^■9n-^ BULLETIN DE LA SOCiETE DE GEOGRAPHIE. Troisieiiie Serie* TOME XIII. COM M issioN (:i:N'ri;Ai.!:. C () M I' I ) S I I I O N 1)1 is L! II I. A U (Eleciiuii dii 4 jaiiviiT iSio.J President. M. Poui.aiw dk Bossay. y ice- Presidents MM. Jomard et D'AvtCAC SecreCaiie-generiit. M. I)e \,\ Roqcette. * Section dc Conespondance. MM. A. d'AUbadie. MM. Li-bns liajol. Meis>aa. f^nllii'f. C. Moicaii. I)e Casli'liidu. Ni)<'l-I3e\veigers. Corlii-let. D'Orhiyii). Giiii:iiiaiit. Tcxii'j-. Lafoud. Section de VubUcation. MM. Alliort-Monlemoiit. MM. Iiiihti t dr,il<>(;ip; plinitiimic ilii p^ilais. (;li)bes terrestre et celeste. L'arsenal; sa disposition; anncs cpii s'y trouvent. Kcurips (In palais. M('naf;eiie ; deux aiitiuclies. Diner de {jala chez le grand-dno; nin{ de Pieire de I'Etoile. C'e.^l (7 ) rovsk (1), et au dink (2) Jean Fomiiit', de se rendru en ainbassade a Florence pres de Ferdinand (3), grand- due de Toscane. Les quatre personnes, dont les nonis suivent, furent designees pour les accompagner ; a sa voir : Nicelas Riclikine , Llienne PalkofI", Timolli^e Toporovsk (en quality de triichement pour la langue italienne), et Alexis Pletnikoff (comine inlerprele pour les autres langues). En outre, I'ambassadeur fut auto- ris6 a s'adjolndre , lors de son arrivee a Arkhangel, Pierre Kouliakoff et Andr^ Komlenka , fonctionnairos attaches I'un et I'autre a I'adminislralion de cette ville, ce dernier pour remplir les fonclions de conservateur des pelleteries [h). ce cachet particulier que nous nous . ) dans CG trajot par les cent Strelilz amies do Icurs I'usils, auxquels se joignircnt un Ires grand nombrc d'habi- lanls. Trois jours furent employes ensuite en prepa- ralifs pour appareiller. L'ambassadeur, Nicelas Kich- kine; le cbapelain de I'ambassade, ttienne Polkoff; I'interpriie, Alexis Pletnikoff, et son fils, Andr6 Rom- lenka, ainsi que les doniesliques de l'ambassadeur, occupaient celui des navires que commandait le capi- taine Jules Bonner. Le diak Fomine, Pierre Kouliakoff, I'interprete pour la langue italienne, Timolhee Topo- rovsk, et les domesliques du diak, occupaient le second navire,coinmanJe par le capit aine Georges Boiss. Le 24 septembre, a deux licurcs de I'apres-midi, les deux navires gagnerenl le large par la passe de Bere- ;iovsk (1). Vingt-deux autres navires marcbands, sous divers pavilions, quitterenl le port d'Arkliangel en meine temps qu'eux (2). (i) Les navires qui quiuent Arkhan{;el gagnent la mer Blanche par les passes de la Dvina et de la Carelie, ou bien encore, a droite, par la passe de BJr^zoff. (2) Lorsque Pierre le Grand prit le sceptre en main, le port d'Ar- khangel etait runifjue voie offeite au commerce extericur maritime. C'est par la qu'arrivaient tons les ctrangers venant en Russie, soil pour y cherclier des emplois, soil pour y faire le commerce. Un aussi grand concours de personnes, se renouvelant chaque annce, permit a la vilie d'alteindre a un degre de prosperite telle qu'Arklian[;el fiiiit par elre considere' comme la ville la plus active et la plus commer- canle de I'empire. Pendant tres longtemps, les Anglais seuls avaient joui du privilege d'y amener des marchandises sur leurs propies na- vires; niais cette restriction, paraissant entiaver le mouvement com- mercial, le tsar Boris Godounoff etendit le privilege a toiites los au- tres nations europe'ennes : aussi, des i6o4, les navires haniljourgcois se mirent a frequenter son port. Ses inqiortations, ala fin du xvi' sieile, represenlaient une sonime de plus cl'un million de roubles, et les re- ( 10 ) Le 2(3 Sfjiloinbre, tandis que Ics deux hatimenls tenalent le ca|) a I'ouest, le lon^ do la terre dcs Lapons, Timotliec Toporovsk, qui ^talt alile, rendit son ame a Dieu : il i^tait alors une heure de rapr^sinidi. On r^- cila I'oirice des morts sur le corps du tr(^passe, apr^s quoi on le descendil dans la mer, soigneusenaent en- veloppe dans une nattc. Ce trisle evenement priva i'amhassade de I'unique personne qui enlendil la lan- gue italienne. Le 8 novenibre, les i)a\ires depasserent promi6re- nient la terre d'Kcosse, et plus tard celle d'Irlande, qu'ils laisserent a gauche. Le 9, ils cingl^renl par dcla I'ile d'Anglelerre, el le meme jour ils se Irouvferent en face de la mer Medilerran^e. Le temps qui jusque-la avail ili beau, changea su- bilemenl et ne tarda pas a devenir 6pouvanlable ! 11 s'6leva une tempete furieuse, soulevant des vagues 6normes, et I'eau, qui ne cessait de balayer les ponts des deux bailments, se fraya un passage jusque dans venus de I.i douane dep.as$aieiit souveiit quatre-vingis millions de rou- bles. I^es marchandises elaient transportees premierement de Moscou n Volof;da pendant I'hiver; an printemps, on les chargeait sur des bateaux, pour etre conduites a Arkliaiiijel,cn descendant la Soukhona et la Dvlna. C'elait an niois de juillet que les navires etrangers y ar- rivaiciit, et les operations conimerciales se prolongeaient jusqii en septembre : cVtait la ce (jn'on numniaii vulgairement la foire (yar- marka). Parnii I's marchandises et inalieres premieres qui fournis- saient a I'expoitaiiun , nous cilerons ; le caviar presse arrivant (I'As- trakban, les pelleleries, les peaux, le chanvre, le tin, les toiles, la potasse, les resin^s et goudrons, le snif et le savnn, les soies de pore, l( s nattesfon en exporlait aiinuclleinrnt plus de (jnatre cent mille), le talc, la coile de poisson, les bois d'anivre. Quant aux marchandises imporlees de I'elranger, elles se composaii lit principalenient dc [no- duits fabriques et de vins d'Espagne et de Frani e. ( 11 ) I'inlerieur. BaUus par uno suite de bourrasques, et contraries par des vents contraires, il fallut louvoyer, ce qui empecha les navires de pouvoir approcher du passage resserr^ de Gibraltar avant le 1" deceinbre. La, de nouveaux dangers apparurent, de la part de pirates qui alors infestaient ces parages : aussi les ca- pitaines eurent-ils soin de faire appreter les quarante- buit arquebuses qu'ils possedaient; de les faire cbar- ger, etde disposer tous leurs matelots, en cas de com- bat. En meme temps, des crocs destines a I'abordage fiu'ent prepares et des fusils distribu^s. Enfin, on s'oc- cupa de fabriquer des seaux en nombre sufTisant pour vider I'eau que les boulels ennemis pourraient intro- duire dans la calle. Le li decembre, un coup de mer terrible assaillil les batiments, enfonca la joue de I'un d'eux, et en un clin d'ceil enleva le matelot Sara de dessus le pont, pourle precipiter dans la mer, oii il se noya. A parlir du 3 decembre, I'eau potable avail commence a devenir rare, et il avait fallu disposer des cbaudi^res sous les voiles pour recueillir I'eau qui en d^coulait : celie que contenaient les tonneaux etait devenue liorriblement amere , et encore n'etait-il permis a chaque passager d'en boire qu'une fois par jour : pendant la nuit, des lactionnaires etaient places aupres des tonneaux. Malgre ces contraiiet^s, les deux navires vinrent a bout de trancbir le passage sans couler bas ni tomber cntre les mains des pirates, qui, pendant ce temps, comme on I'apprit plus tard, laisaient main basse sur onze vaisseaux marcbands, pres de Gibraltar. Toute- fois, ils no sortirent du detroil que le 13 du mois, apres quatre semaines de tribulations cruelles. Le ri- ( I'-i ) vu^c ij (JrotU* <;hl occii])^: j(;ii un'; U-ir*; appartC'iianl ;i la Turqui*;, rft Ic f.oU; ^aucli*: par urju lerre apparlo- riant au loi 'rKHpijgiM.-. J)c ce r:6l6-lii »onl bitu(ic» doux Uiorila),rnc'» liVj» liaulcn <;l iift<';H, cl hi ("'pouvjinlai)!'; c'llait la vioJciico rji; la l(:nip»;(o 'pi'; l<;.s inatclols cmijIojVj.s .""i la iiiariuMjvrR so JiKiil passer (l(;s coi'ich aiiloiii dii corps pom vcriir a hoiil (l<: hi; iiiaiiil<:iiii . (jii in: poiivail alt.soliiiiii'iil pas inai( lici hill \i- |» arnbaMadeurs /jtai^nt r^uniB, pour f;n conslater I'^tat eanitaire : chaqu*i maU;lot fut d'ishabill*'; it «on lour, et son corps sournis i un f;ta- meri minuti<;ux, afin d- rna^ Soloslory, d(^p«;cba vors los arnbassadours lo capi- taino Th<;odoro Boka, lo lioutonant Saxo '^colui-ci cornrno inl'.'rprc-to), lo noprocianl <'arangor Cbarh^, ct plusiours omploy/js rnunicipaux, pour los invitor 4 »o transporter on villo, o6 un Ij6U;I vonait dVuro ()r<;par<; pour los rocevoir. Sur chacun dos bat'-aux qui los arnon^ront, »o trouvait ^itablio une cabino, en nrianioro de caisso do carrofcse, tapissi'O do velours 4 rinUiriour. Les anribassadeurs rov/jtirenl lours v^Ujrnents de cry en personne, accornpajin«i d'une »uit« nombrouse. Dos s^Jdats arrn«i8 do hallobardos ol do portuisanos forrnaiont la haie, depuis lo dobarca- doro jusqu'a la porto de lour future deineure. Dans la foule rass'-mbli^e pros de I'eau, on rernarquait beau- coup doGrecs, de Juifs, d'Arrn^niens, de Turcs el de Polonais. ( ili ) Les atnhassndfiirsmonlcl'ronl niissilol, avor qiirlqiios linos (los por.sonni>s ilo lour siiito cl iin iiiloipieto, dans (loiix caiTdssesgarnis inlerieiircmcnl do velours et al- leles cliacun de six chevaux do prix. Cc fut ainsi qu'ils Iravorserent uiie paitie do la villo, leurs domosliques suivaiil a |)iod les voitures, do eliaque colli desquclles s'avan^aient liuit porteurs de cierj^es decor^s de ban- delettes dories. Six Irompcttes, posies dcvant lentrde de la inaison, execulerenl des lanfares lorsqu'ils virenl les carrosses apjirocher, Celle maison appartenaii a un nc^gociant qui fait le commerce de caviar venanl de Russie. Le 8 Janvier, Ic voievode Sresenlanl des [ler- sonnages donl lous les mouvenients soul si pailailo- mcnl nalurds (ju'on les prendiail volonliers potu' des j)ersonnes \ivanles. Enlin, une derniere sallc renferme des amies, desselles, des iirides, el niemc i'cquipe- ( 21 ) ment complel d'un chcvnl de I)alai!le , place dcbout an milieu dc rappartement , qui jadis furent conquis sur Ics Turcs, a I'ipoque oii vingt de leurs navircs lom- berent entrc les mains des Florentins. II faut, pour se rendre du palais a rarsenal, tra- verser une partie de la villa. Cet etablissement est consacre a la conservation des armes de guerre dc toutes les especes : actucllement il renferme en cui- rasses, pertuisanes, epees et mousquelons, de (juoi armer unc troupe de trcnle mille soldats; plus, un grand nombre de canons en bronze. A I'cnlour du ba- tiuient s'etend un rempart flanque de tours et proteg6 par un fosse profond. Les ^curies du grand -due renferment des clievaux de la plus grande beaute, reunis au nombre de pres de quatre cents. Dans la menagerie, placee dans les de- pendances du palais, on nourrit dilTcrents quadru- pedes et oiseaux reputes curieux : deux lions, deux ours et deux slrofo kamili ( strutliio-camelus , oisenu chameau), I'autruche male el femelle : celle-ci venait de pondre un ccuf demesuremenl gros, qui plus tard ful apporle aux ambassadeurs de la ])art du prince; on en fit une omelette dont tous ceux qui se trouvaicnt assis a leur table mangerenl. Le 20 Janvier au matin, Ic grand-due fit engager les ambassadeurs a assister a un diner qu'il donnait cc jour-la en leur lionneur. Comme tcmoignage d'une haute deference, le prince s'avanca a leur rencontre jusque dans la troisieme piece, pour passer ensuile avec eux dans la salle a manger. Les convives s'lissircnl a table dans I'ordrc suivant : a la droite du prince s'assit I'ambassadeur Likliatcbefl", ayant pres de lui ( -22 ) Malhias, I'mi tics fV^res du grand-due; n la gauche du prince s'assit Comt', son fils, puis le diak Jean Fo- niine, et puisLdopold, autre frtre du ])rince. La tahle, mervoilleusenifnt d^cor6e, t^tait en parlie occup(^e par un vasle plateau surmonti' do pieces montees exdcu- l^es en sucre. Au milieu, et dominant Ic lout, appa- raissait un aigle d'une archine de hauteur (1), in- cruslii en sucre candi imitanl les pierres precieuses et I'ortanl au milieu du corps un ecusson represenlant Ic tsar a cheval tenant son sceptre a la main ; deux autres aigles, nioins grands, etaient disjjos^s symetri- (juemenl a droite et a gauche, I'un en sucre candi jaune imitant I'anibre, I'aulre en lafTetas blanc avec application d'orncmenls en sucre. Entre ces trois pieces principales s'^levaient ca el la, a la surl'ace du phiteau, d'autrc'S pieces egalement en sucre, auxquelles riiabilete du confiseur 6lait parvenue a donner la forme de diOferents animaux. En sonime , I'ensemhle de ces divers objets formait un coup d'ceil curieux. Pendant loute la dur^e du repas, environ deux cenls genlilshommcs, tous jeunes, bien fails et raagnifique- menl vetus, se tinrent deboul dans la partie de la salle en face de laquclle le prince etait assis. II y avail, en outre, foule dans les Irois salons voisins de la salle a manger. Quand arriva le moment de porter les sanies, le grand-due, les personnes de sa famille el les anibas- s;\donrs se lov^rent; aprcs quoi, le prince porta lour a lour la sanle du tsar et de son auguste maison. Dans les inlorvalics, un orchcstre compose de di(l"«^renls in- struments, tels que iiarpes, cymbales et trompelles , (i) Un j)('u [)lus do ~ decimetres. ( 23 ) execulait cles inorceaux d'harraonie. Le fostin ter- uiine, Basilc Likhatchcff et Jean Fomine se retirerent dans leurs appaitenients. Environ deux heures apres, un nouveau messagcr du grand-due vint prier les ambassadeurs de venir pas- ser la soiree a la cour, oii il devail y avoir bal et spec- tacle. Quatre cents invilalions avaient et6 faites, et parmi les personnes invitees se trouvaient les plus hauls dignilaires de I'htat avec leurs epouses. La fete fut su- perbe, et la nuit entifere se passa en representations Ihealrales et en danses, auxquelles le prince, la prin- cesse, leur fds et les fr^res du grand due prirent eux- memes part. Des que les assistants eurent pris place dans la salle du theatre dependante du palais, le prince donna I'ordre de coramencer, et le rideau (|ui cachait la sc^ne se leva pour montrer une decoration representant I'interieur d'un vaste palais : des acteurs represente- rent une suite de scenes, apr^s quoi un coup de sifflet partil, et cette decoration, entralnee sous le planclier par des cordes pass^es dans des poulies, fit place a une decoration nouvelle. Celleci representail la iner! A la surface des flots agites voguaient plusieurs na- vires charges do matelots travaillant a la manoeuvre, autour desquels nageaient des daupliins, sur lesquels differenls personnages etaient assis. Sur ces entre- faites, les epais nuages qui obscurcissaient le ciel, se mirent a descendre lenlement vers la mer, et finirent par s'etaler a la surface ties vagues : les personnages assis sur les dauphins se deplacerenl alors pour alliT se mottre sur les nuages, qui, remontant petit a petit, les enlev^rent et disparurenl par en haul. Dans la scene ( 24 ) (jui siiccetla ;'i ccllo-ci, iipp.'iruroiil ;'i la loisfUuix images separcs : sur I'lm (1'(Mix, ('•clalanl dc la plus \\se lii- nii^ro, so loiiait tin jciuic hoininc ; sur raulre, (jui n'o- lailqu';"i demiiiclair'i, se lt>nailuiiej( imcol bello foiume. Lo piincc expliqua aux anihassadcurs quo lo joune honimc reprt^senlail \v sulcil, v[ quo la jeune fcinine rejiresenlait la luno. I.os i\eu\ nuages se aiiioul ados- cendrc, ct dcs quo li\jouiie liomuio ot la jcunc lomme furcnlprt'sdu planclicr, ils monlorent chacuu dans un carrossc soparo, arrives, au nondiro dc doux, sui" ces cnlrefailps pour los cmmenor. I.o mocanlsino adaple aux clievaux otait si parfail, qu'ils seinblaient vlvauls! La docoralion ayant change pour la sixieme lois, fit voir unc vasle plaine, romplic d'ossemcnls luunains, sur Icsquels nne voice de corbeaux vint s'aballro. In combat a I'arme l)lancbe et au pislolct, execute jiar cinquanle coniparses, succeda : ils etaient lous anuos do pied en cap, ol conibatlircnl avcc un extreme acharncmcnl jusqu'a la cliulc do Irois d'cntrc eux. Kn cot inslant ap|iarut unc l;'()U])o do dansours ct do dan- souses, elogammenl \olu.s. Ilnlin, pour cJoluro au spectacle, on vit apparaitre un nain, qui, par scsdis- cours ct par ses geslcs, If^moignait qu'il souITrait d'un appc^lit devorant : a ses oris, de nombreux serviteuis accoururent, (jui posorenl devant lui une table cou- vcrlo de mcls, do patisseries ol do confitures; il man- gea tout, ot do nouvoaux plats lui furonl a|)p()rlos. Ceci sc rcnouvela plusiours fois! Brof, lo ridoau dcs- ccndit, a la grando surprise des spcctateurs, sans que I'insatiable iiaiii cut ccsse dc dcvorcr! De pareillcs roprdsontatidus ihoalralcs sc rcnouvollont frequem- inont, el |i'S ainl)as.',,i(linirs, pondanl la diiroe de leur ( ^5 ) srjour a Florence, absislercnl a li-ois spectacles donnes ;'i pkisicurs jours d'inlervalle. lis coulent d'ordinaire excessivemonl chcr! Une rejjrescntallon donnee a la cour, liiiil jours avant rarrivee dcs ambassadeurs, avail coule luiit niillc rixdales! La reputation des ar- tistes decoratcurs de Florence est du reste si grande, que nagueie Ic grand-due, voulant t^moigner par un present au roi d'Espagne la joie que lui avail causee la nouvelledelanaissancede son fils.lui envoya plusieurs decorations ext^culees parses peintres les plushabiles. A quelques jours de la, les ambassadeurs regurent unc nouvelle invitation de la pari du prince : il s'agis- sait celle fois d'assister a dilTerents jeux qui dcjvaient avoir lieu sur la grande place du niarcb^ de Florence. Deux carrosses de la cour les y conduisirenl, et ils y furent recusdans une tribune trt'-s elevee, tapissee in- lerieurementde velours, qui avail et6 construile pour eux. Sous les principales croisees des palais situes en Face de la tribune, du c6l6 oppose de la place, etaient suspendues de ricbes tapisseries. Le prince el les per- sonnes de sa famille y avaient deja pris place quand les ambassadeurs arriv^rent. Soudain quatre coups de canon furent lires, etles exercicos commcncerent. Un certain nombre de chevaliers, le corps garni de cui- rasses et la tele couvcrlc de casques, commencerent par executor diflerents exercices guerriers. II y eut ensuite un inlermede boulTon, dans Icqucl figureront quatre nains. Puis on vit entrer dans I'arene deux troupes de joueurs do ballo, jcunos, Icstes ot vigou- reux, qui s'excrcercnl a qui parviendrait a lancer une balle a jdIus grande dislancc. Quand les jeux furent lerniines, la princesse eul I'allenlion d'envover aux ( 26 ) amhassadeurs, conime une marque de sa hicnvcillance, plusicuis mouclioirs on lafTelas, sur Icscjuels ^laient rej)r('Sonles dos jciix analogues a ceux que Ton venait d'executtT. Les clKvalicrs ct les joueurs de balle eurent aussi part a ses libtiralil^s. Dans un entrclion ])arliculier qui eul lieu entre Ic prince et les amhassadeurs, il leur adressa une suite do (juestions sur le royaume de Siberie (Sihirskoie isarstvo), en ay ant soin de suivre les explications qui lui 6taient donnees sur une carle de geogiaphie, italic sous ses yeux, el prenant note par 6crit des particula- rilds les plus saillantes. Ses questions portaicnt prin- cipalement sur les dilTerents animaux a fourrures que ces conlr^es noiu'risscnl, et sur la quanlilc de pellc- teries que Ton en retire cliaque ann^e : plus d'une fois il expriina sa surprise de ce que, avec une destruction d'animaux aussi consideraljle, on n'arrivat pas a les detruire tous ; c'est qu'il en jugeail en homme qui ha- bile un pays exclusivemcnt montagneux, sans vastes et profondes forets, ou les animaux sauvages sonl, par const'-quent, rares. La princesse ayant temoign6 le desir de poss^der deux pelisses de femme h la mode de Russie, pour en faire present a sa hru, les amhas- sadeurs s'empresserent de les I'aire confectionner par leur tailleur. De cos deux pelisses, I'une 6tait en ^lofTe de soie a ramage doublee d'hermine, el I'autre 6tail de tairotas double de pelit-gris. La jeum Spouse les essaya I'une apr^s I'aulre, en presence des amhassa- deurs, et leur temoigna qu'elle en elait parfaitemenl salisiaile. Sur I'ordre du grand-due, son neveu entreprit de montrer aux amhassadeurs lous les monuments et ( 27 ) curiositf^s de Florence, non encore apergus par eux. Ces courses, dont on va lire le compte rendu, se pro- longerent pendant huit jours consecuUfs. Le palais que I'on est en train de decorer, pour servir d'habitalion a Come, fds du grand-due, renferme des appartements dor6s et peinls avec un luxe merveilleux. Au moment oil les ambassadeurs le visiterent, des ouvriers s'occu- paient a appliquer sur les murs de plusieurs salons des (^lolles de soie enrichies de ramages melanges d'or, dans le goilt turc. Ces sorles de tenturesse com- posent de bandes reunies par des coutures ; chaque bande a pres de trois sagenes dc long, et dans la vaste chambre a coucher seule on en compla jusqu'a cent! Toutes sortes d'objets, ou pr^cieux ou rares, decorent I'int^rieur des dilTerents palais babites par les fr^res du pi'ince : ce sont bijoux en or pur, coupes et autres objets analogues en cristal et en ambre, tables a des- sus de jaspe, vastes miroirs, dans lesquels un boinme debout peut se mirer, tentures et rideaux en etofTes de soie. Les tapissiers cbarges de I'ameublement des palais ont pourcoulume d'employer toujours la meme etolTe pour les tentures, les rideaux et les couverlnres des sieges, dans cbaque salon. Dans d'autres salles, en place de tentures formees de bande d'^toffe, ce tont des tentures tissues d'une seule pi^ce, sur lesquelles sont repr6sent6s des personnages, en maniere de ta- bleaux. Ailleurs encore, I'arcbitecte est parvenu a amener I'eau sous les dalles qui composent le pave d'un salon : d6s que Ton ouvre le robinet, I'eau s'^lance sous forme de pluie, par des milliers de Irous imper- ceptibles, et mouille impitoyablement les personnes qui s'y trouvent reunies. Les pares etjardins sont tous ( 28 ) niagninqucs, ct plusieurs d'enlie cux contienncnl des iul)rcs IVuiliers flu plus beau lapporl. Kn general, on rcnconlie clans cellc villo une extreme abondance iles ineilleurs fruits, tels que pominos, poircs, figues, me- lons et raisins, ce qui est principalenienl clu a lin- flucncc bienCaisante clu climal. II est tellement chaud, queles habitants sonl contrainls a se loiiir renfermes jicndaiil ioulo la diirec du jour, |)Our no sorlir dc leurs demeuios qu'a la lonibee do la luiit. Cetle cou- tiimc n'empeche pourtanl pas Floicnco d'etre une cite joyeuse, ou Ton cnlcnd rctenlir, au milieu des riinieurs do la foulo, le bruit des jouoursd'instrumenls. On y aime a tel point la musique, que bon nombrc do personnes, sans en faire profession, savent jouer dc rorgue. Toutesies curiosites do la ville ayant ele examinees par les ambassadeurs, cl leur mission pres la cour de Florence se trouvant remplic, ils songerenl au depart : en consequence, ils rucut prior le grand-Juc de vou- loir bien ]rs juunir au plus lot d'ano Icllre rcveluc de rempreiiitc snr or de sun cachul, en rej)onse a colic dc Sa Majcste le tsar, ct en memc tenq)s de les auto- riser a parlir pour s'en retourncr on llussie. Cetle lois leur projcl etait de preiulre la voie dc terre, j)ar Amsterdam, et non plus i)ar inor, a cause des pirates, dont le delroit dc Gibraltar elail infesle. Le j)rince promit de les satisfaire, ct leur faisant observer cepcn- dant que toutes les fois que les souverains loscans avaicnl cu I'occasion d'ecrire, soil a romporcur Ires clirclioii, soil aux rois do France ou d'Kspagne, ccslct- Ires n'avaionl point elc revetucs do ronipreinlo de lours amies .^ur or; que, du reslo, s'ils y lenaionl abso- ( '-^9 ) lumenl, il serait cleroge en leur I'aveur aiix coiittimes etablies. Pen de jours avanl lo luomenl fixe pour le clejiart, la princesse fil inviler les ambassadeurs a passer cliez elle, pour leur souhaiter un lioureux voyage. Au mo- ment on les envoyes du Isar, revelus de leur costume de cer^nionie, penetrerent dans la salle oi'i se lenail Tepouse du grand-due, ils y trouverent environ deux cents demoiselles ct jeunes courtisans reunis. Dans le discours qu'ellc leur tint ensuite, la princesse repeta a quel point son epoux, son filset ses beaux-freres avaient ete touches de la bienvei lanle attention du tsar, ajou- tant que dorenavant tous esperaient qu'il allait en re- suiter des rapports frequents et intimes. En lermi- nant, la princesse les pria d'excuser si, par hasard, il aurait ele commis quelque manquement a leur (''gard, erreur qui, dans lous les cas, n'aurait pu provenir ([ue de I'ignorance des coutumes de la cour tsarienne. Le 111 fevrier, veillo du jourou le departdevait avoir lieu, le prince, apres avoir rccu Basile Likhatclicll' el Jean Fominc en autbence de conge, et leur avoir roinis de sa main unc lettre aulograpbe adrcssee a Sa Majesle le Isar, envoya les objets que voici en prc^sent aux am- bassadeurs et aux personnes de leur suite. A Basile LikhatcliefF, une chaine en or pur d'un travail exquis, pesant dix livres ; el au diakJean Fomine, une chaine dgalement en or, du poids de liuit livres; de phis, a chacun d'eux, un certain nombre de pieces do bro- carl d'or, de moire, de velours, de satin ct de damas; a JNicelas Ricbkrine, deux bagues en or et deux pisto- lets de prix; a Slepan PalkoIT, deux bagues en or et une ecritoirc en argent massif, pesant dix livres; en/in, ( 30 ) on chapelain, a Piorro Kouliakoll el a Alexis Plelni- kofl , Irois chaincs cl'or parcillos , posanl cliacuiio au dela (I'une livre. II dlait Irois hcures do lapies-inidi quand les am- bassadcuis se iniicnt en route, accompagn^s par un des freres du grand-due, qui ne les quilta que lors- qu'ils eurent ddpasse i'enceinle de la ville. Apres un jour et demi de marclio, on arriva a Bolosne pour y demeurer pendant vingt-quatre heures; celte cite est opulenle, peuplee et active; on y rencontre beaucoup de niarchands et d'ouvriers dans dilT^rents genres. De la, on se rendit a Modene, capilale du ducli6 de ce noin. Le due, qui nest age que do vingt-cinq ans, se Irouvant indispose depuis plusiours jours, les anibas- sadeurs ne puront lo voir. Pour leur en temoigner ses regrets, il eut soin d'onvoyer son frere a leur rencon- tre, pour les conduire en carrosso dans I'ondroit ou un logenient avait die prepare pour oux. Celte voiturc etait dune richesse telle, qu'ils n'cn avaient point en- core apergu de seuiblable. A droile et a gaucbe mar- chaient des jeunes gens, habilles en drap d'or, qui porlaient dcscierges. Arrives dans la niaison designee, les amhassadours y trouverent la table niise : a I'iiistant memo un ropas, teriuine par un riclie dessert, lut servi pour oux comnie pour toutes les personnes de leur suite. De Modene, I'aiubassade se rendit a Reggie, ville laisant partie du duche de Modene, puis elle gagna Paruie ol onsuite Plaisance. Cotte derniOre ville est grantle, mais, du restc, mediocrenient j)euploo. Au dola, a une distance de vingt versles, la route passe en vue de la ville de Lodi, (|ui, autanl qu'il a did possible d'en juger, est suflisanimenl grande. Enfin, elle arriva ( 31 ) i'l Milan, villo consitlerable, qui n'cst eloignee que de six verstes de Lodi ; c'est dans s? calliedrale que sunt deposes les restes morlels de saint Ambioisc, ancien eveque de Milan. La ville et son lerritoire sont la pro- prit^te du roi d'Espagne (1). Pour se rendre de Milan a Bale, il I'allut louer trente et un chevaux, moyennant 582 rixdales, dent une nioitie elaient des chevaux de bat et j'autre des che- vaux de selle. A Bale, les ambassadcurs prirenl pas- sage dans des bateaux qui les transport^rent a Lugano, ou ils arriveront le 28 fevrier. Passe Lugano, la roule qui se rend en Suisse travei'se une suite d'^normes inonlagncs. En en franchissant une parlie, ils gagne- rent Bellinzona, ville situ^e en Suisse. Le J*' mars, les ambassadeurs coucherent dans le village de Giornico, el le lendemain a Aizola. II fallut sejourner plusieurs jours en cet endroit, pour donner aux autorit^s locales le temps de faire deblayer le sentier trace a travers le mont Saint-Gothard, dont la partie la plus elevec est couverte de neiges ^ternelles. Nul voyageur ne I'avait encore travers6 depuis la fin de I'et^. Ge tut seulement le 6 mars qu'il dovint possible de se mettre en route. Les bagages etaient Iralnes par des boeufs, ou bien charges sur des chevaux do bat. Des chevaux de selle suivaient, destines a servir a la descente. Pendant I'os- pace de sept verstes de montee conlinuelie, de la base au sommet du mont, les anibassadeuis et toutes les personnes de leur suite durent clieminer a pied ; on (i) On sail ([lie la f.iniille Viscoiili, poiir Lu|iiclle ie Milanai.s avail ete erij^e en duchi', en i3g('>, sVtanI eteiiite en i447i celle des Slorr.n lui succeda ; celle-ci s'etant eteinte a son tour en i 53.'), il passa a la Conionne d'Espa^ne, pom ne plus en eric detache qn'en 1700. ( 32) avanrait pondanl im ([iiart-cl'lieiire, cl puis on fnisail un temi)s d'arret pour icpromlro luiloiiic. De crainlo d'accidcnl, la lellre clii grand-tluc tie Toscaiic a Sa Majesl6 le isar, ainsi que les jouriiaux do I'anibassado, avaioiit ele retires dcs porle-inaiiteaux, cl icinis aux secretaires Paikoll et KouliakolT, pour etrc poiles sur cux : c'osl (ju'il arrive asscz souvent que des clievaux lourdement charges sonl arraches |iar la \iolence du vonl dii sentier perillcux qu'ils sonl on Irain d(? suivic, et pr6cipil(5s dans des abimtis ! Celtc fois la monlee s'eflcclua sans accidents, et les ainbassatleurs s'arro- terent pour diner dans une auberge elablic au sominet dc la nionlagne. Apres le repas, ils se mircnl a cbe- val pour descendre le Saint-Gotliard, cc qui s'eiTectua sans didiculle, et vers le soir ils alleignirent le village d'Lrseren, pour y passer la unit. Le 7 mars, Tanibassade, apres un Irajel assez court, arriva dans la ville d'Altori". Le Icndemain matin, les ambassadcurs continuerent leur voyage et s'avanc^- renl jusqu'au liamcau de Fluelen, silue au luud d'lui vasle lac : la ils sc mirent en bateaux, el, api'es une navigation de ]>liis de vingl verslcs, debarquerenl a Lucerne. Cetle belle ville, siluee a I'aulrc extrcmite du lac, se fait rcmarquer [uar son elendue, sa bonne apparencc, ainsi que parle pont, d'une si prodigieusc longueur, construil sur des cbevalcls en bois de cliene qui Iraversenl la riviere. Le 9 mars, les ambassadcurs fircnt une premidre balledans le village tie Sursee, et puis gagnereiil celui de Tagmersellen poiu' aller en- suite passer la nuit dans la ville tl'Ollen. Le luntlemain, 10 mars, on put gagner Bale, ville librc, quoique en- clavee dans la Suisse, qui acluellemcnl esl adminis- ( 33 ) tree par le bourgraestre RIeichtcn, Apres deux jours de pourparlers, on parvint a s'y procurer une barque, au prix de 125 pieces d'or, pour se reudre a Cologne. Le trajet de Bale a Cologne, qui se fait en suivant Ic cours du Rhin, exigea seize jours. Pendant celte longue navigation, les paysagcs les plus varies et les plus riants nc cesserent de se derouler aux regards. Ce vaste fleuve coule avec une rapidite telle, qu'il en- traine beaucoup de limon, ce qui rend I'eau impropre a etre bue, sans I'avoir au prealable fait sulTisaminent reposer. Plusieurs cites commcrgantes et peuplees en occupenl les bords. Cologne, qui est du nombrc, est une ville considerable. Suivant une superstition accre- dit(§e dans le pays, dans sa vaste cathedrale, et en un endroit ignore du vulgaire, reposent les corps de cer- tains niagiciens persans. II existe, dans un des quar- ters de la ville, une tour tr6s (ilcv6e, au sonnnet de laquelle est installee une horloge, dont le carillon fail entendre irente airs differents, et dont le cadran in- dique le cours du soleil ct de la lune : ce monument est perce d'unnombre de croisees egal au nombre des jours de I'annee. A Cologne, plusii!urs bateaux furenl loues pour transporter I'ambassade a Amsterdam. Chemin fai- sant, les ambassadeurs visilerent Ulrecbt, ville fort grande et qui renfcrme une nombrcuse population. Lorsqu'il ne resta plus qu'environ trenle verstes a par- courir,'les bateliers quitterent le Rbin, qui tourne et va se Jeter de c6t6 dans la mcr, et firent penetrer leurs bateaux dans un canal creuse a bras d'hommes. Plusieurs appareils ingenieux, auxquels on donne le nom d'ecluscs, font disparaitre la dilference de niveau xui. .iAisvu,u. 3. 3 ( ^i ) (laiis l(^s lerrains, ;'i rondro l;i nnvigalion pos.sil)l('. Toulos Irs (Miihaii alions qui parcourenl le canal, lant a Tailor qii'au relour, sont haleos par iin ceiiain noinbre do chevaux, maichanl le long du bord. L'aaibassade airiva en vuc d'Aiiislerdam le 27 mars, et doscendit dans une aubergc des faubourgs. Pendant I'espace de Irois jours que les auibassadeurs y demeu- r^rent, pour donner aux aulorites de la ville le temps de leur appreter un logemenl, bon nombrc de com- mercants vinrent les saluer et leur offrir des compli- ments de bien-venue. Ce ful le 30 mars qu'eut lieu Tcntree solennelle de I'ambassade a Amsterdam. Le bourgmestre, a la lete des ju'incipaux n^gociants, s'avanra a la rencontre des ambassadours entre une double rangee de soldats ar mes de fusils, puis il les conduisita la maison priiparee pour eux, dans le voisinage du marcb^ au poisson, et non loin de I'botel de villo. Get edifice, dont la con- struction n'est point encore achevee, a ^l^ entrepris dans de tres vastes proportions ; on assure que les di- vers services municipaux y occuperont j^r^s de deux cents apparlements separ6s. C'est par le commerce qu'Amsterdam s'est 6lev6 a ce liaul degr6 de prospd- rit6. Pendant le s6jour qu'y firent les envoyes du tsar, on comptait pres de mille navires marcbands rassem- bl6s dans son port. Co port se compose d'abris, dis- poses sur deux rangs, et etal-lis au moyen de murs en pilolis et briqucs, avcc des ouvertures en nombre suf- fisant, soil pour Tenlrce, soil pour la sonic des vais scaux. Pendant la nuit , on a soin do Termer ces pas- sages au nioycn de fortes barrcs transversales. La ville ( 35 ) p|lo-memo ost constiuilo lout ontierc siir pilolis ; il } a tol endroit, oil jadis los baleaux avaient acci's, f|ui maintenanl est occiipo par tie hauls et nonil)reiix edi- fices. Les rues de la ville sont sans cesse parcourues par une foule de personnes, tant la populalion est press^e, et pourtant trois objets de premiere necessile y nianquent completement, a savoir, le bl^, le bois et I'eau douce ; c'est dans le canal alimente par le Uhin que Ton va puiser celle-ci. Parmi les eglises monu- mentales qui d^corent les principaux quarliers, II y en a deux qui poss^dent des orgues fort belles. On comple a Amsterdam plusieurs 6coles et ^tablis- sements de bienfaisance qui y occupent de splendides edifices. La maison d'education pour les jeunes gar- dens est spacieuse; quatre cents eleves s'y trouvenl r^unis; on en compte environ trois cents dans la mai- son affectee a I'education des jeunes filles. L'liospico oil les fcmmes ag^es et infirmes Irouvent un refuge et des soins est digne d'altention : chacune d'oUes ap- porte a la caisse de I'etablissement le produit de son travail, suivant le degr^ de ses forces et son savoir-faire. Cette somme s'ajoute a celle que les marchands don- nent chaque annee pour cette bonne ceuvre, ce qui forme um; masse suflisante pour subvenir aux frais d'entretien de la maison. De tr^s spacieux magasins permellent do conserve r en lieu sec le materiel naval, quand les vaisseaux de I'Etat sont a demeure dans le port. Par leurs propor- tions, CCS magasins peuvent etre ranges parmi les edi- fices les plus considerables de la ville. Les soins a donner a la recherche de navires convc- nables pour transporter I'ambassade d 'Amsterdam a ( 3C. ) Arkliangel, ainsi que des raisons d'alVaires, parlicu- lieres aux capilaines des navires IVet^s dans co but, retinrcut les ambassadeurs sur place pendant Irois seraaincs. En dolinitive, lout se trouva dispose pour le depart dans la seconde quinzaine d'avril, et le 28 du naC'uic niois on gagna la mer. L'aiiibassadeur Likhal- cheff, quelques uns des attach(!!S de I'anibassade, el tous les gens de rambassadeur, occuperont deux buli- ments; le diak Jean Foniine, avec les siens et un secre- taire, en occuperenl un Iroisieine. Des glaces flol- tantes, que i'on renconlra dans les parages de I'Dci^an Glacial, obligerent d'aborder sur un point de la cole, pour y demeurerarancrependautdixjoursconsecutifs : alors seulement il devint possible de remetlre a la voile, el la navigation n'ayanl plus ele contraries, les trois navires enlierent, le 6 juin, dans le port d'Ar- khangel. Toute cetle travcrs6e, y com])ris les jours de relaclie, avail dure vingt-huit jours. Le pinnce Eninianuel G.vlitzin. S.iiiu-Pt'tersbouij5, octobie i849- ( :^7 ) EXPEDITIONS ARCTIQLES. RAPPOHT ADRliSSi A I.'AMIRAUxi; PAR LE CAPITAINK SIR JAMES C. ROSS, COMMANDANT DE l'eXPEDITION ENVOVilE A LA RECHERCHF. DE SIR JOHN FRANKLIN. Conforin^ment aux intentions manit'cslees clans une lettre du 13 juillct 18/18, au secretaire de Tamiraute, les baliments de Sa Majcste /'Enferprize et riiwesti- ^«?w appareillaient ce jour mcine de retabllsseinenl danois d'Lppernavick. En faisant route au milieu d'un archipcl inextri- cable d'iles, qui s'etend devant la grande Icrre . et semble empecher I'accumulation de la grande ban- quise , nous reussiines a depasser lo point oii les lia- leiniers avaient ele si longtenips arrdtes, et nous firncs cliaque jour quclques progres dans Ic nord , jusqu'au 20, ou nous nous arnarrames a unbanc de glace echoue devant le cap Shackleton. La, nous fumes rejoinls par le Lord Gainbier, de Hull, capitaine R. Hill. Cet officier m'informa qu'ayant couru au sud avec le reste des navires balcinicrs, et ayant examine avec soin la banquisc jiour y decouvrir une issue qui put les conduire dans I'ouest, la glace lui avait paru tellement compacte et resserree , qu'il en avait conclu qu'aucun navire ne pourrait, en ccllc saison , arriver a la cote ouest de la baic de Baniii. II etait, des lors, retourne dans le nord, et s'allendait a etre prochainement suivi dc lous les autres navires, qui tclclicraient de doublor rextremilc nord de la ban- ( 38 ) quise ; il parlait avec assurance d'executer co projet dans la premiere seniaine d'aoill, et me promit a lout ev^ncmeiit de naviguer de conserve avec nous jusqu'au 3 aoiJt. D6s le lendeniain matin , nous nous dt^mar- rames du banc de glace, et nous limes remorqucr Jcs balinienls, au travers des glaces, vers quelques canaux qui s'elaienl ouverts durant le calme qui avail rdgn6 loute la nuit. Nos progr^s furenl neanmoins tres lents durant celte journee et celles qui la suivirent, et notre posi- tion devint souvent difficile et embarrassante. Le 26, au matin, ^tanl par le travers des trois lies de Baffin, par Ih" de latitude N., nous fumes surpris, (juand la brume se dissipa, de voir le Lord Gainbiei\ a environ 8 milles de distance, faisant route, toutes voiles dehors, vers le sud. Nous filmes ainsi prives du seul moyen qui nous restat d'inlorraer I'amiraute de nos mouvements; et cela 6tait d'autant plus faclieux, que, la veille meme, nous avions passe a moins d'un quart de mille du navire, et que, s'il nous eiit fait signal de son intention de se dirigor dans le sud, nous aurions pu fiiire mettre a bord nos lettres et nos depeciies. Le I rave commandant de ce navire merile les plus grands eloges pour avoir persevere a se tenir seul si 6loigii(^ de ses compagnons : s'il n'eilt dependu que de lui , il ne nous aurait pas quiltes, je pense , avant que nous n'eussions surtnonte les grandes difficulty's de la baie Melville. Nous poursuivlmes noire route vers le noid, avec V3 ) d'liivernage. Toulcs nies csperancos claient malnle- nant concentreos sur los eiTorls dc rexpedition de sir John Richardson, car j'etaisenticrement persuade que les navires de sir John FrankUn avaient dCi peactrer si loin au dela de I'lle Melville, que maintenant il de- vait pref6rer venir chercher le continent americain phitot que d'aller reclamer I'assistance des baleiniers dans la baie de Baffin. Nos dquipages, affaiblis par des en'orts inccssants, elaient dans une situation peu favorable pour cntre- prendrc les penibles travaux qu'ils avaient encore a acconiplir. La saison ctail Icllement arrieree, qu'on pouvait a peine apcrccvoir uno flaque d'oau sui- toutc la surface de glace qui couvrait le porl, si ce n'esl le long de la ligne de gravier qui avail ele cntralnec vers I'entree pendant I'hiver. Aussi y avait-il peu d'appa- i^ence que nous pussions nous degager pendant la sai- son dans laquelle nous enlrions. Tous les hommes valides commcncaient a scier la glace pour augmentcr la largeurdu canal, de raaniere a permettre aux navires d'y passer, vers la pointe du port qui etait a une distance de plus de 2 milles. Ces travaux se poursuivirent jusqu'au J5 aoul; le canal etait alors presque termine, et la glace du port se rompil dans sa direction en deux parties presque 6gales, ce qui nous epargna quelques jours de travail. La glace du large paraissait resler aussi solidemcnt fixe que pendant I'hiyer, mais nous pumes voir qu'olle diminuait le long des cotes; el ce ne fut que le 28 aout que nous reusshiies a nous degager du port, Avant de quitter le port Leopold, j'avais fail con- slruii'e une cahane avcc nos espars de rechnnge, ct je ( 5/1 ) I'livals fail couvrir avec ceiix de nos capots clonl nous poiivions disposer et que nous aurions pu reniplacer au besoin ; el j'y avais laisse des vivres pour douze mois, du combustible et d'autres objets de premiere n6cessil6, ainsi que la machine a vapeur et la chuloupe de VInvestignlor. Colle-ci avail dl6 allongee exprds de 7 pieds, et faisalt un joli naviie susceptible dfe trans- porter tous les hommes de sir John Franklin jusqu'aux baleiniers, ou l^ien Aq nous procurer le ineme sccours dans le cas ou quelque malhcur arriverait a nos na- vires dans la course que nous nous proposions de faire dans I'ouest. Nous flmes route alors vers la cote nord du delroil de Barrow, afin dc poursuivre I'cxamen du canal de Wel- lington, et, s'il elait possible, d'etendre nos rechcr- ches jusqu'a I'ile Melville. Mais a 12 milles environ de la cote, nous arrivames a la glace qui tenait a la lerre et qui ne s'etail pas rompue dans la saison. On ne voyait, du colo de I'ouest, qu'une plaine uniforme de glace solide. Nous tenions les navires dans la position qui nous paraissait la plus favorable, veillant avec soin pour decouvrir s'il ne se pr^sentait |)as quelque ouverture, iorsquc, le I" septembrc, unc forte brise s'. ( 86 ) ^ Celle de raimeo iSliQ est la |)lus riclic que Ton ail vue depuis 1840. Elle I'lail forte, au depart, d'environ deux cents cljauieaux , cinq cents esclaves et soixante quintaux d'ivoire. Mais on sail quelles pertes elle es- suya en consequence du Iroid et du manque d'eau ot de vivres. Elle se Irouvait, dans I'liiver de 1845-18^6, dans le grand desert de Libye, entre Ic Wadjanka et Rebabo. Or, il est reconnu qu'une plaine , ou pour mieux dire un plateau couvorl de sables, prive de ve- getation, et situe dans I'inlerieur d'un continent, sera toujours, a quelqu- latitude qu'on le suppose, bnllant en ete, glacial en biver, el d'autant plus que le plateau sera plus (itendu. Je nie trouvais en juillct 1846 dans Toasis de Djalou, au sud d'Audjilab, par une cbaleur de 30° Reaumur (niaximuni du jour) dans la piece la plus IVaicbe d'une uiaison apparleiiant au scbejkh Younous. Ce scbeykli \ounous m'assuia que Ton y eprouvait en bi\er un Iroid excessif. On peul done due en resume que liengliazi n'est redevcnu emporium du comnicixe de ! interieur que depuis I'annee J 837, un ou deux ans apres ravcine- menl de sultan scberif ( Mobammad-Srdib), roi acluol du Waday, el que M. Robert a puissammenl contribue a rendre ce deboucbe a ce commerce de I'Afrique cen- trale avec I'Europe et le Levant. Depuis cette cpoque, sultan scberif a constamment cbercbe a etcndre ses relations commerciales. Outre la caravane venue en 1840 avec des marcbandises appartcuant en parlie a ses sujels, en partie aux negocianls du nord, il voulait en expedier une autre avec ses propres marcbandises, et les presents qu'il destinail aux villos saintes (la Mecque et Medine). Mais les exigences de la douane ( 87 ) turque rotarderent , ou meme enipech(^renl absolu- ment, renvoi de celte caravane. Sultan scherif preten- dait que les valeurs destinees aux temples de la Mecque et de Medine ne devaient etre passlhles d'aucun droit; mais, quoique les pachas de Tripoli et de Benghazi comprissent parfailement la valeur de celte reclama- tion, ils r^pondirent que les rei!,Iements de la douane turque ne creent aucun privilege en faveur des wakfs ou dotations pieuses, et la question religieuse fut ecartee par le fisc. II seiait digno du vice-roi actuel de I'hgypte de la resoudre au profit des villes saintes, du donateur et de I'tlgypte , en faisant anwer au Caire les caravanes du Wadaf. Ainsi que je viens de le dire, sultan scherif voulait envoyer a Bengliazi , en 18i6, une caravane charges non seulemenl des presents qu'il destinait aux villes saintes, mais encore des niarchandises expedites pour son propre compte. Ce prince fait done le commerce concurremment avec ses sujets; il le fait menie avec des avantages qui paraitraient monstrueiix en Europe, car un negociant du Waday n'oserait rien acheter d'un marchand etranger avant d'etre certain que le sultan n'a pas jete son devolu sur I'article qu'il convoite. Mais dans un pays ou I'initiative de toutes les grandes entre- prises ne pent venir que du prince, et constitue par cela meme un de ses premiers devoirs, il est nature] de considerer comme legitime ce que nous aj^pellerions (( la part du lion » dans le point de vue europ^en. ( «s ) APPl'NDICIi iN° I. Avanl (le donncr les ilin^raires cl la tal)le clirono- logiquG promisdans lo ))reambiilo, il est ndcessaire de revenir sui" plusieurs points essentiels do la geographic physique du "NVaday et des contr^es limilrophos au sud el a Test, parliculicremcn siir riivdiogra|)luo de cetle rogion, el les verital)lcs lirniles du hassin du Tchad du cote du Darforir el du Rounga. L'on a pu 1 emarquer dans ce qui precede qu'a I'ex- ceplion dos ronseignenicnts fournis par dos hommes d'origine arabe ou par les voyagcurs qui m'ont pre- cede, lous les aulres sont dus a des noirs du AVaday ou a des Fellatahs occidentaux Pas un de mcs informa- teurs dont j'ai invoque le lemoignage n'6lait originaire du Darfofir. Ceci n'est point un liait de negligence, Duranl mon dernier sejour a Djeddah , ne pouvant consacrer tout mon temps a I'audilion des pelerins d'Alrique, j'ai dO faire un choix parmi eux, et donner la pr6t"(^rence a ceux que je n'avais pas I'espoir de rencontrer ailleurs. J'ai recherche exclusivement les Takarneh ou Takrouris propremenl dits dans I'acception arabe moderne, c'est- a-dire les pelerins noirs venanl dos regions a Voiiest du Darjour, sachanl bien que j'avais pen de chances d'en retrouver au Caire. Depuis mon retourdansceUe nK^^lropole (aout 18/i9), j'avais plusieurs devoirs a remplir avanl do rcprondre mon enquetc geographiquc. i\lais loujours inipalienl de cou)blcr unc lacune que je ne pouvais pas me dis- siniuler, j'ai profile des premiers momenls de lijjerle (89 ) pour recherclier la connaissanco dos Foriens qui se trouvenl au Caire, et j'ai eu lout derni^i'ement (en novembre) plusieurs conferences avec deux schajkhs du Darfoiir, holes {nioudjaivenn) de la mosquee el- Azhar. L'un des deux, le schaykh Adam, est Forien et de la menae race que le sultan du Darfour; il parle tr^s bien I'arabe : I'aulre scbaykli, Mobammad, appar- tient a unc colonic de Fellalab qui s'abreuve aux eaux du Bare ou Bari, et se Irouve indiquee sur la carle du schaykh Mobammad el-Tounsy dans la relation tra- duite par M. le docteur Perron. Les renseignenienls que j'ai oblenus de ces deux homnies, et qui se trouvent en partie conformes a ceux du sultan Teima, cite par MM. Cadalvene el Breuvery, e\. presque entierenient d'accord avec le lemoignage d'l- brahim Roungawi, m'ont conduit a des resultats tort diflerents de ceux auxqucis j'elais arrive (d'apres les renseignenienls dus aux seuls Wadaiens) : 1° sar I'ori- gine des coiirs d'eau du Jf^ada}' ,• 2" sur In direction du Zoiini on Ezzoum (1). Le produit de celte derniero enquele pent se resu- mer ainsi qu'il suit ; V" Les coins d'eau du Wadav, dont la direction ge- nerale est vers I'ouest, no viennent pas du mont Mar- rab, comme je I'avais suppose, mais d'un sysleme do monlagnes voisin du Marrab, et qui n'en est separe quo par le Zouiu. Ces monlagnes appartiennent au pays de Rounga (Rouiia, Rouma, Ruma de Browne), dont les habitants vivent en partie sous terre; et ce sont elles (i) La premiere syllalte ile la seconde forme, Ezzoiiiii , n'cst sans iloiiio CHIP rarlicle aralip, avec la transfi>rrn:ili la riviere de la douane. » ( 95 ) (les nonveaiix reiisoignemenls iiiCmneiil iim' |)ailie dcs conclusions procccleniinenl emises (p. 2Zi-32 du Bulletin de Janvier IS'iO), et uiodifient la civconscrip- tion du bassin du Tchad du cold de Test, puisque du point de vue ou ils nous placent les deux versanfs, el generalement toutes les pentes du Djabal-Marrah, par suite la lotalilc!; du Daifour, apparliendraient au bassin du Nil : il faudrait lueme y joindro le versant oriental de la cliainc du Rounga , doni la ligne culniinanle serait la ligne do parlage dos deux bassins du Nil el du Tchad, el marquerail la limite do ce dernier au sud- est. Lc Zoum, qui coule au sud, puis a I'ost, apres sa jondion avec I'Ada, nc pouvait plus olrc conl'ondu avec le Roubo d'Abdallah de AVara, puisque le premier depend il'un bassin et le second de rautre. Et pour achever la circonscription du Tcliad, 11 n'y aurait plus qu'a j)rolonger ies monlagnes du Rounga vers I'ouest jusqu'au Djabal-Mandara ( Mandrus-Mons ), ot a les raltachcr, du cote du nord, au plateau sablonneux et desert qui separe le ^^ aday du Darfour, et qui se rat- lache lui-niemo, vraisemblablcMncnt , an groupc do AN'adjanga. La coincidence frappante que Ton reniarque enlre le rapport d'liirahim Rofinga\\i et celui dos deux scha^khs ioriens ne permcl gucre do {h)ulor quo la tolalilo du Dailoiir n'cuvoio au Nil Blanc lo Iribul do ses eaux pluvialos, el que la nionlagne situee sur la rive droit'" du Zuuni no soil la liniile du bassin du Tchad an sud-est. Les courants nomnios /*al/ia, Ounim et-Timan et Boitbo, dont le pi oniior so dechar^e dans lo Fitli'e et les deux anires pfjilcul jcurs oadx dans li> ScliJii'v, vien- ( o;i ) nent clmic iioccssaiitMiinit dii vci^jtiit occidental de celle inciiie inoiilngne. On sciit quo j'identilie Ic Bafha avcc le (( Balu-Misselad » do Browne, ct que, d'apr^s les derniers renseignenients obtenus, je le fais debou- cher dans le lac Fitlre, qui lui-mCme n'a pas de d^ver- soir connu (non plus que le grand lac Tchad). Ce re- sullat de ma derni^re enquete est en conforniiltl! avec un rapport fait au major Laing, et avec un passage tr^s reniarquable de la relation do Browne, ou ce voya- geur, prcnant a Batta » (Batha) pour un nom de ville, s'exprime en ces termes [Jppend., p. hQlx): ((Battah [sic) est situe sur una petite riviere qui vient » du sud, puis, tournant a I'ouest, se jette dans le Balir » el-Fillre. Battah apparlient au Mlsselad. » Nous avons vu que Batha est le nom d'unc vallee et d'un cours d'eau, ct que Masslat ou Massalit est celui d'une tribu indigene qui occupe cette vallee. Voici le renseignenient donne par le major Laing [Joiirn. of the arts el sciences, 1823), selon le capitaine W. Allen [Jnurnal of tlie royal geographical Society, t. VIII, p. 298): {(Mohammad Misrah (Misri) affirme qu'il a fait le » tour du lac Fittre, qui, dit-il, n'a aucun deversoir ou )) canal dc decharge , c'ost- a-dirc aucun ecoulement » [outlet), bien qu'il reroive une grosse riviere de )) liOO yards de largeur a son embouchure. » II est a peine necessaire d'observer que la meme ri- viere pcul elre grosse, moyenne, petite ou nuUe, selon Ics saisons; mais il nVst |ias inutile d'ajouter que ces dilferciices d'etat d'unc seule ct nicme chose expli- qucnl bien des contradictions apparentes , et doivent nous tenir en garde contre cctlc disposition negative (Oh ) de Tesprit hiimain qui nous porle a rejeter en masse les t^moignages entre lesquels nous remarquons quel- que divergence. Apr^s cet expos6 soramairc des notions n(»uvelle- ment acquises, relalivement au partage des eaux entre le Warlay et le Darfofir, il me reste a rendro compte de I'cxamen aiiquel j'ai soumis la carte ou I'osquisse de carte du suUan Teima, en cc qui touche Thydrogra- phie ou la distribution des couranls du Dnrlorir, donl jusqu'a cos derniers temps je ne m'^tais pas encore occup^ d'une mani^ro sp6ciale. Mon point de depart avec Ics scliaykhs foriens avail et6 le Bare de la carte ou esquisse du schaykh Moham- mad el-Tounsy. Le Bar6 nous avail conduit nalurelle- menl au Zoum , du Zoum a I'Ada , et de I'Ada a I'lles et au Nil Blanc. II ne nous restait plus qu'a passer en revue les nombrcux couranls traces sur I'esquisse de carte du sultan Teima. Ces courants n'ont pas pu Sire reconnus ou iden- tifies u/i a nn, mais la plupart ou les principaux sont tr^s reconnaissables, et je suis heureux de savoir au- jourd'hui que si les premiers elements de la geographic du Borgou (ou Waday) sont dus a Browne, les pre- mieres notions de quelque valour sur I'hydrographie du DarfoiM' onl elo fournies par MM. Cadalvene et Breuvery. Le premier couranl marque au nord de la carte du sultan Teima, du cote de Test, est cehii de Barkona {sic). Le schaykh Adam le reconnait pour cclui de Borgo (c'esl ainsi qu'il prononce ce mot), ou s'abreu- vent les habitants de Kabkabiyy^h; il se jelle effecti- Temenl dans le Bari ou Bar^, comme I'indique la ( i»5 ) carte; inais le Bare ne coiile pas aii nurd, ou du inoins ne coule pas longtemps selon cetle direction. 11 a bien, ainsi que le Borgo, sa source dans le nord de la mon- tagne du Darfour; mals il court au sud-ouest, et va rejoindre le ZoCim, appel6 aussi Azofim sur la carte, oil cetle jonction iniportanle n'est pas indiquee. Nous avonsvu qu'elle a lieu au pied du Djabal-Mourni, vers le Toumourkie, a environ vingt journees de distance du Fascher, selon le schaykli Adam. Les cours d'eau suivanls, qui tous se reunissent au Zoum, en procedaiit du nord au sud , et sur la pente occidenlale du Marrah, sont (abstraction faite des moindres lilets d'cau ) le Salwa , le Fou , le Kotergu^ , le Gari et le Kolol ou Golol ; puis enfin le Keora, qui traverse rAbadlma. A rcxceplion du Ketergue, que je ne Irouve point marque sur la carte du sultan Teima, on reconnaitra lacilement tous ces noms, que j'ai dil ecrire commc je les entendais prononcer. Quant aux couranls de Test, tels que Wadi'lkou, le Guendi et le Bulbul ou Boulboul (que scbaykb Adam idenlifie avec ^\ adi-Mourr-Solongue), etc., mes inlor- niateurs n'ont pas pu me liire ou ils se perdent. Mais lis n'ont aucune connaissance du Bahr-Dome, qui, selon la carte, coulerait vers I'ouest, et recevrait le Zoum. Ici, il faut prendre un parti, et opter entre le temoi- gnage de sultan Teima d'une part, et ceux d'lbraliim- Roungawi, schaykh Ada'", forien, et schaykh Mobam- mad des Fellatabs du Bare, d'autre part, qui aflirment tous les tvois que le Zoum va rejoindre I'Ada, et ensuite coule -vers I'est, sous le nom d'llcs, jusqu'a son con- fluent, avec le Bahr el-Abjad, chez les Denkas. Je ( iHi ) n'hdsilc j)oinl a iitxepler Ic lemoiguiige cles trois iler- iiicrs. La carle du siillan T(?iina, carte que je n'ai etudiee que loiil dcinieroment, depuis mon retoiir au Caire , icpresonte le partage des eaux en Ire le bassin du Nil et cekii du Tchad, tel que je me I'dlais represente en dernier lieu, puisque, selon son trace, le Zoi'im et tous les courants de la pente occidenlale du Marrali ajipar- liendraiont au second do ces bassins. Mais la confor- niil(!i fraj)panle du rapport des deux schaykhs foriens avec cchii d'lbrahim lloungawi (vovez la Preface du Koyagc on /Jar/'oiir du scbajkli Mohammad cl-Tounsy, p. xxvj, par M. Jonuud) in'oblige de rendre au peleriu dc Rounga la confiance que je lui avais retiree, et par suite de placer la ligne de parlage des deux bassins dans les monlagnes memes de son pays. Selon le schaykh Adam, ces monlagnes nc seraienl [las fori haulcs, mais creusees de cavernes qui servent dc rclraites aux noirs de cette malheureuse conlree lorsque les Foriens ou Ics ^^ adaicns viennenl leur donner la chasse. Le pcu d'6lcvalion de celte chaino cxplique dune nianiere satislaisanle Ic peu d'impor- tance des couranls du ^Yaday, qui sc trouvent re- duits a quclqucs flaques d'eau durant une partie de ranncc. En ce qui louche les pays tiliies au suil de I'Ada, le schaykh Adam assure que les koundjara ou soldals du Julian poussenl leurs razzias conlre les negres paiens jusqu'a trois mois de marchc au sud de cette limite (I'Ada); d'oi'i je conclus que, dans les qualre mois de sultan Teiuia, se trouve comprise la distance du Fas- cher a la fronticrc meridionalc de ren)pirc. Chemin ( ^^ ) faisant, ils tiaverscnt iin noinlno considerable dc cou- ranis dc pen de largcur, inais d'une grande profon- deur, et sui* lesquels ils sont obliges de jeler des ponts fails do hones d'arbres. Cciix qui ont le malheur de tomber dans ces precipices sont immediatemeut dc- vores par les crocodiles, qui y abondenl. Les anes sonl les seuls animaux qu'on puissc employer dans ces expeditions loinlaines et difllciles. A peine les Foriens ont-ils passe une riviere, que les indigenes viennenl enlever leur pont, qu'ils devront au retour construire sur nouveaux frais. Mais comme la vegetation est kixuriante dans toute I'Afrique equalo- riale , le materiel des ponts volants n'y fait jamais d<^faut. Le schaykh Adam ne doutc pas que le Kadada d'l- brahim Roungawi nc soil identique avec le Babr el-Ada des Foriens, et c'est aussi cc que j'ai admis implicite- nient, sans songer a en avertir : mais il n'esl point d'accord avec le pelerin de Rounga sur I'importance relative du Zofim et de I'Ada; car le schaykh Adam regarde la depcnsc d'eau du premier courant comme superieure a celle du second. Jc crois que le contrairc tsl la verite. Maintenant que nous sommes fixes, au moins pro- visoiremenl, sur la direction de I'Ada ou Kadada, qui coule dc I'ouesl a Test, au sud du Dar-Rounga, et forme riles par sa jonclion avec le Zoum , il nous est bien permis de I'identifier avec le Bahr-lFamba d'Abdallah de Wara (p. 25 du Bulletin de Janvier 18Z|0), c'est-a- dire avec la riviere qu'il vit dans le Wamba, au sud du Rounga et a I'ouest du Bcnda; d'autant que, selon la lemoignage du schaykh Adam, I'Ada sort du Bcnda, ( 0B ) pour se joindre au Zoum (on se rappelle que Ic Bahr- Wamba coulait de I'ouest a Test ). Peu apr^s I'expedition du rnanuscrit qui a paru dans le Bulletin de la Soci6t6 de geographie (Janvier el fe- vrier 1849), j'adressai de Djeddali ix M. Jomard plu- sieurs letlres contenant des additions et reclificalions importantes, esperant qu'elles arriveralenl assez lot pour que le rnanuscrit piil etre corrip;^ avant I'impres- sion. Get espoira 6ted6cu, el j'aimeme lieu de craindre que quelques unes de mes letlres ne soient point par- venues a leur destination (1). C'est ce qui ra'engage a donner les exlraits suivants, en rappelant ce que j'ai declare dans ma leltre au ministre des affaires ^tran- gferes, qu'un travail de la nature de celui rjue je pour- suis en ce moment est « susceptible de corrections in- definies, » et en ajoutant qu'il ne pent nous conduire a la veritd absolue que par une suite de corrections re- sultant de la comparaison dun nombre infini de temoi- gnages. Et a cetle occasion, je ne puis pas m'empdcher d'observer que si Ton prenait la peine d'interroger les pelerins niusulmans de nos possessions du Senegal, on pourrail obtenir d'eux les renseignements les plus complels sur les parties les moins connues de I'int^- rieur de I'Afrique, au nord du cinquieme parallele. (i) J, a Societ('def>cof;r,Tphie a puhlie Ions les renspigiK-mcnts qu'elle a recus de M. Fresiiel. (A'. alli;i. Km pailaiil dc re po'ml, ( I se tiirigoant vers Ic sud-sud-oucsl, on traverse le pays dc Godayh on Kovvdeyh , ct Ton arrive, apres dix-sept jours de niarclie, sur le bord de I'lro, du lor- riloire des -://Y(^eA' Salamat. Suivant inon informaleur, cet Iro se jelte dans I'Aira (ou Era), qui porte ses caux au Schary, ileuve du Baguerroy. » En vous transmeltant ces nouvcaux renseigne- ments, je ne saurais me dispenser d'ajouter que le ca- ractere de celui qui ine les donne m'inspire beaucoup de confiance. )) Du reste , il est d'accord avec tous les aulres sur un fait essenliel : je veux dire sur les latitudes rela- tives des principaux points de la route des Takrouris occidentaux. Selon lui, comme selon eux, Kobeyh , Tondalle, Warab, Fillre, Moeto et Logoun-sur-Schary, seraient a peu pres sur le nieme parallele, et ce pa- rallele passerait au sud du lac Tcbad , a une distance fixee par la position de Logoun. » J'ai communique a M. le doctcur Roulin la depo- sition de ce meme Wadaien en ce qui concernc I'ani- mal nomm6 abou-karn. . . » DELXliiME EXTRAIT. Djeddah, ii fKvrier i849- (( On ne pcut pas cxiger d'une science qui procede, j)ar voie d'enqufite, que cbacune des donnees dont die so I'orme soit marquee au coin de la cerlitudo. Les tatoimements sont dc son essence. Il sullil de sa- voir que cos tatonnemenls doivcnt, en fin de compte, nous mcncr a la vcille » ( 'f^l ) « I ne (]es rectifications les plus impoitanlos est re- lative au cours du Batlia, impropreinent designe sur nos carles (d'apres Browne) par le noni do « Bahr- Misselad. » U resulte de la confrontation de deux temoins du Waday que le Balha se jelle dans le Fitlre a I'epoque des pluies. Sa direction generale dans le Waday pro- preinent dit est de I'est-nord-est a I'ouest-sud-ouest, Mais, conime nous savons d'ailleurs que ce courant vient du sud-ouest, il s'ensuit qu'il d(icrit uno courbe dont la concavite rcgarde le sud. » Le courant appele Oninni-et-Timan se jelte dans riro, qui est la riviere des Srdrmiat; I'lro so jette dans 1 bra , qui porle ses caux au Schary, dans le Ba- guermi » De la comparaison de ces rapports avec ceux d'Alt- dallah Masselali et d'Abdailali de Wara (p. 24 el 25 du Bulletin de jan\ier 18/|9), on peut conclure que le Bnubo du Rounga n'est autre que VIro des Srdanial ou In riviere dont on apporta un poisson a Abdallah Mas- selati (p. 26), et probahlement enfin le Dome do; sultan Teirna. Rien de plus connu et de plus nalurel que celte diversity de noins dans un continent ou le langage varie du tout au tout, pour ainsi dire, a chaque etape. Ce qui suit est extrall d'une lellre que j'adressais ii M. J. Mohl il y a plus d'un an, et sur le sort de laquelle je suis ^galement prive de renseignemenls. Eile se rap- porlait a cerlaines propositions erronees des pages 88 el 41 du Bulletin de Janvier 1849. ( 102 ) TROlSlkMB EXTRAIT. Djeddah, 20 octobre i848. i( Dans uiie notice geographique adress(5e au ministre des affaires etrangeres, j'ai avance que Leon I'Africain est le premier autour arabe qui ait parle du Bornoii, I'un des principaux royaumes du Soudan. Je ne con- naissais encore que I'abr^ge ou un abrege araOe des V oyages d'lhn-Baftoiifah, dont je possfedc un tres bon manuscrit. J'ai lu depuis lors I'extrait du texte original, traduit et public par iM. Mac Guckin de Slane, dans le Journal Jsiatique de mars 1843, et j'y ai vu que « le cuivre des mines de Takedda s'exportait a Kouber. . . et a Bkrnou {sic), pays situ6 a quarante journ^es de Takedda, etc. (p. 235). . . » II est Evident qu'il s'agit ici du Bornou; et comme Ibn-BatloQtah florissail au XIV* siecle , il s'ensuit que Leon I'Africain n'est pas le premier ecrivain arabe qui ait parle do ce royauine. L'extrait de M. de Nlane nous apprend d'ailleurs ([ue, des le siecle d'Ibn-Baltofitah, ce pays etait habile par des musulmans, dont le roi, nomni6 Idris, ne se mon- trait jamais en public et ne parlait a personne que « de derri6re un rideau. (Voyez la planche qui se rapporle aux pages 78 el 79 de la Relation anglaise du Voyage de Denham et Clapperlon.) Je sais d'ailleurs (pic le Bornou est traditionnellement consider^ au ^^aday comme la plus ancienne monarchie musubnann du Soudan. II est done bien dlonnanl que des geograplies tels qu'tdrici et Aboulf^da ne nous en aient pas dil lui mot. ( 103 ) » Au reste, la lelalion /// e.rtenso donn^e par M. tie Slane, quelque interessante qu'elle soil d'ailleurs, ne nous apprend rien de plus que I'abrege arabe en ce qui touche le cours du Nil ou plulol le cours du Niger, sup- pose identique avec le Nil d'Egypte (hjpoth^se qui date du temps d'Herodole, si elle ne remonte pas plus haut, et qui s'est conserv^e jusqu'a ncis jours chez les Africains occidenldiVW- Hespeiii) . » Mais nous devons aux savanles recherclies de M. de Slane de nous avoir mis sur la voie de la vraie lecon , ou veritable maniere de lire le lexte, en ce qui concerne le nora d'une contree fort importante du Soudan, ar- rosee par le Niger, et dont la determination est d'au- tant plus interessante que le lieu represente par ce nom est celui oil s'arrfetaient les renseignements veri- tables du voyageur arabe sur le cours du Niger. » Le nom de cette contree a 616 lu Bowy par Burck- hardt [Nubia, Append., n° 111, p. 491), et par moi } eni ou i ewa, d'apres mon manuscrit arabe. M. de Slane a lu le meme mot i ouji : a Le fleuve coule ensuite de Mouli a i'oii/i, etc. (p. 201-20'2), » d'apres plusieurs manuscrits du texte original, dont un au moins est de la plus haute autorite. Je crois cependant que la veritable legon est iVo///r, nom qui se trouve aujourd'hui sur toutes nos cartes d'Afrique, quoique avec des voyelles diff^rentcs. On sait que, dans I'alphabet arabe, les lettres b, n et r ne diflerenl (quant a la figure) que par le nombre et la position des points diacritiques. De la I'erreur des co- pistes en ce qui louche la lellre initiale du nom. Quant au /e ou /a, il manquait dans le manuscrit de liurck- hardt, ainsi que dans le mien ; mais il se trouve heu- ( m ) rcuscment clans coiix ciue M, do Slnno a pii consultor, et c'esl cello liUro essenliellf qui lu'a iIdiiiio la clef clii nom quo je chercliais en vain a rctiouvcr (p. hi. dii texle impilino ). » EfTeclivement, lo pays de Noiify, bion connu de- puis I'exploralion des fiores Lander, se Irouvo siii la rive gauche du Niger, elvers la partie inlerieure do son coins, avanl s>t jonction avcc la Tchadda. » A I'oxciplion dc ce sen! noni propre, je crols que M. do Slano a ])arrailomenl lu tous Ics nonis do lieu cilos par Ibn-Ballofilah, nouis qui sont d'allleurs pour la pluparl epolos dans les loxles. Jo no sais j)ourquoi j'ai lu hai-Saiikhou au lieu dc Kar-Sa/c/iou, mot (jui est ocril el epelci dans labiogo conime ilans Ic toxlo de M. de Slano, el Ayoiildl(/i au lieu I\valZiten^ qui est en'ecliveiiient la vraie prononcialiou du mot (les Icttrcs arabes reslant les memos). Mon manuscrit porle Za~ g/iazy, par deux zay ou za, au lieu de Zaghary ( par un z et un r), et Tasahla ou lieu de Teseiehla. » Mais, quelle que soil I'autorite dcs manuscrils quo M. de Slano a eus sous les youx , on ne ])eut accepter aucune des quatrc lecons qu'il rapporlc (d'apros les mfimes manuscills), dans la note (2) do la page 198, Je suis toutefois dispose a croire que le savant traduc- teur dlbn-Balloulah n'a j^as bien lu lo lextc du ma- nuscrit A (ou manuscrit qu'il designe par la lellre A), et que ce manuscrit doit porler, comme mon abrege, le mot islusa. En eflet, rion de plus facile que de con- fondre, dans I'^crilure alricaine, un sin final avec un ni'wi suivi d'un noun final, atlendu que, dans celte 6cri- lure, le noun final no prend pas do poinl diacritique. M Or istasn est la vm" forme de sasa, yasasnu, qui , ( 105 ) ainsi que le passif *W(T, a Ic menie sens que la forme primllive , et signifie « etre pique cles vers, ou ver- nioulu. » » Voici le passage auquel se rapporte la note de M. de Slane : » JVahiha aschdjaivun had Istasa dZikhilouha wa's- tanka\i fihi 'linanu, wasa/ia djnivfonha ka'lbini, wnluva mnmlououn hiindi 'linatari, yastaki '/mdsou minhou. y> M. de Slane a Iri^s bien det'ine en Iraduisant ainsi : « Parmi ces arbres , il y en a de creux, etc. » Le sens litteral est celui-ci : « Panni ces arbres, il y en a dont I'interieur est vennoidu, etc. » » G'est du reste une notion fausse d'lbn-Batloutah, si j'en juge d'apres Ics renscignements que m'ont fournis les pelerins noirs pour ce qui concerne les ar- bres creux [tembaldi), que Ton trouve en abondance dans Je desert entre le Darfour et le Kordofan. Ces ar- bres, dont les dimensions sont ^normes el le bois tres mou , sont creuses a coups de hache a parlir du point oil ils se bifurquent, c'est-a-dire du sommet du tronc. L'op^ration ^lant faite sur I'arbre jeuno, la cilerne grandit avec lui, et devient une ressource precieuso pour les Arabes ou les pelerins qui traversentle desert apr^s la saison des pluies. Le tembaldi est le Baobab Adansonia . » Si le vide des arbres dont parle Ibn-Ballorilah n'elait pas artificiel, il y aurait toujours lieu de croirc qu'il ne provenait pas de la corrosion des vers ou ^>er- moiihirc, mais de la maladie connue sous le nom de (( carie des arbres. » XIII. r/iVRIKll KT MARS. 3. 8 ( 106 ) APPUNDICE K" II. ^i>ei tisseinent. Les dilTerents ilin^raires reunis dans ce second aj)- pcndice ne sont pas rangt^s scion I'oidro iiuliquo |)ar le loxle auquel ils se rapporlent. Mais il suflit que lo leclcur en soil averli. H tievra done chercher, non au counnencenienl, mais a la fin de cettc derniire partie, les ilineraires dcs lignes qui appartiennenl au grand desert de rAlriquc seplentrionalo, el proceder en re- montant (ou parlir du commencenient ) j)()ur Irouver ceux qui dependent du Soudan el de 1' IVique cen- Irale. Ceux-ci, ni'ajanl paru les plus inleressanls de beaucoup, j'ai cru devoir les donnor avanl les autres, el par ce moyen mettre en surole la nioilleure |)arlie de raon butln. Nous ne pourrons pas nianquer de connailre bienlol, elape par (^lape, et heure parlieure, loutes les routes du desert atVicain; mais I'interSl qui s'altache au sysleme hydrographique du Soudan el a son immense canalisation nalureile appelle aujour- d'hui noire allenliou dune maniere irresistible, au- jourd'hui que la vapeur nous fail remonlt r les fleuves, pour ainsi dire, jusqu'a leur source. Dans les feuilles de roule donl cette derniere partie otlre lo recueil, les distances sont unirorm^ment expri- mees e.u Journees de carauanes. mcsure donl il impoite de determiner la comprehension, et par suite la valeur moyenne. Malgrti tons mes efforts pour imposer a mes inlormaleurs une seule el meme unild de longueur, el fixer par une bonne definition la valeur moyenne d'une ( 107 ) j'ournee de caravane, je n'ai certes pas reussi a ecarter toutes les cliances dcrrcur; mais je suis parvenu, jc crois, a les renferiuer en Ire cles Jimites assignables. Par « journee de caravane, » j'ai enlendu et voulu faire entendre « la journee des marchands ou djellabs voja- geant en pleine paix, par nionls ou par vaux, avec des chameaux charges. » Or, d'apr^s ma propre experience et tous les rensei- gnements que j'ai recueillis, ceiU^ journee peut osciller, suivant les lieux et les saisons, enlre 6 el 9 lieues com- munes de France (de 25 au degre), ce (jui donne une moyenne de 7 lieues et demie pour la journee de cara- vane (1). Remarquons en passant, comme une chose tres digne de remarque, que la mojenne dos distances parcourues en une heure par des chameaux charges se trouve preclsemenl egale a une lieue commune de France, ou 2° 1!\', ce qui doit faire prelerer celle unite a toute autre dans nos possessions d'Afrique presenles et a venir, puisque la lieue y est donnee par I'heure quand on suit une caravane marchande. (i) En Arabic, les journees de caiavaiies [n,uveiu vaiier ilu simple au double. Elles ne soiit guere (|ue de 5 lieures (5 lieues) s relations jiubliees jusqu'a cc jour. En ce qui louche les (( directions » [be(iriiii^s), parlic cssentielle de tout ilinerairc, dies sont en general bien i/ul/fjiiees par les voyageurs musulmans, mais non pas toujours bien comprises. Le p^lerin ou le djcliab, irans- porte pour la premiere fois dans la dcmcure d'un Franc, sail, en entrant, de quel cole de la cbanibrc il devra se lourner jiour faire sa pri^re , s'il y a lieu a la falrc seance tenanle. Les meandrcs d'une ville arabe ne peuvenl pas le desorienter. Lors done qu'on I'inler- roge sur I'une de ses excursions (la niemoire de ces gens-la est bien plus sure que la noire), il commence par se supposer au point de depart, et voulant faire connailre la direction qu'il a suivie pour se rendre d'un point a un autre, il ne nomme jias lei ou tel rhumb dc vent; il le montre du doigt. Cc geste dit lout ce que Ton vcutsavoir. C'est au speclateur a le saisir de I'ceil et a le traduire en langue europeennc. On concoit que I'obligalion de sc lourner vers la Mecque jiour faire sa priorc, sur quelque point du globe qu'il se Uouve, niel lout musulman dans la necessile de porler sa boussole dans sa conscience. La meme obligation n'exislant pas pour le chre.ien, il en resulle, j)our lui, unc sortc d'in- ('6riorile, une facullo pratique de nioins, en ce qui ( 109 ) toiichc la connalbsancc dcs qualre points cardinaux el dc leur relation a un point fixo. Les denominations des aires de vent varient beau- coup, selon les lieux ct Ics castes, dans la langue usuello des Arabes. Les marins designent les points dc I'iio- rizon par des noms emprunti^s aux dtoiles qui leur cor- respondent. Les lellrcs ont d'aulrcs noms pris dans la langue classique. Les bateliers du Nil ont une termi- nologie toute locale, dlfferente par consequent de ccllc des Bedouins de Test et de I'ouest, etc., etc. Toules ces nomenclatures appartiennent bien a un seul el meme funds de la langue arabe, mals y creent une telle confu- sion que Ton auraitdela pelnea s'entendre, avec loules les rcssources de cclte langue , si Ton etail r^duit a I'emplol des mois^ paries ou ecrils, pour repr^senler la direction d'une ligne dans I'espace : aussi Burckhardt nous conseille-t-il de meltre de cote toute cette syno- nymic geographique, et de nous borner a demander au pelcrin d'Afrique : ((Quelle ville on quel pays 11 » avail devant lul ou derri(3re lui, a droite ou a gauche, » en faisant sa prl(3resur un point donn6;... car, ajoute- » l-il, la kihtah, ou direction de la Mecque, est passa- » blemenl bien connue dans toute I'Afrique. » (s. e, musulmane.) [Niihia. Jppend., n" i, p. h^lx, note (*).] Cette klblab est sans doute un repere plus certain que le levant ou le couchanl ; mais n'est-il pas encore et plus simple et plus sur de bien voir et de traduire en langue curopeenne, lorsquc Ton salt s'orienter, la di- lection du bras qui vous montrc exactement ou a Ires peu pres celle de la route suivie par le pelerin pour se rendrc d'un point a un autre ? II ne faudrail pas conclure de ce qui precede que les ( ^10 ) directions iiuliqiK^es dans les itineraires suivanls m6ri- lent loute la confiance dii g(^ogriij)lic. L'essai de dis- cussion dii premier itin^rairc (de Wara au lac Blanc) met en Evidence les errours possibles. Je desavoue done toiite pretention intempestive a un degre d'exac- titude ou d'apprnximation qui nc peut resuller que de la confrontation de tons les rapports cxistants, celui- ci compris; et, sans plus d'observations , je passe au detail des routes suivies par les pfelerins et djellabs, en conimen^ant par celles donl j'ai pris note en dernier lieu a Djeddali (1848). Les nouveaux renseignements que je pourrai recueillir, pendant le cours de ce re- lev^, y seront interpoles au fur et ^i mesure de leur accession. En prenant Wara pour point de depart, et rayon- nant vers le sud de Test a I'ouest, on a au sudsud-est le pays de Rounga (Rouna, Rouma, Runia); au sud et au sud-sud-ouest, le lerriloire des Arabes Salaniat, commandes par le scbaykb Dliiyab ; et au del^i , les paiens ou djnnakherah (sing., djankJiavy^ de Goula (Roula, Kulla); au sud-ouest, les Oulad-Rascliid, dont la riviere est le Fogui ou Fogu6; a Touest-sud-ouest et a I'ouest, le Baguermi. ( 111 ) I. Ilineraire dc Wara au lac Blanc [Bahr-Abyad da centre ou meridional], de cours d'eau en cours d'eau, selon Abderrahman, Wadaien. Direction constante (?), sud-ouest. Journees de caravaiie. De Wara au Fogui, fleuve ou riviere des Oulad-Rasched 19 Du Fogui au bord du Bogody (Bougdy, Boghly) 6 Du Bogdy au bord de T'Erdeb 6 De I'Erdeb au bord du Mt^rodou (ou M6- rorou) 5 Du M^rodou au Schingui (Singui) . . • 2 Du Schingui (Singui) au bord du Densi. 7 (Toutes ces rivieres coulent a I'ouest ou au nord-ouest.) Du Densi au bord du lac Blanc 10 Total 55 journ. Du point dc ce lac, ou aboutit I'itin^raire, jusqu'a I'em- branchement de la prise d'eau du Bossou. . . 20(?) « Le Bossou , dit notre informateur, se jette dans la riviere de Sokoto. » Cela veut dire que le Bossou (ou Bousso) coule au nord-ouest et se confond avec la Tchadda, qui se jette (comnie on sait) dans le Niger ou Kouara, appel6 ici « riviere de Sokoto, » parce que la riviere de Sokoto ( Sakkatou ) se jette elle-meme dans le Niger. ( 11-2 ) Cos ronseij^nomcnls m'oiit ile roiirnls eu 18ZiS par uii vieux soldat du ^^aday, qui avail fait deux fois le voyage du lac Blanc, luais a cnlendu parler du plic- noruene en question a des Idmoins oculaircs, ct ajouli^ d'apres Icur rapport, « que la I'umce se monlre dans le jour et le feu pendant la nuit. » Ainsi done plus de doule sur Texistence des volcans africains. J'ai marque d'un point d'intcrrogation la donnee relative au Bossou (ou Bousso), porce qu'elle fut pro- voquee par une question que jc ne suis pas certain d'avoirfait couiprcndre, altendu que le soldat-pelerin ne savail I'arabe que tr6s iinparfaitement. II esl done possible qu'il \ ait eu malenlendu sur ce point impor- tant. Toulefois Ic faklh fellatah ne doute point cju'il n'y ait communication par le lac Blanc entrc le Kouara et le Nil d'Egypte. 11 n'admet d'ailleurs aucune com- munication de I'un ou I'aulre bassin avcc la mer « dc Karka [c'est ainsi qu'il nomme le Tchad (1)1. Les cinquante-cinq etapcs donnees par le soldat wadaien , pour la distance enfrc le Wara et le lac Blanc, rcslent fort en deca du chiffre accuse par d'au- tres renseignements. En g^ni^ral, Ja limite des excur- sions dans le sud est fixee a une distance de trois mois, et cettc limile est toujours le lac Blanc. La largeur de ce lac, selon les premiers rapports qui me furent faits par des temoins oculaires, serait telle que, de I'un de (i) Tchad est le noin bornouan ilu lac ili'couvei I par Denliam et Clapperton. Le menie lac sc iiommc ailleurs Bahr-ez-Zalam , Bahr- el-Feyd, Bahr-nouh, Bahr-Karka (mer tie I'obscurite, de I'lnonda- lion, de Noe, de Karka). Karka est uii arihipel situc; a I'anglc nord- est du lac, et est occupii par les Kouri, peuplade sauva|;p. ( M3 ) SOS binds, on irnpcrcevralt pas raiilrc. Scion le faklh Il)ruliiui, do SchoklicLi (le fcllalah dont je vicns do parlor), cela no scrail vrai fju'a I'epoque dos pluies. Hors de cetle saison, le lac so decomposerait en etangs et raarais ( birak-birak ) , Quant a sa distance de Wara, elle peut elre jugee tres approxiniativcment sur celtc donnee du fakili : « que ceux qui font I'exp^dition du lac Blanc restcnt six mois absents. » II n'en faut pas conclure que la distance de Wara au grand lac meridional soil de trois mois ou qualre- vingt-dix journeos ; niais il faut admetlre, avcc le sa- vant auleurde la Preface du J^oyngeau Darfour{\), que la route de Wara au lac Blanc doit coaiprendre envi- ron quatre vingts elapes. Et en effet, vingl jours pour Jes hallos el les affaires, dans un voyage do six mois (aller et retour), ce n'esl certes pas trop. En ce qui louche la longueur des Stapes, elle varie" n(^cessairement selon les saisons et en raison du train que Ton mene avec soi. Abtlerrahman ne compte que cinquante-cinq journees la ou les autres en coraptent quatre-vingls. Or, dans un pays entrecoupe de rivieres et de marais, il n'est gu6re possible de faire plus de neui lieues par jour dans la saison s^che, ni moins de six dans la saison humide. 55 dlapes a raison de 9 lieues donnent /i05 lieues, et 80 (Stapes de 6 lieues chacunc en donnent ZI80. Difference, 15 lieues (difference mi- nimc pour ime distance de pres de 500 lieues). Mais voici ritinerairo que me fournit le faklhlbrrdilm pour la parlie du voyage comprise dans les Etals du (i) Page xxu et suivantes. ( 11-^i ) sullan (le Wara. Uii va vdir (jue cet ilineraiic partiel, donl le schajkh pent nomnior de memoire prosque toutes les Stapes, donno It- memo rapport f6 : 9), avec la portion correspondante do cclui du soldat. II. Itlneraire de Wara a Fogite [on Fdgni] , pres du territoire des Oulail-Raschid, en passant par Schokheu [colonic de Fellatdh, fondee sous le regne de snllnn Da rat). Direction, sud. Journe'es, De Wara, situeo dans unc plaino sablonneuse, h Oufar-!\leIe 1 De Oufar-Mele a Raschm^r^ (terre argileuse). 1 A Kalignan (terrain pierreux) 1 A Arniaiian (Armagan) (sable, cailloux, ar- gile) .' 1 A HabTleh (terre cultiv^e) 1 A Kadjalnga (culture) 1 A Schokheu (sables) 1 Uiicction , ouest-sud-ouest. De Schokheu a Oinm - Homrneydah , oil sont los esclaves-lisserands du sultan de Wara (sables) 1 A Daumah (sables) ^ A Omm-Hab]leh {id.) 1 A Mckkery (argile) 1 A Aschahab (nom d'un gros village et de son cliel', inspccteur de la colonie de lisserands) (sable el argile) 1 A reporter 12 ( 115 ) Juuriu-'cj. A reporter 12 A Gondar (sable et argilc) 1 All territoire du khalifeh d'Abou -Maskah ( Masgah j 3 A la residence d'Amin-Abdoullalii 2 Au lit du Balba ( vallee des Massalit des Mouby, etc., qui sont ichthyophages (riche v^g^tation) 2 A Gondoguin (dont les habitants vivent egale- inent de poissons) 2 A Wadi-Nlmr (vallee occup^e par les Arabes Heymat, Emigres du Darfoiir) 3 A Betiguin 1| A Fogu6, grand village dont la population est un melange de Massalit, Guimr (Kimir) , B6- lalah, etc h Total 301 N. B. La villo de Fogu6 donne son nora au courant dont les Oulad-r.aschid habilent les bords; leur chef ['aHd ou schaykh) se tient a deux journees de la ville. La riviere n'en est qu'i deux heures. La coniparaison des deux chilTres accuses, I'un par le soldat, I'autre par le faklh , pour la distance en journc^es de Wara a Fogue , nous conduit, a tr^s peu pr6s, au rapport que nous avons d^ja 6tabli enlre les plus longues journees et les plus courtes; car si, au lieu de 19 d'une part et 30 et demi de I'autre, nous prenons pour termes du rapport les nombres ronds, respectiveinenl voisins et plus rapproches entre eux de 20 et 30. le premier repr^sentant 20 journees de ( 110 ) i) lieues chacunc, lo socrnd roprcsonlera 80 journi^cs de 6 lieues, ct chacnn dcs deux line distance dc 180 (cent quatre-vingls lieues communes de France). Quant a la direction « conslanle » ou generaie, in- diquc-e par Abderrahman pour Ic voyage enticr de Wara au lac Blanc, voyage dc A88 lieues a peu pres^ ii est visible qu'on ne pent admetlre celte direction qu'avec de grandes sinuositis, puisqu'elle nous mene- rait, a vol cCoiseau, dans I'Oc^an Allantiquc. U faul done croire que la direction veritable n'esl sud-ouest (ju'au depart, et tourne peu a peu vers le sud, de ma- niere a nous mener, soit au grand maiais, ou les na- turels du Congo placont los sources du Zaire, soit aux Etats du roi de Micocco. Cellc discussion est probablemenl la seule que je me penneltrai. Le nombre des itiniiraires que j'ai A transcrire, ct le nombre de ceux que je pourrais en- core recueillir au Cairo, si j'avais plus de temps a ma disposition, me font un devoir dc livrer le plus promp- tement possible les materiaux que je possede aux sa- vants qui veulent bicn les accucillir, et qui, seuls, peu- vent les mettre en valour. ( 117 ) EXPEDITIONS ARCTIQLES. happout dh sir john riciiardson au SEcntTAmr. DE L'AMIRAUTfe (1). Nous sommes pnrtis de Liverpool, M. Rae et moi, le 25 mars 18Zi8, siir le paquebot-poste des fitals-Unis VHibernia ; quinze jours apres, nous arrivions a New- York, et nous nous dirigions, par la voic de I'Hudson et du lac Champlain, vers Montreal. La, nous trou- vames seize z'oyageins canadiens qui nous altendaient; ils formaient 1 'equipage de deux pirogues miscs a notre disposition par sir Georges Simpson, gouverncur du territoire de la Compagnie de la bale d'Hudson. Notre voyage se fit par les lacs Ontario, firie, Sainte- Claire et Huron, jusqu'au saul de Sainle-Marie, ou nous nous arrelames quclqucs jours pour attendre la debacle du lac Superieur; des que les eaux de ce lac furent liljres, nous conlinuaraes noire route vers le fort William, et de la vers le lac dos Pluies, le lac des Bois et le lac Winipeg, ofi nous fiimes encore arrel^s par les glaces pendant quelques jours; mais elant parvenus a nous y frayer un chemin, nous enlrames, le 9 juin, dans la riviere Saskatchewan, et, le 15, nous arrivions a Cum- berland-House. La, nous apprimes que M. Bell elait parti depuis quinze jours, mais qu'il avait ete arrete pendant quatre jours par les glaces du lac Beaver. Nous le suivhnes en louto liate par ce meme lac, la riviere Cliurcbill, les lacs Islc-a-la-Crosse, BuITalo ol (f) Rxtrnit ilrs /linuiiri liY(liniir(ipli!ijiic^. ( il8 ) Bethy, et, le 20 juin, nous par\!nraes a le rejoindre an portage de iMelhy. Avec le secours dcs ?'oyageurs de Montreal, les ein- barcalions el les provisions furenl transporlees a dos d'liomme, pour franchir le portage. Celte operation, qui demanda liuit jours, 6tait devenue necessaire par suite de la mort de tous les chevaux employes ordinai- rement a ce service. Les deux pirogues el leurs equi- pages furent renvoy^s au Canada. Le 15 juillet, ayant alteint le dernier portage de la riviere de I'Esclave, trois canols furent disposes pour le voyage deraer; on les chargea de grandos quanlites de peiiiican, et on leur donna de bons equipages for- mant un total de dix-luiit liounnes. M. Rae it iiioi nous nous V embarquames pour nous rcndre , avec toutc la diligence ))ossible , a reuibouchuro du Mackensic, el je laissai M. Bell avec le resle des hommes de I'ex- pedition et deux canols contenant dcs |irovisions pour riiiver. II avail la mission de faire le plus de route pos- sible sur le lac du Grand-Ours, pour aller etal)iir une peclierie a rcxlremite sud-ouest de ce lac, pres de la position du fort Franklin ; eel 6lablissenicnt avail pour but de venir en aide a I'expedilion de uier, dans le cas ou elle reviendrait en remontant le iMackensie. M. Bell (levait en outre, aj)r^s avoir traversd le lac jusqu'a son exlremlle septeiilrionale, construirc des cabancs el dos magasins pres de lemboucbure de la riviere Deasc , puis 6tablir des pecheries suf les j)()ints convenablcs qu'il jiourrait decouvrir dans les environs. Eiifiti 11 devail, vers le commencemenl de septcmbre, envoyer, sur les bords du Copj)ermine, James Hopes ( Iiidien Cree ap])arlenant a son delachement, qui avail die ( 119 ) employ^ dans i'expedilion do MM. Dease et Simpson, et qui connaissait bien le pays), ainsi qu'un chasseur de ce districl : ces deux homines devaient cliasser jus- qu'au 20 du mois, et veiller avec attention I'arrivde des canots. En me rendant a la mer, je debarquai trois sacs de pemican au fort Good-Hope, dernier posle de la Com- pagnie sur les bords du Mackensie, pour le cas ou quelque detachemenl des navires de sir James Ross ou du Plover, alteindrait cet elablissement; je deposai egalement une cache du meme article, avec quelques noles et des letlres, a la pointe Separation, qui forme la pointe du delta du Mackensie, et je signalai ce point de la mani^re convenue. Nous arrivames a la mer le l\ aout, et nous eumes une entrevue avec irois cents Esquimaux, qui, instruits de noire arrivee au moyen de signaux de feux allumc^s par ceux de leurs hommes qui chassaient dans les montagnes bordant la riviere, s'elaient reunis pour nous atlendre. La distance de la pointe Encounter, oil nous rencontrames ce parti, a I'embouchure de la ri- viere Coppermine, en y comprenant les plus grands detours de la ligne de cote, est de plus de 800 milles; ayant constamment le vent de bout, nous faisions route le long de la cote, et nous mettions a terre au moins deux fois par jour pour faire la cuisine, quelquel'ois pour chasser, prcsque toutes les nuits pour dormir a terre, et souvent pour explorer le pays du haut des taps eleves. Nous eiimes de frequentes entrevues avec des partis d'Esquimaux, assembles sur les caps pour chasser la baleine, ou disperses le long de la cote en groupes de deux ou trois, allanl a la poursuite du renne ( 120 ) et (les oiscaiix *lc mcr. Us \inrcnt ;'• nous avec con- fiancc, et, grace a notrc oxccllent Ksqulmau Albert, qui parle bien anglais, nous piimes eclianger quelques paroles avec eux. Tous nous dircnt qu'il n'avait passed aucun navire, et ils parurcnt satislaits d'apiirendre , d'apres nos questions, qu'ils dovaicnt s'altendre a voir plus fr^quemment des bommes blancs sur leurs cotes. A la hauteur du cap Balhurst, qui est a environ un tiers do la distance du Mackensie au Coppermine, les Esquimaux nous apprirenl que, pendant six semaines de I'et^, ou, suivant leurs expressions, pendant la plus grande partie des deux lunaisons durant Icsquclles ils s'occupcnt specialemont de poursuivre les baleinos, ils n'avaient jamais vu de glaco. Nous Irouvanics une famille d'Esquimaux carapee a I'extremit^ du cap Balhurst; mais , aussi pr^s de ce point qu'il nous fut possible de debarquer sans elrc vus, nous ^rigeamos un signal, et nous y enl'ouimes une cache depemican : nous fimcs un depot semblable sur I'extremite du cap Parry, et nous I'indiquames par un tas de pierres peintes. Aprd'S avoir double cc cap, nous apercumes pour la premiere fois des paquets de glacos flotlantes, donl le nombre augmenta a mesurc que nous approchions du detroit du Dolphin et de I'L nion ; mais, sur cette parlic de la cote, nous ne vimes plus d'Esquimaux, quoique nous eussions apercu quelques traces recentes de leurs delacherneiUs de chasseurs. Lc 22 aout, nous eumes un fort coup de vonl d'ouest, a I'aide duquel nous courOmes a la voile pendant quel- ques heures; mais la brise ayant rapidemcnt augment^, de mani^ro a dovonir une violente tempoto, nous lumcs ( 'I2i J forces, pour la sCiiett!! cies canols, de les faire passer an milieu des glaces (^parses forinant une banquise aupres de la pointe Gockburn. Pendant la nuit, il passa beau- coup de glaces floUantes , et le lendemain , nous nous Irouvames enfermes dans une banquise epaisse qui s'«^tendait aussi loin que la vue pouvait porter. Jusqu'a ce moment, nous avions cu la temperature habiluelle des 6tes de cette region, mais Fair devint tres froid, ct nous eumes continuellement de la gel^e, et frdquem- ment des tempetes de neige pendant tout le resle de la durce de notre sejour sur la cote. En nous tenant pres de la plage, dans les endroits ou le pen de profondeur de I'eau empechait d'arriver les plus grandes masses de glaces ; en coupant des passages pour les bateaux la ou les glaces s'etaient amoncelees centre les rochers; en halant les bateaux par-dessus les glaces les moins (^le- vees; en faisant des portages le long de la cote, lorsque les circonstances I'exigeaient; enfin, grace a ce que nous pumes trouver quelquetois des espaces de mer libres, nous parvinraes avec beaucoup de peine a ar- river, vers la fin du mols, dans une baic comprise entre les caps Hearne et Kendall. J'avais deja jugti conve- nable, pour diminuer la fatigue de I'equipage, de laisser un des canots, avec sa charge de peinican, sous le cote nord du cap Krusenstern ; et pendant le temps qu'il fallut pour nous rendre pres du cap Kendall, les deux autres bateaux furcnt presque mis hors de service , parce qu'ils 6taient coupiis de lous coles par la nou- velle glace, qui maintenant soudait les grosses masses entre elles. La terre elait couverte de neige ; aucun es pace de mer libre n'etait visible du sonnncl des caps les plus eleves, el I'biver deja se faisait senlir dans loule XIII. FKVRii'H i;t maus. '(. y ( 122 ) sa ri^iioui'. Jo mo vis done, bion iiialgrc!! nioi , forc(i (ral):m(li)iin('i' los canols, ot de conlinnor par Icire noire voyaf^c vers noire residence d'hiver sur le lac dii Grand-Ours. Le pemican et les munitions furent soi- gneusenienl caches pour servir plus lard , les canols fnrent liales sur la plage, et je fis prendre loutes les dispositions pour commenccr la niarche ; le bagage. consislanl en provisions pour treize jours, ustensiles de cuisine, baches, instruments astrononiiques, quel- ques livres, les munitions, deux filets et quelques li- gnes, le bateau porlalif d'Halkell, un paquet de plantes dessecb^es, mon lit et quelques hardes, fut distribute par lots. Chaque homme avail a porter, outre la charge qui lui avail ete assignee, sa couvcrlure, scs mocassins et quelques vetemenls de rechange. Tous 6laient munis de chaussures pour marcher clans la neige; M. Rae portait lui-meme la majeure partie de ses effets de li- terie et d'habillement. On se mit en route le 3 sep- tembre, el le lendemain nous rencontrames un camp d'Esquimaux; ils mii'ent le plus grand empressement a nous faire passer une large riviere, a laquelle j'ai donne le nom de liac. Nous Iraversames ensuite le Ri- cliardson a I'aide du bateau du lieutenant Ilalkett, et, suivant les rives du Coppermine et du Kendall, son tribulaire, nous alteignimes une des branches de la riviere de Dease ; cnlin, le Irei/.ierae jour, nous arri- vions a noire destination, le fori Confidence. Noire marche a Iravers des marais a demi glaces ou sur des monlagnes couvertes de neige, a n^cessaire- menl 6l6 penible; niais en ayant soin, aulanl que pos- sible, de nous lenir dans les valines des rividres, nous n'eCkmes qu'une seule unit a passer sans pouvoir allu- ( 123 ) mer de feu pour faire la cuisine. Pendant uno briune ^paisse, a Iravers laqucile nous punies conlinuer noire route dans Ja bonne direction h I'aidc de la boussolc , James Hope et son compagnon indien, envoyes a notre renconire par M. Bell, perdirent leur chemin, et nous manqu^rent; mais, ayant reconnu les traces de notre marche surle Kendall, ils jugerent que nous avions passe, et revinrent au fort Confidence deux jours apr6s notre arriv^e. Dans inon voyage entre Ic Mackensie et le Copper- mine, je me suis soigneusement conlorme aux instruc- tions de laniirautc concernant I'exanien de la cote, et (le cet examen il est resulte pour moi la conviction qu'aucun navire n'a passe en vue du continent. 11 est, en effel, impossible qu'ils aient pu le faire sans etre vus par les nombreux partis d'Esquimaux, occupes a explorer la mer pour chasser les baleines. Nous avons, de plus, appris des Esquimaux de I'entree de Back que les glaces avaient envahi leurs cotes pendant presque lout r^te, et I'etat d'agglomtiration dans lequel nous les avons laissees le li septeinbre rendait tout a fait improbable qu'elles dussent encore s'ouvrir a cette epoque avancee de la saison pour offrir un passage a des navires. J'^prouve un vif regret que les glaces m'aient em- pecbe de traverser jusqu'a la lerre de Wollaston, et de completer ainsi en une saison le programme trace par les instructions de I'amiraute. L'ouverture comprise entre les terres Wollaston et Victoria m'a toujours paru offrir un grand intt^ret; car c'est par la que passe ^videmment la mar^e de Hot qui se rend dans le golfe Coronation, en divergeanl ;'i I'ouesl jiar le detroil du [ m ) Dolphin et do I'l nloii, il u I't.'sl aulour du cap Alexan- der. Le cinquiemc paragraphc des inslruclions dc sir John Franklin invite cet ofllcier a faire roiilc au sud- ouesl du cap Walker, cc qui I'aurait conduit presque dans la direction du detroit en question. Si sir John Franklin a Irouve le d6troit dc Barrow aussi libre que lorsque sir Edward Parry y a passe a quatre reprises dillerenles, je suis con\aincu que, conrornicment a ses instructions, et sans s'inquieter du detroit de Wellington et des aulies ouverlures qui se Irouvent au nord et au sud de dcilroit de Barrow, il a pouss(i dans I'ouesl jusqu'au cap Walker et de la au sud-ouest. S'il en est ainsi, les navires seraient probableinenl enfer- U)6s dans quelqu'un des passages coinpris cntre les lerres de Banks, de Wollaslon et de Victoria. CcUe opinion, que j'ai soutenue dans mes precedentes com- munications, se trouve encore confirm(^e par les labo- rieuses recherches de sir James Ross, qui n'a decou- vertaucune trace des navires absents. Craignant que les cunots que j'avais abandonnes sur la cote ne fussent brises par les Esquimaux, el con- vaincu , de plus, que I'exploration de cette ouverture pouvait se I'aire surement et d'unc maniere efficace avcc le scul canot qui nous restal, el que j'avais fait disposer pour elre Iransporle du lac du Grand-Ours a la riviere Coppermine, je me decidai a confior cetle mission imporlanle a i\l. Rac, qui s'odrit pour la rem- plir, et dont je ne saurais Irop louer le zelc et I'habi- let6. 11 cboisit un excellent ecjuipage entierement com- pose de voyagcurs experimentes el capablcs de revenir sans guide au lac de I'Ours, dans le cas ou quelquc ac- cident iuiprevu les priverait de leur chel". ( i25 ) All niois do mars 18/|9, iinc quaiitito sulFisaiilc tie pemican ef d'aulrcs provisions, ainsi que los objets d'arniement des canols , ont elo transporles siii- la neige. siir des traineaux lires par des chiens, a une partie navigable du Kendall, et laissis la a la garde de deux hommes. Aiissitot apres la debacle du Dease, en juin, M. Rae devait suivre avec le bateau le reste de r^quipage et un parti de chasseurs indiens , et des- cendre le Coppermine vers le milieu de juillet, 6poque a laquelle generalement les glaces de la mer commen- cent a se separer. II devait alors, aussitot que cela de- viendrait praticable, traverser du cap Krusenstern a la terre de Wollaslon, et s'elTorcer de penetrer dans le nord, en erigeant des signaux et faisant des depots sur les caps remarquablcs, et particulierement sur la cole nord de la terre de Banks, s'il i!:tait assez houreux pour atteindre cclte cole. II lui elait rccommande de no pas compromeltre la suretc^ de ses hommes en reslant trop longtemps sur la cote nord du d^troit du Dolphin et de rUnion , et de se guider dans ses niouvements sur la marclie de la saison , I'etat de la glace, et les rensei- gnements qu'il pourrait obtenir des Esquimaux. li 6tait, de plus, invite a faire connallre le resultal de ses recherches a I'amiraute aussitot son rctour; et si ses depechcs n'6prouvcnt aucun retard en route, on peut s'atlendre a les recevoir en Angleterre en avril ou inai prochain. Enfin , je lui avais recommande d'engager une ou plusieurs families de chasseurs indiens a passer I'hiver sur les bords de la riviere Coppcnnine, pour elre pretes a porter assistance a lout detachement qui pourrait passer par cette route. Quant aux mesurcs addiliounclks qui peuventvenir ( 126 ) seconder les vues inspir^es a leiirs seigneuries par I'hu- inanile, il est n^cessaire de tonir compte du temps pour loquel les navires de decouverte ont die approvi- sionnes. De nomhreiix troupeaux de daims ^migrent an printemps, . bonis, qui se d^ploie sur la cote de la Medilcrran^e, entre la branche Pelusiaque du Nil ct la cote sud de la Palestine; niais ne faut-il pas plutof, avec Falconer, reconnaitre qu'on a altere son texte , et qu'il a parl6 du lac Asplialtite sous le noni de Silbonitis ou de Sodoviitis, en lui donnant d'ailleurs miile stades de cir- conference, ce (jui ne convjent nullement au lac Sir- bonis P ( 180 ) Slrabon a d'ailleurs caracterise, a I'aide de bons raa- I6riaux, la nature de ses eaux el son druption bitumi- neuse. Ce g^ograpiie ^crivait de I'an 20 a I'an 30 de notre ere, puisqu'il raconte, quoique sommairenient, I'liis- loire des trois fils d'llerode. Ainsi il ^lait contenipo- rain de Jesus-Clirist. II allribue a Taction d'un feu souterrain , el c'est Topinion embrassee par la science moderne (1), et non au feu du ciel, le bouleversement dont les rivages d(^ cette mer ou de ce lac portent rcmpreinte , et il en conclutqu'on pourrait ajouter foi k la tradition du pays, d'apres laquelle il aurait existe jadis, dans ces parages, treize villes, dont Sodome 6tait la metropole ; il ajoule qu'il restait des ruines de cette viile dans une circonference de soixante stades [U kilometres envi- ron] (2). ((Des Ireinblements de terre, des (Eruptions de feu, » d'eaux chaudes, bitumineuses et sulfureuses, auraient » fait sortir le lac de ses liinites; des rocliers (sans doute « incrustes de bitume et de sel) se seraient enllanim(^s; » et c'est alors que ces villes auraient eie ou englouties, » ou abandonn^es de ceux qui purent s'enfuir. » Lratosthene dit, au contraire, que le pays ne for- » mail, dans I'origine, qu'un vaslc lac (ce qui est dif- » ficile a croire, vu la hauteur des rivages en beaucoup )> d'endroils), et que Ics eaux, s'c^coulant pnr diverses » issues, laiss^rent la plus grande partie du pays a de- (i) Voyez Malte-Rrun, Geogr., livr. l, a la fin; et Munk, De la Palestine, 1 845, p. i I. (2) Traduction francjaise de Straboii par Letronne, t. V, p. 241. Strabon parle distiiicteinent du lac Sirbonis, ibid., p. 23o, a3a. ( 181 ) »couvert, a mesure que le niveau de la mer s'a- » baissa (1). >> Sa longueur serait, selon Strabon, d'un peu plus de deux cents stades ; mals n*est-ce pas une r6p6tition due au copisle , de la longueur du Sirbonis 6noncee plus haut (2)? Ce texte est reconnu alt^r^ par les savants traduc- teurs. Diodore de Sicile , qui ^crivait aussi sous Auguste, ou sous Tib^re, s'est occupe a son tour du lac Asphal- lite (3) : c'est le noin que lui donne I'antiquite. « Ce lac, dit cet historien, est au milieu de I'ldura^e; il est long de cinq cents stades au plus et de soixante de large ; son eau est am^re et fetide ; il ne nourrit aucuns poissons ni etres vivants, quoiqu'il regoive des fleuves d'une extreme douceur : niais la constitution de ses eaux est si malfaisante, qu'elle les fait p^rir. )) Chaque annee , on en tire des couches de bitume de trois plethres au moins (92 metres environ de lon- gueur), que recueillent les barhares habitants de ses rives. Des indices annoncent I'apparition de ces cpij|- ches ^ la surface, dix jours d'avance. » L'odeur du bitume se r^pand a plusieurs stades ( 500 metres environ), avec un caract^re si malfaisant, que I'or et I'argent en sont ternis. Les riverains de ce lac sont malaclifs et vivent peu... » Pline le naturaliste, qui ecrivait sous Vespasien , apr^slaruine de Jerusalem, arrivee I'anTOde notre 6re, donne aussi des details interessants sur la mer Morte. (i) Strabon, liv. xvi, tiatl. fr., t. V, p. 246. (2) P. 33 1 de la trad, franc. (3) Liv. XIX, chap, xcviii, edit. Didot, et trad, de Miot. ( 1?'2 ) « Le Jomdain, ilil-il (I), qui so replio siir liii-m^mr, » autant que I'exige la nature ties lieux , el se prdle » ainsi aux vceux des habitants , se dirigc , comine )) malgre lui, vers I'horriblc lac Asphaltile, qui I'en- » gloutit enfin, et qui vicie ses nobles eaux en les con- » fondant avoc son onde peslilcntielle. » (C. 10). Cc lac ne produit que du bilumc, d'oii » vient son nom. II repousse tout corps vivant : les » taureaux, les chameaux y surnagcnt; aussi assure- )) t-on que rien ne va an fond. 11 est long de cent milles, )) large de vingt-cinq dans sa plus grande dimension, » de six dans sa plus petite... » ( C. 17). A I'ouest , mais bien loin du rivage a )) cxbalaisons pestilcntiolles , les Plsseniens, miracle » unique dans I'univers, vivent seals sans femmes, sans » voluples... )) Au-dessous des Esseniens est Engadda, la premiere » apres Jerusalem pour la ferlilife et ses bois de pal- » mier; mais Engadda, comme Jerusalem, n'est plus » qu'un monceau de cendres. On voit ensuite le fort » Masada , sur un rocher, non loin du lac Asphaltile. )) La finit la Judee. » Masada fut aussi detruit I'an 71. (Plinc ^crivait un peu apres I'an 70, et a dii connaltrc Josephe, alors re- fugie a Rome dans la maison de Vespasien.) L'historien Josephe, qui (^crivait du temps des apo- Ires, et an plus tard sousDomitien, an 93 do notre bve, s'est rapproclio de la Bible. II rapporlo (2) que, « du temps oil les Assyricns do- i,i) Hisl. lull., V, I '), (jdii. lal. tV. ile I'aiukoukc. (a) Anl.jitd., I. I, o. <), ( 133 ) ininaient en Asie, los Sodomiles formaient une nation florissanle el riche , pourvue d'unc nonibreuse jeu- nesse; qu'elle etail divisive entre cinq rois; que les As- syriens, apres un combat, leur iniposerent un tiibut; et qu'apres ireize ans de domination, ils revinrent dans le pays pour apaiser une rdvoitc ; ils camperent, pres de Sodome, dans une vallee appel^e les Putts d'as- phalte, parce qu'il y en avait alors beaucoup; mais celte valine a disparu, avec la ville (m^tropole) des Sodomites, dans le lac Aspbaltite. » Les Assyriens furent encore vainqueurs, apres un sanglant combat, et Lot, auxiliaii-e des Sodomites, de- vint leur prisonnier. Abraham, qui residait a Hebron, et qui elait allie de Sodome, niarcha u leur secours et ix celui de Lot, son neveu; il battit les Assyriens pr^s de Dan, non loin des sources du Jourdain, et les rejeta dans Soba, ou territoire de Damas, apr^s avoir delivr6 Lot et les prisonniers Sodomites. En revenant, il recut riiospitalile de Melchisedec, roi de Solymc, depuis Je- rusalem, et rentra dans ses foyers, pres d'H^bron. » Ces details prouvent que les Sodomites, quoiqu'ils eussenl cinq rois, n'avaient qu'une pentapole, limit^e a I'ouesl par les possessions d'Abraliam a Hebron, et par celle du roi de Solyme; ce qui prouve que leur territoire 6tait tres limite ; la nature du sol semble aussi prouver qu'ils ne pouvaienl etre riches ni en population ni en productions agricoles ; ils n'avaient point de com- munication avec la mer, et meme, en supposant qu'il n'y eut point encore de lac (ce que ne dil pas la Ge- nese), la superficie, avant I'embrasement, ne jwuvait felre d'un grand revenu. ( HA ) Cependant Jos^plie rt^petc (1) que « les Sodomites, enfl^s parlours richesscs en argent ct autres produils, se livrferenl i des iniquites et h une corruption de mceurs qui les porta jusqu'a violer riiospilalil^ cnvors Lot et sa niaison; Dieu les en punil en incondiant la ville et lout le pays, el en brillant les habitants; la femuie de Lot, en se retournanl pour voir la ville de Sodome, qu'elle habitait avec son niari, ful punie de sa curiosity, et chang^e en statue de sel , )> que Jos^phe mentionne comme existanle (2). Aprfes cet hommage a la tradition biblique, Jos^pbe, dans le r^cit de la guerre des Juifs (3), fait une des- cription speciale du lac Aspbaltite : a Son eau, dit-il, )) est aniiire et impropre a la Idcondation; elle est si » l«5gere, que les choses les |)lus lourdes y flollent, et » qu'il n'est pas i'acilc de les faire couler a fond. \ es- » pasien, en visitant ce lac, ordonna que des individus » ne sachanl pas nagor y fussent jet^s les bras lies, el » il arriva que tons surnagerent, comme repousses par » une sorte de force secrete. Ce qu'il y a aussi de re- wmarquable, c'est que sa couleur change trois fois )) par jour, et prend une teinte difl'^rente aui rayons )) du soleil. Le lac rojelte en beaucoup d'cndroils des » croiltes de bitume noir, qui flotlent ct ressemblent » assez, par leur forme et leur grandeur, a des taureaux » sans t6te. Les habitants de ses rivages attirenl dans » leurs barques ces masses concretes, el ne parvien- » nent pas facilement a les ronipre. Les parties en sont (l) Ant. jiuL, i I, C. II, I. [■i) Ibid. (3) De Bell.jud., I. iv, c. 8, 4. ( 135 ) » si fisqueuses et si a'.lhereiites, qu'on no pcul les dis- )) soiidre que par clu sang menslruel des femmes et de » I'urine. » Ce bitume ne sert pas seulement a la confection » des navires, mais aussi a la garrison des corps, et on » le mele a plusieurs medicaments. )) Sa longueur est de cinq cent quatre-vingts stades, » et s'etend jusqu'a Zoar de I'Arabie; sa largeur est de » cent cinquante stades. » La Sodomitis, qui lui est contigue, etait autrefois » une terre heureuse, abondanle en fruits de la terra, » et riche en villes; aujourd'hui, c'estun pays entifere- » ment brille. On dit qu'elle a 616 foudroyee a cause de » I'iniquile de ses habitants. On y reconnait encore les » traces du feu du ciel et les vestiges de cinq villes. Les » fruits sonl couverts d'une couche cendreuse. Voila ce » que nous avons a dire de la Sodomiiis, d'apres des t^- » moignages oculaires. » On ne pent pas douter que Josephe, ne a Jerusalem, affilie pendant trois ans aux Esseniens du desert, et qui a vecu longtemps en Palestine , ne soit un de ces t6- moins. Son r^cit, compare a celui de la Genese, quoi- qu'il ait annonc6 qu'il suivait litteralement et mot pour mot les livres saints de sa nation, s'en est quelquefois ecart6; ainsi il fait des Sodomites une nation plus riche que la Genese ne le dit. D'apres le Livre de Moyse, les rois de Sodome , de Gomorrhe, d'Adama, de Soboim et de Bola ou Segor, qui forment la pentapole de ce pays, serablent plus in- dependants les uns des autres. II est vrai que la vicloire d'Abraham est attribuee par la Genese a trois cent dix-huit guerriers seulement. ( 13:3 ) Jos^pho ;» suppiline cc cliillVo, peul-elre comnie insiil- fisaiit, eu eyard aux forces rounlcs des lois do Chinar, d'Elassar, d'Ellaiiic cl de Goiinc, nommes dans la Ge- nesc, et que Josephe compieiid sous le nom unique d'Assjiicns. Peut-etre Ic chitlre biblique a-t-il 6te al- lere. Les details bibliques sur rincendio de Sodome s'li- lendcnt nominativeraeut a GomoiThe , et les autres villcs n'y sent comprises que d'une nianiere vague et generale ; en sorte qu'on peut croire , avec Bnrckardt, que Zoar, ou Tsoar, ou Bola de la Genese , la m6nie que Segor, qui est a rextremile sud de la nier Morte, a survdcu a une catastrophe si anciennc dans I'histoire du raonde. Quoi qu'il en soil , la tradition biblique serait que les eaux du lac, ou d'un volcau souterrain, n'auraienl pas fait irruption dans les villes du littoral , niais que ces villes, populeuses alors, auraient pt^ri incendiees par le feu du ciel. Le savant orientaliste M. Munk (1) dit qu'/t la place da lac dlait autrefois, scion la Genese , une vallee ap- pel6e vallee Siddim, dans laquelle se Irouvaient dos puits d'asphalte, et que le lac se serait form6 par le terrible phenom^ne qui causa la destruction des villes de Sodome, Gomorrhc, Adeima et Sedoim , situees dans ces environs. II ajoute que cette catastrophe ful amcnee sans doute par I'eruption d'un volcan; car les laves et les pierres ponces qu'on trouve sur les l)ords du lac ne laissent pas de doute sur la nature volcanique de ces conlr^es, (l) De In PaU-sliin; p. I i . ( 137 ) el il pnraft quo lo fen n'csl pas encore enli6rement 6tcint. « On observe, tlit Volney, qu'il s'e^chappe sou- » vent du lac des Irombons de fumee, et qu'il se fait » de nouvelles crevasses sur scs rivages (1). » En elTet, la Genese (2) ne se borne pas a dire que Dieu fit pleuvoir sur Sedorne (Sodome) et Amora (Gomorrhe) du soufre et du feu venant du ciel ; elle ajoule (3) qu'il bouleversa ces villes el lout le circuit, tous les habitants de ccs villes, ainsi que la vegetation de la terre [h). Ainsi ce texte se prete a la supposition d'une erup- tion volcanique qui se serait manifestee dans I'ancienne vallee de Sidiine, laquelle, auparavaut, pouvall avoir un certain dogre de ferlilite, tandis que Strabon , Jo- sephe et ceux qui disent qu'il exislail sur les bords du lac Asphaltile des mines visiblcs de Sodome et des au- tres villes, repoussent evidemment la supposition que la mer Morte ait pris la place de la vallee. Les exagerations de Joseplie sont ici d'autant plus remarquables,qu*au lieu de le restreindre, il ajoule au merveilleux de la Bible, et se trouve en opposition avec les g(^ologues, qui s'accordenl a regarder la mer Morte comme le produit d'une eruption volcanique. L'illustre Volney serait done ici d'accord avec I'ecri- vain biblique quant a la croyance que I'ancien sol versait le Jourdain dans la Mediterran^e. II faudrait supposer, vu la profondeur considerable du bassin acluel de la mer Morte, et la superioril^ incontestable (i) Volney, De la Syrie, § 4, chap, i, p. 184, e'tlit. Ditlot. (2) Chap. XIX, V. 24. (3) V. 25. (4)Tia,). .!<■ M. Chen. XIM. Fi';vRii:u VT \lAns. 5. 10 ( 138 ) do niv( ail df la Medilciranoo, que la depression cut 6le do plus dc millc pieds, co (pii esl cnoniie; d'ail- leurs rieu n'appuie ctile coiijecluie, el on pcul, a meillcur lilre, supposer que le Jourdain et les aulres fleuves s'infillraieut dans les pores du terrain, le fer- tilisaienl, el que le surplus s'evaporail, coninic il est cerlain qu'il arrive aujourd'hui, ou il n'exisle , vu la profondeur de celte mer, aucune communication con- nue entre elle et les bassins superieurs, du goll'e Akaba de la mer Rouge, comme de la M^diterranee. C'est ce qu'ont deniontre M.M. Callier, .Moore el de Bertou (1). Volney ne cite pas exactemenl Strabon quand il lui fail dire que les treize villes de la Sodomilis lurent cn- gloulies par un volcan; car Strabon , qui exag^re, au dela de loutes bornes, la penlapole de la Bible, dit que ties eruptions int^rieures auraient fait sortir le lac de ses liniites pour envaliir ces villes, dont la principale aurail laisse plus de d( ux lieues de mines, ce qui n'est point confume par Josephe. Strabon n'avait point vi- sile ce pays; et par ce motif, il a commis d'autres er reurs graves sur ces contr^es. Remarquons en outre que le litre de mer dox\n& a ce lac remonte a la Genese (2); Tsoar, I'une dcs villes de la Penlapole, fut le lieu de refuge de Lot et de sa fa- mille , ce qui prouve d'aulant plus que quatre villes seulement furent detruiles. Galien, qui ecrivait vers le commencement du m* si^cle , soil a Rome, soil a Pergame , sa palrie, el qui a\ait visits I'Egypte ct la Palestine, dit dans son (0 Voyez le Bullftin tie la Socitte de yeographie, \. XI, ji 3a8. (a) XIV, 3. ( 139 ) Traite ties niedicanieitls (1) « qu'il y a dans la Syrie- Palestine iin lac que les iins appellent mer Morle, d'aulres Asjihaltite, dont I'eau n'esl pas seulement salee au gout, mais amere; si Ton s'y baigne, aussilot on apparait couvert d'une couche ti es i^gfere de sel ; si on veut y plonger, on revient a la surface par la seule force de resislance de ses eaux ; si on y jeltc un honime, en lui liant les pieds el les mains, il n'enfonce pas : il en est de mfenie des animaux. Ce lac ne produit ni aniniaux ni planles; el quoiqu'il receive deux grands fleuves poissonneux, nolaminent le Joiirdain, qui coule |)res de Jericho, aucun de ces j)oissons ne depasse I'ein- bouchure de ces fleuvi s; el si Ton en jeltc dans le lac, ils y perissent aussilot. On appelle ie sel qu'en recueil- lent les riverains sel Sodomenien, a cause des monta- gnes qui I'entourent, el auxquelles on donne le noni de Sodome.M Galien revient sur ce sujet , et decril les proprietes de cetle eau, mais plus sonimairernent (2). 11 avail lui- meine v^rifie qu'elle etait plus amere I't'te que I'bi- ver (3). Get ecrivain parait etre le premier qui I'ait appele merlMorte; car, ainsi que I'ont remarque deux ecrivains eccl^siasliques, Cyrille el Jerome (celui-ci repondimt a une censure de Porpbyre conlre les ^vangelistes), les Hebreux avaient coulume de donner le nom de mer aux reunions d'eaux douces (comme le lac de Gene- sarelb), ou salees (comme la mer Morte), ainsi que le font d'ailleurs les Arabes et d'aulres peuples. (i) Liv. IV, ch. XX, t. XI, p. G91 el suiv. de led. de Kuliii. ;Si.6. (aj Liv. XI, chap. 11, § 10, t. Xil, p. 375. (3) Liv. IV, chap, xx, p. 693. ( lao ) Saint Jt^ruino , ilans sa retraite do Bellil^em , avail eu le temps d'eluclier ie caractere de ce lac, qii'il np- peiic aussi mer Morte. II declare, d'ailleurs (1), « qu'il avail visile ce lac si fanieux, et qu'il no s'olail pas livr6 a son sujel a une indolente oisivele, inais qu'il avail a])pns beaucoup de choses qu'il ne savail pas. » Aillcurs, ce laborioux cenobile (2) dil que « c'est un lac de bituuie, et qu'a cause de son ameiiuine rien n'y pouvait \ivie; il ajoute que celle morlalit^ de loutes choses va si loin, qu'il ne nourrit rien qui respire et qui se nieuve; on n'y voit ni coquillages, ni vers, ni angiiilles, ni aulres animaux , ni reptiles quels qu'ils soienl. Enfin, si le Jourdain, cnfle paries pluies , y entraine quelques poissons, ceux-ci ineurenl aussilot, el floltcnl sur ccs eaux visqueuses. » \ oila les passages los plus imporlants de 1 'antiquity ; les recits dcs niodernes y sont contoraies, el les lieux n'onl pas change de caractere , a part quelques exag^- ralions des voyageurs, dont I'un a pr^tendu que I'eau esl si dense qu'on peul marcher sur cette mer sans en- foncer, comme J6sus- Christ I'a fait sur le lac de Gene- sarelh. Chateaubriand, dans les interessanls d«itails qu'il a donnes dans son Itineraire a Jerusalem, rapporte qu'il a visits la mer Morle, le 6 octobre 1806, pendant deux heures, dans le point siUie entre le couvent de Saint-Saba, dans la vallec de C^dron et I'embouchure du Jourdain; il entendit la nuit quelquc bruit sur le lac; ses guides lui dirent, mais il ne put Ic veri- (i) ^/;3o/. C. Kuhiii, HI, p. 4Gi. (a) Comment, sur Ezt'cU., 47. ( la ) fiei- (1), que c'etaient des legions do pelils poissons qui venaient sauter sur le livage ; inais I'illustre ecri- vain ne pouvail, avec raison , accorder aucune con- fiance a ce r(^cit, qui contredirait I'opinion generale- ment adoptee que la mer Morte ne produit aucun etre vivant. Hasselquist et Maundrell d^couvrirent , dit-il , des coquillages snv la rive ; mais Seelzen n'a remaique dans la mer Morte ni helices ni moules, seulement quelques escargots. Ce lemoignage serait oppose a colui de saint Jerome, et a Lesoin d'etre confirm^. Chateaubriand parle d'une sorte de brise qui agita un peu le lac; il ajoute que le (lot, charge de sels, re- tombait bientot par son poids et battait a peine la rive, tandis qu'un bruit lugubre sortait de ce lac de mort , comme Ics clameurs etouff^es d'un peuple abhiie dans ses eaux. On verra bientot, dans le recit des voyageurs ame- ricains, que les vents agitent, au conlraire, si forte- racnt le lac, qu'ils le rendent innavigable pour les bar- ques de bois; et c'est pour cela qu'on n'y avait point encore navigue. Quant au bruit lugubre dont Chateau- briand parle, il resulte evidemment du choc de ces eaux pesantes et cristallisables. D'ailleurs Chateaubriand oublie que le peuple Sodo- mite n'a point ete abime dans ses eaux, comme il le dit ici , s'il est vrai qu'il ait ete dc^truit exclusivement par le feu du ciel , comme il I'induit de la Bible. Mais son interpretation de la Genese est crronee, comme on I'a vu ci-desyus; celle-ci n'est nullemcnt exclusive d'une eruption volcanique, comme les geologues el les geo- (i ) P. I j3, I. IX, (le ies auvres. ( 142 ) graphes pensenl en grande majoril^ que lei a ^16 lo cas. Quant a M. Lamartine, I'un des derniers voyageurs, il est raoins instruclif que Chateaubriand, et on serait m^me en droit do lui reproclier des innxaclitudes graves, s'il avail eu le dessein de nous donner autre chose que des impressions de voyage. II se rendit fi la iner Mortc par un chcunn oppose k celui de son illustro pr6d(^cesseur, c'esl-a-dire par remhouchure du Jourdain. « A trenle ou quarante pas des flots, le lit de sable, m6l6 de terre du Jourdain , etail lellement huinide et d'un fond si marecageux, que son cheval enfoncait jus- qu'au ventre et qu'il craignit d'etre englotili (I), n II descenditde cheval et s'approcha a pled du rivage. II croit a Vengloiitissement dos villes, et par conse- quent a une Eruption. « Les bords sont entiercuicnt deserts; lair y est in- fect el malsain ; ses conipagnons et lui en eprouverent ['influence plusieurs jours qu'ils pass^ront dans ce desert; il crut, au coucher du soleil, distinguer deux lies a rcxtr^mite de I'horizon du cote do I'ldum^e ( au midi) : les Arabes n'en savent rien. La mer a dans cclte partie, ajoulc-t-il, au moins tjente lieues de long, et ils ne s'aventurent jamais a suivre si loin son ri- vage; aucun voyageur n'a jamais pu tenter une cir- cumnavigation de la mer Morle ; elle n'a mC'ine jamais ele vue par son autre exlrcimit^ , » exceptc'? ajiparem- ment par Burckliardt, qui a vu Zoar ou S ) sterile, niais , an siid-est, tres fertile en plusieiirs en- droits et hahit^e par tiois cents families arabes, qui y ciiltivent ie douira et le tabac. M. Lamartine dit encore qu'elle n'a jamais 6td vue par ses deux rivages de Judee et d'Arabie, et qu'il est, pense-t-il, le premier qui , avec ses compagnons , ait pu etl toule liberty I'explorer sous les trois faces; mais il se garde bien d'ajouter qu'il ait fait celte exploration. II n'avait pas de chaloupe pour visiter toutes les cotes de cette mediterranee mervcilleuse ; il ignorait qu'une chaloupe de bois de sapin n'y aurait pas sufTi; il croyait qu'un voyageur pourrait facilement I'accomplir, et Jeter sur ce phenomene nature! et sur cette question geographique les lumieres que la criti(|ue et la science sollicilaiont depuis si longtemps. A ses yeux de poete, I'aspect de la mer Morte n'est ni Iriste ni funebre , except^ a la pensee; c'est un lac ^blouissant, dont la nappe immense et argentee reper- cute la lumiere et li^ ciel, comme one glace de Venise. Des niontagnes aux belles coupes jettcnt leur ombre jusque sur ses boi'ds; mais il ne salt s'il y a des pois- sous dans son sein el des oiseaux sur ses rives. II n'y a vu ni procellaria , ni moueltcs, ni les beaux oiseaux blancs de la mer de Syrie : seulement, a quelques cen- taines de pas, il tira et tua des oiseaux semblables a des canards sauvages qui se levaiont des bords mare- cageux du Jourdain. II n'apercut pas non plus ces ruines de villes engloulies que les Arabes disent aper- ccvoir quelquefois a peu de profondeur. Nous le croyons bien : M. Lamartine ne vit que (piel- (|ues lieues des cotes de la mer Morte, quoiqu'il alliiine qu'il a t'uivi longlemps les bords de cette ujer, lanlot IZi/i I du cole dc I'Arabio, oil esl I'enibdiicliuro dii .lourdain, fl.nns un lit de houc, lantot du colo des monlagncs de Judee, ou les rivages s'clevent. C'esl un poele qui parlc, et qui accorde genereuse- ment a la mcr Morte 30 lieucs de long, au molns un tiers au dela dc la li^allte; il pr6te a la Bible la pcns6e qu'un cralere se sera ouvert dans le scin de chaines volcaniqucs, qui s'dtendent de Jerusalem en M^sopo- tamie ct du Liban a I'lduinee, au temps ou sept villes pcuplaient sa plaine , tandis que la Gen6se nc parle que d'une vallde boulevcrsee par le feu du ciel , qui sans doule aura embiase le terrain volcanise par une trop grande saturation dc bitumc, et ne mentionne que cinq \illcs, dont une avail etc et6 conservee. M. Lamartine conjecture que le Jourciain allail au- paravant se jetcr dans la mer Rouge ; mais le bassin de la mer Morte en est separe par une forte cliaine de mon- tagnos, ct d'ailleurs lul est de beaucoup inferieur. L'illustrc Noyageur est revenu de son excursion par Ic cote septentrional dc la mer Morlc , du cote dc la vallce de Saiul-Saba. 11 ne faut pas croirc qu'il en ait fait le lour; il n'esl pas meme all6 dc rcmbouchure du Jourdain au couvent de la vallce de Ccdron, ou Clialcaubriand avait coucbe avant de faire son excur- sion; car il est revenu a Jericho, d'ou il etait parti, et de la a Jerusalem, Ic tout ilans I'espace d'un jour (Ic 2 novembrc J832). II n'est done rcste que quclques heures sur les bords du lac (1). Voyons ce que la nouvelle exploration pent nous ap- prendre sur ccs licux cclcbres, et avant lout rendons- I ( U5 ) nous conipte de la longuour el de la largeur de la mer. Elle est de hh milles anglais ou 70\796 ; en noinbi-r; rond , 71 kilometres; et en largeui", de 7 milles ou IP, 263. Nous sommes bien loin des 30 lieues an moins de M. Lamarline, puisque nous n'en avons pas menie 18, en lieues de posle. Malheureusement il faut attendre la publication of- ficielle de M. Lyncli ou du gouvcrnement americain pour savoir quels sont los points extremes de ces deux mesures. M. Montague ne s'en explique pas; la carte jointe a son ouvrage n'y est pas meme conforme sur ce point important; car elle reproduit I'ancienne mesure de 48 milles de long sur 12 de large. Si dans la carte de MM. Riller et Kicpert (la Palestine, Berlin, 18i2) on prcnd la longueur, de remboucliure du Jourdain a la limite du lac, au nord de Zoar ou Segor, on n'a que 50 kilometres; si on la prolonge jusqu'a la plaine el-Glior, au dela de Usdum, on a 74 kilometres; difference en plus, 24, non compris le petit detour oblige par la peninsule interposee qui fait face a Zoar ou el-Mezraab. Quant a la largeur, la carte de M. Putter donne en- viron 18 kilometres, pres de 7 en sus de la mesure americaine; mais Pline, en comptant 25 milles ro- mains pour la plus grande largeur, suppose que ce lac, a I'orient au moins, a un enfoncement considerable, landis que la carte de Ritter fait penser que la cole est droite nord el sud ; mais celle cote est restee jusqu'a present tellement incoiinue, qu'elle y est marquee par une ligne poncluee. Pour que los Americains aienl trouve une largeur ( U6 ) do 7 milles, il faiil que Pline ail et(^ mal renseigne, ce qui est d'autanl plus vraiscmblahle , que Diodore ne donne pour la largeur qu'un chilTre au lieu de deux, et nou 25. La publication americainc, on I'esp^re , nous don- ncia cnfui un moycn d'accorder les anciens sur les inosures itinuiaires doiU ils se sont servis; ello indi- qticra comnaenl los copistes, ce qui arrive plus souvent clans les chiffres que dans les mots, se sont Irompes, et nous ont transmis infid^lement dans leurs manuscrits les resultals de la science ancienne; Car il ne paralt pas que les lieux aient sensiblement change. Le chilfre de Strabon , quant a la longueur de 200 slades, est une repetition do ccUe du lac Sirbonis, ot ne pcut s'appliquer a la mcr Mortc ; car, en prenant les stades les plus longs de la Palestine, de ilOO cou- d<^os, (ivaluees a raison de 0'°,55/i on 542, c'est-a-dire un slade de 231", 68, on n'aurait que /it)V336 pour la longueur totale du lac, ce qui paralt tout a fait inad- missible; mais nous ne croyons pas que le stade hi- braique ail depasse le stade olympiquo de 185 metres. Le second cbilTre de Strabon est de 1 000 stades a la circonferencc ; or, en supposant que les deux cot^s soient a peu pres en ligne droite, nord et sud, et ad- metlant que les anciens n'aienl point navigui^ sur cette mcr, ainsi qu'd en existe un temoignage dans Vltine- raire de Bordeaux a Jerusnlein (I), et qu'ainsi leur me- surc ait lHo prise le long du rivage par un chcmin !a- (l) I*. 3.i(), t. \, lies oiuvres ili; (Miatcaiiln i.iinl. Est arjiKi ubi in lolum nullius 'jctieris piscis est, tiec alijua navis. ( U7 ) t^ral, on trouve que le cliiffre de Strabon est a peu pr6s celui de Diodoie. Si, en effet, Ton prend le stade olynipique de 8 au mille rouiain ou do 185 metres, on un stade hebraique de AOO coudees, la coudee commune etanV 0"',/i62, on a 92',Zi00 ou 21| kilometres de plus que la realite. Si on prend le petit stade de ?{ au mille, ou de 700 au degre, 158",73, on a 70\365, c'est-a-dire 8 kilo- metres seulement de plus que la mesure americaine. On peut supposer que les sinuosites de la cote sont entrees pour cette quantite dans la mesure de Strabon et surtout dans celle de Diodore; car M. Lelronne evalue au 10* en plus le chemin d'Alexandrie a Syene. Si au calcul de Strabon on ajoute la largeur aux deux extremltes, qui peut bien etre de 20 kilometres, on trouve la circonterence trop faible, et il faut prendre les stades olympiques de 600 au degr^; la diCference alors ne serait que de 6 kilometres, applicable aux si- nuosites de la route, ce qui est plutot insuffisanl qu'excessif. Quant a la mesure donnee par Josephe, elle porte sur la largeur et sur la longueur. La largeur, selon le texte de cet bistorion, aurait ete de 150 stades; mais, en prenant meme des stades lie- braiques, composes de liOO coudees de 5 palmes ou de 1A8 metres, on a encore 22 kilometres en plus. Et corame au sujet de la largeur il n'y a rien a changer au chilTre pour les sinuosites du chemin, il y a exces de plus de moitie sur le chiffre americain. II faut en conclure, conlormemcnt a I'opinion g^nerale, que ce chilTre de 150 a ete altere par les cojiistes. II ne peul pas vonir de Josephe. ( 1A« ) I Fill cst-il du meme do la loiigiieiir? Avec Ic slado de ■ \liS metres, on a, pour Ics 580 slades donrK^s par Jo- sephe, environ 86 kilometros, c'est-a-dire 15 kilome- tres, seulemcnt de plus que le chilTre dc nos Ameri- cains ;-mais les anciens, n'ayant pas navigu^ sur le lac, prenaient pour mesure itineraire la longueur du che- min qui conduisail de rcmboucliure du Jourdain a Zoar, point dc rep6re marque par Jos6phe. Or M. Letronne ajoule un dixlome pour les sinuositds d'Alcxandric a Syene (1), cl Anquelil-Duperron dit (2) que los Orientaux comptent un cinquiime en sus pour les distances ilini^rairos (3). II est evident que Jos6phe, en prenant Zoar pour repere , adopte une distance plus grande que des na- vigateurs qui font unc mesure g^om^trique en dedans du lac, ct qui n'ont pent-etre pas compris dans leur mesure le bas-fond ou marais qui terminc cc lac du cole du midi ; d'autanl plus que la tradition rapport^e par Chateaubriand est que, de cc cole, on le traverse a pied. Dira-t-on que Josophc n'a pu sc servir d'un stadc de 1/18 metres, parce qu'ecrivaiil pour los Grccs et pour les Romains, il a du prendre le stade de 185 metres, rcpondanl a la coudee d'figyplc de 0'",/i62 et dc 8 au niillc remain, commc le stade olynipiquc? C'est sans doutc une grando diflicult(^ , car nul n'a encore approfondi, sous cc rapport, le texle de cet liistorien. La difficulle est d'autanl plus grande que la (1) Meinoire du 3.) niai i8i;. !Vouvcllf coll. ile I'.tcad. (/<•? inscript. Iiistitut., t VI, p. '261 el suiv. (2) Memo'ue sur la luitiution dcs mcsurcs, dans la Collect, tie /'niic. Acad, des inscripl. et bell.-lelt., I. XLIX, p. 5l7 el suiv. (3) (','es.l le coiniile .^dlIH^ p. 11 il Aiivillc. (.V. du II.) ( U9 ) Misnah (recueil aulhentiquo ties Iradilions des phari- siens, r6dig6 par I'ccole de Tiberiade ot sos rabbins}, nous apprend que Moise, dans le desert, se servait d'une petite coudee de 5 palmes (laquelle, selon la valeur de 77 millim. donnee parM. Joniard au pahne de la coudde egyptienne (1), produirait 0'",385),et que 500 de ces coudees sont appelees slade par Jos^phe. C'est le t^inoignage formel de la Misnah, Traite des vases (2). Quoi qu'il en soit des efTorls que nous avons faits pour concilier les textes anciens avec les faits actuels, nous rendrons maintenant un compte sommaire de I'ouvrage de M. Montague, en attendant I'arrivee, qu'on annonce commc prochaine, de la Relation oi-iginale et authentique du chef de I'expedition, M. Lynch, pul)lii'e aux frais du gouvernement des Elats-Unis. (i) Mais I'auteur, dans un mcmoiie de 1827, sur les coudees trou- vees ^ Menipliis, donne pour valeur au palme o"'0748, ce qui, niulli- plie par 5 et par 5oo, produit 187 metres. {Lettre a M, Abel Remusat, 1827, p. 17.) (2) Cliap. 11, e'dit. de Surenhuys, t. VI, p. 90. II est dit, dans un autre passage de la Misnah {Traite ties tnesutes du Temple, ch. 11), que le inont sur lequel le temple etait bati quadrangulairement avail a chaque cote 5oo coudees ; I'Empereur, dans sn Dissertation a ce sujet, inseree dans I'ediiion de Surenhuys, rappelle le passage ile Josephe [Ant. XV, vii, 3), qui porte le peribole du temple a 4 stades, et cliaque cote a I stade, ce qui donne 5oo coudees an stade. Si on prend les coudees de 5 pnlmes, on a le stade de i85 metres, oule stade olympique; de nieme ijiie si on proud la coudee de 6 palmes et un doigt, 4oo coudees au stade, contormemciit a la tradition, on a le stade de l84°',72, ce qui peut etre ronsidere comme idenlique. Si Ton prenait la coude'e de 6 palmes et 5oo coudees au stade, on aurait, avec la coudee de o"^,462, un slade de aSl metres, et, avec la coudee de 554 millim., un stade de 277 metres. Ces deux mesures paraisseut depasser toutes les proportions con- nues des anciens. ( 150 ) iNolre savaiU cl ri'spectable inailre, M. Joniartl , a annonce sous quols auspices s'est faitc cettc expt^ditlon en ISZi", el ses principaux resultats (1). M. Montague, I'auleiir du present eciil, faisait parlie de rexj)(^dilion, et il parait que c'est pour salisfaire a I'impaliente curiosite des cliretieus de loutes les sectes qui vivent aux Ktats-Lnis, qu'il a cru devoir pul)lier son jo|urnal parliculier. L'exploration de la mer Morte a dure du 18 avril an 6 inai , ou dix-huit jours; leur navigation sur la mer de Galilee ou lac de Tib^riade, et sur les rapides du Jourdain, avail dure dix jours, du 8 avril au 18. C'esl la partie v«5ritablement neuve du voyage. Ce premier tra- jel de 60 niilles en ligne droile ii'en a pas moins de 200 (ou 321 kilometres), a cause des detours sinueux que le Jourdain ne cesse de faire sur lui-meme. lis ^laient pourvus de deux chaloupes, I'une en fer, I'autre en cuivre, qui avaient ele porlees a dos de clia- meau a travors la Galilee, et qui furent remportees de meme, apr^s avoir 616 demontees, de la mev Morte au port de Jalla. La description de I'expedition de la mer Morte ne renlerme que six petits chapilres (2) dans le Journal de M. Montague. Quoique entrainees par les eaux impetueuses du Jourdain, les deux barques, a leur entree dans ce grand lac, I'urent ramenees violemment a son embouchure; la pesanleur de I'eau etail telle, qu'elles enlougaient beaucoup moins que dans le fleuve, el elle opposait una grande resistance a la navigation. (l) Buil. de la Sue. de ijt'oijr. t. XI, p. io5-l lo. (a) P. 178 a aaS; in-u. ( 151 ) A pies la lempeto, qui (liir;i do IS au 19, les olliclcrs tics deux navires puiont se nietlre a I'cEuvro tlo I'explo- ration le 20 avril. L'un sondait ilans le nord, a I'em- bouchure du Jourdain , vers Test; I'autre an siid. Lc soir, ils revenaient au camp, qu'on avail etabli sur le rivage occidental. . La plusgrande profondeur irouv^e dans celte journee fut de 20 fathoms (36'", 5) : c'elail un fond de vase, convert d'une maliere visqucuse, renferraant beau- coup de couches de sel niarin. Les rochers du rivage sonl couvcrts aussi d'incruslalions de sel. Leau est Iransparenle, mais tr^s am^re el extremeraent salee : c'est I'eau la plus pesante du monde connu. Les an- ciens I'appelaienl asphaltite, a cause du bitume qu'elle renferme. Le 21 avril , la mission americaine Iransporta son camp sur la cole, dans les plaines d'Engaddi , ou, dil M. Montague, se trouve une excellente eau potable; on y pril iin Ijain delicieux; on dressa le plan de celle plaine pendant les trois jours qu'on y demeura (1). A celte occasion, I'auteur declare qu'on ne irouv>' plusaucune trace desvillcs de Sodomc it deGomorrhe; il croit d'ailleurs qu'elles etaient siluees sur le Jour- dain, qui coulait au milieu de I'ancienne vallee, el qu'elles ont ete englouties avec elle. II rapporle la tra- dition, reconnue aujourd'hui erronee, qui suppose que le Jourdain se rendait a travers cette vallee dans la mer Rouge, au golfe d'Akaba : il esl vrai qu'une longue vallee semble regner dans I'intervalle du bassin de la mer (i) La ires niauvaise carte joiiiie a I'ouvrage pone la siliiiilion (l'Iin{;adili a rextrciiiite sud-ouest du lac. Dans sa carte, M. Riiter paiait bieii tonde a la maintenir au milieu de celte distance. ( 152 ) Morte el de la mor Rouge; iimis clIo paratl anlerleure ail calaclisnic (|ui a precede I't'lat acluol dii ^lobe;car elle est suporieure an niveau du lac Asplialtile. Le 24 avril , I'lm des navires se dirigea vers le sud- cst, et jeta I'ancro pr^s d'une peninsulc , a la hauteur de laquelle M. llillcr place Segor on Zoar, au lieu de la laisser a rexlrt^inile du lac, comnic la plupart des aulres geograplies. L'expedition , apres avoir pai'couru la peninsule, revint au camp; I'aulre navire avail pris sa route plus au nord. Dans celle journee , la sonde donna 120 I'a- tlionis ou 720 pieds anglais (219"',307). Le fond se Irouva encore visqucux ou bourheux el crislallis6 de pur sel ; quelquelois il elait enlierement convert de ces crislallisallons. On reconnut dans celte explora- tion beaucoup do petits cours d'eau qui se jcllent dans le lac, independamnient tki Jourdain et du Ce- dron, el entre aulres un beau courant d'eau douce. L'evaporation sur ce point est immense : les vetemenls des voyageurs ^laient salures de sel, ainsi que la peau de leurs mains et de leur iigure. Le 25 avril, les Americains s'embarquerent pour une excursion de quatre ou cinq jours, et allerent camper le soir de la premiere journee un pen au nord d'L'sdom, que M. Montague suppose 6lre Templace- ment de Sodome. Ce lieu important, que M. Ritter in- dique a rcxtremile meridionale du lac ( non loin de la position adoptee par les aulres carles pour celle de Zoar), se distingue par une source abondante, par des coUines et par lo famcux pilier de sel, faisant face au sud-est, qu'on appcllo la colonne de la femme de Lot : on en pril I'esquisse; ello a 00 piods do haul ( 153 ) (18"',?.28) et 40 de circonr6ronce (12"", 18) : on no pent concevoir, dit I'auleur, que la feinnie de Lol fut si co- lossale dans ses proportions. Mais n'en cst-il pas ainsi de toutes les traditions, et faut-il s'etonner que celle-ci soit exageree, comma les autres, par I'amour du mer- veilleux, si natural a I'homme, surloutquand il est peu avance en civilisation? Cette cote de la mer Morte est un bas-fond, et ses eaux sont plus denses ct plus salves qu'il n'arrive a des profondeurs plus fortes. Le fond n'est que de 1 a 5 pieds (32 centimetres a 1"',62). On pourrait bien le considd;rer comme un marais plutot que comme une partie de la mer. La carte de Rilter indique d^ja deux passages a pied dans ces pa- rages. Les Am6ricains, en passant a la cote opposee, furent assaillis par une tempete de vents du sud (sirocco) qui les suffoqua. Le thermometre 6tait monle a 118 dcgres (52", 22 centigr.). lis eurent de la peine a atteiudre une place appelee Meserah, oil il y avait un camp d'Arabes arm^s. Ce lieu est plac6 a 18 kilometres, a I'interieur de la peninsule et sur la cote oricntale du lac, dans la carle de M. Ritter; celle de I'ouvrage ne le mentionne pas. De la, les voyageurs reprirent la mer, et Irouverent de ce cote une profondeur de 1 a 3 fathoms (1"',83 a 6'",Z|8). II est a croire que , dans la carte de I'expe- dition americaine, la locality de Meserat, ou el-Mezraah de M. Ritter, prendra, ainsi que la cote, une autre con- figuration. L'autre chaloupe avait double la peninsule, et etait XIII. fAvRIF.R r.T MARS, 0. 11 ( 154 ) \enue ahorder sur la cole occidentale, ou les deux di- visions se reunirenl. Quand la nier est agilee par le vent, ditl'auteur, les vagues viennent IVapper si durcmont les flancs des bar- ques, que celies construiles en bois ne pourraient en supporter les coups ; car c'est a peine si cellc des Ain6- ricains qui etait en cuivre fut de force a y resisler : elle y fit des avaries. C'est ce qui explique sans doute pour- quoi celte nier etait restee innavigable depuis les teuips anciens jusqu'a ce jour. Le 29 avril, I'expedilion fit une reconnaissance sur les ruines de la forteresse de Massada , construite par Jonatbas-Macchabee. C'est un point tres interessant a connaitre, a cause du role qu'elle a joue sous Vespa- sien , apres la cataslropbe de Jj^-rusalen). La carte de Rilter la place a peu de distance du rivage, a environ Ih kilometres au nord d'Lsdom. L'exp^dition se rendit le 1" mai a la ville de Carrack, appartenant aux Arabes, a 10 milles en ligne droite du rivage (16 kilometres a Test), ou Ton eut de grandes precautions a prendre, au retour du moins, conlre une tentative armee de pillage. C'est sans doute le Kerak ou Kir-Moub, Kerakka, Cbarak-moba, dans le pays des Moabites et a Test du lac, de la carte de M. Ritler. Le li mai, on leva le camp etabli pres d'une petite riviere affluent de la mer Morte, pour se rondre au \\ adi de Zurken, qui est aussi un courant Ires doux et Ir^s propre au bain par sa chaleur. La , on voulut encore se baigner dans le he, et on trouva I'eau si portanle, qu'on pouvail \ liio un journal. II 6lait dif- ficile de plonger; le bain etait tr^s agr^able ; mais, a ( 155 ) la sorlie, la peau devenait riule, et on t^jprouvait une d^inangeaison desagreable. On fit entrer separemenl dans la mer un ane et un cheval ; loi'sque I'eau atteignit leiir corps, ils tombe- rent a la i^enverse sur le cote, parce que leurs pieds se ti'ouverent sans appui, pai" la maniere dont I'eau sou- levait leurs corps; cette situation 6tait Ires genante pour ces animaux, qui se debattaient en soulTlanl et en plongeant leurs tetes. Ainsi se trouve parfaitement v6rifi(^e I'anecdote re- lative a Vespasien, rapportee par Jos^pbe ; raais il y a de I'exageration dans le recit de Pocoeke, qui, ayanl voulu plonger, i^aconte que ses pieds resterent en I'air, et qu'il eut beaucoup de peine a se remetlre debout. Maundrell dit avoir fail I 'experience contraire. Van Eguiont pretendait avoir marcbe sur la mer comme si ses pieds eussent loucbe le fond. M. Letronne (1) a eu raison de relever ces exag^rations, que I'expedilion aniericaine fera completeinent disparaitrc. La pesanteur de cette eau est evalu^e a 1,211, celle de I'eau douce etant de 1000, et d^passo de 0'",01/i celle de I'eau de mer (2). M. Montague attend a ce sujet la publication des experiences faites par M. Lyncb, chef de I'expedilion. II ne nous donne rien a ce sujet, pas meme la position du Wadi de Zurken, position ou Ton a trouve, sur les bords du lac, quelques toufles de roseaux, de buissuns et de palmiers nains, niais sans rien de ce qui est d'ail- leurs necessaire a la vie des liommes el dcs animaux. .(i) Nole 2, p. 9.42 de la trail. Franc, de Strabon, I. V, (s) Letronne, ibid. ( 150 ) Le Wadi-Zurken parail Otre rancicnne lonlaino dc Callirho6, du moins si Ton s'cn rapporte k la carte de M. Ritter, qui la place a la cole nord-est, sous Ic nom dc Zuika-Main. Si cc rapprochement est exact, nous sommes certain que I'expedition americaine nous fera connaltre la cote orientale, aujourd'luu inconnue de cetle mcr, aussi bien que la partie occidentale. De ce point important, I'expedition se rondit au lieu appeld Ain-Tcrerler, et dc la, le 5 mai, olio rcvint au cote oppose, pr^s do rembouchure du Jourdain, oil etait son camp primitif. Ce lieu ne figure pas sur la cnrle, si d(^taillc;e d'ail- leurs, de M. Ritter; sans doiile c'ost uno dos embou- chures de Fun des deux cours d'eau marque enlre le A\ adi-Zurka ct I'embouchure du Jourdain , a I'ouest de Heshon. Nous n'avons ricn vu de relatif a I'Arnon, Wadi-el- modjeb, qu'on represente comme un fleuve assez con- siderable, venant des montagncs dc I'Arabie, dont la chalne est double, I'une laterale au lac, I'autre eloignde d'une centaine de kilometres. Ai)r^s qu'on eut complete les sondages et dessin^ les vues remarquables, I'expedition se trouva lerminee. On irouva quelques oiseaux qui d'taient tomb^s dans la mer ; la cause en est atlribuee a la lassitude ou a d'aulres motifs, mais nullement a la suffocation qu'au- rait j)roduile la f(5lidite ou la chaleur des eaux. lis d'taient bion conserves, ainsi que les bois qu'on y ren- contre llollanls; car Iclk' est, dit-on, la propriele ties eaux de celtc mer, qu'cllc conserve intact ce qu'elle rcroit. ( 157 ) I)u resle, il n'est pas vrai que ses livaporations aient pour resultat dc fairc p6rlr les oiseaux, puisque les voyageurs americains , qui ont navigue sur ses eaux si longtemps, n'en ont eprouv6 aucune incommodit^. On voit d'ailleurs frequemment des oiseaux planer au-dessus, et quelquefois des canards sauvages nager en se jouant dans ses eaux. On voil aussi des oiseaux et des insectes sur ses bords. Cependant les Americains n'ont pu decouvrir aucun etre vivant dans le sein de celte mer, et ils ont verifi6 que les poissons, que nourrissent les cours d'cau sales qui s'y jettent, p^rissent en y entrant. lis en ont lent6 1 "experience a I'emboucliure du Jourdain, riviere d'eau douce, et, toutes les fois qu'elle a ele renouvelee, les poissons qu'on a jetes dans cette eau amere etbitumineuse y ont peri. II est remarquable que I'auleur de ce journal ne parle pas des couches de bitume qui s'elevent du fond du lac, et qui sont le seul produit commercial de cette mer. Sans doule Ic motif de ce silence vient de ce que, pendant le court s^jour de I'expedilion , cette circon- stance physique, si bien constatee, ne se presenta pas; car la presence du bitume est rappelee a tout moment dans le recit. L'auteur ne fail pas connaitrc si Ton a fix(^ astrono- miquement los points de comparaison et les campe- ments. Cela est vraisemblable, puisque I'expedilion etait pourvuc de lous les inslruments necessaires , qu'elle en a eu le temps, el qu'elle elail formeo d'hom- mes inslruits. Nous le repolons, la carle joinle au Journal de { 158 ) M. Montague ne fail point connattre les positions mo- dernes qu'il nomme , et est ^trangere au livre qu'elle accompagne ; c'est ce qui arrive malheurcusement bien souvent. II faut done attendro la publication des documents ofliciels pour connaltro les rdsultats scienlifiques de I'exp^dition. L'auteur ia|)porte qu'on a ^labli a 598 piods(182'",26) le niveau dela merMorte au-dcssousde la Moditcrran^e, et a environ 63 pieds (49", 19) la hauteur supericure de la mer de Galilee, sans toulefois que M. Montague puisse rien affirnier. C4'est une nouvelle preuve du caraclire non scientifique de sa relation. Sans doule la publi- cation oflicielle complt^tera ces renseignements. II sera important aussi d'en comparer le r^sultat avec le ni- veau de la mer Rouge, au haut du golfe d'Akaba, qui est, dit-on, supcricur lui-m6me de quelqiies metres au niveau de la Medilerranc^e. Les bords de la mer Morle sont, dit M. Montague, rarement visiles, si ce n'est par des Arabcs errants , amenes sur ces bords par des idees superslitieuses, et sans doule aussi pour la coUecte des couches de bilume, qui ont une valeur dans le commerce, et qui ont une reputation bien anciennement conslal^e. Les precipices qui forment sa cote occidentale vonl de pair avec les cotes de la M^diterran^e. La partie la plus protonde , resultant des sondes qu'on a prises, est d'environ 900 pieds (277 mitres). M. Jomard a relev6 un cliifTre plus elev^, 188 fathoms, 1128 pieds (342™, 500) dans I'analyse amciricaine de I'expedition. On dit, ajoute cnfin M. Montague, qu'autrcfois il a ( iSO ) exisle de grandes villes baties enti^reinent crincrusla- tions dc sel dans la paj-lie meridionale de la grande vallee de la mer Morle : Tauleur se livre ici a son ima- gination, ct y voitdeux grands linceuls, I'un de mille pieds environ, I'autre de vingt, qui sent comme I'entr^e de i'iminense sepulture qui ne s'ouvrira qu'au jour oil toutes les nations ressusciteront. Ces pensees pieuses sont etrangeres a la geographic. En resume, I'ouvrage de M. Montague n'est qu'un journal superficial qui ne peut que faire desirer vive- mentrarriv(^e de I'ouvrage publie aux fiais du gouver- nement americain par M. Lynch (1). Ce gouvernement a deja donne a des publications de ce genre I'ampleur desirable. La science y irouvera sans doute toute satistaclion, et nous pourrons joindre cet ouvrage aux travaux lupographiques que nous avons sur I'Egypte et sur la Gr6ce. Mais il nous restera encore a connaitre la Per6e, la parlie orienlale du lac de Tib^riade et le cours du Jourdain superieur jusqu'a ses sources el au lac Phiale, encore si myst^rieux malgre la belle carte publi^e au depot de la guerre en ISilO, par M. le colonel Cal- lier (2). ISAMBERT. (i) L'lmvrage de M Lynch a [laru sous ce tilre : Narrative of the United-Stades expedition to the river Jordan and the Dead Sea, with maps and illustrations, I vol. grand iii-S"; il en sera rendu coinptp dans le Bulletin. (2) Nous renvoyons a tin autre numero la discussion des mesnres donnecs par les anciens pour la grandeur du lac Asphaltite. (A', da R.) r IGO ) ISOTE sun LES nlVlkRES VOISINF.S DES iTAIlLISSEMENTS FRANCA.I3 DE LA COTE - d'or. Extrait (rii/ic leltre ndressee a M. (rji'ezac par 31. Ic cointe Bouet-Wili-aumez , commandant la division navalc dcs cotes occidentales d^ ^Jriquc. Gorec, Ic i" Janvier l85o. Nous avons ddcouvert de trop belles choscs g(''Ograpliiques pour que je ne vous en envoic pas un caique, a vous geograplie africain Dans ce caique, vous remarquerez que les afiliicnls de nos possessions de la Cole-d'Or couimencencenl a etic enfin connues de nous, ct il y a longtemps que le voile qui les couvrait serait dcchird si jc n'avais quiltd, d6sl8/|/i, le conunandcmcnl en chef de la slalion. Apres avoir iVanchi en personne la barre encore vierge d'Assinie, sur le Guct-l\\lar, ou j'avais arbore inun guidon, j'ai lancd- ledit Giict-i\ 'darii la recherche du myslerieux Tc/ido. Les Irois quarts des naUirels en niaient I'exislence ; I'aulre quart n'en parlait (juc limi- deiuent; la verity, c'cst que c'etait unc riviere fetiche. Mon aide-de-camp est parvenu cependant a la dc/cti- cliiser, et I'a remonlee pendant quaranlc licues; la baisse des eaux I'a oblige a redcscendre : il etail chez unc pcuplade limitrophe des Achanlis. En outre, j'ai lance un de mcsspahis, recruit en 18/j'2 a Alger, le lieutenant Hecquarl, sur Segou et Tombouclou , par raffluent iVJclia ou (Wlckba de la riviere (jrand-JJassai/i j il est parll avcc une bcsace et ( 101 ) tin b&lon, conime Kciie Caillic, ol au milieu iriino ca- ravane de bambaras, donl deux chefs sont resles en otage a Grand-Bassani. Je leur ai depose une cerlaine quantite de marcban- dises au comploir, et assure la moitie de cette valeur a Bakel, s'ils conduisent mon voyageur sain et sauf jus- qu'a Segou; le tlouble, s'ils vont aboutir a Tombouctou; le quadruple, si de la ils font tete en Algdsrie. Ma cor- respondance officielle vous donnera plus de details ; les bornes de cette Icttre ne me permettent pas de vous en dire plus long. Mais tout n'est pas dit encore sur nos affluents : d'a- bord, j'ai laiss(^ une montre marine au lieutenant de vaisseau qui comniande le Giict-IV'daj\ afin qu'il puissc determiner astronomiquement les coudes principaux de ces affluents; dcja la position de Krinjabo el du lac Abi a et6 fixee rigoureusement; puis je lui ai prescrit de se lancer par I'affluenl du nord-ouest, ou d'Ebri<5, au dela de Grand-Bassam, pour aller faire tete... ou...? on n'en sait rien. Je suppose qu'il ne tombora pas loin de Grand-Labou : deja cct affluent fournit tant d'buile a notre factorerie, qu'ils ne peuvent suffire a la traiter. Nous avons pris par la, a rcvers, I'ex-cote d'lvoire, ou Irente Iroqueurs anglais sont constamment mouilles a faire de I'huile devant les Jack, les Labou, etc. . . En outre, profitant de la bausse des eaux de julUet, il reniontera de nouveau le cours d'Acka ou d'Ackba, lequel, d'apres les Bambaras, est I'affluent qui court le plus au nord, ct se rapproche Ic plus d'un des bras du Niger; puis il devra onsuite pousser une nouvelle poinle dans le Tetulo. Comme vous le voyez, si Ic Ciic(-l\'^ ) au commencomonl et durnnl los innis (li> la snison suche, ne pent provonir quo de la fonto des neiges, ct que, par consoqucnl, ces rivieres prennont leur source dans une- region montagneuse. Quclquos uns des rap- ports fails par les liayeijes m'ont confirme dans cctte pensee. Mais si on leur dcmande a eux-meincs ce qu'ils en pensent, la seule raison qu'ils saclient ilonner esl qu'un grand chef noinmt^ 3tazzekii>a, qui vit dans les regions du nord , luc cliaque annee un honime, dont le corps est ensuile jete dans le Tamunakle ; api'fes quoi I'cau commence a s'olevcr : qu'ou juge par la des notions qui ont cours parmi eux ! Tous les natifs s'accordcnt a dire que les bords des rivieres du nord sont habiles par les Uayeiyes et par d'autres trihus. Apres avoir visits les Daffn>nnas, et explore la partie la plus large du lac, nous cssayaraes de nous diriger vers Tunc de ces trihus; mais lous les chefs al'ricains s'accordent pour voir avec repugnance des elrangers penetrer au dela des regions qu'ils hahi- tent eux-memes. Quand le chef des /^n^rt('<7«<7*s'apercut de notre intention , il donna des ordres en vertu des- quels tous ses sujcls sc trouv^rent de I'autre c6t6 du Zonga, a I'endroit oii nous aurions du le traverser. Nous avions pourlant une exceilcnte raison a faire va- loir. Un chef, nommd Sebitonne^ qui vit a dix journees de niarche au nord des Batm^anas, avail autrefois sauve la vie a Sechcle, noire chef de Kolobeng. Celui-ci avait profile de I'occasion que notre voynge lui offiail pour envoyer, en signe dc reconnaissance, un present a son lihd'rateur. J'essayai de construire un radeau pour tra- verser la riviere dans un endroil oii elle n'a gu6re que 50 a 60 verges do largeur; niais, quoique j'y ousse ( 169 ) employe du bois desseclK!; au soleil , il se trouva si pesant qu'il coula immediatement a fond. Un second essai, fait avec une autre esp^ce de bois, ne fut pas plus heureux; raon radeau ne put soutenir le poids de mon corps, bien que je fusse a moilie dans I'eau Dans tous leurs villages, disperses parmi les roseaux sur les rives du lac, et, a ce qu'il parait, sur le bord des fleuves du nord, il sc trouvc un grand nonibre d'objels consacres ou qui servent de charmes. Quand je leur ai demande le noni qu'ils donnont a Dieu dans leur languc , tous ont, sans hesitation, prononc6 le mot d'Oreejn. lis m'ont aussi clle le noni du premier homme et de la premicTe femme, et y ont ajoutti quel- ques notions traditlonnelles du deluge. Je n'oserai ce- pendant aflirmer ce dernier point que lorsque j'aurai acquis une connaissance plus certaine de leur langue. Le nom du lac que nous avons docouvert est Ngaini, mot dont la premi6rc lettre se prononce comme le n espagnol; il ?\»x\\[^iq gr ancle eau (1). Celle belle nappe d'eau est situee, autant du moins que nous avons pu r^tablir, par 20" 20' de latitude sud et par 24° de longitude est. Nous n'avons pu en parcourir les rives que sur une longueur d'environ 6 milles. On dit qu'il a environ 70 milles de long, et qu'a I'autre extrd'mile il recoit les eaux d'une seconde riviere pareille au Zonga. Le Zonga court vers le nord -est. Ses bords sonl tellement encombres de roseaux et d'^pines, qu'a la (>) CeUe sifjnificalion ile cjrande eau se retroiive tlnns I'Afrique seplentrlonale sur plusicurs points; rapplication qui en est failo ici confirme I'observation f|u'o.n a donnee plusieurs fois rel.itivfmpnt aux mots fjeneriques tiop souvcnt pris pour ties appellations lorales. J-D. XIII. F)':vniKn ET MAi\s. 7. 12 ( 170 ) distanco d'environ 180 mllles du lac nous avions m uhW^is de laisser nos waggons, a I'exccption de celui de M. OsAvell , dans Icquel nous achevaraes le Irajel. Sans cette prc^caution, nosbceufs auraient, selon loute apparence, et^ incapables d'effectuerle retour. La principale nialadie qui ri?gne dans le pays n'est pas la fi^vre, mais bien, autanl qu'il nous a ^li pos- sible d'en juger par les symptonios que nous onl de- crits les naturels, une sorte de pneumonic. D6s que le vent souffle avec quelque force, 11 s'(!!l6ve du fond de plusieurs pedis lacs ou Clangs dess^ches de tols tour- billons de poussi^re que I'atinosphcre parait compU- tement jaune et qu'il devienl impossible de dislinguer les objets ^ la distance de deux milles. Cette poussi^re cause une vive irritation dans les \eux, et comme, dans certaines saisons, le vent souffle presque continuelle- ment, il doit y avoir la un germc puissant de maladies. Nous avons remarqu^ cbez les naturels une loux asscz fr^quente, espece d'inlirmit^ presque ignoree a Kolo- beng. En ^t6, I'air est infect^ par des essaims de mous- tiques. Sur plusieurs points, les banyans el les palmiers donnent au paysage un aspect qui rappelle I'lnde. En somme, ce pays nous semble excellent. David Livingston. Par post scriptum, dat6 de Kolobeng, le \U octobre 18/li>, M. Livingston a annonc6 qu'il otait beureuse- ment arrive a Kolobeng le 10 du meme raois. [Journal lies missions ci'ange/npies, 3" livr. de 1850.) Obscn-ation. D'apr^s hi position approximative du lac Agami, m§mo en tenant comjite de la distance que ( 171 ) suppose Tarriv^e , en ce lieu , cles eaux ties jruules descendant d'une region niontagneuse, il est certain que cette region est distincte et tr^s ^loignee de la chaine donl fait partie le inonl neigeux (Kilimand- jaro), decouvert par M. Rebmann [h" parallele sud). En effet, entre le 20* el le h" degr^ de latitude, on con- 9oil la possibilite dun grand nonibre de bassins dis- tincts , et il resulte de ces donnees menies une Ires grande incertitude sur la configuration et le reliel do celle parlie de i'Afrique tropicale. Quaut au lac de Nyassy (Maravi ?) sa distance au lac A^ai/ii est si grande qu'on est surpris qu'il ait ete necessaire de les dislin- guer a I'arrivee des nouvelles d'Aiiique. 11 laul ajouler que, d'apres un autre rapport, le lac I\gami seraitsilue sousle 19* parallele sud, a 5(j0niilles nord-nord-oucsl de Rolobeng. M. Oswell, qui est cit6 plus haul, attache a raduiinistralion de Madras, a suivi a une assez grande distance au nord-ouest le cours du fleuve Oury, et il a decouvert une ; ulre riviere, le iVlo- lokoue, qui se diverse dans I'Oury. J— d. J jNOUVELLK EXl'EDiriOIN DAIsS LES MEliS FOLAIRES A LA RECHERCHE Dl CAPITAINE IllANKLlN. Un ^vdnement qui interesse au plus liaut degie la geographie a eu lieu dans le niois de Janvier : c'esl la nouvclle expedition qui va encore lenler de se porter au-devant du capilaine Franklin dans les mers po- laires. ( 172 ) L'exp^dillon a qulllu ^^'ol\vicll le 11 Janvier; elle se compose des deux memcs hiiiimculs, i'l'^nterprize el V Investigator, qui, sous le couimandetncnl du capi- lainc James Ross, avaienl chcrche en I8Z18 et 18Zi9 a se frayer un passage sur la mCme route qu'avail dQ suivre le capitainc Franklin, c'csl-a-dire par Ic detroit de Barrow, en se dirigeant de Test a I'ouest. L'inspec- lion qui a i^le faile de ces deux batinicnts a prouve que, grace a la force de leur construction, ils avaient Ires pen soull'ort de I't^norme prossion quils avaient subic de la part des glaccs dans leur voyage precedent, cl il a suffi de quelques reparations pour les remeltre dans la meilleure condition possible pour navigucr dans les mers polaires. Mais Tcxpericnce a prouve que la puis- sance de la vapeur, appliquee comnie auxiliaire aux chaloupes, n'6lait pas aussi utile qu'on I'uvait cspdre, et que par leur poids les machines sont nne gene tres grande ; en raison de cela , les chaloupes de I'cxpedi- tion actuellc n'ont pas ete pourvues de machines a va- peur; mais une I'oule de precautions nouvclles ct d'in- vontions de toutc espece ont ete ajoutees. Ainsi ces navircs emportent une grande quantite de poudre dcs- linee a faire eclaler la glace au lieu de la scier ; ils ont en outre environ trois cents ballons de h a 5 pieds dc hauteur, et qui sont specialemcnt destines a repandro sur une trc's grande c-tendue des avis imprimes. Voici de quelle maniere : chaque ballon est garni a sa partie inft^rieure d'un cercle en tolc, sur toute la circonfci- rencc duquel regne une m6che d'artilleur d'oii partent cent bouts de fil, a I'extremite de chacun desquels sora fixe un bulletin de papier colore dc 5 pouces de hau- teur sur 2 pouces de hirgeiir, ronlcniml la nou\eli(' ou ( J'3 ) I'avis (ju'il b'agirait cle tlonncr. Eii lancant I'acrostat, on allume lanit'clie, qui briile lenteinent; et au fur el a mcsure qu'elle se consume, les fils avec les bulletins s'en dt^tachent, sont emportes par le vent, ct finissent par tomber sur divers points. Les deux bailments emportcnt encore, en outre, chacun un aerostat do grande dimension , avec une nacelle, dans le cas ou les commandants jugeraient convenable de faire une ascension pour reconnaitre au loin I'etat de la mcr ct des glaces. Le commandement dc I'cxpedition a et6 confi6 au capitaine Collinson, deja connu par de beaux travaux hydrographiqucs. 11 montera I'Enterprize; Vhwcsti- gator est commande par M. Macklure, qui avait ele second du capitaine James Ross dans la dernierc expe- dition. A I'inslant ou ces batiments allaient metlre a la voile , I'amiraute a recu des nouvelles du navire le Ploi^er, qui avait ete envoye en I8Z18 pour aller a la re- cherche du capitaine Franklin par le detroit de Beh- ring. Le Plover a penetre jusqu'au 73" 10' de latitude, accompagne du yack Nancy -Daivlon, appartenant a M. Sheddon. Ces deux navires ont visits une grande etendue de cotes depuis le detroit de Behring jusqu'a la riviere de Mackensic, Aucun vestige de sir John Franklin ct de ses vaisseaux ne s'est presents. Le Plover est rest6 en hivernage au d^lroit de Behring, et ses chaloupes auraient , dit-on , t!!t6 envoydes en explora- tion dans la riviere de Mackensie. La route que doit suivrc la nouvelle expedition est par le detroit de Behring; ellc chcrchcra de Ih a gagner I'ile Melville; mais la partic qu'elle doit parcourir, et ( 17A ) qui a environ 900 milles (300 lieues), est entierement inconnue : aussi presente~l-elle de graniles diflicultes et line incertitude complete de ce que Ton rencon- trera ; quehjues personnes nifime regardant cette route comme tr6s liasardeuse : on ne peut qu'admirer davan- tage I'intrepidite des braves marins qui, pour aller au secours de leurs fr^res, bravent les dangers imminenls qui les menacent. Aussi, lorsque les deux hatinients ont quitte Wolwich, remorques par des b;iteaux a va- peur, la musique militaire a execute des airs nationaux, et des salves d'applaudissomenls ont ^[^ les adieux faits par la population et par les Equipages des batiments du port a ces intrepides marins. CALIFORNIE. DESCRM'TION SOMMAIRK DH LA HAUTE CALIFORMK, T ANT SOUS LE RAPPORT PHYSIOUJi QUE SOUS LES RAPPORTS AGRICOLE, COMMERCIAL £T MIN^IRALOGIQUE. San-Frani'isco, 28 juin 1849- On a beaucoup ^crit, ces dernieres annoes, sur le terriloire et sur les productions de la haute Californie. M. de Humboldt I'a fait en 1822 sans connaissance exacle du pays, puisqu'il ne I'a pasvisite; M. Alexandre Forbes en a fait le sujet d'un livre en 1835; mais ega- lement etranger aux conlr^es qu'il a decrites, il s'en est rapporle aux diffcrenls r^cils qui lui en onl et6 faits : aussi son ceuvre esl-elle remplie de contradic- tions et de conjectures : I'auteur doit savoir aujour- d'hui avec quelle legerete il I'a ecrite. M. Castanares a ( 175 ) ecrit un ouvrage sia le mfime siijel t-u 1 8/i5; mais c'est un tissu d'inexactiliides, surtout en ce qui concerne ragriculture , car on n'a jamais connu, dans le pays, la culture du colon, du labac , etc., etc. Depuis, plusieurs Americains ont aussi publie le r6- sultat de leurs observations ; mais cbacun d'eux I'a fait, pousse par un interet particulier, soit qu'il possedal des terrains dans ces contrees, soit qu'il ful pousse a ecrire ainsi par les grands possesseurs de terre. Tons les travaux anlerieurs sur la Californie ne peuvent done etre consult^s avec confiance; car, pour parler d'un pays, il faut en avoir acquis une connais- sance generale, I'avoir parcouru personnellement , et n'etre guidi^ dans ses recits par aucune consideration int^ressee qui fasse taire la verite. Je crois inutile de decrire la position geograpbique qu'occupe la baute Californie; elle estconnue de temps immemorial, puisque les premiers navigateurs espa- gnols qui en ont fait la decouverte , I'ont eux-memes determinee. Le territoire le plus avantageux de la baute Cali- fornie, suivant ce que j'ai appris de voyageurs bien inform^s qui ont reconnu tout le pays, est celui qui est compris entre le nord et le sud ; car de Test a I'ouesl il est tr^s etroit, coupe de montagnes arides, el rempli de plaines et de plateaux sablonneux, sur lesquels n'cxiste pas la moindre vegetation. Selon ce que je puis juger par le peu que j'ai vu , el par les details que m'ont donnes quelques cullivateurs anglais, babilant le pays depuis longues annees, la baute Californie est, en general, tr^s aride; car ses montagnes, aussi bien que ses collines, soul a peine ( 17() ) couverlcs ilc bui.'^bdDS , ct, par conscijuent , le l)ois pour combustible y est Ir^s rare. Lcs endioits ou I'Dn rencontre Ic plus dc bois sont a rextreiuil^ scpten- tiionale et sur un point qu'on appclle Santa-Cruz. On remarquc quclques futaies a la base des niontagnes, dans de petites plaincs ou dos plateaux restreinls ; mais ils sont de peu d'iinportance , ot il existe des plaines imnienses sans un seul arbre. La nature de bois quo I'on croit Hve en plus grande abondance est Ic roble ou rouvrc; il y a aussi du clicne el des bois colords; les pins et lcs pcupliers sont de peu d'iinportance. La temperature dc la haulc Calii'ornic est generale- raont peu agreablc; on y est cxpos6 a un froid insup- portable, et, dans une grande partie du pays, dominc le vent nord-ouesl-csl, intolerable opres lcs brouil- lards, qui sont trcs ^pais et Ires frequents. Dans la parlic nord ouest-est, rumb sous lequcl sont siluees les monlagnes neigeuses ( Sierras-Nevadas), dont les placercs d'or occupent la base, on supporle, pendant le jour, une cbalcur egale a cclle de San-Blas ou dc Vera-Cruz, tandis quo la nuit ou le matin le froid est excessivcmcnl vif, cc qui occasionne beaucoup de ma- ladies. Le pays compris dc Test a I'oucsl est d'une tempe- rature cxtremcmcnt cliaude. Tous les terrains cultiva- blcs quo conliennc la bautc Californie sont silu(^s du nord au sud, cl compris dans les vingl-quatre missions. J'ai vu quclques unes de cos missions, cellcs dc San- Jos6 , de Santa-Clara, de Santa-Barbara ct d'autres; loutcs indiqucnt au voyagcur, a I'aspccl des ruincs qu'ellcs prescntonf, qu'cllcs onl autrefois etc d'impor- tants ctablisscmcnt5. Suivanl I'opinion gcneralc, cllcs ( 1-7 ) soil ttonibces avec la loi qui a ordonn»J la seciilarisulion (les missions. Cctte mcsure eut pour elTet la perte com- plete de rimmcnse quanlil^ de belail appartenant k ces ^tablissements, en raison des abus commis par les adminislrateurs que nomma le gouvernement, et qui, prenant ou non le titre de gouverneurs, enle\6rent aux missions les terres qui etaient leur propriete. Ce qui est plus regrettable, la demoralisation s'introduisit parmi les six a huit mille indigenes qui composaient la population des missions et de quelques villages voi- sins. Beaucoup d'entre eux avaient rcru une instruc- tion primaire; d'autres avaient des professions diverses; une grande partie travaillait de ses bras a I'agriculture et dans les champs; il y avail mcme un commencement d'induslrio, les indigenes se livrant notamment au tis- sage ; aujourd'hui il nc reste de tout cela que quelques vestiges du travail d'aulrefois et quelques vieux metiers a tisser, depuis longtemps inoccupdts. La population blanche du pays est de race espa- gnolc, robusle et belle; generalement, elle cultive la terre et eleve des troupeaux. On en calcule le nombre a 8 000 habitants, dissemines dans les ranchos, a des distances 6normes les uns des aulres. Leurs maisons sont en bois, et leur existence est miserable. Les indigiines ont un aspect horrible ; leur visage, de couleur bronzee, est arrondi, un peu comprime; leurs traits sont tres epates ; leur front est Ires etroit; leurs cheveuxsont de veri tables crins. Les Indiens du plateau de Mexico sont des Europecns a cote d'eux. Les mai- sons qu'ils habitent ressemblent a des ruches; tous ceux qui les connaissent sont etonnes du travail qu'ont du s'imposer les missionnaires pour leur donner une ( 178 ) instruction priraaire v.l ties professions , et pour leur enseigner jiis(ju'a la musique, car j'en ai vu se servir d'instruments. On pent dire qu'il n'y a pas de gouvornemcnt dans le pays, les gouverneurs et les alcades aniericains agis- sant purement suivant leur bon plaisir, sans se sou- inettre a aucune loi. Le traite de paix qui a 6l6 signe est lettre niorte aussi souvenl qu'il leur convient. La religion qui domine est la tolerance, premier pas fait par les Aniericains. En general, le lerritoire du pays est compose de pla- teaux ou de plaines a la base des montagnes ; les terres sonl de couleur fonc^e; a la superficie croissent de bons paturages, comme I'avoine, le trifle, et surtout le s6- nev6. J'aivules raeilleures terres de I'inlerieur, les plaines de San-Jos6 el de Santa-Clara entre autres; mais, sur ces terrains et d'autres d'immense ^tendue, je n'ai pas apcrgu le moindre signe d'arrosement; j'ai constate la rarete complete des eaux, qui manquent partout dans le pays; cet inconvenient entraine des resuitats deplo- rables; car toute semaille n'est qu'eventuellc et Ires pr^caire, en raison du peu de frequence des pluies. Les pkiies coinmencent en decembre ou en Janvier, et finisscnt en fevrier ou en mars ; encore est-ce dans les bonnes annees, car il arrive qu'il ne lonibe pas une seule goulte d'eau pendant deux ans cons6culifs. Pour peu qu'on ait quelque connaissance en agriculture, on comprendra ce que peul elre un pa\s qui manque ainsi d'eau presque cornpletement. Les rivieres Sacramento, San-Joaquin el Stanislas, dont on a dit tanl dc merveilles, doivenl etre conside- ( 'J79 ) rees comme insignifiantes. Le Sacramento est, de ces rivieres, celle qui coiilient le plus d'eau , parce qu'il est situe au nord et conti^^u a la Sierra-Nevada; mais le San-Joaquin et le Stanislas, qui croissent conside- rablement de Janvier a jiiillet, se traversent a pied en aoiit et septembre, el aucun de ces cours d'eau, y com- pris meme le Sacramento, ne sert a Tirrigalion des terres, en raison du peu d 'elevation de son lit. J'ai vu moi-meme le San-Joa([uin el le Stanislas, et je puis en juger en connaissance de cause. Les autres ruis- seaux que contienl le pays ne valent pas la peine d'etre mentionn^s. Les eaux potables sont tres rares, ou, pour mieux dire, on n'en trouve pas dans des plaines de quarante a cinquante lieues d'^tendue. Le peu de puits qui exis- tent donnent une eau dont on ne pent se servir. La meilleure que j'ai bue provenait de la fonte des neiges, dans la riviere Stanislas; celle du San-Joaquin est per - nicieuse, et ne pent 6tre bue qu'apres avoir bouilli; dans d'autres endroits, elle a un gout mineral; a mon arrivee aux placeres, ii y avait de I'eau dans les ruis- seaux, qui etaient tous a sec lors de mon retour. La semaille du ble a lieu dans les mois de Janvier et f^vrier; celle du mais et des Jrijoles, en mai et juin : ces semailles se font dans la boue et pres de la cote, atin d'utiliser les brouillards. J'ai parle a des cultivateurs anglais et am^ricains qui resident depuis plus de vingt ans dans le pays; tout en declarant que le jtays n'est pas agricole, ils rient de I'iraportance que Ton a donn^e a ces contrees mis6- rables, et deplorent les nialheurs >qu'y supportera la nouvelle population. Par tout ce que j'ai vu et enlendu, ( IHO ) j'ai I'opiiiion que ce pauvrc pays alimenlcra ilifficile- mcnt, rle scs produits agricolcs, la population qui s'y precipile, el qui aura, do plus, a luUer conlrele manque de bois pour les conslructions ct le combustible. Je jugc, par les paluragos que j'ai remarques dans les plaines et sur les collines, et pai* les iroupeaux qui s'y Irouvcnl, qu'une grande partie du terriloire est propre a rcJeve du gros ct du petit betail sur unc large echellc; car, bicn quo I'cau manque, il y a Ijcaucoup de brouillards c])ais, et d'ailleurs le betail boil peu quand il a de verts paturagcs. Je crois encore, et c'est arriv6 deja, qu'en cas de noigcs abondantos, il mourra bcaucoup de betail, a defaut de forels pour lo ruettre a I'abri; il en sera de memo en temps de grande secheresse; mais les belca a laine que Ton parviendra a clever seront d'un bon rapport, parce qu'il n'y a pas do buissons qui leur d6- chircnl la toison. Quand on a ecrit sur Tagriculturc du pays, on a grossi le produit dcs I'^coites du ble en le portant ^ milie pour un ; on en a fait autant pour Ic mais, qui rapporte, a-t-on dit, plus de mille pour un. II y a eu» en effet, quelques bonnes recoltes sur le rancho de Sunol, par exemple; mais cela s'est produit sur des terrains qui servaient, il y a cent ans, de paturages aux moutons. La recolte conmiune du bid est, en general, de trenle-cinq pour un ; celle du mais, de cent vingt a cent trcnle pour un; mais a peine s6me-t-on du mais: les grains do ces deux esp^ces de c6rcales sontchelifs; Torge et le chanvre viennent assez bien ; mais, dans une periode de dix ans, on i-n- fait pas une rdcolle or% dinaire. J'ai vu, ce mois d'avril, des poiriers et de?. ( 181 ) pommiers sans fleurs, et la vigne presque cnti^rement s^che, sans aucune pousse aux bourgeons. Les lerres du sud sont un pen plus fertiles; le village dc San- Angeles est le seul qui produise des oranges, des ci- trons, etc., niais il manque d'eau, car le petit ruisseau qui I'arrose se seche pendant les chaleurs. Les ports que possede la haute Californie , pour le commerce, sont : San-Francisco (aujourd'hui Yerba- Buena) , San-Diego et San-Pedro. Les autres ne sont que des rades; et si I'entr^e est bien exposee a San-Fran- cisco et a San-Diego, clle est dangereuse a San-Pedro el dans les autres ports. Je ne sais quel motif a pu faire clioisir la bale de San-Francisco pour port principal; car, si cette baie est immense, les vents violents qui y regnent font courir de grands risques aux navires qui y cherchent un abri. 11 y a, en outre, de mauvaise eau a San-Francisco : c'est sur une montagne que se trouve la ville, composee de quatre-vingts a cent maisons en Lois; le sol est tres aride, car partout on ne trouve que du sable : il estvrai que c'est le point le plus rapproche des p/aceres. La rade de Monterey est plus unie , mais clle est aride, et la population en est insignifiante, aussi bien que le bois de pins qui la termine a la pointe. La rade de Santa-Barbara monlre un peu plus de vegetation, mais c'est un point sans importance; on n'y remarque que la belle <^glise et la maison de pierre, qui appartiennent a la mission. Le port de San -Diego est aussi aride que cclui d'Yerba-Buena, et n'est bon qu'a servir de gavnison. En resume, lous les ports que jc viens de oiler sont pires que les plaines de Porote pendant ic mnis dc jan- ( 182 ) vier; le iVoid y est insupportable pendant le mois de inai, niemc pour los Europeens acclimalt^s. Si j'en juge par la nature des niontagnes, en genera), je crois ce pays innnde de mines de lous genres. On ne peul douler de I'existence des p/aceres d' or. On assure qu'il y a ^galenient des mines d'argent, de cuivre. d'etaim, etc.; on a dcja decouvert des mines de mer- cure, nolammenl au Nuevo-Alniaden, a Guadalupe et a San -Antonio. J'ai visite en personne celles d'Al- maden; j'en ai examin(^ toutes les dtipcndances , el il m'a senible que le mt^tal comniun produit de 25 a 30 pour 100, landis qu'on en retire qui donuent de 50 a CO pour 100 en se livrant aux Iravaux neccssaires. Je crains que, pour un pa)s de richesses mineraies, la Calilornie ne manque du produit essentiel, c'est-a-dire du l)ois; ceux qui enlendent tanl soil peu les travaux des mines savent quelle enorme quanlite de bois clles necessilent pour etangons , combustibles, construc- tions, et mille autres objels. Ces besoins se font senlir plus imperieusemenl encore pour I'exploilation des mines de mercure. 11 parail qu'il existe, dans le pays, du charbon de terre; mais les personnes competeutes allirnient qu'il est tres menu, et qu'il ne peul 6tie daucune ulilile. On a constate egalement I'existence de belles car- rieres et de terres excellentes pour la labrication des briques et des tuiles. (lei, I'auteur tie la b Itre revendique, au profit des missionnaiies, la priorite de decouvertc des mines dor ; il constate la disparition complete de la race des castors; puis il continue :) J'ai visile les endroits oil les Kusses, les Anglais et ( 18:^ ) les Canadiens pechaient le castor; j'ai visits ce qu'on appelle les villes de Slockton, de Venecia et de Saui'a- liao. La premiere est sur les bords de la riviere, dans une plaine qui est noyee pendant la saison des pluies : a peine y trouve-t-on de I'eau potable; elle se compose de sept tentes de campagne. La seconde, etablie dans une plaine sans vegetation, n'a qu'une seule maison; on n'y trouve, pour boire, que de I'eau sal^e. La iroi- si^ine est placee a la base d'une montagne, sur les bords de la baie; on n'y voit aucune vegetation; elle a de I'eau potable, et elle se compose de deux niau- vaises maisons. Ce qu'on 6crit relativement a ces villes superbes n'a d'autre but que de jeter de la poudre aux yeux, et les I'ous ne manquent pas pour acheter les lerres. Les au- toril6s sont les premieres a pratiquer ce jeu peu loyal, et Ton a tant exagere sur ce pays, tout nouveau pour les Europ^ens, que, pendant quelque temps encore, de nombreux inforlunes, y venant chercher de I'or, y trouveront la misere, et peut-etre y mourront de faim. Les placeres sont situes, comine je I'ai dit, a la base des montagnes neigeuses, qui courent au nord-ouest- est. On ne peut se faire une idee, sans les visiter, du tra- vail penible que I'extraction de I'or exige de rhomme. On peut assurer que, de cent travailleurs, il n'en est pas deux qui, apres avoir paye leurs frais considera- bles, lirent profit de I'extraction du metal : c'est qu'on n'y arrive pas aussi facilement qu'on I'a dit ( avec la pointe d'un couteau); il faut ouvrir des excavations de deux a trois vares de largeur sur une vare ou plus de prol'ondeur, et piocher avec une barre de fer, dans I'eau jusqu'aux genoux, tres souvent expose, pendant ( m ) le jour, a un solell brulaiit, pour cnsuile ^prouver un froid trt'S rigoureux. II n'j a que los homnies robuslos ct accoulumes a une Idle fatigue qui puisscnl la sup- porter. II y a cles travaillcurs qui nc rclirent ricn ab- solument de leurs elTorls, ot pas un n'a realise unc fortune par le i)roduil des placeres. J'ai vu Iravailler beaucoup de couipagnies el laver un nombre infini dc panner^es de tcrro , donl la pluparl nc rondaicnl pas une parcellc d'or. La plus riclic quo j'ai vu laver a produit douze piastres. II est impossible de decrirc Ics soulTrances et les mi- s^res que supportent ceux qui vont aux placeres. En s'embarquant pour Stockton, le passage de chaque in- dividu coulc trenlc piastres, ct le quintal des objets qu'il prend avcc lui lui revienl a six piastres. Dc Stock- ton, celui qui n'a pas dc chariots a sa disposition paie six rcaux dc fret par livre jusqu'au /^/rtcer Stanislas , dont la distance est de vingt-cinq lieues. En s'cmbar- quantpourle Sacramento, le passage, jusqu'a Sutler, coule trcnte-cinq piastres, et le quintal de fret revient a quatorzc piastres. De Sutter jusqu'aux/;/ace/Y?*, le fi'Ct est de huil reaux par livrc, frais enormcs pour beau- coup d'individus qui sontvenus en conipagnies de qua- rantc a soixante travailleurs , ct qui ont ajiportc des vivres pour six mois. Ceux qui prcnnent la voie de terre, pour s'epargner ces frais, achetent de mauvais chariots a raison de cinq ou six cents piastres piece, ct des paires de boeufs qui leur coutent de deux cents a deux cent cinquanle pias- tres. Chaque chariot necessitc trois paires de bceufs. Les indigenes vendent cent cinquantc ct deux cents piastres dos cbcvoux ([ui scraient parfaitcaienl payt''S ( 185 ) quatorze piastres partout ailleurs. Dii port San-Fran- cisco auxp/aceres de Stanislas, on compte qualre-vingts lieues; il n'y a pas, sur toute la route, possibilite de se procurer aucune ressource, ni d'endroits ou jjasser la nuit autrement qu'en plein champ, du moment ou Ton a depasse le rancho de los Positos. On risque, en outre, de perdre a tous momenls la vie, et de voir pd>rir les animaux, oblige que Ton est de traverser des deserts de sables immcnses, sans eau et sans paturages. Beau- coup d'animaux se noient en passant les rivieres San- Joaquin et Stanislas. J'ai vu quantity d'liommes a la I6te d'une belle fortune, dt^sesperes parce que, sur la route, la roue d'un chariot s'etait brisec , un essieu s'etail rompu. Et pourquoi tous ccs maux? Pour courir aux placeres, el n'y ricn recucillir en echange du tra- vail le plus penible. On diralt qa'au placer de Stanislas, comnie sur tous les autres, il y a cu un tiemblement de terre , a en juger par la quantite immense de terre et de rochers remuee par les chercheurs d'or, si grande est la puissance de I'homme quand il est excite par la cupidite ! 11 pent y avoir maintcnant, sur tous \es placeres, en- viron treize mlUe hommes, et je calcuie que, sur ce nombre, trois mille soiit Mexicains, quatrc mille vien- nent des lies Sandwich, du Perou, du Chili et de I'Ami- rique centrale ; deux mille sont Anglais, Espagnols, Francais, ou venus d'aulres points de I'Europe; mille sont originaives de la Californie et trois mille appar- liennent aux Etats-Unis. On pent evaluer que, sur le chilTre total , mille individus sont employes aux transports par terre et par can , deux mille sont com- mcrcanls et pacotiileurs, deux mille Jouent, boivont et xni. i'i\Rir.i\ i;t mvus. S. 13 ( 186 ) Tagabondenl; les outres huit niille travailleiit i I'ex- traction du m^lal; mais cliacun de ces hommes ne s'occupe pas plus de qualre jours par semaine; toute la populalion est ambulaiitc, et beaucoup abandon- nent les mines, le repenlir au cceur. Les nouveaux arrivants a San-Francisco, n^aninoins, fermenll'oreille aux conseils et a I'^vidence, et montent a Vaiitel du sa- crifice en se faisant arrieros, charretiers, etc., etc., j)Our 6tre ^ meme de franchir la distance qui les s^parc des placeres. Les Am^ricains se sont empar^s d'un pays qui pre- senle un vasle champ a I'exercice de Icur induslrie; mais aucun homme de bon sens n'ignore que, s'il cOt ^16 ])ossible d'en tirer quelque chose, lesmissionnaires I'auraient fait avec les grandos ressources el le savoir qui ne leur manquaicnt certes pas. lis auraient fondd dans ces contr^es, comme ils I'ont fait dans d'aulres regions, de grands centres de population et des ^lablis- semenls agricoles. La possession de la haute Californie par les fitats- IJnis sera d'un grand profit pour I'Amt^rifjue du Sud et I'Amerique centrale, ainsi qn'aux habitants des ports mexicains du Pacifique. Je crois que la r^publique du Chili en souifrira quelque peu dans son commerce ext^rieur; car les Americains , faisant de San -Francisco un port d'en- trepot, \ alparaiso verra diminuer son importance; mais le Chili compensera ce desagrement par I'ecou- leraent que Irouvera ce pays, si riche sous le rapport agricole, dans I'onvoi de ses cerdales en Californie, et par Ic revenu qu'il lirera des cliarbons de lerre, qu'il poss^do en :d>ondance, L'Ameriqiie rentiale verra ( 187 ) croltre son commerce; les ports tin Pacifique recevront plus facilement les marchandises d'Europe, et, mieux que lout autre pays, en raison de leur j^roxiinitc, pour- ront exp^dier des produits agricoles a San-Francisco. Celte circonstance pourra donner plus d'importance aux tlats de Mexico, de Jalisco, de Sinaloa ct de So- nore. L'Or^gon et les lies de Vancouver profiteront ^gale- raent de I'^migralion calilornienne. Le premier en- verra des bois de construction el d'autres objets de premiere n^cessite. Les secondes fournironl le cbarlion de terre, qu'une dc ces lies poss^de en abondance et de bonne qualite. Voila quelle est mon opinion sur le pays, et je ne crois pas m'elre Irompe, si laibles que soient mes con- naissances, sur les points que j'ai traites; le temps dessillera les yeiix de ceux qui se font encore illusion. ( 188 ) DEUXIEME SECTION. - -^•••^ — Arteis de In Sorietc. EXTRAIT PES rROCKS-VKnr.AIX DES STANCES. PnisiDF.NCF. DE M. PoUI.AIN DK BoSSAV. Seance du i" /icr/er 1850. Le proems -verbal de la dorni6rc stiance est lu of adopts. M. Ternaux-Compans, noinmc un des vice-presi- dents de la Society dans la derniere assemblee g^ne- ralo, rcniorcie ses collegues de cettc nouvelle marque d'estinie, el annoncc qu'il s'clTorcorn de juslifier leur confiance. M. le general Andres de Santa-Cruz, adiuis reccin- nionl dans la Sociele, adrcssc ses rcmcrcioments a la Commission ccntrale, et lui promet son concours. M. Uigaud, attache aux operations topographiques de la ])rovince de Conslanline, ecrit a M. le president pour soUiciler son admission dans la Soci^te. La Com- mission ccntr;ilc I'admel, sur la pro[ osilion de MM.Pou- lain de Bossay et de La lioquetle. M Eugene de B;di)i infi rme diri'ctenienl la Soci(!'l6 { J 81) ) do la inuit dc son pere, M. Adiicu dc Bidbi, cl lul an- noncc la prochaine jiublicalion dcs lra\aux geogra- phiques auxquels il sc consacrait depuis plusit-urs an- nees. M. Eugene de Balbi annonce, en outre, I'envoi de quelques ouvrages qui ne sont pas encore parvenus a la Societe. M. Jomard ofTre, de la part de M. Grecnougli, vice- president de la Societe royale goographique de Lon- dres, un Tableau comparalif des diff^renles echclles en usage parmi les geograplies pour expriraer les dis- tances verlicales, rapportees a une cchelle commune, le mille geographique de 60 au degre. Ce tableau, d'une execution remarquable, a el6 dressc par miss Colthurst. — Renvoi au comile du Bulletin. M. le president rappelle a MM. les membres de la Commission ccnlrale les rapports qu'ils se sont charges de faire sur les ouvrages ofFcrts a la Societe ; il les in- vite a vouloir bien s'en occuper le plus tot possible et a en donncr communication dans les prochaines seances. Seance du Ibfevrier 1850. Le proems- verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. Gaslebuis, un des membres fondateurs de la So- ciete, ecrit qu'il est atleint de cecite dej)uis plusieurs annees, et qu'il regrclle vivcment dc v.q pouvoir plus prendre une part active a scs intt^ressants travaux. II annonce en memo temps qu'il a relrouve dans sa bi- bliotheque une bistoire laline en trois volumes d'une peuplade du Paraguay, <5crilc en 178ZI par un mission- naire , el trailant des coutumcs, mceurs et usages des ( 190 ) Abipons; il se fait un plaisir d'ofTrir cet ouvrage a la Societ(^. Des remerciemenls seront adrcsses au donateur. M. le pr^fet dc police inforine la Socit^t^ du projet qu'il a forme de cr^er line blblioth^qiie pour les pri- sons de la Seine; il lui adrcssc plusieurs circulaires relatives a celte ceuvre de moralisation, et il la prie de les faire distribuer a ses inembres. La Commission centrale accueille cette communication avec I'int^r^l qu'elle m^rite, et decide qu'elle metlra a la disposition de M. le prefet de police, pour cet usage, la troisi^me serie de son Bulletin. M. Jomard an nonce qu'il a regu de M. le ministre des aflaires etrangeres, en communication, la suite du Memoire de M. Fresnel sur le Waday; il depose ce manuscrit surle bureau, et la Commission centrale le renvoie au comite du Bulletin. M. D'Avezac communique une lettre de M. le capi- taine de vaisseau Bouet -Willaumez, commandant la division navale des cotes occidentales d'Afrique; cette lettre donnc d'interessantes indications sur les explo- rations execut6es ou entreprises par ses soins autour des etablissements fran^ais de la cote d'lvoire, et dont les r^sultats sont consignes sur une carte que M. D'A- vezac met a la disposition de la Soci^te, pour etre in- s^r^e dans le Bulletin. La lettre de M. Buuet renferme aussi I'annonce d'un voyage enlrepris parses ordres dans le but d'alteindre, par le sud, la ville de Segou, sur le Niger, avec I'cspoir de poursuivre celte reconnaissance jusqu'a Ten-Bok- toue, et peut-6lre d'arriver jusqu'en Alg^rie, La Com- mission centrale accepte avec empressement I'offre de ( lf>l ) M. D'Avezac, et decide qu'iine rcdiiclion de la carle (le M. Bouet-Willaumez sera inseree dans le Bulletin de ce mois. M. D'Avezac donne encore communication de deux leltres de Londres qui lui font part de I'expedition du batiinent de la marine royale hritannique, Hermes, pour la cote orienlale d'Afrique et Madagascar, en of- frant do Iransmettre anx ofliciers de ce batiment les questions ou instructions qui pourraient etre pri'pa- r6es dans le but d'appeler leur attention sur les points de geographic et d'etlinographie qu'ils se trouveraienl a portee de resoudre. La Commission centrale accueille avec inld'ret cette communication, et invite MM. Daussy et D'Avezac a r^diger les questions et instructions aux- quelles les officiers de F Hermes ont bien voulu prometre d'avoir egard dans leur expedition. M. Isambert lit un coiupte rendu de la relation de I'expedition americaine a la raer Morle, par M. Edniond de Monlaigu, publiee en 1 849 a Philadelphie.Ce compte rendu, dans lequel M. Isambert discute et compare les textes des auteurs anciens qui ont 6crit sur les memes contrdie^, est accueilli avec beaucoup d'inl6ret par la Commission centrale, et renvoy6 au comite du Bul- letin. M. de La Roquelte, secretaire general de la Com- mission centrale, soumet a la Society un Rapport sur les correspondants qu'elle a nomm^s hors de France. II pense qu'il enlre dans Tesprit du reglemenl que ces correspondants soient divis^s en deux classes; savoir : ceux qui ont ete elus en vertu de I'article 6 du r^gle- ment suppl^mentaire, et qui portent le litre de Corres- pondants etrangers; et ceux qui sont devenus correspon ( li>:i ) (lanls d'apics la decision de la Coinmission conlrale du 18 Janvier 1828, qui accorde aux voyageurs ou savanls elrangers ayant obtcnu Ic prix annuel, le litre de Cor- respondants pcrpetuels. En adinetlant celtc distinction, il en resultcra que le nonibre des correspondanls elran- gers, fixo a trenle par la decision dc la Commission cenlralc du 9 Janvier 1835, confirmee le 27 mars sui- vaiit par rassemJjlee gen^rale, ne sera point encore alleinl, et qu'on pourra Ic completer en etablissanl des correspondanls dans quelques parties imporlantcs du globe oil la Socitile n'on possedc point encore, et sur Icsquelles ils auront los moycns de fournir d'utiles renseignemonts. M. de La Roqueltc fait observer que pkisieurs des correspondanls de la Society ne semblent point assez convaincus du bonlicur qu'elle aurait a rc- ccvoir plus frcqucmmcnl leurs communications, et de I'avanlage qui en resulterait pour les progr^s des sciences g^ographiquos. II met en meme temps sous les yeux de la Commission centrale un projet de cir* culairo qu'il se propose d'adrcsser a tous les corres- jiondants do la Sociele, cl appelle la discussion a ce sujel. La Commission cenlralc, aprt-s avoir entendu quel- ques uns de scs incmbres , approuve les dillerenles propositions du secretaire general, el decide que, apr6s avoir pris en consideration les demaiules deja faites du litre et des fonclituis dc corrcspondant etranger, il pourra en elre noinnK"; en Espagiie, dans le royaume lombardo-vc'nilien, en Suede, en Norvege, etc., etc., en sc conformant aux dispositions de Tarticlc 0 du r6- glement ci-dcssus relate. Le meme membro dcaiandc que le Bulletin de la ( 103 ) Societe de gcogiriphie de France soil aclressc u la Society geographique de Saiiil-Pelersbourg, qui a deja fait par- venii' les deiix premiers cahiers de son journal. Celle proposition est adoptee, et, sur i'observalion de M. Jo- uiard, il est decide que eel envoi se composera d'abord de tous Ics numeros de la troisiemc serie qui ont deja paru. Seance da 1" mars 1850. Le proces -verbal de la derni^re seance est lu et adopte. M. Vattemare adresse a la Societc la lisle d'une qua- ranlaine de volumes el de brochures sur I'Anierique , ct lui offre ccs ouvrages en ccbange de scs Memoires ct de son Bulletin. M. le secretaire general est prie d'examiner ccs ou- vrages, et de rendre compte a la Commission du re- sultat de son examen. M. Jomard communique une letlre de M. Fulgence Fresnel, consul de France a Djcdda, relative a son projet de voyage en Afrique ; et il depose sur le bureau un portrait de feu Adrien de Ealbi, avec deux ouvrages offerls par M. Eugene de Balbi. La Sociele geologique de France adresse la premiere el la deuxiemc partie du tome III de ses Memoires. Des remorciements seront adi'esses aux donateurs. La Commission centrale decide, sur la proposition de M. Jomard, qu'elle nommera, dans sa procliaine seance, a deux places de correspondant etranger. M. de La Roquette rappelle a la Sociele que, il y a deja quclques annees, M. J. de Tolstoy, correspondant ( i9'4 ) Hu uiinistfere de I'int^rieur de Russle, et ancien meiubre (le la Sociele de geogra|)hie de France, a adress6 , au nom de la Sociele geographiqiie de Saint-Petersbourg, une demande a I'effet d'ohlenir coiuiuunicatiou des inslructions iuiprimees donnees a des voyageurs qui se proposaienl d'explorer certaines parties du globe dans un but scientifique. La premiere serie de questions im- primees, publi^es par la Society en 1824, 6tant epuis^e, elle ne peut en transmeltre un exemplaire a la Societd g^ograpbique de Saint- Pdilersbourg. Cette communi- cation n'oiit point d'ailleurs satisfait corapletement aux desirs qui avaient ete exprimes; aussi la Commission centrale jugea-t-elle convenable de rcnvoyer la lettre de M. de Tolstoy a une commission speciale, qui n'a point encore presents de rapport. Le secretaire general propose de cbarger cette m^me commission, ou plutol une commission nouvelle, puis- (]u'on a eu le malbeur de perdre M. le baron Roger, qui i'aisait partie de la premiere : 1° De revoir la premiere serie de questions geogra- pbiques deja imprimees par ordre de la Societe , et toutes celles qui ont ele redigees depuis par differents membres ou commissions, et qui sont restees manus- crites; d'indiquer celles de ces questions dont la solu- tion est aujourd'bui connue ; de modifier ou de com- pleter celles qui ne sont point encore r^solues en tout ou en partie, et de preparer les questions nouvelles qui n'auraient point ete present«ies jusqu'a ce jour; de I'aire connaitre enfin les desiderata de la geograpbie consid^r^e sous ses divers aspects. 2" De se livrer a un semblable travail en ce qui con- cerne les instructions generales ou speciales que la ( 195 ) Soci^l6 a fait preparer ;\ diverses ^poques pour les voyageurs qui les lui avaienl demandees. 3° De reunir les differentcs instructions donn^es a des voyageurs depuis les temps recul^s jusqu'a nos jours, soit par des corps savants francais ou Strangers, soit par le departement de la marine, soit par des par- ticuliers. * Apres une discussion a laquelle plusieurs memhres prennent part, les propositions du secretaire g^n^ral sonl adoptees en principe, et renvoyees a une com- mission sp^ciale composee de MM. Daussy, D'Avezac, Guigniaut, Isambert et Jomard. Seance du \b mars 1850. Le proces- verbal de la derniere seance est lu et adoptf^. M. le ministre de I'agriculturc et du commerce, par sa letlre du 1" mars, annonce a la Societe qu'il vient de lui allouer une somme de 2 000 francs, destines a encourager ses travaux. M. le ministre constate avec satisfaction que les publications de la Societe sent de nature a eclairer les operations et les tentatives de notre commerce exlerieur, auquel elles rendent des services reels, en aidant aux explorations des voyageurs dans les contr^es lointaines el inconnues. M. le ministre do I'instruction publique, par sa lettre du 5 mars, informe la Societe (|u'il vient de lui accorder une somme de 500 francs, a tilre d 'encouragement, sur les fonds destines aux Societes savantes. M. le ministre esp^re que la Societe verra, dans cette decision, un temoignage de son estime pour les services soulenus qu'elle rend aux sciences geographiques. ( 190 ) Par line sccomlo lollrc clu 15 mars, iM. Ic luinisti-e dc 1 inslruclion puhliquc annoncc a la Sociolo qu'il examineia avcc iiiterul la projiosilion qui lui est faile clans un but d'ulilisor, au profit des divers etablisse- inenls scicnlifiqucs, les collections dc son liullctin geo- grapliique et do son recueil de Voyages ct de Memoires. M. F. Molina, ministre plenipotenliaire dc Cosla- Rica, adresse ses rcmerciements a la Soci(^te, qui vient de radmetlre au nombre de ses mcmbres; il ajoule qu'il sera heureux de concourir a ses utiles Iravaux. M. le doclcur Bekc, correspondant de la Soci^te k Londres, annoncc par sa leltro du 15 fevrier dernier qu'il lui soumcllra tres procbaincment des explicalions sur le voyage de M. d'Abbadic au pays de Kaffa, el qu'il profilera de la meme occasion pour r^pondrc brieve- ment a la Note de cc voyageur sur le baul fleuve Blanc inseree dans Ic Bulletin de la Societe (t. XII, p. lllli). M. le secretaire general de la Commission centrale propose de decider que toutcs les sommcs provcnant de versemenls effeclues par des merabrcs donaleurs pour Icur cotisation a vie seront, aussitot que ces ver- sementss'opereronl, placees en rentes sur I'Ltatau nom de la Societe dc gcograpliic , par les soins de son tr6- sorlcr; et comrae des sommcs payees il y a quelques annccs par un certain nombre dc mcmbres donaleurs n'ont point regu cette destination, M. dc La Roquellc propose de decider en outre qu'au fur et a raesurc qu'il sc Irouvera des fonds disponibles dans la caisse de la Societe, ces fonds seront succcssivement employes de la memc manicre jusqu'a concurrence des sommcs vcrsecs par Icsdils donateurs. Cetle proposition est adoptee a I'unanimile. ( 197 ) M. Jomard appelle rattention de la Socielu sur la d^couverte faite par M. Livingston d'un lac de I'Afrique australe distinct de cclui qui porte le nom dc Nyassi. M. Vivien fait a ce sujet quelqucs observations, et M. de Froberville presente des d^veloppemenls interessants qui sent renvoyes au comitd du Bulletin. M. le prince Emmanuel Galilzin , correspondant de la Societt^ a Sainl-Petersbourg , lui adresse des obser- vations sur les montagnes sltu^es a I'ouest du lac Bai- kal, qu'il a extrailes de documents originaux en langue russe. Celle communicalion est renvoyee au corait6 du Bulletin. M. Thomassy lit unc note statistique sur les enire" prises coinmerciales et agricoles dc rAutricbc dans la Dahnatie. Ce travail est renvoye au comite du Bulletin. M. Dussieux propose de combler une lacune qu'il a remarquee depuis longlemps dans le Bulletin dc la Societe , en publianl chacjue mois un resume de nou- velles geographiques ct un bulletin bibliographique d'ouvrages geographiques, voyages, atlas, cartes, etc. M. dc La Roquette , secretaire general de la Com- mission centrale, fail observer que la proposition de M. Dussieux rentre tout a fait dans celle qu'il a deja soumise plusieurs fois verbalemcnt a la Societe, et qui I'avait deja etc, au surplus, par M. Daussy. Le travail auquel M. Dussieux propose de se livrer completerait les informations qu'on aurait puisnes dans le registrc sur lequel M. de La Pioquette dcsirait que cliaqiic membre inscrivit toutes les nouvolles de quclque in- t^ret pour la geograpbic qui parviendraicnt a Icur con- naissance, les titrcs ddlaillcs dc tous ies ouvrages geo- grnpbiqucs publics soit on France, soil a I'etranger, de ( 1?>8 ) toulcs les cartes, etc. , los desulerata de la science et par suite les questions a sounieltre aux voyageurs, etc., etc. II ne peut done qu'appuyer TollVe failc par M. Dus- sieux; mais il pense que les niembres du comit6 da Bulletin ne doivent pas 6tre dispenses pour cela ile rendre un coinpte succinct des ouvrages, cartes, etc., offerts a la Socicte , et qu'il sera en consequence n6- cessaire, pour ne pas faire de doubles emplois et pour mettre de runii"ormil6 dans la redaction, que ce travail de M. Dussicux soil soumis prt^alablement au coniit6 du Bulletin avant d'etre imprinie. La Commission cen- trale, en adoptanl les observations de son secretaire general, acteple la proposition de M. Dussieux, et lui adresse a ce sujet ses remerciements. M. Sedillot annonce que MM. Arthur Smitli el Ernest Cari'6 , charges d'une mission du gouvernenient , \onl se rendre en Chine dans un but litleraire, commercial et agricole. II prie la Commission cenlrale d'adresser des instructions a ces voyageurs. La Commission cenlrale nomme a deux places de correspondant etranger M. J. G. Liidde a Magdebourg, et M. le prolesseur Barulli a Turin. M. le lieutenant general Zarco del Valle, ingenituv general, president de I'Acad^inie des sciences d'Ks- pagne, ayanl t^moigne le d^sir d'etre noram6 membre de la Societe, est admis sur la proposition de MM. Jo- niard et de La Roquette. MEMBRES ADMIS DA>S LA SOCI^T^. Seance du 1" fevritr. M. RiGAUD, attach^ aux operations topograpbiques de la province de Conslantine. ( 199 ) Seance du 15 mars. S. E. le lieutenant general Zarco del Valle, ing^- nieur general, s^nateur d'Espagne, president de I'Aca- dtjniie des sciences de Madrid. OtVRAGES OFFERTS A LA SOCltTi;. Seance du Ix Janvier 18/iO. Par M. Carl Ritter : Monaslberichte iiber die Ver- handliingen der Geseilschaft fiir Erdkunde zu Berlin, de 1839 a 1848. 9 cahiers in-8°. Par la Societe lihre de Rouen pour concourir aux pro - gres du commerce et de V Industrie : Neuf Mtimoiros pu- blics en 18/j9 : 1° sur la conlrainte par corps; 2° sur le projet soumis a I'Assemblee nationale de (aire garantir par I'Elat les valeurs confines a la poste ; 3' sur la n6cessile d'autoriser les comploirs nationaux d'es- coinpte a faire des avances sur connaissements ; 4° sur le projet de loi relatif aux patentes; 5° sur la revision du traits de navigation avec I'Angleterre; 6" sur le projet (le loi relatif au timbre des effets de commerce ; 1" sur le projet de loi relatif au tissage etaubobinage ; 8° sur la revision du tarif du pilotage; 9" sur le traitd de commerce avec le Cbili. Bulletin de la Soci6t6 de geologic, 1 cabier. Stances et travaux de I'Academie de Reims, 1 cahier. Seance du IS Jumpier 1850. Par le ministere de I'instruction publique : Catalogue g^n^ral des manuscrits des bibliolb6ques pul)liques des d^partements. Paris, 1849. 1 vol. in-4''. ( 200 ) Par M. Daiissy : Cliarl of the North Polar Soa. Une feuillc. — A Charl ol BalTln's Bay, I no roiiillo. — Arctic- America, 2 fcuillcs. — Cartes dcs rt^gions arcliques comprises en tic le dolioil ilo Behring et hi baic do Baflui, une feuille. Par les aii/curs et editcurs : Journal asiatiquc, no- vembre ct decembre 18/i9. — Documents sur Ic com- merce exlerieur, septcmbro et octobre 18/|9. — Bul- letin sj)ecial do rinstilulrice , novembre , dccombie ISZiO et Janvier 1850. — Annalcs de la Propagation de la Foi, Janvier 1850. — Journal dos Missions evan- g^liques, 12' Jivraison. Seances du mois de fevrier 1850. Par M. Gastihois : Hisloria de Abiponibus, cqucstri, bellicosaque Paraquaria? natione, locuplelata copiosis barbararum gentium, iir!)iuin , lluminum, fcrarum, amphibiorum, inscctorun], serpenliuni prajcipuorum, piscium, avium, arborum, plantarum , aliarumque ejusdem pro\inci;u propriclatum obscrvationibus, au- thore Mortino DobrizhofTer, presbjlcro, et per annos duo dcvigenli Paraquaria; missionario. Vienna^, anno 178Zi, 3 vol. in-8°. Par M. le general de Fezensac : Journal do la cam- pagne de Russic en 1812, Tours, 18^9, 1 vol. in-S'. Par les auleurs et tul/leiirs : Memoires do la Society des sciences, de ragriculturc ct dos arts de Lille. Ann6o 1848. 1 vol. in-S". — Mi^moires do la Soci6t6 d'agri- culture, des sciences, arts ct belles-lollres de I'Aube. N"' 5, 0, 7 et 8, — Seances el Iravaux do rAcademie dc Reims, N" 5 et 6. [f.a sia'te an /iiimt'ro provhain.) /ir///r/f.-i i/f /ij Jix-^r//' r/r fii'i»/r)r/>/if<',/t'hrn'ri'^ . Vtrr.f, iS,'>o. flu.'/r.-c; -/i- /,r .i;i,„:'r ,/f /^\yr Parvenu au neuvi6me degre de latitude , j'y ren- )) conlrai deju Ics pluics periodiqucs ( le rachache). )) Sous leur intluence fertilisanle, combinee avec celle » d'un soleil ardent, la vegetation dans ces lieux » olTrait Ic spectacle d'un developperacnt extraordi- » naire. La nature iquatorialc s'y ^talait dans une » splendour surprenante, ct telle que rimaginalion ne » saurait se la ropresenter. )) Bienlot apparurent d'enormes rochors cntremeles » de forfits, qui oppos^rent une barriere completement » infrancbissable a nos betes de charge , ainsi qu'aux )) troupeaux de boeufsqui suivaienlpour I'alimentation )) de la troupe. II fnllut se rt^soudre a elablir un camp » retranche, et a lesy laisser sous la garde d'une partie » du d^lachement (2). Ceci fait, je me remis en route a » pied (3), avec le restant de la troupe, emportant des » vivres pour trois jours [h). Ainsi charges, nous par- (i) Suivant mes notes, placees siir la carle ci-jointe, c'est le 26 mars que nous soinmes partis tie Kacane. (2) liien que, suivant son ret-it, on soit doja cense au 9* flegre, M. Kovaltvski paile ici de ce que nous avons fait dans notre campe- ment du 3o mars, sous la latitude de Singuc. (3) Atcc nos clievaux, des anes ot toute la cavalerie. (4) I'our quatre jours, je crois; mais le colonel tient peut-etre a laissrr de la place pour I'cmploi des racines nutiilives dont il va etre question. ( 2:25 ) » courunies de 30 a 35 verstes par jour. A peine arrives » dans I'endroit oii Ton se proposait de bivouaquer » pour la nuit, il fallait immediatement elablir une » forte garde destinee a se mettre a I'abri d'un coup » de main de la pari des populations n^gres, au milieu » desquelles nous nous trouvions (1). En oulre, il fal- » lait aller a la recherche de racines nutritives et de )) pommos de terro sauvages, pour les ajouter au pen » de provisions que nous portions sur nous. Si penible » que put etre une marcbe accomplie dans de pareilles » conditions, je ne rcncontrai que la meilleure volonte » chez les soldats du delacbement. )) Quelque grands quo fussent les obstacles oppost^s » par le mauvais vouloir des populations n6gres, ainsi » que par la nature sauvage de la contree , je parvins » a m'avancer jusqu'au luiitieme parallele (2) et a at- » leindre les sources du Toumata (3). Cetle contree » offre aux regards une plaine riche , fort ^tendue, et » qui jadis fut habitee ; actuellement ellc ne Test plus » que par les elephants, qui, par contre, y sont tres )) nombreux (4). Co point marque la limite de mes (i) Le pays n'est plus hal)ile ;i partir du camp od nous avions laisse un depot. (2) Le narrateur n'a atleint que le lo" i 5' a pen pres. (3) Personne de nous nc connait i.es sources. (4) Bien que le rr'cit place l,i scene au 8' degre, ccs nuelques niols semljlent se rnpporler au pays que nous avons vu au-dessus dc Ka- mainyl. Quant a tout ce qui vient cnsuite, je m'y perds tout a fait, et je crois bien que le colonel russe ne s'y reconnait guere mieux que moi quand il fait une collection d'objets etiinographiques dans une contice qui nest habitee que par les elephants ( il le dit lui-menie daus la phrase precedente), quand il fait des mesurages barome'triques dans des lieux que nous ne connaissons pas (bien que le seul barometre ( 226 ) » excursions vers le sud ; jamais aucun voyageur euro- » peen ne s'etait avanc6 aussi Join. Jcus soin d'en d6- )) terminer I'^levation par plusieurs mcsuragcs baro- ))m^triques, et j'y recueillis on oiilre luie collodion » de mineraux et d'ohjets elhnograpliiques. En avanl, n se dressait coUe chainc do monlagncs qu'a tort » les cartes geographiqucs designent par le nom de » montagnes de la Lune. A gauche coulait une petite » riviere a laquelle les habitants donnent le nom de » Balir-el-Abiad (Nil Blanc), dont le filet d'eau va » se deverser dans I'un des afllueiils du Nil Bleu. II » est singulier que Ton ait pu confondre cot insigni- » fiant ruisseau avec le fleuve considerable dont il ne )) porte que le nom. » La description des differentes courses que j'ex6- » cutai dans le dessein d'eclaircir la question des sour- )) ces du Nil ne saurait trouver place ici ; elles seront » d^crites dans la relation d6taill(^e de mon voyage, )) dont la publication a commence. Pour I'instant, il » me sulTira de (aire observer, malgre les sentiments » de consideration que je porte a M. d'Abbadie, comme »a un voyageur aussi hardi qu'cntreprenant , qu'il » existe dans la disposition memo des lieux des obsta- » cles naturels qui ne pcrmettent point au Nil de suivre » la direction que lui suppose ce voyageur. » 11 n'y a pas grand inconvenient a ce que M. Rova- levski se donne I'innocente satisfaction de manger des racines, de marcher a pied, en oubliant de rendre jus- tice a sa bonne mule grise, d'assisler a la chasse aux que j'aie vu ait ete mis liors rlVtat de servir dciix mois avant, vers les eaus saumatres du de'sert de Korosko), quaiul il deoouvre une riviere dans une contrce inhabitrc dont les habitants lui disent le nom, etc. ( 227 ) elephants , aux crocodiles, aux autruches, que sais-je encore! Mais ce qui est plus grave, e'est dc dii'e que nous avons 6te aux sources du Toumate, tandis que nous ne les connaissons nuUement ; c'est d'y recueillir des ob- jets elhnographiques, desmin^raux; c'est d'en deter- miner la hauteur par plusieurs mcsurages barometri- ques, etc. Ce qui est plus grave encore, c'est ce Bahr el-Abiad qu'il a decouvert juste a point pour contredire M. d'Ab- badie ! Je serais Ires curieux de savoir : 1" Comment il a pu decouvrir un autre affluent du fleuve Bleu, sans sortir du bassin, c'est-a-dire du lit meine du Toumate, et ccla dans une contr^e inhabitee, ou nous n'avons pu avoir des renseignements que par quelques negres de Fa-Doungo, que j'ai arret(^s moi-m6me dans leur I'uite, el qui ont declare ne rien connaitre sur I'autre rive du Toumate? 2° Comment il se fait que la petite riviere dent il parle se nomme Bahr-el-Abind par les habitants, assemblage de trois mots arabes dans une contr^e de la Nigritie ou le langage des peuples envi- ronnants n'a aucun rapport avec cette langue, contr^e que les Arabes ne connaissent nullcment? 3° Comment enfin il a pu voir des lieux, et particulierement ce fdet d'eau, eel insignifianl ruissean qu'il d^crit sous le 8* degre, tandis que I'expedition, n'ayant fait que deux etapes de marche au-dessus de Karaamyl, n'a pas iiteme atteint le 10'? En attendant ces eclaircissemenls, jc donne dans la carte ci-joinle le resullat des operations graphiques qui lixenl noire route, et qui conlirmenl et prcicisent le parcours de nos deux elapes. Voici en outre quelKs sont les marches de notre retour sur Ka9ane : ( -^-^^ ) Le 2 avril , nous cominen^anies de rcdescendre le Toumale. Les soklats se montr6renl si bien disposes pourle relour, qu'ils franchirent dircclement une par- tie dcs contours do la riviere, Notre <^iape, pour revenir au campemcnt ou nous avions passe I'avant-dernifere nuil, ful faite avant les fortes chaleurs. Le 3 avril , la marche fut plus l^gerc encore, et au lieu de nous arr6ter dans notre camp du ?>0 mars, les chefs turcs fircnl prt^parcr les chameaux, les bceufs el les bagages que nous avions laissus dans ce camp, et nous fimes encore dans ce meme jour presque la moi- lie du chcmin qui nous s^paraitde Ragane. Nouscani- pames au-dessous du Kor-Abener. Enfin , le lendcmain !i avril , nous fumes rendus au camp de Kac^anc avant dix heures. Commc on le voit, le point le plus recul6 au sud ou soil parvenue I'expedilion egyplienne n'est qu'a trois etapes de ce dernier camp. Si le colonel Kovalevski vput bicn remarqucr que ccs Irois clapcs, au lieu d'etre faites dircctement, ont ete faites en suivant les contours du Toumate, qui nous ont forces de marcher successi- vement dans lous les sens, m^mc en arri^re, il com- prendra facilcment qu'elles n'ont pas du nous fairc franchir les 300 kilometres mesur^s a vol d'oiseau , qui separenl Kacane du huitidme parall^le, et, a plus forte raison, les AGO et quelques kilometres qui le se- parent des lieux dont parle M. d'Abbadic. En reality , celte excursion s'est ctendue a 60 kilo- metres de Kagane, et il ne reslait plus que 340 et quelques kilometres a faire , pour que M. Kovalevski put v^riGer le cours de la riviere que M. d'Abbadie regarde comme I'origine du flcuve Blanc. Si je me decide a rectifier les rapports et les asser- ( 229 ) lions du colonel Kovalevski et des autres chefs turcs , qui sont sans doute interess6s aussi a faire valoir leurs services aupres du gouvcrnement egyptien, d'apr<^s la longueur d'une telle excursion; — ' car je sais que le rapporl officiel dit que nous avons m a la source du Toumate, et M. Kovalevski nous dit lui-nieme que « si » lenouveauchefdugouverneraent (Egyptien (1) eprouva » de la joie en apprenant que des sables aurif^res ve- » naient d'etre d^couverts, il ne se montra pas inoins » satisfait (V ap prendre que le d^tachement de ses trou- » pes, dontii lui avail confix la direction, 6tait parvenu » k s'avancer aussi loin dans I'inlerieur de I'Afrique, » parmi des populations nfegres, liostiles a son gou- » vernement; » — si, dis-je, je me decide a rectifier leurs rapports, si je m'expose a leur m30 ) qu'il indiquc dans lo pelit dc'scrt do Nubie, jo dirai que cclle pretenduo livi^ro n'est autre chose qu'iin de ces torrents a sec comme on en voit beaucoup sur les deux rives du fleuve, et qui no servent qu'a recoulement des pluies du Iropique pendant leur saison. La encore cette erreur conduit M. Kovalcvski a con- Iredire ((Humboldt, ainsi (pi'un grand nombre d'au » tres savants. » Ln mot maintenanl sur le pioduit des sables aurl- f^res. Le colonel Kovalevski (itait accompagnd de deux ouvriers russes tr^s habiles. Dans Ic camp do Kacane, oil les mines aurif^res ^taienl d^ja en exploitation avant noire arriv^c , I'mi de ces hommes, m6canicicn tr^s exercL^ aide par des ouvriers cigyptiens, a c^labli, pendant notrc absence, des macliines comme cellcs des mines de Russie; I'autre est venu avec nous pour faire les experiences du lavage des sables auriferes. Quant au cboix des lieux oi!i Ton faisait ces experien- ces, ils nous etaient indifpicjs par les Iravaux des negres ou par les negres eux-memes, que les chefs lures for- gaicnt a nous y conduire. L'or se trouve milang^ aux sables ou a un mincrai de terrain d'alluvion rougeatre contenant des auri- cules qui ne paraissent pas ancienncs , do nombreux debris de quartz et de (juelquos autros roches. En le delayant par le lavage, et en enlevanl les plus grosses pierres, l'or, parsa plus lorlc densile, descend au fond de la s6bilc ou de la machine employee a col enet. Apres avoir enlev6 successivement loutes les nialiferes superficiclles avec une cerlaine prcicaulion , l'or resle au fond de rinslrumeut en pelits grumeaux ra^langc^s ( 231 ) avec quelques autres parcelles ferrugineuses, qui, par leur lemiitd et leur grande density, y sont ^galement restees. Ces derni^res parcelles sont enlev6es au moyen d'un aimant, et Tor reste pur. Les negres , en lavant les sables auriferes des cours d'eau el des torrents, au moyen de leurs grandes se- biles allongees, obliennent ordinairement, pendant la saison de la secheresse, des valeurs de six a dix haba par jour (le haba d'or vaut de 27 a 28 centimes) , tandis que, pendant la saison des pluies, ils peuvent recueillir beaucoup plus, quelquefois jusqu'a un pi'oduit de cent haba par jour. Yingt hommes, en lavant un mineral qui rend en- viron un haba par quintal, au moyen des quatre ma- chines faites par le mecanicien russe, ont produit en- semble des valeurs de quatre a cinq cents haba par jour. Mais il faut faire entrer en comple les hommes employes a I'exlraction du minerai et les chameaux destines a son transport, sur environ 6 kilometres de- puis la mine jusqu'au Toumate. En etablissant des machines pres de Kamamyl , ou le minerai se trouve sur les bords du Toumate, on evi- tera les frais de transport; neanmoins ii faut toujours compter sur sept ou huit hommes pour cliaque ma- chine, a cause de I'extraction du minerai. C'esl done un produit de 3 a 5 francs par jour pour chaque homme. Corame on le voit, le r^sultat obtenu ne serait pas merveilleux si on le comparail a celui des mines de Californie; mais il faut aussi comparer les produits obtenus avec les moyens de les obtenir. Ainsi, en Ca- lifornie la nourrilure et I'ontretien d'un homme cou- tent des prix exorbitants, tandis qu'au Soudan oriental ( 232 ) la journee d'lin liominc so paic de 20 a 25 centliues. Le prix d'lin uioulon est de 50 centimes (2 piastres d'li- gyple); un bceiif \aul de 4 a 5 francs; une famille negre seule conslruil sa nialson dans deux on Irois jours. Quant a rhabillenienl, il est nul : c'esl 1 decimetre carre de toile de colon pour les femmes, et, pour les hommes, un niorceau de peau de moulon, qu'ils sus- pendent derriere eux. Tremaux. ANTIQUITIiS DE L'AMtRlQLE CENTRALE. Nous nous empressons de traduire du Literaij World, de New-York (n" des 9, 16 et 30 mars), I'intc^ressanle relation des decouvertes arch^ologiques de M. Squier dans I'Amerique centrale. Nous laisons preceder ce rangeliques, qui donnent souvent d'excellenls renseignements g^ographiques, n'en con- tiennent cette I'ois aucun qui merite d'etre cite dans les derniers numeros qui nous sont parvenus. Journal de la campagne de Russie en 1812 , par M. de Fezensac, lieutenant g^n^ral. Tours, 1849. 1 vol. in-8». M. le lieutenant g^n^ral de Fezensac, qui a rempli successivement pendant cette c6l6bre et si funesle cam- pagne les deux emplois d'aide-de-camp du prince de Neufchatel et de colonel d'un regiment d'infanterie, a bien voulu ofTrir a la Society un exemplaire de son journal. Ce n'est point un ouvrage geographique; ainsi je n'ai pas a en presenter I'analyse , quoique le gt^o- graphe puisse y puiser neanmoins quelques bonnes informations. Je ne saurais m'empecher de dire toule- Xlll. AVRIL. h. ^7 ( 250 ) fois que le r6cit de cet oflicier g6n6ral renferme en un petit nombre de pages, fort bien Rentes et d^nu^es de toute pretention, les principaux ev^neraents du drame le plus terrible des temps modernes racont^s de la mani^re la plus altachante, el qu'il pr^sente tous les caract^res de la bonne foi et de I'iraparlialite. Meinoires de la Societe d' agriculture, arts et belles-lettres du departement de VAiibe. h'Essai geologique sur les sources de la Barse , par M, T. Boutiot, contenu dans ic n" 5, est le seul mor- ceau qui puisse se raltacher a la g<^ographie par les renseignements qu'il renferme sur le cours de celle riviere, sur ses sources principales et sur les portions du d(^partement qu'elle arrose. Documents sur le commerce exterieur ( publics par le minisl^re du commerce). La 3° Serie des ai'is divers, n"' 472 a 477, consacr^e au Chili, aux Elats-Lnis, a la France, a la Chine, la Cochinchine, la Californie et I'Auslralie, contient, sur les droits de douanes, la navigation et le commerce de ces differents pays, ainsi que sur quelques unes de leurs principales productions et sur Timporlance de plusieurs ports, des informations utiles dont le g6o- graphe doit tenir compte. Annales de la propagation de la joi. Le num(iro de fdvrier 1850 renferme plusieurs lettre!^ de missionnaires contenant d'int^ressantes informa- tioiis sur rOc^anie, la Chine, Siam et la Californie. Oceanie. — Pour se rcndre dans TOc^anie, le pore ( 251 ) Pieplu, parti de Toulon au mois de d6ceinbre I8/18 sur le navire de guerre a vapeur le Cocrte, apres avoir louche a Rio-Janeiro, traverse le detroit de Magellan, « immense canal dont la longueur atteint pr6s de 1/|0 lieues, et qui offre de grandes difficulles pour la navigation, a cause de la multitude d'ilots, de rochers et de bancs de sable dont il est seme; aussi n'y a-t-il que les bricks, les goelettes ou les navires a vapeur c[ui puissont prudemment en tenter le passage. Des deux cotes on apercoit en entrant un terrain bas , aride et couvert de bautes herbes dess^cbees; puis il s'(^leve peu a peu a mesure qu'on avance, et devient, a une qua- rantaine de lieues plus loin, de hautes et majestueuses montagnes qui revet ent les formes les plus varices et les plus lantastiques de crates, de domes, de pics ou de pains de Sucre. Piien de beau comme ces deux immenses murailles quise dressent sur les deux bords du detroit, avec Icurs forets vierges, leurs supei'bes cascades, leurs magiques couronnes de neige et leurs glaciers eternels. A mesure que vous avanccz, vous allez de surprise en surprise : c'est loujours un nouveau point de vue, une nouvelle beauts ou plutot une autre bizarrerie de la nature plus Strange ou plus pittoresque encore. II exisle principalement, sur les bords de la Palagonie , un grand nombre de jolics baies, de ports tres surs ct parfaitement abritdis Le plus renomme est le port Famine, presque au centre du detroit..., jadis petite colonic espagnole, aujourd'hui un posle de Cbiliens, etabli la depuis six ans poiu' favoriser le passage du detroit aux navires qui se rendent a Valparaiso. L'ctat de ces colons fait pilie... » Suivent quelques rensei- gnements sur les habitants de la Terre de Feu et sur les Patagons, qui viennent dchanger avec ces colons des ( 252 ) peaiix d'aulruchc et de guanaco rontre dii biscuit et dii labac. Ne pouvant s'arrdler a San-Christobai, I'une des lies Salomon, oii il devait r^sider, par suite de la conduite inhospitali^re de ses habitants, qui avaient raassacr6 plusieurs missionnaires, le p6re Villien se rend it I'lle Rook, placee dans le d^troit de Dampier, a 60 lieues nord-ouost de Woodlark, ayant la Nouvelle-Bretagne a b lieuosa Test, etla Nouvelle-Guin^e a 7 lieues a I'ouest. Cette ile , que non seulement aucun autre mission- naire, mais menie aucun autre blanc , n'avail encore visitee, est, suivant le P. Villien, « de forme ovale, courant du sud-est au nord-ouest ; elle a 25 lieues marines de circonf^rence, et est situ^e par le 5° 50' de latitude sud et le liS" 30' de longitude est du m^ridien de Paris. Sans compter seize tlots qui I'entourent vers le sud, il y a trois iles assez considerables et popuieuses a peu de distance. Rook ofTre toutes les richesses de la vegetation d'un terrain volcanique et d'une region intertropicale. Si pres de la iigne on n'y eprouve ce- pondant pas les cbaleurs excessives qu'uno pareille latitude pourrail faire supposer, I'air y est sans cesse ralValchi tantot par les vents aliz^s, tantot par la mous- son, ({ul souiTle en sens inverse des premiers. Arros6e subitement par des averses de pluie qu'un soleil ardent vaporise presque aussitot , elle est couverte de forets 6paisses...; tout concourt a prouver qu'elle est volca- nique Dans un ilot a peine distant d'une lieue de Rook se trouve un volcan en pleine activite L'en- semble de Rook est generaloment gracieux ; mais la partie du sud et celle do Test sont tout ce qu'on peut voir de plus magnifique... Les naturels nous onl paru nombreux; ils sonl robusles ot d'une haute laille; leurs ( 263 ) cheveux, laineux et frisks, sont courts et rases sur le derriere de la tete. lis portent suspendus au cou, a la cloison du nez et aux lobes des oreilles, des ornements en coquillage ; leur peau , lisse , est d'un brun fonce. line defiance excessive est le fond dc leur caract^re. » Les missions catholiques ont aujourd'hui quatre eta- blissemenis dans I'archipel des Navigateurs, ecrit le P. Vachon du village de Vailele, dans I'ile d'Opolu, dont deux dans cette ile et deux a Savai. On doit louer nos inissionnaires des efforts qu'ils font pour apprendre la langue des naturels. Le P. Goujon fait un portrait peu flatleur des insu- laires qui habitent les trois archipels dont se compose le vicariat de la Nouvelle-Caledonie, etsurlout de ceux qui se trouvent a Halgan, I'une desiles Loyalty, remar- quables par leur perfidie. Les missionnaires catholi- ques occupent, dans ces parages , Annatom , dans les Nouvelles-llebrides, et I'ile des Pins, qui peut etre re- gardee comme une dependance de la Nouvelle-Cale- donie. Ces insulaires paraissenl appartenir a la race polynesienne , la plus intelligenle et la nioins feroce des races de I'Oceanie ; ils vivaient entre eux dans la paix et I'union. Leur couleur est presque noire; les hommes ont la taille haute el bien prise ; leur regard n'a rien de farouche, et jusqu'a present on peut affir- mer qu'ils ne sont pas aussi voleurs que leurs voisins ; ils sont nalurellement curieux et intelligents. Les mis- sionnaires ne croicnt pas que les habitants des ties des Pins soient anthropophages; mais ils ont remarque qu'il en est qui jettent des regards de concupiscence sur le gras des jambes, et que quelquefois, au moment ou Ton y pense le raoins, on sent une main passer l^ge- rement sur voire mollet, et Ton entend I'insulairc dire, ( 25/1 ) en se pin^ant Ics levres : « Oh! Letei, que c'ost bon ! » Chine. — Malgr6 les cnlraves que la plupart tics man- darins mcttcnt aux conversions, il on est ccpendant quelques uns qui prennent la defense des niission- naires; ot M. Pcrrocliau , vicaire apostolique du Sul- cliucn, affirme, dans une leltre du h septembro 18'|8, qn'on \ a baptist cetle ann^e plus de 84 000 enfants : ce sent surlout les nourrissons des pauvres qui procu- rent une abondante inoisson aux baptiseurs. Les inon- dalions ont 6te si niultipliees et si horribles en 1847 ct 18Zi8, discnt plusieurs niissionnaires de la nienie pro- vince, que tous les chemins sont devenus des torrents, qu'on se croirait au temps du deluge universel, et qu'une grande partie de la population meurt de faim dans les rues et dans les champs, quand ils ne sonl pas sulToques par I'eau. Siam. — C'est toujours en barque qu'on voyage dans le royaume de Siani, ecrit M. Lequeux, missionnoire; « il n'y a pas d'autre chcmin dans un pays (jue I'oau inonde tout cntier dans certaines saisons. Les grandcs routes, les places de commerce, ne sont autres que la riviere : c'est la que sont 6lablies presque toules les raaisons marchandcs, surlout celles qui vendent des objcts europeens apportes de Sincapore. Outre les habitations assises sur les bords du fleuve, il y a une autre ligne en avant : ce sont les magasins et les comp- toirs. Elles sont flotlantes sur des radeaux de bambous, aux extr^miles desqucls de gros pieux sont fiches en tcrre pour les retenir; elles s'el^vent ou s'abaissent le long de ces pieux, suivant que la maree monte on des- cend. Si le ieu prend a I'une d'elles , les voisines cou- pent leurs amarres et s'en vont au milieu du fleuve... Bankok renferme ('es indi\idus de toutes les cotitr^es ( 255 ) de rOrienl. Sans parler des voyageurs et de ceux qui n'y viennent que pour faire le commerce, on y compte pres de 200 000 Annamites, presque tous chretiens; les Birmans et les Peguans sont en bien plus grand nombre; mais aucun missionnaire n'ay ant encore appris leur langue, peu se sont convertis. Les Laociens et les Malais font aussi une partie notable de la population de la ville ; ils sont musulmans, et Ton sait que ceux qui professent cette religion sont difficilement amenes a la pratique du catholicisme. Les Cbinois, enfin, couvrent une grande partie du royaume, et comptent beaucoup de convertis. Parrni les Siaraois proprement dits, les n^opbytes sont tres rares. Un quart de la population siamoise est au service des pagodes. » Le meme mis- sionnaire ecrivait le 9 septembre 18Zi9, de Sincapore, qu'il venait d'etre cbasse de Siam avec buit de ses confreres. Californie. — c< L'Oregon va devenir desert, » ecrit le 6 oclobre 18i9, de San -Francisco, le missionnaire ca- liiolique Delorme. « Toute sa population canadienne, attiree par I'appat de I'or, s'ecoule aujourd'bui vers la Californie, ou j'ai cru devoir me rendre moi-meme pour entretenir la foi d'une colonne de ces emigrants et les munir des secours religieux. Partie le 3 mai, la caravane entra le 12 juillet dans cette chaine de montagnes oii primitivement se trouvait en abondance lor de la Ca- lifornie. Piien de plus triste, de plus desol6 que I'aspect de ces contrees : on voit que le sol a subi des boulever- semenls considerables, dus a Taction des volcans. Ce sont des ravines affreuses, des coupures bizarres, des rocbers curieusement amoncel6s les uns sur les autres. La on ne Irouve point d'berbe, pas d'arbre ; c'est un sol rougoatre, el si enlremelo de rocs calcjries, que 1» ( 256 ) u!gelalion Icrail de vains efl'oits poui' y prendre racine. Cest a travers ces obstacles que noire chemin se diri- geait, chemin horrible I Nos chevaux, en pietinant, soulevaient cctle lerre bruise. La poussi^re nous en- trait dans les yeux, dans le nez, dans la bouche. Nous n'avions pas marche de ux heures, qu'une soif brQlante nous devorait. Et nous luarchames qualorze heures sans rcnconlrer une goultc d'eau ! Depuis huit heures du n)alin jusqu'a dix heures du soir, nous limes vingl lieues dans la poussiere. Enfm , il I'ullut s'arreter; la nuit devenail trop epaisse. Je n'essaierai pas de vous peindre ma soif; cola me serait impossible. Quclques uns s'en furent, au milieu des lenebres, a la recherche d'un peu d'eau. On en trouva bien loin quelquos mar- miles pleines : I'une se vendit 18 francs, une autre 25. Je pus en avoir un demi-verre ; mais elle elait chaude, mauvaise, et elle ne me desallera nullemcnt. Je me couchal sur un rocher sans manger. Quoique j'eusse a peine dejeune Ic matin, la soif m'ota I'idee de la faim, et d'ailleurs il m'etait impossible de rien prendre; j'avais la gorge dessechee et presque brillce. i\lon som- raeil flit p(^nible : a tout instant, j'^lais reveille par le lourment de la soif. Des reves trompeurs augmentaient encore mes soutVrances. Tanlot je croyais entendre le bruit d'une source, la chute d'une calaracte; tantot je croyais voir une grande rivitjre, un lac bleu, ou bien il me semblait que la pluie lombail legerement sur mes joues. Je me reveillais alors, et je m'apercevais de ma m^prlse. Illusion aniere ! Noanmoins j'etais resigne. » Le 13 juillct, a quatre heures du matin, je repris peniblcment ma route. Tous Jes autrcs emigrants ^laicnt deja partis, courant a la recherche de I'eau corame des d^sesp6r^s. A huit heures, je descendis de ( -257 ) cheval, et je nie coucliai sous un chene isole, pr^s de Restless, mon comsier fiddle, qui souffralt aulant que inoi. Abattu, halctant, respirant avec peine, je son- geais aux fruits de mon pays, aux peches fondanles, aux poires savoureuses, au raisin si doux; et soudain, au milieu de ces souvenirs d^cevants, j'entends un bruit sinistre ; je me leve en sursaut, et j'aper^ois un serpent a sonnettes qui s'en venait sur moi. Je me cache derri^re le chenc : j'avais un fusil qui avait ote abandonn^ sur le cliemin parun denies coureursd'eau. Tandis que le reptile d-tait de I'autre cot^ de I'arbre, j'avance doucement la main, et je lui assene plusieurs coups si rudes, qu'il se route mouranl a mes pieds. » Je me remets peniblement en route; je passe pres d'un precipice, et j'aper^ois a 200 pieds de profondeur un peu d'eau ! Mais les rochers semblent si escarp^s, si horriblement tallies a pic , que , malgre mes dou- leurs, je nose pas basarder une descente. J'arrive enfin dans I'immense valine qu'arrose le Rio-Sacra- mento ; mais toutes Ips rivieres sont a sec. El comment ne le seraient-elles pas? Un vent brulant souffle sans interruption , vent funeste qui porte avec lui la ma- ladie et la mort. Que de personnes £ont moissonnecs par la fievre dans ce pays, oil Dieu semble avoir jete ensemble I'or et la malediction 1 Vous savez ce que c'est que d'etre a la jiorle d'un four : c'est ainsi quo Ton est continuellement dans I'interieur de la Cali- fornie. En apercevant qu'au pied meme des monta- gnes mes esperanccs sont encore degues, je me couclie au pied d'un arbre , n'attendanl plus que la mort. Je n'attache mfime pas mon cheval, je lui donne la liberie d'aller oii son instinct le guidera, chercher de I'eau pour lui-meme. Apres une derai-heure d'un sommeil ( -258 ) cleiiianl : u Oli ! m'ocriai-jo, rcnoncoi'ai-je a la vii! tant que j'aurai uu reste de force pour la sauver! Non, essayons encore. A vous, 6 mon Dieu ! j'ofFre ines soullrances, ayez pili6 de moi ! » Restless 6tait resle a mes cotes; je grinipe penihieuient sur kii, et me voila parti au grand galop. Je traverse bien des plaines dessechees, loujours en suivant la trace de mes gens. Eniin, apr^s une marchede35 milles depuis le matin, j'orrive un peu apr^s midi sur la riviere Champagne, oil la caravane venait de s'arreter avec les chevaux de charge. Je bus de I'eau du torrent, et je relevai la lete, Le lendemain, nous fhnes 8 milles pour atteindre les rives du Rio-Sacramento, riviere magnifique , aux caux bleues et tranqiiilles, bordees de saules, de coco- tiers, de platanes, do peupliers et d'autres arbres qui me sont inconnus. La, nous trouvames la premiere habitation de blancs, depuis I'Oregon. Ln Allemand y demeurait, possedant plus de Zi 000 b^tes a cornes , et vendant a des prix enormes des provisions aux voyageurs. Une bouleille de vinaigre se paie vingt- cinq francs j une bouteille de vin, quarante. » En arrivant sur les bords du Sacramento, mon voyage en Californie se terminait. Nous avions par- couru environ trois cents lieues , et pour franchir celte distance, nous avions mis trente-cinq jours... La ville de San-Francisco, oii j'atlends le depart du navire qui doit me ramener dans I'Oregon, ne comptait, il y a un an, qu'une douzainc de maisons; maintenant elle possede quarante mille haljitants de tons pays. Le commerce y est considerable ; plus de trois cents vais- seaux sont dans le port. Quanl aux mines, on en a tire des millions cl des millions ; mais elles s'epuisent, et parmi celte inullitu.dc d'emigranls qui arriveiit ( 259 ) chaque jour pour les exploiter, riinmense majorile s'en rctournera ruinee. II y a cleja eu beaucoup d'asrr sasslnals; et cot liiver ce sera bien autre chose. Quoique j'aie voyage presque toujours seul , et que je n'eusse aucuiie arrne defensive sur moi, je n'ai recu aucune atteinte , tandis que d'autres armes jusqu'aux dents se sonlsentis frappes au cocur sans savoir uieme d'oii Ic coup venait... » Revue de rOrient, de rJIgerie it des colonies. Mous avons remarque dans le tome VI, qui nous est parvenu un peu tardivement, et dans le cahier de Jan- vier qui J'accompagne, plusieurs notices offrant un in- teret geographique ; nous ailerons entre autres celles que M. Prax a consacrees au commerce de I'Algerie 9vec la Mecque et le Soudan , et a la description de Tunis, des mceurs et des coutumes de ses habitants. Dans celte derni^re, la population, les produits du sol, de I'industrio et du commerce de cette ville, occupent plus parliculierement le voyageur ; les details dans les- quels il entre a ce sujet, et que nous aurions desire pouvoir analyser, seront consult^s avec fruit. On devra egalement etudier : deux articles qu'un autre membre de la Societe orientale , M. Forlin, d'lvry , a publies sur la culture arabe et sur les produits du sol et des xestr sources nalurelles de I'Algerie; les renseignements fournis par M. Mac-Carthy, qui visitait en 18/iy les di- verses provinces de I'Algerie, sur les Guelaia, grande Iribu berbero marocaine de I'Amalal ou gouvernement du Uif, qui enveloppc le preside espagnol de Melilla ; ja brfeve relation d'un voyage dans le royaume de Cache- mire, due a M. Levanchy, qui a visile ce pays dans uji but puremcnt commercial; ct enfiu les renseignements ( 260 ) geograpliiques sur le Sahara, dus a M. le general lous- souf ct a M. le lieutenant A. Javary. Nous croyons devoir nienlionner aussi les voyages en Arabie dc M. du Couret, et surlout I'exploration qu'il se propose d'enlreprendrc en Afrique sous les auspices de quelques uns de nos niinisteres. S'il remplit convenablemcnt son vaste programme, il aura plus fail f|u'aucun autre voyageur pour la connaissance de celte partie du monde ; nous dosirons qu'il reussisse , sans oser I'esperer. L'existence d'une race d'homnics donl la colonne vert^hrale se prolonge en un appcndice cartilagineux ayant forme dc queue, annonc^e dans le temps par M. du Couret comme cerlaine, et qui avail cxcit6 et excite encore lant d'incredulile , n'est pas precisement confirmee, mais elle est du moins men- lionnee par un autre voyageur, M. Rochet d'Horicourt, qui a declare, dans la seance du 23 novembre 18/i9 de la Society orienlale, qu'il n'avait point vu , il est vrai , d'individus possesseurs de ce prolongement caudal, mais qu'il en avail entendu parler dans le pays, ce qui est, au surplus, arrive a bcaucoup d'autres personnes. Attendons. Un ancien voyageur hollandais, Jean Struys, qui a public en 1677 la relation de ses voyages, assure avoir vu un individu ayant « une queue longue de plus d'un pied, toule couverte d'un poll roux, et fort sem- blable a celle d'un boeuf, qui aflirmait que tons les habitants dc la partie m^ridionale de I'lle Formose en avaient comme lui; » mais Struys passe g^neralemenl pour un homme sans (Education, credule et peu v6ri- dique, et le Journal des savants du 21 juillet 1681, en rendant comple de son ouvrage , qualifie de menson- ger le fait qui nous occupe, ainsi qu'un grand norabre d'aulres rapporles par le voyageui. ( 261 ) Letter to the honorable John M. Clayton, etc., etc. — Lellre adress^e par M. Aaron Haight Palmer, con- seiller a la Cour supreme des Ltats-Unis, a M. John M. Clayton, secretaire d'Etat, renfermant des informa- tions geographiques, politiques et commerciales sur les nations independantes de I'Orient, avec un plan pour ouvrir, elendre et proteger le commerce ameri- cain en Orient, publiec par la direction du d^parte- ment d'Etat dans le ISational Intelligencer du 6 sep- tembre 18/i9. Le titre un peu long de cette brochure, qui n'a ce- pendant que 63 pages in-S", donne une id6e du but que s'est propose I'auteur. Directeur de I'agence am6- ricaine et etrangfere de New- York, il a pendant dix-sept ann6es (de 1830 a 18/i7) entretenu une correspon- dence etendue avec les differents gouvernements et princes de I'Orient; il a recu et examint^ les princi- paux journaux de I'lnde, de I'archipel Indien , de la Cliine et de I'Australie; a voyag6 en France, en An- gleterre et en Hollande, visile les savants et les prin- cipales Societ^s geographiques, orientales et asiatiques de ces pays, et i^euni sur la geographic, la statistique etle commerce une masse de renseignements avec les- quels il annonce avoir compose, sous le litre de Con- trees inconnues de V Orient, un ouvrage encore in^dit, dont celui qu'il nous a offert n'est que Tabreg^. II meriterait une analyse d^veloppee; mais comme il est plus sp^cialement consacre au commerce, et que I'es- pace me manque, je me bornerai a cette mention, en ^mettant I'opinion qu'il serait utile de le communiquer a M. le ministre du commerce, president de la Society de geographic, qui jugera peut-6tre utile d'en faire tra- duire les principaux passages dans Fint^r^t de son de- ( 262 ) paitement; j'cn lorai, au surplus, la proposition for- melle dans une des seances de la Commission cenlrale. The Jounial of ihe Indian archipelago and Eastern Jsia (Journal de rarcliipol Indien el de I'Asie orientale, public a Singapore). Quoiquo plu sieurs des Notices insthV'os dans les ca- hicrs de jan vicr, fevrier, mars et avril J8A9, du Jonrnal deVarckipel Indien, les derniers qui soient parvenus jusqu'a ce moment a la Sociele, conliennent des infor- mations d'un haul interet gc^ograpliiquc, je mc bor- nerai aujourd'bui a en donnor le tilre, me reservant d'en traduire quelques unes pour lo Bullelin , soil en enlier, soil par analyse. 1° Traduction des Annales de Kendall, appelees Ma- l-ong-Maha\\>angsa , elEsquissessur I'ancienne condition de quelques unes des nations de I'Asie orientale par rap- port aux Malais, par le lieutenant colonel James Low ; 2" Cinq jours dans le Naning et excursion au pied du (tunong-Dalu, dans lellambeau, pai- M. I. R. Logan; 3° Notes sur la populalion de Java, par John Craw- ford ; h° Voyage dans le Jobore par le reverend P. Favre, missionnaire apostoliquc, de Malacca. 5° Sur la faime ichlliyologique do Celebes, par le docleur Bleekor, directeur et secrcilaire de la Soci^lo balavienne des arts el des sciences; 6° Melanges , letlre eorite de I'inldrieur de Bornc^o, sur les ilos Moluq ues, etc.; 7° Excursion de Sourabaya ;\ Passuruan, en passant par Kediri, Bl itar, Anlang el Malang, et retour, par M. Jonathan Kig g , meinbre de la Sociele balavienne des arts ol des scien ces ; ( 2G3 ) 8' La mylhologie des Dyaks, par lo reverend T. F. Beeker, missionnaire de la cote m^ridionale de Borneo; 9° Les Pawangs (pretres, medecins, sorciers), pau le reverend P. Favre, missionnaire apostolique a Ma- lacca; 10° Recherches sur Bali, par M. Froiderich; 11" Voyages dans I'intcrieurde Borneo, par M.Burns; 12° Les Kayans de la parlie nord-ouest de Borneo, par Robert Burns; 13° Voyage dans les provinces montagneuses du Me- nangkabu (peninsuleMalaie), parie reverend P. Favre, missionnaire aposlolique ; 14° Vocabulaire de la langue kayan de la cote nord- ouest de Borneo, par R. Burns ; 15° Langues de I'archipel Indien , sysl^me de classi- fication et d'orthographe pour des vocabulaires com- paratifs; 16° Langue et lilt^rature de Tile de Bali, par M. R. Friederich, continuation du n° 10; 17° La piraterie dans I'archipel Indien, par M. Spen- cer Saint-John ; 18° Esquisse des iles Nicobar; 19° Sur les ecailles de tortue de Celebes ; 20° Sur les mceurs et les coutumes des Malais ; 21° Observations de Panghufu-Kisang sur la Relation du voyage du P. Favre dans le Johore. Historia tie Abiponihus, etc. Histoire des Abipons, etc., par Martin Dobritzhofter. Vienne, 1784, 3 vol. in-8°, avec carte et figures. Get ouvrage, donl M. Gastebois, I'un des membrcs fondateurs de la Soci^t^ de geographic, lui a fait honi- mage, et qui a paru en meme temps en latin et tra- ( 26/i ) duil oil allomand par M. A. Krcil, professeiu" a Post, a ^t6c oniposi!( par le jt^suile allemand Dol)iilzliolTor, en- voy^ comme missionnalre au Paraguay, ou il rcsta plus (le vingt ans. Lc premier volume, qui est le plus inte- ressant, conlienl la description des gouvernemcnls du Paraguay, do Buenos- Ayrcs, de la Terre des Missions, du Tucuman et du Chaco. La geographic physique el Ihisloire nalurolle du pays y sont Iraitees dans le plus grand detail. Le second volume donne la descri|ilion des Abipons, nation guerri^re du Chaco, et celle de leur pays. Le troisi^me offre I'hisloire des Abipons el des colonies etablies chez eux ; elle seinhle composite pluldt pour proner les faits de la Conipagnie de J(isus que pour donner des lumieres sur les pays et les peu- ples dont il y est question. Get ouvrage, quoique r^dige avec pen d'oi'dre, est n^anmoins assez important pour I'histoire et la geographic. Felix Azara pretend toule- fois que Dobritzhoffer n'a jamais penelre dans I'inle- rieur du pays, qu'il n'a pas observe hii-meme et a re- dig6 seulement avec prolixity ce qu'il avail enlendu dire a Buenos-Ayres ou a I'Assomption. Nuovo Compendio di Geogmfia , etc. C'est la premiere feuille d'une nouvelle description de la terre par Adrien et Eugene Balbi , imprimee en italien, a Turin, en 1847, et que le dernier se propose sans doute de conlinuer seul, avec les maleriaux qu'il a prepares avec son pere, si connu par ses travaux g^ographiques, et que les sciences et la Sociel*^ de gd'o- graphie, dont il etait depuls longtemps un des mem- bres les plus distingues, ont perdu en 18A8. ( 205 ) DEUXIEME SECTION, Actes de la Societe. KXTHAIT DRS PROCES-VERHAUX DES SEANCES. PnivSIDF.NCK DF. M. PoUI.AIN UE BoSSAY, Seance dii 5 avril 1850. Le proces- verbal de la derniore stance est lu et adopts. M. le pr(!;fel de police ecrit a la Societe qu'il se felicite du concours qu'elle veut bien lui ofTrir pour I'etablis- semenl d'une bibliotlieque destinec aux prisons de la ville; il a re^u les douze volumes de la 3° serie de son Bullelin, el il la reraercie de ce pr»!!cieux envoi. M. Jomard communique une lettre de M. le baron Derfelden de Ilinderstein annongant I'envoi de huit cartes des colonies neerlandaises, offertes a la Soci^le par M. le baron Melvill de Carbnec, lieutenant de la marine royale. M. Derfelden appelle I'attenlion de ses collogues sur ces imporlants travaux, el il proposo I'admission de I'auteur comme membre de Ja Societe. M. le baron Melvill a recu une nouvelle mission du xnr. AvnrL. 5. 18 ( 2(16 ) gouvcrnemciil hullaiKhus, ol il \ieiil de paitir poui Batavia. M. Joiuarcl tlonnc lecture il'une leltrc de M. Linanl- Bey, directeur des canaux en Egyple , renlermanl des details sur I'elat des Iravaux du barrage du Nil et sur les carrieres de niarbre rose recemruenl d»^couvertes; il annonce I'envoi de son Meinoire sur rislhme de Soueys, acconipagne des prolils et de plusicurs dessins. Ce meinoire renfernie une description geologique et Ijydrographique, I'hisloire du canal de Soueys et la geographic comparee. M. Isidore Lowcnstern adresse a M. de La Roquettc, pour etre offert en son nom a la Societe de geograplne, un uiemoire, dont il est I'auteur, intitule : Remarques sur la deuxieme ecriture cuneiforme de Persepo/is, et, au noni de M. Jolin J. Sliillinglaw, Vfliitoire des decouvertes dans les regions arctiques depuis les temps les plus recules jusqii'a nos jours, que le savant vient de )>ul)lier a Lon- dres, el qu'il a acconipagnee de details sur les inesures adoptees par le gouvernement anglais pour porter des secours a I'exp^dition coniniandee par sir John Fran- klin. Des reinerciements sont adresses aux donaleurs. La Commission cenlrale nomme au scrutin la com- nnssion du concours au prix annuel pour la decouverle la plus importanle en geographic ; elle sc compose de MM. Daussy, de Froberville, Jomard, de La Roquelte et Walckenaer. La Societe adiuet au nombre de ses membres M. Pro let, capitaine de I'regate, sur la pro|)usilion de MM. DA vezac et Dauss) ; M. Edouard iluiiuul de Brimout, sur la proposition de MM. de La lioquelle et Daussy; et ( 267 ) M. Ic baron P. Melvill de Carnbce, lioulenanl de vais- seaii, sur la pro|)osilion de MM. le baron Derl'elden dc Heinderstein et Jomard. Seance du 19 ain-il 1850. Le proems -verbal de la derniere seance est lu el adople. M. le professeur BarulTi ecrit de Turin pour remer- cier la Soci^te du litre de correspondanl qu elle a bien voulu lui accorder ; il fera tous ses efl'orls pour justifier cette marque de confiance et d'estime. M. le professeur Rafn, correspondanl de la Sociele A Copenhague, adresse vine note bibliographique des nouvelles publications de la Sociele royale des anti- quaires du Nord, et annonce le prochain envoi de ces ouvrages. M. I'abbe Boilat, du S(5negal, reclame, par I'enlfe- niise de M. I'abbe Auger, les divers manuscrits qu'il a communiques a !a Soci6l6. La Commission cenlrale aulorise cette restitution, mais sur une demande offi- cielle de rauteiir. M. Daussy communique une Icttre de M. Bellaigue de Bagliay, consul de France a Cbrisliania, contenant des renseignements sur le lrac6 d'un meridien qui s'^tendra depuis Ismael, a I'embouchure du Danube, jusqu'au cap Nord. — Renvoi de celte communication au comile du Bulletin. M. le capitaine Gabriel Lafond fail connaitre les nou- velles mesures qui viennenl d'etre i-ecemment adoplecs pour rendre a la fois plus rapides et moins coiileuses les communications de I'Europe avec les pays situes ( 268 ) sur les cotes occidcnlales tie I'Ainerique, ou pliilot, pour parler d'uno muiiiLTc plus gi'iierale, onlre I'At- laiUique et la iiier Pacifique par Tislhine tie Panama. M. tie La Roquette coininunique le rapport qu'il a souniis a la section tie coniptabilitd dans sa stance d,u 5 avril courant, a laquelle assistaient el ont prls part MM. Poulain dcBossay, president, et Jomard, premier vice-president de la Commission centrale, sur la situa- tion des finances de la Soci^le, sur un projet de budget el sur les mesures a prendre relativcmcnl aux membres qui negligent d'acquiller leurs colisations. Le secretaire gdn^ral donne (!'galement communication du proems- verbal de cette seance, contcnant plusieurs decisions qu'il est important de porter a la connaissance d'abord de la Commission centrale, et ensuite des autres mem- bres de la Soci6te. Les membres presents 6lant pcu nombreux, il est decide que tous les membres de la Commission centrale seront extraordinairement con- voques, a la procliaine seance, pour entendre la com- niunicalion qui vicnl d'elre faitc par le secretaire ge- neral. Jf ^J • I.F.GE.X])K. V i/an.r /t\r count- t/ eaf/,r . -^ ZieufV' .^nt,' . __ noult'o' Ki'zatfu\r ptv^ / fapt^t/zfioft A\/yp/wn//f . /L,frt/r',rtono' /i'rt/i;!' ^ra/t.r /kv/tt^/rho/t />o/- 7/ TrenidtftV ■ Ss'^St* • -A Mtf4-^>Cf«^'>/i< riyni***.' . -AiwZ/if.ft) , l.(U.KM)K • limr iV>ivi^wi/- lU LUri IN I)K I. \ SOCJETE DE (iEOGllAPHIE. MAI 1850. PBEMIERE SECTION. MEMOHiES, EXTPiAlTS, ANALYSKS KT HAf'PORTS. VOYAGE DANS LE JOHORE (DJOHORE), Par le R. P. FWnE, mUsioniiaiip ajiostolique ;i Malacca: Trniliiit cle I'aiiglais jmr 31. do La Roquetif.. Les nombrouses difficultes que j'nvals eprouvees de la part des pellls chefs etablis dans cliaquc village, dans mes diffc^i-entcs excursions dans la peninsule malaise, ni'avaient convaincu de la prosqiie impossi- bilite de reussir sans avoir obtenu pr(^alablement un passe-port regulier de ceux qui gouvernaient ces Etats. En consequence, je me rendis a Singapore au mois de seplembre '18/iG, pour nbtenir de S. M. le suitan de Johore et de S. A. le tnintmgong de Singapore, la permission necessairc pour vojager dans le lerritoire do Johore. Co nunc jc connaissais la iiicro du sullan, j'avais cu la precaution de me faire remettre une leltre de recommaudalion de cpUi" jirinci'sso pdur son ills, XIII. MM. J, 1'.' ( '^70 ) L'l' (jiii inr j.i'ocura ravaiitngo (ravoli- uii libn' acc<'S uijur.s lU: liii. II luc rrriil ;i\ec iiihj raiiiiliaiile el iiiie bieiiveillance reinarquables , el, poii de jours apr^s, (ill inc (It'liMa lu ilocLimont que je desirais, revelu de toules les tormaliles necessaircs. Lo lamunp;ong de Singapore ne lue fit pas un aiissi aimable accueil. II m'aceorda bien la permission que je lui deinandais, tnais ce ne fut que veibaleinenl, parce qu'il sufltsait. suivant Jui, de Tautorisalion ecrile du sultan, dont I'autorite ne faisait qu'un avec la sicnne (1). Je quittai Singapore le a seplembre , accompagne par un jeune Indo-Portugais, qui me servail de do- mestique, et par un couli chinois; lo bateau qui me portait 6tait d'une petite dimension el monle par deux ranieurs et un pilote iiialabares. Par suite de la difli- culte dos transports que je connaissais. mes provisions ronsistaient seulement en quelques gantangs de riz el en une pelile quantity de poisson sec; ma garde-rob? se composait de lort peu de vetemenls de recbange ; je ne pris enfin que ce qui ^tait absolumcnt indispen- sable pour un mois, temps que devait durer a peu pr^s mon voyage. Mon intention ^tait d'entrer dans la peninsule de Malacca par la riviere de Jobore, et do continuer la route par lerre a travers \e jungle, dont la peninsule est (i) Suivaiil I't'diteiir anplais du Journal ili' larclii/iel Indieu, le tattiuiiuoiiy lie Sin;;. 1 pore excrre iVi-lleim-iil liiute I'.iutcditf' e( pci- coil les impots, tnndis que le sultan iiii;', . tt en ei'il (d)leMU Milt! jcllre ( 271 1 presqiie entieremenl couverle. Jo dcvais enfm roiipei- le milieu de la peninsule dans line direction qui ri'avait 6te encore siiivie par aucun Europeen, lout an plus par un tres pelit nombre de Malais, si meme elle I avail 6t6 par quelqu'un. On verra plus tard que ])lusieurs acci- dents me forcerenl de modifier cet itincraire. Je d6- sirais visiter les diflerenles Iribus sauvages (ju'on pre- tcndait liabiter en grand nombre ies parties les plus interieures de la peninsule, obtenir sur elles les inlor- nialions les plus completes et les plus exactes que les circonstances me permeltraient de lecueillir; j'etais aussi charge de verifier s'il ) aurait liioyen d'^lablir chez elles une mission. Parti tie Singapore a cinq beures du soir, une brise lavorable nous fit arriver a dix heures enlre Tanjong- Changy, poinle la plus orientale de I'ile de Singapore, el Pulo-Tikong; doublant ensuite la poinle occidenlale de cetle petite ile , j'alteignis peu de minutes apres, pres de Gunong-liau, un pelit village malais nomme Tikong (1), compose de quelques uiiserables butles habilees par des Malais et gouverne par \m\ panghulu (2), qui etail absent. Je my arretai peu d'instanls, et entrai dans la riviere de Johore. A onze beures et demie, j'ar- rivai a un autre village appele Pomatang, oii je pris terre. Celui ci etail plus considerable que le premier, et servail de residence au rajab Prang. J'essayai d ob- tenir quelques informations sur ce village, ainsi que sur les localites voisines; mais le rajaii et les iiabilanls s'etaient enfiiis a noire a])procbe; ceux quo je pus al- (1) Le viil.ige de Tikoug est Jans I'ik- d.- I'ulo- Tikijiijj-Besai ; Gii- nong-K.TU esl Mir le ( oiitineiit. ,/.;,/. muslaii. (2) Pelit tli, lie soiit point Malai^, innij Piifji^. ' Kil. atii/ltih.) ( 27;^ ) niaiiil(Ui;iiil aiKuiie cspeco d"iin[)oiiaiic.'. Jolioic csl la r(jslclence d'uii pangliulu, noiiime a la lois par lo sullaii cle Johoie el par ii- ianiunfiOMja; de Singapore. Lo pan- gliulu aclucl, appeic Jawa, apres avoir examine la letlrc de credit que m'avait d^livree le sultan, me reciit tres amicalemenl. Los liommes quo j'avais engages h Singapore, refusant d'aller plus loin, sen allerent avec leur bateau; quant a nioi , jo passai la nuit dans la inaison d'un Chinois, qui tcnalt uue boutique. Le len- demain, le pangbulu me procura un pelit bateau, avec trois homnies, pour remontor la riviere jusqu'au jietit ruisseau do Kamang. Ce fut a dix heurcs du matin que je quitlai Johoro ; a uiidi, j'elais pres do Pulo-Kaju- Anak-Bcsar, lie d'er.viron /| a 5 milles do longueur, aupres de laquelle on en Irouve unc plus petite nora- m^e Pulo-Kaju-Anak-Kechil. Vers six beures, j'atlei- gnis le Kamang : il y a ici un petit nombro de maisons; et un pangbulu, appele Sapa, reside a Temboucbure de ce ruisseau. Je passai la nuit dans sa maison, et les bommes qui m'y avaienl conduit s'on retournerent a Jobore avec leur bateau. Le Icndemain matin, il no tut pas pcu dillicile de determiner le pangbulu a me procurer des bommes et un bateau pour remonter la ri\:ore. Sacbaut que personne ne conscnlirait a m'accompagner sans sa permission, il me demanda un prix si exorbitant pour cbaquebomme et pour le bateau, que je ne pus lomber d'accord avec lui. Comme il porslstait dans sa premiere demande, persuaded qu'il mo scrait im})ossil)le depour- suivrc mon voyage, je le priai do nic fournir au moins un bateau el des bon)mes pour relourner a Jobore, cc iju'il rclusa i^rossieiemont. Jc coinmenrai alors a cun- ( 27Zi ) cevoir (juelcjues iiujiiit'tiides, eii irn; vo\ant prisonnier dans iin lieu si eloimit: el en dc telles mains. Apres )e dejeuner, nous recomniencames une discussion sur Ic I!. erne sujet ; il parut un peu plus acconimodanl ; et enfiii , aj)ies de longs pourparlers, il ccmsentit a me lournir a lui [)iix moder^ des homines pour remonter la riviere. Ce petit chef n'etait pas pire que les autrcs Maiais; car il est gen6ralement admis parnii eux que chncun pent user de tous les moyens, quels qu'ils soiont, pour gagner de Targenl; et s'il ne s'etait pas apercu que j'en avais fort peu , il n'aurait consent! a aucun arrai gemenl jusqu'a ce que la meilleure partie de ce que je possedais eiil passe dans sa poclie. Malgre sa conduite a mon egard, je pense qu'il doit etre con- sidere comme un honnete Maiais. Je parlis a environ dix iieures, et rien de remar- quable nc in'arriva dans la journee; on m'apprit seu- lemenl qu'on trouvait aupr^s du Kamang les ruines d'un ancieii fort; niais je ne les visitai point. Vers six heures, je m'arretai pour prendre du repos ; je dormis dans le bateau, et commo il n'y avait pas de place pour une seconde personne , mes hommes allerent se cou- clier dans une maison sur la rive droite de la riviere. '" Le 8, nous ne punies faire que peu de railles, parce que la riviere 6tait ohslruee par des arbres qui y elaient tonib^s: mes tiommes elaient souvent obliges de cou- per avL'c beaucoup de peine ces arbres, ainsi que leurs branches, lorsqii'ils etaient places en liners dans la riviere, ou de transporter le i)ateau par-dessus les grandes pieces de hois qu'ils ne pouvaient couper; operation assez dangereuse, a cause de la profondeur de I'cau. An coucher du soleil, je m'arretai dans un ( 275 ) lieu desorl ; inos honimes s'endormiif nt bous un ar))rc pi-^s He la iivi(''re, ot je pass d la nuit dans le baloau. Le 9, a environ neuf lieures flu malin, j'anivai au confluent des deux rivieres de Sayong et do Ne- gaoyoung avec la Johore; je ("us informe (jue toiites deux etaient habitees par des Jakiins; mais comiiie il aurait fallu plusieurs jours pour les visiter, je continuai de remonler la riviere. Dans la soiree, j'atteignis un cndroit appele Menkao, ou sont les deux derni^res maisons malaies, dans un kdiiipnng. Sur la rive gauclie, en remontant la riviere, je trouvai les premieres I'a- milles des Jakuns, au noinbre d'environ trenti; indi- vidus; sur la vive opposee, un autre kampong, appele Kanipong-Ynass, conlenail cinq families de Jakuns. Une pluie continuelle me forga de rester deux jours dans ce lieu. La riviere n'a ici que 20 a 25 picls de large; mais elle est trfes profonde. Je remarquai que la riviere de Johore est appelee par les aborigenes Sayong-Besar depuis sa source jusqu'a Menkao, tandis qu'ils donnent le noni de Sayong Rechil a la riviere de Sayong, que j'al deja mentionnee. Pendant nion sejour dans cet endroit, on m'apprit (|ue le grand panghulu Batin, qui gouverne tous les Jakuns habitants de cette partie du lerritoire johore, vivail a deux heures de la; et comme les Malais (jui m'avaient fait remonter la riviere refusaient d'aller |)liis loin, je lui envoyai un message. Dans la matinee du jour suivant, il arriva avec six autres Jakuns, el promit de me donner des hoinmes pour me conduire par lerre a rextr^mite de la riviere de Banut. Je Uiontai avec lui sur un petit bateau, (|uidevait nous mener dans sa maison. Lors(]ue je quittai les Malais pour me con- ( 270 ) Jioi aux Jakuub, jo nm sentis a mon aise : j'elais Ires salisfail do me tiouvor do nouvtau chez iia )ioiiple que jc connaissais doja coinine parlaitenient honnSle el loll I a Tail iiiolTonsif. J'elais a peine parli, qu'il com- mcnca a lomber uiie forlc pluie qui dura jusqu'au soil" : nous n'eii conlinuanies pas moins de remonler la riviere pendant uno licure environ; uiais la pluie devint alors si violonle, que lo Balin d6clara qu'il elail impossible d'aller plus loin. Nous nous arretames dans la maison d'un Jakun, sur la rive droile de la riviere, qui n'a pas dans eel endroil plus de 8 a 10 pieds de large, mais qui csl tres profonde. Comme les branches des arbrcs qui I'obslruent nous avaient empechd'S de nous mellre a convert sur lo bateau, nous dtions tout mouilles cl dans un etat I'orl desagreable. Nous allu- mames des feux en diOTeronts end roils pour nous re- chaulTer et nous secher : plusieurs de nos bommes se senlirent un pcu indisposes loute la soiree. Deux beuros apros mon arrivee dans ce lieu, le Balin eut un fort acces de ficvre, et le jeune Indo-Portugais en eprouva aussi uno attaquc, quoitpie legere. Lcurelalme donna un pen d'inquiolude; u)ais roxcellent a|)pelit que cbacun d'eux monlra a dejeuner le malin suivant me rassura bicntot. Nous arrivames co jour -la a la maison du pangbulu Balin, siluoe dans rinloriciu- du jungle, a environ uno heuro de inarclie des bords de la rivi6re. Je m'y arrolai deux jours, quo j'employai a visitor quohiuos kam|)ongs voislns de Jakuns, et a rc- cueillir des informalions. On nie dit que la source du Sayong-Bosar, qui est cello de la riviere Jobore, n'^lait pas loin do la, pros d'uno colline qu'on me monlra; mais je no pus I'apercevoir. Suivant celle indicalion, ( '2-77 } die seriiil |)icsqut! aw centre dc la peiiinsulc, a pen jn'es a la latitude dc remboucluire de la riviei'e de Se- dilli. J'aurais bcaiicoup desire renionler la riviere jus- qii'a sa source ; mais les Jakuns m'assurerent que c'ti- lait impossible, a cause de riinmense quantite d'arbres tombes qui en arrelaient presque enlierement le cours. Le Batin dont j'ai parle est age d'environ quatrc- vingts ans ; il est nomme par le sultan de Joliore et par le tamungong do Singapore i)nur excrccr I'auloritd sur deux ou trois cents Jakuns, vivanl dans un rayon d'un jourde marclie environ de sa maison. II y a quinze ans que cetle dignite lui Cut conferee par deux documents ecrits, le premier revetu du sceau du sultan, et le se- cond de celui du tamungong. II recut en meme temps de chacune de ces autorites une lance avec des orne- ments d'or et d'argent, comme les inslgnes de sa dignite [bdtinsliip). Lorsque je lui demandai de n^.e monlrer ces documents ecrils, il mo repondil : Sudd malum api, ils sont brules. Quanl aux deux lances, comme elles 6taient plus precieuses pour ces cnl'ants de la nature qu'une leltre morte dont ils ne pouvaienl comprendre la moindre partie, ils les conservaient plus soigncuso- ment, et s'en servaient journellemcnt. Avant de poursuivre le recit dc inon voyage, je dois dire quelques mots do la riviere de Joliore. Ce cours d'eau est probablement le jilus considerable de la pe- ninsule. A son embouchure, il a environ 3 milles de large; a unc ile appelec Pulo-Layang, placoe a quel- ques milles au-(lessus de ranclenno ville de Joliore, il a encore uno largeur d'environ 2 milles; quand on a passe les deux lies do Pulo-Kayu-Kcchil el Pulo-Kayu- Bosar, il ohl doja rcduil a '2 ii 300 \ards; il so relrecil ( 278 ) nisuite rapidenient, eii sorte qu'a un petit nuuibre de inilles plus liaiif. ;'i la joiiclion Ho la polite riviere de Kamang, il n'a plus qut! 30 vaids. La .lohoro di- iiiiiuie pen en lar^oiir jiisqu'a iVlonkao, fiu je Iromai (pi'ollo 6lait de 25 pieiis, el pen do niillos apres, do 10 pieds seiilomont. On doit roniarqncr que celtc riviere, ainsi quo boanconp d'antros de la peniiisido que j'ai visitees, ne perdont pas do leur profondenr a mesure qn'elles deviennent nioins larg(!s : ainsi jo trouvai 15 pieds d'eau a Menkao, ou la riviere n'a pas plus de 25 pieds de large. La Joliore pourrait done elre consid^r^e coinrne navigable jusqu'aupri'S de sa source, indme pour des bateaux d'un lonnage consi- derable, si on la debarrassait des arbres qui Tob- slruent. Je reinarquai que les jungleS; (jui couvrent les doux rives de la riviere, abondenl on /ota/ii^. parlicu li^remenl dans la partie superieure. II y a anssi beau- coup de f/or/iinar cl de garo (1). Ces dilF^rents articles sont recueillis par los Malais, niais on plus grandcs (|uanlit6s par les Jaknns, qui les ecliangent avec les Malais pour du riz.des velements, etc. lis sont apporles par ces derniers a Joliorc , ou pinsienrs marchands cbinois les acbetent et les portent au niarcli^ de Singa- pore. Les rives de la Joliore sont presque desertes ; un petit noinbre de maisons malaises sont les seules babita- lions qu'on y rencontre, et elles sont ordinairemenl a une grande distance I'une de I'autre : le voyagenr fait quelquefois une denii-journde ou ni6me nno journee entiere sans en rencontrer une seule : il n'y a rion (|ui (l) I.e I'Hltaii ou rutaii^;, Ic ai ru on {'.no, sont Irois cspeces d'arbres de la |)('niii>iil<; ile Malacca; Ic ilci- inci pioiliiit ce <|u'oii a|ip("llc Ic lp()i> (l'ai{>le. ( 279 ) ressemblc a iiri village, exceple Johore. Mais en I'ab- sence rl'etres humains, on troiive un grand nomlire de hfeles sanvages siir les deux rives de la riviere. Nous apercumes jilusieuts ligres, et les difFerents endroits oh nous observarnes leurs empreintes pres de I'eau ne peuvent laisser aucun doule sur la presence de ce ie- roce animal , qui doit etre ici tres multiplie. Ce fait nous a ele au surplus confirme par les Malais; plu- sieurs m'ont assure que, pendant les six niois qui pre- c^derenl ma visite, cinq Malais avaient ete d^vores par des ligres sur les bords de la riviere, et I'un menie dans un bateau sur I'eau, ou I'animal I'avait saisi la niiit pendant son sommeil. Le ih, je quittai la maison duBatln, j)()ur nie rendre a rexlremile de la riviere de Banut. Le Batin avait longtemps essaye de me dissuader d'aller plus loin, en m'assurant qu'il y avait plusieurs endroits oil un genlle- iiinn ne pouvait passer. Je lui demandai s'il n'y etail jamais alle lui nieme. Comme il me repondit qu'il etait habitue ;'i fairece liajet : « Bien, lui dis je alors; ou un autre homme peut passer, je puis passer aussi. » Et nous partimes. Je lus oblige de prendre cinq Jakuns pour porter mon bagage, quelque mince qu'il I'lit, parce que chaque bomme ne pouvait prendre qu'une petite charge, a cause des dilficulles de la route, line partie de la matinee tut employee a traverser une conlree couverte de fortes lierbes qui atteignaient une hauteur de 8 a 10 pieds; le terrain etait has et couvert d'eau, dans laquelle croissaient les herbes dontje viens do parler. Nous continuames notre voyage, ayant long- temps une eau boueuse jusqu'au-dessus du genou ; un peu plus loin, nous en eumes jusqu'aux cuisses, et onlin olio luai.'i all(it;nit le miliou dii cor|)S. Je com- uiencai a croirc alors que co que m'avait dit lo Balin elait exact; inais, a\ant dc iclomner, je deinandai a ines puidcs si la piolondeur do la fondriere auginon- Icrait encore : conime ils me repondirent que nous ^tions ])arvenus a I'endroit le plus prol'ond, nous con- linuamos de marcher; et npres une demi-heurc envi- ron, nous nous trouvftmes sur un terrain sec. Nous on- trames dans un bon scnlier, mais nous n'en joulmcs pas longtemps; car une lieure s'^tait a peine ecoulee, que nous fumes obliges d'entrer de nouveau dans la boue. A defaut de sentier trac6, nous suivimes un petit cours d'eau boueuse. N'en ayant que jusqu'au genou, nous aurions pu marcher encore assez vito si un autre empficlienienl ne s'otait presentt^: il fut occasionne par les rattans epineux, qui y croissent abondamment. Les feuillesetles branches de cetarbre quitombcnl chaquc ann^e, ct qui dans le cours du temps entrent dans la vase, sonl un obstacle serieux pour le voyageur qui est oblige d'aller a pied. Ceci , joint aux branches et aux epines des arbrcs par lesquelles les vetemenls sonl accroches de tous colf'js , rend Ires diflicile un sem- blable vovagc fait dans do tolles circonstances. Nous passamcs ainsi environ Irois heures, el jo suppose que nous no ftmcs pas [)lus d'nn niille ct dcmi. \ ers trois heures apr^s-midi, nous iirrivames a un kainpong habile par dos Jakuns; il i'tait compose de Irois mai- sons habiloes par cinq lamilles composces en lolalil^ de dix-liuil ptrsoniios. (les Jakuns y rosidaient dopuis plusicurs annces; ils avaicnl un vasle kampong cidtivo, bien fourni do mangouslan, dc champadah et dc plu- iiieurs aulres especos d'arbrcs fruitiers. Je romarquai ( -^Hl ) aussi un corlain nomhre d'arbres de Ixitel et de Cannes ;'i Sucre, et un vasle champ d'une espece de liz appel6 paddy par les Malais. Les Jakuns qui sont ici m'ont paru les plus confor- tablement etablis que j'aie jamais vus. Je fus recu avec bienveillancc par les habitants de ce lieu solitaire, et mon arrivee fut I'occasion d'une fete. Toute la popu- lation du kainpong elant r^unie dans la plus grande des maisons, celle dans laquelle je m'etais deja installe, on fit des gateaux de diderenles sorles, on prepara des kladees avec des sauces varices, et Ton me presenta une volaiile qu'on venait de tuer. Toute la soiree fut employee en agrt^sables conversations et en chants ac- compagnds avec des tambours. On m'assura que ce lieu 6tait tout a fait solitaire, et que la maison la plus rapprochee etait celle du Balm, que j'avais quittee dans la matinee, et que de tous les autres cotes les maisons les plus voisines 6taient celles placees pres de la riviere Banul, ou j'avais iiitoiilion de me rendre, et uu Ton pouvait arriver en trois jours par un assez bon sentier a iravers un jungle epais. Le lendemain, les proprietaires de ce lieu me donnerenl une volaiile, quelques vi^getaux; et comme I'un d'eux remarqua que mon Chinois sc plaignail de la pesanteur de sa charge, il me proposa d'en porter lui-mcme une por- tion jusqu'a la riviere de Banut. J'acceplai volontiers cette ofFre; et ayant donne quelques petits objets en retour de I'hospitaJite avec laquelle j'avais ^16 recu, je me remis en route. Nouseuiiies uii assez bon cliemin el un beau temps jusiilimi;ii)l jusqiia cc (jii'il fil loiil ;'i fail sombre, nous nous blotlimes lous ensemble |)onr passer la nuil d'une manlere, il est viai, peu conforlable. \ ers neuC heures, nous recunies la visile d'nn ligi e. qui ne nous fil aiirun mal ; il ]>assa pres de njoi et dii jeune liido- Porlugais , et contimia paisiblement sa route; nous enlendinies ses iugisseu)ents dans le voisinage, mais nous ne le revitnes plus. Le lendemain, I'lndoPortu- gais me dil que la \ue du ligie I'avail tellemenl elTraye. qu'il n'avait pu leiujer I'ceii de loute la nuit. Le 15, nous maroliamcs tout le jour sans qu'il rioos arrival rien de remarquable ; nous nous arrelames dans un endroil desert, on nous dormimes commi' la nuit pr^cedenle. Le 16, nous arrivaraes, a deux iieures environ apres midi, a un endroil appele le hd/iipong-Baniit . ou avail exisle aulreiois un village liabile par des Jakuns; leur nombre avail probabien)eut ete considerable, puis- qu'un grand espace de terrain avail elci delVicln' el culliv6. Mes guides me dirent que 1 iusalubrile de celle localite avail force le.s iiabilans de I'abandonner ilepuis plusieurs annees : le jungle esl deja pouss(^, el dans quelques annees ce lieu pourra tilre a peine dislingue de la plus (^paisse lorel. Au couclier du soleil , nous arriv^uies dans un (ud roil oil vivent mainlenanl les Jakuus lie lianiil . au udiubre de dix buit per^onues, ( -283 ) gonvernees par mi pangliulii. Toutes liabilent des tnai- soiis conforliihles, il elles cultivenl beaucoup de riz : ce grain, avec des kladeea et du poisson qu'elles pe- chent dans la Banul, forme la presque tolalil^ de leur nourriture journali^re. Je fus tres bien regu par le cbef, et, d'apres ses invitations reiterees , je passai deux nuits dans sa niaison. J'avais le projet de nie rendre de la a I'exlremite de la riviere de Batii-Pahat ( le Rio Formosa des Portugais), et j'avais deja I'ait niarcli^ pour un guide et des coulis, lorsque men jeune Indo -Portugais et nion Cbinois d^clar^rent qu'ils etaient incapables de continuer le voyage par terre. Leiirs j)ieds Etaient en eflot dans un elat aftVeux : c'e- tail I'effet de la morsure d'une esp^ce de sangsue ap- pel6e puchat par les Malais. Je crois devoir nitntionner ici cet inconvenient, parce que je ne I'ai vu ciler par aucun voyageur. Ces sangsues sont dune esp^ce par- ticuliere, petites, mais exlremement nombreuses dans I'inlerieur du jungl'. On les rencontre parlicnli^re- ment par un temps liumide ; les personnes qui ne sont pas habituees a voyager dans les jungles souflrent quel- quefois de burs morsures, qui sont d'autant plus dan- gereuses que Ires souvent on ne les sent pas , ce qui donne a ces aniniaux un temps sullisanl pour se gurger avant qu'on les apergoive. Ordinairemenl le sang con- tinue de couler longteiups apr^s qu'on les a retirees, et les blessures qu'elles causent sont difficiles a guerir : j'ai vu des plaies qu'elles avaient occasionnees encore fralches apr^s plusieurs semaines. L'^tat de mes deux bon)nies ni'obligea de prendre une nouvelle resolution. Je convins avec le chel'jakun qu'il me ferait transpoiter. en descendant la riviere, ( 2«4 ) jiisqu'a la nier, uii li oxisle uii pclil \illagi' inalais. il disposa puiii inoi son propre baleau, el lue donna scs deux Ills ol un Iroisieinc lionnne. J'avais I'espoir qu'ar- rive chez Je panji;liulu du villaLie nialais, j'ohliendrais do 111! des liommes et uu haloaii pour ine conduiro a la riviere Batu-Paliiil; je nic proposais de renlrer par celle voie dans 1 inlerieur dc la peninsulo el de poiir- suivre nion vo\age lei que je I'avais cone u. Je quillai le 18 les Jakuns de Banul : deux jours el dcmi furenl employes a descendre la riviere. Le baleau n'elant pas dispose [)our pouvoir y dorniir, je passai les deux nuits sur le rivage; el comuie sur les deux c6l6s de la riviere le lerrain esl generalemenl Ijas el couverl par les eaux a une prol'ondeur considerable, nous coupanics quelques perches lourchues, el, pla- cant en Iravers des batons en forme de croix, nous ob- Unmes ainsi une place pour pouvoir nous reposer sans craindre I'humidile; une pluie d'orage nous incom- moda cependanl presque loutc la nuit. Le Iroisieme jour, j'arrivai au village maiais. Le chef se Irouvant a son champ de riz, dans un kampong silue a quel- ques milles au-dessus de la pelitc riviere de Pin- gan, ji' lus oblige d'aller I'y joindre. On donne a ce chef le lilre de panghulu Rissang, parce qu'il a gou- verne pendanl plusieurs annees une pelile place sur la riviere de cc nom. C'est un vieillard Je plus de qualre- vingls ans; ses yeux semblenl annoncer la fraude el la decepliondeguisecssousun mainlien compose : il a une famillc nombreuse. Peu de jours avanl mon arrivee a Malacca, on m'avail donne d'assez mauvais renseigne- nienls sur ce porsonnage et sur sa famillc, el la suite i)r(iuva ([u'on no les avail pas calomnios. lis ))assaieiil ( 285 ) pour des voleurs, el son fils aint^ avail ete pendu , il y a quelques annees, pour avoir exerce la piratcrie et commis des mcurtres. Ce petit chef ne se trouvait pas chez lui lorsque je m'y pr^sentai; plusieurs personnes de sa famille me dirent qu'il etait sorti pour prendre du poisson , qu'on attendait son retour dans quelques heures, et qu'on n'aurait pas de peine a se procurer un bateau et des homines pour me conduire ou j'auraisinlenlion d'aller. D'apres une telle assurance, je payai, et congediai les Jakuns qui m'avaient conduit jusque-la; mais a peine 6taient-ils partis que la conduite des Malais changea. 11 n'y eut plus moyendelrouverun bateau ou deshommes, et les difliculles s'accrurenl encore a I'arrivee du pan- ghulu.Mon Indo-Porlugais, ayant observe lacontenance des Malais, me dit : « Monsieur, vous etes dans les mains de mauvaises gens. » Et son opinion ne tarda pas a se verifier. Sous diflerents preloxtos, le panghulu refusa a la fois un bateau et des hommes, et me dit enfin nettement que, comme il ne m'avait pas invite a venir dans cet endroit, ce n'tJstait pas son alFaire de m'en faire sortir. Lorsque je monlrai la letlre du sultan, il me fit observer qu'etant soumis au tamungong, il n'etait aucunement tenu d'obeir aux ordres du sidtan. Je tentai de faire un arrangement avec quelques autres Malais; mais comme ils connaissaient I'intention de leur chef, ils refuserent de s'entendre avec moi a aucun prix. Je demandai pareillement un homme pour porter une letlre a Singapore; on refusa aussi, quoique j'of- frisse une bonne recompense. Le panghulu me tint une seniaine claquemure dans une petite maison placec an milieu d'tin champ do XIK. MAI. 2, 20 ( 28() ) jtndch , ct L'loigne*.' de Uiulc autre luihilalioi), espeiani que 1 ennui d'etre dans une senihlable prison , ou je nianqiiais de tout confort, me determinerait bientot a ollrir une ran^on considerable. Comme mes provisions etaient^puisees, je demandai a en aclieterde nouvelles; on me fournit du riz et du Sucre de canne; mais quant a de la volaille el a du poisson.on me relusa absolument.Le cinquieme jour de celle esp^cede caplivile, un bouuuc en\oje par le pangbulu iii'assura que j'elais libre de men ailer, pourvu que je payasse d'avance uiie cer- laine somme d'argent. Je dis que je relusais tres po- silivemenl de rien donner; et sur I'observalion qu'il me fil que, dans ce cas, je pourrais rester longlomps dans le lieu ou j'elais, je repondis qu'elanl celil)ataire et sans lamille, je n'y vojais pas grand inconvunienl. 11 me demanda ensuile plusieuis I'ois si je ne craignais pas les vokurs. « Pourquoi les craindrais-je, puisquc je n'ai rien de pr^cieux qui puisse les tenter? » Telle lul ma replique. « Mais, dil-il , ils peuvenl vous lucr. — Si j'avais crainl la mort, lui repondis-je, je nr sirais point venu ici; mais, si je suis allaque, il est possible que deux de mes enncmis uieurent avaut moi. » Et je lui monlrai en meme temps un lusil a deux coups que j'avais pour me del'endre conlre les betes leroces, en ajoulanl que je pourrais m'en servir dans I'occasion. Deux jours apres, le m^me iiomme revint, el n'ayant pu r^ussir a me soutii'er de I'argenl, il nic dit que je pourrais partir le lendemain, mais que je serais ac- compagne par dix liommes qui devraieni etre bien pajes. Ne pouvant concevoir la necessile d'une si nom- breuse escorle, je soup^onnai que, dans la cruinte que je ne porlasse plainle conlre lui apres mon arrivee a ( -287 ) Malacca, ils avaienl rintenlion de se d^fairo de moi en me jetant, soil dans la rivi«ire, soil dans la mer, ce qui pourrait s'executer plus aisement que dans le kam • pong ; aussi, sous cette impression, je lui dis que quatie ou cinq hommes etaient suflisants, et que je ne voulais pas en prendre un de plus. II alia voir le panghulu, et me dit a son retour que le lendemain le bateau serait pret. Dans la soiree du meme jour, nous remarquames que tous les hommes du kampong s'elaienl rendns a la maison du panghulu. Ils y passerent la nuit, et liront un elh-oyahle lapage donl nous ne puines connaitre la cause. 11 y avail deja plusieurs nuits que nous n'avions presque pas dormi, etant continuellement en alerle. dans la crainte d'etre attaques; il I'aut avouer que les moustiques, quielaienll'ortnombreux, y conlribuaienl de leur cole. Mais vers minuit, comme je commencais a m'endormir, mon Cliinois m'eveilla en me disant que plusieurs personnes causaient depuis quelque temj)s a voix basse aupres de noire maison, mais qu'il n'a\ait pu comprendre le sujet de leur conversation. Mes deux hommes paraissaient fort elTrayes, dans la persuasion qua une pareille heure de telles gens ne pouvaieut avoir que de mauvais desseins. La conversation qui avail allire leur attention ayant cesse , nous fuuies tranquilles le reste de la nuit, et nous n'ontemlinios d'autre bruit que celui qu'on t'aisail dans la maison >;'u panghulu. Le lendemain, a dixheures du matin, le bateau elant pret, nous nous disposames a partir. A nia grande sur prise, le panghulu et sa laiiiille paiaissaicnl renqilis d'effroi ; il lUf ill une longue <;l ennuyeuse apologie ( 288 ) pour se disculpor do n'avoir pu me procurer plus lot un bateau. J'allribiiai cela a la crainle fju'il avail concue que je no oheichasso a ine venger |)lus lard de sa conduile. La ri\iere a sa source vers le centre de la pdnin- sule; un bateau peut la descendre on trois jours jusqu'a la mer, el je su]ipose qu'il en landrail cinq pour la remonlor. Elle csl lortueuse dopuis sa source jusqu'a I'babilalion des Jakuns, mais pas profonde. Je I'ai Iraversee en plusicurs endroits, ayant a peine de I'eau jusqu'aux cuisses. Mais a parlir du kam- pong dcs Jakuns jusqu'a la nier, elle a une grande profondeur; en plusieurs endroils, je ne pouvais at- leindre le fond avec un baton de trois brasses. Les deux rives sont si basses, qu'on ne peut distinguor qu'avec difliculle le veritable canal de la riviere; la grande quanlile de gros arbres qui croissent au milieu font aisement disparaUre son lit; un bateau est oblige de se diriger entre ces arbres de la meme maniere qu'un liomme qui voyage dans les jungles sans un sen- tier trac6 : un courant toujours rapide avoc ces incon- venients rend la navigation dangereuse. II serait cer- lainement Iros imprudent dc na\iguer sur cetle riviere sans un guide connaissant bien les lieux. Les Jakuns qui me conduisaient, quolque bicn accoutumes a la localile, perdirent plusieurs fois leur route. A environ cinq milles de distance de sou embouchure, elle est debarrass^e des arbrus, el offrc un bel aspect. Les rives sont elev^es en col endroil, el une grande partie des terrains adjacenls ont ele liien cultives anciennement, quoiqu'ils soient niainlenant com])lelcment aban- donn^s. In nombre considerable d'aliigators qu'on ( 281) ) renconlrc a rcmbonchure dc la ilviuio ct a qm;lqucs milles plus haul elonnenl Ic voyap;em- qui y navigue pour la premiere fois. Lc liviero de Baiuil abondo en poissons et en lortues d'une tres grande dimension. Mes guides privent plusieurs gros poissons et une lorlue qui ne pesait pas moins de soixante livres. A environ trois milles de I'emboucliurede la riviere, sur la rive gauche, en descendant vers la mer, se trouve le petit village de Banut, ayant environ douze a quinze maisons dispersees sur un espace de pres d'un niille. Un pretre mahometan y reside, et il y a aussi une mos- quee fort deiabree. A environ un mille de la mer, le Banut recoil sur sa rive gauche la petite riviere de Pingan ; deux milles au- dessus existe le kampong du meme nom, compos6 de huit ou neut" maisons, qui ne sont habitees qu'une parlie de I'annee. Les habitants de Banut s'y rendent pour scmer du riz, et aprt;s la moisson ils retournent dans leurs habitations ordinaires. La riviere de Banut est ainsi habitee par deux cspeces d'hommes : les Ma- lais, qui occupent la partie basse au nombre d'environ quarante a cinquante personnes; et quatre-vingts Ja- kuns, qu'on trouve dans la partie superieure. Le grand intervalle qui separe ces deux populations est entiere- racnt desert. BEMARQUES ciNERALES SUR L'iNTiRIEUR DE LA PARTIE MfcRIDIONiI.E DE LA ptiMNSULE. Voici les conclusions que je crois pouvoir tirer des observations faites par moi pendant co dernier voyage et dans plusieurs aulres que j'ai executes anlcrieure- ment dans I'inlerieur de la peninsulc. ( 290 1 La parlie He la pernnsiile He Malacca comprise entre uno ligne droilc tir<'>o dopuis rcmboiiclinre He la riviere de Cassanp, siir la coto occidontale, en passant par le moni Ophir. et se lerminant siir la cote orionlale a en- viron inoitie climiin de la riviire de Sedilli A relle de Pahang, el la poinle Romania, pool etre presqiie con- sid^r^e comme iin vasle desert : on troiive seulement qiielquos Malais disperses siir le rivago de la mer et sur les bords des rivieres : iin petit nomhre de Jakuns habitent I'interieur. Toute la population de ce vaste territoire ne me semble pas egaler la sixieme ou la septieme portion de la seule lie de Singapore. Les Malais out qiiaire principaux villages. Un sur la cote occidentale , a Padang, pres de I'embouchure de la riviere de Muar. On exportait autrefois de ce lieu beaucoup de fruits ; mais une grande partie des arbres fiuitiers ayant ete detruits il y a peu d'ann^es par les eleplianls, I'exportation est aujourd'hui sans impor- tance. Un autre sur le Batii-Pahat , ou Rio Formoso, d'06 Ton exporte de I'ebene etdes/"rt//fl«.y. Celui de Jo- hore , sur la riviere du meme nom. El enfin un qua- trieme, que je n'ai pas visiti';, pres la riviere de Se- dilli , sur la cote orientale. On Irouve les principales habitations des Jakuns a I'extr^niile superieure des ri- vieres de Johore, Banut, Batu-Paliat et !\hiar. Le terrain de I'interieur de cette partie de la penin- sule est generalement bas et couvert d'eau en beau- coup d'endroits a ime certaine p^riode de Tannic. Une for6t majVstueuse et imposante, qui s'^tend sur presque la lolalitd de cet espace, borne continuellement la vue du voyageur, mfime lorsqu'il est plac^ sur les collines qu'on y rencontre quclquefois, quoique rarement. ( 291 ) L'obsciirile causee par lepais feuillage fl'arl)ies elcves, ct le triste silence do ces llenx qn'inlerrompt souvent le soiird murmure de pelils ruisscaux descendant des rochers, produisenl les sensations los plus m^lancoli- ques.tandisque la vuede quelques vieiix arhreselcndus sur le sol rappeile a I'esprit la fin de loutes les choses terrestres, et offre an voyageur un sujet tres convenable de meditations philosophiqnes. On ne voit dans celle contr^e que tres pen d'oiseaux dont lo chant m(!(lodieux puisse faire naitrc dans I'esprit de joyeiises reflexions, tandis que les bfetes f^- roces y sont nombreuses. La panth^re, appel^e faus- seinenl tigre noir par les Malais, est une des plus communes. Le tigre royal parall s'y rencontrer aussi fr^quemmenl; on y trouve des troupeaux d'el^pbanls, mais en quelques endroits soulcmmt. J'ai entendu dire qu'il n'y avait point d'ours dans la peninsula, mais je me suis convaincu du contraire par mes pro- pres yeux. On m'a dil aussi que les portions les plus epaisscs et les plus basses de la forfit rentermaient des rhinoceros; mais je n'en ai jamais vu aucun. J'ai vu peu de serpents, quoique les Jakuns m'aient assure qu'ils 6laient irfes nombreux ; ils m'en cit^rent une espece appeldje par eux iilar sdwdh ^ qui parait 6lre le boa, dont quelques uns ont la grosseur du corps d'un homme, el avalent un buffle. La vegetation de I'int^rieur de la p^ninsule est une des plus riches qu'on puisse voir : les arbres y par- viennent a une elevation surprenante. Parmi les arbres a fruit, le durian, oudurion, estun des plus remarquables; il croit sans culture dans les portions les plus epaisses do la foret : on Irouve egalo- ; 2y2 ) inenl en plusieurs endroils le niangoustan et le ram- hoiitan, dont les fruits sont pcu Inft^ricurs a ceux qu'on cullivc dans les jardins. L'intericnr de la portion de la peninsulc dont je parle maintcnant est trcs productive. Toutes les parlies basses sont propres a la culture du riz, el je ne doute pas que la canne a sucre ne r^usslt en beaucoup d'en- droits, principalemenl dans ceux ou crolt I'espece de palmier oj)pele tiibong par los Malais. J'ai vu en dilT^- rentes occasions des Cannes a sucre d'une richesse ex- traordinaire, quoique les Jakuns, apr^s les avoir plan- t^es, s'en soient ensuile fort j)eu occupes. 11 est ])robable que le pays est riche en or et en etain; au moins le fait de leur existence en differenls endroils me porte a penser qu'on doit les trouverdans d'autres. II y a dos mines d'etain sur les rives de la riviere Johore. On en a depuis peu decouvert de nou- velles dans la piece de lerre siluee enlre les deux ri- vieres de Muar el dc Cassang; el chacun sail quelle quantite considerable d'or est exlraite cbaque annee des mines du mont Opliir, quoique les Iravaux d'ex- Iraclion soiciit fails d'une maniere peu convenable et par un pclil nombre de personnes seulement. Plusieurs des nombrcuses rivieres qui deboucbent sur la cote orientale el sur la cole occidcnlale seraient navigables jusqu'au centre dc la peninsule, si ellcs elaient debarrassees des troncs d'arbres qui en ob- struent le couis; I'exportation des prodults de la terrc culliv^e et des mines dcviendrail alors Ires facile. ( 293 ) NOUVEAtJX RENSEIGNEMENTS Stn LES AFFLUENTS DU FLEUVE BLANC, DO^NliS PAR M. LA- FARGtE, ET RECUEILLIS PAR M. ARNAUD d'aBBADIE. M. Antoine d'Abhadie quitta I'Egypte dans le com- mcncemenl de 1849, pom- rentrer dans sa palrie. Son fr^re, M. Arnaud d'Abbadie, le suivit [)lusieurs mois apres avec un etalon et deux junients de pur sang arabes, qu'il a places dans le d^parlemcnt des Basses- Pyi'6n6es, afin d'ameliorer nos races indigenes dans les memes con trees ou les cbevaliers recberchaient jadis le cheval navarrais, si admir6 dans le lournoi , et dent les derniers rejelons onl disparu de la France. Pendant les recbercbes qu'il faisait pour Irouver ces beaux produits de I'Arabie, ii eut le bonbeur de ren- conlrer noire compatriote M. Lal'argue, voyageur actif, intelligent, qui n'a pas de systenie a faire prevaloir, et qui, revenu du fleuve Blanc, faisait avant d'y relourner un court sejour en Lgypte. Nous donnons ci-apr6s une note de M. Lafargue , avec les observations de M. d'Abbadie. Note de M. Lafargue, datee du Caire, 21 aout 1849. A la suite de deux voyages jusqu'au point extreme marque par M. d'Arnaud, j'ai reconnu I'exactitude de sa carte, saufles modifications suivantes : 1° A une demi-journde en aval du lac No, au 9° degre de latitude a peu pres , j'ai reconnu un cours d'eau consid<^rable qui vient du sud , a peu pres parall^le- ment au fleuve Blanc. Quatre ou cinq barques turques. ( 29A ) qui nous faisaient concurrence, croyanl nous suivre oil nous (levancer, out iiavigue sur eel affluent jusque vers 6" 30' de latitude. La, ce cours d'eau sc torminait en niarais a perle de vuo. Le voyage en ainont u dur6 cinq jours ; le relour du niarais an (Icuve Blanc s'est (•irectu(^ en (]uatre jours. 2* Nous avons appris cliez les Kekes, les Kliabes et les Elliens, qu'il y avail aussi du cote de I'ouest un cours d'eau considerable, parallele au fleuvo Blanc, pI separ6 de ce dernier par environ trois journ^es de route. Les K^kes m'ont appris que ce cours d'eau se r^unit au fleuve Blanc ^ la hauleur de Dim, par en- viron 7" de latitude nord. J'ai vaineinent cherch6 a constaler la position de ce confluent, et n'ai pu le faire, parce que probahlemenl rcmi)ouchure do celte rivifere aura dt6 masqude par les plantes mar(^cageuses. J'ai pris des iidormalions relatives ii I'origine do cet affluent; mais les n^gres des deux rives du fleuve Blanc ui'ont tous dil ignorer si ce cours d'eau 6tait ou non dependant du fleuve lui-meine. Les R^kes sont au noaibre des riverains de ce cours d'eau ; il y a du reste beaucoup d'aulres tribus; leurs noms m'^cbappent, 6tant restes a Berber dans mes notes. 3° J'ai reconnu I'existence d'un canal (branche?) qui s'etend depuis les environs de Wambek, dans le pays des Bborr (6° do latitude environ) jusqu'a Bou- ramp ou Bouc.imp, dans le pays des Tchir, parallele au canal de I'est indique dans la carte de M. d'Arnaud. A part ces details, je rends hommage a la carle de ce dernier. Nous avons fait usage de nos armes chez les Bborr; partout ailleurs nous trouvames un accueil bienveillant. ( 295 ) Les pays n craindro pour leiir iiisalubiite s'(^tetulent depuis le lac Nd jusqiie chez les Elliens ou Tchir, ot la plus mauvaiso saisoii dur(.' de; uis Ic 1"" octobre jusqii'a la mi-noveinbrc; aiissi doil-ou parlir de Kartum dans le inois de novembre. Avant cetle epoquo, on aurait a soufTrir des vents du sud et des pluies (prUs anienent. De la niinovembre jiisqu'a la mi-fevrier, on est accom- pagnd par les vents du nord : eel espace de plus de deux mois suflit pour pousser fori loin. On peul se rendre de Kartum, jusqu'au h" degre, avec (\Q.sdahnbi (sorte de barque) a deux mats do 250 a 300 anlebs : ce voyage ne prendrait que quarante-cinq on cinquante jours, pourvu qu'on ne s'arretat nolle part, excepte pour renouveler les provisions de viande. Au h^ degre, on a offert de nous conduire au niar- cbe de Berry, voyage de quatre jours pour Taller et le retour. On nous dit que nous y retrouverions des gens rouges a longs cheveux : ceux qui nous donnaient ces renseignements etaient des n^gres a cheveux lai- neux. La langue arabe est parlee jusque chez les Cbelouks inclusivement, puis le dinka jusque chez les Tchir ou Elliens. Le Keilak ou Misselat est inferieur en volume a la brancbe desKekes, et, selon les indigenes, il commu- nique avec le marais en aval des Kekes. En amont de I'ile Jeanker se trouve une branche orientale qui so termine en aval par un terrain mare- cageux couvert de forels. Pres du fleuve, le terrain est moins humide, et il y a des zebres dans les environs. II y a aussi ou il y aurait une riviere venant de I'occi- dent, car elle est indiqu^e par des marais immenses ( 296 ) (|iie dos df'serls bciisus separcnt du fleuvc dans une etendue de deux et tiois journees. Le terrain y est ro- cailleux, et il ne s'y tiouvo pas de zebres, ce qui indique le manque d'un terrain a penlo , el par consequent I'absence d'un grand cours d'eau; il y a plus de pro- babilite pour que rafiluent principal vienne de Test. Obseri'ntioris de 31. Jntoine d' Jhhac/ie. M. Lafargue est i'un des Europeens qui connail le mieux les nombreux ineandres et le bassin si singu- lier du fleuve Blanc. II ne dit pas un mot de rafiluent qui viendrait du sud en amont de I'llc Jeanker, et cc tribulaire n'a meme 6te indiqud que par un seul des cinq Europ(^ens qui ont atteint le parallele de h" 42'. Les habitudes des zebres lournisscnt a M. Lafargue un argument neuf, mais fort important, puisqu'il est pris dans la nature : car lout le monde congoit que le petit sabot de cet animal ne s'accommode pas d'un terrain vaseux et peu solide. On veil que les rcnseignements fort importanls de M. Lafargue sont loin de prater de nouvelles confirmations a ccux qui veulent tracer le cours du haut fleuve Blanc d'apres les donates si in- completes et peut-etre si defigureos de Ptokhiit^c. Jus- qu'ici la Ires grande majorite des rcnseignements s'ac- corde a confirmer I'opinion emisc, il y a quelques annees, par mon frerc el par moi, que, vers le Ix" degr6 de latitude, I'afiluenl principal du fleuve Blanc vienl de Test. Le nouveau grand tributaire signals par M. La- fargue, et que I'interposilion d uu niarais rend a ja- mais indigiie du tilio d'afiluenl jiriiicipal, est un fait tout a fail inattendu. On concoit d'ailleurs qu'il puissc cxisler un couraut d'eau presque parallele a la brauche ( 207 ) principale, puisqiie les tres nombreux detours de celle- ci montrent que, de 6 a 9° de latitude, la pente du lleuve Blanc est des plus minimes. Si Ton se tenait aux anciennes notions sur les affluents de rive droite , on serait fort enibarrasse d'assigner I'origine de celui qui fut remont6 par I'exp^dition turque. En effet, le Baro avail Hi pris parmoi pour Ic liaut cours du Saubat de M. d'Arnaud, et celte opinion avail 6te implicitement admise dans les critiques, quclquefois un peu vives, . qu'on avail dirigees contre noire opinion sur I'origine du principal affluent du fleuve Blanc. Sans m'arreter a faire voir combien ces critiques elaient loin c^e faire pressentir le fail nouveau signale par M. Lafargue, je me bornerai a rnppeler ici : que nos notions sur le Baro se r^duisaient jusqu'ici a trois dires affinnes par tous les Galla du ^Yalagga, et donl le dernier m'a ele fourni par un cliasseur d'^lepliants qui a longtemps sejourne dans Lakku , lie multiple du Baqo, que rien ne m'cmpeche d'identifier encore avec les iles des Bborr, Elliens, etc., qui gisent par 6° de latitude. Ccs trois fails sont : 1° que la Baro, nee en Walagga, pos- sede une masse d'eau considerabli; et se dirige vers la plaine basse qui s'etend a I'ouest du Walagga; 2° que les eaux du Baro se reunissent a celles du Baqo; 3° que ce point de reunion est situe au nord de Lakku, a une distance telle qu'il s'applique a peu pres (^galement, soil a remboucbure du Saubat, soil a celle du nouveau grand tribulaire signale par M. Lafargue. Mes rensei- gnemenlsne fournissaicnt aucun motif de cboisirenlre ces deux opinions, si M. Trcinaux, dont la Societe vient d'entendre la communication si inleressante , n'avait jele un grand trait de lumiere dans cetle complicalion ( 298 ilos aniiierits de rive ilroilt.'. .Mes inloriiiatturs tlisaioiU en eflet que le ( Yahiis?) Dabus se joint au Aba) a plus has (jiie Ic Dicl-cta. On sail <|uo le Abaja esl legardd par lesGalla et par les Abyssins couiiiie un lleiive plus important quo le fleuvo Blanc luinieiue. D'apres Topi- nion (.le M. Beke, pleine de raison a nion avis, TAbbay, qui ensone le Gojjain, loin detre le lleuve Bleu lui- menie, n'en serail au conlraire qu'un affluent de. rive droite, et le vrai fleuve Bleu serait au contraire le Did- fsa, dont les eaux forinent deja, sous le 8* di'gre de latitude, un obstacle tres important et donl on serail fort embarrasse de determiner le sort par toute autre hypot'liese. Dans la spirale mcdilerraneennc du Goj- jam, les eaux qui se dirigent vers i'nrient soul pen copieusos; celles qui coulenl vers roccidenl oirnnl an conlraire des masses considerables, et le Ilabad, ainsi que le Binder, qui occupent la partie silu^e au nord de cette spirale, sont des affluents Ir^s importants du fleuve Blanc. II y a analogic porfaite pour la spirale du Kafla et pour les rivieres qui I'avoisincnt au nord. Le Yabus, le Birbir et le Baro, ainsi que les nombreux sous-affluents, nous montrenl que le systeme bydro- grapliique des pentes occidentales du Walagga est Ires devclopp6 et compense par le volume de ses eaux au manque de longueur, L'inl'atigable M. Tr^maux vient de nous dire que, vu le prolongement de la chalne du Dar-Foq , le Baro ne saurait se reunir au Saubat. On doit, ce semble, adopter pleinement cette rectifica- tion : il n'en saurait pourlant elre de meme de I'iden- tificalion du Baro avec lo Yabus, car les cens du W a- lagga, qui connaissent I'une et i'aulre de ces rivieres, m'en ont toujours parle comme de cours d'eau toujours ( -299 ) clislincls quant a lours emboucluires. Dibar, le savant du Gudru, tn'a (lit que lo Baro se joint au Baqo, qui se joint au Abay, et que le Yabus (Uabus des Galla) est unc rivi^ie tout a fait clistincte du Baro. Celte as- sertion est pleinement c,onfii inee d'aiileurs ])ar le ren- seigneuient de Walubi Gore, qui met expressement la source du Dabus pres de Sayo, et par consequent a une distance fort notable de la j;rande foret qui ren- fernie les sources du Gojab, liu Did-esa et du Baro. Je suppose d'aiileurs que le Dabus des Galla doit elre idenlique avec le Yabus du bas pays. On peut prouver que, dans les langues de celte partie de lAlVique, le D se permute avec I'i . Quant au Baro, il est tout a fait permis de le diriger vers le nouveau grand niarais signale par M. Lafargue. Les aifluents qui , sous les noms de Bouga, Siri, Mi- i et Kotada, se reunissent a la rive gauche du Baro, indiquent assez que celte der- ni^re riviere ne coule pas tres loin de la route dirocte qui mene du Walagga chez les Bhorr. RlJhNES DECOUVERTES PRfeS DE TUNJA, DANS t'AMiftlQUE CENTRALli. [Lettre de M. le colonel Acosta a M, Jomard (Ij. Guaduas ( Noiiveile-Grenade ), i5 fevriei- l85o. Voici deja six luois que je suis dans mon pays, et vous auriez droit d'etre surpris de n'avoir pas do nies ( I ) Le Itclt'ur est invite a lii e dans 1(> Bulletin (3' ser., t. VIII, j). ()j) la letlreile M. Vale/., a ipii Ion doil la decnuvertc iles cf)lonnesdonl il ( 300 ) nonvelles si le leirible fl«^aii du cliolclra, qui a onleve le quart dos populations sur nos coles de rAllanlique, ne in'avait pas releiiu longlciups a remboucliure de la Madeleine, sans pouvoir conlinuer men voyage. De- puis inon arrivee dans I'interieur, je n'ai rien eu de plus presse que de faiic vine excursion pour visiter les I'uines dont mnn ami M. \ alez nous avail denonc6 I'existonce. A vingt lieucs au nord de Bocola ct a six lieues en- viron a Toccident do la ville de Tuiija, ancienne cour des Znqiies, ou rois de la moiti^ de la nation ohibclia, existe une belle vallee , elcvee de 1600 metres au- dessus du niveau de la mer, et par consequent a un millier tie metres au-dessous du plateau IVoid oii sont situees les villes do Bogota et de Timja. La valli^o est arrosee par dos rivieres limpides, dont les bords sont ombrag^s par des saules pleureurs ol des Echinus molle; mais les pontes des inontagncs sont arides et couverles de cactus, veg^taux qui envahissent tout ce qui paralt impropro a loute cullurc : c'est la meme formation crc^lacdo qui rend si arides vos plaines de la Champagne et le dcpartemcnt de ^'aucluse, et qui a pris dans nos conlrees un immense developpcnient. Cej)endant los ancions habitants de ce pays savaiorit V;i etre i[HCblioii. iS'ous i:i|)i)iloiis ici riiilir'-t (|iie pif'scnU?, sous lo rapport ilcs aniiquiles el ili' l.i I.iiijjul', Ic |ilat(MU de Cundiiiaiiuirca; on y a ivciuilli ilis oiivm{i;es Irus curicuv ile 1 iiiiiuslii<" ties anciens Cliibclins. '1 oul le ( ouri du Rio Ma{;daliMiii, aii-dessus et au-dessous du Bogota, iiici iler.iit d elic cxiiloic : on croit que le lo:iel A-o-ita.) .1oM\RII. ( 301 ) en tirer parti, et la cochenille r^colt^e sur ces cactus donnait les teintes qui embellissaient les ^tofles de luxe des chefs et caciques de toute une nation de prfes de deux millions d'ames. C'est sur la partie la plus plate de cette vallee, dans un champ seme aujourd'hui d'orge, d'une etendue de pr^s de cinq cents metres de longueur sur trois cents de largeur, appele par les habitants el Infiernito, ou le petit enfer, que j'ai vu et mesur(§ les colonnes sans piedestaux, ni chapileaux, qui ont 6t6 placees la par les indigenes, tres probablement peu de temps avant I'oc- cupation du pays par les Espagnols. Les colonnes sont sur deux rangs parall^les, toutes ^gales et placees dans la direction de Test h I'ouest, et par consequent dirigees vers le temple principal du Soleil, situ6 a Sogamoso. Elles sont brisees, la plupart, a un demi-metre au-dessus de la terre, dans laquelle elles sont enfonc6es de plus d'un m^tre, mais non pas verticalement. J'ai mesurc^ Tangle d'inclinaison de chacune de ces colonnes vei's I'interieur du parallelo- gramme forme par I'ensemble : cet angle est de 25°. Dans le rang du sud, on voit encore trente-quatre co- lonnes de quatre decimetres de dianietre, plac^es a une digale distance de quatre d^cimfetres. Sur le rang septentrional, il en existc seulemcnt douze, placees a la m6me distance; mais j'ai trouv^ a quelques cen- taines de pas, vers le nord, une colonne entiere cou- ches, de cinq metres et demi, ce qui paralt avoir 6tti la longueur originale de ces colonnes, dont les tron- Qons mutiles oi'nent les edifices du voisinage. II y en a trente-deux dans Tancien convent do la vallee (VEcce- Ho/no, bati a deuxlleues h I'occident do roniplacement XIH. MAI. 3. 21 ( 302 ) du tehipit! iiuiien ; douze a la place principale dc la xille de l.eyva, chef-lieu du canton, qui est situ^e :\ uiie lieue environ, a Test, au piod de la Cordillere, ou Ton monte pour arriver a Tunja. J'en ai examine en- core deux a Sutamarchiin , village au sud , sur le che- nain de Bogota. Toule la vallee a I'ouest est couverte de pierres, lon- gues depuis deux metres jusqu'a qualre, cinq a huit d^ciui^tres do largeur et quatre a six de hauteur, avec une forte rainure a un ou deux pieds dans une des extr^init^s, qui est toujours celle tournee vers Test, et qui evideniment avail ete faite pour trainer c\ bras ces pierres qui devaient servir pour couvrir le temple, les plus longues placees liorizontalement sur les colonnes, et les aulres pour former la loiture ou attique. J'en ai compt6 environ cent, la plus eloignec liree de la ri- viere d'Lbasa, a plus de huit lieues au nord. Les pierres appartiennent toutes aux assises de gres vert, qui al- ternent ici avec les couches sup^rieures du terrain n^ocomien. Le grfes est rouge, fort dur a tailler, el les oulils des Indiens etaienl construils de silex ou pierre lydienne; par consequent il leur elait fort difficile de couper les roches sur place, et ils n'avaient d'aulre moyen que de chercher, a toules distances, les roches isol6es qui se rapprochaient des dimensions voulues. 11 n'y a que les colonnes cylindriques qui demandaient autre chose qu'un grand nombre de bras; mais il n'etait pas diflicile aux Indiens d'imaginer I'emploi d'un anneau de bois pour obtenir certaine r^gularit^ dans la laille des pierres cylindriques. Je suis assez faniiliei', comme vous le savez, par la nature de mes eludes, avec I'^tat do culture des Chib- ihds a I'epoque de la decouverle de leur lerritoire par ( 303 ) lt!S Espagnols, pour pouvoir anfirmcr que, dans celle cntreprise do construction il'un temple de pierre , ii n'y avail rien qui fiU au-dessus des nioyens que nous leur connaissons, el que, par consequent, il faul aban- donner I'id^e d'une race plus avancee en civilisation, jiour expliquer cos rulnes. Jo \oiis envoie une esquisse du temple dessin^e, avec les mesuresque cesmaleriaux nous fournissenl; ce n'est pas unerestauralion, puisque Je monument ne fut jamais ])ali on tolalil(^, le plafond ou les poutres [vigas, comme les habilants de la con- iree les appellent encore) n'etant pas tons parvenus a doslinalion; clle sufiira pour vous donner une id(^e dn projel de construction do nos Indiens. II n'v a rien de plus naturel, choz des chefs despoliques, comme I'elaient les Zaques de Tunja, que do vouloir se faire conslruire un temple ou un palais dans un pays d'un climat delicieux, soulemenl eloigne de quclques lieues do la capitale de lours domaines, situoe dans un pays froid. Les zeppas de Bogota avaient iles maisons de plai- sance dans les vallees plus temp^r^es de la Gordillero, oil ils passaienl les mois les j)lus brumeux de I'annee, ol dans lesqiiels le sejour de Bogota est desagreablc. Je ne desespcre pas de trouver dans mes excursions des ruines plus anciennes, el je comple visiter bienlot les sources de la Madelaine; en attendant, je vous en- voie une inscription gravec en croux sur la roche por- phyritique des bords de la Madelaine, dans la province de Neiva, qu'on a copiee pour moi, ot que vous pouvez comparer avec d'autres caracteres amdricains. Vous ne tarderez pas a rccevoir ma description des lioux oh ils se Irouvent, el quo j'osp6ro parcourir bientot. Agreez, etc., etc. Signe Jo ^Qll^1s Acosta, XMl. MAI. 3. 21 * { 30/i ) SlU LA IMlOLOiNGATlON D LN ARC DL MKUlDH^iN JUSOu'aU cap MIRD. E J. trait d'uiie let tie ccrite a I\l. le ntinistre des affaires etrnngeres le Q Jevrier 1850, jjar M. Bellaigue de Bu- ghaz, gerant le coiisidat de France a C/iristiania. L'astronoinc russc M. Slruve a, par orchu de son 5^ouverneraenl, consacr6 de longucs annees au uiesu- rage d'un meridien s'elenJant dejuiis Ismail, a I'em- houchure du Danube, jusqu'a Tornea, sur iin espace de plus de vingl dcgres. Ce grand travail acheve, il elait de la plus haute importance scientifique de prolonger le meridien jus- (ju'au cap Nord; le gouverncment norvegien I'a com- pris, et , a Tinstigalion de la Russie, il s'est empresse d'envoyer dans le Finraark, vers le milieu de I'annee 18Zi5, puis en 18/i6, deux olficicrs du ginie pour y faire des etudes prc^paratoires. La conrormalion du terrain et la rigueur du climat rendaienl la taclie Tort penible; le z^le des ingenieurs norvegiens a cependant triomjilii de toutes les dilfi- cultS LES AHIRES LOCALITiS DE l'aFRIQUE CENTRALE, PROPOSfe PAR M. LE DOCTEUR BODICHON. Quelques voyageurs frangais ou etrangers cherchent jjiaintenant a penetrer dans I'intdirieur do I'Afiique. Les uns onl pour but Tombouctou; d'autros, les pays situ^s enlre cette ville et le lac Tcbad. Les fails suivauts me semblent devoir fixer I'attenlion dcs explorateurs; je les presente comme complement du projet d'explo- ration que j'ai public au mois de juillcl 18^9. Jnt/iropo/ogie. — Au lemps de Procope , il existait des pojjulations blanches dans I'interieur de I'Afrique, Seraient-elles issues des Europeens au service des ar- mies carthaginoiscs et romaines? Seraient-elles les Touariks modernes? Les Touariks sont-ils indigenes? Sonl-ils d'imporlalion europeenne? lib sonl blonds, ( 306 ) dit-on, comme les Germains. I^eurs traditions les re- presentent-ellesconimo descendant d'anclennos popu- lations clirc^liennes? Verifier leurs traditions, dtudier leiiriangue, leur physionomic , leurs aptitudes mo- rales et physiques, surtout la forme de leur crAne. Les voyageurs aiabes disonl qu'aux xv* et xvi* si^cles il y avait, aux environs de Touihouctou, des blancs assez somblables aux Chretiens. Rocherchor si quel- ques Iribus blanches, el a pcu pn^s cliretionnes , ont exisl6 a oelte epoque dans I'Alrique cenlralc. Verifier par la tradition orale si des chr<^liens auraient emigre vers I'inl^rieur en fuyant I'invasion arabe. Les Toua- riks onl-ils quelques similitudes physiques et morales avec les peuplades blondes des raonts Aures el autres points de I'Allas ? S'ils sonl blonds , ils sonl certaine- ment d'origine germaniquo ou celtique. Voir surtout s'ils ont les veux bleiis. La race negre se developpe-l-elle mieux dans les contrees humidos ct chaudes que dans les contrees chaudes et s^ches? Ses facull^s intellectuellcs el mo- rales, ses formes physiques, s'ameliorent-elles a me- sure qu'elle se rapproche ou qu'elle s'^loignc de le- quateur ? Quels sont les plus complels et les plus aptes a la civilisation parmi les n^gres, les orientaux ou les occi- (Icntaux ? D'aprrs leurs diverses traditions, quel est le berceau de leur race? On croil que les negres americains sont plus beaux et plus aptes a la civilisation que les negres afrioains. Verilier par I'exainen local si cette race se developpe niieux sur la terre dtrangere que sur la terre nalale. Cela imporle a la civilisation future de I'Afrique. ( 307 ) II faut savoit eii elFet si la Nigrilio pi-ut inieux si: civi- User a I'aide rles noirs iinportes d'Ainerique rjue par les noirs africaius. Dans rAnierique continentalc el insulaire, les negrcs vivent moins longtenips que les homnies des autre? races. Reclierclier ^i lour vie est plus longue dans ieur pays nalal. A quel age de m^moire d'homme les ne- gres les plus vieux parviennent-ils? Nomme-t-on des centenaires, coiniiie il y en a dans toutes les auti'es parties du nionde ? Les negrcs au dela de requateiir sont-ils sup^rieurs aux negres d'en deca de I'equateur? On croit que quelques noirs ont une ecriture par- ticuliere. Verifier ce fait. Cetle ecriture, si elle exisle ou si elle a exists, est -elle alphabetique ou hi«^rogly- phique? En rapporter quelques caract^res. Les negres se sont-ils ameliores ou d^terior^s sous linfluence de I'islamisme? Etudier I'etat social des idolalres. Les idolatres onl-ils le fanatisrae religieux ou le proselylisme religieux des negres musulmans? Y a-t-il eu dans le Soudan une civilisation anterieure a Tislamisme? On croit que la ville de Birnie, dans le Bournou, dlait autrefois une ville de deux cent mille habitants. A (juelle cause attribuer cet accroissement et sa destruction? A-t-elle prec6d6 ou suivi I'invasion des id^es musulmanes? Par quels signes se manifesle la civilisation indi- gene, si toutefois elle existe independanle de toute im- portation ? Quelles sont les principales causes de I'anthropo- pliagie? Est-ce la famine, la guerre, I'esprit de ven- geance, un goOl inne? Est elle regularis<^e par des ( o08 ) couluiues) ou (les lois ? Les repas tie chair liumalne sont-ils prdpares par des prelres ou inclisllnclemcnt par lout indi\idu? La religion sanctionnc- 1- elle les repas tie chair humaine? L'anthropophagie coincide- t-elle avec une civilisation avanc^e, ou bien esl-elle coincidenle avec un etat social tout a fail primitif ? Les infanticides sont-ils permis, mfimedans une civilisation avancee ? Le christianismo pcut-il s'iinplanter facilement dans le Soudan? Les populations negres reconnaissent-elles la superiorile des biancs? Les negres font-iis des eunu- ques? S'ils en font, rechercher quelle est I'origine de cctte coulunie. Ainsi, est-elle 6trang6re, est-elle indi- gene? L'<^mascuIalion apres la victoire , d'aprfes la cou- turne abyssinienne, a-t-elle ete, est-elle appliquee dans le Soudan? Quclques peuplades soudaniennes ont-elles, comme les Hollenlots. la coutume d'enlever un testiculc aux enfanls? Conslater si cet usage est parvenu en dec^a de la ligne equaloriale. Les Fellalahs et Zergous, ou Peuls, formcnt-ils une race m^tisso, issue des blaycs et des noirs? On a cru qu'ils etaient un rameau des races oceaniennes. tlu- dier les traditions sur leur originc. Exislenl-ils depuis longtemps, on Afrique, comme race? II est pro- bable qu'ils sont aborigenes. On pourra presumer qu ils sont de race blanco-noire , s'ils rossemblenl a nos mulatres. Geographie. — Mungo-Park est le seul Europ^en qui ait navigue sur le Niger a parlir de Tombouclou jnsqu'a Boussa. Sa mort et la perte de ?es notes rendent in- certaines les connaissances que nous avons sur le cours ( 300 ) du nioyen Niger. Kludier si ce tleuvc est navigable de Cabra a Yaouri. htudier les cataractes siluecs erilre Yaouri et Boussa. Pcuvent-elles Sire detruiles par I'art europeen ? Si les cataractes etaient enlevees on tour- nees, le Niger serait probablement accessible a la na- vigation des barques europ^ennes de son embouchure a Baminakou; ce serait I'art^re de la civilisation dans I'Afrique centrale. Le Niger moyen passe pour envoycr a gauclic I'un de ses bras vers le lac Tchad ; on a pcnse constaniment qu'il 6tait en communication avec le Nil par le fleuve Blanc; htudier ce point important de la geographic. II parait certain que le Niger moyen perd une partie de ses eaux. Est-ce par infiltration a travers les sables? est-ce par des canaux souterrains? est-ce par un ou plusieurs d^tournements a droite ou a gauche? Toutes ces questions doivenl fixer I'altention des explorateurs. Commerce. — Etudier les routes commerciales du Soudan. Apporter des 6chantillons d'or recueilli en poudre, des echantillons d'indigo. Y a-t-il des rapports commerciaux cntre le Soudan et I'Afrique cenlralo, entre le Soudan et I'Abyssinie, le Zanzibar, les cotes de Mozambique? Hisloire naturelle. — Le cafeier croit naturellement dans les possessions jiortugaises de Loando et de Ben- guela. Rcconnaitre s'il crott naturellement dans le Sahara, surtoul dans les oasis septentrionales. Jusqu'ou s'etend , vers le nord , la culture du gom- mier? Recoltc-t-on de la gomme a Toual, Ahir, Agadez? Les Sahariens occidenlaux ont-ils,comme au x'siecic, des troupcaux d'autruches apprivoisees? ( 310 ) Les oiseaux emigrants, caiJIes i-l liirondclles, pas- seiil-ils de J'auUe cole de I'equaleur lors de leurs enii- gralions d'Europe en Afrique ? MOMJMENT NATIONAL DF. NVASHIN(iTON. Le peuple americain i\i>\e en ce monoent a Was- liiiiiiton un monument nrttinna/ au moyen d'une sous- criplion generale. Cliacun des luats est reprdscntd dans le monument par quelqiie roche distinrtive. La part de la Californie et de I'Oregon a d^ja 6t6 envoyee a la capitale. La pierre angulairo {corner stone) pese 13 tonnes. La hauteur totale du monument est de 614 pieds anglais. II se comjiosc d'lin obelisque de plus de 500 pieds, reposanl siir un grand batiment circulaire a colonnes, de I'ordre dorique grec, appele pantheon, ^le\e de 100 [)ieds, el d'un diametre de 250 pieds. L'^Ievalion du monument de Washington Teniporte, sur la hauteur actuelle dc la grande pyramide de Giz^h, de pres de 150 pieds anglais. J — d. ANALYSE DBS OUVRAGliS OFFEHTS A LA SOCI^T^ DE G^OGHAPHIE PENDANT LE MOIS d'aVBIL. La Rei'iie de T Orient (numero de l^vrier) conlient : i" un historique di-s ((Relations politi(]ues el commer- cialesentre la France el le Levant auleri.-urem,iQut ap-x ( 311 ) Ca])iUilatioiis, » par le redacteur en chef, M. JoufTroy d'Eschavannes; 2° une Eliule sur rinstruction publique musultnane en Algerie ; 3° une note (( Sur la produc- tion des cereales et sur I'eleve des bestiaux en Alg6rlo,» par M. A. Hardy, directeur c!e la p^pinifere cenlrale du gouvernenienl , a Alger; h" un arliclo de M. E. Pajol sur les effets de « rEmancipation des esclaves a I'lle de la Reunion; » 5° un « Memoirc , de M. Rochet d'Heri- courl sur I'etat constant de soulevement du sol du golfe Arabique et de I'Abyssinie. » Nous reproduirons ici quelques unes des observations interessantes que renferme ce dernier travail. La region parcourue par I'auteur s'^tend de Mas- souah au lac de Tsana , dans la direction de Test au sud-ouest. Lcs rivieres qui sillonnent cette region en indiquent la configuration generale. Deux pentes prin- cipales d^terminenl leurs cours. Depuis la mer Rouge jusqu'au fleuvo du Fakass6, les principaux affluents de ce fleuve coulent du sud-ouest au nord-ouesl. Le Fakasse, apres avoir suivi la meme direction, tourne le plateau du Semen, et va rejoindre le Nil, en coulanl de Test a I'oucst. Le point culminant de la route suivie par M. Rochet d'Hei icourt est, a huil lieues au nord de Gondar, la montagne de Kamby (2 597 metres au- dessus du niveau de la mer). A partir de ce point, les pentes inclinent vers le lac de Tsana, du noi'd au sud. Ainsi, a mesure qu'on avance de Massouah vers le lac, on voit le terrain s'^lever par rampes successives jus- qu'au plateau du Semen, le plus ^lev6 de I'Abyssinie, et qui a pour point culminant le Ras-Bouahile (4 330 metres). De la il s'abaisse vers le lac. Les chalnes do montagnes, dont la direction generale est de Test- [ ?.]■> nonl-esl an sucl-sud-ouest, sont \e piotluil dc soul^ve- ruenls volcaniqucs. M. llocliet d'Hericourt cile les points ou COS soulevonienls presentent lo plus d'interet aux geologues. 11 a observe des eaux Ihermalos fortc- luent chargees de sulfate de soude et de magnesie dans les environs dc Massouah et pr^^s des ruines d'Adulis. Ces ruinos, que le voyageur a explor^es avec les plus grands details, sont a dix-sept lieues au sud de Mas- souah, au fond du golfe de Zeyla; on ne doit pas les confondre avec celles d'une ancienne ville nomm^e egalement Adulis, et silude a i'ouest de Zejia, en de- hors du detroit de Bab el-Mandeb. Les ruines d'Adulis, visit^es par M. Rochet d'Hericourt, occupent un espace de six a sept lieues de circonferencc, et annonccnt une ville qui a du avoir la splendeur d'une capitale. Sa destruction a ete ^videmmcnt causee par des souleve- ments. M. Rochet ajoute que les phenom^nes volcani- ques qui ont imprime le caractere geologique a cettc region se reh'ouvent snr la rive oppos^e du golfe Ara- bique. De Yambo au golfe d'Akaba, 11 a observd des traces incontcstables de soulevements, parmi lesqucls il en est de ties recents. Dans I'interieur de I'Abyssinie, les signes gcologlqucs sont nombreux : crateres eteints, basaltos, coulees de lave, parlout Taction volcanique se manifesle, avec sos dechirenients violeuts, dans les inontagnes qui bornent I'Aniasen, a dix-scpl lieues a I'ouest de Massouah; dans celles qui encaissent le Fa- kass6, et qui s'el^venl presque verticalenient a une hau- teur de 617 metres; dans celles de la Malmont, un des points tr^s elevens du phiteau. Gondar est bati sur iin ancien volcan clcinl; dos coulees dc lave assez consi- derables couvrent rcmpluceineiil ou so tient le marche. ( ;^'3 ) l^c lac dc Tsana , qui forme un bassin d'onviron cent lieues de ciroonfercncc , a 1 750 metres au-dessus du niveau de la mer, n'est qu'un immense cratere. M. Ro- chet d'H^ricourt en a visile les principales lies; elles sont toutes d'anciens volcans 6teints, ainsi que les montagnes qui circonscrivent le lac. II a fait soixanle- quatre sondagcs sur plusieurs points du lac; dans la partie nord , non loin de File Matraha, une sonde de 197 metres n'a pu atteindre le fond. Les couches des roches qui forment I'enceinte du Tsana ont c\i d^ran- p;6es par le 50ulevement de leur plan primordial, et forment, relativement au plan horizontal, des angles qui s'ouvrent depuis 17 jusqu'a 65 degres. II y a aulour du lac vingt-cinq sources d'eau chaude ; I'auteur en u observe sept, dont il a determine la temperature. Le mont Ras-Gouna, dont la liauteur est de 3 948 njetrcs audessus de la mer, et sur lequcl le voyageur a ren- contre pour la premiere fois les arbres cierges (famillc des cactus), qui ne croissent qu'a cette ^l^vation ; le mont Ras-Levau, qui domine au sud la province de Belessa, dontle sol porte partoul I'empreinte des feux souterrains, sont les sommets de plusieurs volcans considerables. Ras-Bouahite, la cime la plus elev6e de I'Abyssinie , est un amoncellement de volcans perces de profonds crateres a Test et a I'ouest. II y a deux montagnes de ce nom ; elles ont ete quelquefois con- fondues par les voyageurs; celle-ci est au sud du Se- men, et M. Rochet en a determine la hauteur, qui est de 4 330 metres au-dessus du niveau de la mer. Au mois de fevrier 18/i9, (^poque ou le voyageur y a fait ses observations, la neige s'y voyait encore dans les en- droils abritcs du soleil; ellc y sejourne ordinairement ( SJA ) pendant hull mois, do la fin de jiiillol a celle do mars. M. Rochet d'lloricourt conclut do rexistence do nom- breuses sources d'eau chaude, de coquilles que Ton rencontre a la surface d'un sol olevti , et qui existent encore vivantes dans la nier Rouge, de la disparition de sources et de cours d'eau assez considt^rablos-, de noinhreux cones volcaniques , de quanlite de laves qu'on observe dans beaucoup de localiles, du nouibre infini de ruines, donl quelques unes annoncenl la pcrte de villes d'une tr6s grande «^lendue, que lo goUe Arabique et I'Abyssinie sont en etat constant de sou- levenient. L'auteur se reserve d'apporter, dans un tra- vail qu'il prepare sur ristlime de Suez, de nouvellcs et nombreuscs preuvcs de ce qu'il avance. Le nuuiero de mars de la Revue de V Orient rcnlermc la premiere partie d'une « Notice g6ographique et his- lorique sur V Afganistaii ou ylfgnni-stUhdn, » redigee parM. AutoineLeroux, dans laquelle ontet6 insures les nombreux mal^riaux recueillis do Irois nogociants ar- meniens avec lesquels le redacteur de la Revue a el6 en rapports inliaies pendant dix mois. « Cos trois vu\a- geurs, adonnos au commerce des clialos et etofles pr6- cieuses, avaient pour ainsi dire sillonne I'Orient dans lous les sens; ils en connaissaient a fond les divors usages, ce qui leur avait ele d'aulant plus facile qu'ils parlaicnt couramment le turc, le persan, I'arabe, et que, par la nature de leur commerce, ils avaient faci- lement acces cbcz tons les individus des diverscs classes. » M. Prax insere dans co numoro la suite de scs Obser- vations sur Tunis ot lo imrd d-' rAfriquo. II s'altacho a ( 316 ) (ionner des renseignemenls precis sur les caleiidriers musulmans, la division du jourcliez les Arabes, la lon- gueur des journees de marche des caravanes, I'^valua- lion du mille arabe, et sur les monnaies, poids et me- sures de Tunis. « II serait tres int^ressant pour les besoins du commerce , dit I'auteur, d'avoir sous les yeux les rapports des unites de mfime espece employees en France et dans les principales contrees soumises a rislamisme : c'est une lacune que V Jiinunire du Bureau des longitudes n'a pas encore comblee. J'ai recueilli pour ce travail de nombreux documents qui, je I'es- p^re, seront prochainement completes. » Nous extrayons d'une letlre adressee a la Soci^le orientale , par M. O. Mac-Carthy, les chiffres ofliciels de la population de Tlemcen, en Algdrie. Celte ville avail, au 1" Janvier de celte ann^e, 9 A43 habitants, dont 5 860 indigenes musulmans, 1 854 Israelites indi- genes ou aulres, et 1 729 Europeens. Sur ce dernier chifl're, on comptait 1039 Frangais , 382 Espagnols, f)6 Italiens, 37 Aliemands. D'apres le Bureau des af- faires arabes, en 18/i9, la population de la ville et de la banlieue s'^levait all 500 individus. La banlieue, dont r^lendue, reunie a celle du territoire m^me de la ville (11000 hectares j, est de 23 000 hectares, se compose d'une petile ville, Sidi ben-Medine, et de dix-sept vil- lages ou hameaux, dont plusieurssonl en conslruction. L'emplacement de Ninive fait le sujet d'une autre lettre de M. 0. Mac-Carthy, adressee a M. Hcefer, en r^ponse aux articles pul)lies par V Illustration, dans lesquels ce savant conteste que Ninive fOt sur le Tigre, et cons^quemment que les decouvertes failes a Rhor- sabad et aux environs appartinssent a Ninive, M. Mac- ' 310 j Carlhy tliscute les lenioignages tie Ktdsias, tie X^no- phon el tie Lucien, invoques par M. Hocfer, et s'appuie sur les lexles d'Herodotc ot tie la Gen^se, controles par la tratlition, par les reclierches et les explorations modernes, pour prouver que la capllale de I'ompire assyrien 6tail bien situ^e sur le Tigre, et que les ele- ments de d(^coration persane qu'on decouvre dans les palais enfouis sous Rliorsabad niontrenl seulemcnt que Ninive fut, conime on le salt, possed^c et habitee par des monarques persans dcs anciennes dynasties. A naiTati\'e vf arctic discovery, from the. earliest period to the present lime i\'itJi the details of the measures adopted by Her Majesty's go<>eriiment J'or the relief of the expedition under sir John Franklin, by John J. Siin.LiNGi.Aw. r>ondon, 1850. M. de La lloquette a pens6 qu'll pouvait 6tre interes- sant pour les lecteurs du Bulletin d'y trouver unc ana- lyse delaillee de cet ouvrage, et s'est cliargt!! de la re- diger. Nous croyons devoir nous borner en cons(^quence a faire observer, en donnanl le titre de I'ouvrage de M. Sbillinglaw, que cet ecrivain passe en revue toules les explorations au pole arclique, et en particulier cellcs qui ont ele onlreprises depuis la d^couverle de I'Am^rique jusqu'a nos jours, i)Our Irouver, soit par le nord-ouest, soil par le nord-esl, un passage pouvanl servir de communication entre les deux oceans. Bulletin de la Societe geologicpie de France (2*= s6rie, t. VlI,feuilles/i-8). M. Constant Prd'vost a developp^ devant la Societe geologique un jirojol de Description geologique, detaillee et raisonnee, du litloral de la France, travail immense ( S17 ) pour leqiiol il rd'clame rnssistanoe dos geologues, des niarins, do.s geographcs, do tonles les personnos qui, parleur position ou leur sejour sur nos cotes, peuveut se livrer a des recherches locales prolong^es. II se pro- pose de publiei' prochainement une instruction 6le- mentaire dans ce but. 11 cite, comme devant servir de guide aux observateurs qui voudront contribuer a la description de noire littoral, le relev6 g^ograpbique et hydrographique publie sous le titre de Pilote frnii- cais, par M. Beautemps Beaupr6 : la ])lus grande am- bition de ceux-ci devra etre, dit M. C. Prevost , que leurs travaux puissent etre consid^res comme le com- plement necessaire du Pilule francu is. M. Alcide d'Or- bigny a fait dans scs nombreuses publications un tra- vail analogue a celui que projette M. C. Prevost; mais celui-ci assure que sa publication, qui doit utiliser les belles recbercbes de M. d'Orbigny, n'en sera pas un double emploi. Dans une autre seance de la Societe, M. Boubee a presente des considerations sur la cause et I'origine des niveaux, terrasses ou etages qui s'el^vent sur divers points des rivagcs de toutes les mers, et fait observer, enli'c autres clixonstances, que les terrasses sont oc- cupees par des debris d'animaux dont on retrouve les esp^ccs vivanles dans les memes parages. Celte com- munication a 6te suivie d'une discussion a laquelle ont pris part MM. Hebert, C. Prevost, Martins, d'Omalius d'Halloy, Riviere et Elie de Beaumont, et dont le compte rendu rcmplit les pages 121-126 du Bulletin. Des questions tres imporlantes de geograpbie pby- sique y sont trait^es; nous engageons le lecleur a y recourir. xiii. \iAi. h. 22 :\]s ) Jnuvnnl ilrs missions ci'niigelitjues. li* livralson. Mars 1850. Les Ictlrcs dos ministres de la Soci^t^ des missions ^vangeliques de Paris renfernient souvent, au milieu des rdcits de leurs travaux et de leurs dpreuves dans I'Afriquo nu'-ridionale , des details de mceurs qu'il est utile de reciioillir. Le journal que cette Soci^l^ puhlie contient, dans son troisieme nuin^ro de I'annee, une relation de I'npostasie de plusieurs cliofs bassoutos donl la conversion avail naguere donned les meilleures esp^rances au niissionnaire do BtHhosda. En faisant part de cet 6v6nement a la Socicte . M. Schrumpf ajoule les reflexions suivantes sur les conditions de la puissance souveraine chez ces tribus : « On n'est Mo- r6na (chef) chez les Bassoutos qu'a condition d'avoir un grand nonibre de concubines, de savoir s'appro- prier du b^lail, n'imporle par quel moyen, de pouvoir enfin conduire ses partisans au pillage et les convier a des orgies ou ils s'abrulissent dans les plus grossiers plaisirs. De cette maniere , il n'est personnc qui no puisse devenir petit chef ou capitaine. Les enfanls m6me des chefs actuels n'ont pas d'autre moyen que celui-la de se faire reconnaltre et ^couter parce peuple vagabond et jaloux de sa liberie sauvage. Or il est Evident qu'un homrae. issu d'une famille de pelits chefs , qui se declare chretien , ne peut en aucune fa(;on recourir a ce genre d'expeditions pour faire re- connaltre son rang; de \k pour lui un d^laissement, un abandon presque cornplet de la part des paiens. Presque personne . a I'exception de quelques fiddles, qui encore ne le consid^rent plus que corame un fr^re. ( 319 ) ne se soiicie plus de lui. Voil^ done une grande hu- Tuiliation poui" cet orgueil de has ^tage, qui se ren- contre surtout parini des esprits grossiers el born^s... Ces Bengalis, qui s'^taient empresses d'entrer dans nos differenles eglises, y avalent ete ameni^s surtout par les terreurs d'une conscience bourrelee. lis entre- voyaient bien des sacrifices a faire, maisils esp6raient en secret que leur exemple entrainerait a Icur suite un grand nombre d'idolatres, parmi lesquels ils pour- raient se (aire un parti. Aujourd'iiui leur conscience peu delicate s'est endormie de nouveau... Puis Top- position des paiens a I'l^lvangile est g^nerale et opi- niatre... Voulant a toute force parvenir a I'exercice d'une aulorite convoit^e depuls longtemps, on ne voit plus dans le christianisme qu'un obstacle continuel a ces desirs chai'nels. » On trouvera dans cette meme livraison la relation de la d^couverte du lac Ngami, que le BxiUeiin a deja fait connaitre a ses lecteurs (num^ro de ftivrier et mars» p. \'oh), et un article 6tendu sur les travaux enlrepris par les missionnaires parmi les Indiens de I'ile du Prince Rupert, dans la baie d'Hudson. Bulletin de la Societe industrielle d' Angers. 20* ann^e. On trouvera dans ce volume une s^rie d'observations meteoroiogiques, faites avec beaucoup de soin par M. L. Raimbault a Thouarce. Zeitschrijt der Deutschen morgenlundischen Gesellschaft, 1850. — Journal de la Societe orientale d'Alleaiagne. t. IV, 1" cahier. Ce rahier renferme : ( ;V2() ) 1° K Des Notices de Al. Spiegel siir I'hisloirf ^1 ) topographie ol a I'ellinogiaphie de la Plionicie ; I'aulre de M. Gliddon, intitule : Handbook to the Ainerican Panorama of the Nile (Manuel du Panorama americain du Nil), public a Londros en 1849; et enfin le troi- sieme, de M. Beke, qui a pour tilre : The sources of the Nile. Londres, 1849, 6° Voyage en Palestine, par M. Philippe Wolfl'. Stutt- gardt, 18/i9. 1 vol. in-8°. Cartes des Colonies ncerlandaises , par M. le baron Melvil de Carnbee. Carte generate des Possessions neerlandaises aux hides occidentales . 1 feuille renfermant trois cartes parti- culiferes : de la Guyane neerlandaise ; des iles Sairit- Eustache, Saba et Saint-Martin ; Curacao, Bon-Airc et Ai-uba; et une carte d' assemblage. 1846. Carte de Vile de Sumatra. 1846. 1 feuille. Carte de Borneo. La Haye, 1848. 1 feuille. Carte de Varchipel de Riouiv, Singapore et Linga, 1848. 1 feuille. Carte de Vile de Celebes. 1848. 1 feuille. Carte des iles Moluques (comprenant une partie de la Nouvelle-Guinee). 1847. 1 feuille. On ne saurait Irop loucr I'execution de ces belles cartes, dues a M. le baion Melvill de Carnbee, et gra- vees a La Haye par M. D. Heyse. Uress^es sur les ren- seignements ofTiciels les plus recents, elles pr(5sentent des details geograpUiques enliereuicnt ncufs et roc- lifient une foulc d'erreurs de giseinent et de conligu- ( 322 ) ration portees sui les cartes aiil^iieuies. I, a carle de I'ile de C^lehes, par example, renfertne les routes du brick de guerre le Ponler (1839); de M. Brook, sur le Royalist (1840); de M. Vosniaer. sur le Celebes (183 J); du scl)Ooner royal le Sheen (1831 et 1832). II y a dans ces remarquables produils de la science neerlandaise une recherclie de precision et de nettet6 qui frappe au premier coup d'oeil. lis ont encore un merile que nous ne saurions passer sous silence. Cliacune des carles des lies malaises renferme un dessin figuratif des altitudes iiidiqueps dans le travail topographique. C'est un ele- ment ^minerament gt^ographique que presque tous les oartographes ont le tort de negliger; les chiffres qu'ils ont I'hahitude de placer a c6t6 du sommet des princi- pales montagnes pour en indiquer la hauteur absoltie ne suppl^ent aucunement au dessin du plan vertical de ces montagnes. Ces chiffres isoles ne parlent a I'in- telligence qu'a])rfes I'avoir forcee a un travail compa- ratil", et c'est la im grave d^faut, parce que tout dans une carte doit rester graphique et synthetique , n'ar- river a la pensee qu'en frappant d'abord la vue par Tensemble des fails. En jetant les yeux sur les cartes (le M. le baron Melvill de Carnbee, on verra combien son oxen) pie serait facile a suivre. .llgeincine stalistieke kacirt der ISederlandsche overzeesche beziltiiigen en Azie, Africa en America^ door P. baron Melvill van Carnbee, 1849. La Haye. i feiiille. Cette carte, encadree de tableaux chronologiques et slatistiques tr^s Interessants, represente les differentes possessions neerlandaises dans la Malaisie, I'Amerique el I'Alrique. Nous feroiis remaiquer que le nom de ( VIZ ) Malaisie, (jui ddsi^Hiie avec lant de precision les lies que I'on a appelees lour a tour iles des Epiceiies, iles de In Sonde, (irchipel Oriental, Jsiatique, Iiidien, n'est pas usite dans les geographies etrangeres ; il ne figure done pas sur cetle carte, ou Java, Sumatra, les Moluques, ct jusqu'a la Nouvelle-Guin^e , sent consid6r6es comme appartenant a I'Asie. Les donnees statistiques inser^es autour de la carte datent de 18^5 pour les possessions de la Malaisie, el du l"' Janvier 18A8 pour celles d'Am^rique. Nous en extrayons les chiffres suivants : GouviiBNKMENT DE Java , 22 residences (comprenant les iles de Madura, de Bawean , otc.) : Super/icie , 2 /i[i!i,& milles geographiques carros (a peu pres quatre fois I'ar^a des Pays-Bas). Population. 9 560 380 habi- tants (plus de trois fois celle des Pays-Bas). GoUVERNEMENT ET U^SIDENCES DE SuMATRA : Superficie, 6 719,2 milles geographiques carros. Population, 1 5/iO 360 habitants. RESIDENCE DE Bakka ( Bilitan el lies voisines) : Su- perficie^ 356,0. Population, Z|3 000. RESIDENCE deRiouw (Liuga, Nalunas, Anambas, etc.) : Superficie, U8,6. Population, 30 000. RfesiUENCE DE Sambas (Borneo) : Superficie, 2^6,3. Population, /|6 819. RisiDENCE DES COTES SUD ET EST DE BoiiNEO : Super- ficie, 6 567,8. Population, 311100. Ri;siDENCK D1-; la cote ouest UK BoHNto : Superficie, 2 561,6. Population, 304 076. ( 324 ) GoivEnNEMKM' i)K Makassar ( comprcnanl les lies BoGlon, Saloycr it Sumbawa ) : Supcifide, 2 149,9. Population, 1569 000. GouvERNEMENT DE Menado (coDiprenant Icslles Sangir el Talaut) : Superficie, 1 267,2. Population, 183 000. Residence d'Amboine ( comprenant I'ile Bourou , parlie ile Ceram, etc.) : Snpcrficie, 478,9. Population, 277 5 08. Residence de Terkate (comprcnanl parlie de C6* lebes, Tidor, Gilolo, Soulou , Obi, Waigiou) : Supei- ficie, 1 129,7. Population, 97 329. Resideince de Banda (coinpronanl la parlie sud- ouest de C^ram, les iles Ki , Arou, Tenimber, etc.) ; Supeificie, 411,3. Population, IbblQb. Residence de Timoi\ (comprcnanl Tjiuuba, Floris, Ombai.elc.) : Supcrficie, 1042, Population^ 1057 800. Dans les possessions ncerlandaises d'Amtiriquc , la populalion se reparlil commc suit : GuiANi. Pop. libro 12557. Esclaves. 40 413 CuRACvo .... — 10045. — 5479 BoN-AiRE. ... — 1333. — 2029 Aruba — 2 048. — 535 Saint-Eustaciie. — 772. — 1136 Saba — 943. — 1 657 La villfi de Paramariba coinpte une population lolale de 17 561 liabilanb, donl 9 875 io\\\. librcs. ( 3-25 ) Carte de Pekulungaii^ residence a C de de Java, pai' le docteur F. Epp. La Haye, 18/|7. 1 feuillc. Cette carle, dressec siir une grande ^chelle, ren- ferme des details topographiques tres minutieux. Les situations des plantations de sucre, de cafe, de th6 et d'indigo y sent mume figur^es. Ces derni^res sent les plus nombreuses; on en compte vingt et une; elles se trouvent presque toutes, ainsi que les cinq sucreries, dans la region du littoral. Les cafeteries ( il y en a sept) et les plantations de the (cinq) sont dispersees dans I'inlerieur, 6leve et montagneux, du pays, en se rapprochant de la chaine qui determine , dans cette partie de I'ile, les deux versanls nord et 5ud, et dont les Gounong (monts) Pramv (7 873 pieds), Batonr (5000 pieds), Kendi'ng (5 000 pieds) et Rogodjam- bangan (6 000 pieds), sont les points culuiinants. E. F. ( 326 j DEIIXIEME SECTION. Actes de la Societe. PR^SIDENCIi I)E M. POULAIN DE BoSSA\. COMPTABILITfi. - BIDGET DE LA SOClfiTl^.. La section de coinplabilite ayant ^t6 convoqu6e par le secretaire gin^ral de la Commission centrale a Teffel d'abord de conslituer son l)uiean , el pour delibf^rer ensiiile sur lui rapport qu'il se proposait de lui sou- mellre sur la situation des finances de la Soci^t6 et sur un projet de budget, s'est rdunio le 5 avril dans le local ordinaire de la Societe. MM, Isambert, Daussy, Jacol)S et Thomassy, mem- bres presents, ont nomme a Tunanimite M. Daussy president de la section, et M. Jacobs secretaire. Le secretaire general fait la lecture de son rapport, dans lequel il parle avec eloges du z6le el de I'intelli- gencc que I'agent de la Soci6t6 n'a coss6 de monlrer dans I'exercice de ses fonctions. Apr^s cette lecture, et apres avoir discut^ le projet de budget qui I'accom- pagno, ainsi que les mesures qui doivent on assurer I'exdcution, les nu-mbres de la section de comptubi- lit6, auxquels s'etaient reunis MM. Poulain de Bossay, president de la Commission centrale, et Jomard, pre- mier vice - president , donneul l»ur ap|)robalion aux ( 3-27 ) mesures contenues dans ledit rapport, et ddscidenl a I'unanimit^ : 1° Que le projet de budget ])resente par le secretaire }i;6neral est ado])te, mais qu'au lieu de s'appliquer a I'exercice 1849-1850, il s'appliquera a I'ann^e com- mengant le 1" Janvier et finissant le 31 decembre 1850; que le secretaire gent^ral fera les modifications ni^ces- sit6es par ce changement, et qu'un mode semblable sera suivi a I'avenir pour lous les exercices; 2» Que le tresorier de la Commission cenlrale four- xiira des comptes trimestriels signes par lui, et se con- formei-a a I'avenir, en ce qui le concerne, aux pres- criptions du budget relativement aux indications des chapitres et des articles de receltes et d^penses, en joignant a ces comptts un releve nominalif par ordre alphabetique des membres de la Soci^te qui auront, pendant chacun de ces trimeslres, acquitte, soit la colisation de I'annee courante, soit des cotisations arrierees ou anticipees, soit des frais de diplome, en indiquant les annees auxquelles s'appliquent ces dit- ferents paiements; 3" Que le compte general des recettes et des de- penses elTecluees pendant chaque anndse, et clos au 31 decembre, sera st)umis, avec toutes les pieces a I'appui, a la section de comptabilite, et v^rifie, apres son examen ]nealable, par les tleux membres de la Commission cenlrale design^s conformement aux dis- positions de i'arlicle 25 du reglement, et qu'apr^s avoir ete approuve par ladite Commission, leur rapport sera mis sous les yeux de I'asseuiblee gen^rale dans la pre- miere seance de I'annee suivanle, pour etre ensuite imprime dans le Bulletin, avec le budget et le compte des recetles et des depenses effectuees; ( 328 ) h" Que, par exception el pour cette fois seulemeiU, le conipte des rccettes et des ddpenses ofTecluees pen- dant le quatrieme trimeslre de I'ann^e 1849 sera pre- sent^ a I'asscmblee generale dans sa premiere seance de I'anncJie J 850, ainsi que le budget de celte deruiere ann^e ; 5° Que le tresorier devra tcnir un rogistre conformc aux prescriptions du budget, dans lequel les recettes el les depenses de toute nature seront inscrites dis- tincteinent et jour par jour; 6° Qu'il sera dresse ^galetnent le plutot possible, par les soins du tresorier et du secretaire general de la Commission cenlrale, des inventaires des Bulletins et des M^moires existant en ce moment en raagasin , ainsi que de la bibliotb^que et du mobilier de la So- ciete, et qu'a la suite de cbacun de ces inventaires, qui devront etre portes sur un registre tenu ad hoc, il sera tenu note des entrc^es et des sorties qui s'op^re- ront successivemcnt, en sorte que la Society soit con- starament et exactement au couranl de sa situation a ce sujet; 7° Que, par les soins du tresorier et du secretaire general de la Commission centrale, il sera dress^ un releve nominatif des membrcs de la Societe qui n'ont point acquitle leurs cotisations, el qu'une circulaire imprimce, conforme au modelc ci-annexe, portant invi- tation de sc liberer le plus tot possible, sera adrcss6e a chacun d'eux par le tresorier; 8° Qu'a I'avenir, lorsqu'un meuibre residant en France n'aura point acquitle au 31 d^cembre sa coli- salion de I'annee qui vient d'ecboir, et a la m6me epoque de la secondc ann6c s'il reside a I'^lranger, le Bulletin ccbbcra de lui 6lic envojc, apres loulefois que ( ;V29 ) le bureau de la Commission rentralo en aura dellb6re avec celui de la section de complabilit^; 9* Que si, apres trois avis successifs du trdsorier de la Society, donnes dans le courant de I'annee qui suivra celle pour laquelle la cotisation n'aura point ^t6 acquittee, le membre r^sidant en France, ou dans le courant de la seconde annee le membre rc^sidant a r^tranger, ne se met point en r^gle par le paiement de sa cotisation arri^r^e, il ponnn, au bout de deux ans s'il reside en France, et au bout de trois ans s'il reside a r^tranger, 6tre defmitivement raye de la liste des membres de la Soci6t6 sur la proposition que le tre- sorier de la Society dei'ta soumetlrc a la section de comptabilil^, dont le bureau soumettra a son tour son opinion au bureau de la Commission centrale, qui prononcera defmitivement; 10" Qu'ind^pendamment des mesures ci-dessus, « aucun membre de la Soci(!;te ne pourra faire partie » de la Commission centrale qu'autant qu'il aura ao- » quilte sa cotisation annuelle; » H" Que le present proces-verbal sera communique, avec les decisions qui Taccompagnent, a la Commission centrale, pour etre insure au Bulletin et mis sans re- tard a exdicution. La Commission centrale, reunie extraordinairement, a, dans sa sdance du 3 mai courant, approuve a I'una- nimite des membres presents les differentes proposi- tions 6nonc6es dans Ic proces-verbal ci-dessus de sa section de comptabilite, en apportant seulement quel- ques cbangcmenls aux articles 7 et 9 dudit proces- verbal, qui a t>te modifie en consequence. Ainsi ce sera, an lien du sonrlaire gtWierol di^ la Commission ( ^30 ) contralo, le tr^sorier de la Soci6le qui signora ol adres- sera les circulaires aux membres relardalaires, et qui proposera a la section do comptahilite les mosurcs ulterieures a prendre on cas de non - paiemonl apres trois avis consecutifs. BUDGET Dm fiecettes et (le<: DSpenses h f aire par In Soci^te de g^ographie pendant Vnnm'i' iS.'io, propose par M. tie La Rocpiette, wcr^tairf nen^ral de la Commission cenlrale, et aJopte par la section de comptabilitc et par la Commission centrale. RECETTES. o - Po i DESIGNATION des cbupiltes de In RECETTE. Prothiits Old. di's receplioii'i, Prodnils extr. des receptions Prodiiits lies publications z X: i Prodiiits ) < lies I \ publications. / NATURE DES RECETTES. Recettes d verses. 5 : 9 10 ii Solde des coraptes f 12 de 1849. iaiinrp cour. annees pi-ec iifilicipe'es. , Diplomes ('otisal. line fois paye'es, Ve.,te|?,""«'i"' I Mentuircs , . . . Arrc'riiges de renles sur I Et;.l Allocation de M. le mi- nislre du conirnercc, , Allocaliun de M. le mi- nistre de I'instruction puhlique Recettes impr^vues . , . Reliquats en caisse an 30 sept. 18-47 et 1848. RECETTES effecliu'es au 50 se|.temhre 1848. 1849. 3 nco >. .T888 .. -250 .. 75 >i SOD .. 419 • 56 u SI6 r>,'; 14G 50 600 .. 600 • f B » >» 500 > 5 758 « 1 058 81 500 .. 6 935 85 206 66 6 796 8i;6 4:i-2 51 Reliqiiat en caisse an SI decembip 1849. Totnl lie la recetic picvue pour 1850. U3 V « T !- 5 06 1 l: f . J fj ^ - W -o « c .-i960 > 200 .. I too > 4.S0 • too » G23 >i 2 000 » riOO • > > 8 9S2 > 99 ISO I 8 961 50' ( 331 1) E P F. N S E S. o s .g-5. PESIGNAT. ties chiipilr, de la DEFENSE, en u Personnel. Frais I de I logenienl. j Frais de bureau. Materiel. Publico!. f Placement ( de capitaiix. \ J Depenses ( ' generates. ( 3 4 ti C 7 8 9 lO 43 13 <4 IS 16 17 18 19 20 21 22 s:^ 24 28 S6 27 28 29 NATURE DES DEPENSES. /"Son tiailemenl. . Agenl. "'"i'^de recelie. j 1 ravaux exli aor \ (linaiies Loyer Conlriljul ions 'hanffage Eclaira^p Seivice des salles Drpenses liiverses Ports de lellres et affVan- chissements Impressions de circulaires, avis, etc Mobiiier Port de livres , journ. elrang. et autres, etc, Biblioth.^ Affianchiss. d". Achat de livres, etc Reliures.broch. (Arriere ImpreSiion, pa- „ ,, .- pier Bulletin. \ D , . a L i Portetaftranch. f Grav, de cartes. \ Tirage d°. . . . (Arriere Impression, pa- ,, - . , pier Memoir. \ o . . rr V I Hortelaffranch. f Grav.de carles. V Tiiage d". . , . Achat de rentes sur I'Etat (cotisations a vie, etc.). . Prix annuel Depenses imprevues. . . . DEFENSES efi'ecluees an 30 se})tenibre 1848. 1 200 . 16 45 r>oo 1 123 119 16.-. 151 100 156 1849. 21 4f 53 33 55 213 50 2 687 40 121 50 ; 47 75 6 590 IS 1 200 » 129 » 200 » 1 000 > 112 5.1 15« » 140 51) lUO i> 69 70 9 l.'l 32 50 26 64 54 80 2 895 15 139 35 70 75 86 97 6 431 06 I 900 125 25 200 1 000 112 53 160 148 100 110 30 30 50 150 I 2 800 130 100 100 1 200 1 000 195 70 8 961 50 RfiSULTAT G^NlfiRAL : Les Recettes et le.s Depenses se balancent. ( 335 ) FAXnAIT DES PROCIiS-VKRBAUX DES SEANCES. Seance dii 3 mai 1 850. Le proems -verbal de la derni^re sdance est lu et adopte. Le secrtitaire de la Soci6le plnlotechnique adresse des billets pour la seance publicjue dc cellc Soci6te. M. Tremaux eiivoie une Notice, ilont il est I'auleur, sur la locality ou sont situees les principales mines d'or du Soudan orienlal , avec des observations criti- ques sur le r^cit du colonel Rovalevski , relalif a cette mfime contree. — Renvoi au comit(^ du Bulletin de cette notice et de la carle qui I'accompagne. Le secretaire general do la Commission centrale expose verbalcment les motifs qui I'ont determine a convoquer le 5 avril dernier la section de complabilile, et a piler le president et le vice-president dassister u cette reunion , pour leur soumetlre un rapport sur la situation de la comptabilite et sur quelques mesures a prendre a ce sujel. 11 rappelle en meme temps la cir- constance qui a port6 les membres presents a la der- niere seance a demander une convocation extraordi- naire, et donne ensuite lecture du proc6s-verbal de la seance tenue le 5 avril par la section de comptabilite, ainsi que des documents qui laccompagnent. Une dis- cussion approfondie s'engage d'ahord sur I'ensemblc de ce proccs-vorbal, dont le principc est adopte. On delibfere ensuite separement sur cbacune des decisions prises par la section dc comptabilite; elles sont suc- cessivement mises aux voix, et adoptees a Tunanimite, ( 333 ) avec les iiKulificalions proposccs par quclquos mcni- bres et egalemcnl adoplies a I'unaniinile. M. Anloine d'Abbadie ne trouvo pas assez cx])licito le proc(!S-vGrbal de la seance do ia Commission ccn- trale dii 15 mars dernier, en ce rfiii conccrnc la lellre que M. Beke a adressec a la Sociele; procis-verbai ronlre lequel une absence de plus d'un mois dans los Pyrenees et les soins qu'il a du donner a un calalogiic lie ses cent quatre-vingt-dix mannscrits elbiopiens I'ont empecb^ de reclamer jusqu'ici. II aurait desire que la Commission centrale se fut prononcee a ce sujet de maniere a ne pas laisser croire qu'olle approuvait les allaques donl il est I'objet. Le meme membre te- moignc ensuile son etonnemenl de cc que M. Beke, qui n'a pas mis les pieds dans Ic pays de Kaffa, et qui n'a pas memo foule la conlrec occupee par les Galla, fds dc Melcba, pa\s dont loute la largeur, c'est-a-dire line distance d'au moins 150 miiles, I'a toujours se- pare du Kafi'a, eleve la pretention d'expllquer, c'cst- a-dire de criliquer une ex[il()ralion de ces pays, ou ja- mais un Europecn n'a penetre avant ni apresM. d'Ab- badie. II declare au surplus qu'il est pret a repondre a loutes les questions que la Sociele voudra bien lui adrcsser, et a soutcnir une discussion geogra[)biqun loyalement oflerte par toute auire jiersonne que par M. Beke. Les membres ]>resents de !a Commission centrale, tout en |)ersistant dans I'opinion qu'ils onl deja ma- nifestee de continuer a rosier complelemenl etrangers a toule discussion ayaut un caraclere personnel, et a nc s'occuper que de questions geograpbiques, croient devoir declarer que M. d'Abbadie a mal iiUeiprete le xni. MAI. 5. 23 ( nil ) complc rendu ile la letlre do M. le doclcur Beke , en croyanly Irouverl'expression de scnlimenlsqui ncsont |>oint ceux de la Commission cenlrale. La Sociel6, on ne saurait trop le r(?^p(;ter, doit raster elrangfere a toule discussion qui n'a pas im but puroment scienlifique; elle s'esl born^e a conslaler un fait : la reception do la Icllre de M. le docteur licke; quant au caraclere personnel do M. d'Abbadie, il n'a pas ^te, il no saurait otre mis m qnoslion. Seance dii 17 iiitii 1850. M. le niinislre des Iravaux publics reclame, par sa U'Urc du 15 mai, au nom de M. I'ing^nieur en cliol Parandier, un Memoire sur la geographic physique du de|)arlemont du Doubs, lequcl avait ete presente en 1830 a la Sociele do goographio par M. Becquoy, alors dirccteur general des ponts et chaussees. Apros quel- qucs explications de M. Jomard sur les causes qui onl ompech6 de faire usage de ce savant mt^moire, causes tout a fail 6trangeres a la Society, la Commission cen- trale decide qu'il sera renvoy^ a son auteur par I'inter- modiairo de M. le ministre des travaux publics, ainsi qn'il on lomoigne le desir. M. le doclcur Bodichon, en co moment a Alger, transmel le programme, rodig6 par lui, des faits a (itudier par les voyageurs qui ont I'inlenlion de visiter Tombouctou ou les aulrcs localitos de I'Afriquc cen- lrale. — Bonvoi au comity du Bulletin. M. Ferdinand de Luca ecril de Naples au secretaire general do la Commission centrale , sous la date du 5 avril 1850, pour lui accuser reception de sa circu- lairo, ot lui |iromellve son concours; il fail en memo ( 335 ) temps iiommage a la Society do clilFereuls ouvragcs. (Voir aux ouvrages offerls.) Des rcmerciemenis sonl adresses au donatour. MM, Jules Renouartl et C% libraires a Paris, prient M. de La lloquette d'olTrir en leur nom a la Society dc g^ograpbie un exeinplaire du Diclionnaire geogi apluqne ct statistujite A' kdrion Guibert, dont ils sont les cdi- teurs. lis demandent si cet ouvrage peut elre present^ au concours pour les prix ou encouragemenls d^cernes par la Soci^te de g^ograpbie, et s'il ieur serait permis de joindre un prospeclus-specimen au procbain nu- mero du Bulletin, afin de faire connailre leurnouvelle publication a tons les membres de la Societe. Le secre- taire gent^ral, en rendant bommage au talent et a I'cs- prit judicieux de M. Guibert, fait reinarquer quelques unes des ameliorations que I'auteur de ce dictionnaire a introduites dans sa composition , et qui en fait un ouvrage bors ligne ; il ajoute qu'il a el^ a portee de se former une opinion tr^s favorable de cette ceuvre con- sciencieuse par I'examen qu'il a fait des dillerentes livraisons au fur et a raesure qu'elles ont paru ; et il pense que les demandes de M. Jules Renouard doivent etre accueillies. M. Jomard, qui a particulierement connu M. Guibert, joint ses 6loges a ceux de M. de La Roquelte, et approuve ses propositions, qui sont adop- tees par la Commission. M, Jomard communique une Ictlre de M. le colonel Acosta, de la Nouvelle Grenade, relative a la colonnade antique des environs de Tunja. — Renvoi au comite du Bulletin. Le meme raembrc annonce c[u'il a re^u de M. le consul general des Etats-Unis a Paris un rapport de ( ;^36 ) M. Butler King, ageiil du gouvernoment aiiiericiiin en " Calilornic, sur cc lerritoirc , qu'il clecrit dans le plus grand detail et sous tous les aspects. II pcnse qu'il sc- lait utile d'cn fairo fairc un exlrait pour le Bulletin. M. do La Boquette, qui doit aussi a la bicnveillance de M. le docleur Robert Walsh un exemplairc du rapport comiTuiniqud a M. Jomard, partage completement I'opinion emise par son collegue, Mais comme dcs portions de ce rapport ont 6te dtga Iraduites el impri- in6es , il se propose de le traduire on cntier pour le Bulletin, en completant sa traduction avec des notes extraites par analyse des documents nouveaux qui pa- raitront successivement, et en y joignanl unc carte de la Californie. M. le capitaine Lafond adresse a la Society un pros- jicctus de la Couipagnie du golfe Duke, baie de I'Etat de Costa-Rica, dont 11 est consul gi^neral ; ce pros- pectus est accompagnc d'une petite carte litliographiee du tcrritoire de cetle riipubllque. M. Squier, nomme rcpresentant diplomatique dos htals-Unis, dans I'Amcrique centrale, 6crit de L6on de Nicaragua h M. Jomard, pr(!!sident de la Soci^te, pour I'entretenir des d<§couvertesarclieolugiques qu'il afailcs dans le pays auprfes duquel il est accredite , et qui abonde, ainsi qu'on le salt, en interessantes antiquities. II annoncc qu'il a d^ja transmis a son gouvernement une carle, dressee d'apres ses propres observations, de loute la section du pays oii Ton projcllc do faire passer le grand canal de communication interoceanique , en I'accompagnanl d'un mj^-moire cxplicalif, ol qu'il en- verra ces deux, ouvrages aussitol quo lo Congres les auia fait inq)rimer. - Renvoi au comile du Bullelin. ( 337 ) M. le president de la Commission cenlrale, appre- nant que M. Jolm Hogg, I'un des secretaires de la So- ci(^t^ royale geographique de Londres, est present a la stance, lui fait connaitre corabien tons ses collegucs et lui-mfime sont flattes de poss^der an milieu d'eux I 'honorable representant d'une Societe avec laquelle ils desirent voir se resserrer de plus en plus les liens de confraternite qui les unissent depuis tant d'annecs. M. Treraaux, architecte et voyageur distingue, lit un oxtrait de ses notes sur la localile ou sont situees les mines d'or du Soudan oriental, et des observations critiques sur le r^cit du colonel Kovalevski relatif a celte meme contree. II a ete deja d^cid^ que ce me- moire serait insert au Bulletin. M. Antoine d'Abbadie communique de nouveaux renseignements sur les affluents du fleuve Blanc donnes par M. Lal'argue et recueillis par M. Arnaud d'Abbadie. — Renvoi au comite du Bulletin. M. D'Avezac avait annonce a la Societe des I'annee derniere (seance du 1" juin 1849 ) que M. le capitaine de vaisseau Guillain avait rapporte de sa campagne sur les cotes orientales d'Afrique une ample moisson de materiaux geographiques et ethnographiqucs d'un grand interet. II a aujourd'hui le plaisir de mettre sous les yeux de la Societe, comme une sorte de communi- cation confidenlielle, d'abord une esquisse de la carle generale des cotes explorees par cet habile olficier, depuis Sainte- Marie de Madagascar jusqu'a la mer Rouge, avec le trace de quelques parties de rinlerieur des terres d'apr^s les renseignements recueillis sur le littoral; puis un album de dessins de toute dimension representant les points les plus imporlants de ces pa- ( 338 ) rages cncoi'c si mal connus; de nomhrnux poiiraits dos habitants, des representations soigneuscment exaclos de Icurs costumes, de leurs amies, de Icurs uslensilos, et toute la s^rie de leurs navlres, parmi Icsqucls on remarque les curieuses barques cousuos, que I'anti- quite grecque avail signalces sous le noni de rhaples. La plupart de ces dessins sont dus au crayon et au pinceau de MM. Bridet el Caraguel, officiers de rexp(i- dition; quelques figures, reproduites d'epreuves da- guerriennes par le talent plein de distinction de M. le capitaine de vaisseau de Saint-Simon, frappent surtonl par leur effot piltoresquc, el font pressentir le haul interet de la collection de dessins recuoillis au daguer- r(iot\ pc par M. Guillain. Cotte communication est regue par I'assemblee avec nn j)laisir marque, et M. U'Avezac est prie d'exprimer a M. Guillain les remerciements de la Society, en faisant connailre a cet officier superieur qu'tlle serait Ires reconnaissanle s'il lui etait possible de detacher quelque portion de son travail; ou do lui donner un aper^u de son voyage, avec un croquis de sa carte generale, pour enrichir le Bulletin. OUVRAGES Ol'FERTS. Seance tin 5 (wiu'l 1850. Par M. le baron P. Melvlll de Cnrnhec : Carle gend- rale des possessions nderlandaises, aux Indcs occiden- tales. 18i6. 1 feuille. — Algemcene slatislieke kaart der nederlandsche overzeesche bezitlingen in Azie, Afrika en Amerika. J8/j9. 1 feuille. — Carle des iles Moluques. 18/|7. 1 leuillc. — Cuilc dii I'archipel de Biouw, Singapore ct Linga. 18/i8. 1 feuille. — Carte de rile de Borneo. 18/|8. \ feuille. — Carte dc I'ile de ( 339 J Sumalia. 48/i8, I IVulllc. — Carle ile I'ilc do (^ol^bes. J 8^8. 1 feiiiilc, — Carte les) O. S. O. j J De l.'i a la vallce de Raljia . . . . O. S. O. a 20 — a Dcivt O. O. I 4 — a Dar ll.imia O. O, \ i — a tvoii-yvat id. id. 1 a \ — ii Scliiiikiyyat (deuxbourgs paieos ) id. id. 1 3 be la au Dar-Dadjou ( ehez le.< DSguio) id. id. 1 i \ De la chez les Kuuka de Modogo, jusqu'a leur fionliereoccidcn- tale id. jd. 5 5 De la au lac Filiie (oil Filtii). . . id. id. 1 ^ 3 — au Bahr el-Ghazal id. N. O. 2 3 (?) Totaux : joiirnees 1 5 •; 4^1 ( 3A8 ) Jo suis loin do donnor loiiles les indications du scliaykh Ihi aliiin connne dcs rectifications certaines de rilincraire de Browne; inais je dois rclcver, comme erreur (ividonte du voyngetir anglais ou de son infor- mateur, la distance de deux journees seulement cntre Nouniro et la vallee de Batlia, puisquc nous savons, par une masse de lemoignages, que celte distance est de 15 ou 20 journees ( selon le point dc la vallee que Ton consid^rc) . La mfime erreur, sous une autre forme, c'est a-dirc avec d'autres noms appartenant a dcs loca- lites voisines, se rctrouve dans I'ilineraire de Rjl a Wara ( n" Oj, ou la distance de Wara (pres Noumro) au Dar-Masselat (vallee de Baljia) est rcpreseiilde par 2 jours etj. On sail que Nimr ou IS'oumro, campement des caravanes, n'est qu'a un quart de journee de la capitale du Waday. Le fakih Ibrahim accuse, dans I'itineraire n" (5, 15 journ(5cs au lieu des 2 jours et j dc BroAMii', parce que la route est nord ot sud. Relativement au cours du Boilia, celte distance est mesur(^e par une perpendiculaire , tandis que dans I'itineraire de Wara au Bahr cl Ghazal elle est repre- senld'e par une oblique. A cela pres, il me parait evident qu'lbrahim a exa- g^re voloidairement presque toules ses distances. Ainsi, au lieu du dernier chiffre 3 (?), que j'ai accompagnd d'un point d'interrogation , il n'a pas craint d'accuser 20(!). II convient, du reste, n'avoir jamais et^ dans la vallee de Bahr el-Ghazal. A. B. Browne 6crit -5rt«n/^ le uiSme nom quej'ecris et prononce Hatha, ce qui est peu important; mais une prreur capitale de son Essai de geographic du Waday ( 3A9 ) est d'avoir consiclerc ce Battali coiiime un nom de ville, cl Misselad (Massclal) coinme lo nom d'lin cours d'eau et de la province cjn'il arrose, Btitlui est un mot arabe qui signifie « le lit d'un torrent » ( tel , par exemplo, que I'emplacement du la Mecquc), locus de- pressuSy glared abandans, per quern aqua Jlidt ex locis ahioribus, Au Waday et ailleurs, ce nom appellalif est dcvenu nom propre de lieu, de riviere et de vallee, non pas de ville ou de Iribu. Du reste, Browne decrit asscz bien le cours de cette riviere en disanl aqu'elle vient » du sud , puis s'inflecbit vers I'ouest, et va se jeter » dans le lac Fittre » (p. liGli). Puis il ajoule : « Battah » appartient au Misselad. » Cela est encore vrai, pourvu que Battah (Ballia) soit le nom de la vallee ou du cours d'eau, et que Misselad reprcsente, non une province, mais unc pcuplade (Ics Massclut ou Massullt). Encore un parallele enlre les donnees de Browne el celles du fukih Ibrabim. IX. Ilineraire de fVara a Kabkabijyek [du Darjhiir) et retour de Kabhabiyyeh a Wara par une autre route. (Voyez la Relation de Browne, p. AGO). Direct. Jouinees. Selou BiiovvNE. nnowM';. ibiiahim. De Ward a Abou Schareb (iiomtne Wa- dada'y par Ics iiidi(;enes) S. li. De lu a la fronliere clu Uaifuur li. -j S. — a Oimn-Dokiiii E. — a Kabkabiyyeh (laissanl sur la ilroitc un eiablissL'inent ou rolonie de Maasalit) E. \ S. Toi.inv : jnnrnt'o? n ^ aS^ 5 • "o i5 ' 2^ 4 4 ( 550 ) Ret our. Direct. Journ^«s, . Si-lun BiiowNE. Bno^v^e. iohauiu. PeKaLkabiyyeh aDjel.l N.O.jO. i 2 De la a Giiiiiiir (ou Kimr) N.E.^N. 4 i\ — au chef-lieu Jes Zafjliawnh (inoiita- gnps) n.iN. a 3 De la a la frotiiiere occidentale (lu Tama. . N.J^.O. 3^ 5 — a Abou-SenoOn N.2«.0. 2 3 — a Wara 0- 8 I Totaux ; journees 20^ i5^ Dans I'iliiicraire qui prd'cede, les direclions nc sont point indiqndcs par Ic schavkli Ibrahim. CeUe omis- sion n'inipliquc point rapprobalion de cclles que Browne a donndes. Alais il imporle de sij^naier ici unc autre errcur ca- pitale du voyageur anglais en co qui louche la direction gcncirale dc deux routes de I'inlcrieur, I'uno condui- sanl de Wara a Dongoul [Do/i^afn dc Browne), par Djombo, Doreng, Dudjou , Kaigna, Ghanini , Douida, Bansciiia; I'aulre ramcnaiit de Dongoul a Wara par Bandalah, Bouyoiit, Ics Kibcyd, Ics Kadjukc^ah, Bou- nyan. Ayl, Kodono et CI uizan (voy. Travels in Egypt, elc, p. 470); car, scion Browne, les Kibeyd et les Kadja- kecah resteraient au nord de Wara, landis que nous savons posilivement, par une masse d'autres temoi- gnoges, qu'jls se irouvent au sud, et memo fort au dcla du Ballia. Anisi la direction generale de la premiere route view, mai 1820.) Prenant Butta (sic) pour un nom de ville, Browne a dit (p. Zi71) ; « Pres de Butta est une petite riviere dont )) men informatcur nc se rappelait pas le nom. » Et ailleurs (p. IxQlx) : « Battah est situe sur une petite v\- vi^rc qui vient du sud, puis, lournant a I'ouest, va se jeler dans le Bahr-cl-Fiilre. » II est evident que tous ces passages se rapportent A un seul et meme courant, tantot fort, lanlot faible, ou [ 357 j meme nul, scion la saison. C'est le meine que Browne appello ailleurs « Baiir-Misselad » (la riviere ties 3his- selat oy\ 31 assail!), et nous avons aujourd'hui des idees assez precises sur sa tlirection et son iniporlance. Mais il regne encore beaiicoup d'incerlitude sur les autres courants, tous plus nieridionaux que le Balha. Nous savons (jue la riviere des Oalad-Hasched, dont parle Burckhardl [Aubin, yJppeiid,, p. i36), est la meme que le Fogiti (ou Fognio), dont il a deja ete question. Abou-Roudjeyleh ( Redjeyleh) , riviere que Burckliardt mentlonne immedialement apres (dans un itineraire qui precede de I'ouest a lest), ne peut pas etre auln," cliose que VIio ou riviere des Salaniat, celle dont on apporta un [loisson chez le schajkli Diyab, tel qu'Ab- dallah-Masselati n'en avail jamais \u d'aussi gros dans sa riviere (petite ou grande) du Bathu. Nous savons d'ailleurs qi\'Oi/ii>i - c/ -Trua/i coulo enlre le Drir-S^la et le Dar-Rounga. Or, puisque les pelerins , dont Burckliardt nous donne I'ilincraire (par le Rounga, qu'il ecrit BiiA-a) d'une maniere rapide et sommaire, puisque ces pele- rins, dis-je, reuiontent successivement Irois courants, dont Ic '-kis bas est celui des Ou/dd-Rasc/ied, c'esl-a- dire le Fogui, et le plus baut 0mm -et-Ttntan (entre Sela et Rounga), il faut bien : 1° Qu'Omm-et-Timan ait sa source dans les raon- tagnes de Rounga, sur la ligne de partagc des bassins du Nil et duTcbad; 2° Que ce cours d'eau, dont la direction generate est est et Quest, vienne se joindre a la riviere des Salaniat, nommee Ahoa-Redjeyleh paries informateurs de Burck- liardt, et Iro par les miens ; sin. JiiN. 2. 25 ( 35S ) 3* Que cet Iro o\\ AIuui -Roudjpvleli , qui vionl (\u Roungn (ou il tloit porter Ic nom do llouho, snivant un renseignemonl d'Ahdallah do ^^ar^), et coule aussi de I'ost ci I'ouest, aille porter le Irlbul dc ses eaux a la riviere des Oulad Rasched, que nous nominons Fogui, et qui coule aussi vers I'ouest. Nous n'avons aucun renseignernent sur le cours su- p^rieurdu Fogui, suppose different de I'lro. II ne reste done plus qu'une question a resoudre. Quel est le terme du cours du Fogui, de la riviere que Burckhardl appelle (et avcc raison) Bahr - Aoulad-linsched ? Nous avons VLi que, scion un rapport Iros circon- stanci(5, il porlerait ses eaux dans un lac [j^ndoina] plus grand que lo lac Fittrt^. D'un autre cot^ , suivant plusieurs temoignages, I'lro se jelte dans I'Era et I'Lra dans le Scliary. II faut done admettre, pour tout con- cilier, que I'Era et le Fogui ne sonl qu'un, et que ce courant unique, apr^s avoir traverse ic lac d'Andoina, se diverse dans le Schary, au moins pendant la saison des pluies. Quant au « Rouho » d'Abdallah de Wara, il ne pent 6tre, coniuie je I'ai dit, que I'lro (Ahou-Roudjeyleh) ou riviere des Salamat, considclire dans la parlie sup^- rioure de son cours au Dar-Roungo. Les derniferes nonvelles du Wailay parvenues ici (au Caire), el qui datent de six ou huit mois, ont (l(!(menti les bruits sinistres qui couraienl sur Ic sort de sultan scherif. Ce prince 6tait occupe a rassembler des troupes pour line nouvclle expedition contre lo Bornou. Du cote du Darlour, il n'avait rien a craindre. at- tendu que son voisin de I'osl, Stiltan-Huceyn , est me- ( 359 ) nac6 par une insurrection ties Bedouins Bakkarali , ayant a leur tfite un prince loricn. Quant au prince Dja'far, fils de Sabofin, pr^tendant au trone du Waday, et que nous avons ]aiss6 errant dans le Rounga a la tete d'un faihle parli , il elait, a la v^rite, parvenu a Tendalte, fascher du Darfour, au- pres de Sultan-Huceyn, qui lui a j)romis son appui. Mais, avant de pouvoir s'employer pour le pr«^tendanl •wadaien, Sultan -Huceyn doit conimencer par se de- barrasser du prelendant forien. Le Waday est done toujours dans les meilleures con- ditions d'ind^pendance et d'agrandisseuient. Mai i85o. ANTIQljlTKS DE I/AMERIQUE CENTRALE. ufcCOUVF.RTF, d'aISCFENS MONUMENTS SUR LES IlES DU I.AC UE NICARAGUA, PAR M. E. G. SQUIER. SUITE [1). ANCIEN TEMPLE SUR l'IlE DE ZAPATERO. MM. T... nous avaient oflert un de leurs buniws : c'^tait le plus grand et le plus commode de tous ceux qui voguentsur le lac. Or, comme la plupart de ces embai'cationssont toutsimplement des pirogues gigan- tesques creus^es dans un seul tronc de ccbia, et dispo- sees de fa^on a marcher aussi bien le fond en I'air que dans I'eau, nous apprimes non sans un vifplaisir que laGmnadn avait ele construile parun ingt^iiicurelran- ger.qu'elle possedaitquelque chose comme une quill?, (l) Voiric piriiiier arliclp dans II' rnhier ilnvril iS5o. ( 360 ) ot constiquommenl que noire cliance dc chavirer par la [)remi^'re brise n'elail plus ilans Ic ra|>port de trois a qualro, mais seulemcnt de une a deux. Tout voya- geur qui a navigue, pendant un gros temps ct avcc des niarins nialadroils, sur Ics flots loujours agilds du lac de Nicaragua, pourra comprendre la satisfaction que nous cprouvtunes en conleniplanl la Granada sc ba- lancant gracieusement sur scs auiarrcs au large du vieux cliatoau. Sa longueur (^tait d'environ 70 pieds ; cllo resseniblait asscz a une pclite barge de canal, niais ('lie etail plus elroile cl jilus profonde. Pres de I'arri^rc , ctail ini endioit eiove ct couvert, appcle la cliopa^ oil qualre personnes pouvaicnl so niellre a I'abri, vw se prcssant, il est vrai, un pou a la manifere des niaquercaux sales, niais plus comniodenient peut- clre que n'a droit de I'esperer le touriste qui s'aven- liirc dans I'Aindsriquc centrale. Venait ensuite une sorte do gaillard d'arri^re, d'environ h pieds carrcs, vous I'avais ,bien dil qui ne laissait pas que d'etre agacant. Apr^s d'aclives reclierches, nous trouvarnes deux de nos gens etendus de tout leur long sur le sable, la ligurc cou- verte de leurs sombreros: ilsn'avaient qu'un n)orceau de loile ruulc aulour dos reins , el le soleil dardail ( »63 ) en pleiii Kiir le reste de leur corps : — types aclieves tie la plus intense paresse. « Ou est le patron?)) lis lev^rent simplenient Imirs chapeaux, et repondirent : Qitien sabe? « Qui le sail? )) L'^ternei Qitien sabe fut prononce sans qu'ils fissent le moindre mouvement pour se lever. C'etait trop fort. Je graliliai chacun d'eux d'un coup de pied vigoureusement applique sur les cotes avec mes bottes de voyage : les coquins furent bientot debout, en s'^criant d'un ton de supplication : Sehorl J'en d^pechai un en quete de ses camarades dans les cabarc ts de la ville. avec menaces de le trailer rigoureusement si les delinquants n'^taient pas arrives dans un temps donne. Le second, grand iiiestizn, qui se frottait encore le flanc d'un air lugubre, recull'ordre de se tenir a port^e de mon I'ormidable pistolet et de ne point bouger sans permission. Bientot nous decou- vrimes uii iiulre traitre faisant I'agreable aupr^s d'une blanchisseuse dodue et couleur de cafe, assez peu sou- cieuse d'ailleursde voilersescharmes; car, a I'exccplion dun linge ilispos(^ en maniere cle tablier, lequel meme n'etait pas des plus larges, elle se montrait parl'aile- nientau nalurel. Celui-ci re^ut aussi I'ordre de prendre position a cote de I'autre prlsonnier, ce qu'il fit d'assez mauvaisc grace, mais en apparencc a la grando satis- laction de la jeune fille couleur de cafe, qui pretendit qii'il etait inalo (mecbanl), el mdrilait un bon cba- timent. « Qu'elle ait la peau blanche ou noire, une femme est toujours une coquette, observa philosopbi- quement le docteur. Cette creature brune ne dit pas ce qu'elle penso. Je gage qu'ils viennent de convenir entre eux d'un mariage ou du moins de ce qui, dans ces pays-ci, en est I'equivalent. » ( 36/i ) Lc plcinjuidi ctail tlopuis loiigtemps survcnu avanl quo nous cussions pu reunir sous nos batteries notre 6quipagc vagabond. La ctmscience de Icur faute, jointe a la peur dc nos crosses depislolets, Icur fit cependant faire quelques efforts reels pour raellre le bateau en 6lat. Una demi-douzaine de gaillards nus se lancfercnt dans le ressac, oil leurs corps noirs apparaissaient et disparaissaient lour a tour sous les vagues, et ils Iraln^- rcnt la Granatin pres de la terre sous le vent du vicux cbateau. Les voiles, les provisions, les couvertures , t'tu'ent miscs a bord ; puis nous montames sur les epaules des plus robustes <\c nos gens, qui nous eurent bionlot deposes sur le gaillard d'arriere de noire baii- menl. Les clocbes de la ville carillonnaient deux heures quand nous nous avan^ames , en debors de I'abri du fort, sur I'eau agit^e du lac. Tout cc quo nos honimes pouvaient faiie 6tait de surmonter la boule, et les avi- rons se ployaient sous leurs coups vigoureux. Quand nous fumes parvenus sur une eau plus profonde , les vagues dcvinrentmoins violentes ; elles jirirent les Ion- gues et majestueuses ondulalions de I'Ocean. Chaque raineur quitta alors son pantalon , c'est-a-dire son unique vetenient, ddposa son cbapeau au fond du ba- teau, et alluma un cigare. Une fois I'uniforme au com- plet, on se mit a appuyervigoureusenient sur les rames. Juan, lo patron, ota aussi son pantalon; mais, soit pour sauvn la dignite du gaillard d'arriOre, soit par respect pour ses passagers, il garda sa chemise; elle n'etait pas dcs plus longues, celte chemise a carreaux d'un rouge vif, et, quand le patron enjambait sa barre dc gouvernail, elle volligeail lerriblement au vent. Apr^savoirvigourpusomenlrauiciiendant unoheure, ( 365 ) nous nous trouv^mes au milieu des iles. Ici, I'eau 6tait tranquille ct Iransparentc, landis qu'en dehors les va- gues se brisaJent en grondant avec fureur sur les rivages de fer du petit archipel, comme si dies avaient voulu envahir et troubler les calmes retraites de I'intcneur, les etroils canaux recouverls d'arcades de verdui-e, les riants paysages qui so miraient dans I'eaLi, les frais et oinbrageux reduits oil de gracieux canots etaient amax'- res ca et la. Peut-etre serait-il impossible de trouver dans le monde entier un groupe d'iles plus etranges. Comme je I'ai deja dit, elles sont toutes d'origine volcanique, s'el^vent generaleraent en forme de pain de sucre , el excddent rarement Irois on qualre acres d'etendue. Toutes sont couvertes d'un manteau de verdure; mais la nature ne reussit pas toujours a cacher les noirs rochers qui, surgissant par endroils comme s'ils dedai- gnaient tout deguisement, mirent leurs cretes mena- cantes dans I'eau limpide , et donnent quelque chose de sauvage a I'aspect aulrement doux et calme du paysage de ces iles. D'innombiables lianes trainent le long des rochers, so suspendent en lesions aux bran- ches des arbrcs, ou laissent flolter sur I'eau leurs ten- dres et souples rameaux. De brillantes fleurs rouges et jaunes, parmi lesquelles le cone renverse de \a g/oria de Nicarai^iia exhale son enivrant parfum; des fruits etranges el sans nom cmbellissent des domes de ver- dure si epais, que le soloil du tropiquo lui-meme ne parvient pas a les penetrer. Plusieurs de ces iles out des espaces de terre cultives, el, sur leurs sommets, de piltoresqucs huttes do roscaux qui se detachent sur le fond de verdure des pinnlation:' et sont entourees de ( 366 ) uobles pulmiers el de papayers aux fruits d'or. Des groiipes d'enfants nus et basanes siir le premier j)lan ; — un senlier sinueiix circulant sous les grands arbres juscpi'au bord de I'eau ; — un polit port on miniature et corame couvert d'un berceau, avec un canol amarre a la rive; — une lemme nue jusqu'a la ceinture, les reins enloures d'une etolle teinle do la vraie pourpre tyrienne (car le fameux murex, qui donnait celte cou- leur aux anciens, se trouve sur les rivages du Nica- ragua baign^s par la mer Paci(iquc); — la longue , noire et luisante chevelure de cetle i'emme, tonibant sur son cou, sur son sein , et atleignant presque jus- qu'a ses genoux; — une I'oule de perroquets bavards tenant leur conciliabule dans les arbres; — un essaina de perruches, non nioins bruyantes; — une paire de macaws, aux plumes irisees, vociferanl a qui mieux mieiix; — des singes curieux suspcndus aux lianes ; — des iguanes agiles grimpant sur les rives; — des grues au long cou el aux longues jambes, dans de profondes meditations au bord de I'eau, faisant saillir comma on relief leur forme blancbe sur un fond do rochers ou de verdure; -- un canot glissant rapidement et en silence a travers une ecbapp^e de rarclilpel; — ■ au-dessus de tout cela, un ciel dore, et, au loin, les pontes pourprees du volcan de Momobacho, qui elenclait sur nous sa grande ombre, et les rivages de Cbontales, fondus dans la liuniore oblique du soleil : tcis 6laient les elements du seduisant tableau offert par ces iles, elements qui, changeant continuellement , formaient sans cesse de nouvoUes et agreablcs combinaisons. Assis sur le toil de la chojjd, j'oubliais dans la contemplation do ces scenes varices les ennuis de la matinee, et je me sen- ( 367 ) lais presque dis|)(>s<^ a deuiander pardon aux deux ina- linici's quo j'avais liaites avec si peu de cer^nionie. Nous t^tions mainlenant dans I'ombre que projelte la montagne, et nos hommess'appuyaient bravenient sur leurs rames en chantant une chanson qui semble jouir d'une grande vogue parmi toules les classes de la po- pulation. Jo ne pus la saisir en enlier ; mais elle com- mengait ainsi : Meniorias dolorosas De mi tr.nidor amanie, Huyi- lie mi un instante Haced lo por piedad {'.). A la lin de cliaque stance, ils donnaient une lorte im- pulsion aux rauies, en criant : Hon pah ! interniede qui paraissait heaucoup les divertir, mais donl le sens spi- rituel m'ecliappaitcompletement. Le soleil elait presque couch^ lorsque nous arri- vames aux lies do Manuel. Bien qu'il se fut mis a noire service en quality de guide et aux gages de Irois reaux par jour, Manuel ])ossedait n^anmoins une malson en ville, sans parler de deux lies : sur I'une, il avail sa inaison de campagne; et, sur I'aulre, son verger et sa bananerie. Sa maison de campagne consistait en une hulte de roseaux; mais il nousmontra fierement un las de tuiles neuves et une pile de perches , declarant qu'il voulail avoir un jour un p/uceo sur Santa -Rosa ; car c'est ainsi qu'il nommait son ile. Je ne lui enviai point son palais en perspective , quoique Santa-Rosa fut vraiment une perle. (i ) Souvenir douloui-eux de mon perfide aiiiant, eloigne-toi de ntoi un in*tant, eloigne-toi par pilie. ( 368 ) La partie battue par los flols lurbulenls du Jac otait boidee cl'immenses i\)cliers, derriere lesquols s'elc- vaient de grands arbres surcharges de lianes , et qui abritaient compl^tcniont la hulte de Manuel des vents et des leiupetes du Jac. La parlie inlerieure dessinait, en forme de croissant, un petit port dans lequel se ber^ait paresseusement notre bimgo. Lne couple de hauts cocotiers, une touffe de Cannes a Sucre, et qucl- ques plantes a larges feuilles au bord de I'eau , don- naient a I'ilot un aspect tropical et me le firent appa- railre, dans le clair-obscur du soir, comme un vrai paradis pour un solitaire. Manuel nous proposa de passer la nuit encetendroit. Le vent etait devenu Uop violent pour qu'il fiit possible de nous aventuicr en dehors des iles. En outre, nos hommes improvoyanls avaient a laire leurs provisions de bananes, fond de la nourriture des habitants dans I'Ameriquc centrale. Ln petit bateau fut en consequence depeclie vers une lie voisine pour se procurer ce co- mestible indispensable, tandis que le reste de I'^qui- page apprelaitsonsouper. Ln chaudron, leurs wac/^e^ej et leurs doigls furent les seuls ustensiles dont nos gens sc servirent, non sans un grand succes , et ils furent bienlol aussi joyeux (jue si le monde entior ne leur laissaitplus rien a desirer. Quant a nous, une lasse de cafe et un morccau de poulel froid nous suffirent. Laluneelail dans son plein, et la transition du jour a la nuit se fit si graduellemcnt , que nous nous en apercumes a peine. Des nuages roses s'etendaient a I'occident, passant lentement au pourpre fonce et au gris; mais quand la lune prit son empire, ils s'eclairci- rent de nouveau et se revetirent d'un 6clat argente. ( 309 ) Une masse de ces nuagess'enroulait, comnie une robe a clemi Iranspar^ite, aiilour tie la ciinc dii volcan; la vei'dure de lile ajDparaissail d'un cote dense et mas- sive, landis que, de I'aulre, les Ironcs elles brancbages prenaient, sous les jeux de la himiere, un aspect plus l6ger. De larges ombres partagecs par desbandes d'ar- gent tombaient sur I'eau. A I'exception des mugisse- ments du lac sur le rivage exterieur, et du cri prolonge du singe liurleur, aucun bruit nc troublail le silence qui nous entouralt. II est vrai que nos bommes cau- serent longtemj^s, mais c'(^tail a voix basse el comme s'ils eussent craintde troubler la tranquillile de la na- ture. Finalement, ils s'etendirent sur les bancs; mes compagnons s'enveloj)peront de leurs couverlures et s'arrangerent pour passer la nuit. Je fis comma eux; mais je ne pus dormir. Ce n'etait pas le calme solennel de la scene, le souvenir d'amis cliers, ni d'etre? plus cbers encore que des amis; ce n'etait point une reverie sentimentale , ni des soucis d'affaires qui me tenaient eveill^, mais les puces de la Saintc-Rose de Manuel. II y en avait des essaims sous mes velements. J'attendis en vain qu'olles eussent pris leur contingent el qu'elles se retirassent salisfaitcs : elles furent insaliables, et me rendirent presque fou. Je monlai sur la pincta, et la, sous la lune virginale, j'otai soigneusement chaque piece de mon vetement ; je les secouai , je les battis violemment dans I'espoir de faire tomber a I'eau les vip6res qui m'avaienl torture. L'irrilatiou cutande que j'eprouvais n'elait pas supportable ; surmontant la peur des alligators el de la fi^vre, je sautai par-dessus le bord et me rafraicliis dans loan. Je n'allai plus me mettre sous la cfinpa, mais jc roulai mes couver- ( 370) lures aulour . S. 26 [ 374 ) quallle cldo I'aulro iiue 6pee romaino,c<>iirle, pesanle. el a deux Iranclianls, aussi bien pour nie dc^fendro que pour coupcr Ics buissons el les lianos (pii enibarrassent a chaquc instant les pas dans une I'oret tiopicale. Ma- nuel disail qu'il n'y avait qu'une distance peu conside- rable a francbir ])Our airivcr jusqu'aux /m^/e-^; mais nous niarcharaes 9a ct la, jusqu'a en 6tre fatigues, ii travers des l-ouquets dc bois et d'ctroites savanes couvertes d'une hcrbe dure, liaute et entrelacee. Manuel avait reur embarrass^, II paraissait ne plus reconnaitre les licux. Lorsqu'il y (5lait venu la premiere fois , c'etait au milieu de la saison secli'e : les herbes dess^cliees, les broussailles depouillees de feuilles, ne bornaient pas la vue de toutes parts. II j)eiseverail cependanl; mais nion entliousiasme, combattu paries liraillemenls d'un eslomac vide et une longuo marche, faisait rapidomcnt place a une vioiente colore centre Manuel, lorsque soudain ce digne homme jette son I'usil, pousse un cri en sautant en I'air, et, rebrous- sanl cliemin , passe en courant a c6t6 de moi avcc la rapidite d'une gazelle. J'armai men pistolet, je Icvai mon 6p6e, et me tins sur mes gardes, ne m'altentlant a rien moins qu'a me trouver face a face d'un tigre. L'emolion d'une aventure me ful pourtant cpargnt^e, Rienne j/arul. Je merelournai pour regarder Manuel. 11 se roulail sur I'herbe conuiie un possede, et se IVot- lailles pieds ct les jambes nuos avec la plus lamentable expression. II venait de fouler unnid d'aheilles.Comme en se mettant en marche il avait oUS son ])antalon de peur de le salir, jc profitai de I'occasion pour Ic ser- nionner sur rinconvenance d'une pareille habitude de la part d'un chretien, d'un maltro de inaison , d'un ( 375 ) p^re de f'amill(;. « Je suis 6tonne , liii dis-je , qu'iin gentleman tel que vous, d'un age inilr et propri^laire de deux iles, se permette d'aller ainsl sans culottes comme un vrai paien. » On a quelquefois I'liabitude aux litats-Unis de faire intervenir la Providence dans des occasions lout aussi importantes que le cas de Manuel. Je me crus done autorise a lul alTirmer que son accident etait un signe Ires evident du meconten • tement celeste. 11 parut fort edifie, ct comme j'elais mieux garanti que lui, il me pria d'aller ramasser son fusil. Apres quoi, prenant un autre sentier, nous poussames en avant. [La fin h nil nnniero prochain.) NOTE SUR UN PLAN DF. SOCIKTli DE G^OGRAPHIE ATTUIBufe A .1, N. BUACHE. Plusieurs associations se sent formees en Europe, A diverses 6poques, poiu' concourir aux progres de la geographic : nous en avons cite quelques unes dans ce recueil periodique. Bien qu'aucune de ces reunions n'ait eu un objet aussi general que celle qui s'est eta- blie en France en 1821, el n'ail embrass6, comme la noire, runiversalil^ des sciences geographiquos, tou- tefois il est juste, et il n'est peut-elre pas inutile de rappeler les tenlalives faites dans cette voie. La plus ancienne do loules est probablemeni In Societe cosnio- 370 ) iiidjjhiijin' ilile 'A'.v .Jrgonautes, routine a Veuise en 1688 par li' P. \incoiil Coronolli, le ceI6l)re cosmographe lie la repiililiqiie a I'j^poque dii doirc Morosini. La So- c\(:lii cosmogiaphiquc de Nuremberg avail un objet analogue. iNous iie parlcrons pas des associations ayant un but special, lelles que les Soci^tes francaises cl an- glaises pour les decouverles en Afrique; niais nous clte- rons un projet de Societe geograp/iicjue /'rancaise, con^u sous un point de vue plus general, et qui date de Tannic 1785; il nous a paru assez curieux pour etre repro- iluil dans le Bulletin. Ce plan fut sans doule soumis a nil minislre de I'c^poque, soil au marechal de Cas- tries, niinistre de la marine; soil au baron de Breteuil, minislre de la maison du roi ; peut-etre a M. de Ver- gcnncs, minislre des allaires elrangires. On soupconne qu'il est I'tEuvre de J. N. Buache. Sans doule Louis XVI, qui almait beaucoup la geograpbie, aurail favoris6 celle ontreprise, si elle lui eiil ele rccominand^e par le minislre , ou si les ^venements politiques ne I'avaient paraljs^e. J — d. PLAN d'unE SUClixt GiOGRAPllIOUK. On ne connait point de science qui demande une plus grande elendue de connaissances et un travail plus |H-nible que la geograpbie. En effel, pour former un excellent geograpbe, il faut qu'un bomme soil boa matlicmaticien , bon aslronome, connaisse la naviga- tion, ait etudie la pbjsique, sacbe parfaitemcnl I'bis- toire , ail jirodigieuscmenl lu, extrail et etudid les re- lations des voyagcurs tie torre et de mer, connaisse et cnlende beaucoup de Ungues; il laudrciit de plus que. ( 377 ) quand il dresse line carte, il p(it avoir sous les ^eux ol (aire une ^tude particiili^re de tout cp qui a (:[& ecril et public sur le pays qu'il dessine etddcrit, pour com- parer et concilier les sentiments dilTerenls el les juger avcc une critique profonde et (^clairee, pour demfeler le vrai au milieu des erreurs. Les carles geographiques devraient done etre plulot I'ouvrage d'une societe dc gens savants que celui d'un seul artiste; et si Ton pouvait former une soci^t<^ d'artisles et gens de leltres qui voulussent reunir leurs travaux, on parviendrait promptemenl a perleclionner la geographic et a faire des cartes qui deviendraient plus exactes et meilleures, h mesurc que le depot de la Societe s'accroltrait. el que le travail et les recherches de ses membres s'ac- cumuleraient. On ne doule point meme que le gouver- nement, sentant I'ulilile de cet dlablissemenl , ne lui accordat une protection marquee et des secours pour le favoriser. Dans celte id^e , on va tracer le plan dc celtc Societe, les Iravaux donl ses membres devraient s'occuper et le regime de son administration. /K' hi fovmatiott de la Societe. Pour donner de la consideration a cette cnmpagnie et lui obtenir de la proleclion, il serait essentiel d'en- gagcr plusieurs personnes de marque et en place de prendre la qualite d'associes honoraires, et ils i'orme- raienl la premiere classe. On composerail la deuxieme des meilleurs gcogra- phes de Paris , de ccux qui sc sont acquis le plus de reputation dans leur elal par leurs talents et leurs tra- vaux. On y joindrail quelqups gens do letlros ayant ( 378 ) ecrit j)Ur la g^ogrupliie on en ajanl tail uiie elude par- tirnliere. On lormerait une trolsieme classe d'associes ordi- naires, corapos6o de personncs qui se seraient deja disliiisuees par quelques travaux utiles, soil en carles, soil on nienioires conimuni(]U(is h la Soci«?te, et qui monlieraii^nt du z6le pour ses succ^s et la perfection de ses ouvrages. II conviendrait aussi que, pour mieux lier Ics cor- respondances dans les pays «ilrangers , elle s'agregeat des membres auxquels elle donnerait le litre d'asso- cies Strangers. Les membres de la Society s'assembleraient une ou deux fois la semaine , se i-endraient compte de leurs Iravaux, s'^claireraient reciproquement de leurs con- naissances, et decideraient ontre eux le travail que cbacun entreprendrait. /'/an et ordre des travnux de /a Sociele. Mul associe ne pourrait donner aucune carte a gra- ver qu'il ne I'eiit soumise auparavant a I'examen de la Sociele dans ses assemblies, en I'accompagnant d'un memoire dans lequol il rendrait compte des observa- tions aslronomiques, des relations, journaux el m6- moires, cartes manuscriles et autres maleriaux qui lu i auraient scrvi pour la dresser et le guider dans sod travail. Ces minutes de cartes et memoires seraient deposes aux archives do la Sociele, apr^s que I'ouvrage aurait rc9u son ajiprobalion ; el alors on ferail graver aux d^pens de la Sociele la carte et imprimcr un memoire instructif pour son explication. ( 379 ) Le noinbre d'exeinplaires qu'on liicrait de Tune et de Tail Ire serait regl6 par la Sociele, et la planche de sa carle d^posee ensiiite aux archives. Pendant le cours du debit de ces exemplaires, la Soci^t^ recevrait tous les memoires d'observations qui pourraient lui 6lre reniis, tant sur les uouvelles d^couvertes propres a y faire des augmentations et ameliorations, que sur les erreurs qu'on y aurait trouv^es. Avant de tirer de nouveaux exemplaires de cette carte, I'auteur, ou un autre membre de la Soci^te, serait charge de revoir tous ces memoires et observa- tions, el de faire en cons(^quence les corrections et augnientalions qu'il croirait convenables, el qui ne seraient r^lablies sur la planche et gravees qu'apres en avoir fait le rapport aux assemblees de la Societ(i , et avoir et6 approuvees de ses membres. Par cet ordre de travail, les cartes publi(^es par la Sociele acquerraient un degre de perfection qu'aucun ouvrage geographitjue n'a eu jusqu'a present. Les cartes de la Sociele et ses memoires 6tant rt^sellement fails pour former des atlas, il conviendrait qu'elle dd- cid at la grandeur du papier qu'elleemploieraitet qu'elle suivit invariablement ce format. II serait aussi convenable que, lorsqu'on se trouve- rail dans le cas, soil par la grandeur des ^chelles, soil par les details, de publier des cartes en plusieurs feuilles, il y eut toujours des reperes suffisants d'une feuille a I'autre, pour qu'elanl reliees en atlas on n'eut jias besoin de consniler chaque feuille separ^ment, ni de regretter de ne les avoir pas collees ensemble. lUi rcisinie de r a dmirust ration de la Societe. ' t>' II serait essentiel que la Coinpagnio so choisil quatre officiers prlncipoux pour conduire son adminislralion, savoir : un prcsiflent ou recleur, un secretaire , un garde de ses archives et un Ir^soricr ; mais II convien- drait que cc dernier ofiicier, qui serait complable, ne flit pas inembre do la Societe. II serait tenu un registro exact des recettes des fonds de loute nature, soit des secours ou dons d'encourage- ment provcnant des bienfails da roi et des ministres, soit des dons particuliers fails par dos amateurs, soit des souscriplions que la Societe ouvrirait pour se pro- curer plus facilement rimpression et la gravure de ses travaux, enfin du produit de la \enle de ses ouvrages; et d'apres les bordereaux du monlant de ses receltes, (jui lui seraient prcsentes dans ses assembloes, elle deciderait c;l reglerait les dejicnses 11 est inutile de s'elendre davanlage dans des details de regime et administration. Ce qu'on \icnt d'exposer suflit pour donncr une idee de la formation de cette Societe et faire senlir son uli- lilo. S'ii etait question de rdgler des constitutions ou des statuts, on onlrerait dans tous les details convena- bles; mais on doit elre persuade, par la lecture de ce memoire, que I'excculion du plan qu'il contient serait un des meillours moyens pour j^orlcr la geographio a toute la perfection que celte science pout alteindrc. Juilltt 1785. ( 381 ) EXTRA IT d'uNE LETTRE I)E M. LE MINISTRE DE l'iNSTRUCTIOK PUBLIQUE ET DES TUAVAUX PUBLICS d'^GYPTE A M. JOIMAUD. Le Caire, ce 20 rabiaouel 1566 (5 fe'vrier i85o). Monsieur, Parnii Ics nouvelles que vous voiis plaiscz 0 savoir, vous qui vous interesscz lant aux progies de I'Egypte, je vous annonce lieureusement que notre bureau de traduction pousse toujours scs travaux avec le m6me z^lc : oulre les professours des ecoles , une trentaine (\e bons Iraducleurs s'v occupenl, sous la direction savanle de Relaha-Bey, de Iraduire les ouvragcs utiles au pays. Enlre autres ouvrages de leurs Iraduclions nouvelles, le Traite d'aiilhiitetique de M. Reynaud ; la Geontctiie appliquce aux arts, en trois volumes, par M. Dupin ; un petit Traite (Varpentage; un Traite de geodesie; le second volume de la Geographie de Malte- Brun , et quclques autres ouvrages , sont deja sur le point de paraitre en public ; I'inipression en est ler- minee, et je compte avoir la satisfaction de vous en envoyer bientot dos exemplaires pour completer la collection des traductions publiees en l'>gypte , que vous avez deja. Le Iroisieme volume de la Geographie de Malte-Brun est deja sous prcsse. Un diclionnaire des sciences medicales, traduit par les professeurs de I'Ecole de niedecine du Caire, et re- vise par le cheikh Tounissy, ^sl j)ret a elre Iivr6 a Tim- prime rie. ( 382 ) Les travauxde sondage de M. Noelinger, dans la haute Egypte, conlinuent egalement, de maniere a nc pas d(^srsperer dii succ^s. Par I'ordre du vice-roi, Ic minisl^re dc Tinstruclion publique el des travaux publics est d^ja installs a la citadolle dii Caire. Dans le but de faciliter rexpedltion des aflaires piibliques, S. A. a cu I'idee de r^unir, dans une scule enceinte, tons les minist^rcs et toutes les administrations publiques nt)n locales. D'un cote, ce n't'st pas sans peine que nous avons quitt6 I'ancienne maison de I'lnstitut francais au Caiic , cette locality qui seinblait filre deslin^e a servir de lyc6e pour i'ex- lension des lumiei'es; mais, de I'aulre cole, nous sonimes dedommag^s par I'occupation d'un vasle hotel tout pr6s du grand serail du vice-roi a la ciladelle. Le mirmiran (,'t le minislre de I'instruction publique et des travaux publics, Euhem-Pacha. NOLVEAL VOYAGE DE M. LOTTIN DE LAVAL. M. Lottin de Laval, charge par le gouvernement d'une nouveile mission scienlifique en Egvpte et en Arabic, vient d'arriver a Paris. Parti deSuez avec quel- ques Bedouins de la Iribu des Zaoualcha, il a remould toute la cole du golfe H(iroopolile, en visitant les Fon- taines de Moise, le desert de Sin, Tor et Ras-.Moham- med ; puis, remontant vers le nord , il est alle mme M. d'Ab- badlo a plus do oiii([ cents uiols do eel Ididnie, nous ne voyons ])as, en I'absence d'objeclious plus pro- baiUes . qu'il laiile renoncer an noin de Conialiad, que M. d'Abhadie cioit elro lo iioni iudipcne de celte lanpue. Quaut a la langui; lulle, M. d'Abbadic I'avail rangee a cole desidiomes alar, ilinorma, elc, en se fondani sur une lisle de dix mols. En general . nous crojons, avec M. Beke, qu'un vocabulairc aussi niiniuie est tout a Tail insulTisanl pour classer une langue;mais M, d'Abbadic, a qui nous faisions celle objeclion , nous a nionlre une lisle de trenlc mots, en oulre des nonis de nonibre, et nous n'avons pas besile a croire avec lui, qu'en allendanl de plus aniplos informations, il est lout a fail legitime de ranger a pari, sous Ic noni special de latigue, ridiomedespeupladesappeleesTufte par les Galla, el qui se donnent eux-niemes le nom de Gadela. A celle classification dislincto, M. Ikke n'oppose d'autre cbjection que la situation g(5ograplii- ([ue, qui est loin d'avoir en etlinograpbie lout le poids qu'il lui attribue. Le menie mollf lui a fait classer, a c6t6 de lalangue gonga el tout a fail a tort, la languc tambaro, dont M. d'Abbadie a rassemble j)lus de deux mille deux cents mots : il est done parfailement en mesurc de declarer que celle langue n'a rien a faire avec celle des Gonga. Cost sous le nom de groupe de Gonga que M. Beke designe un ensemble de langues, dont M. d'Abbadie fait une famille, qu'il appelle Kamilique. M. Beke ne cite que qualre idiomes de celte famille, dans laquelle M. d'Abbadie parail lenir beaucoup a comprendre une ( 389 ) quinzaine de langues qu'il designe par les nonis sui- vanls : Bilen, Kamliga , Huarasa, Auga , Gonga, Ka- lacco, Daiiro, Gazaiiil)a , Doqqo, Se , Yamnia, Saka, Naa , Nara, et peut-elre ineme le Bija. Le nom de Sidania, usite par M. d'Abbadie dans ses premieres lettres de I'Ethiopie est, couime le fait tr^s bien retnar- quer M. Beke, iin lerme vague : il est employe en effel par les Galla pour designer loutes les peuplades clire- tiennes qui occupaient le grand Daniot avant I'invasion des Galla. Ceux-ci, en effet, comprennent sous le nom de Sidama les habitants des divers pays Gurage, aussi bien que reux de Kamba, du Kafla , etc., etc. D'un autre cote, M. Beke s'est trompe en appliquant le terme Dawaro a un pays alVicain dont il lui est im- possible d'assigner les limites. Jadis, sous la domi- nation unique des anciens rois d'Aksum, il y avail bien un pays nomme Dawaro, cite par Ludulf : aujour- d'hui, au conlraire, ce nom parailrait ne plus exister que sous la forme Dauro ou Dauroa, qui designe une langue parlee par trois pays limitrophes , Kullo et Gobo, dans la peninsule du RalTa, et Walayza , qui s'(itend a Test de ceux-ci et sur la rive gauche de I'Uma. Le nom Warata est employe seulement par les mar- chands d'esclaves pour indiquer collectivement ces trois pays, dont le dernier est physiquement dtitachti des deux premiers. Nous ne croyons pas M. Beke autorise a appeler la langue Se un dialectede celle de Kaffa, puisqueM. d'Ab- badie dit en avoir rassembld quelques centaines de mots et affirme ensuite que c'est une langue a part. Le meme voyageur aurait ainsi dit, selon M. Beke, mais c'est sans doute dans une communication ant6- XMI. Jb'IN. 'i. 27 ( 390 ) rieurc a sa dorni^re assrrtioii, qui est ajipuyce en ouire d'nn pclil vocahulaire. En eflol, tout en sachanl gre au voyageur d'avoir cominuniqiie a I'Europo savante ses premiers ronseignenicnts elhnograjiliiques , on n'est pas en droit de les lui opposer quand il a reclifi^ son esquisse par una 6tude post^rieure et assidue. II est a d^sirer que tous les voyageurs sachent joindre la franchise a la perseverance, en reclifiant les premiers resultats d'une etude aussi ardue que seche. Nous sommes en mesure d'affirmer que la langue Naa (Nao avec I'article) est tout-a-fait distincle de la langue Se : du moins les noms de nombres autoi isent celle conclusion. Quant a I'expression « langues de n^gres, » cit^e d'apr^s le premier travail de M. d'Ab- badie, nous ferons remarquer que ce voyageur y a renonce, a cause de la difficulle de classer les Doqqo el les Baria, qui sont regardes con)me negres par quel- ques-uns de leurs voisins, landis que d'aulres repous- sent ^nergiquement celte qualification, qui est encore plus injurieuse en Afrique qu'en Europe. C'esl la crainte d'etre regarde comme n^gre qui onip6cha I'in- terpr^le Doqqo, cit6 par M. d'Abbadie, de lui donner un vocabulaire de sa langue. Ce lueme interprete a ete vu par M. Beke, qui ne s'est pasdoul6 de son origine. Relativement aux Yambo de M. d'Abbadie, nous ne saurions les mellre, avec M. Beke, sous le 9* degr6 de latitude nord dans I'ile de Denab, puisque, en outre despreuves apporlees par M. d'Abbadie, une assertion positive de iM. Thibaut nous apprend que cette lie est habil6e par les Siluk. M, Beke a suppose, un peu leg^remenl selon nous, que les Konfal sont identiques avec les Ginjar, donl ( 391 ) le dialecle est lellcment rempli d'arabe, quf ces peii- plades se font aisement coniprendre a tons ceux qui ont appris I'idiome iisuel de Kartiim , c'est-a-dire un dialecte de I'arabe vulgaire ; il nous r^pugned'ailleurs de suppose!' que M. d'Abbadle ait pu confondre les tribus si nombreuses des Ginjar avec la chetive peu- plade des Konfal, dont il a ete le premier a enlretenir I'Europe savante. Nous nous souimes etendus considerableraent sur I'opusoule qui accompagno la cai'te ethnograpbique de M. Beke ; car, aulant le nom si justement celebre de M. Bergbaus nous invite a accepter sans restriction les renseignuments qu'il nous donne , autant nous desirons relever au plus tot les erreurs qui deparenl son atlas pbysique. Si d'une part nous avons a louer M. Beke d'avoir 6te le premier a recueillir dans une carte les notions un peu confuses encore que nous avons sur I'elbnographie de I'Afrique orientale, si de I'autre nous avons a regrelter que M. d'Abbadie tarde si longtemps a donner a I'Europe savante le resultat de ses longues etudes philologiques, nous ne saurions laisser amoindiir le m^rite de notre compalriole. Si M. le docleur Beke avait au surplus quelques ob- servations a faire surnos appreciations de son memoire, les colonnes du Bulletin de la Sociite de geographic lui sonl ouverles, comme elles le seront toujours a toule personne qui aura des observations scientifiques a lui communiquer. { 3t»2 ) ANALYSE DKS Ol'\n\CliS OFFliRTS A LA SOClii'l/-: PliNDA.NT LKS MOIS DK MAI liT Dli JUIN 1850; I'm- M. COnX^MBEriT. Dictionnaire geographique el statislique, par Adrien Giiibert. 1 gros vol. in-8°. 1850. Adrien Gnibert, Irop lol enleve aux sciences et aux lellres, a laisse dans ce dictionnaire un travail con- sciencioiix et utile, que tous les aniis.de la geographic voudront possedcr. II est impossible de r^unir en 1 i)00 pages plus de renseignemenls precicux et exacts. L'orthographe geographique, si niallraitee dans tant d'()u\riiges, y est I'objet d'un soin particulier; les in- dications statistiques y sont innombrables et puisnes aux nieilleures sources. Le desir de maintenir rigou- reusement la nomenclature indigene a engage I'auteur a mellre les divers lieux a la place alphabetique que lour assigne leur nom dans la langue du pays : celte nii^thodc , exccUente en principe , mais poussee peut- 6tre ici trop loin, a sans duute quclque inconvenient pour des Iccleurs I'rangais, qui ne penseraient guere a allcr cUercber la liussie a Hossin, V ylUeinagne a Deutschland, X Anlriche a Oslerveich; elle est embarras- sante pour le redacteur lui-meme, qui est oblige, dans le couranl de la description, d'emj)loyer le mot fran- ^ais et non I'indigene, et qui est bicn force de faire a sa r^gle generale de nombreuses exceptions pour les nt)ms turcs, arabes, etc., coinme Consictntinople, le ( 393 ) iaire, V Arabic. Mdtoc... Dii rcslo , il est juste do diio que des renvois noiubreux penncUent loujours, on deljnilive , de trouver le nom qu'on chcrche. Nous aurions desire aussi que les renseignements stalisti- ques et les divisions poliliques fussent dis|)os6es quel- quefois en tableaux, pour etre plus facileinent em- brasses et compares , et que la geographie historique occupat un peu plus de place, Mais ces critiques n'al- teignent en rien le fond de I'ouvrage, qui restera un des monuments geographiques Aleves avec le plus de conscience et de soin. Coup Wceil rapide sur la repubtique de Costa- lUca, par M. Molina, ministre plenipotentiaire de la repu- blique de Costa-Rica. Cette petite republique, plac^e si avantageusement vers I'endroit le plus resserre de I'Am^rique centrale, entre la mer des Antilles et le Grand Ocean , ful une des premieres contrees decouvertes en Amerique. Co- lomb y aborda dans son Iroisieme voyage, et la pre- miere colonie parall y avoir ote fondec en 1502; son nom {cote ric/ie) I'ut dii sans doule a Fexistence des mines d'or de Tisingal, situees vers rAllanti(jue, pres de Boca del Toro. Aujourd'hui on exploite pnrticulie- rement les mines d'or d'Aguacate. On exporte des bois de teinture, du caf6 excellent, de la nacre, des perles, de la salsepareille, de I'ecaille de torlue, du tabac. II y a dos volcans , d'assez frequents Iremblemenls de terre, un sol Irfes fertile, un climat pluvieux d'avril a novembre, sain sur Jo Grand Ocean, nialsain sur I'At- lantiquc, lemperc cl salubre sur les jjlateaux de Tin- ( 394 ) terieur. La population est de lUOOOO habitanls, doiit t'OOOO l)iancs et 1 0000 Indiens. Les d^parteinenls ou provinces sonl an nombre de 6 : San-Jose, Cartage, Herodia, Alajnela , Guanacasta, Punta-Arena. C'est sur ie Grand Ocean que sent los meilleurs ports : le ^olfo Dulce, Punta-Arena, etc. La communication pro- jetee entro Ics deux mers par la riviere San Juan el le lac Nicaragua, int^ressera singuli(^rcmcnl ce nouvel Ltat , sur Jes IVontieres durjuel elle se tiouvera en grande parlie. Ijne carle, dressee par M. Lallier aine, accompagne cette interessante notice, ou est nien- lionn^e la convention par laquelle I'un de nos eslima- l)les confreres, M. Gabriel Lal'ond , consul general de la republique de Costa-Rica a Paris, vient d'obtenir la concession d'un grand lerritoire aulour du golFo Dulce, pour y ^tablir une colonic de families europeennes. U Asic Miueure et I'enipire Otloinaii, par M. Pierie de Tchihatchef. 1 850. L'auteur trace d'abord le tableau de I'elal actuel el des ricbesses de I'Asie Mineure. Celte belle prequ'ile osl divisee administrativement on 11 eyalet : Trebi- /.onde, Kastemouni, Rudavenguiar, Biga , Angora, Saroukban, Aidin , Karaman, Adaua, Maracb, Sivas, qui se subdivisent en 39 sandjaks el 580 cazas. Deux divisions pbysirjues s'en partagont la surface : la region des plateaux, qui occupe i'iuterieur; et la region des niontagnes, qui couiprend le nord, I'ouesl et le sud : cette derniere est la plus ricbo, ct enlre sos bauteurs s'elendent des vallees d'une admirable ferlilile. M. de Tcbilialcbef examine successivement les nomlueux ( 395 ) produils de I'Asie Miiieme : les cer6ales, I'huile, le taliac, le pavot a opium, la vallonnee (glands de chene), le djeliri [Rhnntnus infectorins), la laine de la cli^vre d'Angora, les mines d'argent, de plomb, de cuivre, de sel , de cliarbon de lerre, les lavages d'or. 11 consacre la seconde partie de son travail a la situa- tion politique, militaire et financi^re de la Turquie. II deplore le peu de soins donnas a I'amelioration de la navigation interieure, et signale, en passant, le fait curieux du dess6chement presque subit de plusieurs lacs considerables de I'Asie Mineure, comme le Kes- telgheul, le Soglagheul (I'anclen Trogitis). II expose les sources du revenu public , la composition de I'ar- nide turque, el le peu de fruits qu'ont encore obtenus les sentiments g^n^reux et philanlbropic|ues du gou- vcrnement actuel de la Porte, lels qu'il les a manifestes par le celebre batli-cberif de Gulhane en 1839. Hcsame succinct des obseivations Jailes jusqii'ici ,tiir la rube/action des enux, par M. le docteur Camille Mon- tagne. La coloration qu'on observe sur plusieurs points de la mer et meme dans les eaux douces a et6 I'objet des recbercbos inleressantes de M. Montagne. 11 1'explique generalement par la presence de ces innonibrables elres places sur la limile commune des deux regnes organiques, etqui, souvent reduits a I'unite cellulaire, et jouissant cependant du mouvement de trnnslalion, ne sauraienl 6tre nettement places parmi les animaux ou parmi les vegdlaux. Une des ylaies d'Egyple, celle des oaux cbangees en sang, peut elre atlribuj^e a V Kn- ( 396 ) glena sdn^iiinea ,• la iiier Roiigv d loiilo la iiicr Krytliree des anciens pai'aissenl devoir leiir noni a la rubefaction produite par une algue, K; Tricliodesinium eijthtxeiun; la coloration obsoi'vee dans TAtlanlique, sui' les cotes flu Br^sil, ot dans l'oc(^an Pacifiqiie , sur les cotes du Mexique et de TAmerique centralc . est produite par une espece du mfiuic genre. Toutefois, ailleurs, la coloration est certainouienl causae par des animal- cules infusoires et par de petits crustaces. Chaque printenips, par I'efTet d'une oscillaiie, le lac de Moral SL colore en rouge; phenom6ne dont les pecheurs exprinient Tapjiarition en disant (jue le lac fleurit. D'apr^s les Recherches de MM. Morren sur In rubejaction des eaiix, le nombre des especes microscopiques qui contribuent a la coloration des eaux douccs et salves peut s'6lever a 42. Annales dc la Societe d'agricultiwe, arts ct commerce du departemenl de la Charente. Septcmbre, octobre, no- venibre et decembre 1849. Nous Irouvons dans ce volume un tr6s inleressant memoire de M. le docteur A. Capelle sur les Marais et leiirdessechenient. Les differentes causes qui produisent les aiarais dans toutcs les parlies du globe, lesmiasmes delcleres qui s'en ecbappent, les diverses maladies qui en sont la consequence, les moyens de rem(^dier a Taction de ces dangereux amas d'eaux stagnantes, y «ont exposes avec beaucoup de savoir et de clarte. [La suite de Vanalyse au numero dejuUlet.) 397 ) DEUXIEME SECTIOX. Actes tie la Societe. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES STANCES. PnisiDENCE UE M. POULAIN J)E BoSSAY. Seance du 7 juin 1850. Le proces- verbal de la derniere seance est lu et adoplf^. M. le ministre de la guerre 6crit, sous la date du 30 mai dernier, au president dc la Societe de geogra- phie, pour lui annoncer qu'il viont de decider qu'un exemplaire de I'ouvrage de I'lngenieur en chef des mines Fournel, sur la Richesse mine.rale de PAIeerie. publie aux IVais du gouvernenient, sera donn6 a la bi- blioth^que. (Voir aux ouvrages offerls.) Des remercie- ments seront adresses a M. le ministre, M. Dussieux est chargd de rendre conipto de cet ou- vrage. M. Jomard donne lecture d'une lettre de M. Fulgence Fresnel, ancien consul de France a Djedda, dat^e du Caire le h uiai, qui lui annonce la suite de son Me- raoire sur le Wadav; tl M. \c njinistre des affaires ( 398 ) 6lraiit;cres tiansinol a la Society, par sa lellre du 28 du mfiine inois, la portion aniionc^e du Memoire de M. Fresnel, qui est renvoyee au comit^ du Bulletin. Le secretaire de la Sooi^l^ royalo asiatique de Lon- drcs Iransmct le tome XII, 2" partio , du journal de cetle Soci(^ti' , et adresse en niemc temps des remer- cicmenls pour renvoi des tomes X et XI du Bulletin de hi Societe de geographic. M. Prax fait homraage a la Socicle (.le la Carte de la regence de Tripoli, (|u'il a publiee, et met a sa dispo- sition pour le Bulletin un Lirage de ladite carte, gravee sur pierre. Apr^s quelques observations failes a ce sujet par plusieurs membres , la Commission decide que son t-ecretaire general ecrira a M. Prax, d'abord pour le remercier, et ensuite pour le prier do vouloir bien laire connaitre ses intentions |)ar ecrit, el s'il jugerail convesiable d'accompagner sa carle d'un me- moire ou notice contenanl des explications sur les procedt's (ju'il a employes pour sa confection. L'Academie des sciences de Saint -Pelersbourg en- voie plusieurs volumes et livraisons de ses 3l<^tnoires. ( Voir aux ouvrages offerts.) Des remerciemenls seronl adrcsses. M. Jomaid communique une leltre qui lui a k\.k ecrite du Cairo, le 20 rabiaouel 1266 (5 f^vrier 1850) , par le mirmiran Edhem-Pacha, ministre de I'inslruc- tion publique et des travaux publics, pour lui annoncer la traduction de plusieurs ouvrages scientlfiques fran- ^ais , parml lesquels figure la Geographie Ai^ Malte- Brun. — Renvoi au comite du Bulletin. Le meme membre offre a la Societe, dr hi part de M. Hermann F. f.udewig, do New -York, une lisle bi- ( 399 ) bliograpliique d'ouvrages ctde cartes publiesaux Llats- Lnis stu- la Caiifornie. — Renvoi au comit^ du Bul- letin. Le meme fait connaitre a I'assemblee que V Atlas slatistique -aciministratil" de la France, enlrepris en vingt cartes sous ies auspices de M. le minislre de I'a- griculture et du commerce, est confie aux soins d'une commission qui a d^ja tenu plusieurs stances, et que la carte de fond est deja gravt^e. Le mfeme annonce la publication d'un grand ouvrage de M. le colonel Cliesiiey sur le cours de I'Eupbrate et du Tifiie; un grand atlas en 12 feuilies et 2 volumes in h" de texte ont deja parii ; Ies deux autres ne tarde- ront pas a etre livres au public. u . - Le meme membre donne enfin communication d'un ancien projet do societe de geographic francaise por- iant la dale de juillet 1785; ce projet manuscril, qui n'est revetu d'aucune signature, mais que M. Jomard attribue a Jean-Nicolas Buache, est renvoy^ au comite du Bulletin. M. de La Roquette, secretaire general de la Commis- sion centrale, entretient la Societe des importants Ira- vaux de M. le general Semino, attache en ce moment au service du cliah de Perse, et residant a Teheran , collaborateur, quant aux operations trigonometriques, du colonel, aujourd'hui general, iVlonteilh, qui a public a Londres, en 1828, une carle de Perse. M. le general Semino exprime I'intention, dans une lettre conliden- tielle adressee a iM. Jides Laurens, attache comma peintre dessinaleur a la mission scienlifique de feu M. Hommairc do Hell, que Ies nombreux documents remis par lui en original a ce dernier ou dont il la ( 'I on ) autoriso ;i prcnche cles copies, et qui doivent tons elre publies sous Icurs deux nonis (quelques uns de cos travaux ayant etc fails en coinmun), soienl communi- ques a la Societc. II temoigne en meme lemps le desir d'etre nomme membre correspondant de la Society. La Commission cenlrale charge M. de La Roquelte de recueillir les documents mcntionn«^s par M. le u;eneral Semino, pour en donner communication a la Societe, et renvoic , suivant I'usage, a la seance prochaine , la nomination de M. Semino, qui est pr6senl6 par MM. de La Roquette ( t Poulain de Bossay. Le meme membre presente egalement, avec M. Pou- lain de Bossay, pour une place de correspondant etranger, M. le lieutenant colonel Francisco Coello, du corps du genie espagnol residant a Madrid, I'un des collaborateurs du grand Dictionnaire geographique, sta- tistique et histofique de V Espagne et de ses possessions d'outre-mer, qu'il doit accompagner d'un atlas dont plusieurs cartes sont deja publiees. Comme pour le general Semino, la nomination est renvoy^e a la pre- miere seance. Le meme membre expose que la bibliothequc de la Societe, quoique fort riclie en ouvragcs et en cartes geographiques, par la generosile des differents d^par- tements minisleriels, des academies et societes scien- lifiques I'rangaises et elrangferes, et d'un grand nombre de jiarliculiers, ne possede cependant pas plusieurs ouvrages, journaux et carles, qui seraient d'une grande utilile pour ses mend^res, ainsi que pour les Frangais et les Strangers qui viennent frequemment y faire des rocherches. U signale plus specialement le Journal des savants, les Co/nptes rendus de r Acadeim^ des sciences. ( MM ) les Annates et les melanges fiydrographiques, Ics Arehives ties missions scientifiques, elc; les cartes el documcnis g^ographiques publies par les corps des mines et des ponts et chaiiss^es, etc., et propose d'inviter M. le pre- sident de la Commission centrale a r^clamer la bien- veillante intervention do M. Dumas, ministre du com- merce, president de la Society, aupr^s de ses collegues, et, en ce qui concerne les Comptes rendus de V Acadenue des sciences, mine si riche en faits importants interes- sanl la geographie, aupres de la commission de I'Aca- d^mie, pr^sidee par M. Arago, afin qu'ils veuillent bien enricliir noire liibliotlieque de tous les ouvrages et cartes geographiques, etc. , publics sous ieurs auspices, dont ils ne I'ont point encore gralifiee. Cette proposi- tion est adoptee a I'unanimile. Le m5me membre propose d'envoyer en communi- cation, a M. le ministre de I'agriculture et du com- merce, une brochure offerte a la Society par I'auteur, M. Aaron Plaig-Palmer, conseiller a la Cour supreme des Etats-lJnis; elle renferme, sur les nations inde- pendantes de I'Orienl, d'utiles informations geogra- phiques, politiques et commerciales, que le departe- ment du commerce pourra peul-elre consulter avec fruit. Celle proposition est adoptee. M. d'Avezac annoncc ie prochain depart de M. le capitaine de vaisseau Protet pour le Senegal, dont 11 vient d'etre nomme gouverneur, et deuiande pour lui les instructions de la Societe. Une commission com- posee de MM. d'Avezac, Antoine d'Ahbadie et Jomard, est nomm^e pour preparer ces instructions. M. d'Abbadie demande, a cetle occasion, que la So- ciety public dans son Bulletin les instructions remises . ^02 ) aiix voyageurs: celle proposition a ^Ip adoplc^e, apres rohscrvalion de iM. de La Roqiiolte, quo, depnisqunhjuf temps ce genre de publication sc faisant dans le Bul- letin, il nc s'agit plus cjuo do la continuer avec exac- titude. M. Noel des Vergers rend compte vcrljalement de ses voyages en Italie et des fouilles qu'il a fait ox^cuter dernierement pres de i'eniboucluire dc I'Arno pour relrouver les vestiges d'anciennes vilies etrusques ou roraaines. L'assemblee entcnd celle communication avec beaucoup d'interSt, et prie M. des Vergers de vouloir bien renietlre une notice a ce sujet an comitf"- du Bulletin. M. Albert - Montemont entretient Tassemblec du projet qui parail avoir 6t6 concju de transporter a Ver- sailles les deux grands globes, ouvrage de Coronelli, qui se Irouvent en ce moment a la Bibliolh^que nationalo, et il demande qu une commission soil nommee a I'efftrt d'intervenir pour la conservation a Paris de ces cliefs- d'oeuvre de I'art, qu'il serait impossible de d<'-placer sans les detei'iorer. Apres avoir onfendu plusieurs membres, celle proposition est adopt^o. MM. Albort- Montomont, Daussy, d'Avezac, de Frobervillo, Isam- bert el Sedillot, composeront la commission , qui ne s'occupera de I'objet de sa mission qu'apr^s que des renseignements sur I'etat actuel des choses lui auront 6te communiques par M. Isambert, qui vent bien se charger de les prendre. M. Antoine d'Abbadie demande a M. Jomard des nouvelles de I'expedition du haut Nil. Celui-ci ayant r^pondu qu'il ne pensait pas qu'on eOt rien fait a ce aujet, M. d'Abbadie propose alors d'^crire an pacha ( Zioa ) (I'Kgypte pour lui demarider la conlinualion du voyage aux sources du Nil. Celle proposilion , appuyee par M. Jomai'd, Test egalemeut par la Commission. La Socielo adinet au noiubre do. ses membrcs : M. Amedee Fabre, consul de France a Chrisliania, en Norvege, sur la proposilion de MM. de La Puiquetle et Poulain de Bossay; et M. Manuel Robles , colonel du g^nie, commandant militaire a la Vera-Cruz, sur la proposilion de MM. Albert- Montemont et de La Ro- quetle. Seance tin "21 Jiti/i 1850, Le proces- verbal de la derniere seance est lu et adopte. D'apres les explications communiqud^es parM. Isam- berl, sur le projet de transport a Versailles deg deux grands globes de Coronelli, qui se trouvonl en ce mo^ ment a la Biblioth^que nalionale, dont il a 6te parle dans la seance prec^denle, la Commission centrale decide, sur la proposilion de son president, qu'on allendra , avant de faire aucune demarche, que la commission du budget de I'Assembl^e nationale ait present^ son rapport. Par sa letlre du 20 mai dernier, le secretaire de la Societe royale de Londres accuse reception des torn. X- el XI du Bulletin de la Societe de geogrnphie. M. Gabriel Lafond, niembre de la Commission et consul general de la republique de Costa-Rica, fait horamage a la Soci6t6 d'une brochure de M. F. Molina, ayaul pour tilre : Coup d'ceil rapide sur la republiijue de Costa-Rica, accompagne d'une carte de cet ttat de TAm^rique centrale. -- Renvoi au comit6 du Bulletin. ( liOh ) M. Jonianl nnndnce quo, dans une lettre qui lui a ^le (icrito du (iiiiie \c li juin dernier, M. Fulgencc Fresnel, ancien consul do France a Djedduh, inande que les renseigncments recueillis par lui sur TAfrique int^rieure ont ^le conlirmes par le reverend docteur KrapF lors do son passage au Caire. II ajoutc : 1" Que le lac Ij/iinmesi (prononccz ou/i/ai/teci) du docteur Krapf, silue par les 3" et li" parallcles S., cor- respond a la liter Blanche nieridionale des A\'adaiens; 2' Que le direcleur de I'Ecole des langues au Caire, Refali-Bey (ancien eleve de la mission egyptienne en Franco) quitle son ecole pour en elablir uno a Khar- toum, lieu oules Anglais viennent de cr^erun consulal. La pluparl des employes europeens sont renvoyes du service de rbgypte. On craint pour I'avenir des eta- blissomenls d'instruclion , qui avaient d6ja ^t^ reduils considerablement. Le memo tnembre communique a la Societe quel- ques uns des r^sultats du nouveau voyage scienlifique de M. Lollin de Laval en Egypte et en Arabic, ou il avail ele envoye par le gouvernemenl, et annonce que ce voyagour vient d'arriver a Paris. — Henvoi au co- mity du Bulletin d'une note sur cette exploration. M. de La Roquette, secretaire general de la Com- mission centrale, donne communication d'une lettre porlant la date du 2(5 avril (8 mai), qu'il vient de rece- voir de Sainl-Petersbourp, de M. Alexandre de Guiers, secretaire de la Societe iujperiale g^ographique russe, qui lui annonce que cette Society a recu avec recon- naissance les Bulletins que la Societ*^ de geographie lui avait offerts, et surlout la proposition de son secre- taire general d'^tablir des relations IVequenles et r^gu- ( 405 ) lieres entrc les deux Soci^tes. M. do Guiers ajoute qu'il est charge d'adresser, an nom de la Soci(!!te de geogra- phic de Russie, tout ce qu'elle a publii^ jusqu'a ce jour et dont il fait renumeration , et d'infornaer qu'il fera parvenir au fur et a mesure qu'ils paraitront tous les travaux des expeditions envoyees par la Soci^te pour rexploralion scientifique des diverses parties de la Russie, el notainment de I'Oural septentrional, qui doit former un ouvrage special. M. de La Roqueltc fait connaltre que les ouvrages annonces ne sont point encore parvenus, et qu'aussitot qu'il les aura regus , il r(5pondra a M. le secretaire de la Societe geographique de Russie, pour lui en accuser la reception et lui expriiner les remercieinents de la Societe. Le meme membre communique egaleraent une rd- ponse de M. le prince de Galitzin, datee de Saint-Pe- tersbourg le 12 mai (24) dernier, a deux lettres qu'il lui avail adressees les 22 fevrier et h mars precedents, pour redamer son concours relalivement au Rapport annuel, etc. M. le prince de Galitzin, se trouvant indispose en ce moment, ne peut s'occuper lui-meme de ce travail; raais il a transmis les lettres du secretaire general a la Societe imperiale geographique russe, qui a bien voulu charger son secretaire d'entrer en communication avec les hommes superieurs de cette Societe, afin d'en ob- tenir les renseignemenls les plus circonstancies et les plus certains sur toutes les questions du programme; ils seront transmis ensuite sous forme de memoire a M. de La Roquette. Des remerciements seront adre.vses. Le memo membre met sous les yeux de la Commis- xiri. JuiN. 5 28 ( 40() ) sion une panic des travaux graphlques cl ties manus- f rlls des travaux executes en Porsc par M. le gc^noral Barthelemy Semino et par feu M. Hommairc de Hell, ainsi que I'un des portefeuiiles des dessins fails pen- dant le voyage scienlifique de ce dernier par M. Jules Laurens, attache a sa mission comme dessinateur. Les divers travaux de M. le gen(^ral Semino sont exa- mines avec int^r^t par les membres de la Commission; lis n'cn accordent pas un moins vif aux ceuvres de M. Jules Laurens, qui annoncent dans ce jeune artiste un talent fort remarquable. La Soci^te accueille avec reconnaissance la proposition faite par M. Jules Lau- rens de faire une reduction de la Vue qu'il a prise des Porles Caspiennes, de maniere qu'elle puisse cntrer dans I'un des prochains Bulletins ; M. de La Roquette extraira des manuscrits de M. Hommaire de llell, que sa veuve veut bien lui confier, et avec son autorisation, la portion de son Journal relative aux Porles Caspiennes, pour 6tre imprim6 dans le Bulletin comme complement indispensable de la Vue qui sera remise par M. Jules Laurens. M. Prax ecrit de Paris au secretaire g^n^ral de la Commission centrale, sous la date du 21 juin courant, et lui iransmet pour le Bulletin une Notice sur la Carte de la r^gence de Tripoli et sur les principales routes commerciales de I'inierieur de I'Afrique. Le president de la Commission centrale invite- le secretaire general a s'entendre avec M. Prax sur la reduction de la Carte de la regence de Tripoli, et adresse a ce voyageur des remerciements pour la communication de son M6- moire, qui sera envoye au comittli du Bulletin. MM. le general Barlhelcmy Semino, residant a T^- 1 ( A07 ) heran, en Perse, et Francisco Coello, lieutenant-co- lonel du corps du genie espagnol, rt^sidant a Madrid, sont nomm^s correspondants Strangers. La Sociele admet au nombre de ses membres M. Her- ran, char£;6 d'affaires de la republique de Costa- Rica a Paris, sur la proposition de MM. Jomard et Lal'ond; ct M. Hippolyte Ferry, sur la proposition de MM. Jomard et Duflol de Mofras. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCltrt. Seance du 7 juin 1850, Par le ministere de la guerre : Richesse min^rale de i'Algerie, etc, par Henry Fournel; publie par ordre du gouvernement. Tome I". Paris, 1849. 1 vol. in-Zi°. Par le ministere de r agricidtui^e et da commerce : Do- cuments sur le commerce exterieur. Fevrier et mars 1850. 2 livr. 'm-h°. Par la Societe royale asiatique de Londres : The Journal of the royal asiatic Society of Gi^eat Britain and Ireland. Vol. XII, 2<= part. London, 1850. 1 vol. in-8". Par les auteurs et editeurs : Revue de I'Orii nt. Mai 1850. — Bulletin de la Societe geologique de France. — Extrait des travaux de la Societe centrale d 'agricul- ture du departement de la Seine-Inferieure. 1'^' Iri- mestre de 1850. — Bulletin de la Society pour I'in- struction elementaire. Mars 1850. — Bulletin special de I'institutrice. Mai 1850. — L'Investigateur, journal de ITnstitut historique. Fevrier 1850. — Journal des missions 6vangeliques, Avril 1850. — Zeitschrift dor Deutschen morgenliindischcn Gesellschafl. Viertor Band. II Heft, 1850. ( 408 ) Par I' Academie ini[jeriale des sciences dc Saint- Pe- tersbourg : Bulletin de la classe hislorico-philologique de cette Academic. Tomes IV, V el VII. Sainl-Pdlers- bourg, 1848; 3 vol. 111-4°. — Mt^moires prescntes par divers savants et lus dans les assemblies. Tome VI , 2° el 3« livr. Saint-Petersbourg, 1848. Seance dii 21 Juin 1850. Par le niinistere de Pagriculture et dii commerce : Do- cuments sur ie commerce ext^rieur (n" 492 a 404). Par les auteurs et editeurs : L'Asie Mineure et I'em- pire oltoman , 6tat actuel et richesses nalurelles de I'Asie Mineure, situation politique, militaire et finan- ci^re de la Turquie ; par M. Pierre de Tchihatchef. (Extrait de la Bevue des Deux-Mondes, livr. des 15 mai et 1" juin 1850.) — Annales de la SocitUe d'agricul- ture , arts et commerce du d^partement de la Cha- renie. Septembre , octobre , novembre et d6cembrc 1840. — Bulletin special de I'institulrice. Juin 1850. — Par M. le docteur Camille Montague : Resume suc- cinct des observations faites jusqu'ici sur la rubefaction des caux. ( A09 ) ERRATA BU CAIII£Il DE MAI. A^. B. U s'est glisse quelques fautes dans le BuUehn de inai (article sur les Antiquites de la Noiwelle-Gre- nade), et le temps a manqu6 pour graver les dessins annonc^s dans I'inl^ressante lettre du colonel Acosta. Nous nous empressons de faire les rectifications neces- saires et de remplir les lacunes. Page 3o3, ligne 6 (esquisse du temple). 11 fallait ajouter ici une note, ainsi con<;ue : L'esquisse est trop incomplete pour pouvoir etie gravee; les mesures suivantes pourront y suppleer : Longueur du monument 25 metres. Largeur lo Hauteur 4,5 Hauteur totale supposee r Diametre des colonnes et frontons ou dalles du plafond 0,4 Le monument a ete commence par les Chibchas au xv* siecle. Page 3o3, ligne 7, a fine (inscriptions grave'es en creux ). II fallait ajouter ici unc note, ainsi concue : Voyez la planche de ces inscrip- tions, Bulletin, t. XIII, 3' serie, mai i85o, inseree au numero de juin. I'age 299, ligne 7, a fine . I'AMEniQUE centrale, lisez : ^ouvEH,E-cllE- NADE. Page 299, ligne 2 de la note : Valez, lisez : Velez. Page 3oo, ligne 7 : Valez, lisez : Velez. ( 410 ) TABLE DES BIATIEllES COSTEKL'ES DANS LE XIIP VOLUME DE LA 3= SfiRlE. N°' 73 k 78. (Janvier a Juin i85o.) PREMIERE SECTIOiN. MiMOIRES, EXTBAITS, ANALYSES ET IUPPOHTS. Relation du voyage en Toscane de Basile Likhatcheff, cliar{;e par le tzar Alexis MikhaVlovich de se rendre en ambassade a Florence en iGSg; re'digee d'apres des documents oiigi- naux en langue russe, par M. le prince Emmanuel Galitxin, mernljre eorrespondant de la Societe 5 Expeditions arctiqiies. — Rapport adresse a I'amiraute par le capitaine sir James C. Ross, commandant de I'expedition en- voyee a la recherche de sir /o/i/i Fra?i A /t»i 3^ Analyse des ouvrages offerts a la Societe, par M. Dadssv. ... 58 Routes of the Sahara. — Itine'raires dans I'interieur du grand desert d'Afrique, par M. J. RiCHAnosoN -?3 Memoire siir le Waday, par M. Fulgence Fresnel. (Suite.) . . 82 Expeditions arctiques. — Rapport de sir John Richaiidsos au secretaire de I'amiraute sur I'expedition envoyee a la recherche de sir John Franklin 11; iSarration de I'expedition americaine a la merMorte,parM. Euw. P. MoKTACCE. (Compte rendu par M. Isambert.) 1 29 Note sur les rivieres voisines des e'tablissements francais de la Gotc-d'Or. (Extrait d'une lettre adressee a M. D'Avetac pai M. le coniie RorET-WiLLAi'ME/,, commandant la division na- ( All ) vale des cotes occidenlales d'Afrique i6i) Decouverte SSc Tom.XJJJ.3' Sene /j'2^s- Primer ^pupo del iiortc i ^ B A 'I /•> V^ «.-, ■f Riviere de la Ma^deJeine iSeg'uiido V tei'cero ^riipos proloiigados aoia el sur T.up Hmclrav '■ " it rnli«eiM«iii:t ■^'^iJP pa.' It t Aw»<'ft