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SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES
DE NEUCHATEL.
1861 à 1864.
Tome sixième.
NEUCHATEL
IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH ET METZNER.
1864.
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BULLETIN 3
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DE LA
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES
DE NEUCHATEL.
Séance du 1* Novembre 1861.
Présidence de M. L. COULON.
La Société procède à l'élection de son bureau, qui
est composé, pour cette année , comme suit :
M. L. Courox, Président.
» Borez, docteur, Vice-Président.
» Desor, professeur, Vice-Président.
» Louis Favre, instituteur, Secrétaire pour la section
de médecine, d'histoire naturelle, de géographie
et d’ethnographie.
» Isezy, instituteur, Secrétaire pour la section de phy-
sique, chimie, mathématiques , économie rurale ,
technologie et statistique.
M. Desor entretient la Société des recherches qu'il
vient de faire dans la station lacustre de la Téne, à
peu de distance du point où la Thielle sort du lac de
Neuchâtel. Cette station, intéressante à plus d’un titre,
est connue depuis plusieurs années par les objets re-
marquables qu'on y trouve et qui appartiennent à l'âge
du fer. Les lacs de la Suisse , si riches en stations de
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. -T. VI. A l
Le Page are
l’âge de la pierre et du bronze, en ont fort peu de
l’époque du fer; quelques débris de ce métal ont été
trouvés à Sutz, au bord du lac de Bienne, au Bred,
près de l'embouchure de l’Areuse ; mais la Téne seule
peut donner une idée exacte d’une période qui sem-
ble être marquée par la venue d’une autre race, à en
juger par les modifications notables apportées dans les
produits de l’industrie et dans les habitudes de la po-
pulalion. Les poignards, les pointes de lance, les fers
de gaffe et d’autres objets pêchés à la Tène n'ont
rien de particulièrement intéressant; mais les gran-
des épées droites, larges et à deux tranchants, à four-
reau de fer doux, comme la lame, attirent forcément
l'attention. Lorsqu'on vient d'examiner une collection
d’épées de bronze, dont la lame, un peu rétrécie au
milieu , s’élargit vers l’extrémité pour se terminer en
pointe, et dont la poignée, excessivement petite, at-
teste les faibles proportions des hommes qui s’en ser-
vaient, on est frappé à la vue de ces armes de fer,
dont la poignée est beaucoup plus grande, et dont la
lame, également large, mince et affilée, montre des
préoccupations et des habitudes d’une autre espèce
chez ceux qui les ont faconnées. Le fourreau de métal
apparaît aussi pour la première fois, avec une perfec-
tion de facture qui déconcerte l’observateur. On se
sent bien loin de ces fondeurs de bronze, qui visaient
à l'élégance générale de la forme, sans se soucier beau-
coup de la perfection des détails, eton comprend qu’on
est en face d’une race de forgerons d’un goût peu dé-
veloppé, qui ébauchaïent grossièrement les objets d’un
usage ordinaire, mais qui, dans certains cas, pou-
valent exécuter des chefs-d’œuvre de patience et
d'habileté. L'ensemble de la lame et du fourreau n’a
pas plus d'épaisseur qu’une forte lame de sabre mo-
derne; on n’aperçoit aucune trace de soudure, et la
surface extérieure du fourreau est couverte d’orne-
mn PR Le,
ments fins et délicats, gravés par un procédé qu'il est
impossible de préciser, mais qui semble avoir quelque
analogie avec le tour à guillocher.
Des fragments de grands vases et des tuiles énormes
en terre cuite sont associés aux objets trouvés à la
Têne ; ils établissent aussi d’une manière évidente
une différence extrême entre les produits de l’indus-
trie de cette époque et ceux des époques précédentes.
Et cependant la race nouvelle, amenée probablement
par une invasion, adoptait dans certains cas les ha-
bitudes du peuple conquis, puisqu'elle établissait quel-
quefois ses demeures sur les eaux.
La Têne, dont le nom correspond probablement à
celui de Tône et paraît signifier un abrupte, une cas-
cade , est située entre Préfargier et la Maison-Rouge,
à deux cents ou trois cents pas du rivage. On y dis-
üingue, sous l’eau, de nombreux pilotis; les uns, les
plus voisins de la grève, font à peine saillie au-dessus
du fond ; les autres dépassent le sol de plus de deux
mètres. L'examen du fond rend facilement compte de
cette différence : près du rivage est un banc d’argile
fme et compacte, d’une épaisseur de sept à huit pieds,
qui se termine brusquement, du côté du large, par
un escarpement au-delà duquel on n’apercçoit plus que
le fond de gravier, avec quelques lambeaux isolés du
banc d'argile, qui ressemblent à des blocs de rocher.
C'est cet abrupte qu’on appelle la Téne. Il est très-
probable que tous les pilotis ont été plantés dans la
couche d'argile à la même profondeur ; mais les la-
mes, très-fortes par le vent d’ouest en cet endroit,
ont rongé peu à peu cette couche et ont mis à nu les
piquets sur un certain espace. Ici encore on constate
une différence dans le choix des matériaux mis en
œuvre. Dans la plupart des autres stations, les pieux
sont en bois de pin, assez bien conservés; à la Têne,
ils sont en chêne et terminés en pointe par le haut,
BREL
Leur état de ramollissement est si avancé, qu’on ne
peut en retirer que de très-petits fragments.
Habitués à voir ces piquets associés au banc d’ar-
gile, les pêcheurs les considèrent comme les restes
d'une battue ou d’une digue, élevée pour consolider
la Têne et la préserver de l'érosion des eaux.
En général, les stations lacustres sont établies dans
des anses ou dans des endroits de la côte abrités con-
tre le vent et les lames. Ici, il n’en est rien; la Tène
est exposée aux rafales du vent d'ouest et aux vagues
furieuses soulevées dans toute la longueur du lac. Une
station en ce lieu paraît impossible, à moins qu'un
obstacle, formant abri, ne s'interpose entre le rivage
et les vagues venant du large. Cet obstacle , M. Desor
croit lavoir trouvé à l’ouest de la Tène, à l’angle du
plateau entre Marin et Préfargier. Là s'étend sur une
grande longueur, et sur une largeur de plusieurs cen-
taines de pieds, une immense traînée de cailloux en-
tassés sur une épaisseur de quatre à cinq pieds, et
qui semblent avoir formé une sorte de jetée dans la
direction de la Sauge. M. Desor a été bien surpris
d'apprendre que les pêcheurs du lac de Bienne don-
nent à cette accumulation de cailloux le nom assez
étrange de Heidenweg où chaussée des païens. Plus à
l’ouest, on remarque une autre traînée de blocs erra-
tiques de formes et de grandeurs variées, qui sont en
partie à sec lorsque les eaux sont basses et qui donnent
à la grève un aspect tout particulier. Enfin, près de
St-Blaise, un groupe de blocs reposent dans le lac et
de temps à autre laissent apercevoir leur sommet.
L'ensemble de ces cailloux et de ces blocs appar-
tient, selon toute apparence , à un seul et même
phénomène, dont les traces sont nombreuses dans no-
tre pays. Lorsque les vastes glaciers qui, jadis , recou-
vraient la plaine suisse, se sont retirés, ils nt semé
leurs blocs et leurs cailloux sur les contrées qu'ils
ee
abandonnaient, mais, lorsque des circonstances clima-
tériques imprimaient un temps d’arrêt à la fonte des
glaces, celles-ci, rendues stationnaires, déposaient leurs
débris de rochers dans le même lieu et élevaient ainsi
des remparts ou digues glaciaires dont le Æeëdenweg
parait être un exemple intéressant.
IL est vrai qu'aujourd'hui le Heidenweg ne protège
plus la Tène ; les vagues passent au-dessus de la digue
et continuent sur le banc d'argile leur œuvre de des-
truction. Le 6 octobre dernier, M. Desor a trouvé un
mètre vingt centimètres d’eau sur la chaussée ; mais
rien n'oblige à croire que le niveau du lac est resté
immuable dès les temps les plus reculés. Il est permis
au contraire d'admettre des changements de niveau
d’une certaine durée et dont les vestiges sont signalés
dans bien des endroits. Avec un niveau un peu infé-
rieur à celui qui existe maintenant, le Heidenweg rem-
plissait le rôle que lui assigne M. Desor, et la région
du lac où est la Têne, devenant une lagune, était suf-
fisamment abritée pour qu'on püt songer à y établir
des habitations sur pilotis. Ce qui confirme M. Desor
dans son opinion, c’est l’épaisse couche de limon ar-
gileux qui s’est déposée en aval des cailloux et qui ne
pouvait se former qu’au fond d’une eau tranquille.
Dans l’état actuel du lac, ce dépôt ne peut plus s’ef-
fectuer.
Le banc d’argile de la Têne est le mème que celui
qui constitue le fond du marais; les traces de tourbe
trouvées sur ce banc, dans le lac, font supposer que
les vastes tourbières du Seeland étaient formées lors-
que les établissements lacustres sont apparus sur nos
rivages. M. L. Favre a mis hors de doute cette hypo-
thèse, du moins pour l’âge de bronze, par la décou-
verte d’armes de ce métal, dans la tourbe superficielle,
près du château de Saint-Jean.
RAS - A
M. Desor annonce que le lac de Morat où, jusqu'à
présent, les recherches étaient restées sans effet, vient
enfin de livrer aux pêcheurs un certain nombre de
vases en poterie, semblables à des coupes et d’une
forme si élégante qu'on ne peut les rapporter qu’à
l’âge du bronze. Ils ne proviennent pas du même en-
droit, mais de Montillier, de Greng, de Guévaux et de
Vallamand.
M. Hirsch donne quelques détails sur les observa-
tions de MM. Bunsen et Kirchhof d'Heidelberg, au
sujet des raies des spectres de diverses lumières , na-
turelles et artificielles.
M. G. Guillaume donne connaissance d’une lettre
adressée à la Société d'utilité publique par M. Henri
Junod , ingénieur. Cette lettre exprime le vœu qu'il
soit publié un catalogue descriptif et historique du
musée de Neuchâtel, sous une forme intéressante , des-
né à servir de guide aux visiteurs. La discussion que
cette leltre provoque fait ressortir l’avantage d’une
pareille publication, surtout pour ce qui concerne le
musée ethnographique. Le président de la Société
d'histoire naturelle et celui de la Société d'utilité
publique sont désignés pour composer une commis-
sion chargée de rédiger un pareil catalogue.
Séance du 8 Novembre 1861.
Présidence de M. L. CouLON.
La Société est réunie à l'Observatoire, où elle en-—
tend une communication de M. le D' Hirsch, relative à
diverses expériences intéressantes qu'il a commencées
Sr AR
pour mesurer le temps qui s'écoule entre l'instant où
un phénomène a lieu et celui où le sujet affecté ma-
nifeste qu'il a perçu la sensation de ce phénomène.—
Ces expériences ont été effectuées au moyen du chro-
noscope ingénieux de la fabrique de M. Hipp, et répé-
tées en partie devant la Société. (Voyez appendice).
M. Ærsch rappelle à la Société que lundi prochain,
à 9 heures 46'58",6, il y aura un passage de Mercure
devant le soleil.
Séance du 15 Novembre 1861.
Présidence de M. L, CoULON.
M. le docteur de Pury demande que les bulletins
soient distribués aux membres de la Société, par ca-
hiers ou par feuilles, au fur et à mesure de li impres-
sion. Cette proposition est discutée, puis votée avec
une modification portant que cette mesure ne sera
appliquée qu’à l'égard des personnes qui en feront la
demande.
M. Xopp présente la plaque en bronze de la ta-
ble d'orientation avec son alidade. La plaque a été
fondue par M. Stucker; l’alidade sort de l’atelier de
M. Hipp. M. Kopp n'a pas voulu faire graver cette
plaque sans consulter la Société. Les directions, au
nombre de quatre-vingt quinze, sont tracées à la
ponte; plusieurs seront ajoutées plus tard, l’état de
l'atmosphère pendant les dernières semaines n’ayant
pas permis de voir tous les points intéressants. On
approuve l’idée de M. Kopp de diviser la table en trois
FRE ans
zones , l’une consacrée aux bords du lac, une autre
aux basses Alpes, enfin la plus extérieure aux hautes
Alpes. IL fait lecture des noms des localités et des
montagnes qui seront gravés en premier lieu. On re-
commande à M. Kopp de ne pas négliger les lieux in-
léressants qu’on ne peut pas voir directement de Neu-
châtel depuis la table, mais dont on a la direction
exacte et qui fourniraient des indications utiles en cas
d'incendie nocturne.
M. Charles-Louis Borel propose de demander à la
municipalité l'établissement d’un bec de gaz au-des-
sus de la table pour permettre les observations de
nuit en cas d'incendie et pour faciliter la surveil-
lance de la police à l'égard de cet appareil. Cette
proposition est adoptée.
M. Desor fait voir plusieurs objets de l’âge de la
pierre, pêèchés il v a trois semaines au fond de la
baie d’Auvernier, à l'endroit où l’année dernière il
a signalé un Sfernberg. Ces débris, très-intéressants,
les premiers trouvés en ce point, consistent en plu-
sieurs haches de pierre, dont une très-petite, un mar-
teau ébauché en pierre, une pointe de lance et une
scie en silex, des ossements façonnés en poinçon, une
défense énorme de sanglier. Sur un autre Stemberg
voisin du premier, on a retiré de l’eau une hache el
deux fragments de poterie mi-cuite et grossièrement
Éiconnée.
Les pieux enfoncés en grand nombre dans ces Stein-
berg ont encore attiré l'attention de M. Desor, qui,
cette fois, grâce à la transparence et à la tranquillité
de l’eau, a pu les examiner à loisir. On sait qu'ils sont
coupés à ras du fond et d’une manière assez nette
pour qu’on ne puisse pas admettre facilement, malgré
\
l’opnuon de M. Troyon, que leur section est due à
PRET ME
l’action des vagues. M. Desor croit, au contraire, que
ces pieux ont eu dès l’origine leur longueur actuelle.
Presque tous présentent dans le milieu de leur som-
met une saillie bien apparente autour de laquelle se
voient les traces produites par un instrument tran-
chant imparfait. Quelques-uns, au lieu d'une émi-
nence, présentent un creux. Ces marques ont mis
M. Desor sur la trace probable des moyens employés
par les constructeurs des Steinberg pour décapiter
aussi nettement, avec des haches de pierre, des pi-
lotis de un pied de diamètre. Il suppose que les pi-
quets étaient entaillés sur les bords jusqu'à une cer-
taine profondeur , puis rompus par un effort latéral.
Le milieu de la section devait alors présenter soit un
creux, soit une saillie, ainsi que cela arrive ordinai-
rement en pareil cas. Pourquoi ces pieux ne dépas-
sent-1ls pas le niveau des cailloux entassés autour
d'eux en vue de les consolider? M. Desor ne peut
pas répondre encore à cette question; mais, ce qui
est certain, c’est que tous les Steinberg explorés par
lui présentent le même aspect. Peut-être formaient-ils
des iles artificielles élevées à quelque distance du bord
pour mettre leurs habitants à l'abri des attaques par-
tant de la terre ferme.
M. Forel, de Genève, qui assiste à la séance et qui
étudie depuis longtemps les antiquités, ne verrait pas
de difficultés à admettre que ces pilotis étaient autre-
fois plus longs et que les vagues et l’action dissolvante
de l’eau les ont rongés jusqu’au niveau du sol. M. Fo-
rel ajoute que le lac de Genève et le lac d° Annecy re-
cèlent de nombreuses stations lacustres avec des piquets
et des débris analogues à ceux qu’on trouve chez nous.
Un des plus curieux est un moule de hache, le seul de
son espèce que l’on connaisse et qui appartient à M.
Forel. Ce moule, formé de deux moitiés qui s’ajustent
parfaitement l’une à l’autre, est en bronze et servait à
DER: QUE
produire la hache à ailettes. Les moules qui se trou-
vent dans les collections de France et d'Angleterre
servaient à fondre les petites haches à douille. M. Fo-
rel a fait avec le moule dont il est possesseur des expé-
riences curieuses ; il a coulé en plomb une hache qui
en sortant du moule avait le tranchant très-large et les
ailettes droites. Il croit que l’on recourbait ces derniè-
res à coups de marteau, et que, par un martelage
à froid, on donnait au métal du tranchant un plus
haut degré de dureté avant de l’aiguiser sur la pierre.
Il est cependant hors de doute que les fondeurs de
hache faisaient aussi usage de moules de sable, car,
sur quarante-huit haches qui se trouvent dans la
collection de M. Forel, on n’en trouve pas deux qui
sortent du même moule.
M. Forel donne ensuite quelques détails sur les
découvertes faites à Robenhausen-et sur lauthenti-
cité des objets trouvés. Il à vu lui-même retirer de
la tourbe, à une profondeur de neuf pieds, des fruits
secs, des tiges de lin, des tissus, des épis de froment,
et dans des circonstances telles que toute superche-
rie était impossible. |
M. de Mandrot dépose sur le bureau un essai de
topographie, exécuté à Stuttgart, qui figure une par-
tie de l'Engadine à la même échelle que la carte fé-
dérale (*/100 000). Les hachures y sont supprimées et rem-
placées par des courbes de niveau qui rendent le re-
lief avec beaucoup de netteté et de vigueur.
Séance du 22 Novembre 1861.
Présidence de M. L. COULON.
M. Hirsch communique une circulaire de M. Galton,
qui sollicite la coopération de notre Société pour faire
Se RAR Le
des observations météréologiques destinées à entrer
dans un travail général européen, dont on pourra
sans doute conclure quelques lois générales.
M. Hirsch recommande le chronoscope de M. Hipp,
comme une précieuse acquisition pour le cabinet de
physique.
M. Desor fait voir la photographie d’une plume fos-
sile trouvée dans les calcaires de Solenhofen ; c’est le
plus ancien débris de la classe des oiseaux.
Le même propose l'adoption du mot May qui, dans
le langage ordinaire, signifie un péfrin à pain , pour
désigner un accident géologique fréquent dans nos
Alpes. En allemand et en anglais, on possède déjà
des termes scientifiques pour nommer cette forme
orographique, qui consiste dans un vallon complète-
ment fermé et dont les deux flancs sont juxtaposés,
tandis que les géologues français ne peuvent la faire
connaitre que par une périphrase. — La Société se
réserve quelque temps pour réfléchir sur cette propo-
sition. |
M. Desor donne quelques détails sur les mémoires
de M. Ruttimeyer, où se trouvent décrits les animaux
des stations lacustres.
Le même mentionne encore la découverte impor-
tante que M. Lartet à faite à Aurignac (Haute-Garonne)
de dix-sept squelettes humains, accompagnés d’osse-
ments de mammouth et de rhinocéros, ayant un ca-
ractère authentique de non-remaniement. Plusieurs
ruminants, comme l’aurochs, le renne, le grand cerf
des tourbières, s’y présentent aussi avec l’hyène des
cavernes, le tigre et d’autres carnassiers, — Les osse-
ments montrent souvent le caractère de ceux qu'on à
recueillis dans les habitations lacustres, comme la
cassure pour en tirer la moëlle interne.
M. Paul Godet lit une note sur les anodontes du
lac de Neuchâtel. (Voyez appendice).
Le même présente encore divers objets trouvés à
Auvernier, dans une vigne ; ce sont des crânes et des
ustensiles de fer qui ne paraissent pas remonter à une
bien haute antiquité.
M. de Mandrot montre une carte d’Auvernier à l’é-
chelle de 1/,,,: Le Steinberg des époques lacustres y
est figuré très-exactement.
Séance du 30 Novembre 1861.
Présidence de M. L. COULON.
M. le président dépose sur le bureau divers ouvrages
provenant de l’échange de nos bulletins. Plusieurs so-
ciélés savantes récemment instituées, entre autres
celles de Hambourg, de Manchester, de Kônigsberg
ont demandé d'échanger leurs mémoires avec les nô-
tres.
M. le président communique une cireulaite du Co-
mité de la Société helvétique des sciences naturelles,
qui consulte les sections sur l’époque qui leur parai-
trait la plus convenable pour les réunions générales.
Cette question étant mise en délibération, on décide
de proposer la première quinzaine d'août, qui coïn-
cide avec les vacances le plus généralement admises
en Suisse et avec les nôtres en particulier.
ARRET: Me
M. G. Guillaume présente une branche d’orme en
pleine fructification; elle a été cueillie à Monruz sur
un arbre entièrement couvert de ses fruits.
M. le D' Guillaume fait vor des ponimes de la se-
conde récolte, provenant de Monruz; elles ont envi-
ron un pouce et demi de diamètre. M. Desor a vu
dans sa propriété de Clos-Brochet des poires de la
même grosseur.
M. Paul Godet rapporte qu'on a vu ces derniers
jours l’orobus vernus en fleurs.
M. G. Guillaume communique le dessin d'un grain
de raisin noir, de taille extraordinaire, trouvé cet au-
tomne, et qui lui a paru formé de dix grains, à en
juger par le nombre des côtes saillantes qu'il présen-
tait à l'extérieur.
M. le professeur Xopp dépose sur le bureau un spé-
cimen de la gravure que recevra la table d'orientation.
On approuve les caractères qui ont été recommandés
au graveur, et, après une discussion où divers modes
sont proposés, on décide que les noms seront inscrits
entre les lignes marquant les directions, et à droite
de chaque ligne, afin qu'on puisse les lire sans dé-
placer l’alidade., De sorte que le nom visible à droite
de l’alidade est précisément celui de la direction que
l'on a prise.
M. Hirsch communique les découvertes de plusieurs
petites planètes qui ont eu lieu pendant l'été de 1861
et qui ont porté le nombre de ces astéroïdes à 11.
Le fait principal qui s’est produit en astronomie cette
année est la comète du mois de juillet, que M. Hirsch
a pu suivre jusqu'au mois d'octobre, à l’aide de la
NE rue
grande lunette parallactique. Il se propose de rendre
compte plus tard de ses observations.
Le même présente la photographie d’une partie de
la lune, exécutée à Lausanne et donnée par M. Desor
à l'Observatoire. Cette belle photographie donne l’as-
pect de la lune vue dans une forte lunette, peu de temps
après la conjonction, avec le relief des montagnes, les
cratères de soulèvement et tous les détails qui consti-
tuent la topographie de notre satellite. Aussi cette
épreuve est-elle examinée avec le plus vif mtérêt.
M. Desor demande que la Société fasse des démar-
ches auprès des autorités compétentes pour leur de-
mander de prendre sous leur protection les blocs er-
ratiques dont la valeur ou la signification scientifique
est reconnue. Il a remarqué que depuis quelque temps
les nombreux blocs erratiques des environs de Neu-
châtel sont mis en coupe réglée : les ouvriers les ex-
ploitent sur une grande échelle pour toutes sortes d’u-
sages. Il exprime ses craintes de voir disparaitre les
derniers vestiges d’un phénomène grandiose que nos
après-venants pourraient révoquer en doute, si nous
ne leur en laissons pas des preuves suffisantes. La So-
ciété doit considérer comme un devoir de sauvegarder
un certain nombre de ces blocs et de faire, pour y
parvenir, les démarches nécessaires. Il désigne en par-
ticulier celui qui se trouve au sommet de la roche de
l'Ermitage, qui lui parait être un argument des plus :
puissants en faveur de la théorie glaciaire. Sa situa-
tion au bord d’un escarpement prouve que la cause
qui l’a transporté a dû agir avec lenteur et qu'il a été
déposé sans aucune secousse , car la moindre action
violente l'aurait fait rouler soit d’un côté soit de l’au-
tre. En outre, ce bloc est curieux par sa composition,
car c’est une chlorite caractéristique de la vallée de
Bagnes. M. Desor insiste particulièrement pour obte-
nir la conservation des blocs fendus que Léopold de
Buch considérait comme des témoignages de la vio-
lence des courants qui les avaient transportés, puis-
qu'il admettait que le choc les avait brisés. Mais le
fait que les pièces résultant de la rupture ne sont pas
dispersées suffit pour établir au contraire la lenteur
de la force qui les a conduits sur les pentes de nos
montagnes.
M. Desor présente un poignard et un couteau trou-
vés au milieu des-pilotis devant Port-Alban. Ces objets
ne sont pas fort anciens, mais il est difficile de préci-
ser à quelle époque ils appartiennent. M. Keller, de
Zurich, qui les a examinés, déclare n'avoir jamais rien
Yu qui ressemble au poignard ; cependant, s’il devait
formuler une opinion à l’égard de cet objet, il Le rap-
porterait au premier âge des Bourguignons.
M. Desor consulte de nouveau la Société sur l’or-
thographe qu’il convient d'attribuer au mot mare, dé-
signant une forme particulière du vallon..Après une
discussion où plusieurs avis différents sont énoncés, la
majorité se range à l'opinion de M. Ayer, qui propose
l'orthographe mait. Voici comment il justifie sa ma-
nière de voir. D’après les lois bien connues qui régis-
sent la permutation des lettres dans le passage du la-
tin en français, le mot mare est évidemment formé du
génitif latin magidrs, de magis pétrin; l'on devrait
donc écrire mat. C'était là l'orthographe admise dans
l’ancien français, et c’est celle que l’on retrouve dans
la plupart des dialectes romans qui font encore usage
de ce mot dans le sens de pétrin. L’orthographe mate
ne se justifie point, car l’e muet ne termine les mots
français que lorsqu'il est l'équivalent étymologique
d’un a latin, comme dans /aitæ de lactuca, laie du
Net
bas-latin laya, voie de via, vie de vita, plaie de
plaga, etc.
M. Paul Godet fait voir deux lames de fer, ayant
l'aspect de larges coutelas, et deux crânes provenant
du gisement mentionné dans la dernière séance, entre
Peseux et Auvernier, et où l’on a trouvé une trentaine
de squelettes humains. Ces deux crànes sont fort dif-
férents sous le rapport de la forme, l’un est ovale très-
allongé, tandis que l’autre est presque sphérique. On
engage M. Godet à faire parvenir ces débris humains
à MM. His et Rutüimayer de Bâle.
M. le D' Gurllaume présente deux médailles romai-
nes; l’une est une monnaie d’Adrien trouvée au Chas-
seron ; l’autre est un denier d'argent.
+
Séance du 6 Décembre 1861.
Présidence de M. FAVRE.
M. le D° Grrllaume attire l'attention sur l’origine des
eaux de la Serrière. Il demande que la Société lui
prête son concours pour établir des observations sui-
vies ; Ce qui lui manque surtout, ce sont des udomè-
tres destinés à être placés au Val-de-Ruz, afin de s’as-
surer si cette rivière doit son alimentation aux eaux de
cette contrée.
On décide que si des udomètres sont spot hs ils
seront remis à M. Guillaume.
M. Auguste Jaccard, du Locle, montre une petite
hache en pierre, trouvée près du Locle et qui paraît
bien authentique.
LA NT ee:
M. Xopp fait au cabinet de physique plusieurs ex-
périences relatives à la galvanoplastie, à la dorure et
à l’argenture galvaniques.
M. le docteur F. de Pury fait la relation d’un cas
de tétanos qu'il a traité avec succès à l'hôpital Pour-
talès par de très-fortes doses d’opium. La quantité de
ce médicament, employé exclusivement pendant tout
le cours du traitement, qui à duré cinq semaimes, a
été de 3 onces, 3 gros et 31 grains. La plus haute
dose prescrite a été de 5 grains; elle a pu être con-
tinuée pendant trois jours consécutifs et toutes les heu-
res sans provoquer aucun symptôme toxique. — L'af-
fection avait débuté, sans cause aucune, par une dou-
leur entre les épaules, survenue apparemment à la
suite d’un excès de travail. Deux jours après, 1l se
manifestait un trismus, les dents ne pouvaient s’é-
carter que d’un centimètre et demi, et un opisthoto-
nos prononcé. Lors de son entrée à l'hôpital, c’est-à-
dire trois jours après les premiers symptômes, le ma-
lade, qui niait formellement s'être jamais blessé, fut
soumis à des investigations minutieuses, qui furent re-
nouvelées le lendemain. Il ne fut pas possible de dé-
couvrir trace de lésion traumatique : aussi M. de Pury
n’hésita pas à admettre qu'il avait affaire à un tétanos
spontané. La marche et la durée de la maladie, et le
fait que le malade n’avait jamais d'accès tétaniques,
mais se trouvait continuellement dans un état de ten-
sion convulsive qui avait fini par envahir tous les mus-
cles de la vie organique, semblaient confirmer plei-
nement le diagnostic. Après un séjour de six semaines
à l'hôpital, alors que la convalescence était parfaite-
ment assurée, M. de Pury fut rendu attentif, par le
malade lui-même, à une ecchymose que celui-ci ve-
nait de remarquer, et qui siégeait au côté externe de
la face plantaire du talon gauche. L'intégrité parfaite
BUL. DE LA S0C. DES SC. NAT. T. VI. 2
RE (er
des téguments externes, la couleur de l’eecchymose,
qui était d’un noir intense, l'absence de douleur, même
à une forte pression, le manque de phénomènes mor-
bides, qui auraient pu donner lieu à une extravasation
sanguine, principalement dans cette région, parlaient
évidemment en faveur d’une lésion traumatique. Mas
de quelle nature pouvait être cette lésion traumati-
que? En faisant un nouvel appel et des plus pressants
aux souvenirs de son convalescent, M. de Pury apprit
qu'il avait porté, deux ou trois jours avant sa maladie,
des souliers qui l'avaient blessé. Or, dans l’intérieur de
ce soulier, que M. de Pury met sous les veux de la So-
ciélé, on constate deux pointes de clous qui font sail-
lie, de deux millimètres environ, au-dessus du niveau
de la semelle interne, et qui correspondent exactement
à la région ecchymosée du talon. En terminant sa com-
munication, M. de Pury insiste sur la grande valeur
qu'offre ce cas, surtout au point de vue étiologique;
car alors que tout parlait en faveur d’un tétanos spon-
tané, un heureux hasard a permis d'établir de la ma-
nière la plus péremptoire que le malade avait été réel-
lement atteint d’un tétanos traumatique. Il rappelle
à ce propos un cas consigné dans les annales de la
science , qui avait élé regardé comme un tétanos spon-
tané ; à l’autopsie, on découvrit que le sujet était
porteur d’une fissure récente de l'anus.
Séance du 13 Décembre 1861.
Présidence de M. L. COULON.
M. Desor présente le premier crâne humain qu'on
ait trouvé à la station lacustre d’Auvernier. Il vient de
la station de l’âge de bronze et se compose des os pa-
riétaux et occipital encore bien réunis. Les parois ont
— 49 —
une faible épaisseur et la forme interne diffère nota-
blement de celle des crânes de notre race. Une couleur
noirâtre , analogue à celle des autres débris d’os qu’on
pêche dans la même station, atteste une véritable vé-
tusté et une longue immersion.
M. Hirsch entretient la Société de la vitesse de pro-
pagation de l'électricité. Après avoir fait l’histoire des
principales expériences antérieures et indiqué les ré-
sultats assez dissemblables auxquels elles ont conduit,
il décrit celles qu'il a exécutées avec le concours de
M. Plantamour, de Genève. Au moyen de la ligne té-
légraphique et des chronographes des deux observa-
toires, ils ont pu noter par un grand nombre d'essais
le double du temps nécessaire pour la transmission des
signaux entre Neuchâtel et Genève et vice-versa. Ils
ont trouvé, en moyenne, que pour franchir cette dis-
tance, évaluée à 132 kilomètres, le courant d'induction
emploie 0”, 00885 Æ 0,0031, ce qui donne pour sa vi-
tesse 29,766 kilomètres par ”; le courant ordinaire
0”,0188 # 0,00175 ; vitesse — 14,490.
De nombreuses irrégularités dans la rapidité de la
transmission se sont manifestées, suivant les nuits et
même aux diverses heures de la même nuit. (Voyez Ap-
pendice).
M. Æipp prend ensuite la parole et expose ce qui
suit :
A l’occasion de la communication de M. Hirsch, je
me permets de citer une série d'expériences que J'ai
faites en 1856 sur la vitesse de propagation de l'élec-
tricité.
IL est évident que les différents nombres qu'on à
trouvés, et que M. Hirsch vient de vous énumérer,
peuvent et même doivent être expliqués d’une autre
manière que par l'unique cause de la longueur du err-
cuit parcouru par l'électricité.
BCE RR TT MEN
Pour varier la méthode d’expérimentation et arriver
à un résultat explicatif, j'ai cherché et trouvé une au-
tre manière de procéder.
En voici la description et les résultats :
Le rhéomètre différentiel ou, comme on l’appelle
ordinairement, le pont Weasthone, consiste en un dia-
gramme dont les quatre côtés, 4, b, c, d, sont formés
des résistances. Si les sommes de résistance a + d et
b + c sont égales, aucun courant ne passe par le galva-
nomètre du système.
Soit a la résistance d’une ligne télégraphique de 200
lieues de longueur, composée d’un fil de fer de 3mm d’é-
_paisseur, et à, une résistance égale obtenue au moyen
d’un fil d’un diamètre dix fois plus petit et d’une lon-
gueur de deux lieues; en admettant que les autres crr-
constances des circuits soient semblables et que le
temps nécessaire pour la propagation du courant soit
proportionné à la longueur du conducteur, il faut né-
cessairement que le courant du fil à soit transmis plus
tôt que celui qui passe par le fil a; il y aura done au
premier moment une déviation de l’ ‘aiguille de la bous-
sole dans la direction qui convient à ‘celle de ce cou-
rant. (Ce courant, passant par 4, dévierait nécessaire-
ment l'aiguille du côté opposé.)
Cette expérience a été faite, en 1856, au bureau des
télégraphes à Berne, sous ma direction, en présence
des employés et de quelques autres personnes invitées
à ce sujet. Quel ne fut pas notre étonnement quand
nous vimes l'aiguille dévier comme nous l’attendions,
mais en sens contraire ; au lieu de dévier à gauche,
comme elle aurait dù le faire par l’action du circuit le
plus court, elle déviait à droite. Aussi souvent que nous
répétämes l'expérience, le même phénomène se re-
produisit. Il en fallait donc conclure que le courant
arrivait plus rapidement par le fil long que par le fil
court. La seule explication que ‘nous pümes trouver
PET
a!
de ce phénomène inattendu, c'était que l’extra-cou-
rant produit dans la bobine à fil mince retardait l’ar-
rivée du courant direct plus que l’extra-courant excité
dans le fil télégraphique de 200 lieues, tendu en plein
air.
Cette expérience permet donc d'admettre que la
vitesse proprement dite du courant est infiniment
grande ou, en tout cas, est beaucoup plus grande
qu'on ne l'a supposé ou obtenu par d'autres expé-
riences.
Séance du 21 Décembre 1861.
Présidence de M. DESOR.
M. le D' de Pury fait un rapport verbal au sujet du
crâne humain pêché à la station lacustre d’Auvernier.
Il pense que le trou dont il est percé a été produit par
un corps contondant, agissant dans une direction obli-
que, de droite à gauche et de dehors en dedans, atten-
du que la table interne a été enlevée à une distance
assez grande. Une espèce de fracture circulaire, qui
entoure la solution de continuité, prouve que le corps
contondant n'avait pas une vitesse très-grande, et par
conséquent qu'on ne peut l’attribuer à une balle de
mousquet. Il croit aussi que la lésion a été produite
pendant la vie de l'individu, attendu que deux petites
plaques osseuses internes sont restées adhérentes pen-
dant tout le temps de l'immersion, maintenues sans
doute d’abord par le périoste et ensuite par l'eau,
après la destruction de cette membrane. Un coup de
gaffe porté fortuitement sur ce débris immergé les en
aurait séparées immédiatement.
M. Desor ne peut pas admettre non plus que le trou
en question soit dû à une balle de mousquet, comme
on semblerait le croire au premier abord. Celle-ci ne
serait pas entrée, à cause de l’obliquité qu’implique la
position du trou. Mais ne serait-ce pas un coup de
gaffe qui aurait atteint ce crâne dans l’eau? On pour-
rait le croire, puisqu'on trouve plusieurs fers de gaffe
dans cet endroit. Cependant, en le lavant soigneuse-
ment, on n’a pu parvenir à enlever une incrustation
qui forme une zone tout autour et qui tranche nette-
ment sur une calotte centrale d’un noir poli; celle-c1
reposait sur le fond, tandis que la zone incrustée était
mouillée par l'eau. M. Desor présente à l’appui de cette
opinion divers objets, os, vases, ete., trouvés au même
lieu, chez lesquels on remarque la même merustation
sur les parties mouillées par l’eau. Le crâne reposait
donc par sa partie convexe, de sorte que la perforation
par un coup de gaffe aurait dû être faite de dedans en
dehors, ce qui n’est pas compatible avec les détails de
la lésion.
. Le coup a donc été porté pendant la vie du sujet. Il
reste à rechercher la nature de l’instrument. Or, parmi
les objets d'industrie de cette époque, on n'en trouve
aucun qui soit arrondi; ce serait probablement une
pointe d’andouiller de cerf qui aurait dû servir à l’agres-
seur pour porter ce coup à son adversaire dans une
espèce de combat singulier.
Ce crâne serait donc du même âge que les autres
ossements trouvés dans la station d’Auvermier.
M. Cornaz, docteur, est aussi de l'opinion que la
lésion a été faite pendant la vie, car l’examen montre
que los avait une certaine souplesse à l’époque de cet
accident.
M. le D' Borel croit que l'individu a dû vivre encore
depuis sa blessure, car on remarque sur une portion de
son périmètre une espèce de bourrelet ou de cal osseux
dû à l'activité régénératrice de los.
L'N
er 8 LE
M. le D° Guillaume communique un résumé des ob-
servations qu'il à faites sur la taille des hommes qui
se sont présentés devant les conseils de réforme du
canton pendant une période de huit ans. (Voyez Ap-
pendice.)
M. le D° Cornaz reconnait l’intérèt qui s'attache à ce
travail ; il remarque cependant qu'on ne doit pas trop
se baser sur les données que fournissent les conseils de
réforme pour en tirer des conclusions ou des rapports
statistiques, attendu que les observations ne portent ni
sur toute la population, ni même sur tous les individus
qui se présentent.
M. Guillaume répond que la taille a été soumise à
un examen général et attentif, et en vue d’obtenir un
résultat statistique.
M. le D° Ærsch regarde le travail de M. Guillaume
comme un excellent essai pour la section de statisti-
que ; cependant , il trouve que les observations faites
n'ont pas encore assez de généralité, et il cite à ce
sujet divers détails extraits d’un travail de M. Quetelet.
Le méme rappelle l’éclipse de soleil qui doit avoir
lieu le 31 décembre, et il en indique les diverses par-
ticularités pour la ville de Neuchâtel.
M. le colonel de Mandrot lit une notice historique
sur la Bonneville, au Val-de-Ruz, et sur la Roche de
Chatoillon, près de Saint-Blaise. (Novez Appendice.)
Des levés topographiques faits avec soin circulent
dans l’assemblée pour faciliter l'intelligence de ce tra-
val.
Séance du 10 Janvier 1862.
Présidence de M. L. CoULOoN.
M. Hipp expose le procédé à l’aide duquel il est
parvenu à régulariser le courant de la pile qui met en
jeu les horloges électriques, de manière à obtenir une
action uniforme. (Voir Appendice.) Pour compléter sa
démonstration, il fait fonctionner un appareil qu’il a
établi suivant les principes énoncés et qui réalise com-
plètement cette condition essentielle d’une marche ré-
gulière.
M. Hipp présente ensuite un appareil d’induction
d’une grande puissance qu’il a construit pour l’école
industrielle de la Chaux-de-Fonds, et un électro-ai-
mant colossal destiné au Polytechnicum de Zurich. Les
dimensions de ce dernier sont telles, que chacune des
quatre bobines pèse plus de 80 livres.
Mis en activité par MM. Hipp et Kopp, ces deux
beaux instruments servent à faire un grand nombre
d'expériences qui intéressent vivement la Société.
L'une des plus remarquables consiste à projeter sur
les pôles de l’électro-aimant une grande quantité de
petits clous qui adhèrent ensemble avec assez de force
pour former un corps maniable, plastique , conservant
la forme qu’on lui donne, et offrant ainsi une idée de
la structure intime des corps solides et de l'union des
atomes par l'attraction moléculaire. |
La puissance attractive développée est si considérable,
que l’adhérence entre les barreaux de fer et le portant
subsiste encore un quart d'heure après que le courant a
été imterrompu. Au moment où l'interruption a lieu,
il se produit un extra-courant d’une grande intensité
et qui permet de tirer du portant de fortes étin-
celles. |
M. Kopp répète une expérience de M. De la Rive,
qui a produit la rotation de l’arc lumineux dans l'œuf
électrique, en disposant l'appareil sur lélectro-aimant
en activité.
Séance du 17 Janvier 1862.
Présidence de M. L. COULON.
À propos des comptes qui sont présentés dans cette
séance, M. Desor rappelle le don de 600 fr. fait à la
Société par M. L. de Pourtalès, au nom des représen-
lants de la Société d’émulation patriotique, et que nous
devons en grande partie à l'initiative de notre Prési-
dent, M. L. Coulon. Sur sa proposition, on charge le
Secrétaire de remercier par lettre M. le comte L. de
Pourtalès.
M. L. Favre présente une médaille de cuivre à l’ef-
figie de l’empereur Maxence (306-312), trouvée au
pied du versant Nord de Pouillerel , près de la Chaux-
de-Fonds, par M. L. Huguenin, négociant. Cette mon-
naie, provenant d’une localité qui en paraissait totaie-
ment privée, puisqu'elle est en dehors des voies de
‘communication anciennement ouvertes, mérite d’at-
tirer l'attention et doit engager à faire des recherches
dans le lieu qui la recelait, et où probablement on en
découvrira d’autres.
M. Desor fait remarquer combien les médailles cel-
tiques sont rares ; jusqu'à présent on n’en connaissait
en Suisse que deux exemplaires, trouvés près de Berne,
à la Tiefenau, que les antiquaires considèrent comme
un ancien champ de bataille, à cause des nombreux
débris d’armes de toute espèce qu’on y a découverts,
RE DES
entre autres des épées de fer analogues à celles de la
Têne; à ces médailles celtiques sont associées des
monnaies gauloises rappelant celles des Eduens. Der-
mèrement, on a eu la bonne fortune de pêcher, au
milieu des pilotis qui s'étendent devant le village de
Fonts, une pareille médaille celtique qui relie ainsi
d’une manière fort intéressante le troisième âge des
pilotis avec l’époque helvétique.
M. Desor met sous les yeux de la Société le plan
d’une station lacustre extrêmement étendue, qui vient
d’être découverte près de Makelfingen, au bord du lac
de Constance, par M. Deike, directeur de l'exploitation
des tourbières pour le compte de l'Union-Suisse. On a
peine à comprendre que, jusqu’à présent, personne
n'ait signalé cette vaste plantation de pilotis mise à sec
tous les hivers par les basses eaux, et qui couvre un
espace d’une dizaine d’arpents. Les pieux, de 5 à 6
pouces de diamètre, sont de frêne, d’aulne et de pin.
Les nombreux objets d’antiquités qu’on y récolte sans
peine, en grattant le sol, rappellent l’âge de la pierre,
comme dans toute la Suisse orientale. Ce sont des po-
teries grossières, façonnées à la main, des ossements
de bœufs, des haches de pierre plus grandes que les
nôtres et presque toutes formées de diorite, la seule
pierre dure de ce bassin, où les roches erratiques sont
. peu variées. M. Desor a reçu, par l'entremise de M.
Loutz, toute une collection de ces objets. Cette station
semble donc avoir été un village très-considérable,
établi dans un endroit parfaitement abrité contre les
vents d'Est et d'Ouest. Les forêts voisines de cette rive
renferment des tumulus connus dans la contrée sous
le nom de fombeaux des Huns, mais qui n’ont pas en-.
core été explorés. I] serait très-important de fouiller
ces tombeaux, car s'ils sont les sépultures des Celtes
lacustres de l’âge de la pierre, on aurait ainsi sur les
Et I.
coutumes de ces peuplades des renseignements du
plus haut mtérèt.
Séance du 2% Janvier 1862.
Présidence de M. L. CouLON.
M. Gressly présente un dessin des geysers d'Islande,
sur lesquels il a fait diverses observations intéressantes.
(Voyez Appendice.)
M. Desor annonce qu'il a trouvé une station lacustre
de l’âge de la pierre à Neuchâtel même, en face de la
rotonde du Crêt. Ce lieu était déjà mentionné sur les
cartes de M. Keller, et M. Schwab y avait aussi vu des
pilotis. Les recherches de M. Desor lui ont fait décou-
vrir plusieurs objets qu'il montre à la Société, comme
une hache, un marteau-hache, de la poterie et une
pierre ronde percée d’un trou. Les pilotis y sont nom-
breux, mais difficiles à voir, parce qu'ils sont coupés à
fleur de fond, comme au steinberg d’Auvernier.
M. Favre fait voir une tige de chanvre de onze pieds
de longueur, qui a végété sur la tourbe près de Samt-
Jean. Ce n’est pas seulement le chanvre qui présente
sur ce terrain cette puissance de végétation ; le maïs,
ie sorgho, les choux, etc., y acquièrent des proportions
considérables ; ce développement provient du Himon de
la Thielle qu'on retire du fond de la rivière et qu’on
répand sur les champs et sur les jardins. Cependant la
fertilité du terrain est diminuée par les inondations de
la Thielle. M. Coulon ajoute que cela est causé proba-
blement par le dépôt, formé sur les plantes, par un li-
mon composé en grande partie d’infusoires à carapace
siliceuse , les mêmes qui forment sur nos jetées les dé-
pôts blanchâtres qu'on y remarque chaque année à la
fin du printemps.
Séance du 31 HD 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Xopp fait part des difficultés survenues à propos
de la gravure de la table d'orientation ; il demande
des directions à la Société. Cette affaire est renvoyée
au Comité de météorologie.
M. Hirsch annonce la découverte d’une nouvelle co-
mète, aperçue dans le mois de décembre dernier, en
Amérique , à l'observatoire de Harvard-Collége. Les
astronomes de Pulkova ont pu l’observer les 8, 9 et 10
janvier, et M. Winnecke à basé sur ces observations
une première approximation d'orbite. Les éléments
obtenus de cette manière offrent une certaine ana-
logie avec ceux de la comète observée en 1590 par
Zycho Brahé. La Comète a un mouvement rétrograde ;
sa vitesse apparente est très-grande ; après s'être ap-
prothée du Pôle le 22 jusqu'à 9° environ, elle s’en
éloigne maintenant de 4° par jour, avançant en même
temps de 8° en ascension droite. M. Hirsch l’a aperçue
un instant le 26, mais le brouillard qui est survenu a
empêché lobservation ; dès-lors le ciel est resté cou-
vert.
M. Hirsch fait part des expériences de M. Debray,
qui à trouvé le moyen de rendre visibles à un grand
auditoire les phénomènes spectraux, en se servant de
appareil photogénique de Dubose et du chalumeau à
gaz hydrogène et oxygène, pour projeter les spectres
sur un écran. Îl demande si l’on ne pourrait pas dis-
poser du microscope solaire du cabinet de physique
pour répéter ces belles expériences devant la Société.
M. Xopp répond que le microscope n’est pas en
état de supporter l’énorme chaleur qui serait déve-
DE CPR den
loppée pour la combustion des métaux, et qu'il crain-
drait, pour les lentilles, le voisinage trop immédiat de
la flamme. Pour compléter le microscope, 1l attend
un appareil commandé à M. Goldschmid, et 1l espère
qu'avec le concours de M. Hipp, il’ parviendra à met-
tre l'appareil en mesure de satisfaire à la demande qui
vient d’être faite.
M. Hirsch explique la construction d’une étuve à
température constante qu'il a fait établir pour l'Ob-
servatoire, par M. Hipp. Cet appareil, indispensable
dans les ebservatoires où l’on étudie la marche des
Chronomètres , est resté jusqu’à présent imparfait ,
malgré les essais coùteux tentés à Greenwich et à Paris.
Les petites étuves de nos horlogers sont tout-à-fait In-
suffisantes, et ne peuvent garder une température uni-
forme que pendant un temps fort limité. L’étuve de
M. Hirsch est une simple armoire vitrée, chauffée par
un petit appareil à eau chaude, formé d’une boîte de
cuivre pleine d’eau, d’où sortent des tuyaux qui circu-
lent dans la vitrine. Le foyer est un bec de gaz dont
l'activité de la flamme est augmentée ou diminuée par
la disposition suivante : Il a placé dans la vitrine une
lame bimétallique , formée de laiton et d'acier soudés
ensemble, et douée de la propriété de se fléchir dans
un sens ou dans l’autre quand la température varie.
Cette lame, fixée par un bout, agit par l'autre extré-
mité sur une soupape conique fermant plus ou moins
le tube qui conduit le gaz. De cette façon, quand la
température de l’étuve baisse , la lame s'ouvre, soulève
la soupape, et le gaz, arrivant avec plus d’abondance,
donne le supplément de chaleur nécessaire pour rame-
ner l’étuve au degré voulu, et vice-versa. Cette lame
fait donc l'office de régulateur, et doit contribuer à
maintenir dans l’étuve une température constante.
Les observations faites pendant plusieurs jours ont
EN ue
démontré que la quantité d’eau employée dans l’ap-
pareil a une influence sur la constance de la tempé-
rature. Avec huit pots d’eau la température est va-
riable ; avec quatre pots et demi, la température se
maintient assez bien. On comprend que plus la masse
d’eau est considérable, plus il faut de temps pour la
refroidir et l'échaufler, de sorte que la compensation
ne peut s obtenir qu'à l’aide d’une certaine quantité
d’eau qu'il est important de déterminer par l’expé-
rience.
M. ÆXopp présente une série d'échantillons de laine,
de soie et de coton, qu’il a teints à l’aide d’un bois
provenant du royaume de Siam, où il porte le nom
Kelle. Ce bois, dont il dépose un fragment sur le bu-
reau, est lourd, assez dur, sans saveur bien prononcée,
ni odeur, et contient une matière colorante jaune, non
alcaloïde, et qui, traitée de diverses façons, donne des
couleurs belles et variées et qui résistent à l’eau bouil-
Jante et à l’eau de savon froide.
M. Gressly fait voir plusieurs g erands dessins colo-
riés , exécutés par lui-même d’après nature et repré-
sentant des vues prises dans les endroits les plus in-
téressants de l’île de Jean Mayen et de l'Islande, entre
autres les Geysers, la crevasse de Thingvalla, VAI
mannagia, etc. Îl accompagne cette présentation très-
intéressante d'explications sur la structure géologique
et la nature de ces pays.
M. Desor présente la garniture d’un fourreau de
poignard ou d'épée; cette pièce de fer est exécutée
avec beaucoup d'art et est caractéristique de l'épée
gauloise. Elle provient de la station de Marin.
M. Desor rend compte d’une exploration qu'il a
faite, en compagnie de M. le Président, parmi Îles
ae EN
pilotis découverts devant la promenade du Crêt. Guidé
par le pêcheur de M. Desor, M. Coulon a reconnu
l'existence des pilotis, quoique ceux-ci soient à peine
visibles, puisqu'ils sont coupés à ras du fond. H en
est qui sont si près du bord, devant la Rotonde,
qu'on peut les apefcevoir du mur du quai.
M. Desor fait une exposition succincte des faits qui
se sont passés en 1845 et 1846 dans les glaciers du
Tyrol. En 1843, on remarqua un mouvement très-
accéléré dans le glacier de Vernacht, qui vient dé-
boucher. dans la vallée de Rofen. En 1845, ce mou-
vement devint encore plus sensible et plus alarmant.
L'autorité dut s’en occuper. La vitesse atteignit jus-
qu'à 9", 92 par jour. Alors eurent lieu de grands dé-
sastres. L’accumulation des glaces contre une paroi
de rocher empêchant l’écoulement des eaux, 1l s'était
formé un lac considérable ; les eaux se frayèrent tout-
à-coup un passage lorsque le glacier se retira et inon-
dèrent et dévastèrent les vallées inférieures jusqu’à
Inspruck.
En 1850, le glacier de Suldenen causa les mêmes
inquiétudes par son avancement Imsolite. M. de Son-
klar , officier d'état-major autrichien, se rendit sur
les lieux pour étudier ce phénomène dans tous ses dé-
tails. Mais le mouvement ne fut pas comparable à celui
dont on vient de parler; il atteignit cependant jusqu’à
deux mètres par jour, ce qui est encore très-remar-
quable , puisque la vitesse maximum du glacier de
l’'Aar et du glacier des Bois ne dépasse guère un pied
par jour.
Après avoir pris de nombreux renseignements sur
ces phénomènes, M. de Sonklar énonça l’idée qu'on
pouvait en donner l'explication par la météorologie.
Il s'était assuré que le phénomène n’était pas général,
car tandis que cette accélération se produisait sur un
RO us
glacier, les autres se conduisaient comme d'ordinaire
et même rétrogradaient.
Dernièrement , il a fait des études plus suivies et
plus complètes, et il est arrivé à la conviction que ces
grands avancements se rattachent à la direction des
vents. Lorsque soufflent certains vents, des masses
énormes de neige s'accumulent sur un point, dans
certains cirques , et pas sur d’autres, el ces accumula-
tions donnent au glacier vers lequel elles se dirigent
une vitesse anormale.
D'ailleurs ces faits ne sont point isolés et ils ne se
produisent point pour la première fois : les anciennes
chroniques mentionnent bien des accidents analogues.
A l’aide de ces renseignements, et d’autres fournis par
d'anciennes observations météorologiques, M. de Son-
kdar a construit un tableau rétrograde qui vient corro-
borer l’idée qu’il a énoncée et établit ainsi la liaison
entre l’avancement des glaciers et des phénomènes
météorologiques locaux.
En résumé on peut tirer des études de M. de Son-
klar les conclusions suivantes :
1° Les grandes oscillations des glaciers ne sauraient
dépendre du caractère météorologique d’une seule
année.
2° Les grands envahissements des glaciers survien-
nent après de très-mauvaises années, au milieu de
périodes défavorables.
3° L'influence du climat se fait sentir plus lente-
ment dans les grands glaciers que dans les petits.
.4° Les vents ont une grande part dans les oscilla-
lions des glaciers; seuls ils peuvent servir à expli-
quer les irrégularités de ces oscillations.
Par conséquent on doit s'attendre à des oscillations
marquées, spécialement :
a) à un avancement général, toutes les fois qu'à la
suite d’une série de mauvaises années, il survient une .
année très-froide ;
ER DE
b) à un avancement qui peut n'être que local et
qui surviendra d'ordinaire après deux ans, lorsque de
fortes chutes de neige hivernale sont accompagnées
de vents soufflant dans une direction constante.
M. Hirsch appuie ce que vient de dire M. Desor.
Il a visité les glaciers dont on vient de parler et il a
entendu les mêmes choses de la bouche de guides âgés
et expérimentés qui avaient été témoins de ces acci-
dents. Eux aussi ont remarqué que ces phénomènes
sont purement locaux et qu'ils ne se manifestent que
dans les glaciers de second ordre.
Séance du T7 Février 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Xopp présente le résumé des observations météo-
rologiques faites à Neuchâtel pendant l’année 1861,
ainsi que le tableau des hauteurs des trois lacs de Neu-
châtel, Morat et Bienne. La moyenne de température a
été de 9°,6. (Voyez Appendice.)
M. Desor donne quelques explications sur un ébou-
lement qui est arrivé à l'Ecluse et qui a gravement en-
dommagé une maison récemment construite. Celle-ci
est assise dans une tranchée pratiquée, à coups de mi-
ne, dans la roche valangienne. En examinant les cou-
ches, on remarque successivement de haut en bas, le
diluvium, puis les deux étages supérieurs du valangien,
la pierre rouge ou limonite et le marbre bâtard; les
marnes valangiennes n’ont pas été atteintes par la tran-
chée, ainsi que l'avaient déjà prévu MM. Desor et
Gressly, appelés sur les lieux pour une expertise offi-
cielle avant qu’on commencât les travaux. L'accident à
BUL. DE LA SOC.-DES SC. NAT. T. VI. 3
NOTA RE
été produit par l’écroulement des bancs de limonite,
qui s’est trouvée très-fracturée en cet endroit, soit na-
turellement, soit par l'effet des coups de mine. Il aurait
fallu déblayer cette couche peu épaisse et faire un talus
prolongé. Cet éboulement ne porte aucun préjudice au
chemin de fer qui passe un peu plus haut, parce que
la voie repose sur le marbre bâtard très-solide, au sujet
duquel on ne peut éprouver aucune crainte.
M. Xopp désire examiner la collection minéralo-
gique des spath-fluors du musée , afin de satisfaire à
une demande de M. Schônbein, qui, ayant reconnu
l’antozone dans un spath-fluor particulier, est curieux
de savoir si l'échantillon qu’il possède est unique de
son espèce. Cette demande est renvoyée à MM. Coulon
et Tribolet.
En explication de ce fait, M. Desor raconte que c’est
dans une mine de Bavière qu’on a trouvé le spath-fluor
antozonide , signalé par une odeur assez forte pour in-
commoder les travailleurs. En exploitant la gangue, on
l’a trouvé distribué d’une manière assez inégale dans
son intérieur.
Séance du 14 Février 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Coulon présente le calque du plastron d’une tor-
tue assez grande , trouvée à Valangin dans une carrière
du terrain virgulien ; elle diffère notablement de l£-
mys Jaccardu du mème étage. |
M. Æirsch donne une analyse des derniers travaux
de M. Leverrier sur les éléments des orbites des quatre
premières planètes, Mercure, Vénus, la Terre et Mars.
(Voir Appendice.)
Le méme ajoute que le 7 février écoulé, près de.8
heures du soir, il était en correspondance télégraphi-
: — 39 —
que avec M. Plantamour, de Genève, auquel il signalait
un violent ouragan de bise, accompagné de neige, qui
régnait à Neuchâtel depuis 7 heures du soir; il reçut
pour réponse que le temps était calme à Genève , mais
que le baromètre baissait rapidement , et ce n’est qu'à
9 heures, c’est-à-dire deux heures après Neuchâtel,
que l’ouragan a atteint Genève. |
M. Ladame trouve le fait très-remarquable, parce
que la bise est essentiellement un vent d'aspiration qui
se propage du S.-0. au N.-E.
Une discussion assez longue a lieu au sujet des diver-
ses particularités signalées dans les vents de bise.
M. ÆXopp répète plusieurs expériences relatives aux
propriétés de la glace, citées par M. Tyndall, avec une
pression suffisante. Ce corps peut se mouler comme une
matière plastique, par suite du dégel et du regel con-
sécutifs provoqués par le jeu de la chaleur latente et de
l'équivalent mécanique de la chaleur.
À l’aide d’une petite presse hydraulique, M. Kopp ag-
glomère des morceaux de glace et en obtient, tantôt un
cube , tantôt un cylindre compacte, ou une empreinte
de médaille. Il montre qu'un morceau de glace du
poids de 22 grammes perd ainsi 4 grammes d’eau,
c’est-à-dire évidemment plus qu’il n’en peut contenir
lorsqu'il n’est pas soumis à une pression.
M. Desor dit que M. Dolfuss, à l’aide d’une forte
presse hydraulique , a moulé très-facilement la glace à
0°, mais que lorsqu'elle a une température inférieure,
elle se brise en éclats.
Le méme rapporte que la commission fédérale de la
carte géologique suisse s’est réunie dernièrement à
Neuchâtel. Elle a adopté l’échelle de */s0 000 et l'emploi
des couleurs pour distinguer les principaux terrains ;
ainsi tout le jurassique sera bleu , le crétacé vert, etc.;
— 36 — ù
les étages seront désignés par des pointillés et des ha-
chures convenables.
Séance du 21 Février 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Hirsch communique les observations qu’il a faites
sur la marche d’une montre thermométrique , confiée
à l'Observatoire par M. Henri Perregaux, du Locle.
Cette montre, construite avec autant de soin qu un
chronomètre , est munie d’une compensation inverse
qui augmente les effets des variations de température.
On la règle d’abord à une température constante afin
de connaître sa marche. On l’expose ensuite aux vicis-
situdes de la température extérieure, qui altèrent la
marche d'autant plus que les variations du chaud au
froid sont plus considérables. On à ainsi un instrument
ingénieux pour mesurer les moyennes de température
pour un temps plus ou moins long. Il a pu s'assurer
que cette montre est l'instrument le plus délicat et le
plus sûr que l’on puisse employer pour prendre une
moyenne de température, et le calcul démontre que
ces résultats sont bien préférables à ceux que donnent
les moyennes arithmétiques des observations thermo-
métriques. L'erreur que l’on peut commettre en se ser-
vant de cette montre comme thermomètre, s'élève à
0,048 de degré correspondant à 1” de la marche de
cette montre. Il serait donc dans l'intérêt de la science
d'introduire cet instrument de précision dans tous les
observatoires météorologiques.
M. Tribolet présente une petite meule de moulin
trouvée en 1858 par M. Rau, employé du Franco-
Age". Del
Suisse, sur le parcours du chemin de fer dans les ma-
rais de Boudry, à environ 200 mètres en bise du che-
min public qui conduit de Cortaillod à la forêt de la
côte appartenant à cette commune. Elle se trouvait à
0",80 de profondeur et reposait sur un sous-sol de gra-
vier, au milieu des souches encore debout des pins qui
formaient jadis une forêt sur ce plateau .-Elle est formée
d’un gneiss schisteux qui a subi quelques détériorations;
elle est perforée au milieu par un trou cylindrique: le
contour extérieur est assez exactement circulaure et as-
sez bien conservé.
M. le D' Grellaume présente un tableau graphique
des mesures opérées par ses soins dans le Seyon et
dans la Serrière, pendant une partie de décembre et
le mois de janvier écoulé. Il résulte de ce tableau que
les mouvements de ces deux rivières offrent un parallé-
lisme assez constant, surtout dans la hauteur moyenne:
mais, dans les crues du Seyon , celui-ci présente des
chiffres qui dépassent de beaucoup ceux de la Ser-
rière ; en outre, les mouvements de celle-ci sont tou-
jours un peu en retard sur ceux du Seyon.
Les observations ont dû être suspendues à cause de
la disparition des échelles, que les hautes eaux extraor-
dinaires de la fin de janvier ont emportées.
Ces observalions provoquent une discussion sur Îa
question si mystérieuse des sources de la Serrière , et,
comme elles sont destinées à jeter quelque jour sur un
phénomène qui nous touche de si près, la Société en-
gage M. Guillaume à bien vouloir les continuer, et à les
accompagner d'observations udométriques dans les di-
verses régions du Val-de-Ruz.
Séance du 28 Février 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Coulon annonce que M. G. de Pury, venu dernière-
ment d'Australie, a rapporté pour le musée divers
animaux intéressants de cette contrée, tels que mam-
mifères, reptiles et msectes.
Le même M. Pury lui a raconté divers faits assez cu-
rieux sur les mœurs des kanguroos, que l’on croit com-
munément être des animaux timides et craintifs. Il y a
cependant des mdividus de grande taille qui, loin de
fuir à l'approche des chasseurs et des chiens, les atta-
quent résolument et éventrent ceux-ci à coups de
patte ; ou bien qui étreignent l’homme de leurs bras
robustes en cherchant à l’étouffer. — Ils ne mordent
pas. — M. Pury eut lui-même une lutte à soutenir
avec un de ces animaux, et, quoique à cheval, il eut
beaucoup de peine à s’en tirer sain et sauf.
Un planteur de la contrée fut pareillement attaqué
par un kanguroo, qui le tenait serré contre lui à peu
près comme le fait un ours, en essayant de l’étouffer
ou de le tuer à coups de patte.
M. Desor appelle l'attention de la Société sur un vo-
lume qui vient de lui être adressé par la commission
géologique de l'Etat d’Arkansas. C'est un rapport préli-
minaire sur la géologie de cet Etat par feu M. D. Oweu,
qui renferme, entre autres documents, un mémoire re-
marquable de M. Léo Lesquereux sur les plantes de la
houille, dans le bassin de l’Arkansas.
M. Desor rappelle à cette occasion les caractères gé-
néraux de la houille américaine, qui est à l’état d’an-
thracite sur le revers oriental des Alleghanys, tandis
SPAS CE
qu’elle est bitumineuse sur le revers opposé, dans les
plaines de l’ouest et spécialement dans le grand bassin
de l'Ohio. Dans l’origine, l’anthracite passait pour plus
ancienne que la houille bitumineuse , et on la rappor-
tait, comme en Europe, au terrain de transition. Ce-
pendant les frères Rogers, chargés de l'exploration des
Etats de Pensylvanie et de Virginie, n'avaient pas tardé
à reconnaître des passages entre ces deux formes ex-
trèmes. Ils montrèrent que l’anthracite, qui est tout-à-
fait maigre dans les bassins les plus rapprochés de l’At-
lantique, devient de plus en plus bitumineuse à mesure
qu’on pénètre plus avant dans la chaîne de lAlleghany.
Ils distmguèrent ainsi plusieurs formes intermédiaires,
savoir l’anthracite propre, la houille semi-anthraci-
teuse, la houille semi-bitumineuse et la houille bitu-
mineuse ou grasse. Ils en conclurent que ces différen-
ces ne provenaient pas de l’âge des dépôts houillers,
mais qu'elles étaient plutôt le résultat d’influences pos-
térieures qui auraient, sur certains points, modifié la
houille, en la privant de son bitume, tandis qu’elle se-
rait restée intacte sur d’autres. Il devenait de la sorte
vraisemblable que, dans toute l'étendue des Etats- Unis,
la houille se rapportait à une seule formation, la for-
mation carbonifère, n'importe qu’elle fût maigre ou
grasse.
Cette proposition ne pouvait cependant être démon-
trée qu’à l’aide de la paléontologie, et comme la houille
ne renferme guère, en fait de fossiles, que des plantes,
c'était à l’étude des plantes fossiles qu'il fallait en ap-
peler. Nul n’était mieux qualifié que M. Lesquereux
pour remplir cette tâche. Après avoir, de concert avec
M. Desor, étudié les houillères des Alleghanys, il a
exploré avec un soin égal les houillères des environs
de Pittsburg, puis celles de l'Ohio, du Kentucky et du
Tennessee, passant ainsi en revue toutes les variétés
que la houille affecte, depuis l’anthracite jusqu’à la
houille grasse des bords de l’Ohio.
Le AO
Cette longue et patiente étude a conduit M. Lesque-
reux aux résultats généraux suivants, qui peuvent être
considérés comme acquis à la science :
1° La qualité de la houille sous le rapport du bi-
tume ne constitue pas un caractère géologique. Des
bancs de houille grasse et de houille maigre ou an-
thracite, peuvent renfermer les mêmes espèces végé-
tales et appartenir par conséquent au même horizon
géologique.
2° La formation houillère n’est pas homogène dans
toute son épaisseur. Entre les banes inférieurs et les
bancs supérieurs, il y a des différences sensibles sous
le rapport des fossiles, qui attestent que la flore n’a pas
été invariable pendant toute la durée de cette longue
époque. Ces différences se retrouvent des deux côtés
de l’Alleghanv, dans la région des anthracites, aussi
bien que “dans celle des houilles bitumineuses.
Ceci posé, M. Lesquereux admet quatre groupes
principaux dans la formation houillère des Etats-Unis,
qui sont séparés les uns des autres par de vastes dépôts
de grès et de conglomérat. Comme ces derniers sont
plus en vue que les schistes houillers et qu'ils sont en
général assez bien caractérisés, ce sont eux qui ser-
vent à orienter le géologue dans l'étude générale des
districts qu'il s’agit d'explorer.
Voici la succession de ces groupes ou étages, de
haut en bas :
Grès supérieur connu sous le nom d’Anvill-Rock.
1. Groupe composé de schistes houillers sans bancs ex-
ploitables.
(rès connu sous le nom de système mahonique.
I. Grand bassin houiller d’une puissance considérable
(500 pieds), avec quatre grands bancs en exploita-
tion.
Mullstone grit ou pierre meulière, formé d’un mé-
lange de sable et de cailloux.
= =
IT. Autre grand bassin tr ès-puissant, sans l'être autant
que le précédent, renfermant six bancs de houille
exploitable.
Massif de conglomérats.
IV. Bassin inférieur ou faux bassin, renfermant trois
bancs exploitables.
Les groupes inférieurs sont en général ceux dont
l'étendue est la plus considérable, tandis que les su-
périeurs se concentrent davantage au milieu de la for-
mation ou du grand bassin. Comme le terrain houiller
de l’Arkansas se trouve à l'extrémité du grand bassin
de l'Ohio, il n’y a rien de surprenant que les groupes
supérieurs y fassent défaut; et, en effet, M. Lesque-
reux n’y signale que le quatrième bassin, que l’on ran-
geait autrefois dans la for mation dévonienne. M. Les-
quereux en a étudié la flore, qui est assez variée et
dont il décrit un grand nombre d'espèces avec accom-
pagnement d’un certain nombre de planches admira-
blement exécutées, représentant des espèces nouvelles
ou peu connues. Toutes les espèces appartiennent à
des types essentiellement carbonifères.
La disposition ci-dessus des bassins houillers d’Amé-
rique par groupes étagés , séparés par des dépôts de
grès et de, conglomérat , est intéressante au point de
vue de la genèse de ces dépôts. Il est évident que le
bassin primitif a dû se rétrécir successivement, mais
avec accompagnement de mouvements violents qui
l'ont recouvert à plusieurs reprises d'immenses amas
de sable et de cailloux d’un volume quelquefois consi-
dérable. Le marais houiller s’est ainsi établi quatre fois
sur la plage caillouteuse, en occupant un espace tou-
jours plus restreint. Il n’y à rien de surprenant qu'à
travers ces péripéties , la flore houillère ait subi quel-
ques modifications, tout en maintenant son caractère
général.
PAU CH Sas
Le rapport de M. Lesquereux renferme aussi un
chapitre fort intéressant sur la flore tertiaire et un au-
tre sur les prairies de l’Arkansas. Ce dernier confirme
le vœu que l’auteur à émis précédemment sur ce sujet
dans un article adressé à M. Desor. (Voir Bulletin,
tome IV, p. 172).
Séance du T Mars 1862.
Présidence de M. L. CouLonx.
M. L. Coulon fait voir le tronc d’un jeune hêtre,
dont le diamètre dépasse un pouce, et qui a été coupé
près de terre par les souris-taupes (Hypudeus terres-
tris). Ces rongeurs, qui manquent probablement de
nourriture, attaquent une jeune forêt de hêtres que
M. Coulon possède près du sommet de Chaumont, et
menacent de la détruire.
M. de Tribolet entretient la Société de la géologie de
l'Australie et des conditions de la présence de l'or,
d’après un ouvrage de M. Odernheimer, conseiller aux
mines du duché de Nassau, qui a fait de ce pays une
étude approfondie. Il n’y est question que de l’Austra-
lie méridionale, la seule région qui soit suffisamment
connue. Les terrains silurien et devonien y présentent
un développement considérable, et leur puissance va
jusqu’à 1,100 pieds ; ils consistent en roches arénacées
ou argileuses, rarement calcaires, souvent métamor-
phosées sous l'influence de roches éruptives. Celles-ci
sont généralement des syénites ou diorites syénitiques
(grünstein), ou aussi des porphyres et des granits. Dans
la Nouvelle-Galles du sud, de puissantes assises de grès,
riches en houille, succèdent au terrain devonien ; quel-
RSS TES
ques géologues, d’après la flore, sont disposés à y voir
un terrain Jurassique; d’autres, s'appuyant sur les ca-
ractères généraux de ces dépôts, les font rentrer dans
l’époque carbonifère. S'il en était ainsi, 11 v aurait en
Australie une immense lacune dans la série des forma-
tions connues ailleurs, les premiers terrains qui sui-
vent étant tertiaires. Ces derniers occupent une posi-
tion tout-à-fait subordonnée. Le diluvium , en revan-
che, est très-développé et répandu sur tout le territoire
avec une puissance qui est ordinairement de 10 à 20
pieds seulement, mais qui va dans certains cas jusqu’à
170 pieds. Il est formé d’amas de galets, de sables et
de limon déposés assez irrégulièrement, et, pour ce
qui est du diluvium proprement dit, complètement
privé de fossiles; souvent il est mélangé ou recouvert
de matières volcaniques rejetées pendant ou après sa
formation.
M. Odernheimer a voué une attention particulière à
la provenance de l'or et aux districts aurifères. Le pré-
cieux métal se trouve et s'exploite sur d'immenses
étendues, soit dans les filons mêmes, soit dans les
bassins du diluvium. Dans la Nouvelle-Galles du sud,
les filons de quartz aurifère existent uniquement dans
la syénite; plus au sud, 1ls se rencontrent aussi dans
les terrains de sédiment, et, à Victoria, 1ls sont limités
aux terrains siluriens. Analogues par leur brièveté et
leur peu de profondeur aux faux filons de la Grau-
wacke d'Europe, ils sont sans doute le produit, non
d'injections, mais d’une séparation lente d'avec les ro-
ches voisines. L'or, qui ne se trouve qu'à la partie su-
périeure et sur les bords, est probablement le résultat
d’une décomposition des pyrites aurifères produite par
les agents atmosphériques et qu'indiquent la désagré-
gation des parties supérieures et la concomitance ha-
bituelle de l'hydrate d'oxyde de fer ; et sa présence en
pépites de différentes grosseurs s'explique dans cette
tite.
hypothèse par l'influence de l'électricité qui accompa-
gne toujours les décompositions chimiques.
Du reste, malgré sa fréquence, l’or a des allures as-
sez Capricieuses ; il manque ou saute subitement d’un.
filon à un autre; c’est ce qui explique pourquoi la
plupart desftravaux ont eu des résultats peu brillants,
sans compter qu'en général l'or ne se trouve guère
qu'à la surface et sur les salebandes des filons.
Dans le diluvium, l’or s’est ramassé dans les fonds
des cours d’eau; il se trouve associé, d’après les lois
de la pesanteur, aux plus gros matériaux déplacés et
déposés sur la roche en place et surtout dans les iné-
galités qu'elle présente. Comme les circonstances géo-
logiques ont varié depuis les commencements du char-
riage de l’or, et comme les cours d’eau ont subi des
modifications, il en est résulté des alternances fréquentes
de matériaux de dimensions différentes, ce qui rend
la recherche de l'or très-difficile et très-chanceuse. Il
faut dire qu'il y a cependant une certaine compensa-
tion à ce fâcheux état de choses, dans la mise à sec
pendant l’été de la plupart des rivières d'Australie.
M. L. Coulon cite un fait à l'appui de ce qu’on
vient de dire sur l’extrème dispersion de l'or dans le
diluvium. I à reçu d'Australie un serpent de grande
dimension qui était rempli de terre, au lieu d’être
bourré de filasse. Lorsqu'il a voulu préparer la peau
de cet animal , la terre amenée au jour a révélé la
présence d’une multitude de paillettes d’or qui sein-
üllaient au soleil, mais qui étaient trop petites pour
qu'il fût possible de les séparer du sable.
M. le D' de Pury met sous les yeux de la Société
des exemplaires du #icrosporon furfur, champignon
parasitaire qui végète sur les feuillets épidermiques su-
perficiels de la peau de l’homme, et qui donne nais-
sance à l'affection connue sous les noms de : pityria-
sis versicolor, chloasma , taches hépatiques , crasse
parasitaire. Après avoir décrit ce végétal et indiqué
le milieu où il se trouve, M. Pury expose son action
sur l’homme et énumère les moyens faciles de le dé-
truire.
Séance du 14 Mars 1862.
Présidence de M. L. COULON.
_M. George Guillaume fait lecture d’une imstruction
qu'il a rédigée pour la construction et la pose des pa-
ratonnerres.
Destinée à la publicité, elle résume d’une mamière
concise, claire et pratique, les principes importants que
l’on trouve exposés dans les rapports un peu étendus
de Gay-Lussac (1823) et de Pouiilet (1854).
Sur la demande de M. Guillaume, une discussion
a lieu à ce sujet.
MM. ÆHipp et Kopp remarquent une omission en ce
qui concerne les toits métalliques, dont il faudrait éta-
blir la communication directe avee le sol.
L'opinion générale est aussi que toutes les pièces
métalliques isolées d’une toiture doivent être reliées
avec le paratonnerre.
M. Hipp observe que l’on peut alléger le paraton-
nerre en lui donnant une tige creuse; pour le rendre
moins coûteux, il indique d'insérer une petite pointe
de platine à son extrémité, plutôt que de la souder,
ce qui exige moins de métal.
Le méme désire encore que l'instruction mentionne
la nécessité d'examiner de temps à autre Îles paraton-
nerres pour s'assurer de leur bon état. En établissant
un circuit voltaïque , dont les conducteurs du para-
tonnerre, le sol et une boussole fassent partie, on peut
mi Mb ue
reconnaître facilement si la communication avec le sol
est convenable, et, dans le cas contraire, en recher-
cher les défauts.
M. Hirsch dépose sur le bureau le 13° cahier des
travaux de M. Wolf sur les taches solaires, et il en
donne l'analyse suivante.
Ce nouveau cahier que mon savant collègue vient
de publier sur le phénomène intéressant, à l'étude du-
quel il s’est voué d’une manière spéciale, traite essen-
tellement du rapport qui existe entre les taches so-
laires et les variations magnétiques. Îl y a entre ces
deux phénomènes une connexité dont on a fait la dé-
couverte en remarquant l'identité de leurs époques ;
elle a été étudiée depuis avec beaucoup de zèle, et
vous vous rappellerez que M. Wolf a déjà essayé, dans
une de ses communications antérieures, de relier ce
qu'il appelle les « nombres relatifs » des taches solaï-
res avec les variations magnétiques, par une formule
arithmétique, de sorte qu'il devienne possible de les
calculer les uns par les autres. En se basant sur les
observations de Munich seulement, M. Wolf avait éta-
bli la formule 8 — 0, 273 + 0,51 X «; où 8 désigne la
variation moyenne annuelle, et « le nombre relatif des
taches solaires de la même année. Le cahier récem-
ment publié est destiné à vérifier et à rectifier cette
équation , en étudiant les observations de Gôttingen,
Munich, Prague, Londres, Kremsmünster, Toronto,
Philadelphie, Paris et Hobarton. En conservant la
forme de l’équation, M. Wolf s’est appliqué à en dé-
terminer les coefficients aussi -bien que possible par
la méthode des moindres carrés. M. Wolf avait émis
l'hypothèse que le coefficient de « est le même pour
toute la terre, tandis que le terme constant de l’é-
quation varie d'un endroit à l’autre. Pour reconnaître
jusqu’à quel point cette opinion est fondée , l’auteur
8
ee CAR Le
a fait exécuter de longs calculs par ses élèves, d’une
double manière ; d’abord en supposant le coefficient
de « constant — 0,045, puis ensuite en laissant ce
coefficient indéterminé. En général, il arrive à repré-
senter les observations également bien par les deux
hypothèses , l'erreur moyenne se montrant sensiblement
égale pour l'une et l'autre; les anciennes observations
de Londres et de Paris seules font exception. M. Wolf
en voit la cause dans l’infériorité des observations
d'alors; mais ne pouvait-on pas l'expliquer en sup-
posant que l'équation qui exprime la relation des
deux phénomènes, contient des termes dépendant du
temps, supposition que, suivant M. Wolf lui-même,
les observations de Prague paraissent confirmer ; car,
d’après ces dernières, il semble que le terme constant
va actuellement en augmentant, tandis que le facteur
de « diminue.
Quoi qu’il en soit, M. Wolf conclut de ses calculs
que le facteur de « est sensiblement constant et géné-
ral, tandis que l’autre terme, au contraire, varie con-
sidérablement d’un endroit à l’autre et a plutôt une
signification locale. Il nous semble cependant que
cette conclusion n’est pas suffisamment établie, par-
ce que les deux hypothèses représentent les obser-
vations également bien, et qu’en ne faisant aucune
supposition sur les deux quantités à déterminer, le
coefficient de « varie même plus (dans la proportion
de 1:3) que le terme constant, dont la plus grande
valeur est à peine le double da minimum.
Aussi M. Wolf lui-même, en admettant la variation
locale aussi bien pour le facteur de + que pour le terme
constant, tâche d'en rendre compte en montrant que,
pour les cinq stations Prague, Kremsmünster, Munich,
Philadelphie et Toronto, et pour l’époque de 1840, le
terme constant augmente de l'Est à l'Ouest, tandis que
le facteur de + croît avec la latitude. M. Wolf renvoie
RARE Re
cependant , avec beaucoup de raison , à des recherches
ultérieures la question de savoir si cette relation géo-
graphique est générale et ne doit pas être modifiée
considérablement avant qu’on soit en droit de l’admet-
tre comme une loi solidement établie.
Bien que ces aperçus reposent encore sur un trop
petit nombre de faits, certes ces études offrent un
grand intérêt et tendent à confirmer davantage la réa-
lité de la dépendance mutuelle de ces deux phéno-
mènes, en apparence si différents et se produisant à
une si énorme distance. Si, d’un autre côté, les re-
cherches ingénieuses du père Secchi paraissent éta-
blir une relation entre la marche des éléments magné-
tiques et les phénomènes météorologiques, ce résultat
n'est pas en contradiction absolue avec cet autre ordre
d'idées, qui met le magnétisme terrestre en rapport
avec les révolutions que nous observons dans l’atmos-
phère du soleil. Car, tandis que ces dernières déter-
minent les valeurs moyennes des variations régulières
du magnétisme, l’état variable de notre atmosphère
terrestre paraît affecter plutôt les changements brus-
ques et irréguliers des instruments magnétiques.
Pour en revenir à la communication de M. Wolf,
elle continue la savante bibliographie de cette spécia-
lité. Parmi les documents que M. Wolf y publie, la
série d'observations faites par Flaugergues , de 1788
à 1830, est la plus considérable; elle contient plus de
2000 observations de taches.
Séance du 21 Mars 1862.
Présidence de M. le Dr BoREL.
M. le D' Ærrsch lit la communication suivante, sur
la relation des phénomènes météorologiques avec la
marche des instruments magnétiques.
ROUE "AE
Lorsque je vous entretins dernièrement des travaux
récents de M. Wolf, qui mettent toujours davantage en
évidence l’étroite connexion qui existe entre le magné-
tisme terrestre et les taches du soleil, je mentionnai les
études du père Secchi, qui permettent de relever pour
certains éléments magnétiques , des influences atmos-
phériques et des relations entre la marche surtout
du magnétomètre bifilaire et entre la direction du
vent, le mouvement du baromètre et même l'aspect du
ciel. Le père Secchi, dans un mémoire qu'il a publié
l'été dernier, parle d’abord de l'observation que bien
souvent , lorsque le déclinomètre et l’inclinomètre
marchent tout-à-fait régulièrement , les instruments
qui servent à mesurer l'intensité, et surtout le bifi-
laire, montrent de grandes irrégularités, surtout dans
les époques de temps variable et orageux, et que les
variations moyennes de température et la formation
rapide des nuages ont une influence infaillible sur cet
instrument sensible. — En étudiant soigneusement les
courbes qui représentent la marche des instruments
d'intensité, le père Secchi croit pouvoir distinguer, à
côté de la variation diurne régulière, deux systèmes
d'ondes, un de longue période (de quelques jours) et
un autre dont les excursions ne durent que trois à
quatre heures ; ces deux systèmes d'ondes, en se su-
perposant avec celle de la variation diurne, produisent
presque toutes les irrégularités qu'on remarque dans la
marche des instruments d'intensité. En comparant en-
suite ces courbes magnétiques aux autres qui représen-
tent la marche des instruments météorologiques, le sa-
vant père a remarqué d’abord que les grandes ondes
magnétiques, dont nous venons de parler, coïncident
toujours (à deux ou trois exceptions près par an) avec de
violentes bourrasques atmosphériques, et qu’une forte
perturbation magnétique, avec diminution de la force
horizontale , arrivant après une longue suite de beaux
BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 4
PSE Ut
jours, signale d'avance le changement au mauvais
temps, tandis que si elle arrive après une suite de jours
mauvais et que la force horizontale augmente , elle in-
dique le retour prochain du beau. Cette remarque in-
téressante, qui, si elle se confirme, fournirait un pro-
nostic précieux pour les changements du temps, est
appuyée par cette autre observation, que la force ho-
rizontale diminue presque toujours quand le baromètre
baisse et croît lorsque le baromètre monte. Enfin, il est
naturel qu'on doit retrouver la même connexion avec
la direction du vent, puisque cette dernière est en re-
lation intime avec le mouvement du baromètre. En ef-
fet, les observations de 1859 et 60 donnent au père
Secchi pour résultat que la marche ascendante du bifi-
laire a lieu ordinairement avec les vents du nord, tan-
dis que les vents du sud coïncident le plus souvent avec
la marche descendante du même instrument. — Enfin
le père Secchi a remarqué une correspondance analo-
gue entre les changements de temps , surtout lorsqu'il
est variable, et les ondes magnétiques à courte durée, à
un tel point, qu'on peut « presque lire l’état du ciel
dans la marche du bifilaire, » comme s'exprime l’au-
teur. Le père Secchi voit la cause de cette relation dans
le développement d'électricité atmosphérique qui a lieu
à chaque changement considérable du temps et qui doit
influencer les courants circulant autour du globe et pro-
duisant les phénomènes magnétiques.
Quelques mois après cette publication, M. Brown, de
Makerstown , en Ecosse, un des savants anglais qui ont
le plus contribué à l'étude du magnétisme terrestre , a
contesté la réalité des résultats du père Secchi. Car non
seulement il avait trouvé que les variations de la tem-
pérature extérieure n’ont point d'influence sur l’inten-
sité du magnétisme, mais la discussion des observations
faites en 1844 à Makerstown, lui montra qu’il y a avec
les vents sud et nord autant de jours avec le bifilaire haut
FAR LT 7 ALES
qu'avec le bifilaire bas. D'ailleurs M. Brown avait fait
voir dans un autre mémoire, qu’à peu d’exceptions près,
l'intensité moyenne diminue ou augmente en même
temps sur tous les points du globe à peu près de la
même quantité, ce qui exclurait toute idée d'attribuer
ces variations à des causes locales. Pour donner plus de
poids à ces opinions, M. Brown les appuie par les résul-
tats identiques qu’il tire des observations de Singapore,
faites dans la même année.
Dans sa réponse, le père Secchi attribue la diffé-
rence de leurs résultats à la différence des méthodes
employées , lui-même ayant comparé aux phénomènes
météorologiques /a marche de l'intensité, tandis que
M. Brown s'est occupé de ses valeurs absolues; en-
suite à la situation plus défavorable des stations septen-
trionales , exposées beaucoup plus aux perturbations
violentes; enfin à la nature tout-à-fait locale des vents
qui règnent ordinairement sur les côtes. Tout en main-
tenant qu'à Rome toute grande bourrasque est ordinai-
rement précédée ou accompagnée d’une perturbation
magnétique , le père Secchi s'occupe de rechercher la
cause de cette connexion, et si, en effet, comme il l’a-
vait soupçonné d’abord, l'électricité atmosphérique
était le lien des deux phénomènes. D’une série d'obser-
vations , faites pendant deux mois au moyen du con-
ducteur mobile de Palmieri et de l’électromètre à piles
sèches de Zamboni, le père Secchi croit pouvoir con-
clure d’abord que la période diurne de l'électricité
atmosphérique coïncide avee celle du bifilaire, mais
avec cette particularité que, tandis que les maxima
du soir (entre 6 heures et 7 heures) des deux phéno-
mènes tombent ensemble, le matin (à 9 h.), le mini-
mum du bifilaire correspond au maximum de l'élec-
tricité ; ensuite, si l'intensité horizontale du magnétis-
me montre un second minimum du soir (à 4 h.), ce qui
arrive souvent dans les jours chauds, on observe pour
AE 7: Se
l'électricité une période à triple maximum ; enfin, les
grandes charges électriques de l'atmosphère sereine et
non orageuse correspondent toujours aux grandes ex-
cursions du bifilaire et à de fortes variations des autres
instruments magnétiques. — Malgré la courte durée de
ces observations , le révérend père croit cependant que
leur continuation servira à expliquer beaucoup de va-
rations magnétiques par les changements de tension
électrique dans l'atmosphère, tension qui étant à la fois
la cause et le produit de presque tous les phénomènes
météorologiques, ferait comprendre l'influence de ces
derniers sur la marche des éléments magnétiques.
Vous voyez, Messieurs, par ce résumé, qu'une des
questions les plus intéressantes de la physique du globe
est entrée dans une nouvelle phase, et il n’y a pas de
doute que, par les observatoires magnétiques nom-
breux qui, gràce surtout à l'initiative d'A. de Hum-
boldt, sont répandus aujourd’hui sur tout le globe et
sont tous munis d'instruments excellents, on ne tardera
pas à connaître à fond le rôle qu’il faut attribuer dans
la marche si compliquée des éléments magnétiques,
soit à l'influence du soleil, soit à celle de notre propre
atmosphère. On ne saurait nullement être surpris, 1l
me semble, si l'on reconnaissait que ces deux causes
se combinent peut-être d’une manière analogue, com-
me pour le phénomène des marées, qui au fond et
pour les traits réguliers et généraux, dépend de l’at-
traction de la lune et du soleil, mais dont l'apparence
locale est modifiée en partie par les vents, la confor-
mation des côtes, enfin par des causes locales.
Séance du 28 Mars 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Desor annonce la publication des sceaux des sou-
verains de Neuchâtel, par M. de Wiss, de Zurich, et re-
commande ce travail intéressant. à
JE +: TV
M. Desor communique la première partie d’un tra-
vail étendu, dans lequel il étudie la structure géologi-
que de la chaîne des Alpes dans ses rapports avec la
géographie. (Voir Appendice).
M. Coulon fait voir une truite de rivière donnée au
Musée par M. le capitaine Vouga, de Cortaillod, et chez
laquelle on remarque.une conformation anormale dans
la mâchoire supérieure. Le front est proéminent et for-
tement bombé; l'os maxillaire supérieur, très-court,
semble avoir subli une compression qui en a empêché
le développement ; aussi la mâchoire est-elle d’un
pouce plus courte que l’inférieure. Malgré cette dif-
formité, cet animal vivait fort bien dans le vivier où
elle est restée renfermée pendant un certain temps, et
se nourrissait sans difficulté. M. Coulon ajoute que des
cas analogues ne sont pas très-rares chez les carpes.
M. Favre rapporte qu’on a pris dans le lac, il ya
quelques jours, une truite du poids d’environ trente
livres; 1l l’a vue vivante dans le bateau du pêcheur qui
avait fait cette belle capture.
M. ÆXopp présente plusieurs tableaux renfermant un
résumé d'observations thermométriques faites dans le
siècle passé, et qui sont destinés au Bulletin météoro-
logique. à
On décide, sur la proposition de M. Desor, que l’on
imprimera dans le Bulletin de cette année les noms de
tous les membres de la Société.
Séance du À Avril 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Hirsch lit la notice suivante :
Je dois vous communiquer deux découvertes de nou-
veaux astres, faites toutes les deux au moyen du calcul,
du moins par le mérite et suivant les imdications de
la théorie, faites toutes les deux aussi dans l’autre hé-
misphère , qui, engagé dans une lutte aussi remarqua-
ble par l'immense grandeur du théâtre et des forces.
mises en jeu que sublime par l'importance humani-
taire du problème qui en est la cause et le but, trouve
encore la force et le loisir de cultiver les SIEREMN A et
d'enrichir le trésor de nos connaissances.
La première de ces découvertes est celle d’une nou-
velle planète, de la 72"° du groupe entre Mars et Jupi-
ter. Voici comment M. Saflord, astronome adjoint à
l'observatoire de Harward- College, a été mis sur les tra-
ces de cet astre ; il compara les observations que le D'
Peters, de Hamilton-College, avait faites de Maya, la
66° du groupe, à l’éphéméride que M. Hall en avait don-
née dans les « Astronomische Nachrichten, » etii trouva
que plusieurs de ces observations ne s’accordaient pas
avec les positions théoriques dans les limites des er-
reurs possibles. fl supposa donc que M. Peters avait
perdu, dans un intervalle de mauvais temps, les traces
de Maja, qui n’était que de la 13° grandeur, et, en re-
prenant ses observations, était tombé sur une nouvelle
planète, se trouvant alors dans le voisinage de Maja. En
calculant avec cette hypothèse les positions mcompati-
bles avec l'orbite de Maja, il a pu les représenter très-
bien par un système d'éléments elliptiques, d’après les-
quels ce nouvel astéroïde, qui n’a pas encore recu de
nom, se trouve être, de tous, le plus rapproché du so-
leil ; sa distance moyenne n'étant que de 2,1451.
L'autre découverte est plus intéressante encore, d’a-
bord parce qu'elle justifie glorieusement les recherches
théoriques de Bessel, comme la découverte de Neptune
par Galle a justifié les calculs de Le Verrier, et ensuite
parce qu’elle est due à une nouvelle lunette gigantes-
que qui, parmi toutes celles dont on fait usage actuel-
lement, paraît être la plus puissante. Déjà depuis Brad-
ley, on avait reconnu dans le mouvement de la bril-
lante étoile Sirius des perturbations périodiques, dont
l'étude approfondie amena Bessel à l'hypothèse qu'el-
les doivent être attribuées à l'influence d’un satellite
ou d'un compagnon de Sirius, que Bessel envisagea
comme un astre obscur, puisqu'on n’avait jamais pu le
voir, même par les plus fortes lunettes. M. le D' Pe-
ters, en se fondant sur les travaux de Bessel, en avait
calculé l'orbite 1l y a quelque temps. — Cet astre théo-
rique a enfin été découvert, le 31 janvier, par M. Clark,
à Cambridge , aux Etats-Unis, à l'aide d’une lunette gi-
gantesque qu'il a construite, et dont l'ouverture est de
18 pouces et demi anglais avec une longueur focale de
23 pieds, tandis que les plus grands réfracteurs de Merz,
à Pulkowa et à Cambridge , n’ont que 15 pouces (an-
glais) avec la même longueur focale. Une fois décou-
vert, le satellite de Sirius a pu être observé par M.
Bond, aussi avec la lunette de 15 pouces, et il Fa
trouvé à une distance de 10 ” de l'étoile principale et
dans la direction exprimée par l’angle de position de
85°.
En communiquant cette découverte à l'Académie de
Paris, M. Le Verrier lui a appris qu’à l'observatoire de
Paris aussi l’on avait cherché depuis quelques mois le
compagnon de Sirius, mais vainement , à l’aide d’un
télescope gigantesque de la construction de M. Fou-
cault, dont le miroir de verre argenté a 29 pouces
ER RE
. d'ouverture. Après la nouvelle de la découverte de M.
Clark, les astronomes de Paris se sont en vain efforcés
de voir le satellite de Sirius. M. Chacornac seul l’a
aperçu le 20 mars pendant quelques instants. M. Le
Verrier attribue ces difficultés, non pas à l’instrument
de M. Foucault, mais au ciel de Paris qui, en effet, est
d'une impureté remarquable, surtout pour les basses
hauteurs, où Sirius se présente dans nos latitudes. Dé-
sespérant de pouvoir tirer à Paris un parti sérieux des
très- grands imstruments, M. Le Verrier a demandé et
obtenu du gouvernement une succursale dans le Midi.
M. Desor continue l'exposition de son travail sur la
chaine des Alpes.
Séance du 15 Avril 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Æorsch rend compte de la séance de la commis-
sion géodésique fédérale, réunie vendredi dernier à
Neuchâtel, pour s'occuper de la proposition faite par
le général allemand Baeyer, que la Suisse coopère à
utiliser les triangulations, exécutées dans l’Europe cen-
trale, pour la détermination de la figure de la Terre.
(Voir le procès-verbal de la séance dans les Appendices.)
M. Coulon fait lecture d’une lettre de la société en-
tomologique suisse, qui désigne Neuchâtel comme son
lieu de réunion pour l’année 1862.
M. le docteur F. de Pury lit un mémoire sur les
végétaux parasitaires des poumons de l’homme, et dé-
crit avec som un champignon qui a été trouvé, en
AIME. SRE
1855, par M. le professeur Hasse, alors à Heidelberg
et maintenant à Gœttingue, dans un cancer secondaire
du poumon. En mettant sous les veux de la Société un
exemplaire de ce parasite microscopique , M. Pury
cherche à prouver qu'il appartient au genre Aspergil.
lus, contrairement à l'opinion de M. Küchenmeister qui
le range parmi les Mucor, et penche à admettre, d’ac-
cord avec M. Virchow, de Berlin, que c’est l'A. 0-7
coroides. La présence de ce végétal dans les organes
respiratoires de l’homme, mérite d'autant plus d’être
notée, qu’elle n’a été jusqu’à ce jour constatée que six
fois : une fois par M. Huvter , une fois par M. Hasse et
quatre fois par M. Virchow ; ce qui est d'autant plus
remarquable que les conditions pathologiques qui pa-
raissent être favorables à son développement (destruc-
tion du parenchyme pulmonaire par un processus mor-
bide) ne sont pas très-rares.
M. Desor rapporte que M. Clément, médecin à St-
Aubin , a fait des recherches dans des tumulus situés
sur un crêt valangien de cette localité. Au milieu des
pierres qui les composent, il a trouvé des ossements
humains avec divers objets en bronze, comme épingles,
bracelets, vases ornés, etc.; tous ces objets sont brisés
et 1l semble qu'ils l’aient été avec intention avant d’être
placés à côté des ossements. Cette colline valangienne,
couverte de tumulus, était probablement un cimetière
de l’âge du bronze. Il est cependant curieux qu’on n'ait
pas encore trouvé de vases en bronze dans les stations
lacustres de cet âge.
Les ossements trouvés à Saint-Aubin ne portent pas
de traces de carbonisation, ce qui est en opposition avec
l'habitude que lon prête généralement aux anciens
de brüler les morts. On peut encore citer à ce sujet la
découverte qu'on a faite, entre Francfort et Wiesbaden,
en creusant une station du chemin de fer, d’un sque-
Lit Rte
lette de femme presque complet, portant des anneaux
de bronze aux bras et aux jambes.
Dans d’autres lieux, comme à Sion, par exemple, les
objets de bronze ont été trouvés mêlés avec des osse-
ments calcinés.
Séance du 24 Avril 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Hirsch donne la description d’une nouvelle espèce
de photomètre de son invention, pour mesurer linten-
sité d'éclat des étoiles fixes, afin de pouvoir établir plus
sûrement et plus facilement leur classification de gran-
deur (voyez Appendice).
M. Gauthier, professeur honoraire d'astronomie , de
Genève , qui assiste à la séance, ajoute que les photo-
mètres suffisamment sûrs et délicats peuvent encore
être d’une grande utilité pour suivre les changements
d'éclat des étoiles variables qui offrent, surtout dans le
ciel austral, des particularités intéressantes à étudier.
M. Gauthier saisit cette occasion pour exprimer la
satisfaction qu’il a éprouvée en visitant notre observa-
toire, lequel, dit-il, est établi d’après un excellent
plan, muni de bons instruments et bien dirigé.
M. Xopp donne quelques détails sur les travaux de
la commission fédérale de météorologie qui a été réu-
nie dernièrement à Berne. Le canton de Neuchâtel
aura trois stations: la Chaux-de-Fonds, Chaumont
et Neuchätel. Les instruments observés seront le üaro-
mètre à cuvette, le psychromètre et le thermomètre,
l’udomètre et la girouette. Ces instruments devront
tous être conformes à des étalons adoptés, différents un
CUVE | ETS
peu de ceux dont on se sert actuellement dans nos sta-
tions; de sorte qu'il faudra faire un renouvellement gé-
néral d'instruments dont le coût s'élève à fr. 254 par
station, outre les frais accessoires.
Séance du 2 Mai 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. Xopp lit la première partie de Ja notice qu'il pré-
pare pour le bulletin météorologique. Elle contient une
analyse des observations thermométriques faites dans
le siècle passé par un auteur anonyme que M. Kopp,
d'après divers indices, croit être Moulaz, homme de
science, établi alors à Neuchâtel. A l’aide de tables de
réduction qu'il tient de M. Plantamour, M. Kopp a calcu-
lé la moyenne de chaque jour au moyen des observations
faites à des heures irrégulières , et comme ces observa-
tions comprennent un espace d'environ trente ans, on
aura par ce travail, la température moyenne générale
de chaque jour de l’année pour notre ville. On décide
que les tableaux calculés par M. Kopp, seront publiés
dans le Bulletin.
M. Coulon présente un fragment de tortue fossile de
grande dimension , trouvé à la Cernra, près de Pierre-
à-Bot, dans le même terrain virgulien d’où proviennent
les autres échantillons mentionnés dans les séances pré-
cédentes.
M. Desor s'informe si l’on fait des observations re-
latives à la végétation exceptionnellement précoce de
celte année. M. Favre répond que depuis le mois de
février 1l enrégistre ses propres observations et celles
que Jui communique le jeune Onésime Clerc, élève de
l’école industrielle.
M. Desor continue l'exposition de son travail sur la
chaine des Aïpes.
Séance du 9 Mar 1862.
Présidence de M. Louis COULON.
M. Coulon annonce qu'il a reçu d’un pêcheur un
petit Plongeon femelle /Colymbus septentrionales) qui
s’est trouvé pris à un hameçon sur le lac. Cet oiseau,
qui avait presque entièrement revêtu son plumage de
noces, est fort rare chez nous dans cet état, et c’est une
bonne fortune singulière d’avoir pu se l’approprier.
M. Hirsch rappelle le départ prochain de l’ambas-
sade envoyée au Japon par le gouvernement fédéral. A
sa tête est un Neuchâtelois, M. Aimé Humbert, qui sera
fort bien placé pour nous rapporter, de ce pays si peu
connu, bien des choses intéressantes. Seulement il faut
se hâter de dresser la liste des objets que nous désirons
obtenir, afin de guider les recherches de nos envoyés
et de fixer leur choix. M. Hirsch renouvelle done la
proposition qu'il a déjà faite à ce sujet l’année dernière,
et il engage d’une manière pressante tous les membres
de la Société qui auraient des demandes à adresser , à
les mettre par écrit dans le plus bref délai. On discute
ensuite sur la convenance d'envoyer au Japon les objets
d’un intérêt scientifique que la Société pourrait se pro-
curer ou qu'elle à à sa disposition. Chacun étant d’ac-
cord à cet égard, on passe en revue les livres, objets et
collections dont la Sociélé pourrait se dessaisir dans
cette occasion.
ce QU se
M. Desor continue l'exposition de son travail sur les
Alpes.
Séance du 16 Mai 1862.
Présidence de M. L. COULON.
M. le Président annonce que les notes, dont il est
fait mention dans le procès-verbal précédent, ont été
rédigées par M. Desor et par lui, et remises à M. Aimé
Humbert.
M. Hipp fait voir un télégraphe à cadran de sa fabri-
cation , destiné au service de la télégraphie privée; 1]
en explique le mécanisme et le fait fonctionner. Cet
instrument, dont on apprécie les qualités, peut être
utilisé partout et manœuvré sans études préliminaires.
La pile , renfermée dans l'appareil , est rendue porta-
tive par l'emploi du sulfate de mercure; elle a une
grande énergie , une longue durée et ne dégage pas de
vapeurs.
M. le D° Hirsch lit la notice suivante, sur la détermi-
nation de la différence de longitude entre les observa-
toires de Neuchâtel et de Greenwich par le transport
de deux chronomètres.
J'ai eu dernièrement l’occasion de déterminer direc-
tement la longitude de notre observatoire par rapport
à Greenwich, grâce de nouveau à l’obligeance et aux
excellents chronomètres de notre compatriote M. Hen-
ri Grandjean.
Cet artiste distingué , qui s’est proposé d'introduire
sérieusement la fabrication des chronomètres de mari-
ne dans notre pays, a terminé dernièrement deux excel-
lentes montres de ce genre, pour les exposer à Lon-
Le à AM
dres. Pour arriver à un résultat démonstratif, 1l fallait
obtenir de pouvoir transporter à Londres ces chro-
nomètres, après les avoir observés ici, et les faire
observer également à l’obervatoire de Greenwich.
C'est ce que M. Grandjean a fait; après les avoir eus
pendant deux mois à notre observatoire, M. Grand-
jean lui-même les a pris le 23 avril pour les transporter
à Londres ; arrivé le 26 avril et muni d’une lettre, que
je lui avais donnée pour le directeur de l'observatoire
de Greenwich, il obtint de pouvoir les déposer à Green-
wich pendant une semaine, et c’est alors seulement
qu'il les a portés à l'exposition où ils continuent à mar-
cher.—Voici maintenant le résultat que ces deux chro-
nomètres ont donné pour la différence de l'heure
movenne de Neuchâtel avec celle de Greenwich. Les
deux montres, qui portent les n° 85 et 86, avaient
donné pendant six semaines d’épreuve une variation
diurne moyenne de 0°,28 et 0°,19.
Marche moyenne dans la der- N°85 N° 86
nière semaine à Neuchâtel . . — D°49 — 3945
Marche moyenne dans la pre-
mière semaine à Greenwich . —686 — )°23
Marche diurne pend'le voyage —6175 —4588
Marche pendant les 31 1° 28"
écoulés entre les deux compa-
raisons à Neuchâtel et à Green-
AB 00 D FI MERE TE SSSR
Correction le 22 avril, 23 h.
par rapport au temps de Neuch. —3"40°49 —3"42°44
Correction le 26 avril à 0 h.
par rapport au temps de Neuch. —3"59°40 —3"56°49
par rapport au temps de Greenw. — 31"48*40 —31"45°90
Différence des heures . .—27"49"00 —27m4941
Donc en moyenne on trouve
pour la longitude de Neuchâtel. —17"49°205
Sd HP
Maintenant vous vous rappellerez que j'ai trouvé an-
térieurement , par la voie de Genève . . 27"49°2
» de Berne. :. ::: 27949756
il y a donc un accord parfait entre le résultat direct et
celui obtenu par Genève, et pour celui fourni par le
transport de trois chronomètres à Berne, la différence
n’est que de 0*55, donc inférieure à l'incertitude que je
supposais dans le temps égal à 1°.
M. Xopp dépose sur le bureau un tableau d'observa-
tions météorologiques faites à Bedford par M. Barker.
—[l lit ensuite une circulaire du comité fédéral de mé-
téorologie , qui donne connaissance à la Société des
acquisitions que l’on doit faire pour monter convena-
blement les stations choisies dans le canton de Neuchà-
tel. M. Kopp exprime l'espoir de voir nos stations et
particulièrement celle de Chaumont en pleine activité
dès le commencement de l'automne.
M. Æopp communique les résultats intéressants qu’il
a obtenus en analysant du vin de Neuchâtel 1861, pro-
venant de plusieurs quartiers voisins de la ville, et pris
dans des moments différents de la fabrication. Les quan-
tités de sucre , d'acide, d'alcool, varient assez notable-
ment suivant les vignobles (voir Appendice).
Séance du 23 Mai 1862.
Présidence de M, L. COULON.
M. G. Guillaume annonce que le conseil d'état a reçu
de M. Mousson une lettre par laquelle il demande le
concours du gouvernement pour la création des trois
stations météorologiques du canton. Le conseil d'état
est disposé à répondre favorablement à cette demande,
Lan. CET
mais avant de prendre une décision et de voter une
somme pour cet objet, il désirerait qu'on lui présen-
tât un devis des dépenses. C’est dans ce but qu'il s’a-
dresse à la société. Cette affaire est renvoyée au comité
de météorologie, qui est chargé de présenter un devis
détaillé dans la prochaine séance.
M. Garnier présente le tableau complet des signes
employés dans le télégraphe de Morse , et une méthode
mnémonique de son Invention, pour les apprendre et
les retenir en très-peu de temps. Il espère que ce moyen
contribuera à faire entrer ces signes dans l’usage géné-
ral, et qu’on pourra les appliquer utilement à des ser-
vices variés. (Voir Appendices).
M. Desor continue l'exposition de son travail sur la
chaine des Alpes.
Séance du 30 Mar 1862.
Présidence de M. L. COULON.
Sur l'invitation de M. Xopp, les membres présents
vont visiter la table des Alpes qui est entièrement ter-
minée et livrée au publie depuis quelques jours.
M. Hirsch annonce que pouvant de nouveau, grâce à
l’obligeance de M. Hipp, disposer d’un chronoscope, il
a repris ses expériences sur Le temps physiologique qui
intervient dans les observations astronomiques. Pour
pouvoir cette fois assimiler complètement les expérien-
ces aux observations astronomiques et déterminer sur-
tout le temps qu’il faut à l’astronome pour voir le pas-
sage d’une étoile et le marquer en fermant le courant
du chronographe, M. Hirsch a fait construire un appa-
ut OT
reil spécial qu’il est occupé maintenant d'installer. En
se servant de la mire nocturne de l'instrument méridien,
M. Hirsch fait passer devant le fil de cette lunette des
étoiles artificielles fixées sur une espèce de pendule qui
se meut avec une vitesse telle, que les étoiles artificielles
ont le même mouvement apparent dans la lunette que
les étoiles dans leur passage. Lorsque l'étoile artificielle
traverse le fil, le pendule lui-même ouvre un courant
et met les aiguilles du chronoscope en mouvement;
ensuite lorsque l’observateur voit le passage, 1l ferme le
courant et arrête ainsi les aiguilles. Par conséquent il
peut lire sur le cadran du chronoscope le nombre de
millièmes de seconde qui se sont passés entre ces deux
moments et qui constituent ainsi ce qu'il appelle la
correction personnelle.
M. Hirsch ajoute encore des détails sur le réglage du
chronoscope, qui, lorsqu'on a corrigé toutes les erreurs
auxquelles son emploi peut donner lieu, constitue un
instrument d’une grande exactitude, qui fournit des
résultats dont l'erreur moyenne reste au-dessous d’un
millième de seconde pour une seule observation.
M. Hirsch rapporte qu’il vient de lire dans les Mon-
thlys Notices une lettre de M. Otto Struve, qui contient
des données curieuses sur l'attraction des montagnes
sur le fil à plomb. D'après ce que M. Struve écrit à
l’astronome royal, M. le général Chodzko, qui dirige les
opérations géodésiques dans les provinces du Caucase,
a obtenu des résultats qui font présumer une attraction
très-considérable de la chaîne du Caucase. En choisis-
sant des stations convenablement situées au sud et au
nord de la montagne , M. le général Chodzko en a dé-
terminé la différence de latitude astronomiquement et
ensuite par les triangles ; de cette manière 1l a trouvé,
par exemple, que les stations Douchet et Wladikawkas
dont les latitudes sont resp. 42° 5" et 43° 1, offraient
BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 6)
UT ME
une différence de 53°,7 sur un arc de 56’. Une telle
déviation de la verticale qui, lorsqu'elle se vérifierait,
serait beaucoup plus forte qu'aucune autre qu’on ait
trouvée jusqu’à présent, dit M. Hirsch, doit nécessaire-
ment augmenter l'importance que la commission géo-
désique fédérale attachera à l'étude de cette question,
si importante et si controversée, de l'influence des mon-
lagnes sur la ligne à plomb.
M. Æopp fait la communication suivante :
L'histoire de l'oxygène s’est développée considéra-
blement depuis notre dernier rapport sur les travaux de
M. Schœænbein. Les ingénieuses expériences de notre
illustre professeur se sont multipliées etont confirmé et
. consolidé sa théorie des trois oxygènes allotropiques, de
l'oxygène neutre ou ordinaire del air, de l’oxygène né-
galif ou ozone et de l'oxygène positif ou antozone.
Jusqu'à ces derniers temps, on ne connaissait l’an-
tozone qu'en combinaison , mais sa présence a été dé-
montrée par M. Schænbein, dans tous les suroxydes et
bioxydes, tels que l’eau oxygénée, les suroxydes de po-
lassium, de barium, ete., et il a établi les réactions
caractéristiques pour reconnaître ce corps particuher.
Aujourd’hui M. Schœnbein a préparé l’antozone , il a
montré que ses propriétés étaient bien celles indiquées
par ses composés, et de plus 1l a montré que cet anto-
zone mis en présence de l'ozone engendrait l'oxygène
ordinaire.
Il a d'abord préparé l’antozone avec le suroxyde de
barium. On prend BaO*, bien lavé à l’eau froide, et on
en jette de très-petites portions dans un pelit cylindre
contenant S0°,HO ; ce petit cylindre est placé dans un
verre un peu plus g grand dont le fond est recouvert d'une
couche d’eau d’un centimètre environ de hauteur. Après
avoir introduit BaO°, on recouvre le verre avec une
plaque de verre fermant hermétiquement. Quand le
PS: PS
gaz qui s’est dégagé a perdu son odeur, on introduit de
nouveau BaO° etc. Bientôt l’eau est chargée de HO”,
reconnaissable à tous les caractères remarquables de
ce composé.
L’antozone libre produit d’ailleurs toutes les réduc-
tions singulières signalées déjà pour les antozonides.
Nous renvoyons, pour tous ces faits, à notre premier
rapport, t. V, pag. 337.
M. Schœnbeim a montré en outre que l’antozone
existe soit libre soit combiné dans la nature, dans le
spathfluor de Wülsendorf, en Bavière. Ce fluorure cal-
cique, de couleur bleu-noir, a la remarquable proprié-
té, lorsqu'on le broie, d'émettre une odeur provoquant
Je dégoût, comme l’antozone, et de former, lorsqu'on
le triture avec l’eau , de l’eau oxygénée. Il perd d’ail-
leurs ces propriétés lorsqu’on le broie avec un ozonide.
Ce spath contient done de l’antozone, et M. Schænbein
évalue sa quantité à 0,0002 du poids de la matière
employée.
IL serait bien intéressant de savoir si le spath de
Wôlsendorf est le seul de son espèce. M. Schænbein
désire que, dans ce but, on examine tous les spathfluor
des collections. Pour faire cette analyse, on broie quei-
ques grammes du spath en question avec 10 gr. d’eau,
on filtre et on partage le liquide en deux moitiés, à
l’une on ajoute IK amidonné et quelques gouttes de
SO'HO ; à l’autre on ajoute un mélange récent de cya-
nure rouge et de sel ferrique: si les liqueurs bleuissent,
le spath est de l'espèce antozonide. Le spath de Wäl-
sendorf développe ces réactions d’une manière remar-
quable.
L'étude de l'oxygène devait nécessairement amener
celle de l’azote qui l'accompagne dans l'air, et certes
cet autre élément de l'atmosphère mérite bien de fixer
l'attention de notre compatriote. L’azote , dont le rôle
en chimie organique a été si bien dessiné par Liebig,
sr O8
occupe dans la chimie inorganique une place singulière.
L’azote forme les 79 centièmes de l’atmosphère, et jus-
qu’à présent on n’a pas pu découvrir à quoi sert cette
immense masse de gaz, et de quelle manière elle prend
part à ces transformations dont la surface terrestre est
le théâtre. L’azote n’est célèbre que par ses caractères
négatifs, par son inertie chimique. Il est vrai de dire
qu’on commence à trouver certaines affinités à l’azote,
mais c’est aux études de M. Schænbein que nous devons
les indications sur l'utilité générale de l’azote de l'air
dans les phénomènes les plus ordinaires.
M. Schœnbein , frappé de la présence des nitrates et
des nitrites dans une multitude de corps dans la nature,
nous à montré que l'oxygène et l'azote de l’air se com-
binent directement, en présence de la potasse ou de la
chaux, toutes les fois que l'air est ozonisé.
Cavendisch , il y a un siècle, avait déjà montré que,
sous l'influence de l’étincelle électrique , les deux élé-
ments de l'air s'unissent, en présence d’une base etmême
de l’eau, pour former de l'acide azotique. M. Schœn-
bein a repris cette expérience et il a montré qu'il se
forme d’abord AO qui, en présence de l’eau, se dé-
double en A,0° et A,0°, et ce n’est que peu à peu que
l'acide azoteux est changé par l’ozone en acide azoti-
que. Telle paraît être la marche de la nitrification dans
la nature. Partout où l’on rencontre des nitrates, on
peut constater des nitrites en quantités plus ou moins
considérables, ainsi dans le salpêtre de soude brut du
Chili, dans les nitrates des murs, ainsi que cela résulte
des nombreuses expériences faites par M. Goppelsroë-
der, ancien élève de nos auditoires, aujourd'hui chi-
miste à Bâle.
Pour constater la présence de ces combinaisons azo-
iées, M. Schænbein a créé de nouveaux réactifs très-
sensibles pour ces acides: l'acide azoteux ou les azo-
üites, en présence de SO° dilué, bleuissent l’amidon
— 69 — ;
mêlé à l’iodure de potassium ; A,0° et les azotates se -
transforment par le cadmium, le zinc et surtout le zine
amalgamé en A,0* et en azolites, surtout à l’ébullition,
et produisent donc, après avoir été mis en contact avec
ces métaux , la réaction des azotites.
Avec ces deux réactifs sensibles, M. Schænbei a
montré que la formation des nitrites et par suite celle
des nitrates , est beaucoup plus fréquente qu'on ne le
supposait. Il a constaté leur présence dans la neige,
dans les eaux de pluie, dans presque toutes les eaux de
sources. La combinaison de l’azote et de l'oxygène de
l'air se fait toutes les fois qu'il y à ozonisation par une
cause quelconque de l'oxygène.
Mais la formation des acides azotés n’est qu’une face
de l'utilité de l'azote. Les composés oxidés de l'azote
sont importants, mais il est une autre combinaison de
l’azote d’une importance bien supérieure, et dont la
source n’a été trouvée jusqu'ici que dans la destruction
des composés organiques, c’est l’ammoniaque A.
L’ammoniaque est-il un produit imorganique? M.
Schænbein l’affirme et le prouve. L’azote de l’aur, jus-
qu'ici inerte et inutile, est une source permanente
d’ammoniaque , car il se combine avec les éléments de
l’eau et de l’air dans les circonstances les plus ordi-
naires. |
M. Schœnbein montre d’abord que toutes les fois
qu'il y a formation de nitrites et de nitrates, sil ny a
pas déjà une base en présence, il y a formation d'am-
moniaque par l'azote de l'air et l'hydrogène de l’eau.
M. Schœnbein a montré que ces vapeurs blanches qui
s'élèvent au-dessus du phosphore pendant sa combus-
tion lente, sont du nitrite ammonique. Dans le salpêtre
brut du Chili, dans les salpêtres des murs, il y a des sels
ammoniacaux. Dans la neige, dans l’eau de pluie, l'a-
zote oxydé est uni à l’azote hydrogéné. M. Schænbem
montre une foule de circonstances dans lesquelles l'am-
LUN" SRE ds
- moniaque se forme au moyen des éléments de l’air et de
l’eau, dans l’absence de tout élément organique. Mais
pour généraliser ce phénomène, il fallait montrer que
la formation de ces composés azotés s'effectue dans les
circonstances les plus ordinaires et d’une manière per-
manente. Ce phénomène est celui de l’évaporation de
l’eau. M. Schænbeimn n’a rien encore publié sur ce sujet,
mais je tiens de M. Desor que M. Schœnbein a formé du
nitrite et du nitrate ammoniaque , en laissant tout sim-
plement évaporer de l’eau.
J'ai répété cette expérience, en mouillant un coin de
mouchoir dans de l’eau distillée versée dans une assiette;
en laissant sécher le linge; en le mouillant de nouveau;
le laissant sécher, et en continuant aimsi pendant envi- :
ron cinq heures, j'ai obtenu une eau qui contenait une
assez notable quantité de nitrate ammoniaque, lammo-
niaque pouvant être facilement constaté par la potasse,
l'acide azotique fut constaté par le zine et l’iodure de
potassium amidonné.
C'est là certes l’une des découvertes les plus impor-
tantes ; toutes les fois que l’eau s’évapore sur la terre,
sur les feuilles des arbres, sur la tige de l'herbe, sur le
rocher nu, il y a formation de composés oxydés d’azote
et d'ammoniaque. L’azote de l'air prend part comme
l'oxygène à ces transformations incessantes qui consti-
tuent cette vie de la nature, qui renouvelle tout mal-
gré les causes incessantes de destruction.
Lavoisier nous a montré les phases par lesquelles
passe l’oxygène, M. Schænbeim nous montre celles de
l'azote. |
APPENDICES.
NOÔTE
SUR LES
ANODONTES DU LAC DE NEUCHATEL.
(Voir les Bulletins ci-dessus, page 12.)
Tous ceux qui se sont tant soit peu occupés de Malacologie
savent qu'il n'existe peut-être pas de genre dont les espèces
soient plus difficiles à limiter que le genre Anodonte (Ano-
donta Lam.; Anodon, Oken). — Le genre lui-même est bien
caractérisé par sa coquille bivalve, mince et dépourvue de
charnière proprement dite, c’est-à-dire de dents cardinales
semblables à celles des Mulettes (Unio), et par différents au-
tres caractères qui empêchent de le confondre avec des gen-
res voisins; mais cette absence de dents à la charnière rend
la distinction des espèces beaucoup plus difficile, car dès-lors
nous ne pouvons plus guère nous baser que sur la forme et la
couleur, caractères toujours peu concluants à cause des pas-
sages d’une forme à une autre et d’une couleur à une autre,
surtout lorsque, dans l’animal lui-même, on n’a rien observé
d'assez saillant pour permettre de séparer les espèces d’une
manière sûre.
Aussi rien de plus ardu que l'étude du genre Anodonte;
c’est un véritable labyrinthe dans lequel on ne peut presque
plus s’avancer, si l’on n’est muni d’un pied à mesurer; chaque
auteur se donne carrière et crée de nouvelles espèces, mais
lorsqu'on cherche à appliquer les caractères qui leur sont as-
signés, on ne tarde pas à désespérer d’y réussir et l’on est
tenté d'adopter sans restriction l’idée d’Isaac Lea (A synopsis
of the Family of Naïades. Philadelphia, 1852), qui réunit
comme ne formant que des variétés d’une même espèce, et
sous le nom d'Anodonta cygnea (Mytilus cygneus L.) nos 60
“
PRE : er
espèces d’Anodontes européennes. — Cependant, une sembla-
ble manière de voir ne résout qu’en partie la difficulté, car si
on laisse de côté la distinction des espèces, la même question
se pose de nouveau quant aux variétés de l'espèce, surtout si,
comme cela à lieu souvent, ces variétés ont quelque chose de
constant et de caractéristique. Je ne veux point ici résou-
dre, ni même discuter cette question, quoique je penche à ré-
duire beaucoup le nombre des espèces d’Anodontes; mon but
est seulement d'attirer votre attention sur les mollusques de
ce genre qui habitent notre lac et sur les différences qu'ils
présentent.
Si l’on examine de près un assez grand nombre d'individus
qui aient atteint leur croissance complète (c’est un point im-
portant), on peut, je crois, reconnaître parmi eux trois formes
distinctes, qu’on nommera espèces ou variétés, suivant l’idée
qu'on adoptera. Et de ces trois formes, deux me semblent ca-
ractéristiques, sinon pour notre lac seulement, au moins pour
ceux de la Suisse occidentale. Je ne décrirai pas en détail ces
formes, je ferai seulement remarquer les principaux caractères
qui servent à les distinguer.
La première de nos formes lacustres est bien certainement
l’Anodonta cellensis, Schrüter, réunie par Lamarck et Drapar-
naud avec l'A. cygnea. L’A. cellensis diffère de cette dernière
par sa forme allongée et par son bord inférieur presque droit
et parallèle au bord supérieur. L’A. cygnea est, au contraire,
arrondie, son bord inférieur est très-arrondi, et sa taille est
souvent considérable. Du reste, la coloration est à peu près la
même, la surface est couverte de sillons séparés les uns des
autres par les stries d’accroissement; ces sillons paraissent
plus nombreux et plus profonds chez l’A. cellensis.
Quelques exemplaires de cette dernière espèce sont plus ar-
rondis et plus aplatis que la forme type; une variété semblable
s’est rencontrée dans le port Stämpfli en compagnie d’autres
individus de forme normale et qui présentaient une couleur vert
foncé assez caractéristique. D’autres exemplaires, très-étroits et
très-allongés (long. 12 cent.; haut. 5,6 cent.), et d’une couleur
brun-jaunâtre ou grisâtre, se trouvent dans des canaux vaseux
qui aboutissent au petit lac de $t-Blaise. L’À. cygnea, remar-
HET CS
quable par sa forme arrondie, par sa coloration d'un beau vert
et par sa taille souvent considérable (long. 14-20 cent.; haut.
8,5-12 cent., tandis que l'A. cellensis a de 10 à 16 cent. de lon-
gueur, sur 5 à 8 cent. de hauteur) ne paraît pas se rencontrer
dans notre lac, mais préfère les mares et les étangs ; du reste
on ne l’a pas encore trouvée dans notre canton.
La seconde forme, bien distincte de la précédente, couvre
tous les rivages sablonneux de notre lac. Jusqu'ici, elle avait
été regardée comme une variété de l'A. anatina. Drap. C'est
sous ce nom que j'en ai parlé dans un article d’almanach,
quoiqu'avec quelque scrupule. Depuis lors, j'ai eu connais-
sance de l'ouvrage de Küster (Martini und Chemnitz. Coneh.
Cabinet, ed 2*), où j'ai trouvé cette forme parfaitement dé-
crite et figurée sous le nom d’A. Charpentieri. Küst.
L’A. Charpentieri n’atteint jamais la grande taille de VA.
cellensis, les grands exemplaires peuvent avoir une longueur
de 10 ou 11 centim. sur une hauteur d'environ 5,5 centim. Les
jeunes sont ordinairement beaucoup plus hauts relativement à
la longueur; on en rencontre souvent d’une longueur de 7
cent. sur une hauteur de 4,5 cent., du reste la taille et la forme
varient extrêmement dans certaines limites. L’Anodonte de
Charpentier se reconnaît à sa forme plus ou moins allongée,
rappelant celle d’une cuillère, c’est-à-dire ne présentant pas
d'angle saillant, Le bord antérieur, très-court, passe sans for-
mer d'angle au bord inférieur, qui est presque droit ou un peu
sinueux. Le bord postérieur forme un bec assez allongé et for-
tement tronqué, tandis que la crête est peu saillante, convexe
et terminée par un angle très-obtus ou même complétement
arrondi. La surface extérieure est d’une couleur olive-jaunâ-
tre, la partie antérieure plus foncée (quelques exemplaires
présentent une teinte verdâtre), les stries d’accroissement
sont nombreuses et séparées par des espaces aplatis et non
enfoncés; on en compte ordinairement 4 principales et 5 ou
6 marginales. Le ligament est fort et annelé; l’intérieur, rendu
inégal par les stries d’accroissement, est d’un blanc bleuâtre.
En résumé, le caractère le plus saillant de l'A. de Charpen-
tier, outre sa crête peu saillante, arrondie et très-obtuse en
arrière, c'est la position des sommets qui sont placés très en
avant, ce qui donne à la coquille une forme particulière et ca-
ractéristique. — Malgré ces caractères, certains exemplaires
pourraient laisser des doutes et se confondre avec de jeunes
À. cellensis, si ces deux formes n'avaient un habitat tout diffé-
rent. LA. cellensis craint les eaux en mouvement, elle aime
les fonds vaseux et les eaux relativement profondes; l'A. de
Charpentier, au contraire, ne craint pas les eaux courantes
(bords de la Thielle). On la rencontre aussi en grande quan-
tité dans des endroits exposés aux vagues et même pierreux
(bords du lac, près de St-Blaise, etc.), aussi sa coquille est-elle
généralement plus épaisse que celle de l'espèce précédente.
L’A. de Charpentier se distingue encore-de VA. anatina, qui
habite surtout le nord de l'Europe centrale, par sa forme plus
allongée et plus aplatie, par son bord inférieur droit et même
concave (il est convexe dans l’A. anatina), par la position des
sommets, ete. Cependant, comme l'A. anatina ne se rencontre
que dans les ruisseaux, c’est-à-dire dans les endroits qui ne
sont point exposés à des actions violentes; il se pourrait que
ces deux formes ne fussent que des variétés locales d’une
seule et même espèce.
La troisième forme est celle que j'avais prise pour l’A. ros-
trata Kokheiïl, suivant en cela l’avis de M. Shuttleworth, mais,
d’après ce que dit Küster sur cette dernière espèce (loc. eit.
p. 14. tab. 4. f. 2), on peut conclure que l'A. rostrée qu'on ren-
contre en Bavière, dans de petits lacs, et ensevelie dans la
vase, présente un bec postérieur allongé, une crête peu sail-
lante et obtuse en arrière, et une coloration d’un brun-verdâ-
tre assez uniforme, tandis que notre forme neuchâteloise (4.
arealis Küst.) se distingue par un bec fortement tronqué, un
bord inférieur droit et se relevant brusquement en arrière, de
manière à former un angle très-visible, au moins chez l'adulte,
mais surtout par son bord supérieur droit et se relevant obli-
quement en arrière en une crête élevée et terminée par un
angle très-saillant: les sommets sont moins en avant que dans
JA. de Charpentier; la couleur est un brun plus ou moins
foncé avec deux rayons bruns ou verts qui partent des som-
mets et longent la base de la crête pour se rendre à l’extré-
mité du bec. Le seul exemplaire authentique que j'en aie vu,
m'a été donné par M. Shuttleworth, sous le nom d'A. rostrata,
et provient du lac de Morat,
Conclusion. D'après ce que je viens de dire, on peut voir
que les Anodontes de notre lac se laissent ranger avec assez
de certitude sous trois chefs différents :
1: l'A. cellensis Schrat. (Voy. PI. f. 1.)
Küst patôst4f 3:65. f 1-4 —+t6 6-1 1;
Rossmässler Iconogr. IV. p. 22. t. XIX. f. 280. (Confon-
due avec l'A. cygnea par M. de Charpentier dans son
catalogue.)
La plus grande de nos espèces à coquille mince, et se ren-
contrant dans nos ports et dans les canaux vaseux dont l'eau
n’est pas agitée, Très répandue en Allemagne et en France.
2. l'A. Charpentieri Küst. (PL f. 2. 2 a. 2 b.)
Küst. p. 49. t. 11. f. 3. 4.
de Charpentier. Cat. des Moll. terr. et fluv. de la Suisse.
p. 24. n° 124.
L'espèce sans contredit la plus commune au bord de notre
lac, assez variable quant à la forme et à la couleur, et qu'on
rencontre dans les eaux courantes et dans les lieux exposés
aux vagues.
Les exemplaires figurés par Küster lui ont été envoyés de
Faoug (lac de Morat), par M. de Charpentier.
3. l'A. arealis Küst. (PL f. 3.3 a. 3 D.)
Confondue avec l'espèce précédente par M. de Charpen-
tier dans son catalogue.
Espèce remarquable par sa crête saillante, et qui n’a encore
été rencontrée avec certitude que dans le lae de Morat (c'est
de Faoug que viennent les exemplaires de Küster), mais qui
se trouve sans doute aussi dans notre lac.
L'A. intermedia Pf. mentionnée par M. de Charpentier dans
le catalogue cité plus haut, n’est probablement qu'une variété
de l’A. cellensis.
. Que ces formes ne soient que des manifestations locales
d’une même espèce, cela est possible, mais il n'en est pas
moins intéressant de constater chez nous et à notre portée la
présence de ces trois types, dont deux me paraissent caracté-
ristiques, surtout puisque notre forme conchyliologique est
dans tout le reste si peu différente de celle des cantons qui
nous entourent.
— st ————
LES RUINES DE LA BONNEVILLE
AU VAL-DE-RUZ,
(Voir ci-dessus, p. 23.)
De nos jours on respecte peu les restes du passé, surtout lors-
qu'ils font obstacle à l'élargissement d’une rue, ou bien au re-
dressement d’une route. Les ingénieurs et les municipalités font
pour la plupart bon marché d’une vieille tour historique ou
d’une construction type des maisons du moyen âge. Enumérer
le nombre de monuments semblables, que chacun de nous a
vu disparaître, serait faire une liste assez longue. Il faut donc
se hâter de rassembler dès à-présent tout ce qui peut avoir quel-
que intérêt pour l’histoire de notre pays, et les archéologues
ne doivent négliger aucune occasion de conserver, du moins
par le dessin, ou par des descriptions, les restes historiques de
notre passé.
Quelquefois cependant, la tâche que nous imposons aux
amateurs d’antiquités historiques est relativement facile, c’est
ce qui arrive lorsque les débris d’un autre âge sont protégés
contre la main de l’homme par des circonstances naturelles ;
La Bonneville se trouve dans ce cas; un bois épais couvre en-
tièrement le lieu qu’elle occupait, et grâce à ce fait, nous pou-
vons encore aujourd'hui, nous faire une idée assez exacte de
ce bourg fortifié, qui a joué un certain rôle dans l’histoire du
canton de Neuchâtel.
Quelques chroniqueurs du pays attribuent la construction
de la Bonneville aux évêques de Bâle, qui, dans ces temps de
juridictions mêlées, avaient des hommes dans le Val-de-Ruz,
fait qui pouvait fort bien avoir lieu, même avant la donation
que Henri de Neuchâtel, évêque de Bâle, fit à l’évéché de la
dite ville. Les seigneurs de Valangin sont aussi nommés com-
me ayant pris part à la construction de cette petite forteresse,
ce qui est fort probable, car ils étaient alliés des évêques en
question, et auraient substitué volontiers la suzeraineté de l’é-
glise, à celle d’un seigneur voisin et plus exigeant.
Quoi qu'il en soit, la date de 1136, est assez généralement
admise comme celle de l’année où fut fondée la Bonneville.
Néanmoins il est permis de croire que cette date indique seu-
= blé
Û et
PAR. ETS
lement le temps où cette localité fut entourée de murailles et
réunit dans son enceinte la plupart des habitants des environs
qui formèrent sa bourgeoisie. Il y a lieu de croire que l'empla-
cement qu’elle occupait, était précédemment habité, et que les
villages voisins d'Engollon et de Fenin, qui existaient déjà,
recueillirent bon nombre de ses habitants dispersés après sa
ruine. Le dit emplacement est supérieur par sa position à celui
du village d’Engollon, lequel situé sur un plateau, n’a guère
que de l’eau de puits pour boisson, tandis qu’au nord du bois
de sapins qui couvre les ruines de la Bonneville, se trouve une
fontaine qui coule en tout temps, et dont la source alimentait
très-probablement la fontaine du bourg. De plus, les cours
d’eau qui entourent presque de tous les côtés la localité que
. nous voulons décrire, permettent, ou plutôt facilitent l'établis-
sement de moulins.
La Bonneville était à une demi-heure de Valangin, dans la
direction du N.-E. et à sept minutes S.-0. du village d'Engollon.
Vu la date de sa construction, la rareté des machines de guer-
re et l’absence du canon, son assiette était forte, car elle
occupait une colline allongée, se détachant un peu du plateau
qui s’abaisse insensiblement de Fontaines à Engollon, et se ter-
mine en pente rapide vers le Seyon qui coule à 120 pas au sud
de la Bonneville. La colline susdite est séparée du plateau
d’Engollon par un ravin peu large mais fort escarpé, par lequel
s’écoulent les eaux de la fontaine susmentionnée. Ce ravin a
été évidemment utilisé pour la défense. La colline s’abaisse en
pente abrupte du côté de l’ouest, elle est baïignée de ce côté
par un cours d’eau assez encaissé, qui prend sa source au-des-
sous de Fontaines et se jette dans le Seyon à 900 pas en dessous
d'Engollon. La pente ou côté S.-0. est douce et uniforme, au
N.-0. elle se rattache au plateau mentionné ci-dessus par une
petite esplanade.
La Bonneville couvrait toute la surface de la colline, elle
avait la même largeur et la même longueur, la muraille en
suivant exactement le pourtour et s’arrêtant là où commençait
la pente.
Le bourg formait un carré long, assez régulier, car son côté
N. a 70 pas, et le côté opposé 52 pas de longueur. Quant aux
côtés E. et O., ils ont chacun 240 pas de long. Ces mesures pri-
TRES Ko ni
ses à l’intérieur du carré, représentent la première enceinte,
car il y en avait deux. Les maisons du bourg étaient bâties sur
ce premier fossé, et faisaient elles-mêmes rempart, ne formant
qu’une seule rue, comme c'était aussi le cas au Landeron, à
Boudry, à Valangin, etc. Devant ce premier fossé, dont l’es-
carpe est encore presque perpendiculaire, parce qu'elle est
encore murée partout, se trouvait une seconde muraille de
tous côtés parallèle à la première. Cette muraille était couverte
au N.-E. par le ravin dans lequel coulent les eaux de la fontaine,
elle était protégée au S.-0. par l’escarpement de la colline; ses
dimensions étaient: côté N. 100 pas, côté $. 80 pas, côtés E.
et O. chacun 270 pas.
Combien la Bonneville pouvait-elle avoir d'habitants? on ne
peut le dire qu'approximativement; mais la longueur et la lar-
seur du bourg étant données, sachant de plus que les maisons
au moyen âge n'avaient guère plus-de 8 pas soit 20 pieds de
front, on peut admettre que chaque côté de la rue comprenait
30 maisons, en tout 60. La largeur moyenne du bourg étant de
152 pieds, ces maisons pouvaient avoir de 40 à 50 pieds de
profondeur, elles pouvaient donc contenir de 10 à 15 habitants,
et le bourg de 600 à 900. La Bonneville n'étant jamais men-
tionnée comme paroisse, on n’a calculé aucune place pour
l'église; le bourg était dans la paroisse d’Engollon comme
Morges fut pendant plus d’un siècle dans la paroisse de Jon-
lens, village maintenant représenté par deux maisons.
Le choix de l'emplacement de la Bonneville pourrait faire
croire qu'il y avait anciennement un chemin fréquenté de Va-
langin à St-Imier qui passait par là, à moins qu’on ne préfère
admettre que les évêques de Bâle construisirent ce bourg sur
leur terrain.
Ces dernières réflexions étaient écrites depuis quelques mois,
lorsque venant à lire l'excellente histoire de la Seigneurie de
Valangin par Matile, j'y trouvai ma supposition confirmée. En
effet, le chemin qui conduit de Valangin à St-Imier par Engol-
lon, St-Martin et Dombresson, est la plus ancienne voie de
communication du Val-de-Ruz, peut-être même remonte-t-elle
aux Romains? Entre Engollon et St-Martin ce n’est plus qu'un
sentier, à partir du bois au N. d'Engollon, jusqu'à St-Martin.
—se————
LA ROCHE DE CHATOILLON
près Saint-Blaise.
(Voir les Bulletins, page 23.)
À seize minutes au nord du village de Saint-Blaise s'élève
une chaîne de rochers couronnant des collines parallèles à
la montagne de Chaumont, et formant avec elle le vallon de
Voëns. Sur la partie de ces rochers qui domine le domaine
de Souaillon se trouve un signal géodésique, et non loin de là,
feu M. DuBois de Montpéreux avait signalé l'emplacement
d’un camp celtique.
Ce fait avait été presque oublié, et sans la bienveillante
coopération de M. Alexandre de Dardel, j'aurais eu beaucoup
de peine à retrouver l'emplacement du susdit camp.
Pour parvenir au lieu en question, on suit pendant environ
700 pas le chemin de St-Blaise au Maley, lequel passe derrière
les roches de Chatoillon. Là se détache sur la droite un chemin
de dévestiture qu’il ne faut pas prendre; mais on commence à
gravir l’espace de 300 pas, une pente assez roide en suivant
un chemin encaissé et fort pierreux dans la direction N.-0. On
entre alors dans le bois qui couvre les roches de Chatoillon et
après y avoir fait 200 pas, on rencontre à main gauche un
autre chemin qu'il faut éviter comme le premier. Le chemin
qui a repris la direction nord s’aplanit alors et suit pendant
450 pas la même direction. À cette distance et sur le même
point se présentent un troisième chemin sur la gauche et un
sentier sur la droite, ce sentier conduit sur les roches de Cha-
toillon qui se rapprochent jusqu’à 120 pas de la route en cet
endroit. |
Le signal géodésique susmentionné, se trouve à l'extrémité
du rocher, à 40 pas environ sur la droite du lieu où aboutit le
sentier, c’est un triangle taillé au ciseau dans une plaque de
rocher. À 300 pas de ce point, dans la direction nord, et en
suivant un plateau de 30 à 40 pieds de large qui longe les ro-
ches très-escarpées et hautes de 40 à 50 pieds, on rencontre
LE TANT LE
un mur de 3 à 6 pieds de hauteur, large de 3 à 10 pieds et for-
mé par des débris de rochers entassés les uns sur les autres.
Sur le petit plateau susmentionné, le mur est fort dégradé, il
n’a pas plus de 3 pieds de haut, et ressemble fort à ces amas
de pierres qui servent de limites aux pâturages dans les mon-
tagnes du Jura.
Il y avait probablement une entrée sur ce point entre le
commencement du mur, et l’escarpement perpendiculaire du
rocher. Le mur se dirige à angle droit depuis l’escarpement
l’espace de 60 pas environ dans la direction de l'Est à l'Ouest.
Puis il suit pendant 70 pas environ, la direction $. E., pour
reprendre pendant 40 pas la première direction. À partir du
petit plateau susmentionné le mur se trouve sur une pente ra-
pide; au point où il se termine était une seconde entrée; la
pente se termine ici par un banc de rocher de quelque 20 pieds
de haut qui se dirige du côté de $St-Blaise parallèlement au
grand escarpement qu'il rejoint au bout d’à peu près 400 pas.
L'espace compris entre la muraille et les rochers forme une
espèce de losange de 912 pieds de base sur 375 de hauteur, ce
qui fait 17020 © perches.
À 120 pas de l’entrée inférieure, en suivant le banc de ro-
cher, on trouve un bloc erratique appuyé à la base sur deux
blocs plus petits; il a 4 pieds de haut et un diamètre de 3 pieds
environ. M. DuBois de Montperreux l’a pris pour un autel drui-
dique; mais outre que ce bloc ne porte aucune trace qui puisse
confirmer cette opinion, sa position immédiatement sur le
bord du banc de rocher larend encore moins acceptable. A
20 pas plus loin que ce bloc, s'élève une seconde muraille à peu
_ près parallèle à la première, et que M. DuBois n'avait point
aperçue; elle est moins élevée et moins large que la muraille
principale, mais aussi moins dégradée quoique de construction
identique. Elle n’atteint pas l'escarpement principal; mais s'ar-
rête à quelques pas du petit plateau déjà mentionné.
Il n’est point nécessaire de remonter aux temps celtiques pour
trouver le but du retranchement qui vient d’être décrit, il a
servi de lieu de refuge aux populations de la plaine dans des
temps d’invasions, mais son éloignement de toute source et de
cours d’eau (le ruisseau de $t-Blaise coule à 8 minutes de là)
ve permet pas d'admettre qu'il y ait eu un établissement fixe
sur le roc de Chatoillon.
Les ravages que les Hongrois et les Sarrasins exercèrent
dans la Transjurane au 9° siècle, expliquent parfaitement le
choix d’une retraite à peu près inaccessible à des peuples qui
combattaient à cheval. Les seules localités fortifiées où pou-
vaient se réfugier les habitants des bords du lac près de Saint-
Blaise, étaient le bourg de Neuchâtel et la tour de Nugerol'
tous deux assez éloignés; ils auront cherché et trouvé à leur
proximité un abri presque aussi sûr.
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 6
SUR LA VITESSE DE PROPAGATION
DES COURANTS ÉLECTRIQUES
DANS LA DÉTERMINATION TÉLÉGRAPHIQUE DE LONGITUDE
entre Genève et Neuchâtel.
par M. le D' HIRSCH.
(Voir les Bulletins , page 19.)
Messieurs,
Dans la dernière séance de ce printemps, j'ai commencé à
vous rendre compte en général de l'opération télégraphique
pour la détermination de la différence de longitude entre l’ob-
servatoire de Genève et le nôtre. Comme cette opération est
maintenant terminée dans sa partie principale et en attendant
que l’achèvement des calculs me permette de vous commu-
niquer tout le travail, je me bornerai aujourd’hui à vous par-
ler de la partie électrique de cette opération et des résultats
intéressants qu’elle nous a indiqués sur la propagation des cou-
rants.
Vous le savez, messieurs, autrefois on envisageait l’action
de l’électricité comme instantanée, ainsi qu’on le croyait au-
paravant de celle de la lumière et qu’on est forcé de l’admet-
tre encore aujourd'hui pour l'attraction newtonienne. Depuis
qu'Olaus Rômer a calculé la vitesse de la lumière par les
éclipses des satellites de Jupiter, et que les mesures de Fizeau
et d’autres physiciens ont donné pour la vitesse de la lumière
artificielle les mêmes nombres, la question de la vitesse de la
lumière peut être envisagée comme résolue. Il n’en est pas de
même pour celle de la vitesse de l'électricité, où il y a encore
beaucoup, pour ne pas dire tout à faire, comme vous le verrez
par un aperçu rapide des travaux relatifs à ce sujet.
Après qu’au dernier siècle on eut cru établir que l’électri-
cité se propage instantanément ou du moins que sa vitesse est
incommensurable, en se basant sur l'expérience assez grossière
qu’on sentait l’étincelle d’une bouteille de Leyden, qui avait
parcouru une distance de 12009 pieds, au même moment qu'on
la voyait s'échapper de l’armature de la bouteille, Wheatstone
fut le premier qui étudia la question de plus près par la célèbre
expérience à vous tous connue; il trouva par son travail ingé-
nieux que l’espace de 1320 pieds anglais était parcouru en
eg de seconde, ce qui donne pour la vitesse de l'électricité
460 800 XZilomètres par seconde, donc plus grande de plus de la
moitié que celle de la lumière. Cette vitesse était obtenue pour
l'électricité statique et sans l'intervention d’un électro-aimant.
Bientôt après des savants américains trouvaient pour les cou-
rants galvaniques, cheminant sur les lignes télégraphiques,
une vitesse de beaucoup inférieure ; M. Gould entre autres, pro-
fitant de l’immense circuit télégraphique de Washington à St-
Louis, ne trouva même que 25 600 kilomètres. — Deux autres
savants français, MM. Fizeau et Ganelle, se servant de toute
une autre méthode (interruption simultanée du conducteur sur
des points très-distants et effet produit sur le galvanomètre),
ont obtenu de nouveau une vitesse plus considérable, 180 000
kilom. pour le fil de cuivre, et 100 000 pour le fil de fer; et ils
croyaient en même temps établir que cette vitesse est indépen-
dante de l'intensité du courant et de la section du conducteur,
en accord sous ce rapport avec ce que M. Clark avait observé
déjà, que les courants se propagent, quelle que soit leur inten-
sité, avec la même vitesse.
Les déterminations télégraphiques de longitude qui com-
mençaient alors en Amérique, ont fourni aussi des résultats
différents, il est vrai, entre eux, mais tous de beaucoup infé-
rieurs à la vitesse obtenue par Wheatstone ou même par Fi-
zeau. Voici le tableau de ces déterminations, comme le donne
M. De la Rive:
AR" RE
Weatstone fil de cuivre (El. statique) 460 800 kilom.
Fizeau et Ganelle. » » (Méth. d’interrupt.) 180 000 »
» » . fil.de fer A D 0 00
Mitchell fil de fer 45 600 »
Walker » Méth. astron. 30000 »
Gould » 25 600 »
Aiïry (Greenwich, Edimbourg) fil de cuivre 12000 »
» (Greenw. Brux.), fil de cuiv., (câble s.-marin) 4 300 »
Voilà donc des vitesses qui ne varient pas moïns que dans la
proportion de T : 100. On voit par ces nombres qu’on ne peut
se représenter la propagation de l'électricité comme celle d’un
fluide ou celle des agents rayonnants, enfin que le temps em-
ployé par le courant ne peut pas dépendre uniquement de la
longueur du chemin qu'il parcourt comme on l’avait eru d’a-
bord. Le grand physicien anglais Faraday a expliqué une par-
tie des discordances que nous venons de citer, en montrant d’a-
bord que les fils souterrains ou submergés, recouverts de gutta
percha, constituent des espèces de bouteilles de Leyde, qui se
chargent et se déchargent, et que cette induction latérale peut
- retarder l'effet du courant même de plusieurs secondes; expé-
rience qui malheureusement à été répétée très en grand sur
le câble transatlantique. Pour les fils aériens, ces perturbations
par induction sont beaucoup plus faibles, cependant suffisan-
tes pour expliquer, d’après Faraday, par l’état de la ligne, les
différences constatées dans la vitesse avec laquelle le courant
parcourt les fils.
Une autre circonstance dont on n’a pas tenu compte et qui
explique, selon nous, une grande partie des différences dont
nous parlons, c’est le temps employé par les électro-aimants.
On voit par le tableau des résultats, que la vitesse de propa-
gation à été trouvée plus grande par les méthodes optiques
(Wheatstone) et au moyen du galvanomètre (Fizeau) que lors-
qu'on emploie des appareils dans lesquels entrent des électro-
aimants. Et rien de plus naturel, car dans ce dernier cas la
différence des moments des deux effets produits sur deux élec-
tro-aimants aux extrémités d’un fil, comprend d’abord la pro-
pagation du courant même et ensuite les temps d'attraction
des deux ancres. D'après les recherches si importantes aussi
= $8 —
bien pour la pratique que pour la théorie, de notre collègue
M. Hipp, ces temps d'attraction des aneres varient beaucoup,
d’abord avec l'intensité des courants et ensuite avec leur na-
ture, donnant des résultats très-différents pour les courants de
fermeture et d'ouverture. Voilà donc une nouvelle raison pour-
quoi l’état de la ligne doit influencer la vitesse de transmission:
car si l'isolation du fil est imparfaite, il y aura plus ou moins
de dérivation de courant; par conséquent ce dernier sera plus
faible à la station éloignée qu'à celle dont il part, et l’ancre
de l’électro-aimant éloigné sera attirée avec moins de vitesse
que l’autre.— M. Hipp avait déjà, il y a quelques années, fait
des expériences qui tendaient à prouver qu’en effet la vitesse
de propagation ne dépend pas seulement de la longueur du
chemin parcouru, puisque M. Hipp l’a vu plus grande dans un
long cirçuit que dans un autre beaucoup plus petit.
Voilà en peu de mots les données connues lorsque nous en-
treprîmes notre détermination télégraphique de longitude, qui
devait nécessairement fournir une nouvelle donnée pour la vi-
tesse du courant. Je vais vous communiquer les résultats que
nous avons obtenus jusqu'à présent sous ce rapport, résultats
qui augmentent les documents du procès sans toutefois le dé-
cider.
Je vais d’abord commencer par vous expliquer comment
nous avons mesuré le temps de transmission de nos courants.
Vous vous rappelez la méthode que nous avons employée pour
la détermination de longitude; elle consiste à enregistrer les
passages des mêmes étoiles aux deux méridiens sur les deux
chronographes des deux stations: de cette manière on obtient
la différence de longitude enregistrée deux fois, sur les deux
chronographes. L’intervalle de temps, (quel qu'il soit d'ail-
leurs) devait être le même sur les deux chronographes pour-
vu que la transmission des signaux électriques fût instantanée;
si au contraire le courant met du temps pour franchir l’es-
pace entre les deux stations, ou qu’il attire l'ancre de l’élec-
tro-aimant éloigné plus lentement que celle qui est près de
la pile, enfin s’il existe un temps de transmission quelconque,
les intervalles des deux signaux donnés dans la direction in-
verse doivent paraître plus longs sur le chronographe de la
RE
station orientale que sur celui de l’autre, comme on peut se
convaincre facilement par la figure suivante, dans laquelle des
points diamétralement opposés correspondent au même mo-
ment.
Chron. de Neuch. Pass. à Neuch.
Chron. de Gen.
Re ————
PT Pass. à Gen.
On voit immédiatement que la différence des deux chrono-
graphes est le double du temps de transmission. Et remarquez
que les quantités 2 T, que l’on trouve ainsi par la comparaison
des deux chronographes, sont tout-à-fait indépendantes de
l'exactitude des observations astronomiques, de l'équation per-
sonnelle, etc. En effet on les obtiendrait de même, en donnant
des signaux tout-à-fait arbitraires et à des intervalles queleon-
ques aux deux stations en question. Ainsi l'exactitude avec
laquelle on détermine ce temps de transmission dépend uni-
quement de celle des instruments enregistreurs employés;
c’est-à-dire essentiellement de deux éléments, d’abord de la
régularité avec laquelle les pendules sont enregistrées sur les
chronographes et ensuite de l'exactitude avec laquelle on peut
faire le relevé des signaux marqués sur le papier des chro-
nographes. ,
Pour obtenir des résultats nets sur le temps de la transmis-
sion, il fallait déterminer les limites de l'influence de ces er-
reurs, et la méthode d'observation que nous avons employée
permettait de le faire assez exactement.
Vous savez qu’on observe le passage des étoiles non pas au
méridien même qui est une ligne fictive, mais à un certain
nombre de fils; donc j'envoyai à chaque passage d'étoile 21
courants à Genève qui s’y marquaient aussi bien que chez moi;
Genève, dont la lunette ne possède que 5 fils, nous envoyait
PR. DES
chaque fois cinq signaux. Si l'enregistrement de l’heure des
deux pendules était absolument exact, et si l’on pouvait re-
lever les traits d'encre marqués sur les chronographes sans er-
reur aucune, vous comprenez que l'intervalle des signaux
comme il est fourni par les deux chronographes, devrait être
le même pour chacun de ces signaux; de même le degré avec
lequel cette égalité a lieu pour les différents signaux, est aussi
la mesure des erreurs fortuites provenant de ces sources, ou
bien la mesure de l’exactitude de l'enregistrement. De cette
manière nous avons trouvé l’exactitude de l'enregistrement
(et du relevé) d’un signal de Neuchâtel exprimé par l'erreur
moyenne de 0°,035 et l'erreur moyenne d’un passage de Neu-
châtel (consistant en 21 fils) égale 0,008; les mêmes erreurs sont
pour un signal de Genève 0°,028 et pour un passage de Genève
0°,013. Il s'ensuit que la différence des deux passages est affec-
tée de l'erreur moyenne de 0,015, en tant qu’elle se conclut des
variations des signaux cheminant dans la même direction. Ces
15 millièmes de seconde expriment donc l'incertitude qui pro-
vient des pendules, de leurs courants, de la marche des chro-
nographes et enfin du relevé.
Ce point établi, nous avons calculé le temps de transmission
résultant de la comparaison de l’intervalle entre le passage de
Neuchâtel et de Genève, comme ils sont marqués sur les deux
chronographes. Voici ce que nous avons trouvé pour les diffé-
rents jours:
se ON
2 8 He ( my m
JOURS. E'S ah Erreur a eh Prieer.
AS moyenne. | d’une étôile. inatrament
ser Ltée ar girl eee | CESSEATSRNNNENAECE,
19 septembre | 5 | 0,028 |+06,015 | 0,034 | 0,015
20 » 12 | 0,019 |+0,012 | 0,040 0,017
29 » 19 | 0,020 |+0,005 | 0,022 0,015
3 octobre 15 | 0,025 |+ 0,003 | 0,012 0,016
6) » 16 | 0,005 |+ 0,004 | 0,016 0,014
L d
Moyenne 67 | 0,0179 |+0,0062| 0,0224 | 0,0153
(‘) Les nombres {4 se concluent par la comparaison entre eux des nombres
2T, obtenus par les différentes étoiles d’un même jour, tandis que les m
sont conclus de l’accord qui existe entre les fils d’une même station.
Tous ces résultats sont obtenus par les courants d’induetion ;
au printemps nous avions employé des courants ordinaires et
nous avions trouvé:
Cat
©
=
ee
Lo
Nomb
d'étoiles,
©
3
+
È
20 mai 15 | 0,054 |+0,003 | 0,011
21 » 14 | 0,018 |Æ+0,004 | 0,015
Moyenne 29 | 0,0366 [+ 0,0035| 0,013
sm SÙ9
On peut rattacher à ces chiffres quelques considérations in-
téressantes.
D'abord ce qui regarde la vitesse de propagation même,
comme la distance des deux observatoires est mesurée, sur la
ligne télégraphique, égale à 132, 6 kilom., l'on trouve le temps
de transmission
|
pour les courants induits = 14983 kilom. par seconde
courants ordinaires = ‘7245 » » »
et l’on voit ainsi que la vitesse des courants d’induction est à peu
près double de celle des courants ordinaires. Si vous consultez
le tableau que je vous ai rappelé au commencement, vous verrez
que ces vitesses sont pareilles à celles que les astronomes an-
glais ont trouvées par des opérations analogues.
Mais ce qui m'a frappé surtout, c’est la grande variation que
le temps de transmission montre d’un jour à l’autre et même
dans le même jour d’une étoile à l’autre, distante en moyenne
de six minutes. Ainsi nous avons trouvé avec les courants or-
dinaires le temps de transmission trois fois plus grand un jour
que le jour suivant, et cette grande différence était justement
le motif qui nous à engagé de recommencer l'opération avec
des courants d’induction, pour lesquels tout faisait supposer
non seulement une vitesse, mais aussi une constance plus gran-
de, ou bien une plus grande indépendance de l'état de la ligne.
Mais les chiffres que vous avez sous les yeux apprennent le
contraire; car tandis que le 5 octobre le temps de transmission
n’est que de 0,005, il était le 19 septembre de 0,028 et tandis
que le 3 octobre l'erreur moyenne d’une détermination (pour
une étoile) est de 0,012, elle est de 0,040 pour le 20 septembre.
Si l’on examine le tableau détaillé des observations, on trouve
des différences plus fortes encore pour le même jour.
À quoi peuvent tenir ces irrégularités ?
Certainement en premier lieu à l’état variable de la ligne;
pour me procurer des données sur ce point, j'ai réclamé à
l'administration fédérale des télégraphes les régistres des cou-
rants pour les jours en question.
L'examen de ces régistres a en effet relevé un mauvais état
de la ligne entre Genève et Lausanne pour le 20 septembre,
où l’irrégularité de nos résultats est la plus grande.
Le Ne
Mais ils sont loin d'expliquer les grandes différences que
nous avons constatées toujours. Une seconde cause importante
de variation gît très-probablement dans les temps d'attraction
et de relâchement des ancres et dans la force pas tout-à-fait
constante, variant plutôt avec la température, des ressorts an-
tagonistes.
En tout cas c’est une question encore passablement obscure
et qu’il faudrait étudier davantage. Si mon collègue M. Plan-
tamour veut s’y prêter, et si l'administration fédérale, com-
me je l'espère, veut nous permettre l'emploi de ses lignes, j'es-
père prochainement faire une série d’autres expériences dans
le but de relever l'influence qu'ont sur la transmission des eou-
rants, la résistance de la ligne, l'intensité et la nature des
courants, etc.
Mais dès aujourd’hui je crois pouvoir émettre l'opinion que
le temps de transmission ne peut pas dépendre uniquement
de la longueur du circuit, et par conséquent qu’on ne peut pas
parler de la vitesse de l'électricité comme de quelque chose de cons.
tant.
FT OX GIE TO SR
NOLTRE
sur l'hypothèse de plusieurs zones d'astéroïdes
déduite par M. Le Verrier
des mouvements des quatre premières planètes,
(Voir les Bulletins ci-dessus, page 34.)
D D ————
Je vous ai entretenu, il y a deux ans, du résultat que M.
LeVerrier avait tiré de son étude du mouvement de Mercure,
par laquelle il avait été conduit à augmenter de 35” le mouve-
ment séculaire du périhélie de cette planète. M. LeVerrier
avait trouvé que pour expliquer cette augmentation, l'hypo-
thèse la plus vraisemblable serait de supposer l'existence entre
Mercure et le soleil de toute une zone d’astéroïdes semblables
à ceux entre Mars et Jupiter, dont des découvertes continuel-
les augmentent le nombre chaque année.
Je disais alors qu’il faudrait attendre la vérification de cette
hypothèse par des observations directes. Jusqu'à présent aucune
trace de ces petites planètes voisines du Soleil n’a été trouvée
dans le ciel, ni par les nombreux observateurs des taches du
Soleil, ni à l’occasion de l’éclipse totale de 1860, malgré tous
les soins que l'expédition française surtout à voués à cette
recherche. Même on n’a pu, jusqu’à présent, revoir la planète
Vulcain de M. Lescarbault. L'hypothèse de M. LeVerrier at-
tend donc encore sa vérification.
En attendant, ce calculateur infatigable, aidé par tout un
état-major de collaborateurs, à terminé sa revue de la théorie
des quatre premières planètes, Mercure, Vénus, la Terre et
Mars, et a rendu compte à l'académie des résultats de ce grand
travail qui comprend à la fois un nouvel examen de la théorie,
une discussion sévère de toutes les observations, et enfin la
comparaison mutuelle de l’une et des autres.
Cette comparaison à non seulement confirmé l'excès du mou-
vement du périhélie de Mercure, mais a relevé en outre un
ANG CU
excès pareil pour le mouvement du nœud de l'orbite de Vénus
ainsi que pour le mouvement du périhélie de Mars.
Ces deux dernières anomalies qui paraissent provenir d’une
même source, semblent tout d'abord accuser la nécessité d’un
accroissement de la masse de la Terre jusqu’au dixième de
sa valeur, acceptée jusqu'à présent. Mais pour ne pas arri-
ver à une intensité de la pesanteur à la surface de la Terre,
tout à fait en contradiction avec les observations, on serait
forcé d’augmenter d’un trentième la valeur de la parallaxe du
Soleil, telle qu’elle à été déterminée par les passages de Vénus
sur le Soleil en 1761 et 1769. Est-ce permis, après les caleuls
si soignés de M. Encke qui admettent pour la valeur 8”,57 de
la parallaxe seulement une erreur d’un centième ? M. LeVerrier
ne le pense pas et préfère distribuer ce dixième de la masse
terrestre sur un grand nombre d’astéroïdes, circulant dans le
voisinage de la Terre et qui ne seraient autres que les étoiles
filantes.
M. LeVerrier reconnaît cependant l'impossibilité de décider
par les données actuelles, si la totalité de l'excès du mouve-
ment qu’il vient de trouver pour le périhélie de Mars et le
nœud de Vénus, doit être attribuée à ce groupe d’astéroïdes,
ou en partie aussi aux petites planètes entre Mars et Jupiter.
On peut seulement assigner à la masse de ces deux groupes
d’astéroïdes des valeurs maxima, en attribuant successivement
à chacun d'eux tout l'excès du mouvement du périhélie de
Mars. M. LeVerrier trouve ainsi que, pour que les astéroïdes
voisins de la Terre puissent seuls produire cette augmentation,
il faudrait leur assigner une masse un peu supérieure à celle
de Mars; elle serait de 0,138 de celle de la Terre. D'un autre
côté le groupe des petites planètes entre Mars et Jupiter de-
vrait avoir la troisième partie de la masse terrestre, pour, à lui
seul, expliquer les 0”,0235 d'accélération annuelle du mouve-
ment du périhélie de Mars.
Ces résultats des travaux de M. LeVerrier ont donné lieu à
une très vive discussion dans le sein de l’académie. M. Delau-
nay nie la certitude de l’existence de ces excès de mouvement
séculaire dans les trois orbites planétaires et il prétend qu'il y
a encore d’autres moyens, pour les expliquer, s’ils sont réels,
AUX AE:
que par l’action de ces trois zones d’astéroïdes. Mais il est un
principe scientifique qu’il ne suffit pas de poser vis à vis d’un
travail sérieux, émanant d’un maître dans sa spécialité, la
possibilité générale d'une erreur; il faut la démontrer, ce que
M. Delaunay n’a pas fait jusqu’à présent; et quant à l’explica-
tion des accélérations dans le mouvement de Vénus et de
Mars, donnée par M. LeVerrier, l'existence de ces deux zones
d’astéroïdes n’est, cette fois, au moins pas tout-à-fait hypo-
thétique comme dans le cas de Mercure
Toutefois il nous semble que la décision sur cette question
intéressante dépend principalement de l'opinion qu’on a sur
la sûreté avec laquelle nous connaissons la parallaxe du Soleil.
Malgré toute l'autorité dont jouit à si juste titre le célèbre tra-
vail d'Enke, il y a des astronomes qui en se fondant sur le de-
gré d'exactitude que les observations de 1769 comportaient,
n’envisagent pas comme impossible une correction d’un tren-
tième, qu'on devrait faire subir à la distance du Soleil. Il fau-
dra attendre les passages de 1874 et 1882 pour répondre déf-
nitivement à ces doutes, si l'exécution de la proposition d’Airy,
de déterminer la parallaxe du Soleil par l'observation de Mars
dans certaines parties de son orbite, ne résout la question
plus tôt.
DESCRIPTION D'UN PHOTOMÈTRE.
(Voir ci-dessus , p. 58.)
Les études photométriques ont acquis une importance tou-
jours croissante, surtout depuis que l'observation des étoiles
variables s’est développée et a révélé des faits d’une si grande
curiosité. Cependant si l’on songe, que non seulement les limi-
tes entre les différentes grandeurs, dans lesquelles on est ha-
bitué de classer les étoiles, sont arbitraires et conventionelles,
mais encore qu'on n’emploie point de moyens sûrs pour déter-
miner, si telle ou telle étoile appartient à telle grandeur ou à
telle autre, que ce n’est qu'une espèce de tradition parmi les
astronomes qui guide leur estimation; alors il faut avouer que
c’est là un état d’infériorité de cette partie de l'astronomie,
peu en harmonie avec la perfection et l'exactitude de lastro-
nomie de position.
Nous disions que ce qu’on appelle grandeur d'étoile, est
quelque chose d’arbitraire, mais ce qui est pire, ces grandeurs
ne sont pas bien définies. Outre les 6 classes que l'on adopte
pour les étoiles visibles à l'œil nu, les lunettes ont, à mesure
qu'elles se perfectionnaient, demandé toujours de nouvelles
classes jusqu’à la 16%° et même la 18° grandeur, sans qu'on
pût dire être arrivé à la limite de la visibilité des étoiles.
Les limites de ces nombreuses classes sont nécessairement
indécises et manquent de base théorique, puisque nous ne
connaissons ordinairement aucun des trois éléments, dont la
grandeur doit dépendre, ni la distance des étoiles, ni le
diamètre de leur surface lumineuse, ni l'éclat ou l’albèdo de
leur surface.
Aussi les astronomes ne sont pas toujours exactement &’ac-
cord sur les grandeurs, de sorte que telle carte céleste ou tel
catalogue désigne comme de 9% grandeur les étoiles qui dans
tel autre se trouvent indiquées comme de 9. 10° et même de
10° orandeur.
2
Sans qu'on puisse ainsi dire exactement, si les différentes
grandeurs consécutives répondent à une série soit géométrique
soit arithmétique, et moins encore qu'on puisse déterminer
la raison de cette série, les mesures photométriques qu'on a
exécutées jusqu'à présent, paraissent cependant indiquer
qu'au moins pour les grandeurs faibles on peut assimiler la
suite des différentes grandeurs à une série procédant d’après
les carrés d’une progression harmonique: 1 !/, 1/, ‘/,, 4}. etc.
John Herchel à montré que les grandeurs usuelles s'accordent
avec cette échelle photomètrique (qui répond à l’idée de la
distance des étoiles) jusqu'à une différence constante près;
c.-à-d., sim est la grandeur conventionnelle et M la grandeur
photométrique (dans le sens indiqué), on a M — » — 0414.
Il s'ensuit que si par exemple + du Centaure, que Herchel a
pris pour unité de ses mesures, était reléguée aux distances
1,414; 2,414; 3,414 etc. elle paraîtrait comme une étoile de
1e, 2me, 3e, etc., grandeur.
On comprend facilement que les mesures photométriques
ne peuvent être que relatives; le choix de l'unité restera tou-
jours arbitraire; tout ce qu’on peut en exiger, c’est qu’elle
soit bien définie, et aussi invariable que possible; aussi a-t-on
préféré à la Lune et à Jupiter dont on se servait autrefois,
des étoiles fixes pour lesquelles on n’a point découvert de
traces de variabilité.
Sans vouloir augmenter outre mesure ces quelques remar-
ques d'introduction par une description détaillée des méthodes
et appareils photométriques qu’on a imaginés jusqu'à présent,
je me bornerai à dire que les plus exacts sont ceux, par les-
quels on compare deux étoiles qui se trouvent dans le champ
de la lunette, en les rendant d’égale intensité ou bien en affai-
blissant la plus forte par des moyens optiques différents.
Mais cette méthode a le grave inconvénient pratique, que
l'observateur est obligé d’avoir toujours les deux astres qu'il
veut comparer, à la fois dans le champ; il faut donc ou se bor-
ner à ne comparer que des étoiles très-rapprochées ce qui res-
treint trop l'utilité pratique de l'instrument, ou bien employer
deux lunettes combinées en sorte qu’on peut voir simultané-
ment les images qu’elles produisent. Il y avait donc un grand
Se A
intérêt à se procurer un appareil photométrique, qu’on puisse
appliquer facilement aux instruments astronomiques ordinai-
res, de telle sorte qu'il devint possible de combiner avec toute
observation de position une autre observation photométrique,
donnant une mesure exacte de l'intensité de lumière de l’astre
observé.
Pour atteindre ce but j'ai imaginé un appareil oculaire que
j'ai fait exécuter par MM. Merz et Sohn, à Munich, construc-
teurs de notre lunette parallactique et dont je me permettrai
aujourd'hui de vous expliquer le principe et la construction.
Si l’on veut abandonner le système de réduire à égalité d’é-
clat deux astres d'intensité différente, système dont je viens
de vous signaler les inconvénients, il faut il me semble adop-
ter cette autre méthode, qui consiste à éteindre pour ainsi dire,
les images des astres dans la lunette. Vous savez que la visi-
bilité des objets lumineux, abstraction faite pour le moment,
de ceux qui ont un diamètre apparent appréciable et pour les-
quels le grossissement des images est d’une importance ma-
jeure, dépend surtout de la masse des rayons lumineux, qui
en arrivent dans nos yeux. Si avec les lunettes, comme le sait
tout le monde, on voit beaucoup d'étoiles invisibles à l'œil nu,
cela provient de ce que l'objectif de la lunette a une ouverture
beaucoup plus grande que ne l’est celle de la pupille de notre
œil et que dans l’image de l'étoile qu’elle forme dans son
foyer, se trouve condensé un nombre beaucoup plus considé-
rable de rayons, d'autant plus considérable que l'ouverture de
la lunette est plus grande. Or il est clair que telle étoile invi-
sible à l'œil nu, mais perceptible dans une lunette donnée,
peut être rendue invisible aussi dans cette lunette, si l’on trouve
un moyen de diminuer le nombre des rayons qui contribuent
dans la lunette à former l’image de l'étoile. Si l’on peut en
outre déterminer la quantité proportionelle de lumière dont
il faut affaiblir ainsi l’image d’une étoile pour la rendre invi-
sible, on obtient ainsi, en déterminant pour chaque étoile
cette proportion nécessaire pour la faire disparaître, des me-
sures exactes sur l'intensité relative de leur lumière.
C’est sur ce principe que j'ai fait construire mon photomè-
tre.
GE RE ne
Imaginez-vous le cône de lumière qui se forme dans l'inté-
rieur d'une lunette, cône dont l'objectif est la base et dont le
sommet occupe le foyer de la lunette; vous comprenez que
l'intensité lumineuse des images formées dans le foyer dépen-
dra essentiellement de la largueur de ce cône (je fais ici abs-
traction des autres éléments, tels que pureté du verre, degré
de l’achromasie, etc.) ; or si vous concevez maintenant un dia-
phragme mobile le long de l'axe de ce cône, il entre-coupera,
pour ainsi dire, une partie d'autant plus considérable de lu-
mière, qu'il se trouvera plus près de l'objectif. Donc en éloi-
gnant un tel diaphragme toujours davantage du foyer, on ré-
duit pour ainsi dire, l'ouverture de l'objectif et on parvient à
un point, où les rayons que le diaphragme laisse passer, ne
suffisent plus pour produire une image assez forte, pour être
aperçue. Plus une étoile est forte, plus il faut éloigner le dia-
phragme, pour obtenir ce résultat; et par conséquent, si l’on
a ménagéune disposition qui permette de mesurer exactement
les distances du diaphragme par rapport au foyer, pour les-
quelles les étoiles disparaissent, on obtient ainsi des données,
dont le calcul fournit une vraie mesure relative de l'intensité
photomètrique des différentes étoiles.
Voici maintenant cette disposition comme elle a été adap-
tée à notre lunette parallactique, dont l'objectif a 6" d’ouver-
ture et 96” de distance focale. Comme je m'étais imposé com-
me condition essentielle de ne diminuer en rien Ja valeur et
la puissance optique de notre lunette, j'ai dû renoncer d’abord
à faire parcourir à mon diaphragme mobile toute la longueur
de la lunette, à cause des diaphragmes fixes nécessaires pour
la netteté des images et du réflecteur qui sert à éclairer l'in-
térieur de la lunette, et j'ai dû merestreindre à déplacer le
diaphragme dans le tube oculaire. Ceci s'obtient au moyen
d'une vis sans fin et de plusieurs tiges conductrices, sur les-
quelles une coulisse portant le diaphragme, peut glisser en
avantæt en arrière. Pour la même raison, c.-à-d. pour laisser
intacte la lunette sous tous les autres rapports , j'ai fait cons-
truire cette coulisse de telle façon qu’au moyen d’une clef on
peut la déplacer entièrement en dehors du cône lumineux.
Pour pouvoir mesurer le chemin que lon fait parcourir au
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 7
— Nr ls
diaphragme, la vis qui le déplace engrène avec des roues,
qui portent des tambours divisés, dont la division est visible
à l'extérieur du tube tout près de l’oculaire.
Dans mon appareil, le diaphragme peut se mouvoir entre
les limites de 2”8 à 178 à partir du plan focal de la lunette.
Comme le cône de lumière dans la lunette, à la distance de
178, à un diamètre de 1”11, un diaphragme du diamètre a,
placé à cette distance, affaiblira la lumière de l’image dans la
. a \2 . , .
proportion de a , et si p. ex. a — 0,18, la lumière sera
Ve LÉ à ; + : k
réduite à ——; si le diaphragme n’a qu'une ligne d'ouverture,
à Ù {
l’affaiblissement sera de se
On peut donc réduire ainsi une étoile de 4 et même de 6
classes de grandeur. D'ailleurs pour augmenter l'effet de l'ap-
pareil j'ai fait faire plusieurs diaphragmes de diamètres diffé-
rents que je puis changer à volonté sur la coulisse qui les
porte. Pour faire disparaître les étoiles des premières classes,
il faut appliquer en outre des verres colorés plus ou moins
foncés.
Il va sans dire que pour se servir de cet appareil rationel-
lement, il faut des précautions nombreuses, et que pour trans-
former les lectures de ce photomètre en vrais nombres pho-
tométriques, on doit y appliquer différentes corrections et
coefficients. Car, pour n’en citer que quelques-uns, l'intensité
des étoiles est affectée par les circonstances atmosphériques,
si variables, par la disposition physiologique changeant d'un
observateur à l’autre et même chez le même observateur d'un
moment à l’autre, enfin de la qualité optique de la lunette
employée. Voici comment il faut tenir compte de toutes ces
influences.
Il faut choisir dans les différentes grandeurs un certain
nombre d'étoiles fondamentales, qui servent pour ainsi dire
d'unités photométriques. En observant chaque soir, où l’on
veut faire des mesures photométriques, une ou plusieurs de
ces étoiles fondamentales, autant que possible de même cou-
leur et dans la même hauteur que les astres qu'il s’agit de
comparer, on se rendra indépendant de la transparence va-
CODE: Dee
riable de l’atmosphère. Pour éviter l'influence que la fatigue
de l'œil pourra avoir sur les résultats, il convient de faire
ces mesures fondamentales au commencement et à la fin de
chaque série d'observation; aussi pour une raison semblable,
convient-il de faire disparaître et ensuite reparaître les étoi-
les et de prendre la moyenne des deux positions du diaphrag-
me, correspondante à ces deux effets. Vous comprenez aussi
que si deux observateurs avec deux instruments différents
procèdent ainsi, les nombres relatifs qu’ils obtiennent de cette
manière, seront directement comparables.
Je me borne aujourd’hui à ces indications en me réservant
de revenir plus tard à ce sujet et de vous donner de plus am-
ples détails sur cet instrument et Jes observations auxquelles
il sert.
EXPÉRIENCES CHRONOSCOPIQUES
SUR LA VITESSE DES DIFFÉRENTES SENSATIONS
et
de la transmission nerveuse.
Par M.1le D: HIRSCH.
(Voir les Bulletins , page 71.)
SAP T—
Messieurs,
Je vous ai invités à assister à quelques expériences phy-
siologiques sur la vitesse des différentes sensations, et je
crois avant tout devoir prévenir votre étonnement de voir
des expériences de ce genre à un observatoire astronomi-
que, et vous expliquer comment j'ai été amené à m'oc-
cuper de ces recherches.
Parmi les instruments de précision de l'astronome, fi-
gure aussi l'appareil nerveux de l'observateur, dont il
importe de déterminer, pour ainsi dire, l'erreur instru-
mentale aussi bien que pour tout autre instrument que
nous employons. En effet, chaque fois qu'on doit combi-
ner des observations, faites par différents astronomes, on
cherche, s'il est possible, de déterminer ce que l’on ap-
pelle leur équation personnelle, c.-à-d. le temps que
chacun d'eux observe plus tôt ou plus tard que les autres.
Le moyen qu’on emploie pour cette détermination est pu-
rement astronomique et consiste dans des observations
simultanées de passages d'étoile, de telle sorte, que les
deux astronomes qui veulent trouver leur équation per-
sonnelle, observent soit les mêmes étoiles alternativement
— 101 —
à la première et à la seconde partie du réticule de la mé-
me lunette méridienne, soit chacun une série d'étoiles;
dans le premier cas, en réduisant les fils, observés par
chacun des astronomes, au fil du milieu, on obtient pour
le passage des étoiles au méridien deux résultats, dont la
différence est justement l'équation personnelle; dans le
second cas on détermine la correction de la pendule de
passage séparément par les observations de chaque astro-
nome et la différence de ces deux corrections de pendule
donne l'équation qu'on cherche.
On obtient ainsi par ces méthodes des valeurs relatives
et non pas absolues, on trouve des équations et non pas
des corrections personnelles. Apparemment il y aurait un
grand intérêt de pouvoir déterminer pour chaque obser-
vateur sa correction personnelle, c.-à-d. l'intervalle de
temps qui passe entre le moment du phénomène qu'il ob-
serve, et celui qu'il lui assigne. Car non-seulement on
pourrait alors combiner directement les observations faites
à différents observatoires et à différentes époques par des
astronomes qui ne se sont pas comparés entre eux, mais
encore, dans bien des cas au moins, on obtiendrait des
résultats s'approchant davantage de la vérité.
Cette nouvelle méthode de déterminer la correction
physiologique des observateurs, est devenue surtout dési-
rable et en même temps possible, depuis qu'on a intro-
duit dans l'astronomie l'observation électrique, par la-
quelle l'appréciation qui dans l’ancienne méthode interve-
nait pour subdiviser la seconde, est remplacée par une
mesure instrumentale (au moyen du chronographe). Main-
tenant que l'observateur n'a qu’à fermer un courant au
moment où il voit la bisection d’une étoile, il doit être
possible de déterminer le temps, qu'il lui faut pour voir
et pour exécuter le mouvement du doigt.
Voilà, MM., le but de ces recherches, dont je vais com-
NE does
muniquer aujourd'hui seulement le commencement et que
je compte pouvoir poursuivre (°).
Dans cette tentative, de soumettre les différentes fonc-
tions du cerveau et du système nerveux à des méthodes
de physique comme toute autre force matérielle, il n’y a
d'ailleurs rien d'impossible, ni même d'étonnant, depuis
que la science moderne, et surtout un savant d’origine
neuchâteloise, M. Dubois-Reymond, a constaté dans son
célèbre ouvrage, Untersuchungen über thierische Electri-
cilæt, que laction nerveuse n'est au fond probablement
qu'un phénomène électrique, et qu'un autre grand phy-
siologiste, M. Helmholz de Kônigsberg, a prouvé dans un
travail classique, que la vitesse avec laquelle l’action ner-
veuse à lieu, loin d’être comparable à celle de la lumière
ou à celle que l'on attribue au courant électrique, n’est
même pas la cinquième partie de la vitesse du son.
Sans pouvoir entrer ici dans les détails ni des recher-
ches si compliquées et si ingénieuses de M. Dubois-Rev-
mond, ni de la méthode suivie par Helmholz dans sa cé-
lèbre expérience sur la vitesse nerveuse, je me bornerai
à vous en ciler le résultat principal, d'après lequel la
vitesse pour les nerfs sensitifs est de 61m,5 = 190’ envi-
ron. D'ailleurs vous connaîtrez ces travaux déjà par le ré-
sumé que M. Uhle en a donné dans une lettre adressée
à notre collègue, M. Desor, et que ce dernier a publiée, il
y a déjà quelques années, dans la Revue Suisse. On v
trouve que le temps requis par le cerveau, pour trans-
mettre ses ordres aux nerfs moteurs, est au moins 05,1,
chiffre qui varie assez considérablement pour différents
individus et pour le même selon la disposition du moment.
La vitesse de transmission dans les nerfs moteurs a été
trouvée à peu près égale à celle dans les nerfs sensitifs.
(‘) N'ayant eu à ma disposition que pendant un temps limité les instru-
ments qui ont servi à ces expériences, j'ai dû, à mon grand regret, les
interrompre ; mais j'espère pouvoir les reprendre plus tard.
-
— 103 —
La totalité de l'opération nerveuse exige d'après Helmholz
0,195 à 0,200 de seconde.
Il serait déja d’un grand intérêt de répéter les expé-
riences de Helmholz, surtout par une autre méthode plus
directe et qui permette d'opérer sur les nerfs vivants de
l'homme, au lieu de se servir de nerfs de grenouille, sé-
parés du corps. Mais comme un tel travail appartient
plutôt aux physiologistes, je ne l'aurais point entrepris, si
je n'avais pas eu le but spécial dont je vous at parlé:
aussi je me suis attaché surtout à déterminer la vitesse
des opérations physiologiques qui entrent en ligne de
compte dans les observations astronomiques. Ge sont donc
surtout la vue et l'ouie, qu'il nous importe d'étudier,
ainsi que le temps nécessaire pour donner des signaux
électriques avec la main. Mais on doit désirer connaître
non seulement le temps qu'il faut en moyenne à chacune
de ces sensations ou opérations, c'est aussi la constance,
ou si vous voulez la sûreté qui existe pour chacune de ces
fonctions qu'il importe d'apprécier. Car même pour les
observateurs les plus exercés ces temps varient d’après la
disposition momentanée; mais dans quelles limites? et
cette variation est-elle la même pour l'ouie que pour la
vue? etc. — On obüent à ces dernières questions des ré-
ponses précises, si l'on exécute les mesures de ces temps
un grand nombre de fois et qu’on détermine alors par le
calcul des probabilités l'erreur moyenne ou probable
d'une observation.
Ainsr pour le préciser encore une fois, le but de ces
recherches est de déterminer ce que l’on peut appeler le
temps physiologique pour les différents sens de louïe, de
la vue et du toucher; temps qui comprend trois éléments,
qu'il est extrêmement difficile, sinon impossible de sépa-
rer, à savoir: 10 la transmission de la sensation au cer-
veau; 2 l’action du cerveau, qui consiste à transformer
pour ainsi dire la sensation en acte de volonté; 3° la
— 104 —
transmission de la volonté dans les nerfs moteurs et l'exé-
cution du mouvement par les muscles.
Avant d'entrer dans les détails des expériences, il con-
vient de vous dire quelques mots sur l'instrument qui a
servi à ces expériences. C’est le chronoscope de notre col-
lègue M. Hipp, qui a bien voulu mettre à ma disposition
pendant quelque temps deux de ces appareils. Le chro-
noscope est en somme un mouvement d'horlogerie, dont
la force motrice est un poids et le régulateur un de ces
ressorts vibrants de l'invention de M. Hipp, et dont vous
avez pu voir le jeu si exact dans notre chronographe. Les
roues qui conduisent les aiguilles sont indépendantes du
rouage principal et peuvent parliciper ou non au mouve-
ment de ce dernier, selon qu'un pignon est un peu avan-
cé ou retiré. Cette fonction appartient à un électro-aimant,
dont l’armature, selon qu'elle est attirée ou non, retire ou
avance le pignon et arrête ainsi ou fait marcher les aiguil-
les. Le mouvement est calculé de sorte qu'une de ces ai-
guilles fait un tour en un dixième de seconde et comme
son cadran se trouve divisé en 100 parties, chaque divi-
sion répond à un millième de seconde. Tandis que cette
première aiguille fait un tour, l’autre avance d’une divi-
sion sur un second cadran, divisé également en 100 par-
ties. De cette manière on lit sur le premier cadran les
millièmes et sur le second les dixièmes de seconde.
Les expériences se font alors de cette manière, que le
phénomène même que l’on observe, en interrompant un
courant électrique, met en mouvement les aiguilles, que
l'observateur arrête au moment où il l’aperçoit, en réta-
blissant ce même courant au moyen d'un manipulateur.
D'après cette description sommaire de l'instrument, il
est clair que l'exactitude du chronoscope dépendra en
premier lieu de l'égalité des temps que l’armature de lé-
lectro-aimant met pour faire son chemin soit à l’ouver-
ture, soit à la fermeture du courant. Car seulement, si
— 105 —
ces temps sont égaux, l'intervalle pendant lequel les ai-
guilles sont en mouvement, sera rigoureusement celui
qu'on veut mesurer. Maintenant l’on sait que ces temps
de l'ancre varient avec l'intensité des courants et d’une
manière différente pour l'ouverture et la fermeture des
courants. [l s’agit donc d’abord de trouver pour chaque
instrument spécial l'intensité du courant, pour lequel les
temps d'attraction et de relâchement soient égaux. On s’en
assure par une expérience spéciale, en faisant tomber
une boule par des hauteurs différentes, dans la proportion
de 1 : 4, et en variant l'intensité du courant jusqu’à ce
que les nombres indiqués par le chronoscope pour les
temps de chute soient exactement dans la proportion de
hs 2
Ce point réglé, on peut se demander d’abord quelles
sont les limites d’exactitude que les mesures exécutées
avec le chronoscope permettent d'atteindre. D'après la
construction on voit d'abord qu'une seule mesure ne sau-
rait être exacte au delà d’un millième de seconde, puisque
la petite fourchette qui arrête ou dégage le rouage des
aiguilles peut s'appuyer d’abord sur le coin d’une dent et
et ensuite glisser soit à gauche soit à droite. Pour nous
former une idée sur la limite supérieure de l'erreur du
chronoscope, nous avons répété l'expérience de la chute
d’une boule de la même hauteur un grand nombre de
fois, et calculé, par les écarts qu'on obtient, l'erreur
moyenne. Voici les résultats:
— 106 —
Expériences de chute.
ete nn Et Ed ns el
À Erreur à x
S | Move ë Erreur à
DATES. |25| 4 | craindre | craindre
: E © NPA de la d’une REMARQUES. *
1861. Ze PSE moyenne | observat.
È m
d'air: 43 ah 3ieghdts Eds
s. S. S.
27 octobre 25 | 0,2528| + 0,0006 | + 0,0029 } Chronographe I.
Id. 50 | 0,2515 0,0006 | 0,0042 Même hauteur.
4 novembre 29 | 0,2014 0,0003 0,0019
' | Chronographe al!
b » 35 | 0,2006 0,0003 0,0017| Même hauteur. :
6 » 28 | 0,1984 0,0002 | 0,0011
|
LES 28 | 0,1903| 0,0002 | 0,0012 ! courant normal.
|
He à 32 | 0,1868| 0,0002| 0,001
* Dans les premières expériences le courant était trop faible.
On voit donc d'abord que non seulement, comme nous
le disions toute à l'heure, les indications du chronoscope
changent avec l'intensité du courant, mais aussi la régu-
larité de sa marche en dépend essentiellement. Ensuite
l'erreur moyenne d’une observation, pourvu qu'on emploie
la force voulue du courant, ne dépasse pas 2 millièmes
de seconde, de sorte qu’une vingtaine d'observations suf-
fisent pour réduire l'erreur à craindre du résultat au des-
sous même d'un demi-millième.
Enfin pour pouvoir réduire les observations convenable-
ment, 1l fallait savoir jusqu’à quel point le chronoscope
élait règlé sur le temps moyen, ou bien il fallait détermi-
ner la valeur en temps d'une division du cadran supérieur.
Comme je ne disposais pas encore d’un interrupteur de
pendule, j'ai fait cette détermination à l’aide d’un mani-
pulateur télégraphique ordinaire; en me plaçant vis-à-vis
de la pendule normale dont je suivais l'aiguille à seconde,
= ft —
- j'ai ouvert le courant (et par cela mis en mouvement le
chronoscope) à une seconde quelconque et je l'ai fermé
dix secondes après. Sans doute j'introduisais ainsi dans la
détermination de la vitesse du chronoscope l'incerutude
physiologique de cette manipulation; mais l'erreur qui en
provenait se trouvait d’abord divisée par le nombre de se-
condes et ensuite réduite par la répétition de l'expérience,
de telle sorte que le résultat jouit d’une exactitude plus
que suffisante, comme on le verra par les chiffres sui-
vanis:
Détermination de la vitesse du chronoscope.
= | Valeur | Erreur | Erreur! Valeur |
2.2 |de 105 à d'une | d'une ERREUR
DATES. = ‘2 |en par-| craindre À partie
z %|tiesdu| de la sx Lit du à craindre.
= |cadran.|moyenne.|"1EnCE.| cadran.
pes ra a
Chronoscope I.
p. p- P. s. Se
29 octobre 49 |9874,4 | + 0,0080| 0.0562| 0,001013|+ 0,0000008
Chronoscope II.
P- p. p. | S | S. |
5 novembre 48 |9895,7 | + 0,0076| 0,0526 nom Fi 0,0000008
RAGE DEUST REED RE DE CRT PSE CESSER ERPEENR STE A CS MANIERE MEN EST
On voit donc que les deux instruments dont je me suis
servi, sont réglés assez près et qu'il n’a fallu appliquer
aux lectures des cadrans qu’une faible correction.
Nous passons maintenant aux expériences physiologi-
ques mêmes et nous parlerons d’abord de celles qui se
rapportent au sens de l’ouie, parce qu'elles se rattachent
directement à celles de la chute. Car voici l'arrangement
de ces expériences: L'appareil qui servait à l'observation
de la chute, consiste en une espèce de fourchette, mobile
le long d'une colonne verticale et supportant la boule de
telle sorte, qu’en pressant sur un ressort les deux bras de
la fourchette s'ouvrent'avec une grande vitesse et laissent
tomber la boule, en même temps que le courant se trou-
ve interrompu par la séparation des deux branches; la
boule à la fin de son chemin tombe sur un plateau et
ferme, par le choc même, le courant. Cependant en chan-
geant la disposition des fils on peut s'arranger de telle
sorte que ce n’est plus le choc de la boule même qui
ferme le courant, mais la main de l'observateur qui dans
le moment, où il entend le choc de la boule, appuie sur
un manipulateur. On comprendra facilement qu’en alter-
nant avec ces deux dispositions et en prenant la différence
des intervalles de temps, montrés par le chronoscope
dans l’un et l’autre cas, -on obtient, dans cette différence
même, juste le temps physiologique de l’ouïe, ou bien le
temps qu'il faut à l'observateur pour entendre le bruit du
choc et pour signifier par le mouvement du doigt qu'il la
entendu.
Il va sans dire que les résultats obtenus ainsi, ont été
corrigés d'abord pour la transmission du son, l'appareil
de chute se trouvant à une distance de 7 pieds environ;
ensuite on s’est assuré que le mouvement du levier du
manipulateur, dont le chemin était très-court, pouvait
être négligé; car en faisant ouvrir et fermer le courant par
les deux contacts du manipulateur, qui s’y trouvent, com-
me on sait, aux deux extrémités du levier, le temps entre
ces deux moments était si court que le chronoscope ne se
mettait point en marche. Cette remarque s'applique d’ail-
leurs à toutes les expériences dont il est question dans
cette note. Enfin nous mentionnerons encore que l’obser-
vateur ne voyait point la boule tomber et que la détente
de la fourchette a été dégagée par un aide, de sorte que
le bruit du choc se produisait d'une manière inattendue
pour l'observateur.
= Voici maintenant le résultat de ces expériences d’abord
pour moi-même et ensuite pour quelques autres observa-
teurs de mes amis, qui ont bien voulu s’y prêter.
— 109 — :
Expériences sur l'ouie.
———— ei
Se = Tr Erreur | Erreur
S = Le 6e à craindre à craindre 0b
5 2 Edit FER d'uñe servateurs.
2 ë De are moyenne. observation.
8. S. ! S;
81 0,1490 + 0,0029 | + 0,0253 Hirsch.
32 0,1584 | Mayer.
41 0,1620 G. Guillaume.
22 0,2015 Garnier.
23 0,2432 Desor.
11 0,2433 Hipp.
On voit donc que le temps qu'il a fallu à ces différents
individus pour entendre, varie assez considérablement,
dans les proportions de 5 : 8 environ; encore est-il bien
possible que pour d’autres personnes on aurait trouvé des
différences encore plus grandes.
Je crois devoir relever que M. Hipp qui à l'oreille très-
exercée, puisqu'il suit avec facilité, par l’ouie seule, les
dépêches télégraphiques, entend le plus lentement; par
contre il y avait de très-faibles écarts entre les différentes
expériences qu'il a faites.
J'aurais aimé étudier l'influence de la nature du bruit
ou du son qu'on entend, quand il est par exemple plus
ou moins sec et subit; mais la nature de l'appareil et la
manière d'expérimenter ne S'Y prêtent pas facilement. Il
reste également encore à étudier, si la perception d'un
bruit rhythmique, comme par exemple, ce qui intéresse le
plus l’astronome, le battement d'une pendule, n'offrirait
point de différence; l’analogie de la vue, comme nous le
verrons tout à l'heure, le ferait supposer. è
— do —
Nous passons maintenant aux expériences sur la vue,
pour lesquelles nous avons employé d’abord létincelle
électrique fournie par une bobine d’induction. La disposi-
tion était celle-ci: le courant du chronoscope était bifur-
qué, allant d'un côté à l’électro-aimant du chronoscope
et de l’autre à la bobine inductrice; donc si l'aide interrom-
pait ce courant, d’une part les aiguilles du chronoscope
commençaient à marcher et au même instant il se produi-
sait entre les deux fils très-rapprochés de la bobine exté-
rieure une étincelle d'induction que l'observateur regardait
sur un fond noir (du charbon pulvérisé); au moment où
il l'apercevait, il fermait le courant, en appuyant sur le
manipulateur, et arrêtait ainsi le chronoscope. Voici les
résultats de quelques séries d'observations de ce genre:
Expériences sur la vue.
o Ê pere Erreur Erreur
Ê 8 1} | Clg RER à RU d Observateurs.
© * |physiologi < :
2 2 ps 814 moyenne. | observation.
S. S. ù S.
49 0,1974 + 0,0023 + 0,0165
Hirsch
49 0,2038 0,0021 0,0448
46 0,2096 Droz.
La seconde série a été faite plusieurs heures après la
première et lorsque mes veux étaient un peu fatigués par
des observations astronomiques. Il paraît donc que la vi-
tesse de la perception dépend du moins dans des limites
très-étroites de la disposition momentanée; circonstance
qui se rencontrera probablement aussi pour les autres
sens.
Mais la vue d’une étincelle m'a paru par trop différente
de la fonction de l’œil dans les observations astronomiques,
PURE
pour ne pas chercher à me rapprocher davantage de ces
dernières, qui consistent à saisir le passage d'un corps
en mouvement devant des repères fixes. J'ai donc tâché
de saisir le moment du passage de l'aiguille inférieure du
chronoscope devant certains traits de son cadran, (0 et
90, dans la ligne verticale); en appuyant sur le manipula-
teur, lorsque je voyais passer l'aiguille par la position ver-
ticale, je les arrêtais, et trouvais amsi le temps qu'il me
fallait pour saisir ces passages. Il m'a fallu pour cela, en
moyenne, de 61 observations;
0.0769 + 0,0032
S.
l'erreur moyenne d'une seule observation étant + 0,0251.
Il est donc évident que je vois un tel passage beaucoup
plus promptement qu'un phénomène subit, probablement
parce qu’en suivant la marche d'un corps en mouvement
on anticipe pour ainsi dire le moment du passage. Cette
intervention du jugement dans la perception pourrait peut-
être expliquer aussi l'incertitude plus grande qui paraît
exister pour ce genre d'observations, que pour la vue
d'une lumière subite.
Mais je suis bien loin de vouloir complètement assimi-
ler une telle observation à celle d'un passage d'une étoile
devant les fils d'une lunette; car abstraction faite de toutes
les autres différences très-notables, le mouvement de cette
aiguille (qui ayant environ #4 centimètres fait le tour du
cadran en 10) est de beaucoup trop rapide, ce qui doit
nécessairement nuire à la sûreté de l'observation du pas-
sage. Aussi, croyant qu'il importe surtout de déterminer
le temps physiologique pour des observations de passage
tout-à-fait semblables aux observations astronomiques, je
me propose de faire exécuter un appareil spécial pour
celte recherche.
Les expériences sur le temps physiologique du tact,
quoique en rapport moins direct avec les observations
— 112 —
astronomiques, m'ont paru d'un intérêt spécial parce
qu’elles permettent de séparer jusqu’à un certain point le
premier élément du temps physiologique, et de mesurer la
vitesse de transmission dans les nerfs sensitifs, en produi-
sant la sensation dans des régions plus ou moins éloignées
du cerveau. Pour la produire je me suis servi d’un faible
courant d’'induction, qui sans donner la moindre secousse
nerveuse, se faisait sentir plutôt comme une légère piqûre
d'épingle. Nous n’aurons pas besoin de dire que le même
courant, qui dans une de ses branches provoquait, étant
interrompu, ce faible courant d’induction, mettait les ai-
guilles du chronoscope en marche; l'observateur arrêtait
les aiguilles lorsqu'il sentait le courant induit, que je pou-
vais faire passer par les différentes parties du corps au
moyen d’une espèce de pince électrique, construite ad hoc.
En expérimentant d'abord sur moi-même, je faisais passer
le courant induit par ma main gauche, en touchant les deux
pôles avec le 2me et 5me doigt de cette main, tandis que la
droite appuyait sur le manipulateur. Dans les expériences
avec M. le Dr Guillaume nous avons fait passer le courant
d'induction d'abord par la région infraorbitale de la face,
ensuite par la main gauche et enfin par le pied gauche.
Je donne d’abord les résultats:
Expériences sur le tact.
o S ën Erreur Erreur
Fe. NET a . - :
AE a S |à craindre! à craindre HSE
ES FE de la d’une ASS
S à | moyenne. | observat.
S. S.
44 | 0,1733 | + 0. 0027 + 0,0176
| Orservateur: Hirsch.
43 0,1911 0,0022 0,0122
57 | 0,1110 0,0018 RE
S (Es Courant passe par la face.
59 | 0,142 | 0,0028 | 0,0219 + par la main gauch.
Ars
61 | 0,1697 0,0029 0,0299 ’ ? ES Le par le pied gauch.
— 113 —
Dans les deux séries d'observations faites sur moi-même
la différence qui dépasse notablement les erreurs moyen-
nes s'explique en partie par la circonstance que dans la se-
conde série le courant était plus faible et en même temps
l'attention plus tendue. En examinant les nombres qui se
rapportent au Dr Guillaume, on voit que la différence de
transmission depuis la face au pied gauche est 0s0587
» » à la main gauche » 0,0314
ce qui s'accorde parfaitement bien, puisqu'apparemment
le chemin depuis la main au cerveau est un peu plus de
la moitié de la distance à partir du pied. Cette concordance
et les différences des trois séries, beaucoup plus considé-
rables que les erreurs moyennes de chacune ne l'expli-
quent, semblent donner le droit d'expliquer les différen-
ces par la longueur différente du parcours nerveux. Il se
pourrait cependant que les différentes parlies intérieures,
par lesquelles on a fait passer le courant, possèdent une
sensibilité différente qui pourrait contribuer, à côté de la
distance au cerveau, à modifier le temps physiologique.
Avec cette réserve et en supposant la longueur du par-
cours nerveux depuis le pied au cerveau égale à 2 mètres,
on obtiendrait pour vitesse de la transmission dans les
nerfs sensitifs, 34 mètres environ par seconde.
Cependant je donne ce résultat seulement comme
une première approximation qui demande à être con-
firmée par des expériences plus nombreuses et variées
davantage, aussi bien par rapport aux individus qu'aux
parties du corps expérimentées. La différence du nombre
que nous venons d'obtenir, avec celui de Helmholtz, n'a
rien de surprenant si l’on songe à la différence radicale de
la manière d’expérimenter et surtout à ce que M. Helm-
holtz a opéré sur des nerfs moteurs, séparés du corps
d'une grenouille, tandis que notre résultat est obtenu par
des nerfs sensitifs de l'homme dans leur état normal. Vu
la préférence que la méthode développée mérite sous ce
BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 8
"
NIET, V'ARENR
rapport, il serait à désirer que des physiologues vou-
lussent l'utiliser et la développer davantage qu'il ne m'est
possible. Avant de quitter ce sujet, je me permettrai en-
core de faire la remarque, que les erreurs des trois sé-
ries d'expériences de M. Guillaume semblent indiquer,
que le temps physiologique du tact varie d'autant plus que
la région, où la sensation a lieu, est plus éloignée du
cerveau. Surtout la différence notable entre 0s014 pour
la face et 05022 pour la main, peut conduire à une telle
supposition. UT
Pour terminer je récapitulerai encore les résultats ob-
tenus jusqu'à présent par moi-même pour les différentes
sensations:
Temps physiologique Erreur moyenne
10 Ouie 05149 Æ (05025
20 Vue d'une étincelle 0,200 Æ 0,016
90 Vue d’un passage 0,077 + 0,095
40 Tact (main gauche) 0,182 + 0,016
On voit donc que la vue d’un phénomène subit et in-
attendu demande le plus de temps, environ un tiers de
plus que l'ouie; tandis que l'observation d'un passage
s'effectue beaucoup plus vite. D'un autre côté la précision
ou la régularité, avec laquelle on voit, est plus grande
que pour l'organe de l’ouie dans le rapport de deux à
trois, tandis que l'observation d'un passage a la même in-
certitude 0,025 que l'ouie. Pour le tact l'erreur moyenne
d'une observation est la même que pour la vue.
SUR
UN APPAREIL RÉGULATEUR
des courants électriques
PAR M. HIPP.
(Voir ci-dessus, page 24.)
— HRK —
Dans une de nos séances de l’année dernière, j’ai eu l’hon-
neur de vous entretenir de l'horlogerie électrique, de ses avan-
tages, de ses difficultés, des erreurs de principe et de cons-
truction qui l’ont souvent fait échouer, enfin des progrès réa-
lisés dans cette branche des applications de l'électricité.
En revenant aujourd’hui à ce sujet, je me permettrai de
mettre sous vos yeux un nouvel appareil que j'appelle Régula-
teur de courant, et qui est un des instruments essentiels dans
mon système d’horloges électriques, en contribuant puissam-
ment à assurer à ces dernières la sûreté de marche nécessaire
en même temps qu'il les rend beaucoup plus économiques.
On ne peut nier, je crois, les grands avantages et l’utilité
remarquable des horloges électriques, aussi bien pour l'emploi
publie que pour l'usage des particuliers; en effet, on ne saurait
obtenir par aucun système d’horloges mécaniques, la parfaite
coïncidence et la justesse absolue si désirable, sinon néces-
saire, pour les centres un peu considérables des populations,
dans notre époque des chemins de fer, où le temps a une va-
leur tout autrement considérable qu’autrefois.
Si malgré ces avantages incontestables des horloges élec-
triques, elles sont encore moins répandues qu’on ne devrait le
croire et qu’elles ne méritent, si même à quelques endroits on
les a abandonnées après les avoir introduites, la cause en doit
être cherchée avant tout dans la mauvaise construction qu’on
leur a donnée, mais aussi en partie dans les difficultés inhé-
rentes à leur nature, difficultés qu’on à déjà vaincues en par-
tie, et que rien ne s’oppose d'éliminer entièrement.
— 116 —
Dans ma précédente communication, je vous ai parlé d’a-
bord de l’arrangement mécanique par lequel je suis arrivé à
utiliser le plus avantageusement la force du courant pour le
mouvement des aiguilles; je vous ai expliqué ensuite par quel
moyen j'ai pu parer à un des inconvénients les plus considé-
rables, à l’oxidation des points de contact, qui a été dans la
plupart des cas la cause principale de l'irrégularité de marche
des horloges électriques.
Une autre difficulté essentielle de l'horlogerie électrique gît
dans l’inconstance des piles, même des piles dites constantes,
qui fournissent une force très-variable à un travail à peu près
constant. Pour assurer aux horloges électriques une marche
régulière, il faut absolument parvenir à les mouvoir par une
force constante.
C’est là le but de mon régulateur de courant que je ferai
fonctionner devant vos yeux; il repose sur le principe d’inter-
caler des résistances artificielles lorsque le courant devient
trop fort, et d’en ôter quand il s’affaiblit au delà de la force
normale. |
Avec ce régulateur, il sera possible d'employer à l’horloge-
rie électrique des piles inconstantes à un seul liquide, qui sont
à la fois les plus faciles à entretenir et de beaucoup les plus
économiques, dans une mesure telle que d’après une expérien-
ce que l’on vient de faire aux télégraphes du chemin de fer
Franco-Suisse, l'emploi de ces piles (à charbon et zine), est
douze fois meilleur marché que celui des piles Daniel. Mais le
courant de ces piles, comme vous le savez, change vite d’in-
tensité et d’une manière très-irrégulière : au commencement
la diminution est bien rapide, et après quelques semaines de
service, l’affaiblissement, tout en continuant, devient de plus
en plus lent et régulier.
Voici maintenant le mécanisme de l'appareil qui doit faire
disparaître tous ces inconvénients.
L’armature d’un électro-aimant est retenue, comme d’ordi-
naire, par un ressort d'une force telle, que l’armature ne peut
être attirée que par un courant d’une certaine force.
Un second ressort plus fort que le premier empêche l’arma-
ture d’être attirée complètement; mais sile courant est d’une
— 117 —
grande force, il vaincra également ce second ressort, et l’ar-
mature se trouvera complètement attirée.
De cette manière trois cas peuvent se présenter:
1° L’armature n’est point du tout attirée; alors le courant
étant trop faible, doit être renforcé.
2° L’armature pouvant vaincre le premier ressort, mais non
pas le second, est dans la position moyenne, ce qui arrivera
lorsque le courant a la force voulue.
3 L’armature après avoir vaincu aussi le second ressort, est
complètement attirée : dans ce cas le courant sera trop fort.
Que l’on se figure maintenant une roue à rochet avec deux
cliquets fixés sur un levier mobile, dont le mouvement est ob-
tenu par l’ancre dont nous venons de parler. Si cette dernière
n’est point attirée, le cliquet inférieur appuyera contre la roue
et la tournera dans un certain sens, lorsque elle-même recevra
un mouvement de va-et-vient. Si l’ancre est attirée à moitié,
aucun des deux cliquets n’appuyera contre la roue et par con-
séquent leur mouvement laissera cette dernière en repos. Si
enfin l’ancre est entièrement attirée, ce sera le cliquet supérieur
qui fera tourner la roue, mais dans le sens contraire qu'’aupa-
ravant (dans le premier cas). Le mouvement de va-et-vient
est imprimé au levier qui porte les deux cliquets, par un élec-
tro-aimant intercalé de telle sorte qu’il opère avec le plus fai-
ble courant. |
Par le mécanisme que nous venons de décrire, on arrive
donc à faire tourner une roue dans un sens, lorsque le courant
est trop fort, et dans le sens inverse lorsqu'il est trop faible,
enfin à la laisser en repos, lorsque le courant a la force voulue.
Maintenant de quelle manière faut-il affaiblir ou renforcer
le courant?
On peut employer deux moyens différents; d’abord on peut
augmenter ou diminuer le nombre des éléments actifs de la
pile, ou bien on peut varier une résistance artificielle que l'on
fait parcourir au courant.
Ce dernier moyen sera ordinairement préférable et nous
l’'emploierons dans notre cas. Voici comment: La roue à dou-
ble mouvement, que nous avons décrite, est connexe avec une
aiguille, laquelle glissant dans son mouvement sur un certain
— 118 —
nombre de points de contact, intercalera plus ou moins de ré-
sistance.
Supposons qu'il y ait huit de ces points de contact sous
forme de boutons disposés circulairement et qui sont reliés les
uns avec les autres par des bobines de résistance. Si par
exemple l'aiguille touche le bouton 3, le courant de la pen-
dule, qui passe aussi par l'aiguille du régulateur, serait conduit
d’abord par la bobine entre les boutons 3 et 2, ensuite par
celles entre 2 et 1 et entre 1 et O0, et enfin depuis le bouton
0 le courant entre dans les autres parties des appareils, pour
lesquels on veut règler la force du courant. La quantité de ré-
sistance représentée par une de ces bobines, doit naturelle-
ment se calculer d’après les données de chaque cas particulier.
L’explication que nous venons de donner, suffira pour faire
comprendre, que l'aiguille se mettra automatiquement tou-
jours dans une telle position (sur tel bouton de contact), que
le courant doit rester constant dans des limites pratiques.
Dans le cas où l'aiguille s'arrête sur le bouton 0, elle indique
que le courant ne peut plus être renforcé, parce que la pile
est épuisée et, par conséquent, qu'on doit renouveler cette
dernière. L'avantage de ce régulateur de courant doit être cher-
ché surtout dans la possibilité d'employer des piles à un seul
liquide, parce qu’on peut en reconnaitre l’état et la force à
chaque moment par la position de l'aiguille. Une telle pile
n’est pas seulement beaucoup moins coûteuse que les piles
dites constantes, mais sa manutention et son entretien sont de
beaucoup plus faciles, à tel point, qu’on peut arriver facile-
ment à faire fonctionner une de ces piles pendant six mois et
même davantage, sans avoir besoin d'y toucher.
MÉTHODE MNÉMONIQUE
pour retenir facilement
LES SIGNES DE L'ÉCRITURE TÉLÉGRAPHIQUE DE MORSE
par M. C.-F. GARNIER.
(Voir les Bulletins , page 64.)
— “24 0 a
L’alphabet télégraphique connu sous le nom de son inven-
teur, M. Morse, est, comme l’on sait, formé de points et de
traits que l’on emploie isolément, puis en les combinant par
eroupes de deux, trois et quatre. On obtient ainsi d’abord les
deux signes: . représentant la letire e
— » f
Si devant chacun de ces deux
signes on place un point, ensuite
un #rait, on obtient quatre com-
binaisons at » i
En procédant de même pour
ces quatre combinaisons, c'est-à-
dire en plaçant devant chacune
d'elles d’abord un point puis un
trait, l’on trouve LFOUE »
Ombre men
c’est-à-dire huit nouvelles combi-
2 120 —
naisons. En continuant de la mê-
me manière pour chacune de ces
huit combinaisons, on en obtient
le double, soit seize autres com-
binaisons, savoir: DRÉEPE , h
. == » V
At ; f
AO AA » ü
— , ) Il
_—— Gr. » à
LEA k p
LH HIER Ê j
me ; b
eu se ; x
pets M ; €
SOI. MATH EES ; y
jus jus k z
- — » q
1 Pr oi » Ô
rie FO » ch
Ainsi l’on trouve, en employant successivement 1, 2, 3 et
4 signes simples, 2 + 4 + 8 + 16 — 30 signes composés (*),
par conséquent plus qu’il n’en faut pour désigner toutes les let-
tres de l'alphabet. On adopte naturellement les signes les plus
simples pour les lettres dont l'emploi est le plus fréquent. Maïs
cet emploi n’est pas le même dans les différentes langues, et
telle lettre, qui revient très-souvent en français, par exemple,
apparaît beaucoup moins fréquemment en allemand. Pour être
conséquent au principe d'employer pour les lettres les plus
fréquentes les signes les plus simples, il aurait donc fallu adop-
ter pour chaque langue une signification différente des signes
ci-dessus, ce qui aurait nécessairement eu de graves inconvé-
nients, puisqu'un grand nombre de dépêches sont transmises
d’un pays dans un autre, et qu’ainsi les employés des télé-
(°) Si l’on voulait aller jusqu’à cinq signes simples, on obtiendrait 2 X 16
— 32 signes de plus, et la somme serait 62, soit la somme de la progression
géométrique 2 + 2 + 25 +21 + 95, En général pour n signes simples on
aura 2 + 2 + 95 +... 20 combinaisons.
— 121 —
graphes auraient été obligés de connaître au moins quatre
alphabets différents: le français, l'allemand, l'anglais et l'ita-
lien, sans parler du hollandais, du danois, de l'espagnol, etc.
Le même signe devant alors avoir quatre ou cinq significations
différentes, il est évident qu'il y aurait souvent eu confusion
et que de nombreuses erreurs en auraient été la conséquence.
Il était donc très-important de fixer d’une manière défini-
tive et certaine la valeur des signes. C’est ce que l’on à fait 1l
y a une douzaine d'années, dans des conférences tenues par
l'Union télégraphique austro-allemande. On a pris pour base
principale la fréquence des lettres dans l'allemand, sans ce-
pendant s’y conformer rigoureusement.
C’est principalement aux efforts de M. Steinheil qu'on doit
l'adoption d'un alphabet définitif, qui est maintenant en usage
dans toute l'Europe. Ce savant a rendu par-là un service des
plus importants à la télégraphie. Les valeurs données dans le
principe par Morse à ses signes étaient un peu différentes de
celles adoptées maintenant. Aïnsi
c était représenté — . . tandis qu'on écrit à présent — . —.
d » . be Es . LJ D LE . .
e » — »
Le tableau ci-dessus des différentes combinaisons des points
et des traits, commençant par les plus simples et finissant
par les plus compliquées, donne donc la suite approximative
de la fréquence des lettres. Cet emploi plus ou moins fréquent
n’a aucun rapport avec l’ordre alphabétique des lettres, com-
me il est facile de s’en convaincre par l'inspection de ce ta-
bleau, et comme le démontre aussi le tableau qui suivra, où
les signes, rangés alphabétiquement, ne présentent aucun
ordre, aucune symétrie dans leurs diverses combinaisons.
Il n’est donc guère possible, quand on veut imprimer dans
la mémoire la valeur des signes combinés, de trouver des rap-
ports rationnels entre eux et les lettres qu'ils représentent.
Rien ne facilite le souvenir de leur signification, et l’interven-
tion du raisonnement pour les retenir est nulle. Ce n’est qu'à
force de les regarder et de les copier qu'on parvient mécani-
quement pour ainsi dire à se les approprier.
Aussi bien peu de personnes, outre les employés des télé:
graphes, se donnent-elles la peine de les apprendre. L'écriture
télégraphique reste donc lettre close pour à peu près tout le
monde. Cependant cette écriture pourrait être employée dans
bien des cas en dehors de la télégraphie. Comme elle ne se
compose en définitive que de deux signes simples, et que
rien n’est plus facile que de remplacer ces deux signes écrits
par des signaux, il est évident qu’on peut correspondre sans
aucune préparation, pour ainsi dire, à toutes les distances
auxquelles la vue peut atteindre. Ainsi, en convenant, par
exemple, qu'une baguette ou un drapeau incliné à droite re-
présente les traits et incliné à gauche signifie les points, il
sera très-facile de transmettre des lettres et des mots. On
pourrait de cette manière et au moyen d’une lunette, aisément
correspondre de Neuchâtel avec l’autre côté du lac. Dans des
cas où l’on voudrait correspondre avec un endroit qu'on ne
pourrait voir, mais qui serait assez rapproché pour qu'on pût
se faire entendre au moyen d’un sifflet ou d’un cor, la trans-
mission serait encore facile. Les sons un peu prolongés indi-
queraient des traits et les sons secs des points. Même au milieu
de la nuit il serait possible de correspondre à de grandes dis-
tances au moyen de fusées, dont celles lancées à droite signi-
fieraient des traits et celles à gauche des points. Une armée,
une flotte, pourraient ainsi communiquer de loin avec une
ville assiégée; des navires sur mer pourraient se donner ré-
ciproquement des nouvelles à de grandes distances par des
moyens plus simples que ceux employés actuellement. Un
moyen plus facile encore de correspondre dans l’obseurité,
serait tout simplement une lumière qu’on couvrirait et décou-
vrirait alternativement. Lorsqu'on ne la laisserait voir qu'un
instant cela signifierait un point et lorsqu'elle paraîtrait un peu
plus longtemps ce serait un trait. Enfin, il est facile d'imaginer
une foule de signaux propres à une correspondance qui n’exi-
ge que deux signes simples. Dans les cas où ces correspon-
dances devraient n'être connues que des personnes intéressées,
il suffirait de convenir d'avance d’un chiffre ou d'une clé.
Si cette écriture pouvait être très-aisément apprise, peut-
être cela contribuerait-il aussi à faciliter l'adoption du télé-
— 123 —
graphe Morse dans les pays où l'usage n’en est pas encore
général, ce qui serait fort à désirer, car ce télégraphe a cer-
tainement, depuis les perfectionnements que M. Hipp surtout
y à introduits, de grands avantages sur les autres télégraphes,
en raison de la rapidité avec laquelle il transmet des signes
qui restent écrits ou tracés à l'endroit où la dépêche est reçue,
ce qui permet de conserver l’original de chaque dépêche.
Il n’est donc pas sans intérêt d’applanir les difficultés qu’on
peut rencontrer dans l’étude d’un nouvel alphabet, difficultés
qui quelquefois rebutent les meilleurs esprits, témoin le célè-
bre Leïbnitz, qui ne put se résoudre à apprendre les langues
orientales à cause des obstacles qui en obstruent, disait-il,
l'entrée. Pour l'alphabet de Morse, ces difficultés sont peut-
être plus faciles à vaincre que pour tout autre, et le moyen
que j'ai imaginé permet d'apprendre à l'écrire en un quart
d'heure, comme l'expérience faite avec plusieurs personnes l’a
prouvé, car il s’agit simplement de retenir vingt-six mots com-
mençant par chacune des vingt-six lettres de l'alphabet, ce
qui en facilite singulièrement la mémoire. Je dis écrire et non
pas lire. La lecture exige plus d'exercice, mais elle devient
cependant facile en lisant souvent ce qu’on a écrit soi-même.
Dans ces mots les voyelles signifient des points et les con-
sonnes des traits. La lettre initiale ne compte pas, ni comme
point, ni comme trait. De plus, comme plusieurs lettres sont
représentées par des traits seulement, et qu’il n’est pas possi-
ble de former des mots sans voyelles, il est convenu que lors-
que la lettre initiale du mot sera suivie d'un a, cet a ne comp-
tera pas plus que la lettre initiale elle-même. Ainsi dans le
mot Mars, en retranchant le » et le « il restera rs, soit deux
consonnes qui indiquent que la lettre m (l’initiale du mot
Mars) est représentée par deux traits - -; de même dans le
mot bateau qui doit donner la succession des traits et des
points qui représentent la lettre b, le a qui suit la lettre ini-
tiale ne comptant pas, il reste feau, ce qui donne — ...
Le mot air nous donnera pour la lettre & . —
Le mot Chine pour la lettre ce — . — .
Le mot foire pour la lettre f . . — .
et ainsi de suite.
— 124 —
Voici maintenant le tableau des signes avec les mots qui
doivent servir à les retenir. Une colonne donne ces mots en
français, l’autre en allemand, la troisième en anglais et la
quatrième en italien afin de faciliter l'étude aux personnes des
différentes nations chez lesquelles le télégraphe Morse est
principalement employé.
On observera que j'ai conservé quelques mots français dans
les autres langues, lorsque ces langues n’offraient pas de mots
ayant la succession de consonnes et de voyelles requise. C’est
un inconvénient sans grande importance, puisqu'il y à bien
peu de personnes qui ne sachent assez de français pour rete-
nir facilement ce peu de mots.
Pour les mots italiens il faut aussi remarquer que dans ceux
qui se terminent en &, cet a final ne compte pas comme point.
Il à fallu avoir recours à cette exception, la langue italienne
n'ayant qu'un très-petit nombre de mots qui se terminent par
des consonnes.
Enfin, dans le mot wrion le n qui suit la lettre initiale ne
compte pas et dans les mots iouler, blueing, eight et Teat, ce sont
seulement les voyelles qui suivent la lettre initiale qui comp-
tent, tandis que dans le mot obscur ce ne sont que les trois
premières consonnes.
125
LETTRES.
a . — avr aus air aur(a)
b —... b(a)fau blaue bZueilng) b(a)Zo è
c — .—. Chine China China credo
d — d(a)gue drei dray d(a)zio
5 Eu * Ei et(ght) ei
f ..— . foire Feige fiery fiore
g — — . g(a)rde G{a)sse g(a)/ly g(a){to
h: hé oui! hée, ei! ho! you. hoioe..
i iou(ler) * ia, 0! I eat) RCE
j.———joncs jetzt jests Jepht(a)
k — . — khan Kram know Khan
l . — .. ligue Linie Lydia liceo
m—— Mi{ars M{a)nn m{a)ss M{a)/é(a)
n — n{(a)ge N(a)se n(a)mne n(a)ve
O ——— obsc{ur)ouosts Obst odds ombr(a)
Pp . — —. pomme Perle penny porto
q ——.—qlua)drat ou Q(ua)drat qlua)rter q(ua)drar
qiua)rntum
PS 15 Rose rose rêso
EMA seau * seie Ou 50, ei! see 0! SUO
t—. t{a)s T{a)g t(a)p t{a)r{a)
. U..— (hjuées ou U{n)ion u(n}20n u(n)i0n
u(n)ion
V ... — vieux vieux Views w pris Via, eh!
ici comme voyelle.
w.—— Wolf Wolf well Wolf
X—..— X(a)vier X{a)vier X{a)vier X{a)vier
y —.—— Yzard Ypern Yzard Yzard
z — —.. Z{a)chée Z{a)cheo Z{a)jcheo Z{a)cheo
à . — . — double signe de a.
Ô ———. ajoutez un point au signe 0.
ü ..— — ajoutez un frait au signe de 4.
Ch — — — — autant de fraits que h a de points.
” Un moyen facile de retenir les lettres qui sont représentées par des
points consiste à se rappeler le mot allemand Eïis, dont la première lettre e
est représentée par un point
la deuxième, t, par 2 points
et la troisième, s, par 3 points . . .
— 126 —
Les quatre signes simples donnant 30 combinaisons et l’al-
phabet n’ayant que 26 lettres, il restait quatre combinaisons
qu'on a employées pour les lettres à, ü, &, qui paraissent sou-
vent en allemand, et pour le ch, qui est fréquent en français,
en allemand et en italien. Pour retenir ces combinaisons, il
suffit de se rappeler que à est représenté par le double signe de a,
à par le signe de o auquel on ajoute wx point,
ü par le signe de u auquel on ajoute wn trait.
Quant au signe de ch il est composé d’autant de trails que
celui de h a de points.
Les mots übste et ombre donnent aussi le signe de à.
CHIFFRES.
© © D I OO À BE À NN
— ne ne me
On se rappellera facilement ces combinaisons en remar-
quant que tous les chiffres sont représentés par cinq signes
simples et que jusqu’à 5 le nombre de points indique le chiffre,
les traits étant considérés comme ne signifiant rien; ensuite
qu'à partir de 6 Zes traits valent 2 et les points 1 jusqu'à 9;
puis, à 0 les traits perdent de nouveau toute valeur comme
de 1 à 4.
PONCTUATION.
Tous les signes de ponctuation sont composés de six signes
simples :
Le point n’est représenté que par
des points.
— . —.—. On obtient le signe du point-vir-
gule par les six premières let-
tres du mot semi-colon.
— 127 —
— .—.— Le mot wirulent par son analogie
phonique avec virgule, se re-
tiendra facilement ; il donne
la succession des traits et des
points en retranchant sa pre-
mière et sa dernière lettre.
- — — —... Les deux points indiquant ce qui
va suivre, peuvent rappeler
l'idée de supplique et par con-
séquent le mot suppliée, dont
les six dernières lettres don-
nent la succession des traits
et des points formant le signe
des deux points.
? HR TT TS" Ce signe se retient par le mot
question, en retranchant la
première et la dernière lettre
(comme au mot virulent).
! — —..— — Lepoint d'exclamation peut rap-
peler l’idée et le mot de pleurs,
qui donne la succession des
traits et des points.
Trait d'union — ....— On peut le retenir par le mot
nouaît qu’on se rappellera faci-
lement au moyen de la phra-
se mnémonique: « Le trait
d'union nouait ces deux mots.»
Apostrophe. — — — — . En retranchant le premier o du
mot apostrophe et le rempla-
çant par une apostrophe, on
obtient ap’strophe. Les six pre-
mières lettres du mot donnent
alors le signe.
Le trait de — — — — — — Se retient facilement puisqu'il
division. n'est composé que de traits,
de même que le point n’est
composé que de points.
— 128 —
Les lettres, comme on l’a vu, sont composées au plus de
quatre signes simples, les chiffres sont tous de cing signes sim-
ples et les signes de ponctuation de six signes simples. Il n’y a
qu’une seule exception à cette règle: c’est pour l’e avec accent
aigu qui est représenté par:
é ..— .. Le mot aiguë donne la succession des points
et du trait.
L'e avec accent grave ou circonflexe se représente de la mê-
me manière.
Aux Etats-Unis, où l’on emploie sur quelques lignes des
télégraphes imprimant en caractères ordinaires, on envoie
aux destinataires la bande de papier sur laquelle se trouve la
dépêche originale. Si l'écriture Morse était suffisamment po-
pularisée, ce qui ne serait pas difficile au moyen des mots
mnémoniques ci-dessus, on pourrait en faire autant pour les
dépêches du télégraphe Morse, du moins pour celles qui se-
raient adressées à des maisons de commerce, aux journaux,
ete. On éviterait ainsi le travail de les copier et elles parvien-
draient plus rapidement à leur destination. Il serait alors aussi
plus facile d'établir de nouvelles stations, la difficulté de trou-
ver des personnes familiarisées avec cette écriture n’existant
plus.
PROCÈS-VERBAL
De la séance de la commission géodésique, nommée par la
sociélé Helvétique des sciences naturelles.
(Noir ci-dessus, p. 56.)
HR QE —
La commission s’est réunie, sur l'invitation de son président,
à l'observatoire de Neuchâtel le 11 avril 1862 à dix heures du
matin.
Sont présents: M. Denzler, ingénieur de Berne, le général
Dufour de Genève, M. Hirsch, directeur de l'observatoire de
Neuchâtel et M. le professeur Wolf de Zurich, président de
la Commission.
M. Wolf explique qu’il n’a accepté la présidence de la com-
mission que la Société Helvétique lui à offerte, que pour ache-
miner l'affaire et pour s'en occuper dans les intervalles des
séances; mais il désire que lorsque la Commission est réunie,
M. le général Dufour veuille présider les séances.
Comme les autres membres appuient cette proposition, M.
Dufour se charge de la présidence. M. Hirsch est invité à
fonctionner comme secrétaire.
Ensuite de la mort d'un de ses membres, M. Elie Ritter de
Genève, dont elle est unanime à regretter sincèrement le
concours précieux, la Commission décide, sur la proposition
de son président, de se compléter par cooptation, et 3. le
professeur Plantamour, directeur de l'observatoire de Genève, est
désigné à l'unanimité pour remplacer feu M. Ritter.
Le président demande à M. Wolf de faire rapport sur l’état
actuel de la question. M. Wolf le fait en rendant compte som-
mairement des réponses faites à sa circulaire par les membres
de la Commission ainsi que par le général Baeyer. Ce der-
nier communique qu’au commencement de l’année les gou-
vernements de Baden, de la Belgique, des Pays-Bas, des
états de Thuringe, de Hanovre, du Danemark, de Norvège
et de la Suède ont promis leur concours à l’entreprise de la
grande mesure d’arc dans l'Europe centrale. Il rapporte que
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 9
— 130 —
le professeur Hansteen a proposé d'étendre la mesure au de-
là de Christiania jusqu'à Drontheim, et que le gouvernement
Russe, outre sa coopération dans le royaume de Pologne,
s’est offert à faire calculer les coordonnées polaires depuis
Memel aux iles Aaland, de sorte que tout le bassin Baltique
serait compris dans la recherche. M. le général Baeyer, tout
en se déclarant prêt à comparer la toise de Repsold qui a ser-
vi à mesurer notre base, avec celle de Bessel, ne croit cepen-
dant pas que cela soit nécessaire, puisque Bessel a comparé
soigneusement la sienne avec celles de Gambey et de Fortin
de la collection de Schumacher, qui ont servi de types à celle
de Repsold.
M. Elie Ritter, dans une lettre du 5 Janvier, sans vouloir
encore répondre officiellement aux différentes questions de
la circulaire de M. Wolf, a touché cependant plusieurs points
essentiels de la question. Aïnsi M. Elie Ritter croit que la
triangulation Suisse, quoique bien suffisante pour servir de
base à l'excellente carte publiée par le général Dufour, n’a
pas cependant le caractère de précision exigée par un travail
de la nature de celui proposé par le général Baeyer. Pour le
prouver, il cite que les tours d'horizon sont loin de se fermer
partout; pour la Rôthifluh, l'erreur est de 35 et pour d’autres
points elle atteint même 9” ou 10”; et M. Elie Ritter croit
qu'avec des erreurs aussi fortes dans les triangles de premier
ordre, même la méthode des moindres carrés ne fournirait
qu’en apparence des résultats concordants. M. Ritter attribue
moins d'importance aux valeurs des côtés en mètres, qu'à la
mesure des angles, convaincu qu’il est qu’il n’y a rien de si
peu sûr, que des comparaisons d’étalons.
M. te 5 herd Dufour craint également dans sa réponse que
les anciennes triangulations faites dans les différents pays
avec des instruments et des observateurs de valeur différente,
employées à la détermination délicate proposée par M. Baeyer,
ne soient pas à l’abri de toute incertitude; et il préférerait
qu’on fasse tout à nouveau pour cette opération géodésique,
dont il reconnait la convenance. Quant aux grands polygones,
dont quelques hauts sommets alpestres fourniraient les cen-
tres, il craint les difficultés pratiques. Quoiqu'il ait pleine
— 131 —
confiance dans la comparaison des toises et perches employées
pour la mesure de la base, il désire cependant qu'on compare
encore notre toise de Repsold à celle de Bessel, pour pouvoir
tout rapporter à la même unité. Le général désire qu’on relie
tous les observatoires télégraphiquement et se prononce aussi
pour la détermination de la longueur du pendule dans nos
observatoires. Enfin il estime à 60,000 fr. les frais de l’entre-
prise en tant qu’elle regarde la Suisse.
M. l'ingénieur Denzler juge notre triangulation suffisante
quant à la disposition des triangles et quant à la qualité des
observations pour servir à relier nos observatoires entre eux et
avec ceux des pays voisins; seulement du côté de Milan il dé-
sire un système plus direct, en partant de la ligne Rigi-Napf
par la Grimsel ou le Gotthard. En raison de la méthode
d'observations, simple multiplication des angles, et de la
faible puissance optique des instruments employés, il n'attend
pas beaucoup d'un nouveau calcul par la méthode des moin-
dres carrés. Quant aux nouveaux travaux à exécuter, il fau-
drait relier définitivement les observatoires au réseau, con-
trôler les azimuths d’un point central, rattacher enfin nos
triangles à ceux des pays voisins, où cela n'est pas encore
fait. Vu la faible dimension de notre réseau, il pense qu'on
peut se passer d’une nouvelle comparaison de notre toise de
Repsold avec celle de Bessel. Il désire qu'on détermine les
longitudes par les azimuths et par la voie télégraphique par-
tout où cela est possible. La détermination de la longueur du
pendule simple ainsi que des hauteurs polaires devrait se faire
non seulement à tous les observatoires, mais aussi sur cer-
tains points dans les montagnes. Il donne enfin un devis dé-
taillé des frais, qui s 'élèvent : à 24,000 fr. et qu'il voudrait ré-
partir sur 4 ans.
M. le D' Hirsch enfin à répondu aux questions de la circu-
laire, qu'avant de se permettre une opinion définitive sur la
valeur de notre triangulation pour la grande entreprise géo-
désique, il serait désirable de soumettre les triangles de pre
mier ordre à un nouveau calcul par la méthode des moindres
carrés et avec l'hypothèse sphéroïdale. Il désire beaucoup
qu'on relie directement nos observatoires avec ceux de l’autre
—… 192 —
côté des Alpes par de grands polygones autour de quelques
hauts sommets des Alpes, convenablement choisis, mais il
faudrait pour cela un instrument spécial, muni d'une forte
lunette. Il voudrait aussi qu'on comparât de nouveau la toise
de Repsold à celle de Bessel. La détermination télégraphique
des différences de longitude entre nos observatoires et ceux
des pays voisins lui paraît désirable sous tous les points de
vue et il annonce qu'il est déjà occupé à les exécuter. Enfin
il est partisan de la détermination de la longueur du pendule
simple dans nos observatoires et il désire qu’on se procure à
cet effet le plus tôt possible un appareil de Repsold.
Après avoir entendu ainsi les opinions des différents mem-
‘bres sur les questions posées dans la circulaire de M. Wolf,
la Commission se prononce d'abord à l'unanimité pour la conve-
nance qu'il y aurait à ce que la Suisse s'associe à l’entreprise
internationale, proposée par le général Baeyer, comme étant d'un
grand intérêt pour la science. Elle décide ensuite de suivre
aussi dans la discussion verbale l’ordre des questions établi
dans la circulaire de M. Wolf.
La discussion s'engage donc d’abord sur la question de sa-
voir, si notre triangulation peut servir telle quelle au grand
travail géodésique international. M. le Président n’est pas de
cet avis, » car notre triangulation, dit-il, plus que suffisante
» pour le but que nous nous proposons, ne serait peut-être pas
» dans son ensemble à la hauteur de ce que la science peut
» maintenant exiger. On à trouvé de légères différences sur
« quelques côtés qui feraient craindre qu’en se servant d’an-
» ciennes observations on n'arrivât pas à quelque chose de
» complètement satisfaisant; la porte restera toujours ouverte
» à la critique et au doute.
» Tout est à faire à nouveau pour une pareille opération,
» dont je suis loin de contester la convenance, mais qui exige
» de grands moyens. »
M. Wolf ne peut pas partager cette opinion défavorable sur
la valeur scientifique de la triangulation Suisse,exécutée en gé-
néral par des observateurs habiles et avec de bons instruments;
l'accord satisfaisant qu'on a obtenu sur plusieurs côtés, com-
muns aux réseaux étrangers, lui paraît plutôt prouver qu'on
— 133 —
pourrait sans danger la faire concourrir avec les travaux des
autres pays à l’œuvre commune, dont il s’agit.
M. Hirsch croit qu'on ne saurait rien établir de bien précis
sur la valeur relative et absolue de la triangulation Suisse,
avant de l'avoir soumise, au moins les triangles de premier
ordre, à un nouveau caleul par la méthode des moindres car-
rés, d'autant plus nécessaire, que le réseau est le résultat du
concours d’un grand nombre d’observateurs et d'instruments
de valeurs différentes. Un tel calcul fera ressortir les points
faibles du réseau et indiquera ainsi où il faudrait le repren-
dre ou le complèter, en même temps qu’on obtiendra par les
erreurs qu’il montrera, et qu'on comparera à celles des réseaux
étrangers, une donnée exacte sur la valeur relative de notre
triangulation.
M. Denzler voudrait aussi qu'on calculât les triangles de
premier ordre avec l'hypothèse sphéroïdale, mais par contre
il se promet peu de succès de l'emploi de la méthode des
moindres carrés, parce qu'on ne peut plus déterminer les poids
des différentes mesures et que dans les observations on à sim-
plement multiplié les angles. En général il croit notre réseau
suffisamment bon, mais il insiste sur la valeur différente de
ses parties; toute la partie occidentale et centrale lui paraît
laisser peu à désirer, tandis que du côté sud-est on a dû opé-
rer dans des conditions défavorables, de sorte que l’accorde-
ment avec Milan par les triangles des Grisons n'’offrirait pas
assez de sûreté et d’exactitude. Pour cette raison il propose
de relier Berne avec Milan par un nouveau réseau central,
qui partirait du côté Napf-Rigi et passerait par le Titlis, Six
Madun sur Basodine, ou bien qui, si le signal de Napf, com-
me cela parait presque probable, n’est plus à la même place,
pourrait partir de la ligne Lagern Rôthifluh ou de Rôthifluh-
Chasseral, en passant alors par le Gurten et le Niesen.
M. Dufour accepte cette idée d’un nouveau réseau central,
pour lequel on pourrait utiliser les travaux exécutés avec
beaucoup de soin dans le canton de Berne par M. Denzler.
Après une longue discussion de détails a Commission tombe
d'accord pour proposer d'abord de reprendre le calcul des trian-
gles de premier ordre et ensuite pour nous relier avec la Lombar-
die par un nouveau réseau central de grands triangles.
— 134 —
M. Denzler est prié d'élaborer le canevas de cette nouvelle
triangulation. ({) |
Sur la question, soulevée par M. Hirsch, si le réseau Suisse
est relié d’une manière suffisante à tous les réseaux voisins,
M. Denzler dit que la communication est encore à faire entre la
Rôtifluh et le Feldberg (dans la Forêt noire), cette montagne
n'étant reliée jusqu'à présent qu'avec la ligne Lägern-Hôrnli
par le Randen; qu’il faudrait chercher un point pour nous re-
lier avec Munich, enfin qu’un nouveau aecordement est à faire
avec le Tyrol, si, comme M. Hirsch croit le savoir, la trian-
gulation dans ce pays à été reprise d’une manière plus satis-
faisante que par ie passé.
La commission désire que la Suisse promette à M. le général
Baeyer sa coopération à de nouveaux accordements de ses trian-
gles limitrophes avec les réseaux de ses voisins, partout où cela
sera jugé nécessaire.
Monsieur le Président revient encore sur les doutes qui exis-
tent dans son esprit au sujet de la possibilité d'employer nos
triangles à la mesure d’are, doutes qu'il ne croit pas entière-
ment levés par le réseau central que la Commission vient de
décider. En même temps il ne voit pas l'avantage de la mé-
thode du général Baeyer et entrevoit les difficultés pratiques
pour la détermination des coordonnées polaires, telle que le
général Baeyer l’a proposée.
M. Hirsch donne quelques explications sur l'emploi des
coordonnées polaires géodésiques et sur la méthode de calcul
employée par Bessel et Gauss.
M. Wolf appuie la proposition faite dans la lettre de M. Denz-
ler, de déterminer directement une série d’azimuths d’un cer-
tain nombre de points à partir d’une station centrale.
(*) M. Denzler a envoyé au secrétaire, avant la clôture du procès-verbal,
le canevas que la Commission lui avait demandé et qui est tracé sur une
petite carte que nous joignons au procès-verbal. M. Denzler ne sait pas en-
core si les sommets de Campo-Tenera et de Basodine sont facilement ac-
cessibles. L’ascension du Dussistock a été faite, mais avec difficulté, par
M. Escher de la Linth ; il offre peu de place pour un signal. En tout cas, le
passage des Alpes peut s’obtenir par le Titlis et le Hangendhorn, qui sont
tous les deux facilement accessibles.
— 135 —
M. Denzler développe cette idée et propose de choisir la
Rôthifluh comme point central, duquel on peut viser directe-
ment Berne et Neuchâtel, en même temps qu’on y découvre
des points situés dans les méridiens de Genève et Zurich,
peut-être aussi de Bâle, Milan et Turin.
M. Hirsch fait remarquer que les théodolites ordinaires ne
seraient plus propres à des observations de ce genre, dont il
reconnait d’ailleurs toute l'utilité. Vu les grandes distances
auxquelles on voudra viser directement, il faudrait employer
un instrument, muni d'une lunette plus puissante que ne le
sont ordinairement celles des théodolites. D'ailleurs comme il
est possible que l’on veuille dans l'intérêt de la chose faire des
observations astronomiques à certaines stations, il propose
d'employer un instrument universel de la construction d'Ertel,
p. e. le n° 25 de son catalogue, qui avec des cercles de 14 et
de 10 pouces possède une lunette de 21 lignes d'ouverture et
de 18 pouces de foyer. (coûtant 3600 fr.).
M. Wolf appuie cette proposition et voudrait qu'un instru-
ment de ce genre, après avoir servi à l’entreprise, soit alors
acquis pour l’école polytechnique.
La Coinmission se déclare à l'unanimité pour la mesure directe
des azimuths des observatoires et autres points importants à par-
tir d’une station centrale (Rüthifluh) et elle désire qu’à cet effet
on fasse l'acquisition d'un instrument approprié et suffisamment
puissant.
La discussion s'engage sur l'opportunité de comparer de
nouveau les étalons qui ont servi à la mesure de la base Suisse
avec la toise de Bessel.
M. le président insiste sur la nécessité, pour le cas où l’on
voudrait utiliser les triangulations des différents pays d’après
le plan du général Baeyer, de réduire aussi exactement que
possible toutes les mesures employées à la même unité de lon-
gueur. Il aimerait donc qu’on pût de nouveau comparer notre
toise à celle de Bessel, ce qui ne serait pas superflu, malgré
tous les soins apportés jadis à la mesure de la base.
À cette occasion il remarque qu’on a oublié de tenir compte
dans le calcul de la base d’une petite correction, provenant
de l'emploi des coins que l’on a interposés entre les perches.
— 136 —
En mesurant la hauteur jusqu’à laquelle les coins s’enfon-
çaient entre la surface plane et la surface convexe des deux
perches attenantes, on a fait la supposition que les coins tou-
chaient les surfaces courbes dans l’axe des perches, tandis
qu’en réalité ils y étaient tangentes à des angles variables,
dont les sinus versus expriment justement la correction né-
gligée.
M. Wolf craint que les étalons et perches employés dans
le temps, ne soient plus en assez bon état, qu’on puisse espé-
rer d'une nouvelle comparaison des résultats quelque peu sûrs ;
au moins les copies de la toise de Repsold, faites dans le temps
par Œri et qui se trouvent maintenant à l’école polytechnique
fédérale, sont-elles dans un état déplorable. Quant à la toise
de Repsold elle-même, il ne sait pas où elle se trouve.
M. Denzler s’est informé à Berne de cette toise et il a appris
qu’elle a été envoyée également à l’école polytechnique de Zu-
rich.
M. Hirsch croit qu'il faudrait avant tout comparer la toise
de Repsold et ses deux copies d'Œri avec les tubes en fer qui
ont servi à la mesure de la base, chose d'autant plus facile à
faire, qu’il croit savoir que le gouvernement fédéral a l’inten-
tion de faire l'acquisition dans l'intérêt de la réforme des poids
et mesures, d’un comparateur exact. Si l'on arrive par cette
comparaison à se convaincre, que ces différents étalons n’ont
pas changé sensiblement depuis 1834, alors seulement il croit
qu’il y aura utilité à les comparer de nouveau avec l’étalon de
Berlin ({). Quant à la correction négligée dont le général Du-
four a fait mention, il désire que M. Wolf, qui a participé à
la mesure de la base, la calcule avec les données fournies par
les « Ergebnisse » et qu’on en tienne compte, si elle est trou-
vée de même ordre que celles qu’on a appliquées (?).
(*) Plusieurs membres de la Commission se trouvant à Berne quelques
jours après la séance, ont pris des informations ultérieures et ont trouvé la
toise dans l'arsenal fédéral, mais tellement rongée par la rouille, qu’ils pen-
sent qu’il faudra renoncer à la comparer de nouveau.
@) M. Wolf a bien voulu orienter immédiatement le calcul de cette cor-
rection. [1 annonce qu’en se fondant sur les données des « Ergebnisse » et
sur une recherche faite directement sur les perches employées dans la me-
= M —
La Commission se range à cet avis.
Quant aux latitudes des observatoires suisses, la Commis-
sion envisage celle de Genève comme suffisamment connue,
toutefois sur la demande de M. Denzler elle exprime le désir
qu'on détermine de nouveau la position relative de l'observatoire
et de la tour (St-Pierre) qui figure dans le réseau des triangles.
On décide également de relier au réseau les nouveaux observatoi-
res de Zurich et de Neuchâtel: pour ce dernier, M. Denzler a
déjà exécuté quelques mesures qu'il se propose de compléter
sous peu.
La Cominission est encore d'avis qu'il serait utile d'entrepren-
dre à l'observatoire de Berne une nouvelle série d'observations
pour contrôler encore une fois la latitude de ce point cardinal.
Les déterminations télégraphiques des différences de longi-
tude entre les observatoires de la Suisse et des pays voisins,
sont envisagées comme très-utiles par la Commission. M. Hirsch
annonce que celle entre Genève et Neuchâtel est terminée et
que le résultat sera publié sous peu. Celle entre Berne et Neu-
châtel est en voie d'exécution et M. Hirsch se propose d’entre-
prendre ces déterminations avec les autres observatoires dont
les directeurs voudront bien s’y prêter et à la condition qu'il
trouve l'appui des administrations télégraphiques.
La Commission étant unanime à voir dans ces déterminations
des contrôles précieux pour les résultats tirés des azimuts, désire
qu’elles se fassent avec les observatoires de Munich, de Mannheim,
de Turin, de Milan et si cela se peut avec Paris ou Greervich.
La Commission accepte enfin la dernière proposition, faite
dans la circulaire de M. Wolf, de déterminer la longueur du
pendule à seconde dans tous les observatoires, et elle recommande
l'achat d'un appareil devant servir à ces recherches.
Après avoir épuisé ainsi les différents points du programme,
M. Denzler appelle l'attention de la Commission sur la ques-
sure de la base, il trouve la correction signalée par le général Dufour —0,"045.
Par conséquent , il croit qu'on pourrait en faire abstraction, si même elle
avait été négligée dans le calcul de la base. Mais M. Wolf croit que, d’après
pag. 54 des « Ergebnisse » l’erreur en question a été presque totalement éli-
minée par la manière dont on a déterminé les valeurs des lectures faites
sur les coins.
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T,. Vi. 10
— 138 —
tion de l'influence des montagnes sur la direction de la verti-
cale. Non seulement il croit cette influence très-réelle, mais
d’après des calculs préliminaires il est porté à la supposer
beaucoup plus forte qu'on ne le croit ordinairement, puisque
ces calculs lui ont démontré par exemple pour la différence de
latitude de Berne et de Milan une influence qui monterait à
24". Il voudrait qu'on déterminât astronomiquement en vue
de cette recherche les latitudes d’un certain nombre de points,
faisant partie en même temps du réseau trigonométrique et
disposés le long des deux chaines de montagnes du Jura et
des Alpes et sur une ligne transversale. Au nord des Alpes il
propose de choisir pour ces stations Villeneuve, Lucerne,
Wimmis, Lachen; au sud Milan et Turin suffiraient; le long
du Jura il conviendrait de choisir Bâle, Olten, Neuchâtel, les
deux premiers de ces endroits formant avec Lucerne la ligne
transversale.
M. Hirsch en rappelant les résultats nombreux et en partie
contradictoires, qu’on à obtenus à ce sujet depuis la première
recherche de ce genre par Zach jusqu’à celui d’Airy, tiré de
la mesure d’'are dans les Indes orientales, hésite à accepter la
valeur considérable que M. Denzler assigne à cette perturba-
tion des montagnes, mais il convient que la question n'étant
point encore décidée d’une manière définitive, est d’une gran-
de importance pour toute la théorie de la figure de la terre et
en particulier pour l’entreprise qui nous occupe. Il appuie
done complètement la proposition de M. Denzler, et croit que
l'instrument universel qu'on a décidé d'acquérir pour la me-
sure d’azimuths pourra en même temps servir à ces détermi-
nations de hauteurs polaires; il ne doute pas que les trois as-
tronomes de la Commission ne veuillent coopérer à ce travail.
Les autres membres s'étant prononcés dans le même sens, tout
en réservant de revenir sur les détails de cette recherche, décident
que la question de l'influence des montagnes sur la verticale doit
être mise à l'étude.
La Commission s'occupe en dernier lieu du devis approxi-
matif des frais, nécessités par les différents travaux d’obser-
vation et de calcul qu’elle à proposés. Après une discussion
détaillée e/?e croit pouvoir s'arrêter au devis suivant, auquel elle
— 139 —
n'attribue cependant qu'un caractère approximatif et provisoire:
1° Pour instruments divers: instrument universel, appareil de
pendule ete.
fr. 8,000
2 Travaux de calcul et d expériences Let » 6.000
3 Nouvelles triangulations et autres observations » 12,000
4 Frais généraux et imprévus . . . . . . » 6,000
Somme fr. 32,000
En demandant cette somme aux autorités fédérales elle
croit qu’il conviendrait de la répartir sur quatre ans de la ma-
nière suivante, (sous la réserve que la partie du crédit annuel
qui ne serait pas dépensée dans le courant de l'année, serait
reportée sur l’année suivante).
fr. 12,000
» 8,000
» 6,000
» 6,000
32,000
La Commission charge M. Hirsch de faire le procès-verbal
de la séance et de le faire circuler parmi les membres pour
qu'ils le signent après l’avoir rectifié au besoin.
Enfin on prie M. Wolf de faire parvenir le procès-verbal de
la séance aux autorités fédérales.
La Commission géodésique,
(Signé): Général Durour.
DEXZLER, ingénieur.
R. Wozr, professeur.
D: Ad. Hirscx.
SENTIR ere —
NOTICE
SUR LA TAILLE DES RECRUES
DANS LE CANTON DE NEUCHATEL.
Communiaquée par Le D' GUILLAUME.
(Voir les Bulletins , page 23.)
-RIEEE —
La croyance généralement répandue que jadis Les hommes
avaient une taille plus élevée et que nos ancêtres étaient plus
forts et plus robustes que de nos jours, m'a engagé à faire quel-
ques recherches statistiques sur la hauteur moyenne de la
taille des recrues neuchâteloises et suisses qui se présentent
annuellement devant les conseils de réforme des six districts
du pays.
Les trois zones bien distinctes du canton, celle du Vignoble,
représentée par les districts de Neuchâtel et de Boudry; la
région agricole, le Val-de-Ruz et le Val-de-Travers, et enfin
la troisième représentée par les hautes vallées industrielles de
nos montagnes, sont bien de nature à montrer les influences
du climat, des occupations et des aliments sur la croissance
du corps.
Jusqu'à présent je n’ai pu mesurer que les hommes d'un dis-
trict, celui du Locle, de sorte que je n’ai que ces données pour
calculer la hauteur moyenne de la taille. Les conseils de l’an-
née prochaine recevront l’ordre de mesurer indistinctement
tous les hommes qui se présenteront, et je ferai des rubriques
de manière à avoir des données sur les différents types et de
races qui forment actuellement le peuple neuchâtelois. Jus-
qu'ici on s’est borné à mesurer ceux qui à simple vue n'avaient
pas la taille de 5 pieds 2 pouces exigée par le règlement fédé-
ral pour, l'infanterie. Tous les hommes qui n'avaient pas at-
teint cette hauteur étaient la plupart exemptés temporaire-
ment et revenaient l’année suivante au conseil de réforme
qui constatait si leur taille s'était accrue,
— 14 —
J'ai donc parcouru les procès verbaux des conseils de ré-
forme de 1854 à 1861 et j'ai noté tous les hommes qui à l'âge
de 20 ans venaient se présenter comme recrues et qui rece-
vaient des exemptions pour défaut de taille. Dans le tableau
que j'ai dressé, j'ai mis en regard le nombre total des re-
crues, celui de ceux trouvés aptes à faire le service militaire
c.-à-d. ayant la taille exigée, et enfin le chiffre total de la po-
pulation mâle neuchâteloise et suisse.
De cette manière on peut obtenir une moyenne annuelle
assez exacte de la quantité d’hommes qui à l’époque actuelle
sont exempts du service militaire pour défaut-de taille, et cette
moyenne servira de base de comparaison pour des observa-
tions futures.
En examinant le tableau général (tab. A) (') on remarque que
pour une population mâle moyenne de 35,675 neuchâtelois et
suisses il se présente en moyenne 625 recrues c.-à-d. le 1,75 9,
de la population dont 441, sont déclarés aptes e.-à-d. le 70,56 9/,
du chiffre total des recrues et le 1, 23 °/, de la population mâle.
Des 184 exemptions 39 sont motivées par le défaut de taille,
Ainsi les hommes qui n’atteignent pas la hauteur de 52” for-
ment le 6,25°/, du chiffre total des recrues ou le 0,11°/, de la
population mâle indigène (suisse et neuchâteloise).
Il est à remarquer que le chiffre de la population est celui
de l’année où les recrues se présentent c.-à-d. d’une époque
où la population est beaucoup plus nombreuse que lors de
leur naissance, soit 20 ans auparavant. Pendant la période ac-
tuelle la population mâle suisse et neuchâteloise c.-à-d. celle
qui est appelée à faire du service militaire, a augmenté chaque
année en moyenne de 555 âmes. Cette augmentation a eu
lieu chaque année sans interruption et cela dans une mesure
plus ou moins grande. Le nombre des recrues a aussi augmenté
mais pas cependant d’une manière aussi constante. Ainsi lors-
que l'augmentation de la population mâle indigène est à son
minimum, le nombre des recrues est moins grand que les an-
nées précédentes, comme on peut s'en assurer en examinant
le tableau A. — L'augmentation annuelle des recrues peut
être évaluée en moyenne à 29, c.-à-d. au 5,23 °/, de l’augmen-
tation annuelle de la population mâle indigène (555).
(*) Voir pag. 145.
PUR de Me
Voyons maintenant comment l'augmentation de la popula-
tion mâle indigène et celle des recrues se produisent dans les
trois zones que nous avons admises.
En comparant les chiffres du tableau B (!) on verra sur-le-
champ que laugmentation de la-population (?) a eu lieu dans
tous les districts d’une manière permanente et presque sans
interruption. L'augmentation annuelle est en moyenne:
Pour le Vignoble de... 5644 es
» les districts agricoles de . . . . 254
» » industriels de . . .. 208
Dans les montagnes l'augmentation est la plus faible mais
elle n’est pas interrompue comme dans les deux autres zones
où on constate une diminution momentanée.
L'augmentation annuelle des recrues est peu considérable
et ne se produit d'une manière sensible que lorsqu'on a une
plus grande série d'années qui permet de constater une aug-
mentation moyenne annuelle plus nette et plus certaine.
Cependant on peut admettre:
Pour le Vignoble une moyenne annuelle de 14
» les districts agricoles » 10-12
» » industriels » 23-24
Ainsi l'augmentation des recrues est proportionnellement
plus grande aux montagnes que dans les autres zones, quoi-
que ce soit précisément aux montagnes que l'augmentation de
la population mâle suisse et neuchâteloise soit la plus faible.
Circonstance qui est très-probablement accidentelle et qui
provient de l’émigration des célibataires mâles dans les autres
districts ou à l'étranger, émigration provoquée par la crise in-
dustrielle.
Quant aux recrues exemptées pour défaut de taille qui comme
nous avons vu représentent en moyenne le 6,25°/, des recrues,
ils serépartissent comme suit dans les différentes parties du pays.
Dans le Vignoble la moyenne des hommes trop courts e.-à-
d. qui à l’âge ‘de 20 ans n’atteignent 13e la taille règlementaire
de 52” est ‘de RE 58 EME
dans les districts deb Fr e de.,-.2.5 44 M0
» montagnes elle estide, , Rte
(*) Voir pag. 145.
(2) En parlant de population il ne sera toujours question que de la popu-
lation mâle indigène neuchâteloise et suisse.
— 143 —
Dans le Vignoble elle forme le . 5,40 °/, des recrues.
» les districts agricoles » . 5,650,
» » industriels » . 6,80 0}, ,
Relativement à la population mâle indigène (neuch. et suisse)
le défaut de taille forme:
Pass ls zone un pasle 7... .*. .: OUI CE
» ; MA CenErE 165 7 . 4. :. 2 ONE
» » des montagnes le . . . . 0,149},
Le nombre des exemptions pour défaut de taille est en
moyenne de 39. Les autres cas d’exemption se répartissent
sur 145 individus, de sorte que le défaut de taille forme le
1/, des cas d'exemptions.
D’après des données exactes que j'ai recueillies et qui com-
prennent tous les hommes nés depuis 1823 à 1837, le défaut
de taille n’est pas le cas de réforme le plus fréquent. Ce sont
les difformités et les lésions traumatiques des extrémités qui
nécessitent le plus d’exemptions. Elles sont représentées par
389 cas sur 4454 individus nés dans l'espace de temps indiqué.
Dans le Vignoble (Neuch. et Boudry) le nombre des hernies
vient encore avant le défaut de taille comme l'indique le ta-
bleau suivant:
Difformité des membres . Ne x
Hernies . og + © CN OL MEN
Défaut de taille DU NU DUR D + De
Dans Ze Val-de-Ruz et le Val-de- Travers la proportion est la
suivante :
Difformités et lésions des membres . . 107\
RS de tulle 52 45 5 ie Vin : à RE
Faiblesse de poitrine . . . . . . . 601324 indiv.
Pieds plats Éa LE REPRT EN ER 7 |
PRES 2, EE MR De 46
Dans les districts des Es elle est Re suit:
Difformités et lésions des membres . . 226
Défaut de taille ETS RNCS ne LES
ie tn en nr «TEA PHELRENS
Hernies . . VASTE AE FORURE PEER
D’après ces ahlegi on voit que le manque de taille est
après les lésions diverses des extrémités le motif qui exempte
CE RS
le plus d'hommes du service militaire, surtout dans les zones
des montagnes et des districts agricoles, tandis que dans le
Vignoble les cas d’hernies l'emportent sur ceux de défaut de
taille.
En examinant le tableau B on voit que dans la plupart des
cas lorsque le nombre des cas d’exemptions pour défaut de
taille est grand, le nombre des exemptions pour autres motifs
l'est proportionnellement aussi et vice-versa, et cette influence
se fait sentir dans tous les districts.
Quant à la profession des individus trop courts pour le ser-
vice militaire nous avons des données sur 230. Les horlogers
et graveurs sont représentés dans ce nombre par 134. Cela
n’est pas surprenant parce qu'ils forment en général le chif-
fre le plus élevé de la population. Ensuite viennent les labou-
reurs domestiques, manœuvres et journaliers représentés par
64; les trois dernières conditions forment les plus gros chiffres
(33) tandis que le laboureur figure par 28, le vigneron par 3.
Les métiers exigeant une force corporelle assez énergique.
comme la profession de charpentier, de forgeron, menuisier,
tourneur, ete, forment un chiffre total de 13.
Les DST sont au nombre de 11.
Les tailleurs, cordonniers, M à tapissiers etc., sont au
nombre de 8.
Le conseil de réforme pour le distr ict du Locle a examiné
361 individus nés de 1820 à 1841. Ils ont tous été mesurés.
La taille moyenne est de 5 pieds 5 pouces. Ceux des Brenets
et de la Brévine dépassent cette moyenne, tandis que ceux
du Cerneux-Péquignot n’ont que 5 pieds 4 pouces en moyenne.
Quatre seulement atteignent les 6 pieds, 2 les dépassent
même (un bûcheron et un charpentier). Les deux autres sont
l’un pharmacien, l’autre paysan.
Cinq ont une taille au dessus de 5 pieds: 4 horlogers et un
paysan: le plus petit n’a que 4 pieds et quelques lignes.
Les recrues de 1841 au nombre de 128 ontune taille moyenne
de 5 pieds 3 pouces. Deux d’entre eux sont de ceux qui attei-
onent 6 pieds, mais aussi l’un deux est de 4 pieds.
Tableau A.
| |
Nombre des re-| Population mà-
Recrues | Nombre des | | Recrues n'ayant P see
| crues déclarées | le neuchäteloise
“de 2ù ans nés. | Recrues dans le |pas la taille de
‘aptes au service et suisse le
v | he | militaire | is | 1854-1859
LE LE CR RUSONRENUE Nb Res Ass
ROBE —Hi4—|498-—}02p xx 34323
10e | l'éieigel. 423 Ar 41 |odtest
1836 ete 431 “t 36 35536
1837 GHGARS |. 197, ACT 54 36059
1838 NTI) 494 nt 94 36179
_ 1839 633 | 431 br 42 31098
1840 640 br). ‘437: 1! 44
1841 643 | 449 34
Moyenne | 623 di | 39 35675 *
" Augmentation moyenne pendant 6 ans de la population mâle suisse et
neuchâteloise = 555.
Tableau B.
I. VIGNOBLE (Neuchâtel et Boudry).
{ |
Population ue,
P = Bab | Recrues aptes
le neuchâteloise! Nombre de !
Recrues n'ayant
| au service
et suisse de recrues |
1854-1861
militaire
| pas 51121
|
|
1834 10442 | 13 i 4
1835 | 10406 :| 132 | 96 8
1836 | 10532 | 144 | 106 7
1837 | 10735 | 146 | 120 ii
1838 :| ‘10898 7:| : 197 (|: 105 7
1694 EME 166 MIE TAIT ii
1840 ("48074 100 12
1841 419 0" 492 8
|
Moyenne 10714 148 109 8
BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. VI. 11
(Suite du tableau B.)
IL. DISTRICTS AGRICOLES (Val-de-Ruzet Val-de-Travers).
Population mâle L
: Nombre des Recrues n'ayant
suisse et Recrues aptes
: ; recrues : pas 51211
neuchâteloise
SCT ASIE POP ENTER"
9790 164 123 9
9992 169 | 112 9
10269 176 94 G
10577 166 | 126 13
10421 196 | 135 15
10660 | 187: rebe e 14
180 132 11
175 106 8
10286 | 177 121 10
|
II. DISTRICT INDUSTRIEL (Locle et Chaux-de-Fonds).
Population mâle | . <
Nombre des Recrues n'ayant
suisse el Recrues aptes .
recrues pas 5121!
neuchäteloise
14091 2179 198 3 a
14459 309 215 24 .
14735 317 231 23
14747 329 249 30
14850 244 184 12
| 205 : 21
289 211 18
208 RE
|
|
RE D
15145 280 173 17
14671
DE L'OROGRAPHIE DES ALPES
DANS SES RAPPORTS AVEC LA GÉOLOGIE.
(Avec une carte des Alpes).
M Lo D
Dar OU D)
Les Alpes ont été, dans ces derniers temps, l’objet de tra-
vaux si considérables, tant de la part des Etats dont elles res-
sortent que des particuliers, qu’il vaut bien la peine de s’y ar-
rêter de temps en temps, pour se rendre compte des résultats
obtenus et des progrès réalisés.
Ces résultats et ces progrès peuvent se coordonner sous
deux chefs principaux, l’un orographique, l’autre géologique.
Dans chacun de ces domaines, nous avons vu l'expérience
corroborer et confirmer, d’année en année, les vues énoncées
par les fondateurs de la géologie alpine moderne, MM. Studer
et Escher.
Au point de vue orographique, on peut envisager comme un
fait aujourd’hui acquis à la science, que les Alpes, au lieu de
former une chaîne centrale, flanquée de chaînes secondaires
parallèles, sont au contraire composées d’une série de groupes
ou massifs d’une étendue limitée, ayant chacun un noyau cris-
tallin de forme en général ellipsoïde, qui peut être envisagé
comme le centre du massif. Ces ellipsoïdes sont tantôt paral-
lèles, tantôt disposés comme les cases d’un échiquier.
Au point de vue géologique, il devient tous les jours plus
évident que les roches des Alpes n’ont rien d’exceptionnel,
mais qu'elles sont formées des mêmes terrains que les autres
M
chaînes de montagnes, quoiqu'affectant souvent un aspect
tout particulier. Les étages divers des formations crétacée,
jurassique et triasique ne sont plus des phénomènes propres
aux montagnes de la Suisse. On les a retrouvés dans toute
l'étendue des Alpes et bientôt il ne restera plus un seul lam-
beau de terrain stratifié qui ne soit susceptible de détermina-
tion.
PARTIE OROGRAPHIQUE.
M. Studer, dans sa «Géologie de la Suisse», distingue dix-
neuf massifs dans la partie occidentale de la chaîne alpine,
depuis les Alpes Liguriennes à l'O. jusqu’à l’Adige. Ce nombre
doit nécessairement être beaucoup plus considérable, du mo-
ment qu'on étend cette classification à toute la chaîne, com-
me nous allons essayer de le faire dans le présent travail. Nous
croyons pouvoir distinguer dès à-présent trente-cinq massifs
distincts; il est probable que le nombre en sera augmenté,
quand on aura complété l'étude des Alpes orientales.
Ii suffit d’un coup-d’œil jeté sur la carte qui accompagne
cette notice, pour voir que l'allure des massifs cristallins
n’est rien moins qu'uniforme. Aux extrémités de la chaîne,
ils sont bien circonscrits et entourés de tous côtés de terrains
sédimentaires, qui les isolent complètement des massifs adja-
cents, en sorte que chaque groupe représente une unité oro-
graphique. C’est le cas des Alpes occidentales, du massif de
lOisans, des Alpes Maritimes, et à l’autre extrémité de la
chaîne, du Sæœmmering, du Bacherwald, etc.
Il en est tout autrement au centre de la chaîne, où l’on
doit supposer que l’action soulevante à agi avec le plus d'in-
tensité. Les massifs y sont beaucoup plus nombreux et telle-
ment resserrés, que les zones ou maîts intermédiaires sont
souvent réduites à des bandes très-étroites: quelquefois même
elles sont complètement effacées, par suite des métamorphoses
et des bouleversements que le sol à subis. Il en résulte que
les massifs sont moins bien limités qu'aux extrémités, ensorte
qu'il n’est pas toujours facile de dire où l’un des massifs com-
mence et où l’autre finit. La roche cristalline dans ce cas, oc-
NUE :. INR
cupe une étendue beaucoup plus considérable que le revête-
ment extérieur, au rebours de ce qui s’observe aux extrémités.
Les zones intermédiaires, lorsqu'elles existent, ne correspon-
dent plus à des dépressions, mais n’apparaissent que comme
des intercallations schisteuses, dans lesquelles on chercherait
vainement la disposition synclinale qui caractérise les maîts.
Leurs strates sont d'ordinaire uniformément verticaux, voire
même renversés. |
Cette disposition est évidemment la conséquence de la pres-
sion latérale exercée par les noyaux cristallins. Ces noyaux,
après avoir fait irruption à travers les roches stratifiées, ont dû
se dilater comme des gerbes et refouler et renverser de
chaque côté les roches encaissantes, C’est ainsi que s’est for-
mée la structure en éventail si caractéristique des grands
massifs au centre des Alpes. Ces renversements sont d'autant
plus considérables que les noyaux cristallins sont plus puis-
sants; c'est pourquoi ils n’existent guère que dans les plus
hautes montagnes. Il est naturel dès-lors que les couches
soient à leur maximum de perturbation dans le voisinage des
éventails.
Quelquefois aussi des lambeaux de la zone intermédiaire
ont été portés à de très-sgrandes hauteurs, formant comme
d'immenses arêtes ou des pics gigantesques qui rivalisent avec
les points culminants des massifs cristallins: tels sont, entre
autres, le Mont-Cervin, les Strahlhürner (entre le massif du
Mont-Rose et celui du Simplon), l'Ortles à l'extrémité de la
large maît qui sépare les Alpes centrales des Alpes orientales,
le Gross-Venediger (entre le massif des Tauern et celui de la
Drau). Mais, aux yeux du géologue, ces lambeaux n’en indi-
quent pas moins la séparation primitive entre les noyaux cris-
tallins.
Lorsque plusieurs massifs sont ainsi réunis en un seul grou-
pe de montagnes, les rapports entre la structure géologique
et les reliefs orographiques se trouvent changés. Au lieu de ne
comprendre qu'un seul ellipsoïde, comme aux extrémités de
la chaîne, nous voyons les divisions géographiques embrasser
souvent toute une série de massifs. Telles sont les Alpes Pen-
nines qui ne comprennent pas moins de cinq massifs, les
— 150 —
Alpes Noriques qui en comptent également cinq, les Alpes
Bernoises qui comprennent deux ellipsoïdes parallèles, celui
du Finster-Aarhorn et celui du St-Gothard.
Coupe du Saint-Gothard.
(Voyez la carte fig. 2.)
La route du St-Gothard est bien faite pour faciliter l'étude
des rapports entre les reliefs et la composition des roches.
Au sommet du col se trouve le noyau granitique formant
une sorte de large plateau désert avec plusieurs petits lacs. En
descendant sur Altorf, on arrive par une pente assez roide à
une première grande dépression. la vallée d'Urseren, une sorte
de vallée à fond plat, dans laquelle se trouvent les villages de
Hospenthal et d'Andermatt. Cette dépression n’est point acci-
dentelle. Les grands rochers qui la bordent de toutes parts
sont à la vérité composés de roches cristallines; mais en exa-
minant attentivement ces mêmes rochers, on découvre à leur
pied des bancs de schiste d’une composition très-friable, sur
lesquels se trouvent les quelques champs qui fournissent aux
habitants leurs maigres légumes. Ces schistes sont quelquefois
tout à fait noirs et charbonneux, et en effet il y a toute pro-
babilité qu'ils représentent ici la formation carbonifère. Ils
courent du N.-E. au $.-0. et si l’on se dirige d’Andermatt vers
la Fourca par Realp, on les voit gagner toujours plus de
largeur, si bien qu’à la Fourca, ils occupent à peu près toute
Ja largeur du col. La dépression à laquelle ils correspondent
est ici évidemment le résultat de l'érosion qui a désagrégé et
décomposé en partie les schistes, tandis qu'elle à été à peu
près impuissante sur les granits.
À l'Urner-Loch, on entre de nouveau dans les roches cris-
tallines, d’abord sous la forme de gneiss ou de schiste micacé
qui peu à peu passe à du véritable granit. L'apparition de ce
granit, dont on s’expliquerait difficilement la présence dans
l'hypothèse d'une seule chaîne granitique centrale, est au
contraire très-naturelle, du moment qu'on admet plusieurs
masses centrales. En effet, le gneiss de l’'Urner-Loch appar-
tient à un autre massif, celui du Finster-Aar, qui venant de la
RER de
Jungfrau, se prolonge à l'E. vers les Clarides, où il se cache
sous les roches schisteuses et calcaires du Tæœdi et du Biï-
ferten.
Ce second massif que la Reuss entame profondément se con-
tinue aussi loin que la vallée est resserrée, c.-à-d. jusqu'à Am-
steg. C’est la partie sauvage de la vallée. À Amsteg, la vallée
s'élargit considérablement, à mesure que les massifs calcaires
de la Windgelle à droite et de l’Uri-Rothstock à gauche vien-
nent prendre la place des massifs cristallins où métamorphi-
ques. (1)
Passons maintenant au revers méridional. Partant du som-
met du massif où se trouve l’hospice, pour se rendre en Italie,
on descend par une pente non moins roide que celle du ver-
sant nord, traversant les mêmes granits composés d'énormes
banes, avec cette différence que ces bancs, au lieu d’être
inclinés au sud, plongent maintenant au nord, le tout for-
mant le célèbre éventail du Saint-Gothard. Le même ca-
ractère se maintient jusque près d'Airolo, où l’on rencontre
de nouveau une vallée dont la direction est parallèle à la
direction des couches de granit. Le fond de cette vallée est
composé de roches altérées bien différentes de celles du St-
Gothard. Il y a des schistes assez tendres, des dépôts de
gypse et de dolomie et tout un ensemble de roches d’origine
sédimentaire. C’est évidemment le pendant de la vallée d'An-
dermatt, une sorte de maît entre deux massifs centraux. Cette
maît se continue à l'O. dans le val Bedretto et se prolonge à
l'E. dans le plateau du Luckmanier.
(*) Le mème caractère se maintient jusqu’à Brunnen, à cette différence
près que depuis Fluelen le fond de la vallée est occupé par la branche
méridionale du lac des Quatre-Cantons (lac d'Üri). Ceci cependant ne sau-
rait influer sur le caractère orographique de la vallée qui se maintient
identique depuis Amsteg jusqu’à Brunnen. Aussi bien, il n’est pas nécessaire
d’être.observateur bien expert pour s’apercevoir en parcourant la vallée que
le lac s’étendait jadis jusqu’à Amsteg et que s’il est comblé aujourd’hui, c'est
par l’œuvre de la Reuss. £
A mesure qu'on s'éloigne des massifs cristallins, les roches deviennent
toujours plus distinctes, et l’on peut distinguer le long des parois de l’Axen-
berg les différentes formations dont se composent ces belles montagnes.
(Voir Lusser dans les Mém. Soc. helv. vol. 6).
CUS: A
À partir de Faïdo, la route entre dans un troisième massif
cristallin, celui du Tessin. Il est beaucoup plus large que les
précédents et en même temps moins déchiré et moins élevé.
La roche est un gneiss assez uniforme, qui se continue sans
interruption jusqu'à Bellinzone, où l'on retrouve une troisième
vallée correspondant à une zone de roches amphiboliques qui
s'étend au 5.-0. jusqu'à Biella. Au-delà de Bellinzone, la ro-
che cristalline reparaît de nouveau, formant un autre massif
de gneiss, celui des Quatre-Lacs, dont fait partie le Monte-Ce-
nere que l’on traverse en allant de Bellinzone à Lugano.
Lugano et ses environs sont déjà dans le domaine du revé-
tement sédimentaire extérieur, à l'exception des porphyres
qui garnissent une partie de ses rives. Nous avons ici d’abord
les terrains triasiques, puis le terrain du lias, quelques lam-
beaux épars de crétacé et, comme dernière bordure, l'éocène.
[ci encore nous retrouvons le pendant de ce que l'on ob-
serve sur le versant nord, à cette différence près, que les ter-
rains, tout en étant très-inclinés, ne sont cependant pas ren-
versés et bouleversés, comme c'est le cas le long de la Reuss.
Nous verrons ailleurs que le lac de Lugano est aussi, à bien
des égards, le pendant de celui des Quatre-Cantons.
La coupe du St-Gothard que nous venons d'analyser se com-
pose ainsi de trois éléments essentiels: les noyaux cristallins,
les maîts ou zones intérieures et les revêtements extérieurs.
Tous trois sont caractérisés par des roches propres; les gra-
nits et gneiss correspondent aux noyaux centraux, les roches
métamorphiques ou altérées aux maîts et les roches non alté-
rées aux revêtements extérieurs. Dans la coupe du Saint-Go-
thard, nous avons quatre massifs cristallins, trois maïts et
deux revêtements. Ici les masses cristallines l'emportent par
conséquent de beaucoup sur les roches stratifiées. Mais il
n'en serait pas de même sur tous les points de la chaîne. Ail-
jeurs les massifs cristallins sont moins rapprochés; les maîts
peuvent par conséquent se déployer plus largement, par ex.
entre le massif de Selvretta et celui de l'Oetzthal, ou bien il
n'y à qu'un seul noyau, surgissant du milieu des terrains stra-
tifiés; c’est la forme la plus simple, telle qu'elle se présente
aux extrémités de la chaîne,
— 153 —
Passons maintenant à l'analyse des différents massifs,
I. — Massif Ligurien.
La vaste guirlande de massifs granitiques qui forme comme
le squelette de la chaîne des Alpes, commence à l'O. par un
noyau d'une étendue et d'une élévation médiocre, si on le
compare aux autres massifs, c’est le massif des Alpes Ligu-
riennes. Il est parfaitement limité de tous côtés: aussi l'a-t-on
de bonne heure distingué comme un groupe à part. Sa direc-
tion est à peu près exactement d'E. en O. La roche du noyau
se compose essentiellement de gneiss, de schiste talqueux et
de schiste micacé. La direction des strates de ces roches coïn-
cide assez généralement avec celle du massif même. On n'ob-
serve aucune trace de structure en éventail. La structure de
tout le massif est au contraire essentiellement normale en ce
sens, que tous les strates, ceux du gneiss et du schiste, com-
me ceux des roches sédimentaires qui les recouvrent, sont
régulièrement anticlinaux , le massif lui-même ayant la forme
d'un toit. Cette disposition n'est peut-être pas sans rapport
avec l'élévation peu considérable du massif dont tous les pics
restent au dessous de 2500%. Le plus haut (le mont Mondolé)
n’a que 2440», Nous verrons tout à l'heure que c’est dans les
massifs les plus élevés que la structure en éventail est la plus
distincte.
IT. — Mussif des Alpes Maritimes.
Vu sur la carte, ce massif se présente sous la forme d’un
noyau cristallin allongé, émergeant du milieu d'une vaste éten-
due de roches sédimentaires. Le massif lui-même est dirigé
du N.-0 au $.-E., mais les strates, au sommet du massif, sont
d’après M. Studer, orientés à peu près dans le plan du méri-
dien et un peu plus loin au Nord 70° O. Sur les deux versants,
on voit les roches stratifiées en contact avec le gneiss. Les
points culminants, tous situés dans le domaine de ce dernier,
sont le mont Clapier (3018®), la cime de Gélas (3180), le mont
Tinibras (3115"). Les deux cols les plus praticables sont le Cal
— 154 —
del Sabbione (2348) et le Col della Lombarda (2395"). Le
vrai granit ne se montre nulle part. En revanche, la structure
en éventail est distincte. Les strates sont verticaux au centre
du massif; ils plongent au $S.-0. sur le versant sud, au N.-E.
sur le versant nord,
UT. — Massif des Alpes Cottiennes.
L'un des caractères le plus saillant du revers méridional
des Alpes, c'est que, à partir de la Maira, jusqu'au lac Majeur,
les roches cristallines s'élèvent directement du milieu de la
plaine piémontaise, sans revêtement de roches sédimentaires.
Mais comme ces dernières reparaissent très-développées plus
au $S., sur les flancs des Alpes Maritimes et Liguriennes, on est
volontiers tenté d'attribuer leur absence dans cette partie de
la chaîne à des dénudations subséquentes, surtout parce que
c'est ici que la grande courbe est à son maximum.
La partie qui s'étend de la Maira à la Dora Riparia est con-
nue de tous temps sous le nom d’Alpes Cottiennes que nous
leur conservons ici, bien que la vallée de la Dora ne forme
pas une limite aussi complète sous le rapport géologique que
sous le rapport orographique. C’est plutôt au N. de ce fleuve,
le long du tunnel du mont Cenis que se trouve la séparation.
Le noyau cristallin n’est d'abord qu'une bande très-étroite .
. qui va s'élargissant insensiblement jusqu'à la Dora, mais sans
atteindre nulle part la largeur de la zone des schistes et cal-
caires de la Maurienne et de la Tarentaise. Le Mont-Viso, qui
est le point culminant des Alpes Cottiennes, est situé un peu
en dehors du massif principal; c’est une petite île cristalline
au milieu de la zone stratifiée. Le granit est étranger à ce
massif; on n'y rencontre que des schistes micacés et du gneiss
qui devient de plus en plus cristallin, à mesure qu’on s’appro-
che de la plaine. Le sommet du Viso cependant n’est pas de
gneiss, mais de serpentine avec schistes cristallins à la base.
La structure en éventail n’a pas encore été signalée. Les
strates sont rarement verticaux, mais plus ou moins inclinés,
parfois horizontaux, et bien que toute la masse ait été portée
à une grande hauteur, les montagnes sont relativement peu
#.
FE
déchirées; on dirait un vaste plateau soulevé plus où moins
doucement. Il n’y a que la pyramide du Mont-Viso (3840)
et quelques autres qui fassent exception, et ce contraste ne les
rend que plus attrayantes.
[V. — Massif des Alpes Grecques.
Au point de vue géologique, ce massif a les plus grands
rapports avec celui des Alpes Cottiennes; mais sa direction
est beaucoup plus orientale, surtout à son extrémité, du côté
des Alpes Pennines. C’est ici que se trouve le principal coude
de toute la chaîne qui d’une direction à peu près méridienne,
passe insensiblement au N.-E; sans qu'il y ait pour cela in-
terruption dans le noyau cristallin, d’où nous concluons que
la direction n’a pas en elle-même la valeur prépondérante que
lui attribuent certains géologues. Commencçant au mont-Cenis,
le massif des Alpes Grecques se présente sous la forme d’an
immense rempart d’abord rectiligne, puis arqué et profon-
dément entamé par le lit de la Dora Baltea. Cette profonde
coupure est envisagée par quelques-uns comme la limite des
Alpes Grecques. Cependant les mêmes roches se continuent
de l’autre côté de la rivière et se poursuivent jusqu'à Biella,
où commence la grande zone des roches amphiboliques, qui
nous paraît devoir être envisagée, au point de vue géologique,
comme la véritable limite du massif des Alpes Grecques. La
roche est encore ici essentiellement du gneiïss, du schiste mi-
cacé et du schiste talqueux. Il s’y trouve cependant aussi
quelques gîtes de granit, surtout dans le val d'Orco, près de
Cérésole.
La partie centrale du massif est de beaucoup la plus impo-
sante ; les montagnes y atteignent des hauteurs qui rivalisent
avec les grandes cimes des Alpes Suisses, témoins la roche
Melon (3542), la roche Michel, dont Saussure fit Fascen-
sion (3495*), la Levanna, le Pie de Cogne, ete. Cependant le
noyau cristallin n’a pas le monopole des grandes cimes. Les
schistes carbonifères ont été portés à des hauteurs non moins
considérables, ainsi entre la Romanche et l'Arc, dans l'ai-
— 156 —
guille de Grolion (3882*), l'aiguille d’Arve (3514), le mont
Tabor (3182"). Plus loin, au nord de l'Arc, ces mêmes masses
sédimentaires sont portées à des hauteurs encore plus con-
sidérables, témoins le mont Iseran (4045"), l'aiguille de la
Sassière (3763), le mont Pourri et les sommets encore peu
connus des glaciers de Ruytor. D’autres cimes, comme l’ai-.
guille de la Vanoise, forment des îlots cristallins au milieu
de la zone sédimentaire, ce qui, de concert avec la grande
élévation de tout le massif, pourrait faire croire à la présence
d’une arête cristalline cachée sous les schistes.
V. — Massif de l'Oisans ou du Pelvoux.
Ce massif, l’un des plus inaccessibles de toute la chaîne des
Alpes, est en même temps l’un des mieux limités. Nulle part
ailleurs il n’est plus évident que les masses feldspathiques cen-
trales ont été soulevées postérieurement à la formation des
roches sédimentaires. On dirait une immense bulle ou vessie
soulevée tout d’un coup du sein de la terre. Ce vaste noyau,
de forme presque carrée, porte les plus hautes cimes de la
France, le mont Ollon (4212), la Pointe d’'Arsine (4105")
et le Grand-Pelvoux (3934); il est d’un accès extrêmement
difficile, n'étant entamé nulle part profondément et ne renfer-
mant qu'une seule grande dépression, le cirque de la Bérar-
de, l’un des sites les plus sauvages et les plus extraordinaires
des Alpes, entouré de parois verticales de plusieurs mille pieds
de hauteur, auquel on parvient par la vallée non moins sau-
vage du Vénéon. Le noyau du massif est une très-belle pro-
togine qui n’est nullement stratifiée, mais seulement divisée
par des fentes à peu près verticales; mais à mesure qu'on se
rapproche des bords, elle passe insensiblement au gneiïss. La
structure en éventail est distincte sur tout le pourtour du
massif.
VI. — Massif des Rousses.
Ce petit massif est intercalé en quelque sorte entre le mas-'
sif de l'Oisans et l'extrémité des Alpes occidentales. C’est une
se 197
chaîne étroite et élevée, d’un accès difficile, limitée au nord
par les sources de l’Olle, au sud par la Romanche. Le noyau
cristallin, composé essentiellement de gneiss, est entouré de
tous côtés par la zone des schistes liasiques qui encadrent
également une partie de l'Oisans. Sur plusieurs points du ver-
sant occidental, le gneiss passe à une espèce de granit veiné
ou protogine, que l’on retrouve aussi dans la gorge de la
Romanche. Le noyau cristallin renferme en outre, d’après M.
Lory, des bandes de grès à anthracite pincées dans les replis
du gneiss et des schistes cristallins. Ces bandes divisent le
noyau en plusieurs zones parallèles qui sont les Petites et les
Grandes Rousses. Ces dernières qui atteignent leur point cul-
minant dans le pic de l’'Etendard (3629"), font en quelque sor-
te pendant au Grand-Pelvoux et sont, comme lui, couvertes
de neiges éternelles. Les lits du gneiïss ainsi que les bancs de
grès à anthracite plongent uniformément à l'E. en sens inverse
des strates de la chaîne de Belledone. Dans la vallée de l'Olle,
qui sépare les deux chaînes, les schistes liasiques recouvrent
les gneiss en stratification discordante, ce qui semblerait in-
diquer que le plissement du gneiss est ici antérieur au lias.
VIT. — Massif des Alpes Occidentales.
Nous comprenons sous ce nom le vaste et magnifique rem-
part qui sépare le Dauphiné de la Maurienne et de la Taren-
taise. Quelques géologues lui ont appliqué le nom de massif
de Belledone, parce que pour eux, les Alpes occidentales com-
prennent également le massif du Mont-Blanc et celui des Ai-
guilles Rouges et parce qu'ils supposent que le même noyau
cristallin se continue de l’un à l’autre, en passant sous les
terrains carbonifères du col du Bonhomme. Ce qui distingue
ce massif, c’est son étroitesse remarquable, relativement à sa
longueur, circonstance qui en a évidemment facilité la rupture:
car on n'y compte pas moins de trois grandes coupures, tou-
tes trois donnant passage à des rivières considérables, qui sont
la Romanche , l’Are, l'Isère. Ce sont trois voies de communi-
cation dont l'une est mème utilisée pour un chemin de fer
— 158 —
(de Chambéry à St-Jean de Maurienne). La direction du mas-
sif est du nord-nord-est au sud-sud-ouest, dans la plus grande
partie de son étendue, depuis le col du Bonhomme jusqu’au
de là de la Romanche, où elle devient subitement nord-sud,
imitant ainsi en quelque sorte les contours en forme de botte
de la péninsule Italienne. Cependant la gorge de la Romanche,
quoique profonde, n’interrompt pas le noyau cristallin, qui
forme encore au delà de la gorge plusieurs massifs considé-
rables tels que le Grand-Galbert (2543") et surtout le Taiïllefer
(2861). C’est à partir de ce dernier massif, que la chaîne se
dévie pour prendre la direction méridienne qu’elle conserve
jusqu'à la disparition des roches cristallines sous les grès à
anthracite et les calcaires du lias. C’est en face de Grenoble,
entre l'Arc et la Romanche, que la chaine atteint sa plus
grande élévation, dans les pies de Belledone (2982*) et du
Grand-Charnier (2808"). Entre ces deux se trouve le cirque
remarquable des Sept-Laux, ainsi nommé à cause des petits
lacs qu’il renferme.
Aucun massif n’est plus instructif au point de vue géologi-
que que la chaîne des Alpes occidentales. Comme celle des
Rousses, elle se compose, d’après M. Lory, de deux plis, lun
occidental, ne dépassant pas 1842": il est en forme de voûte
arrondie, composée de schistes talqueux dont les couches
presque verticales sur les deux flancs se raccordent dans la
hauteur par des inclinaisons modérées, décrivant ainsi une
sorte d’ogive très-surbaissée. La chaîne principale est une ar-
rête plus aigue; ici la voûte s’est rompue pour donner passage
aux roches situées plus profondément, si bien que les gneiss et
même les granits ou protogines ont fait hernie. En s'épa-
nouissant à la surface, ils ont refoulé les roches sédimentaires
et déterminé la structure en éventail qui est très-distincte
sur nombre de points, entre autres au Grand-Charnier. Lors-
que la rupture a été assez énergique pour écarter largement les
flanes de la voûte, il en est résulté un cirque, au fond duquel
se trouvent les roches les plus centrales. Le bassin des Sept-
Laux est dans ce cas; l'enceinte en est formée par les gneiss
redressés, tandis qu’au centre on aperçoit le granit ou la pro-
togine à petits grains.
— 1959 —
VII. — Massif du Mont-Blanc.
C'est de tous les massifs cristallins le mieux caractérisé. Il
ne porte pas seulement le roi des Alpes, mais il est en outre
tout d'une venue, sans cluse ni même sans col proprement
dit. Ses limites sont très-précises: au sud, la Lex blanche, et
le Val-Ferret, à l’ouest le col du Bonhomme, au nord la vallée
de Chamouni, le col de Balme et le Trient. À l’est le Rhône
ne le borne que partiellement, car un petit lambeau franchit
la rivière et va se perdre sous les calcaires et schistes de sa
rive droite.
La structure en éventail, qui avait déjà été signalée par
Saussure, sur le chemin de Chamouni à la Blaitière, est des
plus distincte à peu près dans toute l'étendue du massif. Sur
la rive droite du glacier des Bois, on voit les couches de
gneiss plonger vers l’intérieur de la montagne sous un angle
de 30°. Il en est de même au col de Balme, et au col des Ou-
ches où les schistes plongent sous le même angle au $. 60 E.
Sur le revers méridional, dans le Val-Ferret, nous retrouvons
à peu près la même inclinaison; seulement le plongement est
en sens inverse, au N.-0.
La roche dominante du massif du Mont-Blanc est bien ca-
ractérisée. C’est de la protogine, c.-à-d. un granit composé de
quarz, d’orthose, d’oligoklas, de mica, de tale. Cette roche
remarquable ne forme cependant que les masses du centre,
le noyau du massif; sur le pourtour de l’ellipsoïde, on trouve
le gneiss et les schistes, ainsi au col de la Seigne, entre Mar-
tigny et Sembranchier et dans la vallée de Chamouni. En
montant au Montanvert, on ne rencontre que des gneiss et des
schistes,
La distribution des différents pics ou aigailles n’est pas sans
signification. À l'O. la masse entière s'élève tout d'une pièce,
depuis le col du Bonhomme jusqu'à la cime du Mont-Blanc,
les aiguilles de Trelatête, du Miage, de la Rogne formant en
quelque sorte les étapes de cette montée. Au delà du point
culminant, la masse s'écarte et forme deux arêtes parallèles
séparées par une large vallée longitudinale qui forme le ré-
— 160 —
servoir des deux principales branches de la mer de glace (les
glaciers de Tacul et de Léchaud). L’arête méridionale porte
l'aiguille du Géant, la grande et la petite Jorasse; l’arête sep-
tentrionale, les aiguilles du Midi, de Trélaporte , l'aiguille
Verte. Cette singulière disposition a donné lieu, de Ia part de
M. Studer, à la supposition que lellipsoïde du Mont-Blahe au-
rait subi un affaissement correspondant à cette vaste dé-
pression. Quant à nous, nous serions plutôt disposé à n’y voir
qu'un cirque allongé formé à la maniere du cirque des Sept-
Laux, dans le massif précédent.
IX. Massif des Aiguilles Rouges. s
Ce petit massif, parallèle au Mont-Blanc, n’en est séparé
que par une maît étroite, mais bien caractérisée, comprenant
le Val de Chamouni, le col de Balme et le Val du Trient., Ses
sommets, bien qu'ils ne comptent pas parmi les plus hauts,
sont cependant bien connus; ce sont les Aiguilles Rouges et
surtout le Brévent (2552") que la nature semble avoir placé
à l'extrémité du massif, en face du Mont-Blanc, por servir de
belvédère au géant des Alpes. Le Buet, bien qu'un peu plus
élevé (3108), n’est plus compris dans e domaine du noyau
cristallin, mais fait partie du grand revêtement caleaire qui
borde le massif au N. Le noyau cristallin a pour limite à PO.
le revers du Brévent; à l'E. il franchit le Rhône pour se perdre
sous les masses calcaires de la Dent de Moreles. *
La structure en éventail n’est pas distincte sur les flanes de
ce massif. Les couches sédimentaires de la base du Buet plon-
sent au contraire d’une manière régulière vers la plaine. La
roche est la même protogine qu’au Mont-Blane. On y distin-
oue une stratification sur une grande échelle, qui est très-ap-
parente sur nombre de points. Une particularité importante
de ce massif, c’est l'existence, au sommet des pies les plus
élevés, de lambeaux de roches fossilifères, qui méritent d'être
pris en considération dans la théorie de la formation des
Alpes.
— 161 —
X. — Massif du Valais.
Quoique de peu d’étendue, ce massif comprend la partie la
plus sauvage et la moins accessible des Alpes Suisses. La force
qui à soulevé ces montagnes paraît avoir acquis ici sa plus
grande intensité, s’il est permis d'en juger par la hauteur à
laquelle ont été portées non-seulement les masses cristallines,
mais encore les roches sédimentaires qui les entourent. A
partir du grand St-Bernard, le massif s'élève assez brusque-
ment à l’'E., pour former les grands plateaux couverts de nei-
ges éternelles, d'où découlent les glaciers qui se déversent
dans les vallées de Bagne, d'Hérens, d'Hermence, d’Anniviers.
Les pics qui couronnent ce massif, quoique peu connus et
peu en vue, n’en comptent pas moins parmi les plus hauts des
Alpes; les principaux sont, en allant d'O. en E., le mont Vé-
lan (3792), le Combin (4308) le mont Collon, la Dent de
Rong (4190*) la Dent-Blanche (4360), le Weisshorn (4514).
Du côté du Valais, la roche cristalline ne descend guère
dans les vallées; elle est limitée aux arêtes et aux plateaux
supérieurs. C’est là que se montre en particulier la fameuse
protogine verte, connue sous le nom d’arkésine, qui à fourni
une grande partie des blocs erratiques du bassin du Rhône,
entre autres le grand bloc du Steinhof, dans le canton de So-
leure.
Peu de géologues ont pénétré jusqu’au cœur de ce massif,
en sorte que la limite et l'étendue des différentes espèces de
roches cristallines qui le composent ne sont encore qu'impar-
faitement connues. Ce n’est guère que par les moraines des
glaciers que nous pouvons nous faire une idée approximative
de leur distribution. L’arkésine est surtout abondante sur les
glaciers qui descendent de la Dent-Blanche et du mont Col-
lon. Sur le versant $., on trouve de la syénite, dans le Val-
Pellina.
La structure en éventail est évidente en plusieurs endroits;
à la Zermontana (fond du Val de Bagne), les couches plon-
gent distinctement au $., tandis qu’au Val-Pellina, sur le re-
vers opposé, le plongement est au N. Le massif n’est franchis-
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 12
— 162 —
LS
sable que par des cols très-difficiles, tel que le col d'Eri
passant entre la Dent-Blanche et la Dent de Zinal (ou Gabel-
horn) au N. et la Dent de Rong et le mont Cervin au $S. Un
autre col plus difficile encore est le Col de Collon ou d’Arolla,
qui passe au pied $. du mont Collon à une hauteur de 3147.
Orographiquement, le massif du Valais est nettement circons-
crit de trois côtés. La vallée du Rhône au N., le col du grand
St-Bernard à l'O. et le Val-Pellina au $., sont ses limites natu-
relles, qui forment comme une grande ceinture de schiste
autour du noyau cristallin. Il est plus difficile de le circons-
crire d’une manière précise à l’'E., où nous n'avons pour limite
qu'une zone de terrain secondaire qui, en s’arquant au N., le
long de la rive gauche de la Viège, s’interpose entre la Dent-
Blanche et les Mischabel, que nous rapportons au groupe du
Simplon. Mais il faut convenir que la séparation est loin d’è-
tre complète, et l’on comprend que plusieurs géologues n’en
aient pas tenu compte. M. Studer entre autres prolonge le
massif du Valais jusqu'au Bortelhorn et à l'Albrun.
XI. — Massif du Simplon.
Quoique ee massif soit traversé par la principale route des
Alpes, le Simplon, c'est à peine s’il est plus connu que le
précédent, auquel il ne le cède ni en étendue ni en grandeur.
Les Mischabel (4558) entre la vallée de St-Nicolas et celle
de Saas portent les cimes les plus élevées des Alpes après
le Mont-Blanc et le Mont-Rose; elles passent pour très-sau-
vages, si non inaccessibles. Le même grand système se pro-
longe à l'E. de la vallée de Saas, dans les montagnes non
moins sauvages du Fletschhorn, plus loin dans le Monte-Leone
à l'E. de la route du Simplon et jusqu’au Bortelhorn et à l’AI-
brun, où le massif cristallin se perd sous les roches schisteuses,
à mesure que le $St-Gothard surgit de l’autre côté du Rhône.
Cette zone de schiste est la même qui forme le revêtement
du massif du Valais le long du Rhône. Au $., nous retrouvons
entre notre massif et celui du Mont-Rose et du Tessin, une
zone très-étroite et très-accidentée, qui n’est qu'une continua-
tion des schistes de la vallée d'Aoste.
— 163 —
Enfin nous avons vu que ses limites laissent à désirer à l'O.
où le noyau cristallin n’est interrompu que partiellement sur
le flanc gauche de la vallée de $St-Nicolas, au moyen d’un lam-
beau de calcaire, qui de Zmutt s'étend jusqu'en face de Randa.
Plus bas, les deux flancs de la vallée de St-Nicolas sont cris-
tallins, Mais il est à remarquer que ce n’est plus de la proto-
gine ni de l’arkésine; c’est du gneiss et du micaschiste; ce
dernier domine surtout dans les massifs de Mischabel.
Il existe sur plusieurs points de ce massif des indices de
structure en éventail, ainsi dans la vallée de Tourtemagne,
dans celle de Saas, au Val d’Antrona et le long de la route
du Simplon.
AIT. — Massif du Tessin.
C’est le plus grand et en même temps le plus compact des
massifs des Alpes centrales. Mais si ses dimensions horizon-
tales sont considérables, il ne s’en suit par qu’il mérite un
intérêt proportionnel. C’est un groupe en général uniforme,
comme il est facile de s’en assurer en suivant la route du St-
Gothard qui le traverse dans toute sa largeur. On ne voit pas
ici s'élever de ces pics hardis qui attestent une concentration
de l’action soulevante, comme dans les massifs du Valais ou
du Simplon. $es points culminants sont le pie de Mutaseia au
S. de Faido et surtout le Moschelhorn ou Vogelberg, auquel
se rattache le glacier de Reinwald et la source du Rhin anté-
rieur. Excepté du côté du nord, où il est séparé du St-Gothard
et du Simplon par la zone de schistes métamorphiques du Val
Bedretto, les limites de ce massif sont quelque peu vagues,
surtout au $.-0. Cependant il nous a paru que le prolonge-
ment des schistes de la vallée d’Aoste l’isolait suffisamment
des Alpes Grecques. La séparation d’avec le massif du Mont-
Rose est moins accusée. Aussi M. Studer réunit-il ce dernier
massif à celui des Alpes Tessinoises. C’est dans le Val An-
zasca qu'on devra trouver la limite, si elle existe réellement.
Au $., c’est la zone amphibolique avec ses schistes, ses mar-
bres et ses dolomies qui sépare notre massif de celui des
Quatre-Lacs. Cette zone, qui s'étend sous forme d’un grand
— 164 —
arc depuis Bielle jusqu’au lac de Come, est bien connue des
géologues par les minerais de cuivre qui s’y sont concentrés,
tandis que ses carrières de marbre (près d'Onavasso) ont four-
ni les matériaux du dôme de Milan.
La roche dominante de ce massif est le gneiss et le schiste
micacé; ce dernier règne surtout sur les hauteurs, tandis que
le gneiss se trouve de préférence au fond des vallées; ee gneiss
est remarquable par la facilité avec laquelle il se fend, ce qui
permet de le façonner en laties et en piliers qui sont l’objet
d’une industrie notable dans les vallées de la Toccia, de la
Magoia et du Tessin. On est naturellement tenté, en présence
de cette disposition, de ne voir dans le gneïss qu’une variante
du schiste micacé, sous l'influence de conditions plus intenses
qui auraient prévalu au centre des masses et ne se seraient
pas fait sentir au même degré à la surface.
La structure en éventail fait défaut dans ce massif; en re-
vanche, on remarque un trait particulier dans la manière d’ê-
tre des strates: la stratification est en général verticale à lis-
sue des vallées, confuse au milieu et horizontale ou légère-
ment inclinée à leur origine. C’est une particularité qui n’est
pas encore expliquée. On remarque aussi que la stratitication,
au lieu d’être parallèle à la direction du massif, lui est au con-
traire plutôt perpendiculaire et se rapproche du méridien,
par exemple dans les vals de Misocco, San-Giacomo, Avers.
XIII. — Massif du Finster-Aarhorn.
C’est dans l'Oberland bernois que ce massif acquiert son
prestige. dans la magnifique chaîne dont font partie outre le
Finster-Aarhorn, la Jungfrau, le Mæœnch, le Schreckhorn,
l’Aletscthhorn et qui donne lieu aux plus grands et aux plus
célèbres glaciers de la Suisse. Il comprend en effet les gla-
ciers de Grindelwald, du Rhône, de l’Aar, de Viesch, et
le plus grand de tous, le glacier d'Aletsch. Il se prolonge
à l'O. jusqu'au delà de la vallée de Lætsch où il se perd
sous les grands massifs calcaires de la Gemmi. À l'E, il s’en-
fonce sous les calcaires jurassiques des sources de la Linth,
— 165 —
mais en les soulevant à de grandes hauteurs dans les pics du
Tœdi et des Clarides. Ses masses granitiques, bien que divi-
sées en grandes lames, sont d’une cristallisation très-parfaite.
Les granits du Grimsel et du glacier du Rhône, comme aussi
ceux que charrie le glacier de Grindelwald ne le cèdent en
rien à ceux du St-Gothard, témoin les granits du grand pont
de la Nideck à Berne, qui sont des erratiques du bassin de
l'Aar. Cette cristallisation parfaite ne règne cependant pas par-
tout. 1l existe, à l'extrémité occidentale, une assez large zone
de roches amphiboliques qui sépare le massif en deux parties
à peu près égales et dont on retrouve des traces au Finster-
Aarhorn même. Peut-être ces lambeaux sont-ils des indices
d’une séparation ou maît primitive entre deux massifs très-
resserrés.
La structure en éventail est distincte sur les deux versants.
XIV.— Massif du St-Gothard.
Le petit massif alongé du St-Gothard et celui du Finster-
Aarhorn dont il n’est séparé que par la maïît étroite de la val-
lée d'Urseren et de la Furka sont deux ellipsoïdes jumaux qui
font en quelque sorte pendant à ceux du Mont-Blanc et des
Aiguilles Rouges. Le granit du St-Gothard est célèbre par ses
grands cristaux de feldspath et par la quantité de minéraux
qu'on y trouve. Le granit cependant n’occupe que le centre du
massif; il passe insensiblement au gneiss sur les deux flancs;
et celui-ci à son tour passe fréquemment à un schiste micacé
souvent chargé de grenats. La structure en éventail est par-
tout distincte. C’est à son extrémité orientale sur la rive droite
du Vorder-Rheïin que le massif atteint sa plus grande hauteur
entre Medels et Sumvix où les pies de Medels (Medelshürner)
se couvrent de neiges éternelles.
Les principaux minéraux que fournit le St-Gothard sont
l'hématite, les différentes formes d'oxyde titanique (Rutile,
Anatase, Brookite), le spath fluor, l’apatite, l’axinite, la
tourmaline et surtout de magnifiques échantillons de quarz
hyalin.
$
— 166 —
XV.— Massif du Mont-Rose.
Quoique relativement peu étendu, ce massif est justement
célèbre à cause de l'aspect imposant de ses montagnes et de
l'étendue de ses plateaux de neige qui alimentent plusieurs
des grands glaciers des Alpes (entre autres le beau glacier de
Gorner). Il est parfaitement limité à l'O. et au $. par le pro-
longement de la grande zone de roches schisteuses et méta-
morphiques qui vient d'Aoste. Une zone schisteuse semblable
mais plus étroite accompagnée de calcaires et de dolomies le
sépare au N. de l'extrémité des massifs du Simplon et du Va-
lais. Cette zone très-resserrée, à été portée à une grande hau-
teur, si bien que plusieurs de ses pics rivalisent avec les plus
hauts sommets des massifs granitiques : tels sont la Cima di
Jazzi (4309) le Strahlhorn, le pic d’Allalein et le Mont-Cervin
(4515) placé en quelque sorte en sentinelle entre les deux
massifs du Simplon et du Mont-Rose. Au pied'du Mont-Cervin
se trouve le col de Saint-Théodule, le plus élevé des cols des
Alpes (3327*).
Les limites du massif sont bien moins précises à l'E., où,
après avoir formé le magnifique cirque de Macugnaga, le
noyau cristallin suit la vallée d’Anzasca comprise entre deux
zones de roches amphiboliques. Ces deux zones, en se rap-
prochant près de Sainte-Marie-Majeure , semblent limiter à
VE. le massif du Mont-Rose. Cependant il est des géologues
qui n'admettent pas cette limitation et qui considèrent les
deux groupes du Mont-Rose et celui des Alpes du Tessin
comme ne formant qu’un seul et même massif, Cette opinion
est appuyée par le fait que la roche est de même nature; ce
sont des gneiss et des micaschistes, tandis que le granit y est
très-rare. Les points culminants du Mont-Rose (4625") en
particulier sont du schiste micacé. La structure en éventail
fait ici défaut, comme dans le massif Tessinois.
X VI. — Massif d'Adula.
«Quand du haut du col de Nara, entre Faïdd et Blegno, dit
M. Studer, on regarde à l’E., on se trouve en face d’un puis-
— 167 —
sant massif de montagnes, vaste et désert, sans sommets très-
proéminants, couvert de neige et de glaciers qui cependant
ne quittent guère les hauteurs, parce que les escarpements
sont trop roides et le massif trop peu entamé par des vallées;
c'est le massif d’Adula, le berceau du Rhin et de plusieurs
affluents du Tessin, depuis longtemps connu comme un point
central de la chaîne alpine, comme la colonne angulaire des
Alpes Lépontines et Rhétiques. » Les reliefs ainsi que les val-
lées sont ici perpendiculaires à la direction générale des Al-
pes, au lieu de leur être parallèles, comme dans la plupart
des autres massifs. En revanche, le cours des vallées est plus
ou moins parallèle à la stratification. Ce qui n’était qu'une
exception dans les Alpes Tessinoises devient ici la règle. La
distinction de ce massif qui a pour point culminant le Piz Val-
rhein (3320) est justifiée par sa forme et par la présence”
d’une zone métamorphique accompagnée de calcaire et de
marbre qui correspond à l’origine du Val Blegno, où il forme
le col du Lukmanier entre le Val de Sainte-Marie et le Val
Medels.
XVII. — Massif du Sureta.
Une zone de schistes métamorphiques formant le fond de
la vallée de Misocco et que l’on a utilisée pour la route du
Bernardin sépare assez complètement ce massif du précédent.
À l'Est, il est limité par la large zone de schistes d'Oberhalb-
stein et par le groupe de la Bernina. La vallée de San-Gia-
como, que suit la route du Splügen, le sépare en deux grou-
pes, l’un à l’O., composé de gneiïss et ayant pour point eul-
minant le Piz Tambo qui commande le col de Splügen; le
second groupe, plus considérable, n’est pas comme le premier,
limité au versant méridional, mais se prolonge jusque dans la
vallée du Rhin. La roche y est à un état de cristallisation plus
avancé ; c'est une sorte de gneiss porphyroïde très-caracté-
ristique, connu sous le nom de granit de la Rofla et qui forme
les gorges pittoresques de ce nom au-dessous d’Andeer.
La direction des strates n’est pas anormale, comme dans
le massif d’'Adula, mais de nouveau parallèle à la direction
générale de la chaîne alpine.
— 168 —
X VIII. — Massif des Quatre-Lacs.
Se distingue entre tous les massifs par sa forme très-allon-
gée et relativement étroite qui lui donne quelque chose d’a-
normal, C’est une longue bande de gneiïss et de micaschiste,
qui s'étend en arc de l'O. à l'E., depuis la Sesia jusque près
des sources de l’Adda, par conséquent sur une étendue de 30
lieues. Quelques géologues le prolongent plus loin à l’O., jus-
qu’à la Dora Baltea; mais il nous à semblé que la zone de ro-
ches amphiboliques qui pénètre de Bielle à Onavasso le sépa-
rait suffisamment des Alpes Grecques. On dirait un vaste
bourrelet cristallin que la nature a placé entre la zone des ter-
rains sédimentaires et les massifs bien caractérisés de l’inté-
rieur, une espèce de zone intermédiaire qui n'existe pas sur
le revers nord et qui présente un grand intérêt au point de
vue théorique.
Ce massif ainsi limité est traversé perpendiculairement par
les quatre lacs d'Orta, Majeur, Lugano et Como, ce qui lui
a valu son nom. Son altitude n’est pas très-considérable. Ses
plus hauts sommets n’atteignent pas 3000", (le Mont-Legnoen
à l'E. du lac de Come, 2611"; le Camoghé au $. de Bellinzone,
2839»). Les strates sont en général orientés dans le sens du
massif. Il n’existe aucune trace de structure en éventail. A
partir du lae de Come, le massif s'ouvre longitudinalement
pour recevoir la grande vallée de la Valteline, qui conserve
sa direction orientale jusqu'à Firano, où a lieu la bifureation
des routes de la Bernina et du Stelvio.
Ses limites orientales ne sont encore que très-imparfaite-
ment connues. Peut-être faut-il les chercher dans les lambeaux
de roches amphiboliques que M. Escher a signalées à l'E de
Tirano et dans le prolongement septentrional de la grande
zone de verrucano qui semble se détacher de la Cima di Tor-
soleto. En attendant que des recherches ultérieures nous aient
édifié sur ces rapports, nous prolongerons provisoirement le
massif des lacs jusqu’au Val Camonica.
XIX.— Massif du Bernina.
Ce massif est le plus remarquable et le plus populaire de la
Suisse orientale, parce qu'à l'ampleur des massifs il joint la
— 169 —
variété et la hardiesse des formes. Ses sommets rivalisent avec
les plus hauts pics des massifs occidentaux, témoins le Piz
Cambrena (3607) le Piz di Palu (3912"), le Piz di Verona
(3462*). Ses glaciers sont justement célèbres pour leur beauté,
particulièrement ceux qui descendent dans l'Engadine (gla-
ciers de Roseg et de Motaratsch). H
La roche dominante est du gneiss, surtout dans les hauts
sommets. Le granit aussi ne manque pas, mais il est relégué
sur le pourtour du massif et semble ne former que des îlots
dans les roches métamorphiques et serpentineuses qui entou-
rent le massif à peu près de tous côtés. Le plus remarquable
et le mieux connu de ces lambeaux est celui de Brusio que
traverse la route conduisant de la Valteline dans l'Engadine.
Deux autres s'élèvent sur les flancs de l'Engadine, en face
de Samaden; l’un d'eux remonte au sud jusqu'aux plateaux
neigeux qui alimentent les glaciers de Roseg et de Morta-
ratsch. Enfin le plus considérable s'étale à la limite occiden-
tale du massif à l'E. de Chiavenna, formant le versant méri-
dional d’une série de pics gigantesques encore peu connus
(piz Zocea, piz Torrone, piz della Disgracia).
On est assez généralement porté à envisager le granit com-
me le noyau primitif des soulèvements. Dans le cas particulier
cependant, cette hypothèse n’a pas une grande probabilité, à
cause de son absence complète dans les points culminants. Le
rôle du granit est ici un problème.
XX. — Massif d'Adamello.
En remontant le val Camonica ou de l’Oglio, au-delà de la
zone des terrains sédimentaires, on voit s'élever à droite, en
face d'Edolo, un puissant massif de montagnes d’où descen-
dent plusieurs vallées qui viennent déverser leurs eaux dans
l'Oglio (val dell Adame, val Salarno, valle di Malga). Ce
massif composé d’un beau granit amphibolique, d'apparence
éruptive comme celui de Brusio, comprend les monts Ada-
mello et Laris, qui s'élèvent à une hauteur considérable, (le
premier à 3345 mètres), de manière à être couverts de neiges
et de glaces éternelles,
— 170 —
Les rapports géologiques de ce granit avec les schistes cris-
tallins qui l'entourent de tous côtés, ainsi que ses rapports
orographiques avec les massifs adjacents des Quatre-Lacs et de
l'Ortles, sont encore très peu connus et mériteraient de faire
l’objet d’études détaillées qui ne laisseraient pas que d’avoir
un grand intérêt. Nous les recommandons à l'attention de nos
jeunes confrères.
XXI. — Massif du Monte Castello.
En face du mont Adamello, au $., entre la vallée de l'Oglio
et celle de l’Adige s'élève un second noyau granitique qui fait
en quelque sorte pendant au précédent et dont il est séparé
par la zone des schistes cristallins dans lesquels sont creusés
les vals di Fuma, dell” Adame, di Salarno; c'est le massif du
mont Castello. Quoique moins élevé que ce dernier, il est ce-
pendant partiellement couvert de neiges éternelles. C’est une
région encore à peu près vierge et nous ne sachions pas que,
à l'exception de M. Escher, aucun géologue y ait jamais péné-
tré. En remontant le val Savione, le granit, qui forme les
points culminants, commence à se montrer au bord du lac
d'Arno; il est moins amphibolique que celui du mont Ada-
mello. Le schiste micacé qui sépare les deux massifs plonge
de 70 à 80° au $., 20° O., ce qui semble indiquer une structure
en éventail. Le porphyre n'est pas non plus étranger à ces
régions. M. Escher en signale des traces à une demi-lieue en
aval du lac d'Arno.
XXII. — Massif de Selvretta.
Il est une particularité qui ne peut manquer de frapper le
géologue étranger qui remonte pour la première fois la grande
vallée du Rhin, c'est qu'on puisse pénétrer si avant dans les
montagnes le long de ce fleuve, avant de rencontrer des ter-
rains cristallins. Une vaste étendue de terrains sédimentaires,
composés en grande partie de flysch, s’avance iei comme un
grand golfe dans le cœur de la chaîne alpine, sépare d’abord
les Alpes Suisses des Alpes Rhétiques, puis se divise en deux
bras, l’un qui va occuper l'Engadine, l'autre qui s'’avance à
— 171 —
l'E. jusque près de l'Adige où il est porté à une très-grande
hauteur, si bien qu'il forme la plus haute montagne de lAlle-
magne , l'Ortles (3905).
Le premier massif des Alpes Rhétiques est celui de Selvretta,
dont une portion fait encore partie de la Suisse. Distinctement
limité de tous côtés, il est séparé du massif de l'Œtzthal par
la grande vallée de l’Inn ou l'Engadine, et peut à bien des
égards être envisagé comme un modèle de noyau cristallin. Il
est composé essentiellement de gneiss qui souvent passe au
schiste amphibolique. Nous retrouvons ici la structure en
éventail et au milieu de l'éventail, du granit, comme dans les
massifs du Finsteraarhorn et du St-Gothard. Cependant le gra-
nit ne forme pas les plus hautes montagnes, Celles-ci sont es-
sentiellement composées de roches amphiboliques, surtout
dans le groupe de Selvretta et de Fermont. Le piz Linard qui
en fait partie atteint 3416". Ses flancs sont couverts de gla-
ciers, qui se maintiennent en général aux niveaux supérieurs,
sans descendre dans les grandes vallées.
XXIIT. — Massif de l'Œtzthal.
Non moins bien limité que celui de Selvretta, ce massif est
l’un des mieux caractérisés de toute la chaîne alpine. Au point
de vue du relief, il le cède à peine aux massifs les plus impo-
sants des Alpes Suisses. Le noyau cristallin se compose de
gneiss et de schiste micacé, ee dernier formant les points cul-
minants, tandis que le gneiss occupe les niveaux inférieurs,
formant en quelque sorte le revêtement du schiste micacé, au
rebours de ce qui se voit ailleurs. La structure en éventail est
évidente. Les géologues autrichiens y ontmême reconnu deux
systèmes d'éventails, l’un méridional, dirigé de l'E. à l'O.
correspondant à la grande arête qui porte le Similaun (3604),
le Hochjoch (3478"), l’autre plus septentrional, orienté du
S.-0. au N.-E. et qui a son point culminant dans le Wildkogel
(3773). Ce dernier alimente les glaciers de Gepatsch et de
Vernagt, les plus grands du Tyrol et qui sont devenus célè-
bres par leur progression extraordinaire.
— 172 —
Ces deux grandes arêtes, séparées par une zone de roches
amphiboliques qui se montre dans le Rofenthal (lune des
branches du Fenderthal), semblent se rejoindre dans la célè-
bre pyramide du Weisskogel (3747), d’où descend le glacier
de Langtaufen qui est lui-même une des principales sources
de l'Adige ({).
L’Adige peut être envisagée comme limitant le massif, non
seulement au $., mais aussi jusqu'à un certain point à l'O. I
est vrai que des lambeaux cristallins se retrouvent encore en
deçà de la rivière et jusque sur le territoire suisse, mais leur
+ caractère minéralogique est en général si vague, qu’il est pru-
dent d’attendre les recherches qui se poursuivent maintenant
sous la direction de la commission géologique suisse, pour
préciser leurs limites. En attendant, nous savons qu’il existe
au col de Reschen, entre la vallée de l’Inn et celle de l’Adi-
ge, des masses de calcaire, de cargneule et de gypse qui éta-
blissent une sorte de limite qui coïncide à peu près avec les
limites politiques.
XXIV.— Massif de l'Ortles.
La partie supérieure de la vallée de l'Oglio, avec la zone
de calcaire et de schiste amphibolique qui l'accompagne de-
puis Incadine jusqu'à Ponte-di-Legno, peut être envisagée
comme la limite du massif d’Adamello au N. Au-delà de cette
limite, nous retrouvons encore une étendue assez considérable
de roches cristallines, des gneiss et et des schistes micacés,
dans lesquels sont creusés les vals Mazza, Grande et Morli-
rolo. Ce terrain cristallin va s'appuyer au N. contre les schistes
houillers et les terrains triasiques qui séparent le massif de
la Bernina de celui de l'Œfzthal. Par exception, les terrains
stratifiés ont été portés ici à une plus grande hauteur que les
terrains cristallins et, comme l'Ortles en fait partie, nous
avons conservé à tout le groupe le nom de cette cime, la plus
haute des Alpes allemandes (3905).
Le massif de l’Ortles ainsi défini a pour limites à lO., le
cours supérieur de l’'Adda avec la route du Stelvio, au $. le
(*) Voir l'ouvrage de M. Sonklar : Die œtxthaler Gebirgsgruppe , 1861.
— 173 —
cours supérieur de l’Oglio, à l'E. les terrains secondaires du
bassin de l’Adige, et au N. la grande zone des terrains strati-
fiés qui sépare les Alpes centrales des Alpes orientales.
XX V. — Massif des Alpes Trentaises.
Quoique peu marquant par son étendue et son élévation,
ce massif n'en est pas moins très-connu en géologie par les
travaux et les théories qui s’y rattachent.
La roche n’est plus simplement du gneiss ou du schiste mi-
cacé, comme dans les grands massifs voisins de l'Ortles et de
l'Œtzthal, c’est une espèce particulière de porphyre, passant
fréquemment au gabbro, à la syénite et au granit, le porphyre
noir où melaphyre, auquel M. de Buch assignait un si grand
rôle dans la formation des roches alpines. I lui attribuait en
particulier la transformation des calcaires en dolomies sur
le pourtour de ce noyau et spécialement dans la célèbre
vallée de Fassa, à l’origine du val de Fimme, où les masses
dolomitiques s'élèvent jusqu’à près de 3000". Les porphyres
r’atteisgnent pas cette hauteur. En revanche, ils ont toute l’ap-
parence d'un noyau éruptif ayant surgi du milieu des roches
sédimentaires qu'ils paraissent avoir modifiées à plusieurs
égards. Leur action s’est surtout exercée sur les grès du mu-
schelkalk, ce qui conduit à penser que c’est vers cette époque
qu'aurait eu lieu l'éruption. Il ne saurait être question ici de
structure en éventail.
XX VI.— Massif des Tauern.
La vallée de l'Adige, la plus longue et la plus profonde de
toutes les vallées transversales des Alpes, n'indique pas seu-
lement une grande séparation topographique, puisqu'elle sé-
pare les Alpes Rhétiques des Alpes Noriques, elle constitue
l'un des traits les plus caractéristiques de l’orographie alpine.
Ce n’est pas une simple coupure à travers un noyau cristallin
comme sont les grandes cluses du massif des Alpes oceiden-
tales, c’est une dépression primitive, une espèce d'intermit-
tence entre les deux grands massifs de l'Œtzthal à l'O. et des
=
Tauern à l’E., dans laquelle les roches sédimentaires ont pu
se maintenir à un niveau relativement bas sans subir de grands
bouleversements. Aussi cette dépression est-elle devenue de
bonne heure la grande voie de communication entre les deux
versants des Alpes. C’est par là que les populations asiatiques
se sont ruées sur l'Italie lors de la migration des peuples ;
c'est par là que les empereurs d'Allemagne conduisaient leurs
légions en Lombardie pendant les longues et sanglantes guer-
res des Guelfes et des Gibellins. De nos jours, c’est la princi-
pale route d’Inspruck à Milan et nous pouvons espérer voir
bientôt la locomotive la traverser.
Les masses cristallines situées à l’orient de la dépression
de l’Adige ne le cèdent ni en grandeur ni en magnificence à
celles que nous venons de passer en revue. La force soule-
vante, après avoir en quelque sorte repris haleine, semble
avoir fait un dernier effort pour rivaliser avec les Alpes cen-
trales, en formant cette longue ligne de sommets neigeux
qu'on désigne sous le nom de Tauern et de Keese.
Les anciennes cartes géologiques représentent toute la
chaîne des Tauern comme formant un seul noyau cristallin de-
puis le Zillerthal jusqu'à l'Ankogel. Les recherches récentes
des géologues autrichiens viennent de nous révéler des zones
de terrains stratifiés qui s’entrelacent entre les différents som-
mets et les divisent en un certain nombre de massifs plus ou
moins nettement circonscrits, comme dans les Alpes centra-
les. I y a longtemps que l’on savait que le point culminant de
toute la chaîne des Tauern, le Gross-Glockner (3656 “) n’é-
tait pas granitique, mais se.composait, comme l'Ortles, de
schiste sédimentaire. Nous savons aujourd’hui que èes mêmes
schistes forment une zone continue, qui s'en va rejoindre au
N. les terrains paléozoïques de la Salza, tandis qu'ils se conti-
nuent à l'O. jusqu’à l'Adige (le long de lIsel et de l Ahren).
De la sorte le massif des Tauern se trouve aujourd’hui sensi-
blement réduit; mais il n’en forme pas moins la partie la plus
imposante de toutes les Alpes Noriques, depuis les sources de
la Ziller jusqu'au Gross-Glockner. Il comprend d’O. à E.
les Puster Tauern (appelés aussi Zemmer-Ferner), les Krim.
ler Tauern, ayant leur point culminant dans le Dreiherrnspitz
— 175 —
(2853%), les Sulzhacher Keese avec le Gross - Venediger
(3575).
Même réduit à ces limites, le massif des Tauern serait en-
core susceptible de subdivision. M. de Sonklar ({) en particu-
lier voudrait en séparer comme massif à part, sous le nom de
groupe du Züllerthal, les Puster Tauern où Zemmer-Ferner
qui alimentent la Ziller, en sorte que le massif des Tauern ne
commencerait qu'au Dreiherrnspitz pour se continuer jusqu'au
Gross-Glockner.
La roche dominante de tout le massif, y compris le groupe
du Zillerthal, se compose de gneiss et de schiste micacé. Ce-
pendant la séparation d'avec les schistes gris ou paléozoïques
n’est pas toujours très-distincte.
XX VIT. — Massif de l’'Ankogel.
Ce massif est la continuation orientale de la grande chaîne
des Tauern, dont il n’est séparé que par le lambeau de schis-
tes paléozoïques dont fait partie le Gross Glockner. Il com-
prend spécialement les Fuchser Tauern, les Nassfelder Tauern
et la belle pyramide de l'Ankogel qui termine en quelque
sorte la grande chaîne, dont l’arête principale ne descend
guère au dessous de la ligne des neiges éternelles. Plusieurs
de ses sommets atteignent même 3000" et au delà; l'Ankogel
lui-même à 3250". A partir de l’Ankogel, le massif cristallin
se prolonge encore à l'E. tout en se dégradant, jusqu’au Lie-
ser, où une zone de schistes venant des sources de la Mur au
nord le sépare du massif du Gurk. Une zone semblable, qui
n'est peut-être que le prolongement de la précédente, le sé-
. pare du massif de la Drau au S$.
La roche est la même que celle du massif du Tauern,
essentiellement du gneiss et du schiste micacé ; l'Ankogel en
particulier est formé d’un beau gneiss.
XX VIII. — Massif de la Drau.
La zone de schistes, qui du Gross Glockner s'en va rega-
gner à l'O. la grande dépression de l'Adige, longeant d’abord
(*) Œtzthaler Gebirgsgruppe , 1860.
la vallée de l'Isel puis celle de l’Ahren (affluent de l’Eisack) a
pour résultat d'isoler de la chaîne principale des Tauern un
noyau cristallin parallèle au précédent mais plus étroit et plus
alongé. Ce massif que nous appelons du nom de la Drau, par-
ce qu’il comprend les sources de cette rivière, rappelle à bien
des égards le massif des Quatre-Lacs en Suisse, dont il est en
quelque sorte ie pendant. Comme ce dernier, il ne s'élève
qu'exceptionnellement au dessus de la ligne des neiges éter-
nelles. Le point culminant de tout le massif parait être le
Weissenbacher Spitz, à quelques lieues au nord de Lienz, qui
s'élève, dit-on, à 3278", La roche dominante est encore ici le
gneiss et le schiste micacé. Le gneiss est des mieux caracté-
risés dans les environs de Lienz, où l’on remarque même une
tendance à la structure en éventail.
XXIX.— Massif des Alpes Carniques.
Sans compter parmi les grands massifs des Alpes, le groupe
des Alpes Carniques est cependant assez proéminant, puis-
qu'il s'élève à 2900" dans le Burken-Kogel et à 2690 dans
le mont Baralba. Il est séparé du massif de la Drau par la
vallée de la Gail et la zone de terrains sédimentaires qui ac-
compagnent cette rivière. Le noyau cristallin se compose de
gneiss et de micaschiste. Il est assez restreint comparative-
ment à l'étendue des montagnes calcaires aux formes pitto-
resques qui l'entourent du côté du midi et alimentent, de con-
cert avec les pics cristallins, les sources du Tagliamento et
de la Piave.
XXX.— Massif des Alpes Styriennes ou du Hochgolling.
De tous les rameaux qui se rattachent à l’Ankogel, l'un des
plus remarquables se dirige au nord, où il est connu sous le
nom de Radstädter Tauern, du nom de la ville de Radstadt
qui est assise à son pied septentrional. Cependant ce rameau,
le plus élevé de tous, n’est pas cristallin; il est au contraire
composé de schiste et de calcaire. La roche cristalline ne re-
parait que plus à l’E., dans le groupe du Hochgolling pour se
continuer de là au N.-E. dans le Hohenwarth.
— 171 —
La roche dominante est encore ici du gneiïss et du calcaire;
on y a même signalé du véritable granit dans le Hochgolling.
Les limites de ce massif sont, au nord, la zone des schistes
paléozoïques de la rive droite de l’'Ens, au sud, la dépression
de la Mur avec ses dépôts tertiaires, et à l’ouest, la zone de
schiste qui des sources de la Mur se dirige le long du Lieser,
vers Gmünd.
XXXI.— Massif du Gurk.
Ce massif, compris entre la Mur, le Lieser et la Drau, ne se
compose guère que de montagnes de second ordre, qui res-
tent en général sensiblement au dessous de la ligne des neï-
ges éternelles. Sa plus haute cime, l'Eisenhut (2440®) ne fait
que l’effleurer. C’est un pays de pâturage, traversé à peu près
dans toute sa longueur (d’O. en E.) par le cours supérieur du
Gurk. Sa limite orientale est nettement indiquée par une large
zone de terrain schisteux correspondant à une dépression
que la route de Klagenfurt à la Mur suit dans toute sa lon-
gueur. La roche dominante est encore ici le gneiss et le schiste
micacé.
XXXII. — Massif des Alpes Carinthiennes.
Ce massif, d’une étendue assez considérable, a pour limite
approximative la Mur au N., la dépression du Gurk à lO., la
Drau au $. et la plaine molassique de Grætz à l'E. Nous re-
trouvons ici à peu près le même caractère que dans le massif
précédent, des montagnes aux formes arrondies, couvertes
en général de pâturages jusqu'au sommet. Il semble que le
noyau cristallin ait fait ici un dernier effort en formant une
sorte de grand arc dont le centre est à la Stub-Alp, au nord
de St-Léonard. Cet arc, largement ouvert à l'E., était baigné,
avant le dernier soulèvement, par la mer molassique dont les
dépôts viennent s’adosser immédiatement contre le gneiss, ce
qui n’existe nulle part ailleurs. Un autre golfe molassique pé-
nètre du $S. dans l’intérieur du massif par la riche vallée du
Lavant, qui est justement surnommée « le paradis de la Ca-
rinthie. » C’est dans les Alpes dites de Judenburg, en face
de la ville de ce nom, que le massif atteint sa plus grande
hauteur, dans le Wenzel-Alpenkogel (2140).
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 13
— 178 —
XXXIIT. — Massif du Bacherwald.
Le rameau méridional du massif des Alpes Carinthiennes
ne s'arrête pas à la Drau; il envoie un dernier prolongement
cristallin au delà de cette rivière dans la direction des monts
Warasdin. C’est ce prolongement composé de gneiss que nous
désignons sous le nom de massif du Bacherwald. Faisant en
quelque sorte suite à limposante chaîne calcaire des Kara-
wankas, le Bacherwald s’interpose, comme ces derniers, entre
la Drau et la Save et forme en même temps la séparation entre
la race slave et la race allemande. C’est une agglomération
de rides, une sorte de plateau ondulé très-limité, qui n’a pas
conservé grand chose du caractère orographique alpin, bien
qu'il s'élève encore sur quelques points jusqu’à 1500" (Bacher-
berg 1580", Kappa 1537). Il s’affaisse graduellement au $.-E.,
où il disparaît sous les terrains secondaires et tertiaires des
monts Warasdin.
XXXIV. Massif du Sæmmering.
Le rameau oriental du massif Carinthien se rétrécit à mesure
qu'il s’'abaisse pour donner passage à la Mur près de Bruck.
Cependant la roche eristalline ne disparaît pas pour cela. Elle
s'épanouit une dernière fois au delà de cette rivière pour
former un massif aux contours très-irréguliers, le massif du
Sæmmering ou des Alpes de Fischbach que traverse le che-
min de fer de Vienne à Graetz. Nous ne trouvons plus ici que
des formes très-adoucies, qui n’ont plus rien du caractère
alpin. Les montagnes, en général, n’excèdent guère 1000"
d'élévation; la plus haute, le Wechsel, près des sources de
la Leitha, ne dépasse pas 1680", Le massif se compose de
deux rameaux parallèles, que les rivières traversent par de
nombreuses eluses, pour se déverser au $. dans la plaine
molassique, qui borde directement le noyau cristallin, sans
qu'aucune roche secondaire ou paléozoïque vienne s’interpo-
ser entre le gneiss et la molasse. Un autre petit lambeau cris-
tallin se montre sur la rive septentrionale du lac de Neusiedl.
On lenvisage généralement comme le dernier anneau de la
chaîne alpine. Cependant il est probable qu'il n’est pas sans
liaison avec le noyau granitique qui reparaît à Pressbourg et
qui semble relier les Petites-Carpathes aux Alpes.
— 179 —
PARTIE GÉOLOGIQUE.
TERRAINS STRATIFIÉS.
Il n’est pas nécessaire de pénétrer bien avant dans les
Alpes pour se convaincre que les terrains stratifiés y sont
moins nettement définis que partout ailleurs. Aussi l'étude dé-
taillée des formations y est-elle de date récente. Jusqu'à il y a
un quart de siècle, on se contentait de quelques divisions très-
générales. En dehors des terrains cristallins, on ne reconnais-
sait guère, dans l’intérieur des Alpes, que du calcaire alpin, du
flysch, du verrucano, auxquels s’ajoutaient à l'extérieur la
molasse et la nagelflue.
Aujourd'hui, grâce à l'émulation des gouvernements fran-
çais, autrichien, bavaroïs, et au dévouement d'un certain nom-
bre de nos compatriotes, les Alpes ne sont plus une terre
exceptionnelle. On y à retrouvé suecessivement à peu près
tous les étages des principales formations, tantôt dans une
région, tantôt dans une autre, il est vrai avec des caractères
plus ou moins précis.
Les plus grandes difficultés existent dans l'intérieur des
Alpes, là où les massifs granitiques sont nombreux et resser-
rés, et les terrains stratifiés réduits à des zones étroites et
souvent très-bouleversées. Cependant, si l'hypothèse que nous
avons posée plus haut est fondée, si les noyaux cristallins sont
sortis par pression du milieu de la nappe de roches sédimen-
taires (n'importe que ce soit à l’état pâteux ou solide), il s’en
suit que les terrains des zones ou maîts intérieures devront par-
ticiper des mêmes caractères généraux que ceux qui forment
le revêtement extérieur, puisqu'ils étaient nécessairement con-
tinus avant le soulèvement.
Le contact des massifs cristallins est une cause d’altérations
fréquentes pour les terrains stratifiés; les calcaires y sont non
— 180 —
seulement noircis, mais souvent transformés en marbre ou en
dolomie; les schistes et les grès y deviennent cristallins, les
poutlinglies porphyroïdes. Ces altérations sont d'autant plus
fréquentes et plus marquées, que les massifs cristallins sont
plus prépondérants. C’est parce que les roches cristallines
dominent dans les Alpes suisses, que l'étude des dépôts stra-
tifiés y offre tant de difficultés, spécialement dans les maîts
ou zones intérieures où les couches sont rarement normales
et les fossiles très-rares et toujours mal conservés. Souvent
même les altérations sont tellement considérables, que la
structure primitive en est complètement oblitérée et que l’on
en est à se demander si l’on à à faire à une roche stratifiée
ou à une roche éruptive. Dans ce cas, l'étude des roches com-
posant les maîts extérieures n’est autre chose que l'étude des
terrains métamorphiques qui constituent la partie la plus dif-
ficile de la géologie alpine. Ceux qui veulent se familiariser
avec l’ensemble des formations alpines, feront bien d'étudier
en premier lieu les zones extérieures avant d'entreprendre
l'étude des maîts intérieures.
Maîts ou zones intérieures.
A part leur altération souvent très-profonde, ce qui distingue
les roches des maîts, c’est d’appartenir en général aux séries
anciennes; les formations récentes n’y jouent qu’un rôle très-
subordonné. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, la
maît entre le massif du Mont-Blanc et celui des Aiïguilles-Rou-
ges ne renferme pas de terrain plus récent que la formation
carbonifère. Les vallées de Realp et d’Urseren, comme aussi
celle de Bedretto sont limitées aux mêmes terrains avec quel-
ques lambeaux de terrain jurassique. La formation crétacée
ne pénètre guère dans l’intérieur de la chaîne, non plus que
les terrains éoeènes; enfin la molasse, à l'exception de quel-
ques vallées à l'extrémité orientale de la chaîne, est complè-
tement étrangère aux maîts intérieures. On dirait que les ter-
rains récents n’ont pas pu suivre les masses cristallines, lors-
qu'elles ont fait irruption et que celles-ci n’ont entraîné avec
— 181 —
elles que les dépôts stratifiés les plus profonds et les plus
anciens.
D'ordinaire il n’y a qu'un moyen de connaître l’âge de ces
terrains, c’est de rechercher leur liaison avec les terrains de
la zone extérieure. C’est ainsi que nous avons dans le Valais,
près de Sion, le terrain carbonifère très-bien caractérisé avec
des bancs de houille en exploitation. Ces bancs de houille
sont accompagnés d’autres roches dont la position, l'allure et
en général les caractères stratigraphiques sont connus. Ces
caractères sont parfois assez prononcés pour être reconnais-
sables, même en dépit des altérations qui peuvent survenir;
tels sont les conglomérats, certains schistes. La houille faisant
défaut, ce sont ces roches que l’on devra suivre de proche en
proche, si l’on veut s'enquérir de l’âge des terrains de telle ou
telle maît. C’est ainsi que l’on s’est assuré que le terrain car-
bonifère des environs de Sion se prolonge jusqu'à la Fourka,
et même plus loin jusqu'à Andermatt, occupant, sous une
forme, il est vrai, souvent très-altérée, toute la grande maît
entre le massif du Finster-Aar et celui du Simplon.
Le degré d’altération des terrains stratifiés des zones ou
maîts intérieures ne saurait cependant être en soi une preuve
de leur ancienneté. La maît de la Fourka, qui n’est que la
continuation de celle de la vallée du Rhône et celle du val
Bedretto renferment l’une et l’autre des bélemnites dans des
terrains très-métamorphosés, remplis de paillettes de miea et
de grenats, la première à la Fourka même, la seconde au col
de Nuffenen, dans des couches que l’on rangeait, il y a qua-
rante ans, dans les terrains cristallins et qui aujourd’hui sont
reconnues pour appartenir à la formation jurassique.
Zone exterieure.
Nous avons vu plus haut, en analysant la coupe du St-Go-
thard, que les caractères des différentes formations se dessi-
nent d'autant mieux qu’on s'éloigne d'avantage des massifs
granitiques. Cette règle se confirme partout. La zone exté-
rieure présente un champ d'exploration beaucoup plus fécond
et plus encourageant que les zones ou maîts intérieures. Ici il
ne s’agit plus seulement de flysch, de calcaire alpin, de ver-
rucano. On y rencontre toute la série des formations, depuis
les terrains paléozoïques jusqu'aux terrains tertiaires; elles se
montrent d'autant plus distinctes, que la zone est plus large
et plus éloignée des noyaux granitiques. C’est pour cela que
les Alpes orientales sont plus favorables à l'étude des terrains
stratiliés, que les Alpes centrales. Aussi les recherches des
géologues autrichiens dans les Alpes orientales ont-elles fait
faire des progrès importants à la stratigraphie alpine.
Il y à vingt ans, on supposait qu'il n'existait pas dans les
Alpes suisses de terrain de sédiment plus ancien que le lias.
On réunissait sous le nom de terrain mixte une série de dé-
pôts en contact immédiat avec le gneiss et composés de quar-
zites, de calcaires dolomitiques, de cargneule, de schistes ar-
gileux rouges et de conglomérats très-puissants. Venaient
ensuite les puissants massifs de calcaire qui surmontent ces
schistes et ces dolomies et qui forment, au contact des roches
cristallines et sédimentaires, de grands massifs dont les ab-
rupts sont tournés vers le noyau granitique. On les désignait
sous le nom de calcaire des hautes Alpes. La formation créta-
cée était connue, mais peu définie; on lui rapportait encore le
terrain nummulitique des Diablerets, de la dent de Morcles,
ainsi que les puissants dépôts de schiste gris qui occupent une
si grande partie des montagnes d’Appenzell, Schwytz et Un-
terwalden.
Le versant méridional des Alpes Suisses était encore moins
connu et l'étude des Alpes orientales était à peine ébauchée.
Aujourd’hui les choses ont bien changé. Les formations sui-
vantes sont définitivement établies.
SÉRIE PALÉOZOÏIQUE.
C'est dans les Alpes orientales où les roches sont le moins
altérées que l’on doit s'attendre à trouver les formations an-
ciennes les mieux caractérisées. En effet, la formation earbo-
nifère n'y est pas le seul représentant de la série paléozoïque.
On retrouve aussi dans les environs de Grætz des traces de la
— 183 —
formation silurienne. Les Alpes Noriques sont entourées, à
peu près sur tout leur pourtour, d’une large zone de terrain
carbonifère. Le même terrain, sous la forme de schiste gris,
constitue une grande partie du sol des Grisons; il occupe éga-
lement le fond des maîts qui séparent les Alpes Bernoiïses des
Alpes Lépontines et acquiert de nouveau un très-grand déve-
loppement entre les Alpes Piémontaises et les Alpes occiden-
tales. Il est démontré aujourd’hui que le célèbre terrain an-
thraxifère de Petit-Cœur, sur lequel des doutes ont prévalu
pendant longtemps, appartient bien réellement au terrain
houiller., Ce même terrain se continue, à partir de la Taren-
taise, jusqu'à l'extrémité des Alpes Maritimes.
À mesure que l’on passe des Alpes orientales aux Aïpes
centrales, les roches paléozoïques se montrent toujours plus
altérées; néanmoins, on observe encore sur nombre de points
des traces de houille, mais rarement en bancs exploitables.
Les plus remarquables sont ceux du Valais, mais la qualité
en est inférieure. Il existe sur les flancs du Mont-Blanc un
conglomérat très-remarquable connu sous le nom de conglo-
mérat de Valorsine, que l’on sait aujourd'hui appartenir à la
formation houillière et qui est devenu un excellent guide par-
tout où il existe.
SÉRIE SECONDAIRE ou MÉSOZOIQUE.
Formation triasique.
La formation triasique a été pendant longtemps envisagée
comme l’apanage des Alpes orientales. On la trouve en effet
largement développée du moment que l’on franchit le Rhin,
non.seulement dans la zone extérieure du Voralberg et du
Tyrol, mais aussi dans la grande zone ou maît dont fait par-
tie l’Albula et qui s’avance comme un golfe profond entre
les massifs de Selvretta, d'Œtzthal et de Bernina. La même
formation se retrouve sur le versant méridional, où venant
de l’est, elle s’avance à l’ouest jusqu'au lac de Lugano, pour
se terminer dans la magnifique pyramide du mont San-5al-
vadore.
— 184 —
Les roches qui rentrent dans ce groupe sont:
1° Le verrucano. C’est un grès rouge passant au conglomé-
rat, très-répandu dans toute la chaîne des Alpes centrales et
orientales. Souvent aussi il affecte la forme de schistes rouges
et verts, surtout dans les Alpes autrichiennes, où il est connu
sous le nom de schiste de Werfen.
Il se montre également dans les zones intérieures, partieu-
lièrement au Stelvio. On est généralement convenu de l’envi-
sager comme le représentant du grès bigarré.
2 Le Muschelkalk, représenté par de nombreux bancs de
calcaire qui accompagnent et recouvrent le verrucano. Avec
ce calcaire se trouvent associées de puissantes masses de do-
lomie d’un gris de cendre tirant au noir. C’est surtout aux en-
virons d’Innspruck que cet étage est bien développé. Il se re-
trouve aussi dans le Val Trompia, sur le versant méridional,
avec ses fossiles caractéristiques. En Carinthie, il a été décrit
sous le nom de calcaire de Guttenstein.
3 Le Keuper. Ce ne sont plus des marnes bigarrées, com-
me dans le Jura, mais des schistes noirs accompagnés de
puissantes masses de dolomie qui atteignent jusqu’à 1000
d'épaisseur. Ces dolomies elles-mêmes sont suivies d’un groupe
particulier, propre aux Alpes, le calcaire de St-Cassian, re-
marquable par ses nombreux et beaux fossiles; il est surtout
bien caractérisé sur le revers méridional de la chaîne, dans
les Alpes Trentaises.
Il existe en outre dans les Aïpes orientales plusieurs grou-
pes sur lesquels les géologues ne sont pas d'accord; ce sont
les couches de Kœæssen, en Tyrol, qui paraissent être l’équi-
valent du bonebed, et les couches à Avicula contorta, qui
correspondent, selon toute apparence, à l’infra-lias. Ce der-
nier groupe est aussi très-développé dans les Alpes Lombardes,
où il à été l’objet de recherches très-fructueuses de la part de
M. Stoppani. Enfin le calcaire de Hallsatt des géologues au-
trichiens doit aussi probablement être rapporté au Keuper
supérieur, ainsi que les couches de Raïbel en Carinthie.
Rien de tout cela n'existe dans les Alpes occidentales; ce-
pendant la formation triasique ne paraît pas y être tout à fait
étrangère, et il y a quelque raison de supposer que les car-
— 185 —
gneules (Rauchwake) qu’on rencontre sur nombre de points
en sont les représentants,
Formation liasique.
D'ordinaire et lorsqu'il n’est pas modifié par des influences :
‘subséquentes, le lias se présente sous la forme de roches es-
sentiellement marneuses et peu solides, qui prêtent à la dé-
sagrégation, ce qui fait que dans le Jura ses affleurements ne
donnent pas lieu à des reliefs, mais correspondent à des dé-
pressions connues sous le nom de combes. Il en est autrement
dans les Alpes, où le lias est un calcaire d'ordinaire très-dur
et qui par conséquent joue un rôle bien différent dans l’oro-
graphie, témoins les roches de Meillerie sur le lac de Genève.
M. Lory lui rapporte les schistes ardoisiers de l'Oisans et les
calcaires compactes du Briançonnais. Il est bien connu dans
les Alpes vaudoises, à Bex, où il alterne avec de puissantes
assises de gypse qui renferment le sel gemme de cette localité.
On le retrouve à Châtel-Saint-Denis, près de Blumenstein où
l’on a constaté les trois grands groupes de la formation, (lias
inférieur, lias moyen et lias supérieur). Mais c’est dans les Al-
pes orientales qu'il atteint tout son développement. Déjà très-
développé dans le Voralberg, il devient la roche dominante
dans les Alpes de Salzbourg et d'Adompt, où il se présente
avec des caractères tout différents de ceux qu'il affecte dans
les Alpes suisses. Les géologues autrichiens y distinguent de
bas en haut :
Le Dachsteinkalk composé de puissantes masses de calcaire
bien stratifié, formant quelques-unes des plus hautes monta-
gnes de l’archiduché d'Autriche, et les couches de Gresten, qui
sont également des calcaires alternant avec des grès et schistes
bruns. |
Ces deux groupes, auxquels s'associent de puissantes masses
de dolomie, représentent, d’après les géologues autrichiens,
le lias inférieur dans toutes les Alpes Styriennes.
. Le lias supérieur est représenté, dans les Alpes orientales,
par une roche des mieux caractérisées; c’est un calcaire gris
— 186 —
et rouge souvent spathique, quelquefois concrétionné, riche
en pétrifications surtout en ammonites, rappelant à bien des
égards le calcareo ammonitico rosso de la zone méridionale.
Les géologues autrichiens le désignent sous le nom de calcaire
ou marbre d'Adneth, d'une localité célèbre dans la vallée de
la Salza.
Formation oolitique.
On ne doit pas s'attendre à retrouver dans les Alpes les
subdivisions nombreuses de cette formation, telles qu’elles
sont connues en Angleterre, en France, en Allemagne et dans
le Jura suisse. Cependant on y a reconnu les divisions-prinei-
pales, ainsi, dans les Alpes suisses, l’oolite inférieure, l’oxfor-
dien et l’oolite supérieure. L’oolite inférieure est en général
la moins développée et paraît limitée aux Alpes Bernoises, en-
tre l’'Arve et l’Aar. Ce sont encore les environsde Blumenstein,
dans la chaîne du Stockhorn, qui sont, sous ce à dé. les
mieux caractérisés.
L’oolite moyenne (oxfordien) joue un rôle bien plus considé-
rable. C’est à ce groupe que doivent être rapportées ces énor-
mes masses de calcaire que l’on désignait autrefois sous le
nom de calcaire des Hautes-Alpes (Hochgebirgskalk), dont les
abrupts, de plusieurs centaines de mètres de hauteur, font
face, sur nombre de points, aux noyaux cristallins, ainsi à
Grindelwald et dans le Hassli. Sous le nom de calcaire de Cha-
tel, il s'élève du milieu de la zone de macigno, comprise entre
l’Arve et l’Aar, formant, entre autres, la Dent d’Oche, le
Moléson, la Dent de Branleire et une partie de la chaîne du
Stockhorn. Mais c’est dans les hautes montagnes qui forment
la ceinture immédiate du massif du Finster-Aarhorn, que ce
calcaire est surtout en évidence; il y donne lieu à des cimes
qui rivalisent avec les plus hauts sommets des Alpes; tels sont
l’Altels (3634), la Blumlis-Alp (3661), le Wetterhorn anté-
rieur (3407*), le Titlis (3239*). Il forme les gigantesques
coins qui se trouvent intercalés dans le gneiss à la Jungfrau,
au Mettenberg, au Laubstock. C’est un calcaire finement eris-
tallin, schisteux, sec, sonnant comme du verre au contact du
— 187 —
marteau. Il renferme souvent des nids d'un minerai de fer
particulier, le chamosite, ainsi appelé, parce qu'il se trouve
au fond.de la vallée de Chamoson en Valais. Un minerai sem-
blable se retrouve au Gonzen, près de Sargans, où il est ex-
ploité depuis plus de six siècles, si même l'exploitation ne
remonte pas au temps des Romains. C’est le même terrain qui
fournit les célèbres ciments de la Porte de France, dans le
Dauphiné.
On doit probablement rapporter au même étage oxfordien
les calcaires qui forment la masse principale de la Windgelle,
ainsi que les chaînes du Scherrhorn (3296) et des Clarides
(3258), d’où il se prolonge jusque vers Glaris. Les calcaires
du Toedi et du col de Panixer sont de la même roche. Enfin,
ce calcaire donne fréquemment lieu à des surfaces nues qu’en-
tament de profondes fissures séparées par des lames souvent
très-aigues, les lapias (Karrenfelder), qui sont l’un des traits
les plus curieux du paysage alpin. Il en existe d'assez remar-
quables près du Dauben-$See, au sommet de la Gemmi.
Les fossiles sont rares dans ce calcaire; ils se bornent à
quelques bélemnites et à un petit nombre d’ammonites. Les
bélemnites sont souvent traversées par des veines de quartz
et de spath calcaire; les ammonites sont allongées, indiquant
que la masse a été soumise à un étirement remarquable. Les
espèces les plus communes sont les Belemnites hastatus BI. et
l’Ammonites tortisulcatus d'Orb.
A défaut de fossiles, les caractères de la roche sont en gé-
néral assez tranchés pour servir de guide dans la détermina-
tion. Au touriste nous recommanderons de se défier de cette
roche qui est très-peu sûre dans les ascensions.
On a signalé un calcaire semblable dans les Alpes du Vo-
ralberg. Des fossiles récemment découverts dans le Val Fer-
ret indiquent le même étage. Mais, somme toute, c’est dans
les Alpes Bernoises qu'il atteint son plus grand développement.
Oolite supérieure.
Ce groupe est relativement restreint. On ne l’a pas encore
signalé dans les Alpes oriéntales, ni dans les parties E. de la
— 188 —
chaîne centrale. Il paraît être également étranger aux Alpes
occidentales. Les principaux districts où il se trouve, sont les
parties supérieures des vallées de la Simmen et de la Sarine,
entre la chaîne du Moléson et les Hautes-Alpes. Il existe éga-
lement dans le Chablais où il s'élève à une grande hauteur
dans la chaîne des Cornettes, ainsi que sur la rive droite du
Rhône, où il forme les pittoresques tours d'Ay (2313), de
Mayen (2323") et de Famélon (2158"), pour se prolonger
jusqu'aux bains de Wyssenbure.
La roche est un calcaire noir, souvent schisteux, surtout à
la base, où il renferme des bancs de houille qu'on exploite
au pied N. des Cornettes, dans le val d’Abondance et non
loin de là, près de Vouvry, sur le flane N. de la chaîne méri-
dionale. La houille est très grasse, mais ses bancs sont peu
épais, de six à dix-huit pouces. Cette houille ainsi que les
schistes qui l'entourent sont remplis d’une quantité de eoquil-
les en partie lacustres, en partie marines. On n'y a pas encore
recueilli de débris de plantes. Il y aurait quelque intérêt à
s'assurer si ces dépôts ne sont pas l'équivalent du Purbeck ou
Dubisien du Jura,
Formation crétacée.
La présence et la manière d’être de cette formation dans
les Alpes à été mise en lumière par les travaux des géologues
modernes. À part les macignos et calcaires à nümmulites ,qu'on
rangeait précédemment dans la formation crétacée et que l’on
rapporte maintenant à la série tertiaire, la formation crétacée
était limitée, sur la carte des Alpes, à quelques zones étroites
de gault et de calcaire à rudistes et à orbitolites. Aujourd’hui
tous les étages y sont à peu près représentés. Leur distribution
générale est à peu près la même que.celle de l'oolite moyenne
et supérieure. C’est dans les Alpes occidentales et centrales
que se sont surtout concentrés les dépôts de cette formation.
Les Alpes orientales sont moins favorisées sous ce dé: sé à
moins qu'on n'y rapporte le grès de Vienne.
L'étage néocomien que l'on ne connaissait pas il y à trente
ans, se trouve être aujourd'hui le plus considérable et le plus
— 189 —
puissant de toute la série. Très-répandu en Provence, le néo-
comien se prolonge de là au N.-E., le long du versant exté-
rieur des Alpes Occidentales, où il forme la Grande-Char-
treuse, pénètre de là en Savoie, entoure les lacs du Bourget
et d'Annecy, puis se divise en deux zones l’une jurassique,
l’autre alpine. Cette dernière, en se prolongeant à l'E, tra-
verse l’Arve près de Cluse, forme le revêtement du Buet et
de la Dent du Midi, traverse le Rhône à Saint-Maurice, re-
gaone, en longeant l'Oldenhorn et le Wildhorn, la Gemmi,
pour suivre le cours supérieur de la Kander, forme le Beaten-
berg sur le lac de Thoune, la plus grande partie du Faulhorn
et de la Scheideck, se continue par le Brienzer-Grat dans les
Petits-Cantons, embrasse en grande partie le lac des Quatre-
Cantons, où il forme le Pilate , le Hochfluh , les Mythen, re-
gagne le lac de Wallenstadt, en s’élevant jusqu’au sommet du
Glarnisch, puis se bifurquant à Wasen, s’en va former d'une
part la chaîne des Churfürsten et d'autre part la chaîne du
Sentis, qui se continue elle-même au-delà du Rhin dans le
Voralberg jusqu'à l’Iller. Enfin, c’est à ce groupe qu'il faut
rapporter le grès de Vienne, si tant est qu’il soit crétacé.
Un terrain aussi puissant que le néocomien ne saurait être
un groupe homogène. On y distingue en effet plusieurs sous-
divisions dont chacune mérite le rang d'étage distinet. Ce
sont:
Le Valangien, le plus inférieur de tous, dont le type
est dans le Jura neuchâtelois, mais qu’on a retrouvé sous
la forme d’un calcaire dur et siliceux, sur divers points des
Alpes, entre autres au Glærnisch, au Sentis et au lac du
Bourget.
Le Néocomien propre ou calcaire à Spatangus ; il ne ressem-
ble en rien au néocomien du Jura, C’est un calcaire noir et
schisteux, mélangé de silice qui le rend parfois très-dur. Ce
n’est pas en général une roche très-fossilifère. Certaines loca-
lités cependant font exception, entre autres celles de Ricki
et de Rofaien au-dessus de l’Axenberg, quelques localités de
la vallée supérieure de la Sihl, ainsi que du Sentis. Les fossi-
les caractéristiques sont, comme dans le Jura, le Toxaster
(Spatangus) complanatus, l'Exogyra Couloni et l'Ostrea ma-
cropiera.
— 190 —
Le Calcaire à criocères. Cette forme du néocomien, qui est
complètement étrangère au Jura, mais qui par contre joue un
très-orand rôle en Provence, se retrouve dans diverses par-
ties des Alpes, entre autres près de Châtel-St-Denis et dans
la chaîne du Stockhorn, dont elle forme quelques-uns des
plus hauts sommets, tels que le Burglen, le Gantrisch, le
Neuenen. C’est un calcaire compact à cassure conchoïdale,
d’un gris clair tacheté de noir. Il renferme, outre plusieurs
bélemnites et ammonites, des criocères et des ancylocères de
même espèce que celles d'Escragnolles et Castellane en Pro-
vence. Le même calcaire à criocères se retrouve aussi aux
Voirons. |
L'Urgonien ou calcaire à caprotines (calcaire à rudistes,
Schrattenkalk). C’est un calcaire compact, très-dur, d’ordi-
naire plus clair que le vrai néocomien, en général très-aride,
formant des zones qui se distinguent de loin par leur teinte
claire sur les parois des montagnes escarpées, par exemple à
PAbendberg près d’'Interlacken et sur les flancs du Hochgant.
Lorsqu'il se trouve sur les sommets, les eaux pluviales en
suivent les fissures, y creusent des sillons tortueux qu'on dé-
signe dans l'Entlibuch sous le nom de Schratten, de là le nom
de «Schrattenkalk» que lui donnent les géologues suisses. De
grandes surfaces, des plateaux entiers, sont quelquefois ren-
dus déserts par cette action des eaux atmosphériques, témoins
les Silberen au sud du Progel. Les fossiles les plus caractéris-
tiques sont la Caprotina Ammonia, le Radiolites neocomensis,
le Pteroceras pelagi. I] renferme aussi plusieurs zones pétries
d’orbitolites, qui sont un excellent guide pour les explora-
teurs.
Gault. Ce terrain fut pour la première fois signalé dans les
Alpes par Alex. Brongniart, qui constata que les fossiles de la .
montagne des Fizs, en Savoie, étaient les mêmes que ceux de
la Perte-du-Rhône. On l’a reconnu depuis au lac des Quatre-
Cantons, non loin de Beckenried, au lac de Lowerz, au Pra-
gel, au-dessus d'Yberg et dans les Churfürsten. On le retrouve
au Sentis, d'où il se poursuit à travers le Voralberg jusque
dans les Alpes Bavaroises. Il se présente d'ordinaire sous la
forme d’un grès vert passant au noir. [1 n’a qu'une faible épais-
TA
— 191 —
seur, et comme sa consistance n’est pas très grande, il n’oc-
cupe jamais une position très proéminente. Mais, d'un autre
côté, il est rare qu'il ne renferme pas de fossiles et comme
ceux-ei sont des plus caractéristiques, les géologues les recher-
chent avec un soin particulier. C’est un des meilleurs horizons
dans les Alpes calcaires. Nous renvoyons aux manuels de
géologie pour l'énumération des espèces de coquilles fossiles
qu'il renferme. Les localités les plus riches sont le Reposoir,
Sacconex, Bossetan en Savoie, et la Meglisalp et la Seealp
dans le Sentis.
Craie ou calcaire de Sewen (1). Le gault est surmonté, sur
divers points des Alpes, d’une épaisse couche d’un calcaire
compact distinctement stratifié, à cassure conchoïdale, ordi-
nairement d’un gris foncé, quelquefois bitumineux, qui ne res-
semble aucunement à de la craie, et qui cependant en est
l'équivalent, car ses fossiles sont les mêmes. On y trouve entre
autres l'Ananchytes ovata, le plus caractéristique de tous les
fossiles de la craie blanche. Cette roche atteint son plus grand
développement sur le revers des Churfürsten et dans les mon-
tagnes de l’Appenzell, où elle forme les sommités bien connues
du Kamor (1758), du Hohenkasten (1768"), du Sentis (2504)
et l'Ebenalp. On le poursuit de 1à dans le Voralberg jusqu'à
la vallée de l’Iller, recouvrant régulièrement le gault. Il se
retrouve dans la même position en Savoie, spécialement à
l'Alpe de Sales, au pied de la montagne des Fizs. Enfin, il re-
paraît sur le revers méridional, dans les Alpes Véronaises,
sous la forme d’un calcaire blanc ferrugineux, la scaglia.
SÉRIE TERTIAIRE.
Formation éocène.
La formation éocène se compose dans les Alpes de deux
puissants étages, le terrain nummulitique et le flysch ou maci-
gno. Quoique d'aspect et de composition très-différents, ces
(‘) La craie marneuse ou grès vert supérieur n’a pas encore été signalée
dans les Alpes, à moins qu’on ne veuille y rapporter les terrains de la Gosau.
deux groupes n’en sont pas moins très-étroitement liés entre
eux. Non-seulement ils s’accompagnent sur une foule de
points, mais il est aussi des localités où l’on voit les nummu-
lites passer dans le macigno, ainsi aux Voirons et au Gurnigel.
1° Terrain nummulitique. C’est tantôt un calcaire gris assez
“dur, tout pétri de nummulites, ce qui lui donne parfois une ap-
parence spathique très-prononcée, (bains de Pfæfers), tantôt un
grès verdâtre ou un schiste ferrugineux renfermant une foule
de grosses térébratules et de nombreux échinides, particu-
lièrement dans la vallée de la Sihl, au sud d’Einsiedlen. Le fer
s’y trouve quelquefois en assez grande quantité pour pouvoir
être exploité, entre autres dans la célèbre localité de Kres-
senberg.
Un large lambeau de ce terrain apparaît sur les bords de
la Durance et forme, sur un espace assez considérable, le re-
vêtement oriental du massif de l’'Oisans. Il reparaît ensuite en
Savoie, où il renferme (près d'Annecy) des bancs de houille.
Le même terrain se continue sur le revers de la Dent du Midi,
où il s'élève à une grande hauteur; il forme le sommet de la
Dent de Morcles et du Mœuveran.
Les Diablerets sont connus depuis longtemps par leur nom-
breux fossiles, qui appartiennent à cet étage, et que l’on re-
cueille en quantité au Pas de Cheville. Les points culminants
de la large chaîne que traversent les cols de Sanetsch (2246"),
de Rawyl (2421%) et de la Gemmi (2302") sont composés es-
sentiellement de calcaire nummulitique; l'Oldenhorn (3124),
selon toute apparence lui appartient aussi.
La même zone se prolonge, en longesnt la Kander j jusqu’ au
lac de Thoune, pour se continuer jusqu’au lac des Quatre-Can-
tons. Une zone à peu près parallèle et séparée de la précéden-
te par le massif du Faulhorn , forme le sommet des cols de la
Wengern Alp et de la Scheideck et s'étend jusqu’à Rosenlauï.
C’est la même zone qui reparaît ensuite à Altorf et se prolonge
par le Schæchenthal, à travers la vallée de la Linth, vers les
bains de Pfæfers, formant en passant le revêtement des Clari-
des et du Biferten et occupant le sommet de presque tous les
cols qui conduisent de Glaris aux Grisons (Kistenpass (2761®),
Panixerpass (2420®) Segnespass (2521).
rie “hi
Se é —
Mais c’est dans le canton de Schwyz que la formation at-
teint son plus grand développement. La roche prend ici un as-
pect un peu différent; au lieu de calcaire, elle se compose
essentiellement de grès verts qu'on pourrait confondre avec
le gault, n'étaient les fossiles. Les environs d'Yberg sont
surtout riches en pétrifications, qui étaient déjà connues de
Scheuchzer.
Une zone de calcaire nummulitique forme enfin lencadre-
ment du Sentis des deux côtés du massif, mais sans pénétrer
dans l’intérieur. Les Fähnern, dans le canton d’Appenzell, sont
connus comme gisement de fossiles. La formation ne paraît
pas se prolonger sur la rive droite du Rhin, bien que le flysch
y soit très-développé dans le Voralberg. En revanche, on
voit reparaître des nummulites sur divers points des Alpes
Styriennes, dans des calcaires et dans des grès qui ressem-
blent singulièrement au grès de Vienne.
Quant à la zone méridionale, non seulement le nummuliti-
que ne lui est pas étranger, mais il y forme l’une des roches
les mieux connues. Les fossiles nummaulitiques du Véronais et
du-Vicentin sont recherchés depuis longtemps par les collec-
teurs, et les poissons du Monte Bolca jouissent d’une réputa-
tation bien méritée.
Flysch ou Macigno.
C’est la plus curieuse de toutes les formations sédimentaires
des Alpes. Sans analogie dans le Jura, les Vosges, la Bohème,
elle acquiert un développement extraordinaire dans la chaîne
alpine. Sa puissance est de plusieurs mille pieds, et ce qui :
n'est pas moins curieux, à l'exception de quelques gîtes spé-
ciaux, elle ne renferme point de débris d'animaux. Les seuls
fossiles qu'on y rencontre, et qui sont parfois très-nombreux,
sont des fucus; et pourtant la structure de la roche semble
indiquer des conditions de tranquillité et de calme qui d’ordi-
naïre sont favorables à la vie animale.
La forme ordinaire du flysch est un schiste gris à grain fin,
peu solide et se désagrégeant facilement, en sorte que la vé-
gétation y prend pied plus facilement qu'ailleurs. Aussi, lors-
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 14
— 194 —
qu'on aperçoit, dans les Alpes, des parois escarpées garnies de
verdure et de pâturages, on peut être à peu près certain que
c’est du flysch. Dans ce cas, le pied des escarpements est d’or-
dinaire recouvert d'énormes talus d’éboulement. La Gruyère
doit au flysch l’excellence de ses pâturages.
Parfois cependant ce schiste acquiert une dureté assez con-
sidérable, de manière à pouvoir être utilisé comme ardoise,
par exemple en Savoie, au Niesen, à Pfæfers et surtout à
Glaris, où se trouvent les célèbres schistes à poissons. Ailleurs
le flysch se présente sous la forme d’un grès à grain fin, d’un
vert foncé, marqué de taches grises ou d’un vert clair, le grès
de Taviglianaz, ainsi nommé d’une Alpe de ce nom située sur
le chemin de Bex à Azeindaz, dans les Alpes vaudoises.
Le grès de Ralligen, au bord du lac de Thoune, paraît aussi
devoir trouver sa place ici; ce serait un équivalent lacustre.
C’est un grès assez solide, verdâtre ou rougeâtre, qui s'étend
depuis le lac de Genève jusqu'à Ralligen, où il renferme des
empreintes de plantes rappelant la flore de Sotzka en Styrie.
Aueune autre formation, à part peut-être le terrain carbo-
nifère, n’occupe une aussi grande surface que le flysch. De-
puis l’Apennin, où il est connu sous le nom de Macigno, nous
le voyons former une zone à peu près non-interrompue autour
des Alpes jusqu'aux environs de Vienne. Il n’est pas moins
développé sur le flanc méridional, où il se montre d’abord par
lambeaux dans la plaine miocène au sud de Grætz, puis ac-
quiert un développement toujours plus considérable sur le
pourtour des Alpes Vénitiennes et Lombardes. Ses derniers
contreforts viennent mourir au lac Majeur.
Malgré ses caractères pétrographiques et paléontologiques
très-différents, le flysch est cependant intimement lié au eal-
caire nummulitique et les passages de l’une des formes à l’au-
tre ne sont pas très-rares. Il se trouve avec ce dernier dans
les mêmes maïîts et sur les mêmes croupes et plateaux, mais
comme il est la roche supérieure, il en résulte qu’il se déploie
en général sur de plus grandes surfaces.
C’est entre le Rhône et l’Aar que le flysch présente le plus
de variété. M. Studer y distingue six zones distinctes, dont
les principales sont:
ee".
Le Ab 22
La zone extérieure qu'on peut considérer comme le prolon-
sement des Voirons; elle revêt le flanc oriental du Moléson
et forme les rampes vertes de la Béra (1722*) et du Gurnigel
(1548). C’est un grès à grain fin, que l’on distingue quelque-
fois sous le nom de grès du Gurnigel, et qui renferme une
quantité de Chondrites intricatus et Ch. Targioni.
La zone du Simmenthal; elle traverse le pays d'Enhant près
de Rougemont, s'élève à 2057" dans le Hundsrücken et occupe
ensuite le Simmenthal. C’est un schiste arénacé renfermant,
près de Sepey, des deux côtés de la Grande-Eau, l’une des plus
curieuses roches des Alpes, un conglomérat de blocs anguleux
de protogine, gneiss, schiste micacé, quarz, qui sont entassés
comme dans un mur eyelopéen, sans être distinctement, ci-
mentés par le flysch.
La zone du Niesen. Le flysch n’atteint nulle part dans les Al-
pes une aussi grande puissance; il s'élève dans le Niesen à
2365". La roche est formée à la base de schiste noir, au som-
met de brèches calcaires et d’un grès qu’on a désigné sous le
nom de grès du Niesen. On y trouve les fucoïdes ordinaires, et
l’on ne saurait plus douter aujourd'hui que ce grès n’appar-
tienne au flysch, bien que son isolement et sa disparition su-
bite du côté du lac de Thoune soient encore une énigme; car
il n’y à pas trace de grès du Niesen sur la rive droite du lac.
La zone des Diablerets; elle comprend des schistes noirs mê-
lés de calcaires et de grès, qui recouvrent le calcaire nummu-
litique aux Diablerets, au Sanetch, au Strubel et dans les
montagnes du Kanderthal et du Kienthal. M. Studer y rapporte
aussi les masses de schiste et de calcaïre arénacé qui forment
les sommets du Schilthorn (2965") de la Schwalmere (2737)
et que l’on exploite près d’Interiaken à Unspunnen et Golds-
wyl.
Le flysch de la vallée de Habkeren mérite une mention
toute spéciale à cause des énormes blocs de granit qu’il ren-
ferme et qui ont donné lieu à de nombreuses controverses.
Ces blocs parfaitement arrondis sont composés d’un granit
complètement étranger aux Alpes, ce qui empêche de les con-
sidérer comme des blocs erratiques. Leur origine est encore
un mystère.
— 196 —
Le ilysch de Glaris est justement célèbre par les empreintes
de poissons que recèlent les ardoises de cette localité. Pendant
longtemps, on a été dans l'incertitude sur l’âge de ces schistes.
Aujourd'hui que l’on connaît les relations intimes de ces ar-
doises avec le calcaire nummulitique, cette circonstance, jointe
au caractère même des poissons ne permet plus de douter que
nous n’ayons affaire à une forme locale du flyseh. La présence
de poissons, qui appartiennent pour la plupart à des types
voraces, est en outre une preuve que la mer du flyseh devait
héberger d’autres animaux pour leur servir de pâture.
Au Sentis, le flysch ne forme qu'une zone assez étroite qui
entoure les masses calcaires. À l'extrémité orientale du mas-
sif se trouve la localité appelée Fähnern, qui renferme les gi-
sements les plus riches en fucoïdes. La même zone se poursuit
de l’autre côté du Rhin, où elle entoure le massif du Voralberg ;
le flysch paraît s'appuyer ici directement contre les roches
crétacées, le calcaire nummulitique faisant défaut. Les deux
zones qui forment la ceinture du Voralberg se réunissent à
l'extrémité de ce massif, sur les bords de l'Iller, pour de là se
continuer comme revêtement extérieur des Alpes orientales
dans les Alpes Bavaroïises, du Salzbourg, d'Adompt, jusqu'à
Vienne.
Formation miocène.
Cette formation qui, sous le nom de molasse, occupe toute
la plaine suisse entre les Alpes et le Jura, ainsi que la grande
plaine bavaroise et qui se prolonge, en se rétrécissant, jusqu'à
Vienne, ne pénètre nulle part dans l’intérieur des Alpes. La
grande zone de molasse de la plaine de Grætz, qui entoure
l'extrémité orientale de la chaîne alpine, ne fait également
que baigner en quelque sorte les Alpes Carinthiennes, et ce
n’est qu'exceptionnellement qu’elle se montre dans quelques
vallées.
Ce fait est important pour l’histoire du sol alpin, puisqu'il
nous apprend que tout l’espace occupé aujourd’hui par les
Alpes a dû être terre ferme, pendant que la mer miocène
déposait la molasse. C’est en quelque sorte la répétition de
ee PINUT.
ce qui s'était passé auparavant dans le Jura, la Suisse septen-
trionale et l'Allemagne centrale, pendant l’époque éocène,
alors que toutes ces contrées étaient émergées, tandis que le
sol des Alpes et de l’Apennin était oceupé par la vaste mer
du flysch. Un grand mouvement de bascule séculaire semble
ainsi avoir précédé le soulèvement des Alpes.
La molasse, pour être limitée à la zone extérieure, n’en a
pas moins participé au soulèvement. $es couches ne sont pas
seulement redressées, plissées, contournées, mais des monta-
gnes entières ont été renversées et mises en quelque sorte
sens dessus dessous, entre autres le Rigi. C’est ainsi seulement
qu'on s'explique comment il se fait que près du Rigi-Schei-
deck ôn voit l’éocène et le crétacé reposer sur le conglomérat
miocène. La même disposition se voit au Speer et sur bon
nombre d’autres points du bord des Alpes,
REVERS MÉRIDIONAL DES ALPES.
Les terrains stratifiés du revers sud des Alpes sont distribués
d’une toute autre manière que ceux du revers septentrional.
Au lieu d’un revêtement continu, nous les voyons former à
l'extrémité orientale de la chaîne une zone très-large qui se
rétrécit graduellement à l'O., pour disparaître complètement
sur les bords du Tessin. Les massifs des Alpes Grecques et
Cottiennes, qui bordent la plaine du Pô à lO., en sont com-
plètement dégarnis; ils ne reparaissent que sur les flanes des
Alpes Maritimes et Liguriennes.
Jusqu'à ces derniers temps, la distribution des terrains stra-
tifiés du revers sud n'était que très-imparfaitement connue.
Les ténèbres qui les recouvraient commencent cependant à se
dissiper sous le souffle de la geologische Reichsanstalt, qui à
déjà rendu, et promet de rendre encore des services signalés
à la science. Les difficultés qui s’opposent à l'identification des
formations ne sont pas moindres ici que sur le revers opposé.
Les couches y sont tout aussi bouleversées et tourmentées et,
ce qui en complique encore l'étude, c’est que les calcaires y
— 198 —
sont transformés en dolomies sur une bien plus grande échel-
le, en sorte qu’il est souvent impossible de les identifier, at-
tendu que la structure de la roche est complètement altérée
et que les fossiles sont à peu près étrangers à ces grands
massifs ainsi modifiés.
Les terrains stratifiés acquièrent un grand développement
au nord de Trieste, dans le plateau de Karst. Ils s'élèvent en
même temps à une hauteur considérable dans la chaîne des
Alpes Juliennes et dans les Karawanka, qui sont tout entiers
formés de calcaire. Les montagnes calcaires qui forment le
revêtement du massif des Alpes Carniques, aux sources de la
Piave, sont à peine moins considérables. Enfin, nous avons
déjà mentionné, sur le pourtour des Alpes Trentaises, les do-
lomies du val Fassa, devenues célèbres par les recherches de
M. de Buch.
Le cours de l’Adige, qui est une limite si considérable sous
le rapport orographique, détermine aussi un changement dans
la distribution des terrains. La zone sédimentaire se trouve
subitement réduite à la moitié de sa largeur. Les terrains
jurassiques et liasiques surtout ne présentent plus, à l'O. de
ce fleuve, qu'une zone étroite, tandis que les terrains triasiques
acquièrent un développement prépondérant. :
Mais pour être plus étroite, cette partie de la zone méri-
dionale qui se trouve en deçà de l’Adige n’en est pas moins
intéressante. Les vals Camonica, Seriana et Brembana sont
autant de coupes qui traversent perpendiculairement la série
des formations , depuis le verrucano jusqu’à l’éocène. Dans
chacune de ces vallées, le trias joue le principal rôle sous la
forme de conglomérats (verrucano équivalent du grès bigarré),
de cargneule, de dolomie et de calcaires gris. Le lias y paraît
sous la forme de calcaires noirs; enfin nous retrouvons au
bord du lac d’Iseo le terrain oxfordien, le néocomien sous le
nom de majolica et l’'éocène sous la forme de grès de Sarnico.
La Brianza, entre les deux branches du lac de Côme, est
aujourd’hui la partie la mieux connue des Alpes Lombardes,
grâce aux soins des géologues milanaïs. Le trias n’y ‘est plus
aussi prédominant que dans les vallées ci-dessus. C’est le lias
en revanche qui l'emporte de beaucoup. Le caleaire gris et
= De 4 ‘
PET
RER
— 199 —
noir dont il se compose en grande partie et qui se voit sur les
bords du lae, à Bellagio, passe insensiblement au calcaire roux
(calcareo ammonitifero rosso) qui forme les derniers contre-
forts des montagnes et que l’on retrouve à Côme, à Erba, et
tout le long des petits lacs de la Brianza. Ce calcaire est, sur
nombre de points, riche en fossiles, spécialement en ammo-
nites et en aptychus.
A l'O. de Côme, on voit de nouveau reparaître le calcaire
jurassique (oxfordien) au-dessus du lias; il y atteint même
un développement assez considérable spécialement sur la rive
gauche du lae Majeur, mais il ne se prolonge pas au delà, ou
s’il existe, ce n’est que par petits lambeaux isolés. A partir de
la Sesia, ce sont les roches cristallines qui règnent d’une ma-
nière absolue. L’oolite supérieure paraît faire complètement
défaut. |
La série crétacée est bien moins importante que sur le re-
vers nord; en Lombardie, elle n’est guère représentée que par
la majolica qui paraît être l'équivalent du néocomien et qui
repose directement sur l'oxfordien. Les grès verts et le gault
n'ont pas encore été signalés. En revanche, il existe dans le
Vicentin un caleaire à pâte fine souvent ferrugineux qui est
connu sous le nom de scaglia et qui par ses fossiles est l’équi-
valent de la craie blanche. Il sert de base au terrain nummu-
ltique qui est très-riche en beaux fossiles, particulièrement à
Morte Bolca. j
RAPPORTS DE LA GÉOLOGH AVEC L'OROGRAPHIE.
Si les terrains cristallins ne formaient qu'une ou plusieurs
orandes masses continues, comme on le supposait dans l’ori-
gine, les flancs de la chaîne seraient empreints d’une certaine
uniformité qui n'existe pas. Les massifs ou noyaux cristallins
ayant surgi comme des îles du milieu des terrains sédimen-
taires ambiants, il en résulte que ces derniers. bien qu'altérés
— 2009 —
et métamorphosés, doivent avoir une autre allure que les ter-
rains cristallins. Ils se maintiennent aussi d'ordinaire à des
uivaux plus bas et ce n’est qu’exceptionnellement qu’ils ont
été portés à la hauteur des terrains cristallins.
Cette disposition est de la plus haute importance pour lin-
tellisence de l’orographie des Alpes. Comme chaque massif
cristallin représente un noyau allongé ou ellipsoïde et que le
point culminant correspond en général au milieu du massif,
il s’en suit que c’est aux intervalles des ellipsoïdes ou massifs
cristallins que devront correspondre les dépressions de la
chaine alpine. C’est en effet là que se trouvent les cols et les
principaux passages des Alpes, que l’on a recherchés et pra-
tiqués partout où le noyau cristallin lui-même n'est pas en-
tamé par des cluses transversales. Tels sont entre autres le
col de Tende, le Mont-Cenis correspondant à la dépression
entre les Alpes Cottiennes et les Alpes Grecques, le col du
Bonhomme entre le Mont-Blanc et les Alpes Occidentales, le
grand $t-Bernard, le Luckmanier, le Bernardin, le Splugen,
la Bernina, le Stelvio dans une certaine mesure, la Reschen-
Scheideck et surtout le Brenner, la plus ancienne route des
Alpes (voy. p. 29). Les cols des Alpes orientales sont tous à
peu près dans les mêmes conditions, spécialement eeux qui
traversent les Tauern, ainsi le col de Rauris. Plus loin la
chaîne entière s'abaisse assez pour permettre des passages à
peu près partout. L'orographie ne plus ici la même impor-
tance.
En Suisse, il n’y a guère que deux passages qui ne suivent
pas les zones ou dépressions des terrains sédimentaires: ce
sont le St-Gothard et le Simplon. Mais il ne faut pas oublier
que le motif du premier réside dans les deux cluses de la
Reuss et du Tessin, qui sont assez rapprochées pour que le
passage du massif médiocrement élevé du St-Gothard s’en
trouve singulièrement facilité. Le col du Simplon, de son côté,
traverse le massif cristallin du même nom près de son ex-
trémité, là où il est très-étroit et déjà singulièrement abaïs-
sé; il ne tarde pas à gagner la vallée de la Diveria et delà le
grand couloir du Val-Formazza auquel il ne manque que peu
de chose pou £tre unc cluse parfaite.
+ À
— 201 —
Vallées des Alpes.
A part les intervalles ou cols qui séparent les différents mas-
sifs, la chaîne des Alpes est sillonnée par une foule de cou-
loirs et de vallées d’un caractère très-varié, qui tous servent de
voies de communication. On peut les ramener à trois types.
Ce sont ou des déchirures transversales (cluses) ou des ravins
longitudinaux (combes) ou bien des dépressions longitudinales
entre deux massifs (mnaîts).
Cluses. Orographiquement les cluses se font remarquer par
leur caractère sauvage, leurs parois abruptes, souvent très-
rapprochées, de manière à rendre les passages très-difficiles.
Les torrents y sont ordinairement très-impétueux et donnent
lieu à de nombreuses cascades. Géologiquement elles sont ca-
ractérisées par la symétrie de leurs parois qui sont composées
des mêmes roches des deux côtés. La vallée de la Reuss de-
puis Andermatt jusqu'à Flülen et même jusqu'à Brunnen est
composée d’une série de cluses d’un caractère un peu différent
suivant les roches. Dans le domaine du noyau eristallin, la
cluse est plus étroite ei plus accentuée, parce que la roche
est plus dure. Dans le domaine du calcaire, la vallée s'élargit,
mais elle n’en conserve pas moins son caractère spécifique qui
consiste dans la symétrie de ses flanes.
Les cluses sont plus nombreuses dans les terrains stratifiés
que dans les terrains cristallins, sans doute parce que les ro-
ches y sont moins résistantes. Nous citerons parmi les plus
connues la vallée de l'Arve. depuis les Ouches, la vallée du
Rhône depuis Martigny (qui entame même l'extrémité des
massifs cristallins du Mont-Blanc et des Aiïguilles-Rouges),
la vallée du Rhin depuis Coire, celle de la Salza à partir de
Reinbaeh, celle de l’Ens inférieure et sur le revers méridional
toutes les vallées qui vont rejoindre le Pô.
Les massifs cristallins sont bien moins sillonnés de coupures
transversales. À part la cluse de la Reuss que nous avons
mentionnée, nous ne trouvons guère à citer que la eluse du
Tessin traversant le massif du Tessin, celui de la Dora Baltea
sif des Alpes occidentales qui fasse exception; il est traversé
par quatre cluses qui donnent chacune passage à une rivière
et qui rivalisent entre elles par leur beauté sauvage ou pitto-
resque: ce sont les gorges de la Romanche, de l’Are, de l'Isère
et du Doron. Remarquons ici que nous n’avons affaire qu'à
des cluses simples ne traversant chacune qu'un seul massif.
C’est sans doute parce que le massif des Alpes Occidentales
est étroit et isolé qu’il à été si facilement entamé. Du moment
que plusieurs massifs sont en contact, les ruptures n’ont pu en
faire façon. C’est pourquoi les Alpes Pennines ne sont traver-
sées par aucune grande coupure. Les massifs des Alpes Nori-
riques sont également trop larges pour qu’une crevasse ait pu
les traverser de part en part.
Il importe ici de ne pas confondre avec les cluses, les rup-
tures partielles qui sont limitées à l’un des flancs d’une chaîne
et dont le nombre est bien plus considérable. Comme elles
coupent aussi les strates perpendiculairement, on conçoit que
leur physionomie doit être à peu près la même. En effet,
elles ne le cèdent ni en beauté ni en grandeur aux véritables
cluses qui traversent les massifs de part en part, témoins les
vallées de l'Ill, du Pô, de l’Aar, le Val-Formazza, le Val-Ca-
lanca, les vallées latérales du Valais. Ces vallées, que nous
voudrions appeler des semi-cluses s'élargissent souvent à leur
origine et donnent lieu à de grands amphithéâtres ou cirques
qui constituent l’un des grands traits de l’orographie des Al-
pes. Tel est entre autres le cirque de la Bérarde. Lorsqu'ils
sont assez élevés pour permettre à la neige de s’y conserver,
ces cirques deviennent les réservoirs des grands glaciers (névé
de Lauter-Aar, du Finster-Aar, d’Aletsch).
Combes. Les combes sont des ravins non moins pittoresques
et souvent non moins accentués que les cluses, maïs au lieu
d'être perpendiculaires à la direction des massifs, elles sont
au contraire parallèles à ces derniers. Il est rare de voir une
dépression pareille au milieu des massifs eristallins. Nous n’en
connaissons pas d'exemple, à part peut-être la vallée de l'Ad-
da, du lae de Côme à Tirano, si tant est que ce soit réellement
une combe. C’est surtout au contact des roches cristallines
avec les roches sédimentaires qu’il faut chercher les combes.
7. APT SR
a
:
j
D'ordinaire elles servent de lit à des rivières considérables
qui recueillent les eaux de tous les ravins et semi-cluses qui
descendent des massifs. Quelques-unes de ces vallées sont con-
sidérables, par ex. la vallée de l’Inn depuis le débouché de
l'Engadine jusqu’à Inspruck ; la vallée supérieure de la Salza,
celle de la Drau. Le caractère de ces vallées doit être l'asy-
métrie: d’un côté des roches cristallines et de l’autre des ro-
ches stratifiées, qui souvent s'élèvent comme d'immenses rem-
parts. Les mêmes accidents se reproduisent dans les Alpes
Suisses. « Un voyageur, dit M. Studer ({), qui, poursuivant la
limite septentrionale du massif du Finster-Aarhorn, se diri-
serait par la vallée et le glacier de Lœtsch vers la vallée de
Gastern, traverserait le glacier de Tschingel pour regagner
le fond de la vallée de Lauterbrunnen, remonterait les hau-
tes vallées qui séparent la Jungfrau du Silberhorn et le Môünch
de l’Eiger, regagnerait ensuite le névé et le glacier inférieur
de Grindelwald, escaladerait le Col d'Urbach par le glacier
de Rosenlaui, descendrait dans la vallée d'Urbach jusqu’à Hof,
remonterait ensuite la vallée de Gadmen, traverserait le gla-
cier de Wenden, longeant ainsi la pente méridionale du Titlis,
passerait dans la vallée de la Reuss et de là dans le Val Ma-
deran pour regagner la limite orientale du massif cristallin du
Finster-Aarhorn dans le voisinage du Tæœdi, — ce voyageur
aurait presque constamment à sa gauche des parois verticales
de calcaire, souvent de plusieurs mille pieds de hauteur, et à
sa droite le massif central, tantôt couronné de névé et de
glaciers, tantôt revêtu de forêts et de pâturages et présentant
rarement des abruptes infranchissables. Derrière cette pre-
mière enceinte calcaire qui entoure le massif cristallin, com-
me les parois d’un cratère de soulèvement placées autour du
cône central, on remarque fréquemment des traces d’un second
et d’un troisième rempart, dont les couches présentent la mè-
me inclinaison, €.-à-d. offrent au massif cristallin leurs parois
verticales et plongent en sens opposé. C’est à un rempart se-
condaire pareil qu'appartiennent les abrupts de la Gremmi; les
bains de Louèche sont situés entre deux chaînes de sédi-
ment. À l'extrémité orientale du massif du Mont-Blanc, de
(4) Desor, Nouvelles Excursions p. 234.
0 =
Saïllon à Sion, on compte quatre ou cinq chaînes parallèles
de calcaire et de schiste, qui toutes ont leurs abrupts tournés
vers le massif cristallin, tandis qu’ils présentent une pente
douce à l'E. »
Les Alpes orientales nous offrent à leur tour plusieurs exem-
ples frappants de combes ou ruptures longitudinales entre
deux formations ou groupes de terrains stratifiés; tels sont
entre autres, la pittoresque vallée de la Gaiïl, la Drau dans
son cours moyen à partir de Villach, le cours supérieur de la
Save, le cours supérieur de l’Ens, l’Inn dans son cours moyen.
On pourrait les appeler des combes de second ordre, réservant
le nom de combes de premier ordre à celles qui sont comprises
entre le noyau cristallin et le premier rempart. Le cours su-
périeur de la Salza est un bel exemple d’une combe de pre-
mier ordre.
Les maîls sont l'inverse des combes. Ce sont en principe des
dépressions synclinales comprises entre deux voûtes ou deux
massifs cristallins. Dans les Alpes, les roches de ces zones
intermédiaires ont été tellement comprimées, qu'il est rare de
trouver une maît synclinale régulière; les couches sont d’or-
dinaire verticales ou renversées, et ce n’est qu'à force de
patience qu'on parvient à tracer les plis primitifs. Telle est la
maît de Chamouni qui sépare le massif des Aiguilles Rouges
de celui du Mont-Blanc, la maît de la vallée d'Urseren, celle
du Val Bedretto entre le St-Gothard et le massif Tessinois,
La maît de l’'Engadine, quoique très-large, n’en est pas pour
cela moins bouleversée. Dans certains cas, les dépressions
des maîts sont dues en partie à la désintégration, surtout lors-
qu’elles ne sont pas continues, Ainsi, la maît d'Urseren se
relève tout en s’élargissant vers la Fourka, puis devient de
nouveau très-profonde en Valais. Elle se relève de même du
côté oriental, au col d'Ober-Alp, pour de là se continuer dans
le Tavetseh. Et pourtant, c’est la même zone de schistes gris
qui se continue depuis les Grisons jusqu’en Valais, tantôt don-
nant lieu à une vallée profonde (Urseren), tantôt se relevant
en forme de col (Fourka et Ober-Alp).
Enfin il peut arriver qu'il n'existe plus ni synclinale, ni dé-
pression, ni rien qui indique le pli primitif. Dans ce cas, la
_. nas
— 205 —
maît n’est en quelque sorte plus qu'une maît idéale ; et cepen-
dant pour le géologue, elle a la même valeur que si elle était
réelle. C’est le cas de ces lambeaux de calcaire et de schistes
métamorphiques entre le massif du Valais et celui du Mont-
Rose, qui non-seulement s'élèvent à de grandes hauteurs, mais
forment même des arêtes colossales (Mont-Cervin).
Nous ne pouvons cependant passer sous silence une diff-
culté qui se présente quelquefois. En théorie, les vallées lon-
gitudinales devraient toujours être parallèles à la direction
des couches; au lieu de cela elles les coupent assez fréquem-
ment sous un ahgle aigu. C’est ce qui à lieu entre autres dans
la vallée du Rhône, près de Saxon aussi bien que dans la
vallée du Rhin. Dans ce cas, la vallée ne saurait être unique-
ment l'effet. de l'érosion, surtout lorsque, au lieu de suivre les
afleurements des schistes et roches tendres de la maît, elle
s’en va entamer des couches plus dures à côté. On doit sup-
poser, dans ce cas, une rupture préexistante qui a déterminé
cette direction exceptionnelle.
La même distinetion que nous avons admise à l’égard des
vallées s'applique aussi aux lacs. Nous distinguons:
1° des lacs de cluse. Ce sont les plus pittoresques avec rives
verticales et symétriques, tels sont le lac de Thoune, le lac
d’Iseo, le lac de Côme, les lacs de Traun et d’Atter dans les
Alpes du Salzkammergut, le Tegernsee dans les Alpes Bava-
roises ;
2° des lacs de combe. Moins pittoresques que les précédents,
ils se distinguent par l’asymétrie de leurs rives dont l’une est
ordinairement abrupte tandis que l’autre s'élève sous forme
de rampe plus ou moins inclinée; ex. les lacs de Wallenstadt
et de Brienz dans une bonne partie de leur étendue ;
3° des lacs de maîts. Nous n’en connaissons de bons exem-
ples que dans les petits lacs de la chaîne du Sentis, peut-être
le Mond-$ee dans le Salzkammergut ;
4 des lacs d'érosion. Ils ne se trouvent que dans la zone ex-
térieure des Alpes etne paraissent pas se rattacher directement
au soulèvement des Alpes. Ils sont plutôt le résultat d’érosions
subséquentes survenues à Ja suite de quelques autres grands
événements, peut-être l'extension des glaciers. Leurs rives ne
— 206 —
sont pas en général très-accidentées; exemples: les lacs de
Constance, de Sempach, de Chiem, de Wurm;
5° des lacs de moraines. Les anciens glaciers, en se retirant,
ont laissé à l'issue de bon nombre de vallées des moraines en
forme de digues qui, en retenant les eaux prisonnières, ont
occasionné un certain nombre de lacs ou bien ont agrandi des
bassins préexistants. La plupart des lacs d'Italie doivent à ces
barrières leur existence ou du moins leur forme et leur éten-
due actuelles. Fels sont les lacs d'Iseo, de Côme et de Lecco,
et surtout le lac de Garde.
Il est un certain nombre de lacs, et dans ce nombre
quelques-uns des plus remarquables, qui réunissent plusieurs
types. Ainsi le lac des Quatre-Cantons est lac de cluse de
Fluelen à Brunnen, lae de maît de Brunnen à Bürgen et lac
d’érosion dans la branche de Lucerne. Le lac de Genève est
lac de cluse dans sa partie supérieure, lac d’érosion de Lau-
sanne à Genève; le lac Majeur est alternativement lac de eluse
et lac de maiït.
Il existe enfin de petits lacs au sommet de la plupart des
cols des Alpes (au St- Gothard, au St-Bernard, au Grimsel,
col de Reschen ete.), ce ne sont que des dépressions acciden-
telles ou de légères ondulations du sol remplies d’eau.
RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE DU SOL ALPIN.
L'histoire du sol alpin n’est pas seulement celle de ses mon-
tagnes. Bien avant que la chaîne alpine surgît, ce sol avait
été le théâtre d'événements considérables qui lui ont été com-
muns avec le reste de notre hémisphère. Des créations diver-
ses de plantes et d'animaux s’y étaient succédées. Tantôt en-
vahi par les eaux de la mer, tantôt couvert de marais et de
savannes qui ont laissé les débris de leur végétation sur nom-
bre de points, puis de nouveau conquis par la mer, le sol des
Alpes a vu, non pas seulement des générations sans nombre,
mais même des faunes et des flores entières se succéder et
réaliser, en se modifiant, le progrès dont étaient susceptibles
— 207 —
les formes organiques de ces temps reculés. À ce point de
- vue, on peut diviser l'histoire du sol alpin en deux grandes
phases, l’une antérieure, l’autre postérieure au soulèvement.
Période antérieure au soulèvement.
Cette période est de beaucoup la plus longue et la plus ri-
che en événements géologiques. Sans remonter aux époques
obscures où l’eau n'existait pas à l’état liquide, ni même à
celle où les eaux de l'Océan étaient encore désertes (période
azoïque), nous trouvons dans le domaine des Alpes des traces
évidentes des plus anciennes formations fossilifères, témoins
les dépôts siluriens des environs de Grætz. Il est vrai qu'ils
ne couvrent encore que peu d'espace sur nos cartes. Mais com-
me il ne serait pas rationnel de supposer que ces formations,
généralement très-répandues, manquent précisément au cen-
tre de la chaîne, on est naturellement conduit à se demander
si certaines roches altérées que l’on désigne sous le nom de
roches métamorphiques, ne sont pas les représentants modifiés
de ces mêmes terrains. Ce qui semblerait l'indiquer, c’est que
ces terrains sont surtout fréquents dans la partie centrale des
Alpes, là où les transformations se sont opérées sur la plus
erande échellé. Tels sont, par exemple, les schistes talqueux,
les schistes amphiboliques, les schistes verts de M. Studer,
peut-être même une partie des schistes gris. Il sera difficile,
sinon impossible, de déterminer jamais le niveau géologique
exact de la plupart de ces roches, vu leur état d’altération et
absence de fossiles, ou même de faire la part des terrains
paléozoïques anciens et des terrains azoïques. Ces derniers
seront nécessairement les plus inférieurs et, suivant que l’on
sera plus Où moins partisan du métamorphisme, on y rangera
peut-être les schistes micacés, les gneiss, voire même les
granits gneissiques et peut-être les protogines du Mont-Blanc.
Ce qui nous importe, c’est de constater que le sol alpin a
été témoin des premières évolutions de la vie, alors que les
mers silurienne et dévonienne recouvraient à peu près toute
la surface du globe.
— 208 — | ;
Cette première phase de l'histoire paléozoïque a été inter-
rompue par un grand événement, auquel le sol alpin a parti-
cipé dans une large mesure. Les anciennes mers ont fait tem-
porairement place à de vastes marécages, dont les dépouilles
se sont conservées sous la forme de bancs de houille qui exis-
tent sur divers points des Alpes, spécialement dans les maîts
extérieures. Un changement pareil n’a pas pu s’opérer sans
occasionner des mouvements de bascule considérables dans
l'écorce du globe; il a fallu que le fond de la mer, naguère
parsemé de polypes. d’échinodermes et de brachiopodes. silu-
riens et dévoniens, s’exhaussât pour donner lieu à cette végé-
tation terrestre qui à fourni la matière de la houille. Cet état
de choses, bien que très-long, comparativement à nos époques
historiques, ne fut cependant que passager. La mer revint
avec son cortége d'animaux d'espèces analogues où même
identiques, prendre de nouveau possession du sol houiller et
paraît s’y être maintenue sans grande perturbation, pendant
une longue série de siècles, peut-être jusqu'à la période tria-
sique. En revanche, la fin de cette période paraît avoir été
marquée par de nouvelles perturbations, comme l’attestent
les discordances de stratification que M. Lory a signalées
dans la vallée de l’Olle, entre les chaînes de Belledone et des
Rousses, où le lias repose en stratification discordante sur
le gneiss (1). C’est peut-être aussi de cette époque que date le
erand soulèvement circulaire qui, suivant M. Studer, aurait
affecté toute la partie occidentale de la chaîne alpine, depuis
les Alpes Liguriennes jusqu'au massif d’'Adula et dont on
trouve des indices dans la direction très-différente des strates
des différents massifs (?). Enfin, il faut admettre qu’une partie
notable des Alpes orientales a été exondée dès cette époque,
puisque nous avons vu que dans le massif carinthien, Ja mol-
lasse repose sans intermédiaire sur les schistes cristallins. Ce
soulèvement antéliasique aurait ainsi mis à sec une partie
notable du sol alpin, qui paraît avoir persisté dans cet état,
sans modifications bien marquées, pendant toute la durée de
la période jurassique et crétacée jusqu’à l’époque tertiaire.
(*) Lory Description géologique du Dauphiné, 1 p., pl. L, fig. 3.
@) Studer Pysikalische Geographie, IE, p. 232.
Te
c
ro OR
— 209 —
Vers le milieu de cette période, le sol des régions voisines
qui avait été continent depuis l'époque du lias, subit une dé-
pression notable, qui permit à la mer miocène d’envahir toute
la plaine suisse et d’y déposer les mollasses et les conglomé-
rats qui forment aujourd’hui la bordure extérieure des Alpes.
Le commencement de cette époque paraît avoir eu des phases
assez agitées, s’il faut en juger par la grosseur des cailloux
qui composent les conglomérats. Peu à peu les conditions
nouvelles se régularisèrent; les eaux marines alternèrent plu-
sieurs fois avec des eaux douces, mais sans occasionner de
changements notables ni dans la flore, ni dans la faune, ni
dans le climat de l'époque, qui paraît avoir été un peu plus
chaud que celui de nos jours, correspondant à peu près à ce-
lui de l'Italie actuelle.
Ce fut alors que survint le plus grand événement dont notre
hémisphère ait été témoin, le soulèvement de la chaîne des
Alpes. ;
Période postérieure au soulèvement.
Nous n'avons pas à rechercher ici quelles sont les causes
qui ont déterminé cette grande catastrophe qui s’est terminée
par le soulèvement de la chaîne alpine. Un ridement pareil
accompagné de ruptures et de bouleversements, comme ceux
que nous avons signalés, n’a pu s’accomplir sans occasionner
des perturbations notables dans toute l’économie animale et
végétale de l’époque. On comprend que la théorie qui envisa-
geait le soulèvement des montagnes comme intimément lié à
la disparition des créations successives, en ait surtout appelé à
la chaîne alpine, qui a en effet exercé une influence considé-
rable sur les destinées de notre continent. Si la création tout
entière n’a pas été détruite par cette grande catastrophe, il est
certain du moins que pour le centre et le Nord de l'Europe,
elle a été le signal d’un changement considérable dans la dis-
tribution des terres et des eaux, et par conséquent dans les
conditions générales d'existence; elle a été la cause du retrait
des mers molassiques sur les deux versants de la chaîne et
BUL. DE LA SOC: DES SG. NAT. T. V7, 15
— 210 —
marque ainsi pour nous la fin non seulement de l’époque mio-
cène mais aussi de la période tertiaire ({).
Depuis lors, le sol Alpin est resté à peu près stable, @)
n'ayant plus subi ni exhaussement ni affaissement de diué
importance. Mais il n’a pas pour cela été à l'abri de toute
crise. La plus extraordinaire de toutes lui était encore réser-
vée, nous voulons parler de l'extension des anciens glaciers.
Il est difficile de dire combien de temps s'était écoulé depuis
le soulèvement des Alpes jusqu'au moment où leurs flancs se
sont couverts de glace, de manière à envahir toutes les val-
lées intérieures et même la plaine suisse jusqu’au Jura. Il est
possible que cet envahissement extraordinaire des glaces ait
été provoqué par le soulèvement même des Alpes; du moins
ne connaissons-nous aucun phénomène (dans le domaine des
Alpes) qui indique une période intermédiaire entre ces deux
grands évènements (°). Ce qui est certain, c’est qu’il est pos-
térieur, ainsi que l’attestent les polis des glaciers, les blocs
qu'ils ont transportés et surtout les stries et les sillons qu'ils
ont tracés sur les parois des vallées et qui se sont conservés
en place jusqu'à nos jours. Nous n'avons pas à nous occuper
ici des détails du phénomène glaciaire, ni de ses causes, ni
de sa durée, ni de son étendue, ces questions étant trop im-
portantes pour pouvoir être traitées incidemment.
Un événement aussi considérable a dû réagir au loin, sur-
tout s’il est vrai, comme tout semble l'indiquer, qu’une exten-
sion semblable des glaces avait lieu simultanément dans læ
partie boréale de notre hémisphère. Le climat a dû s’en res-
sentir, ainsi que la faune et la flore, non seulement dans lin-
(1) On a parlé pendant longtemps d’un second soulèvement, celui des Alpes
centrales qui aurait redressé l’alluvion ancienne dans les Alpes françaises,
le long de la Durance. Nous avons montré, dans une autre communication
(voir ce Bulletin tom. 5, p. 58), que ce prétendu second soulèvement repose
sur une fausse détermination de terrain.
() L'opinion de M. de Charpentier qui supposait que les Alpes, à leur
naissance, étaient plus élevées et qu’elles se sont tassées successivement , à
été abandonnée par son auteur lui-même.
(5) L’alluvion ancienne que l’on place quelquefois entre les deux n'est
qu’une partie du phénomène glaciaire.
FR: Din
térieur des Alpes où toute vie était probablement suspendue,
mais aussi au loin, dans les plaines, qui viennent aboutir à
la grande chaîne. Que se passait-il ailleurs, dans les zones
équatoriales, pendant que nos zones tempérées subissaient
l'influence des glaces séculaires? C’est ce qu’il serait intéres-
sant de rechercher. Il est probable qu'au seuil des Alpes et
dans leur intérieur, la vie n’a reparu qu'après le retrait des
grances glaces. C’est à partir de ce moment, que commence
pour nous la période quaternaire avec son cortége d'animaux
et de plantes qui constituent la faune et la flore actuelles re-
haussées de quelques types qui ont disparu depuis, mais dont
les squelettes sont enfouis dans les graviers superficiels, entre
autres le mamouth.
Il n’est pas démontré que l’homme ait fait son apparition
dès le début de cette période, comme en général rien ne
prouve que tous les animaux et toutes les plantes soient ap-
parus simultanément. La faune des Alpes nous fournit plutôt
des indices du contraire. Aïnsi, il est évident que lorsque Îles
glaciers s’étendaient, d’une part, jusqu’au Jura et d'autre part
jusqu’à l'issue des grandes vallées dans la plaine Lombarde,
les lacs alpins n’existaient pas; l’eau n’a pu s'y accumuler qu'à
mesure que la glace qui les comblait se retirait: les coquiiles,
les insectes et les poissons qui les habitent de nos jours ne
s’y sont par conséquent montrés qu'à une époque relativement
tardive. Or, dans le nombre, il s’en trouve qui sent propres
aux lacs des Alpes et qui par conséquent n'ont pu venir d’ail-
leurs (par exemple l’Ide). Ceux là doivent nécessairement
être le produit d’une création subséquente, à moins qu'on ne
les envisage comme des types modifiés pendant une longue
série de siècles, sous l'influence de conditions d'existence par-
ticulières propres aux lacs des Alpes (4).
(‘) Voyez ma Notice sur les phases de la période diluvienne, Bulletin, t. V,
année 1861, pages 423 et suivantes.
EXAMEN CHIMIQUE
DES VENDANGES DE NEUCHATEL, 1861.
Par M'KOPF
On a pesé 32 gerles de vendange, raisin blanc. La gerle de
66 pots fédéraux soit de 99 litres, à pesé en moyenne 111,95
kilogrammes, elle à laissé en moyenne 10,25 kgr. de marc see,
et a donné en moyenne 101,07 kgr. de moût liquide, qui, me-
suré, a donné en moyenne 85,5 litres, soit 57 pots fédéraux.
Le poids du litre de moût blane a done été de 1,18 kgr. et le
poids du pot fédéral 3,5 livres. Les tableaux suivants contien-
nent d’abord (A) l’examen des moûts blancs, (B) celui des
moûts rouges et puis (C) celui des liquides écoulés du pressoir
successivement pendant les opérations de la pressurée, d’une
même vendange de moût blanc.
Le tracolon est la liqueur qui découle du moût de raisin sans
pression. Le premier du pressoir est la liqueur qui découle du
marc en le pressant. Le mare desséché par la première pres-
sée est recoupé et soumis à une nouvelle pression, la liqueur
qui s'écoule est la recoupée ou rebrottée; entin l'on donne en-
core une dernière pression beaucoup plus forte, et le liquide
qui s’égoutte, un peu huileux et de couleur rougeûtre, s’ap-
pelle les chenaux.
La densité du moût a été déterminée, après filtration, au
moyen d'un aréomètre. L’acide a été déterminé par la mé-
thode acidimétrique par les volumes; on a préparé une liqueur
acide normale avec de l'acide oxalique telle que 1 litre eon-
— 213 —
tenait un gramme d'acide, soit un pour mille; au moyen de
cette liqueur acide, on à préparé une liqueur alcaline de po-
tasse telle que 5 cem. neutralisaient 10 cem. de liqueur acide
soit 0,01 d'acide oxalique. Ces rapports ont élé choisis parce
que la burette porte des divisions de 5 ccm. chacune, divi-
sées en dixièmes. Chaque division de la burefte correspondait
donc à un pour mille d'acide oxalique en opérant sur 10 cem.
de moût. Dans le tableau, l'équivalent de l'acide oxalique à
été changé en celui de l'acide tartrique admis comme acide
principal des acides libres du vin, d’après le rapport 1 d’acide
oxalique = 1,53 d'acide tartrique.
Le sucre a été dosé au moyen d’un saccharimètre, la longueur
du tube est telle que 1 gramme de sucre de canne, dissout dans
10 ccm. d’eau, donne une déviation à droite de 12°,5; 1 or.
de glucose dissout dans 10 cem. d’eau dévie à droite de 11°. Le
cœæfficient d’inversion du sucre de canne est de — 0,36 c'est-
à-dire que la précédente solution de sucre de canne interver-
tie en ajoutant à 9 ccm. de liqueur sucrée 1 ccm. d’acide
chlorhydrique, après 24 heures à donné une déviation à gau-
che de 4°,5. Citons un exemple de cette opération: 10 cem. de
moût blanc avec 5 cem. d’une dissolution d’acétate de plomb,
a donné 5° à gauche, donc le moût seul aurait dévié de
5 x 15 : 10 soit de 7°,5 à gauche. Cette déviation correspond
à 7,5 : 0,36 à droite soit 20°,8 qui correspond à 20, 8 : 12,5
soit 1,6 gr. de sucre de canne dans 10 cem. soit 160 gr. dans
1 litre; or 100 gr. de sucre donnent 51 gr. 11 d’alcool, done
160 gr. donnent 82 gr. d'alcool! dans 1 litre ou 8,2 pour cent.
Pour les moûts rouges on a précipité 30 cem. par 15 ccm. de
dissolution plombique, et on a ensuite décoloré par le char-
bon. Le résidu sec à été obtenu au moyen de 50 ccm. évapo-
rés au bain d’eau et séchés par l'acide sulfurique.
— 214 —
SSlSs à 8 +
Désignation du cri. 2 |= à à © S . É È
l'E [SSl SE |SS")E
Sas
A. Moût blanc.
Grise-Pierre .. . :. |1,068| 7,50 | 160. | .8;2 :/209,7
Pains-Blanc.. ...::::: 11.074807 4160 1582404
Cailles et Maillefer . 11,074 7,251 — | — | —
Auvernier et Corcelles 1,071! 9,531 — | — 208,0
Monruz . . : . 11,066! 7,78 | — | — | —
B. Moût rouge.
Monruz 721.0 ME OSS TO ORNE
Chèvre . . . . . |1,090| 8,98 | 180 | 9,2 |268,0
Beauregard . . . (1,089! 7,90 | 220 111,2 | —
CG. Moût blanc.
Parc Saint-Nicolas.
14 Oct. Tracolon . . |1,067| 9,35 | 180 | 9,2 | —
15 » 1% du pressoir [1,035] 9,72 | 150?! 7,6?| —
16 » Recoupée . . 11,012] 8,98 | 180 | 9,2 | —
17 » Chenaux . . |1,00417,52| 10 | 0,5 | —
Ces tableaux présentent trop de lacunes, pour discuter les
chiffres, mais nous nous proposons de poursuivre ces études.
C'était un premier essai d'analyses sur les moûts et vins de
Neuchâtel faits dans le but spécial, de procurer des rensei-
gnements sur la fabrication du vin de deuxième cuvée. Après
quelques séances publiques faites à Neuchâtel et dans quelques
villages des environs, j'avais publié dans un journal afin de
provoquer quelques essais, l'instruction suivante.
N
Instruction pour faire du vin de deuxième cuvée ow un
vin agréable, sain et bon marché.
La vendange que l’on va faire fournira un vin délicieux,
mais aussi d’un prix assez élevé, et qui ne sera pas accessi-
— 215 —
ble à toutes les bourses. Le monde des travailleurs à cepen-
dant le plus besoin de vin; or le vin de 1861 ne sera pas à sa
portée par son prix; l’ouvrier devra-t-il donc se jeter, par éco-
nomie, vers Ce poison qu'on nomme eau-de-vie, et qu’on de-
vrait plutôt appeler eau de misère, tant son usage habituel en-
traîne avec lui de maladies, de misères, de décrépitude
physique et morale. Il faut à côté du vin de prix que fournit
le raisin, en extraire en deuxième cuvée un vin moins parfait
mais cependant bon et sain, moins parfumé mais cependant
agréable, mais surtout moins cher. Nous engageons tous les
propriétaires de vignes à faire au moins des essais. Ils ap-
prendront bien vite qu’en faisant une œuvre utile aux autres,
ils feront une affaire avantageuse pour leurs propres intérêts;
car c'est une loi naturelle: le bien et le mal que nous faisons
aux autres, deviennent tôt ou tard un bien et un mal pour
nous-mêmes. Si vous voulez sérieusement faire la guerre à
leau-de-vie, remplacez-la par une boisson saine et bon mar-
ché, de la bière, du cidre, et surtout produisez et vendez du
bon vin à don marché.
1° Pour faire du bon vin blanc ou rouge, de deuxième eu-
vée, préparez une cuve qu'on remplit au tiers d’eau, et dans
. laquelle on mettra le marc dès qu’il sort du pressoir, par
morceaux, au plus, de la grosseur du poing et sans lui laisser
le temps de s’échauffer.
2° Le marc doit toujours être couvert d’eau pour qu'il ne
s’acidifie pas à l’air, et il faudra veiller à ce qu'il y ait toujours
suffisamment d’eau.
3° On introduira autant de marc que l’on pourra. On rem-
plit ainsi la cuve de marc et d’eau.
4 Pour empêcher le marc de flotter à la surface et pour le
serrer un peu, on le maintiendra sous l’eau avec un couvercle
chargé de pierres.
5° Si possible, après 24 heures, on met le clair qui s'écoule
en tonneau, on presse le marc et on réunit les deux moûts.
6° Un vin ordinaire doit contenir de 6 à 7 pour mille d’aci-
de, et de 7 à 8 pour cent d'alcool.
1° On vérifie, soit par le goût, soit par une analyse rapide,
que le moût contient 7 pour mille d'acide. S'il en contient
— 216 —
moins, on remet le moût sur du nouveau mare, s’il en con-
tient trop, on ajoute de leau.
8 On ajoute par 100 livres de moût 14 livres de sucre, car
le moût contient déjà environ deux pour cent de sucre; on
aura done en tout environ 16 livres de sucre qui répondent à
huit pour cent d'alcool, 2 livres de sucre fournissant 1 livre
d'alcool.
Le pot fédéral de moût pèse au moins 3 livres.
On mettra done par 100 pots fédéraux de moût 42 livres
de sucre. |
9° On laisse fermenter comme du moût ordinaire.
10° Pour dissoudre le sucre à froid ou à chaud on devra
prendre, non pas de l’eau, mais du moût qu’on vient de pré-
parer.
11° Pour le vin rouge, on prépare le moût comme il vient
d’être dit, seulement on laisse fermenter dans la cuve sur une
quantité suffisante de mare pour que le vin prenne la couleur.
Des essais ont été faits dans plusieurs pressoirs d’après ces
indications, et l'examen de quelques moûts de deuxième cuvée
ont donné les résultats suivants:
Moût blanc, M.— On à laissé l’eau en contact avec du mare
pendant 24 heures, l’eau contenait 2,9 d'acide tartrique, on a
pressé le mare; l'eau qui s’en écoulait contenait 2,5 d'acide.
Ces eaux réunies furent rechargées de marc frais, après 24
heures, elles contenaient 4,2 d'acide. On ajouta du sucre de
canne en grumeau dans la proportion indiquée, 42 livres pour
100 pots, soit 110 gr. par litre ce qui correspond à 5,6 d’al-
cool qui, ajoutés aux 2 que l’on suppose rester dans le mare,
donneraient 7,6 pour cent d'alcool, à peu près celle d’un vin de
Neuchâtel bon ordinaire.
Après 24 heures ce liquide déjà en fermentation avait une
densité de 1,061 et contenait 4,4 pour mille d’acide. Le 28
octobre la distillation a donné 2 °}, d'alcool et 6°72 de dévia-
tion à gauche correspondant à 150 gr. de sucre soit à 7,6 d’al-
cool. Ce vin devra done contenir plus tard 9,6 d’aleool; le
mare paraît donc avoir contenu plus de sucre qu’on ne le sup-
posait; l'analyse du vin nous indiquera cela avec plus d’exac-
titude.
—
CEA
— 9217. —
Vin rouge, L.— On a préparé du vin rouge en ajoutant au
mare autant que la cuve pouvait en contenir, de l'eau sucrée
avec du sucre de raisin. Ce sucre n’était pas pur, car 1 gr.
dissout dans 10 cent. n’a donné que %, de sorte que 1 gr. de
ce sucre ne correspondait qu'à 0,82 de glucose pure, mais
comme le marc était gluant, il se peut que le sucre de fruit
qu'il contenait, déviant à gauche, diminuait le pouvoir rota-
toire à droite de la glucose. L'analyse du vin démontrera la
qualité du sucre.
Le 23 oct., ce vin fut examiné. La densité était 1,0, il con-
tenait 5,3 pour mille d'acide, il a donné à la distillation 4,5
pour cent d'alcool et contenait encore du sucre déviant de
2°25 à gauche, ce qui correspond à 50 gr. de sucre soit à 2,5
d'alcool. Le vin contiendra done 7 °/, d'alcool.
Un autre vin, MB, blanc, formé par de l’eau et du mare, à
donné après 24 heures 3,3 d'acide et avec du nouveau mare
après 24 heures 4,77. On ajouta le sucre et la fermentation
s’opéra bien.
Un autre vin, D. blanc formé de la même manière ne conte-
nait que 3,3 d'acide. Nous rapporterons plus tard les analyses
des vins correspondants à tous ces moûts. Nous ajouterons
que les vins de deuxième cuvée, ont été faits dans des cir-
constances bien défavorables, car il est rare de voir un mare
aussi sec, aussi parcheminé que celui de l’année 1861, année
très-sèche.
Nous terminons ce premier rapport sur les vins par les ré-
sultats que nous a fournis la recherche de la quantité d’ammo-
niaque que les vins donnent en les distillant avec de la potasse
caustique. La police nous avait donné à examiner un vin trou-
ble ayant mauvais goût, et dans lequel il s’est trouvé de petits
animaux en putréfaction, flottants dans le liquide. A la dis-
tillation avec la potasse, ce vin m'avait donné une quantité
d’ammoniaque considérable. Comme je ne connais pas celle
que donne un vin ordinaire, je fis plusieurs distillations de
600 ccm. de vin avec de la potasse. L’ammoniaque fut dosé
avec une liqueur acide contenant dans 1 litre 0,63 gr. d'acide
oxalique.
—. 218 —
Gaz À, H5 contenu dans 1 litre de vin rouge:
grammes.
SHiGrenrpe 15 t0 5 es 2). 40 DONNE
Vinde France: . 4454, niet. 4e MOSMONN
Neuchôtel,1856. 1, &2 41 4e CHENE
Minide.Framee , aus 2 1° toota fn
Vin-de, France, collé .….140 4 taatvot H6n0M0S
1'INeunchâtel;collé. 11e ie TN OS
2 » BU LUS ORNE OR
3 » nul que ads bé EG. JOIE
4 » dHtels ate LahiantR SPEARS
5 » » te à LR loastt 098
Nous remarquons que le vin de France, que nous savons
être collé, contient une quantité d’ammoniaque double de celle
des vins ordinaires, nous ignorons avec quoi ce vin a été collé.
Les vins de Neuchâtel, de 1 à 5, ont été collés avec du sang
de bœuf; 1 et 2 étaient bien clairs; 3, 4, 5 étaient un peu trou-
bles. Le vin 1 et le vin 5 ont été pris dans une même bouteille,
qui contenait un vin un peu trouble, on a laissé reposer le
vin, on à décanté le clair, c’est le vin 1. Le résidu de la bou-
teille est le vin 5.
RAPPORT
DU COMITÉ MÉTÉOROLOGIQUE
DE LA
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL
pour l’année 1861.
par M. KOPP, pror.
(NV. p. 33 des Bulletins.)
——_—__——s 6e —————
RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS ANCIENNES
FAITES A NEUCHATEL DANS LE 18° SIÈCLE
de 1750 à 1759.
Dans notre dernier rapport nous avons montré que €’est
Grarcin qui, en 1734, a commencé des observations météoro-
logiques régulières à Neuchâtel.
Ces observations ont été poursuivies jusqu’à nos jours. Mal-
heureusement il n'y à qu’une partie qui ait été conservée.
Nous possédons d’abord un recueil de notes elimatologi-
ques, formant continuation des notes des Peters de St-Blaise,
par Maridor, de St-Blaise.”
Ce jeune homme intelligent et studieux prit assez d'intérêt
aux observations climatologiques, pour copier dans un livre,
les observations les plus intéressantes recueillies par Pierre
Peters. L'année 1770, si extraordinaire et si misérable, lui
sugoéra l’idée de continuer le résumé. Il avait alors 25 ans et
depuis lors il a tenu registre régulier jusqu’à l’an 1819, année
de sa mort. Nous résumerons ces observations curieuses quand
nous arriverons à cette époque.
Mais à côté de ces notes climatologiques, nous avons des
documents scientifiques et des observations régulières, renfer-
més dans deux volumes manuscrits.
Ce sont des observations faites à Neuchâtel trois fois par
jour, relatives au thermomètre, au baromètre, au vent et à
l'état du ciel, faites par un homme instruit et s'occupant de
sciences exactes, avec des instruments soignés et comparés.
Les observations sont toutes écrites de la même main, ferme
et élégante d’abord, tremblante plus tard. Le registre des ob-
servations commence avec l’année 1753 et finit le 22 décem-
bre 1752 avec l'observation de 8 heures du matin. L'auteur
n'a pas inscrit son nom. Nous pensons que ces observations
sont dues à Moulaz, de Neuchâtel, ancien professeur de ma-
thématiques à St-Pétersbourg, qui à son retour dans sa ville
natale, s’occupait avec ardeur d’études scientifiques et surtout
d’études météorologiques et astronomiques. Il effectua une
série de déterminations de hauteur au moyen du beromètre.
Il a sans doute connu Garcin, qui cessa de résider à Neuchâ-
tel. Il fut en relation scientifique avec Jean Bernouilli le père
et Gagnebin de la Ferrière.
Les observations dont nous parlons sont résumées chaque
année avec soin. Nous ne pouvons pas nous servir de ces ré-
sumés, parce que les observations n’ont pas été faites chaque
jour à la même heure.
Nous pensons que nous ne pourrons pas donner une meil-
leur idée de ces observations qu'en copiant une page du ma-
nuscrit. Nous prenons au hasard. ,
Haut. moy. du baromèt. 26° 7 55
. pour le matin 325}, -pour le soir 33 15/.,
Degrés moyens entre les trois observations : 34 %/
les deux premières :
»
Février 1755S.
Heures.
Degrés
du
baromètre.
Degrés
du
thermomètre,
BE = 215.5: É
| 5 &p = € & S © ©
DE DT :
= = =
Matin. Après-midi.
P. 1.
1, 8/27 2 | 28|Broul |2-3| 30
2| —|27 | 25| Cour A)
3| —196 9 57, 27] Nage 253) 3415
4178 81}, 32| Cour. |— | 3718
5] 81—:10 | 211N. 2] 28]8B.
61 —|}..11 1},) ,23| Cou. 12-31 29
4] —|— 9 !}]) 30] Neige |— |! 35] Cour
8|, 1|— 11 5/ | 22! Broul. | — | 32] Couv
J) 8127 39| Cour. | — | 38
10} —126 10 !},! 35! Couy | — | 4318.
A1, —|— 7 1},) 32! Brouil. | — | 41! Couv
12! —|— 71},) 35] S Nug| —| 38] Cour
43| —|_ 61, 39! 8 Puel — | 42| Pl.
14, 7— 55}, 37 Cour. | — | 42] Cour
15,7-8|— 3 1},| 38] Cour. | — | 39] PI
16! 1— 5 5/;| 36! Cour. | —| 3515. Ke.
17 8|— 40/5 |—| 43] Nag
| 7}: 4 39! Beaw |—| 36] Neig.
SNEHRRIES
_—|— — ouv
D 6 -6 ‘,.|.37/-P | ui SO
22, 7— 6‘) 36). |—1| 41} Cour
2317-8/— 3 1,) 36) Neige. |__| 4318.
24| 8— 31}, 37] Gouv. | 2] 40! Cour
25| | 3 3),! 35] Cour. FE 40/V. WE
26| —|—: 5 5/1 35 Var. | =} ‘441EB
20) —|=,3 5) 28/BE |__| 40!BE
D | 81) 33 BE |__| 46lBNE
202 908 1059
(I
[294*
© OÙ CO LR He O0 Où D Où D NN I À OÙ Où I
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Somme des degrés du thermom. 2906.
Degcrés moyens du thermomètre :
»
32 #5
26|
27| Neige
33| Neige
210 5), |929
pour l’ap.-midi 37%
Le
56
>| Cour.
LAS
Brouil. 110
S. PI. 109.
Pl. |191
S. Pl. 116
Couv. |112
S. 108
| 5. Neig.|119
B. |105
Id. (100
Cour. 1106
PI. 112
115
P. Na.|115
Cou.
Cour.
S. W.
Cour.
>| Cour.
113
110
111
104
117
Somme des variat. du barom. 5 p.
las
— 2922 —
On voit que les observations ont été faites avec soin. Les
sommes calculées chaque jour, chaque mois, les moyennes
calculées de deux manières différentes, prouvent que l’obser-
vateur avait un zèle scientifique et la conviction profonde de
l'utilité de ses observations. |
On ne saurait refuser un juste tribut, à ce travail persévé-
rant de tant d'années, soit de reconnaissance à ce labeur,
alors surtout'bien ingrat, soit d'estime à la sagacité de cet
esprit qui à compris que des données, recueillies avec soin,
pourront et devront être utilisées, pour l’avancement d’une
science aujourd’hui assez développée et assez'appréciée pour
que la Confédération et tous les états concourent par leur ap-
pui moral et matériel à en rendre le‘développement plus faci-
le et plus utile.
Les degrés du thermomètre sont les degrés Farenheït. Le
baromètre était divisé en pouces et lignes du pied de roi.
Nous commencerons le résumé de ces observations par les
observations thermométriques.
La construction des tableaux de réduction, la préparation
des matériaux ne nous permettent pas de publier dans ce rap-
port plus de sept années.
L'an prochain nous espérons pouvoir publier la série totale,
ou au moins une grande partie.
Notre premier but est de déterminer la moyenne de chaque
jour de l’année pour Neuchâtel; nous nous réservons de pas-
ser plus tard à l’histoire météorologique de la seconde moi-
tié du siècle dernier.
La moyenne de chaque jour pour 1753 est tirée des obser-
vations faites le matin de 6 à 9 heures et le soir de 9 à 12.
Celle de 1754-1759 est tirée des observations faites le matin,
l'après-midi et le soir.
Les moyennes inscrites dans le tableau sont tirées des ob-
servations de chaque heure réduite à la moyenne du jour
d’après les variations diurnes de la température à Genève, de
sorte que notre chiffre égale l'observation du matin réduite à
la moyenne du jour, plus les deux observations du soir ré-
duites à la moyenne du jour, et cette somme divisée par 3.
Moyenne du jour à Neuchâtel.
JANVIER.
1757. | 1758. | 1759.
1753. | 1754. | 1755. | 1756.
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22 8.5 5.0 5.4 5.1 6.2 6.7 5.1
93 7.6 3.1 3.8 7.8 8.4 9.2 6.4
2 6.5 3.7 4.8 5.6 9.1 11.4 7.0
25 9.7 6.2 6.3 4.9 10.4 6.0 5.1
26 10.1 7.5 7.1 2, 4 8.9 7.4 5,7
27 9.6 9.3 9*1 2,3 1.8 7.8 6.2
28 10.1 6.4 8.8 2.3 9.3 8.9 7.0
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3 17.9 17.8 15.9 13.5 12.9 127
4 18.1 20.0 12.8 8.6 14.8 12.6
5 19.2 18.9 14.3 11.0 1547 14.6
6 18.9 20.0 14.3 12.9 18.2 16.4
7 19.8 20.0 14.7 15.3 18.3 172
8 17.4 19.3 13.4 16.2 21.5 16.4
9 18.3 18.7 14.3 15.3 22.3 18.5
10 17.8 17.8 14.5 16.0 23.5 18.3
11 16.4 18.5 193.9 17.4 Er 18.1
12 18.8 20.0 14.9 20.1 22.6 16.1
13 20.1 20.7 16.9 20.1 20.5 18.1
14 19.5 21.9 19.2 24.1 19.7 13.1
15 20.3 22.9 20.4 20.3 15.6 11.3
16 19.6 21.9 20.2 19.8 17.2 15.3
17 18.3 22.8 24:2 22.8 17.7 18.7
18 19.2 23.9 22.4 20.1 12.6 20.7
19 16.1 2 23.0 18.3 14.0 21.4
20 14.6 23.0 292.7 19.4 16.3 22.0
21 14.8 23.7 24.5 22.0 17.0 20.7
29 16.4 23.9 21.2 22.9 18.4 22.9
23 17.3 22.6 20.8 24.0 20.5 20.7
24 18.2 18.3 22.0 24.4 21.1 17.6
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28 19.4 17.4 24.4 19.9 18.9 15.0
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5 10.5 13.5 10.9 8.2 14.7 1.8 12.3
6 8.1 14.8 14,1 9.8 14.5 14.3 13.2
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9 9.5 13.4 10.5] 16.9! 145] 416.8 14.9
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12 10.9 12.3 12.9 8.4 16.8 12.0 14.3
13 10.3 13.2 12,2 8,5 18.2 12.4 17.0
14 10.9 14.4 13.2 9.8 16.8 14.4 18.2
15 10.9 16.3 13.5 10.9 14.9 14.7 16.2
16 11.8 17.2 13.7 11.3 14,5 15.41 +16.9
17 11.2 16.3 12.6 11.5 11.5 15.3 18.0
18 10.3 19.1 9.4 13.7 8.6 16.2 11.4
19 10.9 17.4 7.8 15.5 12.5 16.2 10.3
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21 13.9 17.6 11.3 14.3 15.3 16.6 14.3
92 14.8 18.3 12.8 16.3 17.2 16.2 14.9
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24 17.6 16.5 16.1 17.1 15.8 17.7 16.6
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29 18.1 16.0 15.5 13.0 15.6 12.8 14.4
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7 4 13:2 14.1 10.8 9.8 10.4 10.4
8 11.4 11.0 14.8 10.4 11.0 12.8 41.5
9 13:41 10.8 15.6 9.5 9.0 45.5 1252
10 14.5 11.8 13.8 10.0 8.1 8.7 12:92
11 13.6 12.8 8.6 12.5 9.2 7.8 12.4
12 13.3 14.7 8.2 10.5 9.1 1.1 ay
13 14.5 13.9 11.0 8,5 8.5 75 1°7:0
14 14.4 14.9 12.4 7.6 10.0 10.4 12.0
15 12.8 14.3 12.8 8.4 75 11.6 1429
16 14,7 14.1 12.5 10.6 9.1 4.4 10.5
17 10.6 14.7 12:38 10.7 7.4 4 A fan
18 ER 13.7 12.4 9.7 4,2 4.5 14.1
19 50 13.7 11.5 9.0 5.9 5.9 15.9
20 5.8 14.1 10.1 9.5 6.2 7.8 11.3
21 7.8 13.5 11.2 8.7 5.4 5.0 11.9
22 9.5 12.3 10.2 8.2 6.1 5.8 14.3
23 9.5 11.2 6.6 9.3 4.7 7.8 14.3
24 9.7 11.0 6.7 9,7 6.5 9.4 9.7
25 10.0 11.0 7.8 10.0 4.8 9.0 12:35
26 10.0 10.8 6.0 8.7 4.1 7.9 12.6
27 10.3 10.8 Er 9.7 4.3 8.9 10.2
28 10.0 10.6 6.6 9.1 Eee. 4.6 13.9
29 7.0 9.7 2.8 9.4 2.9 er 134
30 5.6 9.5 12 8.7 2.1 6.9! 12.3
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1755.
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1) TT: 2,3 A ER A 1.3 6.7
— 235 —
J'avais déjà réduit au moyen de calculs bien laborieux, les
observations d’un bon nombre d'années à la même heure,
quand j'ai appris par M. Plantamour qu'il allait publier le ta-
bleau des variations diurnes de la température à Genè-
ve, variations tirées des observations faites par lui à Genève,
de 1836-1860. M. Plantamour a eu la bonté de me transmet-
tre en manuscrit le tableau des corrections, nécessaires pour
ramener à la moyenne du jour l'observation d'une heure
quelconque pour Genève et je n’ai pas hésité de les appliquer
aux observations de Neuchâtel. Grâce à l’obligeant secours
de M. Plantamour, le travail s’est considérablement simplifié.
J’ai d’ailleurs pu me convaincre que ces chiffres m'amenaient
au même résultat que celui que j'avais obtenu en ramenant
chaque observation à une même heure, en corrigeant l’obser-
vation par l'addition ou la soustraction d’une partie propor-
tionnelle de la différence des observations faites à deux heu-
res quelconques, divisée par la différence de ces heures
d'observations, calcul aussi long que fatiguant, qui devait
être suivi encore du caleul de la moyenne de ces observations
corrigées d’après les procédés usités.
Nous ne transerirons les corrections dont nous parlons qu’a-
près la publication de ces chiffres par M. Plantamour.
RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
pour l’année 1861
Les stations météorologiques du canton sont: Neuchâtel,
Fontaines au Val-de-Ruz, Chaux-de-Fonds et Préfargier. Les
observations limnimétriques se font à Neuchâtel, Morat et
Neuveville. Les observateurs sont restés les mêmes. Le co-
mité météorologique les remercie de leur concours bienveil-
lant.
Nous ne donnerons, comme à l’ordinaire, que des extraits
des résumés de ces observations.
L'année 1861 a été une belle année. Notre résumé sera done
très-court. Janvier fut froid; les lacs de Bienne et de Morat
— 236 —
furent gelés: à Neuchâtel, le grand remplissage à l'Evole fut
gelé et on put cette année jouir, dans la ville de Neuchâtel,
du plaisir de patiner chez soi: ce qui est rare, car d'ordinaire
les patineurs sont forcés d'aller à St-Blaise ou au marais pour
trouver une nappe de glace. Le mois de Mars eut ses gibou-
lées de pluie et de neige. Avril fut beau et see. Les premiers
jours de mai amenèrent un peu de pluie, même de la neige,
mais le mauvais temps dura peu. Le 12 on a eu le premier
jour d'été; cette température élevée fut amenée par un fœhn,
peu sensible chez nous, mais très-violent dans les Alpes; ce
fut ce fœhn qui po ussait les flammes qui ont dévoré la plus
grande partie de la ville de Glaris en une seule nuit. Au mi-
lieu de maï, la sécheresse fut grande et on a eu des craintes
sérieuses de manquer les foins. Le 29 on a eu le premier orage.
Le mois de mai a eu 13 jours d'été et nous signalons l’ab-
sence de ces retours de froid, appelés les Chevaliers de mai.
Le mois de juin fut très-beau et très-chaud. Les derniers jours,
il tomba de la pluie, qui fit cesser l'extrême sécheresse qui
menaçait de compromettre les récoltes en fruits et en foin.
Tout à réussi parfaitement, car juillet, quoique chaud, fut
heureusement pluvieux. Nous devons signaler qu’à la monta-
one les récoltes en foin, orge et avoine, furent abondantes,
pendant que dans le bas les récoltes de foin et de froment
furent très-faibles. La fraîcheur et l'humidité de juillet répa-
rèrent ce que la sécheresse des mois précédents avait com-
promis. Le mois d'août fut de nouveau très-sec et chaud. Les
arbres commencèrent à perdre leurs feuilles jaunies avant
l'automne, mais elles se sont refaites dès-lors et sont tombées
fort tard. Les érables n’ont pas donné de graines. L'automne
fut généralement beau; les vendanges ont eu lieu à Neuchâtel
le 9 octobre. La qualité fut excellente et la quantité celle
d'une année ordinaire. Le rouge n'était pas tout-à-fait assez
mûr, le blanc au contraire très-mûr. De fortes bises, un froid
assez intense, beaucoup de brouillards ont rendu le mois de
décembre assez désagréable.
À la Chaux-de-Fonds le mois de janvier fut magnifique; la
fusion lente de la neige fit que, le 9 février, le versant sud
de la vallée était en partie découvert de neige, et sur le ver-
— 231 —
sant opposé il y avait de nombreuses solutions de continuité
dans la couche de neige, mais, le 10, une chute de neige à
eros flocons revêtit la vallée de nouveau de son costume d'hi-
ver, cette neige disparut le 13, l’ancienne neige fondait aussi,
le sol se découvrait graduellement et on vit quelques plantes
précoces s'épanouir aux rayons de ce printemps hâtif; mais à
la fin du mois la neige revint brusquement et ramena l'hiver
et ses rigueurs.
Les vents $ et SO, si fréquents en mars, ont maintenu l’hi-
ver tout le mois et même il s’est présenté avec un aspect plus
sévère et plus rude qu’en janvier. Le 9 mars, fonte de la
neige; les rues de la Chaux-de-Fonds sont impraticables, le
11 et le 12, forte neige poussée par un violent vent SO; elle
encombre les rues et les routes. Il est tombé trois pieds de
neige en rase campagne et les encombrements neigeux dé-
passent six pieds. Enfin, le 27, la neige commence à fondre
rapidement et, le 15 avril, la neige avait complètement dis-
paru dans la vallée.
Le 29 octobre, la première neige a paru. Le 2 novembre
le soleil la fit disparaître du versant méridional, mais pendant
la nuit il en tomba de nouveau et pendant tout le mois de
novembre, il y à eu ainsi une série d’alternances de neige et
de fusion; à la fin du mois, la neige a cependant tout-à-fait
disparu et elle n’a pris pied définitivement que le 18 décem-
bre; le 19 on allait en traîneaux; le 21 et le 22 la neige criait
sous les pas par — 10° et — 11°. Du 20 au 31 décembre le
temps fut magnifique. La neige disparaissait insensiblement
sous l'influence d’un soleil splendide, le ciel était d’un bleu
foncé le jour, noir et brillamment illuminé la nuit; la dernière
semaine de décembre était uue magnifique semaine d’un bel
automne.
MÉTÉORES.
Le 24 janvier, à 7 heure du soir ,on a observé au Loele une
aurore boréale. Le ciel au NO. était coloré d'un rouge-orangé
assez vif et n’a repris sa teinte naturelle qu'au bout d’une
demi-heure.
“
— 238 —
Le 9 mars, vers 10 heures du soir, on aperçut à Neuchâtel
une aurore boréale , qui fit croire à un incendie au Val -de-
Ruz.
Le 14 juillet, à 11 h, 45 m. du matin, halo solaire qui pré-
sentait un peu les couleurs de l’arc-en- ciel. Le ciel était eou-
vert de cirrus.
Le 25 juillet, le soir, magnifique deuxième coloration des
Alpes, surtout sur le Mont-Blanc. Avant et pendant ce phé-
nomène, brillantes bandes de Necker inclinées vers la Jung-
frau.
Dans la nuit du 10 au 11 août, nombre considérable d’é-
toiles filantes.
Le {9 août, halo lunaire double. Le halo intérieur débor-
dait la lune de la largeur du diamètre de la lune, il était très-
coloré à son bord extérieur. Le halo extérieur était léger et
avait l'apparence d’un arc-en-ciel, il était placé à un demi-
diamètre lunaire du halo intérieur.
Halos lunaires le 21 mai et le 17 juin.
OBSERVATIONS DIVERSES.
1% Mars. Hépatiques en fleurs au Mail.
11 » Grésil à 8 et à 9 h. du soir.
22 » Neige jusqu'au bord du lac; elle disparaît de
suite.
24 » Premières hirondelles, papillons au bord du lac.
6 Avril. Fonte rapide de la neige à la montagne.
14 » Floraison du crocus vernus à la montagne.
15 ) Commencement des labours à la montagne et
des semailles au Val-de-Ruz.
16 » Poiriers en espaliers en fleurs au Val-de-Ruz.
18 » Plus de neige à la Chaux-de-Fonds.
21 » Hêtre en feuilles à Neuchâtel.
30 » Reverdissement des prairies à la montagne.
5 Mai. Neige à la montagne et au bord du lac.
1 » La neige à disparu partout.
10 » Arrivée des martinets à la Chaux-de-Fonds.
11 » Fin des semailles au Val-de-Ruz.
— 239 —
46 Mai Feuillaison du hître, du sorbier , de l'érfble à la
montagne.
16 » Plus de neige à Tête-de-Rang.
18 ) Les labours sont terminés à la montagne.
22 » Plue de neige sur Chasseral.
28 » Premières fleurs d’esparcettes.
29 » Premier orage.
6 Juin. Floraison des lilas à la montagne.
5 » Floraison du maronnier à la montagne.
13 » La vigne fleurit dans le bas du vignoble.
1% Juil. Commencement des fenaisons au Val-de-Ruz.
6 » Commencement des fenaisons à la montagne.
22 » Fin des fenaisons au Val-de-Ruz.
12 Août Commencent des moissons au Val-de-Ruz.
15 » Commencent des moissons à la montagne.
31 » Fin des moissons au Val-de-Ruz.
7 Oct. Vendanges à Boudry.
3 » Vendanges à Neuchâtel.
9
2 » Première neige à la montagne.
Novembre. Les 6, 7, 22, 23, fœhn chaud à Neuchâtel.
29 » Pommes et poires de deuxième récolte, de 1,5
pouces de diamètre. Orme couvert de fructifica-
tions. Crocus vernus en fleurs.
18 Dée. La neige prend pied à la montagne.
TEMPÉRATURE DE L'AIR.
Tableaux des observations thermométriques.
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Neuchâtel, 1861. |
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Février 2,7 || 41.0 22 |—4,5 12 15,5 AA fs
Mars 5,2 || 16,3 30 |—9,2 15 [AS Al MER
Avril 8,1 || 19.8 |17&18| 92,0 10 17,8 |—| —| —|_
Mai 13,2 || 25.8 97 9,0 7 23.8 [—| —| 13
Juin 18,0 || 31,5 29 9,0 4 22,5 |—| —|,23 *|
Juillet 18,3 || 26,2 30 10,2 2 16,0 |—| —| 26|—|
Août 19,4 || 31,2 13 10,0 26 24,9 |—| —]| 29,1
Septemb. || 14,9 || 28,0 | 1 à 2 7,5 |19,20,30! 20,5 |— 121
| Octobre 11,4 || 20,8 3 k,0 29 16,8 |—| —!| —|—
Novembrel| 6,1 || 14,5 | 7 & 8 |---2,8 20 4758 4-08) —|=
Décembrel| 0,8 || 10,5 8 |—5,8 30 16,24411..5) TS
Année 9,6 || 31,2 | 13 août} —9,5 |7 janvier| 40,7 |28| 261103 !
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Chaux de-Fonds. 186G1.
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Temp. de l'air
à 9 h. du mat.
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14 3,2 43,5 |[:14,5 | 8.5 2,5 | 5,5
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10 | 1,0 | 20 ||40 |14 5,5 | 1,5 | -
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Chaux de-Fonds, 1361.
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Février 675,2 | / 4,5 16,5 4,8 A7 |: MONT T
Mars 674,0 4,3 3,2 23.5 5 24,5 | 9,5 | 4,0
Avril 676,5 || 17 8,3 4,8 || 18,5 9,0 | 6,21 14,8
Mai 676,7 | 11,5 | 9,2 | 10,2 || 8,0 | 44,0 | 8,8 | 0,2
Juin 676,7 6,5 | 10,5 13 3,5 | 19,5 | 3,7 | 3,3
Juillet 676,0 | 9,2 | 40 11,8 8,61: 93,0 | *9,3vfr99
Août 681,2 | 19,8 7,5 3,7 3,2 | 418,3 | 7,2 | 9,3
Septemb. 677,7 || 12,2 7,3 10,5 4,5 | 17,7 | 5,5 | 9,2
Octobre 677,9 || 15 7 9 10,0 | 40,5 | 6 4,5
Novembre || 673,8 | 6 6,8 | 17,3 3,8 17-4950 He al
Décembre || 677,8 | 15,3 | 3 12,7 || 44,7 | 10,0 | 1,5 | 4,8.
Année 676,8 | 139 79,8 | 146,7 || 83,3 | 188,0 | 48,7 |45,5 |
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Préfargier 186£2.
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Nuageux.
Couver t.
—_—_——— | ————— | — —
Janvier 5 h 29 10 15
Février 4 3 21 21 2
Mars 5 10 16 13 1
Avril 16 Q J 10 14
Mai A1 15 5 15 10
Juin 5 14 11 16 2
Juillet 5 17 9 14
Août 19 10 2 18 7
Septembre 10 10 10 11 3
Octobre 8 6 17 97 2
Novembre 5 6 19 11 5
Décembre 13
—————_—_— | mt | eee
a || —___——— | —
Année
TABLEAU DES OBSERVATIONS HYGROMÉTRIQUES.
Neuehâtel, 1861.
| D ARE RATE =
| Nombre de jours de = |
| ET SO D << = . |
Æ s a S | S à =
| S © = a tà = |
| Janvier 2 - - 7 = 15,0 |
Février 2 - A 7 17,0
. Mars 4 5 2 - 103,6
| Avril 4 - = - = 23,3
: Mai 2 - 1 - 1 19,6 |
| Juin RIT Po RACES 58,7 (|
Juillet A1 - - - 2 164,2
Août SulEr N-tds die 166 |
| Septemb. 8 - = 1 2 168,7
Octobre 4 = À 7 71,8 |
Novembrel 6 = 1 93,5 |
Décembre 1 1 7 - 30,7 |
Année 32 3 kel. 80:d.:356: | 0 782,7 |
Chaux-de-Fonds, 19641.
| Nombre de jours de È |
D» |
re 3.16 |
= D oo 7
S ISrM= 9
| . . Rs a . _ = S |
Ÿ S hi din St Sls Sun
=; "e S 3 LS = =
—— Lo Es ES = 1 = |
À, = | à Shot =
Janvier 1,2 | 0,5 | 25 > - 8 |
Février 1,8 | 2,7 16 |
: Mars 3 8,3 _ - - 238 |
| Avril 1,2 | 1 = il , - 62
Mai 2,3 | 2, (l - | 4 74 |
Juin 2 LE 1 ae: 132 |
Juillet 35e 3 où 2 161 |
Août 2,5 | - 2 EN PEL 20 |
Septemb. ! 6 - - - - 208 |
Octobre 1:34. 4 - - - 49
Novembre} 5 3 - - - 126
Décembre} 14,5 | 1, - - - 70
—_—_——__— | ———— | ——— | ——— | —
Année 40,5 | 20
Préfargier 1861.
Nombre de jours de
clairs
Millimètres d’eau
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septemb.
Octobre
Novembre
Décembre
1 on
5
8
1
1
1 TT NI Ce 1 NL 1!
Dem: 1 1 1 1!
Année
VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX
DES LACS
DE NEUCHATEL, DE BIENNE ET DE MORAT.
Les mesures limnimétriques sont exprimées en millimètres
et indiquent la distance du niveau de l’eau au môle de Neu-
châtel situé à 434,7 mètres au dessus du niveau de la mer. La
marche générale des lacs est donnée par le tableau graphique
et les résumés.
Le nombre de jours où le lac est resté stationnaire n’est
pas inscrit dans les tableaux.
Lane de Neuchâtel,
Le 31 décembre 1860 le lac était à 1865 millimètres et le
31 décembre 1861, à 2470; le lac a donc baissé de 605 milli-
mètres.
La lac à atteint les 17 février, 7 mars, et 26 mai la hauteur
moyenne des eaux, 2200 millimètres.
1861, à 2715. Le lac a donc baissé de 514 millimètres.
l
Hausse totale.
Janvier 259
Février 415
Mars 977
Avril 178
Mai 0
Juin 42
Juillet 311
Août 0
Sept. 235
Octobre 37
Novemb. 311
Décemb. 450
Nomb. de jours.
Baisse totale.
Lac de Neuchâtel, 1861.
Nomb. de jours.
Maximum Pendant le mois
par jour.
———— * ——— | ——— dd ———— | ——— Ÿ ——_—
a
nt | comm. À mmese | ms À ee mm À
Année 1815
105 2420
235
le lac
LA,
S S (4 [44
Fe EE Haussé | Baissé
= à de de
mm mm
115 38
8
37 10
30 15
0 26
18 24
58 93
0 18
83 45
13 16
50 10
60 18
115 38
Nomb. de jours.
Lace de Bienne.
Le 31 décembre 1869 le lac était à 2201, le 31 décembre
Lac de Bienne, 1861.
Baisse totale.
Nomb. de jours.
Maximum Pendant le mois
par jour.
—_—_—_———— À ——_ À —_——___——…— | ——_—_—_ À ——————_— | ————_—_—— + __—_ | —
E
À
2
3
pre
mm
Janvier 257
Février 20
Mars 312
Avril 4177
Mai 0
Juin 14
Juillet 364
Août 0
Sept. 311
grrr 0
Ov. 337
Déc, 186
—————__— À ———————— à ————————— | __—_—_—7 ———…—_— | 1 ———— |! ——__——
Année 1978
le lac
TS,
S Rs a «a
S 8 Hausse | Baïissé
È à de de
mm mm mm mm
171 28 — 94
45 16 — 205
24 41 275 —
48 28 11 —
0 16 — 336
6 |-.16 — | 970 |
44 20 290 —
0 19 — 390
122 16 158 =—
0 14 = 208
45 19 280 —
62 17 _ 25
171 28 101% 1528
LR ed 2e DEAR EN 38
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI.
17
— 246 —
Le 19 janvier, il y avait de la glace au port de Neuveville;
le 20 le lac était gelé jusqu’à Cerlier; le 21 la glace du lac
avait 15 millimètres d'épaisseur ; dans le port 30 millimètres ;
le 26, la glace était couverte d’un peu d’eau; le 31, de nom-
breux patineurs sont venus de Gléresse à Neuveville; le 5
février deux hommes traversaient le lac en patins; le 13, la
glace était partie aux trois quarts; le 14, les bateliers de Cer-
lier traversent le lac en bateau; le 15, le lac est gelé de
nouveau, la glace à 7 millimètres d'épaisseur; le 26, la glace a
disparu.
Lae de Morat.
Le 31 décembre 1860, le lac était à 1610 millimètres; le 31
décembre 1861, à 2340 millimètres. Le lac a donc baissé de
1430 millimètres.
Lac de Morat, 1861.
À 2 : Ê Maximum Pendant le mois
2 = S à par jour.
£ S Ê > le lac
+ rs = "S F
2 S © = 2 S b a
S = 8 È 3 & Haussé | Baissé
ss 2 à CR DEC E de de
nmim mn mm mm mm mm
Janvier 240 3 580 26 20 60 — 340
Février 50 3 160 5 20 90 — 110
Mars 510 9 130 7 100 40 380 —
Avril 0 0 180 10 0 30 —— 180
|| Mai 0 0 390 19 0 30 — 390
! Juin 10 1 190 12 10 30 — 180 |
! Juillet 330 q4 70 4 50 20 260 —
Août 90 4 580 20 90 60 — 490
Sept. 610 8 190 9 160 30 420 —
Octobre 70 fl 310 18 20 30 — 240
Nov. 480 12 30 13 120 10 450 —
Déc. 70 3 380 16 50 30 — 310
Année À 2460 58 3190 159 160 90 1510 2240
— 247 —
TEMPÉRATURE DU LAC.
Le 1° janvier, l’eau du lac avait à la surface une température
de 5°,8 ; elle est arrivée à son minimum 1°,5 le 18. L'eau s’est
réchauffée dès-lors lentement; le 1°" février, elle était à 4°; le
1% mars à 5°; le 1° avril, à 6°; le 1% mai, à 9; le 1°" juin, à
16°; le 1® juillet, à 19°; le 1% août, à 21°,2; Elle a atteint son
maximum 25°,5 le 13 août. Dès-lors l’eau s’est refroidie
lentement; le 1* septembre, elle était à 22°; le 1 octobre,
à 16°,2 ; le 1° novembre, à 13°,2; et le 1** décembre, à ®.
Le 31 décembre, la température s'était abaissée à 4°,5. L'eau
a atteint 18° le 14 juin et elle est restée à cette température
ou au-dessus jusqu’au 21 septembre. La saison des bains du
lac a donc duré 100 jours. Pendant ce laps de temps l’eau
était à 18°, 1 jour en juin, 2 en juillet, 1 en août, et 6 en
septembre; à 19°, 4 jours en juin et 13 en juillet; à 20°, 2
en juin, 4 en juillet, 1 en août et 6 en septembre; à 21°,
6 en juin, 6 en juillet, 9 en août et 4 en septembre; à 22°,
4 en juin, 6 en juillet, 10 en août et 5 en septembre; à 23°,
1 en août; à 24°, 7 en août, et à 25°, 2 jours en août.
La température de l’eau à la surface du lac est restée toute
l'année au-dessus du minimum de la température de Flair,
excepté pendant 9 jours, soit 2 en mars, 2 en avril et 5 en
mai. Les 27 avril et 12 mai, le minimum de l'air était égal
à la température de l’eau.
En comparant la température de l’eau au maximum de la
température de l’air pendant la journée, on trouve que le lac
a été plus chaud que l’air pendant 124 jours, soit 25 jours en
janvier, 7 en février, 1 en mars, 1 en avril, 2 en juin, 3
en juillet, 4 en août, 14 en septembre, 20 en octobre, 21
en novembre et 26 en décembre. Deux fois la température
de l’eau était égale au maximum de l'air, 1 fois en février et
1 fois en octobre.
Le lac à donc été pendant 239 jours plus froid que le maxi-
mum de la température de l’air pendant la journée.
— 248 —
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
faites à l'Observatoire cantonal de Neuchâtel, pendant le mois
de Décembre 1861,
par M. HIRSCH, directeur de l'Observatoire.
M. Francis Galton de Londres, ayant eu l'intention de àres-
ser des cartes résumant toutes les observations météorologiques
de l’Europe, avait demandé à notre comité météorologique
de concourir à ce travail. Il se bornait à demander les obser-
vations pendant le mois de décembre. Le comité chargea M.
Hirsch de faire ces observations spéciales, qui ont été adres-
sées par lui à M. Galton avec les explications suivantes:
La position géographique de l'observatoire est:
Latitude 47 0’
Longitude 27" 49% = 6° 57! à l’est de Greenwich. Le ni-
veau du mercure dans la cuvette du baromètre 1604 pieds
anglais au-dessus de la mer.
L'observatoire est situé sur une colline à 52 mètres au-des-
sus du lac de Neuchâtel, dont il est éloigné horizontalement
de 500 pieds environ vers le nord; il est adossé contre la
chaîne du Jura, qui, s'élevant à 3600 pieds environ au-dessus
de la mer, lui coupe 12° de l’horizon du nord. Vers les autres
côtés l'observatoire domine le lac et est en face de la chaîne
des Alpes. — Le bâtiment, éloigné de toute autre construc-
tion habitée, est entouré d’un bois et de vignes. — Les ther-
momètres sont placés devant la façade nord du bâtiment,
à 5 pieds au-dessus du sol et à la même distance du mur.
— La girouette se trouve au haut du mât du paratonnerre,
à 45 pieds au-dessus du sol. — Le baromètre est un baro-
métre Fortin, construit par Fastré aîné, de Paris. Son tube a
0,54 pouces de diamètre; son échelle, divisée directement en
demi-millimètres, donne au moyen d’un vernier les 0,02.
L’instrument a été comparé pendant un mois à celui de lob-
servatoire de Paris, et sa correction, par rapport à ce dernier,
a été trouvée — + 0%",61, La lecture du baromètre est ré-
EE
22 0 —
duite à 0° et au niveau de la mer avec les tables du prof. Car-
lini, contenues dans Schuhmacher's Hülfstafeln. — Le ther-
momètre, construit également par Fastré, a un grand réservoir
cylindrique ; la division, tracée sur verre, donne les cinquiè-
mes de degrés centigrades. — Le psychromètre construit par
Piana, à Berne, a la même division, tracée sur métal. Tous
les deux ont été comparés à plusieurs reprises à un thermo-
mètre étalon de Fastré, vérifié dernièrement à notre cabinet
de physique. Les corrections des deux thermomètres (resp. —
0°,5 et 0°,3) ont été appliquées aux lectures. Le thermomètre
mouillé n’a pas été observé lorsque la température était au-
dessous de zéro.
Les brouillards, mentionnés dans les observations, sont
un phénomène régulier d'automne pour tous les lacs suisses,
et pour le nôtre d’une intensité particulière; ils se main-
tiennent quelquefois pendant 10 — 14 jours sans interruption.
La hauteur verticale de la couche de brouillards varie entre
100 et 1500 pieds et plus. A Neuchâtel on les observe presque
exclusivêment avec les vents N.-E. et E., et ils ne paraissent
se produire que lorsque la température du lac est au-dessus
de celle de l’air.
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es ; ç Ÿ “AN DO + {RIT et) MEOI6NL € 61
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« y £ 00 'E + ETS # 0L'6SL £ 81
« FA & ‘0-'N-'0 Le + [gr + LS" 194 6
« Y ï L0
PPT à
moyen d'une lentille à long foyer, placée à 4 mètres devant
la lunette. Par conséquent, je n'avais qu'à masquer la flamme
de la mire par un écran percé d’un petit trou, pour voir dans
la lunette un point lumineux, tout à fait semblable à une
étoile de 2° ou de 3° grandeur. Il fallait ensuite chercher le
moyen d'imprimer à cet écran (et par conséquent au point
lumineux) un mouvement régulier et d’une vitesse analogue
à la vitesse apparente des étoiles, et en même temps disposer
l'appareil de telle sorte, qu'au moment où l'étoile artificielle
se trouvait bisectée par le fil de la lunette, un courant élec-
trique fût interrompu. J’ai cru obtenir cet effet le plus simple-
ment au moyen dun pendule, auquel on fixerait l'écran et qui,
en passant par sa position de repos, fermerait (ou interrom-
perait) un contact. Voici comment M. Hipp, auquel je me suis
adressé pour l'exécution et dont le concours précieux m'a déjà
été si souvent utile, a réalisé cette idée.
Dans le pilier (1) (G) en granit, sur lequel se trouve la flam-
me(F) de la mire, on a fixé solidement un plateau (B) qui porte
le couteau d’un pendule double (P) en fonte qui, chargé de
deux poids mobiles (M) et (Mt), peut osciller dans un plan
vertical à l’axe de la lunette méridienne (et vertical au plan du
papier), et dans une étendue de quelques degrés (5° environ).
Pour éviter trop de frais, cette oscillation n’est pas entretenue
par un mouvement d'horlogerie, mais simplement obtenue
par un aide qui écarte le pendule de sa position verticale jus-
qu'à un point fixe, et le lâche ensuite sans lui imprimer de
vitesse. Ce moyen offre d'autant moins d’inconvénient, que ce
n’est pas cette première oscillation qui est utilisée pour l’ob-
servation, mais seulement le retour du pendule; on obtient
ainsi en effet la vitesse régulière que comporte l'appareil. Au
toit du bâtiment de la mire, au-dessus de la flamme, on à fixé .
ensuite un axe horizontal et mobile (A) qui porte d’un côté
l'écran (E) et de l’autre une tige verticale (T), qui se rattache
au pendule au moyen d’une calotte (C) mobile lelong du pen-
dule, et dont la pointe entre dans un des trous qui se trouvent
percés dans la tige. Comme lécran (E), aussi bien que la tige
(T), peuvent ARÈNES nd axe (A), il est évident que de
cette manière le pendule, en oscillant, fera osciller aussi l'é-
(*) Voir le tableau n° V.
RE
ù — 3617 —
éran devant la flamme, et cela avec une vitesse variable, se-
lon qu’on place la calotte (C) plus haut ou plus bas.
Voilà donc la première condition réalisée: un point lumi-
neux qui se meut régulièrement et dont on peut observer le
passage devant le fil de la lunette méridienne, tout-à-fait
comme on observe le passage d’une étoile véritable.
Pour obtenir maintenant l'interruption du courant au mo-
ment du passage, on à placé sur le même plateau B qui porte
le pendule, une tige en laiton, mobile sur deux pointes fines
et dans un plan parallèle à celui des oscillations du pendule.
Cette tige repose, dans sa position verticale, contre un buttoir
(H) fixé solidement dans le pilier; en outre, on a fixé au pen-
dule un bras horizontal (R), lequel, lorsque le pendule fait son
excursion orientale, vient appuyer contre la tige (L) et l’'en-
traîne dans cette oscillation en l’abandonnant dans sa position
de repo. au moment où le pendule passe par la verticale pour
commencer son excursion occidentale. La tige (L) et le bras (R)
portent aux points où ils se touchent, des contacts en platine,
et les deux sont en outre reliés métalliquement aux deux fils
qui, en sortant du bâtiment de la mire, sont conduits à lob-
servatoire, où se trouvent le chronoscope et la pile. On com-
prend facilement que de cette manière le courant est établi
pendant tout le temps de l'excursion orientale du pendule, et
qu’il est interrompu à l’instant où le pendule passe la verticale.
Pour obtenir le réglage exact sous ce rapport, on a fixé une
vis micrométrique (v) à l'extrémité de la tige (L); on laisse le
pendule venir au repos, on amène le fil mobile de la lunette
(qui sert à observer les passages) à bisecter l'étoile artificielle
dans cette position, et en même temps on règle la vis (v) de
manière à ce que le contact soit justement et à peine établi,
ce dont ôn s'aperçoit avec une grande sûreté par le chronos-
cope qui fait entendre une suite d’interruptions et de rétablis-
sements du courant avec des intervalles excessivement courts,
ce qui prouve en effet que les deux surfaces du contact se
touchent à peine. — Après avoir ainsi réglé l'appareil, l’obser-
vation se fait simplement ainsi:
Un aide écarte le pendule et le lâche, ainsi que je l'ai dit,
et lorsque le pendule revient, en passant par la verticale, il
interrompt le courant et fait marcher le chronoscopes; lab-
— 368 —
servateur à la lunette qui voit le point lumineux passer devant
les fils du réticule, au moment où il observe la bisection par
le fil mobile, ferme le courant qui arrête le chronoscope; une
troisième personne lit au chronoscope le nombre de millièmes
de seconde dont les aiguilles ont avancé dans l'intervalle de
ces deux moments.
L'appareil, comme je viens de le décrire, n’avait pas tout-à-
fait cette forme dès le commencement; j'avais d’abord fixé
l'écran directement par un bras au pendule; mais la circon-
stance que j'obtenais ainsi pour mon étoile artificielle une vi-
tesse plus grande que ne la possèdent les étoiles équatoriales,
et que je ne pouvais pas varier cette vitesse, m'a forcé de
modifier la construction pour ralentir le mouvement. Avec
la modilication décrite, je peux ralentir le mouvement de l’é-
cran jusqu'à la vitesse apparente des étoiles équatoriales.
Avec la première forme j'avais fait quelques séries d’obser-
vations dont voici les résultats; je désigne par C la correction
personnelle ou bien le temps physiologique, par w lerreur
moyenne de la moyenne d’une série, et par m l'erreur
moyenne d’une observation quelconque d’une telle série.
C ns m Nombre
d'observations
S S D)
3 juillet 0122, 20,005. 0,028. … 29
26 ». 0,123, +0,005.,, +0,031 30
31 » 0,113 +0,007, +0,038 28
Moyenne 0,119, 0.006, æ+0,032%, 87
Après avoir changé l'appareil, j'ai trouvé pour la même
vitesse de passage : |
14 août 0,116, + 0,006, 20,029 22
et pour une vitesse moindre*à peu près celle des étoiles équa-
toriales):
9:15 0,155, + 0,005, —+0,031 32
14 » OASXS SSHOOIF? 006 18
Moyenne 0,151, 0,007, Æ+0,037, 50
On voit par ces chiffres d’abord que la correction person-
nelle augmente si la vitesse du passage diminue; ce qui s’ac-
corde parfaitement avec le chiffre beaucoup plus petit (0°,077)
mit à j'a fit Ml
— 369 —
que j'avais trouvé pour les passages considérablement plus
prompts de l'aiguille du chronoseope. Quant aux erreurs des
observations, elles varient entre 0°.,028 et 0,048, et en moyen-
ne, de toutes ces observations, l'erreur est de 0°,053, chiffre qui
exprime l'incertitude d’une observation de passage. Ensuite
on remarque que, tandis que les trois séries de juillet s’accor-
dent entre elles dans les limites des erreurs probables, il n'en
est plus tout-à-fait de mème pour les deux séries du mois
d'août, où la vitesse du passage était moindre; il semble plu-
tôt que ma correction ait été un peu plus considérable le 9 que
le 14 août. Ce changement de la correction personnelle, dans
des limites assez restreintes toutefois, doit dépendre de la dis-
position momentanée de l'observateur. Nous verrons tout à
l'heure que cette variation de la correction s’est montrée non-
seulement chez moi à une autre époque encore, mais dans une
mesure même plus forte chez mon collègue, M. Plantamour.
Vous vous rappellez que j'ai exécuté avec mon collègue
de Genève une détermination télégraphique de la différence
de longitude entre nos deux observatoires, dont j'aurai à vous
entretenir encore sous d’autres rapports à une prochaine
occasion; — pour cette opération il nous a fallu déterminer
notre équation personnelle, ce que nous avons fait d’abord
par la méthode astronomique ordinaire à deux reprises; je
vous en communiquerai le résultat tout à l'heure. — Il m'a
semblé intéressant de chercher notre équation encore par la
méthode chronoscopique, en déterminant, pour nous deux, à
l’'âide de mon appareil, la correction personnelle, et de voir
jusqu’à quel point la différence de nos deux corrections ainsi
trouvées, s’accorderait avec notre équation fournie par les
observations astronomiques. M. Plantamour s’y est prêté avec
son obligeance habituelle et nous avons exécuté qüelques
séries d'expériences dont voici les résultats :
2 Nombre
C pr m d'observations.
66
4 nov. 1862 Hirsch 0,160, 0,007; 0,064
» Plantamour 0, 113: Re | 006. pe Æ 0, 065 99
différence H.-PI. + 0,047 0,010. ;
5 novembre Hirsch 0,183., 0,006. ; 0,041
» Plantamour 0,069, Æ 0,004. : +0,042 7
différence H.-PI. + 0,114, 0,007,
TN
1 Qt
— 310 —
Valeur moyenne probable de l'équation personnelle:
H.-PIL + 0.084 20,006
Vous voyez donc que la correction personnelle a changé d'un
jour à l’autre dans la propottion de 11 à 7 pour M. Plantamour
et de 8 à 9 pour moi; et il s’en suit que notre opération à va-
rié dans la proportion de 5 à 11. Une telle variation qui dé-
passe considérablement non-seulement les erreurs des moyen-
nes de la série d’un jour, mais aussi la variation de l’incerti-
tude d’une observation isolée (car cette incertitude a varié
dans la proportion de 2 à 3) force d'admettre que le temps
physiologique pour le même observateur, varie assez consi-
dérablement d'un jour à l’autre, selon la disposition de son
système nerveux. Notre corps est done sous 6e rapport tout-
à-fait dans le cas des autres machines de précision; sa cor-
rection est variable, comme celle d’une lunette méridienne
ou d’une pendule.
Or, que cette variabilité que nous avons ainsi constatée ne
tient pas, d’ailleurs, à la méthode employée, devient évident
par les différences analogues que nous avons trouvées entre
les résultats de l'équation personnelle déterminée par voie
astronomique, comme le montreront les chiffres suivants :
Equat: H.-PI. -Nombte
M d'observations.
16 oct. 1861 +0, sas 0,023 + 0,105 20
26 avril 1862 + 0,127. ARTE 0,008., + 0,053. 42
Donc aussi avec cette ethode on constate que notre équa-
tion personnelle à diminué de près de moitié en six mois;
les erreurs moyennes d'une détermination sont à très peu près
du même ordre dans les deux méthodes; seulement, le 16 Oct.
elles sont un peu plus fortes, ce qui s'explique par les circon-
_stances atmosphériques très défavorables dans lesquelles nous
avons observé ce jour-là. Il est donc permis d’assimiler les
résultats des deux méthodes, et il semble alors que la valeur
de notre équation personnelle aurait subi une diminution ré
gulière : 16 oct. 1861 + 0,219
26 avril 1862 + 0,128
| 4-5 nov. 1862 + 0,084.
L'histoire de l'astronomie a enregistré de pareils change-
ments dans l'équation de deux observateurs : mais pas, que
je sache, dans des intervalles aussi courts. Cependant je ne
— 311 —
doute point, que si l’on dirigeait son attention sur ce point,
on ne constatât aussi des variations analogues du temps phy-
siologique pour d’autres observateurs, quoique naturellement
dans une mesure différente pour chaque astronome. Aussi je
ne prétends pas voir réellement une marche régulière et pour
ainsi dire séculaire dans les chiffres obtenus pour notre équa-
tion personnelle; une petite série d'observations simultanées
d'étoiles, que nous avons faites le 23 mai 1861 à Genève, et
qui, en moyenne de 7 étoiles, donne pour notre équation
+ 05,130, s’y oppose aussi bien que l'augmentation de l'équa:
tion qui a eu lieu du 4 au 5 novembre. Il faut plutôt admettre
que la correction et l'équation personnelles sont sujettes à des
variations à courtes périodes, irrégulières et dépendantes de
la disposition momentanée des observateurs, variations qui
restent cependant enfermées dans des limites assez restreintes.
Et d’ailleurs n'est-il pas naturel qu’une correction qui varie
d'une observation à l’autre le même soir de 0°,033 et même
de 0,064 (comme pour le 4 novembre), change d’un jour à
l’autre de 0023, comme cela à eu lieu pour moi du 4 au 5
novembre, ou de 0,044, comme pour M. Plantamour ? Et lors-
que ces changements ont lieu, comme dans notre cas, dans
le sens contraire, il n’est pas étonnant du tout que l'équation
entre deux observateurs varie de 0°,067 dans deux jours, et
de 0*,091 dans six mois.
Si l’on tient compte maintenant de toutes les déterminations,
soit astronomiques, soit chronoscopiques, de l'équation person-
nelle entre M. Plantamour et moi, et qu’on veuille attribuer à
chaque détermination un poids réciproquement proportionnel
aux carrés des erreurs moyennes (x), on obtient
Nombre d'étoiles Equation
ou H.-PI. b- p Eq.xp.
d'observations. S
93 mai 1861 7 +0130 +0.060 278 36
16 oct. 1861 20 +0,219 +0.023 1890 414
26 avril 1862 42 +0,128 +0,008 15650 2003
4 nov. 1862 155 +0047 +0.010 10000 470
5 nov. 1862 122 +0,114 +0,008 15650 1784
- Moyenne probable — + 0,108, + 0°,004., 434685 4707
— 312 —
Mais si l’on réfléchit que ces cinq valeurs trouvées pour
notre équation ne diffèrent pas entre elles à cause des erreurs
accidentelles d'observation, mais bien parce que la faculté de
perception de chaque observateur varie d’un jour à l’autre, il
semble plus rationnel d'attribuer à chaque détermination la
même valeur. Dans ce cas on obtient pour la simple moyenne
arithmétique H. - PL = + 0,127, + 0,027. Cette valeur
diffère de la moyenne probable de 0°,02, quantité qui ordi-
nairement n'aura pas d'importance pratique. Mais en tout cas
elle montre, de concert avec les variations qu’on constate
dans les différentes déterminations de l'équation, que pour
atteindre les dernières limites d’exactitude dans une telle opé-
ration, il serait bon que les observateurs eussent les moyens
de déterminer chacun sa correction personnelle le soir même
des observations simultanées. Si, comme nous le croyons,
cette variabilité de la correction personnelle se vérifie géné-
ralement, alors il deviendra même nécessaire que désormais
on détermine régulièrement dans les observatoires la correc-
tion des observateurs, comme on le fait pour les corrections
des instruments et que dans la réduction de chaque série d’ob-
servations, on emploie la valeur spéciale qu'on aura trouvée.
On voit ainsi que les faits que je viens d'établir, ont leur
intérêt pratique pour l'astronomie sous bien des rapports, et
modifient sensiblement les idées qu’on s'était faites jusqu'à
présent de ces éléments physiologiques qui entrent dans l’ob- .
servation.
Il y à encore un point dans cette recherche que j'aimerais
à constater, savoir de quelle manière la correction personnel-
le dépend de la vitesse apparente du passage. Comme j'ai de
nouveau depuis quelques jours un chronoscope à ma disposi-
tion, j'espère sous peu pouvoir compléter mes études dans cette
direction, quoique j'éprouve des difficultés considérables à
ralentir le mouvement de l'écran jusqu’au point où sa vitesse
apparente devienne pareille à celle des étoiles polaires.
SUR LA
TRANSMISSION ÉLECTRIQUE DE L'HEURE
à travers un réseau télégraphique,
par le D' Ad. HIRSCH.
(Voir Bulletin, page 313).
e
L'un des buts pratiques qu’on a voulu atteindre par la fon-
dation de l'observatoire cantonal, c'était d'obtenir, pour les
+ principaux centres de la fabrication horlogère du pays, la-
transmission régulière de l'heure exacte, et de fournir ainsi
aux artistes neuchâtelois l'élément indispensable pour le ré-
glage des montres de précision. On devait donc télégraphier
tous les jours l’heure de l'observatoire d’abord à la Chaux-de-
Fonds et au Locle, et si possible au Val-de-Travers. Les dis-
tances étant assez considérables, la construction de lignes spé-
ciales pour cette transmission de l’heure, qui ne les aurait
occupées que pendant une fraction de seconde par jour, aurait
été beaucoup trop coûteuse: Il fallait donc songer à trouver
des moyens pour pouvoir transmettre les signaux de l’obser-
vatoire à travers le réseau existant des lignes fédérales, sans
compromettre ni gèner la correspondance régulière. Jusqu'à
présent on s'était borné, en pareil cas, à réserver simplement
les lignes télégraphiques pendant un certain temps au pas-
sage des signaux spéciaux qu’on voulait transmettre. Il nous
a semblé, à M. Hipp et moi, qu'il y aurait moyen d'éviter
une telle interruption du service régulier, qui est toujours fà-
cheusè, alors même qu’elle ne dure que quelques minutes.
- Il y à deux moyens d'utiliser le même fil conducteur pour
deux fonctions différentes: c’est d'employer ou des courants
d'intensité très différente, ou des courants de direction opposée
c.-à-d, positive et négative. Dans le premier cas il faut se
' — 314 —
servir de relais différentiels, construits de telle sorte que leur
ancre ne soit attirée que par des courants dont l'intensité dé-
passe une certaine limite. Si on règle par exemple un tel relais
de manière à ce qu'il ne soit attiré qu'avec un courant de 60°
(boussole ordinaire des télégraphes suisses), les courants ordi-
naires des dépêches, tous plus faible (de 30° environ) passe-
ront par la bobine du relais différentiel sans attirer son arma-
ture, et continuent ainsi le chemin ordinaire de bureau à bu-
reau:; mais en employant pour les signaux spéciaux qu'on veut
transmettre autre part, par exemple à une horloge publique,
ete., des courants très forts, dépassant 60°, ceux-ei attireront
le relais et se fraieront ainsi une autre route, de sorte qu'au
lieu de suivre depuis le relais le chemin ordinaire au bureau,
ils seront déviés vers l'endroit ou l’on veut les diriger. Ce
système a l'inconvénient que si par hasärd— ce qui n’arrivera
cependant que très rarement — les courants de correspondan-
ce sont d’une force extraordinaire, ils pourront être déviés de
leur chemin ; de même les courants atmosphériques, souvent
très-intenses, pourront produire quelquefois des signaux.
Le second système, qui exige l'emploi de relais polarisés,
n'offre pas le premier de ces inconvénients, puisqu'il suffit
pour qu’il marche avec toute sûreté, qu’une fois pour toutes
les piles des bureaux qui correspondent par les lignes en ques-
tion, aient un certain pôle (disons le pôle positif) relié à la
terre, et que la station qui doit envoyer les signaux spéciaux,
ait le pôle contraire (négatif) de sa pile joint à la terre.
Je proposai d’abord, en 1859, le premier de ces systèmes à
l'administration fédérale des télégraphes pour envoyer l'heure
à la Chaux-de-Fonds et au Locle , lui offrant en même
temps de transmettre aussi journellement l'heure à Berne,
pour y servir au réglage des horloges de tous les bureaux de
télégraphes et de postes de la confédération. La direction ac-
cepta nos propositions, en exigeant toutefois que depuis la
Chaux-de-Fonds au Locle nos signaux soient transmis sur une
ligne spéciale, craignant que, cette partie du réseau servant à
la correspondance internationale et étant très chargée de dé-
pêches, il n’y eût des inconvénients à s’en servir pour la
transmission de nos signaux. Un fil spécial fut donc établi
di ape, EE
L]
— 3170 —
entre la Chaux-de-Fonds et le Locle pour le service de l’ob-
servatoire, et depuis 1860 nous avons donné l'heure réguliè-
rement depuis l'observatoire, où une pendule électrique, mise
à l'heure chaque jour d’après les observations astronomiques,
envoie à 1 heure dé l’après-midi un courant d'une très-
forte pile (de 144 petits éléments), d’un côté directement
à Berne et de l’autre par Neuchâtel à la Chaux-de-Fonds et
au Locle. Comme la résistance de ce côté est de 10 lieues
environ plus forte que du côté de Berne, le courant de notre
pile en se bifurquant, rencontre dans ce dernier cireuit un
rhéostate qui, contenant la différence de résistance mentiou-
née, fait qu’il se partage en égales parties. La ligne Berne-
Neuchâtel, qui passe par l'observatoire, est reliée aux deux
boutons de contact de ce rhéostate, où le fil de notre pilela
rejoint; un pont en laiton met en communication ces deux
boutons, afin qu'en dehors de 1 h. les courants de ligne ne
soient pas obligés de passer par la résistance artificielle du
rhéostate.
Aux bureaux de Neuchâtel et de la Chaux-de-Fonds il y a
des relais différentiels qui, tout en laissant passer les courants
ordinaires de dépêches par les appareils des bureaux, en éloi-
gnent nos signaux et les conduisent aux pendules de coïn-
cidence installées aux hôtels-de-ville de la Chaux-de-Fonds
et du Locle, à côté des régulateurs publies, qu'ils servent à
contrôler. Ce système a fonctionné à notre entière satisfac-
tion, comme à celle de l'administration des télégraphes, pen-
dant trois ans.
Cette longue expérience ayant montré à tous les intéressés
la sûreté et la facilité de cette transmission de l'heure, je pus
songer à l’étendre à d’autres localités, d'abord aux Ponts et à
Fleurier, dont les municipalités en avaient demandé l'avan-
tage. Je proposai cette fois à la direction des télégraphes
d'employer depuis le Locle le système des relais polarisés, ne
lui demandant qu'à faire intercaler toutes les piles des stations
intéressées d’une manière uniforme. Après que j'eus offert
d'installer dans les bureaux du Locle, des Ponts et de Fleurier
des permutateurs d'une telle construction que par un simple
tour de manivelle on pût exclure tous nos appareils et ainsi
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T,. VI. fee ‘25
UT
au moindre dérangement rétablir l’état antérieur des bureaux,
la direction des télégraphes agréa nos propositions.
En même temps, plusieurs horlogers du Locle nous avaient
demandé de recevoir nos signaux dans leurs ateliers mêmes.
Nous arrivons à ce but par un circuit spécial dont le courant
est fermé par le décrochement de la pendule de coïneidence
de l’hôtel-de-ville du Locle(1),
Enfin les municipalités PA la Chaux-de-Fonds et du Locle
ious ayant demandé l’usage du fil de l'observatoire entre ces
. deux localités pour un service d'alarme en cas d'incendie,
nous avons installé auprès des régulateurs publies des deux
hètels-de-viile deux permutateurs, qui permettent de relier
la ligne en question, soit avec ces pendules, ce qui se fait tous
les jours quelques minutes avant 1 h. par les observateurs des
signaux , soit avec les deux postes de gendarmerie pour le
reste du jour.
De cette manière nous avons maintenant toute une organi-
sation par laqueile nous envoyons tous les jours à travers les
lignes télégraphiques ordinaires (sauf la petite distance entre
Chaux-de-Fonds et Locle, où il y a un fil spécial) l'heure as-
tronomique à six endroits, à Berne, Neuchâtel, Chaux-de-
Fonds, Locle, Ponts et Fleurier, e.-à- ne à des He de 25
lieues, et au Locle même dans 16 maisons de plusieurs parti-
culiers ; tout cela avee une parfaite régularité et à très peu de
frais, et sans gûner en rien le service ordinäire des dépêches.
J'ajouterai ençore que pour assurer autant que possible lexac-
titude complète de cette distribution de l'heure, j’ai demandé
à l'administration des télégraphes et j'ai obtenu de l’obligean-
ce de sa direction, qu'on envoie tous les jours, à l'observatoire
cantonal, au moyen de notices gratuites, le résultat des obser-
vations de nos signaux dans les différents endroits.
Comme il serait possible qu'une telle organisation d’un ser-
vice spécial à travers un réseau télégraphique pût rendre des
. services ailleurs dans le même but ou dans un autre, je crois
utile de publier les schémas détaillés des différentes stations,
que l’on trouvera figurés sur les planches N° VE VII, VII et
IX, et auxquels je veux maintenant joindre les explications
suivantes :
(*) Cette partie du système ne fonctionne pas encore.
;
À
L
4
]
À
à
É
— 311 —
Osservaroire : La pendule de l’observatoire ferme automa-
tiquement à 1 h. le courant d'une faible pile P. (de 8 petits
éléments) qui, en passant par (4,5) d’un relais (R), en attire
l'ancre et met ainsi en action la grande pile de ligne (P,) de
144 éléments, dont le pôle négatif est relié à la terre, tandis
que par l’autre, son courant qui à ordinairement 65° (mesuré
sur la boussole ordinaire des télégraphes suisses), passant par
R (1,3) arrive au rhéostate, où il rencontre la ligne fédérale
de Berne-Neuchâtel et se bifurque, pour aller d’un côté vers
Neuchâtel, Chaux-de-Fonds, ete., et de l’autre par le rhéostate
dans la ligne de Berne, pour y décrocher une pendule de coïn-
cidence au palais fédéral.
Les courants ordinaires passent par le levier L du rhéostate
(qui n’est mis hors de contact qu'à 1 h.), sans entrer dans au-
cun des appareils de l'observatoire, parce que le relais n’y est
attiré qu’à 1 h. pendant 0,25 d’une seconde.
NeucHATEL (bureau des télégraphes).
Le signal arrive depuis l'observatoire dans le relais différen-
tiel (qui est installé dans lantichambre du bureau, accessible
au public), passe par (4,5) dans sa bobine et, en attirant l’an-
cre, se fraie le chemin pour passer par (1,3) dans la ligne
Neuchâtel-Chaux-de-Fonds. Les courants ordinaires, n’attirant
pas le relais différentiel, continuent par (4,5) de ce relais
pour entrer dans les appareïls du bureau, dans le manipula-
teur (M) et le relais (R), etce., et pour gagner la ligne de
Chaux-de-Fonds. Ils ne peuvent pas être déviés vers le relais
différentiel, parce que les points 3 et 1 de cet appareil ne sont
en communication que si l'ancre est attirée par le signal.
Caaux-pe-Foxps.
Le signal arrive depuis Neuchâtel dans le relais différentiel
(4,5), et, en attirant son ancre, se fraie le chemin par (4,3) à
la pendule de coïncidence, qu'il décroche, et de là il va par le
permutateur, mis avant 1 heure dans la position (a, c), dans
_ la ligne de l'observatoire vers le Locle,
Les courants ordinaires qui n’attirent pas le relais différen-
tiel, passent par sa bobine (4,5) et entrent dans les appareils
— 318 —
du bureau M (1,2), relais (5,4), etc., pour s’en aller dans la
ligne fédérale au Locle. {{)
Alarme d'incendies. En dehors de 1 h., les permutateurs à
côté des pendules de coïncidence au Locle et à la Chaux-de-
Fonds se trouvent dans la position (c,b) et mettent ainsi en
communication les deux postes de gendarmerie par le fil de
observatoire. Le cireuit est alors le suivant: poste de Chaux-
de-Fonds: terre, pile, M (3,1), permutateur (b, ec), ligne de
l'observatoire: Locle: permutateur (e, b), M (3,2), sonnerie
(2,1), terre; et le réciproque.
Locce.
Le signal arrivant depuis la Chaux-de-Fonds dans la ligne
de l'observatoire, passe par le permutateur dans sa position
(ce, a), dans le paratonnerre du bureau (lame 1), va au relais
polarisé (4,5) et de là à la communication avec la terre dans
le paratonnerre. Le relais polarisé étant attiré, un nouveau
circuit de la pile (P,) de 72 éléments est fermé, et son cou-
rant suit le chemin suivant : P,, pendule de coïncidence
de l’hôtel-de-ville, relais polarisé (3,1), permutateur d’ap-
pareil (4, b,, €,, 2), paratonnerre (lame 2), ligne des Ponts.
Les courants ordinaires arrivant par la ligne fédérale de la
Chaux-de-Fonds, passent par le paratonnerre (lame 3) dans
le permutateur du bureau, le relais (4,5), M (2,1), et de là par
le permutateur d'appareil (1, €, b, 3) dans le relais polarisé
(2, 1), permutateur d'appareil (4, b,, e,, 2) au paratonnérre
(lame 2) et dans la ligne des Ponts. — Si on exclut le relais
polarisé, en tournant en haut la manivelle du permutateur
d'appareil, le courant venant des appareils du bureau, par-
court ce permutateur par (1, €, a, a,, €,, 2) et gagne ainsi di-
rectement la ligne des Ponts.
Service privé. La pendule de coïncidence, en déréislh
ferme un contact (dessiné sous forme du menait M),
et établit ainsi le courant de la pile P, de la manière suivante:
(‘) On a omis de dessiner dans les schémas de Neuchâtel et de la Chaux-
de-Fonds les paratonerres, qui s'y trouvent disposés comme dans les autres
stations.
LEE
— 379 —
Plaque de terre de l'hôtel-de-ville, M, (1,3), pendules de coïn-
cidence privées, P,, terre.
Les Poxrs.
Le signal suit le chemin suivant: Ligne du Locle, paraton-
nerre, R (4,5), M (2,1), permutateur d'appareil (1, €, b, 3), re-
lais polarisé (5, 4, 1, 3), pendule de coïncidence, permuta-
teur d'appareil (4, b,, €,, 2), paratonnerre, ligne de Fleurier.
Les courants ordinaires suivent le même chemin jusqu’au
relais polarisé, qu'ils parcourent sans l’attirer, donc par les
points (5, 4, 1, 2), et de là au permutateur d'appareil (4, b,,
C4, 2), paratonnerre, ligne. Si, en plaçant en haut la mani-
velle du permutateur, on exclut le relais polarisé, le courant
va directement par le permutateur (1, €, a, a,, ©,, 2) dans le
paratonnerre et la ligne de Fleurier.
FLEURIER.
Le signal arrivant des Ponts, parcourt d’abord les appareils
du bureau (R, M, etc.) et va ensuite par le permutateur d’ap-
pareil (1, e, b, 3) au relais polarisé (5, 4, 3, 1), à la pendule
de coïncidence et dans la terre.
Les courants ordinaires suivent le même chemin jusqu’au
relais polarisé, qu’ils’ n’attirent pas et qu'ils parcourent par
les points (5, 4) pour passer par le permutateur d'appareil (4,
b,, C4, 2) dans le paratonnerre et dans la ligne d'Yverdon. Si
on exclut le relais polarisé, le courant va directement par le
permutateur d'appareil (Î, €, a, a,, ©,, 2) au paratonnerre et
à la ligne.
EX GI Fo
REMARQUES SUR L'OBSERVATION
de la TEMPÉRATURE et de l'HUMIDITÉ de L'AIR
au moyen du psychromèétre,
par le D' Ad. HIRSCH,
(Voir Bulletin, p. 310.)
Il y a quelques semaines, j'ai reçu de la part de la com-
mission météorologique suisse deux thermomètres de Creissler,
N° 32a et 32b, que j'ai installés tout-à-fait conformément aux
prescriptions établies pour toutes les stations suisses, dont no-
tre observatoire forme une. Les deux thermomètres sont donc
librement suspendus à l’intérieur d’une cage en tôle fermée
de toute part sauf en bas, et cependant de telle manière que
l'air puisse circuler. Cette cage est à son tour enfermée dans une
autre plus grande, en bois, fermée en haut et vers le sud ,
munie de jalousies à l’est et à l’ouest, et ouverte vers le nord.
Il semble qu'avec de telles précautions toute trace de l’influen-
ce directe de la chaleur rayonnante du soleildevrait se trouver
écartée, et que d’un autre côté il n’y ait pas à craindre que les
thermomètres trop enfermés n’indiquassent plus la tempéra-
ture de l'air libre. Et cependant, malgré toutes ces précau-
tions, j'ai trouvé une variation assez notable dans la diffé-
rence des deux instruments selon les heures du jour, à me-
sure que le soleil se trouvait le matin à gauche ou le soir à
droite des thermomètres. Cette variation est même très-consi-
dérable et atteint jusqu'à 1°,5 pour des thermomètres installés
dans la cage extérieure en bois, quoique là aussi aucun rayon
direet du soleil ne puisse les atteindre, et qu’ils ne touchent
nulle part aux parois de la cage.
+
Re ee
— 381 —
Après m'être aperçu de l'influence sensible que le change-
ment de position de quelques pouces à gauche ou à droite
avait sur l'indication des thermomètres selon les différentes
heures, j'ai conçu des doutes sur l'exactitude du procédé, par
lequel on applique telle quelle la différence des deux thermo-
mètres, sec et humide, au calcul de l'humidité de l'air. J’ai
donc observé les deux thermomètres dans leur position défi-
nitive, et je me suis convaincu qu'ils étaient d'accord pendant
toutes les heures du jour, après avoir constaté auparavant par
une expérience dans la glace, que leurs points zéro ont à un
centième de degré près la même correction — 0°,03. Ensuite,
j'ai entouré la boule de l'un des thermomètres d’un morceau
de mousseline, sans cependant mouiller cette dernière. Voilà
que par la seule présence de la mousseline sèche, l'égalité des
indications cessait, et les deux thermomètres montraient des
différences notables, allant jusqu'à 0°,6. Ei chose remarqua-
ble, le thermomètre entouré de mousseline, était presque tou-
jours plus haut que l’autre; de sorte qu'on ne pouvait pas
songer à expliquer les différences par l'effet hygroscopique
de la mousseline, qui se serait imbibée de l'humidité de l'air;
ear alors le thermomètre sur lequel cette humidité se serait
évaporée, aurait dû être plus bas que l’autre, contraireñent
à l'observation. D'ailleurs, les observations ont été faites .
en partie avec le vent d'est et un ciel parfaitement clair. Il
est possible que malgré la double cage, le rayonnement soit
entré pour quelque chose dans les différences remarquées;
car aux heures de la journée où tous les corps solides sont
à une température plus élevée que l’air, la boule entourée
de mousseline doit absorber plus de rayons calorifiques que
la surface réfléchissante de [a boule non enveloppée. Je
fis done deux séries d'observations, l’une de 8 jours, en
laissant la petite porte de la cage intérieure ouverte, de sorte
que les thermomètres étaient exposés au rayonnement des
objets voisins, du côté du nord: et une autre série de 9 jour
avec la porte fermée. J’ai trouvé en moyenne de 12 heures
(de 7 h. m. à 7h. s.) pour la première série (porte ouverte)
différence des thermomètres — 0°,11; pour la seconde série
(porte fermée), différence des thermomètres—0°.,09, Done la
— 382 —
différence est en effet un peu plus forte dans le premier cas et
cela dans le sens indiqué (1). Cependant, non-seulement on ne
peut expliquer par le rayonnement que la 5*° partie de l'effet
total, mais encore les variations de la différence de thermo-
mètres selon les heures de la journée sont un peu plus for-
tes, lorsque la cage est entièrement fermée que lorsque la
porte est ouverte. Cette circonstance et la remarque que je
fis que les différences étaient moins grandes et disparaissaient
même quelquefois lorsque le vent était très fort, tandis
qu'avec un air parfaitement calme, j'avais, au contraire, ob-
servé les plus grandes différences, me firent supposer qu'une
partie du phénomène pourrait s’expliquer par un effet de la
mousseline, analogue à celui de nos vêtements, c’est-à-dire en
maintenant une couche d'air autour de la boule, qui, étant
mauvais conducteur, empêcherait le calorique de la boule
enveloppée de s'échapper aussi vite que de la boule libre.
Le fait que les plus fortes différences ont lieu ordinairement,
quoique pas toujours, dans l'après-midi, par conséquent lors-
que le mouvement thermométrique est dans sa phase descen-
dante, et que dans les premières heures du matin j'ai trouvé
souvent une différence négative, c.-à-d, que le thermomètre
enveloppé était plus bas que l’autre, vient à l'appui de cette hy-
pothèse. Il y avait lieu cependant d'en appeler à l'expérience.
À cet effet; je fis agiter pendant quelques minutes avant l’ob-
servation l’air devant la cage au moyen d’une plaque de tôle,
de sorte que l'air à l’intérieur était renouvelé et remplacé par
celui du dehors. Mais l'effet fut moindre que je ne l'avais cru;
car malgré cette précaution, j'ai remarqué, surtout après-midi,
des différences qui sont allées à 0°,5, 0°,6 et même à 0°,7 à 1 h,;
tandis que dans la matinée les différences étaient faibles ou
même négatives. Mais quoique pratiquement l'expérience
m'ait convaincu que l’éventation artificielle de la cage avant
l'observation ne sert pas à grand’chose, à moins de la con-
tinuer pendant à peu près dix minutes, ce qui est fort incom-
mode pour l'observateur, il n’en est pas moins vrai que théori-
(:) de suis arrivé à la même conclusion, en substituant de la mousseline
noire à la blanche ; car, sans que rien ne soit modifié ainsi dans la marche
du phénomène, il est tant soit peu plus fort, surtout avec un ciel clair.
à
Ds né ac à
— 383 —
quement ce résultat n'infirme pas l'explication qui me semble
au moins rendre compte en partie de l'effet observé. J'avoue
cependant que je n'ai pas encore une opinion parfaitement
arrêtée sur les causes physiques probablement multiples de
ces différences, produites par la simple présence d’un mor-
ceau de mousseline sèche. Mais, quelle qu'en soit la cause,
l'effet est constaté, et il me semble qu'il faut en tenir compte
dans le calcul de l'humidité. D’après mes observations horai-
res de trois semaines, il faudrait corriger la différence des
deux thermomètres, en y ajoutant en moyenne 0°,1; ce qui
produit jusqu’à 0,2 grammes d’eau pour le mètre cube d'air,
quantité qui n’est nullement à négliger. Je me propose de dé-
terminer cette correction avec plus de soin encore, en faisant
des séries d'observations plus longues aux heures mêmes des
observations météorologiques, 7 h., 1 h., 9 h.
J'ajoute encore que M.Sire a fait sur ma demande, à Chau-
mont, des observations analogues, qui ont conduit au même
résultat, e.-à-d. que le thermomètre entouré de mousseline
sèche, était ordinairement plus haut que l’autre, en moyenne
de 0°,2, mais quelquefois aussi de 0°,4.
J'ai dit au commencement que j'avais trouvé aussi des
différences très fortes entre les indications du thermomètre
normal (Fastré) de l'observatoire, et le thermomètre Geissler
placé dans la cage intérieure. Cés différences qui sont en
moyenne de 0°,6, dont le thermomètre dans la cage extérieure
est plus haut que celui dans la cage métallique, (il va sans
dire qu'on a tenu compte des corrections des deux instru-
ments), ces différences peuvent aller jusqu'à 2° et dans des
cas exceptionnels même jusqu'à 3; elles surviennent tou-
jours dans les heures les plus chaudes du jour, avec un ciel
clair et l’air calme. En général, on remarque de suite qu’elles
dépendent de l'heure, qu'elles sont les plus fortes autour de
midi et les plus faibles le matin et le soir. En outre, je me
suis convaincu que la position orientale ou occidentale du
thermomètre extérieur a une influence marquée; car j'ai placé
le thermomètre Fastré à gauche (est), à droite (à l’ouest) et
au fond (au sud) de la cage extérieure en bois, et j'ai obtenu
les résultats suivants qui, moyennes de 20 jours, représentent
— 384 —
les différences de l'indication du thermomètre (Fastré) placé
quelque part dans la cage extérieure, moins l'indication du
thermomètre Geissler placé dans la cage intérieure.
| À
| FASTRÉ | FASTRÉ | FASTRÉ | Différence | Moyenne
HEURE. DAUL OEST
l'Est. | l'Ouest.
0 (o)
0,04
0,45 0,04
|
|
|
HSE THE & + E #
HOH OH OH + + + + +
+ 0,47
En examinant ces chiffres, on voit d’abord que le thermo-
mètre dans la cage extérieure, où qu’il y soit placé, est tou-
jours plus élevé, à de rares exceptions près; ensuite que le
maximum de cette différence paraît arriver à 10 h. du matin
et à 3 heures de l'après-midi: enfin que dans la matinée jus-
qu'à 1 heure le thermomètre placé à l’est est plus haut, et
qu’à partir de 2 heures c’est la position occidentale qui pro-
se
— 389 —
duit la plus grande différence en plus. — Cette circonstance,
ainsi que l'observation que les différences sont ordinairement
plus fortes avee un temps clair et calme, font supposer qu’elles
proviennent essentiellement de l'échauffement que subissent
d’abord les parois en bois de la cage et ensuite l'air qui les
entoure immédiatement, et qui n’est pas suffisamment renou-
vellé. La précaution qu'on prend d’éventer la cage quelques
minutes avant l'observation, produit bien un abaissement de
quelques dixièmes de degré, mais elle n’est pas moindre
pour le thermomètre dans la cage intérieure que pour l’au-
tre, de sorte que la différence des deux indications n'est
point diminuée.
C’est donc surtout par rayonnement que les parois en bois
de la cage qui, malgré leur épaisseur d’un pouce et demi, finis-
sent par être pénétrées des rayons calorifiques, influencent le
thermomètre. Et cependant le tube est fixé sur une large pla-
que de verre, qui ne touche nulle part les parois de la cage,
dont il est éloigné au moins de 1,5 pouces. — Il est probable
que le thermomètre intérieur dique plus exacteinmeut la tem-
pérature de l'air ambiant que l’autre, mais ne subit-il pas aussi
des influences sensibles de la part de la double enveloppe? Je
me propose de faire des expériences pour voir jusqu'à quel
point ce thermomètre s’accordera avec un autre librement sus-
pendu, qui quoique bien garanti contre toute insolation directe,
sera assez éloigné des surfaces qui le protègent contre les
rayons du soleil, pour n’en pas subir l'influence par rayon-
nement, et pour que l'air puisse cireuler avec toute liberté.
En tout cas, les faits que je viens de constater, me semblent
indiquer que la notion générale de la température moyenne
d’un endroit est bien vague, et qu'on ne peut pas prétendre
déterminer la température moyenne aux dixièmes de de-
gré près. Ces variations prouvent en outre que. si l’on veut
comparer entre elles les observations thermométriques de
différents endroits, il faut prendre les plus grands soins pour
installer partout les thermomètres d'une manière tout à fait
identique. On fausserait la science plutôt que de l’avancer,
si l’on se contentait sous ce rapport d'un à peu près. J’en-
visage donc aujourd'hui plus encore qu'auparavant, que les
— 386 —
indications des thermomètres installés devant les fenêtres,
près des murs, surtout s'ils ne sont pas enfermés dans une
cage, ne peuvent pas être comparées avec celles des autres
stations, où les thermomètres se trouvent loin des bâtiments
et renfermés dans deux cages.
Je poursuivrai ces recherches et je me permettrai d'y re-
venir encore une fois dans notre société, comme aussi je ne
manquerai pas d'en rendre compte à la commission météoro-
logique suisse.
RAPPORT
sur un mémoire de M. H. Grandjean, du Loele
concernant
LES CHRONOMÈTRES DE MARINE
de sa fabrication.
Par le Dr Ad. HIRSCH.
(Voir Bulletin, page 309).
D 0-0
Monsieur le Président.
M. H. Grandjean, du Locle, que j'ai déjà eu plusieurs fois
l'occasion de vous citer comme un des premiers artistes de
notre pays, et comme le plus actif à introduire chez nous la
fabrication des chronomètres de marine, m'a envoyé, il y a
quelque temps, un petit mémoire sur sa fabrication de montres
marines, en me priant de vous en donner connaissance.
Je le fais avec d'autant plus de plaisir, que j'avais l’inten-
tion de compléter mes précédentes communications sur les
chronomètres de la maison Grandjean, qui ont servi à dé-
terminer la différence de longitude entre notre observatoire
et ceux de Genève, de Berne et de Greenwich, en vous sou-
mettant les résultats obtenus par un assez bon nombre de
chronomètres de marine, que M. Grandjean nous a envoyés en
observation. Ces résultats, comme on va le voir, sont de na-
ture à encourager M. Grandjean à persévérer dans ses loua-
bles efforts. La circonstance d’ailleurs que tous nos artistes
neuchâtelois qui ont exposé l’année dernière à Londres des
chronomètres de marine, ont été récompensés soit par une
médaille, soit par une mention honorable, peut être envisa-
gée comme une preuve évidente que nos horlogers sont en
mesure de rivaliser avec les artistes anglais ou français pour
la qualité de ces machines de précision, et que par consé-
quent il est à espérer que cette nouvelle branche, la plus
— 388 —
noble de l’industrie horlogère, prendra définitivement racine
dans notre pays et s’y développera de plus en plus.
M. Grandjean a fait son premier chronomètre de marine
en 1830, après son retour du Brésil et en commun avec
feu son père; dans ce temps, l'horlogerie de précision était
encore très peu développée en Suisse, et il n’était que naturel
et prudent, que MM. Grandjean suivissent d’abord les prinei-
pes de la fabrication anglaise, tout en faisant quelques chan-
cements dans certaines parties; entre autres, M. Grandjean
nous apprend, que déjà alors il mit deux ressorts dans le mê-
me barillet, dans le but d'obtenir un meilleur réglage et une
force excédante, comme aussi un égalissage plus facile que
cela n’est possible avec un ressort très haut et très fort. M.
Grandjean nie qu’il soit jamais entré dans son idée — com-
me il paraît qu'on le prétend — qu'en cas de casse de l’un
des ressorts, la marche aurait dû se maintenir dans les mêmes
conditions qu'avec les deux ressorts. Il n’a renoncé à mettre
deux ressorts, que pour simplifier la construction et par rai-
son d'économie, «car, dit-il, les prix réduits auxquels la fabri-
cation de ces instruments est descendue en Angleterre, oblige
à simplifier autant que possible la construction et à supprimer
tout ce qui n’est pas reconnu strictement nécessaire et indis-
pensable pour obtenir le réglage exigé par les bureaux des
marines anglaise et française.» Par le même motif, M. Grand-
jean a supprimé la calotte, quoiqu'il en reconmaisse l’utilité,
ne serait-ce que pour préserver davantage le mouvement de.
la poussière et du contact plus immédiat de l'humidité,
Une autre innovation que M. Grandjean à déjà tentée dans
son chronomètre N° 1, c’est un nouveau système de balancier
compensateur:; «car à cette époque, dit-il, l’art était encore
dans l'enfance, tant pour le tournage que pour le soudage et
la fonte. » Il mit donc un balancier en laiton non coupé, avec
des lames bimétalliques, posées à l’intérieur, et faisant agir
des masses, qui rentraient et sortaient selon la température.
« Après bien des essais et des expériences, ajoute M. Grand-
jean, nous expédiâmes notre premier chronomètre au Brésil
à notre maison de Rio-Janeiro. Les moyens de transport par
roulage, alors très longs et très difficiles pour de semblables
L'téS
DRE
pièces, furent cause qu'il subit à deux reprises de fortes ava-
ries; après avoir été réparé , il arriva enfin sans avarie à
Rio Janeiro; de là il fut, en 1832, transporté marchant par
mon frère, M. Gustave Grandjean, à Lima, sur un navire fran-
çais qui doublait le cap Horn: au Pérou, il fut vendu à un ea-
pitaine qui faisait les voyages de la côte de la Californie, et
pendant nombre d'années nous n’en eûmes plus de nouvelles.
En 1861, lors de mon voyage au Pérou et au Chili, je le re-
trouvai, mais en fort mauvais état, comme il arrive, du reste,
assez généralement à ce genre de pièces qui, lorsqu'elles tom-
bent entre les mains de mauvais rhabilleurs, sont maltraitées
et gâtées. » M. Grandjean l'a rapporté, ainsi que plusieurs au-
tres chronomètres anglais et français qui se trouvaient dans
le même état, pour les réparer; ainsi remis à neuf, ces chro-
nomètres ont donné un très beau résultat, comme vous pou-
vez vous en convaincre par le tableau, que j'ai extrait des
registres de l’observatoire.
Le chronomètre N° 1, que je mets sous vos yeux, et qui se
trouve actuellement en observation chez nous, est de la plus
grande dimension des chronomètres anglais; car il a 58 lignes.
M. Grandjean a fait d’autres montres marines d’un calibre
beaucoup plus petit, jusqu’à 26 lignes, mais le. calibre qu'il a
adopté de préférence depuis la dernière exposition de Lon-
dres, a 36 lignes de cadran, deux platines et marche 56 heu-
res.— Par ces expériences, M. Grandjean semble avoir prouvé,
que la dimension n’est pas un des éléments principaux dans
la construction de ces machines, puisque son plus petit calibre
(N° 6), à permis un réglage aussi parfait que les grands.
M. Grandjean à expérimenté aussi les deux systèmes de
balanciers compensés à vis et à masses, il a obtenu un beau
résultat avec les deux, pourvu qu'ils soient construits dans de
bonnes conditions et bien réglés dans les températures extrè-
mes, ce qui est en effet un point vital dans la chronométrie.
La maison de M. Grandjean a réussi remarquablement bien
sous €e rapport, comme vous pourrez vous en convainere par
les chiffres du tableau; ainsi le N° 4 (petite dimension et à
masses) n’a montré que 0°,03 de retard pour 1° centigrade de
rehaussement de température; et Je N° 2 0°,06 pour 1°; le
— 390 —
N° 86 (un de ceux qui ont servi à la détermination de longi-
tude entre Greenwich et Neuchâtel, et qui a obtenu une ré-
compense à l'exposition) n’a montré que 0°,02 de retard par
1°; enfin le N° 6 de M. Grandjean, ainsi que le N° 660 de
Frodsham, qu’il a rhabillé, ont une compensation parfaite,
puisqu'ils ne montrent aucune variation sensible à l’étuve.
« Nous avons fait également, dit M. Grandjean, l'essai des
deux systèmes d'échappement à ressort et à bascule avec res-
sort droit; et maloré tout ce qui a été dit et éerit pour et con-
tre, nous ne pouvons pas nous prononcer d’une manière ab-
solue ; nous avons obtenu un résultat à peu près égal avec les
deux échappements. Cependant, le chronomètre qui a eu la
marche la plus serrée et la plus suivie, même avec des dépla-
cements et des voyages, c’est le N° 6, qui à 26 lignes, échap-
pement à ressort, et avec deux ressorts dans le même barillet.
Nous comprenons, ajoute-t-il avec réserve, que ce n’est pas par
une seule pièce, qu’on peut établir que tel système est préfé-
rable à tel autre. »
M. Grandjean déclare aussi qu'il n’a pas remarqué une dif-
férence tranchée, quant au réglage, entre les spiraux sphéri-
ques et circulaires (soit à Boudin); mais il attribue une grande
importance au perfectionnement de l'isochronisme, qui résulte
de la nouvelle forme des spiraux indiquée par la théorie de
l'habile ingénieur, M. Philipps.
M. Grandjean constate que les essais que l’on a faits avec
les spiraux en or ou en aluminium, ont démontré que ces mé-
taux ne peuvent pas servir à la fabrication de ces organes
délicats. Par contre, il croit que le nickel bien allié et bien
préparé pourrait être utilisé avec succès; il en a parlé à un
artiste distingué, M. Lutz, de Genève, fabricant des meilleurs
spiraux, et il espère pouvoir bientôt faire des expériences
avec des spiraux de cette espèce. Enfin M. Grandjean a es-
sayé dans ses chronomètres si, en couvrant les réservoirs
pour l’huile, celle-ei ne se conserverait pas mieux et plus
longtemps; ce serait en effet une amélioration considérable,
car la détérioration des huiles est certes une des causes prin-
cipales des variations lentes soit d'avance , soit de retard,
qu'on remarque avec le temps dans la plupart des chronomè-
tres.
— 391 —
Vous vous convaincrez, messieurs, par ce résumé , que les
succès que notre compatriote a obtenus dans la chronométrie,
sont dus autant au raisonnement et aux connaissances théori-
ques de M. Grandjean qu'à sa main habile et à celle de son
neveu et associé, M. Aug. Rossel.
Lorsqu'on a construit une douzaine de chronomètres, dont
la variation moyenne d’un jour à l’autre reste au-dessous d’un
tiers de seconde et dont la plus grande variation diurne ne
dépasse presque jamais une seconde, on est légal des grands
maîtres de l’art et on peut espérer avec raison de voir ses
efforts couronnés de succès. Si un jour la Suisse voit ses
chronomètres de marine flotter sur toutes les mers, comme
ses montres de poche sont répandues sur tous les continents,
on devra en savoir gré en grande partie aux efforts intelli-
gents et courageux de M. H. Grandjean, du Locle.
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. YI. 26
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SUR
LES TERRAINS SECONDAIRES
DU VERSANT MÉRIDIONAL DES ALPES
SPÉCIALEMENT DE LA LOMBARDIE.
(Avec une coupe).
(Voir Bulletin , page 326.)
—<0S—
Le géologue suisse qui, après avoir étudié les terrains du Jura
et effleuré ceux du versant septentrional des Alpes, traverse la
chaîne pour y essayer ses méthodes ou identifier ses horizons,
doit s'attendre à quelques mécomptes, à eause de la grande diffé-
rence qui existe dans la composition des terrains. |
Deux choses le frapperont surtout, savoir une plus grande ré-
gularité stratigraphique, et d’autre part un aspect tout différent
des dépôts appartenant aux mêmes époques. Quand on est habi-
tué aux formes irrégulières et bouleversées des Alpes calcaires,
avec leurs couches renversées et bizarrement contournées, on est
tout surpris de voir en Lombardie les formations se succéder dans
un ordre régulier, si bien que l’on peut dans une certaine mesure
juger de la composition géologique des massifs calcaires par leurs
contours et leurs formes extérieures. L’orographie est ici, comn-
me dans le Jura, l’expression de la géologie. Certains bancs ou
massifs donnent lieu à des corniches saillantes qui rappellent nos
crêts, d’autres, au contraire, correspondent à des dépressions qui
sont de vérilables combes.
Les environs de Varèse sont particulièrement interéssants sous
ce rapport. En traçant une ligne depuis la rive méridionale du
lac Varèse jusqu'a sommet des montagnes qui l’encadrent au
nord, on rencontre les affleurements suivants (voir la coupe) :
= Un bourrelet de calcaire blanc assez compacte, en foime de ride
ou petite voûte, formant la limite du petit lac (Laghetto) au sud.
Ce même calcaire reparait dans l’isthme qui sépare le lac Varèse
du Laghetto; il passe par dessous ce dernier, en formant un
véritable mait; le Laghetto est par conséquent un lac de vallon.
L’isthme lui-même est un crêt des mieux caractérisé , avec
une rampe uniforme vers le Laghetto, et un abrupt en escalier du
côté du lac Varèse. Le sommet du crêt est composé de caleaire
blanc et dur au-dessous duquel viennent affleurer des banes de
calcaire marneux tout pétris de fucoïdes d’une rare conservation
et du grès que M. Stoppani croit pouvoir envisager comme l’é-
quivalent du grès à grands inocérames de la Brianza (1). Nous
aurions par conséquent ici le représentant des étages supérieurs
de la formation crétacée, et les nombreuses et belles ammonites
que M. Quaglia a recueillies dans les calcaires blancs du sommet
de l’isthine, à Bardello, sont de nature à confirmer cette impres-
sion. Espérons que M. Stoppani ne tardera pas à nous faire con-
naître ces intéressants fossiles. Jusqu'ici, fn ne possède que très
peu d’espèces des terrains crétacés supérieurs de la Lombardie.
Il sera curieux de les comparer avec les fossiles de la scaglia du
Véronais.
La rive septentrionale du lac de Varèse, à son extrémité occi-
dentale , est composée de calcaires, mais ce n’est plus celui de
l’isthme de Bardello ; c’est la majolica, c’est-à-dire un calcaire à
* pâte très-fine et homogène, en bancs très réguliers plongeant
vers Je lac et s’enfonçant sous les ammonites et les calcaires à
fucoïdes de l’autre rive. Le lac lui-même est par conséquent en
ce point un lac de combe (?).
Les bancs de majolica sont en retrait sur un massif calcaire
rouge plus résistant, le calcaire à Aptychus, qui donne lieu à
une arête hien déterminée, un véritable crêt.
Au pied de ce crêt, on voit affleurer une roche bien connue
en Italie, le calcaire rouge ammonitique /ammonitico rosso).
Comme il est moins résistant que le calcaire à Aptychus, il donne
(*) Voir les recherches de MM. Villa frères sur ces grès.
(2) Ailleurs, dans son prolongement oriental, le lac de Varèse se trouve
compris en grande partie dans les terrains erratiques.
— 396 —
ici lieu à une combe assez marquée. Aïlleurs, la roche en ques-
lion est plus dure; la combe alors disparait ouest même remplacée
par des reliefs.
Derrière la combe à Aptychus surgit un puissant massif qui
s’élève à une grande hauteur et domine le pays au loin. Il est
composé, d’après M. Sloppani, de trois groupes différents qui
sont de haut en bas: le Saltrio, la Dolomie et linfra Has; celui-ci
va s'appuyer, à son tour, contre les porphyres du lac de Lugano,
formant en quelque sorte la première circonvallation de ce noyau
cristallin.
La vue de ces traits réguliers de Forographie ne laisse pas que
d’avoir quelque chose de rassurant pour le géologue. Les Alpes
sont ici dans des conditions normales, dont il est bon de tenir
compte, car en limitant ses études au versant nord des Alpes, on
pourrait quelquefois être tenté de croire que les reliefs alpins ne
sont pas régis par les mêmes lois que les autres chaînes de mon-
tagnes, tant les traits fondamentaux de l’orographie y sont bou-
leversés et altérés.
En réalité, le contraste entre les deux versants est plus consi-
dérable au point de vue géologique que sous le rapport orogra-
phique. De tous les terrains qui composent la zone des formations
sédimentaires sur les bords des lacs lombards, il n’en est aucun
qui rappelle nos types suisses ou francais, à part peut-être les
conglomérats de Côme qui sont sans doute l’équivalent de notre
nagelflue. Les types les plus extraordinaires sont le salério!, es-
pèce de poudingue calcaire d’un blanc éclatant avec des taches
foncées provenant de petits cailloux de porphyre, de diorite, de
oranite qu’il empâte. C’est une fort belle roche qu’on transporte
en gros blocs à Milan, où on l'utilise pour des ornements d’archi-
tecture. Les carrières du village de Saltrio sontremarquables par
leur étendue. Nul ne se douterait que c’est là l’équivalent de no-
tre calcaire à Gryphées.
Le calcaire rouge ammonitique qui recouvre immédiatement
le Saltrio, est plus connu, bien que non moins caractéristique.
L'on est à peu près d'accord pour le paralléliser avec le Lias su-
périeur. Cest une roche en général assez friable, mais qui néan-
moins se trahit, en nombre d’endroits, par les falaises rouges
auxquelles elle donne lieu. |
— 397 —
Ce qui est plus sigmticatif, c’est l’absence de toute limite
entre ce dépôt et le calcaire à Aptychus que l’on est convenu de
rapporter à loxfordien et qui le recouvre immédiatement sur
nombre de points , entre autres à Induno, sur la route de Côme
à Varèse. La couleur et la structure de la roche, ainsi que la di-
rection des couches sont les mêmes; mais les fossiles sont diffe-
rents. Ce sont essentiellement des Aptychus. Nous en avons re-
cueilli un grand nombre à Clivio sur les bords de la route ; l’es-
pèce la plus abondante est lApéychus lamellosus. Leur nombre
comparé à la rareté des Ammonites suffit pour prouver que ce ne
sont pas de simples opercules de céphalopodes.
Nous avons constaté la même absence de limite entre le cal-
caire rouge à Aptychus et la majolica. La structure homogène
de cette roche, qui lui a valu son nom (roche de porcelaine), ne
se maintient pas dans toute l'épaisseur de la couche. A mesure
que l’on approche de la base, les bancs changent d’aspect et pren-
nent même la teinte rouge, rose ou bariolée des calcaires sous-ja-
cents (à Clivio, Gavirate), tout en conservant leurs fossiles carac-
téristiques qui sont encore ici des Aptychus, mais d’une autre
espèce et beaucoup plus petits {Aptychus . . . }. Ce fossile,
complètement étranger à nos terrains, se retrouve sur d’autres
points des Alpes associé à des Ammonites et Belemnites néoco-
miennes, et c’est sur la foi de cette association que l’on a paral-
lélisé la majolica de la Lombardie avec notre étage néocomien.
Les calcaires à fucoïdes qui reposent sur la majolica, ne sont
pas moins particuliers et sans aucune analogie avec nos terrains.
On pourrait être tenté d'y voir du flysch , s'ils n'étaient recou-
verts par un étage de calcaire rempli d’ammonites (le calcaire de
Bardello). On peut en dire autant des grès qui sont associés aux
bancs à fucoïdes.
Ce contraste si général entre les formations secondaires des deux
versants, n’est pas sans importance au point de vue de l’histoire
du sol alpin. Il y aurait quelque intérêt à s’enquérir de époque
à laquelle les deux régions ont commencé à se différencier. D’a-
près M. Stoppani, le contraste n’existe pas encore pour les ter-
rains infraliasiques qui renferment les mêmes espèces et ont les
mêmes caractères généraux sur les deux versants. En revanche,
il est manifeste dès le lias, puisque rien n’est plus différent que
— 398 —
le poudingue de Saltrio et notre Lias inférieur. Ce serait, par
conséquent, entre l’époque infraliasique et l’époque “Es que
la différence aurait commencé. Une barrière quelconque serait
alors venue s’interposer entre les eaux et en les divisant en deux
bassins, aurait modifié leurs dépôts et imprimé un cachet différent
à leur faune, Cette barrière paraît s’être maintenue pendant toute
la période j jurassique et crétacée.
Ce qui distingue les dépôts jurassiques et crétacés du versant
sud des Alpes, c’est leur grande uniformité. Depuis le Saltrio
jusqu’au calcaire à fucoïdes de Bardello (qui recouvre la majolica)
nous n'avons en Lombardie que des dépôts homogènés, des calcai-
res à pâte fine à peine différenciés par leur teinte. Sur le versant
nord des Alpes, tout est bien plus varié; des dépôts homogènes
alternent avec d’autres plus accidentés et cette variété permet de
constater des changements divers dans les conditions générales
des mers.
L'homogénéité de structure des formations lombardes est d’au-
tant plus remarquable qu’elle coïncide avec des lacunes impor-
tantes dans la succession des étages. Nous avons vu qu’on passe
insensiblement du calcaire ammonilique au calcaire rouge à Ap-
tychus, en d’autres termes, du lias à l’oxfordien. Par conséquent,
les étages de l’oolite inférieure, de la grande oolite et du Kello-
Way font complètement défaut. D'autre part, nous avons vu la
majolica succéder immédiatement au calcaire rouge à Aptychus
(le néocomien à l’oxfordien), d’où il résulte que toute la forma-
tion jurassique supérieure (Corallien, Astartien, Ptérocérien,
Virgulien) fait également défaut. Enfin, la majolica ne résume
que bien imparfaitement les divers étages de la craie inférieure ;
à supposer qu’elle soit l'équivalent du néocomien , ou de l’urgo-
nien et du néocomien réunis, il manquerait toujours le valangien,
l’aptien et probablement le gault.
Des études plus suivies nous apprendront sans doute un jour
pourquoi certains groupes sont communs aux deux versants, tan-
dis que d’autres font défaut au pied méridional des Alpes. En
attendant, il n’est peut-être pas hors de propos de faire remar-
quer dès à présent que les étages qui manquent en Lombardie,
sont ceux qui ailleurs se font remarquer par leur texture grossière
et par l’abondance de débris fossiles, spécialement par leurs co-
Vus
— 399 —
raux, témoins la grande oolite et le corallien. Or, comme les
plages coralligènes indiquent en général des mers agilées, 1] en
résulterait que la mer qui deb deal les formations secondaires du
versant nord des Alpes, aurait parcouru des phases diverses et
successives d’agitation et de calme qui sont indiquées par la suc-
cession des étages, tandis que sur le versant méridional la mer
n’aurait déposé, depuis le lias jusqu’au néocomien, que des ro-
ches homogènes et vaseuses, indices d’une grande uniformité et
d’un calme relatif non interrompu pendant de longues périodes.
SUR LES
NOUVELLES PLANÊTES ET COMÈTES
7 découvertes en 1862...
Par le D' Ad HIRSCH.
(Voir Bulletin, page 271.)
> (7 Q-0-E—— |
Je commence mes communications à la Société, comme
d'habitude, par le rapport sur les découvertes qui dans le
courant de l’année ont contribué à étendre nos connaissances
du système solaire. Le nombre de ces découvertes est de sept,
dont 5 qui ont augmenté le groupe des petites planètes entre
Mars et Jupiter, et deux comètes.
Il y à un an, le catalogue des planétoïdes indiquait 71 de
ces petits astres: la 72%, dont la découverte par M. Safford
sous des conditions particulières est connue de la Société, a
reçu le nom de Féronia. Les astronomes américains lui attri-
buent le nombre 71, parce qu'elle a été observée plus tôt que
Niobée; mais on la croyait alors identique avee Maja, et en
s’en tenant au principe presque généralement reconnu, que le
rang des petites planètes est décidé par la date de l’observa-
tion qui à fait reconnaître l’astre en question pour une pla-
nète nouvelle, il faut bien laisser à Féronia son numéro d’or-
dre 72.
Le 7 avril, M. Tuttle de Harward College observatory, trou-
va la 73%° planète, qui à été appellée Clytia; elle n’était, lors
de sa découverte, que de 13"° orandeur.
M. Temple, à Marseille, l'habile observateur qui continue
ses découvertes avec les modestes moyens à sa disposition, à
trouvé, le 29 août, le 74° astre du groupe, auquel M. de Lit-
trow a donné le nom de Galatée. L’orbite de cette planète,
qui était de 11*° grandeur, montre une grande exeentricité à
côté d’une faible inclinaison sur l’écliptique.
Deux jours après (le 31 août), M. Luther, de Bilk, près de
Dusseldorf, qui maintenant a découvert le plus grand nombre
EN
de petites planètes, remarqua un astre de 11° grandeur, qui
montrait un mouvement propre; et eroyant avoir découvert la
15% planète, il lui donna le nom de Diana; mais des obser-
vations de quelques jours suffirent pour convaincre M. Luther
qu’il n'avait que retrouvé Daphné (la 41° du groupe) qui, dé-
couverte en 1856 par M. Goldschmidt, avait été perdue, par-
ce que les quelques observations qu’on avait faites sur elle et
qui ne s'étendaient qu'à quatre jours, ne permirent pas de
calculer une orbite assez exacte. M. Goldschmidt, qui s'était
mis à la recherche de sa planète perdue, croyait l'avoir re-
trouvée en septembre 1557; mais on reconnut plus tard que
c'était une nouvelle planète qu'on appella Pseudo-Daphné, nom
qui-fut changé.en celui de Mélété, lorsqu'on l’eut retromvée
après quatre ans. Enfin Daphné elle-même a été ressaisie par
M. Luther et est maintenant si bien observée, qu’elle ne pourra
plus se perdre.
. Le 22 septembre, M. le prof. Peters, de Hamilton College
observatory, à Clinton (New-York), découvrit la 75" planète
du groupe, qui n’a pas encore été baptisée; et enfin M. d'Arrest
trouva, le 21 octobre, à l'observatoire de Copenhague, la 76°
qui, l'Olympe des déesses grecques s’épuisant rapidement, a
reçu le nom de la Vénus du Nord, de Freia.
Je ne veux pas quitter les découvertes du monde plané-
taire sans vous rappeler qu'une observation faite au mois de
mars en Angleterre par M. Lummis, à fait revivre la planète
intramercurielle qu'on avait entièrement abandonnée. M.
Lurmmis a vu, dans la matinée du 20 mars, un corps rond
et noir passer devant le soleil: il affirme avoir remarqué un
mouvement considérable, mais il n’a pas eu le temps d’atten-
dre sa sortie du disque solaire. Dépourvu de tout instrument
de précision, il n’a pu donner qu’un dessin fait d'après vue,
que M. Hind à alors converti en uombres. D'après ces don-
nées très-incomplètes et fort peu exactes, on serait conduit
à admettre pour la planète hypothétique une distance de 0,026,
une durée de révolution de 1,5 jour et une inclinaison de
16° sur l'écliptique. Donc, non-seulement ce corps de M. Lum-
mis aurait un mouvement double de celui qui a dû être conclu
pour Vulcain des observations de M. Lescarbault, mais enco-
re est il presque impossible qu'on n'ait pas vu en maintes oc-
casions une planète se mouvant dans une telle orbite. Je dois
cependant dire que M. Valz, en changeant légèrement (de 1!)
mais d’une manière arbitraire, les nombres donnés par M.
Hind, à réussi à faire concorder passablement les observa-
tions de Lummis et de Lescarbault.
A cette occasion, M. de Littrow a annoncé qu'il a trouvé
dans un journal de Vienne de 1820 une notice, d’après la-
quelle un abbé Sfeinheibel a vu, le 20 février 1820, un corps
noir et rond passer en cinq heures devant le soleil.
La première comète de cette année a été découverte par
trois astronomes indépendamment, par MM. Schmidt, d’'Athè-
nes, et Tempel, de Marseille, le 2 juillet, et par M. Bond, à
Cambridge, le 3 juillet: la priorité appartient à M. Schmidt
qui a devancé M. Tempel d’une heure et demie. D’ailleurs, la
comète était visible à l’œil nu, apparaissant comme une étoile
de 5° grandeur, lors de sa découverte, sans cependant attein-
dre l'intensité de la nébulosité d’Andromède. Mais cet éclat
diminuait rapidement, puisque la comète qui s’était approchée
de la terre, le 4 juillet, jusqu’à 21/, millions de lieues, avait
un mouvement très rapide et dans la direction contraire à ce-
lui de la terre: il s’ensuivit qu’elle devint bientôt invisible en
Europe (déjà le 15 juillet); en Amérique, on a pu la suivre à
Hamilton College Observatory jusqu’au 30 juillet, de sorte
que l’are observé de son orbite embrasse 28 jours. La queue
de cet astre, difficile à reconnaître, n’avait qu’un demi degré
de longueur; sa lumière était délicate et diaphane au point
qu'on voyait les faibles étoiles de la voie lactée à travers;
son diamètre était de 22' le 2 juillet et diminuait rapidement.
Son orbite ne ressemble à aucune d’une comète connue.
La découverte de la Il"* comète de 1862 offre un nouvel
exemple d’un fait qui s’est produit déjà plusieurs fois, une dis-
pute de priorité entre des observatoires européens ayant été
terminée par le droit indubitable d’un astronome américain,
que l’on apprenait par l’arrivée du courrier de l’autre hémis-
phère.
La comète fut aperçue la première fois en Europe par MM.
Pacinotho et Toussaint, de l'observatoire de Florence, le 22
juillet, et puis le 25 juillet par le Père Rosa, adjoint à l’obser-
POUR
vatoire de Rome; comme l’annonce de la découverte des as-
tronomes florentins, quoiqu'ils l’aient télégraphiée immédia-
tement à Paris, ne fut publiée dans le bulletin de l’observa-
toire impérial qu'après six jours, le Père Rosa qui publia la
sienne sans retard dans un journal de Rome, aurait eu la prio-
rité d’après le principe généralement reconnu, que c’est la
première publication qui décide du droit de priorité. Aussi
le père Secchi fit valoir énergiquement le droit de son adjoint,
lorsqu'on apprit que cette même comète avait été vue et sa
découverte publiée par M. Tuttle, à Cambridge, dès le 5 juillet.
La comète dont l'éclat, lors de sa découverte, était celui
d’une étoile de sixième grandeur, en s’approchant de la terre
et du soleil, augmenta considérablement, de sorte qu’elle de-
vint visible pour l'œil le moins exercé; vers la fin d'août, son
intensité était comparable à celle d’une étoile de seconde gran-
deur. En même temps, on remarquait parfaitement sa lumière
nébuleuse et aussi longtemps que la lune ne gênait pas, la queue
qui s’étendait sur plusieurs degrés. Cependant elle était loin
d'offrir l'aspect saisissant de la grande comète de 1861 ou de
celle de Donati. La comète qui, lors de sa découverte, était près
du pôle et qui resta assez longtemps circumpolaire, diminua
alors rapidement de déclinaison, de sorte que déjà au commen-
cement de septembre (à Athènes on a pu la suivre jusqu’au 12
septembre) elle disparut pour nos latitudes, tout en restant
visible pour les observatoires de l'hémisphère austral. Il fau-
dra attendre ‘les observations faites au Cap, à Madras, ete.,
avant de pouvoir calculer son orbite définitive; cependant les
observations européennes permettent déjà de lui assigner
une orbite elliptique, d’après laquelle elle aurait passé le péri-
hélie le 23 août et accompli sa rotation autour du soleil en
123,5 ans; le mouvement dans son orbite qui est fortement
inclinée (de 66°,5) est rétrograde, comme aussi celui de l’au-
tre comète de cette année. — Cette orbite cométaire s’appro-
che très près de celle de la terre; car le minimum de la distan-
ce est seulement 0,00472 ou deux distances lunaires. Mais
lorsque la comète à passé par ce point de son orbite, la terre
en était déjà loin, de sorte que les deux astres ont encore
passé à une distance considérable l’un de l’autre. Cette orbite
n’est identique avec aucune des comètes connues.
se: (IN. 2e
Quoique moins imposant que les grandes comètes des der--
nières années, l’astre dont nous parlons a cependant offert un
grand intérêt par les phénomènes curieux qu'il à montrés
dans les grandes lunettes, et qui ressemblent d’un côté au
secteur lumineux qu'on à observé à la comète de Halley, ,et
de l’autre aux enveloppes qui se sont détachées successive-
ment de celle de Donati. En effet, la comète de cette année
a montré, outre sa grande queue ordinaire et dans la direction
inverse, €.-à-d. tournés vers le soleil, des appendices, des jets
de lumière, qui ont considérablement varié de forme et de
position, souvent avec une rapidité extraordinaire. Les diffé-
rents observateurs ne sont pas d'accord sur la question de sa-
voir si ces phénomènes eurieux sont dus à un seul et même ap-
pendice, qui aurait eu un mouvement oscillatoire très-pronon-
cé, plus fort encore que le secteur lumineux de la comète de
Halley ; ou bien si c’étaient des jets de lumière différents
surgissant l’un après l’autre du noyau, toujours dans des direc-
tions et sous des formes variables. D’après mes observations
que je n’ai malheureusement pu poursuivre au-delà des pre-
miers jours de septembre (à cause du temps et de la position
basse de la comète, qui se noyait dans le crépuscule), j'incline
pour la première manière de voir; car d’après mes mesures
je crois reconnaître une oscillation de trois jours environ de
l’appendice. L'’élongation de ce mouvement de pendule était
fort considérable, car j'ai trouvé des différences de presque
120° dans l'angle de position de l’appendice. Mais déjà dans
les derniers jours d'août, ce mouvement oscillatoire diminua
beaucoup et les jets de lumière prirent cette forme dédoublée
et recourbée, qui les rapproche des enveloppes de la comète
de Donati. J'ajoute cependant que mes observations seules
ne me paraissent pas suffisantes pour décider la question; 1l
faudra réunir tous les matériaux que les différents observateurs
auront pu obtenir, pour former une opinion définitive sur ces
apparences si délicates et si intéressantes.
Je me borne pour aujourd’hui à vous soumettre quelques
dessins caractéristiques, que j'ai esquissés d’après l'apparence
que la comète offrait dans notre lunette parallactique avec
des grossissements allant de 50 à 250 (1).
(*) Voir les tableaux n° FI, FT, IT et IX.
—
NOTICE
JUS 228 2201029
du lac de Neuchâtel
(avec une planche)
PAR LE Dr GUILLAUME.
(Voir Bulletin, p. 305.)
Les deux seules espèces d’éponges du lac de Neuchâtel que
l’on connaisse jusqu’à présent , ont été remarquées pour la pre-
mière fois par M. Gressly : la première sur un échafaudage calcaire
d'algues incrustées, que le pêcheur archéologique de M. Desor
avait retiré du lac à la hauteur de Bevaix, la seconde sur des
jones près de l'embouchure de la Broie.
Ces blocs de tuf trouvés à Bevaix étaient connus des pêcheurs
sous le nom de « Fischrühren. » Ils sont composés d’innombra-
bles embranchements calcaires qui, tout en se ramifiant latéra-
lement, ont une tendance à monter. Le sommet est recouvert
d'algues grisâtres et noirâtres en voie de s’incruster. Ce squelette,
qui est fragile et qui se laisse surtout diviser par couches verti-
cales, comme les rayons de miél des abeilles, est ainsi d’origine
organique.
C’est sur ces embranchements et dans les cavités formées par
les ramifications calcaires que M. Gressly remarqua des colonies
d’éponges, sous la forme de petits corps arrondis de 1}, à !/, centim.
de diamètre, étendant quelquefois des embranchements sur les
bords de la cavité où ils sont blottis. Ils montrent à l’œil nu leur
surface hérissée de spicules. Cette découverte faite dans le com-
mencement de cette année, fut communiquée à la Société, dont
les membres ont; par l'examen microscopique, pu se convaincre
que notre lac possédait bien réellement des éponges. |
Je recus à cette époque quelques fragments de cette espèce de
— A06 —
tuf, avec des exemplaires de ces éponges, et je les mis dans mon
aquarium, sans pour le moment en faire le sujet d’études plus
approfondies.
Quelque temps après, le pêcheur archéologique trouva la se-
conde espèce d’éponges du côté de la Broie, à une centaine de
pas du rivage au milieu des roseaux. Ces éponges, d’une dimen-
sion colossale comparées à celles de Bevaix, entouraient la base
des joncs à 4 ou 5 pieds au-dessous du niveau du lac.
En ayant recu une douzaine d'exemplaires, je constatai qu’elles
enveloppaient complètement le tuyau du roseau et formaient
ainsi des fourreaux cylindriques de un pied de hauteur en moyen-
ne. Quelquefois le tissu de ces éponges s’étend sur deux ou trois
tuyaux à la fois. L’accroissement des éponges a lieu surtout à la
partie supérieure, ce qui leur donne généralement la forme de
massues ; c’est surtout le cas lorsque le tissu spongiaire entoure
la tige d’un jonc brisé à un pied de sa base, alors l’extrémité du
jonc est complètement recouverte pour la substance spongiaire.
La surface de l’éponge présente le même aspect que la peau
de chagrin çà et là à sa partie supérieure ; surtout on remarque
de petits lobes spongiaires qui sortent de la masse compacte. La
masse elle-même est parsemée de petites apertures qui sont le
commencement de canaux. Elle est d’une couleur brunûtre par-
tout où les algues vertes qui la recouvrent, ne la masquent pas.
On distingue sur toute la surface les aigrettes de spicules siliceu-
ses qui percent même les couches de conferves. Le tissu se laisse
facilement briser et réduire en petits fragments. Ajoutons que
l’éponge répand une odeur désagréable de matière organique en
décomposition, qui rappelle celle de la marée.
L'aspect extérieur de ces éponges cylindriques présente une
grande analogie avec certaines espèces de spongiaires fossiles de
notre Jura, dont les colonies forment quelquefois des cylindres
d’un pied de longueur.
Comme la décomposition de ces éponges est rapide et leur
odeur désagréable | je les soumis immédiatement à l’examen du
microscope. Voici les résultats de mes observations.
En mettant une coupe mince du tissu spongiaire sous le mi-
croscope, on remarque d’abord une quantité considérable de spi-
cules en forme de fuseaux transparents, se croisant dans tous les
sens et une substance brunâtre formant çà et là une opacité ovale.
»:
— A07T —
Partout on observe des diatomées de formes différentes dissémi-
nées dans la masse spongiaire.
Lorsqu'on observe plus attentivement, on voit que les spicules
diffèrent entr’elles quant à leur longueur et leur largeur, qu’elles
sont disposées en faisceaux de dix et davantage, et solidement
collées ensemble par une matière transparente. Les faisceaux
eux-mêmes sont placés les uns sur les autres et enchevêtrés de ma-
nière à former des cavités. Dans chacune de celles-ci se trouve
un corps brun de forme arrondie ou ovale, formé par un tissu
organique. Au milieu de ce corps on aperçoit une ouverture
ronde à bord saïllant et même entourée d’une bordure. Dans la
membrane de ce sac on remarque des spicules de tout âge et ge
formes différentes.
Ce corps rond ou ovale est enveloppé d’une masse moins com-
pacte, également brunâtre et de consistance visqueuse. Cette masse
a des mouvements oniulés, qui s’observent même lorsqu’on ne
met pas d’eau sur le verre où se trouve le fragment d’éponge.
Exerce-t-on une pression sur le verre qui recouvre l’objet, les
spicules sont brisées en partie; la matière brune qui entoure les
corps spongiaires et les faisceaux de spicules, est détachée, et Les
corps arrondis sortent de leur cavité et deviennent libres.
Nous aurions ainsi à examiner encore plus attentivement les
spicules, les corps spongiaires.et la matière sarcodeuse qui les
entoure. Je regrette de n'avoir pu consulter les travaux des natura-
listes qui ont étudié les éponges d’eau douce. J'espère plus tard,
lorsque j'aurai pu me les procurer, pouvoir compléter ma com-
munication.
Les spicules siliceuses développées que lon détache des fais-
ceaux, ont une forme cylindrique se terminant en pointe des
deux côtés. Ce sont des aiguilles régulières, transparentes, légè-
rement teintes en jaune, mesurant en moyenne 0,7" de lon-
gueur sur 0,02 de largeur au milieu. Avec un grossissement
de 400 fois p. ex., on observe qu’un canal central traverse la
spicule dans toute sa longueur. On le remarque sous la forme
d'une strie ou d’une bande plus claire et sur certains bris sous
la forme d’une légère dépression. On le voit très bien aussi sur
des fragments d’éponge desséchés, que l’on imbibe d’eau, avant
de les mettre sous le microscope. On peut observer alors des bul-
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. | 27
— A08 —
les d’air engagées dans le canal. Jai observé des spicules aux
extrémités desquelles se trouvaient deux canaux latéraux qui se
terminaient en cul-de-sac d’un côté et de l’autre allaient débou-
cher à l'extrémité du canal central, formant ainsi une flèche.
Les spicules que l’on observe sur le corps de l'éponge ou plu-
tôt dans sa membrane, ont une forme différente, en ce sens que
l’on voit toutes les formes intermédiaires depuis Paiguille la plus
fine jusqu'aux dimensions qui se rapprochent de celles que nous
venons d'examiner. J’ai vu parfois des spicules avoir leur partie
centrale dans la membrane du corps spongiaire et leurs deux ex-
trémités en dehors, de sorte que la membrane paraissait comme
épinglée par ces aiguilles.
Quelquefois on observe les jeunes spicules en nombre consi-
dérable groupées autour de l’ouverture ronde du corps de l’é-
ponge, de telle facon qu’elles apparaissent comme autant de
rayons. Nous observämes un bel exemplaire de ce genre avec
MM. Gressly, Garnier et mon ami M. N. Svignine.
Outre ces spicules en forme d’aiguilles ou de fuseaux , on re-
marque sur le corps spongiaire d’autres spicules, en forme de
demi-lunes, dont les deux bouts sont plutôt arrondis que poin-
tus ou bien en forme d’étoiles ou d’ancres. Les spicules semilu-
naires sont quelquefois très nombreuses, tandis que les autres sont
plus rares.
Les spicules allongées dont se compose le squelette de l'éponge,
sont toutes adhérentes les unes aux autres et paraissent être sou-
dées avec une matière organique cornée, que l’on remarque sur-
tout aux endroits où des faisceaux se croisent et forment un an-
gle. On voit alors cette substance former un contour et arrondir
l'angle. Cette matière corticale est également solide, car lorsqu'on
réussit à détacher les faisceaux de spicules, elle reste et conserve
quelquefois la forme du faisceau qu’elle entourait.
A la surface de l'éponge, les aiguilles s’avancent de la moitié
et même des ?/, de leur longueur et forment des dards composés
de deux ou trois spicules attachées ensemble. Ce sont les defen-
sive spicula de Bowerbank, qui pense que ces spicules ont pour
but de protéger la colonie spongiaire. Ces moyens de défense
n’empêchent pas les parasites, surtout les vers chez les grandes
éponges, et, sur celles de Bevaix, des espèces de crustacés micros-
— 409 —
+
copiques d’envahir le tissu des éponges. Au-dessous de ces spieu-
les défensives qui hérissent la surface, on voit apparaître les spi-
cules en plus grand nombre, placées d’abord les unes sur les au-
tres ou s’entre-croisant dans tous les sens. Plus elles s’éloignent
de la surface, et plus elles se groupent et forment un squelette
assez régulier. Les aiguilles, au nombre de 6, 8, 10 et davantage,
sont collées ensemble et forment les faisceaux dont j'ai déjà parlé.
Ceux-ci s’entre-croisent de manière à former une espèce de réseau
de mailles. Si les faisceaux sont rapprochés de la surface de l’é-
ponge, ils sont composés de spicules beaucoup plus petites que
celles des faisceaux de l’intérieur de l’éponge. Ces mailles sont
les cavités signalées plus haut, elles sont plus ou moins grandes
et mesurent en moyenne 1 à 1{/,%" de diamètre. Chacune d’elles
renferme un corps spongiaire. Les interstices laissés par les an-
gles des faisceaux de spicule, sont remplis par la sarcode. Celle-ci
entoure également les spicules de la surface de l'éponge. On la
voit sous la forme d’une membrane s'étendre de l'extrémité d’une
spicule à celle d’une autre, comme les toiles d’araignée.
En saumettant les spicules à l’action du feu, on voit se déve-
lopper des bulles d'air, et lorsqu’ensuite on les examine au micros-
cope, on remarque des stries longitudinales de couleur brune.
Il faut en conclure que la matière siliceuse est combinée avec
une substance organique et que laccroissement des spicules a
lieu par la formation de couches successives qui se déposent sur
la surface extérieure de la spicule. La présence d’un canal cen-
tral, qui est très développé chez nombre de spicules, de manière
à former le tiers du diamètre de l'aiguille, fait supposer qu’il y
a une corrélation entre ce canal et les couches de la spicule, et
qu’il n’est pas inactif dans le développement des aiguilles. On
pourrait donc considérer les spicules comme des êtres organisés
dans lesquels s’opère un échange de matières entre le canal cen-
tral et la périphérie. Cela ne peut pas paraître extraordinaire de-
puis que l’on connaît le rôle important que joue la matière sili-
ceuse dans la membrane cellulaire des plantes.
Le corps spongiaire a une forme arrondie, c’est-à-dire sphéri-
que, puisque c’est un sac mesurant 4 à 41/,"" de diamètre, de
sorte qu’on peut le voir facilement à l'œil nu. Sur une coupe
pratiquée sur l’éponge, on voit ces petits corps parsemés dans le
+ ANS
tissu en nombre considérable. J'ai calculé d’après le nombre
trouvé dans nn petit fragment, que la quantité totale de ces
corps spongiaires devait s’élever dans une seule colonie, c’est-à-
dire dans une de ces éponges cylindriques qui entourent la base
d’un roseau, à plus de 350,000. Le corps a une couleur brune,
sa surface est parsemée d’une quantité de pelits pores et possède
une ouverture arrondie où ovale de 0,05" de diamètre. Ces
pores sont les ouvertures de canaux s’ouvrant dans la cavité cen-
trale qui occupe tout l’espace intérieur, l’ouverture ronde en est
l'issue, le trou de sortie où le débouché, Jai déjà signalé la pré-
sence d’une couronne de petites spicules autour de ce trou de
sortie et des spicules en forme de croissants, d'étoiles et d’ancres
dans la membrane; la membrane se laisse facilement plisser et
déchirer par une pression exercée sur le verre qui recouvre Pob-
jet. Elle est mince et paraît êlre composée de plusieurs couches
de tissu cellulaire, la couche extérieure ne laisse pas toujours
entrevoir la limite marquée des cellules, par contre les pores sont
‘très distincts.
La matière sarcode qui entoure le corps de l’éponge et qui est
répandue à travers tout l’échafaudage des spicules, montre, ainsi
que je lai déjà fait remarquer, un léger mouvement, surtout
dans le voisinage immédiat d’un corps spongiaire. Ce mouvement
semble être produit par des cils qui se trouveraient dessous, et
qui, par leurs mouvements, détermineraient les ondulations de la
matière. Je n’ai pas pu encore trouver la cause réelle de ces
mouvements, je me borne à signaler leur présence.
J’at observé plusieurs fois des corps particuliers de nature
cellulaire, ayant noyau et nucléoles, et groupés au nombre de 5
ou 6 dans une membrane sans structure. Comme ces corps se
trouvaient toujours dans le voisinage de corps spongiaires, je me
suis demandé si ce n'étaient pas peut-être là les œufs de ces der-
niers. Les premiers jours j'ai également remarqué des espèces
de corps ciliés se mouvant avec rapidité au moyen de longs cils
filamenteux. Je ne veux pas, pour le moment, prétendre que ce
sont des embryons spongiaires, je me propose bien de les mieux
observer, lorsque je serai en possession d’éponges fraîches.
Quant aux petites éponges trouvées à la hauteur de Bevaix,
elles appartiennent à une autre espèce que celles des roseaux :
"Ne T ns
.
: .
— A1 —
je n’ai pu jusqu'à présent y trouver des corps spongiaires. Les
fragments calcaires sur lesquels elles végétaient, avaient passé
plusieurs mois dans mon aquarium , lorsque je les examinai. Je
trouvai bien les spicules qui ne diffèrent pas beaucoup de celles
de la grande éponge des roseaux, mais à la place des corps spon-
giaires, on voyait des crustacés parasyles microscopiques de l’or-
dre des Siphonostomates, bien caractérisés par une bouche à su-
çoir, 4 paires de pieds, dont la première paire en forme de cro-
chets, La surface des corps de ces petits parasites est couverte de
charmantes écailles en forme de losanges. Ces. êtres paraissent
avoir une métamorphose rétrogade, je ne les ai, du reste, pas
étudiés plus particulièrement. Ces parasites se trouvaient en très
grande quantité dans le lissu siliceux et la masse de sarcode, Ils
étaient en compagnie de nombreux infusoires, parmi lesquels
on remarquait quelquefois de charmantes vorticelles. Les diato-
mées y sont représentées par de nombreuses espèces.
Ces derniers jours, j'ai recu un fragment d’une éponge que le
pêcheur de M. Desor a rapportée de la haute Italie, où il s'était
rendu pour faire des recherches archéologiques, sur les rives des
lacs du versant méridional des Alpes. Cette éponge qui vient
d’un des lacs de la Brianza, atteint, à ce qu’il paraît, un énorme
développement. Elle entoure également la base des roseaux. Elle
ne diffère pas beaucoup de notre grande éponge, la forme des
spicules est la même, les corps spongiaires sont identiques, seu-
lement ils sont plus nombreux relativement à la quantité de spi-
eules. La masse cornée qui soude les faisceaux, est plus dévelop-
pée que dans notre espèce; cela explique pourquoi cette espèce
d’éponge italienne est plus légère, plus souple, plus élastique,
pourquoi l’éponge s’imbibe facilement d’eau et se brise moins
facilement.
Le Rapport du Comité météorologique, pour l’année
1862, paraîtra dans le prochain cahier.
27
OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ
pendant l'année.
Annales de la Société Linnéenne de Lyon. T 7°, 8e,
Mémoires de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et
arts de Lyon. Classe des lettres, t. 7,8, 9, 10. Classe des
sciences , t. 8, 9, 10.
Annales des sciences physiques et naturelles de la Société impé-
riale d'agriculture de Lyon. T. 4, 5.
Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de
PYonne , 45° et 16" vol.
Monatsberichte der kônigl. preuss. Akademie der Wissenschaf-
ten zu Berlin, 1861. ;
Bulletin de l’Académie royale des sciences , lettres et beaux-arts
de Belgique. T. 10, 11, 12, 1864. f
Annuaire de l'Académie royale de Belgique, 1862.
Mémoires de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg. T. 4,
UT, JE 0 VIT, 8,0
Bulletin de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg. T. 4,
f. 11-25.
Mémoires de la Société des sciences naturelles de Strasbourg.
T. 5, 2e et 3€ livraisons.
_ Die fossilen Mollusken des Tertiær-Beckens von Wien, von D'
Moritz Hürner. # Band, n°° 3, 4.
Memoirs of the geological survey of the united Kingdom. Lon-
don , 1859.
Annual report of the director-general of the Museum of practi-
cal Geology. 1860.
Memoirs of the geological survey of India. Palæontologia Indica,
3 cah., et Annual report, fourth year, 1859-60 , 1861-62.
Contributions à la flore fossile italienne , sixième mémoire, par
Ch.-Th. Gaudin et le marquis Carlo Strozzi. ”
F
À
:
|
— 13 —
Schriften der küniglichen physikalisch-ôkonomischen Geseilsch.
zu Künigsberg. Zweiter Jahrgang, 1864, erste und zweite Ab-
theiïlung 1862,
Natuurkundige Verhandelingen van den Hollandsche Maatschap-
pij der Wetenschappen te Haarlem. 46, 17, 19 Deel, eerste
_ Stuck.
Transactions of the royal Society of Edimburgh. Vol. 23, part. 1.
Mémoires de la Société de physique de Genève. T, 16, 1"° part.
Catalogue des Céphalopodes fossiles des Alpes suisses, par W.-
A. Ooster, 4"° partie.
Matériaux pour la carte géologique de la Suisse, 1" livraison
avec carte.
Mémoire de la Société académique de Maine-et-Loire. 9% vol. 40.
Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft, 13° vol.
4e cah., 14%, 4-5, 4. Compte-rendu de la situation des tra-
vaux de la Société d’émulation de Montbéliard. 1858, supplé-
ment à l’année 1858, années 1859, 1860, 1864.
Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 1° année
1860, 2° année 1861.
Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 18"° année,
4er, 2me, 3me cahier.
Archiv Vereins der Freunde der Naturgeschichte in Meklenburg.
15°-16%° année.
Mémoires de l’Académie impériale des sciences, arts et belles-
lettres de Dijon. T. 9, 1861.
Bericht über die Thätigkeit der st-gallischen naturwissenschaft-
lichen Gesellschaft während des Vereinsjahres 1861-1862.
Neues lausitzisches Magazin. 19° vol., 1°" et 2° cah., 20° vol,
4“ cah.
Revue viticole. N°’ de janvier à juin 1862.
Les vins, les eaux-de-vie et les alcools de la France , de PAlge-
rie etc., par C. Ladrey.
Sitzungsberichte der kaïserlichen Akademie der Wissenschaften.
Mathematisch-naturwissenschaftl. Classe. 39° vol., 40, 41, 42,
43, 44, 4, 46% cah, I-V. Register zu den Bänden 31 bis 42.
sr MS
Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, von dem
naturwissenschaftlichen Vereine für Sachsen und Thüringen
in Halle. Fin du 18° vol., et du 19%; les mois de janvier à
juin 1862.
Sitzungsberichte der kônigl. Bayer. Akademie der Wissenschaft.
zu München. 1861, IHeft 3. 1862, I Heft 1-4; IT Heft 1-2.
Jahrbücher des Vereins für Naturkunde im Herzogthum Nassau.
A7 cahier. |
Correspondenz-Blatt des zoologisch-mineralogischen Vereines in
Regensburg, 16° année.
Neunter Bericht der oberhessischen Gesellschaft für Natur- und
Heïlkunde.
Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cher-
bourg. T. 8.
Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie. 6°, 7e vol.
Observations météorologiques d’Arau. Année 1862-63.
Jabhresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens.
7e année, 1860-61.
Mémoires de la Société d’agriculture d'Orléans. T. 6, n°° 4-6 ;
+17, 12.
Atti della Societa italiana di scienze natural. Vol. 4, 5 n°1.
Mémoires de l’Académie de Munich. Six cahiers.
Jahresbericht der naturhistorischen GERS zu Hannover.
A1 et 19€ cahier.
Du climat de Genève, par E. Plantamour.
Berichte des naturwissenschaftlichen Vereins des Harzes. An-
nées 1897-58, 1859-60.
Abhandlungen herausgegeben von der Senckenbergischen natur-
forschenden Gesellschaft. 4° vo]. 2° livraison.
Jahrbuch der kaiïserlich-koniglichen geologischen Reichsanstalt.
12% volume.
Aus der Natur-Chronik der Schweïzerberge, von Chr.-G. Brüg-
ger. |
Revue scientifique italienne. 1'° année, 1862.
: DEEE ee
Jahrbuch des naturhistorischen Landesmuseums von Kärnten.
jme cahier.
Die Forischritte der physikalischen Geographie im Jahre 1860 ;
von D'E. Sôchting.
Zur Paragenesis des Glimmers, von D' E. Sôchting.
Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. Ne 497-
530.
Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. T. VIF,
n° 49.
Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. Drit-
ter Theil, drittes Heft.
L.-R. v. Fellenberg. Analysen von antiken Bronzen. Fünfte
Fortsetzung.
Journal des Vétérinaires , 26° année. T. VIIE, n°* 2 à 6.
Verhandlungen der kaiserlich-küniglichen zoologisch-botanischen
Gesellschaft in Wien. XI volume.
Personnen-, Ort- und Sach-Register der Wiener k. k. zoologisch-
botanischen Gesellschaft in Wien.
Proceedings of the royal Society of Edimburgh. Session 1861-
1862.
Bulletin de FInstitut national genevois. T. 6, 7, 8, 9, 10.
Mémoires de l’Institut national genevois. T. 3-8.
Memoirs of the geological survey of India. Vol. IV, part, 1.
Rules of the literary and philosophical Society of Manchester.
Esercitazioni dell Academia agraria di Pesaro. Années X, XI,
XII, XII.
Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen
Rheinlande und Westphalens. 19"° année, 1° et 2° cahier.
Proceedings of the royal Society. T: 5-41, t. 12, 49-53.
Abstracts philosophical transactions of the royal Society. Vol. 1-4.
Memoirs of the literary and philosophical Society Manchester.
LEE E
Memoirs of the geological survey of Great Britain and of the
museum of economic geology in London. Vol. I-IT; et les mé-
moires publiés sur les diverses contrées de l’empire britanni-
— 416 —
que, par les membres de lassociation du musée de géologie
pratique à Londres.
Report on the geology of Cornwall, Devon and West-Somerset,
* by Henry-T. de la Beche F, R. S.
Ein Beitrag zur Geschichte der Fôhnstürme, Sehneefälle und
Lawinen wäbrend acht Jahrhunderten, von Chr.-G. Brügger.
The proceedings of the zoological Society of London 1861. Jan-
vier-Juin.
Ouvrages reçus de l'Institution Smithsonienne.
Annual report of the Smithsonian Institution for 1860.
Results of meteorological observations under the direction of the
Smithsonian Institution from 1854-59.
Report of Colorado Exploring expedition under lieut. $.-C. [ves.
Smithsonian miscellaneous Collections. Vol, 1-4.
Boston journal of natural history. Vol. VIT, 5-20, IX, 1-5.
Columbus Ohio stâte board of agriculture. 1859, 1860.
New York Lyceum of natural history. Vol. VIT, n°* 10-12.
Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia.
Fin de l’année 1861.
Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia.
Yoi..X--Dpart 1,
Catalogue of publications of the Smithsonian Institution.
RAPPORT
DU
DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE CANTOML
ALA
COMMISSION D'INSPECTION DE CET ÉTABLISSEMENT,
Pour l’Exercice 1562-6G3%.
MESSIEURS,
La séance de votre Commission a été retardée cette
année par l’absence prolongée d’un de ses membres,
dont vous auriez, certes, désiré la présence autant que
moi, et aussi parce que je tenais à voir terminés cer-
tains travaux en voie d'exécution, pour pouvoir vous en
rendre compte. Je tâcherai à l'avenir de vous soumettre
mon rapport annuel à une époque moins avancée de
l’année.
Notre établissement marche d’une manière réguhière
et normale, en développant son activité pratique, aussi
bien que ses travaux scientifiques. J’ai la satisfaction de
voir toujours plus apprécier la première par les artistes
et les fabricants de notre pays ; et j'espère, par les au-
tres, pouvoir rendre quelques services à l'astronomie,
PR Re
surtout si je parviens à terminer les travaux de longue
haleine que j'ai entrepris. Il est seulement à désirer,
Messieurs, que le second vœu que vous avez bien voulu
émettre l’année dernière, au sujet des publications de
l'Observatoire, reçoive bientôt son accomplissement,
comme l’a reçu celui que vous aviez exprimé en faveur
de l’enseignement de l’astronomie.
Je vous prie, Messieurs, de me suivre dans les diffé-
rents chapitres où je vous rendrai compte des détails
qui regardent notre établissement.
I. Bâtiment.
Le bâtiment a exigé peu de réparations cette année,
l'humidité des murs à disparu à peu près entièrement,
et on est parvenu à garantir la salle méridienne contre
l'entrée de la pluie, sauf dans quelques cas exception-
nels de pluies torrentielles, où un peu d’eau parvient
toujours à filtrer aux deux extrémités de la coupure
méridienne, mais en petite quantité, et assez loin des
instruments pour qu'on puisse se borner à maintenir
l’état actuel. Le mécanisme de fermeture du méridien
ne laisse rien à désirer ; celui de la coupole demande
des réparations plus fréquentes, à cause des cordes em-
ployées ; 1l serait plus économique de les remplacer par
des chaïinettes en fer.
Malgré toute la peine que l’on s’est donné pour amé-
liorer la glacière, cette année encore la glace ne s’est
pas conservée au-delà du mois de mai; je commence à
craindre que l’excavation ne soit pas assez profonde, et
je préfère tirer chaque fois de la ville la glace néces-
saire à nos expériences, plutôt que de continuer des
efforts inutiles.
SUR 1
Pendant le véhéiment orage qui s’est abattu sur la
contrée le 10 mai dernier, nous avons reçu un coup de
foudre dans notre paratonnerre qui, mis ainsi à l'épreuve
pour la première fois, a fonctionné parfaitement ; car,
non-seulement il a préservé le bâtiment, mais lui-même
est resté intact, comme j'ai pu m'en convaincre par une
expérience qui m'a fourni la preuve de sa conductibilité
parfaite. |
La pluie abondante qui accompagnait cet orage, m'a
démontré que l'humidité que je n'étais jamais parvenu
à chasser de la petite cave, entre les piliers de l’instru-
ment méridien, provenait principalement de l’eau qui
tombe sur la petite partie du toit entre la coupure mé-
ridienne et la tour; cette eau n'ayant pas d'écoulement
spécial, filtre en suivant la pente des couches de rochers
jusqu’à la cave du bain de mercure. Comme cette hu-
midité a rendu difficile, sinon impossible l'observation
régulière du nadir, J'ai dû faire faire, avec le consente-
ment de M. le Directeur des Travaux-Publics, un canal
d'écoulement pour cette partie du toit ; en outre, il est
nécessaire de faire revêtir les parois de la cavité entre
les piliers, d’une nouvelle couche de ciment imperméa-
ble, afin de vaincre le seul obstacle sérieux que nous
ayons rencontré jusqu’à présent dans nos observations
astronomiques.
Le conduit qui amène l’eau de la pluie à la citerne,
s'étant trouvé obstrué, il a fallu le relever et le nettoyer:
comme, en outre, l’eau de la citerne n’est toujours rien
moins que limpide, j'ai essayé de la purifier en cons-
truisant un petit réservoir en pierre, dans lequel j'ai
installé une espèce de filtre en charbon de bois. En at-
tendant, non-seulement je dois continuer à faire porter
toute l’eau potable, mais même à remplir quelquefois
BE US
la citerne par de l’eau amenée de la ville. Les frais oc-
casionnés ainsi montent à 50-60 francs par an. Jusqu’à
présent, je n’ai encore aperçu aucun effet des démar-
ches qui, sur la demande réitérée de votre Commission,
ont dû être faites auprés des autorités municipales, re-
lativement à cet objet.
II. Instruments et bibliothèque.
Je mets des soins particuliers au bon entretien de nos
instruments précieux, qui, comme vous aurez pu vous
en convaincre, sont bien conservés. Aussi fonctionnent-
ils à mon entière satisfaction. Je n’ai eu à faire cette
année que de petites réparations ; ainsi, j'ai dû rem-
placer la vis micrométrique de l’oculaire de la lunette
méridienne par une autre, que l’habile artiste, M. Kern
d’Aarau, a exécutée avec beaucoup de soins. Ensuite,
toujours en vue d'éviter l’oxidation du bain de mercure,
j'ai remplacé le vase métallique, qui le contenait, par
un autre en cristal.
Nos différentes pendules continuent à bien marcher;
celle de Houriet a été nettoyée par M. William Dubois,
du Locle ; on y a ajouté un arc divisé, et changé le poids
moteur qui, à certains points de la descente, frottait
contre les parois de la boîte, par un autre d’une forme
plus allongée. Pour la pendule électrique, qui d’ailleurs
fonctionne toujours admirablement bien, j'ai échangé les
piles Daniell, qui coûtaient trop, contre d’autres piles
de la construction de M. Hipp, qui tout en donnant des
courants d’une force et d’une constance pareilles aux
piles Daniell, occasionnent moins de frais d'entretien.
Les cadrans électriques qui donnent l'heure moyenne et
l'heure sidérale à la coupole sont installés,
DO
Sur la demande de mon collègue, M. Wolf, j'ai reçu
dans notre Observatoire la pendule de l'Association ou-
vrière, achetée par la Confédération ; cette pièce qui
avait éprouvé quelques avaries à l'exposition de Londres,
a été remise en état, et attend chez nous l’achèvement
de l'Observatoire fédéral.
Pour continuer mes recherches sur le temps physio-
logique et léquation personnelle dans les observations
astronomiques, J'ai fait construire par M. Hipp, dont
les ateliers m’offrent un secours précieux, un appareil
spécial, établi dans le bâtiment de la mire nocturne, et
destiné à faire voir dans la lunette méridienne des étoi-
les artificielles animées d’un mouvement apparent, sem-
blable à celui des astres, et à marquer automatiquement
et par voie électrique les moments de passage de ces
étoiles. J’ai donné, dans une communication à notre So-
ciélé des sciences naturelles, une description détaillée
de cet appareil, accompagnée d’un dessin. Pour le faire
fonctionner, 1l a fallu construire une petite ligne télé-
graphique de l'Observatoire à la mire. Cet appareil m’a
déjà donné des résultats intéressants, et pour pouvoir
compléter ces derniers, je dois encore le modifier de
telle sorte qu’il imprime aux étoiles un mouvement d’une
lenteur comparable à celle des étoiles polaires ; on exé-
cute maintenant cette petile machine. J'espère arriver à
fournir ainsi aux astronomes un appareil assez simple
pour leur permettre de déterminer périodiquement leur
correction personnelle, détermination aussi importante
pour l’exactitude de la réduction des observations, que
celles qu’on à l'habitude générale de faire pour les cor-
rections instrumentales.
Notre bibliothèque s’accroit en proportion des fonds
disponibles. Jai souscrit pour elle à la publication qu’on
M re
fait des œuvres de Gauss, si indispensables pour toutes
les parties pratiques et théoriques de l'astronomie mo-
derne, et à celles de Kepler, qui ne devraient manquer
dans aucune bibliothèque astronomique. J'ai à remer-
cier tout particulièrement M. le professeur Desor de
plusieurs dons qu’il a bien voulu faire à notre biblio-
thèque ; que son exemple généreux puisse être suivi
par d’autres amis de la science, et notre bibliothèque
se complètera plus rapidement qu'il ne serait possible
de le faire avec ses modestes ressources. Jai déjà eu le
plaisir de pouvoir réaliser dans quelques occasions l’i-
dée que j'avais émise dans mon dernier rapport, en prê-
tant à quelques-uns de nos artistes des ouvrages sur
l'horlogerie ; j'espère que, de moins en moins, je me
verrai dans le cas de répondre à des demandes de ce
genre, par des refus, pour cause de pauvreté.
IIT. Transmission de l'heure.
La transmission de l’heure à la Chaux-de-Fonds et
au Locle a eu lieu, pendant cette année, avec une ré-
gularité qui laisse peu à désirer. Depuis le 1er avril
1862 au 4er avril 1863, le signal a manqué, à la Chaux-
de-Fonds, 67 fois, et au Locle, 70 fois ; parmi ces nom-
bres, il y a 28 jours où le signal n’a pas été envoyé,
soit à cause de l’absence du Directeur de l'Observatoire,
soit par suite de petites réparations faites aux différents
appareils qui servent à la transmission. Dans les 40 au-
tres cas, le courant, quoique parti, n’a pas décroché les
pendules de coïncidence, soit par la faute de la ligne,
soit par celle des appareils, soit enfin à cause de cou-
rants atmosphériques. Malgré toutes ces causes de non-
réussite, on voit que le signal d’heure n’a manqué en
UE ETS
moyenne que le me ou 6me Jour. Bien qu’un tel résul-
tat soit pratiquement déjà bien satisfaisant, puisqu'il
suffit au réglage le plus exact, je ferai des efforts pour
diminuer encore le nombre des jours où le signal fait
défaut. En attendant, je suis heureux de voir lutilité
de cette organisation reconnue généralement par tous
les horlogers compétents qui y sont intéressés, aussi
bien que par l'administration fédérale des postes et des
lélégraphes qui se loue beaucoup de la régularité de
nos Signaux.
Aussi ne me suis-je point trompé dans les prévisions
que j'exprimais dans mon dernier rapport, de voir s’é-
tendre notre transmission télégraphique de l'heure à
d’autres parties du pays. Les municipalités de Fleurier
(surtout sur l’initiative de MM. Ch.-H. Grosclaude et
Comp.), et des Ponts, ont demandé à avoir l'heure de
l'Observatoire. Comme la distance de ces deux endroits
à partir du Locle, est assez grande, il importait, pour
ne pas construire une ligne exprès, ce qui aurait causé
des frais considérables, d'obtenir de la part de l’admi-
nistration fédérale l’usage de sa ligne, qui va du Locle
par les Ponts et le Val-de-Travers à Yverdon. Il aurait
été difficile, sinon impossible, d'envoyer le même cou-
rant jusqu’à Yverdon pour desservir les quatre pendules
de coïncidence de la Chaux-de-Fonds, du Locle, des
Ponts et de Fleurier. Ensuite, pour que l'administration
fédérale pût nous acccorder l’usage de sa ligne, il fallait
trouver des moyens pour transmettre nos signaux sans
compromettre en rien la correspondance télégraphique.
Aprés un mür examen de cette question avec M. Hipp,
nous avons décidé de laisser subsister la transmission
jusqu’au Locle, telle qu’elle a fonctionné jusqu’à présent
à notre satisfaction, et d'installer au Locle une nouvelle
LE,
——— —…—
pile dont le courant, mis en action par celui de POb-
servatoire, cheminerait jusqu’à Yverdon, et ferait dé-
crocher les pendules des Ponts et de Fleurier ; le tout
au moyen de relais polarisés qui, ne-marchant qu'avec
des courants positifs et n'étant pas attirés par les cou-
rants ordinaires, enverraient le courant positif de l’Ob-
servaloire à nos pendules, tandis qu'ils laisseraient pas-
ser, sans les détourner, les courants ordinaires de cor-
respondance, qui à cet effet seraient envoyés tous dans
le sens négatif.
Je ne tardai pas à proposer ce système à l’adminis-
tration des télégraphes, qui au commencement à éprouvé
quelques doutes sur la possibilité de l’exécuter sans gé-
ner le service télégraphique. Mais lorsque j’eus modifié
la combinaison de manière à laisser les bureaux télé-
sraphiques toujours maîtres d’exclure complètement nos
appareils, M. le Directeur des télégraphes suisses a bien
voulu nous accorder l’emploi des lignes fédérales.
Ce point capital réglé, et après que notre Gouvérne-
ment eut consenti à se charger des frais généraux, né-
cessités par cette nouvelle organisation, M. Hipp a exé-
cuté les appareils, que Je viens d'installer avec lui, ct
qui fonctionnent déjà à notre satisfaction. J'ai donné
aux deux Conseils municipaux une instruction détaillée
pour l’observation du signal, et j'irai sous peu aux
Ponts et à Fleurier pour expliquer aux horlogers des
deux localités la transmission de lheure et son usage
pour le réglage des chronomètres.
Deux artistes du Locle, MM. H. Grandjean et Jurgen-
sen, nous avaient aussi demandé d’envoyer le signal de
l'Observatoire dans leurs ateliers ; nous avons modifié
la pendule publique de l’hôtel-de-ville du Locle, de telle
sorte qu’en décrochant par le courant de l'Observatoire
28 4 … DEN 2
elle ferme un autre circuit qui amène le signal au do-
micile de ces deux citoyens. |
Enfin, dernièrement, les municipalités de la Chaux-
de-Fonds et du Locle m'ont demandé de pouvoir utiliser
le fil de l'Observatoire entre ces deux endroits pour un
service de Signaux d’alarme mutuels en cas d’incendie.
Après avoir trouvé un moyen de l’employer à cet effet,
sans compromettre sa destination principale, et avoir
mis, dans ce but, pour condition, que les appareils qui
relient notre fil aux sonneries d’alarme, établies dans
les corps de garde, resteraient sous le contrôle des ob-
servateurs de nos signaux, j'ai, avec plaisir, aidé à la
réalisation de cette œuvre d'utilité publique, qui se
trouve maintenant exécutée. Je viens d’adressér aux
deux municipalités un plan pour les signaux à employer
dans ce service.
De cette manière nous avons maintenant loute une or-
sanisation télégraphique compliquée, par laquelle nous
fournissons tous les jours l'heure exacte aux quatre cen-
tres principaux de fabrication du pays et à quelques
particuliers, et tout cela en employant les lignes télé-
oraphiques ordinaires, et sans interrompre la corres-
vondance ou compromettre le service des dépêches.
Voici en quelques mots le système employé :
Un fort courant positif, envoyé par notre pendule
électrique normale, se bifurque dans l'Observatoire pour
aller d’un côté à Berne et de l’autre à Neuchâtel, où il
attire un relai, accessible au public, et fournit ainsi
l'heure, quoique encore imparfaitement, à la capitale,
dont les autorités municipales n’ont qu’à l’utiliser d’une
manière plus commode pour le public. De Neuchâtel,
notre courant va à la Chaux-de-Fonds, où il entre,
aprés avoir décroché la pendule publique, dans notre fil
ME ne
qu'il suit jusqu’au Locle, où il fait marcher également
la pendule de coïncidence dans lhôtel de ville, et par
son intermédiaire, celles des deux artistes prénommés.
Avant de gagner la terre, 1l attire encore un relai po-
larisé qui, par là ferme le circuit d’une nouvelle pile,
dont le courant parcourt la ligne Locle-Yverdon, et ren-
contrant aux bureaux des Ponts et de Fleurier des relais
polarisés du même genre, y dévie de la ligne fédérale
pour aller aux pendules de coïncidence installés dans
les hôtels de commune de ces deux endroits.
Je n'ai pas le moindre doute que cette nouvelle orga-
nisation ne fonctionne aussi bien que l’ancienne, et J'es-
père que les horlogers de Fleurier et des Ponts en reti-
reront tous les avantages qu’elle peut produire.
Je remercie l’administration fédérale de la bonne vo-
lonté qu’elle a montré de nouveau à cette occasion, et
je reconnais avec plaisir le secours précieux que M. Hipp
nous a prêté.
IV. Observation des chronomètres.
Malgré la stagnation qui a continué malheureusement
à se faire sentir encore pendant l’année dernière dans
notre industrie horlogère, le nombre des chronomètres
qui ont passé à l'Observatoire, a de nouveau considéra-
blement augmenté, du moins celui des chronomètres de
poche, dont 65 ont été observés par nous pendant l’exer-
cice écoulé, ce qui fait, avec les 10 chronomètres de
marine, que nous avons eus à l'observation, un total de
75 pièces de précision ; toutes ont reçu des bulletins de
marche officiels. Si le nombre des montres marines est
resté stationnaire, il faut en chercher l'explication dans
plusieurs causes ; d’abord cette nouvelle branche, si
elle ne veut pas dès le commencement, devenir tribu-
taire de l'étranger, doit recevoir pour des parties acces-
soires, le concours de l’ébéniste et du mécanicien, qu’on
ne peut obtenir que difficilement dans nos villages in-
dustriels. Il est donc heureux de savoir que depuis
quelque temps un ateller de Neuchâtel se charge de
remplir cette lacune, et, comme J'ai eu l’occasion de
m'en convaincre, il le fait avec goût et de manière que
sous le rapport de l’extérieur aussi, nos pièces marines
pourront rivaliser avec l'étranger. Ensuite, le réglage
si difficile de ces machines a pour condition absolue la
connaissance exacte de l’heure ; l’extension que nous
avons pu donner à la transmission de nos signaux, con-
tribuera sans doute à implanter cette noble branche de
l’industrie horlogère dans les localités qui recevront dé-
sormais l’heure astronomique. La circonstance signifi-
cative que toutes les maisons neuchâteloises qui ont
exposé des montres marines à Londres, ont été récom-
pensées soit par des médailles, soit par des mentions
honorables, est certainement faite pour encourager nos
artistes habiles à se vouer à cette partie de la haute
horlogerie.
Pour en revenir à la statistique des chronomètres ob-
cervés, Ceux-ci se répartissent, quant à leur provenance,
de la manière suivante entre les différents endroits :
Le Locle a envoyé. ..,. . . 24 pièces.
Fleurier » PACS DRE PE | PRE
La Chaux-de-Fonds a envoyé. . 16. »
Neuchâtel Di dune UE D
Buttes da dir: En be à
Les Brenets Ab aderdins 6 nid
Total. . 75 pièces,
RU le -S
Ce sont encore le Locle et Fleuriér qui occupent les
premières places ; mais la Chaux-de-Fonds est entrée
celte fois sérieusement en compétition.
Les chronomètres de marine ont été envoyés :
10 Par la maison de MM. H. Grandjean et Comp., du
Loglés-au-nombre-de::::.2,.2 RSS SRE re 0
20 Par M. Bertschinger, de la Chaux-de-Fonds . 1
Total. . 10
Les chronomètres de poche proviennent des fabri-
canis suivants :
30 Ch.-H. Grosclaude et Comp., à Fleurier. . 17
40 Robert-Brandt et Comp., à la Gh.-de-Fonds. 15
9° Borel et Courvoisier, à Neuchâtel. . + . 8
60 Fritz Courvoisier, à Buttes . . . Eee 44
79° Henri Grandjean et Comp., au ar ‘RAS
80 Ulysse Breting, au Locle . . ERCUGRE
90 Ch.-Ed. Jacot, à la Chaux-de- Fonte A D
400 D, Girod, au Locle (Neuchâtel)... 50 12
119 Favre-Leuba et Comp., au Locle . . . . 2
12%: 6h.-Ed. Guve, à Fleurier: 224 Reese?
18e. Félicien, Dubois, au Locle 116 trees
14 Auguste Kramer, au Locle . . . . sas À
15° Eugène Bornand et Comp., à Sainte- Cons
par l'entremise de M. Grosclaude .
160 Guinand-Meyer, aux Brenets
170 Joachim Müllertz, au Locle .
18° Augustin Perret, au Locle
190 Haldimann et fils, aux Brenets.
200 Sylvain Mairet, au Locle
910 Em, Guinand, au Locle .
ln (nn jen fx lens jan
ms
TOR ARTS
FAR
On voit par là que le nombre des horlogers qui com-
prennent l’avantage de nos bulletins officiels, s’est aug-
menté considérablement. À mesure que le nombre des
chronomètres, qui passent à notre Observatoire, s’aceroît,
il pourra, en comparant les résultats obtenus avec les
éléments principaux des mouvements, fournir une sta-
tistique qui ne manquera pas, avec le temps, de deve-
nir riche en enseignements sur beaucoup de questions
de l'horlogerie de précision, et de décider, par lex-
périence, des points longuement controversés, mieux
que ne peut le faire le raisonnement seul dans des ques-
tions pour la plupart si compliquées. Mais comme nous
n'osons pas démonter les chronomètres que l’on nous
confie, il est à désirer que MM. les fabricants qui nous
envoient des montres en observation, les accompagnent
d’une description sommaire, dans laquelle il serait bon
de mentionner surtout les points suivants : 1. Le genre
de l’échappement ; 2. Le système de compensation (à
masse ou à vis, avec ou sans compensation auxiliaire)
du balancier ; 3. La nature du spiral (s’il est plat, sphé-
rique ou cylindrique, et s’il a la courbe de la forme
Philipps ou non) ; enfin, 4. Toutes les innovations ou
spécialités employées dans la construction des organes
principaux. L'observation exacte et scientifique d’un
orand nombre de chronomètres de constructions diffé-
rentes doit nécessairement décider de la supériorité, si
supériorité 1l y a, de telle construction sur telle autre,
de tel échappement, spiral, etc. Pour commencer cette
statistique ulile, j'ai d’abord classé les chronomètres de
celie année nar échappements ; nous avons eu des chro-
nomètres de poche avec échappement
ee AR
à bascule, 27, ayant montré une vartion moyne de 1,796
à ancre, 920, » » 1,505
à ressort, 19, » » 4,016
atourbillon, 6, ; ) 2,995
Moyenne générale : 1,61
Lorsque nous pourrons faire la même classification
pour les différents systèmes de compensation, de spiraux,
etc., et que le nombre des pièces observées sera suffi-
samment grand, 1l sera facile de se prononcer avec sû-
reté sur le mérite relatif de tous ces systèmes. En effet,
si une ou quelques montres avec échappement à ressort
ont donné une marche plus régulière qu'un nombre
égal de chronomètres avec échappement à bascule, cela
n'autorise pas à conclure à la supériorité du premier de
ces échappements, parce qu'apparemment 1l y a encore
d’autres causes qui déterminent la régularité de la
marche, mais cette incertitude tombe devant un grand
nombre de chronomètres, parmi lesquels les autres in-
fluences se seront pour ainsi dire balancées entre elles.
Si le nombre des chronomètres de marine n'est pas
encore considérable, leur qualité du moins est très-
salisfaisante, comme vous pouvez en juger par le tableau
ci-annexé N° 1.
On y trouve que tous ces chronomètres ont eu d’un
jour à l’autre, une variation moyenne de marche infé-
rieure à un tiers de seconde, sauf un seul pour lequel
elle n’atteint cependant pas la demi seconde; la plus
grande variation que ces chronomètres aient montré,
pendant tout le temps de leur épreuve, ne dépasse pas
une seconde, à l'exception de deux, pour lesquels cette
variation maxima est respectivement, 45,1 et 45,2. La
compensation de ces pièces laisse également très-peu à
og |: M »<
désirer ; car pour deux, elle est parfaite ; pour trois au-
tres, on constate une variation au-dessous de 0s,01 pour
un degré centigrade de rehaussement de température ;
cette variation pour 1° de température reste comprise
entre 05,1 et 05,2 pour trois des chronomètres ; et pour
deux seulement, elle dépasse légèrement cette limite.
Deux de ces chronomètres ont d’ailleurs subi une
épreuve pratique avec le succès le plus complet ; ce
sont les N° 85 et 86 que M. Henri Grandjean lui-même
a transportés marchant à Londres, où sur ma demande
on a permis de les observer à l'Observatoire de Green-
wich, avant qu'ils fussent déposés à l’exposition. De
cette manière les deux montres marines ont pu servir
à déterminer la différence de longitude entre notre Ob-
servaltoire et celui de Greenwich; voici, d’après une
communication que j'ai faite à ce sujet à la Société
des sciences naturelles, le résultat obtenu par ces mon-
tres.
No 85 a donné une différence de longitude, 27m49s00
Ne 86 » » » 27m49s41
Moyenne des deux, 2794952053
Non seulement ils s'accordent ainsi admirablement
entr’eux, mais aussi avec d’autres déterminations faites
également au moyen de chronomêtres de M. H. Grand-
jean, car j'avais trouvé antérieurement la longitude de
notre Observatoire par la voie de Genève 27m49s2
id. Berne 27mA9s75
Un tel accord qui est compris presque totalement
(sauf pour la détermination avec Berne pour des rai-
sons spéciales) dans les limites des observations, est
une preuve d'autant plus forte de l’excellence des chro-
nomètres employés, que le transport par terre, et sur-
RE
tout par chemin de fer, compromet beaucoup plus la
réoularité de leur marche que les voyages en mer. Jai
fait il ya peu de temps à notre Société des sciences
naturelles un rapport au sujet d’un mémoire que M.
Henri Grandjean lui avait envoyé sur sa fabrication de
chronomètres de marine, et je l’ai terminé par les pa-
roles suivantes :
Lorsqu'on a construit une douzaine de chronomètres
de marine, dont la variation moyenne d’un jour à l’autre
reste au-dessous de ‘/; de seconde, et dont la plusgrande va-
riation diurne ne dépasse presque Jamais une seconde,
on est l’égal des grands maitres de l’art, et on peut es-
pérer avec raison de voir ses efforts couronnés par Île
succés. Si un jour la Suisse peut voir ses chronomé-
tres de marine flotter sur toutes les mers, comme ses
montres de poche sont répandues sur tous les conti-
nents, on devra en savoir gré en grande partie aux ef-
forts intelligents et courageux de M. Grandjean du
Locle.
La précision des chronomètres de poche est en ge-
néral, et proportion gardée, non moins satisfaisante
que celle des montres marines ; car si la variation gé-
nérale de ces dernières est en moyenne de toutes les
pièces observées pendant l’année 0531, le chiffre ana-
logue pour la moyenne des 65 chronomètres de poche
est de 1561. Pour se former une idée plus claire du
degré de perfection obtenu pour le réglage des chro-
nomèêtres de poche, je les ai divisés en trois classes ;
la première comprend tous ceux dont la variation
moyenne reste au-dessous de 15; la seconde toutes les
montres dont la variation est comprise entre 15 et.2s ;
et enfin la troisième celle dont la marche a varié en
moyenne au-delà de 2 d’un jour à l’autre. Voici les
sin D
tableaux de ces trois classes (voir tableaux 2, 3 et 4,
à la fin de ce rapport). En résumé on voit que les chro-
nomètres se groupent ainsi : à
Classe. Variation moyenne. Nombre de chronomètres. Pour cent. Var. moy. de la classo,
I. Au-dessous de 1 +a hi 0,72
II. Entre 1 et 2s 39 94/0 sp
IL. Au-dessus de 2s 45 De. 2,80
65 100 4,01 ©
C’est là, il me semble, un témoignage éloquent que
l'horlogerie de précision prospère dans notre pays, et
que non-seulement quelques-uns de nos artistes pro-
duisent des pièces tout à fait hors ligne, mais qu’en
général nos chronomètres ont une précision très-satis-
faisante. Enfin je crois utile de joindre comme modèle
de réglage parfait d’un chronomètre de poche, la copie
du bulletin délivré au N° 16,782, de M. Ulysse Bre-
ting du Locle (voir tableau 5).
En publiant régulièrement ces résultats encourageants,
notre Observatoire ne peut manquer de provoquer
d’une part une émulation heureuse chez nos artistes, et
d'autre part de contribuer à rehausser la réputation
de leurs produits. L'Observatoire, non-seulement cons-
tale ainsi d’une mamiére officielle et scientifique les ré-
sultats obtenus par notre chronométrie, mais de l’aveu
des artistes intéressés eux-mêmes, il fournit un élé-
ment essentiel pour obtenir ces résultats, l’heure
exacte.
Je termine ce chapitre en disant quelques mots sur
le concours ouvert l’automne dernier à l'Observatoire
© Pour être complet, il convient d'ajouter qu’on a renyoyé, sans leur
délivrer de bulletins, 13 chronomètres dont le réglage n’était pas assez
parfait.
t)
noir D ds
par le Gouvernement, pour choisir deux chronomètres,
un de marine et un de poche, que le Grand-Couseil
avait décidé d'envoyer comme don de notre canton au
Gouvernement du Japon par l’entremise de l’ambas-
sade suisse, partie pour ce pays. La Direction de lIn-
térieur m'avait chargé, de concert avec M. Sylvain
Mairet du Locle, de choisir les deux chronomètres, et
nous engageämes les horlogers du pays, par des publi-
cations dans les différents journaux, d’envoyer des
chronomètres au concours à l'Observatoire. Comme le
départ de la mission Japonaise était prévu alors pour
le mois de septembre, nous étions obligés de fixer,
pour terme de la présentation des chronomètres, une
date très-rapprochée, le 20 août. Cela explique en par-
tie le fait que nous ne recümes jusqu'à cette époque
que deux chronomètres de marine, tous les deux de
M. Henri Grandjean du Locle, et quatre chronomètres
de poche, dont deux de la même maison (l’un d’eux
fut retiré après quelques jours), un de MM. Ch.-Henri
Grosclaude et Comp. de Kleurier, et un de M. L. Girod
de Neuchâtel. M. Sylvain Mairet, ayant trouvé par une
visite des pièces présentées, que les chronomètres de
poche n’offraient pas toute la perfection de construc-
tion désirable pour une pièce qu’on voulait présen-
ter comme échantillon de notre horlogerie de précision,
se décida à concourir lui-même, et pria qu’on le rem-
plaçât comme expert, par un autre artiste. Sur ces en-
trefaites, le départ de l’ambassade suisse ayant été
renvoyé de deux mois, le Gouvernement accepta cette
proposition, et nomma M. W. Dubois du Locle expert
à la place de M. Sylvain Mairet. M. Dubois est venu
le 12 septembre pour examiner les chronomètres, et a
donné la préférence, parmi les chronomèêtres de poche,
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SHAONNON AV SHAOANA SIRTLARONONHO SA HHPAVR HE AVATAV IL
ms 9Ù =
Nous ffmes done d’accord, M. Dubois et moi, pour
proposer au Gouvernement de choisir le N° 85 de MM.
H. Grandjean et Comp. et le N° 2 de M. Sylvain Mai-
ret, pour les envoyer au Japon, ce qui fut agréé. Ces
deux chronomètres représentent dignement notre hor-
logerie de précision, et donneront aux Japonais, assez
avancés dans les arts mécaniques, une haute idée de
la perfection de notre industrie.
V. Travaux scientifiques.
Les observations astronomiques, proprement dites,
continuent régulièrement, à côté des observations
d'étoiles nécessaires pour la détermination de l'heure
et des erreurs instrumentales, et des phénomènes tels
qu'éclipses et occultations ; ce sont surtout les comètes
et les pelites planètes qui en sont l’objet. Lorsque j’au-
rai vaincu quelques difficultés qui restent encore pour
l'éclairage des fils du micromètre, ces dernières seront
aussi observées régulièrement au méridien.
La publication du travail que j'ai fait en commun
avec M. Plantamour sur la différence de longitude de
nos Observatoires et les temps de transmission des cou-
rants électriques, ayant subi des retards par plusieurs
causes, aura maintenant lieu dans les Mémoires de la
Société de Physique de Genève.
J'ai continué et étendu les recherches sur le temps
physiologique des observations astronomiques ; j'ai
trouvé, entre autres, au moyen de l'appareil dont je
vous ai parlé, que la correction personnelle qui inter-
vient dans les observations de passage d’étoiles, varie
non-seulement d’individu à individu, ce que l’on savait
depuis longtemps, mais aussi pour le même observa-
—_ is
teur, d’abord en raison de la vitesse apparente avec la-
quelle le passage a lieu, et ensuite dans une certaine
mesure restreinte, mais cependant assez forte pour ne
pas pouvoir être négligée, d’après la disposition mo-
mentanée de l'observateur. S'il en est ainsi, l'équation
personnelle entre deux observateurs doit varier en gé-
néral encore plus fortement, ce que nous avons vu con-
firme rpour M. Plantamour et moi. Car ayant déter-
miné notre équation à plusieurs veprises par la mé-
thode astronomique, nous avons trouvé des variations
qui se sont montrées également dans la différence de
nos deux corrections personnelles déterminées par ma
méthode chronoscopique. L'accord entre les résultats
obtenus ainsi par des méthodes toutes différentes, est
remarquable. L'art des observations astronomiques,
déjà si développé, a donc reçu, dans les détermina-
tions régulières des corrections personnelies dont je
crois avoir démontré la nécessité, une nouvelle com-
plication, mais qui est en même temps un perfection-
nement.
J’ai fait de ces recherches une communication à las-
semblée générale de la Société helvétique des sciences
naturelles, lors de sa dernière réunion à Lucerne, et
je cuntinue à en rendre compte à notre société can-
tonale.
La grande entreprise d’un réseau général de stations
météorologiques en Suisse, étant maintenant en voie
d'exécution, et le collége de Neuchâtel n’offrant pas les
conditions voulues pour l'installation des instruments
telle qu’elle est prescrite pour toutes les stations, on
a préféré choisir notre Observatoire pour la station de
Neuchâtel, à quoi j'ai volontiers prêté les mains. Gomme
nous possédions déjà la plupart des instruments mé-
2 Se
téorologiques, nous n’avions qu’à ajouter un psychro-
mêtre et un pluviomètre, maintenant déjà installés dans
la cour, et à modifier les heures de nos observations,
pour les rendre conformes à celles des autres stations.
Voulant contrôler les nouveaux instruments que j'avais
reçus, j'ai d’abord trouvé des différences trés-considé-
rables dans les températures indiquées par plusieurs
thermomètres installés dans la même cage à un pied de
distance et tous garantis contre l’action directe du so-
leil. Quoique moins considérables que celles qu’on con-
naissait déja pour des thermomètres installés à des
hauteurs diflérentes de quelques pieds, ces différences
sont peut-être encore plus curieuses, et montrent quels
soins il faut mettre à l'installation identique des ther-
momètres dans les différentes stations, si l’on veut com-
parer leurs indications et en tirer des conclusions mé-
téorologiques et climatologiques. En même temps, j'ai
constaté la nécessité d’une petite correction dans Île
calcul de l'humidité par le psychromètre, due à la
présence de mousseline autour d’une des boules de
thermomètre.
J'espère que les observations météorologiques que
je poursuivrai désormais avec régularité et toute l’exac-
titude que les excellents instruments comportent, con-
tribueront pour leur part à la réussite de l’étude im-
porlante et, je n’en doute pas, riche en résultats, qui
a été entreprise, et qui est dirigée avec tant de zèle et
d’habileté par le comité météorologique suisse, d'autant
plus que notre Observatoire est la seule station du ré-
seau qui soit située exactement au-dessous d’une autre
(Chaumont) et cela de 2000 pieds, et qu’elle se prête
par conséquent admirablement aux recherches des dif-
férences qui ont lieu aux mêmes instants dans l’état
NS,
météorologique des couches superposées de l’atmos-
phére.
Notre Observatoire prête aussi son concours actif à
une autre entreprise scientifique, non moins impor-
tante, et patronée également par les autorités fédérales.
La commission géodésique suisse, dont je vous ai déjà
parlé dans mon dernier rapport, et qui est composée
de MM. le général Dufour, l'ingénieur Denzler de Berne,
Plantamour de Genève, Wolf de Zurich et Hirsch de
Neuchâtel, s’est réunie deux fois à notre Observatoire,
le 11 avril 1862 et le 17 mars 1863.
Aprés avoir, dans la première séance, discuté et posé
les principes et élaboré le programme général des dif-
férentes opéralions géodésiques et des observations as-
tronomiques à entreprendre sur le territoire et dans
les Observatoires suisses, pour coopérer d’une manière
efficace à la grande œuvre, pour laquelle presque tous
les Etats européens se sont associés dans l'intérêt de la
connaissance de la figure de la terre, elle a demandé
les fonds nécessaires aux autorités fédérales, et s’est
mise en rapport avec les commissions analogues des
autres pays. Les chambres fédérales ayant voté dans
leur dernière session les crédits demandés, la Commis-
sion s’est occupée dans sa séance du printemps der-
nier de choisir et de commander les instruments et ap-
pareils nécessaires, de fixer en détail les nouveaux
triangles à mesurer, soit pour rattacher notre réseau
fédéral aux triangulations des Elats limitrophes, soit
pour passer les Alpes et réunir le sud-ouest de lAlle-
magne à la Lombardie, enfin d’élaborer le programme
pour la campagne de cette année, essentiellement des-
tinée aux opérations préparatoires, reconnaissances et
De
constructions des signaux, etc. ; enfin, elle a distri-
bué parmi ses membres les travaux à faire.
Les publications de notre Société des Sciences con-
tiennent les procès-verbaux que J'ai faits de ces deux
séances. Comme la Suisse en général est un des pays
les plus importants pour cette entreprise européenne,
notre Observatoire situé qu’il est, au pied du Jura et
en face de Ja puissante chaîne des Alpes, est particu-
lièrement appelé à contribuer à l'étude d’un des points
essentiels de la question, de l'influence des montagnes
sur la direction du fil à plomb et sur la forme de la
surface géométrique de la terre.
Je termine ce compte-rendu détaillé sur Pactivité de
l'Observatoire, par quelques remarques sur la chaire
d'astronomie qui à été créee par le Gouvernement à
Neuchâtel, conformément à la demande que vous en
avez faite dans votre dernière réunion. Appelé par le
Conseil d'Etat à ce professorat, J'ai proposé de donner
deux cours différents : un cours populaire, s'adressant
à un auditoire mixte d'élèves des deux colléges et de
personnes adultes, et traitant l’astronomie descriptive
ou la cosmographie ; et un autre cours d’un caractère
scientifique plus rigoureux et essentiellement rmathé-
matique. J’ai commencé le premier, dans une salle du
collége supérieur, il y a quelques mois, et à en juger
d’après l’auditoire nombreux (il y a 136 personnes qui
se sont inscrites) et le zèle qu’il met à suivre les le-
CONS, je crois pouvoir espérer que ce cours contribuera
à étendre parmi notre population, et surtout parmi
notre Jeunesse, le goùt et les connaissances de notre
noble science.
_ Avec la rentrée des classes, après les vacances, je
pense commencer l’autre cours, qui s’étendra sur deux
D —
1
ans, embrassera l'astronomie sphérique, avec exercices
pratiques à l'Observatoire, et l'astronomie théorique ou
la mécanique céleste ; il sera destiné plus spécialement
aux étudiants et aux jeunes gens des classes supérieu-
res des deux colléges qui possèdent les connaissances
géométriques indispensables.
Pour ce dernier cours surtout, il serait désirable, à
cause de sa connexité étroite avec les études mathéma-
tiques supérieures, qu'il ne fit bientôt qu’une partie
d’une organisation complète de l’enseignement supérieur
dans notre pays. Je désire également que le vœu que
vous avez exprimé, Messieurs, en faveur d'écoles d’hor-
logerie à établir dans les localités industrielles, soit
aussi bientôt entendu. Nos autorités éclairées, viennent,
par la création d'une chaïre d’astronomie, de prou-
ver de nouveau qu’elles savent apprécier la valeur des
études supérieures qui ont une influence plus ou moins
directe sur la prospérité du pays ; elles ne pourront pas
méconnaitre la nécessité de réaliser enfin une institu-
tion si longtemps et si généralement désirée, et sans
laquelle notre industrie nationale risque d’être dépassée
par sa rivale de l’autre côté de la frontière. En effet, la
France fait actuellement dans ce but, des efforts éner-
giques ét intelligents ; elle se prépare à augmenter le
nombre de ses écoles d’horlogerie par une nouvelle
institution de ce genre en Savoie. Le fait qu’un fonc-
tionnaire haut placé est venu dernièrement de Paris à
Neuchâtel pour étudier l’organisation des écoles d’hor-
logerie, qu’il croyait exister dans notre pays, est bien
sionificatif; il montre d’un côté la sollicitude éclairée
du Gouvernement français, et de l’autre l’impardonna-
ble insouciance qu'il y aurait de notre part à tarder
plus longtemps de doter notre pays d’une institution de
a ER LE
ce genre. En attendant une organisation complète d’é-
coles d’horlogerie pratiques et théoriques, que l’on crée,
auprés de nos écoles industrielles des Montagnes, des
leçons spéciales sur la théorie de l'horlogerie, qui peu-
vent êlre fréquentées aussi par des auditeurs en dehors
des colléges. Un professeur zélé et désintéressé a déjà
commencé l’année dernière, de sa propre initiative, des
cours de ce genre, et comme je l'ai appris, avec un
véritable succés. Que l’on développe et protège officiel-
lement ces cours, et le premier pas sera fait. Une fois
qu’on aura formé un certain nombre d’élèves, possédant
réellement les principes de l’art horloger, il sera temps
de commencer aussi un cours supérieur de mécanique
et de chronométrie.
Quoique j'envisage la fondation d'écoles d’horlogerie
comme la mesure principale et la plus pressante à pren-
dre dans l'intérêt de notre industrie, les demandes réi-
térées qui se sont fait jour, de voir profiter la bonne
horlogerie courante d’un avantage analogue à celui que
l'horlogerie de précision retire des bulletins de marche
de l'Observatoire, m’engagent à revenir sur cette ques-
tion el à vous soumettre quelques idées.
Tout en maintenant l'opinion que j'ai émise dans mon
rapport de l’année dernière, qu’il ne serait point utile
de recevoir à l'Observatoire des montres ordinaires,
pour leur délivrer des bulletins de marche, et tout en
reconnaissant l’impossibilité pratique d’un contrôle offi-
ciel de la qualité des montres fabriquées, je crois cepen-
dant que le simple fait, constaté officiellement par un
certificat, où par un poinçon imprimé sur la platine du
mouvement, qu'une montre a marché, serait déjà une
espèce de garantie pour l'acheteur et empêcherait ou
diminuerait du moins la fabrication de cette espèce de
Ms : ANS
marchandise qui, avec l’extérieur des montres est plutôt
de la quincaillerie que de l'horlogerie. C’est cependant
cette fabrication peu consciencieuse de montres, qui
n’ont jamais marché et ne peuvent jamais marcher, qui
a surtout nui à la réputation de notre industrie. Je n’en-
tends pas dire qu’il faudrait créer un contrôle obligatoire
pour les mouvements, comme il en existe un pour les
boîtes. Mais, tout en laissant aux fabricants pleme hberté
de faire contrôler ou non leurs mouvements, Je crois
qu'après peu de temps, les acheteurs mêmes les y for:
ceront, en exigeant cette garantie. Pour encourager
d’ailleurs les fabricants à envoyer les mouvements au
contrôle, il faudrait fixer une finance très-faible, exiger
un temps d’épreuve de quelques jours seulement et
créer des bureaux de contrôle dans tous les centres de
fabrication, ce qui est facile à faire, parce qu’il ne faut
pas beaucoup de moyens scientifiques pour constater
simplement qu’une montre a marché pendant quelques
Jours sans s’arrêter.
Les droits prélevés, pour ce contrôle, suffiront proba-
blement dès le commencement, pour couvrir les frais
des bureaux ; s'ils les dépassent, on pourrait peut-être
en affecter le produit en faveur des écoles d’horlogerie
que l’on créera.
Je vous soumets cette proposition simplement dans le
but de la voir mise à l’étude par des hommes plus com-
pétents que moi dans des questions essentiellement pra-
tiques, et parce que je désire contribuer à tout ce qui
peut relever notre industrie, dans l'intérêt de iaquelle
l'observatoire a été fondé.
Le Directeur de l'Observatoire,
D' An. HIRSCH.
La Commission d'inspection de l'Observatoire, réunie
le jour sous date, à teneur de l'art. 13 du règlement
du 22 janvier 1861, approuve le rapport ci-dessus, et
témoigne à M. le Dr Hirsch toute sa satisfaction pour
l'ordre parfait dans lequel se trouve létablissement qu’il
dirige ; elle constate que tous les appareils et instru-
ments sont dans le meilleur état de conservation, et re-
mercie M. le Directeur des services qu'il continue à ren-
dre, soit à la science, soit à l’industrie.
Elle émet, comme précédemment, le vœu :
1o Que la convention par laquelle la Municipalité de
Neuchâtel s’est engagée, envers l'Etat, à fournir l’eau à
l'Observatoire, recoive le plus tôt possible son exécution.
20 Que, dans lintérêt du maintien et du perfection-
nement de notre industrie nationale, l’on s’occupe, sans
délai ultérieur, de la fondation d’écoles d’horlogerie
dans nos principaux centres industriels.
Enfin la Commission estime qu'il serait opportun
d'examiner sérieusement l’idée émise, à la fin du pré-
sent rapport, soit la question de savoir s’il ne serait pas
possible et utile d’instituer, dans les localités indus-
trielles, des bureaux dans lesquels on délivrerait des dé-
claralions de marche aux pièces de bonne horlogerie
courante.
Neuchâtel, le 2 juin 1863.
Les membres de la Commission :
F.-A. MONNIER.
George GUILLAUME.
Sylvain MAIRET.
Charles-Edouard JAcor.
N. B, — M. Desor était absent.
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BULLETIN
DE LA
SOCIÈTÉ DES SCIENCES NATURELLES
DE NEUCHATEL.
=
Séance du 5 novembre 1863.
Présidence de M. L. CoULON.
La Société procède à l'élection de son bureau, qui
est composé pour cette année comme suit :
M. L. Courox, Président.
» Desor, professeur, Vice-Président.
» Louis Favre, instituteur, Secrétaire pour la section
de médecine, d'histoire naturelle , de géographie
et d’ethnographie.
» [sezy, instituteur, Secrétaire pour la section de phy-
sique, de chimie, mathématiques, économie rurale,
technologie et statistique.
M. L. Coulon annonce la mort très-regrettable d’un
de nos collègues, M. Guillaume Perregaux, décédé à
Vienne, il y a quelques semaines, à l’âge de trente ans.
Il rappelle à cette occasion les dons importants faits à
notre musée par M. Perregaux et consistant en objets
qu'il avait rapportés de la Suède et de l'Egypte.
M. Coulon attire l'attention de la Société sur les phé-
nomènes de végétation qui se produisent maintenant,
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT, T. VI. 28
— 418 —
malgré la saison avancée; il cite en particulier la flo-
raison de l’anémone pulsatille et de Amelanchier vul-
garts.
M. Godet ajoute que plusieurs marronniers du Crêt
portent des fleurs; mais celles-ci sont plus petites que
celles du printemps.
M. Favre a vu un pommier couvert de fleurs et un
autre, il y a quelque temps, qui portait à la fois des
fleurs et des fruits.
M. L. Coulon rapporte les décisions prises à Sama-
den, à la dernière session de la Société helvétique des
sciences naturelles. Pour accomplir le mandat que la
section de Neuchâtel leur avait confié dans sa séance
du mois d'août, M. Desor et lui ont demandé que la
prochaine réunion eut lieu à Neuchâtel; mais il en a
été décidé autrement et Zurich a été choisi, pour des
motifs qui intéressent plus particulièrement les mem-
bres de la Suisse orientale.
M. Æersch fait un rapport sur les mesures de tempé-
rature qu’il à entreprises dans le tunnel des Loges. Il
rappelle que, dans sa séance du 23 janvier dernier, la
Société a chargé MM. Desor et Hirsch de s'occuper de
cette recherche. M. Hirsch s’est adressé à l’adninis-
tration du chemin de fer du Jura et a rencontré au-
près d’elle la plus grande complaisance; le Directeur,
M. Grandjean, a non-seulement accordé sans difficulté
la permission d'établir les thermomètres dans le tunnel,
mais il a mis à la disposition de M. Hirsch le concours
de plusieurs employés et a fait faire aux frais de lad-
ministration les niches pour les thermomètres.
— 419 —
Comme M. Hirsch se propose de déterminer la tem-
pérature de la roche aux deux extrémités et au centre
du tunnel au moyen de grands thermomètres à mer-
cure de 6 pieds de long, munis d’une échelle à division
très-fine et embrassant seulement quelques degrés, il a
jugé nécessaire, avant de faire construire ces instru-
ments sensibles et délicats, de se rendre compte ap-
proximativement de la température qu'on rencontrera
probablement dans le massif de la montagne. Dans ce
“but, il a entrepris une recherche préalable sur la tem-
pérature moyenne de l'air dans le tunnel et sur les va-
riations de cette température, recherche qui a d’ailleurs
son intérêt particulier. Il a donc fait venir trois bons
thermomètres à mercure de Geissler, de Bonn, divisés :
directement en cinquièmes de degré, et, après les avoir
soigneusement comparés et avoir vérifié leur zéro, 1l
les a installés le 13 juin dans des niches de 1 */: pied”
de haut sur 6 pouces de large et autant de profondeur ;
un au centre du tunnel au fond du puits n°3 et les deux
autres à 10 mètres environ des deux issues du tunnel.
Ils s’y trouvent librement suspendus dans l'air qui baï-
gne les parois du tunnel. La lecture en est confiée aux
deux gardes du tunnel qui doivent le parcourir, Fun
partant de la stalion des Convers, l’autre de l'entrée du
Val-de-Ruz, jusqu’à ce qu'ils se rencontrent au centre
du tunnel, et cela trois à quatre fois par Jour avant le
” passage des trains. Les heures d'observations se trou-
vaient ainsi fixées par les exigences du service du che-
min de fer; cependant, l'horaire de cet été était disposé
de telle sorte que les heures d'observation n'étaient pas
trop défavorablement distribuées pour le but que l’on
_poursuivait. Le thermomètre du nord et celui du centre
— À420 —
ont été observés par le garde des Convers à 6 heures du
matin, à 4 h. après midi et à 7 ‘/ h. du soir environ;
tandis que celui du sud a été lu quatre fois par jour
par le garde des Hauts-Geneveys, à 6 h. et à 10 h. du
matin, à 4 et 8 h. du soir. Comme les trains passaient
à7h.,8h., 10 h. 50", 11 h. 40", 4 h. 50", 2 h. 40",
4h. 6°, 5h. 45°, 8 h. 50" et 9 h. 30", on voit qu'il y
avait toujours au moins deux heures d'intervalle entre
l'observation des thermomètres et le passage du dermier
train, intervalle suffisant pour laisser s'établir l’équi-
libre de la température, qui aurait pu être dérangé par
le passage du train et aussi pour faire disparaître sur les
boules des thermomètres la condensation de la vapeur.
Les deux employés, instruits et exercés par M: Hirsch,
font les lectures consciencieusement, ainsi qu'il a pu
s'en convaincre par quelques visites et en examinant
leurs carnets après les trois premiers mois d’observa-
tions. Ces observations, qui s'étendent du 15 juin au
18 septembre, offrent déjà un certain intérêt, car ces
mois sont ceux de la plus forte variation de la tempé-
rature et renferment le maximum de l’année.
Quant à ce dernier, M. Hirsch a constaté qu'il est ar-
rivé pour le thermomètre
À l'extrémité nord (Convers), le 14 août, à
4 h. du soir, par . te CR DER
Au centre du tunnel, L 30 juil à 4 D.
DUSINT, Dale. 14. ARCS
À l'extrémité sud (Val- de-Ruz), de 5 août,
4 10 Hi} du tatin, pd...
On remarque d’abord que le maximum de la tem-
_pérature a lieu, pour l'air du tunnel, un peu plus tard
;
à
E
ù
HO —
qu’elle n'arrive ordinatrement chez nous; mais ce qui
est étonnant, c’est qu'il soit arrivé plus tôt pour le
centre que pour les deux extrémités; tandis qu’on au-
rait pu s'attendre au contraire. Il est assez difficile
d'expliquer ce phénomène; M. Hirsch essaie de le faire
de la manière suivante : la température de l'air du
tunnel est apparemment le résultat de deux causes,
d'abord de la température de l'air extérieur qui entre
aux deux extrémités et de celle des parois du tunnel.
Or cette dernière sera à peu près constante au centre,
tandis qu’elle s’élèvera lentement, mais sensiblement
aux extrémités du tunnel; ce qui fait que le maxi-
mum arrivera pour le centre très-peu après celui de
l'air extérieur, {tandis que pour les extrémités la tem-
pérature de l’air continuera encore quelque temps à
s'élever, la température extérieure diminuant très-len-
tement au mois d'août, et celle des rochers, près des is-
sues, continuant à croître, le maximum ne sera atteint
que plus tard. — On remarquera aussi que les maxima
des deux extrémités sont sensiblement les mêmes et
dépassent celui du centre de 3°,75.
La variation diurne de la température, autant qu’elle
peut se conelure de ces trois ou quatre observations
faites par Jour, est en moyenne pour les trois mois :
Thermomètre du nord, 1°,38.
Id. du centre, 0°,76.
Id. du sud, 179:
La plus forte variation diurne est, pour
le thermomètre du nord, 4°,0 le 3 juillet;
F2 du centre, 2°,0 le 16 juillet;
Id. du sud, 5°,1 le 4 août.
2e. - KO
*
Ces chiffres, tant des moyennes que des maxima,
s'expliquent naturellement; la variation au centre est
la plus faible (°, de degré en moyenne); et la plus forte
est celle du thermomètre Val-de-Ruz, où l'ouverture
du tunnel est exposée au sud et au souffle des vents S.
et S.-0., tandis que l'ouverture des Convers se trouve
dans une combe étroite où le soleil et les vents n’ont
presque pas d'accès.
Quant à l’époque des maxima de la variation diurne,
il est remarquable qu'elle tombe, pour le thermomètre
du centre seul, pendant la durée du tir fédéral (du 11
au 22 juillet), où les 8 trains ordinaires ont été rem-
placés par 32 trains par Jour et où l’on aurait pu croire
à priori que les plus fortes variations de température
auraient dû se produire. Il n’en est ainsi cependant que
pour le centre et dans une mesure encore assez faible,
tandis que pour les deux extrémités les variations diurnes
sont au contraire plus faibles, car la moyenne de cette
douzaine de jours donne pour :
La variation diurne du thermomètre nord, 0°,92.
» » centre, 0°,97.
» » sud, 0°,89.
On obtient un résultat analogue, en caleulant pour
les trois thermomètres la moyenne de la température
pendant la douzaine de jours du tir et les douzaines qui
l'ont précédée et suivie. On trouve pour ces moyennes
les chiffres suivants :
à THERMOMÈTRES
ee meme pe nn ces,
| Nord. Centre. Sud.
Du 29 juia au 40 juillet. . . 11,05 9,47 9,70
Du 11 juillet au 22 juillet . . 40,80 9,56 9,04 (!)
Du 93 juillet au 3 août . . 9,41 9,52 10,07
(*) Ge chiffre n’a pas la valeur des autres, parce qu’il manque trois jours
d'observations,
US
Il y a donc de nouveau, pour le centre seulement, une -
légère augmentation, et pour les extrémités plutôt une
diminution de la température pendant le tir.
Tous ces chiffres démontrent bien nettement com-
bien peu le passage des trains affecte les thermomètres
placés dans l'air du tunnel, pourvu qu'on laisse de côté
les observations où les boules ont été mouillées par la
condensation de la vapeur, qui met toujours un certain
temps avant de sortir du tunnel. A plus forte raison
doit-on admettre l’absence complète d'une influence
sensible des trains sur la température du rocher à 6
pieds de profondeur, température que M. Hirsch se
propose d'étudier.
M. Hirsch ajoute encore la remarque que, pendant
ces trois mois d'été, la température des extrémités a
été en général supérieure à celle du centre, ce qui n’a
rien d'étonnant, et que la température de l’ouverture
des Hauts-Geneveys a été le plus souvent plus haute
que celle de l'ouverture des Convers. Lorsque les oh-
servations de l'hiver pourront être comparées, M. Hirsch
se propose d'étudier avec plus de détail le mouvement
de la chaleur dans l'air du tunnel. Pour compléter cette
étude, il placera encore un thermomètre dans l'air libre
près de l’ouverture du sud, et même aux Convers si
cela est possible. Mais il rencontre encore des difficultés
à trouver une place favorable et surtout un observateur
convenable pour le thermomètre qui doit être placé
près de l’orifice supérieur du puits n° 3.
M. Hirsch communique la détermination de la décli-
naison magnétique, qu'il a faite aujourd'hui, à l’aide
de l'instrument appartenant à la salle de mathémati-
— 424 —
ques du Gymnase, lequel lui a été confié par M. La-
dame. La déclinaison est de 17° 12”, mais l'erreur pro-
bable est au moins de 10’, ce qui est dû à la mauvaise
qualité de la lunette et à la grande inertie de l'aiguille.
Il exprime ses regrets de ne pouvoir pas faire cette dé-
termination avec une exactitude plus rigoureuse.
M. Coulon rapporte qu'il a reçu le 3 septembre der-
nier un héron aigrette, jeune mâle, tué sur le grand
marais. Selon M. Coulon, cet oiseau, très-rare dans
l’Europe occidentale, n’a jamais été abattu chez nous.
Outre un plumage entièrement blane, 1l a le:bec jaune
citron, mais point d’aigrette sur le dos. Les ornitholo-
gistes ne sont point d'accord sur les caractères spécifi-
ques de cet oiseau; certains auteurs font du héron sans
aigrette et à bec jaune l’ardea alba, et du héron à bec
noir et portant une aigrette l’ardea egretta ou nigri-
rostris. En Asie et au Japon, une autre espèce porte le
nom d’ortentalis où egrettoides ; par contre, lardea
leuce du Brésil a le bec jaune à tous les âges.
M. Garnier it plusieurs lettres de M. Desor, datées
d'Alger. 3
M. L. Favre dit quelques mots des articles de M.
Hæfer insérés dans le journal /e Cosmos . et dans les-
quels l’auteur prétend expliquer les anciennes cons-
tructions trouvées dans les lacs de la Suisse par le tra-
vail des castors.
PIE
PURE. KP,
oh ARLES
{
» b
— À425 —
Séance du 20 novembre 1863.
Présidence de M. L. COULON.
M. Favre présente de la part de M. Olivier Mathey,
du Locle, un certain nombre de plaques d’émail peintes
par üun procédé dont ce dernier est l'inventeur et qui
permet d'obtenir à bon marché une quantité considé-
rable d'épreuves. Les sujets que l’on se propose de re-
produire sont imprimés sur papier par le moyen de
la chromolithographie, en ayant soin de n’employer
que les couleurs en usage dans la peinture sur émail et
choisies de manière à être fusibles à la même tempéra-
ture. On décalque sur la plaque et on passe au feu. Les
peintures mises sous les yeux de la Société ne sont que
des essais plus ou moins réussis, mais qui suffisent ce-
pendant pour montrer le parti qu’on pourrait en tirer
lorsqu'on s’appliquerait à perfectionner le procédé et
surtout lorsqu'on aurait acquis l’habileté résultant d’une
_ certaine pratique. On pourrait ainsi obtenir non-seuie-
ment la peinture commune et à bas prix sur porcelame
et sur émail, mais encore un travail de la plus grande
finesse à l’aide de retouches au pinceau, soumises en-
suite à l’action du feu. La décoration des boîtes de
montres, qui emploie si fréquemment l'émail enrichi
de peintures, trouvera peut-être dans ce procédé un
secours précieux, et notre fabrique neuchâteloise se
verrait ainsi en élat d'exécuter elle-même une partie
de ce travail pour lequel elle a été jusqu’à présent tri-
butaire de Genève pour des sommes qui atteignent
chaque année une valeur considérable.
-
— 426 —
M. Favre rapporte que, le 27 août dernier, vers 3
heures après midi, il a vu des vapeurs blanchâtres flot-
ter d’abord autour des sommets neigés de l’'Oberland,
Eiger, Mônch, Jungfrau et sur d’autres situés plus à
l’est; ces vapeurs ont paru ensuite balayées par un vent
soufflant du sud-ouest au nord-est; puis elles ont pris
une direction inclinée et semblaient rouler vers le fond
des vallées, du côté de la plaine suisse, avec une rapi-
dité extraordinaire. Une demi-heure après, il aperçut
le même aspect se produire sur des sommets situés plus
à l’ouest et qui jusqu’alors étaient restés parfaitement
purs. Le vent se transportait donc de l’est vers l’ouest,
bien que les vapeurs fussent chassées dans une direction
inverse. Le phénomène se maintint le reste de la soi-
rée avec une égale intensité. Il jugéa tout de suite
qu’un fœhn violent soufflait sur les Alpes, soulevait la
neige poudreuse autour des hautes sommités et la trans-
portait au loin comme de légères vapeurs; mais ce qui
le surprit, ce fut le sens dans lequel le courant d’air se
propageait et qui était inverse à sa direction comme
dans les vents d'aspiration. Quelques jours après, il
lisait dans les journaux qu’un foehn terrible avait souf-
flé à Uri et à Schwytz le 27 août dans l'après-midi et
avait mis en danger les habitations. La police avait dû
prendre des mesures sévères ; elle avait fait éteindre les
feux chez les boulangers et défendu de fumer dans les
rues. À Brunnen, les bateaux à vapeur n'avaient pu
aborder pour le service de la station, et les vagues
inondaient les personnes qui s’approchaient du rivage.
M. Guillaume, docteur, fait voir deux ceps de vigne
où la fructification a présenté des anomalies singulières.
RE SSe ARER
Le premier est un cep de raisin blanc provenant des
vignes de Saint-Blaise. A la suite d’une blessure d’ori-
gine inconnue, l'irritation organique à amené une ac-
cumulation de sucs, non-seulement dans la tige blessée,
mais encore dans la grappe, qui s’est transformée par
le gonflement du pédoncule et des pédicelles en une
masse ligneuse un peu ramifiée.
L'examen microscopique montre que cette substance
lignéuse est entièrement cellulaire. Sur le même cep,
on voyait au-dessous de la grappe hypertrophiée une
seconde grappe qui n’était pas affectée de cette ma-
ladie. |
Le second cep, de l'espèce petit vin rouge, porte
plusieurs grappes qui n'ont pu se développer depuis
l'époque de la floraison. Chaque grain de raisin est
remplacé par un grand nombre de petites écailles qui
font ressembler les grappes à celles des rumex. Cet
avortement s’élait déjà produit l’an passé sur le même
cep.
M. Louis Coulon remarque que des renflements dus
à l’accumulation des sucs s’observent assez fréquem-
ment sur les sapins, les frênes, etc. Chez les premiers,
ils sont produits par la végétation d’un champignon pa-
rasite qui provoque l’afflux de la sève et surtout de la
résine ; en cet endroit la ténacité est plus faible qu'ail-
leurs et la rupture s’y fait plus facilement.
Au sujet du second cep, il y voit une transformation
des étamines en écailles et il cite les anémones sylvies,
dont il a souvent trouvé des exemplaires où la fleur
était complétement changée en feuilles.
— 428 —
M. ter, ingénieur, donne la relation suivante d’un
phénomène électrique qu'il a observé près de Pontar-
lier, le 2 novembre, à 6 heures du soir.
Son parapluie s’est trouvé subitement éclairé par des
flammes bleuâtres de quatre centimètres de longueur
placées à l’extrémité de chaque baleine, qui était gar-
nie d’une pointe métallique. La température pouvait
être de 1 ou 2 degrés au-dessus de zéro; le eïel était
nuageux et la nuit fort obseure ; le vent soufflait avec
force et il tombait une neige fine qui fondait aussitôt
qu'elle était arrivée à terre. Sur son parapluie, cette
veige s’agglutinait par la fusion et formait une croûte
plus épaisse vers le milieu, dont la cohésion augmen-
tait de plus en plus par le regel de l’eau, qui ne s’écou-
lait qu’en petite quantité.
Les flammes n'avaient pas de chaleur sensible ; elles
variaient avec l'intensité du vent, augmentaient ou di-
minuaient de longueur suivant qu'il soufflait plus ou
moins fort; elles ressemblaient à des aigrettes. En te-
nant le parapluie contre le vent, chaque extrémité était
illuminée; en le tenant horizontalement, les pointes
situées du côté du vent ne donnaient pas de lumière,
les latérales montraient une légère flamme recourbée
suivant la direction du vent, et enfin les pointes oppo-
sées au vent présentaient une flamme de 4 centimètres
de longueur. Le vent dominant était celui d'ouest.
Le parapluie était en soie et la canne en bois dur.
Celle-ci ne donnait lieu à aucune manifestation élec-
trique, sans doute parce que son extrémuté était plane.
Ce phénomène est sans doute analogue à celui qui
est connu des marins sous le nom de feu de Saint-Elme.
Le parapluie était constamment chargé d'électricité
| — 429 —
par la neige, et l’étoffe étant un mauvais conducteur,
cette électricité se déchargeait par les pointes d'autant
- plus facilement que la neige était à demi fondue. Il faut
encore noter que l'approche du doigt, d’une clef, d'une
pierre, ne produisait aucune influence sur l'état de la
flamme.
M. ftter annonce encore qu'il a été surpris en exa-
minant les débris de roseaux dont les rives du lac sont
couvertes, de leur trouver l'apparence d’une carboni-
sation plus ou moins avancée, ressemblant à celle qui
est produite par l’action du feu. Cette carbonisation
lente de substances ligneuses, exposées à l'air et à l’hu-
midité, pourrait peut-être expliquer celle qu'on remar-
que sur les pieux des habitations lacustres, qui présen-
tent tous plus ou moins l'apparence de débris brûlés;
les extrémités de ces pieux, qui ont souvent trois ou
quatre pieds hors de l'eau, n’ont pu être tronquées par
un incendie, et conserver encore cette longueur dans
un foyer ardent.
Il présentera dans la prochame séance des échantil-
lons au visu desquels la discussion sera plus facile.
M. Paul de Meuron cite le fait assez curieux que le
pavé en granit établi dernièrement sur la place de
l'hôtel de ville reste toujours humide et eomme mouillé,
tandis qu’à côté le pavé de grès est sec et blanc. Cela
vient sans doute de l’affinité que les granits ont pour
l’eau ; ce qui fait qu’ils se décomposent généralement
plus ou moins rapidement dans nos climats, soit à
l'air, soit dans la terre, par la dissolution des éléments
alcalins. La végétation de certaines espèces de plantes
— 430 —
qui affectionnent les sols granitiques est probablement
aussi due à cette humidité constante et à cette décom-
position.
M. Host cite les obélisques d'Egypte qu’on a trans-
portés à Paris et qui y perdent peu à peu leur lustre
par l’effet de l'humidité, tandis qu'ils s'étaient con-
servés intacts et brillants dans le climat sec de l'Egypte.
M. Favre indique le fait analogue que les canaux
creusés dans nos rues, pour les conduites à gaz, il ya
plusieurs années , se distinguent encore nettement du
terrain avoisinant par une couleur plus foncée. La terre
non encore bien tassée qui les recouvre, absorbe et con-
serve mieux l'humidité que le reste du sol.
Séance du 4 Décembre 1863.
Présidence de M. L. COULON.
M. Coulon distribue, de la part de M. Paul de Meu-
ron, ingénieur, une brochure ayant pour titre : Ques-
tion des eaux et qui expose les études faites en vue de
procurer à la ville de Neuchâtel l’eau nécessaire à son
alimentation. |
M. Xopp présente la note des dépenses faites pour
l'achat et l'installation des instruments destinés aux
trois stalions météorologiques fédérales du canton de
Neuchâtel. Après une discussion, on renvoie au comité |
— 431 —
de météorologie le soin d'examiner ces comptes et de
faire les démarches nécessaires pour obtenir les fonds
alloués à cet usage.
M. Kopp annonce que deux stations sont en activité et
donnent d’excellents résultats ; ce sont celles de l’Ob-
servatoire cantonal, sous la direction de M. le D’ Hirsch,
et du sommet de Chaumont, desservie par M. Sire, ins-
tituteur, qui s’acquitte de ses fonctions d’observateur
de la manière la plus satisfaisante. Depuis létablisse-
ment des nouvelles stations, on a cessé les observations
au Gymnase et M. Kopp ne fait plus que celles du lim-
nimètre.
M. George Guillaume présente plusieurs échantillons
de Gentiana verna qu'il a cueillis près des Bayards, le
1” décembre.
M. le D' Hrsch fait deux communications : l’une
sur les découvertes en astronomie pendant l’année
1863; dans l’autre, il rend compte des recherches de
M. Wolf sur les taches du soleil. (Voir Appendice.) Il
dépose en même temps sur le bureau le XV** cahier
publié par M. Wolf sur ce sujet.
M. L. Favre présente le dessin d’un Lycoperdon gi-
ganteum qui lui à été remis par M. le D' Guillaume. Ce
champignon, trouvé au-dessus de Hauterive en sep-
tembre dernier, était de taille colossale; il mesurait
plus de { pied de diamètre et pesait 4“/ livres. Chacun
a pu en voir un pareil à l'exposition de Colombier, le
24 septembre. D’ordinaire, cette espèce n’atteint pas
des dimensions aussi considérables, et les deux échan-
— 4 + ë
tillons que nous en avons eus attestent que les cireons-
tances ont été cette année éminemment favorables au
développement de ces végétaux.
M. Favre fait voir encore plusieurs exemplaires de
l'Elaphomyces granulatus, champignon souterram voi-
sin des truffes; ils ont été trouvés par des chasseurs qui
avaient remarqué au pied de la montagne de Boudry
de nombreuses places fouillées par les bêtes sauvages,
sangliers ou blaireaux. Curieux de savoir ce que le sol
pouvait contenir, ils creusèrent à leur tour et décou-
vrirent, à quelques pouces de profondeur, quantité de
petits corps arrondis, de la grosseur d’une noix, qu'ils
prirent pour des truffes. M. soie ajoute que ces cham-
pignons sont assez répandus dans les forêts de sapins de
nos montagnes, et qu'ils se rapprochent des Lycoper-
dons par la présence d’une poussière brune, formée
par les spores, qui se développe dans l'intérieur, quand
ces végétaux ont acquis un certain âge:
M. le D' Guillaume demande que l’on mette en dis-
cussion la création d’une section d'Histoire. Il'sait
qu'une société est sur le point d’être fondée à Neuchà-
tel, pour s’occuper de recherches historiques, par quel-
ques personnes que notre titre de Société des Sciences
naturelles effarouche. D'un autre côté ilest à cramdre
que les forces actives de notre petite ville ne s’éparpil-
lent aux dépens de leur énergie et de leur puissance.
Il croit qu'une société nombreuse s’occupant de‘tra-
vaux même un peu disparates, a plus de chances de vie
que plusieurs petites associations qui finiraient par se
dissoudre faute d'aliments. Rien n’empêcherait d’in-
troduire dans notre Bulletin une partie distincte qui
— 4 —
renfermerait les travaux de la section dont il propose
la création. Il fait remarquer que sa demande a pour
effet de régulariser ce qui existe depuis plusieurs an-
nées, puisque nous recevons sans observations les com-
munications archéologiques auxquelles ont donné lieu
les découvertes d’antiquités lacustres dans notre voisi-
nage, sans compter les notices présentées par M. le co-
lonel de Mandrot sur des sujets de cette nature. Si sa
proposition est admise et si elle détermine l'admission
de membres nouveaux et l'apparition de travaux nom-
breux, il demanderait que les séances eussent lieu
chaque semaine, et que les membres qui auraient des
communications à présenter en avertissent d'avance
M. le Président, afin que celui-ci pût en donner avis
sur les cartes de citation ou par la voie des journaux.
On saurait ainsi quels jours on s’occuperait de ques-
tions historiques ou de sciences naturelles; 1l est con-
vaincu que cet arrangement serait agréable à bien des
personnes dont le temps et les goûts ne s’accommodent
pas toujours du mode suivi actuellement et dont la
conséquence est que chacun ignore le programme de la
séance où l’on se rend.
Cette proposition, appuyée par plusieurs membres,
est mise aux voix et adoptée. M. le Président rappelle
que la Société ne s’est jamais occupée de politique :
c’est une des conditions de son existence; si l’histoire
entre dans le programme de nos attributions, elle ne
doit pas entraîner avec elle un élément dont 1l redoute
les conséquences pour l'avenir de notre Société.
M. Ritter présente des échantillons de débris de bois
de toute nature et d’une antiquité en général imdéter-
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 29
— 434 —
minée. Ces échantillons sont plus ou moins noirs et ont
plus ou moins laspect du charbon. Cette coloration
parait être complètement différente de l’action décom-
posante, qui agit en général sur les débris de bois aban-
donnés sur terre ou ‘dans l’humus des forêts. Les fibres
présentent une dureté pareille à celle du bois encore
en croissance et elles sont même parfaitement visibles.
Les échantillons coupés ou entaillés se distinguent faci-
lemeni du charbon, même flotté pendant longtemps,
en ce que celui-ct crie sous l’action de la lame et pré-
sente des molécules brillantes, provenant des cendres
intercalées entre les molécules de charbon, tandis que
le bois flotté présente une coupure mate et sans parties
brillantes. Un échantillon de pilotis moderne, remon-
tant à un siècle ou 150 ans au plus, soumis à l’action de
la chaleur d'un four de boulanger pendant quelques
heures, s’est fendillé à la surface, et si cette action eût
duré plus longtemps, le fendillement serait probable-
ment devenu pareil à celui présenté par les piquets cel-
tiques. Il résulte donc de ces faits, que lon peut con-
clure avec certitude que l'apparence noire et fendillée
de la plupart des piquets d'habitations lacustres n’im-
plique en aucune façon l’idée de la destruction générale
de ces habitations, et que, à l'exception de nombreux
cas particuliers où l’action du feu ne saurait être mise
en doute, on peut hardiment avancer que le reste des
piquets lacustres présente une apparence noire et fen-
dillée, produite par l’action lente mais sûre de colo-
ration ou de carbonisation de l’eau sur le bois. Le phé-
nomène se présente, du reste, généralement dans tous
les objets en bois mis en contact permanent avec l'eau,
comme les barques, les seaux, les pompes, etc.
— 435 —
M. Ritter, à propos de la question de distribution
d’eau nouvellement projetée par le Conseil municipal
de Neuchâtel, pose à l’assemblée une question d’un
grand intérêt pour les demandeurs en concession de ce
projet : C’est celle de limperméabilité des couches
géologiques destinées à recevoir le réservoir régulateur
du Plan. Le projet comporte l'exécution d’un immense
réservoir au verger des Cadolles, situé au nord du Crêt
du Plan. Dans la construction de ce réservoir, on utilise
aussi une partie de la combe valangienne située sur le
coteau dominant la ville. Pour rendre imperméable ce
réservoir de 250% X 150" SK 10°, soit d’un cube de
375,000 mètres, il est prévu un cimentage qui doit
coûter 100,000 fr.; ainsi M. Ritter demande si MM. les
géologues présents pourraient donner quelques imdica-
tions sur le degré de perméabilité du sol en cet endroit,
afin de savoir si les entrepreneurs du projet peuvent
prévoir une économie dans le prix porté au devis pour
cet objet.
M. le Président fait la remarque que le réservoir re-
posera en partie sur des couches de Portlandien et que
le petit mont ou affleurement central de jaluse qui di-
vise le verger des Cadolles longitudinalement, ne permet
guère d'espérer l’imperméabilité dans la région nord
de ce verger et à partir de cet affleurement, tandis que
dans la combe sud, formée de marnes valangiennes,
cette imperméabilité est possible et même probable.
M. Garnier lit plusieurs lettres de M. Desor, datées
de Constantine et de Biskra.
— 436 —
LES DÉCOUVERTES EN ASTRONOMIE
faites en 13653.
Messieurs,
Le dernier rapport, que j'ai eu l’honneur de vous faire sur les
découvertes de nouveaux astres du système solaire, terminait la
liste des petites planètes, entre Mars et Jupiter, avec le N° 76 trou-
vé par M. d’Arrest et nommé freia. Ce groupe s’est augmenté
depuis de trois autres planétoïdes, dont le nombre total atteint
maintenant le chiffre 79. — La première fut découverte le 12
novembre 1862 par M. Peters, à Hamilton Colledge Observatory,
Clinton (New-York), auquel on doit aussi la découverte du N° 75.
C’est un petit astre de 13° grandeur, d’une lumière blanche et
nette, qui frappait surtout par le contraste avec une autre petite
planète, Feronia, qui se trouvait tout près d'elle et dont la lu-
mière était beaucoup plus diffuse et montrait un ton gris-bleuà-
tre. Cette planète a recu le nom de Frigga, parce que Frigga et
Freia se trouvent souvent associées dans la mythologie du nord,
dont l’Asgard commence décidément À faire une concurrence sé-
rieuse à l’Olympe grec. — La 78"° planète a été découverte
par l’infatigable M. Luther, à Bilk, le 15 mars de cette année;
l’astre qui, lors de sa découverte, était de 10° grandeur, a été
nommée Diana. — La dernière enfin, qui manque encore de
nom, fut trouvée le 14 septembre dernier par M. James Wattson,
à Ann-Arbor, en Amérique; elle est également de 10°° grandeur.
Le nombre des comètes s’est accru plus considérablement; car .
les deux de 1862, dont je vous parlais il y a un an, sont augmen-
tées d’une troisième, et l’année 1863 compte déjà cinq de ces as-
tres, dont une est actuellement visible. Je me permets de revenir
|
4
+ CR
— ÀAST —
en quelques mots sur la comète IT de l’année dernière, sur laquelle
je vous ai communiqué mes observations accompagnées de des-
sins. Vous vous rappellerez le curieux appendice que cette comète
montrait du-côté du soleil et dont je vous ai décrit les mouve-
ments oscillatoires. Mon opinion, que ces phénomènes intéres-
sants étaient dus à un secteur lumineux animé d’un mouvement
rapide de pendule, et non à des jets de lumière différents et consé-
cutifs, a été confirmée par d’autres astronomes, surtout par M.
Tietjen, à Berlin, dont les observations s’accordent parfaitement
avec les miennes et confirment mes dessins, aussi bien pour l’éten-
due que pour la période du mouvement de l’appendice. L’angle
consigné entre la ligne médiane du secteur lumineux et la direc-
tion de la comète vers le soleil, montre les valeurs suivantes :
h. m. 0
Août 15, à 13 24 + 50,5
16, à 9 50 + 13,6
19, à 12 40 — 3,2
19, à 13 923 + 1,4
20, à 10 9 + 23,2
20, à 13 59 + 37,1
25, à 933 —11,4
26, à 10 40 — 60,8
27, à 40 26 —95,5
28, à 10 3 + 11
29, à 9 49 + 25
Ces chiffres prouvent, en effet, une oscillation entre les limites
extrêmes de 420° et laissent voir une période d’environ 5 jours
pour l’oscillation simple. M. Tietjen a également remarqué les.
différences alternantes d’éclat des deux côtés du secteur, ainsi que
sa courbure variable, telles que je les ai représentées. J'ajoute que
M. Murmann, de Vienne, a observé des phénomènes de polari-
sation dans la lumière de cette comète.
La ['° comète de cette année a été découverte par M. Pruhns,
à Leipsig, le 1* décembre 1862. (Je dois expliquer, à cette occa-
sion, que le rang des comètes se détermine, non pas d’après la
date de leur découverte, comme c’est le cas pour les planètes,
mais d’après l’époque de leur passage au périhélie; ainsi la co-
mète de Bruhns, quoique découverte en 1862, est la 1"° de l’an-
»
— 438 —
née 1863, parce qu’elle passe par le périhélie le 3 février de cette
année.) L’astre montrait, lors de sa découverte, une faible nébu-
losité très-diffuse, sans queue et sans noyau bien distinct, ce qui
rendait les observations exactes de position assez difficiles et
empêche le calcul d'éléments elliptiques, bien qu’il fùt visible
pendant plus de trois mois. Vers le milieu da mois de janvier, on
aperçut une concentration de lumière, qui se transforma peu à
peu en un vrai noyau, situé au foyer de la nébulosité ellip-
tique, dont le grand axe mesurait 1 1}, et le petit 4’ d’are. L’in-
tensité du noyau était surtout brillante vers le milieu de février,
peu après le passage au périhélie; mais elle diminua aussi très-vite.
Le 41 avril 1863, M. Ælinkerfues , à Gottingue, découvrit la
IF comète, qui fut aperçue aussi d’une manière indépendante
par M. Donati le 14 du même mois. Cette comète, peu brillante,
avait un faible noyau et ne montrait pas de trace de queue. Le
mouvement, dans une orbite très-inclinée (de 732,5), était rétro-
grade, — Un jour après, le 12 avril, M. Respighi, de Bologne,
trouva dans la constellation de Pégase une autre comète {la [TI°
de l’année), qui devint bientôt visible à l’œil nu. Car son noyau
avait l'éclat d’une étoile de 3° grandeur, et sa lumière planétaire
et brillante contrastait fortement avec la nébulosité fine et égale-
ment disposée de la coma et de la queue; cette dernière atteignit
la longueur de 5° environ. Cet astre intéressant, qui montrait en
miniature à peu près l'aspect de la grande comète de Donati, s’af-
faiblit rapidement, de sorte qu’il n’a pu être observé à partir de la
fin de mai. Son mouvement était direct et son orbite presque
perpendiculaire à l’écliptique (son inclinaison était de 85e).
La Z Ve comète de 1863 fut découverte le 9 octobre par un as-
tronome amateur, l’horloger Bäcker, à Nauen ; son aspect peu
intéressant montrait une nébulosité aux contours mal définis
avec une trace de noyau excentrique.
Enfin la V® de cette année a été trouvée le 4 novembre par
M. Tempel, à Marseille; son noyau, brillant, a l’éclat d’une
étoile de 4%° grandeur et une queue de plus de 4°. Quoiqu’elle
soit par conséquent visible à Pœil nu, je n’ai pas encore réussi à
l’observer; car dans les rares nuits claires dont nous jouissons à
cette saison, le ciel s’est couvert de brouillards le matin, quand
la comète est visible.
— 439 —
RECHERCHES NOUVELLES
SUR
LES TACHES DU SOLKETIL.
J'ai l'honneur de remettre à la Société, de la part de mon ami
et collègue M. Wolf, de Zurich, le 15"° cahier de ses communi-
cations sur les taches du soleil.
M. Wolf a disposé pour l’année 1862 de 342 jours d’observa-
tions complètes, d’après lesquelles le soleil ne s’est montré pen-
dant cette année dénourvu de taches que trois jours, le 2, 3 et 4
du mois de décembre. Le nombre relatif moven pour 1862 est
trouvé égal à 59,4; comme ces nombres étaient pour les années
Ur.
Années : 1858 1859 41860 1861 1862
Nombre relatif : 50,9 96,4 98,6 77,4 59,4
la détermination du maximum des taches pour 1860,2 s’est, en
effet, complètement vérifiée.
M. Wolf déduit de ce chiffre des taches solaires de 1862 et d’a-
près les formules qu’il a établies pour le rapport entre elles et la
déclinaison magnétique à Munich et Prague, les valeurs suivantes
de cet élément magnétique :
Pour Munich, la variation moyenne annuelle de la décli-
Miensépait mou palm eu soon sditibnenr pige
Et pour Prague . . + MEMBRES
M. Wolf étend ensuite cette cop Fab aux observations ma-
gnétiques de Cracovie et de Christiania, pour lesquelles il établit
— À40 —
les formules qui servent à les relier avec le nombre des taches du
soleil. À cette occasion, M. Wolf accepte les remarques que j’a-
vais faites dans mon rapport de 1862, où j’avais émis l’opinion
que l'équation qui exprime la relation des deux phénomènes, de-
vait contenir des termes dépendant du temps, ef que les variations
des éléments magnétiques, tout en dépendant dans leurs valeurs
moyennes et générales des causes cosmiques, comme le prouvent
les travaux de M. Wolf, pourraient bien aussi être influencées par
les phénomènes météorologiques en ce qui regarde du moins les
variations irrégulières, locales et les perturbations. M. Wolf indi-
que cette fois même une relation entre la périodè séculaire de la va-
riation magnétique et la marche du phénomène des taches solaires.
Mais ce qui intéresse surtout dans ce nouveau cahier, ce sont
les recherches soit de M. Wolf lui-même, soit de son collégue
M. Fritz, sur le rapport qui existe entre la fréquence des ta-
ches du soleil et celle des aurores boréales. Ces deux messieurs
ont, en effet, réussi à démontrer une analogie étroite entre ces
deux phénomènes; car, tandis que pour les années riches en ta-
ches de soleil, le nombre moyen des aurores observées est 39,1,
il n’est que 28,2 pour les années où le soleil montre peu de ta-
ches, et réciproquement pour les années où le nombre des au-
rores est compris entre 9 et 30, la fréquence des taches solaires
s'exprime en moyenne par 34,7, tandis que ce chiffre monte à
56,3 dans les années où l’on a observé entre 31 et 53 aurores.
Cette relation étroite devient encore plus frappante, si on repré-
sente les deux phénomènes graphiquement par les courbes, soit
des nombres relatifs des taches, soit des nombres annuels des
aurores. En effet, le parallélisme de ces deux courbes est évident,
non-seulement si l’on tient compte de toutes les aurores obser-
vées quelque part, mais aussi si l’on se borne à celles qu’on a
vues dans la zone tempérée de l'Europe, et même il se vérifie pour
les aurores remarquées en Suisse seulement. Non-seulement on
reconnaît aisément dans la courbe des aurores la-période de 44 */,
ans, mais on y retrouve aussi fortement indiquée la grande pé-
riode de 56 ans, établie pour les taches du soleil. Lès maxima et
minima correspondent presque partout exactement dans les deux
courbes. — Vous remarquerez sur le tableau de M. Fritz le
parallélisme remarquable entre les courbes qui représentent la
Lu
— Al —
:
fréquence des aurores dans les différents mois; seulement les
maxima sont plus fortement accusés dans les mois d’hiver, qui
sont généralement plus riches en aurores que l'été. M. Fritz re-
marque aussi à cette occasion, que les aurores ne sont nullement,
comme on le croit souvent, continuelles dans les régions polai-
res; Car Parry et Wrangel n’ont vu dans l’hiver de 1822 à 1823
que de rares et faibles autores, et le capitaine Ross n’en a pas ob-
servé davantage en 1833, lorsqu'il hivernait dans le détroit du
Prince-Régent.—M. Fritz montre, en outre, que la période de 56
ans, qu’il a conclue des observations d’aurores de 1710 à 1862,
s’accorde avec les notices historiques qu’on trouve sur les années
extraordinaires par le nombre et l’intensité des aurores, depuis le
commencement de notre ère, et cela beaucoup mieux que la pé-
riode de 65 ans que Hansteen et Olmsted avaient cru remarquer
dans les fréquences de ces phénomènes. — Le dernier de ces sa-
vants, dans son ouvrage : On the recent secular-Period of the Au-
rora borealis, avait aussi émis l'hypothèse d’une relation qui
existerait entre les aurores d’une part et la lumière zodiacale et
le phénomène météorique de novembre de l’autre; mais non-seu-
lement la période de ces étoiles filantes de novembre est de 33
ans, mais les aurores offrent trop de caractères terrestres pour
pouvoir les assimiler directement avec les phénomènes cosmiques
comme le sont la lumière zodiacale et les étoiles filantes. Cepen-
dant, les faits établis par MM. Wolf et Fritz ne me semblent pas
laisser de doutes possibles sur l'opinion que les aurores aussi,
bien qu’elles se passent dans notre atmosphère, se trouvent sous
l'influence de forces cosmiques, dont nous ignorons encore la na-
ture, mais dont nous reconnaissons l'effet dans les révolutions de
l'atmosphère du soleil aussi bien que dans la marche des élé-
ments magnétiques.
Je ne veux pas quitter ce sujet sans mentionner en quelques
mots les recherches intéressantes d’autres savants qui, comme
M. le professeur Spoerer, à Anclam , et M. Howlett, à Londres,
s’attachent plutôt à l’étude des changements de forme et de
place des taches solaires. M. Spoerer est arrivé par des recher-
ches minutieuses et exactes, poursuivies pendant nombre d’an-
nées, à conclure des mouvements propres des taches (abstraction
faite du mouvement de rotation du soleil), à existence sur le so-
— 442 —
leil de vents extrêmement forts et assez réguliers. Ila trouvé que,
près de l’équateur, dans une zone qui s'étend des deux côtés
jusqu’à 6° degrés, c’est un vent O. qui domine; dans deux autres
zones attenantes, dont chacune s'étend de Æ 6° à == 10e, la
direction du vent est variable, tantôt O., tantôt E.; enfin, au-
delà, c’est le vent E. qui prédomine; ou plutôt, comme presque
toutes les taches s’éloignent lentement de l'équateur ,vers les
pêles, c’est un vent S.-E sur l'hémisphère nord, et N.-E. sur
l'hémisphère sud, qui les poussent ordinairement dans ces lati-
tudes. M. le D' Spoerer a aussi déterminé la vitesse de ces diffé-
rents vents solaires. Celle du vent O. près de Péquateur est en-
viron de 26 lieues géographiques par heure; à 30° de latitude
australe , il en a mesuré qui parcouraient 34 lieues par heure;
el dans la zone qui est ordinairement la plus riche en taches,
cette vitesse est plus variable et surtout plus faible, de 43 à 17
lieues par heure. Il ressortirait de ces chiffres que Pabsence
presque complète des taches près de l’équateur et dans les hautes
latitudes est des à l'intensité en même temps qu’à la constance
des vents dominants, contrairement à l'opinion qui veut y voir
une preuve de la tranquillité relative de ces parties de lPatmos-
phère solaire. — M. Spoerer , enfin, a observé quelquefois des
mouvements de rotation bien prononcés, surtout dans la tache
double, à pénombre commune, du 24 mai 1863; ils provien-
Baden d’ouragans semblables à nos cyclones.
Cette même phtiiselutité a été observée par M. Howibit, le 11
mai 1863, sur un large groupe, qui subissait apparemment une
véhémente impulsion &e tourbillon ; le groupe, dans un moment
donné, offrait l’aspect d’une spirale, comme certaines grandes né-
bulosités.
Le même observateur, qui recoit l’image du soleil dans un en-
droit obscur sur un écran divisé et y dessine les contours et les
positions des taches, est arrivé à plusieurs remarques intéres-
santes. [l a constaté des changements de forme extraordinaires
dans des grandes taches, qui prouvent que des millions de lieues
carrées de taches et de matière photosphérique disparaissent en-
tièrement pendant le parcours de la tache, ou changent telle-
ment qu’elles sont à peine reconnaissables. De petites taches de
>" à 6” de diamètre (quelques cent mille lieues carrées) mon-
be. Lu.
— 443 —
trent, par contre, une constance remarquable dans leur forme.
Il a souvent remarqué que les dépressions qui forment les pé-
nombres sont très-peu profondes. Enfin, quoique ordinairement
les noyaux existent avant la formation des pénombres, il arrive
quelquefois aussi le contraire; contrairement à l’opinion de
M. Kirchhof, qui a récemment publié un grand travail sur la
constitution du soleil, travail sur lequel je me permettrai proba-
blement de revenir à une autre occasion.
TER EST —
Séance du 18 décembre 1863.
Présidence de M. L. CouLOoN.
M. le D° Gullaume, lit la première partie d’un
travail sur les Maladr eries ou léproseries. (Voyez Ap-
pendice.)
M. Hirsch fait une communication relative à la hau-
teur du lac de Neuchâtel, au-dessus du niveau moyen
de la mer. I] discute et compare les diverses valeurs qui
ont été trouvées par Ostervald et par divers ingénieurs
à la suite de travaux basés sur des méthodes ou sur des
points de départ différents. (Voir Appendice.)
Une discussion s'engage sur ce sujet, à laquelle pren-
nent part MM. Ladame, Kopp, Ritter et Georges Guil-
laume.
M. Garnier continue à intéresser vivement la Société
par la lecture des lettres de M. Desor. Aujourd’hui c’est
une lettre datée de l’oasis de Tuggurt.
M. de Mandrot présente trois dessins topographiques
qu'il a relevés et dessinés, savoir : celui du petit château
— 444 —
de Montbar, sur la rive opposée du lac; celui d’une
portion de la forêt du Devin, au-dessus de Gorgier, et
le troisième est celui de la fortification dite redoute des
Bourguignons.
Séance du 8 janvier 1864.
Présidence de M. L. COULON.
|
M. Desor présente cinq monnaies gauloises que son
pêcheur a retirées du milieu des pilotis de la Têne, as-
sociées à des fers de lance et à des agrafes en fer.
La Société a ensuite entendu avec un vif intérêt une
communication de M. Desor, sur le voyage qu'il vient
de faire dans le Sahara, en compagnie de M. Martins,
directeur du Jardin botanique de Montpellier, et de
M. Escher de la Linth, le savant géologue de Zurich.
M. Desor rappelle d’abord que le but primitif de leur voyage
n'était pas de pénétrer dans le désert, ils ne l’ont fait que sur
l'invitation du général Desvaux, gouverneur de la province de
Constantine, qui leur a offert avec la plus grande obligeance le
concours de tous les moyens dont le gouvernement peut disposer,
tant pour assurer leur sécurité que pour leur procurer les vivres
et le couvert. Sans cette puissante assistance, il n’est pas possible
à des étrangers d'entreprendre une pareille exploration. Quant au
danger, il est peut-être moindre aujourd’hui que l’année der-
nière; il n’y a pas si longtemps que des bandits tunisiens exer-
aient leur industrie dans le voisinage des oasis. Une correction
sévère leur a été infligée au mois d'août, et une vingtaine de
paires d’oreilles, envoyées à Constantine, ont témoigné de l’acti-
vité de la police indigène; en outre, l'Etat de Tunis a payé une
indemnité qui a dû éveiller sa vigilance à l’endroit des marau-
deurs, ses ressortissants. Cependant, la présence d’une escorte
n’est pas chose complètement superflue sur la frontière tunisien-
— 445 —
ne. En tracant leur itinéraire , le général Desvaux leur avait
particulièrement recommandé de visiter Tuggurt et d'opérer leur
retour par les oasis du Souf; là seulement ils verraient une po-
pulation et des accidents de pays capables de leur donner une
idée de la vraie Afrique. Il est vrai que ce n’est pas la route sui-
vie par les touristes, qui se bornent d'ordinaire à visiter El-
Aghouat ou Biskra, pour de là faire quelques excursions dans le
désert. Enfin, grâce à l’accueil hospitalier et cordial fait aux trois
voyageurs par les autorités françaises et indigènes, et grâce à
l'intérêt soutenu que prit à leurs recherches M. le capitaine Zi-
ckel , directeur des puits artésiens, ils purent explorer une assez
grande étendue du Sahara, pour s’en faire une idée complète et
en établir la théorie.
M. Desor distingue trois espèces de déserts : 1° le désert des
plateaux ; 2° le désert d’érosion ; 3° le désert des dunes.
Le désert des plateaux, entre Biskra et l’'Oued-Rir, se présente
sous la forme de plaines qui s’étendent à perte de vue et qui sont
semées de cailloux, recouvrant une croûte de gypse, formant un
véritable horizon géologique. Ces cailloux, de petite dimension
et bien arrondis, sont les uns de calcédoine, les autres de calcaire
ou de silicates opaques. M. Desor en présente plusieurs échan-
tillons dont le diamètre ne dépasse pas un ou deux centimètres ;
la plupart sont rougeâtres et à demi-transparents. L'origine de
ces cailloux est encore obscure. Mais cette plaine caïllouteuse
n’est pas absolument nue; cà et là se montrent des touffes de di-
verses plantes qui paraissent s’accommoder parfaitement du sol
et du climat; ce sont entre autres l’Ephedra fragilis, qui tient le
milieu entre les prêles et les conifères, et qui semble jouer dans
le désert le rôle du pinus mugho dans nos Alpes, comme plante
rustique, robuste et résistante; ses racines traçcantes, trouvant
peu de terre végétale, vont la chercher au loin et s’allongent
souvent à une distance extraordinaire de la tige. — Outre quel-
ques genêts, pistachiers et tamarix , on rencontre très-fréquem-
ment une grande graminée, espèce de Sfypa, haute de plusieurs
pieds, et qui est connue des Arabes sous le nom d’A/fa. Cette
plante est utile; elle ne sert pas seulement de nourriture aux
chevaux et aux chameaux; on en fait aussi des ouvrages de spar-
terie, des nattes, des chapeaux, des gamelles, des pots à contenir
— 446 —
le lait et l’eau, etc. Pour le voyageur, l’Alfa est une ennuyeuse
végétation; de loin, comme le remarque fort bien M. Fromen-
tin, on dirait une immense moisson qui ne veut pas mürir et
qui se flétrit sans se dorer. De près, c’est un dédale, ce sont des
méandres sans fin, où l’on ne va plus qu’en zig-zag et où l’on
butte à chaque pas. Il n’y a jamais d’eau dans l’Alfa ; le sol est
grisâtre, sablonneux, rebelle à toute autre végétation, à- moins
que des pluies exceptionnelles ne viennent rafraîchir ce sol ar-
dent. Le désert change alors d’aspect ; nos voyageurs trouvèrent,
au retour, après quelques jours de pluie, le plateau entre lOued-
Rir et Biskra, garni d’une quantilé de jeunes plantes; la vie
végétale s’élait réveillée, et bien qu’en décembre, il offrait l’as-
pect du printemps.
Désert d’érosion. — Ce désert sans eau est caractérisé par des
érosions énormes et par un sol saturé de sel. On se rend compte
de ces érosions en examinant, près de Biskra, lOued-Djeddi, ri-
vière dont le lit est large de plusieurs kilomètres, bien qu’à l'or-
dinaire l’eau manque presque entièrement. Mais quand les eaux
sont hautes, manquant d’un thalweg bien accusé, elles divaguent
et se répandent à droite et à gauche sur un immense espace en
produisant des érosions extraordinaires. Cela est dûà à la couche
de gypse formant à la surface du sol une espèce de plancher qui,
ne se laissant pas fouiller facilement par l’eau, ne permet pas à
celle-ci de se creuser un lit profond. Le terrain a toute Pappa
rence de champs fertiles; mais en réalité, il est d’une stérilité
absolue, rien n’y croît, et cette terre, d’une belle couleur brune,
est toujours aride. Le sel dont elle est saturée est la cause de cette
stérilité, et ce sel indique avec la dernière évidence que l’on foule
le fond die ancienne mer, On reconnaît à l'instant ces terrains
salés, parce que le sabot des chevaux n’y soulève aucune pous-
sière; une troupe nombreuse peut y trolter comme sur aire ba-
layée d’une grange. Cela frappe surtout lorsqu'on vient de par-
courir un espace sablonneux où l’on est incommoué par la pous-
sière; tout à coup celle-ci disparaît; on est sur le désert salé. La
ie de sel est si grande et celui-ci absorbe tant d’eau pen-
dant la nuit que le sol reste humide pour toute la journée. Dans
les endroits où le sel n’est pas en excès de manière à exclure
toute végétation, on trouve des plantes analogues à celles des
.
ACCES
— AT —
marais salants: des salsola, des salicornes, des tamarix, des ge-
nêts, etc.
Désert des dunes. — Cest le désert absolu, le sable aride,
mouvant, sans végétation, où le chameau seul marche à laise.
On en voit un échantillon à une journée de marche à l’ouest de
Biskra ; là les dunes rappellent celles de la Hollande; mais entre
Tuggurt et l'Oued-Souf, M. Desor put contempler le grand désert
de sable, celui qui dans tous les temps et sur tous les peuples a
produit une impression d’épouvante et d’effroi. La plaine blan-
châtre ou jaunâtre est fortement ondulée; ces ondulations sont les
dunes soulevées par le vent.
La hauteur de ces vagues est très-variable ; elle atteint souvent
50 pieds; les deux versants sont inégaux, celui qui est opposé au
vent est plus escarpé que l’autre, ce dernier est en pente douce
et le sable v est assez raffermi pour qu'on puisse marcher sans
enfoncer beaucoup. Quand le vent souffle, le sable soulevé pro-
duit une espèce de brouillard qui devient d'autant plus épais et
dangereux que l’ouragan est plus fort. Ainsi qu’on peut le pré-
voir, les dunes ne sont pas immobiles, elles se déplacent, mais
lentement ; et en définitive le sable ne s’éloigne pas beaucoup de
son point de départ. Il n’en est pas iei comme au bord de Océan,
où les vents du large étant les plus constants et les plus intenses,
donnent aux dunes une impulsion presque toujours dans le même
sens. Dans le désert, les vents changent souvent de direction et
les dunes oscillent dans tous les sens et subissent toute espèce de
remaniements. Cependant la physionomie générale conserve ses
principaux traits pendant un certain temps, car on cite des guides
qui peuvent y reconnaître leur chemin. Comme ces guides sont
rares et qu’il est aisé de s’égarer dans ce dédale de dunes, le gou-
vernement français a fait planter des balises de distance en dis-
tance pour guider les caravanes, comme on le fait en hiver dans
nos neiges des Alpes et du Jura.
Quelle est l’origine de ce sable? Vient-il de la mer comme on
l’a admis longtemps, ou se produit-il sur place? C’est M. Vatonne,
ingénieur des mines qui, dans son voyage à Rhadamès, a résolu
cette question. Il a reconnu que les dunes sont le résultat de ter-
rains décomposés sur place, et M. Desor et ses compagnons de
voyage ont pu confirmer cette assertion en découvrant çà et là
— 48 —
dans le désert des lambeaux du sol primitif, espèces de témoins
dégarnis de dunes et protégés à leur surface par une croûte de
gypse, qui en avait empêché la démolition. La masse de ces té-
moins est composée d’un sable stratifié, mais friable , qui, lors-
qu'il est privé de sa couverture protectrice, se désagrège facile-
ment sous l’influence des agents atmosphériques et fournit ainsi
les matériaux des dunes. Or, comme cette action destructive
s'exerce d'année en année et de siècle en siècle, il s'ensuit que
la masse des dunes doit aller en augmentant continuellement.
Si le Sahara est le fond d’une mer disparue, il est intéressant
de se demander si celte disparition s’est effectuée tout d’un coup
par un soulèvement brusque du sol, ou peu à peu par des soulé-
vements successifs, et à quelle époque ce phénomène extraordi-
naire est venu changer l’aspect du continent africain, et par suite
apporter des modifications profondes dans le climat de l’Europe.
Tout porte à croire que ce fait est récent et qu’il s’est produit par
phases successives. M. Desor appuie cette opinion par des obser-
vations importantes. On connaissait bien l'existence d’une coquille
marine {Cardium edule) aux environs du Caravansérail d’Om-
Thiour, près du Chott-Melrir. On lavait en outre rencontrée à
une profondeur de 7" dans l’un des puits artésiens de cette loca-
lité. On pouvait dès-lors croire qu’elle appartenait au Chott ou
Lac Melrir. Il n’en est cependant rien. En effet, M. Desor et ses
compagnons de voyage eurent la bonne fortune de retrouver ce
même Cardium avec une autre coquille marine (une espèce de
Buccinum), d'étape en étape, jusqu’à une grande distance du
Chott (jusque près de Guemar dans le Souf) occupant toujours la
même position géologique, dans une couche de sable distincte-
ment stratifié au-dessous des gypses superficiels. Il est évident
dès-lors que ces coquilles n’appartiennent pas au Chott, mais
qu’elles proviennent d’une mer beaucoup plus vaste, antérieure
à la limitation actuelle des lacs salés.
Voilà donc des coquillages marins qui viennent non-seulement
attester une fois de plus l'existence d’une mer dans ces régions,
mais nous apprennent que celte mer appartenait à l'époque ac-
tuelle, De plus, le Cardium edule est encore vivant sur le littoral
de la Méditerranée, particulièrement dans les eaux saumâtres. Ne
doit-on pas en conclure que le Sahara, avant d’être mis à sec, a
— 449 —
élé une mer intérieure, une espèce de Baltique aux eaux saumä-
tres. On sait en effet que la faune des mers intérieures voit ses
espèces diminuer et s’abâtardir. En revanche, lorsque toute com-
munication avec l'Océan vient à cesser et qu’un golfe se trans-
forme en lac, la salure des eaux doit tendre à augmenter de nou-
veau, au point d’exclure toute vie animale, comme dans la Mer
Morte. Le Chott-Melrir serait dans ce cas, et, en effet, on affirme
qu’il est complètement désert.
Cette idée d’un soulèvement lent mais récent du Sahara a déjà
été émise autrefois théoriquement par M. Escher, et ce n’est pas
sans une vive satisfaction qu'il a trouvé sur place la confirmation
de son hypothèse. La présence de cette mer était invoquée par
M. Escher pour expliquer dans nos contrées la période glaciaire
qui a pris fin lorsque cette mer a disparu. Se fait-on une juste
idée des conditions climatériques imposées à l'Europe par cette
vaste étendue d’eau? On peut en juger par l’influence qu’exer-
cent aujourd'hui les vents brülants que le Sahara nous envoie et
qui sont justement appelés mangeurs de neige et destructeurs des
“glaciers. Tant que le Sahara fut couvert d’eau, jamais nos mon-
tagnes ne sentirent l’haleine embrasée du fœhn et du sirocco;
les hivers, rarement combattus par un souffle attiédi, pouvaient
accumuler leurs neiges et leurs glaces, et étendre au loin leur
empire. Mais quand le désert fut à sec, quelle débâcle a dû se
produire aux premières visites du fœhn dans les énormes glaciers
de nos Alpes! Quels torrents, quels déluges d’eaux, quels ravages
particulièrement sur le versant sud ! Et comme on comprend bien
les érosions et le nivellement de la plaine lombarde soumise à
ces rudes assauts et couverte de débris erratiques.
Dans ce Sahara brûlant et aride, lorsque par accident un filet
d’eau se présente, un arbre précieux peut croître et prospérer,
c’est le dattier. Un proverbe arabe dit: «Le palmier veut avoir
son pied dans Veau et sa tête dans le feu. » Partout où l’eau hu-
mecte le sol, les dattiers élèvent leurs élégantes colonnes, balan-
cent au vent leur panache de verdure, et assurent à l’homme un
abri contre le soleil et des fruits pour sa nourriture. Les arbres
sont la richesse du désert. Les oasis ne sont que des forêts de
palmiers rendues possibles par la présence de l’eau. Cette eau
peut avoir une triple origine : elle est fournie soit par des sour-
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 30
— 450 —
ces, soit par des puits artésiens, soit par une couche aquifère peu
profonde qu’on atteint en creusant.
De là trois types d’oasis : 4° Celles qui sont arrosées par les eaux
des montagnes ; 2 celles qui sont alimentées par des puits arté-
siens, produits d’une industrie fort ancienne; 3° les oasis sans
arrosage, dont celles du Souf sont des exemples.
Les oasis de la première catégorie sont alimentées soit par des
ruisseaux venant des montagnes, soit par des sources vauclusien-
nes qui naissent de toute pièce avec une abondance à peu près
constante, comme, chez nous, la Reuse, la Noiraigue, la Serrières,
et qui sont produites par les mêmes causes, l’infiltration des eaux
de pluie dans les roches calcaires fissurées des montagnes. On les
trouve au pied de l’Aurès où elles forment les oasis des Zibans. Il
est de ces sources qui sont thermales et dont la température s’élève
à plus de 30° centigrades. Ces sources précieuses ont été l’objet de
Ja sollicitude des Romains, comme V’attestent les ruines de plu-
sieurs forts construits par eux le long des Zibans et jusqu’en face
du village d'El-Oumach, à l’ouest de Biskra, où l’on a trouvé l’in-
scription : Purqgum speculatorum. Ce mot rappelle celui de Bordj
que les indigènes donnent aux forts actuels, même à ceux cons-
truits depuis la domination française.
Oasis à puits artésiens. — À une profondeur qui atteint jus-
qu’à 160 pieds, s'étend une nappe d’eau qui jaillit lorsqu'on
perce le sol. Beaucoup d’oasis et en particulier celle de Tuggurt,
ne sont arrosées que par des puits qui paraissent fort anciens.
Mais ce n’est pas une petite entreprise, pour les Arabes, que le
creusage d’un puits. Îls se cotisent entre eux, ils emploient la
corvée, et, malgré leurs efforts, il faut quelquefois des années
pour arriver au terme. La principale difficulté qu’ils rencontrent
est dans le blindage des parois du puits; n’ayant pour cette opé-
ration que du bois de palmier peu durable et peu résistant, il ar-
rive souvent que les charpentes de soutènement se rompent et le
sable s’éboulant, comble le travail de plusieurs années. Et puis,
lorsqu'on arrive à la dernière couche, à celle qui repose sur.
l’eau, ceux qui travaillent à la percer courent de véritables dan-
gers, car l’eau jaillit avec force et ils ne peuvent pas toujours
s'échapper à temps. Ces puits s’ensablent peu à peu et:il faut de
temps à autre les curer. Des individus spéciaux sont chargés de
— 451 —
cette tâche, et ils exercent de père: en fils. On a peine à croire
au procédé qu’ils emploient, tant il est primitif et dangereux. Ces
malheureux tenant à la main un panier ou couffin, plongent au
fond du puits, remplissent de sable leur couffin et remontent en
hâte à la surface ; la charge de sable est retirée avec des cordes.
Si un obstacle quelconque retient le plongeur au fond de l’eau,
un camarade doit immédiatement sauter à l’eau et le dégager. On
a vu jusqu’à trois de ces hommes retirés par un quatrième plus
heureux que ceux qui l’ont précédé. On remarque que ces plon-
geurs ne vivent pas longtemps; le métier est évidemment trop
dur : ils succombent ordinairement à des maladies de poitrine.
Malgré les inconvénients que présente la méthode arabe de fo-
rage, les indigènes n’y veulent rien changer; ils tiennent avec
une incroyable obstination à leurs habitudes. Il y a quelques
années, le général Desvaux, visitant l’oasis de Sidi-Rached, fut
frappé de la misère des habitants; l’eau manquait, l’'oasis s’en
allait dépérissant et les Arabes se résignaient à leur sort avec un
fatalisme tout à fait musulman, « c'était écrit. » Mais le général
voulut faire mentir le proverbe oriental; il fit venir un ingénieur
que lui envoya la maison Degousée de Paris avec l’attirail com-
plet de forage perfectionné; des puits furent creusés rapidement
avec un plein succès. Il en est qui fournissent jusqu’à 4,000 li-
tres d’eau par minute, c’est-à-dire un véritable ruisseau. L’année
dernière, M. le capitaine Zickel a même profité de la poussée de
l’eau pour créer une chute et mettre en mouvement un moulin à
turbine qui fait l'admiration des Arabes. On sait que ceux-ci
écrasent le grain avec une petite meule à main comme au temps
des patriarches. L’abondance d’eau va nécessairement régénérer
oasis, et on augmentera l'étendue des terrains cultivés. Malheu-
reusement on ne peut le faire qu’en dessalant et en lavant la
terre surchargée de sel, et comme l’eau elle-même est plus ou
moins saumâtre, on comprend que cette opération exige du
temps.
L’eau des puits n’est pas souvent fraiche; à Tuggurt elle a
30 degrés, et les habitants la rafraichissent par le rayonnement
nocturne en suspendant durant la nuit les outres qui la con-
tiennent au sommet de hautes perches dont chaque maison cest
munie.
— 452 —
Poissons des puits artésiens. — Il y a trois ans, le capitaine
Zickel ayant foré un puits à Aïn-Tala, remarqua plusieurs petits
poissons qui se débattaient dans le sable rejeté avec l’eau par lo-
rifice du puits. Ce fait lui parut si extraordinaire qu’il attendit
de le voir se produire de nouveau avant de le publier. Il n’attendit
pas longtemps, les poissons n’étant point rares. D’où venaient-
ils et comment expliquer leur présence? la contrée étant dé-
pourvue d’eau à une grande distance. M. Zikel communiqua sa
découverte à quelques amis scientifiques; mais on ne Ja tint pas
pour sérieuse et on la prit pour une fable. Aujourd’hui le fait
ne saurait plus être contesté. M. Desor présente à la société plu-
sieurs échantillons de ces animaux, qu'il a recueillis lui-même
et qu’il a fait pêcher par les Arabes autour des puits. Il fait re-
marquer les détails de leur structure et en particulier la briéveté
de leurs nageoires ventrales, ce qui a pu induire en erreur et
faire croire à l'absence de ces organes. (!) Les yeux sont bien con-
formés et M. Desor a pu s’assurer qu’ils voient parfaitement. Les
plus grands n’excèdent pas deux pouces de longueur, ce sont des
Malacoptérygiens, ressemblant à nos abletles, mais qui en diffè-
rent par l’absence de dents pharyngiennes et par la présence de
fines dents tricurpides aux mâchoires. Ils sont d’une teinte"claire
et ont le dessous du corps d’un bleu irisé. Ils appartiennent à la
famille des Cyprinodontes et sont probablement identiques avec
le Cyprinodon cyanogaster décrit par M. le D" Guichenot et pro-
venant des eaux douces de Biskra. (?)
Dans le voisinage du puits d’Ain-Tala, à Ourlana, M. Desor vit
des étangs où nageaient des poissons de même espèce; il en con-
clut que ces étangs étaient des issues de la grande mer souter-
raine qui s'étend sous cette contrée et qui est peuplée de ces êtres
curieux. Il est probable que ces poissons viennent de temps en
temps s’ébattre et probablement frayer dans ces étangs, et c’est
pourquoi ils ont les yeux parfaitement conformés, ce que l’on ne
concevrait pas si, avant de surgir par les puits, ils étaient con-
damnés à vivre dans l’obscurité. On sait que les animaux qui
(:) Un petit poisson fort semblable, sinon identique, a été décrit par M.
P. Gervais, sous le nom de Tellia apoda. (Annales des sc. nat. 1853, t. 19,
p. 14.) Il réunit tous les caractères de notre poisson à l'exception des na-
geoires ventrales. On le dit originaire du Tell, au sud de Constantine.
() Revue et Magasin de Zoologie, 1859, t. 11, p. 377.
— 453 —
passent leur vie dans une nuit complète manquent des organes
de la vision ; il ne leur reste guère que le nerf optique, dernier
vestige de l’œil, qui a disparu tout entier. Chacun peut voir dans
notre musée les poissons, les écrevisses, que M. Léo Lesquereux
a trouvés dans la fameuse caverne connue sous le nom de Mam-
mouth-Cave dans le Kentucky, caverne dont les dimensions sont
telles qu’il faut plusieurs jours pour la parcourir. Ces animaux,
sont aveugles et n’ont aucune trace même informe des organes
de la vue; ils possèdent sans doute d’autres moyens pour diriger
leurs mouvements, car il est très-difficile de les approcher et de
les saisir.
Oasis du Souf sans arrosage. — Xei la culture du palmier est
des plus simples, mais exige un travail incessant. On creuse le
sable entre les dunes; on atteint à 8 ou 10 mètres de profondeur
la couche imbibée d’eau et on y plante les dattiers ; on en met de
.dix à vingt dans chaque creux, et ils se développent le mieux du
monde. Mais ces cavités qu’on appelle Ritans sont fréquemment
envahies par les sables et 1l faut sans cesse les curer. Cela oblige
les habitants du Souf à déployer une activité continuelle, et cette
activité leur donnant l’habitude du travail, a fini par leur pro-
“curer le bien-être et même la richesse. Dans les moments de répit
que leur laissent les envahissements du sable, ils entreprennent
avec profit le transit des marchandises sur la route du Maroc à
Tunis. Bien qu’ils manquent de fourrage et d'orge, leurs cha-
meaux sont les plus grands et les plus forts du désert. Soigneux
comme les peuples en voie de prospérer, qui apprécient la valeur
des moindres détails, ils rapportent de leurs voyages le crottin de
leurs bêtes de somme pour le déposer au pied de leurs dattiers.
Ces soins constants, cette activité bien dirigée, ne restent pas sans
récompense. Les dattiers du Souf comptent parmi les plus beaux
que l’on connaisse, ils ne sont pas fort élevés, mais ils ont une
ampleur peu commune et un air de vigueur qui frappe au pre-
mier abord. D’ordinaire le dattier n’a guère qu’un pied de dia-
mètre, bien qu’il atteigne 50 et 60 pieds de hauteur, mais, dans
le Souf, M. Desor en a vu qui mesuraient 9 pieds de circonfé-
rence et qui avaient par conséquent un diamètre de 3 pieds; les
feuilles avaient près de 20 pieds de longueur. Les produits sont
considérables et d’une qualité supérieure ; M. Desor arrivait au
_— 454 —
moment de la maturité des fruits et il a été surpris de la quantité
qu’un seul pied peut produire. Tel dattier portait cinq, six et
même jusqu’à dix régimes, pesant jusqu’à un demi-quintal.
Voulant rapporter un régime de dattes, M. Desor a eu quelque
peine à s’en procurer un assez léger pour être transporté facile-
ment. Pour faire la récolte, les indigènes grimpent le long du
tronc, en s’aidant des aspérités formées par les bases desséchées
des anciennes feuilles, coupent les régimes et les descendent avec
précaution.
La population du Souf, évaluée à 25 ou 30,000 âmes, est de
race blanche et paraît être venue du nord : son activité, son in-
dustrie, son intelligence, sa vivacité la rendent une des plus in-
léressantes du Sahara. Les demeures que M. Desor a visitées lui
ont paru très-supérieures sous le rapport de la propreté et du
confort, à celles des autres peuplades du désert , les mœurs et les
habitudes sont moins grossières. L’accueil fait aux voyageurs leur
a rappelé la simplicité grandiose de la vie patriarcale et les a tou-
chés par l’empressement, les égards, disons même les honneurs
dont ils ont été entourés.
Séance du 15 janvier 1864.
Présidence de M. DESOR.
M. Desor annonce que M. L. Coulon, président de
la Société, se trouve dans l'impossibilité d’assister à
toutes les séances depuis qu’elles sont devenues hebdo-
madaires. Il y a tous les quinze jours un vendredi dont
il ne peut disposer. On décide, pour donner toute faci-
lité à M. le Président , que dès aujourd’ hui les séances
auront lieu le jeudi de chaque semaine.
M. Desor présente une brochure de M. Blanchet, de |
Lausanne , sur les maladies des plantes et sur l’hygiène
de l'homme et des animaux.
_
— 455 —
M. le D' Guillaume demande et obtient de l’assem-
blée l'autorisation de déroger à l’ordre du programme
fixé pour cette séance , en lisant le récit d’une course
qu’il a faite à la Poëte-Manche, au leu de son mémoire
sur les maladières du pays de Neuchâtel, dont il a fu la
première partie dans une réunion précédente.
Ayant appris qu'un monument druidique était signalé
dans une forêt du Val-de-Ruz, au lieu appelé la Poëte-
Manche, i s'y rendit dernièrement en compagnie de
M. Aug. Bachelin. Là, il trouva en effet une pierre
d'assez grande dimension, qui lui parut être un dolmen.
Cette pierre , formée de calcaire portlandien, semble
avoir été taillée et disposée pour servir d’autel ; vers le
milieu , elle est percée d’un trou irrégulier. M. Bache-
lin en a fait plusieurs dessins qui sont mis sous les yeux
de l'assemblée.
M. Hipp fait voir un baromètre enregistreur, établi
d’après un système de son invention. C’est un baromè-
tre anéroïde dont les indications sont marquées, sur
une bande de papier, par une pointe mise en Jeu à
l’aide d’un appareil électrique, analogue au télégraphe.
Afin d’avoir des contractions et des dilatations plus
marquées , il y a deux cavités vides d'air, au lieu d’une,
et leurs parois sont équilibrées par un ressort d’une
force de 50 livres. L’aiguille de l'instrument marque
donc la différence entre la pression de l'atmosphère et
la tension du ressort. Ces indications peuvent être enre-
gistrées à volonté , toutes les demi-heures ou toutes les
heures, par le moyen d’un mouvement d’horlogerie
qui fait passer le courant à l'instant désigné. Une cou-
lisse dans laquelle l'aiguille joue librement s’abaisse
— 456 —
brusquement , et l’aiguille imprime sa pointe sur la
bande de papier. La longueur de l'aiguille est telle que
ses écarts sont en concordance avec ceux du baromètre
à mercure. Dans l'appareil présenté, des écarts de deux
millimètres de la part de l'aiguille équivalent à un mil-
limètre de la colonne de mercure. A l’aide d’une vis
de rappel on peut disposer ce baromètre de manière à
pouvoir s’en servir à toutes les hauteurs au-dessus de la
mer. Comme complément à cet ingénieux instrument,
M. Hipp présente un petit mécanisme destiné à mesurer
les distances entre les points imprimés sur la bande et
à les réduire sur-le-champ en millimètres et en fractions
de millimètre.
M. Hirsch énumère tous les services qu’on peut ob-
tenir d’un pareil baromètre ; mais pour que ses indica-
tions inspirent quelque confiance, par conséquent pour
qu'il devienne un instrument scientifique , il faut à des
intervalles rapprochés, comparer sa marche avec celle
d’un bon baromètre à mercure. L'un aidant l’autre, ils
peuvent donner des résultats extrèmement intéressants.
M. Hirsch communique deux notes de M. Denzler,
ingénieur à Berne, l’une sur l’emploi de la Méthode
graplaque dans les sciences naturelles, Vautre sur un
Indicateur des tempêtes. Cette dernière provoque une
discussion à laquelle prennent part plusieurs assistants.
On cite des faits présentant quelque analogie avec ceux
énoncés par M. Denzler, qui a prédit des ouragans , ou
a été averti de leur passage, par l’audition de certains
sons lointains, qui d'ordinaire ne pouvaient parvenir
jusqu’à son oreille. M. Hirsch a entendu un jour distinc-
tement de notre observatoire cantonal le canon tiré à
— AÏT —
Lausanne, et peu après s’est élevé un vent assez violent.
Il rappelle que quand les marins d’Helgoland entendent
les cloches de villages situés à 15 lieues de distance , ils
s’attendent à une tempête. MM. Tribolet et Desor affir-
ment que quand on entend du Val-de-Ruz ou de Com-
be-Varin le bruit de la Reuse, on peut prévoir un chan-
gement de temps. M. Favre cite de pareilles remarques
faites sur divers points de notre canton. M. Garnier à
entendu à Hombourg les sons d’un orchestre qui était
à une demi-lieue de distance, et ce phénomène d’a-
. coustique a été le précurseur du mauvais temps.
M. Desor annonce qu'il avait l'intention de faire une
communication sur la Kabylie et de traiter non-seule-
ment de la configuration du pays, mais des habitants,
de leurs mœurs, de leurs usages, de leurs habitudes
dans la vie privée. Malheureusement les objets qu’il a
recueillis dans ce pays ne lui sont pas encore parvenus,
et comme ils sont nécessaires pour l'intelligence du
sujet, il est contraint de ne donner aujourd’hui que la
première partie de son travail.
TOPOGRAPHIE ET GÉOLOCIE
DE LA
GRANDE KABYLIE.
Quand des environs d'Alger, on découvre à l’est le magnifique
massif du Djurjura , avec ses cimes aux coupes hardies, comme
les belles parties de nos Alpes, on se sent invinciblement attiré
dans ce pays, d'autant plus que c’est la patrie des Kabyles , cette
race aussi vaillante que laborieuse, qui excite à bon droit, un
intérêt particulier.
M. Desor et ses compagnons ne pouvaient se dispenser de vi-
siter ces contrées, vers lesquelles les poussaient une légitime
curiosité et un vif intérêt scientifique. Ce n’était pas une terre
inconnue, même au point de vue géologique ; on en a une carte
très-belle, levée en 1856, /a carte minéralogique des provinces
d'Alger et d'Oran, par M. Ville.
A partir d'Alger, la route traverse le prolongement de la plai-
ne de la Mitidja, qui est parfaitement unie et composée de dé-
pôts quaternaires (ferrain saharien de M. Ville), une espèce de
læss semblable à celui du Rhin. Cette plaine, dont la fertilité
est extrême, quand elle est convenablement cultivée, et qui est
destinée à devenir un jour le jardin de Algérie, si la colonie
prospère, a dû être, à une époque géologiquement récente, un
golfe séparant le Sahel de Atlas.
Lorsqu'on a franchi le col des Beni-Aicha, on entre dans un
pays montueux, composé de terrains tertiaires qui rappellent nos
collines molassiques de la plaine suisse ; on se croirait volontiers
en plein canton de Berne, si on n'était rappelé à la réalité par
les burnous des indigènes qui émaillent çà et la le paysage. La
route remonte jusqu’à Tizi- Ouzou fle col du genêt), autre col
dans la vallée de lOued Sebaou. Avant 1857, ce point élait la
limite des possessions françaises.
— 459 —
Le même aspect se maintient encore sur un espace considé-
rable , le long de l’Oued-Sebaou , le terrain tertiaire se relevant
des deux côtés de la vallée contre les massifs de montagnes plus
élevées. Cependant on devine, rien qu’à voir leurs contours,
que les massifs culminants sont composés de roches d’une autre
nature , comme le fait également pressentir la cluse profonde et
étroite dans laquelle s’engage la rivière ou Oued-Sebaou en face
de Tizi-Ouzou.
En voyant les premiers gradins se profiler à l'Orient, on ne
se doute guère de l’aspect étrange du massif principal (au sud
de la vallée du Sebaou). Ce n’est qu’après avoir fait quelques
kilomètres sur la route du fort Napoléon , et franchi les derniers
revêtements tertiaires, que commencent les roches anciennes, cel-
les qui donnent à la Grande Kabylie son cachet spécial et auxquel-
les se rattachent, dans une grande mesure, l’organisation sociale
si remarquable des Kabyles de la montagne. Car, au point de vue
social et historique, il faut distinguer les Kabyles montagnards
de ceux de la plaine, c’est-à-dire de la vallée de Sebaou, à peu
près comme en Valais on distingue les habitants des vallées la-
térales de ceux de la grande vallée. Avant 1857, les montagnards
n'ont jamais été conquis, tandis que les Kabyles de la plaine
ont subi le joug de tous les conquérants, depuis les Numides et
les Romains jusqu'aux Turcs.
D’ordinaire, quand on pénètre dans une chaîne de montagnes
par une vallée transversale, cette vallée est large à son issue et
se rétrécit à mesure que l’on pénètre dans l’intérieur ; c’est ce que
nous voyons à chaque pas dans nos Alpes, Mais dans les monta-
gnes de la Grande Kabylie, à mesure que lon remonte les vallées,
celles-ci vont en s’élargissant, de sorte que les massifs intermé-
diaires s’amincissant d'autant, ne présentent plus que des arêtes
tranchantes, aux flancs escarpés, avec de grands ravins latéraux
que la route du fort Napoléon est obligée de contourner en décri-
vant d’immenses lacets.
Jusque près du fort, la roche est une espèce de schiste argi-
leux, évidemment une roche métamorphique, à laquelle succède
une arête de calcaire saccharoïde remarquable par une forte
odeur d'hydrogène sulfuré qui s’en dégage en le frottant. Au sud
de cette arête apparaît un schiste micacé qui affecte quelquefois
— 460 —
la forme de pegmatite (schrift-granit). Mais toutes ces variétés,
à l'exception du massif calcaire, sont friables à l'excès. C’est cette
friabilité extraordinaire qui donne au pays son caractère excep-
tionnel.
Au premier abord, M. Desor croyait avoir devant lui des arêtes
ou crets saillants résultant de brisures et de relèvements compli-
qués, comme sont les arêtes tranchantes de nos Alpes. Mais ar-
rivé au fort Napoléon, bâti au point culminant du massif, sur une
arêle longitudinale, il fut bien étonné de voir cette arête aussi
étroite que les latérales qu’il venait de longer, et sa surprise s’aug-
menta encore lorsqu'il remarqua que toutes ces arêtes étaient à
peu près au même niveau. Il n’était plus possible d'expliquer
cette structure insolite par des soulèvements et des brisures; une
cause toute différente était seule capable de modifier à ce point
cette contrée, et cette cause, c’est l’action érosive de l’eau. En
effet, M. Desor a pu se convaincre qu’il avait sous les yeux un
phénomène bien propre à émouvoir un géologue habitué aux
formes orographiques des Alpes et du Jura, c’est-à-dire une im-
mense érosion qui aurait creusé des ravins de plusieurs kilome-
tres de large sur 4 ou 500 pieds de profondeur et n’aurait laissé
subsister entre ces cavités que des arêtes très-étroites, des espèces
de coins aigus. Les montagnes de la Kabylie ne sont donc que des
témoins d’un ancien plateau schisteux dont il ne reste que des
arêtes, et il faut reconnaître que l’excessive friabilité du sol se prê-
tait merveilleusement à l’action dissolvante et mécanique de l’eau.
On trouve dans les environs de Genève des ravins creusés par
les eaux dans les terrains molassiques; ils ont été décrits sous le
nom de nants par de Saussure. Ils présentent une pente uni-
forme de haut en bas, sans corniches ni retraits, ni escarpements
quelconques, et ne sont pas assez rapprochés pour qu’on puisse
se tromper sur leur origine; il reste toujours entre eux une sur-
face notable du plateau primitif.
ENV AN A
— 461 —
Mais supposons qu'ils soient cinq et six et dix fois plus nom-
breux, et il ne restera plus rien du plateau; les arêtes seules
subsisteront et nous aurons la structure de la Kabylie.
A PAT
C’est à cette structure que se rattache toute l’histoire si intéres-
sante de ce pays.
La hauteur de ce plateau ainsi raviné est de 900 mètres; le
point culminant du fort Napoléon est à 942 mètres. Cest là le
principal noyau de toute la chaîne de l'Atlas. Nulle part ailleurs,
dans le Tell, les roches anciennes n’acquièrent un développement
aussi considérable.
C’est au sommet de ces crêtes escarpées que les Kabyles ont
bâti leurs villages, qui y sont perchés comme des nids d’aigles.
Blanchis à la chaux, les murs des maisons se voient de fort loin
et selon le point où l’on se trouve par rapport à la direction des
crêtes, on voit les villages se dessiner de profil ou en enfilade,
Ce mode unique d'installation, à des hauteurs où la vie perd ses
facilités et ses aises, est évidemment le fait d’un peuple qui a
tout sacrifié pour sauvegarder son indépendance, pour lui le plus
précieux des biens. Retranchés dans ces retraites inaccessibles,
où nul étranger ne pouvait pénétrer sans être reconnu et signalé,
ils ont résisté pendant des siècles à tous les envahisseurs. Les
Français eux-mêmes, malgré leur supériorité militaire, n’auraient
pu y établir dÉfaitivesient leur domination, si, en 1857, le ma-
réchal Randon n’avait mis à exécution un plan simple et habile
tout à la fois et de nature à déconcerter les montagnards et à pa-
ralyser leurs moyens de résistance.
Mettant en campagne une armée considérable, formée de divi-
sions qui agissaient de concert, mais sur des points différents, il
attaqua les Kabyles, les refoula devant lui, et à mesure que l’ar-
mée avançait, elle créait une route qu’elle poussa jusqu’au cœur
du pays insoumis, là où s’élève le fort Napoléon. Chose éton-
— 462 — |
nante, une route carrossable de plusieurs lieues de longueur fut
ainsi construite en 21 jours.
Le massif du Djurjura, qui est séparé du plateau schisteux par
une vallée profonde, remplie de dépôts quaiernaires, est comme
le rempart de la Kabylie au sud. Sa hauteur est beaucoup plus
considérable, puisqu'il s’élève à 2,517 mètres dans le Lalla-Hedja.
Sa composition géologique est beaucoup plus récente, puisqu’on
y trouve des nummulites; le terrain crétacé paraît aussi y avoir
été reconnu. Selon toute apparence, il y a ici une ou plusieurs
voûtes comprimées et peut-être renversées. Du côté du sud, les
pentes du Djurjura sont bien moins roides que du côté du nord.
NUE
SUR UN INDICATEUR DE TEMPÊIES.
(Voir ci-dessus page 456.) —
On sait que lorsqu'un changement de temps se prépare, et
surtout à l’approche de vents lointains, on entend dans cer-
laines directions le son des cloches, le bruit des fleuves et des
Jacs, etc., beaucoup mieux qu’à l’ordinaire. Lorsque l’auteur hà-
bitait en 1841 à Segling, près d'Eglisau, une maison éloignée
d’une demi-heure de la Glatt, qui se trouve au S.-0. à 100
pieds plus bas dans la plaine, et qu’il était occupé à faire des ob-
servations de réfraction terrestre sur les montagnes de l’horizon,
surtout le Briztenstock, il a eu souvent l’occasion de remarquer
que, lorsqu'il entendait le bruit de la Glatt très-fort et très-dis-
tinctement, quelque temps après une tempête venait à souffler.
C'est ce qui est arrivé par exemple le 14 novembre 1841, où il
entendit à 40 h. 43 m. du matin la Glatt très-fortement, et à 4 h.
20 m. se déchaîna une forte tempête d’0. et de N.-0.
Le 18 novembre, à 9 {/, h. du matin, on entendait très -bien
à Segling les cloches de Bulach, qui se trouve éloigné de 20,000
pieds vers le sud, sans qu’il y eût de vent; mais à 41 h. 57 m.
commença un fort vent de S.-0. qui changea en O.-S.-0.— Enfin,
le 25 du même mois, la Glatt se fit entendre très-distinctement,
surtout au plain-pied de la maison, où il y avait un fort courant
d'air, et cela déjà à 5 h. après midi; à 8 h. du soir commença la
tempête, qui souffla jusqu’à 10 h., d’abord de N.-0., ensuite de
S.-0.
L'auteur se souvient même d’avoir ainsi entendu d’avance l’ap-
proche de tempêtes, qui étaient encore éloignées de lui de 100
à 150 lieues en ligne droite.
— 464 —
On pourrait perfectionner et utiliser ces observations par
un simple appareil. Qu’un tuyau monte verticalement de la
chambre d'observation en plein air, où il est recourbé à angle
droit et finit par une ouverture en forme de trompette. Dans
cette ouverture on place une lame sonore ou bien une petite
cloche, qu’on met en mouvement soit continuellement (par un
mouvement d’horlogerie) soit seulement au moment de l’observa-
tion. Si l’on tourne alors le tuyau autour de son axe, on entendra
le son avec une intensité très- différente, selon les directions
vers lesquelles l’ouverture se trouvera tournée; ce qui arrivera
par exemple toujours, lorsqu'il ÿ a déjà un vent qui souffle sur
la contrée. Dans le cas où il n’existe encore aucun vent sensible,
mais où le son de la clochette augmente néanmoins, et toujours
vers la même direction de l’ouverture du tuyau, on peut être
sûr que le vent ou la tempête, selon la durée et la force du son,
s’approche directement. Si, au contraire, la direction de l’ou-
verture du tuyau pour laquelle le son devient un niaximum,
change, alors l’axe du vent ou de la tempête est situé du côté
vers lequel la direction de la trompette dévie. — L'auteur a en-
tendu ainsi un jour, dans le nord de la Suisse, une tempête dont
l'axe se trouvait au nord de Stuttgardt.
Sur les navires on pourrait installer de ces appareils dans les
hunes; seulement le mouvement du bateau produira une in-
fluence constante, mais qu’on pourra facilement éliminer par un
peu d’exercice et d'observations.
Berne, le 27 décembre 1865,
H. DENZLER, ingénieur.
SUR UN ABUS
DANS L'EMPLOI DE LA MÉTHODE GRAPHIQUE
dans les sciences naturelles.
(Voir ci-dessus page 456.)
Si l’on divise une courbe symétrique ou asymétrique qui se
répéte indéfiniment, en parties égales, mais en parties qui cou-
pent d’une manière irrégulière les sections successives de la
courbe, et que l’on considère un nombre quelconque de ces par-
ties comme une période supérieure; si ensuite pour plusieurs de
ces périodes on ajoute les ordonnées d’abord de la premièresec-
tion, puis de la seconde, de la troisième, etc.. et qu’on les porte
sur les abscises correspondantes, on obtient une nouvelle courbe.
C’est là un fait purement géométrique.
Prenons, par exemple, la courbe de la marche annuelle de la
température; en coupant une telle courbe de plusieurs années
en périodes lunaires, et en formant la température moyenne pour
chaque phase lunaire, on aura une nouvelle courbe. Mais alors
on tire souvent de cette opération géométrique la conséquence
physique que la lune exerce telle ou telle influence sur la marche
de la température annuelle.
On rencontre de ces applications illégitimes et de ces fausses
conclusions presque dans toutes les branches des sciences naturel-
les, surtout dans l’astronomie (pour démontrer l'influence des as-
tres sur des phénomènes terrestres), dans la météorologie, la géo-
graphie, la géologie (par ex. dans les théories des tremblements
de terre), dans la statistique, surtout dans la statistique médi-
cale, etc.
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. -31
= 466
L'erreur d’une telle conclusion devient manifeste lorsqu’on
prend plusieurs périodes, dont les nombres sont premiers entre
eux ; car alors on obliendra des époques et des valeurs différentes
pour les extrêmes.
Berne, le 27 décembre 1863.
DENZLER, ingénieur.
Séance du 21 Janvier 1864.
Présidence de M. L. COULON.
M. L. Coulon dépose sur le bureau un ouvrage sur
l'hygiène donné par l'auteur M. le D’ Châtelam.
M. Desor présente les comptes de la Société pour
l’année 1863; ils bouclent par un déficit de fr. 48592
avancé par M. le Caissier. Ce déficit serait plus consi-
dérable sans le don de fr. 400 qui nous a été fait par
les derniers représentants de la Société d’émulation pa-
triotique.
L'examen des comptes est rénvoyé au Bureau, qui
en fera rapport dans la prochaine séance.
Sur la proposition de M. Desor, on charge le Secré-
taire d'écrire à M. le comte Louis de Pourtalès, Prési-
dent de la Société d’émulation patriotique, et de lui
exprimer dans une lettre officielle toute la reconnais-
sance de la Société pour le don qui vient de lui être
fait.
M. le D' Guillaume continue la lecture de son mé-
moire sur les Maladières du pays de Neuchâtel. Cette
lecture terminée, il propose que la Société prie le
— 467 —
Conseil d'Etat de recommander aux géomètres qui se-
ront chargés de lever le cadastre, de mentionner avec
soin toutes les localités du canton qui portent le nom
de Maladières. C'est le seul moyen d'obtenir des ren-
seignements exacts et complets sur ce sujet.
M. Desor appuie cette proposition d'autant plus vo-
iontiers que l’on s'occupe beaucoup actuellement en
Suisse de la question des léproserties et qu'on cherche à
écrire l’histoire de ces établissements et d’en dresser le
tableau.
À propos du mot m#azel, signifiant un lépreux, une
discussion s'engage entre MM. G. DuPasquier, Guil-
laume, D’, et Ayer, professeur.
M. Desor fait une communication -sur les habitants
de la Grande Kabylie.
Les Kabyles ne ressemblent en rien aux Arabes, excepté par
le costume et par la religion. Encore n’ont-ils admis du Koran
que le dogme, tandis que tputes les prescriptions qui touchent à
la vie politique ou sociale n’ont pour eux qu’une valeur très-sub-
ordonnée.
Les traits fondamentaux des Kabyles et spécialement de ceux des
. montagnes voisines du Djurjura, s'expliquent par le caractère de
leur sol. Ce sont des montagnards habitant un sol ingrat et diffi-
cile. De là, la nécessité d’un travail soutenu, le besoin de faire
des provisions pour la mauvaise saison, car l'hiver, à ces hauteurs,
est souvent très-rigoureux. Cette nécessité les a rendus laborieux
et économes, en même temps que l’air des montagnes leur a
donné cet amour de l’indépendance et de la liberté qui est un at-
tribut des peuples montagnards. Ils sont républicains et n’ont
jamais eu ni aristocratie n1 théocratie; ce sont de vrais démo-
crates.
La base de la société kabyle est, comme chez nous, la com-
— 468 —
mune (dachera). Plusieurs villages forment ensemble une tribu
(arch). Les tribus, à leur tour, se sont bientôt vues dans la-‘néces-
sité de s’allier entre elles pour faire face à l’ennemi commun.
Il en est résulté des ligues offensives et défensives, Æébila , de là
le nom de Æébailes, Kabyles, les confédérés.
L'autorité émane, dans chaque dachera, d’une assemblée for-
mée de tous les membres de la commune réunis (djemäa). Chacun
y a voix délibérative et l’on en use largement à ce qu’il paraît. Il
arrive aussi qu'après avoir épuisé les arguments de la logique, on
en appelle à la force du poignet. La djemäa est à la fois une as-
semblée politique et une cour de justice; elle se réunit une ou
deux fois par semaine. En sa qualité d’assemblée politique, elle
décide de la paix, de la guerre, s'impose des corvées et surveille
le pouvoir exécutif. Les corvées ne se font pas seulement pour la
chose publique, maïs aussi quelquefois en faveur des particu-
liers. Ainsi, lorsqu'un citoyen tombe malade au moment du la-
bour, la djemäa décide que son champ sera ensemencé par cor-
vées. Comme tribunal, elle juge souverainement et sans appel,
décrétant tantôt la ruine de la maison du criminel, tantôt la vente
de ses biens. |
Le pouvoir exécutif est confié, dans chaque village, à un maire
ou amin, issu du suffrage universel, mais dont les attributions
sont très-limitées. Le peuple est trop jaloux de son autorité pour
la confier à qui que ce soit. L’amin ne conserve ses pouvoirs
qu’autant que la majorité de la djemäa lui laisse sa confiance. Le
jour où cette confiance lui fait défaut, il doit se retirer. On ne
l’'expulse pas, on ne le destitue pas, mais si son goût pour le pou-
voir résiste à l’improbation qui pèse sur lui, on lui déclare qu’il
n’agit pas en honnête homme et que son devoir est d’abdiquer.
Les différents amins d’une même tribu nomment parmi eux un
amin des amins. Ses fonctions sont insignifiantes en temps de
paix, mais en temps de guerre il prend le commandement de
toutes les forces réunies de la tribu et devient dictateur.
Avec une organisation pareille et possédant des vertus essen-
tielles, telles que l’amour du travail, de l'indépendance et de la
liberté, les Kabyles auraient dû nécessairement arriver à un haut
degré de puissance, s’ils avaient su vivre en paix entre eux. Mal-
heureusement, toutes leurs forces vives ont été dépensées en
guerres intestines, soit de tribu à tribu, seit de village à village.
— A69 —
Autrefois l’état de guerre étant permanent, chaque village était
toujours prêt à toutes les éventualités. Aussi les cartouchières
étaient-elles toujours garnies de poudre et de balles et les fusils
soigneusement tenus.
Pour résister, comme ils ont fait, à tous les conquérants qui
se sont successivement disputé le sol du nord de l'Afrique, il fal-
lait que les Kabyles pussent se suffire à eux-mêmes dans leurs
montagnes, sans être tributaires de l'étranger. De là des indus-
tries diverses, dont quelques-unes sont communes à toutes les
tribus, comme la fabrication de la poudre, tandis que d’autres sont
plus particulièrement du ressort de certains districts, ainsi la con-
fection des armes, de la bijouterie, spécialement des bracelets, de
la poterie, de la savonnerie, etc.
Enfin, il est aussi quelques industries qui sont du ressort de
toutes les communes, telles que la maçonnerie, la charpenterie
et d’autres qui se retrouvent dans toutes les familles, telles que la
filature et le tissage de la laine. Dans des conditions pareïlles, on
ne doit pas s'attendre à de grands perfectionnements, surtout
dans les industries qui sont confiées uniquement aux femmes,
comme les tissus et la poterie.
Dans la pièce principale de chaque maison, une place est ré-
servée pour y établir le métier à tisser, composé uniquement d’un
chassis où la chaîne est tendue verticalement. Accroupie devant
cet appareil informe, la femme kabyle croise les fils de la chaîne
à l’aide d’un simple roseau, passe la trame à la main, sans le se-
cours d’une navette, puis, avec une sorte de peigne, elle égalise
et serre le tissu. À mesure que la pièce avance, on la roule dans
le bas autour d’un cylindre horizontal. On comprend que lPopé-
ration marche avec lenteur, et qu’il faut bien du temps et beau-
coup d'application pour fabriquer seulement létoffe d’un bur-
nous. On sera surpris d'apprendre qu'avec des moyens aussi
grossiers, les femmes parviennent à confectionner des tissus de
laine d’une finesse el d’une beauté remarquables; le vaste haïck,
dans lequel s’enveloppe tel chef puissant du Sahara, passerait,
lorsqu’il est froissé, dans le bracelet d’un enfant. Des mois en-
tiers seront employés, s’il le faut, pour terminer un pareil chef-
d'œuvre ; mais le temps n’est rien pour ces races falalistes que
l’impatience ne talonne jamais. En voyant ce métier primitif et
— 470 —
cette ouvrière résignée à en subir toutes les imperfections, M. De-
sor ne put s'empêcher de faire un rapprochement entre ce qu’il
avait sous les yeux et les procédés employés par les lacustres
de l’âge de pierre pour confectionner les tissus dont on a trouvé
des échantillons si curieux dans les fouilles de Pfæffikon. Il se
rappela les essais tentés à Zurich pour reconstruire sans Paide du
métal , le métier sur lequel ces étoffes avaient été façonnées , et
il se dit que si l’on avait connu celui des Kabyles, on aurait trou-
vé promptement la solution du problême.
La poterie ne paraît pas non plus avoir subi de grands chan-
gements; M. Desor présente un certain nombre de vases en terre
servant à divers usages. Plusieurs sont plus ou moins sphériques,
avec un col étroit et allongé, sans anses ou munis d’anses. Bien
que leurs formes soient assez élégantes, ils accusent cependant
une industrie bien arriérée, par la composition de la pâte, qui
est grossière, d'une cuisson imparfaite, et qui rappelle nos pote-
ries lacustres. C’est surtout dans la décoration de ces objets que
l’analogie est frappante. Il est vrai que les vases kabyles sont
peints, tandis que les autres ne portent que des dessins tracés à
la pointe, mais le mode d’ornèmentation est sensiblement le
même, ou semble s’être inspiré à la même source. On n’y trouve
pas un trait qui accuse la volonté de reproduire un objet de la
nature, soit du règne végétal, soit du règne animal; les combi-
naisons si heureuses que nous aimons à retrouver dans les ara-
besques, et dont on devrait rencontrer quelques traces chez les
voisins des Maures, ne s’y montrent pas même à l’état d’inten-
tion. Ce sont des lignes droites parallèles, de quelques centimètres
de longueur, qui coupent, sous un certain angle, d’autres lignes
droites également parallèles ; le tout encadré d’un cordon formé
de deux lignes faisant ceinture. Il y a là quelque chose d’éminem-
ment primitif, qui paraît consacré par une tradition dont l’ori-
gine est inconnue et que l’on copie sans en chercher la signifi-
cation. Nos poteries lacustres serviront peut-être à éclaircir cette
question. | [ |
Parmi ces vases, les plus parfaits sont ceux qui servent à trans-
porter l’eau ; leur pâte est mieux préparée et mieux cuite, leur
forme est belle et parait remonter à une haute antiquité. Plus
étroite aux deux extrémités qu’au milieu, cette cruche, qui a jus-
— AT —
qu’à deux pieds de longueur, se porte sur le dos, la pointe infé-
rieure engagée parfois dans un pli de la ceinture; les anses sont
tenues avec les mains relevées au-dessus de l’épaule. Les jeunes
filles la portent avec beaucoup de grâce et rappellent alors ces
scènes patriarchales, dont les puits de l’Orient ont été le théâtre,
et qui sont gravées dans toutes les mémoires. On sait que, dans
les montagnes, les villages sont bâtis sur les crêtes, loin des
sources qui fertilisent le fond des ravins. Il faut donc, tous les”
jours, se rendre aux fontaines pour en rapporter la provision
d’eau. C’est ce que font les femmes, le soir, et pour paraître avec
tous leurs avantages, elles ne manquent pas, en cette occasion,
de mettre un peu d’ordre à leur toilette, d'ordinaire fort négligée,
et d’y ajouter quelque ajustement coquet.
Les couleurs employées dans la peinture des poteries sont le
jaune, le rouge et le noir. On les fixe au moyen d’un vernis com-
posé de résine de pin ou de cèdre dissoute dans l’huile d'olive.
Par sa seule application, ce vernis donne le jaune ; on obtient le
rouge au moyen d’une espèce d’ocre ou pierre ferrugineuse qui
se trouve dans le pays. Le noir est tout simplement de la suie ou
du noir de fumée. Les femmes font encore des pots pour la cuis-
son des aliments, des jarres pour l’huile, des jattes pour le miel,
le lait, le beurre, des lampes, enfin, les oufi ou urnes immenses
destinées aux provisions de toute nature; il en est qui ont près
de neuf pieds de haut.
La fabrication des armes en est encore au fusil à silex ; les Kaby-
les font eux-mêmes toutes les pièces des fusils et des pistolets. Les
canons de fusil sont fabriqués par un procédé analogue à celui
qui est employé dans nos manufactures pour faire les canons à
rubans. Le bois est en noyer. Le prix d’un bon fusil, sans orne-
ments, est de 60 à 100 francs.
La poudre n’est fabriquée que par des individus experts dans
ce genre de travail; elle crasse beaucoup. Le dosage est à peu
près le même que celui qui se fait en France. La livre revient à
6 ou 7 fr.; pendant la guerre de 1856 et 57, ce prix avait doublé.
Un coup de fusil chargé à plusieurs petites balles, suivant Phabi-
tude des Kabyles, revient à 40 ou 50 centimes. On peut s’imagi-
ner, d’après cela, les dépenses énormes faites par ce peuple pen-
dant tant d’années pour défendre sa liberté.
— 472 —
En fait d'armes, M. Desor fait voir des couteaux et des poi-
gnards de diverses formes ; quelques-unes de ces lames, qui pa-
raissent être d’une qualité très-ordinaire, rappellent, par leur
forme, les couteaux de l’âge du bronze; la même analogie se
rencontre dans les bracelets, particulièrement dans les anneaux
que les femmes portent aux chevilles et qu’on nomme Khlelal.
D’autres bracelets annoncent un art plus récent, tant pour la
forme générale de l’objet que pour les ornements d’origine arabe,
qui sont traités au repoussoir et exécutés âvec un certain goût.
On en pent dire autant des manches et des fourreaux de cuivre
des poignards, ainsi que d’une pipe à fumer le chanvre, qui pa-
rait être aussi de fabrique indigène.
Les bijoutiers fabriquent les anneaux pour les pieds, les brace-
lets, les colliers, les boucles d'oreilles, les épingles; ils garnissent
les armes de luxe ; la ciselure ne leur est pas inconnue , mais le
plus souvent ils font usage du repoussoir. Les bracelets rappel-
lent, par leur forme, ceux des temps les plus anciens; il en est de
cela comme du burnous, qui n’a pas changé.
Quels que soient les événements, le montagnard pur sang
change rarement de linge, et jamais de calotte et de burnous. La
calotte est de feutre ou de laine tricotée et devient parfois un
objet de curiosité, tant elle est enduite d’une couche épaisse de
graisse. Le burnous n’a que rarement l’avantage de jouir de quel-
que blancheur, à moins d’être neuf, il apparaît toujours maculé
de taches de toutes grandeurs et de toutes qualités. C’est avec les
pans de cet habit qu’on essuie les plats et les cuillers ; il fait dans
l’occasion l'office de balai. On hérite du burnous comme du fusil,
c’est un meuble de famille qui passe du père au fils et qu’on
porte même quand il est en lambeaux. Le linge de corps n’est pas
très-commun et on le lave si peu qu’il est inutile d’en faire men-
tion. Les souliers faits par des cordonniers ne sont pas en grande
faveur chez le plus grand nombre des montagnards. La plupart
d'entre eux ont à leurs pieds, soit un morceau de cuir de bœuf
non tanné, soit des espadrilles en alfa. Ils tricotent avec de Îa
laine des guêtres qui leur couvrent la jambe depuis la cheville
au-dessous du genoux.
L'intérieur de la maison est seul assez bien tenu. Dans la haute
montagne surtout, la ménagère a soin des objets qui la regardent.
— 473 —
La poterie est étalée sur des étagères et presque tous les ustensiles
sont suspendus aux murs et entourent le meuble par excellence,
le fusil, le seul qui soit véritablement soigné.
Le Kabyle ne se croit pas malheureux; habitué au strict né-
cessaire, il se contente d’un mobilier modeste qu’il n’augmente
pas en raison de l’accroissement de sa fortune. Les habitations ne
sont rien moins que luxueuses ; cependant, comparées aux tentes
et même aux huttes des Arabes, elles constituent un progrès réel,
tant sous le rapport du confort que sous celui de la moralité.
Elles sont maconnées et couvertes en tuiles. La distribution in-
térieure varie plus ou moins, suivant le degré d’aisance des pro-
priétaires, mais on y reconnaît cependant toujours le même type
fondamental.
Ordinairement la maison est précédée d’une cour, quelquefois
couverte en partie, et destinée aux troupeaux de moutons et de
chèvres. La demeure proprement dite est divisée en deux com-
partiments ; le premier sert de logement au ménage; le lit est an
banc de pierre couvert de nattes; le feu se fait dans un creux
pratiqué dans le sol; la fumée s’échappe comme elle peut; une
petite élévation supporte les énormes jarres en terre (kouti) où
sont renfermées les provisions; des piquets fixés dans le mur sont
destinés à établir le métier à tisser les vêtements de laine. Le se-
cond compartiment est une étable pour la vache, le bœuf, l’âne
ou le mulet. Au-dessus est une soupente servant de fenil où l’on
enserre le foin, la paille, les feuilles de frêne, de figuier et l’orge
destinés à la nourriture des animaux. Les enfants couchent dans
la soupente qui est au-dessus de la pièce occupée par leurs pa-
rents. Quelques maisons seulement ont un étage.
La nature du pays est telle dans les montagnes et les habitants
Si nombreux que le sol arable fait partout défaut; il est donc né-
cessaire de profiter des moindres accidents de terrain où la cul-
ture est possible et de faire rendre au sol tout ce qu’il peut donner.
Les jardins sont établis en terrasses sur des pentes parfois très-
raides ; on plante des figuiers dans les fentes des rochers, et des
oliviers, de la vigne et des frênes partout où ils peuvent végéter.
Les champs sont soignés avec sollicitude ; on recueille la paille,
même celle des fèves, et, en automne, on ramasse Îles feuilles
des figuiers et celles des frênes pour la nourriture du bétail. Le
— 4714 —
châtaignier manque et rendrait de grands services; il est remplacé
jusqu’à un certain point par le chêne à glands doux, mais il y a
loin du gland à la châtaigne.
On peut juger d’après cette esquisse que les Kabyles réunissent
certaines qualités qui les distinguent avantageusement des autres
populations de PAfrique, Ils sont en effet laborieux, frugaux,
braves, disciplinés, profondément attachés à leur sol. L’Arabe
affecte une dignité qui est souvent loin d’être au fond de son
cœur; chez le Kabyle, au contraire, le fond lemporte sur la
forme. La polygamie n’existe que nominalement chez eux. Ils ne
sont ni aussi superstitieux ni aussi fanatiques que les Arabes. [ls
pratiquent le jeûne d’une manière assez large et ne subissent pas,
an même degré que les Arabes, la suprématie du clergé. Maïs on
ne peut pas dire pour cela qu’ils soient réellement avancés ; loin
de là; quoique les moins retardataires, ils sont encore bien rou-
tiniers; en leur qualité de montagnards, ils sont avares, et, ce
qui est pire, ils ne le cèdent nullement aux Arabes en malpro-
preté, si même ils ne les surpassent pas. Enfin, la femme, bien
que dispensée du soin de se voiler, est tenue dans un état d’infé-
riorité scandaleux.
L'origine des Kabyles est un problème qui a occupé beaucoup
de bons esprits, sans que l’on soit arrivé à une solution satisfai-
sante. Quand on suit la grande route d’Alger à Dellis et qu'on
passe en revue les milliers de Kabyles qui s’en vont au marché
avec leur petit âne chargé de légumes ou de fruits, et que l’on
observe cette quantité de types et de figures, les unes basanées,
les autres blanches avec des cheveux tantôt bruns, tantôt blonds,
souvent roux et quelquefois des yeux d’un beau bleu, on com-
prend que chacun y ait pu trouver des preuves à l'appui de l’o-
rigine qu'il prétend leur assigner. [l est probable aussi qu’il y a
du vrai dans ces différentes théories. Arago, qui avait été frappé
des beaux yeux bleus des jeunes Kabyles, en avait conclu que
c’étaient là les descendants des Vandales. Si l’on considère les
luttes et les persécutions sans” nombre dont l’Afrique a été le
théâtre, et si l’on tient compte de l’hospitalité naturelle aux peu-
ples montagnards, on doit supposer que bien des débris de gran:
deurs déchues ont dû chercher et ont trouvé un refuge dans cette
forteresse de la Grande Kabylie. Nous savons que les Maures d’'Es-
— T5 —
pagne s’y réfugièrent en grand nombre. Des Romains, des Van-
dales y ont été accueillis en d’autres temps. M. Desor et ses com-
pagnons y on! aussi rencontré en assez grand nombre de ces figu-
res larges, à front fuyant, à lèvres un peu épaisses, qui semblent
copiées sur les têtes des sphyux et qui représentent probablement
le type primitif. De tout cela il est résulté un mélange qui ne laisse
pas que de rendre les études ethnologiques bien difficiles. Ce que
l’on voit clairement, c’est que ce ne sont pas des Arabes ; ce sont
probablement des aborigènes du pays descendant des anciens
Numides au crâne allongé que l’on retrouve partout dans les
tombeaux du Tell, c’est-à-dire probablement un rameau de la
race celtique. |
Séance du 28 janvier 1864.
Présidence de M. L. COULON.
Les comptes de l’année précédente sont approuvés
avec remerciements pour M. le Caissier.
M. Xopp entretient la Société d'expériences récentes
faites par M. Meissner, de Gôttingue, sur l'ozone et
l’antozone, que ce physicien produit en électrisant l'air
au moyen d’un appareil particulier. (V. Appendice.)
M. Hirsch donne le résumé de la partie astrono-
mique du travail qu'il a exécuté conjointement avec
M. Plantamour, de Genève, pour obtenir la différence
de longitude entre les Observatoires de Neuchâtel et
de Genève.
Cette différence est de :
3' 12,843 Æ 0,014 en temps
au lieu de 48' 14",49 en an.
— 476 —
M. Æopp interpelle Messieurs les docteurs-médecins
présents au sujet de la substance nommée ARevalescière
DuBarry, dont les annonces de journaux citent les ad-
mirables propriétés hygiéniques et curatives. L'examen
chimique lui a montré que cette matière est simple-
ment composée de farine de lentilles et d’un peu de
farme de blé.
MM. Cornaz et Guillaume, docteurs, disent que la
Revalescière n’est pour eux qu’un aliment purement
nutritif et qu’il serait bon d’avertir le public pour qu'il
ne paie pas à un prix exorbitant une substance abon-
dante et à bon marché.
M. Hirsch remet à la Société, de la part de l’auteur,
une brochure de M. Plantamour, relative à la hauteur
du lac de Genève, au-dessus de la mer.
— ÀTT —
COMMUNICATION
sur la détermination télégraphique
DE LA
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
entre les observatoires de Genève et Neuchaätel.
(Voir ci-dessus page 4175.)
Messieurs,
Je vous ai déjà entretenu à deux reprises de l’opération par
laquelle M. Plantamour et moi nous avons déterminé la diffé-
rence de longitude entre nos deux observatoires; c’était pour
vous communiquer les premiers résultats qu’elle avait fournis
pour la vitesse de transmission de l'électricité, et ensuite à
l'occasion de mes recherches sur le temps physiologique, j’a-
vais relevé les observations-soit astronomiques, soit chronos-
copiques par lesquelles nous ayons déterminé notre équation
personnelle. Je me permettrai peut-être de revenir encore une
fois sur la première de ces questions, sur laquelle nous avons
fait depuis lors une série considérable d'expériences. Pour
aujourd’hui je vous entretiendrai de la partie astronomique
de notre entreprise; je me bornerai cependant à vous en com.
muniquer seulement les résultats principaux, en renvoyant
pour les détails à notre mémoire, qui, après des retards pro-
longés, est enfin sous presse et va paraître sous peu.
Je vous rappelle d'abord que la méthode que nous avons
employée consiste à observer dans les deux observatoires les
passages des mêmes étoiles et d'enregistrer électriquement les
instants des observations sur les chronographes des deux sta-
tions. Nous avons ainsi observé dans 8 nuits 117 étoiles, cha-
cune aux 21 fils de la lunette de Neuchâtel et aux 5 fils de
— ÀT8 —
celle de Genève, ce qui constitue ainsi 2457 signaux d’obser-
vations qui ont été transmis par le télégraphe dans la direc-
tion de Neuchâtel à Genève et 555 dans la direction opposée,
en somme plus de 3000 signaux. Les étoiles que nous avons
observées étaient choisies dans une zone qui s’étendait à 10°
de déclinaison des deux côtés de l'équateur; quant à la gran-
deur, nous sommes allés jusqu’à la 8%, limite pour la lunette
de Genève de l’observation facile au champ éclairé. Parmi ce
nombre, il y avait assez d'étoiles fondamentales, pour pouvoir
déterminer la correction absolue de nos pendules.
Vous connaissez les instruments de notre observatoire qui
ont servi à ces observations, le cercle méridien, la pendule si-
dérale et le chronographe; à Genève, dont les instruments n'é-
taient pas calculés dès l’origine pour l'emploi de la méthode
américaine, il a fallu se servir d’une pendule chronographique
auxiliaire, qu'on a comparée soigneusement après chaque pas-
sage d'étoile à l'excellente pendule sidérale de Dent, et cela au -
moyen de 11 signaux, que l'observateur donnait à la maïn, en
suivant les battements de la pendule sidérale; l'erreur moyen-
ne d’un signal donné à la main étant de + 0°,037, celle d’une
comparaison des deux pendules est de + 0,011; on a ensuite
établi l'équation des deux pendules pour chaque nuit, en uti-
_lisant toutes les comparaisons au moyen de la méthode des
moindres carrés, — Le chronographe employé à Genève a les
mèmes organes essentiels que le nôtre, c’est-à-dire pour régu-
lateur le ressort vibrant de Hipp, et pour moyen d’enregistre-
ment des plumes capillaires en verre; mais, du reste, il est
tout autrement construit, et est au fond un appareil télégra-
phique de Morse perfectionné, de sorte que les observations
s’y enregistrent sur des bandes de papier qui se déroulent sous
les plumes.
Le double enregistrement nous à donné un moyen de dé-
terminer, par la comparaison des deux chronographes fil par
fil, l'exactitude de la méthode chronographique; car les écarts
entre les deux appareils proviennent de l’imperfection de l’en-
registrement et du relevé. Ces erreurs proviennent de sources
multiples; d'abord de ce que les électro-aimants n’attirent pas
les ancres avec une vitesse constante, qui varie plutôt avec
l'intensité des courants; ensuite de ce que le mouvement des
— 479 —
pendules et des chronographes n’est pas absolument régulier,
enfin parce qu'on commet dans le relevé des signaux de pe-
tites erreurs, à cause de l’imperfection de la machine de relevé
et par suite de l’épaisseur variable des traits et de la rugosité
du papier. Pour qu'on puisse apprécier les limites dans les-
quelles ces différentes causes rendent imparfait l’enregistre-
ment électrique, je vais vous communiquer les erreurs que la
comparaison des deux chronographes nous a fournies :
L'écart moyen d'enregistrement pour un fil ob- s
servé à Neuchâtel est . . . . Æ 0,033
L'écart moyen d’enregistrement Dé un fil 6b-
servé à Genève est. . . . FU NUS
L'écart moyen d'enregistrement UE un paie
de Neuchâtel est. . . . ARR AE 4
L'écart moyen d'entéshtrénèn is un dre
RÉPÉTÉ ER M SUR) PA UAREREOENE AIRES
L'écart moyen d'enregistrement pour une valeur
de la différence de longitude est . . . . . + 0,014.5
L'écart moyen d'enregistrement pour la valeur
moyenne de la différence de longitude est . . + 0,001.3
Comme nous avons employé pour l’enregistrement à dis-
tance les courants ordinaires de pile et plus tard des courants
d'induction, il est intéressant de voir quel genre de courants
offre la plus grande exactitude pour l'enregistrement; eh bien,
on voit que l'écart d'enregistrement d’une observation d’un fil
est :
Pour les courants ordinaires des piles . Æ 0,0253
» d’induction . . . . + 0,0317
On voit donc que, contrairement à notre prévision, il existe
une légère supériorité (d'environ 0°,006) pour les courants or-
dinaires, résultat qui s’est confirmé plus tard par les recher-
ches que nous avons faites avec ces deux genres de courants
dans la comparaison automatique des pendules.
En prenant la moyenne des deux genres de courants, on
trouve que l'écart moyen sur l'enregistrement d’un fil est, pour
des appareils comme les nôtres, environ 0°,03; en attribuant
une part d'erreur égale à chaque chronographe pour produire
l'écart, cette erreur serait de + 0°,021; et qu'on remarque
— 480 —
bien que cette quantité est l'expression de l'incertitude sur
trois signaux, savoir celui du fil lui-même et des deux signaux
de secondes, celle qui précéde et celle qui suit. Il ne faut non
plus oublier que ces 05,021 sont l’erreur pour l'enregistrement
électrique à distance; l'enregistrement chronographique or-
dinaire, qui n’est par conséquent pas influencé par la résis- -
tance variable des lignes télégraphiques, est sans doute encore
plus exact. Enfin je ne doute point que cette erreur puisse en-
- core être réduite, en perfectionnant davantage les chronogra-
phes, surtout en remplaçant les plumes qui écrivent à l'encre
par des pointes en diamant ou en acier, qui tracent des lignes
beaucoup plus fines sur du papier noirci. Seulement il est en-
core difficile de se procurer un papier convenable de cette
nature.
Mais pour apprécier en général le mérite de la méthode
d'enregistrement électrique, il faut plutôt comparer les erreurs
moyennes d'observation que l’on commet avec ce procédé,
aux erreurs auxquelles on est exposé avec la méthode ordi-
naire. Ces erreurs là contiennent, outre les erreurs d’enregis-
trement, les erreurs fortuites, qui proviennent soit de l'indé-
cision dans l'appréciation du moment de bisection, surtout si
l'image de l’étoile n’est pas très-nette, ou si elle est ondulante,
soit de la vitesse physiologique variable, avec laquelle lim-
pression de l’œil est transmise au cerveau et transformée par
l'acte de la volonté dans le mouvement du doigt, qui ferme le
courant.
On obtient une mesure pour ces erreurs fortuites d’observa-
vation, par la plus où moins grande concordance entre eux
des différents fils, qu'on réduit au fil moyen. De cette manière
nous avons trouvé :
8
L'err. moyenne d’obs., pour un fil de Neuchâtel, Æ# 0,097.4
»
>
»
» de Genève, + 0,097.6
p' un passage de Neuchâtel, Æ 0,021
D de Genève, Æ# 0,045
pour une valeur de la diffé-
rence de longitude, + 0,049.6
pour la valeur moyenne de
la différence de long., Æ 0,004.6
— ASl —
On voit ainsi que l'erreur moyenne d’une observation chro-
nographique d’un fil est pour nous deux Æ 0°,097; elle était
même au-dessous de 0°,09; toutes les fois que l’état atmosphé-
rique n’était pas très-défavorable. Certes l’erreur de 05,1 dans
l'observation d’un fil n’est obtenue que très-rarement suivant
l’ancienne méthode d’après l’ouïe, et seulement par les obser-
vateurs les plus distingués. Mais ce qui constitue surtout la
supériorité de la méthode américaine, en comparaison avec la
méthode ordinaire, c’est le plus grand nombre de fils qu’elle
permet d'employer; car n'étant pas obligé d'écrire ou de dic-
ter, on peut espacer les fils de sorte que leurs intervalles
soient de 3 environ, comme pour notre lunette, tandis que,
avec l’ancienne méthode, on ne peut pas, en tout cas, dimi-
nuer ces intervalles au-delà de 12 ou 10%. Donc, si même on
voulait admettre pour l'observation d’un fil une erreur égale
d’après les deux méthodes, l’exactitude d’une observation d’é-
toile sera toujours environ deux fois plus grande avec la mé-
thode américaine qu'avec l’ancienne méthode. Ainsi, pour
obtenir par exemple l'ascension droite d’une étoile avec la
même exactitude, il faut — toutes circonstances égales — trois
à quatre observations ordinaires pour une seule observation
chronographique. Et certes cet avantage n’est pas compensé
entièrement par la perte de temps causée par le relevé des
observations chronographiques.
La supériorité de la nouvelle méthode électrique me semble
ainsi démontrée pour la plus grande partie des observations
astronomiques.
Je reviens à notre détermination de la différence de longi-
tude; comme on ne l’obtient pas par la différence brute des
deux passages consécutifs, mais qu’il faut encore appliquer à
chacun d’eux les corrections instrumentales, dont la détermi-
nation, bien qu’elle soit faite avec tous les soins, est sujette à
des erreurs, et qui en outre sont variables jusqu’à un certain
point pour tous les instruments, il est évident que l'erreur for-
tuite d'observation, que nous avons déterminée plus haut en
moyenne à + 0°,050 pour une valeur quelconque de la différen-
ce de longitude, ne représente pas encore toute l'erreur proba-
ble d’une telle détermination. Comme les erreurs d'observation
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 32
— 482 —
dont nous avons parlé jusqu’à présent, sont conclues de lac-
cord des fils entre eux, elles ne sont influencées que par les
variations qui ont lieu pendant la durée d’un passage, soit dans
l’état des instruments, soit dans l’état physiologique des ob-
servateurs. Mais toutes ces conditions, instrumentales, électri-
ques, atmosphériques et physiologiques changent certainement
dans une mesure plus forte d’une étoile à l’autre, c’est-à-dire
dans l'intervalle de 5 à 6 minutes, quependant le temps quatre
fois moindre qu’une étoile met pour passer devant les fils des
lunettes. Ensuite nous avons observé, non-seulement à plu-
sieurs jours, mais même à différentes époques de l’année, sous
. des conditions atmosphériques, électriques et probablement
aussi physiologiques très-différentes; il est done clair à priori,
que les déterminations obtenues dans les 8 nuits d'observation
n’auront pas la même valeur. En effet, tandis que le 21 mai
les étoiles étaient fort ondulantes et quelquefois même à peine
visibles à travers les nuages, le 3 octobre le ciel était on ne
peut plus favorable.
Par conséquent, pour tirer de toutes les valeurs de la diffé-
rence de longitude fournies par chaque étoile et par les diffé-
rents jours, le résultat le plus probable, il faut attribuer à cha-
eune de ces valeurs un poids en proportion avec son exactitude,
Pour juger de cette dernière avec sûreté, nous avons déter-
miné pour chaque observation l'erreur moyenne avec laquelle
elle fournit l'ascension droite de l'étoile en question; car cette
erreur là doit conteuir tous les éléments d’incertitude dont
nous avons parlé; et nous avons attribué à la différence de
longitude qui résulte des deux passages de cette étoile, un
poids en proportion avec les deux écarts, que ces passages
montrent par rapport à l’ascension droite. Sans pouvoir entrer
ici dans les détails des calculs, je dirai seulement que nous
avons d’abord déterminé les corrections et les marches de nos
pendules par rapport au temps des deux méridiens, et qu'avec
ces données nous avons calculé l’ascension droite de chaque
étoile; comme nous avions en moyenne pour chacune 6 dé-
terminations indépendantes, nous avons obtenu ainsi, comme
petit hors d'œuvre de notre travail, pour 32 étoiles une liste
d’ascensions droites, qui jouissent d’une exactitude remar-
— 483 —
quable, car l’erreur moyenne pour une d’elles est seulement
+ 05,022.
En comparant à ces valeurs moyennes des ascensions droi-
tes les valeurs individuelles pour chaque jour et chaque ob-
servateur, nous avons trouvé pour chaque observation d'étoile
l'erreur commise soit à Neuchâtel, soit à Genève. Appelant
ces écarts E, et E, , et l'erreur de l’ascension droite X, l’incer-
titude d’une observation isolée d’une étoile est E, Æ X pour
Neuchâtel et E, + X pour Genève ; par conséquent, la différence
de longitude conclue des deux passages correspondants d’une
même étoile sera exposée à une erreur:
BE =+Vv (EE, On trouve des morilles à la Chaux-de-Fonds.
14:55 Hépatiques (Hépatica triloba) et violettes au Mail.
16 Mars. Fleurs aux abricotiers.
24 » Amandiers en fleurs.
3 Avril. Tonnerre.
M + Le coucou chante.
ue On voit quelques hirondelles.
or 0 Cerisiers en fleurs.
41 >» Pruniers en fleurs.
22 » Bouleau en fleurs.
23 » On apporte du muguet au marché.
24 » Des feuilles au hêtre.
8 Mai. On vend des cerises au marché.
10 » Orage terrible; ravages à Hauterive et à Saint-
Aubin. Le trèfles des marais (Menyanthes trifo-
liata) en fleurs dans les marais de Saint-Blaise.
La belle-étoile (Asperula odorata) au Mail.
14 > Sureau en fleurs.
16 » Nénufar en fleurs (Thielle). Eglantines au Mail.
41,5 Mélitte à feuilles de mélisse et géranium sanguin
(Mail).
18 » Troupes immenses de poissons nageant en forme
de triangle à la surface du lac, dans la direction
de Saint-Blaise.
21 » De même; probablement des cormontans.
1* Juin. La vigne fleurit. Les premiers jours du mois on
fait les foins dans le Vignoble.
9 » Beaucoup de cerises au marché.
+ 0 Beaucoup de fraises au marché,
— 556 —
EC Tilleuls en fleurs.
BE, Fin de la floraison de la vigne.
Juillet. Les gentianes jaunes ont une hauteur extraordi-
naire.
15 Août. Après plusieurs semaines de sécheresse et de
chaleurs extraordinaires, la promenade du Crêt
était couverte d’un lit épais de feuilles sèches.
Dans les forêts, un grand nombre de hêtres
avaient leur feuillage entièrement rouge comme
en automne.
16, » Orage et grêle à Neuchâtel ; le sol en est blanc.
jm ; ; » les grains sont gros
mais peu abondants.
17 Septemb. Premier brouillard du matin.
RE Première neige sur les Basses-Alpes.
24et 25 Inondations à Boudry, Locle, Val-de-Travers,
après de longues pluies. Dommage dans tout le
canton, fr. 40,000.
29 » Hirondelles de mer sur le lac.
6 Octobre. Vendange à Boudry. Le raisin est mûr et abon-
dant; on fait 2, 3, 4 et même 6 gerles par ou-
vrier. Le blanc se vend de 25 à 28 francs.
9 » Vendange à Neuchâtel.
2 Décemb. Il neige à gros flocons.
4 » - Le soir tout est gelé. 1°° gelée.
24 » Blanc de neige.
Observations relatives à la végétation, pour 1863, faites
à Neuveville, par M. Hisely, professeur.
17 Janvier. Violettes en fleurs,
5 Février. Les noiïsetiers de jardin en fleurs.
11 » Un papillon.
16 » Le boiïs-gentil fleurit.
se » Anémone hépatique en fleurs.
22 1 » Pervenches fleuries.
>. MERS
20 Mars.
25 »
28 »
1e Avril.
6 »
8 »
9 »
10 »
APE S
14) <»
VEUT
25 »
21 »
31 »
8 Juin.
9 »
42 fu
28 »
5 Août.
29 Sept.
1 Oct.
3 »
45 »
1 Nov.
NE
8 »
— 901 —
On voit des cigognes à Granges.
Cormier en fleurs.
Abricotiers de jardin en fleurs.
Primula officinalis fleurit.
Première hirondelle.
Chant du coucou.
Couronne impériale en fleurs.
Quelques tilleuls ont des fleurs.
Arrivée des hirondelles.
Jolimont verdit.
Floraison du colza.
Cerisiers en fleurs. De même quelques poiriers
et pommiers.
Bourgeons d’un pouce de longueur aux ceps.
Les hêtres sont verts jusqu’à mi-hauteur de Chau-
_ mont.
Le Chasseral verdit.
Les tilleuls fleurissent.
La vigne commence à fleurir.
Neige à Lignières.
La vigne est à peu près défleurie.
On cueille des raisins blancs.
Départ des hirondelles.
Vendange au Landeron.
Vendange à Neuveville.
Les feuilles des tilleuls sont tombées.
Neige sur Chaumont.
Petite gelée blanche dans les vignes.
La vigne a perdu ses feuilles.
5 Décemb. De la glace le matin au bord du lac.
TABLEAU DES VENTS, DE L’ÉTAT DU CIEL,
ET DU BAROMÈTRE.
Neuchâtel, 1862.
a | État du ciel. Vents.
n° Nomb. de jours de Nombre de jours de
+ 4 N
FRE S | é
set bar do è E =
& CA Men ee = Perh si) St
ea S CA S OS & S æ# |
Janvier 722,3 || 4,5| - 26,5 | 13,5 | 6 41 0,5 | &
Février 723,8 || 10,5| 1 16,5 | 15 9,5 | 3 0,8
Mars 717,5 9 3 19 22 1 5,54 252
Avril 723,7 13 6 11 21 7 1 1 -
Mai 721,7 || 11 |10 10 23,5 | 2 3,5 | 2 e
Juin 721,6 1 14 45 14,5 | 1! 12 2,5 | -
Juillet » 9,513 8,5 || 13 92,8 | 40,5 | 5,0 | -
Août » 8,5| 5,5 | 17 12,5 | 9,5 | 7 2 à
Septembrel| 723,1 6. | 7 17 15 8 3,5 | 1,5 | -
Octobre 724,5 6 |4 21 14 5,5 | 10,5 | 1 :
Novembre || 718,7 6 - 24 12,5 112,5 3,5 | 4,5: .1:-
Décembre 726,4 55). A 24,5 || 10 6 15 - -
Année 722,2 || 90,5164,5 | 210 |186,5 [70,5 | 88,0 |20 E
Neuchâtel, 1863.
FE Etat du ciel. Vents.
“$ Nomb. de jours de Nombre de jours de
D 1 PR Re.
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2. 1 ol 5 liè« N Rob ati ets
FA Ste else S [eu SP Sup
Janvier 722,7 || 12 À 19 10 4,5 | 16,5 | - :
Février 730,7 19,5| - 8,5 || 46 7 4 1 -
Mars 720,2 || 44 | 2 | 45 |125 |8 CC RC 0e
Avril 722,6 12 7 A1 23 à 4 1 -
Mai 721,3 16 7 8 23,5 | 5 _ 2,5 | -
Juin 721,8 |[42 À 3 | 45 |l47 |3 8 AR
Juillet » 16 7 8 11,5 113 4 3,ù |: -
Août » 20,5| 5 6,5 || 21 à g |a x
Septemb. || 717,3 || 14,5| - 15.5 || 13 8,5 | 8 ACR de
Octobre 791,7 7,5| 1 21,5 || 18 8 5 s :
Novembre 724,9 3,51re 36,5 || 13 A1 6 à # |
| Décembre || 723,8 6 |41 14 13 |8 8 8 k
Année 722,6 |153,5] 43 | 168,5 |191,5 |78 80 15,5 | -
TEMPÉRATURE DE L'AIR.
Tubleaux des observations thermométriques.
Neuchâtel, 1862.
ES À
È S Maxima et minima. ss Jours de
d DT ne UE PP. È Em —
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| Juin 16,7 || 98,8 8 9,5 20. | 49,3 -!| 19 —
Juillet 18,8 || 31 27 11,5 17 19,5 |—. —| 28 2.
Août 16,8 || 29,5 2 10,5 11 19 D | —| 19 1;
Septemb. || 45,0 || 23 3 10 22 18,11 | 14 —
: Octobre 12,3 || 20 14 4,5 29 1555152, 1.1 —)
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Mars 5,0 || 13,8 25 |— (0,6 1 14,4 | — , 5! —|-—
Avril 10,1 || 21,5 27 2 1 19,5 —| 1|—
Mai 14,5 || 25 18 6 1 19 = A 14l—
Juin 17,0 || 28,5 26 8 13 20,5 || — 1 201 —
Juillet 19,0 || 28,5 3 10 27 18,5 | — ;—| 31] —
Août 19,1 || 33,2 9 9 23 24,2 || — Le: 26| —
Septemb. || 14,2 || 25,8 4 6,5 12 921,3 | — —| 141 —
Octobre 12,1 || 20 45 5,5 27 44,5 | — |—1 1|—
Novembrel| 5,4 || 13,2 5 0,5 30 12,7 i—| —
Décembre
Année 14,0 || 33,2 | 9août|— 2,5| 19 fév. | 35,7 || — 1301107 —
———_————
Neuchâtel, 1862.
Nombre de jours de
——_—__—__——————_—————
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Millimètres d’eau
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TABLEAU DES OBSERVATIONS HYGROMÉ TRIQUES.
Janvier n 1 - - 147,7
Février 1 4 - - 19,5
Mars 3 il - - 36,0
Avril 2: -1-0,5 1 - 24,1
Mai - - 1 - 54,0
Juin - - 1 _ 83,6
Juillet | - _ 9 … 34,7
Août 1 - | - 1 - 108,0
Septemb. - | 0,5 1 - 73,2
Octobre - 3 - - 12007
Novembre - 2 - 21,6
Décembre 1 4 - - 46,5
Année 75 TE 16 7 0 871,6
| Neuchâtel, 1863.
=
Nombre de jours de 5
TT E .
> : © £
Hs ss Es £
S |tÉA SELS =
À A SES Mes =
Janvier 6 2 2 - 44,8 .
Février = - 4 - 11,4
Mars h à DE Pan 49,2
Avril 4 - 3 - | - 40,7
Mai 5 SL MER URSS 189,3 |
Juin 10 L'RE LCR TE 175,4 |
Juillet 2 - - - - 27,2
Août 7 - = CE Me 103,9
Septemb. 9 - - 1} - 286,0
Octobre 5 Fo D A PRE 0 60,7 |
Novembre 4 - 1 - Fa 38,7 |
Décembre x | |
Année 56 3 | 14 | 40 | 3 1027,3
D D |: à ri
VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX
DES LACS
DE NEUCHATEL, D£ BIENNE ET DE MORAT,
pendant les années 1862 et 1563.
Les mesures limnimétriques sont exprimées en millimètres
et indiquent la distance du niveau de l’eau au môle de Neu-
châtel, situé à 434,7 mètres au-dessus du niveau de la mer.
La marche générale du lac est donnée par les tableaux graphi-
ques. Le nombre de jours où le lac est resté stationnaire n’est
pas inscrit dans les tableaux.
Les observations se font, pour.le lac
de Neuchâtel : à Neuchâtet, par M. Kopp, professeur;
de Bienne: à Neuveville, par M. Hisely, professeur;
de Morat: à Morat. M. Haas a observé le limnimètre jus-
qu’à la fin de 1862. Pendant 1863 on n’a pas fait d’observa-
tions à Morat. M. Wyss en est chargé depuis le commence-
ment de 1564.
Lace de Neuchâtel.
Le 31 décembre 1861, le lac était à 2470 millimètres.
Le 31 décembre 1562, à 2730 millimètres.
Et le 31 décembre 1863, à 2509 millimètres.
Le lac a done baissé en 1862 de 260 millimètres, et il a
haussé en 1862 de 221 millimètres.
BULL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI, 37
7)
Lac de Neuchâtel, 1862.
e
—
S $ E | Maximum |bepant le mois
= S à LS par jour.
S 0 È Rs le lac
Sert s | Ses
Le) . . Vd FT
& È 2 = É à Haussé | Baissé |
È = a. | = lee de de |
E mm mm mm . mm lim mm K
Janvier 393 A1 148 17 103 415 175 —
Février 249 6 174 94 || 105 20 75 ==
Mars 55 7 200 19 18 20 ——- 4145
Avril 45 4 205 26 Bis) 18 — 160
Mai 17 8 205 26 7 45 — 188
Juin 65 10 114 17 28 20 — A9
Juillet 25 © 153 20 20 38 — 198
Août 47 2 114 29 10 10 — 97
Sept. 165 16 90 19 50 20 75 —
Octobre 402 29 79 7 58 40 330 _—
Novemb. 28 9 411 16 5 3 — 83
Décemb. 54 {l 119 20 30 20 — 65
Année 1455 99 4705 230 || 105 40 655 915
Lac de Neuchâtel, 1863.
S = & = Maximum Pendant le mois
E = = S par jour.
ë S = S pe 0 le lac
Le) . x . S . a (44
É È ë È S ë Haussé | Baissé
= > esse: 2: IE ds de de
mm OÙ om LE Col one mm mm
Janvier 290 25 1 20 5 245 ==
Février 2% 110 A7 10 10 — 85
Mars 74 193 62 13 20 10 19 —
Avril 316 23 43 7 28 A1 CHE —
Mai A1 6 196 24 15 45 _— 155
Juin 180 45 75 fl 20 20 105 —
Juillet 5 Ù | 320 28 5 35 — 315
Août 61 4 911 23 20 20 — 150
Sept. 805 16 110 12 || 940 18 695 ss
Octobre 90 6 185 16 25 25 —— 95
Novemb. 65 10 480 20 15 418 — 445
Décemb. 93 3 187 925 10 45 — 164
Année 1905 194 1684 193 240 35 1300 1079
— 563 —
Lace de Bienne.
Le 31 décembre 1861, le lac était à 2715 millimètres.
Le 31 décembre 1862, à 3005 millimètres.
Et le 31 décembre 1863, à 2752 millimètres.
Le lac a donc baissé en 1862, de 290 millimètres, et haussé
en 1563 de 253 millimètres.
Lac de Bienne, 1862.
a ————
| |__| À —————
Année 1513 85 1803 246 180 4% 759 1049
$ < , 2 Maximum Pendant le mois
E LA à & REF JEU le lac
Ÿ - bic . Ÿ . a a
Z S == © 2 =. H l'An
= 2 .2- à Z .2 ausse aisse
È = à = È à de de
| mm mm mm mm min mm |
Janvier 449 15 154 45 180 Je 295 _
Février | 146 8 188 17 80 44 E 42 |
Mars 43 2 138 25 9 11 — 126
Avril 27 9 916 28 14 12 — 189
Mai 0 0 221 30 0 44 — 291-
Juin 79 41 71 16 921 8 8 —
Juillet 10 ji 295 97 10 A2 — 215
Août 32 6 40; | < Me A La 2 - EL
8 È 2 S 3 A Haussé | Baissé
SS 2 à = | = | À de de
mm nm nm nm min min l
260 21 13 4 34 4 247 —
45 9 138 17 14 19 — 93
104 15 68 13 11 9 36 —
336 23 46 7 34 10 290 —
55 4 216 24 36 15 — 161
190 15 114 13 31 14 76 —
25 3 348 28 10 24 — 393
41 6) 218 26 12 13 — 177
724 20 26 5 147 9 698 —
86 7 149 23 29 13 — 63
63 9 170 20 9 13 — 107
28 3 198 28 11 15 — 170
1957 134% 1704 208 147 24 1347 109%
Le 16 février 1862, le lac de Bienne est gelé devant Neuve-
ville jusqu'à Cerlier; la glace a quatre lignes d'épaisseur. Le
17, la glace est toute couverte de neige; le 18, dégel.
Lae de Morat.
Le 31 décembre 1861 le lac était à 2340 millimètres.
Le 31 décembre 1862, à 2670 millimètres.
En 1862, le lac a donc baissé de 330 millimètres.
Le lac de Morat n’a pas été observé en 1863.
— 965 —
Lac de Morat, 1862.
; 2 1 a Maxim Eu | bendant le mois
S à S à par jour
= "S 3 "D le lac
= = S = M AE nl | 2
> = © S à d ù :
& È 2 È £ 2 Haussé | Baissé
= = à | 2 |SlS de de
mm mm mm mm mm mm
Janvier 630 9 220 A1 240 80 410 =
Février 830 2 350 13 || 160 60 ad. 129
Mars 30 2 140 7 20 30 110
Avril 100 3 450 13 40 70 2% 350
Mai 60 1 110 6 60 20 Es 50
Juin 90 4 100 5 30 30 es 10
Juillet 20 (] 300 12 20 60 ps 280
Août 10 1 30 3 10 10 #4 20, |
Sept. 180 7 ° 70 2 40 40 110 A
Octobre 670 10 20 1 150 20 650 —
Nov. 0 0 520 16 0 60 7 520
Déc. 50 2 90 4 30 30 n+ 40
Année 2070 42 2400 93 240 70 1170 1500 |
Température du lac de Neuchâtel.
1862.
Le 1 janvier l’eau du lac avait à sa surface une température
de 4,7. Pendant le mois de janvier la température variait
entre 5°,5 et 2°,3. Le 1 février l’eau était à 5°,7, elle a atteint
son minimum les 10 et 11 février 1°,5, dès-lors le lac s’est ré-
chauffé lentement; le 1 mars la température était de 4°,3; le
1 avril de 6% ; le 1 mai de 10°7; le 1 juin de 18°,5; le T juillet
de 17°3; le 1 août de 22°5: maximum de température de l’eau
qui à été atteint dès le 30 juillet. Dès-lors l’eau s’est refroidie
lentement; le 1 septembre elle était à 193; le 1 octobre à
175; le 1 novembre à 125; le 1 décembre à 5°5 et le 31 dé-
cembre à 6°, L'eau a atteint 18° le 31 mai et elle est restée à
— 966 —
cette température et au-dessus jusqu’au 18 septembre, à l’ex-
ception de 16 jours en juin et de 8 jours en juillet, pendant
lesquels la température flottait entre 18° et 16°, par des jours
couverts et de pluie.
La saison des bains a done été de 111 jours. Pendant ces
111 jours l’eau était au-dessous de 18° pendant 24 jours, elle
était à 18° pendant 1 jour en mai, 3 en juin, 6 en juillet, 2
en août et 12 en septembre; à 19° peñidant 4 jours en juin, 4
en juillet, 6 en août et 6 en septembre; à 20°, 4 jours en juin,
3 en juillet et 11 en août; à 21°, 3 jours en juin, 7 en juillet
et 7 en août; et à 22° ou 22°,5, 3 jours en juillet et 5 en août.
La température de l’eau à la surface du lac est restée toute
l’année au-dessus du minimum de la température de l'air, ex-
cepté 3 jours en janvier, 4 jours en février, 9 jours en mars,
5 en avril, 1 en mai, au total 22 jours. Le maximum de la
différence entre le minimum du jour supérieur à la tempéra-
ture du lac, et la température du lac a été de 2°,9. Le mini-
mum de l'air et la température de l’eau étaient égaux les 7
février, 17 et 19 mars et 11 avril.
En comparant la température de l’eau au maximum de la
température de l’air pendant la journée, on trouve que le lac
a été plus chaud que l'air pendant 122 jours, soit 19 en jan-
vier, 6 en février, 4 en avril, 7 en juin, 1 en juillet, 11 en
août, 4 en septembre, 16 en octobre, 30 en novembre, 24 en
décembre. Sept fois la température de l’eau était égale au
maximum de l’air, savoir: 1 fois en janvier, 1 en février, 5
en septembre et 2 en décembre.
Température du lac de Neuchâtel.
1863.
Le 1 janvier, l'eau avait à sa surface une température de
5°8. Pendant le mois de janvier la température n’est pas des-
cendue au-dessous de 4°,7. Le 1 février l’eau était à 5°5 et elle
a alteint le minimum, 5°,5, le 16 février ; le 1 mars la tempé-
— 967 —
rature était de nouveau de 58; le 1 avril de 73; le 1 mai de
11%; le 1 juin de 165; le 1 juillet de 225; le 1 août de 20%5;
le 10 août le maximum était de 25°; le 1 septembre l’eau était
de nouveau à 21°, le 1 octobre à 16°; le 1 novembre à 12°,5
et le 1 décembre à 8°5.
L'eau a atteint 18° le 21 juin et elle est restée à cette tem-
pérature et au-dessus jusqu’au 21 septembre, à l'exception de
2 jours, les 14 et 15 septembre, où elle avait 17°,5. La saison
des bains a donc duré 90 jours. Pendant ce temps, l’eau était
au-dessous de 18°, 2 jours; à 18°, pendant 9 jours en septem-
bre;
à 19°, pendant 1 jour en juin, 4 en juillet, 4 en septembre;
à 20°, 14 en juillet, 9 en août, 5 en septembre;
à 21°, 3 jours en juin, 10 en juillet, 10 en août, 1 en sept.;
à 22°, 3 en juin, 2 en juillet, 1 en août;
à 23°, 1 en juillet, 4 en août ;
à 24°, 6 en août;
à 25°, 1 en août;
La température de l’eau est restée au-dessus du minimum
de la température de l’air pendant toute l’année, excepté 1
jour en mai et deux jours en avril, en total 3 jours. Le maxi-
mum de la différence entre le minimum de l’air supérieur à la
température de l’eau du lac a été de 1°,5 le 12 avril, cette dif-
férence n’était que 1°,0 le 30 mars et de 0°,5 le 23 avril. Le 7°
mars, les deux températures étaient égales.
En comparant la température de l’eau au maximum de la
température de l'air, on trouve que le lac était plus chaud
que l’air pendant 94 jours, savoir 18 en janvier, 4 en février,
3 en mars, 1 en avril, 2 en mai, 2 en juin, 3 en juillet, 6 en
août, 12 en septembre, 19 en octobre et 24 en novembre.
Neuf fois la température maximum de l’air et la tempéra-
ture de l’eau étaient égales, soit 1 jour en janvier, 2 en févr.,
1 en mai, 1 en juin, Î en juillet, 1 en octobre et 2 en novem-
bre.
Les observations régulières et journalières de la tempéra-
ture du lac ont cessé Le 1 décembre 1863.
— 968 —
Séance du 7 avril 1864.
Présidence de M. L, CouLon. pa
M. de Rougemont WW un mémoire sur William Her-
schell. Ille représente comme le naturaliste, le physi-
elen et le cosmographe du monde sidéral. Il établit
qu'après avoir d’abord vu dans chaque nébuleuse une
galaxie, Herschell avait fini dans sa dernière disserta-
lion par faire rentrer toutes les nébuleuses dans une
sphère dont le diamètre serait celui de notre voie lactée,
rétractation à laquelle personne n'aurait pris garde.
Enfin partant d’une observation d’'Herschell sur le nom-
bre extraordinaire des étoiles télescopiques, M. Rouge-
mont expose les raisons diverses qui porteraient à sup-
poser que notre galaxie est formée de couches concen-
triques d'étoiles de plus en plus nombreuses, de moins
en moins denses et de plus en plus rapprochées.
M. Æopp fait une analyse de la Chimie agricole de
“ Liebig.
M. Desor présente un petit mémoire publié par or-
dre du gouvernement italien pour servir de guide aux
ingénieurs et dans lequel on donne comme exemple à
suivre, la coupe des tunnels du Jura industriel , telle
qu'elle a été publiée dans le tome IV de nos mémoires.
Séance du 14 Avril 1864.
" Présidence de M. L. CouLon.
M. Paul Godet \it un mémoire sur /es caractères de
supériorité des végétaux. Gette communication intéres-
— 969 —
L 1
sante donne lieu à des observations de la part de MM.
Desor , Ladame et Guillaume , docteur.
M. L. Coulon rappelle les dons que feu M. G. Perre-
gaux, notre collègue , a faits à plusieurs reprises à nos
collections. Chaque voyage qu’il entreprenait était pour
lui une occasion de faire servir son activité et ses res-
sources à l'accroissement du musée de sa ville natale.
C’est ainsi que nous avons acquis une foule d’objets in-
téressants provenant d'Helgoland, de Suède, d'Egypte.
Dernièrement M. Coulon examinant des bocaux rap-
portés de Suez par notre jeune compatriote , et remplis
d'animaux qu'il avait pêchés lui-même dans la mer Rou-
ge, y a trouvé, avec surprise, plusieurs espèces de crus-
tacés qui ne sont décrits ni dans le grand ouvrage de
l'expédition française en Egypte, ni dans Milne-Edwards.
Les crustacés rapportés par M. Perregaux sont les
suivants : — Les n° 2, 3, 4,6, 8 et 9 sont nouveaux ou
non déterminés.
1° un petit crabe qui est le #rapezia ferruginea de La-
treille, soit érapezia cymodoce de Savigny, repré-
senté dans le grand ouvrage sur l'Egypte, pl. 5, £. 2;
2° une espèce beaucoup plus petite qui est toute
parsemée de points orangés, dont le front est den-
telé de la même manière que l'espèce précédente :
on pourrait l'appeler Trapezia punctata;
3° un petit crabe aussi représenté dans l'ouvrage
sur l'Egvpte, pl. 5, f. 6, c’est une £#2$e remar-
quable par ses granulations ;
4° un Pandalus, qui doit être nouveau ; il n’est pas
représenté dans l’ouvrage indiqué plus haut ;
5° un Pagure, c'est probablement l'espèce appelée
— 910 — <
par Savigny Pagurus Labilladieri , représentée
pl. 9, f. 2
6” une espèce d’Afhanase voisine du Mtescens de
Leach; 1l est figuré dans l'ouvrage cité pl. 9, f. 4;
7” une autre espèce d’Athanase plus petite que la
précédente, appelée par Savigny A/hanase Ed-
wardsu ; elle est figurée pl. 10, f. 1;
8” et 9° Un Gonodactyle très voisin du chiragra ; une
première variété est verdâtre avec six gros tubercules,
arrondis sur le dernier segment de l'abdomen, le der-
nier en a cinq allongés, celui du centre étant plus dé-
veloppé.
La seconde variété de Gonodactyle est de la même
grandeur que la précédente, soit 4 centimètres de lon-
gueur ; elle est jaune-verdâtre , toute pointillée de jau-
nâtre ; elle à le même nombre de tubercules; les der-
niers anneaux seulement sont ridés transversalement et
comme granuleux.
M. Desor présente des fragments de poteries de cou-
leur rouge , faites au tour et d’une cuisson complète.
Dans le nombre se trouve un échantillon d’une pâte ex-
trêmement fine, d’une facture très habile et portant des
dessins en relief. Au premier abord, on le prendrait pour
une poterie étrusque , tant l’exécution en est soignée.
M. Desor n’a rien d'aussi délicat dans sa collection. Ces
fragments ont élé trouvés au milieu de la Broye, parmi
des pilotis formant une station vis-à-vis du village de
Joressens au pied du Vuilly.
M. Desor présente plusieurs dessins faits par M. et
M°° Favre et représentant , de grandeur naturelle , une
— 911 —
partie des antiquités trouvées à la Têne. Sur la propo-
sition de M. le Président, on décide de prier le comité
des Amis des arts, d'accueillir ces dessins dans l'exposi-
tion de peinture qui s'ouvrira prochainement dans notre
ville. M. Desor témoigne l'intention de les utiliser dans
une monographie qu’il destinerait à la prochaine publi-
cation des mémoires de la Société.
Le méme annonce qu’on a trouvé dans l'intérieur de
la ville de Parme des traces de pilotis dont M. de Mor-
tillet lui a envoyé le plan. En fouillant le sol, on ren-
contre à la surface la tourbe , puis ce terrain de détri-
tus, nommé dans le pays {erra-mara; au-dessous une
couche de cendres et de charbons , encore une couche
de terra-mara et enfin les pilotis en deux étages, comme
si à deux époques différentes on eût fait usage d’un
pareil mode d'habitations. La plupart de ces pilotis, qui
ont la pointe encore fichée dans le sol, sont inclinés dans
le même sens.
Les monuments druidiques et les blocs à sillons et à
écuelles, qui ont été signalés chez nous, ont aussi attiré
l’attention des savants italiens et les ont engagés à diriger
leurs recherches sur les objets similaires qui peuvent
se trouver chez eux. L'éveil donné, ils n’ont pas tardé à
trouver sur divers points des monuments exactement
semblables aux nôtres et qui n’avaient pas encore été
remarqués. Ceux qui paraissent dominer sont les crom-
lechs ou pierres disposées en cercle.
M. Xopp donne connaissance des travaux de nivelle-
ment qu’il a faits, le 20 juillet 1863, avec M. Guinand,
ingénieur , pour déterminer la hauteur du niveau de la
— 912 —
cuvelle du baromètre de la station météorologique de
Chaumont , placée dans la maison Jeanneret, dite mai-
son d'école de Chaumont. Les instruments dont ils se
sont servis étaient une lunette et une mire parlante,
fournis par le bureau des travaux publics de l'Etat.
Le point de départ était la cote de la terrasse sud du
Château ou hôtel de Chaumont, donnée par la Commis-
sion météorologique fédérale à 1087 mètres au-dessus
de la mer. Le nivellement s’est fait de là vers la maison
d'école. On a trouvé que le seuil de la porte de la mai-
son d'école , angle ouest, facade nord , était à 61" 068
au-dessus du-point de départ.
La hauteur de la cuvette du baromètre installé dans
celle maison, au 1° étage, à 65" 068.
La tablette du signal Jeanneret , à 52" 400.
De là, le nivellement a été continué, en contournant
le bois et les maisons, en passant du côté du nord, vers
le signal géodésique de Chaumont , et on a trouvé la
borne au milieu de la terrasse du signal sud de Chau-
mont à 84"553; ce qui donne en mètres au-dessus
de la mer: |
Terrasse sud du château . . . . . 1087"000
Tablette du signal Jeanneret . . . . 1139" 400
Seuil de la porte de la maison d'école . 1148" 068
Hauteur de la cuvette du baromètre . . 1152" 068
Borne du signal géodésique . . . 1171553
M. d Giesrald donne 1172 m. pour la hauteur du
signal géodésique et militaire de Chaumont.
Il y a au Château deux terrasses , l’une pavée, plus
élevée que la terrasse macadamisée de 0 m.° 75. Le ni-
vellement à été fait à partir du sol macadamisé et recou-
vert de gravier.
j — 913 —
M. Hirsch insiste sur la nécessité de connaitre exac—
tement la hauteur de Chaumont; il se propose d’appli-
quer les observations barométriques de Chaumont et
de l'observatoire cantonal, à la mesure de la hauteur de
la montagne , afin de profiter de la situation éminem-
ment favorable de ces deux stations, pour comparer les
résultats des deux méthodes. Il demande donc le con-
cours de M. G. Guillaume, conseiller d'Etat, et du per-
sonnel du Bureau des travaux publics, pour laider à
faire le nivellement de la montagne pendant le courant
de l'été.
M. Ladame demande si on ne pourrait pas remplacer
avantageusement la méthode des coups de niveau suc-
cessifs par des mesures d’angles de hauteur et une trian-
gulation. M. Hirsch répond qu'il se propose d'employer
les moyens géodésiques conecurremment aux autres pour
la vérification du travail.
— 014 —
EXAMEN
DES PRINCIPAUX CARACTÈRES DE SUPÉRIORITÉ
CHEZ LES VÉGÉTAUX
par M. P. GODET.
I
À quoi reconnaît-on qu’un être est supérieur à un autre ?
Cette question occupe depuis longtemps les naturalistes,
mais c’est surtout chez les animaux qu'ils ont cherché à dé-
couvrir les caractères de la supériorité. Le règne animal, en
effet, nous présente un point de comparaison sûr, nous y trou-
vons l’homme qui est, de l’aveu de tous, le terme de la créa-
tion, l'être le plus parfait qu’elle ait produit.
Etudions done l’homme et nous apprendrons ce qu’est l'être
supérieur, quelles conditions il doit réaliser et de quels orga-
nes il doit être pourvu pour remplir la place élevée qu'il est
destiné à occuper sur la terre. | |
Et d’abord, dans ce domaine, distinguons les caractères
visibles et matériels, des caractères abstraits et immatériels.
Ces derniers ne nous occuperont que peu: comme je désire
comparer les animaux aux végétaux, leur importance est
beaucoup moindre, d'autant plus que, le plus souvent, ils se
traduisent dans l’organisme, par des caractères matériels cor-
respondants.
1. Caractères abstraits ou immatériels.
Le propre d’un être supérieur c’est d’être Zibre, mais la
liberté ne peut exister qu’à cértaines conditions : la première
— 019 —
condition de la liberté c’est l’individualité; celle-ci, à son tour,
suppose la faculté de se dominer, de se posséder. Z’individu
libre, par excellence, c’est l’être qui se possède lui-même,
qui domine parfaitement ses penchants et ses instincts. Or,
l'être ne peut se posséder lui-même s’il n’en a la volonté ou si
cette volonté est forcément au servicec de l'instinct. En outre,
pour résister à toute impulsion naturelle, il faut un motif
puissant, et par conséquent une éntelligence, une raison, une
conscience, un goût, etc., capables d'apprécier ce motif. Ces
facultés interviendront done dans l’acte de la décision et con-
firmeront ou annuleront l'impulsion de l'instinct.
La prédominance de la volonté sur l'instinct, à l’aide de
certaines facultés, sera donc un des caractères distinctifs de
l'être supérieur et la condition de sa liberté et de son indivi-
dualité.
Mais une fois que l’être se sera conquis, qu’il sera devenu
un individu parfait, que fera-t-il de sa liberté? il se donnera
lui-même. De là la vie en commun, la vie en société qui rap-
proche les êtres supérieurs et qui, pour n'être pas un esclavage,
doit être voulue librement, sous l'impulsion de la sensibilité
et de l’amour. (!) :
La liberté se développe donc dans deux directions:
1° celle de la variété, de l’individualisation, et
2e celle de l’unité sociale, de l'association libre arrivant ainsi
à la perfection qui est la variété dans l’unité.
Les caractères immatériels de l’être supérieur sont donc:
1. La liberté et sa condition l’individualité.
La faculté de se dominer.
La volonté.
L'intelligence, la conscience, ete.
2. La vie libre en société avec sa condition: la parole, et son
mobile: la sensibilité.
À mesure que nous descendons dans la série animale, nous
voyons ces caractères se perdre de plus en plus, et d’abord la
liberté et l’individualité.
(*) Ces idées demanderaient à être développées plus que ne le permet
l’espace restreint qui m'est accordé. Je ne donne donc ici qu'un exposé
succint de ma manière de voir, me réservant d'appuyer cette théorie par des
faits et de l’exposer plus au long dans la suite, si cela est nécessaire.
— 76 —
Les animaux supérieurs les plus voisins de l’homme n'ont
déjà plus qu’une liberté apparente, ils sont esclaves de leurs
instincts auxquels leur volonté est ordinairement asservie.
Dès-lors l'intelligence n’a que faire d'intervenir, elle ne ser-
virait d’ailleurs qu’à leur donner la conscience de leur infé-
riorité; sans doute l’individualité existe encore, mais à un de-
oré inférieur. Les individus sont distincts les uns des autres,
ils ne vivent pas forcément en société, mais voilà tout.
Descendons plus bas encore. Au milieu d'êtres plus ou moins
individualisés, nous en trouvons qui sont forcément rappro-
chés les uns des autres soit par l'identité de leurs besoins,
soit par la nécessiié de se compléter réciproquement, soit par
l'union intime et matérielle des individus groupés en une co-
lonie (polypes). Parfois et tout au bas de la série, ce qu’on
est tenté d'appeler individu est en réalité autre chose: un in-
fusoire, par exemple, se partage en deux, chacune des moi-
tiés se divise à son tour et, en définitive, l'animal mère se
trouve n'être qu’une réunion d’individualités Jlatentes mais qui
se sépareront plus tard. A joutons que chez ces êtres inférieurs
la volonté n’est que la servante de l'instinct et ne se rapporte
plus qu'aux besoins pressants de la nature.
2, Caractères matériels.
Les caractères abstraits dont nous avons parlé plus haut,
sont en rapport avec tout un organisme qui leur sert d’inter-
médiaire pour agir sur le monde sensible. Le corps porte tou-
jours l'énpreinte de la supériorité de l’être; nous pouvons donc
conclure de la perfection plus ou moins grande de l’organi-
sation, au rang plus où moins élevé de l'individu dans la clas-
sification.
Or, tout être bien conformé et par conséquent pt
doit hoésédr les organes suivants:
1. Un élément nerveux, intermédiaire entre la volonté et ses
organes.
2. Des organes des sens et de mouvement.
3. Des organes de nutrition (sécrétion, circulation) et de res-
piration.
— 911 —
4, Des organes de reproduction.
Mais parmi ces organes, il y en à qui sont nécessaires à la
vie de l'individu et d’autres qui ne sont indispensables qu’à la
vie de l'espèce.
L'individu pour vivre doit absolument posséder:
1. L'élément nerveux.
2. Des organes de nutrition,
de sécrétion,
de circulation.
Les organes de reproduction ne sont nécessaires qu'à la vie
de l'espèce, et ceux des sens et du mouvement ne le sont ni à
la vie de l'espèce ni à celle de l'individu. Or, chez les êtres
supérieurs c’est l'individu qui importe, aussi voyons-nous le
nombre des espèces diminuer à mesure que nous nous élevons
dans la série animale. Les caractères tirés des organes de la
vie individuelle précéderont donc en importance les caractè-
res tirés des organes de la vie de l'espèce.
D’après ces principes, une saine classification animale de-
vra se baser sur les organes de la volonté, de la nutrition, de
la respiration, plutôt que sur ceux de la reproduction. Ce sont
donc ces organes plus importants que nous avons surtout à
examiner.
Remarquons d’abord qu'un grand nombre d'organes sembla-
bles, appropriés à la même fonction, constitue toujours un ea-
ractère d'infériorité.
Les organes nécessaires à la vie (digestion, respiration, cir-
culation, etc.), sont toujours en petit nombre, mais parfois ils
ne sont pas distincts les uns des autres. Chez les êtres infé-
rieurs, en effet, ces différentes fonctions sont remplies par
des parties d’un seul et même organe. Peu à peu nous voyons
les fonctions se localiser, des appareils indépendants prendre
naissance et enfin les êtres supérieurs nous présenter autant
d'organes bien conformés que de fonctions spéciales à remplir.
Ainsi donc, le grand nombre des fonctions et des organes qui
leur correspondent, est un caractère de supériorité.
Les organes des sens et du mouvement, bien que n'étant pas
indispensables à la vie de l'individu, sont soumis à la même
loi que ceux dont nous venons de nous occuper. Ici encore la
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 38
— 918 —
supériorité se montrera dans le nombre des fonctions à rem-
plir, et dans l’apparition d'organes propres à chaque fonction.
Chez les animaux supérieurs par exemple, la vue, louïe, le
goût, l’odorat auront chacun leur appareil spécial; tandis que
les animaux inférieurs pourront manquer de l’un ou l’autre
de ces organes ou de plusieurs d’entr’eux. Mais là où ils exis-
teront, leur nombre pourra varier beaucoup. Certains Mollus-
ques nous présentent un grand nombre d’yeux, ou bien, s’il
s’agit d'organes du mouvement, certains Articulés possèdent
un nombre considérable de pattes, ces animaux sont-ils su-
périeurs aux autres? non. Les êtres supérieurs n’ont jamais
comme nous l’avons dit, qu’un petit nombre d'organes affectés
à une seule et même fonction. Les vertébrés supérieurs ont
2 ou 4 membres, 2 yeux, 2 oreilles, une langue, ete. On peut
done admettre qu’un grand nombre d'organes semblables,
remplissant la même fonction, est un caractère d’infériorité,
en remarquant que ce ne sont que les organes de la vie de
relation qui peuvent ainsi augmenter de nombre, chez les êtres
les plus inférieurs. |
Un autre caractère de supériorité c’est l’union intime des
parties protectrices et de celles qui président à l’unité dans
l’'accomplissement des fonctions (système nerneux, crâne). Il
y a des êtres inférieurs chez lesquels rien n’est séparé, rien
n’est développé: ce n’est pas une synthèse, un rapprochement,
c'est une unité d’un ordre inférieur, un type embryonique
comme l'appelle M. Guyot. À mesure que nous montons dans
la série nous voyons les organes en question présenter des
parties distinctes, mais sans lien intime les unes avec les au-
tres, tandis que chez les êtres vraiment supérieurs ces parties
se rapprochent, se soudent et constituent un tout harmonique.
Pour éclaircir ce point, comparons le système nerveux des
différentes classes d'animaux. x
Les [nvertébrés inférieurs ont, pour ainsi dire, plusieurs
centres nerveux, soit que ces centres présentent une disposi-
tion rayonnée, soit qu’ils soient répartis sans symétrie dans
le corps, soit qu’ils viennent se ranger les uns derrière les
autres. Déjà chez les Insectes, nous voyons plusieurs de ces
centres se rapprocher, comme cela à aussi lieu chez les Mol-
— 979 —
lusques supérieurs, mais ce n’est là qu’un commencement de
synthèse. |
Les Vertébrés nous présentent un autre ordre de choses.
Ici nous n’avons plus qu’un seul centre important , sans lequel
la vie est impossible. Mais ce centre lui-même peut présenter
des degrés différents de synthèse. Chez les Poissons, les par-
ties du ceryeau sont séparées, sans lien intime, parfois elles
sont à une distance notable les unes des autres; déjà chez les
Reptiles elles se rapprochent; chez les Oiseaux elles forment
un tout, cependant il n’existe pas encore de corps calleux qui
les réunisse intimément; chez les Mammifères inférieurs (Di-
delphes), ce corps calleux ne se trouve pas non plus; mais
chez les Mammifères supérieurs il existe, il lie, il unit intimé-
ment les parties et rend la synthèse aussi parfaite qu’elle doit
l'être.
Le cerveau est protégé par les os du crâne; chez les Poïis-
sons ces os sont nombreux, plusieurs d’entr'eux, soudés en un
seul os chez les Vertébrés supérieurs, sont ici distincts et sé-
parés. À mesure que nous nous élevons, nous voyons les os de
la tête tendre à se réunir, à se souder les uns aux autres, pour
former une:boîte solide et capable de protéger un cerveau
bien organisé. Cependant cette soudure des os de la tête ne
doit pas dépasser certaines limites; elle ne doit pas s'opposer
au développement du cerveau. Aussi chez l’homme la soudure
complète est-elle plus lente que chez les singes ou chez les
races dégradées, quoique, comparativement aux Poissons, elle
soit incontestable, etc.
Les organes reproducteurs, nécessaires à la vie de l'espèce,
sont distincts et séparés chez les êtres supérieurs. Ceux-ci sont
dioïques. L’hermaphroditisme est un caractère d’infériorité,
de même que la reproduction asexuelle ou par génération
alternante. Ce fait est si évident que je n’ai pas besoin de
m'y arrêter davantage.
Maintenant, pour nous résumer, voici les caractères de
supériorité que l'étude des organes des animaux nous à per-
mis de constater :
1. Variété des fonctions et conséquemment des organes
qui remplissent ces fonctions.
— 080 —
2. Nombre restreint (1, 2, 4), des organes identiques ,‘ap-
propriés au même but, et surtout de ceux qui ne sont pas
d’une nécessité absolue pour la conservation de la vie.
3. Soudure des parties protectrices et rapprochement sans
confusion de celles qui président à l'unité dans l’accomplisse-
ment des fonctions.
Il
Cherchons maintenant à appliquer ces principes aux végé-
taux, pour voir si nous n’arriverons pas à quelques indications
sur ce qu’il faut regarder comme indice de supériorité chez
ces êtres inférieurs.
Il est curieux d’observer que pendant longtemps on n’a
point songé à comparer les végétaux aux animaux au point
de vue dont je m'occupe. On regardait le domaine de la bota-
nique comme si différent de celui de la zoologie, que l’on n’o-
sait appliquer à l’un la mesure qu’on avait trouvée pour l’autre.
Nous pensons depuis longtemps qu'il n’en doit pas être
ainsi. Les animaux et les végétaux ont, il est vrai, un rôle dif-
férent à remplir, mais le plan général de la création se retrouve
dans les détails, les analogies se présentent naturellement
dans des domaines séparés, comme il serait facile de le faire
voir, et rien ne nous autorise à croire que le plan du règne
animal soit autre que celui du règne végétal, une fois la dif-
férence fondamentale admise.
Une brochure de M. Planchon est venue, il y a quelques
années, confirmer nos idées à ce sujet. L'auteur pense avec
nous que les caractères de supériorité sont les mêmes dans les
deux règnes comme nous allons tâcher de le démontrer.
Les végétaux nous présentent les caractères généraux sui-
vants:
Ce sont des êtres attachés au sol qu’ils recouvrent comme
d’un tapis; chez eux donc point d'organes de la volonté, point
d’élément nerveux ni de mouvement volontaire, point d’or-
ganes de la vie de relation. Iei la vie est toute végétative. Nous
trouvons chez eux des organes nutritifs, respiratoires et re-
producteurs, mais c’est là tout. ,
— 981 —
De plus et conséquemment, point d’individualité ni de li-
berté. Ce qui importe chez les végétaux, c’est l'espèce et non
les individus; aussi le type du végétal, c’est la colonie com-
posée d'êtres hermaphrodites. C’est pourquoi la classification
végétale doit se baser sur les caractères de la vie de l'espèce,
sur les organes de la reproduction plutôt que sur ceux de la
vie individuelle ("). Mais dans le règne végétal aussi, la sim-
plicité primitive et embryonique des êtres est un caractère
d’infériorité. Voyez ces Algues microscopiques et unicellulaires,
réunions d'individualités qui ne se sépareront que plus tard
par une simple division. Voyez ces Algues marines, ces Li-
chens, ces Champignons avec leurs thallus cellulaires, servant
à la fois de tiges, de feuilles, de supports pour les fruits. Mais
déjà, de nouveaux organes apparaissçnt, la tige, les feuilles,
le fruit, tendent à se spécialiser, et peu à peu, par un progrès
lent mais marqué, nous arrivons aux végétaux les plus par-
faits, riches én organes distincts, remplissant chacun leur
fonction spéciale. Les Cryptogames, avec leur organisation
simple, leur reproduction tantôt sexuelle, tantôt asexuelle,
tantôt alternante, constituent done chez les végétaux le type
inférieur. L
Chez les Fougères cependant et chez quelques elasses voi-
sines, l'apparition des vaisseaux vient inaugurer un nouvel
ordre de choses. Maïs poursuivons ce progrès plus avant.
. Nous trouvons ensuite les Gymnospermes (Conifères, Cyea-
dées). Ici nous avons fait un pas de plus. La tige est bien dis-
tincte des feuilles, la fleur s’est séparée des autres organes.
Elle est encore très-simple, mais on y reconnaît des étamines
et des graines. Ces dernières ne sont encore que faiblement
protégées contre les agents extérieurs, une simple éeaille les
(*) Comparez la classification animale :
Vertébres : un système nerveux cerebro-spinal;
un squelette articulé intérieur ;
des organes des sens et du mouvement symétriques, etc. ;
«invertébrés : pas de système nerveux cerebro-spinal, etc. ;
Avec celle des végétaux :
Phanérogames : fleur distincte, présentant des étamines et des pistils, or-
dinairement hermaphrodite ; :
Cryptogames: fleur dépourvue d’étamines et de pistils;
génération alternante , etc.
— 582 —
recouvre. Les organes reproducteurs (mâles et femelles), sont
il est vrai séparés et portés sur des inflorescences distinctes;
mais c’est ici plutôt un obstacle à la fécondation qu’un avan-
tage réel. Combien de grains de pollen se perdent, entraînés
par les vents, lein du but qu'ils devraient atteindre. Ici pas
de vaisseaux, mais des fibres réunis en un anneau ligneux.
Le passage de la sève se fait de l’un à l’autre de ces fibres et
est facilité par des amincissements des paroïs de cellules,
semblables à des séries de points transparents. La germina-
tion se fait avec le concours de cotylédons ordinairement
nombreux; ce fait ne constitue pas cependant un caractère de
supériorité, pas plus que le grand nombre des pattes d’un
Myriapode, ou des yeux d’une araignée.
D’autres caractères encore montrent l’infériorité relative
des phanérogames gymnospermes.
Les Monocotylédones, qui leur succèdent dans la série, ont
une tige distincte des feuilles et une fleur bien éonformée. Ce-
pendant les parties protectrices sont encore bien semblables
les unes aux autres, au point que le plus souvent on ne peut
distinguer un calice et une corolle. Les feuilles aussi, avec
leurs nervures simples ou à peine ramifiées, ont un caractère
d'infériorité marquée.
La tige nous présente de nombreux faisceaux fibro-vasculai.
res, non encore réunis en un anneau ligneux maïs bien autre-
ment développés que ceux des Cryptogames supérieurs. Enfin
la germination ne se fait avec le concours que d’un seul coty-
lédon.
Dès-ici une difficulté se présente: nous voyons apparaître
un ovaire, renfermant et protégeant les germes; cet ovaire
tantôt est libre dans la fleur, tantôt il est soudé au périanthe
qui l'entoure comme d'une seconde enveloppe. Les Monoco-
. tylédones à ovaire libre ou supère, sont-ils inférieurs ou su-
périeurs à ceux à ovaire soudé ou infère? Nous discuterons
cette question dans un instant, à propos des Dicotylédones.
Les Dicotylédones succèdent aux Monocotylédones dans l’or-
dre que nous avons adopté. Ce sont évidemment les végétaux
les plus parfaits, par la richesse relative des organes et des
fonctions à remplir. La tige nous présente un anneau ligneux
— 983 —
fibro-vasculaire, des vaisseaux, des trachées et souvent des
vaisseaux laticifères. Les feuilles simples ou découpées de mille
manières, nous montrent un réseau compliqué de nervures.
La fleur hermaphrodite ou unisexuée est souvent revêtue
de 2 enveloppes protectrices distinctes; le nombre des coty-
lédons s’élève à deux; enfin tout nous indique une supériorité
évidente. Aussi les naturalistes sont-ils d'accord à ce sujet.
Mais nous divisons ces dicotylédons en 3 grands groupes
naturels:
1. Les Apétales , (Monochlamydées).
2. Les Polypétales, (Dialypétales).
3. Les Monopétales, (Gamopétales).
Les uns ont l’ovaire infère, les autres l'ovaire supère. Dans
quel ordre placerons-nous ces 3 classes ?
De Candolle a écrit ceci:
« Puis donc qu'il est en soi-même absolument indifférent
de commencer la série par une extrémité ou par l’autre, je
crois que c'est ici le cas de céder à la commodité de l'étude
et de disposer le règne végétal d’après le même principe que
le règne animal; c’est-à-dire en commençant par la classe la
plus compliquée, celle des Dicotylédones et en finissant par
celle qui paraît l'être le moins, celle des Acotylédones.
» La manière dont j'ai considéré plus haut les degrés de
complication des êtres, me donne un moyen fort simple de
distribuer les familles dans chaque classe. Je placerai done
au premier rang les Dicotylédones qui ont le plus grand nom-
bre d'organes distincts et séparés les uns des autres, et à mesure
que je verrai des familles où quelques-uns de ces organes se sou-
dent ensemble et par conséquent disparaissent en apparence, je
les rejetterai dans les rangs inférieurs. »
(Théorie élémentaire de la botanique. Liv. ITI. Chap. VIL. $ 204).
D’après ce principe, l’auteur place eu tête les Dicotylédones
Thalamiflores, (Renonculacées, etc.) ou végétaux « à plusieurs
pétales libres attachés au réceptacle. »
En effet, chez les Renonculacées, qui d’après ce système sont
à la tête de tout le règne végétal, toutes les parties des or-
ganes reproducteurs, (les premiers en importance dans le
— 984 —
LI
végétal), sont libres et séparées. Le réceptacle porte un calice
composé de sépales distincts, une corolle formée de plusieurs
pétales indépendants les uns des autres, des étamines libres,
des carpelles sans adhérence entre eux ni avec les parties de
la fleur.
Nous avions raison de dire que les naturalistes n'avaient
pas osé appliquer au règne végétal la mesure du règne animal,
sans cela une appréciation semblable à celle qui précède au-
rait été impossible.
Avant tout, constatons dans la fleur, des organes indispen-
sables à la vie de l'espèce, (pistil, étamines), et d’autres qui
sont simplement utiles (pétales et sépales). Nous avons vu
que chez l'animal, un grand nombre d’organes semblables,
appropriés au même but, n’était point un caractère de supé-
riorité, Or les pétales, les sépales peuvent manquer à la fleur,
chacun d'eux pris à part n’est pas approprié à une fonction
spéciale et différente de celle de ses congénères; le grand
nombre de ces organes ne doit done point être considéré com-
me un caractère de supériorité, pas plus que leur liberté, leur
séparation. En effet, la liberté des organes est autre chose
que la liberté des individus. Dirons-noûs qu’un poisson est
supérieur à l’homme parce que les parties de son cerveau ou
de.son erâne sont plus nombreuses et moins intimement unies ?
Non! nous avons reconnu chez les êtres vraiment supérieurs
la synthèse, la soudure des organes protecteurs comme le sont
les pétales et les sépales, aussi bien que lunion, le rappro-
chement des organes de la vie supérieure. Chez les végé-
taux cette vie supérieure est celle de l’espèce; les organes
supérieurs seront donc ceux de la reproduction.
Or, cette soudure des parties protectrices et ce rapproche-
ment des organes reproducteurs, c’est chez les Monopétales
qu'on les rencontre et surtout chez ceux à ovaire infère. Et
ceux chez lesquels ce caractère se présente de la façon la
plus évidente, sont les Composées (Reines- Marguerites, tour-
nesols, etc.). lei la fleur est monopétale, les étamines soudées
à la corolle sont réunies par leurs anthères, l'ovaire est infère,
soudé au calice qui se modifie de plusieurs manières; de plus
toutes les fleurs sont rassemblées en colonies sur un réceptacle
— 989 —
commun et constituent des réunions de sexe souvent diffé-
rents. Ici donc la synthèse a atteint son maximum.
Remarquons en outre la richesse des organes spéciaux
dans cette famille: cellules, vaisseaux, tubes laticifères, tra-
chées, etc. Ld
Nous considérerons done les Composées comme les végé-
taux supérieurs, et nous serons d'accord sur ce point avec
plusieurs botanistes.
La question d’individualité est difficile à résoudre chez les
végétaux. lei le type, c’est la colonie dans laquelle l'individu
est sacrifié. Toutefois on pourra admettre que dans les colo-
nies extrêmement nombreuses, (les arbres, par ex.), l’indivi-
dualité est plus sacrifiée que dans les colonies peu nombreuses
ou chez les individus isolés. Mais ici une question se pose:
Qu'est-ce que l'individu végétal ? Diverses considérations, que
l'étendue de ce travail ne nous permet pas de développer iei,
nous portent à admettre que l'individu végétal, c’est le bour-
geon qui se développe en un rameau feuillé, et que la fleur
n’est qu’un organe reproducteur. Or chez les Composées, les co-
lonies sont en général peu nombreuses, les arbres sont très-
rares dans cette famille, (Robinsonia, Balbisia, etc.) et n’ha-
bitent que les pays chauds. Ce sont les organes de reproduc-
tion (fleurs), qui sont groupés en un tout harmonique, sans
cesser pour cela d’être distincts les uns des autres. Cette réu-
nion de fleurs distinctes et de sexe différent ne préfigure-t-elle
pas les associations libres des êtres supérieurs ?
Un tableau comparatif fera mieux saisir les rapports et les
différences que présentent les deux règnes à ce point de vue.
ANIMAL. PLANTE.
INDIVIDU. ESPÈCE. 3
Caractère distinctif: individualité. Absence d’individualité (colonie).
Prédominance : vie de l'individu. Vie de l’espèce.
Organe important: élément nerveux | Organes reproducteurs.
(organe de la volonté). |
Chez les animaax supérieurs, le cen- | Chez les végétaux supérieurs le cen-
tre nerveux. unique a ses parties| tre reproducteur unique (capitule)
distinctes, mais rapprochées les| porte des organes distincts, mais
unes des autres et unies d’une ma-| rapprochés en une colonie ordinai-
nière intime. rement nombreuse.
— 086 —
MM. Desor, professeur, et Guillaume, Dr. en médeciné, qui
ont bien voulu entendre la lecture de ce travail et m’aïder de
leurs conseils, m'ont signalé encore plusieurs caractères inté-
ressants de supériorité; je ne ferai que les mentionner ici,
espérant qu'ils voudront bien les développer eux-mêmes dans
quelque travail subséquent.
En général, la protection plus grande accordée aux germes
est une marque de supériorité aussi bien que le petit nombre
de ces germes. Or chez les Composées , la graine wnique est
renfermée dans un ovaire soudé au calice et dont l'enveloppe
se durcit comme du bois.
Les êtres supérieurs sont ordinairement envahissants. Voyez
la race blanche étendre partout son influence et porter dans
tout le monde sa civilisation et la supériorité de son intelli-
gence. — Aucune plante n’est plus envahissante que la Com-
posée. Laissez un lieu inculte, vous le verrez bientôt couvert
de Seneçons, de Dents-de-lion, etc., contre lesquels les jardi-
niers ont bien de la peine à se défendre.
Les climats tempérés sont, en général, le séjour des êtres
supérieurs, placés comme des intermédiaires entre les deux
natures extrêmes. Voyez encore la race blanche. Les Compo-
sées se trouvent surtout dans les contrées tempérées, depuis
‘ la plaine jusqu’au sommet des montagnes, depuis les lieux
marécageux jusque sur les rochers arides.
La facilité avec laquelle se fait la reproduction, la probabi-
lité d’un résultat de la fécondation, marque aussi une supério-
rité. À ce point de vue les Apétales dioiques (saules, ete.) ne
doivent point être considérés comme supérieurs, car leur dioï-
cisme est un obstacle à la facilité de la reproduction. Pour
que ce dioïcisme ne s'oppose pas à une fécondation facile, il
faut que, comme chez les Composées, les fleurs mâles et femelles
soient rapprochées les unes des autres, tout en restant dis-
tinctes.
Sans doute, ce que nous disons ici doit être pris d’une ma-
nière générale; l’importance de ces caractères diminue si on
les considère isolément, mais leur réunion et leur comparai-
Son me semble donner quelque probabilité à la thèse que je.-
soutiens ici. En résumé, voici d’après ces considérations pure-
— 987 —
ment théoriques, l’ordre d’arrangement des principaux types
du règne végétal. (Nous allons des groupes les plus imparfaits
à ceux qui nous semblent présenter les caractères de la supé-
riorité).
[7 embranchement: Cryptogames.
1r° classe: Algues.
2m » Champignons.
gne _ » Lichens.
dme, ; ,» Mousses.
5me » Fougères.
Gme _» Equisetacées, etc.
If°e embranchement: Phanérogames.
17 classe: Gymnospermes.
2m » Monocotylédones.
1) à ovaire supère: Glumacées, Spadiciflores et beau-
coup de Liliflores, etc.
2) à ovaire infère: quelques Liliflores, Scitaminées , Or-
chidées. à
3% classe: Dicotylédones.
1" sous-elasse: Apétales.
2 » Polypétales.
+ a) Polypétales à ovaire supère :
Famille des Renonculacées.
» des Légumineuses, etc.
b) Polypétales à ovaire infère :
Famille des Rosacées.
» des Pomacées, etc.
» . des Ombellifères.
3e sous-classe : Monopétales.
a) Monopétales à ovaire supère:
Famille des Primulacées, etc.
b) Monopétales à ovaire infère :
Famille des Caprifoliacées.
» des Rubiacées et des Valérianées.
» des Composées.
On voit d’après ce résumé que l’admirable famille des Or-
chidées, ces singes du règne végétal, se trouvent à la tête des
Monocotylédones, C’est aussi dans cette famille que la fleur
— 088 —
irrégulière tend à présenter, comme les êtres supérieurs, une
symétrie bilatérale. Parmi les Dicotylédones , les Apétales sont
inférieurs. [ci les enveloppes protectrices manquent plus ou
moins complètement, les colonies sont nombreuses et souvent
les sèxes sont séparés. Puis viennent les Polypétales, dont la
fleur ordinairement complète présente des organes protec-
teurs à parties libres et souvent nombreuses. Et d’abord les
Polypétales à ovaire supère (Renonculacées, Légumineuses, etc.),
puis ceux à ovaire infère (Rosacées, Pomacées, etc.), et à
leur tête les Ombellifères avec leurs fleurs réunies en colonies,
mais d’une manière moins intime que celles des Composées.
Enfin les Monopétales chez lesquels les pétales sont soudés les
uns aux autres et les étamines portées par la corolle. Et d’a-
bord ceux à ovaire supère (Primulacées, Labiées, ete.), puis
ceux à ovaire infère (Caprifoliacées, Rubiacées et surtout Les
Composées, chez lesquelles le groupement des organes de la
reproduction atteint son maximum).
«
* WII
À la suite de plusieurs conversations , nous étions arrivés,
mon père et moi, aux conclusions qui précèdent, lorsque j’eus
connaissance des nouveaux travaux de M. Oswald Heer sur
la flore tertiaire. J'avais déjà pensé que la confirmation de
nos idées serait fournie par l’étude de l’ordre d'apparition des
végétaux à la surface du globe, maïs jusqu'alors les données
relatives aux types supérieurs étaient trop incertaines. Tout
le monde sait que la géologie nous donne des indications pré-
cieuses pour la détermination des caractères de supériorité ;
les êtres inférieurs ayant apparu les premiers et les plus par-
faits les derniers. Une bonne classification doit donc être d’ac-
cord avec les données géologiques, c’est-à-dire que les êtres
qu'on croit devoir placer au bas de la série doivent avoir ap-
paru les premiers sur la terre. Or voici d’après les géologues
et en particulier d’après M. Heer, l’ordre d'apparition des vé-
gétaux : |
— D89 —
1. Les Algues qui remplissaient les mers primitives.
2. Les Mousses, représentées par les Sphaignes qui constituaient
les marais tourbeux primitifs.
3. Ces marais étaient recouverts de la plus luxuriante végéta-
tion de Fougères, d’Equisetacées, de Lycopodiacées , ete.
Les Cryptogames ont done apparu les premiers.
4. Les Cycadées et les Conifères, gymnospermes qui ont formé
de grandes forêts.
5. Les Monocotylédones, (Graminées, Palmiers).
Tous ces types ont apparu avant la période secondaire, qui
nous présente aussi des formes différentes des mêmes groupes.
Les Dicotylédones apparaissent à la fin de la période secon-
daire, sous forme d’Apétales.
Dans la période tertiaire, les Dicotylédones polypétales se
présentent avec un grand développement. La famille des Zé-
gumineuses, celle des Nymphéacées sont les premières en date.
Mais nous trouvons déjà, à cette époque, des Monopétales,
dont le nombre augmente de plus en plus à mesure que nous
nous rapprochons de la période actuelle. Les couches infé-
rieures nous présentent surtout des Monopétales à ovaire su-
père (Vaccinées), les couches supérieures des Monopétales
à ovaire infère (Campanulacées, Rubiacées, Valérianées, etc.),
puis de véritables Composées, dont le domaine est surtout l’6-
poque actuelle. Les Composées sont done les derniers végé-
taux qui aient apparu sur notre terre.
D’après ces faits, nous nous croyons autorisé à conclure
que les caractères de supériorité sont les mêmes chez les vé-
sétaux que chez les animaux, si l’on tient compte du rôle dif-
férent que ces êtres ont à remplir, et que la famille des Com-
posées doit, en effet, être placée à la tête du règne végétal.
Il est clair que je n'ai pas la prétention d’avoir traité ce
sujet d’une manière complète. Je n’ai voulu donner ici qu’une
esquisse de la théorie sur laquelle il me semble que la classi-
fication végétale devrait se baser, et je suis le premier à re-
connaître que de nombreuses études seraient encore néces-
saires pour achever d’éclaireir ce sujet compliqué.
BR CRI ES —
:
— 090 —
Séance du 21 avril 1864.
Présidence de M. L, COULON.
M. Garnier présente de la part de M. Desor une série
d'objets en fer trouvés ces derniers jours à la Têne. Ce
sont :
Des épées complètes dans leur fourreau de fer. Elles
sont bien conservées et 11 ne manque absolument que
la poignée dont la soie est intacte. Le fourreau présente
certaines particularités qu'il est intéressant de mention-
ner. Du côté le moins orné se trouve adaptée une anse
pour suspendre l'arme au baudrier. L'autre face porte
des ornements plus ou moins recherchés et exécutés
ordinairement en creux. Sur un fourreau , l’ornemen-
tation est non-seulement gravée, mais repoussée de ma-
nière à former une espèce de ronde bosse représentant
trois animaux fantastiques qui rappellent un peu, par
leurs traits généraux les figures d'animaux, des mon-
naies de bronze trouvées au même endroit. Les glaives
les plus larges (52 mill.) sont ordinairement les plus ornés
et l’un des côtés est couvert dans toute sa longueur de
rugosités régulières qui ressemblent à la peau de cha-
grin. La grandeur et la forme de ces rugosités varie d’un
fourreau à un autre; elles sont tantôt annulaires et d’un
diamètre de un millimètre, tantôt ovales, tantôt arron-
dies et d’un diamètre un peu plus grand. Les deux
feuilles de fer formant le fourreau sont extrêmement
minces ; l’une plus large a ses bords repliés sur l’autre;
c’est ainsi qu’elles sont attachées. Pour consolider leur
liaison , elles portent dans le bas une garniture de 20 à
25 centim. de longueur, qui forme comme un cordon
0 —-
sur les deux bords et le bout du fourreau. Cette dernière
pièce à toujours une forme très élégante. La lame est
aussi très-mince et tranchante des deux côtés dans toute
sa longueur. On voit que ces armes ne devaient servir
qu'à frapper de taille; un coup de pomte les aurait
pliées.
Il présente encore deux faux , les premières trouvées
à la Tène. L’une porte un renflement extérieur comme
nos faux modernes. Elles ont une tige terminée par une
pointe recourbée. L’une d'elles était encore munie de
l'anneau qui la fixait au manche et d’un fragment de
celui-ci. Ces deux faux ont environ 40 centim. de lon-
gueur ; elles sont passablement usées et paraissent avoir
SET VI. |
Une hache portant encore un fragment du manche,
celui-ci étant fixé dans une douille pratiquée dans la tête
de l’instrument, comme dans les coins que nos bücherons
emploient pour fendre les troncs; le tranchant bien con-
servé a environ 11 centimètres d’étendue.
Un fragment cylindrique de bois dans lequel est in-
sérée une pointe en fer de forme pyramidale à huit pans.
Le bois porte des traits circulaires et de petits orne-
ments faits à la pointe. Il est probable que c'était le
bout inférieur d’une lance. Le diamètre en est faible,
environ 12 millim. et se rapporte assez bien aux douilles
des fers de lance trouvés dans cette même station.
Enfin des nneaux de fer, les uns simples , les autres
ornés de cannelures transversales, d’autres enfin inter-
rompus. Leur diamètre varie de 5 centim. à 21, cent.
Suivant certains auteurs, ces anneaux qu’on recueille
en assez grand nombre ont dù servir de monnaie.
Ces divers objets sont figurés dans des dessins de
grandeur naturelle que fait voir M. Garnier.
— 992 —
M. de Rougemont rappelle à ce propos que la plus
ancienne mention de la faucille est dans Hésiode, où
elle est indiquée comme dentelée.
Séance du 28 avril 1864.
Présidence de M. L. COULON.
M. Garnier dépose encore sur le bureau les épées
trouvées à la Têne, une d’entre elles a été sortie de son
fourreau et on peut voir que son tranchant est bien con-
servé. Le fourreau porte une marque quiest sans doute
celle de l’ouvrier qui l’a confectionnée.
M. le docteur Guillaume présente , au nom de M.
Desor, un crâne humain qui a été trouvé avec les épées
sous plusieurs poutres, au milieu des pilotis, à 40 pieds
du rivage. La profondeur d’eau en cet endroit est de 3
pieds, mais pour atteindre les antiquités, il faut creuser
5 pieds dans la couche de limon. Il paraîtrait que les
antiquités sont limitées à une zone de 8 à 10 pieds de
largeur dont la direction sensiblement parallèle au ri-
vage semble assez irrégulièrement ondulée comme le
lit d’un ruisseau dans une plaine. Les matériaux de cette
zone ne sont pas de l'argile pure, mais une sorte de terre
limoneuse brune mélangée de débris de bois, de pier-
res, de roseaux. On dirait un remplissage survenu après
coup. Si cette hypothèse se vérifiait , 1l resterait à exa-
miner si la zone des antiquités ne correspond pas à un
ancien fossé dans lequel on aurait établi les construc-
tions.
Le crâne recueilli est fracturé , mais on peut le res-
laurer quoique les pariétaux manquent. Sa forme est
TN +
allongée ; le frontal est très déprimé. Les dents en sont
usées. En le comparant aux crânes de diverses races,
on voit qu'il se rapproche du type nègre par sa forme
allongée et son front déprimé.
Une discussion s'engage sur le fait de la présence de
ce crâne de race inférieure au milieu d'objets apparte-
nant à l'époque helvétienne dont les habitants étaient
cependant assez avancés en civilisation.
M. Hirsch donne un résumé du procès-verbal de la
Société géodésique suisse qui a été réunie à l’observa-
toire de Neuchâtel le 24 avril écoulé. (V. Appendice).
M. de Rougemont lit un mémoire sur les gisements
de l’étain et sur le commerce de ce métal dans l’anti-
quité. L’étain des plus anciens bronzes égyptiens ne
provenait probablement pas de l'Inde, mais c’est de
l'Inde que les Grecs le recevaient, par les Phéniciens.
Ceux-ci ont fait depuis Cadix la découverte des îles Cas-
sidérides, et ils échangeaient contre l’étain et les pelle-
teries des Bretons, ces remarquables ouvrages en bronze
qu’on trouve dans les anciens tombeaux des îles Bri-
tanniques.
Des Cassidérides, les Phéniciens auront apporté leur
bronze jusque dans la Baltique. De ces mêmes mines de
Cornouailles, les marchands gaulois et spécialement les
Colètes (du pays de Caux) auront pourvu d’étam tout
le centre de l’Europe et en particulier les peuplades des
habitations lacustres. Les Romains n'ayant pu soumettre
les Bretons de Cornouailles , ont exploité les mines d’é-
tain de l'Espagne. Les lavages abandonnés du Limousin
dateraient des derniers siècles de l'empire romain.
BULL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 39
M. Xopp fait la communication suivante :
Ayant eu à examiner, au point de vue de leur valeur
comme engrais, les résidus tirés des épurateurs de l’u-
sine à gaz, composés les uns de chaux mêlée de paille,
les autres de chaux, de paille et de vitriol vert, j'ai
constaté dans ces matières une assez forte proportion de
sulfocyanure calcique. Ayant pris des renseignements,
j'ai appris que M. Ch. Mathieu, pharmacien, avait em-
ployé ces matières en 1862, et ayant reconnu leur effet
pernicieux sur la vigne , il les avait analysées et y avait
constaté le sulfocyanure calcique. M. Mathieu fut obligé
d'agir énergiquement sur ce sel qui empoisonnait celles
de ses vignes où il avait répandu ces matières et dont
l'effet se traduisait par la décoloration et la dessication
des bourgeons. Le remède qu'il employa fut de répandre
sur la terre de ses vignes du sulfate ferrique. Après ces
arrosages, les plantes ont repris de la vigueur; sur 1000
ceps atteints et malades par l'effet du sulfocyanure, 50 à
peine n'ont pas repoussé. D’après cela, il paraît que le
sulfocyanure calcique est vénéneux pour certaines plan-
tes, pendant que le sulfocyanure ferrique ne l’est pas.
Cette différence entre l’action des deux sels permet de
conclure que ni l’un ni l’autre n’agit par l’acide sulfo-
cyanhydrique , mais que le sulfocyanure calcique doit
sa propriété vénéneuse à ce qu'il se forme, en présence
de la plante, du carbonate de chaux et du sulfocyanure
potassique aux dépens de la potasse du terrain, et comme ,
ce dernier sel n’est pas absorbé par la plante , celle-ci
dépérit par manque de sels de potasse. La même dé-
composition n'ayant pas lieu pour le sulfocyanure de
fer, ce dernier est inactif sur la plante. Les résidus des
usines à gaz pourraient donc d’après cela servir d'en-
sé D =
grais pour les plantes qui n’absorbent que peu de po-
_tasse ou dans des terrains riches en sels de ce genre ;
mais ils nuisent dans des terrams pauvres en potasse et
aux plantes qui absorbent beaucoup de ces sels.
Séance du 31 mari 1864.
Présidence de M. L. COULON.
M. Desor annonce la mort d’un de nos membres ho-
noraires, M. Blanchet de Lausanne ; il rend hommage
à la mémoire du défunt et rappelle les serviees qu'il a
rendus à la science par ses recherches dans des direc-
tions variées.
M. Desor présente l'ouvrage que MM. His et Rüti-
mayer viennent de publier sous le titre Crania helvetica
et dans lequel ils exposent le résultat de leurs études
sur les crânes humains de toute époque trouvés en Suisse.
La comparaison de ces crânes les a conduits à distin-
guer quatre types principaux : 1° de Déssentis, 2° de
Sion, 3° de Hohberg, et 4° de Belarr. D'après cette
classification, tous nos crânes lacustres rentreraient
dans le type de Sion. Cet ouvrage est accompagné d'un
atlas de 82 planches dont il fait voir quelques feuilles.
Le rnême , rappelant le crâne humain incomplet
trouvé récemment à la Têne , annonce à la Société que
son pêcheur est parvenu à retirer de la vase , au même
endroit, un pariétal s’'adaptant exactement à ce débris
humain ; de cette façon il a pu compléter d’un côté ce
crâne intéressant à plus d’un titre.
— 996 —
Le #néme fait part des explorations entreprises dans
les cavernes du Périgord par MM. Lartet et Christy. Ces
cavernes étaient connues depuis longtemps ; on y avait
trouvé des ossements et des fragments de silex parais-
sant produits par l'intervention de l’homme, mais on
n'avait pas encore fait de fouilles sérieuses. Les travaux
entrepris par ces savants, dans les derniers mois de
1863, ont révélé des faits du plus haut intérêt, tant au
pomt de vue géologique , qu'au point de vue ethnogra-
phique. Plusieurs cavernes ont été explorées , dans les
environs de Sarlat, entre autres celles des £yzies ; le
sol de ces grottes n’est qu'un amas d’ossements liés entre
eux par des concrétions calcaires déposées par les eaux
d'infiltration ; le tout a l’aspect d’une brèche formant
plancher et pouvant s’enlever par plaques. M. Desor en
fait voir un échantillon important qu'il tient de lobli-
seance de M. Lartet. Cette brèche contient des os de
plusieurs mammifères, mais ceux qui dominent hors de
toute proportion, ce sont ceux de renne ; puis viennent
le cheval, le bœuf, le bouquetin , le chamois , le cerf
commun , le lièvre, l’écureuil, le Iynx, un grand felis,
peut-être le lion, des oiseaux , etc. On y trouve aussi
de nombreux objets fabriqués de main d'homme , des
lames, des poinçons, des aiguilles , des pointes de flè-
ches barbelées , le tout en bois de renne — des cou-
teaux de diverses formes et des pointes de lance en silex,
el une quantité de fragments ou d’esquilles de cette
même substance. Mais ce qui est le plus remarquable,
ce sont les essais de sculpture et les figures gravées sur
des plaques de schistes ou sur des palmes de renne et .
représentant le cheval , le renne, le cerf.
Les conclusions auxquelles MM. Lartet et Christy
— 997 —
sont arrivés, renferment en substance les princpes sui-
van(s :
Une race humaine, aborigène ou non, a vécu dans la
région devenue plus tard le Périgord , en même temps
que le renne , l’aurochs, le bouquetin, le chamois, etc.
Ces peuplades ne connaissaient point l'emploi des
métaux. Leurs armes et leurs outils étaient tantôt en
pierre simplement taillée et non polie , tantôt en os ou
en bois d'animaux.
Ils mangeaient les mammifères cités plus haut, et
aussi le cheval — pour lequel ils semblent avoir eu une
prédilection marquée — des oiseaux et des poissons.
Aucun animal, pas même le chien, ne parait avoir
été domestiqué par eux.
Les incisions visibles au bas des cornes des rennes,
là où la peau est très adhérente , ainsi que celles qu'on
remarque au bas des os des jambes , apprennent qu'ils
utilisaient les peaux de ces animaux et qu'ils les cou-
saient avec des tendons refendus.
Leurs objets de parure, leurs ustensiles ornés témoi-
gnent de leurs instincts de luxe et d’un certam degré
de culture des arts. Leurs dessins et leurs sculptures
nous en fournissent une manifestation plus élevée , par
la manière dont ils sont parvenus à reproduire la figure
des animaux leurs contemporains.
Ce qui est le plus remarquable , suivant M. Desor,
dans les faits qui viennent d’être énoncés , c’est l’asso-
clation de l’homme avec le renne , qui par son organi-
sation est destiné à vivre dans les climats les plus froids.
On est conduit par là à considérer l’époque où vivaient
ces peuplades comme coïncidant avec la période gla-
claire, peut-être au commencement du retrait des gla-
— 098 —
ces. La présence de l'éléphant, dont on retrouve aussi des
débris dans ces gisements, n’est pas une difficulté, car
l'espèce dont il s’agit est le mammouth dont la peau était
velue et qui pouvait résister au froid. Il rappelle les ob-
servations faites en d’autres lieux et qui conduisent aux
mêmes conséquences ; en particulier les cônes d’Aro/e
abondants dans les tourbières d’Ivrée où tout fait croire
qu’ils ont cru sur place ; et cependant le climat d'Ivrée
est aujourd’hui très doux et les aroles:sont relégués sur
les sommets.
Quant aux dessins, ils ont cette particularité curieuse
qu'ils représentent des objets de lanature, des animaux,
tandis que les dessins lacustres ne représentent rien et
ne sont que des ornements purement d'imagination. On
a donc affaire ici à une autre race probablement anté-
rieure de beaucoup à nos établissements lacustres de
l’âge de la pierre.
Une discussion s'engage à ce sujet. M. de Rougemont
cite les mythes des Indous , les traditions chinoises qui
conservent le souvenir de révolutions considérables sur-
venues à la surface de la terre depuis la création de
l’homme. Il ne voit donc aucune difficulté d'admettre
que l’apparition de l’homme remonte à l’époque gla-
ciaire , mais, à son avis, il n’est pas nécessaire d’invo-
quer de si énormes périodes pour expliquer les change-
ments qui se sont produits depuis la présence des grands
glaciers jusqu’à nous.
M. Desor rappelle qu’il a publié autrefois, de concert
avec M. Gressly, à propos du percement des tunnels du
Jura, la série des terrains géologiques du canton de
Neuchâtel; dès lors, les travaux d’art qui ont eu lieu
— 599 —
sur notre sol , les études que M. Desor a dû faire pour
le Franco-Suisse, ainsi que les recherches de M. Tribo-
let et de M. Jaccard, ont révélé des faits nouveaux dont
la science doit tenir compte. Cest ce qui l’a engagé à
faire subir à ses premiers travaux les corrections conve-
nables. Il a done fait des tableaux auxquels il a donné
des dimensions telles qu’ils pourront entrer dans le Bul-
letin. Des exemplaires sont déposés sur le bureau.
M. Xopp fait part de plusieurs analyses de tourbes
provenant les unes du grand marais près d’Anet, les au-
tres de la vallée des Ponts. Pour extraire les échantil-
lons de la première espèce, on a fait un trou de sonde
de 11 pieds de profondeur ; chaque morceau a un pied
de long. Les numéros indiquent la profondeur de la
couche ; le N° 1 vient de la surface à 1 pied , le N° 2 de
1 pied à 2 pieds, et ainsi de suite pour 10 échantillons.
On a dosé l’eau et les cendres, la matière combustible
forme la différence.
Numéros 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Eau . . . 159 154 164 152 172 160 220 173 324 221
Centrés .: :1%98! 62 97: 51 55 b9 60 ‘727680
Combustibles 153 784 739 791 773 781 720 755 613 712
Ces tourbes étaient bien séchées à l'air.
On trouve pour les moyennes de la couche supérieure
jusqu'à 6 pieds, et pour la couche inférieure de 6 à 11
pieds , les nombres suivants :
No1-5 No5-10 No1-10
Hana 1682 2 OS
Cendres . , . ‘718 64,2 68,0
Combustibles . . 768,0 716,2 742,1
— 600 —
Pour. l'analyse des tourbes des marais de nos monta-
gnes, on a pris un échantillon de tourbe de choix (N°1),
deux échantillons de tourbe de Combe-Varin (N° 2, 3),
deux échantillons de tourbe amenée dé la vallée des
Ponts au marché de Neuchâtel (N° à, bei Ces tourbes
ont donné : |
1 2 3 (1 à. D
DE EE 100 TI TER
Ceñdres: 11.1": 143 30 42 3) 34
Combustible , 860 827 839 818 833
Moyenne de la tourbe des Ponts :
Eauaursde : 1691822
Cendres,. 4. 108854
Combustible . . .. 835,4
La tourbe d’Anet N° 1 était brun clair; les suivantes
i NT N° 9 de couleur de plus en plus foncée; le
N° 10 était brun-noir. — Les tourbes des Ponts étaient
1) brun foncé, 2) et 3) brun clair, a) brun clair, 4)'brun
noir.
On a pris la densité des tourbes suivantes, sans les
briser, avec l’air et l’eau qu'elles contenaient.et.on a
trouvé pour
ici cash ol ta
n° 10 .. : CMISVING 53
2 hs lan EN 0 AE
Dinan LAS
On à analysé les cendres de la tourbe des Ponts 3)
— 601 —
On a trouvé KO . |. 1,1
Mg O0. . 0,0
CR 972
Fe? 05. 20,6
Ph Où 0,5
PAU A 3,8
DLUS, 1. 110
CO? . 25,0
100
L’acide carbonique a été dosé par différence.
1 mètre cube de tourbe des marais du Seeland pèse 465 kil.
Dont combustible 345,1 k.
Cendres .: 31,6
1 mètre cube de tourbe des Ponts pèse 300 kil.
Dont combustible 250,6
Cendres . 9,1
Séance du 26 mari 1864.
Présidence de M. L. COULON.
M. le Président communique les prospectus et règle-
ments d’une société ornithologique qui se fonde à Ge-
nève.
M. le docteur Guillaume présente un nid de guêpes,
de forme prismatique et de dimensions extraordinaires,
qui était établi à l'angle d’une maison.
M. Coulon fait voir un bel échantillon de rhizostome
bleu , rapporté de Nice par M. Mayor, qui en a fait don
— 602 —
au musée avec d’autres objets intéressants , tels que in-
sectes, mollusques , crustacés , etc.
M. le docteur F. de Pury fait l'exposé de l’état ac-
tuel de nos connaissances sur le #richine sptral ; cette
communication est accompagnée de démonstrations mi-
croscopiques (voir Appendice).
M. Hirsch lit une communication sur l’éclipse totale
de lune du 1* juin 1863.
APPENDICES.
SUR. LA QUESTION
DE LA HAUTEUR DU MOLE
de Neuehñtel
par le D" À. HIRSCIL
(Voir ci-dessus p. 443.)
Notre société s’est occupée déjà à plusieurs reprises de la
question de la hauteur du lac de Neuchâtel au-dessus de la
mer. Vous vous rappelez la discussion qui à eu lieu en 1859, et
le désaccord considérable, quant à cette donnée importante,
entre la carte fédérale de Dufour et feu M. d’Osterwald. Der-
nièrement M. l'ingénieur Michel a fait à la société de Lausanne
une communication, qui jette une nouvelle lumière sur cette
question et tendrait plutôt à donner raison à l’ingénieur Neu-
châtelois.
Les données qu’on possédait jusqu’à présent étaient les sui-
vantes :
Osterwald, dans sa carte de Neuchâtel, donne,
d’après de Luc et Pictet, pour la hauteur du môle
de Neuchâtel. :. .: . . . 436,26.
Osterwald, en s eye 4 sur deu hautes que
le Colonel Herry, chef des ingénieurs français
occupés en Suisse, lui avait fournies pour le
Chasseron (1612" ® et le Moleson A CPE Pa avait
trouvé 3.) raRER À .110:100437r,40,
— 604 —
Osterwald, en parlant des hauteurs du Chasseral
(1608,8), Chasseron (1609,1) et Moleson (2005,2),
fournies par le Supplément de la Description géo-
métrique dé la France, est arrivé à la cote défi-
nibve Ve, . 434,10.
Les ingénieurs Suisses! jréanl pour le halte
du Chasseral la moyenne des cotes indiquées dans
la Description, e.-à-d. 1609,57 (donc 0,77 de plus
que la valeur adoptée par Osterwald), et passant
par Walperswyl (—1164,20), Sugy (—9,68), lac
de Morat (—0,49), ont trouvé pour la hauteur du
lac de Neuchâtel 435,07. Lorsqu'on y ajoute la
différence entre la hauteur moyenne du lae et le
môle, différence qu'Osterwald détermine à 2,07,
on obtient pour la cote du môle d’après les ingé- ;
nieurs suisses. . . ... ASE TA.
La carte de Dufour dont le D OHIÉ de départ est
la hauteur de la pierre à Niton (à Genève), déter-
minée par la Dôle à 376,64, donne pour le môle
de. Neuchâtel......-:1. :. …. 436,95.
Enfin pour compléter les RTE nous soi
tons encore, que d’après 377 observations baromé-
triques, faites par M. Coulon, et 722 autres, faites
à la maison des Par le môle aurait une alti-
tude:de !.59 adiso. .., 434,50.
Toutes ces valeurs £ se rapportent à au niveau 1. de
l'Océan.
Dernièrement des nivellements, très-soigneusement exé-
cutés par l’ingénieur français M. Bourdaloue, ont fixé la hau-
teur du repère du pont de Tilsitt à Lyon, à 160,38 au des-
sus du niveau moyen de la Méditerranée, tandis que cette
cote se trouve sur la carte de l'état-major français indiquée à
(*) Voir Ergebnisse , etc. M. Eschmann trouvant dans la Description deux
valeurs , 1610",54 et 1608%,60 pour le Chasseral , et les croyant de même
valeur, en prit la moyenne 1609%,57, tandis que la dernière (1608",60) était
la valeur rectifiée et adoptée en dernier lieu par les géomètres français. Nous
ne pouvons pas dire ce qui a engagé M. d’Osterwald de prendre 1608",8 au
lieu de 1608",6.
= M =
163% au-dessus de l'Océan. En partant de ce point, M. Bour-
daloue trouve pour la hauteur du repère de la pierre à Niton
374,05, tandis que ce point de départ pour toutes les cotes
consignées dans la carte de Dufour, y est fixé à 376%,64; il y
aurait donc à apporter une correction de — 2",59 à toutes les
cotes de cette carte. En l’appliquant à laltitude qu’elle donne
pour le môle de Neuchâtel, on trouve ainsi pour la hauteur
de notre môle, au-dessus du niveau de la Méditerranée, la
valeur de 434,36.
Cette valeur, obtenue ainsi par nivellement, ne diffère que
de 0,34 de celle adoptée en dernier lieu par Osterwald. Et
s’il est vrai, ce que les ingénieurs français prétendent avoir
trouvé par des nivellements récents, que l'Océan est de 0®,60
plus élevé que la Méditerranée, cette nouvelle détermination
de notre môle le placerait à 433,56 au-dessus de l'Océan,
done presque un mètre plus bas même que d’après Osterwald.
Ce qui augmente la valeur de cette nouvelle détermination
par la Méditeiranée; qui, comme je l’ai dit, diminue toutes
les hauteurs suisses de 2",59, c’est que les ingénieurs de che-
mins de fer sont arrivés à Bâle également avec 2",1 de moins,
et que les ingénieurs autrichiens, qui sont partis de lAdria-
tique, placent le lac de Constance aussi à 4" plus bas que la
carte de Dufour. Il résulte de tout cela que les résultats des
nivellements, faits à l’occasion des chemins de fer, s’accor-
dent à très-peu près entre eux pour les hauteurs suisses, qu’ils
partent de Marseille ou de l'Océan par Strasbourg ; tandis que
les hauteurs dérivées trigonométriquement du Chasseral,
comme il est déterminé par la Description géométrique de la
France, sont de 2",5 plus hautes. D'un autre côté, il est très-
remarquable que les 0",97, que Eschmann a pris de trop pour
la hauteur du Chasseral, se soht retrouvées exactement lors du
reliement du réseau suisse au réseau des triangles badois; les
ingénieurs badoïs étaient partis également de la cote de Stras-
bourg, comme les ingénieurs suisses par le Chasseral, et après
des détours très-considérables ils se trouvent à la frontière
badoise exactement d'accord, sauf pour les 0",97 dont les
ingénieurs suisses s'étaient trompés dans leur point de départ.
Cette concordance entre les mesures trigonométriques est
— 606 —
done non moins remarquable que celle des nivellements, et
elle augmente encore l'importance du désaccord entre les ré-
sultats des deux méthodes. Pour se l’expliquer, il faudrait
admettre, ou que tout le réseau de la France orientale est
placé à 2,5 environ trop haut, supposition qu’il faudrait lé-
gitimer en montrant la cause de l'erreur commise dans les
triangles français de premier ordre; ou bien supposer, que
dans l’une ou l’autre des deux méthodes il y aït une erreur
systématique. Dans cette hypothèse, on pourrait chercher
l'erreur dans la valeur de la réfraction terrestre, qu’on à em-
ployée pour la réduction des mesures trigonométriques. Car
d’autres circonstances avaient déjà indiqué la nécessité de
revoir cet important élément de la géodésie; et les recherches
si intéressantes qu'on à faites dans les derniers temps sur
l'augmentation de la température dans les couches reposant
immédiatement sur le sol, obligent certainement à modifier
la constante, employée jusqu’à présent pour la réfraction, et
déduite de l'hypothèse d’un décroissement continu et régulier :
de la densité de l'air. Les opérations que la Commission géo-
désique sera appelée à faire l’année prochaine, devront né-
cessairement tenir compte de ce point et fourniront, j'espère,
de nouvelles données pour sa résolution.
Mais pour revenir à la cote du môle de Neuchâtel et à sa
détermination par Osterwald, il est en effet très-curieux, que
cetie détermination trigonométrique soit ainsi la seule en
Suisse , qui, en opposition avec toutes les autres dé même na-
ture, s’accorde ayec les valeurs fournies par les nivellements.
Il est difficile d'expliquer ce fait, parce que, malheureusement,
le volume manuscrit d'Osterwald ne renferme aucun détail,
ni sur ses opérations, ni sur ses calculs, qui lui ont servi à
établir la hauteur relative entre le môle et le Chasseral. Oster-
wald y dit simplement, que la cote du môle est déduite du
Chasseral «par mes propres calculs,» et du Chasseron et
Moleson « par des observations simultanées. »
Jusqu'à plus amples renseignements, qu’il serait en effet
intéressant de recueillir sur les mesures d'Osterwald, soit mê-
me dans les archives de la Société géographique de Paris, à
laquelle il les à communiquées dans le temps, on ne peut re-
— 607 —
connaître dans l'accord de la valeur d’Osterwald avec celles
des nivellements, qu’un effet de hasard et peut-être de com-
pensation d'erreurs. C’est d'autant plus probable, que des
mesures plus récentes, exécutées par M. l'ingénieur Denzler,
de Berne, s'accordent beaucoup plus avec les résultats d'Esch-
mann que d'Osterwald. Notre collègue, M. Denzler, m'écrit
à ce sujet: « J’ai obtenu pour la hauteur de la pierre de base
près de Sugy, 0",3 moins que Eschmann; mais je ne suis pas
tout-à-fait sûr de la hauteur du point de mire (les planches
supérieures) du signal de Chasseral. Si je suppose cxtte hau-
teur (au-dessus de la base du signal) être de 3",19, où se trou-
vait encore en 1861, la poutre transversale du signal, j'arrive
même à une hauteur de la pierre de base, qui est de 0,92
inférieure à celle d'Eschmann. Si je prends la moyenne, mes
mesures ne diffèrent d'Eschmann que de 0",46. Je ne puis
donc pas me prononcer sur la valeur de la détermination de
la hauteur du lac de Neuchâtel par Osterwald? »
Voilà donc une nouvelle preuve que toutes les mesures dé-
duites trigonométriquement du Chasseral s'accordent, sauf
celle d'Osterwald; avant d’avoir la preuve certaine que le
point de départ (Chasseral) est faux, ou qu’on à commis une
autre erreur systématique, il ne me semble pas permis de re-
jeter toutes ces données, pour ne s’en tenir qu'aux résultats
des nivellements. Car, il me paraît impossible, que ces der-
niers jouissent de l’exactitude qu’on leur attribue, c’est-à-di-
re, qu'ils ne soient affectés que d’une erreur probable de
0",03. M. Denzler affirme, qu'en Suisse les meilleurs ingé-
nieurs, munis des meilleurs instruments et dans les meilleures
circonstances atmosphériques, n’ont jamais atteint une exac-
titude plus grande que 0",06, sur une longueur de 20 lieues.
D'ailleurs, une lunette grossissant 30 fois, expose à une er-
reur optique de 1” à 2"; et 2” font déjà pour une distance de
20 lieues 5,5 pieds ; ensuite {/,, ligne d'erreur dans une règle
divisée de 10 pieds, fait déjà 1 pouce d'erreur pour une hau-
teur de 1000 pieds; viennent ensuite l’erreur du niveau même,
les réfractions extraordinaires, qui peuvent aller jusqu'à 20”.
Il est vrai qu’une forte partie de ces erreurs s’entredétruisent.
Disons ?/,; même avec cette supposition, l'erreur d’un nivel-
_— 608 —
lement depuis Marseille à Genève ira probablement toujours
à 2 pieds environ. Il faudrait avoir les détails des nivellements
sous les yeux, pour pouvoir calculer exactement l'erreur pro-
bable du résultat. En tout cas, la supériorité de cette métho-
de n’est pas assez grande, pour justifier le rejet des mesures
trisonométriques; il faut plutôt chercher les causes de leur
discordance, et surtout tâcher de vérifier la hauteur du Chas-
seral.
MOSS
= SÛR LES TRICHINES
par le docteur NSP EPA ZA ME Se
(Voir ci-dessus , p. 602).
‘Récémment encore, bien loin de regarder les trichines coôm-
me un objet digne de l’intérêt des médecins praticiens, on ne
voyait dans ces helminthes que de simples curiosités pathologi-
ques , propres à occuper les loisirs dés hommes de science ou
à exciter l'imagination parfois trop féconde des micrographées.
C’est qu’en effet, dans l’espace d’une trentaine d'années, on
n’avait recueilli à grand” peine, tant en Angleterre qu’en Alle-
magne, qu’un petit nombre d'observations isolées. Pourquo:
done eût-il été nécessaire, voire même utile, d'étudier un pa-
rasite aussi exceptionnel et dé se familiariser avec lui ?
Cette douée quiétude fut cependant tout à coup troublée par
un certain nombre de’ faits, qui prouvaient jusqu’à Pévidence,
que les trichines n'étaient pas des raretés d’amphithéâtre, mais
qu’iis provoquaient des symptômes douloureux, et détermi-
naient une maladie à marche rapide et à terminaison souvent
fatale. On ne comprend que trop l'émotion qui $’empara des po-
pulations habituées à faire un usage presque exelusif de la vian-
de de porc, lorsque les savants et les médecins, proclamant le
danger au lieu de l’atténuer, proscrivirent tous les aliments
qui avaient pour base l'habitat de prédilection de ce redou-
table parasite.—Mais avant d'aborder la description succinéte
BULL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 40
— 610 —
de cette nouvelle maladie, à laquelle on a donné les noms de
Trichinose et de Trichiniasis , faisons connaissance avec le
trichine, et traçons à à grands traits son histoire.
Le premier document qu'on fasse figurer dans le catalogue
des cas de trichine est une note lue par Hilton, le 22 janvier
1833 ,/à la Société médico-chirurgicale de Lire. H s'agit
d'un homme âgé de 70 ans, mort Eu cancer, chez léquel on
trouva un grand nombre de petits corps ovoïdes, longs d’un
millimètre; ces corpuscules, situés dans les muscles du thorax,
étaient transparents à leur centre, opaques à là périphérie.
A l'examen microscopique, ils lui parurent dépourvus d’orga-
nisation; ils étaient placés dans les interstices des fibres mus-
culaires, leur grand diamètre dirigé parallèlement à ces fibres.
On ne sait par quelle raison Hilton fut conduit à rapporter à
des cysticerques ces corpuseules-de nature indéterminée.
À la même époque, Wormald, démonstrateur d'anatomie
à l'hôpital St-Barthélemy, remarqua que les muscles de cer-
tains cadavres étaient parsemés de petites taches blanchâtres.
Paget, alors étudiant au même hôpital, ayant ,obseryé un
fait semblable sur le cadavre d’un Italien, eut la pensée que
les taches étaient, produites par de petits entozoaires. Son
opinion s'étant vérifiée, des portions, de,.musceles, affectés
furent soumises à l'examen d'Owen, qui étudia l’organisation
de ces vers et leur imposa le nom de Trichina spiralis. dans
un mémoire qu'il lut en avril 1855 à la Société, zoologique de
Londres.— Bien que la disposition en spirale du trichine, des
muscles (animal jeune) n'existe plus dans l'adulte ; la science
n’en à pas moins conservé ce nom à cet entozoaire,
La même année, Farre et Wood firent à.la même Société
des, communications qui confirmaient, les idées :d'Owen., A
Wood appartient l'honneur d’avoir le premier fait l’histoire
médicale de la maladie, et constaté des symptômes qui, com-
me nous le verrons plus tard, fournissent.les principaux élé-
ments du diagnostic.
Depuis ce moment, il n’est plus question des, trichines dans
la littérature médicale périodique jusqu’à Luschka, qui publia,
en 1851, dans le journal de Siebold et Kælliker, un travail
sur l'histoire naturelle des trichines, où il étudie avec grand
He —
soin la-structure des-kystes, et prouve que l'extrémité la plus
effilée du :corps de l’animal en ‘est la tête et nonla pers
commé on l'avait admis avant lui. |
A partir de cette époque il est fait assez souvent sminti on
des trichines ; mais la plupart des observateurs se bornent à
discuter longuement la composition et la signification du kys-
te, ou se:perdent en conjectures sur le mode de génération de
l'animal. | Ô
Ce démaiiat point surtout excitait sihgubiérément: l'esprit
d'investigation des naturalistes. On était à une époque, où les
transformations des helminthes fournissaient là :matièredé
curieuses recherches et d'intéressantes découvertes, et Fon
se demandait alors si le trichine, au lieu de constituer une
espèce distincte et définitive, ne représenterait pas tout sim-
plement une phase de l’évolution d’un ver intestinal. Tandis
que Herbst: n'hésitait nullement à l'identifier à la filaire: et
que Meissner et Davaine le considéraient comme la larve d’un
trichosome, Küchenmeïister déclarait expressément que le tri-
chinese transformait dans l'intestin en un trichocéphale: (Tri-
cocephalus dispar), et qu'il n’était par conséquent que la larve
de cet entozoaire. FT
Pour concilier toutes ces opinions, il fallait s'adresser à
Pexpérimentation directe, et c’est ce que Herbsttenta le pre-
mier:chez des animaux qu’il nourrit avec de la chair infiltrée
de trichines, ce savant retrouva ces helminthes dans le sys-
tème. musculairé, ce qui semblait exclure toute idée d’une
évolution hétéromorphe. Des expériences subséquentes , en-
treprises par Küchenmeister et Leuckart; restèrent sans ré-
sultat; il est cependant à noter que Leuckart trouva des tri-
chines libres dans le mucus intestinal de souris, auxquelles il
avait ingéré, deux jours auparavant, de la chair trichinisée.
Il était réservé à l'illustre Virehow d'obtenir par l'expéri-
mentation des résultats décisifs sur le développement des tri-
chines dans léconomie par les voies digestives, et au profes-
seur Zenker, de constater le premier la présence de trichines
libres dans le canal intestinal de Fhomme , de retrouver.les
réstés de cet éntozoaire qui avait infecté sa malade, et de
jeter ainsi un jour complet sur létiologie de cette affection.
— 612 —
Mais, je ne veux pas insister sur ces deux derniers faitssavant
d’avoir donné une description du trichine, que j'empruntepres-
que exclusivement à Molin, professeur dé zoologie à Padoue.
Animal adulte (trichine de l'intestin): corps filiforme, droit,
s’effilant à sa partie cervicalé: tête non distincte du cou, ori-
fice buccal circulaire, situé à la partie antérieure du corps;
chez le mâle: extrémité caudale droite, poche séminale bi-
lobée, pénis simple (?); chez la femelle: orifice vaginal. situé
au tiers postérieur du corps; utérus à cavité simple; anus
terminal. Vivipare. Longueur du mâle, 1°" ; longueur de la
femelle, 2 à 3», |
Animalÿ jeune (trichine musculaire): corps filiforme, s’amin-
cissant vers l'extrémité buccale, roulé deux à trois fois en
spirale, orifice buccal circulaire situé à l’extrémité la plus
ténue du corps. Longueur, 1"* environ.
Détails anatomiques: Le tégument est transparent, homo-
gène, indiqué par deux lignes ténues, parallèles et finement
dentelées; au-dessous de l'enveloppe tégumentaire est une
couche trois ou quatre fois plus épaisse, composée d’une, ma-
tière transparente jaunâtre, dont la portion externe est dé-
pourvue de structure, tandis que l’interne est semée de petits
eranules. L’orifice buccal est indiqué par:une dépression
conique ou par une petite papille, l’orifice, anal par une sim:
ple dépression. Le tube digestif consiste en un pharynx court,
étroit, en apparence musculeux; en un œsophage long, libre
dans une certaine étendue, puis masqué par un corps cellu-
leux d’un aspect singulier et de nature indéterminée ;, d’un
ventricule petit, pyriforme, formé de deux membranes, dont
l’externe est dépourvue de toute structure, et l’interne. com-
posée de cellules applaties sur les côtés; et enfin d’un tube
intestinal museuleux, dans lequel vient s'ouvrir chezle mâle,
le ‘canal déférent: à partir de cette réunion, l'intestin du mâle
prend le nom de cloaque. L’extrémité caudale du mâle est
munie de deux petits appendices coniques entre lesquels se
trouverait l’orifice commun (?) de l’anus et des organes de la
génération. Au point de transition du pharynx et de l’œsophage
on rencontre un anneau périphérique de structure cellulaire, qui
a été regardé par Leuckart, comme lé représentant du système
— 613 —
nerveux. Les organes sexuels du mâle se composent d’un tes-
ticule, d’un conduit déférent et d’un pénis simple, que Leue-
kart croit avoir vu dans le cloaque. Le testicule consiste en
un tube assez large, à parois minces, qui partant de la région
anale s'élève jusqu’à l'estomac, se replie brusquement à cet
endroit et se perd insensiblement en s'’amincissant, dans le
eonduit déférent. Celui-ci est constitué par un canal simple,
court et étroit, qui débouche dans l'intestin après avoir formé
un renflement. Les zoospermes qu'il renferme sont de petites
cellules transparentes, pourvues d’un noyau assez gros et bien
marqué.
Les organes génitaux femelles consistent en un tube simple
composé de trois parties: une partie postérieure la plus cour-
te et en.même temps la plus étroite qui est l'ovaire ; une par-
tie moyenne la plus longue, la trompe, qui, au point de tran-
sition, forme en se dilatant une poche séminale en cul-de-sac ;
une partie antérieure qui est le vagin, lequel vient s’ouvrir
au niveau du tiers.inférieur du corps de l'animal. Les œufs
sont des cellules rondes, non segmentées, recouvertes d’une
simple membrane vitelline mince et délicate.
Les détails anatomiques ci-dessus ne concernent que les
trichines à l’état adulte. Les jeunes, tels qu’on les rencontre
dans tous les muscles striés, sans même en excepter absolu-
mentle cæur({), chez l’homme etchez plusieurs animaux à sang
chaud, présentent un développement moins complet. Si leur
tube digestif est identiquement le même , leurs organes sexuels
sont par contre à l’état rudimentaire: la tache ou la glande
(*) Les trichines se’ rencontrent dans tous les muscles à fibres striées,
ils sont si universellement répandus , que même ceux du tympan, de
l’œil, du larynx. en sont. envahis. On en a trouvé aussi dans le cœur, où
ils sont, il est vrai, assez rares : Leuckart dit positivement en avoir rencon-
tré dans le centre circulatoire d’un lapin ; et Zenker, de concert avec Kü-
chenmeister et Færster , en a vu quelques-uns dans le cœur d’une femme,
dont je rapporterai plus tard l’histoire : il est donc étonnant que Virchaw et
un. grand nombre d’observateurs avec lui, énoncent une opinion contraire.
Les muscles superficiels ont ordinairement des trichines en plus grand nom-
bre que les profonds ; le grand pectoral et le grand dorsal surtout en sont
plus atteints que les autres. Les points d’attache des muscles aux tendons
paraissent être le séjour de prédilection de ces entozoaires ; aussi est-ce
dans ces régions que l’on doit diriger ses investigations lorsqu'on veut faire
des recherches concluantes.
— Gta —
qui les représente n'occupe:que le tiers inférieur de Panimal,
et'se termine par nne tache pigmentée qui manque quelque-
fois (Zeuker, Leuckart) et dont on ne coms Pau encore bien
exactement la signification. 5
Le jeune trichine à l’état de repos est ébrietainné renfer-
mé dans un kyste dont il occupe environ le tiers, roulé en
spirale et formant deux outrois tours. [l'est ordinairement
solitaire: rarement deux et beaucoup plus pa trois vers
se tbubnérent dans le même kyste. HU) CLOS
La forme du kyste est ronde où ovalaire: les deux extré-
mités en sont arrondies ou aplaties, ou même s’allongentr'en
pointe. La forme ovoïde allongée ‘est la’ plus commune sur-
tout lorsque la substance musculaire-est résistante ‘et bien'dé-
véloppée; elle tient évidemment à la PRES exercée sie 1e
fibres musculaires. ru |
La structure de ces kystes a été, comme je vous lai dit,
l’objet de nombreuses recherches et de graves controverses.
Luschka qui y attachait une grande importance; d’aceord ën
céla avec Bischoff et Valentin, distinguait une enveloppe ex-
terne, qui donne à la capsule son apparence fusiforme et qui
constitue ses prolongements:; et une couche interne, générale-
ment ovoïde. La première composée de tissu connectif avec
des vaisseaux, serait un produit d’inflammation; la seconde
SPpaÉtENTEAE en propre au trichine. Il avait ébistate: en Ooù-
tre dans l’intérieur du kyste, indépendamment de T hélminthe,
uné masse de granules élémentaires et dé petits corpusculés
ronds où alone renfermant un nucléolé volumineux ét tou:
jours très distinct. Dès 1854, Bristowe, et Raïiney avaient
contesté l'interprétation de Luschka; ils considéraient le
kyste commé simple et comme le produit exclusif de’ l'ento-
zoaire. |
Nous savons aujourd’ hui que Je PA Era arrivé au dtabne
de-sa migration qui est,-comme Virchow l’a démontré ‘la
fbrélatiuéctilétre primitive: augmente considérablement de
Yoiume pendant quelques semaines. Il se nourrit très, proba-
blement, alors des éléments qui l'entourent, car on voit les
granules, les fibrilles musculaires et les disques de la fibre: pri-
mitive déins laquelle il se trouve, ‘dispardiines Tandis que ce
109 € 1191 302 691
— 615 —
travail destructif se fait d’une part; on observe d'autre part
un travail de réparation, résultat d’une irritation due sans
doute à la présence de l'helminthe agissant dans l'organisme
comme corps étranger. En effet le sarcolemme s’épaissit, ses
noyaux augmentent en volume et en nombre; une substance
moléeulaire et opaque s’interpose entre eux: petit à petit il se
forme une cavité intérieure arrondie ou ovoïde au céntre de
laquelle on distingue parfaitement le trichine qui se roule'en
spirale comme le ressort d'une montre. Au-dessus et au-des-
sous de cette cavité, on aperçoit le plus souvent des prolon-
sements formés probablement par un tissu solide composé de
couches concentriques supeérposées, et s'étendant sur la con-
tinuité du kyste. Les diverses couches ne contiennent mi gra-
nules, ni cellules, et consistent en fibres allongées, fusiformes
assez analogues, à la coupe, aux eorpuscules des cartilages. A
la périphérie du kyste on observe quelquefois de petits amas
de tissu connectif vascularisé, renfermant assez souvent de la
oraisse et quin’ont rien de commun avee le kyste lui-même.
Le grand diamètre des kystes est toujours parallèle à la direc-
tion des faisceaux musculaires. Ces petites poches etiles vési-
eules graisseuses qui les entourent souvent, refoulent simple-
ment les fibres entre lesquelles ‘elles sont logées; elles adhè-
rent au tissu cellulaire ambiant d’une manière assez Tâche,
plus fortement toutefois par leurs appendices fusiformes. Les
fibres musculaires, dans le voisinage immédiat des kystes, ne
subissent jamais d’ altération HoélesHque; Dans la plupart des
cas, le kyste est entouré d’un amas de graisse, qui est tou-
tefois très variable: tantôt il n'existe aux deux pôles qué
quelques vésicules graisseuses, tantôt ces vésicuies forment
une enveloppe complète. Le dépôt de graisse est le plus sou-
vent en relation avec l'état de santé du sujet.
Il est done permis d'admettre, contrairement à l’avis de
Luschka, que le kyste est de nature homogène, et qu'il est
tout entier un produit de nouvelle formation appartenant à
l'organisme de l'hôte chez lequel le trichine a élu domicile.
Un fait qui vient encore à l'appui de cette opinion, c'est qu'on
rencontre parfois deux et même trois animaux renfermés.dans
une seule capsule,
Les kystes, tels qu'ils viennent d’être décrits, ne'se forment
que de la troisième à la quatrième semaine après'la migration
de l’helmiüthe dans la fibre museulaire. A cette époque, il est
impossible encore de les constater à l’œil nu; ce n’est que plu-
sieurs mois après, alors qu'ils se ‘sont. incrustés: de matières
terreuses, el qu'ils apparaissent comme de:petits points, des
granulations ou des vésicules, ou comme de petites stries qui
contrastent avec la couleur Aou dés muscles par leur-opacité
et leur couleur grisâtre ("). neo 9leri
L’infiltration calcaire débute ordinairement dans le re
du kyste; ce n’est que plus tard qu’elle en envahit les parois:
elle s'étend rarement sur toute la surface. Les sels calcaires
apparaissent sous forme de granulations très ténues, qui, lors:
qu'elles sont fort abondantes, comme c’est ordinairement le
cas aux deux pôles du kyste, recouvrent tout:le ver et-le
masquent complètement à l’œil de l'observateur. Il est enve-
loppé alors dans une coque crétacée, comme l’est le poulet-dants
l'œuf. Les acides acétique et chlorhydrique dissolvent les sels
de chaux avec un petit développement de gaz. 17
Le dépôt calcaire n’a pas, dans l’eéspèce., la même sienifica:
tion que dans les cysticerques et les échinocoques, n’indiquant
pas, comme. on l’a cru longtemps, 14 mort de; l'animal.-ou
sa prochaine transformation crayeuse, ear il n’est-pas rare;.de
trouver dans les capsules incrustées le trichine libre.et vivant.
Le trichiné ne se meut pas seulement quand'il.est.extrait
dé la: capsule, mais il exécute même.dans le:kyste quelques
mouvements qu'on détermine aisément à l’aide d'une solution
faible de potasse caustique. Ces mouvements consistent en,;un
raccourcissement ou un allongement de la-$pirale, en: .quel-
ques déplacements latéraux de l'extrémité céphalique, et aussi
en quelques oscillations du tube digestif. Bristowe:a:remar-
qué que l'animal s'enroule toujours dans le même.sens.,
Je vous ai entrelenu bien longtemps du trichine, il mé-tarde
done de vous dire, messieurs, comment on est arrivé à con:
(') C’est grâce sans doute à cette particularité qu’on a méconnu jusqu’à
ces dernières années les cas mortels d'infection chez l’homme par les tri-
chines ; car lorsqu'on rencontrait'sur lés cadavres lés kystes crétacés, il était
survenu une sorte de guérison et les symptômes se rapportant à Vévolution
récente des entozoaires étaient oubliés depuis longtemps.
— 617 —
naître l’évolution de cet entozoaire. Tandis que Küchenmeister
et. Leuckart annonçaient à l'Académie des sciences de Paris
au mois de septembre 1859, que les trichines n'étaient que les
larves du Tricocephalus dispar, Virchow. obtenait aussi par
des-expériences des résultats tout opposés. Ayant nourri un
chien avec des :trichines vivants: recueillis: sur un homme
mort à l'hôpital et dont on ne connaissait nullement les anté-
cédents, il trouva dans l'intestin, au bout de trois jours et de-
ii, des animaux adultes, put distinguer les mâles des femelles,
et établir enfin.que c'étaiéht des animaux vivipares. Le doute
n'était plus permis, le trichine musculaire se transformait en
trichine intestinal ou pour être plus correct, le: trichine des
museles était un animal jeune dont celui des intestins consti-
_tuait l'adulte. L'animal se trouvait donc avoir deux habitats,
l’un dans: l'intestin où il naît, l’autre dans les muscles. où.il, se
développe. Mais comme on n'avait jamais rencontré chez;le
chien letrichine des muscles qui est très fréquent par contre
chez le lapin, il était nécessaire de faire de nouvelles expé-
riences: Celles-ci devaient être décisives-et jeter un jour com-
plet sur un animal aussi énigmatique que-le trichine.
«C’estssur-les lapins,» dit Virchow, «que j'ai pu suivre le
développement du trichine, Lorsqu'on fait. manger à un lapin
de là viande.contenant des trichines, on voit.au bout de trois
ouquatre semaines l'animal maigrir; ses forces diminuent sen-
siblement,., et il meurt vers la cinquième ou sixième semaine
qui suit l’ingestion de la viande renfermant les entozoaires.
Si Fon examine les museles rouges de l'animal ainsi mort,.on:
les trouve remplis de millions de, trichines., et äl n’est pas
douteux que la mort n’ait été produite par une atrophie mus-
culaire progressive, consécutive aux migrations des trichines
dans l’économie. Par cette: alimentation j'ai obtenu, cinq gé-
nérations d’entozoaires. J'ai d’abord fait manger à.un lapin
des trichines vivants, occupant un muscle humain ; il mourut
au bout.d’un, mois. Je fis alors ingérer à un second lapin des
muscles du premier; il mourut aussi un mois après. La chair
musculaire de celui-ci me servit à en infecter trois autres en
même temps; deux d’entre eux moururent trois semaines
après , et le troisième au bout d’un mois, J’en nourris alors
— 618 —
deux, ‘dont l’un ‘avec beaucoup, et l'autre avec peu de la
chair de ces derniers: le premier mourut au bout de huit jours,
sans que l’autopsie révélât d'autre lésion qu'un eatarrhe intes-
tinal; le second succomba six semaines après le début; de
l’éxpérience. Chez tous ces animaux, à l'exception de l’avant-
dernier, tous les muscles rouges, sauf le cœur, renfermaient
une telle quantité de trichines, que chaque parcelle examinée
au microscope en contenait plusieurs, quelquefois jusqu’à une
douzaine. Pour être certain qu avant Pen éuienes l'animal
n'avait pas de trichines dans ses muscles, j'ai examiné plu-
sieurs fois, avant de le nourrir, un morceau de musele excisé
sur le dos et n'en ai pas trouvé de trace 1à où plus tard ils
devaient se rencontrer en si grand nombre.»
Ces expériences prouvaient donc que les trichines provoquent
une affection mortelle: c'était déjà un point très important ;
mais ils devaient révéler encore de la façon la plus péremptoire
les migrations de ces helminthes dans les muscles. Enrenouve-
lant les expériences sur les lapins, Virchow constata que peu
d'heures après l’ingestion des muscles malades; les trichines
dégagés dés muscles, se trouvent libres dans l'estomac, qu'ils
passent de Jà dans le duodénum , et qu'ils arrivent ensuite
plus loin dans l'intestin grêle pour s'y développer. Dès Île troi-
sième ou le quatrième jour, la présence d'œufs ou desrcellules
spermatiques permet de distinguer le sexe de l'animal. Bien-
tôt après, les œufs sont fécondés, et il se développe dans le
corps des trichinés femelles, de jeunes entozoairés vivants.
Ceux-ci sont expulsés par l’orifice vaginal situé sur là moitié
antérieure du ver et commencent leur vie dans lé tube diges-
üf qu'ils paraissent ne pas tarder à perforer. Virchow les à
retrouvés, présentant l’aspect de petits filairés, dans les glan-
des mésentériques et surtout dans les cavités séreuses ; parti-
culièrement dans le péritoine et dans le péricarde , maïs les
a cherchés en vain dans le sang et dans les voiés de la circu-
lation (1). En continuant leurs migrations, ils s'pénétrént Log
(1) Iestgénéralement admis que tôt après leur naissance, és jeunes itri-
chines perforent les parois intestinales et pénètrent par des migrations actives
et passives dans les différentes régions du corps de l’hôte quiles héberge.
Turner et Zenker surtout avaient déjà émis des doutes à cet égard. De nom-
— 619 —
que dans l'intérieur des fibrilles musculaires, où on les trouve
déjà trois semaines après l’alimentation, en nombre consi-
dérable, et'à un degré‘de développement tel, que les jeunes
entozoaires ‘ont presque atteint les proportions de ceux qui
étaient renfermés dans la chair ingérée.
‘Il ressort évidemment des faits ci-dessus que, loin de four-
nir une preuve suffisante à la doctrine de la génération spon-
tanée, comme l'avaient pensé Owen et d’autres savants après
lui ; le trichine, ainsi que Virchow l’a démontré le premier, est
un helminthe vivipare. — Mais tant qu'on ne l'avait observé
chez l’homme qu'à la première période de son évolution,
l'histoire de sa migration dans notre espèce demeurait un
desideratum de la science qu'il était réservé à Zenker de ré-
soudre par une observation à jamais mémorable dont voici le
résumé.
"Une servante, âgée de 20 ans, et qui avait toujours joui
d’une bonne santé, tomba malade vers Noël 1859. L’affec-
tion débuta par une grande fatigue, de l’insomnie, de l’ano-
rexie, de ‘la constipation, de la chaleur, dé la soif. Traitée
d’abord chez ses maîtres, puis chez ses parents, elle fut trans-
portée à l'hôpital de Dresde le 20 janvier 4860, La fièvre était
alors intense, le ventre ballonné et douloureux, tout le sys-
tèmé musculaire et en particulier celui des extrémités était
excessivement douloureux, les genoux et les coudes présen-
taient une contracture qu'il était impossible de vainére, et la
moindre tentative d’extension des’ membres arrachait des
eris à la malade. Plus tard, il se déclara un œdème dés extré-
mités inférieures ; uné pneumonie se manifesta, et après une
journée de prostration la malade suécomba, à peu près cinq
semaines après le début de cette afféction, er on avait regar-
dée comme une gens typhoïde.
breuses raisons Pisient, supposer à ce dernier observateur que l’animal
n'allait pas chercher lui-même sa nouvelle demeure , mais qu’il y était
transporté à Pétat d° embryon par le torrent circulatoire. Girete une note pré:
sentée à l’Académie des scientes de Paris, lé 46 février 1863, Zenker an-
nonce en avoir obtenu la preuve, en trouvant les embryons dans le sang
d'un lapin infecté avec des trichines, et il ajoute que, le, fait a été égalemeut
observé par le docteur Fiedler (de Dresde), quis, à sa prière, à poursuivi les
expériences.
— 620 —
On se représente facilement létonnément : du professeur
Zenker lorsqu'à la première investigation miceroscopique.des
muscles du bras,'se montrèrent à ses yeux des, douzaines.de
trichines sans capsules, libres dans:le parenchyme. museu-
laire, présentant toutes les positions et donnant.les signes de
la vitalité la moins contestable. En poussant plus loin-ses!re-
cherches, ïiltrouva tous les muscles ; etimême le-cœur, telle-
ment criblés de trichines, qu'à un faible grossissement, on en
apercevait jusqu'à vingt dans le champ: du microscope. IL était
done hors de doute que les vers avaient-été surpris-dans leur
passage dans les muscles, et qu'on avait affaire à une immi-
gration toute récente. Les faisceaux musculaires portaient la
trace d’une, dégénérescence profonde: ils étaient friables;; les
fibres n'étaient plus striées ni homogènes, et présentaient. de
nombreuses déchirures transversales.
: Mais ce n’était pas encore toutce que ce cas remarquable
devait révéler. En examinant l'intestin grêle, qui.était forte-
ment hypérémié, et en plaçant'sousde microscope une goutte
du mucus du jéjunum, Zenker rencontra une masse de petits
entozoaires, sur la nature desquels le doute ne pouvait être
permis et qui étaient des trichines adultes. Leur forme était
celle des trichines (extrémité céphalique amincie, extrémité
eaudale obtuse), mais leur taille était, beaucoup plus grande;
les femelles mesuraient 4" et les mâles 1,44," Ces animaux
étaient, vivipares, car le,tiers moyen dujcorps, des femelles
était gorgé d’embryons parfaitement développés, fait qui avait
été, du reste, démontré déjà l’année précédente, par Virchow.
Au mérite d’avoir constaté chez l'homme. des trichines dé-
veloppés (adultes), venait s'ajouter, pour le professeur Zenker,
celui beaucoup plus grand, encore, de jeter un jour complet
et décisif sur l’étiologie de cette affection morbide. Comme la
malade avait été amenée de la campagne à l'hôpital de Dres-
de, Zenker se transporta sur les lieux, et Constata que quatre
semaines auparavant on avait abattu dans cette maison même
un porc renfermant des trichines; que les. jambons et les.sau-
cisses faits avec la chair de cet animal en contenaient un
grand nombre; qu’enfin le boucher qui avait tué le ‘porc êt
en avait mangé de la chair fraîche, ainsi que plusieurs autres
— 621 —
personnes, avaient présenté des symptômes rhumatoïdes et
typhoïdes plus ou moins graves: mais que la malade transpor-
tée à Dresde, avait seule succombé à roses de là viande
de ce porc. | 15 HAT)
» Vous comprendrez dopaiiminQ messieurs , Je, retentisse-
ment que dut avoir, non silgralei dans le nord de lAllema-
gne, mais on peut dire, dans le monde entier; la connaissance
d’un fait pareil, entouré de toutes les garanties possibles
d’exactitude et qui n’a malheureusement pas tardé à recevoir
l'authenticité la plus complète. Il est arrivé pour les trichines
ce qui à eu lieu pour tant d’autres produits pathologiqués
parasitaires ou non, dont il semble qu’ils se développent et
se multiplient à mesure qu’on pénètre plus avant dans leur
étude.
Tandis que jusqu’en 1862, on n’avait rencontré que des cas
rares, isolés, réservés aux recueilk médicaux, on a depuis lors
observé des exemples assez accumulés pour mériter le nom
d’épidémies. Parmi ces invasions épidémiques, la première
dont l’histoire ait été publiée, et qui dès l’abord éveilla l’at-
tention des médecins, est celle de Plauen (Saxe). Elle débuta
dans le printemps de 1862, et porta environ sur 25 person-
nes. L’autopsie d’un malade qui succomba vint corroborer le
diagnostic de Bœhler et de Kænigsdærffer. Chez trois jeunes
malades qui se prêtèrent à cette opération, d’ailleurs peu dou-
loureuse, ils avaient harponné un fragment de muscle gros
comme la moitié d’une lentille et l’avaient trouvé parsemé de
trichines. Cette démonstration péremptoire, donnée pendant
la vie (et que le professeur Friedreich, de Heidelberg, avait du
reste fournie le premier, pour un malade qu'il avait soigné et
guéri dans l'hôpital de cette ville, en avril. 1862), exeita une
si vive curiosité, que le ministère de Saxe envoya sur les lieux
Zenker et Unger, lesquels confirmèrent pleinement lopinion
de leurs confrères de Plauen. — Une autre épidémie assez
considérable fut celle de Calbe, sur la Saale. Elle dura du
milieu de juin au milieu de nilieé 1862, atteignit 38 person-
nes sur une population de 1200 PRÉ 9 hommes, 25 fem-
mes et 4 enfants, et causa 8 décès: 6 femmes, 1 cn Poil et 1
homme. Il résulta de l'enquête que tous les habitants atteints
RU
avaient acheté de la viande chez un seul boucher; qui ui-
même était tombé malade; ainsi que sa fille;cet'dont la fem-
me avait succombé avec les symptômes caractéristiques.
De nombreux foyers épidémiques ont été signalés;tels sont:
Quediinbourg, Leïpzig, Corbach ;: Burg près: Magdebourg,
Weimar, Rügen, etc.; maïs le plus important est sans contre-
dit celui de Hettstädt près de Eisleben (Saxe): L’épidémie n’a
pas encore été décrite dans tous ses détails, mais elle dura de
la fin d'octobre à la moitié de décembre:1863, atteignit 150
personnes et fit près de 30 victimes. Elle eut pour point de
départ un pore demi-anglais, âgé de deux ans et demiseinq
bouchers le marchandèrent , le trouvant parfaitement:sain, un
sixième l’acheta; sept membres de la maisontombèrent gra:
vement malades; le chef de la famille mourut ainsi qu un do-
mestique. |
J’allaïs presque oublier dans cette énèrnéeati ce dé foyers
épidémiques un cas excessivement curieux raconté par Pün-
sel de Hambourg. Un navire hambourgeois revenait de Val-
paraiso; avant le départ on acheta un pore vivant, qui fut tué
à bord le 1°*'avril 1863; le cuisinier le prépara avec l’aide ‘de
l'équipage , on en mangea frais 30 livres, et'le resté fut salé;
en entrant au port, un certain nombre de matelots étaient ma-
lades, les uns gravement, la plupart légèrement, deux mou-
rurent. L’un des deux, mousse, âgé de 16 ans, qui suecomba
le 24 avril; présenta dans ses muscles une quantité. considé:
rable de trichines vivants non enkystés. Ce qui restait du pore
dans la saumure fut alors soumis à lexamen'mieroscopique
par Füngel, qui y constata de nombreux trichines érsevr de
vie, il est vrai.
Quäint à la nature des accidents causés par la présence des
trichines chez l’homme, il me suffira, messieurs, de les tracer
en quélques mots, d’après Zenker: « La maladie débute par
un léger malaise de plusieurs jours, de l’anorexie, de la las-
situde, ete. Bientôt vient s’y joindre un œdème de la face,
qui s'étend à tout le corps, dans les cas les plus graves, aftei-
enant un très-haut degré. En même temps, vers le septième
où huitième jour après l'infection, se montrent les phéno-
mènes musculaires, à savoir: une futighe vénérale, de Ta pe-
— 625 —
santeur, dutiraillement dans les membres, de là douleur à
la pression ; une tension et une dureté des muscles qu'il est
facile‘de constater, parfois aussi de la gène dans la déglati-
tion , la mastication et la phonation. ‘Fous ces accidents aug:-
mentent à un tel degré dans les cas graves, que les malades
se trouvent dans la prostration la plus complète. La fièvre
concomitante est considérable, le pouls én particulier: est
très-accéléré, fréquent, baitant 130 à 140 fois par minute,
tandis que la température, relativement peu élevée, monte
rarement au-dessus de 39,5° C. La respiration est fréquem-
ment accélérée à cause de la douleur que cette fonction ré-
veille dans les muscles de la poitrine; il: y à une insomnie
opimiâtre , des sueurs profuses ; il est fort rare que les facultés
intellectuelles soient affectées. La constipation est fréquente,
là diarrhée rare. Dans les: cas graves on voit se produire un
déeubitus considérable. Après que ces symptômes se sont
maintenus à ce niveau avec de légères oscillations, la conva-
lescence s’accuse dans les cas à issue favorable, par une di-
minution lente de l’æœdème, de la fréquence du pouls et des
douleurs musculaires.»
: Quelquefois ces différents accidents ont une marche très-
rapide et la mort peut survenir après cinq ou six jours, mais
elle à lieu le plus souvent entre la troisième et la quatrième
semaine ; d'autrefois, par contre, ils ont un cours très lent,
la convalescence ne semble s'établir. que pour aboutir à un
marasme. |
Virchow a examiné déjà plusieurs cadavres de gens qu’on
disait morts de consomption , chez lesquels l’autopsie à fait
voir que les poumons n'étaient que légèrement atteints, tan-
dis que les muscles étaient en partie détruits par les trichines.
Aptfès tous les faits sur lesquels je viens à dessein de m'ap-
pesantir, il n’est plus permis de douter de la corrélation in-
time qui existe entre la présence de trichines dans la viande
de pore et la maladie de l’homme causée par l'ingestion de
cette chair. Quelques esprits mal faits ont cherché à prouver,
il est vrai, que les porcs étaient très rarement atteints de tri-
chines et que: dans ce cas ils devaient nécessairement présen-
ter des symptômes évidents de maladie. Mais rien n’est plus
_—
inexact. S'il est heureusement ‘excéptionnel: que: les pores
hébergent des trichines; il est, par contre, prouvé par les
expériences:de Haubner, Küchenmeister et :Leiserinÿ, que
l'affection trichinaire de cet animal ne se laisse reconnaître
à aucun symptôme sûr et certain; en ‘un mot qu’elle n'offre
aucun signe pathognomonique. On pouvait s'attendre, à -ce
résultat par le début de l'épidémie de Hettstädt;sur:dequel
j'ai insisté. Mais accordons un: instant;-ee qui pourrait être
démontré une fois, surtout à présent que l’atténtionest-éveil-
lée sur ce point, que les porcs atteints de trichines offrissent
des symptômes morbides caractéristiquessce ne:sérait: certes
pas: alors que le propriétaire viendrait les offrir à la vente, il
attendra-qu’ils jouissent denouveau d’une bonne santé, et.c'est
justement là que gît l’immense danger. Car s'il est quelque
chose de péremptoirement démontré, c’est que l’'enkystement,
voire même la crétification, ne tue pas le trichine. Voilà ceque
dit à ce sujet Virchow: « Dans presque tous les cas où j'ai
rencontré chez l’homme des kystes crétacés, le trichine qui
s’y trouvait renfermé était plein de vie. Je ne puis pas dire
depuis combien de temps l'immigration s'était eflectuée,! mes
informations à ce. sujet étant restées sans résultats; mais à
en juger d’après les expériences que j'ai faites sur les ami-
maux, on peut affirmer qu’il se passe plus de six mois avant
que la crétification commence, et admeitre avec quelque:pro-
babilité que les trichines peuvent vivre des années d’une vie
latente. Que la chair dans laquelle ils se trouvent vienne à
être ingérée, ils reprendront immédiatement une activité: vi-
tale plus grande. J'ai souvent fait des expériences avec: des
trichines dont le kyste avait subi la transformation Re
elles m'ont toujours réussi. » 9e 91
Que tel est aussi le cas chez l'espèce humaine , € ae ce, que
prouve l’observation:suivante publiée tout disait par
Groth (Virchow’s Archiv, 1864, t: X XIX, 602): Une demoiselle
fut opérée le 9 novembre 1861: à l'hôpital d'Altona d’un can-
cer du sein. En faisant Fexamen microscopique dela tumeur,
où: y constata la présence de trichines :capsulés: On recueil-
lit alors les antécédents de cette malade et: on apprit.que,
lorsqu'elle habitait Davenport (Amérique: du Nord), -elle: fit
— 625 —
au mois de novembre 1856 une maladie fort grave, caracté-
risée par des douleurs très vives dans les extrémités, par un
ædème de la face, des vomissements, puis au bout de quel-
ques jours, par un œdème des jambes accompagné d’une pa-
ralysie, laquelle persista jusqu’au mois de juin 1857. Pendant
toute la durée de la maladie il y eut une constipation opiniâ-
tre accompagnée de coliques très vives. Cette personne, qui
jouait fort bien du piano et était très adroite dans les ouvra-
ges d’aiguille, ne retrouva jamais sa dextérité, et se plai-
onit souvent d’une faiblesse persistante de ses mains. A la
même époque, son frère qui, comme elle, mangeait du jam-
bon fumé d'Amérique, fit une maladie dont les symptômes
identiques ne présentèrent cependant ni la même gravité, ni
la même persistance. On ne peut donc douter d’une affection
trichinaire, telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Après avoir eu plusieurs récidives d'infiltration cancé-
reuse dans les glandes de l’aisselle, cette demoiselle s’éteignit
le 3 février 1564. L’autopsie cadavérique, qui ne put avoir
lieu que d’une manière incomplète, donna les résultats sui-
vants : le deltoïde, le grand pectoral, le droit abdominal
principalement à sa face postérieure, le jumeau interne de la
jambe, un des muscles intercostaux, mais surtout le long su-
pinateur, présentaient tous, un plus ou moins grand nombre
de trichines, dont les kystes complètement calcifiés étaient
parfaitement visibles à l’œil nu.
Désireux de faire des recherches sur la durée de la vie de
ces helminthes, Groth fit manger, le 10 février 1864, à une
chatte quelques morceaux du muscle grand pectoral, déjà
fortement décomposé. Après avoir eu les premiers jours des
vomissements et des selles sanguinolentes, l'animal, excessi-
vement amaigri, succomba le 1% mars. Dans tous les museles
qui furent examinés, même dans le cœur, Groth trouva des
trichines de différents âges, aucun cependant n’était enkysté.
Dans l'iléon aussi, il constata la présence de nombreux tri-
chines adultes mâles et femelles.
Cette remarquable observation, dont Virchow lui-même ne
conteste pas l'authenticité, prouve que les trichines peuvent
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 41
— 626 —
se conserver vivants et se reproduire même après avoir passé
sept à huit ans dans le corps de l’homme vivant.
Prétendre qu’on puisse impunément manger de la viande d’un
porc réputé en bonne santé, et qu’il est parfaitement inutile de
prendre des précautions quelconques, c’est faire preuve non-
seulement d’une grossière ignorance, mais encore d’un man-
que absolu de sens moral. Non, on doit le déclarer hautement,
la viande de pore, lorsqu'elle n’a pas été soumise à un examen
assez facile à faire, et reconnue par-là exempte detrichines, ou
lorsqu'elle n’a pas subi une préparation culinaire qui tue d’une
manière certaine les entozoaires qu’elle peut contenir, est
dangereuse pour l’homme; et si elle ne cause pas dans tous
les cas la mort, elle détermine quelquefois une maladie plus
ou moins grave. S'il est presque superflu de dire que le dan-
ger augmente en raison de la quantité des trichines ingérés,
il faut reconnaître cependant qu'il n’est pas le même pour
chacun. Comme nous voyons des individus jouir d’une immu-
nité complète pour de certains agents toxiques, de même
pouvons-nous admettre qu’il y a des organismes qui resteront
indemnes de toute affection trichinaire. Abstraction faite de
vomissements ou de diarrhées violentes, qui peuvent survenir
tôt après l’ingestion de chair trichinisée et empêcher toute
intoxication, comme cela a été constaté dans plusieurs épi-
démies, il est permis de supposer que le canal digestif doit
-se trouver dans certaines conditions à nous inconnues, pour
permettre l'immigration des trichines.
Une différence analogue existe entre les diverses espèces
animales qui peuvent héberger le trichine: ainsi, bien que l’é-
volution du trichine se fasse parfaitement dans le tube digestif _
de la race canine, ce parasite ne perfore jamais l'intestin du
chien et ne pénètre jamais dans ses muscles. Il en est de
même pour le mouton, le bœuf, la poule, le pigeon,
tandis que chez le lapin, le porc, la taupe, le chat, le blai-
reau, le cochon d’Inde et les oiseaux de proie on a constaté,
comme chez l’homme, toutes les phases de développement du
trichine. — Que toutes ces espèces nourrissent réellement le
Trichina spiralis, ou que, comme le présume Virchow, il s’a-
gisse pour quelqu’unes d’entre elles d’un autre helminthe du
— 627 —
même genre, le Trichina affinis (Diesing) (*), l'observation
relative à la présence d’adultes seulement chez les unes et des
deux âges chez les autres n’en conserverait pas moins toute
sa valeur.
Le meilleur moyen de se préserver d’une affection trichi-
naire serait de renoncer complètement à l'usage de la viande
de porc. Le grand législateur des Hébreux, qui était un parfait
hygiéniste, en avait fait un article de loi; d'où il est permis de
supposer qu'on connaissait alors déjà des accidents survenus
à la suite de l'emploi de cet aliment. S'il est vrai que la dé-
couverte des trichines est fort récente, la maladie qu'ils pro-
duisent ne l’est pas; elle est peut-être vieille comme le monde;
ce qui seul est nouveau, c’est d'en connaitre la cause.
Cependant il ne faut pas oublier que des populations entiè-
res font un usage presque exelusif de la viande de pore; il ne
peut par conséquent être question de la rayer du jour au len-
demain, soit par persuasion, soit même par voie législative,
de la liste des aliments. Aussi a-t-on proposé que dans chaque
localité de quelque importance, il soit nommé un inspecteur
chargé de visiter la viande avant qu'elle soit mise en vente, et
que des mesures soient prises pour que nul morceau de porc
ne soit vendu sans être couvert de l’estampille du gouverne-
ment.
Tout en redoutant fort pour tout pays la nouvelle légion de
bureaucrates qui surgirait de cette mesure, je dois reconnaître
cependant qu'on pourrait en obtenir le résultat désiré; car
rien n’est plus facile que de constater l'existence de trichines
en ayant recours au microscope. Il suffit en effet d'examiner
à un grossissement de 60 diamètres un fragment de chair de
la grosseur d’un petit pois, en choisissant de préférence l’at-
tache des muscles aux tendons, pour juger de la qualité de la
viande. Car si l’on admet avec Virchow, ce qui certes n'est
pas exagéré, qu’un trichine femelle donne naissance à deux
cents petits, on voit que 5000 trichines mères peuvent pro-
duire en quelques jours un million de jeunes trichines. Il se-
rait done difficile, pour un observateur attentif, de ne pas
(:) Celui-ci a été observé chez le blaireau , la taupe, la mouelte rieuse,
la buse commune, la grue cendrée (Diesing).
— 628 —
s’'apercevoir de la présence de ces helminthes, car un seul.doit
suffire pour faire rejeter de la consommation, le porc qui le
contient. Un coup d’œil jeté sur des préparations placées sous
le microscope, vous convaincra facilement de cette assertion
qui pourrait vous paraître au premier abord un peu hasardée.
Le moyen usuel le plus sûr de se préserver des trichines
est de soumettre la viande de pore à la cuisson. Il à été en
effet prouvé que le trichine supporte une température de 40
à 50° C., mais qu'il ne résiste pas à une chaleur de 100° C. Il
périt aussi inévitablement dans une saumure suffisamment
prolongée. Saler et fumer la viande de pore pendant un cer-
tain temps, faire durer cette opération des semaines et des
mois, suivant les anciens procédés encore en usage chez nous:
la rôtir, la bouillir à grand feu, en ayant soin de prendre des piè-
ces petites, ou tout au moins d’un volume moyen, telles sont
les règles qu’on doit suivre afin de conjurer le danger. Il
n’est done pas prudent de faire usage de chareuterie crue,
et si l’on veut persister à manger le délicat jambon de West-
phalie, on doit le soumettre préalablement à un examen mi-
nutieux.
D'après toutes les expériences qui ont été faites, on peut
sans danger aucun faire usage du lard et de tous les organes
non musculaires, tels que le cerveau, le foie, les reins, etc.,
dans lesquels on n’a jamais rencontré le trichine.
Quant au traitement proprement dit de l’affection trichi-
naire, tant que les expériences y relatives n’eurent donné que
des résultats douteux ou même négatifs, il ne pouvait consis-
ter que dans l'emploi de purgatifs destinés à expulser le plus
vite possible les trichines libres dans l'intestin. Aujourd’hui,
les résultats obtenus par Mosler au moyen de la benzine,
permettent légitimement d'espérer, que la thérapeutique de
cette affection redoutable ne tardera pas à devenir une réalité.
«8
LES MALADIÈRES
DU CANTON DE NEUCHATEL.
NOTICE HISTORIQUE
Par M. le D' GUILLAUME.
(Voir ci-dessus p. 443 et 466.)
Les Maladières, que l’on désigne aussi sous le nom de mala-
drières, maladreries, misellaria, mezelleries, ladreries, étaient
des établissements destinés à recevoir les malades atteints de
la lèpre, qui y étaient séquestrés. On donnait aussi à ces éta-
blissements le nom de Zéproseries, leprosarium, proserium et
celui de Lazaretti, parce que les lépreux portaient aussi le nom
de lazari, d’après leur patron Saint-Lazare. On les appelait
également mizelli, mezeaux (mezel au singulier). Ces dernières
dénominations sont rappelées dans le but de proposer une
autre étymologie au nom que porte le rocher isolé, formant
un îlot, vis-à-vis de l'endroit où se trouvait la Maladière de
Neuchâtel.
Le nom de pierre à Mazel que l’on donne à cet écueil, tire
son étymologie, d’après l'opinion généralement admise jus-
qu'ici, du mot #acellum, boucherie. Au premier abord, la res-
semblance des mots est frappante; mais comment expliquer
les motifs qui auraient fait donner ce nom à ce rocher ?
M. Samuel de Chambrier, dans son intéressante description
de la Mairie de Neuchâtel, ne pouvant, avec raison, supposer
que l’on ait établi une boucherie à cette distance de la rive et
sur un plan aussi incliné que la surface de ce rocher, inter-
prète cette dénomination en admettant que cet îlot était un
lieu sacré, du moins au temps des Romains, et qu'il servait
d’autel sur lequel les nautonniers immolaient des victimes
pour se rendre Neptune favorable. Conjecture , ajoute cet his-
torien neuchâtelois, qui est fortifiée par la situation de l’ilot,
— "690
La pierre à Mazel se trouve, en effet, vis-à-vis de l’emplace-
ment assigné à l'antique Noïdenolex. De nos jours, la croyance
populaire est favorable à cette interprétation, mais peut-être
ne date-t-elle que du jour où elle a été émise par M. de Cham-
brier. Elle s’est d'autant plus fortifiée que beaucoup de gens
ont cru voir des taches de sang dans la matière rouge-pour-
prée qui se voit dans les excavations de la pierre à Mazel, et
qui sont dues à la philodine roséole. Ce qui fait supposer que
cette croyance populaire est de date récente, c’est que, dans
les procès de sorciers, la pierre à Mazel ne joue aucun rôle;
les lieux mal famés, inscrits dans les procédures sont, pour
le voisinage de Neuchâtel, Pierre-à-Bot, le Vauseyon, et même
le bord du lac sous le müûrier, c’est-à-dire la plage qui s’éten-
dait à l'endroit occupé, de nos jours, par la Place du marché.
Or, il est à présumer que si la pierre à Mazel avait été, au
temps du paganisme, consacrée à une divinité quelconque, à
Neptune, par exemple, les bateliers auraient conservé une cer-
taine vénération pour ce rocher, même après l'introduction
du christianisme, et le clergé l’aurait démonisé, on y aurait fait
placer l’image d’un saint, afin de confisquer cette antique vé-
nération au profit de la religion nouvelle. Il ne paraît pas qu’il
en ait été ainsi; d’abord, cet endroit ne figure pas dans les
procès de sorcellerie, et, d’un autre côté, on admet que saint
Nicolas, le patron des navigateurs, avait sa statue ou sa cha-
pelle sur le Crêt. Et, en effet, ce lieu était plus convenable
pour recevoir un autel dédié, soit à Neptune ou, après lui, à
saint Nicolas, que la pierre à Mazel qui, lorsque le lac atteint
son maximum de hauteur, disparaît sous le niveau des eaux.
L'interprétation admise jusqu'ici ne paraît pas s'appuyer
sur de solides arguments ; de preuves, il n’en existe aucune.
Il est vrai que dans le moyen-âge les bouchers étaient dé-
signés sous le nom de maseliers et que l’étal portait le nom de
banc de masil (*) et on pourrait, si l’on voulait conserver l’é-
tymologie dé macellum, mazel, maisel, macel, admettre plu-
tôt que le nom de pierre à mazel viendrait de la ressemblance
que ce rocher présente avec un banc d’étal de boucher.
(1) Boyre II, 32,
— 631 —
Il reste encore une interprétation qui paraît plus naturelle,
c'est de faire dériver mazel du mot mezel donné aux lépreux.
Mezel et mazel peuvent être considérés comme identiques,
car la voyelle « peut avoir été substituée à e dans le courant
des siècles. Ou bien, ce qui est plus probable, on prononçait
dans l’idiome neuchâtelois mazel, tandis qu'ailleurs on disait
mezel pour désigner un lépreux.
Une autre preuve vient à l’appui de cette manière de voir,
Dans le 17° siècle, les rochers de la Maladière, qui bordent
la rive du lac devant l'hôpital Pourtalès, s’appelaient les ro-
ches à mazel. Ce nom leur venait d’une tour qui se trouvait
dans cet endroit et qui portait le nom de tour à mazel. N’est-
il pas naturel d'admettre que cette tour qui, au dire du chan-
celier Hory (qui vivait dans le 17*° siècle), remontait à l’é-
poque romaine, ait été utilisée, lors de la propagation et de
l'extension de la lèpre (vers le 11%° et le 12*° siècle) pour y
séquestrer les malheureux atteints de cette maladie? Le pre-
mier lépreux, le premier mezel qui y fut renfermé, fit donner
à la tour le nom de four à mazel, qu'elle conserva depuis, ainsi
qu'aux rochers sur lesquels elle s'élevait et à l’ilot qui, seul
de nos jours, en perpétue le nom.
Voici comment s'exprime, en 1613, Jean Hory, dont le
chancelier de Montmollin parle toujours avec le plus grand
respect. « Nos pères (c’est-à-dire dans le 16% siècle) ont en-
» core vu sur la roche du Crêt, bons reliquats d’une grosse
» tour édifiée au tout vieux temps avecque puissants maté-
» riaux qui ont bien servi à faire quays et jettées : par le petit
» restant qui se voit en un coin, on peut recognoistre la paste
» et couleur du ciment usagé par les Romains. On peut dire
» le semblable de la tour au bout des roches à mazel, qu’on
» couvre de terre à cette heure pour y faire de la vigne. . .
».... Une tour non moins remarquable était assise sur la
» roche du Nid-du-Crô, et si épaisse et spacieuse que Ja ma-
» jeure partie de l’église et hospice de la maladrerie y atte-
» nants, ont été construits avec les matériaux de la dite tour,
» ce qu’on peut facilement recognoistre par confrontation avec
» le coin restant, lequel indique la mesme main, mesme paste
» et couleur de ciment, mesme beauté d'œuvre qu’en la roche
— 632 —
» de la four à mazel et en celle du Crêt, et semble-t-il que les
» deux susdites tours faisaient les deux bouts de la vieille ville
» du côté du lac, et gardaient la plage et abordage ; aussi la
» tour sur la roche du Crêt, alors isle ou approchant.» (1)
D'après ce passage, il est facile de déterminer approxima-
tivement l'emplacement de l’hospice de la Maladrerie de Neu-
châtel. Mais on peut, sans trop se hasarder, admettre que la
tour à mazel fut probablement la première léproserie ouverte
à Neuchâtel. Partout, du reste, on utilisait fréquemment d’an-
ciennes tours pour y séquestrer les lépreux.
L’hospice de la Maladrerie, qui existait encore au 17% siè-
cle dans le même endroit, et dont Hory et Montmollin font
mention, était une construction plus récente et ne remonte
probablement pas au-delà du 15"° siècle. En 1419 on employa
4,000 ancelles ou bardeaux et 4,000 clavins pour la Maladière;
matériaux dont la quantité fait supposer qu'il s'agissait, non
pas d’une simple réparation, mais d’une construction nouvelle.
M. 5. de Chambrier émet cette opinion en citant ce fait. Il est
probable que jusqu'alors la tour à mazel et peut-être celle qui
se trouvait sur la roche du Nid-du-Crô, étaient les seuls édi-
fices destinés aux lépreux et que, le nombre de ces malades
allant en augmentant ou que ces tours menaçant ruine, l’ad-
ministration municipale se décida à construire un établisse-
ment plus confortable qui, alors, reçut le nom plus moderne
de Maladrerie ou Maladière.
Malheureusement il nous reste peu de icpibtell sur l’éta- :
blissement de cette Maladière et sur la manière dont les lé-
preux y étaient traités. Cependant il semble qu’on suivait à
Neuchâtel les mêmes usages qu'ailleurs à l'égard de ces mal-
heureux.
Le conseil d'Etat et, en ville, les quatre ministraux veil-
laient attentivement à ce que chaque personne suspectée d’être
atteinte de la lèpre fût examinée par un chirurgien, et à ce
que, si la maladie était reconnue, le malade fût séquestré dans
une maladière. En 1477, les quatre ministraux , le barbier
(c’est-à-dire le chirurgien de la ville) et le soubtier(?) «essayè-
(') Mémoires du chancetier Montmollin, IL, p. 16. (?) Huissier,
_
— 633 —
rent Jean Vermondin, lequel s’est trouvé laidre.» Cet examen
médical devait, à ce qu’il paraît, se passer avec certaines for-
malités, car il existait probablement à Neuchâtel, comme
dans les villes des cantons suisses, des instructions juridiques
prescrivant au médecin et au juge la manière dont J’examen
sanitaire devait se pratiquer. Conrad Gessner, le grand méde-
cin zuricois du 16% siècle, nous à transmis dans ses ouvrages
un examen leprosorum de cette espèce.
Dans le 17" siècle, nous voyons que l'examen médical était
fait par un ou deux médecins de la ville et par un chirurgien
«expert.» Les premiers se transportaient dans le lieu où le
malade habitait et si un chirurgien se trouvait dans l'endroit
ou dans le voisinage, il était de préférence choisi. L’examen
ou « l'essai» avait lieu en présence du maire de ia juridiction
qui faisait observer les formalités accoutumées, puis d’un jus-
ticier au moins et du greffier.
Lorsque les membres de la faculté avaient diagnostiqué la
lèpre, le malade était immédiatement mis dans la Maladière
ou séquestré dans une habitation isolée.
Les frais occasionnés par un tel examen étaient payés par
les communes, si le lépreux était pauvre; dans le cas contraire,
ils étaient mis à la charge du malade. En 1656, une visite sa-
nitaire ayant été faite à un lépreux, à la Chaux-de-Fonds, il
en résulta une liste de frais de plusieurs centaines de livres.
Le malade pria le conseil d'Etat de modérer cette liste; voici
comment l'autorité supérieure s’en acquitta.
Pour les journées du maire . . . . L. 125 (!)
» les 2 journées des 2 médecins . » 165
» »* du chirurgien ., . ‘* 21:}
» le lieutenant, justicier et greffier »
» les arrêts du conseil d'Etat . . » 7
Total _L. 333 » 6 cros.
L'arrêt du conseil d'Etat dit ensuite: «Pour la dépense,
néant, d'autant que les dits visiteurs seront payés de leurs
journées.» 11 paraît que le jury d'examen cherchait à mettre
_ à la charge du lépreux ses frais de dépenses, qui, d’après l’u-
sage de cette époque, s’élevaient assez haut.
(*) La livre faible valait environ 56!/, centimes.
— 634 —
Une preuve que les médecins n'étaient pas toujours bien
sûrs de leur diagnostic, c’est qu'ils refusaient souvent de don-
ner des déclarations médicales et d'indiquer l’espèce de lèpre
(car on en admettait plusieurs espèces), lorsque les parents
soutenaient que le malade n'était pas atteint de la vraie lèpre.
Un certain Humbert-Droz, de la Chaux-de-Fonds, n’estimant
pas qu’il fût atteint de la lèpre, demandait en 1686 au conseil
d'Etat l'autorisation de se faire examiner par d’autres méde-
cins. Ce qui paraît évident, c’est que, même dans le 17° siè-
cle, on rangeait une quantité de maladies cutanées parmi les
cas de ièpre.
Voici comment les médecins du 17% siècle définissaient la
lèpre (1): « La lèpre, ladrerie ou éléphantiasis n’est autre chose
qu'une tumeur de tout le corps, provenant d’une adustion ou
torréfaction de l'humeur mélancolique participant de qualité
vénéneuse. On connoist cette définition estre valable, par ces
mots de qualité vénéneuse, méchante et cruelle, veu que tous
ceux qui sont mélancoliques, ne sont pas de nécessité saisis
de la lèpre. Celle des Arabes est bien autre que celle des
Grecs et Latins; car la ladrerie arabesque n’est qu’en tumeurs
varisqueuses des jambes; mais celle des Grecs et Latins qu’on
appelle vulgairement ladrerie, est exécrable, cruelle, abomi-
nable , qui ronge les personnes jusqu'aux os. »
« La lèpre en son commencement rend la couleur de la per-
sonne changée, aucunes fois noirastre, jaunastre, blanchastre,
selon le naturel de l'humeur aduste , qui afflige mêmement le
visage, la peau duquel se voit plus épaisse, dure, aspre, les
mains et les pieds tous enflés, le sentiment tout hébété et les
extrémités froides, principalement les pieds à cause de la cras-
situde des humeurs qui étouffent les esprits. C’est d’où pro-
cède la paresse dont ils sont touchés, la respiration tardive et
puante, le mouvement difficile, la dureté du ventre; les yeux
se font ronds, les narines larges; il se fait des ulcères pro-
fonds, provenant de la malignité des humeurs. Jamais ce mal
ne recoit guérison. »
La contagion et l’hérédité étaient naturellement admises et
les livres de médecine du moyen-âge citent de nombreux
exemples à l'appui.
(‘) Traité de médecine par les Drs Guyon et Meyssonnier , 1659.
— 635 —
Dans le 17*° siècle, on pressentait cependant que la lèpre
pouvait bien être en connexion direete avec de mauvaises
conditions hygiéniques, mais cette vérité ne reçut sa sanction
que dans le siècle passé. Un médecin du 18° siècle dit très
positivement que la disparition de la lèpre provenait de ce
qu'en général on mangeait plus de Négétanx qu'autrefois,
qu’on consommait moins de salaisons, qu'on observait mieux
les soins de propreté et qu'on était mieux logé et mieux vêtu.
A cette époque on rangeait déjà la lèpre dans la même caté-
gorie que le scorbut.
Au commencement du moyen-âge, on se préoccupait peu de
l'hygiène, car la superstition considérait les maladies comme
autant de malins esprits ou de châtiments infligés par Dieu,
et la lèpre fut plus qu'aucune autre maladie considérée comme
une punition du ciel. Même au 17° siècle, un médecin écri-
vait: «Il y a encore d’autres ladreries, dont les saintes Ecri-
» tures font mention, mais encore en doit être référé à la per-
» mission et volonté de Dieu pour les péchés des hommes. Et
» cela était anciennement entre les Israélites . ........ Si
» le crime était très grand et horrible, ce personnage tombait
» en une lèpre et ladrerie incurable; puis étant jugé tel du
» sacrificateur, était sequestré de la société des hommes. »
Les médecins n'avaient pas compris les lois sanitaires don-
nées aux Juifs par Moïse. Ce grand législateur, en hygiéniste
perspicace, fait l'énumération des symptômes qui se manifes-
tent avant la lèpre confirmée et indique les précautions à pren-
dre pour empêcher la propagation des maladies impures, con-
tagieuses et héréditaires. Il à surtout en vue la forme squam-
meuse et ne s'occupe pas de l'Eléphantiasis des Arabes dont
les symptômes devaient être connus de tout le monde.
Après les croisades, on commença à séquestrer les lépreux
dont le nombre avait augmenté, mais comme la chrétienté se
trouvait dans un paroxisme religieux, on révérait les malades
atteints de la lèpre, parce que Lazare avait été l’objet de la
sollicitude du Christ et on s’imposait le devoir de leur rendre
de dégoûtants services, espérant obtenir par là l’intercession
favorable de Lazare. On enviait même leur sort, croyant que
la lèpre était une faveur du ciel et le plus sûr moyen d'arriver
comme Lazare, à la droite du Seigneur,
— 636 —
À mesure que l’effervescence religieuse diminua, la bienfai-
sance à l'égard des lépreux devint moins égoïste et fut dictée
par un sentiment pieux de charité et de commisération. Les
Maladières continuèrent à être l’objet de riches dotations de
la part des seigneurs et des bourgeois. Aïnsi, les propriétaires
assignaient à ces malheureux, et pour toujours, une partie du
revenu du fonds de terre qu'ils possédaient. A Neuchâtel,
presque toutes les vignes, situées dans le quartier de la Mala-
dière (") étaient chargées d’un cens du tiers ou de la moitié
de leur produit, «sans avances, ni frais. » Ce sens entra dans
les revenus de la ville, lorsque la Maladière devint déserte
faute de malades.
En 1569, nous trouvons dans le testament de Guillaume
Hardi, procureur du comte de Neuchâtel, Léonor d'Orléans,
duc de Longueville, le legs suivant: «Quarante livres aux
» pauvres; à la Maladrerie de Neuchâtel, vingt livres outre
» soixante qu'il lui avait déjà données; à la Maladrerie de Tra-
» vers, dix livres.» (?)
Les corporations communales étaient tenues de subvenir
en partie à l'entretien des lépreux; ceux-ci recevaient en outre
des aumônes et ce fut probablement dans le but d'augmenter
cette source de revenus et peut-être aussi afin de faire parti-
ciper les lépreux au culte religieux, dont ils avaient été pri-
vés jusqu'alors, que l’on construisit en 1492 une chapelle près
de la Maladière, à laquelle l'évêque de Lausanne, Aÿymon de
Montfaucon, attacha des indulgences pour ceux qui la fré-
quenteraient certains jours de fêtes religieuses, ou qui contri-
bueraient par des dons à sa construction et à son entretien.
Cette nouvelle chapelle relevait de la cure de Neuchâtel,
qui la faisait desservir par le curé ou son vicaire. L’efferves-
cence religieuse n'existait plus à cette époque, et loin de ser-
vir avec empressement les lépreux, comme on le faisait lors-
qu’on les croyait participant en quelque sorte aux qualités de
saint Lazare, les prêtres cherchaient au contraire à s’appro-
prier les dons journaliers que les personnes charitables dépo-
saient sur l’autel au profit des malades. Ceux-ci, privés d’une
(1) Au L4me siècle , il y avait dans ce quartier 125 ouvriers de vignes.
(2) Annales de Boyve , LIT, 165.
— 637 —
partie de leurs revenus, adressèrent en 1514 une plainte au
baillif suisse qui administrait à cette époque le comté de Neu-
châtel, au nom de MM. des ligues suisses. Cette plainte donna
lieu, de la part des ambassadeurs des 12 cantons, à un juge-
ment souverain qui fit cesser les prétentions des prêtres. Dans
ce jugement, qui porte la date du 1° juin 1524, il est dit «que
les aumônes faites au dit lieu demeureraient aux lépreux, ne
réservant au curé et au vicaire que les offrandes déposées sur
l'autel pendant qu'ils diraient la messe; de plus les lépreux
auront, pour soigner leurs biens, un avoyer de la ville de Neu-
châtel, qui en rendra compte annuellement au baillif et aux
quatre ministraux. »
La chapelle fut fermée en 1530, lors de la réforme reli-
gieuse, et les offrandes pieuses cessèrent en même temps.
Les détails nous manquent sur les formalités observées au
moment de la séquestration du malade dans la léproserie, une
fois que la lèpre avait été constatée. On peut admettre que,
dans le canton de Neuchâtel, avant la réformation, elles étaient
à peu près semblables à celles en usage dans les pays voisins.
« Un prêtre en surplis et en étole, allait avec la croix chez
» le lépreux et l’exhortait à souffrir patiemment et en l'esprit
» de pénitence, la plaie incurable dont Dieu l'avait frappé. Il
» l’arrosait ensuite d’eau bénite et le conduisait à l’église. Là,
» le lépreux prenait un vêtement noir préparé exprès, se met-
» tait à genoux devant l’autel, entre deux tréteaux, et enten-
» dait la messe, après laquelle on l’arrosait encore d’eau bé-
» nite. C'était à peu près la cérémonie que l’on observait dans
» les funérailles ordinaires. En conduisant le lépreux, de sa
» maison à l'église, on chantait les mêmes versets qu'aux en-
» terrements. Arrivés dans la léproserie, le prêtre lui adres-
» sait encore une exhortation, le consolait et lui jetait une pel-
» letée de terre sur les pieds. — La maison était petite, et
» avait pour tout meuble un lit complet, un vase à eau, un
» Coffre, une table, une chaise, une lampe, une serviette, et
» les autres choses nécessaires. »
Il est probable que les Maladières qui existaient dans le voi-
sinage de presque toutes les localités du pays de Neuchâtel
étaient disposées de cette manière.
— 638 —
Le lépreux se reconnaissait à ses habits. On lui donnaït.un
capuchon, deux chemises, une tunique et une robe appelée
housse, un barillet, un entonnoir, des cliquettes, un couteau,
une baguette et une ceinture de cuir.
A sa séquestration, le lépreux prêtait le serment, dont la
formule nous a été conservée dans le Musée historique de M.
Matile.
«Jurera et promettra par la foy qu’il a à Dieu nostre
» Souverain créateur, le debvoir et serment à Monseigneur
» nostre souverain Prince, et à MM. les quatre ministraux,
» de ne rentrer dans la ville avant sept semaines passées et
» révolues. »
«Et dès lors, si son chemin s’y adresse, pour passer ou
» quester, soit dans cette ville ou ailleurs, n’entrera soubs la
» couverture ni approchera des maisons, notamment des en-
» trées et allées d’icelles que le moins il pourra, ains passera
» toujours par le milieu et plus libre de la rue.
» Aussy n’empoingnera ni prendra en la main la manette,
» gainchette, boucle, ou semblables, pour ouvrir ou fermer
» portes, en quels lieux qu'il se trouve hors des lieux destinés
» à semblables infectés et sequestrés, si ce n’était par néces-
» sité inévitable, ce qu’il ne fera toutes fois sans avoir gans es
» mains, comme de mesme n’empoingnera paulx de passieux
» (poteaux de passoirs), draises, (elédard) ou autres sembla-
» bles es passages, sans gans.
» Ne touchera ni empoingnera les gollettes et tuyaux de
» fontaines et borney (fontaine), avec la bouche ou main nue,
» ou autres endroits où on a accoustumé porter la main pour
» boire, mais recepvra l’eau avec escuelles ou autres vases, et
» se gardera soigneusement de laisser tomber ou jetter de
» l'eau par luy touchée dedans les fontaines et sources non
» courantes, ni tremper chose infecte.
» Item, soit en villes, bourses, villages, ou champs ne s’ingé-
» rera ny meslera en compagnie de gens nets, et ne s’en ap-
» prochera que de quelques pas prés, ains fera paroistre évi-
» damment les marques de sa macule, pourquoy faire, portera
» ordinairement un cliquet ou carquevry (crécelle) duquel il
» se servira en demandant l’aumône.
— 639 —
» Que si il se trouvait surprins de nuict ou autres accidents,
» en lieux esloignés des Maladières, n’entrera pourtant dans
» les tavernes ou autres maisons particulières pour y coucher
» n’y loger, bien qu'il y fût appelé, mais déclarera librement
» sa maladie pour avoir retraite sequestrée à ce que personne
n’y fût surprins, le tout sans fraude.
» Item, ne recepvra argent et aumosne de nully avec la
» main nue, ains avec gans, chappeau et pan de sa robe et
» manteau.
» Item ne présentera, baïllera ni communiquera son boire,
» manger, gobelet ou autres vases et viande par luy maniée à
» personne nette.
» Aussi marchera incontinent sur son crachat, lorsqu'il
» l'aura jecté ({) et le couvrira et effacera le mieux possible,
» à ce que personne par mesgarde ne passât à pied nud des-
» sus , etc. »
Jusqu'à la réformation le serment était prêté par devant le
maire de la ville, à la réquisition des quatre ministraux, en
présence des prêtres et du public. Après la réformation ce
furent les ministres qui remplacèrent dans cette circonstance
les prêtres catholiques.
On vient de le voir, le lépreux était considéré comme un
être mort civilement et la séquestration formait ses funérailles.
La lèpre était un cas de divorce, et dans les articles de lois
pour les justices matrimoniales du comté de Neuchâtel, publiés
en 1550, la ladrerie est citée parmi « les choses plus grosses
» qu'adultère. »
Ces malheureux, vivant des aumônes, ne possédaient rien
au monde. La femme quittait son mari, les liens de la famille
étaient dissous. Le lépreux ne pouvait rien aliéner ni donner;
il ne jouissait que de l’usufruit des biens qu’il pouvait avoir,
mais il lui était interdit de les vendre ou de tester. Il ne pou-
vait non plus hériter. En un mot, le lépreux était mort eivile-
ment.
Grâce aux progrès de la civilisation qui améliora les condi-
tions hygiéniques du peuple, la lèpre commença à décliner
dans notre pays vers la fin du 16m sièele, et le 17"° n'offre
(*) Cet usage s’est conservé jusqu’à nos jours.
>
— 640 —
que des cas isolés. Le dernier cas fut probablement celui dont
l’essai médical fut fait à la Chaux-de-Fonds et qui donna lieu
à la liste de frais mentionnée ; il est même douteux que ce fût
un cas de véritable lèpre. Ce malade reçut en 1686 l’autorisa-
tion de se rendre à Bâle pour se faire traiter par les méde-
cins de cette ville. Il paraît que le père de ce malade avait été
alteint de la lèpre et séquestré dans un lieu écarté, dans le
voisinage de la Chaux-de-Fonds. Il avait une fille qu’on lui
conseillait de faire soigner par d’habiles pété Hi afin de pré-
venir la maladie.
En 1616, Abraham Menoud prèta le serment du lépreux à
la Maladière de Neuchâtel, et en 1626 une femme Petit-Jean
fut «reconnue ladre » et séquestrée dans la Maladière des
Brenets.
L'histoire des Maladières nous offre des faits déplorables et
des exemples d'une extrême perversité. Tous les individus sé-
questrés n'étaient pas atteints de la lèpre. Il est vrai que des
malheureux ne craignaient pas de simuler cette affreuse mala-
die, afin d’être reçus dans d’immondes léproseries et de rece-
voir les secours de la commisération publique. Mais il n’était
point rare que, pour des motifs d'intérêt ou de vengeance, on
cherehât à faire déclarer lépreux une personne dont il impor-
tait de se débarrasser.
Il reste maintenant à énumérer rapidement les principales
Maladières du canton de Neuchâtel.
La Maladière de Neuchâtel était, comme on l’a dit, à l’est
de la ville, à vingt minutes environ du centre et hors de son
enceinte.
A Saint-Blaise, l'endroit qui porte encore le nom de Ma-
ladière se trouve également à l’est du village, au lieu dit
« Suaillon. »
Entre Cressier et le Landeron, au sud de la voie ferrée, des
champs portent le nom de Maladière. Probablement que c’é-
tait la Maladière commune pour les deux localités.
La Maladière de Colombier était dans le quartier actuel des
vignes au nord-est de ce village. Celle de Boudry, à vingt mi-
nutes de la ville, du côté de bise, à la hauteur de la chute de
la Reuse.
— 641 —
La commune de Cortaillod avait établi la sienne au bas de
la colline de Sachet, à main droite du chemin qui conduit au
Petit-Cortaillod et à la fabrique de Grandchamp.
A Bevaix, la Maladière devait se trouver à l’ouest du vil-
lage, à une distance d'environ 15 minutes, au lieu qui porte
encore ce nom. La Paroisse avait la sienne dans le voisinage
de St-Aubin.
Pour le Val-de-Ruz, les indications recueillies ne se rappor-
tent qu’à trois localités (1). À Fontaines, la Maladière se trou-
vait à une distance de huit minutes au nord du village. A Cer-
nier et à Savagnier elle se trouvait à une distance pareille,
mais à l’est de ces localités.
Dans le Val-de-Travers, il n’y a que deux endroits qui por-
tent encore, de nos jours, le nom de Maladières. Celle de Tra-
vers se trouvait à une demi-lieue du village, au-dessus de la
route qui conduit à Neuchâtel, un peu avant l’origine de la
route actuelle des Ponts. Elle était plus rapprochée de Ro-
sières que de Travers. Elle servait probablement aux lépreux
des communes de la seigneurie de Travers et de Rosières. Les
vieillards se rappellent avoir vu à cet endroit une cabane dé-
labrée qui portait le nom de Maladière. C’est probablement
la léproserie qui, dans notre canton, se serait conservée le
plus longtemps.
A Môtiers, la Maladière se trouvait au nord-ouest du vil-
lage, au pied de la colline de l’ancien château.
Dans les Montagnes, nous ne trouvons de vestiges de Ma-
ladières qu’au Locle, à la Chaux-de Fonds et aux Brenets, où
ces établissements étaient également à une petite distance de
ces localités.
Comme on le voit par ce qui précède, les Maladières étaient
presque partout établies en bise des localités, de manière à
ce que ces dernières fussent le plus possible à l’abri de la con-
tagion dont on les envisageait comme étant le foyer.
(*) Les personnes qui pourraient fournir des renseignements sur ce sujet
sont priées de les adresser au Dr Guillaume , à Neuchâtel.
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 19
EXTRAIT DU PROCÈS VERBAL
DE LA
TROISIÈME SÉANCE DE LA COMMISSION GÉODÉSIQUE SUISSE
tenue à l'observatoire de Neuchâtel le 24 avril 1864.
(Voir Bulletin , page 593.)
D’après le rapport de M. Deneler, tous les signaux du nou-
veau réseau alpin ont été exécutés, pendant l’été dernier, sui-
vant les prescriptions de la commission. Le Moléson, qui n’est
pas visible depuis le nouveau point d’est du Gurten, est rem-
placé par la Béra et les Rochers de Naye, ce qui augmente
d’un triangle le réseau, sans en compromettre la bonne dis-
position.
La comuiission décide de se borner à exécuter pendant cet
été (1864), la partie la plus importante du réseau, celle qui,
à partir du côté Chasseral Rôthifluh, va en traversant les
Alpes jusqu'au côté Limidario-Menone di Gino.
Là où M. Denzler n’observe pas lui-même, les minutes des
observations doivent lui être envo yées tous les 15 jours, et si
les triangles ne se ferment pas d’une manière tout-à-fait satis-
faisante, les angles doivent être mesurés de nouveau.
Sur la proposition de M. Denzler, le calcul des observations
trigonométriques ne doit pas être fait par les observateurs
mêmes; la commission en charge M. Hirsch.
M. Plantamour expose le plan des observations, sur lequel i]
est tombé d'accord avec M. Hirsch, pour étudier la déviation
locale de la verticale dans les environs des observatoires de
Genève et de Neuchâtel. Les observations de longitude étant
plus difficiles à faire dans les stations temporaires, on s’est
décidé à se borner pour le moment aux observations de lati-
tude dans les méridiens des deux observatoires. Pour celui de
— 643 —
Neuchâtel M. Hirsch propose au nord : 1) Chaumont, 2) Dom-
bresson , 3) un endroit entre Porrentruy et Blamont: et au sud:
1) La mire méridienne au dessus de Portalban, 2) Romont, 3)
le Moléson. — Dans le méridien de Genève M. Plantamour
propose au nord: 1) Genthod, 2) Chavannes, 3) les Rouges: et
au sud: 1) Massillon, 2) Baudrier , 3) la mire méridienne au
Salève. — Les observations seront faites autant que possible
identiques dans toutes les stations, on observera par exemple
partout les mêmes étoiles.
Sur la question des altitudes suisses, dont la commission à
été nantie par les autorités fédérales, M. Hirsch lit le rapport
suivant :
MESSIEURS,
Notre commission à été nantie officiellement par le Dé-
partement fédéral de l'Intérieur, de la question des altitudes
suisses, sur laquelle nous sommes appelés à donner notre pré-
avis. — Cette question, si importante dans un grand nombre
de cas, au point de vue des applications pratiques, et si inté-
ressante au point de vue scientifique, a été mise à l’ordre du
jour dernièrement par l'initiative de M. le colonel Burnier de
Morges; elle a été discutée dans plusieurs de nos Sociétés
cantonales des sciences naturelles, et vous-mêmes, Messieurs,
vous vous êtes déjà prononcés presque tous, soit dans des
rapports officiels, que vous avez été appelés à faire, soit
dans des publications spéciales sur ce sujet qui d’ailleurs à
occupé plusieurs d’entre vous depuis nombre d'années.
Dans cet état de choses et vis-à-vis de savants, qui sont
regardés en Suisse, à juste titre, comme des autorités dans
cette matière, je ne puis pas avoir la prétention de vouloir,
par ce rapport, vous éclairer sur une question qui vous est
familière et d'en faire une étude générale. Je me bornerai à
résumer son état actuel, à préciser les points essentiels, sur
lesquels on est généralement d'accord , ainsi que les autres,
sur lesquels les opinions diffèrent, et à développer les mesures
sur lesquelles on peut espérer de réunir les suffrages et qui
contribueront par conséquent le plus à faire avancer notre
hypsométrie.
— 644 —
Rappelons d’abord en quelques mots l'historique de la ques.
tion dans ces derniers temps.
Depuis que le réseau des hauteurs suisses à été établi par
la triangulation de l’Etat-major fédéral, et complété par les
travaux de la carte suisse, dirigés avec tant de succès par notre
illustre président, des données nouvelles et nombreuses ont
été fournies par les opérations relatives à la construction des
chemins de fer. Ces travaux ont exigé des nivellements éten-
dus dans notre pays, en même temps que leur reliement avec
les réseaux des pays voisins offrait un point de comparaison
pour les hauteurs absolues et montrait la nécessité d’abaisser
d’une manière sensible toutes nos cotes suisses. Aussi l’auto-
rité fédérale avait déjà pris des mesures pour rassembler les
nivellements des chemins de fer, les soumettre à une étude
approfondie et pour faire exécuter des raccordements entre
les différentes lignes.
On en était là, lorsque, au mois de décembre dernier, Mon-
sieur le colonel Burnier communiqua à la société vaudoise des
sciences naturelles une lettre de M. l'ingénieur Michel de
Montpellier, dans laquelle il nous faisait part du résultat que
le grand nivellement exécuté en France dans ces dernières
années, sous la direction de M. Bourdaloue, avait fourni pour
l'altitude du lac Léman.
Déjà en novembre 1859, lorsqu'il dirigeait les travaux du
chemin de fer de l’ouest, M. Michel avait communiqué à la
société vaudoise un mémoire sur l’hypsométrie du bassin du
Léman; cette nouvelle communication était relative au nivel-
lement que M. Bourdaloue avait exécuté avec les plus grands
soins de Marseille à Genève en passant par Lyon, et dont le
résultat était de placer la pierre du Niton à 374"052, au-des-
sus du niveau moyen de la Méditerranée, tandis que la cote
376,64 au-dessus de l'Océan avait servi de point de départ
pour les hauteurs de la carte suisse.
Comme le même nivellement de premier ordre avait fourni
aux ingénieurs français une différence de 0 " 80, dont le ni-
veau de l’Océan serait plus élevé que celui de la Méditerra-
née, il en résulterait pour la pierre du Niton et pour toutes
les autres cotes de la carte suisse une correction de —3,"39.
— 645 —
Mais il suffirait de les diminuer de 2" 59, si l’on adoptait dé-
sormais le niveau moyen de la Méditerranée pour plan de
comparaison , ce que M. Michel conseille de faire , pour les
trois motifs suivants :
19 Parce que le niveau moyen de l'Océan est variable dans
les différents ports, tandis que celui de la Méditerranée peut
être considéré comme assez constant;
22 parce que le niveau moyen de la Méditerranée est désor-
mais le plan de comparaison officiel pour le nivellement gé-
néral de la France;
9° Enfin parce qu’une partie notable des eaux de la Suisse
se déverse dans la Méditerranée, et que, par leur position to-
pographique, les Alpes paraissent plutôt appartenir au bassin
de la Méditerranée qu’au bassin de l'Océan.
A la suite de cette communication, M. le professeur Ch. Du-
four de Morges, président de la Commission fédérale d'hy-
drométrie, adressa, le 25 novembre 1863, au Département fé-
déral de l'Intérieur, une lettre dans laquelle il propose de fixer
pour la Suisse, comme pour la France, le plan de comparai-
son au niveau moyen de la Méditerranée à Marseille, et de
nommer une commission chargée d'examiner et de décider la
correction à apporter aux altitudes suisses, Le Département
consulta sur ces propositions nos deux collègues, M. le géné-
ral Dufour et M. l’ingénieur Denzler, ainsi que M. le profes-
seur Mousson de Zurich.
Le général envoya, le 9 janvier, au Département de l’Inté-
rieur, un mémoire dans lequel il se déclara favorable à la cor-
rection proposée pour nos altitudes, d’abord parce que M.
Bourdaloue n’a employé que des procédés directs, exempts de
l'influence perturbatrice des réfractions; que d’ailleurs ii à
mis à l’'accomplissement de sa tâche les soins les plus scrupu-
leux:; parce qu’enfin , à Lyon et ailleurs, il à trouvé la même
différence, avec les nivellements précédents, qui avaient,
comme les nôtres, une base fournie par la grande triangula-
tion française. Le général propose donc de diminuer de deux
mètres toutes les cotes de l’atlas suisse, en négligeant la frac-
tion de la correction, de laquelle on ne peut cependant pas
répondre. Il propose en outre de prendre un arrêté adminis-
— 646 —
tratif statuant: que le plan général de comparaison pour tous
les nivellements suisses, sera celui qui passe par la plaque de
bronze de la pierre du Niton, élevée de 374 mètres au-dessus
de la mer.
M. le professeur Mousson admet, dans son rapport du 3 dé-
cembre 1863, tout l'intérêt scientifique de la question; mais
il croit qu'il importe moins de la décider le plus tôt possible
que de la résoudre de la manière la plus sûre et la plus appro-
fondie. La Suisse, placée au milieu du continent, dépend né-
cessairement, pour ses altitudes, de ses voisins ; et sous ce rap-
port, nous n’avons pas dans la France un ami très sûr, Car
dans aucun autre pays les travaux géodésiques les plus impor-
tants n’ont eu à subir autant de rectifications postérieures. —
La trop petite différence de 0 " 064 entre les deux nivelle-
ments exécutés par M. Bourdaloue en 1858 et en 1562 entre
Marseille et Lyon, ainsi que le désaccord dans lequel il se
trouve avec les cotes de l’Etat-major, lui semblent des motifs
d'examiner de près les nouveaux résultats. — La question des
mers devrait être discutée dans un congrès international de
géomètres. — De prime abord le niveau de l'Océan, qui en-
toure tous les continents, paraît préférable comme plan géné-
ral de comparaison, quoiqu’on ait constaté aussi dans ce ni-
veau des déviations de la forme régulière du sphéroïde, cau-
sées probablement par les différences observées dans la pres-
sion atmosphérique. Dans l'intérêt suisse, M. Mousson préfère
cependant le niveau de Marseille, parce que nous y sommes
rattachés directement.
M. Denzler, dans son rapport du 28 décembre 1863, fait
d’abord l'historique des études hypsométriques en Suisse. Il
rappelle que par suite d'une méprise d’Eschmann, la hauteur
du Chasseral et par conséquent toutes nos altitudes suisses
sont cotées trop haut de 0," 97. II admet que les cotes suisses
des hauteurs limitrophes du Tyrol et du Vorarlberg sont en
moyenne de 4,38 plus élevées que les cotes autrichiennes;
mais il fait voir que ces dernières méritent peu de confiance.
Il montre également que la cote du point zéro de l’échelle du
Rhin à Bâle, déduite du Chasseral, par Berne, est seulement
de 0,*20 plus haute que celle qu’on à trouvée par nivelle-
— 647 —
ment depuis le Havre par Paris. — Quant à la différence de
niveau qu’on à trouvée pour les différentes mers, il rappelle
d’abord que déjà Corabœuf avait trouvé le golfe de Biscaye
de 0," 80 plus élevé que le golfe du Lion; que les triangula-
tions de l’Autriche et de la Russie placent l’Adriatique à
Fiume de 2,"9 plus bas que la mer Baltique à Polangen, et
donnent également une différence de 1," 03 entre la Baltique
et la mer Noire. M. Denzler envisage la plus grande partie de
ces différences comme illusoires et provenant de l'influence
des chaînes de montagnes; lorsque celles-ci coupent d'une
manière asymétrique le réseau des triangles, leur influence se
fait sentir sur les hauteurs mesurées trigonométriquement,
qui sont trouvées ainsi toujours plus grandes que par nivelle-
ment. M. Denzler admet cependant un abaissement sensible
de la Méditerranée au - dessous de l'Océan, à cause de la den-
sité plus grande de son eau, plus riche en sel.
Enfin M. Denzler conclut que la détermination du niveau
du lac Léman par M. Bourdaloue n'offre pas encore les garan-
ties voulues pour en faire la base d’une décision, qui devrait
faire règle pour longtemps.
Il ne croit pas non plus que les différences accidentelles
qu’on à trouvées d’un port à l’autre dans le niveau de l'Océan,
devraient lui faire préférer le niveau de la Méditerranée
comme plan de comparaison; car à cause de sa faible éten-
due, ce dernier dépend, dans une mesure beaucoup plus
grande, des soulèvements partiels du sol, des affluents, de la
salure et de la pression atmosphérique.
Enfin comme jusqu’à présent toutes les hauteurs suisses re-
posent en dernier lieu sur le Chasseral, comme point de dé-
part, et que ce dernier est peu pratique pour les besoins de la
commission hydrométrique, M. Denzler voudrait le voir rem-
placé par un autre point de départ, situé aussi centralement
que possible, et de manière à pouvoir être relié trigonométri-
quement au Chasseral. Il propose comme tel plusieurs en-
droits: Olten (gare), Lucerne (gare), Neuchâtel (observatoire),
Berne (observatoire), et Bâle (échelle du Rhin ou cathédrale).
— M. Denzler voudrait renvoyer à plus tard la détermination
de l’altitude absolue de ce point de départ, comme n'offrant
— 648 —
qu’un intérêt scientifique, et pour ne pas commettre de nouvel-
les erreurs; il propose cependant de soumettre la question à la
commission géodésique.
Dans une communication que M. Denzler a faite à la Société
des sciences de Berne, le 6 février 1864, il admet en général
la nécessité d’abaisser nos cotes; ainsi il explique que la cote
fédérale du point zéro de l’échelle du Rhin à Bâle, que les
«Ergebnisse » placent à 246," 70, se trouve réduite à 244," 59,
donc de — 2,"11 par les quatre nivellements qu’on a obtenus
d’abord le long du Rhin par Strasbourg, ensuite par le chemin
de fer de Strasbourg, par le canal de Huningen et enfin par le
chemin de fer badoïs. — Quant au choix du plan général de
comparaison, il faudrait le faire d'accord avec les autres pays;
en attendant la Suisse devrait se rattacher par nivellement aux
réseaux de ses voisins partout où cela est possible.
Notre collègue, M. Plantamour , a publié dans le cahier de
janvier de la Bibliothèque de Genève, une notice «sur la hau-
teur du lac de Genève au-dessus de la Méditerranée et au-
dessus de l'Océan.» M. Plantamour commence par se déclarer
convaincu de la réalité de l’erreur de 3," 4 de nos altitudes
suisses, erreur dont il attribue la cause principale à l’inexac-
titude des hauteurs de tout le réseau oriental de la triangula-
tion française, sur lesquelles les nôtres ont été basées. L’au-
teur compare ensuite l'exactitude des deux méthodes hypso-
métriques; quant aux angles de hauteur, il estime l'erreur à
1 décimètre par chaque 20 kilomètres de distance, erreur qui
croit avec la racine carrée du nombre des stations intermé -
diaires, d’après cela il trouve explicable l'erreur de 2°, pour
la hauteur d’un point obtenue par une longue chaîne de trian-
oles. — Pour la méthode de nivellement, où l'erreur de la ré-
fraction terrestre se trouve éliminée, M. Plantamour admet
l'incertitude de 0," 002 pour un coup de niveau à 250P, ce qui
lui donne une erreur de 0," 08 pour le nivellement d’une dis-
tance de 400 kilomètres. Je remarque à cette occasion que
d’après la «notice complémentaire de la commission chargée
de la direction du nivellement général de la France» la limite
de l'écart dans la fermeture d'un polygone est seulement de
0,001 V'kilom., ce qui donnerait 0," 82 —. un développe-
ment de 400 kilomètr es,
— 649 —
« En considérant (v. pag. 26) l’ensemble de ces écarts, on
» est autorisé à conclure qu'aucune des altitudes obtenues
» n’est affectée d’une erreur dépassant trois centimètres.» M.
. Denzler, au contraire, évalue à + 0,"3 l'erreur du meilleur
nivellement à une distance de 50 lieues. —
Quant au choix de la mer dont il faut prendre le niveau
pour plan général de comparaison, M. Plantamour n'accepte
pas les propositions de M. Michel, d’abord parce que la Suisse
ne doit pas se raccorder d’un côté pour se mettre en désac-
cord sur l’autre; ensuite parce qu'il ne lui semble pas établi
que le niveau de la Méditerranée soit partout constant et le
même qu'à Marseille; car à côté des marées il y à encore d’au-
tres causes qui peuvent influer sur le niveau des mers; parmi
ces causes M. Plantamour cite l’attraction des côtes, en vertu
de laquelle le niveau de l’eau près des continents sera toujours
plus élevé qu’à une certaine distance, et cela dans une mesure
différente selon la configuration locale de la côte.
L'’habile ingénieur de Montpellier qui prend un si vif inté-
rêt à notre hypsométrie, à répondu à ces observations dans
une lettre que M. Plantamour a bien voulu me communiquer
et dans laquelle M. Michel s'attache à prouver que les varia-
tions de niveau produites par l’attraction des côtes sont d’un
ordre inférieur à celles produites par les courants, les vents,
les marées, etc. L’amplitude totale des mouvements de la Mé-
diterranée autour de son plan de niveau moyen est évaluée
à 0," 80, dont il faut attribuer seulement 0," 30 aux marées,
tandis que ces dernières ont dans certains ports de l'Océan
des amplitudes allant jusqu’à 14," 5 (à St-Malo). Il maintient
que le niveau moyen de la mer est à peu près constant sur le
littoral français de la Méditerranée entre Nice, Marseille et
Cette; et du reste, aucun pays voisin de la Suisse, autre que
la France, ne peut lui offrir un repère parfaitement déterminé.
M. Plantamour répond que les différences de niveau pour
les ports de la Méditerranée vont cependant jusqu’à 0," 3, que
les cotes des 19 ports de l'Océan, qui sont connues, lui assignent
un niveau moyen, affecté d’une erreur de Æ 0," 056 ; que la
différence enfin entre la côte de l'Océan (Bayonne à Brest)
et celle de la Marche ($St-Malo- Dunkerque) ne monte qu'à
— 690 —
0," 032. M. Plantamour conclut done qu’on devrait rattacher
les hauteurs suisses à l'Océan, dont le niveau moyen est connu
à Æ,0 " 037 près.
Enfin et pour compléter les documents, votre rapporteur a
lu, le 18 décembre 1863, à la Société des sciences de Neuchä-
tel, une petite notice «sur la hauteur du môle de Neuchâtel,»
dans laquelle il relève d’abord le fait curieux que la cote de
432," 63 pour notre lac, déduite trigonométriquement du Chas-
seral par M. d'Osterwald, est entièrement d'accord avec la nou-
velle cote (432," 48) que lui assigne M. Michel. Mais je ne vois
dans cet accord qu’un effet du hasard, et je constate au con-
traire que toutes les cotes déterminées trigonométriquement
s'accordent entr’elles, aussi bien que d'un autre côté les cotes
obtenues par nivellement s'accordent entr’elles ; il faut done,
ou bien que le Chasseral (ainsi que tout le réseau oriental
français) soit placé trop haut de 2," 6, ou qu’il existe entre les
deux méthodes une différence systématique, qu’on pourrait
expliquer peut-être par l'usage d’une réfraction terrestre erro-
née. N’envisageant cependant pas la supériorité du nivellement
comme tellement forte qu'on devrait abandonner complète-
ment toutes les données trigonométriques, j’opine qu'il fau-
drait, avant de se décider sur la correction à apporter à nos
hauteurs, attendre la publication des détails du nivellement
français, et surtout tâcher de vérifier la hauteur du Chasseral
par les nouvelles données.
Lorsque j'ai su que j'aurais l’honneur de vous faire rapport
sur cette question, je me suis adressé à M. le colonel Burnier,
pour le prier de me fournir les renseignements ultérieurs
qu'il pourrait posséder sur le grand nivellement français. M.
le colonel a mis à ma disposition, avec la plus aimable com-
plaisance, tous les documents qu'il possède, en m’envoyant
plusieurs lettres de M. Michel, lequel avec une obligeance qui
ne se ralentit pas, nous a envoyé même les feuilles d'épreuves
des régistres de nivellement des départements limitrophes (de
l'Ain, du Haut-Rhin, du Jura et du Doubs).
M. le colonel Burnier, qui aimerait, dans l'intérêt de notre
hypsométrie, qu'on abandonnât les sommités et les angles de
hauteur, et qu’on suivit avec la mire le pays habité, annonce
— 651 —
son intention de relier le canton de Vaud au réseau français,
et même d'entreprendre au besoin, si la confédération ne le
faisait pas, le nivellement entre Mulhouse et Bâle, qu’il envi-
sage comme très-important.
Voilà, messieurs, en résumé, les documents et les opinions
diverses qui se sont fait jour jusqu’à présent sur cette question.
Séparons, pour faciliter la discussion, les différents points
dont il s’agit, à savoir:
1° La correction à apporter à nos altitudes;
2° Le choix de la mer pour le plan général de comparaison;
3 La détermination du ou des points de comparaison pour
les nivellements suisses ;
4 Les mesures à proposer au Département fédéral de lIn-
térieur dans l'intérêt de notre hypsométrie.
Quant au premier point, tout le monde est à peu près d’ac-
cord sur la probabilité que nos altitudes suisses absolues, ba-
sées sur la triangulation fédérale, et inscrites dans la carte
suisse, soient trop élevées de 2à3 mètres. Mais faut-il pour cela
procéder immédiatement à corriger nos hauteurs, comme on
le propose, en se fondant sur l’exactitude exceptionnelle et
sur le caractère définitif du nivellement récent de la France ;
au réseau de laquelle nous aurions tout intérêt à nous joindre ?
Tout en reconnaissant pleinement les soins extraordinaires
qne les ingénieurs français, sous l’habile direction de M. Bour-
daloue, paraissent avoir apportés à l’œuvre grandiose qu'ils
viennent dé terminer; en admettant même que leur nivelle-
ment soit le plus exact qu’on ait exécuté jusqu'à présent, et
qu'il offre à la Suisse le moyen relativement le plus sûr de
rattacher ses hauteurs au niveau de la mer, il nous semble
cependant que les raisons qui portent à différer une décision
sur ce point devraient l'emporter.
Et d’abord, on ne pourra pas contester que pour tous les
besoins pratiques et techniques la connaissance des hauteurs
absolues, à deux ou trois mètres près, soit complètement in-
différente, puisque même dans les opérations les plus déli-
cates, pour la construction des chemins de fer, des canaux,
pour la correction des lacs et des fleuves, il importe seule-
ment de connaître avec exactitude les hauteurs relatives.
Et même parmi les problèmes scientifiques, dans lesquels
— 652 —
les altitudes entrent comme élément, il n’y en a que quel-
ques-uns où il faut connaître les hauteurs absolues aussi exac-
tement que possible. Or, dans cet ordre de questions, qui se
rattachent à l’étude de la figure de la terre et aux change-
ments que sa surface peut subir, il convient précisément de
relier, autant que possible, le terrain qu’on étudie, à celui de
tous les pays voisins; et sous ce rapport il est d’un grand in-
térêt de rattacher notre pays central, non-seulement à la Mé-
diterranée, mais aussi à l'Océan, et, si possible, à la mer
Baltique et à la mer Noire. On peut donc affirmer qu’il n’y à
aueun besoin pratique pressant de corriger nos altitudes ab-
solues, et que l'intérêt scientifique demande plutôt la déter-
mination la plus sûre et la plus générale de nos hauteurs re-
latives, ainsi que le raccordement avec les réseaux des pays
voisins.
Quoique ces considérations me semblent suffisantes pour
nous engager à surseoir, d’autres motifs, qui ne sont pas sans
importance, peuvent être invoqués en faveur de cette déci-
sion. Car si l’on veut corriger toutes nos altitudes suisses , il
est certainement désirable de calculer cette correction aussi
exactement que possible d’après toutes les données que l’état
actuel de la science peut fournir, afin de ne pas être obligé
de revenir dans un avenir, peut-être rapproché, sur la déei-
sion qu'on aurait prise. Or, il me semble aussi sous ce rap-
port, que le moment n’est pas encore venu de se prononcer
définitivement; en effet, les détails du nivellement français ,
le seul sur lequel nous pourrions nous baser aujourd’hui, ne
sont pas encore publiés, et sans vouloir mettre aucunement
en doute l'exactitude des renseignements précieux, que nous
devons à l’obligeance désintéressée de M. Michel, nous de-
vons nous conformer au principe que des décisions importan-
tes en matière scientifique ne peuvent pas être adoptées d’au-
torité et de confiance pour ainsi dire. On peut espérer ensuite
que l’excellent exemple donné par la France dans la vaste
entreprise de son nivellement général, sera suivi par les au-
tres pays voisins et qu'’ainsi la Suisse sera plus tard à même
de rattacher ses altitudes aux réseaux de tous ses voisins et
par-là au niveau des différentes mers. Enfin, la correction
— 653 —
actuelle de nos hauteurs suppose la résolution préalable de la
question relative au plan de comparaison général auquel on
veut les rattacher. Et sous ce rapport aussi je crois que nous
ne sommes pas encore bien placés pour prendre une décision
définitive. Je me permettrai d'expliquer en quelques mots
mon opinion sur ce second point.
Il ne m’appartient pas d'examiner dans ce rapport les rai-
sons excellentes que des hommes très-compétents ont fait
valoir pour le choix du niveau moyen de la Méditerranée
comme plan général de comparaison, ni les motifs, certes
aussi bien fondés qui engagent à préférer le niveau de l'Océan.
Mon opinion personnelle penche plutôt pour le choix de l'O-
céan, surtout depuis que notre collègue, M. Plantamour, a
démontré en chiffres dans son dernier article, publié dans la
Bibliothèque universelle, qu'aujourd'hui déjà le niveau moyen
de l'Océan est connu avec une plus grande exactitude que
celui de la Méditerranée ; j'envisage cependant que cette ques-
tion est trop compliquée, pour pouvoir être résolue aujour-
d’hui par notre commission.
Mais ce qui m'engage avant tout à vous proposer de ne
pas vous prononcer, c’est que, si l’on désire obtenir un plan
réellement général de comparaison pour toute l'Europe, il
importe de ne pas préjuger la question. Je me rallie done à
l’opinion émise par la majorité des experts consultés, de sou-
mettre la décision sur ce point à une commission internatio-
nale de géomètres. Or, messieurs, il me semble que cette
commission est toute trouvée; l’entreprise géodésique euro-
-péenne, provoquée par M. le général Bæyer, et dans l’intérêt
de laquelle notre commission à été instituée, doit nécessaire-
ment et naturellement s’occuper de cette question. Je vous
propose done de prendre auprès de la commission centrale
l'initiative dans cette affaire, et de l’engager à étudier la ques-
tion et à fixer le niveau général de comparaison pour toute
l'Europe. Lorsque notre demande, comme je l'espère, aura
été entendue et qu'il s'agira de diseuter cette matière, il con-
viendra que notre commission formule son opinion.
Le troisième point qui nous occupe me semble posséder
une actualité beaucoup plus grande. Je veux parler du choix
— 654 —
du ou des points de repère pour nos nivellements suisses. Il
faut espérer que l’usagé de la méthode de nivellement se ré-
pandra davantage chez nous, et qu’elle sera employée surtout
dans la plaine suisse; car sans pouvoir admettre l'immense
supériorité du niveau à bulle d’air sur le théodolite pour la
mesure des hauteurs, on ne peut cependant pas nier que ses
résultats sont bien moins influencés, et par l'incertitude de la
réfraction terrestre et par la déviation de la verticale par les
montagnes. D'un autre côté on ne peut pas songer à abandon-
ner entièrement dans un pays montagneux comme le nôtre,
la méthode des distances zénithales, car il y a des parties en-
tières du pays qui sont inaccessibles au niveau. Il faudra done
toujours employer chez nous les deux méthodes concurrem-
ment. Dès lors il est évident que le Chasseral, qui à été
jusqu’à présent le point de départ de nos hauteurs trigono-
métriques ne peut pas fournir un plan de comparaison conve-
nable pour les nivellements, ni commode pour les besoins pra-
tiques; il sera donc utile de fixer nn autre plan de comparaison
dont le point de repère soit fixé avec toute sûreté, et facile-
ment accessible pour nos nivellements suisses aussi bien que
pour les jonctions avec les pays voisins et les mers.
La plaque scellée par le général Dufour dans la pierre du
Niton à Genève et qui a servi comme point fondamental aux
cotes de la carte suisse, remplit toutes ces conditions; car au
sujet du seul point sur lequel on avait émis quelques craintes,
savoir sur sa stabilité en raison de son caractère de bloc erra-
tique, j'ai reçu des renseignements parfaitement rassurants.
M. le professeur Favre, de Genève, auquel je m'étais adressé,
m'écrit à ce sujet: « Je crois la pierre du Niton très-bien po-
sée et très-solide, quoique ce soit un bloc erratique de proto-
gine. Je ne saurais voir aucune cause naturelle qui pût la mo-
difier. Elle se trouve, il est vrai, dans une position qui n’est
pas très-commode pour les barques qui arrivent dans le port,
mais je ne crois pas que la navigation du lac se développe et
je ne pense pas que la pierre du Niton ait de mauvaises chan-
ces à;courir. » — La seule objection qu’on pourrait faire au
choix de la pierre du Niton serait sa position excentrique et
cela à une frontière où elle ne peut être rattachée directement
— 659 —
qu'à un seul réseau voisin, celui de la France, tandis que
sous ce rapport Bâle, où arrive en outre le nivellement badois,
ou un point du lac de Constance , sur lequel se réunissent les
réseaux allemands et autrichiens, serait peut-être préférable ;
d’un autre côté l'observatoire de Berne ou la gare d’Olten au-
raient l’avantage d’une position plus centrale. Nous ne croyons
cependant pas que ces considérations aient une importance
- pratique considérable, eu égard à la circonstance que la pierre
da Niton est déjà en usage comme point fondamental dans la
carte fédérale et qu’elle offre le seul point rattaché jusqu'à
présent d’une manière satisfaisante au niveau d’une mer. D’un
autre côté on ne peut pas nier l'utilité qu’il y aurait d'avoir
au centre de la Suisse et sur les autres frontières, des points
de repère parfaitement déterminés, ce que l’on pourrait ob-
tenir de la manière la plus satisfaisante par l'exécution d’un
nivellement de précision entre Genève et Bâle: à cette ligne
se rattacherait un premier embranchement vers Lucerne, pour
avoir un point de départ d'où l’on pourra plus tard arriver
dans le Tessin, ct un second embranchement vers le lac de
Constance , où il faudrait établir dans un point convena-
ble un repère pour opérer la jonction avec les nivellements
des états limitrophes. De plus, comme il est de la dernière
importance de pouvoir rattacher et comparer avec sûreté les
cotes obtenues par nivellement aux hauteurs trigonométriques,
il est nécessaire de déterminer avec les plus grands soins la
hauteur relative du Chasseral, au dessus du point convenable
du réseau de nivellement de premier ordre dont j'ai parlé,
Neuchâtel pourrait être choisi dans ce but.
J'ai déjà entamé dans les considérations précédentes la
quatrième partie de mon rapport, celle qui doit énoncer les
propositions positives que nous devrions faire aux autorités
fédérales dans l'intérêt de notre hypsométrie. Car j'envisage
le nivellement de précision dont je viens de parler, comme la
chose la plus pressante et la plus essentielle à faire. Il aura
en même temps le grand avantage de mettre à une épreuve
concluante et indépendante les nouvelles cotes du nivelle-
ment français; car d'un côté on n'aura qu’à pousser notre ni-
vellement depuis Bâle jusqu’à Mulhouse, pour y retrouver un
— 656 —
point du réseau français dont la cote devra s’accorder avec
celle que les ingénieurs français ont établie pour la pierre du
Niton; et d’un autre côté on pourra descendre du Chasseral
en passant par Chaux-de-Fonds et Locle sur un des points
nombreux du réseau français, qui, dans les départements du
Jura et du Doubs, entourent notre frontière. En reliant ainsi
par nivellement le Chasseral à notre réseau aussi bien qu’au
réseau français, nous pourrions déterminer alors avec plus de
sûreté qu'il ne serait possible aujourd’hui, la correction qu'il
faudra apporter à toutes nos hauteurs pour lesquelles le Chas-
seral à été le point de départ. À Bâle et sur les bords du lae
de Constance nous serions en mesure de nous rattacher à l’O-
céan, à la Baltique et à la mer Noire, comme nous le sommes
déjà à la Méditerranée par Genève. Il sera sans doute désira-
ble que nous puissions également nous relier à l’Italie près du
lac de Lugano ou du lac Majeur, et atteindre ainsi l’Adriati-
que.
Le nouveau réseau de triangles que nous allons exécuter à
travers les Alpes, fournira déjà des données précieuses sur la
différence de niveau des deux côtés de la chaîne; les études
qu’on à faites en différents points pour la construction d’un
chemin de fer alpin pourront probablement, si on les vérifie
et si on les complète, faciliter la même détermination aussi
par la méthode des nivellements.
En général, je voudrais engager l’autorité fédérale à don-
ner suite à l'intention qu’elle a eue déjà, de rassembler et
d'utiliser en les comparant et en les vérifiant, tous les nivel-
lements exécutés par les chemins de fer.
Vous voyez, messieurs, qu'il y à là tout un ensemble de
travaux considérables à exécuter, qui demandent le concours
d'ingénieurs habiles et une direction compétente, et qui exi-
seront une certaine dépense dont il faudra établir le budget.
Sans vouloir préjuger en rien la décision de l'autorité fédé-
rale, il me semble cependant naturel que notre commission
soit appelée à diriger ces travaux qui entrent complètement
dans son domaine.
Je résume mon rapport en vous soumettant, messieurs, la
rédaction suivante pour le préavis qu’on nous à demandé:
HE
Appelée par le Département fédéral de l'Intérieur à préavi-
ser sur plusieurs propositions qui lui ont été faites au sujet de
l’hypsométrie suisse, la commission fédérale géodésique,
après avoir pris connaissance des rapports préalables adres-
sés au département sur ces questions, a discuté la matière
dans sa séance du 24 avril 1864 et a l'honneur de soumettre
au Département fédéral de l'Intérieur les propositions sui-
vantes :
1° Le plan général de comparaison pour tous les nivelle-
ments suisses sera celui qui passe par la plaque de bronze de
la pierre du Niton, à Genève.
2° Le moment n'étant pas encore venu où l’on pourra cor-
riger avec sûreté les altitudes suisses, et le choix de la mer
dont le niveau moyen servira de plan général de comparaison,
devant, dans l'intérêt de la science, être réservé à une com-
mission géodésique internationale, la question des hauteurs
absolues reste suspendue pour le moment.
3° La Confédération fera rassembler, comparer et vérifier
tous les nivellements qui ont été exécutés pour les chemins
de fer suisses. -
4° La Confédération fera exécuter un nivellement de préci-
sion entre Genève, Bâle, Lucerne et Romanshorn. Le long
de ces lignes de nivellement, on établira des points de repère,
pareils à celui de la pierre du Niton; celui de Bâle sera rat-
taché par nivellement à un repère du réseau français et au
nivellement badois; celui du lac de Constance aux réseaux
des états limitrophes; enfin, à partir de Lucerne, le nivelle-
ment sera continué, aussitôt que faire se pourra, jusqu'au
canton du Tessin, où il sera rattaché au réseau italien. On
comparera partout, le long de la ligne de nivellement, les an-
ciennes hauteurs trigonométriques aux nouvelles cotes du
nivellement; enfin, on reliera trigonométriquement et par
nivellement le Chasseral à une des stations du réseau suisse,
ainsi qu'à une station de frontière faisant partie du réseau
français.
5° Pour l'exécution de ces travaux, le devis approximatif
BULL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 43
— 658 —
monte à fr. 15,000, que la commission propose de répartir
sur trois ans, en commençant par 1864, si possible.
À. HIRSCH.
Les conclusions du rapport sont discutées.
M. Dufour se range à l'opinion qui veut qu’on laisse encore
en suspens la correction de nos hauteurs. La question des
mers lui semble presque oiseuse; ce qui importe c’ést d’avoir
un plan général de comparaison fixé par un repère bien dé-
terminé; le niveau moyen de l'Océan est quelque chose d’il-
lusoire dans les ports, où il dépend nécessairement de la con-
figuration des côtes; il faudrait pouvoir le déterminer plutôt
en pleine mer. Lorsqu'il a proposé de choisir pour plan de
comparaison de nos nivellements suisses la pierre du Niton,
il n’a pas songé qu’on obtiendrait ainsi dans les cantons du
nord et de l’est des cotes négatives; car le Rhin à Bâle par
exemple est plus bas que le lac Léman de 12%", et les lacs de
l’autre côté des Alpes sont encore plus bas. Pour éviter l’in-
convénient des cotes négatives, il suffirait de choisir le plan
de comparaison à une certaine profondeur au dessous de la
pierre du Niton, en attribuant à cette dernière par exemple
lacote de 190%, 0
M. Denzler fait remarquer qu’à côté de toutes les bonnes
raisons qu’on à fait valoir pour renvoyer à plus tard la cor-
rection de nos hauteurs, il y a encore celle-ci, qu’actuellement
cinq cantons font exécuter le plan de leur cadastre avec des
courbes horizontales, œuvre qui serait dérangée si l’on modi-
fiait maintenant les hauteurs, pour les changer peut-être de
nouveau dans quelques années.
Quant à notre plan de comparaison suisse, il ne lui semble
pas suffisant de l’abaisser de 150" au dessous de la pierre du
Niton, (car le lac Majeur est de 177" plus bas que le lac Lé-
man) et il préférerait alors qu'on choisisse le point le plus
bas, c’est-à-dire le niveau de la Méditerranée, qui d’après le
réseau des altitudes suisses se trouve à 377," 01 au dessous
de la pierre du Niton. En prenant pour plan de comparaison
— 659 —
celui qui passe à 377% au dessous de la pierre du Niton, on
n’obtiendrait pas pour nos cotes des chiffres sensiblement
plus grands et pour cette raison moins commodes, qu’en choi-
sissant un plan qui passerait à 200% au dessous du point de
repère de Genève.
M. Woif ne craint pas tant les cotes négatives qui lui sem-
blent encore plus naturelles qu’un plan de comparaison pure-
ment idéal; il préfère donc s’en tenir simplement à la pierre
du Niton pour point de départ de nos cotes relatives.
M. Hirsch croit également que les cotes négatives n’ont pas
d’inconvénient pour les savants; mais on sait que le grand
public et les praticiens ne les aiment guère. Pour cette raison
et afin que le public puisse facilement assimiler et comparer
les nouvelles cotes que le nivellement fournira, à nos ancien-
nes hauteurs, il voudrait que tout en laissant suspendue la
décision définitive sur les hauteurs absolues, on ajoutât, que
provisoirement la cote de la pierre du Niton reste fixée à
311" en nombre rond, ce qui est d'accord avec la carte suisse.
M. Plantamour n’admet pas l'inconvénient des cotes néga-
tives pour l’hypsométrie relative du pays, si l’on réserve à
une époque postérieure et à la décision d’une commission in-
ternationale, le point de départ d’une hypsométrie absolue.
Pour la commodité des ingénieurs chargés des opérations sur
le terrain, et des calculs de réduction, il est parfaitement in-
différent que le repère de Bâle , par exemple, soit marqué à
— 130", la pierre du Niton étant 0, ou + 20", la piérre du
Niton étant à 150", Il objecte surtout à la proposition de M.
Denzler, l'interprétation fausse que lui donnera le public, qui
verra certainement dans la cote provisoire de 377" pour la
pierre du Niton, une décision de notre commission sur les
hauteurs absolues, en opposition avec le nivellement français,
chose que nous voulons éviter.
La commission finit par adopter les deux premières propo-
sitions telles qu’elles se trouvent dans le rapport.
La troisième est adoptée également à l’unanimiié.
, Au sujet de la quatrième proposition, M. Denzler observe
qu'avant de commencer le nouveau nivellement de précision,
il conviendrait de rassembler et d'étudier tous les nivelle-
— 660 —
ments exécutés par les cantons pour les routes et les eaux,
ainsi que les nivellements de chemins de fer. Il désire égale-
ment qu'oi rattache dans chaque canton les nouvelles cotes
de nivellement aux anciennes hauteurs du réseau fédéral,
pour obtenir ainsi la différence locale entre les altitudes four-
nies par les deux méthodes, Par contre il envisage le nivelle-
ment du Chasseral comme inutile, paree qu’on trouvera le
long de la ligne de nivellement assez de hauteurs du réseau
_trigonométrique, qu'on pourra rattacher aux nouvelles cotes,
et qu’on ne peut pas admettre que le réseau hypsométrique
suisse soit affecté partout de la même erreur que le Chasseral,
bien que ce dernier ait servi de point de départ.
M. Wolf ayant montré que la Suisse ne pourrait pas baser
tout son réseau hypsométrique sur des nivellements de che-
mins de fer, qui n’auront pas probablement l'exactitude d'un
nivellement de premier ordre, et M. Plantamour ayant insisté
sur la nécessité de comparer avec la plus grande exactitude
l’ancien point de départ de nos altitudes (le Chasseral), avec
le nouveau plan de comparaison, la commission adopte éga-
lement à l’unanimité la 4° proposition du rapport.
La commission charge MM. Wolf et Hirsch, d'adresser au
Département fédéral de l'Intérieur les propositions qu'on
vient de voter, ainsi que le rapport dont elles sont les con-
clusions.
On prie également M. Wolf de nantir la Commission géo-
désique européenne, de la question du plan général de com-
paraison pour les altitudes du continent.
Le]
TABLEAU
DES FORMATIONS GÉOLOGIQUES
DU CANTON DE NEUCHATEL
PAR ED, DESOR,
Une première édition du tableau ci-contre, à paru dans les
Mémoires de la Société des sciences de Neuchâtel, tome 1v, 1859,
comme partie intégrante des Études sur le Jura neuchâtelois.
Depuis lors, la connaissance de notre sol a fait des progrès.
L’exécution des deux tunnels des Loges et du Mont-Sagne,
tout en confirmant d'une manière très-satisfaisante notre
coupe théorique, a jeté un nouveau jour sur divers points
demeurés douteux. Des progrès notables ont aussi été faits
dans l'étude de certains groupes d’un classement difficile, à
cause de leur uniformité. Le sous-étage Virgulien, entre au-
tres, qui. passait pour le plus inextricable, est aujourd'hui
l’un des mieux connus, grâce à l'étude spéciale qu’en à faite
M. Aug. Jaccard.
J'ai pensé qu'il pourrait être de quelque utilité de résumer
ces résultats dans un nouveau tableau, on y ajoutant, sous
une rubrique particulière , les principales localités du canton
où les terrains affleurent et où se trouvent les gîtes des fossi-
les caractéristiques. Enfin, pour empècher la confusion dans
l'esprit des commencants, on a indiqué, à leur place respec-
tive, les terrains qui font défaut dans notre canton. Où aura
ainsi une idée des lacunes qui existent dans la série des dé-
pôts du Jura et des péripéties que notre sol a subies avant le
soulèvement des montagnes. Ces lacunes correspondent sur-
tout à la fin de l’époque crétacée et au commencement de
l'époque tertiaire.
Neuchâtel, 1 mai 1864, E, D,
SÉRIE
_
RECENTE
r
SÉRIE
TERTIAIRE.
FORMATION CRÉTACÉE.
TERRAINS. Mr] CARACTÈRES PÉTROGRAPHIQU
A|Terrain alluvien.
2| Terrain erratique.
3| Marnes bleues de Plaisance et
sables jaunes d’Asti, Étages
Astien et Plaisantien.
4|Terrain d’eau douce supérieur.
5| Molasse marine, Ét. helvétien
6
Molasse d’eau douce, Étage
mayencien.
Calcaire et marne d’eau douce
inférieur, Ét. aquitanien ?
Conglom. marin, Ét. tongrien
Gypse de Montmartre, Étage
Ligurien.
Calcaire grossier, Ét. Parisien
Argile de Londres, Étage Lon-
donien.
Re
Calcaire nummulitiq. et flysch,
Étage Suessonnien.
RS
Calc. pisolitique, Ét. Danien.
Craie blanche, Ét. Sénonien.
Craie jaune, Étage Turonien.
Craie marneuse, Ét. Cénoma-
nien.
Gault, Étage Albien.
Grès vert infér., Ét. Aptien.
Gale. à caprotines, Ét. Urgon.
Pierre jaune et marne de Hau-
terive, Étage Néocomien.
Marbre bâtard et limonite, Et.
Valangien.
21| Marne lacustre, Étage Pur-
beckien,
v
Var. |Humus, tourbes, tufs, alluvions, deltas.
Var. |Limons, sables, argiles, galets, blocs erré
PERLES LR GET PS à «|
Manque.
60 |Calcaire marneux ou siliceux avec lignites
40 [Sables marneux; grès verdâtres.
Grès marneux avec lignites, intercallé dé
de calcaire et de marnes avec gypse.
Calcaire compacte, alternant avec des 1
roses et lie de vin. |
1-5 [Marne jaune et conglomérat calcaire.
Manque.
Manque,
Manque.
Manque.
Manque.
Manque.
Manque.
Calcaire bigarré ou blanc marneux.
ÉSLi
Marne argileuse bigarrée de bleu et de
sables jaunes avec fossiles phosphatés.
18 |Grès lumachellique verdât.; marne et argile
Calcaire blanc et jaune cristallin, avec #
gnation d’asphalte.
Calcaire jaune sub-oolitique à lumachelle @
Marnes bleues (de Hauterive) à la base
Calcaire compacte blanc et jaune ; oolite f@k
60 ë à s
neuse (limonite) en haut; marne grise €
——
ÿ [Marne grise et noire , avec bancs de cale
FOSSILES. LOCALITÉS.
; d'animaux de l’époque actuelle. ir du lac et fond des vallées.
les terrestres; Eléphant, Ours. |Cortaillod , Pierre-à-Bot, H'S-Geneveys.
|
:s, Lymnées, Dinother. gigant., Plantes d’Oeningen.|Gare du Locle, Chaux-de-Fonds.
\ crassissima, Pect. scabellus, Lamna cuspidata. Chaux-de-Fonds, Locle, Verrières.
|
Ramondi, Melania Escheri. Boudry , Préfargier. |
|
s, Poludines Duts gare de Saint-Blaise. |
callifera. , | Tunnel des Brenets. |
LI CORP RE Rte
| |
|
Pr _ Er SACS EI RD RAS SEE VS MERS PER CRENE DOUTE
bnites varians, Holaster Trecensis. Joratel, Souaillon.
pnites latidorsatus, Amm. Milletianus, Avellana Gorges de la Reuse.
assata.
la placunea, Toxaster oblongus. La Presta, Boveresse.
ina, Hemicidaris clunifera. Bôle, Vaumarcus, La Presta.
omplanatus , Gryphæa Couloni, Rhynchonella de- NeuchAtet-"Couvet- Miütérive
sa. 1 ; ;
>ranosus, Pygurus rostratus, Natica lobata, Nerinea
. Valangin, Landeron.
anceti. sin; sa
bis Loryi, Physa Bristowi, Chara Purbeckensis. |Tunnel de la Luche, Combe-Varin.
jurassique supérieur.
Terrain
Re SE un:
in jurassique moyen.
Terra
FORMATION JURASSIQUE.
Terrain jurassique infér. ou Jura brun.
F. LIASIQUE.
CR RS
TERRAINS.
RE SN RS EE RE LC PE Te RE)
Sous-étage Virgulien.
Jaluze , calcaire spathique et
calcaire blanc crayeux.
Roc dolomitique ou à soufflures
(calc. äpre).
Marne avec Ostrea virgula.
22
Sous-étage Plérocérien.
Roc compacte, parfois crayeux
ou oolitique, alternant avec
des bancs marneux et sub-
marneux.
23
Sous-étage Ast{artien.
Calc. rouge, marne à astartes
supér., oolite astartienne et
marne à astartes inférieure.
24
Terrain à chaille. Étage Co-
rallien. (Sous-étage Glyp-
licien de M. Étallan. )
Calcaire à ploladomyes.
Calc. et marnes hydrauliques.
Cal. à scyphies. Ét. Argovien.
25
26
27|Marnes d'Oxford et de Kello-
way. Étages Oxfordien et
Callovien réunis,
EE
Dalle nacrée.
28
Aate, DES, LU, AS HI STR
Marnes à discoïdées ou à ostrea
acuminata et calcaire roux
sableux. Ét. Bradfordien.
Grande oolite et marne à à ho-
momyes. Étage Bathonien.
a UE
Calcaire sub-compacte. Étage
Lédonien.
29
30
31
En Le
Marlysandstone et oolite fer-
rugineuse.
32
33|Marnes à Ammon. opalinus et
couches sableuses à Ammo-
nites Murchisonae.
LT SO ets +
34|Lias supérieur. Ét. Toarcien.
\
35|Schiste à Posidonies. Ét. Lias.
36 | Calc. à Gryphea Cymbium et
calc. à Gryph. Macullochii.
Et. Sinémurien.
Mètr.
140
CARCTÈRES PÉTROGRAPHIQUE!
LT cs en. |
Bancs de dolomie (Jaluze).
Calc. blanc sacharoïde dans le haut, avec
de poissons.
Calcaire spathique jaunâtre.
Calcaire blanc crayeux.
Marne jaune avec Exogyres.
Calcaire blanc crayeux ou compacte, dans lé
rempli de Bryozoaires , quelquefois oolit
fomant de grands massifs séparés par des
ses moins dure! sub-marneuses, dans lesqi
se trouvent les fossiles.
Calc. massif très-puissant, souvent oolitique,
quefois à très-grosses oolites. Marnes fé
RER à rognons.
in et micacé.
RARE Nr TE eme
Calc. marneux et marne ocreuse avec r'o4
calcareo-siliceux.
Calc. marno-schisteux en: bancs très-régulié
Calc. rognoneux avec marne terreuse.
Calc. esquilleux, à taches jaunes et roses.
Marne grise feuilletée, avec oolites ferruginé
Oolite fauve en dalles lumachelliques, pétrik
fossiles d’un éclat nacré.
mme oee ee d R De
Marne terreuse.
Dalles calcaires brunes et grises.
Calc. oolitique blanc et compacte.
Marne et calcaire marneux jaune.
Calc. brun, quelquefois oolitique, souvent
thique. 1
Grès calcaire, micacé, plus ou moins marné
oolite ferrugineuse. |
——_—__—
Marnes bleues micacées et bancs calcal
sphérites. 1
Manque.
Marne noire, feuilletée.
Calcaire marneux avec blocs sphéritiques.
Calcaire dalliforme.
FOSSILES.
is de Sauriens , de Tortues.
s et écailles de poissons, Lepidotus, Pycradus, Stro-
odus, Nérinées, Natices.
rus Jurensis.
zoaires, Nérinées,
pyra virgula.
RL ER ot
Diceras.
oceras oceani, Ostrea solitaria, Mytilus jurensis, Te-
bratula subtella, Tellina Studeri, spécialement dans
s bancs marneux. De nombreux Bryozoaires et coraux,
tout dans les assises supérieures.
iles rares dans les calcaires massifs, triturés dan$
>olite corallienne; assez abondants dans les marnes.
n trouve : Terebratula humeralis, Pertes rigidus, dans
s marnes supér.; Natica macrostoma, Ostrea gregarea
ans les marnes snféts Des astartes dans les den
__—_———————_——p—ZZ—
sbratula trigonella, Cidaris Blumenbachii.
0
ngiaires, Pholadomya acuminata.
z0s, Pentacrinus subteres (très-abondant).
yrites castanea, Ammonites cordatus (Lamberti).
——————————————————_—_—_—aLELEE
ntité de débris de coquilles et d’échinodermes. Pen-
crinus Nicoleti.
a —
>ctypus (Discoïdea) depressus, Collyrites analis, Ostrea
‘uminata, Amm. wurtembergicus, Clypeus Osterwaldi,
Belemnites giganteus, dans les calcaires.
de fossiles. si
1omya (Lutraria) gibbosa, Pholadomya Burcardium.
piers nombreux, Lima proposeidea, Ammonites gi-
antesques.
vides charbonneux, Pecten personnatus et disciformis.
monites opalinus, Belemnites breviformis.
monites Murchisonae.
ules Hammeri, Astarte lirida.
lques petites Posidonies.
phea Cymbium, Rhynchonella tetraedra, Belemnites
axillosus.
phea Macullochii, Terebratula nummismalis.
——_— x
LOCALITÉS.
La Sagne, Hauts-Geneveys, Chaumont.
Les Brenets, Chaux-du- milieu.
Lac de Brenets.
Montagne des Loges, mont Sagne.
Chemin du Saut du Doubs.
©
Longeaigues, Rosières, Chaux-de-Fds,
Loges, Clusette.
—————————__—_—_—_—_—_————…————_————
Grande-Combe, Bec-à-lOiseau, (gîte
des grosses oolites), Brot- dessous,
Longeaigues , Prise-Mylord, Entre
deux-Monts.
LOMOR ONU
Combe de St-Sulpice , ds les tranchée
du chemin de fer, Longeaigue , Ro
sières, Chatelu.
Creux-du-Vent, Trémont, Fretreules.
Col-dés-Roches, Fretreules, Pouillerel,
Furcil, route du Locle aux Brenets.
a ——————_—————
Chaux-de-Fonds, Fureil.
Furcil.
Montperreux.
Montperreux.
Combe aux Auges.
Jnoif oh able ani
Combe aux Auges.
Au pied du Montperreux.
Tunnel des Loges.
Tunnel des Loges.
Tunnel des Loges.
OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ
pendant l'année 1863-64.
Matériaux pour l'étude des glaciers, par Dollfuss-Ausset, t. 2 et 3.
Mémoires de l’Académie royale des sciences à Turin, t. 20, se-
conde série.
Proceedings of the zoological Society of London, années 1860,
1861, 1862.
List of vertebrated animals living in the gardens of the zoologi-
cal Society of London, 1862.
Bemærkninger angaaende graptolitherne, af Christian Bœck.
Komet banernes indbyrdes beliggenhed, af M. Mohn.
Beskrivelse over Lophogaster Tvypicus, af D' Michel Sars.
Om Siphonodentalium vitreum , af D' Michel Sars.
Mémoires de l’Institut national genevois, t. 9, années 1862-63.
Thèse sur l’hétérogénie ou génération spontanée, par Ch. Musset.
Géologie pratique de la Louisiane, par R. Thomassy. (Prospec-
lus spécimen).
Synopsis des Brachiopodes fossiles des Alpes suisses, par W. A.
Ooster.
Note sur la craie blanche et la craie marneuse dans le bassin de
Paris , par Ed. Hebert.
Observations géologiques sur le département de l'Yonne, par Ed.
Hebert , professeur.
Carte géologique des parties de la Savoie, du Piémont et de la
Suisse voisine du Mont-Blanc, par A. Favre, prof., et expli-
cation de la dite carte et note, in-quarto.
Mémoirs of the geological survey of India , cahier 3, 4, 5. Tho-
mas Olsham.
Transactions of the American philosophical Society on Califor-
nian mosses, by Leo Lesquereux,.
— 667 —
Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, Drit-
. ter Theil, 1863.
Jahresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens,
1861-62.
Mémoires de l'Académie impériale de Dijon, année 1862.
Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussichen
Rheinlande und Westphalens, 20° année, 1863, 1° et 2°
cahier. à
Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cher-
bourg, t. 9.
Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne, 16° vol., 4° par-
tie, 17" vol.
Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. N°
531-552.
Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. VIE, n°
50.
Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften für Sachsen
und Thüringen, Jahrgang 1862, 20° vol., 1863, 21° vol.
Journal d'agriculture de la Côte-d'Or, 24" vol. 1862.
Correspondenz-Blatt, des zoologisch-mineralogischen Vereines
in Regensburg, 17° année.
Neues Lausitzisches Magazin, 40° vol., 2° cahier.
Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, {. 17.
Monats Berichte der kôniglichen Preuss. Akademie der Wissen-
schaften zu Berlin, 1862.
Sitzungsberichte der künigl. bayer. Akademie der Wissenschaf-
ten zu München, 1862, Heft 3, 4; 1863, heft 1, 2, 3, 4.
Jahrbuch der kaiserlich-küniglichen geologischen Reichsanstalt,
13% vol., n° 1, 2.
Generalregister der ersten zehn Bände des Jahrbuches.
L’Harmonie de notre être. Conseils d'hygiène, par le D' A. Chà-
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Musée Teyler. Catalogue systématique de la collection paléonto-
logique, par T. C. Winkler; 1"° livraison. Harlem.
Beiträge zur Kenntniss der fossilen Pferde, von Prof. L, Ruti-
meyer.
— 668 —
Annuaire de l’Académie royale des sciences de Belgique, 1863.
Bulletins de l’Académie royale des sciences, des lettres et des
beaux-arts de Belgique, 31° année, 2"° série, t. 14. 1862.
Bericht über die Thätigkeit der St-Gallischen Naturwissenschaft-
lichen Gesellschaft, 1862-63.
Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, belles-lettres et
arts, d'Orléans ; t. 7, n°° 3, 4, 5, 6.
Ati della Società italiana di scienze naturali, vol. 5, n°° 2-6;
vol. 6, 1-2.
Sitzungsberichte der kaïserlichen Akademie der Wissenschaften,
cahiers 1 et 2.
Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 1862, 3e
année.
Mathematisch-naturwissenschaftliche Classe, vol. 46, 4me et 5e
cahiers; vol. 47, n° 1, 2, 3, première partie; 1, 2, 3, 4, se-
conde partie.
Zebnier Bericht der oberhessischen Gesellschaft für Natur und
Heïlkunde.
Journal of the geological Society of Dublin , volume 9 part. 2,
1861-62; vol. 10, part. 1, 1862-63.
Proceedings of the royal Society, vol. 42, n° 54-57; vol. 13, n°
58-62.
Mittheilungen des œsterreichischen Alpen-Vereines.
Mémoires de la Société de physique de Genève, t. 16, 2%e part.
t. 47, {'° partie.
Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaft., heraus-
gegeben von dem naturwissenschaftlichen Verein in Hamburg,
vol. 4, 3e partie.
Geologische Skizze der Umgebung von Solothurn, von T. Lang.
Schriften der küniglichen physikalisch-‘konomischen Gesell-
schaft zu Künigsberg, troisième année, 1"° partie.
Naturkundige verhandelingen van de Hollandiche maatschappij
der Wetenschappen te Haarlem veertiende deel 1° stuk.
Abhandlungen herausgegeben von der senckenbergischen natur-
forschenden Gesellschaft, 4° vol., 3%° et 4e livraison, 5"
vol., 1% cahier.
— 669 —
Mémoires de la Société des sciences naturelles d'Ile et Vilaine,
to n°4,
Verhandlungen der kaiserlich-kôniglichen zoologisch-botanischen
Gesellschaft in Wien, 14863, 13 vol.
Monographie der OEstriden, von Friedrich Brauer.
Proceedings of the royal Society of Edinburgh, 1862-63.
Proceedings of the natural history Society of Dublin, 1862-63,
vol. 14, partie 1.
Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft, vol. 15, 2%,
3e et 4€ cahier; vol. 16, 1° cahier.
Aus den Abhandlungen der kôünigl. bayer. Akademie.
Denkrede auf Joh. Andreas Wagner.
Rede zur Feier ihres einhundert und vierten Stiftungstages, ge-
halten von J. von Liebig.
Monographie der fossilen Fische aus den lithographischen Schie-
fern Bayerns, von D. Andreas Wagner.
Resultate photometrischer Messungen an zweïhundert und acht
der vorzüglichsten Fixsterne, von Ludwig Seidel.
Mémoires de la Société linnéenne du Calvados, 1824, 1825; 8e
vol., années 1843-48; 9% vol., années 1849-53; 10°, années
1854-55; 11%, années 1856-59; 12%°, années 1860-61 ; 13°,
années 1862-1863.
Bulletins, années 1855-56, 1856-57, 1857-58, 1859-60.
Société des sciences de l'Yonne, éloge historique du maréchal
Davoust.
Mittheilungen über die Sonnenflecken, von D' R. Wolf, n° 15.
Observations météorologiques en 1863, à Arau.
Bulletin de l’Institut national genevois, n° 20, 21.
The classification of animals based on the principle of cephali-
zation, by James-D. Dana.
Journal des vétérinaires du Midi, juillet, août, septembre et oc-
tobre 1863.
Union médicale de la Seine inférieure, 1869, n°‘ 3, 4; 1863, n°°
n6. 7, 3:%
Revue viticole, par C. Ladrey, 1862, n° 1-6.*
— 670 —
Annual report of the trustees of the museum of comparative z00-
logy together with the report of the director 1862, M. le er:
Agassiz.
Experimental researches on the granites of Ireland, by the Rev.
Samuel Haughton.
Notes on mineralogy, by the Rev. Samuel Haughton.
Rain fall and evaporation in St-Helena, by the Rev. Samuel
Haughton.
Etudes sur le métamorphisme des Ed par M. Delesse.
L.-R.-V. Fellenberg, Analysen antiker Bronzen, sechste Fort-
selzung.
Die Fortschritte der physikalischen Geographie in Jahre 1861,
von D' E. Süchting.
Lettre adressée à M. le prof. Phictaniion à l’occasion de la dé-
termination de la hauteur du lac de Genève au dessus du ni-
veau de la mer, par M. Michel.
On cephalization and on megasthenes and microsthenes in clas-
sification, by James Dana.
Essay on comparative petrology, by M. J. Durocher.
On the phenomena of Diabetes mellitus, by Rev. Sam. Haugh-
ton.
Account of experiments made to determine the velocities of rifle
bullets commonly used, by the Rev. Samuel Haughton.
On the use of nicotine in Tetanus, by Rev. Sam. Haughton.
On the form of the Cells made by various wasps and by the Ho-
ney bee, with an appendix on the origin of species, by Rey.
Samuel Haughton.
On the Rain fall and evaporation in Dublin in the year 1860,
by Sam. Haughton.
On the direction and force of the wind at Leopold Harbour, by
the Rev. Sam. Haughton.
Les forêts des Alpes et du Jura, par le prof. E. Landolt.
Natural history of New-York, vol. 3, part. V agriculture; part.
VI, paleontology.
Vierteljahrsschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zurich,
6e année, 7"° année, 8"° année.
— 671 —
Reçu de l'Institution Smithsonienne :
Annual report of the Smithsonian Institution for 1861.
Report of the superintendant of the U. S. Coast Survey, for
1859, 1860.
Ohio Ackerbau Bericht, 18614.
Washington patent office report 1861, agriculture.
Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia, vol.
D, part. 2, 3.
The transactions of the Academy of science of St-Louis, vol. 2,
Li a PE
Annals of the Lyceum of natural history of New-York, vol. 7,
n° 13-16.
Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia,
1862, n° 5-12.
Boston journal of natural history, vol. 7, n° 2, 3; vol. 9 page
49-176.
Report lieut.-col. J.-D. Graham U. S. topographical engineers.
Sveriges geologiska undersükning, n°° 4, 2, 3, 4.
Annual report of the trustees of the museum of comparative z00-
logy, by prof. Agassiz.
TABLE DES MATIÈRES.
A. Travaux de la Société en général et Miscellanées.
Table d'orientation, par M. Kopp . . 414 4) 007
Essai de +R par M. de Mandrot .: . . des TO
Taille des hommes qui ont passé devant les PAM de
réforme, par M. le D' Guillaume. . . . .1 .t 28.et 140
Méthode mnÉMONIqUE pour la télégraphie, par M. Gar-
HT EN SN,
Finance LES Le D Fi bulletins |} 3) HE SEE
Histoire de la physique du globe en Suisse, par M. Stu-
der et M. Desor . . . se. VU UD SRE
Nouveaux membres Hénrah ee A LT DEEE
Exploitation des blocs erratiques, par M. “Fabÿl nie à:
Pierre talqueuse de Botocoudos, par M. Coulon . . . 27
Don de la Société d’'Emulation . .1 . 1100 . MMN284
Club:alpin,, pariM:1Desor 2 . 1 mule, 16018)00408 80
Tasse japonaise, par M. Kopp . . . deïrgoless 299288
Circulaire de M. Dove sur l'ouragan des Tet domi
1863, par M. Hirsch ;. 1. 100 MANN rl 2
Mort de M. le docteur Borel... .… :..… . Hé 000
Rapport sur un mémoire de M. H. Gr andiean au sujet de.
chronomètres, par M. Hirsch . . . . . . 309 et 387
Rapport sur la marche des chronomètres de poche, par
CH HSCR TS mL
Mort de M. G. de Ponte Monte En eu
Réunion de la Société helv étique des 8 sciences naturelles 418
Les articles de M. Hæffer dans le Cosmos, par M. Favre 424
Nouveau procédé de peinture sur émail, par M. Favre . 425
Effets produits par l'humidité sur les a de granite,
par M. P. de Meuron . . . icallaresortées
Question des eaux, par M. P. de A à 4 LOMME
Projet d’un réservoir pour l'alimentation des fontaines,
MORT Qt te» Lee 1 OR NN
— 673 —
Dessins topographiques, par M. de Mandrot . . . . . 443
Séances de la Société, le jeudi de chaque semaine . . 454
Brochure de M. Blanchet RAR EX UN RHONE SE :
Méthode graphique dans les sciences naturelles par M.
Hirsch Ares, . . . 456-465
Comptes de la Société el des de # Société d'Emulation 466
Revalescière Du Barry, par M. Ps Pen AS NAN
Membres honoraires . . AtUpr 26
Question des eaux au point des vue isdastiel et iliniens
taire | par M. Rütter . . . ALPINE
ie des écoles, par M. le D' Css ‘506, 15 Fe 925
Ouvrages d'astronomie et bibliothèque de l'observatoire 514
Cloche à plongeur pour explorer le fond du lac, par M.
Ritier .… . :. HS TO SR
Dessin topographique, par M. de Mandrot DIS FSU
Dons d’onvrages faits à la Société, . . . . . . . 666
B. Travaux des Sections.
1" Section. — PHYSIQUE. — CHIMIE. — ASTRONOMIE.
PHYSIQUE.
Observations de MM. Bunsen et Kirchhof, par M. Hirsch 6
Chronoscope de M. Hipp, par M. Hirsch . . 7,64 et 100
Propagation de l'électricité, par MM. Hirsch et Hipp 19 et 82
Régulateur des courants électriques, par M. Hipp . 24 et 115
Appareil d’induction et électro-aimant, par M. Hipp. . 24
Etuve pour les chronomètres, par M. Hirsch . . . . 29
Spath-fluor antozonide , par M. VO) 7 NET APE
Propriétés plastiques de la glace, par M. Kopp s y
Montre thermométrique, par M. Hirsch . . . . . . 36
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 44
— 674 —
Instruction pour la construction des paratonnerres, par.
M. G. Guillaume . . istoon el sh'esnnise
Observations de MM. ro Ft Han Lirefét 45
Relation des phénomènes météorologiques avec ru mar-
che des instruments magnétiques, par M. Hirsch . . 48
Télégraphe à cadran, par M. Hipp . . 4h Ru yitéé
Expériences spectroscopiques , par M. PR HN IR «7
Télégraphie électrique pour transmettre la voix, M. Hipp 293
Moyens employés pour mouvoir les disques des signaux
de chemin de fer et observations sur ce sons par M.
Hipp . . . 293
Détermination de la déclinaison magnétique pour Neu-
châtel, par M. Hirsch. :.…. ot its RS
Baromètre anéroïde He : DE M. Tien TS 5
Horloges électriques perf tion tons par M. Hipp. . . 455
MÉTÉOROLOGIE.
Udomètres à placer au Val-de-Ruz, par D’ Guillaume . 16
Résumé d'observations météorologiques, par M. Kopp . 33
219 et 235
Propagation de la bise, par MM. Hirsch et Ladame . . 35
Mesures limnimétriques du Seyon et de la Serrière "ee
M. le D' Guillaume . . PE |
Commission fédérale de météorolngie, paz M. Hop . . 58
Végétation précoce de 1862, par M. Faure Lun 59
Stations météorologiques, par M. G. Guillaume . . 63
Stations AR re du canton , par MM. Desor et
“31; SRE . 264
Neige sur la te suisse ‘et mets à Neuchâtel, ne M.
Coulon . . ; "AU
Aurore boréale du 14 déceribre 1862 Re M. Hirsch . 279
. Observations thermométriques dans le tunnel des Loges,
par M. Æersch . 284
Orage du 28 juillet 1862, Dbserré à Le Chaug de Fondé,
ner M. Favre," | us ce AR
Phénomène lumineux observé sur rle lac, par M. Hirsch. 288
— 675 —
Limnimètres de Morat et de Neuveville, par M. Kopp . 290
Résumé relatif à la température et à la végétation de
1862, par M. Favre . . à . * 290
Thermomètres du tunnel des Loges: pér M. Hir sch . . 292
Rapport du comité météor ologique , par M. Favre . . 300
Nuage de forme singulière, par M. Hirsch . . . . . 305
Remarques sur l’observation de la température et de l’hu-
midité de l'air, par M. Hirsch . . . . . . 309 et 380
Ouvrage traitant du climat de Genève, par M. Hirsch . 311
Installation des thermomètres dans le tunnel des Loges,
par. M; Hirsch :. :. . 326
Phénomène de 2" floraison, pe MM. Coulon , Godet et
FOUre in . 418
Mesures ther mométriques dans Le tune] des hope : ..
Ma Hérsch: : RATE
Effets de fœhn obsers vés depuis Neuchâtel ; par M. Favre 426
Lumière électrique ie une averse de neige, par M.
Robien LS does 1) ire Fiito 2126
Stations météorologiques : jee M. Kopp Lei satssfux ren
Indicateur de tempêtes, par M. Hirsch . . . . . 456-463
Parhélie, par M. G. Guillaume . . à 89h -5EVIbEA
Influence des Alpes sur le climat de l'Eur ope; traduit de
MDoye par M Hirsch .. Joe M reg as
Observation de M. Desor sur ce sujet . . . . . . . 522
Température de Chaumont et de Neuchâtel, par M.
Hirsch. es 5e 6) HE obreuaiiatste
Observations de M. Niroti : à ce esujet Ji H0k Ar) FU
Observations faites à Neuchâtel, par MM. Kopp et Favre
547, 548, 555
Plan d'observations sur la flore et la faune . . . . . 547
Observations à Neuveville, par M. Hisely . . . 5592. 556
Variations du niveau de nos lacs, par M. Kopp . . . 561
Nivellement de la station de Chaumont, par M. Kopp . 5171
CHIMIE.
Galvanoplastie, par M. Kopp : . . . . … +: . à . 11
Bois de teinture, par M. Kopp . . : . ., . .. 30
— 676 —
Analyse du vin de 1861, par M. Kopp. . . . . 63 et 212
Ozone et antozone, par M. Kopp . . . . . . 66 et 475
Robe teinte avec de l’arsenite de cuivre, par M. Kopp . 289
Huile de pétrole, par M. Kopp . . . . . 305
Examen chimique de l'éponge du lac Mons M. rss ro BA0
» » des eaux de Saxon, par M. Kopp . . 310
Analyse de la lentille d’eau, par M. Desor . . . . . 315
Analyse de monnaies gauloises, par M. Kopp . . . . 525
Analyse de la chimie agricole de Liebig, par M. Kopp . 568
Résidus des épurateurs du gaz d'éclairage, ds M. es 594
Analyses de tourbes, par M. KODD {41 SAS 4 1599
ASTRONOMIE.
Passage de Mercure, par M. Hirsch . . OST
Petites planètes et comète de 1561, par M. Hérsch RNITTES
Photographie de la lune, par M. Hirsch . . . . . . 14
Nouvelle comète, par M. Hirsch: +4, RNPORAMENANtEE
Analyse des travaux de Leverrier sur les planètes, par
M Éinscha , #œ0tc 5 1 018 20040, AFS
Taches solaires, par M. Heh : 4 AR :0(4 .J46
Planète CIE et compagnon de Biriial pal M. Hirsch 54
Photomètre pour les étoiles fixes, par M. Hirsch . 58 et 94
Observations de M. Gauthier... . . LUE FETE
Détermination de la différence de longitude entre Neu-
châtel et Greenwich, par M. Hirsch à + 1 nu 0,61
Influence des montignes sur le fil à plombs. Rene
Découvertes astronomiques de 1862, par M. Hirsch 271 et 400
Comète Il de 1862, par M. Hirsch. : | OR E
Photographie de la lune, par M. Hirsch . . . . . . 283
Taches du soleil, par M. Hirsch. . . PORTE"
Tache de soleil observée par M. Howiott. par M. Éliach 294
Expériences chronoscopiques pour déterminer la correc-
tion personnelle, par M. Hirsch . . . . . 305 et 365
Deux comètes visibles à l’œil nu et la 78° planète. . . 309
Système télégraphique pour transmettre l'heure de l’ob-
— 677 —
servatoire de Neuchâtel à diverses localités, par M.
ÿ : 7 27 | IIS PORN . 313
Détermination Lourelle de la parallaxe du ST =
M. Hirsch... 6 TES SE ED
Découvertes en astronomie en 1863, par M. Hirsch 431 et 436
Taches du soleil, par M. Hirsch . . . . . . 431 et 439
Différence de longitude entre Genève et Neuchâtel, par
DE. Tir o cpues a y le ie . 477
Les nébuleuses (théorie de Hersehell), don M. de Rouge-
mont . . h cér09 100008
Eclipse de pe du 1e Sea 1863, ed M. rs sc … #88602
MATHÉMATIQUES.
Commission fédérale de géodésie, par M. Hirsch . . . 56
Remarques sur les séries divergentes, par M. Zsely 253 et 357
Théorie des parallèles de Belleney, par M. Ladame . . 296
Commission fédérale de géodésie, par M. Hirsch. 301, 327
593 et 642
Déviation remarquable du fil à plomb, par M. Hirsch . 319
Hauteur du môle de Neuchâtel au-dessus de la mer, par
DE rs Si dd EURE
2me Section. — HISTOIRE NATURELLE.
GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE.
Plume fossile, par M. Desor . . . RESSE
Du mot May, comme terme géologique, par M. Desor ms 1
Caverne à ossements d’Aurignae, par M. Desor . . . 11
Blocs erratiques, par M. Desor nt Su AIRE
Orthographe du mot Mait, par M. PE Là 00e ONE
Geysers d'Islande, par M. Gressly . . Le a pt SE
Ile de Jean Mayen et Islande, par M. Gressly Létre 48 a
Extension des glaciers du vs ol; par M. DEésor…. un
Hhëniemeat 0 PC sese 7. © OUR NS
— 678 —
Plastron d’une tortue, par M. Coulon . . . . . . . -34
Carte géologique suisse, par M. Desor. . . ALESIS
Plantes de la houille âé l’Arkansas, par M. Désor. FAPISS
Gisement aurifère de l’Australie, par M. Tribolet . . . 42
Orographie des Alpes, par M. Desor Ge, CE PEROU ONE
Tortue fossile du Virgulien, par M. Coulon . . . . 1159
Têtes d’élan de la grotte des Verrières, par M. Coulon . 263
Lignite de Schônie près Pfäffikon, par M. Desor "#1 2272
Structure des montagnes de la Savoie, par M. Desor. . 286
Découverte d’une mâchoire humaine à Abbeville, par M.
Faure sl. à . 915
Sur les terrains nr di versant en de Alpes, par
LI PN SE CAN SRE + 6 8920 66004
Débris ligneux , épars, obraiset sur rc rives du lac, par
M. Ritter PAR . . … 499 et 433
Topographie et géologie dé à Dehde Kabylie par M.
DÉPOR Ne à . 458
Etage Barémien par M. Desor 4 ET en DESTIN R E
Page Dubisten, par M Desor "2 °5 PORTER
Pseudomorphisme dans le Sahara, . . . par M. Desor 545
Orographie des lacs de la Suisse, . . . par M. Desor 547
Guidé'des ingénieurs tialiens . "2." NME
Tableaux géologiques du canton de Neuchâtel id. . . 598
BOTANIQUE.
Végétation anormale, par MM. Guillaume et Godet . . 13
Chanvre de grande dimension, par M. Favre . . . . 21
Morilles trouvées à la Brévine, par M. Favre . . . . 272
Péziza coccinea, par M. Favre Li ete AO
Végétation anor ib par MM. pre cl Coulon + 420
Gentiana verna, par M. Guillaume . . . . . . . . 431
Lycoperdon FPE CA bar M. Fagres 0 SAS
Elaphomyces granulatus, par M. Favre . . . . . . 432
Merulius lacrymans, par D' Guillaume . . . . . . 514
Anomalies de végétation, par D' Guillaume. . . . 546
Caractères de supériorité des végétaux, par M. P. Godet
568 et 574
079 —
ZOOLOGIE.
Anodontes du lac de Neuchâtel, par M. Paul Godet 12 et 71
Mœurs des kanguroos, par M. Coulon . . :. . . . . 38
Souris-taupes, par M. Coulon Hitebzns DIF 6628 MER
Conformation anormale d'une truite, par M. Coulon . . 53
Plongeon femelle pris sur le lac, par M. Coulon . .. 60
Reproduction des infusoires, par M. Paul Godet . . . 266
Eponge d'eau douce trouvée dans le lac, par M. Gréésih 286
Examen de cette éponge, par M. P. Godet . . . . . 304
Nouvelles éponges trouvées dans le lac, par M. Garnier 305
Examen de ces éponges, par M. Guillaume . .. . 305 et 405
Héron aigrette tué sur le grand marais, par M. Coulon . 424
La vie animale dans le Sahara, par M. Desor . . . . 597
Crustacés de la mer Rouge, par M. Coulon . . . . . 569
Société ornithologique à Genève, par M. Coulon . . . 601
Nid de guêpes, par D' Guillaume . . . . : :: 601
Trichine spiral ,-par D* dé Pury 7 404 0 0 10608
gme Section. — MÉDECINE.
Guérison d’un cas de tétanos, par M. le D' de Pury . . 17
Microsporon furfor, par M. É D PUR: à . . 44
Champignon parasite de l’homme, par M. le D’ de Pury. 56
Jeune fille qui a subi la résection des trois extrémités os-
seuses du cubitus, par M. le D' Cornaz . . . . . . 282
4me Section. — GÉOGRAPHIE er ANTIQUITÉS.
GÉOGRAPHIE,
Voyage de M. A. Humbert au Japon, par M. Hirsch . . 60
Le Sahara et les oasis, par M. Desor . . . . . . . 444
L%5 Kabyles, par M. Desor . … .… … . . oo %.H 540€
— 680 —
Origine des Kabyles, par M. Desor . . . . . . . . 513
ANTIQUITÉS.
Station lacustre de la Têne, par M. Desor sr SM
Antiquités trouvées dans le lac de Morat, par M. Desor 216
Station lacustre d’Auvernier, par M. Desor , 8
Antiquités lacustres, par M. Forel Ha ie sas 9
Carte de la station Adraone , par M. de Mandrot oc
Armes trouvées devant Port- Alban , par M. Desor. . . 15
Hache en pierre trouvée au Locle, par M. Jaccard . . 16
Crâne humain lacustre, par M. Desor . . . . . 18 et 21
Rapport sur ce sujet, par M. le D" de à 61 ahretéret pat
Médaille celtique, par M. Desor . . . sr RS
Station lacustre du lac de Constance, par M. Desor a ot 20
Station lacustre devant Neuchâtel, par M. Desor . . . 27
Epée gauloise, par: M; Desor.…. 53 EL sucette
Meule de moulin, par M. Tribolet . . . . . : . . 86
Tumuli près de St- Aubin, par M. Desor . . . 57
Croissants en argile et Del d’ambre RE à Gortaliens
par M. Desor :. :, RU
Explorations dans les lacs d’ files par M. Desor EL
Grotte de Trois-Rods, par M. Ofz . . . . . 273
Antiquités lacustres ane devant Neuchâtel, Le M.
SORA) . 281
Vases en graphite DéChés à ; Neuchâtel, sh M. Desnrs . 290
Progrès faits dans l’étude des antiquités de notre pays et
ul ouverts près de Concise, par M. Desor . . . 297
Hache en néphrite trouvée devant me à par M.
ITA MR ee 1,
Crâne humain ue à PER nier , Der M. Desor Pen VE LE d
Antiquité de l’homme par Lyell, par M. Desor . . . . 302
Epingles de l’âge du bronze nettoyées et polies, par M.
MAOPSOn. . 147 08
Morgiers au- dessus de Neuchâtel, par M. Coulon ah sÉ%6 1808
Objets en fer de l’époque helvétienne trouvés à St-Aubin,
par M. P. Godet , .: .:..! . 100 DO NA
— 681 —
Anneau en argile trouvé à Couvet, par M. Coulon . . 310
Observations archéologiques faites dans les lacs d'Italie
en 1863, par M. Desor . . . . 322
Objets recueillis dans les marnières du. ad Ra M.
More . 323
Découvertes à la nr de vs Têne (fax), . M. pis . 485
Antiquités de l’Algérie, par M. Desor . . . : "2.16" 208
Observations de M. de Rougemont sur ce no. ét ES
Station de la Têne, par Dr Guillaume et Châtelain … . 492
Antiquités lacustres et blocs erratiques taillés, par D* Clé-
ment . . . Le 7 RER
L’âge du bronze, par M. de Rougemont NA CREER
Observations de M. Desor sur ce sujet. . . . . . . 512
Composition des bronzes antiques, analysés par M. de.
Fellenberg, par M. Desor . . . . . . . . 523 et 540
Hache de pierre, par M. Carbonnier . . Re
Analyse de bronzes, par MM. de Rougemont je Desor. . D32
Poteries trouvées dans la Broye, par M. Desor. . . . 510
Dessins d'objets de l’époque du fer, par M. Favre. . . 510
Pilotis à Parme, blocs erratiques taillés, par M. Desor . 571
Objets en fer trouvés à la Têne, par M. Desor . 590 et 592
Crâne humain trouvé à la T'ének par D: Guillaume 592 et 595
L’étain dans l'antiquité, par M. Æ Rougemont . . . . 593
Cavernes à ossements du Périgord, par M. Desor . . . 596
L'homme contemporain de la période glaciaire, par M.
de Rooms D. es LR 7. STE
5e Section. — HISTOIRE.
Armes et ossements ue trouvés à Auvernier, par
ME. PO. : set ATERERE
Médailles romaines, par M. D Guillaume x, 4175 CORRE
La Bonneville au Val- de-Ruz, par M. de Mandrot . 23 et 76
La roche Chatoillon, par M. de Mandrot . . . . 23 et 19
Médaille romaine, par M. Favre. . 25
Plan des ruines du château de Rochefort, par M. de Man-
ut OR à ee 02. + A NON ONE
— 682 —
Médailles gauloises et mérovingiennes, par M. Ofz . . 276
Récit de la bataille de Grandson, par M. de Mandrot 296 et346
Création d’une section d'histoire, par D' Guillaume . . 432
Monnaies gauloises, par M. Desor LAPS LHGIERE COQUE
Dolmen de la Poète-manche, par D" Guillaume ANS
Maladreries du canton de Neuchâtel , par D' Guillaume :
443, 466 et 629
Bataille de Grandson, par M. de Mandrot . . . . . 541
Crania helvetica de MM. His et Rütimayer, par M. Desor 595
Rectification du rendu-compte d’une communication faite
par M. le D' Cornaz, tome VI, 2° cahier,
page 282:
M. le D: Cornaz présente une petite fille d’une douzaine
d'années, entrée à l'hôpital Pourtalès pour une ostéite serofu-
leuse du coude, accompagnée de fistules. En pratiquant sur
elle la résection des trois extrémités osseuses qui constituent
cette articulation , opération dont M. Cornaz donne l’explica-
COR... :
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DU
DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE CANTONAL
A LA
COMMISSION D'INSPECTION
POUR 1863-1864.
Re 0 mie +
MESSIEURS,
Après vous avoir montré les salles et les instruments de
l'Observatoire, je commencerai mon rapport annuel en
complétant d’abord en quelques mots les renseignements
sur
I. Le bâtiment, les instruments et la
bibliothèque.
Je n’ai pas eu besoin, dans le courant de cette année,
de recourir au département des Travaux publics pour des
réparations à faire au bâtiment lui-même. Seulement, ce
printemps, lors de l’augmentation de la température, l'as-
phalte qui couvre le toit s’est fendillé un peu, près de l'ou-
verture du méridien, là où il est en contact avec les plaques
métalliques, qui servent d'appui aux trappes du méridien.
Pour éviter cet effet qui provenant de la dilatation inégale
du métal et de l’asphalte, parait se produire surtout aux
changements des saisons, j'ai essayé cette fois de fermer
Ed €
les fentes qui se sont formées, par du ciment portlandien,
et j’espère avoir diminué ainsi l’inconvénient signalé, qui,
en tous cas, n’est pas très-sérieux, puisque l’eau de pluie
qui filtre ainsi dans la salle, est toujours peu considérable
et n’a jamais encore atteint l'instrument lui-même.
Le 41 novembre 1863, un vent très-violent a renversé
les deux poteaux de télégraphes qui se trouvent devant
l'Observatoire, et a interrompu pendant quelques jours la
communication électrique. Pour éviter à l'avenir, autant
que possible, un tel accident qui nous a valu des réclama-
tions de la part de l’administration fédérale des télégraphes
j'ai fait remplacer, avec le consentement de la direction
des Travaux publics, les poteaux en bois par d’autres en
fer, placés solidement sur des consoles en pierres et qui
résisteront, j'espère, à tous les coups de vent auxquels
nous sommes exposés à l'Observatoire, sans aucun abri.
Nous avions installé les thermomètres conformément aux
prescriptions que la Commission météorologique avait
données sur ce point. Mais bientôt je reconnus l'influence
très-sensible que la double cage exerçait sur les indications
des instruments, surtout dans les jours où le soleil donnait
et le calme régnait, la température à l’intérieur de ces
cages était quelquefois de trois degrés plus élevée qu’en
plein air. Par suite de ces observations, la Commission
s’est décidée à modifier considérablement la cage en tôle,
et pour assurer encore davantage la libre circulation de
l’air autour des thermomètres, j'ai mis de côté la cage en
bois et j'ai fait construire la toiture que vous avez vue et
dont l'influence sur les instruments qu’elle abrite n’est plus
sensible.
Je suis heureux que la décision qui vient d’être prise
dernièrement par la municipalité au sujet des eaux de la
ville, promet enfin l’accomplissement prochain de la pro-
i
5 3 :
messe donnée en 1858 de fournir de l’eau potable à l’Ob-
servatoire ;, lorsque nous aurons une fontaine à l’Observa-
toire, — comme le porte le projet municipal, — alors on
pourra espérer de voir aussi se développer davantage la
verdure autour de l'Observatoire, où elle a aujourd’hui de
la peine à se maintenir à cause de la sécheresse excessive
qui règne en été.
Pour des motifs de budget, j'ai dù me borner cette année
encore à maintenir les instruments en bon état et à pour-
voir aux réparations nécessaires; la plaque du réticule de
la lunette méridienne, qui est tenue par deux vis antago-
nistes, s’étant faussée, j'ai dù la faire remplacer par une
autre. — J'ai fait nettoyer par M. William Dubois notre
pendule Houriet, qui, depuis lors, va bien comme toutes
les autres. Les appareils électriques aussi fonctionnent à ma
satisfaction. La plus grande partie des arriérés du compte
des instruments étant soldée maintenant, j'espère pouvoir
augmenter cette année nos instruments par l’acquisition
d’un spectroscope oculaire de Steinheil, pour que notre
Observatoire puisse prendre part aux recherches si inté-
ressantes sur les spectres des étoiles.
Les fonds modestes alloués à notre bibliothèque sont em-
ployés d’abord à couvrir les frais d'abonnement sur quel-
ques revues astronomiques ; ensuite, pour acheter les pu-
blications principales qui paraissent dans le domaine de
notre science, et enfin à compléter peu à peu le fonds des
ouvrages classiques d'astronomie. Sur ma demande, la So-
ciété des sciences naturelles a bien voulu décider que les
œuvres astronomiques qu’elle reçoit en échange de ses
publications, feront désormais partie de notre bibliothèque.
ET
IX. Transmission de l'heure.
L'heure est maintenant transmise à quatre endroits du
canton et à deux particuliers du Locle, ainsi qu’à l’admi-
nistration fédérale à Berne. Notre signal est en outre utilisé
à Neuchâtel-Ville par les horlogers qui peuvent observer
son passage à l’anti-chambre publique du bureau des télé-
graphes, en attendant qu’un système d’horloges électriques,
que la municipalité va distribuer dans les rues, porte par-
tout l’heure exacte de l'Observatoire.
L'organisation télégraphique que je vous ai décrite en
détail dans mon dernier rapport, n’a point montré des dé-
fauts inhérents au système choisi ou aux appareils em-
ployés. Car le fait que le signal de l'Observatoire est arrivé
souvent pendant quinze jours sans interruption à toutes les
stations, prouve assez que la combinaison télégraphique
employée est juste et doit fonctionner régulièrement si des
causes accidentelles de perturbation ne viennent pas la dé-
ranger pour un moment. Ces dérangements-là se rencon-
trent plus ou moins souvent partout en télégraphie, à cause
de l’état d'isolation imparfaite des lignes, à cause des
courants atmosphériques, ou bien par suite d'accidents
de force majeure (ouragans, etc). On comprend que toutes
ces causes d'interruption nuisent davantage à la transmis-
sion d'un signal instantané qui doit parcourir une certaine
ligne à un moment fixe, qu’au service des dépêches pour
lequel un retard de quelques secondes ou minutes n’est pas
de conséquence et où, si une ligne est obstruée pour plus
longtemps, on peut toujours atteindre le lieu de destination
par une autre ligne. Dans le courant de cette année, des
circonstances particulières se sont jointes aux causes ordi-
naires de dérangements pour interrompre la transmission
du signal plus souvent que je ne l’aurais désiré. Non seu-
J
|
|
-
D —
lement on a changé, l'été passé, les poteaux de la ligne entre
la Chaux-de-Fonds et le Locle, et organisé un nouveau
bureau intermédiaire à Fontaines, ce qui a produit d’assez
longues interruptions, mais aussi pendant l’époque du tir
fédéral, il a été impossible de transmettre notre signal;
enfin pendant l'absence d’un mois que j'ai faite en automne
dernier, pour me rendre comme délégué de la Confédéra-
tion au congrès international de statistique à Berhn, le
service de nos signaux d'heure a été interrompu.
Toutes ces causes réunies ont eu pour effet que le signal
d'heure a manqué cette année en moyenne environ un jour
sur trois ou quatre. Mais si l’on fait abstraction des cir-
constances extraordinaires, on trouve que le courant n’a
manqué en moyenne qu’un jour sur cinq à nos anciennes
stations; dans les nouvelles stations (Ponts et Fleurier),
l'interruption a été plus fréquente en raison de la nouveauté
de son organisation, qui exige le concours de trois employés
télégraphiques pour établir la communication voulue pour
4 heure.
Ce qui a aussi empêché au commencement le fonction-
nement régulier, c’est que quelques bureaux, malgré les
ordres reçus de la direction des télégraphes, s’obstinaient
à télégraphier avec des courants négatifs, ce qui amenait
les dépêches à nos pendules. Depuis quatre mois, la régu-
larité du service est la même pour cette partie du réseau
que pour le reste. Je tiens à mentionner que le signal n’a
manqué pas plus de onze fois dans l’année par la faute de
l'Observatoire, soit de nos piles, soit de l'horloge électrique:
dans la plupart des cas, le courant n’a pu arriver par la
faute des lignes ou des bureaux intermédiaires. Le système
que j'ai introduit dès le commencement pour la réception
des signaux dans les stations, et qui consiste à contrôler
les régulateurs publics par le décrochement automatique
HE © Joe
d’une pendule électrique, fait que le réglage des chrono-
mètres par nos fabricants n'a pas à souffrir si notre signal
vient à manquer un jour sur Cinq, ou même sur trois, Car
en calculant avec la marche du régulateur, qui se trouve
inscrite sur un tableau spécial, les horlogers auront l’heure
toujours au moins à deux dixièmes d’une seconde près. Ce
n’est que lorsque le signal de l'Observatoire manque pen-
dant une série de Jours consécutifs que l'incertitude de
l'heure peut devenir sensible. Je m’attacherai donc à évi-
ter à l’avenir ces interruptions prolongées; dans ce but,
il importe surtout de pouvoir, aussitôt qu’un dérangement
se produit, faire les recherches nécessaires pour en découvrir
la cause, opération qui demande le concours de tous les
cinq bureaux télégraphiques depuis Neuchâtel à Fleurier,
et qui ne peut se faire que la nuit après la fin du service
régulier du jour.Malheureusement, l'administration des télé-
graphes n’a pas cru pouvoir nous accorder la transmission
journalière par dépêche du résultat de l’observation du signal
dans toutes les stations, de sorte que nous avons été obligés
de nous faire envoyer ces notices au moyen de petits bul-
letins, que les observateurs du signal mettent tous les jours
à la poste. Malgré les petites distances des stations qui, à
l'exception des Ponts, d’où nous recevons la notice par
télégramme, sont reliées à Neuchâtel par des chemins de
fer, je ne reçois ces bulletins qu'après 24 heures. Il s’en-
suit un retard regrettable dans les mesures nécessaires pour
trouver le défaut et pour y remédier. Je tâcherai d'obtenir
une transmission plus prompte des notices de contrôle; et
comme l'arrivée régulière du signal dépend, à trois des
stations, essentiellement du bureau du Locle,où se trouve
une pile de relai, et dont l'employé a un vrai surcroit de
charge par suite de notre service d'heure, je vous propose
d’allouer au télégraphiste du Locle une petite gratification
éotniniié diet
_
1
annuelle. Enfin, comme la grande force du courant que
nous devons employer à cause des relais différentiels ins-
tallés à Neuchâtel et à la Chaux-de-Fonds, contribue, s’il
existe quelque part un défaut d'isolation, à produire une
perte de courant, je remplacerai ces deux relais par deux
relais polarisés lesquels nous permettront de marcher avec
des courants de force ordinaire qui sont moins facilement
déviés par un état imparfait des lignes. J'espère ainsi per-
fectionner toujours davantage notre transmission de l'heure
qui rend des services réels à nos horlogers. — Comme les
deux fabricants du Locle qui ont fait arriver l'heure de
l'Observatoire dans leurs ateliers en sont très-satisfaits,
j'espère que leur exemple sera suivi par d’autres maisons.
LILI. Observation des chronometres.
Nous avons eu dans le courant de l’année passée 42
chronomètres en observation, dont un de marine de Mes-
sieurs Ch.-H. Grosclaude et Ci°, à Fleurier. Cette fois c’est
la Chaux-de-Fonds qui nous en a envoyé le plus, savoir 46
chronomètres; ensuite vient Neuchâtel avec 12; Locle 6;
Fleurier 5; Gorgier 2; Sainte-Croix 4.
Voici la liste des fabricants qui ont envoyé des montres
de précision à l'Observatoire :
4. Borel et Courvoisier, à Neuchâtel . . . . 10
2. Robert-Theurer et fils, à la Chaux-de-Fonds 4
3. Ulysse Humbert-Ramus, id. 4
4. Haas et Privat, id. 3
5. Robert-Brandt et Cie, id. 3
6. Ch.-H. Grosclaude et Ci°, à Fleurier 3
7. Henri Grandjean et Ci*, au Locle 2
8. D. Ducommun, à Gorgier 2
A reporter . . 31
Dis “Ana
Report 31
9. Alfred Perregaux, à Neuchâtel À
40. Edouard Maret, à Neuchâtel . |
41. H. Kônig, à Fleurier à |
12. Eugène Lebet et Bovet, à FRE |
43. Jacot frères, au Locle 1
44. Edouard Dumont, au Locle |
45. UI. Breting, au Locle À
16. Em. Guinand, au Locle . 4. & "à ONE
17. Ducommun-Sandeoz et Cie, à la Chaux-de-Fonds 1
18. Ul. Montandon, à Sainte-Croix |
49. F. Amiet, à la Chaux-de-Fonds |
Total 21482
Si le nombre des chronomètres a ainsi diminué à cause
d'un ralentissement général dans la fabrication des pièces
de précision, la qualité des chronomètres observés s’est de
nouveau améliorée; car tandis que la variation moyenne
d’un jour à l’autre était pour les pièces observées l’année
dernière de 15,61, elle n’est plus que de 4°,28 pour celle
de cette année, et si on les groupe par classes selon la
perfection de leur réglage exprimée par la plus petite va-
rialion, on trouve :
Classe. Variation moyenne, Nombre de chronomètres. Pour cent. Var. moy. de la classe.
[. Au-dessous de 1s 18 44 0h 05,68
IT. Entre {s et 2s 16 39 0) 15,39
HT. Au-dessus de 2s 7 ÀT 0h 25,53
On voit ainsi que non seulement la moyenne générale
de la variation a diminué, mais encore que le nombre de
la première qualité a augmenté de 23 à 44 °/,.
* Qu'il me soit permis de citer comme vrai modèle de ré-
glage le chronomètre n° 33810, de Messieurs Borel et Courvoi-
sier à Neuchâtel, qui avec une marche moyenne de + 0s,07, a
montré une variation de 05,42 d’un jour à l’autre,
49 :-
Certes, ces chiffres sont réjouissants et démontrent la
grande perfection que l'horlogerie de précision a atteint
dans notre pays; on ne peut pas douter que la distribution
journalière de l’heure astronomique dans tous les centres
de fabrication n’y ait contribué pour beaucoup; on s’en
aperçoit du reste par cet autre indice que les montres sont”
réglées d’année en année toujours plus près de l’heure
moyenne.
Un seul défaut que j'ai remarqué assez généralement
dans les chronomètres, c’est le réglage imparfait de la com-
pensation, défaut que j'attribue essentiellement à la mau-
vaise construction des étuves, dont nos artistes se servent
pour observer les chronomètres au chaud. Ce sont ordinai-
rement de petites boîtes en métal qu’on chauffe au moyen
d’une lampe; dans ces conditions, il est presque impossible
d'obtenir une température tant soit peu constante, de sorte
qu'il est très difficile de déterminer la température moyenne
dans laquelle la montre a marché, si l’on n’observe pas le
thermomètre à des intervalles très-rapprochés; avec une
telle astriction, on ne peut pas laisser les chronomètres assez
longtemps dans ces étuves, pour être sûr du résultat. Je
me permets de recommander de nouveau aux artistes qui
peuvent se procurer le gaz, de se servir d'une étuve à tem-
pérature constante d’après la construction que j'ai donnée
à celle de l'Observatoire.
Pour continuer la statistique des chronomètres sous le
rapport des organes principaux, telle que je l'ai commen-
cée l’année dernière, je trouve d’abord pour les différents
genres d’échappements les nombres suivants :
48 à ancre, avec une variation moyenne de 45,39.
45 à bascule, id. id. 1,28.
5 à ressort, id. id. 4,37.
4 à tourbillon, id. id. 0,64.
Moyenne générale 1,28,
RER ee
_ Ce sont donc les chronomètres à bascule, qui cette fois
ont donné le meilleur résultat, tandis que l’année dernière
c'étaient les montres à ressort; car le nombre des échap-
pements à tourbillon n’est pas assez considérable pour
qu’on puisse attribuer un grand poids à la variation moyenne
qu'ils ont montrée. En général, ces recherches n’auront
une certitude suffisante qu'après une série d'années où l’on
pourra établir les résultats sur un nombre très-considéra-
ble de chronomètres de construction identique sous le rap-
port des organes essentiels.
Avec cette réserve, je donne aujourd’hui encore le ré-
sultat pour les différents genres de spiraux :
23 montres à spiral plat ont donné une variatn moyenne de 1,30
8 » » sphérique » » » de 4,12
Bizz208 » cylindrique » » » de 1,46
ce qui semble donner la préférence au spiral sphérique.
Je remarque à cette occasion encore, que le système des
remontoirs au pendant parait se répandre considérablement;
car le tiers des chronomètres de poche que nous avons
reçus celte année, avait ce mécanisme de remontage.
Pour faciliter à nos horlogers l'avantage qu’ils retirent des
bulletins de marche officiels délivrés par l'Observatoire, —
et cet avantage se produit souvent par une centaine de
francs pour une seule pièce, d’après l’aveu dun de nos
fabricants ,— je vous proposerais, Messieurs, une modifica-
tion dans les conditions d'admission. Car bien que le moins
grand nombre de chronomètres qu’on nous a envoyés dans
le courant de l’année passée, provient essentiellement d’un
mouvement rétrograde momentané, qui a eu lieu dans la
demande et par conséquent dans la fabrication des pièces
de précision, on m’a cependant exprimé plusieurs fois le
désir de voir réduite, pour certains genres de montres du
moins, la taxe des bulletins et surtout le temps d’épreuve.
Je crois le moment venu de faire droit à ces demandes, et
je vous propose par conséquent les modifications suivantes
de notre règlement :
4° Les chronomètres de marine resteraient deux mois en
observation (au lieu de 3 mois comme jusqu’à présent), et
la taxe pour leur bulletin serait de 20 francs (au lieu de 30).
2° Les chronometres de poche, avec échappement à bas-
cule, ressort ou tourbillon, resteraient un mois à l'Obser-
vatoire, et ils seraient observés dans les deux positions aussi
bien qu'à l’étuve. La taxe pour leurs bulletins serait de
10 francs.
3° Les montres à ancre, qui doivent être compensées pour
être admises, seraient observées pendant quinze jours dans
la position horizontale et à la température ambiante; la
taxe pour ces bulletins de 45 jours serait de 5 francs.
Si vous appuyez et que le Conseil d'Etat approuve ces
dispositions, 1l est probable que le nombre des chronomè-
tres qui seront envoyés à l'Observatoire augmentera con-
sidérablement et que le service que, nous rendons ainsi à
l'horlogerie de précision, s’étendra encore plus que jus-
qu'àprésent.
Je regrette que l'idée que j'avais émise avec votre ap-
probation, dans mon dernier rapport, de créer dans tous
les centres de fabrication des bureaux de contrôle pour les
mouvements des bonnes montres courantes, n’ait pas été
prise en considération sérieuse.
IV. Travaux scientifiques.
À côté des travaux pratiques de l'Observatoire, je pour-
suis toujours régulièrement, dans la mesure de mes forces,
les observations astronomiques et météorologiques, ainsi
que les autres travaux scientifiques que j’ai entrepris. C’est
au sein de notre Société des sciences naturelles que j'en
rends compte en partie, et vous trouverez dans les bulle-
tins que cette Société publie, des communications que je
lui ai faites sur différents sujets. Je regrette de ne pas pou-
voir mettre aujourd’hui encore sous vos yeux le mémoire
que j'ai publié avec M. Plantamour sur la différence de
longitude entre Neuchâtel et Genève; vous verrez par la
communication que j'ai faite sur ce sujet à notre Société,
que nous avons réussi à déterminer cette donnée avec une
exactitude de 05,01 de seconde, c’est-à-dire que nous con-
naissons la distance en longitude de nos Observatoires
jusqu'à 5 mètres près.
Qu'il me soit permis de mentionner à cette occasion,
qu'un des résultats intéressants que j'avais trouvé par mes
recherches sur la correction personnelle, savoir la vitesse
de la transmission nerveuse, vient d’être confirmé pleine-
ment, 1l y a quelque temps, par un physiologiste allemand
qui a trouvé au moyen d’une méthode tout-à-fait différente
32 mètres, tandis que je l’avais déterminée à 34 mètres;
on peut donc envisager cette donnée, si importante sous
bien des rapports, comme parfaitement établie.
La Commission géodésique suisse a eu dernièrement (le
24 avril) sa troisième séance à l'Observatoire cantonal. On
y a rendu compte des travaux qui ont été faits l’année
dernière et des instruments commandés qui ont été livrés
en partie ou qui sont encore en construction, comme le
chronomètre électrique enregistreur que j'ai commandé au
nom de la Commission à MM. W. DuBois et Hipp. Dans le
courant de l'été dernier, on a érigé des signaux sur pres-
que tous les sommets de triangle de notre nouveau réseau
suisse qui contient 28 points de premier ordre; ce travail
difficile qui dans les hautes Alpes, où quelques-uns de nos
sommets ont plus de 3000 mètres, n’était pas même sans
Le A
danger, a été exécuté sous la direction de notre collègue,
M. Denzler, ingénieur, à Berne, à l'entière satisfaction de
notre Commission. Nous avons décidé de faire exécuter cet
été la triangulation centrale qui traversera les Alpes au
moyen de 14 triangles. Je regrette beaucoup que pour des
motifs de santé j'aie dù renoncer à mon projet d'exécuter,
moi-même une partie de ces mesures trigonométriques dans
les hautes Alpes; par contre, je me suis chargé de tous les
calculs géodésiques que la Commission m’a confiés. J'es-
père commencer également cet été les travaux qui ont
pour but de déterminer l'influence des Alpes et du Jura sur
la direction de la verticale dans notre Observatoire; avec
l'approbation de la Commission, j'ai choisi dans notre mé-
ridien au nord les stations Chaumont, Dombresson et un
point entre Porrentruy et Blamont; au sud, notre mire à
Portalban, Romont et le Moléson; dans toutes ces stations,
je déterminerai la latitude avec les plus grands soins, et
en comparant ces latitudes astronomiques avec celles qu'on
peut déduire trigonométriquement, je trouverai la déviation
que l’attraction des montagnes fait subir à la verticale.
Mon collègue, M. Plantamour exécutera un travail analo-
gue autour de Genève, et nous espérons élucider ainsi une
des questions les plus importantes et les plus controversées
de l'étude et de la figure de la terre.
Notre Commission avait été nantie par le Département
fédéral de l'Intérieur de la question des altitudes suisses,
dont la détermination actuelle laisse à désirer sous plusieurs
points de vue. Dans le rapport que j'ai eu l'honneur de
présenter à la Commission géodésique sur cette affaire, j'ai
proposé d'entreprendre un grand nivellement de premier
ordre en Suisse, qui doit relier Genève à Bâle, Lucerne et
au lac de Constance, et fournir ainsi une base et un con-
trôle à tous les nivellements partiels, exécutés par les can-
ES
tons, les chemins de fer, les Communes, etc., et qui nous
permettra en même temps de relier d’une manière satis-
faisante nos altitudes aux réseaux de nos voisins. Pour
pouvoir comparer les nouvelles hauteurs qu’on obtiendra
ainsi par nivellement aux altitudes actuelles, qui sont tou-
tes déduites trigonométriquement du Chasseral, j'ai proposé
en outre de niveler le Chasseral à partir de Neuchâtel. Si
ces propositions, qui ont été adoptées par la Commission,
sont ratifiées par les autorités fédérales, je compte exécuter
cette année encore le nivellement du Chasseral en passant
par Chaumont. Dans ce cas, nous aurons l’avantage de dé-
terminer en même temps par nivellement direct la difié-
rence de hauteur entre l'Observatoire et la station météo-
rologique de Chaumont. Cette opération est importante si
l’on veut utiliser sous tous les rapports les observations si-
multanées qui se font depuis le commencement de cette
année dans les deux stations que la Commission météoro-
logique fédérale a mises sous ma direction. L'entreprise
scientifique dirigée par cette Commission marche d’ailleurs
d'une manière très-satisfaisante; déjà on a publié les obser-
vations du premier mois, pour la moitié des stations en
entier, entre autres pour Neuchâtel et Chaumont; pour les
autres du moins les moyennes du jour. — Comme dans
une partie des stations météorologiques les thermomètres
ont dû être placés près des maisons, devant les fenêtres,
tandis que dans d’autres ils ont été installés plus rationnel-
lement loin de tout bâtiment, j'ai voulu déterminer l'in-
fluence que la proximité des murs exerce sur les instru-
ments; je fais donc observer consciencieusement le ther-
momètre placé à un mètre au nord de notre Observatoire
et les autres qui se trouvent installés dans le jardin, et j'ai
constaté une influence très-sensible de la maison sur le
premier instrument, qui indique maintenant au printemps
Ass AD} 0
une température considérablement plus basse qu'elle n’est
en plein air; il n’est pas douteux que le contraire aura
lieu en automne. Lorsque ces observations embrasseront
une année complète, j'espère pouvoir en déduire une cor-
rection qu’il faudra appliquer aux indications des thermo-
mètres placés près des maisons, pour en déduire la vraie
température de l’air.
Enfin, on continue également les observations de tem-
pérature dans le tunnel des Loges, où j'ai installé trois
thermomètres, au centre et à chaque ouverture ; la période
estivale a déjà donné des résultats assez intéressants que
j'ai communiqués à notre Société, bientôt l’année d’obser-
vation sera complète, et connaissant alors le mouvement
de la température de l’air dans le tunnel, je pourrai avec
sûreté de réussite organiser les observations de la tempé-
rature du rocher.
Le cours public d'astronomie que je donne à Neuchâtel
est suivi encore cette année par un auditoire nombreux et
attentif; ayant terminé l’année passé l’astronomie du sys-
tème solaire, j'ai commencé cet hiver l'astronomie stellaire,
traitant du nombre et de la distribution des étoiles dans
l’espace, de la voie lactée, de la distance et des différents
mouvements apparents ou réels des étoiles, des change-
ments d'éclat et de couleur des étoiles variables, des étoiles
temporaires, des étoiles doubles et multiples et enfin des
nébuleuses.
J'ai dû renvoyer encore le cours d'astronomie mathé-
matique faute d'élèves suffisamment préparés dans les
sciences géométriques; on m'a fait espérer que l’année
prochaine les conditions sous ce rapport seront meilleures;
mais comme je l’ai dit déjà dans mon dernier rapport, cette
partie de mes leçons astronomiques ne trouvera une base
solide qu'avec l’organisation de l’enseignement supérieur
Le DRE
qui, on doit l’espérer dans l'intérêt du pays, ne se fera
plus attendre longtemps.
Je termine mon rapport dans lequel j'ai rendu compte
de tout ce qui regarde l'Observatoire, en priant votre Com-
mission d'appuyer auprès des autorités du pays une propo-
sition importante que je me vois obligé de faire dans l’in-
térêt de notre établissement. — Déjà dans l’origine, lors-
qu'on a fondé l'Observatoire, on avait l'intention, — et
J'en ai reçu la promesse verbale la plus formelle, — d’ad-
joindre à l'Observatoire un aïide-astronome, aussitôt que
les finances de l'Etat le permettraient. Il me semble que le
moment est venu de réaliser cette intention ct de remplir
cette promesse; permettez que j'explique en quelques mots
les motifs qui viennent à l’appui de ma demande.
Vous savez tous que l’état actuel ne peut pas durer, es-
sentiellement parce qu’on a voulu combiner dans les fonc-
üons d’aide deux genres de fonctions qui s’excluent ; d’a-
bord, on exige des services inférieurs, de faire le gardien et
le portier de l'Observatoire, de nettoyer les instruments et
les salles, de faire les commissions en ville, et ensuite on
demande des fonctions qui supposent une instruction plus
qu'ordinaire, des observations et des calculs, qu’un simple
ouvrier est très-rarement capable de faire.
L'expérience ayant ainsi démontré l’incompatibilité de
ces deux fonctions, il faut se décider à les séparer et à
m'adjoindre un aide scientifique.
Une telle mesure est d’abord réclamée dans l'intérêt du
service pratique de l'Observatoire, dont la continuité néces-
saire ne peut être assurée qu'à cette condition. Vous avez
vu dans mon rapport que la transmission de l’heure, ainsi
que l'observation des chronomètres, a dû être interrompue
pendant mon absence de l’année passée. Or, je dois déclarer
que dans l'intérêt de ma santé, je serai obligé de deman-
A pen
der à l’avenir une vacance au moins d’un mois chaque
année. D'un autre côté certains travaux, dont je vous ai
parlé, comme, par exemple, le nivellement de Chaumont
et du Chasseral, l'observation de la latitude dans plusieurs
stations de notre méridien, etc., exigent une absence tem-
poraire de ma part. Il est inadmissible que nos horlogers
ne reçoivent point l'heure et ne puissent envoyer leurs
chronomètres en observation pendant des semaines, à cause
des convenances, soit personnelles, soit scientifiques, mais
toujours inévitables, du Directeur de l'Observatoire. Enfin
si vous adoptez les modifications que j'ai proposées pour
l'admission des chronomètres, on peut prévoir une affluence
de montres qui demande un aide capable de les comparer
et d'établir leurs bulletins. [Il faut donc un aide astrono-
mique pour pouvoir remplacer le Directeur pendant ses
vacances et ses absences nécessaires. Mais il faut aussi un
second observateur dans l'intérêt des travaux scienüfiques
de l'Observatoire dont les deux excellents instruments de-
mandent le travail de deux astronomes pour être utilisés
complétement, ainsi qu'il a été prévu dès le commence-
ment lorsqu'on les a commandés. Ensuite, il y a beaucoup
d'observations astronomiques qui nécessitent le concours
de deux observateurs, soit pour se répartir la besogne,
parce qu'il est, par exemple, impossible physiquement que
le même observateur continue à travailler pendant toute
une longue nuit d'hiver, soit pour faciliter et abréger les
travaux ; par exemple, pour les observations de zone, ilest
essentiel qu’un astronome reste à la lunette pour observer
le passage aux fils, tandis que l’autre fait la lecture des
microscopes au cercle méridien.
C’est dans ces conditions seulement, que les travaux de
longue haleine, comme catalogue d'étoiles, etc., qui éta-
blissent principalement la renommée scientifique d’un
Observatoire pourraient avancer plus rapidement.
RE Fee
Enfin, Messieurs, vous me permeitrez d’invoquer l’exem-
ple de tous les autres Observaioires tant soit peu considé-
rables, où il y a partout au moins deux observateurs; en
Suisse, l'Observatoire de Genève a un aide-astronome et un
mécanicien; celui de Zurich aura 4 fonctionnaires, et même
le petitObservatoire de Berne a un assistant.—Ayant soumis
au Conseil d'Etat toutes ces considérations ainsi que d’autres
d’une nature personnelle, qui m’engageront à insister sur
la nomination d’unaide-astronome, M. le Président du Conseil
d'Etat a bien voulu m'informer que le Gouvernement a dé-
cidé à l’unanimité de proposer cette mesure au Grand-Con-
seil dans sa prochaine session.
S1 vous désirez, Messieurs, que je continue à développer
toujours davantage l’activité pratique et scientifique de
notre établissement, je vous prie d'appuyer de votre auto-
rité la mesure que le Conseil d'Etat a décidé de proposer.
Neuchâtel, mai 4864.
Le Directeur de l'Observatoire cantonal,
Dr An. Hirscu.
La Commission d'inspection de l'Observatoire cantonal,
après avoir entendu le rapport ci-dessus, est unanime pour
témoigner à M. le Directeur de l'Etablissement, toute sa
satisfaction pour l’ordre, la propreté et le bon état de con-
servalion dans lequel se trouvent le bâtiment, les instru-
ments, appareils et en général tout ce qui se rapporte au
service de l'Observatoire; elle le remercie en outre des
travaux accomplis pendant l’année écoulée et des soins
éclairés donnés à toutes les parties du service.
HÉNTS
Elle émet le vœu que la proposition contenue dans le
présent rapport, relativement à l’admission, à prix réduit,
des montres marines, et des chronomètres de poche, ainsi
que des bonnes montres à ancre et balancier compensé, soit.
prise en considération.
Elle appuie fortement la demande qu'il soit institué un
poste d’aide-astronome à l'Observatoire dont le titulaire se-
rait chargé d’assister, et de suppléer au besoin, le Direc-
teur de l'Observatoire dans ses fonctions; l’intérêt bien en-
tendu de l’établissement réclamant cette amélioration.
Neuchâtel, le 42 mai 1864.
Les membres de la Commission :
5 ; F.-A. MoNNiEr.
George GUILLAUME.
k E. Desor.
S. MAIRET.
Chs-E. Jacor.
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