- BULLETIN DE LA f f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. ciuej \^)w?veiuej. T TABLEAU indicatif des jours de seance de la Commission centrale pour Vannee 1829. Jan v. Fevr. Mars. Avril. Mai. Jain. Juill. Aoit. Sept. Oct. Nov. Dec. 1 6 6 3 I 5 3 7 4 2 6 4 l6 20 20 10 i5 '9 »7 21 18 ■ 6 20 18 Les seances s'ouvrcnt a 7 heur is \ji , rue et passage Daupliine, no 36. Les vol. I ct II du Recueil des Mcraoires se distrilmeut aux Mcmbros a moiUe prix. La Societe admet des MemLrcs doiiateurs , en vertu d"un nonvel article re'gle- menlairea Par ordouuance royale , du i4 decembre 1827, les statnts de la Societe ont ete uppronx es. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE, KEDIGE Par MM. Barbie du Bocage , Bianchi , Bonne, Sueur - Merlin , Warden , et autres Membres de la Societe , Geographes , Voyageurs et Horames de lettres francos et t-trangers. . ^ •. - ~ ..»-»•»«*.-•.*..».•• » ftnme »0«'9<«»«4«>l*a«4w;w3«tfw««- » * n •'< V'.r '■> W I Wris CHEZ ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE, RCC RAUTEFEUILLE, N« '23. 829. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO 69. — janvier 1829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Viaggio in Savoja , osst'a Descrizionc degli stall oltramoniini di S. HI. Be di Sadcgna , etc. Voyage EN Savoie, ou Description des e'tats ultramontains de S. M. le roi de Sardaigne , par David Bertolotti , Turin, 1828, 2 vol. in-8° , extrait de la Bibliolheque ilnlienne publie'e a Milan. L'ouvrage de M. Bertolotti est, a beaucoup d'egards, un monu- ment honorable dela civilisation italienne. Que connaissions -nous jusqu'a present de la Savoie, qui cependant est si pres de nous? En la traversant quelquefois , du Mont-Cenis aupont de Bcauvoisin , pour aller en France, nous n'en voyions qu'une parlie, el non la plus belle ni la plus interessante. « Pour connaitre ce singulier pays , dit justement l'auteur , il fallail penetrer dans les vallons so- litaires de la Tarenlaise , visiter les cites industrieuses et cullivees du Genevois , monter aux glaciers, dessiner les cascades du Fau- cigny , se reposer a 1' ombre des epais chataigniers qui embellissent 1 2 .'es rives our la connaitre etant aussi rares dans le Piemonl qu'ils etaient nombreux chez les Savoyards pour connaitre les Pie- montais. Ce n'est pas que nous veuillions dire par la quil nexistat pas d'ecrits sur la Savoie avant cclle epoque; il y en avait eu meme en grand nombre , et ou l'auteur declare loyalemcnt avoir puise , en en faisant mention honorable; nous disons seulement qu'aucun de ces dcrits n'avait traile de ces matieres avec le succes 3 desire^ ni avec cette concordance et cette combinaison etendue d'objets qui put alteindre le but que Ton se proposait, et preparer ainsi les moyens de rediger un traite statistique. Et c'est precisement ce que M. Bertololti a tres-heureusemcnl execute, autant quon pouvait obtenir de ses soins vigilans , dans un voyage limite sous plusieurs rapports, autant qu'on pouvait at- tendre de ses lalens connus. Son ouvrage expose a nosyeux des an- notations de lout ce qu il a trouve dimporlant, inais avec une mo- deration convenable. 11 a su donner de l'interet a un sujet aride, en y mfilant avec sobriete des histoires et des nouvelles agreables , et rendre attachante une nialiere si souvent monotone en elle-mihne, en Tornant de petites pieces de vers, dont la plupart, se rappro- cbant du colons de sa prose, le doivent faire absoudre par tout juge severe de l'accusation d'affetcrie , danger auquel d'aulres au- raient pu facilemenl succoniber, et qu'il a presque toujours sur- monte ; de sorte qu'il peut esperer d'etre lu sans ennui par toutes les classes de la societe, but principal de celui qui Tavait charge d'une mission si recommandable. Comme la nature de cet ouvrage ne nous permet pas d'en donner un extrait, en etanl un lui-meme , nous ailons suivre rapidement 1'expose que M. Bertolotti a era devoir meltre en tete de son tra- vail, lequel comprend la substance des objets dont il traite et 1'ordie ou il compte les placer. « Le voyageur , dit-il , qui de 11- talie traverse les Alpes, en s'enfoncant dans la grande vallee de la Maurieune , attriste de se trouver dans des cavites aussi profondes, entourees de tous coles de rochers gigantesques , qui ne permettent a l'oeil de napercevoir quune petite partie duciel, s'arrete a peine pour observer l'ouvrage merveilleux dune route qui, sans celle du Simplon , serail dans le monde Y incomparable (i), ou a conlem- pler les grands lineamens de la nature , sublime meme dans sa sau- (i) La nouvelle route du Stllvi'o les surpasse toutes , tant par les difficultes qu'il a fallu surmonter que par la magnificence et la solklite du travail. 4 vage horrcur. Impatient tie quitter des lieux dont il a concu une idee si sombre et si (K favorable, du haul de son char, il jetle a la derobee des regards indiffereris sur les plaines ferliles qu'arrose I'lsere : les belles collines el les vallons rliarmans de Chamberi ne peuvenl ralehtir sa course; el de n'cst qu'en approchanl de la grotte faineuse (les cchelles) qu'il lui scmble respirer plus libre- mcnl en consideranl les S|)acieuses vallces de la France ; lorsqu'il pari.- ensuite de la Savoie, ce n est que pour la nominer un pays pn\c ilr laid agrement, neinpfi d'hunnir; et les diffonniles qui dans l«S plaines basses de la Mauricnuc. af'lli-ent les hdbiians de la mise- rahle roller , el les inendians qui l'ont assiege depuis Chamberi jusr quaii sonmiel du rnoiit , le portent a croire qu'il vieut de laisser derriere lui la region de la pauvretc et la residence de Tabalardis- sement de l'cspcce buinaine. » — Mais en opposition a ces induc- tions trompeuses, est place un tableau plus fidele de la contrce qui a pour liiniles, a Torient , J'ltalie, au nord, la Suisse, an sud ei a 1'ouest , la France. « Les Alpes cottiennes, les grecques el les pennines scparcnt la Savoie du Daupliine , du Piemont et du \ alais; mais cetle pro- vince renferme les plus hautes cimes de ces differcntcs cbaines, ou poor mieux dire, les pics les plus eleves et les plus celcbres de 1 'Europe entiere, parmi lcsquels on doit ci'cr le nionl Buet, illus- lr.; par les experiences qu'y firenl de savans pbysiciens , et 1'En- celade des Alpes, le Mont -Blanc Le Mont-Blanc et les mou lagnes abruptes qui lui servent de ceinlure, dcscendenl par une pente rapide et inaccessible, ou, comme dit le Dante, cailuuo in ver Italia , toinlrnt vers I'tta/ir; niais du cote de la Savoie, dies s'abaissenl par degress ('t conlicnnc.il dans leurs (lanes d'immenses glaciers qui s'elendenl jusque dans les val'ees ; receptacle-; eierncls de neiges glacties, sources iularissablcs dune multitude de rivieres, ces glaciers out lanlot la forme dun chateau tonihant en mines , tanlot celle (Tim.: tour menacaulc ; ici ce soul de massives pyra mides , la de b;gers ohellsques ; quelquefois ils offrent l'aspect d'une 5 vasle liier dont les vagues impelueuses , souleviies par une violenlc bourasque, seraient devenues tout a coup immoblles et fixes par la gelee. La vallee , sillonnee par l'Arve dans le haut Faucigny, est le theatre de semblables merveilles. Celle du Giffrc, qui lui est pa- rallel, n'est pas moins ricbe en prodiges naturels; mais les voya- geurs la frequentent peu, parce quelle a toujours ete negligee des geographes. Les monts , les vallees , les glaciers , en!re le Faucigny, la Tarentaise et la Maurienne, appellent aussi l'attenlion des na- turalistes et de tous ceux qui se plaisent a observer des abimes sans fond, des rochers sauvages , des anlres obscurs, des sommets horribles et bizarres. Les deux plus grands lacs de la Savoie sonl ceux d'Annecy et du Bourget. Le premier, dans les beaux jours d'ele , rappelle les lacs enchantcurs de la Lombardie ; celui du Bourget est remarquable par labbayc d'Attacomba, nouvellement enrichie de depouilles royales, par la fontaine Delle Maraviglie (des Merveilles) et par la sombre majeste de ses rives solitaires. Les pelits lacs du Mont-Cenis , du petit Saint- Bernard, d'Aqua- belletla, de la Balme, de Seide, de Flaine, de Pormenus , dont les eaux limpides recreent la vue , frappcnt d'elonnemenl par leur position au milieu de montagnes elevees, dominees elles - memes par dauires montagnes couronnees de neiges perpetuelles. La cote du Chablais, qui horde la Mediterranee des Alpes (le lac de Ge- neve ) , est couverte de collines, tantot tres - escarpces , tantol d'une penle plus douce, qui, en se redechissant dans les eaux du lac, l'ormenl le pavsage le plus delicieux et les lieux favoris du peintre. » La Savoie est arrosee par l'lsere, TArc, l'Arve, le Giffre, la Dransc , le Dorone , TArli , etc., et par plusieurs autres rivieres, dont quelques unes , comine le Fiero , le Seron, la Nefa , roulent des sables d'or, et par d'innombrables lorrens. Toutes ces eaux descendent des sommets les plus eleves, se repandenl en fremissant dans les vallons, et produisent des cascades de toutes les grandeurs, de toutes les formes, ou Tarc-en-del se varie en mille couleurs; quelquefois elles se perdent dans des gouffres profonds , dans de 6 noirs abfmes ; quelquefois Jeur ecume blanchissante bouillonnc sur d'enormes masses granitiques , ou bien encore leur crista! argente serpente sans bruit sur les prairies emaillees. Le Rhone , qui baigne , pendant un assez long trajet, la rive occidentale de la Savoie, en recoil dans son cours loutes les eaux , el les porte en tribut a la iner. » On trouve aussi dans Tenceinte des Alpes des cavernes de glaces, dont s'echappent avec fracas, dimpetueux torrens , des etangs souteBroc. In eta di 25 anni, essa e periia al cospeilo dell' arnica sua il di 19 di guigno i8i3. () voi che oenite a vedcr questi luoghi , deli ! non v'inollrute che con riguardo sopra gli aoissi. Badate a quelli che vi amano » Faisons succeder a cet recit, un autre moins affligeant. Nous le tirons de la letlre 53c , intilulec les Bains d Ai%. « Parmi les eaux medicinales de l'Europe, les thermales sulfu- reuses d'Aix , tiennent une place dislinguee. Aix est situee entre la France , l'ltalie et la Suisse , dans une vallee riantc , bien arrosee, au pied des collines qui font partie des monts JJovilli, el en face des coleaux feconds qui bordent le lac solitaire du Jiourgct. lei 1 air est sain , les promenades sont charmantes et nombreuses, les ombrages frais , les points de vue riants.... Les Francais abondent aux bains d'Aix , et les naturels parlent leur langue. Beaucoup <1e dames parisiennes , parees de ces noms que les Francais font Sou- lier si haut , viennent a Aix en apportant les manieres de la cour, el la galanlerie raffince de la capilale. Les habilans de la Lourgo- (1) Ci-git labaronne ile Broc. A lVige de a5 ans, elle a p> II ne peut etre qu'agreable a nos lecleurs que nous leur donnions un echantillon de la maniere dont l\I. Bertolotti traite l'bistoire. i4 Nous choisissons un passage de la lettre 3ge de preference a beau- coup d'autres peul-elre plus interessans , parce qu'il retrace la bravouie dun prince italien. « Je parlis de Chiusa, el je m'acheminai vers Samoens , seul ct pedeslreinenl. Parvenu pres de Castiglione , au sommet de la monlagne qui separe la vallee de l'Arve de celle du G-iffre , je m'assis sur uu rocher pour me reposer de la faligue que j'avais eprouvee a gravir la monlagne. Au meme moment je vis s'avancer deux dames anglaises que j'avais connues en Toscane. Elles reve- i.aient de la vallee que jallais visiter. Apres les complimens d'u- sage , nous reparlames des trois hermitages , de la source de l'Arno , et de l'incomparable vue que Ton a de la cime de la Falterona , d'ou Ion decouvre, en ^levant ses regards au-dcssus des moyenncs montagnes de la Romagne, a l'oecident de la mer Adriatique, jusqu'aux cotes de la Dalmatic dans un horizon lointain , et a I'Orient, lorsque le ciel est degage de vapeurs , la Mediter- ranee. De la , nous reportant sur la conlree qui etait le but de notre voyage, apres differens discours, Tune me dit : N'avez-vous rien a nous raconter concernant ce village 't Je repondis grave- ment : Pourquoi non ? lhistoire de Castiglione est etroilement liee a celle d'Angleterre. La liaison etait un peu eloignee , mais j'en usais pour exciter leur curiosite. Elles s'assirent pres de moi , et nVinviterent a parler. Je commenhal ainsi : Dans le eh^teau dont cette lerre lire son nom , Pierre de Savoie epousa , en 1233, Agnis , heritiere du Faucigny. Ce prince portait alors le litre de comte de Romond. Henri III , roi d'Angleterre, que notre Danle appelle le Roi de la simple vie , avail pour feimne Leonore , fdle de Raymond de Rerenger, comte de Provence , et de ISeatrix de Savoie, laquelle uualtro figlie ebbe , e ciascuna reina , eut auafre Jil/es, el chacune reine. Henri etait done neveu du comte de Ro- mond , frere de Beatrix. Le roi appela a Londres son oncle , lui donna le comte de P\icheinond avec d'autres terres , et larma en grande pompe , chevalier , dans l'eglise de Saint-Pierre de i5 Westminster, le jour de Saint-Edouard , 124.1. Non content, de cela , 11 lul fit elever un palals sur les rives de la Tamise ; c'est celui que vous nommez encore Savoyhouse , maison de Savoie. Vous savez qu'avant le regne de George III, les reines veuves habi- taient cette antique demeurc ; dans la derniere guerre on y logea les prisonniers francais. Pour faire preuve de sa valeur dans la palrie des valeureux, Pierre de Savoie , avec l'agrement du roi , donna un grand tournoi a Northunthan , dans lequel une troupe de chevaliers etrangers devait briser la lance contre une troupe de chevaliers hrctons. Les premiers, conduits par Pierre , eurenl l'honneur de la victoire. Henri , charme de la prudence , de la fidelile et du courage du comte de Romond et de Richemond , ne pouvait prendre aucune deliberation iinportante , sans avoir prea- lablement re^u ses avis. II voulut meme lui confier la garde des principales forteresses du royaume ; mais Pierre , en honnne pru- dent , craignit quune charge aussi eminente n'eveillal la jalousie des barons anglais. II remercia le roi, prit conge de lui, et elait deja monte sur le navire qui devait le transporter de l'autre cole du detroit , lorsque Henri, a force de prieres , le decida a accepter au moins le gouvernement du chateau de Douvres. Le comte resla encore plusieurs annees pres de son neveu , tenant un haut rang dans le conseil du roi, qui l'envoya, en 124.4, aux prelats d'Anglcterre pour obtenir un subside en argent. II assista a Pas- semblee du parlement qui eut lieu a Londres , en 124.8. 11 revint ensuite en Savoie , ou il prit pour devise Tanneau de Saint- Maurice , avec ces mots : sacro pignore fetix. Apres avoir passd quelque temps dans sa palrie , Pierre retourna dans la capitale de l'Angleterrc , d'ou le roi le manda en France, pour serrer les nceuds de la paix entre les deux royaumes ( 1267 ). Le comie Roniface etant mort , Pierre , son oncle , herita de ses etals de Savoie ( 1263). 11 repassa les Alpes, et retablil rautorite de sa maison dans le Piemont ; de la il se rendit pour la troisieme fois en Angleterre, ou etait alors Pxichard , comte de Cornouailles, elu roi des Romains. Cot empereur lui fit donation de la seigneu- rie du pays de Vaud. Ce fut a colte epoque que le cotnte Pierre comparul en presence de Richard , revetu d'or et de fer ; rem- pereur lui avant demande pour quoi il etait ainsi , il repondit, qu'avec Tor il entendait rendre lionunage a S. M. comme il etait de son devoir, et avec le fer se defendre e chanoelier qui voulul en dresser Facte , demanda au cornte Pierre les titres qui lui conferaient la propriete de ce pays ; mais le noble comle qui avait probablement neglige d'apporter ses anciens diplomes , tira son epce , et repondit fierement : voila inon litre. II retourna enfin en Savoie , et pour ne plus la quitler. II defit le comte de Lauffemberg dans deux balaillcs , et la ville de Rerne se mit sous sa protection. Le comte Pierre de Savoie avait choisi pour sa demeure le chateau de Chiusa , qui s'eleve d'une maniere si pittoresque du sein des eaux du lac Leman ; il y ter- niiua ses jours en 1268 , et fut enseveli dans l'abbayc d'Altacomba. — Les dames m'avaient ecoute tres-attenlivement ; si nous nous rencontrons a Geneve , me dit une delles en se levant , vous nous ferez le plaisir de nous raconler encore quelques fails de l'histoire de Savoie ; nous la croyions ennuyeuse comme celle dun couvenl , mais, en vous cnlendant , il nous seinble lire les anhales de la chevalerie. — Je vous raconterai , repliquai-je , en lour faisant une profonde inclination , les grands lournois advenus sous les murs de Rorborgo , dans lesquels Amedee , comte de Savoie , vainquit a la lance le comte de Hedinclon , a Tepee le comte d'Aronclel, a la hache darmes le comte de Pembrok , etc. » E. Henry. "7 JIemarcks touching Geography especially that ojthe Bristish Isles: Remar- ques sur la Geographic , et spe'clalement sur la Geographic des lies britanni- ques suivies de quelques vues sur la hie'rarchie eccle'siastique dans la Grande-Bretagne , par Mela Britannicus j London, i8a5 , in-8°, 1 45 pag. et 2 cartes. Lorsque les differens pays de l'Europe ont eprouve des change- mens dans lears divisions administratives , soit par suite de leurs Iroubles interieurs , soit par suite des eVenemens politiques dont ils iurent le theatre, le Royaume-uni de la Grande-Bretagne et d'lr- lande , est presque le seul qui conserve encore ses divisions suran- nees , dont le premier createur fut Alfred-le-Grand. M. Kelsall «ache sous le voile du nom de Mela Britannicus , auteur de cet ouvrage , desire une reforme ; il sollicite un changeinent que requiert, suivantlui, l'etal acluel des clioses. La France est le type qu'il propose , il voudrait voir la Grande - Brelagne adopter sa division par departemens ; toutcs les parlies de l'admi- nistration publique y gagneraient. Toutefois il ne fait point diffi- culte de croire que le plan qu'il propose peut rencontrer chez ses compatriotes plus d'un obstacle. Sans examiner 1' opportunity de la mesure , la prevention ou le dedain peut , chez quelques- uns , opposer des entraves que les temps , les rapports si frequens entre les deux nations auraient sans doute dtl detruire ; aussi , pour ne point paraitre suivre trop servilement la France, propose-l-il de substituer a i'appellation generale de dcparlement , donnee aujour- d'hui a nos principales divisions administratives , celle de gemer. Cette denomination puisee dans la langue grecque, et formee des mots y.; et peptic; , lui a paru designer suf.samment une portion de territoire semblable a celle que comprend chacun de nos departe- mens. Egalernenl frappe des avantages que presente le sysleme si heureusement suivi en France de donner a chacun des depar- temens le nom de 1'objet physique le plus saillant qui s'y ren- contre , il applique aux gemers le nom des fleuves ou rivieres , des promontoires ou des montagnes les plus remarquables dansl'etendue du pays dont il determine la circonscription. 2 i8 Avant de d< de majeslucux ; il suppose des lots que 'a nomenclature geographique devait y etre le resultat d un onlrc tres-svstematique. 11 ignore , sans doutc , une parlie des lr,>.v,.ux \ '9 entrepris sur cetle contree celebre , car il eut pu dire , d'apres la Geographie de l'Egypte sous les Pharaons resliluec par M. Gham- pollion Ie jeunc , si les denominations egyptiennes lui paraissaient maigres ou pleines , harmonieuscs ou dures a loreille. A l'occident. de lAfrique , on ne peut rien connailre que du moment ou les Grecs el les Romainsy ontconduitleurs colonies. Les Pheniciens et les Cartliaginois ont du cependant influer sur les premieres appel- lations. Quelle que soit au reste l'origine des noms modernes de I'Afrique , lauteur voil dans les mots Madagascar , Gambie, Congo et Senega I qui portent une sorte de cachet parliculier, des expressions fortes qui peignenttoute la grandeur de nature sous la zone Torride. S'il parle de la Judee , c'est pour indiquer que l'ancienne no- menclature de ce pays lui parait rude et peu agreable a 1'oreille , en depit des ameliorations qu'ont pu y apporter les Grecs et les Ro- mains. Dans la Perse il passe legerement sur la nomenclature an- cienne , mais il aime Temploi de \a dans les noms Spahan, Teheran, Schiraz , etc. , de la Perse moderne; its sont doux et gracieux, et conviennent a la poesie. Les denominations geographiques des Turcs sont les moins remarquables de toules celles des peuples de 1'Orient. Ce sont cependant des noms grecs , mais trop souvent alteres de la maniere la plus elrange. L'armenien est plus noble et moins pauvre.Dans 1'Hindostan, les noms, tels que ceux de Benares, Agra , Gunga , Jumna , Lahore , Golconde , etc. , sont frappa"ns et expressifs. De toutes les langues , la langue des Chinois est pour une oreille europeenne , celle qui semble le moins convenir a la dignite de la geographie , de 1'hisloire el de la poesie , si nous en jugeons du moins par les noms Ho-hang-ho , Yang-tse - kiang , et par une infinite d'autres. Quelle difference avec la nomenclature geo- graphique des Grecs de l'antiquite ! Elle portait chez eux l'em- preinte de cette superiorite qui les caracterisait , quelle que fAt la partie des arls ou des sciences qu'ils cuitivassenl. Toutefois on ne peut disconvenir , qu'il resulte souvent pour le tourment des ^tu- 20 di.iiis , comme pour celui des commentateurs, mi pen de confu- sion de l'emploi trop frequent des memes denominations. Com- bien, par exemple , a" ' Apollonies , ft Heruclees , NAlevundries , etc. ! Malgre ces defauts , e'est encore cette nomenclature qui donne le plus de noblesse aux pages de riiistorien et aux vers du poete ; et nous ne pouvons meconnaitre cette superiorile, soit que notre esprit s'arrete sur les noms ft slc.ruceraunia, d'O/uoson, de Scamandre, soit qu'il se repose sur les paisibles rivages de VI/lssus , du Mean&re et de YEurutas. 11 n'en est point de meme des denominations mo- dernes ; les noms geographiques ont suivi la decadence de ces mal- heureuses contrees , et les saints obscurs de l'eglise grecque ont pris sous leur protection les villes , les rivieres et les promontoires anciennement places sous le patronage de Jupiter , d'Apollon , de Minerve et de Bacchus ou de Venus. L'ltalie antique n'offre que de faiblcs lueurs a la geographic. Quelques noms qui paraissent etrusqucs sont pour ainsi dire les seuls vestiges qui nous en restent pour les temps recules. Quant a la grande Grece , le type etait naturellement celui de la mere-patrie. Leur douce expression semble contrasler avec les denominations appliquees par les Romains ; denojninalions qui portent ionics rempreinte du caraclere male el severe de cc peuple. Dans l'ltalie acluelle les noms participent de cette barmonie, qui forme le trait dislinctif deTidiome le plus musical de TEurope moderne. Mais le grand defaut de la nomenclature italienne est la trop frequente repe tition des memes denominations de saints, adoptees peut-elre pour la plus grande edification des fidcles , mais aussi pour le plus grand embarras dc ceux qui eludient la geographic Dans la Germanic , les noms avaicnt de la rudesse , ils n'en sont point exempts dans l'Allemagne acluelle; et en effet, a 1 ex- ception de quelqucs mots, les denominations allemandes sont tres-peu proprcs a repandre de la dignite sur les sentences des bistoriens on les vers des poefes. On en pent dire autant des pass crt Montemont, comte Andreossy, comtc d'Allonvillc, Bennet, Brill'', Basset, Bitouze d'Auxmenil, de Capcllen, dc Capcll-Brookc, Coulier, Dupin, Denaix, Dezos de Ja Roquette, Durozoir, Giraldes, Jomard, Klaproth, Lewe- chine, Lapie, Mangon Delalande, Mease, Minano, C. Mo- reau,Pacho, Reinganum, Roussin, baron Roger, Spencer Smith, Schumacher, Ta'dlefer, Thomas, Teissier, due de Saxe Weimar, Walckenaer, Van Wyck, Roelandszoon. Votre Bulletin a consigne les titres de ces divers ouvrages avec 1' expression de votre reconnaissance. Le meme Re- cueil vous a deja fait connaitre les rapports dont quel- ques-uns de ces ouvrages ontete l'objet, et les noms des rapporteurs, les reproduire ici serait douter de votre me- moire et de l'interet qu'ils vous ont inspire. Des communications originales et d'interessantes lec- tures ont egalement anime les seances de votre Commis- sion. Vous les devez particulierement a MM. d'Abramh- son , Barbie du Bocage, Berghaus , Bresson, Bianchi , baron de Capellen, Corroy, Damery, Eyries, Guys, Frey- cinet, Girard , Gauttier d'Arc, de Hammer, Huttmann , Jomard, Mease, Moreau, Pacho , de Peyssac , Roux de Rochelle, Sabine, Skiddy, Sueur-Merlin, Warden, Yosy et plusieurs autres membres. line de ces communications, par son importance, a droit a une mention particuliere, j'entends parler ici de la decouverle d'un nouveau manuscrit complet de l'Edrisi, faite par notre collegue , M. Amedee Jaubert. 37 La part que vous allez prendre a cette publication , et Then reuse influence qu'elle peut avoir sur les progres de la geographie du moyen age, justifient les details dans lesquels je vais entrer. Abou Abdallah Mohammed ben Mohammed el-Edrisi, appele quelquefois le geographe de Nubie, possesseur de toute la science de ses compatriotes et des connaissances de l'Occident reunies a la cour de Roger, roi de Sicile, appartient au douzieme siecle. Ce seul abrege aux mains d'un d'Anville, . d'un Bochart, d'un Reiske, d'un Hart- niann, et de quelques autres savans, avait jete de vives lumieres. Que ne devait-on pas attendre de l'ouvrage complet ? On le supposait dans les bibliotheques Bocl- le'ienne et d'Oxford, il etait aussi plus pres de nous, dans le precieux depot de notre bibliotheque royalej c'estla que M. Amedee Jaubertl'a l^encontre ; rencontre d'autant plus imprevue que ce manuscrit, ecrit a Almeria en Es- pagne, en carac teres arabes africains assez peu lisibles , n'etait pas encore catalogue. En apprenant cette decou- verte , votre premiere pensee fut d'en faire jouir le monde savant. Vous priates M. Amedee Jaubert d'entreprendre la version complete de cette geographie que vous lui of- frites de publier. Trop eclaire pour se dissimuler les dif- ficultes de rentreprise, son zele n'a cependant pas recule devant votre invitation. L'Edrisi formera le quatrieme vo- lume de vos Memoires. Ce sera le pendant de votre edi- tion de Marco Polo. Le systeme de version auquel M. Amedee Jaubert s'est arrete, est celui qu'adopta, en 1800^ le savant W. Ousely, 38 dans sa traduction de la Geographic d'Ebn Haukal , sans notes deiaillees , sans comnientaires. Le travail de M. Amedee Jaubert sera complet, en ce sens que rien d'essen'tiel n'y sera omis. Nous dcvons ajouter qii'il n'est pas le soul qui s'occupc en cc moment d'une version complete de TEdrisi. Le Rev. M. Reuouard poursuit en Anglei erre une semblable tache. Les deux orientalistes sont entres en correspondance. Des deux cotes, il y a eu com- bat de procedes delicats, et quelles que soientles deter- minations prises, il y aura certainement profit pour l'Eu- rope eclairee dans ce concours de deux talens distingues. Si la geographie du moyen age est sur la voie d'une conquete,la geographic positive moderne, cctte geographic mathematique qui laisse rarement quelque chose a faire a la sagacite du geographe critique, marche chaque jour a de nouveaux succes. Ce mouvement imprime depuis le commencement du siecle, a ete constamment entretenu paries travaux des depots de la guerre et de la marine, des ingenieurs geographies et des ingenieurs des ponts et chaussees , travaux portes aujourd'hui a une perfection qui semble parvenue a son dernier terme. Ces progres sont sensibles dans les OEuvres geographiques qui vous ont ete offer tes pendant le cours de cette derniere an- nee. L'atlas de Danemarck par M. d'Abramhson, dont pres(|ue tous les details sont empruntes aux cartes de l'academie de Copenhague, a paru reunir 1'exactitude aux soins de ['execution. Vingt-neuf cartes nouvelles com- petent Tatlas de M. Brue , qui se presente aujourd'hui comme un guide d'autant plus sur que ee guide salt ou- 39 blier ce qui n'est plus , pour n'enseigner que ce qui est. C'cst dans les feuilles qui ont l'Oceanie et l'Afrique pour objet que la nouveaute des details prend une importance toute scientifique. La reputation de M. Lapie justifie 1'in- teret qui s'attaclie a ses nouvelles publications. Ses der- nieres cartes de'laGrece, de la Turquie d'Europe et des regences de Tunis et d'Alger, qu'on peut regarder comrae le resume de ses grands travaux sur les memes contrees , ont satisfait des exigences diffictles. On en peut dire au- tant des essais de Geographie comparative de M. Denaix, dont la publication se poursuit avec une activite qui n'ote rien au merite de l'execution. Les cinq tableaux qu'il a fait para itre, en 1828, sont dignes de ceux qui les ont precedes. Leur construction methodique simplifie l'etude, et rend les rapprochemens faciles, en procedant toujoursdu connu a i'inconnu. Dans le tableau orogra- phique du globe, par exemple, l'importance relative des aretes formees par les cbaines de montagnes , et par les lignes de partage des eaux, se trouve determinee par la dependance successive des divisions naturellesqu'elles cir- conscrivent. Cette marche est feconde en applications. L'atlas duPuy-de-D6me, parM. Busset, bien superieur a la carte physique de l'ancienne Auvergne de feu Des- marets, et qui repose sur un grand nombre de points tri- gonometriquement determines; le nivellement des prin- cipaux points du cours de la Seine par M. de Berigny ■ les topographies des environs du Scgeberg par M. Schuma- cher, et du canton de Pontorson par M. d'Auxmem'l; plusieurs cartes et plans relatil's aux cotes de l'Amerique 4o mcridionale par M. le capitaine Skiddy, et la carte d'unc partie do Ja Bythinie par M. de Hammer, ont merite vos suffrages. Vous avez remarque. que les cartes de la Gambie, au- dessous de Goussaje, ct du cours du Senegal au-dessous de Moussala par M. Joinard, apportaient de nouvelles Ju- mieres sur les conirees comprises entre le parallele du cap Blanc et celui des sources du Dbioliba, que la route liouvelle de Beaufort s'y trouvait tracee, et que les posi- tions sur la Gambie et le Senegal portees jusqu'ici trop a l'Est elaient avec raison rapprocbees de rOcean, mouve- ment que doivent suivre les villes de l'interieur et le cours du Dbioliba. Vous avez recu la carte manuscrite des cotes Oc- cident ales de Borneo , copiee sur celle de l'infortu- ne Muller , et dont la plupart des details sont entie- rement nouveaux. Vous la devcz, ainsi que les docu- mens sur lesquels elle a etc construite, a fobligeance de M. le baron de Capellen , ancien gouverneur de l'arcbipel indien. Un fait qui ne doit pas etre oublie, c'est futile direc- tion qu'on apercoit dans la plupart des travaux geogra- pbiques dernierement publics. On y distingue le but de populariscr la science : seconder unc telle marcbe est un devoir; si la terre a etc donncc a l'homme commc un vaste patrimoine, l'avantage de la bien connaitre ne doit pas restcr un privilege. Vous avez decide que le tableau des positions geono- miqiies du Globe , par M. Coulier, et le Geographical 4i index of all places of India, public par MM. Kinsbray, Parbury et Allen, seraient admis au concours tie 1829, et renvoyes a la future commission qui doit etre cliargee de le juger. Cette determination m'interdit de vous entretenir ici de ces deux ouvrages. La statistique, long-temps bornee a des calculs de de- tail et isoles , a suivi dans ces derniers temps une me- thode plus plnlosopliique, en admcttant le systeme com- paratif et en generalisant ses chiffres et ses formules. Ainsi traitee, elle rend aujourd'hui de veritables services a la geographic, et lui communique ce caractere d'utilite politique que la nature de nos institutions nous fait cher- cher dans tous les travaux de l'inteHigence. Ces nouveaux points de vue de la science se font remarquer dans les statistiques de Paris, des Bouches-du-Rhone, de file Bourbon , des frontieres N.-E. de la France, et de quel- ques autres points du royaume, et dans les travaux de MM. Dupin, Balbi, C. Moreau, Warden, etc., etc., etc. Vous continuez a prendre aux publications de MM. de Frecynet, Duperrey et Pacbo tout l'interet qu'elles meri- tent, et le nom de Colomb justifie l'accueil que vous avez fait a la traduction de ses Voyages ; la relation du premier surtout, ecrite en partie par ce grand navigateur , jette un nouveau jour sur la plus memorable entreprise des temps modernes. Vous suivez le eapitaine d'Urville sur les mers, et le recit de ses dangers et de ses decouvertes a plus d'une fois appele votre inquietude et vos eloges. Nous attendons son retour, presses de jouir du resultat. 42 de ses travanx et de ceux de ses intrepides companions. Nous Je desirous encore comme des amis qui redoutent l'inconstance de cette fortune qui les a tant de fois pro- teges contre la tempete et les ecueils. Nos savans et courageux compatriotes ne sont pas les seuls voyageurs en relation avec la Societe. Vous comptez dans les different.es contrees del'Amerique, MM. Bertero, David, Lesseps, Noyer, Soleau, Ruger, Vasseur; en Asie, MM. Gilbert, Pallegoix; en Afrique, MM. Duranton, Gerardin , Hertzog, Miller. Plusieurs de ces voyageurs sont munis de vos instructions, et pour eux MM. Brue, Coquebert de Montbret, Warden et d'autres meinbres ont redige de nombreuses questions indiquant les lacunes de la science dans les pays qu'ils doivent visiter. Sur cette liste manque aujourd'hui le nom d'un homme distingue, M. Choris ne s'y trouve plus; il est tombe sous les coups d'un assassin a son entree dans les etats Mexi- cains, le 22 mars 1828, presque au debut de la nouvelle carriere qu'il se proposait de parcourir. Ne a Iekatterinos- lav, le 22 mai 179^, il etait dans cet age ou Ton se pro- met un longavenir. Ses jours, s'il eut vecu, eussent tous appartenu a son art et aux sciences. Cette double passion l'avait conduit sur le Rurik, presque au sortir de l'en- fance; c'est en qualite de peintre qu'il fit, avec M. de Kotzbue, ce voyage de trois annees, qui enrichit a la Ibis l'histoire naturelle et l'liydrographie, et restera comme un monument du patriotisme eclaire de M. le comte de Romanzov. M. Choris fit un tres-grand nombre de dessins pendant cette expedition. A son retour a Paris, on lui con- 43 seilla de les publier. Nos savans lui ofirirent d'utiles se- cours. M. Cuvier et quelques hommes eminens dans les sciences, voulurent bien se charger de l'histoire naturelle, et M. Eyries consacra tous ses soins a la redaction gene- rale de la relation. II est peu de voyages de ce genre qui presentent une masse plus considerable d'objets divers, et surtout de portraits de differens peuples. Ce qui distin- gue ces derniers, c'est une scrupuleuse fidelite de pinceau, c'est la nature telle qu'elle est, ce sont les traits caracte- ristiques, la couleur et laphysionomie de ces hommes sau- vages. On peut, grace a cette exactitude, lire sur leur visage le degre de leur intelligence, l'expression habi- tuelle de leur pensee, et le mouvement de leurs passions. Cette ceuvre d'un beau talent promettait a l'histoire na- turelle un de ces artistes qui lui sont necessaires pour pai'ler auxyeux, et supplier a l'insuffisance des descrip- tions; et la Societe de Geographie a d'autant plus de su- jet de le regretter, qu'il s'etait propose de la faire jouir la premiere du fruit de ses nouveaux travaux. Une autre perte plus recente et qui vous touche de plus pres, vous afflige profondement. M. le lieutenant-general comte Andreossy, membre de l'lnstitut, vice-president de votre Commission centrale, a ete enleve tout a coup a son pays et a la science, qu'il cultivait comme s'il n'eut attendu que d'elle seule toute sa renommee. C'etait un de ces caracteres antiques qui ne sacrifient qu'a ce qu'ils croient la verite. Une vaine ambition de fortune et d'hon- neurs n'agitait pas cette ame calme et toute preocupee de ses devoirs. C'etait pour les remplir qu'il se distinguait 44 sur les champs de bataille et devant les fortercsses enne- mies, ou ses talcns furent remarques d'un grand capitaine. II faisait partie de cette expedition d'Egypte, un des beaux souvenirs de la France. De retour dans sa patrie, il prit part a quelques-unes de nos grandes journees. Admis dans le conseil, sa ligne fut celle de la probite politique, et cependant dans cette voie difficile, il rencontra la fa- vour. II dut ses hautes fonctions a cette honorable convic- tion qu'elles ne pouvaient etre mieux remplies que par lui. II repivsenta la France aupres de puissans nionar- ques. C'etait au temps des conquetes : il en fit a Vienne, a Londres,a Constantinople, il obtintl'estime et la conside- ration de ceux avec lesquels il avait a traiter ; et lorsqu'a- pres un long repos son pays eut jete les yeux sur lui pour le representer, il fut encore l'homme de la moderation , l'ami du trone et des libertes publiques. Les idees posi- tives et arretees qu'il avait en politique, le dirigerent ega- lement dans la carriere des sciences. Les preuves mathe- matiques etaient de son gout, et sa predilection pour les faits constates lui inspirait quelque chose qui ressemblait a une aversion insurmontable pour les theories de i'ima- gination. Aussi ne se perd-il pas en raisonnemens systema- tiques lorsqu'il observe et decrit la rade de Damiette , fembouchure du Nil, le lac de Menzaleh, la vallee de Natron et le fleuve sanseau, et l'on reconnait la meme direction d'idees positives dans son Memoire sur l'irrup- tion du Pont-Euxin dans la Mediterranee, dans son His- toirc du canal du Midi, et dans son dernier ouvrage, Constantinople et le Bosphore , siriche de faits observes, et de details du plus haut interet. 45 Vous apprites sa mort inattendue a la suite d'autres pertes , qui, sans etre personnclles a la Societe, affectaient ccpendant. tout le monde savant. Cette annee a vu se confirmer de tristes nouvelles; la fin deplorable du capi- taine Clapperton , du major Laing, du colonel Denham, a ete officiellement connue. Dans cette penible circons- tance , vous avez confondu vos regrets avec ceux de l'An- gleterre; car l'etroit esprit de national ite n'entre pas dans votre genereuse institution. Ce n'etait pas sans douleur que vous voyiez s'evanouir les nouvelles esperances qui s'attacliaient a de pareils noms, et vous etiez loin d'en nourrir pour le compte de la France. Sa fortune lui me- nageait cependant la gloire d'une grande decouverte. Vous savez qu'un Fran9ais est entre dans cette Temboc- tou tant cherchee. M. Caille, plus heureux que le major Laing qui l'avait precede, a revu sa patrie. Une telle ex- ploration, qui fut, depuis Ledyard et Hougton, l'ecueil de la persistance courageuse de tant d'liommes distin- gues , devait naturellement appeler la voix severe de l'in- credulite. Elle n'a pas manque aux travaux de M. Caille, et, le dirai-je, elle l'a bien servi. Votre Commission a provoque un examen rigoureux , et l'enquete a laquelle le voyageur s'est soumis , comme un homme qui tient a honneur de faire triompher la verite par la critique, n'a laisse aucun doute sur la sincerite de son recit, l'exacti- tude et la nouveaute de son itineraire. Une fable inge- nieuse, le costume musulman, la langue et les habitudes religieuses des marchands maures, lui ont permis de se meler aux caravanes de l'interieur, et de voir sans etre 46 devine. II a traverse le Baling et le Dhioliba, pres de leurs sources, il a observe d'autres courans qui ne sont pas encore indiques sur nos cartes ; il a confirme les don- nees de M. Mollien, et les observations du major Laing, sur les points ou le Dhioliba prend naissance. Les mon- tagnes qui separent le Fouta-Dhiallon du Bambara , ces hauteurs devaiit lesquelles des Europeens epuises de fa- tigue avaient etc obliges de s'arreter, ont etc franchies, et M. Caille a trace une ligne nouvelle du Rio-Nunez a Time, en passant entre Labey et Timbou, et traversant la ville de Kankan, ce depot de l'or des mines de Boure. A Time , le climat d'Afrique faillit encore devorer un Europeen ; mais le climat fut vaincu. Aprcs cinq mois de soufFrances , M. Caille se releve et reprend sa marche vers le N.-E., en s'ecartant a droite des rives du Dhio- liba. Ses compagnons de voyage l'entretiennent de Sego, de Bammakou, et de la position et du commerce des villes qui bordent le fleuve. II le retrouve ce fleuve a Jenne, s'embarque, et apres un mois d'une perilleuse na- vigation, il atteint Temboctou, l'objet de tous ses vceux. Son sejour est rapide dans cette ville d'Afrique, mais il est mis a profit. Le depart des cara vanes le force a re- prendre la route du retour. Elle le conduit par la voie du desert a El Arawan , a Tafdet, a Fez. La prudence lui commande tl'eviter la capitale du Maroc , residence d'un despote cruel et ombrageux, et de gagner a la hate le toit protecteur d'un consul de France. II se voit bientot a Tauger, sous celui de M. Delaporte. Vous savez ce qua fait cet ami des sciences pour le voyageur malade et en- 47 toure tie perils, et quels ont ete ses soins empresses pour le rcudre promptement a ses foyers. Ce n'est pas dans notre pa trie qu'une entreprise aussi hardie, aussi difficile, et mise a fin avec tant de perseve- rance, manque d'admirateurs , et que de tels services res- tent sans recompenses. L'espoir de M. Caille, dans le suf- frage de ses compatriotes, dans la munificence du gou- vernement et de votre Societe, n'a pas ete chose vaine. Deja votre Commission centrale a decide que le prix propose pour un voyage a Temboctou , en partant du Senegal, lui etait acquis. Cc prix vous sera d'autant plus agreable a offrir a l'heu- reux explorateur, que ce fut la lecture de votre pro- gramme qui fortifia chez lui la courageuse resolution de penetrer au cceur de l'Afrique. Le nom de M. Caille appartient desormais a l'histoire de la geographie, et son succes est un titre pour la France. Compte RENDU des recettes et depenses de la Societe , pendant V eocer- cice de 1827-1828. RECETTES. Reliquat de compte de 1827 , interet des fonds places , renouvellement des souscriptions annuelles, montant des diplomes des nouveaux membres , vente du Recueil des Memoires et du Bulletin, et dons divers, montant a la soinrne de I7,n5f. 33 c. DEPENSES. Frais d'administration , d'agence et de loyer , 48 frais d'impression da Rccueil des Memoires, de redaction el d'impression da Bulletin, prix decer- ned en 1828; le tout s'elevant a la somine de. . . iG,868 f. o5 c. En Caisse au premier decembre 1828. . 247 f. 28 c. Capital place en rente sur le Mont-de-Piete, et dont une partie a une destination speciale. . . . 23, 000 f. » Total de l'actif an premier decembre 1K28. . 23,24.7 l\ 28 c. Certifie par le Tresorier de la Societe, Paris le 5 decembre 1828. Signe CHAPELLIER. § 1. Admissions , Ouvragcs ofjerts , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Assemblee generate du 5 decembre 1828. S. Ex. M> le Baron Hyde de Neuville, Ministre de la ma- rine etdes colonies. S. Ex. M-' le Vicomte de Martignac , Ministre de I'lnterieur. S. Ex. M> le Baron De Pfeffel, Envoye extraordinaire , Mi- nistre plenipotenliaire de S. M. le roi de Baviere. M. le Major Saint-Jobn Blacker. M. Filhon, Capitaine au corps royal des ingenieurs geograpbes. M. Giraud, ancien Chancelier du consulat de France, a Boston. M. Harle, de Saint-Quentin. M. Felix Lajard, Beceveur des finances , a Saint-Denis. Seance du ig decembre. M. Du Suatj «e la Croix, attacbe aux ambassades du Roi. M. Martin, Homme de lcttres. M. le Docteur Rovjlin. OUVRAGES OFFERTS A LA SGCIETE. Assemblee generate du 5 detembre 1828. Par M. le baron Walckenaer : Histoire gene'rale des voyages, ou Nouvelle collection des relations de voyages par mer et par terre, misr en ordre et complelee jusqu'li nos jours, tomes I a XIV. Par M. le chevalier Lapie : Carte comparee des regences d' Alger etde Tunis, Paris, 1828, 2 feuilles. Par MM. Lapie, pere et fils : Atlas unibersel de geographic an- cienne el moderne , ire livraison, composee d'une feuille de texte, des systemes planet aires et de la Carte de la Plata , du Chili et de la Pa- iagonie. Par M. Thomas : Essai slalistique de Vile Bourbon , suivi d'un pro- jet de colonisation de Vinterieur de cetie He, 2 vol. in-8°, Paris, 1828. Par M. Andre : Essai sur la statistique du canton de Berne, Paris , 1828, 1 vol. in-8u. Par M. Balbi : Tableau stalislico-polilique de V Europe en 1820. — Prospello fisico politico dello stalo alluale del globo. — La Monar- chic frangaise comparee aux principalis etats du globe. Par M. Bitouze d'Auxmenil : Carte du canton de Carentcm ( Manche ) , 1 feuille. Par M. Warden : \2Art de verifier les dates depuis 1770 jusqu a nos jours, tome XI , contenant la Continuation deVhistoire de la Re- publique Argentine, Paris, i8?8, 1 vol. in-8°. Par M. Latour-Allard : Vocabulaire chahta et anglais, Cincin- nati, 1825, 1 vol. in-12. Par M. Barbie du Bocage : Description de Chumla etde ses envi- rons , suwie de la relation des sieges de cetie ville par les Russes en lyj^et 1810, avec un plan , Paris, 1828, in-8°. 5o Pro ces- verba I de la Seance de la Commission centralt • , du in decembre 1828. Le ministre dc la marine remercie la Societe de la communica- tion qu'elle lui a faite du Rapport de la Commission speciale cbargee de rendre compte du voyage de M. Caille dans l'interieur de l'Afrique : S. E. annonce que, sur sa proposition, le Roi a bien voulu accorder une premiere indemnile de 3, 000 fr. a eel inte- ressant voyagcur , el lui conferer POrdre Royal de la Legion d'Honneur. Le ministre de l'interieur accuse reception du meme rapport , et annonce qu'il examinera avec interet cc qu'il lui sera possible de faire en faveur du voyageur qui vicnt d'executer une entreprise aussi importanlepour la science. M. Fuss , secretaire perpelucl de l'academie imperiale ihs sciences de Saint-Pclersbourg , remercie la Societe de lenvoi de ses diverses publications et lui adresse , au nom de cette academie, le tome X de ses Memoires , et le Recueil des acles de sa seance solennelle , tenue a 1' occasion de sa fete seculaire , le an de- cembre 182G. M. le comic de Ralbe , president dc l'academie royalc des scien- ces de Turin , remercie egalement la Societe de lenvoi de ses pu- blications , et annonce qu'il lui adressera, au nom de cette acade- mie , le loine XXXII de ses Memoires. La Societe pliilosopbique ainericaiue dc Philadelpbie adresse la suite de ses Transactions. M. Jubelin , gouverneur du Senegal, adinis recemmentdans la Societe, lui adresse ses remercimens, et annonce qu'il fera lous ses efforts pour concourir aux succes de ses travaux. M. J omard communique une nouvelle lettre de M. J obn Rarrow, par laquelle ce savant reconnait avec loyaute que la reclamation faile au sujel du vojage de M. Caille, en Afrique, n'etaii pas fondee, et que la reponse qu'il a recue est parfaitement satisfaisanti'. Si Le merne niembre communique une lettre de M. Wander Maelen , qui demande a etre fixe par la Societe sur le choix a faire entre les determinations de latitudes et de longitudes donnees aux villes de France dans divers ouvrages. 11 sera repondu que la Societe ne peut setablir juge entre ces differentes autorites. M. Dinome offre de souscrire a la relation du voyage de M. Caille , en Afrique , dans le cas oil une souscription serait ou- verte pour cette publication. La Societe regoit lbommage de plusieurs ouvrages et cartes, et vote des remercimens aux auteurs. (Voy. pag. 52 et 53.) M. de la Roquette renouvelle la proposition qui a deja ete faite , que Ton rende compte des principaux ouvrages offerts a la Societe; sa proposition est appuyee par plusieurs membres. MM. Uottin et Verneur sont charges de rendre compte , le pre- mier , de VEssai staiisiiaue sur Vile Bourbon , par M. Thomas , et le second, de VEssai surlastatistique du canton de Berne , par M. Andre. Aux termes de Particle 16 de son reglement , la Commission centrale proccde au renouvellement de son bureau pour l'annde 1829 , et nomine a la majorite absolue M. Jomaud president, MM. de Rossel et Girard vice-presidens , M. de Larenau- diere secretaire-general. M. le colonel Ronne , au nom du comite du Rulletin , fait un rapport sur la redaction du Bulletin pendant l'annee 1828, et signale diverses ameliorations dont ce Recueil serait susceptible. La Commission decide en principe que la redaction continuera Tannee procbaine d'etre confiee a un comite special , et renvoie a la premiere seance la discussion des diverses propositions conte- nues dans ce rapport. Les membres du Comite seronl nommes , et la Commission centrale sera convoquee pour Telection. La Commission se forme ensuite en comite particulier pour entendre le rapport de la section de comptabilite sur les depenses relatives a la publication du Recueil de ses Memoires. Apres une discussion a laquelle ont pris part plusieurs membres , 52 la Commission vote a l'unanimite Ies fonds n^cessaires pour achever la publication du texte de l'Orographie de 1'Europe par JV1. Bruguiere , et decide que la gravure des planches sera suspen- due. Cette decision sera transmise a l'auteur avec l'invitation de miter l'envoi du resle du texte de son important ouvragc. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du icj decembre 1828. Par TAcademie Imperiale des sciences de Saint-Petersbourg : Memoires de celte academic, tome X, Saint-Petersbourg , 1826, 1 vol. in-4°. — Recueil des acies de sa seance solennelle , Icnue a I'uccasion de sa/ele seculaire, le 20, decembre 1826, 1 vol. in-4-0- Par la Societe Philosophique de Philadelphie : Transactions de telle societe, vol. Ill ( -jc parlie ), nouvelle serie. Par MM. Lapie, pere et fils : Atlas unn'ersel de geogruphie an- cienne et moderne; 2e livraison, contenant une feuille de texte, les planispheres celestes el la carle de Colombie et des Guyanes. Par MM. Gretsch el Reiff : Grammuire raisonnee de la languc russe , precede'e d'une introduction sur Vhistoire dc eel idiome , de son alphabet et de su gramma ire , tome Icr, Saint-Petersbourg, 1828, in-8°. Par M. Pxeinaud : Description des monumens musulmans du cabinet de M. le due de Blacas, tome II, Paris, 1828, 1 vol. in-8u. Par M. Rigollot: Mc'/noircs sur Samambr/\>a, suivis d'eclainisse- mens sur Vermand , capitate des 1 cromandui , 2 cahicrs in-8°. Par M. Gide : Nom>elles Annales des voyages, cahier de decembre. Par M. de Leuven : Journal des voyages, cahicrs d'oclobre el (!<• novembre. Par M. Juilien : Revue encyclopediipic , cahier de novembre. Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geograp/iiaues , cahier d'oclobre. 53 Par M. Artbus-Bertrand : Bibliotheque physico-economiijuc , ca- hier de decembre. Par M. le Baron Trouve : Annates de la Ullerature et des arts , 4.24. a ^2^ livraisons. Par la Sociele Asiatique : Cahier d'octobre de son Journal. Par la Societe de la Morale cbretienne : Numeros 60 el 61 de son Journal. Par les Auteurs : Plusieurs numeros du Globe. TROISIEME SECTION. DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES GEOGRAPHIQUES , ETC. Extra IT d'une Icttre de M. Jobn BakROW a M. JoMARD. Londres, le icr de'cembre 1828. Monsieur , J'ai re^u votre obligeanle lettre du ier novembre, et aussi celle du 20 , a laquelle vous avez eu la bonte de joindre des exem- plaires imprimes de noire derniere correspondance sur le sujetdes deux voyageurs afrrcains dont il y est fait mention. Je vous prie d'en recevoir mes remercimens empresses. Lexplicalion que vous avez bien voulu me donner dans votre premiere lettre est parfai- lement. satislaisanle et de nature a me convaincre que je me suis mepris, et que j'ai confondu l'beureux retour de M. Caille avec l'beureux accomplissement de son entreprisc. J'ai altendu long- temps pour vous remercier , afin de pouvoir avoir le plaisir de vous envoyer un exemplaire de la carle , etc. Si'gne John Barrow. Ministere de l'lnterieur. — Direction des Belles-Lettres, Sciences et Beaux- Arts. — Deuxieme Division. — Reception d'un Rapport sur le voyage de M. Caille , dans l'int&ieur de I'Afrique. A MM. les President et Mcmbres de la Commission cenlrale de la Societe de Geographic Paris , le 5 de'eembre 1828. Messieurs, j'ai recu la letlre que vous m'avez fait l'honncur de m'ecrire le 29 novembre dernier, et j'y ai trouve jointe la copie du rapport fait a la Societe de Geographie sur le voyage de M. Au- guste Caille , dans l'interieur de I'Afrique. J'examinerai avec interest ce qu'il me sera possible de faire pour remplir les voeux que vous m'exprimez en faveur de ce voyageur qui vient d'execuler une entreprise donl je reconnais , ainsi que 1'a fait M. le ministre de la marine , toute l'importance pour la science , et pour 110s relations dans des contrees jusques-la et meme encore si imparfaitemenl connues. Agreez , Messieurs , Tassurance de ma consideration distinguee. he ministre secretaire-d'e'tat de l'interieur , DE MART1GNAC. Ministere de la Marine et des Colonies. — Direction des Colonies. — Deuxieme Bureau d'administration. — Avis de graces accordees par le Roi a M. Caille. Paris , le 11 de'eembre 1828. A M. le Baron CuviER, President de la Societe dc Geographie. M. le Baron , vous m'avez transmis , au nom dc la Societe de Geographie , copie du rapport de la Commission speciale charger de lui rendre complc du voyage de M. Auguste Caille a Ten Boclou , et dans l'interieur de I'Afrique. J'ai I'honneur de vous rcmercier de la communication de cet interessant rapport. 55 J'ai appris avec plaisir que la Soci^te a jug»leiice ducourant qui s'ecoulea Boussa ell'unda, vers le 4-e deg. longit. E., fait qui resultc des derniei es decouvertes de Clapperlon(ce courantestcelui queles naturels appellent Uuurra (i). Par exemple , si cette branche orientale se scparait de la princi- pal branche du (lcuve , vers Baminakou , linvraisemblance dimi- nuerait considerablcmcnt ; je reviendrai bientot sur cette question, que je regarde conune capitale. Si au-dela du meridien de Kabra on porle ses regards vers l'Est , on reconnail que tout est ignore, et que Ion ne sail rien si ce n'est c.e que le guide Amadi-Fatouma , qui ne fut pas meinc temoin de la morl de Park, a rapporte; mais son recil , qui jusqu'a present a ete le scul fanal des g^ographes , au milieu des tenebres ou ils sont encore plongcs , n'est qu'une lumiere incertaine ,. quant a i'epoque de l'evdnement et au lieu qui en fut le theatre. Ce n'est peut-elre pas que ce guide ait Irompe sciemment le gouverneur de Sierra-Leone, mais son recil elait obscur, el 1 on n'a pas sans doute compris ses deposilions (a). Boussa est le point ou, dit-il , le voyageur anglais a ptfri avec son compatriote Alai tyn et les Africains embarques avec eux. Ce heu est voisin de Teniboclou , d'apres les termes de la relation. Si Ion connaissait l'exacte position de ce lieu de Boussa, et si le voya- (i) Mars ce mot est gene'rique anssi , et il veut dire encore grandc eau. .rinsiste sur cette multitude de termes synonymes (]iii metteut en de'faut les critiques et les voyageurs voir ci-dessous, et le niemoiie cite plus limit. ) Musi la confusion amende par les luotsNyl et Bahr, se reproduit de nouveau dans lemot Quorra. (2) Voy. Account oftlic live of Mungo Park , p. Lxxxiii et lxxxvi , in the journal oj a mission to the interior of Africa in tlie year i8o5. 65 geur y est parvenu sur la meme barque que celle qui I'a amene depuis Sansanding, Ion possederait e'videmment un point de plus du cours duDliioIiba; niais aucune distance n'estdonneepar Amadi-Fatouma. Le redacteur de la carte du second voyage de Park a place a l'Est de Kabra six positions seulement, les seules en effet nominees par le guide dans sa relation. Boussa qui est \a si^ieme et dern/'he , setrouvc ainsi placee a i° '/4 seulement a l'E. de Temboctou. C'est la, selon eux, que Mungo-Park aurait succombe aux poursuites d'une mul- titude fanatique , irrite'e de son opiniatrete et de son langagc im- prudent. Peut-etre a -I- on rapprocbe trop les positions dont it s'agit ; mais quand on en doublerait la distance , on n'arriverait dans l'Est qu'a 2° '/» du meridien de Kabra. Quelle distance encore a parcourir pour arriver aux pays de Koubbi, d'Youri, de TSyffe et de Funda ? Cependant ropiniou qui semble prendre faveur est que le cou- rant dont Clapperton, dans son premier voyage, avait entendu parler a Sakkatou , est le Quorra ; et que le Quorra quil a vu , en 1826 a son second voyage, au-dessous de la ville deWawa, est encore le meme fleuve , et par consequent, idenliquc avec le Dbio- liba\ Clapperlon parait bien etre arrive sur le lieu meme ou Park a peri : du moins tout ce qu'il rapporte sur le Boussa quil a vu, (quoique place a 7 ou 8 degres , lant vers le Sud que vers l'Est de Temboctou) semble en prouver ridentile avec l'endroil dont parlait Amadi : on y retrouve le nom dulieu, Tile, les rocbers dansle fleuve, le courant rapide, etc. Cependant Clapperton se tail sur le rocher ouvert en forme de porle, et servant de passage a l'eau, suivanl Amadi (si toutefois le fait existe). Mais est-il aulant demonlre que Park n'a pas cbange dembarcation (i) ? Les omissions etonnantes de son guide sur tous les lieux qu'ils traverserenl depuis Temboctou (1) Les barques vues par Clapperton sur lc Quorra, ne ressemblcnt point a celles t!u Dhioliba que decrit M. Caille. A la ve'rite' , les gens de Boussa parlent du batiment chavire de maniere a reconnaitre le double canot que montait Mungo-Park. 66 font concevoir et cxpliqucnt l'oinlssion de celte circonstance , sur- tout dans un recit depourvu do details , ct lnoinc de touto espece de dates ou de comptes de journees. Ajoulons quo dans ce moine recit, Boussa est place dans le royaume de Houssa, pros des frontieres, tandis que le lieu visite par Clapperton est pros d'Youri. Quo le Quorra continue, apres Eyeo ou Katonga, de sediriger vers le Sud , c'est ce qui parait vraisemblable par la derniere ex- cursion de Clapperton ; mais jusqu'ou? on l'ignore. Si les rapports des habitans le prolongent au Sud jusqu'a Funda , vers le 8C degre latit. Nord, rien ne prouve lc fait jusqu'a present, el encore nioins qu'apres Funda, il va rejoindre la riviere de Benin. Apparennnent convaincu de la rdalitd de celte derniere supposi- tion , le rddactcur de la carte du dernier voyage de Clapperton el de Lander, a prolonge extrememenl loin dans le INord nos con- naissances sur la riviere de Benin ou de Formose: et il a par une singuliere preoccupation , place la ville de Benin vers 70 '/» de lati- tude, en se fondant sur 1' opinion de Dapper, et afin de rappro- chor los limitcs des connaissances. Cependant Benin n'a pas une latitude plus elevee que 6" 12' environ. B faudrail elre bien persuade de la necessite de faire ecouler le Quorra dans le golfo de Benin pour joindro par une seule ligne de courant d'eau deux points aussi eloignes que Benin et la province d'Youri. Je ne pretends pas par ccs reflexions nier qu'il en soil ainsi : seu- lemcnt j'observe qu'il y a enlre ces deux provinces une epaisse cbaine de montagnes primitives, sansdoute a plusieurs ctagos. La ou 1'on en a mesure la hauteur, elle a 2,5oop''\ anglais; et peut-etre est-ello plus dlcvee ailleurs. Sa largeur est de plus de 28 lieues ; or nous avons vu que le Dbioliba prend sa source a 1600 pds. seuleinenl de hauteur. Arrive" si loin de son origine et si prds dc la mcr, il faudrail que la monlagne fill enlierement ouverte jusqu'a sa base, et quil s'ecoulAt dans un vallon , profond de 2,000 a 2,5oo piods. La carte du nouveau voyage nous fait connaitre une riviere de Moussa, traversee par Clapperton a Namah et Bori, vue encore 67 par lui a Eyeo , ct se jetant dans le Quorra d'apres les rapporls des gens du pays; cnfin elle vient de l'O.-N.-O. ; peut-£tre est-ce la rembranchcmcnt du Dluoliba , dont j'ai parle seulement comrae bypothetique ; s'il en est ainsi , ne suffirait-il pas pour expliquer le reclt qui fail du Dluoliba et du Quorra une meme riviere? Par la une grande difficulty serait levee : e'est a savoir la longueur im- mense du cours du DbioliM, ses contours et ses retours sur lui— meme, et son defaut de pente, etc.; quant au Quorra d'Youri, il descendrait du revers meridional des montagnes de Houssa. A l'egard de la brancbe maitresse du DbioliM , il est constant quelle prend son cours a l'Est et a l'Est-Sud-Est, en partant de Temboctou ou plutot de Kabra : quel obstacle l'empecberaitde con- tinuer jusqu'a l'Yeou? Jusqu'a present Ton n'en connait aucun positivement ; e'est ce qu'on admettra , si Ion veut considerer sur les cartes receutes la position des lieux (i). Ici je suis oblige de rappeler que le docteur Oudney et Clapperton out quitte l'Yeou , qu'ils avaient d'abord suivi en venant de ISornou, et que la ri- viere Shasbun, qui s'y jette , en est l'affluentet non pas la source; 1'originc de l'Yeou ( appele lui-meme Zud et Tsad , ce] qui est assez remarquable ) est encore a decouvrir. Je n'insiste pas sur cetle remarque, deja reproduite ailleurs plusieurs fois. Le lac Tsad ouTcbad serait done au moins l'une des issues du Dluo- liba , de son courant principal : bien des considerations pourraienl elre offerles a l'appui de cetle idee assez probable, qui parait repondre a bien des condilions , et meme rendre compte de tous les fails , et que vient corroborer le temoignage de Hornemann (2); mais il ne (1) Temboctou doit avoir sa latitude entre 16 et 170 Nord ; Kabra est a j milles au Sud ; a ce dernier point sont deux bras, un grand et un plus petit ; 1'un se porte a l'E--N.-E. , l'autre a PE.-S.-E. , et ils se rejoignent a une d's- tance qui n'est pas connue. (2) Savoir que la riviere vue par M. Park court a l'Est dans le l>ornou,oii elle prend le nom de Zad , et que dans quelques lieux du Houssa elle est ap- pele'e Gaora (Quorra) ou la grande eau. 68 faut pas entrer dans le champ des conjectures, apres avoir attaquc des idees systematiques ; et Ton doit rester dans les limiles d'un doute circonspect , jusqu'a ce que les voyageurs aient observe tout le pays an Nord de Houssa, Goubir et Kachnah. Restera l'hypothese qui apres avoir conduit le DhiolibA jusqu'au royaume d'Youri , le fail tourner brusquenienl a l'Est , le con- tinue ainsi pendant 200 a a5o lieues en Hgne droite , et le rejoint au Shary; inais cet immense cours du Sbary, depuis Jacoba jus- qu'aupres de Loggun , n'est pas moins inexplicable dans un tel pays de montagnes, ou il faudra pour ainsi dire que rimaginalion le soutienne de niveau a cette elevation , pour qu'il entre dans le lac central. Le contraire serait plus probable , savoir : que de la grande chaine granitique et de sa pente meridionale sort un courant dirige de l'Est a l'Ouest, et que c'est cette riviere qui passe a Jacoba et a Adamowa, loin d'etre une riviere coulantde l'Occident (1). Je ne crois pas pouvoir ajouter plus dinteret a ces remarques sur le cours des rivieres de 1'Afrique centralc, qu'en faisant connai- tre ici les resullals du deuxieme voyage de Clapperlon (2). L'ou- vrage n'etant point encore en France, j'emprunterai a un recueil litteraire anglais (3) une parlie de l'analyse de cette relation , en conservant quelques unes des reflexions propres a l'auteur de larticlc ; et je les ferai suivre de plusieurs remarques. Clapperton, peu apres son arrived a Londres, rec_ul de lord Uatburst des instructions pour rctourner en Afrique, par le golfe de Renin. II parlit, emmenanl avec lui le capitaine Pearce, bon (1) Cette derniere opinion n'est pas une pure hypotliese , puis(jue Selon Lander coule , pres de Jacoba , une riviere appelee Sluir ou Shari , tiranl so source du lac Tchad , et que cette riviere Shary se jette dans le Quorra a Funda. (2) Journal of a second expedition into the interior of Africa, from the bight of Benin to Soccatoo by the late captain Clapperlon , with the journal of Richard Lander, from Kano to the sea coast. London , \" 182Q. (!i) Quarterly Review, Janvier 1829, n° 77. dessinateur, ct le docteur Morrison, chirurgien , tous deux de la marine royale , ainsi que le chirurgien Dickson qui avait servi dans les Indes Orientales. Partis le 25 aout 1825, ils arriverent a Whidah, sur la cote de Benin, le 2G de novembre suivanf. La ils n'apprirent aucune nouvelle des envoyes du sultan Bello , qui devaient s'y trouver, ni des villes de Funda et de Raka, lieux in- connus sur toute la cote ; ces lieux sont en effet a 200 milles dans l'interieur; Raka n'est point sur les bords dune riviere ; enfin ni Tun ni l'autre ne sont sous la domination de Bello. Le 7 decembre ils parlirent de Badagry, avec un noir de Houssa, appele Pascoe , ancien interprete de feu Belzoni. Les voyageurs commirent Timprudence , dans un pays marecageux , de passer deux nuits en plein air. Des le 12 du mois le docteur Morrison prit la iievre; le capitaine Pearce, le lendemain , ct ensuile Lander, servi- teur de Clappcrton. Les deux premiers moururent le meme jour (le 17 decembre), a Jannah. Clapperton , qui avail apprecie leurs qualites et leurmerite, deplora vivement leur perle ; lui-inerne fut pris de la fievre. Quant a Dickson, il parlit seul pour Youri, et Ton ignore ce qu'il est devenu. Le pays entre Badagry et Jannah est peuple , fertile , bien cultive, abondant en toutes sortes de fruits, tels que les oranges , bananes , etc. Les babitans en sont accorls et bienveillans. Plusieurs villes de la contree ont de 8 a i5 mille babitans ; le gouvernement est regulier ; Tordre regne dans les villes et les villages ; 1'honnStete , la probite dans les transactions dis- tinguent les babitans; ils ont d'assez bons metiers a tisser; leur indigo est excellent, et leurs poteries sont passables. La description du pays, des moeurs et des usages donne lieu a des remarques inte- ressantes de Clapperton. Quand ils apprirent qu'un Anglais n'avait qu'une femme , le Caboceer (1) ou chef de Jannah et tous ses gens, surlout ses femmes , se mirenl a rire immoderement. Ils arriverent bientot a la chaine de montagnes , qui traverse tout (1) On conserve dans cet extrait l'orthonraphe anglaise des noms. 7° lc pays, aux frontieres du Yoorriba. Legranit se montrc a Afona; Assoulah pcul conlenir G,ooo habitans ; Assoudab environ 10,000; la largeur do la cbaine est d'a peu pres 80 milles. Le plus haul point ne paraissail pas exceder 2,5oo pieds d' elevation dans la partie ou. les voyagcurs l'ont franchie, et la route, pas plus de i,5oo. On dit que Duffoo a i5,ooo babitans, Chiadoo 7,000. La plus haute som- inile est entre Erawa et Cbaki. La ville de Koosoo , au nord de la cbaine , est la plus grande que notrevoyageureut encore vue, elle est supposee avoir 20,000 babitans; ensuite il vit Saboo, autre grande ville, puis Ensoo-Koosoo , et une plaine babitee par noinbre de Fellatah , menant une vie pastorale. De la, jusqua la capilale de Yoorriba , qui est nominee Eyeo ou Katonga, beaucoup de villages sonl deserts et mines par les incursions des Fellaiah guerricrs de Soccatoo. Katonga est siluee sur un des sommets de la cbaine de granit; sa posilion est delicieuse. On y a l'usage de se prosterner devant le roi , exactement de la mane maniere que dans le celeste empire ; Tanalogie est complete et frappante , et le ceremonial ne differe pas de celui que lord Amerst a decrit dans la relation de son ambassade en Chine. Les voyageurs assisterent a toules sorles de jeux elde representations sceniques, dans lesquelles les personnages se de- guisent sous la fonne de serpens et sous loutes sortes de figures fan- tasliques. Dans une tele decrite par Clapperton, on voil parailre un d!ahk blanc , ayant la figure humaine , mais de mine tres-miserable , prenant du labac et presentant Taspect le plus burlesque. Sa Majesle demandait souvent a Clapperton s'il trouvait le personnage blanc bien joue. Katonga est le nom que porte la ville de Eyeo dans la langue de Haoussa : elle a i5 milles de tour, et tlix portes, ornees de bas- reliefs. Le pays a une foule d'animaux et produit toules sorles de fruits, lels que des oranges, des Unions et meme des poires et des pommes. On trouve dans les inarches du rhum, du labac, des habits curopeens, etc. Les traits des gens d' Yoorriba sont plus eloignes du caractere negre que ceux des babitans de Badagry , la levre est 7i moins epaisse, ct le nez presquc aquilin. Kiama est une ville de Borgo , c'est la que M. Houtson prit conge de Clapperlon pour re- tourner a Ja cole , oil bienlot il mourut. Glapperton continua et traversa la riviere de Moussa , courant considerable , qui tombe dansle Quorra. Rien n'est plus extraordinaire que la suite du sultan de Kiama ; ses coureurs sont autant de jeunes filles de quinze a dix- sept ans, entierement nues , a l'exceplion d'un bandeau blanc sur le front et d'un collier sur le seiu : cbacune porle trois lances dans la main , elles se tiennent aupres du sultan et courent comme lui quand il lance son cbeval au galop. Kiama est estimee conlenir au moins 3o,ooo babitans. Clapper- ton y fut tres-bien re(~u ainsi qu'a Wawa, il se trouvait alors tout pres de cette partie du Quorra ou a peri Mungo-Park ; on lui dit que le sultan de Boussa avait retire de sa barque des livres etdes tresors, et que les viandcs qu'on y avait trouvees ayant ele mangees par le peuple, tous en moururent, parce que c'etait de la cbair humaine. ( Je passe sous silence riiistoire dune ricbe veuve de vingl ans, qui s'attachait a la personne du voyageur avec une perseverance in- croyable, et plus tard a son serviteur Lander. W awa a 18 ou 20,000 babitans. Clapperlon s'avanga de lajus- qu'a Koolfou. Boussa est situee sur une fie formee par deux bran- dies du Quorra ; la plus petite et la plus occidenlale est nominee Mena'i ; le sultan dit a Clapperton qu'il ne restait rien des livres et des papiers de Mungo-Park, qu'ils etaient tous passes dans les mains des docteurs ; quand on le pressait a cet egard , il paraissait tres-mal a son aise; cependant il raconta que le dernier iman de Boussa, Fellatah de nation , avait eu en sa possession les livres et les papiers, mais quil avait quitte Boussa depuis quelque temps. Un peu au-dessous de cet endroit , la riviere a une cbute de 3 a 4- pieds ; la, et encore plus loin, toutes les brandies reunies du Quorra n'ont pas plus que les trois quarts de la largeur de la Tamise , a Sommerset-House. Un envoye du roi d'Youri dit a Clapperton que le roi lui avait monlre deux livres , grands et imprimes , ayant 72 appartenu aux homines blancs qui avaient pe>i dans la barque a Boussa; qu'un marchand de Bornou en avait offert i5o milkalls d'or , de la part d'un chretien; Clapperton demanda si e'etait des livres comme son journal (qu'ilmontra au messager ) ; ce)ui-ci re- pondit qu'il y en avait un , que son maitre Tavait donne a un mar- chand arabe, dix ans auparavant; mais que le marchand avait etc tue par les Fcllatah sur la route de Kano , el il ne savait pas ce que ce livrc etait devenu depuis. Un Fezzanien , que Clappeiion avait envoye au roi d'Youri, pour s'cnquerir des livres et papicrs de Mungo-Park, lui rapporta le recit suivant : Que le voyageur n'avait re<^u aucn mauvais trai- tementdans le pays d'Youri, que e'etaient les gens de Boussa qui I 'avaient tue el avaient pris toutes ses richesscs ; que les livres en sa possession lui avaient dte donnes par l'iman de Boussa , que per- sonne n'avait echappe , etc. ; enfin que le sultan avait un fusil a deux coups, une ^pee et deux livres qui avaient appartenu aux gens de la barque, et qu'il donnerait les livres a Clapperton , s'il allait lui- meme a Youri. Yoici l'extrait d'un autre rapport d'un temoin oculaire : Le sul- tan de Boussa ayant appris que la barque contenait des hommes blancs , les fit attaquer et tuer par ses gens, et par ceux des villes voisines, les regardant comme l'avant-garde de l'armee Fellatah, qui ravageait alors le Soudan , sous le commandement de Mallem Dan- iodio , pere de Bello ; il y avait deux blancs et deux noirs dans la barque , on y trouva de grands tresors ; tous ceux qui mangerent de la viande qui y etait moururcnt. Clapperton regarde ce recit comme le plus exact de tous ceux qu'il a recueillis. 11 y a done en- core une chance pour que le journal de Park soit retrouve. 11 fait remarqucr le changement survenu dans les dispositions des habi- tans de Boussa, puisque leur accueil et ramitie «tn roi out ete pour lui dun grand secours. Ce recit est en effet beaucoup plus probable que les autres, et corrobore l'hisloirequ'Isaaco a recueillie d'Amadi-Falima. I 73 Au passage du fleuve a Komie , Clapperlon traversa le Quorra, le trouva large d'un quart de millc , faisant deux niilles a l'lieure, el prol'ondde 10 a i5 pieds. Les canots avaient 20 pieds de long et 2 de large (1). II etait alors dans la province de Nyffe , pays blen cul- tive et peuple de forgerons ; chaque village a trois ou quatre bouti- ques de cetle espece. Les maisons sont peintes de figures d'honimes, de serpens , de crocodiles et de tortues ; Koolfa est un marche cen- tral , ou les marchands se rendent de loules les parties du .Soudan et de l'Afrique Occidentale ; la ville a quatre porl.es et peut contenir 12 a i5,ooo habitans. Zaria , capitale du Zegzeg , est une grande ville, habitee presquentierement par les Fellatah, et qui passe pour elre plus populeuse que celle de Kano , laquelle est estimee , par Clapperton , contenir de 3o a 4-o>ooo habitans. Tout le pays, jusqua Kano, est remarquable par sa beaute etsa fertility Clap- perton enlra dans cettc derniere ville le 20 juillet 1826. Le sultan Bello etait alors devant Koouia, capitale de Goubir, occupe a en faire le siege. Bello accueillit assez bien Clapperton , et lui donna rendez-vous a Soccatoo, pour recevoir la lettre et les presens du roi d'Angleterre. (Ici vientle recit del'attaque, oul'on pretend quil n'y avait pas moins de 5o a 60,000 combattans, a pied ou a cbeval (2). Clapperton parlit pour Soccatoo, ou Ton avail prepare, pour sa reception, la maison nieine qu'il avait habitee deux ans aupara- vant : il y resida , ainsi que dans le voisinage, pendant pres de six mois, et recueillit beaucoup de renseigneniens sur la premiere ir- ruption des Fellatahs ou Foulahs du Fouta-Torra , du Fouta-Jel- la (3) , etc. (1) Ces barques n'ont aucune espece de rapport avec les grandes embar ca- tions que M. Caille' nous a appris exister sur le Dbioliba, entre Jenne et Temboctou. (2) Ce rapport paraitra un peu exagere , compare' du moinsa la population de la Se'iiegambie. (3) Fouta-Toro , Fouta Dhiallon. 74 Quelques jours apres son arrivee, il recut la visit* de Snl\ Cheykh, 1'un des secretaires de Bello, qui lui dit que lors de son premier voyage le cheykh de Bornou avait ecrit a Bello pour lui conseiller de le inettre a mort. Clapperton observa que la chose etait fort extraordinaire, puisqu'il avait recu du cheykh un accueil si obligeant , jusqu'au dernier moment, el il insisla pour voir la let- Ire. Le sultan dit lui-mcnic qu'une telle lettre avait certainemenl ete ecrile avec l'agrement da cheykh par Haggy Mohammed, ajoulant que les Anglais avaient pris possession de l'lnde en venant d'abord par un ct deux, jusqu'a cc quils fussent assez forts pour s emparer de tout le pays. Ensuite le sultan ordonna qu'on fit venir de Kano a Soccatoo le serviteur de Clapperton avec tout le hagage , et bientol lout le bagage fut saisi , sous pretexte que Clapperton porlait des fusils et des munilions de guerre au sultan de Bornou; enfm il ordonna que la lellre de lord Bathurst, adressee au cheykh de IJornou, lui ful remise. Cetle conduite du sultan produisit un tel effet sur l'esprit de Clapperton que , depuis cet instant , Bichard Lander ne le vit plus sourire une scule fois. 11 remontra au gadado que la conduite de Bello n'etait pas celle d'un prince desfideles , qu'il avait manque a sa foi , elc Le gadado l'assura alors que ce n'etait pas seule- ment le cheykh , mais encore deux Haggy de Tripoli qui avaient ecrit des lettres a Bello, le denongant commc un espion , et ob- servant que les Anglais avaient envie de traiter lAfrique comme ils avaient fait de 1'Inde. Apres la defaitc totale de l'armee de Bor- nou , le sultan reprit sa bonne humeur, et sa premiere conduite envers Clapperton, recherchant avec lui le moyen le plus sur pour son retour en Angleterre. Mais il etait trop tard , la santd de Clap- perton ne s'etait pas retablie depuis la nuit fatale , passde sur les bords d'un fosse marecageux, el surtout son courage l'avait aban- donne a la suite d'un traitement aussi Lnattenduet aussi peu gcne- reux. C'est vers ce temps (le 12 de mars 1826) que se termine brus- quementson journal; le reste de la relation est I'ouvrage de Lander. 7* 11 resta vingt jours dans un etat deplorable, Lander lui-me'mc £tait accable de la fievre. II soigna son maitre, assiste de Pascoe ; au commencement d'avril, Clapperton succomba (i). Bello donna des ordres pour lui falre crcuserune lombe au village de Yungabie , a 5 milles environ au Sud-Est de Soccatoo. Lander etait alors a n5 jours de la cote et dans la plus triste po- sition Le sultan , apres quelque hesitation , et sur la repre- sentation d'un de ses officiers , lui permit de quitter Soccatoo. Bello ayant renonce a retenir Lander prisonnier , celui-ci partit pour Kano. II se porta ensuite au Sud ; il vit a Damoy une chaine de montagnes du cote de l'Est , habitee par les feroces Yam- yans , que Ion dit etre cannibales. A Foolindooshi , les habitans sont completement nus et tres-beaux homines , ayant une forte ressemblance avec les. Europeens. Entre autres arbres , on y voit le cocoticr. Nous nous ressouvenons qu'une des plus fortes objec- tions contre la relation d' Adams etait qu'il avait mentionne des cocoliers dans le voisinage de Temboctou, parce qu'ils ne peuvent crohre a une certaine distance de la cote; voila un exeinple, entre beaucoup d'autrcs, qu'il ne faut pas se hater de rejeter legerement les informations qui viennent de l'Afrique ( A fi ica semper aliquid novioffert, dit Pline) (2). Apres avoir depasse Dunrora, en se diri- geant toujours au Sud, et comme il quittait cette viile, R. Lander lut conlraint , par qualre homines armes , de retourner vers le roi de Zegzeg , sous pretexte de la guerre entre Hello' et le roi de Funda (3). Lander reprit alors le chemin de IJadagry , par la pre- miere route qu'il avait prise. Le vieux roi de Wawa fut enchante de le voir , et etonne de le trouver encore en vie , apres avoir habite parmi les barbares Fellatahs. 11 y resta quelques jours, pour (1) Clapperton etait ne en 1788, dansle comte tie Dumfries. (2) Observation des redacteurs du Quart. Rev. (3) Si Lander eut continue dans cette direction , il aurait traverse la ri- viere de Jacoba , le Quorra et la riviere de Benin , et il aurait tout e'clairci. 7G nettoyer sept fusils et trois pistolcls qui avaicnt apparlenu am homines blancs noyes a Boussa : ils portaient Ja marque de la Tour. L q ma i loin ou prelre fit aussi a Lander un recit de la mort de Park. « Vous n'etcs pas, lui dit-il, le premier hoinme blanc que j'ai vu ; j'ai coimu trois de vos compatriotes j ils arriverent a Youri pendant la fete du Ramadan ; j'allai trois fois avec deux d'entre eux vers le sultan ; leur chef lui fit un riche present compose dun fusil , d'un habit ecarlate , d'un coutelas , de mi- roirs , etc. ... 11 avail de longs bras et de grandes mains , avec des gants jusqu'au coude ; il portait un chapeau de paille blanc ; des bottes rouges; il avait les cheveux et les yeux noirs , une barbe epaisse , et des moustaches de la m£me couleur. Le sultan d'Youri conseilla a vos compatriotes de continuer par terre , le chemin par eau etant impraticable a cause des rochers et de la cruaule des habitans des bords du fleuve. lis refuserenl, disant qu'ils voulaient suivre le fleuve jusqu'a Veau salee. Le sultan dYouri apprit plus tard leur mort avec chagrin. » Pendant tout le trajet de Kano a Badagry , Lander n'eprouva que de l'obligeance de la part des naturels , mais dans celte der- niere ville , il fut un objet de haine et de mauvais traitement de la part des marchands d'esclaves Portugais. Heureusement le capitaine Morris vint le chercher de VS hidah, et le conduisit a Cap Coast et de la en Angleterre , ou il arriva le 3o avril 1828. Ici finit l'extrait de la relation de Clapperton et de Richard Lander. Je le ferai suivre de plusieurs remarques geographiques. REMARQUES sur le second voyage de Clapperton , ainsi que sur le lieu et Vepoque de la mort de Mungo-Park. Le deuxieme voyage de Clapperton en Afrique , moins fecond en brillantes decouverles que la premiere expedition, a procure cependant a la geographic des resultals imporlans , enlre aulrcs la 77 decouverte du Quorra , riviere tant de fois citee par les indigenes dans les rapporls qu'ils ont faits aux voyageurs , el qui n'en elait pas pour celaplusconnue. On ignore encore a la verite Tissue decc grand courant , et Ion nest pas non plus certain de sa source ; mais il en etait de meme lorsque le Dhioliba, le Niger de Mungo-Park , ful decouvert par ce voyageur a Sego, en 1795. II avail settlement vu une grande riviere se dirigeant vers 1'Est; Clapperton n'a faitaussi que voir el traverser une grande riviere coulant vers le Sud-Sud-Est; mais ces deux faits sont d'une egale importance pour la solulion du probleme relatif au cours des eaux dans l'Afrique centrale. Une se- conde decouverte est celle de la chain e des montagnes de Kong , qui jusqu'ici, n'avaicnt ete traversees et franchies par aucun explorateur. Nous savons a present qu'entre la mcr et le Quorra , si Ton doit sen rapporler aux observations barometriques , sa hauteur n'excede pas 25oo pieds anglais. 11 esl probable que sur d'autres points son ele- vation est beaucoup plus grande. Fait-elle suite a la chainc duMan- dara ; ou bien sont-elles indepcndanles l'une de l'autre , et li- vrent-elles passage, dans leur inlcrvallc , a 1 une des rivieres dont Tissue esl ignoree ? e'est ce qu'on ne peut larder a savoir selon toute apparence , gr^ce aux informations precises de Clapperton sur la population qui habile le Yourriba , sur les moeurs et le ca- ractere des habitans, si traitables en comparaison des Fellatahs ou Foulahs du Soudan. IN'oublions pas de mentionner au noinbre des decouverles les plus interessantes de Clapperlon , celle quil a faite des vestiges de son illustre devancier. On remarquera dans Thisloire de la geo- graphic la coincidence de deux decouverles ambilionnees si long- temps , et si souvent tentees ; une meme annee a vu retrouver les traces tant cherchees de Tintrepide Mungo-Park et celles de notre celebre La Perouse. C'est encore cette meme annee 1826 qui a vu perir les trois hommes qui ont fait les observations les plus precises sur la parlie du continent africain , comprise depuis .Benin jusqu'a la mer Mediterranee , et du lac central jusqu'aux bords du 6 J)hioliba. Deuham, Clapperton et le major Laing ont succombe presiqu'en meme temps an milieu de tears glorieax travaux, au moment 011 ils cnrichissaient la science arvenu sur le lieu mime , il en recueille de semhlahles ; au-dcla , memes rap- ports; enfin Lander, en revenant a la cole, recoil encore les me- mes temoignages de la bouche des indigenes. Ainsi, quelle que dis- sidence qu'il y ait entre ces divers recils sur des points accessoires, le fond en est incontestable : celte observation nest pcut-etre pas sans importance pour la discussion critique a laquelle on est quel- quefois oblige de se livrer au sujet de la valeur des temoignages des indigenes africains. II resulte done , soit des recils divers faits a Clapperton par le sultan inenie du pays de Roussa, par un envoye du roi d'Youri, par un Fezzanicn qu'il deputa vers ce dernier, par un temoin oculaire et enfin par des gens du lieu ; soit du rapport que Richard Lander a recueilli dun mallem ou pretre de Wawa , que ce sont les gens de l»oussa(et nnn ccux d'Youri) qui ont pille et tue M. Park , par les ordres du roi, et qu'on regardait les voyageurs comme l'avant-garde des Fellatah, occupes a'ors a ravager le Sou- dan ; qu'il y avail dans la barque deux hlanes el deux noirs (i) ; que le roi de lloussa fit relirer de la barque les livres du voyageur, ■ (i) Celte circonstance est cPaccord avec le re'eit ) Ce nom d'Dsman est le meme que celui que !NL Caille donne au chef de Temboctou ; le voyageur frangais est egalcment d'accord avec le major l.aing pour IV'tendue de la ville ; ces deux ro'incidences remarquablcs n'c— thappeiont pas au lecteur attentif. 82 la tribu de Foodah , pour le metlre en garde contre les chreticns et les empecher trenlrer dans les pays musuhnans du Soudan, laquelle lettre a etc ecrite dans rOrienl, et conlient un ncil des niaux ct impietes qu'ils out connnis en Espagne (1) el dans les autres pays. » Des que le gouverneur Osmau eul re^u celte lellre , il de pul s'ernpecher d'y obeir ; il chargea en consequence un chevkh des Arabes du desert , nomine Ahmed , fils d'Obeid Allah , ills de Rehal , de Soliinan Jiarbooshi , de sorlir de la ville avec le chre- tien , et de le protegee, jusqu'a la ville diAroan. Barbooshi,cn consequence , sorlit avec lui de Temboctou, mais en arrivant a sa propre residence , il le massacra lacheinent , et prit possession de tout ce qu'il avait. « Le document fuiit par ces mots : « A oila ce que nous declarons etre a notre connaissance , ayant vu la letlre du prince des fide- ies , le sultan Ahmed-Laboo. » 11 a ete revctu dans Temboctou meme de quinze signatures. Un certain Bungola, sedisaut serviteur du feu major Laing, a ete examine et inlcrroge a Tripoli par le consul anglais. 11 produil un ecril signe A. Gordon Laing (dale d'Azoad, le 2 juillet 182G), par lequel celui-ci le prend a son service pour un an. 11 rapporle dans son interrogatoire qu'il est teste environ deux mois a i cm- boctou avec son mailre ; qu'il a quitle la ville avec un kafila d'A- rabes, qu'il a marcbe en ayant le soleil a la joue droite ; que lour destination clait Sansanding ; qu'ils n'out point trouve d'eau , ct que la nuit du troisieme jour les Arabes du pays ont attaque ct tue son maitre pendant son sommeil. Us avaicut des epees. Bungola a vu la tele separce du corps; e'est le cheykh Burbasche qui la tue avec l'aide de scs domesliques noirs. Son mailre avait i'ciix chamcaux charges : les papiers etaient sur le chameau <[iii le ; ortail , enfermes dans un sac ; il ne sait pas si les papiers ont ( le paries a Temhociou. (1) Le mot Espagfie est probable^iieul iti pour Vlnde. 83 Los renscignemens qui precedent sont coniirmcs pluiol quo con- tredits par le temoignage de notre compatriote Rene Gaillc , c'esl ce qifon vena dans sa relation ; j'en dirai autanl de deux rapporls faits Tannee derniere au gouverneur du Senegal a Saint-Louis , et par lesquels je lerminerai ces reinarques. Traduction lilterale d'wie lellre ecrite a Saint-Louis, parun Maure de Temlociou , commit niquee par M. Prosper Girardjim. « Sachez que Chcms , clief de la tribu des Dannancours , ni'a dit qu'il a recju unc lettre de Saleh, fils de notre iman et de notre che'ikh ( a Tischit ) , relative au chretien qui est allc a Ghadames. De cetle ville, il a marchc vers Touat , puis ensuite il s'est dinge" vers la tribu du che'ikh Moktar ( chef des Kountas , a l'Est du royaume des Dowiches ). Moyennanl mille gros d'or, les gens de cette tribu l'onl accompagne a Teinboclou , ou lis sont arrives apres une route qui a dure y jours; ensuite ils l'ont quillc. Ce blanc rcsta quelques jours a Teinboclou , puis il en sorlit. II ful rencontre par des Maures quon appelle Berabiches (i). Ceux-ci le tuerent , volerent son argent , et laisserenl la les livres qu'il possedait. » Saleh dit que si les chretiens veulenl ces livres, ils n'ont qua lui envoyer quelqu'un , et quil les lui remettra. » Les Berabiches soul des Maures qui habilentdans les .environs de Tembectou el d'Araouan. » Le roi de Teinboclou se nomine pJL '<£' {el-Kh&ch ). » Rapport d'un Marabout au gouverneur du Senegal a Saint-Louis , communique par M. ROGER. « En venant de mon pays pour me rendre ici , jai passe a Tem- boctou : la j'ai appris qu'un blanc qui y avait reside quelques jours , avail ele assassine en se rendant a Sego, et voici ce qu'on m'a (i) Co rcVit lie contredit pas celui de la relation de Clapperton, quant au nom de la tribu , BerablcH pouvant etre le pluriel de Barbouclii. «4 raconte , dans cette ville , des circonstances de ce inalheureux dvenement. » Cet Europden qui elait parli de Tripoli el atait manifestd l'in- lention de se rendre dans la Sendgambie, voyagcait avec uu juif de Barbarie, qui iui scrvait d'interprelc; il avail a sa suite qualre domesliqnes noirs, ct possedait neuf chaincaux charges de provi- sions et de marcliandises. 11 dtait arrive a quelques journees de Teinboclou avec sa caravane , lorsqu'il fut joint par une autre composde de Maures touatou touaris. Ceux-ci lui demanderent des presens, et ensuilc a faire des echanges. L' Anglais y consenlit et fit des affaires avec celte tribu "; mais pendant la nuit ils s'introduisirent dans sa tente et l'attaquerent. Le blanc et ses domestiques se defen- direnl bravcineni ; quoique blesse au bras , le voyageur parvint a s'echapper sur un des cbameaux , il ful rejoint peu apres par un de ses gens qui en aniena deux autres ; ils gagnereh't beureusenient Tembortou, et s'y refugierent. Mais les Touaris les y poursuivircnt et vinrent deinander au roi de cette ville de Ieur Iivrer le blanc qui avait immole plusieurs de leurs compagnons. Ce malheureux fut oblige de fuir ses persecutors, c'est vainementqu'il pril un cbeinin detourne pour se rendre a Sego : il fut de nouveau poursuivi et atleint par ces scelerats qui le massacrerent. » II m'cut die facile d'acquerir des Touaris les livres qui apparte- naient a cet Europden , je n'ai pas osd le faire, dans la crainlc d'etre soup^onnd d'avoir pris part a cet assassinat (i). » Jomard. Notice sur les travaux el la collection dedessins rapportes a Pun's par M. Rifaud, apres un voyage de virigt-deux unitecs en Italie, en Turqute, en Egyple , etc. , elc, hie a la Sociele de Geographic, par M. G. Barbie du Bocage. M. Rifalid , vientd'arriver a Paris. Ren I re en France , sa palrie, (i) On annonre la pTbchaitie publication orte aussi une ample moisson de dessins et de rnofiumens d'an- 8/ iiqiiite's recueillis dans la ISubie et dans rEgyptc. Parmi les decou- ▼ertes les plus interessantes qu'il a faites , nous cilerons : 66 statues trouvees par lui ; 6 monumens et temples , deterres et deblaytis par sessoins dans l'enceinte de 1'ancienne Thebes; 260 inscriptions hieroglyphiques, cufiques, grecques, latines et sarrazincs , etc., etc., transcrites de sa propre main. Cetle collection ren ferine en outre unc immense quantite d'an- tiquites , de monumens et de dessins , plans , coupes , elevations , vues perspectives , details d'archilecture soit interieurs , soit exte- rieurs (1). C'est aux fouilles et aux decouvertes de M. Rifaud, que les musces de Turin , de Rome , de Milan , ceux de Raviere et d'Anglelerre sont rcdevables d'une grande parlie de leurs ricbesses ; et nous ne doutons pas que le Musee Charles X ne trouve lui— meme dans les monumens que rapporte le voyageur francos, de quoi enrichir encore ses nombreuses collections! Parmi les inscriptions que M. Pufaud a copiees sur les murs des monumens et sur divers blocs de pierre , taut de la Nubic que de la Haute et Rasse Egypte, est une epitaphe , gravee sur une table de granil rose , de buit ponces d'epaisseur , sur trois pieds de haul et deux de large. Le sonimct de ce monument, aujourd'hui renfer- me dans le cabinet du roi de Sardaigne a Turin (2), et qui rappelle la pierre de R-Oselle , presente une forme cylindrique ; linscrip- tion est en caracteres bieroglypbiques , et au-dessous , on lit une inscription grecque. Pour completer ses travaux sur les antiquites, et pour eclaircir les descriptions des monumens et des lieux qu il a parcourns , le voyageur a leve un grand nombre de plans particuliers de moilu- (1) Plusieurs ile ces monumens ont cte dessincs deja par MM. Huyot , Gau et autres ; et l'on sait avec quelle exactitude et quel soin ce dernier les a re- produits par l.i gr$vure dans son grand et bel ouvrage. (aj Cette inscription a e'tecapjee par ,r,,iM.Sa!t et JJankes. M. Cliampollion ]< une, iflana son voyage a Turin , en a faif une transcription tres-exacle. 88 mens, de temples et de licux ; mais le principal est celui d'une parlie de I' enceinte de Thebes (i) , sur lequel il a trace avec soin les temples et monuinens qu'il a decouverts (2), et oi'i il a indique chacune des places quoccupaientlesslalues , colosses , elc, qui font aujourd hui l'ornement de tant de muse'es de l'Europe. La Geggravhie et la Toi>cgrapuie sc sont enrichies par ses recherches , de plans , de carles et de pues , le tout pris sur les points les plus interessans; enlreautrcs, du plan topographique • sur la tribu des Arabes Ababdes. — " » des Awouassem. — Details sur les nomades pasteurs. — Moyen de parcourir la partie de l'lemen. — » de monter en Nubie par le Nil. — Caractere des Nubiens ou liarbarins. — Les Almes ou classe des Ghavazi. — Des Copies. — Moyens de se rendre de la Nubie a Dongola et dans les pays plus au Sud. — Moyens de parcourir la province du Fayoum. — » de visiter le Delia et le Charqieh. — » de se rendre du Fayoum au lac Natroun ou mer sans eau. — Precautions a prendre pour conserver les collections d'histoire naturelle et dessins. — Lieux oiil'on peut se procurer des objets d'antiquites, des mains des Fellahs. — Trajetpour se rendre de Qene a Cosseir, et de Cosseir a Thebes. — Antiquites a visiter a Alexandrie. — Lieux d'anliquites a visiter dans le Delta. " » dans le Charqieh. — Anliquiles a visiler daus les environs du Caire. " » dans le Fayouiu. " '• dans la Haute-Egyple. " » ocage propose que la Societe fasse paraitre en deux parlies louvrage de M. Bruguiere sur lorographie de 1' Europe , et demande que la premiere partie soit publiee le plus tot possible. § 2. Admissions , Outrages offerts , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 2 jam'ier 1829. JVI. Achille-Remi Percheron , proprietaire. Seance du 1 6 Janvier. M. R.-L. Chatoney , ancien negociant. M. d'EsPAJGNOL, geometre en chef du cadaslre du departement de l'Ariege. M. Xavier SaiNtine, homme de leltres. M. Theologue , membre des Societes Asiatiques de Paris et de Londres. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 2 Janvier 1829. Par M. Denaix : Mappemonde comparative , ou Nouveau planis- phere, Paris, 18 :>9, 2 feuilles. Par M. Vander Maelen : Atlas de VEurope, a t'echelte de '/6oo,ooo {projection modifiee de Flamsleed), dresse sur des materiaux rassem- bles et des cartes conslruites par les plus celebres geograplies , par Ph. Vander Maelen, grave sur pierre , sous la direction de J. Collon , xre ci 2e Hvraisons , JJruxelles, 1829. Par M. le baron de Derfelden de Hinderstein : Revue abregde log de r Alias universe! de touies les parties du monde , sur I'echelle de */i ,G4i ,836 , de Ph. Vander Maelen, conlenant arte courte notice de ce que cet ouvrage ojfre de remarqualle , ainsi que la designation des autoriles qui y out ele employees , aver, quelqucs notes geographiques , Utrecht , 1828, une brochure in-8°. Par M. Ie baron de Hammer : Sur les Origines russes. Exlrails de manuscrits orieniaux, Saint- Petersbourg, 1827, 1 vol. in-4"- Par M. Jullien : Essai sur Vemploi du temps, ou Melhode qui a pour objel de lien re'glersa vie, etc. , par M. A. Jullien , Paris, 182c;, 1 vol. in- 8°, 4e edition. Par M. Trouve : Annates de la litleraiure et des arts, 428* et 429c livraisons. Par la Societe d'Agriculture de Poitiers : Nume'ro 2^ de son Bulletin. Par les auteurs : plusieurs Numeros du Globe. Seance du iG Janvier. Par M. l'amiral de Krusenstern : Atlas de I'Oce'an Pacifique, he- misphere boreal, Saint-Petersbourg, 1827, 1 vol. in-fol. Par M. W alckenaer : Histoire generale des voyages, tome xve , Paris, 1828. Par S. Exc. Ie Minislre des affaires etrangeres : Collection des auteurs classiques latins, par M. Lemaire , tomes g5 a 102. Par M. Albert - Montemont : Voyage dans les cinq parlies du monde, tome 6e, Oceanie, Paris, 1828. Par M. JJailly : Notices sur les bibliotheques anciennes et modernes, Paris, 1827, 1 vol. in-8°. Par M. d'Espaignol : Projet d'une statistique du departement de VAriege, 1826, 1 broch. in-8°. Par M. Gide : Noiwelles Annates des voyages, cahier de Janvier. Par M. liajot : Annales maritimes et coloniales , cahier de de- cembre. I IO Par M. Trouve : Annates tie la literature el des arts, £3oe et 4-3 1 r livraisons. Par la Societe Asialique : Cahier de nwembrede son Journal. • Par la Society de la Morale Chretienne : Numero 62 de son Journal. Par la Societe de l'Aube : Numero 28 de ses Memoires. Par les auieurs : plusieurs Nurneros du Globe. Les succes de notre compatriote, M. Caille, paraissent avoir inspire au gouvernement anglais le desir de faire encore quelques tentatives pour obtenir des renseignemens certains sur linterieur de lAfrique. C'est le capifcaine \\ est qui se dcvoue a l'accomplis- sement de cette tdche perilleuse. On se propose de lenvoyer d'a- bord a Constantinople, afin qu'il puisse sy procurer des firmans pour les differens princes et chefs musulmans de l'Afrique. On es- pere que ces recommandations pourront etre de quelque utilite, et qu' elles aplauiiront au voyageur les difficultes de sa marche jus- qu a leinboctou. . ■ ■ Dans la matinee du 18 septembre 1828, apres 7 heures, on a ressenti a Calcutta deux secousses extremement fortes de tremble- ment dc.terre. Le mouvement, qui elait vertical, fit sa'uter les -m ar- sons et leur amcublement a\ec violence, Landis que le craquemcnt des murs faisait craindi c aux habitans. de se voir ensevelis sous leurs debris, ,^'aii- elait euliereiueni tranquille , natis lourd et etouffant. I BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPIIIQUE. § I". LIVBES. 238. Ansichten uberden Landes- handel nach asien durch russ" LAND. Considerations sur le com- merce de la Bussic avec I'Asie, par terre,in-8°, Berlin, 1828. Cet ouvrage fait connattre le projet de la Bussie de re'tablir en- tre l'Europe et I'Asie , l'ancienne route par terre , par Odessa , Ti- llis , etc. 2^9. BlBLIOTHEK DER NEUSTEN WELT" KUNDE. Bibliotheque pour les nou- velles dccouvertes en geographic , tableau historique des e'venemens les plus remarquables , cbez tons les peuples de la terre , leur e'tat poliiique , litte'raire et moral, par Ma It en , in-8° , Arau , torn, vn- x. Prix pour l'annee , 12 cahiers, 12 flor. (jet ouvrage pe'riodique ren- ferme de boiis articles geograpbi- ques; on remarque dans les quatre tomes que nous annon^ons , des notices sur un voyage dans I'in- terieur de la Nouvelle-Hollande ; — 'sur le canal de Suez et la naviga- tion de la mer Rouge ; — sur un voyage au sommet de 1'Hecla • — sur le voyage en Orient, de M. Alex, de Laborde ; — sur le pays situe entre le Danube et Constan- tinople , etc., etc. 240. Memoires GEOGRAPHIQUES sur l'empire re Perse, par Jos. Mac- donald Kinneir , agent diplomati- que employe pres du brigadier- ge'ir'ral, sir John Malcolm , pen- dant son ambassade a la cour de Perse ; traduifs de I'anglais par le colonel Gaspard Drorwille , avec cartes et notes du traducteur , 2 vol. in-8 -, Sain t-Pe'tersbourg, 1827, 3o fr. Cette traduction , publie'e a St.- Petersbourg , est importante par les notes que le colonel Urouville, savant distingue , y a jointes: il re- leve un grand nombre d'erreurs e'chappe'es a la plume de 1'auteur. 241- Land-en zee togteninNeder- LANDS Indie (en bollandais). Voya- ges par terre et par mer aux colo- nies hollandaises dans Tlnde, etc. , faits pendant lesanne'es 1817 a 1829, par J. Olivier Iz, ex-secretaire de Palembang, in-8' , avec planches, Amsterdam, 1828. L'ouvrage est divise' en i5 chapi- tres. Le chap. II est consacre a la description de Batavia , dont la rade pent contenir 1200 vaisseaux : Cette ville, nominee autrefois I'Amster- dam des Indes orientales , est au- jourd'bui en mines : ce n'est que dans le faubourg Kampong Tjing que Pop trouvelemouvementd'unc grande ville. 2 \i. The modern Traveller, etc.Le Voyageurmoderne, 011 description gi'ographique ■, historique et topo- graphique de differens pays du glo- be , 4 vol. in-18, l.ondres , 1828. Ges quafres volumes, contiennent la description des Iudes. 2 p. A SKETCH OF MODERN AND AN- CIENT geography. Esquisse de la geographie ancienne et moderne, a l'usage des ccoles, par Sam. Butler, nouvel'le edit, augmentc'e , in - 8" , Loudres , 1828. Le meme auteur a public plu- sieurs atlas de geographie ancienne et mod erne. 112 a {4- ScANDINAVIEN UND DIE AlPEN. La Scandinavie el les Alpes , avec tin appendice sur 1 Islande, par / i<- tor de Bonstetten , in-8° , Kiel , i8a8. Cet ouvrage offre la compari- son entre les AJpes suisses et cellcs du Nord , sous le rapport ge'ologi- que , le long c!e la role de Norwege. On rcmarqiie sur une e'tendue de 5oo lieues, des roches de granit ten- dues jusrpi a ieur base, en suite que loeil peut pt'nctrer dans leur pre'- cipice jusqu'a une profondeur de 4oo toisis. 245. Voyage en Turquie et a Cons- tantinople, par li. Walsh , atta- che a l'anihassade de lord Strang- forf ; traduit de I'anglais , par //. J ihiidin et E. Hives , attache's au ministere des affaires e'trangeres , in-8° , avec planches et cartes , chez Moutardier. 246. Keledor , histoire africaine, re- cueillie et publiee par M. le baron Roger, ex-commandant et admi- nislrateur du Senegal et dc'pendan- ces, deuxieme edition revue et cor- rige'e , Paris , 1^29 , 2 vol. in- 12 , iMoreau , rue Alontmartre , n° 3q. § 2. ATLAS, CAUTES GEOGRA- PHIQUES, PLANS , etc. 247- Grand et nouvel atlas uni- versel de geographie ancienne et moderne de toutes les par- TIES DU MONDE, 3o feuilles en 10 livraisons ; dessine' par Fremiti et autres geographes attaches nu depot de la guerre , presente a l'Acade'- mie francaise par L. H. Bertlie , graveur-editeur ; on souscrit chez I'e'diteur, rue Saint- Jacques, n° ii. Le prix de chaque livraison pour les souseripteiirs 10 fr., trois livrai- sons sont au jour. Cet Atlas doit etre remarquc: parmi ceux qui s'executcnt en ce moment. Les feuilles de gramlc di- mension , tire'es sur papier grand colombier, out \\i polices sur 22. Le savant M. Klaproth a donne' ses soins a la redaction lies Cartes de PEurope et de I'Asie. 2 {8. Carte speciale des postes de France , indiquant lis divers eta- blissemens de cette administration , it les routes desservies par tons les courriers de la posle aux Iettres. Presentee a M. le Directeur-gene'- ral des postes , et publire d'api is son autoi isation , par C. P lard , attache a la direction generate des postes , une feuille grand-aigle. Sur cette carte sont indique's les directeurs et bureaux de poste aux Iettres ; Its lieux de distribution et des entrepots des deperhes; les re- lais de postes aux chevaux ; les cir- conferenc.es servant de litnites aux taxes des Iettres ; les routes parcou- rues par les malles de premiere , de seconde sections , et cellcs des- servies par des courriers d'entre- prise, soit en voiture , soit a cheval. 249. NOUVELLE CARTE R0UT1ERE ET Administrative du royaume des Pays-lias et du grand - duche de Luxembourg, grave'e au burin, par Bertlie , .io polices sur 20 , a Paris, chez Berthe , rue St- Jacques, n° ^\. 250. Plan de la ville de Pekin , accompagne'de la description exacte des lieux les plus remarqttables de cette capilale. L'editeur de ce plan, le pere Hyacinthe , annouce qu'il a ete leve en 1817 , par un inge- nieur chinois. La description pu- bliee en russe et en francais , com- prendra environ 10 feuilles d'im- pression. On souscrit a Saint-Petersbourg chez Slettnine et Smiriline; a Mos- cou , chez Polevoi et Chiraelf : prix 20 roubles assig ; 2$ roubles port franc , pour linterieur et l'e- t ranger. NOIPvOT, Agent de la Societc de Geographic KnerAt , Imprimeur , rue du Cadran, N° if), a Paris. ■ BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE NUMERO 71. — mars 1829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. La Societe tie Geographic remit en 1821, a son corrcspondant , M. Fonlanier, qui devait se rendre dans TOrient, une serie de ques- tions geogiaphiques sur l'Annenie, laGeorgie, la Perse, etc. , que le savant voyageur sc proposait dc parcourir. Aussitot son retour a Paris, M. Fontanier s'est empresse de faire coimaitre a la Coin- mission centrale de la Societe , ses reponses aux diverses questions qui lui furenl soumises. Elles sont contenues dans le rapport dont Tauleur a donne lecture dans la seance du 20 fevrier , rapport qui a ete ecoute avec toute 1' attention que merile le sujet, et dont nous reproduisons ci-dessous le contenu, d'apres la decision de la Com- mission, qui en a ordonne l'impression au Bulletin. Pour en fa- ciliter rintelligence, il est necessaire que le lecleur ait souslesyeux la premiere serie des questions proposees par la Societe, et qui ont ete publiees avec Tun des Bulletins de l'annee 1824. PiAPPORT jail a la Commission cenlrak dc la Societe de Geographic , le 20 jeWier 1829. Messieurs , Lorsque , sur la presentation de M. Jaubert , vous m'avez fail 8 ,i4 I'honneur de me nommer voire correspondant, j'avais deja ete *i Conslanlinople; ct les affaires de la Greoe ne me pcrmellant pas de parcourir la Turquie , je m'elais rendu a Odessa. De la j'elais parti pour la Crimee, oil j'elais deineure quelque temps. Je m'e- tais embarque a Kerlch pour Redout-Kale; j'avais passe en linirc- tie, et de la a Tiflis. J'avais apres, visile les provinces russes au- dela duCaucase, en suivant de Guendjc a Cbumaki, Kuba, Der- bent, Bakou ; puis retournant a Cliumaki , Nuka , et la Kaketle, de nouveau j'elais rentre a Tiflis. C'etait apres cellc campague que je me trouvais en Perse : j'y elais arrive par Krivan, Nakhchivan, Tauriz, Caswin. "V os lellres me parvinrent a Teheran. Je ne pou- vais aller sur tous les points auxquels vos instructions se rappor- taient. Cependant, pour en embrasser le plus grand noinbre , je pensai ne pouvoir micux faire que de me rendre a Bagdad par Ha- madan et Kcrmancbab. La je me suis embarque sur le Tigre, et je suis desceudu jusqu'a Bassora, d'ou je suis alle par mer a Boucbir. De Bouchir j'ai vu Cbiraz, Ispahan; je suis relourne a Tauriz. J'cn etais parti pour me rendre sur le lac d'Ounnia, ct j'elais deja parvenu a Selmas , a quatre journees de distance , lorsque je fus ar- rete par la fievre qui me tourmenlait depuis Kermancbah; mes amis furent obliges de m'envoyer cbercber pour me faire trans- porter a Tauriz. On me conseilla de retourner a Tiflis , dont le cli- mat etait plus salubre et moins conlraire a l'he;patile, cause de ma maladie, et j'y revins par les provinces du Karadagb et du Cara- bagh, que je n'avais pas encore visitees. J'y passai l'biver sans ctre entierement relabli ; puis je m'embarquai, apres avoir vu le Guriel ct la Mingrelie, que d'abord je n'avais que traverse's. Je suivis , dans un bateau , la cole des Lazes jusqu'a Trebizonde. De la j'ai gagne Erzeroum , qui me paraissail elre , d'apres vous, ua lieu important d' observations. Je me dirigeai ensuite vers Cons- lanlinople, en cliercbant la roule la moins tracee; et pour cela j'allai a Sivas, de Sivas a Tocate el Boly, par la roule ordinaire; de Boly a Constantinople, par celle de Guei've, qui n'est pas de- crile , a ce (pie je crois. n5 De Constantinople je me rendis a Smyrne, passant par Brousse; je reconnus les ruines d'Apollonie, sur le lac p- ( N. da R. ) I3£ Je nc lerminerai pas, Messieurs, sans vous communiquer un ilincraire que j'ai fait sur la route de la Sib^rie jusqu'a Teheran. De malheureux Imirelicns que le gouvernement russe avait envoyes en Siberie, pour avoir voulus'opposeralenlevementdu roid'Imirefc, que Ion transporla a Pe'lersbourg, sont parvenus a s'echapper de la forlercsse de Sinoinoplatki. lis ont d'abord traverse en qualre mois le pays des Kirguis, et de la sont entres dans le territoire des peuples tarlares appeles Tacbkins. Ce peuple vit dans des maisons , il a line ville nominee Koussu, ct un chef qui prend le titre de koukan. Us ont mis trois jours de marche dans co trajet. De Ik ils sont alles, en cinq jours, a Kodjcnd, ville, d'apres leur rapport , de 25,ooo habitans, sous la domination des Usbeks ;■ en 2 jours , a Oratopa, ville considerable, hahite'e par des Tartares soumis et independans des Usbeks et des Tachkins ; en 4 jours , a Zizak, ville de'pendante du beig d'Oratopa; en 6 jours, a unc autre ville dont ils n'ont pas pu dire le nom ; de la a Samarcand , petite ville de Eoukharie , ou eommande le fils du Khan en 6 jours; en 3 jours, a ISuiirud, vdle gouverne'e par un beig; a 4 jours encore, une ville dont les voyageurs ne savaient pas le nom , el ou ils ne sont pas entres; 4- jours, jusqu'a Bokhara , residence du souverain de la Boukharie : cette ville est plus considerable que Teheran ; 12 jours jusqu'a Aulkoi, petite ville fortifiee , gouvernee par un khan inde- pendant; 3 jours a Meeman , gouverneur iudependant ; 2 jours, jusqu'a Bala-Mourghab, souverain indepciidant ; f> jours, jusqu'ft Herat, ou est un Chah-Zadeh, fils de Mahmoud-Chah , roi de Ca- boul. De la arrivec a Teheran, par la route ordinaire. L'homine dont j'eus ces renseigneinens se nomine Toheroff; e'est un pretre parlanl le turc. II avait trois autres compagnons de route et d'in- fortune. Leur voyage avait dure plus dune annee. Souvent ils etaient obliges d'eviter les villcs el les chemins ballus. Je les re- commandai au charge d'affaires de Russic, M. Ma/.arowilch , pendant un voyage scientifique entrepris alors par ordre du czar. El les m£tnes de cet inforlune la Perouse, qui elevait si genereusement des monumens a ses predecesseurs , n'a- vaient pas meme ete honores d'un cenolaphc , jusqu'a ce qu'enfm, en 1825 , M. de Bougainville , capitaine de vaisseau commandant la fregate la Thetis , se trouvant au Port-Jackson (Nouvelle-Galles du Sud), fit eriger, au nomdu Roi , une colonne funebre a la me- moire de la Perouse. Elle s'eleve dans remplacement meme ou il avait etabli son observatoire , lors de sa relacbe a Rotany-Ray, lieu 1 36 d'ou sont parvenucs les dernieres nouvellcs qu'on ail revues de hri (i): Les fregates franchises reprirent la mer le 20 septembre. L'hiver s'approchant a grands pas , il etait temps de quillcr ccs cliinats ri- goureux pour rentier dans la zone torride ; elles parvinrent a l'e- quateur sans avoir rencontre aucune terre , el couperent ce cercle le 21 novembre. Le 6 du niois suivant elles atteignirent les lies des JSavigateurs , el mouillerent le 9 a celle de Maouna. L'ancrage y elait tres-mauvais ; mais le besoin urgent de faire de l'eau ne per- mettait pas de quitter cette fie avant de s'etre procure un article si neccssaire. M. de la Perouse expedia ses embarcalions a terre , et y descendit lui-me'me avec M. de Langle , qu'un trepas prema- ture attendait sur ces bords malbeureux. Cet officier alia seul visiter une autre baie , distante d'une lieue de celle de l'aiguade ; elle lui scmbla si commode et si sure, qu'il regretta qu'on ne l'eut pas plus tot rcconnue et cboisie pour cette operation. II proposa au commandant en chef d'y cnvoyer les em- barcalions le Lndemain , pour y prendre un supplement d'eau qui etait necessaire sans doute ; mais la Perouse , pendant la journee qu'il venait de passer a terre, s'etait apercu que les nalurels de Pile etaient tres-turbulens et difficiles a contenir ; il eprouva de la re- pugnance a exposer ses canots a une attaque de leur part dans cetle nouvellebaie, et d'aulant plus qu'il avait remarque que les fregates ne pourraient s'en approcher assez pres pour les couvrir au besoin du feu de leurs batteries. M. de Langle , que la fatalite entrainait, pensa qu'un detachement de soldals et les canols bien armes de leurs pierriers suffiraient pour tenir les sauvages en respect. II in- sisla , la Perouse ceda ; et le lendemain matin , les fregates ayanl mis sous voile etse tenant bord sur bord devant la baie, y envoye- rent chacune deux embarcations. M. de Langle voulul dinger lui— (1) Un autre monument s'e'leve aussi dans la ville d'Alby 011 naquil la Perouse. i37 meme cclte expedition ; il descendit a terre avec le naturaliste La- manon et quelques officiers. Les quatrc embarcations contenaient en lout soixanle-une personnes bien armees. On fut d'abordsur- pris , en arrivant , de voir que cette baie , qui la veille avait paru si belle et si commode , parce qu'on l'avait vue a la maree baule , se trouvait alors transformed , par l'effel du jusant , en une anse oii il ne restait presque pas d'eau, et oii Ion ne pouvait penetrer que par une passe tortueuse entre des rccifs de corail. Cependant le debarquenient s'effectua sans obstacles ; les naturels , quoique accourus en grand nombre sur la greve, se montrerent d'abord si pacifiques et meme si affables en vers les Francois, que ceux-ci se persuaderent qu'ils n'en avaient rien a craindre. Cependant, tan- dis qu'on rtmplissait les fulailles, la maree continuait abaisser, et les deux grandes chaloupes se trouverent echouees : on tint les deux autres embarcations a flol , en les balant sur leurs grapins un peu plus au large. Le nombre des sauvages s'augmentait a chaque ins- tant ; plusicurs d'entre eux meme commengaient a prendre une attitude menacante. Vers quatre heures du soir M. de Langle or- donna le rembarquement, quoique les chaloupes ne fussent pas en- core remises a (lot. Des que les Indiens s'aper^urenl que les Fran- cais se disposaient a partir, ils les attaquerent avec fureur ; une grele de pierres et de sagaies fondit sur ces malbeureux. M. de Langle fut tue le premier : les sauvages , le voyant tomber, s'em- parerent de son corps , le mirent en pieces , fondirent sur les deux chaloupes , et les pillerent en un instant. Ceux qui les montaient , accables sous le nombre , n'eurent pas le temps de resister ; douze d'entre eux , desquels etait M. Lamanon , furent victimes de la ferocite de ces barbares : le reste eut le bonheur d'atteindre a la nage les deux canots demeures a flot, lesquels , apres les avoir re- cueillis , se haterent de fuir a force de rames et de regagner les fri- gates, ou Ton etait loin de soupc,onner leur desastre. ■** On peut aisement se figurer la consternation que ce malheur, qui rappelait si vivement celui du Port des Franc_ais , repandit parmi 1 38 les equipages. Au premier moment d'abattement succeda le desir d'une jusle vengeance : les malelots sauterent sur les canons, et demanderent a grands cris qu'on usat de represailles , en tirant sur les pirogues qui enlouraient encore les fregates en grand uombre, et dont les proprietaires, sans defense , ignoraient ce qui venait de se passer a terre. La Perouse , penetre de douleur, fut pres de ce- der a ce mouvement ; mais reflechissant que ces miserables insu- laires , qui, depuis le matin , Irafiquaient paisiblement autour des deux navires , n'avaient eu aucune part au massacre commis par leurs compatriotes ; que par consequent ce serait punir des inno- cens pour des coupables, son humanite l'emporta : il contint son equipage, se contenta de faire eloigner sur-le-champ toutes les pi- rogues, et se hata lui-meme de quitter ces rivages. Ce fut ainsi que la route de ce navigateur infortunc fut jalonnee en quelque sorte par de lugubres evenemens , presages trop certains de la catastrophe qui a cause sa perte entiere. M. de la Perouse, se dirigeant au S.-O. , reconnut les ties des Traitres et des Cocos , decouvertes par Schouten , et revues par le capilaine Wallis, qui , selon Invariable coulume des Anglais, en a change les noms primitifs en ceux de Keppel et de Boscawen. De la le general frainjais alia ranger la partie N. de l'archipel des Amis , et communiqua meine avec les naturels de Tongatabou. 11 cut bien desire relacher dans cette ile ; mais l'evencment qui venait d'avoir lieu a celle de Maouana l'avait rendu defiant envers les na- turels ; et malgre les couleurs favorables sous lesquelles ses prede- cesseurs avaient depeint ceux des iles des Amis, il n'osa s'y fier. 11 considerait avec juste raison que ses equipages e^ant diminues de beaucoup par les perles qu'il avail essuyees, s'il lui arrivait quelque nouveau malheur qui lui coutiit encore du monde , il n'aurait plus eu un nombre de marins suffisant pour manoeuvrer ses deux navi- res , et il eul ete oblige de bruler Tun pour completer l'armement -^ de 1'autre. D'ailleurs il avait perdu ses grandes chaloupes, el il ne ^ pouvait trouver aux ties des Amis les moyens de reconslruire des i3g embarcalions d'une ndcessite tellcment indispensable , qu'elle a fini par etre reconnue meme par ceux que , de noire temps , la manie des innovation s avait portes a les faire supprimer a bord des ba- timens du Pvoi. Ces considerations determinerent M. de la Perouse a se rendre au plus tot a Botany-Bay, ou il esperail trouver les moyens de repa- rer une partie de ses pertes. II y mouilla le 26 Janvier 1 788 , et , a sa grande surprise, y trouvaune flotte anglaise. C'e'tait celle qui, sous les ordres du commodore Pbilipp, etait venue jeter les fon- demens de ces colonies de la Nouvelie-Galles du Sud , dont l'ac- croissement rapide et l'etat acluel si florissant sont bien dignes de i admiration et des meditations du pbilosophe et de Ihomme d'etat. C'est de la, c'est de ce lieu quon re^ut les dernieres nouvelles de r expedition commandee par notre illuslre compatriote ; un voile funebre semble nous avoir derobe depuis la connaissance de sa lugubre destinee. Mille et mille conjeclures ont e'te basardees sur son sort : plusieurs fois de faux indices , des rapports specieux , ont ranime l'espoir de relrouver au moins quelques vestiges de son fatal naufrage ; mais ces lueurs passageres d'esperance s'eteignaient presque aussi vite qu'elles avaient brille. ( La suite au Numero prochain. ) DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. s I". Proces-verbaux des Seances. Seance du 6 fevrier 1829. S. E. le Ministre de Nnterieur informe la Societe qu'elle vient dc decider qu'un traitement de 3, 000 francs serait alloue a M. Caille sur les fonds de son departement pendant les annees 1829 et i83o M. Pcrcheron , admis a la dcrniere se"ancc, adresse scs rcmer- cunens a la Societe , ct offre de contribucr a ses travaux. M. Bruguiere cent que la Section de publication avanl juge ne- cessaire de suspendrc la gravure des planches qui devaienl accom- pagner son memoire sur lorographie de 1 Europe, il prie la Societe de consentir a lui rendre les dessins des diverses coupes de montagnes. La Section de publication est invitee a se reunir a la Section de comptabilite pour prendre une decision relativement a la deniandc de M. Bruguiere. M. le baron de Derfelden de Hinderstein transmel a la Societe Textrait d'une lettre adressee a M. le baron de Capellen par M. le docteur Siebold , charge par le gouvernement Neerlandais d'une mission scientifiquc dans l'empire du Japon ; cetle lettre conlient des renseignemens curieux sur les resultats de cet interessant voyage. M. de Derfelden annonce qu'il existe a Paris une carte manus- crile du Japon par Titsingh; il demande quelle en fasse Facqui- sition et la publie dans ses Memoires. 11 informe aussi la Societe qu'il s'occupe de la publication d'une grande carte des colonies orientales du royaume des Pays-Bas, d'apres les materiaux ma- nuscrits qui se trouvent dans les archives du departemenl des Colonies , et d'apres ceux qu'a recueillis M. le baron de Capellen. Le meme membre signale deux omissions qui onl eu lieu dans le n° 66 du Bulletin , el qui sont relatives aux divers navigateurs qui se sont le plus approches des poles. B.envoide ces documens au Comite du Bulletin. (\ oy.page 1 54-.) M. Jomard communique une lettre que lui adrcsse M. Dinome, avec une dissertation sur le grand fleuve de rinterieur de rAfrique, traduile du i5c chapitre d'un voyage fail a Coumassie, en 1820, par M. W. Hutton. Ce chapilre lui a paru fournir des rapproche- mens utiles sur le cours et l'embouchure du grand fleuve cenlral. M. Dinome y a joint plusieurs annolalions relatives a la question lil elevee sur l'identite du Nil el du Niger. Renvoi de la lettre et do la traduction au Comite du Bulletin. M. Jomard communique des remarques sur Petal actuei des connaissances relativement au cours duDhioIiba, et donne des details sur la seconde expedition de Clappcrton et le voyage de Lander, dans Pinterieur de PAfrique ; enfin , il met sous les ycux de la Societe la carte du nouveau voyage. (Voy. Bui. 70, pag. 61.) M. Eyries ajoule quelques observations sur le meme sujet. M. Jomard annonce que M. Delaporte, vice-consul de France a Tanger , s'occupe de la recherche des papiers de l'inforlune M. Laing, et donne connaissance d'une leltre interessante ou Pon voit les mesures qu'il a prises pour derober M. Caille aux dangers qui le menacaient sur la cote d'Afrique. Le meme membre communique une lettre du capitaine Dillon, qui annonce P intention de se rendre a Paris avec plusieurs naturels de la Nouveile-Zelande , dans l'espoir que le Gouvernement ou quelque societe savante voudra bien contribuer aux frais du voyage. M. W arden communique une note de M. le marquis de Fortia d'Urban , qui certifie la realite de la decouverte faite par M. de Sacqui, a 12 lieues de la Havane, et a 100 pieds de profondeur, d'un vase parfaitement conserve , couvert d7hieroglyphcs et por- tant quelques figures , dont une entr'autres ressemble au Sagittaire de notre zodiaque , tirant sa Heche sur deux individus qui paraissent etre enchaines ou se tenir par la main ; ce vase, dont la ville d'Orleans a fait 1'acquisition , a disparu, et Ton ignore ce qu'il est devenu. M. Fontanier, voyageur, qui vient de visiter la Perse, 1'Arabic et le cours de TEuphrale, est present a la seance. M. le president Tinvile a vouloir bien communiquer a la Societe dans une de ses prochaines reunions la notice de ses voyages. M. Jomard annonce a la Commission centralc la fin tragique de M. Pacho, Tun de ses membres. Apres avoir payc un iribut de regrets a sa memoire , il propose qu'il soit eleve un monument modeste en Tbonneur do cet interessant voyageur quedistinguaienl d'eminentes qualites, et qu'une notice soil ins^ree au Bulletin. M. Eyries exprime les nieines sentimens , ajoute des details sur la perspnne de M.. Pacho, et appule les propositions. 11 a ete ouverl , apres la seance , une souscriplion particuliere, et MM, les meinbres presens se sonl empresses de s'y inscrire. M. Lourmand, au nom de la Societe des Metbodes, fait deux propositions : la premiere est relative a P^cbange du bulletin perio- dique des deux socieles, el la seconde a pour but le renvoi a la Societe des Melbodes , des ouvrages elementaires dont la Societe de Geograpbie n'est point dans I'usage de se faire rendre comptc. M. Lourmand est invite a deposer sur le bureau sa proposition pour elre examinee par la Societe. La Societe recoit 1'bommage de plusieurs ouvrages. Seance du 20 f eerier 1820. Le proces-verbal de la derniere seance estlu et adopte apres une legere rectification. Madame la comtesse Andreossy fait don a la Socidte du por- trait de feu le general Andreossy son mari; la Societe agree ce don avec reconnaissance. M. le lieutenant-general Saiat-Cyr-Nugues ecrit a la Societe pour lui offrir, au nom de madame la marechale duchesse d'Al- bufera , les Memoires de feu le marechal sur ses campagnes en Espagne, de 1808 a i8i4-, accompagnes d'un Atlas, compose dc plans et de cartes topograpbiques. La Commission vote des re- mercimens a madame la duchesse d'Albufera, et cbargc la Section de correspondance de lui rendre compte de l'ouvrage. M. le baron de Capellen ecrit a la Societe pour lui offrir, au nom de M. Kolff, officier de la marine royale des Pays-Bas, la relation d'un voyage que cet officier vient de faire dans la panic orientale de 1'Arcbipel d'Asie et sur la cole occidentale de la TSouvelle-Guinee. Cet ouvragc est accompagne* (Tune carle 011 se 43 trouve indiquee une riviere assez considerable decouverte sur cetle cole occidentale de la Nouvelle-Guinee. La Commission vote des remercimens a l'auteup et invite la Section de correspondance a lui rendre compte de son ouvrage ; on renvoie a la meme section le deuxieme volume des Memoires de la Societe royale Asiatique de Londres. M. le baron de Ferussac offre egalement au nom de M. Emile Trimmel , officier superieur de la baute Cbancellerie du Ministerc des Affaires Etrangeres d'Autricbe, plusieurs ouvrages geogra- pbiques el litteraires dont il est auteur. Remercimens et renvoi des ouvrages a l'examen de la Section de correspondance. M. de \ ins de Peyssac adresse la suite des Annales des Sciences de la Havane. M. Barbie du Bocage communique une lettre de M. David, vice-consul de France au Mexique, con tenant des details sur le naufrage qui l'a fait aborder a la Guadeloupe; M. David annonce qu'il a profite de son sejour dans cette colonie pour faire con- naitre les slatuts de la Societe et ses programmes de prix; il en a remis plusieurs exemplaires a M. le gouverneur baron des Rotours et a M. l'Herminier, naturaliste distingue, qui , pendant un sejour de trenle ans dans cette colonie, a recueilli des documens precieux sur 1'Arcbipel des Antilles ; il signale ce savant comme un corres- pondant utile a la Societe. M. C. Moreau adresse le compte des depenses pour l'envoi dans les differenles parties du globe, de trenle-lrois mille exem- plaires des reglemens de la Societe, en anglais, ainsi que des de- tails tres-salisfaisans sur la distribution de ces programmes et 1'ac- cueil que les travaux de la Societe ont obtenu dans la Grande- Rretagne. 11 signale le zele desinleresse qu'ont montre dans cette occasion les directeurs de ces journaux , ainsi que les societes anglaises. M. Fontanier lit une notice sur son voyage dans la Turquie, rArmcnie, la 1'crse el i Arabic; ce voyageur a procure la solution de la plus grande partie des questions que la Societe lui avail adressccs sur ces divcrses contrees. La Commission centrale entend cetle nolice avec un vif interet et la renvoic au Comile du Bulletin. (Voy. page n3.) M. Coraboeuf, au nom d'une commission speciale , composcc de MM. le general Haxo , le colonel Bonne et lui, fait un rap- port sur les memoircs envoyes pour concourir aux prix: relatifs au nivellement des fleuves et des rivieres de la France. La Commission propose de decemer une medaillc d'ora M. Lc- peudry, auleur du memoire sur le nivellement du canal de l'Aisne et d'inviter, par la voie du Bulletin, Tauteur des deux memoircs sur le nivellement du canal de TEssonne, a completer son travail, s'il a l'intention de le produire dans le prochain concours. Les conclusions sont adoptees. La Commission soumet en outre plusieurs observations relatives au concours sur les nivellemens; dies sont renvoyees a la Com- mission speciale pour la carte bydrographique de la France. Le meme membre, au nom d'une seconde Commission , com- posed de MM. Girard, Jomard , Barbie du Bocage et lui, fail un rapport sur la grande collection de dessins recueillis par M. Ri- faud dans son voyage en Egypte et en Nubie. La Commission, bornant son examen aux seuls objets qui en- trent dans les attributions de la Societe , s'est occupee de ce qui est relatif a l'etat ancien du pays, aux moeurs et aux usages actuels des habitans et aux observations meteoroiogiqucs. Penetree de Timportance de cette collection, la Commission propose qu'il soil adresse par la Societe une lellre de felicitation a M. Rifaud pour le zele dont il a fait preuve et que le rapport soit insere au Bulletin. (\ oy page i^j-) Ces conclusions sont adoptees. La Commission centrale examine ensuite les deux propositions faites par M. Lourmand : la premiere est relative a lecbangc des i45 Bulletins des deux Societe's. La Commission centrale adopte cet cchange et arrete que son Bulletin sera offert a cette Societe ; sur la seconde proposition tendant a renvoyer a la Societe des Me- thodes les ouvrages ele'mentaires de geographie dont la Societe n'est pas dans l'usage de se faire rendre compte, la Commission considerant qu$, sans l'aveu des auteurs, elle ne peut disposer des ouvrages qui lui sont adresses , decide que la demande ne peut etre accueillie. § 2. Admissions , Ouvrages offcrts , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du %feWier. M. Calmet de Beauvoisin , ancien lieutenant-colonel au corps royal du genie militaire , etc. M. Panckoucke , imprimeur-libraire. Seance du 20 feWier. M. le prince Nicolas Scherbatof, major-general au service de Bussie. M. J. F. E. Trimmel , officier superieur de la haute chancellerie du ministere des affaires etrangeres d'Aulriche. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du (jfe'vrier. Par S. Ex. le ministre des affaires dtrangeres : Collection des Auteurs classiaues latins , par M. Lemaire; io3 et io4e vol. in-8°. Par M. Van der Chys : Commentarius geographicus in Arrianum de expeditione Alexandria Lugduni Batavorum , 1828, 1 vol. in-4.0. Par M. Schouw : Specimen Geographice physicce comparatwee Hau- niue: 1828, 1 vol. in-4-0. 10 1 46 Par M. Arthns-tterirand : Townee a la mode dans les tttats-Unis. Traduitde 1 'anglais par M. Bourgeois. Paris, 1829, 1 vol. in-8". Par 3VI. Baudouin : Dictionnaire geographique un/Wrscl dc Vosgicn , iotalement refondu et mis au niveau de la science moderne , etc. Par Victor Parisot, Paris, 1828, 1 vol. in-8°. Par M. lc baron Roger: Keledor, histoire africaine , 2C edition, Paris, 1829, 2 vol. in-12. Par M. Arlhus-Berlrand : Bibliolhcque physico-cconomique. , tomes 1 et 2 ( 1827 ) , et cahier de Janvier 1829. Par M. Leuven : Journal des Voyages, cahier de decembrc. Par M. le baron Trouve : Annates de la littcraiure el des arts , 432c, 433c et4.34e livraison. Par la Societe de la Morale chretiennc : n° 63 dc son Journal. Par la Societe de la Sc'me-lntericurc : Seance publiqiu: deceltc So- ciete, tenue le 22 oclobre 1828. Par les Auteurs : Plusieurs »os du Globe. Seance du 20 fewier 1829. Par S. Ex le ministre des affaires etrangercs : Les Monumens de la France classes chronologiquement par M. le comte de Labordc , a8c livraison in-fol. Par M"'c la marcchalc duchesse d'Albufera : Memoires du mare- chal Suchel due d'Albufera , sur ses campagnes en Espagne de 1808 a 1814, ecrits par lui-meme , Paris, 1828, 3 vol. in-8°, avee Alias in-fol. Par la Societe royale asiatique de Londres : Transactions de cette Societe, vol. Ilc, Icrepartie, Londres, 1828, in-4°. Par M. Kolff: Voyage dans les parlies pcu connucs de I'archipcl Sud des Moluqucs el le long de la cole Sud-Ouesl de la Nouvelle Guinee, en- lierement inconnue jusqu'u ce jour ; execute dans les anne'es 1825 et 1826, pari). H. Kolff. Amsterdam, 1828, 1 vol. in-8°. Par M. liajot : Abrege hislorique et chronologique des principaux, voyages de decouoerles par mer , depuisVan 2000 avant J. C, jusau'au rommencemenlduXIXesiecle, 1 vol. in-8° i^7 Par M. Emile Trimmel : Guide du Voyageur, ou Description na- turelle , liisiorique , archeologique et pitioresquc du JVildbad Gastrin , Vienne 1827 , 1 vol. in-12. — Monogramme de Venise ou Descrip- tion de quelques curiosiles et usages e'tablis dans cette ville , 1826 , une broch. in-18. — Description de Bertholdsdorf et de Veglise Notre-Dame, de son marche, etc. , Vienne , 1826 , une broch. in-12. — Edlinde de Strochner. Vienne, 1827 , une broch. in-12. — L'hommage de la Heine de Saba , esquisse melodramatique mise en scene par Emile , in-32. Par M. Gide : Nouvelles Annates des Voyages , cahicv de fevrier. Par MM. de Leuven et Ansart : Journal des Voyages , cahier de janvier. Par M. Jullicn : Revue encyclopedique , cahier de janvier. Par M. Arthus-Iiertrand : Bibliotheque physico-e'eonomique, cahier de fevrier. Par M. le baron Trouve : Annates de la litterature et des Arts , 434-e a 4-36c livraisons. Par M. de Vins de Peyssac : Annates des sciences de la Havane par M. D. Ramon de/a Sagra, cahiers de juillet, aout et septembrc de 1828. Par Ies Auteurs : Plusieurs «os du Globe. TROISIEME SECTION. DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES GEOGRAPHIQUES , ETC RAPPORT de la Commission nommee pour I'examen de la collection des dessins de M. Rifaud , sur VEgypte et la Nubie. Commissaires : MM. JOMARD, GlRARI), BaRBIE DU BoCAGE alne el CoRABffiUF. Messieurs , Vfous avez charge* une commission , composee de MM. Jomard, Girard, Barbie du Bocage atne etmoi.de se transporter chez 1 48 M. Pvifaud , pour examiner la collection dc ses dessins. La notice que ce voyageur a presentee a la Societe dc Geographic , dans vo- tre seance du 16 Janvier dernier, offre l'cnsemblc des travaux di- vers qu'il a executes lant en Egypte que dans la iN'ubie, pendant un sejour d« plus de dix-sept ans , et dont les resultals composcnt une collection tres-nombreuse de dessins assez varies. Votre Commission a du bonier son examen aux seuls objets qui pcuvent enlrer dans les attributions de la Societe, et que nous avons compris dans les trois divisions suivanles : i° Etal ancien du pays indique par les vestiges des monumens; 2° Moeurs et usages acluels des babitans ; 3° Observations ineteorologiques. En exposant succinclement ce qui a du fixer plus parliculiere- ment notre attention , nous commencerons par l'Egypte, en allant du Nord au Sud, e'est-a-dire , en remontant le cours du Nil. Dans la Basse-Egyple , a San ( ancienne Tanis ), plusieurs des- sins representant differentes antiquites. M. Pufaud a fait execuler des fouilles dans des monticules formes par l'amas succcssif des de- combres d'babitalions parliculieres : ce voyageur a cm reconnailre , dans la partie la plus basse de ces monticules, les vestiges d'habila- tions des anciens Egyptiens : si ce fail pouvait etre constate par le temoignagc d'objels antiques relrouves parnii ces memes decom- bres , il servirail a faire un rapprochement inleressant entre l'etat ancien et l'etat moderne de I'Egypte. A Tell-Bastah (ancienne Eubaste ), outre quelques ruines de peu d'interet, on y retrouve , et le voyageur a dessine des debris dignes d'etre etudies. Fayoum. A Koum-Margam : mosa'i'ques a couleurs vives ^n briques et en pierres. Le voyageur en a trouve de semblables a Elelhya et aussi a Rosette : ellcs sont melees de croissans semblables au croissant turc. Pyramide d'Haonarah : M. Rifaud avait enlrepris de demo- 1 49 lir en partie cette pyramide , qui est construite en briques ; celte tentative a ete une decouverte intdressante dont il n'y a point d'autre exemple en Egyple. On a Lien trouve dans ce pays des briques chargees d'hieroglyphes , mais ici ce sont des caracteres tres-varies et bizarres , empreints sur les briques , ct que ce voya- geur a copies minutieusement. M. Rifaud donne aussi des details topographiques sur le Fayoum; mais on eprouverait de grandes difficultcs si Ton voulait en faire usage ct en tirer parli pour ajouter aux cartes existantes , nolam- ment a l'atlas geographique d'Egyple. Tliebes. Gournab : M. Rifaud a trouve dans cette partie de Thebes un dessin tres-curieux representant un sujet persepolitain ; sous le rapport de Hiistoire, il serait tres-curieux de voir de pareils sujets se multiplier : la Commission des monumens d'Egypte en a public un qui fut decouvert dans I'isthme de Soueys. Karnak : La nomenclature qui suit est un court abrege des resul- tats des fouilles executees sur le sol de Thebes , pendant dix annees , par M. Rifaud : il en a dresse un plan general susceptible d'etre re- duit, oil tous ces details sont consignes. i° Un petit temple a la partie Nord de la premiere cour du palais de Karnak, avec deux colosses de 16 pieds d'elevation, accompa- gnes , chacun , de deux pelites statues d'environ 3 pieds de hauteur ; 2° Sur le devant du propilon du palais , vers la partie Ouest-Sud- Ouest, un petit temple compose de quatre colonnes coloriees en bleu , rouge et jaune : l'auteur y a trouve des idoles et autres ob- jets en bronze ; 3° En face du propilon, une pierre en granit rose , sur laquelle ctait une inscription tres-longue en caracteres grecs , et dans la partie superieure , des sujets hieroglyphiques, avec des caracteres eleinentaires ; 4° Au nord du palais , trois petits temples ou sanctuaires; 5° Dans cetto meme direction, ct a la distance do 446 pieds da mur du grand temple ou palais , un temple precede de sept porti- ques, avec un peristyle de qualre colonnes a cliapiteaux varies, dix neuf statues en granil noir, et une en pierre calcaire; 6° Entre ce temple, et a la distance de 176 pieds du mur du pa- lais , un autre temple moins grand avec un portique et un peristyle a quatre colonnes ; 7° A l'Est de la porte orientate du grand temple ou palais, un petit temple avec des colonnes peintes en diverses couleurs; 8° Au Sud-Est de cette meme porte , un temple d'une vaste di- mension divise en sept appartemens avec quatre escaliers, et pre- cede d'un peristyle de huit colonnes ; 90 Trois sanctuaires, des piliers cane's, statues cariatides , quantite de statues en granit noir, un monolithe en marbreblanc, un autel de sacrifice en granit rose , quarante-deux colonnes dans une direction , et huit dans une autre partie : tels sont les resullals des fouilles entreprises depuis le mur d'enceinte jusqu'a la porte orientale du palais ; io° Entre l'allee des Beliers et le lac du Sud, trois petits tem- ples, quantite de statues en granil noir , deux beliers en granit rose d'une dimension colossale , des sphinx a corps de lion et a tele humaine en pierre de gres , d'autres a tele de belier , et lous d'une grandeur colossale ; ii° Entre cette partie et le lac, un temple d'une dimension plus vaste , plusieurs statues en granit, etplus a l'Est de ce meme tem- ple , un autre petit temple avec les restea ou fragmens de trois co- losses en granit noir et en breche ; 120 Enfin, plus a l'Est encore plusieurs petits temples et quan- tity de statues. 11 est a desirer que M. Rit'aud publie ce plan de Ivarnak, ainsi enrichi de ses decouvertes, en ayanl ('.attention d'indiquer celles- ci par une leinte particuhere proprc a les faire reconnaitre dans 'ensemble general de ce plan. i5i Ik ile Philce. Plan du temple de 1'ile de Philce : cc meme plan existe dans l'ouvrage de la Commission d'Egyptc , sauf queloues details que les fouilles faites posterieuremenlpeuvent avoir fait decouvrir. Nubie. Le nombre des dessins de M. Rifaud , qui sont relatifs aux mo- numens de la Nubie , s'elevent a plus de 80 , et concernent les lieux suivans : Staboue , Cartas , Teif , Calapche , Bcrbi-Aigbcl , Dandourra , Guerche-Assan , Deque , Saboua , Amcda , Deri , Ibrim , Eb- sambol et Gelliba-Meda. La description de ces monuinens se compose generalement du plan, d'une elevation, d'une coupe et de divers details, soit de cbapiteaux, soit d'interieurs, soit de sujets hieroglyphiques , ou cnfin de statues. Nous devons faire observer que beaucoup de ces monumens sont ddcrits dans l'ouvrage de M. Gau sur la Nubie; par consequent , si M. Rifaud se propose de livrer au public le resultat de ses tra- vaux , il devra s'attacher a ne publier que les sujets inedits. Nous n'omeltrons pas non plus de remarquer que le plan de chaque mo- nument offre plusieurs coles de mesure propres a en tracer le dcs- sin , si ce n'est avec l'cxactitudc geometrique , du moins avec quel- que precision ; mais qu'il n'en est pas de meme des details d'archi- tecture et des dessins hieroglyphiques , qui laissent generalement a desirer sous le rapport de la correction et du style. Mocurs. La collection de M. Rifaud offre un grand nombre de dessins curieux et tres - d^tailles sur les maeurs , coutumes et costumes de 1'Egypte et de la Nubie , exprimes a une grande echelle , avec une serie d'instrumens, de vases , de meubles et aulres objets. Nous ci- terons particulierementles details sur les santons. Malgre le nombre lf>2 de sujets deja publies sur les inoeurs et les usages do I'Egypte dans les descriptions de cette contree et dans d'autres ouvrages, on poor- rait faire un cboix tres-interessant. Observations me'teorologioues. M. Rifaud a lenu regulierement, pendant pres de quatre annees, un registre d'observations faites a plusieurs epoques du jour et de la nuit, tant sur la temperature que sur les divers phenomenes de l'atmosphere. II est a regretter que cet observateur n'ait pas eu a sa disposition un barometre , pour en suivre la inarcbe eomparalive- ment avecles variations atmospberiques . La collection de M. Rifaud contient une grande quantile' de des- sins, d'inscriptions et de medailles; d'autres sont relatifs a lbistoire naturelle des plantes et poissons. Outre ces dessins, ce voyageur a rapporte quantile d'objets d'bistoire naturelle tres-precieux et en nature, qui attireront sans doule l'attention de radminislration du Jardin du Roi. Plusieurs fraginens relatifs aux inoeurs et coutumes, les instrumens, armes et autres objets meriteront aussi d'etre de- poses a la bibliotlieque du Roi. La Commission, penelree de limportance de cette collection, vous propose , Messieurs , qu'il soit adresse a M. Rifaud une lettre de felicitations, au nom de la Societe, pour le zele dont il a fait preuve , et pour le remercier de son interessante communication , et que le present rapport soit insere au Bulletin. Paris, le 20 fevrier 1H29. CoRABffiUF, rapporteur. Ma'i'madscuan , ville front iere de la Chine. La ville chinoise de Mdimadschan , batie pies de la fronliere , a a3o pas seulemenl de la ville russe de Kyachia, compte enviion 170 maisons, dont rarcbileclure n'a riende remarquablc. Le com- 1 53 merce est l'unique occupation dcs habitans; aussi Ton ne voit par- tout que des niagasins et des boutiques. Celles-ci sont Ires -spa- cieuses, tenues tres-proprement et ornees de tableaux, qui pour la plupart represenlent des paysages chinois. Les marchandises sont renfermees dans des armoires d'cbene : ce sont des etoffes de soie , qui ne le cedent en rien aux etoffes de Lyon ; des vases de porce- laine, d'une grande beaute, des papiers peintselune foule d'autrcs objets qui donnent une haute idee des progres de lindustrie parmi les Chinois. Dans chaque boulique on voitriinage de la principale divinite des Chinois ( Foo-Khon), placee dans une niche et cou- verte d'un rideau de soie. Deux lampes brulent continuellement devant cette image; et a certains jours de fete, on allume devant elle des cierges composes d'herbes aromaliques. Malgre le mouvement occasionne par les caravanes qui arrivent a tout moment a M u'i menisci i an, et par le transport des marchan- dises que Ton expedie a Kyachta, les rues sont d'une grande pro- prete. On peut en dire autant des maisons et des cours qui les se- parent de la rue. Le soir, ces cours sont eclairees par des lanterncs de papier de couleur, en sorte que de loin on croit voir une illu- mination. L'hiver est tres-rude a Mdimadschan , quoique la latitude, de cette ville ne soit guere superieure a celle de Paris. 11 n'est pas rare de voir descendre le thermooietre de Reaumur jusqu'a 3o degres au- dessous de zero. Les maisons sont echauffees par d'immenses poe'les qui , dans la saison rigoureuse , servent de lits ; mais le costume des Chinois ne paralt pas bien calcule pour le climat. lis portent toute l'annee une tunique d'etoffe de soie ou de nankin , boutonnee par devant; l'hiver , ils mettent par dessus une espece de spencer garni en fourrure. A la ceinture qui serre la tunique , est suspendue une bourse qui renferme un couteau , une pipe et une petite baguette qui leur sert de fourchette. Leurs boltes ont des talons tres-hauls, et sont de satin noir. Leur coiffure consiste en un bonnet de four- rure, qu'ils n'olent jamais , inais qui ne leur couvre que le hautdc 1 54 la letc, et laisse lcs oreilles dtfcouvertes. lis portent constamment a la main une espece de chapelet de pctitcs Louies d'os ou de noix. qu'ils roulent cntre leurs doigts. Dans toutes les maisons on trouve sur une petite table en laque , depuis le matin jusqu'au soir, une grandc theyerc de cuivre jaune, placee sur un rechaud rempli de charbons aniens, afin de pouvoir servir du the" a tout instant, soit aux etrangers qui arrivent, soil aux liabitans de la maison , qui en font un usage continuel. Ceux- ci sont dans lbabilude de fumer en meme temps ; les pipes dont ils se servent sont en metal, de la grandeur d'un dez a coudre. Quoique les habitans de Mdimadsphan aient des rapports con- tinued avec les Europeens, ils n'en conservent pas moins pour ceux-ci la defiance qui caracterise les Cbinois en general, lis sont polis, mais froids ; et ils trailcnt les affaires les plus minutieuses avec un air d'importance qui est tres-risible. Etrangers a toute in- tolerance , ils permettent aux Chretiens d'assister a leurs ceremo- nies religieuses, et ne se font aucun scrupule de frequenter les (jglises de Kyachta. Exlrail de la lettre e'erile au President de la Commission cenlrale , par M. le baron, de Berfelden de Hinderstein, du chateau de Snel- lenburg, le i4 Janvier 1829. « Le baron de Capellen, ancien gouverneur general de l'Ar- chipel indien, m'ayant fait part d'unc lettre en langue allemande re^ue du Japon , je le priai de me permettre d'en communiquer nne traduction franchise a la Societe de Geographie, la presuniani interessante pour le Bulletin ; j'ai l'honneur de vous la faire par- venir comme traduction fidele de l'original, ayant seulcment omis, scion le desir de M. Capellen, tout ce qui etant etranger ;t la science, ne pouvait interesser la Societe (1). » (1) La lettre dont parle M. dc Hinderstein est de M. Siebolil ; on en Irou- vera anssi un ustrait a la suite de celui-ci. i55 M. de Hinderstein temoigne ses regrets de ce que la carle du Japon, deTitsingh, lant louec par plusieurs geographes, n'estpas encore ete publiee; il engage la Sociele a s'arranger avec le pro- prietaire, afin d'en enrichir ses Memoires : il pense ccpendant que celle de M. Siebold pourrait tcnir lieu de celle de Titsingh, si clle est aussi remarquable que 1'annonce son auteur; mais il est a craindre que le public n'en puisse jouir de long-temps. M. de Hin- derstein continue ainsi : « Je saisis cette occasion pour informer la Socie'te que je tra- vaille a une grande carle des Colonies Orientales du royaume des Pays-Bas qui pourra etre regardce comme officielle, puisque le Boi m'a permis de disposer des materiaux manuscrits et inedils qui se trouvent dans les Archives du departement des Colonies a la Haye , et que le baron de Capellen , ancien gouverneur general de l'lnde , m'a communique tres-obligeammenl tout ce que sa riche collection offre de nouveau et de remarquable en cartes nianus- crites levees sur les lieux, concernant les iles de Sumatra, Java, Borneo, Celebes et les Moluques. Quand ma carte paraftra, je ne manquerai pas d'en envoyer un exemplaire a la Sociele, avec Vin- dication des sources oil j'aurai puise. » Ici, M. de Hinderstein cite par avance quelques-unes de ces sources qui meritent sans doute toute confiance; il ne negligera pas non plus de consulter les meilleures cartes marines anglaises et frangaises : il desirerait a cet egard que la Societe s'interessat pour lui faire obtenir un exem- plaiie detacbe des cartes dont il a besom , et faisant partie des atlas nautiques de Freycinet, de Duperrey et du baron de Bougain- ville, etc. (i). M. de Hinderstein termine sa leltre par signaler une omission et une fausse assertion dans le Nu G6 de notre Bulletin; nous ad- (i) Le Bureau de la Commission cintrale s'est empresse de faire connaitre aux parties ijite'resse'es le voeu de ?*I. le baron de Derfelden et de le leur recornmander. i5G meltons la correction indlquee par l'auleur, et nous le rcmercions de son obligeant avis, {fair V errata a la fin du Caltier.) Extrail d'une lellre du docieur de Slebold au baron de Capcllen , ancicn guui'erneur general des Indes-Orlrntales. Dezima, le , et sakat hsu», e'est-a-dire, cellos qui se mesurent el celles qui se vondent au poids , et la determination de la route a suivre ; si c'csl par le grand desert , en passant par Hite ^~^> , Ana U^ ; ou par celui de la Meso- polamie, dit Tchol eldjezire SyjjW' J^. , laissant le (Djabal) mont Sindjar ^_sr^w J^. , a droite , et ne traversanl l'Eu- phralc qu'a Biro , ou enfin par le milieu de cetlo contree , voie qui rapprochc des bords du Kliabour xJ\s>. ou de Mardin , et des Iribus qui en occupent le lerritoire ; mais cette route est dange- rcuse , et les droits qu'il faul se resoudre a payer en la suivant sont enormes. La cpuduito dune caravane ne peut el re jamais confiee qu'a un I7I Arabe Egueli{\), prris parmi les plus anciens etplus renommes des cliameliers , qui sont tous de la mtmc Iribu , originaire de Nedjd w\==-> , maries et domicilies a Bagdad et a Zobeir ou Bassora. Ccs Arabes, aulrement connus sous le nom d'Ewlad-ali ^& $x^\ les enfans d'Ali , sont braves, d'une force prodigieuse, et fideles dans leur engagement, dont la validite ne repose que sur la parole donnee « en face de l'Eternel , qui est le meilleur dcs temoins. » Ce sont leurs propres expressions : Amaru oullahi ivahoue ' khdir-uchchahidin Un nombrc assez considerable d'entre eux , sont a la soldc du pacba de Bagdad, qui les considere counne ses meilleures troupes; ils forment eux memes l'escorte de la caravanc, dont les cbameaux sont leur propriete ; de maniere qu'ils ont a defendre a la fois leurs /jersonnes, leurs liens et leur reputation. Ntf souhom wa ma- luuliom wa ' ilibarouhom *»,uJ^.!j p#\-»j ,*■<<-'"£■> Aussi doit-on etrc sur que jamais la lacbete n'entre pour rien dans leur conduite , et qu'ils ne cedent qu'a l'impossibilite bien reconnue de resister. lis sont sobres comme tous les Arabes, accoutumes a toutes les privations, d'une resignation exemplaire a la volonle de la Pro- vidence, et d'une moralile a toute epreuve. Leur arme princi- pale est le fusil a mecbe ; ils voyagent a pieds presque nus , et sont babill^s d'une simple tunique de loile grossiere (2); ils portent une double ceinlure, 1'une qu'ils gardent a leur gre sur leur vehe- ment, et l'autre qu'ils ne quittcnt jamais ; elle est en peau tressee, de deux a trois doigts de largeur , allachee avec une agrafe sur la cbair, au-dessous du creux de 1'estomac. Leur coiffure consiste en un grand carre d'^toffe de coton etdc soie appele eguelie. Ce mou- (1) Son titre ordinaire est Cheikh-ul-Karwan jbr '^T^ cnef ^e 'a caravane. v^ (2) Au-dessus de cette tunique ils mcttent souvent tin aba Ls ou inanteau debure. Les chhfs portent odiiiaireinent au-dessus de leur tunique une robu 11 '. rr 1 a ^ '1;toffe de Damas. choir, pi it: et dispose d'uoe certaine maniere dont la description serait superllue, est fixe sur la tele par un turban tonne d'une seule piece, ou memc un inorceau de corde en laine, noue negligcmmcnl. Ces Arabes ne se rasent jamais la barbe , et a Toppose des AIusul- mans des villes, plusieurs laissent croftre ct tressent leurs chevcux. Lorsqu'une caravane se met en route, ellc est divisee en aulant de bandes de chameaux quil y a de cheikhs , el ces bandes sont escorlees par unnombre iTegue/i, proportioning a eclui des charges. Prcsque lous les Cheikhs sont monies sur des chevaux ou des dro- madaires ; le pas du chameau etant Ires -lent , ces chefs, ainsi que les voyageurs qui out leurs montures particulieres, devancent la caravane, et vont a la decouverte : ils forment ainsi une sorle d'avant-garde. Des-qu'ils s'en trouvent eloignes d'environ trois- quarts d'heure , ils descendent de leurs chevaux qu'ils debrident pour les laisser pailre, s'asseoient par terre , fument et boivent du cafe en attendant leurs compagnons ; et cela se continue ainsi jusqu'au lieu fixe pour y passer la nuil. Les caravanes ne voyagent jamais que de jour dans le desert, ou il n'existe ni chemins traces, ni sentier connu , et ou les Arabes francbissenl les plus grands es- paccs sans boussole , guides par la simple habitude qu'ils onl d'errer sans cesse dans cette immensilc. Outre l'escorte dont j'ai parle ci-dessus , une caravane du de- sert a ses regies pour le campeinent, la disposition des tentes ct pour la discipline mililairc. Pendant la marche un des cavaliers qui prend le litre de lia'i'raklar .1 JjIj.o porte un drapeau qui ne se deploie qu'en cas d'alarme et lorsqu'on fait halle. Pour bien juger de la bravoure des Egueli, il faudrait les avoir vus au milieu du combat , depouilles de leur coiffure, la poitrine decouverte , lescheveux epars, courant en avant, au son du tam- bour , precedes de leur drapeau , et chantant des poesies guer- rieres qui inspircnt le meprisde la vie et le desir de la victoire. Avant l'altaque qui est prevue de loin , a raison dc l'uniformitc des plaincs du desert , les divers pclotons de la caravane qui se i73 trouvent assez eloignes lcs uns des aulres, sc resscrrent dabonl, et si Ton juge par le nombre des ennemis , que Je combat est ine- vitable ct le danger imminent , Ton decharge les chameaux et Ton dispose les ballots comrae un retrancbement , au milieu duquel ces animaux sont agenouilles et les pieds attaches pour les ernpecher de se relever ; mais les Eguelis ne se refugient derriere ce rem- part que quand ils sont aux abois et qu'ils doivent se defendre en desespcres , jusqu'a ce qu'il n'en reste plus un seul. Lorsqu'il s'agit de camper, le drapeau est deploye une demi- beure auparavant; et tandis quune partie des cavaliers chcrche un endroit qui lui convienne , Tautre se disperse pour eclairer les en- virons aussi loin que possible. C'est un spectacle curieux que de voir ces chameaux , accables sous le poidsde leurs charges, redoubler d'ardeur a la vue du signal du repos , et, lorsque ce drapeau est plante, accourir avec em- pressement , a la voix de leurs maitres qui lcs appellent pour les debarrasser de leurs fardeaux ; mais eclte operation ne s'effectue qu'en leur donnant des petils coups de baton sur le col et en pro- noncant avec force un son guttural tres-dur, qui est celui de la lettre arabe -t Khe , et qui represente une sorle de ralement ; le chameau lombe alors sur les genoux , ensuite sur les jarrcls , et par deux aulres mouvemens qui balancent le corps les jambes se trouvent pliees et le ventre a leur niveau. A mesure qu'ils sont decharges , les chameaux sc relevent d'eux- memes el se dispersent pour pailrc dans une dcmi-licue de rayon : chaque bande est confiee a la garde d'un ou deux pasteurs ; el ils rentrent au campemenl au coucher du solcil. 11 regne beaucoup d'ordre et de symetrie dans la disposition des tenles qu' on fait abattre le soir , parcc que Ton couche a la belle etoile. Au centre est placee celle du Cheikh principal, qui regie la marche de la caravane , les retributions ou droits a payer aux Ara- bes, et chez lequel chaque jour les Cheikhs tiennent conseil; vienncnt ensuite a droite et a gauche , circulaireinent , les aulres >74 tcnlcs saivant le rang ou Page de chaque proprietaire : nulle pari la vieilles.se n'esl plus rcspeclee qu'cii Orii'iil , et surlout en Arabic. Au coucher *y* afm d'eviterla rencontre de Mahmoud fils aine etsuccesseur de Tamer- Pacha, si eclebre dans le pays par ses brigandages. Cette circons- tance en nous eloignant d'Orfa , me mit a meme de cotoyer pen- dant quclques lieues, la rive oricntalc de 1'Euphrate, en le remon- tant, et de reconnaitre Samosate, patrie de Lucien, situce sur la rive opposee du fleuve. Diirantcc trajet j'eus soin de noler exacte- ment, commc a 1' ordinaire, les noms et la distance des bourgs et villages que je renconlrai. Noussuivions jusqu'a environ huit lieues de Suerik, la direction N. E. ; mais lorsqu'il fallut marcher vers Mardin, nous primes noire route tantot au S.-S.-E. el tantot a FEst. J'arrivai enfin a Mardin tj?5j-» le 6 octobre. Cette ville est si- tuee sur le penchant d'une haute colline : ses maisons en amphi- theatre , presentment un aspect trcs-pitloresque et jouissent d'une belle vue sur une campagnc aussi vaste que fertile. De ce point, deux chemins egalemenl penibles etperilleux con- duisent de Mardin a Moussoul; celui de Djezire , plus long , est le moins frequente; celui dit Tckol Sindjar ysr'^r'j^, par Nissibin , plus direct , mais souvent plus impraticable pour les Tartares eux-memes. Nissibin est dans une superbe plaine a 12 lieues dc Mardin ; cette ancienne cite ne conserve plus rien de son antique splendeur; on n'y voit que quelques miserables habitations kurdes et peu de de- bris qui annoncent ce qu'elle etait jadis. Muni de lous les papiers dont j'avais besoin , je quittai Mardin le i4 octobre, et me rendis aupres d'Al-Ta'f Zkj' , une des plus nobles et des plus anciennes tribus arabes. EUe etait campee aux environs de Tal-Ibrdiche ioKjIJj, village distant d'une lieue E. S.-E. de Nissibin. Le Cheikh , etait charge de pourvoir a ma surele , aussi se h&ta-t-ii de metlre a ma disposition un cavalier qui , scul , devait me scrvir a la fois de guide el d'escprte au nnni do son maitre. La voie de Djezire fut cellc qu'on me conscilla de prendre; elle paraissait, dans les circonstances d'alors offrir plus de suretc. J'e- tais bien aise de parcourir cette contree, si pcu connue , ct oil les voyageurs europeens ne pcnetrent presque jamais. Pendant le trajet , je fus dans le cas de cheminer et de conver- ser avec des Yezidi , peuple redoutable auquel est atlribue" le culte du demon, Chcilhan ^Ja~Z,. Cette secte, dont le principal foyer est le mont Sindjar , me paraft etre moins acharnee qu'on le croit contrelcs chretiens. Elle ne parle de nos lieux saints qu'avec veneration ; inais elle porte une baine implacable aux mahome- tans , qu'elle regarde comme ses ennemis les plus acbarnes. Le 17 octobre, j'arrivai a Djezire tj> ;=*• dont l'aspect inspire a la fois la tristesse et la terreur. Cette ville est batie en pierrcs noires , dans uu vallon sur la rive droite du Tigre ; elle est entouree par un canal que le fleuve remplit lors de sa croissance et dans lequel il communique. L'air y est mal sain et fievreux en ete , et sur- tout en automne. Dans la citadelle demeure le gouverneur , qui prcnd le titre de liey ..L^o et qui se considere comme indepcndant de la Porte meme : c'est en effet un prince hereditaire dans son gouvernement , quoiqu'il soil cense relevcr du pachalik de Bagdad. 11 se moutre rarcment en public. Le commerce de cette ville, l'etendue de son territoire , ses pro- ductions et les moeurs de ses liabitans kurdes , formeraient une des- cription trop longue pour trouver place dans ce simple cxtrait de mes voyages. Aucun clranger ne peut aborder Djezire sans que le Bey en soil informe; et personnc nc peut en sortir sans une permission ex- prcsse de sa part. Notre guide, qui s'eHait charge de faire annoncer noire arrivee a ce gouverneur et de lui remetlre la letlre du cheikb A'Al-Tal en ma faveur, vint dans la soiree du lenderuain avec uu officier d'as- «77 sez mauvaise mine, me prevenir que ma petite caravane pouvait conlinuer sa route , et que deux cavaliers etaient designes pour m'accompagner jusqu'a Zakho y^- )• Ce message a du ctre large- ment recompense , dans la crainte que quelque mauvais rapport ne fit mettrc obstacle a notre voyage que, par precaution, je voulus poursuivre avant minuil. En effet, lc meme jour, 18 octobre, an lieures du soir, le signal du depart fut donne.Nous quitt£imes notre logement dans un desordre extreme; el nous eumes a passer, sous la citadelle, un mauvais pont de bois , fort etroit, etabli sur des bateaux. Ccl!e operation dura une demi-heure pour nos bagages. On compte 12 lieues de Djezire a Zaklto. Nous co oyames d'a- bord le Tigre ; mais, apres six lieures , on nous fit cbanger de di- rection , ce qui rendit notre marche plus longue el plus penible , la chaleur se faisait aussi vivement sentir sous cetlc atmosphere em- bras^e , et nous ne pumes prendre quelque rcpos qa'a Zuhko m&me. Celte petite ville depend de Immadieh 3J.ily- La relation d'un vovage par terre de cette ville a Bagdad, 011- 12 r78 Irainerail trop de diitails. Je vais (ranscrire ici lexlrait du journal de ma traversee en i8if>. Le 25 mai, je m'embarquai sur le Tigre , que les Arabes appel- leut Didjle iJLo. Abmed - Pacha , voulut bien ordonncr qu'on m'assignat unc place, convenablc sur un beau kalak (cspece de ra- deau), el j'y fis dresser un grand bois de lit, couvcrt de tentes, appcle arche Jwiy£. La saison etait bonne, et la crue des eaux facilitait noire traversee : nous avions pour compagnons de voyage « inq jeunes dames arabes el trois passagers respectables. Des vases de giroflees places sur des pierres <1'j marbre, qu'on transporlait a Uagdad , ornalent noire kalak. Je jouissais en meme-temps de lous cotes de la vue du flcuve, et , par un concours assez singulier , notre radeau reunissait a la fois, suivant l'expression arabe , la verdure, l'eau el la beaule ^—s-M <^j3!j-"UJ]j tjAszsJ). Pour conslruirc le kalak .^xx , qui forme ordinairement tin carre" long, on atlacbe ensemble plusieurs outres, dont le nombre doil etre proporlionne a sa grandeur et a la cargaison. Sur ces ou- tres, qu'on enfle auparavant, on jelte unlitde rameaux bien lies, sur lequel on pose , a deux ou trois pieds de distance l'un de l'aulre , quatre bancs de grosses percbes , en sorle qn'il regne tout a l'en- tour une galerie commode. L'on y elend ensuite d'autres solives, dont chaque extrcmite est appuyee sur un des bancs. Le kalak ainsi dispose, on cmbarque les bommes el les marcbandises. L'equipagc dun kalak consiste en 3 ou 4 rameurs qui manoeu- vrent ce radeau , a I'aide de deux rames disposers vers un des coins, de cbaque cole. Ces rames ont a lcur exlremite des ailerons de deux a Irois pieds de long, i;uts de plusieurs morceaux de roseau, de quelques pouces de longueur. Ainsi cette embarcation particuliere an (leuve, depourvue de voile, de mats et de gouvernail, et dont les parlies ne sont pas fixees par des clous, est raise en mouvement dons toules les directions. On enlle les outres de temps ^^j A—"', bourg siliu- a droile sur un haut rocher, pour changer nos raineursqui ne con- naissaient pas bien la traversee de ce point a Bagdad, etle 28, nous continuames notre navigation de bon matin. Un coup-doeil vraiment singulier etait celui que presentaicnt les femmes arabes , qui habiient les bords du Tigre ; s'elancant dans le Heme a noire approchc , elles venaient sur des outres gonllees , aborder notre kalak , pour nous demander un peu de tabac a fumer, de pain de Moussoul, ainsi que d'autres bagatelles. Ce spectacle, dont je jouissais depuis mon depart de cette ville, augmentait a me- sure que nous nous avancions vers Bagdad : ici ces nymphes du Tigre avaient 1' attention denous offrir du lait, dubcurre frais; etc'elaila moi qu'elles sadressaient de preference comme le seul qui cut un arche , luxe qui annonc'ut un passager a son aise. Pour lout veie- ment, ces femmes poriaienl une tmiiquc de loiie b leue ou rouge, qui leur couvrait le corps; et plusieurs navaient pour coiffure que les tresses de leurs cheveux elegamment nouees autour de leur lete. En ville , elles portent au-dessus de cette lunique , un uba ou mantcau de laine, dont elles s'enveloppeut depuis le front jusqu'aux pieds, qu'elles ont pour la pluparl loujours nus. Leur coiffure ordinaire consiste en un grand moucboir de soie noire carre, appele bochiye *~4*y, plie en deux diagonalement, et dispose de maniere que le grand cote llotte sur le dos, tandis que les deux poinles du mouchoir, nouees sur le front, sont enlrelacees dans fes p'is deja formes tout i8o autour de la tt'te : a la cheville, ellcs portent des anncaux d'argcnl, appeles khalk&l on hedjel Jj3S Le 29 , nous depassames Samarra J^t. iY~r^, qu'on laisse a gauche. Le 3o, nn gros vent nous rctint unc grandc panic de la journee pres de Yenidja; le soir nous pass^mes la nuit devant le jardin d Assad-Pacha , d'ou j'apercus dans la Mesopotarnie , et proclic de la porte appek'e Cheikh-Marouf ^_J*jij*--* ^~> w>« le dome qui couvrcle tombeau de la celebre reine Sil-ZubeiJa , epouse ducalife Haroun-ul-Rachid AJLy' tjila, conlemporain de Charlemagne. Le 3 1 , je debarquai a la douane de .Bagdad , surnomine dar-esse- hhn ^-LJ! ,b , maison du salut , ville qui occupe le premier rang parmi lcs melropolesde rempire ottoman. Tel est, Messieurs, le simple apercu, fait a la hate, d'line partie de mcs voyages dans le desert et la Mesopotarnie jpuissentles details quil contient meritcr voire indulgence , et vous faire oublier l'insuf fisance de la redaction. Paris , le ag mars 1819. H. VlDAL. DEUXIEME SECTION ACTES DE LA SOCIETE. § lcr. Proces-verbaux des Seances. Seance du 6 mars iSag. Le proces-verhal de la derniere seance est adopte apres reclifi cation. M. Adrien Cochelet, nomme au consulat general du Mcxique , offre ses services a la Societe, et reclame ses instructions. Renvoi a la section de rorrespondance. M. Jollois, ingenieur en chef des ponts et chaussees , a Or- leans, ecrit en reponsc a la lettre de la Soci<;le , quil a fail d inu i8i tiles recherches pour reconnaitre le vase couvert d'hieroglyphes , que Ton assure avoir ete donne a cetle ville par M. de Sacqui. M. Spencer-Stanhope adresse un plan de la navigation des ri- vieres d'Aire et Calder, et une vue du port de Goole. M. Joniard in forme la Societe de l'arrivee procliaine de six jeunes Africains, nes dans des regions tres-reculees tie l'Ethiopie , et envoyes en France par M. le chevalier Drovelti , pour y rece- voir de 1' education, et se former aux connaissances de lEurope. 11 se reserve d'inslruire la Societe du resultat de ses demarches re- lativement a leur placement. Le illume memhre annonce que les jeunes Egyptiens qui se des- tinent aux arts chimiques, et qui doivent porter dans leur pays des connaissances positives sur cette science et ses applications, vien- nent de subir un examen sous la presidence de M. le comte Chap- tal , pair de France ; il donne des details tres-satisfaisans sur les pro- gres qu'ils ont fails dans l'etude de cette science. M. Vidal communique l'expose succinct des differens voyages qu il a entrepris et executes, depuis vingt-cinq ans, dans plusieurs contrees de I'Orient, difficiles a parcourir : F Arable de'serte, la Me- sopotamie , la Babylonie , la Syrle, VAnaiolie, la Turquie asiatique , la Perse, VArmenle , les cotes de la mer Noire et I'Egypte. Cette lec- ture est ecoulee avec un vif interel. (Voy. p. 169.) La commission centrale prolonge a trois annees le sujet de prix sur la Guyane , et a deux annees le sujet de prix sur la Caramanie , qui n'ont pas ete decernes en 1828 , et renvoie a une commission speciale, composee de MM. Brue, Eyries et de Larenaudiere, la re- daction d'un nouveau sujet de prix d'encouragement propose par M. Jomard , pour la decouverte des lieux indiques sur les carles sous les noms de Maraan et lac Maracvi. La commission fixe au 27 mars la premiere seance generale pour l'annee 1829, et invite MM. Fontanier et Vidal, presens a la seance, a vouloir bien communiquer a l'assemhlee les resultats de leurs interessans voyages. [82 . Seance du 20 mars 1829. I ie proccs-verbal de la dernierc seance est lu et adople. VI. James Brown, ministre pl^nipotentiaire des Klals-Unis a Paris, transmet a la Societe, au nnm de Tassemblee generale de lY-l.il de N irginie, la belle carte de cetetat, qui vienl d'etre pu- bliee en plusicurs feuilles. Cet envoi est accompagne des lettres- pateiiles contenant le decret de rassemblee , et dune leltre tres- flattcuse de S. Exc. VFm. Giles, gouverneur de la \ irginie. La commission centrale vole des remerefmens a l'assemblee ge- nerale de 1'Etat , el decide que le Recueil de ses Memoires lui sera adresse pour sa bibliolbeque , comnie 1111 lemoignage de sa vivo reconnaissance. Becqti"} , directeur general des ponls-el-cbaussees et des mines, adresse a la Societe la nouvelle carte hydrograpbique de la France , qui vient de paraitre sous ses auspices ; et il reuou- velle l'offre de contribuer de tous ses efforts aux succes de la So- ciele , dont il sait apprecicr les utiles travaux. M. le lieutenant-general Fririon oifre a la Societe un exemplaire de deux ouvrages qu il vient de publier sous le til re de Observations sur V education militaire , et Essai sur les moyens defaeffiier I 'elude du grec el du latin d'apnes un procede nom'eau. M. Busset offre la premiere feuille et le titrc de son Atlas du Puy-de-D6me. Des remercimens sont adresses aux autcurs de ces ouvrages. M. Bruguiere adresse la suite de son Memoire sur lorograpbie de l'Europe. M. Ch. Ed. Guvs, parses lettres dalees de Ben, de Cafarsgal et de kanobin , les i5 , 3o seplembrc , et 24 octobre 1828, donne la suite de son Itineraire au monl Liban , avec la description des principaux lieux qu'il a visiles. Renvoi de ces documens au comite du Bulletin. M. Coraboeuf communique I'extrait d uiie lellre de M. Peylier, ,s ItS.t capilaine an corps royal des ingenieurs-gc'ographes, attache a l'ex- pedilion tie More'e. Celte lettre conlient les premiers resultats des observations aslronomiques et geodesiques que cet ingenieur a faites dans le Peloponese. Renvoi au comile du Bulletin. (Voy. pag. 216). M. Warden communique des renseignemens sur les pays silue's cntre le Missouri et les provinces interieures du Mexique ; sur di- vers points de la cole nord-ouest de I'Amerique , principaleinent sur les lacs Timpanagos el Teguayo , et enfin sur l'expedition du general Ashley , dans les contrees voisines des montagnes Rocheuses. La commission entend avec un vif interet la lecture de ces do- cumens, qu'elle renvoie au comite du Bulletin. (Voy. p. 161.) MM. Barbie du Bocage communiquent une notice manuscrite sur les Baloutches. Ce travail redige par M. Raymond , ancien consul de France au Levant, renferme des details pre"cieux sur ce pays encore peu connu. M. Fontanier lit une notice sur les villes de Sivas el Amassia. Renvoi au comite du Bulletin. M. Jomard soumet a la commission centrale la redaction dun nouveau sujet de prix propose pour les decouvcrtes dans l'Afrique meridionale , et. annonce qu'un anonyme a offcrt une sommc de 5oo fr. pour former le noyau de ce prix d'encouragcment. La Societe accepte celte offre , et arrete qu'une medaille de la valeur de deux mille francs sera offerte au voyageur qui sera par- venu le premier aux lieux connus sur les cartes d'Afrique sous le nom de Maram , et aux rives du fleuve appele Loffih, et qui aura procure une description exacte des lieux. Une souscription sera ouverte pour ce sujet de prix. Le meme membre presente un resume des divers voyages de decouverles, enlrepris el executes dans rinteret des sciences , pen- dant le cours des annees 1826, 1827 el 1828; il propose a la commission centrale de faire porter le choix sur l'annee 1827, et de decerner a M. le capitaine Franklin la raedailJe annuelle offerte pour la decouverte la plus importanlc en geographie, a cause de son second von age a la iner Polaire , que 1 annee 1827 a vn terminer. M. i .].> , membrede ia diamine des deputes ,87 M. le comle Daru, pair de France. M. Mauroy, avocat aux conseiis eta la cour de cassation. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance da b mars. ■ Par MM. Dufour et "Walckenaer ; Carte de la Senegambic el des roles occidentals (FAfrique; depuis le cap Blanc jusquau cap Sainte- Anne , pour seivir a t'Histoire generate des Voyages; i feuillc. Par M. Spencer- Stanhope : Plan de la navigation des rivieres Aire, el Calder , accompagne dun memoire , 2 feuillcs. Par M. Hoff : JJela mesure de la hauleurdcsdifferent.es monlagnes comprises entre Golha et Colourg , Golha, 1828 , 1 vol. in-folio. Par M. Bajot : Annates maritimes el coloniales, cahier de Janvier. Par M. le baron Trouve : Annates de la lilterarure et des arts ; 43 7e et 4-38e livraisons. Par les auteurs: plusieurs numeros du Globe. Par le direcleur de 1' Alias : 1 numero. Seance du 20 mars. Par M. le general Fririon : Essaisur les jnoyens defaciliter V elude du grec et du latin, d'apres un nouoeau procede ; 1 brochure in-8". Observations sur I , education militaire ; 1 brochure in-8°. Par M : Precis stalislique sur Nanteuil-le-Haudouiu , arrondissement de Scnlis (Oise); 1 brochure in-8°. Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques; cahier de Janvier. Par MM. de Leuven et Ansarl : Journal des voyages; cahier de ievrier. Par M. Juilien: Revue ency eloped '1 'que ; cahier de fevrier. Par M. JJajot : Annates maritimes et coloniales; cahier de levricr. Par M. le baron Trouve: Annates de la lilterature et des arts; 43gt: el 4-4°'' livraisons. Par M. lufaud : Notice analytique de ses voyages , in-8". i88 Par M. Magnier : Beponse aux observations (Tun officier d'etat mujor russe , sur la derniere campagne de Turquie. Par la societe de la Charente : Annates de cede societe; N° "VI , novemhre el deccmbrc 1828. Par la societe de la Seine-Ioferieure : Extrait de scs traeaux ; N' XXXI, trimestre d'octobre 1828. Par !es auteurs: ptusicurs Nu> du Globe. Par le directeur : N" 17 de t' Alius. Seance generate du 2 7 mars. Par l'Assemblee gencrale de l'Etat de Yirginie: Nouvelte carte de cct e'tat. Par M. iiecquey : Carle hydrographique de la France; Paris, 1 820,, en 12 feuilles. Par M. Jomard: Description de la ville el des environs du Kaire , avec planches ; 1 volume in-folio. Par MM. Lapie pere et fils: 3e el 4C Uoraisons de leur Atlas unwersel. Par M. Dufour: ire et 2C livraisons de son Atlas classlque et universel. Par M. Busset : irc livraison de son Atlas du Puy-de-Dome. Par M. Rey : Dissertation sur Vemploi du vinaigre a la guerre, coirirne agent de destruction el comme moyen de defense ; 1 br. in 8°. PROGRAMME DES PRIX. MEDAILLE ANNUELLE POUR LA DECOLYERTE LA TLUS IMPORTANCE. Mcdaille d'or de la valeurde 1,000 francs. La Societe de Geographic offre une medaille dor de la valeur de mr lie francs au voyugcur qui aura fait en geographic, pendant le i8g cours de l'annee 1828, une decoxwcrle marquante, et jugee la phis importantc parmi celles don telle aura eu connaissance; il recevraen oulre le tilre de correspondanl perpetuel , si! est etranger , ou celui de mcinbre , s'il est Francais , et il jouira de tons les avantages qui sont attaches a ces litres. A defaut d'une decouverte de celte espece , une mcdaille d'or du prix de cinq cents francs sera decernee au voyageur qui aura adresse pendant le meme temps a la Societe les notions ou les communica- tions les plus neuves et les plus utiles aux progres de la science. II sera porte de droit, s'il est etranger , sur la lisle des candidate pour la place de correspondant. PRIX D'ENCOUP.AGEMENT POUR LES DECOUVERTES EN AFRIQUE. 1° VOYAGES DANS LE SOUDAN, d VOucst du Daifour. Les pays situe's entre le Darfour et le lac central de l'Afrique (ou le lac Tchad), pcuvent etre considered comme totalement inconnus des Europeens. Cette contree , qui renferme le noeud des princi- pales difficultes que presente la Geographic de l'Afrique centrale , doit partager , avec la region de Temboctou, la r.uriosite et les recherches des voyageurs et des geographes. Pour accelerer le moment ou ces pays cesseront d'etre etrangers a la science, un anonyme offre une somme de 5oo fr. pour servir a fonder un prix d'encouragement en faveur du voyageur qui , le premier , aura penetre sur les rives du Misselad , en partant du Darfour , determine la source et l'embouchure de cetle riviere , et dccrit avec exactitude les montagnes situees dans cet intervalle. Un Prix egai, sera offert a celui qui , en partant des rives du Misselad ou de la ville de Ouaro , residence du sultan de Bargou , sera parvenu jusqu'au lac Tcbad , aura recount! les principles ri- vieres qui coulent dans eel espace et aura procure des Iumieres sur l'origine , le cours , ('importance , enfin la direction generale de c€S rivieres, teQesquc Ualir-Konlla ( ou (>ouila :' ), Bahr-Dago , Bahr-eMihazal , les branches on les affiuens presumes servaleurs : i° sur le lit ct I'ancien coarsd'aae riviere qu'oii (lit eire a sec, vers la c6te orientale du lac Tchad, entre Tangalia et Mabah ; 2" sur le lac appele Fittre el les rivieres qu'il revolt ou qui en sortent. Us cherclieront quelles sont la direction et la perite des caux dans touj eel espace , et ils donneront an moins des idees generates sur le relief du pays, sur la nature et I'elevalion relative des mniila- gaes (1). 20 ^ OYAGE am lieux coanus sous le nom de MaRAWJ. La Sociele offre unc somme de deux mille francs , el uu ano- ■ imiic celle de cinq cents francs pour servir a fonder nn ii\}\ d'EN- COX RAGEMENT en faveur du premier vovageur qui sera parvenu jus- qu'au lieu designe sur les carles d'Afrique sous le nom de Maracvi , et qu'on croit situe' vers le 32'' degre de longitude orientale, et vers le ioc parallels sud. 11 s'efiorcera de reconnaitre quelque parlie du cours du fkuve appele Lojfih , qui, dit-on , coule vers ce paral- lele et descend, dans la direction S.-E. , du revcrs de la grande cliaine transversale d'ou sort le ]Nil Blanc. 11 rccherchera s il e\i (1) Ilcnseigncuieiis sur les P">s it I'ouest ilu IJiirjiiur, d'aprts des rela- tions ee'eentes fournies pur des Indigenes a M. ka-nig , voyageur Erancais (Voir le Bulletin de la Sooiete , en Niibie, ?\,/l?, tome VI, pag. 1G9 et suivantes. octobre 1826.) Le royanme de Bargou , clout I'etendue de I est a I'oiiest est d environ 18 journees, est situe a Pouest-iiord-ouest du Darfour; il n*yaque neufheures d'iiileivalle entre les limiles des deux royaumes. La distance e»tre Kobe el Ncmrail , capitale de BargOU , est d'environ 16 jours de man he, au pas de caravane. Le sultan actuel , nomme i'oussouf, reside a Ouaro. Boulala est une province large de 7 joins d'e'tendue ; sa capitale esi Km./.:, . pent itre le Koukoii que I on voit sur les cartes au N. E. de Barnou. Le lac situe au \. E. du grand lac Moukbi ( on lar de Barnou ), s'appelle .111 in hin Koumri. quelque communication cntre le Loffih ct les eaux couranies on slagnantes, designees sur les cartes sous le nom _y- Description of the ruins of an ancient city discovered near Pa- lenque, in the kingdom of Guatemala , in Spanish America ; translated from the original manuscript report of Capitain don Antonio del Rio : London , 1823, in~4°. (2) II est a desirer qu'il soit fait des fouilles pour conr.aitre la destination de galeriessouterraines pratique'es sous les edifices, et pour constater I exis- tence desaqueducs souterrains. igS sieurs autres de Guatemala et ar un prince indien a Pe'poque de la conquete. i96 (!.ics edifices, et i'on recherchera s'il est Lien prouve que les figures dessinees nvec une certainc correcllon sont anterieures a la conquete. Cnfin l'auteur recucillera tout cc qu'on sail sur le A otan ou Wodari des Ghiapanais , personnage compare a Odin et a (iotidda (i). Cc prix sera deccrne dans la premiere Assemblee gencrale dc i83o. Les meinoires, cartes et dcssins , devront elrc deposes au bu- reau de la Commission cenlrale, avant le 3i decembre 1829. peix d'encouragement pour tin voyage dans la partie meridionals de la caraman'e , contree de l'asie mineure. Une Medallle d'or de la valeur de 2,(00 francs. La Societe entend par la partie meridionale de la Caramanie, les contrees qui, au midi de la chaine du moot Taurus, portaient autrefois les 110ms de Lycie , Pampbylie et Cilicie. Le capitaine anglais Beaufort a leve les cotes de ce pays; on pourra s'appuyer sur scs reconnaissances pour visiter l'interieur. On decrira le pays en parcourant les villcs, bourgs et villages qui peuvent se trouver dans les vallees ibrmees par les contre-forls du Taurus. Plusieurs de ces cor.tre-forts sont tres-eleves : on me- surera leur bautcur baromelriqucmenl, et Ton penetrcra dans la cbaine du Taurus qui les domine , et dont il sera necessaire de mesurer egalement les plus bauts sommets. On examinera la na- ture du terrain , et on verificra si cette cbaine ne consiste pas dans une suite de plateaux elevcs, semblables a ceux de la Cordilliere d'Amerique. On suivra ic cours des rivieres en observant quelles ont forme beaucoup d'atlerissemens a lcurs cinboucbures. « La Societe dcmande une relation manuscrile et detaillee, » faile par l'auteur, d'apres ses observations pcrsonnelles, et ac- (1) T'tiy. Vucs des Cordillieres et Monumens , etc. , pnr INT. le hnron de Ml, torn. I, png. 38?, , in-8', tom.II, pag. 5ga et pi. ix. l97 » compagnee d une carte geograpliique sur laqueilo sa roule sera >• Iracec. » L'auteur presentera le pays sous son aspect physique; il en fe.j connailre leclimat, lesol, les productions, la culture, 1'induslrie, le commerce et la population, dont il decrira les moeurs tt les usages. 11 donnera, autant qu'il lui sera possible, le plan des villes anciennes, dessinera les monumens, copiera les inscriptions grec- ques , romaines, armeniennes , et meme musulmanes, qu'il ren- contrera, et fera mention des monnaies anciennes qui lui scroti t offertes , en ayant soin d'indiquer les iieux ou dies auront ele trou- vees. II poussera ses reconnaissances au-dela du mont Taurus, afin de pouvoir rattacher ses itineraires a des villes connues, tciles que Erekli , Konich , Ak-shecr, Kara-Hissar, etc., et il clier- chera meme a penctrer jusqu'a 1'Euphrale. II fera des observations de latitude en plusieurs endroits , et de- terminera les longitudes soil astronomiquement, soit par le moyen de la montre marine. On recommande particulierement a son at- tention la transcription des noms des lieux dans la langue et dans les caracteres du pays, et on le pric de remarquer si ces lieux ne portent pas differens noms, suivant le langage des differens peu- ples qui les habitent. Le prix sera decerne dans la premiere Assemblee generate de i83i. La relation devra elre remise au bureau de la Commission cen- trale, avant le 3i decenibre i83o. PRIX D 'ENCOURAGEMENT POUR UN VOYAGE DE DECOUVER.TES DANS L'lNTE- RIEUR DE LA GUYANE. Une Medaille d'or de la valeur de 7,000 francs. Reconnaitre les parties inconnues de la Guyane franchise, de- terminer la position des sources du fleuve Maroni, et etendrc ces recherches aussi loin qty'il sera possible, a l'ouest, dans la direc- tion du deuxieme parallele de latitude nord, et en suivant la ligne du partage des eaux en ire les Guvanes et le Bresil. Le voyageur fixcra les positions geographiqucs et le niveau des principaux points , d'apres des methodes savantes, et rapportera les elemeus d'une carte neuve et exacte. La Societe desire qu'il puisse recueillir des vocabulaires chez les diverses peuplades. Lc prix sera decerne dans la premiere Assemblee generale de l'an i832. La relation devra 6tre depose'e au bureau de la Commission centrale, avant le 3i decembre i83i. GEOGRAPHIE DE LA FRANCE. i° Une Medai'lle d'or de la valeur de 800 francs , et une autre de la valeur de £00 francs. La Societe a mis au concours, en 1824, le sujet de prix suivant : « Description pbysique d'une partie quelconquc du territoire » franc^ais, formant nne region naturelle. » La Societe indique, comme exemples, les regions suivantes : les Cevennes proprement dites , les Vosges,lesCorbieres, le Morvan, les bassins de l'Adour, de la Charente, du Cher, du Tarn, le Delta du Rhone , la cote basse entre Sables-d'Olonne et Ma- rennes , la Solognc , enfin toute contree de la France , dislinguee par un caractere physique particulier. Les rapports physiques et moraux de l'hommc, lorsqu'ils don- nentlieu a des observations nouvelles, doivent etre rattaches a la description de la region. Les memoires doivent etre accompagiies d'une carte qui indique les hauteurs trigonometriques et barometriques des points princi- paux des montagnes , ainsi que la petite et la vitesse des principales rivieres, et les limites des diverses vegetations. Ces deux prix scront dccernes dans la premiere Assemblee ge- nrrale annuelle de 1'nnnee ?83o. '99 Les memoires devront etre remis au bureau de la Conimission centrale , avant le 3i decembre 1829. 1°. NIVEIXEMENT DES FLEUVES ET DES RIVIERES DE FRANCE. La Societe offre une medaille d'or d'encouragement a cbaque ingenicur ou autre personne qui aura procure le nivellement geo- metrique d'uneparlie notable du cours des fleuves et des principales rivieres de la France. La Societe n'admeltra pas au concours les copies des nivellemens deja deposes dans les arcbives des Ponts-et-Chaussees et des autres administrations publiques. Dix medailles seront consacrees cbaque annee pour le meme objet. Le minimum de l'espace a niveler est fixe a dix lieues de -iS au degree Chaque medaille sera de la valeur de ioo francs. Les memoires et profils, accompagnes des coles et des elemens des calculs, devront etre deposes au bureau de la Commission centrale, avant le 3i decembre i8ag. M. PerROT, membre de la Societe, a bien voulu /aire en outre les fonds de trois prix, , donl void le sujel. Trois medailles d'or d'encouragement sont offertes aux auteurs des nivellemens baromelriques les plus etendus et les plus exacts, faits sur les lignes de partage des eaux des grands bassins de la France. Ces medailles, de la valeur de ioo francs chacune, seront de- cernees dans la premiere Assemblee generale annuelle i83o. Les memoires et profils, accompagnes des cotes et des elemens des calculs , devront £tre deposes au bureau de la Commission centrale , avant le 3i decembre 1829. aoo Total °°°- Fanaliques qui se noient dans le Gange , ou qu'on en- lerre vivans 5oo. Enfans immoles, y compris ceux des raipouls 5oo. Malades dont les ablutions dans le Gange batent la mort 5oo. Une sociele qui vient de se former a Coventry, a pour but d'appeler sur ces auto-da-fe l'inleret et la sollicitude publique. Kile se propose de repandre des renseignemens de toute espece sur leur nature el leur etendue, de publier des ecrits propres a dclairer les esprits, a persuader et a aneantir enfin le prejug^ qui porte aces suicides affreux, inspires par le fanalisme et souvent conseilles par la cupidite. Cetle philantropique society , qu'on ne saurait assez encourager , et dont on peutfaire partie moyennant une souscription desix francs par an, adresseradespelilionsaux chambresbrilanniques qui seront sans cesse renouvelees et qui partironl de lous les points de l'Angleterre et de l'lrlande, pour demander l'abolition de ces sacrifices humains. S. M. 2It Extra IT dune lettre de HI. Peytier , capitaine au corps royalties Ingenieurs Ge'ographcs, attache a Veacpedition de Muree. Corintlie, le 19 Janvier 1829. < Les inegalites du sol de Corinlhc , et quelques restes antiques a conserver, genent 1'execution des travaux dont je suis charge par le president (1), pour faire de belles places et des rues droites. 11 y a sept colonnes dun ancien temple , que quelques vovageurs supposent etre celui de Neptune , ce qui n'est pas du tout certain , et autour desquelles je construis une place de go metres de cote. Les rues auront en general 10 metres de largeur (2). » Je vois d'ici le mont Parnasse et l'Helicon , dont les sommets sont converts de neiges, et de l'Acro-Corinthe , j'apercois la cila- delle d'Atlienes; j'ai part'aitemenl distingue avec ma lunette, les colonnes du Parthenon. » Les lnoutagnes de la Moree sont beaucoup plus elevens que je ne l'avais cru, et qu'on ne le croit generalement. D'apres le tra- vail que j'ai commence, la montagne la plus haute est le Taygete en Laconie , pres de Mistra , lieu voisin de Tancienne Sparte. » \ oici les hauteurs de quelques-unes des montagnes les plus elevees du Peloponese, et de quelques points interessans, que j'ai obtenuespar des mesures geodesiques, et dont je garantis I'exacti- tude, a Perception de la hauteur de Tripolilza , qui peutetre affec- tee dune erreur de 20 metres environ. (1) Ces travaux ont pourobjetle debtaiement dela ville et la construction de nouvelles maisons. (a) Dans une autre lettre, M. Peytier ecrit : J'ai terrnine le plan des mines de Corinthe. Je vais m'occuper du trace des rues, apres quoi je Ferai rpielques reconnaissances et des observations geodesiques et astronomiques. • e menerai une base d'une lieue environ , que je lierai a celle que j'ai luesure'e dans la plaine d'Argos, aiin d avoir une idee de ['exactitude de ces ope'rations. 21? Le Taygete 24>7 mitres. Mont Zyria, ancien Cyllene, pres Tricala. . 236o Zagoura, Anchise, au N.deTripolitza. 1980 Malevo de Laconie, entre Saint-Pierre et Prasto Ig4° Malevo, ancien Artemisius 1775 Ville de Tri'polilza 680 Larisse , citadelle d'Argos 290 Palamide de Nauplie 226 Butte de Tyrinthe 3i » Ces montagnes eleveesne forment point des pics isoles; elles appartiennent a des chaines qui elles-mthnes sonttres-elevees. L'une d'elles, par exemple, part de Zyria, qui me parait etre le noeud des chaines de la Moree , passe pas les deux Malevos , et court jusqu'au cap Saint-Ange. » Depuis que je suis ici, j'ai admire dans mon logenientl'habi- lele des couvreurs du pays; le toit des maisons n'est pas latte, et les tuiles ne sont soutenues que par quelques niorceaux de bois arron- dis , gros comme le bras, espaces de 5 a 6 pbuces, et servant de chevrons. Les tuiles se maintiennent la-dessus en equilibre, les unes par les autres ; en general les maisons n'ont point de chemi- nees, et la fumee s'echappe par les jours que laissent les tuiles. » Dans l'interieur d'une maison a la campagne , on trouve un petit four, dans Iequel on fait cuire le pain necessaire a la consom- mation de la famille ; ce pain n'esl qu'une espece de galette faite avec de la farine de mais. Ce four est souvent un meuble presque inutile, car on ne se donne pas toujours le temps de lallumer, et alors on fait cuire cetle galette sous la cendre. Dans ce cas, un feu ordinaire, place en avant du four, et qui se trouve aussi au centre de la chambre, le plus souvent la seule que renferme la maison, fait l'affaire. J'ai goilte de ces galettes que je n'ai pas trouvees mau- vaises, mais je les crois indigestes. C'est, au surplus, le defaut du pain de tout le pays, que Ton ne fait pas asscz cuire. •>.i8 » Deux Gnomics caisscs en bois ct en terre, assez semblablcs a de grands pots dc lerre et adossees a la muraillc, scrvent a contenir la provision de grain. La porle d'enlree n'a que qualre pieds de haul, et le jour arrive par nne oudeux petites fen tit res. Oniie con- naft point encore l'usage des ferrurcs. La place du lit de la famille , est l'endroit le plus propre de la maison , ordinairement pres et de chaque cote du feu ; on la couvre d'une etoffe de laine ou d'un tapis cbez les gens aises , ou bien d'une paillasse en joncs. C'est la ce que Ton offre au voyageur; la paillasse est meme un luxe que Ton ne rencontre pas toujours. Les Grecs portent tons une grosse capotte a capucbon, sous laquelle ils s'abritent conime le soldat dans sa guerite , et ainsi enveloppes , ils s'etendent par terre tout babilles. Les femmes ne se deshabillent point davantage , el lout le nionde est ensemble. Depuis que je suis en Grece, je ne sais plus ce que c'est qu'un matelas; le meilleur lit que j'aie en voyage, est une couverture ployee en qualre, et que je place sur une table desix pouces de bauteur, lorsque j'en trouve. » Comme en general on a peu d'effets, on n'a pas besoin d'ar- moires; et c'est tout au plus si, chez une famille nombreuse, on. trouve une petite caisse, a peine aussi grosse qu'une de nos petites, inalles de voyage. » Ce qui etonnc lous les elrangers, c'est que dans un pays oil regne tant de niiserc, il ne se forme pas de bandes de voleurs, ct que Ton voyage avec tant de securite. « Le peuple parait tres-facile a gouverner : le moindre soldat d'un commissaire de police frappe les paysans sans que ceux-ci di- sent un mot, il me semble meme qu'on ne menage point assez les pauvres burbakis, c'est ainsi que les tuclicos et les pulicars, soldals reguliers et irreguliers , appelleul les paysans. lis meritent cependanl bien que Ton ait quelques egards pour eux; car l'opinion generale est que e'es-t ce qu'il y a de meilleur dans la nation grccque. » Le peuple est lellement ignorant , et les grands le sont davan- tage en proportion , qu'aucun des paysans qui apporlent des den- aig rees au marche* ne peut dire , lorsqu'il vend un ceut' 5 paras, com- bien on doit lui donner pour quinze ceufs. J'ai achele' plusieurs fois quclques douzaines d'oeufs et des poules, ct le pauvre paysan qui me disait combien il vendait chaque oeuf et cbaque poule , ne pouvait me dire combien je lui devais pour trois douzaines d'ceufs el deux poules : il etait oblige de sen rapportcr a ma bonne foi. » Les Grecs se nomment Adelphoi, freres, a cbaque instant de la conversation , comme nous aulres nous disons mon cher. Un soldat appelle son chef sldelplius; un domcstique son maitre souvent de la meme maniere , et niciproquement. Cela serait fort beaus'ils se traitaient reellement en freres , mais ce n'est qu'en paroles. » Les pal/cars, soldats irreguliers , portent ordinairement cinq armes : deux pistolets qu'ils ont a la ceinlure , avec un yatagan , sabre assez semblable a un couteau decbasse, destine a couper les letes des prisonniers que Ton fait a la guerre; un petit poignard, ct un fusil sans bai'onnette; mais sans armes pour se defendrecontre un cavalier, ils en ont une grande peur. On serait bien etonne en France , de voir des bommes ainsi couverts d'armes , se colleter et se battre a coups de poings; c'esl pourtant ce que j'ai vuici, oil le duel n'est pas en usage. Ce n'est pas cepcndant que je n'en aie vu un enlre un Grec qui avail insulte les pbilbellenes, et un pbilhellene francais, tous deux officiers de cavalerie , le Grec succomba ; on craignit un moment que cela ne causat quclques mouvemens parmi les Grecs ; mais cela n'a pas eu de suite. » Les palicars s'habillent et s'arment comme ils veulent ; aussi , n'est-il pas rare de voir un soldat avoir un babit plus ricbe que celui de son capitaine. Ils sont contens d'avoir de belles armes, et les soldats eux-memes ont des pistolels dont le canon ne vaul rien , mais dont la monture est tout en argent, el qui valenl ioo, 200, 3oo francs. Les cbefs en ont dont la valeur est de plus de 1,000 tr. lis portent ordinairement leur avoir dans leur ceinture , etn'ontd'aulrebagagc en route que leur capote. Je crois vous avoir parle de la lessive du palicar, voici ce que c'est : tous les six mois , 220 oil peut-etre un peu plus souvent, le palicar allume un grand feu, el fait tourner au-dessus de la damme sa fuslanelk, espece de ja- quette, landis qu'un autre la frappe avcc line baguette , pour en faire lumber les insectes, que Ion a aussi nommes palicars. » J'ai decouverl dans la ville de Corintbe une antiquite fort remarquable ; c'est un cirque taille dans le roc, el qui est, je crois, peu connu et dont Pouqueville ne parlc pas. » Le cliniat de la Moree passe pour etre malsain; le pays est peu habite et inculte , ce que Ton donne pour les principales causes dinsalubrite ; aussi presque tous les e'trangers paient-ils leur tribul au cliinat. 11 y a meine dans la saison des pluies, beaucoup de fievres parini les gens du pays : c'est une espece de typhus qui a fait de grands ravages cette annee. Contre Tordinaire, il y a eu beaucoup de maladies dans les pays eleves, qui passent cependant pour etre (res-sains. » Le lievre est regarde ici comme un animal qui porte malheur. Pouqueville vous apprend que lorsqu'unGrec voyage et qu'un lievre vient a couper sa roule, il rebrousse chcinin , a moins que quel- qu'un qui n'a pas vu I'animal ne passe devant lui : cela est tres vrai. Les Grecs font aussi une douzaine de signes de croix quand ils passent devant une cbapelle, ou bien quand ils vont manger, ou commencer quelque travail , afin que cela leur porte bonbeur. » On ne peut guere voyager sans faire de la depense; il faut une suite de mulets pour porter effets, lits, vivres, pour les hom- ines et les cbevaux ; et comme il n'y a point dauberges , il faut payer genereusement la portion de plancher que Ton veut bien tous offrir pour lit. » ( Communique par M. le lieutenant- colonel Corabccuf.) '21 Details circonstancles sur le tremblement de terre arrive dans le royaume de Murcie ( Espagne ). Le 21 du moisde mars, a six heures et dcmic de lapres-midi , unc terrible secousse cbranla tout a coup la ville de Murcie pendant une seconde. La secousse se manifesta par un bruit effrayanl,sem- blable a celui d'un monceaude pier res qui secroule avec fracas. Les habitans fuyaient dans l'etat oil ils se trouvaieul, en jetant des cris lamentablcs. Plusieurs edifices s'entr'ouvrirent; la cathedrale et sa lour inagnifique, les couvens del Carmen, de la Merced, de Santo Domingo et des Capucins , le palais episcopal, le pontde la Merie el plusieurs maisons parliculieres out ete renverses ou entr'ouverls. Mais combien est affreuse la desolation dans toule la province ! Tous ces endroits, si rians nagueres, si agreableinent situes , et que la nature semblait preferer au reste de la peninsule , n'ont pre- sents en un instant que des amas effroyablcs de decombres, ense- velissant sous leurs debris les infortunes que ces habitations reu- fermaient! AOrihuela, presque tons les edifices ont ete entr'ouverls; la cour du couvent de la Sainte-Trinite a ete delruile , un enfant y a ete tue , et 1'eglise est bors de service. La tour de St.-Julien, sous laquelle des imprudens s'etaient refugies , s'etant ecroulee , a en- seveli un grand nombre de victimes. A Torrevieja , il n'est pas ineme reste pierre sur picrre , et on ignore encore le nombre des habitans qui y ont peri. Les capi- taines des navires etrangers qui se trouvaient sur cette plage pour \ charger du sel , voyant de leur bord la desolation qui y regnait , envoyerent leurs chaloupes chargees de vivres, et ramenerent des habitans qui ne savaient ou fair. A Almoradi , a peine reste-l-il un seul edifice , les environs soul inhabitables el ruines a jamais ; o;i porte le nombre des personnes blessees a 200. ARafal, 1'eglise paroissiale s'est aussi ecroulee. A 12 2 2 Benejuzar, l'enccinte desmaisons est ruinee, el les habitans soul ensevelis sous les decombres ; on en avail deja retire 3o , mais les secousses continuant, les travailleurs etaient atteres. A Guarda- inar , lout elait dans l'etal le plus deplorable dans la ville ct dans la campagne. Pies la petite ville de Dolores , la terre s'est entr'ouverte , et a forme deux crateres d'ou s'elancent des torrens d'eau hydro-sul- furee et de bitume exhalant une odeur insupportable. Plusieurs autres crevasses se sont formees sur differens points , desquclles de- coule une eau pareille , melee de sables calcines. Les bains des eaux thermales de Musa ont aussi lance des torrens d'eau bonillantc , et Ton presume qu'il en a ele ainsi partout oil il cxiste de pareils eta- blissemens. Depuis le 2 1 mars, les secousses ont continue mais avec moins de violence. Cepenilant le spectacle de ces affreux ravages, etle danger qui semble seprolonger, tiennent les malheureux habitans de ces hor- ribles deserts plonges dans la consternation ; tous se sont refugies au milieu des places publiqucs, ou au loin dans la campagne. Le bruit sourd qui continue de se faire entendre sous terre , l'arrivee suc- cessive d'un grand nombre de families ruinees, abandonnant leurs foyers detruits, pour chercher un abri dans la capitale , tout enfm contribue a porter rcpouvantc parmi les habitans, qui, a leur tour, fuient vers les campagnes. On porte a 3, 600 le nombre des maisons englouties et ecroulees. Toutc la province , en un mot , n'offre que le tableau hideux et lugubre de la devastation , du dcuil et de la mort. ( Album national. ) BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE. § Ier. LIVRES. OUVRAGES GENERA.UX. i63. Specimen Gcograp/u'ce physicce comparatwce ; auctore S/wuiv. in-4°: Hafniae , 1828. 264. Lecture sur la Geographie des Plantes ; trad, de l'anglais de J. Barthon, avec des notes par J . Marchal , de Bruxelles ; in -8°. Bruxelles , 1828. ( 1 flor. 89 cts. ) 265. Caracteres physiologiques des races humaines, conside're's dans leurs rapports avec l'histoire , par IV. F. Edwards, in-8°. Paris, 1829. Cet ouvrage,re'dige' sous la forme d'une lettre adresse'e a M. Ame'd. Thierry, auteur de l'Histoire des Gaulois, prouve les grands secours que l'histoire doitretirerde l'e'tude de la pliysiologie. Son auteur a beaucoup voyaged beaucoup obser- ve'. C'est le type caracte'ristique de la physionomie des peuples qu'il a e'tudie' en France, en Italie, en An- gleterre et dans les Pays-Bas et qu 'il a examine'; ses observations lont amene' aux memes re'sultats que M. Thierry , relativement aux Kymriel aux Galls , anciens habi- tans de notre territoire. Cet 011- vrage, rempli de vues neuves, est d'un tres-grand inte'ret. A. 266. Comment arius geographicus InArmANUMDEEXPEDITIONE AlE- xandri Magni ; auctore van der Chys , cum tabula aeri incisa, in-4°. Lugduni-Batavorum, 1828. AIBI.niyCE MERIDIOWALE. 267. Natur und Sittengemalde der Tropenlander. — Esquisse d'un voyage dans 1'Ame'rique me- ridionale ct autour du monde; par le docteur IVollrner; in-8°, avec une carte et 8 planches. Munich 1828. ( 5 fl. 24 kr.) OCEANIC. 2G8. Present state of VanDiemen's LAND. — Etat actuel du pays de Van Die'men, contenant la description de son agriculture, etc. ; par H. FVidoivson ; in-8° , avec une carte du pays. Londres, 1820. Robinson. ( 8 sch. 6 d. ) EUROPE. 269. EUROPA IN JAHRE 1829. — l'Eu- rope en 1829. Manuel geWalogi- que, statistique et historique ; par le baron de Zedlitz ; in-4°. Berlin, 1829. Voss. Empire ottoman. 270. Die europaische Turkey. — Description , par ordre alphabe'ti- que, de toutes les provinces turques en Europe, leur position ge'ogra- phique , population, monlagnes, rivieres, routes, etc. ; par Fr. Thu- ler; in-8°, avec carte. Vienne, 1828. Gerold. ( 1 flor. 45 kr. ) France. 271. TLxvoskdcs travaux relalifs a la recon naissance hjdrographique des cotes occiden talcs de France; par M. Beaulemps-Beaupre , suivi d'un Precis des operations geode- siques qui ont sen>i de base aux cartes et plans des trois premieres parties du Pilotc francais ; par bl.Daussjr, inge'nieur hydrographe de la marine; in-4°. Paris, 1820. lmpr. royale. (V. ci-apres. ) § 2. ATLAS, CARTES GEOGRA- THIQUES, PLANS , etc. 272. Atlas universel de Geogra- phie physique, politique, ancienne et mnderne, redige conformement aux progres de lascience . pour scr- vir a ['intelligence de l'histoire de la Geographie et des voyages; tlt'dit.- a I'Acade'mie royale des sciences par A.Brue\ a« edition, compose'e de 65 feuilles. Paris, 1828. Chez I'au- teur ( 190 fr. ). — L'extrait de cet Alias, compose' de -it") feuilles, se vend separement ( 106 fr. ). Cet Atlas , que Paateur a eu som de distinguer de toutes les autres productions qui portent son nom , par mi timbre particulier dans ie- quel on lit ces mots, du fondg de Vauttur j est remarquable non pas taut encore parson execution ijue par les donnees vraies , exactes et neuves qu'il presente ; c'est , nous osons I'aifirmer , sous tous les rap- ports, le meilleur corps d'ouvrage de ce genre que nous possedions. L'on sail que depuis 3o a;is la Geo- graphie semble renouvelee. Tout ce que les expeditions militaires et scienlifiques, la politique, les revo- lutions, les voyages out mis a de- couvert , se trouve relate dans cet Atlas avec le soin minutieux et eclaire que Ton connait a l'auteur.ll est, en un mot, autant au niveau de la science qu'il est possible qu'un semblahle travail le soit. Nous cite- rons pour exemple les cartes d'A- frique et d'Occaiiie , mais plus par- t icu I ieremen ties premie res. Aucun ouvrage ne permet de lire les Voya- ges avec plusde fruit. Dcbarrassant la carte d Mrique de toutes ces vil- les, do toutes ces contrees que Ton y voyait encore nagueres , il n'y a place que ce qui est connu , 011 a peu pres connu ; se servant , dans cc dernier cas , d'nn signe. conven- tionnel qui iudique ["incertitude. II a suivi , sous ce rapport, Pexem- ple de d'Anville. C'est ainsi que devraient agir tous ceux qui s'oc- cupent de la construction des cartes geographiques ; on saurait 1111 peu mieux a quoi s'cn tenir sur 1 'etat de nos connaissances. A. ;3. Pilote francais , ae partie , comprenant les cotes orientates de France. , depuis la poinle de Pen- marck jusqu'ii Vile d'Yeu , le— ve'es de 1819-18^2 par les inge'n.- hydrogr. de la marine et plusieurs officiers du C. 11. de la marine, sous les ordres de M. lleaulemps- Beaupre , ingenieur-hydrographe en chef, membre de PAcademie royale des sciences et du bureau des longitudes ; in-f° , 82 planches. Paris , au depot general de la ma- rine. 1829. Cet Atlas, supe'rieurement exe- cute , comme tout ce qui est entre- pris par M. Beautemps-Beaupre , temoigne hautement des talenset de l'exactitude dVibservation des olti- ciers places sous ses ordres, autant que des siens. 11 lait le plus grand honneuralamarine Irancaise. A. i*s01ROT, Agent de la Societe de Geographic. Everat, IrnprimeUr , rue du Cadrati, N° 16, a Pari BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO 73. — mai 1829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Notice stir les Baloutches , communiquee par MM. Barbie du Bocage. Selon la tradition des Baloutches, leur pays, qui fut d'abord ha- bite par des Arabes vivant enlre eux comrae en farnille et s' occu- pant du soin de leurs troupeaux et de la culture de leurs terres , fut soumis par deux Indicns qui etaientfreres et que Ton appelaitDjadi et Galli, d'ouleurvient lenom Djedgallis. Ceux quinevoulurentpas reconnaflre laloi du vainqueur, passerent dans l'Oman. Les Djed- gallis resterent long-temps maflres de ce pays; mais, asservis a leur tour par un nomine Abdellah de la tribu des Urahovis , ils furent contraints de lui payer un tribut qu'ils acquittent encore a present. Dans la suite , obliges d'aller habiler les bords de la mer pres Caratcby (Crotchey), ils y balirent une ville et un fort qu'ils occupent encore aujourd'hui. Depuis bien des annees, ils dependent du prince de Scindi ; c'est Miab Hadji qui les gouverne actuel- lement. i5 22t Cct AbdeLhh dont les Brahovis sc plaisent a chanter lcs vic- loircs, etait un homme d'un grand courage , fori aimc des siens ; il mourut laissant ses enfans dans un ;1ge ou Ton esl. incapable de gouverner. Lcs fds de son frere Kerim-Dad profiterent de leur jeunesse pour les eloigner de la succession de leur pere; on dit meme quils les firent massacrer. Des qu'ils eurenl usurpe Ie pou- voir de leur oncle , ils se choisirenl un chef parmi eux. lis ctaient cinq , les quatre premiers, preferanl le soin de leurs troupcaux a celui des affaires, placerent a la tete de leur Iribu leur jeunc frere Cambar , qui etait le plus pauvre de lous. Celui-ci, en acceptant leur choix , leur fit observer qu'il n'aurait plus le temps de pourvoir a la subsistance de ses enfans; ils parlagerent alors le pays. La contree depuis Kalaat-Nassir-Khan jusqu'a Dader et a Sevi a FOrient, le Icrriloire du Keitchy au Sud-Esl, Kosdar avec ses dependanccs , Ubian et les terres de Sorghucz qui se trouvent aussi du meme cote , furent cedes au jcune Cambar. Ses freres garde- rent pour eux les plaines et les monlagnes qui sont a l'Occident de cetle forteresse. Aussitot qu'il se vit elabli dans Kalaat-Nassir-Khan, Cambar eut a cceur d'approvisionner cctte ville ; dans la vue d'agrandir son autorite et d'amasser des richesses, il envoya une grande quanlile de betail et de grains a Candahar d'ou il recevail en relour de l'ar- gent comptant. Ces relations commerciales lui atlirerent la pro- tection et ramilie du roi Keledje , h qui il feignait d'obeir sans lui payer aucune redevance. LorsquHl se vit bien affcrmi dans son gouvernement , ce jeune prince exigea que ses freres lui payassentun tribut. Ceux-ci reconnurent leur faute ; mais ne pou- vant lui resister , ils lui accorderenl ce qu'il leur demandait. 11 est a remarquer que Cambar et ses freres , Miro, Sasso , Gourkin et Bizen , ont donne leurs noms a autant de tribus qui se nommenl encore les Cantbralis , les Mironanis , lcs Sassolis, lesGorghui- h'atis e! les Bizcndjohs. Jc parlerai plus has de ces diverscs tribus. \nrc.s Cambar , re pays fut gouverne par plusieurs princes dont 227 le plus reinarquable fut Nassir-Khan. Cc prince soumit le Mokran , le forca a lui payer un tribut , et lui fit abandonner la religion de Dai-Mezcb. Aussi magnaniine que magnifiquc dans tout ce qu'il faisait, Nassir-Khan etait aime tie tout le nionde. II mourut Sge de soixante-dix-neuf ans, vivement regrette de ses sujels qu'il avait gouvernes pendant cinquante-sept ans. Ce prince etait entr£ a la fleur de lage au service de Nadir-Schah avec un fort detacbement de Brabovis ; j'ai connu quelques personnes qui l'avaient accom- pagnedanscelte campagne; elles racontent avec plaisir les brillanles actions de leur chef dont elles pleurent encore la memoire. A samort, Nassir-Khan laissajrois enfans , Mahmoud-Khan , Moustapha-Khan et Mir-Mahammed-Rahim-Khan. Nes d'unemere csclave , les deux premiers vivent ensemble dans une parfaite union. Le dernier, fier d'etre issu d'une femme de la tribu des Cambralis, meprise ses freres a cause de leur naissance. Soutenu par cetle tribu , il voudrait se rendre independant , mais il est en- core trop jeune pour etrc chef de parti. Cesl Mahmoud-Khan qui gouverne aujourd'hui : ce prince ne ressemble pas a son pere , il n'a berite ni de ses vertus, ni de son courage. Aussi la puissance des Baloutches s'esl-elle deja affaiblie ; sa plus belle dpoque dtait du temps Vie Nassir-Khan, qui setait fait respecter de ses voisins, et s'etait meme rendu redoutable aux Afghans. La capitale du Baloutchislan est Kalaat-Nassir-Khan que j'ai cilee plus baut. Situee pres des montagnes, cetle ville estbien forti- fiee ; elle est defendue par plus de cent pieces de canon. Mahmoud Khan y fait sa residence. Un canal souterrain creuse pres du beau village de Skalka , bali au pied de la fameuse montagne d'Harboi que Ton assure s'etendre depuis Lahore jusqu'a Bender-Abassi , fournit abondamment de l'eau a celte forteresse, alaquelle Nassir- Khan donna son nom a cause des reparations qu'il y fit faire. Parmi les chcfs-lieux qui forment le gouvernement de Kalaal* Nassir-Khan, on compte : a l'Est, Chal, Peching, DadaretSevi, etau Sud-Esl, le Keilchy qui renferme les villes de Nassir-Abad , 228 de Soran,"de Gadjan, dc Cottoh, de Kalaol, de Djafar-Khan, dc Phitipour, de Kanipour et de Sagar-liakar , donl uuc parlie de- pend de Talipour. On voit meme encore dc ce cole Zahri , Ubian, Kosdar et Sorghucz. Au Midi, sont les villes de Nal , Or- natcli , Beloliet Sunnniany ( Somgmiany ) ; an Sud-Ouest, celles de Parku , de MachkcT , de Pavar , de Gouardjak, de Sikek ; la contree de Kolva (Kelve) , Djahon et le Mokran. Enfin , a TOc- cident dc Kalaat-lSassir-Khan s'elend le pays de Caran , oii Ton voit les villes de Pingegour, de Djalk, de Dizek, de Bompour, de Masco Ion , de Kou-Polche , de Pannotche , de Guch, de Nassir- Khan , et les ports de Tchabar (Jask), de Soro, d'Onnalu, de Pazuiet de Guadar, d'ou Ton va en cotoyant la mer a Summiany. Voila a peu pres tous lesnoms des principaux endroits du Balout- chistan , y compris les bourgs. Je vais en cnumerer les tribus , en determinant le lieu dc leur demeure. Les Brahovis que je regarde comme la mere-lribu des Balout- ches , babitenl Peching , Chal , Mastunk , qui est dans les environs, cl le village de Skalka , et sont aussi repandus dans les cinq tribus qui leur doivent leur origine. Les chefs de cette tribu jouisscnt de beaucoup de consideration aupres de Mahmoud-Khan qui les admet dans tous ses conseils. Les Cambralis habitent Kalaat-Nassir-Khan , quelqucs villages pres de cette forteresse , et les villes de Dadar el de Sevi. Ce pays est arrose par plusieurs ruisseaux qui descendent des montagncs voisines. Les richesses des Cambralis consistent en troupeaux de cbevres et de moutons , et en chameaux. Leurs chefs sont Ma- Morad-Ali , Sevd-Khan et Tchapar-Khan. Les Mironanis se sont elablis dans le Machkei ou ils out plu- sieurs forts dout les quatre premiers sont Parvar , Gouardjak, Ka- laat-MacbkeT et Kolva. Leur chef, Mir-Melig-Dinar , demeure a Parvar. Quoiquc courageux, ila etc souvent baltu par Kerim-Dad de Caran. Son pays s'etend jusqu'a la province de Mokran. L'air \ est fori sainbrc; il y a beaucoup de'terrcs proprcs a la culture, 22Q mais dans la partie oricnlale on ne trouve d'autre eau que celle de la pluie. La vallee de Sikek est pleinc de forets ; tout pres se voit celle de Djahou ferlilisee par une riviere qui donne de bons pois- sons, et ou se trouvent dcs crocodiles. Cette vallee produit une grande quantite de Lied , et possede d'excellens pihurages ; mais c'est inutilement que l'eau coule dans la plaine deserte , les habi- tans ne savent pas en tirer parti. Les Mironanis sont ricbes , mais leurs tribulaires sont si pauvres, qu'ils sont souvent obliges, afin de satisfaire au tribut annuel qu'ils leur paient , de leur donner leurs enfans qui sont ensuite vendus comme des esclaves. Les babitans de Djahou babitent aussi la montagne deDronne qui sert de retraite a ceux de la plaine , lorsquils sont attaques par un ennemi superieur. Cctte montagne est taillee a pic presquc de toutes parts; on la gravil par un sentier etroit , ou Ton ne peut passer qu'une personne a la fois , el il faut au moins vingt heures pour parvenir a son sommet qui presente a la vue une belle plaine de six beures de largeur sur soixanle de longueur. Cette plaine est dans loute son etendue traversee par une petite riviere que forme, une source abondante qui jaillit de Tendroit le plus eleve, et la montagne est couverte d'une espece d'arbres differens de ceux de Djahou. II y fait tres-froid, et il y a beaucoup de boles sauvages, sur- tout des ours. J'y ai vu quelques mines de maisons et de tombeaux , et trouve unegrande quanlite de poinles de fer , et de fleches rongees par la rouille. Les Sassolis qui demeurent a Sorghuez et dans ses environs qui sont bien cullives , se sont empares d'une partie de la contree de Caran , pres d'Ubian. lis ont un grand nombre de troupeaux , et font souvent des incursions dans le Mokran , ou ils commetlent toute sorte de brigandages. Leur chef s'appelle Mir-Haybet. Les Gorghuinalis n'ont point de possessions, j'en ignore la raison ; ils vivent sous des tentes dans le pays des Siahpads , et s'adonnent a lagricullure ; ils possedent beaucoup de troupeaux. Ce sont de braves gens , courageax dans les combats ; mais ils ne sont pas aussi nombreux que les Mironanis. ■j3o Les liizendjohs , pour la plupart adonne's au brigandage , mel- tent a contribution les caravancs qu'ils rencontrcnt ; ils habitent Nal et Ornatche , deux villes situees au milieu dc riches vallees qui leur rapportent beaucoup de bled ; ils demeurent aussi pres de Porali, petite riviere ou ils gardentleurs troupeaux. Negligeant la culture , ils s'occupent du soin de conduire avec leurs chameaux des marchandises a Beloh, a Kalaat-Nassir-Khan , qui en est eloignee de vingt jours. Nal est consideree comme leur capitaie : Mir- Khera , leur prince , en a fait sa residence. On trouvc pres de cette ville des mines de fer et de plomb : tel est le pays habite par les Brahovis et les Cambralis ; je vais parler de leurs allies tribu- taires. Afm de mettre , autant que le sujet me le permet, quelque ordre dans ('enumeration de ces allies , je commencerai par la contree de Keitchy. Le Keitchy est un vasle territoire , tres - fertile, en- vironne de montagnes et habile par les Rends , dont le prince appele Serdar-Khan est issu , a ce que Ton m'a assure , des des- cendans du fameux Tchaker d'Alep , qui avait conquis ce pays. Ce prince demeure a Soran , et peut avoir 4-0, ooo hommes a ses ordres. Tous ses sujels lui paient une redevance annuelle , exceple ceux qui sont dissemines. Les Magassis sont aussi dans le Keitchy. Du temps de Tchaker, c'etaient des esclaves qui avaient ete achetes ; ils s'affranchirenl dans la suite , et devinrent fort puissans , mais ils ne sont ni aussi nombreux, ni aussi riches que les Rends, avec qui ils sont conli- nuellement en guerre ; s'ils n'habitaient pas des montagnes inac- cessibles , ils seraient bienlot aneantis. Leur chef se nomine Dja- far-Khan , et leur principale ville est Kampour. Comme le Keitchy abonde en toutes sortes de provisions , el que l'air y est tres-sain , a l'approche de l'hiver , Mahmoud- Khan se rend avec les Cambralis , chaque annee dans le mois de novembre , a Nassir-Abad , jolie ville bade par Nassir-Khan , et apres y avoir passe six a sept mois , il relourne dans sa capitaie 231 avec une grande quantile de bled. Enfin ce pays est renomme par sa fertilite ; on peut le regarder coinnic le grenier de la partie oricntale du Baloutchistan. Lcs Siahpas se sont etablis dans lcs montagnes de Parku qu'ha- bitent les Gorgbulnalis , commc il a ele annonce plus haut. Leur chef s'appelle Mir-Gulam. Les Siahpas etaienl autrefois des sujels de Tchaker ; mais ils sont actuellement comptes parmi les Bra- hovis. Ils sont propres a la guerre , et s'adonnent a toute sorle de brigandage. Les Mam-Hassanis descendent de Mahomed -Hassan -Khan , des environs de Schiraz, lequel ayant vaincu les Brahovis cstreste avec les siens dans le pays qu'il leur avait enleve. Ces allies sont de dangcreux voisins , ils volent et massacrcnt les habilans du Mo- kran. Leur chef actuel est Pvustam-Khan , horame d'un courage a toute epreuve , et qui ne inarche jamais sans etre accompagne d'une garde de 600 homines ; Nassir-Khan ne put jamais les sou- metlre. Cette tribu est exlremement riche ; habitant les environs de MachkeY, elle etend ses incursions jusqu'aux villes de Minal ( Mina) , de Bam , et meme de Kerman. A I'Occidentde Kalaat-Nassir-Khan, il y a une autre tribu ap- pelee Reche-Kany , du nom du cheval de Nadir-Schah dont les pale- freniers avec plusieurs de leurs compatriotes suivirent Nassir-Khan retournanl dans sa patrie. Mir-Abas-Kerim est a leur tete. Les Beches-Kanys habitent la contree de Caran , qui est une vallee de trois jours de large sur dix de long, entouree de montagnes de sable l'espace de six heures. II n'y a aucune eau couranle , on y rencontre seulement des puits , et dans les endroits oii il n'y en a pas , on a creuse des reservoirs pour y conscrver l'eau de pluie que les habitans boivent pendant six mois de l'annee. Cette tribu nour- rit beaucoup de boeufs , de buffles , de chameaux , de moutons et de chevres ; et dans les montagnes sont plusieurs forteresses envi ronneesde plantations dedattiers, de jardins eld'arbresafruit. Sous pretexle qu'ils descendent de Nadir Schah , les Beches-Kanys , ne paient point de tribut au gouverneur de Kalaat-Nassir-Khan. Enfin viennent les Narohis dont unc partie habile le Sislan. Places dans la dependance des Afghans, lcs Narohis demeurent dans la ville de Bompour batie sur une montagne. Ce pays est beau; on y compte vingt-quatre canaux qui fournissent I'eau necessaire a la culture des terres. C'est Mir-Merab-Khan qui le gouvernc : il a egalement sous son obeissance les villes de Nassir-Khan , de Gheh ct de Tchabar , peuplees de Surinis et de Zibkris. On y re- colte bcaucoup de riz , et Ton y voit d'immcnscs troupeaux. A cetle tribu il faul joindre la grande tribu de Ghetch-Kys , qui se divise en deux autrcs tribus , les Glietch-Kys propres et les Zihkris ou les Dai-lSIezebs. Les premiers occupcntDjalk , ville batie dans la plaine, et ou il y aquelques canons, et Dizek situee sur une montagne dans une belle position. Ces deux villes, assez bien fortifiees, confinent avec le Mokran, et sont gouvernees par Cheik-Merab qui a i5oo cavaliers Lores , habillcs a la persanne , devoues a ses ordres , et ne craignant ni le fcr , ni le feu. Ce Cheik commande tout le pays jusqu'au territoire de Bompour. II a trois forts construits au milieu des montagnes dans les defiles les plus etroits , et ou il se retire pour se defendre lorsqu'il est attaque. Les autres, les Zihkris , sont nombreux et repandus dans toule T^lendue du Mokran. C'est un nomine Cheik-Merab qui est a leur tele ; il fait sa residence a Keitch-Mokran , ville ainsi appelee par les gens du pays pour ne pas la confondre avec le Keitchy dont il a ete parle plus haut. Le Mokran abonde en riz et dattiers qui donnent les daltes les plus delicieuses du Baloulchislan. Cheik- Merab-ZilLkri possede aussi la ville de Tomb el les ports de Soro, d'Ormalan , de Pazny et de Guader. Je ne puis terminer cct article sans y ajouler le faitsuivant. Les babitans de Pengegour etaient de la religion de Dai. Nassir- Khan, les ayant vaincus, les forc_a d'embrasser le maliometisme, el les transporta du Mokran dans le beau pays de Pengegour ; leui chef s'appelle Mir-Hassan, qui habile la ville d'lssai. 11 y a cincj 233 forts clans les environs , beaucoup d'eau courante et de datliers , dont le fruit est si excellent, qu'on en porte a vendre a Candahar. Les Baloutches sont tres-sobres. Au-dela du Kalaat-Massir- Kban , ils se nourrissent de viande , de laitage et de legumes ; dc- puis cette capitale jusqu'a la contree du Mokran , ils vivent de laitage , de riz et de datles, el dans le Mokran , de riz , de poisson, de dalles et de toutcs sorles de legumes. II est digne de remarquer que dans tous les lieux ou le daltier peut se cullivcr, il y a une autre espece de daltier bdtard, appele le dattier de Pbaraon. Cet arbre produit un fruit qui n'esl pas du tout ressemblant a la datte ; on le fait secher et reduire en une espece de farine que l'on con- serve pour l'hiver. Les gens aises en engraissent leur troupeaux ; mais les pauvres en font leur nourrilure ordinaire ; e'est un aliment qui est sain et qui a beaucoup de saveur. Les Baloutches font aussi des feuilles de cet arbre , qui est gros et peu eleve , des sacs , des souliers el des cordes qu'ils vont vendre a Mascate , a Surate , a Bombai et meme a la Chine. Enfin le noyau de ce fruit est aussi un objet de commerce ; on en fait des chapelets que l'on porle dans l'lnde. 11 n'y a dans tout le Baloulchistan que deux sectes , les Sunnis et les Zihlcris. Comme la premiere est parliculierement connue, je ne m'arreterai qu'a donner une idee de la seconde. Les Dai- Mezebs ou sectateurs de la religion de Dai , rejetanl Mahomet et sa doctrine, nc connaissentque Mehdi, etsouliennent qu'il a deja paru dans le Mokran , et que, depuis son apparition, ils sont cxemples de prier , de jeimer et d'aller en peleriuage. lis pretendent que Dieu s'est servi d'un arbre pour leur communiquer sa loi ecrite dans un livre, el que c'elait a un nomine DaT a qui il avait revele lendroit ou etait cache ce livre. Ces sectaires reverent avec le plus grand res- pect cet arbre dont il ne reste plus que le Ironc desseche , et autour duquel ils se rassemblent une fois chaquc annee dans une plaine appelee Dachte-Kaorer , pres de la ville de Keitch. L'habillement des Baloutches consisle en une chemise et des 334 calecons de toile blanche brodee en soie ; leur bonnet de forme cy- lindrique se noniine kulah ; leur ceinture est de toile de couleur , lorsquils doivent voyager. L'habillement des femmes est aussi simple que celui des homines ; c'est une chemise brodee avec gout en soie de diverses couleurs. Elks portent en forme de voile , sin la lete , une mousseline tres-fine et tres-large qui descend jusqu'au has de leur chemise. Les Baloutches se servenl du sabre , du fusil a meche , d'un grand coutelas , d'un bouclier et quelquefois dune lance. Les chevaux etant rares dans leur pays, leur monture la plus ordinaire est le cha- meau. Aussi , lorsqu'ils vont a la guerre , la plus grande partie de leur armce est-elle composee de pietons ; il n'y a que les Marohis qui soient de bons cavaliers. Je joins ici les routes que suivent les caravanes qui vont et viennent de Bender- Abassi a Kalaat-Nassir, et de celles qui de Caratchy vont a la meme destination. De Kalaat-Nassir-Khan a Zahri , 6 jours ; de Zahri a Caran , 6 jours; de Caran a Djalk , 8 jours ; de Djalk a Dizek, i jour ; de Dizek a Bompour , xi jours ; de Bompour a Rodbar, 5 jours ; de Rodbar aMinab, 2 jours , de Minab a Bender-Abassi, i jours. Les caravanes qui sont destinees pour Bender -Tchabar , vont de Bompour a Gheh en 8 jours , et de Gheh a Bender-Tchabar en 4 jours. Les caravanes qui vont de Caratchy a Kalaat-Nassir-Khan , se i endent en id jours a Beloh ; de Beloh a la riviere Sorali , 2 jours; de cetle riviere a Arnateh , 4 jours; d'Arnateh a Nal, 4 jours; de Nal a Kosdar, 4 jours ; de Kosdar a Zahri , 6 jours ; de Zahri a Kalaat-Nassir-Khan , 6 jours, et de Kalaat-Nassir-Khan a Candahar, 12 jours. Void quelques aulres distances pour fixer la position de Kalaat- Nassir-Khan. II y a de cetle capitale a Skalka , 6 heures ; a Dadar ct a Sevi , 4 jours ; de Dadar a Keitchy , 1G heures ; de Keitchy a Ubian , 8 jour.-, , d'TJbian a Kosdar , G hemes; de Kosdar au Kelt- 235 chy, 8 jours; d'Ubian a Sorghuez, une journee et demie; oine , le 7 octonre 1827 , inse're dans les Arinales maritimes et coloniales. 240 ctait sur le point d'etre escalade ! J'avais dans ma chambre une paire de pistolels el un mousquct charges; inais, a cause de Pobscu- rite, je ne pus mettrela main que sur un seul pistolet , avec lequel je nfelaric.ai sur Je gaillard-d'arrierc , ou je trouvai le second officier entierement -endormi, ct, courant a la poupe, je dechargeai mon pistolet sur les insulaires. Je ins bientot suivi par un naturcl de Pile , vieux matelot de mon Lord, qui avait embrassele christianisme, ctqui criaaux habitans de 1 ile de se retirer, et les avertitqu'aulrement Parlilleric du vaisseau allait tirer sur-le -champ et les couler bas. Pendant ce temps, l'equipage avait pris Palatine , et tous etaient a leur postc. La Research dut son salul a celte manoeuvre. Si j'avais tarde de quelques minutes, elle eut sans doute eprouve lememe sort que le Port-au-Prince et le Due de Portland. Les insulaires, interroge's le jour suivant sur le motif qui les avait amenessipres du vaisseau pendant la nuit, repondirent qu'ilsetaient venus pour trafiquer. Quoi qu'il en soil , ils ont toujours le double dessein de trafiquer et de surprendre , puisqu'ils ne quillent point leurs anncs. Ayant completement renouvele mes vivrcs et fait de 1'eau , je quittaiTongatabou le 26 aout, et pris avecmoi trois insulaires pour me servir d'interpretes. Le icr seplembre, je jelai Tancre dans les eaux de Pile de liothuma, elfusensuite visile par quelques naturels et deux marins anglais qui demeuraient sur le rivage. Ces derniers m'apprirent que V Astrolabe n1 avait point louche a cette ile : je laissai enlre leurs mains une leltre pour le capitaine Damon t-d'Urville, dans laquelle je linformais du motif de mon voyage , en Pengageant a suivre la Research a Tucopia , 011 je pour- rais lui donner des details plus circonstancies (1). Le 5septembre , j'aper^us Tucopia , et j'envoyai a terre Martin (i) M. le capitaine Legoarant de Tromelin , commandant la corvette la Titijonnal.se, a trouv.; cette lettre a Iiolhiima, et Pa conservee. 24* Busshart, pour se procurer des interpreles et raniener a Lord le lascar qui avait visite Mannicolo. Vers lesoir, l'embarcation rcvint avec le lascar etun petit chef nomme Rathca, ayantapeu pres dans lile le meme rang qu'un ecuyer en Angleterre : il nous offrit ses services comme pilole et interprete pour Mannicolo. Je lis tous mes efforts pour engager le lascar a m'accompagner, mais en vain. II persista , comme il avait fait au premier voyage, a ne vouloir point quitter sa femme , ses amis et sa patrie adop- tive. Get homme est ne a Surate. A notre premiere entrevue, nous ne pouvions nous entendre , son langage etant un melange d'anglais , de bengalais, et des langues des iles Fidji et deTucopia. J'appris de lui qu'il y avait six ans qu'il avait visite Tile de Man- nicolo dansun canot tucopien : acetteepoque vivaient dans Tile deux homines blancsages , qui faisaientpartie des equipages des vaisseaux naufrages dans cette ile : il av ait aussi vu quelques debris du naufragc , tels que des pieces de fer, des canons de cuivre , etc. La nuit approchant , je me contentai de eourir des bordees jus- quau lendemain matin 6 , et j'envoyai a terre les dessinateurs avec Martin Busshart et une autre personne , pour recucillir parmi les insulaires tous les objets avant appartenu aux vaisseaux naufrages a Mannicolo, et quilspourraient avoir enleur possession. Les embarcations revinrenl dans lapres-midi avec tous les objets qu'elles purent se procurer. La poignee qui en fait partie appar- tient a l'epee dont je rapportai la garde a Calcutta sur le Saint- Patrick; elle porte les memes chiffres et les memes empreintes (i). Je laissai en ces lieux une seconde lettre pour le capitaine Du- (1) Ces diffe'rens objets consistent en canons, ustensiles , ferremens, etc., tiont ()uelcjnes-uns portent des indices des manufactures franchises. lis ont tons e'te' pre'sentes au roi, par le capitaine Dillon, qui a re^u la recompense promise par le gouvernement francjais, a celui qui recueillerait des indicts certains du sort (;prouve' par nos malheureux compatriotes. 242 mont d'Urville, lui imliquant lcs moyens de me renconlrcr (1). Asanl tennine tout ce que j'avais a faire aTucopia, jc mis des lc soirmeme a la voile pour Mannicolo, et le pilole se dirigea sur une eloile brillamal'ouest. Adixheuresdu lendemain matin , je me trou- vai amoitie hauteur dc Tile. Amidi, nous n'en etions eloignesqucde trois ou quatre licucs : jc pouvais apercevoirque TaborddeTiIe etaitexcessivementdangereux, a cause des bancs de sable et des nombreux resciis, donliesuns etaient a (leurd'eau, etlesautres couverts de deux ou troisbrasses d'eau. Le jour elait trop avance pour envoyer des canots chercher un mouillage ; je passai done la nuit a faire des bordees en tous sens devant Tile. Le lendemain matin, Sseptembre, des la pointe du jour, j'envoyai a terre deux embarcalions annees, dans lesquelles etaient M. Buss- hart etRathea, pour reconnaitre un port el onvrirdes communica- tions amicalesavecles insulaires: ils revinrent une heureapres la nuit close. lis nous annoncerentqu'ilsavaientdecouvertun port dont Ten- tree n'etait pas t res-difficile. L'officier que j'avais charge de celte mission m'informa , deplus , qucn doublant une poinle del'ile, les baieaux s'etaient trouves en face d'un village dont les habitans, aleurvue, avaienl aussilot fait retenlirleursinstrumens de guerre, etarmes d'arcsel de Heches cm- poisonnees, etaient accourussurlerivage, ou ils avaient commence leurs danses guerrieres. Rathea le Tucopicn cependant lcs haranguadans le langage de Man- nicolo, elleur dit dene point s'alarmer, qu'il leurconduisait un vais- seau charge de colliers el decoutellerie, etqu'ilsn'avaienlrien a crain- dre dela part des blancs , qui n'elaient point des esprits, mais des habitans d'autres terres , qui faisaienl des presens a tous les chefs des peuplades quils visitaient. (1) Le capitaine Duinont d'Urville a effectivement trouvo cctlc lettre h Tucopia, mais elle In! in3 mon equipage. 11 nc reslait plus qu'un seul homme pour commander les ma- noeuvres, et peu de marins europeens pour les executor. L'hopilac renfermait vingt-doux malades. Le 3o du meme mois, le medenu nfonvoya use opinion ecriie, par laquelle il me conseillait de chcrcher ait pins tot un port dans la xNouvelle-GallesduSud ou dans la Nouvelle-Zelande , parce qu'en restant sous les Irojuques avec un aussi grand nombre de malades a bord , le ma] prendrail de plus grands dcvcloppemens , et que je 247 compromellrais le salut du vaisseau et la vie de loul l'equipage. Considerant qu'il ne resiait plus pour conduire ce navire qu'un seul officier, qui pouvait lul-meme tomber malade , je crus qu'il etail prudent d'adopter l'avis du incdecin , et je lis gouverner sur la baie des iles de la Nouvelle-Zelande, ou nous arrivames le lundi 5 novembre. Le lendemain , le medecin me fit comprendre la necessile de nous procurer u-je cabane sur le rivage , pour en faire un hopital, et de debarquer aussilcit que possible les homines qui se trouvaienl sur la liste du docteur. Je me proem ai une cabane sans perdre de temps , et mis aussilol les malades a terre. J'etais inoi-ineine tres-mal , et je savais que d'ici a long-temps il ne serait pas prudent de passer les tropiques avec un dquipage qui etait dans un etat aussi deplorable. Je pensais a tons les dan- gers que pouvait courir noire navire surune mer parsemee d'ecueils, et considerant les precieux restes que nous avions a notre bord , voyant, surtout, quemes provisions dtaientpresque toutes epuise'es, je me mis a re[lec'air sefieuserheht a la marche que je devais suivre dans cette circonstance critique. D'abord, j'etais convaincu que mon equipage ne serait pas en etat de quitter la Nouvelle-Zelande au plus tot dans un mois ou six semaines; ensuite il nous aurait fallu deux mois pour aller a Tuco- pia et de la au port Jackson, faire des vivres, puisque la saison e^ait trop avancee pour nous rendre dans Nude en suivant la route ordinaire par le sud de la Nouvelle- Hollande, el trop peu pour naviguer dans le passage du Nord par le detroit de Torres ou le canal Saint - Georges ; ce qui me plac,ait dans 1'impossibilile d'arriver a (Calcutta avant le commencement de juillet procbain. Je consullai done mes ofliciers sur ce que nous avions a laire dans une pareille situation ; on fut d'avis qu'il fallait se procurer un petit navire afin de debarquer les hilerpretes. 248 Peu tie temps apres cetle deliberation , le capitaine Kent, com- mandant le brick le Governor Macuuarie , du port Jackson, m'offrit de reconduire surson bord les intcrpretes a Tucopia. Jesoumis cette proposition a un conseil compose de M. Cbaigneau , de jMt. Russel el moi. Nous decidames unaniinemenl qu'il lallait accepler la pro- position du capitaine Kent. M. Russel s'embarqua sur le Governor Macquarie avec les intcrpretes , et peu de temps apres mil a la voile pour Tongabatou et Tucopia. Je partis de la baie des lies le i3 decembre , et j'arrivai au port Jackson , dans la Nouvelle-Galles du Sud , le 29 du menic mois. Le jour de mon arrivee au port Jackson, jappris que le sloop de guerre francais T Astrolabe avait toucbe a la terre deA an-Diemen le 10 decembre, et que son commandant, M. Dumonl d'Urville, avail recueilli quelques iuformalions a Amboinc, sur les decou- \ erles que j'avais failes a bord du Sainl-Palrlck. J'appris aussi qu'il avait quitte la terre de A an-Diemen , pour se diriger vers l&Malicola du capitaine Cook; mais j'esperais qu'ayant eu connaissance de mes succes sur la cole de la Nouvelle-Zclande , il arriverait au port Jackson vers le 27 du mois de Janvier ; en consequence jc l'attendis jusqu'au 3i, lorsquc ne voyant plus de probabililes qu'il toucbat a ce port, je mis a la voile le 1" fevricr, et je me dirigeai directement sur Calcutta. Ici se termine la relation du capitaine Dillon. Nous don- nerons dans un procliain Bulletin , une note sur le resultat des re- cbercbes particulieres du capitaine Dumont d'Urville, laquelle ser- vira de complement a noire article. ( Jm/ui au prochain. numero. ) 2 49 Tourne'e h la mode dans les Llats- Unis, ou Voyage de Charleston a Quebec , el d' Albany a Boston ; ai>ec une Carte iopogruphiaue. Traduit de 1'anglais, avec notes et additions, par M. Bourgeois , ancien secretaire du conseil de ville de Ja Nouvelle -Orleans. Paris, Arlhus-Bertrand , rue Hautefeuille, n° 23 ; i vol. in-8°. Cet ouvrage est de nature a piquer la curiosile publique , puisqu'il s'agit d'un vaste pays peu connu en Europe , pays ou la nature a de"ploye toute sa grandeur et toute sa majesle , ou l'aclivile' et l'in- dustrie de ses habitans ont enfante des prodiges dans l'espace d'un petit nombre d'annees , et qui a dte le theatre de grands ^ve- il emens. Ceux de nos medecins qui desireraient recommander comme boisson 1'usage des eaux minerales de Ballston et Saratoga , trou- veront dans cet opuscule 1'analyse chimique de ccs eaux et renume- ration des maladies conlre lesquelles leur efficacile est reconuue. Mises dans des bouteilles bien bouchees , ces eaux peuvent elre transporters sur tous les points du globe, sans perdre leurs qua- lites essentiellcs; elles conlienuent du muriate el du carbonate de soude, du carbonate de chaux , du carbonate de inagnesie et du carbonate de fer ; mais ce qui les distingue dune maniere toute parliculiere, c'esl qu 'elles conliennenl une quantite de gaz acide carbonique excedanl leur propre volume, quantite jusquici sans exemple dans aucune des eaux minerales formees par la nature. Les sources de ces eaux sonl en tres-grand nombre; mais 1'une d'elles, connue sous le nom de Grand-Rocher , merite une mention particuliere. Ce rocber est d'une forme pyramidale ; sa base a neuf pieds dediametre et sa hauteur est de cinq pieds ; ii semble avoir etc forme par une concretion de parlicules pierreuses, amenees suc- cessivemenl par des eaux jaillissantes , qui coulaient ensuite sur son cratere en suivant les sinuosiles du rocber. Depuis quelques an- nees , l'eau reste a deux pieds au-dessous du cratere , el ce change - ment provient sans doute de ce que cette masse pierreuse, formee non dans la profondeur du sol , mais seulement a la surface , a 25o p <■ par la base, c'est-a-dire que celle-ci mince, et degradeede- jmis long-temps par Taction continuelle des eaux, a fini par ceder, ct lies a Iaiss(i filtrer entre elle et la terre humide qui I'envirbixpe. Ccttc idee acquiert tic la consistance par la sculc inspection du pied de ce rocher ; on est parvenu a y enfoncer des morceaux de fer ct dc hois jusqu'a la profondeur de plusleurs pouces. Les sources brulantes prescnlent un phenomenc non moms cu- rieux : l'cau penelre par filtration dans unc ravine tres-profonde, et laisse voir a la surface unc flainmc d'un tres-vif incarnat. Si Ton en approclie des brins de bois , de paille , ou aulrcs malicrcs com- bustibles, lc feu y prerid a 1'instant : clle est au degre de tempe- rature ordinaire, el n'a Esi odeur ni gout particulicr. Dans le vbisinage se trouvent plusleurs sources sulfureuses. -Non loin de BaHston ct Saratoga se trouve le lac Georges ; e'est le rendezvous a la mode de tous les environs. II n'est peut- elre aucun point du globe plus fait pour exciter la curiosite. G'est a rexlreinite sud de ce beau bassin que Ion jouit dun coup-dueil magnifique : on y decouvrc lc charmant village de Caldwell, el un arcliipel d'iles Inn omb rabies s'clevant au milieu de cetle nappe d'eau si belle ct si calme , forme un ccntraste frappant avec les liautes monlagncs nucs et pelees, qui en occupent parallclemeiii les deux rives , sur plus de quatre milles d'etenduc. Ce lac est tres-profond , mais ses eaux sont lellement limpides, qu'on aper- goil presque partout et tres-distinctemen{ leur lit de gravicr. 11 abonde en poissons de toutc cspece, ct on y pretid une quanlite considerable dc Iruites samnonnces de dix a vingt livrcspesant. Son etcndiie en longueur est dc.trcnie-slx milles, et il communique au lac Cbamplain par un goulet ayatit deux milles' de long ei une petite de cent pieils. Lc lac Cbamplain a cent quaranle milles cs se sont passes de grands eveneriiens lids aux guerfes entre les Francais et les Anglais, pour la possession du Canada, et a la guerre dc l'lndependance americaine. On ironvcra le recil des prin cipaux fails de ce genre dans l'ouvrage quo nous analysons. 2DI Ces deux reservoirs , formes par la nature , ne sunt plus que des miniatures a cote" des cinq grands lacs, ou plutot des cinq mers mediterranees de FAmcrique septenlrionale : nous voulons parler des lacs Supericur, Huron, Michigan , Erie et Ontario. On sait que la chute du Niagara , sur la riviere du meine nom, reunit les eaux du lac Erie, et autres lacs superieurs, avec cellcs du lac On- tario et du fleuve Saint-Laurent. L'auteur de ce Voyage donne la description physique de cetle cataracte ; voici comment le traduc- teur a rendu ce morceau : « 11 est au-dessus de nos forces de retra- cer les profondes emotions que fait eprouver au coeur de l'homme laspect de cetle merveille de la nature ; laissons ce soin a de plus liahilespeintres, et bornons-nous a donner une idee imparfaite de cesphenomenes. D'un seul coup-d'ceil vous voyezles rives escarpecs et les forets innnenses qui environnent cctte scene majeslueuse ; la force irresistible de ces flols, de ces tourbiiions, de ces nuages d'ecume et la rapidite de leurs mouvemens, F eclat el la variele magique des couleurs , le volume , la veiocite de ces vagues en furie , les masses de vapeur qui s'elevenl a perle de vue et secondensent dans les airs; tel est renscmhle de ce vaste tableau. Et le bruit, le mugissement de ces montagnes d'eau qui tombent el se brisent, vous agile , vous trouble, vous frappe de terreur, avant que lame puisse s'elever a la hauteur des idees qu'inspire ce grand , ce inagni- iique , ce sublime spectacle. » Apres avoir parle de ces masses d'eau , de ces grands accidens de la nature, si nombreux dans cetle partie de FAmerique sep- tentrionalc , nous dirons quelques mots sur le parti que linduslrie humaine a su entirer pour I'avanlagc du commerce et de la navi- gation. Le commerce inter ieur des Etats-Unis se fait avec la plus grande facilile , au moycn des rivieres qui parcourent le pays dans toutes les directions II est facile aussi detablir , sur un deve- loppementde quinze cenls licues, un commerce interieur, par le moyen des lacs ou mers d'eau douce; et comme si tousces avan- tages elaient insuffisans, la nature a place les sources du Mississipi si pres ties lacs Michigan , Erie et Superieur , qu'il n'y a rien de chimerique dans l'esperance tie les voir bientot i eunis par les tra- vaux ties homines. Dans le systeinc tie canalisation, on a coricu I'idec tie ne se servir des rivieres que commc tic simples reservoirs pour alimen- ter les canaux. On commenga par en creuser deux : l'un part du lac Chaniplain , Tautre du lac Erie, et tous deux se rencontrcnt au confluent du Mohawk avec 1' Hudson ; de la ils se dirigent sur Albany et se jettent dans 1'Hudson. Le premier, nomine canal el les plus grandes de toules les Carolines , apres les iles Palaos ou Pelew. Le vaisseau croisa pendant huit jours entre ces lies, don I il fit le lour; mais il n'entreprit aucun debarquement, car leurs liabi- tans se montrerenl d'un tout autre caracterc que les Ualanais , e'est- a-dire tres-hostiles. Le Seniawin mil une chaloupe a la mer pour chercher un endroit propre a jeler l'ancre ou a faire ur. debarque- nicnt; mais cette chaloupe se trouva aussitot suivie et observee par d'autres dont les equipages faisaicnt des gestes et des demonstra- tions menacantes. Us portaient des lances courtes, dont les pointes 1 iaient garnies de machoires d'espadons, et avaient aulour dc la tele une fronde faite de tresses de roseaux ; des coups de pistolets charges a poudrc, que Ton lira conlre enx , ne firent aucune im- a5g pression sur ces sauvages, ce qni prouva qu'ils n'avaient jamais vu d'Europeens; ils avaient de beaux cheveux boucles et lailles avec soin, et ils portaient autour dcs hanches une ceinturc garnie de longues franges rouges , qui etait atlachee sur une epaule et leur couvrait une partie de lapoitrine. Qucique attrayant que futl'aspect de ces lies elevees qui se presentaient a nos regards , le philanthrope et pacifique capitaine de Luckc nc voulut enlreprendre aucun debar- quement, parte qu'il vit clairement qu'on ne pourrait y parvenir sans effusion de sang. Voyages de HI. Rifuud , en Egypte el en Nubie. (Extrait (hi rapport de M. le baron Cuvier a TAcademie royale des Sciences.) ri:i ri pale et le petit lac WiiHiepcefe du Mississipi , navigable dans l.i 267 saison pluvieuse. Elle rccoit aussi piusicurs autrcs niisseaux moins remarquables. Entre le lac des Uois et le lac ties Pluies existe unc autre communication pafeau, que quelques voyageurs suLvenl par- fois ; elle est indiquee sur la carte comme route des derrieres (Back-Roule). — Tine description particuliere du spectacle qu'offrit aux ex- plorateurs l'aspect du lac "W innepeek et de ses environs , bien qu'elle precede cc qu'on vient de lire du rapport du major Long, ne sera pas deplacee ici, et j'espcre qu'elle sera recue avec la mdmc indulgence : « Ce fut, dit M. Keating, au moment de noire halte du soir , que , pour la premiere fois , le magnifique spectacle du Winnepeek se deployadevantnos yeux, realisant tout cc que l'imagination peut se figurer d'une beaute sauvage el sublime, et surpassant de beau- coup tout ce que nous avions jamais vu. Ce que nous admirons dans le superbe tableau du Winnepeek, c'est I'immcnse volume de ses eaux; l'extreme rapidite deleur cours ; la grande variete de formes que presentent leurs cbutes et leurs cascades , et l'aspect incompa- rable de la scene sauvage produite par ces cbutes sur les rocbers , dont la tristesse , les traits fixes et immuables , forment un si pro- digieux contraste avec l'effet brillant , eblouissant de la nappe ar- gentee de l'eau passant tout a coup d'une surface unie et presque immobile, au bouleversement ecumeux d'une cataracte. C'est par les effets que produit le litrocheux du Winnepeek, que ses nom- breuses cbutes surpassent toutes celles que nous avons vues ; le saut de Niagara , lui-meme , bien qu'il les laisse , par son volume , loin derriere lui, est, en comparaison, uniformed monotone. Les coucbes borizontales de rocs secondaires de ce dernier, sont autant au-dessous des effets pittoresques des sombres rochers gra- nitiques etsienites, et ronges par l'eau du premier, que les hau- teurs des falaises du Niagara surpassent les rivages rocheux du Winnepeek. » Les cbutes de cette riviere ont un autre avantage; elles donncni 268 a lout le pays une apparence pittoresque qui prepare I'espril et le tient dans une disposition propre a apprecier la splendeur de ses cataractes, tandis que la contree qui environne Niagara est plate , uniformc et denuee d'inter^t. » Le lieu ou nous campames dtait caracterise parun de ces effels particuliers de l'cau qui, une fois qu'on les a vus, laissenl dans la memoire une impression ineffaceable. Apres avoir franchi de noin- breux rochers, formant diverses cascades, dont la hauteur totale peutetrc de trenle picds, l'eau est tout a coup rec,ue dans un bassin renferme cntre des rochers elevees ou elle est contrainte de s'ar- reter pendant quelque temps , attendu le peu de largeur de l'ou- verture qui lui sert d'issue ; ici ces eaux presenlent le caractere d'une mer agilee, dont les vagues s'elevent a une grande hauteur et baltent les rivages voisins et le petit nombre d'fles de roches que Ton apcnjoit au milieu de ce bassin : c'est a ce caractere par- ticulier, que ce lieu doit le nom que lui onl donnc les indigenes, et qui signifie la chute des eaux- agit.ees. On peul le nommer les basses chutes de la riviere Winnepeek. Nous les atteignimes assez tot pour jouir de Teffet qu'y produit le soleil couchant , dont les rayons, rcflechis par le courant, lui donnaient 1'apparence d'une mer de feu. A cet admirable tableau, succeda celui de lalune qui, repandant sur les vagues une lumiere plus douce , augmenta le charme de ce spectacle par Tespece de voile melancolique dont elle l'enveloppa. Un des caracleres les plus imposans de cetle scene majestueuse, est le bruit epouvantable que produisent ces chutes, et qui, comparativement a leur volume, surpasse, dit-on, celui de Niagara, de Montmorency, de Schaffouse , de Saint-An- toine, du Cohoes ou autres chutes visitees par aucun des membres de noire expedition. La rarcle de la vegetation sur les rochers contribue encore a l'effet pitloresque que produit la vue de ce lieu. Loin de renconlrer ici les epaisscs forets qui ombragcaient autrefois Niagara, on n'y trouve que le tremble, le bouleau, le sapin et autres arbres veris , dont la dimension rabrougrie ajoule *69 encore a l'aspect sauvage el aride de ces rochers. La nuit que nous pass&mes aupres de ces cataractes , est Tune des plus inte- ressantes de 1'expedition ; nos tentes elaient placees de telle sorte que nous jouissions de la vue complete de l'effet admirable des rayons de la lune sur la surface de cet ocean en miniature , et nos yeux y demeurerent constamment atlaches jusqu'a ce qu'enfin lc bruit de la cataracte nous eut berces dans un doux sommeil. » (Extrait du Voyage de Steph. Long en i8a3 , traduit par M. Fr. Giraud. ) Tremblement de terre de la province de Murcie. Les nouvelles revues de l'Espagne au moment de la catastrophe, ont depeint sous les couleurs les plus sombres le phenomene qui a eclate dans le royaume de Murcie. Depuis , une feuille quo- tidienne, en repetant que de nouveaux ebranlemens du sol avaienl eu lieu, les a representes d'une maniere encore plus alarmante. Sans doule, et nous-memes, nous I avions pense d'apres ce que nous avons rapporte dans le IN0 72, page 221 du Bulletin , les de- sastres ont ete grands, mais non tels qu'on Tavait pense au pre- mier abord. V oici des details qui sont plus circonstancies, el qui metlront a mcme de se former une idee moins exageree de ces malheureuses scenes. La lettre que nous rapportons a ete ecrite, a la date du 8 mai , d'Alicante , a M. Bertrand Gerlin jeune naluraliste deja connu par d'importans travaux. « La secousse du 21 mars et toutes celles qui l'ont suivie pen- dant plus d'un mois , ne se sont fait senlir danstoute leur violence, que sur un espace de terrain d'environ quatre lieues carrees , situe entre Orihuela et la mer, et dont la riviere de Segura occupe le centre. Tous les villages silues dans cetle partie de la Huerta d'Orihuela, ont ete r.en verses de fond en comble, en quelques se- condes, par le tremblement de terre du 21 mars, qui, d'apres plusieurs observations, parait avoir agi dans un sens vertical. II 2 7° vtait accompagne, ainsi que les suivans; de Ires lories dctona- lions ; on a remarque aussitol. aprcs IMvcneinenl , sur toute l'e- tendue du terrain que j'ai imliquee , un nombre iufini de crevasses de diverses longueurs, n'ayant pas plus de quatre a cinq pouces de largeur, et tout ce meme terrain elait et reste encore comme crible de pelites ouvertures circulaires tres-rapprochees les unes des abtres, et qui nonl que deux ou trois pouces de diametre. C'est la cc qu'on pourrait appeler les crateres , silen ctait sorli quelque matiere d'apparence volcaniquc; rnais je n'en ai nullc connaissance. » Toutes ces petites ouvertures ont vomi one grande quantite les unes du sable gris jaunatre fin, sans aucun melange de parties metalliqnes; d'autres ontjete" egalement en grande abondance une fange noire et liquide ; quelques-unes de Teau de mer , des r iquil- lages et des bcrbes marines. II n'existe pas de sources l^inerales sur le terrain en question; les sources sulfureuses d'Arcbina et d'Alhama en sont eloignees de sept a huit lieues , et les tremble- mens de lerre n'ont produit aucun et'fet sur elles, non plus que sur le cours de la Segura. » Le sol qui doit etre considere conune le foyer de ces trein- blemens de lerre , est de deux natures bien distinctes sur la rive gaucbe de la Segura : c'est un terrain d' alluvion qui se compose d'une coucbe de terre vegetale, de quatre a cinqpiedsd'epaisseur, au- ■ 281. Geographisch - statistische tarstellung. — Expose ge'ogra- phiquc statist, des forces societies des ctats qui eomposeni la confe- deration germaniquc , par AuG.- Fred.-G.-Crome , proiesseur de droit public et dVconomie politi- que , a Gicssen, /te ct dernier vol. gr. in-b". Leipsig, 1828. Fleiscbe. Italic. 282. Un viaggiosul lago Maggiore. Voyage sur le lac Majcur dans un bateau a vapeur, par Fr. Me- DONI. In- 16 avec carle; Milan , 1828. Visay. (1 lir.) Gr ■ . 283. Geographische darsteli/ung der halbinsee Morea. — Des- cription geographique de la pe- ninsule de Moree, avec une carte et i^vues lithog. de villes. In -8", Yienne, 1828. L'auteur de la carte qui repre' ■■ sente toute la Moree, est lc lieute- nant-colonel Wanick. § 2. ATLAS, CARTES GEOGRA- PHIQUES, PLANS , etc. 284. Atlas universel de geogra- PHTE ANCENNE Ei 3IODER.NE, par M. Lapie pere, premier ge'ographe dn roi et M. Lapie fils, 31', If et 5e hVraisons. Paris , 1829. Eymery , par souscription, pap. ord., 76 lr. ; vel. i5o fr. Ces trois livraisonsse composent i° de trois teuilles de texlecompre- nant la gcographie physique;^- a°de la carte de France par departemens et divisions militaires; — 3° de la carte des lies Britanniques; — 4° de la cartedela Barbarie, comprenant I'empire de Maioc, et les rc'gences d'Alger, de Tunis et Tripoli ; — 5° de la carte generate de I'Ame'rique meridionale ; — 6° de la carte du Perou ; — 7" carte ancienne de l'A- frique propre, de la Nuiniilie et d'une partie de la Mauri tanie. Le norri des auteurs est une lorte ga- rantie du soin apporte a la redac- tion de ce travail remarquable, qui ne peut etre que d'une grande uti- lite pour instruction et pour le e;i- liinet. A. jSOIKOT , Agent dc la Sociele de Geographic. Kverat, Imprimeur, rue duCadran, N° 16, a Paris. BULLETIN DC LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE NUMERO Ik.— juin 1829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Note sur le Canal de jonction de la Bate de Chesapeale a la riviere d'Ohio, entre Washington et Pittsburg. (\ oir la carte ci-jointe) (1). Le general Alexandre Macomb , chef du corps du genie , a remis au president des Etats-Unis , par l'iutcruiediaire du secre- taire de la guerre , un memoire relatif au projet du canal a ouvrir entre la baie de Chesapeake et la riviere d'Ohio, pour faire communiquer l'Atlantique avec le golfe du Mexique a la IXou- velle-Orleans. G'est l'ouvrage du general JSernard, membrc du conseil de perfeclionnemenl pour l'inlericur , autrefois genera! du ginie en France , et aide-de-camp de Napoleon, en i8i3, i4 et i5. Ce memoire comprend un rapport detaille sur ie trace du canal , sur les moyens de l'execuler , sur la depense, etc., et il est accom- (1) Nous devons cette note a M. le lieutenant- general baron Haxo. ( N. du R. ) 18 =74 paging dune carte dressde a l'echelle d'un poucc pour 8 niilles ou aos2i7 » ^quelle coinprend tout l'espacc que le canal doit traverser depuis Washington, ou il cntre dans lc Potomac, jusqu'a Pittsburg sur l'Ohio. Le general Bernard commence par rappeler que les premieres operations executives dans l'annee 1824, avaient eu pour objet principal de s'assurer que le canal projele etait executable. Les travaux de 1825 etaienl relatifs a la determination des points principalis par lesquels il passerait, el a la recherche des elemens necessaires pour etablir un plan general de l'ouvrage et une csli- inalion sommaire de la depense. II resle encore beaucoup d'ope- rations de details a executer ; mais coinmc elles se rapporlent a la construction meme, plus qu'a l'ensemble du projet, on peut, dit-il , les differer jusqu'a ce que les travaux soient dehnitivement approuve's , et il ne s'occupe ici que du plan general el de la de- pense en masse. II rappelle aussi que, dans un precedent rapport, en date du 2 fevrier 1825, il a deja discute differens traces qu'on pourrait adopter pour le canal , et qu'il en a indique quelques autres qui restaient encore a examiner. 11 adonne alors des apercus sur Thy- drographie des pays a traverser, et se borne en consequence a discuter les traces qu'on n'avait pu examiner en 1824 , et a les comparer avec ceux qui avaient etc reconnus precedemment. Exumen de dhcrs points de parlage entre les eaux du Potomac et celle de VYoughagany. i° A la source du Deep-Creek. On a suppose jusqu'ici que le canal , a partir du passage souter- rain, qu'il est indispensable d'ouvrir enlrc les deux versans, suivrait le ruisseau de Deep-Creek el la rive gauche de la riviere Yougha- gany. Mais il fallait comparer ce trace avec un autre qui , quittant le Deep-Creek, irait directemenl joindre le Bear-Creek a 6 ou f kilometres au-dessus de son embouchure. Or, {'inspection des lieux 2^5 a fait voir qu'il faudrait augmenter de 4- metres environ la hauteur des digues qui doivent barrer l'Youghagany pour forcer seseaux a alimenter le point de partage , ct de plus ouvrir encore une percee soulerraine pour traverser la colline qui separe les deux ruisseaux du Deep et du Bear-Creek. 11 fallait examiner aussi le trace qui suivrait constamment la rive droite de l'Youghagany , et ce dernier se trouve etre le plus avantagcux des trois, quoique de i3 kilometres et demi plus long que celui qui passerait par le B ear- Creek. 2° A la source du Flaugherty-Creck. Pour passer par ce point , on quitterait la vallee du Potomac a Cumberland, et on remonlerait le Vill's-Crcek jusqu'a sa source , d'ou, apres avoir traverse souterrainement la montagne, on des- cendrait dans le Flaugherly-Creek , etde la dans la vallee de Cas- selmans , que Ton suivrait jusqu'a son embouchure dans le Youg- hagany. Le resultat des recherches et calculs relatifs a ce trace a ete que la plus courte percee souterraine qu'on put adineltre, relativement a la quantite d'eau a y amener et aux autres conditions a remplir , s'etendrait sur une longueur d'un pcu plus de 6 kilometres, avec une tianchee profonde a chaque extremite. La hauteur du sommet du terrain au-dessus du sol de la percee ne serait pas de moins de 261 metres. Le general Bernard entre ensuite dans des details sur les moyens d'alimenter ce bassin de partage, et donne les calculs comparatifs des depenses a faire , soit en adoptant le dernier trace que nous venous d'indiquer , soit en passant par Deep- Creek. Nous ne 1c suivrons pas dans tous ces details , et nous nous bornerons a enon- cer le resultat de ses recherches, designant , commc lui , par route de Casselmans, et route de Deep - Creek , les deux traces en question. Lorsqu'on part de Cumberland, point commun aux deux traces, on a, par la route de Deep-Creek, i33 metres a monter de plus que par celle de Casselmans. 276 Celle augmentation de liauteur apportcrait , clans les frais de construction des ecluses , une difference de 11,577,000 fr. Mais, d'autre part, la percee soulcrraine do la route de Cas- selinans coulerait 18,272,000 f., taudis que celle de Deep-Creek n'en coulerait que 5, 175,300: en sorte que la difference en faveur du Deep-Creek serait de 13,096,700 fr. Les tranchees aboutissanl a la percee de Casselmans coule- raient 2,433,23g fr. de moins que les tranchees analogues du Deep-Creek, ci 2,4-33, r»3j) De meme , les digues et bar- rages donueraient une difference de 972,400 fr. en faveur de la route de Casselmans 972,400 Enfm , celte derniere route aurait 29 kilometres de develop- pement de moins, qu'il faut porter au compte de Tautre , et qui , dans la supposition la plus favorable , doivent etre esthnes a 525, 4i4 13,096,700 fr. i5,5o8,o53 f. Ou voit done que lc trace par Casselmans coutera environ deux millions et demi de moins que laulrc, et comme d'ailleurs le che- inin sera plus court, tout doit i'aire accorder la preference a cette route. L'auleur passe a Texpose des differens projcls de detail pre"- sentes pour rexeculion du canal dans la partie torrcntueusc et es- =77 carpee du coins de l'Youghagany , c'esl-a-dire, la oil celtc riviere semble avoir ouvert un passage entre les inontagnes tie Briery el de Laurel. Ces details n'etant point de nature a interesser d'une maniere specialc la Societe de Geographic, nous ne nous y arre- terons pas , non plus qu'a rendre compte d'une analyse de prix complete et bien redigee que l'auteur a jointe a son travail. Nous finirons par transcrire quelques-unes des considerations generales qui terminent son rapport. Les travaux publics qui s'exc'cutenl de nos jours , dit-il , diffe- rent essen'iiellement, sous le point de vue des frais de construction, de ceux qui ont ete executes par les anciens. Autrefois des popula- tions nonibreuses et desoeuvrees, de grandes masses d'individus reduits a l'esclavage par la guerre et les conquetes , fournissaient des ressources tellement puissantes pour les travaux publics , qu'il y avait peu a s'occuper d'ecoiiomie : se bien battre et construire de grands ouvrages seniblent, en effet, avoir ete laffairc principale des anciens peuples , ou du moins de ceux qui etaient parvenus a un haut degre de civilisation. Les cboses sont fort differentes de nos jours : la repartition du travail entre les diverses classes de la societe , 1'abolition de l'esclavage ou l'amelioralion apportee a l'etat des esclaves dans les pays ou il en exisle encore , relablis- sant riiomme dans toute sa dignite et le rendant maitre de ses actions , ont attache a son travail une valeur qu'il n'avait point autrefois. L'economie est devenue des-lors un objet a considerer dans leulreprise des travaux d'utilite publique, et independammenl des conditions de duree et de convenance , on veut que les sacrifices a faire soient en rapport avec les avantages qu'on cherche a se pro- curer. Aussi les monumens qui remplissent toutes ces conditions sont-ils, a juste litre, des objets d'orgueil national; ce sont eux qui , avec les institutions civiles et politiques , les palmes litte- raires et les trophees de la victoire , forment un faisceau de globe oil viennent se rallier les sentimens de toute une nation , pour se a78 perpetuer d'age en age. Tous les gouvernemens e'claire's favorisent maintenant les entreprises de celte espece ; ils savent Irop bien qu'a une dpoque eonmie celle ou nous vivons , lout ce qui con- Iribue a la splendeur nalionale el promet des avantages cerlains , dolt etre promptement mis a execution. Tel est, pour les Etats- Unis, le grand canal de Chesapeake et de I'Ohio. Cctlc entreprise n'a son egale dans aucun pays, lant sous le rapport des travaux de toule espece qu'elle obligera a execuler, que relalivement aux avantages poliliques, cominerciaux et mililaires qui en resulteront. C'est un ouvrage vraimenl national ; et si, d'un c6te, sa raise a execution depasse les moyens toujours plus ou morns limiles dont pourrail disposer une association parliculiere, „de l'autre , il interesse trop la prosperity de l'Union , pour que dif- ferer de I'entreprendre ne soil pas negliger des avantages Lien superieurs aux depenses. L'auteur entre ensuite dans le detail de ces avantages : il fait voir que le canal , independamment de l'utilite immediate dont il sera pour les pays memes qu'il traverse, procurera un debouchd dans l'Allantique a plusieurs provinces de l'ouesl, parliculiere- menl aux Etats de Kentucky, Ohio et Indiana , dont les parlies les moras riches produisent cependant des bois de const ruction d'ex- cellente qualite , et recelent des mines inepuisables de charbon el de fer. Aussilot que le canal sera en activite , il ouvrira «i ces pro- vinces de louesl un nouveau debouche plus commode et plus dconomique dans TOcean. Leurs produits seront plus faciles a ex- porter, et ils augmenleront de valeur par suite de la creation d'unc nouvelle place d'entrepot , d'un nouveau marche , qui deli- vrera les vendeurs, forces d'aller maintenant a la Nouvelle-Orlcans, de la crainte ou ils sont presque constamment de trouver les ma- gasins de cette ville encombres deja des marchandises qu'ils y ap- portent , el d'etre ainsi a la mere! des acheleurs. M. le general Bernard lerniine son interessant rapport par les redcxions suivantcs, qui ont pour objet de faire voir que, dans 2 79 remuneration des avantagcs que doit procurer l'execution du canal , il est reste Lien au-dessous de la rt^alite , et que les resultats qu'il promet ne doivent etre considers que comme un minimum ; ces reflexions sont les suivantes : i° Tous les calculs de benefice sont bases sur la population de 1820 , tandis qu'il aurait fallu supposer cetle population telle qu'elle sera rcellement apres l'execution du canal, c'est-a-dire en i838 ( si les travaux sont entrepris en 1827). Or, d'apres la loi que suit son accroissement aux Etals-Unis , elle sera a cetle epoque de moitie en sus de ce qu'elle etait en 1820. 20 On n'a point parle du canal qui est projete de Pittsburg au lac Erie, et qui sera la continualion de celui qui nous occupe. La baie de Chesapeake se trouvant alors jointe au lac Erie, par une communication d'eau de j^o kilometres de developpement , tout le territoire qui avoisine les grands lacs participera au com- merce du Chesapeake et de l'Ohio ; et ces nouveaux avantagcs seront acheles a peu de frais , parce qu'il y aura beaucoup moins de depense a faire pour le canal de l'Ohio au lac Erie, que pour celui de l'Ohio au Chesapeake. 3° On n'a point parle non plus de l'utilite dont sera pour ce dernier canal, celui qui est projete de Washington a Baltimore , ct dont on est en droit d'esperer les plus brillans resultats. Enfin le canal de l'Ohio au Chesapeake, conjointement avec tous les aulres qui pourront par la suite franchir la chaine de 1' Al- leghany, procurera aux pays dont le commerce se fait par le Mis- sissipi , une communication assuree avec la mer, dans le cas ou la guerre interdirait tout-a-fait, ou rendrait dangereux de sortir par rembouchure de ce grand fleuve, qu'on peut justement appeler l'artere principale de toutes les provinces de l'ouest. Pour appre- cier cet avanlage a sa veritable valcur, il faut remarquer que les cotes de la Louisiane ne presenlent pas une seule position d'ou les floltes des Etals-Unis puissenl proteger utilement le debouche du Mississipi dans le golfe du Mexique. Les cotes seront, il est vrai , a8o dans peu de temps, irises a l'abri • En arrivanten ce port , mon intention etait de n'y faire qu'une tres-courle relache , pour reprendre ensuile l'exploration de la Nouvelle-Zelande. Mais ce fut la que j'eus, pour la premiere fois, connaissance des decouvertes de Dillon (1) ; l'affaire desagreablc qu'il avait eue avec le savant et estimable docleur Tytler 1'avait force a faire un long sejour a Hobart-Town, et sa mission etait devenue le sujet de toules les conversations. Malgre le peu de con- fiance que les personnes les plus distinguees de la colonic temoi- gnaient a l'egard de ses depositions , je trouvai , apres avoir mu- (1) Dans le precedent article sur La Perouse (Bulletin de rnaij, cc serai I aAmboine que le capitaine Dumont d'Urville aurait eu connaissance, pour la premiere fois, des decouvertes du capitaine Dillon. 282 rement examine l'affairc sous tous les rapports, qu'elle presentait un grand degre de vraisemblance, et jc restai convaincu qu'il im- poriait a la gloire de noire expedition, a rhonneur de la marine et meme il fut cnlieremcnt termine , et son inauguration ful consacree partrois dccbarges de mousqueterie et une salve de 21 coups de canon. » Dcs-lors, j'eusse vivement soubaite pouvoir reprendre la mer ; mais les passes du nord m'etaieut inconnues : je dus allendre un temps un peu moins affreux pour expedier M. Gressien a la re- connaissance de ces dangereux labyrinlbes. II apporta a cetle importante exploration tout le zele et toute Texactitude qui le ca- racterisent ; mais ce ne fut qu'apres trois tentativcs inutiles , qu'il parvint a decouvrir un canal par lequel V Astrolabe put se basarder avec quelques chances de succes. » Enfin , le 17 mars , nous profitames d'une faible brise du sud au sud-est pour mettre a la voile. Celte operation ne put se fairc qu'avec beaucoup de lentcur, car nous avions a peine une vingtaine d'bommes en etat d'agir ; en outre , nous etions obliges de sur- veiller avec soin les demarcbes dcs naturels , que notre extreme faiblesse avait rendus audacieux. Je donnai dans la passe : a peine la fievre me laissail-elle la force de me soutenir pour commander la manoeuvre; mais M. Gressien me servit de pilote , et il le fit avec tant de sang-froid et d'habilete, que la corvette francbit rapi- dement et sans accident le canal elroit et difficile par lequel il nous fallait gagner le large. Ce mouvemcnt decidait du sort de 1'ex- pe'dition , et la moindre fausse manoeuvre la jelait sur des ecucils d'ou il eut ete impossible de jamais la rctirer. D'un autre c6te , nous ne pouvions plus differer notre depart ; et si le mauvais temps nous eut retenus quelques jours de plus dans la rade de Manevu , la fievre eut sans doute saisi la plupart des bommes qui restaient sui 287 pied; des-lors, notre perte devenait egalement inevitable. Aussi, malgre notre detrcsse , nous eprouvames tous, en nous voyant delivres des re'eifs de cette fie funeste, un sentiment de joie com- parable a celui de prisonniers qui ecbappent aux tourmens de la plus dure captivite. » D'apres les renseignemens que j'ai pu me procurer des naturels, par le secours d'Hambilton (Tun des Anglais recueillis a Tikopia) , il paraflrait que les fregates de M. de La Perouse seraient tombees sur les brisans de Vanikoro , par une nuit obscure el pendant Ja- quelle aurait regne un violent coup de vent de sud-est. L'un des balimens aurait touche dans la partiedu sud ; la,bientot detruit par la force du vent et des flots , il aurait couleen tres-peu de temps , et une trenlaine d'bommes, au plus , fussent parvenus a gagner la lerre.L1 autre vaisseau , ccboue sous le vent de 1 fie et mieux abrile, serait reste long-temps en place. L'equipage entier aurait pu de- barquer a la cote dans le district de Paiou, oii il aurait sur-le cbamp travaille a construire un petit navire des debris du grand. Ce tra- vail aurait exige sept lunes de sejour dans File , apres lesquelles , suivant 1' opinion la plus repandue, tous les Francais, sans exception , seraient partis de Vanikoro ; quelques-uns cependant pretendent quil en resta deux qui moururent en moins de deux annees. Du reste , il nous parait presque impossible qu'il puisse maintenant exister aucun Francais , soit a Vanikoro , soit meme dans les iles voisines. Les depositions unanimes des babitans , nos courses et nos observations sur Vanikoro , semblent ne laisser aucun doule a l'egard de cette fie. En outre , nous avons Irouve et interroge des naturels de Nitendi et Toupoua (Ste.-Croix et Ourry), qui nous out aifirme qu'il n'y avait qu'un seul blanc a Ste.-Croix , provenant d'un navire baleinier qui y etait passe il y a quelques annees. Ceux de Nitendi conservent encore le souvenir de l'apparition des vais- seauxde M. d'Entrecasteaux sur leurs cotes. >> Le groupe de \anikoro se compose de qualre fles , donl deux assez grandes et fort elevees, et deux tres-petites, qui, toules en- 288 semble , an premier abord , scmblent n'en former qu'une seulc , environnee d un recif immense de 3o a 4-Q milles de circuit. Cetle terre parail avoir ete vue pour la premiere fois , en iygi , par le capitaine Edwards de la Pandora, qui la nomma Pitt; et e'est certainement la nieme ile que 1c general d'Enlrecasteaux appela Pile de la Recherche, en 1793, et qu'il jugea beaucoup plus pelile qu'elle n'est, a cause de la grande distance ( 12 a i5 licues) a la- quelle le vent l'obligea d'en passer. Enfin nous-memes , sur la Coquilk, en 1823, nous n'en passages qu'a 5 ou 6 lieues. N'e- tait-ce pas une sorte de fatalile attachee an nom de notre illustre LaPcrouse, que deux expeditions franr/aises dussent passer si presdu theatre de son infortune , sans en avoir connaissance , et qu'unc troisieme ne put y penetrer qu'au risque de parlagcr son sort? . . . » J'ai conserve au groupe enlier le nom de Vanikoro (1), depuis long-temps celebre par la connaissance qu'en cut Quiros a Tau- mako , et qu'il ecrivit Mallicolo ; a l'ile la plus grande et la plus ele- vee , celui d "ile de la Recherche. J'ai donne a la seconde ile le nom de Tevai , dun de ses villages , quoique celui proprement appele Vanikoro s'y trouve aussi situe , et j'ai laisse aux deux peiites iles les uorns des nalurels, Manevai et Nanounha. Paiou et J'aiwuxie sont point des iles dislincles , mais des districts de la grande ile. » •Souvenirs d'un sejour a Rrofisse en Bifhj air, dans I'annec 1825. (Extrait •Pun voyage ine'dit, In a laSocie'te de Geographic, le 3 avril 1823. NOTE PRELIMJNAIUK. Si les deux iiagineiis que je vais lire presentaient un peu d'in- lerfit a la Sociele de Geographic, jamais l'liorineur de lui en sou- (1) Le capitaine Dillon a donne au groupe des quatre iles / "anikoro ou Vanicolo le nom Allies de La Perousc, en l'honneur de notre celebre com- patnote. Nous devons desirer que ce nom soit consacre de'sormais par les Geographes , et que le lieu ou le Celebre navigatcur a trouve la mort , et qui recele son ce'notaphe , soit pour la poste'rite inseparable de sa me'ruoire. 2% mettre successivcment un certain nombre d'autres , parmi lesqucis se Irouveraient : i° Une description assez etendue de la ville de Brousse , avec des details sur son administration municipale. sa population, son industrie, etc. 2° Une excursion sur le mont Olympe de Bilhynie, avec une serie d' observations qui peuvent servir a apprecicr la hauteur de cette nionlagne , et a donner un plan assez detaille du bassin de Brousse , etc. 3° Nicee, son beau lac, et. son bassin si fertile et si bien cul- ture , avec des materiaux pour en faire la topographic 4° Lefke, alias Leucce , sur la Sakaria (Sangariusj; — Guehve , dans la vasle plaine d' ' Ak-Serdi, arrosee par le meme fleuve , et si riche de ses produils agricoles, tcls que le colon , V opium, etc. — Les gorges du Tcha'irli-Dagh , que la Sakaria traverse pour pe- netrer dans la Basse -Biihynie, en se rendant a la mcr Noire, au travers des terrains d'alluvion qui entourent le lac de Sabandja (Sophon Lacus). 5° Le beau pont voisin du gros bourg d' Ada-Bazari (JHukhanncs- Kuprip), monument qu'un heureux hasard ni'a fait, pour ainsi dire, decouvrir en novembre 1825, dans ce canton peu frequente par les Francs, et que l'annee suivante a visite M. le comte de Laborde , lun des membres les plus respectables de la Societe , auquel jen avais parle commc d'un objet digne de son attention. 6° La reconnaissance des ports de Calpe et de Kef ken, sur le rivage du Pont-Euxin , position interessante dont parle Xenophon dans la relraite des Dix-mille , etc. Je me permets de presenter cette nomenclature sommaire de mes notes principales , afin que la Societe me designe les points qui lui paraitraient les plus dignes de son attention ; et e'est d'elle que j'attends un signal de bienveillance et d'encouragement dont je sens le besoin , pour m'engager a poursuivre, avec un peu de confiance , des travaux qu'elle ne jugerait point inutiles au but J9 ■«•" qu'elle s'est propose clans sa cbarle destitution. — Je dois, a rexcinple de mes collegues, lui payer mon tribut, quelque faible (iu'il soit ; car j'ai a caur de lui prouver nia vive gratitude pour le cboix dont elle vicnt de m'honorer, en m'appelant a faire garlic de sa commission centrale. J. M. JoUANMN. Cc 3 avril 1829. PREMIER FRAGMENT L.\ Tente. Apres dix-huit annces d'interruption , me voila redevenu nomadc: je viens de m'etablir sous une iente. J'avais deja goute ce genre de vie, il y a une vingtaine d'an- nees, dans les plaines de la Perse, au milieu d'une cour qui a con- serve les antiques usages de l'Orient, et qui aime a passer la belle saison loin emes par un seniiment de bienveil- lance el de charite : son air souffrant , quelques prevenances dc bon voisinage nous ont interesses a son sort ; et je me plais puis un temps immtfmorial; et c'est de Brousse que Ton retire la meillenre partie des jeunes arbres a fruit qui decorent les jardins et les vergtrs de Constantinople. (i) Cette riviere, dont le cours va de Vest a Vouest, se nomrae Dili Tchai (le Fleuvc Vou ), a sa sortie des gorges orientales du mont Olympc. Elle cause en effet de grands ravages dans la plaine de Brousse, et se repand a droite et a gauche, de maniere a rendre marecageuses et inculles les portions de cette plaine, qui seraient si fertiles, et ou les chaleurs de l'efe dtiveloppent des miasmes funestcs a la sant:: des habitr.ns. -J 1)4 chaque matin a aller causer avec lui , et a le distraire un peu du sentiment de ses main el de la perspective d'une I'm prochaine (i). Mais lorsquc le soleil est dans sa force , nous abandonnons noire tente , el nous parcourons le plus souvenl le revers de la branche occidentale el infe>ieure de I'Clympe, qui se dirige vers le lac d'Apollonie. Rien de gracieux et js~* , village renomind par ses bains , ses cultures et la mosquec de Molla-K oudawendghiar , surnom de Murad Icr, le conquerant d'Andrinoplc, de la Servie et de l'Albanie, le 3C et Tun des plus grands princes de la dynastic d'Osman. — Enfin , quelque part que nous allions, nuit et jour, l'air retenlit des chants du rossi- gnol, et sa melodic non interroinpuc redouble encore le bien-elre que nous devons a cettc nature cnchantee. Je ne vous parlerai point de nos travaux pour rendre notre eta- bussement conjurtaile ; il sufSra de dire que rien ne nous manque. Une grolle creusee dans le rocher , au-dessous ineme de notre tente, sert de cuisine a ces nomades de nouvelle creation; l'cau froide , Teau chaude presque bouillante coulent aupres de nous pour satisfairc a tous nos besoins , et c'est au milieu de ce que jc viens d'cssayer dc vous decrire , a Brousse. La, dans un espace de moins de 200 toiscs carrees, surgissent ces belles eaux, de quatre endroils difterens, pour alimenter Yeni- Kaplldja , Kdinardje , les deux Kukurdli et Hadji -Mouslapha. Dans la plaine meme, et a une cinquantaine de toises au nord de Yeni-Kaplidja , existe encore une source aussi abondante (1), au milieu d'un jardin potager : mais elle coule aujourd'hui, sans utilite vers les ruines d'un vieux bain ^l^s-l^Xw' ( Eski - Ilaui mam), abandonne depuis long-temps par suite de rexhaussemenl successif du terrain qui l'environne , et dont le niveau actuel s'eleve de plusieurs pieds au-dessus de l'ancien pave. Yeni-Kaplidja i^-y^ A>. > "c nouveau tberme, est le plus beau et le plus grand de ces edifices ; il a ete repare depuis peu aux frais du tresor , car ces bains sont autant de proprieles du domainc imperial , qui les afferme d'ailleurs a des prix tres-moderes. Trois grandes salles principales, independaminent de plusieurs cbambres 011 pelits reduits , composent ce beau monument d'utilite publique, (1) .Fai nlwervcsa temperature; elle s'clevait a 4i°R. . celle de l'air e'tant j>5. 297 couvert do domes ct de coupoles. Deux sources, sortant du rocher de Badam/i-Baghtche, a la temperature moyenne de 68 a 700 R. , perdent cet exc.es de chaleur par le melange d'eaux froides , de maniere a n'enlrer dans la grande eluve qu'a 33° environ : pro- portion que j'ai constamment trouvee a peu pres la meme dans tous les autres bains. II est cependant aise d'obtenir ces eaux a mi dcgre superieur ou inferieur; il suffit d'en temoigner le desir. Yeni-Kaplidja possede une piscine en marbre blanc , de forme circulaire, ayant de 4. a 5 pieds de profondeur , avec trois gradins , dont le diameire est double de celui du bassin d 'Eski-Kaplidju . Une eau limpide et claire comme le cristal s'y renouvelle sans cesse , et nonobstant cc renouvellement , cbaque soir la piscine est mise a sec et ncttoyee avec soin. On prend les memes mesures dans les autres bains. 1 out aupres , Kainardje (fcnu houillonnaide) , qui recoil ses eaux de la meme source que Yeni-Kaplidja, est uniquement destine aux iemmes. Ge batiment n'est conslruit . ni avec la meme solidile , ni avec la meme elegance : aussi les Dames n'y vont-elles jamais ; elles attendent le jour des grands bains, qui altirenl un si nom- breux concours a BadamJi-Baghtche. Hadji-Mouslapha , dans la plaine , au bord de la route de Mou- dania a Brousse, est un etablissement parliculier qui portclc nom de son fondateur. Quoiqu'il ne soit separe de Yeni-Kaplidja que par la largeur du grand cbemin , ses eaux sont d une autre nature; elles passentpour etre cbargees dune dissolution de plomb , tandis que celles de Yeni-Kaplidja et de Kainardje sont sulfureuses, mais a un faible degre. Quant aux premieres , elles surgissent dans un iwssin couvert et ferine ; elles out une limpidite superieure a celle des autres bains , et elles produisent sur la peau des baigneurs le meme effet que l'extrail de saturne etendu deau , c'est-a-dire qu'clles la rendenl douce et coinme savonneuse. Je n'en ai fail usage qu'une seule fois; j'en fus incommode. Cependant elles sont re- chercbees et preferees pour cerlaines maladies. 3g8 11 me reste done a parler des thermes sulfureux propremeut dits, qualite qui leur a fail aussi donncr par les Turcs le nom de Kukurdli (i).Les Grecs les ont en unc veneration particulicre ; c'csl un lieu de pelerinage pour les chretiens de cette contree ; ils s'y reunissent en grand nonibre dans le mois d'octobre , en Commemoration dumartyre de saint Patrice; la tradition ditquc le proconsul de Brousse fit jetcr le sainlpersonnage dansle reservoir qui recevait les eaux de cette source presque bouillante , pour le punir de n'avoir point voulu sacrifier aux faux diem. La source qui echauffe et entretient ce double edifice , dont le plus petit est reserve aux feinmes , fournit avec une abondance loujours egale des eaux un peu troubles etd'une couleur legerement jaunatre ; elles repandent aussi une odeur plus hepatiquc que celles de Yeni-Kaplidja ; mais elles n'ont pas une temperature moins elevee, car toutes lesfois quej'y ai plonge le tbermometre, ilnem'a pas indique moins de 68 a 700 R. Les bords de la source secbargent d'une concretion sulfuro-calcaire , dont j'ai pris un ecbaulillon. L'eau thermale entre immedialement, a sa sortie de la terre , dans un reduit voute de 3 toises cubes environ , on. l'on a pratique un banc pour la commodite des baigneurs. Lorsque l'on y penetre , la cbaleur est etouffante ; mais peu a peu on s'accoutume a respirer cet air brvklant, etl'on finit pary rester ioa i5 minutes , afin d'exciter une abondante sueur , propre a dissiper desdouleurs rhumalismales. A un pied au-dessus du sol le tbermometre marque 3i°, et pro- gressivement jusqua 3G° a la hauteur de Gpieds. Ce sudatorium , h bon droit nomine par les Turcs Echek-ltrlnlhi , e'est-a-dire faisant suer ks dnes , est precede dun autre reduit ou penetre lair e\le- rieur, de maniere a en faire lomber la temperature a 3i°. — Dans la sallede bain ou etuve principale, l'eau froide, qui y circule abon- damment , en a deja inodere I' atmosphere ; le tberinometre n in dique plus que 3o°, et l'eau de la grande baignoire dans laquelle on (i) Kukurd . Jj £ signifie soufre en turc et en persan. 299 se plonge, va jusqu'a 33 ou 34-°, comme dans les autrcs piscines deja decrites ; mais on peut la faire refroidir a volonte. — C'est dans cette piece que les gallons de bain vous massent , vous savon- nent, vous inondent d'une eau toujours renouvelee. — Apres vous avoir enveloppe de linges sees, ils vous conduisent dans une salle ante'rieure , consacree aumeme usage que l'etuve principale , mais ou l'almosphere n'a deja plus que 20, 21... 24 el 25° de chaleur. Vous vous y reposezquelques instans , et vous rentrez enfin dans le vestlarium ou vous aviez depose vos vetemens en entrant au Lain. La , on essuie la sueur avec de nouveaux linges , on vous offre la pipe et le cafe, et on vous laisse ensuite etendu sur un petit matelas, jusqu'a ce que les pores se soient refermes, et que Ton puisse se r'habiller sans danger. Les plans de Yeni-Kaplidja et de Kukiirdli rendront plus facile l'intelligence de ces details : j'ai eu le bonhcur de reussir a les lever avec la plus grande exactitude. Un point que je ne dois pas negliger de noler ici, c'est I'eton- nante moderation du prix auquel l'administration locale a soin de maintenir l'usage de ces bains. Les pauvres ne paicnt guere plus de trois paras, environ trois a quatre centimes de noire monnaie; encore leur fournil-on dulinge pour entrer dans l'etuve et pour en sortir. L'etranger est sans doute moins favorise ; mais un Europeen en est quitte pour trente ou quarante sous au plus , tout compris , a moins qu'il ne soit un personnage , tel qu'un ara- bassadeur, qui paie par convenance encore plus que par un vain de- corum. Si nous possesions de si riches tresors dans TEurope cbre- tienne, quel parti n'en tireraient pas nos speculatews , et quelles fortunes a la Vigier n'en verrions-nous pas naitre rapidement! On veut ge'neralement en Turquie que tout le monde puisse jouir , presque a vil prix, de ces bienfaits d'une Providence universelle ; etl'on y est encoreloin de ce point de haute civilisation ou tout est soumis a certains calculs lucratifs, qui s'etenderl peut-etre meme quelquefois jusqu'au soulagementdes pauvres et des infirmes. >oo Pour aebever ce tableau, que f'osc dire vrai et fidele, qu'il me soil permis d'ajouter encore quelques mots sur une autre espece de fondations d'utillte puldique, si communes dans lempire ottoman. Je veux parler de cetle multitude de fonlaines que Ion rencontre de tous coles , ct oil les voyageurs et les caravanes peuvent se dcsal- tercr si facilement. Dans mesdi verses excursions en Turquic, j'avais deja bien souveut remarque et apprecie eel usage , rccommande par la religion musulmane , comme une ceuvre agreable a Dieu , de meme que l'etablissement des ecoles, des colleges {inedrerh') , (les ponts , des hospices et des mosquees , plus parliculierement im- pose aux princes, aux grands et aux riches, tandis qu'une simple fontaine est souvent l'acte charitable du pauvre. Les chaleurs de Fete donnent un grand prix a ces dernieres fondations, et j'ai souvent regrelte quenotre Europe ne jouit pas des niemes avanlages. iMais dans les environs de Jirousse , ces fontaines in'ont paru exister en plus grand nombrc que partout ailleurs, et ellcs sonl presque toules dues a des femmes. J'appellerai un instant encore vos regards sur un de ces monumens de la plus touchanle piete. Comme les bains thermaux de Brousse y attirent un grand n ombre de pauvres , une dame nominee Futhme-Khanum , epousedun des ma- gistrats municipaux de cetle ville, a voulu leur procurer quelque soulagemcnt : elle a done fait conslruire au pied de la muraille orientale de Kuinardjc , six lavoirs en marbre blanc dans lesquels parvient un filet d'eau cbaude, atin d'offrir aux pauvres et aux ou- vriers elrangers un moyen de laver leur linge et leurs velemens. Mais la philantropie de la fondatrice est allee plus loin ; elle a eu lattention de faire placer aupres de ces lavoirs une autre pierre creusee comme une margelle de pints , oil vient aboutir un cou- rant d'eau froide qui sert a temperer la chalcur de cetle cau presque bouillante a sa sortie du rocber. Ce petit bassin est si bien entendu , quefeau froide s'y maintienl loujours a la meme hauteur, de ma- niere a ce qu'on pent v puiser aisenienl aveclamain. Cetle bien- laili ice ilu pauvre y a fail graver son nom el eclui de son inai i , et 3oi clle demande une simple priere pour son atnc au voyageur et au passant , qui , si j'en juge par ce que j'ai ressenli moi-memc, ne sauraient demeurer froids devant ces marbres consacres & unc oeuvre si pieuse el si respectable. J. M. J. DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. § I". Proccs-Prerbaux des Seances. Seance du ier mai 1820. Le proces-verbal de la derniere seance estlu et adople. MM. Bourgeois , Reinganum et Yidal remercient la Societe de les avoir admis au nombre de ses membres , et prometlent de se- conder ses efforts. MM. de Bosscl, auDom du ministre de la marine, de Vins de Peyssac, le comte de Sambucy, baron l\oger, de Baulmont , Nadault, Morlent et Frederic Gray, ccrivent a la Societe pour lui offrir divers ouvrages qu'ils viennent de publier. Bemercimcns. M. Huber envoie la continuation de quelques considerations geographiques et hisloriques sur 1'ile de Cuba. M. Giraud adresse une note sur la communication entre le lac des Bois et le lac W innepeek , dans rAimirique seplentrionale, Bemercimens et renvoi au comite du bulletin. M. Warden communique de nouveaux renseignemens sur le voyage du major Blacker, dans 1'Himalaya. M. Gauttier d'Arc annonce a la Societe son depart pour la Grece, en qualite de vice-consul, attacbe a la mission scienlifique, lui fait des offres dc service et demande ses instructions. M. Denaix met a la disposition de la Societe le cuivre d'unc carte 302 des monlagnesde l'Europc, destinee a accompagner le Me"moire orographique dc M. Bruguiere. La coimiiission cenlrale vote des remercimensa M. Denaix, el decide qu'une eprcuve sera adrcssec a 3VI. Bruguiere , avec l'invitation de la mettre en rapporl avee le iexte de son ouvrage. M. Yivier, graveur en medailles , offrc a la Societe de graver, sans frais, et d'apres les dessins qu'ellc choisira, le coin des mc- dailles quelle distribue rliaque amice. La commission ccntrale accueille cctte offre avec reconnaissance, et nomine une commission composec de MM. Eyries, dc Freyci- net , Jomard, de Larenaudiere el de la Roquelte , pour se con- cerler sur l'cxecution de eclte medaillc. Ellc adresse en meme temps des rcmcrcimens a M. dc la Ro- qucitc , qui s'etait charge de faire choix de plusieurs types a ['admi- nistration de la monnaie des medailles. M. Bottin rend comptc des demarches qu'il a faites au sujet du monument a elever a feu J.-R. Pacho. Sur la proposition de M. dc la Roquetle, la Societe offrira a MM. les conservateurs des livres a la bibliolheque du Roi, un exemplaire de son bulletin. Seance du i5 mai 1825. Le proces-verbal de la seance du ier mai est lu el adopte. M. le capilaine John Franklin ccrit qu'il est tres-flatte dc lho- norable suffrage que la Societe a accorde a sa derniere expedilion vers la mer polaire , et il la remercie d'avoir bien voulu lui deeer ner la medaillc d'or annuelle pour la decouverle la plus imporlanlc en geographic. Renvoi de cette lellrc au comitedu BuIlelin.O <>>,. page 3o5.) M. Thomas, ancicn commissaire de marine , adresse a la So- ciete des observations sur la position geographique de plusieurs ties situees au N.-O. , au N. et au N.-E. de Tile Bourbon , sui- vant les indications donuees par Horsburgh et Lislet-Geoffroy. 3o3 Rcmercimens el renvoi au comitedu Bulletin , de la letlre et des reflexions presentees par M. Brue. M. le baron de Derfelden communique denouveaux details sur la publication qu'U prepare d'une carte des colonies orientales de la Hollande. M. le chevalier d'Abrahamson adresse la suite des cartes de son atlas du Danemark , par bailliages. M. Jomard communique une lettre du meme correspondant , qui annonce l'titat actuel de cetle interessante publication. L'acade'mie des sciences de Turin adresse le 32e volume de ses Memoires ; des remcrcmicns lui sont votes. M. Bruguiere envoie la continuation du texle de son manuscrit sur T orographic de l'Europe. M. Jullien appelle l'atlention de la Socicte sur le tremblement de terre dont l'Espagne vient d'etre le theatre; il pense qu'il serait important, dans l'interetde la science et de l'humanite, de charger plusieurs observaleurs d'aller sur les lieux memes , pour avoir des renseignemens sur les circonstances qui ont precede , accompagne et suivi ce phenomene. Apres diverses observations de MM. Cadet de Metz , Warden et de la Roquelte , la commission accueille 1'offre que lui fait ce dernier de demander a ses correspondans en Espagne le re'sultat des recherches qui ont du etrc faites sur ce sujet. M. le President annonce que M. le capitaine d'Urville , de re- tour de son voyage aux Terres-Australes , est present a la seance; il l'invitc, au nom de rassemblee , a vouloir bien communiquer a l'une des re'unions de la commission le resultat de ses observations etde ses decouvcrles. 3o4 § 1. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCTETE. Seance du icr mai. Par S. Ex. le ministre tie la Marine : k Pilule franrais , 2e pari., i vol. in-fol. — Expose' ties traoaux relalifs a la reconnaissance hy- drograpMque des coles occidenlales de France , par M. Beautemps- Bcauprc, suivi d un Precis des operations geodesiques qui out servi i'e base aux carles et plans des trois premieres parties du Pilole franrais, par M. Daussy. Paris, 1829, 1 vol. in-4°. Par M. le baron Roger : Rechenches philosophiques sur la langue ouolofe. Paris, 1829, 1 vol. in-8". Par M. Baulmonl, Annuaire slalistlque du deparlemcnt de la Haute- Saonc pour 1829. \esouI, 1 vol. in-12. Par M. IXadault : Considerations sur les trois syslcmes de commu- nications inlericures, au moyen des routes, des chemins defer et des canaux. Paris, 1829 , 1 br. in-4°. Par M. le comle de Sambucy : Musee moral , ou Freccples, con- seils el exetnples recucillis chez les anciens moralislcs el divers aulres personnages ce'leores de Uanliquite, 1 vol. in-8°. Par M. Gide : Noiwellcs Annalcs des Voyages, cahicr d'avril. Par MM. Leuven et Ansart : Journal des Voyages, cahier de mars. Par M. Bajot : Annalcs maritimes et coloniales , cahiers de mars et avril. Par M. Artbus-i3eiiraud : Bibliolheque physico-econona'que , ca- hicr d'avril. Par M. de Yins de Pevssac , Annalcs des sciences de la llaoane, 3 numeros. Par M. Soulange- Rodin , Annalcs de Vinstitui horticole de Fro- monl, in livraison. Par M. Rifand : ISolice et rapport sur ses travaux el sa collection de dessins. 3o5 Par M. Jodot : Carte generate de Paris , i feuille. Par la Societe asialique : Cahier de Janvier de son journal. Par la Societe de morale chretienne : nos 68 el 6g de son journal. Par la Societe de l'Aube : n° 29 de ses Memoires. Par M. Morlcnt: le JSavigateur , journal des naufrages, nos 1 et2. Seance du i5 mai. Par I'Academie royale des sciences de Turin : tome 33 de ses Memoires. Turin, 1820,, 1 vol. in-4-'1. Par M. "Warden : The Life of Ledyard the americon traveller, comprising selections from his journals and correspondance , by Jared Sparks. Cambridge, 1828, 1 vol. in-8°. Par M. Busset : nc feuille de son Atlas du Puy-de-Ddme. Par M. le chevalier d'Abrahamson : 5 feuilles de son Atlas du Danema rck. Par M. Laurent: Plan dupalais cl duparc de Versailles, 1 feuille. Par M. C. Moreau: Suggestions for converting Portland roads in to a Harbour , in-fol. Par M. Jared Sparks : The North American Review, 21 nurneros. Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geogruphiques , cahier de mars. Par MM. de Leuven et Ansart : Journal des Voyages, cahier d'avril. Par M. Jullien : Revue encyclopedique , cahier d'avril. Par la Societe asiatique : Cahier defevrier de son Journal. Par les auteurs : Plusieurs n0i du Globe. Lettre de M. le capitaine Franklin a la Societe de Ge'ographie, relativement au prix qui lui a ct<: decerne. (Traduction.) Londvcs , ?5 a iil i8ay Messieurs , J'ai eu rhonneur de recevoir voire lettre du 3o mars dernier , qui m'annon^ait que la Sociele de Geographic de Paris avait 2(J 3o6 daigne" me de"cerner son prix annuel d'une medaille d'or , pour les resultats que j'ai obtenus par nies humbles, mais ardeus services, durant ma seconde expedition a la mer polaire. Je ne saurais vous exprimer tous les senlimcns que j'eprouve de l'honneur que m'a confere une Societe qui exerce d'une maniere aussi liberale son important patronage sur la science geographi- que, et qui se compose de membres dont les travaux et les recbercbes sont, sous ce rapport , apprdcies de l'Europe entiere. Ce sera toujours pour moi un juste sujet d'orgueil et de feli- citation de me trouver aujourd'hui , par votre (lalteuse election , associe comme membre correspondant a la Societe ; j'acquiers ainsi le privilege de prendre un interel encore plus special et personnel a ses progres et a sa prosperity. Je vous prie , Messieurs, d'etre bien convaincus que j'eprouverai un plaisir bien sincere , lorsque j'aurai le pouvoir, soit par mes recberches personnelles , soil de toute autre maniere, de rendre quelque service reel a une institution aux interels de laquelle les sentimens de gratitude et de respect m'engagent pour toujours. J'ai 1'bonneur d'etre , Messieurs , avec Je plus grand respect , Signe ; John Franklin. Offre failc par HI. J wi'er, de graver gratuitcment pour la Societe la medaille desiinee a elre donne'e en prix. Monsieur le President , La Societe de Geographic compte a peine quelques anndes d'existence ; mais celebre par le savoir et par le desinteresscment de ses membres , elle a deja fait faire d'immenses progres a la science qui est le but de ses constans efforts. Si les recompenses qu'elle accordc ont tant de prix et re'pandent une telle gloire, que les hommes de tons les rangs el de tons les 3oy pays concourent a l'envi pour lcs obtenir, ne serait-il pas de la dignite d'une Societe aussi celebre d' avoir, pour ses prix , une medaille portant une efiigie et des emblemes qui lui fussent par- ticuliers ? Me sera-t-il alors permis , monsieur le President , d'offrir de graver, sous vos auspices, pour la Societe royale de Geographic et gratis, les coins necessaires a l'execution de ce projet ? L'astronomie etant la base de toute geographie positive , ne pourrait-on pas personnifier ces deux sciences et en grouper les figures , corarae idee principale , dans la medaille proposee ? Au surplus , pour le dessin , je me conformerai en tout aux desirs de la Societe. Veuillez, monsieur le President, faire agreer ma proposition, si vous pensez qu'elle puisse £trc de quelque interet pour la Societe que vous presidez. J'ai l'honneur d'etre , avec respect , etc. Slgtic, VlVIER. TPtOISIEME SECTION. DOCTJMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGP.APHIQUES, ETC. Voyage au pole, aoec des navircs a vapeur. Les voyages du capitaine Parry dans les niers polaires de not re hemisphere n'ont point encore epuise la curiositc des marins. M. Ross , neveu et compagnon de ce celebre navigateur , entre- prend aujourdliui de dcpasser ses traces. Le i5 avril, cette expedition a du partir de 1'un des ports de l'Angleterre. Ce qui distinguera le voyage que va entre|>rendre le capitaine 3o8 Ross au pole arctiquc , cost qu'il "se fcra , pour ia premiere fois , pa- le inoyen de la vapcur. Le capilainc Ross a construit un vais- seau a vapeur du port de 200 tonncaux , qui sera accompagne d'un autre navire a voile de 3ao tonneaux, charge dechauffage, vivres, etc. II a fait de grandes ameliorations a la machine de sou vaisseau a vapeur la 1 icloire; les roues sont d'une nouvellc forme, et la cons- truction de la carcasse du navire est telle, que la pression de la glace, au lieu de l'ecraser, ne ferait que la soulever. Si lemoyen de I . vapeur venait a manqucr , les roues pourraient etre enlevecs , et en peu de temps, la J icloire serail transformed en un vaisseau a voiles. En outre, il n'yaura pas de cheminee , et la machine est a haute pression, ce quele capitaine Ross juge preferable. Un autre avantage, e'est que toute sorte de chauffage peut etre employee : le hois que fournissent les cotes septentrionales de l'Amerique, ou lhuile des vcaux marins, haleines, ours , etc. , qu'on trouve partout sur la glace ou dans la mer. II est prohahle que M. Ross se rendra en premier lieu au fond de Lancaslre , et qu'il examincra l'entree du caaal du prince Re- gent ; dans cette direction , il est probahle qu'il fera des decou- VL'rtes interessantes a 1'aide de la vapeur et des canots. Quand elle aura, par ce canal ou par toute autre voie , alteint la cote ameri- caine , l'expedition s'occupcra de l'cxamincr attentivement , surtout cptte parlic, que les capilaines Franklin et Beechy n'ont pas ex- ploree. Comme il nest pas certain que les rccherches ulterieures puis- sent etre profitables aux sciences geographiques et a la navigation , le capitaine Ross n'a rec,u pour cette entreprise aucun secours du gouvernement , a lexception de quelques instrumens que l'Ami- raute , la Societe Royale des Sciences et d'autres societes savantes lui out offerts liberalemeut. La Vietoire et le J aim auront pour cette expedition , le premier vingt , et le second quarante hommes d'equipage. Le capitaine est accompagne de son neveu , que Ton regarde comme Ion des offi- 3og ciers les plus habiles de la marine britannique. L' expedition a des vivres pour trois ans. ( Le Naoigateur n° 3 ) (i). lies nouvellement decoiwcrles chins I'Ocean Pacifiaue. Le Nantucket Inquirer, publie les nouvelles dccouvert.es qui vien- nent d'etre faites dans I'Ocean Pacifique , par le citoyen Plaske! , du vaisseau I'lndependant. — 11 est de la plus baule importance pour les navigateurs de connailre ces nouvelles lies, ou la vraie position de celles deja vues. Smutface island (2), latitude 6. rG. S. longitude 177. 19 E. Parker's id. 1. 19. S. — 174. 80 E. Broam id. — 18. 11. S. — 175. 4-8 E. Ces iles sont au N.-N.-Q. de Vavaoo , a 20 milles. En general , elles sont inbabitees. Ce meine navigateur a decouvertun recif dangereux qui s'eten 1 de Test de Wiwoolla, le long des iles jusqu'au N.-E. Le capitaine Cbase, du vaisseau le Japan, a donne les nouvelles positions suivantcs : Chases island, — lat. 2. — 28. S. — I°ng- — 176. E. Lincoln's id. — lat. 1. — 5o. S. — long. — 175. 3o E. La longitude de 1'ile de Simpson est ordinairemenl fausse. Elle est par les 174 — 3o. E. Brind's island, — lat. o. 20. IN. — long. 174. E. Dundas id. — lat. o. 10. N. — long. 174. E. (1) Ce journal qui s'imprimeet se publie au Havre , est destine a recueillir toutesles nouvelles de iner que rapportent les capitaines de navires. II puis'- dans leurs journaux de navigation, et par ce fait seul, il peut rendre de tres- grands services a la science. Nous le signalons comme une publication e'mi- nemment utile , et telle qu'il serait a de'sirer qu'il s'cn fit dans nos principaux ports de I'Ocean et de la Me'diterranee. Nous prions son directeur d'accepter nos remercimens pour l'echange qu'il abien voulu, a l'exemple de plusieurs autres directeurs de feuilles mensuelles , bebdomadaires ou quotidiennes, en i'aire avec le Bulletin de la Societe'. (2) Ce nom lui vient de ce que les babitans se couvrent la figure de noil- de fumee. 3io Commerce ct revenus d' Haiti. M. Franklin, clans son t^tat present d'Ha'iti, public a Londres en 1828 , donne sur leconomie interieure <3e cette ile interessante quelques details. Voici le tableau des exporlations a des epoques successives, d'apres les documens qu'il fournit. Les epoques choi- sies sont les annees 1791, 1802, i8o4 ct 1822, qui repondent precisement aux plus beaux momensde la colonie, sous Toussaint, Dessalincs et Boyer. II faut observer que les trois premieres annees donnent les relours de la parlie franchise de Tile seulement; l'annee 1822, qui cornprend les resultals obtenus dans les deux parlies franchise et espagnole , doit en consequence presenter necessairement un chiffre plus eleve\ Nous ajoutons aussi a ce ta- bleau le nombre des individus noirs ou de couleur employes a la culture. ARTICLES; FRANCE. TOUSSAINT. DESSALINES. Sucre. . Cafe. . Coton. Cacao.. Indigo.. Me'lasse. Rhurn. . Pop. employe! a la culture.. . l79l i63,4o5,aao liv. 68,i5i,i8o 6,686,126 non c'tabli. o,3o,oi6 ao,,5oa bariq 3o3b. puBcl 455,000 180 j 53,4oo,ooo liv. 3-'| ,370,000 4,o5o,ooo a34,6oo 37,600 9,ia8 bariq. non c'tabli. 20,0,000 1804 47,600,000 liv. 3 1, 000, 000 3,ooo,ooo aoi,8oo 35,4oo io,655 bariq. non e'tabli. aois d'acajou . . . . 20,100 pieds. Valeur eslime'e. . . . g,o3o,3g7 dollars. Droits de sortie. . . . 1, 365, 4.02 » Afm d'apprecier la grande difference qui existe dans le produit de rile , depuis le temps de Toussaint , nous comparerons la po- pulation des deux epoques, d'apres les meilleures autorile"s : 1802. 1822. Partie frangaise. . 3y5,ooo — 661, 5oo Partie espaguole. . g5,ooo — 54, 000 Total. . 47°>00° -^ 7i5,5oo II y a eu une diminution graduelle dans le montant des pro- duits d'Ha'i'li depuis 1822. On estimait qu'en 1825 la totality des exportations s'elevait a environ 8,000,000 dollars ; le revenu provenant des droits a payer a reexportation et a limportalion a 2,200,000, et d'apres d'aulres sources, un peuplus; ce qui donne en tout environ 47400>000 dollars , comme revenu estimalif de celte ancienne colonie. ( Extrait du North American Review. ) Ce- pendant le commerce scmble renaitre; car en 1827, le nombre des batiinens arrives dans les ports fut de g4, jaugeant n,g88 tonneaux, tandis qu'en 1826, ces memes ports n'en avaient regu que 71 , jau- geant 8,6g7 tonneaux seulcment. Sur les g4navires , 16 , lc double de l'annee 1826, etaleulfranpais , 17 anglais, 18 americains, 1 des Pays-Bus, 6 des villes anseatiques , et 4 A' Haiti meme. On sail qu'en I78g, le commerce etait assez florissant a Saint- Domingue pour employer 5i5 gros balimens francais , jaugeant i58,ooo tonneaux, et employanl pres de 20,000 matelols,le com- merce d'importation et d' exportation nationale s'eleva cette annee a 620,000,000, ce qui fait plus de la moitie de I'imporlation ct .)I 2 de Importation generates ' Benin jusqu'a Sackatou ; par le capitaine Clapperton , pen- dant lesanne'es 1825, 1820 et 1827, suivi du voyage de Richard Lan- der , de Kano a la cote maritime , trad, de l'anglais , par MM Eyries et de Larenaudiere , 2 vol. in- ou , ornes du portrait de Clapper- ton et enricliis de deux cartes geo- graphiques. Paris, 1829. Arthus Bertrand. ( i4 et 17 fr. ) — On trouve chez le meme libraire le premier voyage du capitaine Clap- perton, 3 vol. in-8° et atlas. ( 33 et 38 fr. ) 290. Memoire sur la population comparee de l1egypte ancienne ET MODERNE, par M. JoMARD , in- fo. Paris, 1829. Imp. roy. 291. Description de la ville et des environs du Kaire ; par M. Jomard. in-f° avec pi., 1829. Imp. roy. Ces deux me'moires font partie du grand ouvrage sur l'Egypte. A.SIE. 292. Travels in Arabia , compre- hending AN ACCOUNT OF THOSE territories in the Hedjaz which the Mahometans regard as sa- cred. — Voyages en Arabie ou description du pays que les Maho- me'tans regardent comme sacre ; par feu J. L. Burckhardt, in-4°. Londres , 1829. Murray. ( 3 1. 18 sh. 6d. ) EUROPE. 2g3. Keisen nach den vorzuglichs- ten Haupstadten von mittel Europa. — Voyages aux prin- cipales vil/es de l'Europe ccn- trale ; par G. D. Stein, in-8° avec pi., Leipsic , 1828. T. Ill , IV el V. flu U. 29^ SUR LES ORIGINES R.USSES. — Extrait des manuscrits orieiUaux, actresses a Mgr. lo comte de Ro- manzoff , dans line suite de lettres depuis r.inu.'r i8iojusqu a I anne'e 182a, par J. de HAMMER. In-4°, Saint-Petershourg , 1827. 29J. Saint-Pktersbourg. — Jour- nal de voyages faitsa Sainl-Peters- bourg , et retour en passant par la Flandre , la Prusse , la Russie , la Pologne , laSilesie, les e'tals allies dWllemngnc et la France ; par A. B. Granville. 2 vol. in-8° avec cartes. Londres , 1828. 396. Denkschrift uber die Russisch KRIEGSWACHT , etc. — Jlcmoire sur la force rnih'laire de la lius- sic, relativement a la guerre contre les Turcs; parE.de StORCK. ln- 8°. Leipsig, 1828. Klein. ( 10 gr.) Sntndintii'ie. 297. Herbstreise durch Scandina- vien. — Voyage en Scandinavie , fait en autonine; par W. Alexis , a vol. in-8°. Berlin , 1828, Schle- singer. ( 3 rixd. 18 gr. ) Attcmnenc, 298. Hoiien MESSUNG EIN1GER ORTE. — De la mesure de la hauteur de quelque.s licux et des montagnes entrc Gotlia et Cobourg, a I'aide du barometre, recueillie par 1'auteur lui-meme , et reunie aux mesures contenues dans le septieme recueil annueldesRec.herches naturcllcs de Berlin; ouvrage orm: d'une carte geognostique ; par K. E. A. von HoFF. Gotha, 1828. 299. DieHeILOI I'LL!.*' VON Aachen, Spaa , etc. — Description histori- que, geognostique, physique, cni- rnique et medicate des eaux mine- rates d'iir-la-C.hapelle, JJurs- chcid , Spa, Maltncdy et Ile'iles- tein; parP. J, MONHEIM. In-8°avec carte et frontispice. Aix-la-Cha- pelle , 1820. 3oo. Reise - HANDBUCH NAch Gas- TElN. — Guide du voyageur ou description naturelle, historique, archeologique et pitloresque da ITildbad Gas/cm; p.ir L-*M. TrIM- mel. ln-12. Vienne , 182;. 3oi. Origine e stato corogra- fico m Casalmaggiore. — Uri- gine et 1 tat cliorogi aphique de Casal Maggiore, par ['abbe* GlO. Romaki ; in - 8°. Casalmaggiore, 1828, Bizarri , t. I. 302. Nuova guide Yenizia. — Now veau guide de I'etranger a Tenise, avec 45 planches reprc:senlant des objels d'art et un abrcge de L'his- toire de Venise; par G. Moschini. In-12. Venise, 1828. Alvisopoli. France. 303. Statistiqlje compares de I'e- tat de V instruction el du jiombrt des 1 rimes dans /r> divers arron- dissemens des academies et cours rojales de France; par MM. A. Bai.BI et GuERRT. Paris, 1829, i feuille. lienouard. § 2. ATLAS, CARTES GEO- GRAPHIQUES, PLANS, ETC. 3o{. Atlante dell gran di cato di Toscana. — Atlas geographique , physique et historique du grand- duche de Toscane , en a{ cartes. Florence, 1828. Inipriin. ducale , livr. I. II. 305. An historical map of Pales- tine.— Carte historique de la Pa- lestine ou Terre-Sainte; par J. T. Asiieton, revue , corrigee et aug- mente'e par J."W. Ingraham. Bos- ton , iSji). 306. Carte de la Senegambie et des cotes occidi-.ntai.es de i.' \- FRIQUE, depuis le cap Blanc jus- qu'au cap Sainte-Annc, pouiservir a I'bistoire ge'ne'rale des voyages de M. ^ alckenaer ; p:;r Duiour , 1 feuiile. Paris, 1829. J.efcbvrc. ISO I ROT, Agent de la Sor.iele de Geographic. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME ONZIEME. Nos 69 a Ik. PREMIERE SECTION. MEMOIKES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. pages Viaggio inSavoja. — Voyage cnSavoie, de David Bertolotti ( par M. E. Henry) i Remarcks touching Geography, etc.— Remarques sur la Geo- graphic, et specialement sur la Geographie des iles Britan- niques, de Mela Britarmicus ( par M. Alex. B. du B. ). . i j Reflexions sur fetat des connaissances relatives au cours duDhioliba. — Second voyage de Clapperlon, en Afrique. — Remarques sur ce voyage, sur le lieu et lepoque de la mort de Mungo-Park et sur celle du major Laing (par M. Jomard ) 61 Traduction d1une leltre ecrite de St.-Louis par un Maure de Tomboclou 83 Rapport d'un Maraboutau gouverneurdu Senegal a S-Louis. ibid. Notice sur les \oyages de M. Rifaud, en Ilalie, en Turquie, en Egypie, etc. (par M. G. Barbie du Bocage). 84- Journey of Mr Elpbinstone , etc. — Journal de M. El- phinstone, dernier gouverneur de Bombay q3 Voyage de Bouchire, a reinboucliure de rEuphrate. . 97 Rapport fait a la Commission centrale par M. Fontanier, sur son voyage en Asie. — Reponse aux questions qui lui ont ele adressees par la Commission n3 ■ :\o Expedition de La Perouse. ( icr Article. ) l2~) Renseignemens sur Ie pays situe entre le Missouri et les provinces interieurcs du Mexique. — Sur la cote N.-O. de I'Amcriquc, qui fail actuellemcnt partie des Etats-Unis. Expedition du general Ashley, dans le pays voisin des montagncs Rocheuses , en 1826 ; par M. Warden. . . 161 Maniere de voyager des Caravanes du desert d'Arabie , avec un Precis sur la Mesopolamie; par M. H. Vidal. . 160 Notice sur les Raloutches, par M. J. Raymond. . . . 225 Expedition de La Perouse. ( 2C Article. ) 236 Tournee a la mode dans les Etats-Unis, par M. Bourgeois. 2^9 Note sur le canal de jonction de la baie de Chesapeake a la riviere d'Ohio en Washington Pittshurg, par M. le lieutenant-general Haxo 2"3 Expedition de La Perouse (3C article.) , et Voyage de M. Dumont-d'LTrville 280 Souvenirs dun sejour a Rrousse en Rithynie , par M. Jouannin 288 IP SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. Proces-verbaux. . . . 25, 5o, io5, i3g, 180, 253, 3oi Discours de M. le baron Cuvier, president 20 Notice annuelle des travaux de la Societe ; par M. de Larenaudiere , secretaire general 32 Compte rendu des recettes etdepensesdc la Societe, 1827- 1828. . . .- 47 Membres nouvellement admis dans la Societe. /,.8, 108, i/{.5, 186, 255. Ouvrages offerts. . . . 4-9» ^2, 108, i45, 186, 255, 3o4 Programme des Prix 188 Lettre du capitaine Franklin a la Societe 3o5 321 — Offrc faile par M. \ ivier, de graver gratuitement la me- daille deslinec a etre donnee en prix 3oG LIP SECTION. UOCUMENS, COMMUNICATIONS , NOUVELLES GEO- GliJpHIQUES. — ■ Letlre de M. Barrow a M. Jomard, sur le voyage de M. Caille ..53 — Letlre de S. Exc. 1c Ministre de l'lnlerieur, a la Com- mission centrale , sur le meme sujet 54- — Lettre de S. Exc. le Ministre de la Marine , id. . . . ibid. — Sur Thong-chou-fou et sur son commerce de frai de poisson 55 — Reunion de 1'Ocean allantique avec la Mer du Sud. . . 56 — Charbon de terre en Europe ibid. — Du Palais, du Serail et de la Cour du Sultan de Bantam. 5y — Projet du capilaine "W est, dans l'inlerieur de l'Afriquc. . im — Tremblement de terre a Calcutta ibid. — Rapport de M. Coraboeuf, sur la collection de dessins dc M. Rifaud i£7 — Maimadscban , ville fronliere de la Chine j.r>2 — Letlre de M. de Dcrfeldcn , sur la Carle du Japon de Titsingh, sur lc leve fait par M. Siebold, et sur ses propres Iravaux i55 — Lellre de M. Siebold, au baron de Capellen, sur ses Ira- vaux au Japon i5G — Expedilion de trois navires envoyes par le Gouverne- ment dcs Etals-Unis , pour explorer 1'Ocean Pacifique. . i5«S — jSouvellcs Colonies au Mexiquc el dans le district d1 Ar- kansas 2' I I — Letlre de MM. Quoy et Gaimard, a M. L. de Freycinel, sar la route et !es travaux de tAslfoh.be', depuis son de- 322 part de la terre de Van-Diemen, jusqu'a son arrive* a 1'Ile de France 201 — Nouvelle Colonic sur la cole occidentale de la Nouvelle Hollande 208 — ■ De Bautam, du Palais et de la Cour du Sultan de cetto province de Tile de Java. ( Suite. ) 210 — Societe forrnee en Anglelerre , pour l'abolilion des sacri- fices humains dans l'lndc 2i4 — Lcltre de M. Peytier, sur les hauleurs de la Morde et sur Tetat acluel de ses habilans .....217 — Details circonstancies sur le tremblement de terre arrive' en Espagne 231 — I\ouveau Voyage autour du niondc. — La Caroline com- manded par M. Laplace, capitaine de fregate 206 — Oceanic. — Colonies nederlandaises 25j — He Oualan et nouveau groupe d'tles (bid. — Rapport de M. Cuvier, sur la partie des voyages de M. Rifaud , relative a lbistoire nalurelle 25g — Cotes de Guinec. — Ville d'Ussu. — Civilisation. . . . 263 — ■ Communication cntre le lac des iiois et le lac Wenni- peek; par M. F. Giraud 264 — Tremblement de terre de la province de Murcic. ( Recti- fication. ) 2(i9 — Voyage au Pole avec des navircs a vapeur 307 — lies nouvcllement dc'couvertes dans l'Ocean Pacifique. . 309 — Commerce et revenus de Tile d' Haiti 3io — Reclamation de M. le capitaine Duperrey au sujet de Particle sur File Oualan 3i2 — Colonic americaine de Liberia ibid. — Voyage arcbeologique el geograpbique dans l'empire de Fxussie o1J — Arrivee en France de plusicurs jeunes Etbiopiens. . . ibid. — Reponsc du Comile du Bulletin a une lellrc inseree dans 3 '23 les Nouvelles Annales dcs Voyages. . . . ; . . . 3i^ B ibliograph ie Geog raph iq ue. i §. Livres : Ouvrages gene'raux. . . 58, in, 159,223,271,317. — Geographie ancienne et hislorique. 58, in, 159,220, 271, 317. — Amerique 58, i5g, 223, 271, 317. — Afrique 112, 317. — Occanie m, i5g, 2a3. — Asie 5g, in, i5g, 272, 317. — Europe 322,317. — Turquie et Grece 5g, 112, 233, 272. — Italic 5g, 37a, 3i8. — Allemagne 272, 3i8. — Prusse 59, 3i8. — Russie in, 3i8. — Suede, Norwege, Dancmarck 112, 3i8. — lies Britanniques 5q. — France 5g, 160, 223, 3 18. § 2. Atlas, Cartes geographiques , Plans. — Atlas universels Go, 112, 223, 273. ■ — Atlas speciaux. — Oce'an Pacifiquc 60. — Europe • . . . 60. — Pilote franc.ais 223. — Grand duchd de Toscane 3 18. — Cartes generates et speciales 112, 1G0, 3 18. — Plan ii?. Everat, Imprimeur, rue du CadraD , N° 16, a Paris. I'll L4ra>> cpiti/irul /////- ////■>/////,///// ,/ . 'r//.,/,,,,, (/Ami/ ff />■//<< r//iir'n/ / i'i cw\[ ide hwv nim m i,\ baiie he niESAPEARiE A L,A l« [ERIE 15 'OHIO, ft ses IVoliU /.,• developpement total ,/,, t'.uuil entre Oenraetemn et Pitt'oura est deafo$3i metres /..■ ,,.„„/.,;■ /,-/.,/ ./.. /:./„,.■ ....,./,. .<.„■l,<.,„^.v.../«■l!'/■■"■"'■ i'i-'' ^ ■'■■'■■■■< /■-'"'-' i -""■ "" i BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHEE. \Doiuzj (j..v. Dec. 2 6 6 3 I 5 3 7 4 2 6 4 16 20 20 10 i5 »9 l7 21 18 ■ 6 20 18 Les seances s'ouvrent a n beures 1/2 , rue et passage Daupbinn , no 3G. Lc5 vol. I et 11 du RecuoU ties Me'moires se distnbueiU aux Membres a moitic pi IX. I. a Socie'te auniet des Membres donateurs , en verlu d'nn Douvel article regle- menUire. P. ii- ordoaaance royale , dii 14 dirembre 182^, les slatuls dc la Society mil . Le approuves. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. REDIGE Par MM. Barbie do Bocage , Bianchi , Bonne , Sueur - Merlin , Warden , et autres Membres de la Societe , Geograpb.es , Voyageurs et Hommes de lettres fran^ais et etrangers. — <— wtwwaw — — w <————— — — ftnmc ftoitjihni. <#»»»<»»»«W»«»*»»«*»«8«»«» Le commerce des esclaves sur cette cote a ele la cause de la grande negligence de ragriculture ; neamnoins le prix des provisions n'est pas la moilie de celui des F.tats-Unis. Pies de la colonie, on peut acheter dexcellens besliaux, de 3 a G dollars par tete ; le riz se vend moins d'un demi -dollar le boisseau , et 1'huile de palmier, pour la cuisine, a 20 cents le gallon, cc qui equivaut a 6 livres de beurre. On peul acheter du cafe des naturels a 5 cents la livre. Les colons en trouvent assez pour leur consommation sur leur propre terri- toire. Le capitaine Nicholson s'etait procure a Tunis, dans 1'Archipel, et dans l'Asie mineure , beaucoup de graines precieuses, donl il a fait present a l'agent de la colonic Commerce du pays. 11 consisle en riz , huile de palmier, ivoire , ecaille de tortue, bois de teinture, cire , cafe et or. On regoit en echange les produils des manufactures des quatre parlies du monde. II y a presque toujours des navires europeens ou americains sur la rade , et le mouvement dans les rues ressemble a celui des pe- tits ports des Etats-Lnis. Plusieurs des colons ont acquis, dans l'espace de troisou quatre ans , des proprietes pour la valeur de plusieurs mille dollars, et dans tous les etablissemens on trouve non-seulement les choses ndces- saires a la vie , mais encore beaucoup d'objets de luxe. On evalue le commerce du cap Mount a 5o,ooo dollars par an. Le profit annuel dune petite goelette employee pour transpor- ter les productions du pays a plusieurs factoreries etablies sous la protection de la colonie sous le vent de Monrovia , est evalue a 4,700 dollars. On assure que cetle somme suffirait presque pour couvrir les frais el de I'agence des Etats-Unis el ulama, situee a lembouchure de Pvio - Grande , pres de l'autre exlremite de la cote sud-ouest, non loin du cap Vert, est le point le plus favorable a l'arrivee des vaisseaux am^ricains. La possession du cap Palmas est la cle de toute la cole ineridionale de l'Afrique et des pays environnans qui s'etendent a Test jusqu'a l'entreede Biafra. L'etablissement d'une colonie ydeviendrail, dans peu d'anndes , un depot important pour tous les produits nalurels ou manufactures des etrangers , par le commerce avec les nations qui 1'habitent a Test. Les vents alises qui suivent la c6te d'Afrique rendent le retour vers lenord tres difficile en toute saison et par- ticulierement en celle des pluies. La difficulte d'y faire alors des observations et la variation des courans empechent les capitaines de connaftre leur veritable situation, etles.exposent conlinuellement a se briser sur la cole. Du cap Palmas , ou au nord de ce lieu, il est beaucoupplus facile de retourner,en toutesaison, au cap Vert, etde l.i aux Etats-Unis. Mais, au sud du cap Palmas, on est expose con- (iuuellcinent a de grands dangers. Un etablissemcnl a ce cap deviendrait, comme a Monrovia, un marcbe pour les nations voi- sines , et les commerc.ans le prefcreraient a loute position plus a lest, ineme avec I'espoir de profits plus considerables. Outre les avantages commerciaux du cap Palmas, sa rade offre le meilleur ancrage outre Montserado el A ollu. Ses conlrccs environnanles sont montueuses , fertiles , entrecoupees de nombreux ruisseaux propres a etabiir des moulins. Le point a l'extremitd meridionale de la cote sud-ouest formera unc barriere naturelle al' empire que nous esperons qui s'organisera en Afrique. Une seconde position avantageuse est celle de Tile de Bulama , - l>\ Johii Franklin captain. R. N., F. R. S. , etc., and commander of the expedition. London, 1828, 1 vol. in~4°. Par la Societe royale de Londres : Philosophical transactions of the Royal Society of London for the year 1828, part. II. London, 1828, 1 vol. in-4-0- Par la Societe des traductions oricntales de Londres : The travels of IIjii Batata, translated from the abridged Arabic manuscript copies, preserved in the public, library of Cambridge. 7/ 'ith notes illustrative of the history, geography, botany , antiquities, etc., by the rev. Samuel Lee, 15. D. London, 1829, 1 vol. in-4.0. Par M. Beltrami : yt Pilgrimage in Europe and America , leading to the discovery of the sources of the Mississipi and Bloody River, with a description of the whole course of the former and of Ohio. London, 1828 , 2 vol. in-8°. Par M. le baron Walckenaer : Histoire generale des Voyages, tome XVI. Paris, 1829, 1 vol. in-8°. Par M. Frederic Campe : Carte de V Arabic ancienne ei du golfe arabique , 1 feuille. Par M. de Larenaudiere : Notice sur la vie et les outrages de M. Pacho , 1 brochure in-4°. Par 31. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques, cahier d'avril. Par 31. Jul lien : Revue encyclopedique , cahier de mai. Par 31. Arlhus 15erlrand : Bibliotheque physico-economique , ca- hier de juin. Par 31. Barbie du Bocage : Etat des connaissances geographique.- des Venitiens. In-8°. Par la Societe dc la morale chretienne: Numeros 70, 71 et 72 de son Journal. Par la Societe des methodes d'enseignemenl: Journal d' education et d instruction pour les personnes des deux sexes, numeros 1 a i5. Par la Societe de la Charenle : Cahiers de mars et avril de ses haiales. Par les auleurs : Plusicurs numeros du Globe. TROISIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOIJVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. Rapport de la commission dc la Societe royale dcs Antiquaircs de France (1). ( Seance du '-^o, juin 1829.) Messieurs , La Societe m'a charge te antiquity ; q° D'une cinquantaine didoles en lei re cuite, de formes plus ou moins bizarres; de flageolets aussi en terre cuite , un lapin sculplc en pierre , un miroir en lave, des grelols en cuivre, des sccaux de 47 divers peuples en terrc cuite , des caracleres d'impression sur pa pier ilagave, el Irois vases, doni un fort remarquable ; io° D'un expose de la doctrine caiholique cnvoye a Montezuma par Ics espions qu'il avait aupres do Fernand Cortis. Ce petit ou- vrage, dcrit en hieroglyphes , est unc copic exactc de I' original, sur papier d'agave , qui est conserve au cabinet d'histoire naturelle de Mexico. M. Baradere a eu lc bonhcur de se procurer les dessins origi- naux, executes par M. Gastafieda, qui accompagna l'expedition du colonel Dupaix en qualite de dessinateur. La signature de celui-ci , et 1'extrait du contrat d'acquisition que nous donnons plus has, ne laissent aucun doule a cet egard. Le gouvernement mexicain y prend l'engagemcnt de remettre dans trois niois unc copie de liti- neraire de l'expedition et de l'explication des monuinens. Une echelle tres-exacte est placee au bas de chaque plancbe , qui toulcs sont dessinees avec un soin extreme. Celle collection , a part quel- ques copies de planches plus ou inoins remarquables , etait ense- velie dans le cabinet d'histoire naturelle de Mexico. En l'exhumant , M. Baradere a rendu un veritable service a la science et aux arts. II est a desircr que celle collection ne passe pas en des mains etran geres , et que la France, patrie des arts , ne soit pas privee du fruit de la decouverte la plus imporlanle qui ait etc faite en Amerique, et qui donne a son auteur le droit de pretendre au prix proposd par la Societe de geographic M. Baradere espere , a l'aide de ses relations avec le pays, se procurer des cranes analogues a ceux qui sont represented dans les bas-reliefs de Palenque, et beaucoup d'autres monuinens encore enfouis dans le palais de Milla , qui est la seule mine qu'un parli- culier puisse exploiter avec succes. Les sepultures royales qui s'y trouvent sont entierement inconnues. (,)uaiit a l'edifice , M. le baron de Humboldt en a donne le plan et une description com- plete. 11 est bon dobserver que M. Baradere est le seul Europeen a qui le gouvernemcnt ait domic la permission de recueillir les an- tiquites du pavs , el d'executer des fouilles, depuis qu'il a ete rendu une loi pour les defendre aux Strangers. Voici l'extrait du conlrat passe entre lui ct lc gouvemement mexicain : Entre les soussignes , Isidore Icasse , conservaleur du musee de la Federation , et Henri Baradere, lous deux aulorlses par le gou- vernement, en verlu dune depeche du 4 septembre 1828 , a ele convenu et arrete ce qui suit : Art. ier. M. Baradere est autorise a faire dans l'interieur de la republique toutes les recherches ayant pour but la decouverle de nionumens quil jugera digues de figurer dans un musee. Art. 2. M. Baradere deposera entre les mains des autoriles des differens lieux tout ce quil pourra decouvrir, et en donnera avis a M. Icasse , qui est tenu de la transporter a Mexico, aux frais du musee. Art. 3. Lorsque M. Baradere croira devoir discontinuer ses re- cherches, il se rendra a Mexico , ou il lui sera delivre la moitie de la collection envoyee par lui , et le gouvernement Pautorisera a transporter en Europe tous les objels qui lui seront cedes en vert 11 de ce contrat. Art. 4- M. Icasse reconnait avoir recu de M. Baradere en echange d'une collection de cent quarante-cinq dessins. Art. 5. M. Icasse s'ohlige a foumir a Mk Baradere, dans 1'es- pace de troismois, a partir d'aujourd'hui, une copie de l'itineraire el des explications desdits dessins. Art. 6. M. Icasse declare aussi qu'il reste convenu de ne don- ner, sous aucun pretexte , copie de ces explications a qui que ce soit ; il ne permettra pas, 11011 plus, de prendre des dessins des nionumens de Palcnque trausportes a Mexico. Mexico, le 7 novembre 182H. 4o Note de /!/. Blacker sur I'llimahiic. J'ai differe de vous envoyer ma carle de l'lnde, dans L'espoir qu'elle me servirait a tracer l'itineraire de mon voyage dans l'Hi- malaie; mais conime elle ne va pas jusqu'a ces monlagnes , et que je n'ai pas mes notes , j'eprouve la plus grande difficulty a vous salisfaire. J'y ai penetre par la roule la plus nord-ouest du pays soumis a la domination anglaise , et qui est marque de rouge sur la carte. J'ai longe, pendant 80 milles, des chaines de monlagnes , avant d'arrivcr a la vallee, arrosee par le Sutledge. Rampoor est le chef- lieu d'un desnoinbreux pelits Etats dans lesquels le pays est divise. Le Piajah y resida jusqu'a l'invasion des ISepauleses , qui Ten ex- pulserent , et soumirent la partie de ses Etats qui est actuellement possedee par les Anglais. La vallee est si etroite en cet endroit , qu'il y a a peine place pour une petite ville , les monlagnes etant taillees a pic des deux cotes. Celle-ci n'est remarquable que par une foire, a laquclle se rendent tous les Bhotias ou Thibelains. C'est l'entrepot du commerce qui se fail entre les habilans des montagnes et ceux des plaines. Les principaux articles de ce trafic sont le fer, des cbales de laine, des queues de vacbes, du miel, de la cire, desfruils sees, un peudeporcelaine, eldesetoffesdeDamas, de Chine, elc.J'y ai rencontre plusieurs negocians qui avaient visile Pekin, et des in- digenes de la Tartarie chinoise. Je suivis ensuite la riviere jusqu'a Piuari , ou il doil y avoir maintenant un pont en bois qui n'etait pas acbeve lorsque j'y passai , celui qui sy trouvait auparavant ayant ele detruit pour enqjecher les Nepauleses de pousser plus loin leurs conqueles. J'y traversai la riviere d'une maniere fort sin- guliere, quoiquc ce soit celle en usage dans ces pays. Dix petites cordes, failes d'herbes , qui ne sont pas toutes egalement tendues , traversent un espace de 240 pieds. Un morceau de bois de pin creux lesreunil, et sert a soutenir un cerceau en cordes de la 4 me'me espece , dans lequcl on s'assied. Deux chevilles enfon cees dans ce inorccau dc bois , pour cmpecher le noeud de coaler, scrvent au passager pour se tenir. Dans telle position , on lc laisse aller, et il glisse avec une certaine vitesse jusqu'au centre de 1'espace, ou il reste suspendu en Fair, a une hauteur de Go pieds au-dessus de la riviere, qui , resserree en cet endroit par des rochers , s'y precipite avec un grand fracas , jusqu'a ce qu'on l'atlire doucement de l'autre cole au inoyeii d'une corde ; a l'aide d'une autre corde , on ramene le siege au point du depart pour prendre successivement les autres passagers. 11 arrive assezsouvent que celle derniere casse , el Ton est oblige d'attendre qu'un homme passe de l'autre cole pour la rattacher. 11 n'est pas rare non plus que toutes les cordes se rompent , et alors le malheureux passager est jete dans le gouffre, et va se Lriser contre les rochers. Les montagnes sont tres-escarpees du cole du nord , la montce en est presque perpendiculaire. La chaine a plusieurs milliers de pieds de hauteur de plus que celle du sud , quelle doinine completement. Apres 1'avoir escaladce pendant deux jours, j'arrivai au dernier village du revers meridional, et deux jours de plus me conduisirent a l'enlree du passage. Pendant le premier jour, j'a- perc.us encore quclque signe de vegetation , et ca et la desbouleaux. Mais je cheminai le second a travers des neiges elernelles. Depuis peu, on prend de preference une route qui serpente dans dc petiles vallees, et dont la pente est assez insensible jusqu'a la chaine de separation, laquelle est on ne peut pas plus escarpee , et d'un acces difficile. Sa descenle , du c6te du nord , est plus graduclle et plus directe. Apres une longue rnarche , je me trouvai sur le bord de la premiere eau courante , qui sort de dessous la neigc , et je ne fus pas peu elonne de voir que j'avais fait route sur le lit d'une riviere considerable et tres-rapide. Ici , Ton ne voyait que neige , et si nous ne nous etions approvisionnes de bois de chauf- fage , nous aurions ete obliges de nous passer entieremeni de feu. A la fin du cinquieme jour, j'arrivai a une maison isolee , con- struite au milieu des neiges qui recouvrcnt encore le sol, quoique nous fussions afors a la mi-juin. Les montagnes avaient change' d'aspect ; elles etaient devenues plus rocailleuscs , ct presenlaienl des formes plus irregulieres. La riviere avait pris un grand ddve- Ioppement ; mais on ne voyait aucun indice de vegetation, et des broussailles, recuelllies 1'annec passee, elaient lout ce quenousavions pour nous chauffer. Le bergcr qui demeurait en cet endroit avait des 0 yaks de Tartaric, des vaches de Thibet a grandes queues, des marlons et des chevies a clialcs. Ces animaux paraissaient trouver de quoi brouter parmi les rochers; mais je serais bien embarrasse de dire cc dont ils se nourrissent. Le lendemain, je visitai un village bati a i3,ooo pieds au-dessus du niveau de la mer. Le passage voisin en est a pres de 19,000 pieds de hauteur. La neige commen- §ait a y fondre dans les endroits les plus exposes au soleil. La ri- viere elait grande et rapide , et Ton apercevait sur ses bords des champs remues et prets a rccevoir de la semence , et des bouleaux rabougris. Les montagnes devenaient plus rocheuses , ctprenaient une variete de formes differences , qui, lanuit, offraient l'aspect de clochers , de tonrelles et de divers autres edifices. Ce village de- pendait de la Chine. Le chef, fulele a la politique jalouse de son gouvernement a l'egard des etrangers , me signifia l'ordre de re- brousser chemin. J'eus beau le prier de me pcrmetlre de conlinuer ma route , il ne voulut pas y consentir , bien qu'un jour de marche in'eut conduit hors des limites du district qu'il commandait. 11 reu- nit tous ses subordonnes des villages voisins , qui accoururcnt a sa voix , montes sur de pelits chevaux , ct couverls de peaux de mou- tons, comme les Tartares que j'avais rencontres en Perse. Ils differaient seulement par la chevelure , qu'ils portaient longue et tressee par derriere , a la maniere des Chinois, et surmonlee de larges chapeaux de couleur jaune. Je crus remarquer parmi eux des moines , dont le nombre , comme on sail , est fort considerable au Thibet. Les hahilans furent on ne pent pas plus polis: jV-tais le premier Europeen qu'ils eusscnt vu, et je devais naturellement ex- citer leur curiosite ; mais ils ne furent point incommodes , ils ve- naienl par pelits detacheinens, s'asseyaicnt a la porte de ma tcnte, &2 et quantl je leur avais monltf lout ce que j'avais , ils se rctiraiLiu pour faire place a d aulres. Leur ayant demande de me donncr du grain, ils me dirent de porter mes regards sur le pays , pour me convaincre quil n'en produisait pas. On l'y apporle de quelques villages moins eleves , et par le passage que j'avais pris. Le tabac forme lobjet principal de leur commerce , et la communication que cette denree entrctient, avait familiarise mes porteurs avec la langue de ces indigenes , de sorte que je n'eus pas de peine a m'en faire comprendre. Toules les monnaics de l'lnde out cours dans ce pays. Le passage n'est ouvert que pendant un ou deux mois , et je fus le premier voyageur qui le francbit cetle annee. On in' of frit a boire de mauvais tbe , mele avec de la farine, du sel el du beurrc; ce brcuvage , sans elre bon , etait neanmoins potable. Force me tut de relourner par le meme chemin. Je marcbai plus de trente milles dans la region des neiges perpetuelles. On pouvail quelquefois calculer l'epaisseur de celles-ci sur le pencbanl d'une monlagne assez roide , oil il sen etait arrete une quantile consi- derable; clle prescnlait un mur perpendiculaire de 5o a 60 pieds de bauteur. Je remarquai peu d'oiseaux , a rexceplion du faisan- argus et d'une petite espece de corbeaux qui frequenlent la contree la plus elcvee. L'ardeur du soleil dans les parties Its plus bautcs de. ces monta- gncs contraste etrangement avec le vent qui y est toujours glacial, en sorte qu'on est oblige de se servir a la fois dim parasol et d 1111 manleau. Mais ce qui incommode le plus dans cette region , c'est la refraction du soleil sur la neige. La sensation qu'elle cause est des plus penibles; elle produil une endure et une inflammation cuisanle aux yeux, et plusieurs de mes porteurs qui avaient neglige de prendre leurs precautions , en perdirentla vue pendant quelques jours, et faillirent se perdre dans les neiges. Les pluies periodiques de Tlnde sont inconnues dans ks montagnes que j'ai parcourues , et en general , il pleut raremenl ou jamais dans ces regions elcvees. Aussi la laine a chales qui en pi ovient esl-elle la plus esiimee , la qualile en elani plus fine a proportion du degre" lus de 20 ans. VY. ». v* ■* *.-*■*. »^^-v ».•* JUBLIOGRAPIIIE GEOGRAPIIIQUE. § Ier. LIVRES. onvaaOES gem^ziatjx. 307. Narrative of a second expedition to the shores of the Polar Sen. Rela- tion (Tune deuxieme expedition aux cotes de la mer polaire , en I 825, I 826 et 1 827 , par John Franklin , capitaine de la marine anglaise, et membre de la societe royalc de Londres. On y a joint I'itineraire d'un detachement dans la direction de l'Est, par John Richardson , chirurgien et naturaliste de 1'expedition , avec plusieurs plan- ches et cartes; public par ordre du secretaire d'Etat des affaires coloniales. Londres, 1828. 308. A pilgrimage in Europe and America. Pelerinage en Europe et en Amerique , conduisant a la decouverte des sources du Mississipi et de la riviere de Sang ; avec une description du cours entier du premier et de celui de TOhio , par J. C. Beltrami, autrefois jnge d'une cour royale de l'ancien royaume dltalie ; Londres, 1828. AiaERIQUE. 309. The Americans as they are , etc. Les Americains tels qu'oh les a vus dans un voyage a la vallee de Missis- sipi, dans TOhio , le Kentucky, 1'In- diana, l'lllinois , le Missouri, le Ten- nessee, l' Arkansas, la Louisiane, etc.; par I'auteur de PAutriche telle qu'elle est. In - 8° ( 8 shel. 6 pence. ) Lon- dres, 182'J. 510. Travels in North America , in 1827 and 1828. Voyage dans TAme- rique septentrionale , par le capitaine Basil Hall ; 5 vol. in-o" , carte ( I liv. st. 11 sh. 6 p.) Edimbourg. Sous presse. 511. Letters from the -western States of America. Lettres ecrites des Etats de Touest de TAmerique , contenant lies details sur le pays , les mceurs et b?s coutumes des habitans , et des anecdotes sur les premiers etablisse- mens de Touest des Etats-Unis ; par lejuge Hall. In-8°,12 shel. Londres, 1829. 312. Notions of the Americans. No- tions sur les Americains , recueillies par un voyageur celibataire (M. Coo- per) ; 2 vol. in-r8°, 28 shel. Londres, 1829. 313. Three years in Canada. Trois anne'es dans le Canada , ou Etat ac- tuel de cepays en 1 826, \ 827 et 1 828; par John Mactaggart , ingenieur civil au service du gouvernement anglais ; 2 volumes in-8" (18 shel.) Londres, 1829. 314. 3/exico. Le Mexique , par II. -G. Ward, ancien charge d'affaires d'An- gleterre dans ce pays ; 2° edit, avec des details sur les compagnies formees pour fexploitalion des mines, et un re'eit des evenemens politiques arrives dans cette republique , jusqu'aujour- d'huij 2 vol. in-3", pi. Londres, 1829. 515. Travels in 3/exico. Voyage au Mexique en 1 820 , 1 827 et 1 828; par le lieutenant de la marine anglaise R. W. II. Hardy. In-8° , avec pi. Londres, 1829. 310. Sketches of Buenos- A yres and Chili. Vue du Buenos-Ayres et du Chili, par Samuel Haigh." In-8°, 12 shel. Londres , 1829. 317. Journal of a passage from the Pacific to the At/antic. Journal d'un voyage des cotes de TOcean pacilique 'a cellos dc la mer Atlantique, a tra- vers les Andes et le long du cours de FAmazone ; par le lieutenant de la marine anglaise Henry Lister Maw . In-8", 12 shell. London, 1829. AFHIJUE. 518 A Dissertation on the course and probable termination of the Niger. Dissertation sur le cours et Tissue presumeedu Niger , par le lieutenant- general sir BuTane Donkin. In-8° (9 shel. 6 pence. ) Londres, 1829. 56 .Tilt. Second expedition into the inte- rior- of Aj 'tied , etc. Seconde expe- dition dp feu le capitaine Glapperton dans rint< i-Kiir de rAfrique, avec le Journal do Lauder, son domestiqne. In-4°.Londres,1829.(21iv.st.2shel.) 520. Travels in Barbarjr and Spain. Voyage dan- les Etats barbaresques et en Espagne, par le capitaine Brooke. ( Sous presse. ) 521 . Narrative of a journey from Cal- cutta to England, etc. Relation d'un voyage de Calcutta en Angleterre, par la route d'Egypte en 1827 et 1828.; parM"'c Charles Lushington. 2" edit., in-8". (8 shcl. 6 pence.) Lo mires , 1829. ASIE. 522. The ancient History of Asia. Histnire ancienne de la coritree d'A'sie situee a l'Ouestde la mer Caspicnne , ou Ton trouve I'itineraire de la route des dix mille et de ('expedition d'A- lexandre; par le reverend John Wil- liams , vicaire de Lampeter; iu-8°. Londres. (Sous presse.) 525. The journals and correspon- dence of Reginald Heber. Journal et correspondence de Reginald Ilebcr , cveque de Calcutta, avec unc notice stir sa vie, et son portrait ; par sa veuve. 2 vol. in-4'\ Londres. (Sous presse.) ociArjir:. 524. Polynesian resertrc/iM.Recherches polynesiennes durant six annexes de residence dans les ties de la mer du Sud, avec la description geographique et rhistoire naturelle de ces iles; des remarques sur l'histoire , la mytholo- gie , les traditions, le gouvernement, les arts , les mceurs et coutumes de leurshabitans; par W. Ellis, mission? naire aux iles de la Societc et de Sand- wich. 2 vol. in-8°, avec 8 planches ct 2 cartes. 28 shell. Londres, 1829. 525. Narrative of a loar through Ha- waii or Owhyhee. Relation d'un voyage a Hawaii ou Owhyhee; par le nieme. In-8" avec 9 planches ct 2 carles. Londres. 1829, 14 shell. .~>2ii. Journal of a residence in the Sandwich Islands. Journal tenu pen- dant un sejour aux lies Sandwich en 1 825, 1 824 et 1 825; parC.S. Stewart. EUROPE, ■. e ottoman, 527. Constantinople in 1828. Constan- tinople en 1828, par Charles Macfar- lane, 1 vol. avec planches. Londres , 1829. 52!!. Travels to Constantinople, in the i ears \ a'17 and I 828. \ oyagea Con- slantiuoplc en 1827 et 1828; par 1c capitaine de la marine anglaise Charles Colville Franklaud. 2 vol. in-8", 58 planches. Londres, 1829. 529. Travels in Turkey. Egypt, Nu- bia, Palestine, etc., in 1824, 1825, 1826 and 1827. Voyages en Turqnie, en Egvpte, en Nuhie, en Palestine, etc., dans 1<> ariqees I 824, I 825, I 826 et!827; par R. R. Madden. 2 vol. in-8°. (24 shell.) Londres, 1829. Empire ruts?. 550. Travels to Sainl-Petersburgh, etc. Voyage a Saint-Petersbourg , par lc docteur Granville. 2° edition. 2 vol. in-8°, avec une carte ct 70 planches. Londres, 1829. (2 liv. st. 2 she!.) Pntsse, 551 . Berliner dstroyiomische iah.rba.ch fir 1850. Annuaire aslronomique dc Berlin, pour I'annee r830; par J. F. Encke, in-8", avec planches. Berlin, 1828. C, raft le- 1U < ' 552. A new and easy method of drai- ning and reclaiming the bogs ami marshes in Irland. Me'thode nou- velh- ci facile de desseeher et de livrer a la culture les niarais et tnurbieros d'Irlande, etc.; par Robert Monteath. In-8", 5 plancln is ( 10 shcl. (i pence). Edimbourg, 1829. NOIPvOT, slgenl de la Soa'ele dr. Geographic Paris. — Evir.AT. fmprimcur de la Societe de Geographic ; rue du Cadra'n, n. 16, tin de h Soc.de Geo^ tin de la Soc.de Geogr X. ~b FeVriioirc de LIBERIA d apres Ce Plan leve en i8l5 . par J. Aschmun . Autogruphie Impr" de //• Solves, lithographe de Waivers ite *•»•*-% ».-*■%. V^^fc*-^-w *.-*•-- BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE NUMERO 76. — aout 1829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRA1TS, ANALYSES ET RAPPORTS. Journal of a passage from the Pacific to the Atlantic, crossing the Andes in the Northern produces of Peru , and descending the river Marahon or Amazon ; by Lister Maw , licut. R. IV. London , in-8°, 1829- Journal d'un voyage dc la mcr Pari fique a V Ocean Atlantique , en tra- oersant les Andes, dans les provinces septcntrionales duPcrou, et en suivant leflcuve Marahon , ou Amazone; par Lister Maw. L'auteur, lieutenant de la marine anglaise, se disposant a partir de Lima pour TAnglelerrc, au mois de novembre 1827, voulut rendre son voyage utile a ccux de ses compalrioies qui trafiquent sur les coles du Perou, et n'ont aucune connaissance de l'interieur du pays. Ayant appris que M. Ricketts, ancicn consul-general de S. M. brilannique, avait pris, avec le gouvernement de la republi- que, Tengagement d'explorer la parlic du Maration qui coule dans les limitcs de son lerritoire, el que l'expedition , aux ordres du capitaine de la marine peruvienne , Carter, qui etait cbarge de ce soin , avait eui abandonnec, M. Maw jugea urie pareille enlre- 5 58 prise d'un grand avantagc « a une c'poquc, dit-il, ou 1' occasion de se distinguer ou d'obtenir de l'avancement se rencontre si rare- ment, » ct resolut de I'executer. 11 recut, a cet effet, I'autorisation de sir Jolui Sinclair, commandant de la station anglaise dans I'O- cean Pacifiquc , et celle des consuls-generaux , MM. Kelly ct Willimol, et de don Mariategui, ministre de I'interieur. M. Maw , ayant achetc' un chronomelre d'Arnold au mail re dun bailment marchand a 1'ancre a Callao , et un thermometre qui avait servi au capitaine Parry, lors de son voyage au pole sep- tentrional, s'embarqua, le 3o novembre, a Callao, et arriva a Truxillo 1c 4- decembre suivant. De la ii se rendit, sur des mules , a Caxamarca , accompagne dun negociant anglais, nommd Hinde, ct, quittant cette villele 17 decembre, francbit la seconde Cordil- liere par la route du jiucblo de Selendin , et, [> irvenu au laite de celle chaine escarpee , un pen avant le coucher du soleii, il apcirul le Maranon. « La pluie, dit M. Maw, connnen^ait. a se dissiper, un arc-en-ciel parfait et brillanl s'etendait dune rive a lautre du flcuve, qui, en cet endroil , n'a guere que j8o pieds anglais de largeur, et s'y precipite entre des montagnes dont les sommets se perdent dans les nues. Je ne puis rien concevoir, ajoule l'auteur, de si imposanl , sur terre ou sur mer, que le spectacle qui s'ofi'rif alors a ma vuc. » Etant descendu sur le bord occidental du fleuve, ii le traversa sur une balse ou radeau. Continuant sa route, il suivit I'espace d'une demi-lieue le lit d'une riviere qui se trouvait alors presque entierement a sec, mais dont les Lords, unis et perpendiculaires sur une hauteur de 8 a o pieds , indiquaient assez la piofondeur qu'el devait avoir durant la saison des pluies. II prit de la un sentier de 3 ou 4 pieds de large qui mene au sommet de montagnes foil ele- vees , el d'ou il ne put, a cause de I'obscurite du temps, distinguer les vallecs voisines. Au-dela dc celles-ci , existe un autre sentier etroit et fort escarpe , pratique a travers un chainon rocaillecx ct inegai, sur une distance d'environ un mi lie, el, plus loin, la montee estbordce d'arbres el d'arbrisseaux sur une etcndue consi- derable. Apres avoir depasse plusieurs Limbos ou auberges, M. Maw atteignit le Jalca, ou soimnet dc la troisieme cbaine des Cordilliercs, d'ou dccoulent d'innombrables ruisseaux deau cris- talline, sur un terroir noiratre couvert d'berbages et de buissons. Notre voyageur s'arrela en cet endroit, but a la sante el a la pro- sperity de Georges IV, et nomma le passage Jalca de Saint- Georges. Le thermometrc de Fabrenbeit y marquait 5o° ( 10" centi- grade). 11 descendit ensuite le Jalca, parcourul une ricbe vallee arrosee par un petit ruisseau , et ou les arbres etaient deja assez grands pour donner de ronibrage. On voyait §a et la quclqucs bes- tiaux, et les ruines de villages indiens temoignaient de son an- cienne population. II n'y avait alors qu'une seule cliacra , ou cla- blisscment ou Ion eleve des bestiaux, sur uue distance de 5 a 6 lieues. Au sortir de celte vallee, on trouve de la pierre calcaire blancbatre , qui domine surloul a Leimabamba. M. Maw arriva a ce pueblo ou village, le 20 decembre; les rues en elaicnl encoinbrees dune vase profomle, amoncelee par les pluies, dont la saison ve- nail dc commencer. Les productions principales de celte conlree sont : le froment , le mais et la pomme de terre. Le 21 , les deux voyageurs quitterent Leimabamba, et passerent la Rumichaca sur un pont en pierre. Celte riviere , alimentee de plusieurs ruisseaux qui descendent des inontagnes, avait en cet endroit environ go pieds de large, etcou- lait a raison de quatre ou cinq milles a l'heure. Continuant leur route le long de ses bords, dans une direction N. N. (). , i Is arri verent, apres une journee de marclie , au pueblo de Soutah. lis avaient rcnconlre en cbemin un pont en bois, couvert dun toit, et ayant une porte a chaque bout , qui avait etc ainsi construit par ordre du gouvernement espagnol, pour empecber la contrebande du tabac. Sootah est agreablement situc , et les jardins qui depen- dent des ranclios lui donnent uu joli aspect. M. Maw suivil la ri- 6o viere jusqu'au pueblo de Magdalena , qu'il visila le 22, ct prcnant ensuite one route pratiquee a travers un chafnon argileux assez roide, il arriva a un autre pout de la meme construction que celui de Soolah, qui le coriduisit au village de Leoanto. Ce dernier est sitae sur une eminence ; des aulnes dune dimension considerable y ctaient en (leurs. Les femmes, assises aux portes de leurs ranchos, filaient du colon. S'ayancant de la le long d'une rhaine plus elevee ct boisee, il apercut, noo loin de t hachapoyas , les restes de deux batimens en pierre, de forme ronde, qui ressemblaient a des lours, diles marietta, et avaient eld , dit-on , des habitations indiennes a une epoque Ires -reculee. Les bois de cette cliaine soul infestds d'ours noirs, qui attaquent et detruisenl le jeune belail. Cbachapoyas s'eleve dans une plaine, par lal. 6° 7' 4-i" S. Les maisons en sont a un seul etage , el les rues Ires-longues. Suirant le recensemenl et les registres des contributions, dresses par Pin- tendant, la province renferme 5,o(j3 males et 5,o83 femelles; le tribut pave par les blancos, ou individus d'origine europeennc, est de £> 426 dollars par an , et celui des Indiens de 8,708. L'intendanl apprit a M. Maw que la populaiion inonlail, avanl la revolution , a 20,000 aines ; que cc decroissement etait du a la perle du mono- pole du labac, qu'on recueillait a Test de la ville , et au grand nombre de rccrues (1800 hommes) que la province avail iournic pendant la guerre. Neanmoins il n'y a qu'uue difference de dix entre le nombre des males et celui des femelles. Le thermometre de Falirenbeit y marquail 65° ( 18 ' 33 centig). M. Maw sc procuia les renseignemens suivans sur la Hacienda de Quemia, qui est arrosee par le Maranon. Kile a environ 5o Jieues de circonfercnce, et est siiuee a cgale distance (28 lieues) ul!e- lin de la Societe des mois d'aout et seplembre 1828. Description des fouilles et des dc'couaertes fakes par M. Rifaud , dans la partie est de la butte Koum-Medinet-el-Fares , accompagnee du dcssin , des coupes et du plan des constructions infer ieures ; lue a. la Societe de Geographic le vendredi iqjuin 1829. (Voir le plan ci-contre. ) La Societe de Geographie , dans son rapport sur l'examen de ma collection de dessins relatifs a l'Egypte et a la Nubie, a dit, en parlant des fouilles que j'ai faites dans la Basse-Egyple a San (l'ancienne Tanis), « que j'avais rapporte plusieurs dessins t epresentant differentes antiquit^s , et que j'avais fait faire des 6 74 fouilles dans des monticules formes par lamas succcssif des decombres d'habitations particulieres. » La Commission ajoute a ce!a « que le voyageur a cru reconnailre , dans la partie la plus » basse de ces monticules, les vestiges d "hahitalin :.s des anciens » Egypliens ; » et M. le rapporteur a fail cette remarque que, « si .. ce fait pouvaitetre constate par Ic temoignage d'objets antiques » retrouves parini ces memes dccombres , il servirait a faire un » rapprochement inleressant entre 1'etat ancicn et fetal moderne >. dc l'Egyptc. » Telles sont les paroles de la Commission. Elles eveillercnt mon attention, et je crois devoir, aujourd'liui que j'ai eu le temps de inettre quelque ordre dans les maleriaux que j'ai rapportes , je crois devoir, dis-je, pour mon hunncur et a cause de I'interel que la Societe a bien voulu me temoigner, presenter aux yeux de tous ses membrcs une partie du resultat de mes decouverles en ce genre , et prouver par des plans, coupes et descriptions detailbies, la verite de tout ce que j'ai avance. Je commen^ai a faire des fouilles dans l'aucienne Thebes en i8iy, el je continual d'explorer ce sol antique jusqu'en i8a3. Je vins aussi, celte meme annee , dans la province de Fayoum, oil je creusai egalement le sol ; je m eu occupais encore en 1824.. Ces fouilles out , je crois, un grand interel, et e'est le comple rendu de Tune delles que j'ai choisi pour donner une idee de mes travails et de mes decouverles, el inonlrer avec quel soin j'ai rami les ma- teriaux du grand ouvrage donl je prepare la publication. En 1825, je passai au Koum-Mougedani, oil je creusai encore dc vastes puits , si je puis me servir de ce terme pour exprimer les grandes cavites et les deblaiemens considerables que j'ai du {'aire sur plu- sieurs points. Le travail dura un mois environ , du 26 fevrier au 21 mars. Depuis , je me Iransportai a San , dans la JJasse-Egypte , et dans d'autrcs endroils oil je Cs des decouverles non moins curieu- ses ; telles sont Koum -Talle Trip dans la Basse - Egypte , et Koum-el-Alimar. 7$ Ce fill, coiunie je l'ai dil plus baut, en 182.^, que je commencai mes recherches dans Je Fayoum. Je me rendis par eau dans celte province, en passant par le Uabr-el- Afrit el le Uabr-Yousouf, canaux alimentes par le Darout-el-Cherif, et qui deboucbent , le premier, dans le Nil, et le second dans le lac Carout, et le 20 sep- lembre 1823, j'arrivai hMedinet, principal e viilede Fayoum. JVIon premier soin fut de cbercher un gite commode pour y deposer mes bagages ; je fus assez hcureux , je trouvai une maison convena- blement disposee pour en faire, en quelquesorte, mon quartier-ge- neral , et le point central de toutes mes operations. De la , je par- courus la province dans tous les sens , pour recbercber les endroits qui pouvaient offrir quelques traces de lantiquite, et me promettre une abondantc moisson de ruines , de debris et de monumens, ob- jet principal de mes investigations. Plusieurs points avaient ega- lement fixe mon attention ; mais aucun ne me parut plus propre a commencer mes travaux que la vasle et immense buiie appelee Koum-Medinet- el -Fares (Pancienne Arsinoe , Cro<;odilopolis).Je me decidai done a faire quelques tentatives sur son emplacement. Celte butlc ou monticule aride presente a sa base un circuit d'environ une demi-lieue. De distance en distance, il off rait a fceil des debris de polerie et des fragmens de granit , de por- pbyre, de marbre , de brecbe , de basalle, de calcaire de gres, de pierre sanguine, de jaspe , de vert antique , de mosaiques, etc. , qui nous don ne rent respoirde quelques succes dans nos recher- cbes ; je fis etablir des tranchees sur les deux points les plus ap- parens , l'un h Vest et 1'autre a Vouest. La description que je donne ici est le resultat des fouilles faites a Vest. On y voit le plan des constructions inferieures, e'est-a-dire de celles qui, d'apres mes calculs , doivent reposer sur le sol ancien. J'ai joint a ce plan la coupe verlicale et borizontale des diverses lignes de constructions elevees ;i des epoques differentes ies unes au-dessus des autres, apres que la terie et les sables eurent reconvert les lignes inferieures. Ce monticdle immense avail une elevation de 169 pieds. Je fis 7* pratiquer sur le soinmol , du cotd de lest, une ouverlure de !±i i pieds de longueur sur 181 do largeur. Un mois entice s'ecoula dans les travaux de dcblaicmens, sans que rien ne parul devoir nous dedomrnager de nos fatigues ct de nos peines. Ce ne fut qu'au bout de ce temps que quclque lueur d'esperance vint briller a nos yeux. Dcja nous avions creuse le sol jusqu'a la profondeur de 84 pieds, lorsque nous commenrames a reconnailre une ligne de construc- tions qui nous indiqua un plan de batisscs. Arrive a ce niveau, j'examinai avec soin et dirigeai moi-meme toutes les operations , qui me mcnerent a decouvrir sur cette ligne horizontal quelques testes de murs en briques crues, qui out du apparlenir a des constructions de forme carrce et voutees. Ces debris faisaient corps avec la masse des terres, el ne sc reconnaissaient que par les lignes qu'ils liguraient sur la coupe, et par les materiaux em- ployes qui s'y dessinaient aussi. C'est limage et la copie fidele de la coupe prise sur ce plan superieur, que Ton voil dans le dcssiit ci-joint, indique par la leitre A. Ces constructions, evideminent plus recenles que celles des couches inferieures, me paraissent elre les rcstes des demeures abandonnees par les habitans, que l'agglo- meration continuelle des terres avail chasses de chez eux, et qui ont ele recouvertes d'une masse compacte de 84 pieds de terre a peu pres. Parmi ces batisscs on en distingue plusieurs dont l'a-plomh ne parail pas bien conserve. On ne doit point , je pense , accuser de ce defaut ceux qui les ont elevees ; mais on pent croire que , depuis quo la terre et les sables sont venus remplir tous les rides, quclque mou- vement de terrain a eu lieu dans plusieurs parlies, et a derange du me'me coup certains batimens dont I'axe a change en meme temps sur toutes les lignes verticales , et en effet, on apcrroit dans la masse des crevasses qui semblent juslificr cette assertion. Cette premiere decouvcrle encouragea mon zele; I'espoir d'ar- river a des resullals encore plus prccieux me fit continuer. Je lis done creuser plus asant, et descendis ainsi jusqu'a une nou- 11 velle profondeur de 5i pieds ou i35 a partir flu sommet. lei je decouvris une nouvclle ligne ou un nouveau plan de constructions (Voy. coupe JB ) ; mais, parmi ces constructions , quelques-unes me parurent etre au-dessus du niveau, et ne pas se rattacher entitlement a la ineme epoque. Je pense que Ton a construit ces habitations au-dessus de quelques autres , lorsque la pente ou le talus du mon- ticule, a moitie couvert par des terres nouvelles, se trouva former a son tour une partie plus elevee, et cacher les habitations dans les lieux has ou a ini-cote. Je n'ai pas cru devoir les regarder coinme formant un plan parfaitement a part, puisqu'elles se ral- lachent a quelques-unes de celles qui existaient encore sur des parties d'abord plus elevees. Je trouvai au milieu de cette ligne de con- structions des restes de inurs, desarccaux, quelques fragmens de granil, de la basalte, du marbre , et une grande quantite de pOteries. Je ne m'arretai point la, impatient comme je lelais d'attein- dre le niveau du sol primitif. Mais il me fallut pour cela recourir a de nouveaux moyens et etablir mes fouilles sur une base plus e'.endue ; j'elargis done 1'ouverture que j'avais faile, eldirigeai les travaux de maniere que les parois fussent taillees en talus , afin de |>lns lcgeres, n'offraient que des niurs et batisses en briques crues, de la meine nature a peu pres que celles que Ton avail employees depuis dans les lignes de constructions superieures. Ces constructions legeres m'ont seinble apparfenir a des habitations particulieres ; aussi ne me suis-je point attachd a les examiner dans tous leurs details. Plu- sieurs des murs qu'elles formaient, devenant compactes avec la massedes terres qu'il ma fallu deblayer, ont du souffrir, et ont etc detruils par la main meme des ouvriers. (k)uelques-uns cependant ont pu resi.ler; ce sont ceux que Ton voil traces sur inoii plan, en gris. Parmi ces constructions terreuses, j'ai pu arriver a mesurer quelques chambres et a les represenler ici. La plus petite avail 10 pieds de large sur i3 de long, et la plus grandc m'a donne iqpieds de long sur i3 de large. Les autres varient toutes dans leur elcndue , comrae on peut le voir sur le plan ; mais entre le minimum et le maximum donnes , ces constructions ne m'ayant rien offert de par- ticulier, je n'en dirai pas davantage ; le plan sul'fira pour lout expli- quer. Cependant , avant de cesser entieremeiit de parler des construc- tions en briques , je dois ici f'aire mention des conduits marques sur mon plan n°l, especc de soulerrains qui n'existent plus, et qui , fails de briques cuiles, oifraicnl F aspect d'une longue voule, donl on doit rattacber lusage etla construction aux epoquesdcs premie- res habitations. Lesparoisde ces conduits etaient elevees en talus, mais elles avaienl une pente peu sensible, et la hauteur de la voute au-dessus du sol elait de 5 pieds 4 pouces. Ces conduits, qui fur en t detruils dans quelques parties par les travaiiIeurs,m'offrircntsur plu- sieurs points des interruptions; jenepus meme arriver a retrouvei plusieurs de leurs aboutissans. J'avais beau cbercher a retcnir le 79 marleaude mesArabes, leur espoirde decpuvrir sous ces voules des tresors leur donnait plus de rigueur el daelivile que jc n'eusse pu le desirer. Cependant j'oblins qu'un des trois resterail inlact , au nioins quelque lemps. J'en fis deblayer uncpartie pour m'y inlroduire avec mes gens, qui s'ecrierent qu'on avait enfm decou- vert le trc'sor. Ce fut alors un combat enlre eux a qui y entrerait le premier pour se saisir de la nouvelle toison d'or. .le parvins enfin a reniettre 1'ordre. Un fellah s'y elanca d'abord muni d'une lampe ; il marcha dans ce couloir 1'espace de 20 a 26 pas. A celle distance , sa luiniere s'eteignit; cependant il avanca encore quelques pas , en tatonnanl; le malheur lui (it mettre le pied dans l'eau : aussilol epouvante , a moitie mort de frayeur, et tout hors de iui , il pousse des cris d'effroi qui reteniissent sous la voute et arrivent bienku jusqu'a moi. Ses camarades , au lieu de lui porter du secours, res- tent immobiles de slupeur, et loin de cbercber a le tirer d'embar- ras , se contententde l'appeler par son nom, en lui recommandant de revenir sur ses pas"; enfin , pendant que je chercbais Ies moyens d'aller moi-meme a son secours , je vis revenir eel Arabe pale el defigure. Je le questionnai aussilol, et j'appris de lui qu'il avail ren- contre une mare d'eau dans laquelle il etait tombe. Voyant qu'il n'avait d'aulre mal que la peur, je le laissai revenir a lui, el fis moi- meme des preparatifs pour descendre dans ce conduit el aller a la decouvertc.Jefisalluiner unelampe, et lorsqueje demandai quivou lait me suivre, je ne trouvai personne qui fut dispose a le faire. Cbacun seloignail , comme s'il eul craint de rencontrer quelque mauvais genie. J'engageai celuiquiy etait deja descendu, et qui etait alors revenua'lui, a m'accompagner ; mais cela fut impossible. Enfin , a force d'instances et de promesses , je parvins a me faire suivre dun autre , qui s'arma , comme moi , d'un baton. Nous avions les jambes nues. Nous marcbames en talonnant el en sondant de tous cotes, et parliculieremenl devant nous. J'arrivai ainsi jus- qu'a i'endroit oh etait l'eau. J'examinai avec attention et sondai d'abord avec mon baton. Ne Irouvant aiicun danger, j'entrai moi - So meme dans cello mare , qui probablement ne s'elait formce que par suite des infiltrations. II n'y avaitpas plus de 18 poucesdans la parlie la plus profonde, et l'eau elait extrememcnt clairc. Je voulus la goikler, elleme parut fade et saumatre etmeine un pcu salee. J'au- rais desire pousser beaucoup plus loin mes recherches ; inais apres metre avancc encore un pcu, jc ne vis rien qu'une conlinualion de ce couloir, qui se perd sous la monlagne. Mon Arabe faisait des difficulty pour aller plus loin, en sorte que je me vis conlraint de retourner sur mes pas sans clre plus avancc. Je me proposai plus tard de faire quelques auires ouverlures dans ce monticule pour ta- cher de reconnaitre si ces conduits n'auraient point de communica- tion sur d'autres points, jen'aicependantrientrouve quiput satisfaire ma curiosite. Bien mieux , ces conduits , dont la construction elait en briques cuites, devinrent dans la suite un objet de speculation pour Osman Caclief, gouverneur de la province de Fayoum, qui, au moment ou je quillai cede parlie de I'Egypte en 1825 , faisail alors construire une fabrique A' indigo. 11 tiouva plus court d'enlever toutes les briques cuites qu'il rencontra dans mes fouillcs, ainsi que plusieurs blocs de granit, demarbre, etc., qui lui servirenl pour clever son etablissement ; en sorle quaujourd'bui on ne retrouve plus que les objets qui, par leur poids, offraient trop de difficulte's dans le transport : toutes les construclions de briques ont ainsi disparu entierement. Neanmoins , a Taide du plan que je donne , il sera facile de reconnaitre leur situation, et peut-elre , en continuant les fouilles sous la monlagne , arriverait-on a resoudre le probleme que je m'elais propose. A force de deblayer, je finis par reconnaitre un grand nonibre d'objcts qui m'ont fait souvent regietter de navoir pas entrepris mes fouilles sur des espaces plus vastes. Rcnferme dans un puils conique de forme oblongue a la prolondeur de i6g pieds, circon- scritdans une espace de 75,000 pieds carres environ, je ne pouvais m'etendre ni d'un cote ni de l'aulre sans prendre auparavant des precautions qui me do.iandaient beaucoup de temps el dinunenses 8i tiavaux. II fallut done me contenter Je bien reconnaitre les objeJs qui pouvaient se presenter a mes yeux. Lorsque les constructions les moins solides eurent ete visilees et que je les eus tracees sur mon plan, je m'occupai de figurer celles qui, par la nature meme des materiaux , lie pouvaient subir prompte- menl une grande alteration ; telles sont les constructions de mar- ble, de granil, de propbyre, etc. Au milieu de mes recbercbes, je decouvris trois puits ou citernes que Ton reconnait dans la coupe et sur le plan , sous le n° II. Ces puits elaient creuses a peu pres sur une meme ligne du sud-ouesl au nord-est, et places a peu pres a la meine distance, l'une au milieu et les deux autres aux extremites de la ligne. Tous trois elaient alors encoinbres, excepte celui du nord-est, qui se trouva vide jusqu'a la profondeur de 17 pieds. Leur ouverture offrait un diamelre de 2 pieds entoures de parrois en briques cuites. Le morlier ou ciment qui liait toutes ces briques etait fort dur et difficile a casser. A cote du meme puits dont nous venous de parler, se trouvait une especede reservoir en briques cuites, n° III, de forme carree, dont cbaque cote avail 5 pieds, et les murs ou parois un et demi d'epaisseur. La profondeur etait de 5 pieds. II etait alors encombre, et paraissait avoir servi a contenir l'eau que Ton tirait du puits qui en etait voisin. De ce bassin partait une rigole ou conduit, n° IV, fait en briques cuites, voute , ayant 2 pieds de large sur 3 et demi de baut, fuyant dans une direction presque nord et sud, et de la longueur de 82 pieds. Ce conduit se rendait a un vaste edifice, n' V , qui doit avoir eu pour objet un ctablissement des bains, ou dont la parliela plus reculee, car jen'ai point trouve l'entrce qui etait cachee sous la montagne, a cerlainement eu cette destination. Je fis deblayer avec le plus grand soincetlc balisse construite en briques cuites et en gres, et dont unepartie a ete depuis enlevee par ordre d'Osman Cacbcf pour servir a la construction de sa fabrique. Cet edifice , d'une forme tres-reguliere , forme uncarreque j'ai mesure. 8a La sallc <1ii milieu, cspece de parallelograme, avail 35 picds de large sur 4o de long. Dans linterieur etail on mur do 2 picds d'epaisseur presque rond, qui enlourait un espace dont le diame- ire elait de iG pieds. Au milieu de ce rond elai; une especedeful decolonne brisee, cncalcaire, de 2 pieds de diametre el de 5 pieds dc hauteur. Quatre issues, de 2 pieds de largeur , donnaient dans la grandc salle carree, et s'annoncaient chacune de ce cole par deux colonncs dctachees , doul le diametre elait de 1^ pouces , elles etaicnten pierres calcaires et dans leur enlier, excepte deux, donlil ne inanquait que le haul. A droilc el a gauche de celle vaste salle elaientdes chamhres dont l'entree donuail egalement sur la grande salle. Jeparvinsa en deblayer trois de chaque cote au nord-estei au sud-ouest. Toules mc parurent parfaitement semblahles : elles presenlaient 11 pieds sur chaque face, el communiquaient entre elles, com me on peut le voir, par des portes de 2 pieds de large. En se dirigeant vers la parlie nord-ouesl de l'edifice , on voyail , avanl d'arriver dans la galerie, piece la plus reculee, deux reservoirs en briqucs cuiies, soutenus aux angles par des pierres de gres. lis avaient 7 pieds de longueur sur 5 de largeur et 5 de proiondeur. Un troi- sieme s'offrit encore dans Tangle le plus septentrional dc celte vaslc salle; plus petit que lesaulrcs, sa dimension elail de 2 pieds de largeur sur 3 de longueur et 5 deprofondeur. La matiere dont secomposaieni ces bassins clait de briques cuites soutenues aux angles par des pierres de gres. Eiifm je penetrai dans la parlie la plus reculee, evidem- ment deslinee au bains. Celle galerie de 35 pieds dc long sur 10 de large entail en pierreet en bricpies cuites ; la porle qui > donuail entree se Irouvait dans ralignemenl des deux issues par 'esquelles 011 penetrait sous la coupole, et de la probablement on cut vu, sans la colonne du milieu, la porte cxterieure de l'edifice, cachee aujour d'hui sous les terrcs. Dans celle galerie se 1rouvaiei>t , a droite et a gauche de la porle , deux pelits reservoirs d'un pied carre , adosses a ceuxdonl nous avons deja fait mention dans la piece anlerieure, et sur le mur de face etaient qualre baignoires de forme demi-eir- 8: culairc, de 7 pieds de long sur 2 tie large ; elles e'taicnt enduites d'une couche de ciinent stucque tres-dur et poli comme le verre. A la parlie sud-ouest de cet edifice adherait uri corps de bali- ment de 3o pieds de long sur i5 de large, et toul-a-fait a Tangle droit, venait aboutir a un pan de mur de la longueur de i3 pieds: dans cette partic de l'edificc, je trouvai beaucoup de decombres. Parmi les cboses les plus curieuses que j'ai rencon trees dans ce vaste edifice, que je regarde comme d'anciens bains, je ne puis passer sous silence les restes de mosa'iques qui formaient le pave , que j'ai dessinecs avec toutes leurs dimensions , et donl j'ai rap- porte plusieurs fragmens arracbes de leur place. Ces mosa'iques etaient composees de morceaux de terre cuile en forme de petites briques cuites tres-minces , de l'e'paisseur tout au plus de 3 lignes, el de plaques de pierres calcaires, le tout lie par un morlier extremement dur et solide. (J'ai eu Ibonneur d'en montrer les fragmens et les dessins aux commissaires de la Societe de Geo- grapbie.) J'ai appris, depuis mon depart de cette contree , qu'une partie de ces bains avait ete demolie par ordrc du me'me Osman Cacbef pour en employer les materiaux a faire de la chaux, et que les salpe- Iriers venaient continuellemenl puiser, dans les excavations que j'ai faites , les terres proprcs a la lessivation. Au nord de ces bains et au-dela des constructions en briques crues que Ion voit sur mon plan , j'ai decouvert une suite de co- lonnes , dont 7 ont pu elre en parlie deblaye'es et traceessur le plan, ii° VI. Ces colonnes en gres et toutes brisees ont 2 pieds de dia- metre, leur bauieur variait depuis 4 jusqu'a 7 pieds, et l'espace qui les separait 1'une de l'autre etait de 10 pieds. Celles du milieu plus rapprocbees n'avaient enlre elles que 6 pieds d'intervalle. Ces co- lonnes semblent avoir appartcnu au portique dun edifice dont on retrouve une partie des fragmens, par derriere, a la distance de 4 pieds. Le mur trace parallelement a la colonnade est en pierres de gres. II a une epaisseur de 3 pieds , et parait avoir toujours 84 cu vers le centre, une ouveriure qui semble correspondre assez exactement a 1'cntre-deux des colonnes du milieu. Cetait une en- tree; elle avait 4- pieds de large, et chaque porlion de ce mur avait , celle du nord-cst, dont nous n'avons pu connaitre 1'exlremit^ en- i'oncee sous la montagne, 3G pieds de long, et celle du sud-ouest, qui se trouvail interrompue , 37 pieds, ce qui avec l'entrce donne en lout une longueur de 83 pieds. De l'autre cote de la colonnade elaient d'autresfragmcnsd'un mur cgalemcnt en gres. J'auraisdeYtre etendrcmesreclierchcs sous la montagne; maiscela me frit impossible. Les constructions que Ton voit a cote et qui enlourenl ce monu- ment etaient en briques cuites, je n'ai pu trouver a les raltacher a rien. Dans une position plus rapprochee du conduit des bains, j'ai trace sous le n° "V 11 , deux fragmens de batisse en gres , dont Tun forme enccre l'equerre, et l'autre laisse voir encore un bout demur qui s'en- foncait parallelement a un des cotes de celte equevre, sous la monta- gne. Je ne pus trouver que quelques debris insignifians qui ne sau- raient scrvir a eclaircir leur antique destination. Sous le n° \ HI, j'ai trace quelques constructions en gres el en briques cuites. Pvecouvertes presqu'en enlier par la montagne , elles ne m'ont offertqu'un angleadeblayer. Cet angle presenlait du cote du nord-esl un mur, de 35 pieds de longueur surune epaisseur de 3 pieds, auquel venait s'appuyer un autre mur de separation de la longueur de i5 pieds qui formait deux cbainbres , Tune au nord-esl encore en partic encombree avail i3 pieds de largeur , l'autre au sud-ouest e'tail une espece de peristyle du nord au sud au milieu duquel se trouvait probablcment I'entree principale. 11 ni'a ele impossible d'en reconnailre davantage. En allant vers le sud-ouest, au-dela desbainsdont nous avonsparle, sont des constructions encore en matieressolidcs; je ne saurais dire si loute la masse renfermee entre le n° IX et n° X, faisait parlie du meme edifice ; mais la nature des constructions n'est pas parlout la meme. Le souterrain n" I, qui est au nord semblerait, par sa disposi- 85 tion, avoir cu quclques rapports avec dies ; mais on ne saurait le cer lifier. Je laisse done au lecteur a decider toutes ces questions. Les deux pans de mur qui, sous le n» IX, formentun angle droit, dont ehaque cote a une longueur , le premier au nord-esl de 18 pieds, et lesecond au nord-ouestde 25 pieds, semblent se rallacher, malgre le vide qui les separe, aux deux aulres murs qui se Irouvent dans raligncmentdu nord-est au sud-ouest, et dont Fun a ig pieds et 1' autre 20 pieds sur une meme epaisseur de 2 pieds. La nature de la pierre est la meme, e'est-a-dire de gres. Des deux ouvertures si- tuees aunord-ouest, Tune (la plus petite) parait avoir ete une entree de 2 pieds de large; l'autre, beaucoupplusgrande et de 10 pieds de large est peut-etre la suite d'eboulemens : un reste du mur qui vient aboutir perpendiculajrement sur celte ligne semble Findiquer, et etre lepointderattachementdecesconstructions.il forme aunord-est une salle parliculiere ou nef, au milieu de laquelle estun bloc de gra- nit rose de :i pieds sur ehaque face , qui parait avoir etc destinee a supporter quelque statue ou ornement. Quatre calonnes de granii rose de 3 pieds de diametre l'accompagnent. Ces colounes ont en- core une hauteur de 16 pieds. Elles sont disposees carrement et offxent entr'elles, du sud-ouest aunord-est, une distance de lopieds suruncautrc de 6 pieds du sud-est aunord-ouest; Fintervalle qui les separe des murs est, au sud-ouest et au nord-est, de 5 pieds, et seulementde2p:eds au nord-ouesi. Ducote dumidi, ellesse trouveni dansFaligIlementd, une especedegaleriequjsenibleraity avoir conduit ainsiqu'aplusieursautres pieces a droite eta gauche de cc corridor, et dont la longueur estpresqueegale a cellede tout 1'cdificedu nord-estau sud-ouest; elle paraissait aboutir a une piece dont Fen tree est immedia- tement en face.Ce corridor pouvait avoir 85 pieds de long sur 4 pieds de large. En sortant de la nef dont nous venons de parler et ou se trouvent les 4 000 1 1,000 60,000 3y, 000, 000 18,000,000 5oo,ooo 57, ."100,000 i5, 000, 000 a,5oo,ooo 8,000,000 553,ooo 83,000,000 ALLIES OU TRIBUTAIRES. Etendue. POPULATION. Le Guicowar. Kliotali , Boondec et Bhopaul Le Rajah de SaUarah Sous les Rajahs de Joadpoor , Iycpoor , Odeypoor, Beekaner , Jesutmcer et autres rlicfs Rajpoot , Holkar , Ameer Klian , le lioiv de Cutch , et line foule de pctits rlicls indigenes; les Siks , Gonds, Bheels , Coolies et Catties, tous reunics sous le pro- tectorat de la Grande-Bretagne 20,000 27,000 8,000 96,000 70,000 18,000 l4>°00 1 {,000 283,000 3,ooo,ooo 3,ooo,ooo i ,000,000 10,000,000 3,ooo,ooo 2,000,000 i,5oo,ooo 1 ,5oo,ooo 1 5,ooo,ooo 55o,ooo ^0,000,000 Possesions anglaises Etats allies on tributaires 553,ooo 55o,ooo 83,ooo,ooo 4o,ooo,ooo 1, io3,ooo 123,000,000 w. I5IBLIOGUAPHIE GEOGRAPHIQUE. § Ier. LIVRES. OUVRAGES GEJVERAUX. 533. Memorial du depot general de la guerre , imprime par ordre du minis- tre 5 tome 1, 1802-1803; tome 5, 1827-1828. Paris , 1829. Chez Pic- quet , geographe duRoi , quai Conti , n" 17. Prix : 20 IV. chaque vol. Nota. Les tomes 5 et 4 se trouvent a la nifinc adresse. AIWERIQUE. 554. T-^ue des Etals-Unis , historique , geographique et statistique , par Wil- liam Darby. 1 vol. in-lit, 600 pages, avec 14 eartes. Prix : 2 doll. ASIE. 355. The travels ofMacarius. — Voya- ges de Macarius , patriache d'Antio- che , ecrits en arabe par son archidia- cre Paul d'Alcp . Premiere partie, com- prenant 1'Anatolic. la Romaic et la Moldavie ; traduits par F. C. Belfour, A. M. Oxon.Londres, 1829. 536. Tlie Travels of Yin Batuta. — Voyages de Ybn Batuta , traduits de l'arabe , sur lcs copies manuscriles abregees , deposees dans la bibliothe- que de Cambridge , avec des notes explicatives de I'fiistoire, de la geo- graphic, de la botanique et des anti- appelee San Philipe de Austin , parce que la concession de ce ter- rain a ete faile a uii Americaiu , Philipe Austin , qui a pioinis d'y ctablir 5 a 600 families. Aux Nacogdoches, une autre concession fut faile a un nomrati Edwards , aulre Amcricain qui tenait un pha- raon a Mexico. Cette concession est limitrophe de oelle de Austin, et conlient plus de 2,600 lieues carrees. Au nord de cclle conces- sion est une autre, faite a M. Froth Thorn, gendre d'Edwards; acotc de celle-ci une Iroisieme faile au general IFeavill. La colonic connue sous lenom de Fredonia , dans la province du Texas, fut elablie en 1824 parM. Austin. On off rait a chaque colon un lolde 64.0 acres et un lieu d habitation sur les hords du golfe du Mexique. Le gouvernenient etait une rcpublique federative , el la constitution copiee litteralement sur celle des Etats-Unis, a 1'ex- ception de l'arlicle concernant la religion. Celle catholique etait la seule reconnue , et devait etre praliquee exclusivemcnl. Tous les enfans devaient etre baptises et tous les manages celcbres sui- vant les riles de TEglise romaine. En 1825 , le capitaine LcJUvich de Russelville , dans 1c Ken- tucky, obtintdu gouvernenient mexicain une portion de territoire de 6 a 8 millions dacres dans la menie province du Texas, le long de la frontiere de la Louisiane. L'une des principales conditions de cette cession etait qu'un certain nombre de colons scrail exempt de toule taxe pendant cinq ans. Cet etablissement aurait presente de grands avanlages pour la culture du sucre et du colon , si ^introduction des esclaves neccs- saires a cette exploitation eut etc permise par le gouvernement mexicain. Mais, la constitution de eel e'tal inlerdisant formelle- ment lesclavage dans le territoire de la rcpublique , la colonie fut dispersee en 1827 par des troupes envoyees de San Antonio. Malgre cette dispersion , la moilie de la population de Texas est aincricaine. La province du Texas est parfailement arrosde. Apres la Sa- bine, qui est navigable, on liouve plusieurs aulres rivieres pouvant io5 porter des bateaux moyens; ensniie les Brassos , ou Ion fait deja le commerce par eau avec la Nouvelle- Orleans , an moyen de bateaux qui sortent dans le golfe du Mexique ; le rio Triniie Colorado et enfin le rio del Norte. On peut envoyer , par le canal de ces rivieres, un produil immense et tres-varie a un entrepot commun, tel que 1 ile de Galveston, ou s'arrelenl les batimens a trois mats qui ne peuvenl remonter les rivieres a cause du banc de sable sur lequel il n'y a que 10 a 12 pieds d'eau. La ville la plus imp or tan te de la province du Texas est San An- tonio de Bejar, sur un affluent du rio du meme nom. Cette partie est entierement habilee par les Espagnols. Le terrain y est ma- gnifique, el toules les habitations arrosees a volonte par des con- duits artificiels , qui font circuler dans tous les champs et jardins les eaux du rio et de plusieurs fonfaines. Le principal commerce de ces provinces est eclui des mules, que Ion fait passer aux Etats- Unis, el qui se vendenl principalement dans la Louisiane , la Georgie et la Virginie. Ces pays, n'ayanl jamais ete parcourus par un voyageur savant, sont encore presque inconnus. M. Robert Owen, dans son Memoire adressea la republique mexi- caine et au gouvernemenl de 1 Elatde Coahuila et Texas, cherche a demonlrer que, par sa position comme par la nature du climat, du sol et de la population, ce pays est le plus favorable a Telablis- sement d'une espece de gouvernemenl modele, specialemenl pour les peuples des deux Ameriques. L'independance du Texas doit elre garanlie par le Mexique , les Etats-Unis et la Grande-Bre- tagne , afin d'y former une societe dont le grand objet sera ['ame- lioration de la condition humaine. Ce projet s'appuie sur les con- siderations suivanles : que ce pays , formant les limitcs du Mexique et des Etats-Unis servira de barriere, et empechera les differends entre les deux nations ; qu1 une nouvelle societe y fera fleurir les arts et la paix , et sera preferable, dans linlcret de la republique mexicaine , a une population sans connaissances ni moralite, etc,, etc. ioG D'apresles journaux de New York , du icrseptcmbrc, lc capitainc Austin a obtenu le privilege de la navigation du Rio-Grande del ISorte , et il a commence son premier voyage sur un bateau a va- peur jusqu'a Cbihuabua, capitale de l'Etal de ce nom, distance d'en- viron Coo milles. On peut aller de la Nouvelle-Orleans a iVlatamo- res ou Refugio , sur le Rio del Norte, en trois ou quatre jours, et de la a Chibuahua , par la vapeur, dans le meme espacc de temps. U Ariel, qui a quitle New-York a cet effet, est muni d'une macbine de la force de trente-six chevaux , porte environ ioo tonneaux, fait 1 1 milles */. par beure , et nc tire que 3 h £ pouces d'eau. Quand les eaux sontbautes, un pareil b;itiment peut s'avancer sans obstacle jusqu'a i5 lieuesde Santa-Fe. Ainsi, un voyage, qui jusqu'a present a toujours demande deux inois , pourra etre acheve en quinze joins. W, Obsehvations sur diverses parties de la cote et de Tintcrieur du Pe'rou, extraites des Blemoires du general Miller, au service de la republique pe'ruvienne. 2 vol. in-8°. Londres 1828. La cote du Perou est une langue de terrc deserte et sablonnense d'environ 5oo lieues , sur une largeur qui varie de 7 a 5o lieues , suivant que les cbaines des Andes qui Tentourent s'approchent ou s'eloignent de l'Ocean pacifique. Le sol en est tres-inegal, et sem- blerait avoir ete couvert autrefois par les eaux qui l'arrosent ; dans cerlaines parties, le sable s'est amoncele en masses qu'on pourrait appeler des monlagnes , si lc voisinage des Cordilieres permellait cetle coiiq>araison. Ce desert est coupe par des rivieres et des ruis- seaux qui sont distans l'un de l'aulrede2oa go milles, el dont les bonis sont peuples en proportion de la facilite qu'on y trouve pour {"aire de Teau. T)ans la saison des pluies , les grosses rivieres debor- dent consider ablement, et sont travcrsees sur des radcaux. connus 1(17 sous la denomination de balsa. Quelques-uncs ont lcur embouchure dans la iner ; mais la plupart des petits affluens servent a arroser quelques parties cullivees , on vonl se perdre dans l'immensite de ces solitudes, que les pluies ne rafraichissent jamais. La, aucune trace d'animal vivant ne se laisse apercevoir; a peine rencon- tre -t-on quelques vestiges d'uhe pauvre vegetation ; et un ruis- seau, apparaissant a de longs intervallcs , est bientot epuise, aprcs un cours d'une centaine de pas. Les bords rudes et escarpes des rivieres ne permettant pas d'en detourner les eaux pour arroser les terres , toule celte contree reste inculle. Aussi , nul voyageur ne s'aventure sans guide au milieu de ces steppes abandonnees , oii les seules indications sont quelques ossemens epars 9a et la , appartenanl a des betes de somme qui ont peri dans le trajet. Enfin d'cnormes colonnes de sable, soulevecs par le vent, causent une telle incommodite, qu'on ne peut avancer avec le visage decou- vert. Les vaquianos ou guides se perdent souvent eux-memes , et a moins qu'un hasard ne les ramene dans la bonne route , ou ne leiir fasse apercevoir quelque autre voyageur, ils perissent infail- liblement , et leur sort est aussi ignore que celui dun navire en- glouli au milieu de 1'Ocean. Ces vaquianos sont cependant tres- babiles , el se reglent sur des signes qu'eux seuls peuvent connaitre , tels que le cours des aslres ou le souffle des vents. Malgre toules les precautions , des detachemens elmeme des corps en tiers se sont pcrdus pendant un temps considerable. En 1828, les debris de 1'armee du general Alvarado se rendant par mer des Pucrtos intermedios a Lima , l'un des balimens de transport, montepar trois cents homines de cavalerie, filnaufrage a douze lieues au sud de Pisco et quatorze lieues ouest de 1'Ocean. Tous parvinrent a s'echapper, mais ils s'egarerent en cherchant a gagner la ville, el resterent perdus pendant trente-six hemes. Des que eel accident i'ul coniiu a Pisco, on envoya un regiment de ca- valerie au secours des naufrages. Ces malheureux , commandes io8 par le colonel Lavalfc, qui survccut a ce dc'sastre et en a raeonte les details, errerent pendant plus de deux jours en prole a toutes les horreurs de la faim et de la soif; plusieurs d'entre eux perirent avant d'avoir pu alteindre quelques datiers qui annonraient le voi- sinage dune source; les autres, auxquels il restait a peine assez de force pour etancher la soif qui lesdevorait, toniberent au pied de cos arbres hospilaliers , ou ils demcuraient etendus dans un morne et affreux desespoir. Les cavaliers de Pisco les apercurent dans cet etat, et parvinrent diff'cilement a leur administrer des secours efficaces. Plus dun tiers avail deja succoinbe. On a vu des soldats tomber morts, en relUant le sang par le in/ el les oreilles. Dans une marche de ArnBft la vallee de Lluta (distance de quatre lieues seulement), un dedtflljement de six cents homines en perdit six de cetle maniere, et une quarantaine dautres aurait eu le ineme sort, si Ion ne s'etail hate de le prevenir par d'abondantcs saignees (i). Sur la Puna (2). Dans les regions montagneuses de rinlcrieur, la nature offre des difficultes, qui, quoique d'un genre different de celles eprouvees sur la cole, n'en sont pas moins dangereuses, s^riout pour les mouvemens des troupes. Les hutles elevees pour |fersir de halles dansces districts immenses et inhabiles, ne pouvp.ntcontenir quun petit nombre de soldats, les corps plus nombrcux elaient obliges de bivouaquer dans des endroits 011 le ihermometre descend chat/tie nm'l, pendant loute I'annee , bien au-dessous de zero, et nionte souvent amidi jusqu'augo0 (Fahrenheit), (3a", 22 centig.). On peut se faire une idee de ce que uoiveut souffrir des gens accoutumes a la chaleur brulante de Truxillo , Guayaquil , etc. La difficulte de respiration, appelee en certains lieux la puna et (1) Cliap. xix, vol. 1. (a) Espece de suffocation. I ■• ■ 109 dans d'autres efsirocfte, etait quclquefois si forte, que , dans une marche, dcsbalaillons enticrs tombaientcommeparenchantement, ct que, chez plusieurs individus, la vie n'ctait conservee que par la saignee de l'artere temporelle. Cette perte subile d haleine est attribu.ee aux exhalaisons chafgees de parcellcs mctalliques, qui, en entrant dans les poumons , causent une forte suffocation. Dans certains momens de l'annee, des^orages accompagnes de grele eclatent avec une violence sans egale ", et le lluide electrique qui sillonne les pointes sourcilleuses des Cordillieres offre un spec- tacle inconnu dans les autres parties du globe. Une des marches les plus difficiles futcelle des patriotesen 1824. La division du general Cordova, se rendant de Cuzco a Puno , fut 1 atteinte du mal connu des Pcruviens sous le 110m de surumpi; il est cause par Taction de la neige reflechie par les rayons du soleil sur la vue, qu'elle obscurcit lotalement; une tumeur seforme dans la prunelle de loeil , occasionne des demangeaisons insupporlables, et amene une cecite complete. Le seul remede est un emplatre de ncige; mais comme elle fond de suite, les tortures se renouvellent a cbaque instant. A l'exception d'une vingtaine d hommes et du guide , qui connaissaient des preservali^ , toute la division se trou- vait aveugle, a une distance de trois lieues de toute habitation, et elle ne fut tiree de cette position qua laide d'une centaine d'lndiens qui servirent de chefs de file. Les trainards qui s'etaieirt ecartes de la colonne perirent dans des precipices, on furent de\ ores par les betes feroces quiinfestent ces monlagnes(i). Le climat du Potosi estdesagrealde. Le soleil est d'une force in- supportable a midi , tandis qifadombre el pendant la nuit le fro id y est tres-vif. On fait quclquefois plus de trois lieues sans rencon- trer aucune vegetation , a l'exception d'une plante appelee qui- nuali , et qu'on dit elre un remede contre la puna (2). (1) Chap, xxvil. » (a) Chap. xxix. 1 10 La province de Choco est extr&mement fertile, mais sujetteades pluies continuelles , el tellement boisee, qu'on n'y trouve aucun paturage pour les chevaux ou les mulcts. Le transport akel ; qu'il n'avait qu'a se tenir pret, que demain je parlirais pour continuer ma route. Le Fouta est un pays Ires-grand el tres-peuple , les villages y sont nombreux et grands; des deux cotes de la route, Ton Irouve des plaines immcnses, couvcrles de buissons epineux de la hauteur de sept a huit pieds , que les Walos appellcnt kein; la route est 12( unie et tres-belle, jusqu'au moment oil Ton s'approche du fleuve. I! existe bcaucoup tic boabab entre Dounga et Horkoguyany. J'ai etc bien (iouloureusement surpris en traversanl Ie Foula ; ces negres, dont on prone tant l'hospitalite , n'ont pas eu honte tie me refuser une goutle d'eau pour me desalterer ; j'ai ele oblige de l'acheter au prix de Tor, pour calmer momentanemenl ce besoin hnperieux. J'avais avec moi vingt-cinq homines , parmi lcsqucls il y avait sept cavaliers ; j'ai ete oblige de les nourrir tous. Je joins, sous ce momc pli , la lisle de tous les villages qui se trouvent sur la route, depuis Fondeganday jusqu'a Bekcl. M. Marres s'est embarque sur le colre VActif, le i5 Janvier 1829 , a 10 hemes du soir , pour se rendre a Bakel. II a quitte sa peniche le 8 fevrier, au village de Dounguel , silue sur la rive gauche du fleuve , dans File a Morphil , moitie chemin environ de Podor a Salde. Le g, il coucha a Pete, ou il cut une enlrevue avec 1'almamy; il quitta Pete Ie 10, a trois heures apres midi, et flit a M'boloo , oil il passa la nuit ; le 11, il coucha a Kilbou : il fut joint, dans la journee , par le marabout du posle de Bakel , qui avait recu l'ordre de venir a sa rencontre ; le i3 , ilconlinua sa route jusqu'a Douloumagies ; le i^., il coucha a Hogno ; le i5 , a Banaguy ; le 16, a Guiella, le 17 , a Gallard; le 18, il arrive a Bakel, a trois hemes du soir. Itineraire de Dounguel a Bakel ', a trovers le Foutu. Distance eslimee dun village a un autre. De Douncjuel a Fonteguande' . a De Fonteguande a Mery. . . " r/a De Mery a Ourrassidy. . . » 1/2 De Ourrassidy a Iloumba . . 8 De Boumba a Thiquitte. . . >' 1/2 De Thiquitte a N'gnuy. . • » \\\ De Guiaba a Horefonday. . . » 1/2 De Ilorefonday a Tlugnam. . » 1/2 D'Hiignaiii a Killou 6 De Killou a Kobello . . . . » 1/2 De N'gouy a Pete. . . . !)e Pete a Longue'. . . . De Longue a Galoa. . . . De Galoa a Kilamot. . . . De Kilamot a M'boloo. . De M'boloo a Guiaba. . . De Soringoo a Toupttoupe De Toupttouppe a Foara . De Foara a liagnaguy . De liagnaguy a Sintiougarbat " «/4 " 1/4 » 1/2 " '14 8 4 " i/4 » 1/2 - »/4 » ./4 i3o De Kobello a Hodedy. ... 5 De Hodedy a Boukediave' . . " De Boukediave a .M 'bolus . . » De M'bolus a Dounga . . . » De Doiinga a Douloumaguy. . 5 De Douloumaguy a Saraguy . » De Saraguy a Habaguy ... 6 De Habaguv a Nabaguy. . . i De Nabaguy a Bougnaguy. . » De Bougnaguy a Thiembe. . » De Thiembe a Hourrnssigny. )■ De Hourrossigny a Nogoa. . » De Nogoa a Sinthiogarba. . . 4 DeSinthiogarbaa Sinkidalekouby De Sinkidalekouby a Canel. . 4 De Canel a Gyaugnoli. . . » De Gyaugnoli a Soringoo . . » Ces renseignemens out etc cc moment a Saint-Louis. '14 ■ /a '14 ./a •/4 1/1 1 /a '14 ,/a De Siatiougarbat sTAmady Hounare D'Amady Hounare a Coloha De Coloha a Horkoguieray. De lloi koguieraj a Guelde. De Guelde a Bittel. . • . De Bittel a^Lobary. . . . De Lobary a Dembakanne'. De Dembakanne' a Gandc; . De Gande a Gallard. . . De Gallard a Moundery. . De Moundery a Dy'owart. De Dyowait a Aingara. . D'Aingara a_Guilde . . . De Guilde a Tuabo ... » De Tuabo a Bakel 2 4 10 4 9 » ./2 » » ■74 » »/4 » 1/4 » 1/2 » «/4 « '/» i/a '.I" »/4 donncs par lc courtier de Bakel , en II n'existe pas de village de Dounguel a Fondeganday. Idee de Vile Maurice. Cette tie, de n lieucs marines et 3/4 de longueur du nord an sud, sur 9 lieucs '/, de largueur de l'est a l'ouest, situce entre wj" 58' ft" et 20 ' 32' 24" de latitude sud , et entre 5j° 17' 5G" et 57" 46' 3o" de longitude a Test du meridien de Greenwich , ayant 432,68o arpens de superficie , fut decouverte en 1577 Par ^es ^9T~ lugais, sous la conduite de D. Pedro de Mascarenhas , qui la i) omnia de Cerno. Les Hollandais , sous les ordres de l'amiral Wibrand van W ar- wich , la vircnt pour la premiere fois Ie 17 seplembre i5o,8; ils en prirent possession le 20 du meme mois, et la nonuncrenl Maiir ritius, en riionncur de leur stadhouder. Ils s'etablirent au Grand-Port en i644i et abandonnercnl cette possession en. 17 12. M. Dufresneroccupa au nom du roi de France , lc 20 septembi e 1715, el lul donna le nom d^ Ik-de-France. i3i Le premier etablissement des Fran^ais y fut fait, en 1 72 1 , par la compagnie des hides a qui le roi l'avait donnee , et qui la retro- ceda au roi en 1764.. Passee,par capitulation du 3 decembre 1810, sous la domina- tion britannique , elle a, de ce moment, repris son nom de Mau- rice, sous lequel elle est designee dans tous les actes publics. Hauteurs des principaux points d' elevation de Vile Maurice. Le Pain de Sucre 173 ved*- Montagne du Diable 339°/, 0 L'ile Plate 3/fi Le Coin de Mire 5ig L'ile aux Serpens 53 1 9/IO Montagne Longue 570 j/3 Montague du Pi ton 858 3/4 La plus orientale des Faiences. . . . io5o 9/IO Montagne de la Decouverte du Port-Louis. 1 o63 3/4 Montagnes des Creoles 1204 7/i» Piton des Faiences I429 Piton du Grand Port I5g5 c/, 0 Piton du Canot 1755 y$ Piton de Fouge 1768 6/IO Morrie Brabant i8i3 yl Piton du Milieu de l'ile IO/35 '/s Montagne de la Porte jq8o Montagnes des Bambous 2o63 '/? La plus haute des trois Mamelles. . . . 2 191 '/3 Montagne de la Savanne 2274 fys ■ Montague du Corps de Garde 2364 1/2 Montagne de la Riviere du Rempart. . . 2537 */2 Montagne du Ponce 2G65 7/9 Montagne de Pilrebooth 2691 '/s Montagne de la Riviere Noire. . . . 2717 Extrait de l'almanach de L'ile Maurice, redige par M. Lislet- Geoffroy, correspondant de l'Institut. "W . 102 J)u Commerce re la France awe ses colonics el les puissances ctrangercs pendant Vanncc 1828 , dc la situation dc ses entrepots a la meme cpoque , des niom'ernens desa navigation , etc. 11 scrait difficile d'apprecier fetendue du travail public sur ccs malieres par l'adininistration des douanes royalcs dc France, si l'onn'en avail d'autre indicc que le tableau recapilulatif ensoixante feuilles in-folio, qui a etc dernierement prcsenle aux deux cham- bres, « et si Ion ignorail que cbaque ligne de ce tableau est le rc- sullat d'un coinpte ouverl , separemenl tenu pour 1,700 articles de marcliandiscs , el que ccs comples sont eux-meincs le rcsultat des feuilles de depouille'ment en n ombre bien plus considerable, par lcsquelles on commence a extraire des releves fournis par les douanes fronlieres , les diverses indications d'espece , de quantite , de droit percu, de provenance, dc destination et de mode du trans- port. » Voici les resultats generaux de eel utile el grand travail : \ ENTREE. / , 3,465 navires francais jau- geant ensemble 346,091 tonneaux. 242,9 '>o, J."..i 4, 122 navires e'lrangersdu pays d'oii les inarclian- dises vienncnt 445, 708 125,952,^7 G06 navires de tiers pa- vilions 8 1 ,g3i 33,oig,55i \Terre 205,769,858 Valeurs] entrees'. lar Mouve- J id e nt general ducom-\ merce avec le dehors. Total. . . SORTIE. 607,677,321 '3,3 1 1 navires francais jau- geant ensemble 320,835 tonneaux. ai8,g63,o8o Valeurs 1 {,164 navires et rangers du sorties < pays oil ils vont 344,547 i83,i2;,6oo par j 8<)<) navires dc tiers pavil- <>lls ll5,972 41>9«M48 ^Terre iOy.i1 ■,'>", 609,922,6 ta Difference en faveur des exportations. . 2,245,3n i33 Commer-/ entree. ce special I / de ce quel Valeurs en mar- 1 Matieres ne'eessaires a Findus- laFranceal c"andiscs mises en) trie 278,590,868 recu pourl consommation ) Objets de con-| Naturels. . . . .36,845,918 consom- J avec paiement de ^ sommation. { Fabriquc's.. . . 38,323,55i mation,et/ droits. ~ . < 4^3,760,3.17 dece qui a\ e'te' extrait I SORTIE. deTinte- J [ rieurpourf Valeurs en mar- I Prod.utsi.atu- 1'etraoge.f chandises fran- -Is- <°7,377,o,a 1 I nUpe ,.vnnrip« 1 Ubiets raanu- Dii les co- I vaises exponees. l ' , . \ [ fact u res. . . ."343,838,qio j lOnieS. \ t j ;j ; Diffe'rence en faveur des exportations. 5^455,58 i Le uiouvement en numeraire n 'est pas compris dans ce resultat , les en- trees et sorties de Fespece qui ontpu etre constate'es , sont : Pour Fenlre'e de 208,101,075 fr. Pour la sortie de 28,071,564 Le resume du commerce de la France avec ses colo- / , . , ... . 1 . ,, Import es. 67,267 -i.li nies et ses comptous dans llnde , pendant ran- ) r " .'> ' 0 Q 1 , Exportees. 53,866,007 nee 1820, donne pour valeurs f r JJ Diffe'rence des importations aux exportaiions. . . 11,400.245 Les marchandises recues de la Martinique , de la Guadeloupe, de. Bour- bon , de Cayenne, du Senegal et des comptoirs francais dans Plnde, soil pour la consommation, soit pour Fentrepot , soit pour le transit , consistaient en bois de teinture et d'e'be'nisterie, en cacao , cafe" , girofle , coton , rhum et tafia, sucre brut et terre , gonunes exotiqucs, indigo , guine'es et aut.es toilcs des Indes , rocou et autres articles; celles extraites de France et en- voye'es aux colonies se composaient de vins , d'aux-dc-vie , liqueurs et autres boissons,de grains et farines , fer et ouvrages de feutre , d'huiles , de bi- jouterie et d'orfe'vrerie, de papier, dc peaux pre'pare'es et ouvrees, de tissus de lin et dc cbanvre , de laine, de soie , dc coton , de verres et cristaux , etc. Les importations de cafe avec paiement de droits se sont eleve'esa 9,328, 129 kilogrammes , qui represenlaient line valeur'de 10.574,562 fr. 10 i3< f D'apres le tableau des marchandises exporters avec jouissancc de b prime pendant Pannec 1828 , lcs sommes payees pour prime , pendant cet exercice, sisont cleveesa lo,3ii,igq fr. La valeurdesmarcliandises en entrepot ( i" Janvier 1828, de 90,374,443 f. a c'te au |3i decembre,de. . 91,649,80. L'e'tatdesmouvemensde la navigation du royaume , constates en chaque localitc" pendant 1828 , a domic : « / F.iils concur- f I ,•,•„,„„■„[ i,v,c]N''>vlVrs f™'.»'s. • '."JS nav. ,.V,8',i lonn. »i,gSa hom. d'e'quinagc. I'elraueer. I Navires etrangers. 4,718 nav. 5a7,63q tonn. Faits concur remmentavei •S |x 1 l'e'lrauger. (Navires etrangen. 4,718 nav. 5^7, G.So, tonn. Rescrvc'e anx f Colonies francaises. .', 17 nav. io';.-„, lonn. 6,i3o bom. d'e'quipagc seals navires jPcehe 6,180 nav. 107,755 torin. '.(,-;,- M. [J. francais. ^Obolafe 68,8a? nav.-a.a67.93t tonn. 180,159 Id. II. TOTAL S3, 300 nav. 8,2 jg i;ill tonn. < - « f ' raifc concur- ( ... =j « I J Navires francais. . a.H?3 nay. ic|n 67S tonn. ao.oo- hom. i equipage. ^ = _ I reminentorecs -.- • ' ' 1 . - ■- ~ I ,. , I Navires ctrangers. 5,o<>3 nav. 40o,5jn toun. _■/-! I etraneer. * 1 f Colo 5]Prcl I'll anger. > = .J? J Bescrree anx C Colonies Franchises. Si 8 nav. i>-.i'i- tonn. ~.\'fi hom. d'e'quipagc. I seals navires "vPecbe 6>945 1I,1V- 1 !7,53o lonu. 5o,o8li Id. Id. lis. Cabotage fi'>,">oi nav. a, 169,370 tonu. i6a,44 rcnfermeiit des renseignemens utiles et bien pre- senters, il est constant qu'ils n'onl etc imprimes , 011 du moins publics qu'en 1827 el 1828 : or M. Ad. Balbi avail , des 18 18, fail paraitre, en ilalien, a Venise, sous le tilre de : PhtspettoJfisico-poUlioo della stato attualc del globo , el en 1820, a Lisbonne, sous le litre de Ta fileau politico -stalistique de /'hi/rope, deux tableaux que j'ai sous les i37 yeux, et danslesquels on trouve une grande partie ties elemens qui onl servi , en les modifiant, en les completant , ct en Ies coordon- nant d'une manierc differente , a former la Balance politique du globe, imprimee a Paris, en 1828 , et dont j'ai rendu compte dans le N° G2 du Bulletin de la Societe. Les publications de M. A. Balbi ont done precede de plusieurs annees les tableaux que M. Giraldes a fait paraitre sur le meme sujel, d'ou il resulte que les rcprocbes de ce dernier nesont point fondes, quant a l'anteriorite de publication qu'il reclame en sa faveur. Pour mettre les lecteurs du Bulletin en etal de prendre une opi- nion sur les points de ressemblance qui peuvent exister entrelalta- lance politique du globe du savant Italien it les tableaux du savant Portugais , je crois devoir donner a la suite de cette note les titres et les divisions des trois tableaux que le dernier a donnes dans le tome 3 de son Tralado completo de cosmographia , etc. M. Giraldes releve une enorme difference enlre la population attribute a l'Afrique, par M. Balbi , dans le resume de la deuxieme colonne de sa balance, ou clle est porlee a. . . . 60,000,000 Etcclle que l'on trouve, en addilionnant les popu- lations partielles de la quatrieme colonne , dont la somme n'est que de 3 1, 4-53, 000 Difference. . . . 28,54.7,000 La cause de cette difference, que M. de Giraldes a raison d'ap- peler enorme, me parait s'expliquer facilement par le titre meme de la balance, ou Ton voit que ce tableau offre bien la surperficic et la population de TOUS les etals de V Europe et de I'Amcrique ; mais qu'il ne conticnt les memes indications que pour les PRINCIPAUX etats seulement des autres parties du monde. II n'est point surprenant que la somme de quelqucs parties d'un tout ne soit point egale a ce tout lui-meine. C'est par ce motif, i° que la superficie tolale de YAfrique est pol- ice dans la 2e colonne de la Balance politique a 8,5i6,ooo m. carres, 1 38 et que la superficie des principaux < u< -3 ~ - — -- — Q u-i n « Ml - U V c 9" c n H f cap; i divis i 1 ail fc b.2 a r. u - c- -a « £ O i; = .n •- - c- = h3 41 £,§ . en mi He i. ■ \e Icur 1 I a - " S -i S-Os * P w u o "J -a v - - — -a VI iouver in. A que leurient D < H -3 O r_ c - r- W ■w — - - • 3 [ ordin.nir. ^ -■*.-». %^*/fc %^»/^v%.-».»-'».-fcX'%.-*^'*.^v%*. v%^%- %.-w »■■».-». vw BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE, ^ 1L1. LIVItES. ODVHA&FS G2HSEAJIZ. .145. Repertoire vol} glolte de la ma- rine a Fusage des navigaleurs et ar- mateurs, contenant, par ordre alpha- be tique, la nomenclature des termes do marine, leur explication raisonnee , et les mehodes pour resoudre les ques- tions d' astronomic , de physique et (le statistique; suivi de cinq vocabulaires en anglais , espagnol , allemand , ila- licn et portugais , par le comte de Grandpre ; deux vol, in -8°. Prix: 20 fr. , chez Mather , passage Dau- phine. 346. Darby's universal Gazetteer , or a new geographical dictionnary, etc. Le Gazetier universel de Darby , ou nouveau dictionnaire geographi- que , contenant la description des empires , royaumes, etats , provinces, rites , villcs , forts , mers , ports , rivieres , lacs , montagnes, caps , etc., du nionde connu , ainsi que les gou- vernemens , usages et inceurs des ha- bitans ; IVtendue, les limites et les productions nalurellcs dc chaquepays: le commerce , les manufactures et ce qu'offrent de curieux les citds i i les villes , le tout explique par une carte, eolorie'e avec soin , des Etats- Unis , Seconde edition , avec beaucoup d'ad- ditions et d' ameliorations , par Wil- liam Darby. Pbiladelphie , 1827. 347. Tableau descriptif des principales rivieres de Tunivers, redige par Geor- ge Smalfield, Hackney. 348. Voyages au Mexique en i826, 7, 8 , par le lieutenant Hardy , de la marine royale ; un vol. in-8° avec planches. 349. Six yues des villes les plus im- portantes du Mexique , par Ward : grand in-folio. Prix : 25 schellings. 350. Jl Condensed geography and his- tory of the western states, etc. — Geographic et histoire complete des Etats de l'oues't, ou de la vallee de Mississipi ; par Timothy Flint, Cin- cinnati; 1821S, 2 vol. in-8°. 35 1. Scenes et aventures des Forets dans P Amen que septentrionale , par George Head, esq' '■ un volume in-8", Prix : 8 schell. 6 pences ; publie par Murray 352. Flore de l'Amerique anglaise du Nord , avec figures des especes rares ou non decritcs , par Wr. Jackson Hocker. 353. Quarantc dessins paysagejs de TAmerique septentrionale , par M. Hull. In-40, Prix : 10 schellings G pences. 354. Etat actuel de Haiti, par .lames Frankiin , un vol, in-8", 10 schellings • (3 pences, 355. Tableau de rAustralie , un vol. in 8U , sous presse , par Whuiltaker et compagnie. AS' Voyages de Burckhardt . n Ara- ble, renfermant la description des ritoires considered comme sacres par les mahomctans ; 2 vol, in-8" , cartes et planches. Prix : 24 schellings. 357. f^oy ages de Buckingham en .. tssy rie, Me'die , et Perse ,• un vol, in-4", avec cartes et beaucoup de, gravui 358. Histoire de 1'Inde britann par James Mill , esqr ; (; vol, in-8°. Prix : 3 livres 12 sch. 359. Relalio/i dun voyage ilt Calcutta en Europe, par L'Egypte , en 1 827 et 28, par M. Charles Lushington. Prix : 8 sch. 6 p. Publie'e par Murrai 360. JLeltrcs sur I'Oricn! , dcrit" pen- danl les annees 1827 et 1828, par le baron Th. Rcuouard dcBussiere, se- cretaire d'ambassade ; 2 vol. in-8°. Prix: 1 2 fr. Paris et Strasbourg, 1829, chez Lcvrault. 1 44 EUROPE. France, 36i. Voyage en Norwegc, Laponie et partie de la Suede, par lc reverend Robert Everett ; in-8°. Prix : i \ schil- lings. 362. Voyage a Constantinople , dans les anndes 1807 et 1808, par le capi- taine Charles-Colville Frankland . de la marine rovalc ; a vol. in-8", avec planches. Prix : 3i schel. 6 pences. 363. Malerische Rcise in einigen Pro- rinzen des Osmauiehen Reiches, etc. — Voyage pittorcsque dans quclques provinces de l'empire ottoman, trad. du polonais du comtc Edouard Rac- zynski, public" par F. - H. Von dor Ilagen; in-8° avec planches, Breslau , 18285 Grass , Barth et compagnie. 364- Refutation of the numerous mis- tatements and fallacies contained in a paper presented to the admiralty , by docteur Thomas Young, etc. — Refutation des nombreuses erreurs et faussetds contcnucs dans un docu- ment prdsente" a l'amirautd, par lc docteur Thomas Young, surintendant du Nautical Almanac, et imprimd par par ordrc de la chambre des Com- munes , le 17 mars 1829, par James South, F. R. S. Londrcs, 1829, ! vol. in-8". § 2. ATLAS, CARTES GEO- GRAPIIIQTlES, ETC. 365. Die Europaeische Turkey, etc. — La Turquie d'Europe. Diction- nairc por.tatif contenant la description de toutes les provinces de la Turquie d'Europe, do leurs habitans, d< v montagnes et des passages l< s phi marquables , des rivieres et des princi- paux limx babites, etc., par Max Fred.Thielen, 1 vol. in-8u,avcc carte. Vicnne, 1828. 366. Atlas physique , politique de I' Europe, forme" dc 3o cartes compo- sant les I", |% 5°, 6e et 7' livraisons des Essais de gdographie mdthodiquc et comparative, 011 du nouveaucours di eoeraphie gcncralc, parDenaix , pu- l'lie sous les auspices de son excel- lence le vicomte dc Caux, ministrede la guerre, grave" par Richard Y\ ahl . Paris, 182CJ , chez Pauteur, rue d'As- sas, n° 5. Prix : ;5 fr. 3(i7. Carte kydrographique du bassin de la Seine, avec 1 indication des ri- vieres navigables et (lottables qui Ber- vent a Papprovisionnement de Paris . dressee an ddpot d< ;s ponts et chaus- se"es, par ordre de M. Becquey, di- recteur general des punts el chaussdes et des mines, par M. Dubrena. Paris, 1828, Picquet. Prix : 5 fr. ISO I ROT, Agent dc hi Socie'tc de Geographic Paris. — Evera.t, Imprimeur de la Socidte dc Geographic , rue du Cadran, n. 16. PLAN t/es CONSTRUCTIONS INFERIEURES . t5^J K^g e, fs Mm**, ,1? ,So yf *°o P<^> _Au fog i 'av hi? Bulletin c/r- 7a Societe de Geoer. A': 7& FOUILLEjS FAITES / C0M-MEDI1NET-EL FARES . on Iu4jjcjenne ^4RSINOE on Crococ/ilopolm •FAY OHM , 1820- 2i . COUP # filf TEftfiAIJV. ■ - «5 '■* ^ * «ft (n -g t. * ?1 ^ s.i - ^ -■s s in tri b -=! •^ *" 0 v> XI. X. vm. ll ktwKiiii -^r=^ I Conduit^- on ^->ut*;v'tvvi .0 _. n Ptuuv VI C«.niAfv«ctiOtt».V £*~ Coi 55 #> c.' /M&>rfA ,^, f^f '^ -• 1.. .=.».;• fin/,/:' 'de // Selres, Jithographe de TUmrersite ', AufograpA 1 r • de /a tScc. de> Gf&v&r. M' 77 . I Nota Li (its irassei de S? la plupart non pleines, et les operations geodesiques pourront toujours avoir assez d'avance pour entretenir les levees et reconnaissances topographiques. Tous les points sont rapportes a la meridienne et a la perpen- diculaire du moulin d'ltchkale, a Napoli de Romanie, ou le capitaine ingenieur-geographe Peytier, a mesur£ un azimuth d'o- rientation, et dans les environs, une base provisoire, qui malheu- reusement n'a que 35o2 metres, mais qui sera remplacee, a la fin de cetle campagne , par une plus longue et plus en harmonie avec la longueur des c6tes des triangles, qui presque tous depassent 20000 metres. Le meme M. Peytier, avant qu'il eut commission de s'occuper de la triangulation complete de la Moree , avait leve\ sur l'ordre du president , un plan de Corinthe , a l'echelle de 3oW>, dessine un projet d'un nouveau trace de cette ville , et fait deblayer, pour son execution , deux places et quelques rues. Les operations de la carte de Moree ne doivent comprendre, pour le moment, que la Grece dans ses limites actuelles, ce qui n'empeche pas de terminer trigonometriquement par occasion , les points remarquahles hors de ces limites , lorsqu'ils sont visi- bles des stations environnantes choisies sur le territoire grec : c'est ainsi que le Parthenon d'Athenes , Megare, se trouvent deja connus de position , et que le seront plus tard le mont Parnasse, et probablement differens points de la Beotie, au nord du golfe. Les courses nombreuses que necessitent les operations geode- siques sont mises a profit par les ingenieurs -geographies, en leur procurant l'occasion de dessiner des itineraires des chemins qu'ils parcourent, lesquels, ajoutes a ceux qu'auront faits aussi les officiers d'etal-major, deviendraient un jour des materiaux gcomctriqutment par les ingenieurs-geographes. Nous esperons pouvoir en faire connaitre plus tard l'elevatipn. i5o bicn precicux pour r amelioration de la geographic de la Moiee, si quclques circonstances vcnaient arreter 1'execution de la carte entreprise. La brigade d'ofliciers d'etat-major se compose de douze offi- ciers charges des operations topographiques , sous le commande- menl du chef de bataillon Barthelemy. Deux d'cntr'eux out deja succombe aux fievres qui nont epargneniles membres de la com- mission scientifique, ni les officiers d'etat-major, niles ingenieurs- geographes, qui tous onl eprouve plusieurs rechutes. Ces circon- stances malheureuses, dues a l'insalubrite du pays dans ccrtaines saisons, qui ne permetlent pas a ces officiers dc deploycr lout le zele donl ils sont capables , dont ils sont si empresses de donner des preuves, font aussi perdre beaucoup de temps , ct ralentissent les operations qui pourraient etre terminees en deuxannces, si elles n'eprouvent pas de contrarietes. Esperons que , pour le bien-etre de ces officiers , re'ellement pleins d'ardeur, et dans l'interet de la belle operation dont ils sont charges, ces contrarietes ne se presenteront plus, apres qu'ils seront acclimates, et que la France pourra jouir promptement et sans de nouveaux regrets du fruit de leurs travaux ; qu'elle pourra reunir bientot, avec quelque ficrlc , ces nouveaux trophees scienti- fiques a ceux qu'elle a deja recueillis pour 1'cxecution de la belle carte de l'Egypte; comme si clle avait ele appelee, seule, a faire connailre au monde la geographic cxacte de deux contrees an- ciennes les plus celebres de la terre. Rapport sur le voyage de M. Charles Be/anger, lu dans la seance dc VAcademie royale des Sciences , du 28 seplembre. « Le minislre de 1'interieur a demandc a l'Academie de lui faire un rapport sur les resultats du voyage que M. le docteur Charles lielanger a fait par la route de terre aux lndesOrienlales, en acconi- pagnant M. le vicomte Desbassyns, gouverneur de Pondichen. » L'Academie a cbarge M. Gcoffroy-Sainl-Hilairc , Latreille, Dumeril , Desfontaines , Mirbel , H. de Cassini el moi , de prendre connaissancc des manuscrits et des collections de ce voyageur, et de lui en rendre compte. » Parti de Paris le g Janvier 1825, M. Belanger traversa 1'Alle magne, la Pologne, la Russie meridionale, la Georgie et les pro- vinces persanes sous la domination russe. Penetrant ensuile dans la Perse propremcnt dite, il en explora, du nord au sud , la parlie occidentale, s'cmbarqua a Bouchir, fit une tres-courte relache a Mascate , debarqua a Bombay, visita Tile d'Elephanta, fit pendant troisntois, sur la cote de Malabar, des recbercbes tres-fruclueuses , francbit les Gates occidentales , traversa la peninsule en deca du Gange par le MaTssour, et arriva aPondicberi a la fin de mars 1826, apres un voyage de quatorze mois. » L'biver ne lui permit pas de mettrea profit, pour les sciences naturelles, la traversee de lEurope, encore moins celle du Cau- case , dont les neiges firent meme courir de 'grands dangers aux voyageurs , et ce fut la Georgie qui offrit les premieres recoltes ve- gelales ; environ cinquante especes de plantes purent y etre rccueil- lies. Des privations d'un autre genre altendaient leur caravane en Perse. Mais les souffrances qui en resulterent, et qui mirent pres- que M. Desbassyns a deux doigts de la mort, en meme temps qu'elles accablaient M. Belanger de fievres intermillenles tres- graves, n'empecberent pas ce dernier d'etudier la zoologie de cc vaste pays, et d'y recueillir beaucoup de vegetaux. II y rassembla plus de 600 especes, dont les plus importantes sont celles qui don- nent l'assa-foetida et la gomme ammoniaque. II y rassembla les graines de differentes varietes de melon, dont la culture a ete pous- s£e fort loin par lesPersans. Le tabac et les vignesde Cbiraz furent aussi pour lui un objet important d'etude. Pres desbordsde la mer, la vegetation prille caracterc de celle de l'lnde. M. Belanger y ras- sembla plus de 100 especes en berbier, et plus de 200 graines. Les souiTrances le retinrentdeux mois a Bombay, presque mourant. 11 Irouva cependant encore inoven d'y recueillir environ 3oo planter 1 5a el quelques coquilles marines. Une nouvelle maladie de M. Des- bassyns retint nos voyageurs trois mois a Mahe , ce qui donna a M. Belanger la facilite d'examiner a loisir cette partie de la cote de Malabar. 35o especes de plantes, plus de ioo poissons , des oiseaux , des reptiles , des crustaces , furent les produils de ce se- jour. Plus de ioo autres plantes enrichirent l'herbier pendant la traversee de la presqu'ile , et surtout dans la belle foret de Ma'i'ssour. » Une fois (Habli a PondicheVi, M. Belanger fit trois grandes excursions , Tune dans le Carnat et sur la cote du Coromandel, l'autre au Bengale et dans le pays desBirmans, la troisieme a Java. Independamment des avantages quel'etablissement qu'il dirigeait a Pondicheri a retire de ses voyages, ils lui ontpennis de former pour le Museum de Paris de belles collections zoologiques elbotaniques. C'est parmilliers qu'il faut compter les diverses productions natu- relles qu'il s'y est procurees. » Le P^gou surtout, qui n'avait encore ete" visite que par le doc- teur Wallich, lui promettait le plusde cboses nouvelles; aussiya- t-il employe les j ours et les nuits, soit a enricbir ses collections, soita mettre par ecrit ce qu'il apprenait d'interessant sur les objetsquily plagait. Partout, en effet, M. Belanger, loin de s'en tenir a la pure histoirenaturelle, reunissaitnon-seuleraent ce qui avaittraital'agri- culture, a la medecine et aux arts , mais il ne negligeait ricn de ce qui pouvait eclairer la geograpbie et la statistique des pays qu'il par- courait. Les diverses races dhommes, leursmo3urs, leurs langages, leurs caracteres, ont attire son attention. Une collection d'armes, de machines, un grand nombre dedessinsrepresentant lesinstrumens employes dans les arts, des portraits, des costumes, des monu- mens, des cartes detaillees, serviront de materiaux a la relation historique de son voyage. Des medailles etmonnaies babylonicn- nes, persanes, indiennes et birmanes; des inscriptions fort an- ciennes des monls Vindhyas, des mines de Mahabalipuiam et de Vijay a Magor , avec desdessins representant les licux ou elles ont i53 ete prises, et les monuraens les plus remarquables que Ton y trouve ; des vocabulaires en bengali, en bruj , en pushtu, en cingalais; des notes dctaillees de medecine dans diverses langues de l'lnde, vingt- trois manuscrits en langue birmane etpali, un en haut pali ; un dictionnaire anglais et, birman, forment les resullats de ses recher- ches en archeologie et en ethnologic » Une fievre intennittenle, et une hepatite chronique dont il etait affecte , ne lui ayant pas permis de prolonger son sejour dans llnde , apres avoir passe quelques mois a Tile Bourbon et & lile de France, et fait de courtes relaches au Cap et a Sainte- Helene , il est debarque a Nantes a la fin de juin de cette annee. » II appartenait a une autre academie d'apprccicr les collec- tions relatives aux sciences historiques, app or lees par M. Belanger: c'est uniquement de celles qui se rapportent aux sciences naturelles que nous avons a rendre compte, et nous allons nous acquitter de ce devoir, soit d'apres l'examen detaille que nous en avons fait, soit d'apres les catalogues authentiques rediges au Museum. » JNotre confrere M. de Mirbel, qui a ete specialement charge d'examiner la parlie botanique des collections , s'exprime a ce sujet dans les termes suivans : « Les herbiers de M. Belanger ren- » ferment 5, 4.00 especesde phanerogames ou cryptogames, etplus » de 17,000 echantillons bien conserves. » » Quoique Tournefort, Olivier et Michaud eussent visile plu- sieurs parties de la Perse, cette contree offrait encore un vaste champ a exploiter. M. Belanger l'ayant parcouru dans une etendue de plus de 700 lieues , la collection de planles qu'ilen a rapportee Temporte de beaucoup sur celles de ces predecesseurs : elle ren- ferme 726 especes, parmi lesquelles dominent les families de lilia- cees , des ombelliferes , des cruciferes et des legumiueuses. Au nom- bre des plantes les plus remarquables, on doit citer les asl ragales gum- miferes; une rose, dont le pericarpe,ou plutol le collier charnu, est d'un gout agreable et fort recherche; les deux ombelliferes qui donnenl i54 la gomme ammoniaque et I'assa-fcelida, une campanulacee ; dont la tige piquee par un insccle cxsude un sue gommo-resincux tres-dele- tere ; enfin, une bouagince a racine dpaissc et farineuse qui sert d'a- liinentaux Armeniens. » M. Belanger n'a pas recueilli moins de 3,ooo especes sur les cotes de Canara, Coromandel et Malabar, dans I'inteYieur de la peninsule, dans les Gates et au Bengale. Ge riche herbier, abun- dant surtout en graminees, orcbidees, acanthacees , apocinecs, malvacees, rubiaaies et legumineuses, offre un grand n ombre de plantes usuelles a la recbercbedesquelles noire sa van t voyageur s'est particulierement livre. » La vegetation du Pegou a le double caractere de celle des Indes et de celle du grand arcbipel de l'Asie , peuple par la race malaise. Sous ce rapport , l'herbier de 35o especes que M. Belan- ger y a recueillies est d'un tres-grand interet pour les bolanistes. 11 contient des plantes employees dans les arts, Tinduslrie et l'eco- nomie domeslique. Nous indiquerons entre autres deux terebin- ihacees qui donnent les beaux vernis des Cbinois et des Birmans. II y a aussi plusieurs plantes peu connues , d'un usage frequent dans la teinture. » Les lies de France et de Bourbon, le cap de Bonnc-Esperance cl Sainte-Helene , souvent visiles par les bolanistes, semblaient ne devoir pas offrir des resultats tres-imporlans. Ccpendant les recoltes de M. Belanger composent encore une collection pre- cieusc dans laquelleon trouve des plantes rares ou pen connues qui appartiennent aux families des fougeres , des orcbidees , des pro- teaches, des sous-antberees , des rubiacees et des legumincuses. Le nombre des especes de cet herbier , y compris celles qui ont » En resume , ces differens berbiers pr(;sentenl plus de i 200 especes nouvelles. A chaque planle sont joints les noins quelle a recusdans les languesdes differens pays ou elle croil, et des notes sur sa hauteur, son aspect, la coulcur de scsfleurs, el quclquefois 1 55 meme sur la structure de son fruit, et sur d'aulres caracteres qui disparaissentpar la dcssiccalion. » Enfm , tous les renseignemens qui peuvent faire connaitre les proprietes utiles ou nuisibles de certains vegetaux, et les idees su- perstitieuses qui s'y raltachent , ont ete recueillis soigneusement. » M. Belanger a rapporte aussi 25 especes de Lois des arbres qui servent dans la charpente ou la menuiserie , et dont les echan- tillons existent dans les herbiers. II a ete depose au Museum 60 es- peces de plantes vivantes de Tile de Bourbon et de Madagascar : la plupart sontnouvelles pourle Jardin duRoi ; entre autres trois eu- phorbes, une apocynee , quelques hibiscus, et l'oreca madagasca- riensis. II a envoys a diverscs epoques plus de 800 especes de graines, accompagnees de catalogues raisonnes indiquant l'utilite de cliacune et le terrain qui lui convient- Parmi ces graines , on distingue celle desmelonset pasteques de la Perse, du (abac de Chiraz, des vege- taux qui donnent les gommesainmoniaquesetadragantes,dun grand nombre de legumineuses alimentaires, de malvacees officinales , d'arbres fruiliers de l'lnde eldu Pegou, etc. » Comme les voyages deM. Belanger avaientpourobjet principal des recbercbes d'une utilite immediate, il a examine avec soin la culture du labac , des cucurbitacees et des vignes en Perse , celles des menus grains , du cafe et du poivrier dans l'lnde , celle du the a Java; et l'on doit presumer que les documens qu'il donnera sur ces diverscs cultures, ainsi que sur les proprietes et les usages des ve- getaux ne serontpas la partie la moins interessante de la relation qu'il se propose depublier. Ellecontiendra aussi des vucs generates sur la geographic botanique de la Perse, de l'lnde et du Pegou ; les collections zoologiques de M. Belanger ne sont guere moins riches a proportion ((,000 individus et i,4oo especes); et si Ton a egard a la difficulte de les faire dans des pays ou Ton trouve si peu de ressources , et ou les prdjuges du peuple rempechent si souvent de vouloir loucher les corps desanimaux, elles me'ritent peut-etre plus de reconnaissance de la part des naluralisles. 1 56 » On lui avait particuliercment recommande la partic des pois- sons, comme celle qui se tronvait la plus incomplete au Cabiuetdu Roi. Des le printemps de 1826, il envoya de Mahe un nombre considerable de poissons de la cole de Malabar, avcc leiirs noms dans la langue du pays, et il y avait joint des reptiles ct des crus- taces. L'annee suivante, il fit un second envoi de Pondicb.eri.Tous deuxetaient assez conserves. Mais son troisieme envoi, arrive en tres-bon etat en 1828 , contient plus de cent vingt especes, en grands ^chantillons, prises surtout dans les rivieres du Bengale et dans l'lrrawadi , ou le grand fleuvedes Birmans. Enfin , il en a rapporte lui-meme une quatrieme serie, egalement tres-bien conservee. Ce sout des materiaux tres-precieux pour l'ichtiologie, pour la- quelle nous ne possesions jusqu'alors de ces contrees, que les re- coltes faites par MM. Lecbenault, Duvaucel et Diard. Par les travaux de ces voyageurs, reunis a ceux de M. Belanger, le Cabi- net dul\oi setrouve posseder les especes les plus intercssantes du continent de l'lnde, no tamment les grands ophicephales , beaucoup dechirocentres, une nouvelle espece de notopteres, genre ou l'on 11'en comptait qu'une seule ; de nombreux siluroides, tous les beaux cyprinoVdes, si remarquables par leur conformation , etc.; et l'on pourra y puiser de riches supplemens pour les ouvrages de Patrice , Russelet de Hamilton Buchanan. » L'erpetologie s'estegalement enrichie par tous ces envois, car dans chacun il y avait un certain nombre de reptiles, parmi lesquels nous avons remarque principalement de grands pythons , un nou- veau genre de tortue a quatre doigts , el beaucoup de ces peliles especes de sauriens et de batraciens , que les voyageurs negligent trop souvent. » II restait moins a faire sur les mammiferes et les oiseaux ; et neanmoins , indepcndamment de certains individus d'especes communes qui composent ses envois , etqui forment une richesse positive , ne fut-ce que pour des echanges , ou des distributions aux cabinets des deparlemens, il s'eu trouve plusieurs que le Cabinet du x57 Roi ne possede pas , ct meme quelques-uns d'cniiercmcnt nouveaux pour la science. C'est ce qui resultedu catalogue raisonne qui en a ete dresse par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. » M. Latreillc, qui a examine les insectes, en parle en ces ter- mes dans son rapport a radminislration du Museum : « La collection d'insectes de M. Belanger se compose d'environ » 700 individus, pris dans tous les ordres , et recueillis, a l'exception » d'un petit nombre deliledeFrance et du cap deBonne-Esperance, » dans Tile dc Java. On peut evaluer le nombre des especes a 2,000 » etquclqucs, parmi lesquels i5o environ manquaient a la collec- » tion du Museum , et dont quelques-unes sont tres-remarquables. » Cellcs meme qui seraient communes aux deux collections seraient » dans tous les cas tres-avantageuses, pour les envois que l'on a a » faire aux divers musees des deparlemens. » Un jngement a peu pres semblable a ete porte parM. Audouin sur les mollusques et les coquillages, les annclides et autres animaux non vertebres , rapporles et envoyes par M. Belanger. « Ce quiajouteau merite de ces collections, c'est que l'auteur a » cu soin de recueillir exactement les nomenclatures locales , et » beaucoup de notes sur les habitudes des animaux, sur les lieux » qu'ils frequentent, sur les substances dont ils se nourrissent, et sur » les usages qu'en font les indigenes , soit dans les arts , soit pour » leur nourriture. » 11 n'a pas meme negligd de rapporter les ouvrages d'art aux- » quels les naturcls emploient les substances que leur contree pro- » duit; et independamment de lout ce que lui doivcnl le Jardin ct le » Cabinet du Roi , il a procure a la manufacture royale de Sevres » un bel assortment de poterics indiennes. » » Pour bien apprecier ce que M. Belanger a mis de perseverance dans ses rechercbes et de generosile dans ses dons , il faut se rappe- ler qu'il n'avait daulre mission que celle de dinger le Jardin royal de Pondicheri ; que dans tout ce qu'il a fail d'ailleurs pour l'histoire naturelle, il n'a ete inspire et soulenu que parson propre zele, qu'au- 58 cune retribution ne lui a etd allouce par le Museum, ni par l'admi- nistration; et I'ou trouvera sans doutc que res circonstances doivent puissamment accroitre la reconnaissance des amis des sciences. » Nous avons l'honneur de proposer a l'Academie d'adrcsser le present rapport a S. Exc. le ministre de I'intei ieur, en expi iniant le voeuque M. Belangersoit mis a meme de faire bientot jouir le public des observations qu'il a faites et de celles auxquelles les nombreu ses collections qu'il a formees pcuvent donner lieu. « Signes , Geoffroy-Saint-Hilaire , Latreille , Dumeril, Desfontaines, Mirbel, H. Cassini, le baron Cuvier, rapporteur. » L'Academie adopte les conclusions de ce rapport. Certifie conforme. Le secretaire perpetual, conseiller d'etat, grand- off trier de tordre royal de la legion d'honneur. Signe, baron Cuvier. PvAPPORT Sur V elablissement d'une nouvelle colonie sur les Lords de la rwiere des Cygnes ( Swan River), dans TAustralie occidentale. (Voyez la carle placee a la fin de ce bulletin.) M. le president de la Sociele de Geographic a bien voulu char- ger M. Cesar Moreau et moi de faire uri rapport sur la corres- pondancc relative a la colonie de. la rwiere de Swan, imprimcie par ordrc de la chambre des communes d'Anglcterrc , le i3 mai 1820, et communiquee a la sociele par M. Moreau. \ oici les rensei- gneinens resultant de cet examen. Suivant la carte de la riviere de Swan, levee en 1827, par le capitaine James Stirling, de la marine anglaisc, cctle parlie de TAustralie est situce par le 34° dc lat. sud et le n" de long. i59 est (i); toutela ligne de cote, jusqu'ala baie duGeographe, est une cliainc de roches calcaires , variant en hauteur de "O a Goo pieds, el s'avancant dans l'interieur de i mille a 5 milles. Lc terrain , depuis la mer jusqu'au pied des montagnes , est illegal, onduleux, peu boise et couvcrt dune verdure agreable. La cbaine de monta- gnes qui le borde, nominee sur la carte « general Barlings' range », s'eleve ordinairement de 1200 a i5oo pieds, et les pics appeles Sainte-Anne et Mont William, ont jusqu'a 3, 000 pieds de hauteur. II ya plusieurs sources d'eau vive sur les deux rives de la Swan. Le sol est presente coinrne plus favorable a la culture du tabac et du coton , qu'aucune autre partie de l'Australie. Les ports de ce territoire , se trouvant au centre de la route de commerce, avec. les Indes orientales pourront servir de lieux de depot pour les na- vires naviguant dans ces parages. Dans un memoire adresse a sir Georges Murray, secretaire d'etat, le i£ novembre 1828, une societe , composee de Thomas Peel, sir Francis Vincent , etc., etc., proposa de transporter dix mille sujets des trois royaumes, homines , femmes et enfans, dans la colonie de Stvan River, avec les objets et uslensiles dont les emigrans sont ordinairement pourvus ; d'y introduire mille tetes de betail, tels que taureaux, boeufs, vaches et veaux, et d'em- ployer trois batimens pour communiqucr de Sidney avec l'eta- blissement. Les pelitionnaires faisaient observer que les frais de transport d'Angleterre a la riviere de Swan seraient plus dis- pendieux que ceux pour Hobart-lown, ou Sidney; que chaque passager coilterait 3o livres sterling, et qu'on ne pourrait se mu- nir d'aucune cargaison pour le retour. Tous les emigrans seraient transported a la colonie dans l'espace de quatre ans. La compa- gnie acceptait, en remboursement de ses avances , des concessions (1) Ccst cvidemnicnt , quanta la longitude , une erreur typograpliique. Les determinations du capitaine Baudin donncnt a remboucliure de la riviere des Cygncs 3a° 4' 3i" de latitude , et 1 i3° a&' 28" de longitude est. {f^ojagt- ai/x- terres austalcs. Paris, 181 5). S. M. i Go libres de terre , sur le pied d'un sche/ling et six pences l'acre. Kile proposait dc culliver sur un plan vaste, le colon, le tabac, le sucre et le lin , d'elever des chevaux pour le commerce avec les Indes orienlales , et de nombreux troupeaux de betail et de pores, pour approvisionner de viandes salc'cs les Mtimens de S. M. ou des autres puissances. Le gouvernement anglais adopta cette proposition , en limilant toutefois la concession a un million d'acres, dont la moitie doit etre couverte par les inveslisscmens avant la fin de 1840, et sous la condition que le premier convoi serait debarque au ier novem- brc 1829. En vertu de cette autorisalion le navire Lady Nugent, de 800 tonneaux,mit a la voile de Spithead, le 1" fevrier dernier, ayant a bord 4-oo colons des deux sexes, approvisionnes pour un an ; des chevaux et du betail , des instrumens aratoires , et une machine a vapeur pour moudre le grain , scier le bois , etc. Une concession de 90,000 acres de terre a etc faite au capi- taine Stirling , pres le cap Naturaliste et la baie du Geographe. Warden. Cesar Moreau. Note addltionncllc sur la colonic de la riviere des Cygnes. Aux details que contienncnt Particle sur cette nouvelle colonic, insere dans le tome onzieme du Bulletin , page 208, et le rapport qu'on vienl de lire, nous ajouterons les renseigiiemens suivans, extrails du premier numero d'un ecrit periodique intitule: The Edinburgh Journal oj natural et geographical science, » public a Edimbourg, octobre 1829., ( )n a lu avecun grand interet , a rasscmblee de la Societe Lin- neenne (du5 mai 1829), des passages d'une brochure intitulde: « Remarquet sur la botanique el la geologic des Lords de la riviere des Cygnes, de File de Buachc, de la baie du Geogruplu; et du cap Natu- i6i ralislc ; par M. Frazer, botaniste, colon de Sidney, dans la Nouvelle-Hollande. u Ce savant, qui accompagna le capitaine Stirling dans son expedition, s'exprime en ces termes : «En donnant mon avis sur la qualite des terres qu'arrosc la riviere des Cygnes , je n'hesite pas a leur donncr la preference sur toutes celles que j'ai vues dans la Nouvelle-Galles meVidionale , & Test des montagnes Bleues. Les principalis avantages que j'y ai remar- ques son I : i° La superiority evidente du sol ; 20 La facilite pour le colon de mettre imm^diatement son ter- rain en etat de culture , attendu que le pays est si decouvert, qu'on comple au plus dix arbres par acre ; 3° La grande abondance de sources d'eau de la meillcure qua- lite, et consequemment lhumidite permauente du sol, deux avan- tages qui n'exislent pas a Test de la cote ; 4° La proximile de la mer, et la facilite des transports par terre. » Le capitaine King, dans ses observations sur la Nouvelle- Galles meridionale , fait mention de divers mineraux que M. Fra- zer a rapportes des environs de la riviere des Cygnes , tels que du granit, du quartz , du roc hornblende, de la pierre calcaire, et une nouvelle espcce de pierre de sable rouge. S. M. 12 1 62 DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. § I". Proces-P^erbaux ties Seances. Seance du 4- septembre 1829. M. Noel Champoiseau remercie la Societe qui vient de I'ad- mettre au nombre fie ses membres, et lui adresse une dissertation sur une tele de vermeil, trouvee dans le departement ; d'lndre-et- Loire: il remercie aussi la Societe de la protection et de 1'interet qu'elle promet d'accorder aux travaux scientifiques de son ami, M. Diard. M. Hapde ricrit a la Societe pour lui faire hommage de plusicurs exemplaires d'un recueil historique ayant pour litre : Expedition et naufrage de La Peyronse. L'auteur offre une partie du produit de ce recueil a la ville d'Alby , comme souscription aux frais du mo- nument qui s'eleve dans ses murs , a la memoire de La Peyrouse , et il en versera une autre partie dans la caisse de la Societe de Ge'ographie, pour contribuer aux prix qu'elle decerne chaquc annee. La commission vote des remercimens a M. Hapde, pour son offre genereuse. Plusieurs ouvrages, cartes et atlas, sonl offerts a la Societe, par MM.d'Urville, Lapie, comte de Sambucy, de Smytlere et \ ander Maelen. La commission vote des remercimens aux auteurs , et invite MM. Cottin et Alexandre Barbie du Bocage a lui rendre compte, le premier, de la topographic de la ville et des environs de Cassel, par M de Smyltcre; le second, de la Dissertation sur une /etc de ver- meil, j>ar M. Champoiseau. M. C. Moreau offre a la Societe trois documens prescntes a la chambre des communes d'Auglcterre, les 26 fevrier, 5 avril 1 63 ct 29 juin 1829, el relatifs a Immigration des colons, qui se rendent de la Grande- Uretagne dans les possessions anglaises en Ainerique. La commission centrale remercie M. C. Moreau de cette com- munication , et l'invite a lui rendre comple de ces documens,prin- cipalement sous le rapport geographique. M. Eyries fait un rapport surun Resume des operations barometri- qucs relatives a la haute plaine Thuringienne et it ses domes, moniagncs, le Harz el le Thuringer Wald, adresse a la Societe par M. le pro- fesseur Berghaus ; il conclut a ce que cet inleressant travail soit insere dans le recueil des memoires de la Societe en accueillant toutefois l'offre de M. Berghaus de le faire preceder d'une intro duction descriptive. La commission adopte ces conclusions. 1VI. Sueur-Mcrlin communique des documens statistiques sur Saint-Pierre et Miquelon , et une carte manuscrite , qui ont ete adresses a M. Dubra par M. Brue des Garantieres , gouverneur de ces iles. Benvoi au comite du Bulletin. {Voyez lc numero 77, pages in a n4-.) M. Jomard met sous les yeux de l'assemblee de nouveaux echantillons des travaux des jeunes Ethiopiens, envoyes en France par M. le chevalier Drovetti, et dont il dirige lui-meme l'educa- tion. II appelle I'atlention de la Societe sur les heureuses dispo- sitions de ces jeunes Africains et sur les services que , de retour dans leur pays , ils rendront peut-etre un jour aux sciences. Le meine membre entretient l'assemblee des progres que font dans les diverses branches des sciences et des arts , les jeunes Egypliens, envoyes en France par le vice-roi d'Egypte; il annonce que 1'un des cheykhs, membre de la mission , a deja traduit plu- sieurs ouvrages de geographie , et que plusieurs eleves viennent d'entreprendre la traduction, en langue turque , de la Geographic unherselle de Malte-Brun ; ils seront aussi charge's de graver on lithographier les cartes neressaires pour rinlelligcnce du texte. i64 Seance du 10 septemdne i8ag. Le proces-verbal de la derniere seance est Iu et adopte. M. le capitaine Dillon est presenle a I'assemblee par M. C. Moreau. M. le president lui adresse les felicitations de la Socicle pour la decouverte memorable des vestiges de La Perouse. S. Exc. le ministre de la marine communique une lellre de M. le gouverneur du Senegal, accompagnee d'une relation du voyage qu'afait, de Si-Louis a Bakel, taut par eau que par terre, M. Manes , ofiicier de sante, attache au poste fran(-ais ctabli sur ce point. A celle relation est joint un itineraire avec ['indication approximative des distances depuisDounquel jusqu'a Bakel. ( Voyez le n° 77, page iso a 127.) La commission vole des remercimens a son Exc. Ie ministre de la marine pour cctte intercssante communication, el renvoie les documens au comitc du Bulletin. M. le chevalier Bonne communique deux lettres, dont l'une est adressde aM. le marquis Dclachasse de "\ erigny, directeur general du Depot de la guerre par M. Bory de Sl.-^ incenl , el Taut re a M. le general Brossier, par M. le capitaine Puillon Boblaye, at- tache aussi a la commission scicntifique en Morec. Ces lettres, qui contiennentdes details topographiqucs proprcs a rectifier les cartes de la Grece , son! rem oj res au comitc du Bulletin. ( 1 oyez le u" 77, pages 127 a i3o. ) M. Bruguiere envoie la fin de son manuscrit sur I'orographie de ['Europe. M. Brue met sous les yeux de Tassemhlee la carle d'Europe qui doit acebmpagner cet ouvrage : il est prie de se concerter avec I'auteur du memoire sur les changemens el additions a faire a celte carte pour la me ft re en harmonic avec le tcxlc. M. Tanner, de Pliilaaelplue , remercie la Sncieic du diplonie sud , dans la direction du aord-ouest jusqu'au cap il avancait audacieusement; tout pres du sommet, il disparul entre les rochers. Les speclatcurs altendirent long-temps son apparition avec interet el impatience ; vers onze heures , on le vil tout a coup sur la cime elle-meme de TElbrouz. Une salve de mousqueterie, la musique, les chants et les acclamations de joic firent relenlirles '7 + airs a cette vue. Nous reslames jusqu'au soir dans l'incerlitude dc savoir quel etait celui qui le premier d'enlre les niorlels eut esca- lade la plus haute des montagnes du Caucase, considered jusqu'a ce jour comme inaccessible. Au retour des voyageurs, nous appri- mes que l'audacieux , qui avait seul ose tenter l'ascension de l'EI brouz, et qui en avail prouvc la possibility, etait un Kabardien, ancien patrc, nomine Kiliar, honime contrcfait etboileux. 11 a regu en recompense le prix de /,.oo roubles en papier (i), et 5 arcbines de drap, qui avail ete propose par le general Emmanuel. » L'undes academiciens, M. Lentz , est parvenu a une hauteur de i5,2oo pieds. L'elevation totale de l'Elbrouz au-dessus du ni- veau de l'Ocean Atlanlique est evaluee a iG,8oo pieds (2), c'esl-a- dire a pres de 5 verstes (3) en ligne verlicale. » Nous avons vu dans les environs de notre camp, au pied de l'Elbrouz, de belles chutes d'cau de plusieurs rivieres ; la plus belle est, sans contredit, celle formec par la riviere deJVIalka; elle tombe, avec un bruit incroyable , d'une hauteur perpendiculairc de pres de 20 sajenes; on n'apenjoit pas le courant de l'eau, mais les vagues se precipilent en masses isolees et l'une apres l'aulre. A en- viron cinq sajenes au-dessus de cette calaractc se Irouve un pont na- turel en pierre, couvert d'herbe, et c'est par la que passe la route qui conduit dans le Karatcha'i et lesmonlagnes. En general, les si- tes de cette contree sont fort beaux. » On a trouve dans les inontagnes, pendant notre marche, du plomb, beaucoup de bouille et du gypse, du porphyrc, du jaspe, des conglomerations, etc.; tout le noyau de la chaine du Caucase est granitique. » Les observations de M. Kupfer, qui scmblent presenter le plus hautdegre d interel sont celles qu'ila failes surle decroissement de (1) 4^0 francs. (2) L'elevation du plateau ou chaine centrale est dc 8 a 10,000 pieds au dessus du niveau de la mer. (3) Ce chiffre n'est point exact. S. M. i75 l'inlensite magnetique en proportion de la hauteur, et qui s'accor- dent avec les experiences que firent dans leur voyage aerien, MM. Biot el Gay-Lussac, et notaniment M. Gay-Lussac dans la memorable ascension aerostatique , faite par lui seul en 1804, ou il s'eleva a 2i,474pieds au-dessus de Paris, eta 21,600 au-dessus du niveau de la mer. S. M. =*><*« Expedition scientifique aux Indes occidentales. Le vaisseau le Blossom est parti le 28 aout dernier de W ool- wich, sous le commandetnent du capitaine Richard Owen, pour Spithead , ou cet habile marin doit recevoir ses dernieres instruc- tions. L'amirautel'a charge de completer la description des diverses parties des Indes occidentales, que les Espagnols ont laissee incom- plete, et que le dernier inspecteur-general de Tainiraute dans ces parages, M. deMayne, n'apasnonplusachevee. Le capitaine Owen s'occupera particulierement des lies de Bahama, et de la cote qui s'etend entre Carlhagene et le Yucatan. La cote dangereuse du Yucatan doit surtout altirer son attention. II doit determiner, a Taide du chronometre , les differences de meridiens , entre les points principalis des Indes occidentales. On lui a fourni de Ires- beaux instrumens , et Ton n'a rien epargne pour rendre ce voyage aussi fructueux que possible. Le capitaine , d'apres ce que nous savons, doit faire usage du Star-quadrant, auquel on a fait des ameliorations nouvelles. On a elargi les verres, de maniere a ob- tenir le plus de jour possible dans les observations de la hauteur des etoiles, relativement au niveau de la mer. On croit que le Blossom se rendra d'abord a la Barbade , afin de fixer la difference de meridien entre cette fie et celle dc Made re. Leltre de M. (le Humboldt a M. Arrago. Oust-Camenogorsfe , sur lc bant Irtych, en Sibe'rie , le i/i3aout i8ag « Me voila depuis plus de deux mois hors des frontieres de 1'Europe, a lest de l'Oural , et dans la vie agitee que nous me- nons , j'ai perdu Lien des occasions de ie donner un signe de vie ot d'amitie. II est impossible, dans celte letlre ecrite a la hale (nous sommes arrives dans ce forlin , sur la frontiere de la steppe de Kirghiz, vers les quatre heuresdu matin, et nous partons vraisem- blablemcnt cette nuit meme pour remonter a Test vers Bouktor- ma , Narym, et le premier poste de la Mongolie chinoise), il est impossible, dis-je, de te communiquer le precis des observations que nous avons faites depuis noire de'part de Sainl-Petcrsbourg le 8/20 mai ; tu ne trouveras d'autre interet a la lecture de ces lignes que cclui de savoir que le but scientifique de mon voyage a ete atleint au-dela de mes esperances; que, nialgre les fatigues et les espaces que Ton parcourt (nous avons deja fait depuis Saint- Pdtersbourg plus de 56oo versles dont 32o dans cette partie de l'A- sie), ma sante est bonne; que je souffre avec patience et avec courage; que j'ai beaucoup a me louer de mes compagnons (M. l\ose et M. Ehremberg), et que, charges de collections geolo- giques, botaniques et zoologiques de TOural, de 1' Altai, de TObi, de l'lrtych et d'Orenbourg, nous esperons retourner a Berlin vers la fin de novembre.^ Je ne saurais decrire tous les soins aimables que le gouvernement russe a pris pour faciliter le but de cette ex- cursion. Nous voyageons avec trois voitures, conduits par un of- ficicr superieur des mines, precedes par un courrier de la cou- ronne. II nous faut quclqucfois 3o a 4o chevaux par station , et, la nuit comme le jour, les relais sont places avec le plus grand or- dre. «le ne puis rcgarder tout cela comme des marques de bien- veillance et de consideration personnellc : c'est un hommage pu- blic rendu aux sciences, une noble munificence deployeeen favcur desprogres de la civilisation moderne. Notre route a ete par Mos- l77 sou, Nijnei-Novgorod, et de ia sur le\ olga, a Kazan et aux ruiaes de la villc tatarc dc Boulgari. Celtc partie de la Russie, habitee par des Tatares musulmans , couverte a la fois d'eglises et de mosquees,esl tres-inicressanle, ct donne, comrae l'Oural , la Bachkirie el l'Aita'i', un vifinleret aux belles reeherches de YAsia polyg/olla de M. Klaproth. De Kazan nous avons remonte l'Oural par les vallces piitoresques de Koun- gour et Perm. Dans tout ce voyage de Nijnei-Novgorod a Calhc- rjnenbourg et aux lavages de platine de Nijnei-Tagilsk, nous avons ete accomuagnes par le comic Polier, que lu te souviens d'avoirvu A Paris chez madaine la duchesse de Duras. 11 a exerce, dans ces regions sauvages, son beau talent de peintre paysagiste. Fixe par son mariage en Russie, il s'occupe avec cbaleur d'ameliorer Sex- ploitation des mines et des usines. J'ai retrouve dans la suite, cir- ronstance bizarre, sur la pente asialique de l'Oural, la meme calecbe qui m' avail conduit de Paris a \ erone, a Naples et a Ber- lin. Ellc elait dans le meilleur etat, et fait honneur a ia conslruc- lion parlsienne. Nous avons employe u;i mois a visiter les mines d'or de Borrissovsk , les mines de malacbite de Goomachvski, de Tagilsk; les usines de fer et de cuivre, les exploitations de bcril , et de topazes, les lavages d'or et de platine. On est e tonne de ces pepites dor de i a 3, meme de 18 a 20 livres, trouvees a quel- ques pouces au-dessous du gazon, et restees inconnues depuis des siecles. C est la posilion et 1'origine probable de cos alluvions me- lees le plus souvent avec des fragmens de grunslein et de schiste cblorileux et. de serpentine, qui a eic un des buts principaux dc ce voyage. Ivor de lavage, exploite annuellement , s'cleve a six mille kil. Les nouvelies decouvertes au-dela du 5 lagncs du Kolyvan , pour nous rejoindre, et nous conduire an posle chinois. INous arrivanies ici par Kainks el la sleppe dc Baraba, on les mosquitos rivalisent avec ceuxdc rOrenoque, et on Ton ctouffc sous un masque de crins dc cheval; ces belles usines de Barnaul, lclac romantiquede Kolivan , les mines fameuses duSchlangenberg (gisement dans le porphyre), de Reiders et dc Ziriainovski, qui donnent par an 4-o,ooo livres d'argent aurifere. A Oust on a la premiere vue de la chalnedes Kirghiz. « On avait envoyc ar le capitaine Groves, de Marblehead , et par Je commandant du navire Virginia, tie Philadelphie. {Communique a M. Warden par le capitaine Skiddy.) NoiH'cllcs decouvertes en Afrique. M. Aschmun, agenl de la compagnie de Washington pour les colonisations en Afrique, ecrit ce qui suit : « L'excursion d'uu de nos gens a une distance de cent quarante milles dans 1'interieur, nous a fait deeouvrir une nation nombreuse ct policec au-dela de tout ce que j'aurais pu imaginer. Le meme individu vienl de s'y diriger tie nouveau, et a son relour je ferai part au comite ties de- tails que ces deux voyages m'auront mis a memede recueillir.Nous sommes a cinquante lieues dun pays parfaitemenl bien cultive, ou le cheval sort , comme chez nous, aux emplois domestiqaes, ou une ctendue considerable de tcrrcs est defrichee el enclose, ou tout ce qui est reellement necessaire aux besoins comme aux douceurs de la vie est produit par le sol ou manufacture par l'industrie; 011 l'arabe ecrit sert a enlrelenir les communications journalieres , ou tl'abontlans marches et des foires regulieres sont etablis, et ou enfm les habilans possedent un degre d'intelligence ct de civilisation pen compatibles avec les qualites ordinaires ct les notions que nous avons jusqu'ici entretenues des peuples de Guinee. » Communication avec I'lnde ii trovers VEgypte. Celte communication va elre etablie au moyen de bateaux a va- peur(i). Le voyage de I'lnde, qui dure ordinairement quaire mois, (i)Il y :i {'> bafeauxa vapeur partant do New-York, et environ 3o dans Its Ihnites de Cincinnati , en y comprenanl fceux ']mc Ton re'pare. II y a en outre 11 nouveaux bateaux sur les chanliers, et des mafrch.es sbirl passespour 01 construirc d'.mires. S. M. i87 pourrait etre acheve en 3o jours avec le bateau a vapeur, en suppo- sant que la vitesse soit de dix milles parbcure (i), cequia lieu ilans le trajet de Dublin a Bordeaux (2). Voici le calcul que fail uu journal d'Edimbourg a ce sujel : jusqu'a Lisbonne, quatre jours; a Make, cinq; a Alexandrie , cinq; dans le continent, a Iravers le desert, jusqu'a Suez, deux; de Suez a Bombay, qualorze. Phenomenes des glacieres de Grindehahl (3). (Extrait d'une leltre de M. IIuber-Burnand. ) « II faut que je vous fasse part de quelques accidens curieux dont j'ai ele lemoin dans une excursion que j'ai faite dernierement au Grindelvald. »> J'appris deja a l'auberge que le glacier inferieur presenlait quelques pbenoinenes assez dignes d'atlention; j'allai done le vi- siter ; je fus d'abord frappe de la magnificence de la voute d'oii sort (1) Ce qui cquivauia environ 3 lieues marines par heure , on 72 lieues par jour. S. M. (2) Le paquebot americain Edivard-Bonnafe a fait le trajet de New-York- au Havre en seize jours; e'est jusqu'ici la plus rapide traverse'e qu'aient pu atteindre lespaquebots qui , depuis sept ans, composent les lignes re'gulieres entre le Havre et les Etats-Unis. La distance de New-York au Havre, en ligne directe , est de 1075 lieues, et pour la parcourir en 1G jours, un navire doit faire un sillage nioyen de 67 lieues par vingt-quatre beures dans la meme direction ; ce qui suppose , avec l'irregularite des brises , une vitesse de pres de 100 lieues par jour dans certaines circonstances , pour compenser les heures oil le vent , devenant faiblc ou variable, raleutit la marcbe du navire. ( Ann. Mat it. el Col. ) (3) Village de Suisse dans POberland , situe dans la vallee de Grindelvald , a 12 1. 3 quarts S. E. de Berne, au pied des glaciers les plus celcbres de PHelve'tie. S. M. i88 la Lutschine noire, ct tjui surpassail inurnment celle d'ou sort l'A- veyron. L'embrasure immense 9, Histoire Ge'ne'rale des Voyages, Oil Nouvelle collection des relations de Voyages par meret par terre, mise en ordre et complihee jusqu'a nos jours ; par C. A. Walckenaer , membre de l'lnstitut; tome X\T. Paris, 4 829. Lefevre. Ce volume contient les Voyages an cap de Bonne-Esperance , et dans 1'Interieur de l'Afrique de Spar- mann, de Tbunberg, de "William Pa- terson, de Levaillant, de B. Siout et de L. de Grandpre. Le XVII8 volume de cette collection va parailre inces- samment. 570. Kritischer Jf^egweiser im Gebiele der Landkarlen-Kunde. — Guide cri- tique dans la connaissance des carles geographiques , avec d'autres notices sur la geographic , mathematique , pbysiqucet sur l1hydrographie.Z?er/i>z, i 829. Schropp. Douze cahiers formanl un vol. in-8". Prix des vol. 3 rxd. 371 . Taschcnbuch zur z'erlreitunu geo- 7 • 7 T OCT graplusc/ier kenntnisse — Manuel pour la propagation des connaissances geo- graphiques; par J. G. Sommer. In-8° avec 7 planches. Prague, \ 829. Calve. 2 rxd. Ce volume qui fait suite a six aulres qui paraissenl annuellemenl, contient un coup-d'ccil general sur les nou velles decouvertes geographiques, des notices sur les voyageurs modernes: il donne aussi une idee desresultats des recher- cbes de ces voyageurs et des extraits d'ouvrages de geographic et de voyages . AMERIQUE. 372. Three years in Canada. — Trois amines au Canada, ou Description de Tetat de ce pays en ,1 826 , 1827 et 1828 , par J. Mactaggart; 2 vol'. in-8°. Londres, 1829. Colburn, 18 schel. Cet ouvrage donne une description complete et detaillec des colonies britanniques au Canada. 575. Sketches o/Buenos-yUies, etc. — Esquisscs de Buenos-Aires etdu Chili, avec un plan de la route cntre Buenos- Aires et Mendozza et les passages des Cordillieres, par Sam. Haigh , in-8° Londres, 1829. Carpenter. AI'RIlgltiE. 374. Journal cPiinvoyaged Temboctou et Jennd , dans lAfrique centrale , precede d'observations faites chez les Maurcs Braknas , les Naious et d'au- tres peuples, pendant les annees 1 824, 1 825 ,. 1 826 , 1 827 , 1 828 , par Bene Caille ■ ouvrage ornc; du portrait de Tauteur , d'une vue de Temboctou et de plusieurs autres planches rcprcsen- tant les construction* de cette ville , et accompagne' d'une carle iline'raire avec des remarques geographiques , par M. Jomard, membre de rinstitut • 5 forts volumes in-8" , de Flmprimerie Royale ; prix : 50 fr., et 55 fr. franc deport. 575. Dissertation on the course andpro- bable termination of the IViger. — Dissertation sur le coiirsetletenne pro- bable du Niger; par sir Rufanc Don- kin. In-8°. Londres, 1829. Murray. ASXE. 57C. Voyages en Orient, entrcpris par ordre du gouverncment francais, des- I ' faniice 1821 a 1829, onus de figures el d'une carte, par V. Fontanier , an- cien cleve de I'Ecole Normale , mem- bredela-SocidtedeGe'ographie. Paris, 182.1 ; Mongieaine. — Ce voiumeren- fernic les voyages dc I'auteur dans l'Asie mineurc. 577. Geschicte der Ost-Mongolen. — Htstoiredes Mongols derEst,ctdeleur dynastic, traduite de la langue mon;;o- le , tic Sanang Setsen , par Schmidt , a\ ec le teste original et des rcmarqucs. In 4°. Saint-Petersbourg, 1829. 378. Personal narrative of a mission to the south of India. Rccit d'une mission dans l'lndc meridionale, pen- dant les annees I 820 a 1 828 , par Eli- zah Hoolo. In 8° avec planches. Lon- dres, 1829, Longmann. 379 . Life in India, or the English atCal- cutta. — La Vie dans llndc, oil les An- glais a Calcutta. 3 vol. in-8°. Londres 'l820. Colburn, 1 Hv. 8 sh. 6 d. EUROPE. Empire Ottoman. 380. Die Europaische Turkey. — La Turquie d'Europe , diclionnaire por- talii'a Tusage de ceux qui liscnt les ga- zettes; contenant la description de toutcs les provinces de la Turquie d'Europe, dc lours habitans , des mon- tagnes ct des passages les plus remar- utiables, des rivieres ct des principaux lieux habites, etc.; par Max. -Fred. Tiiiclen. Gr. in-8 , avec une carte ; Vienne, 1828. Gcrold. Trix4 thlr. 581. Voyage Mililaire dans U Empire ottoman , ou Description de ses fron- licres et de ses principals defenses, soil naiurcllcs , soit artificielles , avec cinq cartes g^ographiques ; par Ie ba- ron Felix de Beaujour. T. 1" , in-8". Paris, 1829. Firmin Didot. Cet ouvrage important, sui tout dans les circonstances actueilos, se rnmn- mande par lc nom seul tic son autcur, qui a reside pendant long-temps dans le Levant. La publication de ce pre- mier volume fait ardemmenl desircr cclle.du second, qui ne tardera pas a avoir lieu. II en sera rendu complc dans le Bulletin. npu Russc. 382. Russische Miscelleri zurKenntniss 18 Russlands etc. — Melanges Husscs pour la connaissancc de la Russieetdc scs habitans; par G. de Engelhart , in 8°. Samt-Pe'tersbourg, 1829. Le premier volume de ces melanges a paru ; il contient , entre autres arti- cles , un tableau de imh les nai igateurs russes qui oni fait le voyage autonrdu monde, et de leurs decouvertes, pen- dant les 25 dernieres annees . dans la mer du Slid et aux coles de la mer Glaciale. Iforwcge, Suede et Duriemarck. 383. Personal narrative of a Journey throua Norway, part of Sweden and the islands and stats of Den- mark. — Yova;;o en Norwego, dans une partie de la Suede ct dans quel- ques iles du Danemarck, par Derwent Conway, in-8°. Edimbourg, 1 829. 384. Geographiscke Beschreibung von Mecklehburg-Sohwerin, etc. Descrip- tion geographiquc des grands duches de Vecklenboiirg-Strelitz , par Gus- taveLempel, in-wNeu-StrelitzJ 829. /iUemagne. 15; Deutsches Lund und Deutsches Kolk.— L'AllemagneetlesAllemands; par F. Gnlsniutb el A. Jacobi , in-8" avec fig. Leipsig, 1828. Lcich. Suisse* 386. La Svizzera consideratd nel'h sue vaghezzepittoresche, etc. — La Suisse considered dans ses sites pitteresques , son histoire, ses lois et ses coulumes; par Tullio Dandolo. In-8°. Milan, 1829. Stella. 587. Statistica del/a Siizzera. — Slalis- tiquc dc la Suisse, par E. Francini. aVCC une carte geographiquc , 1 vol. in-8". Lugano, 1827. 88, DerRetse-Gefebrtedurch die a i terreii his< He Senweits, etc. — Guidi du Voyage dans la Suisse alilrieliien ne , ou des salines dc TEns, sous les rapports ge*dgraphiques, historiques statistiques et pittbresques; par J . Sig- ner, 2" edition augmentec, in-12, avec planches. Idnz, 1829. Fink, I rxd, 16 gr. 3&9.Saggiodello stato Pontt/tcto. Essai statistique, geographiqueel Itistoriqtfi Jc ! tatsdel'Eglise, par Gabriel <.< I C:Q lindrc , dc Perouse. In-4°. Pdrouse , 1829, Garbinesi. Get ouvragcse com- posera desept livraisons. Espagne, 590. A year in Spain. — TJne annee en Espagne , par un jeune Am^ricain. Boston, 1 829, in-8° dc 395 pages. Lc voyageur entre en Espagne par les Pyrenees Oricntales ; il decrit som* mairement les provinces franeaises qui bordentla Me"ditcrranee, ct donne line foule dc details sur cette mer , sill- ies Pyrenees, le mont Perdu. Bane- lone , Valence, Madrid, Seville, Cor- douc ct Cadix, qui etaient alors occu- pies par les troupes franeaises, sont leslicuxde'crits avec le plus dVtendue. On rcgrette que le nord dc l'Espagne ne fasse point panic de ce tableau. France. ■J91 . Dictionnaire general ties commu- nes ile France et ties principaux Iia- meaux qui en dependent, indiquant les deparlemens ; les arrondissemens, la distance des communes aux chefs- lieux d'arrondissemens ct de ceux-ci aParis,lcsrelaisdeposlc auxebevaux , les communes qui ont des bureaux de poslc aux lettres, les bureaux par lcs- quelssont desservies les communes qui n'en out pas. Troisiemc edition . Paris, 1 829, au bureau de l'AImanach du commerce, rue J. -J. -Rousseau, n.20. La premiere edition de cet ouvrage qui date de Tannee 1818, nccontenait que trois colonncs. A la seconde, pu- blico en 1 826, on en a ajoute unequa- trieme pour indiquer les relais de la posteaux cbevaux et les bureaux de la poste aux lettres. Cede troisieme edi- tion , supericure aux precgdentes sous tons les rapports, a etc misc en har- monie avec les changemens opcresde- puis trois ans dans le services des posies. 592. Recherches statistiques sur la ville de Paris et le departement de la Seine. — Reeueil de tableaux drcssc!sct renins d'apres les ordres de M. Ic comic de Chabrol , conseiller d'Etat, prefet du departement. In-4°. Paris, 1829. Imprimerie Royale, Ce volume fait suite aux trois a litres qui ontilepublies.il rormele4r volume de cette preeicuse collection due au zele eclaire du premier magistrat du departement. 395. Histoire de la navigation inte- rieure de la France, avec line expo- sition des canaux d entreprendre pour en completer le systeme ; etc. accompagnec d'une carle des canaux executes et de ccux a entreprendre • par J. Diitens , inspecteur general au corps des Ponts-et-Chaussees. 2 vol. in-i°. Paris, 7829.Sautelet, prix 40 I'. Cette bistoire est precedee dcConsi- de'rations gdnerules sur la position ge'ographique du royaume,sur la di- rection de ses fleuves et rivieres et sur son commerce inte'rieur et exte- rieur, suivied'un Essai sur les causes i/ui out retarde jusqu'd nos jours I'e- tablissement des canaux dans ce 394. Dictionnaire topographique , his- tonque et statistique du departement de aSarthe, suivi d'une biographic et dune bibliographic du Maine, du departement de la Sartbe et de ses dif feremes localites; par J. R. Pescile par livraisondc 6 feuilles in-8'1 Pari* 1829. Bachclier. ' 595. Tableau moral , industriel et sta- tislique du departement du Puy-de- Dome, par M. Frederic Duclnf, pro- fesseur de rhdtorique. Clermont-Fer- rand, 1829, Landriot, in-8". Ce morceau a 6te insere' dans les Annates scientifiques , industrielles et statistiques de I'Auvergne. L'au- tcur doit trailer complement ce sujet en donnant, dans les prochains numeros de ce reeueil , une suite a ce travail. §2. ATLAS, CARTES GEO- GRAPHIQTIES , ETC. 59G. ' A tins classiqueet universe/ dege'o- graphie ancienne et moderne , com- pose" dc 60 cartes, format grand in-4°, papier nom de Jesus, ayant chacune un textc explicatif en regard, pour en facililer l'etude. Par A. H. Dufour et comp. Par souscription 90 francs, ( voycz, nos 196 et 536 ). Quatre li- 2 00 vraisons de cct atlas sont publidcsj les trois dernicrcs se ctomposcnl des ■cartes dc I'ltalieancienne, dcla Grece meridionale, dcla Perse-, de la Ger- manie el de la Gcdrosie , de l'Espagne el du Portugal , des iles Br'itanniqui >; de la Palestine, de l'Espagne ancienne, des iles Britanniques anciennes, de I'Amerique du Sud; de la Colombie et des Guyanese de la Phcnicic rt Sy- rie, de I'Afrique propre, dela Numidie et Mauritaniej de la presqn'ile Scan- dinave et du Banomarck, de laTurquic d'Asie, de l'Oreanie. Ces cartes sont gravCes aver Soin.Le texte qui les accompagne traite de ces differentcs contrees. 397. Atlas e'le'inentaire , gebgraphique, historique , chronologique et gine'a- logiques, pu choix des dix cartes les plus classiques du grand atlas de A. Le- sage (comte de Las Cases) a l'usage des colleges et maisons dVducalion, pour I'instruction de la jeunesse, 1 v. in-4°. Pads, 1 829, chez Leclere. Prix en feuilles 15 f., carlonnc- 16 F. 50 c. 33ft. Atlas gdographique,eccldsiastique et de: artemental at la France, par dioceses, a Fechelle de _ . ' — - ou environ une ligne pour 400 toises, dresscpar Charle, geoj^aplie, attache ,iu Depot general dela guerre, incm- l>re de la Societe de Geographic; et grave par Bumortier , attache a la merae administration. 399. Plans publielsparle Depot gine"ral de Li Murine en scptemhre : — Fllede Corse. — Plans du danger del'Algajola, du port de Malfolco ct du port de la cote de Centuri. Cotes du Brcsil. — Plan de la baie de Rio-Janeiro ; plandc I1 entree de la rade de Rio-Janeiro. M. Bezauche, geographe, rue des Novels, n" 40, a Paris. 100. Topoijnipliischr Cute des Khein- Sti urn. Carte topograpliique du cours du Rhin et et de scs deux rives, depuis Huningucjusqu'aLauterbourg. [n-folio de I 8 leuilles lithographiees. Fribourg, 1828. Herder. Cette carte . dressee sur l'echelle de — - — est annoncce conime une rc- duction du tra\ail de la commission des limites , qui a nperc les divers cbangemens amenta dans le trace de nos frontieres par suite des train s de ■1814 et dc 1815. Les plans des villes de Bale, d'Huningue, de Vieux ct dc Neuf-Brisac, de Strasbourg, de Kehl et de Lauterbourg , se trouvenl Mir cetie carte qui s'ctend a une dcmi-lieue en der'a ct au-dclii du Rhin, a partir de cbaquc rive de ce Active. 401. Carta lopographica , etc. — Carte topograpliique des duclies de Panne , Plaisance etGuastalla, en neuf feuilh is, dressee d'apres des mesures trigono- mctriqnes e\i < ■tiles en 1 821 et 1822, dessinee et graver a Milan ii I'InstitUt ;;eographique militairede Fetal-major general aulrichicn ; 1828. Cettc carte est dressee sur l'echelle dc ,ti 6 1 0 e ° , qui est celle de la carte dc Cassini. La grandeur de cctte echelle a pcrmis de representor jus— qu'aux genres de cultures qui divcrsi- fient la surface du pays • des notes sur la topographic, la constitution geologique, Fhistoire, etc., des trois duclies places dans les angles , euri- chissent cctte carte dont les reliefs sont c( '.aires vei licalemeiit. 402. Carle des environs de Constanti- nople, pnblice an Depot general de la guerre, d'apres des relcvds exacts et des reconnaissances railitaires tres- recentes. Fcuillc grand-aigle. Paris, { 820, chez Picquet. Celte carte ile eireonstancr a die dressee a l'echelle de 2 myriametres pour mi decimetre . par M. le colonel Lapie;ellc est rielie de details lopo- graphiques d'un grand interet, surtout pour les personnes qui s'occupenl de strategic; e'est une lithographie (rune execution brillante. S. M. JSOIROT, Agent tic la Societe de Geographic EvERAT , Imprimcur , rue du Cadran , n" 1 0. ' pi**' Anj. <& A ■my1 ft JkS IP M kf/2 rEaei.COLONIE ele VAN -RIVER vcanniLe p&rfa James Stirling R.N 1827 1 i nr m JT. Selves, litkoarcutlu Je t'Universitt: Impr"de If. Selves It thoqruj'h.- Je / Univasite fottfofm U fa S>ocu;f<> bt (Slfojtttylji^ <$. 79. DISCOURS DOUVERTURE PRONONCE ■"©> ui c/eMi-ce aetie/*a,ce cue yy )2Dece97ivr& ^Sza , PAR M. LE BARON HYPE BE I¥EUVILLffi9 PRESIDENT BE LA SOCIETE. Messieurs , La confiance et la bonte du roi venaient de me placer a la tete du departement de la Marine, lorsque je fus ap- pele a la presidence de la Societe de Geographic En faisant tomber sur moi votre choix, vous eutes prin- cipalement pour but de donner a la Marine royale de France un haut temoignage d'estime. Vous voulutes ho- norer dans son chef un noble corps qui, servant la science comme il sert la gloire., ne cesse de se distinguer par des travaux utiles et par des actions d'eclat. Permettez-moi cependant de croire que mon devoueraent au prince et aux heureuses institutions qui seules peuvent aftermir le (6 ) trone ct assurer le bonlieur des peuples, que peut-etre quelques services rendus au pays, vous parurent aussi nu'- riter un peu de bienveillance, et qu'enfio le ministre seul n'obtint pas 1'honneur de vos suffrages. Messieurs , le zele ardent et consciencieux qui me fit embrasser la cause de l'auguste famille que le ciel a rendue depuis a nos vceux me jeta des l'enfance dans le tour- billon de la politique. Ses soins penibles, souvent peril- leux, absorberent en quelque sorte ma vie; cependant, malgre les vicissitudes auxquelles mon existence fut sou- mise , je ne fus pas toujours etranger a la science qui vous doit deja de si importans resultats. Le malheur m'a fait voyager : partout j'ai cherche a connaitre les bommes et a leur faire quelque bien. J'ai done etudie leurs moenrs, leurs habitudes , leur climat et leur sol. J'ai etc , je puis le dire, interroger la nature jusqu'au fond du desert : j'ai vu I'homme sauvage au milieu de ces forets antiques ou la civilisation n'a pu encore l'atteindre. Je dois le con- fesser, Messieurs , plus j'ai observe de pres cet homme que nous nommons I'homme de la nature , plus j'ai ete porte a croire que la veritable nature , celle qui repond aux fins du Createur, e'est la civilisation. Dieua fait i'homme pour jouir des bienfaits de son eternelle providence ; il n'a pas voulu que l'etrc forme a son image fut opprime, encore moins oppresseur. Eh ! bien, un seul trait peint le sauvage ( du moins celui du nord de l'Amerique): e'est qu'il est sans pitie pour la compagne de sa vie; e'est qu'il fail retoniber sur elle tous les travaux peuibles. Qti'on ne tli.se pas quelle est insensible a cette douloureuse &t humiiiaute condition : il suffil. de la voir pour se con- (J) vaincre clu contraire. Sa demarche est melancolique, ses traits sont abattus • elle vegete, ellene vit pas. Messieurs, ce qu'il y a cle certain, c'est que je n'ai jamais vu le sou- rire sur les levres d'une pauvre Squaw, et j'ai sejourne plusieurs mois au milieu de peuplades indiennes. Non , cet etat de degradation, de misere, d'opprobre, n'est pas la nature : la nature appelle le developpement de toutes les facultes de Fame ; mais la ou la femme est esclave ou traitee en esclave , il ne pent y avoir pour l'homme qu'abrutissement ou civilisation imparfaite Et ccpendant quelle influence les femmes de tous les pays, lorsqu'elles sont honorees, protegees, n'ont-elles pas sur les mceurs ! Quelle belle institution, Messieurs, que la voire ! et que de titres n'acquerez-vous pas a la reconnaissance na- tionale? Par vous , la geographie prend chaque jour uu plus grand essor.... En Tassociant a toutes les branches utiles des connaissances humaines, vous enfaites, en quelque sorte, une science nouvelle. En effet, elle ne s'ar- rete plus a la simple description de la terre, elle cherche a penetrer tous ses mysteres, a calculer, a expliquer ses di- vers phenomenes — Autrefois la Geographie ne devait , le plus souvent, ses progres, qu'a l'ambition des conquerans : c'etaiten devastant la terre qu'on Pexplorait. Depuis, lors- que le genie d'un homme eut franchi les colonnes d'Her- cule, et donne ou rendu un nouveau monde a l'ancien, on vit 1'insatiable soil' de Tor desoler a son tour les deux Amerique. Les hommes semblaient alors ne se chercher que pour se nuire. Aujourd'hui, Messieurs, des inter ets plus nobles dirigent 1'esprit humain.... Ce n'est pas un ( » ) speculateur cupide qui vient de decouvrir Tombouctou; c'est un jcune et intrepide voyageur, pousse, presse par un zele ardent pour les decouvertes geographiques, et anime fortement du desir d'acliever une entreprise glorieuse ou lant de genereux courages avaient succombe. Honneur a Caille ; mais honneur aussi a ce brave major Laing , qui venait d'atteindre la ville mysterieuse, lorsque le fer d'un assassin l'enleva a la science pour laquelle il avait deja expose dix fois sa vie. Mais portons nos regards vers d'autres regions. Ce n'est pas non plus le besoin d'amasser des ri chesses qui vient de faire surgir a la civilisation cette vastc partie du globe que nous connaissions a peine avant les decouvertes de i'illustre et infortuue capitaine Cook. Je veux parler, Messieurs, de la Polynesie : quel pro- digieux evenement que cette revolution morale operee comme par enchantement dans ces archipels qui gemis- saient encore, il y a dix annees, sous le joug sanglant de la plus absurde idolatrie. Quoi ! tout a coup les sacrifices humains cessent, les pretres du mensonge se dispersent, les autels des faux dieux tombent, et a la loi tyrannique et cruelle de Tabou succede la loi si douce, si bienfai- sante de Jesus-Christ ! Quelle gloire pour le christianisme ! mais la ne s'ar- rete pas son triomphe : en brisant les idoles de la Poly- lu'-sic , il apprend a ses habitans a cultiver les arts ; il leur inspire le besoin de l'ordre et l'amour du travail. A Far- bit raire du despotisme il fait succedcr un gouverne- anent dont Taction devient chaque jour plus reguliere; (9) enfin, a cote de ces nouveaux temples oii des hommes a demi sauvages viennent adorer le Dieu vivant , s'elevent des ecoles publiques ou des enfans abandonees jusqu'alors a la plus grossiere ignorance recoivent cette education premiere sans laquelle les nations n'ont jamais qu'une ci- vilisation incomplete. La relation simple et touchante des missionnaires des Sandwich nous fait connaitre que deja, en iSo.5 , plus de mille enfans frequentaient les ecoles de ces lies ; elle nous apprend aussi que deja beaucoup de ^andwichois savaient lire et ecrire,* qu'une grammaire venait d'etre publiee, et qu'une traduction du Nouveau- Testament allait bientot paraitre en langue haoua'inaise. Vous savez , Messieurs , que le dialecte ta'itien a sa gram- maire depuis 1823, et qu' enfin beaucoup de livres ele- mentaires sont repandus dans ces divers arcliipels , dont l'etendue est de 5, 000 milles du Nord au Sud? et de 4,ooo milles de I'Est a I'O&est. 11 faut convenir que, sous le rapport de l'instrnction du peuple, plus d'une ville en Europe est en arriere de la Polynesie. All ! que ne peut la charite quand une foi vive et eclairee la dirige ! N'allcz pas croire cepcndant , que tous ces chan- gemensaientpu s'operer sans opposition, sans resistance ; l'ignorance, leprejuge, la mauvaise foi ont dans tous les pays, leurs incurables. Plus d'un insulaire a maudit ces innovations genereuses: de vieilles pretrcsses pleurant sur leurs fetiches ont excite l'ardeur du fanatismej il s'est arme pour combattre la reforme ; mais le prince etait un homme fort , sa volonte n'a pu etre cbranlee. Le bien ( »o ) s'est fait 7 tout est rentre dans i'ordre , et Jcs dieux d'Haoua'ii sont demeures pour jamais vaincus. Voila, Messieurs, le resultat du zele, de la perseverance leur empire, a adoucir ces mceurs feroces, a introduire » la culture dans les deserts, a y repandre les arts utiles » a la vie; et la politique et le commerce des etats po- » lices s'applaudissent eux-memes de ces genereuses en- » treprises. » Oui , Messieurs, la politique et le ( ommerce doivcnt s'applaudir de ces genereaseS entrepriscs. Le missionnaire n'est pas seulement utile a la religion, il est encore, si je puis m'exprimer ainsi , un excellent homme d'affaires |> dernieres expeditions, et surtout celle de V Astrolabe, » il a iallu descendrc nu rcz-dc-chaussce, presque dans » les souterrains; etles magasins meme sont aujourd hui x lelleinent cncombres~ ( c'est le veritable terme), que « Ton est oblige de les diviser par des cloisons pour y ( l'r> ) » multiplier les places. » Ces dernieres phrases, Mes- sieurs, sont extraites tin rapport hi a l'Academie des sciences, le 26 octobre dernier, par lliomme celebrc que son erudition profonde et universelle place aujourd'hui a la tete de la science Son suffrage vaut tous les elegies : j'ai done pense que je ne pouvais mieux faire que de rappeler ses propres expressions. Sous le rapport de la geographic,, les succes de V As- trolabe n'ont pas ete moins satisfaisans. On lui doit la reconnaissance detaillee de beauconp de cotes de la Nou- velle-Hollande , de la Nouvelle-Zelande, de la Nouvelle- Bretagne et de la Nouvelle-Guinee On lui doit aussi la determination precise de plusieurs archipels, formant en masse plus de 200 iles ou ilots, dont 70 ou 80 n'a- vaient encore figure sur aucuiie carte. Le voyage de V Astrolabe n'avait pas seulement pour but de servir la science. Une mission d'un haut in- teret pour toutes les ames genereuses etait aussi coniiee a M. d'Urville. II devait verifier les bruits qui s'etaient repandus sur le naufrage de la Perousc, et rechercher de nouveau la trace de rillustre et infortune navigateur. Mais tandis qu'il poursuivait avec autant d'habiiete que de courage ses utiles decouvertes, un navire envoye par la Cumpagnie des Indes d'Angieterre reconnaissait Va- nikoro C'est la, Messieurs, e'est sur les recifs de ces iles que les fregates dela Perouse se sont brisees : ce drsastre a ete constate d'une maniere definitive par V Astrolabe, et nous possesions maintenant de triples debris qui conlirmenl le malheur dont la France a vonlu long-temps douter. ( ifi ) Un monument modeste eleve sur le lieu raeme aux manes de la Perouse servira peut-etre a rappelcr a ccs peuplades sauvages, alors si cruelles pour ceux de nos compatriotes qui parvinrent dans le naufrage a gagner la terre, que c'esl. par des bienfaits que des ebrr liens, que des Francais savent se vender Puisse la couduite genereuse de nos marina faire quelquc impression sur cette race d'bommes si profondement abrtitis ! II parait que les habilans de Vanikoro off rent le triste spectacle d'e la degradation humaine arrivee a son dernier degre: je dis arrivee, car, a peu de distance de cet arcbipel, on trouve des insulaires beaucoup moins iarouches, et plus enclins a recevoir les bienfaits de la civilisation. L'homme ne nait done point, il faut le croire, avec des dispositions feroces; mais si la nature ne tend a se per- fectionner, elle va de plus en plus en se degradant : nou- velle preuve de 1' opinion que je \iens d'emettre, que la veritable nature e'est la civilisation. J'ai du, Messieurs, rappelcr la conduite noble et des- interessee de la Compazine des Indes de la Grande- Bretagne. La recompense promise par le decret du 29 fevrier 1791 , a celui qui parviendrait a decouyrir la Pe- rouse, ou quelques debris de son expedition, a ete accor- dee, par Sa Majeste au capitaine Dillon, qui coinman- dait le batiment de la Compazine des Indes; mais les frais occasiones par ces rcehcrches ont ete conside- rables; la Compagnie n'a rien demande, que l'honneur d'offrir au Roi le fruit de ses explorations. Puissent tou- jours les nations rivaliser ainsi de generosite! Cest la seule guerre qui puisse leur etre profitable. ( '7 ) Vous savez, Messieurs , tout ce que prometaux sciences le voyage de F Astrolabe. Le premier volume cle sa partie historique est imprime : il paraitra avec plusieurs planches a la flu cle ce mois. Je me felicite d'avoir pu accelerer cette importante publication : c'est le dernier acte de mon minis tere; j'en garde avec un vif interet le souvenir. Trois autres grands voyages, dont deux de circumna- vigation, ont eu lieu depuis i8i5. Ces expeditions, com- mandees, comme les precedentes, par des officiers de mer tres-experimentes, ont eu des resultats fort satisfaisans pour la navigation et l'histoire naturelle : des dociunens precieux attestent leur importance. La marine royale de France n'est pas seulement utile a la science : vous savez, Messieurs , comme elle a seconde la diplomatic au Bresil et servi la gloire en Grece. La marine se prepare a tenter de nouvelles recherches. Un capitaine de fregate, digne a tous egards de la con- fiance de Sa Majeste, sera charge d'une expedition (mi doit partir incessamment de Brest. La science et l'hiima- nite ne peuvent que gagner a ces frequentes explorations. Plus riiomme civilise se rapprochera de l'homme sau- vage , plus ce dernier sera dispose a gouter nos mceurs et a se depouiller insensiblement de ses habitudes grossieres et farouches. Ici, Messieurs , me serait-il permis d'expri- mer un vceu, ou plutot de rappeler celui de Louis XVI; cemonarque, d'auguste,de douloureuse memoire, dont Fame s'ouvrait a tous les sentimens genereux, s'exprimait ainsi dans ses instructions a laPerouse, instructions qui sont un monument de gloire pour le prince qui les don- ( >8 ) nait et pour Jc aujet qu'il avait juge digne d'etre associe a ses nobles desseius; « Le sieur de la Perouse, dans Unites les occasions, en » usera avec beaucoup de douceur et d'humanite envers » les differens peuples qu'il visitera dans le cours de son » voyage. II s'occupera avec zele et interet de tous les » raoyens qui peuveut ameliorer leur condition, en pro- » curant a leur pays les legumes, les fruits, les arbres » utiles d'Europe , en leur enseignant la maniere de les » semer, de les cultiver. » Louis XVI voulait que la terre fiit labouree en pre- sence dti sauvage; et voiia, Messieurs, ce que j'ose aussi demander. II est utile, sans doute, de reconnaitre plu- sieurs points mal determines du globe, et d'aj outer aux progres del'histoire naturelle et de l'hydrograpliie; mais ne doit pas aussi s'occuper avecsoin, avec zele, de tons les moyens qui peuveut ameliorer la condition del'liomme.' Embarquons done sur nos batimens destines a explorer la terre, non-seulement des savans, des artistes, mais aussi des ouvriers , des jardiniers , des laboureurs. Em- barquons de grandes et petites charrues, et tous les instru- mens aratoires d'un usage facile. Embarquons en grande quantite les semences cereales et les differentes especes de grainesd'unc culture aisee : il est a croire, Messieurs, que lorsqu'un sauvagc aura vu labourer, ensemencer un champ et qu'il en aura re'colte la moissou , il ne uegligera point la cbarrue dont on lui aura fait connaitre l'utilite. Or, le jour ou l'bomme trace un sillon et seme pour rc- cueillir, il cesse d'appairtenir ;'i la nature sauvage; il entre, el 6ait un grand pas dans le domaine de la civilisation. ( >9 ) Je ne saurais oublier, Messieurs, de vous parler du De- pot des cartes et plans de la marine, etablissement que l'etranger, a juste titre , nous envie. Le Depot des cartes a publie, sous ma seule adminis- tration, trente-sept cartes ou plans , de plus trois <>u- vrages dont deux d'un haut interet : 1'un, se rapportant a la reconnaissance des cotes de la Martinique , contient toutes les operations trigonometriques auxquelles cette reconnaissance a donne lieu ; Tautre est Texpose des ope- rations relatives a la reconnaissance bydrograpbique des cotes occidentales de France. II a publie en outre : Quatre-vingt-onze plancbes de vues prises sur les prin- cipaux dangers situes entre les roches de Penmarck et l'ile d'Yeu; Vingt tableaux d'observations de maree; Six livraisons de zoologie et quatre de botanique, du voyage de la Coquille. Je n'ai parle que des ouvrages acbeves. Beaucoup d'autres , prepares pour la publication , etaient a la veilie de paraitre : tant il est vrai que le Depot des cartes ne cesse d'aj outer a l'importance de son institution en multi- pliant ses utiles travaux. Je viens d'exposer des services qui vous rappellent, Messieurs, une perte aussi douloureuse qu'inattendue. Vous le clierchez en vain des yeux ce savant modeste qui mettait autant de zele a produire les titres des autres a la bienveillance du gouvernement que de reserve, je dirai de timidite , a laire valoir les siens. Cet homme, si distingue par son erudition, la noblesse de son caractcre, ( *o ) la douceur de sos mceurs, cet hommc que tout le monde aimait, ct. qui laisse apres lui de si precieux souvenirs, ce bon , cet estimable chevalier de Rossel n'est plus. La ve- rite peut inscrire sur sa tombe : La repose un savant. Mais elle peut y graver aussi : La repose un parl'ait bomme de bien. Messieurs, la Societe de Geographic, malgrc 1c zele ardent et eclaire qui la dirige, a besoin d'appui; cetappui ne peut lui manqucr sous un prince qui aime a proteger toutes les institutions utiles. Poursuivez done votre noble cntreprise, vos efforts seront de plus en plus couronnes par d'heureux succes. Oui, Messieurs, le monde explore dans toutes ses parties cessera de nous opposer ses mys- teres ; et il est doux de penser que la civilisation ne devra desormais son triomphe ni a la force ni a l'asservissement des peuples, e'est le christianisrae , e'est la science, e'est l'humanite qui acheveront de lui conquerir le globe. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO 79. — novembre 1829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Description de V eruption du mont Galoungoun , dans Vile da Java , en 1822. Plusieurs descriptions parlielles ont ete faites d'une catastrophe ffreuse qui a repandu la desolation et la mine sur une des plus elles contrees de l'fle de Java, savoir de l'eruplion epouvantable u mont Galoungoun , dans la residence dite des Preanger-Re- enischappen, les 8 et 12 octobre 1822. Ces descriptions etaient edigees sur de premiers renseignemens , qui, dans une calamite si ffroyable et dans l'abattement universel qu'elle devait produire, it pouvaient Sire ni complets ni meme tres— exacts. Aussit6t que i terreur generate s'etait un peu calmee, M. le resident (1) de la (1) M. lo baron P.. Vakder Capellets\ 20.i bcllc province ou lc desastrc avait en lieu s'occupa d'en recueillir loutes les circonstances, pour en rediger un rapport detailli1 , afin de perpetuer le souvenir dune revolution physique dont l'horreur est au-dessus de toute description. Ce rapport etait adresse a son excellence le gouverneur general, et concu en ces termes : Tjantljor, ce 6 fevricr 182J. J'ai eu l'honneur de transmettre a Votre Excellence plusieurs rapports sur les suites funestes des eruptions du monl Galoungoun , qui ont eu lieu dans le district de Soumadang, les 8 et 12 ocloljre de Tannee derniere. Ces rapports etaient provisoirement destines a faire part a Votre Excellence des mesures que j'avais prises, afin de lui donner la conviction que je n'avais neglige aucun moyen pour sauver les jours et alleger la miscre des in fortunes habitans de la contree devastee, dont le sort deplorable inspire un si vif in- s leret a "V otre Excellence. Des informations prises avec soin me fournissent les moyens de presenter a Votre Excellence un rapport plus complet, relative- ment a cette grande calamite. Le nombre des personnes qui ont peri se trouve etre inoins considerable, d'apres les etals qui me sont parvenus ultcricure- ment, que dapres les rcnscignemens precedens , lesquels avaient ete recueillis durant le premier choc d'une consternation generalc, qui ne permettait aucune recherche exacte. Lp monl Galoungoun est situedans la partie meridionalc de cette residence. 11 se compose d'une parlie de la chaine des montagnes qui s'elevent au pied du Tjikorai, setend ensuile de l'ouest au nord, et decrit unc parlie du ccrcle qui forme la liinite naturelle entre les districts de Soumadang et de Limbangan. Le mont Galoungoun se trouve a 3o lieucs (1) de Tjikorai , se (1) Lieues hollandaises ( urcn gaans). Le mot javanais (/Vsignifie rm* ou riviere. 2o3 repandant a 1'est , un peu au-dela d'une suite de montagnes dont les differens sommets formcnt une ligne de demi-ccrclc, ayant au sud le Dingding-Hari, a 1'ouest le Galoungoun proprement (lit, et au nord le Tjamar et le Scupat. Une prdfonde vallee se forme graduellement au pied du Ga- loungoun , de 1'ouest a Test ; eile est pi esqu'entouree par deux hautes collines (passfrs) , savoir le passir Gourou au nord , et le passir Pogor au sud. Cette vallee s'elargit et va se perdre avec un talus presqu 'imperceptible , vers les plaines qu'arrosent les rivieres Tji- Tando'i a Test, et Tji-Woulan au sud. Plusieurs petites rivieres prennent leurs sources dans le Galougoun , et s'elancent en forme de cascades jusque flans ces plaines, oil elles vont se reunir avec la Tji-TandoT ou la Tji-Woulan. Tout le pays, entre ces deux ri- vieres et le Galoungoun , est une des parlies les plus fei tiles et les plus populeuses de toule la residence. Les traditions des indigenes ne font aucune mention d'druptions precedenles du mont Galoungoun. La montagne particuliere qui porte ce nom , les divers sommets dont elle est couronnee , de raeme qu'une grande partie de la vallee , se derobaient a la vue derriere une epaisse foret qui ne laissait entrevoir aucune trace de la presence d'un volcan. Habitues depuis long -temps aux mur- mures soulerrains qui se faisaient entendre, les habitans n'y firent plus la moindre attention. Toutefois , si Ton reflechit sur la forme et la situation de cette montagne , ses divers sommets disposes en cercles , ses talus ex- tremement escarpes du cote de la vallee, le gromlement souterrain qui s'est fait entendre presque sans intervalle , et surtout lors de Tempt'ion du mont Gountour, situe en ligne directe a a5 ou 3o lieues du Galoungoun, il semble tres-probable que ce dernier vol- can aproduil des eruptions dans les temps passes. D'ailleurs, toute la plaine au pied des montagnes est parsemee de collines formees de pieces de basalte , et renfermant la meme espece de terre oue Ton remarque au pied du Gountour, du Papendayang , et en plu- 2<>4 sieurs endroils du Guede , et qui a sans doute fail partic de ces montagnes. Peut-elre 1c Galoungoun s'est trouve jadis en commu- nication avec le volcan Telaga-Bodas , qui appartient a la meine chaine de montagnes , et dont le cratere n'est eloigne que de quatre lieues de celui qui vient de se former dans le Galoungoun. On y voit des precipices remplis de soufre , et an lac fort remarquable. La Tji-Kounir est une des petites rivieres qui parcourent la val- lee. Elle prend sa source au soinmet du Galoungoun, et se jette, par trois cascades , dans un petit bassin qui se trouve a deux tiers de la hauteur de la montagne , un peu au-dessus de la plaine ou du pla- teau. Les Javanais qui habitent les bords de cette riviere ont remar- que , des le mois de juillet , que 1'eau s'etait troublee au point que ceux qui traversaienl la riviere a gue retenaicnt une espece d'ecume blanchalre autour des jambes. Lean avait con trade une odeur de soufre et un gout amer ou bitumineux. Le chef du district de Singaparna fit faire des recberches pour de- couvrir la cause de ce pbenomene. Son agent, ayant remonte la ri- viere jusqu au bassin de la cascade Uamboulau , n'y remarqua rien de fort extraordinaire ; seulement il lui sembla que l'eau du bassin s'etait beaucoup troublee el quelle avait acquis un degre de chaleur qui ne lui etait nullemenl propre. Peu de temps apres, la Tji- Kounir reprit sa linipidite ordinaire ; l'odeur bitumineuse lui restait encore; mais le Javanais, naturellement insouciant, oublia bien- t6t cette circonstance , seul presage peul-elre de l'effroyable revo- lution que la monlagne allait eprouver trois mois apres (i). Sans aucun changement dans ratmospbere, il y cut une des plus terribles eruptions qui aienl jamais , de memoire d'bomme , alflige l'ile de Java. Loire une et deux hcures apres-niidi, une tres-forte detonation se fit entendre du cole de la vallee. Depuis le pied du Galoungoun , a lerulroit ou se trouve le bassin de la Tji-Kounir, (i) Le 8 ociohrc suivant. 2<)5 une epaisse colonue de fumee noire s'^leva rapidement dans les airs , soulevee et poussee avec une force terrible. Rientot la mon- tagne fut enlierement enveloppee dans ce sombre nuage qui repan- dit une profonde obscurite sur toute la conlree. Des-lors les deto- nations redoublerent de force ct firent trembler la terre. La mon- tagne Ianca, jusqu'a une bauteur prodigieuse, d'enormes flaques dune boue brulante melee de soufre enflamme. Ces monceaux ar- dens furent jetes jusqu'au-dela de la riviere Tji-TandoT, qui se trouve a plus de dix lieues de la montagne. Les rivieres, encom- brees par ces enormes masses de boue ignee, furent transformers en fleuves bouillans, dont les debordemens arrelerent a chaque pas les malheureux fugitifs, et leur fit trouver une mort douloureuse et cruelle au milieu des fleuves de ce feu liquide. Les rivieres Tji-Losse, Tji-Woulan et Tji-K.ou.nir, entrai- nerent, dans leur courant bourbeux, les cadavres d bommes et d'animaux, et allerent porter a la mer les restes lugubres de cette horrible destruction. Les habitans de Tji-Doyang et Tassik — Ma- laya virent Hotter des maisons entieres , avec leurs habitans encore en vie , auxquels il leur etait impossible de porler le moin- dre secours. Les sombres nuages qui entouraient la montagne fu- rent eclaires de temps en temps par des eclats de la foudre la plus violente, qui blessa et tua un grand nombre dbabilans des fonHs hors de l'enceinte de reruption. A trois heures, lorsque cette erup- tion et le debordement du volcan avaient atteint leur plus haut degre de violence , il lomba au sud et a l'ouest de la montagne une pluie , ou plutot une grele de boue refroidie m^lee de cendres , qui detruisit toutes les plantations dans une enceinte de plus de 25 lieues. Plus pres du cralere un sable rougeatre obscurcissait Pair et couvrait la campagne : vers les quatre heures les detonations devinrent moins fortes , et a cinq heures il regnait un silence mor- lel. L'air s'eclaircissait graduellement , et la montagne redevenait visible. Dans les forets de la vallee el sur les diverges collines Fceil n'a- 206 percevait plus que des troncs d'arbres a moilie brules. La plalnc cntre la montagne cl la Tji-Tandoi, qui ctait entiercment submer- gee par lc debordement volcaniquc , presenta une scene vraiment tragique. A six licues du cratere la contree n'offrait plus aucun cbamp ni une seule habitation. La masse bouillanle qui avait sub- merge toule celtc etendue de pays avait une couleur bleualre. Plus loin quelques troncs d'arbres , depouillcs de leurs brandies, etaient les seals restes des nombreux et jobs villages qui avaient naguerc fait l'ornement de celte contree. Les iimites des debordemens volcaniques offraient une scene sil se peut encore plus lugubre. C'est la que se trouvait naturelle- ment le plus grand noinbre de cadavres d'hommes, de fernmes et d'enfans, decharncs et a moilie consumes par le torrent du feu liquide. Ceux qui etaient parvenus a se sauver avaient abandonne cetle scene de desolation , tandis que d'autres, blesses et brules, se Irahiaient encore en gemissant, pour cbercber vainement un asile dans cette destruction generale. L'on pourra se former une idee de lborrible profondeur de la boue qui avait submerge cette contree , en se rappelant que , comme il a ete dil ci-dessus, dans un espace de plus de six licues l'oeil n'aperccvait plus la moindre trace des forets , des plantations ni des nombreux villages dont cette contree avait ete couverte. Les malieres enflammees du cratere lancees dans le baut des airs ont atteint et detruil des villages eloignees , tandis que des habitations situees pres du volcan n'ont eprouve aucun dommage. C'est ce que Ton remarque parliculiereinent en approchant des Iimites du debordemenl volcanique, dans les districts d'Indihyang et de Radjapolla, ou ce debordemenl est parcoupe de champs, qui n'ont souffert aucun degal, et sur lesquels il nest tombe quune legere pluie de cendre. Le 9 , dans la matinee, il pleuvait sans interruption : ce jour-la, ainsi que le 10 et le II , les bahilans abandonnerent les villages qui se trouvaient pres du deboideinent , el allerenl se construire 207 des cabanes sur les collines desertes qui sillonnent Ja plaine du GaloungoUD. Dans le canton de Singaparna plusieurs de ces colli- nes contiennent des sepultures, surlout celles de Madjapada et de Gounong-Gong. Les in fortunes Javanais, loin de fuir ces endroits dangereux, crurent y (rouver un asile aupres des tombes de leurs peres. Cetle funeste securite leur prepara une morl certaine. D'apres le temoignage du chef du district, plus de deux cents personnes s'etaient refugiees sur les collines de Madjapada, et un noinbre plus considerable encore s'etait reuni sur le Gounong-Gong. Le 12, sur le soir , les pluies devenaient plus fortes , les rivieres etaient extremement haules , et tous les ponts sur la grande route avaient ete emportes par les torrens. Cetle malheureuse circonstance porta la confusion a son comble , en otant a ces infortunes cantons toule communication avec leurs voisins. Le meine soir, a sept heures , Ton fut alarme par une nouvelle eruption tres-violenle, accompagnee d'un epouvantable choc de tremblement de lerre , qui repandit derechef la crainte et leffroi panni les habitans. Deux chocs egalement terribles se succederent encore. Nul feu , nul eclair ne dissipa les profondes tenebres qui enveloppaient la campagne , et le silence de cette nuit horrible n'e- tait inlerrompu que par le niugissement des torrens qui menacaient d'engloutir tout ce qui avait echappe aux debordemens volcaniques. Le i3, au matin, Ion apercut de nouvelles scenes de detresse et de calamite. Celaient d'abord les changemens qu'avaient eprou- ves les sommets du mont Galoungoun. Ecroules et brises dans toute leur hauteur, les flancs de ces montagnes presentaienl actuel- lement du cote de la vallee un cratere immense , ouvert a Test en forme de demi-cercle , qui formait un gouffre affreux. Jusqu'au tiers de la hauteur du sommet, ce cratere est maintenant entoure par un enlassement de rochers escarpes, lesquels ont ete lances par la violence des trois dernieres eruptions, qui ont produit le cratere , en vomissant une masse prodigieuse de boue et d'autres (luides bouillans. Ces terribles masses de rochers se reunirent avec 208 une partie du premier debordement da volcan, se roulercnt 1'tine sur l'autre, entrainerent tout ce qu'ils rencontraient dans leur pas- sage , et detruisirent tolalement une partie de la colline Passir- Pogor, pour aller ensuite engloutir toute la multitade d'habitans qui s'etaient refugies a Madiapada , Tji-Kadong et Tji-Pagnes. Ces flots de boue , de terre , de rocs et d'arbres , se chariant contre les flancs des collines, en depasserentbicnlotles sommets, et re- pandirent au loin les cadavres muliles des malbeureuses victimcs qui avaient esperd d'y trouver un asile inaccessible a tout danger. 11 n'echappa de cet engloutissement general que le petit nombre de blesses qui avaient ete jetes sur le bord du fleuve , et que l'on arracha avec grand'peine d'entre les arbres et les pierres. Un petit nombre d'individus qui s'etaient retires sur des collines plus elevees , dont les sommets avaient seulement ete enloures par la masse bouillantc , furenl egalement sauves. On parvint a les deli— vrer quelques jours apres, lorsqu'on les avait trouves extenues de faim, de fatigues et d'angoisses. Ce nouveau desastre changea completement le cours des rivieres Tji-Banyarang etTji-Woulan , qui, au lieu de se reunir avec le Tji-Losse comme naguere, allaient maintenant se jeler dans la Tji-Kounir. En meme temps il s'etait forme de nouvelles collines et vallees de maniere que les babilans eux-memes ne reconnais- saient plus les endroits ou s'etaient trouves leurs villages. D'enor- mes pieces de basalte avaient ete entrainees jusqu'a une distance de six a huit lieues du c rale re , et dans toute cette etendue, a peine restait-il un scul arbre des immenses fortHs qui avaient revelu cette partie de la montagnc. Dans la soiree du i6 , le volcan se fit entendre de nouveau depuis neuf beures du soir jusqu'a onze. Le 18, les rivieres qui entourent le district de Singaparna recommencercnt a devcnir praticables. Le 3 novembre des Europeens se sont approcbes jusqu'a deux lieues du cratere ; le terrain s'etait eboule au point de rendre abso- Juincnl impossible d'en approcher davantage. Us n'apercarent ■201J plus la moindre exhalaison du cratere , mais ils entendirent trois fortes detonations. Le 12 1'on remarqua une fume'e blanchatre qui s'est elevee depuis ce jour-la sans interruption du fond du cratere. Le icr Janvier il n'etait pas encore possible de parcourir a cheval le pays ou les debordemens volcaniques s'etaient repandus. L'on a remarque que la masse boueuse lancee par la premiere eruption renfermait les memes elemens que celle que l'on trouve dans les crateres des divers autres volcans dans cette residence , tels que le Telaga-Bodas , le Papendayang , le Kawa-Manok et autres ; que le deuxieme debordcmenl etait renipli de fragmens des memes pyrites qui se trouvent parmi les restes du cratere du Pa- pendayang ; que les bonis des rivieres voisines du cratere etince- laient par l'effet des memes pyrites reduites en petiles parties, et que la maliere du debordement renfermait , outre la boue , la terre et les pierres vomis par le cratere , une grande quanlite de basalte calcine. Durant les deux eruptions Ton n'a remarque ni feu, ni flamme , ni lave proprement dite ; de sorte que Ton peut considerer res debordemens comme tres-cxtraordinaires et comme uniques dans l'histoire des phenomenes volcaniques. II m'est difficile de presenter a \ olre Excellence une esquisse de la scene deplorable qui s'offril a ma vue lorsque j'approcbai de cette horrible devastation. Aussitot apres avoir recu les premieres nouvelles de cette catas- trophe, savoir , le 10 octobre a onze heures du soir , je me mis en chemin. La necessite d'envoyer en avant une quantite de chevaux retardait un peu ma course , de sorte que je n'arrivai que le 12 oc- tobre a Tji-Awie, ou je fis prendre des mesures convenables pour donner des soins a ceux qui avaient echappe a la destruction gene'rale. Me trouvant encore a Tji-Kadou, j'avais deja avant mon arrivee a Tji-Awie expedie des ordres au medecin Bruininga , pour qu'il se rendit sans delai chez les malheureux qui avaient be- soin des secours de son art. Le district Tji-Awie est le plus eloigne du volcan , et ses villages n'ont eprouve aucun de'gat. Les plan 1 1f) talions tie cafe de re district , de nieine que celles del ji-Awic, ont eprouvc un grand dominage. J'y fis approprier on bailment poury recevoir les malades et les blesses , el je donnai des ordres pour lcur prodigaer tods les secours dont i Is pourraient avoir besoin , apres qaoi je partis le i4 pour lndihyang. C'esl le district OQ la devastation et la mine avaient ete les plus considerables. Les dcbordemens du volcan y ont enseveli 4.5 villages avec i8o4 persornx-s dans la boue bru- lanle; les plantations de cafe y ont ete enticrement detruites , a l'exception settlement dun petit nombre de cafeiers le long de Kadjapolla et Tji-Awie, oil rependant les plantations ont ete loin de denieurer exemptes de degat. Apres avoir fait lous les arrangernens possibles pour secourir les infortuncs habilans blesses et mutilcs qui avaient survecu a cetle horrible calamite, je partis le nieine jour pour Tassik-.Malaya, ou 85i personnes avaient peri et i£ villages avaient cite engloutis. Le 17, j'atleignis les limites de Singaparna, 011 if) 28 habilans avaient perdu la vie dans la destruction totalc de 35 villages. La masse boueuse m'empechait alors de penetrer plus avant dans cette malheureuse contree. Du cote de la riviere Tji Kouuir cette masse avait une profondeur de Go a 70 pieds. Je retournai done a Tassik- Malaya. De toutes parts se presentail le spectacle le plus affligcant: je monlai sur le sommel dune des collines les plus elevees , et je parcourus d'un regard douloureux cette contree nagnere si fertile et si populeuse , qui ne formait plus a cellc- heure qu'an iininense cimeliere jonche de restes luguhres d lioinmes , de chevaux et de betail. Sur plusieurs collines, notarninent sur la petite montagne Lincong, je decouvris quelques vestiges d 'habilans refugies. .le mis lout en ceuvre pour rassembler le plus de gens que possible afin de lenter la delivrancc de ces infortunes. Mon lidelc caporal Aroun , el le mililaire Ambonais Monouhoulou , deployerenten cetle occasion un /.ele qui inerile les plus grands 6loges. Le lendeinain matin je retournai a la riviere Tji-Kounir, et 2 I I je reussis enfin a me rendre sur la rive opposee , d'oii j'atteignis par un grand delour Je chef-lieu du district Singaparna. Ici je re^us les premieres nouvelles d'une seconde eruption , qui avait eu lieu le 12. J'arrivai en meme temps avec l'inspecleur Ermatinger et son adjoint Kdussen. Outre le chef du district, les prelres, le djaksa (i) et quelques Javanais , employes de la police locale, tout etait ahandonne el desert. La presence du tommonggoug (2) de Sou- madang, qui est le chef du district du Galoungoun , inspira bien- tot a plusieurs habitans le courage de revenir dans leurs de- meures a Singaparna. Je lis de suite approprier un bailment pour le soignemenldes malades et des blesses , el dans quelques heures le zele du caporal de mes oppas (3), Singah , avait rassemble plus de cinquante Javanais, blesses par le feu et les fragmens de rochers, et qui se trouvaient dans l'etat le plus pitoyable. Le moyen employe pour sauver ces infortunes consistait a etablir des radeaux de bambou sur la masse boueuse. Comme il etait impossible de s'approcher de la montagne a moins de deux ou trois lieues de distance, j'expediai durant la nuil des Javanais fideles vers les plus hautes collines , pour aller a la recherche de feux ou autres signaux de detresse. Lorsqu'on n'apercut plus rien, je me persuadai qu'il ne restail plus d'infortunes a sauver dans ces environs. Aucune description ne peut suffire pour donner une idee des horreurs qui m'environnaient en ces lieux, et qui elaient encore aggravees par des detonations continuclles. Les habitans epou- vantes reprirent a chaque instant la fuite sur les hauteurs voi- sines. A mon retour a Tassik-Malaya , je trouvai les habitans rassem- bles sur les sommets des collines. J'invitai le pretre du district a (1) Le juge. (2) Autre fonctionnaire ou chef Je district. (I) Les oppas fonnent en quelque maniere la mare'chaussee du pays. 1 1 leur conseiller de revcnir sur leurs pas, ce qu'ils firent assez promptement , lorsqu'ils virent que leurs chefs ne quittaient plus ces lieux. J'avais eu soin d'cmpecher ces derniers de s'£- loigner. Jamais la scene affreuse qui s'offrit a mes yeux le i5 ne s'cf- facera de mon souvenir. Sur mon relour a Tji-Awie, je visitai ce jour-la les villages Tji-BourouT et Lebi-Wangon , situes sur la grand'route. La plupart des cadavres yetaienlr epandus a quinze ou vingt pas des villages, ce qui prouvait que les malheureux liaLitans avaienl voulu fuir, mais qu'ils avaient ete atteints par les (lots brulans , ou ils avaient dii trouver la niort la plus douloureuse. Ici Ion voyait encore , pres d'un arbre renverse, une mere avec son nourrisson , tous deux suffoques et a demi consumes ; la, le cadavre d'une femme tenant encore ses deux enfans par les mains, dans Taction de fuir cette scene d'epouvante et de deuil. Dans l'un des villages d'Indiyang,qui avail ete en proie a la plus grande devastation, l'on vit le cadavre d'une mere portanl au sein son nourrisson , encore vivant, lequel avait ainsi ete sauve comme par miracle. Cet enfant a eHe sur-le-champ remis aux soins d'une honnete femme javanaise , et il se trouve maintenant en fort bonne sante. Dans le me'mc hameau,un homme a ete sauve d'une maniere egaleinent surprenante. II voulut s'enfuir ; un cocotier renverse tout pres de luitombe sur son corps, et le couvre ou l'en- veloppc dans son feuillage, de maniere que la masse bouillante ne l'a point atteint, etqu'il est redevable de son salut a cet accident extraordinaire. Cet homme me fit une description frappante de 1'horrible situation ou ces infortunes villageois s'etaient trouves. D'apres les etats que j'ai 1'honneur de joindre a ce rapport, \ otre Excellence remarquera que le nomhrc des pcrsonnes qui ont perdu la vie dans les cinq districts , ainsi que cclui des bes- liaux et des villages detruils, se monte, suivant les renseignemeus que m'a donnes le pangheran de Soumadang , a 4,oi * pcrsonnes , i \ly villages et 853 bestiaux. 2 I. Apres m'etre transpose sur les principaux lieux de detresse , apres avoir etabli partout des bopitaux pour les malades et les blesses , et fait des arrangemens pour distribuer des vivres et au- tres secours aux malheureux habitans , je n'ai rien omis pour tranquilliser leurs esprits alarmes et pour dissiper leurs craintes, afm de les rappeler cbez eux. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine que je suis parvenu a reussir dans cette derniere demarche. Les babitans sont en effet assez disposes a revenir dans les lieux qu'ils ont abandonnes , mais comme ils n'y trouvent plus rien , et que de temps en temps le volcan se fait encore entendre d'une maniere effrayante , ilscbercbentailleurs , pour la plupart, un asile que cbacun s'empresse de leur accorder. Parmi ce nombre, il faut compter tous ceux qui se trouvaient absens, et ceux qui avaient babite les villages qui ont ete absolument aneantis. Le bruit s'etait repandu, dans la province des Bandong, que l'on avait apenju un pavilion blanc sur plusieurs sommels inacces- sibles des monlagnes de Tji-Talinka et Limbangan (i). Les villa- geois crurent voir, dans ce phenomene, un presage de nouveaux desastrcs, et l'on avait a craindre une desertion generale , d'au- tant plus que quelques individus prelendirent avoir egalement vu des pavilions blancs sur le sommet de la montagne Dingdingbari, avant leruplion du Galoungoun. Je me rendis done en personne dansces districts pour y rechercber et menacer ceux qui debitaient ces bruits, et rassurer les babitans alarmes. Plus de six cents villageois de la contree detruite s'elaient refu- gies au-dela des frontieres de Cheribon. J'ai mis tout en oeuvre pour les engager a retourner dans leur pays , et j'ai eu le bonheur d'y reussir parfaitemenl. J'ai ensuite donne des ordres pour de- blayer les canaux, ou siloukams (2), encombres par les deborde- demens volcaniques, afin de mettre les babitans en etat de cultiver (1) Deux districts de la province du Bandong. (2) Canaux creus&pour ['irrigation des champs de ri*, 2l4 de nouvcau les champs qui lcur sont restes. Cepcndant les rivieres sont tcllemenl comblees par la masse boueuse , que le relablisse- meut des siloukams est tres-difficile , landis que les ouvriers voient a chaque instant leur travail s'ccrouler sous leurs mains. J'ai fourni des velemens aux villageois qui se trouvent denues de tout. J'ai fait usage, pour cet effet, d'une partie des objets qui m'ont ele envoyes par le gouvernement. Je ne saurais omettre de signaler a A olre Excellence les Kuro- peens et les natil's qui out deploye un zele infatigable pour fairc tout ce qui dependait de leurs moyens , afin de sauver la vie a leurs semblables , en affrontaut eux-memes les plus grands dangers, et en exposant plusieurs fois leurs propres jours. Les secours apportes par le resident de Cheribon. les ordres qu'il a donnes , de meme que le zele de l'intcndant A\ outers , out ete d'une tres-grande ulilile. M. le medecin Bruininga s'est distingue par ses louables efforts et ses soins pour le relablissement des malades et des blesses. II leur a prodigue ses secours avec une activite digne de louanges. M. le peinlre Payen s'est acquis un egal droit aux suffrages de Votre Excellence , par le zele qu'il a volontaircment deploye dans ses efforts pour sauver des inforlunes menaces d'une mort crucllc. Le sieur Don Scauckman , commis au bureau de la residence, a merile de grands eloges, en secondant , auianl qu'il dependait de lui , les nobles efforts de M. le medecin lirnininga. M. l'inspecleur Ermatinger et son adjoint HaNSSEN out pa- reillemeni rendu de grands services. Le captaine Peru-:, aide-de-camp de\o(re Excellence, m'a ele d'une grande ulilile. Le cap oral des oppas Selan merite une mention bonorablc. 11 a deploye" une aclivile exemplaire pour donner © « %■* • ^» r> <*> 3 ti ll u a 43 |iS O m o o o o o in in o o o in co m in >" t^ to to m m en co r^ — r^ cl d to on Cs in r*. co oo t** ^^" r^ r; « co" O in o o en o vt- i~ - co co oo •o in ci O o o_ o" CO Q 0. s W 5 M o o - in to en co to 15 3 -a i S5 O SO CO CO O o in - a a ■•■'IU'".I o s p CO O « vh ri m co co « a to a a •saipcjv o to ~ oo oo a in O "ijpd juo mil sauuos.iaj 'S}inj)9p sa8q[i ^ o si in co in ^- CT> »•* a co O o in vt- « m o> co -> " ^s- .a « EC c C3 >> o a - — i o 2 -a n 3 c O cj - ■i. a c — ra o r ^ a, ? ■O 13 tc p < H O .1 TJ -3 n •— . h m cs H eu C DEUXIEME SECTION. AC.TES DE LA SOCIETE. § Ier. Vroces-Verhaux des Seances. Seance du 2 octolre 1829. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adoptc. M. W" Darby, de Philadelphie, adresse a la Societe plusieurs ouvrages dont il est auteur, et annonce que , preparant une troi- sieme edition de son Dicilonnaire geograpliique , il lui serait agreable (pie la Societe voulut bien lui faciliter les moyens de pu- blier cette edition a Paris. La Societe vote des remercrmens a M. W D1 Darby , pour Tenvoi de ses ouvrages, et regrctte que ses reglemens ne lui per- metlent pas d'accueillir sa demande. M. F. O ecrit a la Societe pour lui soumettre le plan d'uri ouvrage didactique sur la science du voyageur. Plusieurs mem- bres font observer que le plan et la nature de cet ouvrage ne pre- sentent rien de neuf , et qu'il existe des ouvrages deja publies sur ce sujet. M. Jomard communitjue une lettre particuliere de M. Mullcr , interprete au Senegal. 11 annonce qu'il s'est occupe d'un Vocabu- laire maure hassanian , et il donne des details sur une negociation conclue entre la colonic franchise et le nouveau roi des Trarzas. Enfin il rend compte dc l'attaque faite par l'almamy de Fouta- Toro conlre le roi des Maures braknas, qui l'a repoussee avec perle. Ilajoute que M. Duranlon est parti du Kasso pour le Bam- bouk, ou il s'occupera de IVxploilalion des mines d'or. M. C. Moreau offre a la Societe une carte de I'etablisseinent anglais de Sivan Rwer , dans l'Australie occidentale , dressee par M. le capitaine John Stirling, et accompagne'e de la correspon- 16 21- dance du departcmcnt ties colonics, avec les personiies qui out propose de former cct elablissement. MM. C-Moreauel Warden sonl charges d'en rendre COrnpte. M. Cadei de Melz, lit la suite de ses entretiens relatifs a I'ex pcdilion du capitaine Parry vers lc pole Aord. M. Marcus lit la premiere parlie de Texlrait d'un ouvrage iuc dit dont il est auteur, ct ayant pour litre : Hisloire des Colonies etrangeres qui se sonlfixees duns VAbyssinie et le Sennuur depuis le 7C sicc.le wiuil J.-C. jusiju'au 4° sieclc de fere chretienne. Seanee du 16 ociobre 1820,. Le proces-verbal de la seance du 2 ociobre est lu et adoptc. M. Yosy, secretaire de la Sociele inedico-botanique de Lon- dres, annonce a la Sociele qu'il est sur lc point de mettre a execu- lion son projet de voyage en Amerique, 011 il explorera les rives du Mississipi et du Missouri, les Pvocky Mountains, la Califomie, leMexique, la Colombie et le Bresil ; il serait flalte de reccvoir les instructions etles encouragemensde la Societc. La commission ccntrale accueille avec interet le projet de M. Yosy, ct renvoie sa lellrc a la section de correspondance. MM. Ainsworth et Cheek, directeurs de V Edinburgh Journal , nouveau journal geograpbique , adressent a la Sociele le premier numero de ce rccueil, et expriment le desir d'entrer en correspon- dance avec elle. LaSociete, desiranl etendre de plus en pins ses relations , decide qu'elle adressera son Bulletin a MM. Ainsworth el Cheek en echangc de leur intercssant journal. Quant au litre de correspondant etranger que sollicite M. Ainsworth , le bureau Jul fera connailre les conditions requises par le reglcmenl pour obtc- nir cc titre. La Sociele re^oit de M. Jouannin un cxemplaire de la Revue des deux Mondes. I'u'inercfinens, el depot a la bibliotheque. M. Rifaud adresse a la Sociele le prospectus de son voyage en Egypte et en Nubie, depuis i8o5 jusqu'en 1827. 11 desire pouvoir 2ig compter sur ses encouragemens et sa bienvciilanco dans une pu- blication aussi imporlante. M. Jomard depose sur le bureau le prospectus du voyage de M. Caillie a Temboclou, accompagnc d'une carle ilineraire avee une notice geographique. M. Denaix offre a la Societe la carle d'introduclion qui com- plete la premiere livraison de son atlas de fEurope : cette carte presente la division hydrographique et l'expression de toutes les chaines de montagnes de 1 Europe. L'auteur pense qu'elle pourra 6ig 2^2 Contributions. Industrie annuelle de la cite. , a 3 p.o/o. . dollars 57,876,1 '. Revenu fancier de la capitale par an ...... 33,347,3 % Capitation des villages de la province 18, 068, 5 '/* Id. des Indigenes - 3,4o8/f » Total pour Panncc 112.700,4 '/» Frais d'enregistrement et de recouvrement 7 '/s P- 0/0 8,ii4,3 '/4 Produit net annuel des fonds publics io4,58G,i ■'; Contributions indirecles. Trois pour cent sur les consommalions des merchandises europeennes. On pergoit aussi un droit sur les productions des etats de PAmerique et sur le papier marque employe dans les affaires judiciaires. Note. I/estimation des productions de cetle province est fixce si has, qu'on peut bien , sans crainte d'erreur , l'augmcnter d'un pour cent , et la contribution de */j pour cent sur le produit net. 11 resulte de re tableau que chaque lieue carre'e de cette province a 7.}$ in- dividus, et produit annuellement 47, G19 pesos. Extrait de la Prensa Peruana ou Presse du Perou. XV. Exploitation du diamant au Bresil (1). Le district du diamant (demarcaedo diamantina) est une espece de sanctuaire dans lequel on ne penetre que tres-difficileinent. II est enloure dim cordon de piquets de dragons, places a une dis- tance de 5 a G ntilles Pun de Paulie, qui nc laissent ni entrer ni sorlir personne sans une aulorisation speciale de I'intendant gd neral de la province qui reside a Tejuco. En sortant du districl , (i)On vient de decouvrir sur le versant europeen de FOural une mine de diamans. Les premiers essais qui ont ete Faits dans un lavage cPorsitue a -iS versl au "n". -E.de la londerie de liisscrsh. eta a5o environ de Perm, ont deja produit 7 diamans. C 'est d'apres les conseils de iNI.de Ilunilmldt que ces re- liiii lies cut ete ru (reprises. Si M. ioul individu, soil elranger, suit habitant, est fouillede la maniere la plus rigoureuse ; on ne visile pas seulemcnl scs effcts et ses ve- temens, mais encore sa personne , ainsi que ses chevaux ou ses mulets; les gardicns de la frontiere sont nieme aulorises a retenir les voyageurs pendant vingt-quatre heures , s'ils les soupconnent d'avoir avale des diamans. La ville de Saint Antonio de Jejiigo , est si luce dans une des con- trees les plus ferliles et des plus riantes du JJrcsil; elle est le chef- lieu du district des diamans, ainsi que la residence de l'intendant- general et de la Junta diamantina, composee du procureur fiscal de la couronne , de deux caissicrs , dun inspecteur-general et d'un le- neur de livres. 'Un detachement du regiment des dragons de Minas, qui y tient garnison, fournit les homines necessaires pour garder les fronlieres et pour executer les ordrcs de la Junta : la po- pulation de la ville csi de 6,000 ames. Tejuco doit sa prosperity a ['exploitation des diamans. Ce fut au i8e siecle qu'on trouva dans ce district des pierces hrillantes, auxquelles d'abord on attacha peu de valeur, et dontun agent du gouvernemenl qui avail vu a Goa des diamans bruts rcconnut le premier lick-mile avec les diamans de l'lnde. Apres differens essais infructueux d" exploitation , de capitation et de fermage, mis en usage dei53oa 1772, le roide Portugal, rcsolut en 1772, de char- ger exclusivement une administration royale de 1'extraction des dia- mans. Le marquis de Pomhal se reserva la surveillance supreme de eel etablissement, et nomma trois direcleurs residant a Lisbonne, trois administratcurs residant au Bresil, et un intendant-general da district revelu des pouvoirs les [ilus etendus. La direction de tons les travaux necessaires pour 1'extraction des diamans , I 'adminis- tration de la juslice el ceile de la police furcnt coniiees a ce der- nier; il fut autorise a expulserdu district tout habitant sur un sim pie soupenn, el a confisquer mcnic sesbiens, si I'on trouvait cbcz lui 1111 seul diamant; assistc par la Junta diamantina, quil lui est subordonne\c , i! derail juger sans appel au civil et au criminel. J7 ,.34 Lors de l'dtablissement de ce nouvel ordre de rhoses , on fit le rccensement des babilans ■ faire sortir du district les diamans vob;s , et quelle que soil la vigi- lance des soldats qui en gardent les fronlieres , ces homines ruses, qui connaissent tous les sentiers , ti ouvent moyen de les franchir. Une fois bors du district, ils trcuvenl facilement des acheietns , qui cachent les diamans dans les bailes de colon ou d'autres mar- chandises , et les expedient a leurs cOrrespondans a Rio-Janeiro ou a Babia. Voici comment se fait V operation du lavage des diamans: 236 Lorsque Ton a retire du lit dune riviere oii Ion esperc en trouvcr une certaine quantity de galet ou de gravier {cascalho) et qu'on l'a > iii.is.se en monceau, on fail crenscr un fosse d'environ deux pieds de profondeur, et I'on y fait arriver de l'eau. Les negres charges d'exaininer le cascalho , semettent sur un banc place dans ce fosse : chaque esclave a ace jjatte de bois d'environ quinzc pouces de diametre , qu'il remplit de cascalho. II en ote d'abord les plus grosses pierres ; puis il plouge la jatle dans l'eau, la rcmue forle- naent el en enleve lout lc gravier jusqu'a cc qu'il ne reste au fond 0 33 0 25 • 32,202,000 6,396,789,000 II resultede ce tableau, que les 22,5oo,ooo KaB ilcs Otto- mans mi eage de la sino ri.e de ses dis- positions amicales, rend a la Sublime Porte-la principauld de la Itfolda'vie avee toutes le-. fi-ontiires quelle pqssedait avant le commencement de la guerre a laquelle le present traite met fin. S. NI. 1. rend au9si la principaute dc \ ..I aeliie , le Bap at de Crajova, la Bul- garia et la contrec de Dobi idges , depuis le Danube jusqu'a la mer, \ compris Si listrie, Hirsova, Mat/ia. [saklga,Toulza, Babad;./. Bazardjik, Varna, Pravatrj • i autres villus, bourgs et \illa g< - qui \ sont contenus ; unite Pelenduc du Bal- kan, depuis Eniihclr-Bouruoii jusqu'a Kazan, el toutc la contrec depuis le Balkan jusqu'a la mer, avec Seliinnea, Samboli, Aides, KarnabaJ, Misseno- vica, Akeliioli, Bourgas, Sizeboli, Kirk- Klis>e, la \ ill:- it Audriniiplc , Lulc- BourgaS et toutes les villes , bourgs et villages, et en general toutes Irs places que les troupes russes ont occupees dans la Romclie. III. Le Prutb coatinuera a former la limite des deux empires, depuis le point ou cettre riviere louche an territoire de la Moldavia jusqu'a sa junction ave< le Danube. Depuis cet endrpil , la figne- troiilieie suivra le coins du Danube jusqu'a !a bouchedu Saint-Georges, de telle sorte qu'elle laisse toutes le- ties fermccs par les diflcrens bras de cette riviere, en la possession de la Russie: la rive droite demeurera , comme au- paravant, en la possession de la Porte Ottomanc. Neanmoins il e-i convenu que cette rive droite reslera inhabitec depuis le point ou le bras du Saint Georges se separe de celui du Soulini, jusqu'a une distance de deux licues.de la riviere, et que mil etablisscmcnt d°au- cune espe'ee ne sera forme sur cede ri- viere ni sur les iles qui re-leroiii sou- mises a la com- de Russie, et dans lesquelles, "a Pexception des quaraniai- ni-- qui pourront \ iti <■ elablies, il ne sera permis de former aucun aulri blissement , ni de construire aucune (^ I.t Ilulli liu de l.i S j.ieit I'-tinit dest iim' pai sa nature a faire connaitre lous les changemens rjui am vent dans les con lai cesqui se b'ent immediatement a la ge igraphie, nun- croyons remplir les iutm tions de iios li ■ ■' nl ''■ rriiais !<-■■. pieces ofticiclles « j n i >n- n Kecueil toutes [les pieces de ce genre que nous pourrous i pi ih'ui .i .. l'avenh en reinontaut lucuie , autaut qu'il is sera possible . jusqu a l^annee T81 4 ,i |.i. ;u tonte la politique duisonde ft pri» ttnff-assicttenottvelle. S n •4-1 nouvellc fortification, Lcs vaisseaux man-band* dcs puissances auront la li- berie dc naviguer sur le Danube, dans tout son cours ; ct ceux qui portent le pavilion ottoman pourront entrer libre- ment dans lcs bouches du Kcli et du Sonlini ; cclles du Saint-Georges res- tanl communes aux vaisseaux dc gtierrc et aux marcbands des deux puissances contractanles, Mais Ies vaisseaux de guerre russcs qui remonteront le Da- nube n'ironl point au-dela du point dc lonction de cc flcuve aver lc Prulh. IV. La Gdorgie, I'lmeritie, la Min- jirdlie, le Gouriel, et plusieurs autres provinces du Caucase ayant etc , depuis mi grand nombre d'annees , unies a perpetuite' a l'empire de Russic, et cct empire ayant , en outre , par le traile conclu avec la Perse a Tourkniantchai IclO fdvrier 1828, acquis les Kbanats d'Erivan et de Nakchivan , les deux baules puissances contractantes out re- connu la necessile d'etablir entre leurs dlats respectifs, sur toute l'etendue de cellc ligne , une frontiere bien delermi- nee , capable de prdvonir tcule future discussion. Elks out egalemenl pris en consideration lcs nioyens proprcs a op- poser des obstacles insurnionlablcs aux incursions ct an\ depredations coinmi- scs jusqu'u present par les Iribus des en- virons, et qui ont si souvent compromis les relations d'amitie et de bonne intel- ligence entre les deux empires. En con- sequent;' , il a ele cenvenu que Ton considcreiail ddsormais comme la fron- lieic enlre les terriloires dc la cour ini- periale de Russic, et ceux de la .Sublime Porte otlomane en Asie , la ligne qui , en suivanl la limile acliu lie du Gouriel, depuis la nier Noire, rcinonlc jusquaux front ieres de Flmc'rilie, et dc la dans la direction La plus droite, jusqu'au point in les fronliercs des pacbaliks d'Ak- ballzil et de Kars renconlrent cclles dc la Gdorgie , laissant dc cette maniere au nord et dans Pintdrieur de cette li- ;jnc la villi- dIAkhaltzik ct le fort de Knailnal.it k a une distance dVuviron deux 1. cures. Tonus les contrdes situdes an sud ef a Pouest de ceite ligne de demarcation vers lcs pacbaliks de Kars et dc Trcbi- zomlc, ain--i que la majeure partic du paebalick d'Akhaltzik, rcsteront a-pcr- peluite sous la domination de la Sublime Porte, tandis que ceux qui sont situes au nord ct a Pest dc ladile ligne vers la Georgie, I'lmeritie et le Gouriel , ainsi que tout le littoral de la mer Noire, de- puis la boucbe du Knuben , jusqifau port Saint-Nicolas iuclusivcmenl, reste- ronl a perpetuite sous la domination de l'empereur de Russic. En consequence , la cour inipcrialo de Russic abandonne et rend a la Sublime Porte le resle du pacbalik d'Akliailzik, la villc et le pa- chalik dc Kars, la ville et lc pacbalik de Bavazid, la villc el lc pacbalik dEr- zeroum, ainsi que toutes lcs places oc- cupies par les troupes russcs , et qui se trouvent bors dela liyne ci-dessusmen- lionnee. V. Lcs principautcs de Moldavic et de Valachie s'dtant placees, par une ca- pitulation, sous la suzcrainctd dc la Su- blime Porle , et la Russic leur avant garanti leur prosperity , il est entendu qu'elles conscrveront tons les privileges et fran'ebises qui leur ont etc accordes en vertu de leur capitulation, soit par les Iraites conclus entre les deux cours impdriales , ou par dcs batti-scbci ifs reudus a divcrses epoques. En consd- qiieiice, elles jouiront du iibre excrcice de leur religion, d'une paiTaite'st'curite, d'unc administration nationale et inde- pendante, et d'unc entiere liberie de commerce. Les clauses additionnelles aux precedentes stipulations, regardees comme ne'eessaires pour assurer a ces deux provinces la jouissance de leurs droits, seront inscritcs dans Facte sd- pare annexe au present traite, et consi- ddrdes comme formant parlie inte- grante dudit traile. VI. Les cvenemens arrives depuis la conclusion du traite d'Ackermann n'ayant pas pcrmis a la Sublime Porte d'entreprendre immediatemenl 1'exdcu- tion des clauses de Facte sdpard rclatil a la Servie, ct annexe au tinquieme ar- ticle de laditc convention, la Sublimi Porle s' engage i, de la maniere la plus solcnnclle, a lcs executor sans le moin die retard et avec la plus scrupuleusi exactitude, et a proceder en particulicv a+- a la restitution imrnddiate ii in dis- tricts separcs do laServio, de maniere a assurer pour toujours la tranquillitd et Ic bien-ctre d.' cettc fidele ci obeis- sante nation. Le firman roulirnic par lo haUi-sherif qui ordonnera ['execution des clauses susdites, sera dtilivro et communique' a la cour imperials' de Rus- sie, dans I'espace dun mois , a partir de la date dc la signature du present traite de pais. VII. Les sujets russes jouiront, dans toute l'e'tendue de 1'empire ottoman , sur terre comme sur mer , de la plcinc et entiere liberie du commerce , qui lour a ete assuree par les anciens Haiti's conclus cntre les deux hautes puissan- ces contractantes. II nc sera eommis am une infraction a eette liberte, et elle ne pourra etre paralysed dans aucun cas, ni sous aucun pretcxte, par des prohibitions ou des restrictions, ni par des reglemens ou incsures, soit d'admi- nistration interieure, soit de legislation . Les sujets, vaisseaux et marchandises russes seront assures contrc toute vio- lence et toute chicane. Les premiers se- ront places sous la juridiction exclusive et la police des ministres et des consuls de Russie. Les vaisseaux russes ne se- ront soumis aaucunevisitedela part des autorites ottomanes, soit en mer, soit dans les ports ou dans les passages ma- ritimes dependans de la Sublime Porft. Toutes les marchandises et articles quelconques de commerce appartenaot a mi sujet rnssc , apres avoir pays' a la douane les droits fixes par les tarifs, se- ront transporters librement et deposes a terre dans les magasins du propri&aire ou de.son consignataire , ou transferees sur les vaisseaux de toute autre nation , sans que les sujets russes soient tenus d'en donner avis aux autorites locales, et encore mains de demander lew per- mission. II est expressement convenu que tous les grains venant de Russie joui- ront iles memes privileges, et que leur fibre transit n'«prouvera jamais , sous aucun protexto, ni obstacle, ni empeche- ineni. La Sublime Porte s'engage en outre a veiller avec soin a ce que le commerce les observer religieusement et inviolable- lllenl. XVI. Le present Iraitd de paix sera ralifie par les deux hautes puissances contractantes , ct l'echangc des ratifica- cations cntre leurs pldnipoteriliaires respectifs aura lieu dans l'espace de six semaines, on plus tot , si (aire sc pout. YaiCaJindi-inople, lc 2/ 1 4 septcmbre 1829. Signd comte Alems Okloit Comte J. Pahlen. En verlu , etc. Stand DiEniTscii Zaiulkaxski. 1 45 Tralte separe entir la Russie e/ /a Porlc , pour la Valachie ct la Moldavie. Au nom de Dicu tout-puissant : Les deux hautes puissances contrac- tantes, en confirmant lout ce qui a ete stipule par Facte separe de la convention d'Ackermann , relativement au mode deieclion des hospodars de Moldavie et de Valachie, onl reconnu la ncccssitedc donner a l'administration de ces provin- ces une base plus stable ct plus conforme aux verilables intcrets du pays. A cet ef- fct, ilaeteconvenuetrcfjledelinitivenient que la dure'e du gouvernement des hos- podars ne scrait plusbornee a sept ans , comme par le passe, niais qu'ils seraient dore'navant investis de cette dignite a vie, saiif les cas d' abdication volontaire ou de destitution pour cause de deiits , prevus par ledil acle separe. Les hospodars regleront librement toutes les affaires intericures de leurs provinces en consultant leurs divans rcs- peclifs, sans pouvoir porter ncamnoins aucunc atlcinle aux droits garantis aux deux pays par les trailes on les halti— scherifs , et ne seront troubles dans leur administration interieurc par aucun ordre conlraire a ces droits. La Sublime Porie promet ct sVn- gagedc veiller scrupnleusement ace que les privileges accordes a la Moldavie et a la Valachie ne soienl d'aucune ma- nicre enfreints par ses commandans li- mitrbpbes , de ne souffrir aucune infe- rence de leur pari, dans les affaires des deux provinces ct d'empecher loute in- cursion des riverains de la rive droite du Danube sur le tcrritoire valaque ou moldavc. Seront consideres comme fai- sant panic integrante de cc tcrritoire, loutes les iles atlcnantes a la rive gau- che du Danube , ct le chenat (thalweg) de ce flcuve formcra la limitc des deux priiicipaiitcs, depuis son entree dans les etats ottomans jusqua son confluent avec le Pruth. Pour mieux assurer rinviolabilite du tcrritoire moldave et valaque, la Subli- me Porte sVngage ane conserver aucu i point fortifie , a ne tolerer aucun eta'- blisscinenl quelconque desessujets mn- sulmans sur la rive gauche du Danube. En consequence, il est invariablemcnt arrete , que sur toule eelte rive , dans la grande et petite Valachie comme aussi en Moldavie , aucun mahometan ne pourra jamais avoir son domicile , et que Ton y admettra les seuls marchands, munis de firmans , qui viendront achc- ter pour leur proprc comptc , dans les principautes , des denrees necessaires pour la consommalion de Constanti- nople, ou d'autres objets. Les villes turqucs situees sur la rive gauche du Danube seront , ainsi que lours tcrritoires (rajahs) , restituees a la Valachie pour elre desormais rdunies a cette principaute, et les fortifications existantes auparavant sur cette rive ne pourront jamais etre reiablics. Les niii- sulmans qui posscdent des biens-fonds non usurpes sur des particuliers, soit dans ces memes villes, spit sur lout autre point de la rive gauche du Danube, se- ront tonus dc les vendre aux indigenes dans lVspacc de dix-hiiil mois. Le gouvernement des deux principau- tes jouissant de tons les privileges d'imo administration interieurc independanto pourra librement etablir des cordons sanitaires et des quarantaines le lona du Danube el ailleurs dans 1c pavs, ou i'l e„ sera besoin, sans quo les etrangcrs qui y arrivent, tant musulmansque chrcliens puisscnt se dispenser de Texacle obsen a- tion des reglemens sanitaires. Pour le ser- vice des quarantaines, aussi bicn que pour veiller a la stircte des frontieres, au maintien du bon ordre dans les villes et campagnes et a l'cxe'cution des lois et re- glemens, le gouvernement de cliaqiie principaute- pourra entretenir un nombre do gardes amies, strictement ndcessaire pour ces diverses fonclions. Le nombre et I cntrctiende cette mitice seront re>le< par les hospodars de concert avee leurs divans respectifs , en sc basant sur les anciens exeroples. La Sublime Porte animcc du ddsii sincere de procurer aux deux principali- ty umi le bien-etrc lir, :ilin :■ nubc aver burs propres batimens , mu- nis de passeporls dc leur gouvernemeni, et aller commeri er dans les autres yilles ou purls de la Sublime Porte, sans dire molestds par les pcrccpteuj's du karatscb, ni exposds a aucune autre vexation. Depliis, la Sublime Porte, considi . ,:m toutes les calamities que la Moldavia et la Valachie out eu a supporter, et muc par un sentiment d humanitd toutparticulii ■, consent a exemptcrlcs habitans dc ces provinces , pour : ai de deux ans, a compter dujour ou I is principalis au ront etc enliercmcntdvacues par :. > ; irm- pes russes, du paiemcnl des impal in nuelsversds dans sen trdsor. Enfin la Sublime Porte ddsirant assurer de tonics les maniercs le bien-etrc futur des deux principautes, s'engage solennel- lem< nt a corifirmer les ■■■ ,! mens admi- nistrates, qui, durant ('occupation di ces deux provinces par les armdes de la cour impdrialc . ont dtd faits d'aprcs 1 vceit cxprimd par les asscmbldes des pi tabli s habitans du pa^ s , et - < on cert avec les pldnipotentiaires de la Su- blime Porte ottomane, avons arretd el rdgld a I'dgard de la Moldavie <'i de la Valachie les points ci-dessus, lesquels son) la consequenccde Particle Vdu traitd lie pai\ conclu a Andrinoplc entrc notis et les pldnipotentiaires ottomans. En eon sequ nee , le present acte sdpard a dtd ;, muni de nos cai hcts el dc nos vi gnatnres, el ddlivrd entre les mains dcs pldnipotentiaires de la Sublime Porte. Fail \\.!:uh>i: ! ' brc 1829. [Signe's a V original remis aua pld- nipotentiaires Inns. ) Lc comtc Ucxis (>' ' Le comic !". i!< Pahi i - 24-7 BIBLIOGRAPHIC GEOGRAPHIQUE. I< LIVKES. ©TiVRAGES SSIJERABX. 403. Dictionnairc Gdographique Uni- uersel, contenant la description dc tons les lieux du globe, interessans sous le rapport de la geographic physique et politique, de I'histoire, de la statisti- que, du commerce, del'industrie, etc., par une societe de geographes; tome vi. Paris, 1820. Kilian et Ch. Pic- quet. 404 . Quadro di Tutti i Paesi e Popoli delMondo, etc. — Tableau geogra- phique, physique, historique et poli- tique de tous les pays et de tous les peuples de la terre , avec des cartes geographiques et des planches. Par Luigi Bossi , in-8". Mi/an, 1829. Bcrtani. La description de l'Asie , de PAfri- que el de PAmeViqueest deja publide; celle de l'Europe , forniera aclle scale 6 volumes en dix livraisons , chacune de trois feuilles et de cinq planches. 405. Guide du Marin pendant la navi- gation nocturne, etc. , ou description generate de tous lesphares,fanaux, etc., etablis pour lasureuide la navigation; par M. Coulier, auleur des Tables des principalcs positions geonomiques du globe. 1 vol, in-8°. H. Bossange, el H. Coulier, rue Neuve-Saint-Etienne , n° lii. AMSRSOUE. 106 . Meine fuswanderung nach Atne- rika , etc. — Men emigration en Ame- riqueel mon retour dans la patrie en 1825; par II. Gudehus, 2 vol. in-8". ■Hildesheigt, I 820. Gerstenberg. 1 rxd. 1 8 gr. — Cet ouvrage est tres-intercs- sant. as:;:. 107. Apercu general sur les provinces nouveUementconquises paries Russes et appelces par eux-memes territoire d'Armenie. In-8°, avec cartes. Venise 1820. 1 lir. 50. 408. Useful Hints to travellers, etc. — Avis utiles aux voyageurs ijui visitem le Continent ou les hides occidentals et orientales etc. sur les movens d- conserver la sante , par un medecin voyageur. 2" edition , in-i 2, Lo/ulres, 1 820. Longmann, 3 sh. 6 d. 400 Opisanie Til>eta,clc. — Description de. Petat actuel du Tibet. Traduit du chinois, parle pere llyacinlhe, in 8". avec carte , Saint - Pdtersboure 1828. h ' 410. Opisanie Tschungarii, etc. Des- cription de la Sungarie et du Turkes- tan oriental, d'apres leur etat ancien el actuel. Traduit du chinois , par Je pere Hyacinthe , 2 vol. in-8-. Saint- Pe'tersbourg, 1828. 411. SapisU o Mongolii, etc.^-Notic< s sur les Mongols , par le pere Hyacin- the. 2 vol. in-8o. Saint-Pdtersbourg, EUROPE. Em/mc Ottoman. 412. Description gdographique et his- torique de la Turquic d' Europe, par oi-dre alphabetique. In-8". Paris el Strasbourg. 1828. Levraull. Prix: 5 francs. 11 i hiilrmt i .„, s. 413; Nouvd Itindraire portatif de la Grande-Bretagne, contenant I'Anp le- terre, PEcosse etl'Irlande, etc. red'ige d'apres Gary \ Manor, Taylor et Leigh , par L. Quetin , 2" edition in- 1 8, de 1 2 feuilles avec C carles, Paris 1829. Langlois. Prix : 6 IV. 414. Ireland illustrated. — Recueil de vues pittoresquesdc PIrlandc, graves sur acier d'apres les dessins original de Kirkhoffer, par Barlett , avec des >4S des i riptions hi loi iqncs el topographi- qaes, parM. Wright, in-4». / ondres, 1829. Fischer. .111. m 4 1 5. Travels in the north of Germany in the years I 825 and I 826. — Voyage dans le nonl de I'Allemagne . en t 825 el 1826; par Henry E. J)\\i;;t. New York. 1829; Cam ill. ln-8". Suisse. M6. 77/ p Alpenstock ,tXc. — Esqnisses dr niceurs et coutumes smsses ; par J.Latrobc. in-!i" , avec 4 planches. Londres, 1829, Seeley. § 2. ATLAS, CARTES GEO- GRAPHIOUES, ETC. 117. Alias maritime de Vancienne Amc'riaue Espagnole , par Cortes, amir:i I ore dune manicre complete le reseau hydrograpliique du nays. 11!). Kreiskartend s Kcenigreichs /■>■- hmen. — Cartes des cerclesdu royaume de Boheme: par le docteur Krcybich. Prague, 1826 el 1827. Enders. Sur les seize cartes qui doivenl i poser cctte collection , cinq sont pu bliees el ofTrent les cercles do Beraun Kacerim , Kceniggrsetz , llaknnii/ el S.iii/ . ellcs sonl dressees sur mi" dchelle d'apres laquelle un degre' dn meridien eejuivaut a i2 pouccs dc A ienne. 120. A map of die Yew England stati • etc. — Carte des dlats de laNouvelh An;;!( lone, dn Maine. do \ew-i'amp- shire. Vermont, "\1assai Impels. Rhode- Hand el Connecticut, avec les parties adjacentcs t\<- New-York ct dn Bas- Canada 5 par Nathan Hale. Boston, 1826. 121. 4 map of the States of Missouri and Illinois. — Carle des etats du Missouri el des Illinois ei du terrttoire d'Arkansas; parC. Browne et i ■'.. Bar- crost. Etats-Unit, I 827. 122. Carte der Europoeisclien Turkey, etc. — Carte do la Turquie d'Europe a\ ecu no par lie i\e r \ si<~ Vfineure : on 21 feuillcs, dressees d'aprcs les meilleurs documens, et dessiuee par le lieute- nant-colonel F. de Wciw; pnhlico par r<;lal major dn quanior-niailro. general a nlriehien. Milan, 1829. Trcizefeuillesde eette belle carte on I paru. La gravure en est nette el hril- lanlo. I.Yelielle est d'environ unelirme sour C.V> toiscs on 1. pi..,. „.,.. ...... B .... 565 , „0 noins lures el les rtoms anciens son< souvent inscrits en caracteres varies i cdte du nom grec moderne. Lesdouze premieresfeuil.'es publics, comprennent touie la partie septcntrionale jusqu i la hauteur de Corfouau slid. I. a fouille seizicme domic lede'troil des Dardan- nellos et eelui du liosphorc. 423. / new edition of the map <>/ Mexico. — Nouvelle edition do la carlo (lii Mexiqtte, indiquanl leslimitcs deselats rcccmmcnl organises. J'/iila- phie, 1826. S. M !NOH\()T, Agent de la Sociele ilr Geographie. EvEHATj Tmprinieur . rue dil Cndran , n 16. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO SO. — DECEMBRE 1 829. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. L'Astrolabf, a Vanikoro , par M. Dumont d'Urville , commandant V expedition de l'aslrolabe. Vingt mois et plus s'etaient ecoules depuis que V As- trolabe avait quitte les rives de la France. La corvette avait successivement promene son pavilion le long des cotes de la Nouvelle-Hollande , de la Nouvelle-Zelande, de la Nouvelle-Irlande , de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle-Guinee ; elle avait reconnu les dangereux archipels des Amis, des iles Viti, des iles Loyalty, tra- verse les Moluques et fait le tour de l'Australie, pour venir se replacer sur la scene de ses operations. 18 2 5o De nombreux obstacles, d'effrayans perils et de grands revers avaient signale notre navigation. Cependant rien n'avaitpu refroidir le zele de mes compagnons de voyage; leur devoument, leur enthousiasme pour la gloire de l'ex- pedition semblaient s'exalter en raison des dangers qui venaient se representer si souvent a leurs yeux et sous des formes si variees. Deja nos efforts avaient ete couronnes d'un succes si complct, que nous pouvions offrir a la Geographie et a la Navigation, la reconnaissance de pins de mille lieues des cotes les moins connues du globe, la position et les contours de plus de cent cinquante iles ou ilots, jusqu'alors tres - incorrectement signales, et dont cinquante a soixante n'avaient figure sur aucune carte. D'aussi grands resultats etaient bien capables de nous faire oublier les lerriblesepreuves auxquelles nous n'avions souvent ecbappe que par une sorte de prodige : certains d'a- voir bonorablement rempli notre mandat, nous eussions pu des-lors ramener en France notre equipage fatigue, avec l'espoir de recueillir les suffrages de nos compatriotes. Mais si nos pretentions, sous le rapport des conquetes scientifiques, etaient satisfaites, il manquait encore quel- que cliose a nos plus cliers desirs. Quelques mois avant le depart de I Astrolabe, le bruit avait couru que sur des iles nouvelles, situees entre la Nouvelle-Caledonie et la Louisiade, on avait trouve des traces irrecusables du naufrage de notre celebre et infor- tune La Perouse. De tout temps attentif a saisir les moin- dros Incurs d'esperance sur le sort de cet illustre naviga- a5i teur, leministre ni'avaitrecommandetoutes les recherches propres a conduire a quelque decouverte importante, et quiconque porte mi coeur francais doit deviner que ces recherches etaient devenues pour moi l'un des. plus inte- ressans objets de ma mission. Ce fut ce sentiment, non moins que le desir des decou- vertes, qui me porta si souvent a. exposer la corvette sur les cotes les plus dangereuses , malgre les circonstances les plus defavorables. En agissant ainsi, je courais le risque d'etre taxe de temerite ; mais je sentais qu'il m'etait impossible d'esperer quelque resultat de mes recherches, si je ne me maintenais a la distance neces- saire pour saisir des signaux faits sur le rivage, ou dis- tinguer les pirogues qui s'en detacheraient avec le des- sein de venir a la rencontre de la corvette. Toutefois je ne me dissimulais point qu'une heureuse circonstance pouvait seule me conduire a un but aussi desire. En effet, 1'amiral d'Entrecasteaux , malgre son courage et sa per- severance a suivre une marche semblable a la notre, n'avait point recueilli le fruit de ses longs efforts. II apercut de loin et fixa en position l'ile qui recelait les precieux debris qu'il cherchait , et mourut quelques jours apres, sans soupconner l'importance de sa decou- verte. Nous avions, en courant la meme chance que cet amiralyle desavantage d'avoir mis trente annees de plus entre cette grande infortune et Fepoque de notre voyage. Long-temps nos tentatives furent aussi infructueuses j vainement nos yeux , armes de lunettes, avaient inter- roge, avec une attention avide et continuelle, une foule de rivages inconnus aux Europeans. Yainement nos re- gards avaient epie les moindres mouveraens, les plus pe- tits indices qui eussent pu manifester la presence des Francais. Nous n'avions rien decouvert, rien entrevu qui put conduire a la moindre presomption tant soit peu fondee. L'intervalle qui separe la Nouvelle-Caledonie de la Louisiade, avait ete parcouru de maniere a ne laisser echapper aucune terre, et notre horizon avait ete con- stamment termine par les flots d'une nier orageuse. Decourage par I'inutiiite de nos recherches, 1'espoir qui s'etait d'abord glisse dans mon cceur, s'eu ctait retire par degres, pour faire place a ce sentiment vague de re- grets et de melancolie qui s'empare de l'imagination trom- pee dans une vive attente. Qu'on juge de l'emotion que je dus eprouver, quand les premiers mots que m'adressa lc pilote anglais qui nous conduisait au mouillage de IIobart-Town, se rappor- terent aux decouvertes de M. Dillon, sur les lies Vanikoro. La joie, la surprise et l'inquietude m'agitaient tour a tour, et j'attendais avec une impatience sans bornes le moment ou j'allais enfin me procurer, de la bouche des autorites de la Tasmanie, des renseignemens plus posi- tifs que les recits mutiles et incoherens de 1'honnete pilote. Je dois avouer que les reponses aux questions que j'a- dressai aux personnes les plus respectables de la colonic, furent loin de fixer mon incertitude : le capitaine Dillon ne leur avait inspire aucune confiance, et sa conduite -53 envers le docteur Tytlerlui avait entierement aliene l'opi- nion publique. Cependant il me parut impossible que ce marin eut pu controuver dans toute leur etendue des rapports aussi detailles que ceux qu'il avait donnes sur son premier voyage. Dans le doute, je pensai que l'hon- neur de la mission de V Astrolabe, que la gloire de la marine et meme de la nation franchise, exigeaient de moi la resolution d'aller sur les lieux memes constater l'exac- titude des recits du navigateur anglais. Des-lors je renoncai aux nouveaux projets de decou- verte que je meditais encore; et ne donnant pas une minute de plus de repos a l'equipage, je dirigeai V As- trolabe vers les parages de Vanikoro. Sans partager mon espoir, mes braves compagnons de voyage s'unirent avec joiea ma nouvelle entreprise ; ils oublierenttous lesmaux qu'ils avaient deja soulTerts, pour ne songer qu'aux nobles travaux qu'ils allaient encore entreprendre. Avant d'exposer I Astrolabe aux nouveaux dangers dont je ne me dissimulais point toute l'etendue , je vou- lus du moins assurer la conservation des materiaux que nous avions deja recueillis, et j'expediai de Hobart-Town en France, par une occasion sure, tous les doubles des cartes, des dessins et des collections zoologiques. Sur le point de succomber, nous eussions eu du moins la con- solation de penser que les fruits de nos efforts n'eussent point ete perdus pour notre pa trie ; cette idee eut adouci pour nous les horreurs d'un pareil moment. Pour la seconde fois, de la pointe refroidie de la Tas- manie, notre corvette s'avanca rapidement vers les cli- 254 mats brulans de la zone torride. Les huit cents lieues qui nous separaient, a Hobart-Town , du theatre de nos recherches , Parent bientot franchies; le 10 fevrier au soir, X Astrolabe cinglait paisiblement devanL Tikopia, ilot isole couvert de verdure, et qui, sur la vaste&tea- due des flots, semble un bouquet d'arbres jetes a l'aven- ture au milieu d'une immense prairie. Nos communications avec les naturels eurent bientot prouve que M. Dillon n'en avait point impose, et que ses relations etaient vraies, du moins quant au fait essentiel , savoir le naufrage de La Perouse et les vestiges qui en restaicnt encore a Vanikoro. J'eus le regret d'apprendre qu'enfin , apres de longues tergiversations, M. Dillon s'e- tait dirige vers ce point, qu'il y avait recueilli d'impor- tans debris, et qu'il nous avait prevenus dans l'objet de nos recherches. Cependant, je ne crus point que cette consideration put me dispenser de conduire la corvette a Vanikoro pour visiter File dans le plus grand detail , et nous procurer de nouveaux renseignemens. D'ailleurs, les honneurs funebres devaient etre rendus aux manes des infortunes qui perirent victimes de leur devouement sur les plages de Vanikoro, et il n'appartenait qu'a des Frau- ^ais de payer cette dette de la pa trie. Vainement je pressai le Prussien Butchert, dont les tr- eks de Dillon ont consacre le nom, de m'accompagner a Vanikoro pour me servir de guide ; la crainte dela fie\ro I'arreta. Le meme sentiment rendit. sourds a mes in- stances tous les naturels que je voulus persuader. Mon- trer la terre el. faire lessignes d'un homme mortctait leur 255 unique reponse. Je me decidai done a emmener deux ba- leiniers anglais deserteurs de leur batiment, qui residaient depuis ncuf mois a Tikopia, et dont Fun parlait passable- ment la langue de cette lie. Deja fatigues du regime die- tetique de ces bons sauvages, ils preferaient courir de nouveau les dangers et les fatigues dela mer, afin de par- ticiper aux ressources de la civilisation europeenne. Sur les indications des habitans de Tikopia, la cor- vette gouverna a l'O. N. O. ; quoique nous fussions singulierement contraries par les calmes, des le lende- niain, au coucher du soleil, les sommites de Vanikoro se montrerent aux bornes de l'horizon comme deux ou trois petites iles separes. A cet aspect, nos cceurs furent agites par un mouvement indefinissable d'esperance et de re- grets, de douleur et de satisfaction.... Enfin nous avions sous les yeux le point mysterieux qui avait cache si long- temps a la France, a l'Europe entiere, les restes d'une no-- ]jle et genereuse entreprise ; nous allions fouler ce funeste sol, interroger ses plages, et questionner ses habitans. Mais quel devait etre le resultat de nos efforts? Nous se- rait-il possible de mouiller notre corvette pres des terri- blesecueils de Vanikoro!. . Nous serait-il permis seulement de payer notre tribut de larmes a la memoire de nos mal- heureux compatriotes?... Telles etaient les tristes re- flexions qui nous laisserent plonges dans une morne re- verie.... Ce fut le 1 4 fevrier au matin que V Astrolabe parut sur la cote orientale de Vanikoro; ile haute, entierement re- vetue de sombres forets, et surmontee par des montagnes a56 dequatre a cinq cents toises de hauteur que couvre ha- bituellement une bande de nuages stationnes sur leurs flancs escarpes. Une chalne immense de brisans l'entoure de toutes parts et s'etend regulierement a plus d'une lieue de la cote. Cette formidable barriere menace d'un nau- frage imminent et completletemerairenavire quitenterait de s'en approclier : ce n'est qu'apres un long examen qu'on peut y reconnaitre quelques issues dont Faeces est accom- pagne des plus grands perils. Neanmoins, impatiens de francliir ce funeste obstacle, nous cherchames attentivement s'il ne nous serait pas pos- sible de penetrer au-dedans des recifs par quelque passe moins dangereuse que celle de Test , la seule qui nous pa- rut accessible. Semee de dangers, ouverte aux vents et a la houle du large; si la corvette eut touche en entrant, sa perte etait presque assuree. Gependant nos recherches furent inutiles, et nous ne pumes trouver d'autre entree que celle que nous redoutions. Des-lors le sort en fut jete : resolu a tout braver pour accomplir un devoir que je re- gardais comme sacre, je dirigeai la corvette vers le mouil- lage de la baie de Tevai ou elle fut effburchee entre les brisans le 20 fevrier au soir. Certes, dans cette baie ouverte, comme je l'ai deji dit, a lamer et aux vents d'est, notre position n'etaitnullemont rassurante; maisnousfermions tous lesyeuxsurlesdangers que nous pouvions courir, pour ne songer qu'aux pro jets qui nous occupaient. Les pensees d'un ordre superieur qui exaltaient notre imagination, ne nous permettaient point de faire attention a des considerations secondares. Des le lenderaaiu de notre arrivee, M. Gressien, avec plusieurs autres personnes de V Astrolabe, partit dans le grand canot et fit le tour entier de l'ile, interrogeant, au moyen de son interprete, lesnaturels des divers villages de la cote. Ses efforts furent inutiles, iln'obtintaucun indice satisfaisant sur le naufrage. Lesnaturels effrayes se refu- serent constamment a toute explication positive: :ugeant du caractere et des dispositions de leurs uouvd i hotes d'apres leurs propres moeurs, ils pensaient sans doute que nous n'etions venus que pour tirer sur eux une vengeance eclatante des attentats commis par leurs peres. M. Gressien s'etait du reste procure par echange quelques debris du naufrage, insignifians, il est vrai , mais suffisans pour at- tester le fait. D'un autre cote, par les questions reiterees que j'avais adressees aux naturels des villages voisins de notre mouil- lage, j avais acquis la certitude du naufrage etmeme plu- sieurs details assez positifs pour ne laisser aucun doute a cet egard. En consequence^ le 23, je renvoyai MM. Jac- quinot et Lottin aux informations de l'autre cote de l'ile. Deja ces Messieurs craignaient de voir aussi toutes leurs tentatives echouer contre le systeme de reticence adopte par ces sauvages, quand la vue d'un morceau d'etoffe rouge seduisit tellement un de ces hommes, qu'il s'offrit aussitot a conduire les Francais sur le lieu meme du nau- frage. Parvenus sur la partie du recif qui est vis-a-vis le vil- lage dePayou, nos compagnons, sur 1'indication du sau- vage, purent distinguer a une profondeur de douze a 258 quinze pieds et dissemines ca et la, des ancres, des ca- nons, des boulets, et surtout de nombreuses plaques de plomb. A ce spectacle, tous leurs doutes furent dissipes; ils resterent convaincus que les tristes debris qui frap- paient leurs yeux etaient les restes deplorables des navires de La Perouse. M. Jacquinot tenia vainement de soulever une des an- cres avec le grand canot; les coraux, qui depuis quarantc ans travaillaient tout a Ten tour, l'avaient fixee avec taut de force au fond, qu'on eut demoli le canot sans venir a bout de la retirer. Comme je tenais a remporter avec nous en Europe quelqu'un des precieux debris que nous venions de decouvrir, je me decidai a renvoyer la chaloupe elle- merae sur les recifs pour les en detacher. Je voulus mouiller la corvette dans un lieu plus sur. II me fallut pour cela la faire passer par un canal etroit, obstruede coraux, etsurlesbordsduquel lamer brisaitavec fureur. Gette manoauvre perilleuse nous couta deux jour- nees entieres des travaux les plus penibles : ce ne f'ut que le i mars au soir que nous nous vimes enfin mouilles dans un bassin entoure de terre de tous cotes, a l'abri des vents et de la mer. Desle lendemain, a trois heures et demie , la chaloupe et un autre canot furent expedies vers les recifs du nau- frage sous les ordres de MM. Gressien et Guilbcrt. Le pre- mier avait l'ordre de lever le plan des recifs, et de termi- miner celui de File; le second devait relever tout ce qu'il pourrait des debris dunaufrage. Ges deux olhciers reste- rent deux jours enticrs absens du bord ; et malgre le temps 259 qui les contraria, ils remplirent completement leur mis- sion. M. Gressien termina le plan detaille de Vanikoro, et M. Guilbert, apres de violens efforts qui firent celler 1'arriere de la cbaloupe, reussit a se procurer une ancre de 1, 800 livres, un canon court en fonte du calibre de 8 , deux pierriers, des boulets, des saumons, des plaques de plomb, etc. Tous mes compagnons paraissant desormais aussi bien convaincus que moi du sort funcste des fregates de M. de La Perouse , je leur communiquai le projet que j'avais concu d'elever a la memoire de nos infortunes compa- triotes un monument modeste, mais suffisant pour attes- ter notre passage a Vanikoro, nos efforts et l'amcrtume de nos regrets. Cette ouverture fut recue avec enthousiasme , et cba- cun voulut concourir a 1'erection du cenotapbe. Nous choisimes sa place an milieu d'une touffe de mangliers si- tues sur le recif qui environnait au nord le lieu de notre mouillage,et Ton travailla sur-le-cbamp a l'execution de ce projet. Depuis que nous etions arrives a Vanikoro, malgre Jes cbaleurs devorantes d'un soleil vertical , les observations de tout genre avaient ete poursuivies avec une activite sans bornes. Tous les regnes de la nature avaient etc inter- roges par nos natm'alistes, tandis que les officiers par- courant en tout sens les rades de Tevai et de Manevai en levaient les plans les plus detailles et les couvraient de sondes multiplies. En un mot nos travaux reunis sur cette ile de funeste memoire, suffisaient deja pour la fa ire connaitre sous tous les rapports possibles. a6o Nonobstant les peines de tout genre attachees a ces di- verses operations, un plein succes les avait couronnees. Personne n'avait souffert du sejour de VAstrolabek Vani- koroj deja meme nous commencions a rire des frayeurs du Prussien Butcliert et du peuple entier de Tikopia. Mais, au retour de la clialoupe, tout changea de face en peu de jours, et nous nous vimes bientot reduits aux plus tristes extremites. M. Gaimard qui s'etait devoue a passer seul avec Ham- bilton, notre interprete, six jours au milieu des sauvages de Nama et a leur discretion, dans l'espoir d'obtenir des renseignemens encore plus positifs sur le lieu du naufrage, revint a bord avec les symptomes d'une fie v re qui ne tarda pas a se declarer. Des le lendemain, je fus moi- meme attaque de cette triste maladie , et, en moins de huit jours, plus de vingt-cinq personnes furent enlevees par elle, au service du bord. Neanmoins les travaux du ce- notaphe se poursuivirent au point que le i4 mars il etait termine. Le meme jour i'inauguration eut lieu en pre- sence d'une partie de l'equipage descendu a terre pour assister a cette pieuse ceremonie. Un detacbement arme salua par trois fois le mausolee , tandis que les canons de la corvette faisaient retentir les montagnes de Vanikoro. Un silence religieux , un recueillcmeut solennel presi- derent au triste et tardif temoignage de regrets que des Francais donnaient a la memoire de leurs malheureux freres. Une circonstance douloureuse contribuait a rendre la ceremonie encore plus imposante. V Astrolabe , de- venue un lugubre hopital, rentermait deja plus de trente denos compagnons affaisses sous le poids de la maladie ; a6i tin sort semblable menacait les autres, et si le vent eut retarde notre depart, cette terre meurtriere devait, sui- vant toute apparence, nous servir de tombeau. Ainsi le cenotaphe que nous venions d'elever en Tbonneur des compagnons de La Perouse, pouvait aussi devenir le der- nier temoin dcs longues epreuves et du desastre de la nouvelle Astrolabe. Un temps aureus s'etait declare, des torrens de pluie se succederent regulierement chaque jour, et cette humi- dite perpetuelle, jointe a l'atmosphere embrasee de ces funestes lieux, fui'ent sans doute l'origine premiere de la maladie qui nous persecutait, en meme temps que l'in- Lemperie du ciel nous forgait a une inaction fatale. Enfm apres quatre jours des recberches les plus penibles et les plus fatigantes, M. Gressien parvint a decouvrir au nord de Vanikoro une passe susceptible de recevoir la corvette ,mais pourtant berissee de dangers. Le 17 mars, avec un temps incertain, des grains et une brise variable, nous nous basardames enfin par ce pas- sage difficile. Entreprise critique et decisive pour le sort de Fexpedition Je vis plusieurs fois l'instant ou la corvette, en trainee sur les brisans qui bordaient ce canal etroit et sinueux, a!lait s'y briser en quelques minutes, et abandonner le petit nombre de malbeureux qui eussent ecbappe au naufrage, a la ferocite des peuples les plus sauvages et les plus degoutans de la Polynesie. Accable par la fievre, je pouvais a peine me soutenir pour com- mander la manoeuvre ; mais je dus beaucoup a l'activite desofficiers qui me secondaient, surtout au courage, au 262 .sang-froid et a rhabilete avec laquelle M. Gressien me servit de pilote dans eette memorable circonstance. II etait grand temps sans donte de nous ecliapper de Vanikoro. Deja la lievre aval), mis quarante-cinq per- sonnes hors de service. Quelques jours de plus, toute espece de manoeuvre nous devenait impossible. La veille meme de notre depart, a la suite d'un mouvemeut que je voulus faire , la corvette se trouva entrainee a peu de distance des brisans : faute de bras , je fus oblige de Tes- ter toute la nuit dans cette position et d'attendre que le vent eut change. Notre extreme faiblessc avait en outre enhardi les sau- vages a tcl point, qu'ils con^urent l'audacieux projet de nous enlever. Le jour meme du depart, ils vinrent visiter le navire, munis\le leurs seules armes, examinerent avec attention le petit nombre des hommes qui restaient va- lides, et semblaient preluder a leur attaque. Leurs corn- plots n'echapperent point a notre vigilance. D'un ton ferme et severe, je leur fis defendre 1'acces du bord , et je fis ouvrir la salle d'armes , d'ordinaire soigneusement fermee. L'aspect de vingt mousquets etincelans, dont ils connaissaient la puissance, les lit tressaillir et nous de- livra de leur presence. II est essentiel de maiuLenir ces naturels grossiers ct stupides par la seule terreur des amies; elle est presque toujours plus salutaire que leur effet meme. La vue seule d'un pistolet fera i'uir vingl sau- vages, tandis quils seront capables de se ruer conime des betes fauves sur une troupe entiere qui viendrait de faire feu sur eux. 263 Le groupe de Vanikoro se compose surtout de deux grandes iles d'inegale etendue, tres-rapprocbees Tune de l'autre et entourees de toutes parts d'une immense reeif de trente a quarante mille de circuit ; en outre deux ou trois dots beaucoup plus petits se trouvent dissembles dans la meme enceinte. Ces lies forment une espece de transition de l'archipel de Santa-Cruz a celui des terres du Saint-Esprit, situees a quelque distance au Sud. Le peuple qui les habite appartient a la meme race noire oceanienne, pauvre, cbelive, sale, degoiitante et natu- rellement dans des dispositions bostiles contre les Euro- peans. On ne retrouve chez ce peuple aucune trace de cette bienveillance , de cette hospitalite qui caracterise plusieurs des tribus vraiment poiynesiennes, telles que celles qui habitent dans les iles de la Societe, des Amis, llotouma , Tikopia, etc. Les naturels de Vanikoro don- nerent a notre arrivee les signes les moins equivoques d'une extreme defiance; malgre les amities etles cadeaux que nous leur fimes, nous ne pumes jamais la dissiper en- entierement. Aussi, comme on vient de le voir, nous ma- nifesterent-ils a notre depart les intentions les plus mal- veillantes. On ne peut guere dourer que les malheureux Frangais qui echapperent au naufrage des fregates n'aient eu beau- coup a souffrir de la fureur et de la cupidite de ces bar- bares, comme de l'influence meurtriere du climat. Malgre leurs reticences perpetuelles, les naturels qui repondirent a nos questions reiterees, avouerent qu'il y avait eu des combats entre les etrangers et eux, et qu'un certain nombre de personnes avait peri des deux cotes. af>4 La version la plus probable que j'aie pu recueillir de la boucbe de ces etres bornes et peu intelligens, serait qu'il y a quarante ans environ une des fregates aurait touche, dans une nuit tres-orageuse, contre les brisans au sud de File. La, exposee a toute la fureur des vents et des flots, elle aurait promptement coule et tout aurait peri, corps et biens, sauf un canot monte par une tren- taine de blancs qui aborderent a la cote voisine. Le len- demain l'autre batiment se serait echoue sous le vent de File dans un lieu plus calme et a l'abri du vent , oii il se- rait reste long-temps en place. Ceux qui le montaient auraient descendu pres du village de Payou, et, reunis aux Francais de l'autre fregate , ils auraient construit un petit navire des debris du grand, et auraient quitte Vani- koro au bout de sept a huit lunes. Depnis cette epoque on n'aurait plus entendu parler d'eux. Si ce recit est vrai, comme tout porte a le croire, les malheureux qui ont echappe aux combats et aux maladies auront tente de prendre la route des Moluques ou des iles Philippines, et il y a lieu de supposer que leur nouveau navire se sera perdu sur les cotes perilleuses des iles Sa- lomon , alors presque entierement inconnues, aujourd'hui meme tres-imparfaitcment explorees. Un jour, et cc jour n'est peut-etre pas eloigne , un hasard heureux, scmblable a celui qui s'oflfrit a M. Dillon, nous fera connaitre le theatre de ce dernier desastre; mais le malheur veut que ces parages soient occupes par des peuples presque aussi sauvages que ceux de Vanikoro, aussi peu susceptibles qu'eux de compatir aux maux et de respecter la vie des inf'ortunes que le naufrage livre cntre leurs mains. 265 Quant a nous , echappes comme par miracle aux rccifs de Vanikoro, nous cherchames quelque temps a regagner les plages hospilalieres de Port-Jackson pour donner a nos malades des secours et les moyens de se retablir. Des vents forces du S. E. et du S. S. E., accompagnes d'un temps affreux, nous forcerent de renoncer a ce projet et de nous diriger vers les Mariannes , lieux deja chers aux marins francais, par l'accueil genereux qu'ils avaient of- fert a M. le capitaine Freycinet et a ses compagnons de voyage. Durant cepenible trajet, que le calme et des brises contraires rendirent d'une longueur desolante, notre cor- vette offrait Fetat le plus deplorable. La fievre avait suc- cessivement saisi toutes les personnes de l'equipage. Capi- taine, officiers, medecins, maitres, marins etsoldats, tous, liormis liuit a dix personnes , avaient paye le tribut a 1'im- pitoyable maladie. Les uns, pales, aiFaiblis et fatigues de 1' existence, employaientun reste de force a se trainer d'un bout du navire a l'autre pour distraire un moment leur ennui et cherclier quelque soulagement a leurs maux. D'autres, pai'venus au dernier degre d'affaiblissement , restaient etendus sans mouvement la ou on les transpor- tait, heureux du moins que l'exces du mal leur otat en partie le sentiment de leurs souffrances. L' Astrolabe qui, peu de jours encore auparavant, n'offrait qu'une reunion d'individus satisfaits et jouissant de la sante la plus flo- rissante , avait ete convei^tie par le sejour de Vanikoro en une infirmerie oii le petit nombre des hommes bien por- tans ne semblaient etre que les gardiens des malades et dv?. invalides. to 266 Voila les tristes auspices sons lesquels nous poursui- vimes noire longuc navigation, tout en operant encore d'nnportantes reconnaissances el des decouverlos dans les archipels des Carolines , dans les iles des Papoux et des Mpluques. Implacable a nous tourmenter, la fievre resisla a tous les efforts;, a tous les soins des medecins; elle nous poursuivit dans le reste de notre campagne, et six mois apres notre depart de Vanikoro, a notre arrivee a l'lle-de- F ranee, plus de vingt-cinq pcrsonnes etaient en proie a de \iolens acces. Aux Moluques, la dyssenterie, plus im- pitoyable encore, avait joint ses ravages a ceux de la fievre, et ravi en peu de temps liuit homraes a l'equipage de la corvette. En quittant Bourbon, nous fumes obliges de laisser a I'hopital douze malades a qui leur etat ne per- mettait pas de nous suivre sans compromettre leur exis- tence. Maintenant qu'il me soit permis, Messieurs, de rendre devant vous un temoignage authentique et sincere de re- connaissance et presque d'admiration aux officiers et aux naturalistes qui ont partage avec moi les dangers de cello campagne. Cent fois j'exposai leurs jours a une perte presque assuree : pcut-etre meme ai-jc couru, dans l'ar- deur de men zele, le risque d'etre (axe d'une imprudence poussee jusqu'a la ternerite, mais j'avais pour excuse et pour garant l'admirable Constance et le devouement hr- ro'ique de mes compagnons. Cependanl , mis chaque jour a tant de cruelles epreuves , ce devouement aurai t pu se lasser ou se refroidir. Mais non , il repondit a mon attente, il triomplia de tousles obstacles sans jamais faire entendre un 367 reproche, une plainte, pas merae l'ombre d'un regret. Aux temps les plus desastreux, comme aux jours les plus brillans de la campagne, l'activite , 1'enthousiasmc de ces dignes marins se soutinrent avec une egale energie, Meme lorsque je n'attendais plus que la mine complete de toutes nos esperances , lorsque notre salut ne tenait plus qu'a un fil, les recherches, les observations se poursuivaient avec autant d' exactitude et d'assiduite que dans les momens de calme et de securite. Un honime etranger a notre po- sition n'aurait jamais pu soup^onner, en voyant nos tra- vaux, qu'il ne fallait qu'un instant pour les aneantir, et, detruire avec eux toute espece de vestige de notre expe- dition Mais qu'on me passe cette reflexion sans l'attri- buer a un exces d'orgueil national, c'est un des privileges du caractere des officiers francais de jouer avec les ob- stacles qu'on leur oppose, et de grandir en face du danger present — Quand un capitaine a pu s'entourer de compa- gnons tels que ceux que j'avais le bonheur de posseder, il n'est rien qu'il ne puisse entreprendre , rien qu'il ne puisse executer. Considerations geograpliiques et statistiques sur Vile de Cuba. Don Ramon de la Sagra, dans ses Annates, donne, sous le titre de topographie , un apercu rapide , mais incomplet , des di- vers territoires, districts ou arrondissemens qui divisent Tile, et que dans le pays on appelle partido. Nous les croyons cependant assez importantes pour meriter d'etre reproduites ici; ce sont : a 68 I ° Terrltoire on partldo de Guar a. Lc Pueblo (i) de Guara, a dix lieucs (2) de la capitale, est situe sur un bas-fond, oil coule de l'ouest a Test la riviere de ce nom, qui, a l'epoquc des grandes eaux , interrompt la communication d'une rive a I'autre. Le territoire de Guara n1a guere plus dune lieue carr^e d'eten- due , el renferme 3 cafeyeres ou cafeiries ; 7 sucrerics ou planta- tions de sucre; 7 polreros (3) (prairies); 70 maisons de paysans ; 1,000 individus blancs des deux sexes; 200 individus de couleur, libres; 1,000 individus esclaves. Cette surface est presque pari out couverte de portions de terre, soit noire , soit coloree , et particulieremenl propre a la culture de la canne a sucre; Tune (la terre noire) pendant la froide saison; I'autre ( la terre coloree ) pendant la saison des pluies. Le riz et le maYs formentla nourriture principale des habitans; et la premiere de ces substances alimentaires reussit tellement bien , qu'elle rend jusqu'a i5o pour cent. Ici, comme dans loute 1'ile, oil il y a des cultures , on fait venir les racines farineuses , telles que le manioc, leyuca, Vigname; la malanga et le platane reussissent merveilleu- sement. Le sol, susceptible de recevoir avec succes les cultures des deux mondes, produit, entre autres, le melon d'Espagne, le melon d'eau, le haricot , le concombre , le pois-chiche , le pais de Valence et plu- sieurs jardinages , que les babitans affectionnent pen. Apres tout, le seul produit qui merile une attention pai liculiere, c'est la canne a sucre, dont on lirerait de plus grands avantages si l'on voulait secouer le joug des vieilles routines, pour adopter les ameliorations connues en agriculture; inais le teiiq>s les introduira (1) Ville ou bourg. ('i) Lieue de 5, 000 vares de Cnstille. (3) Pare ou enclos pour renlreticn dc.i hestiaux. a69 insensiblemenl. Ce qui n'empe'che pas qu'une cuballeria (i) de terre, soit noire, soit coloree , travaillee en temps propice, favo risee par la temperature et ensemencee de canne a sucre, dans les conditions voulues , nc puisse produire pendant les cinq premieres annees, a la premiere coupe, de 2,000 a 2,5oo pains; a la se- conde, 3, 000 pains, et a la dernicre, de 3, 000 a3,5oopains, que Ton appelle de svca. Ce partido ou territoire abonde en excellentes betes a cornes ; et les bons paturages finiront par y faire prosperer aussi le betail a laine. L'education des bestiaux devrait etre d'autaut plus encou- ragce, qu'ils fourniraient un aliment salutaire aux habitans , qui se nourrissent de viandes salees aclietees a Buenos Ayres et ail- leurs. La consommation de la cbair de pore y est egaleraent considerable. Comme dans toute la Guara on ne trouve ni montagnes ni ri- vieres tres-chargees d'eau , ni sources ou fontaines , les puits et les lagunes viennent au secours de I'homme. Quant a la terre , elle n'est arrosee que par les pluies. Les seules montagnes que la vue puisse atteindre dans lhorizon sont celles de Nmno et de Rui. Le desir de faire de fortes recoltes et la necessite de couper les terrains pour les plantations de Cannes, d'une part, et les potreros, de Fautre , onl fait disparattre les bois qui couvraient les 420 ca- ballerias de ce territoire. Les principaux produits du sol consistent en sucre, dont on peut recolter annuellement de 5, 000 a 5,5oo caisses (de 16 arro- bes (2);) En cafe , 3 a 4, 000 quintaux; En lahac , dont on peut planter de n a i3,ooo pieds par ca- balleria ; { 1 ) j-i '/» acres. (j) I.'airolie e'gale k*i livrcs. 27° En yuca, dont la meme mesure de terre peut fournir jusqu'a 2,000 arrobes par an. Jusqu'ici il n'a tite decouvert dans le pariido de Guara aucun mineral digne de quelque attention. 20 Terriloire ou pariido dc Guanabo. Ce district ou pariido est situe a Test de la Havane et a cinq lieues de la capitale , en suivant la cole vers le nord. La juridic- tion ecclesiastique a la meme etendue que la juridiclion civile, c'est- a-dire, trois lieues du nord au sud , et quatre lieues de Test a l'ouest. On peut le diviser en deux parties. La premiere comprend les arrondissemens de Guanabo et de Giquiabo , les ancienncs possessions de la Murrive et de Bartolome , et Garcia et les domaines royaux de la cote , depuis Boca-Ciega jus- qu'a Jaruco. L'autre est limitrophe, par TO. , au district de Guanabocoa ; par le S.-O, a Tapaste ; par le S.-S.-E. a Jaruco ; et par l'E. , a I\io-Blanco. Les terrains places entre la cote et les collines qui traversent le Guanabo, en longeanl cclles qui fonnent la crete de la Cabana , sont de mauvaise qualite et desseches par l'absence de pluies, de sources et de ruisseaux. En revanche, les terres du midi sont bonnes, quoiqu'elles soient peu arrosees paries eaux pluviales que retiennent les montagnes de la Pita. Quant aux terres noires , qui ont jusqu'a deux vares d'epaisseur, elles reposent sur un fond de sable riipandu sur plusieurs portions dun terrain aride, ingrat, et ou Ion voit a nu des rochers qui semblenl annonccr la presence de substances minerales. Outre un grand nombre de ruisseaux qui arrosent les bons ter- rains au nord de la Pita, on compte cinq rivieres, tclles que la Juslizia, auN.-O., le Guanabo, la Pita et le Giquiabo au centre, et le Jaruco a l'Est. La premiere n'estd'aucuneutilite dans les interets du pays ; le Guanabo , qui se grossit des ruisseaux dc Twotino et A' At- 27* tolu-Galinas , serail navigable jusqu'a la ville pour tie petites em- barcations, si sou embouchure n'elait pas obslruee par les sables jju'y depose une mer agitee par les vents impetueux du N.-E. Le Giquiabo, apres avoir recu les eaux de San-Luis, de la Vega, du Lindero et du Charco de Naranjo , va sunir au Jaruco ; au point de jonction il forme le port du nom de cette derniere riviere. A une lieue de la ville, les eaux de la Pita et du Guanabo se confondenl en une petite riviere navigable pour des barques legeres ; enfin la Justizia se jette dans Boca-Ciega , apres avoir alimente de ses eaux sept lagunes. Sur la rote , depuis le fond de la baie du Rincon jusqu'a l'embou- chure du Tarara , dans un espace de cinq lieues, on trouve trois lagunes bourbeuses siluees sur la plage meme du Rincon, lagunes auxquelles on donne une lieue d'elendue. La lagune de Macao, qu'alimente la Tarara, a2,5oo vares dans sa plus grande longueur, et 70 vares dans sa moindre etendue. Sur ces masses d'eau volligent une foule d'oiseaux de passage ; elles abondent en poissons d'eaux douce et salce ; des ca'imans arrivent aussi jusque dans ces parages , et s'y fixent. En general , les pluies tombent dans ce territoire d'une maniere iniermiltente; ici, elles viennent en septembre el octobre; la en avril et mai ; elles se succedent de telle sorle, qu'il y a rarement sur un point trois moisde secberesse continue. Les vents les plus frequens sont : i° les brises qui , amenant les pluies d'ele , repandent 1'abondance ; 20 les vents de S.-E., qui, alternant avec les brises , produisent des averses accompagnees dorages; et 3J les vents de N.-O. etN.-N.-E. , tres-pluvieux en hiver. Malheureusement les averses doctobre sont quelquefois si excessives , qu'elles engloutissent les semailles des terrains bas. Les principales cultures de ce district sont la canne a sucre , le mas et le cafe. On y cultive aussi, mais en petiles quanlites, le haricot, le riz, la patate, Yail , Yoignon, le tabac et les racincs alimentaires com- munes a cetle region. On comptait, en 1826, dans ce parlido , 18 sucreries, 3 ca- feyeres, 4 putreros , qui out produit 160, 3oo pains de Sucre ct4, 000 arrobes de cafe, A ces plantations et potreros sont employes 3, 000 esclaves dans la proportion qui suit: sur 100 esclavcs, ndi\>idus. Les cbangemens atmospberiques sont si spontanes que le corps resiste difficilement a un passage si subit du sec a 1'homide. 279 Aussi le climat de Hie ne permet-il point aux habitans d'avoir le teint blanc rose si commun en Europe ; la secretion de la bile est si abondante qu'elle finit par teindre le blanc de l'oeil; la transpiration continue d^bilite tellement le corps que les forces vitales perdent une grande partie de leur activite et elle occasione une grande apatbie pour le travail; ce qui fait dire aux gens de Tart que les fonc- lions digestives sonl en raison inverse des fo actions de la sensibilite. Don R. de laSagra consacre un tres-long article surles maladies qui regnent a Alquizar et sur l'bygiene qu'il veut que Ton observe. 11 suffira ici d'indiquer les trois classes dans lesquelles il range les maladies les plus communes. Dans la premiere sont placees les maladies qui sont propres au pays ou endemiques. Dans la seconde, celles qui dependent de quelques alterations passageres dans l'air ou dans Teau et qui sont epidemiques. Dans la troisieme, celles qui, venant de payseloignessedevelop- pent dans celui-ci; il donne a celles-ci le nom de maladies ext — tiques. II se propose de parler plus tard de certaines affections qui cor.- siddrees tant6t comme endemiques, tantot comme epidemiques, proviennent a son avis de causes bien differentes ; mais la nature de re rccueil ne nous permet point d'entrer dans ce detail. Signe B'1 Huber. a8o DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. Proces-T erbaux :des Seances de la Commission centrale. Seance du 6 Novembre 1820. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le colonel Doyle , a Londres , adresse ses remercimens a la Societe qui l'a admis au nombre de ses membres. La Societe asiatique de Calcutta remercie la Societe dc Geo- graphic de l'envoi du recueil de ses memoires. M. le chevalier Graberg de Ilemso adresse a la Societe une analyse du deuxieme volume du recueil de ses memoires, qu'il a fait inserer dans VArdologia, n° io4, journal public: a Florence; il joint a cet envoi deux articles sur le commerce de Tripoli d'A- frique et sur ses rapports avec celui de l'ltalie. La commission vote des remercimens a l'auteur et ordonnc le depot des ouvrages a la bibliotheque. M. Marc Jodot ecrit a la Societe pour lui offrir un exemplairc de la carte industrielle du departement du Nord, qu'il vient de publier. La Commission centrale invite M. Bottin a examiner cette carte et a lui en rendre compte. Le meme menibre adresse a la Societe un exemplairc d'un ta- bleau qu'il vient aussi de publier, presentant les mouvemens gra- phiques de la population (\c la ville de Paris dans les 17° i8c et iqe siecles. C-e travail est compose dapres la statislique publiee par M„ le comte de Chabrol. Remercimens et depot de ces ouvrages a la bibliotheque. M. Jump fail hommage a la Societe d'un ouvrage qu'il vient de l»ublier sous le titre de : Application des globes a la trigonometric spherique el a divers calculs d'aslronomie et de geographic »8 201 Ce traits sert a cxpliquer une invention faite par l'auteur ct ap- prouvee par la Commission centrale dans sa seance du 3 juil- let 1829, sur la proposition de M. le chevalier Bonne. M. Jouannin lit un fragment du journal de 1'excursion qu'd a faite dans la Bilhynie, durant l'automne de 1825. M. de laPylaie fail une communication relative aux limitesentre les Agnotes et les Corisopites ou Corisopilenses, c'est-a-dire les peuples de Quimper. II donne quelques details sur la splendour de 1'ancicnne ville de Tolente , et la disparition totale de ses vestiges. II promet de nouvelles communications sur les autres peuples de l'Ossismie. La commission centrale fixe le jour de 1'assemblee generate an- nuelle de la Sociele au vendredi 11 decembre prochain. Seance du 20 novembrc. Le proces-verbal de la seance du 6 novembre est lu et adople-. M. le chevalier d'Abrahamson. aide-de-camp de S. M. le roi de Danemark, present a la seance, depose sur le bureau les trois dernieres cartes de son Atlas de Danenuirk par bailliages. M. le president lui adresse les remerchnens de la Societe. M. le baron de Capellen adresse une relation officielle etdelail- lee du tremblement de terre qui bouleversa , en 1822, une des parties les plus fertiles de File de Java ; il joint a cet envoi un plan topographique des contrecs ou Teruption eut lieu. La commission vote des remerchnens a M. de Capellen , ct renvoie la notice et la carte au comite du Bulletin. (Voyez le Bulle- tin n° 79, premiere section, page 201.) M. le capitaine Sabine adresse une notice sur les observations recentes faites par M. Hansteen , en Siberie, sur lintensite du magnetisme terrestre , et sur celles qu'il a faites lui-meme en di- verses parties du monde sur ce sujet important, qui se rattache aux sciences geographiques. Remerchnens et renvoi du me'moire a M. le colonel Bonne pour en ren^lrc comple. 20 ^82 M. Jomaid communique deux lettres , l'une do M. C. Morcau , et raulre de M. John Barrow, contenant des renseignemens sur un planisphere qui se trouve au Musee brilannique, et qui est une copie Ires-exacle de la mappe de Fra Mauro, peinte en i^Sg dans l'eglise de Saint-Michel de Murano, a Venise. Remercimens et renvoi de cetle interessante communication au coniite du Bulletin. (Voyez le Bulletin n° yg , pag. 222 a 225.) M. le president annonce que M. Dard, auteur du Dictionnaire fruncais-TVolof-el-Bambara, et de la Grammaire JVolofe, est sur le point de partir pour TAmerique centrale, 011 il a le projet de s'etablir. Dcsirant se rendre utile a la science, M. Dard fait a la Socicte des offres de service , et sollicile ses instructions. M. Warden veut bien se charger d'adresser a M. Dard quelques questions sur les pays qu'il doit visiter. M. Barbie du Bocage communique une note officielle de la di- vision du Bresil en dix-huit provinces, extraite du budget presente" augouvernement pour lannee i83o. Renvoi aucomitc du Bullelin. {Voyez troisieme section , page 327O Apres la lecture d'une lettre de M. Duperrey, M. le baron Co- quebert-Montbret offre de rendre comple du voyage de M. le ca- piiaine Kolff, dans les parties peu connues des Moluques. M. Bottin fait un rapport sur le projet de statistique du depar- tement de l'Ariege, par M. d'Espaignol. La seance est terminec par la leclure de la relation du tremblc- mciit de terre de Java, annoncce prece'demment. §2. Admissions, Outrages ojferls , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCJETE. Seance du G uovembre. M. Kogine, lieutenant dans les armdes de S. M. 1'empcrcui de Russie , et M. Antoine-Ernest Boizot sont adrnis dans la Societesur la proposition de MM. Ansari , Girard , Sueur Merlin et Warden. \ 283 OUVRAGES OFFERTS A LA. SOCIETE. Seance du 6 hocemhre. Par M. Jodot : Carte induslrielledu department duNord ; Paris , 1829. 2 feuilles. — ISiouvemens graphiques de la population de la villc de Paris, dans les iye, i8e et igc siecles; Paris, 1829. 1 feuille. Par la Sociele royale des Sciences et Arts de Lille : Memoires de cetle sociele, 2esemeslreAe 1827 etannee 1828. Lille 1829.1 vol.in-8°. Par M. John Jump : Application des globes a la trigonometric spherique el d divers calculs d astronomic etde geographic. ; Paris, 1820,. 1 vol. in-8°. Par M. Gide : Nouvelles Annates des Voyages; cahier d'oclobre. ParM. ArlhusBertrand : Bibliotheque physico-economiquc , cahier d'octohre. Par M. Graherg de Hemso : Analyse du tome 2 du recueil des memoires de. la Societe de geographic Brochure in-8°. — Prospeito del commercio di Tripoli d'AJrica e delle sue relazioni con quello dell' Italia. 1 hrochure in-8°. Par M. L. Marcus : Notice sur V epoquc de V ctablisscment des Juifs dans I'Abyssinie. 1 brochure in -8°. Par la Sociele Asiatique : Noiweau journal asialique , cahiers dc juin et juillct. Par la Societe de la Morale chretienne,nos 7get8ode son journal. Seance du 20 novembre. Par Mme Malte-Brun : Precis de geographic unhcrselle on des- cription de ioutes les parties du monde , par M. Malte-Brun. Tome "VIII. Description de l'Europe meridionale. Paris, 1829. Par M. Fontanier : Voyages en Orient , entrepris par ordrc du gouvernement franpais , de Vannee 1821 ul'annee 1829, 01 nc's de fi- gures et d'unc carle. Par V. Fonlanier. Paris, 1829. 1 vol. in-8°. ParM. Ansart : Journal des voyages ; cahier d'octohre. q8.; Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geograp/u'qucs , caliier de seplcmbre. Par M. Jullien : Revue cncychpcdiqne, cahier d'octobre. Par M. Bajot : Annates mardinies et coloniales, caliiers de septem- bre et oclobre. Par M. Arthus-Bertrand : Bibliotheque pl/ysico-economi'que , ca- hier de novembre. Par la Sooiete des Methodes d'enseignement : Journal de cette Sociele , numero 20e. Par le Directeur du Globe : plusieurs numeros de ce journal. Vroces-V erbal de T Assemblee generate du n decembre 182a. M. lc baron Hyde deNeuville, president ti tula ire de la societe, occupe le fauteuil et ouvre la ^seance a huit heures du soir, dans une des salles de l'Hdtel-de-vdle. II rappelle , dans un discours interrompu a diverses re- prises par les applaudissemens d'un auditoire nombreux et choisi, les orages de sa vie politique qui l'ont conduit dans les contrees lointaines et sous la hutte du sauvage , 011 il a ete a portee d' observer de pres cet honnne que nous nommons l'hoinme de la nature, qu'on peut en ge- neral peindre d'un seul trait en disant qu'il est sans pitie pour la compagne de sa vie; et il developpe d'une ma- niere brillante cette these : que la veritable nature, celle qui repond aux fins du createur, e'est la civilisation. M. le president expose ensuite avee rapidite les services rendus par la geographic, ses progres, ses conquetes; elle ne s'arrete plus a la simple description de la terre , elle cherchc a pnnetrer tous ses mysteres, a calculer, a ex- 385 pliquer ses divers phenomenes. Autrefois, la geographic ne devait le plus souvent son avancement qu'a l'ambition des conquerans, qu'a la soif de l'or : aujourd'hui, aucon- traire, des interets plus nobles dirigent 1'esprit humain. C'est le desir de propager le cliristianisme et la civilisa- tion , d'etendre le domaine des sciences , qui fait entre- prendre les voyages les plus perilleux. C'est aux voya- geurs, aux missionnaires modernes , animes seulement par l'amour du bien, par le zele ardent pour les decou- vertes geographiques, que l'on doit, et la connaissance de la Polynesie, et la revolution morale qui s'est operee, comme par enchantement, parmi les habitans de ces ar- cliipels , qui gemissaient encore il y a dix annees sous le joug sanglant de la plus absurde idolatrie. Honneur a ces modestes missionnaires dont on connait a peine le nom ; bonneur aux Cook, aux la P6rouse , aux Freycinct, aux Duperrey, aux d'Urville , aux Gaillie, au major Laing et a tant d'autres, la gloire de lenr pa trie! Apres avoir suivi dans son developpement cetfc auxi- liaire si utile de la geographic, la navigation, sans la- quelle les eflbrts de l'esprit humain seraient impuissaus , quanta la connaissance parfaite du globe, 1'orateur parle avec interet de la marine royale de France, des voyages de circum-navigation executes par elJe, et des brillans re- sultats qu'elle a obtenus. 11 rend hommage aux connais- sances varices et profoudes, a 1'humanite eclairee de ce vertueux Louis XVI qui rcdigea lui-meme les instruc- tions de La Perousc, et qui lui prescrivit, non-seulemen/ de traiter avec bonte et douceur les peuples sauvages 286 qu'il visiterait , mais de chetcher a ameliorer leur sort , en procurant a leur pays les legumes, les fruits, les ar- bres utiles d'Europe, en leur enseignant la manierc deles semer et de les cultiver. M. de Neuville fait des voeux pour qu'a l'avenir les instructions de ce monarque d'au- guste ct douloureuse memoire, soient religieusement exe- cutives par nos batimens charges d'explorer la terre, et qu'ils embarquent a leur bord de grandes et petites char- rues, des sentences cereales et les differentes especes de graines d'une culture aisee. M. le president termine son discours en retracant les progres immenses que le depot des cartes et plans de la marine a fait faire a l'hydrogra- phie , et en consacrant quelques lignes au savant modeste, au parfait homme de bien, a. M. le contre-amiral de Ros- sel, qui dirigeait encore il y a peu de jours, ce bel eta- blissement, , et dont la mort recente est un sujet de deuil pour la societe de geographic et pour tous les amis des sciences. M. de La Roquette, secretaire de la societe, donne lecture du proces-verbal de la derniere seance; la redac- tion en est adoptee. On passe ensuite a la lecture de la correspondance : M. le capitaine de fregate Duperrey fait hommage a la societe del' Atlas hydrograpliique du voyage execute par lui sur la corvette de S. M., la CoquUle • et d'un travail qu'il vient de terminer, et qui consiste a faire connaitre la configuration de Yequateur magnetique , telle qu'elle resulte des observations de l'inclinaison de l'aiguille ai- mantee qu'il a fait.es dans l'ocean Atlautique, dans le grand 287 ocean e l'un d'eux , le n° 1, ayant pour auteur 2g5 M. Lepeudry, eL pour sujet le nivellement du cours de la riviere de l'Aisne, entre Evergincourt etl'Oise, a merite vos suffrages. Aux differens prix que vous aviez deja proposes, et qui sont restes sur votre programme, vous en avez ajoute un d'une haute importance geographique : il est destine au premier voyageur qui sera parvenu jusqu'au lieu designe sur les cartes d'Afrique sous le nom de Marawi. On de- mande a ce voyageur des observations precises. La sont de grands perils a affronter et de grandes conquetes a faire: ne desesperons pas qu'un de nos compatriotes n'accom- plisse cette taclie difficile. La France est en veine de bonheur ; quand on a penetre dans Tembouctou, on ne compte plus avec les obstacles ; et les points les moins accessibles de 1'Afrique semblent appartenir a la coura- geuse perseverance. A ce nom de Tembouctou, qui s'associe intimement avec celui de M. Caille, s'eveille votre impatiente cu- riosite ; elle sera bientut satisfaite. Le recit de ce coura- geux explorateur est sur le point de paraitre. Encore quel- ques joui'S, et vous pourrez traverser 1'Afrique avec lui, et le suivre sur un sol que le pied de I'Europeen n'a point encore foule. Terre et peuples, mceurs et langage, beaucoup de clioses seront nouvelles dans ce voyage, qui reunit l'attrait du merveilleux a 1'interet de la science. Cette derniere n'est point oubliee. Le recit de M. Caille est accornpagne de notes qui servent a eclaircir plus d'une difficulte ; elles sont dues a M. Jomard, qui a fait de 1'Afrique 1'objet (rune etude speciale. a96 D'autres contrees musulmanes d'un acces plus facile ontete explorees par plusieurs de nos collegues : M. Rif- laud a long-temps babite et parcouru l'Egypte et la Nubie dans un but scientifique ; il a suivi les bords du Nil depuis son embouchure jusqu'au dessus de la seconde cataracte; il a sejourne sur les cotes de la mer Rouge, et explore le desert qui borde des deux coles le Delia et le bassin de la Tbebaide. La, semblent inepuisables les ri- cbesses de la nature et les restes d'une civilisation qui touclie aux premiers ages. Aussi les abondantes recoltes, faites par d'habiles voyageurs, et,surtout par cette im- mortelle expedition d'Egypte, l'bonneur de la France, n'ont pas empeche M. Rifiaud de reunir les materiaux d'un grand ouvrage. Examinant a la fois les institutions civiles et religieuses du pays, les mceurs et les coutumes de ses babitans, et les monumens antiques, il rapporte plus de six mille dessins, dont une partie relative a l'etat modernc de l'Egypte ; un grand nombre de ses dessins a le merite de faire connaltre des choses nouvelles. Les antiquites et l'liistoire naturelle auront surtout a gagner par la publication de ses travaux. Ceux de M. Fontanier doivent vous interesser a plus d'un titic; ils sont specialement geograpbiques, et ils repondent souvent aux questions dont vous lui aviez, re- mis la solution. Dans ses succes, vous rctrouverez qucl- quc cbose de votre ouvrage. L'itineraire de M. Fontanier l'a conduit dans des con- i rees dont la geograpliie est loin d'etre complete. ; il a visite les provinces russes au-dela du'Caucase, il s'est 297 rendu dans le pachalik de Bagdad par Hamadan et Ker- manchah ; il s'est livre a l'observation dans le Guriel et dans la Miiigrelie , et d'Erzeroum il s'est dirige sur Col~- stantinople par la route la moins tracee et la moins Lien decrite. Par lui vous avez appris que la chaine de l'Elvend et la position de Kengawer ne sont pas plus exactement marques sur les cartes, que la direction des montagnes qui joignent cette chaine a celle des monts Zagros. De Bagdad a Bassora , il reporte plus a Test le cours du Tigre, dont il rapproche les montagnes du Lourestan. Dans la Turquie d'Asie, une tres-grande partie de ce qui concerne la cote des Lazzes, Erzeroum et ses environs, Sivas et le pays des Curdes, se distingue par d'interes- sans details. La Gtkigraphie ancienne fera son profit de quelques-unes de ses observations , comme la Geographic physique lui devra d'utiles renseignemens : ajoutons que M. Fontanier a merite toute la reconnaissance de ses successeurs, en leur tracant le plan d'un voyage scien- fitique dans les contrees qu'il a visitees. D'autres voyageurs, dans l'Orient, out presente d'in- teressans snecimen de leurs recherches. M. Vidal nous a fait parcourir avec lui les terres arides du desert qui se- parent Damas et Alep de la ville de Bagdad , quelques points de la Babylonie et de la Mesopotamie, ainsi qu'une partie des rivages du Tigre. M. Ch. Guys nous a con- duit dans les lieux les plus pittoresques et les moins frequentes du Liban. Nous avons suivi M. Jouannin sur le montOlympe, ombrage de forets et pare des souve- nirs de la fable et de l'histoire. Nous no-.is sommes arretes 2 I a98 avec lui clans la ville de Prusias, aux mnrailles antiques, a la riante verdure , aux cent trente-deux mosqiu'es ; nous l'avons aeeonipngne dans la fertile plaine de Brousse, riche par ses muriers, ses vers a soie et ses nombreuses source.s ihermales , ou le Chretien et le Musulman , reunis par les memes besoins, oublieiit leurs antipathies reli- gieuses, sous les lois de la plus touchante liospitalite. La Societe de Geographic s'est trop souvent associee a la campagne de I' Astrolabe, pour n'en pas rappeler les principaux resultats dans une de ses reunions solennelles. M. d'Urville, digne successeur de MM. Freycinet et Duperrey, s'est attache surtout a reprendre la suite des operations de M. d'Entrecasteaux; les sicnnes ont commence sur les cotes de la Nouvelle-Zelande, dont un developpement de 4oo lieues a ete trace. Des iles, des bales, des canaux, qui n'avaient point ete indiques, sont venus se placer sur les cartes de V .Astrolabe. Elles constatent encore , comme un fait nouveau , (pie File nord de la Nouvelle-Zelande est presque divisee en deux par un isthme tres-etroit. Dans cette expedition la reconnais- sance des iles Fidji, qui recurent le nom national de Viti, presente un fil d.' operations habilement liees entre elles, et dont le vesultat determine la position et les con- tours de cent vingt iles et ilots, dont quelques-uns etaient inconnus. Les iles les plus meridionales de l'ar- chipel du Saint-Esprit sont observees. On fait la geogra- phic des iles Loyalty, et le travail du navigatcur fran- cais rcrnplil cette lacune que les Anglais avaient laisse subsister dans riiydrographio de ce( areliipel. Parmi les 299 reconnaissances completes ou detaillees, il faut citer celles des iles Langhlan, de la partie orientale des iles Dublon , des iles Elivi, de la cote meridionale de la Nouveile- Bretagne, et de cette longue suite de rivages, entre le de- troit de Dampier et la baie de Geelwink, qui bornent la Nouvelle-Guinee dans la partie du nord. En masse , l'expedition de 1 'Astrolabe procure a la geo- graphic et a l'hydrographie la reconnaissance detaillee de pres de 1000 lieuesde cotes les nioins connues du globe, et assure la position de pres de 200 iles on ilots, dont 70 a. 80 n'avaient encore figure sur aucune carte. Les resultats de ce voyage, sous les rapports geolo- giques et d'histoire naturelle, interessent aussi la geo- graphic physique a laquelle ils se ratta client. MM. Quoy et Gaimard , naturalistes de l'expedition , out execute ces travaux avec le talent et le zele soutenu dont ils avaient donne des preuves pendant le voyage de M. le contre- amiral de Freycinet. Les collections qu'ils ont faites sur tous les points dont Faeces leur a ete permis, et qu'ils ont deposees au Cabinet du Roi ; les especes nouvelles qu'ils ont recueillies sont considerables ; elles surpassent celles de leurs predecesseurs ; eux-memes , qui avaient deja donne le droit d'etre exigeans, se sont surpasses. Si, comrae navigateurs, la science doit feliciter le ca- pitaine d'Urville et les habiles officiers de Y Astrolabe , la France, comrae citoyens, a des eloges a leur ofirir : ils ont eu le bonbeur d'acquitter sa dette envers une grande infortune : ils ont reconnu les tristes parages ou disparureul les batimens de La Perouse ; ils ont vu, 3oo a travcrs les eaux transparentes , les restes dissemines de cette expedition. Mais si ces debris inanimes ont revele le lieu du naufrage, pas un debris vivant n'est venu con- soler leurs regards, pas une voix franchise n'a repondu a la leur. Instruits par un silence de mort, ils ont paye aux manes ds nos malheureux compatriotes le tribut de notre douleur et de leurs regrets ; et Vanikoro a vu les hommes de la France de Charles X , elever sur son ri- vage un monument de deuil aux hommes de la France de Louis XVI. Un cenotaphe place sur un point, au mi- lieu du grand Ocean , est done aujourd'hui le seul resul- tat de quarante annees de recherches. Nous ne separons pas le voyage du capitaine d'Urville de ceux de ses habiles predecesseurs, MM. de Freycinct et Duperrey. L'interet qui s'attache a leurs scientifiques travaux, s'accroit par la publication successive de cha- cune des parties qui les composent. Le bel atlas de M. le capitaine Duperrey est termine. Esperons que le monde eclaire ne tardera pas a jouir de tous les resultats de ces grands voyages, dont la France s'honore a juste litre. La Societe continue la publication de ses memoires ; les deux premiers volumes ontrecu de la science un accucil favorable : ce sera la destinee'du troisieme, qui contient l'orographie de l'Europc par M. Bruguiere, ouvrage cou- ronne par vous et imprime aux frais de la Societe. Deux de nos collegues ont voulu s'associcr plus intimement en- core a cette publication. M. Brue a ofFert la carte qui ac- compagnc l'orographie, et sur laquelle les grands traits du 3oi systeme de M. Bruguiere se trouvent traces M. Denaix, de son cote, avait egalement mis a votre disposition une autre carte destinee au meme objet. Ces actes de gene- rosisite ont ete partages par M. Vivier, qui a fait offre a la Societe de graver sans frais, et d'apres le dessin par elle adopte, le coin des medailles qu'elle distribne chaque an- nee. Ce coin est sur le point d'etre termine, et le merite de l'execution parait devoir a j outer a votre reconnais- sance. Auxiliaire des memoires, le bulletin de la Societe ren- ferme , comme les annees precedentes, d' utiles documens qui n'ont pu trouver place dans votre grand recueil. II acquiert par cette destination un genre d'interet spe- cial. Lesseancesde votre Commission ont etesouvent remplies par des rapports destines a f'aire coimaitre ceux des ou- vrages que vous croyez dignes de cette distinction. Parmi les noms des nombrcux rapporteurs qui ont ete entendus, ou remarque particulierement ceux de MM. Bonne, Warden, Jomard, Brue. Eyries,' Corraboeuf, de la Ro- quette , Barbie-du-Bocage, Bottin, Cadet-de-Metz , Sueur-Merliu, etc. Dans le cours de l'annee, plusieurs communications scientifiques ont ete faites. M. Jomard vous a expose l'e- tat actuel des connaissances sur le cours du Dhioliba. 11 commence par reconnaitre que toutes les suppositions emises jusqu'a ce jour reposent sur des faits incomplets ou contestes, et qu'au temps seul appartient de prononcer. Toutefois il discute le merite des trois bypotheses pos- 3o2 sibles avec les renseignemens obtenus, et s'arrete a celle de toutes qui lui parait presenter le plus de vraisem- blance. II pense que le fleuve a ses issues dans une mer in— terieure, le lac Tchad. Ces questions difficilcs out etc trai- tees par M. W. Button dans le i5e chapitre de son Voyage a Coumassie , 1820. Chapitre qui a fourni a M. Dinome le sujet d'annotation et de rapprochemens destines'a eclairer leprobieme geographique de ridentite du Nil et du Niger. L'Ai'rique des vieux jours a occupe M. Marcus. II vous a presente dans une Notice sur l'histoirc des colonies etran- peres dans FAbyssinie et le Sennaar, depuis le septieme siecle avant l'ere chretienne jusquau quatrieme apres Jesus-Christ, un resume rapide du travail qu'il se pro- pose de publier sur cette importante question. M. Warden , dont la predilection pour tout ce qui tient a l'Amerique du Nord, est si naturelle et si profitable pour nous, vous a entretenu de la colonie ami'iicaine de Libe- ria, etablissement fonde sur la cote d'Afrique, dans le but moral et philantropique de la civilisation de 1'interieur de ce continent. II nous a rappele dans une autre circon- stance les mines de Palenque et deMytla, et quelques autres antiquites du Mexupue. La riche collection de M. Baraderre a etc appreciee par lui et recommandee a l'attention de la Societc, <[ui a du attendre, pour se pro- noncer, les resultats du voyage que M. Corroy execute dans ce moment au milieu des debris de cette civilisation mexicaine qu'il faut en quelque sorte deviner comme un problems. iO.\> Nous devons encore a M. Warden d'utiles renseigne- mens puises dans le recit d' Augustus S to its sur les pays sitUes entre le Missouri et les provinces interieures du Mexique, et d'interessans details sur l'expedition du gene- ral Ashley dans les pays voisins des montagnes rocheuses. Une courte description des peuplades indiennes qui ha- bitent les deserts a l'ouest du Mississipi jusqu'aux mon- tagnes, vous a ete donnee par M. Giraud. On sait qua l'extremite de l'Asie, i'ombrageuse poli- tique plus que les mers orageuses defend l'entree du Japon a l'Europeen. M. de Siebold a triomphe de la de- fiance du monarque, des grands et du peuple de cet em- pire. II y vit depuis qUelques annees au milieu des savans, il parcourt le pays sans obstacle j il est admis dans les bi- bliotheques sans diillculte. Leshommeseclaires lui com- muniquent leurs travaux; et les siens embrassent plu- sieurs branches des connaissances humaines, notamuient la geographie, sur laquelle il parait avoir reuni plus de fails et de documens que ses predecesseurs. C'e^t a M. de Derfelden que vous devez ces curieux details transmis avec d'autres renseignemens scientifiques. MM. Van Capellen, ancien gouverneur general de l'Ar- chipel indien , de Vins de Peyssac, Graberg de Hemso , Spencer-Smith, Tanner et quelques autres, vous out fait aussi d'interessantes communications que nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici, mais qui se trouvent consi- gnees dans les proces-verbaux de vos seances. Chaque annee nous jetons un coup-d'ceil rapide sur quelques-uns des principaux travaux geographiques de 3o4 vos membres ; les analyser ou les juger sortirait clu cadre (Tune simple Notice. Nous nous bornerons a les indiquer sommairement. II nous faut payer d'abord un nouvel horn mage aux services rendus par les depots de la guerre et de la marine, par MM. les ingenieurs-geogra plies et les ingenieurs des ponts-et-chaussces ; et repeter ici que la science cbaque annee est redevable a ces corps savans de quelques nouveaux perfectionnemens. Ce serait manquer ala reconnaissance, que de ne pas rappelerl'interet soutenu queM. Becquey, directeur-general des ponts-et-chaussees et des mines porte a tous les travaux geographiques de son departement, et aux votres en particulier. Vousavez la preuve de ce double interet dans la publicatiounouvelle de la carte hydrographique de la France, travail liabile- lement execute par M. Dubrena, et qui sera consulte avec fruit, non-seulement par le geographe, mais encore par l'homme qui veut enricbir sa patrie d'une nouvellc in- dustrie manufacturiere. La carte mincralogique du rovaume non moins utile est terminee : esperons que sa publication satisfera bientot le besoin depuis long-temps senti d'un semblable travail. Le Pilote francais, par M. de Beautems-Beaupre, et les ingenieurs et officiers sous ses ordres, est une de ces entreprises que l'hydrograpbie et Fbumanite accueil- lent avec une egale reconnaissance. M. de Beautems- Beauprc' a merite les eloges de ses pairs, ce sont les seuls qui peuvent flatter le veritable savant. L'atlas taniversel de Geographie ancienne et moderne qup pnblir Mf Lapie, se presente comme le resume de ses >oo grands travaux et le gage des talens de son ids. L'annee qui va s'ouvrir le verra termine. Des cartes construites avec soin, des details bien clioisis et portes avec scrupule au niveau des connaissances actuelles, distinguent eette OBuvre geographique , dont l'execution merite les plus grands eloges. M. Denaix poursuit avec une perseverance qui n'a d'autre mobile que les interets de la science , ses essais de Geographie methodique et comparative , travail souvent nouveauettou jours dignedel'encouragementdeshommes eclaires et du gouvernement. Aux etudes generates sur l'Europe succedent aujourd'hui les six premieres cartes d'un atlas physique, politique et historique de cette par- tie du monde , ou se trouvent indiquees les regions hydro- grapliiques, leurs rapports d'etendue et de superficie, les hauteurs des licux, au-dessus de I'ocean, les lignes cli- matiques , les temperatures moyennes et extremes, la Geographie des plantes cultivees , la distribution des plantes et des arbustes croissant sans culture, et la re- partition des mammiteres terrestres. On doit a M. Jomard deux cartes de l'Egypte an- cienne et moderne, fondees sur la grande carte topogra- phique du pays a laquelle il prit part comme ingenieur. L'une represente l'Egypte et une partie des contrees ad- jacentes : l'autre qui donne la basse Egypte, trace parti- culieremcnt les anciennes branches et embouchures du Nil. Toutes deux sont le fruit d'une saiue erudition^ et d'une discussion approfondie des anciennes mesures com- parees aux modernes. 3oG D'autres travaux cartographiques doivcnt. encore trou- ver place ici : M. Van-der-Maelen, connu par son Atlas universel en publie un autre aujourd'hui consacre a la seule Europe, ou l'on remarque une critique plus severe et des details mieux choisis et mieux coordonnes. La fin du beau travail de M. d'Abhramson sur leDanemark, est digne des premieres feuilles de cet important ouvrage. Les cartes speciales de llrlande par M. Bald; du departement du Nord par M. Jodot ; des depar- temens de la ci-devant Auvergne par M. Busset ; et de la Manche par M. Bitouze-d'Auxmenil, ont droit a une mention honorable et a un accucil distingue. Les atlas elementaires, trop long-temps negliges, trouvent dans MM. Tardieu, Dufour, Vivien et Ansart des hommes capables de leur imprimer une utile direction ; et de les clever au rang de travaux estimables. Un etablissement qui se rattacbe specialement aux pu- blications que nous venons de signaler a ete cree. II appartient a la societe de faire des vceux pour que le depot des cartes de la bibliotheque du Roi receive tout le developpement dont il est susceptible, et quel'autorite lui accorde une protection indispensable a sa prosperite. L'interet que les hommes d'etat portent a la slatistique, hdte cbaque jours ses progfes. A aucune (''poque elle n'a etc plus instructive, plus ronscicncieuse, et moins systematique. On sait, aujourd'hui, qu'il Taut que des chifTres aient un but d'utilite publique pour valoir <}uel- que chose; et qu'il devient indispensable de les soumettre a une critique severe pour leur imprimer un caraciere 5oj d'autorite. De la, ces grands ouvrages qui feron-t epoque dans l'histoire de la science, et a la tete desquels il faut placer comme modele , les recherches statistiques sur la ville de Paris, et le departement de la Seine, dont le 4e volume vient de paraitre. Je regrette que la Societe de Geographic se trouve en ce moment chez l'liabile ad- ministrateur qui a dirige et ordonne ce beau travail. Ici je n'ose ofTrir a M. le comte de Chabrol des eloges merites, et rappelcr tons ses titres a la reconnaissance publique. C'est au sentiment des convenances, a se char- ger d'interpreter mon silence. Les recherches statistiques sur les forets de la France, par M. Faiseau La vane; sur son commerce; sur son agriculture et ses haras; sur ses canaux entrepris depuis 1821; les ta- bleaux officiels de son etat moral publies annuellement par le ministere de la Justice; la statistique comparee de Finstruction et du nombre des crimes par MM. Balbi et Guerry; un travail semblable de M. Jomard; la statis- tique de l'etat religieux du royaume; les recherches sur sa population; sur la predominance relative des sexes; le rapport statistique sur nos colonies par M. de Ferussac ; les nombreuses statistiques speciales de nos departemens et surtout les grands ouvrages statistiques sur la France et sur la Russie comparees aux autres etats du globe par M. Balbi, sont autant de travaux qui deposent de la marche progressive de la statistique et du point eleve et philosophique ou elle est parvenue. Dans un memoire sur la population comparee de l'E- gypte ancienne et moderne, M. Jomard etablit d'apres 3o8 d'irrecusables autorites la population de cette contree sous ses rois, sous les Arabes et de nos jours. II pronve que dans l'antiquite, elle n'a pu nourrir que beaucoup moms de 6, ooo, ooo d'babitans; i'l trouve sa population de qnaire millions et demi sous les Arabes, et en evaluant sa superficie actuelle cultivee ou habitee a iooo lieues carrees, il arrive a conclure qu'clle peut nourrir aujour- d'hui deux millions et demi ou trois millions dhabitans. Les textes des ecrivains anciens, les tableaux de la capi- tation exigee lors de la conquete musulmane et les registres coptes, sounds a une critique profonde et discutee avec methode, servent de base a ces diverses evaluations. Un autre ouvrage du merae auteur: la description sta- tistique du Caire rapportee a l'annee 1801, presente un travail plus etendu et a du exiger de plus de nombreuses recherches. Aux connaissances variees que suppose ce memoire, il faut ajouter le merite d'une exactitude scru- puleuse, et d'un ordre parfait dans le classement des faits. La, se trouve reuni tout ce qui concerne la position de la ville etdes villages environnansj le climat, l'aspect mo- numental des uns et des autres, les elablissemens pu- blics, la population, le commerce, l'industrie, les mceurs, les usages, les fetes religieuses, les divertissemens des habitans de cette capitale, la ville de Tempi re ottoman la • plus riche et la plus considerable apres Constantinople. Nous regrettons de ne pouvoir signaler ici un grand nombre de travaux off'erts a la Societe,que deja le bulletin avait mentionnes avec le temoignage de votre reconnais- sance; mais une tache penible nous est imposee; nous de- 3o9 vons renouveler votre douleur en vous rappelant lespeftes que vous avez faites. Une mort deplorable est venue au commencement de l'annce nous enlever M. Pacho. II etait dans l'age ou la mort est lointaine; mais sa vie, j usque la, n'avait ete qu'une lutte difficile contre les obstacles et les mauvais jours. Encore un peu de temps, et il allait jouir du fruit de son zele, de ses talens et de sa perseverance. Les dernieres lignes de son voyage etaient tracees; et ce voyage, vous le savez, n'estpas vulgairej il s'etend de la vallee Mareolide a Ben-Gliazi, et de Ben-Gliazi a la vallee du lac Natron, par le desert des Syrtes et la ligne des Oasis. Deux hommes faits pour l'apprecier digne- ment, M. Letronne et Malte-Brun, enont signales les ri- chesses archeologiques et geographiques. Ces dernieres sont pour la plupart de veri tables decouvertes. Nos cartes se sont ameliorees a l'aide des travaux de M. Pacho, etCy- rene s'est montree dans ses descriptions animees telle qu'ellefut aux jours de sa vie politique. Ces clioses etaient nouvelles; elles lui mei*iterent le prix que vous aviez pro- pose pour une telle exploration. Ce fut pour en porter le recit a une haute perfection que M. Pacho se livra a des etudes fortes et suivies, parmi lesquelles celles du style ne furentpasmisesen ouIdH. On vitbientot son talent grandir avec rapidite, et se montrer digne de la celebrite des lieux parcourus. L'inflexible des tin ne lui a pas permis de voir sa relation aux mains des hommes eclaires, de ceux-la dont le suffrage fut toute son ambition. Pour l'obtenir il s'etait confine dans une profonde solitude, travail- 3io lant sans relache et ne se permettant aucune distraction. Cet isolement complet, cette tension conlinuelle d'esprit developpcient rapidcment chez lui une misantropie d'autantplus funeste, quelle se nourrissait a chaque ins- tant, de toutes les contrarietes inseparables dune vie iitteraire et d'une position incertaine. Trop fier pour sol- liciter, ii s'indignait de n'etre pas prevenu. II couvrait de nuages un avenir qui n'aurait eu ricn d'inquiutant pour un tout autre caractere. En descendant en lui, il aurait vu qu'il n'avait besoin de personne pour assurer sa des- tince. II cessa de vivre on plutot de soulTrir, le 26 Jan- vier iS'Jig, a l'age de trente-cinq ans et trois jours. Ce savant voyageur appartenait a la commission cen- trale de la Societe. C'cst la que sa perte doublemcnt sentie devait inspirer de plus vifs regrets. lis n'ont pas manque a sa memoire. Une souscription proposee, et aussilot remplie, a ete destinee a elever sur sa tombe un modeste monu- ment. Tous ceux qui ontvecu dans son intimite dt'-me- laient facilement, a travers quelques inegalites de carac- tere, la bonte de son cceur et son extreme obligeance. Les liommes du desert lui avaient fourni le modele de Fbomme independant, il avait bien profite a leur ecole. Toute reserve prudente lui semblait de la tyrannie, et comme l'arabe dont il aimait les vertus , la reconnaissance etait le seul pouvoir qui le rendit partial. Quclques-uns de ces ecrits n'ont pas vu le jour : parmi ccux-la se trouve un tableau des tribus Nomades anciennes et modernes, dont il avait lu plusieurs i'ragmens dans les seances generales de la Societe. C'etait. son ouvragr de prrdileriion.eclui qui lui ! i souriait le plus. Tout ce qu'on en connait a deja merit*'- de nombreux suffrages : ils ont ete donnes au caractere original de cette composition, a la nouveaute de ses points de vue, a la variete de ses details, et surtout a l'al- liance d'un style elegant et d'une consciencieuse erudi- tion. M. Pacho laisse encore inedit le journal de son voyage dans les Oasis, ainsi qu'une collection de dessins recueillis sur les terres habitees du desert lybique. La publication d'un tel travail doit etre desiree; elle com- pleter it 1'ensemble des grands ouvrages qui nous ont fait connaitre les monumens d'architecture de l'Egypte et des contrees environnantes. La mort ne s'est point attachee aux hommes vulgaires. II y a peu de jours que nous rendions les derniers devoirs a M. le contre-amiral de Rossel , et qu'en presence de la tombe, ses amis et ses collegues payaient a sa memoire ce premier tribut des regrets qui part toujours du cceur. M. de Rossel entre dans la marine au sortir de l'enfance se fit un nom militaire dans les combats des annees 1781 et 1782: Une autre gloire lui etait reservee, celle de la science, gloire pure de tout souvenir amer,etchere a l'humanite. Apprecie par le general d'Entrecasteaux, il fit avec lui cette grande campagne a la recherche de La Perouse. Gardien des materiaux reunis pendant cette longue et savante exploration, il eut le bonheur de les conserver sur une terre ennemie et de les rendre a la France , enrichis du fruit de ses observations et de ses propres recherches. De la publication de ce voyage et. du bel atlas qui l'accompagne , date le nouvel essor de 3l2 Fhydrograpliie parmi nous : ses brillans progrfes sont at- tesles par les grands monumens publics dans le cours des dernieres annees. L'entree de M. de Rossel au depot de la marine fut une conquete du talent, et cependant ce savant navigateur se crut oblige de justifier un tel choix comme s'il eut manque de tilres.On sait avec quel zele,quel devouement, il a contribue au developpement et a l'eclat de ce bel etablissement ou ses efforts etaient partages par des col- laborateurs ses anciens camarades, ses emules, ses amis, en tout dignes de lui. L'Academie des sciences et le bureau des longitudes garderont long-temps le souvenir deson utile cooperation; ils consigneront dans leur histoire l'iniluence de ses ecrits sur les progres de l'art de la navigation et de l'astronomie nautique. M. de Rossel vit dans la Societe de geographie un etablissement eminemment utile, il fut un de ses fon- dateurs. II est reste constamment attache a la sagesse de nos institutions primitives, a la pensee qui avait cree noire association, et s'est fait un devoir en cooperant a nos travaux de les rappeler toujours a leur veritable destination. M. de Rossel vivait uniquement povir la science. Peut- etre, et e'est un regret de plus, son devouement qui ne connaissait pas de bornes, a-t-il contribue a sa mort pre- maturee. Les mers lui etaient familieres, et peu d'hommes con- naissaient mieux que lui le sillage des dillerens batimens OI, de decouvertes depuis Colomb jusqu'a nous. Eleve, ami, admirateur de Fleurieu et de Borda il avail appris d'eux cette critique hydrographique , qui permet de restituer a chacun ce qui lui appai'tient , et de signaler les lacunes de la science ou ses veri tables conqueles. Ses connais- sances, fruit de l'experience et de Fetude, le rendaient in- dispensable lorsqu'il s'agissait de tra eerie plan d'une expe- dition de decouvertes, etle merite deses instructions fut toujours apprecie par les officiers charges de les executer. II rapportait volontiers a 1'expedition du general d'En- trecasteaux les resultats des autres explorations. Pei-sonne ne s'etonnaitde cette disposition habituelle de sa pensee. On trouvaittout naturelqu'il associat volontiers une gloire ancienne a des gioires contemporaines, et qu'il fut souvent preoccupe d'une navigation perilleuse qui avait enrichi les sciences, honore sa patrie etqui luirappelait d'utiles services et les jours lieureux de la jeunesse. Dans ses onvrages elenientaireSi les methodes et les form ules les plus simples sont toujours preferees, comme si M. de Rossel avait a coeur d'initier le vulgaire a de tels secrets et de se mettre a la portee de toute.s les in- telligences. (Test un titre de plus dans un sieel^ eclaire. Notice ne'crologique sur fit. le r.ontre - amirul r>E Ros.SF.f,, par M. de la lAoquelte, secretaire et Elisabeth-Jacqueline L'Hermite de Chambcrtrand, sa mere, perit sur 1'echafaud revolutionnaire. Le jeune de Rossel recut sa premiere education au col- lege de la Fleche, ou il avail, ete place comme eleve du Roi. II n'avait pas encore atteint sa quinzieme annee, lors- qu'il entra dans les gardes de la marine (rnai 1780 ). Ce fut en cette quaiite qu'il fit les campagncs de 1780, 1781 et 3i5 1782, dans les Antilles, sur l'escadre du comte de Grasse , et qu'il prit part a tous les combats quelle livra aux Anglais. Apres une autre campagne dans les memes parages, il revint sur les cotes de France a la paix de 1783, et, fut nomme l'annee suivante ( 1784) eleve de la marine. Attache en 1785 a M. d'Entrecasteaux , comman- dant nos forces navales dans l'lnde, M. de Rossel se perlectionna dans les diverses parties de l'art nautique pendant les quatre annees qu'il resta sous les ordres de ce marin habile, eleve et parent du bailli de Suffren. Le zele qu'il montra pour le service, son activite, les talens precoces dont il donna des preuves, et la douceur de son caractere , lui firent acquerir l'estime et 1'amitie de d'En- trecasteaux, qui demanda et obtint pour lui, en 1789, le grade de lieutenant de vaisseau. Charge, au mois de septembre 1791, de visiter, avec les fregates la Recherche et VEsperance, toutes les cotes que La Perouse avait du parcourir apres son depart de Botany-Bay, le 10 mars 1788, et de decouvrir quelque trace de cet infortune navigateur, d'Entrecasteaux eut aussi ordre de poursui- vre les recherches scientifiques que son predecesseur n'a- vait pu terminer. Le desir d'avoir avec lui un officier dont il connaissait les talens et les qualites personnelles, l'engagea a demander M. de Rossel, qui s'embarqua sur son bord en qualite de lieutenant de vaisseau. Partie de Brest le 29 septembre, lexpedition arriva le 17 Janvier 1792, au cap de Bonne-Esperance. La, les depeches de M. de Saint-Felix, commandant, la station francaise dans l'lnde, contenant des indications relatives 3*6 a M. de La Perouse, d6terminerent a changer le plarJ present par les instructions. Nous ne nous etendrons pas sur cette longue et interessante campagne, pendant la- quelle M. de Rossel commenca a mettre en pratique les lecons de Borda et de Fleurieu , dont il avait etc l'admi- rateur dans sa jeunesse. Nous dirons seulement qu'on doit a cette expedition I'entiere reconnaissance des cotes occideutales de la Nouvelle-Caledonie et de Vile Bou- gainville} de la cote meridionals du Nouvel-FIanovre , de la partie nord de 1'archipel de la Louisiade , de pies de 3oo lieues de cotes au sud-ouest de la Nouvelle- Hollande, e'est-a-dire de toute la terre de Leeuwin et de la presque totalite de celle de Nuyts ; la decouverte au sud de la terre de Diemen, d'une suite de canaux, de rades , et de ports commodes dans lesquels de belles rivieres viennent se jeter, ainsi que d'a litres decouvertes et reconnaissances qu'il serait trop long d'enumerer ici. Nous ajouterons cependant qu'on passa , pendant cette campagne, a 12 ou i5 lieues d'une ile qui i'ut nom- inee la Recherche , dont la position geograpliiquc , en longitude et en latitude, s'accorde d'une maniere sur- prenante avec celle qui a ete assignee par M. d'Urville a l'ile de Vanikoro, ou ce dernier navigateur a trouve les debris du naufrage de La Perouse , but des recherches et des voeux de l'expedition commaiidce par d'Entrecasteaux. Aumois de mai 1793, M. Ilium de Kermadec, comman- dant UEsperance, etant mort , et M. d'.luribeau lui ayant succede, M. Rossel prit le cornmandement de laBechev- che, en quaiite de capitaine do pavilion. Arrives dans l<* 3x7 nord de la Nouvelle-Guinee lesdeux naviresperdirent leur respectable chef le so juillet 1793, ef. passerent sous les ordres de M. d'Auribeau , qui les conduisit a Sourabaya, port de l'ile de Java. Ce fut la que par suite des evene- mens survenus en France, les bat im ens f'urent mis en depot entre les mains du gouvernement hollandais. La mort de M. d'Auribeau, arrivee a Samarang, vers la iin de 1794? rendit M. de Rossel chef de 1' expedition. II s'embarqua au commencement de l'annee suivante (1796), sur un vaisseau de la Compagnie hollandaise , avec les papiers qui contenaient les resultats des travaux de la la campagne, ainsi que les plans originaux leves par M. Beaut emps-Beaupre, ingenieur-hydrographe en chef. Fait prisonnier par les Anglais a la hauteur des iles Shet- land, M. de Rossel fut conduit a Londres, ou il arriva le ier novembre 1795. Ce ne fut qu'a l'epoque de la paix d' Amiens que, sur I'invitation reiteree du gouvernement franeais, il rentra dans sa pa trie avec les documens hy- drographiques du voyage , depot precieux qu'il avait en beaucoup de peine a sauver, et dont l'amiraute anglaisc dut necessairement tirer des renseignemens utiles , lors- qu'en 1797 et 1798 elle envoya reconnaitre les decouvertes faites par dEntrecasteaux a la terre de Van-Diemen. Pendant, les sept aimees que M. de Rossel passa en Angletcrre, il s'occupa exclusivement du soin de recueilliret de mettre en ordre les materiaux du voyage-, et de conserver par ecrit la trace de ses souvenirs. A sa rentree dans sa patrie, il s'y trouva isole et sans aucun moyen d'cxistoncc; une parfie de sa famille 3i8 avait peri sur l'echafaud , et le patiimoine de ses peres avait ete englouti pendant la tourmente revolutionnaire. Ces coups cruels du sort n'abattirent point son courage; ils les supporta avec calme et resignation, et s'estima heureux de recevoir au depot de la marine un modique traiternent que le chef du gouvernement lui accorda, en lui dormant l'ordre de publier la relation du voyage qu'd venait de finir. D'Entrecasteaux avait tenu un journal exact des evenemens survenus jusqu'a l'epoque ou les fre- gates quitterent la cote de la Nouvellc-Bretagne pour se rendre aux Moluques ; c'est-a-dire, qu'il ne s'etait arrets que onze joursavant sa mort. M. deRossel , qui avait conti- nue ce journal jusqu'au moment ou l'expedition mouilla dans la baie de Sourabaya, fit paraitre en 1808 )a rela- tion qui lui avait ete demandee sous le titre de Voyage de d Entrecasteaux envoye a la recherche de La Pe- rouse (1). 11 joignita la relation de ce voyage, qui forme le premier volume , les observations astronomiques faites pendant la campague et don l, la plus grande partie lui ap- partenaient, avec les resultats qui avaient servi a determi- ner les positions geographiques des lieux places sur les cartes. Les observations faites a la mcr etant presque ton- jours allec tees d'erreurs assez sensibles pour influcr sur les determinations geographiques, M. de Rossel crut devoir faire suivre le recueil de celles qu'il presentait, d'un tra- vail important dans lequcl il discute la nature des ces 1) Pans, 1808, de riraprinierie royale, 1 vol. \n-'f avec un atlai in-f'. 3ig erreurs, presente plusieurs moyens d'en determiner l'in- fluence, etindique des methodestres-simples pour donner aux latitudes et aux longitudes toute l'exactitude dont elles sont susceptibles. L'ensemble de ce travail dont il a Fextreme modestie d'attribuer une partie du merite aux avis de son ami le celebre Fleurieu, comprend tout le se- cond volume. II forme, aujugement des savans,non-seule- ment un excellent traite d'astronomie nautique , mais un recueil complet de toutes les observations de latitude et de longitude faites a la mer et a terre pendant le cours du voyage ; et de toutes celles qui furent faites dans les re- laches pour determiner le mouvement journalier des montres marines, le tableau de ces mouvemens, et celui des longitudes obtenues par des distances de la lune au soleil ou aux etoiles, corrigees pour la plupart d'aprcs des observations du passage de la lune au meridien, faites a Greenwich par le docteur Maskeline. On y trouve encore les declinaisons de l'aiguille aimantee, determinees a terre par des azimuths ou des amplitudes du soleil, ainsi que les observations de son inclinaison, et de la duree d'une oscilla tion infini ment pe tite . G'est un ouvrage im mense, di- sent MM. de Bougainville, Buache, Mechain et de Fleu- rieu commissaires designes par le bureau des longitudes pour lui en rendre compte, et sans doute Fun des plus im- portans en ce genre qui aient ete encore publics , et qui ne peut dans toutes ses parties que faire honneur a la marine frangaisie. En 1810, M. de Rosscl en redigea, a la pricre de M.Biot, un abregeque cesavantjoignitalaseconcleedition de son Tvaile element aire (Y astronomie physique, dont il 3ao devint ainsi le complement. Dans cet abrege, M. de Ros- sei presente, sous la forme la plus commode et la plus simple, que Ton puisse employer dans les applications, toutes les methodes dont on a besoinala mer, ainsi que des tables ingenieuses calculees par lui pour faciliter l'u- sage cie la methode de Douwes, qui donnela latitude par deux hauteurs observees hors du meridiem Ce traite ele- mentaire d'astronomie nautique fut accueilli avec un vif interet lorsqu'il parut. Jusqu'a lui, di L M. Biot, cette ma- tiere avait etc traitee ou trop superiiciellement, ou d'une maniere beaucoup trop scientifique pour le commun des marins : aussi s'empressa-t-on de le traduire en plusieurs langues etrangeres. M. de Rossel fut nomme en 181 1 , membre du bureau des longitudes a la place de M. de Fleurieu, et l'annee sui- vante il succeda, dans la section de geographic et de navi- gation de la premiere classe del'Institut, a M. de Bougain- ville, qui l'avait souvent designe a ses collegues comme ceiui qui etait le plus digne de le remplacer. Adjoint a M. le comte de Rosily, directeur - general du depot des cartes et plans de la marine le 6 juin i8r4; M. de Ros- scl, dejii chevalier de Saint-Louis, depuis le mois de sep- tembre 1792, fut nomme chevalier de la Legion-d'Hon- neur le 12 Janvier i8'iO , contre-amiral honoraire au mois d7aout 1822, et devint enfin le 3i decembrc 1826 titu- laire de la place de directeur-general du depot de la ma- rine. Le 18 mars 1828, S. M. le roi de Danemark voulant lui temoigner la haute estime que lui avaient inspiree et $es talens n. les services rendus par lui a l'hydrographie , 321 lui confera le litre de commandeur de l'ordre de Dane- broc. Quoique d'une sante delicate, M. de Rossel se livrait au travail avec une ardeur incroyable. Outre de nom- breuses notices dont il a enrichi la Biographie univer- selle , parmi lesquelles nous citerons seulement celles sur Cliristophe Colomb, Cook, d'Entrecasteaux, La Perou- se, etc., on lui doit l'article Courants , dans le Nouveau Dictionnaire cThistoire naturelle, un Memoire sur Vetat et les progres de la navigation , insere dans le Recueil des Memoires de l'Institut{i)7 des notes pour les trois premiers volumes de notre Collection des voyages et des decou- vertes des Espagnols, etc. ; et avec M. le comte de Rosily le Livredes signaux de jour a V usage des vaisseaux de guerre franc ais (pi), etc. Appele a faire partie de la plupart des commissions chargees de l'examen de questions scientifiques , M. de Rossel fut membre et membre aclif du conseil de per- fectionnement de l'Ecole Polytecbnique, des commissions des ecoles d'hydrographie du royaume, du college de la Marine, a Angouleme, de celle de la carte de France, de celle des Phares, etc. Ce fut corame membre de cette com- mission et sur son rapport (3) que le systeme d'eclairage (i) Lu a la seance generale des quatre academies, le 24 avril 1817. (2) Paris , 182 , 1 vol. in-4°, imprimerie royale. (3) Rapport contenant V exposition du systeme adopte par la Commis- sion des phares pour eclairer les c6tes de France. Paris , 182D , imprimerie royale, 1 vol. in-.}°. 323 des cotes de France , qui a deja recu un commencement d'execution , a ete definitivement adopte. C'est au sujet de ce beau travail de M. de Rossel, que MM. Mathieu, Halgan, Fresnel et Arago , nommes pour l'examiner, di- saient qu'en adoptant toutes les dispositions proposees par le savant marin, ils croyaient devoir lui adresser leurs re- merciemens personnels, ety joindre d'avance ceux des na- vigateurs auxquels il venait de rendre un service signale. On doit enGn a M. de Rossel une multitude de rapports, de memoires , de notes sur la navigation en general , sur l'as- tronomie nautique et sur lhydrographie, et c'est lui qui a redige avec M. le comte de Rosily tous les projets d'ins- truction des principales expeditions scientifiques qui ont etc faites depuis quinze ans sous les ordres des Freycinet, des Duperrev, des Bougainville , des d'Urvilie, et qui a ete charge d'en rendre compte a l'Academie des sciences. II a ainsi attache son noma tous les ouvragesnautiques publics sous les auspices du ministere de la Marine, depuis sa no- mination au poste de directeur adjoint du Depot hydro- graphique de ce departement. Passionne pour l'etude et pour les progres des sciences geographiques, M. de Rossel concut en juillet 1821, avec d'autres savans , le projet de creer une socicte de geographic Lorsque ce projet eut recu un commencement d'execution, il lit partie du comite auquel fut confie le soin d'arreter definitivement le regle- ment de la nouvelle societe , reglcment qui lui sert encore de boussole. A la premiere assemblee generale qui cut lieu le 1 5 decembre 1821, ]\1. de Rossel iut nomme membre de la Commission centrale, dont le premier il devint le 323 president quelques jours apres. Elu plusieurs fois vice-pre- sident, il l'etait encore lorsqa'une raaladie douloureuse et de courte duree vint l'enlever a la science et a ses amis, le 20 novembre 1829. II conserva jusqu'au dernier mo- ment toute la rectitude de son jugementj toute la ple- nitude de ses facultes intellectuelles, toute l'amabilite de son caractere. La veille merae de sa mort, que dis-je, peu d'heures avant d'expirer, cet homme excellent , qui m'honorait du titre de son ami , oubliant ses cruelles souf- frances, s'entretenait avec moi de la Societe de Geogra- phic , des moyens a employer pour rendre ses travaux en- core plus fructueux, il me parlait de cette seance generale a laquelle il ne devait pas assister ! M. de Rossel laisse un vide difficile a remplir, et dans le corps royal auquel il appartenait, et dans les differentes academies et societes savant es donl il etait membre. Doue d'un coup-d'oeil sur, possedant tous les secrets de l'art du marin , habile astronome, geographe distingue, il reu- nissait a des qualites eminentes qui lui assurent une place honorable dans les annalesdes sciences, les plus aimables qualites sociales, une modestiequin'estpas toujours ordi- naire dans les hommes qui possedent de grands talens , un caractere plein de douceur, de franchise et deloyaute; une rare indulgence et un empressement infatigable a secon- der et a aider de ses encouragemens et de ses avis, non- seulement ceux qui, desirant marcher sur ses traces, vou- laient se devouer a la carriere de la navigation, mais tous ceux qui avaient besoin de consulter son experience. Je ne puis mieux terminer cette notice, qui paraitra sans doute 3a4 bien incomplete a tous ceux qui ont eu le bonheur de connaitre particulierement M. de Rossel , qu'en emprun- tant a un navigateur celebre que la Societe a l'avantage de posseder dans son sein (i), cette phrase du discours qu'il a prononce sur la tornbe du savant collegue dont nous di-plorons la perte (2) et qui peint si bien son ca- ractere bien veil! ant : « // (hit compter beaucoup d'amis et pas un ennemi. » Compte RENDU des receties el depensesde la Societe pendant Vexercice 1828 el i82g. Recettes. Reliquat du compte de 182 7-1828; inte're't des fonds places; montantdessouscriptions annuelles, et des diplomes delivres aux nouveaux membres; vente du Recueil des memoires et du Bulletin. . 14,702 f. 53 c. Depenses. Frais d'administration , d'agence et de loyer ; d'impression du Recueil des memoires ; de redac- tion et d'impression du Bulletin , et monlant des prix decernes en 1829 i3,7g5 7$ En caisse le ier decembre 1829. . . . go6 78 (1) M. d'Urvillc. (•.>.) M. Bcautemps-Bcanpr(S, ingenieur bydrographe en chef et conservatcur du depot de la marine, a prononce' aussi un discours sur la tombe de M. de'Rosscl , son collegue a rAcaddmie des Sciences et au bureau de longitude, et dont il avait partagc lcs travaux pendant trcnte-huit ans. INous avons puise dans cc discours el dans nos conservations avec ce respectable ami de M. Rossel, quclqurs faits don', nous mons fail usage dans notre notice. 3a5 Capital place en rentes stir le Mont-de-Pi^te (deduction faite de la somme de 8,52 5 fr. pour le prix d'encouragement decerne a M. Caillie, au- teur du Voyage a Tembouciou ) i4-,47^ Total de 1'actifdu irr decembre 1829. . i5,38i 78 Certifie par le tresorier de la Societe. Paris, le 11 de'cembre i8ag. Signe CHAPELLIER. MEMBRES ADMIS DANS LA SEANCE GENERA LE Du 11 decembre 1829. M. James Conolly , presente par MM. Jomard et Warden. M. Delgado, dela Colombie , avocat, presente par MM. Jul- lien et Warden. M. Jourdain , avocat a la Cour royale de Paris , presente par MM. Coraboeuf et Jomard. M. Merkus , ex-gouverncur des lies Moluques, conseillerdes Indes , a Batavia , presente par MM. de Freycinet et Gaimard. M. Moeroguier , cbevalier de la Legion-d'Honneur , directeur des contribulions indirecles du deparlement de la Charente-Infe- rieure , presente par MM. de la Roquette et le baron Hyde de Neu- ville. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Par le depot de la guerre : Carle des environs de Constantinople , publiee au depot general de la guerre. Paris, 1829 ; 1 feuille. Par M. Jomard : Description generale de Memphis et des Pyra- mides, et de plusieurs anciennes villes de VEgypte, 1 vol. in-fol. — Recherches sur la geographie el la population de VEgypte ancienne el moderne ; 1 vol. in-fol. Par M. LaptE : Carte hislorique, physique et politique de VEgypte dressee par le chevalier Lapie. Paris, 1828; 2 feuilles. — Carle 326 des Antilles , du golfe du Mexique et des Elats voisins , et carte du BrJsil, formant la j-c livraison de son Atlas universe!; Paris , i8ay. i feuilles. Par M. Dt'FOUR : Alias classique et universel de Geographie an- cienne et modcrne; If livraison. Par M. DENAIX : Carle de V Europe, presentant le tableau des peuples qui Vhabittnt, classes par rapport u la dependance relative des nations et a Vajfilialion des langues. < — Carle des lieux celebres par deslrailes de paix , des conciles , des concordats , des alliances el des congres , faisant parlie de I' Alias historique , physique el politique de VEurope. Par M. FoNTAMER : J 'oy age en Orient, entrepris par ordrc du Gouvernemenl francais, de t'annee 1821 ii t'annee 1829; ier volume. Turquie d'Asie. Paris, 1829 ; in-8°. Par M. CoULlER : Guide des marins pendant la navigation nocturne, ou Description generate des phares , fanaux, etc , construils pour la suretede la navigation. Paris, 1829. 1 vol in-S^. Par M. Walckenaer : Histoire generate des Voyages. T. xvn. Par M. REINAUD : Extrait des hisloriens arabes , relalifs aux guerres des Croisades ( nouvelle edition entitlement refondue ) , 1 vol. in-8°. Paris , 1829. Par M. d'URVlLLE : Plan des ties Vanikoro, ou de LaPerouse, reconnues par le capilaine de fregale Dumont d'Urville , leve" et dresse par M. Gressien , enseigne de vaisseau. Par M. d'ABRAHAMSON : Traile elemenlaire de Geographie, d'apres un systeme particulier ; Collection de 32 cartes pour servir a I'enseigne- ment de la Geographie dans les ecoles de Danemark , avec un traite elemenlaire. 3*7 TROISIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES. Division du Bresil. (Note communiquee par M. B. du B. auie. ) Le Bresil se divise, en 1820, , en ]8 provinces qui sont : Rio dc Janeiro Espirilo Santo , Bahia , Sergipe, Alagoas Pemambuco , Rio grande de Norte, Parahiba, Ceara, Piauhy, MaranMo, Para, Sao Paulo, Santa Catharina , Rio grande do Sul, Minas Geraes, Goyaz, Matto Grosso. ( Extrail du budjet presente pour le gouvernementdu Bresil pour Vannee i83o. ) II y avait aussi la province Cit-Plalina ( ou de Monte-Video), mais c'est actuellement une petite republique independante, laquelle devra deliberer sur la reunion, soitauBresil, soita la confederation argentine. Statislique des voiiures de Paris. La population de Paris a presque double depuis i8o4 , et tous les moyens de transport s'y sont multiplies. On estime qu'il y a dans cette capitale : 9,000 charrettes et haquets , 5oo voitures a tonneau d'un cbeval , 600 tombereaux a boue , de vidange et d'arrosement , 3oo voiiures de boulangers, 1,700 voitures d'ap- provisionnement (par jour), 3oo voitures des environs de Paris , 100 voitures des maisons des princes (par jour), 2,5oo voitures de maftre , 178 grandes diligences, 3o6 diligences ordinaires , 75o voitures de moellons et pierres , 200 voitures pour le transport de la rbarpente , 4g5 voitures pour celui du platre. 328 Voici quelqucs resultats qui font juger tie l'accroissement dt* certaines voitures de 1819 a 1826. 1819. 18-2U. DifTcrcni-t. Voitures de porteurs d'eau a bras. . 84.3 — i,3oOf — 457 Fiacres 900 — 1,100 — 200 Cabriolets interieurs 765 — 1,000 — 235 Idem. exterieurs (coutous) . . 4°6 — ^Gg — i63 Carosses de remise 48g — 5oo — 1 1 Cabriolets de remise 388 — 5oo — 112 Idem. parliculiers 4>8o4 — 6,600 — ^796 8,5g5 n,56g 2>974 Au total plus de 17,000 voitures. On compte en outre 34, 000 cbevaux , dont 21,000 nourris a Paris et le surplus a I'exterieur. II resulte de ces donnees que 17,000 voitures et 34, 000 chevaux sont conlinuellement en circulation dans Paris , s'y croisent de millemanieres , etstationncntplus ou moins long-temps sur la voic publique. 11 passe par jour, sur le pont royal, 7,5oo voitures ou cbarrettes. C'est precisement dans le centre de la ville , dans les lieux les plus conunercans et les plus populeux , que le mouvement de ces voitures est le plus actif. Ces resultats authcntiqucs sont con- signed dans un rapport fait a M. le prcfet de la Seine (i) par M. Daubenton , inspecteur-general de la voirie de Paris. ( S. M. ) Extrait d'une letlre de M. le chevalier Paravey sur I'origine asiattque rt japonaise des peuples du plateau de Bogota. M. de Humboldt, dit M. de Paravey , avail deja , avec sa saga- cite ordinaire , observe que les peuples a demi-civiliscs , trouve"s (1) Rechcrcbes statistiquessHT la viH'ede Pnris. — (839, 3a9 en i537 par le conqueranl Quesada , sur 1c riche ct haut plateau de Bogota, devaienl avoir les rapporls les plus intimes aveclcs peuples du Japon. Comme ces derniers, ils claient vetus de toiles tissees avec le colon qu'ilsrecoltent ; commeeux ils etaientreunis encommunes, et recueillaient de riches moissons de cereales ; comme eux ils etaient soumis a deux souverains a la fois , l'un pontife supreme et rappe- lant le Ddiri du Japon ; et l'aulre roi analogue au Djogoun , ou roi actuel du Japon : comme les Japonais encore , ces peuples de la Nouvelle-Grenade employaient dans leur calendrier hiero- glyphique , et d'une composition assez compliquee , des cycles, ou series de jours et de nombres , combines deux a deux , et notam- ment ils avaient la periode de soixante ans , qui seule suffirait pour denoter une origine asiatique ; enfin , dans la langue Chib-cha , parlee par ces peuples de Bogota , manquait le son de la leltre L , comme il manque aussi dans la langue du Japon. Tels avaient ete les premiers rapports decouverls par M. le baron de Humboldt , et exposes dans son bel ouvrage des Vues des Cor- dillieres ; et , a ces premiers apercus , M. le chevalier de Paravey , dans son ouvrage publie en 1826 , sur I 'Origine unique des ehiffres et des leUres de lous les peuples , avait ajoute de nouveaux rapproche- mens , non moins frappans. Comparant le cycle de jours des Muyscas avec celui des Japonais, M. de Paravey avait trouve dfesdeux cotes les memes significations (evidemment astronomiques) pour les memes nombres. Ainsi , au Japon comme a la Nouvelle- Grenade , chez les Muyscas, le cinquieme jour etait exprime par 1'idee fort complexe , ou l'hieroglyphe de la conjonction du soleil et de la lune. Le quatrieme jour offrait , des deux cotes , des idees de pories , qui sont precisement la signification du daleih des Hebreux , sans cesse employe pour le nombre qualre , dont il a meine eu la figure ; le second jour offrait des idees d'enclos et d' entourage , comme les presente aussi le belli des Hebreux , et le symbole du deuxieme ca- 23 33o ractere du cycle an Japon ; ehfin le noinbre un , a la Nouvelle Grenade coimne an Japou , offrait egalement des idees d'eau , et de telard de grenouille, ou de Jils , enfant, qui, cliez les anciens Egyptiens , nous dit Horapolion , se rendait egalement par une grenouillr naissante. Sans pousser plus loin la comparaison de ces nombres da m^me rang , faite chez des peuples separes par des distances aussi im- menses , il devenait done evident que ce cycle des Muyscas , expose dans M. de Humboldt , d'apres un savant roemoire de M. le cha- noine Duqucsne, de Santa-Fe de Bogota (long-temps cure panni ces peuplades a demi civilisees), el retrouve par ce doctc ecclesias- tique sur un calendrier en pierre , dont M. de Humboldt donne le dessin , avait cte importe en Amerique, du Japon meme ou de la Cbine ; et sans doute , comme le soupCsOnnait M. de Humboldt , par le nord-est de l'Asie , ou 1 on trouve des vents qui conduisent facilement en Amerique ; tandis que toutes les tribus de TAmerique espagnole avouent etrc venues du Nord, et a une epoque assez peu reculee , en suivant les cbaines elevees des Andes ou des Cordil- lieres , qui se prolongent, comme on le sait , dans toute la longueur du nouveau continent. M. de 1'aravey , des 1826, comparales noms memes Ala, Bosat Mica, Jiiscu , Culiup(jar les menus delcguds, el inserts a la suite dudit proces-verbal , sont convenus des articles suivans : Art. I". La limite entre les deux dtats commencera au milieu du cours dean de la Moselle, Mir le thalweg dc cette riviere, au point qui sett de con- tact entre le royaume de Prance, celui de Prusse, le grand duchd de Luxem- bourg, sous la souverainetd du roi des Pnvs-Bas; point situe vis-a-vis de celui ( sur la rive droite de la mime riviere ) sur la ligne formant la separation des banlicues des villages d'Apach (France) et de Perle I Prusse ) ; cllc suivra de la la ligne qui desormais formers la demar- cation entre les territoires de tonics lea communes situeesde part et d'aulre, lc Ion;; de la l'rontiere , jusquau point oil, entre (luvdcn;;en et Sarrebinninjjen , Tunc et I'autre a la Prusse, ellc atteint la ihicre de la Sane, dont le thalweg, uu lil d'eau , servira de limite dans ccttc partiedeson coins, jusqu'au ronlluentde cette riviere aver la Blieze,sousSarregue- mines, pour remonter ensuitele thalweg de cette derniereet arriverau point dese- paration , prcs de PI ri;;imubl , entre lc territoire de la commune prussienne de Blies - Ranschbach , celui dc la com- mune bavaroise deBIies-Nagen et Blies- Ba»,cn , avec celui d<' la commune fran- caise dc Blies-Schweyen., et qui forme en incme temps contact entre la France, la Prusse et la Bavierc Hlienane,le tout, ainsi que ccla se trouve ih termine ct marque au plan general annexe a la prd- sente convention, et que cela est indi- que par tin double lisere (rou;;e dc cote de la France, et bleu du cote' de la Prusse) sur ce plan, lequel a ete ar- reted si;;ne par MM. les commissaires et leurs dclc;;ues. et les ingcniriirs qui ont en- charges des levis. Par suite de cette determination des limites entre lesdeux royaumes , Fart. 3 de la declaration du I I juillet 1827 , se trout ant ex< cute1 , la France a recu de la Prusse Its villages et territoires en de- pendant dc Flatten , Gongelfangen , Merten et Bibling, en compensation des pretentions que la premiere puissant c avait forinccs sur le district de la Lev en, d'apres le sens litteral n territoire des deux royaumcs sera separe par des rivieres , on ne pourra la ire am une construction on bitisse qui l< 01 u< . qui puisse en derangcr le coins actuel , a nioins que ces constructions n'aientun but d utiiite commun aux deux etats, et ne soient consenties par eux d'un commun ai - cord. An. ';. II est entendu que sur toutes les parlies des frontieres ou des chemins servant !i indiquer la limite , ces che- mins, ou toutes celles de leurs parti - qui suivroiii celte frontiere seront mi- toyens, c'esfc-a-dire communs aux deux •Stats , sans que pour cela i! soil attente en rien aux droits de propriete des par- ticuliers a qui ces chemins pourraient appartcnir. Aucun des deux etats ne pourra excr- cer, sur; ces chemins ou portions de che- mins, d'acles de souverainete, si ce n?esl ceux nccessaires pour prcvenir ou arreter les de'lits ou crimes qui nuiraieiit a la liberty et a lasuroui du passage. En taut que proprii i<- fonciere, ces chemins ou portions de chemins seront soumis , pour ce qui concerne les impots , ii Fil- ial sur lequel reside le proprietaire. Par Tart. 5° , aucun edifice . batiment ou habilalion quelconque ne pourra etre eleve' le long de la frontiere qu'au- tantque ces constructions seront ctablios a dix metres ( 30 pieds de Prusse ), de la )i;;ne qui forme la limite. L'art. 6 regie le droit de culture des proprictaircs ou Icrmiers , donl les hiens seraienl niorrcles, el les forinalil1 -s qu'ils auront a observer pour porter des cu- ijrais sur lours lerres. L'art. 7. accordc la menu faenlte pour retirer le produit brut des n coll a. L'art. 8 maintient et conserve les bicns , les droits re< Is . les rente, el < a pitaux qui peuvent appartenir aux com mum s et elablissemens publics de Tun des deux etats dans le territoire de I'autre. Art. S). Lorsque des endroits, reunis jlisqu a ce jour sous ['administration d'une mememairie, seront divises, ils auront ['obligation de solder les frais de I administration communale jusqu'au i" Janvier 1830, soit que ia prise de possession ail eu lieu par suite d'arran- ;;< nens autcrieurs , soit qu'elle se fasse en vertu de la presente convention. Lorsque ce deeompte sera retabli , I'ex- cedanl de caisse , les bicns communaux et les dettes seront repartis proporlion- nellement. Pour etablir cette propor- tion , on prendra pour base le mon- lant de la contribution fonciere. Art. 10. Quant aux villages, ha- meaux , fermes et portions du territoire limitrophe dont 1'ctat de possession chan- gera , alin d'accomplir les stipulations lie la presente convention , a Tart, it du train- du 20 novcmbre 1315 ; il est cx- prcssement declare quela possession sous laquelle ils se sont trouvcs jusqu'ici est reputee legale, etquc, par consequent, tout acte administratif et judiciaire ('■mane des autnrilcs ( nmnetentes sera '■ le • les transactions, eontrats de bail et de vcnie , concessions et aliena- tions quelconques sur des objets tani doiiianiaux que communaux , seront maintenus dans leur validity , et cela sans qu'il puisse v etre question de li- quidation ou equivalent entre les deux gouverneniens. L'art. \ I a pour objet d'assurer aux communes limitrophes la jouissance , sans aucun trouble ni empcchement , de inns les droits (loot elles sunt legale- meut en possession. Art. 12. Jusqu'a I'expiration des bauX existans pour la perhe de la Sarre ei de la Bliese, le revenu sera partagc entre les deux gouvernemens. A partir de i'expiration de res baux , la perhe dans la Sarre. depnis Gudinger jiisqa'a 34.3 moitie chemin tie Sarreguemines , ap- partiendra a la Prusse, et l'autre moitie apparliemlra a ia France. Depllis le lii- ple confin jusqu'a moitie du chemin du confluent dans la Sane , la peche dans la Bliese appartiendra a la Prusse , el l'autre moitie appartiendra a la France. Auxqucls points de separation , il sera plante des bornes dune forme parlicu- liere qui indiqueront les limiles de la peche. Quant aux revenas des passages sur ces deux rivieres , ils seront regies par MM. les delegues, apres avoir pris connaissance du produit annuel de ces passages. Art. 13. Les delegues sont autorises ij accorder, pour l'utilite des communes limitrophes, les concessions de passages quails jugerqnt necessaires , tant pour uatrc annees dans FAfrique du Sud, par Cowper Rose, ingenieur ro\a\. Londres , 1829. Colbtirn.1 vol. in-8°. 432. Tableau de /' Egypte . de la Nubie et des lieux circonvoisins , on Ytiuc- raire a 1 usage des vovageurs qui visi- tcnt ees contrees, par Rifaud. 1 vol. in-8". Paris, Treuttcl ct Wurtz , 1830. ASIE. 433. foyage a Calcutta, a Bombay et dans les provinces supericures dc I'Inde bri la unique, pendant les annees 1824 et 1825. Suivi dune Notice sur Ceylan et d'un voyage a Madras et dans les provinces Mcridinnalcs en 182(i, par Reginald Ileber; traduit de Fanglais par M. Prieur de la Combe. 2 vol. in-8". Paris, Dondey-Dupre. Prix : 13 fr. 434. Historia de la Navcgaci'm , etc. — Histoirede la Navigation, du com- merce et des colonics des peoples an- ciens dans la mer TVoire, ccrite en italien par Formalconi ; et tradtiitc en cspagnol par (iomer Caldcrou. 2 vol. iii-8". Paris, H. Scguin. OCiSAMXE. 435. Relation de la De'coui'erte du sort deLa/tey rouse, par lc capitainc Dillon. 1 vol. in-8", cbcz Pillet, 1829. EUROPE. Funic , jurauie ri Grece. 436. Quudro storii o-slatistico della Russia . ctr, — Tableau hiMoriqiio 345 et statistique de la Russie, dc la Tur- quie ei de la Grece , en 1 829. In-folio. Ferrare, 1829. Pomatelli. Riisj;>. 437. Essai d'une Statistique gdne"rale de I 'empire de Bussie , accompagne'e d'aperous historiques, par J. II. Shnitz- ler. in-1 8. Levrault. Paris, 1829. Alltmas.ni . 438. Dus Konigreich Baiern , etc. — Description historique, statistique, to- pographiqueet geographiqueduroyau- me de Baviere , par line Societe de savans, publiee par II. Jiik. In-8°avec plan. Augsbourg, 1829. Schlosser. intriche. 439. General statistice der Europais- chen Staaten. — Statistique generale des dtats europeens, principalement de TAutriche, par G. IS. Schnabel,2v. in-8° avec deux grands tableaux eth- nographiques, l'un de rEurope,rau- irede rAutriche. .Prague, 1 829. Calve. Suissr. 440. Lettres sur la Suisse , par M. de Golbery , consciller a la Cour royale de Colmar , accompagnees de vues dessinees d'apres nature et lithogra- phiees par Yilleneuve. in-f. Engcl- mann. Paris, 1829. 441. Promenailes aupays des Orisons, ou Cboix des vues les plus rcmarqua- bles de ce canton , dessinees d'apres nature, et lithographiees par Ed. Pin- gret; accompagndes d'un texte histo- rique et descriptif _, par le vieomte de Senonne, publiees par INoel et com- pagnie. En 5 livraisons, 1829. Tialie. 442. Travels in Italy , Sicily, etc. — Voyages en Italic , en Sicile et aux lies de Lipari, par R. Duppa. In-8", avec des gravures en bois . Londres , 1829. Longmann. 8 sh. Espagne. 443. Souvenirs d'Espagne pendant les annees 1808 "a 1813, avec des obser- vations sur la richesse et la fertilite de son sol, etc. , par Lemourin. In-8°. Paris, Lecointe. France, 444. Voyage en. IVonnandie et en Bre- tagne , par Ad. G. , ancicn eleve de l'ecole Polytechnique. Paris, 1850. Sedillot; 1 vol. in-1 2. 445. Lettres descriptives et historiques sur le Bocage de la Vcndde , depuis Jules-Cdsar jusqu'a l'annee 1791 , par Masse, Isidore. in-8°. Nantes, 1829. 446. Histoire nationale et Dictionnaire gdographique de toutes les commu- nes du de'partement d!Ile-et-Vil- laine , ouvrage orne de cartes , de costumes, de gravures, de portraits et de vignettes , par Gregoire ; nouvelle edition in-8°. Paris, 1829. Baudouin. L'ouvrage aura 5 volumes,- les qua- tre premiers ont paru. 447. Promenades historiques , philoso- phiques , et pittoresques dans le de'- partement de la Gironde , par J. Arago. In-8'1 avec atlas de 4 plan- ches. Bordeaux , 1829. Lunlur. 448. Annuaire statistique et historique du de'partement de la Moselle , pour l'annee 1850; par Verronnais. 27e annee; 1 vol. in-1 8. Metz. Verronnais. § 2. ATLAS, CARTES GEO- GRAPHIQUES, ETC. 449. Atlas universel de Geographic ancienne et moderne , en 50 cartes sur grand raisin , avec texte par M. Lapie pere etM. Lapie Ills, etc Paris, 1 830. Eymery.Prix, papier ordinaire, 75 fr. ; velin , i 50 fr. 7° et 8° livraisons. ( Voyez, relativementaumeritedecet Atlas , la Notice des travaux de la So- ciete , pag. 504 et 305. ) 450. Carte historique , physique et po- litique de VEgypte, par le chevalier Lapie, premier gdographe du Roi. Paris, 1829. Piquet. Cette carte , en deux feuilles grand aigle , a Tecbelle d'environ huit centi- metres pour dix myriamelres, est non- seulement remarquable par la beaute de la gravure , mais encore par les de- tails scientiGques qu'clle ofl're. Sous ce dernier point de vue, elle serait sus- ceptible dune analyse raisonnee qui prouverait comhien elle est superieurc a la reduction s Uravaux Je la commission d'Egypte , les observation', astronomiques dc M. Nonet , nicinhrc dc llnstitut du Oiirc, les reconnaissances el itindrai- rcs des gdndraux Guilleminot , Tro- melin , Fering , des savans etvoya- dcurs Burchhardl , Cailliaud, Coste , Pacho . Irwin ; elle esl dgalement ap- uuyde sur les observations astronorai- qnes ct reconnaissances bydrographi- ques de MM. Kiippel, Gauttier, Smith , et est encore eorii hie des plans d'A- Ic'vuidi'ie ii du Caire. I.M. Carte physique et routiere de la France etde la Suisse , et d'une partie ilesetats limitroplirs, |i:ir^'/. Virne. gdo- gpaphe duRoi. 2 feuilles. Paris, 1830. Sur cette carte, qui fait panic (!.• P Atlas universe! de fauteur, se trou- vent eplorkSes les II' divisions militai- res fixees par I'drdonnance royale du 19juillet 182',), n leurs subdivisions en 86 departemcHS. An moyen de diffdrens si M. Kme a caractdrise ['importance re- lative d'un petit nombre de lieus . et signals ceux que distingiient , soil des dtablissemens civils , militaires et rc- ligieux . soil des produits lerritoriaux ou manufactures. Alin de faciliter I'dtude de nos annates, il a dgalement donnc les principalis points liistoriques depuis la lin du vnic siecle jusqu'en 1815, en desigoanl ccu\ (jui out changd <\c denomination par le nom actuel . quelquefois juivi du nom pri- lnitil , at en omettanl le petit nombre de ceux qui n'existenl plus. 452. Gartfcilidustrielle du ddp rtument du nord, par Ware Jailor . a feuilles. Colonibier. Paris, 1829. Prix . 6 lr. Gette carte indique les routes roya- le*, departementales et vicinales , |es rtvieres et canaux navigables, lesma^ niifacuiii's, les grands dtablissemens d'industrie , les usines , les mines , les tourbieres , les csrrieres exploi- tdes , etc. • elle donnc les positions de tonic, les batailles trtdmora'btes qui on( itlustrd la Flandrc franJcafae a diverses cpoi|ue- . ainsi que des tableaux pre- sentani la Statistique de routes et i a naux, les forces productives du ddpar- I incut , considi rdes sous le rapporl dc sa population , de .a division territo- riale . agricole . industrielle el manu- facturiere , etc. I i '• Mouvemens graphiques de la po- pulation de la ville de Paris, dans les xvu . w m et \i\ sici les . consi deres sons les rapports successifa el comparatifs des naissances , des ma- riages . de la mortalitd . et des snfans tTOUVds dans la capitate , depuis 1670 jusqu'a 1829. Par Mare Jo Jot. Paris, I82SJ. Prix : 2 lr. 154. Carte Jn Congo, Angola et Hen guella, pour servir a I oistoire gdm rale des Voyages >\c(.. \. Walckc naer, dressde sous la direction de I'au- Icnr: par A. II. Dltfout. Paris, 1829. I,efe!>\TO 155. Carte geblogique du nord-ouesl de I illemagae . composde de 24 feuilles, par M. Fr. Hoffmann. Bei lin,\ 829. Simon Seliropp, prix 200 fr. Pdndtrd de I'importance , pour I'ac- croissement des connaissances gdo gnostiques, d une representation com- plete do la repartition locale et do I a con- nexion des ro< lies qui couvrem la sur- face du nord-ouest de 1'Allemagne, M. Ic professeur Hoffmann s'est pro pose . en rddigeant cette carte, di remplir une lacune scntie depuis long temps, en donnarit des notions prdcises -in- la richessemindraledupaysqu'ellc doit reprdsenter. Cette carte doit aussi servir de base a I'dtude gdographique des contrecs dont elle fera connaitrc la conformation du terrain , la nature du sol et les rapports climatdriques qui en sont ddpendans.Les rense mens rassemblds par ee savant dans mi grand nombre de courses enti e prises uniquemcnl dans i elte vuc pen- dant liuit anndes , joints aux rdsultats des recherches im dites lain spar quel- ques autres observateurs liabilcs, doi- vent fain- augurer favorablement de ee grand ouvrage, dont les reprdsen tatious graphiques serOnt basdes sur la cane chorographiquc de I'AUema - gne el des p.,\ s adjacens par llo\ ma i Bcrghau • S. M. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME DOUZ1EME. W" 75 a SO- PREMIERE SECTION. Ml.MOIRES, EXTRA ITS , ANALYSES ET RAPPORTS. Noiice sur la colonie americaine de Liberia, elablie sur la cole d'Afrique 5 Tables des principales positions geonomiques du Globe, recueillies el inises en onlre par M. Goulier 35 Journal of a passage from the Pacific to ibe Atlantic, etc. Journal d'un voyage de la Mer Pacifique a l'Ocean Atlanlique, en traversal! t les Andes , dans les provinces septentrionales du Perou, et en suivantle fleuve Maranon ou Amazone, par Lister-Maw 5j Description des fouilles et des decouvertes faites par M. Rifaud , dans la partie est de la butte Koimi-Mediiiet- el-Fares; accompagnee du dessin, des coupes et du plan des constructions inferieures 73 Noiice sur la province de Texas ioi Observations sur diverses parlies de la cote et de I'inte- rieur du Perou, cxtraites des Memoires du general Miller, au service de la Republique peruvienne 106 Notes sur les iles Miquclon et Sain I -Pierre m Extrait d'une leltre de M. Briic sur les iles precedcnles. . ii3 Carte de la Moree i4$ ^.8 - Rapport sur le voyage de M. Charles Relanger , lu dans la stance de 1' Academic royale des Sciences du 28 septembre i5o - Rapport sur l'etablissement d'une nouvelle colonic sur les bordsdela Riviere des Cygnes (Swan-River), dans l'Aus- tralie occidentale i58 - Note additionnelle sur celte colonie 160 ■ Discours d'ouverture prononce a la seance generale de la Societe de Geographic du 1 1 decembre 1829, parleharon Hyde de Neuville. (Ce discours, de 16 pages dimpres- sion, se trouve place" entre les nos 200 et 201.) Description de l'eruption du mont Galoungoun, dans l'ile de Java, en 1822 201 • L'Astrolahle a "V anikoro ; par Dumont dUrville 249 Considerations geographiques et slatisliques sur File de Cuba 267 DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. • Proces-verbaux 3^, 90, n4, 162, 217, 280 Proces-verbal de TAssemblee generale , du 11 decem- bre 1829 284 Notice annucllc des travaux de la Societe , par M. de La- renaudiere 2g4 Notice necrologique sur M. le contre-amiral de Rossel, par M. de la Roquette 323 Compte rendu des recelles et depcnses de la Societe pen- dant l'exercice 1828 et 1829 324 Membres nouvellement admis dans la Societe. 4°> 9^i II^ 1G6, 220, 282, 325 Ouvragcsofferts a la Societe. 4°i g3, 118, 1G6, 220, 283, 325 TROISIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES , ETC. Rapport fait a la Societe royale des Antiquaires, sur la collection d'antiquites mexicaines dc M. Baradere 4-3 Note de M. Blacker sur l'Himalaia 4-9 Rapport de M. le chevalier Bonne sur le perfectionne- ment imagine par M. John Jump , pour etendre et faci- liter l'usage des globes g5 Missions des Etats-Unis g6 Nouvelle carte de l'Indostan 97 Tableau des possessions des Anglais dans l'Inde, et des etats de leurs allies g8 Extrait d'une Iettre de M. le colonel Bory-Saint-Vin- cent, directeur de la Commission scientifique en Moree, a M. le marquis Delachasse de Verigny 120 Extrait d'une Iettre ecrite de Modon a M. le general Brossier, par M. Puillon-Boblaye , capitaine au corps royal des ingenieurs geographes en mission en Moree.. . ia3 Extrait de deux lettres de M. Marres, officier de sante de la Marine , attache au poste de Bakel , adressees a M. le gouverneur du Senegal 127 Itineraire de Dounguel a Bakel, a travers le Fouta. ... 129 Idee de 1'ile Maurice . . i3o Du commerce de la France avec ses colonies et les puis- sances etrangeres , pendant 1'annCe 1828 i32 Lettre de M. le colonel Giraldez a M. de la Roquette. . i35 Observations de M. de la Roquelle sur la lettre prece- dente i36 Prise de possession d'une partie de la Nouvelle-Guinee. . 168 35o — Observations physiques faites sur le mont Elbrouz , par M. Kupfer, el premiere ascension de la sommite de cette chaine tin Cause, par un Tcherkesse i-i — Expedition scientifique aux hides occidentals 175 — Lettre de M. de Humboldl a M. Arrago 176 — Excursion du docteur Parrot au inoiil Ararat 181 — Insalubrite de la ccUe occidentale d'Afrique 182 — Note sur les produits et le cliinat des Montagnes bleues. . ibid. — Rochers vierges ^5 — Le Rocher du Diable Ihid. — Nouvelles decouvertes en Afrique 18G — Communication avec l'lnde a travers l'Egypte ibid. — Phenomenes des glaciers de Grindelvald 187 — Expedition scientifique des deux corvettes le Moller el le Seniamin 190 — Jardins de Fati en Chine iqi — Essais de geographic methodique et comparative, par M. Denaix ibid. — Accioissement du territoire de l'Empire de Russie. . . . 19G — Mappe de Saint-Michel-de-Murano , a A enise 222 — Affaissement de terrain dans le canton de "\ aud 225 — Zoar , ou 1 harmonic de Baumler 228 — Tableau statistique de la population , etc., de la province dc Cercado 200 — Exploitation du diamant au Bresil 232 — Evaluation de la sommc des produits du sol et de toules les industries en France, aver la fixation dc la quolite moyenne qui en revicnta chacun des membres de la com- munaule 287 — Expedition scientifique dans les provinces asiatiques nou- vellemenl conqbises par la Russie 23<) — De la navigation du lage , elc. , el des nouvelles routes de communication interieufe du royaume d1Espagne if\ 35i Traite de paix signe a Antlrinople 2 4o Traite separe entre la Russie et la Porte, pour la Valacbie ct la Moldavie a45 Division du Brcsil en 1829 327 Statislique des voitures de Paris ibid. Extraitd'une letlre de M. le chevalier Paravey, sur l'ori- gine asiatique el japonnaise des peuples du plateau de Bo- gota 328 Canal du Rhin et du Danube 334 Fete du Ticonnad au Bengale 335 Yolcan dans la Nouvelle Galles du sud (Notas/e) 33y Prochaine publication du voyage en Egypte, en Nubie, etc., par M. Rifaud 338 Convention definitive entre la France et la Prusse , pour regler les limites des deux ctals respectifs, conformemenl aux stipulations du traite de paix de Paris, du 3o mai i8i4 , et du 20 novcmbre i8i5 , et ensuite de la declara- tion signee a Paris le 11 juin 1827 34° Bibliographic grographique. ■ Livres : Ouvrages generaux . . 55, gg, 1 4-3, 197, 24.7, 34-4 ■ Geographic ancienne et hislorique 56, gg, 344 • Amerique 55, gg, i43 , ig7, 247, 344 • Afrique 55, ig7, 344 - Asie 56, gg, i43, ig7, 247 , 344 - Oceanic 5G , 344 - Europe 56, gg , i44» 198, 247, 344 - Empire Russe 56, 198, 344, 345 - Suede, Norwege el Danemark i44> iq8 - lies Britanniques 56, 247 - Turquie el Grece 56, i44, ig8, 247, 344 - Alleinagne 56, ig8, 248, 345 - Suisse . ig8, 248, 345 352 Italie 345 Espagne et Portugal j gg , 345 France ag, igg, 345 § 2e Alias, cartes geographiques , plans, atlas universels. gg igg, 345 Atlas speciaux • gg, 200, 248 Atlas d'Europe gg, 144 Cartes gene'rales et speciales . . . 160, i44> 200, 248, 345 Plans 200 -H M ";..' fr* tf? &%y FIN DE- LA TABLE. NOIROT, Agent de la Soriele. Evbb&t , [raprimeur de la Socic'le de Ge'ograpbie . rue du Cadran , n° 16.