"^^-^ s ■m^' Return to LIBRRRY OF MARINE BIOLOGICAL LABORATORY WOODS HOLE, MASS. LoANED BY American Muséum of Natural History m^f^ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 1892 BULLETIN DE F. A ^ r SOCIETE ZOOLOGIQllE DE FRANGE POUR l'année 1892 DIX-SEPTIÈME VOLUME 1^ ^ R^'^ PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 7, rue des Grands-Augustins, 7 1892 AVIS Les Membres de la Société sont instamment priés d'adresser, d'une façon impersonnelle, tous les envois d'a7'gent et les mandats à Monsieur le Trésorier DE LA Société zoologique de France et toute la correspondance à Monsieur le Secrétaire Général de la Société zoologique de France. Qt Scl*li^<2* ^lh5 r LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ AU 27 JANVIER 1892 AVEC LA DATE DE LEUR ADMISSION MEMBRES HONORAIRES Le nom des Membres fondateurs est précède de la lettre F F Barboza du Bocage (Prof. José-Yiceute), membre de l'Aca- démie royale des sciences, à Lisbonne (Portugal). 1891 BexNeden (P.-J. Van), professeur à l'Université, à Louvain (Belgique). 1878 GiixTHER (D^" Albert), F. R. S., directeur de la section zoolo- gique au British Muséum, à Londres (Angleterre). 1878 LACAZE-DuTmERS (D^' Henri de), membre de l'Institut, profes- seur à la Sorbonne, 7, rue de la Vieille-Estrapade, à Paris. 1886 Milne-Edwards (Alphonse), membre de l'Institut, directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Guvier, à Paris. 1880 Nordensivjôld (baron A. -E.), à Stockholm (Suède). 1878 Selys-Longchamps (baron Edmond de), membre de l'Aca- démie royale de Belgique, sénateur, 84, boulevard Sauve- nière, à Liège (Belgique). F Sharpe (R. Bowdler), F. L. S., chargé de la section ornitho- logique au British Muséum, à Londres (Angleterre). 1878 Steenstrup (Japetus S.), professeur émérite à l'Université de Copenliague (Danemaik). /r=â44r MEMBRES CORRESPONDANTS 1881 DoBSON (D^ G.-E.), M. A., F. R. S., F. Z. S., Colyford villa, Exeter, Devoii (Angleterre). 1886 DuGÈs (D'' Alfred), consul de France, à Guanajuato (Mexique). 1888 Fritch (B^ Anton), professeur à l'Université de Bohême, à Prague (Bohême). 1889 GooDE (G. Brown), assistant secretary of the Smithsonian Institution, à Washington, D. G. (Etats-Unis). 1890 HoRST (Di" R.), conservateur au Musée d'histoire naturelle, à Leide i Hollande). 1881 RiTCHiE (John), ex-président de la Boston Scientific Society, à Boston, Mass. (Etats-Unis). 1891 Vejdovsky (Franz), professeur à l'Université de Bohême, à Prague (Bohême). MEMBRES DONATEURS DÉCÉDÉS (1) F Branigki (comte Constantin), décédé en 1884. 1888 Chancel (Mlle Aline), décédée en 1889. 1888 GuERNE (baron Frédéric de), 1822-1888. (1) Par une délibération en date du 25 janvier 1885, le Conseil a décidé de main- enir perpétuellement en tête du Bulletin la liste des Membres donateurs décédés. MEMBRES TITULAIRES (1) 1890 Albert I«r (S. A. S. le prince), prince de Monaco (membre donateur), correspondant de l'Institut, 25, rue du Fau- bourg-Saint-Honoré, à Paris. F Alix (D'' E.), 10, rue de Rivoli, à Paris. 1889 Alluaud (Charles), conservateur du Muséum, 16, avenue Foucaud, à Limoges (Haute-Vienne). 1876 Amblard (Di" Louis), 14/>^s, rue Paulin, à Agen (Lot-et-Garonne). 1892 André (E.), ancien notaire, 17, rue des Promenades, à Gray (Haute-Saône). 1882 AssAKY (D^" Georges), professeur à l'Université, à Bucharest (Roumanie). 1879 Badin (Adolphe), homme de lettres, 37, rue de Paris, à Mont- morency (Seine-et-Oise). 1877 Bailly(J.-F. D.),3o3,rue Saint-Laurent, à Montréal (Canada). 1890 Ballion (Jean), 9, place de la Calandre, à Gand (Belgique). 10. 1880 Bambeke (Di* Charles van), professeur à l'Université, 7, rue Haute, à Gand (Belgique). 1891 Barjon (Emmanuel), étudiant en médecine, 39, rue de Vaugirard, à Paris. 1891 Barrier (Gustave), professeur à l'Ecole vétérinaire, à Alfort (Seine). 1878 Barrois (D'" Jules), 16, rue Blanche, faubourg Saint-Maurice, à Lille (Nord). 1880 Barrois (D^' Théodore-Charles), professeur agrégé à la Faculté de médecine, 220, rue Solfériho, à Lille (Nord). 1890 BarviÏi (Henri), à Choltice (Bohême). 1891 Baudouin (D^' Marcel), 14, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1879 Bavay, pharmacien en chef de la marine, 45, Grande-Rue, à Brest (Finistère). 1889 Bedot fl)'' Maurice), directeur du Musée d'histoire naturelle, à Genève (Suisse). 1878 Bedriaga (D'' Jacques de), 55, boulevard de l'Impératrice, à Nice (Alpes-Marilimes). 2o. 1880 Beltrémieux (D'' E.), président de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure, à La Bochelle (Charente- Inférieure). 1886 Berthoud (Léon), pharmacien de l'hospice de Bicêtre (Seine). F Bertrand (Joseph), (membre à vie), membre de l'Institut, professeur au Collège de France, 4, rue de Tournon, à Paris. (1) La Société s'est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres un certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation (Art. 10 du Règlement). VIII F Besxard (Auguste), conducteur des ponts-et-cl)aussées, 10, rue des Ursulines,,au Mans (Sarthe). 1891 BÉTANcÈs (Felipe), étudiant en médecine, 6 bis, rue de Chà- teaudun, à Paris. 1879 Betta (le commandeur Eduardo de), 11, corso Castelvecchio, à Vérone (Italie). 1884 Bibliothèque de l'Université et de l'Etat, à Strasbourg (Alsace). 1889 Bibliothèque universitaire, à Grenoble (Isère). 1890 Bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle, 2, rue de Buiïon, à Paris. 1892 Bibliothèque universitaire, à la Faculté des sciences, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). 3<:). 1884 BiGNON (Mi^^Fanny), docteur ès-sciences naturelles, profes- seur à l'Ecole primaire supérieure, 86, rue des Tournelles, à Paris. 1880 Bigot (Jacques-Marie-François), officier de l'Instruction publi- que, 27, rue Cambon, à Paris. 1884 BiNOT (Jean), interne des hôpitaux, 216, boulevard Saint-Ger- main, à Paris. 1891 Blanc (Edouard), explorateur, 122, rue de Grenelle, à Paris F Blanchard (D^Raphaël), {membre donateur), professeur agrégé à la Faculté de médecine, 32, rue du Luxembourg, à Paris. 1889 Blasius (D^ Rudolph), 25, Petrithor-Promenade, à Bruns- wick (Allemagne). 1889 Blasius (prof. Wilhelm), directeur du Musée d'histoire natu- relle, 4, am Fallersleberthore, à Brunswick (Allemagne). 1886 Blavy (Alfred), officier d'Académie, 4, rue Barralerie, à Montpellier (Hérault). 1881 Blonay (Roger de), 23, rue de Larochefoucault, à Paris. 1883 BocA (Léon), étudiant en sciences naturelles, 16, rue d'Assas, à Paris. 4o. 1883 Bolivar (Ignacio), professeur d'entomologie à l'Université, 1\ calle Moreto, à Madrid (Espagne). 1882 Bonaparte (le prince Roland), (membre donateur), 22, cours la Reine, à Paris. 1884 Bonjour (Samuel), 23, passage Saint-Yves, à Nantes (Loire- Inférieure). 1885 BoNNiER (Jules), directeur-adjoint de la Station maritime de Wimereux, 75, rue Madame, à Paris. 1889 Bottard (Dr Alphonse), 67, boulevard de Strasbourg, au Havre (Seine-Inférieure). 1880 BoucARD (Adolphe), officier d'x^cadémie, 225, High Holborn, à Londres, W. G. (Angleterre). 1885 Boulart (Raoul), préparateur au Muséum, 6, rue de la Cerisaie, à Paris. IX 1877 BouLK.xGicri ((i.-A.), K^q., Assistunt, Zoologic^al Department, British Muséum, à Londres (Angleterre). 1886 Bourgeois (Jules), ex-président de la Société entomologique de France, à Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace). 1886 BouTAN (D^ Louis), maitre de conférences à la Faculté des sciences, à Lille (Nord). .M). 1890 Bouvier (D^E. L.), professeur agrégé à l'Ecole supérieure de pharmacie, 39, rue Claude-Bernard, à Paris. 1889 Bramcki (comte Xavier), (membre â vie), 10, rue Wiejska, à Varsovie (Russie). 1890 Braun (D^ Max), professeur à l'Université, directeur du Musée zoologique, 1, Sternwartstrasse, à Kônigsberg (Prusse). 1883 Britto (Di- Victor de), à Porto Alegre, province de Rio Grande do Sul (Brésil). 1889 Brocchi (D^ Paul), ])rofesseur à l'Institut agronomique, secré- taire général de la Société centrale d'aquiculture de France, 119, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1892 Brongniart (Charles), assistant au Muséum, 9, rue Linné, à Paris. 1883 Brusina (Dï s.), professeur à l'Université, directeur du Musée national zoologique, à Agram, Croatie (Autriche-Hongrie). F Bureau (D^' Louis), directeur du Musée, professeur à l'Ecole de médecine, 15, rue Gresset, à Nantes (Loire-Inférieure). 1880 Camerano (Dï" Lorenzo), professeur à l'Université, à Turin (Italie). 1880 Camprell (Jolm-MacNaught) , G. E., F. Z. S., senior assistant curator, Kelvingrove Muséum, à Glasgow (Ecosse). 60' 1890 Candèze (D^ Ernest), membre de l'Académie des sciences de Belgique, à Glain, près Liège (Belgique). 1887 Catois (D^' Eugène), professeur à l'Ecole de médecine, 15, rue des Cordeliers, à Caen (Calvados). 1881 Cazanove (Joseph de), ornithologiste, à Avize (Marne). 1880 Certes (A.), inspecteur général des finances, 53, rue de Varenne, à Paris. 1886 Chabry (Dï- Laurent), 8, rue Halévy, à Paris. 1890 Chaker (Di- Mohammed), 22, rue Darb-el-Ahmar, au Caire (Egypte). 1891 Chancel (M°ie Marius), {membre donateur), 32, rue du Luxem- bourg, à Paris. 1877 Chaper (Maurice), ingénieur, 31, rue Saint-Guillaume, à Paris. 1883 Chatin (D'- Joannès), membre de l'Académie de médecine, professeur-adjoint à la Faculté des sciences, 147, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1891 Chaves (Francisco Afïonso), capitaine au 11^ chasseurs, à Ponta Delgada, île Sào Miguel (Açores). 70 1888 Claybrooke (Jean de), officier d'Académie, attaciié à la direction du Jardin d'acclimatation, 5, rue de Sontay, à Paris. 1884 CHEVREuxfEd.), villa Rouaze, à la Garoupe, à Antibes (Alpes- Maritimes). 1891 Chevreux {M'^'^^),( membre à vie), 131, Grande-Rue, à Boulogne- sur-Seine (Seine). 1881 Clément (A.-L.), (membre à vie), dessinateur, 34, rue Lacé- pède, à Paris. 1876 CoLLARDEAU DU Heaume (Maric-Pliiléas) , 6, rue Halévy, à Paris. 1887 CosMOvici (Dr Léon-C), professeur à l'Université, 31, strada Eternitate, à Jassy (Roumanie). 1888 CosTES (Michel), licencié ès-sciences naturelles, 49, rue du Cardinal Lemoine, à Paris. d881 CoTTEAU (G.), correspondant de l'Institut, juge honoraire, à Auxerre (Yonne), et 17, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1882 Cousin (Auguste), à Guayaquil (Equateur). 1883 Crié (D'^ Louis), professeur à la Faculté des sciences, à Rennes (llle-et-Yilaine). 8o. 1889 Dagincourt (D'' Emmanuel), 20 bis, rue Saint-Benoît, à Paris. 18S9 Dames (Félix-L.), libraire, 47, Taubenstrasse, à Berlin (Prusse). 1884 Dautzenberg (Philippe), {membre à me), 213, rue de l'Univer- sité, à Paris. 1887 Delage (D»" Yves), professeur à la Sorbonne, 44, avenue des Gobelins, à Paris. F Delamain (Henri), négociant, à Jarnac (Charente). 1876 Demaison (Louis), 21, rueCérès, à Reims (Marne). 1889 Demontporcelet (D^' Charles), professeur à l'Institut odonto- technique de France, 4, rue de Rivoli, à Paris. 1881 Deniker (Di' J.), bibliothécaire du Muséum d'histoire natu- relle, 2, rue de Bufïon, à Paris. 1886 Deschamps (Emile), 53, boulevard de la Major, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 1879 Desfosses (D^ Léonce), à Boussac (Creuse). <)o. 1880 Deyrolle (Emile), 46, rue du Bac, à Paris. F DoLLFus (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes natura- listes, 35, rue Pierre Charron, à Paris. 1887 Dominici (Henri), licencié ès-sciences, 4, rue Castiglione, à Paris. 1877 DouviLLÉ, professeur à l'Ecole des Mines, 207, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1876 Dubois (D^" Alphonse), conservateur du Musée royal d'histoire naturelle,402,avenuedeCortenbergh,à Bruxelles (Belgique). XI 1882 Dubois (D'' Raphaël), professeur à la Faculté des sciences, à Lyon (Rhône). 1889 DuGHAussoY (Di"), professeur agrégé à la Faculté de médecine, 8, rue des Beaux-Arts, à Paris. 1888 DuRÈGNE (Emile), 142, rue de Pessac, à Bordeaux (Gironde). 1882 DuvAL (Di' Mathias), professeur à l'Ecole d'anthropologie, à l'Ecole des heaux-arts et à la Faculté de médecine, membre de l'Académie de médecine, 11, cité Malesherbes, à Paris. 1887 Emery (Emile), étudiant en médecine, 10, rue Saint-Martin, à Paris, iw. 1889 Entz (Géza), professeur au Polytechnicum, 11, Esterhàzy utcza, à Budapest (Hongrie). 1876 Fatio (Victor), 1, rue Bellot, à Genève (Suisse). 1877 Fauque (A.), au Jardin d'acclimatation, Bois de Boulogne, à Paris. 1884 Faurot(Di' Lionel), 4, rue de Commailles, à Paris. 1886 Fernandez (Hipôiito), à Manille (Philippines). 1883 Ferré (Dr Gabriel), professeur-agrégé à la Faculté de méde- cine, à Bordeaux (Gironde). 1886 FiLHOL (Dr H.), sous-directeur du laboratoire de l'Ecole des Hautes-Etudes (zoologie) au Muséum, 9, rue Guénégaud, à Paris. 1881 Fischer (D"* Paul), assistant au Muséum, 68, boulevard Saint- Marcel, à Paris. 1886 François (Ph.), rue Claude-Bernard, à Paris. 1890 Friedlander (R.) et fils, libraires, 11, Carlstrasse, à Berlin (Prusse). no. 1884 Gâche (Henri), 201, avenue Victor Hugo, à Paris. 1881 Gadeau de Kerville (Henri), 7, rue Dupont, à Rouen (Seine-Inférieure). 1880 Garman (Samuel), assistant of ichthyology and herpetology at the Muséum of Comparative Zoology, at Harvard Collège, à Cambridge, Mass. (Etats-Unis). 1879 Gazagnaire (J.), secrétaire de la Société entomologique de France, 39, rue de la Clef, à Paris. 1879 Giard (Alfred), professeur à la Faculté des sciences, 14, rue Stanislas, à Paris. 1883 GiBERT (D-^), 41, rue de Séry, au Havre (Seine-Inférieure). 1888 GiRAux (Louis), 22, rue Saint-Blaisc, à Paris. 1887 GiROD (Dr Paul), professeur à l'Ecole de médecine, professeur adjoint à la Faculté des sciences, à Glermont-Ferrand (Puy- de-Dôme). 1890 GiRODON (Alphonse), 7, quai Saint-Clair, à Lyon (Rhône). 1888 Greenough (H. S.), membre de la Société de mathématiques et de physique de Boston. 30, rue de Bassano, à Paris. XII I20. 1891 Gruvel, préparateur à la Faculté des sciences, 1, rue d'Arras, à Paris. 1880 GuERNE (baron Jules de), {membre à vie), 6, rue de Tournon, à Paris. 1881 Guesde (D^" Dominique), à laPointe-à-Pitre (Guadeloupe). 1886 GuiTEL (Frédéric), préparateur à la Sorbonne, 2, rue Bara, à Paris. 1892 GuTMAN (Joseph), étudiant en médecine, 7, rue Méchain, à Paris. 1891 Hallez (D^" Paul), professeur à la Faculté des sciences, à Lille (Nord). F Hamonville (baron Louis d'), (membre donateur), conseiller général de Meurthe-et-Moselle, au château de Manonville, par Noviant-aux Prés (Meurthe-et-Moselle). 1890 Hawkine, bibliothécaire à l'Institut Pasteur, 25, rue Dutot, à Paris. 1889 HÉBRARD (Fernand d'), au château de Torcy, par Fruges (Pas-de-Calais). 1888 Hecht (Dr Emile), 4, rue Isabey, à Nancy (Meurthe-et- Moselle). i3o. 1892 Henriquez (Francis), étudiant en médecine, 20, rue des Ecoles, à Paris. 1886 Hérouard (D-^ Edgard), préparateur à la Faculté des sciences, 1, rue du pont de Lodi, à Paris. 1891 HuBER (Adolphe), préparateur à la Faculté des sciences, 12 bis, place de Laborde, à Paris. 1885 HuET (D^L.), maître de conférences à la Faculté des sciences, 8, rue de la Chaîne, à Caen (Calvados). F Hugo (comte Léopold), (membre donateur), statisticien au Ministère des travaux publics, 14, rue des Saints-Pères, à Paris. 1883 Hyades (D^), médecin principal de la marine, 50, l)Oulevard de la Tour-Maubourg, à Paris. 1890 Janet, ingénieur des arts et manufactures, à Beauvais (Oise). 1890 Joanin (Albert), étudiant en médecine, 16, rue de Lancry, à Paris. 1890 JoLiCŒUR (B^ Henri), professeur à l'Ecole de médecine, 15, boulevard de la Bépublique, à Reims (Marne). 1882 JouBiN (Dr Louis), maître de conférences à la Faculté des sciences, à Rennes (lUe-et-Vilaine). i4o. 1892 JouRDAN (Etienne), chargé de cours à la Faculté des sciences, 6, rue de la Bibliothèque, à Marseille (Bouches-du-Rhône). F JoussEAUME (D^ Félix), (membî^e à vie), 29, rue de Gergovie, à Paris. 1883 Joyeux-Laffuie(Dï' Jean), professeur à la Faculté des sciences de Caen, à Luc-sur-Mer (Calvados). Xlll 1880 JuLiANv (Joseph), 12, place de i'Hôtel-de-Ville, à ^fanos(lu<' (Basses-Alpes). 1879 JuLLiEN(D^Jules), au siège de la Société Zoologique de France, 7, rue des Grands-Augustins, à Paris. 1879 Kempen (Gh. van), 12, rue Saiut-Bertin, à Saint-Omer (Pas- de-Galais). 1888 Kerhervé (L.-B. de), licencié ès-sciences naturelles, 21, rue du Gherche-Midi, à Paris. 1889 KoROTNEv, professeur à l'Université de Kiev (Russie), directeur de la Station maritime de Villefranche (Alpes-Maritimes). 1879 KùNCKEL d'Herculais (Jules), assistant au Muséum d'histoire naturelle, 20, villa Saïd, à Paris. 1881 KuNSTLER (Jules), professeur-adjoint à la Faculté des sciences, à Bordeaux (Gironde). i5o. 1891 Labbé (Alphonse), préparateur à la Faculté des sciences, o, rue Gorueille, à Paris. 1891 Laboratoire de zoologie de l'École pratique des Hautes- Études, au Muséum d'histoire naturelle, 55, rue de Bufïon, à Paris. 1887 Labonne (D^* Henri), directeur de la Société d'éditions scien- fiques, 15, rue de Médicis, à Paris. 1880 Lallemant, pharmacien, à l'Arba, près Alger (Algérie). 1880 Lamy (Ernest), 113, boulevard Haussmann, à Paris. 1892 Lande (D^" Adam), 6, Maryjanska, à Varsovie (Russie). 1885 Landowski (D^" Paul), 36, rue Blanche, à Paris. 1880 Langlassé (René), 42, quai National, à Puteaux (Seine). 1883 L ARCHER (D^" Oscar), membre de la Société de Biologie, 95, rue de Passy, à Paris. 1877 Larguier des Bancels (D^), conservateur du Musée de zoologie de Vaud, 29, rue de Bourg, à Lausanne (Suisse). i<)o. 1888 Lavergne de Labarrière (Joseph-Loïs), inspecteur d'as- surances, 47, rue Taitbout, à Paris. F Le Breton (André), 43, boulevard Gauchoise, à Rouen (Seine-Inférieure). 1887 Lecourt (Dr Louis), à Ghâteau-du-Loir (Sarthe). 1883 Lemoine (D^ Victor), professeur honoraire à l'Ecole de méde- cine de Reims, 11, rué Soufflot, à Paris. 1882 Lennier (G.), directeur du Muséum d'histoire natureUe, 2, rue Bernardin de Saint-Pierre, au Havre (Seine-Inférieure). 1892 LÉON (D»" Nicu), professeur à l'Université, à Jassy (Roumanie). 1887 Le Sénéchal (Raoul), docteur en droit, au Merlerault (Orne). 1891 LÉVEiLLÉ (Albert), bibliothécaire de la Société Eutomologique de France, 10, rue du Dragon, à Paris. 1891 LiGNiÈREs (Joseph), répétiteur à l'Ecole vétérinaire, à Alfort (Seine) . XIV 1887 LiNARÈs (de), professeur à l'Université, 8, paseo ciel Obelisco, à Madrid (Espagne). 170. 1890 LoRioL (Perceval de), au chalet des Bois, par Crassier, canton de Vaud (Suisse). F LuBOMiRSKi (le prince Ladislas), (membre à vie), 25, allée d'Osejardofï, à Varsovie (Pologne). 1889 LucET (Adrien), vétérinaire, à Courtenay (Loiret). 1889 Magalhàes (D»' Pedro Severiano de), professeur-adjoint à la Faculté de médecine, 73, rua do Visconde de Inhadma, à Rio-de-Janeiro (Brésil). 1882 Maggi (Leopoldo), professeur à l'Université, à Pavie (Italie). 1886 Magne (Alexandre), (membre donateur), S, rue de la Pépinière, à Paris. 1889 Maisonneuve (D^ Paul) , professeur à l'Université libre, à Angers (Maine-et-Loire). 1884 Man (DU. -G. de), à Middelbourg (Hollande). 1887 Marchal (Georges), étudiant en médecine, 79, rue Denfert- Rochereau, à Paris. 1887 Marchal(Di* Paul), licenciées-sciences, 41, rue Gensier, à Paris. 180. 1891 Marconnet (Ferdinand), étudiant en médecine, 30, rue de Metz, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). 1889 Margo (Dr Théodore), (membre à vie), membre de l'Académie des sciences, directeur du Musée zoologique, professeur à l'Université, 4, Muséum Rôrut, à Budapest (Hongrie). 1879 Marion, correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté des sciences, à Marseille (Bouches-du-Rhône). F Marmottan (D^), 31, rue Desbordes-Valmore, à Paris. 1885 Martin (René), avocat, au Blanc (Indre). 1890 Maurice (D^" Charles), à Attiches, par Pont-à-Marcq (Nord). 1879 MÉGNiN (P.), 19, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Vincennes (Seine). 1884 Menzbier (D^ Michel), professeur d'anatomie comparée à l'Université, à Moscou (Russie). 1889 Metchnikof (D^" Elle), ex-professeur à l'Université d'Odessa, chef de service à l'Institut Pasteur, 18, rue Dutot, à Paris. 1876 Mollière-Laboulaye, avocat à la Cour d'appel, 2 bis, boule- vard du Temple, à Paris. 190. 1884 M0NIEZ (D"" Romain), professeur d'histoire naturelle à Ja Faculté de médecine, à Lille (Nord). 1887 M0NVENOUX (D»' Frédéric), 25, rue Grenette, à Lyon (Rhône). 1889 MoREAu (D'" Emile), 7, rue du Vingt-Neuf Juillet, à Paris. 1883 Morgan (Jacques de), chez M. le comte de Saint Martin, 26, rue Victor-Hugo, à Amiens (Somme). 1892 Moulé (Léon), contnMeur du service de l'inspection des viandes, 3, rue de l'Ancienne Comédie, à Paris 1888 Moullade, pharmacien, au Puy (Haute-Loire). XV 220 187G Musée d'histoire naturelle, à Douai (Nord). 1888 Musée zoologique, 43, Invalidenstrasse, à Berlin (Prusse). 1886 Nabias (Dr B. de), (membre à vie), professeur agrégé à la Faculté de médecine, il bis, cours d'Aquitaine, à Bordeaux (Gironde). 1888 Nadar, 51, rue d'Anjou, à Paris. 1891 Ner VILLE (Ferdinand de), ingénieur des télégraphes, 116, boulevard Haussmann, à Paris. 1891 Neumann (Georges) , professeur à l'Ecole vétérinaire, à Toulouse (Haute-Garonne). 1891 NoGuÉ (Dr Raymond), à Argelès de Bigorre (Hautes-Pyrénées). 1876 Oberthûr (Charles), imprimeur, à Rennes (Ille-et-Vilaine). 1890 Orueta (Domingo de), ingénieur, à Malaga (Espagne). 1879 OuDRi (Emile), chef de bataillon, commandant le 2^ bataillon d'infanterie légère d'Afrique, à Cao-Bang (Tonkin) et à Durtal (Maine-et-Loire). 1884 OusTALET (Dr Emile), assistant au Muséum, 55, rue de Butïon et 121 bis, rue Notre-Dame-des-Ghamps, à Paris. 1889 Packard (A. S.), professeur à Bronn University, à Provi- dence, R. 1. (Etats-Unis). 1888 Pages (Jules), médecin, 3, rue des Saussaies, à Paris. 1890 Palacky (Jean), professeur à l'Université de Bohême, M, rue de Cracovie, à Prague (Bohême). 1891 Paràtre (René), étudiant en médecine, 51, rue Madame, à Paris. 1891 Parmentier (Joseph), étudiant en médecine, 3, rue Ber- thollet, à Paris. 1889 Paszlavszky (Joseph), professeur à la Réaliskola, Toldy Férencz-utcza, à Budapest (Hongrie). 1884 Pavlow (M^e Marie), Chérémétevski péréoulok, maison Chérémetiew, logement 65, à Moscou (Russie). 1876 Pelletier (A.-J.-Horace), avocat à la Cour d'appel de Paris, à Madon, commune de Condé, par Blois (Loir-et-Cher). F Pennetier (Dr Georges), directeur du Musée d'histoire natu- relle, professeur à l'Ecole de médecine, 9, rue Alain-Blan- chart, à Rouen (Seine-Inférieure). 1887 Perrier (Edniond), professeur au Muséum, 28, rue Gav- Lussac, à Paris. 1880 Perroxcito (D^ Edouard), professeur à l'Ecole vétérinaire et a l'Université, 26, via Bidone, à Turin (Italie). 1876 Petit (Louis) aîné, naturaliste, 21, rue du Caire, à Paris. 1879 PiERsoN (Henri), (membre à me), 6, rue de la Poterie, à Paris. 1884 PiLLiET (Dr Alexandre), 4, rue Richepanse, à Paris. 1879 Plateau (Félix), professeur à l'Université, 152, chaussée de Courtrai, à Gand (Belgique). XVI 1889 pRKUDHOMME DE BoiiHE (AU'ied), 11, rue Seutin, à ScJiaerbeek- lez-BruxeJles (Belgique). 1886 Prouho (Henri), iugéuieur, préparateur au laboratoire Arago, à Banyuls (Pyrénées-Orientales). 1888 Rabé (Dr), à Maligny (Yonne). 1882 Railliet (A.), professeur d'histoire naturelle à l'Ecole vété- rinaire, à iVltort (Seine). 1886 Raspail (Xavier), à Gouvieux (Oise). 1888 Rebourgeon (D»' C). 1879 ReGiNard (D^' Paul), professeui' à l'Institut national agrono- mique, directeur-adjoint cki laboratoire de physiologie de la Sorbonne, 2M, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1890 RÉGNIER (Pierre-Charles), interne des hôpitaux, aide d'ana- tomie à la Faculté de médecine, à Bordeaux (Gironde). 23o. 1887 Richard (Jules), docteur ès-sciences, 30, rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris. 1877 RiCHET (D'" Charles), professeur à la Faculté de médecine, 15, rue de l'Université, à Paris. 1889 RizKALLAH (Di" Alexandre), médecin en chef de l'hôpital Saint- Georges, à Beyrouth (Syrie). 1887 Robinet (Charles), professeur de physique au lycée, 15, rue Collin d'Harleville, à Chartres (Eure-et-Loir). 1890 RoDRiGUEZ (Léopold), étudiant en médecine, attaché à la légation de Guatemala, 2, rue Racine, à Paris. 1888 RoLLiNAT (Raymond), à Argenton (Indre). F Rothschild (baron Edmond de), (membre donateur), 19, rue Laffite, à Paris. 1880 RoTROu (Alexandre), pharmacien, à la Ferté-Bernard (Sarthe). 1888 Sabatier (D'' Armand), professeur à la Faculté des sciences, à Montpellier (Hérault). 1876 Saunders (Howard), F. Z. S., F. L. S., 7, Radnor place, Gloucester square, à Londres (Angleterre). 240. 1884 Sauvage (D^" Emile), directeur de la Station aquicole, 9, rue Tour Notre-Dame, à Boulogne (Pas-de-Calais). 1881 Sauvinet (L.-Ernest), assistant au Muséum, 15, rue deBulïon, à Paris. 1890 Schaeck (Franz de), 4, place de l'Odéon, à Paris. 1886 Schlumberger (Charles), ingénieur de la marine en retraite, 21, rue du Cherche-Midi, à Paris. 1889 Secques (François), interne en pharmacie, à la Maison dépar- mentale, à Nanterre (Seine). 1886 Sède de Liéoux (baron Paul de), 16, rue du A'ent-de-Bise, à Arras (Pas-de-Calais). F SÉDiLLOT (Maurice), 20, rue de l'Odéon, à Paris. XVII 1876 Semallé (René de), (membre donateur)^ à Lezoax (Puy-de- Dôme). 1879 Seoane (Victor-Lopez), avocat, commissaire royal pour l'agri- culture, etc., 58, calle Real, à la Corogne (Espagne). J876 Shelley (captain Georges-Eruest), (membre à vie), F. Z. S., 13, Rutland gâte, S. W., à Londres (Angleterre). 25o. 1883 SiCARD (D^' Henri), doyen de la Faculté des sciences, 2, place des hospices, à Lyon (Rhône). 1890 SiEPi (P.), préparateur au Atuséum, 58. rue Curiol, à Mai- seille (Bouches-du-Rhône). F Simon (Eugène), 16, villa Saïd, à Paris. 1886 Société linnéenne de la Charente-Inférieure, à Royaii (Cha- rente-Inférieure). 1877 Steindachner (Hofrath D^' Frantz), Director des naturhisto- rischen Hofniuseums, Burgring, à Vienne (Autriche). 1891 Stiles (Di* Charles W.), Bureau of animal industry, Depart- ment of agriculture, à Washington, D. C. (États-Unis). 1889 Stolzmann (Jean), 10, rue Wiejska, à Varsovie (Russie). 1889 Studer (D^* Th.), professeur à l'Université, directeur du Musée, rue des Orphelins, à Berne (Suisse). 1888 SucHETET (André), au château d'Autiville-Bréauté, par Goder- ville (Seine-Inférieure), et 10, rue Alain-Blanchard, à Rouen. 1892 Targioni-Tozzetti (Adolphe), professeur à l'Institut des études supérieures, 19, via Romana, à Florence (Italie). 2(k). 1887 Topsent (D^* Emile), professeur à l'Ecole de médecine, à Reims (Marne). 1878 TouRiNEUX (Di' Frédéric), professeur à la Faculté de médecine, H, avenue Frizac, à Toulouse (Haute-Garonne). 1887 Trapet, pharmacien-major à l'hôpital militaire, à Rennes (llle-et Vilaine). 1889 Vaillant (Léon), professeur au Muséum d'histoire naturelle, 2, rue de Bulïon, à Paris. 1 891 Vaudremer (Albert), étudiant en médecine, 16, avenue Latour- Maubourg, à Paris. 1887 ViALLANES (Dr Henri), villa Paradis, à Arcachon (Gironde). F Vian (Jules), (membre doxiateur), 42, rue des Petits-Champs, à Paris. 1876 Vian (Paul), notaire, 3, rue Turbigo, à Paris. 1876 Vilemarest (baron de), 3, rue de Villersexel, à Paris. 1888 Villedieux (Léopold), à Lariaux, par Saint-Rémy en Rollat (Allier). 2-0. 1882 Villeneuve-Esclapon- Venge (marquis de), 75, rue de Prony, à Paris. 1886 ViRON (D»" Louis), professeur à l'Institut dentaire, pharmacien en chef de l'hospice de la Salpétrière, à Paris. XVII. - 2 XVIII 1880 Wavrin (marquis de), 40, boulevard du Régent, à Bruxelles (Belgique). 1880 Weber (Dr Max), professeur à l'Université, à Amsterdam (Hollande). 1890 WiERZEjsKY, professeur à l'Université, 6, Wielopole, à Cracovie (Autriche). J890 VVoRMSER (Anatole), étudiant en médecine, 18, boulevard Saint-Mi cbel, à Paris. 1876 Wrzesniowski (Auguste), professeur à l'Université, 15, rue Widok, à Varsovie (Pologne). 1891 ZoGRAF (1)1 Nicolas), professeur à l'Université, Musée poly- technique, à Moscou (Russie). BUREAU & CONSEIL SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNEE 1892 Membres du Bureau : MM. Président Ph. Dautzenberg. Vice-Présidents ^ ^' ^- ^ustalet. ( D^ L. Faurot. Secrétaire général. Secrétaires Tréscrrier A rch iviste-Bibliothécaire , Prof. R. Blanchard. Mlle F. BiGNON. J. Richard. L. B. DE Kerhervk. G. SCHLUMBERGER. H. PlERSON. Membres /o Membres donateurs S. A. S. le prince Albert h^, de Monaco. Prof. R. Blanchard. Prince R. Bonaparte. B°^ d'Hamonville. Cte L. Hugo. A. Magne. Bon DE Rothschild. De Semallé. J. Vian. i° Anciens présidents A. Certes. Di* J. JULLIEN. G. GOTTEAU. B<^" J. DE GUERNE. A. Railliet. du Conseil : 3"" Membres élus Pour 1890 Pour 1891 Pour 1892 M. Ghaper. Ed. Ghevreux. J. KÛNCKEL d'HeRCULAIS. *A. DOLLFUS. j Prof. L. Bureau. \ Dr F. JOUSSEAUME. j Di J. G. DE Man. ^ p. Mégnin. Prof. E. L. Bouvier. D^" P. Fischer. Prof. R. MoNiEz. D^" Em. Moreau. Nota. — Les Membres du Conseil marqués d'un * ont été élus en remplacement d'autres Membres ayant passé au Bureau. Séance du 12 Janvier 1892 PRKSIOENCE DE MM. A. HAILEIKT ET IMI. DALTZENBEHr,. M. le professeur A. Railliet, président sortant, ouvre la séance et prononce le discours suivant : « Messieurs et chers Collègues, » L'histoire complète d'un être vivant comporte l'étude de son développement embryonnaire, des différentes phases par lesquelles il passe pour parvenir à l'état adulte, enfin de son organisation et de ses fonctions. C'est en examinant successivement tous ces points quon arrive à se faire une idée exacte de l'espèce qu'on envisage, à déterminer ses relations avec le milieu ambiant, à établir le rôle qu'elle doit remplir dans l'économie du monde, à prévoir enfin l'avenir qui lui est réservé. » Or, la Société Zoologique de France peut être considérée, à juste titre, comme un être vivant, — et, Dieu merci, bien vivant ! — Il serait donc au moins intéressant de l'étudier aux divers points de vue que je viens d'indiquer, ne fût-ce que pour se rendre bien compte de son état actuel, et des voies dans lesquelles il. serait le plus avantageux de l'engager. » Mais, laissez-moi vous le dire bien vite, je ne suis ni assez sérieusement outillé, ni assez complètement préparé pour oser entreprendre une telle tâche. Aussi bien y a-t-il là matière à recherches instructives pour toute une série de présidents, et déjà, l'an dernier, mon distingué prédécesseur a retenu votre attention sur quelques-unes de nos phases postembryonnaires, — je veux dire sur les étapes que nous avons parcourues. Je me contenterai donc, à mon tour, d'envisager un point limité de notre évolution; laissant à mon successeur, plus auto- risé, le soin de vous donner une étude plus complète et plus précise. Je voudrais jeter un rapide coup d'oeil sur l'état actuel de notre Société, et sur son fonctionnement : il s'agit donc d'une simple esquisse anatomique et physiologique. Et pour ce, d'ailleurs, je n'ai nul besoin de porter atteinte à l'intégrité de mon sujet d'étude; je me bornerai à faire de l'anatomie sur le vivant, et quant à la partie physiologique, je suis sûr à l'avance d'obtenir un degré 2 SÉANCE DU 12 JANVIER 1892 d'anesthésie plus que suffisant, grâce au souffle soporifique qui émane naturellement d'un discours présidentiel. » Ou peut affirmer, sans crainte d'être taxé d'exagération, qu(^ l'état actuel de la Société est fort satisfaisant. La question qui pouvait soulever dès l'origine quelque appréhension, c'était celle du nombre des adhérents. Or, à ce point de vue, je suis heureux de constater que nous sommes en progrès : progrès peu rapide, à la vérité, mais constant, et, — ce qu'il importe de noter, — se produi- sant dune façon régulière, sans aucun de ces mouvements brusques qui peuvent provoquer parfois une explosion de satisfaction, mais qui sont souvent suivis d'un recul non moins brusque et toujours fâcheux. N'oublions pas le proverbe italien : Chi va piano va sano..., et soyons heureux de cette évolution graduelle, que je considère, pour ma part, comme infiniment préférable à la plus brillante des révolutions. » Voici d'ailleurs que notre jeune Compagnie entre dans sa dix- septième année : elle a quitté sa robe courte de pensionnaire, et c'est à ce moaient, où ses formes vont s'épanouir, que vous allez voir affluer autour d'ellela foule des adorateurs. Nous n'aurons point lieu d'en être jaloux, car nous savous qu'elle a grand cœur, et nous ji'avons qu'à lui souhaiter dès maintenant une heureuse fécondité. » Et maintenant que nous avons constaté son bon état, deman- dons-nous si son fonctionnement est satisfaisant. Il suffît, pour répondre à cette question, de jeter un regard sur sa production, ou, d'une manière plus précise, sur les travaux qu'elle publie. » A cet égard encore, — et c'est un fait dont nous avons tous le devoir de nous réjouir, — je ne crains d'être contredit par per- sonne en affirmant que la Société n'a jamais été en meilleure situa- tion qu'à l'heure actuelle. Je ne veux point passer en revue la liste des travaux intéressants que nous avons publiés dans le cours de cette année : la besogne serait trop longue, et ce serait peut-être abuser du droit que possède un président sortant de se maintenir dans son fauteuil. Mais chacun de nous a pu constater, au jour le jour, l'importance sans cesse croissante des notes et mémoires insérés dans nos fascicules, leur valeur propre, la variété des sujets traités, — autant d'indices de l'ardeur avec laquelle sont cultivées en France les sciences naturelles, et du prix qu'on attache à nos publications, aujourd'hui répandues et appréciées dans le monde entier. » Permettez-moi d'ailleurs de le proclamer bien haut : l'un des principaux éléments de notre force, c'est notre indépendance. Chez SÉANCE DU il .lANVIKK 189:2 3 nous, tous les travaux sont accueillis dès qu'ils ont une valeur réelle, et précisément parce qu'ils ont cette valeur. Nous ne nous inquiétons point de savoir s'ils ont vu le jour dans tel laboratoire, ou si les matériaux en ont été recueillis dans telle station. Ici, point de coteries, rien de ce parti pris de dénij^n-ement ([ue les naturalistes manitestent trop volontiers à l'endroit des produits qui ne sortent point de leur ofïicine ; nous pouvons et voulons vivre en bonne intelligence avec les différentes sectes zoologiques, sans manifester envers elles ni admiration outrée ni mépris de mauvais aloi, et cela, je le répète, parce que nous sommes indépendants, et que nous n'avons point à sacrifier au dieu mesquin de la réclame per- sonnelle, de manière à faire savoir à tous que la maison n'est pas au coin du quai! » C'est pour cela. Messieurs, que l'existence de la Société Zoologique répond à un besoin réel, et c'est d'après de telles cons- tatations que nous pouvons affirmer que sa prospérité est liée à la prospérité scientifique du pays. » Mais je ne veux pas abuser plus longtemps de vos instants ; et comme je n'ai pas à revenir aujourd'hui sur les deuils qui nous ont frappés, non plus que sur les récompenses qui ont été décer- nées à plusieurs de nos collègues, parce que ces événements sont de date trop récente, je m'empresse de céder le fauteuil à M. Dautzenberg, qui saura, j'en suis convaincu comme vous, maintenir la Société dans les bonnes traditions et l'affermir dans la voie du progrès. M. Pli. Dautzenberg, président pour l'année 1892, prend place au fauteuil et prononce le discours suivant : « Messieurs, » Perniettez-moi de vous remercier tout d'abord de l'honneur que vous m'avez fait en m'appelant à la Présidence. Je suis d'au- tant plus sensible à ce témoignage de sympathie, que le rôle fort modeste que je remplis daus la science zoologique ne me désignait pas pour une distinction aussi flatteuse. » A défaut des mérites que vous n'auriez pas manqué de rencon- trer chez beaucoup d'autres de nos collègues, je ne puis vous offrir ({ue mon désir de mener à bien la tâche que vous m'avez confiée. J'espère y parvenir, grâce à la bienveillante confraternité qui est de tradition parmi nous. » En traçant un tableau à la fois pittoresque et fidèle de l'état prospère de notre association, notre honorable Président, M. Railliet, 4 SÉANCE DU 12 JANVIER 1892 vient de nous rappeler que cette situation favorable est due surtout à notre grande indépendance, ainsi qu'à notre volonté bien arrêtée de prendre pour unique objectif l'intérêt de la Science. » Je crois pouvoir ajouter que l'un des principaux éléments de notre succès consiste dans le désintéressement de plusieurs de nos membres, qui, après avoir recueilli au loin et au prix de mille difficultés, de précieux matériaux d'étude, s'empressent de les mettre libéralement à la disposition de leurs confrères. Il suffit de parcourir nos publications pour constater quelle place importante y occupent les travaux publiés d'après des récoltes de ces collè- gues dévoués. » Aussi suis-je certain de me faire l'interprète de vos sentiments en leur adressant ici des remerciements et en rendant hommage à la mémoire de l'un deux; l'abbé Culliéret, dout la mort prématurée nous a tous si douloureusement impressionnés. » Une autre perte plus récente est celle de M. Héron-Royer, qui a rempli avec tant de zèle pendant de nombreuses années les fonc- tions de Trésorier de notre Société. En enlevant à la Science cet homme de bien, qui était l'un de ses adeptes les plus fervents, la mort nous a privés d'un collègue qui avait su se concilier l'amitié et l'estime de tous. » Nous avons encore eu à déplorer le décès d'un de nos Membres honoraires, S. M. Dom Pedro d'Alcantara, celui d'un de nos Membres fondateurs, M. G. Lunel, et celui de M. André, dont la belle publication sur les Hyménoptères vous est bien connue. )) Dans le courant de l'année dernière, plusieurs de nos confrères ont été l'objet de distinctions que je me plais à vous rappeler. » Son Altesse le Prince Albert de Monaco a été élu correspon- dant de l'Académie des sciences. » M. Ch. Alluaud a été nommé conservateur du Musée de Limoges, et M. Bedot directeur du Musée de Genève, en rempla- cement de M. Lunel. » M. (Ihaper s'est vu décerner la médaille d'or triennale par la Société des Sciences, x\rts et Belles-Lettres de Dijon. » M. le Professeur Crié a été élu correspondant de l'Académie de médecine. » Le prix Savigny a été décerné à notre Vice-Président, M. le D^ Fa u rot. » Une médaille a été offerte à M. Héron-Royer par la Société d'acclimatation, pour ses remarquables travaux sur les Batraciens. )) Enfin, notre Secrétaire, M. Richard, a soutenu brillamment sa thèse de doctorat ès-sciences naturelles. SÉANCE DU 12 .lANVIKK 1892 ") » Nous avons le droit d'être heureux et fiers de ces nombreuses distinctions, qui honorent notre Compagnie en même temps que ceux de ses membres qui en sont l'objet. » L'année dans laquelle nous entrons sera mar([uée par un grand événement : le Congrès zoologique qui se réunira l'été pro- chain à Moscou. Je n'ai pas à vous rappeler les résultats obtenus par la première de ces réunions, dont la Société Zoologique de France a pris l'initiative: bien des sujets ont été abordés ; plusieurs points litigieux de nomenclature ont été discutés, tandis que d'autres n'ont pu l'être, faute de temps. )) Continuer l'œuvre entreprise et la mener à bonne fin doit être l'une de nos principales préoccupations. Aussi me semble-t-il utile d'appeler aujourd'hui votre attention sur cette question de la nomenclature. Elle est de celles qui ne peuvent être traitées effica- cement que par un Congrès, car elle demande, plus que toute autre, la consécration officielle de savants de tous les pays, non pas pour imposer des lois, puisque le domaine de là Science est essentielle- ment libre, mais pour permettre aux naturalistes de bonne volonté de suivre la voie considérée comme la meilleure par une réunion d'hommes particulièrement compétents. )) Si nous attachons autant d'importance à une sage réglementa- tion de la nomenclature, c'est qu'elle a pour but de mettre à la portée du plus grand nombre le langage scientifique, en le rendant aussi clair que possible. )) Le nombre des auteurs qui concourent à nos publications s'accroît d^année en année, de même que le chiffre de nos membres. Ce sont là des preuves évidentes que nous marchons dans la voie du progrès et elles nous autorisent à bien augurer de l'avenir. )) Notre désir à tous est de voir grandir encore le prestige de notre Société et j'ai le ferme espoir qu'il se réalisera pendant l'étape dont vous avez bien voulu me confier la direction. » A propos des extraits d'une lettre de M. Bigot, insérés au procès- verbal de la séance du 24 novembre 1891 (Bull. Soc. ZooL, XVI, p. 245) et relatifs à la présence d'Hirondelles dans l'Europe centrale à la fin de l'automne ou même en hiver, M. Jules de Guerne signale une note récemment parue dans la chronique météorologique de la Nature (n" 970, 2 janvier 1892). Elle émane de M. G. de Rocquigny- Adanson, lequel observe avec soin les passages d'Oiseaux au Parc de Baleine (Allier; M) : (1) Coordonnées du Parc de Baleine : longitude : O"o4'34" E; lafifude : i6''41'48'^ N. altitude : 228'",30 (Cuvette du haiomètre). 6 SÉANCE DU 12 JANVIER 1892 <( .... Voici d'abord deux observations que je dois à l'un de mes frères, M. P. de Rocquigny qui habite le Pas-de-Calais. « Aujour- d'hui, 25 octobre 1891, m'écrit-il, à 12^i,40™ du soir, me trouvant au lieu dit La Position, sur la route de Fayel à Étaples, j'ai vu trois Hirondelles paraissant se diriger vers le sud-esL » Par lettre en date du 8 novembre, le même observateur m'avisait de nouveau que « le samedi 7 novembre, étant en chasse dans les garennes de M. de France, près d'Etaples, il avait encore vu une Hirondelle volant çà et là, en quête de Mouches et d'Insectes, comme en plein été. » Il a vu cette Hirondelle à trois reprises différentes, et c'est la première fois qu'il constate pareil fait depuis sept ans qu'il est établi dans le pays. Je m'empressai de communiquer ces deux observations à M. E. Renou. Le savant directeur de l'Observatoire météorologique du Parc Saint-Maur m'écrivit que « la présence d'Hirondelles en novembre était un fait remarquable. » Il m'annon- çait en même temps que M. Dumens, à Yebleron, près Yvetot, en avait vu le 12 novembre de cette année. Enfin, en Belgique, M. Lancaster, météorologiste inspecteur à l'Observatoire, vient de faire connaître que « vers le milieu du mois de novembre, des groupes d'Hirondelles ont été vus dans différentes localités du pays. » Ces faits sont rares, exceptionnels sans aucun doute; mais ils ont été déjà constatés, il y a près d'un demi-siècle, au Parc de Baleine. En compulsant les tables météorologiques de la station, j'ai trouvé les deux observations suivantes écrites de la main même de M^^ Aglaé Adanson, fille du grand naturaliste et la créatrice du Parc de Baleine. « 2 novembre 1848. Apparition de deux Hiron- delles. » « 30 novembre 1846. A midi, apparition de deux Hiron- delles autour du château. » M. Emile Belloc assiste à la séance. Une vacance s'étant déclarée dans le Conseil dans le courant de l'année dernière, par suite de la démission de M. le baron F. Billal d, il est procédé à l'élection d'un nouveau membre du Conseil. M. Adrien Dollfus est élu à l'unanimité. MM. Blanchard et Kûnckel d'Herculais présentent M. Adolphe Targioni-Tozzetti, professeur de zoologie et d'anatomie comparée des animaux invertébrés à l'Institut des études supérieures et de perfectionnement de Florence, directeur du Musée d'histoire natu- relle, 19, via Romana, à Florence. MM. Railliet et de Guerne présentent M. Léon Moulé, contrôleur de l'inspection des viandes, 3, rue de l'Ancienne-Comédie, à Paris. SÉANCK DU 1:2 JAXVJER 1892 7 MM. de Guerue et Lahbé présentent M. Joseph Gcïman, ancien élève de la Faculté des sciences d'Odessa, étudiant en médecine, 7, rue Mécbain, à Paris. M. ScHLUMBERGER. Trésoiiei', présente les comptes de l'exer- cice 1891. Conformément à l'article 33 du règlement, l'examen de ces comptes est confié à une Commission de deux membres. MM. Certes et Chaper sont désignés pour faire partie de cette Commission. M. H. Pierson, archiviste-bibliothécaire, présente la liste des publications périodiques reçues en échange pendant l'année 1891 (1) : EUROPE FRANCE Paris. La Nature, n"^ 917-973. Annales des sciences naturelles, Zoologie, (7), XI, n°^ 1, i-6; XII, no 1. le Tour du Monde, nos io64-1617. Société d'acclimatation. Revue des sciences naturelles appliquées {Bulletin men- suel), (4), Vin. no5 1-24. Feuille des jeunes naturalistes, no'^ 243-2.oo. Catalogue de la bibliothèque, parties 10-13. Journal de la conchyliologie, (3), XXX, no^ 3-4, 1890; XXI, nos 1.3, 1891, Société de Géographie. Compte-rendu, n"^ 16 et 17, 1890; n»« 1-20, 1891. Bulletin, (7), XI, nos 3.4, iggo; XII, nos 1.3^ is91. Académie des Sciences. Comptes-rendus, table du tome CXI; CXII et table; CXII, moins la table. Société Géologique de France. Bulletin, (3), XVIII, n" 9; XIX, n"^ 1-10, 1891. Société Philomathique. Bulletin, (8), 11, n» i, 1890; III, n»'* 1-2, 1891. Compte-rendu sommaire des séances, 1891. Société d'An-thropologie. Bulletin, (4), I, n'* 3-4, 1890: II, n"- 1-3, 1891. Institut national agronomique. Revue scientifique, XLVII et XLVIII, 1891. Annales de micrographie, I-III, 1888-1891 ; IV, n»^ 1-3, 1891 . (l)Avis IMPORTANT. — Lcs Sociétés ou Académies avec lesquelles la Société Zoologique de France est en relation d'échanges sont priées de considérer l'insertion sur la présente liste comme un accusé de réception et de bien vouloir envoyer les numéros qui, n'ayant pas été reçus, ne figurent pas sur cette liste. SKANCE DU 12. JANVIEII 189: Aix. Amiens. Angers. Auxerre. Béziers. Bordeaux. Caen. Chàlon-sur-Saùne, Grenoble. La Rochelle. Lille. Lvon. Marseille. Montpellier Nantes. Nice. Nîmes. Rouen . Semur. Toulouse. Archives de médecine navale, collection complète, sauf quelques numéros des premières années. Revue des travaux scientifiques, X, n"^ 4-12 ; XI, n°s 1-0. Revue des sciences naturelles de V Ouest, I, no^ 1-4, 1891. Le Naturaliste, (2), n'" 92-146, 1891. Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, XXIII, n« 2. Académie des sciences. Société linnéenne du Nord de la France. Bulletin, X, n»^ 211-222, 1891. Société d'études scientifiques. Bulletin, (2), XX. Société des sciences historiques et naturelles de TYonne. XLIV, 2^ semestre 1890: XLV, 1" semestre 1891. Société des sciences naturelles. Société d'antliropologie de Bordeaux et du sud-ouest. Société linnéenne. Actes, XLllI. Société linnéenne de Normandie. Bulletin, (4), IV, n"^ 3-5, 1890; V, n^^ 1.2,1891. Société des Sciences naturelles de Saône-et-Loire. Société de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l'Isère. Bulletin, (3), Xlll et XIV, 1884-1890. Académie des belles-lettres, sciences et arts. Annales, XWn, 1891. Société géologique. Société linnéenne. Aimales, XXXVI, 1889; XXXVII, 1890. Muséum d'histoire naturelle. Société scientifique industrielle. Académie des sciences et lettres. Mémoires. XI, n» 2. Société académique. Annales, 2* semestre 1890; 1" semestre 1891. Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France. Bulletin, I, n» 1, 1891. Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes. Société d'études des sciences naturelles. Société des Amis des sciences naturelles. Société des sciences historiques et naturelles. Académie des sciences. Mémoires, (9), IL 1890. ALLEMAGNE Berlin. Akademie der Wissenschaften. Sitzungsberichte, n^^ 41-53, 1890 ; no* 1-40, 1891 Gesellschaft naturforsrhender Freunde. Siizunqsherichte, no l, 1890. SÉANCE DU 12. JANVIER iS\)'2 Bonn. Bivni.'. Danizig. Dresde, Erlangei). Francforl-sur-le-Mein Freilmrg- i/Br, (jiesson. Halle. Hambourg. Heidelberg. léna. Leipzig. -Munirli. Schwanlieim a. M. Stuttgart. \Viesl)a(l«-ii, Deutsche entomologische Zeitschrift, XXV, iSHl ; XXVI, 1882; XXX, 1886. 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Jusqu'à présent, chez les Eutomostracés, on n'a signalé la pré- sence de Cysticercoïdes quexhez les Cypris et chez les Cijclops, s'il faut en croire Mrâzek (1) qui a énuméré récemment les Cysticer- coïdes connus chez les Crustacés d'eau douce. Vers le mois de mai dernier, j'étudiais sur un Eunjtemora lacinulata Fischer vivant, recueilli le jour même dans le lac inférieur du Bois-de-Boulogne, certains détails du système nerveux, lorsque mon attention fut (1) Al. Mrazek, Prispevky k vijvojezpytu nekterych tasemnic ptacich. Vestnik krâl. ceské spolecnosti nauk, p. 97, 1891. 18 SÉANCE DU 12 JANVIER 189ii attirée par des mouvements particuliers d'un corps arrondi, assez volumineux el situé dans la portion dorsale et antérieure du corps, à la hauteur du cerveau de l'animal. Je pensai aussitôt avoir affaire à quelque larve de Ténia. Pour avoir une idée plus exacte de la forme et de la structure du parasite, je déchirai son hôte pour le mettre en liberté et l'observai quelque temps vivant. Désirant le conserver, j'essayai de le fixer par l'acide osmique ; le résultat fut désastreux. L'animal, en effet, se contracta, se déchira et finit par être tellement informe que je ne pus que raconter à notre collègue et ami le D^ R. Blanchard, à qui je destinais ma préparation, comment les choses s'étaient passées. Le D^" Blanchard m'ayant alors montré les planches accompagnant le mémoire, cité plus haut, de Mrazek, je reconnus immédiatement dans la figure 27 de la planche VI de cet ouvrage, l'image du parasite de VEurytemora, image tellement ressemblanle que je ne donnerai pas la description du Cysticercoïde observé, me bornant à renvoyer le lecteur au dessin donné par Mrâzek et qui, lui, se rapporte à une larve encore indé- terminée de Ténia observée chez un Cyclops agilis{= C. serrulatus Fischer). J'ai recherché en vain ce parasite chez d'autres exemplaires pris en même temps que l'individu infesté. Je dois ajouter que mes travaux ne me permettaient pas de m'attacher à ce sujet. Dans tous les cas, le fait mérite d'être signalé. C'est la première fois qu'on observe un Cysticercoïde chez un Calanide d'eau douce, et il est fort probable qu'il serait facile de trouver la forme adulte dans le tube digestif des Canards qui habitent le lac. J. L. A. DE QUATREFAGES de BREAU Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d histoire naturelle, Membre honoraire de la Société Zoologique de France, Décédé à Paris le f2 Janvier isn. âi MORT DE M. LE PROFESSEUR DE QUATREFAGES Le 12 janvier, au moment môme où la Société tenait sa première séance de l'année, la mort venait frapper M. le professeur de Quatrefages. La science française perd en lui l'un de ses plus illustres représentants, la Société Zoologique l'un de ses Membres honoraires les plus dévoués et les plus bienveillants. Pour rendre un juste hommage à la mémoire de ce savant éminent, nous repro- duisons ci-dessous le discours prononcé à ses obsèques, au nom du Muséum, par M. le professeur A. Milne-Edvvards. DISCOURS PRONONCE AUX OBSEQUES DE M. DE QUATREFAGES, par M. A. MILNE -EDWARDS, Membre de rAcadémie des sciences, Membre lionoraire de la Société Zoolo^^ique de France. « Messieurs, » C'est le cœur douloureusement ému que je viens, au nom du Muséum d'histoire naturelle, rendre ici un dernier hommage au savant illustre que la mort nous a pris. » M. de Quatrefages a été l'élève et l'ami fidèle de mon père et. aussi loin que mes souvenirs puissent remonter, je le vois venant, chaque jour, parler de ses travaux et de ses espérances au maître qui l'aimait et l'appréciait. Dès mon enfance j'ai appris ainsi à vénérer celui que nous pleurons aujourd'hui; il fut, au Collège Henri IV, mon premier professeur d'Histoire naturelle et ses leçons, si claires, si pleines d'attrait, me donnèrent le goût de la science qu'il enseignait. Le sentiment tout personnel que je me permets d'exprimer est donc celui de ma vie entière et mes regrets pour l'homme qui, à son tour, m'honorait de son amitié, viennent se confondre avec ceux que m'inspire la perte du travailleur infati- gable dont nous avons tous admiré la noble carrière. )) Issu de cette forte race cévenole qui savait tout sacrifier à ce qu'elle croyait être le vrai et le bien, M. de Quatrefages avait hérité de ses pères une âme droite et loyale, un grand désintéressement et une simplicité de mœurs qui devient chaque jour plus rare. Sa â2 famille, fort ancienne, avait pris parti pour la Réforme et resta toujours très attachée à la religion protestante ; elle vivait, entourée d'une population rustique dont l'organisation avait quelque rapport avec celle des clans écossais et le grand-père d'Armand de Quatrefages fut le premier qui, dans cette contrée, substitua les Mûriers aux Châtaigners et, parla, augmenta beaucoup la richesse de son pays. » C'est en pleine montagne, au pied de l'Aigoual, à Berthezène, petit village des Cévennes situé dans la vallée où l'Hérault prend sa source, que, le 10 février 1810, Armand de Quatrefages est né. Son éducation fut d'abord confiée à un jeune pasteur protestant et lorsqu'il entra plus tard au collège de Tournon, il se fit de suite remarquer et aimer de ses maîtres. L'un d'eux, M. Sornin, qui venait d'être nommé professeur d'astronomie à la Faculté des sciences de Strasbourg, proposa d'y emmener son jeune élève ; celui-ci le suivit avec joie et entra dans la classe de philosophie du collège de cette ville. Mais tout en terminant ses humanités, il pensa que la meileure marque de reconnaissance qu'il pût donner à son professeur était de s'occuper de mathématiques et, se mettant à l'œuvre avec courage, il se fit recevoir successivement bachelier, licencié et, à dix-neuf ans, docteur ès-sciences mathématiques. Il commençait en même temps ses études médicales, selon le vœu de sa famille. A cette époque, une place de préparateur de chimie et de physique se trouva libre à la Faculté de médecine et ses amis l'engagèrent à se présenter. D'abord il hésita, car il n'avait jamais fréquenté le laboratoire et ses concurrents avaient pour eux une longue préparation. Cependant il se rassura et bientôt, à force de travail, il put soutenir un très brillant concours et affirmer aux yeux de tous sa supériorité. Enfin, en 1832, il passait sa thèse de docteur en médecine et allait rejoindre les siens pour se fixer avec eux à Toulouse, où sa sœur venait de se marier. » Grâce aux relations de sa famille, M. de Quatrefages y fut bien accueilli et, malgré des difficultés qu'il n'avait pu prévoir, l'ardeur qu'il déployait dans sa nouvelle profession lui en assura le succès. Il fonda à Toulouse le Journal de médecine et de chirurgie, et, mal- gré sa jeunesse, fut appelé à faire partie du Comité de salubrité. » Mais les sciences naturelles le passionnaient et il ne tarda pas à abandonner une carrière déjà lucrative pour accepter le modeste emploi de chargé du cours de zoologie à la Faculté des sciences. Là, tout était à faire, il n'avait aucune ressource ; pas de collection, pas de préparateur, pas même de garçon de laboratoire et un crédit de 90 francs pour les frais de cours ! Il ne se laissa pas effrayer et il réussit à créer un petit musée, tout en s'occupant activement de ses fonctions et en publiant son premier mémoire sur l'embryologie des Anodontes. )) Son plus grand désir était d'aller à Paris; il avait conscience de ses forces et il sentait qu'il ne pourrait pas, à Toulouse, atteindre au but qu'il ambitionnait; mais sa mère, son père surtout s'y opposaient de tout le pouvoir de leur affection. Enfin, on céda à ses instances et M. de Quatrefages vint s'installer près de ce Jardin des plantes dont il devait être plus tard une des gloires. Il se lia avec Agassiz, Vogt, Straus-Durckbeim, avec Milne-Edwards qui reconnut vite la valeur exceptionnelle de ce jeune savant et se plaisait à l'aider de ses conseils et de ses encouragements. » Depuis cette époque, 1840, où il conquit son troisième doctorat, celui des sciences naturelles, jusqu'à son dernier jour, M. de Qua- trefages a travaillé sans relâche et son nom n'a pas cessé de grandir. En 1852, il était élu par l'Académie des sciences et trois ans plus tard, il prenait possession, au Muséum, de la chaire d'anthro- pologie où son enseignement devint si justement célèbre. Il donna à ce cours une direction toute différente de celle qu'avaient suivie ses prédécesseurs, M. Serres et M. Flourens ; ceux-ci considéraient l'Homme plutôt au point de vue du médecin, du physiologiste, de l'anatomiste, tandis que M. de Quatrefages, prenant pour seuls guides l'expérience et l'observation, appliqua à son enseignement la méthode des naturalistes et fit de ses leçons un admirable résumé de tout ce que l'on savait sur l'histoire naturelle de l'Homme. Il a défendu, là, comme dans ses livres, la théorie de l'unité de l'espèce humaine en s'appuyant sur les raisons les plus hautes. Il était spiritualiste convaincu et c'est dans toute la sincérité de son esprit qu'il cherchait la vérité. » Non seulement il imprima une impulsion nouvelle à la science qu'il professait, mais encore on peut dire qu'il créa la belle collec- tion d'anthropologie que le Muséum possède aujourd'hui, collection supérieure à toutes celles qui existent en Europe. Il rencontra pourtant de grandes difficultés d'installation, disposant unique- ment de mansardes situées au-dessus des galeries d'anatomie comparée. On donnait enfin satisfaction, il y a quelques semaines, au désir qu'il avait si souvent exprimé et la construction de nou- velles galeries d'anthropologie était décidée. 11 n'aura pns la joie d'y voir, rangés en bon ordre, les trésors qu'il avait amassés pen- dant sa longue vie, mais, en les admirant, nous nous souviendrons tous de celui à qui nous les devons; 24 » Le laboratoire de M. de Quatrefages était devenu le centre de réunion de tous les voyageurs s'occupant d'histoire naturelle ; ils y trouvaient les meilleurs conseils, la direction la plus sûre et sou- vent aussi, malgré l'étroitesse de l'espace, l'emplacement nécessaire pour exposer les collections qu'ils avaient faites pendant leurs voyages; car jamais iM. de Quatrefages ne reculait devant la peine ou devant la perte de temps que pouvait entraîner pour lui le soin des intérêts d'autrui. » Je ne puis énumérer tous les travaux qui ont rendu célèbre notre illustre confrère, la liste en serait trop longue. Depuis son premier ouvrage sur les types inférieurs de l'embranchement des Annelés jusqu'à sa dernière publication sur les races humaines, il a embrassé un nombre considérable d'études différentes, portant dans chacune la même méthode sure et consciencieuse, la même vivacité d'intelligence; il ne s'était pas cantonné dans une région étroite et toutes les sciences l'intéressaient. « L'esprit de l'homme, disait-il, ne se contente pas de connaître ce qui est, il veut en outre l'expliquer et la profondeur, l'immensité des problèmes est pour lui un attrait de plus. » Aussi a-t-il été mêlé à toutes les grandes discussions scientifiques de son temps ; partout et toujours il y a mis en pratique cette belle pensée qui était sienne : « Que la science doit élargir les intelligences et rapprocher les esprits et les cœurs. )) Sa bonne foi parfaite, son aménité, sa déférence pour les opinions qu'il ne partageait pas, tout en le laissant un adversaire redoutable par sa grande science, faisaient de lui un polémiste dont Darwin a pu dire : « qu'il aimait mieux être critiqué par M. de Quatrefages que loué par tout autre. » » Il se refusait à croire au mal, sa bienveillance était inépuisable et rayonnait autour de lui ; la limpide sérénité de son âme apportait le calme et l'apaisement et l'on devenait meilleur en causant avec lui. » M. de Quatrefages écrivait avec beaucoup d'élégance et de charme; ses Soïivenirs d'un Naturaliste, où il raconte les longs séjours qu'il faisait au bord de l'Océan et de la Méditerranée pour y étudier les animaux inférieurs, ont été dans toutes les mains et les beaux travaux qu'il a publiés sur la nature et l'origine de l'Homme montrent, dans le meilleur des langages, toute l'élévation et l'ampleur de son esprit. Il parlait aussi fort bien et de tous les côtés on recherchait son concours; il savait admirablement, lors- qu'il présidait un Congrès, une Assemblée, condenser les idées générales, et ses discours, tout en restant dans le domaine de la science, étaient des modèles de bonne grâce et de courtoisie. 2o » La vie de M. de Qiiatrefages est ime vie enviable, toute de travail, de dignité et de simplicité. Certainement il a connu les efforts, les découragements, la lutte, mais il en est sorti vainqueur et, depuis longtemps, il était reconnu pour un Maître dans toute l'acception de ce mot qui dit tant de choses. » Nous le reverroDS souvent, en pensée, dans cette maison où il a vécu de si longues aunées, heureux d'être au centre de ses occu- pations les plus chères et aimant à rappeler les souvenirs de Bufîon, de Flourens qui l'avaient habitée autrefois, dans cette maison où l'on était accueilli avec une bonté si aimable et si vraie. ^ )) Un des plus grands chagrins de M. de Quatrefages, si ce n'est son plus grand, a été en 1870 la perte de l'Alsace. Il l'aimait comme Français, puis pour les laborieuses années de jeunesse qu'il y avait passées, et enfin, marié à une Alsacienne, M^^^" Ubersaal, qui a été pour lui la plus dévouée et la meilleure des compagnes, il s'y était encore plus attaché. La pensée que l'Université de Strasbourg était germanisée lui était cruelle, il ne pardonna jamais à la Prusse d'avoir dirigé des obus sur les galeries du Muséum d'histoire naturelle et dans un livre, où respire une généreuse indignation, il dénonce au monde entier ces procédés dignes d'un âge barbare. » Il y a quelques jours à peine, M. de Quatrefages me disait qu'il commencerait prochainement son cours, il me parlait des nouvelles publications qu'il voulait entreprendre, de son projet d'aller, cet été, au Congrès de Moscou. « Ma femme, ajoutait-il en souriant, voudrait m'en dissuader, mais je me sens si plein de force encore, que j'irai volontiers jusqu'au Caucase. » Nous devions faire ce voyage ensemble! 11 avait compté sans la Mort si prompte à frapper. » M. de Quatrefages, du moins, n'aura pas eu la grande tristesse de sentir ses forces décliner pendant de longs mois et ne plus répondre aux exigences de son esprit. C'est un bonheur pour lui d'avoir ainsi passé, de la vie intelligente et active, au repos de la tombe, entouré de tous ceux qu'il chérissait, soutenu jusqu'au dernier moment par un fils qui a toujours été sa joie et la main dans celle de sa femme bien-aimée. » Le deuil de sa famille sera partagé par le pays tout entier, car il perd en M. de Quatrefages un grand savant et un homme de bien. » 26 Séance du 26 Janvier 1892. PRÉSIDENCE DE M. PH. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. le Président fait part à la Société de la perte cruelle qu'elle vient d'éprouver en la personne de M. le professeur de Quatrefages, Membre honoraire. On trouvera ci-dessus le discours prononcé aux obsèques de M. de Quatrefages par M. le professeur Milne-Edwards, Directeur du Muséum. M. E. Blanc, récemment élu Membre de la Société, remercie de son admission. M. le Président adresse les félicitations de la Société à MM. les Drs BoTTARD, JouBiN et Prouho, récemment nommés Officiers d'Aca- démie. La Société hongroise des sciences naturelles (Magyar természet- tudomanyi Tarsulat) invite la Société Zoologique à se faire repré- senter à la séance solennelle qui doit avoir lieu le dimanche 17 janvier \S9i, à l'occasion du 50"^ anniversaire de sa fondation. La Société Zoologique adresse ses vives félicitations à la Société hongroise, et prie MM. les professeurs Th. Margo, et Géza Entz de la représentera cette solennité scientifique. MM. GuTMAN, Moulé et Targioni-Tozzetti, présentés à la dernière séance, sont élus Membres de la Société. MM. Blanchard et Dautzenberg présentent la Bibliothèque universitaire de Nancy. MM. Milne-Edwards et de Guerne présentent M. Charles Bron- GNiART. assistant d'entomologie au Muséum, 9, rue Linné, à Paris. MM. de Guerne et Richard présentent M. Etienne Jourdan, chargé de cours à la Faculté des sciences, 6, rue de la Bibliothèque, à Marseille (Bouches-du-Rhône). MM. Blanchard et de Guerne présentent M. Francis Henriquez, étudiant en médecine, 20, rue des Ecoles, à Paris. MM. Richard et de Guerne présentent M. le Dr Adam Lande, 6, Maryjânska, à Varsovie (Russie). M. Chaper présente le rapport de la Commission chargée de la vérification des comptes. Les écritures sont approuvées et des remerciements sont adressés à M, le Trésorier. SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 27 A l'occasion des félicitations que la Société a adressées dans sa dernière séance à M. le D^ L. Faurot au sujet du prix Savigny à lui décerné par l'Académie des sciences, celui-ci rend compte des résul- tats du voyage qui lui ont valu cette distinction. « Je n'ai fait de séjour dans la mer Rouge qu'à l'île de Kamarane, qui m'offrait, il est vrai, l'avantage d'être favorablement située pour mes études d'histoire naturelle. Le golfe de Tadjoura, le Gonbett- Kharab et la presqu'île d'Aden, dont j'ai parcouru presque entiè- rement les rives, sont les régions que j'ai en outre visitées. Elles sont situées à l'entrée de la mer Rouge, du côté de l'Océan Indien. » Mes recherches ont porté sur la faune et la flore terrestres et sur la faune marine. Les Insectes (1), Arachnides, Orthoptères, Coléoptères, recueillis sur le littoral du golfe de Tadjoura, m'ont fourni un grand nombre d'espèces, parmi lesquelles 24 n'avaient pas encore été signalées en Afrique, mais qui étaient déjà connues en Arabie. J'ai en outre recueilli 3 Arachnides et 2 Coléoptères qui ont été décrits comme espèces nouvelles. L'herbier, don t j'ai fait don au Muséum, renferme 105 Phanérogames, dont 3 nouvelles. Une de ces dernières, Loranthus à belles fleurs rouges, vit comme le Gui eu parasite sur certains arbres, mais, prenant beaucoup de développe- ment,elle les tue et les recouvre ensuite complètement de ses feuilles et de ses fleurs, de manière à prendre l'aspect d'un végétal arbores- cent. La répartition géographique de ces plantes fait présumer que la flore présente avec celle de l'Arabie de moins grandes afïïnités que la faune terrestre. » L'étude de la faune marine constituait le but spécial de mon voyage. A un assez grand nombre d'Épongés, de Coralliaires et de Crustacés, dont la détermination est encore inachevée, j'ai joint une collection d'une cinquantaine d'espèces de Polypiers sclérodermés, et en outre 218 espèces de Coquilles (23 nouvelles) ont été publiées par M. Jousseaume dans les Mémoires de la Société Zoologique de France. La détermination des Polypiers et des Coquilles, ainsi que des autres Coralliaires, confirme l'extraordinaire dissemblance de la faune méditerranéenne et de la faune de l'Océan Indien, dont la mer Rouge n'est, à vrai dire, qu'un golfe. )) Dans le canal de Suez, près de Port-Saïd (Méditerranée), j'ai trouvé un seul Bivalve vivant, qui a été reconnu par M. Jousseaume comme provenant de la mer Rouge; c'est une espèce à ajouter aux 5 ou 6 autres considérées par M. Keller (2) comme ayant émigré de (1) Insectes déterminés par MM. Sitnon, Bonnet et Bedel ; plantes déterminées par M. Franchet. (2) xXature, 1882. 28 SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 la mer Rouge à la Méditerranée. La possibilité des migrations et du mélange des deux faunes, comme conséquence de la percée du canal de Suez (1870), est une question qui attirera nécessai- rement l'attention de tout naturaliste excursionnant dans ces régions. C'est pourquoi je tiens à signaler un fait qui pourrait occasionner bien des méprises. Tous les paquebots qui s'arrêtent soit à Suez (mer Rouge), soit à Port-Saïd (Méditerranée), s'appro- visionnent de vivres frais et, avec ceux-ci, de coquillages pour la table des officiers et des passagers. Les valves de ces coquillages sont ensuite dispersées soit dans le trajet du canal, soit à une distance plus ou moins grande de Suez ou de Port-Saïd. Il se produit ainsi, plusieurs fois par jour, par le moyen des navires, un mélange de Bivalves méditerranéens et érythréens bien propre à égarer les naturalistes collectionneurs de coquilles vides. Il est donc essentiel pour cette étude des migrations que les matériaux ne soient point choisis parmi les individus morts, recueillis soit sur les plages, soit au large à l'aide de la drague. » Plusieurs causes s'opposent d'ailleurs à la migration naturelle des animaux de l'une à l'autre mer. Je les ai déjà signalées dans mon rapport de mission (1). Ce sont : 1° Le mouvement de l'hélice des gros bâtiments, qui trouble l'eau du canal en agitant la vase du fond; 2' le remous très violent qui se produit sur les deux berges pendant la marche des navires; 3» l'étroitesse et l'ensablement du canal et les dragages très fréquents qu'ils nécessitent; 4° la tra- versée du lac Timsah, dont la salure est extrême, puisque les ancres des navires qui y mouillent ramènent quelquefois des blocs de sel. » Une seule cause peut favoriser les migrations, ce sont les courants qui s'établissent alternativement dans le canal de Suez. D'après M. de Lesseps (2) ; « En été, les vents du Nord chassent les eaux de la Méditerranée vers la mer Rouge, et en hiver, les vents du Sud poussent les eaux du golfe de Suez vers celui de Péluse; environ 400 millions de mètres cubes d'eau passent et repassent ainsi pendant chaque saison dans le canal avec une vitesse variable de 15 à 60 centimètres par seconde. » » Mais, lors môme qu'il serait démontré que des passages d'ani- maux se font par ces courants de l'une à l'autre mer, il resterait à prouver que ces animaux vivent et se reproduisent dans leur nouveau milieu. (1) Archives de zool. expérim., (2), VI, 1888. (2) Journal olïiciel, 28 juillet 1878. SÉANCE DU 2i\ JANVIER ÏSd2. 29 » Le sol de l'île de Kamarane et celui des rivages du golfe de Tadjoura sont formés de sédiments marins exhaussés, renfermant une grande quantité de Polypiers, Coquilles, etc., appartenant à des espèces vivant actuellement dans la mer. Les mêmes Polypiers, qui au large couvrent les récifs, se retrouvent à la surface du sol sur les falaises et jusqu'à une assez grande distance dans l'intérieur. D'un autre côté, les récifs de Polypiers qui ferment le port d'Obock découvrent à marée basse. Il m'était donc possible d'étudier la distribution de ces Coralliaires en superficie et en profondeur et de les examiner tout à la fois géologiquement et zoologiquement. Voici l^s conclusions de mes recherches (1) : » Les profondes découpures, sortes de lagunes qui indentent le contour des îles Kamarane, Farsan, Dahlac sont probablement une conséquence d'autant de solutions de continuité dans la ceinture protectrice de Polypiers qui entourent ces îles. Ces Polypiers repo- sent sur des calcaires quaternaires renfermant des débris d'animaux vivant tous actuellement dans la mer Rouge et l'Océan Indien. Nulle part il n'existe de couches épaisses de Polypiers. Ces Zoophytes, conformément aux observations de Quoy et Gaimard, d'Ehrenberg, de Guppy, se sont développés ici, ainsi qu'en Océanie, de manière à ne constituer qu'un revêtement de peu d'épaisseur sur le calcaire quaternaire. Ces observations sont contraires à celles de Pérou, de Darwin et de Dana. L'étude géologique des falaises du golfe de Tadjoura et du Goubbet Kharal m'a montré eu outre que les calcaires quaternaires sont intercalés entre des conglomérats et poudingues trachy tiques plus anciens et des basaltes plus récents. )) Enfin, j'ai constaté que, du côté du large, le bord des récifs présente une disposition semblable à celle des récifs étudiés en Océanie par Dana et par les naturalistes d u Challenger, et que ce bord est surmonté presque exclusivement par des Coralliaires de forme massive et que c'est à tort que Ion a classé (2) parmi les Polypiers de récifs les espèces à forme cespiteuse. » (1) Bull. Soc. Géol., 1888. (2) ZiTTEL, Traité de paléontologie. XVII. - 4 30 SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 SUR LA RÉPARATION DE LA COQUILLi: CHEZ HELIX ASPERSA, par R. MOYNIER DE VILLEPOIX, Conservateur du Musée d'Abbeville, Professeur suppléant à l'Ecole de médecine d'Amiens. Dans une note communiquée à l'Académie des sciences en août 1891 (1), j'ai indiqué comment s'accroît la coquille chez Hclir aspersa Linné. J'ai montré que l'épiderme qui la recouvre prend naissance dans une sorte de gouttière ou sinus glandulaire du bourrelet palléal, au fond duquel débouchent des glandes spéciales qui sécrètent les globules recouvrant sa surface externe. J'ai également signalé la présence, en arrière de ce sinus, d'une glande particulière, formant sur tout le bord du manteau une assez large bandelette blanchâtre, et constituée par de longues cellules sécré- trices, à contenu linement granuleux. C'est à cette glande que je crois devoir attribuer, jusqu'ici, la sécrétion du calcaire destiné à renforcer l'épiderme et à constituer la première couche ou couche externe du test, tandis que la couche interne est le produit de la sécrétion des cellules épithéliales du manteau. J'ai également indiqué comment la grande activité de cet épithélium permet à l'animal de réparer très rapidement les brèches faites à la coquille — en dehors du péristome — par la formation d'un cal très solide de matière calcaire mélangée de substance organique. Telle est l'activité de cette sécrétion, que deux heures après l'ablation d'une partie de la coquille, l'épithelium est déjà recouvert d'une très mince pellicule organique hyaline, à la surface interne de laquelle sont disséminés un grand nombre de cristaux de carbonate de chaux affectant la forme rhomboédrique et celle de sphéro-cristaux. Au bout de 24 à 36 heures, la cristallisation gagne toute la mem- brane, de nouvelles couches s'apposent à la première, et entin, au bout de quelques jours, la blessure est complètement fermée par un cal solide, grisâtre, de forme variable, souvent bossue (car la pre- mière membrane a épousé les contours du manteau plus ou moins gonflé par l'animal) et solidement adhérent au reste de la coquille. On ne saurait, bien entendu, rencontrer à la surface du cal ainsi formé, aucune trace de production épidermique et par suite, aucun des globules qui, dans l'espèce étudiée, caractérisent la surface externe de l'épiderme. (1) Compt-rend. Acad. sciences, 17 août 1801. SÉANCE DU 20 JANVIER 1892 31 Il m'a été récemment donné d'observer la réfection complète du test chez un jeune exemplaire d'Hélix aspersa de 15 millimètres environ de diamètre, enlevé à son haliitat en plein sommeil hibernal. Le péristome et une partie du test ayant été enlevés sur une largeur de quelques millimètres, l'animal fut laissé sous une cloche, sans aucune nourriture. L'opération qu'il avait subie avait eu pour premier effet, la tem- pérature douce du laboratoire aidant, de le réveiller complètement de sa léthargie; aussi se mit-il à ramper sur les parois de la cloche. Au bout de quelques heures, il s'arrêta et se fixa en un point d'où il ne bougea plus. Quarante-huit heures après ce moment, je remarquai que la partie dénudée du manteau était, comme je m'y attendais, recouverte d'une couche grisâtre de calcaire, mais, en saisissant l'animal pour l'étudier de plus près, je constatai que la réparation de la coquille s'était faite, non seulement, comme je l'avais vu maintes fois, sur la région dorsale, mais encore au bord même du manteau, et que le péristome était complètement reformé. L'examen au microscope d'un lambeau de cette formation m'a démontré que l'activité des glandes du sinus palléal et de la bande- lette qui lui est immédiatement postérieure ayant été mise en jeu, l'animal avait refait de toutes pièces une nouvelle zone d'épiderme complètement identique à l'épiderme normal et recouverte de ses globules caractéristiques; que cette zone s'était soudée au cal organo-calcaire sécrété par le manteau, de telle sorte que, si je ne l'avais interrompu dès le début par cet examen, l'accroissement de la coquille se serait continué normalement, et qu'il eut été impos- sible, à quelque temps de là, de reconnaître que le péristome avait été antérieurement enlevé. Ainsi donc, non seulement les Hélix réparent les brèches faites à leur coquille, comme ou l'a pu d'ailleurs maintes fois constater sur des coquilles adultes portant les traces de semblables réparations, mais ils peuvent encore, au moins tant que l'animal n'a pas atteint ses dimensions définitives et bordé sa coquille, reformer de toutes pièces le bord extrême de celle-ci qui continue ensuite à s'accroître normalement. Bien que ce résultat fût à prévoir, puisque, comme je l'ai déjà fait remarquer, les glandes qui produisent l'épiderme et le calcaire ne disparaissent que lorsque l'animal a terminé sa croissance, il ne m'a pas paru inutile de le signaler. 32 SÉANCK DU 20 JANVIER 1892 VIBILIA EIUIATICA, X^WmVODV. PELAGIQUE NOUVEAU, DU LITTORAL DES ALPES-MARITIMES, par Ed. CHEVREUX. Le genre Yihilia, qui comprend de nombreuses formes exotiques, n'était représenté jusqu'ici en Méditerranée que par une seule espèce bien authentique, Vibilia Jeangerardi Lucas. Le professeur Marion (1) et le D^ Bovallius (2) considèrent, en effet, Vibilia speciosa Costa et Vibilia mediterranea Clans comme synonymes de l'espèce de Lucas, et je n'hésite pas à adopter cette opinion. Le professeur Marion, à qui nous sommes redevables d'une excellente et très complète description de Vibilia Jeangerardi, a constaté que, dans le golfe de Marseille, cette Hypérine accompa- gnait toujours les Salpes, et disparaissait en même temps qu'elles. J'ai pu faire maintes fois la même remarque pendant mon séjour sur le littoral des Alpes-Maritimes. Durant l'hiver de 1890-91, j'ai souvent eu l'occasion de recueillir des Vibilia Jeangerardi au Labora- toire russe de Villefranche, où les zoologistes sont toujours assurés de recevoir le plus aimable accueil de M. le professeur Korotneff. Je trouvais ces Crustacés dans les bocaux contenant des Salpa maxima provenant des pêches pélagiques effectuées par l'embarcation du Laboratoire. Au mois d'octobre dernier, les Salpes ayant fait leur apparition dans la baie de la Garoupe (Cap d'Antibes), j'ai pu recueillir encore, dans la cavité branchiale de ces Tuniciers, de nombreux exem- plaires de V. Jeangerardi, ainsi que d'un autre Amphipode, Lycœa pulex Marion, également commensal des Salpes. En novembre, les Salpes ayant disparu, de nouvelles Vibilies se montrèrent en grand nombre à là surface des eaux de la baie. Il était facile de les distin- guer de F. Jeangerardi à leur forme beaucoup plus élancée, ainsi qu'à leur teinte générale plus claire. Elles se tenaient habituelle- ment immobiles, flottant sur le côté, se laissant prendre avec un filet fin à manche, sans chercher à fuir; en captivité, elles m'ont (1) Marion, Recherches sur les animaux inférieurs du Golfe de Marseille. Deuxième mémoire. Description des Crustacés amphipodes parasites des Salpes. Ann. des Se. nat., (5), XVIL (2) Bovallius, Contributions to a monograph of the Amphipoda Hyperiidea. Part. I. Tyromd^, Lanceolid/E and Vibilid^. Kongl. Svenska Vetensk. Acad. Handlingar, XXI, n» 5. SÉANCK DU 20 .TANVIKR 1892 33 paru nager beaucoup plus rapidement que leurs congénères, commensales des Salpes. Depuis lors, j'ai revu ces Vibilies toutes les fois qu'il m'est arrivé de parcourir la baie de la Garoupe en embarcation, et j'en ai recueilli notamment les 12, 18 et 31 décembre 1891, et les l^"^ et 4 janvier 1892 (1). Pendant toute cette période, je n'ai pas vu un seul spécimen de Salpa maxima, et je n'ai jamais trouvé de V. erratica dans les nombreux exemplaires de Pyrosomes vivants que je rapportais de chacune de mes excursions, dans le but de me procurer leurs Amphipodes w' commensaux (2). Tout porte à croire J^ que r. erratica vit constamment en ^W Fis. 1 — Antennes et partie antérieure de la tête d'un mâle de V. erratica. Fig. 2. — Extrémité d'une patte de la seconde paire. liberté dans nos eaux méditerranéennes, tantôt à la surface, tantôt à une faible profondeur. Voici une courte diagnose de cette espèce : Corpus gracile, compressum. Caput segmentis duobus primis thoracis multo longius, antice rostratum, anguli latérales producti, auguste rotundati. Oculî permagni. Antennœ superiores articulo /'"^ flagelli compressa, acuto, multo longiore quam, capite. Antennœ inferiores apiid marem 9-articulatœ, 7-articulatœ apud feminam. Pedes /»"'■ et 2^^^ paris fere sicut apud Y. gracilentam Bov., sed ungue longiore et graciliore. (1) Le moment le plus favorable pour cette pêche, comme du reste pour celle de tous les Invertébrés pélagiques, paraît être, en hiver du moins, entre 9 et 10 heures du malin. Ils reparaissent aussi, bien qu'en moins grand nombre, un peu avant le coucher du soleil. (2) Pseudolycœa sp. — Pfironima sedenlaria n'habite que les Pyrosomes morts. 34 SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 Pedes sequentes graciles et elongatissimi, ultîmi paris articuh basait magno et lato. Segmentum 5^'^^ et 6^^*"^ abdominis non coalita. Anguli posteriores segmenti ultimival de producti. Uropoda pedunculis multo longioribus quam ramis. Telson magnum cordiforme. Corpus aWido-pellucidum., pigmento roseo sparsim inaculatum. Oculi fusco-ruhri. Longit. 9'"»^ Parmi toutes les espèces de Vibilies connues, quatre seulement présentent, comme Vibiiia erratica, des prolongements latéraux au dernier segment de l'abdomen. Ce sont V. gracilis Boy., V.gracilenta Bov., V, armata Bov. et F. pyripes Bov.ll est facile de voir que notre espèce en diffère par des caractères bien nets. Les pédoncules des uropodes (fig. 3) sont beaucoup plus longs que leurs branches, au lieu d'être plus courts comme chez V. pyripes. Les prolongements latéraux du dernier segment de l'abdomen, très peu accen- tués chez V. gracilis, sont au contraire très prononcés chez notre espèce. Elle est plus voisine de F. armata, mais le cinquième article des pattes de la secon- de paire (fig. 2) n'offre pas de prolongement àl'angle inféro- postérieur; les deux derniers segments de l'abdomen sont bien distinctement séparés et non réunis; enfin les pédoncules des uropodes des deux premières paires sont beaucoup plus allongés. F. erratica diffère aussi de F. gracilenta par plusieurs caractères nettement visibles. La tête, beaucoup plus longue, est munie d'un petit rostre. Les antennes inférieures (fig. 1) possèdent trois articles de plus. Les prolongements latéraux du dernier segment abdominal sont loin d'atteindre l'extrémité du telson, comme c'est le cas chez F. gracilenta. Enfin, la forme du telson est absolument différente. Nous ne possédons malheureusement aucun renseignement sur les mœurs des Vibilies exotiques, mais il semble probable que les espèces voisines de F. erratica (1) mènent une existence analogue (1) V. longipes Bov., V. Edwardsi Sp. Bâte, V. gracilis Bov., V. armata Bov., V. australis Stebbing. Fig. 3. — Uropodes et telson. SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 35 et que celles qui se rapprochent de F. Jeangerardi (1) sont commen- sales des Tuniciers ou des Acalèphes. La forme élancée de T'. erratica, ses antennes relativement très allongées, ses pattes longues et grêles, ses yeux énormes, peuvent favoriser son mode d'existence. D'autre part, on pourrait peut-être considérer V. Jeangerardi comme présentant, par sa forme plus obèse, ses antennes et ses pattes plus courtes, une tendance à des modifications en rapport avec ses habitudes de commensalisme. COURTES NOTICES SUR LES lilRUDlNEES, par le D^ Raphaël BLANCHARD. IL — Sur la Typhlobdella Kovàtsi Diesing. Synonymie : Haemopis sanguisuga Bergmann, 1757 (nec Moquin- Tandon, 1846). Typhlobdella Komczi Schmidl (2), 1856. Iconographie. — Diesing (3), pi. III, fig. 25-31. Historique. — En 1847, Diesing reçut du D^ Kovàts trois Hiru- dinées que celui-ci avait capturées dans la grotte de Baradla, près Aggtelek, dans le comitat de Goinôr (nord de la Hongrie). Il décrivit (1) ces Sangsues sous le nom de Typhlobdella Kovdtsi ; il les considéra comme constituant une nouvelle espèce et même un genre nouveau, très voisin du genre Trocheta. Ses principaux caractères étaient les suivants : corps formé de 81 à 93 anneaux, yeux nuls, orifice femelle percé sur l'anneau 25 (en partant de la lèvre postérieure), orifice mâle entre les anneaux 29 et 30, trois mâchoires à bord festonné, surmontant chacune trois plis longi- tudinaux. L'unique espèce de ce nouveau genre était longue de 2 pouces (50™m), large de 2 lignes (4""^) en avant et de 5 lignes (10°^"^) à la partie moyenne; la ventouse postérieure était large d'une ligne et demie (3^^). Au mois d'août 1856, le D^ Schmidl (2) explora la grotte de Baradla et y retrouva les Typhlobdelles. Celles-ci reposaient sur la vase molle des mares situées au fond de la grotte ; elles n'y étaient (1) r. affinis Sp. Bâte, F. macropis Bov.,F. gihbosa Box. ,V.antarctica Stebbing. 36 SÉANCE DU 20 JANVIER 1892 pas très rares : en cherchant avec soin, on pouvait presque à coup sûr en trouver un ou plusieurs exemplaires, non seulement dans les grandes flaques d'eau, mais même dans les anses que forme la rivière qui traverse la grotte. Schmidl remit trois exemplaires vivants à Diesing, qui put ainsi contrôler et rectifier sa première description (3, 4). En effet, Diesing ne mentionne plus qu'un seul pli œsophagien en arrière de chaque mâchoire et corrige une erreur importante qu'il avait commise précédemment : il fait déboucher, cette fois, l'orifice mâle sur l'anneau 2o et l'orifice femelle entre les anueaux 29 et 30. Il donne plusieurs figures en couleur de l'animal (3) et reproduit sans changement notable la brève description qu'il avait déjà donnée de sa forme et de sa teinte : « Corpus antrorsum in colli speciem attenuatum, supra convexum, nigro-olivaceum , subtus planum, cinereo-flavum. » Ôrley (4) assure que VAulastoma gulo (1) est très commun dans la grotte d'Aggtelek, d'après les observations de Kovâts et de J. Fri- valdszky; les exemplaires recueillis autrefois par Kovâts appar- tiendraient même simplement à cette espèce. Après cette affirmation, il est surprenant de voir Ôrley, quelques pages plus loin, conser- ver encore à la Typiilobdella Kovàtsi le rang de genre et même d'espèce distincts, puisque Diesing basait précisément son opinion sur l'examen des individus capturés par Kovâts. Il semblait logique de conclure que la Typhlobdelle ne diffère pas de l'Aulastome. Cette conclusion est adoptée par Apâthy (5). Le genre Typiilob- della, dit-il, ne comprend qu'une seule espèce, « que personne n'a vue depuis Diesing. Et d'ailleurs, qui sait si Diesing lui-même l'a vue ! Ce doute n'est pas illégitime, si nous considérons que cet (( helminthologiste universellement célèbre » a décrit plus d'un Ver comme nouveau, d'après les figures publiées par d'autres observateurs ou même d'après les communications de profanes. La description originale de Diesing n'indique pas d'autres caractères que (1) Nous démontrerons ultérieurement (|ue ce nom doit disparaître et être rem- placé par celui d'Haemopis sanguisuga Bergmann, ainsi que nous l'indiquons déjà plus haut, en synonymie. Par une étude comparative maintes fois réitérée, nous avons acquis la conviction que VHaemopis sanguisuga Moquin-Tandon, 1840, est identique à la Limnalis nilolica Savigny, 1820, et doit conséquemment récupérer son véritable nom. De même, YAulastoma gulo Moquin-Tandon, 1846, n'est autre chose que VHirudo sanguisuga Bergmann, 1757, espèce pour laquelle Savigny a créé le genre Haemopis, en 1820; le genre Aulaslonia Moquin-Tandon, 1826, est donc plus récent et doit disparaître. SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 37 ceux qu'on peut lire chez Orley (1) ; et ce que valent ces caractères, nous le savons déjà. Que résulte-t-il de tout cela? Une seule chose, ce me semble : la Typhlobdella Diesing n'existe pas comme genre distinct. La Typhlohdella Kovdtsi Diesing peut tout au plus être une variété de VAulastoma gulo adaptée à la vie dans les grottes. » Description. — M. Steindachner, directeur du Musée d'histoire naturelle de Vienne, et M. Em. von Marenzeller, conservateur des Vers au même Musée, ont eu l'amabilité de me communiquer l'une des Typhlobdelles laissées par Diesing. Par suite de son séjour prolongé dans l'alcool, l'animal est com- plètement blanc : son pigment est entièrement dissous, si ce n'est qu'on observe à l'extrémité antérieure dix taches noires déjà visibles à l'œil nu. Ces taches, nettement marquées, sont des yeux (fig. A) : la Tijphlobdella Kovàtsi n'est donc pas aveugle ! Si Diesing n'a pas su reconnaître l'existence des yeux, cela tient à ce que ces organes ont, chez l'animal vivant, la même teinte que le tégument, à la surface duquel leur situation n'est pas indiquée par le moindre relief. Cette erreur est parfaitement explicable : en effet, si l'on examine une série de Sangsues de teinte foncée, spécialement des Hémopis, on en trouve toujours une notable proportion chez lesquelles les taches oculaires ne sont pas apparentes, ou ne se montrent qu'après l'action plus ou moins prolongée de certains réactifs (alcool, acide picro-sulfurique). Il en était sûrement de même chez la Typhlobdelle, et les yeux ne sont devenus visibles que grâce à la disparition du pigment qui les masquait pendant la (1) Loin d'en faire un reproclie à Diesing, on comprendrait mieux qu'Apathy blâmât son compatriote Ùrley d'avoir copié trop servilement Diesing, plutôt que de se procurer des Typlilobdelles, et de contrôler sur l'animal même la description de cet auteur. La grotte d'Aggteleli n'est pas tellement loin de Budapest, qu'il soit impossible de la visiter par amour de la science. L'un ou l'autre des deux natura- listes hongrois eût pu d'ailleurs obtenir en communication, du Musée de Vienne, où le libéralisme est en lutte constante avec l'affabilité, les types de Diesing et se faire une opinion précise sur leur valeur générique et spécifique. Je cite textuellement l'argumentation d'Apâthy parce que, prévoyant que je serai maintes fois en désaccord avec lui, au cours de mes études sur les Hirudinées, je tiens à montrer dès le début, par un exemple qui ne m'est point personnel, la façon particulière dont cet auteur entend la discussion, il est pénible de voir attaquer aussi violemment et aussi injustement la mémoire de Diesing, qui a laissé dans la science le souvenir d'un savant laborieux, consciencieux et honnête. D'ailleurs, si Apathy connaissait mieux les ouvrages de Diesing, il aurait pu voir dans les Denkschriften (3) les dessins de la Typhlobdelle et la relation des circonstances dans lesquelles Diesing a été mis en possession de plusieurs exemplaires de cette Sangsue. 38 SÉANCE DU 2G JANVIER 1892 vie. Ces yeux ont d'ailleurs exactement la même taille et la même disposition que chez VHaemopis sanguisuga Bergmann. Les anneaux 5 et 6, bien distincts à la face dorsale, se fusionnent sous le ventre pour former le premier anneau ventral (fig. A) ; de même, les anneaux 7 et 8, distincts sur le dos, se fusionnent sous le ventre pour former le second anneau ventral. Ainsi que l'a reconnu Diesing, le pore géni- tal mâle est percé sur l'anneau 25 de la face ventrale, c'est- à-dire sur l'anneau 31 (fig. B); le vagin débouche entre les anneaux 29 et 30 de la face ventrale,c'est- à-dire entre les an- neaux 35 et 36. L'anneau 96 ou dernier anneau du somite xxiii est dé- doublé sur toute la largeur de la face dorsale et dans la moitié gauche de la face ventrale (fig. G et D). Diesing dit que le nombre total des anneaux varie entre 81 et 93 ; ce dernier nombre est exact, en comptant par la face ventrale; le dernier anneau est très rétréci et caché sous la saillie de la ven- touse. A la face dorsale, ce même anneau (le 99') est au contraire normalement développé. L'anus s'ouvre à quelque distance en arrière de lui, à la base de la ventouse. Bien qu'il ne soit pas déli- mité autrement que par la situation de l'anus, on doit donc admettre l'existence d'un 100^ anneau. Les papilles segmentaires et les pores néphridiaux ne sont pas visibles. Les mâchoires sont petites et armées de 18 à 20 dents de très grande dimension. De cette description, il résulte clairement que la Typhlobdella Kovdtsi n'est autre chose qu'un simple Haemopis sanguisuga : le type nouveau établi par Diesing n'est donc valable ni comme espèce ni Organisation de la Typhlobdella Kovàtsi. — A, extré- niilé antérieure vue de profil; B, situation des pores f;énilaux: C, extrémité postérieure, vue par la face dorsale; D, extrémité postérieure, vue par la face ventrale. Les chitïres indiquent le numéro d'ordre des anneaux. SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 39 L'Haemopis dont il s'agit diffère de la forme ordinaire par quelques particularités, notamment par le dédoublement presque total de l'anneau 96 et par l'absence complète des anneaux 101 et lOi, mais ce sont là des variations sans importance : comme nous le montrerons prochainement, THémopis peut subir des variations encore plus étendues, sans que celles-ci aient la moindre valeur spécifique. Malgré la conclusion adoptée par Apâthy, qui aime à tout expliquer par la théorie de l'adaptation, les Hémopis de la grotte d'Aggtelek sont donc absolument normaux et, puisqu'ils possè- dent des yeux, ils ne se sont adaptés à aucun degré à la vie de ténèbres à laquelle la nature les a condamnés. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1. — C. M. DiEsiNG, Systema hebninthum. Vindobonae, 1850. Voir I, p. 458. 2. — Ad. ScHMiDL, Ueber die Baradla-Hôhle bei Aggtelek und die Lednica-Eisholile bei Szilitze im Gomôrer Comitate Ungarns. Sit- zungsber. der Wiener Akad. der Wiss., math.-nat. Classe, XXII, p. 579, 1856. Voir p. 592. 3. — DiESiNG, Vierzehn Arteyi von Bdellideen. Denkschriften der Wiener Akad., math.-nat. Classe, XIV, p. 63, 1858. Voir p. 76. 4. — DiESiNG, Redision der Myzhelminthen. Abtheilung : Bdellideen. Sitzungsber. der Wiener Akad. der Wiss., XXXIII, p. 473, 1858. Voir p. 497. 5. — L. Ôrley, a magyarorszdgi piôczàk faiinàja. Mathem. es természettudomânyi kôzlemények, XXII, p. 63, 1886. Voir p. 86-87 et 90. 6. — St. Apathy, Siissicasser-Hirudineen. Ein systematischer Essay. Zoologische Jahrbûcher, Abtheilung fur Systematik, III, p. 725, 1888. Voir p. 738 et 749. 40 SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 NOTE SUR LA VARIABILITE DANS LE NOMBRE DES PLAQUES CÉPHALIQUES CHEZ CERTAINS OPHIDIENS, par F. BOCOURT. VEutaenia infernalis [\) , représenté au Muséum par une dépouille que Botta avait rapportée de Californie, n'est connu des Herpéto- logistes que par une description incomplète et une figure inexacte. Par l'ensemble de ses caractères, cet Ophidien présente de bien grands rapports de parenté avec VEutaenia sirtalis Linné et non, comme il a été dit, avec VEutaenia saurita du môme auteur. Les écailles du tronc sont disposées en dix-neuf séries longitudinales, et la lèvre supérieure est garnie à droite comme à gauche par sept plaques, dont la troisième et la quatrième forment le contour inférieur de l'œil. Le nombre de ces plaques, comme on le verra plus loin, ne peut servir à la distinction spécifique, puisque d'autres individus, recueillis dans le même pays, n'en diffèrent que par la présence de huit paires de plaques sus-labiales. Le Muséum vient de recevoir tout dernièrement de l'Institution Smithsonienne deux Ophidiens qui présentent par leur livrée et leur coloration la plus grande ressemblance avec VEut. infernalis. L'un, étiqueté Eut. dorsalis, provient du Nouveau-Mexique et offre sept paires de sus-labiales. L'autre, recueilli en Californie, a été envoyé sous le nom à'Eut. infernalis; sa lèvre supérieure est garnie de chaque côté par huit plaques, dont la première et la cinquième sont en rapport avec l'œil. Le Muséum possède, depuis 1878, deux autres exemplaires pro- venant de cette dernière contrée : l'un est entièrement semblable au type décrit par de Blainville ; l'autre a la lèvre supérieure garnie de huit paires de plaques ; chez lui, les doubles taches noires placées sur les côtés du tronc sont mieux circonscrites et se détachent sur un fond ocre-jaune foncé. Enfin, la collection herpétologique du Muséum renferme encore quatre autres spécimens rapportés de Californie par M. de Cessac, que j'identifie au type recueilli par Botta; deux d'entre eux portent sept paires de sus-labiales, tandis que les deux autres, des femelles, (1) Coluber infernalis Blainville, Nouv. Ann. du Muséum, IV, p. 291, pi. XXVI, fig. 3, 3 a, — Eulainia dorsalis Baird et Girard, Cat. N. amer. Rept., 1853, p. 31. — Tropidonotus sirtalis, var. dorsalis Jan, Icun. génér. des Ophid., 25'= livr., pi. IV, lig. 1 SÉANCE DU 26 JANVIER 1892 41 en portent huit paires. Chez Tune d'elles, dont la gestation est très avancée, j'ai retiré de l'ovaire quatorze jeunes individus ; deux ont la lèvre supérieure garnie par sept paires de plaques ; quatre autres en portent sept d'un côté et huit de l'autre; enfin le plus grand nombre ont cette région labiale garnie de huit paires de plaques. Chez eux comme chez les adultes, la raie dorsale, assez large à la naissance, est d'un beau jaune, et se trouve séparée de la raie latérale par un espace comprenant cinq séries longitudinales d'écaillés; cet espace, d'un brun-verdâtre, est relevé parfois à sa base par des taches noires. Longueur totale des jdus grands spécimens = 220 millimètres. Un autre fait intéressant, que j'ai déjà signalé, est celui-ci: j'ai retiré de l'oviducte du Conopsis lineatus (1), identique à l'individu figuré par Kennicott sous le nom de Toluca lineata, caractérisé par l'absence de la frênaie, quatre jeunes ayant une livrée semblable à celle de la mère, mais qui diffèrent de celle-ci en ce que tous portent, à droite comme à gauche, une scutelle frênaie. Ouvrages reçus le 26 janvier 1892 J. LiGNiÈREs, Destruction des parasites animaux et végétaux. Soc. centrale d'apiculture et d'insectologie. Sceaux, in-S» de 20 p., 1891. J. M. F. Bigot, Voyage de M. Ch. Alluaud dans le territoire d'Àssiriie. — Diptères. Annales de la Soc. entomol. de France, p. 365, 1891. R, Blanchard, Sur les végétaux parasites non microbiens transmissibles des animaux h l'Homme et réciproquement. Paris, in-8o de 22 p., 1892. L. Faurot, Rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique sur une mission dans la mer Rouge [île de Kamarane) et dans le golfe d'Aden [Aden et golfe de Tadjoura). Archives de zool. expérim., (2), VI, p. 117, 1888. Th. Braya, Historia da Universidade de Coimbra, 1289-1535. Lisboa, tomo I, ia-8o de600 p., 1891. OFFERT PAR LE MINISTÈRE DE L'INSTRCCTION PUBLIQUE : C. Emery, Révision critiquée des Fourmis de la Tunisie. Paris, in-S» de 21 p., 1891. (1) Toluca lineata Kennicott, Uyiit. States and Mex. Bound Survey, 1859, p. 23, pi. XXI, fig. 2. — Conopsis lineatus Bocourl, Miss. se. au Mexique et dans l Amé- rique centrale, 3' partie : Etudes sur les Rept., p. 565, pi. XXXV, fig. 4a, 4d. - Toluca lineata Cope, Bull. Unit. States, n" 32, Cat. of Batr. and Rept. of centr. Amer, and Mex., 1887, p. 82. 42 Séance du 9 Février 1892 PRÉSIDENCE DE M. PH. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. Ch. Alluaud est chargé par M. le Ministre de l'Instruction publique d'une mission scientifique dans l'archipel des Séchelles. Notre collègue compte s'embarquer à Marseille le l^r mars. M. le PRÉsmENT lui adresse les chaleureuses félicitations de la Société ; il est certain que cette nouvelle exploration permettra à M. Alluaud de recueillir des collections scientifiques aussi impor- tantes que celles qu'il a rapportées des Canaries. La Société se réunira en un banquet le 20 février, dans les salons du restaurant Marguery. M. le professeur Milne-Edwards, directeur du Muséum, présidera cette réunion. La Société hongroise des sciences naturelles a fêté le cinquan- tième anniversaire de sa fondation, le dimanche 17 janvier. Elle adresse deux numéros du Pester Lloyd (n^^ 13 et 16, des 18 et 19 janvier), contenant un compte-rendu détaillé de cette solennité. La Bibliothèque universitaire de Nancy, MM. Gh. Brongniart, Henriquez, Jourdan et Lande, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. MM. le D^ L. Faurot et Ph. Dautzenberg présentent M^^^ Lionel Faurot, 4, rue de Commailles, à Paris. MM. de Guerne et Gazagnaire présentent M. E. Fleutiaux, 1, rue Malus, à Paris. MM. R. Martin et R. Parâtre présentent le Musée municipal de Ghàteauroux. M. R. Parâtre donne quelques détails intéressants sur le Musée municipal de Ghâtèauroux. En 1890, la Gommission administrative du Musée, dans le but de lui donner une impulsion nouvelle, a commencé la publication d'un Bulletin trimestriel, dont les premiers numéros ont été adressés à la Société Zoologique. Get établissement possède déjà une très importante collection de roches et de fossiles de l'Indre, réunie par le Gonservateur, M. V. Godefroy; en revanche, les collections zoologiques sont insigni- fiantes. Pour combler cette lacune, la Gommission administrative, sous l'impulsion de M. Godefroy, a entrepris de créer une collection SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1892 43 régionale, dans laquelle seront rassemblés, dans la mesure du possible, tous les animaux qui vivent dans le centre de la France, spécialement dans le département de l'Indre. MM. R. Martin, R. Parâtre et R. Rollinat ont accepté la tâcbe de créer cette collec- tion ; M. Parâtre a déjà rassemblé une bonne série de Batraciens. M. le Président fait ressortir l'intérêt des collections régionales : grâce à elles, la distribution géographique d'un grand nombre d'espèces animales peut être fixée d'une façon plus précise. La Société Zoologique applaudit donc à l'œuvre entreprise par le Musée de Châteauroux : il serait à désirer que son exemple trouvât beaucoup d'imitateurs. Le zèle scientifique déployé en toute occa- sion par le Conservateur, M. Godefroy, ainsi que par MM. Martin, Parâtre et Rollinat, est un sûr garant du succès qui viendra cou- ronner leur entreprise. M. le Dr Rabé rend compte du fonctionnement de la Société pro- tectrice des Oiseaux de l'Yonne, dont il est le fondateur et le pré- sident. Ouvrages reçus le 9 Février 1892 J. von Bedriaga, MitLheilungen ilber die Larven der Molche. Zoologischer Anzeiger, n° 371-377, 1891. A. DuGÈs, Eumeces Altamiranti. — Elaps diastema, var. michoacanensis. — Ixodes Eerrerae. La Naturaleza, (2), I, 1891. A. Fritsch und V. Vâvra, Vorlàuf^ger Bericht ilber die Fauiia des Unter- Poceniitzer und Gatterschlager Teiches. Zoologischer Anzeiger, n° 382, 1892. H. Gadeau de Kerville, Colonies hibernantes de Chauves-Souris. Le Natu- raliste, 15 octobre 1891. Id., La Société des amis des sciences naturelles de Rouen en 1890. BulL de la Soc. des amis des se. natur. de Rouen, p. 325, 1890. Id., Note sur deux Vertébrés albins : Lapin de garenne (Lepuscunicuius /..) et Bécasse bécassine (Scolopax gallinago I.). Ibidem, p. 61, 1891. J. DE GuERNE, Le laboratoire de biologie du lac de Pion (Holstein). Revue biol. du nord de la France, IV, 1892. A. Preudhomme de Borre, Matériaux pour la faune entomologique du Lim- bourg. Coléoptères : 4^ centurie. Hasselt, in-8o de 57 p., 1891. F. Rabé, L'agriculture et les Oiseaux. Auxerre, in-18de 197 p., 1891. Id., Société protectrice des Oiseaux dans le département de l'Yonne. Procès- verbaux des séances. Auxerre, in42de47 p., 1891. Id., Rapport sur l'histoire naturelle des Poissons de la France par le D' Emile Moreau. Bull, de la Soc. des se. de l'Yonne, p. 47, 1891 . 44 Séance du 23 Février 1892 PRÉSIDENCE DE M. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. le D^ N. LÉON, récemment élu membre de la Société, remercie de son admission et adresse un exemplaire de sa photographie. M""^ Lionel Faurot, M. Fleutiaux et le Musée municipal de Châteauroux, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. MM. Dautzenberg et de Guerne présentent M. Gustave Dollfus, 45, rue de Chabrol, à Paris. MM. Blanchard et Bétancès présentent M. Constantin Anghelesco, étudiant en médecine, 7, impasse Boyer-Collard, à Paris. M. Chaper communique un travail en collaboration avec M. Drouet, sur les Unionidae de Bornéo. Renvoi aux Mémoires. Le banquet de la Société a eu lieu le 20 février, dans les salons du restaurant Marguery, sous la présidence de M. le professeur Milne- Edwards, Membre de l'Institut. Étaient présents : MM. le D^" M. Baudouin, F. Bétancès, le D^ R. Blanchard, le prince R. Bonaparte, le professeur P. Brocchi, A. Certes, M. Chaper, Ph. Dautzenberg, le D^ J. Deniker, le D^" L. Faurot, H. Gadeau de Kerville, le baron J. de Guerne, J. Gutman, le D»" H. Labonne, J. Lavergne de Labarrière, le J)"^ E. Oustalet, L. Petit, le professeur A. Railliet, le D^" J. Richard, L. Rodriguez et Ch. Schlumberger. S'étaient excusés MM. Ch. Alluaud, Ed. Blanc, Ch. Brongniart, A. Dollfus, Ed. Fleutiaux et H. Pierson. Un menu artistique a été distribué à chacun des convives. La gravure sur cuivre, faite d'après un charmant dessin de M. A. Millot, avait été prêtée obligeamment par M. le D^^^ Blanchard. L'énumé- ration des mets (singulae dapes) était rédigée en latin, voire même en russe et en grec, d'après les règles de la nomenclature zoologique. M. Milne-Edwards inaugure la série des toasts par un discours plein de verve: il retrace ce qu'a été la Société Zoologique, ce qu'elle est actuellement et dit les belles espérances que la science fonde sur elle. M. Dautzenberg, Président de la Société, remercie M. Milne- Edwards du grand honneur qu'il a fait à la Société en venant pré- SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 45 sider son banquet. Il y voit une preuve nouvelle de l'intérêt que la Société inspire à M. Milne-Edwards et de la grande bienveillance qu'il lui manifeste en toute occasion. M. R. Blanchard présente les excuses des personnes qui, ayant adhéré d'abord au banquet, ont été, à la dernière heure, empêchées de s'y rendre. Il porte ensuite un double toast: à M. Milne-Edwards à l'occasion de sa nomination récente comme Directeur du Muséum d'histoire naturelle, puis à ceux de nos collègues qui se sont signalés par des explorations profitables à la science et dont les publications de la Société enregistrent les découvertes. M. J. DE GuERNE porte un dernier toast aux savants étrangers qui font partie de la Société. Il constate avec joie que le nombre grandit chaque année, des plus éminents zoologistes de l'étranger qui adhèrent à notre Société et démontrent ainsi la haute estime en laquelle ils la tiennent. En ce moment, les savants russes préparent le second Congrès international de zoologie, continuant ainsi l'œuvre fondée par notre Société, voilà trois ans. Ce Congrès, à la préparation duquel M. le professeur Bogdanov consacre toute son influence et toute son activité, resserrera encore les lieDS qui unissent les savants des diverses nations. M. de Guerne boit donc à M. le pro- fesseur Bogdanov et au second Congrès international de zoologie. Des applaudissements chaleureux accompagnent ce toast et, sur l'invitation qui lui en est faite, le Secrétaire général fait parvenir à M. Bogdanov le télégramme suivant : « Professeur Anatole Bogdanov, Moscou. — La Société Zoologique de France, réunie en un banquet sous la présidence de M. Milne- Edwards, acclame le professeur Bogdanov et le Congrès interna- tional de zoologie. — Blanchard. » En raison de l'heure avancée, ce télégramme n'a pu être expédié que le lendemain matin. M. le professeur Bogdanov y a répondu par cette dépêche : « Professeur Blanchard, 32, rue du Luxembourg, Paris. — Merci cordial. Au revoir à Moscou. — Anatole Bogdanov. » 46 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 ORTHOPTERES PROVENANT DES VOYAGES DE S. A. LE PRINCE DE MONACO DANS LES ARCHIPELS DE MADÈRE ET DES AÇORES, par I. BOLIVAR, Professeur à l'Université de Madrid. S. A. le prince de Monaco, grâce à l'aimable intervention de M. le baron Jules de Guerne, a bien voulu me confier 1 étude d'une petite collection d'Orthoptères, provenant des archipels de Madère et des Açores. Quelques espèces ont été prises à Funchal, mais la récolte la plus intéressante pour l'archipel de Madère a été faite par le Prince lui- même, du 12 au 14 mars 1888, sur la Grande Déserte. On sait qu'il est difficile de visiter cette île abrupte où les touristes débarquent rarement. Quant aux espèces des Açores, elles ont été recueillies pendant la quatrième campagne du yacht VHirondelle, par MM. Jules de Guerne et Jules Richard. Ces naturalistes ont fait la meilleure récolte à Fayal, par un jour de grand soleil, en août, au pied d'une falaise située à l'extrémité nord de la baie de Horta. La caldeira de Graciosa (altitude du fond, 118 mètres) paraît être également une bonne localité pour la recherche des Orthoptères. Ces Insectes, aux Açores, n'ont été l'objet d'aucune étude spéciale, cela donne plus d'intérêt aux indications concernant l'existence de certaines espèces dans l'archipel ; bien qu'elles ne soient pas nom- breuses, la plupart se trouvent indiquées pour la première fois de cette région. Il y en a spécialement une, Platycleis laticauda Brunner, qui a été décrite pour la première fois en 1882 (1), comme provenant de Messine (Italie) et de Bône (Algérie); aux localités signalées par les auteurs pour cette espèce, il faut ajouter celles de Kairouan, en Tunisie (Cap. Finot) et Cordoue (Espagne), dont je possède des exemplaires dans ma collection. Le Platycleis laticauda Brunner est donc une espèce propre à la région méditer- ranéenne occidentale, s'étend jusqu'au sud-ouest de l'Espagne et au nord-ouest de l'Afrique. Je nedoute point que l'espèce se retrouve au Maroc et aux îles Canaries. Elle est bien distincte du Platycleis intermedia Aud. Serv. par le septième segment ventral de l'abdomen (1) Brunner von Wattenwyl, Prodomus der europàischen Orthopteren, p. 349. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 47 pourvu, comme le sixième, d'une élévation ou gibbosité au milieu, de même que par les lobes de la lame sous-génitale qui ne sont pas contigus. La forme de l'oviscapte le distingue du reste de Pi. ajjlnis Fieber, assez voisine également de ce type. Voici la liste des espèces : FORFICULID^ Labidura riparia Pallas. Fayal, Horta,août 1888. — Graciosa, plage de Praya,20 août 1888. Cette espèce est propre au sud de l'Europe. Elle se trouve du reste dans diverses régions du globe. Les exemplaires étudiés n'offrent pas de différences sensibles avec ceux d'Espagne. Je possède aussi cette espèce de Caracas (E. Simon) ; des Philippines (C. Mazarredo); de l'île de Cuba (Cabrera et Gundlach) et de Stanley Pool, au Congo. Anisolabis maritima Bonelli. Graciosa, plage de Praya, 20 août 1888. M. Brunner signale cette espèce du Sud de la France , de la Ligurie, d'Italie, d'Istrie et de Dalmatie. J'en possède aussi un curieux exemplaire du Japon, récolté par M. C. Mazarredo et qui est remarquable par sa taille et par ses pinces très longues et assez grêles. Cet exemplaire doit constituer une variété d'après M. A. de Bormans. Anisolabis annulipes Lucas. Madère, Funchal, 19 mars 1888. — Fayal, Horta, août 1888. — Graciosa, Caldeira, 21 août 1888. On peut dire que cette espèce est cosmopolite. Indiquée du sud de l'Europe, de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, je la possède aussi de Madura (Inde). Forficula auricularia Linné. Madère, Grande Déserte, 12-14 mars 1888. — Graciosa, Caldeira, 21 août 1888. — Florès, Caldeira funda de Lngens, torrent Ouest, 2 août 1888, plateau central jusqu'à Lagens. — Fayal, Horta. C'est sans doute l'espèce la plus vulgaire à Madère et aux Açores, comme en Europe. Elle se rencontre, du reste, dans le nord de l'Afrique, en Asie mineure et dans l'Amérique du Nord. BLATim^ Loboptera decipiens Germar. Madère, Grande Déserte, 12-14 mars 1888. - Funchal, 19 mars 1888. 48 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 Signalé depuis le Portugal jusqu'en Asie-Mineure. J'en possède des exemplaires de Tanger (Olcese) et du Riff (Figari), et je l'ai recueilli moi-même à Oran (Algérie) et à Tetuan (Maroc). ACRIDID^ Pacliyttjlus cinerascens Fabricius. Graciosa, Caldeira,21 août 1888. — Fayal, Baie de Horta, au pied de la falaise nord. C'est l'espèce confondue par la plupart des auteurs avec le Pachytylus migratorius Linné. Elle est presque cosmopolite, puis- qu'elle a été signalée non seulement dans l'Europe centrale et méridionale, mais aux Canaries, en Afrique, en Asie-Mineure, à l'île Maurice, à Java et au Japon, aux îles Philippines et à la Nouvelle-Zélande. Oedipoda cœrulescens Linné. Fayal, Horta, août 1888. Signalée dans l'Europe centrale et méridionale, dans l'Afrique septentrionale, en Syrie, en Turcomanie et à Zanzibar, cette espèce à été retrouvée aux Canaries par M. Fr. Quiroga, ce qui met hors de doute l'affirmation de M. Brullé. LOCUSTID^ Platycleis laticauda Brunner. Fayal, baie de Horta, au pied de la falaise nord. Espèce indiquée pour la première fois en dehors de l'Europe et de l'Algérie. GRYLLIDiE Gryllus bimaculatus De Geer. Madère, Grande Déserte. — Graciosa, Caldeira, 21 août 1888. Cette espèce africaine se retrouve dans le sud de l'Europe et en Asie. Gryllus burdigalensis Latreille. Madère, Funchal, 19 mars 1888. C'est une espèce assez vulgaire dans les régions méditerranéennes de l'Europe, elle a été signalée également en Asie et dans l'Afrique tropicale. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 49 NOMS DES ESPÈCES ARCHIPEL DE MADÈRE ARCHIPEL DES AÇORES Grande Déserte 'a >^ ce "S O ^ 1 'T. 'h o Labidura riparia Pallas Anisolabis maritima Bonelli — annulipes Lucas Forficula auricularia Linné Loboptera decipiens Germar Pachylylus cinerascens Fabricius... Œdipoda cœrulescens Linné Platycleis laticauda Brunner Grylliis bimaculatus De Geer — burdigalensis Latreille 4- + + + + + + + + + + ■}- Note ajoutée par M. J. de Guerne : Droiiet paraît être le seul naturaliste qui se soit occupé de chercher les Orthoptères des Açores. Le passage concernant ces Insectes dans les Éléments de la faune açoréenne (Troyes, 1861, p. 478 et 479), est assez court pour être reproduit ici en entier. 11 est bien entendu que la respon- sabilité des déterminations est laissée à l'auteur. Kakerlac americana Linn. (Blatta). — Aud. Serv., Orthopt., p. 68. Vulg. Barata. Habite les champs, les jardins et les habitations rurales, à San-Miguel ; très commun. Sans doute aussi les autres îles. Je l'ai vu sur les petits bâtiments caboteurs, généralement assez mal tenus, qui font le trafic entre les îles de l'archipel. — Je ne crois pas que l'on trouve aux Açores le Kakerlac orientalis. La navigation a répandu le K. americana, originaire de l'Amérique du Sud, dans toutes les autres parties du monde. Gryllus bimaculatus De Geer. — Aud. Serv., Orth., p. 337. Habite la majeure partie de l'archipel. C. Florès et Gorvo ! Gryllus campestris Linn. :— Aud. Serv., Orth., p. 336. Habite tout l'archipel. Très commun. Gryllus domesticus Linn. — Aud. Serv., Orth., p. 340. Vulg. Grilla. Habite San-Miguel, dans les habitations. Peu abondant. Œdipoda migratoria Linn. (Gryllus). — Aud. Serv., Orth., p. 737. Vulg. Gafanhoto. Habite Santa-Maria ; très commun. Insecte trop connu pour ses ravages. On m'a dit qu'il vient des côtes d'Afrique et que la mer en est quelquefois couverte. 50 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 PERRIERELLA CRASSIPES, ESPÈCE ET GENRE NOUVEAUX d'aMPHIPODES DES CÔTES DE FRANCE, par Ed. CHEVREUX et E.-L. BOUVIER. Genre Perrierella Corpus valde obesum, rotimdatum. Epimera anteriora corpore multo minora, d""* paris minima. Antennœ pedu7iculîs crassis et elongatis, flagellis minimis. Epistomum parum prominens, rôtundatum. Labium inferius lobis ad extremitatem acutis. Mandibulœ validœ, extremitate lata et recta, tuberculo molari angusto et elongato, palpo crasso. Maxillœ 7""' paris lobo externo robusto, spinis elongatis et setis munito, lobo interno brevi et lato, spinis 3 crassis et setosis instructo, palpo valido, de^itibus crenulatis ad apicem armato. Maxillœ 2^' paris lobis latis et brevibus, spinis robustis armatis. Maxillipedes lobo interno brevi et angusto, lobo externo lato et rotundato, palpo brevi et crasso, articulo 4'° tuberculiformi, rudimentari, Pedes /'«' paris manu sat magna, ovata, ungue elongato, Pedes 5''*-7'«' paris crassi et validi, articulo 5'" in angulo inferiore interno acute producto. Uropoda 3'" paris pedunculo brevi et crasso, ramis vix longioribus. Telson integrum, apice truncato. Perrierella crassipes nov. sp. Corps obèse, lisse et arrondi. Tête haute et courte, présentant des lobes latéraux peu allongés, mais extrêmement larges, presque rectangulaires. Yeux médiocrement grands, ovales, situés bien au-dessus de l'angle des lobes latéraux. Epimères antérieurs peu développés, beaucoup moins hauts que les segments correspondants du thorax ; epimères de la cinquième paire beaucoup plus larges que hauts. Lobes latéraux du troisième segment de l'abdomen pro- longés en arrière; angle légèrement arrondi. Antennes. — Pédoncule des antennes supérieures robuste et allongé, l'ensemble des deux derniers articles n'atteignant pas tout à fait la longueur du premier. Fouet principal beaucoup plus court que le pédoncule, et composé invariablement de quatre articles, le premier, garni de longues tigelles olfactives, atteignant la lon- gueur des deux suivants réunis. Fouet accessoire bi-articulé, plus court que le premier article du fouet principal. Pédoncule des antennes inférieures très robuste ; troisième article presque entiè- SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 51 rement visible au-dessous du lobe latéral de la tête ; cinquième article un peu moins long que le quatrième. Fouet très grêle, beau- coup plus court que le dernier article du pédoncule, et comprenant invariablement quatre articles. Pièces buccales. — Epistome peu proéminent, arrondi. Lèvre inférieure très large, membraneuse ; extrémité des lobes aiguë. finement ciliée ; prolongements latéraux longs et arrondis. Mandi- bules robustes ; bord tranchant large et droit ; dent molaire étroite et allongée ; palpe gros et court, fixé un peu plus loin du bord tranchant que le tubercule molaire. Mâchoires de la première paire très puissantes ; lobe externe bien développé, garni de nombreuses épines simples et de soies ; lobe interne large et court, armé de trois fortes épines ciliées ; palpe assez robuste, terminé par quatre dents crénelées. Mâchoires de la seconde paire larges et courtes ; extrémité du lobe externe arrondie, garnie d'épines simples ; lobe interne triangulaire, armé de fortes épines ciliées. Pattes mâchoires robustes ; lobe interne court et étroit ; lobe externe bien développé, largement arrondi à l'extrémité ; palpe gros et court, garni de quelques petites épines à la partie interne ; quatrième article du palpe rudimentaire, représenté par un très petit tubercule arrondi. Pattes de la première paire assez robustes. Quatrième article triangulaire, un peu plus court que le suivant. Cinquième article. 52 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 OU main, rétréci à l'extrémité; bord inférieur armé de quatre fortes épines, à peine distinct du bord postérieur. Griffe longue et légère- ment courbée, pouvant s'appliquer entièrement le long du bord inférieur de la main. Pattes de la seconde paire relativement fortes et très allongées. Cinquième article un peu plus long que la moitié du quatrième, renflé à son extrémité, qui se prolonge de façon à former avec la griffe une petite main préhensile. Griffe un peu plus longue que le bord inférieur de la main, et portant à son extrémité deux petites dents qui la font paraître fourchue. Pattes des cinq dernières paires très robustes. Troisième article fortement dilaté. Cinquième article présentant à son extrémité un prolongement dentiforme aigu, qui se croise avec la griffe. Article basai des pattes des deux dernières paires relativement étroit, un peu plus court que l'ensemble des quatre suivants, et peu distinc- tement crénelé au bord postérieur. Uropodes. — Branches internes finement denticulées sur leurs deux bords ; branches externes denticulées seulement au bord interne. Pédoncule des uropodes de la troisième paire large et court ; branches à peine plus longues, l'externe terminée par une forte épine, dépassant un peu l'interne. Telson entier, assez court, tronqué à son extrémité, qui présente une légère échancrure arrondie. Couleur blanchâtre, légèrement teintée de rose à la partie dorsale, pigment des yeux blanc. Nous prions M. le professeur Edmond Perrier, directeur du Laboratoire de Saint-Vaast-la-Hougue, de vouloir bien accepter la dédicace de ce nouveau genre d'Amphipodes. Nous avons pu examiner un grand nombre d'exemplaires (166) de cette petite espèce ; leur taille moyenne est de trois millimètres. Les plus grands spécimens n'atteignent pas tout à fait quatre milli- mètres, mesurés de la partie antérieure de la tête à l'extrémité du telson. Parmi les exemplaires examinés, nous avons trouvé un certain nombre de femelles ovifères, mais aucun d'eux ne réunissait les caractères qui distinguent les mâles des Lysianassides. On sait que, dans cette famille, le dimorphisme sexuel, généralement très accentué, porte principalement sur la longueur du fouet des antennes inférieures et des branches des uropodes de la dernière paire, et aussi sur la grandeur des yeux. Nous avons observé SÉANCE nu ^3 FKVRIKII 1892 53 quelques spécimens (1) dilïérant des autres par leurs yeux beau- coup plus grands et par le nombre et la longueur des tigelles olfactives des antennes supérieures; tous les articles du fouet eu portent, et celles du premier article, très allongées, atteignent Textrémité de l'antenne. Les antennes des deux paires ne sont cependant pas plus longues, et leurs fouets n'ont pas plus de quatre articles. Nous pensons que ces spécimens sont des mâles, mais nous n'oserions aifirmer qu'ils soient adultes. L'habitat de cette espèce paraît s'étendre à toute la cùte de France. Elle a été draguée à plusieurs reprises en 1890 et en 1891 à Saint-Vaast-la-Hougue, par 20 mètres de profondeur; M. Topsent nous en a envoyé de nombreux exemplaires provenant de Luc-sur- Mer et de Banyuls: l'un de nous l'a recueillie au voisinage des îles Glénans (Finistère). Enfin, le yacht Melita l'a draguée en rade de Brest et en iMéditerranée, à Saint-Tropez, à Villefrancheetà Ajaccio. La plus faible profondeur à laquelle elle a été obtenue est 10 mètres (îles Glénans), la plus grande, 100 mètres (entrée de la baie de Villefranche). L'Amphipode que nous venons de décrire ressemble beaucoup, d'une façon générale, à Lysianassa audouiniana de Sp. Bâte. Bien que la forme des pattes de la première paire de cette région ne permette pas de la conserver dans le genre Lysianassa [Lysianax], il est impossible, les pièces buccales n'ayant pas été décrites, d'affirmer qu'elle doive prendre place dans le nouveau genre PernereUa; cependant, la brièveté du fouet de ses antenues, le peu de hauteur de ses épimères antérieurs, sou telson entier, s^nt des caractères qui l'en rapprochent notablement et l'éloignent au con- traire du genre Aristias, dans lequel Boeck la fait entrer. Boeck (2) a assimilé L. audouiniana Sp. Bâte à Aristias tumidus Krôyer; mais, comme Hansen l'a établi (3), Boeck n'a pas décrit sous ce nom l'espèce de Kroyer, mais une espèce nouvelle, pour laquelle le naturaliste danois propose le nom ô' Aristias neglectus. Dans sa belle publication sur les Crustacés de Norvège (4), le professeur G. 0. Sars pense qu'Aristias neglectus Hansen est identique à Lysianassa audouiniana Sp. Bâte, et lui donne le nom (1) Les mâles sont inOniment moins nombreux que les femelles chez les Amplii- podes de la famille des Lysianassidae. (2) Crustacea amphipoda horealia et arctica, 1870; et De sk((ndinaviske og arktiske Amphipoder, 1873-187G. i'd) Malacoslraca marina Groenlandiœ occidentalis, 1887. (4) On Account of the Crustacea of Norway. En cours de piihliccUion : les dix premiers fascicules ont [laru. XVH. _(; \>^ù^é 54 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1892 d'Arûtias audouinianus Sp. Bâte. Dans le cas où l'hypothèse que nous avons émise ci-dessus se confirmerait, cette dernière forme devrait reprendre le nom d'Aristias neglectus Hansen, et Lysianassa audoai- niana deviendrait Perrierella audouiniana Sp. Bâte. Perrierella crassipes en serait distinguée spécifiquement, entre autres carac- tères, par sa taille plus petite de moitié, et par féchancrure du telson (1). (1) Dans son Third Report on llie higher Crustacea of ihe L. M. B. C. District, 1889, O. F. Walker figure les paltes des deux premières paires d'un petit Amphipode de trois millimètres' de long, qu'il rapporte à L. audouiniana Sp. Bâte, et qui pourrait bien être notre espèce; malheureusement, ces figures ne sont pas accom- pagnées d'une description, et la forme du telson n'est pas indiquée. Séance du 8 Mars 1892 PRÉSIDENCE DE M. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. le Ministre de TlDstruction publique informe la Société qu'aucune lecture ne pourra désormais être faite au Congrès des Sociétés savantes, si les auteurs n'ont soumis au préalable leurs manuscrits au Comité des travaux historiques et scientifiques. Ceux des Membres de la Société (|ui doivent |)rendre part au prochain Congrès sont donc invités à adresser le manuscrit complet de leurs communications au Ministère de l'Instruction publique (direction du Secrétariat, l^r bureau) avant le 1er avril. M. le professeur Yejdovsky, nommé membre correspondant à une précédente séance, remercie de son admission. M. Ch. Brongniart, nommé membre de la Société à une précé- dente séance, remercie de son admission. MM. Anghelesco et G. Dollfus, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. MM. Blanchard, Gazagnaire et de Guerne présentent I'École normale des Instituteurs, à Orléans (Loiret); M. Ernest Olivier, directeur de la Revue scientifique du Bour- bonnais et du centre de la France, au château des Ramillons, près Moulins (Allier); M. Edouard Lefèvre, sous-chef de bureau au Ministère des travaux publics, 112, rue du Bac, à Paris. Au nom de S. A. le prince de Monaco, M. le baron Jules de Guerne offre à la Société trois cartes relatives aux expéditions du yacht VHirondelle. Ces documents, imprimés depuis peu de jours, doivent prendre place dans la publication destinée à faire connaître les résultats scientifiques des campagnes de la goélette. Ils serviront à l'intelligence du texte que prépare le Prince sur l'histoire de ses voyages et sur les courants de l'Atlantique nord. La première de ces cartes indique les itinéraires des quatre expé- ditions de VHirondelle aux Açores (1885, 1887 et 1888), dans le Golfe de Gascogne (1886) et jusqu'à Terre-Neuve (1887). L'archipel des Açores ayant été visité par le Prince à trois reprises différentes, il a paru nécessaire, afin d'éviter toute confusion dans les routes souvent entre-croisées, de publier une carte spéciale de la région. 56 SÉANCE DU 8 MARS 1892 Cette seconde feuille comprend elle-même deux cartouches, l'un pour les îles de Fayal, Pico, Sào Jorge et Graciosa, au voisinage desquelles de nombreux travaux ont été accomplis; l'autre pour le détroit de Pico-Fayal ligure à une échelle encore plus grande. La même carte renferme également un tableau de tous les sondages exécutés par V Hirondelle dans les eaux des Açores et où les hydro- graphes trouveront beaucoup de documents inédits. Les deux cartes dont il vient d'être question portent, en dehors de la date, du point de midi, des coups de sonde et autres indica- tions habituelles, divers signes employés ici pour la première fois et qui correspondent à autant d'opérations scientifiques. On y peut voir de suite quel jour et à quel endroit il a été fait usage du chalut, de la barre à fauberts, des nasses imaginées par le prince de Monaco pour les recherches en eau profonde. Les épaves, souvent rencontrées et examinées à la mer, ont été notées, de même que les bancs de Sargasses traversés en 1887, enfin les Tortues, dont plu- sieurs ont été prises à une grande distance de terre. Les pêches de surface exécutées en pleine mer forment, au cours des quatre campagnes de l'Hirondelle, une série remarquable par sa continuité. Elles se complètent môme en 1888, par quelques pêches bathypélagi- ques correspondant à des investigations d'un ordre tout nouveau sur les êtres vivants qui peuplent l'épaisseur même des eaux de l'Océan et dont certains ne touchent jamais ni la surface, ni le fond, ni les rives. L'importance de ces documents pour la science zoolo- gique n'échappera à personne. La troisième carte est beaucoup plus importante que les précé- dentes. C'est l'œuvre personnelle du prince de Monaco dont elle résume les études sur les courants de l'Atlantique Nord. La marche des flotteurs lancés en 1885, 1886 et 1887 y est figurée par des traits rouges. On trouvera tous les détails nécessaires à l'intelligence de ce travail dans la note insérée par le prince aux Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences (séance du 8 février 1892). Point n'est besoin d'y insister ici ; il suffira de rappeler combien la connaissance exacte des courants intéresse les zoologistes au point de vue de la dissémination et de la distribution géographique des animaux. SÉANCE DU 8 MARS 1892 57 Syil LESHOMOLOGIES (1) DES PREMIERS STADES SUIVANT LA SE(tMEXTATI()N CHEZ LES RATRAGIENS, par H. S. GREENOUGH. Deux publications récentes (2) ont démontré d'une façon à peu près concluante qu'il n'y a pas d'épibolie à la suite de la segmen- tation chez les Batraciens, tant anoures qu'urodèles : elles m'ont conduit à l'interprétation suivante, dont l'idée première m'est venue au mois de juin 1891 en étudiant des embryons d'Alyte (je n'avais pas alors connaissance du travail de M. Houssay). J'estime que la fente primitive, suivant de près la segmentation, décrite par Houssay et par Robinson et Ashton, et que j'ai égale- ment observée chez l'Axolotl, est l'équivalent d'un commencement d'embolie, la segmentation tardive de Varchiblaste deutoplasmique (cellules vitellines) dans la formation de la blastula étant suivie et en quelque sorte compensée par une segmentation précoce au commencement du stade suivant. Ensuite, je considère comme plus o?/. moins homologue de Varchen- téron dans une gastrule typique non seulement le bouchon d'Ecker avec la profonde gouttière circulaire qui l'entoure (voir Robinson et Ashton et Moquin-Tandon (3), ainsi que le sillon neural qui aboutit dans quelques espèces à cette dernière (4), mais encore la plaque neurale tout entière. En effet, l'étude des gastrules, tant par l'observation personnelle que par des recherches bibliogra- phiques, m'a conduit à l'opinion que le caractère essentiel de la gastrulation consiste dans le processus même de l'épibolie ou de l'embolie, et que la différenciation histologique des éléments, en tant qu'indépendante de ces processus, ne doit être considérée il) J'emploie le mot « homologie » dans son sens primitif, comme terme de mor- phologie pure, et non pas comme impliquant un rapport génétique. (2) F. HorssAY, Etudes d'embryologie sur leii Vertébrés. Archives de Zoologie expérimentale, n" 2, 1890. A. Robinson and R. Ashton, The formation and fate o[ the primitive streali, u'ith observations on the archenleroii and germinat lagers of Bana temporaria. (3) G. Moquin-Tandon, Recherches sur les premières phases du développement des Batraciens anoures. Annales des Se. nat,, Zool., (G), III, 1876. (4) Alice Johnson, On the fate of the blastopore and the présence of a primi- tive streak in the Newt. Quart, jour. micr. se, (2), 1884. Alice Johnson and Lillian Sheldon, Notes on the development of the Newt, Quart. Jour. micr. se, (2), 1886, 58 SÉANCE DU 8 MARS 1892 que comme secondaire. Il suit de là que la ligne ectentale (1) peut être ou non l'homologue de la lèvre circulaire du blastopore d'une gastrule typique. Quand l'archiblaste est nettement difterencié et (jue le passage d'une partie à l'autre se fait graduellement, il y a une zone ectentale. Le bourrelet qui délimite la plaque neurale équivaut donc à une portion de la lèvre d'un blastopore, et la ligne primitive à une autre portion de cette même lèvre. Je n'exposerai pas ici toutes les raisons qui m'ont conduit à l'in- terprétation ci-dessus; cela dépasserait le cadre d'une note préli- minaire. Je me contenterai d'indiquer que mon opinion se trouve renforcée par divers ordres de preuves : lo La comparaison de mes dessins d'embryons d'Alyte (2) avec ceux que Balfour (3) et Sedgwick (4) ont donnés d'embryons du Peripatus capensis, Gôtte (5) d'embryons de Bombinator igneus, ErLanger (6) d'embryons de Rana esculenta, Scott (7) et Osborne d'embryons de Triton, Robinson et Ashton d'embryons de liana iemporaria. 2° La démonstration de ce que certains stades du développement des Squales sontéquivalents à unegastrule épibolique.jCette démons- tration résulte pour moi de l'examen de certaines préparations que Minot m'a montrées en 1890, ainsi que de renseignements qu'il eut l'obligeance de me donner à cetrte époque. Elle résulte encore de Texamen de figures d'embryons de Torpédo ocellata (8). Tout cela a renforcé mon impression première, car je considère l'épibolie et l'embolie non comme irréductibles, mais bien comme deux variétés d'un même processus. (1) J'emprunte cette nomenclature très commode au D"^ C. S. Minot (The con- crescence theory of the Vertebrate embryo. The American Naturalist, 1890) qui désigne ainsi la démarcation, lorsqu'elle se fait brusquement, entre l'archiblaste protoplasmique et l'archiblaste deutoplasmique, (2) Je me suis efforcé, autant que possible, de les faire pour chaque embryon suivant au moins trois plans perpendiculaires entre eux. (3) F. M, Balfouh, The anatomy and c/ere^o/^/ue/^f o/" Peripatus capcnsis. Quart. Jour. micr. se, 1883. (4) A. -M. A. Sedgwick, The developmeiU of the Cape species of Peripatus. Quart. Jour. micr. se, 1885. (o) A. Gôtte, Entwickelungsgeschichte der Unke, 1875. (6) A. Erlanger, Ueber den Blastoporus der anuren Amphibien, sein Schicksal uiid seine Beziehungen ziim bleibenden After. Zoologische Jahrbùcher, 18£0. (7) W. B, Scott and H. F. Osborn, On some points in the early development ofthe coinmon Neict. Quart. Jour. micr. se, 1879. (8) Dr. Daniel ScuwARz, Untersuchungen des Schuanzendes bei den Embryo- nen der Wirbelthiere. Zeilschrift fur wiss. Zool., 1889. SÉANCE DU 8 MARS J892 59 L'interprétHtion précédente implique évideinineût l'homologie du système nerveux central des Vertébrés avec la chaîne j;anglionnaire dite ventrale (1) chez les Arthropodes et chez les Annélides, et l'homologie de tous les deux avec l'anneau nerveux de certains Cœlentérés supérieurs tels que les Méduses craspédotes (2). On remarquera que je substitue ici les termes areliiblaste proto- plasmique et archiblaste deutoplasmique aux mots épiblaste et hypo- blaste employés dans ma note du 10 novembre 1891. En effet, dans cette première communication où il ne s'agissait que d'une descrip- tion, j'ai préféré employer une nomenclature courante, à laquelle toutefois je ne puis adhérer, car elle implique l'homologie complète des parties ainsi dénommées chez les Vertébrés supérieurs, avec les portions respectivement pauvres et riches en deutoplasme de la paroi des blastules bien caractérisées. Ici, où il s'agit de rapports morphologiques, j'ai cru devoir employer une nomenclature diffé- rente et qui ne préjuge en rien les rapports du blastoderme des œufs méroblastiques et des feuillets chez les embryons des Mammifères, tant Marsupiaux que Placentaires, avec les parties de la blastule dont il est question. SUR LA VITALITÉ DES GERMES DES ORGANISMES MICROS- COPIQUES DES EAUX DOUCES ET SALÉES, par M. A. CERTES, Ancien Président de la Société. J'ai déjà signalé dans une Note communiquée à l'Académie des Sciences le 7 novembre 1881 (3), l'extrême vitalité des œufs d'un petit Grustacé branchipode, ÏArtenna salina, que j'ai retrouvé vivant dans des cultures de sédiments desséchés et conservés depuis plus de trois ans. Ce résultat était d'autant plus intéressant qu'il s'agissait, dans l'espèce, d'eaux à forte salure, provenant du chott Timrit, près de Boutinelli (province de Constantine). (i) Cette nomenclature, parfaitement légitime au point de vue fonctionnel, auquel du reste elle doit probablement son origine, devient un contre-sens, envisagée au point de vue morphologique. (2) Haeckel, Das System der Medusen. léna, 1870. (3) Sm- la vitalité des germes de TArtemia salina et du Blepbarisma laterilia. Comptes rendus, 7 novembre 1881. 60 SÉANCE DU 8 MARS 189:2 Depuis lors, aiusi que je l'avais annoncé à l'Acadéniie, j'ai multiplié les cultures de sédiments d'eau douce et d'emx salées de toutes provenances. Ces expériences, comme les précédentes (1), ont toujours été faites à l'abri des germes atmosphériques et avec toutes les précautions usitées en Microbiologie. Grâce à l'obligeance de mes correspondants, elles ont été continuées pendant plus de qua- torze ans avec les matériaux d'étude les plus variés (2) et en nombre largement suffisant pour que je me croie autorisé à tirer des faits constatés un certain nombre de conclusions (3). I. Tous les sédiments mis en culture, quelles qu'aient été leur provenance et la durée de la dessiccation, ont donné, dans les condi- tions ci-dessus énoncées, et même pour les sédiments marins, sous de fortes pressions (4), des Microbes variés, quelques-uns tout à fait caractérisés, comme le Spirobacillus gigas des citernes d'Aden (5), par exemple, d'autres en plus grand nombre se rattachant aux espèces banales. II. Les cultures de sédiments marins, qu'ils proviennent de la superficie (débris, Algues, Sargasses) ou des grands fonds (débris, (1) Sur la culture, à l'abri des germes atmosphériques des eaux et des sédi- ments rappariés par les expéditions du Travailleur et du Talisman, i88^-83. Comptes-rendus 17 mars 1884. — Mission scientifique du cap Horn; Protozoaires, t. VI ; 1889. (2) En dehors des matériaux recueillis par moi-même, j'ai utilisé ceux qui m'ont été remis par M. A. Milne-Edwards et par le D^ Hyades et qui provenaient des expéditions du Talisman, du Travailleur et de la Romanche (cap Horn) ainsi que par M. Tranchant, administrateur des Messageries maritimes (Australie, Shanghai). Des officiers de notre marine m'en ont également fourni : le commandant Tou- chard (Tonkin, Chine, Jai)on, Ceylan), le commandant Bénier (campagne du Fabert, Nouvelles-Hébrides, Nouvelle-Calédonie, Séchelles, île Pomotou, archipel de Santa Cruz, Djeddah, 1889), le lieutenant de vaisseau Héron (Levant). Je dois également des remerciements à mes Collègues de la Société Zoologique, MM. Chaper (Cuba, côte d'Afrique, Bakou, Bornéo), D"" Jousseaume (mer Rouge) et le regretté abbé Cuillieret, aumônier de la flotte, dont les derniers envois parvenus presque en même temps que la nouvelle de sa mort venaient de Tahiti (Honolulu, Papeete, Papeari), et des lacs Amers (Snez). Enfm j'ai également utilisé les précieuses res- sources du laboratoire d'Arcachon dirigé par M. Viallanes et de nombreux échan- tillons recueillis à l'Exposition de 1889, grâce à l'obligeance des délégués de nos Colonies. (3) Le compte-rendu détaillé de ces expériences sera publié dans les Mémoires de la Société géologique de France. (4) De l'action des hautes pressions sur les phénomènes de la putréfaction et sur la vitalité des micro-organismes d'eau douce et d'eau de mer (Comptes rendus, 25 août 1884). » (o) Sur un Spirille géant développé dans les cultures de sédiments d'eau douce d'Àden (Bull. Soc. Zool. de France, 23 juillet 1889). SÉANCE DU 8 MARS 1892 61 vases), ne dounent jamais d'iiifusoires ciliés ni d'organismes plus élevés dans la série animale. J'aurai cependant à discuter certaines expériences dans lesquelles j'ai trouvé de très petits organismes, autres que des Microbes, Rhizopodes et Flagellés. III. Les cultures des sédiments d'eaux douces etsaumâtresetplus sûrement encore les cultures de foin, de feuilles et d'herbes dessé- chées, donnent toujours des Flagellés, des Ciliés et parfois des Rotifères et des Annélides. Les sédiments recueillis à l'abri de la lumière, dans des grottes profondes qui possédaient de petits lacs, m'ont donné les mêmes résultats (1). IV. Les sédiments des chotts et des lacs salés, situés à l'inté- rieur des terres, que j'ai eu occasion de mettre en culture après dessication, se comportent absolument comme ceux des eaux douces ou saumàtres. Il me suffit de rappeler ici l'exemple de VArtemia salina, et, parmi les divers Infusoires qui se sont succédé, à plu- sieurs années de distance, dans les cultures des chotts, le Sparo- tricha texilUfer et le Menoidiuia astasia qui n'avaient été rencontrés jusqu'alors que par le savant professeur Geza Entz dans les lacs salés de la Hongrie. Je ferai remarquer, à cette occasion, que si les cultures de sédiments desséchés sont fertiles d'une manière générale, on ne trouve plus que des microbes et des moisissures dans les Sédiments humides, longtemps conservés en cet état. Les eaux mêmes rappor- tées dans des flacons bien bouchés sont l'occasion de nombreux déboires. Il n'y a qu'un petit nombre d'espèces banales, parmi les Infusoires, qui résistent à des cultures artificielles indéfiniment prolongées, tandis que, dans les mêmes conditions, les Anguillules et les Acariens se montrent beaucoup plus robustes. Récemment encore je retrouvais des Acariens vivants dans des cultures datant de 1886 et dans des dépôts de terre humide recueillis au cap Horn, en 1882. Mes expériences sur la faune des eaux thermales sont trop l'écentes et ne sont pas assez nombreuses pour que je veuille en tirer des conclusions mêmes provisoires. En résumé, les lois biologi(iues qui se dégagent de cet ensemble d'observations et d'expériences sont conformes aux prévisions delà (1) Des sédiments recueillis en 1887, à plus de deux kilomètres sous terre, dans le petit lac de la Grotte de Lombrive (Ariège), n'ont pas cessé de me donner, chaque fois que je les remets en culture, V Astasia tenax d'O. F. Muller. Il est à remarquer toutefois qu'il se jiroduit progressivement une sorte d'abâtardissement de la race et que les individus provenant des dernières éclosions sont sensiblement plus petit que ceux des j)récédenles. 62 SEANCE DU 8 MARS 1892 théorie. Tout se passe de telle sorte que le repeuplement des mares, des lacs et des cliotts soit assuré après comme avant les sécheresses prolongées auxquelles ils sont exposés, malgré la température déve- loppée par un soleil torride et quelle que soit la composition chimique des eaux. Rien de pareil ne se produit pour les espèces marines (1) qui, d'une manière générale, n'ont jamais à subir l'épreuve de la dessiccation prolongée. Le Microbe, qui est le facteur essentiel du cycle vital, le grand artisan des fermentations et de la putréfaction, en un mot, qui a pour rôle de ramener finalement les matières organiques à leurs principes immédiats, le Microbe résiste à la dessiccation prolongée et se retrouve partout. On remarquera d'ailleurs que, d'après mes expériences, les spores des Microbes des eaux sont, comme on pouvait le prévoir, encore plus résistantes que celles des microbes pathogènes qui, à un moment donné, sont appelés à vivre en parasites dans des espèces animales ou végétales. Il est plus facile de constater la survie des organismes que de déterminer si elle est due à la reviviscence d'organismes adultes ou, plus simplement, à ce que les enveloppes des germes jouissent d'une rési*stance spéciale. La preuve d'une véritable reviviscence est cependant faite pour certaines espèces. Ouvrages reçus le 8 mars 1892 Ch. W. Stiles, Notes on parasites. — 4. Myzomimus. Journal of comparativ. médecine and veterinary Archives, february 1892. J. M. F. Bigot, Note diptérologique. Wiener entomol. Zeitung, XI, n» 2, une page, in-8o, 1892. II)., The Baiuchislan Melon Fly (Carpomyia pardalina). Indian muséum Noies, II, no 1, une page in -8°. Id., Voyage de M Ch. Alliiaud aux îles Canaries [novembre f8S9 —juin 1890), Diptères. Bull, de la Soc. Zool. de France, XVI, p. 275, 1891. S. A. S. le prince Albert !"■ de Monaco, sur une nouvelle carte des courants de l'Atlantique Nord. Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences, 8 février 1892. Id., Campagnes scientifiques . — Etude des courants, cartel. Id., Histoire des voyages, cartes 1 et 2. (1) L'enkystement, si fréquent chez les Infusoires d'eau douce, est exceptionnel chez les Infusoires marins. On en connaît quatre ou cinq cas dans la Science et jusqu'ici il n'a jamais été constaté que ces kystes résistent à une dessiccation pro- longée. 63 Séance du 22 Mars 1892 PRÉSIDENCE DE M. PII. DAUÏZENBERG, PRÉSIDENT M. le D^ J. JuLLiEN, récemment revenu d'Amérique, M. G. Dollfus et M. BucHET, qui part prochainement pour l'Islande, assistent à la séance. M. le Président félicite M. le D^' P. Marchal, qui a soutenu récemment, avec un éclatant succès, sa thèse pour le doctorat ès-sciences naturelles. L'Ecole normale des Instituteurs d'Orléans, MM. Lefèvre et Olivier, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. MM. R. Blanchard, Dautzenberg, L. Faurot, de Guerne et Richard déposent une demande tendant à conférer le titre de membre honoraire à M. le professeur Anatole Bogdanov, directeur du Musée zoologique de Moscou, président du second Congrès inter- national de zoologie. M. de Guerne fera dans la prochaine séance un rapport sur cette proposition. MM. Joubin et Blanchard présentent la Bibliothèque universi- taire, à Rennes (lUe-et- Vilaine). M. X. Raspail adresse un travail intitulé : Description d'une série de pontes d'Oiseaux anormales au point de eue de la coloration et de la forme des œufs, recueillies la même année. Renvoi aux Mémoires. M. Chaper présente un travail de M. F. Mocquard intitulé : Voyage de M. Chaper à Bornéo. Nomelle contribution à la faune herpétologique de Bornéo. Reuvoi aux Mémoires. 64 SÉANCE DU 22 MARS 1892 NOTE IM{EL1MINAII{E SUR LES HOLOTHURIES PROVENANT DES CAMPAGNES DU YACHT VIIIRONDELLE, par le D^ E. von MARENZELLER, Conservateur au Muséum d'histoire naturcHe de Vienne. La collection d'Holothuries faite pendant les campagnes du yaclit VlUrondelle, et dont S. A. le prince de Monaco a bien voulu me confier l'étude, comprend quatorze espèces : Fam. : Aspidochirotid.e Peniag one azorica, no\. sp. Holothurialentiginosa, nov. sp. ^^^ . DENDROcmROiiD.E )) Verrilli Théel. )) tremula Gunn Cucumaria abyssorum Théel. Stichopus regalis Cuvier. * ' HyndmanniThompson, Pseudosticliopus occultatus Ma- » Montagui Fleming, renzeller Tliyone inermis Heller. Fam. : Elasipodid^^ Fam. : Synaptid.^ Benthodîjtes janthina, nov. sp. Synapta digitata Montagu. » tijpica Théel. Cliiridota abyssicola, nov. sp. Quatre de ces espèces sont nouvelles. Holothuria lentiginosa, n. sp.— Est voisin des H. Polii Délie Chiaje et H. Sanctori Délie Chiaje ; il s'en distingue par sa forme et par le grand nombre de ses canaux pierreux. Benthody tes janthina, n. sp.— Se rapproche de B, abyssicolaThéQl ; il porte dix-huit papilles dorsales, dix à gauche et huit à droite; son corps n'est pas aplati en forme de nageoire à l'extrémité postérieure; pas de rangée transversale d'ambulacres derrière les tentacules. Ceux-ci, au nombre de quatorze, sont découpés en lobes qui se divisent à leur tour en lobules plus petits. Pentagone azorica, n. sp. — Vingt-et-un ambulacres commençant dès la fin du premier tiers du corps. Les pièces de l'anneau calcaire présentent quatorze à seize bras latéraux. Deux vésicules de Poli. Le conduit génital commence à se diviser dans la cavité du corps en deux branches qui vont s'ouvrir à droite et à gauche dans le pore du canal pierreux, situé sur la ligne médiane. Les corpuscules calcaires à quatre branches sont beaucoup plus grands sur la face dorsale que sur la ventrale. SÉANCE DU 22 MARS 1892 65 Chiridota abyssicola, u. sp. — Grande espèce, longue de 110 milli- mètres et voisine de Ch. laevis F. Les découvertes de Y Hironddle fournissent également nombre de données nouvelles sur la distribution géographique et bathymé- trique des espèces connues. Le fait remarquable de l'existence dans les mêmes localités de Holothuria tremula Gunn., forme septentrionale et de Stickopus regalUCww., forme méditerranéenne, a été constatée déjà par l'expédition du Travailleur. Holothuria Ve r ri m ThéeléiRil connu seulement jusqu'ici aux Petites Antilles et à l'ouest de ces lies, par une profondeur de 399 k 982 mètres. Pseudosticliopus occultatus Marenz. a été trouvé en nombreux exemplaires en divers points de la Méditerranée orientale pendant les campagnes du navire autrichien la Pola, en 1890 et en 1891. Giglioli l'avait pris déjà dans la Méditerranée en 1880, mais l'exis- tence de ce type, en dehors de cette mer, n'était pas établie avec certitude. Les habitats antérieurement connus de Cucumaria abyssoriim Théel étaient le sud de l'Océan indien, près de l'ile Crozet, la mer Antarctique (95° de longit. E.) et le Pacifique à l'ouest de Valpa- raiso. Il est intéressant de retrouver cette espèce dans l'Atlantique au nord des Açores. Cucumaria Montagui F\em.(=:Colochirus Lacazei Hérouard) de la cote occidentale de France et de la Grande-Bretagne n'a pas été rencontrée encore aussi loin dans l'ouest et le sud-ouest (golfe de Gascogne et côtes de Galice, Espagne). Tlujone incrmis Heller (= Th. aurantiaca Costa) était considéré comme une espèce propre à la Méditerranée, il se pourrait toutefois que Thyone elegans Storm, des Shetland, lui fût identique. Synapta digitata Mont, passait pour vivre seulement dans l'eau très peu profonde. Enfin, la découverte d'un Chiridota à la profon- deur de 2870 mètres est particulièrement intéressante. Toutes les autres espèces du genre sont en effet littorales. Le tableau suivant indique exactement les localités et les profon- deurs où ont été recueillies les diverses espèces. On y verra aussi quel était leur groupement dans les différentes stations. SÉANCE DU 22 MARS 1892 X. - 2 . e ,• CO -^ ÇJ 1 II ^ 3 -^ -< % § <» ^ o K ^W «c-3 ■«■^ Se "^ -ss $H ^ O 1 S -S n. sp. (?), Ben lagone azorica rum Théel, C o a o H bp fî 3 ^5 3^3 -s 1 a -J 3 0^ 3^ 3 ce 3 o '03 mD -> ce bX)»^*< 0 V « O lO ^^ ^r^o 00 00 "3 c? -tM 00 O ^00 Ci 5^1 '5o lO •^H iO ^ 00 GM ^ *ce o 00 ^ c o ^ •^H iO -îH WOîO DO 00 O 0 0 J o O o O o o o o o c/:o 0 :0 00 00 C5 05C5 CO CO s 00 _ gj 00 ^ 0) 3 G< able argileux blanc. çores, à 160 mil- les environ dans le Nord de Ter- o p a es H ■< ce 3 o M ^ ce O) ce 'ce "^ able fin. — A large des côt( de Galice, E pagne. GJ O) ^* ce ^ '^ 'ce co >-^ — 3.^ ce O) ce ce O b£ CD ce ce '53 0 c« C/^ c/^ c/: t> :n > C/:) 6 c/^ CA} < .sa 1 00 1 1 -S 2 § o 00 •tri CO 0 (M i ce t^ ce QO « A a ?:{ s « 00 ?:; « A U , - H ^ *^ .„^ ^-9 •*^ <: jj. '3 « « ce ?:: '3 ;;:; ^ P. Q % O S O ^ O O t^ OO •<^ GC O -^ GO r^ ^1 ^1 co (M G^l G^l •«r^ ^1 '§ K = CD Ci 00 OS CO :o CO O 00 <* OO -^ -^ :o :0 CO 00 QO (^1 00 ■<;< <5< GM ^ (M GM SÉANCE DU 22 MARS 1892 67 L'OUTARDE GANEPÉTIÊRE EN MEURTHE-MOSELLE, par le Baron L. d'HAMONVILLE. Le 13 septembre 1891, une Outarde canepétière, Otis tetrax L., a été tuée à Noviant-aux-Prés, Meurthe-Moselle, par M. le garde général Mougeot. C'est à quelques centaines de mètres du village que ce chasseur, en se rendant dans une luzerne où son Chien tenait l'arrêt, fit lever, à quinze pas de lui, l'Oiseau qu'il eut la bonne fortune d'abattre d'un coup de fusil. En rentrant chez lui, notre chasseur étudia sa capture, nouvelle pour lui, et l'envoya à un préparateur pour la faire monter. Je l'ai examinée à mon tour, et bien que le sexe n'ait pas été vérifié anatomiquement, j'ai reconnu à la coloration générale et à quelques filaments duveteux que cette Canepétière était un jeune Oiseau dans sa première livrée, et que c'était un mâle, puisque ses quatre rectrices intermédiaires étaient fortement teintées de fauve. Cette Outarde n'est pas rare en France, elle est même commune dans les départements formés avec notre ancienne province de Champagne, où elle se reproduit et vit en petites colonies. Dans la Marne en particulier, elle a si bien prospéré, qu'aujourd'hui, à l'ouverture de la chasse, on en voit souvent en nombre à l'étalage de tous les marchands giboyeurs de Châlons-sur-Marne. En revanche, ce n'est que très exceptionnellement qu'on la rencontre en Lorraine : elle n'a été signalée à ma connaissance que dans la Moselle en 1818, plus tard à Lamarche, dans les Vosges, par M. Fliche, et enfin plus récemment dans la Meuse par MM. Chaîne et l'abbé Tihay, et c'est, je crois, pour la première fois que sa capture est constatée dans notre département. Toutefois, il est à remarquer que notre région n'a pas été la seule, pendant l'automne dernier, à jouir de la présence accidentelle de la Canepétière; car je lis dans VOrnithologisches Jahrbucli pour janvier 1892, que plusieurs captures de cet Oiseau ont été signalées. Les voici par ordre de dates : Le baron Schaller écrit, le 12 novembre 1891, qu'il a vu récem- ment, chez un préparateur, une Outarde canepétière qui venait d'être prise au piège, près de Holleschau (Moravie). Le professeur Em. Urban signale la capture d'une Outarde de cette espèce, faite le 18 novembre 1891, dans les environs de Troppau (Silésie). 68 SÉANCE DU 22 MARS 1892 Enfin le professeur Aug. von Mojsisovics cite un jeune mâle abattu le 10 décembre 1891, à Sainte-Marguerite, près de Gleisdorf, (Styrie). N'ayant pas d'autre revue ornitliologique allemande à ma dispo- sition, je ne sais si de semblables constatations ont été faites en Allemagne ; ce serait intéressant à savoir, car il serait fort possible que plusieurs colonies de Ganepétières, chassées de la Champagne par les grandes manœuvres qui y ont été faites en septembre dernier, se soient jetées dans l'Est. Il n'en fallait pas tant, on l'avouera, pour que ces Oiseaux, naturellement farouches, abandonnent au plus vite un pays autrefois si paisible, devenu tout à coup dangereux pour leur existence. Je reconnais d'ailleurs que cette supposition peut être gratuite, puisqu'elle ne repose pas sur des faits d'observation suffisants pour lui donner une réelle valeur scientifique ; mais si je la présente, c'est afin d'appeler sur ce fait l'attention des ornithologistes d'Outre-Rhin qui ont pu faire de leur côté des observations concor- dant plus ou moins avec l'hypothèse que j'apporte aujourd'hui. DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPECE D'UNIO DE CEYLAN, par Emile DESCHAMPS. Unio Corbeti Deschamps. Concha ovato-elongata, compressa, sut tenuis, inœquUateralis, antice rotundata, brcrissima, postice rostrata, superne obsolète angu- lata, tenuiter striata, sulcis longitudinalibiis impressa, ad umbones erosa, luteo-nigro-mrescente epidermide induta^ nitidula, ligamento luteo, tenui. Dentés cardinales compressi, angtilati, solidiusculi ; lamellœ leùter arcuatœ. Impressiones musculorumsubquadrangulares, antice parum profundce, postice super ficiales. Epidennis ad periplie- riam densissime lamellata. Margarita iridescente-cœrulea, intus corneo-fulvo maciilata. Long. 48; altit. 26; crassit. 16 millim. Coquille de forme allongée, comprimée, assez mince, inéquila- térale, à peu près arrondie, très courte du coté du bord antérieur, le postérieur allongé en forme de rostre, le bord ligamentaire SÉANCE DU 22 MARS 1892 69 parallèle au bord inférieur qui est très légèrement et régulièrement arqué, corrodée aux sommets, de couleur jaune-verdâtre, foncée jusqu'à paraître noir dans la partie médiane, brillante, à épiderme assez épais, striée finement, se terminant à la périphérie par une couche finement lamelleuse, et dont la surface est sillonnée de sept à huit bandes un peu suré- levées. Ligament peu saillant, court et jaune. Dents cardinales comprimées, anguleuses; lamel- les assez minces, régulières et peu arquées, la droite montrant des rides courtes, chagrinées vers le sommet, la gauche presque lisse. Impressions musculaires à peu près quadrangulaires, lapàlléale presque nulle. Nacre interne bril- lante, laiteuse, à irisations où le bleuâtre domine ; au fond de la coquille, elle montre une; agglomération de taches jaunes foncées. Longueur, 48 ; hauteur, 26 ; largeur, 16 millimètres. Habitat. — Cet Unio vient du lac de Kaudy, à Ceylan, où il vit en abondance. Je prie mon excellent ami le R. P. Corbet, de la mission catholique de Kaudy, de vouloir bien accepter la dédicace de cette espèce. SUR L'IDENTITÉ DES GENRES ILYOPSYLLUS BRADY ET ROB. ET ABACOLA EDWARDS. DESCRIPTION DE ILYOPSYLLUS JOUSSEAUMEI, N. SP., par Jules RICHARD. Dans le courant de l'année 1890, notre collègue M. Certes me remettait quelques exemplaires d'un Copépode trouvés dans une culture (faite le 27 mai 1890) de Conferves, encore humides, prises par M. le D^ Jousseaume dans les citernes de Steamer Point, près d'Aden. M. Certes, qui a bien voulu me donner ces indications, pense que ces Crustacés se sont peut-être développés dans ses cultures, et il sjb propose, en les renouvelant, de vérifier le fait. Cela aurait une grande importance, comme aussi de savoir si l'eau des citernes de Steamer Point est complètement douce, car les Crustacés en question, qui appartiennent à une espèce nouvelle d'IlyopsyUus, seraient, dans ce genre, les seuls connus capables XVII. - 7 70 SÉANCE DU 22 MARS 1892 (le vivre dans de pareilles conditions. Il est très possible aussi que ces animaux aient été transportés par le vent dans les citernes où M. Certes a trouvé aussi des Foraminifères. Le genre flyopsyllus a été fondé en 1873 par Brady et Robertson (1) pour un Copépode trouvé dans la baie de Roundstone (côte ouest d'Irlande) dans de la vase noire tourbeuse; ils le nommèrent /. cQriaœu.s. Les auteurs anglais firent leur description d'après des exemplaires qui avaient subi la dessiccation (ceux que j'ai eus entre les mains semblent avoir été dans les mêmes conditions). Brady et Robertson indiquent comme caractère générique la dilatation considérable de la portion moyenne de la grande soie de la furca ; ce caractère n'a pas autant de valeur, car l'espèce décrite plus loin f[. Jousseaumeij ne le possède pas: il est cependant absolument incontestable que c'est bien un IlijopsijUus. Depuis 1873 jusqu'en 1891 nos connaissances sur ce genre ne fontaucun progrès. Brady (2) en 1880 donne simplement, à nouveau, la description de /. coriaceus dans sa monographie. Mais en 1891 Charles L. Edwards (3) donne une description soignée d'une nouvelle espèce qu'il nomma Abacola holothuriœ. Ce curieux animal se trouvait à l'intérieur d'une Holothurie (Mûlleria Agassizi Sel.), dans des mucosités qui, traitées par une solution faible de potasse, ne laissaient plus voir qu'une sorte de sac transparent. C'est dans ce sac complètement clos qu'était enfermé le Crustacé en question. D'autres Copépodes très intéressants ont été obtenus de la même façon. Tous ont été recueillis, comme A. holothuriœ, dans des Mûlleria Agassizi Sel. provenant des côtes des îles Bahamas. Or, il suffît de voir les dessins d'Edwards pour s'assurer que Abacola holothtiriœ est un Ilyopsyllus; ce dernier nom doit seul subsister par raison de priorité, et le Copépode d'Edwards devient L holothuriœ. Quant à la position systématique du genre Ilyopsyllus, il est assez difficile de se prononcer. Brady le range à côté des Westwoodia et des ilarpacticus. 11 est bien certain que ce n'est pas là sa place. La structure générale du corps, l'organe sensoriel des antennes anté- rieures, la forme des pattes-màchoires de la deuxième paire, les (1) Brady el Robertson, in Ann. and Mag. Nat. hist. , (4), XII, p. 132, pi. IX, fjg. 1-.^, 1873. (2) Brady (G. -S ), A monograph of Ihe free and semi-parasitic Copepoda ofihe Brilish islaïuh, vol II. p. 143, pi. 82, fig. 1-10, 1880. (3) Edwards (Ch.-L.), lieschreibung einiger neiien Copepodeniind fines neuen copepodenàhnlichen Krehses (Leuckartclla paradoxa). Archiv fur Naturg., Jahrg. 57, Bd. I. 1891. - Pages 20-24 du tirage à part ; pi. V, lig. 1-17. SKANCE DU l'I MAIÎS 1892 71 pattes natatoires, la furca et ses soies, tous les caractères présentés par ces organes sont propres aux Harpactides. D'autre part, la structure si particulière du rostre, l'absence de branche accessoire aux antennes postérieures, la réduction considérable des pièces buccales, paraissent autoriser la création d'une famille spéciale comme l'a fait Edwards en établissant la famille des Abacolidœ. Elle est toutefois très voisine de celle des Harpactides dont elle est en quelque sorte une dépendance. Etant donné certains caractères présentés par le rostre, la disposition préhensile des antennes postérieures, et la réduction des organes de la bouche, Edwards pense qu'il est incontestable que les Ilyopsylîus {Abacola) sont des formes de Copépodes semi-parasites. C'est aussi mon opinion. Pour moi, ce sont des formes d'Harpactides ayant évolué dans le même sens que les Ergasilus qui dérivent des Cyclopides. Le genre Ilyopsylîus compte aujourd'hui trois espèces : /. coriaceus Brady et Robertson, /. holothuriœ Edwards, et /. Jousseauwei, n. sp. Ilyopsyllus Jousseaumei, n. sp. Le corps est extrêmement renflé du côté dorsal, tandis que la face ventrale est à peu près plane. La largeur maxima se trouve située vers le milieu du céphalothorax et elle atteint la moitié de la longueur du corps. Le premier segment est de beaucoup le plus grand ; les autres, très courts, sont emboîtés les uns dans les autres chez tous les exemplaires examinés. Les trois derniers segments thoraciques se terminent de chaque côté du corps par un crochet recourbé en arrière, court et peu aigu. Tous les segments abdominaux, au nombre de 4 chez la femelle, présentent des rangées d'épines à leur bord postérieur. Le dernier segment est plus court que les deux précédents, qui sont d'égale longueur. La furca est aussi longue que large et de même longueur que le segment qui la précède. Elle porte à son extrémité deux soies dont l'externe, assez forte, est garnie de cils courts et forts à son coté externe seulement. La soie apicale interne est cinq fois plus longue que la précédente, pres- que aussi longue que le corps lui-même et va graduellement en s'effilant sans se dilater en aucun point de sa longueur. Il y a en outre une fine soie grêle à l'extrémité la plus interne de la furca ; elle est extrêmement fine. Le rostre forme un prolongement conique très développé, tronqué à son extrémité libre d'où parlent deux appendices en lorine 72 SÉANCE DU 22 MARS 1892 d'épines légèrement incurvées et peu aiguës. Le rostre porte sur le milieu de sa face ventrale une ligne chitineuse longitudinale. Les antennes antérieures sont extrêmement courtes et composées seulement de cinq articles. Le premier est très renflé ; il est à lui seul presque aussi long que tous les autres ensemble. Il se prolonge à son extrémité interne en une sorte de lobe bien délimité, à bord arrondi et garni de crénelures obtuses ; au-dessus de ce lobe et près de la base de ce dernier s'insère une petite soie incurvée, assez forte. Le deuxième article est aussi large que long, épais, et porte, outre une soie ordinaire à son bord interne, une grande soie sensorielle à peu près deux fois plus longue que les trois derniers articles réunis ; cette soie est fixée sur une base à contour réfringent qui parait bi- articulée. C'est certainement là l'organe sensoriel qu'on trouve sur les antennes des Harpactides. Les trois derniers articles sont tous de même largeur, deux fois moins larges que le deuxième article. Le troisième n'est pas plus long que large, le quatrième est un peu plus long que le précédent et le cinquième, presque aussi long que les deux précédents réunis, porte à son extrémité quelques soies très fines de longueur diverse. Les antennes postérieures ont trois articles. Les deux premiers, sont nus. Le troisième porte six épines très robustes, légèrement courbées, dont l'une, située à l'extrémité de l'article, est de beaucoup plus longue que toutes les autres. Il n'y a pas de branche secondaire. Les mandibules très simples ne portent que deux ou trois dents. Le palpe est très nettement formé d'un article basilaire cylindrique, allongé, au moins trois fois plus long que large. Il porte à son extrémité deux soies dont l'une, robuste et ciliée, est plus de deux fois plus longue que l'article basilaire, tandis que l'autre soie lisse est beaucoup plus grêle et aussi plus longue que la précédente. Les maxilles m'ont paru ne consister qu'en un petit corps ovoïde terminé antérieurement par une forte épine. Quant aux pattes mâchoires de la première paire je n'ai guère pu qu'en soupçonner l'existence. Les pattes-mâchoires de la deuxième paire se montrent au contraire nettement constituées comme suit : elles sont très petites et se composent d'un long article cylindrique grêle, à peu près cinq fois plus long que large, auquel fait suite un très petit article ovoïde qui se termine par une griffe grêle, recourbée, à peu près aussi longue que le premier article. Sur la ligne médiane, la base du premier article de la patte-mâchoire droite est intimement soudée à la base du premier article de la patte-mâchoire gauche ; il semble. SÉANCE DU 22 MARS 1892 73 d'après cette disposition, ([ue ces organes ont nn rôle très restreint dans la vie de l'animal. La lèvre supérieure est bilobée, chaque lobe a son bord libre arrondi, dirigé en arrière. Dans les pattes natatoires de la première paire, la branche externe est tri-articulée. L'article médian est le plus long et ne dépasse guère en longueur les deux articles extrêmes qui ne sont pas beaucoup plus longs que larges. Le premier et le deuxième portent à l'extrémité de leur bord externe une épine robuste un peu plus longue que les articles. Le troisième porte deux épines robustes apicales externes, dont la plus externe dépasse peu la moitié de la longueur de l'autre, et deux soies apicales internes. La branche interne a deux articles ; le premier n'a que la moitié de la longueur du deuxième qui est un peu plus long que large. Ce dernier article porte deux fortes épines apicales dont l'externe dépasse peu la moitié de la longueur de l'interne. L'article basilaire qui porte les deux branches est muni à son côté externe et à son côté interne d'une épine forte et robuste. Dans les trois autres paires de pattes natatoires les deux branches des pattes ont trois articles. La branche externe est toujours un peu plus longue (surtout dans la 4'"^ paire) que l'interne. Dans la branche externe, le premier article est un peu plus long que chacun des deux suivants qui sont à peu près égaux et guère plus longs que larges. Dans la branche interne, les trois articles sont à peu près égaux en largeur et en longueur et ils ne sont aussi guère plus longs que larges. Partout les deux premiers articles de la branche externe portent à leur extrémité externe une épine plus longue et plus grêle que celles qui se trouvent semblablement situées dans les pattes de la première paire. Leur longueur dépasse très notable- ment celle des articles qui les portent. Dans la branche interne le premier article est partout dépourvu de soies ou d'épines analogues aux précédentes. Le deuxième article porte à son extrémité interne une longue épine grêle sétiforme. Dans les pattes de la deuxième paire, le troisième article de la branche externe porte une longue épine grêle, à son extrémité externe, puis trois soies apicales extrêmement longues et ciliées ; le bord interne du même article porte vers son extrémité une soie spiniforme longue. Le dernier article de la branche interne porte aussi une longue épine apicale externe, deux très longues soies ciliées apicales et une soie plus courte près de l'extrémité de son bord interne. 74 SÉANCE DU ^l'I MARS 1892 Dans les pattes de la troisième et delà quatrième paire, qui sout semblables, le dernier article de la branche externe porte, outre celles que possède celui des pattes de la deuxième paire, une très longue soie ciliée subapicale du côté interne. Le dernier article de la branche interne porte le même nombre de soies que celui des pattes précédentes, mais l'article est un peu plus allongé et la soie du bord interne s'insère presque an milieu de ce bord, de sorte ([ue l'extrémité libre ne paraît porter que l'épine apicale externe et une longue soie ciliée apicale interne. Partout, la limite qui sépare les articles est garnie de petites épines très fines. Il m'a été impossible de constater d'une façon certaine la présence de pattes rudimentaires au cinquième segment thoracique. Chez un seul individu, dont le sexe m'est resté inconnu, à cause du mauvais état de conservation, j'ai observé dans la situation que doivent occuper les pattes de la cinquième paire deux lobes semblables situés chacun d'un côté de la ligne médiane et découpés chacun en trois dents. De ces dernières l'externe est très réduite tandis que les deux autres sont beaucoup plus grandes, robustes et incurvées forte- ment en dehors. Cette espèce, que je dédie à M. le D^^ Jousseaume qui Ta recueillie, se distingue immédiatement de /. coriacens Brady et Robertson par la grande soie de la furca, qui, au lieu d'être très élargie dans sa partie moyenne, est, au contraire, graduellement atténuée de son origine à son extrémité, sans parler de la longueur de cette soie, beaucoup plus considérable chez /. Jousseaumei. Cette dernière espèce se distingue aussi très nettement de /. holothurîœ Edwards, par la structure différente du palpe de la mandibule, des pattes - mâchoires de la deuxième paire, et certainement aussi par une conformation différente des pattes de la cinquième paire. SKANCI<: DU 22. MAUS lîS'J2 7o VOYAGE DE M. CHARLES UAHOT EN ISLANDE. SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES, par Jules de GUERNE et Jules RICHARD. L'Islaude est arrosée par une quantité considérable de rivières et de tleuves; certaines nappes d'eau, comme le Tliingwalla au sud, le Myvatn au nord, y couvrent de grands espaces. « Mais l'île a des centaines, des milliers de bassins de moindres dimensions, du lac proprement dit à la simple vasque. Comme dans l'île d'Erin, on peut de mainte colline apercevoir à la fois des lacs sans nombre, les uns brillant à la lumière entre des berges vertes, les autres ternes et comme sans vie, visibles à peine entre les roches sombres des alentours. » (1). Ces eaux douces n'ont jamais été convenablement étudiées au point de vue zoologique et il est assez malaisé de trouver quelques renseignements sur leur faune. Ce que l'on sait surtout, c'est que les Salmonidés y abondent et qu'ils donnent lieu à des pêches très productives (2). Comme d'ailleurs il n'existe auprès de ces Poissons, dont la voracité est extrême, qu'un Gasterosteus et une Anguille (3), on peut en conclure que les Invertébrés aquatiques sont très nom- breux en Islande. Cela ne fait aucun doute pour certains Insectes dont les larves contribuent à coup sur, pour une large part, à l'ali- mentation des Salmonidés. Les Moustiques pullulent effectivement en Islande et y constituent un fléau, comme dans d'autres pays du nord. Quelques Mollusques également peuvent devenir la proie des Poissons, etSteenstrupa recueilli desLijnmœa vulgaris d^ns l'estomac des Truites (4). (i) Elisée Reclus, Nouvelle Geofjraphie unicer.'ieUe, IV, p. i)H'>. (2) On Irouvera des renseignements curieux, bien qu'un peu dilïus, sui" les pêche- ries d'eau douce de l'Islande, dans les publications de U. S. Coiiuttission of Fisli and Fisheries : 1° The freshwater ftsiieries of Iceland. Rep. of the Commiss. for 1884 (1886) ; 2° The Iceland freshwater Fisheries. Bull. U. S. Fish Comni., VI, no 11, 25 août 188G. Ces articles sont traduits du journal danois Fiskeritidende ; ils ne sont pas signés. Beaucoup de rivières ou de fleuves en Islande portent le nom de Laxd, qui veut dire Saumon. Plusieurs régions lacustres de l'île sont appelées FiskiviJtn et cette dénomination est certainement en rapport avec l'abondance du Poisson. (3) F. Faber, Nahirgeschichte der Fische Islands. 1829. (4) MoncH. Faunula Molluscoruni Ulandiae. Vidensk. Mcddcl. fra nalurh. Foren. Copenhague, 18G8 (1869); les espèces suivantes sont signalées dans Teau 76 SÉANCE DU 22 MARS 1(S92 Nous peusous toutefois que les Salmonidés adultes se nourris- sent fréquemment des jeunes individus de leur propre espèce. Malgré tout, le nombre des alevins reste assez élevé, parce que les fonds accidentés des terrains volcaniques leur fournissent de bons abris et qu'ils trouvent d'ailleurs à s'alimenter avec des Entomos- tracés ou divers animaux microscopiques. Il semblait donc probable que l'emploi du filet fin dans les eaux douces de l'Islande produirait de bons résultats. Avec le zèle scien- tifique dont il a déjà donné tant de preuves, M. Charles Rabot, pendant une Mission accomplie en juillet et août 1891, s'est appliqué à recueillir par ce moyen de nombreux matériaux d'étude. Les récoltes ont été faites dans trois régions différentes de l'île : l*' au nord, à Akureyri; 2» à l'ouest, aux environs de Reykjavik; 3^ à Test, du côté de l'Eskifjord. Leur examen permet d'ajouter à la faune de l'Islande vingt-neuf GS])Gces, parmi lesquelles les Entomos- tracés, de beaucoup les plus nombreux, s'élèvent à vingt-six (16 Cladocères, 8 Copépodes, 2 Ostracodes). Le reste comprend seule- ment deux Rotifères et un Protozoaire. Aucune de ces formes n'est inédite, mais plusieurs d'entre elles présentent un véritable intérêt pour différents motifs exposés ci-après. Il importe de noter tout d'abord qu'un certain nombre d'es- pèces, communes dans l'Europe entière (et même aux Etats-Unis), se rencontrent dans les trois régions de l'Islande visitées par douce : Lynuiœa triincatula MûUer, L. vulgaris G. PfeiL, L. peregra MQller, Planorbis rotundatus Poiret, Pisidiumpulchellum Jenyns, P. pusillum Turton, P. personatum Malm, P.nitidum Jenyns, Sphœrium sp.? on Pisidiuin amnicum Millier? Une Limnée rapportée par Faber en 1819 et décrite par Beck {Index Molliis- corum, etc., 1838], sous le nom de L. geisericola, présente un intérêt particulier. Môrch la considère comme une variété réduite de L. peregra. Elle ne vit pas, ainsi ([ue le nom de Beck semble l'indiquer, dans les geysers mômes. On la trouve peut- être dans la source chaude de Langarvas (température 43^ C), où vivent certaine- ment L. vulgaris et L. SLeenstriipi Clessin; il est d'ailleurs possible que ces deux types soient identiques. Clessin ne semble pas avoir eu connaissance du travail de Môrch quand il a publié sa note : Eine islàndisclie Limnàe (Malakolog. Bliit., 1878). Déjà, dans le voyage de Ia Recherche, il est fait mention d'une Limnée recueillie dans une eau atteignant 41 "C de chaleur (Voyage en Islande, Géologie. Minéra- logie, etc., vol. I, p. 178). Ayant réuni la plupart des documents publiés sur la faune terrestre et lluviatile de l'Islande, l'occasion nous paraît bonne d'indiquer ceux qui ne figurent pas ci-dessus. Gette bibliographie, qui n'a point d'ailleurs la prétention d'être complète, rendra peut-être cependant quelques services. Nous avons négligé à dessein les mémoires antérieurs au XIX' siècle (Olafsen et Povelsen, Andersen, Mohr, etc). On remarquera combien sont nombreux les tiavaux relatifs aux Oiseaux. Beau- SÉANCE DU 22 MARS 1802 77 M. Rabot. Ce sont : Simocephalus cetulus O.-F. Mûller, Alona alj'nm Leydig, Chijdoras spliœricus Jurine, Cyclops strenuus Fischer, C. viridis Fischer, C. serralatus Fischer. Quelques autres types, égale- ment très répandus en Europe, paraissent être plus rares en Islande. Daphnia longispina Leydig, D. pulex de Geer et Cypris pubera O.-F. Mûller, par exemple, n'ont été trouvés, le premier que dans le lac de Reykjavik, les deux autres qu'à Akureyri. Par contre, Eunjcercus lamcllatus O.-F. Miiller, Acroperus leucocephalus Koch, Pleuroxus excims Fischer, Polyphemus pedicukis de Geer, manquent unique- ment dans la dernière de ces localités. Alona testudinaria Fischer, forme assez rare, et Cyclops fuscus Jurine ne se sont trouvés que dans l'est. D'autre part, Pleuroxus manus Raird a été rencontré seulement dans la région ouest. Cyclops fimbriatus Fischer vit aussi bien dans le trou d'une mine de spath, près d'Eskifjord, que dans les eaux du Laugarvatn, où se trouve encore, comme dans le lac de Reykjavik, un Canthocamptus d'espèce indéterminée. Cypris acu- leata Lilljeborg se montre fort abondant sur les bords du même lac. Près de Reykjavik, dans le lac Thingwalla, le plus grand de l'Islande, M. Rabot a recueilli les Crustacés suivants : Scapholeberis mucronata O.-F. Mûller, Bosmina arctica Lilljeborg, Eurycercus lamellatus O.-F. Mûller, Acroperus leucocephalus Koch, Alona a/finis Leydig, Chydorus spkœricus Jurine, Polyphemus pediculus de Geer, Diaptomus minutus Lilljeborg, Cyclops strenuus Fischer, C. viridis coup de Palmipèdes migrateurs passent d'Europe (surtout des Iles Britanniques par les Feroë), quelques-uns du Grœnland en Islande, r/est un fait dont il importe de tenir grand compte quand il s'agit du peuplement des eaux douces. Oiseaux.— Faber, Prodromus der Islàndischen Ornithologia,l^^'^-—^^-,Ueber das Leben der hochnordischen Vôgel, 1825-26. — Proctor, Notes on an ornitho- logical iow in Iceland, 1838. — Fox, A notice of tlie Birds of Iceland. Proceed. Lin. Soc, I, 1839. — Newton, Ornithology of Iceland, appendice A de Sabine Baring, &iç. Iceland and Us scène and Sagaie, \md.— Grôndal, Verzeichniss der Insher in Island beobacliteten Vôgel. Omis, 1880. — Nielsen, Ornithologische BeobaclUungen zii Eyrarbakki in Island. Ibidem. — Slater and Carter, Notes from norlhern Iceland in the sommer iHSoAbidem, 1880. — Id., Field notes from northern Iceland. The Zoologist, C3), X, 1880. Insectes. — Staudinger, Reise nach Island zu entomologischen Zwecken unternommen. Stett. ent. Zeit., 18' an., 1857.— Hagen, Zur Fauna Islands. Ibidem, — Bellier de laChavignerie, Observations sur quelques Lépidoptères d'Islande. Ann. Soc. entora. France, (3), V, 1857. — Ruthe, Verzeichniss der von D' Stau- dinger im Jahre 1856 auf Island gesammelten Hymenopteren. Stett. ent. Zeit., 20" an., 1859. Enfln les récoltes de M. Ch. Rabot ont fourni matière à deux communications insérées au Bulletin de la Société entomologique de France : l'une sur les Arachnides, par E. Simon (Séance du 25 novembre 1891, p. clxxvi), l'autre sur les Coléoptères, par le D^ Sénac (Séance du 27 janvier 1892, p. xxvm). 78 SÉANCE DU 22 MARS 1892 Fischer, C. serralatus Fischer. Dans la même région se trouve le Laugarvatn, lac où naissent des sources thermales sulfureuses. M. Rabot y a péché, en un point où la température de l'eau attei- gnait 19» C. : Sida crystallina O.-F. Mùller, Macrothrix sp.? Alona a/l'inis Leydig, Eunjcereus lamellatm 0 -F. Mûller, Pleuroxus nanus Baird, Cijclops viridis Fischer, C. serrulatus Fischer, C. fimbriatus Fischer, Canthocamptiis sp.? Avec les spécimens vivants, il a été pris au voisinage des sources minérales et chaudes une très grande quantité de débris des mêmes Entomostracés, d'où Ton peut con- clure que les animaux ne vivent qu'à une certaine dislance de ces sources; leur existence est menacée dès qu'ils s'en rapprochent pour une cause quelconque. Holopedium gihberum Zaddach, qu'il est iort intéressant de retrouver en Islande, s'y est rencontré seulement au point le plus élevé du plateau qui sépare le Seydisfjord du Lagarfljôt (région esti, dans une mare profonde de quelques centimètres, à fond sablon- neux et bordée de plantes palustres. Ce Cladocère passait jusqu'ici pour l'un des types les plus caractéristiques de la région pélagique des grands lacs. Il se trouve d'ailleurs, dans le cas actuel, associé au Diaptomus minutus Lilljeborg et à une variété de Cyclops stre- nuus Fischer, espèce et variété à faciès pélagique. Dans la même mare (température de l'eau 9» G.), Diaptomus glacialis Lilljeborg était aussi très abondant. Une flaque d'eau tourbeuse, de la vallée du Lagarfljôt, présente un cas analogue ; on y trouve réunis Bosmina arctica, Diaptomus minutus et D. glacialis, avec la variété de Cgclops s^?'^/titws mentionnée ci-dessus, en même temps que des Rotifères pélagiques : Asplanchna helvetica Imhof, Anurea sp.? par exemple et un Protozoaire, Ceratium longicorne Pertry, sans préjudice de |)lu- sieurs formes littorales vulgaires et énumérées plus haut. Suivant nos indications, M. Rabot n'a pas négligé d'exécuter des pêches avec un très petit filet dans les flaques profondes seule- ment de i^'^ ou 2cm, larges de 7«™ ou 8^^^^ situées sur le cône du Grand geyser; mais aucun être vivant n'y a été recueilli. Quant aux autres geysers, leurs eaux s'écoulent rapidement vers la Hvita, sans former aucune nappe. Le fait général le plus remarquable concernant la faune des eaux douces de l'Islande est, sans contredit, le mélange des Ento- mostracés de la zone arctique avec ceux de la zone tempérée. Sous les hautes latitudes, dans l'archipel du Commandeur (détroit de Behring) et au Groenland vit, entre autres formes, Eunjcereus gla- cialis Lilljeborg. On pouvait s'attendre à retrouver ce Cladocère en Islande. Il n'en est rien cependant. Partout, à l'est comme à l'ouest SÉANCE DU 22 MARS 1892 79 de l'île, c'est le vulgaire E. lamellatus O.-F. MûUer, si répandu en Europe, qui apparaît constamment. D'autre part, des espèces arcti- ques caractérisées, Bosmina arctica, Diaptonius minutus et l). (jla- cialis par exemple, sont très communes en Islande. Les deux Calanides cités en deinier lieu étaient connus seulement jusqu'ici, le premier à l'île de Waigatsch et à la Nouvelle-Zemble, le second au Grœnland et à Terre-Neuve (1). En résumé, les recherches de M. Charles Rabot nous fournis- sent : Iodes documents nouveaux et précis de Géographie zoolo- gique ; 2o elles permettent d'établir que la faune des eaux douces de l'Islande, en ce qui concerne spécialement les Entomostracés, présente des caractères mixtes, rappelant à la fois les faunes ana- logues de l'Europe et, à un degré moindre toutefois, de l'Amérique septentrionale, dans les zones tempérée et arctique. L'explication de ce fait semble devoir être cherchée dans les conditions climato- logiques de l'Islande, située, comme l'on sait, presque au point de contact des courants chaud et froid de l'Atlantique Nord (2). Le tableau suivant comprend un grand nombre de colonnes correspondant à des points explorés par M. Rabot et dont il n'a pas été fait mention dans le texte pour éviter des surcharges. Des traits pleins marquent les diverses régions ouest, est et nord visitées par le voyageur. Nous avons ajouté une colonne pour le Grœnland, mais en y indiquant seulement les formes trouvées aussi en Islande. II ne faut donc y chercher, au point de vue comparatif, que les analogies entre la faune des deux pays, non les difïérences. (1) Voir J. (leGuERNE et J. Richard, Sur lafaunedes eaux douces du Grœnland. Comptes-rendus Ac. se, 25 mars 1889; et Révision des Calanides d'eau douce. Mém. Soc. zool. de France, II, 1889. (2) MoHN, Nordhavets Dybder, Temperatur og Slromninger. Norske Nordhavs- Expedilion, Christiania, 1887. 80 SÉAiNCE DU 22 MARS 1892 NOMS DES ESPÈCES c (X i 5 C/2 o 1 < z o H H O > p: o Q ce 1 ce < < > < W . Q < Z .AN.:MAnn,1847. 110 SÉANCE DU 10 MAI 1892 NOÏJCES PARASITOLOGIQUES, par A. RAILLIET, Professeur à l'École d'Alfort. l'RKMlÈRE SKRIE I. — Cysticercus pisiformis à six ventouses. Ou a sigualé, depuis longtemps, une augmentation du nombre normal des ventouses chez les Téniadés. Ainsi Bremser a observé un Tœiiia crassicoUis à six ventouses, dont la chaîne offrait en même temps une forme triquêtre. Le même fait a été noté chez T. Solium par Zenker. Par contre, Laker a vu deux exemplaires de cette der- nière espèce possédant chacun six ventouses avec une chaîne normale. Chez T. saginata, l'augmentation des ventouses avait été signalée aussi depuis longtemps, quand Trabut a constaté la coïnci- dence de ce fait avec l'aspect triquêtre de la chaîne. Kûchenmeister etLeuckart ont rencontré des T. Cœnurus à tête munie de six ventouses et à chaîne triquêtre ; le dernier de ces auteurs a même vu de telles têtes dans le Cœnurus cerebralis. Enfin, von Siebold a décrit et figuré un T. Echinococcus à six ventouses, sans indiquer toutefois l'état de la chaîne. Mais, en somme, les faits de cet ordre sont encore peu nombreux. C'est pourquoi je crois intéressant de signaler le cas que m'a offert une tête de Cysticercus pisiformis que j'ai rencontrée dans les préparations helminthologiques laissées au Musée de l'École d'Alfort par Delafond. Cette tête, vue de devant, a une forme assez régulièrement hexagonale, chaque angle de cet hexagone, un peu arrondi, corres- pondant à une ventouse. La double couronne de crochets qui occupe le centre se compose de 44 crochets, les grands longs de 246 a, dont 111 pour la lame et 135 pour le manche, les petits mesurant 150 y.. Je n'insiste pas d'ailleurs sur leur forme, qui se rapporte nettement à celle des Cysticerques normaux. On sait que le nombre normal des crochets, dans cette espèce, varie de 34 à 48 (moyenne 40), les grands longs de 225 à 250 ;j., les petits longs de 120 à 160 y.. Cette simple observation montre donc que le Cysticercus pisiformis, comme les autres Téniadés cités plus haut, peut offrir une multi- SÉANCE DU 10 MAI 1892 lit plication anormale des ventouses ; et comme cette disposition de la tète coïncide habituellement avec la forme triquêtre de la chaîne chez les Téniadés adultes, il y aura lieu de rechercher cette dispo- sition chez le Tœnia serrata du Chien. II. — TÉNIADÉ DE COLORATION ARDOISÉE reCUCilIi ChCZ UU Lapin de Garenne. Le 21 mars 1892, en faisant l'autopsie d'un Lapin de garenne qui avait succombé à une anémie pernicieuse occasionnée par les Stron^ylas strigosus et retortœformis, j'ai rencontré dans l'intestin grêle un Cestode remarquable par sa coloration. Ce Ver était d'une teinte ardoisée très peu accusée dans la tête et les trois premiers centimètres de la chaîne, mais bien marquée dans tout le reste de la longueur. Après conservation dans l'alcool à 50'^ C, cette coloration s'est un peu atténuée, mais est néanmoins encore bien distincte. Le Ver mesure dans ces conditions 42 cen- timètres de long sur une largeur maximum de 3 millimètres et demi; la tête est large de 0^^175, longue de 0di"^40; il n'existe pas de cou, la segmentation apparaissant à une très faible distance en arrière des ventouses. Les premiers anneaux sont très courts , plus étroits que la tête ; les suivants deviennent progressivement plus longs et plus larges ; les derniers, qui étaient presque aussi longs que larges sur le Ver frais, sont même devenus plus longs que larges sous l'influence de l'alcool. On ne rencontre qu'un seul pore génital par anneau; il est situé à peu de dislance de l'angle postérieur. D'après ces caractères, je crois pouvoir rattacher ce Téniadé à VAnoplocephala caniciiU R. Bl., 1891 (Tœnia rhopaliocephala Riehm, 1881). La coloration qu'il présente est due à de fî.nes granulations pig- mentaires qui se montrent répandues d'une façon à peu près uniforme dans le parenchyme ; elles se trouvent cependant un peu plus confluentes vers les bords de l'anneau et dans le voisinage du cirre. On connaît déjà divers exemples de cette anomalie de coloration, observée en particulier chez Tœnia saginata par Laboulbène, Liber- mann, Bruneau, Redon, Trabut; j'en avais déjà certainement vu chezlesTéniasdu Chien, mais sans y prêter attention. L'origine d'une telle pigmentation n'a pas encore été déterminée ; on a seulement indiqué la fréquence de cas semblables chez les nègres. Or, les 112 SÉANCK DU 10 MAI 1892 conditions dans lesquelles j'ai recueilli ceTéniadé chez le Lapin de garenne sont peut-être propres à fournir quelques indications pour les recherches ultérieures. Ce Lapin, comme je l'ai dit, était mort de strongylose gastro-intestinale, affection déterminée par la pré- sence, dans Testomac et dans l'intestin, de milliers de Strongles qui attaquent la muqueuse pour en sucer le sang. Il résulte de ces morsures une foule de petites plaies qui laissent écouler, comme celles produites par les Sangsues, une certaine quantité de sang, lequel se mélange aux matières alimentaires et passe dans l'intestin. On est porté ainsi à se demander si la pigmentation du Ténia ne résulterait pas d'une absorption de l'hémoglobine par le Ver et d'une décomposition de cette matière colorante dans ses tissus. On peut citer, à l'appui de cette manière de voir, ce fait que la pigmentation, chez les Ténias, s'observe principalement sur la partie fixée dans la muqueuse, savoir la tête et plus spécialement les ventouses. On peut rappeler en outre l'observation de von Linstow (1), dans laquelle deux exemplaires de Tœnia saginata, rendus par un malade soumis à des frictions d'onguent gris, offraient une teinte grise due à l'infiltration des tissus par des particules de protoxyde de mercure. En tout cas, l'attention étant appelée sur ce point, ou pourra rechercher si, dans le cas d'expulsion de Ténias pigmentés, il n'existe pas en même temps, dans le tube digestif, des vers capables d'effectuer des morsures (Uncinaria duodenalis, par exemple), ou quelque lésion entraînant un écoulement sanguin. Je dois dire cependant que j'ai déjà trouvé, à plusieurs reprises, des Téniadés chez les Lapins atteints de strongylose, sans constater sur ces exemplaires l'anomalie de coloration que je viens de signaler. III. — Sur des Téniadés échancrés du Chien (Dipylidium caniwwm L.). G. Neuniann (2) a publié récemment une observation relative à des exemplaires fenêtres de Dipylidium raninuin du Chien. Sur 767 individus trouvés dans l'intestin d'un seul et même hôte, 15 pié- sentaientdes anneaux fenêtres, la fenestration occupant en général le centre de l'anneau, en regard des pores génitaux. Sur trois (1) 0. Von Linstow, BeUrag zur patlwlogùchen Analomie von Ttenia medi*» «anellata. Archiv fiir Nalurg., 1890, I, p. 177, pi. X, fig. 1. (2) Nkumann, Sur des Ténias fenêtres de l'espèce Tamia caiiina Linné. Société (l'hist. nat. de Toulouse, séance du 25 avril 1891. SÉANCE DU 10 MAI 1892 113 anneaux seulement la perte de substance consistait eu une simple échancrure d'un bord latéral, indépendante de la situation du pore iiénital correspondant. ,1'ai retrouvé, de mon côté, dans ma collection helmiuthologique, quatre exemplaires du même parasite, avec cette mention : « Tœnia cucumerina du Chien. Anomalies. 13 février 1884. » Ces quatre exemplaires présentent tous des anneaux sur lesquels on remarque, non pas une fenestratiou véritable, mais une ou deux échancrures latérales. L'anomalie dont il s'agit se rencontre dans chacun d'eux sur trois ou quatre anneaux, soit consécutifs, soit séparés l'un de l'autre, mais exclusivement sur des anneaux ovifères. La perte de substance est très variable ; dans certains cas, elle offre à peine un demi-millimètre de diamètre; d'autres fois elle occupe la plus grande partie du bord latéral de l'anneau; sur certains points, elle est en outre si profonde qu'il ne reste plus qu'une étroite bandelette au bord opposé. Lorsque l'échancrure est à son minimum, elle occupe toujours le niveau du pore génital, soit d'un seul côté, soit des deux côtés à la fois ; à plus forte raison dans les états les plus avancés, le pore génital est-il toujours intéressé. Les bords en sont assez irréguliers, parfois même parais- sant déchiquetés dans les lésions restreintes. Je me borne à signaler le fait, dans l'impossibilité où je suis d'en donner une explication plausible. Je dirai cependant que, la lésion ayant son point de départ au pore génital, il me parait difficile d'admettre l'hypothèse de Marfan, d'après laquelle l'alté- ration primitive résulterait de la fixation momentanée de la tête du Ver sur divers points de la chaîne. Cette hypothèse, du reste, ne me paraît pas davantage applicable à la généralité des cas de fenestratiou des grands Ténias et des Bothriocéphales, où les perfo- rations se suiveut souvent d'une façon très régulière dans la partie centrale de toute une série d'anneaux. IV, — DiPYLiDiUM CANiNUM daus Ics glaudes anales du Chien. Le Dipylidium ca^iinum L., vulgairement Ténia cucumérin, vit, comme on le sait, dans l'intestin grêle du Chien, du Chat, de l'Homme, du Chacal. Comme la plupart des Téniadés, il laisse échapper un à un ses derniers anneaux ou cucurbitins, qui sont rejetés d'ordinaire au dehors avec les excréments. J'ai rencontré chez un Chien trois de ces anneaux dans un organe où, fort probablement, on n'a jamais eu l'occasion de les observer : il s'agit d'une glande anale. 114 SÉANCE DU 10 MAI 1892 Les j^landes anales du Chien, qui ont été bien étudiées par J. Cliatin, consistent en deux masses ovalaires, de \^^^ de diamètre environ, situées sur les côtés de la portion terminale du rectum. A leur centre existe un petit réservoir qui communique par un court canal avec le conduit excréteur définitif; celui-ci débouche sur la marge de l'anus par un orifice que masque incomplètement un repli cutané. C'est en pratiquant une section dans l'une de ces glandes que sont apparus les trois anneaux isolés, renfermés dans le conduit excréteur un peu dilaté. Ils étaient encore très actifs, et contenaient des masses ovifères caractéristiques. V. — Cysticercus tenuicollis chez un Chevreau de quatre à six semaines. M. Morot, inspecteur municipal à Troyes, a eu l'occasion de voir, il y a quelques années, sur un Chevreau de quatre à six semaines, le foie et le diaphragme envahis par de nombreux Cysticerques; il s'en trouvait aussi quelques-uns dans le poumon. M. Morot m'a adressé divers fragments de ces organes, et j'y ai constaté en effet la présence de plusieurs Cysticerques, tous de petites dimensions, les plus gros atteignant à peine le volume d'un petit pois. Un certain nombre d'entre eux étaient cependant déjà en voie de dégénérescence. Ceux du diaphragme, que j'ai étudiés plus spécialement, avaient à première vue l'aspect de Cysticercus celhdosœ Rud.; leur tête était pourvue d'un rostre portant une double couronne de 26 crochets, les grands longs de 160 à 170;j., les petits longs de 125a. Or, ces caractères se rapportent précisément au Cysticerque armé que Cobbold a découvert en 1865 dans les muscles du Mouton, et qu'il regardait comme représentant une espèce nouvelle, à laquelle il donnait le nom de Cysticercus ovis. D'après lui, ce Cysti- cerque serait plus petit que celui du Porc, et sa tête porterait 26 crochets, les plus grands longs de 157 y.. On sait qu'il soupçon- nait ce parasite d'être la larve d'un Ténia de VEomme (Tamia tenella Cobbold, nec Pallas, nec Pruner). Mais J. Chatin a démontré que ce Ténia n'est autre qu'une forme grêle du T. Solium, et que le C. ovis représente en réalité un C. tenuicollis de petites dimensions. Je ne puis hésiter moi-même à rapporter à cette dernière espèce les Cysticerques recueillis par M. Morot dans le diaphragme, le foie et le poumon du Chevreau; mais il m'a paru intéressant de noter ce cas, en raison du jeune âge de l'hôte, d'abord, et aussi parce SÉANCE \)i 10 MAI 18Î)2 115 qu'il est fort rare de voir le Cysticercus tenuicollis arriver à un degré de développement aussi avancé dans le foie et dans le poumon. VI. — Cysticercus tenuicollis chez VOnjx beisa. Les hôtes déjà connus de ce Ver sont nombreux, surtout parmi les Ruminants. Parmi eux se trouvent plusieurs Antilopes, telles que : Antilope dorcas (Tyson, Diesing), Antilope hucoryx (Diesing), Antilope rupi- capra (Bremser), Antilope saiga (Pallas, Pagenstecher), Antilope euchore. Au mois de janvier 1891, M. Deyrolle m'en a communiqué plu- sieurs exemplaires recueillis sur le mésentère d'une Antilope beisa [Oryx beisa Rupp.), morte au Jardin d'Acclimatation. Ces exem- plaires sont d'assez grandes dimensions, de la grosseur d'une noix à celle d'une pomme. La tète est armée d'une double couronne de 30 crochets, les grands longs de 223 y. (dont 125 pour le manche et 100 pour la lame), les petits longs de 146 a (dont 04 pour le manche et 82 pour la lame). L'Oryx beisa est donc un nouvel hôte à ajouter à la liste de ceux qui hébergent le Cysticnrus tenui'ollis. VII. — T^NiA TENuiROSTRis Rud. chcz l'Oic domestique ; remarques sur la classification des Cestodes parasites des Oiseaux. Ce Ver a été signalé par de nombreux observateurs comme vivant dans l'intestin de divers Anatidès sauvages. D'abord, chez des Harles : Mergus albellus (Rudolphi, Bremser); M. Mergamer (Bremser, von Siebold) ; M. serrator (Bremser). Puis chez des Canards : Anas fusca (Mehlis); A. marila (Mehlis, Krabbe) ; A mollissima (Mehlis). Enfin chez une Mouette (Larus tridaetylus), M. Bonnigal, vétérinaire- à Vendôme (Loir-et-Cher), m'a envoyé, au mois de juin 1890, un grand nombre de Ténias recueillis dans l'intestin d'une Oie domestique, et j'ai pu les rapporter à cette espèce. Cette observation est peut-être propre à expliquer un fait signalé par Hamann, à savoir la présence du Cysticercoïde de ce Ver chez les Gamnmrus pulex de Gottingue, alors que les cours d'eau de cette localité ne sont pas fréquentés par des Oiseaux sauvages. Cet auteur admettait a priori le développement du parasite chez le Canard HH SÉANCE DU 10 MAI 1892 domestique : mais il est permis de supposer que les Oies sont élevées là, comme à peu près partout, côte à côte avec les Canards. Puisque l'occasion se présente de parler des Ténias des Oiseaux, je tiens à signaler en passant la nécessité de poursuivre la division de ce groupe, entreprise déjà par R. Blanchard. Il est impossible, en effet, de laisser parmi les Tœnia s. str., c'est-à-dire à côté des grands Ténias de l'Homme et des Mammifères, l'ensemble des Téniadés qui vivent dans l'intestin des Oiseaux. Aussi proposerai-je d'établir pour ceux-ci deux nouveaux genres, basés principalement sur la forme des crochets : lo Drepanidotœnia (ôpsiraviç, faux), pour les Téniadés du type rœnia hmceûlata Bloch, dont le rostre est armé d'une couronne simple de crochets uniformes, généralement en petit nombre, à manche beaucoup plus long que la garde, qui est toujours faible. S"" Dicranotœnia (âixpavov, fourche), pour ceux du type Tœnia coronula Dujardin, qui ont une couronne simple de crochets uni- formes, courts, généralement en petit nombre, à garde égalant ou surpassant également le manche en longueur, et formant avec la lame une sorte de petite fourche. Plusieurs autres divisions semblables devront être effectuées par la suite, mais j'ai visé principalement ici les Téniadés des Oiseaux domestiques, les seuls dont j'aie pu jusqu'à présent m'occuper d'une façon suivie. Encore, pour ceux-ci mêmes, s'en trouve-t-il qu'il importe de classer dès maintenant à part. Tel est le cas du Tœnia imbutiformis Polonio, 1860, qu'on devra placer provisoirement dans le genre Mesocestoides Vaillant, à cause de ses pores génitaux situés sur l'une des faces de l'anneau. Par contre, le Botliriocephalus longicollis Molin, 1838, qui a les pores génitaux marginaux, deviendra le type d'un nouveau genre Bothriotœnia. VIII. — Trichocéphale de l'intestin du Furet. Au mois de février 1888, j'ai trouvé dans le jéjunum d'un Furet qui m'avait été envoyé de Gournay-en-Bray (Seine-Inférieure), un exemplaire de Trichocéphale. Cette observation a déjà été men- tionnée dans le Traité des maladies parasitaires de G. Neumann, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de décrire le Ver. 11 s'agit d'un exemplaire femelle, mesurant 39«ï°^ de longueur, sur une largeur maximum de O^^^^S. La partie effilée, située en avant de la vulve, est longue de âS'"'" ; la partie postérieure ou SÉANCE DU 10 MAI 1892 117 renflée atteint par conséquent 11mm seulement. Le corps est blanc roussàtre ; l'extrémité antérieure est fortement atténuée, non ailée; la queue est terminée en cône évasé, mousse. La cuticule offre des stries écartées de 3 [x 6 ; la bande bacillaire ventrale s'élargit rapidement et atteint bientôt les 7/JO du diamètre du corps ; on observe sur ses bords, eu avant, des sortes de tuber- cules développés par endosmose. La vulve est à bords très peu saillants ; les œufs sont ellipsoïdes, longs de 78 ;x, larges de 38 y. (non compris les boutons transparents terminaux); leur coque est assez mince, lisse, légèrement brunâtre. Ce parasite se rapproche beaucoup du Trichocephalus depres- siusculus du Chien ; il est cependant de plus petites dimensions. Du reste, il esta peu près impossible de déterminer spécifiquement un Trichocéphale sans examiner le mâle. Je ne pense pas qu'on ait encore décrit un parasite de ce genre chez le Furet. Je me suis demandé d'ailleurs s'il ne s'agissait pas d'un Nématode étranger ingéré avec son hôte (un petit Mammifère par exemple) ; mais le Furet en question était malade, par consé- quent tenu en cage, de sorte que j'ai du éliminer cette supposition. OBSERVATIONS ET EXPERIENCES SUR QUELQUES HELMINTHES DU GENRE HETERAKIS DUJARDIN, par A. RAILLIET et A. LUGET. I. — Heterakis Pepspigillum Rudolphi, 1803. L'histoire de ce Nématode est assez compliquée. 11 paraît avoir été trouvé tout d'abord dans l'œuf de la Poule, par Aldrovande et Fabrice d'Acquapendente. ^ Goeze(l), qui l'avait rencontré dans l'intestin de la Poule et du Dindon, le classait parmi ses Ascarides teretes. Gmelin (2) appela le Ver du Dindon Ascaris galiopavonis. Zeder (3) confondit ce parasite avec la petite espèce du caecum, (1) GoEZE, Naturgeschichte, p. 76; pL I, fig. 4-7, 1782. (2) Gmelin, Sijsl. nat., p. 3033, 3034, 1789. (3) Zeder, Nachtrag, p. 33; pi. IV, fig. 7: p. 36; p. 64, 1800. — Naturge- schichte, p. 102, 103, 112, 1803. XVII. - 10 118 SÉANCE DU lu MAI 1892 SOUS le nom de Fusaria reflexa, mais il en décrivit en même temps, sous celui de Fusaria strumosa, des exemplaires anormaux offrant à la face ventrale, à peu de distance de l'extrémité antérieure, un renflement qu'il compare à un goitre. A côté de ces formes, il fit connaître en outre un Fusaria inflexa trouvé dans l'intestin du Canard domestique et du Canard sauvage. Rudolplîi (1) donna d'abord le nom d'Ascaris Perspicillum au parasite du Dindon; mais, d'autre part (2), il confondit l'Hétérakis de l'intestin grêle de la Poule et celui du caecum sous la dénomi- nation d'Ascaris vesicularis; plus tard (3), il réunit le grand Hété- rakis de la Poule et l'Ascaride du Canard en une même espèce, qu'il appela Ascaris inflexa, adoptant ainsi la dénomination de Zeder. E. Deslongchamps (4) distingua au contraire le grand Ver de la Poule (Ascaris funiculus) de celui du Canard (A. crassa), et Dujar- din (5) admit cette manière de voir, mais en remplaçant le nom spécifique funiculus par celui d'inflexa. Enfin, en 1866, Ant. Schneider (6) réunit les grands Hétérakis de la Poule et du Dindon sous la dénomination commune d'Hete- rakis inflexa. Pas plus que lui, d'ailleurs, nous n'avons constaté de différences entre eux. De sorte qu'on peut admettre aujourd'hui que les grands Hétérakis de l'intestin grêle des Gallinacés représentent bien une seule et même espèce, à laquelle revient de droit le nom d'Hete^^akis Perspicillum Rud., 1803. Par contre, nous pensons, avec Deslongchamps et Dujardin, que le Ver de l'intestin grêle du Canard représente une espèce distincte à laquelle, en bonne justice, il faudrait donner le nom d'Ascaris inflexa Zeder 1800 ; mais cette dénomination donnerait lieu à de telles confusions que, provisoirement, avec les deux auteurs français, nous continuerons à l'appeler A. crassa. VHeterakis Perspicillum a été rencontré souvent dans l'intestin de la Poule, ainsi que dans l'albumen de l'œuf ; il a été trouvé aussi chez le Dindon et chez le Coq de Bruyère {Tetrao Urogallus). Nous ajouterons à cette liste le nom de la Pintade (Numida (1) RuDOLPHi, in Wiedemann's Archiv, III, 2, p. 9, 1803. (2) Id., Entoz. hist, II, p. 129, 132, 141, 167, 1809. (3) Id., Entoz. synopsis, p. 38 et 268, 1819. (4) E. Deslongchamps, Encyclop. méthod., Zoophytes, II, article Ascarides, p. 89, 1824. (o) DujARDiN, Hist. nat., helm., p. 212 et 216, 1845. (6) Anton Schnkider, Mononr. des Nemat., p. 70, Taf. III, fig. 12, 1866. SÉANCE DU 10 MAI 1892 119 Meleagris). Au mois de novembre 1889, nous avons recueilli en effet un exemplaire femelle de cette espèce dans l'intestin grêle d'une Pintade domestique provenant du Midi de la France. Nous en avons rencontré assez souvent aussi chez les Poules des environs de Paris et du Loiret, et une seule fois chez une Dinde tuberculeuse achetée à Paris. Nous avons tenté il y quelques années, mais sans succès, d'obtenir le développement direct de cette espèce. Nous relevons ici cette expérience, malgré son résultat négatif. Le 21 avril 1888, nous mettons en incubation, dans Teau, des œufs extraits des utérus de plusieurs Heterakis Perspicilluni prove- nant d'une Poule. Au mois d'octobre, nous constatons que ces œufs contiennent des embryons actifs. Le 21 novembre, soit exactement sept mois après la mise en incubation, nous mélangeons ces œufs embryonnés à du pain et nous les faisons prendre, à deux heures de l'après-midi, à un Poulet de cinq mois, laissé à jeun depuis 7 heures du matin. Nous nous étions assurés au préalable, par l'examen répété des excréments, que cet Oiseau n'hébergeait pas de Vers de cette espèce. Le même examen, poursuivi jusqu'au 12 décembre, ne nous donne aucun résultat. Le sujet en expérience est sacrifié le 28 décembre, et nous constatons l'absence complète d' Heterakis Perspicillum. — H y a lieu évidemment de renouveler les essais dans le même sens. IL — Heterakis papillosa Bloch, 1782. Ce parasite, déjà observé par Redi chez le Tetrao lagopus, a été décrit en premier lieu par Bloch (1), qui l'avait trouvé chez l'Outarde, sous le nom d'Ascaris papillosa. Goeze (2) l'observa chez la Poule, le Faisan commun et le Faisan doré ; il le plaça, comme l'espèce précédente, parmi ses Ascarides ter êtes. Schrank (3) en fit les espèces Ascaris galli, gallinarum et papillosa. Gmelin (4) distingua également plusieurs espèces nominales : A. papillosa, galli, gallinœ, phasiani, tetraonis. Frôlich (5) en fit son Ascaris vesicularis (pro parte). (1) Bloch, Abhandlung ,ip. 32, Taf. IX, fig. 1-6, 1782. (2) Goeze, Naturgeschichte, p. 86, 1782. (3) Schrank, Verzeichniss, p. 9, 1788. (4) Gmklin, Syst. nat., p. 3034, 1789. (5) Frolich, in Naturforschei-, XXV, p. 8:)-88, Taf. III, llg. 12-14, 1791. 120 SÉANCE DU 10 MAI 1892 Zeder et Rudolphi, comme on l'a vu précédemment, le confon- dirent avec le grand Hétérakis de l'intestin grêle. Enfin la plupart des auteurs l'ont distingué spécifiquement sous le nom d'Heterakis vesicuiaris, adopté par Dujardin. Cependant, les règles delà nomenclature zoologique exigent qu'on lui restitue celui d'Heterakis papillosa Bloch, ainsi que l'ont fait Railliet en 1885, et Carruccio en 1886. La raison pour laquelle on a hésité à adopter cette désignation, c'est que Molin l'a appliquée, en 1860, à une autre espèce d'Hétérakis, parasite du Cormis cajanus ; ou en sera quitte pour changer le nom de cette espèce, selon la méthode adoptée par Diesing, en Heterakis commutata. L'Heterakis papillosa Bloch a déjà été signalé chez un grand nombre d'Oiseaux divers ; nous l'avons recueilli, pour notre compte, chez la Poule, le Dindon, le Faisan commun, le Faisan doré, où ils étaient déjà connus. Mais nous l'avons rencontré en outre dans les cœcums de plusieurs hôtes que n'indiquent pas les catalogues de von Linstow^ : Faisan vénéré (Phasianus veneratus), 4 mai 1892. Tragopan (Ceriornis satyra), 15 mars 1889. Oie domestique (Anser domestkus), juin 1891. Nous avons vu ce Ver produire parmi les Poules d'une basse-cour une mortalité considérable. Dans un autre cas il s'agissait de poussins, produits par élevage artificiel ; à l'âge de dix à quinze jours, ces petits animaux se ramassaient sur eux-mêmes, traînaient les ailes, puis présentaient une diarrhée abondante qui amenait rapidement la mort. Les sujets couvés et élevés par des Poules étaient beaucoup moins atteints que les autres. A l'autopsie, on trouvait le caecum fortement enflammé, son contenu épaissi et presque solide, et sa muqueuse recouverte d'une quantité énorme de petits Hétérakis. Chez un Faisan doré (28 avril 1892), nous avons observé une sorte de typhlite verruqueuse extrêmement intense, avec dilatation des caecums ; un certain nombre de Vers étaient encore fichés dans les saillies en forme de verrues qui recouvraient la muqueuse. Le 24 novembre 1888, nous avons mis en incubation des œufs extraits des utérus d'Heterakis papillosa Bloch provenant de la Poule. L'embryon s'est développé en peu de temps et nous avons fait prendre ces œufs le 26 février 1889 à une Poule dont les fèces n'avaient jamais révélé la présence de Vers quelconques. Quelques jours plus tard, cette Poule présentait de la diarrhée. Elle a été sacrifiée le 29 mars, et nous n'avons trouvé que 15 exemplaires d' Heterakis papillosa dans les caecums. Leuckart avait déjà signalé le développement direct de cette espèce. SÉANCE DU 10 MAI 1892 121 L'INFLUENCE DE L'ECLAIRACxE SUR LA DISJONCTION DES ORGANES VISUELS, LEUR RÉDUCTION, LEUR ATROPHIE COMPLÈTE ET LEUR COMPENSATION CHEZ LES ANIMAUX CAVERNICOLES, par le D^ G. JOSEPH. Quelque divers que soient la forme, le nombre, la structure interne, le degré du développement des organes visuels chez les êtres vivants, il est aisé de constater, par une étude sérieuse, que ces diversités sont en corrélation parfaite avec l'organisation, la manière de vivre, l'habitat et aussi avec le degré de vivacité de chaque animal. Un certain nombre d'êtres sont aveugles aux stades peu avancés de leur développement. D'autres, au contraire, qui sont dépourvus d'yeux à l'état adulte, en possèdent dans leur jeunesse. 11 n'y a dans ces faits aucune contradiction. La présence ou l'absence d'organes visuels correspond toujours aux conditions d'existence des animaux. L'habitat joue ici un rôle tellement considérable, qu'il semble naturel que les animaux condamnés à vivre dans les ténèbres des abimes océaniques par exemple, ou des profondeurs des grottes, soient aveugles. Les nombreuses recherches que j'ai entreprises, dans cet ordre d'idées, depuis plus de trente ans, m'ont conduit aux résultats suivants : Lorsque le degré d'éclairage change, ce qui se produit, dans la plupart des cas, par la diminution du nombre de rayons solaires atteignant l'habitat de l'animal, il y a dislocation, disjonction des yeux. C'est le cas pour les êtres hal)itant les cavernes où, s'il ne fait pas nuit, à midi tout au moins et particulièrement en été, il ne règne guère qu'une sorte de crépuscule. Ces espaces sont éclairés uniquement par la petite quantité de lumière pouvant pénétrer par l'ouverture latérale dans le vestibule de la caverne. Les yeux ainsi disjoints s'observent chez Cyphoptlialmus duricorius que jai décou- vert, en 1867, à l'entrée d'une des cavernes de Luëg en Garniole. Ce singulier animal appartient à ce groupe d'Araignées qui ont l'abdomen segmenté et dont les proches congénères, vivant en plein jour, ontles yeux situés au milieu de la face dorsale du céphalothorax, Ex. : différentes espèces des genres HeUcigia, Phalangium, Trogu- 122 SÉANCE DU 10 MAI 1892 Lus, etc. Cette situation des yeux, au milieu de la face dorsale du céphalothorax, ne permettrait pas à ces Arachnides, de profiter de la lumière arrivant de côté. C'est par suite d'une adaptation à cet éclairage latéral que les Cijpkoplitlialinus sont arrivés à avoir les yeux sur les côtés du céphalothorax et à la pointe d'éminences coniques. 11 est à remarquer aussi que ces Araignées jouissent de la faculté de marcher latéralement. Le fait que quelques espèces aplaties de Chernétides, vivant sous l'écorce des arbres, ont les yeux disposés de la même façon, sur les côtés du céphalothorax, montre qu'il peut se produire, en dehors des cavernes, des adaptations semblables, résultant d'un genre de vie analogue. 11 est à noter que le même but correctif semble avoir déterminé la position des yeux à la pointe des éminences coniques du céphalothorax. La compensation la plus simple de la diminution de lumière serait obtenue par l'agrandissement des yeux, tel qu'on l'observe par exemple chez certains Poissons des grandes profondeurs océaniques. C'est par opposition à l'agrandissement des yeux s'adaptant à un éclairage que s'est produite leur atrophie chez un grand nombre d'animaux vivant dans les parties sombres des cavernes. Il suffira de mentionner les Protées, le Poisson de la caverne du Mammouth (Kentucky) et la série considérable d'Arthropodes terrestres appar- tenant aux Coléoptères, Diptères, Orthoptères, Isopodes, Arachnides et Myriopodes. Chez tous ces animaux la nature semble renoncer à corriger la faiblesse de l'éclairage, vaincue qu'elle est par un principe rétrograde d'adaptation. Les organes visuels restent déve- loppés seulement dans la mesure nécessaire pour permettre l'orien- tation dans une lueur de crépuscule. Aussi toutes les parties essentielles sont-elles devenues rudimentaires. Chez les Protées les globes oculaires sont petits, recouverts par le tégument transparent et pourvus d'une musculature faible inca- pable de produire des mouvements étendus. La choroïde ne con- tient qu'une couche mince de pigment et des fibres peu nombreu- ses du nerf optique aboutissent à une rétine rudimentaire. Ces yeux se rapprochent de ceux de la Taupe et de la Souris aveugle (Spalax typhlos). On trouve chez quelques espèces de Coléoptères! J/rc/ms, Bythinus), les mêmes yeux dégradés. Ces organes n'ont que 50 à 80 facettes avec leurs parties correspondantes, alors qu'il en existe plusieurs SÉANCE DU 10 MAI 189:i 123 centaines chez les espèces voisines, vivant sur terre à la lumière du soleil. La réduction des organes visuels se présente sous une forme plus avancée chez une Aim^née (Nicthyphantcs microphthabnus 3oseph), chez quelques espèces d'Isopodes et de Myriopodes où les organes visuels sont représentés seulement par des yeux simples et petits comme chez les Araignées. Or, les espèces voisines habitant le sol et exposées à la lumière possèdent des yeux composés. Avant que la réduction des organes visuels n'aboutisse à leur perte complète, l'on voit se produire, chez quelques espèces d'Arai- gnées et de Podurides, un fait singulier destiné à compenser l'absence partielle de lumière. La nature essaie d'atténuer les inconvénients de l'atrophie des yeux, résultant de l'insufTisance d'éclairage, par l'augmentation du nombre de ces organes. Ainsi, une Araignée que j'ai découverte, possède seize yeux, chacun des huit yeux typiques semble être partagé en deux par une sorte d'impression. Autre exemple : le Poduride Anurophorus stillicidU, décrit par Schi0dte, possède 24 yeux, visibles à la lumière oblique. Il eu est de même d'autres Podurides que j'ai moi-même découverts. La vie dans les ténèbres perpétuelles peut entraîner la disparition complète des organes visuels par manque d'usage. Un grand nombre de Coléoptères, plusieurs Araignées, certains Crustacés sont entièrement aveugles. Etant donné le grand nombre d'articulés aveugles fossiles inclus dans le copal, l'ambre jaune et l'ardoise charbonneuse, l'on recon- naît 1) qu'aux époques géologiques antérieures, un nombre plus considérable d'espèces aveugles ont habité des localités plus nom- breuses et plus diverses qu'aujourd'hui ; 2) que les espèces aveu- gles pouvaient subsister seulement dans des endroits favorables, où comme dans la nuit perpétuelle des cavernes, le succès de la lutte pour l'existence n'était pas basé, pas plus qu'il ne l'est actuellement, sur la présence des yeux ; 3) enfin, la perte de la vue peut être considérée ou comme un ar^êt de développement des yeux à l'état de larve ou bien comme la conséquence de la réduction successive des organes visuels jusqu'à leur disparition totale, en raison du manque d'usage. La cécité de beaucoup d'animaux se rattache aux phénomènes de la première catégorie ; celle du Caride : Troglocans Schmidti Dorm., et du grand Astacide : Cambarus stygius Joseph, des rivières souter- raines de la Carniole résulte de la perte de la faculté visuelle par réduction ou transformation rétrograde. La forme extérieure de 124 SÉANCE DU 10 MAI 1892 l'œil chez ces deux Crustacés est la même que chez leurs congénères des ruisseaux exposés au soleil, mais les milieux réfringents et les éléments nerveux y font défaut. Ces animaux sont donc complète- ment aveugles. La présence d'un organe des sens ayant une forme externe typique, mais n'offrant aucun vestige de structure spéciale interne, n'est compréhensible que si l'on admet l'existence d'yeux normaux chez les ancêtres les plus reculés de ces espèces aveugles. Voici d'ailleurs un fait probant en faveur de cette opinion. L'embryon de Trorjlocaris Schmidti renfermé dans l'œuf possède des yeux véritables. Chaque individu de ce Crustacé répète donc brièvement, mais fidèlement, l'évolution accomplie par l'espèce dans le cours des siècles. Sur un autre Crustacé [IViphargus stygius Sch.) d'ordinaire aveu- gle, j'ai fait les observations suivantes. Des exemplaires de ce Gammaride recueillis à l'entrée des cavernes, dans les espaces éclairés d'une lueur crépusculaire, présentaient un organe visuel pourvu de milieux réfringents, d'éléments nerveux et d'une couche pigmentaire, le tout très réduit. D'autres individus en petit nombre avaient des yeux simples et atrophiés comme ceux des Araignées. De tous les cas de perte de la vue, les plus anciens sont ceux où, avec la fonction, disparaît également tout vestige de l'organe, et cela même dans la période embryonnaire. Par contre, les cas de perte les plus récents sont ceux où la faculté visuelle, faisant défaut à l'état adulte, les embryons conservent encore une trace d'yeux et où persiste en outre la forme externe typique des organes. Pour compenser la perte de la vision, la nature semble avoir eu recours au sens du toucher. Ainsi, chez un Coléopière (Anophtfialmm cap Hiatus Josei^h) et chezuneArmgnéQ{Sirocijphopselaphus Joseph) (1) on trouve à la place des yeux un poil tactile fm porté par une petite granulation : à l'intérieur de celle-ci s'étend un nerf très exigu par- tant du ganglion infra-œsophagien. Les espèces d'Amaurops, autre genre aveugle de Coléoptères, possèdent, au lieu de ce petit poil, une soie fine partant d'un tubercule également très petit et située au point même où se trouve l'œil chez les espèces voisines de Psélaphiens. Les nouvelles espèces du genre Anuropliorus que j'ai découvertes n'ont pas d'yeux comme celles que Schifidte a décrites, mais elles sont munies de poils tactiles. Ce remplacement du nerf optique par un nerf du sens de toucher (1) Proche parente du Cyphophtlialmus duricorius; je Tai découverte dans la grotte de God Jama, au village d'Ober-Skril, près de la frontière croate. SÉANCE DU 10 MAI 1892 125 est très remarquable et me semble indiquer que le nerf optique de beaucoup d'Invertébrés n'est pas primitivement un nerf sensitif au sens strict du mot, comme chez les Vertébrés. Il n'est, à l'origine, qu'un simple nerf sensible transformé en un nerf sensitif, au cours du développement progressif de l'appareil terminal où aboutit ce nerf. Or, il ne peut sembler étrange, qu'en raison de la perte par défaut d'usage de l'appareil visuel terminal et par suite du dépéris- sement du nerf optique, il ne peut sembler étrange que se produise le résultat suivant. Au point où, de par l'hérédité, doit se trouver l'appareil terminal d'un nerf sensitif particulier, le rameau d'un des nerfs sensibles du tégument général et destiné aux sens du toucher et de la température, accomplit la compensation. Mais ce nerf sensible tégumentaire et son appareil terminal ne peuvent servir qu'au sens du toucher. Il est donc faux de supposer qu'une pareille compensation suffit pour percevoir la lumière. Un animal aveugle exposé à la lumière naturelle ou artificielle n'est pas porte à changer de place par une sensation visuelle désagréable. Cette impulsion ne lui est donnée que par l'augmentation du sens du toucher et de la température. Il cherche à échapper aux rayons calorifiques qui accompagnent toujours les rayons lumineux. NOTES HISTOLOGIQUES AU SUJET DE LEUCOSOLENIA COIUACEA (Mont.) Bwk. par Emile TOPSENT, Chargé de cours à l'École de médecine de Reims. Leucosolenia coriacea est une charmante Eponge calcaire, en réseau, abondante sur la plupart de nos grèves et commune aussi dans les dragages en eau peu profonde. Elle jouit d'une distribution géographique assez étendue. Haeckel, dans ses ^^Kalkscfucamme >), signale sa présence dans toute la partie nord-ouest de l'Europe, de la Norvège à la France. L'A /er^ l'a rencontrée dans l'Océan Pacifique, au sud-ouest du Chili. Les collections de Vllirondelle m'ont révélé son existence aux Açores et au voisinage de Terre-Neuve; celles de la Melita en contenaient plusieurs spécimens recueillis aux Canaries; enfin, durant un séjour au laboratoire Arago, l'hiver dernier, je 126 SÉANCE DU 10 MAI 1892 l'ai découverte dans la Méditerranée, à Baiiyuls, où elle vit en compagnie de Leiicosolenia clathrus (Schni.) Haeck. Mais c'est sur- tout dans la Manche, à Luc et à Roscoff, que j'ai eu l'occasion de l'étudier. Dans cette dernière localité, en particulier, elle se déve- loppe avec une vigueur extraordinaire, formant sous les pierres des plaques fort étendues et tapissant les parois des grottes sur des surfaces considérables. Sans cesse en possession d'échantillons frais de celte Eponge, j'avais, par pure curiosité, et sans penser qu'ils mériteraient jamais d'être livrés à la publicité, pris quelques notes et croquis touchant son histologie, dès ma première visite au labo- ratoire de Roscofï, en 1889. Il me fut alors très aisé de reconnaître dans sa constitution, comme dans celle de toutes Eponges d'ordres divers, quatre sortes d'éléments, savoir: des cellules flagellées, des cellules mésodermiques granuleuses, des cellules de revêtement et des cellules sphéruleuses. Des deux premières sortes de ces éléments je ne dirai rien ici, parce qu'il ne parait pas qu'elles aient embar- rassé personne. Il n'en est pas de même des deux autres. Dans un travail récent (1), après avoir appelé l'attention sur une membrane criblée, évidemment de nature contractile, qui tend, comme un diaphragme délicat, l'ouverture des tubes cloacaux de Leucosolenia coriacea, E. A. Minchin entreprend l'examen métho- dique des tissus de cette Eponge. Les descriptions qu'il donne de l'ectoderme et du mésoderme laissent malheureusement un peu à désirer. Lui-même se déclare nullement satisfait du résultat de ses recherches sur l'ectoderme. Certes, il a vu les cellules ectodermiques , en coupe ou après macération; mais il n'en a jamais réussi de pré- paration d'ensemble comparable à l'épithélium obtenu par F. E. Schulze sur Sycon raplianHs(2),paY El. Metschnikofï sur It'i(coso/('?i/a clathrus (3) et par A. Dendy sur Grantia labyrinthica (4) et Leucoso- lonia Wilsoni (5). Minchin se demande alors si, dans l'animal arrivé à son entier développement, les cellules ectodermiques ne dégéné- reraient pas jusqu'à un certain point en une sorte de cuticule rappe- (1) E. A. Minchin, NoLeon a Sieve-like Membrane across tlie Oscula ofaSpecies o/' Leucosolenia, with some Observations on tlie Histology of the Sponge. Quart. Journ. Micr. Science, XXXIII. pt. 2, p. 251, pi. X et XI. (2) F. E. Schulze, Sycandra raphanus. Z. f. w. Z., XXV. Suppl., p. 247. (3) El. Metschmkoff, Spongiologische Studien. Z, f, w Z., XXXII, 1879. (4) A. Dendy, Studies on the Comparative Anatomy of Sponges, III. On the Anatomy «/"Grantia labyrinthica Carter... Quart. Journ. micr. Science, January, 1801. (5) A. Dendy, A Monograph of the Victorian Sponges, pt 1, Trans, Roy. Soc. Victoria, III, July, 1891. SÉANCE DU 10 MAI 1892 127 lant celle que j'ai découverte (l)sur les flancs verticaux des papilles des Cliones perforantes et sur la surface générale interpapillaire et inerte des Cliones raphyroïdes, et dont j'ai suivi pas à pas la forma- tion sur des surfaces cicatricielles. Depuis la soutenance de ma thèse (1888), j'ai retrouvé une telle cuticule chez plusieurs Spon- giaires, mais, qu'on ne s'y trompe pas, toujours sur des régions im perforées, et toujours assez étendue pour que je pusse, avec une pince fine, en détacher des lambeaux. L'hypothèse de Minchin se trouve, d'ailleurs, singulièrement ébranlée par ce fait que la macé- ration lui permettait d'isoler les cellules et que, de face, il apercevait de place en place les amas de granules qui entourent constamment leur noyau (voy. fig. A). Peut-être, simplement, ses préparations ne furent-elles pas heureuses? Pour ma part, je n'ai point éprouvé de difficulté particulière à mettre en évidence, à l'aide du nitrate d'argent, les contours des cellules ectodermiques en place, et le croquis que je trace ci-contre d'une portion d'ectoderme de Leuco- solenia coriacea ainsi traité (B) ressemble aux dessins des auteurs, A B CD E Leucosolenin coriacea. — A, portion d'ectoderme t?i situ, x 200; B, portion d'ecto- derme traité au nitrate d'argent, x 200; C, cellule sphéruleuse d'un individu incolore, X 300; D, cellules sphéruleuscs d'un individu coloré, x380; E, spicules de fixation. auxquels il était fait allusion plus haut, à part cette question toute de détail que les contours se montrent ici sinueux et non rectilignes comme chez Leiicosolenia clathnis et Leucosolenia Wîlsoni. J'ajouterai que mes observations personnelles m'engagent à me joindre à Dendy et à Minchin, pour révoquw^ en doute cette assertion deLendenfeld que les cellules de revêtement de toutes les Calcarea possèdent un flagellum. Les quelques lignes que Minchin consacre au mésoderme ne pro- curent de ce feuillet qu'une notion insuffisante. Les cellules sphé- ruleuses (voy. fig. C, D) ne l'ont que médiocrement frappé ; il les a (1) E. TopsENT, Contribution a l'étude des Clionides, p. 26. Arch. de Zool. Exp. et Gén. (2), V bis, Suppl., 1887 (thèse de doctorat). 128 SÉANCE DU 10 MAI 1892 certainemeut vues puisqu'il dit: « iu some sections... uumerous irregular cells of a yellowish colour, and containing a number of black granules but no distinct nuclei, were to be found close under thecollar-cells (fig. 22) »; mais il les a confondues avec ces cellules granuleuses du mésodernie que je considère comme des cellules digestives. Dendy, de son côté, a fort bien distingué chez Leucoso- leniacavata (1) ces deux sortes d'éléments, cellules granuleuses du mésoderme et cellules sphéruleuses, seulement, il a conçu au sujet des dernières une interprétation fausse sur laquelle je reviendrai plus loin. On remarque très vite, à la grève, combien Lcucosolenia coriacea varie de couleur : ordinairement blanche ou jaune soufre, elle se montre fréquemment encore (2) rose, lilas, rouge brique, rouge vif et verdâtre. Et cependant elle ne possède point de pigment, les élé- ments où il se localise dans les autres Eponges (cellules flagellées et cellules granuleuses du mésoderme) restant chez elle incolores. Ce sont ses cellules sphéruleuses qui lui communiquent ces nuances diverses, suivant la nature des matières de réserve qu'elles emma- gasinent. A plusieurs reprises, je me suis étendu sur le caractère et les fonctions des cellules sphéruleuses, que j'ai signalées dans tous les Ordres de Porifères ; j'ai pu m'assurer que celles de Leucosolenia coriacea servent de réservoirs nutritifs. Il n'est pas facile de déter- miner la composition chimique de leur contenu pour chacune de leurs colorations, mais j'ai obtenu, par l'eau iodée, sur des spécimens blancs, la réaction caractéristique de l'amidon, et les vapeurs d'acide osmique ont noirci instantanément les sphérules d'individus jaune verdâtre. Des éléments de L. coriacea, ces cellules sphéruleuses sont les plus gros. Toutefois leur taille et la dimension de leurs sphérules varient comme leur coloration (voy. lig. G, D) : plus petites chez les spéci- mens incolores, elles sont plus grandes et quelquefois fort belles chez les spécimens colorés. Saville Kent, à qui elles n'avaient pas échappé, les considéra comme des « sporular bodies (3) ». H. J. Carter en a aussi parlé, en 1884, mais sans se rendre un compte exact de ce qui s'offrait à sa vue. Enfin, Dendy vient de les retrouver dans une Homocœla de (1) A. Dendy, à Monograph of the Viclorian Sponges, pt I. Trans. Roy. Soc. Victoria, II 1, July 1891. (2) A Banyuls aussi, je l'ai rencoalrée blanche, jaune soufre, bleu clair et rouge orangé. (3) S. Kent, A Mamial of the LnfusoricL I, p. 473. London, 1880-82. SÉANCE DU 10 MAI 1S92 129 Port Phillip Heads (Australie), Leucosolenia cavata Carter sp. Leur aspect l'a beaucoup surpris, l'empêchant de croire qu'il pût s'agir d'éléments normaux. Il a vu sous la couche endodermique, à inter- valles à peu près réguliers, des amas de sphérules brillantes, grou- pées autour d'une tache semblable à un noyau; mais la signification de ces sphérules, que, par prudence, il appelle des granules jaunes(i), lui a paru tout-à-fait énigmatique. Pourquoi faut-il que, après avoir plaidé en faveur de cette hypothèse, qu'ils appartiendraient réelle- ment à l'Eponge, il s'en soit tenu à cette supposition erronée que ces corps représentent des algues symbiotiques ! L'examen de Leucosolenia coriacea vivante élucide la question d'une façon péremptoire, car il est impossible de ne pas reconnaître sans hésitation dans ces cellules activement amiboïdes l'équivalent des rosettes de Halisarca Dujardini, Chondrosia reniformis, Reniera semituhulosa , Aplijsina aerophoba, Clioyia celata, Pachymatisma Johnsonia, Hexactinella Grimaldii, etc. En réalité, la seule chose qui doive nous étonner, c'est la rareté, chez les Calcarea, d'une sorte d'éléments chargés d'un rôle physiologique aussi important. Qu'on me permette, en terminant cette notice, de relater une autre observation, malheureusement unique, prise encore sur Leucosolenia coriacea, à Roscoff, en 1890. Ayant recueilli dans un fond de drague un petit échantillon jaune verdâtre de cette espèce, fixé en un seul point sur une colonie d'Hydraires, j'en examinai au microscope la partie qui s'insérait directement au support : elle me présenta un enchevêtrement d'oxes calcaires flexueuxet contournés (voy.fig.E). Ces spicules correspondent, vraisemblablement, aux oxes à crans de Sycon coronatum, S. quadraiigulatum, etc. De tels organites, spécialisés pour la fixation, ne se développant qu'au voisinage immé- diat du support et seulement pendant les premiers temps de la vie, on comprend qu'ils fassent toujours défaut dans l'animal adulte. J'ai tenté, en vain jusqu'à présent, de renouveler cette observation ; peut-être cet insuccès s'explique-t-il par la difficulté extrême de préciser le point où la larve a dû se poser ? OUVRAGES REÇUS LE 26 AVRIL 1892 J. deGLERNE, Armand de Quatrefages (I8l0-18n). Notice nécrologique. Bull, tle la Soc. de géogr. de Lille, 1892. OFFERT PAR LE MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : N. PatouillarDj Enumération des Champignons observés en Tunisie. Explora- tion scientifique de la Tunisie. Paris, in-S» de 19 p., avec atlas de 2 pi., 1892. (1) Loco cit., p. 18. 130 SÉANCE DU 10 MAI 1892 OUVRAGES REÇUS LE 10 MAI 1892. OFFERTS PAR M. CH. BRONGNIART : Ed. André, Les parasites el les maladies de la vigne. Bull. Soc. scientif. de la jeunesse, 3« année, 1880-81. 1. Ch. Brongniart, Sur un nouveau Poisson fossile du terrain liouiller de Commenlry {Allier), Pleuraeanthus Gaudryi. Bull. Soc. géol. de France, (3), XVI, 1888. 2. 1d,, Faune ichthyologique. X^" partie, 1888. 3. Id., Michel Eugène Chevreul. Le Naturaliste, la avril 1889. 4. Id., Insectes. Annuaire géologique universel, V, 1889. 5. Id,, Note sur quelques Insectes fossiles du terrain houiller qui présentent au prothorax des appendices aliformes. Bull. Soc. phil. Paris, (8), II. 1890. G. Id., Nouvelle espèce du genre Rosalia, Le Naturaliste, 1" juillet 1890. 7. Id., Une espèce nouvelle de Locustide du genre Megalodon. Le Naturaliste, 1;') décembre 1890. 8. Id., le Criquet pèlerin, Acridium peregrinum Oliv., ses métamorphoses, son parasite cryptogame. Le Naturaliste, 15 septembre 1891. 9. Id., Les Champignons parasites observés sur les Criquets pèlerins en Algérie. Soc. nation. d'Agriculture de France, 1891. 10. Id., Insectes. Annuaire géologique universel, VI, 1889. 11. Id., Les Champignons parasites des Acridiens. Compte-rendu de la Soc. phil. de Paris, 26 décembre 1891. 12. Id., Histoire naturelle populaire. Vhonwie et les animaux. Bibliothèque Camille Flammarion. Paris, 1892 (premier fascicule). 13. Id., Les Hyménoptères fossiles. — Annexe au (( Species des Hyménoptères d'Europe)), par M. Ed. André, 1" fascicule, 1" janvier 1881. 14. Id., The fossil Insects of the primary group of Rocks : a rapid survey of tfie entomological fauna of the palœozoic Systems. Manchester geolog. Soe., 1885. l.J. Id., Célébration du centenaire de M. Chevreul, 31 août 1786 —31 août 1886. Rouen, 1886. 16. Id., Œuvres scientifiques de Michel Eugène Chevreul, doyen des étudiants de France, 1806-1886, par Godefroy Malloizel, avec une introduction de M. J. Des- jîoyers et une préface de M. Charles Brongniart. Paris, 1886. 17. Id., Les Insectes des temps primaires. Soc. des amis des se. nat. de Rouen. 18. Id., Les Blattes de l'époque houillère. G. R. de l'Ac. d. Se, 4fév. 1889. 19. Id., Les métamorphoses des Criquets pèlerins (Acridium peregrinum Oliv.). Ibid, 21 septembre 1891. 20. Id., Le Cryptogame des Criquets pèlerins. Ibid., 29 juin 1891. 21. Id., Les Criquets en Algérie. Ibid., 8 juin 1891 . 22. Id., Sur un nouveau Poisson fossile du terrain houiller de Commentry (Allier). Ibid,, 23 avril 1888. 23. Id.y Les Insectes feuilles. Magasin pittoresque, 30 nov. 1890. SÉANCE DU 10 -MAI 1892 131 24. Id., Tableaux d'histoire natureUe Zoologie. Paris, 1888. 25. Id., Monographie du genre Euinegalodon {Orthoptères de la famille des Locustides), tribu des Eumegalodonidae. Nouvelles Archives du Muséum, (li), mém. m. 26. Id., Monographie du genre Palophus (Orthoptères de la famille des Phns- miens). Ibidem. 27. Id., Coléoptères. Longicornes. Ibidem. Ch. Brongniart et Gaubert, Fonctions de l'organe pectini forme des Scorpions. G. R. Ac. d. Se, 28 déc. 1891. J.-B. Dumas, Notice sur les derniers travaux d'Adolphe Brongniart, iS8l. A. W. HoFMANx, Complément de la biographie de Jean -Baptiste- André Dumas. Moniteur scientif. du D"" Quesiieville, 1885. Id., Les savants illustres. Jean-Baptiste- André Dumas. Moniteur scientifique du D' Quesneville? avril 1880. offert par m. j. de guerne : G. Briquel, Note sur /'Artemia salina. Nancy, 1881. 132 Séance du 24 Mai 1892 PRÉSIDENCE DE M. PH. DAUÏZENBERG, PRÉSIDEiNT M. le Ministre de riiistruction publique adresse l'ordre du jour du prochain Congrès des Sociétés savantes. M. le D^" H. FocKEu, de Lille, assiste à la séance, ainsi que M. le D^' JoussEAUME, récemment revenu de sa mission à la Mer Rouge. M. Martel est élu membre de la Société. M. Chaper croit utile de mentionner au Bulletin là provenance exacte de la grande espèce de Mutela {M. exotica Lk.) dont il a montré dernièrement un très bel échantillon à quelques-uns de ses confrères. Cet échantillon lui a été envoyé, ainsi qu'un très grand nombre d'autres, en très mauvais état, par un agent résidant à Kotonou. Jusqu'à présent il ne semble pas qu'on eût de données certaines sur la provenance de cette espèce. Lamarck (Encycl. méth.) dit que l'espèce habite « les rivières des climats chauds » : c'est un peu vague. Isaac Lea {Sijn. of the Fam. Unionidae) dit qu'elle habite « le Sénégal. » M. Chaper croit pouvoir affirmer, comme résultat de ses observa- tions personnelles, que la M. exotica est inconnue dans les lagunes d'Assinie et de grand Bassam, à 6° W de la lagune de Kotonou, tout en faisant les réserves nécessaires au sujet de cette énonciation purement négative. D'autre part aucun renseignement ne lui est parvenu, qui puisse lui faire admettre que l'espèce vive au Sénégal, où elle ne pourrait guère passer inaperçue. Il estime donc que, pour le moment, la seule provenance démon- trée est la lagune de Kotonou, et pense que l'aire de dispersion de cette espèce est moins considérable qu'on ne l'admettait. D'autre part, il y a lieu de noter qu'elle se tient dans les parties vaseuses de la lacune et non dans les cours d'eau. SÉANCE DU 24 MAI 1892 13^ NOTE SUR UNE INCUBATION CONTINUÉE PAR UN MALE PINSON (FRINGILLA CJELEBS L.;, par Xavier RASPAIL. Les espèces d'Oiseaux dont le mâle participe à l'incubation doi- vent être considérées comoie de très rares exceptions. A la vérité, les observations sur ce sujet peuvent faire défaut par la raison que ce n'est que grâce à une persévérante attention et à des conditions d'habitation particulières qu'il est possible de poursuivre avec prolit l'étude des mœurs des Oiseaux pendant l'intéressante période de leurs amours. Le plus remarquable exemple que je connaisse est donné par la Fauvette à tète noire {Sylvia atricapilla Scop. ex L.). Le mâle, en efïet, partage avec sa femelle les dures fatigues de la couvaison et j'ai rejnarqué souvent que pour sa part il tient le nid la plus grande partie de la journée. Chez cette espèce l'observation est facile, car il suffît d'apercevoir la tête de l'Oiseau pour être fixé sur son sexe. Pour les autres Fauvettes, dont le mâle et la femelle ont une livrée presque identique et difficile à différencier à quelque dis- tance, il serait intéressant de rechercher s'il n'existe pas d'exemples semblables ; mais pour y parvenir on se trouverait évidemment en présence d'importantes difficultés dont la plus sérieuse résulterait de la nécessité de recourir à de nombreux et regrettables sacrifices de ces précieux insectivores. En ce qui concerne le Rossignol, par exemple, il ne peut exister aucun doute ; le mâle ne participe pas même à la construction du nid et encore moins se préoccupe-t-il de venir soulager sa femelle des engourdissantes heures qu'elle passe sur ses œufs. Tandis qu'elle ne se décide à les quitter que quelques instants, matin et soir, pour manger à la hâte, lui, perché loin de sa compagne, chante avec passion nuit et jour, jusqu'au moment où l'éclosion des jeunes lui rappelle ses devoirs de père et l'amène à joindre ses efforts à ceux de la mère pour suffire à leurs besoins. A rencontre de ce virtuose égoïste, que j'ai qualifié autre part de mauvais époux (1), on trouve de nombreuses espèces chez lesquelles le mâle, sans jamais suppléer la femelle sur les œufs, l'aide dans la constru»ition du nid, en lui apportant les matériaux néces- (1) Monographie du Rossignol, 1879. XVIL - 11 134 SÉANCE DU 24 MAI 1892 saires et se montre plein de sollicitude à son égard en lui prodiguant des soins empressés pendant qu'elle couve. J'ai passé, cette année, d'agréables instants à regarder un Oritelongicaude {Orites caiidatus G. R. Gray ex L.) apportant de petits Insectes de choix à sa femelle enfermée dans le ravissant nid qu'édifie cette espèce ; les petits cris joyeux avec lesquels elle accueillait son époux indi- ([uaient tout le plaisir qu'elle éprouvait de ces délicates attentions. Règle générale, c'est bien à la femelle qu'est réservé le soin de poursuivre l'œuvre de l'incubation, qui n'est en résumé qu'une véritable gestation lui revenant de droit. L'exemple de la Fauvette à tête noire est une exception, car on ne le voit pas se reproduire comme on pourrait s'y attendre, chez tous les Oiseaux monogames qui se montrent pourtant très attachés à leur femelle. Ainsi, le mâle de la Perdrix grise (Stama cinerea Rp. ex Charlet. ) qui reste la plus grande partie du temps couché à côté de sa com- pagne, ne la remplace pas sur le nid lorsqu'elle se lève pour aller manger ; il la suit partout dans sa hâtive promenade et revient avec elle pour reprendre son rôle de compagnon fidèle. Il ne couve jamais, cependant l'excès de son amour paternel est si grand qu'il le pousse à adopter jusqu'à des poussins étrangers et à les entourer des soins les plus tendres. 11 en est de même pour le Pinson ordinaire, chez qui le même sentiment est aussi très développé; il aide sa femelle dans l'édifi- cation du nid qui est assurément l'un des plus artistement construits par les Oiseaux d'Europe, et s'occupe de pourvoir à la nourriture des jeunes ; mais je ne l'avais jamais vu tenir le nid pendant la période d'incubation. Le fait d'un mâle Pinson occupé à couver devait donc attirer mon attention par son anomalie et m'amener à relever les observations suivantes. Vers les derniers jours de Mars dernier, un couple de Pinsons qui achevaient de construire leur nid dans la fourche d'un baliveau de Chêne, virent leur travail brusquement anéanti par les fortes bour- rasques du 30 Mars; le nid fut jeté à terre. Quelques jours après, ils le reconstruisirent à côté sur un Cerisier mahaleb en se servant des mêmes matériaux qu'ils allaient reprendre au premier, habitude assez commune du reste chez le Pinson, quand il fait sa seconde ponte. Mais je remarquai avec le plus vif intérêt la modification apportée dans l'établissement de ce nouveau nid, pour lui donner une solidité lui permettant de résister cette fois à la violence du vent. Outre tout l'ensemble des matériaux ordinairement employés par l'espèce, nos Oiseaux avaient mélangé dans le feutrage, quantité de bouts de fil qu'ils avaient dû ramasser près des maisons ; on en apercevait tout SÉANCE DU 24 MAI 1892 135 autour, et plus tard, eu l'exaiuinaut, j'ai trouvé de ces fils ayaut jusqu'à 0'"40, enchevêtrés eu tous seus après avoir contourné les branches servant de point d'appui au fond du nid. A n'en pas douter, l'intention de donner une plus grande cohésion à l'édifice et d'éviter une nouvelle catastrophe avait présidé à cette innovation intelligente. Le 6 avril, le nid contenait un œuf et, quelques jours plus tard, la femelle étant bien occupée à couver, je n'avais plus aucune raison de m'y intéresser davantage, lorsque, le 17, ayant voulu m assurer que ce nid n'avait pas été détruit par les Chats (qui, cette année, ont encore fait plus de ravages que les années précé- dentes dans ma propriété), je fus très surpris de voir le mâle à la place de la femelle; toute la journée, jusqu'à la tombée de la nuit, il resta sur les œufs ; il en fut de même le lendemain, et les jours suivants je ne le vis s'absenter que quelques instants pour manger. La femelle avait disparu, et ce mâle exceptionnel n'avait pas hésité à poursuivre l'œuvre commencée. Le 26, je trouvai les jeunes éclos depuis un à deux jours ; la température étant très basse, le père se tint presque toute la journée sur eux. Le 30, par un vent glacial et fort, il ne les quitta que pour aller chercher leur nourriture, et rien n'était touchant comme l'activité affairée de ce pauvre veuf et toute la peine qu'il se donnait pour poursuivre cette rude tâche de pourvoir, à lui tout seul, aux besoins de ces cinq affamés. Le 5 mai, à quatre heures et demie du matin, je l'aperçus couché sur le bord du nid trop petit pour contenir les jeunes tout emplumés et prêts à le quitter. Ce jour même, une nouvelle surprise m'était réservée : l'après- midi je vis, pour la première fois^ une femelle donnant la becquée aux jeunes de concert avec le père de famille. Les petits, par leur turbulence, montraient leur impatience d'abandonner leur berceau et d'entrer définitivement dans la vie active; le lendemain, en effet, ils étaient partis. C'est donc seulement après avoir accompli le plus fort de sa tâche, que ce mâle Pinson avait songé à reformer une nouvelle union avec une femelle rendue libre peut-être comme lui, par les hasards et les dangers de la vie des Oiseaux. Un fait tout semblable a été constaté il y a quelques années au Muséum d'Histoire naturelle de Paris (1). Une femelle de Lady Amherst avait pondu neuf œufs qu'elle se mit à couver avec assiduité jusqu'au huitième jour, où ou la trouva (1) L'Acclimatation de 1888, ii» 54, page 41G du supplément. 136 SÉANCE DU 24 MAI 1892 morte sur le nid. Le gardien enleva son cadavre et s'absenta à peine un quart d'heure pour aviser au moyen de sauver les œufs en les confiant à une autre couveuse. A son retour, il trouva le mâle installé sur le nid et paraissant si bien entré dans son nouveau rôle qu'on lui laissa continuer l'incubation. Au bout de seize jours il amena Féclosion de six jeunes Faisandeaux qui sortirent des coquilles dans les meilleures conditions de santé, et pendant leur éducation, il se conduisit à leur égard avec le calme et la douceur de la mère la plus attentive. Il y a certainement, dans ces deux cas, une preuve de la perfec- tibilité de l'intelligence chez les Oiseaux, car, il serait puéril de considérer autrement de telles manifestations de sentiments en les mettant sur le compte seul de l'instinct. DESCRIPTION DE GAMMARUS DELEBECQUEI nov. sp. DU LAC D'ANNECY, SUIVIE DE QUELQUES REMARQUES SUR LES AMPHIPODES D'EAU DOUCE DE LA FRANCE, par E. CHEVREUX et J. de GUERNE. Le Crustacé que nous allons décrire a été recueilli eu plein hiver dans des conditions tout à fait spéciales. Il provient d'une source dont MM. Delebecque et Legay, ingénieurs des Ponts et Chaussées, ont démontré l'existence en un point particulier du lac d'Annecy, appelé le Houhioz. C'est une soi'te d'entonnoir dont les parois vaseuses présentent « une inclinaison variant entre x20o et W et » dont le fond rocheux se trouve à 80™60 au-dessous du niveau de » l'eau, soit iC)"^ plus bas que le plafond du lac (1). » En février 1891, la glace étant assez solide, des recherches ont pu être pour- suivies avec une grande précision, sur la température des eaux du Boubioz. Au fond de celui-ci, le thermomètre à renversement de Negretti etZambra marquait H°8 au lieu de 3^8, à la profondeur de 65"^, sur le plafond du lac. Après chaque expérience, l'instru- ment retiré du Boubioz ramenait à la surface un certain nombre d'Amphipodes. (1) Delkhecqi'e et Legay, Sur la dccnuverle d'une source au fond du lac d'An- necy. Compl.-rend. Acad Se, 20 avril 1801 ; voir également : Delebecque et Legay, Notea sur les sondages du lac d'Annecy, avec carte. Ann. des Ponts et Chaussées, mars 1801. SÉANCE DU 24 .MAI 1802 137 Soumis à notre examen par M. Delebecque, ces animaux, appar- tenant au genre Gammarm, nous ont paru bien différents du G. index, avec lequel leur aspect général et leurs dimensions ten- draient à les faire confondre tout d'abord. Il devient nécessaire de les distinguer comme espèce et nous sommes heureux de dédier celle-ci au savant hydrographe qui nous l'a fait connaître. Gammarus Delebecquei Corporls forma fere ut 0. pulice auct. Oculi majore:^. Aniemiie supe- rlorcs elongatie, extreiidtaten thoracis attbigentes, fJagello apud maren Si-arikulato. Anteume inferlorps. peduucuhf gracile et producto. Pedes magis tenues quam apud G. pulicem. Pedes 6tiet 7^i paris articula basali interne angustiore. Uropoda 3^^ paris ramo interna vix dimidiani extern i partent atting ente, ramis coniparate parum setosis. Telson lohis ad apiceni 2 spinis annatis. Long. Mas. I2nim., fonina 8mm. Par sa conformation générale, cette espèce ne diffère pas sen- siblement du G. pulex auct. La forme des épimères des trois premiers seg- ments abdominaux, la disposition et le nombre des épines entremêlées de soies qui garnissent les trois derniers segments, sont les mêmes. Les antennes supérieures (fig. 1)(1), très allongées, sont aussi longues que l'ensemble de la tête et du thorax. Le Fig. \.~ G. Delebecquei c^,œil et antennes. Fig. 2, — G. pulex cf", œil et antennes. (I) Les figures comparatives entre G. Delebecquei et G. pulex ont été dessinées à la chambre claire^ au même grossissement. 138 SÉANCE DU 24 MAI 1892 fouet comprend de 32 à 35 articles chez le mâle adulte, au lieu de 25 à 28 chez le mâle de G, pulex (fig. 2) ; il est, comme d'habitude, beaucoup plus court chez la femelle. Le fouet accessoire se compose de trois articles à peu près d'égale taille, suivis d'un quatrième article rudimentaire. Le pédoncule des antennes inférieures est plus grêle et plus allongé; le fouet comprend, comme chez l'espèce commune, 12 articles; il est garni dans toute sa longueur de soies d'égale taille (fig. 1); chez le G. pulex bien typique, au contraire, les soies des articles médians sont beaucoup plus longues et plus touffues que celles des articles extrêmes (fig. 2). Les yeux, légèrement réniformes, sont beaucoup plus grands: leur grand diamètre est à peu près parallèle au bord antérieur de la tête; il est au contraire placé oblique- ment chez G. pulex. Les pattes des deux pre- mières paires diffèrent à peine dans les deux espè- ces. Les propodes sont néanmoins un peu plus étroits chez G. Delebecquei ; les cinq paires de pattes suivantes sont aussi un peu plus grêles. Un caractère différentiel assez saillant consiste dans la forme de l'article basai des pattes des deux dernières paires, dont le bord postérieur est régulièrement arrondi chez G. pulex {fv^ A), tandis que,dans notre espèce, ce même article se rétrécit brusquement à sa partie inférieure, le bord postérieur présentant une courbure concave assez accentuée (fig. 3). Les uropodes de la dernière paire sont bien différents. On sait que chez G. pulex, la branche interne atteint à peu près les trois quarts de la longueur de la branche externe (fig. 6); dans notre espèce, la branche interne, beaucoup plus grêle, ne dépasse pas la moitié de la longueur de l'autre, non compris le petit article terminal (fig. 5). Fisf. 3. G. Delebecquei c^. Fi?. 4.— G. pulex c^. Pattes de la dernière paire. SÉ\NCE DU 21 MAI 1892 139 La branche externe, plus étroite chez G. Dolebecquei, est garnie de nombreuses épines, cette même branche n'en portant que deux au bord latéral chez G.pulex; les soies sont, au contraire, plus courtes et plus rares, et celles du bord interne seules sont ciliées. Pour ne pas masquer le pédoncule, nous avons figuré une seule des lamelles du telson ; on voit qu'elle est un peu plus étroite chez G. Delebecqiiei (fig. 5); elle se termine par deux épines, au lieu d'une chez l'espèce commune (fig. 6). On retrouve les mê- mes caractères distinc- tifs chez la femelle; les antennes supérieures sont beaucoup plus lon- gues que les inférieures ; l'article basai des pat- tes des deux dernières paires est rétréci à sa partie inférieure; enfin, Fig. o. — G. Deiebec- les uropodes de la der- la dernière paire et niere paire, bien que moitié gauche du beaucoup plus petits que chez le mâle, affec- tent les mêmes proportions relatives. Chacune des lames du telson porte aussi deux épines à son extrémité. La longueur d'un mâle adulte est de 12 millimètres, mesurés du bord antérieur de la tète à l'extrémité du telson. La femelle, beau- coup plus petite, comme chez tous les autres espèces du genre, n'atteint que 8 millimètres. Dans la description précédente, nous avons pris comme terme de comparaison un Gaminarus provenant de l'étang de Ghaville (Seine- et-Oiseet que nous considérons comme la forme typique de G.pulcj- auct. Cette espèce est très variable suivant les localités. Chez beau- coup d'exemplaires (mâles adultes), nous n'avons pas retrouvé, par exemple, les longues soies des articles médians des antennes infé- rieures. A notre avis, toutefois, les diverses formes de G. pulex présentent constamment deux caractères invariables : l'œil, très Fi?, Vu— G.pulex o^. Uropo- de la dernière paire et moitié gauche du telson. 140 SÉANCE DU 24 MAI 1892 petit, placé obliquement, et une seule épine à rextrémité des lamelles du telson. Quoi qu'il en soit, la découverte d'un Gammarus inédit dans les eaux douces de la France est d'autant plus digne d'attention qu'on y connaît seulement aujourd'hui trois espèces d'Amphipodes : G. pulex auct., G. puteanus Koch et G. rhipidiophorus Catta. Encore, ce dernier n'a-t-il été observé qu'une fois, dans un puits où l'eau est alternativement douce et saumâtre, à la Giotat (Bouches-du- Rhône) (1). Aux formes énumérées ci-dessus nous ajouterons un type marin, G. loeusta Lin., capable de s'adapter à l'eau complètement douce et (1) Catta, Sur un Àmphipode nouveau, le Gammarus rhipidiophotrus. Actes Soc. helvétique se. nat., 60^ session, Bex, 1877. Compte rendu publié ])ar le secré- taire du Comité annuel, le professeur F. A. Forel, Lausanne, 1878. Le travïiil de Catta étant fort peu répandu (le Rev. Tli. U. R. Sfebbing n'en a donné qu'une courte analyse dans le Challenger Report, Àmphipoda, i" partie, 1888, p. 475). on nous saura gré d'en extraire les lignes suivantes. Les types de G. rhipidiophurus ne paraissant pas avoir été conservés et aucune figure n'en ayant été publiée, celte courte description, assez incomplète d'ailleurs, constitue le seul document qui puisse permettre de reconnaître l'espèce. « L'Ampliipode dont il est ici question a été trouvé dans de singulières condi- tions d'habitat. Il a été jusqu'ici impossible de le découvrir ailleurs que dans un puits situé à la Ciotat (Bouches du-Rhône, France), à une centaine de mètres de la côte méditerranéenne. » (( Le fond de ce réservoir corresponde peu })rès au niveau «le la mer et l'eau y devient saumâtre en été. Cependant quand j'ai voulu conserver vivants ces petits Crustacés, j'ai toujours mieux réussi en les gardant dans l'eau douce abso- lument pure que dans des mélanges d'eau douce et d'eau salée. » « Cette observation |)ermet d'afllrmer que le G. rhipidiophorus est un Crustacé des eaux douces capable de s'adapter à des conditions biologiques ])lus haloïdes. » « Le fait est d'autant plus important que tous les Gammarus de nos ruisseaux, de nos fontaines, de nos lacs et de nos puits doivent être considérés comme lies émissions de la faune marine, comme des descendants de types peut-être éteints qui ont remonté jadis de la mer dans les cours d'eau ou que les changements géographiques, révélés par la géologie, ont laissés isolés loin des rivages mari- times. » « Dans le cas actuel nous avons, au contraire, affaire à un ôlie dont les mœurs indiquent une tendance au retour vers l'eau salée. » « J'esquisserai rapidement ici les principaux traits qui donnent la i>hysionomie spécifique de ce remarquable Edriopfithalme. >) « Il est un caractère qui a passé toujours inajterçu dans la description de quelques espèces du genre Gammarus, c'est le dével«)p|)ement que prennent les oinetnents du premier péréïopode. Le carpe et le piopode de ce membre, chez les G. pulex de nos régions, montrent des rangées de soies puissantes entremêlées de piquants vigoureux. Le G. loeusta, qui vit dans les Algues et les graviers «le la cijte méditerranéenne, offre les mêmes particularités du premier péréïopode. Le G. rhipidiophorus nous présente l'extrême exagération de ce caractère. Chez SÉANCE DU 24 MAI 1802 141 qui remonte très haut dans les fleuves. Cet Amphipode est extrê- mement commun dans la Loire, en amont de Nantes, à plus de 80 kilomètres de la mer (1) et se trouve aussi dans les rivières delà Corse et de la Provence, au voisinage de l'embouchure. Dans des conditions analogues, G. locusta a été sans doute maintes fois con- fondu avec G. pule.r; les naturalistes les plus consciencieux peuvent s'y tromper, et nous savons par le D^ Dabi (2) que cela est arrivé au Di" Kraepelin, de Hambourg, qui a signalé dans la distribution d'eau de cette ville, un G. pulex, lequel est en réalité G. locusta, ayant remonté l'Elbe. Une confusion semblable a pu se produire d'autre part entre G. pulex et G. Delebecqnei et nous ne serions pas étonnés d'apprendre que cette espèce se rencontre dans nombre de lacs profonds de l'Europe centrale (3). Etant donnée la station où ce Crustacé a été lui, le cari)e et. le propode du membre dont il sagitsonl garnis d'immenses poils plumeux disposés par rangées tranversales et entremêlés de piquants. Lanimal, en nageant, agite constamment ses premiers péréipodes, de sorte que l'on est immédiatement frappé, en le regardant, pai- le va et vient de ces grands plumeaux blancs avec lesquels il balaye tout ce qui l'entoure. C'est pour faire allusion à la longueur, à la souj)lesse et à l'abondance de ces poils, que j'ai donné à cet Amphipode le nom de rhipidiophorus (pmi'otov, balai déplumes). » « Je dois ajouter encore que ce premier péréiopode est beaucoup plus long que le second, ce qui est rarement le cas chez les Gammarides. » {( Un caractère spécifique non moins important peut être tiré de l'examen des derniers pléopodes. Il est de règle à peu près absolue, chez les Amphipodes léguliers, que le quatrième pléopode (premier uropode) dépasse en dimensions le cinquième, qu'il embrasse et auquel il sert, poui- ainsi dire, de cadre... » « Chez notre G. rhipidiophorus, le quatrième pléopode est beaucoup plus court et beaucoup plus réduit que le suivant. . . , . » (( Le sixième pléopode est énorme en comparaison des précédents et eu égard à la taille de l'animal. Il est terminé par deux rames inégales : l'une d'elles est rudimentaire et l'autre, garnie de nombreuses rangées de grandes soies et de pi(iuants, est ccmjjosée de deux articles dont le dernier est assez réduit. » [Lac. cit., p.2o6-259). (1) Il est bon de noter que G. pulex abonde dans les fossés des prairies qui bordent la Loire, ainsi qu'au lac de Grandlieu (Loire- Inférieure). (2) F. Dahl, Untersuchungen ïiber die Thierwelt der Unterelbe. Sechster Hericht d. Kommis. z. wiss. Unlers. der deutschen Meere, Kiel, 1801, {). 168. (3) Le professeur F. A. Forel a déjà trouvé dans les lacs de Genève, de Zurich et même d'Annecy des Gammarus qui — peut être? — ne difïèrent pas de G. Delebecquei . A ce propos, les passages suivants de son mémoire sur La faune pro- fonde des lacs suisses (Nouv. Mém. Soc. helvôt.sc. nat., XXIX, 1885), nous paraissent devoir être reproduits ici. (t Ce joli Gammarus, d'assez grande taille et normalement pigmenté, est très rare devant Morges dans la région profonde où je ne l'ai péché qu'une seule fois, par 40 mètres de fond. En revanche, il doit être plus fréquent devant Ouchy, d'où 142 SÉANCE DU 24 MAI 1892 remarqué pour la première fois, il est permis de supposer qu'il se dissémine parles uappes d'eau souterraines à la façon de G.puteanus, si répandu sur le continent européen et jusque dans les îles, et de tant d'autres organismes dont la dispersion par les eaux phréatiques a semblé longtemps fort extraordinaire (1). OUVRAGES REÇUS LE 24 MAI 1892. J.-A. Allen, Description of a new Gallinule from Gough island. American Muséum of nat. historj, IV, n» 1, p. 57. 1892. CoTTEAu, Les Echinides [éocèms de la Loire-Inférieure et de la Vendée. Bull, de la Soc. des se. nat. de l'ouest de la France, I, p. 127, 1891. Id., La géologie aux Congrès de Frihnurg et de Marseille en iSdl. Auxerrc, in-8o de 28 p., 1892. Id., Sur un genre nouveau d'Echinide crétacé, Dipneustes aturicus Arnaud. Comptes-rendus de l'Acad. des se, CXIV, il avril 1892. A. DuGÈs, Ave nueva de Mexico. — Dendroica Dugesi Henry K. Coale. La Natu- raleza, (2), II, 1891. J. UE GuERNE, L'histoire des Némertiens d'eau douce, leur distribution géographique et leur origine. Comptes-rendus de la Soc. de biologie, 30 avril 1892. A. Hassall et C.-VV. Stiles, Strongylus rubidus, a new species of Nemalode parasitic in pigs. Journ. comp. medic. and veterinary archives, april 1892. F. JoussEAUME, Espèces terrestres de Massaouah, de Périm et d'Aden, suivies d'un supplément à la faune malacologique de la péninsule arabique. Bull, de la Soc. malac. de France, VII, juin 1890. A, Le Breton, Compte-rendu de la session extraordinaire de la Société mycologique de France tenue a Rouen du io au W octobre 189I. Rouen, 1892. j'en ai reçu plusieurs exemplaires, capturés sur les filets a Fera, descendus dans le lac entre 200 et 300 mètres. Les pécheurs m'ont affirmé qu'il se trouvait en grand nombre sur ces filets. » (Loc, cit., p. 112). « Gammarus pulex descend jusqu'à 140 mètres de fond ]>rès d'Oberried, lac de Zurich, en exemplaires de petite taille, et non colorés, trans])arenls (glasartig durchsichtig, Asper) . L'œil est bien conformé et brillamment pigmenté. A Hor- gen et à Wâdensweil, les exemplaires de G. pulex que j'ai péchés en 188 1 (par 40 à 80 mètres de fond), m'ont apparu plus pigmentés que je ne m'y attendais d'après la description d'Asper. » {Loc. cit., |». 137). (1) L'existence des yeux, voire même leur grande dimension relative, chez G. Delebecquei, ne doit pas empocher de le considérer, comme pouvant pénétrer et vivre dans les eaux souterraines, témoin l'exemple des Gammarus observés par R. Schneider à Clausthal. (R. Schneider, Der unterirdische Gammarus von Claus- thal, etc. Sitzungsb. k. preus. Akad. Wiss., Berlin, 1885, n" XLIX). Le professeur Moniez a signalé à Lille un Gammarus de grande taille (22"'"', antennes non com- prises), et qui paraît être dans le même cas. (Moniez, Faune des eaux souterraines du département duNord^ etc. Rev. biolog. du Nord, I, p. 242, avril 1889). 143 Séance du 14 Juin 1892 PRÉSIDENCE DE M. SCHLUMBERGER, DOYEN D'A<îE M. Thollon, naturaliste au CoDgo, attaché à la missioQ deBrazza, assiste à la séance. MM. Blanchard, Dautzenberg, Faurot, Oustalet et Richard s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. Bedot, directeur du Musée d'histoire naturelle de Genève, remercie la Société d'avoir admis ce Musée au nombre de ses membres. En réponse au télégramme de félicitations qui lui a été adressé par le Secrétaire général, le 23 mai, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la publication de la Faune belge, M. le baron Edm. de Selys-Longchamps exprime tous ses remerciements à la Société. MM. Simon et Blanchard présentent M. Henri Martin, licencié ès-sciences naturelles, 4, rue Faustin Hélie, à Paris. MM. J. de Guerne et R. Moniez présentent M. P. Pavesi, professeur de zoologie à l'Université de Pavie (Italie). M. E. André a étudié une petite collection de Fourmis recueillie à Ceylan par M. Emile Deschamps, au cours de son dernier voyage scientifique. Cette collection comprend six espèces, toutes assez communes : Camponotus waculatus F., race mitis Smith, C. venustus Mayr, Œcophijlla smaragdina F., Tecknomyrmex albipes Smith, Odontomaclius haematodes L., Mynnicru'ia subcarinata Smith. A l'occasion du Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne ont été nommés : M. J. de Morgan, chevalier de la Légion d'Honneur; M. le D'" Hyades et M. le D^" H. Labonne, otficiers de l'Instruction publique; M. Lé veillé, officier d'Académie. M. le Président leur présente de vives félicitations au nom de la Société. M. Jules de Guerne donne un compte-rendu sommaire du Congrès des Sociétés savantes, réuni à la Sorbonne du 7 au H juin 144 SÉANCE DU J4 JUIN 1892 1892 et auquel la Société l'avait nommé délégué. Toutes les commu- nications de Zoologie ont été présentées dans la séance du 9 juin (section des Sciences), présidée par M. Milne-Edwards, M. Léon Vail- lant remplissant les fonctions de secrétaire. Voici l'indication des travaux communiqués au Congrès par les membres de la Société. M. L. Joubiu a exposé le résultat de ses recherches sur l'appareil de la nutrition des Brachiopodes. Cette étude sera publiée prochai- nement dans les Mémoires de la Société Zoologique de France. M. Ernest Olivier a pris récemment à Aïn-Oumach, près de Biskra, province de Constantine, un Ophidien remarquable : Cœlopeltis produeta Gervais. Ce Serpent n'avait été rencontré que deux fois dans les possessions françaises de l'Afrique septentrionale, en Tuni- sie et dans le Sud oranais. Notre collègue a pu faire diverses obser- vations curieuses sur les habitudes du Cœlopeltis (mimétisme, gon- flement du cou, etc.). M. le Di" Lemoine a étudié avec soin le développement et les métamorphoses des Hémiptères parasites des plantes (Pucerons, Phylloxéras, Cochenilles). L'auteur présentait à l'appui de ses recherches une série considérable de fort beaux dessins. Enfin M. Jules de Guerne a résumé les travaux accomplis depuis sept ou huit ans sur la faune des lacs de la France. Il a fait appel au concours de tous les naturalistes habitant la province pour obtenir des matériaux d'études. Grâce aux explorations de MM. Dollfus, Delebecque, Belloc, R. Blanchard, Richard et de Guerne, la faune d'une cinquantaine de lacs des Vosges, du Jura, de la Savoie, des Hautes-Alpes, de l'Auvergne et des Pyrénées se trouve être aujourd'hui assez bien connue, en ce qui concerne surtout les Crustacés pélagiques. Mais il importe que des zoologistes fixés dans le pays même, au voisinage des lacs, recueillent les types d'autres classes d'animaux et étudient leurs conditions d'existence. L'examen des Poissons en particulier est très désirable, spécialement au point de vue de la formation des races locales dans les bassins isolés. Outre les travaux mentionnés ci-dessus, il convient de signaler encore les communications présentées à la section des Sciences les 8 et 10 juin par deux membres delà Société; l'une de M. G. Cotteau, sur les Echinides fossiles, et l'autre de M. E. A. Martel, sur les eaux souterraines, cette dernière ayant donné lieu à l'échange de diverses remarques sur la faune des eaux privées de lumière. SÉANCE DU 14 JUIN 1892 145 NOTES D'HELMINTHOLOGIE BRÉSILIENNE (première note), par le D'^ P. S. de MAGALHÀES, Professeur adjoint à la Faculté de Médecine de Rio de Janeiro. 1. — Taenia cuneata von Linstow, 1872. Il y a près de trois ans, j'ai reucootré à plusieurs reprises, dans le duodénum de la Poule, un petit nombre d'anneaux de Ténia, très vivaces, d(; très petite taille et remplis d'œufs ronds et déjà embryonnés. Les Vers recueillis alors étaient dépourvus de tête. Plus récemment, j'ai pu enfin me procurer deux exemplaires entiers de ce parasite, en raclant la muqueuse duodénale. L'animal est de très petite taille; à l'état complet, il est formé de 12 ou 13 anneaux plus largos que longs. Sa longueur totale est de 3 à 4™™. Le cinquième anneau est long de O^^^IS et large de 0'^™48; le douzième, qui renferme des œufs murs, est long de 0mm24 et large de 0°^i»64. La tête est sphéroidale, longue de 200 a et large de 205 a. Elle est pourvue d'un rostre cylindri([ue, rétractile, long de ISO a, large de 37 [/. 5, armé d'une simple couronne de 12 crochets; ceux-ci ont une forme très spéciale, mesurent 25 \j. de longueur et ont la pointe dirigée en arrière. Les ventouses sont inermes, circulaires, larges de 75 a, profondément excavées. Le parenchyme des deux premiers anneaux ne présente encore aucune trace d'organes génitaux. Les organes mâles se montrent déjà dans le troisième anneau, ainsi que le vagin ; les testicules sont nombreux et épars. Les pores sexuels sont latéraux et percés tout près de l'angle antérieur; ils alternent régulièrement à partir de ce même anneau. Le vitellogène se voit dans le neuvième anneau et dans les suivants. Les œufs se développent à l'intérieur de 13 à 15 grosses vésicules ou cavités rangées suivant le bord postérieur de l'anneau adulte. Quand ils sont mûrs, ils ont fait éclater les vésicules en question et sont disséminés dans toute l'étendue de l'anneau : cela s'observe notamment à partir du douzième anneau et sur les anneaux isolés par rupture spontanée. L'œuf mûr est sphérique, large de 42 \j. et limité par une enve- loppe très épaisse, qui semble être constituée par une double mem- 14B SÉANCE DU 14 JUIN 1892 braiie : l'externe plus épaisse et lioemeiit granulée, l'interne plus mince et anliiste. On voit nettement par transparence l'embryon muni de six crochets longs de 16 ;x. Je n'hésite pas à rapporter ce Ver au Taenia cuneata, que von Linstow a fait connaître en 1872 chez les Poules d'Allemagne. On peut relever quelques difïérences entre ma description et celle de cet auteur, notamment en ce qui concerne la longueur des crochets et la forme des ventouses; mais des variations de cette nature sont fréquentes chez les Téniadés, et je ne pense pas ([u'on doive leur attribuer une bien grande importance. D'ailleurs l'exactitude de ma détermination a été confirmée par le D^ von Linstow lui-même et par le D^" R. Blanchard, et l'on attachera quelque valeur à l'opi- nion de ces deux helminthologistes. Grassi et Rovelli ont retrouvé le Taenia cuneata en Sicile; ils assurent que son hôte intermédiaire est un Ver de terre, ÏAllolobo- phora fœtida Eisen. Gomme le Lombricien en question n'existe point au Brésil, on doit donc en conclure que le Taenia cuneata a su trouver dans ce pays un nouvel hôteiutermédiaii-e à sa convenance. TROISIEME CAMPAGNE DE VHIRONDEI.LE, 1887. SUR UNE PLANAIRE DE LA MER DES SARGASSES {STYLOCHOPLANA SARGASSICOLA MERTENS), par L. von GRAFF, Professeur à l'Université de Gratz. S. A. le prince de Monaco a bien voulu soumettre à mon examen une petite Planaire recueillie en 1887, par M. le baron Jules de Guerne, dans les Sargasses rencontrées par V Hirondelle, à la surface de l'Atlantique, du 21 au 29 juillet, entre 39» et 44° de lat. N., 390 et 470 de long. 0. Les exemplaires, assez nombreux, qui m'ont été remis, appar- tiennent tous à la même espèce : Planaria sargassicola Mertens (1), (Ij Mertens,, Untersuchungen iiber den inneren Bail verschiedener in der See lebenden Planarien. Mém. Acad. imp. se. St-Pétersbourg, (G), se. malh., phys. et liai., II, 1833, p. 13-14, pi. I, fig. 4-G. SÉANCE DU 14 JUIN 1892 147 =: Stylochus pelagicm Moseley (1) = Planocera pelagica Lang (2). C'est un Ver aplati, extrêmement délicat; la partie antérieure du corps est élargie et porte une ventouse, en avant, à la face ventrale. Les individus les plus grands, longs de 1^^, sont larges de 2^^^ au maximum et épais de 0'^°i4 (dans l'alcool). La bouche est située en avant du milieu du corps. Le pliarynx, assez allongé, ne présente qu'un petit nombre de plis. Les deux orifices génitaux sont nettement séparés l'un de l'autre et assez éloignés de l'extrémité postérieure du corps. L'ouverture mâle, placée en avant, conduit à Vantrum masculinum où fait saillie le pénis, garni d'épines chitineuses disposées en rangées longitu- dinales. La partie musculeuse de l'organe copulateur mâle se com- pose d'un cylindre allongé qui porte en avant, sur un long pédicule, une poche séminale, et qui est dépourvu de glande granuleuse (Kornerdrilse, Lang). L'appareil femelle présente un receptaculam seminis {barsa accessoria) longuement pédicule et un appareil des plus remar- quables destiné à fixer le pénis. Tandis qu'il existe chez les autres formes une poche copulatrice à parois épaisses, ici, au contraire, la paroi de cet organe est mince, sauf un pli annulaire très muscu- leux, dont la forme et la structure rappellent celles du pharynx. Le cerveau est situé dans le premier cinquième du corps. De chaque côté de cet organe se trouve un groupe d'yeux épars. En dehors de ceux-ci s'étendent les tentacules cervicaux longs et grêles, dans l'intérieur desquels existe une rangée d'yeux. Il n'y en a point sur la marge du corps. L'ensemble des caractères ci-dessus m'engage à placer la Planaire des Sargasses dans le genre Styloclioplana de Lang. Les autres localités où l'existence de cette espèce m'est connue (Madère, la côte nord de la Nouvelle- Guinée) prouvent que St. sar- gasaicola n'est pas exclusivement propre aux Sargasses; il n'a point pour origine la côte des Indes occidentales; en réalité, c'est un animal vraiment pélagique — holopélagiqiie, dans le sens d'HcBckel (3) — que les courants océaniques ont amené de la pleine mer jusque dans les Sargasses. (1) Moseley, On Stylochus pelagicus, a neio species of pelagic Planarian^ etc. Quart. Journ. of micr. science, (2), XVII, 1877, p. 23-27, pi. III, fig. 9-H. (2) Lang, Die Polycladen des Golfes von Neapel, 1884, p. 454. (3) H.ECKEL, Planktonsiudien. Jena, 1890. 14^ Séance du 28 juin 1892. PRÉSIDENCE DE M. CHAPER, DOYEN D'AGE. M. le professeur A. Milne-Edwards fait connaître à la Société que le Muséum d'histoire naturelle a reçu récemment un exem- plaire en chair du Notorijctes typhlops , le nouveau Marsupial fouisseur, représentant de notre Taupe dans la faune des terres australes. Un Comité s'est constitué récemment, sous la présidence de M. A. Milne-Edwards, pour élever un monument à la mémoire de M. A. DE QuATREFAGES DE Bréau. Lc Couiité a pour secrétaires M. le D^ Verneau et M. Ch. Brongniart, assistants au Muséum, et compte 65 noms, parmi lesquels ceux de MM. R. Blanchard, Blavy, A. Bogdanov, prince R. Bonaparte, A. Dollfus, J. de Guerne, Marion, S. A. S. le prince de Monaco, E. Perrier, Ch. Richet, A. Sabatier, Schlumberger, Steenstrup et Van Beneden, membres de la Société. Les décisions que prendra le Comité seront ultérieurement men- tionnées au Bulletin. Les souscriptions sont recueillies dès main- tenant et doivent être adressées d'une façon impersonnelle à M. le Secrétaire du Comité de Qualrefages, 57, rue Cuvier, à Paris. M. le professeur M. Lessona, président de l'Académie des sciences de Turin, annonce qu'un buste en marbre du sénateur Angelo Genocchi, ancien président de l'Académie, a été inauguré le 18 juin. La Société désigne MM. J. de Guerne et J. Richard pour la représenter au Congrès de l'Association britannique pour l'avance- ment des sciences, qui doit se réunir à Edimbourg du 3 au 10 août; MM. R. Blanchard, Certes et Schlumberger pour la représenter au deuxième Congrès international de Zoologie, qui doit se réunir à Moscou du 20 au 31 août ; MM. Bedot, Cotteau, de Loriol et Studer pour la représenter à la réunion annuelle de la Société helvétique des sciences naturelles, qui doit se réunir à Bâle le 7 septembre ; MM. Certes, Filhol et Viallanes pour la représenter au Cou- grès de l'Association française pour l'avancement des sciences, qui doit se réunir à Pau le 15 septembre. MM. Martin et Pavesi, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. SÉANCE DU 28 JUIN 1892 149 DESCRIPTION DU DIAPTOMUS SCHMACKERI, n. sp., RECUEILLI PAR M. SCHMACKER DANS LE LAC TAIIOO (Chine), par S. -A. POPPE et J. RICHARD. Inter minores et gracUiores sui generis. Frons appendlcibus teniaculi- formibus acutis et mediocr.ibus ornata. Céphalothorax antice niagis quam postice attenualus, latltudine maxuiia ferè in medio sita. Segmenta 2 ultlnia thoracaliain femlna suprà confluentia. sutura inter eaad latera tantum. perspicua. Ultinium eoruni, superne visum, Insigne lobulo dextro validiore quam sinistro, ntroque mucronibus 2 solitis ornalo. Segmentum abdominale primiim feminx (fîg. 1) parti rellquie abdominis longitudine circiterxquaie, basin versus sat dilatatum et in congruens; hoc segmentum utrinque mucrone mediocri armatum, mucrone dextro multo magis quam sinistro segmenti basl approximato. Pneterea basin versus segmentum abdominale primum ad latus dextrum exstans in processum obtusum, apice breviter bilobatum, cui mucro dexter dorsalis adfixus est. Segmentum thoracale ultimum et segmentum abdominale primum apud marem dextrà tantum mucrone brevi prxditum. Segmentum abdominale secundum Fia 1,-7). Sclimackeri 9. Fig. 2. — D. Schmackeri cf. ''ier segment abdominal. Branche droite de la furoa, vue de prolil. Fig. 3. — D. Schmac- lieri cf. Branche droite de la furca, vue de face. médiocre, sequente tamen brevius. Piami caudales médiocres, longitudine segmento antécédent i icquales, setisparum. dlvergentibus et maximâ parte densissime ciliatis. Ramus dexter furcx maris in facie ventrali et finem versus processu unguiforml brevi, sed valde perspicuo armatus (fig. 2 et 3). Antennx prmù paris feminx 2o-articulatx, corpus totum tertid parte longitudinis sux superantes, graciles. Antennx maris quam in femina bre- viores, longitudine corpus totum non multo superantes. Arliculus antepe- XVII. 12 150 SÉANCE DU 28 JUIN 1892 nultlmus antemici' prehensilis (fig.4) proce^su recto fere styliformi, peniil- tiniinn artlcuhnn longlhidine icquanle, armatus. Pedis qu'intl paris feminie (fig. 5) ramus interior uniarticulatus, artlculo antepcmillimo rami exterioris aliquantinn brevior, apice attenuatus et hic spinis apicalibys 2 brevibiis, spinâque suhapicali et cil'ds minutis ornatus. Ilami exterioris articulus pemiltimus intus processu magrio unguiformi, i)i iiiargine interiore dentibiis 10-1 1 finpede dextro aliquanto robustiore modo 8-9) crassis et validis valde insignis. Adest prœterea in extremitate externa ejusdem articuiiaculeus brevis et sat robustus. Articulus ultimus distinctus, aculeis 2 brevibus, quorum inte- rior exteriore paulo longior et robustior. In pede dextro quinti jmris apud marem (flg. 6) ficuleus, dimidiam fere lonyitudinem. Fig. 4. — D. Schmackeri c^. Prolongement de Tantépé- nultième article de l'an- tenne droite. Fig. "). — D. Schmackeri Q. Patte droite de In einciuiènie paire. Fig. ('. D. Schmackeri ç^. Pattes de la cinquième paire. SÉANCE DU :1S JUIN 1892 . 151 unguis tenninalls attingens inmedio niarginis cxterioris arllc^ili nlliml raini e.rferiorix aclft.rus. Umjuis terininaUs valde curvatus, robustus, in parte média marginis interioris sj}inulis vix compicuis. Ramus interior magmis, extreiiiilate médium arliculi ulLimi rami exterioris attingens, uniarticulatm, ad basin valde dilalatus, dein angustior, apice paululum dilatalux et hic spiiudis 2-3 j)erbrevibus et crassis, ciliisgue minutis ornafus. Pes sinister dextro multo minor, extremitaie finem rami interioris pedis dextri non attingens. Ramus interior uniarticulatus, articulipenul- li)Hi rami exterioris finem attingens vel guidquam snperans, apice acuto et apicem versus, intuSy spina brevi et crassa armatus- Articulus ullimus, rami exterioris brevis et crassus, intus lamina rotundata hyalina et ciliatajyru'ditiis, apice mucrône brevi et crasso et suprà hune aculeo acu- minato et ciliato armatus. Longic. feminie 4"^"^, 21 et maris ■/,""" /S. Chez la femelle, les soies furcales égalent en longueur les deux derniers segments abdominaux et la furca réunis. Leur partie basi- laire en forme de cône allongé occupe le quart de la longueur totale de la soie ; cette partie porte des cils très ténus et peu serrés, tandis que le reste de la soie est très densément cilié. Ces caractères sont plus marqués chez la femelle que chez le mâle. L'antenne droite du mâle a sa partie médiane médiocrement ren- flée; le treizième article porte comme d'ordinaire un fort crochet; parmi les articles suivants le quatorzième seul porte aussi un cro- chet, d'ailleurs très peu développé. Cette espèce, très bien caractérisée, a été recueillie par M. Schmac- ker, de Brème, à qui nous la dédions, dans le lac ïahoo, à une assez grande distance de Shanghaï. Elle se distingue très facilement de toutes les espèces connues jusqu'ici par les dents peu nombreuses et très grosses de l'avant-dernier article de la branche externe des pattes de la cinquième paire chez la femelle, en même temps que par les antennes antérieures qui dépassent d'un tiers de leur longueur la grandeur totale du corps. Les individus mâles se font immé- diatement reconnaître par la saillie en forme de crochet obtus qui se trouve à la face ventrale de la branche droite de la furca; ils pré- sentent, ainsi que la femelle, d'autres caractères distinctifs exposés dans la description précédente, l). Schmackeri porte à quatre le nombre des Calanides d'eau douce actuellement connus en Chine. (^Q ?>oni\ Schmackeria Forbesi?o^\)QQiV,\(:\yàYÙ, Limnocalanus sineusis Poppe, Diaptomus incongruens Poppe et D. Schnuickcri Poppe et Richard. 152 SÉANCE DU 28 JUIN 1892 DUREE DE L'INCUBATION ET DE L'EDUCATION DES JEUNES CHEZ LE BRUANT JAUNE (EMBERIZA CITRINELLA L.), par Xavier RASPAIL. Le Bruant jaune niche à terre au commencement de la saison ; il place son nid au pied d'un arbrisseau et souvent sur le bord d'un fossé garni de broussailles en bordure des bois. Il aime aussi les terrains incultes où poussent de maigres buissons et fleurit la Bruyère. Plus tard, quand il fait sa seconde et sa troisième ponte, il préfère établir son nid à une petite élévation du sol, soit dans une haie, une charmille, soit au milieu des bois dans un tas de fagots ou de ramiers ; dans les jardins, il n'est pas rare de lui voir choisir les branches basses d'un Epicéa. Mais alors il le garnit extérieurement d'un peu de mousse et lui donne plus d'épaisseur que lorsqu'il le construit à terre où il n'emploie que des herbes sèches, des fibres radicales et des crins pour tapisser Tintérieur. La ponte normale est de quatre œufs pour la première fois, et généralement de trois pour les pontes suivantes. Cette année, ayant trouvé en même temps trois nids de cette espèce dès le commencement de leur construction, j'en ai profité pour connaître la durée exacte de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid, et j'ai eu la satisfaction presque inespérée de voir ces trais nids échapper aux nombreuses causes de destruction qui, depuis quelques années, en laissent peu parvenir à terme. Ces trois observations relevées en même temps et par conséquent dans les mêmes conditions atmosphériques, offrent cependant une certaine variabilité, au point de vue de la durée de l'incubation. C'est là le point intéressant. Je dois noter que, cette année étant exceptionnelle par la séche- resse qui rappelle celle de 1870, ces couvaisons se sont poursuivies sans qu'il y ait eu de pluie et par une température bien au-dessus de la moyenne. 1. — Nid placé à terre au pied d'un petit buisson à moitié mort dans le centre d'une lisière de bois formée par un taillis de Bouleaux. Le 6 mai, le premier a^uf pondu ; le 8, trois œufs que la femelle couve immédiatement. Le 21, les trois jeunes éclosent suc- cessivement de 8 h. à 10 h. du matin. Le 31, ils quittent le nid dans la matinée entre 8 h. et 10 h. Les Passereaux pondent vers sept heures du matin, et toujours SÉANCE DU 28 JUIN 1892 153 la femelle commeuce à couver en pondant son dernier œuf. C'est celui-ci tout imprégné de la chaleur vitale de la mère qui doit éclore le premier ; les autres exi*^ent un certain temps pour que la température nécessaire à l'évolution embryonnaire ait pénétré jusqu'à la vésicule germinative. Dans cette première observation, l'incubation a duré environ treize jours ou exactement 13 fois 24 heures, plus une heure pour le premier éclos et trois heures pour le dernier; c'est-à-dire 313 et 315 heures. L'éducation des jeunes dans le nid a été de 10 jours, soit 240 heures. 2. — Nid à terre dans l'herbe, au pied d'un jeune Bouleau. Pre- mier œuf le 7 mai ; le quatrième et dernier le 10; la femelle couve sans quitter le nid. Un jeune éclos le 22, à 6 heures du soir; je trouve les trois autres à 7 h. 1/2. Le 2 juin, à 8 h. du matin, les jeunes sont encore dans le nid ; à 10 h. ce dernier est vide. L'incubation a eu une durée moindre et elle présente une ano- malie par suite de l'éclosion qui s'est produite le soir, alors qu'il est constant qu'elle n'a lieu chez les Passereaux que le matin. Du 10 mai, à partir de 7 heures du matin, moment qu'on peut admettre pour le point de départ de la couvaison, jusqu'au 22, à 7 h. du soir, moyenne de l'éclosion des quatre petits, il s'est écoulé douze jours et 12 h., soit exactement 300 heures. L'éducation dans le nid a duré dix jours et 15 h., soit 2.55 heures. Elle a été plus longue que la précédente de 15 h., alors ({ue l'incu- bation a été au contraire plus courte d'un nombre presque égal d'heures. 3. — Nid à terre, également au pied d'un jeune Bouleau, dans le même taillis que les deux précédents. Le quatrième œuf, pondu le 10 mai ; la femelle couve immédiatement. Le 23, à 8 h. du matin, un petit éclos; à 11 h. il ne reste plus qu'un œuf, que je trouve enfin éclos lorsque je reviens à 11 h. 1/2. Le 2 juin, je constate le départ des jeunes à 10 h. du matin. L'incubation a demandé dans ce cas, pour le premier œuf éclos treize jours et une heure, pour le dernier trois lieures en plus environ, soit 313 et 316 heures. Les jeunes sont restés dans le nid, du 23 mai, 7 h. du matin, au 2 juin, avant 10 heures du matin, dix jours et environ deux heures, soit 242 heures. Les observations 1 et 3 ont donné des résultats à peu près identi- ques ; mais la deuxième présente des différences assez considérables dont il me parait dilficile de déterminer la Criuse exacte en ce qui concerne la couvaison ; pour le développement des jeunes, je serais 154 SÉANCE DU 28 JUIN 1892 porté à admettre que la plus ou moins grande habileté des parents pour les nourrir serait la principale cause des écarts que j'ai constatés. Il faut tenir compte également de ce que le départ des jeunes peut être souvent avancé par une cause accidentelle : il sufilt de s'approcher du nid quand ils sont prêts à partir, pour qu'ils s'échappent prématurément de leur berceau. En résumé, de ces trois observations faites dans des conditions identiques, il résulte que la moyenne de la durée de l'incubation, chez le Bruant jaune, est de treize jours, et le temps nécessaire à l'éducation des jeunes dans le nid, de dix jours et quelques heures. OUVRAGES REÇUS LE 24 MAI 1892 (suUc) A. Preudhomme DE BoRRE, MatéHaux pouv la faune entomologique de la pro- vince d'Anvers. Coléoptères. Quatrième centurie. Bruxelles, 1891. Id., Note sur V A.n\diVdi convexiov Step h. ou continua Thomson. Comptes-rendus Soc. entom. de Belgique, 7 novembre 1891. X. Raspail, Lettre a M. le Ministre de l'intérieur. La destruction des Oiseaux insectivores autorisée dans pkisieurs départements. Gonvieux, in-S" de H p., 1892, OUVRAGES REÇUS LE 14 JUIN 1892 P. Brocchi, Insectes utiles et Insectes nuisibles. Rapport présenlé au nom du jury de la classe 76 de l'Exposition universelle de 1889. Paris, Imprimerie nationale, grand in-8° de 47 p., 1892. Id., Le Saumon ordinaire (Salmo salar). Observations sur ses mœurs. Bull, de la Soc. centrale d'Aquiculture de France, 1892. 155 Séance du 12 Juillet 1892 PRÉSIDENCK 1)K M. PH. DALTZKNBKlid, PRÉSIDENT L'Académie des scieuces de Turin annonce le décès de son vice- président, le professeur G. Flechia, sénateur. MM. R. Blanchard et Dautzen])erg présentent Madame Raphaël Blanchard, 32, rue du Luxembourg, à Paris. MM. J. Kûnckel d'Herculais et R. Blanchard présentent M. Félix Ancey, administrateur-adjoint de la commune mixte, à Boghari (Algérie). Au nom de S. A. le prince de Monaco, M. le baron J. de Guerne offre à la Société un travail de M. E. Topsent ayant pour titre : Contribution à l'étude des Spongiaires de V Atlantique nord. C'est le second fascicule de la publication entreprise à Monaco, pour faire connaître les Résultats scientifiques des campagnes accomplies sur son yacht par le Prince Albert. M. Topsent étudie dans ce volume toutes les Eponges recueillies au cours des trois derniers voyages de la goélette VHirondelle, dans le golfe de Gascogne, à Terre-Neuve et aux Açores. La collection se compose au total de 168 espèces, dont 39, soit un peu plus du tiers, sont nouvelles (1). Parmi les formes décrites antérieurement, beaucoup étaient dirticiles à reconnaître, leur diagnose primitive n'ayant pu être établie d'une manière satisfaisante, par suite du petit nombre d'échantillons observés. VHirondelle a retrouvé une foule de ces espèces critiques, souvent fort curieuses, ce qui a permis de préciser leurs caractères. En ce qui concerne les types nouveaux, ladescrip- tiou minutieuse de chacun d'eux est méthodiquement accom- pagnée d'une courte comparaison avec les espèces voisines, atin de rendre à l'avenir toute confusion impossible. Huit genres ont dû être créés, dont certains réalisent uu groupe- ment naturel de formes dispersées à tort dans les genres anciens : du même coup, plusieurs de ces genres ont reçu une définition plus exacte. (1) Voir dans le Riilletin fie la Société Zoologique, XV, p. :J(» et ()."i, la Notice préli- minaire publiée par M. Topsent. 136 SÉANCE DU 12 JUILLET 1892 L'apport des trois campagnes a été forcément très inégal. En 1886, VHirondelle a rapporté de la côte des Asturies 48 Eponges, dont 10 nouvelles. En 1887, malgré deux opérations assez heureuses dans les parages de Terre-Neuve, le résultat est resté un peu infé- rieur : 38 Eponges, dont 9 déjà rencontrées en 1886 et dont 6 nou- velles. Mais la campagne de 1888 a donné une heureuse compen- sation : 120 espèces, dont 30 seulement trouvées déjà, soit en 1886, soit en 1887, et dont 42 jusqu'à présent inconnues. Cette riche récolte a d'autant plus de prix que l'étude des Spongiaires des Açores restait, somme toute, à peine commencée. De cette région, des côtes du Portugal surtout, quelques espèces seulement avaient été décrites isolément par divers auteurs; le Challenger n'a fait en réalité que passer aux Açores; et les matériaux dragués par le Talisman n'ont encore donné lieu à aucune publication spéciale. Quant aux proportions suivant lesquelles les divers groupes de Spongiaires se trouvent représentés dans la collection, elles sont sensiblement normales, sauf toutefois pour l'ordre des Ceratina, qui s'est montré, même aux Açores, d'une pauvreté tout à fait digne de remarque. Nous comptons douze Éponges calcaires, treize Hexactinellides, vingt-neuf Tétractinellides, trois Ca?-7^osa, une seule Eponge cornée, mais, en revanche, 109 Monaxonides (y compris Stylinos Jullieni). L'étude des types si variés de Monaxonides a conduit l'auteur à s'occuper de la classification de cet ordre immense de Spongiaires. Tout un chapitre est consacré à cette importante question. Le mémoire de M. Topsent donne aussi beaucoup de ren- seignements nouveaux sur la distribution géographique et bathy- métrique d'une foule d'Épongés. Enfin, dans la mesure du possible, l'auteur a abordé l'étude histologique des types qui lui étaient communiqués. C'est ainsi qu'il est parvenu à constater l'existence, chez des représentants de tous les ordres de Spongiaires, de certaines cellules appelées par lui cellules sphéndeuses, d'après leur aspect constant, et dont le rôle est d'emmagasiner les matières de réserve, telles que graisse, amidon, etc. Sur la masse relativement considérable des Éponges qui com- posent la collection de l'Hirondelle, deux seulement, Forcepia rersalilis, n. sp. (Terre-Neuve, 2 août 1887, 1267™ de profondeur) et Esperiopsis prœdita, u. sp. (Açores, 16 août 1888, 736'^Q de profon- deur), formaient leurs embryons au moment où elles ont été dra- guées. Chez les autres, il n'existe aucune trace de produits sexuels. SÉANCE DU 12 JUILLET 1892 157 Le fait est à noter, car les opérations, dans les trois campagnes, ont été exécutées presque exclusivement pendant les mois de juillet et août. Onze planches, d'une fort belle exécution, accompagnent le tra- vail de M. ïopsent, qui ne comprend pas moins de 165 pages de texte. Pour mener à bien cette publication, sous les auspices du Prince, M. de Guerne a été particulièrement secondé, de la façon la plus dévouée, par M. Saige, conservateur des archives du Palais de Monaco, et parle D^' Jules Richard, dont le zèle scientifique est connu de tous à la Société Zoologique. M. le PnÉsmENT prie M. de Guerne de transmettre à S. A. le Prince de ^tonaco les remerciments de la Société. Il exprime le vœu que les fascicules de la belle publication dirigée par le Prince avec le concours de M. de Guerne, se succèdent rapidement, afin de perpétuer de la manière la plus durable et la plus utile à la Science, le souvenir des expéditions si fructueuses du yacht VHirondellc. NOTES SUR LES PARASITES, par G -W. STILES, Ph. D. Cette courte note préliminaire se rapporte à cinq espèces de Téniadés adultes, trouvés chez le Bœuf et le Mouton. Un travail plus étendu sur lanatomie de ces espèces, et sur celle de quelques autres espèces, paraîtra prochainement dans un Bulletm spécial publié par le « Bureau of animal industry. » 13. _ Sur le Taenia Giardi (Riv.) Moniez. Plusieurs auteurs ont écrjt récemment sur cette espèce, sous le nom spécifique de Taenia ovilla, mais ils diffèrent d'avis quant aux pores génitaux. Neumann soutient avec Rivolta que les pores sont irrégulièrement alternes, tandis que R. Blanchard admet avec Montez qu'ils sont doubles. Mes observations me permettent de concilier entièrement ces deux opinions contradictoires. Je constate que les testicules sont généralement confinés aux champs latéraux et que les pores génitaux sont généralement alter- nes, d'accord en cela avec Rivolta et Neumann. Mais il n'est pas 158 SÉANCE DU 12 JUILLET 1892 rare de trouver des segments avec des pores génitaux doubles, en sorte que R. Blanchard et Moniez ont également raison. En outre, il est très fréquent de trouver toute une série d'organes femelles développés d'un côté du segment, et des organes femelles rudimen- taires du côté opposé. Il est aussi très commun d'observer des testicules aberrants dans le champ médian. Le nom spécifique Giardi doit être substitué à celui d'oviUa, ce dernier ayant été donné précédemment par Gmelin à un autre Ver, ainsi que Railliet l'a déjà indiqué. 14. — Sur le Taenia expansa Rudolphi. Toutes les diagnoses actuelles du Taenia (Moniezia) expansa s'appliquent également bien à deux, peut-être même à trois espèces distinctes de Vers trouvés dans le Bœuf et le Mouton. Afin de m'aider à déterminer quel est le vrai Taenia expansa, mon ancien maître le professeur K. Môbius, de Berlin, a eu l'amabilité de m'envoyer des segments du spécimen original de Rudolphi. Chacun de ces segments présente à son bord postérieur un certain nombre d'organes arrondis, qui sont constants dans le Taenia expansa, mais qui pourtant n'ont pas encore été décrits. Des organes de même nature se voient dans un spécimen de T. (M.) Benedeni que Neumann m'a envoyé, mais ils font défaut aussi bien cliez T. (M.) alba (d'après un spécimen reçu de Neumann) que chez M.planissima Stiles et Hassall, nova species. Nous avons donc en ces organes un critérium qui nous permet aisément de distinguer le Taenia expansa. S'ils n'ont encore été signalés par aucun auteur, cela tient sans doute à ce qu'on les a pris pour des testicules : et pourtant ils sont beaucoup plus grands que ces derniers. Sur des coupes ou sur des préparations d'anneaux simplement comprimés, on démontre très facilement que ces organes sont de petits sacs ou caecums qui partent de la limite entre deux anneaux successifs pour s'étendre dans le paren- chyme de l'anneau antérieur. Le sac est limité par une invagination de la cuticule du Ver, invagination qui est elle-même entourée d'un tissu glandulaire (?) qui se colore très fortement. Dans un Gestode très voisin, que je décrirai prochainement, comme une espèce nouvelle, avec mon assistant, M. le D^' Hassall," la portion intersegmeutaire du strobile présente un aspect tout à fait différent. Les caecums font totalement défaut, mais une ligne de tissu, qui se colore très fortement, comme les culs-de-sac de Moniezia expansa, court le long et très près du bord postérieur de SÉANCE DU \2 JUILLET 1892 159 l'anneau, dans le champ médian. Nous proposons pour cette nou- velle espèce le nom de Moniezia (Taenia) pkuiissima. La tête du M. planissima est grande et carrée. Le pore génital est au milieu ou dans la moitié antérieure du bord de l'anneau. Le vagin et le cirre débouchent dans le même plan transversal. Dans tous les anneaux que j'ai examinés jusqu'à présent, on observe que, du côté droit, le vagin est ventral et le cirre dorsal, tandis qu'à gauche le cirre est ventral et le vagin dorsal, la face ventrale étant déterminée par la position des longs canaux longitudinaux. Le plus grand spécimen de ce Ver que j'aie vu jusqu'à présent mesure environ 2 mètres ; j'en ai des spécimens de France et d'Amérique. Dans la diagnose de M. expansa, il est dit que les anneaux mûrs ont une largeur qui varie de 10 à 2d^^. Le type de Rudolphi est large de 15»i°i et je n'ai jamais vu d'anneaux du vrai M. expansa qui aient plus de [lo^^ de large. Par contraire, les anneaux de M. planissima atteignent une largeur de 2(y'^^ ; ils ne sont pas aussi épais que ceux de M. expansa. OUVRAGES REÇUS LE 12 JUILLET 1892. P. Magretti, Di alcune specie d'Imenotteri raccoUe dalV ing. L. Bricchetti Robecchi nel paese dei Somali. Annali cUl Museo civico di storia nat. di Genova, (2), X, p. 950, 1892. K. MôBius, Die Beliaarung des Mammuths iind der lebenden Eleplianten, ver- gleichend untersuclit. Sitzungsber. der k. preuss. Akad. der Wiss., p. 527, 1892. Ph. DAUTZExnEuG, Description d'une espèce nouvelle du genre Chdimdi provenant des côtes océaniques de France. Bull, de la Soc. des se. nat. de l'Ouest de la France, II, p. 133, 1892. D. V. Capanni, Nuovo microbo nel Baco da seta. Reggio nellEmilia, in-18 de 8 p., 1892. Ed. Fleutiaux, Petite faune élémentaire des Coléoptères de la Guadeloupe. Basse-Terre, in-12 de 87 p., 1892. J. DE Guerne et J. Richard, Documents nouveaux sur la distribution géogra- phique des Calanides d'eau douce. Association franc, pour l'avanc. des se, Con- grès de Marseille, avec une planche, 1891. Offert par S. A. le prince de Monaco : E. Topsent, Contribution a l'étude des Spongiaires de l'Atlantique Nord. Résultats des campagnes scientiiiques accomplies sui- son yacht par Albert I*^"^, fascicule II, grand in-4o de 1(35 p., avec 11 planches, 1892. 160 Séance du 26 Juillet 1892 PRÉSIDENCE DE M. PII. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT M. R. Blanchard s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le professeur Bogdanov écrit à la date du -^^ juillet : « Le tsarévitch a donné deux mille roubles an Comité des Congrès comme preuve de sa profonde sympathie à l'égard des Congrès. y> Le Conseil de la ville de Moscou doit prochainement voter une somme de sept mille roubles pour réception des Congrès. )) Le maire de Moscou donnera à l'Hôtel-de-Ville deux soirées en l'honneur des Congrès. )) Le grand-duc Serge a exprimé le désir de donner une soirée à l'intention de chacun des deux Congrès. » Le général Baranov, gouverneur de Nijni-Novgorod, organise pour les Congrès des excursions et une partie de plaisir sur le Volga. )) L'exposition d'acclimatation sera ouverte au public vers le 25 juillet ; celle de zoologie, une dizaine de jours plus tard. » M. le Président présente les félicitations de la Société à MM. Boutan et Clément, nommés Officiers de l'Instruction publique à l'occasion du 14 juillet. Au nom de S. A. le Prince de Monaco, M. le baron Jules de Guerne offre à la Société un travail de MM. Fischeur et OEhlert sur les Brachiopodes provenant des campagnes du yacht /'Hirondelle dans l'Atlantique du Nord (golfe de Gascogne, Arores, Terre-Neuve). C'est le troisième fascicule de la publication entreprise à Monaco, sous les auspices du Prince, à la suite de ses voyages scientifiques. Il comprend trente pages et deux planches exécutées sur fond noir. M. de Guerne ajoute que d'autres fascicules ne tarderont pas à paraître, suivant de près celui-ci, lequel est lui-même édité à quinze jours d'intervalle seulement du précédent. On se rappelle, en effet, avoir admiré ici même, dans la séance du 12 juillet, le beau travail de M. Topsent sur les Spongiaires de l'Atlantique nord et en parti- culier des Açores. M. le baron Jules de Guerne annonce que M. Chevreux, parti de Saint-Nazairc,le 30 mai 1892, sur son yacht Melita,esi arrivé récem- ment à Anlibes. Après avoir doublé la côte occidentale de la péninsule ibérique par d'assez mauvais temps qui ont sans cesse contrarié ses travaux, M. Chevreux s'est arrêté aux Baléares ; il a pu faire quelques SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 161 recherches à Miuorque, notammeat sur les Amphipodes terrestres. Orcheslia iittorea Mont, et 0. incisimana Chev. abondent dans toutes les parties humides de l'île. D'Antibes, aujourd'hui môme, 26 juillet, M. Chevreux appareille pour x\lger, d'où il se rendra à la Galle, Biserte, Tunis, Sfax et Gabès. Notre collègue est chargé par le Ministère de l'Instruction publique d'une Mission ayant pour but la récolte d'objets d'histoire naturelle. M. TopsENT, en son nom et à celui de M. Jolicœur, présente un travail intitulé : Etudes sur l'Ecrivain ou Gribouri (Adoxus vitis Kirhy). Renvoi aux Mémoires. ^ M. Oustalet présente son Rapport sur le Congrès ornithologique international de Budapest. Renvoi aux Mémoires. OBSERVATIONS SUR L'EMBRYON DU GYXECOPHORUS H^MATOBIUS BILHARZ, par A. RAILLIET, Ancien Président de la Société. L'embryon du Gynecophorus hœmatobius a déjà donné lieu à des études intéressantes de la part de divers auteurs, notamment de Gobbold, de J. Ghatin et de Sonsino. Tout récemment, M. Gabier, médecin-major, professeur agrégé au Val de-Gràce, a fait à la Société de biologie, sur le même sujet, une communication, dans laquelle se trouvent indiqués plusieurs faits nouveaux, ne concordant pas d'une façon précise avec les données antérieures. Grâce à l'obligeance de M. le D^' Gabier, j'ai pu moi-même exa- miner les œufs et les embryons du parasite en question et je crois pouvoir ajouter quelques éléments nouveaux à la connaissance de ces derniers. Le malade actuellement^ en traitement au Val-de-Grâce a tenu garnison, il y a dix ans, dans le sud de la Tunisie, à Gabès, et en est revenu atteint d'une hématurie que M. Gabier a reconnue comme étant déterminée par le Gynecophorus hœmatobius. On trouve dans son urine un assez grand nombre d'œufs de ce Trématode, soit isolés, soit groupés en nombre variable dans de petites concrétions grisâ- tres ou jaunâtres, formées le plus souvent par une agglomération de globules blancs. Les œufs sont ovoïdes et prolongés à l'une de leurs extrémités 1(52 SÉANCE DU M JUILLET 1892 par un éperon assez grêle ; ils sont rentlés vers le milieu ou dans une partie un peu plus rapprochée de l'éperon. Leur longueur est de 135 à 160 [x, compris cette pointe ; leur largeur maximum est de 55 à 66 [x. La coque est très mince et renferme une masse granuleuse limitée par une fine membrane qui ne se montre séparée de la coque que vers les deux pôles. A l'intérieur de cet amas se trouve enfermé un embryon bien formé, dont l'extrémité céphalique est inditïe- remraent tournée vers l'un ou vers l'autre pôle. Cet embryon est maintenu en place par deux bandes granuleuses qui l'enserrent comme des ceintures et laissent voir à la périphérie des sortes de cellules irrégulières. Tant que l'œuf est maintenu dans l'urine, l'embryon paraît com- plètement immobile, et l'on ne peut reconnaître les traces de sa vitalité que par le mouvement des entonnoirs ciliés dont je parlerai tout à l'heure. Avec une certaine attention, il est possible de distinguer déjà son organisation intérieure, mais pour bien juger de celle-ci, il convient de remplacer l'urine par de l'eau. Au bout de quelques minutes, on voit l'œuf se gonfler et acquérir peu à peu 175 à 180 [X de long sur 80 à 82 u de large. Les parois de la coque s'écartent par conséquent de l'embryon, et la masse granuleuse qui euglobe celui-ci montre alors au niveau des pôles deux zoues distiuctes, l'extérieure un peu plus claire que l'autre. La région céphalique de l'embryon se dessine plus nettement, et l'on com- mence à percevoir le revêtement ciliaire. Cet embryon offre, en effet, comme l'ont fait remarquer tous les observateurs, l'aspect d'un Infusoire cilié. Son extrémité antérieure se termine par une sorte de rostre inerme, tout à fait comparable à l'appareil perforateur qui s'observe dans l'embryon du Distoma hepaticum. Le corps offre trois étranglements : deux au niveau des ceintures signalées plus haut, et une troisième plus en arrière, vers le sixième postérieur du corps. De chaque côté de la base du rostre, partent deux canaux qui, d'abord, convergent, puis s'écartent en se portant en arrière, pour aboutir chacun dans une poche arrondie, très fmement granuleuse et offrant, au centre, un espace plus clair. Il semble qu'on ait affaire à deux grosses glandes unicellulaires, dont les canaux précités représentent les conduits excréteurs. En outre, ces canaux limitent assez exactement un espace gros- sièrement granuleux qui correspond à un tube digestif rudimen- taire se terminant en cul-de-sac à sa partie postérieure. Cette SÉANCE DU 2() JUILLET 1892 ' 163 délimitatiou n'est cependant qu'apparente, car on peut reconnaître l'indépendance de ce cjecum lors({ue l'embryon est vu de côté. Il faut ajouter que, dans la région du rostre et dans celle qui le suit immédiatement, les granulations t'ont entièrement défaut. En arrière des deux poches glandulaires, on remarque encore deux espaces globuleux, se chevauchant d'une façon irrégulière, et sur la signification duquel je ne puis être fixé. Peut-être s'agit-il de diverticules du cœcum intestinal. A quelque distance en arrière de chacun des deux étranglements antérieurs, on distingue une paire d'organes que jusqu'à présent M. Cahier seul paraît avoir remarqués. Cet observateur a ligure en effet, ce qu'il appelle une « cellule? renfermant un corps animé de mouvements d'oriflamme. » Cette expression imagée donne bien exactement l'impression que l'on perçoit à l'examen de ces organes. Or, à mon avis, il s'agit simplement d'entonnoirs ciliés, comparables à ceux qu'a décrits Leuckart chez l'embryon du Distome hépatique, où l'on n'en trouve toutefois qu'une seule paire. Enfin, dans la région postérieure du corps, on observe un amas de cellules nucléées, souvent serrées les unes contre les autres, aux- quelles on doit attribuer, je pense, la valeur de cellules germina- tives. Après une période variable suivant le degré de pureté de l'eau dans laquelle sont maintenus les œufs, Téclosion a lieu. Dans cer- tains cas, la rupture de la coque résulte, en partie tout au moins, des mouvements de l'embryon, qui ont été décrits avec soin par M. Cahier; mais le gonflement endosiiiotique de l'œuf m'a toujours paru jouer un rôle important dans ce phénomène. A telles ensei- gnes que j'ai vu plus d'une fois la rupture de la coque mettre en liberté des embryons morts. Dans les conditions normales, c'est-à-dire lorsque les œufs n'ont pas séjourné trop longtemps dans l'urine avant d'être soumis à l'action de l'eau, et lorsqu'on a laissé l'éclosion se produire sponta- nément, l'embryon s'échappe assez rapidement par l'ouverture de la coque, qui se montre d'ardinaire dans le voisinage de la région céphalique. Puis il se met en marche, nageant dans le liquide am- biant et se livrant à une foule de mouvements qui ont été décrits maintes fois et sur lesquels je n'ai pas à m arrêter. La rapidité avec laquelle il se déplace est cependant moindre que celle que j'ai vu manifester à l'embryon du Distoma hcpaticum, bien que le mode de déplacement soit à peu près identique. Au moment de l'éclosion, l'embryon est nettement étranglé dans son milieu, et Cobbold le compare avec justesse à un sablier. 164 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 Cet aspect n'est pas dû, comme ou l'a pensé, à un étranglement subi au moment de la sortie, car, si l'ouverture est un peu étroite, l'étranglement qu'elle nécessite se produit successivement sur les différents points de la longueur du corps ; et, du reste, l'animal revêt la même apparence quand l'éclosion a une origine purement endosmotique et que la sortie a lieu latéralement par une large rupture longitudinale. Cet étranglement n'est que le résultat de la constriction subie par l'embryon à l'intérieur de l'œuf par la cein- ture granuleuse située vers la zone moyenne du corps. Au surplus, sous les variations innombrables de forme que présentent les embryons en mouvement, on peut toujours reconnaître les trois étranglements qui ont été décrits plus haut. Et l'on peut même ol)server, au niveau des deux premiers, deux petits cirres latéraux situés au milieu des cils. A l'extrémité postérieure, existe de même une ligne rentrante de la cuticule. Il n'est pas très rare, enfin, de constater, comme Ta fait M. Cahier, l'apparition, chez l'embryon fraîchement éclos, de deux globules réfringents sur les cotés de la base du rostre : il s'agit simplement d'une évagination des conduits excréteurs des deux glandes laté- rales antérieures, dans leur portion terminale. Peu après l'éclosion, lorsque le corps se gonile pour se mettre en mouvement, les organes internes deviennent moins apparents, mais on peut apercevoir, à quelque distance en arrière du rostre, quatre grosses sphères claires, deux en dessus et deux en dessous, dont le passage successif devant l'œil est des plus curieux, lorsque l'embryon tourne sur lui-même, à la façon d'une toupie. Je n'ai pu me rendre compte de la signification exacte de ces espaces clairs, qui rappellent un peu ceux qui flanquent les yeux pigmentaires chez l'embryon du Distome hépatique. Après une période d'activité d'une durée assez variable, l'embryon du Gynécophore ralentit ses mouvements, et finalement s'arrête. On voit alors des globules transparents apparaître à sa périphérie, augmentant peu à peu en nombre et en dimensions. Puis, le corps se déforme, et la mort survient définitivement. L'aspect et le mode de production de ces globules ne peuvent laisser de doutes sur leur nature : ce sont bien évidemment, comme le disait Cobbold, des globules « sarcodiques », c'est-à-dire formés par la diffusion d'une certaine quantité de paraplasma à travers la cuticule. Quant à la sortie des cellules germinatives accumulées dans la zone postérieure du corps, je n'ai jamais pu l'observer que sur des exemplaires plus ou moins profondément altérés, et je ne puis la considérer que comme un fait anormal ou accidentel. SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 465 COURTES NOTICES SUR LES HIRUDINÉES, par le D"" Raphaël BLANCHARD. III. — Descuiption de la Ncphelis alomaria Caréna. Synonymie : Uirudo atomaria Caréna, 1820. Nephelis atomaria Moquin-Tancloii, 182G. N. elegans Milne-Edvvards, 1842. iV. octoculata, var. r, atomaria Moquiii-Taiidou, 1840. A. retirulata Malm, 1860. Iconographie. — Caréna (1), pi. XII, tig. 16; Moqnin-Tandon(2), Ireédition, pi. VI,fig. 6; 2^^ édition, pi. III, flg. 7; Milne-Edwards (3) pi. XXU fig. 5; Malin (4). pi. IH, fi-. 7. La présente notice est nn travail préliminaire, destiné à faire connaître dans ses traits essentiels la morphologie des Néphélides, dont aucun auteur ne semble s'être occupé jusqu'à présent. Dans un travail plus étendu, actuellement sous presse (1) et accompagné de huit dessins, nous avons indiqué aussi un certain nombre de caractères importants, sur lesquels nous ne reviendrons pas ici; nous y établissons notamment les relations réciproques des genres Nephelis, Bina et Troclieta, qui appartiennent tous les trois à la famille des Néphélides. Historique. — Cette espèce a été décrite et figurée pour la première fois par Cnrena (1), qui Ta découverte aux environs d'Ivrée en Piémont. Il en donne la diagnose suivante : (( //. atro-nebulosa, piinctis, lineolisque transv,ersalihus, pallitlis : margine cinereo : punctis ocularibus octo. « Long. 24 Un. lat. 2 II 3 ad 2 //i Un. u In lacubus propr Eporediam minus frequens. » Les dimensions sont donc de 52™™ pour la longueur, de 4™™ pour la largeur. On pourrait la confondre avec la NepliHis ocloculala, mais elle est toujours de plus forte taille. « Elle est, ajoute Caréna, de couleur chair, ou de couleur pâle près des bords : le dessus est (1) Sur la présence de la Trochcta subviridls en Ligurie et description de cplle Ilirudint'e. Alli délia Sccielà liguslica di scienze naturali, 1892, xvii. - r.i 166 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 presqu'eiitièrement bruu avec des points blanchâtres : ces points ne sont tels que dans une médiocre distension de l'animal, dans un raccourcissement un peu fort ils se changent en de petites lignes transversales. Cette espèce de moucheture est irrégulièrement terminée vers les bords, et laisse régner le long du dos un espace de couleur plus claire» mais visible dans la contraction. La couleur brune et les taches occupent toute la pai'tie antérieure de l'animal, ce qui rend l'inspection des yeux assez diflicile ; au lieu que dans la vulgaris (Ijet ses nombreuses variétés, l'absence de toute espèce de couleur foncée sur la tète laisse voir les yeux très distinctement. » Moquin-Tandon (2) accepte d'abord l'espèce proposée par Caréna, dont il se borne à reproduire la description. Il attribue à l'animal une longueur de 33"^™, une largeur de d^^^o et signale sa présence aux environs de Montpellier; il en figure un exemplaire. Dans la seconde édition de sa Monograpliie, ce même auteur revient sur sa première opinion et abaisse l'espèce en question au rang de simple variété de la Nephelis octoculala. Dans le Règne (inimal (3), H. Milne Edwards publie un excellent dessin, lait par deOuatrefages. Dans l'explication des planches, la ligure en question est désignée sous le nom de Nephelk elegans Savigny, mais ni le texte ni les ouvrages de Savigny ne donnent aucun renseignement sur cette espèce, qui se trouve ainsi simple- ment dénommée. Malm (4), anciennement directeur du Musée de Gothembourg, a observé fréquemment l'espèce en question aux environs de cette ville. 11 soupçonne ses rapports avec la Nephelis elegans, mais ne reconnaît pas en elle VHrrudo atomaria de Caréna : aussi la consi- dère-t-il comme une espèce nouvelle. 11 lui attribue une longueur de 29'n™, une largeur de ^^^'d'S et indique les pores génitaux comme s'ouvrant, le mâle entre les anneaux 32 et 33, la femelle entre les anneaux 36 et 37 : il y aurait donc quatre anneaux pleins entre les deux orifices sexuels. DeschiptiOiN. — La Nepfieiis atomaria se trouve en abondance aux environs de Paris, dans les ruisseaux d'Enghien et d'Eaubonne. Sans vouloir indiquer ici les localités assez nombreuses où nous l'avons trouvée en France, bornons-nous à signaler sa présence à Bièvres (Seine-et-Oise), à Nancy, et dans la Loire à Amboise. Le British Muséum la possède d'Exeter, en Angleterre, et de Gothem_ bourg, en Suède, ces derniers exemplaires provenant de Malm. (1) C"hsI ùdire chez la Neplielis octoculala. SÉANCE DU 2G JUILLET 1892 107 D'autre part, M. le D»" Stuxberg, directeur actuel du Musée zoolo- gique de Gothembourg, a eu la grande amabilité de m'envoyer en communication tous les flacons de Nephelis de la collection de Mal m, provenant pour la plupart deGotbembourgou du sud de la Suède. Enfin, parmi une impor- tante série d'Hirudinées commu- niquées par M. le D^' A.-B. Meyer, directeur du Musée de Dresde, figurent également des Nephoiis atvman'a des environs de Dresde. Grâce à cette comparaison des exemplaires de Suède avec ceux de France, j'ai pu me convaincre de leur identité spécifique, d'où il résulte que le nom proposé par Malm doittomber en synonymie. La Nephelis atomaria est en général très reconnaissable à première vue, à des taches jaunes ou roussàtres qui ornent la face dorsale de ses anneaux. Ces taches sont plus grosses ou plus nombreuses, ou du moins plus apparentes de cinq en cinq an- neaux, dans la région moyenne du corps, formant ainsi de véri- tables zones transversales jaunes: à l'extrémitéantérieure, ces zones s'etïacent; à l'extrémité posté- rieure,elles persistent au con- traire et se rapprochent notable- ment les unes des autres. La face ventrale est blanchâtre, d^une teinte uniforme, sans taches ni papilles. Cherchons mainteuant les po- res néphridiaux, pour détermi- ner d'une façon précise la limite des somites. Quelque réactif qu'on emploie pour les mettre en évidence, on ne peut y parvenir que dans des cas exceptionnels; mais les rapports constants des ganglions nerveux avec le premier anneau de chaque soinite, chez Ncpliclis Fi^r. \ __ Schéma de l'extrémité antérienro (le la Nephelis atomaria, d'après les exemplaires du Musée de Gotliembourp:. — A, de profil et | ar la face fiauche; B, par la face dorsale; en. collier ner- veux péri-œsopha.iïien ; 1" Çf, premier ganglion de la chaîne ventrale; T (j, septième «îauj^liou ; n, p-»re néphridial. Les chiffres romains indiquent les nu- méros d'ordre des somites ; les chiffres arabes. les numéros d'ordredes anneaux. Les anneaux firanuleux correspondent aux zones transversales pigmentées. 168 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 ortoculatd, lions indiquent qu'il doit en être de môme chez Nephelis atomaria. En effet, rexamen attentif d'animaux vivants, sur lesquels on peut suivre par transparence le trajet de rorji:ane segmentaire, et l'étude de coupes transversales mènent à cette conclusion que les pores néphridiaux débouchent à la face ventrale, à peu de dis- tance de chacun des bords latéraux, dans l'interstice séparant l'an- neau pignientéde l'anneau précédent (fig. 1, n). L'anneau pigmenté (iO, 15, 20, 25, 30, 35, 40, 45, etc.) est donc toujours le premier anneau du somite. Ce résultat étant acquis, on devra donc consi- dérer tout anneau pigmenté comme indiquant le début d'un somite, quel que soit d'ailleurs le nombre des anneaux de ce somite. Le nombre total des somites est de 26, exactement comme chez les Hirud inides et les Glossiphonides : toutes les Néphélides présen- tent ce caractère, comme nous le démontrons dans notre travail sur la Trocheta mbmridis. Les détails dans lesquels nous sommes entrés dans ce travail, au sujet de la signification des premiers anneaux du corps, nous dispensent d'y insister de nouveau et nous autorisent à considérer les trois premiers anneaux comme équiva- lent chacun à un somite : la preuve tirée de {)o.-^a^<:^:^,-^Mâ ].^ présence d'yeux surnuméraires sur les ^^^ anneaux 2 et 3 ne manque pas ici ; en effet, <)j-mm^rmÊ — ^^ Nephelis atomaria présente elle-même ces j^^rjjj yeux surnuméraires avec une très grande fréquence. joo_..m'^7^y:mmr^^ Les anneaux 4 à 9 représentent collective- '^--/■r-iJgrrT^V^ ment les somites IV et V, ainsi que nous jo^J----zzr--:y\~^'j l'avons également démontré pour la Trocheta. L'anneau 10, caractérisé par la présence d'une zone dorsale pigmentaire, est le premier ^lé;4;;driaX'/^??£ ^^"i^eau du somite VI, formé déjà de cinq orfowrtrmyuepariaface anneaux. Les somites VI à XXUI sont tous empUih'es d^Musée^dê fomiés de cinq anneaux, cc qui démontre Gothembour}?. — f/ , avec la dernière netteté la constitution qui- anus. Les autres chiffres . , .. i -« , , ou lettres ont la même uaire des somites, de même que chez les signification que dans Hirudinides. la ligure 1. , . . Nous avons reconnu que les cinq premiers somites sont raccourcis ; en arrière la coalescence ne porte que sur les trois derniers somites. Le somite XXIV comprend deux anneaux, mais le second anneau ou anneau 101 est manifestement dédoublé à la face dorsale, sur la plus grande partie de sa largeur. Le somite XXV comprend également deux anneaux ; le second ou anneau 103 SÉANCE DU 2G .lUILLKT 1802 169 est également dédoublé à la face dorsale, sur la plus grande partie de sa largeur; l'anus, très large, s'ouvre entre les anneaux 102 et J03. Le somiteXXVI est réduit à un seul anneau, qui se perd sur la ventouse par son bord postérieur. Celle-ci est marquée, dans sa région marginale, de six grandes taches jaunes rayonnantes et symé- triquement disposées de part et d'autre de la ligne médiane. Le clitellum comprend quinze anneaux, soit trois somiles au total; toutefois, il s'étend sur quatre somites (fig. 1) : on constate, en effet, qu'il s'étend sur les quatre derniers anneaux du somitelX, sur la totalité des somites X et XI et comprend en outre le premier anneau du somiteXlL C'est une loi commune aux Néphélides, aux Hirudinides et aux Glossiphonides, comme nous l'avons établi ailleurs, que d'avoir le pore génital mâle percé sur le somite X et le pore génital femelle percé sur le somite XI. Le pore mâle débouche entre les anneaux 33 et 34, le pore femelle entre les anneaux 36 et 37 (fig. 1 ; fig. 3, a). ) Fig. 3. — Schéma montrant la situation variable des pores néphridiaux et des orifices sexuels chez la Nephelis atomaria. — a. b, chez des individus de Suède (collecHon Malm); c, chez des individus d'Amboise et de Bièvres ; o, chez un individu de Nancy ; e, chez des individus de Bièvres et d'Exeter. — Les chitTres romains indiquent les numéros d'ordre des somites. La limite du clitellum est indiquée, dans les figures a et c, i)ar un renforcement des espaces interannulaires. Pour compléter cette rapide description, ajoutons encore que le collier œsophagien (fig. 1, en) correspond à l'anneau 11 ou deuxième annean du somite VI. Tous les ganglions nerveux, comme nous l'avons déjà dit, sont au contraire en rapport avec le premier anneau du somite correspondant. 170 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 La Nephelis atomaria peut présenter un certain nombre de varia- tions, que nous nous bornons à signaler. Les pores néphridiaux s'ouvrent normalement dans l-interstice même des somites(rig. 4, h; fig. 3, A, B, c, d; fig. 4); parfois cependant ils débouchent sur la partie moyenne du premier anneau du somite, et cela peut s'observer aussi bien sur des exemplaires de France que sur des exemplaires d'Angleterre (fig. 3, e). Le pore génital mâle s'ouvre normalement entre les anneaux 'Î3 et 34, c'est-à-dire entre le quatrième et le cinquième anneaux du somite X (fig. 1; fig. 3, a, b; fig. 4). Parfois cependant il débouche sur la partie moyenne de l'anneau 34 (fig. 3, c, d, e). Le pore génital femelle s'ouvre normalement entre les anneaux 36 et 37, c'est à-dire entre le deuxième et le troisième anneaux du somite XI (fig. 1; fig. 3, a, c, e). Parfois cependant il débouche, soit sur l'anneau 37 (fig. 3, b, d), soit môme entre les anneaux 3o et36(fig. 4, a). Les Nephelis atomaria des environs de Dresde présentent quelques particularités intéressantes. Le pore génital mâle occupe sa situation normale (fig. 4, a), mais le pore femelle se trouxe avancé d'un anneau. A l'extrémité postérieure du corps (fig. 4, b), le somite XXIII n'a plus que quatre anneaux; les somites XXIV et XXV ont chacun deux anneaux, mais sans que le dernier présente la V , moindre trace de dédoublement ; le d \ — o — wmùmm l k— _rr TJ c i l A' In ' l_ l ■ - ) 1 xr [ ] 1^ _ j i 1 l 1 \ii 1 ) nr ~D i 1 f:-:^s^^^:m somite XXVI comprend deux an- [ 1 xxn neaux. L'anus occupe la même situation relative que chez les Nephelis précédemment étudiés , V r — ^ i ï { c est-a-dire entre les deux anneaux \jŒiv du somite XXV. Ces Nefyhelis de XXV Saxe constituent donc une intéres- XV17 santé variété, à laquelle nous pro- posons de donner le nom de Nephe- lis atomaria var. Meyeri. A ~Z ,^. , . Distribution GÉOGRAPmQUE. — La tig. 4 —Schéma montrant l'organi- ,, , , . , . .^ r. sation de Nephelis elegans, var. Nephelis atomaria vit en France, Meyeri, des environs de Dresde. - ^aps le nord de l'Italie, en Saxe, en A, situation des pores génitaux ; . B, extrémité postérieure, vue par la Angleterre et dans le sud de la ^^^^ ^'*'''^'^- Suède. M. S.-A. Poppe nous l'a envoyée de Vegesack, pi^ès Brème. C'est probablement elle que Lindenfeld et Pietruszynski (5) indiquent en Pologne, sous le nom de Nephelis octocyalata, varietas pœcila^ subvarietas reticulata. SÉANCE DU 2G JUILLET 1892 171 Rapports et différences. — Nous devons indiquer maintenant, d'une façon rapide, les principaux caractères différentiels des autres espèces européennes du genre Nephelis. Jusqu'à Savigny, la seule espèce admise sans conteste était la Nephelis oetoculala Bergmann : Savigny a distingué plusieurs espèces, basées exclusi- vement sur des différences de coloration ; mais aucune de ces espèces nominales n'est représentée et n'est sûrement reconnais- sable. En outre de la Aephelis atomaria, nous croyons pouvoir séparer de l'ancienne iXephelis octocnlata plusieurs autres formes spécifiques bien distinctes. Il devient dès lors nécessaire de fixer les caractères de la iV. octocnlata du nord de l'Europe : l'étude des exemplaires du Musée de Gothembourg, rassemblés par Mal m, nous a permis de faire cette détermination. Nephelis octoculata Bergmann. — Le pore génital mâle s'ouvre entre le quatrième et le cinquième anneaux du somite X (fig. 5, A, b). Le pore femelle s'ouvre normalement entre le troisième et le quatrième anneaux du somite XI (fig. 5, a) ; parfois pourtant il débouche sur le milieu du quatrième anneau (fig. 5, bj. Le premier cas s'observe chez des individus de Gothembourg, de Nancy, de Fie 5 _ Schéma montrant l'orf^anisation du somite et la disposition des pores t'énitanx dans divers types de Néphélides. —a, b, Nephelis octoculata ; c, d, Neplielis galiica; E, Nephelis tergestina. Meudon, de l'étang des Loges (forêt de Saint-Germain) et du lac de la Roche, près Briançon, par plus de 900 mètres d'altitude. Le 172 SÉANCK DU 26 JUILLET 1892 second cas s'observe sur un exemplaire de Suède, appartenant au Musée de Gothembourg. Nephelis GALLiCA R. Bl., 1892. — Le pore génital mâle s'ouvre dans l'interstice des somites X et XI (fig. 5, c, d). Le pore femelle s'ouvre soit entre les deuxième et troisième anneaux du soniite XI (fig. 5, d), soit sur le troisième anneau de ce même somite (fig. 5, c). Cette petite espèce, caractérisée par sa teinte ardoisée, avec quatre bandes brunes longitudinales sur la face dorsale, nous est connue de Cannes (Alpes-Maritimes), où nous l'avons rencontrée dans le « vallon », c'est-à-dire dans le ruisseau qui descend de la Californie. Nephelis tergestina R. BL, 1892. — Le pore génital mâle s'ouvre entre les troisième et quatrième anneaux du somite X (tig. 5, e). Le pore femelle s'ouvre dans l'interstice des somites X et XL Cette grande espèce ne nous est connue que par un seul exemplaire, appartenant au Musée de ïrieste et obligeamment communiqué par le D»" A. Valle ; la provenance n'en est pas indiquée, mais nous avons des raisons de croire qu'il appartient à la faune du sud de l'Europe. IMDEX BIBLIOGJRA.PHIQUK 1. — H. Caréna, Monographie du genre Hirudo. Memorie délia r. Accad. délie se. di Torino, XXV, p. 273, 1820. Voir p. 295 et pi. XII, fig. 16. 2. — Moquin-Tandon, Monographie de la famille des Hirudinées. Montpellier, in-4°, 1826. Voir p. 128 et pi. VI, fig. 6. 3. — CuviER, Le Règne animal. Paris, 3« édition, 1836-1846. Annélides, par H. Milne- Edwards, vers 1842. Voir pi. XXI, fig. 5. 4. — A.W. Malm, Svenska Iglar. Kongl.Vetenskaps ocbVitterhets Samhalles Handlingar, VIII, p. 153, 1860. Voir p. 190 et pi. III, fig. 7. 5. — H. LiNDENFELD ct J. PiETRUszYNSKi, Pvzyczynek do fauny Pijawek krajowych (Hirudinei). Pamietnik fizyjograficzuy , IX, 1889. Voir p. 8 et pi. VIII, fig. 4-5. SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 173 COURTES NOTICES SUR LES lllRUDINÉES, par le D"^ Raphaël BLANCHARD. IV. — Description de la Glossiphonia marginata (0. F. Muller). Ce serait entrer dans de trop longs détails que d'indiquer ici la synonymie, l'iconographie et l'historique de cette espèce. Elle est au nombre des plus communes en Europe, et beaucoup d'observa- teurs l'ont étudiée ; pourtant, aucun d'eux n'en a donné une des- cription rationnelle et n'a fixé d'une façon certaine ses caractères distinctifs. Description. — Cette espèce est très aisément reconnaissable à ses deux paires d'yeux et surtout à la forme particulière de son extrémité antérieure, qui prend l'aspect d'une véritable tête, ratta- chée au corps par un cou rétréci. La longueur est de 10 à lo°^°i, la largeur de 2 à 3"^"^, d'après Moquin-Tandon ; nous avons observé des individus longs de 30^^ et larges de l"""". Le corps est d'un brun verdàtre, assez opaque ; chez les grands individus dont nous venons de parler et qui avaient tous les signes d'un état maladif, il était parfaitement transparent et incolore, sauf les taches jaunes caractéristiques de l'espèce. La face dorsale est d'un brun vineux, suivant Moquin-Tandon; en réalité, elle est maculée de taches d'un brun fauve, réparties d'une façon assez régulière. Sur la tête, une grosse tache médiane s'observe sur l'anneau 3, immédiatement en arrière des yeux, qu'elle contourne de chaque côté (fig. 1, a); les anneaux Set 8 sont occupés en entier par des taches brunes confluentes, ce qui donne l'aspect de deux larges bandes brunes traversant la tète d'un bord à l'autre. Sur tout le reste du corps, des taches marginales brunes, occupant la hau- teur de deux anneaux, alternent régulièrement avec des taches jaunes, occupant la hauteur d'un seul anneau : grâce à cette dispo- sition, l'animal présente un aspect très spécial, qui lui a valu son nom. L'extrémité céphalique se distingue nettement de la partie sui- vante, dont elle est séparée par un sillon plus ou moins marqué. Elle est cordiforme, plus large que longue et à sommet tourné en avant. Elle comprend dix anneaux, dont les deux premiers, situés en avant des yeux, restent hors série. Les yeux, au nombre de deux paires, sont portés par deux anneaux consécutifs ; ils sont de forme XVII. — 14 174 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 triangulaire, légèrement disposés en trapèze, ceux de la première l)aire étant plus petits et plus rapprochés que ceux de la seconde paire. En dehors de ces derniers, on voit ordinairement une tache jaune, premier indice d'une disposition qui va se reproduire sur toute la longueur du dos. En effet, la face dorsale est occupée par sept rangées longitudi- nales de taches d'un jaune clair, parmi lesquelles on peut distinguer une rangée médiane impaire et six rangées paires, savoir : deux rangées internes, deux rangées intermédiaires et deux rangées marginales. Ces dernières sont constituées par les taches jaunes en alternance avec les taches brunes, dont il a déjà été question plus haut; ces taches jaunes sont parfois tellement rapprochées du bord, qu'elles empiètent même plus ou moins sur la face ventrale. Fig. 1. _ Schéma de l'extrémité antérieure de la Glossiphonia marginata. — A, face dorsale; b, face ventrale; n, pore néphridial. Les chiffres romains indi- quent les numéros d'ordre des somites ; les chiffres arabes, les numéros d'ordre des anneaux. On a représenté en pointillé l'emplacement de ({uelques-unes des taclies orangées de la face dorsale, qui faisaient défaut chez l'individu d'après lequel ce croquis a été fait. Les taches des rangées internes et intermédiaires sont portées par un même anneau ; elles se reproduisent régulièrement de trois en trois anneaux. Les taches des rangées médiane et marginale sont également portées par un même anneau, à savoir par l'anneau SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 175 faisant suite immédiatement à celui qui porte les autres taches jaunes. Si l'on fait abstraction de la rangée médiane, qui n'existe point chez la Glossiphonia tessellata, on constate donc que la répar- tition des taches jaunes se fait d'une façon identique chez cette espèce et chez la Gl. marginata. Les papilles segmentaires sont aussi disposées de la même manière dans l'une et l'autre espèce ; elles sont au nombre de six sur chacun des anneaux portant les taches internes et intermédiaires ; les unes siègent sur ces taches, les autres sont en série linéaire avec les taches marginales. P ^ ~ I^VA'Ip '-■■ ZIIJ3 \ o ~ o 0 '"^jZHZj — ^Z— ^ Q . " ^ ~^ '~} \CI^— -- — -^ ^^^^HH^ xxii ^^^^^—^ '' ~~--^^Z^ \My^^^^^^^^^!>^M\^- -^^Kr- ^<^?:^^i^^^^%:^^ A B Fig. 2. — Schéma de l'extrémité postérieure de la Glossiphonia marginata, vue parla face dorsale ; d'après deux individus diiïérents, mais provenant de la même localité. — Pour les chitïres romains, les chitïres arabes el les petits cercles en pointillé, même explication qu'à la ligure précédente. Dans la partie moyenne du corps, les taches jaunes sont réguliè- rement développées; mais il n'en est plus de même à chaque extré- mité, où l'on voit avorter un bon nombre d'entre elles. Nous avons représenté en pointillé (fig. 1 et 2) toutes les taches jaunes qui faisaient défaut chez les deux individus d'après lesquels nos cro- quis ont été faits. L'anneau papillifère est le premier anneau du somite : cette constatation est confirmée par la position qu'occupent les orifices des organes segmentaires. Ces orifices s'observent, en effet, à la face ventrale et à peu de distance du bord latéral, dans l'interstice de l'anneau papillifère et de l'anneau précédent. Dès lors, il est aisé de fixer les limites des somites. On arrive ainsi à reconnaître que le somite I comprend un seul anneau, et que chacun des somites II à XXIII est régulièrement formé de trois anneaux. Le somite IV empiète à la fois sur la tête et sur le cou : ses trois anneaux sont distincts à la face dorsale, mais le premier. 176 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 par lequel se termine la tête, se fusionne avec le reste de celle-ci à la face ventrale. Les anneaux 5 et 8, occupés par une teinte continue d'un brun foncé, sont les premiers anneaux des somites III et IV; on en pourrait conclure que l'anneau 3, sur la partie moyenne duquel s'observe une large tache de même nature, est lui-même l'anneau initial d'un somite : dans ce cas, le somite II devrait donc être dédoublé en deux somites distincts, formés, l'un d'un seul anneau, l'autre de deux anneaux. Mais alors, chacun des somites suivants devrait porter un numéro d'ordre supérieur d'une unité, ce qui aurait pour résultat de porter à 27 le nombre total des somites et de faire déboucher l'orifice génital mâle sur le somite XI et l'orifice femelle sur le somite XII. Or, c'est une règle commune aux Hirudi- nides(l), aux Néphélides et même auxGlossiphonides, comme nous l'avons reconnu pour Glossiphonia tessellata et Gl. sexoculata, que le nombre total des somites est de 26 et que les pores génitaux s'ouvrent respectivement sur les somites X et XI. En tenant compte de cette double considération, nous croyons donc devoir attribuer déjà trois anneaux au somite II. L'orifice génital mâle se voit entre les anneaux 27 et 28, c'est-à- dire entre le deuxième et le troisième anneau du somite X. La vulve s'observe entre les anneaux 29 et 30, c'est-à-dire entre le pre- mier et le deuxième anneau du somite XL On compte quatre paires de pores uéphridiaux en avant de l'orifice mâle : ceux de la pre- mière paire débouchent donc dans l'interstice des somites VI et VIL Le nombre total des anneaux est de 57, d'après Moquin-Tandon, non compris ceux de la tête ; il est de 69 pour Apâthy. Ces chiffres sont à peu près exacts ; en réalité, le nombre des anneaux est de 72 ou 73, suivant les individus, variation qui peut s'observer parmi les divers exemplaires d'une même provenance. Chez l'individu à 72 anneaux (fig. 2, a), les somites XXIV et XXV ne sont formés chacun que d'un seul anneau. Le somite XXVI comprend d'abord un anneau porteur de taches jaunes et faisant partie du corps même de l'animal, puis deux autres anneaux à peine distincts, séparés l'un de l'autre par un sillon transversal incomplet et constitués aux dépens de la ventouse ; la limite posté- (l) Chez les Hirudinides, cette règle peut soutïrir néanmoins certaines exceptions, ainsi que nous lavons constaté chez une Macrohdella rapportée de l'Amérique du Nord par notre ami le D' J. JuUien : dans cette espèce, encore indéterminée, le somite XI porte tout à la fois le pore mâle, le pore femelle et les glandes copula- trices. SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 177 Heure du dernier auneau est indiquée par l'anus, qui s'ouvre ainsi sur la ventouse. Chez l'individu à 73 anneaux (fig. 2, b), le somite XXIV est dédou- blé à la face dorsale, dans ses parties latérales, par un sillon qui passe en arrière des taches jaunes : il est donc constitué par les anneaux 68 et 69. Le somite XXV ne comprend qu'un anneau. Le somite XXVI comprend encore trois anneaux, dont l'antérieur porte des taches jaunes : les deux premiers anneaux font partie du corps même de l'animal, tandis que le dernier, limité en arrière par l'anus, est constitué aux dépens delà ventouse postérieure. Celle-ci est circulaire et en grande partie cachée sous la face ven- trale ; sa face supérieure est ornée d'une série de 10 à 12 grosses taches jaunes marginales. Distribution géographique. — Cette Sangsue est répandue dans une grande partie de l'Europe. On la connaît en Danemark (0. F. Mûller), en Prusse (Fr. Mûller), en Piémont (Caréna), en Angleterre (Houghton), en Hongrie (Apathy), en Pologne (Lindenfeld et Pietrus- zyiïski), dans le nord de l'Europe (Levinsen), aux environs de Moscou (Kalujsky). Pour la France, Moquin-Tandon signale sa présence aux environs d'Agen (d'après Saint-Amans) et aux environs de Toulouse. Je l'ai trouvée dans les étangs de Mortefontaine, près Paris ; à Cangey (Indre-et-Loire) ; dans la Maine, à Angers ; dans l'Erdre, à une dizaine de kilomètres en amont de Nantes, et dans bien d'autres localités. J. de Guerne l'a recueillie dans l'étang Marie-Henri, près Rangeval (Meuse) ; G. Buchet à Romorantin ; J. Richard à Vichy (Allier). Rapports et différences. — Nous avons reconnu déjà les affinités de la Glossipfionia marginataiwec la Gi tcssellata ; l'existence d'une tête distincte, qui porte seulement deux paires d'yeux, la teinte plus claire des taches jaunes et la présence d'une rangée médio-dorsale de ces mêmes taches caractérisent nettement la GL marginata et ne permettent pas de la confondre avec l'autre espèce. Ces deux espèces ont été longtemps considérées comme appar- tenant à la famille des Ichthyobdellides : Moquin-Tandon, dans la première édition de sa Monograi>liic, et de Blainville partageaient cette opinion. Filippi a reconnu leur véritable nature et les a ratta- chées à la famille desGlossiphouides, tout en proposant d'établir en leur faveur le genre Haewocharis (non Savigny) : elles diffèrent en effet des autres Glossiphonides européennes parce qu'elles possè- dent plus de six paires de caecums gastriques. Cette distinction n'a 178 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 pas été adoptée ; toutefois, Vejdovsky (1) s'en est récemment institué le défenseur : il a proposé de réunir les deux espèces en question dans le nouveau genre Hemiclepsis, et Bolsius (2) s'est déclaré partisan de cette réforme. Il est certain que le genre Glossiphonia devra quelque jour être démembré, mais son étude anatomique et morphologique est encore trop peu avancée, pour qu'on puisse dès maintenant songer à la diviser. Aussi les tentatives de Filippi et de Vejdovsky nous sem- blent-elles prématurées. COURTES NOTICES SUR LES HIRUDINÉES, par le D' Raphaël BLANCHARD. V. — Description de la Glossiphonia sexocidata (Bergmann). Description. — Moquin-Tandon assigne à cette espèce une lon- gueur de 15 à W^^ et une largeur de 8 à 10°^°^. Ces dimensions sont exactes d'une façon générale, mais il est fréquent de voir l'animal conserver une taille plus restreinte, au moins en France et dans l'Europe occidentale. Kessler attribue une longueur de 22™'"5 et une largeur de 10"^"^ aux plus grands individus du lac Onega; Lindenfeld et Pietruszynski attribuent aux exemplaires des environs de Varsovie les dimensions mêmes énoncées par Moquin-Tandon. L'espèce peut cependant dépasser très notable- ment ces dimensions en Russie, comme le montrent de beaux spécimens que nous avons vus dans les Musées de Moscou et de Saint-Pétersbourg. La teinte est assez variable. J'ai trouvé à Cannes, dans le ruisseau qui borde la route de Fréjus, un individu complètement incolore, ressemblant bien plus, sauf la taille, à la Planaria lactea qu'à une Glossiphonie. Sans constater jamais un albinisme aussi prononcé, j'ai encore observé maintes fois un éclaircissement notable de la teinte fondamentale. (1) Vejdovsky, Exkrecni sousiava Hirudinei. Kral. ceské spolecnosti nauk,p. 39, en note, 1883. (2) Bolsius, Anatomie des organes segmentaires...., p. 24, 1892. SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 179 Le clos est normalement d'un gris rougeàtre, parsemé de taches pigmentaires noires, plus ou moins confluentes; il est en outre par- couru suivant sa longueur par deux bandes noires, interrompues de place en place et situées au voisinage de la ligne médiane ; on constate aisément que l'interruption se reproduit de trois en trois anneaux, en sorte que chaque fragment des deux bandes noires passe sans interruption sur deux anneaux consécutifs. La face dorsale est occupée en outre par six rangées longitudinales de taches jaune paille, souvent très peu apparentes, parfois même complètement effacées. Ces taches se répètent très régulièrement de trois en trois anneaux, sauf à l'extrémité postérieure : elles for- ment donc trois séries paires, qu'on peut appeler interne, intermé- diaire et marginale. Fig. 1, — Schéma de l'extrémité antérieure de la Glossiphonia St'.xoculata. — A. face dorsale ; b, face ventrale. Les cliitïres romains indiquent les numéros d'ordre des somites ; les chiffres arabes, les numéros d'ordre des anneaux. Les taches et les papilles des deux^rangées intermédiaires, non apparentes sur l'indi- vidu d'après lequel ce croquis a été fait, n'ont pas été représentées. Ainsi que nous l'avons dit, l'une ou l'autre de ces séries peut s'effacer plus ou moins complètement : tel était le cas pour les deux rangées intermédiaires, chez l'individu que nous avons repré- senté (fig. 1). Les taches des deux rangées internes sont sur le trajet des deux bandes noires submédiaues et correspondent spécialement aux anneaux sur lesquels celles-ci sont interrompues. Contrairement à ce qui a lieu chez Glossiphonia tessellata et 180 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 .XXI Gl. marginata, les six taches jaunes visibles à un même niveau sont portées par un seul et même anneau. Chacune d'elles porte encore une papille sensorielle, d'où il résulte que l'anneau sur lequel elles reposent est le preaiier anneau d'unsomite. Les pores néphridiaux n'ont pas été vus ; vraisemblablement, ils remontent jusqu'à l'in- terstice des somites VI et VII. Il n'y a pas de tète distincte ; néanmoins, on peut reconnaître que les sillons qui passent immédiatement en arrière des yeux et de la ventouse buccale sont plus profonds et plus accentués que les autres. Ces deux sillons sont séparés l'un de l'autre par un anneau d'une longueur exceptionnelle, à la surface duquel on observe des signes de division et qui résulte évidemment de la coalescence de deux anneaux d'abord dis- tincts. Les yeux, au nombre de trois paires, sont de forme triangulaire et portés par trois anneaux successifs. En avant de ceux de la première paire, on remarque deux anneaux hors série. Les somites I et II n'ont FiK. 2.- Schéma de l'extrémité postérieure Q^'un anneau; le somitc III de la Giossiphonia sexoculata, d'après a deux anneaux ; les somites le même individu que pour la figure pré- ,,. , wtt ^ i x • cédente. Les taches de la rangée intermé- Iv a XXll ont Chacun troiS diaire ne sont pas visibles, mais les papii- anneaux. Le premier sillon les de cette rangée se voient sur les somi- * tes XXI, XXll etxxiiL Les taches des céphaliquc passe donc entre rangées marginales et internes ne sont ip^ ^p ,^ annpanv Hn «nmitP pas apparentes sur le somite XXI, mais ^^^ ^®^^ anneaux QU SOmitC les papilles correspondantes sont visi- III; le second sillon, entre le premier et le deuxième an- neau du somite IV. L'anneau double 4 + 5, situé entre ces deux sillons, résulte de la fusion du dernier anneau du somite III avec le pi^emier anneau du somite IV. La coalescence de deux anneaux appartenant à des somites différents est un phénomène très fré- quent, bien qu'il n'ait pas encore été mentionné d'une façon parti- culière; comme exemple facile à vérifier, il nous suffira de citer le fait constant du dernier anneau du somite IV et du premier anneau du somite V, chez les Hirudinides. Les anomalies par augmentation du nombre des yeux ne semblent pas être fréquentes; en revanche, les anomalies par diminution du nombre sont communes : elles portent sur l'une ou l'autre des deux paires extrêmes, très rarement sur la seconde paire. L'individu albinos, recueilli à Cannes et signalé plus haut, n'avait pas l'œil SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 181 gauche de la première paire. Voici encore deux autres exemples, entre beaucoup d'autres: j'ai recueilli à Saint-Christophe (Indre-et- Loire) deux individus anormaux ; l'un d'eux n'avait pas l'œil droit de la paire antérieure, Tautre n'avait pas l'œil droit de la paire postérieure. Le nombre total des anneaux est de 68 : les quatre derniers sont raccourcis; leurs limites sont reconnaissables à ce qu'ils portent des taches jaunes ou, à leur défaut, des papilles segmentaires (fig. 2). Le somite XXII a encore trois anneaux, mais le somite XXIII n'en a plus que deux. Le somite XXIV est presque entière- ment réduit à un seul anneau ; toutefois, on observe nettement, sur chaque bord latéral, des traces manifestes de division, passant en arrière de la tache marginale. Le somite XXV n'a qu'un anneau; en revanche, le somite XXVI en a deux, entre lesquels s'ouvre l'anus. Celui-ci débouche donc entre les anneaux 67 et 68, et non sur la ventouse postérieure, comme cela se voit chez Glossiplionia margi- nata. La ventouse postérieure est bien séparée du corps, sous lequel elle est cachée en grande partie. Sa face supérieure est marquée de grandes taches jaunes, surtout dans la portion marginale. La face ventrale du corps est d'un gris pâle et parcourue ordi- nairement par deux lignes noires longitudinales, convergentes à chaque extrémité, plus écartées dans la partie moyenne : ces lignes marquent la position des deux rangées internes de papilles senso- rielles. L'orifice génital mâle débouche entre les anneaux 24 et 25 ; la vulve s'ouvre entre les anneaux 26 et 27. Les pores génitaux sont donc dans la même situation que chez Glossiplionia marghiata, c'est- à-dire qu'ils sont séparés Tun de l'autre par deux anneaux complets et qu'ils s'observent, le mâle entre le deuxième et le troisième anneau du somite X, le femelle entre le premier et le deuxième anneau du somite XL DisTRmuTioN GÉOGRAPmQUE. — Ccttc cspècc scmblc être répandue dans toute l'Europe. Je l'ai trouvée partout en France : au nord (environs de Paris), à l'ouest (Nantes, Angers), au centre (Indre, Indre-et Loire, Loiret), au sud (Cannes); J. Richard me l'a rapportée de Vichy (Allier) et J. de Guerne de l'étang de Dampré, près Boucq (Meurthe-et-Moselle). Elle existe également en Suède (Bergmann), en Danemark (0. F. Muller), en Angleterre (Hill, Kirby, etc.), en Prusse (Fr. Muller), en Saxe (Musée de Dresde), en Piémont (Caréna), en Bohème (A. Fritch et V. Vâvra), en Hongrie (Apâthy). 182 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 s. -A. Poppe me l'a envoyée de Vegesack, près Brème, et Ad. Dollfus me l'a rapportée de Scheveningue (Hollande). En Russie, on la connaît des environs de Varsovie (Lindenfeld et Pietruszyiiski), des lacs Ladoga et Onega (Kessler) et des envi- rons de Moscou (Kalujsky, Musée de Moscou). Le Musée de l'Aca- démie des sciences de Saint-Pétersbourg la possède d'Ekaterinbourg (flacon no 39), de la rivière Moika, près Saint-Pétersbourg (n° 44), des environs de Saropol (gouvernement de Viatka, n^ 46), de la Neva (n° 47), de l'embouchure du Volga (n» 48), et même de la steppe des Kirghises (Sibérie occidentale, n° 42), et de Padun (Sibérie, n° 45). Elle se répand même jusque dans la Sibérie orientale, d'après les observations de Gerstfeldt. Au moins en France, elle ne se trouve pas par une altitude un peu considérable : alors que ÏHaemopis sanguisuga, la Nephelis octoculata et la Glossiphonia bioculata s'accommodent très bien d'une altitude de 900 mètres et plus (1), l'espèce qui nous occupe, et qui pourtant est au nombre des plus répandues, fait totalement défaut. Rapports et différences. — Les Glossiphonia tessellata et margi- naîrt appartiennent à un tout autre type que la GL sexoculata. Sans parler du nombre des yeux, qui ne semble pas avoir chez les Glos- siphonides l'importance d'un caractère générique, cette dernière espèce diffère des deux autres par la moindre quantité de ses caecums gastriques et par l'absence constante de taches pigmentaires sur le second anneau des somites. Les pores sexuels sont, il est vrai, dans une situation homologue à celle qu'ils occupent chez la Gl. margi- nata ; mais ce n'est là aussi qu'un caractère sans grande valeur. La Gl. sexoculata diffère également de la GL bioculata et des autres espèces analogues, dont les anneaux sont dépourvus de tuber- cules pigmentés. Au contraire, elle semble -se rapprocher de Gl. catenigera, qui n'a pourtant qu'une seule paire d'yeux : si cette prévision est inexacte, il sera démontré que la présence de plus de six paires de caecums gastriques ne saurait constituer non plus un caractère générique, puisque la Gl. catenigera en possède jusqu'à neuf paires. (1) La Nephelis octoculata abonde dans le lac de la Roche de Rames, près Briançon, par 929 mètres d'altitude ; VHaenwpis sanguisuga est très commune aux environs de Briançon, par 1200 et 1300 mètres ; la Glossiphonia bioculata se trouve dans un lac situé sur le flanc du Grand Charvia, près du Mont-Genèvre, par 2500 mètres. SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 183 SUR UNE POLYNOÏDE PÉLAGIQUE fNECTOCHAETA GRIMALDII, nov. gen., nov. sp.) RECUEILLIE PAR LHIUONDELIE EN 1888, par le D' E. von MARENZELLER, Conservateur au Musée d'histoire naturelle lie Vienne. Les Chétopodes de la famille des Polynoïdes sont extrêmement rares daDs'la fauDe pélagique. La découverte eu est toute récente ; encore ne sait-on pas grand'chose sur leur compte. Il n'en a été signalé, à ma connaissance, que deux cas dans des localités foit éloignées l'une de l'autre. Le premier a été indiqué par le profes- seur Viguier, à Alger. C'est à Ceylan que le D^ Driesch a trouvé le second. Viguier n'a pas nettement caractérisé son espèce et n'a pas tranché la question de savoir s'il s'agit, comme c'est mon sen- timent, d'une forme pélagique larvaire (1). L'autre Polynoïde pélagique a été décrite sous le nom de Drieschia pelagica nov. gen. nov. sp., par le l)^ Michaelsen, de Hambourg, qui a étudié les Polychètes recueillis à Ceylan par le D^ Driesch (2j. Dans ces condi- tions, toute découverte analogue devient très intéressante et il importe delà publier rapidement. La troisième Polynoïde dont il va être question s'est rencontrée dans la belle collection de Polychètes recueillis pendant les campagnes du yacht V Hirondelle, et que S. A. le Prince de Monaco a bien voulu soumettre à mon examen. D'après les renseignements qui me sont communiqués par M. le baron Jules de Guerne, l'Annélide en question a été i)rise le 9 septembre 1888, par un filet bathypélagique construit à bord du yacht et qui a fonctionné à 2000 mètres de profondeur environ. La longueur du cable filé avait exactement 2470 mètres. Dans les parages où l'opération a été faite (48^ 24' 48" de Lat. N. et 20" 38' 30" de Long. 0.), à une très grande distance de toute terre, les quelques sondes connues de l'Atlantique dépassent 4000 mètres. Le caractère principal du nouveau genre consiste dans l'allonge- ment extraordinaire des soies de la rame inférieure ; cette seule particularité suffit à en faire un type absolument spécial parmi les Polynoïdes. Les soies dont il s'agit servent à la natation, elles ont subi une adaptation conforme à l'existence pélagique de l'animal. Chez les deux autres Vers ci-dessus mentionnés, le même résultat est obtenu d'une manière différente. Sur la rame inférieure se sont développées des soies natatoires capillaires, très grêles, analogues à celles que l'on connaît chez certaines formes sexuées de Syllidiens (1) Viguier, Etudes siw les animaux inférieurs de la baie d'Alger. — If. Recher- ches sur les Annélides pélagiques. Arch. zoolog. expérinient., (2), IV, 1887, p. ii.';3. (2) Michaelsen, Polychœten von Ceylon. Jahrb. tler Hamburg. Wissenscli. Anslalt., IX, 2, 1802. 184 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 et (le Néréides. Dans ce fait réside une différence essentielle qui exclut tout rapport avec la présente espèce, que l'on considère les soies capillaires comme le produit d'une différenciation longtemps poursuivie, ou qu'on n'y voie qu'un état transitoire dans l'existence de ces Polynoïdes, comme c'est d'ailleurs le cas chez les Syllidiens et les Néréides mentionnés ci-dessus. — Il n'existe, du reste, aucune preuve que la dernière de ces opinions soit ici justifiée. Nectochaeta Grimaldii. Le corps du seul exemplaire recueilli est incolore, transparent, long de 5"^°^, large de 2,24^"^ au milieu, avec les rames, mais sans les soies. Le corps se compose de 24 segments dont 21 avec des rames complètement développées. Les élytres étaient tombées. 11 existe 11 porte-élytres présents aux 1, 3, 4 — 20^ rames. Les lobes céphaliques sont larges de 0,3"^°^ et longs de 0,36™»i avec deux courts prolongements latéraux sur lesquels s'insèrent les tentacules frontaux pairs. Le tentacule frontal impair est long de 1,19™°^; les tentacules frontaux impairs ont la moitié seulement de cette lon- gueur. Les tentacules inférieurs (palpes), longs de0,9°^m^ sont larges, à la base, de 0,11"^™. Le cirre dorsal est à peine plus court que le tentacule frontal impair, le tentacule ventral mesure 0,07""'" de long. Tous ces appendices, de même que les cirres dorsaux, sont complètement lisses. Les rames sont à peu près égales à la largeur du corps, mesurée à la réunion de deux segments. La rame supé- rieure, tout à fait rudimentaire, ne présente qu'un acicule et une soie unique à peine saillante. Le lobe antérieur de la rame inférieure s'étire en un prolongement digitiforme. Les portes-élytres et les cirres dorsaux sont relativement forts. La plupart des cirres dorsaux étaient tombés. Celui du second parapode est aussi long que le ten- tacule frontal impair, celui du quinzième mesuie 0,98°^"" de long. Le cirre ventral, grêle, s'étend loin au dehors et dépasse de beaucoup l'extrémité de la rame; cela, d'ailleurs, est plus marqué pour les cirres antérieurs que pour ceux qui se trouvent plus loin en arrière. La seule soie de la rame supérieure est un peu plus de la moitié plus large que celles de la rame inférieure. Le tranchant est confusément dentelé. La rame inférieure porte 18 soies. Les plus longues, qui se trouvent au-dessus de l'acicule, mesurent 1,12""'^, elles sont plus longues que les rames elles mêmes; leur longueur est moitié moindre que la largeur du corps en son milieu, entre les extrémités de deux rames du même segment (2,24™™). La soie inférieure est très courte; deux autres, situées au-dessus d'elle, sont un peu plus longues ; puis il se produit une rapide augmentation dans la longueur des soies et celles-ci, réunies en faisceaux, deviennent plus grêles. SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 1S5 Les soies sont bidentées avec uue longue pointe terminale légère- ment courbée et munie d'épines peu solides. Le segment anal porte deux cirres. Par la structure du lobe céphalique, le genre Nectochaeta appar- tient, comme les Drieschia, au groupe des Lepidonotus. NOTE SUR QUELQUES MYRIAPODES DE TAHITI, par le D»* R. LATZEL, Directeur du gymnase de Klagenfurt. Le 8 juillet 1891, M. leD^ R. Blanchard recevait de M. Dormoy, directeur de l'Ecole communale de Papeete (Tahiti), un petit envoi d'animaux, parmi lesquels se trouvaient quelques Myriapodes. Grâce à l'obligeance de M. R. Blanchard, j'ai pu examiner ces der- niers : ils comprenaient deux espèces déjà connues et une espèce nouvelle. ScoLOPENDRA suBSPiNiPES Lcach. — Cinq individus adultes, de taille moyenne, longs de 90 à 100-™; en outre, un individu jeune, accompagné de cette mention : « Scolopendre phosphorescente. » L'une des femelles est accompagnée d'environ 80 jeunes, qui étaient probablement protégés par leur mère, au moment où celle-ci a été capturée. Ces jeunes sont d'un blanc pur, très déli- cats, longs de 14 à Mj^"^, larges de 1^^2 à i^^3 ; ils ont déjà leurs 21 paires de pattes et leurs 17 articles tactiles, mais ils ne pos- sèdent encore ni yeux, ni dents sur la lame dentaire des pattes- mâchoires, ni épines sur les pattes anales. L'un des adultes présente une disposition anormale des épines des pattes anales : l'épine angulaire du segment coxal a de 7 à 8 pointes, au lieu de 2; la face inférieure porte 3 épines, au lieu de 2; l'arête supéro-interne en porte 3 ou 4, au lieu de 2. Quant au reste, l'animal a tous les caractères de la véritable Scolopendni subspinipes. L'espèce était déjà connue de Tahiti : Kohlrausch (1) dit en avoir vu loO à 200 exemplaires, provenant de cette lie, au Musée Godeffroy, à Hambourg. (1) Archiv fiir Naturg., XLVII, p. 96, 1881. - Récemment, cette espèce a été étudiée par Haase (Die indisch-austral. Myriopoden. — 7. Chilopoden. Berlin, 1887 ; voir p. 44). 186 SÉANCE DU 26 JUILLET 1892 Paradesmus gracilis (G. Koch). — Cette espèce est répandue sur une grande partie du globe. Bien qu'elle ne soit pas originaire d'Europe, elle s'y rencontre dans beaucoup d'endroits, et même elle s'est acclimatée en Norvège. Je l'ai décrite ailleurs (1) avec détails. Spirobolus nannodes, nova species. — Spirobolo heteroporo Porat (2) valde affinis, gracilis, sat debilis, piceo-niger, pedibus vix aliquanto pallidioribus, glaber et nitidus. Clypeus supra inci- suram foveolis setigeris octo. Oculi subtriangulares vel subrotundi, ocellorum seriebus quinis, transversis, subrectis, ocellis utrinque 29-30 (4.6.7.7.5). AntennaB brèves, articulo sexto maximo, sat pubes- cente. Frons valde convexa, lasvigata, sulco mediano nuUo, foveis setigeris nullis. Numerus segnientorum 42. Segmentuni primum magnum, lobis lateralibus haud striatis, sensim angustatis, antice et infra marginatis, postice subsinuatis, angulo ipso rotundato. Corporis latera non solum in parte posteriore, sed etiam in parte anteriore segnientorum longitudinaliter (partim oblique) striolata. Foramina repugnatoria parvula, subtumida, in parte posteriore segmentorum longe pone suturam sita. Segmentum ultimum laevigatum, in apice rotundatum. Valvulae anales laeves, glabrae, non marginatae; squama analis brevis, postice rotundata. Pedes perbreves. ^^ __ Corporis segmenta 5 anteriora infra excavata. Organa copulativa valde prominentia retroque spectantia, piceo-nigra. Longitudo corporis 23°^°^, latitudo 2^^. Habitat : Tahiti (in Oceano Magno). Unum solum spécimen adultum (cf ) est visum. Les Myriapodes qui font l'objet de cette note ont été donnés par M. R. Blanchard au Muséum de Paris. (1) Die Myriopoden dpj- osterr.-ung. Monarchie. Wien, 2. Hâlfte. p. 162, 1884. (2) Bihaiig till k. sveaska Veteaskaps Akademiens Handlingar, IV, n" 7, 1876, 187 COMPTE-RENDU SOMMAIRE DU CONGRÈS ZOOLOGIQUE DE MOSCOU, par le D*" Raphaël BLANCHARD. Le Congrès international de zoologie, fondé par la Société Zoolo- gique de France et réuni pour la première fois à Paris en 1889, sous la présidence de M. A. Milne-Edwards, a tenu sa seconde session à Moscou, du 10/22 au 18/30 août dernier. De l'avis unanime, l'entre- prise hardie de la Société Zoologique de France avait été couronnée du plus grand succès : cette fois, le succès a été, si possible, encore plus marqué, et ce résultat est d'autant plus important à enregis- trer, que les conditions sanitaires de Moscou, en proie à l'épidémie cholérique, ont empêché de se rendre au Congrès bon nombre de savants dont la présence avait été annoncée. Toutefois, il convient de dire dès maintenant que les journaux politiques ont semé dans l'opinion une terreur bien peu justifiée : pendant les douze jours que nous avons passés à Moscou, le choléra n'a guère fait parler de lui ; les cliniques étaient totalement inhabi- tées et la population manifestait la plus entière indifférence à l'égard de ce fléau, incapable d'enrichir en un jour l'Achéron, puisqu'il se contentait de deux ou trois victimes par jour. Sans les pittoresques processions d'images saintes, escortées par une foule grouillante et bariolée de moujiks, que l'on rencontrait à travers la ville et qui ajoutaient encore à son pittoresque déjà si puissant, rien ne nous eût appris qu'il fût nécessaire d'implorer la clémence céleste. Est-ce à ces prières de chaque jour que nous devons notre salut ? Je ne sais ; toujours est-il qu'aucun des Congressistes, réunis au nombre de 200 environ, n'a fait la désagréable connaissance du microbe en virgule. Un décès a pourtant attristé la fin du Congrès : M. A. Wilkins, bien connu pour ses travaux sur la faune du Turkestan, et venu de Tashkent pour assister à nos séances, est mort à Moscou. On ne saurait pourtant le compter au nombre des victimes du choléra : le 12/24, il nous faisait une importante communication sur les affi- nités de la faune de l'Asie centrale, et son extrême affaiblissement était l'indice d'une santé très ébranlée, sans pourtant nous faire appréhender une mort aussi prochaine. Le 10/22 août, la plupart des membres du Congrès étaient arrivés à Moscou. Une réunion préparatoire, suivie d'un banquet, avait 188 lieu le soir à l'hôtel CoQtinental, afin de leur permettre de se ren- contrer et de faire connaissance. Une liste de propositions pour le Bureau et le Conseil était mise en circulation. Les Français présents étaient M. et M™^ E. Chantre (de Lyon), MM. Milne-Edwards, Barthélémy (de Nancy), Ed. Blanc, R. Blanchard, A. Brian (de Gênes), J. de Guerne, Janet, ingénieur de la marine, D^ Poussié, C. Schlumberger. La Suisse était représentée par M. Th. Studer (de Berne), la Hollande par MM. Jentink et Reuvens (de Leyde), l'Allemagne par MM. R. et H. Virchow, la Croatie par M. Sp. Brusina (d'Agram), l'Italie par M. Sergi (de Rome), la Turquie par Halil Edhem-bey, etc. La grande majorité des membres du Congrès étaient des savants venus de toutes les parties du vaste empire russe : on remarquait notamment MM. Oshanin et Wilkins (de Tashkent), M. et M°^e Kashtshenko (de Tomsk), M. Shavrov (de Tiflis). Nous avions le plaisir de retrouver d'anciens collègues du Congrès de 1889, le vénérable professeur Bogdanov, MM. Brusina, . Studer, Kavraïsky, ou d'anciens compagnons d'études, comme le Di" Bajénov. Le 11/23, une première séance avait lieu dans la matinée, pour la constitution du Bureau et du Conseil. La présidence du Congrès était donnée à M. le comte Paul Kapnist, curateur de l'Université de Moscou, la présidence honoraire à MM. Milne-Edwards (France), Jentink (Pays-Bas), Smitt (Suède), Studer (Suisse), R. Virchow (Allemagne), Brusina (Autriche- Hongrie) , prince W. Galitzin (Moscou), A. Bogdanov (Moscou). Etaient élus vice-présidents : MM. Anutshin (Moscou), R. Blanchard (Paris), E. Chantre (Lyon), J. de Guerne (Paris), Halil-Edhem bey (Constantinople), Kash- tshenko (Tomsk), von Kennel (Dorpat), Schlumberger (Paris), A. Tikhomirov (Moscou), H. Virchow (Berlin). Le professeur N. Zograf était élu secrétaire général. On procédait aussi à l'élection des secrétaires et des membres du Conseil. L'après-midi, la séance d'inauguration avait lieu dans la salle des fêtes de l'ancienne Université. M. le comte Kapnist souhaite la bienvenue aux membres du Congrès ; son discours, affable et écrit dans le français le plus pur, est fréquemment interrompu par les applaudissements. M. le professeur A. Milne-Edwards, délégué du gouvernement français, lit ensuite un mémoire sur la faune du Thibet : il établit une comparaison entre les récoltes rapportées par les expéditions de Fedtshenko, de Przevalski et celles que le Muséum de Paris doit aux explorations de Bonvalot, du prince Henri d'Orléans et des missionnaires du Thibet, etc. Cette savante communication 189 excite au plus haut point l'intérêt des naturalistes russes, qui lui font le plus chaleureux accueil. Le 12/24 août, dans la matinée, commencent les séances de sections. M. Milne-Edwards préside; il est assisté de MM. H. Virchow et Rastviétov, vice-présidents. Le regretté M. Wilkinslit un travail sur les affinités de la faune de l'Asie centrale. Puis viennent des communications de M. Oshanin sur les limites et les subdivisions de la région paléarctique, basées sur l'étude de la faune des Hémip- tères; de M. Gh. Grevé (Siint-Pétersbourg), sur la distribution des Garnassiers ; de M. le baron Rosen, sur la faune malacologique de la région transcaspienne ; de M. J. de Bedriaga (Nice), sur les Vipères d'Europe et de la région circumméditerranéenne. L'après-midi, vioite du Musée zoologique de l'Université, puis excursion au rucher de la Société impériale d'acclimatation. Le 13/2o, la sé.mce est présidée par M. Jentink, qu'assistent MM. de Guerne et Kashtshenko. Gommunications de M. Kholod- kovsky sur la théorie du mésoderme et de la métamérie; de Mme 0. Tikhomirova, sur le développement de Chrysopa; de M. Kulagin, sur le développement des Hyménoptères parasites; de M. H. von Ihering, sur l'existence ou l'absence de l'appareil excré- teur des organes génitaux des Métazoaires. L'après-midi, tandis que le gros des Gongressistes visite le Kremlin, la petite colonie française se rend à l'Ermitage, où M. Kœhler, l'un des Mécènes des institutions scientifiques de Moscou et l'un des bienfaiteurs du Congrès, lui ménage un dîner plantureux, offert avec cette bonne grâce exquise et cette cordialité communicative dont tant de preuves nous ont été données pendant notre séjour à Moscou. Le 14/26, la séance est présidée par M. Studer, qu'assistent MM. Schlumberger et Kholodkovsky. S. A. L le grand-duc Serge Alexandrovitsh, frère de S. M. l'Empereur et gouverneur général de Moscou, honore la séance de sa présence. Gommunications de M. Brusina sur Jes couches tertiaires à Congeria des environs d'Agram et sur leurs relations avec la faune récente de la mer Gaspienne; de M. Bunge (Saint-Pétersbourg), sur son expédition aux îles de la Nouvelle-Sibérie ; de M. R. Blanchard, sur la faune des lacs salés d'Algérie et sur ses relations avec celle des lacs salés du Turkestan ; de M. le baron J. de Guerne, sur les résultats zoolo- giques des expéditions de S. A. le prince de Monaco sur le yacht VHirondeUe ; de M. Bogdanov, sur le rôle scientifique des jardins zoologiques. Après la séance, le grand -duc Serge visite l'exposition zoologique XVII. - 15 190 réunie à l'Université : on y remarque d'importantes collections provenant des expéditions Fedtshenko et Przevalski, une collection d'animaux de l'Asie centrale exposée par M. le professeur Milne- Edwards, une collection provenant des expéditions de VHirondelle et ofïerte au Musée de l'Université de Moscou par le prince de Monaco, une collection d'instruments de physiologie exposée par M. le professeur Morokhovetz, de belles séries de photographies ethniques exposées par M. Zograf, les publications de la Société impériale des amis des sciences naturelles, etc. L'après-midi, visite au Jardin zoologique; le grand-duc et la grande-duchesse Elisaveta Fedorovna honorent cette visite de leur présence. La rigueur des hivers ne permet pas d'entretenir au Jardin un grand nombre d'animaux; la plupart de ceux qui y vivent appartiennent à la faune septentrionale de l'Europe et de l'Asie et augmentent d'autant plus l'intérêt que présente le Jardin. Nous y voyons une série d'animaux inconnus ou rares dans les Jardins zoologiques de l'Europe occidentale : le Phoque de la mer Caspienne (Phoca caspica),le Glouton (Gu/o borealis), Vlssiiis ou Renard bleu (Caiiis lagopus) et plusieurs espèces de Carnivores de taille moyenne, analogues au Chacal. Cette intéressante visite s*est terminée par un dîner gracieusement offert aux membres du Congrès par M. Kulagin, directeur du Jardin, et par M^^^ Kulagin. Le soir enfin, les Congressistes se trouvaient réunis dans les salons de LL. AA. IL le grand-duc et la grande-duchesse, qui don- naient une soirée en leur honneur. Le 15/27, la séance est présidée par M. Brusina, assisté de MM. R. Blanchard et A. Tikhomirov. Communications de M. von Stein (Mos- cou), sur les fonctions du labyrinthe de l'oreille ; de M. Morokho- vetz, sur les globulines du sang; de M. Janet, sur divers réactifs à l'état naissant, utilisables pour les préparations zoologiques; de M. Johansen, sur la structure de l'œil de Va7iessa; de M. Korsakov, sur le rachitisme expérimental; de M. A. Tikhomirov, sur les résultats des études embryologiques, au point de vue de la classi- fication. Nous passons sous silence une malheureuse communica- tion de M. Durdufi (Moscou), qui prétend expliquer une foule de maladies, telles que l'eczéma et le choléra, par la présence de « Che- nilles processionnaires » et autres Insectes dans la peau des ma- lades! L'après-midi, visite au Musée polytechnique, où est servi un dîner dont M"^^ Zograf fait les honneurs avec sa grâce accoutumée. Le 16/28, en l'absence de Halil-Edhem bey, président désigné, la séance est présidée par M. Maklakov, qu'assistent M^^ Tsviétaiéva 191 et iM. Tolmatshev. Communication de M. Zograf sur l'origine et la parenté des Arthropodes, principalement des Arthropodes tra- chéates; de M. Kovalevsky, sur les organes excréteurs des Arthro- podes terrestres. Lecture est donnée d'un travail de M. Gh. Girard (Paris) sur quelques points de la nomenclature zoologique. Finale- ment, la parole est donnée à M. R. Blanchard, qui commence l'exposé de son rapport sur la nomenclature des êtres organisés. Faute de temps, le Gongrès de 1889 n'avait pu achever la discus- sion d'un premier rapport de l'auteur sur ce même sujet; d'un commun accord, la suite de la discussion avait été renvoyée au Gongrès de 1892, qui devait et qui a pu effectivement en finir avec cette importante question, au sujet de laquelle une longue discus- sion s'est engagée. Si je ne craignais de paraître peu modeste, j'oserais dire que le vote des règles de la nomenclature zoologique est le principal résultat du Gongrès : le mérite de cet heureux événement revient bien moins à mon Rapport qu'à l'importance même de la question, à la solutiou de laquelle s'intéressaient tous les zoologistes descripteurs. Les règles adoptées, que nous trans- crivons plus bas, ont d'ailleurs pour la plupart un intérêt général, car elles peuvent trouver leur application dans d'autres sciences. L'après-midi, visite des cliniques, de l'Institut anatomique et de divers établissements dépendant de la Faculté de médecine. Ges magnifiques établissements, construits d'après les exigences les plus récentes de la science et de l'hygiène, font le plus grand honneur à l'Université de Moscou et à l'administration libérale et clairvoyante de son curateur, M. le comte Kapnist. Le 17/29 août, la séance est présidée par M. Chantre, qu'assistent MM. Bungeet Oshanin. Après une courte communication de M. Ko- jevnikov sur la faune de la mer Baltique, M. R. Blanchard continue l'exposé de son rapport sur la nomenclature. Grâce à une prolon- gation de la séance au-delà de l'heure accoutumée, la question est enfin discutée et résolue entièrement. L'après-midi, visite à l'Académie d'agriculture de Petrovski Razu- movski ; ce bel Institut, installé somptueusement dans un palais acquis du prince Razumovski, s'élève à quelques verstes de Moscou, dans un site agréable ; c'est là que M. Timiriazev, un savant bien connu, enseigne la botanique. Après une visite détaillée de l'établissement et de ses dépendances, les Congressistes prennent part à un dîner des plus appétissants. Mais la petite colonie fran. çaise sait résister à la séduction des zakouski et du caviar et rentre en ville pour se rendre à la gracieuse invitation de notre consul général, M. le comte de Kergaradec. 192 Le 18/30 août, la séance est présidée par M. A. Tikhoinirov, assisté de M. Ed. Blanc ; M. Wilkins, désigné pour la vice-présidence, est absent. Communications de M. Herzenstein (Saint-Pétersbourg) sur la faune malacologique de l'Océan glacial russe ; de M. Butshinsky, sur la faune de la mer Noire. Lecture est donnée d'un travail de M. J. Richard (Paris) sur la distribution des Gladocères d'eau douce, et de différents autres mémoires. A deux heures, séance de clôture du Congrès, sous la présidence de M. le comte Kapnist. Dans son discours, le président résume les travaux du Congrès et met en relief les principaux résultats qui s'en dégagent. Le secrétaire général, M. Zograf, donne également un compte-rendu détaillé des travaux du Congrès et fait connaître à l'assemblée quelques décisions prises par le Conseil : ces décisions, dont il sera question plus loin, sont mises aux voix et adoptées par acclamation. Puis, au nom de leurs pays respectifs,' MM. Milne-Edwards, Studer, Jentink, Halil-Edhem bey, remercient la Russie et la ville de Moscou de leur généreuse hospitalité et les organisateurs du Congrès de leur zèle pour la science. Un éclatant hommage est rendu à M. le professeur A. Bogdanov, ce savant modeste et sympathique entre tous, à l'abnégation infatigable et à la persévé- rante activité duquel le Congrès doit de s'être constitué et d'avoir remporté un grand et légitime succès. Sur la proposition de M. Milne-Edwards, le Congrès décide par acclamation que l'autorisation sera demandée à S. A. L le grand - duc Serge de placer son portrait en tête du second volume des tra- vaux du Congrès, en témoignage de respectueuse gratitude pour la haute protection qu'il a accordée au Congrès et pour les nom- breuses marques de sympathie qu'il lui a données. M. le président déclare alors close la deuxième session du Congrès international de zoologie. La langue française, jusqu'alors employée à l'exclusion de toute autre, ayant perdu son caractère officiel, M. Brusina propose en langue russe un triple hourrah en l'honneur de la Russie et du tsar ; une musique militaire, postée dans une pièce voisine, joue l'hymne national, que tous les assistants reprennent en chœur, puis la séance est levée. La musique va se placer sur un palier qui domine l'escalier et salue de ses plus joyeuses fanfares le passage des savants étrangers. Pour clore cette belle journée, un banquet de plus de 100 cou- verts réunissait bientôt, une dernière fois, les Congressistes dans les salons de l'Ermitage, sous la présidence de M. le comte Kapnist. 193 Je renonce à décrire renthousiasme, la cordiale et franche sympa- thie que nos amis russes nous ont manifestés pendant toute la durée du Congrès et qui ont atteint leur période à ce banquet final; les toasts prononcés ; les orateurs serrés sur des cœurs battant à l'unisson du leur, acclamés, portés en triomphe; la foule énorme massée devant l'Ermitage et faisant de chaleureuses ovations aux savants étrangers, particulièrement aux Français. Ce sont là des scènes inoubliables, dont le souvenir fait tressaillir le cœur d'une Hère et patriotique émotion. On a pu voir par ce qui précède l'intérêt et la variété des ques- tions discutées au Congrès. Le Conseil a fait, lui aussi, de la bonne besogne et a pris plusieurs résolutions d'une haute importance, qui, nous l'avons dit, ont été ratifiées par acclamation par l'assem- blée du Congrès, dans la séance de clôture. A l'exemple de ce qui a lieu déjà pour le Congrès international d'anthropologie et d'ethnographie préhistoriques, il a été institué un Comité permanent du Congrès international de zoologie. Ce Comité, dont le siège permanent est à Paris, se constituera au premier jour; dans l'intervalle d'un Congrès à l'autre, il centralise et exécute toutes les affaires relatives au Congrès, afïaires qui, on va le voir, ne sont pas sans intérêt. Il comprend des membres perpétuels et des membres temporaires. Sont de droit membres perpétuels : l^Les fondateurs du Congrès international de zoologie, MM.Milne- Edwards, R. Blanchard, E. Chantre, J. de Guerne, C. Schlum- berger, L. Vaillant. 2° Les anciens présidents. — M. Milne-Edwards, président du Congrès de 1889, figure déjà dans la catégorie précédente. Actuelle- ment, M. le comte Kapnist fait donc seul partie de cette seconde catégorie. 3° Le président du futur Congrès, quand il a été désigné au préalable. — Le Congrès ayant acclamé la ville de Leyde comme siège et M. Jentink comme président du Congrès de 1895, M. Jen- tink, directeur du Musée de Leyde, est donc de droit membre per- pétuel du Comité. 4" Les présidents honoraires ayant été élus trois fois. 5" Les vice-présidents ayant été élus trois fois. Est de droit membre temporaire, le secrétaire général pour toute la période qui va du Congrès pendant lequel il était en fonctions jusqu'au Congrès suivant. — M. Zograf, secrétaire général du Cou- grès de Moscou, fait partie de cette catégorie. 194 Par mesure transitoire, il a été décidé en outre que les présidents honoraires et les vice-présidents des trois premiers Congrès feraient partie du Comité, à titre temporaire, jusqu'à l'ouverture de la qua- trième session. MM. P. J. Van Beneden, A. Bogdanov, Sp. Brusina, prince W. Galitzin, A. S. Packard, Rûtimeyer, de Selys-Long- champs, Ad. Smitt, Studer, R. Trimen et R. Virchow bénéficient de cette mesure, au titre de présidents honoraires ; MM. D. Anut- shin, A. Fritsch, Halil-Edhem bey, N. Kashtshenko, von Kennel, A. Kojevnikov, Kurtshinsky, N. Miller, L. Morokhovetz, Edm. Perrier, Razviétov, G. Retzius, A. Sabatier, R. B. Sharpe, Sklifas- sovsky, A. Tikhomirov, Tshaussov et H. Virchow, au titre de vice- présidents. S. M. l'Empereur Alexandre III a daigné accorder aux Congrès internationaux d'anthropologie préhistorique et de zoologie, réu- nis successivement à Moscou, une somme de 15 000 roubles argent (60 000 francs), en témoignage de l'intérêt qu'il prenait à leurs tra- vaux. Le Congrès de zoologie a décidé de perpétuer le souvenir de cette gracieuse libéralité, en prélevant une somme de 3 500 roubles argent (14 000 francs), qui sera capitalisée et gérée par le trésorier de la Société impériale des amis des sciences naturelles de Moscou. Les intérêts serviront à instituer des 'prix, qui seront attribués alternativement au Congrès d'anthropologie et d'ethnographie pré- historiques et au Congrès de zoologie, ainsi qu'à la Société impériale des amis des sciences naturelles. Ces Congrès ayant lieu tous les trois ans, les intérêts de deux annuités seront attribués alternativement à chacun d'eux ; les intérêts de la troisième annuité restent acquis à la Société impériale des amis des sciences naturelles, qui les affec- tera également à des prix. En conséquence, le prix établi en l'hon- neur de S. M. l'Empereur Alexandre III sera décerné pour la première fois par le Congrès international d'anthropologie et d'ethnographie préhistoriques en 1895, pour la seconde fois par le Congrès inter- national de zoologie en 1898, et ainsi de suite. D'autre part, S. A. I. le tsarévitch a daigné accorder spécialement au Congrès de zoologie une somme de 10 000 roubles argent (40 000 francs). Pour perpétuer le souvenir de cette gracieuse libéralité, le Congrès a décidé de prélever une somme de 2 000 roubles argent (8 000 francs), qui sera capitalisée et gérée par le trésorier de la Société impériale des amis des sciences naturelles. Les intérêts de deux annuités consécutives seront attribués au Congrès de zoologie, qui les affectera à un prix décerné à chaque session; les intérêts de la troisième annuité restent acquis à la Société des amis 195 des sciences uaturelles, qui les affectera également à des prix. En conséquence, le prix établi en l'honneur de S. A. I. le tsarévitch sera décerné pour la première fois par le Congrès iuternatioual de zoologie en 1895, à la session de Leyde, puis à toutes les sessions suivantes. Le Comité permanent du Congrès de zoologie a pleins pouvoirs pour établir le programme et les conditions du concours pour les deux prix qu'il décerne; ces prix consisteront soit en médailles, soit en sommes d'argent. Toutefois, il est entendu dès maintenant que tous les savants sont admis au concours, à l'exception de ceux appartenant au pays dans lequel doit avoir lieu la prochaine session du Congrès. Le nom des lauréats sera proclamé en séance solen- nelle; il sera transmis sans délai au président de la Société des amis des sciences naturelles. Enfin, il a été décidé que la langue française serait seule admise pour toutes les affaires du Congrès, notamment pour la correspon- dance et pour les travaux manuscrits ou imprimés. En achevant ce compte-rendu, j'ai grand plaisir à adresser mon plus cordial souvenir à M. le professeur A. Bogdanov, qui a su organiser d'une façon grandiose cette inoubliable fête scientifique; à M. C. C. Ushkov, dans l'hospitalière demeure duquel plusieurs de nos compatriotes ont été accueillis avec la plus fraternelle cordialité ; à M. le professeur N. Zograf qui, par l'exquise urbanité dont il a fait preuve dans ses fonctions de secrétaire général, a su se faire un ami de chacun de nous;, à M. Kœhler, dont l'intelli- gente libéralité a contribué dans une large mesure à l'éclat du Congrès ; à tous ceux enfin qui se sont ingéniés pour augmenter encore le charme pénétrant de Moscou, la ville sainte aux coupoles dorées. Ce compte-rendu était imprimé et déjà mis en pages, quand nous avons reçu, le 10 octobre, une intéressante brochure de M. Dukhovelsky, rédacteur à la Gazette de Moscou : 0. AyxoBEi;Kii1, MocKOBCKie Me>K/iyHapo;un,Te KOiirpeccLi. MocKBa, in-8''de242 p., 1892. Voir aussi un article de M. J. de Guerne, Le Congrès international de zoologie de Moscou. Revue scientifique, p. 434, 8 octobre 1892. 196 REGLES DE NOMENCLATURE ADOPTÉES PAR LE CONGRÈS ZOOLOGIQUE DE MOSCOU (D, d'après le Rapport de M. R. BLANCHARD. .1. — De la nomenclature des êtres organisés. Article l®^. — a. — Dans la notation des hybrides, le nom du procréateur mâle sera cité en premier lieu et sera réuni au nom du procréateur femelle par le signe X . Dès lors, l'emploi des signes sexuels est inutile. Exemple : Capra hircus cT X Ovis aries 9 , et Capra hircus X 0ms aries sont deux formules également bonnes. h. — On peut tout aussi bien noter les hybrides à l'aide d'une fraction dont le numérateur serait représenté par le procréateur mâle ^ Capra hircus et le dénominateur par le procréateur femelle. Ex.: -~ -. . ^ Ovis aries Cette seconde méthode est plus avantageuse, en ce qu'elle permet au besoin d'indiquer le nom de celui qui a observé la forme hybride. „ Bernicla canadensis ^ , ^ Ex. : r3 Rabé. Anser cygnoides c, — L'emploi des formules de ce second type est indispensable, quand l'un ou l'autre des procréateurs est lui-même un hybride. Tetrao tetrix X Tetrao urogallus Gallus gallinaceus d. — Quand les procréateurs d'un hybride ne sont pas connus, celui-ci prend provisoirement un nom spécifique simple, comme s'il s'agissait d'une véritable espèce, c'est-à-dire d'un être non hybride, mais le nom générique est précédé du signe X. Ex. : X Salix Erdingeri Kerner. II. — Du NOM générique. Art. 2. — Un mot quelconque, adopté comme nom générique OU spécifique, ne doit pas être détourné du sens qu'il possède dans sa langue originelle, s'il y désigne un être organisé. Ex. : Batrachus, Bdella. III. — Du NOM SPÉCIFIQUE. Art. 3. — Les noms géographiques des pays qui n'ont pas (1) Ces règles ne constituent pas un code complet de la nomenclature zoologique; elles visent uniquement certaines questions que, faute de temps, le Congres de 1889 n'avait pu discuter. 197; d'écriture propre ou qui ne font pas usage des caractères latins, seront transcrits d'après les règles adoptées par la Société de géographie de Paris (1). Art. 4. — L'article précédent et l'article 21 des Rèfjles adoptées par le Congrès zoologique de 1889 sont également applicables aux noms d'Homme. Ex. : Bogdanovi, Metshnikom (2). Art. 5. — Malgré les signes diacritiques dont sont surchargées les lettres, on doit conserver l'orthographe originale du roumain, de certaines langues slaves (polonais, croate, tchèque) et en général de toutes les langues pour lesquelles il est fait usage de l'alphabet latin. Ex. : Taenia Medici, Gong pria Czjzeki. Art. 6. — Les noms spécifiques peuvent être formés à l'aide du nom patronymique d'une femme ou d'un groupe d'individus. Le génitif se forme alors en ajoutant la désinence ae ou ont m au nom exact et complet de la personne à laquelle on dédie. Ex. : Merianae, Pfeifferae, IV. — De la manière d'écrire les noms de genre et d'espèce. Art. 1. — a. — Les noms patronymiques ou les prénoms employés à la formation des noms spécifiques s'écriront toujours par une première lettre capitale. Ex. : Rhizostoma Cuvieri, Fran- colinus L'ucani, Laophonte Mohammed. b. — La capitale sera encore utilisée pour certains noms géogra- phiques. Ex. : Antillarmn, Galliae. c. — Dans tout autre cas, le nom spécifique s'écrira par une pre- mière lettre minuscule. Ex. : Œstrus bovis, Corvus corax, Imita helenium. Art. 8. — Le nom du sous-genre, quand il est utile de le citer, se place en parenthèse entre le nom du genre et celui de l'espèce. Ex. : Hirudo (Haemopis) sanguisuga Bergmann. Art. 9. — S'il y a lieu de citer le nom d'une variété ou d'une sous espèce, ce nom vient en troisième lieu, sans interposition de virgule ni de parenthèse. Le nom de l'auteur de cette variété ou sous-espèce peut être cité lui-même, également sans virgule ni parenthèse. Ex. : Rana esculenta marmorata Hallowell. (1) Voir Bouquet de la Grye, Rapport a la Société de Géographie de Paris sur l'orthographe des noms géographiques Bull, de la Soc. de géogr., (7), VII, p. 193, 1886 ; Bull, de la Soc. Zool. de France, XIV, p. 237, 1889. (2) Les noms russes cités dans l'article précédent ont tous été transcrits en caractères latins conformément à cette rcglf. 198 Art. 10. — Quand une espèce a été transportée ultérieurement dans un genre autre que celui où son auteur l'avait placée, le nom de cet auteur est conservé dans la notation, mais placé en paren- thèse. Ex.: Pontohdella muricata (Linné). V. — Subdivision et réunion des genres et des espèces. Art. 11. — Quand une espèce vient à être divisée, l'espèce res- treinte, à laquelle est attribué le nom spécifique de l'espèce primitive, reçoit une notation indiquant tout à la fois le nom de l'auteur qui a établi l'espèce primitive et le nom de l'auteur qui a effectué la subdivision de cette espèce. Ex.: Taenia pectinata Goze partimRiehm. Par application de l'article 10, le nom du premier auteur est mis entre parenthèses, si l'espèce a été transportée dans un autre genre. Ex.: Moniezia pectinata (Gôze partim) Riehm. VI. — Du NOM DE FAMILLE. Art. 12. — Un nom de famille doit disparaître et être remplacé, si le nom générique, aux dépens duquel il était formé, tombe en synonymie et disparaît lui-même de la nomenclature. VII. — Loi de priorité. Art. 13. La dixième édition du Systenia naturae (1758) est le point de départ de la nomenclature zoologique. L'année 1758 est donc la date à laquelle les zoologistes doivent remonter pour rechercher les noms génériques ou spécifiques les plus anciens, pourvu qu'ils soient conformes aux règles fondamentales de la nomenclature. Art. 14. — La loi de priorité est applicable aux noms de familles ou de groupes plus élevés, tout aussi bien qu'aux noms de genres et d'espèces, à la condition qu'il s'agisse de groupes ayant même extension. Art. 15. — Une espèce qui a été faussement identifiée doit reprendre son nom primitif, en raison de l'article 35 des Règles adoptées par le Congrès de 1889. Art. 16. — La loi de priorité doit prévaloir et, par conséquent, le nom le plus ancien doit être conservé : a. — Quand une partie quelconque d'un être a été dénommée avant l'être lui-même (cas des fossiles). b. — Quand la larve, considérée par erreur comme un être adulte, a été dénommée avant la forme parfaite. 199 Exception doit être faite pour les Cestodes, les Trématodes, les Nématodes, les Acanthocéphales, les Acariens, en un mot pour les animaux à métamorphoses et à migrations, dont beaucoup d'espèces devraient être soumises à une révision, d'où résulterait un boule- versement profond de la nomenclature. c. — Quand les deux sexes d'une même espèce ont été considérés comme des espèces distinctes ou même comme appartenant à des genres distincts. d. — Quand l'animal présente une succession régulière de géné- rations dissemblables, ayant été considérées comme appartenant à des espèces ou même à des genres distincts. Art. 17. — Il est très désirable que chaque nouvelle description de genre ou d'espèce soit accompagnée d'une diagnose latine, à la fois individuelle et différentielle, ou tout au moins d'une diagnose dans l'une des quatre langues européennes les plus répandues (français, anglais, allemand, italien). Art. 18. — Pour les travaux qui ne sont pas publiés dans l'une ou l'autre de ces quatre langues, il est très désirable que l'explication des planches soit traduite intégralement soit en latin, soit dans l'une quelconque de ces langues. Art. 19. — Quand plusieurs noms ont été proposés simultané- ment, sans qu'il soit possible d'établir la priorité, on adoptera : a.' — Le nom à l'appui duquel une espèce typique est désignée, s'il s'agit d'un^ nom de genre ; h. — Le nom qui est accompagné soit d'une figure, soit d'une diagnose, soit de la description d'un adulte, s'il s'agit d'un nom d'espèce. Art. 20. — Tout nom générique déjà employé dans le même règne devra être rejeté. Art. 21. — On doit éviter l'emploi de noms qui ne se distin- guent que par la terminaison masculine, féminine ou neutre, ou par un simple changement orthographique. Art. 22. — Sera rejeté de même tout nom spécifique employé déjà dans le même genre. Art. 23. — Tout nom générique ou spécifique, devant être rejeté par application des règles précédentes, ne pourra être employé de nouveau, même avec une acception différente, si c'est un nom de genre, dans le même règne, si c'est un nom d'espèce, dans le même genre. Art. 24.^ — Un nom générique ou spécifique, une fois publié. 200 ne pourra plus être rejeté pour cause d'impropriété, même par son auteur. Art. 25. —Tout barbarisme, tout solécisme devra être rectifié; toutefois, les noms hybrides seront conservés tels quels. Ex. : Geo- vu la, Vermipsylla. VIII. — Questions connexes. Art. 26. — Le système métrique est seul employé en zoologie pour l'évaluation des mesures. Le pied, le pouce, la livre, l'once, etc., doivent être rigoureusement bannis du langage scientifique. Art. 27. — Les altitudes, les profondeurs, les vitesses et toute mesure généralement quelconque sont exprimées en mètres. Les brasses, les nœuds, les milles marins, etc.', doivent disparaître du langage scientifique. Art. 28. — Le millième de millimètre (Oi»°i001), représenté par la lettre grecque u, est l'unité de mesure adoptée en micrographie. Art. 29. — Les températures sont exprimées en degrés du ther- momètre centigrade de Celsius. Art. 30. — L'indication du grossissement ou de la réduction est indispensable à l'intelligence d'un dessin. Elle s'exprime en chiffres, et non en mentionnant le numéro des lentilles à l'aide desquelles l'image a été obtenue (1). Art. 31. — Il est inutile d'indiquer s'il s'agit d'un agrandisse- ment linéaire ou d'un grossissement de surface. Ces notions peuvent être facilement abrégées. Ex. : X 50 fois Q indique un grossissement de 50 fois en surface; X 50 fois indique un grossissement linéaire de 50 fois. (i) Cette dernière méthode est malheureusemenl très répandue aujoiirdhui : pourtant elle n'est comprise que de ceux, en petit nombre, (jui sont familiarisés avec les instruments sorlis de la mîme fabrique; elle est totalement inintcliigiljlc pour tous les autres lecteurs. ±0\ Séance du 25 Octobre 1892 PRÉSIDENCE DE M. PH. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT M. Alb. Vayssikre, maître de coûféreDces à la Faculté des sciences de Marseille, assiste à la séance. M. le Ministre de l'Instruction publique adresse le programme du Congrès des Sociétés savantes, qui s'ouvrira le mardi 4 avril 1893, à la Sorbonne. Le manuscrit des communications qui devront y être faites, doit être adressé au iMinistère, direction du Secré- tariat, '1«'' bureau, avant le l«i" février 1893. Parmi les questions proposées, nous relevons les suivantes, qui intéressent la zoologie : 8" Signaler les hybrides d'Oiseaux ou de Mammifères obtenus récemment. 9' Mode de distribution topographique des espèces qui habitent notre littoral. 10" Monographies relatives à la faune et à la flore des lacs français. 11" Étude détaillée de la faune ichthyologique fluviatile de la France. Indiquer les espèces sédentaires ou voyageuses et, dans ce dernier cas, les dates de leur arrivée et de leur départ. Noter aussi l'époque de la ponte. Influence de la composition de l'eau. 12'^ Étudier, au point de vue de la pisciculture, la faune des animaux invertébrés et les plantes qui se trouvent dans les eaux. 130 Époques et mode d'apparition des différentes espèces de Poissons sur nos côtes. Étude de la montée de l'Anguille. 14» De l'influence que l'on peut attribuer aux usines industrielles et aux amendements agricoles dans la population de nos cours d'eau. 15° Apparition des Cétacés sur les côtes de France. Indiquer l'époque et la durée de leur séjour. 16» Insectes qui attaquent les substances alimentaires. 24° Les eaux souterraines ; leur trajet, les terrains qu'elles parcourent, leur faune et leur flore. M. J. Bigot écrit qu'il n'entend pas accepter la responsabilité de la deuxième et dernière partie d'un travail paru récemment sous sa signature dans le Journal of Asiatic Society of Bengal. Ce travail, dont l'épreuve ne lui a pas été communiquée, est criblé de fautes d'impression dont il refuse d'assumer la respons ibilité. 202 SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1892 Madame Raphaël Blanchard et M. Félix Ancey, présentés à la séance du 12 juillet, sont élus membre de la Société. M™e Blanchard désire être inscrite en qualité de membre donateur. MM. Blanchard, de Guerne et SchlumbergerprésententM. Armand Janet, ingénieur de la marine, 104, boulevard Saint- Louis, à Toulon (Var). MM. Suchetet et Blanchard présentent M. le comte Arrigoni degli Oddi, à Padoue (Italie). M. et M^^ R. Blanchard présentent M. Alfred Brian, 6, via San Sebastiano, à Gênes (Italie). MM. Blanchard etDautzenbergprésententM.AlphonseL.HERRERA, aide-naturaliste au Muséum national, à Mexico (Mexique). M. A. Suchetet adresse la lettre suivante : « Dans l'intéressant travail de M. X. Raspail (1), je lis que « les espèces d'Oiseaux dont le mâle participe à l'incubation, doivent être considérées comme de très rares exceptions. » » Depuis longtemps j'ai observé que, dans l'ordre des Pigeons, il n'en est point ainsi. Faisant souvent couver des Columba lima cT (var. Tunis) avec des Tartur risorius $ pour obtenir des hybrides, j'ai remarqué que le cf C. livia prenait le nid dans la journée et remplaçait la femelle. La même observation a été faite sur d'autres espèces de l'ordre des Pigeons, soit par exemple sur des Ramiers croisés de Pigeon ordinaire. » J'ai toujours vu l'hybride Ramier venir prendre la place de la femelle Pigeon depuis 10 h. du matin environ jusqu'à 6 h. du soir ; même observation au sujet d'hybrides cT Turtur risorisus X T. auritus remplaçant des T. risorius 9, etc. Je n'oserais cependant affirmer exactement l'heure que choisit le mâle pour remplacer sa compagne ; souvent je l'ai vu sur le nid avant midi, et y restant jusqu'au soir; mais ce que je puis dire avec certitude, c'est que dans la journée on est toujours sûr de trouver le mâle sur le nid. » Au cours de son dernier voyage en Hindoustan, M. Emile Deschamps a recueilli aux environs de Mahé quelques Diptères, qui ont été déterminés par M. J. Bigot : 1° Ctenopliora laeta Fabr. Wiedem., cT $• 20 Pachyrhina bombayensis Macq.?, mutilé. 30 Pa7i(^07iia amboynensis Fabr. Wiedem, cT $ • 40 Tabanus perlineaWalker (vdir'?), $. (1) Note sur une incubation continuée par un mâle Pinson. Bull, de la Soc. Zool. de France, p. 133, 1892. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1892 5° Chrysops dispar Fabr. Macq., 9. 60 Sargus metaUinus Fabr. Wiedem., c/" $. 70 Damalis Andron Walker, cf. 8^ Pamponerus, nova species, 9- 90 Ommatius auratus Fabr. Wiedem. 10» Ommatius compeditus Wiedem. Il» Ommatius, nova species. 12o Ommatius, nova species. 130 Exoprosopa Audouini Macq.?, détérioré. 140 Toxophora javana Wiedem. 150 Psilopus sp? plusieurs spécimens détériorés. I60 Somomyia (Lucilia) sp. ?, détérioré. 17^ Somomyia fasciata Macq? détérioré. 18» Musca abdominaiis Fabr. Wiedem., cf. 190 Calohata rufipes Macq^., cT 9- La Naturwissenschaftliclie Wockenschrift des 31 juillet et 7 août 1892 publie un nouvel article sur les travaux du Congrès inter- national de Zoologie de Paris. FORMULES ET PROCEDES TECHNIQUES (i) 3. — Bouchage des flacons Au Musée zoologique de Turin, les flacons renfermant des pièces en alcool sont lûtes avec un mastic dont M. le professeur L. Game- rano a bien voulu nous donner la formule : Caoutchouc 200 gr. Suif 125 » Les vieux tubes de caoutchouc à gaz sont très propres à cet usage. On les coupe en petits morceaux, qu'on jette dans le suif fondu, où ils finissent par se dissoudre, à une chaleur modérée. Quand la fusion est complète, on ajoute en tournant : Talc de Venise 200 gr. On laisse refroidir le mélange, qui se conserve indéfiniment sans s'altérer. Pour l'utiliser, il suftit de le chauffer : il entre en fusion et on le porte, à l'aide d'une baguette en bois ou en verre, sur les joints (1) En publiant ces courtes notices, le Secrétaire général croit faire œuvre utile. Ses occupations personnelles ne lui laissent pas le loisir de leur donner l'extension nécessaire ; aussi prie-t-il instamment ses confrères de l'aider à développer cette rubrique, en lui communiquant des formules, procédés ou tours de main destinés à être publiés en cette même place. 204 SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1892 que l'on désire luter. L'occlusion est absolument hermétique ; le mastic, inattaquable à l'alcool, s'oppose d'une façon absolue à l'évaporation et dure indéfiniment, ainsi que nous avons pu le constater : des flacons bouchés ainsi par de Filippi, voilà plus de 40 ans, n'ont jamais nécessité aucun remplissage et leur alcool est aussi fort qu'au premier jour. Ajoutons encore que le débouchage et le rebouchage des flacons se font avec la plus grande facilité. Un ciment très analogue au précédent a été décrit dans le n» 263 de la Feuille des jeunes naturalistes : « Dans un vase en cuivre et sur un réchaud quelconque (une lampe à alcool suffit à la rigueur), on fait fondre deux à trois parties de paraffine, et l'on ajoute une partie de caoutchouc brut de Para, débité en petits morceaux. Peu à peu, le caoutchouc gonfle, se ramollit et se dissout. L'opération dure de une à deux heures. Quand le produit est parfaitement homogène et fluide, elle est terminée ; il n'y a plus qu'à laisser refroidir. » Ce ciment a la consistance de la cire et la couleur du chocolat. Il est absolument insoluble dans l'alcool et s'emploie de la même manière que le précédent. Il peut servir non seulement pour le bouchage des flacons, mais encore pour le lutage des préparations microscopiques et pour la confection des cuvettes à dissection à fond mou, auquel cas il remplace la cire avec avantage. OUVRAGES REÇUS LE 26 JUILLET 1892 BucQuoY, Pu. Dautzenberg et G. Dollfus, Les Mollusques marins du Rous- sillon, II, fascicules 6 et 7. Paris, 1892. V. FATioetTii. Studer, Catalogue distributif des Oiseaux de la Suisse. Berne et Genève, 1892, avec une carte. F. JoussEAUME, Réflexions sur la faune malacologique de la mer Rouge, Paris, 1892. E. OusTALET, Rapport a M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts sur le Congrès ornitliologique international de Budapest en 1891. Archives des missions scientif. et littéraires, 1892. OUVRAGES REÇUS LE 25 OCTOBRE 1892 A. R. Blanchard, Sur la présence de /a Trocheta subviridis en Ligurie et des- cripUon de cette Hirudmée. Atti della Società ligustica di Se. Nat., 111, n° 4, Gènes, in-8o de32 p., 1892. 2. Id., Notices sur les parasites de VEomme. — Première série: De l'existence et de la prédominance anciennes du Taenia saginala dans l'Europe occidentale. Mém. de la Soc. de biologie, 1892. 3. Id., Sur les Œstrldes américains dont la larve vit dans la peau de l'Homme. Annales de la Soc. entomol. de France, p. 109-154, 1892. SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1892 205 J. M. F. BiGor, Nova gênera Dlpterorum. Wiener entomol, Zeitung, XI, 2 p., 31 Juli 1892. Id., Descriptions de Diptères nouveaux. Méin. de la Soc. Zool. de France, V, 1802. R. Blanchard, Sur les végétaux parasites non-microbiens, transmissibles des animaux a l'Homme et réciproquement. Paris, in-8'' de 22 p., 1892. P. BnoccHi, Insectes utiles et Insectes nuisibles. Rapport du jury international (Exposition universelle de 1889). Paris, in-S" de 47 p., 1892. D. V. Capanni, Nuovo microbo net Baco da seta e il Platygaster del Boinhix raori. Reggio nell'Eniilia, in-18 de 8 p., 1892. A. Crâne, Récent researches in the anatomy and development of the Brachio- poda. Natural science, I, p. 603, 1892. .V. Fatio et Th. Studer, Catalogue descriptif des Oiseaux de la Suisse. Berne et Genève, in-8o de 69 p., 1892. Ed. Fleutiaux , Petite faune élémentaire des Coléoptères de la Guadeloupe. Basse-Terre, in-12 de 87 p., 1892. E. HoLUB, lllustrierter Fùhrer durch die sildafrikanische Ausstellung.Vra^., in-18 de 93 p., 1892. F. Jousseaume, Réflexions sur la faune malacologique de la mer Rouge. Ann. des se. nat., zool., p. 343, 1892. 1. J. KùNCKEL dHergulais, Invasiou des Sauterelles en Algérie. Rapport. Alger, in-io de 18 p., 1892. 2. Id., Idem. Compte des dépenses. Alger in-4% 1892. 3. Id., Le Criquet pèlerin {SchisioceresL peregrina Oliv.) et ses changements de coloration. Comptes-rendus de l'Acad. des se, l*"^ février 1892. J. LÉoTARD, La disparition ou l'extension de diverses espèces animales. Assoc. franc, pour Tavancement des sciences, 1891. P. Magretti, Di alcune specie d'Imenotteri raccolte d'ail' ing. L. Bricchetti Robecchi nel paese dei Somali. Annali del Museo civico di Genova, (2), X, p. 9o0, 1892. 1. E. Olivier, Viaggio di Lamberto Loria nella Papuasia orientale. — F. Des- criptions de deux nouvelles espèces du genre Luciola. Ibidem, p. 1010, 1892. 2. Id., Viaggio di Leonardo Fea in Birmania e regioni vicine. — XXXV. Lam- pijrides. Ibidem, (2), X, p, 595, 1891. 3. Id., Catalogue des Lampyrides faisant partie des collections du Musée civi- que de Gênes. Ibidem, (2), II, 1885. 4. Id,, g. a. Olivier, membre de l'Institut de France. Sa vie, ses travaux, ses voyages. Documents inédits. Moulins, in-8'' de 98 p., 1880. 5. Id., Etudes sur les Lampyrides. — II. Annales de la Soc, entomol. de France, (6), VI, p. 201, 1886. 6. Id., Description du Pâuss,us Jousselini Guér. Ibidem, p. 195, 1883. 7. Id., Descriptions de deux nouvelles espèces de Lampyridoi. Bull, de la Soc. entomol. de France, 13 juin 1883. 8. Id., Les Lampyrides d'Olivier dans rEntomologie et ^Encyclopédie métho- dique. Revue d'entomol,, p. 281, 1885. 9. Id., Lam;py vides nouveaux ou peu connus. I. Ibidem, 1883. XVII - 16 206 SÉANCE DU 2o OCTOBRE 1892 10. Id., Lampy rides nouveaux ou peu connus. II. Ibidem, 1883. M. Id., La Chrijsomèle des Pommes de terre (Doryphora decemlineata). Mœurs, histoire, moyens de destruction. Besançon, 2' édition, in-12 de 35 p., 1878. 12. Id., Faune du Doubs. Besançon, in-S» de 70 p., 1883. 13. Id., Faune de VAllier. Tome II, Annelés; 1" partie. Coléoptères. Moulins, in-8° de 375 p., 1890. E. OusTALET, Rapport sur le Congrès ornitliologique international de Buda- pest en 4891. Archives des missions scientif. et litt., 1892. 1. M. Stossich, Nuova série di elminti veneti raccolti dal D' P. Alessandro conte Nimii. Glasnilc lirvatskoga naravoslovnoga druztva, VI, 1891. 2. Id., i Distomi dei Mammiferi. Trieste, in-8o de 32 p., 1892. 3. Id., I Distomi degli Uccelli. Boll. délia Soc. adrialica di se. nat. in Trieste, XIII, 1892. OFFERT PAR LE MINISTÈRE DE l'iNSTRUCTION PUBLIQUE : Exploration scientifique de la Tunisie. Révision critique des Fourmis de la Tunisie, par C. Emery. Paris, in-8o de 21 p., 1891. Idem. Espèces nouvelles de Champignon."^, par N. Patouillard. Planclies I et II, in-40, 1892. OFFERT PAR M. DAUTZENBERG : E. BucQuoY, Pli. Dautzenberg et G. Dollfus, Les Mollusques marins du Rous- sillon. Tome II, fasc. 6 et 7 (fasc. 19 et 20), 1892. offert PAR M. E. OLIVIER ; Reime scientifique du Bourbonnais et du centre de la France. Moulins, in-8°. Tomes I-IV, 1888-1891 ; V, n»« 1-6, 1892. 207 Séance du 8 Novembre 1892. PRÉSIDENCE DE M. PII. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. le professeur P. Pavesi, récemment élu membre de la Société, remercie de son admission. M. le Ministre de l'Instruction publique annonce l'envoi d'une caisse contenant une partie des récoltes de M. G. Buchet en Islande. Les animaux divers contenus dans cette caisse seront répartis entre les membres de la Société. MM. le comte Arrigoni degli Oddi, Brian, Janet et IIerrera, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. M. Brian désire être inscrit en qualité de membre donateur. M. E. André a examiné une petite collection à Hyménoptères faite à Mahé (Inde) par M. Emile Deschamps. Voici le résultat de son étude : Camponotus impetuosus Sm. ^ . Camponotus sp. ? 5 (indéterminable sans la ? ). Diacamma vagans Sm. ? . Mijrmicaria subcarinata Sm. ^ . Mutilla analis Lep. cf. LISTE D'HÉMIPTÈRES RÉCOLTÉS A MAHÉ (INDE) PAR M. EM. DESCHAMPS, par L. LETHIERRY. Cydnus Indicus Hope, 1 exemplaire. Cydnus Bengalensis Lethierry, 1 ex. Geotomus PYGiM/EUS Dallas, 1 ex. OEdnus obscurus Dallas, 1 ex. EusARCORis Nepalensis Hope, 1 ex. Zangis melanostigta Vollenhoven, 1 ex. Antestia cruciata Fabr., variété, 1 ex. BiPTORTUs Fuscus Fab., 1 ex. RiPTORTUS PEDESTRis Fabr., 3 ex. 208 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 Leptocorisa varicornis Fabr., 6 ex. Bltssus gibbus Fabr., 1 ex. Plociomerus parvulus Dallas, 2 ex. Aphanus sordidus Fabr., 1 ex. Dieuches punctipes Dohrn, 7 ex. et 7 larves. Dieughes uNiGUTTATus Thimberg, 3 ex. Dysdercus cingulatus Fabr., variété Solenis, H. Schœfïer, 1 ex. Vesbius purpureus Thunberg, 1 ex. Charagochilus Gyllenhali Fallen ? Un exemplaire semblable à ceux d'Europe, mais avec les premiers articles des antennes de couleur noire : peut-être est-il spécifiquement distinct? Anisops produgta Fieber, 1 ex. $. DiCTYOPHORA FUMiNERVis (uov. sp.). Sordidè lutea: capite pronoto duplo longiore; vertice angusto, ad apicem non vel fere non angus- tato, obtuso, disco concavo, leviter in medio unicarinato; à latere viso recto, nec recurvo, nec sursum vergente, parte anteoculari parte basali breviore: frontis carinis tribus, média acutiore, viride, lateralibus minus distinctis, aurantiaco-tinctis, anticè conjunctis : sutura verticis et frontis nigro-maculata. Pronotum unicarinatum : Mesonotum tricarinatum : tegminibus abdomine multo longioribus, sordidè hyalinis, ad apicem leviter infuscatis ; venis partis anticcB et discoidalis concoloribus ; tegminum parte posticâ valdè reticulata, venis longitudinalibus ettransversisnigris,his plus minusve fusco- marginatis : stigmate nigro, quadri-areolato. Pedibus sordidè luteis, femoribus et tibiis anticis et intermediis valdè multi-canaliculatis, canaliculis nigris ; tarsis anticis et intermediis flavis, articulo ultimo cum unguibus nigro ; tibiis posticis extus canaliculatis, quinque-spinosis, calcaribus sex-spinosis, spinis et calcaribus apice-nigris ; tarsorum posticorum articulis flavis, apice nigris. Abdomen sordidè luteum, nigro-maculatum. cT $. Long, (cum tegminibus) 9 1/2 millim. Reconnaissable à sa couleur livide, et non verte, à la forte réti- culation de la partie postérieure des élytres, à son stigma noir, et à la forme de son vertex. — 7 ex. Phymatostetha Deschampsi (nov. sp.). Nigra, nitida, pronoti et tegminum basi, pedibusque, tarsis exceptis, flavis. Capite nigro, IcEvigato, nitido, vertice late in disco transversè impresso ; fronte tumidâ, pilis nigris erectis vestitâ. Pronotum nigrum, nitidum, partrtn profundè punctatum, parte basali arcuatâ totâ sat latè flavâ, pilis erectis nigris vestitum. Scutellum nigrum, nitidum, obsolète transversè striolatum, angulis basalibus et margine SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 209 laterali auguste, flavis. Tegmiuibus abdomine multo lougioribus, dense puuctatis, ad apicem reticulatis, pilis nigris erectis vestitis, nigris, parte basali sat latà flavà. Prosteruo flavo, hypopleuris anticè nigris ; mesoslerno llavo, disco nigro ; metasterno flavo : ventre nigro, in medio piceo : pedibus flavis, pube flavâ vestitis ; tarsis anticis et iutermediis nigris ; tibiis posticis spinâ miuimà subbasali, nec uou spinâ valida pone médium, hœc apice nigrà, et calcaribus sexspinosis nigris, armatis ; tarsorum posticorum arli- culis nigris, primo flavo, apice piceo. cT $. Long. 10 millim. — 5 ex. Aphrophora sigillifera Walker, 12 ex. Centrotypus Assamensis Fairmaire, 1 ex. Leptocentrus taurus Fabr., 30 ex. Gargara genistqe Fabr., 1 ex. Tettigonia ferruginea Fabr., 8 ex. Tettigonia albida Walker, o ex. Macropsis Indica (nov. sp.). Sordide flava, uuicolor ; vertice brevi, latissimo, Pronoto latitudiue œquali : pronoto et scutello strigis transversis tenuibus obtectis : tegmiuibus abdomine longio- ribus, nitidis, punctis sparsis impressis. cT. Long. 4 millim. Forme et sculpture de IdiM.prasina Fabr., d'Europe; taille moitié plus petite, 1 ex. Si VA STRiGicoLLis Spiuola, 1 ex. Parabologratus Wallengreni Stâl, 4 ex. Thamnotettix nigropictus Stâl, 3 ex. Thamnotettix brevissimus (nov. sp.). Ovalis, brevis, f uscus. Vertex semicircularis, in medio prothoraci longitudine œqualis : sutura frontis et verticisvaldeobtusa, subconvexa, nigra, maculis quinque flavis quadratis interruptis ornata. Tegmina fusca, punctis paucis pallidis adspersa ; appendice fere iudistincto. Corpore suprà et subtus fusco, pedibus fuscis. cT- Long. 2 millim., 1 ex. On trouve sur la côte occidentale d'Afrique, à Addah (Guinée), un Insecte qui ne paraît être qu'une variété ou une race locale de notre espèce indienne ; la taille et la forme sont les mêmes, mais la couleur est plus pâle, les pattes sont d'un fauve pâle et les dessins du dessus du corps sont moins visibles, et quelquefois disparais- sent complètement. Goniagnathus elongatus (nov. sp.). Oblougus, robustus, ferru- gineus. Vertex anticè angulariter rotuudatus, circiter triplo latior quam longior inter oculos, rubro-ferrugineus; fronle nigrà, lineis 210 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 miuutis transversis, in medio interruptis, flavis, onatâ. Pronotum ferriigineum, rugis minutis trausversis, punctis minutispallidiori- bus in parte basali, in parte anticâ crassioribus, obtectum. Teg- mina lerruginea : nervi, latérales proœsertim, conspicui, albi vel pallidè flavi, lineolis parvis transversis nigris interrupli : appendix membranœ angustus. Abdomen suprà et subtus nigrum, incisuris segmentoruni flavis ; ventris apice flavopiceo : pedibus ferrigineis, fusco plus miniisve variegatis. cf. Long. 6 mill. Voisin des G. brevis H. Schaelïer et giittulinervis Kirschbaum , mais plus allongé. — 2 ex. DESCRIPTION DE TROIS NOUVEAUX DIPTÈRES DE L'INDE, par J.-M.-F. BIGOT. Promachus leucotrichodes. $, long. — 25 millim. Antennis nigris ; palpis nigris, albopilosis.; facie et fronte cinereis, albido mllosis; mystace barbâque albis; setis post orbitalibus albis, superne nigris, rigidis ; tergo nigro, lineis angustis duabus et sutura, albescentibus, retrorsum, scutello, pleuris, cinerascentibus, dorso, rétro, setis nigris, et scutello pilis albidis, sparsis, instructis; sub radiée alarum setis aliquibus albis; halteribus fulvis ; abdomine obscure cinerascente, segmentis^ superne, maculis latis, lateralibus, qua- dratis, nigris, pictis, setis utrinque nigris, segmento ultimo et geniia- libus nigro nitido ; alis pallidissimè ru fis, apice vix cinerascentibus ; pedibus nigris, cinereo pollinosis, nigro parce spinosis, pulïillis fulvidis. Antennes noires et chète noir, palpes noirs à poils blancs; face et front grisâtres avec des poils blancs; moustache et barbe blan- ches; bord postérieur des orbites munis, en dessous, de poils blancs, en dessus, de quelques épines noires; tergum d'un noir opaque, avec deux lignes fines et la suture, d'un blanc grisâtre, partie postérieure, écusson, grisâtres à soies blanches ; sous la base des ailes, une petite touffe de poils blanchâtres, flancs grisâtres ; balanciers fauves ; abdomen, étroit, fort allongé, cilyndroconique, muni à sa pointe d'une couronne de courtes épines noires, d'un SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 211 gris foncé, avec, sur chaque segment, deux grandes macules noi- râtres quadrangulaires, les derniers segments et les organes $ entièrement d'un noir luisant, un pinceau de poils blanchâtres, à la base, de chaque coté quelques soies épineuses blanches et noires aux bords latéraux des segments; pieds noirs à court duvet gris et quelques épines 7iorres; pulvilles fauves; ailes, d'un roussâtre fort pâle, très légèrement teintées de grisâtre à l'extrémité. Deux spécimens recueillis à Mahé (Inde) , par M. Emile Deschamps. Promachus tristis. $, long. =1=23 millim. Priori simillimus, jirœter^ nnjstaces et barbam flavido pallidissimo, abdominem omnino nifjrum, segmenta, satlatè, posticè, cinereo tomen- toso, pedes spinis albidis armatos, alas, apice, obscuriores. En tout semblable à l'espèce précédente, si ce n'est, la taille un peu moindre, les moustaches et la barbe très légèrement teintées de jaunâtre, l'abdomen (dénudé) d'un noir assez foncé, le bord postérieur des segments largement couvert d'un très fin duvet grisâtre, les pieds munis d'épines blanches, l'extrémité des ailea d'un grisâtre plus foncé. 1 spécimen recueilli à Mahé (Inde), par M. Em. Deschamps. CONOPS ORNATUS. Ç, long. = 15 millim. Antennis rufis, apice pallidis; haustello fusco; facie rufd, flavido albido, pruinoso nitente tectd, supernè, utrinque, puncto nigo notatâ; thorace rufo, vittis tribus latis ahbrematis , nigris ; scutello rufo ; pleuris rufis, albido parce nitentibus; halteribus nallidè fulvis; abdo- mine, segmento 1° fusco, 5^, elongato, lato, rufo, 5" et 4^, fusco nigro, rufo angustè marginatis , sequentibus rufis, flavido aureo utrinque pruinosis, 5° et 6^, basi, laté, supernè, fusco pictis ; pedibus rufis^ tibiis, apice, tarsisque obslurè fuscis, tibiis, ante, argenteo nitido pruinosis ; alis omnino fulvis, apice, latè, dilutè infuscatis. Antennes rougeâtres, dernier segment d'une nuance plus pâle; pipette noirâtre; face rougeâtre avec des reflets pruineux d'un jaune pâle et brillants, deux petits points noirs sis au bord des yeux en haut du front ; thorax rougeâtre, disque avec trois bandes élargies, raccourcies, noirâtres; écusson rougeâtre; flancs, de la même nuance, avec quelques reflets pruineux argentés ; balanciers d'un fauve pâle ; l^i- segment de l'abdomen noirâtre, le second, assez 212 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 épais, allongé, rougeâtre, 3® et 4^ noirâtres, finement bordés de rou- geâtre, les suivants rougeâtres ; mais les 5« et 6«, à la base, en leur milieu, avec une nuance noirâtre, les derniers avec, de chaque côté, des re#ets pruineux d'un jaune doré ; pieds rougeâtres, l'extrémité des tibias laidement, les tarses entièrement noirâtres, tous les tibias extérieurement avec de brillants reflets argentés ; ailes entièrement d'un fauve pâle, l'extrémité largement teintée d'une nuance diffuse, noirâtre ; le vertex et le front nullement renflés ; la pipette dépassant notablement l'épistome ; les fémurs nullement épaissis. 2 spécimens recueillis à Mahé (Inde), par M. Em. Deschamps. A PROPOS DE L'ORIGINE DE LA COULEUR DES ŒUFS DES OISEAUX, par Xavier RASPAIL. Dans le courant du mois de mai, je trouvai au pied d'un chêne deux œufs frais de Pigeon ramier {Columba palumbus L.) qu'un coup de vent avait fait tomber du nid ; accident qu'on est étonné de ne pas voir se produire constamment, quand on considère avec quelle simplicité ce nid est construit, souvent à une grande hauteur, dans des arbres exposés à toutes les intempéries ; il consiste, en effet, en un petit plateau presqu'à jour, formé de bûchettes et de brindilles de bois entrecroisées sans grande cohésion, au point de laisser voir parfois, à travers, les œufs retenus simplement en équilibre par les interstices des matériaux. Cette construction rudimentaire a sa raison d'être : elle est motivée chez tous les Colombiens, qui ont le même mode de nidification que le Ramier, par la température élevée que ces Oiseaux dégagent et qui, dans un nid plus épais, aurait pour résultat de surchauffer les œufs et de faire périr l'embryon. Un de ces œufs était cassé et je remarquai qu'une partie du blanc, sur un côté, au niveau du petit diamètre, présentait une teinte d'un brun noirâtre paraissant diluée dans la masse albumineuse. Cette particularité me fit ouvrir le second œuf et je trouvai également sur un des côtés une petite masse glaireuse de la grosseur d'un pois et d'une couleur noirâtre. Evidemment, la présence de cette matière ne pouvait provenir que d'une altération morbide, soit sur SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 213 un point du trajet de l'oviducte où se secrète l'albumine autour du vitellus y cheminant par un mouvement de rotation, soit de l'ovaire même. Mais il y avait là un fait très intéressant à noter, car il venait reproduire l'exemple cité par 0. des Murs comme unique, dans son remarquable « Traité d'Oologie ornitliologique au point de vue de la classification ». En 1829, il avait trouvé, dans une prairie de la Champagne, un nid de Vanneau hupi^é (Vanellus cristatus Meyer etWolf.) contenant trois œufs dont deux présentaient les couleurs ordinaires à l'espèce : coquille d'un gris olivâtre, marbré, surtout au gros bout, de grandes et petites taches variables et confuses d'un noir sépia, avec, dans sou épaisseur, quelques taches grises peu apparentes (J. Vian) ; le troisième différait tellement des deux autres sous ce rapport que, « n'eût été sa forme ovoïconique absolument la même, il aurait pu êtreprispourl'œuf d'une espèce étrangère et inconnue.» Cet œuf était d'un vert-d'eau uni, légèrement parsemé, surtout au gros bout, de petits points noirâtres. En le vidant au moyen de l'insufflation, 0. des Murs, après la sortie de l'albumine et du jaune, s'aperçut qu'il n'était pas entièrement vide, et en l'insufflant de nouveau, il en fit sortir une espèce de caillot noirâtre et glaireux. Il crut reconnaître, à son grand étonnement, « que c'était une agglomération de la matière colorante formée des deux teintes communes à cette espèce, c'est-à-dire, de brun-verdâtre noyé dans un mélange d'albumine et de gluten animal qui fait adhérer entre elles les particules constituantes de la coquille. » Le fait se serait présenté de même, si on avait procédé à l'insuf- flation de mes deux œufs de Pigeon ramier. Mais 0. des Murs en tira cette conclusion que la matière colorante devait préexister dans l'intérieur de l'oviducte avant le passage de l'œuf et par conséquent avant le dépôt sur celui-ci de la substance calcaire. On comprend qu'en présence de cet œuf d'une décoloration très prononcée et contenant intérieurement une matière se rappro- chant de la teinte qui manquait à la surface de la coquille, 0. des Murs fut porté tout d'abord à en expliquer ainsi la cause ; mais s'il avait été moins séduit par la pensée d'avoir découvert l'origine de la matière colorante qui orne la coquille des œufs d'un grand nombre d'espèces d'Oiseaux, il aurait vite reconnu son erreur. Comment admettre, en effet, que l'oviducte puisse contenir, toute formée, cette matière colorante sans que cella-ci ne se mélange plus souvent à l'albumine venant successi- vement entourer le vitellus par couches concentriques, et qu'enfin 214 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 restant en arrière, elle puisse attendre que l'œuf soit arrivé à l'extrémité de ce long conduit et qu'il se soit revêtu de sa couche calcaire pour venir se déposer sur cette dernière en taches plus ou moins profondes? La réflexion lui eut fait abandonner cette idée basée sur cette simple coïncidence d'un œuf à coloration anormale contenant à l'intérieur, au milieu de l'albumine, une matière colo- rante se rapprochant de celle qui manquait extérieurement. En fait, rien n'est moins rare que la présence dans une ponte d'un œuf différentiel comme celui signalé par 0. des Murs. Tous ceux qui se sont occupés des œufs d'Oiseaux ont été à même de le constater. Parmi de nombreux exemples semblables, j'ai là, entre autres, sous les yeux, six œufs recueillis cette année même, dans un nid de Rouge-Gorge familier (Rubecola familiaris Blyth.) dont cinq sont d'un blanc fauve avec de nombreux points et taches d'un roux foncé, formant une couronne au gros bout par leur agglomé- ration, tandis que le sixième, sur un fond à peine nuancé de jaunâ- tre, ne présente que quelques rares petits points roussâtres. Or, dans l'intérieur de ce dernier œuf, pas plus du reste que dans tous les œufs similaires, il n'existait naturellement aucune trace de la coloration manquant à l'extérieur. Du reste, 0. des Murs ne crut pas devoir se prononcer catégori- quement pour cette solution, car il laisse la question pendante entre ces deux explications qu'il regarde comme les seules admissibles. « Proviendrait-elle de la combinaison des produits ferrugineux du sang avec les agents chimiques, composant la substance de la coquille, ou bien existerait-elle distincte, séparément élaborée dans le corps de l'animal et contenue comme la matière calcaire dans les vaisseaux ou conduits particuliers, aboutissant aux parois de l'oviducte. » La seconde de ces propositions est celle que lui suggéra la décou- verte de l'œuf de Vanneau décoloré contenant, au milieu de l'albu- mine, un caillot glaireux et noirâtre, mais elle se trouve annulée par suite de la présence d'une matière similaire dans des œufs de Pigeon ramier qui sont invariablement du blanc le plus pur. Quant à la première, elle résume les idées émises par les principaux oolo- gistes du commencement du siècle qui ont tenté d'expliquer l'origine de la coloration des œufs. Avant eux, ce n'est guère que vers le milieu du siècle dernier que quelques naturalistes se sont sérieusement préoccupés des œufs des Oiseaux et encore pas au même point de vue que 0. des Murs, car ce fut surtout pour en former des collections « réjouis- SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 2U5 sant l'œil et l'esprit tout autant que les coquilles » (1) plutôt que pour y chercher des éléments nouveaux pouvant servir à la science ornithologique. Réaumur, qui avait réuni une importante collection d'œufs à laquelle il avait joint un certain nombi'e de nids, devait poursuivre un autre but que celui de former un simple cabinet d'amateur; un tel génie ne pouvait avoir en vue que de s'en servir pour étudier les Oiseaux sous un jour nouveau et faire peut-être ce qu'à près d'un siècle plus tard 0. des Murs a tenté en fondant une classifica- tion des Oiseaux par l'étude de l'oologie; il a réalisé ainsi le souhait émis en 1857 par Ch. Bonaparte demandant que « les ornitholo- gistes pussent enfin s'éclairer du flambeau de l'oologie. » Malheureusement Réaumur ne laissa rien sur son intéressante collection ; elle servit seulement à Guettard de matériaux pour publier, sur les œufs des Oiseaux, un travail important en raison de l'époque dans lequel il aborde incidemment la question des cou- leurs des œufs qui, d'après lui, devaient provenir du plus ou moins de particules ferrugineuses dont les coquilles sont imprégnées (2). C'est à la même époque que Buflon, qui restera un merveilleux écrivain et le savant qui a donné la plus grande impulsion aux sciences naturelles, émettait, par exemple, à propos de la coloration des œufs, de véritables hérésies scientifiques, que le seul examen d'une collection oologique ne lui eut pas permis de commettre. 11 s'imagina qu'il devait y avoir un rapport constant entre la couleur du plumage des Oiseaux et la couleur de leurs œufs et voulut le prouver par des exemples aussi malheureux que celui-ci : « Les œufs du Pic-varié sont de même variés et tachetés de rouge. » En somme, jusqu'à la fin du XVlIIe siècle, il n'y eut que l'abbé Manesse pour donner une explication plausible de l'origine de la matière colorante déposée sur le calcaire formant la coquille des œufs, mais il ne fit que reprendre et développer l'opinion même de Guettard, acceptée également plus tard par Carus (3). Déjà auparavant, Fabricius d'Aquapendente avait touché cette question sans l'approfondir, se contentant d'émettre cette appré- ciation (( que la couleur dépendait du tempérament de l'Oiseau )). Sous cette forme très succincte, se trouve ainsi résumée l'idée la plus juste; j'ai montré, en effet, dans la description d'une série de pontes anormales, publiée dans les Mémoires de 1892 de (1) Klein, Ova avium plurimaruni. Leipzig, 17GG. (2) Mémoires sur diiïérentes parties des sciences et des arts, 1783. (3) Traiié élémentaire d'anatomie comparée, 1825 (Traduction du D-" Jourdan). 216 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 la Société Zoologiqiie de France, que des modifications considé- rables, non-seulement dans la teinte du fond mais dans celle des taches aussi bien que dans la forme ou l'absence de ces dernières, peuvent se produire sur les œufs de certains individus d'une même espèce dont la ponte s'écarte généralement peu d'un type commun ; que, de plus, il existe des espèces présentant cette particularité que leurs pontes varient selon les individus, et je faisais remarquer qu'il n'y avait là rien de plus extraordinaire que ces variations de plumage que présentent parfois quelques sujets d'une espèce; sous ce rapport même, si on ne doit y voir qu'une particularité toute individuelle, il n'est pas difficile de trouver que le fait peut devenir constant chez certaines espèces. Le Combattant ordinaire (Machetes pugnax G. Cuv. ex L.) dont le plumage de noces est aussi variable qu'il y a d'individus, en est un remarquable exemple. J'ai vu en Bel- gique, chez un amateur, quinze Chevaliers combattants, tous diffé- rents les uns des autres et présentant des écarts de coloration vrai- ment considérables. Donc, pour la coloration des œufs comme pour celle du plumage, on peut accepter l'explication avancée par Fabricius d'Aquapen- dente : elle tient uniquement au tempérament de l'Oiseau" c'est-à- dire à la constitution particulière de l'individu d'une espèce qui a pour but de la différencier des espèces voisines. Enfin, en 4818, des auteurs allemands, Naumann et Buhle, publièrent un ouvrage sur les œufs des Oiseaux d'Allemagne et des pays voisins, dans lequel, après avoir rappelé la brève mais juste opinion de Fabricius d'Aquapendente, ils ajoutent : « Du reste, ce n'est pas dans l'extrémité de la matrice que les œufs reçoivent leur teinte, là se forme la coquille et elle paraît blanche, c'est dans le cloaque qu'ils prennent leur couleur et il est probable que les excréments colorants et les substances mêlées à l'urine produisent cette variété de teintes. » Cette explication paraît prévaloir de nos jours, car on se contente encore de penser, sans preuves suffisantes à la vérité, que toutes les nuances qui colorent les œufs des Oiseaux se font dans le cloaque et résultent des matières colorantes de la bile. Ainsi Buhle, à qui appartient le côté purement théorique de l'ouvrage en question, suppose que l'œuf sort del'oviducte dans le cloaque pour de là être expulsé au dehors et que c'est pendant son séjour plus ou moins prolongé dans cet organe, réceptacle des matières excrémentielles et des sécrétions rénales qu'y amènent les uretères, que se forment les nuances variées déposées sur la couche calcaire de l'œuf. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1802 217 C'est là une erreur dans laquelle il ne serait pas tombé s'il avait connu comment s'opère l'accouplement chez les Oiseaux, ce qu'il est facile de voir chez les volailles de basse-cour. 11 me sulFira de rappeler qu'au moment môme de la copulation, le sphincter de l'anus de la Poule se dilate considérablement de façon à laisser s'épanouir, pour ainsi dire, à l'extérieur, les surfaces du cloaque et à amener l'orifice de l'oviducte en contact direct avec les surfaces génératrices correspondantes du Coq. Eh bien, ce qui se passe pour l'acte de la fécondation, se passe également pour l'expulsion de l'œuf; lorsque celui-ci, en effet, est arrivé à terme, il occupe toute la place du cloaque qu'il annule momentanément en le dilatant en raison de son volume, mais il est toujours enveloppé de la partie inférieure de l'oviducte dont l'orilice se trouve alors rapproché de l'orifice anal. Comment en serait-il autrement avec un canal aussi modifiable dans sa largeur et dans sa longueur? 11 est forcément entraîné à descendre le plus bas possible sous l'effet de la pesanteur de l'œuf et des efforts d'ex- pulsion. Donc, cet œuf n'est pas en contact dans le cloaque avec les éléments chimiques provenant de la bile et des urines, auxquels les oologistes paraissent encore attribuer la coloration des œufs; il n'y pourrait être que souillé par les matières fécales qui s'attache- raient et s'imprégneraient sur sa surface, si, en fait, ces matières n'étaient pas préalablement expulsées comme elles le sont par la descente dans le cloaque de la partie inférieure distendue de l'oviducte, qui joue là le rôle d'une véritable matrice. Mais, en admettant même la vacuité du cloaque au moment de l'arrivée de l'œuf, celui-ci, dans bien des cas, y prendrait des teintes anormales par suite de la coloration momentanée des muqueuses des intestins qui résulte de l'absorption des fruits dont se nourrissent certains Passereaux à pontes tardives. Tel est le cas de la Fauvette des jardins [Sylma hortensis Lath. ex Gmel.) qui mange en quantité les baies de Sureau et les fruits du Cerisier Mahaleb et qui n'en con- tinue pas moins à pondre les mêmes œufs jusqu'à la fin de juillet alors que les muqueuses de son tube digestif sont devenues d'un bleu presque noir par suite de l'intensité de la couleur fournie par ces fruits. Sans aller si loin chercher des éléments contradictoires, il suffit de considérer la grande quantité d'espèces d'Oiseaux dont les œufs sont d'un blanc pur, pour se rendre compte que si la colora- tion dépendait des principes de la bile, de l'acide urique en combi- naison avec les parties ferrugineuses et calcaires de la coquille, ce seraient surtout des Oiseaux comme les Pigeons, dont les excré- 218 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 ments contiennent des sels si fortement concentrés comparés à ceux de la plupart des Passereaux, qui devraient avoir des œufs présentant des nuances les plus accusées. De môme, comment comprendre que deux Oiseaux si proches l'un de l'autre, d'une parenté si complète sous tous les rapports, comme le Rouge-Queue de muraille (Ruticilla phœnicura Bp. ex L.) et le Rouge-Queue tithys (Ruticilla titliys Brelim ex Scop.) produisent des œufs le premier d'un bleu -céleste et le second d'un blanc pur, si ce n'est par le fait de leur tempérament particulier pour les oiufs, comme ils ont un tempérament particulier pour le plumage? C'est là un exemple caractéristique entre tant d'autres que l'on pourrait trouver. Sur un autre point, Bulile s'est tout autant trompé en avançant que la coquille est blanche, ce qui est pour lui la preuve que la coloration ne se fait pas dans l'extrémité inférieure de l'oviducte. Evidemment, pour la majorité des œufs colorés, la coquille est réel- lement blanche dans toute son épaisseur et la teinte du fond n'est que superficielle, comme on peut le constater sur l'œuf de la Caille et de la plupart des Echassiers. Mais, par contre, si on enlève la membrane coquillière de certains œufs, tels que ceux du JMerle- Grive, des différentes espèces de Corbeaux, etc., on voit que la face interne de la coquille est de la même teinte que la face externe ; il est donc incontestable que dans ce cas, la couleur s'est produite dans la matrice, sinon en même temps que le lait de chaux, tout au moins peu de temps après la sécrétion de cette substance cal- caire qui, se trouvant encore molle, s'est laissée entièrement impré- gner par la matière colorante formant la teinte de fond de l'œuf. Quant aux taches de nuances variées, profondes ou superficielles, elles se produisent successivement, à partir du moment où les contractions et les efforts nécessaires à l'expulsion de l'œuf font exsuder les surfaces distendues de la matrice où elles ont été éla- borées et préparées en tant que couleurs particulières à l'individu. C'est presque dans ce sens que conclut 0. des Murs après avoir analysé les différentes opinions émises par les auteurs et celle qui lui avait fait admettre ce mode de coloration après la découverte de l'œuf anormal de Vanneau trouvé par lui en 1829 : « Nous sommes donc forcé, dit-il, de nous en tenir à la découverte de Manesse, confirmée par Purkinje et Carus, et d'admettre que les différentes teintes que présentent les taches superficielles de la coquille ne se forment dans l'oviducte qu'à l'instant où l'œuf, en le parcourant pour sortir du cloaque, en distend les parois par son volume et pro- SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 2J9 voque un suintement général de toutes les fibres de la partie infé- rieure de ce canal ; l'effet de ce suintement ou de cette exsudation étant de mettre en présence les particules ferrugineuses et calcaires dont la combinaison s'opère immédiatement, diversement modifiée par l'action des gaz propres à chacune des substances qu'elles renferment. » Le passage souligné indique évidemment que 0. des Murs ne pensait pas comme Buhle au sujet de la sortie de l'œuf de l'oviducte dans le cloaque au moment de la ponte. Quant à son explication, débarrassée de la théorie de la combinaison des particules ferrugi- neuses et calcaires, elle serait, à mon avis, complète et suffisante, s'il avait simplement ajouté que ce suintement de la matière colo- rante à travers les fibres distendues de la partie inférieure de l'ovi- ducte ne se produit que chez les individus qui ont le tempérament de l'élaborer comme un caractère spécial à leur espèce. Je termine cette étude, que m'a conduit à poursuivre la décou- verte des deux œufs de Pigeon ramier contenant, au milieu de l'albumine, une matière analogue à celle trouvée par 0. des Murs dans son œuf de Vanneau, en disant qu'il serait aussi téméraire de déterminer les organes producteurs et distributeurs de la couleur des œufs, qu'il serait téméraire de rechercher dans la peau d'un poussin les éléments de la coloration du plumage qui remplacera son duvet. NOTES D'HELMINÏHOLOGIE BRESILIENNE f Deuxième note), par le D^ P.-S. de MAGALHÂES, Professeur à la Faculté de Médecine de Rio-de-Janeiro. 2. — HeTERAKIS BRASILIENSIS, DE LA POULE DOMESTIQUE. Parmi les entozoaires intestinaux de la Poule domestique que j'ai eu l'occasion d'observer ici, à Rio-de-Janeiro, il me semble se trouver une nouvelle espèce iVHetenikis, non décrite jusqu'à présent. Von Linstow, dans son Corn pendiu m, nénumëve que trois espèces cVHetprakis ayant pour hôte la Poule commune et une quatrième 220 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 B espèce rencoutrée dans un autre Galliuacé suffisamment déterminé sous la rubrique Gallus species (?). Dans le Nachtrag à son Compen- dium, l'auteur n'ajoute aucune nouvelle indication relative à cette dernière espèce. Ces quatre espèces d'Heîerakis habitant l'intestin des Oiseaux du genre Gallus sont les suivantes : Met. inflexa seu perspicillum (Rud.), Het. vesicula- ris (Frôlich), Het. papillosa (Bloch), Het. lineataei Het. compressa (Schneider). Tous ces représentants du genre Heterakis, habitant l'intestin de la Poule, ont été bien décrits et spécifiés par Schneider dans sa Monographie der Nematoden; ce qui en rend facile la distinction. La provenance des deux nouvelles espèces caractérisées par Schneider a été nettement indiquée par ce savant helminthologiste; VHet. compressa a été rencontrée en Austra- lie méridionale (Adélaïde) ; VHet. lineata proviendrait du Brésil, où elle aurait été recueillie par Olfers et Sello. A. Railliet et A. Lucet ont récemment entretenu la Société Zoologique d'une inté- ressante communication sur les deux espèces d'Heterakis communes en Europe chez la Poule et chez d'autres Gallinacés, en s'occu- pant particulièrement de la nomenclature zoologique et du développement de ces entozoaires. L'Heterakis inflexa existe assurément au Brésil, puisque j'en possède plusieurs exem- plaires recueillis par moi-même dans l'in- testin de la Poule. Malheureusement, je n'ai pu me procurer jusqu'à présent des exem- plaires femelles de la nouvelle espèce et je dois me contenter d'indiquer les caractères du mâle. La taille de cet helminthe se maintient au-dessus de celle de VHet. vesîculavis et au-dessous de celle de VHet. compressa, bien loin des dimensioDS de VHet. inflexa et de VHet. lineata.V^T rapport à cette dernière, il faut encore noter l'absence de la bande blanche, repré- sentée par les champs latéraux, et qui serait propre à cette espèce, selon Schneider. A, Extrémité antérieure; n, extrémité postérieure; c, longueur totale du corps. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 221 Le nombre des papilles caudales delà nouvelle espèce la distingue aussi des autres, du moins de trois des autres, puisque le nombre des papilles de VHet. compressa n'est pas indiqué par Schneider. Si je ne me suis pas trompé, il existe 9 paires de papilles latérales sur la queue de la nouvelle espèce. Ces organes seraient au nombre de 12 paires pour VHet. vesicularis, 11 paires pour VHet. tineata et 9 paires pour VHet. inflexa. Les caractères de la nouvelle espèce sont les suivants : Heteralcis bmsiliensis (intestino Galli gallinacei Pallas). Longueur du mâle, M^^; largeur O^n^Gau milieu du corps. Arrondi, jaunâtre, avec- les deux extrémités amincies, surtout la postérieure. Bouche avec trois grosses lèvres inégales ; avec les papilles submédianes bien distinctes. Œsophage long de 2™"^. Ventouse caudale circulaire, excavée, ayant 0™'^09 de diamètre interne, et 0™™11 de diamètre externe, de rebord à rebord; dans la partie postérieure de son rebord, on voit une papille cachée. L'existence d'une papille dans la partie postérieure du rebord de la ventouse des Heterakis est aussi admise par Schneider {Op. cit., p. 69). Bursa fort peu marquée. Deux spicules un peu inégaux. Neuf paires de papilles latérales : une en avant de la ventouse ; deux paires très rapprochées, en arrière de la ventouse; une autre plus postérieure, près de l'ouverture donnant passage aux spicules; deux paires très rapprochées et situées en arrière du cloaque ; une autre paire plus distante, suivie de deux paires de papilles très petites et voisines ; enfin, une autre paire, la dernière, plus près de l'extrémité de la queue. Entre les deux dernières, se voit une papille asymétrique, médiane. Les papilles asymétriques, d'après Schneider, ne seraient pas rares chez les Heterakis, mais elle siégeraient tou- jours latéralement ; l'existence de la papille médiane est donc con- traire à l'affirmation de l'helminthologiste de Berlin. Les stries transversales de la couche chitineuse des téguments du Nématoïde donnent au pourtour des bords de la ventouse une apparence finement festonnée. Je me suis assuré que cet Entozoaire possède des fibres rayonnées, qui, de la ventouse, se dirigent vers les parties latérales du corps; on les voit très bien par transparence. Comme l'a indiqué Schneider, il résulte de cette disposition anatomique que la ventouse des Hete- rakis a un fonctionnement bien différent de celui des ventouses des Trématodes, des Cestodes et des Hirudinées, munies aussi de fibres circulaires. La petitesse des organes ne me permet pas de rien préciser sur la conformation des plaques dentaires propres à l'espèce. XVII. — 17 222 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 COURTES NOTICES SUR LES HIRUDINÉES, par le D^ Raphaël BLANCHARD. YI. — Sur le BranclieUion punctatum Baird, 1869. Macclonald (1) a décrit et iigiiré un Br anchel lion d'Australie , auquel il n'a donné aucun nom et dont la détermination est jusqu'à présent demeurée incertaine. En voici la description, en partie d'après cet auteur, en partie d'après l'interprétation de ses dessins : Animal long de 75™"^, large de b^^ au maximum, non compris les appendices branchiaux, large de 8 à 9"^^, y compris ces appendices ; de couleur noire. Tète déprimée, spatulée, elïilée en avant, longue de l^^o, large de ^^^. Le cou correspond au tiers antérieur du corps ; il est dépourvu de feuillets branchiaux ; sa largeur est de 2mm derrière la tète, puis augmente progressivement. Il atteint ainsi une largeur de 3^^2d, puis se continue avec le corps sans ligne de démarcation. Le corps, d'abord large de 3"i°i23, acquiert bientôt une largeur de 6^^, puisse rétrécit légèrement en arrière. 11 est formé d'anneaux bien distincts, ornés à la face dorsale de six rangées longitudinales de taches blanches. Chaque anneau, à l'exception des deux ou trois derniers; porte sur ses bords latéraux une paire de feuillets branchiaux cordiformes et brièvement pédicules. Ces branchies sont repliées sur elles-mêmes, comme autour d'une charnière qui occuperait leur bord postérieur ; elles s'ouvrent donc large- ment en avant. Macdonald n'indique pas leur nombre, mais on peut en compter 30 paires sur sa figure 8. A la base de certaines d'entre elles, de trois en trois, est situé un organe contractile ou propulseur, en rapport avec le système vasculaire. La ventouse postérieure est discoïde et large de 10"ii^; le corps s'insère sur sa partie centrale. Sa face inférieure est criblée de petites ventouses circulaires, cupuliformes, avec une portion cen- trale rétractile, rappelant les ventouses des Céphalopodes. Ces petites ventouses ne sont pas éparses, mais sont plutôt disposées suivant des rayons, entre lesquels s'insinuent des faisceaux muscu- laires rayonnants. (1) J. D. Macdonald, On a new genus of Trematoda, and some new or Utile known parasitic Hirudinei. Transactions of the linnean Soc. of London, (2), 1, p. 209, 1876. Voir pi. XXXIV, fig. 8*12. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1892 223 Cette Hirudinée vit sur les Plagiostoines ; elle a été recueillie par Macdonald dans la Shark Bay (Australie occidentale), sur un Myiio- bates d'espèce indéterminée. La question (fui se pose maintenant est la suivante : ce Bran- chellion appartient-il à une espèce déjà connue et, dans ce cas, à quelle espèce doit-il être rapporté ? Le Br. rJiombi Van Beneden et Hesse, qui vit à Brest sur le Turbot (Bhomùus indximus), a aussi 30 paires d'appendices branchiaux, con- formés comme ceux de l'animal qui nous occupe; mais sa ventouse postérieure est « unie en dessus comme en dessous. » Ce n'est donc paE de lui qu'il s'agit. Il est d'ailleurs bien vraisemblable que cette espèce ne se retrouve pas sur les côtes d'Australie. Parmi les espèces d'Australie ou de l'Océan Pacifique, il en est trois qui méritent de fixer notre attention : 1° Br. imbricatum Grube, 1867. — Provient de la mer du Sud. Long de 46°^°^, large de 6"^°^ sans les branchies. Pourvu de 32 paires de branchies à bord entier, sessiles, imbriquées et en grande partie cachées sous la face ventrale. D'un blanc grisâtre en alcool. — Grube ne dit rien des ventouses. 2° Br. lineare Baird, 1869. — Pris sur un Squale (Mustelus) dans le détroit du roi Georges, au nord de l'Australie. Long de 6 lignes [12^'^) environ, large d'une ligne (2^^) environ, pourvu d'environ 32 paires de branchies. Corps linéaire; cou séparé du corps proprement dit par une constriction bien marquée. Ventouse antérieure circulaire et lisse ; ventouse postérieure circulaire beaucoup plus grande, densément granuleuse en dedans. 3° Br. punctatum Baird, 1869. — Pris sur une Raie (MyUobates) dans le détroit du roi Georges, au nord de l'Australie. Long de près d'un pouce et demi (38™™), large d'environ 2 lignes (4™™2), pourvu d'environ 32 paires de branchies. Corps étroit, allongé, de couleur sombre, avec un grand nombre de petites taches jaunes arrondies, éparses sur le dos. Ventouse antérieure beaucoup plus petite que la postérieure. Ventouse postérieure grande, tout â fait terminale, peu projonde, munie de granuMions plus grandes â sa face interne. Appendices branchiaux plus grands à la partie postérieure du corps, simples, non ridés sur le bord. Cette dernière description s'applique parfaitement au Z^/'«?i- chellio7i décrit par Macdonald; nous indiquons en italiques les caractères qui lui conviennent plus spécialement. Nous croyons donc pouvoir identifier cette Hirudinée avec le Branchellion puncta- tum BsiM. 224 Séance du 22 Novembre 1892. PRÉSIDENCE DE M. PII. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. Ch. Brongniart, secrétaire du Comité pour l'érection d'un monument à la mémoire de M. de Quatrefages, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Il fait le plus pressant appel à la géné- rosité des membres de la Société. A la date du 20 novembre, la souscription atteignait le chiffre de 4 400 francs. M. Ch. Brongniart rappelle que les souscriptions sont reçues par lui (9, rue Linné^ Paris). La Société souscrit pour une somme de 25 francs. M. LiGNiÈREs donne lecture de deux travaux, accompagnés de figures : 1» Etude zoologique et anatomique du Tyroglyphus malus et de sa nymjihe hypopicUe; 2° Etude zoologique et anatomique sur rHemisarct)ptes coccisuga, n. g., n. sp. Renvoi aux Mémoires. M. J. DE GuERNE présente les planches d'Holothuries et d'Alcyonai- res accompagnant les travaux de MM. von Marenzeller et Studer qui doivent paraître prochainement dans la grande publication du prince de Monaco. AUTOTOMIE CHEZ LES PYGNOGONIDES, par Paul GAUBERT. Depuis que Léon Frédéricq a attiré l'attention des zoologistes sur l'importance de Tamputation par voie réflexe (autotomie) chez cer- tains animaux, comme moyen de défense, les naturalistes relèvent avec intérêt les nouveaux cas observés. Pendant les mois d'août et de septembre, ayant eu l'avantage de travailler au laboratoire maritime de Concarneau, dirigé par M. le professeur Pouchet, j'ai mis à profit le nombre considérable d'ani- maux que j'avais à ma disposition pour chercher des cas d'auto- lomie qui n'avaient pas encore été observés. J'ai constaté que les Nymphon gracile, qu'on trouve en abondance sur les Algues de la baie de la Forest, peuvent rompre spontanément leurs membres. La rupture se fait entre le premier et le second arti- cle. Ce fait est assez intéressant à cause de la présence d'une ramiii- cation du tube digestif et des organes génitaux dans chaque patte. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1802 225 Il est très probable que, comme chez le Crabe, le Faucheur, les pattes ont la faculté de repousser. Je n'ai pas pu observer le phé- nomène, les Pycnogonides ne pouvant pas être conservés vivants pendant longtemps. Je dois faire remarquer que l'autotomie ne se produit que si l'animal est très actif, et encore ne suis-je arrivé à faire rompre que deux pattes. Chez le Crabe, chez les Araignées, l'autotomie peut se produire successivement sur les huit pattes ambulatoires, si 1 ani- mal est en bon état. SUR QUELQUES ENTOMOSTRACES DE L'ILE D'ELBE ET DE L'ILE DE MONÏE-GRISÏO, par Jules RICHARD. Dans le courant de l'été dernier, le yacht Princesse Alice, com- mandé par S. A. le Prince Albert de Monaco, que j'avais l'honneur d'accompagner, mouilla successivement à l'Ile d'Elbe et à l'île de Monte-Cristo. Accompagné de M. le D^ Braquehaye, je ne manquai pas de me mettre à la recherche des Entomostracés d'eau douce, sans beaucoup de succès du reste, car l'eau douce est très rare dans ces îles. Bien que le résultat de mes recherches soit peu important, je tiens cependant à l'exposer brièvement ici, à cause de l'intérêt spécial qu'offre l'étude des faunes insulaires et parce que les îles en question n'ont jamais été explorées au point de vue qui nous occupe. Ile d'Elbe. Porto Ferraio, 29 septembre 1892. — C'est dans un récipient plein d'eau, d'environ lo litres de capacité et enfoncé en terre dans un jardin près de la ville, que j'ai recueilli les Crustacés suivants : 1. Daphniapulex de Geer, Y Rv. 2. Cyclops bicuspidatus Cl^us, var. odesscmus Schmank. 3. Cijpris fascata Jurine. Cette récolte contient aussi un assez grand nombre de statoblas- tes de Plumatella, probablement P. repens. Ile de Monte-Cristo, l^'' octobre 1892. — Bien que j'aie parcouru cette île en divers sens, je n'ai trouvé d'eau douce permanente qu'en un point situé tout près d'un très ancien monastère en ruines. Cette eau était contenue dans une cavité manifestement creusée de main d'homme dans le granit. (Elle a environ 1^ de longueur sur 0™70 226 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1892 de large et 00^25 de profondeur). Des Algues et autres plantes aqua- tiques y vivaient. Partout ailleurs, je n'ai vu que de minuscules flaques d'eau dissé- minées sur le granit et qui n'existent qu'après une pluie assez forte. La mare située près du monastère contenait les formes suivantes : 4. Ceriodaphnia ^rticulata Jurine. 5. Alona rectangula G. 0. Sars (?) 6. Cîjpridopsis villosa Jurine. Remarques. — 1. DaphniapiUex de Geer,var. Cette espèce, extrême- mement commune partout, se présente ici sous la forme d'une variété connue en divers points de la France. La réticulation de la carapace, à mailles assez fines, est très marquée. Les antennes antérieures sont larges. Les soies des antennes postérieures, longues et fines, sont assez fortement ciliées. La fornix atteint presque l'œil dont les lentilles cristallines sont peu nombreuses mais assez bien dégagées. Le postabdomen porte de 11 à 13 dents anales chez les femelles ovi- gères ; la griffe terminale porte 9 à 10 dents au peigne proximal et 10 au peigne distal. 2. Cyclops bicuspidatus Clans, var. odessanus Schm. — Cette variété, caractérisée par ses antennes antérieures à 14 articles, se trouve sans doute dans le même cas que les exemplaires que j'ai signalés au Croisic, où l'on trouve cette forme aussi bien dans les marais salants que dans l'eau douce à peu de distance de la mer. 3. Cypris fuscata Jurine. — Cette espèce pullulait dans le réci- pient où la récolte a été faite. 4. Ceriodaphnia reticulata Jurine. — Cette espèce ne se distingue en rien delà forme ordinaire; la griffe postabdominale porte tantôt 5, tantôt 6 dents secondaires. 5. Alona rectangula G. 0. Sars (?). — C'est avec hésitation que je désigne sous ce nom une espèce que j'ai recueillie en très grand nombre à l'île de Monte-Cristo et que je vais décrire pour pouvoir discuter son identité : La longueur moyenne des exemplaires examinés est de O'^'^SS. Sur un individu de 0™'"41 la largeur, sur l'animal vu de côté, est de Omm20. La carapace, assez comprimée, est donc un peu plus de deux fois aussi longue que large. Le bord dorsal, peu convexe, con- tinue le bord de la tête suivant une courbe peu prcJnoncée. Le bord inférieur de la carapace est peu convexe, ainsi que le bord ventral auquel il s'unit par un angle largement arrondi. Le bord ventral SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1892 227 porte depuis sou origiue des soies de grandeur médiocre et à peu près égales. La tête est assez relevée et se termine en un rostre obtus. La surface de la tète et de la carapace est lisse ou se présente ({uelque- fois avec des ponctuations ou des traces à peine visible de stries espacées. Mais elle est toujours ornée de saillies arrondies à base circulaire, très peu élevées et très nombreuses et disposées assez régulièrement sur des lignes parallèles aux bords de la carapace. Ces ornements se voient très bien sur les carapaces des animaux dont les tissus ont disparu ou aussi sur les exemplaires ordinaires, surtout quand la surface est au contact de l'air. L'œil, de grosseur médiocre, est ordinairement plus volumineux dans sa partie antérieure que dans sa partie postérieui-e, qui paraît ainsi conique; les vésicules réfringentes, rares, paraissent presque complètement noyées dans le pigment. La tache oculaire, de forme arrondie, est presque aussi grosse que l'œil et elle est située à peine plus près de l'œil que de l'extrémité du rostre. Les antennes antérieures, un peu plus renflées à leur premier tiers qu'à leurs extrémités, atteignent à très peu près l'extrémité du rostre. Les antennes postérieures sont courtes, ainsi que leurs soies biarticulées; chaque branche des antennes a 3 articles; la branche inférieure porte 4 soies dont une à l'extrémité du deuxième article ; la branche supérieure a 3 soies, toutes apicales. Il y a en outre une épine à l'extrémité de chaque branche, et une semblable au côté externe du premier article de la branche supérieure. Le labre, vu de côté, est large, assez régulier, et ne présente rien de particulier. Le postabdomen a la forme générale de celui de A. affinis Ley- dig ; il est un peu élargi à son extrémité libre dont le bord dorsal présente une sinuosité bien marquée entre l'extrémité élargie et l'angle supra-anal qui est assez marqué. Le bord ventral est presque droit et se prolonge en une griffe peu recourbée garnie, à partir de sa base, d'une première série de cils dont le dernier, situé vers le milieu de la griffe, est le plus long et le plus fort, tandis qu'à partir de là jusqu'à l'extrémité, se trouve une autre série de cils à peine visibles et disposés sur une autre ligne que la précédente. La griffe porte à sa base une dent secondaire assez grêle n'ayant environ que le quart de la longueur de la griffe. Le bord inférieur qui sépare celle-ci du bord dorsal du postabdomen est presque droit. Ce bord dorsal, peu convexe, forme un angle droit avec le bord inférieur. 228 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1892 Les cinq ou six premières dents du bord dorsal sont assez petites (les deux premières sont plutôt sur le bord inférieur) et isolées; les suivantes, plus petites, sont accompagnées de un ou plusieurs petits deuticules dont le nombre augmente vers l'angle supra-anal, si bien que le sinus anal est garni de fines épines égales. En outre de cette série de dents du bord dorsal, on remarque au-dessus, sur les côtés du postabdomen, de 9 à H groupes ou peignes formés d'un nombre variable de dents très longues et fines. Ce nombre, réduit à 3 ou 4 pour les 5 ou 6 groupes les plus rapprochés de la griffe terminale, augmente vers l'angle supra-anal en même temps que ces dents diminuent de longueur. La première dent de chacun des 5 premiers groupes est très longue et dépasse très notablement le bord dorsal et même l'extrémité des dents de ce bord . Les soies postabdominales n'ont rien de particulier et atteignent à peine en longueur la distance de leur point d'origine à l'angle supra-anal. J'ai pensé tout d'abord que j'avais devant moi Alona tuberculato, Kurz. La taille de l'animal et la sculpture de la carapace concordent parfaitement avec celles de V Alona de Monte-Cristo. Mais le post- abdomen est, suivant lui, semblable à celui de l'espèce qu'il décrit sous le nom de .4. parvula et à laquelle il refuse la série des peignes latéraux du postabdomen, peignes si développés et si nets dans notre Alona. Ils n'auraient certainement pas échappé à Kurz qui en a remarqué de plus fins, chez son A. coronata, par exemple. C'est pourquoi je suis amené à penser qu'il s'agit ici de A. rectan- gula Sars, dont les dimensions et la structure du postabdomen paraissent assez semblables à celles de notre espèce. 6. Cypridopsis villosa Jurine. C'^est une espèce bien répandue en Europe. Je me bornerai ici à rappeler sa présence à Belle-Ile. En résumé, l'île d'Elbe et l'île de Monte-Cristo ont seulement fourni 3 Cladocères, 1 Copépode (Cyclops), 2 Ostracodes, tous bien connus d'ailleurs en Europe. 229 Séance du 13 Décembre 1892 PRÉSIDENCE DE M. PU. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. le Présideut adresse les Iclicitatiuns do la Société à M. le pro- fesseur Edmond Perrier , ancien président, élu Membre de l'Académie des sciences, dans la section de Zoologie, en rempla- cement de M. de Quatrefages. Il félicite également MM. Marcel Baudouin, A. Licet et Moulé, lauréats de l'Académie de médecine. L'x\merican Philosophical Society, de Philadelphie, se propose de célébrer le 150^ anniversaire de sa fondation par des réunions scientifiques qui auront lieu du 22 au 26 mai 1893. Elle invite la Société Zoologique à s'y faire représenter. MM. J. Vian et Collardeau du Heaume présentent M. le D^ Erasme BoNNAiRE, accoucheur des hôpitaux, 37^er^ rue de Bourgogne, à Paris. DES MODIFICATIONS SUBIES AVEC L'AGE PAR LES FORMATIONS DE LA MUQUEUSE DU RUMEN CHEZ LES RUMINANTS (i), par J.-A. CORDIER. Nous avons eu l'occasion, dans l'étude sur l'anatomie comparée de l'estomac des Ruminants que nous avons entreprise au Muséum d'histoire naturelle, d'examiner les formations muqueuses du rumen chez de très vieux animaux et nous avons fait sur ce sujet des observations qui ne sont peut-être pas sans intérêt. Lorsqu'on ouvre le rumen d'un animal à peine adulte, on aperçoit des papilles bien nettes de forme, serrées les unes contre les autres et plus développées dans la partie que Wilkens a appelée « col » de la panse que sur le reste de la surface. Nous pourrions expliquer l'inégal développement des papilles suivant les régions du viscère; on peut dire dès à présent que ce sont les papilles du col qui sont les plus fatiguées par le passage de la nourriture grossière qui s'accumule dans le rumen. Si maintenant nous ouvrons l'estomac chez un très vieil animal, nous remarquons une disposition diffé- rente; les grandes papilles du col sont alors clairsemées, deux ou (1) Ces observations ont été faites au laboratoire de l'Ecole pratique des Hautes Etudes au Muséum d'histoire naturelle. 230 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1892 trois fois plus allongées que chez le jeune, flétries et comme ellilo- chées et présentant à leur base une torsion qui peut dépasser un tour, suivant la phase de l'atrophie. Entre ces papilles en voie de disparation, nous trouvons les traces nombreuses d'autres papilles déjà disparues et dont les bases demeurent seules comme vestiges, mais totalement recouvertes par l'épithélium ordinaire du rumen. Cette particularité nous avait fait d'abord supposer que ces formations muqueuses pouvaient bien se renouveler; mais une coupe histologique pratiquée dans cette région montre nettement que les choses ne se passent pas ainsi. Cette disparition des papilles frappe, moins prématurément, il est vrai, le reste de la surface du rumen. Chez un Bison ayant vécu trente ans à la ménagerie, j'ai pu constater l'absence presque complète de papilles entières; une Antilope et un Bélier, également très vieux, ont aussi montré ce processus avec la plus grande évidence; mais j'ai vu le même fait se produire d'une façon moins marquée chez des animaux assez jeunes. Une autre modification apportée par l'âge chez certains Rumi- nants est l'apparition d'une coloration noire plus ou moins intense sur toute la surface du rumen. Chez le Bison dont il a été question ci-dessus, l'épithélium, qui se détachait d'autant plus facilement par larges plaques que la muqueuse était dénudée de papilles, avait une coloration noire intense sur sa face interne. Le Mouton et le Bœuf ordinaire présentent également ce caractère et je l'ai observé aussi sur la partie non glandulaire de l'estomac d'un Pécari, animal fort voisin des Ruminants; mais je n'ai pu le constater sur des espèces de Cerfs et d'Antilopes, cependant très âgées, que j'ai examinées; il semble donc que cette coloration soit due à la domes- ticité. Une coupe histologique nous a montré que seuls les frag- ments écailleux qui proviennent, chez ces vieux animaux, de la desquamation superficielle de la couche cornée externe de l'épi- thélium, possédaient cette sorte de pigment noir sur lequel les réactifs ordinaires des épithéliums (potasse, acide chromique, etc.), ont été sans action. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1892 231 SUR DEUX IS JPODES TERRESTRES D'ISLANDE RECUEILLIS PAR M. GASTON BUCHET, par Adrien DOLLFUS. Les récoltes que M. G, Buchet a faites l'été dernier, en Islande, confirment l'extrême pauvreté, dans cette île, de la faune isopo- dique terrestre. Il en est de même de toutes les régions arctiques et ce fait contraste avec la richesse de la faune marine en espèces du rnème ordre. M. Buchet a rapporté deux espèces de Cloportes : l'un, PorcelUo scaher Latr., est très répandu dans tout le Nord de l'hémisphère boréal et, chose curieuse sur laquelle nous avons déjà appelé l'attention des zoo-géographes (1), il parait se trouver avec la même abondance dans les petites iles de l'hémisphère austral appartenant à la région antarctique, alors que du Midi de l'Europe au Sud de l'Afrique et de l'Amérique, on n'en a jamais rencontré un seul exemplaire. Les échantillons qui nous occupent ont été trouvés à Thorshavn, le 9 juin. L'autre espèce est VOniscus murarius Cuv., qui craint moins que la précédente les pays chauds, puisqu'elle s'avance jusqu'aux Açores. Les quelques spécimens recueillis par M. Buchet et qui proviennent de Transgisvaag (9 juin), sont de petite taille et peu larges: cette forme paraît constante dans tout le N.-O. de l'Europe, voisin de l'Atlantique, tandis que dans l'Est et surtout dans les parties montueuses et les grandes forêts, le Cloporte des murailles atteint facilement une grandeur et surtout une largeur doubles. Ouvrages reçus le 13 décembre 1892. R. HoRST, Earthworms from tlie Malay Àrchipelago. Zoologische Ergebnisse einer Reise in niederl, 0.>^t-lndieiî, II, p. 28, 1892. Em. MoRKAu, Manuel dlchtliyologie française. Paris, in-l2 de 651 p., 1892. E. Simon, Histoire naturelle des Araignées, tome I, fascicule 1. Paris, in-8» de 256 p., 1892. (1) Isopodes Lerrestresdiui Ciiallcnger ». Bull. Soc. Et. Scient. Paris, 1890. •^:^9 Séance du 27 Décembre 1892 PRÉSIDENCE DE M. PH. DAUTZENBERG, PRÉSIDENT. M. le D' R. Blanchard s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le D' JoussEAUME est parti récemment pour un nouveau voyage à la mer Rouge. Comme d'habitude, il se propose de recueillir des objets d'histoire naturelle capables d'intéresser les Membres de la Société. M^^e fie QuATREFAGES DE Bréau, MM. Ics profcsscurs de Lacaze- DuTHiERS et p. Pavesi envoient d'importantes séries de publica- tions pour la bibliothèque de la Société. M. le Dr BoNNAmE, présenté à la dernière séance, est élu Membre de la Société. MM. R. Blanchard et J. de Guerne présentent M. Edouard Brabant, AU château de l'Alouette, à Escaudœuvres, près Cambrai (Nord). L'ordre du jour appelle le dépouillement du scrutin pour l'élec- tion du Bureau et d'un tiers du Conseil. Sur 112 votants, sont élus : Président : M. le D^" Oustalet, par. . d06 voix. ^,. ^,., . / M. le Dr L. Faurot 107 » Vice-Presidents : < ^^ ^ e r ^t At^n \ M. le prof. L. Vaillant. 106 » Secrétaire général : M. le D^" R. Blanchard\ 107 » f M^ii^^F. BiGNON, D^ès-sc. 107 » Secrétaires: < M. L.-B. de Kerhervé. . 107 » ( M. le Dr J. Richard.... 107 » Trésorier : M. C. Schlumberger . . . 107 » Archiviste-bibliothécaire : M. H. Pierson 107 » Bibliothécaire-adjoint : M. Secques 108 » [ M. A. Certes 106 » „ ^ ^ ^ ., \ M. M. Chaper 106 » Membres du Conseil : < M. E. Simon 106 » M. SUCHETET 106 » SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1892 233 sua LE MALE ADULTE UHYPERTA SCRIZOGENEWS STEBBING, par Edouard GHEVREUX. Les pêches pélagiques, effectuées par l'Hirondelle dans l'Atlan- tique Nord, ont ramené de nombreux exemplaires d'un très petit Amphipode appartenant au genre IJyperia. En étudiant le mâle adulte de cette Hypérine, je m'étais cru tout d'abord en présence d'une espèce nouvelle, mais l'examen des femelles et des formes jeunes des mâles m'a démontré qu'il s'agissait d'un Amphipode précédemment recueilli par le Challenger : Hyperia schizogeneios Stebbing (1). Le Rév. Th. Stebbing n'a eu entre les mains que des femelles, et de jeunes mâles dont les articles du fouet des antennes n'avaient pas encore pris la forme allongée qui caractérise ceux des adultes (2). Les vieux mâles présentent des caractères assez différents pour qu'il m'ait semblé utile d'en donner une description succincte. Fig. 1.— Hyperia schizogeneios, mâle aduUe, La grandeur naturelle est Indiquée à la partie supérieure. Chez le mâle adulte (fig. 1), la tête est presque aussi longue que l'ensemble des cinq premiers segments du corps; les yeux la gar- (1) Report on the Ampliipoda collected by H. M. S. Challenger, p. 1391-1394, pi. CLXVIIL (2) « The linear stage not having been reached ». Stebbing, loco cit., p, 1391 . SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1892 Dissent eûtièrenient, la portion pigmentée, largement ovale, en occupant une grande partie. Le thorax, remarquablement court, ne dépasse guère en longueur l'ensemble des deux premiers segments de l'abdomen. Les segments antérieurs sont bien nettement déli- mités; chez la iemelle, au contraire, les deux ou trois premiers sont soudés à la partie dorsale. Les six premiers segments du thorax ont à peu près la même taille, le septième atteignant le double de la longueur des autres. Les trois premiers segments de l'abdomen sont très allongés; la quatrième présente une carène assez saillante à la partie dorsale. Les antennes supérieures atteignent à peu près la longueur du corps; la figure 2 représente le pédoncule et les premiers articles du fouet de ces antennes. On voit que le second article du pédoncule offre au bord postérieur un renflement assez accentué, garni d'une touffe de longues soies. Le premier article du fouet, très volumineux, aussi long que le pédon- cule, porte comme d'habitude des soies longues et touffues au bord postérieur. Les deux arti- cles suivants, larges et courts, sont notable- ment prolongés en arrière, et portent quelques soies éparses. Viennent ensuite des articles étroits et allongés, de quatre à cinq fois plus longs que larges ; leur nombre est de vingt-sept chez l'exemplaire dessiné. Les antennes inférieures sont plus longues que le corps; chez quelques-uns des exemplai- res examinés, elles atteignent une fois et demie sa longueur. Les articles du fouet, étroits et allongés, sont au nombre de trente. Les pattes thoraciques ne présentent pas de différences notables dans les deux sexes. Les pléopodes sont relativement plus courts chez les mâles, et leurs pédoncules remarquable- ment gros. Dans chacune des trois paires d'uropodes, les bords contigus des branches sont finement denticulés, comuie chez la femelle, mais ces mêmes bords, chez le mâle adulte, sont profondément échancrés près de la base, la denti- culation étant beaucoup plus accentuée dans les échancrures. La ligure 3 représente un uropode de la première paire. Les uropodes Fig. 2. — Hyperia schi- zogeneios d^, pédon- cule et premiers arti- cles du fouet des an- tennes supérieures , X64. SÉANCE DU 27 DÉCKMBRE 1893 233 des Hyperia Sibafjinis et Ilfjperia promontorii Stebbing, dont les mâles ont seuls été décrits et ligures, présentent une forme analo- gue; il semble donc probable que c'est un caractère sexuel chez plusieurs espèces d'Hyper la. Le telson, un peu plus court que chez la femelle, est à peine plus long que large. La taille d'un mâle adulte varie entre 3^^o et 4^i», mesurés de la partie antérieure de la tète à l'extrémité des uro- podes. La femelle, beaucoup plus petite et de forme presque globulaire, atteint à peine l^^o. Chez un jeune mâle d'environ 3™°!^ les antennes atteignent à peu près la moitié de la longueur du corps. Le fouet des antennes supérieures se com- pose d'un premier article très allongé, mais ne portant pas encore de soies, suivi d'une ving- taine d'articles très courts. Les deux premiers segments du thorax sont soudés à la partie dor- sale et les branches des uropodes sont semblables à celles des femelles. A un stade plus avancé, la taille égale celle de l'adulte. Tous les segments du thorax sont bien délimités. Les antennes atteignent à peu près la longueur du corps, leurs fouets se composant d'articles longs et étroits. Le premier article du fouet des antennes supérieures est cilié, comme chez l'adulte, mais le second et le troisième, étroits et allongés, ne portent pas de soies et sont sem- blables aux suivants. Les branches des uropodes Fis.3. — Hyperia , , , , , ^ scluzogeneios çf , présentent une légère echancrure. uropode de la pré- vient ensuite le stade décrit ci-dessus, corres- ™iere paire, x ^s. pondant à la forme complètement adulte du mâle d'Hyperia schi- zogeneios. La distribution géographique de cette petite espèce est fort étendue. Les exemplaires du Challenger ont été pris au voisinage de Saint-Vincent, une des îles du Cap-Vert, par 16o 49' de latitude Nord et 27^ 34' de longitude Ouest (1). V Hirondelle a capturé Hyperia schizogeneios, en 1883, 1887 et 1888, dans quatorze stations différentes, sur lesquelles le tableau ci-joint donne des renseigne- ments précis. (1) Du méridioii de Paris. 236 SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1892 co G^l 00 «M -^ cd fc: •< aj eu < s u / ^ \ ?y -r^ ■"H <* CO (M (M CO «rH r- 10 ta d a5 ai cû 4^ .0^ •^^ Q c/: G^l rjl c/: C/} D 5 3 ^ 3 3 3 ■O ce ce ce _2£ ce ce ce ce ^ -— ,r; b- ^ ^ -C O U O O a 0 0 . i. j_; C3 •-I ^ *o *o "o tl 'o "o 'o (Xi O CO 'o 1 "o CO S § 15 :0 ce œ ^ ^ 1 ^ C/3 O J C/5 o o 0 ^ p --^ ■"sïH 's • r3 "sr^ 1 "^ ^r^ ^î^ ôô u K ^ • t^ t- 1^ l^ r^ 00 88 :lO :0 :iO :o oo 00 00 OO OO 00 OO 00 92 00 OO OD O) oo oo OO GO 00 oo GO oo 00 GO QO GO 00 -^ ^ri "^ •«r^ •^ ■th "r^ 'TH 00 :^ —H ^^ ^rH , , ^^ •4^ .1-9 .^ •^ .«-> J^ -^ H , ^ ■^^ *J o Oi q:) ^ o O O CD "^ 1 -. Q O <: O < <3 O -< O '3 O < CO •-5 ";3 1-5 '5 >-i 's 1-5 1-5 3 '3 ^-5 '3 0 <3 0 (?^i CO F. BocouRT. — Note sur la variabilité dans le nombre des plaques cépha- liques chez certains Ophidiens • • '40 I. Bolivar. — Orthoptères provenant des voyages de S. A. le Prince de Monaco dans les archipels de Madère et des Açores 46 E. L. Bouvier et Ed. Chevreux. — Perrierella crassipes, espèce et genre nouveaux d'Amphipodes des côtes de France '50 A. Certes. — Sur la vitalité des germes des organismes microscopiques des eaux douces et salées • ^9 Ed. Chevreux.— Vibilia erratica, Amphipode pélagique nouveau, du littoral des Alpes-Maritimes • 32 — Sur le mâle adulte d'Hyperia schizogeneios Stebbing 233 Ed. Chevreux et E.-L. Bouvier. — Perrierella crassipes, espèce et genre nouveaux d'Amphipodes des côtes de France 50 Ed. Chevreux et J. de Guerne. — Description de Gammarus Delebecquei, nov. sp., du lac d'Annecy, suivie de quelques remarques sur les Amphipodes d'eau douce de la France 136 J.-A. Cordier. — Des modifications subies avec Tâge par les formations de la muqueuse du rumen cliez les Ruminants 229 Em. Deschamps. — Description d'une nouvelle espèce iVUnio de Ceylan 68 Ad. Dollfus. — Sur deux Isopodes terrestres d'Islande, recueillis par M. Gaston Buchet 231 L. Faurot. — Sur le développement du Cerianthus membranaceus 238 P. Gaubert . — Autotomie chez les Pycnogonides 224 L. VON Graff.— Troisième campagne de V Hir onde lie, IHSl . Sur une Planaire de la mer des Sargasses (Stylocoplana sargassicola Mertens) 1^6 H. S.Greenough. — Sur les homologies des premiers stades suivant la segmentation chez les Batraciens ^7 242 J. DE GuERNE et Ed. Chevreux. — Description de Gammarus Delebecquei, nov. sp., du lac d'Annecy, suivie de quelques remarques sur les Amphipodes d'eau douce de la France 130 J. DE GuERNE et J. Richard. — Voyage de M. Ch. Rabot en Islande. Sur la faune des eaux douces 75 P. Hallez , — Classification des Triclades (Note préliminaire) 106 L. d'Hamonville. — L'Outarde canepétière en Meurthe-et-Moselle 67 G. Joseph.— L'influence de l'éclairage sur la disjonction des organes visuels, leur réduction, leur atrophie complète et leur compensation • chez les animaux cavernicoles 121 Ch. van Kempen. — Observations ornithologiques 90 R. Latzel. — Note sur quelques Myriapodes de Tahiti 185 L. Lethierry. — Liste d'Hémiptères récoltés à Mahé (Inde) par M. Em. Deschamps 207 A. LucET et A. Railf.iët. — Sur le Davainea prog lottina Davaine 105 — Observations et expériences sur quelques Hel- minthes du genre ^eiera/tis Dujardin 117 P. S. de Magalhâes. — Notes d'helminthologie brésilienne — I. — Taenia cimeata von Linstow, 1872 145 — Il— Heterakis brasiliensis, de laPonledomest'Kiue. 219 Em. von Marenzeller. — Note préliminaire sur les Holothuries provenant des campagnes du yacht V Hirondelle 64 — Sur une Polynoïde pélagique (Nectochaeta Gri- maldiiy nov. gen., nov. sp.) recueUlie par V Hirondelle en 1888 183 A . Milne-Edwards. — Discours prononcé aux obsèques de M. de Quatrefagcs . 21 R. Moynier de Villepoix. — Sur la réparation sur la coquille chez HeliX aspersa 30 S.-A. PoppE et J. Richard. —Description du Diaptomus Schmackeri, n. sp., recueilli par M. Schmacker dans le lac Tahoo (Chine) 149 A. Railliet. — Notices parasilologiques 110 — Observations sur l'embryon du Gynecophorus hœmalohius Bilbarz 161 A. Railliet et A. Lucet. — Sur le Davainea proglottina Davaine. 105 — Observations et expériences sur quelques helminthes du genre Heterakis Buiardin • 117 X. Raspail. — La destruction des Oiseaux insectivores, autorisée dans plusieurs départements.. 96 — Note sur une incubation continuée par un mâle Pinson {FriU' gilla cœlebs L.) 133 — Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes chez le Bruant jaune (Emheriza citrinella L.) 152 — A propos de l'origine de la couleur des œufs des Oiseaux . . . 212 J. Richard.— Sur la présenced'un Cysticercoide chez un Calanide d'eau douce. 17 — Sur l'identité des genres llyopsyUu'^ Brady et Rob. et À bacola Edwards. Descriplion de 11 y op si l lus Jousseaumei, n. sp. 69 — Sur quelques Entomostracés de l'île d'Elbe et de l'Ile de Monte-Cristo 225 243 J. RicnAiiD et J. DE GuKRNE. — Voyage de M. Cli. Rabot en Islande. Sur la faune des eaux douces '^ J. Richard et S.A. Poppi: . — Description du Diaptomus Schmackeri, n. sp. recueilli par M. Schmacker dans le lac Tahoo (Chine) 14î) C . -W . Stilks — Notes sur les parasites . . 1^" Em. Topsent. — Notes histologiques au sujet de Leucosolenia coriacca (Mont . ) Bwk ''2iJ Mort de M. le Professeur de Quatrefages. -i Deuxième Congrès international de zoologie 81 Formules et procédés techniques : -^3 244 TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES Pages Liste des Membres v Bureau et Conseil de la Société xix Séance du 12 janvier 1892 1 Mort de M. le Professeur de Qualrefages 21 Séance du 26 janvier 26 — 9 février 42 — 23 février 44 — 8 mars 55 — 22 mars .' 63 Deuxième Congrès international de zoologie 81 Séance du 12 avril 89 — 26 avril 94 — 10 mai 102 — 24 mai 132 — 14 juin , 143 — 28 juin 148 — 12 juillet . : 155 — 26 juillet 160 — 25 octobre 201 — 8 novembre 207 — 22 novembre • 225 — 13 décembre 229 — 27 décembre 232 Errata 239 Espèces et genres nouveaux décrits dans le Bulletin de 1892 240 Table des matières i)ar ordre alphabétique d'auteurs , 241 Table par ordre de matières 244 Le Secrétaire général, Gérant, D"* Raphaël Rlanghard. %: ^^ffiîl^V* -^^ '?£;i— i»*-?»! ^':..>;