Les casse-cailloux se chargent de morceaux de laves et de débris volcaniques. Le gros de la bande est déjà descendu du côté du troisième lac, qui doit son nom de Schalkenmaar, au village bàti sur ses bords et qui ressemble plutôt à un marais qu'à une eau profonde. Nous nons contentons d'y jeter de loin un regard et nous nous empressons de gravir la plus élevée des collines (le Moœsberg) qui environnent le Weinfeldermaar. Les Arrêtes-bœuf y foissonnent, comme nous le constatons douloureusement en cherchant à nous asseoir, mais nous nous consolons en récoltant les Ajuga Genevensis L., Coronilla varia L., Trifolium Alpestre L., Viola Riviniana Rechb. Pendant que nous étions là devisant de diverses choses pleines d'intérêt, et tachant notamment de nous rendre compte d'un singulier effet d’acoustique que nous venions d'observer, un orage fondit sur la vallée. Heureusement le ciel, qui voulait sans doute récompenser notre dévouement à la science, suspendit bientôt pour nous le cours de ses (515) cataractes, et aspergés seulement de quelques gouttelettes rafraichissantes, nous nous mimes à contempler à l'aise le beau tableau qui s'offrait à nos yeux. On entendait et l’on voyait la pluie fouetter les eaux du lac, le tonnerre grondait dans le lointain et les nuages noirs, qui s’amoncelaient dans la vallée, dérobaient à nos regards tout le pays d’alentour. Daun, avec ses petites maisons blanches, ne nous apparaissait plus qu'à travers un brouillard ; l'horizon était devenu couleur d'encre et les innombrables eimes de l'Eifel se confondaient avec les sombres nuages que le vent emportait vers l’ouest. Derrière nous, le ciel était pur et le soleil jetait sur le paysage des torrents de lumière ; c'était un contraste magnifique, et placés sur la lisière, entre la pluie et le beau temps, nous Jouissions en sécurité de ce beau spectacle et nous mar- mottions quelques souvenirs de rhétorique : Dulce mari magno, turbantibus aequore sentis. E ripa magnam alterius spectare laborem. Alterius, c'étaient les paysans occupés à faner le foin dans la vallée et qui certes ne riaient guère. Enfin l'orage cesse et nous redescendons la montagne au pied de laquelle nous attendaient nos compagnons, qui avaient été explorer le Schalkenmaar. Leurs récoltes, peu nombreuses, consistaient en : Bryonia dioica L. Trifolium alpestre L. Coronilla varia L. — medium L. Ränuneulus Lingua L. Utricularia neglecta Lehm. Senecio viscosus L. Veronica opaca Fries. Sorbus Aria Crantz. Vicia Sp. Avant de quitter le Weinfeldermaar, MM. Bodson et Pâque, nos deux pharmaciens, in naluralibus, prennent un bain, et font fuir les poissons du lac, qui n'ont jamais vu pareils canards. | ( 516 ) Enfin nous redescendons vers Daun, où la bière de Bavière et d'excellents cordiaux couronnent l'excursion. La nuit approchait et juchés sur le siége de la malle- poste, nous eùmes grande peine à nous réchauffer, car la température de l'Eifel, le soir, n’est pas du tout semblable à celle que donne le soleil de midi. Plus d’un d'entre nous se mirent à battre le briquet et à allumer une vieille pipe, afin d'oublier le froid qui commençait à nous saisir et la faim qui tiraillait nos estomacs. La nuit était close quand nous nous mimes à table à Gérolstein. Le repas fut joyeux comme celui de la veille : on l'arrosa d’une grande quantité de bouteilles de Bock- steiner, auquel on associa de l’eau minérale de la source de Gérolstein, et comme notre musique avait si bien amusé les habitants de la localité, nous la reprimes avec un nou- veau cœur. A 10 heures, les plus intrépides s’aventurèrent aux ruines du vieux château, et sans crainte de réveiller les mänes de la Grande Duchesse et de son illustre entou- rage, 1Is se mirent à lancer un feu d'artifice, sous l'habile direction de l’artificier en titre de la Société, M. Lucien Bodson. Cette petite fète de nuit plüt aux indigènes, qui parta- gèrent notre Joie, et la nature elle-même prit part à nos divertissements, puisqu'elle nous gratifia d’une superbe aurore boréale; c'était donc fête partout, dans le ciel et sur la terre, surtout pour Gérolstein. A la même neure, l'un de nos confrères, l’auteur du triste méfait relatif à notre hôte de Daun, bourrelé sans doute par les remords, avait fui ses compagnons de plai- sir, et triste et solitaire, il s'était acheminé vers le Hohe- berg pour en faire l'ascension : il fut trois heures absent! (317) Bien des commentaires cireulèrent, dans nos rangs, sur cette étrange disparition. Aujourd'hui encore, la cause de la fugue de notre confrère est un mystère pour nous tous! La quatrième journée, celle du 9 juillet, fut, au point de vue de la botanique, la meilleure de notre exploration ; elle fut consacrée à pareourir le pays, de Gérolstein à Buscheid. Au sortir du village, outre les Salvia pratensis L. et Trifolium montanum L., nous récoltons, au bord d'un champ, le Veronica opaca Fries et bientôt nous arrivons à une vaste prairie, où croit en abondance le Phyleuma orbiculare L. Cette fois tout le monde est d'accord; c'est bien la curieuse espèce que nous nous attendions de découvrir et que nous avait renseignée la Flore de Wirtgen. Le capitule de couleur d'indigo était tout à fait globuleux sur les plantes en fleurs, et un peu allongé sur certains pieds défleuris. Cette magnifique découverte faite, on discuta sur le chemin à suivre : on décida bientôt de se rendre d’abord à Buschappelle dans le Geroldsteiner- Wald, où Wirtgen signalait Viola arenaria D. C. Nous obliquons en conséquence vers la droite, récoltant le long d’un chemin le Geranium syluaticum L. ; puis nous nous engageons dans des terrains humides, tout couverts de jones. Là devait se faire la plus belle trouvaille de toute l'herborisation. M. le Président nous fit récolter un Juncus dont le facies tout particulier fixa immédiatement son attention ; il avait cru reconnaitre le Juncus diffusus Hoppe. C'était CS189 lui en effet. Cette belle espèce a déjà été indiquée dans le Compendium, puis biffée de notre flore par M. Crépin. Elle n'est pas indiquée par Wirtgen ; on ne l’a trouvée Jusqu'ici en Allemagne que dans la TU et la région de la Baltique. Son port ressemble à celui du Juncus glaucus Ébirhe dont il se distingue par sa ténuité, sa panicule lâche, étalée, et par sa capsule obtuse et mucronée. Il est à regretter que peu de membres aient récolté cette rarissime espèce. Nous traversons ensuite une petite plaine couverte d'une herbe rase et du plus beau vert sur laquelle tranche vivement le pourpre foncé des capitules du Sanguisorba officinalis L. et les charmantes hampes rosées du Gymnadenia conopsea R. Br. Cette jolie Orchi- dée atteint ici des proportions extraordinaires, et l'air vif des montagnes nous arrivait tout chargé de son suave parfum. A la lisière d’un bois, dans un endroit légèrement humide et que des coupes récentes avaient mis à décou- vert, nous récoltons: Equisetum sylvaticum L., Galium sylvestre Poll. et Thesium pratense Ehrh.; un peu plus avant nous trouvons une station abondante de Pyrola rotundi- folia L., puis nous pénétrons dans le bois qui n’est d’abord qu'un taillis en coupe où le Melampyrum pratense L. brille comme chez nous par son excessive abondance. Le sol sablonneux se trahit par la présence du Teesdalia nudicaulis R. Br. Aux taillis, succèdent les bois de sapin où la flore est bien pauvre; nous y notons seulement l’Antennaria dioica Gärtn. Enfin nous arrivons à Buschapelle, petite chapelle perdue au milieu des bois, où, dans une niche, est placée la statue d'une madone que les rares passants ornent de fleurs. (319 ) A quelques pas, un de nos amis, amateur distingué d'archéologie, nous fit remarquer une colonne rongée par le temps et sur les faces de laquelle on pouvait encore observer deux écussons armoriés; c'était probablement une borne de démareation entre les possessions de deux anciens seigneurs du pays. Le tribut payé aux souvenirs du passé, nous songeons au présent, représenté par la recherche du Viola arenaria DC. Pendant une demi heure, nous nous écarquillons les yeux pour la découvrir, mais elle échappe à nos regards. Nous enfilons ensuite un sentier ombreux qui a l'air de nous annoncer d'excellentes plantes, et qui, chose rare, a tenu ses promesses. Le terrain sablonneux a disparu, les grands arbres ont succédé aux taillis et aux sapinières, et le petit sentier s'engage solitaire dans le grand bois, sous un dôme épais de verdure qui annonce l'ombre et la fraicheur. C’est là que nous récoltons successivement : Aconitum eminens Koch. Neottia Nidus-avis Rich. Daphne Mezereum L. Polygonatum multiflarum All. Dentaria bulbifera L. Polypodiam Dryopteris L. Digitalis purpurea L. Pulmonaria obscura Dmrt. Genista germanica Willd. Ribes alpinus L. Geranium sylvaticum L. Ruabus saxatilis L. Lonicera Xylosteum L. Sorbus Aria Crantz. Maianthemum bifolium D. C. Stellaria nemorum L. Myosotis sylvatica Hoffm. Trifolium medium L. et enfin le rarissime Cypripedium Calceolus L., dont un seul exemplaire, malheureusement défleuri, fut découvert par notre honorable Président. Après avoir admiré les belles dimensions de quelques vieux chènes, nous emboitons le pas, pour rejoindre le ( 520 ) guide qui nous accompagnait, et qui, lui, n'herborisant pas, tient toujours la tête de la colonne. Tout en continuant à suivre le sentier, nous cueillons : Cardamine Impatiens L. Sanicula Europæa L. Lactuca muralis Fres. = Ribes Alpinum L. Poa Sudetica Hänke. Cette fois nous avions bien gagné un instant de repos ; nous nous étions assis si souvent les jours précédents sans y avoir nul droit ! On se met donc en rang d’oignons sur un petit talus au bord de la route, car le sentier est devenu voie charretière, et l'on savoure silencieusement de larges rondelles empruntées à un excellent saucisson de Courtrai qu'un de nos confrères avait eu la précaution d'apporter dans sa gibecière. Ce semblant de réfection nous rappelle que nous boirions volontiers quelque chose pourvu que ce ne soit pas de l'eau. On interroge sur ce chapitre inté- ressant notre guide, qui nous répond que vingt minutes environ nous séparent d'un petit vin blanc très-potable. Cette nouvelle nous rendit tout aises et bientôt nous nous empressämes de nous remettre en marche : nous descen- dimes à travers bois, récoltant chemin faisant de magni- fiques pieds d'Orobanche Rapum Thuill. Enfin nous débouchons sur la grand'route, propre et unie comme le sont toutes les routes d'Allemagne, et nous arrivons biéntôt à Buscheid, où nous retrouvons sur les talus le Dianthus deltoides L., que nous avions déjà vu le dimanche au Papenkaule. Nous entrons dans un cabaret, où un bon verre de vin nous est servi ; quelques affamés se jettent sur des tranches de pain noir dont la vue seule, en des temps meilleurs, aurait sufli pour apaiser la faim, et les voilà qui jouent des mächoires à qui mieux mieux; mais un sybarite, pris (321 ) tout à coup d'une idée lumineuse s’avisa de demander si, par hasard, il n'y avait pas de fraises dans la localité ; la fraise, le solatiolum herborisantium par excellence, qui guérit de la goutte Linné et bien d’autres encore. En quelques instants, une quinzaine de gamins du village étaient à notre porte, avec de gros cabas remplis de la petite fraise des bois si parfumée et si savoureuse. Notre bonne étoile nous à procuré du sucre, d'immenses assièttes de faience et des euillers à soupe, et en prévision de la goutte à venir, nous avalons force fraises nageant dans du vin sucré. C'était très-bon et nous nous amusions comme des collégiens en goguette! Cette fois, notre nationalité ne demeura pas inconnue ; nous avions trouvé là un marchand de moutons, que ses affaires avaient souvent conduit en Belgique, et qui nous pria de chanter la Brabanconne, ce que nous fimes de bon cœur. Il nous témoigna sa reconnaissance cn donnant l’acco- lade à notre vénérable Président, et nous nous amusämes beaucoup de la familiarité grande de cet étranger, qui, inter pocula, pressait dans ses bras un Ministre d'Etat du Royaume de Belgique! Si le bonhomme avait su qu'il traitait sur le pied de l'égalité une de nos grandes illustra- tions scientifiques et politiques, il en aurait perdu l’équi- libre, en se confondant en excuses, mais... à la table d'un cabaret, c'est comme au champ de repos, tous les rangs sont confondus. Cependant notre Joie prenait des proportions homéri- ques ; le nombre incalculable de raies que notre confrère M. Jean Chalon avait tracées sur la table de la pointe de son poignard, expliquait suffisamment notre enthousiasme ; 25 (32) mais est modus in rebus, l'on jugea prudent de lever la séance et l’on se remit en marche. Une pointe poussée dans la vallée dans la direction du Salmerwald nous fit récolter, outre une foule d'espèces déjà signalées, les Malva moschata L., Melilotus alba Lmk. et MI. arvensis Wallr., ce dernier en excessive abondance. Mais la forêt était encore loin, notre temps était compté ; nous revinmes donc au logis, en suivant la grand” route qui traverse le Gerolsteiner-Wald. Nous nous mimes à table à 4 heures, puis nous fimes nos adieux à Gérolstein, en partant avec l'heureux souvenir d’avoir passé quelques jours de bonheur dans ce coin perdu de l'Eifel. Notons ici, afin d'être complet, que pendant cette dernière Journée M. Georges de Looz alla seul à Murlerbach pour chercher des fossiles ; il herborisa quelque peu et voici les principales espèces qu'il observa : Aconitum Lycoctonum L,. Malva moschata L. Aquilegia vulgaris L. Neottia ovata Bluff et Fing,. Betonica stricta Ait. Orobus tuberosus L. Campanula persicifolia L. Phyteuma nigrum Schmidt. — — var. albiflora. Salvia pratensis L. — Trachelioides L. Sanguisorba officinalis L. Centaurea montana L. Senecio viscosus L. Chenopodium glaucum L. Trifolium Alpestre L. Digitalis grandiflora All. — aureum Poll. — purpurea L. Verbaseum nigrum L. Presque tous les excursionnistes se dirigèrent vers Trèves pour aller visiter les monuments romains que renferme cette ville : la Porta nigra, les Thermes, l’Am- phithéâtre, la vieille et si remarquable Basilique, ete, etc. Dans les ruines des bains, nous observâämes Silene inflala Sm. et Reseda lutea L., à l'amphithéâtre, Anthyllis Vulneraria L., Cota tinctoria J. Gay., Stachys recta L., (32% ) Trifolium aureum Poll. et sur les hauteurs qui dominent la rive gauche de la Moselle, au pied de la statue de la Vierge, le Bromus tectorum L.— Nous remarquâmes aussi que toutes les hauteurs sont plantées de Châtaigniers. Le 10 juillet, à 1 heure après diner, nous primes le train pour Luxembourg et la Belgique et la nuit chacun de nous rentrait dans ses foyers. | A. Trèves, MM. Chalon et Firket nous quittèrent pour se rendre à Coblence et à la forteresse d'Ebhrenbreitstein ; en face de cette ville, ils nous signalèrent dans les brous- sailles qui bordent la rampe militaire taillée dans le cal- caire, les espèces suivantes : Artemisia Absinthum L. Isatis tinctoria L. — campestris L. Lactuca perennis L. Asperula cynanchica L. Melica ciliata L. Bupleurum falcatum L. Sisymbrium Sophia L. Geranium rotundifolium L. Tandis que nous voyagions vers Trèves, le Luxembourg et la Belgique. MM. Du Mortier et F. Muller restaient dans l'Eifel, pour se diriger sur Münster-Eifel, où une riche moisson les attendait. | Münster-Eifel est une petite ville, jadis siége d'une ab- baye célèbre, et aujourd’hui d’un collége renommé dans le pays; elle est située sur la rivière l’Erft, à quelques lieues de sa source. Pour y arriver, il faut descendre du convoi à la station d'Euskirken, où un service de malle-poste mène les voyageurs à Münster-Eifel. Cette contrée, située au nord-est de la région volcanique, forme l'extrémité de l'Eifel. Sa végétation diffère entière- ment de celle de ce pays, dont elle constitue le versant oriental et terminal; là, plus de plantes des terrains ( 324 ) volcaniques : elles y sont remplacées par celles des coteaux de la Moselle, ce qui est un fait très-digne d'observation. Arrivés à Münster-Eifel, nos confrères, après s'être installés à l'hôtel Hildebrand, firent visite à M. Stephinsky, zélé botaniste, qui leur donna des renseignements précieux sur la flore de cette contrée. Il leur indiqua, comme croissant aux environs de Mün- ster-Eifel, les Orchidées en abondance, puis les rares espè- ces suivantes : Ajuga pyramidalis L., Anemone praten- sis L., A. Pulsatilla L., Corydalis cava Schweig., Denta- ria bulbifera L., Globularia vulgaris L., Leucoium vernum L., Lonicera Caprifolium L., et surtout le Pingui- cula vulgaris L., très-abondant à Calcar dans une prairie marécageuse en compagnie du Menyanthes trifoliata L. C'était une plante bien tentante, mais, par malheur, l'èpoque de sa floraison était passée; il fallut done prendre une autre direction et guidés par M. Stephinsky, ils se rendirent dans la vallée d'Eschweiler, à une lieue de Münster-Eifel, et leur pélérinage fut bien récompensé par les raretés qu'ils trouvèrent(l). (1) Notre rapport était terminé lorsque M. Du Mortier nous a fait parve- nir la liste suivante des Orchidées croissant dans la vallée d'Eschweiler. Cette liste lui a été adressée tout récemment par M. Stephynsky. Cephalanthera pallens Rich. Ophrys apifera Huds. Epipactis latifolia All. — muscifera Huds. — palustris Rich. Orchis latifolia L. Gymnadenia conopsea R. Br. — maculata L. — viridis Rich. — Morio L. Liparis Loeselii Rich. — purpurea. Huds. Listera ovata R. Br. Platanthera bifolia Rchb. Neottia nidus avis Rich. ( 325 ) En sortant de la ville, la première plante qui frappa leurs yeux fut le Philadelphus coronarius L., croissant à une grande hauteur dans les fentes des vieux murs de l’ancienne forteresse. Le Matricaria Parthemium L., croit en abondance dans les murs de revêtement de l’Erft, et il est répandu partout dans les broussailles aux environ des la ville, où il constitue une espèce vulgaire. En gravissant le coteau, on trouve : Bromus tectorum L. Rosa dumalis Bechst. Campanula rapunculoides L. — glaucescens Desv. Dianthus deltoides L. — micrantha Sm. Lathyrus sylvestris L. — mollissima Willd. Potentilla argentea L. — rubiginosa L. Reseda lutea L. Trifolium aureum Poll. Ribes Uva-cripa. L. Verbascum Lychnitis L. La vallée d'Eschweiler, vers laquelle nos confrères diri- gealent nos pas, prend ce nom d’un petit village qu’il ne faut pas confondre avec la ville du même nom, situte dans le pays de Juliers. Cette délicieuse vallée est traversée par un ruisseau bordé de prairies : elle est épaulée par deux larges coteaux, l’un sur la rive gauche, regardant le sud- est, l’autre sur la rive droite, faisant face au nord-ouest. Le coteau de la rive gauche présente une végétation remarquable, qui rappelle celle des rives de la Moselle ; là croit partout et en abondance le Geranium sangui- neum L., et avec lui le Melampyrum cristatum L., et le Lithospermum purpureo-cœæruleum L., espèces caractéri- stiques des coteaux de la Moselle. C’est vraiment chose curieuse que de retrouver, au revers des montagnes de l'Eifel et à leur extrémité septen- trionale, la végétation si remarquable des bords du fleuve qui coule entre Trèves et Coblence. ( 326 ) Les espèces les plus remarquables récoltées par nos con- frères dans cette riche vallée sont : Aquilegia vulgaris L. Asclepias Vincetoxicum L. Berberis vulgaris L. Bromus asper L. Campanula Trachelium L. Geranium sanguineum L. Galium ercetum. Huds. — sylvaticum L. Hypericum montanum L. Lithospermum purpureo-cœru- leum L. Malus acerba Mérat. Dans les prairies : Campanula glomerata L. Carum Carvi L. Mentha gentilis L. Medicago falcata L. Melica uniflora Retz. Melampyrum cristatum L. Mercurialis perennis L. Pulmonaria obscura var. Dmrt. Rosa alba L. Scabiosa Columbaria L. Sorbus Aria Crantz. — torminalis Crantz. Viburnum Lantana L. Vinca minor L. Viola hirta L. Phyteuma orbiculare L. Scrophularia umbrosa Dmrt Sur le coteau de la rive droite : Anthyllis Vulneraria L. Daphne Mezereum L. Crepis Nicæensis Balb. Genista tinctoria L. Geranium sylvaticum L. Hypericum hirsutum L. Trifolium montanum L. Viola sylvestris Koch. Les champs de trèfle, au retour vers Münster-Eifel, offrent çà et là d'énormes plaques orbiculaires de Cuscuta Mulleri Strail, qui y ravagent toute la végétation et res- semblent de loin à des endroits consumés par le feu. Cette remarquable Cuscute n'est pas du tout une variété de l'Epithymum, mais une espèce parfaitement distincte et que l’on reconnait au premier coup-d'œil. Le jeudi 1 1 juillet nos confrères regagnaient la Belgique, chargés d'une riche moisson qui leur laissera de l'Eifel un attachant souvenir. ( 327 ) En terminant ce rapport, qu'il nous soit permis de remercier nos confrères, notamment MM. Du Mortier, Muller, Chalon et Firket, qui ont bien voulu nous com- muniquer leurs notes et leurs listes de plantes ; c'est en grande partie grâce à leur obligeance que nous avons pu mener à bonne fin notre travail. Note sur le caractère botanique de l'Eifel, par B.-C. Du | Mortier. Ce qui caractérise l'Eifel, au point de vue de la botani- que, et qui distingue ce pays de l’Ardenne, dont il est la partie orientale, c'est une végétation plus alpestre qui est signalée par les plantes suivantes : Ribes alpinum L. — Bois et haies, partout. Trifolium alpestre L. — Lieux rocailleux, partout. Aconilum eminens Koch. — Lieux marécageux, partout. Phyteuma orbiculare L. — Prairies, partout. Geranium sylvaticum L. — Broussailles, partout. Prunel'a grandiflora Jacq. — Pclouses, partout. Sedum villosum L. — Marécages, abondant. Campanula rapunculoides L. — Berges, partout. Petasites albus Gärtn. — Bords des ruisseaux dans le Schneeifel. Ces plantes des régions élevées, qui ne s’observent pas dans l’Ardenne, donnent à la végétation de l'Eifel un remarquable caractère des vallées alpestres qu'il est curieux de signaler. BIBLIOGRAPHIE. Flore cryptogamique de l'Est. — Muscinées (Mousses, Sphaignes, Hépatiques), par l'Abbé Boulay (1). Cet ouvrage s'adresse à tous les botanistes qui aiment à enrichir leurs collections, mais plus encore à se rendre un compte exact des faits. Jusqu'ici les études bryologiques étaient fort difficiles en France; on manquait d’un ouvrage à la fois élémentaire et sérieux qui püt guider les commençants et intéresser en outre les savants. Ce premier volume de la Flore eryptogamique que nous avons le plaisir d'annoncer, satisfait dans une large mesure à ce double but. | Des considérations préliminaires sur l’organographie, la distribution géographique, le rôle des Mousses, des Sphaignes et des Hépatiques dans la nature, et les divers procédés à suivre dans leur étude mettent à même d'entreprendre avec succès l'étude de ces intéressants végétaux. Ces notions ne sont pas une simple compilation d'articles empruntés çà et là; elles constituent un travail entièrement original et d’ailleurs étendu : elles n’occupent pas moins de 200 pages de l'ouvrage. L'article consacré à la distribution géographique des Mousses dans l'Est mérite particulièrement d'attirer l'attention des botanistes. La seconde partie est consacrée à la description des espèces. (1) Un vol. in-8°; Paris, 1875. (ES 200) Elle s'ouvre par un tableau synoptique des familles et des genres. L'auteur s’est appliqué à décrire avec le plus grand soin les espèces comprises dans sa circonscription florale, c’est-à-dire, dans les montagnes des Vosges et du Jura et dans les plaines voisines de l’Alsace, de la Lorraine et de la Franche-Comté. Il a cherché, d’une part, à mettre en relief les caractères extérieurs saisissables à l’œil nu ou à l’aide d’une simple loupe, afin de vulgariser autant que possible la connaissance des Muscinées ; de l’autre, il a signalé les carac- tères microscopiques dont l'observation est indispensable pour acquérir la science proprement dite. Le cadre primitif accusé par le titre de l'ouvrage s rest élargi de fait par l'admission, à leur place méthodique, et la descrip- tion de toutes les espèces de France et d’un grand nombre d’autres appartenant à l’Europe moyenne. En réalité, c’est une description des Muscinées de France. Jusqu'ici cet ouvrage est le plus propre à familiariser les commencants avec l'étude des Muscinées; il est, de plus, un terme de comparaison sérieux pour aider à une révision approfondie des espèces européennes en général. La Flore cryptogamique de l’Est forme un fort volume in-8° de 880 pages d’un texte serré. Il est écrit en francais et le prix en est très-modique (15 francs). Ajoutons, pour terminer, que cet ouvrage est indispensable à tous ceux de nos confrères qui s'occupent d’études bryolo- giques. FRÉDÉRIC GRAVET. ( 550 ) À Synopsis of the British Mosses, by Chas.-P. Hobkirk (1). Ce petit ouvrage nous parait recommandable sous tous les rapports. Ce n’est point une Flore bryologique complète des Iles Britanniques; c’est, comme l'indique le titre, une sorte de vade-mecum pour le bryologue en excursion ou bien un guide pour le commençant. Toutes les Mousses qui ont été recueillies dans la Grande Bretagne et en Irlande, s'y trouvent mentionnées dans un ordre systématique. Les descriptions sont concises et claires et les habitations indiquées avec soin. Le livre se termine par un petit glossaire, qui comprend l'explication des termes employés dans le volume. Nous ne pouvons que féliciter l’auteur de cette publication qui, nous n’en doutons point, contribuera puissamment à vulgariser en Angleterre l’une des branches les plus intéressantes de la Cryptogamie. Louis PIRÉ. Les Mousses de l’Ardenne, recueillies et publiées par C. Delogne et F. Gravet. Fascicule 5. Ce bel exsiccata dont nous avons déjà, à plusieurs reprises, fait l'éloge, en est arrivé à son cinquième fascicule non moins intéressant que ses prédécesseurs. Les amateurs de bryologie peuvent en juger d’après la liste suivante : Amblystegium fluviatile Sw., Archidium alternifolium Dicks., Aulacomnium palustre L. var. polycephalum Sch., Barbula convoluta Hdw., Muelleri Breh, Bryum atropurpu- reum W. et M., caespiticium L., capillare L., gemmiparum De Not., Campylopus fragilis Dicks., Cynodontium Bruntoni (1) Un vol. in-12o, de VIT-196 pages, cartonné ; London, 1875. ( 531 ) Sm., Dicranella rufescens Turn., subulata Hdw., Entostho- don ericetorum De Not., Eurhynchium crassinervium Tayl., Fissidens decipiens De Not., Grimmia leucophaea Grev., Gym- nostomum microstomum Hdw., Hedwigia ciliata Dicks. var. d. viridis Sch., Homalia trichomanoides Schreb., Hylocomium brevirostre Ehrh., Hypnum cuspidatum L., Sommerfeltit Myr., uncinatum Hdw., Leptotrichum homomallum Hdw., Orthotrichum pulchellum Sm., Phascum cuspidatum Schreb., Philonotis fontana L., Plagiothecium Gravetii Piré, late- bricola Wils., silesiacum Selig., Pterignandrum filiforme Zimm., Racomitrium heterostichum Hdw., Rynchosteqium rotundifolium Scop., Schistostega osmundacea Dicks., Sphag- num cymbifolium var. purpurascens Russ., Girgensohnii var. strictum Russ., subsecundum N. ab E. var. squarrosulum Gravet, Ulota Ludwigii Brid., Zieria julacea Sch. Louis PIRE. Les Champignons du Jura et des Vosges, par L.Quelet (1). Sous ce titre, l’auteur décrit les Hyménomycètes qu'il a observé dans la région qui s'étend du Chasseral au ballon d'Alsace et qui comprend donc une partie du Jura septen- trional et des Vosges méridionales. Une assez longue intro- duction initie le lecteur à l'organographie de ces curieux végétaux. La description des espèces est précédée d’un tableau synoptique présentant les caractères des familles de la classe des Champignons et d’un conspectus systématique des genres décrits dans l'ouvrage. La classification et la synonymie sont celles de M. Fries, avec cette différence cependant que plusieurs __ a ———— ee om 1 = (1) In-8, avec planches. (In Mémoires de la Societé d'Émulation de Montbéliard.) (332 ) sous-genres de cet auteur sont élevés au rang des genres. Sur le nombre d'environ 700 espèces décrites, il y en 18 nouvelles. Dix ont été créées par M. Fries sur des échantillons que lui avait envoyés l’auteur ; les autres sont signées de l’auteur lui- même. C. DELOGNE. Prodromus Bryologiae Mexicanae, où Enumération des Mousses du Mexique avec description des espèces nou- velles, par Em. Bescherelle (). Cet important travail peut être considéré comme le synopsis des Mousses du Mexique, car il comprend toutes les espèces qui ont été découvertes jusque maintenant dans cette région. Mais le territoire du Mexique est loin d’avoir été exploré en entier : les végétaux supérieurs ayant surtout attiré l'attention des botanistes-voyageurs. Le plus grand nombre des récoltes ont eu lieu Ie long de la route de la Vera Cruz à Mexico. Liebmann, Galeotti, MM. F. Müller et Sartorius ont visité plus particulièrement les environs du Pie d'Orizaba ; les environs de Mexico paraissent avoir été le centre des recherches de M. Bourgeau, tandis que M. Andrieux visitait Oajaca, M. Sallé, Cordova et M. Hahn, Jalapa. En dehors de ces localités, on ne connait presque rien. Malgré le peu d’étendue de la zone explorée, M. Bescherelle constate l'existence de 99 genres com- prenant 542 espèces, dont un grand nombre n'avaient pas encore été décrites. Les espèces nouvelles sont très-bien décrites. (1) In-8°. (In Mémoires de la Sociélé nationale des Sciences naturelles de Cherbourg, t. XVI, 1871-1872.) ms ne. de. mad ( 335 ) L'auteur établit les 2 genres nouveaux : Campylochaetium et Rozea. On rencontre dans ce travail plusieurs des espèces de la flore de l'Europe : Dicranum flagellare Hedw., Eustichum norvegicum Br. et Sch., Trichostomum crispulum Bruch, Barbulu caespilosa Schwgr., Funaria calvescens Schwgr., — qui remplace au Mexi- que le Funaria hygrometrica — Leptobryum pyriforme Sch., Bryum argenteum L., Mnium rostratum Schrad., Neckera pen- nata Hedw., Daltonia splachmoides Hook. et Tayl. et Thui- dium minutulum Br. et Sch. | Mais on n’y signale aucune espèce appartenant aux genres Cynodontium, Dicranodontium, Tetraphis et Distichium. Les familles ou tribus des Phascacées, Seligériées, Blindiées, Splach- nacées, Meesiacées, Aulacomniées, Timmiées et Buxbaumiacées n'ont aucun représentant connu au Mexique. Certains genres de la flore européenne sont remplacés par des genres voisins qui en tiennent lieu. Ainsi les genres Leucobryum, Ortho- trichum et Ulota sont remplacés par les genres Octoblepharum, Macromitrium et Schlotheimia. Les genres exotiques propres au Mexique sont les suivants : Microdus, Campylochaetium, Micromitrium, Acrocryphaea, Dendropogon, Haplohymenium et Rozea. C. DELOGxE. Flora Orientalis, auctore Edmond Boissier. — Volumen secundum (1). Dans le tome sixième de notre Bulletin, pages 254-245, nous avons déjà fait ressortir l'importance scientifique de (4) Un volume grand in-8, de 1159 pages ; Genève et Bâle, 1872. (334) l’œuvre colossale entreprise par notre savant confrère M. Boissier. Il est parfaitement inutile de répéter les éloges que nous avons faits de cette magnifique publication, qui doit trouver place dans la bibliothèque de tous les amateurs de phytographie et de géographie botanique. Le volume II de la Flore Orientale comprend la description de toutes les Calyciflores. Diaphragmes vasculifères des Monocotylédones aquatiques, par J. Duval-Jouve(). Ainsi que nous l’avons déjà fait pour plusieurs autres mémoires de notre infatigable confrère M. Duval-Jouve, nous allons reproduire textuellement les conclusions de ce nouveau travail, qui vient enrichir l’histotaxie de faits inédits. 4° L'organisation de feuilles cloisonnées par des diaphragmes n’est pas réduite aux Juncus, comme on l’avait cru d’abord; elle n’y est qu’un cas particulier d’une loi commune aux Monocotylédones aquatiques et à quelques Dicotylédones aquatiques. 20 Dans ces plantes, les diaphragmes des tiges, des pétioles et des feuilles, sont disposés de diverses manières : a. Ils ne s'étendent que sur une seule lacune ayant à son pouitour au moins autant de faisceaux longitudinaux que de faces; ex. : Luzula maxima DC., Scirpus lacustris L., Cyperus fuscus L., serotinus Rottb., etc. b. Ils s'étendent sur plusieurs lacunes qui n’ont pas un faisceau longitudinal à chacun de leurs angles, et ils relient entre eux les faisceaux disséminés ; ex. : Cyperus Papyrus L.. Sagiltaria lancifolia L., sagiütifolia L., Acorus Culamus L., etc. e. Un seul diaphragme relie tous les faisceaux longitudinaux épars (1) In-£0, de 24 pages, avec 1 planche; Paris, 1873. (Extrait des Mémoires de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier.) (335 ) au pourtour d’une seule lacune centrale; ex. : Juncus lampocarpos Ehrbh., etc. | 5° Les réseaux vasculaires qui accompagnent les diaphragmes occupent diverses posilions : a. Ils sont accolés au-dessous ; ex. : Scirpus lacustris L., etc. b. Ils s’intercalent dans l’unique assise du diaphragme qu'ils interrompent ; ex. : Sagillaria, etc. c. Ils rampent dans l’épaisseur du diaphragme composé de plusieurs assises de cellules; ex. : Cyperus Papyrus L., etc. d. Ils courent contre les bords des grands diaphragmes; ex. : les pétioles des Strelilzia. 4° La forme des cellules d’un diaphragme diffère toujours de celle du reste du parenchyme ; cette forme, assez rigoureusement déter- minée sur une même espèce, varie à l’excès d’une espèce à l’autre. 5o Cependant cette forme est toujours telle qu’elle présente de grands méats pour permettre le passage des gaz, fonction qui, avec la consolidation de la tige ou des feuilles, était la seule qu’on attribuât précédemment aux diaphragmes. 6o Comme ces diaphragmes sont accompagnés de faisceaux trans- versaux, leur fonclion parait être aussi de fournir des points d'appui à ces faisceaux qui mettent en communication les faisceaux lorgitu- dinaux. Ces derniers, sur les Monocotylédones aquatiques, ne sont donc ni aussi isolés, ni aussi indépendants qu’on l’avait cru d’abord, en n’attribuant un réseau vasculaire, avec anastomoses, qu’à quelques groupes d’Aracées, d’Asparagées et autres. 7° Dans un même genre, les espèces aquatiques ou des lieux très- humides ont des diaphragmes avec des faisceaux transversaux, tandis que les espèces congénères Lout à fait terrestres en sont privées ; ce qui montre que l'influence du milieu se fait sentir non-seulement à l'extérieur, mais Jusque dans l’organisation la plus intime. « Les changements de circonstances font naître et développent certaines parties, tandis qu’elles atténuent et font disparaître plusieurs autres. » Lamarck Phil. Zool., 1, p. 218. ( 336 ) Algemeene beschryjvende Calalogqus der Houtsoorten van Nederlandsch Oost-Indië, aanweziq in het KoLonraaAL Museum, op het Paviljoen te Haarlem, door F.-W. Van Eeden (1). Ce catalogue contient l’'énumération de 890 espèces de bois provenant des Indes néerlandaises et conservées dans le nou- veau Musée colonial de Haarlem, dont M. Van Ecden est le directeur. Chaque espèce énumérée est accompagnée de ren- seignements technologiques et de notes synonymiques. La premiére partie consacrée aux espèces qui ont pu être déterminées spécifiquement ou génériquement, est suivie d'une liste de près de 500 espèces qui n'ont pas encore été déterminées et qui sont seulement connues par leurs noms vernaculaires. Ce catalogue est non-seulement un guide précieux pour l'amateur qui visite le Musée colonial de Haarlem, mais il rendra des services à tous les établissements scientifiques qui possèdent des collections de bois. The Fossil Flora of Great Britain, by John Lindley et William Hutton. Cet ouvrage, depuis longtemps épuisé, atteignait dans les ventes des prix extrémement élevés. M. l'éditeur Quaritch a eu l’heureuse idée de le faire réimprimer en employant les cuivres qui avaient servi à l'édition originale. Ces cuivres ont donné des planches excellentes et qu'on ne peut dis- tinguer de celles qui ont été imprimées il y a près de 40 ans. (1) In-8o, de IV-146 pages ; Haarlem, 1872. (597) La partie typographique de la nouvelle édition est en quelque sorte le fac-simile de la première. La réimpression de cet ouvrage célèbre est une bonne for- tune pour les amateurs de paléontologie, qui maintenant peuvent enrichir leur bibliothèque de l’œuvre de Lindley et de Hutton. Cette nouvelle édition se vend sur le continent 150 francs. Le même éditeur s’est entendu avec M. Carruthers pour publier un volume supplémentaire, qui renfermera les nouvelles acquisitions qu'a faites la paléontologie végétale des Iles Britan- niques depuis 1837. Ce volume supplémentaire ne contiendra pas moins de 40 planches gravées sur bois. Cette publication est attendue avec une vive impatience par tous les phytopaléontologues. Die Rose. — Geschichte und Symbolik in ethnographischer und kulturhistoriseher Beziehung.— Ein Versuch, von M.-J. Schleiden (1). L'histoire littéraire des Roses a été maintes fois traitée, mais jamais elle ne l’a été aussi complétement que dans le nouvel ouvrage de M. Sehleiden. Celui-ci a certes mis à profit les recherches de ses devanciers, mais son livre contient le résultat de nombreuses lectures faites à un point de vue spé- cial. On peut dire qu’il a épuisé le sujet. L'histoire de la Rose est suivie, dans la littérature des divers peuples, depuis les temps historiques les plus reculés jusqu’à nos jours, a — — — me re rememeem (4) Un vol. in-8°, de X-322 pages, avec une planche chromolithogra- phiée et 7 figures sur bois intercalées dans le texte ; Leipzig, 1875. 26 ( 538 ) Quand on parcoure la liste des nombreuses sources consul- tées pour retracer l’histoire de la reine des fleurs, on doit reconnaitre que l’auteur à fait preuve d’une vaste érudition. Parmi les détails purement littéraires, il y a des renseigne- ments scientifiques fort intéressants ct qui méritent de fixer l'attention des botanistes. Les Roses. (Histoire, culture, description), par H. Jamain et E. Forney (1). Comme on le voit, les Roses ne cessent d'occuper l'attention des savants et des horticulteurs. C’est comme jardiniers que MM. Jamain et Forney ont principalement traité leurs Roses. Dans une suite de paragraphes préliminaires, les auteurs exposent, avec leur longue expérience de rosiéristes, les meil- leurs procédés de culture, de multiplication, de greffage, de taille, appliqués au Rosier. La description de 60 variétés remarquables occupe la plus grande partie de l'ouvrage : chaque variété étant décrite sur une page faisant face à une planche chromolithographiée. Il est regrettable que ce livre estimable sous le rapport horticole n’ait pas été illustré par un artiste comprenant bien la peinture des fleurs. Les planches sont extrêmement mé- diocres, pour ne pas dire mauvaises, tant sous le rapport du dessin que sous le rapport de la couleur. Elles ne peuvent même être comparées avec les petits chefs-d’œuvre qui sortent journellement des presses des Van Houtte, des Severeyns, des De Pannemacker et des Stroobandt. Ajoutons que les auteurs ont puisé à des sources bien peu (1) Un vol. grand in-80, de IV-267 pages, avec 60 chromolithographies et 60 gravures sur bois intercalées dans le texte ; Paris, 1873. ( 559 ) scientifiques pour rédiger leur chapitre consacré aux considé- rations générales sur les espèces du genre Rosa et sur leur distribution géographique. Ce chapitre est rempli d'erreurs et d’inexactiludes presque inexplicables. Mission scientifique au Mexique et dans l'Amérique cen- trale. — Ouvrage publié par ordre du Ministre de l'instruction publique. — Recherches botaniques pu- bliées sous la direction de M. J. Decaisne, membre de l’Institut. — Première partie. — CRYPTOGAME, par M. Eug. Fournier, avec la collaboration de MM. W. Nylander et Em. Bescherelle (1). Le beau mémoire dont M. Fournier à enrichi la bibliothèque de notre Société contient la catalogue raisonné des Lichens, des Muscinées et des Cryptogames vasculaires découverts jusqu’à ce jour tant au Mexique que dans l'Amérique centrale. Les Lichens ont été traités par M. le docteur Nylander; les Musci- nées, l’out été par M. Bescherelle; ct M. Fournier a élaboré tout ce qui concerne les Fougères, Équisétacées, Rhizocarpées et Lycopodiacées. Les auteurs n’ont pas seulement étudié et catalogué les maté- riaux recueillis par les botanistes qui ont accompagné l’expédi- tion française au Mexique, mais ils ont consulté les herbiers et les collections qui renferment des matériaux récoltés antérieurement dans la circonscription américaine qu’ils ont embrassée dans leur travail. Dans celui-ci, nous voyons fré- quemment cités les herbiers de nos compatriotes MM. Linden et Van Heurck. (1) Un vol. grand in-£o, de 166 pages, avec six planches; Paris, 1872. ( 540 ) Les espèces déjà décrites sont seulement énumérées avec des détails synonymiques et géographiques; quant aux espèces nouvelles, elles sont accompagnées de descriptions et plusieurs sont figurées. Ce mémoire, imprimé avec un grand luxe, constitue une importante addition pour la flore de l'Amérique centrale. BorTaniQue Japonaise. — Livres Kwa-Wi, traduits du japo- nais, avec l’aide de M. Saba, par le D" L. Savatier (1). Le nom de M. Savatier n’est pas inconnu à-nos confrères; ils savent que ce naturaliste, depuis qu'il habite le Japon, a envoyé en Europe des collections extrêmement importantes de plantes, d'insectes, de coquilles, ete. La connaissance que ce savant possède de la langue japonaise lui a permis de traduire un livre Japonais des plus curieux et formant une sorte de Flore du Japon. Les livres Kwa-Wi ont été écrits vers le milieu du siècle dernier par Yonan-den-Téroufsa. Le premier livre est consacré aux plantes herbacées et les 2° et 5° livres, aux plantes ligneu- ses. Dans l’ouvrage original, les espèces sont représentées par des figures empruntées à des publications antérieures ou ont êté faites d’après des dessins de l’auteur. (1) Un vol. in-8, de 156 pages ; Paris, 1875. (54) MÉLANGES. Concours quinquennal des sciences naturelles. — Période de 1867-1871. — Rapport du Jury à M. le Ministre de l’Inté- rieur (1). Bruxelles, le 12 novembre 1872. Monsieur le Ministre, Le jury nommé par arrêté royal du 6 décembre 1871, à l'effet de décerner le prix des sciences naturelles au meilleur ouvrage publié pendant la dernière période quinquennale, a l'honneur de vous présenter le résultat de ses travaux. C'est pour la cinquième fois que le concours en question est ouvert, et Jamais, depuis son institution, les concurrents de mérite n'ont fait défaut. Il est même à remarquer que le prix de la première période a été partagé entre trois compétiteurs (2), et celui de la deuxième a été seindé en quatre parts(5). — Depuis cette époque, un arrêté ministériel a déclaré les prix quinquennaux désormais indivisibles(#). Par suite de ce décret, la mission du jury est devenue plus difficile et plus pénible ; dans ce dernier concours, qu'il était appelé à juger, un bon nombre de travaux remarquables, sur les sujets les plus divers et par conséquent les plus difficiles à comparer entre eux, se trouvaient en présence ; aussi le vote du jury a-t-il été loin d'être unanime. — Il est de toute justice de rappeler au moins (1) Le Conseil de la Société, dans une récente réunion, a décidé que ce rapport serail reproduit dans îe Bulletin. (2) Bull. de l’Académie, t. 19, p. 604, 1852. (3) Id., 2e série, t. 3, p. 506, 1857. (4) Id , 2e série, t. 14, p. 522, 1862. (342) les plus importants de ces travaux, avec le regret de devoir nous borner à une mention toutefois très-honorable. La GÉoLoaie, la Zoozocie et la BoTaniQuE ont fourni leur contingent pendant cette période de cinq années, Les TRAVAUX GÉOLOGIQUES ont eu une large part dans les inves- tigations de nos savants. — La magnifique carte géologique d'André Dumont, qui fait tant d'honneur à la Belgique, deman- dait un interprète ; le Prodrome de M. G. Dewalque(l) répon- dit à cet appel ; cet excellent guide n’est pourtant que le prélude d'un ouvrage beaucoup plus étendu qu'on attend avec impa- tience. On connaît les travaux importants de M. É. Dupont, les fouilles qu’il a dirigées avec tant d'intelligence et dont il a consigné les résultats et coordonné les faits dans un travail remarquable : L'Homme pendant les âges de la pierre. — Nous mentionnerons aussi en passant les intéressantes Observations de MM. C. Malaise et J. Gosselct sur le terrain silurien de l’Ardenne(2). — Enfin, nous rappellerons les travaux géologi- ques de MM. A. Briart et F.-L. Cornet, sur lesquels notre illustre Président a particulièrement insisté : ils ont surtout pour objet l'étage inférieur du terrain crétacé(5) et la craie blanche du Hainaut(#, la description de la meule de Brac- quegnies(®), et les fossiles du calcaire grossier de Mons (6). (1) Prodrome d’une description géologique de la Belgique; in-8», Bruxelles, 1868. (2) Bull. de l’Académie, 2e série, t. 26. (3) Mém. des savants étrangers, t 55. (4) Id., t. 55. (5) td. yt. 34. (6) M. + t. 56. (543) LA 14 La Zoozoie qui, dans les deux premiers concours, avait obtenu sa part de récompense, et qui, dans les deux derniers, a remporté le prix sans partage, n’a pas cessé de produire des œuvres importantes. L'Académie royale a reçu dans ses recueils des travaux remarquables; les rapports des commissaires chargés de les apprécier en ont fait ressortir le mérite et la publicité de ces comptes-rendus nous dispense d’y insister longuement. — Nous signalerons en particalier les Recherches de M. le Dr Van Bambeke sur le développement du Pélobate brun (1); — les Recherches de M. F. Plateau sur les Crustacés d'eau douce de la Belgique @), sur les articulés aquatiques 5) ete., — M. Van Beneden père, qui a fourni déjà tant de beaux travaux, n'est pas resté oisif pendant cette période de cinq années, et les annales de la science ont enregistré avec bonheur son curieux travail sur les Poissons des côtes de Belgique, leurs parasites et leurs commensaux(#), ainsi que son Mémoire sur une Balénoptère capturée dans l’Escaut en 1869 (5). Il appartenait surtout à M. Édouard Van Beneden d'entrer en lice pour disputer le prix; ses Recherches sur la compo- sition et la signification de l'œuf, ete.(6), avaient été couron- nées en 1868; néanmoins, le jury n’a point regardé cette récompense académique comme un obstacle au concours. Les savants rapports de MM. Gluge et Schwann (7) ont fait ressortir ce qu'il y a de neuf dans ce beau travail, et ils en ont montré (1) Mém. des savants étrangers, t. 54. (2) Id.,t. 54 et 55. (3) Id., t. 56. (4) Id., t. 58. 5) Id., t. 39. 6) Mém. couronnes, t. 34. (7) Bull. de l’Acudémie, 2° sér., t. 26, pp. 507, 517. (544 ) toute la portée scientifique. La lutte du concours a été vive, et ce n’est que par une voix de majorité que la balance a fini par s’incliner vers la botanique. III. La BOTANIQUE a toujours été une étude de prédilection en Belgique; cette étude a pris un nouvel essor par la création de la Société royale de Botanique, et par le zèle infatigable de son illustre Président. On accourt à l’envi pour mettre en commun le fruit de ses recherches, et chacun demande au Bulletin sa petite part de publicité. Toutes ces productions, sans avoir une égale importance, présentent néanmoins un ensemble imposant. Parmi les nombreux travaux publiés par des botanistes belges pendant les cinq dernières années, nous rappellerons ceux qui ont surtout attiré l’attention du jury. Jean Kickx, que l’Université de Gand comptait au nombre de ses professeurs les plus distingués, avait été l’un des propa- gateurs les plus ardents des études eryptogamiques dans le pays. En 1857, les cinq Centuries de cryptogames, qu'il avait décrites dans les Mémoires de l’Académie (Î), avaient eu leur part du prix quinquennal. Depuis cctte époque, l’auteur a refondu et complété son travail; il en a fait un ouvrage nou- veau, bien coordonné, et où chaque famille cst précédée d’une introduction résumant les progrès récents de la science. Il n’eut pas la consolation de publier lui-même son œuvre, mais son fils et successeur ne voulut pas laisser inédite la Flore cryplogamique des Flandres. Ce travail est le plus complet que possède jusqu'ici la Belgique, et quoiqu'il n’embrasse qu'une partie de son territoire, il est d’une grande utilité pour (1) Mém. de l'Académie, t. 13, 17, 20, 23 et 29. (345) toutes localités du pays; aussi le jury la-t-il accueilli avec faveur pour le concours, et s’il a cédé la palme à un travail beaucoup moins volumineux, c’est que ce dernier renferme des idées plus neuves et plus originales. Cette victoire rem- portée sur.le travail de J. Kickx n'ôte pourtant rien à son mérite réel, et la Flore cryptoyamique des Flandres est tou- jours encore le manuel indispensable des eryptogamistes belges (1). Avant de passer au travail qui doit spécialement nous occuper, nous devons mentionner une autre publication qui fait égale- ment saillie parmi les nombreux écrits qui ont pour objet la science des végétaux: nous voulons parler de La Vie d’une plante, par M. J. Chalon, docteur en sciences naturelles. Ce livre, qui sort de la vieille ornière, est du petit nombre de ceux qui font véritablement progresser la science (2). L. Enfin, nous arrivons au travail qui fait surtout l’objet de ce rapport, étant celui auquel le grand prix a été décerné. — Ce mémoire a pour titre : Recherches anatomiques et physio- logiques sur les Champignons; son auteur, M. Jean-Baptiste Carnoy, docteur en sciences naturelles, l’a publié en 1870, dans le Bulletin de la Société royale de Botanique de Bel- gique(5), sur les rapports très-favorables de M. le professeur Martens, de Louvain, et du regretté professeur Spring, de Liége. Les champignons ont de tout temps attiré l'attention ; la singularité de leurs formes et la variété de leurs couleurs, la ee (1) Flore cryptogamique des Flandres ; 2 vol. in-8°, Gand, 1867. (2) La Vie d’une plante ; in-8°, Namur, 1871. (3) Tome IX, pp. 157-321, avec IX planches doubles. ( 546 ) rapidité proverbiale de leur croissance, les propriétés alimen- taires d’un grand nombre d'entre eux et les qualités toxiques de beaucoup d’autres, les avaient signalés au vulgaire long- temps avant que la science s'en emparât. — Les anciens n'ont guère parlé des champignons au point de vue de la botanique; leurs investigations n'avaient pour but que de reproduire les espèces recherchées pour la table; quant à leur nature, ils n'en avaient aucune idée. Il ne faut pas même remonter jusqu'au siècle dernier pour rencontrer encore les opinions les plus discordantes et les plus singulières au sujet des champignons ; beaucoup de botanistes n’en voulaient pas dans le règne végétal; les zoologistes ne les acceptaient que sous caution, enfin, des conciliateurs prétendaient les caser dans un règne intermédiaire ; bref, on en était aux conjectures par rapport à ces êtres singuliers qu'on croyait engendrés spontanément, et on se contentait de décrire leur forme exté- rieure. — Nous aimons à rappeler ici qu'un des livres les plus importants de ce genre parut en Belgique il y a deux siècles; Francois Van Sterbceck, son auteur, publia en flamand, en 1675, son Theatrum Fungorum accompagné de nombreuses figures (1). Depuis ce temps, la science a fait bien du chemin, et nous ne savons où elle s'arrêtera. A partir surtout du commencement de ce siècle, le domaine mycologique s'est fort étendu ; aux gros champignons connus du vulgaire, sont venues s’adjoindre une foule de produc- tions minimes que le microscope nous a dévoilées. Ici, des moisissures envahissent toutes les matières qui se corrompent, pour les faire disparaitre; là, elles dévastent nos champs de pommes de terre et nos vignes; la rouille, le charbon, l'ergot, (1) Theatrum Fungorum, oft het Tooneel der Campernoelien ; in-4, Antwerpen, 1675. ( 547 ) s'attaquent à nos céréales; les ferments, à leur tour, jouent un rôle des plus importants. Nous passons sous silence des milliers d’autres parasites dont on ignore la mission. Tous ces êtres mystérieux ont fait invasion dans cette grande classe des champignons, et les labeurs de la science ont assigné leur place aux plus infimes d'entre eux et enregistré leur signalement, afin de ne les plus méconnaitre ; on leur a reconnu des organes reproducteurs comme aux plantes les plus élevées, et la géné- ration spontanée s’est de nouveau retirée confuse. La science semblait progresser et les catalogues s’enrichis- saient chaque jour d'espèces nouvelles. Cependant, depuis quelques années, on s'aperçoit quon a fait fausse route. Ces êtres, tout petits qu'ils sont, ou plutôt à cause de leur petitesse même, ont mystifié les savants. Les mêmes espèces sont venues se faire inserire plusieurs fois sous des formes diverses ; mais la police scientifique, toujours aux aguets, en a surpris un ccrtain nombre, elle a suivi pas à pas toutes leurs démarches et dévoilé leurs ruses. À partir de ce moment, les botanistes de tous les pays sont en éveil, cet toute découverte en ce genre est une bonne fortune. Le mémoire de M. Carnov, qui nous occupe en ce moment, répond à cet appel général et, comme nous le verrons, aucun travail en ce genre n’a apparu aussi complet et n’a été conduit avec plus de prudence et de sagacité. Ve Historique. — Il importe avant tout de reconnaitre les pre- miers pas que la science avait faits dans la voie des transfor- mations au moment où parut le travail de M. Carnoy. Ici, nous sommes obligés d'entrer dans des détails purement scientifiques et de recourir à des termes qui ne seront bien compris que des initiés. (348 ) À.-J. Corn, de Prague, a le premier trouvé plusieurs espèces de fructifications ou spores sur un même champignon (sur le Penicillium glaucum, en 1837, et sur l'Ascophora elegans, en 1859), mais sans y attacher d'importance : il regardait Ja chose comme purement fortuite (1). En 1852 (2, le docteur Sprixe avait rencontré une Mucédinée dans un œuf de poule frais; il ne put la déterminer, parce que les organes de fructification y faisaient défaut. Il fit entrer une partie de ce champignon dans un tube en verre contenant quelques gouttes d’eau distillée, et il obtint un Periconia ; une autre partie, introduite dans un tube avec du blanc d'œuf, lui donna un Periconia et un Aspergillus. L'intérieur de la coque de l’œuf donna naissance à un Aspergillus et à un Sporotri- chum. Il inocula aussi diverses fractions de la Mucédinée primitive à des œufs frais, dans lesquels il récolta ensuite des Hemiscyphe, des Aspergillus, des Periconia, des Mucor... I est à remarquer que la portion inoculée était restée intacte, et se trouvait placée à l’opposite des nouvelles productions. Des fragments détachés des différentes formes obtenues du protée en question furent enfermés dans des tubes, et d’autres productions apparurent. — Spring complait poursuivre ses recherches (p. 570), et il promit de les faire connaitre dés qu'il aurait entrevu une règle là où, comme il le disait, tout semblait être caprice. I] se contenta de conclure à la mutabilité des formes « non-seulement dans les limites du genre, mais dans celles de la famille et même de l'ordre » (p. 571). Deux ans plus tard, il revint sur cette conclusion qu’il maintient contre ses adversaires (9). — Comme on le voit, (1) Zcones Fung., 1, p. 21 ; HI, p. 14. (2) Bull. de l’Académie, t. 19, 1; pp. 553-573 : Des champignons qui se développent dans les œufs de poule. (3) 1b.,t.21, 1, p. 213 : Rapport sur une dissertation relative à l'espèce «t aux variétes. ( 549 ) ces expériences, faites sans précautions suffisantes, ne don- nèrent que des résultats douteux, ce qui explique pourquoi la science n’a pu en tenir compte. Il faut arriver à M. L. TuLasxe (1861) pour voir commencer les recherches sérieuses sur le pléomorphisme des champi- gnons, c'est-à-dire, sur la faculté qu'ils ont de se reproduire par plusieurs sortes de semences(l). Il à surtout étudié les Ascomycètes. Il a découvert à côté des thèques d’autres appa- reils fructifères de nature mucédinéenne et connus sous le nom de conidies, mais il n’ose assurer l'identité de ces appareils avec ceux des vraies Mucédinées; il les considère seulement comme un mode accessoire de reproduction, et non comme des Mucédinées véritables (p. 75). M. De Bary (2) ne va pas même aussi loin que M. Tulasne, et il recommande beaucoup de prudence dans les conclusions à tirer sur ce point. EuGÈNE Coemans refusait aussi d'admettre la métamorphose des Mucédinées véritables en Ascomycèles et Hyménomycètes. « La chose est impossible, » disait-il, et c’est pour ce motif qu'il n’a jamais consenti à présenter le travail de M. Carnoy à l'Académie. Pour arriver à une conclusion aussi extraordinaire, M. Car- noy a d’abord étudié le développement des Ascomycètes et des Hyménomycêtes; ensuite, il a semé ses Mucédinées, et suivi leur développement heure par heure jusqu’à l’enroulement des tubes mycéliens et leur transformation en corps polyeellu- laires : ces corps sont la première étape des Ascomycètes et des Hyménomycètes. Pour r’être pas victime d’une illusion, il a renouvelé son expérience plus de cent fois. Déjà les Mucorinées avaient présenté plusieurs fructifications — (1) Selecta Fung. Carp., t. 1, Proleg., c. VI, p. 46, (2) Morph. und Physioi. der Pilze, p. 174. LA \ 3 $ Ê RE 4 2 Es he ( 350 ) mucédinéennes : — M. De Bary avait trouvé lAspergillus maximus avec le Syzygites megalocarpus (l); M. Woronix à rencontré le Chaelocladiuim sur le Mucor Mucedo (2) ; E. Coe- mans a découvert, à son tour, une forme mucédinéenne (5). Enfin M. Bai (#) prétend avoir trouvé de la levure de bière (Hormiscium Cerevisiae) provenant du Mucor Mucedo. M. de Bary proteste contre cette production de levure, malgré les assertions positives de M. Horruanw, de Giessen et de M. HAL: LIER, d'Iéna (5). — M. Hautier (6) a montré que le Rhizopus nigricans, semé sur des tranches de pommes de terre, donne la levüre connue sous le nom de Hicrococcus (p. 298). Il fait voir aussi (p. 296) qu'un Penicillium donne un Botrytis, que l'Oidium de la vigne donne un Botrytis et un Penicil- lium (p. 298), et que le Stysanus a également deux formes (p. 556); enfin il a trouvé que le Penicillium crustaceum donne des macroconidies d'où sort le Mucor racemosus (p. 263). Dans tout ce que M. Hallier a publié, il n’y a qu'un seul point qui touche à la transformation des Mucédinées en Mucorinées, à savoir les macroconidies du Penicillium crustaceum qui, en germant, donnent un Mucor ; tout le reste n'a trait qu'à des transformations de Mucédinées en Mucédi- nées ou d'Ustilaginées en Mucédinées, ce qui revient au même, attendu que les Ustilaginées ne sont, par leurs spores externes et en chapelet, que de vraies Mucédinées. Ce n’est pas tout : la manière de procéder de M. Hallier, dans ses expériences, n’est pas à l'abri de l’erreur : il sème en ) Beitrage zur Morphol., 1... ) Ibid, I, p. 18. (5) Mon. du genre Pilobolus. ) MVova acta Acad. Naturae Cur., t. 28, p. 175. (5) Cholera Contagium. (6) Phytopatologie. (351) vase clos des semences qu'il croit pures, puis il examine le résultat final; ce mode d'opérer a donné prise aux critiques de MM. de Bary et Hoffmann et de M. Carnoy lui-même (1). On sait qu'il est presque impossible d’avoir des semences à l'état de pureté; en outre, des corps reproducteurs de toutes les sortes sont en suspension dans l'air, et peuvent se méler aux semis au moment où l’on y prend des préparations. — Une seule méthode est véritablement scientifique et irréprochable, c’est de voir de ses yeux le tissu s’accroitre et se transformer. Cette méthode n’était pourtant pas ignorée et plusieurs fois on l'avait mise en usage, mais dans des limites fort restreintes; M. Carnoy seul a eu le courage et la patience de l’employer pendant deux années consécutives, enchaîné en quelque sorte à son microscope, consacrant quatorze heures chaque jour à ses recherches, et menant de front jusqu’à cent cultures à la fois dont il suivait pas à pas le développement. Le docteur Léveillé avait dit (2) « qu’on aurait résolu le plus difficile problème de la mycologie, si on était parvenu à faire lever, croître ct fructifier une seule spore ; » or, ce sont des milliers de spores que l’auteur est parvenu à faire lever, croître et fructifier dans tous les milieux possibles. VL. Mais il est temps de faire connaître plus en détail l’'impor- tant mémoire de M. Carnoy. « Les recherches de l’auteur, dit le D° Spring dans son rapport inédit, ont porté principale- ment sur une nouvelle et remarquable espèce de Mucor, qu'il a rencontrée lors de son séjour à Rome, et que, à cause de cela, il appelle Hucor romanus. Il en a étudié la structure au (1) Introd. à son mémoire, p. 6... (2) Ann. des Sc. nat., 2e série, t. 8, p. 321 ( 552 ) moyen des meilleurs procédés en usage dans l’histologie végétale moderne; il en a suivi les diverses phases de dévelop- pement, et, à l’aide de patients essais de culture, il a non- seulement élucidé tout ce qui concerne la maturation et Ja germination des spores, mais encore démontré le polymor- phisme de l'espèce, en le rattachant à l'influence des milieux où les individus se développent. » — Telles sont les paroles de Spring, que nous aimons à reproduire, parce qu'il était nommé pour faire partie du Jury lorsque la mort est venue nous l'enlever. Écoutons maintenant l’auteur lui-même : — « Tour à tour simples cellules sous forme de levure, humbles Mucédinées sous les dehors les plus variés, gracieux Mucor, Ascomycètes ou ÆHyménomycèles des plus parfaits, ces petites plantes se jouent de la patience la plus héroïque. » — Nous avons dit que l’auteur ne connait ici qu’un seul criterium de certitude : il faut voir de ses yeux la transformation s’opérer. Les pré- cautions de M. Pasteur auraient été complétement inutiles; elles auraient, en outre, mis la plante dans un état violent et contraire à la nature : {a continuation de tissu peut seule donner la certitude en cette matière. Les modernes ont divisé les Champignons en cinq classes : les Mucédinées, les Mucorinées, les Ascomycètes, les Gustéro- mycèles et les Hyménomycètes. — Le travail de M. Carnoy regarde plus spécialement les Mucorinées, qu'il étudie surtout dans leur plus illustre représentant, le Mucor romanus, et les pages qu’il lui a consacrées renferment un petit traité d’ana- tomie et de physiologie comparées des Mucorinées. NEIL: Aïe PARTIE. — Analomie. — Dans cette partie, nous signa- lerons particulièrement comme propres à l’auteur : ( 355 ) 4° La découverte d’une cuticule chez les Mucorinées (pp. 16 et. 47); 20 La découverte des couches d'épaississement qui s’effeuil- lent sous l'influence des réactifs (pp. 18 et 19) : ceci est fonda- mental pour l’histologie des Mucorinées ; 5° On prétendait que l’iode et l'acide sulfurique ne colo- raient pas en bleu la membrane des Champignons ; Coemans n’a cédé qu'à l'évidence d’une préparation faite sous ses yeux par l’auteur ; 4° On ignorait la constitution d’un sporange chez les Muco- rinées ; l’auteur l’a dévoilée, grâce à l’exfoliation des mem- branes tubulaires et sporangiales (pp. 29, 50, 114 et 115); il a montré que la membrane sporangiale demeure ce qu'elle était lorsque la columelle s’est formée ; je Il a fait connaître également la structure de la columelle, sa formation par une cloison analogue à celles du mycélium, et son développement par couches d’épaississement déposées seulement à sa face inférieure (pp. 52, 112 et 115). A propos de cette découverte, M. le D' Brefeld, de Halle, écrivait à l’auteur qu’il avait, contre toute attente, tranché le nœud gordien des Mucorinées; qu'on sentait, en lisant les pages 112 et 115, que c'était bien la vérité (1). VII. 2e Partie. — Physiologie. — Voici la thèse de l’auteur : « Une espèce quelconque de champignons doit, pour par- courir le eyele entier de son développement, passer par diffé- rents milieux, et revêtir successivement quatre ou cinq formes (1) Lorsque l’auteur parle de la membrane primitive et des couches d’épaississement, il n’a nullement l'intention de se prononcer en faveur de l'accroissement par juælaposilion; comme M. le professeur Nägeli, de Munich, il admet des couches superposées, formées primitivement, les- quelles se nourrissent ensuite par intussusception. 27 (354) générales, dont on avait fait jusqu'ici autant de classes ». — I] range toutes ces formes en deux groupes : 1° formes mucoréennes, 2 formes mucédinéennes : cette division est propre à l'auteur. — Il regarde la forme mucédinéenne ordinaire (Mucédinées), la forme ascomycélienne (4scomy- cètes, Pyrénomycèles, ete.) et la forme hyménomycétienne, comme des fructifications mucédinéennes se développant sur un seul et même mycélium mucédinéen : celui-ci, après avoir donné une Mucédinée ordinaire, donne lune ou l’autre des deux autres formes (pp. 164 et 165). — La forme mucoréenne, à son tour, comprend différentes formes prove- nant d’un mycélium mucoréen. — On peut passer de diverses manières d’une de ces formes à l’autre. — Une espèce mycolo- gique a donc deux vies, l'une mucoréenne et l’autre mucédi- néenne, qui correspondent aux deux mycéliums que l’auteur définit et caractérise nettement (pp. 142-150). La transforma- tion de ces deux mycéliums donne la raison, inconnue Jjus- qu'ici, des faits esolés de transformation observés par d’autres. L. Vie MUCORÉENNE. — Tout ce qui concerne le déveluppe- ment des tubes sporangifères est entièrement neuf (pp. 45-81): c’est le résultat d’un travail incessant et pénible, tant de nuit que de jour ; fatigant surtout pour la vue, à cause des mesures sans nombre qu'il a fallu prendre, et des grossissements con- sidérables auxquels il a fallu avoir recours. Le développement des tubes sporangifères est divisé en trois périodes bien distinctes (p. 48). On ne peut lire sans le plus vif intérêt les lois de ces différentes périodes, ainsi que les détails sur les effets du grand allongement qui s’effectue dans la troisième période (p. 71), et sur la cause qui le produit, de même sur la part de la vie dans ce phénomène. — A ce propos, nous rappellerons encore quelques mots de Spring : « M. Carnoy, dit-il, a surtout bien compris ce point; il s’est élevé, à propos des limites qui séparent les unes des autres ( 555 ) les forces physiques et la force vitale, à des considérations philosophiques que j'ose particulièrement recommander à l'attention du lecteur. » (Rapport inédit.) La formation des spores (pp. 90-95, 97-105), ainsi que leur nutrition et leur maturation n'avaient pas été traitées sérieuse- ment jusqu'alors. — Cocmans avait fait connaître la déhiscence chez le Pilobolus; on n'avait rien de fixe pour les autres genres avant que l’auteur eût démontré le grand allongement et la diminution des spores pendant leur maturation, etc. Un autre point très-important résulte de la distinction entre les formes mucoréennes principales et les formes secondaires (p. 128). La forme principale se reproduit directement; il n’en est pas de même des formes secondaires; elles ne sont done pas autonomes, mais destinées à reproduire directement la forme principale. M. Carnoy divise ces formes secondaires en deux groupes : 4° formes sporangiules (le Thamnidium et les Hydrophora, parmi lesquels il range le Mortierella polycephala de Coemans) ; 2 formes non sporangiales où acrogènes (macro- conidies). À propos des formes secondaires du Mucor romanus, l'auteur étudie à fond la formation si curieuse des macroco- nidies et leur segmentation ; il les divise en plusieurs groupes : 4° Macroconidies tubulaires ou chlamydospores (p. 129), qui se développent sur place, en un rameau latéral portant un sporange ; 2% Macroconidics mycéliennes, qui se produisent sur le mycélium (p. 150); 5° Macroconidics sans mycélium (p. 155). Jusqu'ici on n'avait sur ce point que des idées très-confuses et tout à fait erronées. IT. Vie MUCÉDINÉENNE -- Ici l’auteur aborde les véritables méta- morphoses. Les formes mucoréennes primaires et secondaires ne sont pas les seules que revêt le Mucor romanus ; dans bien ( 356 ) des circonstances, sa métamorphose est complète, et 1l faut avoir assisté à son travestissement pour y ajouter foi. — Les transformations signalées jusqu'ici par quelques mycologues n'étaient que des faits isolés que rien n’expliquait, que rien ne reliait entre eux, et puis, la plupart ne donnaient que des résultats incertains par défaut de bonnes méthodes. L'auteur a cherché le pourquoi, le comment, en un mot, les lois qui pré- sident aux métamorphoses, et il paraît avoir atteint ce but. C’est l'influence du milieu où l’on cultive les champignons qui détermine l'apparition de telle ou telle forme (p. 150); c’est ainsi qu’un Hucor donnera une Mucédinée, puis un Ascomy- cète ou un Hyÿménomycète, etc. En général, les formes muco- réennes exigent un sol riche ; si la nourriture vient à manquer, la forme mucor revêtira la forme pénicillienne, ou une autre forme mucédinéenne inférieure. Pour chaque transformation, l'auteur détermine nettement les conditions requises; il montre comment on peut passer d’une forme à l’autre et revenir à la première, et il est amené par une foule d'expériences à ériger en loi générale cette transformation des Mucor. Jamais pareil travail n'avait été fait, et lorsqu'on a avancé que plusieurs formes donnaient le Penicillium, on n’a jamais décrit cette transformation, ni étudié ses circonstances, ni formulé ses lois. Qui ne voit ici l'analogie frappante qui existe entre les trans- formations des champignons dévoilées par M. Carnoy, et celles qu'a si bien démontrées M. P. Van Beneden chez les vers intestinaux? C'est dans les rangs inférieurs des deux règnes que ces métamorphoses ont lieu, et c'est le changement de milieu qui les détermine. Quant à la forme Botrylis, aucun mycologue n'avait trouvé une Mucédinée qui, en germant, donnât directement un Mucor ; l’auteur en a découvert trois formes. Cette transfor- ( 597 ) mation est fondamentale, puisqu'elle nous fait voir une Mucé- dinée véritable, et en même temps une des plus caractéristiques du groupe, qui, au licu de se reproduire, donne toujours la forme Mucor dans un milieu convenable. C’est aussi sur cette forme Botrytis que l'on rencontre le plus facilement les tubes enroulés par où débutent les Ascomycètes et les Hÿménomy- cêtes. L'auteur trouve donc ici reunics sur un même mycélium les trois grandes classes de Champignons, connues sous les noms de Hucédinées, Mucorinées, Thécasporées. » Récemment encore, dit M. le professeur Martens, de Louvain, nous avons vu M. de Bary nier l'existence d’une parenté entre le Mucor, le Penicillium et le Botrytis : M. Carnoy me semble établir cette parenté d'une manière péremptoire (Rapport inédit). » Nous nous résumons : les formes fondamentales des Mucédi- nées dérivent directement des Mucor. Tout champignon a un mycélium mucoréen et un mycélium mucédinéen, qui passent lun à l’autre suivant le milieu où ils se trouvent. Tout cham- pignon a une forme levure. La forme levure, la forme mucédi- néenne véritable, et les formes uscomycélienne et hyménomy- célienne dérivent toutes du mycélium mucédinéen, qui, après avoir donné des Mucédinées, enroule ses tubes et forme ces amas cellulaires, qui ne sont que le commencement d’un Asco- mycèle où d'un Fyménomycète. Enfin, le travail de M. Carnoy est accompagné d'un grand nombre d'excellentes figures, toutes dessinées au microscope au moyen de la chambre claire, avec la plus scrupuleuse exac- titude, et à un grossissement très-exactement mesuré : ce qui, aux yeux de Schacht (Das Mikroscop), est absolument néces- saire pour donner aux dessins microscopiques une valeur réelle et sérieuse. | EX L'exposé que nous venons de faire nous montre un travail entièrement original, bien conçu, bien coordonné et menant à des résultats très-importants et tout à fait inattendus. Telle est aussi l'opinion des deux commissaires nominés par la Société royale de Botanique. — C’est, aux veux de M. le pro- fesseur Martens, « une monographie faite avec une habileté et un savoir auxquels il se plait à rendre hommage, et pleine de faits, les uns entièrement nouveaux pour la science, les autres mis dans une lumière nouvelle par d’habiles recher- ches (Rapport inédit). » — Le D" Spring, à son tour, apprécie « la solidité et la valeur exceptionnelle de ce mémoire. » « L'étude anatomique et physiologique des Hyphomycètes, ajoute-t-il, mérite d'être encouragée, tant au point de vue des doctrines générales qu'à celui des applications extrêmement importantes qu’en attend la pathologie générale ou philoso- phique. En effet, par la simplicité de leur structure et la rapidité de leur développement, ces végétaux inférieurs dévoilent, mieux que les autres, les lois de la cellule et les conditions essentielles de la vie, tandis que, grâce au rôle pseudo-parasitaire qu'ils jouent évidemment dans le plan de la création, ils nous font pour ainsi dire assister aux phéno- mènes de la déchéance organique qu’on appelle la maladie. » « Je crois avoir été des premiers (c’est toujours Spring qui parle) à signaler le polymorphisme des Mucédinées, fait que M. Hallier a élévé depuis au rang de doctrine, sans s'arrêter aux objections d’autres mycologues, pas même à celles de M. de Bary. D'accord avec le premier commissaire, je pense que le mémoire de M. Carnoy servira à établir cette doctrine d’une manière péremptoire..….. » — Enfin, Spring termine en disant : « ]l n'est pas besoin d'insister sur la portée très-grande qu'auront nécessairement les résultats qu’il a obtenus. » ( 559 ) Telles sont, M. le Ministre, les considérations qui ont motivé le jugement du jury. — Les connaissances de l'auteur, son habileté consommée dans le maniement du microscope, le temps et les soins qu'il a prodigués à son œuvre, sont un sûr garant de la portée scientifique de son travail. En 1849, M. El. Fries faisait ressortir l'importance de l'étude d’une seule espèce dans toutes les phases de son déveleppement(l); M. Carnoy n’a pas craint d'aborder une pareille tâche, et nous avons vu avec quel succès. Sans doutc la science n’a pas dit son dernier mot sur cette question; mais la manière claire et méthodique dont le sujet est traité en rend le contrôle facile à quiconque aurait le temps et la patience de répéter les expériences de l’auteur. Aussi, les mycologuces de profession, qui, depuis deux ans, ont entre les mains le travail de M. Carnoy, n'ont-ils jusqu'ici contesté aucune de ses assertions(2). — On peut considérer le mémoire en question comme le travail d’ana- tomie et de physiologie végétale le plus remarquable qui ait paru jusqu'ici en Belgique, et si une œuvre aussi difficile et aussi rebutante n'avait pas été encouragée, aucun auteur n'aurait pu se résoudre à aborder désormais de pareilles questions, et leur mise au concours n'aurait plus rien de sérieux. Agréez, Monsieur le Ministre, l'assurance de nos sentiments respectueux. MM. J.-B.-J. n'Owauius, président; E. CANDÈZE; B. ou Bus; B. Du Morrier ; T. GLUGE, membres ; J. Purzeys, secrétaire ; A. BELLYNCK, rapporteur. (1) Summa Veg. Scand., p. 427. (2) M. Hoffmann, de Giessen, dans sa Revue Mycologique, vient de consa- crer tout récemment un long article au travail de M. Caroy ; il en donne une analyse complète et s'étend avec complaisance sur les plus petits détails. (Mykologische Berichte, von Henm. Horrmaxx, Il, 1871, pp. 6-15, n° 9, 1872.) ( 360 ) Notes de voyage recueillies par FT. Caruel sur quelques Jardins et Musées botaniques. — Dans un voyage que J'ai fait cet automne en Angleterre, en passant par l'Allemagne et reverant par la France, j'ai eu l’occasion de recueillir quelques notes sur des Jardins et des Musées botaniques qui ne sont pas généralement connus en Italie; je les transcris ici, convaincu que les botanistes Italiens seront heureux de les connaître ; ces notes, à raison de la ma- nière dont elles ont été recueillies, ne peuvent être ni aussi complètes, ni aussi précises que celles que pourraient fournir les directeurs des Jardins et Musées s'ils s’imposaient la tâche de s'assurer de la véritable situation des établissements qui leur sont confiés et d’en donner connaissance au public. I. BELGIQUE. Dans ce pays, si remarquable pour la science horticole, j'ai visité tous les principaux Jardins tant scientifiques que de commerce. Le nouveau Jardin botanique de Bruxelles prime tous les autres. Il y a peu de temps encore, il appartenait à une Société d'horticulture, mais au commencement de 1870, il fut acquis par le Gouvernement pour la somme d’un million de francs, dans le but d'y créer un établissement scientifique de premier ordre. Il a une étendue de plus de 5 hectares et est placé dans une situation remarquable, Ie long d'une des ave- nues qui entourent la ville, sur le penchant d'une colline, qui, par des terrasses régulières, descend du point le plus élevé, où sont les serres, jusque dans le bas, où se trouve un petit lac entouré de pelouses et de bosquets naturels. Il sert de prome- nade publique et ainsi que je l’ai dit, il était il y a peu de temps un Jardin d'horticulture ; c’est ce qui explique la prédominance que l’on y remarque de la partie ornementale dans les cultures et la présence de beaucoup de plantes de vente, tandis que (361) l’École de botanique est assez restreinte; mais nous croyons que le Directeur du Jardin, M. le professeur Bommer, à l'in- tention d'y porter un prompt remède en plantant une nouvelle École botanique plus étendue et plus complète; cependant quant à ce qui regarde la partie décorative, il ne lui sera probablement pas facile de se soustraire à cette influence prépondérante de l’horticulture sur la botanique, qui est très-sensible dans ce pays ainsi qu'en Hollande. Tel qu'il est, le Jardin a un fort bel aspect auquel contribue beaucoup la grande serre qui est vraiment monumentale ; c’est un palais de cristal, s'étendant sur une longue ligne, d'une hauteur bien proportionnée ct dans le milieu duquel se trouve une grande coupole. Cette serre ainsi que les autres plus petites qui sont nombreuses, sont toutes de bonne et moderne construction, c’est-à-dire, de fer et verre, avec une lumière également répar- tie et de bons systèmes de chauffage. On y voit réunies de remarquables collections de plantes dont la belle végétation provoque l'admiration. Là se trouvent Iles grands Palmiers et les Cicadées qui ne font défaut dans aucun Jardin du Nord, des plantes rares de tous genres et surtout d'innombrables Fougères; en somme, pour les plantes de serre chaude, c’est une des premières collections de l'Europe. Derrière une partie de la grande serre, se trouve une galerie spacieuse et bien ornée que l’on dispose en ce moment pour y réunir les herbiers déjà importants possédés par le Jardin. Ce sont d'abord l'herbier général du célèbre von Martius, acquis récemment par le Gouvernement Belge pour la somme de 52 mille francs; ensuite ceux de Lejeune, de Galeotti, de Clausen, de Mademoiselle Libert et du comte de Limminghe, très-riches en eryptogames, d’autres où se trouvent les plantes de Bové, de Thuillier, ete. Tous ces herbiers vont être réunis en un seul; c’est là une mesure très-avantageuse certainement pour l'étude ( 362 ) et qui devrait être prise pour tous les herbiers à l'exception de ceux qui auraient servi à la rédaction de quelque travail spécial. Dans l'herbier de Bruxelles, un timbre particulier apposé sur l'étiquette indique duquel des herbiers ci-dessus cités provient chaque exemplaire. Les étiquettes sont collées sur le papier sur lequel les plantes se trouvent fixées au moyen de bandelettes de papier gommé; c’est le système généralement suivi pour les herbiers dans ce pays, en Allemagne, en Hollande, etc. Des collections déjà considérables de produits végétaux, de fruits, etc., devront prendre place dans le même local. Le Jardin dispose d’un budget annuel d'environ 50 mille francs, dont trois cinquièmes pour le personnel et le reste pour le matériel. Le personnel comprend : un conservateur ou directeur, trois aides-naturalistes, un préparateur, un chef des cultures, un portier, deux gardiens et 19 jardiniers de divers grades. Les dépenses pour le Jardin se montent à environ 10 mille francs; sept mille francs sont consacrés à des acquisitions pour les collections; le reste est appliqué aux réparations intérieures et aux dépenses imprévues. Pour les dépenses considérables de restauration, d’autres allocations sont accordées. Ainsi, en ce moment, on renouvelle l'appareil de chauffage des grandes serres dont les frais s’'élèveront à 100 mille francs (1). Le produit de la vente des plantes est alloué à l'établissement pour augmenter ses ressources (2). (1) Les dépenses de cet appareil sont évaluées trop haut. Le travail n'étant pas encore terminé, il n’est pas possible d’en fixer le prix exactement, mais il restera certainement beaucoup au-dessous de cette évaluation. (Note du traducteur.) (2) Autrefois, il en était de même dans les Jardins botaniques d'Italie, qui avaient recours à la vente des plantes pour augmenter un peu lear ( 363 ) Avec de telles ressources, il n’est pas douteux qu'avec une direction intelligente et active le Jardin de Bruxelles ne devienne en peu d'années un des premiers centres des études botaniques en Eurape. Là, comme à Kew, se rendront les botanistes qui voudront entreprendre ces travaux qui néces- sitent de grandes collections de plantes vivantes, de plantes sèches et de livres. La sciense conservera un souvenir reeon- naissant de l'intelligente libéralité du Gouvernement Belge, qui à eu la bonne fortune d’avoir été éclairé, en cette occasion, des conseils d'un botaniste bien connu, M. Du Mortier, prési- dent de la Société de Botanique de Belgique, qui est en même temps un homme politique influent dans son pays... HD Aperçu sur la flore bryologique du Ben-Lawers. — Le Ben-Lawers est la montagne la plus remarquable des Iles Britanniques par la richesse de sa flore. Grâce aux facilités des communications, il est aujourd'hui fréquemment visité par les botanistes anglais. Comme il peut arriver qu'un jour la Société royale de Botanique fasse une excursion dans les montagnes de l'Écosse, ie erois que mes honorables confrères accueilleront avec faveur le résultat de quelques recherches bryologiques que j'ai faites sur le Ben-Lawers. Le Ben-Lawers cest d’une ascension facile. Du côté méridio- nal, ses pentes gazonnées ou couvertes de bruyères sont peu rapides ; des autres côtés, se trouvent des rochers peu escarpés et qu'il est facile d’escalader. budget toujours restreint et souvent misérable; jusqu’au jour où la sagesse fiscale de notre Gouvernement ordonna que le produit de ces ventes ne profiterait plus aux Jardins, mais serait versé dans la caisse de l’État. A partir de ce moment, la vente des plantes cessa naturellement en peu de temps et partout (si je ne me trompe) l’État n’y gagne rien et les Jardins y perdent. PET 1! ÎS px. LS fx > FE È “ Se 4 n # 4 + '£ ” : 4 \ f - «æ \ bOE si n L | LL d' = ke # d / ( 364) C’est probablement à la nature minéralogique de ses roches, qui sont formées de micaschiste, que cette montagne doit, en grande partie, ses richesses bryologiques. Sous le rapport phanérogamique, le Ben-Lawers est également remarquable, mais les espèces rares, autrefois abondantes, sont devenues clair-semées à cause des fréquentes herborisations des bota- nistes et surtout par suite des récoltes qu'y viennent faire certains marchands de plantes alpines. Le massif du Ben-Lawers présente trois sommets, dont le plus élevé, placé à l’ouest, est le Ben-Lawers proprement dit: les deux autres portent les noms de Craig-na-Lochan et Craig- na-Gour. Au pied de ce massif, se trouve le petit lac nommé Loch-na-Gat. Le plus élevé de ces sommets est le plus riche sous le rapport floral et c'est principalement du côté de l’ouest, où il domine un profond ravin, qu'on trouve les Mousses les plus rares. En remontant le ravin, à partir de la grande route qui le traverse, à une demi lieue à l’ouest de l'auberge du Lawers, on observe le Bryuim cirrhatum. Mais c’est surtout en arrivant à la naissance du ravin, au pied du sommet du Ben-Lawers, qu'on commence à observer de rares espèces. Tout au fond de la vallée supérieure, sur les rochers à droite, on découvre les Timmia norvegica, Hypnum cirrhosum, Grimmia funalis et Bryum demissum. Dans les pelouses et les fentes des rochers, on remarque les espèces suivantes : Sphagnum Girgensohnii, Hypnum imponens, Dicranum longifolium, — glareosum, — fuscescens, | Myurella julacea, Tortula fragilis, — apiculata, Heterocladium dimorphum, Hylocomium umbratum, Leskea nervosa, — Oakesii. — atrovirens, Brachythecium reflexum, Mnium spinosum, | Campylopus densus. Hypaum plicatum, ( 565 ) Le sommet du Ben-Lawers peut être facilement atteint. Sa mousse la plus remarquable est l’Encalypta rhabdocarpa. Si l’on redescend du côté du nord-ouest, on doit suivre un petit ravin appelé Ordnance Ravine(l), qui est très-riche en mousses. Entre autres espèces, on y trouve le Zygodon lappo- nicus et le très-rare Stylostegium caespititium, qu'il ne faut pas confondre avec les petites formes du Blindia acuta, espèce très-abondante dans cette localité. Les bords du Loch-na-Gat peuvent faire l'objet d’une seconde excursion. On parvient facilement à ce lac en suivant un sen- tier qui traverse la vallée à l’est de l'auberge du Lawers. Dans les tourbières le long du sentier, on observe les Bryum turbinatum, Splachnum sphaericum et Polytrichum seplentrionale. Si du lac, on fait l'ascension du Craig-na-Gour, on trouvera à la base de celui-ci les Plagiotheciuw Muehlenbeckii, P. pul- chellum, P. sylvaticum et Grimmia patens ; vers le sommet, les Weisia crispula, Racomitrium sudeticum et Conostomum boreale. Si l’on remonte le ruisseau qui descend du Ben-Lawers dans le lac, on rencontrera, dans sa partie supérieure, les Æypnum arcticum et Cinclidium stygium. Sur les rochers qui dominent les bords du lac, on observe les Hypnum trifarium, Orthothecium rufescens et Cynodon- tium virens. À un quart de lieue au-dessus de l'auberge du Lawers, sur les flancs du Ben-Lawers, se trouve un petit bois de sapins, le seul qui existe sur cette montagne. Dans ce bois, sur les rochers, on observe les Æeterocladium heteropterum cet Cam- (1) Ce nom a été donné à ce ravin, parce que des ingénieurs chargés de travaux géodésiques y avaient fait élever des cabanes. ( 366 ) pylopus densus; dans les tourbières qui sont situées à la lisière, végètent les Sphagnum Girgensohnit et S. teres. Au-dessus du bois, sur les flancs de la montagne, on rencontre les espèces suivantes : Mnium cinclidioides, Dissodon splach- noides, Catoscopium nigritum, Pterogonium filiforme et Webera Ludwig. Le versant vers le Glen-Lyon a été jusqu'ici peu exploré, et cependant il parait fort intéressant. J'y ai découvert le Bryum Duvalii et un grand nombre de Jungermanniées. L’exploration de ce versant exige une journée entière. Les environs de Kiilin, non loin du Ben-Lawers, sont riches en Mousses. Sur un Érable Faux-Platane, vis-à-vis de l’auberge Macpherson, j'ai récolté l'Habrodon Notarisii. Sur les murs, j'ai constaté la présence de: Racomitrium polyphyllum , R. heterostichum, Diphyscium foliosum, Orthotrichum ru- pestre, Grimmia trichophylla et Tetraplodon mnioides. Enfin sur les rochers de la rive méridionale du Loch-Tay, j'ai vu les Grèmmia Hartmannii et G. subsquarrosa. La flore bryologique du Ben-Lawers est beaucoup plus nom- breuse que celle des montagnes voisines, qui sont cependant de même formation géologique, mais d'une altitude moins considérable, et cependant les espèces qui manquent à celles-ci croissent sur le Ben-Lawers à des niveaux que ces dernières atteignent. Peut-être faut-il attribuer cette plus grande richesse du Ben-Lawers à une humidité plus grande due à une altitude plus considérable. Le Ben-Lawers est non moins remarquable par sa flore lichénographique, qui a fourni de nombreuses espèces rares aux publications de notre savant lichénologue M: Leighton. Je crois en avoir assez dit pour donner à mes honorables confrères belges l'envie de visiter le Ben-Lawers. P. Howse, ( 367 ) L'Herbier de Belgique au Jardin botanique à Bruxelles. — Ainsi qu'on le sait, on est occupé, au Jardin botanique de Bruxelles, à former un herbier national. Déjà on à réuni en une seule coilection toutes les plantes belges qui faisaient partie des herbiers de Lejeune, Coemans, Mie Libert, Nyst et autres botanistes. Mais ces herbiers quelque précieux, quelque riches qu'ils soient, sont loin d’avoir pu fournir les matériaux suffisants pour composer un herbier national tel qu'on puisse le désirer pour faire une étude complète de notre flore. Au point où en est arrivée la phytographie, on peut même dire que les matériaux réunis actuellement dans l'herbier national ne forment en quelque sorte qu'un noyau, noyau autour duquel doivent venir s’accu- muler une foule de formes que les recherches modernes ont fait découvrir et qui avaient été méconnues ou négligées par les anciens botanistes. Pour que l'herbier national belge devienne une collection importante, et dans laquelle on puisse trouver tous les éléments nécessaires à une étude approfondie de notre flore, il faut que tous les botanistes belges se mettent activement à l'œuvre pour l’enrichir. Il ne s’agit pas seulement de l’augmenter de plantes rares qui souvent sont mieux repré- sentées que les espèces vulgaires; il faut l’enrichir de plantes communes, de formes litigicuses, de variétés, de variations et même de simples formes individuelles. Dans l'intérêt de la science, il est à désirer que tous les membres de notre Société fournissent, au Jardin botanique, une collection complète des espèces qui existent dans les diverses localités du pays. Outre l'avantage qu’on retirerait, pour l'étude phytographique, de la comparaison d'un grand nombre d'échantillons d’une même espèce ou d'une même forme, on trouverait ainsi, dans lher- bier national, les matériaux de la distribution géographique des plantes en Belgique. Il importerait aussi que tous nos con- ( 368 ) frères qui publient des notices phytographiques, des mono- graphies et des catalogues, se fissent une règle de déposer, dans cet herbicr, une collection complète des espèces et variétés qu'ils ont décrites ou énumérées dans leurs travaux. De cette facon, l’herbier national deviendrait une collection extrêmement importante et précieuse. Tous nous devons faire tous nos efforts et n'épargner aucune peine pour que l’herbier national devienne le dépôt général, où chacun pourra, à tout moment, trouver les éléments d'un travail quelconque sur les plantes belges. | Le STRATIOTES ALOIDES femelle existe-t-il en Belgique ? — Tout récemment, notre confrère M. Oudemans nous deman- dait si la plante femelle du Stratiotes, existait en Belgique. Cette question nous prit au dépourvu et cependant nous avons, pen- dant dix ans, vu des milliers et des milliers de picds de cette Hydrocharidée dans les Flandres et surtout aux alentours de Gand, où elle est extrêmement abondante par places. Rappelant nos souvenirs, nous en sommes venu à Croire que nous n'avions jamais récolté ou fait récolter par nos élèves que des échan- tillons mâles. A l’exception de la Flore du Nord de la France, par Roussel, où celui-ci dit qu'il n’a jamais pu découvrir de plantes femelles, tous nos ouvrages sur la flore de Bel- gique ne nous apportent aucune lumière sur l'existence ou la non-existence de la plante femelle dans notre pays. Dans l'herbier belge du Jardin botanique de Bruxelles, il se trouve des exemplaires femelles recueillis par Nyst, mais sans indica- tion des localités. Ces échantillons proviennent-ils de Belgique ou bien de la Hollande? Afin de pouvoir donner quelques ren- seignements positifs à notre correspondant, nous nous adres- sâmes à nos amis de Gand, mais notre question les surprit autant que nous avait surpris celle que nous faisait M. Oude- man. Comme nous, ils n'ont jamais récolté que la plante mâle ( 569 ) et ne peuvent nous assurer si la plante femelle existe ou n'existe pas dans les environs de Gand. Il paraitrait que feu le professeur Kickx l’y avait autrefois découverte. L'ignorance dans laquelle nous nous trouvons à propos de la plante femelle est assez étrange et il n’est pas moins étrange que tous nos floristes, à l'exception de Roussel, w’aient fait aucune mention de l’absence ou de l'extrême rarcté du Sira- tiotes femelle. Nous attirons l'attention de nos confrères sur ce point intéressant et nous les engageons à faire des recherches spéciales, afin de résoudre le petit problème posé par M. le professeur Oudemans. La symonymie de PATRIPLEX LACINIATUM L. — Lors de son retour d'Angleterre en 1870, M. le professeur Ascherson nous fit connaitre que les recherches qu'il avait faites dans l'herbier de Linné, lui permettaient de rapporter, à l’Atriplex laciniatum de Linné, l’Arroche des rivages occidentaux de l'Europe décrite sous les noms d’Atriplex arenaria, À. crassi- folia et A. maritimum. Ce savant botaniste, dans l’Appendix observationum botanicarum ad indicem seminum in horto Berolinensi anno 1872 collectorum, rétablit la synonymie de l'espèce linnéenne de la façon suivante : ATRIPLEX LACINIATUM L. Atriplex laciniata L. Spec. Plant., ed. 1, p. 1053, n° 5 (excel. syn. FI. Suec.) et herb. ! FI. Dan., tab. 1284! non L. FI. Sueec., IT, nec Koch Syn. nec Mocq.-Tand. in DC. Prodr., XIE, IF, p. 95. À. arenaria Woods in Babingt. Man. of Brit. Bot, ed. II, p. 271 ; Lange Haandb. i. d. danske Flora, IT. Udg., p. 710. A. crassifolia Gren. et Godre. FI. Fr., IL, p. 10 (excel. pl. mediterranea ?) non C.-A. Mey. nec Fries. A. maritimum Mallier Bot. Zeit. v. Mohl. n. v. Schlechtd., 1865, Beil., p. 10. Obione laciniata Nolte in litt. ad CI. Al. Braun. C’est cette même espèce que M. Du Mortier a désignée sous le nom d'A. farinosa. ( 370 ) NOUVELLES. — Nos confrères apprendront avec plaisir que deux membres de notre Société viennent d’être chargés de la rédaction de deux articles importants pour le Flora Brasiliensis. M. le docteur Eichler, le directeur de cette vaste et splendide publication, a confié la monographie des Cucurbitacées brésiliennes à M. Cogniaux et celle des Araliacées, à M. le professeur Marchal. — Notre confrère M. le professeur Louis Piré vient d’être chargé par LL. MM. de donner l’enseignement des sciences naturelies à S. A. R. la Princesse Louise. Cette nomination est un grand honneur pour notre confrère et sera accueillie avec une vive satisfaction par les membres de notre Société. -— La dernière livraison du Bulletin de la Société royale Linnéenne de Bruxelles renferme une intéressante biographie de Linné due à la plume de M. L. Piré. Cette biographie est accompagnée d’un beau portrait du célèbre botaniste suédois reproduit par la phototypie et sorti des presses de M. Toovey, — M. Lange nous écrivait le mois dernier de Copenhague que M. le professeur Willkomm se disposait à partir pour les îles Baléares et le midi de l'Espagne. Cette exploration botanique, qui fournira à M. le docteur Willkomm de nouveaux matériaux pour le Pr'odromus Florae Hispanicae, durera jusqu’à l’automne prochain. — Le British Museum vient d'acquérir l’herbier de Mousses délaissé par Wilson, l’auteur du Bryologia Britannica. C’est probablement la collec- tion de Mousses la plus précieuse qui existe. — Notre confrère M. Verheggen nous signale quelques heureuses découvertes qu'il a faites aux environs de Maeseyck, parmi lesquelles nous citerons : Caruim verticillatum Koch. — Très-abondant dans plusieurs prairies à Op-Oeteren. Erica cinerea L. — Commun dans les landes à Neer-Oeteren. Malaxis paiudosa Sw. — Marais à Op-Oeteren. Carex dioeca L. — Op-Oeteren. EST) — M. Bommer nous a rapporté qu'un jeune amateur de botanique bruxellois, un des fils de M. le professeur Tiberghien, a récemment décou- vert à Berchem-Ste-Agathe le Leucoium vernum L. Cette plante rare, nou- velle pour la flore des environs de Bruxelles, est assez abondante dans un verger. — M. Koltz ne tardera pas à faire paraître un Catalogue raisonné de la flore du Grand-Duché de Luxembourg. Cette publication est attendue avec impatience par les botanistes belges. — Notre confrère M. F. Van Horen vient d’être nommé conservateur au Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. BIBLIOTHÈQUE. Dons falts à Ia Societé. Annales de la Société des Sciences naturelles du Grand- Duché de Luxembourg ; tomes 1, 2, 5 et 4. (Don de M. Koltz.) A Synopsis of the British Mosses, by Chas.-P. Hobkirk ; London, 1875, 1 vol. in-12°, (De la part de l’auteur.) Biographie de P.-J. Redouté, par A. Devos; Gand, 1875. (De la part de l’auteur.) Revision of the Genera and Species of Scilleae and Chloro- galeae, by 3.-G. Baker. (De la part de l'auteur.) Diaphragmes vasculifères des Monocotylédones aquatiques, par J, Duval-Jouve; Paris, 1875, in-4°, avec 1 pl. (De la part de l’auteur.) | Observations sur les bulbes des Lis ; in-8°, avec 5 pl. — Note sur une monstruosilé de lu fleur du Violier (Cueiranruus Cuern L.); in-8, avec 1 pl. — Réflexions sur les expériences du général américain Pleasonton relatives à l'influence de la lumière bleue ou violette sur la végétation ; in-8°. — Qu'est-ce qu'un Poireau qui oïgnonne ? Réponse à cette question ; in-8°. — Observations sur la structure et la multiplication par caïeux de l'oignon du Linium Tuomsoniaxum (Lindl.); in-8°. (De la part de l’auteur M. P. Duchartre.) ( 572 ) Mission scientifique au Mexique et dans l’Amérique cen- trale. — Recherches botaniques publiées sous la direction de M. J. Decaisne. — Première partie. — CRYPTOGAMIE, par M. Eug. Fournier, avec la collaboration de MM.W. Nylander et Em. Bescherelle; Paris, 1872, 1 vol. grand in-4°, avec 6 pl. (De la part de M. Fournier.) Supplément au Cutaloque raisonné des plantes vasculaires du département de la Somme, par Éloy de Vicq et Blondin de Brutelette ; Abbeville, 1875, in-8°. (De la part des auteurs.) Vreemde planten in Nederland inheemsch geworden, door H.-C. Van Hall; in-8°. (De la part de l’auteur.) Ueber Kalk- und Salzpflanzen, von H. Hoffmann; in-8°. (De la part de l’auteur.) De quelques principes d’organographie végétale ; in-8°. — De la disposition adoptée en 1869-1870 dans la replantation de l’École de botanique du Jardin des plantes de Toulouse; in-8°. (De la part de l’auteur, M. D. Clos.) | Kärpäti képek; Pest, 1870, in-8°. — As Erjedés és az üj Gomba-Elmélet; Pest, 1870, in-8°. — Éluztüképzôdés vonat- kozässal a ragälykérdésre; Pest, 1870, in-8°. — Millio-Eves Élet; Pest, 1872, in-80. (De la part de l’auteur M. le D' Szon- tagh Miklôstôl.) Les anomalies dans le règne végétal, par A. Bellynck; Bruxelles, 1871, in-12°. (De la part de l’auteur.) Bidrag til kundskaben om Vegetationen à den lidt sydfor og under Polarkredsen liggende Del af Norge, af A. Blytt; in-8°. — Christiania omegns phanerogamer 0q bregner med angivelse af deres udbredelse samt en indledning om vegeta- tionens afhaengighed af undrrlaget, af A. Blytt; Christiania, 1870, in-8°. — Spiseliye Lavarter, ved A. Blytt; Christiania, 1870, in-18, avec 1 pl. (Don de l'Université royale de Christiania.) ( 373) TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XI. Composition du Conseil d'administration de la Société pour l’année re NE SR RS DS SM os Liste des membres effectifs et associés de la Société De Ne LG Liste des publications périodiques que la Société reçoit en échange dSonPUIeR Ste. 20 Tee US . Procès-verbaux des séances . . ATETURERE 1, 165, 241, Reliquiae Libertianae, par É. Mal AE OPEN NE RER MA Paimimise MoxocraeniaE Rosanum. — Matériaux pour servir à l'Histoire des Roses, par François Crépin. — Deuxième fascicule. Notes d’un touriste, par Jean Chalon NA PP ea Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la Montagne St-Pierre lez Maastricht, par André Devos Examen critique des Elatinées, par B.-C. Du Mortier . . . . Notice sur la flore de Wavre et de ses environs, par C.-J. Lecoyer Relation d’un voyage au Laacher-See en juin 1872, par Armand Thiclens . AUD TEL EEE RMS 0 Compte-rendu de la onzième herborisation générale de la Socicté royale de Botanique de Belgique (1872), par Armand Thielens Note sur le caractère botanique de l’Eifel, par B.-C. Du Mortier . BIBLIOGRAPHIE : Grevillea. — À monthly Record of Cryptogamie Botany andits Literature, edited by M.-C. Cooke : LCR Monographie der Gultung SaxirraGa L. mit besonderer Ber “ücksich- ligung der geographischen Verhältnisse, von Dr. A. Engler Heparicae GaLLicae. — Herbier des Hépatiques de France, publié par Eh Huenot. Fascicule IL 42... 1 100 y vi XVINI 249 3 15 168 198 253 275 282 288 927 130 156 140 (9140) Catalogue de La flore de Belgique, par F. Crépin, F. Gravet et C. Delogne . Introduction to the SAS of HER nl oran, e re Hotton.-Balfotoe FAR CN TRE RER ES 4 De quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier des J. LaGexaRIUS ef Fonranesir Guy et du J. Srriarus Schsb., par J. Duval-Jouve . Le Jardin d’Essai An, par JL. Chaton, : : Sur une espère spéciale de tubes existant dans le tronc du Sureau (Sameveus nicra L.) et pris jusqu'ici pour un Champignon (Raizomorpaa PARALLELA Roberge), par C.-A.-J.-A. Oudemans. Beiträge zur Flora der Pfalz, von Dr. F.-W. Schuitz. : Abhandlungenherausgegeben vom naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen . - - Bulletin de la Société d'études PIS PAiièe Mituheilungen aus dem Gesammtyebiete der Botanik, herausgege- ben von Prof. Dr. A. Schenk und Dr. Chr. Luerssen . Statistica botanica della Toscana ossia saggio di studi sulla distri- buzione geographica delle piante toscane, per Teodoro Caruel . Nuovo giornale botanico italiano. A ee Bulletin de la Société royale Linnéenne de Bruxelles . . . . Die Salicornien der deutschen Nordseeküste, von Prof. Fr. Buche- nau und Dr W.-0. Focke. ; Trailé de Paléontologie végétale, par W. _Ph. Schi imper Flore cryptogamique de l'Est, par l'Abbé Boulay . À Synopsis of the British Mosses, by Chas.-P. Hobkirk Les Mousses de l'Ardenne, par C. Delogne et F. Gravet Les Champignons du Jura et des Vosges, par L. Quelér. Prodromus Bryologiae Mexicanae, par Em. Bescherelle. . Flora Orientalis, auctore Edmond Boissier. : Diaphragmes vasculifères des Monocotyledones aquatiques, par J. Duval-Jouve. M OU D CON Ne Me LORS Algemeene beschrijvende Catalogus der Houtsoorten van Neder- landsch Oost-Indië, aanwezig in het Kozoniaaz Museum, op het Paviljoen te Haarlem, door F.-W. Van Eeden. The Fossil Flora of Great Britain, by John Lindley et William Hutton . : Die Rose, von M.-J. Schleiden. 141 142 (375 ) Les Roses, par H. Jamain et E. Forney. . . . . . . . 358 Mission scientifique au Mexique, ete. — Cryptogamie, par Eug. 194357 j 0 1, D Ne PONS CRS ENS PRE QE Nr 359 Livres Kwa-Wi, traduits par le Dr. L. Savatier . . . . . 540 MÉLANGER Me ba A ANT Ten ONE 2 CPE, 541 MOUVEMENT AE LR QT MN 00010 DR A SU En TOR ue Eee CRM 4 ! à f A ? 2 H $ } if : î ; i ? ; 5 i à î ï À i . | ci 4 # LA : 2 : F4 pa { “ j 2 rt 1: 4 : DRERREFEIEEISR … pAIStÉ a tape ; a nl + » ÿ ; ü dauil 466 ; | C E ï , A î \ ; | | + : KE êi ; è a: - ” + . + + U $ “ S : “. : LE : « 4 1 ' 1 ETS RENE TN ‘ . ‘ : F Tishérs X er À A : L #. ñ : ti F7. re RS Mer HET, ' . . 4 SS & 1 t # HET : l ANR . nl n ! mn ‘. ’ tidtirs, “ r L] ' 0) ' ‘. siot: CRAN] , N ‘ Jébloie %:: its ro : © . : ’ . ou x : n : w? : à de i : 1! ‘ ar : , rit * n E 4 Fa ES RAI ! 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