mt-^ :im £U^S^^?f^ Return to LiBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORflTORY WOODS HOLE, MASS. LoANED BY American Muséum of Natural History f SZSiJ ir BULLETIN DE LA ^ ^ SOCIETE ZOOLOGIQUE DE FRANCE BUREAU âc CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE ERANCE POUR L'ANNÉE 1888 Membres du Bureau : MM. Président D"" J- Jullien. ( G. COTTEAU. Vice-Présidents ] ^ { J. DE GUERNE. Secrétaire général Prof. R. Blanchard. / M'"' F. BiGNON. Secrétaires | J. Gazagnaire. ( D"" L. Manouvrier. Trésorier Héron-Royer. Archiviste- Bibliothécaire H. Pierson. Membres du Conseil 1° Membres donateurs. Prince R. Bonaparte. Bon d'Hamonville. O" L. Hugo. A. Magne. Bo" de Rothschild. De Semallé. J. Vian. 2*^ Anciens présidents. MÉGNIN. D"" P. Fischer. A. Certes. Pour 1886 Pour -1887 Pour 1888 3° Membres élus. BO" BiLLAUD. D"" J. Deniker. E. Simon. Ph. Dautzenberg. * M. Chaper. D"" Hyades. J. KiJNCKEL d'Herculais G. Schlumberger. D"" L. Bureau. D"" E. Oustalet. D"" F. Jousseaume. Prof. F. Plateau. Nota. — Les Membres du Conseil marqués d'un * ont 6té élus en remplace- ment d'autres membres ayant passé au Bureau. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1888 -^N>@h^3iH'e4H — TREIZIÈME VOLUME — M>®T^3iE«^'0' PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 7, rue des Grands -Augustins, 7 1888 i S Û C S *■ /)&'+ LISTE DES MEMBRES HONORAIRES 1877 ALCANTARA (Sa Majesté don Pedro II d'), empereur du Brésil, à Rio-de-Janeiro (Brésil). F BARBOZA DU BOCAGE (Prof. José-Vicente), membre de l'Académie royale des sciences de Lisbonne (Portugal). 1878 GÏJNTHER (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoologique au British Muséum, à Londres (Angleterre). 1878 LACAZE-DUTHIERS (D-" Henri de), membre de l'Institut, professeur de zoologie à la Sorbonne, 7, rue de la Vieille-Estrapade, à Paris. 1886 MILNE-EDWARDS (Alphonse), membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. 1880 NORDENSKJOLD (le baron A.-E.), à Stockholm (Suède). 1878 DE QUATREFAGES, membre de l'Institut, professeur d'anthropologie au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. 1878 SÉLYS-LONGCHAMPS (Baron Edmond de), membre de l'Académie royale de Belgique, sénateur, 34, boulevard Sauvenière, à Liège (Belgique). F SHARPE (R. Bowdler), F. L. S., chargé de la section ornilhologique au British Muséum, à Londres (Angleterre). 1878 STEENSTRUP (Prof. Japetus S.), à l'Université de Copenhague (Danemark). F TACZANOWSKI (Prof. Ladislas), conservateur du Musée de zoologie, à Varsovie (Pologne). MEMBRES CORRESPONDANTS DOBSON (D'' G.-E.), royal Victoria hospital, à Netley, near Southamplon (Angleterre) DUGÈS (D"" Alfred), Consul de France, à Guanajuato (Mexique). RITCHIE (John), Président de la Boston ScienUficSociehj, à Boston, Mass. lÉtats-Unis). MEMBRE DONATEUR DÉCÉDÉ f'> F BRÂNICKI (Comte Constantin), décédé en 1884 (1) Par délibération en date du 25 janvier 1885, le Conseil a décidé de maintenir perpétuellement en tête du linllelin la liste des Membres donateurs décédés. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ^'^ AU 10 JANVIER 1888 AVEC LA DATE DE LEUR ADMISSION Les noms des Membres fondateurs sont précédés de la lettre F. 1883 ALBRECHT (professeur Paul), 14, Harveslehuder Weg, à Hambourg (Allemagne). F ALIX (D-- E.), 10, rue de Rivoli, à Paris. 1876 AMBLARD (D"" Louis), 14 bis, rue Paulin, à Agen (Lot-et-Garonne). 1883 ANDRÉ, 21, boulevard Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or). 1886 ANDUZE (Fernand), avocat, 27, rue Maguelone, à Montpellier (Hérault). 1883 APOSTOLIDÈS (D"- Nicolas Christo), professeur-agrégé à l'Université, à Athènes (Grèce). 1882 ASSAKY (D"" Georges), professeur à l'Université, à Bucharest(Roumanie). 1879 BADIN (Adolphe), homme de lettres, 1, rue de Vigny, à Paris. 1877 BAILLY (J. F. D.), 3.53, rue Saint-Laurent, à Montréal (Canada). 1880 BAMBEKE (D"" Ch. van), professeur à l'Université, 5, rue Haute, à Gand (Belgique). 1878 BARROIS (D"" J,), docteur ès-sciences naturelles, 16, rue Blanche, fau- bourg Saint-Maurice, à Lille (Nord). 1880 BARROIS (D^ Théodore-Charles), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 35, route de Lannoy à Fives, à Lille (Nord). 1879 BAVAY, pharmacien en chef de la marine, 45, Grande-rue, à Brest (Finistère). 1878 BEDRIAGA (D"" Jacques de), 55, boulevard de l'Impératrice, à Nice (Alpes-Maritimes). 1880 BELTRÉMIEUX (E.), Président de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure, à la Rochelle (Charente-Inférieure). 1884 BERGE (André), préparateur d'histoire naturelle à la Faculté de méde- cine, 49, rue Gay-Lussac, à Paris. 1886 BEÏHOUD (Léon), pharmacien de l'hôpital Trousseau, 89, rue de Cha- renton, à Paris. F BERTRAND (Joseph), (Membre à vie), membre de l'Institut, professeur au Collège de France, 4, rue de Tournon, à Paris. F BESNARD (Auguste), conducteur des Ponts-et-Chaussées, 16, rue des Ursulines, au Mans (Sarthe). (I) La Société s'est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres un certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation. VIIÎ LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 1879 BETTA (le commandeur Eduardo de), 11, Corso Castelveccliio, à Vérone (Italie). 1884 BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ ET DE L'ÉTAT (1), à Strasbourg (Alsace). 1884 BIGNON (M"*^ Fanny), licenciée ès-sciences naturelles, professeur à l'École primaire supérieure, 5, rue BouUe, à Paris. 1880 BIGOT (Jacques-Marie -François), officier do l'Instruction publique, 27, rue Gambon, à Paris. F BILLAUD (Baron Frédéric), propriétaire, 39, rue Notre-Dame de Lorelte, à Paris. 1884 BINOT (Jean), étudiant en médecine, 216, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1878 BLANC (Marins), rue d'Italie, à Tunis (Tunisie). F BLANCHARD (D"" Raphaël), (Membre à vie), professeur-agrégé à la Faculté de Médecine, .32, rue du Luxembourg, à Paris. 1886 BLAVY (Alfred), officier d'Académie, 4, rue Barralerie, à Montpellier (Hérault). 1881 BLONAY (Roger de), 23, rue de Larochefoucault, à Paris. 1885 BLOMFIELD (D"" James E.), M. R. C. S., Launton Rectory, Bicester, Oxford (Angleterre). 1883 BOCA (Léon), étudiant en sciences naturelles, 16, rue d'Assas, à Paris. 1883 BOLIVAR (Ignacio), professeur d'entomologie à l'Université, 11, Alcalà, à 3Iadrid (Es})agne). 1882 BONAPARTE (le prince Roland), ('i)fcm6r" L.), médecin civil, à Akbou (Algérie). 1886 DANYSZ (Pierre-Jean), licencié ès-sciences, préparateur au laboratoire d'analomie comparée, 24 bis, rue de la Glacière, à Paris. 1884 DAUTZENBERG (Philippe), 213, rue de l'Université, à Paris. 1883 DEBIERRE (Di"), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 31, rue Stappaert, à Lille (Nord). 1887 DELAGE (D"' Yves), professeur à la Sorbonne, 44, avenue des Gobelins, à Paris. 1883 DELAHAYE (Luc-Joseph), peintre d'histoire naturelle, 3 2, rue des Fossés-Saint-Bernard, à Paris. F DELAMAIN (Henri), négociant, à Jarnac (Charente). 1876 DEMAISON (Louis), 9, rue Rogier, à Reims (Marne). 1882 DEMBO (D"" Isidore), 64, quai du Canal Catherine, à Saint-Pétersbourg (Russie). 1883 DEMETZKY (Jules de), IV, Kigyo ùtcza, 1, à Budapest (Hongrie). 1 881 DENIKER (D'" J.), 53, avenue des Gobelins, à Paris. 1886 DESCHAMPS (Emile), à la Régie des tabacs, à Jaffa (Syrie). 1869 DESFOSSES (D"" Léonce), à Boussac (Creuse). 1877 DESGUEZ (Charles), attaché au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. F DESLONGCHAMPS (Eudes), professeur à la Faculté des sciences, 28, rue de Geôle, à Caen (Calvados). 1880 DEYROLLE (Emile), 23, rue de la Monnaie, à Paris. 1884 DODIEAU (René), étudiant en médecine, 130, rue de Rivoli, à Paris. F DOLLFUS (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes nationalistes, 35, rue Pierre-Charron, à Paris. 1887 DOMINICI (Henri), licencié ès-sciences, 4, rue Castiglione, à Paris. 1877 DOUVILLÉ, professeur à l'Ecole des mines, 207, boulevard Saint-Ger- main, à Paris. 1876 DUBOIS (D"" Alphonse), conservateur du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, 402, avenue de Cortenbergh, à Bruxelles (Belgique). 1882 DUBOIS (Dr Raphaël), professeur à la Faculté des sciences, à Lyon (Rhône). 1887 DUCHASSEINT (Louis), 9, rue Toullior, à Paris. 1882 DUVAL (D"" Mathias), professeur à l'École d'anthropologie, à l'École des beaux-arts et à la Faculté de médecine, membre de l'Académie de médecine, 11, cité Malesherbes, à Paris. 1877 ÈBRARD (Sylvain), aux aciéries d'Unieux (Loire). F ELLIOT (P. -G.), (Membre à vie), Esq., F. Z. S., etc., à Staten island, près New-York (États-Unis). 1887 EMERY (Emile), étudiant en médecine, 22, rue de l'Odéon, à Paris. 1884 FABRE-DOMERGUE (Paul), licencié ès-sciences naturelles, 20, rue de la Clef, à Paris. 1876 FATIO (Victor), 4, rue Massot, à Genève (Suisse). 1877 FAUQUE (A.), au jardin d'acclimatation, Bois de Boulogne, à Paris. 1884 FAUROT (D-" Lionel), 121, rue de Rennes, à Paris. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XI 1886 FERNANDEZ (Hipôlito), à Manille (Philippines) . ^885 FERRÉ (D"" Gabriel), professeur-agrégé à la Facullé de médecine, à Bordeaux (Gironde). 1886 FESQUET (Louis de), 16, rue Saint-Roch, à Montpellier (Hérault). 1886 FILHOL (H.), sous-directeur du laboratoire de l'École des Hautes-Études (zoologie) au Muséum, 90, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1881 FISCHER (D"" Paul), aide-naturaliste au Muséum, 68, boulevard Saint- Marcel, à Paris. 1887 FOURNIER (Edmond), licencié ès-sciences, 1, rue Volney, à Paris. 1886 FRANÇOIS (Pli.), Maître de conférences à la Faculté des sciences de Rennes (Ille-et-Vilaine). 1882 FUCHS (L.), répétiteur d'histoire naturelle à l'École vétérinaire, à Alfort (Seine). 1884 GACHE (Henri), 201, avenue Victor Hugo, à Paris. 1881 GADEAU DE KERVILLE (Henri), 7, rue Dupont, à Rouen (Seine- Inférieure). 1881 GARDILLION (D"" Louis), à Goderville (Seine-Inférieure). 1880 GARMAN (Samuel), assistant of Ichthyology and Herpetology at Ihe Muséum of Comparative Zoôlogy, at Harvard Collège, à Cambridge, Mass. (États-Unis). 1885 GAUTHIER (D"" Vicente) , préparateur à l'Institut de thérapeutique expérimentale, 6, vico Belledone, à Chiaia, à Naples (Italie). 1879 GAZAGNAIRE (J,), 39, rue de la Clef, à Paris. 1879 GIARD (A.), maître de conférences à l'École normale supérieure, 181, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1883 GIBERT (D""), 41, rue de Séry, au Havre (Seine-Inférieure). 1885 GIRARD (Albert), au Musée zoologique, à Lisbonne (Portugal). 1887 GIROD (D'' Paul), professeur à l'École de médecine, professeur-adjoint à la Faculté des sciences, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). 1888 GREENOUGH (H. S.), membre de la Société de mathémalhiques et de physique de Boston, 30, rue de Bassano, à Paris. 1886 GREZ (Paul), pharmacien, 6, rue Fromentin, à Paris. 1880 GUERNE (J. de), licencié ès-sciences, 2, rue Monge, à Paris. 1881 GUESDE (D"" Dominique), 53, rue de Varenne, à Paris. 1886 GUITEL (Frédéric), licencié ès-sciences, 2, rue Bara, à Paris. 1884 HAHN (D"" Philippe), médecin -major de la Romanche, au Ministère de la marine, à Paris. F HAMON VILLE (Baron Louis d'), (Membre donateur), conseiller général de Meurthe-et-Moselle, au château de Manonville, par Noviant-aux- Prés (Meurthe-et-Moselle). F HÉRON-ROYER, négociant, 22, rue de Cléry, à Paris. 1887 HÈROU (Albert), enseigne de vaisseau, à bord du Seignelay, division navale du Levant. 1886 HÉROUARD (Edgard), licencié ès-sciences, 15, rue Claude Bernard, à Paris. XII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 1886 HEYMANS (D-- J.-F.), 29, rue des Récollets, à Louvain (Belgique). 4 877 HONNORAT (Edouard F.), quartier dos Sièyes, à Digne (Basses-Alpes). 4 885 HUET (D"" L.), maître de conférences à la Faculté des sciences, à Caen (Calvados). F HUGO (Comte Léopold), (Membre donateur), statisticien au Ministère des travaux publics, 4 4, rue des Saints-Pères, à Paris. 1883 HYADES (D""), médecin de première classe de la marine, 6, rue Oudinot, à Paris. 4 884 JANVIER (D"" Louis Joseph), 4, rue de l'Ecole de médecine, à Paris. 4 882 JOUBIN (D"" Louis), préparateur à la Faculté des sciences, 44, boulevard Saint-Michel, à Paris. F JOUSSEAUME (D'" Félix), (Membre à vie), 6, rue de Vanves, à Paris. 4 883 JOYEUX-LAFFUIE (D^ J.), professeur à la Faculté des sciences de Caen, à Luc-sur-iMer (Calvados). 4 880 JUL[ANY (Joseph), 4 2, place de l'Hôtel-de-Ville, à Manosque (Basses- Alpes). 4 879 JULLIEN (D'' Jules), 30, rue Fontaine, à Paris. 4 880 JUMEAU, ingénieur, 4 6, avenue de Bédarieux, à Béziers (Hérault). 4 879 KEMPEN (Van), 4 2, rue Saint-Bertin, à Saint-Omer (Pas-de-Calais). 4 879 KÙNCKEL D'HEBCULAIS (Jules), aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, 20, villa Saïd, à Paris. 4 881 KUNSTLER (J.), professeur-adjoint à la Faculté des sciences, à Bor- deaux (Gironde). 4 887 LABOiNiNE (D""), explorateur, 4 8, boulevard Voltaire, à Paris. F LACROIX (Adrien), 4 , rue Clémence-Isaure, à Toulouse (Haute-Garonne). 4 887 LAHILLE(Fernand) 44 , allée Saint-Étienne, àToulouse (Haute-Garonne). 4 880 LALLEMANT, pharmacien, à l'Arba, près Alger (Algérie). 1886 LAMY (Ernest), 14 3, boulevard Haussmann, ii Paris. 1885 LANDOWSKI (D"- Paul), 36, rue Blanche, à Paris. 1880 LANGEASSE (René), 42, quai National, à Puteaux (Seine). 1883 LARCHER (Dr Oscar), membre de la Société de Biologie, 93, rue do Passy, à Paris. 4 877 LARGUIER DES BANCELS (D''), conservateur du Musée de zoologie de Vaud, 29, rue de Bourg, à Lausanne (Suisse). F LE BRETON (André), secrétaire de correspondance à la Société des Amis des sciences naturelles, 43, boulevard Cauchoise, à Rouen (Seine-Inférieure). 4 887 LEGOUBT (Louis), ancien pharmacien, étudiant en médecine, 52, rue Monge, il Paris. 1880 LEMETTEIL (Pierre-Eugène), propriétaire, 2, rue de la Carrière, à Bolbec (Seine -Inférieure). 4 883 LEMOINË(D'' V.), professeur à l'École de médecine, 49, boulevard de la République, à Reims (Marne). 4 882 LENNIER (G.), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 2, rue Ber- nardin de Saint-Pierre, au Havre (Seine-Inférieure). LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE XIII 4 880 LE RICHE (J.-B.), instituteur, à Lamotte-en-Santerre, par Marcelcave (Somme). 4 887 LE SÉNÉCHAL (Raoul), docteur en droit, conservateur du Musée d'histoire naturelle, à Caen (Calvados). 1887 LINARÈS (de), professeur à l'Université, 8, paseo del Obelisco, à Ma- drid (Espagne). 1 884 LOYE (D'' Paul), préparateur du cours de physiologie à la Sorbonnc, 51 , rue Claude-Bernard, à Paris. F LUBOMIRSKI (le prince Ladislas), (Membre à vie), 23, allée d'Osejar- doff, à Varsovie (Pologne). F LUNEL (Godefroy), conservateur du Musée d'histoire naturelle, aux Bastions, à Genève (Suisse). 1882 MAGAUD D'AUBUSSON (Louis), 36, rue Poussin, à Paris. 1882 MAGGI (Leopoido), professeur d'anatomie et de physiologie comparées à l'Université de Pavie (Italie). 1886 MAGNE (Alexandre), (Membre donateur), 6i, rue Saint-Lazare, à Paris. 1884 MAGNIN (D'-Paul), 34, rue de Laborde, à Paris. 1877 MAILLES, 9, rue du Pont Louis-Philippe, à Paris. 1884 MAN (D'" J.-G. de), à Middelbourg (Hollande). 1882 MANOUVRIEB (D'' L.), professeur-adjoint à l'École d'anthropologie, 15, rue de l'École-de-Médecine, à Paris. 1883 MANRIQUE (D-" Juan) , à Paris. 1887 MARCHAL (Georges), étudiant en médecine, 79, rue Denfert-Roche- reau, à Paris. 1887 MARCHAL (P.), licenciées-sciences, 12, rue Monge, à Paris. 1877 MARCHAND (Jean-Albert), cloître Notre-Dame, à Chartres (Eure-et-Loir). F MARCHE (Alfred), voyageur naturaliste, à Manille (Iles Philippines). 1886 MARES (Etienne), place Castries, à Montpellier (Hérault). 1879 MARION, professeur à la Faculté des sciences, à Marseille (Bouches-du- Rhône). 188G MARMION (Paul), étudiant, 14, rue Gay-Lussac, à Paris. F MARMOTTAN (D-"), 31 , rue Desbordes Valmore, à Paris. 1885 MARTIN (René), avocat, au Blanc (Indre). 1885 MASSALONGO (D^ Robert), à l'hôpital, à Vérone (Italie). 1886 MAURICE (Jules), licencié ès-sciences, rue des Blancs-Mouchons, à Douai (Nord). 1879 MÉGNIN (P.). 19, rue de l'Hôtel-de-ville, à Vincennes (Seine). 1884 MELLO (D"" Guedesde), à Paris. 1884 MENZBIER (D"" Michel), professeur d'anatomie comparée à l'Université, à Moscou (Russie). 1883 MINOR (D"" L.), rue Pokrowka, maison Sirotinin, à Moscou (Russie). 187G MOLLIÈRE-LABOULAYE, avocat à la Cour d'appel, 2 iis, boulevard du Temple, à Paris. XIV LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 4 884 MONIEZ (D"" Romain), professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine, à Lille (Nord). 1887 MONVENOUX (Dr Frédéric), 78, boulevard Saint-Michel, à Paris. 1883 MORGAN (Jacques de), 7, avenue de VLllars, à Paris. 4 883 MOTT (Dr Walker), Leclurer à la Faculté de médecine, 63, Grove street, à Liverpool (Angleterre). 1876 MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE, à Douai (Nord). 1886 NABIAS (D"" B.), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, à Bor- deaux (^Gironde). 1876 NICHOLSON (Francis), The Grove, Oldfield, Altrincham, Cheshire (Att* gleterre). 1880 NINNI (D'" Al.-P.), membro del comitato direttivo del civico Museo di Venezia, 3392, S. Lorenzo, à Venise (Italie). 1876 OBERTHUR (Charles), imprimeur, à Rennes (llle-et-Villaine). 1879 OUDRI, major du 3e tirailleurs algériens, à Constantine (Algérie). 1884 OUSTALET (D"" Emile), aide-naturaliste au Muséum, 1, rue du Bois, à Vincennes (Seine). 1878 PARKIN (Thomas), F. R. G. S., F. Z. S., à Halton Vicarage, Hastings (Angleterre). 1881 PARVEX DE MURAZ, 48, rue Notre-Dame de Nazareth, à Paris. 1880 PAUCHON (D"" A.), professeur à l'Ecole de médecine, 60, rue du Tapis Vert, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 1884 PAVLOW (M'"^ Marie), Chérémétevski péréoulok, maison Chérémetiew, logement 65, à Moscou (Russie). 1876 PELLETIER (A. -J. -Horace), avocat à la cour d'appel de Paris, à Madon, commune de Condé, par Blois (Loir-et-Cher). 1880 PELLETIER (Xavier), industriel, à Elbeuf (Eure). F PENNETIER (D"" Georges), directeur du Musée d'histoire naturelle de Rouen, professeur à l'École de médecine, 9, rue Alain-Blanchart, à Rouen (Seine-Inférieure). 1887 PERRIER (Edmond), professeur au Muséum, 28, rue Gay-Lussac, à Paris. 1880 PERRONCITO (D"" Edouard), professeur à l'École vétérinaire et à l'Uni- versité de Turin (Italie). 1882 PETIT (Louis), naturaliste, 273, rue Saint-Denis, à Paris. 1887 PHISALIX (Césaire), docteur en médecine et docteur ès-sciences, pré- parateur à la Faculté des sciences, à Besançon (Doubs). 1879 PIERSON (Henri), 6, rue de la Poterie, à Paris. 1884 PILLIET (Alexandre), 1, rue des Ecoles, à Paris. 1884 PINTO (D"" Cerqueira), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, à Bahia (Brésil). 1879 PLATEAU (F'élix), professeur à l'Université, 64, boulevard du jardin zoologique, à Gand (Belgique). 1882 POUGNET (Eugène), 2, rue Racine, à Paris. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XV 4 886 PROUHO (Henri), ingénieur, préparateur au laboratoire Arago, à Banyuls (Pyrénées-Orientales). 4 884 RABOT (Charles), 11, rue de Condé, à Paris. 1876 RAFFRAY (Achille), consul de France, à Tamatave (Madagascar). 1882 RAILLIET (A.), professeur d'histoire naturelle à l'École vétérinaire, à Alfort (Seine). 1886 RASPAIL (Xavier), à Gouvieux (Oise). 1879 REGNARD (D"" Paul), professeur à l'Institut national agronomique, directeur-adjoint du laboratoire de physiologie de la Sorbonne, 46, boulevard Saint-Michel, à Paris. 1884 REY (D"" Philippe), médecin-adjoint à l'asile de Vaucluse, par Épinay (Seine-et-Oise). 1887 RICHARD (Jules), licenciées-sciences, 16, rue Saint-Guillaume, à Paris. 1877 RICHET (D"" Charles), professeur à la Faculté de médecine, 15, rue de l'Université, à Paris, 1887 ROBINET (Charles), professeur de physique au lycée, à Montiuçon (Allier). 1876 ROCHEBOUET (Fernand de), au château de Rouwolts, à Chaumont (Maine-et-Loire). F ROTHSCHILD (le] baron Edmond de), (Membre donateur), 19, rue LafBtte, à Paris. 1880 ROTROU (Alexandre), pharmacien, à la Ferté-Bernard (Sarthe). 1886 ROUCH (Dr G.), médecin de la marine, 2, rue Hospice Saint-Joseph, à Béziers (Hérault). 1 886 SALMON (Alphonse), étudiant en médecine, 1 0, boulevard Arago, à Paris. 1882 SANGHEZ (D"" Jésus), professeur de zoologie à l'Université, directeur du Musée national, à Mexico (Mexique). 1876 SAUNDERS (Howard), F. Z. S., F. L. S., etc., 7, Radnor place, Glou- cester square, à Londres (Angleterre). 1884 SAUVAGE (D"" Emile), directeur de la station aquicole, 9, rue Tour Notre-Dame, à Boulogne (Pas-de-Calais). 1881 SAUVINET (L, -Ernest), préparateur au Muséum, 13, rue de Buffon, à Paris. 1886 SGHLUMBERGER (Charles), ingénieur de la marine, 54 bis, rue du Four Saint-Germain, à Paris. 1886 SÈDE DE LIÈOUX (Paul de), licencié ès-sciences naturelles, directeur de la Revue agricole du Pas-de-Calais et du nord de la France, 16, rue du Yent-de-Bise, à Arras (Pas-de-Calais). F SÊDILLOT (Maurice), 20, rue de l'Odéon, à Paris. 1876 SEMALLÈ (René de), (Membre donateur), propriétaire, 1, rue de l'Ermitage, à Versailles (Seine-et-Oise). 1879 SEOANE (Victor Lopez), avocat, commissaire royal pour l'agriculture, etc., 58, calle Real, à la Corogne (Espagne). 1876 SHELLEY (captain Georges-Ernest), (Membre à vie), F. Z. S., etc., 6, Interden street, Hanover square, à Londres (Angleterre). XVI LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 4 883 SICARD (Dr Henri), doyen de la Faculté des sciences, 2, place Kléber, à Lyon (Rhône). F SIMON (Eugène), entomologiste, 16, villa Saïd, à Paris. 1887 STAM ATI (Grégoire), licencié ès-sciences, 244, rue Saint-Jacques, à Paris. 1886 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE, à Royan (Charente-Inférieure). 1877 STEINDACHNER (D-" Frantz), directeur du Musée royal de Vienne, 20, Kohimarkt, à Vienne (Autriche). 1883 TESTUT (D'' Léo), Professeur à la Faculté de médecine, à Lyon (Rhône). 1886 THÉLOHAN (Prosper), étudiant en médecine, à Redon (Ille-el-Vilaine). 1878 TIRANT (D'" Gilbert), administrateur des affaires indigènes, Cochinchine. 1887 TOPSENT (E.), 8, venelle Crespelière, à Caen (Calvados). 1878 TOURNEUX (D"" Frédéric), professeur à la Faculté de médecine, 57, rue Brûlemaison, à Lille (Nord). 1883 TRAMOND, naturaliste, 11, rue de l'École-de-Médecine, à Paris. 1887 TRAPET, pharmacien-major à l'hôpital militaire, àTlemcen (Algérie). 1879 TRUTAT (Eugène), conservateur du Musée d'histoire naturelle, à Tou- louse (Haute-Garonne). 1887 VIALLANES (D-" Henri), préparateur à l'École des Hautes-Études, 9, rue du Val-de-Gràce, à Paris. F VIAN (Jules), (Membre donateur), 42, rue des Petits-Champs, à Paris. 1876 VIAN (Paul), 3, rue Turbigo, à Paris. 1876 VILEMAREST (le baron de), 3, rue de Mailly, à Paris. 1882 VILLENEUVE-ESCLAPON-VENCE (Mi« de), 27, avenue Marceau, à Paris. 1886 VIRON (D^ Louis), professeur'à l'Institut dentaire, pharmacien en chef de l'hospice de la Salpétrière, à Paris. 1877 WAGA (D"- Antoine), à Varsovie (Pologne). 1880 WAVRIN (marquis de), 49, boulevard du Régent, à Bruxelles (Belgique). 1880 WEBER (D-* Max), professeur à l'Université, à Amsterdam (Hollande). 1884 WEISGERBER (D"" H.;, 262, faubourg Saint-Honoré, à Paris. 1886 WIELOWIEVSKI (Henri de), professeur à l'Université de Lemberg (Autriche). 1876 WRZESNIOWSKI (Auguste), professeur à l'Université, 15, rue Widok, à Varsovie (Pologne). 1883 ZANNELLIS (D'), 39, rue Saint-Placide, à Paris. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 10 janvier 1888 PllÉSIDENCE DE M. LE D'' JULLIEN, PRÉSIDENT M. Certes, président sortant, retenu à Rome par une mission offi- cielle, à lui confiée par le Ministre des linances, exprime par un télé- gramme ses regrets de ne pouvoir assister à la séance de ce jour. Il adresse en outre au Secrétaire général la lettre suivante : J'ai été tellement absorbé depuis mon arrivée à Rome par les devoirs de la mission qui m'a été conliée, que, jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé le temps de vous écrire pour vous prier d'être mon interprète auprès de nos confrères, à la première séance de l'année. J'ai senti vivement l'honneur qu'ils m'ont tait en m'appelant à la Présidence de notre Société et j'en garderai précieusement le souvenir. Aussi je déplore, plus que personne, les circonstances qui m'ont em- pêché d'être à Paris pour transmettre les pouvoirs à mon successeur, et rappeler brièvement les travaux accomplis dans l'année et les suc- cès de notre Bulletin, Ce qui me rassure, c'est que vous vous serez chargé de ce soin et que je sais que je puis compter sur les sympathies et l'indulgence de tous. Et maintenant, mon cher confrère, je vous dirai, suivant la formule romaine : « Ad multos annos ! » Ce vœu s'adresse à notre nouveau Président, qui voudra bien agréer mes sincères félicitations, à notre Société qu'il personnitie si bien et à vous, mon cher confrère, qui saurez traduire mieux que personne nos sentiments communs de dévouement à la Société et de confiance dans son avenir. M. le D"" J. Jullien prend place au fauteuil présidentiel et prononce l'allocution suivante : 2 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Messieurs, puisque vous avez bien voulu m' accorder l'honneur delà Présidence pour cette année 1888, je tiens à vous en remercier avant tout. Dans cette première séance, je désire attirer votre attention sur un fait qui nous intéresse tous. Malgré le bon vouloir de chacun de nous, malgré le dévouement absolu de notre excellent et très affable Secré- taire général, quelques-uns d'entre nous ont remarqué le petit nom- bre des nouveaux adhérents à notre Société. Les uns ont dit que c'était le résultat du peu d'intérêt qu'inspiraient en France les sciences na- turelles ; les autres que la Société avait atteint le summum de son développement, et que nous n'avions pas le droit d'être plus exi- geants. Mais voyons quel est l'objet de notre Société, et si ces opinions sont bien fondées. N'oublions pas, Messieurs, que le but de cette Société est d'attirer à elle, non pas seulement les savants officiels, initiés à tous les genres de recherches et de publications scientiiiquespar leur situation même, mais surtout les simples amateurs rendant de véritables services par le fait même de leurs études spéciales : ce sont ceux-ci qu'il faut ame- ner et attirer à nous. Ce n'est point seulement par un nouveau système de publication que nous augmenterons notre personnel, c'est surtout en nous adressant à tous les chercheurs, dirigés par leurs goûts vers les études zoologiques. Il nous faut essayer d'obtenir l'adhésion des professeurs de nos Facultés, de tous les zoologistes officiels de nos Écoles, et qu'ils nous amènent leurs élèves. Forcer un jeune homme à publier, n'est-ce point le forcer à travailler ? Il faudrait que les membres du bureau soutinssent le courage et l'activité des travailleurs par des demandes de notes ou de mémoires, et même fournissent, s'ils le peuvent, à ceux qui en auraient besoin, les renseignements qu'ils ne sauraient se procurer loin des grandes bi- bliothèques et des grandes collections. Il faudrait qu'une sorte de fra- ternité régnât entre nous, non seulement scientitique, mais encore sociale, et que tout membre de la Société eiît le droit de demander à ses collègues aide et assistance pour ses travaux. Il faudrait que le bureau soutînt ceux des membres qui peuvent trouver un avantage dans son influence. Il est à présent nécessaire que la Société soit représentée dans nos colonies, par des savants assez complaisants, pour que les différents membres pussent leur adresser fructueusement leurs demandes. Je désire. Messieurs, <\ue notre Société soit aussi zoologique que son nom l'indique ; je voudrais que des dons et échanges pussent s'y effec- SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 3 tuer ; que le titre de Voyageur de la Société Zoologique de France fût ambitionné, et servît de recommandation auprès des agents français officiels à l'étranger. Le siège de la Société ne pourrait-il pas devenir un centre où les voyageurs de tout pays pussent adresser leurs récoltes zoologiques, qui seraient aussitôt déterminées et classées par nos spé- cialistes, et rendues ensuite à leurs propriétaires ? Quelle force ne reti- rerions-nous pas de ces travaux collectifs et centralisés ? Les sciences naturelles sont un véritable luxe, dans le domaine scientifique, mais leur étude est certainement le luxe le plus louable et le plus délicieux qu'une intelligence puisse se permettre : aussi trouve-t-on des naturalistes à peu près partout, et parmi toutes les conditions sociales. Je ne crois donc pas qu'en France les sciences na- turelles soient dédaignées, ni qu'on puisse dire que la Société ait attiré dans son sein tout ce qu'il y a de zoologistes dans notre pays. Messieurs, qui veut la lin veut les moyens : faisons un vigoureux ap- pel à tous les zoologistes, afin que notre jeune Société, qui entre au- jourd'hui dans sa treizième année, puisse porter bien haut la science française. MM. Aug. Besnard et P. Girod adressent leur photographie pour l'album de la Société. M. le Dr F. Jousseaume, chargé d'une mission dans la mer Rouge et à Obock, à l'effet d'étudier la faune nialacologique, exprime ses re- grets de ne pouvoir assister à la séance de ce jour et aux suivantes. M. Waite, chancelier de la Smithsonian Institution, annonce que, par une décision en date du 18 novembre 1887, le Board of Régents a élu le professeur Samuel Pierpont Langley, LL. D., comme Secrétaire de cette Institution à la place du feu professeur Spencer F. Baird. M. H. S. Greenough, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. MM. Hérouard et Blanchard présentent M. L. B. deKerhervé, licencié ès-sciences, 21, rue du Giierche-Midi, à Paris. M. H. Pierson, archiviste-bibliothécaire, retenu par une indisposi- tion, n'assiste pas à la séance. Il annonce que le catalogue sur fiches des périodiques est achevé, sauf celui des publications de langue slave. Il adresse en outre la liste des publications périodiques reçues en échange pendant l'année 1887 (I). (1) Les Sociétés ou Académies avec lesquelles la Société Zoologique de France est en relation d'échanges sont priées de considérer l'insertion sur la présente liste comme un accusé de réception. 4 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 EUROPE FRANCE Paris. La Nature. N°» 713-761. Annales des sciences naturelles. Zoologie. il], I, no^ 3-6, 1 886 ; II et III, 1 887. Le Tour du monde. NOM360-U08. Société d'acclimatation. Bulletin mensuel, (4), IV, no® 2-12 et numéro supplé- mentaire. Feuille des jeunes naturalistes. N°M96-206. Catalogue de la bibliothèque, parties 1 et 2, 1887. Journal de conchyliologie. (3), IV-XXVI, 1864-1886; XXVII, n^^ 1-3, 1887. Société de Géographie. Compte-rendu, n"^ \-\ 6, 18S7. Bulletin, (7), VII, n» 4 ; VIII, n^^ 1-2, 1887. Société de Géographie commerciale. Bulletin, IX, n^^ 1-7, 1886-1887. Académie des Sciences. Comptes-rendus, CIII, table; CIV et CV, moins les tables. Société géologique de France. Bulletin, (3), XÏV, n° 8, 1886; XV, n°' 1-8, 1887. Société Philomathique. Bulleti7i, (7), X, n° 4, 1886; XI, n°« 1-3, 1887. Société d'Anthropologie. Bulletin, (3), IX, n° 4, 1886;; X, no« 1-2, 1887. Institut national agronomique. Annales, X, 9e année, -1884-1885. Revue scientifique. i er semestre 1 887 ; 2* semestre 1 887. Revue des travaux scientifiques. VI, n°M 0-1 2, 1 886 ; VII, n°^ 1-6,1 887. Le Naturaliste. (2), I, 1887. A,ix_ Académie des sciences. j^,yiie,is Société linnéenne du nord de la France. Mémoires, VIII, n°^ 163-174, 1886. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Angers. Auxerre. Béziers. Bordeaux. Caen, Châlon-sur-Saone Grenoble. La Rochelle. Lille. Lyon. Marseille. Montpellier. Nantes. Nice. Nîmes. Rouen. Semur. Toulouse. Société d'études scientifiques. Bulletin, (2), XV, '1885. Supplément à Vannée 1884. Catalogue des Mammifères vivants et fossiles (Carnivores), par E.-L. Troues- sart. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. XL, 2° semestre 1886; XLI, 1" semestre 1887. Société des sciences naturelles. Société d'anthropologie de Bordeaux et du sud-ouest. Bulletin, III, n°^ 3-4, 1887. Société linncenne. Actes, (4), IX, 1885. Société linnéenne de Normandie. , Société des sciences naturelles de Saène-et-Loire. Bulletin, IV, n° 1 , ^1887. Mémoires, VI, n° 3, 1887. Société des sciences naturelles du sud-est. Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure. Annales, XXIII, 1886. Bulletin scientifique du département du Nord. (2), IX, n°s 11-12, 1886; X, n"^ 1-8, 1887. Société géologique du Nord. Mémoires, II, n° I, 1882. Société linnéenne. Société scientifique industrielle. Bulletin, 2^-4e trimestres 1886; 1«''-2'' trimestres 1887. Académie des sciences et lettres. Mémoires, section des sciences, VÎII, n°' 1-2, 1871- 1872; XI, n» 1, 1887. Société académique. Annales, (6), VII, 2'^ semestre 1886. Société des lettres, sciences et arts des Alpes-maritimes. Société des sciences naturelles. Bulletin, XIV, n°M-12, 1886. Société des amis des sciences naturelles. Bulletin, (3), 2^ semestre 1886. Société des sciences historiques et naturelles. Société d'histoire naturelle. Académie des sciences. Mémoires, (8), VIII, 1886. 6 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Metz. Berlin. Brème. Dresde. Erlangen. Francfort-suT' Freiburg i/Br Halle. Hambourg. Heiclolberg. lena, Leipzig. ALSACE-LORRAINE Société d'histoire naturelle. Bulletin, (2), XVI-XVII, 1884-1887. ALLEMAGNE Akademie der Wissenschaften. Sitzungsberichte, n^^ 40-53 et table, 1886; n°s 4-39, 1887. Gesellschaft naturforschender Freunde, 1885. Sitzungsberichte, 1886. Naturforschende Gesellschaft. Ahhandlungen , IX, n° 4, 1886. Naturforschende Gesellschaft '< Isis ». Sitzungse-Brichte, 1872-1875. Sitzungsberichte und Abhandlungen, \^^semeslre 1882; 1886. Biologisches Centralblatt. Physikalisch-medicinische Societaet. SUzungsberichh, XVIII, 1885-1886. le-Mein. Sonckenbergische naturforschende Gesellschaft. Bericht, 1886-1887. Âbhandlungen, XIV, n°^ 2-3, 1886. Naturforschende Gesellschaft, Berichle, 1886. Naturforschende Gesellschaft. Abhandlungen, XVI, n" 4, 1887. Bericht, 1885-1886. K. Leopoldinisch-Carolinische deulschc Akademie der Na- turforscher. Nova Acta, XLVII, 1885 ; XLVIH, 1886. Naturwisscnschaftlicher Vorein fiir Sachsen und Thiiringen, Naturwissenschafilicher Verein von Hamburg-Altona. Abhandlungen, IX, n°^ 1-2; X, 1887. Naturhistoriscli-medizinischer Verein. Medicinische-naturwissenschafiliche Gesellschaft. lenaische Zeilschrift, XX, nos i-4,XXI, n"^ 1-2. Zoologischer Anzeiger, X, 1887. Verein fiir Erdkunde. Mittheilungen, 1884-1885. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 7 Munich, K. bayerische Akademie der Wissenschaften. Ahhandhmgen, XV, n» 3 ; XVI, n" \ . Sitzungsberkhte der math.-phys. Classe, n°* 1-3, 1886. C. M. von Bauernfeind, Gedâchtnisrede auf Joseph von Frauhofer zur Feier seines hundertsten Geburlsags . Miinchen, in-4^ 1887. Schwanheim am Main. Deutsche malakozoologische Gesellschaft. Stuttgart. Verein fur vaterlàndische Naturkunde in Wurltemberg. Jahreshefle, XLIII, 1887. Wiesbaden, Nassauischer Verein fur Naturkunde. XL, 1887. Agram. Budapest. Cracovie. Graz. Prague. Trieste. Vienne. AUTRICHE-HONGRIE Societas historico-naturalis croatica. Kir. Magy. természettudomânyi lârsulal litkàri hivatala. Académie des sciences. Pamietnik akademii umiejetnosci w Krakovie, XII, 1886. Spraioozodanie komysii fizyjographicznéj. . . , XX , 1386. Rozprawy i spruwozdania kposiedzén, XIII-XIV, 1 886. Naturwissenschaftlicher Verein fiir Steiermark. Miltheiiungen, XXIII, 1886. K. bœhmische Gesellschaft der Wissenschaften. Museo civico di storia naturale. K. k, Akademie der Wissenschaften. Sitzungsberichte der maih.-nat. C/asse, XCI, n° 3; XCn, n°« 1-5; XCIH, n°s 1-3. K. k. zoologisch-botanische Gesellschaft. Verhandlungen, XXXHI, 1884; XXXVH, n^^ 1-4, 1887. K. k. naturhistorisches Hofmuseum. Annalen, II, n°^ 1-3. Bruxelles. BELGIQUE Académie royale des sciences de Belgique. Bulletin, (3), XII, n° 12, 1886; XIH, n"» 1-6 ; XIV, n°« 7-11, 4 887. Annuaire, 1887. Société entomologique de Belgique. Annales, XXX, 1886. Société malacologique de Belgique. 8 Belgique. Copenhague. Madrid. Santiago. Helsingfors. Dublin. Edimbourg. Glascow. Londres. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Procès-verbaux, p. xcvii cxliv, 1 886 ; p. i-lxxx, 1 887. Annales, (i), I, (xxi), 1886. Musée royal d'histoire naturelle. Bulletin, IV, n° i. Annales, série paléontologiqiic, XIII. Description des ossements fossiles des environs d'Anvers, par P.-J. van Beneden. o^ partie : Cétacés (texte et planches). Bruxelles, '1886. DANEMARK Naturhistorisk Forening. Videnskabelige Meddelelser, 4 88 4-1886. Del k. danske videnskabernes Solskab. Ooersigt, no 3, 1885; n«« 1-3, 1886; n° 1, 1877. Videnskabernes Selskabs Skrifler (Mémoires), (6), IJI, n° 8; IV, nos ^.4, ESPAGNE Sociedad espafiola de historia natural. Anales, XV, n" 3; XVI, n°« 1-2, 1887. Bevista de ciencias naturales, I, n'' 1, 1887. FINLANDE Societas pro fauna et flora fennica. Acta, II, 1881-1885. Beobachtiingen ilber die periodischen Ërscheinungen des Pflanzenlebens in Finnland, 1883, von A. Osw. Kihlman. Helsingfors, 1886. GRANDE-BRETAGNE Royal Dublin Society. Scientific Proceedings, (2), V, n»» 3-6, 1886-1887. Scientific Transactions. (2), III, n^^ 11-13,1 886-1 887. Royal Society of Edinburgh. Royal Physical Society. Natural history Socteiy. Proceedings and Transactions, (2), I, n° 3, 1885-1886. Royal Microscopical Society. Journal, (2), VII, no» 1-6, 1887. The Zoologist, (3), XI, n°^ 121-132. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 ■9 ^ondres. Linnean Society, Journal, XIX. n°^ -lU-llo; XX, n"' 116-117; XXI, ^ I'2i;-129. Proceedings, nov. 1883-june 1886; nov. 1886-june 1887. List of the Linnean Society, 1885-1887. Amsterdam. Harlem . Levde. HOLLANDE Académie des sciences. Jaarboek voor 1 885. Verslagen en mededeelingen, Afd. naluiirkunde, (3), II, 1887. Nederlandsch tijdschrifl voor de dierkunde. Société liollaiidaise des sciences exactes et naturelles. Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, XXI, n^s 2-5; XXII, n°« 1-3. Nedcrlandsclie dierkundige Vereeniging. Tijdschrifl, (2), I, no^ 3-4. Notes froni the I^eyden Muséum. Bologne. Catane. Gènes. Modène. Naples. Padoue. Pavie. Rome. ITALIE Accademia délie scienze dell' Istituto di Bologna. Memorie, (4), VI, n°^ 1-4, 1885-1886; VII, no» 1-4, 1887. Accademia Gioenia di scienze naturali. Atti, (3), XIX, 1886. Adnnanze, n°^ 1-2, 1887. Museo civico di storia naturale. Società dei Naturalisai. Atti. Memorie, (3), V, 1886. M ittheilungen ans der ZQologischen Station, VI, n° 4, 1885; VH, n° 2, 1886. Società di naturaiisti. Bolleltino, (1), I, no^ 1-2. Società venelo-trentina di scienze naturali. Bullettino, IV, n° 1, 1887. Bolleltino scienti/ico, IX, n"^ 1-3, 1887. Accademia dci Lincei. Rendiconti, (4), II, n» 12, 2^ semestre 1886; III, „os ^.^3^ lei- semestre 1887; UI, n^^ 1-5, 2" se- mestre 1887. 10 Rome. Turin. Venise. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Transunti, V, n^ 12, iSSI. Memorie délia classe di scienze fisiche, mat. e naturali, (4), I, 188o. Accademia reale délie scienze. Atti, XXII, nos 4_i5^ 1886-1887. DolleUino deWWsservalore délia R. Universiià di To- rlno, XXI, 1886. Musci di zoologia ed anatomia comparata. BoUetiino, II, n"^ 19-32, 1887. Reale Istitulo veneto di scienze, leltere'ed arii. Aiii, (6), no 10; IV, no" 1-10 et appendice; V, n°^ 1-9. Luxembourg. Christiana. Lisbonne. Porto. Dorpat. LUXEMBOURG Institut royal grand-ducal de Luxembourg. Section des sciences naturelles, XX. Observations météorologiques, III, IV, 1887. NORVÈGE Den norske nordhavs-Expedition. Zoologi. — XVI, Mollusca, n" 2, ved. H Fricle. — XVII, Alcyonida, ved D. C. Danieissen, — XVlIh A og B, Nordhavets Dybder, Temperatur og Slrôm- ninger, ved H. Mohn. Nyt magazin for naturvidenskaberne, XXXI, n°^ 1-2. Arkiv for mathematik og naturvidenskab . PORTUGAL Academia real das sciencias. Jornal de sciencias mathem., phys. e nattiraes, n°s 44-46 . Sociedade Carlos Ribeiro, 0 Museu municipal do Porto, por A. A. da Rocha Peixolo, 1888. RUSSIE Naturforschende Gesellschaft. Archiv fur die Nalurkunde Liv-, Ehst-und Kurlands, (2), VIII, n» 1 ; IX, n°^ 4-5. Sitzungsberichte, VIII, n° 1, 1886. SÉAMCE DU 10 JANVIER 1888 11 Kasan. Société des naturalistes, Troudy, XV, no« 4-6, 1886 ; XVI, n°^ 1-5, 1886. Prolokoly, 1885-1886. Isviesta i outchenia zapiski imp. Kazanskago Ouniversiteta. Kiew, Société des naturalistes. Zapiski. VIII, n° 2, 1887. Moscou. Société impériale des naturalistes. Bulletin, LXII, n°^ 3-4, 1886; LXIII, n°^ 1-2, 1887. Meteorologische Beobachtungen, vou A. A. Fadéiéff, 2° semestre 1 886. Odessa. Novorossiski obtchestva estestvoispiétateléi. Zapiski, I, no 2, 1872; II, n»^ 2-3, 1874; IIl-X, 1875-1886; XI, n°* 1-2, 1886. Flora chersonensis, ab Ed. a Lindemann. Odessa, 2 vol. in-80, 1881-1882. Saint-Pétersbourg. Académie impériale des sciences. Mélanges biologiques, XII, n° 5. Mémoires, (7), XXXIV, n» 9 ; XXXV, n° 2, Stockholm. Berne. Genève. Lausanne. Neuchâtel. Zurich. SUÈDE Entomologisk Tidskrift. SUISSE Naturforschende Gesellschaft. Mitlheilungen, n"^ 1143-1168, 1886. Recueil zoologique suisse, IV, n"^ 1-3. Société vaudoise des sciences naturelles. Bulletin, (3), XXII, n°^ 95-96. Société des sciences naturelles. Bulletin, XV, 1885. Naturforschende Gesellschaft. Bône. AFRIQUE Académie d'Ilippône. Bulletin, XXII, n^^ 1-2, XXIII, 1887. ASIE Calcutta. INDES Asiatic Society of Bengal. 12 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Calcutta. Proceedings, n'"' 8-10, 1886; no» 1-4, 6-8, 1887. Journal, part ii, LUI, n° 4, 1884; LIV, n'^ 4, 1885; LV, no^ 3-5, 1886; LVI, no 1, 1887. COCHINCHINE Saigon. Société des études indochinoises. Bulletin, 2" semestre 1886. AMÉRIQUE BRÉSIL Rio de Janeiro. 3Iusée national. Archivos, VI, 1 885. CANADA Toronto. Canadian Institute. Proceedings, (3), IV, n° 2 ; V, n^ 1 , 1887. ÉTATS-Ux\IS Boston. Society of Natural History. Proceedings, (3), XIV, n^* 1-2, 1886. American Academy of Arts and Sciences. Proceedings, (2), XIV (xxii), no 1. Brookville. Society of natural History. Cambrige^ Mass. Muséum of comparative Zoology at Harvard Collège. 27th Annual Report of Ihe Curator, 1886-1887. Bulletin, XIII, n"' 3-5. Memoirs, XVI, n"^ 1-2. Granville, Ohio. Bulletin of Ihe scienlific laboralorics of Denison University, II, 1887. Milwaukee. Public Muséum of the City of Milwaukee. New- York. New- York Academy of sciences. Annals, III, n^'^ j\\.\2, 1885; IV, n»' 1-2, 1887. Transactions, IV, 1884-1885; V, n"^ 7-8, 1885-1886. American Muséum of Natural History. Annual Report of Ihe Trustées for 1886-1881. Bulletin, I, no 8; II, n" 1. New-York Microscopical Society. Philadelphie. Academy of natural sciences. Proceedings, n^"" 3, 1886; n" 1, 1887. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 13 Philadelphie. American Naturalist, XX, nM2, 1886; XXI, n°» l-l 1 , 1887. The Journal of C07nparalive medicine andsurgcry, VII, n°4. Zoological Society. ^ 15"' annual Reporf of the Board of Directors of the Zoological Society of Philadelphia , 1887. American Philosophical Society. Proceedings. XXIII, iio^ 124-125, 1887. Wagner Frce Institutc of science. Transactions, I, 1887. Saint-Louis, Miss. Academy of sciences. Transactions, IV, n° 4. American Association for the advancement of sciences. Proceedings, XXXIV et XXXV. California Academy of sciences. Bulletin, II, n°« 5-7, 1886. The Trenton natural history Society. Smilhsonian Institution. Smilhsonian report, 1884, part 2 ; 1885, part 1 . American Monthly M icroscopical Journal, VIII, 1887. U. S. Commission of Fish and Fisherios. U. S. Geological Survey. Bulletin, no^ 30-39, 1887. Sixth annual Report, 1884-1885. Monographs, X, 1 886 ; XI, 1 885. Minerai ressources of the U. S., Calendar year 1885. Salem, Mass. San Francisco. Trenton, N. Y. Washington. Mexico. MEXIQUE Sociedad tnexicana de historia natural. La Naturaleza, VII, n°« 1 9-24 ; (2), I, n° 1 . Sociedad cientifica « Antonio Alzale. » I, n°5 2-5, 1886. Buenos-Aires. Cordoba. RÉPUBLIQUE ARGENTINE Museo publico. Atlas de la description physique de la République argen- tine. — 2*^ section : Mammifères, 3^ livraison, Osteologie der Gravigraden, von A. Burmeister. 1886. Academia nacional de ciencias. 14 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 Boletin, IX, n^M-i, 1886. Actas, V, n» 3, 1886. Adélaïde. Brisbane. Melbourne. Sydney. Batavia. OGÉANIE AUSTRALIE Royal Society of South Australia. Roval Societv of Queensland. Royal Society of Victoria. Transactions and Proceedings, XXII, 1886; XXIII, 1887. Linnean Society of New South-Wales. ProceedinySj (2), I, n°^ 1-4. Royal Society of New South-Wales. Journal and Proceedings, XIX, 1885. JAVA Naiiiurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch-Indi'é , (8), Vn (xLVi), 1887. DESCRIPTION DE G£C;i:OBii OBIONGÀ NOV. SP., Par le D^ Alfr. DUGÈS, de Guanajuato (Mexique) L'Acarien nouveau, dont je donne la description, a été trouvé à Tan- ganzicuaro (Michoacân) par mon ami le docteur Octaviano Navarro, sur un Saurien iguanien, le Sceloporus spinosus, adhérent aux parties nues des côtés du cou, des aisselles et dans les intervalles des écailles des flancs ; ce zélé amateur de zoologie m'a envoyé aussi les larves hexapodes qui, du reste, reproduisent les caractères des adultes. Ce singulier Arachnide appartient à la famille des Trombidiés, quoique plusieurs de ses détails l'éloignent des genres connus de cette division, par exemple les palpes à trois articles, dont le dernier porte un crochet. Le genre Gechobia, créé par M. P. Mégnin (1), est celui dont on (1) Ann. Soc. entoinol. France, 1888. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 15 Geckobia oblonga. A, B, grossi un peu plus de 30 fois. — C, griffes rétractiles et poils tisseurs. — D, tête vue par la face supérieure; a, mandibules. — E, tête vue par la face infé- iieure ; b, lèvres ou maxilles soudées. — F, extrémité d'une mandibule.^ peut le rapprocher plus naturellement; cependant il existe chez l'Acarien en question une paire d'appendices très remarquables, qui pourront peut-être motiver une séparation. M. P. Mégnin donne pour Geckobia la caractérisque suivante : Aca- riens aveugles; à rostre dont les palpes ont le pénultième article armé d'un crochet petit et mousse, dont les mandibules protractiles sont styliformes, terminées par une petite pince dont le doigt e.\terne est seul mobile et forme crochet, dont la lèvre est en forme de lancette mousse. Pattes formant un seul groupe de chaque côté du rostre. Stigmates respiratoires formant une paire de tubes allongés et insérés à la base et en dessus du rostre. Sauf la disposition des pattes et la structure des palpes, cette dia- gnose correspond à Geckobia oblonga, de sorte que j'aurai peu à faire pour la décrire. Longueur : 0"'™56. Corps de forme oblongue, un peu plus étroit en arrière, très déprimé, rouge, à peau finement plissée, pourvue de quelques rares poils barbelés et portant une grande soie entre chaque groupe de pattes, et si.\ autres à l'extrémité postérieure du corps, dont quatre partant de la vulve. Les deux paires de pattes antérieures sont IG SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 écartées l'une de l'autre et forment deux groupes par la réunion de leurs hanches; les postérieures, éloignées des antéi'ieures, offrent la mênie disposition. Ces membres sont pourvus d'un tarse dentelé en dessus, coilfé d'une sorte de cupule transparente, terminé par quatre poils tisseurs, et portant deux griffes simples, rétractiles. A la base du rostre, et en dessous, on voit bien les singuliers stig- mates tubulaires décrits par M. Mégnm. Les palpes triarticulés portent à leur extrémité un crochet mousse; la lèvre inférieure (maxilles coalescentes? ?) est arrondie en cuillère au bout; les mandibules sont terminées en pointe creuse, comme celle des aiguilles à injections sous-cutanées, et dans leur petite cavité terminale joue un petit ongle tourné en dehors. 11 n'y a point de trace d'yeux. Du reste, la simple inspection des figures sufllirapour compléter la description. Mais la particularité la plus intéressante est la présence à la base des mandibules, en dessus du rostre, d'une paire d'appendices grêles, soudés par leur base, et formant à leur extrémité une pince dentelée à bords parallèles. Je ne me hasarderai pas à donner l'homologie de ces organes, dont j'ignore l'usage, laissant ce soin à de plus autorisés que moi. Dans le cas où ce dernier caractère pourrait être considéré comme générique, il faudrait changer le nom de l'Acarien dont il s'agit, mais provisoirement je le laisse dans le genre Geckobia, si nettement caractérisé par M. Mégnin. NOTE SUR L'ENKYSTEMENT DU 3IEGAST0MA INTESTINALE (1) Par E. PERRONCITO, Professeur à l'Université de Turin. Le Cercomonas intestinalis de Lambl (1859), qui correspond au Dimorphus mûris et au Megastoma entericum de Grassi (1879-1882), ainsi qu'au Megastoma intestinale de Raph. Blanchard (1885), se trouve fréquemment dans la première partie de l'intestin grêle de l'Homme et des Rats. J'ai eu l'occasion de l'étudier pendant l'hiver et le printemps passés, et même jusqu'en avril et mai. Un individu qui en était infesté souffrait souvent de troubles diges- tifs, de douleurs aux hypochondres, de crampes d'estomac, de consti- pation interrompue souvent par des diarrhées incolores et fétides. L'examen des matières fécales, lors des périodes de constipation, pér- il) Résumé d'une communication faite à l'Académie de médecine de Turin, le 13 mai 1887. SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 17 mettait seulement d'observer certains corpuscules translucides, sphé- riques ou ovales, larges de 10 à il {jl, entourés d'une membrane d'en- veloppe à travers laquelle on pouvait apercevoir une masse cellulaire distincte, pourvue de flagellums. Ces corpuscules se trouvent en nombre très variable chez divers individus et sont parfois en nombre considérable. Les selles des mêmes sujets, dans les périodes diar- rhéiques, contiennent un moins grand nombre de ces corpuscules sphériques ou ovoïdes, tandis qu'elles sont peuplées d'une quantité parfois très considérable de Mégastomes intestinaux qui ont conservé leurs mouvements et leurs flagellums, ou bien sont immobiles et réduits à un squelette chitineux. Des observations patientes m'ont démontré que les corpuscules que nous venons de décrire dans les selles, où ils avaient déjà été observés par Cunningham, Grassi et d'autres, sont des Mégastomes enkystés, destinés à être rejetés au dehors et à assurer la diffusion de l'espèce. En effet, des individus chez lesquels on pouvait facilement observer une très grande quantité de Mégastomes pendant la diarrhée, n'en présentent point dans les selles dures ou tout au plus mollasses ; mais, dans ces dernières , les corpuscules elliptiques sont toujours fort abondants. Dans les substances fécales molles, les parasites se trou- vent aux phases les plus différentes de leur développement, soit sous forme de Mégastome parfait, mobile et muni de flagellums, soit sous forme de Mégastome en état de scission longitudinale, soit à l'état enkysté, depuis ses premières jusqu'à ses dernières phases. En étudiant l'histoire naturelle des Mégastomes chez les Rats (Mus decumanus, Mus raitus, etc.), nous pouvons même établir dans quelles portions de l'intestin se passent les diverses phases que nous venons de décrire. C'est ainsi que l'on peut considérer le gros intestin comme le point où s'enkystent les Mégastomes destinés à perpétuer l'espèce. Ils ne peuvent cependant pas s'enkyster si l'intestin ne fonctionne pas physiologiquement , même s'il ne fonctionne qu'avec une certaine lenteur, comme dans les cas de constipation plus ou moins prononcée. Avec la diarrhée, les Mégastomes sont expulsés dans toutes les phases de leur développement, mobiles ou immobiles, pourvus ou non de leurs flagellums et à des périodes différentes d'enkystement. Dans les cas que j'ai étudiés, la présence du parasite était liée à des désordres intestinaux assez graves, c'est-à-dire à des constipations opiniâtres et entrecoupées de diarrhées abondantes (1). (1) J'ai pu ajouter à celte communication, faite le 13 mai 1887, les lignes qui sui- venl, grâce au retard survenu dans sa publication. 2 18 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 J'ai aussi observé, dans les selles diarrhéiques, en même temps que les Mégastomes, des exemplaires du Cercomonas commun, très vifs et munis de deux flagellums ou d'un plus grand nombre; ils m'ont paru correspondre à des formations enkystées spéciales, translucides, entou- rées d'une membrane chitinoïde distincte, très analogues aux Mégas- tomes enkystés. Ils s'en distinguaient cependant par leur forme moins régulière et par leur bord plus convexe d'un côté. Pour le moment, je ne fais qu'annoncer le fait, tout en me réservant d'y revenir. Jusque là, il n'était pas encore démontré que le Mégastome enkysté (tel qu'il est éliminé avec les selles) se trouve dans les conditions nécessaires à sa diffusion chez l'Homme et chez les Rats. Ce n'est que plus tard, après avoir fait à l'Académie de médecine de Turin la présente communication, que j'ai pu résoudre expérimentalement ce point capital dans la biologie du Mégastome intestinal. Je pris à cet effet quatre Souris blanches {Mus musculus), et je lis manger à deux d'entre elles des excréments humains contenant des Mégas- tomes enkystés, tandis que les deux autres étaient conservées comme témoins. Après un certain temps, dont je n'ai pas encore pu lixer la durée, les excréments des deux premières renfermaient un grand nombre de Mégastomes enkystés, analogues à ceux de l'Homme. Les deux Souris témoins, encore aujourd'hui, ne présentent pas de Mégastomes. Le traitement interne avec les sulfates et l'arsenic n'a pas donné de résultat satisfaisant chez des individus hébergeant des Mégastomes. REMARQUES SUR LE MÉGASTOME INTESTINAL Par le D-- Raphaël BLANCHARD. Le Flagellé parasite dont le professeur Perroncito décrit plus haut l'enkystement a été découvert, ainsi que je l'ai montré (1), par LambI, qui le confondit avec le Cercomonas hominis Davaine, et le désigna sous le nom de C. intestinalis. L'animal n'est pas une Cercomonade; aussi le nom spécifique intestinalis doit-il lui être conservé, d'autant plus que Lambl en a donné une figure parfaitement reconnaissable. En 1879, le professeur Grassi retrouva ce parasite et le décrivit sous le nom de Dimorphus mûris. Mais le genre Dimorphus, créé en 1878 par Haller pour une Arachnide, ne pouvait être maintenu. Aussi Grassi (1) Traité de Zoologie médicale, 1" fascicule, p. 89. 1886. SÉANCE DU '10 JANVIER 1888 19 changea-t-il bientôt la dénomination de cet animalcule, pour celle de Megastoma entericum ; d'où, pour la raison susdite, j'ai dû faire M. intestinale. C'est sous ce nom que j'ai décrit le parasite ; c'est aussi ce nom que Perroncito lui réserve. Et pourtant, ce nom ne peut être plus longtemps conservé. En effet, le genre Megastoma a déjà été établi au moins quatre fois : par de Blainville pour des Mollusques; par Swainson, en 1837, pour des Oiseaux; par Costa, en 1850, pour des Poissons; par Megerle von Mùhlfeld pour un Mollusque ! Pour éviter toute confusion et confor- mément aux règles de la nomenclature, je désigne maintenant le Mégastome intestinal sous le nom de Lamblia intestinalis, rappelant ainsi le souvenir du médecin tchèque qui découvrit le parasite et constata le premier le parasitisme des Echinorhynques chez l'Homme. J'ajoute que le professeur Railliet, à l'appréciation duquel j'ai eu l'oc- casion de soumettre jadis la question, a aussitôt adopté la rectification proposée (1). NOTE SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES AÇORES. — DE L'ADAPTATION DE L'ORCHESTIA LITTOREA MONTAGU A LA VIE TERRESTRE Par Th. BARROIS, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Lille. Les exemples de Crustacés marins que l'on voit s'adapter plus ou moins étroitement à la vie terrestre, ne sont plus aujourd'hui bien rares dans la science; néanmoins il est toujours intéressant de constater un fait de ce genre et d'en suivre, pour ainsi dire pas à pas, l'évolu- tion. C'est ce qui m'engage à publier quelques remarques biologiques faites, lors de mon récent voyage aux Açores (août-septembre 1887), sur l'éthologie de VOrchestia littorea Montagu. Parmi ces Crustacés, les Orchesties tiennent certainement une des premières places. Dès 1852, Dana signalait l'existence de deux espèces terrestres. La première, Orc]iestiasylvicola,di\2^léié recueillie au fond du cratère éteint de Taiamai (Nouvelle-Zélande), à vingt milles de la mer, dans le sol humide (5, II, p. 874). La seconde, Orchestia tahi- tensis, habitait l'île de Tahiti (5, II, p. 877), dans les feuilles humides et le bois mort, à plusieurs milles de la mer et par 1500 pieds d'alti- tude (2). (1) Eléments de Zoologie médicale et agricole. Paris. 1886. Voir p. 1004. (2) M. J. de Guerne (c) a commis au sujet de cette espèce une légère confusion 20 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 En 1863, C. Heller, dans une petite note sur quelques Amphipodes d'eau douce (7, p. 1), donne la description de i'Orchestia cavimana trouvée en grande quantité, dans les endroits humides, aux environs d'une source, à Chypre, sur le mont Olympe, à une hauteur de 4000 pieds. Cette intéressante espèce a été revue par Hoek (8, p. 130) en Hollande, à Zalt-Bommel, dans la province de Gueldre. Les exem- plaires asssez nombreux, qui lui ont été remis par le D»" van Haren Noman, avaient été recueillis dans un jardin distant de plus de 80 kilomètres de la mer, sous des pots à Heurs, dans un endroit humide. Spence Bâte (l,p.20) signale une autre Orchestie terrestre (Orchestia telluris), également recueillie en Nouvelle-Zélande, au milieu des Or- cJiestia sylvicola, par M. Hook, durant le voyage de l'Erèbe et de la Terreur, sous des feuilles et du bois morts. Von Martens (9) décrit, sous le nom (X Orchestia hicmicola, une espèce rencontrée au Japon sous des feuilles mortes humides, dans une prairie située à la lisière d'un bois. Outre ces exemples absolument typiques, dont l'évolution est pour ainsi dire achevée, nous voyons souvent certaines formes littorales s'écarter considérablement de leur habitat ordinaire. C'est ainsi que Fritz Millier (10, p. 372) dit que {'Orchestia Danoiyii « vit dans des endroits marécageux au voisinage de la mer, sous des feuilles en putréfaction, dans la terre meuble que les Crabes des marais [Gelasi- mus, Seramma, Cyclograpsus, etc.) rejettent en tas autour de leur trou ; elle vit aussi sous les bouses sèches de Vache et le croLtin de Cheval ». Bâte et Westwood ont fait la même observation pour Y Orchestia mediterranea qu'ils ont trouvée à Swansea, loin du niveau des hautes mers, sous des pierres recouvertes de gazon, en compagnie d'Isopodes terrestres. Blanc (3, p. 57) avait déjà remarqué quel' Orchestia littorea n'habi- tait jamais l'eau, mais bien le sable des rives à deux ou trois mètres du flot. Mais c'est Chevreux surtout (4, p. 292) qui nous a donné les détails les plus complets sur la facilité avec laquelle cette espèce peut s'adapter à la vie terrestre, pourvu qu'elle trouvequelqu'endroithuHjide: « très commune au Croisic, et dans des conditions d'habitat bien diffé- rentes ; elle ne descend jamais au-dessous du niveau des pleines mers, mais,au-dessusde cettelimite.onlatrouvedanstous les endroits un peu en lui assignant comme habitat un volcan éteint dans l'ile de Tahiti. C'est Y Orches- tia sylvicola, nous venons de le voir, qui a été trouvée dans ces conditions, dans le cratère de Taiamai (Nouvelle-Zélande). SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 21 humides : dans les jardins, à plusieurs centaines de mètres de la mer, dans les caves et les cuisines des maisons, sous le fumier des écuries, au bord des mares d'eau douce et des réservoirs des marais salants, enfin sur des falaises à pic dominant de quinze mètres le niveau de la mer ». C'est dans des conditions presque semblables que j'ai rencontré VOrchestia littorea aux Açores, toujours en compagnie d'ïsopodes terrestres du genre Oniscus. A Capellas, dans l'Ile de San-Miguel, notre espèce habite en grande quantité les parois des falaises à pic, élevées de plus de 80 mètres au-dessus du niveau de la mer; j'en faisais sauter des centaines en détachant les larges plaques de limon qu'avaient à demi soulevées les rayons brûlants du soleil d'été. Au bas de la falaise, au contraire, les Orchesties avaient disparu, et je n'en pus rencontrer, quelque soin que je prisse à fouiller l'étroite bande de sable noir et grossier qui courait le long de la rive. A Ponta-Delgada même, dans une des cours du Musée, cour emmu- raillée de toutes parts, j'ai retrouvé sous des pierres humides cette même Orchestie. Ce Musée est situé au cœur de la ville, à deux cents mètres au moins de la mer, et à une altitude d'environ dix mètres au-dessus de son niveau le plus élevé. Enfin, j'ai pu observer un fait du même genre à San-Matheus. dans l'île deTerceira. Acent mètres de la mer, et à une altitude de 15 mètres, VOrchestia littorea abondait sous les pierres humides qui garnissaient les abords d'une petite fontaine d'eau douce. Tous ces faits corroborent les observations de Chevreux, et on en peut tirer la conclusion toute naturelle que VOrchestia littorea est un type marin qui tend de plus en plus à s'éloigner de son habitat pri- mitif et à s'adapter à la vie terrestre. Il est hors de doute que les Orchesties qui ont creusé leurs galeries au sommet des falaises de Capellas, ainsi que celles qui gîtent sous les pierres de la cour close du Musée de Ponta-Delgada, ne peuvent en aucun cas retourner au bord de la mer, et accomplissent dans la terre humide toutes les phases de leur évolution. Est-ce cette même espèce qui a été recueillie au fond du cratère de Payai par M. de Guerne, et que ce naturaliste a décrite comme nou- velle sous le nom de Orchestia Chevreuxi? Cela me semble bien probable en présence des observations que je viens de rapporter. M. de Guerne n'a rencontré que des femelles, et les mâles seuls offrent dans la conformation de leurs seconds gnathopodes des caractères assez tranchés pour qu'on puisse les distinguer aisément. La çliagnose de M. de Guerne est trop vague pour qu'on en puisse 22 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 rien conclure, les caractères qu'elle indique s'appliquant aux femelles d'un certain nombre d'espèces différentes. L'examen attentif des pièces de la mâchoire pourrait seul nous fixer à ce sujet; c'est ce que l'auteur fera sans doute dans le mémoire dont il nous a annoncé la prochaine publication. Lille, le 9 décembre 1887. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1 . Bate (Spence) , Catalogue of the spécimens of Amphipodoiis Cnistacea in the collection of the British Muséum. London, 4 862. 2. Bate (Spence) et Westwood, A history of the British sessil-eyed Crus- tacea, 2 vol., Londres, ises-ises. 3. Blanc (H.), Die Amphipoden der Kieler-Bucht. Nova Acta der kais. Leop.-Carol. deutschen Akad. der Naturforscher, XLVII, 1884. 4. Chevreux (Ed.), Catalogue des Crustacés Amphipodes marins du Sud- Ouest de la Bretagne, suivi d'un aperçu de la distribution géographique des Amphipodes sur les côtes de France. B\i\\. àe la Société Zoologique de France, Xlf, 4 887. o. Dana (J.), Crustacea of United States Exploring Expédition under Capt- Charles Wilkes, 2 vol., Philadelphia, 1852. 6. Guerne (J. de). Notes sur la faune des Açores : diagnosed'un Mollusque, d'un Rotifère et de trois Crustacés nouveaux. Extrait du journal « Le Naturaliste », 1887. 7. Heller(C.), Kleine Beilrdge zur Kenntniss der Sussivasser- Amphipoden, Verhandl. der k.-k. zoologisch-bolanischen Gosellschaft in Wien , 1865. 8. HoEK (P. p. C), Carcinologisches. Tydsch. der Ned. Dierk. Vereen., IV, 1879. 9. Martens (Ed. von), Ueber einige ostasiatische Silsswasserthiere. Archiv fiir Naturgeschichle, XXXIV, 1868. lO.MiJLLER (Fritz), Fur Darwin. Leipzig, 1864 (trad. franc, de Debray dans le Bull, scientifique du Nord). DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE EDWARDSIA QUATREFAGES Par le D-- P. FISCHER. Edicardsia hicifuga Fischer. — Corps allongé, cylindrique, de grande taille; extrémité postérieure de la colonne (physa) jaunâtre, recouverte presque complètement par la gaine épidermique; partie SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 23 moyenne de la colonne (scapus) sillonnée longitudinalement et pro- tégée par une gaîne épidermique épaisse, d'un brun rouillé ; partie antérieure de la colonne (capitulum) bien distincte, nue, rayée de violet, invaginable et sillonnée. Disque rayonné de blanc et de violet orifice buccal saillant, conique. Tentacules au nombre de 16, parais- sant disposés sur un seul rang, médiocrement longs, cylindriques ornés de 3 ou 4 taches annulaires, violettes et jaunes, alternantes sur un fond blanc; extrémité des tentacules violette, obtuse. Longueur : 120"""; plus grand diamètre de la colonne, 15"'"'. Habite dans les herbiers de la Gorderie, à l'île de Bréhat (Côtes-du- Nord), en compagnie de Siponcles et de Synaptes. Cette espèce a été découverte par M. de Quatrefages, qui m'en a communiqué un très beau dessin. Sa taille est énorme, comparée à celle des autres Edicardsia du littoral français, qui ne dépassent pas 65 à 70"!"' de longueur. L' Edivardsia lucifuga est, comme son nom l'indique, très sensible à l'action de la lumière. M. de Quatrefages a remarqué qu'elle s'épa- nouissait à l'ombre, mais que le moindre rayon lumineux produisait une rétraction très rapide des tentacules et du capitule. Un bruit un peu fort, un coup de sifflet aigu déterminaient la rétraction. J'ai examiné récemment une Actinie de la Méditerranée (Phclliopsis num- mus Andres) qui ne restait épanouie que lorsque le plus grand silence régnait dans la pièce où elle était placée. DESCRIPTION D'UN RONGEUR NOUVEAU DU GENRE ÂNOMALURUS Par le D-- Alph. DUBOIS, Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. ANOMALURUS GHRYSOPHyENUS Sp. UOV. Caractèj^es. — Pelage assez long, lisse, bien fourni, très doux; oreilles longues et nues; queue assez courte. Une large bande cendrée couvre le sommet de la tête, depuis le nez jusqu'aux oreilles, bordée de chaque côté par une bande brune; joues et côtés du cou du même brun; une tache blanche sous chaque oreille; celle-ci nue, mais poilue à sa base extérieure; nuque et dos d'un brun-roux doré; épaules blanchâtres; dessus des membres et de la membrane alaire ainsi que le bas du dos bruns, mais les poils ter- minés de cendré; queue de même couleur, mais terminée par des poils 24 SÉANCE DU 10 JANVIER 1888 noirâtres; parties inférieures blanches, lavées de cendré à la fac, interne des membres postérieurs ; dessous des membranes alaires nue parsemé de poils rares, courts et de couleur sombre. Longueur totale : 0™54; queue, 0™H. Hah. — Landana (Afrique occidentale, sous le 3°12' 1. S., entre Ma- limbe et la rivière Massabe). Cet animal ne peut être rapporté à aucune des espèces connues et l'ensemble de ses caractères le distingue parfaitement de ses congé- nères. Par sa taille, il se rapproche de VA. Pelii Tem., mais il en dif- fère par sa queue beaucoup plus courte, par un poil également plus court et par sa coloration, qui ne ressemble en rien à celle de VA. Pelii. Le crâne diffère également, dans ses dimensions, de celui de ce der- nier, qui mesure 69 millimètres, tandis que celui de l'espèce nouvelle n'en mesure que 62, et l'animal est plus grand; tout démontre cepen- dant dans la structure du crâne que l'Anomalure est bien adulte, car les os sont parfaitement soudés. Voici les dimensions des deux espèces prises sur des sujets du Musée de Bruxelles : A. chryso- A. Pelii. phœnus. Longueur totale, queue comprise .... 0™72 0™54 Corps jusqu'à la naissancede la queue. O'^SS 0"'43 Queue seule 0"^34 0"^11 Le type décrit ci-dessus a été acquis à M. L. Petit, ancien explora- teur de la région de Landana (1). Le genre Anomalams comprend donc aujourd'hui six espèces, savoir : 1. A. Pelii Tem.; 2. A. chrysophsenus A, Dub.; 3. A. Fy^aseri Wa- terli.; 4. A. Beecrofti Fras.; 5. A. laniger ïem.; 6. A. fulgens Gray. Ouvrages offerts. Th. Barrois, Sur un Acarien nouveau (Uropoda orchestiidarum), commensal des Talitres et des Orchesties. Mémoires de la Soc. des se. de Lille, (4), XV, <887. Th. Barrois, Malériaux pour servir à iétude de la faune des eaux douces des Açores. — /. Hydrachnides. Lille, in-S" de 16 p., 1887. (1) En ni(5ine temps que l'espèce nouvelle, j'ai reçu de M. Louis Petit un niagni- Oque exemplaire du rarissime Anomalurus /ani/ycr Tem., provenant de Condo, situé au N.-E. de Landana, à quinze ou vingt lieues de cette ville. Séance du 24 janvier 1888 PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JULLIEN, PRÉSIDENT M. le D"" Hyades, nommé médecin principal de l'escadre de la Manche, exprime ses regrets de ne pouvoir continuer à suivre les séances de la Société; il exprime en même temps sa reconnaissance pour le cordial accueil qu'il y a trouvé et pour les bonnes relations qu'il a entretenues avec tous ses membres. M. Hyades dépose en outre sur le bureau le 1" volume (le 4^ par ordre de publication) des documents résultant de la Mission scienti- fique du cap Horn et portant le titre : Histoire du voyage. Cet ouvrage avait été préparé par M. le capitaine de frégate Martial, qu'une mort prématurée a empêché de le publier lui-même. La Commission du cap Horn a confié à M. Hyades le soin de diriger l'impression du livre, sous la réserve de respecter scrupuleusement la partie du texte déjà rédigée par le regretté commandant Martial. On trouvera dans cette relation des impressions de voyage de nature à intéresser nos collègues. Il en sera de même pour l'histoire de l'or- ganisation de la Mission du cap Horn et pour les détails très complets sur les explorations des régions peu connues du sud de la Terre-de- teu. L'ouvrage se continue par l'exposé détaillé des observations mé- téorologiques faites à bord de la Romanche au cap Horn et pendant les voyages d'aller et de retour. Il se termine par les observations de marées faites au cap Horn, directement ou au moyen du marégraphe enregis- treur. Il contient aussi une liste complète des 323 photographies rap- portées par la Mission et dont les albums sont déposés dans cinq bibliothèques de Paris. Enfin, le volume est enrichi de 3 cartes géo- graphiques, de plusieurs gravures dans le texte, et de 9 planches en héliogravure d'après des photographies. Le tome VI, dont le l^r fascicule [Arachnides, par Eug. Simon) a été reçu récemment par la Société est en bonne voie de publication. Le fascicule des Bryozoaires, par M. le D"" J. JuUien, et celui des Insectes, par MM. J. Bigot, Fairmaire, P. et J. Mabille, seront inces- samment publiés. M. de Kerhervé, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. MM. Hérouard et Blanchard présentent M. Michel Coste, licencié ès- sciences naturelles, à Paris. 26 SÉANCE DU 24 JANVIER 1 M. le Trésorier présente l'état des comptes pendant l'exercice 1887. MM. Richard et Hérouard sont désignés pour faire un rapport sur sa gestion. M"° F. Bignon,MM. le B^" F. Billaud, R. Blanchard, P. Fischer, J. de Guérite et H. Picrson déposent une demande à l'effet de contérer le titre de Membre correspondant à M. le D"" A. Fritsch, professeur à l'Université tchèque de Prague (Bohême). M. J. de Guerne est nommé rapporteur. L'ACCOUPLEMENT DU BUFO VIRIDIS ET LES PHÉNOMÈNES QUE PRÉSENTENT LES CORDONS D ŒUFS DE CET ANOURE DURANT L'ÉVOLUTION DE L'EM- BRYON, Par HERON-ROYER La ponte, chez les Batraciens du genre 5w/b, présente un intérêt par- ticulier, par suite des différences qu'on observe, d'une espèce à l'autre, dans la façon dont les œufs sont placés dans les cordons glaireux, comme aussi par les modifications particulières que subit celte enveloppe prolectrice. Elle est plus ou moins dilatable suivant les espèces dont elle provient, et chez chacune d'elles, on la voit se modifier différem- ment, par d'intéressants phénomènes qui procurent à l'œuf, dans le cours de son évolution, l'espace dont il a besoin. Jusqu'en 1883, époque où je me suis occupé de ces recherches sur le Bîifo calamita, on savait seulement que la ponte des Crapauds se faisait en longs cordons muqueux où les œufs se tenaient agglutinés. Mais on n'avait pas cherché jusqu'alors à vériher ce que nous avait appris Rœsel : que, chez le (Crapaud commun, « les œufs n'ont pas d'albumine propre, qu'ils sont disposés en rhombes dans la masse albumineuse commune y> ; que chez le Calamité, la ponte se fait « en deux cordons comme chez le Commun ; mais que les œufs, qui ont d'un côté une tache grise, sont disposés sur une seule file, non en rhombe ». On sait déjà, combien Rœsel était loin de la vérité, tant pour l'enve- loppe albumineuse de l'œuf du Bufo vulgaris, dont j'ai fait connaître les divisions, que pour la disposition des œufs dans les cordons du Bufo calamita. Mais à ces deux Crapauds est venu s'en ajouter un auti-e : le Bufo viridis. C'est sur ce dernier qu'il me restait à diriger mes recherches, pour connaître les différences (jui permellent de dis- tinguer son œuf de celui des deux premiers. SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 27 Plus d'u)ie fois, depuis 1879, j'avais tenté sans résultat d'obtenir la reproduction du Crapaud vert, quand l'an dernier, grâce à l'obligeante amabilité du D"" M. -G. Peracca, qui me lit don de plusieurs mâles en rut, j'ai pu observer l'accouplement de cet Anoure et voir accoupler l'un d'eux avec unefemelle de Bufo arabicus, espèce très proche, dont la ponte réussit à souhait, Poui- éviter toute erreur, j'ai dû renouveler ces recherches sur des sujets d'une même provenance. Le 6 mai de cette année, M. W. Wolterstortf m'envoya de Saxe un beau couple de Bufo viridis. Le 8 mai, ils s'accouplèrent et la ponte eut lieu deux jours après. Comme je l'avais noté lors de mes premières observations, le mâle saisit la femelle à pleins bras et ramène ses mains en contact, ou très rapprochées, sous la poitrine de sa compagne. Ce fait m'a paru très important à signaler, parce qu'il est tout différent de ce qui s'observe chez le Crapaud commun et chez le Calamité, qui enfoncent leurs poings sous les aisselles de leurs femelles (1). La ponte du ^M/bu?W "^'oit quelques sections se former \^J1— ^uuiaS^^^^.,^ .>^ lentementpar trois. Les œufs des cordons flottants ou non tendus, tout en étant plus à l'aise, ne modifient point leur disposition primitive] (fig. 2); ces portions de cor- don s'atfaissent, se détendent et forment des guirlandes autour des plantes où elles adiièrent encore d'espace en espace. Ensuite, la dila- tation des cordons cesse complètement ; un peu plus tard, suivant son degré de développement plus ou moins hâtif, chaque œuf eifectue sa sortie. Ayant prévu, en quelque sorte, ces modifications, j'avais eu soin, pendant la ponte, de couper quelques bouts de cordons : d'après les calculs fournis par les bouts mis en observation, un mètre de cordon s'allonge de dix-huit à vingt centimètres, durant le temps employé par la segmentation. Cet allongement est un peu moins considérable que celui des cordons du Bufo vulgaris ; il est notablement moindre que celui des cordons du Bufo calamita : ceux-ci, en effet, quintuplent leur longueur, des premières phases évolutives à la sortie de l'embryon. Pendant la période de repos qui suit l'allongement et le gonflement du cordon, période qui précède l'expulsion de l'œuf, l'embryon ébau- che ses contours ; à l'âge oîi le sillon dorsal est encore largement ouvert, il se dirige lenletnent vers le dehors, se fraie un passage [en soulevant et en déchirant la couche périphérique du cordon (fig. 3). Il se fixe au-dessus de cette ouverture, maintenu là par quelques lambeaux de mucus. Au sortir de la glaire du cordon, l'œuf est d'un noir brillant; il est encore sphérique et ne laisse voir aucune enveloppe ; il paraît absolu- ment nu comme un œuf de Pélobate brun, mais quelques heures après ou seulement le lendemain, suivant la température, on aperçoit, avec le secours delà loupe, une capsule mince, lisse et extrêmement trans- parente, qui s'en détache. Elle se gonlle imperceptiblement, à mesure que l'embryon approche de la forme oblongue; dès lors, elle est très visible, mais aucune couche muqueuse ne la recouvre encore ; ce n'est que plus tard, lorsque l'embryon est mieux formé et qu'il possède un petit rudiment caudal de faible importance, que la capsule se couvre ^^fg^^i't^V^ Fig. 3. SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 29 d'une légère couclie albumineuse, formée aux dépens de sa paroi externe (fîg. 4). Cette enveloppe supplémentaire augmente assez vite et donne à l'œuf l'aspectd'un œuf de Grenouille; mais ^^k?^}^:>:f^^^V-^ la désagrégation du cho- /T^^^M^Ii^^^rT^^-^'- rion se poursuit active- (f^f^i^P^é~^J^^'^.^^^ '^|.|K ment , 'en même temps "~^ ' ''"' ~.>^ que cette substance se dé- Fig- ■!• veloppe ^et l'embryon, sentant moins de résistance, en profite pour s'échapper. Trop faible et mal constitué pour la natation, le jeune animal reste attaché à ces précieux débris, jusqu'à ce que sa queue soit assez longue pour lui permettre de se diriger suivant ses besoins. Comme le démontre la tigure 1, si l'on coupe, à l'aide d'un scapel ou d'une paire de ciseaux, un cordon fraîchement pondu, la forme cylindrique ne peut en être altérée et les bords ne s'affaissent point : la coupe reste franche, mais les œufs les plus proches des bords s'échappent au dehors et restent agglutinés en un petitgroupe, chaque œuf ayant entraîné avec lui la quantité d'albumine nécessaire à le protéger durant son évolution. Cela rappelle que la couche externe n'a pas la môme composition que celle qui entoure l'œuf. Or, il est facile d'expliquer comment ces œufs ont été introduits dans ce tube qui semble leur être étranger : en descendant le long de l'oviducte, les œufs se recouvrent d'une couche d'albumine qui s'enroule autour de chacun d'eux ; ils arrivent ainsi revêtus dans la troisième portion de l'oviducte, et c'est là qu'ils se massent et entraînent avec eux la cou- che agglutinante qui les réunit en un long cordon ; puis ils tombent ainsi dans l'utérus, en attendant leur expulsion au-dehors. C'est donc des deux portions intermédiaires de l'oviducte que proviennent les sécrétions différentes qui revêtent et protègent l'œuf des Crapauds ; l'embouchure d'un oviducte est trop étroite, et les œufs y sont trop tassés, pour qu'il leur soit possible d'exécuter des mouvements rola- toires ; ils glissent en bloc, dans cet espace de deux à trois centimètres de long, pour aller tomber un à un dans le tube grêle. Les utérus, au contraire, sont très vastes, mais leurs parois sont très minces, les cor- dons s'y emmagasinent et n'y trouvent point non plus de sécrétion capable de former une autre enveloppe, mais simplement un liquide clair pour faciliter leur évacuation. îl en est de même pour le Bufo vulgaris et pour le Bufo calamita^ Mais, les couches muqueuses des cordons d'œufs de ces deux Crapauds sont moins compactes et se présentent sous des aspects si différents, qu'il est impossible de les confondre entre eux. Chez \eBufo vulgaris, 30 SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 la couche externe est beaucoup plus considérable, très apparente et se distingue facilement de la couche interne; son rôle protecteur est mieux rempli que chez le Biifo viridis, car si un cordon est rompu par un accident quelconque, ses bords se referment en même temps que la section se produit, en sorte qu'aucun œuf ne peut s'en échap- per. La couche interne est un peu plus fluide et l'embryon s'y déve- loppe jusqu'à la période branchiale (1). Chez leBufocalamita, comme nous l'avons également fait connaître, le cordon cède à l'impulsion de l'œuf (2), il en suit l'évolution en s'allongeant au fur et à mesure que se poursuit le développement de l'embryon ; il arrive ainsi à prendre la forme d'un long chapelet, dont chaque grain protège un têtard. Ici, la couche externe est intimement unie à la couche interne. Ainsi, la masse albumineuse, qui constitue la couche externe du cordon d'œufs du Bufo viridis, est beaucoup moins élastique que chez les deux autres Crapauds d'Europe ; elle est analogue à la matière albumineuse des cordons du Pelodytes iJimctaius et du Pelohates fas- cus, dont les embryons sont expulsés à peine ébauchés. Cependant celte matière est plus compacte chez \eBufo viridis que chez ces deux derniers Anoures : chez lui, les cordons sont toujours placés horizon- talement, et les œufs, en se dirigeant en haut pour en sortir, augmen- tent par leurs déchirures la longueur du cordon, et obligent les parties détachées ou non fixées par leurs extrémités à se courber en arc de cercle. Pour bien se rendre compte du fait, il sufiit, avant l'expulsion des œufs, de placer dans une cuvette à demi remplie d'eau, quelques bouts de cordons, ayant six à huit centimètres de longueur; lorsque les œufs opèrent leur sortie, on voit ces fragments, décrire la courbe indiquée ; quand tous les œufs sont sortis, quelques-uns de ces fragments auront pris l'aspect d'un S ; d'autres celui d'un C; d'autres enlin, celui d'un cercle ou d'un anneau brisé. Il est facile de remarquer que tous les alvéoles présentent leur ouverture en dehors et en dessus. Ces fragments de cordon sont flottants ; aussi, le déplacement effec- tué par les œufs pour sortir du dedans au dehors les entrauie-t-il à pencher à droite ou à gauche. 11 est donc facile, grâce aux différences que nous venons de signaler, de reconnaître les cordons d'œufs de nos trois Crapauds d'Europe. Les pontes et les phénomènes du développement de l'embryon sont des preuves irréfutables de la valeur spécifique de ces trois espèces. (1) Bulletin de TAcadémie royale de Belgique, (3), X, no 11, 1885. (2) Bulletin de la Soc. Zool. de France, VIII, p. 410, 1883. SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 31 J'ajouterai même que le chant du Bufo viridis est absolument diffé- rent de celui du Bufo calamita (1), renseignement qui n'est pas sans valeur, si l'on se rappelle que ces deux derniers Crapauds ont été longtemps conl'ondus. TROISIÈME CAMPAGNE DE L'HIRONDELLE, 1887. SUR QUELQUES CRUSTACES AMPHIPODES DU LITTORAL DES AÇORES Par Ed. CHEVREUX Pendant la dernière campagne scientifique, accomplie par S. A. le Prince Albert de Monaco sur son yacht V Hirondelle, les recherches zoologiques ont eu spécialement pour but l'étude de la faune pro- fonde (2). Toutefois, durant les courtes relâches faites à Fayal et à San-Miguel, M. .Jules de Guerne a pu recueillir par divers procédés, un certain nombre d'Amphipodes. Les Algues du rivage de Horta, et particulièrement celles qui gar- nissent les Patelles laissées à découvert par la marée, ont fourni dix espèces dont une nouvelle; pendant le séjour de Y Hirondelle &uv la rade de Horta, un petit casier en toile métallique, convenablement amorcé et abandonné sur le fond au voisinage du navire, a ramené d'autres Amphipodes habitant un niveau un peu inférieur (IS"^) ; ils appartiennent à huit espèces différentes. Enfin deux autres formes» dont une nouvelle, ont été obtenues dans des pêches de surface effec- tuées au voisinage des îles. Aucun document n'a été publié jusqu'ici sur les Amphipodes litto- raux des Açores. La petite collection rapportée par V Hirondelle, étant donné surtout le nombre très restreint et le caractère accessoire des recherches faites, indique une faune riche. Son étude permet en outre d'établir qu'elle participe à la fois de celle des côtes océaniques de France et de la faune méditerranéenne; en effet, toutes les formes déjà connues, sauf une seule, Hi/ale Schmidti, se retrouvent sur la côte ouest de Bretagne; mais la plupart d'entre elles ont été également signalées en Méditerranée ou dans l'Adriatique; eiihii, la présence dans les eaux des Açores de trois espèces du genre Hyale, peut être aussi considérée comme un caractère méditerranéen assez net, car on (1) Voir mes notices sur le genre Bufô. Bulletins de la Soc. d'Études scient. d'Angers, 1887. (2) S. A. le Prince Albert de Monaco, Sur la tvoinème campagne scientifique de rHiroadelle, Comp. rend. Acad. se, 24 octobre 1887. 32 SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 sait que la plupart des nombreuses espèces de ce genre sont spéciales aux mers chaudes d'Europe. On trouvera dans la liste qui suit l'indi- cation des divers habitats des formes citées, en y comprenant la côte de Portugal (1). I. Horta, île de Fayal, marée basse. 1. Hyale Nilsoni Rathke. — Tous les spécimens recueillis appar- tiennent à la variété major, assez rares sur nos côtes de Bretagne, et qui diffère du type par ses yeux très grands et ovales et par sa taille presque double. Distribution. — Adriatique, Ouest et Nord de la France, Iles Bri- tanniques, Scandinavie. 2. Hyale Sghmidti Heller. — Nombreux spécimens. La femelle, que Heller n'a pas observée, ne diffère du mâle que par la petitesse de la main des pattes de la seconde paire, semblable comme taille et comme forme à celle de la paire précédente. L'espèce a été décrite d'après des types provenant de Raguse; je l'ai retrouvée en 1885 à Gherchell (Algérie). Distribution. — Adriatique, Algérie, Portugal. 3. Hyale Stebbingi (2) nov. sp. — Mas : Corpus sat elongatum; epi- mera inarginibus levibus. Oculi minuti, rotundati. Antennas superiores parum ultra pedunculum inferiorum porrectse; flagello setoso, 9-ariieu- lato. Antennse inferiores 2/3 longitudinis corporis attingentes, arti- culis peduncidi 2 ultimis elongatis, ultimo parum longiore quam penultimo; flagello valde setoso^, iS-articulato. Pedes /""' paris manu elongato-ovata, carpo parum longiore; ungue crasso, recurvato. Pedes 2'^^ paris carpo hrevissimo, iriangidari ; manu late ovata, acie bene definita, setosa, spinis validis armata; ungue validissimo, recurvato. Pedes pariuw, Ô posteriormn articido J'" spinis 2 validissimis, ad extre- mam partem liamatis, in margine itiferiore serratis, et cum ungue occurrantibus, armato. Pedes 3^*^ et .i*-'^ paris fer e levés; pedes ^'*, 6^' et (1) Grâce à l'obligeance de M. le professeur Pauliao d'Oliveiro, qui a bien voulu m'envoyer en communication un grand nombre d'Amphipodes recueillis par lui sur la côte portugaise, j'ai pu constater une analogie remarquable entre la faune du Portugal et celle de la Méditerranée. Je citerai comme exemple bien typique de ce fait : Hyale camptonyx Heller, Hyale Schmidti Heller. et Dexamine spiniventris Costa, espèces considérées jusqu'ici comme exclusivement méditerranéennes. (2) Je dédie cette espèce au Rév. Th. Stebbing, bien connu par ses beaux travaux sur les Crustacés édriophthalmes. SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 33' 1''^'^' paris V aide spinosi, articulo basait dilaiato, in margine posteriore non serrato. — Longit. 5™'".- . - . Femina ignota. Les épines crochues et dentelées des cinq dernières paires de pattes tlioraciques ne se retrouvent que chez une seule autre espèce du genre : //. Lubhockiana Sp. Bâte; mais cette dernière diffère bien net- tement de //. Stehhingi par ses antennes interiieures plus courtes, presque glabres, et par les petites dents que portent ses épimères, et le premier article de ses pattes des trois dernières paires. 4. Mi:lita palmata Montagu. — Un spécimen Ç. Distribution. — Adriatique, Méditerranée, Portugal, Ouest et Nord de la France, îles Britanniques. 0. Elasmopus LATiPES Bocck. — Un spécimen Ç. Distribution. Ouest de la France, Scandinavie. 6. Sunamphithob: GAMMARomES Sp. Bâte. — ■ Plusieurs spécimens des deux sexes. Distribution. — Ouest de la France, Iles Britanniques. 7. SuNAMPUiTHOE HAMULUS Sp. Batc. — Un spécimen. Distribution. — Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. ' 8. PoDOCERUS FALCATUS Montagu. — Plusieurs spécimens des deux .sexes, ne différant des types de nos côtes que par leur taille beaucoup plus petite, 3""". Distribution. — Mer noire, Méditerranée, Portugal, Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. 9. Erighthonius abditus Templeton. — Un spécimen Ç . Distribution. — Adriatique, Méditerranée, Portugal, Oaest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. 10. Caprella AGUTIFR0^'S Desm. — Nombreux spécimens, ■ Distribution. — Adriatique, Méditerranée, Portugal, Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques. II. Rade de Horta, île Fayal, profondeur, lo mètres. 1. Gammarus locusta Lin. — Un spécimen. Distribution. — Adriatique, Méditerranée, Portugal. Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. 3 34 SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 2. MiCROPROTOPus MACULATus Nomian. — Deux spécimens $ . Distribution. — Adriatique, Ouest de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. 3. AoRA GRACiLis Sp. Batc. — Plusieurs spécimens des deux sexes. Distribution. — Portugal, Ouest et Nord de la France, Iles Britan- niques, Scandinavie. 4. PoDOCERus FALGATus Mont. — Un spécimen Ç . 5. Erichthonius abditus Templeton. — Plusieurs spécimens des deux sexes. 6. Erichthonius difformis M. -Edwards. — Un spécimen cT- Distribution. — Adriatique, Méditerranée, Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. 7. PuoTO VENTRICOSA. 0. F. Muller. — Nombreux spécimens. Distribution. — Adriatique, Méditerranée, Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scandinavie. S. Proto Goodsiri Sp. Bâte. — Nombreux spécimens. Distribution. — Ouest et Nord de la France, Iles Britanniques, Scan- dinavie. m. Au large de Ponta Delgada, île San-Miguel, 8 juillet, 9 h. 30 du soir, surface. Urothoe Poucheti (1) nov. sp. — Mas : Corpus clongatum, minus quain vulgo obesum; epitneris angustis. Angulus inferior posticus seg- menti abdominis 5^" fere recius. Caput antice medio in rostrum. brève et curvatum excurrcns, angulis lateralibus acutis. Oculi p-ominentes, permagni, rotundati, ad apicem capitis i?iter se contingentes. Antennœ superiores pedunciclo elongato, flagello eadem longiiudine, 8-articulato. AntenuK inferiores corpore vix breviores, articula pemdtimo peduncidi aculeis tenuibus et elongatis armato. Pedes ^'"* et 2^'^ parisynanuovata, multo breviore quam carpo, acie haud distincte definita, ungue angusto, elongato. Pedes 5'^' ptaris, ut iyi speciebus cognitis, spinis magniset setis perlongis, plumosis instructi. Pedes duorum parium ultimorwn elon~ gati, penuUimi paulo longiores. Pedes saltatorii /""' et 2^' paris robusti, (1) Je dédie cette espèce à M. Je Professeur Pouchet, l'un des colJaborateurs de S. A. le Prince Albert de Monaco pendant la troisième expédition scientifique de l'Hirondelle. SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 35 ramis fere eadem longitudine ac pedunculo. Pedes saliatorii idthni pa- ris ramis invicem eadem longitudine, elongatis, in ^narginc interiore et exteriore setis phcmosis instructis. Telson magnum, usque ad basiin fissum. — Longit. S'^m. Femina ignota. Cette espèce, assez voisine d'Urothoe clegans Sp. Baie, en diffère par sa forme moins obèse, la grandeur et l'aspect particulier de ses yeux, et surtout par ses pattes sauteuses des deux premières paires, qui sont plus développées que chez les autres espèces du genre. IV. Au Sud de Pico, 14 juillet, 8 h. du soir, surlace. CoROPHiL'M GRASSicoRNE Bruzclius. — Deux spécimens. Distribution. — Adriatique, Ouest de la France, Iles Britanniques» Scandinavie. TROISIÈME CAMPAGNE DE L'HIRONDELLE. 18S7. SUR QUELQUES CRUSTACES ISOPODES DU LITTORAL DES AÇORES, Par Adrien DOLLFUS En même temps que les Amphipodes dont M. Clievreux a donné la liste (1), quelques Isopodes ont été pris sur le littoral des Açores pendant les courtes relâches de VHirondelle. Le nombre des espèces est beaucoup trop restreint pour permettre aujourd'hui la moindre réflexion au sujet des affinités de la faune. Toutefois, il n'est pas inu- tile d'indiquer dès maintenant la présence de ces quelques types en des points très faciles à explorer et où les habitants du pays pourraient faire sans peine d'intéressantes découvertes. 1. Tanais vrrTATUS Rathke. Horta, île de Fayal, marée basse. 2. Eurydice Grimaldii nov. sp. Diagnose : Ocidi maximi, midtiocellati ; — antennap. primi paris flagello uni articidato, — antennse secundi paris flagello longitudinem corporis attingente, articulis circiter 52. — Telson laterilms rotundatis, — postice latc truncatiim, irregulariter serratum et setis longiorihus insiructwn. — ad angulos dente prseditum. Cette espèce diffère d'Eurydice pulchra Leach par les principaux fl) Voir ci-dessus. 36 SÉANCE DU 24 JANVIER 1888 caractères suivants : yeux très grands, muUiocellés, antennes de la seconde paire à fouet liliforme, aussi long que le corps; les articles du fouet sont au nombre d'environ 32 et vont en s'allongcant et s'amin- cissant vers l'extrémité. Le telson est grand, à côtés arrondis; le bord pos- térieur est irrégulièrement dentelé avec une dent plus forte à chaque angle, et garni de soies longues. La couleur générale est beaucoup plus foncée que dans E. pidchra : les taches de pig- ment noir étant plus serrées surtout vers la partie médiane; les segments abdominaux présentent de chaque côté de la ligne médiane une large lunule claire ; le telson est dépourvu de ta- ches de pigment, si ce ii'est à sa base. La longueur est de 7-8""», la largeur est de 1 3/4-2"^m. Au large de Ponta Delgada, île San Miguel, 8 juillet 1887, 9 heures 30 soir, surface. — Nombreux exemplaires. Je prie S. A. Albert-Honoré Grimaldi, Prince héréditaire de Monaco, d'accepter la dédicace de cet Isopode nouveau. Eurydice Grimaldii nov. sp. Telson fortement gi-ossi. Les poils très fins qui donnent l'aspect plu- nieux aux soies terminales n'ont pas été représentés. 3. J^GA sp. ? Mouillage de Horta, île de Fayal, 15 mètres (Casier). — Deux exem- plaires jeunes. 4. Sphoeroma serratum Leach. Chez les exemplaires jeunes, les dentelures des uropodes sont beau- coup moins accentuées que chez les adultes ayant toute leur taille. Magdalena, île de Pico, 26 juin 1887. Plusieurs spécimens de diffé- rents âges, recueillis à marée basse par M. le professeur Pouchet. 5. Campecoi'Ea hirsuta Spence Bâte. Horta, île de Fayal, marée basse. Enfin l'on peut citer, comme très fréquent au voisinage des Açores, Idoica metallica Bosc. Parmi les nombreux exemplaires qui font partie des collections de Y Hirondelle^ plusieurs ont été pris dans les eaux de l'archipel. Séance du 28 février 1888 PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JULLIEN, PRÉSIDENT A l'occasion du mardi gras, la séance du 14 février a été supprimée. Par une lettre en date du 11 février, M. le Ministre de l'Instruction publique annonce à la Société qu'il vient de prescrire en son nom l'ordonnancement d'une somme de 500 francs, « A cette occasion, dit M. le Ministre, je crois devoir vous signaler les difficultés que je rencontrerais par la suite à attribuer à la Société Zoologique de France de nouvelles allocations pour ainsi dire pério- diques. Depuis quelques années, en eifet, sur les observations réitérées de la Commission du Budget, il a été décidé que les fonds de plus en plus restreints destinés aux Société.^ savantes seraient exclusivement réservées à celles d'entre elles qui publieraient, en dehors de leurs publications habituelles, des travaux d'une utilité générale et dont l'édition nécessiterait des dépenses exceptionnelles. » M. le Secrétaire général expose que, par suite de cette lettre, la subvention annuelle de 1000 francs, que le Ministère de l'Instruction publique accordait à la Société, en échange de 20 exemplaires du BuUetm, est et demeure supprimée. Il indique le préjudice considé- rable que cette mesure imprévue va porter à la Société. Celle-ci, néanmoins, ne sera pas arrêtée dans son essor, si tous les Membres se dévouent pour elle, comme ils l'ont fait déjà en des circonstances plus difficiles, et lui amènent de nouveaux adhérents. M. le Secrétaire général rend compte d'une visite qu'il a faite, de concert avec M. le Président, à M. le Bon Edmond de Rothschild. Il annonce que notre collègue vient de donner à la Société une nouvelle preuve de son dévouement, en lui accordant une somme de 1200 francs, payable en trois annuités. La Société adresse à M. le BonEdm. de Rothschild l'expression de sa plus vive gratitude. M. le D"" Labonne adresse son portrait pour l'album de la Société. M. Michel Costes, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. A la suite d'un rapport verbal fait par M. de Guerne, M. le profes- seur Anton Fritsch est élu membre correspondant de la Société. 4 38 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 M. de Kerhervé, élu membre de la Société à la dernière séance, remercie de son admission. MM. Hyades et Blanchard présentent M, l'abbé Guilleret, aum(5nier de la division cuirassée du Nord, à bord du Marengo, à Cherbourg (Manche). MM. R. Dubois et Blanchard présentent M. Moullade, pharmacien au Puy (Haute-Loire). MM. Blanchard et Héron-Royer présentent M. André Suchetet, au château d'Auteville Bréauté, par Goderville (Seine-Intérieure) et 10, rue Alain Blanchart, à Rouen. MM. Blanchard et de Guerne présentent M. le D"" Paul Banque, 13, rue Champollion, à Paris. MM. Lecourt et Blanchard présentent M. Jules Pages, étudiant en médecine, 3, rue des Saussaies, à Paris. MM. Blanchard et Chabry présentent M. Edouard Retterer, docteur en médecine et docteur es sciences, 23, rue Claude-Bernard, à Paris. Le troisième banquet annuel de la Société a eu lieu le samedi 18 février, au restaurant Brébant. Étaient présents: MM. le B^i F. Bil- laud, R. Blanchard, Chabry, Clément, Costes, Dautzenberg, Deniker, Duchasseint, Fischer, Gazagnaire, J. de Guerne, Héron-Royer, J. Jul- lien, Labonne, Lecourt, Richard et Schlumberger. Des toasts ont été portés successivement par MM. Jullien, R. Blanchard, Gazagnaire et Labonne. M. A. L. Clément avait mis son grand talent à la disposition de ses collègues et leur avait fait la surprise d'un menu aussi spirituel qu'artistique. M. Richard donne lecture de son rapport sur l'examen des comptes du Trésorier pendant l'année 1887. Les conclusions de ce rapport sont adoptées. Les comptes sont approuvés et des félicitations sont adressées à M. le Trésorier. M. Richard présente un mémoire de M. J. Bolivar : Énumération des Orthoptères de Vile de Cuba. Renvoi aux Mémoires. M. le D"" V. Lemoine expose ses recherches sur le développement embryonnaire du Phylloxéra vastatrix. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 3U SUR QUELQUES CRUSTACÉS AMPHIPODES PROVENANT D'UN DRAGAGE DE L'HIRONDELLE AU LARGE DE LORIENT Par Edouard CHEVREUX Au moment de quitter le port de Lorient pour entreprendre sa troi- sième campagne scientilique à bord de V Hirondelle, avec le concours de M. le Professeur Pouchet et de M. Jules de Guerne, S. A. le Prince Albert de Monaco, ayant résolu d'aller passer quelques jours au large, pour s'assurer du bon fonctionnement des appareils de sondage et de dragage, voulut bien m'inviter à assister à ces expériences. Le 28 mai 1887, le yacht se trouvant à environ 80 milles dans le Sud-Ouest de l'ile deGroix (46o3' Lat.N.— G-^Si' Long. 0.), on laissa tomber le chalut par 180 mètres, fond de sable vaseux. Alênes blanches (1). Le résultat de l'opération fut si remarquable, au point de vue de la faune des Crustacés amphipodes, qu'il m'a semblé utile d'en faire l'objet d'une note spéciale. Le nombre des espèces recueillies est de vingt-sept, dont quatre entièrement nouvelles, et quatre autres n'ayant jamais été encore signalées sur les eûtes de France (2); ces dernières ne sont connues que dans les mers de Norvège, ce qui paraît prouver une fois de plus la tendance de notre faune à se rapprocher de celle du Nord de l'Europe, à partir d'une profondeur un peu considérable. Enfin, il est particulièrement intéressant de constater la présence dans nos mers de Siegocephalus Christianiensis, la famille des Stegocephalidse étant représentée uniquement jusqu'ici dans les mers boréales et arc- tiques. Voici la liste des espèces recueillies : Ichnopus spinicornis Boeck. I.cpificpecrciiiu clypcatuni iiov. sp. Tryphosa lon(]ipes Sp. Bâte. Urothoe marina Sp. Bâte. — norvegica Boeck. Pkoxuis iiiaciilatus nov. sp. SitegoccphaluM Cliristianicnslei Boeck Aiiipliilochi9»« longiiuanu.s nov. sp. — manudoi^ Sp. Bâte. Gitana Saisi Boeck (-2). Kletopa riihrovittata G. 0. Sais. Monociilodeis giltbo»«ii.s nov. sp. — longimanus Sp. Bâte. Halimedon Mulleri Boeck. Eusirus longipes Boeck. (1) On désigne ainsi, sur les cartes marines, des fonds couverts d'une couche de petits tubes terminés en pointe aiguë, sécrétés par une Annélide : Dilrupa arietina Mull. A partir des profondeurs de 100" jusqu'à 250'" et au-delà, ces fonds se ren- contrent très fréquemment sur la cote Ouest de France. (2) Dans la liste qui suit, les noms de ces huit espèces sont imprimés en carac- tères gras. 40 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 Lilljeborgia pallida Sp. Bâte. Mœra longimana Thompson. — Batei Norman. Melita obtusata Mont. (1) Ampelisca lœvigata Lillj. Photis longicaudatus Bâte et Weslw. Ptilocheiriis hirsutimanus Sp. Bâte. Gammaropsis crythrophlhalma Lillj. Podoceropsis Sopliiœ Bocck. Siphonoecetes typicus Kroy. tJncioIa Stecnstriipi Boeck. — planipes Norman, LePIDEPECREUM CF.YPEATUM nOV. Sp. Femina. — Thorax valde obesus, carinatus ; abdomen compressum. Anguli latérales capitis parum producti, acuti. Oculi inconspicui. Epi- mera 3"™ parium anteriorum angusta; 4*' paris permagna, antecedeii- tibus multo altiora, postice valde producta; 5'' paris rotundata, œque alla et lata. Carina in segmento abdominis 3''" et 4*° in denlem acu- tum et validum producta. Angulus inferior posticus iateralis segmenti abdominis 3^'' acutus. Antennaesubeequales, superiores articulo pedun- culi 1""° cra ssissimo, carinato, usque ad médium articuli 2'i' sursum producto; flagelii brèves, ciliis longissimis terminati. Pedes l""paris manu parum longiore quam carpo, apice oblique truncata. Pedes i^'^' paris manu dimidiam carpi longitudinem aequanti, apicem versus dila- tata, in angulo inferiore postico producta. Pedes 4'^ et 6^' paris arti- culo 1™° in margine anteriore serrato, in margine posteriore dilatato. et ultra articulum ^«^"^ produclo; articulo S^'o deorsum perdilatato. Pedes 7"" paris articulo 1'"* permagno, clypeitormi, tere ad linem articuli 5" porrecto. Telson valde elongatum, usque ad basin tissum. Long., 5"^n>. Mas ignotus. Phoxus magulatus nov. sp. Femina. — Corpus elongatum, angustum. Angulus inferior posticus Iateralis segmenti abdominis 3'" productus, valde rotundatus. Rostrum (1) = Amphilochus Sabrinœ Stebbing. teste G. G. Sars. (2) Nombreux spécimens, trouvés entre les ambulacres des Cribrclla. Tous les exemplaires de cette Astérie que nous avons examinés portaient quelques Melita; il y a donc là un fait de commensalisme bien établi. On peut se demander pourquoi les Melita obtusata, si communes dans les dragages effectués sur nos côtes de rOoéan par quelques mètres de profondeur, n'y sont jamais commensales des As- téries; les Cribrella n'habitent pas les petits fonds de nos côtes, et les Àstera- canthion rubens et A. glacialis qui les remplacent n'offrent peut-être pas à nos Amphipodes des conditions d'habitat analogues ; c'est ainsi qu'une petite Caprelle, Podalirius typicus Krôy., très commune dans la baie du Croisic, entre les ambu- lacres d'A. rubens, ne se trouve jamais sur A. glacialis. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 41 rectum, latum et brève. Oculi beneconformali, minuti, ovati, nigri,post longam setleni in spiritu vini conspicui. Antenna3 superiores sat elon- gatae, flagello 7-arliculato, flagello appendiculari 5-articulato. Antennae iiiferiores parum longiores, flagello 7-articulato. Pedes !■"' et 2*1' paris assimiles, manu elongata, ovata, acie valde obliqua inferne processu deiitifbrmi definita. Pedes 3^" et 4*' paris ungue multo breviore quam articulo 5*^° elongato. Pedes G*^' paris mutili in unico specimine col- lecto. Pedes 7"' paris articulo basait postice late rotundato, latiore quam longo, margine poslico serrato. Pedes saltatorii ultimi pari, ramo exteriore elongato, ter longiore quam interiore. Telson braves bipartitum. Corpus albido-llavescens, pigmento rubro maculatum. Longit., 3"""l/i. Mas ignotus. Amphiloghus longimanus nov. sp. Femina ovifera. — Corpus segmentis non spinosis, Anguli capitis latérales producti, peracuti. Rostrum magnum, curvatum. Epimera 1'"' paris oblecta, 2'^' et 31^" paris angulo interiore posteriore acuto, dentibus 3 minimis deorsum munito. Angulus inferior posticus late- ralis segment! abdominis 3'" leviter productus et rotundatus. Oculi magni, ovati. Antenna3 superiores pedunculo inferiorum breviores, articulo 1'"° pedunculi praîlongato, 2 sequentibus junctis multo lon- giore, flagello 4-articulato, articulo 1'"'^ 3 sequentes junctoslongitudine aequante. Antennae inferiores pedunculo elongato, crasso, flagello tenui, perbrevi, 5-articulato. Pedes 1'"' paris carpo calcem sat magnam emit- tente, manu extrosum latiore, in acie oblique truncata et denticulata, ungue perlongo et tenui. Pedes 2, mandibulx, maxillse -/""', 2^'' et tertii paris structura ac in Tcmorella sat similes. Pcdes omnes biramosi natatorii, i'ami parium anteriorum 4 ambo 3-articulati, basali biarticulato adflxi, in mare et femina similes. Rami duo pedum natatorium ^''** paris longitudine xquales; ramus interior parium B sequentium exte- riore brevior. Pedes S''^ paris in femina similes ramo uno compositi. Pes uterque triarticidatus, basali biariicidato adfixus, (unà articulis S compositus). Articulus 2)enultimus aculeis o validis, ultimus acideis 2, terminali (1) Bull, de la Soc. Zool. de France, XII, p. 156, 1887. 44 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 validissimo, prœdiii. Pedes dexter et sinister 3^^ jparis in mare hira- mosi dissimiîes. Ramus interior dextri jpedis 4-articulatus, apice spinis curvatis minutis dense praedita, insignis. Ramus exterior '2-articulatus, hasali oiarticulato adfixus, articulo ultimo valde curvato, ad hasin aculeis rohitstis 2 armato, ad apicem in aculeum validissimwn prolon- gato. Ramus interior pedis sinistri t-articulatus, elongatus, ad apicem setis brevibus, setaque longiore insiructus. Ram,us exterior 2 articu- latus, hasali hiarticulato adflxuSy articulo penultimo m aculeum lon- gum validissimumque exeunte; idtimo, figuram laminse curvatie apicem versus spina sat valida utroque angulo apicis iruncatœ adfixa, prse- bente. Oculus unicus, fere in medio segmenti /"» cephaloihoracis situs. Longit. cir citer 1>^'"'^43. Je dois les exemplaires que je possède à l'obligeance de mon excel- lent ami, M. Roubau, qui les a recueillis à Toulouse, aux bords du canal du Midi. Cette espèce a-t-elle remonté le canal depuis l'étang de Thau ? Se trouve-t-elle dans les réservoirs de Saint-Ferréol ou du Lampy qui alimentent le canal ? Des recherches plus minutieuses donneront sans doute la solution de ces questions. Le nombre des exemplaires recueillis est très faible. M. Roubau les a péchés en décembre 188.7. Peut-être trouvera-t-on cette espèce en plus grand nombre à la belle saison. Ce représentant d'un genre nouveau de la famille des Calanides mérite une description détaillée qui sera donnée plus lard, en même temps que l'espèce sera figurée. Je la dédie à M. Poppe, de Brème, et à notre collègue, M. de Guerne, en souvenir des précieuses indications qu'ils ont bien voulu me donner. DiAPTOMUS R0UBAU[ U. Sp. Animal speciebus aliis Uujus generis valde robtistius. Antennêe ■/"" paris apud fem,inam longitudine cephalothoracem paulum superantes. Pedes S''^ paris in femina ac in D. Castore sat similes. Setas apicales segmentorum caudalium intus ciliatorum perhreves. Apud marem aculeus validissimus ac longissimus cum fere iota lon- gitudine marginis superioris ariiculi 1 S'^^ antennœ i"^ paris conjuncius, exstat. Articulorum ^7""'« et /i^""'s eamdem jirxbeni structurant. Acu- leis 2 validissimis, ad basin contiguis, ^6"'w« et JS^us articulorum insi- gnes. Pedis dextri ô''* paris ramus interior 4-articulatus, perbrevis, cylindricus, ad apicem, spinis minutis et curvatis dense obsitam rotun- SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 45 clatus. Rami exlerioris articulus ultimus apicem versus unco validis- simo, curvato, per totam longitudinem dense serrato prœditus. Adesi prœterea uncus dimidiam longitudinem alterius fere sequans, huic similis et propinquus fera ad hasin lamella hyalina, lata, apicem ver- sus rotundata prseditus. Pedis sinistri articulus idtimus rami exterioris aculeis 2 sat rohustis margini exteriori adfixis armatus, prœterea ad marginem interiorem rotundatus et hic spinis mimitis oc ciirvaiis dense ohsitus. Articula antepenultimo ramus anterior adfixus, indistincte hiarticulatus, longi- tudine et apicis structura ramo interiori pedis dextri similis. Segmen- torum abdominalium tertius apud marem ad latus dextrum in processum obtuse triangularem porrecius. Quartus eamdem prœbet structuram. Setas apicales quam, in femina longiores. Long, circit. 3-6^''^. Quelques rares exemplaires de cette espèce que j'ai le plaisir de dédier à mon ami, M. Roubau, m'ont été communiqués par M. le professeur Bolivar, de Madiid. Ils proviennent des environs de Ciudad Real. Cette espèce est remarquable par sa grande taille et par l'ano- malie des 3" et 4^ segments abdominaux. DiAl'TOMUS WlERZEJSIvU l). Sp. Antennx f'»* paris feminae apicem 2'^'^ segmenti abdominalis non attingentes, articulo basali seta longissima prsedito. Frons appendi- cibus tentacidiformibus latis ad apicem rotundatis instructa. Pedis ^'» paris ramus interior uniarticulatus^ brevis, spinis minutissimis ad apicem ornatus, cetera ac in D. Castore sat similio-, Annulus tertius (ab apice) antennx geniculantis maris in processum longitudine annido penultimo aequalem exit, dentibus crassis et brevibus (ÎO-ISJ instruc- tum. Pedes S'-'^ paris maris ac apud Diaptomum pectinicornem {Wier~ zejski) sat similes. Ramus auéem internes pedis dextri 4-articidatus, rami exterioris articidus penultimus in acideum multo robustiorem exit. Margo interior articuli antepenultimi rami exterioris pedis sinistri processu variabili hijalino insignis. Long, cire, $ ^'«'^7 5, c^ :2''"»4. Cet animal vit en très grande abondance aux environs de Madrid et de Valladolid. J'ai pu en examiner un grand nombre envoyés par M. le professeur Bolivar. Cette espèce, d'un rouge carmin à l'état vivant, participe par plusieurs caractères des espèces D. 7nontanus et D. peciicornis de M. "Wierzejski, qui a bien voulu comparer l'espèce provenant d'Espagne avec ceux qu'il a décrits de Bukowine. 46 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 ChYDORUS LetOURNEUXI 11. sp. Testa a latere visa subrotundata, sulcis curvatis (10-12) e medio exeiintibus, ad margines anticos liberos loorrectis, antice manifesiis tit in Pleur, adunco, ornata; testa cetera lœvis, margine superiore promincnte, postice leviter siniiato, marginibus posierioribus et inferio- ribus rotundatis, Valvuloruni margines inferiores p)ostice ciliis longis instructi, margines superiores dentati. Eostrum brève et obtusum. Antennœ I""' paris ad basin crassse, rostro breviores, setis aequalibus. Antennae ^'^i paris setis 7|3r«c?îïce. Macula nigra oculo duplo minor, inier ocidum et apicem rostri fere in medio sita. Postabdomen apicem versus rolundatum, unguibus terminalibus brevibus lœvibus ac robustis, acuîeis ad basin 2, quorum interior altero multo brevior, armatis ; margo superior in medio sinuatus sitpra médium processum obtusum format et infra hune aculeis minutis dense obsitus. Spinulis mitiutissi- mis sjMrsim in Jateribus postabdomen instructum. Color corneus. Long, circit. 0"""o. Mas ignotus. C'est en examinant des récoltes faites par M. Letourneux en Algérie et en Tunisie que j'ai rencontré cette espèce qui se dislingue de suite nettement de toutes les autres par les sillons très marqués de la partie antérieure et ventrale de la carapace. Que M. Letourneux me permette de lui dédier cette espèce qu'il a bien voulu me communiquer et qu'il a recueillie le 13 mars 188(1 dans une source à Bir-en-Nebech (Tunisie). Alona Moîviezi n. sp. Testa antice quam. postice latior, striis muliis, interdum areis ornata, supine sat arcuata, postice fere truneaia, angulo inferiore rotundato, inferne subrecta, ciliis longis, hic obsita. Antennse 1'^^ paris apicem rostri fere attingentes. Articulus ultimus utriusque rami antennarum 2di paris, setis o longis et aculeo forti prœditus, Rayni exterioris arti- cidus pemdtimus longa seta instructus. Macula nigra oculo major, inter liunc et apicem rostri in medio sita. Postabdomen brève latitu- dine fere œquali, ad angulum posteriorem et inferiorem rotundatum, seriebus (8-9) aculeorum (4-S quorum exterior multo major) fusifor- mium^ 2orœterea aculeis tninutis œqualibus fasciculatim usque ad pro- cessum obtusum positis, armatum. Adest denique séries lateralis squa- tnarum spinis gracilibus ac longis compositarum. Ungues terminales sat longi, usque ad apicem ciliis minutissimis obsiti, dente basait g racili et sat magna. Setœ abdominales longse. Mas femina majore paulo dicrejians. Postabdomen brevius, latum, SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 47 spinis unguihusque terminalihus muUo hrevioribiis qnam in femina, ornatum. Pedes /»"' paris in hamulo valido curvato ad hasin crasso, apicem versus acuto exeuntes. Longit. cire. $ O'^'^'S-O^'^SS, ^ a"^"^4^-0""'^5. J'ai trouvé pour la première fois celte espèce aux environs de Vichy, puis dans un bassin du parc de M. Du Buysson à Brout-Yernet (Allier). Celte espèce vivait là en assez grand nombre. Je la dédie à M. Moniez, de Lille, qui étudie aussi les Entomostracés de France et qui a bien voulu examiner ce Lyncéide. Daphnia Bolivari n. sp. Caput a latere visum fere triayigulare, latum, margine superiore recto ; anteriore cum inferiore lineam usque ad apicem rostri aequaliter ac leviter arcuatam formante ; rostro acuto brevi. Testa cetera margine dorsali subrecto inter caput et corpus leviter sinuato, margine ventrali acuJeato parum arcuato. Spina iestœ longa aculeis multis ac validis ornata. In capite a latere viso linea circularis patet insignis, dis- tiyictissime série dupla aculeorum acutorum instructa, parte superiore modo lœvi. Ab apice dorsali et posteriore hujiis lineœ sequitur linea alia eadem structura marginem supieriorem test se usque ad apicem cau- dalis spinas.Adest prxterea linea alia in mcdio utriusque lateris testée, acideis ornata. Antennse ^""' paris magnse. 2^"^ paris médiocres piliis brevibus sed distinctissimis ornatse. Setœ abdominales médiocres, ad apicem ciliis longis dense obsitœ. Oculus mediocris crgstallinis paucis perspicuis ; macula ocularis rotunda, parva. Long, feminœ, spina testse inclusa, o'«'"5.3^. Long., spinse (?'»"^S. Quoique cette description soit très incomplète, il serafacile de recon- naître cette espèce extrêmement remarquable par la ligne circu- laire épineuse placée sur les côtés de la tête et qui se prolonge le long de la ligne dorsale jusqu'à l'extrémité de l'épine caudale. La présence d'une autre ligne d'épines sur le milieu de chaque côté de la carapace est aussi très caractéristique. On ne trouve rien d'analogue dans les autres espèces. L'exemplaire unique que j'ai vu m'a été communiqué par M. le professeur Bolivar. Il provient de Yalladolid et son état très médiocre n'a pas permis de noter les caractères du postabdomen. J'ai le plaisir de dédier cette espèce à M. Bolivar qui a bien voulu me sou- mettre ses nombreuses et intéressantes récoltes d'Entomostracés des environs de Madrid, de Séville, etc., etc. Je dois encore signaler quelques espèces rares et nouvelles pour la faune française : 48 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 Parmi les Copépodes, Cyclops languidus Sars n'avait pas été retrouvé depuis 1862, du moins d'une façon certaine, car Rehberg dit que M. Poppe a trouvé un Cyclops qui doit se rapporter à cette espèce, mais qui n'a pas été plus étudié. J'ai retrouvé à Vichy, au mois de mars dernier, un grand nombre d'individus d' et $ de cette espèce, correspondant paifaitement à la diagnose de Sars. J'ai pu recueillir aussi à Chaville en août 1886 et à Vichy en juin 1887 le Ci/clops hyalinus Piehberg, en même temps que Cyclops sim- plex Poggenpol, et Canthocamptus minutus Claus. Parmi les Cladocères, j'ai recueilli aux environs de Tulle quelques exemplaires du rarissime Drepanoihrix dentataEnrèn, une carapace (Vllyocryptiis sordidus Liévin, Alona falcata Sars, en Juin 1887 ; Alona acanthocercoides Schdl., Alona Leydigi^cXuW.^ en novembre dernier dans les parcs de Versailles, puis en janvier 1888 dans des récoltes de M. Chevreux au Croisic. Tout porte à croire que bien d'autres espèces fort curieuses seront trouvées en France au fur et à mesure qu'on les recherchera avec plus de soin. Je n'inrlique ici que les plus intéressantes. D'autres sont encore à l'étude, qui ne sont pas non plus dépourvues d'intérêt. A PROPOS DES MUSCLES STRIÉS DES MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES, par le D-- Raphaël BLANCHARD. Une note récemment présentée à l'Académie des sciences par M. Hermann Fol m'engage à revenir sur une question qui m'a déjà occupé, il y a près de neuf ans, et sur laquelle je ne m'attendais guère à voir cet observateur, ordinairement plus habile, rééditer d'an- ciennes erreurs et les compliquer même par l'adjonction de quelques erreurs nouvelles. Les Mollusques lamellibranches, les seuls dont il sera question ici, se divisent, comme on sait, en deux groupes, suivant que leurs deux valves sont mises en mouvement et rapprochées l'une de l'autre par un muscle médian (Monomyaires) ou par deux muscles plus ou moins écartés l'un de l'autre ( Dimy aires) ; les premiers sont des animaux marins ou d'eau saumâtre; quelques-uns des seconds vivent dans les eaux douces. J'ai eu soin d'étudier, dans chacune de ces catégories, non seulement les muscles adducteurs des valves, mais encore ceux du pied et du bord du manteau. De cette élude comparative, il ressort que l'élément fondamental du SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 49 tissu musculaire des Lamellibranches est un ruban contractile, lisse et généralement d'une très grande longueur, véritable fibre-cellule portant un noyau superficiel; nous indiquerons dans une autre note sa structure et ses principaux caractères chez un cerlain nombre de types. Par exception, chez un petit nombre d'espèces à mœurs spé- ciales, ces fibres se modifient d'une façon tort remarquable et se transforment en de véritables fibrilles à striation transversale; jusqu'à présent, ces fibrilles striées ont été vues exclusivement dans l'adduc- teur de certains Monomyaires. La notion de l'existence de muscles striés chez les Lamellibranches est déjà assez ancienne. Rud. Wagner (1) a signalé une striation sur les muscles rétracteurs du pied du Pccten, mais il est facile de se con- vaincre que c'est là une erreur et que les muscles en question sont lisses; néanmoins, cette erreur a été répétée, H ans plus tard, par Lebert et Robin (2). Lebert (3) reprit bientôt cette étude et arriva à des conclusions plus exactes. « C'est, dit-il, dans le muscle rétracteur du Peigne (Pecten maximus) que nous avons constaté l'existence de véiilables stries transversales, fait que M. Wagner a également signalé pour le muscle du pied du Pecten. » Et plus loin : « Les fibres musculaires du Peigne montraient, comme nous l'avons indiqué plus haut, des raies trans- versales tout le long de leur surface, comme dans les muscles des animaux vertébrés. Les fibres primitives avaient Oi^'"003 à O'"'"0035 de largeur; les faisceaux avaient de 0™'"04 à O'^^OT, et paraissaient ren- fermer dans quelques-uns des faisceaux composés, formés par la réunion d'un petit nombre de fibres primitives. Nous regrettons de ne pas avoir dessiné ces muscles. » La description qui précède est sans doute obscure et imparfaite; elle est pourtant suffisante pour assurer à Lebert le mérite d'avoir découvert les muscles striés chez les Mollusques. Pour Margô (4), les muscles adducteurs des valves et les muscles du pied des Anodontes [A^iodonia cygnea, A. anatind) seraient formés de fibres striées en travers, d'une façon absolument analogue à celles des Vertébrés; la striation serait due à des séries transversales de sarcous éléments arrondis et séparés par une quantité variable de substance homogène; les fibres ne seraient striées qu'en certains points de leur longueur. J'aurai bientôt l'occasion d'indiquer que tous les muscles des Anodontes sont lisses, contrairement à l'opinion de l'ana- tomiste hongrois; je pense que son erreur tient à ce que, ses disso- ciations étant très imparfaites, la substance interposée aux fibres, substance formée en majeure partie de granules réfringents de nature oO SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 graisseuse, était restée adhérente à la surface de celles-ci. L'erreur a d'ailleurs été déjà reconnue parWeismann (5), qui a vu un noyau, mais pas de striation transversale à la surface des fibres des muscles adducteurs d'Anodonta cygnea. D'après Wagener (6), le muscle adducteur des Lamellibranches est formé de fibres dépourvues de sarcolemnie; le noyau ferait également défaut. Chez Lima, l'adducteur renferme tout à la fois des fibres lisses et des libres striées : ces dernières sont plates, sans noyau ni sarcolemme, et séparées par une substance conjonctive très peu abon- dante; les stries sont généralement un peu obliques et se voient aussi nettement que chez les Insectes. Nous reviendrons sur cette impor- tante observation. Schwalbe (7) a vu le noyau, dont Wagner révoquait l'existence en doute; il est elliptique, situé à la surface de la substance contractile et le plus souvent entouré d'une zone de substance granuleuse. Ce même auteur a figuré exactement (pi. XV, fig. 18 et 24) la structure fibrillaire de la libre musculaire, mais n'a pas vu la véritable striation transversale ; il n'a du reste pas étudié les Peignes. Il représente (pi. XV, fig. 17), chez Solen vagina, une double striation oblique, que nous avons retrouvée nous-même chez d'autres espèces. Franz Boll (8) a surtout étudié les Gastéropodes et les Céphalo- podes; il signale les travaux antérieurs dans lesquels il est fait men- tion de la striation transversale, mais n'y ajoute aucune observation nouvelle. Le ventricule du cœur de Pecten maximus, suivant Dogiel (9), serait formé d'un lacis de lamelles musculaires, striées à la façon du muscle cardiaque des Vertébrés; la même structure s'observerait aussi sur les muscles des oreillettes. Toutefois, Dogiel ajoute que cette striation résulte d'une accumulation de granulations : « les granulations sont souvent disposées si régulièrement en série, qu'il en résulte une stria- tion transversale. » Il ne s'agit donc point, là encore, d'une striation véritable, comme le montrent d'ailleurs les figures publiées par l'au- teur (PI. V. lig. 8, a. b, e, e, g). H. von Ihering (10) reconnaît deux parties dans l'unique muscle adducteur de l'Anomie: la plus petite, ou partie ligamenteuse, est formée de fibres lisses ayant « une! structure fibrillaire si exquise, qu'on croirait avou- sous les yeux une fibre nerveuse. » La plus grande partie, ou partie musculeuse, « est formée de libres-cel- lules lisses, dans lesquelles la substance contractile est placée à la périphérie, mais dont l'axe est formé d'un protoplasma granuleux qui renferme aussi le noyau. » Bien que je n'aie point eu l'occasion SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 51 d'étudier l'Anomie, cette dernière description me semble inexacte : elle s'appliquerait assez bien à la fibre musculaire des Gastéropodes, mais aucun des nombreux types de Lamellibranches que j'ai étu- diés ne m'a présenté une semblable structure. Tel était l'état de la question, lorsque je publiai ma première note (11) : puisque les conclusions en sont rejetées par M. Fol (12), on me permettra de la reproduire ici en partie. Je suis d'ailleurs convaincu (jue, si M. Fol avait pris la peine de vérifier ma descrip- tion, il n'eût |)as manqué d'en reconnaître l'exactitude : il aurait évité de la sorte le désagrément de venir nier l'évidence même. Cette néga- tion donne la mesure du soin avec lequel cet auteur a contrôlé les travaux de ses devanciers, bien qu'il assure s'èlre convaincu, en « ne négligeant aucune des méthodes employées par ses prédécesseurs», que « la véritable striation transversale (de la fibre musculaire) n'existe chez aucun Mollusquel « J'ajoute qu';\ l'époque où ma note a été publiée, M. le professeur Ranvier a bien voulu examiner mes préparations et a facilement reconnu la justesse de mon interprétation. Voici ce que j'écrivais alors : « Le muscle adducteur d'un Pecten, spécialement du Pecten Jaco- hxus, qui a surtout fixé notre attention, est composé de deux parties bien distinctes, séparées l'une de l'autre par une cloison conjonctive dépendant de la gaîne du muscle. Ces deux parties sont de grosseur inégale; la plus petite, blanche, nacrée, resplendissante, est unique- ment composée de fibres musculaires lisses ; la plus grosse, terne et grisâtre, est formée de fibres musculaires striées. » En plaçant un bouchon entre les valves d'un Pecten vivant, il sera très facile de fixer dans l'extension son muscle adducteur. Un fragment de muscle strié, dissocié et coloré au carmin ou à l'héma- toxyline, montrera d'intéressants détails de structure. » Ce muscle, de même que celui de l'ailede l'Hydrophile, est constitué par la juxtaposition d'un nombre considérable de fibrilles très délicates, parallèles entre elles et qui ne sont point réunies en faisceaux entourés de sarcolemme. On ne trouve point toutefois, entre les différentes fibrilles, de la matière granuleuse, comme il y en a dans les muscles de l'aile des Insectes et dans le muscle vibrant du Homard. » Chaque fibrille va d'une valve à l'autre et est, par conséquent, aussi longue que le muscle lui-même. A un faible grossissement, la fibrille se montre très nettement striée en travers; mais si on l'exa- mine à un grossissement de 5 à 600 diamètres, on distingue alors la striation transversale avec la dernière netteté. On constate qu'elle ne diffère pas essentiellement, quant à sa structure, de celle qui s'observe 52 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 sur le muscle de l'aile de l'Hydrophile. On retrouve là l'alternance bien connue des « disques épais » avec les « espaces clairs » que tra- vei'se en leur milieu le « disque mince ». Sur certaines fibrilles prove- nant de muscles fixés par l'acide chromique, on voit déjà le disque épais divisé en deux par un espace clair central, absolument comme chez l'Hydrophile; ce dernier détail de structure s'observe bien plus facilement et d'une façon plus constante sur des muscles fixés par l'alcool dilué. » Ici encore, les espaces clairs ne se colorent pas, tandis que les dis- ques épais et les disques minces se colorent fortement par le carmin et fixent surtout énergicjuement l'hématoxyline. » Si l'on examine à la lumière polarisée ce muscle frais et non encore coloré, on observe les phénomènes décrits par Brùcke pour les muscles des Vertébrés : les disques épais et les disques minces sont biréfringents, tandis que les espaces clairs sont monoréfringents : il y a donc lieu d'établir ici encore une distinction entre une substance isotrope et une substance anisotrope, et ce caractère rapproche encore davantage le muscle strié du Pecten de celui de l'Hydrophile. » Mais un caractère qui, en revanche, distingue l'une de l'autre ces deux sortes de muscles, c'est la présence, sur chaque fibrille muscu- laire du Pecten, d'un gros noyau allongé, ovoïde, qui saille fortement à sa surface. Ce noyau se colore par le carmin et par l'hématoxyline et renferme un |)roloplasma granuleux. H est placé en un point va- riable de la longueur de la fibrille. Je n'ai jamais vu une même fibrille posséder deux noyaux, mais je n'ai jamais vu non plus aucune fibrille en être dépourvue. » Pour achever de décrire rapidement la fibrille qui est l'élément constitutif du muscle strié du Pecten, il me reste à indiquer quelles sont les dimensions de cette fibrille et de son noyau. La longueur de la fibrille, je l'ai déjà dit, est la longueur du muscle lui-même. La largeur, très variable, est en général plus considérable que celle de la fibrille de l'Hydrophile : elle est en moyenne de 10 a, mais elle peut être beaucoup plus considérable, et il n'est pas rare de la voir atteindre jusqu'à 1:^0 |jl. Les dimensions du noyau sont également assez variables; sa longueur moyenne est de 10 à 12 [ji, sa largeur de 4 à 5 [j.. » J'avais, moi aussi, reconnu l'erreur commise par Reichert, Schwalbe et Marge et j'en avais fait la critique. J'étais ainsi autorisé à écrire encore celte phrase : « Si donc, pour les motifs que j'ai exposés au début de cette note, on fait table rase des opinions émises jusqu'à ce jour sur la striation des muscles des Mollusques, on se trouve ici en face de la première SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 53 observation indiscutable de muscle strié chez les Mollusques acé- phales, w J'ajoutais encore : « Le muscle strié du Pecten devra désormais être préféré à celui de l'aile de l'Hydrophile, par quiconque voudra étudier la striation. A cela plusieurs avantages : d'abord on est toujours sûr de fixer à vo- lonté le muscle soit étendu, soit contracté; en second lieu, les fibrilles sont plus grosses et plus facilement isolablesque chez l'Insecte; enfin, on ne trouve point entr'elles cette substance granuleuse si abondante chez l'Hydrophile et qui, en raison même de son abondance, rend la préparation malpropre. » Aujourd'hui, je n'ai rien à modifier à cette description, faite il y a huit ans; je revendique la responsabilité de l'observation dont M. Fol conteste l'exactitude. J'ai la certitude qu'il reconnaîtra lui-même son erreur et que, modifiant ses conclusions trop hâtives, il voudra con- clure que la véritable striation transversale existe chez quelques Mol- lusques. Il est donc démontré, malgré les dénégations de M. Fol, que des muscles striés, présentant la striation la plus parfaite et constituant le meilleur type histologique, se rencontrent dans la plus grosse portion (portion musculeuse des auteurs allemands) de l'unique adducteur de certains Peignes (Pecten maximus, P. Jacohseus). Les observations de Wagener nous enseignent d'autre part qu'il en est de môme dans le genre Lima. Cette similitude de structure est évidemment en rapport avec le genre de vie spécial aux animaux qui la présentent : on sait, en effet, que les Lima et les deux grands Pecten en question ont la curieuse ha- bitude de se déplacer et de nager dans l'eau, par suite de mouvements brusques et rhythmiques d'occlusion et d'ouverture des valves, « Les Peignes, dit Fischer (13), en rapprochant brusquement leurs valves font des bonds prodigieux (1 ou 2 mètres horizontalement), et au moven de plusieurs battements des valves ces Mollusques s'élèvent dans le liquide ambiant, mais leur trajectoire est irrégulière. Les plus parfaits des nageurs, parmi les Lamellibranches, sont les Limes, qui voltigent dans l'eau comme les Papillons dans les airs, avec la même légèreté et la même étourderie. » La brusque occlusion des valves a pour eff'et de chasser l'eau qui était venue remplir la cavité de la coquille ; mais cette eau réagit à son tour, par un mécanisme comparable à celui qui, chez les Vertébrés, détermine le redressement de l'aorte et le soulèvement de la pointe du cœur, et il s'ensuit que le Mollusque est violemment projeté. Or, 5 b4 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 la physiologie générale nous apprend que le muscle strié est l'agent essentiel des mouvements brusques, rapides et énergiques, mais de courte durée. Si la conclusion à laquelle nous sommes amené est e.xacte, la por- tion lisse du muscle adducteur des valves devra, par contre, être l'agent de l'occlusion permanente des valves, l'antagoniste direct du ligament de la charnière. Ce tait est précisément démontré par les expériences de Coutance (14) , qui résume ainsi ses observations : « Nous voyons les deux éléments du muscle adducteur adaptés à des fonctions différentes, concourant au même but : la fermeture des valves Le muscle strié ramène, le muscle lisse retient. Le muscle strié ramène vivement, le muscle lisse peut aussi ramener, mais len- tement, et suivant un mode de contraction aussi différent dans son rhythme que le muscle lisse diffère anatomiquement du muscle strié Si le muscle strié ramène brusquement, il se détend aussi brusquement. Si le muscle lisse ramène lentement, il se détend encore plus lentement. » Ainsi, même chez les Lamellibranches, on trouve une confirmation de cette grande loi physiologique, que les mouvements rapides sont accomplis par les muscles striés. Chez les Monomyaires autres que les Pectinides, la portion striée du muscle adducteur est représentée par des fibres lisses, dont l'aspect et la structure diffèrent notablement de ceux des fibres lisses qui constituent la plus petite portion de l'adduc- teur. La présence des fibres lisses dans les muscles adducteurs des Lamellibranches est le fait primordial et, pour ainsi dire, caractéris- tique de ce groupe; le remplacement de certains groupes musculaires, normalement lisses, par des fibres striées, constitue un état secondaire que nous avons expliqué plus haut. Cette substitution a une grande valeur, au point de vue de l'anatomie et de la physiologie comparées, et nous indique, pensons-nous, pour quelles raisons les Vertébrés ont leurs organes locomoteurs formés de fibres striées, tandis que les animaux avec lesquels on peut leur reconnaître quelques afiinités n'ont encore que des fibres lisses (1). INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1 . RuD. Wagner, Lehrbuch der ver(jleichenden Analomie, II, p. 470, 1835. (1) Il est vrai cjue Lebert et Robin floc. cit.. p. 127), puis Lebci't floc. cit., p. 176) ont décrit des libres striées transversalement dans l'estomac de certaines Annôlides {Aphrodite aculeata L.), mais ce fait nous semble mériter confirmation. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 55 2. H. Lebert et Ch. Robin, Kurze Notiz iiber allgemeine vevyleichende Anci' tomie niederer Tliiere. Mûller's Archiv, '184G. Voir p. 4 27. 3, H. Lebert, Recherches sur la formation des muscles dans les animaux ver- tébrés et sur la structure de la fibre musculaire dans les diverses classes d'animaux. Annales des se, nat,, Zoologie, (3), XIII, p. 158, 1830. Voir pages 165, 166 et 168. 4. Th. Margô, Ueber die Muskelfasem der Mollusken. Sitzungsber. der Wiener Akad. der Wiss., niath.-nalurvv. Classe, XXXIX, p. 59'J, 1860. 5, A. Weismann, Ueber die zivei Typen contractilen Gewebes und ihre Ven~ theilung in die grossen Gruppen des Thierreichs, sowohl iiber die histo- logische Bedeulung ihrer Formelemente. Zeilschr. f. rat. Medicin, X, p. 80, 1862. 6 . G. R. Wagener, Ueber die Muskelfaser der Eoertebraten. Archiv fiir Ana- tomie und Physiol., p. 211, 1863. 7. G. ScHWALBE, Ueber den feineren Bau der Muskelfasem ivirbelloser Thiere. Archiv fur mikr. Analomie, V, p. 203, 1869. 8. Fb. Boll, Beitrdge zur vergleichendcn Histiologie des Molluskeniypus, Ibidem, V, Supplément, 1869. Voir p. 20 et suivantes. 9. JoH. DoGiEL, Die Muskeln und Nerven des Herzens bei einigen Mollusken, Archiv f. mikr. Anat., XIV, p. 59, 1877. 10. H. VON Jhering, Ueber Anomia, nebst Beinerkungen zur vergleichenden Analomie der Muskulatur bei den Muschela. Z. f. w. Z.,XXX, Sup- plementband, p. 13, 1878. 11 . R. Blanchard, Noie sur la présence des muscles striés chez les Mollusques acéphales mono my a ires. Revue internationale des sciences biologi- ques, V, p. 356, 1880. Comptes-rendus de la Soc. de biologie, (7), II, p. 133, 1880. 12. H. Fol, Sur la structure microscopique des muscles des Mollusques. Comptes- rendus de l'Acad. des sciences, CVI, p. 306, 1888. 13. P. Fischer, Manuel de conchyliologie. Paris, 1880-1887. Voir p. 34. 14. A. Coutance, De l'énergie et de la structure musculaire chez les Mollusques acéphales, Paris, 1878. Voir page 30 et suivantes. SUR LA PRÉSENCE D'UNE ENVELOPPE ADVENTICE AUTOUR DES FÈCES CHEZ LES BATRACIENS Par HÉRON-ROYER La structure de la dernière partie de rintesLin chez les Batraciens anoures et urodèles est bien connue; on sait que, dans le vestibule 56 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 cloacal, débouchent le rectum, la vessie, les uretères et les canaux déférents chez le mâle ou les oviductes chez la femelle. JiGS auteurs qui se sont occupés de l'étude des organes génitaux et du cloaque des Batraciens ne semblent pas s'être rendu exactement compte d'un important phénomène qui accompagne le passage des matières fécales dans le vestibule commun, en raison de la présence des organes qui débouchent dans ce dernier. 11 est évident que les produits sexuels doivent éviter la rencontre des fèces. C'est là un point qui n'a pas été éclairci et qui cependant mérite de fixer l'attention, d'autant plus que, comme l'ont démontré Duvernoy pour les Urodèles, et divers auteurs pour les Anoures, les orifices des canaux pour l'appareil génital font saillie dans la dernière moitié du rectum, que nous nommerons vestibule génito-urinaire et que Duvernoy avait nommée, avec quelcjuc raison, vestibule génito- excrémentitiel. On conçoit les inconvénients qui pourraient résulter de la rencontre des excréments avec les produits sexuels, soit par l'obstruction des- dits orifices, soit par la présence de particules amoncelées en quelque endroit de ce vestibule, si une organisation particulière ne venait pas parer à ces inconvénients, comme nous allons le démontrer. Chez les Anoures, les excréments sont expulsés sous la forme d'une crotte arrondie, de deux à trois fois plus longue que large, suivant l'espèce; chez les Urodèles, ils le sont sous la forme d'un petit boudin allongé. Dans ces deux ordres d'animaux, j'ai vu que les fèces sont recouvertes d'une matière muqueuse d'apparence grisâtre, demi-trans- parente, qui les enveloppe comme un sac, ou comme le revêtement d'un saucisson, Cette particularité ayant frappé mon attention, je vérifiai ce fait chez tous les Anoures européens et sur une partie des Urodèles. Après plusieurs années d'observations réitérées, convaincu de la constance de ce dépôt muqueux, j'étudiai sa formation en même temps que la confection des fèces, dans l'organe même. J'y vis les matières fécales en grumeaux tomber de l'intestin grêle dans le rectum et s'y agglo- mérer au centre d'une poche ou enveloppe muqueuse, sécrétée par les parois de cette partie de l'intestin. La sécrétion qui constitue cette enveloppe est d'un blanc opalin ; elle est abondante et forme plusieurs couches, par suite d'un mouve- ment de rotation exécuté par la fèce ou la crotte durant sa confection : hypothèse que vient confirmer le tortillon qui ferme cette sorte d'en- veloppe. Si, avec de fins ciseaux, on ouvre le rectum sans toucher la fèce, on SÉANCE DU '28 FÉVRIER 1888 57 voit, en entr'ouvrant les bords de la plaie, la membrane excrémenti- tielle se détacher des replis de l'organe et rester adhérente aux matières quelle entoure. Si l'on prolonge cette ouverture jusqu'à la partie ilexueuse où commence le vesti- bule génito-urinaire, on voit que la fèce se termine en cône et que ladite membrane présente une tor- sion rappelant celle d'un cornet de papier et constituant la fermeture inférieure. Quand ce sac est plein, son poids l'entraîne en bas et détermine un mouvement de bascule qui redresse en partie le rectum ; la poche mu- queuse s'étire alors et descend en spirale ; par suite de ce mouvement, celle-ci se déchire près du sphinc- ter de l'intestin grêle, et la fèce ainsi détachée glisse vers l'anus ; le rectum reprend alors sa position horizontale. De cette disposition en équerre, il résulte que la partie inférieure du rectum comprime le vestibule dans son repli et ferme toute communication entre eux. La tèce évacuée, les parois du vestibule se rapprochent et le côté qui est en rapport avec la vessie se creuse en gouttière, comme pour laisser à celle-ci plus d'espace. Grâce à l'organisation que je viens d'indiquer, les excréments ne peuvent nuire, ni aux organes de la génération nia leurs produits. J'en conclus que le vestibule commun dépend surtout de l'appareil génito-urinaire : il n'a guère avec le rectum que des relations de simple contiguïté, puisque, comme on vient de le voir, l'enveloppe caduque excrétnentitielle constitue un excellent isolateur. REMARQUES SUR LE DIMORPHISME SEXUEL CHEZ QUELQUES AMPHIPODES DU GENRE MŒRA {M. SCISSIMANÀ COSTA = M. INTEGRIMAJSA HELLER, M. GROSSIE ANA MONTAGU = M. DONATOI HELLER) Par Th. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille Le dimorphisme sexuel est extrêmement fréquent chez les Amphi- 58 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 podes, et il n'est même point extrêmement rare de rencontrer deux formes de mâles pour une seule espèce de femelle. Aussi ce dimor- pliisme a-t-il amené de fréquentes confusions, et, dans nombre de cas, le mâle et la femelle ont été décrits comme deux espèces spécia- les. J'ai eu Toccasion de faire à ce sujet d'intéressantes observations sur quelques Mœra que j'ai rapportées des Açores ; j'en donnerai ici le résumé, les résultats détaillés devant être exposés dans un travail d'ensemble sur les Crustacés des Açores, que je termine en ce moment. Dans un mémoire sur les Amphipodes de l'Adriatique {Beitrage zur nciheren Kenntnis der AmjpMpoden des Adriatischen Meeres, Wien 1866), le Professeur C. Relier décrit un certain nombre d'espèces nou- velles de Mœm; deux d'entre elles ont particulièrement lixé mon attention, M. iniegrimana et M. Donatoi. Sur ma demande, le professeur Heller, auquel j'adresse ici mes plus respectueux remer- ciements, a bien voulu mettre à ma disposition les exemplaires qui lui avaient servi de types pour ses descriptions. Après examen minutieux, j'ai reconnu que Mœra integrimana Hel- ler est la femelle de M. scissimana Costa ; cette espèce est nettement caractérisée par la structure remarquable des trois derniers péréiopo- des, qui sont renflés et pourvus d'un ongle tout particulier. Chez le mâle [M. scissimana), la paume de la main est creusée en son milieu d'une profonde encoche (cette particularité semble se retrouver chez la plupart des mâles de Mœra), tandis qu'elle est entière chez la femelle (M. integrimana). Je crois en outre qu'il faut rapporter à M. scissimana S l'espèce décrite par Spence Bâte sous le nom de M. Blanchardi, d'après les notes et les dessins, évidemment défectueux, du professeur Em. Blanchard ; la longueur du fouet accessoire des an- tennes supérieures et le renflement des trois dernières paires de péréio- podes militent fortement en faveur de cette manière de voir. En ce qui concerne M. Donatoi Heller, mes recherches ni'ont démontré que cette espèce était la femelle de M. grossimaiia Monlagu; ici encore, la paume de la main est légèrement échancrée chez le mâle (M. grossimana) tandis qu'elle est entière chez la femelle (M. Donatoi). Il faut donc établir comme suit la synonymie des deux espèces en question : lo MOEÏ\A SCISSIMANA Cosla. 1857. c? G ammariis scissimamcs Cosl^, Crosiacei AmiMpodidelreyno di Napoli. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 59 1862. c? Mœra Blanchardi Spence Bâte, Catalogue of,Amphipo- dous Crustacea of the British Muséum, p. 190, pi. xxxiv, fis.. 0. 18G6. c{ Mœra scissimana Heller, Beitràge zur nliheren Kenntniss der Amphipodeïi des Adriatischen Meeres, p. 40, pi. m, fig. 24. 1866. ? Mœra integrimana Heller, ibid., p. 40, pi. m, fîg. 25. 2° MoERA GROSSiMANA Montagu. 1806. cT Cancer grossimamis Montagu, in Linn. Transact., ix, pi. iv, fig. 5. 1814. ç^ Mœra grossimana Leach, in Edimb. Encyclop., vu, p. 403. 1830. c^ Gammarus Impostii Milne-Edwards, in Arui. Scienc. nat., Zool.,xx, p. 368. 1866. Ç Mœra Donaioi EeWer , Beitr. zur nàher. Kennt. der Amphip. des Adriat. Meeres, p. 41, pi. m, fig. 26. REMARQUES AU SUJET DE L'ORCHESTIA CHEVREUXI ET DE L'ADAPTATION DES AMPHIPODES A LA VIE TERRESTRE Par Jules de GUERNE Durant l'été de 1887, M. Théodore Barrois a pu vérifier aux Açores, l'exactitude des observations faites en Bretagne dès 1883 par M. Clie- vreux, sur l'adaptation à'Orchestia littorea Mont, à la vie terrestre (1). Dans la Note qu'il vient de publier à ce sujet (2), M. Barrois a donné une intéressante revue des cas analogues signalés depuis longtemps par divers naturalistes dans des pays très éloignés les uns des autres. Plusieurs Orchesties rencontrées à une certaine distance de la mer et paraissant avoir définitivement quitté l'eau ont été décrites comme (1) « On trouve ce Crustacé, au Croisic, dans des conditions d'existence bien diffé- rentes ; dans des jardins éloignés de plus de 300 mètres de la mer, dans les caves, cuisines et écuries des maisons, sur les bords des mares d'eau douce et aussi dans les réservoirs d'eau de mer saturée des marais salants. » E. Chevreux, Crustacés amphipodes et isopodes des environs du Croisic. Assoc. franc, avanc. Se. Congrès de Rouen, 1883, p. 518. (2) Bull. Soc. zool. France, XIII, séance du 10 janvier 1888. La plupart des cas indiqués par M. Barrois avaient été relevés et réunis antérieurement par le D' Iloek fCarcinologisches, etc. Tijds. nederl. dierk. Ver, IV. 1879, p. 130). 60 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 des espèces, particulières. 0. sylvicola (1) et tahitensis Dana ; telluris Sp. Bâte ; cavimana Hel. ; liumicola V. iMart. J'ai distingué également sous le nom de Chevreuxi (2) un Orchestia que j'ai recueilli aux Aço- res, dans la caldeira de Fayal, en juillet 1887, pendant la troisième campagne de l'Hirondelle. Bien que la description de quelques-unes d'entre elles laisse à dési- rer, M. Barrois n'élève aucun doute sur la validité des espèces énumé- rées en premier lieu, mais il émet l'opinion qu'O. Chevreuxi \\Q,A\ïVkiVQ pas d'O. littorea. Mon savant collègue n'a pas jugé à propos de me demander à ce sujet les renseignements détaillés que je me serais fait un plaisir île lui communiquer. Il semble s'être un peu hâté de condamner l'espèced'après une diagnose très défectueuse que je ne puis recocmaître comme vague, car elle indique des caractères précis, mais qu'il est de mon devoir de déclarer incomplète, parce que cer- tains détails importants y sont omis, et surtout erronée, deux fautes d'impression l'ayant absolument dénaturée. Les mêmes erreurs et omissions se retrouvent nécessairement dans la diagnose imprimée à la page 40 de mon Travail délinitif (3) dont celle-ci n'est qu'une copie. La description étendue en contient môme plusieurs autres échappées à la correction et que j'ai rectifiées dans un ermiJwm. Toutefois, comme ces sortes de documents passent souvent inaperçus, il me paraît utile d'y revenir ici. Les ligures qui accompagnent cette rectification lui donneront d'ailleurs un intérêt particulier. Femina. — Antennse superiores i^aulo ultra articulum j^edunculi penuUimicm antennarum inferiorum porrectœ. Pedes 2^^ paris ariiculo 5"'o aculeis 2 armato, carpo elongato ; pedes 5"'» paris perbreves ; pedes 7 mi pains et pedes saltatorii 1"^^ et 2"^' paris valde elongati. Telson brève, ovatum, emargiaatwn. Animal roseo-violaccscens . Mas ignotus. Longit. lu""". Femelle adulte.— Les yeux sont petits et ronds, le corps lisse, les épimères de taille moyenne, le l""" très étroit et le 5*^ aussi haut que (1) G. M. Tliomson et C. Chilton (Critkal îist of the Crustacca vialacostraca of New Zealand. Trans. a. Proc. N. Z. Iiisl. XVIII, 1885) réunissent à cette espèce 0. /cnutçDana et 0. Novœ Zclandiœ Sp. Bâte. D'après les mêmes auteurs 0. tcl- lurix serait commun sur certaines côtes sableuses. Malheureusement les voyageurs ne donnent presque jamais de renseignements sur la station des animaux qu'ils rap- portent. (2j J. de Guerne. Noies sur la fcuoi:' de: Açovcs, etc. Le Naturaliste, (2), I, l"'"' novembre 1887. f;j) .1. de Guerne, Excursion'i zonlogifiues dam les ilcs de Fayal et de San Miguel fAçores). 1 vol. Paris, Gauthier-Villars. 1888. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 61 le 4« ; leurs bords inférieurs sont garnis de quelques poils très courts. Les antennes supérieures dépassent un peu l'avant-dernier article du pédoncule des inférieures ; leur fouet se compose de 5 articles. Les antennes inférieures atteignent un peu plus du tiers de la longueur du corps ; le dernier article du pédoncule dépasse en longueur le précé- dent; le fouet se compose de 20 articles. Voirûg. 1. (Chez une femelle plus jeune, les antennes inférieures sont plus courtes et leur fouet ne porte que 18 articles). Le 4» article des pattes thoraciques de la l^e paire est très allongé et s'élargit à la partie inférieure; le 5^ article, un peu plus court, rectangulaire, épineux, s'élargit aussi un peu vers l'extrémité qui est tronquée carrément et légèrement convexe; la griffe est beaucoup plus longue que le bord inférieur. Dans les pattes de la seconde paire, le 3= article porte deux fortes épines à sa partie inféro-postérieure; le 4" article, remarquablement long, s'élargit fortement vers l'extré- mité; le 5^, un peu plus court, ovale, allongé, dépasse de beaucoup l'extrémité de la griffe. Voir fig. 3. Les pattes des 3' et 4^ paires sont courtes et d'égale longueur, celles de la 5« paire, à peine plus longues, n'atteignent que l'extrémité du 4e article des pattes suivantes. Les pattes de la 7^ paire sont très longues et dépassent de beaucoup l'extrémité des pattes sauteuses; leur l*"" article est élargi postérieurement et garni de fortes dents i les 3*^ et 4e articles sont d'égale taille, le 5^ beaucoup plus long, la griffe grande et très légèrement recourbée. Voir fig, 5. Les pattes sauteuses des deux !''«» paires sont plus longues que chez Orchestia littorea des mers d'Europe ; celles de la 3^ paire sont, au contraire, extrêmement petites et leur article terminal est court, étroit et styliforme. Le telson, remarquablement petit, est conique et forte- ment échancré à l'extrémité. Voir les fig. 5 et 7. Grâce à l'obligeance de M. Chevreux, Y Orchestia dont il s'agit a pu être mis en parallèle avec des femelles adultes et de taille exactement semblable d'O. littorea recueillies au Croisic. J'ai placé côte à côte, pour faciliter les comparaisons, les mêmes parties dessinées à la chambre claire chez les deux espèces, à un grossissement identique. Il est à peine besoin de faire ressortir les différences. Les fig. i et 2 montrent que l'antenne supérieure est un peu plus longue chezO. Chevreuxi; le fouet de l'antenne inférieure est aussi rela- tivement plus long et composé de plus d'articles. On constate d'ailleurs la persistance de ces proportions, même si l'on prend pour terme de comparaison une très vieille femelle d'O. littorea. ïl convient toutefois 62 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 Fig. 1. 0. Chevreuxi. Antennes. Fif 2. 0. littorea. Antennes. de rappeler que ces appendices sont sujets à varier chez certaines espèces, suivant les localités. Les fig. 3 et 4 ont trait à un caractère d'une valeur plus grande; elles indiquent de no- tables différences entre les pat- tes de la 2'^ paire chez les deux formes. Chez 0. littorea, le l"'" article est beaucoup plus large et le 5<» plus court. Ces pattes se distinguent en outre chez 0. Chevreuxi par les épines du 3e article, l'allongement parti- culier du 4'' et la longueur un peu plus considérable du mem- bi'o entier. On remarquera sur la fig. 5 3. 0. Chevreuxi. Fig. 4. 0. liiiorcn. \^ grande longueur des pattes Pattes thoracirjuos ,1e la 2^ paire. ihoraciques de la ?« paire dont SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 fi3 Fig. 5. 0. Chevreuxi. Patte tlioracique de la 7'= paire et abdomen. le 5^ article, particulièrement allongé, égale presque à lui seul les articles 4 et 5 réunis du même membre chez 0. litlorea (fig. 6). Les fig. 5 et 6 mettent aussi en évidence la diiïé- rence des proportions des pattes sauteuses et du telson vus de profil chez les deux espèces. Mais les caractères distinctifs ressortent davan- tage encore quand on exa- mine ces mêmes pièces par dessus, à un plus fort gros- sissement. Elles offrent alors l'aspect représenté dans les fig. 7 et 8. Le telson d'O. CJtevreuxi est très échancré à l'extrémité, enfin les épi- nes du pédoncule de la der- nière paire de pattes sau- teuses sont remarquables par leurs grandes dimen- sions. Toutes ces particularités suffisent à distinguer 0. Chcvrevxi de 0. littorea, et il faut bien reconnaître que malgré l'absence des mâles, cette espèce semble être dès maintenant mieux définie que plusieurs de ses congé- nères. Je m'empresse d'ajouter que je verrai disparaître sans regret de la nomen- clature 0. Chevreuxi, à condition toutefois (ju'on me montre une série de formes inlei-niédiaires le rattachant sans conteste à un type voisin. A peine est-il besoin de déclarer que je considère l'acqui- sition d'un pareil résultat comme beaucoup plus profitable à la Science que la description d'espèces nouvelles. Quoi qu'il en soit, au Chap. iX de mon Travail (p. 101) j'ai préci- Fig. 6. 0. lillorea. Patte thoracique de ]a 7" paire et abdomen. 64 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 Fig. 7. 0. Chevreuxi. Fie. 8. 0. litforea. Faites sauteuses des deux dernières paires et telson vus par dessus. sèment envisagé à ce point de vue FAmphipocle en question. Voici un extrait et le résumé du passage qui le concerne : « N'ayant pu faire de reclierches suivies sur les côtes de Fayal,j'ignore si l'on y trouve des Orchestia, mais cela est fort probable et il ne paraît guère possible de douter que le Crustacé découvert dans la cal- deira ne soit venu de la mer. Or VO. Chevreuxi a diî être distingué comme espèce nouvelle. Il se peut assurément qu'il e.xiste sur le litto- ral de l'île et qu'on l'y rencontre plus tard, mais je suis porté à croire que les Orchesties marines des Açores appartiennent plutôt aux types connus de l'Océan et de la Méditerranée, lesquels ont une très vaste répartition. D'où il résulte que l'espèce du cratère dériverait d'une forme marine éteinte, inconnue ou antérieurement décrite. » La différenciation aurait été, dans cette circonstance, singulièrement favorisée par un isolement que la conliguration du sol rend très vrai- semblable. Pour pénétrer dans la caldeira de Fayal, les Crustacés ont dîj franchir une arête continue élevée de 1000 mètres en moyenne au- dessus du niveau de la mer et située au moins à 2 k. 1/2 du rivage, dans la partie la plus étroite de l'île. Il est peu probable qu'ils aient ensuite quitté cette sorte de cuvette à parois abruptes hautes de plus de 300 mètres et où se trouvaient d'ailleurs réunies de bonnes condi- tions d'existence, notamment l'humidité. D'autre part, le renouvellement de la forme ancestrale, en admet- tant qu'il ait eu lieu, ne s'est produit, sans aucun doute, qu'à de rares intervalles, en ce point d'accès difficile. Pour que ce renouvellement put s'effectuer il'une façon régulière, propre à maintenir les caractères SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 65 primitifs du type, il faudrait que les Orchesties fussent répandues sur toute la surface de l'île, de manière qu'il y eut en quelque sorte, con- tinuité et mélange permanent entre les Crustacés de la côte et ceux du cratère central. Tel ne paraît pas être le cas, puisque aucun explora- teur, parmi les plus attentifs, n'a rencontré encore les Amphipodes dans la partie moyenne du pays. Les trois localités où M. Barrois a recueilli 0. liitorea, à San Miguel et à Terceira (il ne l'indique pas à Fayal), ne sont pas distantes du littoral de plus de 200 m. et leur élé- vation au-dessus du niveau de la mer n'excède pas 80 m. (maximum). Je crois donc pouvoir considérer 0. Chevreuxi comme une forme distincte, analogue aux espèces du même genre précédemment citées. Après 0. cavimana Hel. découvert sur l'île de Chypre à 4,000 pieds de hauteur, c'est le type actuellement connu à la plus grande altitude. On remarquera que toutes les Orchesties terrestres sont des formes insulaires (1). La pénétration des Amphipodes dans le pays est ren- due facile par le grand développement des côtes et favorisée sans aucun doute par l'humidité constante qui résulte du climat maritime. Il est probable que des recherches ultérieures amèneront la décou- verte de nouvelles espèces terrestres dans un certain nombre d'îles, particulièrement en Océanie, où le Professeur C.Semper a signalé déjà comme très communes, mais sans les désigner autrement, plusieurs Orchesties qu'il a trouvées dans les forêts humides aux Philippines et aux Pelew. J'ai cité ce fait dans mon Travail (2), en même temps que plusieurs autres relatifs aux Talitres. Les Orchestia ne sont d'ailleurs pas les seuls Amphipodes dont l'adaptation à la vie terrestre ait été constatée. Miers a décrit en 1876, sous le nom de Gulliveri, un Talitrus de l'île Rodrigue qui n'a jamais été rencontré dans l'eau. Haswell a appelé sijlvaticus, une autre espèce de ce genre trouvée à Rootyhill (Nouvelle Galles du Sud) à environ 30 milles de la mer; elle vit également enTasmanie. Enfin. C. Semper a rencontré en énorme quantité dans l'intérieur de Minorque, l'une des Baléares, un Crustacé qu'il croît être Talitrus platycheles Guér. (3). (1) 0. cavimana, retrouvé par Hoek en Hollande, à Zalt Bommel, province de Gueldre, constitue à cet égard une intéressante exception. (2; Dans le Travail où il décrit 0. humicola (Arch. f. Naturg., xxxiv, 1868], von Martens dit que Stimpson a vu des Orchesties terrestres au Japon. Je n'ai pu trou- ver d'autre renseignement à ce sujet. Le Rév. T. R. Stebbing a fait connaître récem- ment sous le nom de tumida un Talorchestia provenant de la Nouvelle-Zélande où il vit au pied des plantes littorales à une certaine distance — many yards — de la limite des plus hautes mers iProceed. Z. S. Lond., 1886, p. 5). (3) Miers,, Description of a new species o/" Talitrus from Rodrigue^, Ann. Mag. nat. Hist.,(4), xvii, p. 406.— Haswell On australian Àmphipoda. Proceed. Lin. Soc. 66 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 Il y aura lieu d'étudier attentivemenl les types marins littoraux dont ces Amphipodes terrestres sont bien certainement les descendants moditiés et il sera fort intéressant de voir s'ils présentent quelques caractères spéciaux et communs résultant de leur genre de vie, s'ils se trouvent être, par exemple, remarquablement doués pour le saut conmie semblent l'indiquer diverses particularités de structure et comme c'est ellectivement le cas chez 0. Chevreuxi{i). SUR LA PRÉSENCE DU CRAPAUD VERT EN FRANCE, Par le D-- Raphaël BLANCHARD. Le Crapaud vert [Bufo viridis Laurenti) est fréquent dans la haute Italie : à Venise et à Vérone où, d'après de Betta (2), il est l'espèce la plus commune; à Turin, d'où proviennent certains exemplaires du British Muséum (3) et où L. Camerano (4) l'a souvent rencontré. Cet Anoure est également très répandu en Allemagne: Leydig (5) l'indique comme assez fréquent à Tùbingen et très commun dans la vallée du Mein. Fatio (0) ne l'a pas rencontré en Suisse, bien qu'il se trouve N. S. Wales, IV, 1879, p. 246. La forme tasmanienoe avait été primitivement con- sidérée à tort comme une espèce distincte. — G. Semper Die natûrlichen Exislenz- bedUigungen der Thiere, I, p. 230 et note (8) p. 297. M. Chevreux m'informe que Lucas (Explorât, scient, de l'Algérie) signale précisément Talitrus plutycheles aux environs d'Oran, d'Alger et de la Galle, sous les pierres légèrement enfoncées dans la terre au voisinage des ruisseaux. 11 y aurait lieu de vérifier les déterminations faites parles deux auteurs cités. (1) 0. Chevreuxi exécute des bonds énormes qui rendent sa capture très difficile. La même remarque a été faite au sujet d'O. cavimana (Hoek, loc. cit., p. 131). Dana (U. S. expl. exped., Crust., II, p. 877) avait déjà parlé de l'agilité d'O. tahitensis. Ces trois espèces se distinguent également par une coloration plus foncée ou plus vive que celle de leurs congénères. (2) Ed. de Betta, Materiali per una fauna veronese. Memorie dell' Accad. di agri- coltura, arti e commercio di Verona, XLII, 1863. (3) G. A. Boulenger, Catalogue of the Balrachia salientia s. ecaudata in the collection of the British Muséum. London, 2"'^ édition, 1882. Voir p. 297. (4) L. Camerano, Monografta [degli Anfibi anuri italiani. Memorie délia R. Accad. délie scienze di Torino, (2), XXXV, 1883. Voir p. 45 du tirage à part. (5) Fr. Leydig, Die Anuren Batrachier der deutschen Fauna. Bonn, 1877. Voir p. 29. (6) V. Fatio, Faune des Vertébrés de la Sais:;e. — ///. Histoire naturelle des Reptiles et des Batraciens. Genève et Bàle, 1872. — Voir aussi p. vi du Supplément aux Reptiles et aux Batraciens, paru en 1882, à la fin du tome IV, Poissons, 1" partie. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 67 dans les parties avoisinantes de l'Allemagne ; on l'a indiqué aux envi- rons de Bâle, mais c'est là une erreur qui tient sans doute à une con- fusion avec Bufo calamita et, par une lettre adressée à M. Héron- Royer, le professeur J. Kohhnann assure à son tour qu'il ne se trouve point aux environs de cette ville. Bien qu'il manque en Suisse, Bufo viridis est donc tiès rapproché de notre frontière par d'autres points, et il était possible de suppo- ser sa présence dans certaines régions de France, notamment dans celles qui confinent au Piémont. Cette hypothèse est aujourd'hui une réalité : l'été deiuiier, j'ai trouvé de très jeunes exemplaires de cet Anoure au Bourget, localité des Hautes-Alpes située à quelques centaines de mètres de la frontière italienne, par une altitude de 1900 mètres. Quelques rapides recherches, faites en d'autres points de la même région, sont restées sans résultat ; je me propose de les continuer dans une autre occasion et j'espère pouvoir lixer jusqu'à quelle distance ce Crapaud pénètre en France par la vallée de la Durance. Quoi qu'il en soit, trois points importants sont désormais acquis: le Crapaud vert doit être ajouté à la liste des Batraciens de France; il s'avance vers l'ouest plus qu'on ne l'avait admis ; enfin, il vit et se reproduit à une altitude de près de 2000 mètres, bien supérieure aux altitudes jusqu'à présent indiquées, un exemplaire ayant été trouvé sur le plateau de Sersou, dans la province d'Oran, à 1200 mètres seulement au-dessus du niveau de la mer. Je dois signaler encore l'extrême abondance de ce Crapaud dans toute la Serbie, où je l'ai trouvé à Belgrade et à Ravanitsa, aux envi- rons de Tchoupria. Pour l'observer, il n'est pas besoin de quitter Bel- grade même : par les soirées d'été, on le rencontre par centaines dans les bosquets du Kalimagdan, la belle promenade qui domine la val- lée de la Save. SUR LA SORTIE ET LA RENTRÉE DU POLYPIDE DANS LES ZOŒCIES CHEZ LES BRYOZOAIRES CHEILOSTOMIENS MONODERMIÉS, Par le D-- J. JULLIEN. Quand un Polypide veut sortir de sa loge, il faut qu'il cède la place à une quantité d'eau équivalente à son volume, mais la zoœcie est rigide, elle ne cède la place sur aucun de ses côtés; il faut cependant que le vide produit par la sortie du Polypide soit comblé; cette opé- 68 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1888 ration s'effectue par le bord postérieur de l'opercule, ainsi que j'ai pu le voir sur unezoœcie de Catenicdla ventricosa qu'on a bien voulu me donner au Muséum. L'exemplaire était conservé dans l'alcool ; cette zoœcie avait l'opercule enlr'ouvert, son bord postérieur ne touchait pas la paroi calcaire. L'opercule des Glieilostomiens n'est pas articulé par son bord postérieur; il s'articule latéralement, au-dessus du niveau de ce bord, et fait jouer à l'opercule un double rôle; il clôt la gaîne tentaculaire antérieurement, et clôt postérieurement une seconde cavité qui est la poche dans laquelle pénètre l'eau de mer pendant la sortie du Polypide. Chez les espèces que Th. Hincks a placées dans son genre SchizoporeUa, l'opercule porte sur sa lèvre inférieure une petite deat, qui s'abaisse pendant la sortie du Polypide, et maintient grandement ouverte l'orifice de cette chambre à eau. Quand le Poly- pide rentre dans sa loge, l'eau est chassée de celle-ci, et l'opercule se referme sur tout l'orifice. L'orifice est donc non seulement l'ouverture de la gaine tentaculaire, maise ncore l'ouverture de la chambre à eau de compensation. Ouvrages offerts S. A. le prince A. de Monaco, Sur la troisième campagne scieiitifique de l'Hirondelle. Comptes-rendus de l'Acad. des sciences, CV, 4 887. S. A. le prince A. de Monaco, La deuxième campagne scientifique de l'Hi- rondelle. Dragages dans le golfe de Gascogne. Association franc, pour l'avance- ment des sciences. Congrès de Nancy, 1886. J. de Guerne, Les dragages de l'Hirondelle dans le golfe de Gascogne. Ibidem. J. de Guenie, La faune des eaux douces des Açores et le transport des ani- maux à grande distance par l'intermédiaire des Oiseaux. Compte-rendu do la Soc. de biologie, 1887. J. de Guerne, Sur la faune des îles de Fayal et de San Miguel (Açores). Comptes-rendus de l'Acad. des sciences, CV, 1887. Offert par les minislères de la marine et de l'Instruction publique: Mission scientifique du cap Horn, 18(S2-^3. — /. Histoire du voyage par L. F. Maniai. Paris, 1888. Le Secrétaire-général, gérant, B' Raphaël BLANCHARD. Séance du 13 mars 1888 PRÉSIDENCE DE M. LE D' JULLIEN, PRÉSIDENT M, le professeur Fritsch, élu membre correspondant à la dernière séance, remercie de sa nomination. M. Costes adresse son portrait pour l'album de la Société. M, R. Blanchard fait hommage d'un exemplaire de l'article Hiru- dinées qu'il a récemment publié dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences ^nëdicales, (4), XIV, p. 129-162. L'histoire médicale de ces Vers avait été traitée à l'article Sangsues ; aussi M. Blanchard les a-t- il étudiés principalement au point de vue de l'anatomie comparée et de la morphologie. Le genre Hœmopis Savigny, 1817, est définitive- ment supprimé et réuni au genre Hirudo. Les genres Leptostoma Whitman, 1886, et Geobdella Whitmansont également supprimés et remplacés respectivement par les genres Whitmania R. Blanchard et MoquiniaR. Bl., chacune des dénominations primitives appartenant déjà à des animaux d'espèce fort ditïérente. MM. Guilleret, Moullade, Pages, Banque, Retlereret Suchetet, pré- sentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. MM. R. Blanchard et Viron présentent M. Gustave Ghauveau, licen- cié ès-sciences, 23, rue de Butîon, à Paris. M. J. Vian donne lecture d'un nouveau travail faisant suite à sa Monographie des poussins des Oiseaux d'Europe qui naissent vêtus de duvet (Ptilopodes Sundwal). Renvoi aux Mémoires. SUR UNE MONSTRUOSITÉ DU CRABE TOURTEAU {PLATYCARCINUS PAGURUS LINNËJ, Par P. FISCHER. J'ai reçu en communication du D' Daniel une pince monstrueuse gauche appartenant à un Tourteau adulte recueilli à l'île de Sein (Finistère). La monstruosité porte sur l'article mobile (pouce, dactylopodite) de la main, et consiste dans la présence, au bord supérieur du pouce, d'une pince supplémentaire, formée par conséquent de deux appen- dices et dont les bords opposés sont dentés comme ceux d'une pince 6 70 SÉANCE DU 13 MARS 1888 normale. Mais sur cette pièce supplémentaire, le pouce non articulé, non mobile, se continue directement à sa base avec l'exosquelette. A part cette pièce surajoutée, le reste du pouce est bien conformé. Le bord opposé à l'index normal est denticulé de telle sorte que la préhension devait être régulière. Les lignes d'insertion des poils sont surtout marquées le long du bord inférieur de l'index, normal et du pouce de la pince accessoire; y:p. ^ ^__ _ on pourrait en inférer à priori que le pouce accessoire, non mobile, corres- pond au pouce normal et que les parties sura- joutées sontl'in- Portion de la patte ravisseuse gauche monstrueuse du Pla- ^^^ accessoire tycarcinus pagurus. — c p, carpopodite ; p p, main ou propo- ' dite ; i, index normal ; d p, pouce ou daclylopodite ; d, extré- ^^ '^^ pOUCe op- mité du dactylopodite opposée à l'index normal ;d s, dactylopodite pOsé à l'index fixe de la pince surnuméraire; i s, index de la pince surnumé- normal , mais raire.— Figure réduite aux 2/3 de la grandeur ualurelle. cette interpréta- tion ne me paraît pas conforme aux faits ; elle est d'ailleurs en opposition avec l'explication générale des monstruosités de la pince des Crustacés qui sera donnée plus loin. La monstruosité de la main a été fréquemment observée mais avec des différences soit dans la position de la pince accessoire qui est plus souvent développée sur le pouce ou article mobile que sur l'index immobile, soit dans l'état plus ou moins rudimentaire des parties surajoutées, soit enfin dans leur multiplication ou leur complication. Les cas les plus nombreux ont été cités chez l'Écrevisse (Astacus fluviatilis) par Yalentin (1), Rosel von Rosenhof (2), Tiedemann (3), Jaeger (4), etc. ; chez les Homards (Ilomarus vulgaris et americanus) par E. Delplanque (S), W. Faxon (6) ; chez les Callinecies hasiatus, (1) Acta Acad. Caes. Léopold. Carol. Nat. Curies. II, p. 285 (1730). (2) Ferti. Beschr. de:; hiesigen Fliisskrebs und seiner merkwurd. Eigemchafften. PI. Lx et LXi, 1755. Ces (igures sont reproduites dans l'Encyclopédie méthodique (PI. 290). (3) Deutscher Archiv fur Physiologie, V, p. 127, 1819. ■ (4) Meckel's Archiv fur Anatomie und Physiologie, p. 95, 1876. (5) Études tératologiques : Il et IV. Douai, 1869 et 1881. (6) Bull, of the Mus. of oomparative zoology. Cambridge, no 13, 1881. SÉANCE DU 13 MARS 1888 71 par W. Faxon ; chez le Carcinus msenas par H. Lucas (1); chez le Xantho punctulatus parHerklots (2) ; chez le Platycarcinus pagurus et le Xantho rivulosus par Delplanque ; dans ces diverses monstruosi- tés il arrive fréquemment que la pince accessoire est imparfaite par suite de l'avortement ou de l'état tout à fait rudimentaire d'une de ses branches. Dans d'autres cas plus rares, comme celui de l' f/ca wna cité par Jaeger (3) chacun des deux index a en face de lui un pouce mobile; enlin chez VEriphia spinifrons figuré par Herklots (4), il existe en réalité trois pouces mobiles sur une seule main. La fréquence de ces anomalies doit être bien grande, puisque dans le musée de Cambridge on a reçu une collection de 200 pinces défor- mées ayant appartenu presque toutes au Homarus americanus (Faxon). Quelle est la cause de ces anomalies? Rô.sel von Rosenhof les attri- buait à des blessures ou des meurtrissures. Il avait remarqué d'ail- leurs quelles persistaient après diverses mues. Herklots n'y voit le plus souvent que de simples excroissances ou régénérescences. 11 se peut en effet que des blessures aient pu déterminer certaines déformations peu prononcées ; mais cette explication est insuffisante quand on remarque que presque toujours il y a production soit sur la partie fixe de la main (main, index), soit sur son article mobile (pouce, dactylopodite), d'une pince nouvelle, à pouce très rarement articulé, mais à forme, couleur et ornementation semblables à celles d'une pince normale. Ainsi, chez le Platycarcinus pagurus (\nQ j'ai examiné, la pince accessoire a ses extrémités colorées en noir, ses bords oppo- sés denticulés, et ses lignes de poils identiques aux parties correspon- dantes de la pince normale. Une simple meurtrissure n'eût pas eu ces conséquences qui ne peuvent s'expliquer que par la production d'un appendice complet, répétant par atavisme la forme de la pièce nor- male, composée comme celle-ci de deux parties opposables, mais dont l'une ne devient articulée qu'exceptionnellement. Cette production serait donc une duplicité de la pince considérée dans son ensemble comme article terminal de la patte ravisseuse. Mais pour bien com- prendre cette anomalie il est nécessaire de définir exactement cet arti- cle terminal. (1) Ann. de la Soc. entomol. de France, (2), II, p. 41, PI. I, 1844. (2) Archives néerlandaises, V, 1870. (3) Jareshefte des Yereins fiir vaterlàndische Naturk. in Wurtemberg, année VII, p. 33, 1850. (4) Loc. cit. p. 3, PI. XI, fig. 5-8. 72 SÉANCE DU 13 MARS 1888 Un certain nombre de carcinologistes décrivent les articles de la patte, en appelant dernier article le doigt mobile ou dactylopodite, comme s'il était placé morphologiquement à l'extrémité de l'article précédent ou main proprement dite. Cette manière de le décrire a le grave inconvénient de faire supposer que le développement de l'arti- cle mobile ou dactylopodite est ultérieur ou indépendant de celui de la main et par conséquent de l'index qui lui est opposé, et que le membre doit être considéré comme une série linéaire d'articles termi- née par le pouce. Il n'en est rien : en réalité la pince de la patte ravisseuse se com- pose à l'origine d'un seul moignon bifide, dont les extrémités sont formées simultanément, et ne se différencient que plus tard, par l'éta- blissement d'une articulation qui rend l'une d'elles mobile sur l'autre. A ce point de vue les ligures de A. AgassizetFaxon(l) surle développe- ment des Pagurus, Porcellana et Pinnixa sont très instructives. Elles concordent d'ailleurs avec celles que Metschnikoff (2) a données sur le développement de la pince des pédipalpes du Scorpion, qui provient d'un bourgeon bifide au début, prenant ensuite la forme d'une pince et dont une des extrémités devient enfin mobile. Ainsi, chez les Crustacés comme chez les Arachnides, la main a sa forme complète bifide avant que le pouce ne soit séparé. Il en résulte naturellement que si cette main devient monstrueuse par duplicité, la partie surnuméraire sera nécessairement formée de deux branches, comme une pince. Frappée alors d'un arrêt de développement, elle restera plus petite que la main principale sur laquelle elle est placée, et en conséquence une de ses branches sera privée d'articulation. On comprend ainsi pourquoi une pince supplémentaire peut se former aussi bien sur le pouce mobile que sur l'index immobile : c'est parce que l'un ou l'autre n'est que partie constituante de la main; si le pouce mobile était partie complètement séparée, il n'y aurait pas de pince accessoire monstrueuse, mais bien un seul appen- dice semblable au pouce normal. Ainsi donc, la monstruosité observée sur les pinces thoraciques de Homards, Êcrevisses, Crabes, etc., doit être essentiellement caracté- risée par la production d'une pince accessoire. J'ajouterai que nos connaissances sur l'embryogénie des Crustacés confirment cette manière de voir. Il y a tendance chez les larves de (1) Setections from ombryol. Monogr. Crustacea, VI. xui, flg. 1, 2, 13 ; Pf. xiv, fig. 29. 1882. (2) Zeitscfir. fur wiss. Zoof., XXI, 1870. SÉANCE DU 13 MARS 1888 73 ces animaux à la production d'articles pairs formant les membres. Un de ces articles se différencie ou avorte, l'autre grandit et prend sa place dans la série des articles. L'article terminal est presque tou- jours bifide ou biramé. Je citerai h ce sujet les Nauplius de Brancliio- podes, de Cladocères, de Décapodes, de Schizopodes, de Cirripèdes, etc., dont la deuxième et la troisième paire de membres se terminent par deux appendices plus ou moins longs et pourvus de poils. Enfin la duplicité des articles d'un membre, peut, chez les Déca- podes, intéresser des articles des pattes plus rapprochés du thorax. C'est ainsi qu'une patte de Homarus amcricanus figurée par W. Faxon (1) montre une bifidité de l'extrémité distale du méropodite; il en résulte la duplicité des articles suivants (carpopodites, propo- dites et dactylopodites). SUR L'ACCOUPLEMENT DU BUFO INTERMEDIUS GUNTHER, Par HÉRON-ROYER. J'ai l'honneur de faire connaître à la Société le mode d'accouple- ment d'un Batracien du Mexique, Bufo intermedius Gth. observé le 15 octobre 1864 par notre collègue M. Alfred Dugès, consul de France à Guanajuato. Le mâle est d'un gris brun, la femelle d'un gris blanc maculé de larges taches verdâtres, laissant sur le milieu de la tête et du dos un espace clair. Ces Batraciens se trouvaient dans un étang alimenté par un ruisseau venant d'une mine d'argent. Le mâle, plus petit que la femelle, tient celle-ci exactement comme le fait notre Bufo vulgaris,k poings fermés et enfoncés sous les aisselles, comme on peut en juger par un croquis fait sur le vif et àù. au crayon de M. Alfred Dugès. La ponte se fait en longs cordons et les œufs y sont disposés en une seule file. Ces intéressantes observations, qui m'ont été transmises par M. le D' Dugès, sont un document à joindre aux recherches que j'ai entre- prises sur les mœurs des Batraciens. Quant au venin, M. Dugès me dit avoir trouvé celui de Bufo mari- nus [agua) très actif; en exprimant les parotides et gardant le venin desséché, il a pu, après 4 ans, tuer un Scélopore en lui administrant environ 0?'"025 de ce venin, délayé dans une goutte d'eau : l'animal est mort tétanisé en moins d'un quart d'heure. Un autre a survécu iiS (1) loc. cit,V\. H, fig. 6. 74 SÉANCE DU 13 MARS 1888 minutes à l'inoculation. Un Conops/s wast^s a été tué en 14 minutes. Inoculé sous la peau, le venin est presque inactif. Par contre, un Falco anatum, d'environ trois mois, a déchiré et mangé sans inconvé- nient un gros Bufo intermedius. SUR LA STRUCTURE DES MUSCLES DES MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES Par le D^ Raphaël BLANCHARD. J'ai publié dans le précédent fascicule de ce Bulletin une note con- sacrée plus spécialement à l'étude des muscles striés des Lamelli- branches (1). Cette note était depuis plusieurs semaines à l'impression, quand MM. Tourneux et Th. Barrois m'envoyèrent, pour le présenter en leur nom à la Société de Biologie, un travail dont il importe de dire quelques mots (2). Ces habiles observateurs ont confirmé pleinement mes premières recherches sur la structure des muscles striés des Pectinides, sauf en un point : je considérais la fibre striée de l'adducteur des valves comme ayant la longueur du muscle lui-même et comme s'insérant sur les valves par chacune de ses extrémités; MM. Tourneux et Bar- rois ont reconnu, au contraire, « que la longueur moyenne d'une fibre musculaire ne dépasse pas 1,5 à i^""". La forme de la fibre musculaire est celle d'un long ruban qui s'atténue graduellement en pointe à ses deux extrémités ». L'élément primitif de la portion striée du muscle adducteur des valves est donc la fibre-cellule, mais une fibre-cellule à noyau péri- phérique et d'une structure singulièrement modifiée, en raison de sa striation transversale et de la fonction spéciale qui lui est dévolue. La rectification apportée par MM. Tourneux et Barrois à mes premières observations vient corroborer les conclusions de ma précédente note, et donne plus de poids à ma manière de voir quant à l'origine des muscles striés et à leur provenance des muscles lisses. MM. Tourneux et Barrois signalent (juclques particularités dans la striation des fibres, notamment sa direction oblique. Cette disposition (1) R. Blanchard, A propos des muscles striés des Mollusques lamellibranches. Bull, de la Soc. Zool. de France, XIII, p. 48, 1888. (2) F. Tourneux et Th. Barrois, Sur V existence de fibres musculaires striées dans le muscle adducteur des valves chez les Pectinides et sur les mo^ivements nata- toires qu'cnrfcndre leur contraction. Comptes-rendus delà Soc. de Biologie. (8), v, p. 181, 1888. SÉANCE DU 13 MARS 1888 75 K:?.sr; ffy™i»fei ,mss est, en effet, très fréquente, et elle se trouve représentée dans la fig. 1 qui montre divers aspects de la iibre striée. Enfin, MM. Tourneux et Bar- rois donnent la description du muscle adducteur strié, exa- miné sur des coupes transver- sales. Leur description est exacte et me dispensera de traiter longuement cette ques- tion qui m'avait aussi préoc- cupé ; j'en aurais parlé dans ma précédente note, si la re- production de mes dessins n'a- vait traîné en longueur pour des causes qui me sont étrangères. Les fig. 2 et 3 représentent un fragment de la coupe transversale du r^ 4 Fig. 1. h' MM Fig. 2. (j ..-1 Fig. muscle adducteur strié, la première à un faible grossissement, la se- conde à un plus fort grossissement. Le muscle est entouré d'une enve- loppe conjonctive, d'où partent de place en place des cloisons rayon- nantes qui s'enfoncent dans l'épaisseur même du muscle et s'y rami- fient de diverses façons, de manière à ie subdiviser en faisceaux volumineux. Ces cloisons sont creusées de larges lacunes sanguines, qui contournent parfois presque entièrement un même faisceau ou qui s'enfoncent à son intérieur. Elles émettent, d'autre part, des traî- nées conjonctives qui pénètrent dans les faisceaux en s'insinuant entre les fibres musculaires; cà et là, ces traînées se renflent légèrement et se creusent aussi d'une lacune sanguine. La figure 3 donne une idée très exacte de la disposition des fibres 76 SÉANCE DU 13 MARS 1888 Celles-ci sont appliquées à plat les unes contre les autres et réunies ainsi par groupes de 2 à 6 ; ces différents groupes se disposent, d'ail- leurs, de toutes les façons les uns par rapport aux autres, de manière à remplir tout l'espace délimité par la paroi conjonctive. On remarque, d'un faisceau à l'autre, de notables différences quant à la condensa- tion des fibres, en sorte que les traînées conjonctives intra-fascicu- laires sont parfois peu apparentes. J'ai eu l'occasion de dire, dans ma précédente note, que « l'élément fondamental du tissu musculaire des Lamellibranches est un ruban contractile, lisse et généralement d'une très grande longueur, véri- table iibre-cellule portant un noyau superficiel. » Nous avons vu par quelle remarquable modification, cet élément acquérait la striation transversale, c'est-à-dire la faculté de se contracter rapidement et énergiquement ; éludions maintenant l'élément normal du tissu mus- culaire des Lamellibranches. Pour éviter des redites, nous le décrirons seulement chez quelques- unes des nombreuses espèces où nous l'avons étudié, de manière à in- diquer les nombreuses variations qu'il peut subir. MONOMYAIRES Pegten mâximus, p. Jacob.eus. — 1° Petite 'portion du muscle adduc- teur des valves. — Cette portion, ainsi que je l'écrivais en 1880, est tt blanche, nacrée, resplendissante et uniquement composée de fibres musculaires lisses. » Celles-ci (fig. 4) ont une largeur de 6 à 10 a; elles sont longues de l"^"^o environ, s'effilent à chacune de leurs extrémités et présentent une striation longitudinale très évidente. Cette striation tient à ce que la libre elle-même est formée d'un faisceau de fibrilles longitudinales aggluti- nées les unes aux autres, dépourvues d'enveloppe commune et dont l'in- dépendance réciproque, douteuse sur des fibres fixées en extension, de- vient incontestable sur des fibres mal tendues ou brisées (fig. 5). La fibre porte, vers le milieu de sa longueur, un noyau marginal ou légèrement déjeté sur l'une des faces : il est Fig. 4. Fis. 5. SÉANCE DU 13 MARS 1888 77 m^M Fig. 6. ovoïde, légèrement granuleux et se continue à chaque bout par un cône granuleux, long de 10 à 16 ft; sa taille est proportionnée à la largeur de la fibre ; il mesure 4 a sur 6 jx sur une libre large de 6 a ((ig. 6), et 4 ;jl 5 sur 10 ^ sur une fibre large de 10 ^.. MM. Tourneux et Barrois ont vu les faces de ces fibres « parfois surchargées de saillies longitudinales ou de crêtes d'empreintes. Les fibrilles suivent main- tenant un trajet oblique ou ondulé ; elles s'entrecroisent sous des angles aigus et déterminent à la surface de la fibre la production de petits losanges plus ou moins réguliers. » Je n'ai point observé ici cette structure, mais je l'ai trouvée chez d'autres espèces et il en sera question plus loin. 2° Pied.— Le muscle du pied est formé de faisceaux entre- croisés en tous sens, disposés en feutrage et noyés dans une grande masse conjonctive. Les fibres ont la même structure que celles de la petite portion du muscle adducteur des valves, mais elles sont peut-être encore plus longues et sont de moin- | dre largeur (fig. 7). Sur la plupart de ces fibres, la structure fibrillaire est à peine apparente. OsTREA EDULis, var. de Gancale. — 1° Grosse portion du muscle adducteur des valves. — Cette portion correspond au muscle strié des Peclinides. Elle est constituée simplement par des fibres lamelleuses, longues de près de 2""", larges de 3 à 4 u.. Sur leur bord se trouve enchâssé un noyau ovalaire long de 6 ^ environ, large de 2 a, prolongé à chaque extré- mité par une très petite quantité de substance granuleuse. 2° Petite portion du muscle adducteur des valves. — Elle est formée de longs rubans identiques à ceux de la portion correspondante de l'adducteur des Peignes, larges de 4 à 20 et même à 28 a, efiîlés plus ou moins à chaque bout et dont chacun correspond très nettement à un faisceau de fibrilles aisément dissociables. Le noyau est hémisphérique, enchâssé !l dans une fossette marginale et large de 3 [J- seulement pour Fig. 7. cette énorme fibre (fig. 8). OsTREA EDULIS, var. de Marennes.— 1» Grosse portion du muscle 78 s A ANGE DU 13 MARS 1888 m W\ m^ ■Ï<.WÀ Fig, 9. adducteur des valves.— Les lamelles qui la composent sont larges de 3 à 8 u, le noyau marginal est long de 8 u., large de 2 ^j.. La fibre présente parfois une striation longitudinale , mais sa surface est plutôt ornée de dessins variés, dont quelques-uns sont représentés par la ligure 9 : ce sont des lignes parallèles plus ou moins obliques, simulant une vé- ritable striation transversale; des lignes très obliques et s'entre-croi- sant de manière à diviser la sur- face de la libre en une foule de petits losanges ; des lignes obli- ques se rencontrant vers le milieu de la fibre, de manière à représenter une ligne brisée en V, etc. Ce remarquable aspect ne se voit qu'à un très fort grossissement : il se trouve trop nettement indiqué sur notre figure. C'est lui, sans aucun doute, que Schwalbe a décrit et figuré chez Solen vagina; c'est lui encore que MM. Tourneux et Barrois ont observé dans la portion lisse de l'adducteur des Pecten. Ou a vu plus haut que, suivant ces auteurs, l'aspect en question résulterait de ce que les fibres ont un trajet ondulé ou s'entre-croisent à angle aigu. Cette opinion me semble être peu d'accord avec la réalité : les stries sont toujours superficielles et s'observent de préférence sur des fibres dont le protoplasma ne s'est point différencié en fibrilles longitudina- les ou du moins n'a subi cette différenciation qu'à un très faible degré; de plus, on ne les trouve d'ordinaire que sur une petite lon- gueur de la fibre et une même fibre peut présenter des orne- ments de plusieurs sortes, suivant le point de sa longueur qu'on examine. J'ai représenté plus haut (fig. 5) l'aspect des fibres ondulées ou en zig-zag; on ne saurait le confondre avec celui des rayures superficielles. 2° Petite portion du muscle adducteur des valves. — Les fibres qui la constituent sont identiques à celles de la portion correspondante de l'Huître du Cancale : elles sont larges de 6 à 28 iU (fig. 10). Fig. 10. GiiYPHAEA ANGULATA. — 1° Gvossc 'portion du musclc adduc- teur des valves. — Les fibres qui la composent sont larges de 8 à 28 f«. et présentent la même structure que chez l'Huître de Ma- SÉANCE DU 13 MARS 1888 79 rennes, c'est-à-dire que leur surface est ornée de stries en zig-zag ou ondulées, disposées de diverses manières, changeant d'aspect sur le trajet d'une même fibre et visibles seulement à de forts grossissements (fig. H). 2" Petite portion du muscle adducteur des valves. — Elle est formée de fibres plates, très longues, larges de 5 à 20//. et même à 38 ;x. Les fibrilles longitudi- nales sont très distinctes ; les fibres se terminent fré- quemment par une extrémité arrondie, à peine effilée. DIMYAIRES. -/A \ Fis. 11. Cardium eDULE. — 1" Adducteur antérieur. — Fibres lamelleuses, longues de plus d'un millimètre, larges de 4 à 20 jj., effi- lées à chaque extrémité, formées de fibrilles longitudinales parfois à peine distinctes. 'i° Adducteur postérieur. — Fibres plus étroites que dans l'adduc- teur antérieur, larges de 4 à 8t^. ; les fibrilles longitudinales sont encore moins marquées. Tapes decussata. — 1° Adducteur antérieur. — Lamelles très aplaties très longues, très efiilées à chaque extrémité, présentant une belle striation longitudinale. Leur largeur, assez constante, est de 10 à 12 // dans la partie moyenne ; le noyau est saillant et mesure 6 à 7 [jl sur 4 à 5 [j.. . 2" Adducteur postérieur. — Même structure que le précédent. Mytilus edulis. — 1° Adducteur antérieur. — Fibres longues de 6 à 14 [/., efîîlées aux deux bouts, à striation longitudinale très apparente et se décomposant aisément en fibrilles, au niveau des ruptures (fig.[12). Le noyau est latéral, long de 12 [j., large de 3 u., et surmonté à chaque pôle d'une petite quan- tité de substance granuleuse (fig. 13). 2° Adducteur postérieur. — Grosses fibres lamelleuses, larges de 18 à 26 //, effilées à chaque extrémité, homogènes ou présentant une striation longitudinale très peu accentuée. Le noyau est mar- ginal, enchâssé dans la fibre et subglobu- leux : il est long de 5 à 6 a, largede 3 à 4 jji. Fig- 12. Fig. 13. 80 SÉANCE DU 13 MARS 1888 3° Muscle du pied. — Fibres effilées, très longues, disposées en faisceaux s'entre-croisant en divers sens. Ces fibres ont une longueur assez constante de 8 à 12 jji et sont décomposées chacune en fibrilles longitudinales dont la dissociation ne s'opère que difficilement. 4° Muscle du bord du manteau. — Longues lamelles à striation longi- tudinale et se dissociant facilement en fibrilles, soit au bord, soit au niveau d'une rupture. La largeur est assez constante et oscille entre 7 et 12 [J- ; à son extrémité, la fibre perd sa structure fibrillaire et prend l'aspect vitreux. Anodonta CYGNEA. — 1° Adducteur antérieur. — Fibres à striation longitudinale très peu accusée, larges de 4 à 12 ft, très longues et effi- lées à chaque bout. Noyau marginal, ovoïde, mesurant 16 a sur 4 ft, prolongé à chaque pôle par un cône granuleux (lig. 14). 2" Adducteur j^ostêrieur. — Très longues fibres à striation longitudinale plus marquée, larges de 8 à 18 a. Noyau comme dans le muscle précédent. L'étude qui précède porte sur des types assez variés pour que nous puissions être certains d'avoir acquis une notion précise sur la structure du tissu musculaire des Lamellibranches. Fi"' ]4 °" Cette structure peut être résumée dans les propositions sui- vantes : L'élément du muscle des Lamellibranches est une libre-cellule longue de 1 à 2 millimètres, large de 4 à 38^, à noyau superficiel et marginal, et dépourvue de membrane d'enveloppe. Fondamentale- ment, cette fibre est anhiste ou tout au plus infiltrée de fines granula- tions ; mais fréquemment elle présente une striation longitudinale. Celle-ci est très diversement accusée,depuis l'état où le protoplasma de la fibre-cellule s'est à peine différencié et ne présente que les premiers rudiments des fibrilles longitudinales, jusqu'à celui où ces fibrilles sont assez distinctes et assez indépendantes les unes des autres pour pouvoir être dissociées. Il serait intéressant de rechercher si à ces dif- férences dans la structure de l'élément contractile correspondent des différences physiologiques analogues à celles que nous avons constatées entre les deux portions de l'adducteur des valves des Pectinides. Quand la différenciation hbrillaire delà fibre-cellule est peu accen- tuée, la surface de celle-ci présente fréquemment des ornements variés: stries obliques, en zig-zag, entre-croisées, etc. Cette structure, dont la signification m'échappe, est difficilement imputable à une dis- position spéciale des fibrilles, puisqu'elle se voit précisément dans les cas où celles-ci sont peu ou point différenciées. Elle n'a d'ailleurs rien SÉANCE DU 13 MARS 1888 81 de constant, puisque des observations également recommandables la trouvent dans un muscle où d'autres la cherchent en vain, puisqu'elle ne se voit que sur un plus ou moins grand nombre de fibres d'un même muscle, et même sur une plus ou moins grande longueur d'une même libre. Ce serait, en tout cas, tomber dans une grave erreur que de l'assimilera la véritable strialion transversale, ou de la rapporter t à des fibres lisses à fibrilles entourées en spirale. » Cette erreur, que l'examen le plus superficiel permet d'éviter, M. Fol ne manque pas de la commettre, quand il cite « le muscle rétracteur des Acépliales en général et du Pecien en particulier, comme un joli exemple de l'enroulement spiral des fibrilles! » La note de cet auteur renferme d'ailleurs des assertions Incroyables: se bornant à répéter sans contrôle ce qu'avait dit Fr. Boll (1), il attri- bue aux Lamellibranches les fibres unicellulaires à axe granuleux et à noyau central qui sont caractéristiques des Gastéropodes et les com- plique par l'adjonction de fibrilles spirales. Ces fibres singulières seraient, d'après lui, fort répandues dans les muscles d'occlusion des Lamellibranches. Or, j'affirme, autant que mes recherches me per- mettent de généraliser, qu'un semblable élément anatomique ne se rencontre chez aucun Lamellibranche et que le tissu musculaire de ces Mollusques est toujours constitué par les éléments lisses ou striés dont il a été question dans cette note et dans la précédente, les fibres striées n'étant elles-mêmes qu'une variété des fibres lisses, il en résulte donc encore une fois que les observations de M. Fol sont en complet désaccord avec les faits. NOTE SUR UN ŒUF TACHETÉ B'UPUPÀ EPOPS, Par Xavier RASPAIL. L'œuf qui fait le sujet de cette note a été trouvé, le 24 mai 1887, au fond d'une cavité creusée anciennement par un Gécine vert dans un Merisier. La femelle Upupa epops se trouvait dans ce trou ; elle ne put s'échapper à temps et il fallut la prendre pour l'en faire sortir. Cette circonstance, jointe à l'agrandissement de l'ouverture nécessité pour le passage de la main, lui fit abandonner la place qu'elle avait choisie pour se reproduire, malgré la précaution qu'on avait eue de laisser l'œuf pendant plusieurs jours. Il eût été intéressant, en effet, (1) Arch. f. niikr. Anat. V, supplém., p. 27 et 30. 1869. 82 SÉANCE DU 13 MARS 1888 de savoir si les œufs suivants auraient présenté la même particularité que le premier de cette ponte ainsi malheureusement interrompue. Cet œuf, qui est exactement de la forme, du volume et de la colo- ration bleu-verdâtre très pâle de tous ceux de la même espèce que j'ai récoltés jusqu'à présent, est nettement tacheté. Il porte sur toute sa surface un semis de points, aussi nombreux au petit qu'au gros bout, d'un brun rouge clair, accompagnés de quelques traits et d'autres points plus petits presque noirs. Ces taches, à la vérité, sont super- licielles et ne résistent pas au lavage, mais il en est de même pour beaucoup d'œufs et notamment pour celui de VOriolus galhula. Cependant, les taches ainsi effacées, l'empreinte n'en persiste pas moins sur le test, y laissant cette teinte d'un gris roussâlre que l'on trouve en larges macules sur la plupart des œufs de Huppe vulgaire et que plusieurs ornithologistes ont prises, souvent, pour le fond même de la coquille. Je suis donc porté à admettre que tous les œufs à'Uimpa epops reçoivent plus ou moins, sur la couche épidermoïde, les mêmes taches sanguines: mais que ces taches se trouvent lavées dans le trajet accompli par l'œuf de l'oviducte à l'extérieur et que, de leur efface- ment, résulteraient ces macules d'un gris roussâtre recouvrant quel- quefois entièrement la coquille qui, dans ce cas, n'en est pas moins bleu verdâtre dans la transparence. J'ajouterai, enfin, que dans la contrée que j'habite — contrée située entre les forêts de Chantilly, du Lys et la vallée de l'Oise — la ponte ordinaire de la Huppe vulgaire est de six œufs, tandis que tous les auteurs en fixent le maximum à cinq. Ouvrages offerts A. Pilliet, Sur Véoolution des cellules glandulaires de lestomac chez l'Homme et les Vertébrés. Journal de l'anatomie, XXIII, 4 887. Mme p. Conta, Du mal de Pott au-dessous de la moelle chez les enfants et ses conséquences au point de vue de V accouchement. Thèse pour le doctorat. Paris, •1887. R. Blanchard, Trichine, trichinose. Diclionnaire encyclopédique des sciences médicales, (3), XVIII, p. U3, 1887. R. Blanchard, Trichocéphale. Ibidem, p. 171. R. Blanchard, Hirudinées. Ibidem, (4), XIV, p. 129, 1888. Offert par M. Blanchard : Comptes-rendus et mémoires de la Société de Biologie, (8), I, 1884. Séance du 27 mars 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JULLIEN, PaÉSIDENT M. l'abbé Culliéret et M. Suchetet, élus membres de la Société dans la dernière séance, remercient de leur admission. M. l'abbé Culliéret adresse sa photographie pour l'album de la Société. MM. Jullien et Schlumberger présentent M. Rabier, 11, rue Vavin, à Paris. M. Vian présente au nom de M. le baron d'Hamonville la description et les photographies de quatre œufs d'Alca impennis conservés dans la collection de l'auteur. Renvoi aux Mémoires. M. J. de Guerne dit qu'on trouve encore dans les parages de Terre- Neuve, sur certains îlots d'accès difficile, des squelettes en bon état du Pingouin brachyptère. A la lin dejuillet 1837, quelques jours avant l'ar- rivée du yacht V Hirondelle, à bord duquel M. de Guerne accompagnait S. A. le Prince Albert deMonaco, un schooner, le Gramims, appartenant à la Commission des Pêches des États-Unis, avait relâché à Saint-Jean. Le but spécial de l'expédition dirigée par le capitaine J.-W. Collins était la recherche d'ossements à'Alca impennis sur l'île Funk, située au Nord de la baie de Bonavista sur la côle est de Terre-Neuve. D'a- près une lettre adressée par le commandant au Rév. Harvey, le succès de l'entreprise a été complet et les ostéologistes (sic), M. Lucas entre autres, délégués par l'Institution Smithsonienne, se déclarent très satisfaits du résultat obtenu. Ces renseignements sont dus, en grande partie, à M. Riballier des Isles, consul de France à Saint-Jean, que M. de Guerne se fait un plaisir de remercier de son obligeance. Les journaux de Terre-Neuve annonçaient d'ailleurs que l'État- major du Grampus, poursuivait une enquête sur la présence du Ma- quereau dans le nord-est, sujet bien autrement intéressant pour le pays que la résurrection du Pingouin brachyptère. Diverses observations sont échangées à propos de l'anéantissement de cet Oiseau et des mesures plus ou moins efficaces qui pourraient être prises pour empêcher la destruction totale de certaines autres espèces en train de disparaître. M. Certes rappelle qu'en 1887, au Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences, réuni à Toulouse, la Section de 84 SÉANCE DU 27 MARS 1888 Zoologie a précisément émis, sur la proposition de M. Monclar, le vœu que les Sociétés de Sciences naturelles s' occupent à rechercher les moyens propres ci assurer la conservation des espèces animales et végétales. M. Héron-Royer communique la note suivante : « Dans mon travail sur l'accouplement du Bufo viridis, etc. (Bull. Soc. Zool. France, XIII, séance du 24 janvier 1888), à la page 29, j'ex- plique la formation du cordon d'œufs des Crapauds telle que je l'ai observée dans l'oviducte. J'ai appris depuis, qu'une observation de ce genre a été publiée dès 1876 par M. Lataste (Compt.-rend. liebdom. séances Soc. Biologie, séance du 20 mai 1876). Je m'empresse de l'in- diquer comme complément d'une part, et de l'autre, pour rendre à cet auteur son droit de priorité. » M. J. de Guerne dépose sur le bureau un Volume qu'il vient de publier et qui a pour titre : Excursions zoologiques dans les îles de Faijal et de San Miguel (Açores). Ce travail est offert à la Société par S. A. le Prince Albert de Monaco qui a pris à sa charge les frais d'impression, donnant ainsi une nouvelle preuve de son dévouement à la Science. Les matériaux de cette étude ont été recueillis durant l'été de 1887 au cours de la troisième campagne de V Hirondelle. L'auteur s'est par- ticulièrement attaché à faire connaître la faune des eaux douces des Açores qui passait jusqu'ici pour être à peu près nulle. Elle comprend un assez grand nombre de types remarquables par les moyens de dissémination qu'ils possèdent. Dans le dernier chapitre de son Ouvrage, M. de Guerne discute l'origine de cette faune et des animaux terrestres considérés comme propres à l'archipel; il étudie les diffé- rents modes de dissémination qui ont pu introduire dans les îles des formes répandues sur les continents et tout spécialement en Europe. Les Oiseaux migrateurs paraissent jouer un grand rôle dans le trans- port lointain des organismes d'eau douce. M. de Guerne a fait à ce sujet de nombreuses observations dont quelques-unes sont postérieures à l'impression de son travail et dont il expose le résultat à la Société. SÉANCE DU 27 MARS 1888 85 DESCRIPTION DU PE LOBATES LATIFRONS DES ENVIRONS DE TURIN, ET D'UNE CONFORMATION PxVRTICULIÈRE DE L'ETHMOIDE CHEZ LES BATRACIENS Par HÉRON-ROYER En disséquant un Pélobate provenant des environs de Turin, je fus surpris de trouver le crâne de cet Anoure tout différent de celui du Pelohates fusais des environs de Paris. Je rassemblai tous les crânes que je possédais, et je pus me convaincre que je tenais là, non pas une variété, mais bien une espèce nouvelle. Déjà, ces Pélobates, par leur allure dégagée, leur coloration vive et leur museau plutôt obtus qu'arrondi, m'avaient laissé croire à une variété locale, comme, du reste, le croyait aussi M. Peracca, lorsqu'il me fit présent de ces animaux, en 1886. Depuis cette épo- que, deux, d'entre eux moururent; en février 1888, j'en tuai un troisième, pour pouvoir prouver que les particularités qui distin- guent ces Pélobates des deux autres espèces du genre étaient con- stantes. Un quatrième individu, un fort joli mâle plein de santé, que je pré- sente à la Société, en même temps que Pélobates fuscus mâle, permet- tra de constater les différences sur le vif; on peut d'autre part com- parer entre eux ces squelettes de provenances diverses (les uns des environs de Paris, les autres du département d'Indre-et-Loire; d'au- tres encore, du P. cuUripes à des âges très divers) et se convaincre ainsi qu'aucune erreur ne s'est glissée dans ma description de l'Anoure auquel je donne le nom de Pélobates latifrons. La tête de ce Batracien est un peu moins large et proportionnelle- ment un peu plus longue que celle de P. fuscus ; elle est aussi moins bossue ; le museau, plus conique, dépasse en pointe émoussée la lèvre supérieure. Vue de profil, l'obliquité delà ligne faciale est moindre que chez P. fuscus et la partie antérieure du crâne un peu plus épaisse. L'œil est de taille moyenne; la pupille fendue verticalement, se ferme par la rencontre de deux bâtonnets latéraux exactement comme chez P. cultripes. Ces bâtonnets, lorsque la pupille est grande ouverte forment le liseré circulaire et métallique de l'iris ; ce liseré interrompu en bas seulement, chez P. fuscus, est au contraire divisé en haut et en bas chez P. cultripes et P. latifrons. La couleur métallique de l'iris est assez variable; sur une série de sujets, je trouve pourtant que l'or rouge ou le bronze florentin l'em- 7 86 SÉANCE DU 27 MARS 1888 portent chez P. laiifrons, l'or cuivreux ou l'or ordinaire chez P. fus- eus, le gris ai'gent ou le plomb chez P. cuUrijKs. Chez P. laiifrons, la peau adhère au crâne, sauf sur la ligne mé- diane, où l'on peut en enlever facilement une lanière de l'occiput à la région nasale. La coloration est plus variée que celle de P. fuscus : les nuances marron, jaune, grise et rousse souvent plus claires lui donnent un aspect plus gai. Parfois les macules du dos présentent l'ap- parence de nombreux îlots ; on trouve aussi des sujets ayant la robe entièrement semblable à celle de P. fuscus. Un simple examen de l'expansion du sommet du crâne, dont les os font saillie comme chez P.cidtripes, montre la grande largeur du bou- clier fronto-pariétal, qui s'étend en arrière de l'œil et couvre en par- lie la fosse temporale; chez P. fuscus, l'arête latérale du fronto-pa- riétal laisse cette fosse large et très apparente. C'est le squelette qui fournit les caractères différentiels les plus nets entre P. laiifrons ei P . /^«scms. Prenons deux squelettes aussi sem- blables que possible, l'un de P. fuscus, l'autre de P. latifrons, dont les crânes mesurent exactement la même longueur. Chez P. latifrons la largeur du bouclier fronto-pariétal l'emporte de 4'"'" sur celui de P. fuscus, il est bordé en arrière et sur les côtés par une expansion faiblement relevée en crête amincie, irrégulièrement hérissée de petits tubercules. Cette bordure s'étend en pointe aiguë au-dessus du rocher et tend à rejoindre l'apophyse du temporo -mastoïdien qui s'avance aussi pour protéger la fosse temporale. En arrière de la première arête, le bouclier montre deux échancrures, qui forment à leur ren- contre une seconde pointe aiguë au-dessus et un peu en arrière du rocher ; enfin, une dernière arête très obtuse protège les occipitaux. La largeur de cette bordure du bouclier est indiquée par un léger sil- lon qui serpente en marquant les limites de la boîte céphalique ; la surface de celle-ci présente une légère convexité accentuée par un se- mis de tubercules épineux émoussés et distants les uns des autres. Sur les parties latérales et antérieures du crâne, ces tubercules aug- mentent en nombre, mais celui-ci est en raison inverse de leur taille; sur le vertex, ils sont très espacés, et partant bien y)lus forts. Les préfrontaux sont larges et soudés au bouclier frontal; ils recou- vrent l'ethmoïde qui est ici parfaitement ossifié, et s'étendent sur l'os palatin qui est un de leurs points d'appui ; ils concourent ainsi à cir- conscrire l'ouverture orbitairc, La surface de ces os est hérissée de rugosités de forme à peu près semblable à celle des tubercules du pariétal. En avant, les fronto-nasaux viennent fixer leur branche antérieure sur un os impair formé par le prolongement de l'elhuioïde SÉANCE DU 27 MARS 1888 87 et situé en avant (les orilices nasaux, entre les apophyses montantes des intermaxillaires. Cet os ou ce prolongement ctlimoïdal paraît spé- cial aux P. latifrons et fuscus, (fig. 1 el 2), il n'existe ni chez P. cul- tripes (fig. 3) ni chez les autres Anoures d'Europe ; Dugès n'en fait pas /» Fig. 1. Crâne do Pelobafes latifrom. \ Fig. 2. Crâne de Pelobates fusciis. Grossissement : 2 fois. Lettres communes aux fig. 1, 2 et 3. b, bouclier fronto-pariétal ; p, prénasal ; i, intermaxillaire ; m, maxillo-jugal; /(, fronto-nasal ; r, rocher; t, tympanique. Fig' 3. Crâne de Pelobates cultripes. Grossissement : 1/3. mention (1). Al. Ecker (2) est également muet à cet égard. \V. K. Par- ker et G. T. Bettany (3), pas plus que leurs devanciers ne parlent de l'os qui nous occupe. Patio (4), Cornalia (5), Lessona (6),Camerano f7) ne laissent point présumer qu'ils aient eu connaissance de cette con- (1) Recherches sur l'ostéologie et la myologie des Batraciens, Paris, 1834. (2) Die Anatomie des Franches, Braunschweig, 1861. (3j Themorphologij of the Skull, London, 1877. (4) Faune des Vertébrés de la Suisse, III, Genève et Bâle, 1872. (5) Nota sul Pelobates fuscus o rospo acquatico cou odore d'aglio, Rendiconli d. R. instit. Lombardo, VI, 6 marzo 1875. (G Cenno interuo al Pelobates fuscus Wagler ed alla Rana agilis Thomas en Piemonte, Atti d. R. accad. d. Scienze di Torino, XII, 10 giugno 1877. (7) Monografia degli Anfibi anuri italiani, Memor. d. R. accad. d. scienze di Torino, (2), XXV, 1882. 88 SÉANCE DU 27 MARS 1888 formation de l'ethmoïde chez le Pélobale. Divers autres travaux sur l'ostéologie des Batraciens ne m'ont rien appris à ce sujet ; je crois donc être le premier à signaler ce fait curieux. Cette conformation particulière de l'ethmoïde offre un réel intérêt: au premier abord on croit voir un os indépendant avec ses bords à tranche arrondie et prolongés en dessous ; mais l'enlèvement des fronto-nasaux permet de constater que l'os en question est fixé sur un pédoncule dont le prolongement forme la cloison médiane des fosses nasales. Ce pédoncule étroit s'épanouit brusquement en tête de clou et présente l'aspect représenté fig. 4. Sa forme extérieure est un peu triangulaire à pointe arrondie en bas, le dessus est lisse et convexe: Fig. 4. Ethmoïde de Pelobales fuscus Fig. X. Elhmoïde de Ra7ia esculenta (entièrement ossifié chez l'adulte). adulte (d'après Dugès). p. prénasal. a, portion cartilagineuse; 0, plaque osseuse.] Lettres communes : f. fosses nasales; l, lacrymal; c, cavité céphalique. Grossissement : 2 fois. en haut les angles sont émoussés et présentent une petite rainure à direction oblique qui paraît servir de cale à la branche du fronto- nasal. Les maxillo-jugaux sont très élargis en avant, l'apophyse mon- tante se confond dans leur développement. L'os tympanique déborde en arrière ; au-dessus du rocher il pré- sente une apophyse longue et aiguë qui, avec l'aide d'un ligament solide, couvre la fosse temporale. La face des os que nous venons de nommer est rugueuse ou hérissée d'aspérités. A la face interne du crâne (fig. 1^), nous trouvons les os palatins amincis en avant et Fig. 1a. Crâne de P. latilrons, face inférieure. Fig, 2a. Crâne de P. fuscus, face inférieure. Lettres communes : c, o, cartilage olfactif; i, iritermaxillaire ; m, maxillaire ; p, palatin; v, vomer. — Grossissement : 2 fois. SÉANCE DU 27 MARS 1888 89 s'élargissant latéralement de l'ethmoïde au maxillaire; les vomers disposés obliquement s'étendent de la jonction de Tintermaxillaire avec le maxillo-jugal au palatin. Ils viennent y appuyer l'extrémité postéro-latérale de leur grande expansion et réduisent l'orifice interne des fosses nasales qui débouche vers le milieu de l'étendue du vomer. Ces os se rétrécissent en prenant appui sur la partie médiane et olfac- tive de l'ethmoïde. C'est en ce point qu'ils présentent leur petit groupe de dents vomériennes. Le crâne de P. fuscus (fig. 2) se distingue de celui de P. latifrons par les différences suivantes : mesuré dans sa plus grande largeur, le bouclier fronto-pariétal est d'un tiers plus étroit ; il présente au lieu d'aspérités des trous alvéolaires. Ses bords, sans crêtes, n'ont que des expansions de peu d'importance ; les maxillo-jugaux sont moins rugueux ; le temporo-mastoïdien n'a qu'une faible apophyse impropre à protéger la fosse temporale. Les préfrontaux, beaucoup plus larges que chez P. latifrons, portent des aspérités souvent fusionnées. Les intermaxillaires sont plus grands et leur apophyse montante moins longue; par conséquent la face du prénasal, ou prolongement de l'ethmoïde, est plus étendue transversalement qu'en hauteur, son angle inférieur plus obtus est bien moins saillant. La face interne du crâne (fig. 2-^) est remarquable par le peu d'étendue des vomers qui laissent sur le côté un large espace où débouchent les narinss. Les groupes vomériens sont plus forts et pré- sentent des dents plus longues. Chez P. cuUripes les vomers sont de dimensions intermédiaires, ils ont plus d'analogie avec ceux de notre nouvelle espèce. Chez P. latifrons, la colonne vertébrale est étroite, les vertèbres sont plus allongées et les apophyses transverses des quatre dernières vertèbres sont très inclinées en avant. Chez P. fuscus, ces apophyses s'étendent plus latéralement et sont plus épaisses à leur base. Mksures des diverses parties du squelette Désignation des parties Pelotâtes latifrons Pelobates fuscus Largeur du crâne 21°"° 22°'"' — du fronto-pariétal 12 8 1/2 Longueur du crâne 17 17 — du rachis 32 30 — du bassin 24 26 — du fémur 21 20 1/2 — du tibia-péroné 17 1/2 17 1/2 — du calcanéum 9 9 — du grand orteil 25 26 1/2 90 SÉANCE DU 27 MARS 1888 Les os du bassin tendent à se rapprocher en avant, comme chez P. cultripcs; on sait que le contraire a lieu chez P. fusciis. L'appareil hyoïdien présente aussi des différences très appréciables ; les osselets sont très élargis en bas et le cartilage ?e termine en haut par deux longs ailerons qui se rapprochent l'un de l'autre ; chez P. fuscics cet appareil est presque semblable à celui de P. cuUriins (Voyezlafig. 5, A.B.C). A. B. C. Fig. 5. Os et cartilage de l'hyoïde chez les Pûlobates. A, P. cullripes; B, P. latifrons ; C, P. fuscm, — Grossissement: environ 1/3. Notre P. latifrons a le corps moins trapu que P. fuscus, son port est plus dégagé et rappelle celui de P. cultripes ; il se tient plus sur les mains que sur les coudes ; son tubercule métatarsien est très développé et le sabot corné de nuance blanchâtre est plus tranchant que chez P. fuscus. Les mâles portent, sur le bras, une glande peu épaisse, mais plus étendue que chez les deux autres espèces. Dans sa lettre au professeur B. Crivelli, Cornalia (1) dit que les Batraciens récoltés par lui ne présentent pas de glande humérale ; cette particularité, jointe à la qualité des taches et à la petite taille des individus, l'engage à proposer pour ces animaux le nom de P. insu- bricus. Les premières pages de ce mémoire étaient imprimées lorsque j'eus connaissance du curieux passage de la lettre de Cornalia reproduite ci-dessous (2). (1) Osservasioiii sid Pelobates fuscus et sulla Rana agilis trovafi in Lombardia, — Atli Soc.ltal. Scienze natur., XVI, 1873. (2) Cornalia, lue. cit., p. 10 : « ... Rilornando uia al Pelubalcs fuscus dehbo ag- giungere che in grazia del niinor volume di tutti gl'individui da me raccolti, délia qualita délie macchie, délia mancanza di ghiandola hi-achiale, io inclinai a ritenere la specie italiana diversa da quella d'ollre Alpi e vi apposi il nome di Pelobates insubricus. » Ora mi trovo in obbligo di dire, che ebbi dalla gentilezza dei signori Senoncr ed Erber di Vienna 5 individui di P. fuscus dei dintorni di (piella capitale, i quali sono nell'aspetto e nelle diiiiensioni identici a quelli trovati piesso Milano. Sono quiudi assai esagerate e le ligure del Rcisel e quella deU'Iconogralia alla fauna ita- liana del Bonaparte. » Tutti gl'individui avuti da Vienna sano maschi e tutfi hanno nella paite pos- SÉANCE DU 27 MARS 1888 91 Les auteurs qui ont écrit depuis Cornalia ne reconnaissent cependant qu'un seul Pélobate en Italie : P. fuscus; convaincu également par le récent Catalogue de C- Campeggi (i), j'ai étudié avec le plus grand soin le travail de Lessona (2) et comparant sur le vif les particularités indiquées par lui, j'ai constaté qu'elles se retrouvaient chez P. fuscus des environs de Paris. Il en est de même pour les* rugosités copula- trices indiquées aussi par Cornalia sur l'avant-bras et qu'il croyait propres au Pélobate des environs de Milan. Devant ces cas de ressem- blance j'en vins à l'étude du squelette (3). Cornalia et Lessona ont donné des ligures coloriées ; le premier, du Pélobate de Lombardie ; le second, de celui du Piémont. La com- paraison de ces figures indique des difi'érences assez notables pour distinguer deux espèces, tant par la coloration que par la forme. Les larves, figurées planche 3 dans l'étude de Lessona, sont fidèlement reproduites ; j'ai pu m'en convaincre à l'aide de spécimens recueillis aux environs de Vérone en 1883 et 1886 par notre éminent collègue. Ed. de Betta (4). Ces larves, de même taille que celles des environs.de Paris, sont de nuance plus claire; elles en diffèrent par la trans- parence des membranes natatoires et par la netteté des lignes latérales signalées par les auteurs précités ; elles appartiennent assurément à notre P. latifrons. Quelle est l'aire de répartition géographique de cette nouvelle es- pèce? Pour répondre à cette question je convie tous les naturalistes à m'aider de leurs recherches. teriore dell'omero una grossa ghiandola ovale (ghiandola onierale) che manca in tutti gl'individui da ma raccolti. Sarebbe probabilo che tal ghiandola fosse transi- toria. coUegata con qiialche epoca délia vita deU'animale e che quindi in segnito anche i maschi di qui avessero a presentaria. » Duole che lo Spallanzani non abbia aggiunto altri dettagli a quelli da esso for- niti nel lavoro sopra citato, sia relativamente aile dimensioni degl'individui che ebbe lui fra le mani, sia relativamente alla presenza délia ghiandola. Se d'essa fosse esistita l'avrebbe probabilmente indicata. » (1) Caialogo dei Rcttiti ed Àiifibi presi vci diiUorni di Miluno, por Camillo Campeggi, 1883. (i) Studii suçjli Anfibi anuri del Piemonte, Atti d. Accad. R. d. Scienze de Lincei, (3), I, 1877. (3) Je rappellerai que dans la famille môme des Pélobatidés, Boulenger n'a pas jugé que le caractère tiré des rugosités copulatrices trouvées aux orteils chez Pelodijtes punclalwi d'Espagne fut suffisant pour établir une simple variété (Bull. Soc. Zool. France, VI, p. 74, 1881). (4) Ed. de Betta. Allre notizic sul Pelobates fuscus trovato nel tcrritorio vero-^ iiese. Atti Instit. veneto, (6), III, 1885. 9^ SÉANCE DU 27 MARS 1888 NOTE SUR LA PRÉSENCE DE L'ORCHESTIA CHEVREUXI DE GUERNE, A TÉNË^ RIFE, DESCRIPTION DU MALE DE CETTE ESPÈCE ET REMARQUES SUR LA LOCOMOTION DE L'ORCHESTIA UTTOREA MONTAGU, Par Ed. CHEVREUX ; Grâce à l'inépuisable obligeance de M. Adrien Dollfus, j'ai pu examiner récemment quelques Orchesties provenant des récoltes de M. le D"" Nodier, à Ténérife. Deux mâles et une femelle ont été re- cueillis « dans la forêt de la Merced, parmi les détritus, au bord des ruisseaux s. Je n'ai malheureusement pas de renseignements précis sur l'altitude, non plus que sur la distance de ce point de la forêt à la mer ; mais, d'après M. le D"" Yerneau, le savant explorateur des Canaries, que M. J. de Guerne a eu la complaisance de consulter pour moi à ce sujet, la forêt de la Merced ou mieux de las Mercedes, commence à deux ou trois kilomètres du littoral, à une altitude d'environ 500 mè- tres et s'étend fort loin dans l'intérieur, le long des pentes abruptes de l'île jusqu'à 932 mètres de hauteur. Elle descend dans le N.-O. jus- qu'au village de Taganama qui serait situé, d'après Augustin Millarès, à 724 mètres d'altitude, mais ce chiffre est assurément au-dessus de la réalité (Dr Verneau). Je me trouvais donc en présence d'une forme terrestre; et il était intéressant, à ce point de vue, de la comparer à l'espèce que M. de Guerne a découverte dans le cratère de Fayal ^et à laquelle il a bien voulu donner mon nom (1). Après un examen attentif, rendu fort intéressant par la communi- cation qui m'a été faite des types de \'0. Chevreuxi conservés dans la collection de S. A. le Prince Albert de Monaco, je n'ai pu relever qu'une différence extrêmement faible entre les femelles des deux provenances; chez celle de Ténérife, le 5^ article des pattes de la dernière paire est un peu moins allongé que l'article correspondant d'O. Chevreuxi de Fayal; il offre néanmoins, comme lui, une légère courbure et diffère bien nettement du même article d'O. liUorea, qui est droit et beaucoup plus coui't (2). L'examen d'un certain nombre (1) Excursions zoologiques dans les iles de Fayal et de San Miguel fAçoresJ, 1 vol., Paris, 1888. Voir également Bull. Soc. Zool. France, XIII, séance du 28 fé- vrier 1888. (1) Parmi quelques Amphipodcs de Ténérife, que M. Dollfus vient encore de m'envoyer, se trouve une femelle bien typique d'O. liltoreu, recueillie «au bord de SÉANCE DU 27 MARS 188S 93 de spécimens de la même localité pourrait seule nous apprendre si la légère différence relative à la longueur de cet article est constante et, même en ce cas, il n'y aurait assurément pas lieu d'en Taire un carac- tère spécifique; elle permettrait tout au plus de considérer la forme de Ténérife comme représentant une race locale. Sous tous les autres rapports, le spécimen de Ténérife répond ab- solument à la description d'O. Chevreuxi ; je crois donc pouvoir admettre sans hésitation que l'Orchestie de la forêt de las Mercedes appartient au même type que celle du cratère de Fayal et dont la femelle seule est connue. On sait que chez les Orchesties le dimorphisme sexuel affecte prin- cipalement les antennes inférieures, les pattes de la 2^ paire, et celles de la 7° paire; en décrivant le mâle d'O. Chevreuxi, j'insisterai seu- lement sur la forme de ces organes, en les comparant aux organes cor- respondants du mâle de l'espèce voisine, 0. littorea Mont.; les figures que j'en donne sont dessinées à la chambre claire, avec le même grossissement, et d'après deux exemplaires de môme taille (16"'"'). Fig. 1. 0. Chevreuxi (S Antennes. Fig. 2. 0. liUorca. cT — Antennes. Les fig. 1 et 2 montrent que le pédoncule des antennes inférieures d'O. Chevreuxi est plus long et |)lus robuste que celui d'O. littorea ; le fouet est aussi plus allongé, et comprend 18 articles, mais ce la mer» par M. Aussel. Les deux formes existent donc à Ténérife, et dans des lo- calités probablement peu distantes l'une de l'autre. 94 SÉANCE DQ 27 MARS 1888 nombre n'a qu'une importance très secondaire, et peut varier selon les individus; le second spécimen que j'ai examiné porte 20 articles au fouet des antennes, bien que sa taille plus petite, et l'examen des deuxième et septième paires montrent avec évidence (]u'il est moins âgé que le premier. Fig. 3. 0. ChevréHxi cT» Fig. 4. 0. littorea cT- Pattes thoraciques de la deuxième paire. En examinant les fig. 3 et 4, on verra que le S' article des pattes de la 'i" paire diffère notablement dans les deux espèces. Chez 0. Che- vreicxi, il est plus largement ovale, et son bord intérieur, beaucoup plus convexe, se termine en arrière par une écbancrure très prononcée enfin la griffe est [ilus courte et beaucoup plus robuste. Fig. 5. 0. Chcvrexixi \). Alors même qu'un nom ne serait pas absolument parfait, si le groupe qu'il désigne n'est pas modifié, pourquoi le remplacer? Il arrivera souvent que le nouveau nom sera, à son tour, reconnu imparfait. Tel est le cas pour cet ordre : Gastroneurés. Conformément à sa diagnose, il faut y placer les Notarchus (2) et Dolabella neapo- litana (3), qui sont des Aplysiens et devraient, par conséquent, se ranger parmi les Pleuroneurés de M. de Lacaze-Duthiers. Pour ce qui concerne les deux « ordres » de la seconde <> sous- classe » de M. de Lacaze-Duthiers, ou bien leur diagnose on rend la délimitation réciproque impossible, ou bien elle rend nécessaire la création d'un troisième « ordre » tout-à-fait antinaturel. En effet, dans le premier ordre, Aponotoneurés, le ganglion pleural est « tout voisin » du ganglion cérébral; dans le second, Epipodo- neurés, ce ganglion se trouve « sur le dos du centre pédieux ». Or, il existe un nombre assez considérable de Streptoneura [ = Strep- (1) Comptes rendus, t. CVI, p. 716. (2) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opislo- branches du golfe de Marseille, Ann. Mus. Marseille, t. II, pi. iv, fig. 94, 95. •3) Pelseneer, Zool. Chall. Exp. part. LXVI, pi. v, (ig. 2. 114 SÉANCE DU 8 MAI 1888 sineurés) chez lesquels le ganglion pleural est aussi éloigné du ganglion cérébral que du pédieux. Je citerai, d'après les figures de M. de Lacaze- Ditthiers, Cyclostoma (1), Capulus (2), Vermetus (3); j'ajouterai que dans d'autres formes [Cyclophorus (4), Amjmllaria (5), ) qui, en fait, doivent se ranger dans le groupe que désigne le terme Aponotoneurés, le ganglion pleural se trouve « sur le dos du centre pédieux ». Ces derniers animaux devraient donc strictement être rangés parmi les Epipodoneurés. Enfin, il est un certain nombre de Streptoneura chez lesquels les trois ganglions antérieurs (cérébral, pleural et pédieux) sont plus ou moins en contact, et où dès lors le ganglion pleural est aussi rapproché du centre cérébral que du pédieux. Ces formes seront- elles des Aponotoneurés ou des Epipodoneurés? Ces deux derniers termes ne peuvent donc être conservés, d'autant plus que les groupes qu'ils désignent possèdent déjà des noms anciens, respectivement Cténobranches et Aspidobranches . Pour ce qui concerne les cinq « Ordres » établis par M. de Lacaze- Duthiers, je dois dire encore qu'ils ne me paraissent pas tous de la même importance systématique: l'ordre Gastroneurés est ceviRinement d'un degré supérieur aux quatre autres. Je ne puis d'ailleurs considérer les Notoneurés, où sont réunis les Nudibranches et les Ombrelles, comme un groupe naturel. II. — Il est hors de doute, pour moi, que les imperfections du système proposé par M. de Lacaze-Duihiers, ont pour cause principale l'interprétation inexacte de la valeur morphologique des ganglions pleuraux, qui fausse la base même du système. Pour M. de Lacaze-Duthiers, les ganglions pleuraux (Zd' et Zg') appartiennent à la commissure viscérale, c'est-à-dire au centre asy- métrique. Or, le caractère même de ce centre, l'asymétrie, ne peut pas s'appliquer aux ganglions pleuraux, toujours pairs et symétri- quement disposés. En réalité, ils appartiennent au groupe antérieur, symétrique, du système nerveux (centres cérébraux, pleuraux et pédieux), opposé au groupe postérieur, asymétrique (centres viscéraux). On le reconnaîtra (1) Otocyslcs ou capsules auditives des Mollusques, Arch, d. Zool. expér., (1), I, p. 120, pi. ni, fig. 8, Zg'. (2i Ibidem, pi. iv, fig. 14, Zd'. (3j .Mémoire sur ianatomie et l'cmbryoge'nie des Vermets, Ann. d. Sci. nat. Zoo- logie, (4), XIII, pi. 6, fig. 4, Z. (4) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro- podes Prosobranches, Ann. d. Sci. nat. Zoologie, (7j, III, ])!. vi, fig. 17. (5) Ibidem, pi. v, fig. ID. SÉANCE DU 8 MAI 1888 115 facilement si l'on se reporte aux figures 3, 4, 5 du travail cité plus haut (1), de M. de Lacaze-Dutliiers. En outre, on peut se convaincre que les ganglions pleuraux ne se fusionnent pas avec des centres asymétriques (ou viscéraux), alors que ceux-ci peuvent cependant se réunir en une seule masse; au contraire, voit-on assez souvent ces ganglions pleuraux fusionnés avec l'une ou l'autre des deux paires antérieures (cérébrale chez les Ptéropodes Thécosomes (2) ei Actxon tornaiilis (Z); pédieuse chez les Hétéropodes) (4). NOTE SUR LE PÉLOBATE BRUN, A PROPOS DE LA RECENTE COMMUNICATION DE M. HËRON-ROYER SUR LE PELOBATES LATÎFROiSS (5), Par G.-A. BOULENGER. Le Pélobate que j'ai prié M. Héron-Royer de bien vouloir exhiber à cette séance provient des environs de Berlin, où je l'ai recueilli. Il représente la forme d'Allemagne étudiée par Rosel. Or, comme on peut le voir (le spécimen étant en partie disséqué), ce Pélobate s'ac- corde avec la description de Pclohates latifrons'^Qvon-ViO\&v: museau plus conique, proéminent; frontopariétaux relativement larges en arrière, à apophyses postorbitaires très développées, et présentant des aspérités et non des alvéoles ; forme de l'hyoïde; ergot des plus tran- chants ; glande humérale très étendue. En comparant mes spécimens d'Allemagne à ceux de Turin, dont je suis redevable à M. le comte Perracca, je ne trouve entre eux aucune différence importante. Je considère donc la forme décrite comme nouvelle par M. Héron-Royer, comme le P. fuscus typique. Quant à la forme française, si elle méritait de figurer comme esjoèce distincte, elle devrait probablement porter le nom de P. minor J. Mùller. Mais la comparaison de matériaux à ma disposition me porte à rejeter, en tant que spécifique, la division proposée par M. Héron- Royer. Les caractères ostéologiques indiqués sont d'un ordre très (1) Comptes rendus, t. CVI, pp. 722, 723. (2) Pelseneer, Zool. Chall. Exp., part. LYI, pi. m, fig. 9. (3) Ibidem, pi. m, fig. 11. (4) Spengel, DJe Geruchsorganc und dus Nervensystem der 3Iollusken, Zeitschr. f. wiss. Zool. Ed. XXXV, pi. xvn, fîgs. 5, 6. (5) Voir Bull. Soc. zool. France, XIII, séance du 27 mars 1888. 116 SÉANCE DU 8 MAI 1888 secondaire et ne correspondent à aucun caractère extérieur net et constant. La forme orientale est un peu mieux adaptée à la vie sou- terraine que la forme occidentale, ce qui tient peut-être à la nature du sol, le Pélobate brun paraissant être exclu, en France, des loca- lités les plus favorables par la présence d'un compétiteur mieux orga- nisé : le Pélobate cultripède. La sculpture des frontopariétaux de la forme française, comparée à celle d'Allemagne et d'Italie, représente un stade d'ossification moins avancé par lequel tout Pélobate doit passer ; et il est possible de trouver, même entre individus adultes, le passage complet des frontopariétaux «grêlés » aux « perlés ». Quant aux proportions du crâne, le tableau suivant dressé d'après des spéci- mens conservés au Musée Britannique permet de juger du degré de variation qu'elles présentent. On remarquera cependant que les frontopariétaux sont constamment plus larges relativement à la lar- geur du crâne, chez les spécimens d'Allemagne et d'Italie que chez ceux de France et d'Alsace. Longueur Largeur Largeur des du crâne du crâne frontopariétaux En mi'.limètros (S. Paris 49 24 9 4/2 cf. » 18 22 1/2 9 cj". Bondy 17 23 9 o\ Nantes 18 24 10 cf . Neudorf, près de Bâle. 19 24 44 cj'. » 18 22 9 Ç. Hanovre 17 20 9 1/2 d". Berlin 17 4 9 9 ^. ,y 16 19 9 4/2 $. Halle, Saxe 20 24 4 3 Ç . » 19 24 4 2 cf. » 4 8 22 4 0 4/2 (^. , 17 20 9 ç^. Broslau 46 4 8 4/2 9 0^ » 4 3 17 8 (^. Turin 29 23 4 2 cf. » 4 8 22 4 4 cf. » 18 24 4 4 cf. » 16 20 4 0 En terminant, je ferai observer que la conformation si bizarre de l'ethmoïde du Pélobate brun n'a pas échappé à W. K. Parker (Phil. Trans. CLXXII, 1881, p. 140, pi. XXV, iig. 5). SÉANCE DU 8 MAI 1888 117 NOUVELLES RECHERCHES SVR LE PE LOBATES LATIFRONS. EN RÉPONSE A LA NOTE DÉ M. BOULENGER SUR LE PÉLOBATE BRUN, Par HÉRON-ROYER. Les caractères ostéologiques du crâne chez les Vertébrés, et parti- culièrement chez les Batraciens, étant reconnus d'une valeur supé- rieure entre toutes, je n'ai peut-être pas suffisamment insisté sur les diverses particularités anatomiques qui eussent, très probablement, contribué à convaincre M. Boulenger de la valeur spécifique du Pelo- hates latifrons. Notre savant collègue est dans l'erreur lorsqu'il croit que le crûne du Pélobate brun, de provenance allemande, qu'il m'a prié de pré- senter à cette séance, est semblable à celui du P. latifrons. Il en dif- fère sous tous les rapports indiqués dans mes précédentes notes: il est poreux en dessus et un peu granuleux sur les bords; la bordure mince et relevée en crête, qui encastre le globe oculaire et qui carac- térise si bien le crâne de P. latifrons manque absolument. Mais là n'est pas exactement la question, puisque j'ai eu l'avantage de pré- venir notre collègue, que je reconnaissais le Batracien envoyé par lui pour le Pelobates fuscus et qu'il en avait bien tous les caractères ; c'est donc, avant tout, d'une protestation qu'il s'agit. Aussi, allons- nous, avec toute la courtoisie possible, réfuter l'opinion émise par M. Boulenger. Nous exposerons à ce propos le résultat de quelques recherches nouvelles, espérant faii'e cesser ainsi, d'une manière défi- nitive, les indécisions qui pourraient subsister après la lecture de la note de M. Boulenger. Les dessins, très exacts, qui accompagnent ma description, indi- quent autour du bouclier crânien de P. latifrons (i) une bordure légèrement relevée en crête qu'on trouve chez tous les sujets de cette espèce. Elle n'existe à aucun degré chez P. fuscics de France et d'Al- lemagne. Celle particularité, malgré sa léelle valeur, semble avoir échappé à M. Boulenger; elle ne peut être confondue dans la question de la sculpture des os du crâne qui, d'après mon savant collègue, dépend du degré de développement: hypothèse de circonstance diffi- cile à admettre. J'ai comparé le crâne des têtards appartenant à ma collection et (1) Voir Bull. Soc. zool. France. XIII, page 87. 118 SÉANCE DU 8 MAI 1888 dont la plupart proviennent des environs de Paris, avec ceux que m'a si obligeamment offert noire collègue le commandeur Ed. de Betta. Chez les têtards de France, le coffre céphalique est plus étroit et pro- portionnellement plus allongé que chez les têtards de même âge pro- venant de Vérone. Je me suis attaché à les suivre de la deuxième à la quatrième période larvaire alors que commence la formation du cartilage et qu'apparaît l'aspect nacré ; j'ai remarqué dans la troisième période que les points d'ossification se montrent sur les bords latéraux et pos- térieurs, que les dépressions et les saillies, comme aussi les apophy- ses sont déjà indiquées. A la quatrième période, c'esl-à-dire, lorsque le têtard possède ses quatre membres, on peut déjà distinguer lesdeux espèces sans la moindre indécision, tant les proportions de la boîte céphalique sont différentes. Chez P. fuscus, comme nous l'avons dit, elle est étroite et va en s'élargissant jusqu'au niveau postérieur de l'œil, de là elle se rétrécit graduellement pour se terminer en pointe épaisse et relevée. Chez P. latifrons, la boîte céphalique est plus large dans toute son étendue, elle parait sensiblement plus courte et sa grande largeur finit un peu plus en arrière de l'œil : la pointe terminale du sommet est à peu près nulle, son angle émoussé est très ouvert. Mais chez le têtard de cette espèce la grande apophyse postorbitaire est déjà déve- loppée. Chez le Pélobate brun, cette apophyse est, au [contraire, à peine indiquée, sa formation est plus tardive, elle ne se développe qu'au moment où la queue disparaît. Mais il est manifeste qu'elle a toujours beaucoup moins d'étendue que chez la nouvelle espèce. Enfin, sur les larves, on constate déjà que les ouvertures nasales sont plus rapprochées chez P. latifrons que chez P. fuscus. J'ajouterai que c'est à cette période larvaire que P. latifrons perd la couleur claire pour revêtir une livrée sombre, quand, au contraire, P. fuscus prend insen- siblement la parure de l'adulte, en passant par des teintes plus claires. Après cet examen des larves, des jeunes et des adultes, relative- ment à l'ossification du crâne et à l'appréciation de la sculpture de ces os, je ne puis partager l'avis de M. Boulenger. Tous les sujets adultes fournissent des caractères trop importants pour être mécon- nus et aucun échantillon n'a présenté de diUicultés pour la détermi- nation. Je vois là un ensemble de faits constants que le changement de climat ne suffit pas à expliquer. Les éclaircissements qui précèdent paraissent-ils insufîisants pour démontrer la valeur des espèces, j'indiquerai dans l'anatomie des parties molles quelques différences notables. SÉANCE DU 8 MAI 1888 119 En disséquant un Pélobate mâle de chaque espèce, on remarquera ce qui suit : P. f usons Peau un peu plus épaisse. Faces inférieures des pieds et des mains d'un brun charbon- neux. Gorge grise, fortement pique- tée de brun. Ventre grisâtre, entièrement maculé de taches brunes. Flancs jaspés de gris, de brun et de quelques points carminés. Pli de l'aine jaune et très ma- culé. Pubis brunâtre semé de petits granules blancs très nombreux. Chair plus ferme de couleur brunâtre un peu violacée à la gorge surtout. Tête plus enfoncée dans les épaules. Glandes génitales un peu cylin- droïdes, très allongées, grosses en haut, plus grêles et coniques en bas. Mesurant la moitié de la longueur du rein, ûg. 1. Couleur P. latifrons Peau un peu plus mince. Faces inférieures des pieds et des mains gris plus ou moins clair. Gorge jaunâtre, peu ou point piquetée. Ventre d'un blanc grisâtre fort peu maculé. Flancs jaunâtres avec quelques larges macules grises peu appa- rentes. Pli de l'aine jaune et sans ma- cules. Pubis blanchâtre et marqué de grauLdes blancs peu nombreux. Chair plus molle, de couleur jaunâtre parfois safranée, à la gorge surtout. Tête un peu plus dégagée des épaules. Glandes génitales ovoïdes, quel- quefois anguleuses , petites, ne mesurant que le quart de la lon- gueur du rein, lig. 2. Couleur jaune foncé avec une grande tache Fig. l.Pelobolcs fiiscus. Fig. 2. Pelobutes latifrons. Glandes géditales, reins et appendices graisseux. 120 SÉANCE DU 8 MAI 1888 blanc de chair très pâle, sans macules (1), Appendices graisseux jaunes quelquefois avec filet rougeâtre. d'un brun nuageux sans place bien fixe et parfois absente. Appendices graisseux de cou- leur orange vit". J'ose espérer que mon estimé collègue du British Muséum trouvera ces explications satisfaisantes et qu'il pourra accepter le Pélobate à front large comme une espèce bien distincte. Ce nouveau Batracien est si reconnaissable que je ne me donne pas la peine de ie séparer dans les cages de son congénère P. fuscics ; je le reconnais du premier coup d'œil à la démarcation de la ligne convexe qui indique en arrière la largeur de l'os frontal comme au peu d'es- pace qui sépare les narines entr'elles ; sans même tenir compte de la coloration, généralement plus variée et plus claire, de la peau. Quant à la série de crânes de Pélobates bruns, dont M. Boulenger nous donne la mensuration, je n'y attache point d'importance, car à part les mesures de la longueur et de la largeur, il est permis de croire que celles du bouclier frontal ne peuvent être prises très exac- tement sur les animaux en chair. Toutefois on remarquera que les crânes les plus larges appartien- nent à des femelles et que les crânes des Pélobates de Turin, quoique plus petits et appartenant à des mâles ont les fronto-pariétaux plus larges que tous ceux des mâles de plus grande dimension, provenant de France et d'Allemagne. Que M. Boulenger veuille bien admettre la présence toujours cons- tante, chez P. lattfrons, d'un léger sillon qui serpente à une petite distance du bord latéral du bouclier céphalique et cet honorable et savant collègue est forcé d'accepter ma nouvelle et indéniable espèce. Quant à la forme de l'hyoïde, je ne conteste pas qu'elle puisse se rencontrer à peu près semblable chez les autres Pélobates, cependant, les osselets se trouvent généralement plus larges chez tous les P. latt- frons que j'ai disséqués. J'avoue n'avoir pas eu connaissance du travail de W. K. Parker sur la conformation osseuse de l'ethmoïde chez le Pélobate brun. Malgré cet oubli, je n'ai rien à retirer de ma publication sur ce sujet; si Parker a donné des détails suffisants, j'ai l'avantage, à mon actif, (1) A l'époque de la reproduction, les testicules sont plus développés : chez P. fuscus, ils atteignent quelquefois la longueur du rein. Chez P. latifrons, comparé à son congénère, ces organes sont toujours petits; ils n'excèdent guère le tiers de la longueur du rein. Ces remarques ont été laites sur des sujets pris accouplés dans mes aquariums. SÉANCE DU 8 MAI 1888 121 d'avoir iiguré correctement cette conformation si curieuse que l'auteur anglais avait quelque peu négligée (1). (1) Phil. Trans. CLXXII, 1881. J'extrais du Mémoire de Parker (loc. cit., p. 110, ligne 24), le passage principal où il est question de l'ethmoïde de P. fuscus : « Tliere is cartilage from the front of the foramen ovale to the front of the optic fenestra [eth.) occupies ail but small supero-latcral tracts in the front; the sides of the nasal région, only, are unossi- iied. The girdle-bone thus occupies the fore part of the orbito-sphenoïdal région, ail its own territory, and ail the niiddle part of the nasal. » Ouvrages offerts. L. Maggi, Intorno aW esame microscopico deW acque potabili. Bollet. scientif. 9e année, n^ 2, 1887. L. Macsi, Di alcune soluzioni dl collura e loro sterilizzazioni. Rendic. R. Istit. Lombard, (2), XIX, fasc. 19-20. L. Maggi, lalorno ad alcuni metodi di collura deW acque potabili. Ibid., (2). XX, fasc. 7. L. Maggi, Intorno alV importanza deW esame bâcler iologico qualitativo délie acque potabili. Ibid., (2), XX, fasc. 13. L. Maggi, Intorno ai Prolozoi vivenle sui Muschi délie plante. Ibid., (2), XXI, fasc. 6. L. Maggi, Suit' importanza dei fagociti nella morfologia dei Metazoi. Ibid., (2), XXI, fasc. 7. Japetus Steenstrup, Tôrvemozernes, Bidrag til Kundskab om Danmarks for- historiske Natur och Kullur. Folkelœsning, 1870, n" 33, N'"= Edit., 1888. H. Gadeau de Ker ville, Addenda à la faune des Myriopodes de la Normandie, Bull. Soc. Am. se. nat. Rouen, 1887, 1°'' sem. H. Gadeau de Kerville, De ta coloration asijmélrique des yeux chez certains Pigeons métis. Ibid., 1887, 2« sem. H. Gadeau de Kerville, Faw^-i7 dé/rMi7e nos Rapaces nocturnes? {Note de Zoologie pratique. Ibid., 1887, 2^ sem. H. Gadeau de Kerville, La Société des Amis des sciences naturelles de Rouen en 1887. Compte-rendu annuel, Ibid., 1887, 2*-' sem. H. Gadeau de Kerville, Faune de la Normandie. — /. Mammifères. Ibid., 1887, 2^ sem. 122 Séance du 22 mai 1888 PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JUF.LIEN, PRÉSIDENT ' 5 MM, Dui'ègne, de Foliii et Lavergne de Labarrière, présentés dans la dernière séance, sont élus Membres de la Société. L'assemblée décide également, à l'unaminité, que le Musée zoolo- gique de Berlin (Die zoologische Sammlung des Muséums fur Natur- kunde) sera inscrit parmi les Membres de la Société. MM. Blanchard et Kûnckel d'Herculais présentent le D'' Hecht. M. le Président lit une lettre de M. A. Milne-Edwards invitant la Société à prendre l'initiative d'un Congrès zoologique qui aurait lieu en 1889, pendant l'Exposition universelle, sous les auspices du Gou- vernement. Diverses observations sont échangées k ce sujet. L'assemblée est d'avis qu'il y a lieu de faire, au point de vue financier, des réserves formelles et de définir nettement le rôle que la Société aurait à jouer dans cette circonstance. Il est décidé que M. le Président, assisté d'un ou de plusieurs membres du Bureau, demandera à M. A. Milne Edwards une entrevue après laquelle le Conseil pourra discuter la question et émettre un avis en pleine connaissance de cause. M. le Président annonce que le Congrès des Sociétés savantes s'est ouvert aujourd'hui même au Ministère de l'Instruction publique. Diverses communications relatives à la Zoologie sont annoncées au programme dont un exemplaire est déposé sur le bureau. M. le Secrétaire signale, parmi les Ouvrages offerts^ une nouvelle série de volumes envoyés par M. le piofesseur Ant. Fritsch, de Prague, lequel, non content d'offrir ses propres travaux à la Société, enrichit encore la bibliothèque des publications de ses compatriotes. Voir aux Ouvrages offerts l'indication d'un ouvrage du D^ F. Vejdovsky. M, le D"" Jousseaume dépose sur le bureau un travail de M. Jules Mabille, Sur quelques Mollusques du Tonkin. Ce travail, offert par l'auteur, est extrait du Bulletin de la Société malacologique de France; il porte la date : juillet 1887. M. Dautzenberg fait remarquer que la publication de ce Mémoire est de beaucoup postérieure à la date indiquée. Suivant lui, le fasci- cule où il a paru n'aurait été distribué qu'en décembre. SÉANCE DU 22 MAI 1888 123 Une discussion s'engage à ce sujet relativement à la priorité des descriptions d'espèces, et M. Chaper s'élève avec force contre l'abus des dates fausses tel que le pratiquent certains naturalistes. M. Jules de Gucrne présente, au nom de M. Jules Richard et au sien, un travail accompagné de nombreuses figures et intitulé : Révision des Calanides d'eau douce. Renvoi aux Mémoires. SUR QUELQUES PINCES MONSTRUEUSES DE DÉCAPODES BRACHYURES, Par R. LE SÉNÉCHAL, Conservateur des Collections zoologiques du Musée d'histoire naturelle de Caen. Le Laboratoire de Zoologie expérimentale de Luc-sur-Mer possède, dans sa collection des animaux du Calvados, un Crabe tourteau pré- sentant une difformité des plus singulières et qui paraît se rapprocher de celle que cite M. le D'' Fischer chez VEriphia spinifrons (Voir Bull. Soc. zool. France, XIII, p. 71, séance du 13 mars 1888). La difformité affecte la pince droite (fig. 1 et 2). A la face interne Fig. 1. Platycarcinus pagurus. Pince monstrueuse. — i, index normal ; i', i'\ index accessoires ; p, pouce normal ; p' . p", pouces accessoires; r. pédon- cule articulaire : a, apophyse interdi- gitale postérieure. — En p et en p", les dents situées à la face interne sont invi- sibles. Fig. 2. Platycarcinus pa- gurus. Index ,et articulation des pouces accessoires de la pince monstrueuse représen- tée hg. 1. — i, index normal ; i', i". index accessoires; a, cavité articulaire vue de face après l'enlèvement des pou- ces accessoires ; b. apophyse interdigitale antérieure; b' id. postérieure. 124 SÉANCE DU 22 MAI 1888 de l'index légèrement en dehors, l'on remarque deux doigts supplé- mentaires intimement soudés entre eux et avec l'index normal. Tous deux offrent des dents bien développées et leur séparation primitive est indiquée par deux lignes élevées formant un angle aigu dont la pointe arrive presque à leur base. La soudure a laissé libre, cependant, l'extrémité du doigt normal, qu'une profonde échancrure sépare du groupe formé par les doigts surajoutés, également libres à leur pointe. Ceux-ci se continuent par la base avec un pédoncule implanté per- pendiculairement sur la paume de la main et sur lequel viennent s'articuler deux doigts de même taille et de même apparence que pour le pouce normal. Ces deux doigts recourbés en dehors et diver- gents, parfaitement mobiles d'ailleurs, forment entre eux un angle très obtus, de telle sorte que la pointe de l'un rencontre en haut l'extrémité du pouce principal et que la pointe de l'autre passe en bas à une certaine distance des deux index supplémentaires (1). Le pédoncule articulaire présente en arrière des parois élevées se prolongeant vers la partie médiane en une sorte d'apophyse inter- digilale (fig. 1 a, et 2 6, b'). En avant, l'on trouve simplement une apo- physe analogue se continuant directement avec la base des index monstrueux et allant à la rencontre de la précédente. Ces deux apo- physes concourent à former les bords de la double cavité articulaire et laissent entre leurs extrémités un léger intervalle par où se touchent les deux pouces accessoires. En résumé, dans le cas dont il vient d'être question, la monstruo- sité du membre ne résulte pas seulement de la présence des deux pinces rudimentaires, mais encore de la fusion des parties constituantes de celles-ci, de leur déviation et du développement du support des doigts mobiles. Les doigts fixes ont dévié de leur direction par suite de leur soudure avec l'index normal, les doigts mobiles, par suite de la soudure de leurs articulations et de la direction des index. La soudure des articulations a déterminé la divergence des pouces et leur courbure en dehors, simultanément avec la position des doigts fixes. La collection de Crustacés du Musée d'histoire naturelle de la Faculté des sciences de Caen renferme aussi quelques cas de monstruosités, mais beaucoup moins compliqués que le précédent. Je ne ferai que les signaler. Nous possédons deux pinces droites de Tourteau dont l'index porte inférieurement un doigt surnuméraire (fig. 3j. Je dois ajouter que la présence de celui-ci a fait dévier le doigt normal de telle sorte que le pouce ne s'appose ni à l'un ni à l'autre. 11 existe, (1) La pince est décrite dans sa position normale. SÉANCE DU 22 MAI 1888 125 en outre, dans nos collections une pince droite de Portunus j^wZ^cr ( (ig. 4) sur l'index de laquelle se greffent, presque à angle droit, deux doigts supplémen- taires. Celui d'entre eux qui répond au pouce ne présente ni les lignes de tuber- cules ni le nombre de dents habituel- les. Une pince gauche de Portunus puher Fig. 3. Platycarcarciiius pa- (jarm. Pince droite monstrueuse, lace supérieure externe. également (fig. 5), offre un doigt accessoire au côté inférieur de Fig. 4. Portunus puber, pince droite nions- Fig. 5. Portunus puber, pince gau- trueuse, face supérieure externe (légèrement che monstrueuse, face supérieure grossie). externe (légèrement grossie). l'index. Mais ce doigt n'a point de dents ù son bord interne. Cette monstruosité paraît n'être due, d'après l'examen des lignes de tuber- cules qui garnissent les deux faces de l'index accessoire et de l'index normal, qu'à une simple division de celui-ci. Je ne puis citer que ce petit nombre de difformités chez les Crus- tacés comestibles de nos côtes, mais il n'est pas douteux que l'on en rencontrerait assez souvent si les pêcheurs et les consommateurs y prêtaient quelque attention. Je dois en terminant adresser tous mes remerciements à M. le Professeur Joycux-Laffuye qui m'a autorisé à puiser dans la collec- tion du Laboratoire de Luc-sur-mer le sujet principal de celte note. 40 126 SÉANCE DU 22 MAI 1888 SUR LE NID DE LA PIE ET LA DESTRUCTION DE SES ŒUFS PAR LA CORNEILLE fCORVUS CORONEJ. Par Xavier RASPAIL. Il est peu d'Oiseaux plus connus que la Pie et la Corneille; il sem- blerait donc que rien de ce qui touche à leurs mœurs et à leurs habitudes ne doive être ignoré. Or, mes observations pendant nombre d'années me permettent d'ajouter quelques faits nouveaux à l'histoire naturelle de ces Oiseaux. Vieillot a signalé, comme on le sait, que la Pie construisait plusieurs nids à la fois, mais qu'elle perfectionnait seulement celui qui devait recevoir ses œufs. Ce fait fut confirmé par Nordmann, dans son Cata- logue raisonné des Oiseaux de la faune pontique', d'après lui, chacun des couples de Pies, qu'il observait dans le jardin botanique d'Odessa, construisait trois ou quatre nids postiches destinés à détourner l'at- lention de celui qui devait recevoir les œufs et auquel le couple travaillait en cachette et dans le plus granrl silence. Loin de moi la pensée de mettre en doute le témoignage de deux ornithologistes dont les noms font à si juste titre autorité dans la science ; si mes observations sur ce point sont en contradiction formelle avec les leurs, je ne puis l'expliquer que par une modification survenue dans les mœurs des Pies observées par eux, modification résultant de l'habitat ou de conditions particulières qui avaient amené ces Oiseaux à acquérir un degré plus élevé d'intelligence pour protéger leurs couvées. Beaucoup d'animaux présentent ainsi des changements nota- bles dans leurs habitudes selon les conditions d'existence que leur offrent les contrées qu'ils habitent; comme exemple qui me vient sous la plume, je citerai notamment le Lapin de garenne des bois de sapins de la Campine belge qui ne creuse pas de terrier. En fait, je n'ai jamais constaté, durant mes stations ornithologiques dans la Somme, en Belgique, aux environs de Paris et en dernier lieu dans l'Oise, qu'un couple de Pies ait construit plus d'un nid à la fois. De plus, ce nid établi souvent à proximité des habitations, se trouve achevé lorsque les arbres sont encore dépouillés de feuillage; il est donc toujours exposé à la vue du passant. Or, non seulement les Pies ne paraissent pas s'en inquiéter, mais elles ne l'abandonnent pas, alors même qu'on les trouble au cours de sa construction. En voici un remarquable exemple : Il y a une quinzaine d'années, dans un parc situé à Cachan près SÉANCE DU 22 MAI 1888 127 Paris, où régulièrement il se t'ait un nid de Pie dans une haute futaie, je m'avisai un matin d'abattre d'un coup de fusil une des deux Pies, au moment où elle apportait des matériaux. Je pensais que le nid serait abandonné et qu'ainsi les Passereaux peuplant le parc seraient débarrassés de ce voisinage dangereux pour leurs couvées. Le lende- main, de bonne heure, mon attention fut attirée par un bruyant caquetage provenant d'une vingtaine de Pies qui jouaient et se pour- suivaient dans les arbres. Cela dura toute la matinée; après-midi la bande turbulente avait disparu. Mais les jours suivants, je constatai que deux Pies achevaient paisiblement le nid commencé. Il s'était fait une nouvelle union à laquelle étaient venues assister toutes les Pies du canton. En 1879, vers la fin du mois de février, je recommençai l'expérience et les mêmes faits se reproduisirent. Le coupleque j'avais brutalement désuni s'était reformé après l'arrivée et les joyeux ébats dans le parc d'un grand nombre de Pies. Avant mon séjour actuel à Gouvieux (Oise), je ne connaissais comme nid de la Pie que celui que tous les auteurs ont parfaitement décrit et qui est protégé par une espèce de couvercle composé de petites bran- ches épineuses solidement entrelacées, ne laissant sur le côté qu'une étroite ouverture pour le passage de l'Oiseau. Tel est le type invariable de tous les nids que je trouve chaque année établis en plein bois. Mais ceux que les Pies placent au sommet des hauts peupliers ombrageant les bords de la Nouette ou dispersés dans les prairies avoisinantes, sont dépourvus de ce dôme de bran- chages et leur intérieur est à découvert comme celui de la plupart des nids. Depuis huit ans je n'ai pas relevé une seule exception à cette règle et tous les renseignements que j'ai pu recueillir auprès des habitants me donnent l'assurance qu'il en a été toujours ainsi. On trouverait peut-être l'explication de cette différence de con- struction dans la nécessité où se trouve la Pie de protéger ses œufs, dans les grands bois, contre les surprises de ses ennemis; surprises qui sont moins à craindre dans les peupliers qui bordent les prairies, d'où la vue peut s'étendre au loin et découvrir facilement le danger. Dans ce dernier cas le dôme de branchages serait plus dangereux qu'utile, parce que son volume donnerait trop de prise au ventsouvent assez violent dans ces parages. Je ne m'étendrai pas davantage sur ces explications qui ne sont en pareille matière que de simples suppo- sitions, et j'arrive à relater un fait que j'ai été à même de voir se reproduire plusieurs fois et notamment, dans le courant du mois 128 SÉANCE DU 22 MAI 1888 d'avril dernier, sur un nid établi dans un petit bouquet de bois situé à proximité de ma maison d'habitation. On n'ignore pas que les plus grands destructeurs de couvées sont fournis par la famille des Corvidés. Mais chose très curieuse, tandis que le Geai va prendre, dans les nids do Passereaux, les jeunes à peine éclos, la Pie punit le ravisseur en lui enlevant ses œufs ; à son tour, la Corneille fait subir à cette dernière la peine du talion. La Corneille, en effet, a un goiit très prononcé pour les œufs de Pie et elle cherche fréquemment à s'en emparer. C'est pendant que la femelle Corneille couve que le mâle va en reconnaissance; on le voit, d'un vol bas, parcourir et inspecter la plaine dans l'espoir de surprendre le jeune Levrault tapi à l'abri d'un sillon ou le poussin turbulent que la mère Perdrix ne parvient pas à retenir près d'elle au plus épais des récoltes. Puis, s'il a en vue un nid de Pie, il ne manque pas de s'en approcher et souvant de très près. Chaque jour, il revient faire sa visite, ce qui a le don de motiver les plus violentes protestations de la part de nos deux Pies, dont l'une se place sur le nid pour en défendre l'accès à l'intrus. Aussitôt que celui- ci s'est assuré de la présence de plusieurs œufs, il ne tarde pas à revenir cette fois avec sa compagne, à l'heure où celle-ci quitte son nid pour se délasser des fatigues de la couvaison. C'est alors que commence une scène fort intéressante; scène à laquelle il faut avoir assisté pour comprendre toute la ruse mise en œuvre par les uns pour duper les autres. A peine les deux Corneilles sont elles en vue que l'observateur en est prévenu par les cris d'inquiétude que poussent les Pies. Le mâle Corneille commence immédiatement les hostilités en s'abattant à même le nid, tandis que sa femelle va se poser sur un arbre voisin, affectant l'allure paisible d'un spectateur désintéressé. Et cependant la lutte que soutient son époux est vive; il a affaire à forte partie et plus d'un coup reçu doit lui être sensible, car il n'est pas rare de voir voler la plume. Tout en résistant, il semble faiblir, il perd l'équilibre; à cette vue les efforts des Pies redoublent; le traître se décide enfin à prendre la fuite, quand il a réussi, par ses manœuvres, à exciter au plus haut point ses deux adversaires qui, oubliant toute prudence et aveuglés par la colère, le poursuivent avec acharnement. C'est le moment attendu par la femelle Corneille ; elle s'élance d'un coup d'aile sur le nid ainsi livré sans défense et s'empare d'un œuf. Mais ce larcin ne s'effectue pas sans avoir été aperçu par les Pies qui s'arrêtent net dans leur poursuite pour en recommencer une plus furibonde contre cette nou- velle ennemie; alors le mâle, dégagé par cette diversion, revient à SÉANCE DU 22 MAI 1888 129 son tour se payer de ses peines en prélevant un œuf qu'il emporte, au f(raiid ahurissement cette fois de nos Pies qui s'aperçoivent trop tard du mauvais tour dont elles viennent d'être victimes. Elles regagnent silencieusement leur nid ainsi dépouillé, tandis que les deux pirates se rejoignent avec leur butin et, en tôte-à-tête, se félicitent, à n'en pas douter, delà réussite de leur intelligent stratagème. La Pie, qui convoite de son côté les œufs de la Di'aine, arrive rare- ment k déjouer la surveillance que celle-ci exerce sur son nid, même lorsqu'elle en est éloignée. La Pie vient toujours seule et se fait écon- duire vivement par le couple Draine dont on connaît l'ardeur belli- queuse; jamais elle n'a su mettre en pratique la ruse adroite employée avec succès par la Corneille pour lui ravir ses œufs. DESCRIPTION D'UN NOUVEL IXODIDÉ, Fa l8 D'- Alfred DUGÈS, de Guanajuato (Mexique) Genre: IXODES, Latr. ; Sous -genre: Gomxodes, nov. ; Espèce: Gonixodes rostralis. nov. — Par tous ses caractères, cet Acarien appar- tient à la tribu des Lxodidés. On pourrait, dans cette division, n'ad- mettre que le genre lœodes de Lalreille, mais comme l'espèce ici décrite est pourvue d'un rostre singulier et différent à plusieurs égards de celui des Ixodes ordinaires, je me suis cru autorisé à créer le sous- genre Gonixodes dont le nom rappelle la forme des palpes munis à leur base d'un angle très saillant en dehors. Cette dernière particularité distingue bien Gonixodes rostralis d' Ixodes nigua (Geer) Guér., dont les palpes sont de forme ordinaire, du moins d'après la tigure donnée par Moquin-Tandon (Elem. zooU méd. 2*= édit.). Le dos n'est pas rugueux chez le mâle, mais la peau est finement plissée; le céphalothorax n'est pas en losange, mais en ovale échancré par devant ; la languette porte un grand nombre de papilles disposées en quinconces irréguliers. Quant au nom de Gara- patte (il faut lireGarrapata) confondu avec celui de PinoUo (mauvaise orthographe) par Moquin-Tandon, il est appliqué ici à deux Argas(\nQ j'ai fait connaître sous les noms A'Argas turlcata Qid'Argas Megnini: on appelle le Gonixodes ou du moins sa nymphe PinoUilo, et il est probable que ce même mot désigne au Brésil Ixodes nigua. Les Mexi- cains distinguent la Nigua des Ixodes: c'est en effet Rlujnchoprion (Dermatophihis) peneirans ou une espèce très voisine. Pour l' Acarien, 130 SÉANCE DU 22 MAI 1888 sujet de cet article, il est assez singulier que les paysans appellent la femelle Garrapaia et le mâle et les jeunes PmoZ/«7o,quoiqu'ils sachent bien que les seconds proviennent de la première. Larve et nymphe (fig. 1). — Je ne sais jusqu'à quel point il y a lieu de distinguer ces deux étals pour la diagnose de l'espèce; en effet, le petit animal, au moment de rompre les enveloppes de l'œuf, ne diffère guère de la nymphe que par sa couleur brun foncé et son corps plus arrondi. La nymphe mesure environ soixante centièmes de millimètre y compris le rostre. Elle est plate, très difficile à écraser, subarron- die et d'une couleur rousse ; le corps est comme bordé par une ligne fauve dentelée F en arrière; en avant, on dis- „.,„., , ,. , ,^. ,.,, tingue un large écusson qui l'ig. 1. Gnnixodes rostrahs, nymphe (Pinolillo) , . x r • environ O^^O, y compris le rostre. — A, dessus ; ^^ ^'''''^'^ pas tout à tait au B. dessous,- C, longueur proportionnelle des put- milieu (le la face dorsale, tes; D, rostre ; E, dents maxillaires; F, extrémité échancré en avant, suban- d'un palpe; G. extrémité de la languette; H,, griffe guJgux en arrière OÙ il est avec caroncule; I, caroncule; J, enveloppe vide ^ . ■ j- ' ^^, ].^yf ' ' pourvu de stries radiées, et portant à ses angles externes deux yeux noirs allongés. Des six pattes, les antérieures sont plus longues que les postérieures, et les intermédiaires sont les plus cour- tes. Le rostre porte deux palpes normaux terminés par un très petit article pourvu à son extrémité de quatre épines ; les maxilles (mandi- bules ?) sont plus simples que celles de l'adulte mâle ; la languette est formée de deux moitiés séparables et pourvues chacune de deux ran- gées seulement de grosses papilles au nombre de 5 à 6 pour chaque rangée. Les pattes sont armées d'une double grille en forme de corne de chamois, portée sur une caroncule à extrémité arrondie et striée en éventail. On ne voit de poils bien apparents que sur les pattes. Mâle adulte {ûg. 2). — N'ayant à ma disposilion qu'un seul individu, je donne sa description telle que j'ai pu la faire sans détériorer complè- tement le sujet. Corps extrêmement coriace, long de quatre millimè- SÉANCE DU 22 MAI 1888 131 Fig. 2 Gonixodes rostralis, c? adulte. — Longueur 'l""". — A, Vue d'ensemble dessus ; a, anus vu par transparence ; B, les hanches droites; C, griffe et caron- cule; D, rostre; E, extrémité de maxille; F. languette; S, stigmate. 1res, rouge brun ibncé avec les pattes et le rostre plus clairs: je crois que l'animal est aveugle ; du moins je n'ai pas la certitude d'avoir vu les yeux. Le pourtour du corps est muni d'une large bordure sur la plus grande partie de laquelle on voit des plaques ou taches carrées de couleur foncée, et sa partie postérieure est légèrement crénelée ; la peau est plissée et à peu près glabre ; sur les côtés, en arrière des pat- tes postérieures, il y a un grand stigmate formé par deux cercles con- centriques dont l'intérieur est pointillé : à la base des hanches qui sont toutes contiguës, on voit 2 ou 3 stigmates très petits. L'écusson est grand, ovale, échancré en avant et arrivant presque à la moitié du dos. Les pattes sont armées de deux griffes létractiles, droites à extré- mité brusquement courbée et portées sur une cupule transparente que soutient un très petit article basilaire : elles portent des poils assez forts. Les palpes sont larges, plats, pourvus à leur base d'une forte dent ou angle extérieur ; leurs deux ai'ticles visibles sont munis à leur bord interne d'une lame transparente bilobée ; je n'ai pu y distinguer 132 SÉANCE DU 22 MAI 188S le petit article terminal qui existe chez la nymphe. Les mâchoires, pourvues aussi d'un angle externe à leur base, sont terminées par deux crochets droits, l'un simple (l'interne) et l'autre pourvu de trois dents dont la moyenne est très forte. Les deux pièces unies de la lan- guette sont couvertes d'une grande quantité de petites dents disposées sans ordre. Cet individu provenait du sud de l'État de Guanajuato. Femelle adulte (lig, 3). — Dans le même bocal qui contenait les nym- phes et qui avait été envoyé des terres chaudes du Mexique, on avait ,__^ ^ ajouté un autre Acarien uni- Fig. 3. Gonixodes rostralis que en disant que c'était de lui que provenaient les jeu- nes. Sur cette seule aiïïrma- tion, je me suis fondé pour le considérer comme la fe- melle du précédent : c'est A Gran- du reste un véritable Ixodidé. deur naturelle; B, rostre; C, grTfFe et caroncule; Malheureusement, je n'ai pu D, longueur proportionnelle des pattes (la pre- l'examiner que superficielie- mière patte est à gauche); E, écusson; F, plaque ^^ent, et je ne suis pas sûr lisse avec l'insertion des deux dernières hanches; , • „^,,i„„„ „„: „ , , .■ . de sa vraie couleur qui a en bas, un grand stigmate. . i , , i, i ^ pu être altérée par 1 alcool très fort où on l'avait plongé. Cette femelle est noirâtre, l 'écusson est d'un roux brun et les pattes et le rostre un peu moins foncés. Elle est longue de huit millimètres et large de six. Les pattes anté- rieures sont les plus longues. La peau est chagrinée et présente cinq enfoncements dorsaux et des stries perpendiculaires au corps autour de la moitié postérieure. Entre les hanches de la deuxième paire, immédiatement derrière la fossette buccale, on voit le mamelon génital fendu longitudinalement, et en arrière des pattes postérieures l'anus beaucoup plus petit, à peu près de la même forme. Les han- ches sont bien séparées : les quatre premières sont libres ; les posté- rieures de chaque côté sont réunies par une large plaque lisse, noi- râtre et cornée, derrière laquelle se voit un énorme stigmate du même aspect. L'écusson est lisse, ponctué, comme divisé en trois avec une impression sur les parties latérales et deux denticules à leur extré- mité antérieure un peu saillante et formant une mortaise pour la tête. Le rostre est très fort, élargi à sa base et les palpes sont droits, assez larges, très différents de ceux du mâle, mais rappelant ceux de la nymphe; sur la base élargie du rostre (qui était rabattu en dessous) existent deux impressions circulaires pointillées. SÉANCE DU 22 MAI 1888 133 Je pense que ces détails, joints aux dessins, suffiront pour bien dis- tinguer l'Acarien en question de VIxodes nigua. Il est malheureux que je n'aie eu à ma disjDOsition qu'un mâle et une femelle que je dési- rais maltraiter le moins possible, ce qui a peut-être nui à l'exactitude des figures. Si j'en obtenais d'autres et qu'il y eut des corrections à faire, je les communiquerais immédiatement. Il est clair que Gonixodes rostralis est au Mexique, du moins dans les Etats de Guanajuato et de Michoacân, le représentant d'/a;odgs nigua du Brésil, leur nom commun de Pinolillo porte du moins à le penser. Quant à ses habitudes, je ne puis en rien dire, mais comme j'ai reçu les nymphes et larves en très grande quantité, il est proba- ble qu'il infeste les bois des contrées chaudes; du reste, toutes les personnes qui ont chassé autour d'Orizaba, Côrdova etVera-Cruz con- servent un cuisant souvenir des atteintes du Pinolillo. Guanajuato, avril 1888. Ouvrages offerts. H. Gadeaii de Korville, Extrait des procès-verbaux du Comité d'Entomologie. Bull, de la Soc. des amis des se. nat. de Rouen, -1883-87, 5 broch. in-IS et in-80 sous la même couverture. H, Gadeau de Kerville, Extrait des procès-verbaux du Comité d'Ornithologie. Ibid., 1882-84. Jules Mabille, Sur quelques Mollusques du Tonkin. 4 pi. Bull. Soc. malac. France, IV, juillet 1887. Offert par le professeur Anton Fritsch : Vesmir — Obrazkovy casopis pro sireni ved prirodnich, t. IX, 1880. — (Spécimen d'un Journal d'histoire naturelle en langue bohème publié par le donateur pendant 17 années). Franz Vejdovsky, Beitràge zur vergleichenden Morphologie der Anneliden. — Monographie der Enchylraeiden, in-d", 14 pi. col., Prague, 1879. Ant. Fritsch et Jos. Kafka, Die Crustaceen des bôhmischen Kreide formation, in-4°, 10 pi. col., Prague, 1887. Offert par la Direction du Musée zoologique de Berlin : Liste der Autoren zoologischer Artbegrijfe zusammengestelli fur die zoolo' gische Sammlung des kôniglichen Muséums fur Naturkunde in Berlin. Offert par l'éditeur : E. Lavalard, Le Cheval dans ses rapports avec l'économie rurale et les moyens de transport. Vol. I. Paris, Firmin Didot, 1888. 41 134 Séance du 12 juin 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D^ JULLIEN, PRÉSIDENT. M. Durègne, élu membre de la Société à la précédente séance, remercie de son admission. M. le Dr Hecht, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. M. Ch. van Kempen adresse une note signalant la présence du Syr- rhapies paradoxus dans le nord de la France. A ce propos, M. Certes signale que M. Vian se proposait d'assister à la séance et d'annoncer le passage de ces Oiseau.x, dont, à sa connais- sance, 8 ont été tués dans la Somme. MM. Blanchard et Jullien présentent M"^ Aline Chancel, 32, rue du Luxembourg, à Paris, et M. Nadar, SI, rue d'Anjou, à Paris. MM. Martin et Blanchard présentent M. Raymond Rollinat, proprié- taire, à Argenton (Indre). MM. Jullien et de Guerne présentent M. Sabatier, professeur à la Faculté des sciences, à Montpellier (Hérault). M. Jullien démontre que la famille des Terehriporidêe n'appartient pas aux Bryozoaires. Il a observé que la Cristatella mucedo vit dans les eaux des étangs de Mortefontaine et qu'elle y atteint une longueur de 8^"\ Sur le bord des colonies, le dernier rang do polypides est surtout constitué par des polypides dont le lophophore est soudé à ses deux extrémités seu- lement, ce qui serait la forme Frédéricelle de cette espèce. DE L'ADOPTION D'UNE LANGUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE. Rapport présenté par une Commission composée de MM. M. CHAPER et P. D"- FISCHER. Messieurs, Dans votre Séance du 24 avril 1888, vous avez renvoyé à une Com- mission composée de deux membres l'examen d'une lettre-circulaire adressée à notre Société par V « American philosophical Society» (1) et ayant pour but « 1° de demander le concours des Sociétés savantes en » vue de créer un langage universel, scientifique et commercial, em- de pi - 1888. Brochure in-S" de 16 pages SÉANCE DU 12 JUIN 1888 135 » pruntantson vocabulaire et sa grammaire aux formes les plus simples » des langues aryennes ; 2° d'instituer à ce sujet un Congrès inter- » national dont la première réunion aurait lieu à Londres ou à Paris. » Votre Commission s'est réunie et a pris connaissance du Rapport rédigé pour la Société précitée par la Commission qui avait été chargée de la première étude de la question. Elle vient aujourd'hui vous rendre compte du résultat de son étude et vous en soumettre les conclusions. Nous avons remarqué tout d'abord, ainsi que le signalait déjà la circulaire précitée, que la formule du concours que l'on nous faisait l'honneur de nous demander n'était pas identique à celle de la question posée à la Commission américaine. Elle était une résultante des études auxquelles cette Commission avait soumis son premier programme qui avait pour titre : « Examen de la valeur scientifique du Volapùk». Dès les premières lignes du Rapport, la Commission avait étendu, fort à propos, son champ d'examen et s'était posé les trois questions suivantes : 1° Un langage universel est-il désirable? 2° Quelles doivent en être les caractéristiques? 3° Le Volapùk, inventé par M. Schleyer, satisfait-il aux conditions? Nous ne suivrons pas la Commission américaine dans tous les déve- loppements de son exposé; nous nous bornerons à noter certains points saillants, qui nous paraissent devoir attirer plus spécialement votre attention et mériter d'être signalés, dès à présent, à celle de nos honorables correspondants. Ce serait, nous semble-t-il, entrer dans leurs vues que leur indiquer notre avis sur les sujets à discuter dans les Congrès qu'ils proposent d'instituer, et qui nous paraissent devoir être hautement encouragés. i''" Question. — Un langage universel est-il désirable? Évidemment on ne saurait répondre à une pareille question que par l'affirmative. Les besoins de la science, comme ceux des relations ordinaires de la vie, y trouveraient une satisfaction qu'il serait oiseux de discuter. Mais, pour aborder cette étude en vue d'une solution pra- tique à atteindre, il faut procéder avec une grande prudence. La Commission américaine a fait de très louables efforts et fait preuve d'un savoir remarquable dans la discussion à laquelle elle s'est livrée : elle y a déployé des qualités de logique auxquelles on doit rendre un juste hommage. Nous devons cependant dire, qu'à notre avis, le succès n'a pas répondu à ses efforts, et nous aurons tout à l'heure à vous proposer des conclusions différentes des siennes. 13(5 SÉANCE DU 12 JUIN 1888 Cette divergence tient, en grande partie, à ce que nos prémisses ne sont pas les mêmes. Plus l'argumentation est serrée, plus l'enchaî- nement des énonciations est soumis à la logique,... plus les prémisses demandent à être établies de façon inébranlable. Or, nous devons nous séparer de la Commission américaine dès le début de son exposé. « Partout, dit-elle, où des relations commer- » ciales intimes s'établissent entre des nations pailant des langages * différents, on est assuré de voir les nécessités journalières donner » naissance à quelque moyen accepté par tous de comniuniquer ses » idées. Telle est la v lingua franca ^ de la Méditerranée; tel le » jpigeon english des ports chinois. Ces langages composés d'éléments » divers sont appelés des /armons, ils sont d'un haut intérêt pour le w linguiste, en lui dévoilant les principes de l'évolution du langage » humain. L'anglais est un jargon d'un type très caractéristisque, dé- ï montrant la justesse de la remarque faite par Humboldt au commen- Ti cément de ce siècle, savoir : que les produits de ces croisements et » mélanges de langues sont les plus vigoureux et pittoresques spéci- » mens du langage humain. Cette considération démontre qu'en » adaptant ou façonnant une langue universelle il faut, sans hésiter, » en emprunter les éléments à des sources linguistiques différentes. « Que la lingua franca, le sahir d'Algérie, le jj?^cow english àe Chine, le créole des Antilles, et tant d'autres, puissent intéresser le linguiste, nous ne le constestons pas : il trouvera certainement, dans ces assem- blages hétéroclites de vocables et de formes grammaticales, des indi- cations dont il peut faire son profit. Mais qu'il y trouve la recette de la formation d'une langue nouvelle : cela nous paraît absolument contestable. Ces langages d'occasion, nés d'une nécessité survenue brusquement entre des gens appartenant aux classes les moins lettrées des nations dont les idiomes se trouvent en présence, ne sont que des outils gros- siers employés faute de mieux. Construits à la hâte et par des artisans inhabiles, ils servent tant bien que mal, pour des choses simples, et deviennent sans emploi dès que le travail (ici la transmission de la pensée) requiert quelque délicatesse. Pittoresques? Ils le sont assu- rément : ils le sont par essence : on pourrait dire qu'ils le sont trop ; c'est par là qu'ils se fixent dans la mémoire : mais encore faut-il que le geste complète renonciation. Énergiques'/ excessifs même? c'est une condition de leur création et de leur existence, car ils sont façonnés, sans méthode et sans calcul, de pièces arrachées à des outils plus par- faits, mais non préparées à s'assembler entre elles. Ils ne peuvent fonctionner qu'avec une certaine brutalité. SÉANCE DU 12 JUIN 1888 137 Peut-on les considérer comme des langues en voie de formation? A aucun degré, selon nous. Ce sont, au contraire, des produits do désorganisation des langages concourants. Au lieu de suivre les pro- cédés appartenant à l'une ou l'autre des races en présence, et au moyen desquels celles-ci ont construit leur grammaire, en modifiant les mots suivant certaines lois, en les affectant de certaines additions, en les séparant ou réunissant, en leur apposant certains vocables supplémentaires, enleurattribuantcertaine place danslediscours, etc., etc., — ils réduisent le jargon commun à l'emploi du substantif sans nombre et sans déclinaison, du verbe sans conjugaison, et de l'adjectif sans accord, le tout assaisonné de quelques prépositions et conjonctions et de beaucoup d'interjections. L'intonation, le geste, les circonstances de renonciation suppléent tant bien que mal à l'insuffisance de la parole. Tous ceux qui ont eu à s'en servir se rendent compte que de pareils langages ne sont intelligibles qu'à condition d'être « parlés ». Ce ne sont donc ni des modèles, ni des jeunes en voie de dévelop- pement : ce sont des avortons condamnés à la stérilité. L'argument tiré de l'existence de ces langages bâtards n'apporte qu'un assez faible appui à la démonstration de la nécessité rapidement croissante de l'adoption d'une langue commune pour certains besoins de l'humanité. Nous croyons tout d'abord qu'il y a lieu de faire ici une distinction : les besoins commerciaux ne sont pas du même ordre que les besoins scientifiques. Les relations commerciales ne s'éta- blissent pas indifféremment entre les nations ; la charge de la corres- pondance avec des gens de langages différents peut être répartie sur plusieurs têtes : point n'est besoin pour une maison de commerce que tous les employés, indistinctement, puissent correspondre avec tous les pays où la maison entretient des relations. Il en est autrement en matière scientifique. La science est le patri- moine commun de l'humanité. Mais cela cesserait d'être vrai, si un prompt remède n'était apporté à l'état de choses actuel, où des patriotismes mal entendus croient s'affirmer à leur honneur par des publications scientifiques inintelligibles au monde civilisé. Il n'est pas besoin d'autre argument que le bon sens pour démontrer la nécessité de ce remède, c'est-à-dire d'un langage scientifique commun. En vertu de la distinction que nous avons cru utile de faire ci- dessus, et laissant aux négociants le soin de définir les conditions de la satisfaction à donner à leur desiderata, nous ne nous attacherons qu'à l'étude de ce qui se rapporte aux sciences. Nous sommes d'accord avec la Commission américaine pour admettre que la solution désirée doive être trouvée en recourant au « fonds » aryen du langage humain. 138 SÉANCE DU 12 JUIN 1888 Il ne nous paraît pas qu'il y ait lieu de s'appesantir à ce sujet. Mais nous nous séparons d'elle lorsqu'elle prend comme point de dt^part la nécessité de la création de toutes pièces d'une langue nouvelle, nouvelle par ses mots, nouvelle par ses formes, nouvelle par sa syntaxe. Pour soutenir cette thèse, elle admet sans démons- tration qu'aucune des langues connues ne peut satisfaire au deside- ratum. Le seul argument à l'appui de cette seconde prémisse est le suivant : Le « chauvinisme » de toutes les nations s'opposera toujours à l'adop- tion d'une des langues existantes. 11 est impossible de nier que les rivalités des nations entre elles soient, sous cette forme aussi bien que sous d'autres, un obstacle au progrès de l'humanité. Nous voyons en ce moment même, en Alle- magne, un exemple frappant des erreurs auxquelles peut conduire le « chauvinisme » surexcité. La Commission américaine l'a signalé avec raison. Mais si le mal est là, pourquoi ne pas chercher à l'y combattre ? Il nous semble que les constatations auxquelles s'est livrée la Commis- sion amènent à cette conclusion en affaiblissant singulièrement celle, toute différente, à laquelle elle se rallie Elle reconnaît que, pendant tout le moyen-âge, le latin a rendu à l'humanité le service d'être la langue internationale. L'emploi d'une langue internationale n'est donc pas une utopie, tout au moins dans l'ordre scientilique. Tous ceux qui s'occupent de sciences, dans quelque branche que ce soit, ont présents à la mémoire des ouvrages fondamentaux datant des xviiie et xix« siècles; ils sont signés de noms tels que Newton, Leibnitz, Descartes, etc., etc. Dans l'ordre des sciences zoologiques, qui nous touche plus particulièrement, il suffira de citer Linné. On ne saurait douter que son systemanatuvce ait dû une grande partie de l'influence qu'il a exercée à la langue dans laquelle il était écrit et qui l'a rendu immédiatement international. On pourrait citer un bon nombre d'ouvrages, et non des moins célèbres, qui, écrits d'abord dans la langue maternelle de l'auteur, ont été traduits en latin pour qu'ils pussent se répandre à l'étranger. Ainsi la langue scientilique universelle existait au siècle dernier : on l'imprimait, on l'écrivait, on la parlait. Nos confrères américains constatent, avec un regret que nous par- tageons, que le latin est tout à fait abandonné dans le langage, dans la correspondance, dans l'impression. En fait, on ne le voit guère plus figurer qu'en zoologie ou en botanique dans des diagnoses de genres et d'espèces. SÉANCE DU 12 JUIN 1888 139 La Commission américaine constate cet abandon ; elle n'en recherche pas, ou tout au moins n'en énonce pas les causes. A notre avis, elles sont les suivantes : Par le fait que le latin n'était plus la langue « maternelle » d'aucun peuple, son vocabulaire se trouvait enfermé dans des limites deve- nues à peu près infranchissables. Tout développement lui était inter- dit. 11 pouvait bien admettre, jusqu'à un certain degré, la création de mots composés, répondant à certaines idées ou notions plus ou moins intimement rattachées au fonds d'idées et de connaissances qu'avait possédées la race qui le parlait : il était devenu inapte à rece- voir des vocables nouveaux, exprimant des idées ou des faits entière- ment nouveaux, entièrement imprévus à ceux qui l'avaient créé. De pareils vocables s'introduisent en effet dans une langue de deux manières : Ou ils sont empruntés à une langue étrangère et imposés par une nécessité indiscutable ; ils entrent alors tels quels ou pres- que sans changement, de plain pied, dans le langage qui les adopte (jockey, wagon, rail, sérail, bazar, trio, quatuor, mess, salbande, banque, schiste, etc.); ou bien ils y entrent après avoir plus hum- blement fait leurs débuts dans un patois local ou même dans l'argot des grandes villes. H se trouve un jour quelqu'un qui les « lance » ; s'ils ont quelque valeur, ils font fortune et prennent droit de cité. Dans l'époque où nous vivons, par ce temps d'énorme extension des échanges internationaux, cette seconde source de matériaux ser- vant à l'entretien et au développement des langues a peut être perdu un peu de son importance relativement à la première ; néanmoins, il est difficile de se figurer une langue bien vivante sans provincialisme, ni argot. Du jour où elle est morte, elle n'en peut plus avoir. Qui donc, jus- qu'au siècle dernier, aurait osé introduire dans le latin des expres- sions que les latins n'auraient pas connues ou employées? On n'osait alors se faire prendre en flagrant délit de barbarisme ; on savait le latin, on pensait en latin. Les choses ont bien changé depuis, telle- ment changé même que le latin de cuisine dont sont émaillées certai- nes publications scientifiques ne peut guère être compris que de ceux dont la langue maternelle est la même que celle de l'auteur, tant il montre généralement peu de souci de la grammaire latine, et substitue aux radicaux qu'il ignore ceux de sa propre langue. Voilà, à notre avis, pourquoi le développement des idées, des besoins, des connaissances modernes a irrémédiablement condamné le latin comme langue internationale, soit commerciale, soit scienti- fique. Personne we, pense plus en latin; le nombre de ceux qui l'ap- 140 SÉANCE DU 12 JUIN 1888 prennent va toujours décroissant ; toute tentative pour le reprendre serait vaine. Il faudrait lui adjoindre tant de termes nouveaux que le résultat apparaîtrait à un Latin, même à un Latin de rextrême déca- dence, comme étant un véritable « Volapûk ». Si le latin est définitivement écarté, doit-il en être nécessairement de même de tout idiome qui aurait à un plus ou moins haut degré rendu le même service ou le pourrait rendre, et cela par le seul fait que le « chauvinisme » s'y opposerait ? La Commission américaine ne s'est pas même arrêtée à cette question. Elle énonce bien que, dès le xvii* siècle, la langue française, déjà adoptée comme langue diplomatique, tendait à se substituer au latin, que des publications scientifiques rédigées ailleurs qu'en France l'étaient en français; mais elle constate qu'il s'est produit à cet égard de très notables changements. Presque toutes les nations tendent à publier leurs travaux scientifiques dans leur propre langue. Elle signale le mal, reconnaît le fait matériel que, en ce moment, aucune des langues actuelles n'est adoptée, et passe outre. Une aussi importante question méritait, à notre avis, un examen plus approfondi. Il y avait lieu de se demander pourquoi cette évolu- tion s'était accomplie, si elle était le résultat de l'application de quel- que principe d'ordre supérieur, de quelque loi inéluctable, puis alors, et seulement alors, chercher le remède. La Commission américaine ne l'a pas fait. Elle enregistre un fait accompli ou qu'elle considère comme tel, et, l'admettant sans dis- cussion comme fatal, n'est plus libre de chercher une solution. Elle ne peut que subir celle qui se trouve au bout de la voie où elle s'engage. Cette solution, c'est la création de toutes pièces d'une nou- velle langue. De telle sorte que, après avoir, dans un préambule con- tenant d'excellentes choses, rappelé les déplorables inconvénients de la multiplicité des langues, la Commission américaine conclut qu'il faut en fabriquer une nouvelle. Le seul avantage, le seul par lequel cette nouvelle langue doit s'imposer en principe (et indépendamment de ses qualités particulières qui seront examinées plus tard), c'est qu'elle ne sera la langue maternelle de personne, et que, par consé- quent, il n'y aura pas de jaloux, tout le inonde sera également gêné ! Serait-ce là le seul succès auquel pussent prétendre les efforts com- binés de tout ce que le monde contient de savants et d'esprits désin- téressés, préoccupés du progrès do l'humanité? Faut-il abandonner la cause du bon sens sans avoir essayé de le faire triompher? Nous ne le pensons pas. Messieurs, et sur ce point encore nous vous propo- sons de ne pas adopter les conclusions de la Commission américaine. SÉANCE DU 12 JUIN 1888 141 Nous vous proposons au contraire de faire liliùre des objections tirées du particularisme des nations, de ce que la Commission améri- caine appelle le < chauvinisme ». Nous vous proposons de ne vous ins- pirer que de considérations d'ordresupérieur,d'affn'mer par votre vote unanime que les intérêts scientifiques de l'humanité sont et doivent rester en dehors et au-dessus des jalousies et des querelles de nation à nation, et de demander hautement que l'objet des études des Con- grès que l'on projette soit précisément l'adoption d'une langue vivante comme langue scientifique universelle. 2'^^ et 3>^^« questions. — Ce que nous venons d'avoir l'honneur de vous soumettre nous dispense d'entrer dans une longue discussion au sujet du Volapûk, aussi bien que de la langue nouvelle dont la Com- mission américaine indique les caractéristiques principales, désirables à son point de vue. En ce qui concerne le Volapûk, vos commissaires, ne le connaissant ni l'un ni l'autre, se rallient sans hésitation aux critiques de la Com- mission américaine, critiques fondées sur des faits matériels cités par elle. En ce qui concerne la langue à créer, nous aurions à faire, en tant que de besoin, d'expresses et très sérieuses réserves sur certains points admis par nos confrères américains, sans préjudice de certains détails relatifs, par exemple, aux caractéristiques phonétiques, alpha- bétiques et graphiques. Nous nous bornerons à mentionner comme étant les plus frappants, la suppression du pluriel ailleurs que dans le verbe, la suppression de l'accord entre l'adjectif et le substantif. Ce sont là précisément les deux faiblesses capitales de la langue anglaise, les deux sources des amphibologies qu'on y rencontre fréquemment. C'est sa tache originelle, accusant qu'elle a débuté par être un jargon. Conclusions. — Nous avons l'honneur de vous proposer l'adoption des conclusions suivantes : 1° la Société Zoologique de France adresse à « l'American philoso- phical Society » de chaleureuses félicitations pour son initiative et des remerciements pour sa très intéressante communication du 12 mars ; 2° Elle s'associe au mouvement provoqué par ladite Société améri- caine en faveur de l'adoption d'une langue scientifique universelle, dans la<|uelle, d'un commun accord, seraient rédigés tous les docu- ments prétendant à prendre rang dans les découvertes et connais- sances formant le fonds commun de l'humanité ; 3° Elle approuve hautement la convocation d'un ou plusieurs Con- grès ayant pour objet l'examen de cette question ; 142 SÉANCE DU 12 JUIN 1888 4° Elle déclare son intention de proposer et soutenir devant ce ou ces Congrès l'adoption, comme langue scientifique internationale, d'une des langues vivantes existantes; 5'> Elle conseille que les ouvrages ou parties d'ouvrages relatifs à la systématique continuent à être écrits en latin jusqu'à l'adoption défi- nitive d'une langue scientifique internationale ; 6° Elle est d'avis que le Volapûk soit rejeté pour cet usage comme ne présentant pas les conditions requises. Ces conclusions, mises aux voix, sont adoptées. CATALOGUE DES POISSONS DES COTES DU BOULONNAIS, Par le D-- H.-E. SAUVAGE. Boucliard-Chantereaux est, à notre connaissance, le seul zoologiste qui ait dressé la liste des Poissons des côtes du Boulonnais; cette liste, publiée en 1829, comprend 77 espèces, en plus « de différentes autres non déterminées (1). » La plupart de ces espèces sont mentionnées par M. E. Moreau dans son Histoire naturelle des Poissons de la France, publiée en 1881; l'auteur a rectifié, d'ailleurs, quelques-uns des noms donnés par Bouchard et a indiqué plusieurs espèces non indiquées par ce natu- raliste. Depuis plusieurs années nous avons pu examiner les Poissons des côtes du Boulonnais, de telle sorte que nous pouvons dresser le cata- logue de notre faune ichthyologique; nous ferons remarquer que pour les espèces non observées par nous, nous citons la liste de Bouchard ou l'ouvrage du Dr E. Moreau ; ce sont, d'ailleurs, les noms adoptés par ce savant que nous avons adoptés dans notre catalogue, La liste dressée par Bouchard-Chanlereaux est la suivante; nous avons mis en regard les noms actuellement employés : Squalus canicula. — catukis. — vulpes. — glaucus. • — cornubicus. Scyllium canicula Cuv, — calulus Cuv. Alopias vulpes Bp. Carcharias glaucus L. Lumna cornubica Cuv. (1) In Bertrand, Précis de l'Histoire physique, civile et politique de la ville de Boulogne-sur-Mer et de ses environs, II, p. 48i. SÉANCE DU 12 JUIN 1888 143 Squaliis zygsena. — miistelus. — maximus. — squatina. Raia torpédo. — clavata, — riibus. — bâtis. — oxyî'hynchuf! . — pastinaca. Àcipenser huso. Syngnathiis acus. — barbarus. — hippocampus. Clupea harcngus. — sprattus. — pilchardus. — alosa. Esox bellona. Gadus morrhua. — callarias. — œglcfinus. — barbatus. — minutus. — merlangus. — carbonarius. — virons . — pollachius. — molva. — mustela. Plcuronectes platessa. — limandella. — regius. — punctatus. — flesus . — limanda. — hippoglossus. — maximus. — rhombus. — solea. Cyclopterus lumpus. Murœna conger. Ophidium barbatum. Ammodytes tobianus. Blennius gunellus. Anarrhicas lupus. Callionymus dracunculus . Labrus tinca. — goldsing. — couber. Zygsena maliens Val. Mustclus vulgaris M. H. Selache maximus Cuv Squatina angélus Riss. Torpedd oculata M. H. Raia clavata Rond. — rubiis Lac. — bati'i L. — macrorynchus Raf. Trygon pastinaca L. Acipenser sturio L. Syngnathus acus L. Hippocampus brevirostris Cuv. Clupea harengus L. Meletta sprattus L. Alosa sardina Cuv. — vulgaris C. V. Belone vulgaris Selys. Gadus morrhua L. — morrhua L. — œglefmus L. — luscns L. — minutus L. Merlangus vulgaris Bp. — carbonarius Cuv. — carbonarius Cuv. — pollachius L. Lota molva L. Motella mustela L. Platessa vulgaris Gotts. — microcephalus Don. — cynoglossus L. ? — unimaculalus Duh. Flesus flesus L. Limanda vulgaris Gotts. Hippoglossus maximus Gotts. Rhombus maximus L. — laevis Rond. Solea vulgaris Ris. Cyclopterus lumpus L. Conger vulgaris Cuv. Ammodytes tobianus Les. Gunellus vulgaris C. V. Anarrhicas lupus L. Callionymus lyra L. 144 SÉANCE DU 12 JUIN 1888 Lahrus cœruleiis. — trimaculatus . — lineatus. Spams aurata. Mullus barbatus. — surmuletus , Mugil cephalm. Perça labrax. Trachimis draco. Tri g la lyra. — gurnardus. — volitans. Gobius scorpius. Lophiiis piscatorius. Scomber scomber. — thyuns. — trachurus. Zeu-i faber. Lampris îuna. Xiphias gladius . Labrus mixtus L. (mâle). — mixtus (femelle). Cantharus griseus C. V. Chrysophys aurata L. Mullus surmuletus L. Mugil chelo Cuv. Labrax lupus Cuv. Trachinus draco L. Trigla lyra L. — gurnardus L. Cottus scorpius L. Lophius piscatorius L. Scomber scomber L. Thynnus thynnus L. Caranx trachurus L. Zeus faber L. Lampris Iuna Lac. Xiphias gladius L. Parmi ces espèces, il y en a trois, les SyngnatJius barharus, Lahrus goldsing, Lahrus couher, que nous ne pouvons mettre en synonymie ; la présence du Capelan {Gadus minutas) est fort douteuse sur nos côtes; Moreau n'a jamais vu, en effet, cette espèce sur les côtes océa- niques de France. Le Pleuronectes punctahcs [P . unimaculatus) paraît être exclusi- vement confiné dans la Méditerranée ; il en est de même de YOpliidhim barbatum, sans doute confondue avec une Motelle, du Labrus iincà, du Mullus barbatus, cette dernière espèce ne se trouvant qu accideiî- tellement sur la côte sud-ouest ; la présence du Dactylopterus voli- tam {Trigla volitans) dans les parages de Boulogne, nous paraît également très douteuse. En supprimant ces espèces et celles qui font double emploi, on arrive, dès lors, au chilfre de 6(3 espèces; la liste que nous donnons en indique 90. Scyllium canicula Cuv. — catulus Cuv. Àlopias vulpes Bp. Lamna cornubica Cuv. Selache maxima Cuv. (Bouchard). Mustelus vulgaris M. H. Galeus canii Rond. Zygcena maliens Val. (Bouchard). Carcharias glaucus Rond. Acanlhias vulgaris Riss. Squatina angélus Riss. Torpédo marmorata Riss. (Bouchard). Raia clavata Rond. — ■ macrorynchus Raf. (Moreau). — rubm Lac. (Bouchard). — bâtis L. — oxyrynchus L. Trygon vulgaris Riss. (Bouchard). Acipenser sturio L. (Bouchard). Labrax lupus Cuv. SÉANCE DU 12 JUIN 1888 14ÎÎ Trachimis draco L. — vipera Cuv. Mullun surmuletus L. — barbatus Lac. (Bouchard). Trigla pini Bl. — gurnardus L. — milvus Rond. — lyra L. (Moreau). — corax Rond. ? Dactylopterus voiitans L. (Bouchard). Cottus scorpius L. Aspidophorus cataphractus L. Pagelhis cetitrodontus C. V. Cajitharus griseus C. V. Chrysophrys aiirata L. (Bouchard). Xiphias gladius L. (Bouchard), Scomber scomber L. Thynnus thynnusL. (Bouchard). Trachuriis trachurus L. Zeus faber L. Lampris luna Lac. Pholis lœvis C. V. Gunellus vulguvis C. Y. Anarrhichas lupus L. Zoarces viviparus Val. Callyonymus lyra L. Lophius piscatorius L. Gobius minutus C. V. Mugil chelo Cuv. Atherina presbyte)- C. V. Ammodytes iobianiis Lesauv. — lanceolatus Lesauv. Spinachia vulgaris Flem. Lbruas bergylta Bon. — mixtiis L. Gadus minutus L. (Bouchard). — pollachius L. (Bouchard). — carbonarius L. (Bouchard). — luscus L. — morrhua L. — cpglefmus L. Merlangus vulgaris Bp. Merluccius vulgaris Cost. loto molva L. Motclla mustela SchL — iricirrhata Bl. Raniceps trifurcatus Art. Hippoglossus maximum Gotts. Limanda vulgaris Gotts. Platessa vulgaris Gotts, — microcephalus Don. Flesus vulgaris Mor. 5o/ea vulgaris Riss, Pleuronectes /u>"». — — rein 12™'"5. N° 2. Berlin (Mai 1886). — — testicule .... lO'"-". — — rein 13""". N^ 3. Turin (Avril 1888). — — testicule .... G""". — — rein 12""". N°4. — — — —testicule. . . . 6"" — — rein 13' Les nouveaux caractères indiqués par M. Héron-Royer ne sont pas absolument constants; mais je préfère épargner aux lecteurs du Bul- letin une discussion plus étendue. Je me bornerai à ajouter que j'ai sous les yeux un Pélobate de Turin à faces inférieures entièrement piquetées de brun, et des spécimens de Paris et du Hanovre à ventre immaculé; et que les narines sont aussi éloignées l'une de l'autre chez les Pélobates d'Italie que chez ceux d'Allemagne. Dans une note publiée dans le Bulletin du Musée de Turin (n° 46, 16 mai 1888), M. le comte Peracca, après une étude approfondie de la question, exprime la même opinion que moi sur la valeur du P. lati- frons. im înii'i 164 SÉANCE DU 26 JUIN 1888 Ouvrages offerts. R. Blanchard, Les ennemis de l'espèce humaine. Paris, in-8° de 23 p., 1888. Extrait de la Revue scientifique. Ch. van Bambeke, Sur les follicules rencontrés dans Vépiderme de la mâchoire supérieure chez le Tursiops tiirsio. Bull, de l'Acad. royale de Belgique, (3), XV, n» 3, 1888. Offert par l'Association française pour l'avancement des sciences ; E. Agostini, La France et le Canada. Rapport au syndical maritime et fluvial. Paris, in-80 de 4 08 p. 1886. Offert par M. Gadeau de Kerville : F. Karsch, Zweineue Myriopoden von Ecuador. Berliner entomol. Zeitschrift, XXXII, p. 29, 1888. Le Secrétaire-général, gérant, D"- Raphaël BLANCHARD. 165 Séance du 10 juillet 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JuLLlEN, PRÉSIDENT A propos de la communication de M. G. -A. Boulenger, M. Mailles dit que, après avoir vus vivants et à l'état de squelette les Pélobates de Turin que possède M. Héron-Royer, il a constaté des particularités qui distinguent cette forme de la forme déjà connue. Ces particulari- tés, décrites par M. Héron-Royer, sont constantes chez tous les sujets en sa possession. De plus, l'animal vivant a une allure plus dégagée que son congénère de France et d'Allemagne. M. Mailles considère donc le Pélobate de Turin, du moins les spé- cimens qu'il a vus, comme ne devant pas être identifiés avec le Pelo- bates fuscus. Il possède plusieurs Pélobales bruns de France et d'Alle- magne et ne peut trouver aucune différence entre eux : squelette, coloration, taille, tout est semblable. Notre Pélobate de France devient aussi gros que celui d'Allemagne : peut-être M. Boulenger n'en a-t-il vu que de petits exemplaires, puisqu'il propose de lui appliquer la dénomination de « minor. » MM. Yilledieux et Giraux, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. M. le marquis de Folin adresse un mémoire intitulé : Explorations du Travailleur et du Talisman. Les Rliizopodes réticidaires, tribu des Vaseux. Renvoi à la Commission de publication. M. le D' Jousseaume fait une communication sur les causes delà rubéfaction des eaux de la mer Rouge. SUR LA CRISTÀTELLA MUCEDO, Par le D^ Jules JULLIEN. J'ai pu constater, sur des exemplaires de Cristatella trouvés aux environs de Paris, que les colonies elles-mêmes sont monosexuées; aucune d'elles ne contient d'ovaires ni de statoblastes, mais toutes sont remplies de gîtes spermatogènes n'ayant aucun rapport avec les polypides ; ces sortes de testicules sont formés de vésicules sérninifè- res ou ovules mâles, ou vésicules mères, dans lesquelles se dévelop- pent les spermatozoïdes proprement dits ; ils sont suspendus aux tra- 13 166 SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 bécules intva-coloiiiaux, surtout aux points de bi- ou trifurcalion de ces trabécules, qui paraissent de nature musculaire. J'ai pu constater en outre que la sole coloniale ou disque, sur laquelle rampe la colonie, n'est pas un pied véritable; que la direction de sa marche peut être soit la longueur soit la largeur; enfin que la ligure qu'AUmann en a donnée est absolument fausse. Sur 25 lophophores réguliers, j'ai compté: 80 tentacules 1 fois 77 — 2 — 76 — 1 — 75 — 3 74 tentacules 7 fois 73 — 5 — 72 — 2 — 71 — 1 — Sur 9 lophophores irréguliers, j'ai compté 70 tentacules 1 fois 65 — 1 — 61 — 2 — 59 — 1 — 56 tentacules 1 fois 53 — 1 — 52 — 1 — 3. — 1 — Tous ces lophophores étaient pourvus d'épistome. Enfin, J'ai vu un lophophore à bras inégaux, dont le bord interne portait 9 tentacules d'un côté et 14 sur l'autre côté. Il existait là un épislome. Je dois faire remarquer, en terminant, qu'il ne s'agit que d'obser- vations faites sur des colonies mâles. STRUCTURES VACUOLAIRE ET ARÉOLAIRE, Par J. KUNSTLER, Professeur-adjoint à la Faculté des sciences de Bordeaux. Dans un Mémoire qui vient de paraître (1), M. Fabre-Domergue confirme et complète la description qu'il a déjà donnée, dans une note à l'Académie, d'un réseau entoplasmique chez les Infusoires. A ce propos, il m'attribue une revendication de priorité relative au même fait et dit, en parlant d'une note que j'ai communiquée aussi à l'A- cadémie : « cette note étant une revendication de priorité contre Bûtschli, et par conséquent contre moi.... » C'est contre ce « par conséquent » inattendu que je m'élève et peu de mots suffiront à éclaircir le débat. (1) Recherches anatomiqucn et physiologir/ues sur les Infusoireu ciliés. Annales des sciences naturelles, p. 48, 1888. SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 167 Je me vois forcé de marquer ici nettement ce qui distingue mes idées de celles de M. Fabre-Domergue, et de montrer que je ne puis jias revendiquer une priorité contre cet auteur, dont je ne partage pas la manière de voir. Pour M. Fabre-Domergue, l'entoplasme des Infusoires est constitué par un réseau à mailles lâches, irrégulières, communiquant entre elles, dans lesquelles circule un liquide, ainsi que les bols alimentaires. Telle n'est pas la conception de Biitschli, qui décrit et figure des vacuoles closes de toutes parts, comparables aux. bulles qu'on produit en soufflant dans de l'eau de savon. Si mes descriptions concordent avec celles de Biitschli, je n'ai donc pas pu contester à M. Fabre-Domergue la priorité de ses réseaux. Il est le premier à les avoir décrits et, seul, il en aura l'honneur (1). SUR LA VÉSICULE CONTRACTILE DES ROTIFÉRES, Par L.-C. COSMOVICI, Professeur à l'Université de Jassy. Je soutiens toujours, malgré la critique de MM. Cari Vogt et E. Yung (2), qu'une portion d'un organe segmentaire, tel que je l'ai décrit chez les Annélides sédentaires, et qui doit être pris comme type, accomplit le môme rôle que les reins des Vertébrés, ou les corps boja- niens des Mollusques. Poursuivant cette idée, j'ai cherché la conformation et la disposition des organes segmentaires, dans la série complète des Vers et je suis arrivé à me demander à quoi sert la vésicule contractiledesRotifères? Si nous nous reportons aux figures et aux descriptions des traités classiques, comme ceux de Huxley (3), de Claus (4),etsurtoutdeC.Vogt et Yung (5), cette vésicule serait une annexe de l'appareil aquifère ou excréteur qui recevrait le liquide périvisceral, recueilli par les pelotes vibratiles des organes segmentaires, comme le disent C.-T. Hudson, (1) Dans le dernier paragraphe d'une note parue dans les Comptes-rendus de l'Académie, du 11 juin dernier, je rappelle la description de ces réseaux entoplas- miques. Mais, par erreur, le texte les attribue à l'ectoplasme. C'est entoplasme qu'il faut lire. (2j C. Vogt et Yung, Traité d'Anatomie comparée pratique, I, p, 501. (3) Huxley, Anatomie comparée des animaux invertébrés, p. 113. (4) C. Claus, Zoologie, p. 537. (5) Loco citato, p. 432. 168 SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 L.-L. D. Cantab et Ph. Gosse (1) dans leur grande monographie des Rolif'ères, et puis le déverser au dehors par l'intermédiaire du cloaque. MM. C. Vogt et Yung disent que la vessie expulse le liquide qui la distend, par des contractions subites, mais sans nous laisser la moindre notion sur la nature et l'origine de ce liquide. Ces descriptions ne sont point satisfaisantes et, vu la fréquence des contractions de la vésicule, il est évident que l'animal aurait bientôt fait de chasser hors de son corps tout son liquide périvisceral. Mes observations, faites en 188i et 1887 sur PhUodina roseola, e( en 1887 sur une espèce de BracMonus et de Notholca, facilitent l'expli- cation du rôle des vésicules contractiles des Rolifères et me permettent de dire qu'on a mal indiqué les relations de ces vésicules avec les aulres viscères de l'animal. L'intestin cilié, à courant rotaloirc et continuel, débouche chez PhUodina, premièrement dans un réservoir stercoral également cilié. Celui-ci débouche dans la vésicule contractile qui communique avec l'extérieur par l'orifice anal. Comme dans la vésicule contiactile débou- chent aussi les conduits des glandes génitales, nous devons considérer cette vésicule comme un cloaque, et l'oritice de communication comme un pore cloacal et non anal. Anatomiquement, la vésicule contractile des Rolifères n'est donc autre chose qu'un cloaque. Passons à son rôle physiologique, il faut convenir que l'appareil rotateur est un appareil de pure locomotion et de respiration. Les Philodines se meuvent aussi, comme les Hirudinées, en se servant de leur ventouse caudale et de leur péristome qui, une fois les roues rentrées, prend la forme d'une seconde ventouse : elles arpentent les pai'ois des bocaux qui les renferment. Le courant ciliaire des roues dirige difficilement les aliments vers l'ouverture de l'entonnoir buccal, malgré son intensité et malgré un autre courant produit par les cils fins qui tapissent cet entonnoir. Les cellules végétales, les hifusoires, les granulations et les autres corps qui arrivent dans le voisinage d'un Rotifère, entrent dans une rotation lourbillonnaire et presque toujours sont rejetés au loin. Ce qui appelle les aliments, c'est l'appareil nommé à tort masti- cateur : il provoque une aspiration continuelle et, quand des aliments trop volumineux arrivent jusqu'à lui, il les aspire, les saisit et les pousse plus loin, sans les fragmenter ou les couper, ainsi que je l'ai constaté plus d'une fois. (1) C.-T. Hudson, L.-L. D. Cantab, assisted by P.-H. Gosse, F.R.S. The Rôti fera or tvheel-auimalcHlcs. Loiidon, 188(5, p. 8. SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 169 L'aspiration détermine un courant d'eau qui pénètre dans le tube digestif, passe dans le réservoir stercoral, puis dans le cloaque, ce qui fait que la vésicule se distend graduellement jusqu'à son maximum : elle se contracte alors et lance au dehors l'eau qui la remplit. Ce cloaque est donc contractile, parce qu'il a besoin de chasser l'eau qui a pénétré à l'intérieur du tube digestif et non parce qu'il doit chasser le liquide périvisceral. Les matières excrémentitielles amassées dans le réservoir stercoral passent dans le cloaque pour être expulsées au moment où celui-ci se vide; d'autres excréments viennent alors remplir le réservoir et y séjournent un certain temps, tout en y subissant une continuelle rotation. Quand le cloaque se contracte, il attire en bas le réservoir, fait anatomique qui montre encore leurs relations. Ce que j'avance est si vrai, que les Rotifères, surtout les Philodines, après avoir caché leur appareil rotateur, continuent à mouvoir leurs mâchoires (?) et continuent en même temps à dilater et à contracter leur cloaque. Le prétendu appareil masticateur entretient donc un continuel courant d'eau ; ce n'est que lorsque l'animal est tout à fait contracté et a cessé de mouvoir ses mâchoires, qu'on observe aussi un arrêt presque complet des contractions de la vésicule cloacale. Je â'is jjresque complet, car l'animal, de temps en temps, dilate l'ouver- ture de l'enlonnoir buccal et un filet d'eau pénètre ainsi à l'intérieur du tube digestif et s'écoule finalement dans la vésicule cloacale, qui se distend, puis se vide par une contraction. Cette disposition anatomique est rationnelle, car le vésicule contrac- tile proportionne la quantité d'eau qui s'accumule à l'intérieur du tube digestif de l'animal et, d'autre part, peut rejeter au dehors les produits de la génération sans les éci'aser, vu le véhicule liquide dans lequel tombent ces produits. SUR LES INSECTES DU GENRE MANTIS, ET DESCRIPTION DUNE NOUVELLE ESPÈCE DES ENVIRONS DE JASSY, Par L.-C. COSMOVÎCI, Professeur à l'Université de Jassy. Depuis deux ans, je m'occupe de la faune entomologique de Jassy et de ses environs. Parmi les Insectes que j'ai collectionnés, je dois signaler une espèce de Mante, recueillie le 6 juillet 1887, dans l'herbe 170 SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 récemment fauchée. Audinet Serville (1) décrit 41 espèces de Mantes, dont 4 seulement (Maniis religiosa Linn., M. oraioria Linn., M. de- color Touss. et M. soror) vivent en Europe, et encore dans les parties chaudes, comme en Espagne, Sicile, Italie, Grèce et sud de la France. Mantis decoJor se trouverait, d'après Charpentier, jusque dans le sud de la Russie et une variété de Mantis religiosa., M. striata ("f), aurait été vue dans la forêt de Fontainebleau. On peut donc dire que les Mantes vivent en Europe jusqu'à la limite de 42° et que M. religiosa s'étend jusqu'au 44" degré, laissant de côté, comme peu probable ou tout à fait accidentel, les cas de l'arrivée des Mantes religieuses dans la forêt de Fontainebleau, c'est-à-dire à la limite des 48e et 49" degrés. La Roumanie se trouve approximativement entre 44 et 49", c'est-à- dire en dehors de la limite probable de l'habitat de ces Insectes. D'où vient alors la Mante que j'ai recueillie? Depuis 1872, j'ai collectionné les Insectes, tant dans les champs du district de Jassy que dans ceux de Botochany, situés plus au nord; jamais je n'avais rencontré cet Orthoplère. L'été de 1887 fut excep- tionnel pour sa sécheresse incessante, sa chaleur excessive et ses cy- clones. En cherchant à déterminer cet Insecte et en suivant l'ordre indiqué dans le travail ci-dessus mentionné, je me suis convaincu que j'avais affaire à une nouvelle espèce. Le genre Maniis est partagé en deux sections, basées sur la forme du prothorax. La première se divise à son tour en deux groupes, sui- vant la configuration de l'abdomen. La subdivision qui comprend les Mantes dont l'abdomen est plus ou moins dilaté en arrière du milieu, comme notre spécimen, se caractérise, en outre, par la forme des extrémités des élytres, qui sont tantôt en pointe aiguë et tantôt arron- dies ; ce dernier cas est fréquent. Ici commencent les difficultés, car il est malaisé de reconnaître exactement si la marge antérieure des élytres fait ou non la moitié de la longueur totale de l'élytre. Les zoologistes, après avoir invoqué, comme caractères distinctifs, la présence ou l'absence de taches dis- coïdales distinctes sur les élytres, passent en revue, pour arriver aux spécifications, la longueur et la couleur dfl corps, des pattes, des ailes, la coloration des extrémités des épines de leurs cuisses : autant de caractères des plus passagers, car les Insectes, en séchant dans les collections, changent le plus souvent de coloration et, quand on a (1) Audinet Serville, Histoire naturelle des Insecles. Orthoptères. Paris, 1839. SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 171 Phothorax. (2" DIVISION) court, à peine prolongé en arrière de sa dilatation. (l'" DIVISION) long, notablement prolongé en arrière de sa dilatation. AI bdon len (2° SUBDIVISION) plus ou moins di- laté en arrière du milieu, sur- tout chez les fe- melles. (1" SUBDIVISION) presque linéaire dans toute son étendue , même chez les femel- les. Elytres B A terminés en pointe arrondis au bout. aigue. large des sant la 1. de rétif mail b Marge antérieure 5 des élytres plus étroite , n'of - frant distincte- ment que des nervures longi- tudinales un peu a antérieure élytres fai- la moitié de irgeur totale l'élytre ; sa ;ulation à les larges et obliques. irre gulières. élytres sans ta- che discoïdale. élytres avec une tache discoïdale distincte. Pi'otliorax SANS CARENE mutique longueur dentelé latéralement loDffueur mutique longueur CARENE dentelé latéralement longueur Moins de Plus de Moins de Plus de OQmm 90"^™ OQnim 9("\njm Moinsde Plus de Moinsde Plus de OQmra OQnim QQmm OQmm élytres élytres élytres élytres élytres élytres élytres élytres g M i-d g ^ •v S , ■n ^ S ■=1 Ti g Tl ■tS 2 ■ij ■n ^c w ns ■^ Tl o en? ~ o c 5 c c 0=1 ^ o aq o fiq o CIQ 9 "7" -Q S ag "-r; z» M ',3 -J 11 a r; o ■^iT m c — 3 3 — 3 en 3 !/J 3 c en n CB rr en o} •-I 1 — I ■< ^^ c« ^i , , >'. •-1 ^^ >^ , en X , 3 x; Q- b^ O H^ O »— i o ^^ o ta_ O ►^ o , , o ^— o ^ ^ o 3 O 3 O 3 O n O 3 o n ?.5 s (-' n 05 3 OQ 3 U3 3 an □ 'Kl rrn ag rr CD n uq aQ og l« crq tfi Og tn en en ag en ^^ rf9 en m en • en en n O . en H^ 3 . eu OQ x; ■ , B en CD ,'--*^ — ^— N Si s M. pel M. vit o s Ci - 3 • S' à s o "1 ;. s" ■^ o K s cida. ria. co ;2 j5* a ^ a ^ O 05 i/s* te 172 SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 entre les mains un échantillon tout frais, on se trouve dans l'embarras de savoir si, d'après la coloration des différentes parties de son corps, le spécimen doit être ou non rapproché de telle ou telle espèce. Tout en admettant les divisions et les subdivisions proposées par les auteurs pour le genre Mantis, et en m'en tenant au seul groupe des espèces n'ayant pas de taches discoïdales sur les élytres, j'ai cherché une série de caractères, que je résume dans le tableau ci-joint, carac- tères choisis parmi les plus saillants et les plus durables du prothorax et des élytres. Je suis arrivé, de la sorte, à diviser en 24 groupes les espèces de Mantes à élytres arrondiesauboutetsanstaches discoïdales; mon spécimen représente l'un de ces groupes. Je trouve encore, en ne considérant que le nombre des espèces décrites dans l'ouvrage mentionné, que seulement 10 des groupes établis seraient représentés et les 14 autres resteraient sans spécimens. En ajoutant la Mante que j'ai trouvée, il resterait seulement 13 groupes sans représentants : peut-être peut-on penser qu'on trouvera quelque jour des échantillons qui compléteront la série. Ce qui autorise cette hypothèse, c'est qu'une fois que j'eus choisi mes caractères et que j'eus établi ces 24 groupes, je fus conduit à classer dans le même groupe Mantis jpelludda du Brésil et Mantis vitrata du Sénégal. Or, je n'eus que plus tard connaissance d'une note disant que cette dernière ressemble un peu à M. pellucida, mais qu'elle en diffère par son corps notablement plus petit et ses pattes antérieures d'une couleur uniforme. N'avons-nous pas là deux variétés de la même espèce? Mantis carinata n. sp, Cor^is d'un vert jaunâtre dans la région du prolhorax, d'un vert pâle dans la région des ailes ; abdomen passant au noir par la dessication; pattes de la couleur du prothorax. Tète comprimée d'avant en arrière, portant une paire d'antennes verdâtres qui passent par la dessication au jaune chamois. Pro Kullen, Clirislianstadt. Lilljeborg. 4-8. ($ Ç et j., Sjselland. Liitken. 9-18. cT ? et j., Berlin. Boulenger. 19-27. (^ ^ et j., Magdebourg. Wolterstorlf, 28. $ , Ammendorf, près de Halle/S. Wolterstorff. 29-32. d" ? , Prague. G. Fritsch. 33-35. ^ $ , Vienne. Hoclisleller. BOMBINATOR PAGHYPUS. Rosel, Hist. Ran., p. 97, pi. xxii et xxiii, (1758). Rana bombina Slurm, DeutscM. Faun., iii, (1797). Bufo bombinus Daudin, Hist. Rain., p. 75, pi. Lxxvi (1803), QiHist. Rept., viii, p. 146, (1803). Bombina ignea Koch, in Sturm, Deutschl. Faun. iii (1828); Reider et Hahn, Faiin. Boic, iii (1832). Bombinaior igneus, part., Bonap., Icon. Faun. stal. (1838), Schreib., Herp. Fur., p. 95(1875). Bombinaior pachypus (Fitzinger) Bonap., l. c. Bombinaior igneus Dum. et Bibr., yiii, p. 487 (1841) ; Fatio, Vert. Suisse, iii, p. '368 (1872); Koch, Ber. Senek. Ges. (1872); De Betta, Faun. d'Iial., Reti. Anf., p. 70(1875); Lataste, Herp. Gir.. p. 275 (1876) ; Leydig, An. Batr., p. 50 (1877) ; Camerano, Atti Ace. Tor., (2), XXXV, p. 211 (1883J. Bombinaior brevipes (nom. nud.), Blasius, in Lichtenst., Nom. Mus. BeroL, p. 40 (1856). Bombinaior bombinus Bouleng. Proc. zool. Soc. 1886, p. 499, pi. L, fig. 1 (1887). 176 SÉANCE DU 10 JUILLET 1888 Ilah. — France, Belgique, Hollande, Suisse, Allemagne occiJ., centr. et mérirl., Autriche-Hongrie, Moldavie, Dalmatie, Italie. 1. $ , France. 2-5. Larves, France. Héron -Royer. G-15. cT $ et j., Luxembourg. Boulenger. 15-20. Larves, Luxembourg. Boulenger. 21-22. d'?, Bàle. F. Mûiler. 23. $ , Francfort S. M. Boetfger. 2i-26 (^ LicStan)b3i'g)i-, \n>A (h Minicli. Wa!t;i-it )r:r. 27. $ , Tiefenort, près d'Ëisenach. Woltei'stortif. 28. (S, Goslar, Harz. Peters. 29. j., Hanovre. Gray. 30-32. c^ ? et j., S. Romedio, Tyrol. De Betta. 33-40. d' Ç. Marcellise, Vérone. De Betta. 41-42. cT, Florence Giglioli. Ouvrages offerts J. Kiinckel d'Herculais, Distribution [léographique des Insectes coléoptères à Madagascar. Comparaison de sa faune avec celle des autres régions du globe. Association franc, pour l'avancement des sciences, 1887. F. Lataste, Sur la classification des Batraciens anoures, à propos du sys- tème proposé par M . le D^ R. Blanchard. Zoolog. Anzeiger, XI, 1888. Em. Topsent, Contribution à V étude des Clionides. Archives de zool. expér,. (2), V 6ts, Supplément, 4 888. Thèse de doctorat ès-sciences. I. Bolivar, Essai sur les Acridiens de la tribu des Tetligidœ. Annales de la Soc. entomol. de Belgique, XXXI, 1887. Prof, L. Manouvrier, Mémoire sur la platycnémie chez l'Homme et chez les Anthropoides. Mémoires de la Soc. d'anthropologie de Paris, (2), III, 1888. Offert par M. R. Blanchard : Em. Marguet, Kystes hydatiques des muscles volontaires. Histoire naturelle et clinique. Thèse do médecine, in-4o de 370 pages. Paris, 1888. 177 Séance du 24 juillet 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JULLIEN, PUÉSIDENT. MM. Sabatier, Rollinat et Hecht, élus membre de la Sociëté à l'une des précédentes séances, remercient de leur admission. Dans sa séance du 5 juin, le Conseil ayant décidé qu'il y avait lieu de provoquer la réunion d'un Congrès zoologique international à Paris, pendant l'Exposition de 1889, le Président et le Secrétaire géné- ral ont adressé à M. le .Ministre du commerce et de l'industrie, Com- missaire général de l'Exposition, une lettre lui demandant de placer ce Congrès international sous le patronage du Gouvernement. Cette proposition a été acceptée et, par un arrêté en datedu 16 juillet 1888, M. le Ministre du commerce et de l'industrie a nommé membres du Comité d'organisation du Congrès international de zoologie MM. Balbiani, J. Barrois, Em. Blanchard, R. Blanchard, A. Certes, 31. Chaper, J. Chalin, G. Colteau, Y. Delage, J. Deniker, Filhol, P. Fischer, Giard, J. de Guerne, J. Jullien, J. Kûnckel d'Herculais, H. de Lacaze-Duthiers, Lortet, Marion, P. Mégnin, A. Milne-Edwards, E. Oustalet, E. Periier, G. Pouchet, de Quatretages, Ranvier, Sabatier, Schlumberger, E. Simon et L. Vaillant. Tous ces membres font partie de notre Société, à l'exception de MM. Balbiani, Em. Blanchard, Lortet, G. Pouchet, Ranvier et Vaillant. La première réunion du Comité d'organisation aura lieu le 25 juillet. NOTE SUR LA NATURE DES GANGLIONS OPHTHALMIQUES ET L'ORIGINE DE LA PREMIÈRE CAVITÉ CÊPHALIQUE CHEZ LES SELACIENS, Par le D'- C. PHISALIX. J'ai annoncé au Congrès de Toulouse (1) que le ganglion ophthal- mique appartenait au trijumeau et pouvait être considéré comme la racine postérieure du nerf de la 3" paire. Les nombreuses dissections que j'ai faites sur les Poissons adultes m'avaient donné la conviction que ce ganglion est indépendant du nerf moteur oculaire commun. Chez certaines espèces, en effet, Uranoscope rat, Tradiinus draco, etc., il provient directement du bulbe par une racine indépendante simple- (1) Association française pour l'Avancement des Sciences, 16= session, 1887. 178 SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 ment accolée au trijumeau. 11 est nettement séparé de la 3" paire, dont il ne reçoit qu'un filet très mince, comparativement à la grosseur du tronc lui-même. Souvent même, chez Trachiaus draco, par exemple, le ganglion est dédoublé en deux portions, dont l'une est accolée au moteur oculaire, tandis que l'autre reste appliquée contre le triju- meau. Cette dernière portion t'ait bien partie du ganglion oplithalmique puisqu'elle donne naissance à un nerf ciliaire. Les expériences de Jégorow, récemment publiées dans les Archives slaves de Biologie, viennent à l'appui de l'opinion que je soutiens. J'ajouterai qu'il m'a été impossible de découvrir chez les Sélaciens, entre ce ganglion et le système du grand sympathique, une relation macroscopiquement évidente. Malgré toutes ces probabilités, l'em- bryologie seule pouvait résoudre la question de savoir si le filet anas- lomotique qui réunit le ganglion au moteur oculaire était primitive- ment aff'érent ou efférent par rapport à ce ganglion. Dans ce but, j'ai entrepris des recherches sur des embryons de Raie dont le développement est très lent, ce qui permet de mieux en suivre toutes les phases. Yoici ce que j'ai constaté sur des embryons de Raja stellaris : Sur un embryon de 5 mill., dont les tentes branchiales ne sont pas encore ouvertes au dehors, les replis médullaires, que M, Béraneck a si bien décrits chez le Poulet, se montrent avec la plus grande netteté, et les nerfs crâniens affectent avec eux des rapports constants. Le tri- jumeau prend naissance sur le le"" repli. Le facial et l'auditif, déjà très développés, forment une masse ganglionnaire qui recouvre complète- ment le 3" repli. Quant au 2^ repli, il n'est encore masqué par aucun nerf, et si on examine l'embryon par transparence, il se distingue net- tement des autres par sa plus grande clarté. Mais bientôt de ses parois se détache un bourgeon de cellules nerveuses qui se réunit au triju- meau et se confond plus ou moins avec lui selon les espèces. C'est ainsi que, chez Galcus canis, il conserve son indépendance primitive. L'embryologie justifie donc le dédoublement du trijumeau en deux paires nerveuses comme je l'ai établi précédemment (1). C'est, du reste, la conclusion à laquelle est arrivé M. Béraneck, chez le Pou- let. La masse ganglionnaire du trijumeau ne tarde pas à se séparer en deux portions, dont l'antérieure se dirige vers l'œil. Chez un embryon de 15 mill., celle-ci n'est plus reliée à la postérieure que par un mince (1) Association française pour l'Avancemenl des Sciences. — Congrès de Tou- louse, 1887. SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 179 pédicule; par sa situation et ses rapports, elle se laisse aisément re- connaître pour le ganglion oplilhalmique. Elle repose, en effet, sur l'extrémité dorsale de la première cavité céphalique, mais elle n'est pas encore réunie au tronc du moteur oculaire commun. Cependant, celui-ci est déjà bien reconnaissable. A cette période du développement, il se montre comme un faisceau ténu de cellules fusiformes déjà mélangées de fibrilles nerveuses, qui naît de la face ventrale du cerveau antérieur, en arrière d'un épais- sissement pouvant être considéré comme le rudiment des lobes infé- rieurs. Sa direction est inverse de celle des autres nerfs crâniens. Comme on le voit, le ganglion ophtlialmique est absolument indé- pendant au point de vue de son origine du nerf de la 3^ paire et celui-ci est purement moteur. Sans vouloir discuter ici cette question très controversée, il me semble difficile d'interpréter autrement les faits que je viens de signaler. On peut donc considérer le ganglion opli- thalmique, avec son rameau d'origine, comme la racine postérieure d'une paire crânienne, dont le moteur oculaire commun serait la racine motrice. En poursuivant la recherche des origines nerveuses, j'ai observé un fait qui, jusqu'ici, n'avait pas, que je sache, encore été signalé. Bal- four (l) qui a, le premier, décrit les cavités cëphaliques chez les em- bryons d'Elasmobranches, les fait provenir directement du méso- blaste. Les premières cavités céphaliques, d'abord indépendantes, s'uniraient ensuite du côté ventral. D'après mes recherches, les deux premières cavités céphaliques ou cavités prémandihulaires proviennent d'un bourgeonnement impair du cul-de-sac supérieur du tube digestif au niveau du point où celui-ci se continue avec la corde dorsale. C'est sur les embryons de Raie de 5 millim. que ce processus est le plus évident. Immédiatement au- dessus du diverticulum buccal encore fermé, la paroi antérieure du préintestin s'épaissit considérablement, il en résulte une masse cellu- laire plus ou moins conique, dont la base, dirigée en avant, est dé- primée en son milieu par le cerveau antérieur. Les parties latérales se prolongent en deux colonnes cylindriques horizontales qui arrivent en contact avec l'ectoderme immédiatement au-dessous des vésicules optiques. A la lumière transmise, elles apparaissent comme deux peti- tes masses arrondies et opaques. J'ai trouvé dans ce bourgeon épithé- lial un assez grand nombre de cellules en voie de division indirecte. Les parties latérales ne tardent pas à se creuser et, sur un embryon (1) Embryologie comparée, p. 62i'. 180 SÉANCE DU "24 JUILLET 1888 de 7 à 8 mill., elles apparaissent comme des cavités ovalaires à parois épilhéliales, encore réunies entre elles au côté dorsal par un canal rétréci, mais séparées ventralement par une masse cellulaire pleine. Enfin, sur un embryon de 15 millim., elles sont complètement sé- parées l'une de l'autre et du tube digestif. Le mode de formation de cette cavité prémandibulaire ressemble tellement à celui des myo- mères que c'est une raison décisive pour lui conserver la signification que lui a donnée Balfour : celle d'un segment absolument homologue aux autres segments du corps. En terminant cette note, je me fais un véritable plaisir de remercier M. de Lacaze-Duthiers de la généreuse hospitalité qu'il m'a accordée dans ses laboratoires de Roscoff'et de Banyuls, où ces recherches ont été commencées. J'espère pouvoir bientôt publier un mémoire plus étendu. RECHERCHES SUR LES CELLULES AÉRIENNES CERVICO-CËPHALIQUES CHEZ LES PSITTACIDÉS, Par M'"^ Fauny BIGNON. En 1879, M. Boulart découvrit chez le Marabou (Leptoptilus crumi- niferus) un système de sacs cervicaux particuliers qu'il retrouva depuis chez la Cigogne (Ciconia alha), le Jabiru (Mycteria australis) et le Fou de Bassan (Sula bassana). Ces cellules aériennes sont indépen- dantes du système pneumaticiue qui communique avec les poumons et qui a été décrit par Sappey, Nathalis Guillot, et plus récemment par Fontana. Enfin, en 1884, M. Alphonse Milne-Edwards communiqua à l'Aca- démie des sciences une étude complète sur la distribution des cellules pneumatiques chez le Calao-Rhinocéros et signala la présence d'un sac aérien semblable à ceux qu'avait découverts M. Boulart chez les Oiseaux précédents, mais communiquant avec le système général. En outre, M. Edwards ajoutait : « C'est par l'intermédiaire de ce sac que l'air pénètre dans les cellules du casque et de la mandibule supé- rieure. » Je me proposai de décrire ces sacs chez les Oiseaux où ils avaient été indiqués, de rechercher leurs rapports avec les os pneumatiques du crâne et de les retrouver chez d'autres Oiseaux. En janvier 1887, je publiai une note dans le Bulletin de la Société de Biologie, sur les cellules aériennes du crâne des Oiseaux, et le SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 181 14 avril 1888 une autre Note intitulée : Recherches sur les rapports du système pneiimatique de la tête des Oiseaux avec le système dépendant de l'appareil pulmonaire. Cette dernière était consacrée à la description des sacs cervico-cépalaliques que j'avais découverts chez le Pélican (Pelecanus onocratulus) et dont j'avais trouvé les rapports avec le système pneumatique pulmonaire par l'intermédiaire des sacs verté- braux. Aujourd'hui j'ai l'honneur de présenter à la Société Zoologique de France le résultat de mes recherches sur les Psittacidés. La présence de sacs cervico-céphaliques n'avait pas encore été indiquée chez ces Oiseaux; je l'ai constatée chez l'Ara Militaire (Ara militaris), le Kakatoès de Leadbeater (Cacaiua Leadbeateri), le Kakatoès à huppe blanche (Cacatua alba), le Kakatoès à huppe rose (Cacatua molluscensis) , le Perroquet amazone (Chrysotis assiivus), et le Vasa de Madagascar (Coracopsis Vasa). Toutefois, il est loin d'offrir chez tous le même développement; c'est chez VAra militaris et le Cacatua Leadbeateri qu'il offre le plus de développement et de complexité. Chez ces Oiseaux il s'étend en avant jusqu'à la fourchette, en arrièrejusqu'à l'articulation scapulo-humérale. Chez l'Ara, les deux sacs communiquent largement entre eux posté- rieurement et envoient des diverticules inter-musculaires dans la région supéro-postérieure du cou, ces diverticules forment un collier autour du trou occipital. Chez le Cacatua Leadbeateri, les deux sacs, quoique accolés l'un à l'autre dans une partie de leur longueur, ne communiquent pas pos- térieurement et ils n'envoient pas de diverticules inter-musculaires. Chez le Cacatua alba, les sacs, beaucoup moins développés, ne s'étendent que dans la région cervicale supérieure, ils n'ont pas de communication postérieure et n'envoient pas de diverticules. Chez les autres Psittacidés, leur développement est encore moindre. Chez le Chrysotis aestivus, il est réduit à un collier péri-occipital comme celui que j'ai signalé plus haut chez l'Ara. Chez aucun des Oiseaux précédemment cités il n'y a de communi- cation entre le système pulmonaire et les sacs cervico-céphaliques. Ceux-ci communiquent largement avec les os du crâne qui sont très pneumatiques et s'injectent par les sacs, y compris la mâchoire infé- rieure. En conséquence, les Psittacidés peuvent être rangés parmi les Oiseaux dont la pneumaticité est le plus développée. 44 182 SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 LA PHOSPHORESCENCE CHEZ LES MYRIOPODES, Par J. GAZAGNAIRE. Un point important de la fonction photogénique est en débat entre MM. les professeurs R. Dubois, de Lyon, et Macé, de Nancy. Comment la phosphorescence se produit-elle chez les Myriopodes? Le débat est consigné, en partie, dans les Comptes-rendus de l'Académie, en partie, dans les Bulletins de la Société de Biologie (1). Le D"" R, Dubois, dont les beaux travaux sur les animaux phospho- rescents (2) ont apporté à la conception de la fonction photogénique des documents si importants, émet sur la production de la phospho- rescence chez les Myriopodes une opinion qui laisserait croire que la physiologie livre parfois à l'observation des faits bien curieux. Pour le D"" R. Dubois, la matière photogène est contenue dans les cellules épithéliales du tube digestif. Il a constaté, en eiîet, dans ces cellules, en quantité considérable, des granulations biréfringentes. Il les considère comme caractéristiques et identiques à celles qu'il a trouvées en abondance dans le tissu lumineux des Pyrophores et des Lampyrides. Pour l'émission de la lumière, le processus physiologique est simple. La fonte des cellules met en liberté les produits photogènes et il n'est pas douteux, dit M. le D"" R. Dubois, que la production de la sub- stance lumineuse, chez les Myriopodes, ne soit intimement liée à une mue du tube digestif. Si le fait pouvait se démontrer, ce serait une originalité physiologique bien surprenante? C'est, du reste, l'opinion que je formulai à mon ami (1) R. Dubois. De la fonction photogénique chez les Myriapodes, Comptes-rendus de la Soc. de Biol., 26 nov. 1886. Id., Note sur les Myriopodes lumineux (réponse à M. Macé). Comptes-rendus de la Soc. de Biol., 8 janv. 1887. D'' Macé, Sur la phosphorescence des Géophiles. Comptes-rendus des séances de l'Acad. des sciences, oui, p. 1273, 1886. Id., Les glandes pre'anales et la phosphorescence des Géophiles. Comptes-rendus de la Soc. de Biol., 22 janv. 1887. (2) R. Dubois, Les Élatérides lumineux. — Co)itribution à l'étuçle de la produc- tion de la lumière par les Êtres vivants. Bull, de la Soc. Zool. de France, 1886. Id., De la fonction photogénique ches les Podures, Bull, de la Soc. de Biol., 11 décembre 1886. Id., Les vacuolides. Mémoires de la Soc. de Biol., (8), IV. 23 mars 1887. Id., Note sur la fonction photogénique chez les Pholades. Comptes-rendus de la Soc. de Biol., 21 oct. 1887. SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 183 R. Dubois, quand il me consulta au Laboratoire d'Entomologie de la rue Buffon, alors qu'il étudiait avec beaucoup de soin ce point impor- tant de ses travaux sur la phosphorescence. Je ne m'élève pas contre le processus physiologique : il peut rester le même, mais, mes observations ne me permettent pas d'accepter la localisation signalée par le professeur R. Dubois. M. Macé, de Nancy, rejette l'opinion de M, R. Dubois. Il dit : « Chez les Géophiles, la production de substance phosphorescente est en dépendance des téguments. Elle y serait toutefois, comme je le pense aujourd'hui, bien plus localisée. Cette matière doit provenir d'amas glandulaires qui se trouvent, chez lesdeu.\ espèces quej'ai pu observer à ce point de vue, Geophilus simplex Gerv. et G. longicornis, dans les deux segments postérieurs du corps. » M. le D*" Macé donne à ces glandes le nom de glandes prèanales. Plus loin il ajoute : « leur structure spéciale nous les fait considérer comme les organes produc- teurs de la substance photogène. Leur position, au voisinage de l'orifice anal, peut facilement laisser croire que le mucus lumineux sort du tube digestif. M. le D"" Macé revient à l'ancienne opinion qui considère la matière phosphorescente chez les Myriopodes comme une matière due à une sécrétion glandulaire. Sur ce point il a raison, mais son erreur est de localiser la sécrétion et quand il écrit : « ces glandes existent-elles chez les mâles? Je n'ai pas encore eu l'occasion de pouvoir le constater. La phosphorescence pourrait être, du reste, un privilège exclusif de la femelle. » Il montre que la question des glandes chez les Myriopodes ne lui est pas entièrement familière et qu'il fait peu de cas de l'observation du professeur R. Dubois. Les glandes que M. Macé signale sont connues chez de nombreux GeophiJidse, représentées même, plus encore signalées comme pouvant varier dans l'espèce suivant râge(i) : ce ne sont, il est vrai, que des indications. Leur r(jle, fort probablement, est en rapport avec les fonctions génitales. Les deux sexes sont phosphorescents. L'observation du D''R. Dubois ne laisse aucun doute. Dans mon récent voyage dans l'Ouest algérien, j'ai trouvé à Nemours, avec mon ami Bedel,dans le mois d'avril et les premiers jours de mai 1888, de nombreux exemplaires à'Orya harharica Gerv., Myriopode chilopode de la famille des Geophilidx. (1) Fr. Meinert, Slyriapoda musaei Hanidensis. I. Geophili, 1871. R. Latzel, Die Myriopodcn der ôstcrreickisch-ungarischen Monarchie. 2 vol., 8°, Vienne, 1880-84. 184 SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 La famille des Geophiîkîœ est la seule chez les Myriopodes qui comprenne des espèces phosphorescentes et encore la liste de ces espèces est bien courte. Cinq ou six seulement réparties dans trois genres jouissent de la propriété d'émettre de la lumière. L'homogénéité de cette famille est telle cependant que j'ai toujours eu la conviction que cette propriété devait être plus générale. Aussi n'ai-je été nullement étonné de constater la phosphorescence chez tous les Orya barbarica Gerv., que j'ai eus en captivité, bien que leur état civil remonte à 1835 (1) et qu'ils soient assez communs en Algérie. L'observation de ce fait nouveau se trouve confirmée par M. R. Blan- chard, qui m'a fait remettre par M. J. Kùnckel d'Herculais, un individu mâle capturé la nuit, dans le même mois d'avril, à El-Kantara. Il a constaté que ce Myriopode émettait une phosphorescence très intense sur toute la longueur du corps. Tous les individus que j'ai observés à Nemours m'ont paru moins grands que ceux que j'avais eu l'occasion d'étudier dans les collec- tions du Muséum de Paris. Ils ont aussi un nombre de paires de pattes moindre. Ce sont des sujets plus jeunes, adultes cependant, car j'ai constaté dans les réservoirs séminaux de quelques femelles prises au hasard la présence de spermatozoïdes. Pour le moment je n'ai pu établir des différences m'autorisant à créer une espèce nouvelle voisine à' Orya barbarica. Voici les faits observés : Tous les Orya barbarica Gerv., capturés par moi, ont été lumineux sur toute la surface ventrale du corps, le premier et le dernier anneau compris. Le simple contact, la pression, faisaient apparaître la lumi- nosité. Elle était totale ou localisée à un ou plusieurs anneaux. L'observation est facile, carl'Orî/a barbarica est un Géophilide de grande taille. Il se prête assez facilement aux manipulations, ce qui n'est pas le cas pour les espèces phosphorescentes observées jusqu'ici dont la petitesse est certainement cause, en partie, des erreurs commises. Les deux sexes sont phosphorescents. Je confirme l'observation faite déjà par mon ami, le professeur R. Dubois, sur Scolioplanes crassipes Koch. (1) Geophilus barbaricus Gervais, Mag. Zool. de Guérin, 1835, cl. IX, pi. 133, fi g. 3. Geophilus fusatus Koch, Wagner. Reis. Reg. Alfiiav, B. m, p. 225, Tab. XI. Orya barbarica Gervais. Fr. Meinert, Myriapoda musaei Hauniensis. I. Geophili, 1871, p. 16, Tab. I., fig. 1-12. SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 185 La luminosité se montre sur les lames sternales et les lames anté- rieures et postérieures des episiernum. Sur ces lames, avec une bonne loupe, on peut résoudre la présence de nombreux pores cutanés. Sur les lames sternales, les pores sont groupés en ellipse; les bords des lames étant presque tangents à l'ellipse, l'inlérieur de l'ellipse étant occupé par deux dépressions peu marquées, transversales, linéaires, droite et gauche. Sur le milieu des dames épisternales, les pores limitent une zone à peu près arrondie.— Ces pores qui, pour la reconnaissance de l'espèce, fournissentun caractère zoologique, étaient connus, même représentés. (Voir Fr. Meinert, loc. cit.). Au contact, à la pression, les pores sécrètent une substance jau- nâtre, visqueuse, d'une odeur siii gêner is. Cette substance, surtout quand elle est sécrétée en abondance, émet des vapeurs dont l'action est caustique sur les conjonctives. Comme couleur et consistance, je ne puis mieux la comparer qu'à de la glue. Au contact de l'air, elle se dessèche assez rapidement ; on peut en obtenir par raclage: elle est insoluble dans l'alcool. Certainement elle est acide, bien que je n'ai pu le constater. Cette substance, qu'il est facile de voir suinter par les pores, de voir se ramasser dans les petites dépressions que j'ai signalées plus haut, pour s'étendre sur toute la surface des plaques sternales et épi- sternales antérieures et postérieures est très phosphorescente : la lu- mière qu'elle émet est intense, assez persistante, d'un bleu-verdâtre. Par sa viscosité, cette matière s'attache aux objets en contact avec elle et les rend lumineux quelques instants. La luminosité s'éteint par le fait de la dessication. Comme couleur et luminosité, cette matière photogène se comporte de la même façon que le phosphore d'une allumette sur des doigts légèrement humides. Ces faits, en dehors de tout examen microscopique que j'aurai peut-être le loisir de faire plus tard, ne me laissent aucun doute. Nous sommes en présence d'une sécrétion cutanée dans laquelle se trouve contenue la matière photogène. Je me crois autorisé à admettre que chez les espèces phosphorescentes observées par les auteurs, comme chez Orya harbarica, observé par moi-même, les faits se passent de même, et que la matière photogène est toujours sécrétée par des organes glandulaires répandus sur la face ventrale du corps. Sur la face ventrale du corps, la répartition des pores glandulaires par où s'écoule le protoplasma contenant la matière photogène, peut varier dans les espèces phosphorescentes de la famille des Geophi- 186 SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 Udœ; mais, je le répète, la matière photogène sera toujours sécrétée par des oi'ganes glandulaires (1). M. R. Blâncfiard. — Le Myriapode lumineux dont il est question dans la note de M. Gazagnaire a été recueilli par moi à El Kantara, province de Constantine, le 10 avril dernier. Après dîner, nous nous promenions sur la route qui, du village français, mène à l'oasis, quand mon attention fut attirée par un objet lumineux, d'une extrême intensité de lumière, qui gisait sur le milieu de la route et donnait l'impression d'un disque large d'un centimètre environ et brillant surtout par sa circonférence. Je ramassai cet objet, dont l'obscurité de la nuit m'empêcha de reconnaître la nature, et je l'enveloppai dans du papier. Quelques instants après, en rentrant à l'hôtel, j'examinai ma trouvaille et je reconnus un Myriapode enroulé sur lui-même, comme lové; je le remis à M. Kûnckel d'Herculais, pour qu'il le transmît à M. Gazagnaire. Le hasard m'a fait rencontrer ce Géophilide au moment même où il commençait à émettre sa lumière. Huit à dix personnes, qui me précédaient de quelques pas, venaient de passer à l'endroit où il se trouvait et ne l'avaient point remarqué. La matière phosphorescente s'attacha à mes doigts et y brilla d'un très vif éclat pendant 4 ou S minutes ; elle apparut aussi sur le papier dans lequel j'avais renfermé l'animal, mais s'y éteignit presque aussitôt. En frottant mes doigs sur mon vêtement, celui-ci devint lumineux sur toute la partie frottée et présenta des ondes lumineuses absolument identiques à celles qui parcourent la traînée de phosphore laissée par les allumettes, compa- rables aussi aux soubresauts de la flamme d'une omelette au rhum, au moment où elle va s'éteindre. Ces ondes lumineuses allèrent en s'atténuant progressivement, puis disparurent. Il est évident, d'après cela, que la substance lumineuse est répandue sur toute la longueur du corps, ou du moins sur la plus grande partie delà longueur du corps; c'est une substance liquide ou mucilagi- neuse, qui s'étale aisément par le frottement. M. Mailles. —Vers le 15 novembre 1879, par une soirée très douce, j'ai vu dans l'allée d'un jardin, à la Varein^e-Saint-Hilaire (Seine), un grand nombre de traînées lumineuses rappelant, à s'y méprendre, (1) J. Gazagnaire, La phosplwrcf;ceiicc chez les Myriopodes. Bull, delà Soc.Ent. de France, 27 juin 1888. SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 187 celles que laissent après elles des allumettes frottées clans l'obscurité. Cette phosphorescence était due à de nombreux Myriapodes, longs de 15 à 20'"'^ et dont l'espèce n'a pas été déterminée". 31. Gazagnaire fait observer que les Myriapodes observés par M. Mailles sont probablement des ScoUoplanes crassipes Koch. SUR LA PRÉSENCE D'UNE ENVELOPPE ADVENTICE AUTOUR DES EXCRÉMENTS DES OISEAUX, Par Gr. STAMATI. Un fait qui a attiré mon attention, c'est l'existence d'une enveloppe des matières fécales chez les Oiseaux; je l'ai d'abord observée chez de jeunes Pigeons. L'existence d'une pareille enveloppe des matières fécales a été signalée pour la première fois par M. Héron-Royer chez les Batra- ciens (1). En répétant plusieurs fois l'observation sur les matières fécales de divers Oiseaux (Poules, Serins, Chardonnerets, etc.), j'ai vu que cette enveloppe ne fait jamais défaut. L'excrément de ces animaux se pré- sente sous l'aspect d'un saucisson. Quel est le rôle de cette enveloppe? Il est évident que, si les excré- ments, qui sont acides, n'avaient pas d'enveloppe, les spermatozoïdes se trouveraient dans un milieu défavorable à leur existence, en tra- versant le cloaque. La même chose est vraie pour la femelle, qui reçoit dans le cloaque le liquide séminal. Cette enveloppe protège donc les produits génitaux, et le passage de ceux-ci à travers le cloaque se fait sans le moindre inconvénient. n'est à remarquer que cette envoloppe est très apparente, lorsque les excréments sont dans l'eau. Sur un excrément d'Oiseau, on voit une partie blanche (produits urinaires), et une autre partie qui provient de l'intestin. L'enveloppe qui s'étend sur les produits urinaires est opaque cassante (à cause de l'acidité de ces produits), tandis que, sur les produits de l'intestin, on peut la retirer très facilement avec des ciseaux fins. Au microscope, cette enveloppe se montre comme une sorte de (1) Héron-Royer, Sur la présence d'une enveloppe adventice autour des fèces chez les Batraciens. Bull, delà Soc. Zoologique de France, février 1888. 188 SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 membrane anhiste dépourvue d'éléments cellulaires ; elle est impré- gnée par les divers produits qui se trouvent dans les matières fécales et que les réactifs sont impuissants à dissocier. Traitée par l'alcool ou l'acide acétique, elle devient opaque et d'une couleur blanche; elle a tous les caractères d'une matière muqueuse. Quand l'excrément est plongé dans l'eau, la membrane est transpa- rente ou plutôt opaline. Je ne l'ai point observée chez les Pigeons en incubation, bien qu'il y ait alors un mélange de matières fécales et de mucus. Je l'ai vue apparaître chez les petits Pigeons au sixième jour après l'éclosion. 11 reste à savoir si l'enveloppe muqueuse en question existe chez tous les animaux ayant un cloaque. Il est à remarquer qu'on trouve du mucus dans les matières fécales des Mammifères, mais ce mucus ne se dispose pas en une enveloppe apparente. Chez les Oiseaux eux-mêmes, l'enveloppe n'est pas toujours bien apparente, cela dépend de l'état de l'animal; mais il existe, dans les matières fécales, du mucus, qui, dans la plupart des cas, est disposé sous forme d'enveloppe. SUR L'OPÉRATION DE LA CASTRATION CHEZ L'ËCREVISSE. Par Gr. STAMATI. Jusqu'à présent on n'a essayé l'opération de la castration que sur les Mammifères et les Oiseaux, sans s'occuper delà pratiquer chez les Invertébrés. Nous savons que si l'oa extirpe les organes génitaux d'un Mammi- fère supérieur (Chien, Chat, Lapin) ou d'un Oiseau, par exemple le Coq, tous ces animaux changent d'aspect et deviennent plus gros, les productions épiderraiques prennent une autre couleur que la couleur naturelle. J'ai essayé de pratiquer l'opération de la castration chez les Inver- tébrés en commençant par l'Écrevisse, d'après le conseil de M. le pro- fesseur Dastre. Dans ces derniers temps, on a observé que quelques Crustacés sont infestés par des parasites qui, entre autres organes, envahissent les organes génitaux : il se produit en ce cas une castration parasitaire et l'animal subit des modilicafions qui sont très prononcées, si on le compare avec un individu normal et de même âge. SÉANCE DU 24 JUILLET 1888 189 Voici comment j'ai procédé pour l'opération de la castration chez l'Écrevisse. J'ai essayé d'abord d'injecter aux mâles, par l'ouverture des deux canaux déférents, une solution aqueuse d'acide acétique cristallisable, afin de détruire le testicule avec ses conduits. Mais l'animal ne peut survivre à cette opération, parce que le liquide destructeur pénètre dans le sang (système lacunaire creusé dans le tissu conjonctif). J'ai essayé ensuite d'extirper "directement la glande génitale et le canal déférent, en les retirant par l'ouverture de celui-ci ; mais l'opé- ration ne réussit pas davantage, parce qu'il se produit alors une hémorrhagie intense qui amène la mort. J'ai essayé encore d'extirper le canal déférent et le testicule sur un animal refroidi par le chlorure de méthyle ; mais la mort arrive en quelques moments. Le meilleur moyen consiste à enlever le canal déférent du testicule, en incisant la membrane qui sépare le céphalothorax de l'abdomen. En écartant le céphalothorax de l'abdomen, on voit, à travers la membrane qui les sépare à droite et à gauche de la ligne médiane, les deux canaux déférents. On incise longitudinalement la membrane, on introduit une pince très fine en écartant les fibres musculaires pour que le cœur et le vaisseau médian dorsal ne soient pas lésés, on retire doucement par les ouvertures ainsi pratiquées le canal défé- rent du même côté. On met l'animal dans l'eau, en ayant soin que celle-ci n'entre pas par la blessure: pour cela, il faut placer l'ani- mal dans une très petite quantité d'eau, pour qu'il respire ; au bout de 24 heures, on peut le remettre dans le bassin. Cette opération réussit très difficilement. Le sang se coagule et, au bout de quelque temps, une substance rougeâtre vient boucher com- plètement les blessures et l'animal est complètement rétabli. J'ai opéré sur des Écrevisses adultes ; il m'a été impossible d'obser- ver les modifications que j'ai rappelées plus haut. Sur des Écrevisses très jeunes, il sera sans doute possible de les observer au bout de peu de temps. Puisque l'accroissement s'effectue pendant la mue, on devra donc attendre deux ans ou plus, jusqu'à ce que la mue ait lieu, pour constater ces modifications chez uneÉcrevisse adulte. Mon expérience a pour but de déterminer : 1° Ce que devient le testicule après l'ablation du canal déférent. 2° Quels changements l'animal présentera après la mue, s'il est devenu infécond. Ces deux questions feront l'objet d'une communication ultérieure. 15 190 SÉANCE DU 25 JUILLET 1888 COMMISSION D'ORGANISATION DU CONGRÈS ZOOLOGIQUE INTERNATIONAL* . 1"= SÉANCE, 25 JUILLET 1888. La séance est ouverte sous la présidence de M. Gariel, membre de TAcadéraie de Médecine, rapporteur de la Commission centrale des Congrès. M. de Quatrefages adresse par lettre sa démission de membre de la Commission d'organisation. On procède à l'élection du Bureau. Sont élus : Président M. Alph. Milne-Edwards. ( M. Edm. Perrier. Vice-Présidents. ^ j^ L Vaillant. Secrétaire M. R. Blanchard. / M. Filhol. Vice-Secrétaires JM.deGuerne. Ul. J. Jullien. Trésorier M. Schlu m berger. M. Milne-Edwards prend place au fauteuil présidentiel. M. Gariel expose les conditions suivant lesquelles la Commission centrale des Congrès et Conférences prend le Congrès zoologique in- ternational sous son patronage. On procède ensuite à la nomination de deux sections, l'une scientifique, l'autre d'organisation. La section scientifique comprend, en outre du Bureau, MM. Bal- biani, Cotteau, Delage et Giard. La section d'organisation comprend, en outre du Bureau, MM. Certes, Chaper, Deniker et Fischer. La prochaine séance aura lieu en octobre. Toutes les communications relatives au Congrès zoologique inter- national devront être adressées à M. le D' Raphaël Blanchard, secré- taire de la Commission d'organisation, 32, rue du Luxembourg, à Paris. Le prochain fascicule du Bulletin paraîtra en novembre. Le Secrétaire- général, gérant, W R.\PHAËL BLANCHARD. 191 Séance du 9 octobre 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" JULLIEN, PaÉSlDENT. M, le. Ministre de l'instruction publique annonce qu'il vient de mandater une somme de 1,000 francs au nom de la Société. M. le Ministre adresse également le programme des questions soumises aux délégués des Sociétés savantes en vue du congrès de 1889. M. Villedieux, élu membre de la Société à la séance du 10 juillet, remercie de son admission. M. le professeur A. de Menzbier annonce qu'il entreprend la publi- cation d'une Ornithologie du Turhesian et des pays adjacents, d'après les documents laissés par N. A. Severtzow, et envoie comme spécimen un fascicule de cet ouvrage. M. Anastasio Alfaro envoie le premier fascicule des Axiales del Museo nacional, Eepûblica de Costa Rica, 4S87. Ce Musée, dont il est directeur, a été créé par un décret en date du 4 mai 1887. M"« Bignon et M. Gâche présentent M. Jean de Claybrooke, étudiant en sciences naturelles, S, rue de Sontay, à Paris. MM. Blanchard et Pilliet présentent M. le D"" C. Rebourgeon, à Rainans, parDôle (Jura), actuellement en mission au Brésil. MM. Certes et Blanchard présentent M. J, B. Coquelut, pharmacien- chimiste, U, rue Blatin, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). MM. Le Sénéchal et Blanchard présentent M. Lucien Le Roux, étudiant en sciences naturelles à la Faculté des sciences de Caen (Calvados). M. le D'" JuUien dépose une note intitulée: Observations anato- miques sur les Caienicelles et une autre note intitulée: Du testicule chez la Lepralia figularis Johnston, 1847, et des variétés de cet organe chez les Bryozoaires en général. Renvoi aux Mémoires. M. Jullien décrit encore la larve de la Cristatella mucedo, en même temps que l'œuf de ce Bryozoaire d'eau douce. Au moment de sa fixation, la larve peut contenir jusqu'à dix embryons, dont quatre à cinq sont déjà capables de s'étendre au dehors. 4 5 192 Séance du 23 octobre 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" J. JUI.LIEN, PRÉSIDENT. MM. de Claybrooke, J. B. Coquelut, L. Le Roux et D' C. Rebour- geon, présenlés à la dernière séance, sont élus membres delà Société. MM. Colteau et J. Vian présentent M. le D"" Rabé, àMaligny (Yonne). Le 26 octobre, la Société des amis des sciences naturelles de Moscou célèbre le 25^ anniversaire de sa fondation ; cette solennité coïncide avec la 2o^ année de professorat de M. Anatole Bogdanow, fondateur et président de la Société des amis des sciences naturelles. A l'occa- sion de ce double jubilé, M. le Secrétaire général est invité à envoyer en temps utile un télégramme de félicitations à M. Bogdanow, au nom de la Société Zoologique de France. M, R. Dubois présente quelques observations sur la phosphorescence chez les Myriapodes. D'accord avec les observations de M. Gazagnaire chez Orya harharica (voir page 182), il a reconnu chez Scolioplanes crassipes que la matière lumineuse est répandue à la surface du corps et est en rapport avec la présence de nombreux pores cutanés sur les lames sternales; toutefois, il n'a pu constater l'existence de glandes aboutissant à ces pores cutanés, en sorte que le mode de production (le la substance photogène lui semble encore incertain. M. S. Bonjour offre à la Société une traduction française manuscrite du mémoire d'Ed. Hodek Sur lliabitat et les mœurs du geyire Pele- canus dans Vest de VEurope, mémoire publié en 1873 dans les Verhandiungen der zool.-bot. Gesellschaft in Wien. La traduction de M. Bonjour sera déposée aux archives et tenue à la disposition des membres de la Société. M. Bonjour offre encore à la Société, pour les déposer dans ses archives, quatre planches dans lesquelles il a peint à l'aquarelle des variations de couleur observées chez les Oiseaux et faisant l'objet de la note ci-après. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 193 NOTE SUR QUELQUES VARIATIONS OBSERVÉES DANS LE PLUMAGE D'OISEAUX EUROPÉENS Par Samuel BONJOUR. 1. CiRCUs ciNERAGEUs Naumani). A. — Un mâle adulte, tué le 2 juin 1876 au Croisic (Loire-Infé- rieure). Tout le plumage d'un brun fuligineux foncé, sauf la queue qui est presque de couleur normale et les ailes où le bleu cendré de l'Oiseau ordinaire transparaît encore sous le brun. Bec, pieds et yeux normaux. B. — Une femelle tuée en juin 1836, à Ribemont (Aisne). Tout le plumage est d'un brun de saie foncé. Bec, pieds et yeux ordinaires. Cette femelle a été tuée sur son nid en même temps que le mâle qui était tout à fait ordinaire; les cinq petits que contenait le nid avaient déjà leurs plumes et portaient la livrée typique de leur âge. 2. CoRVUs FRUGiLEGUS Linné. A. — .leune mâle pris dans le nid à la Roche-Bernard (Morbihan), élevé en captivité et tué le 20 novembre 1871. Avant la première mue, tout le plumage était blanc, mais telle- ment souillé par la captivité dans une cage insuffisante que nous dûmes le conserver pour lui permettre de muer. Les nouvelles plu- mes qui parurent n'étaient plus blaiiches, mais d'un ton isabelle très clair, lavé de blanchâtre. L'iris était gris-rosé bleuâtre, la pupille très noire, le bec et les pieds couleur de chair livide. B. — Jeune mâle tué le 15 septembre 1873 à la Roche-Bernard (Morbihan) par M, Libert, pharmacien. Ce sujet paraît bien être le frère du précédent ; il est d'un blanc lavé de jaunâtre pâle sur tout le corps. Il était en pleine mue et en l'examinant on voit que les plumes du premier plumage étaient blan- ches et que les nouvelles sont d'un isabelle très clair ; ces deux colo- rations donnent à l'Oiseau son ton général blanc jaunâtre. Il s'est donc passé chez cet Oiseau à l'état sauvage le même phéno- mène que chez celui que nous avons eu en captivité. 194 SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 Le bec et les pieds étaient couleur chair pâle, l'iris gris de lin très clair, la pupille très noire. 3. CoRVUS MONEDULA Linné. Un jeune, dans sa première livrée, tué en août 186i, dans la forêt du Raincy. Tout le plumage est blanc pur, l'iris blanc rosé, la pupille rose vif, le bec et les pieds couleur chair. 4. PiGA GAUDATA Linné. A. — Une femelle prise dans le nid à Sucé (Loire-Inférieure) et conservée longtemps en captivité. Morte en mars 1881. Tout le plumage est blanc; mais, en y regardant de près, on voit le plastron noir du type ordinaire faiblement indiqué par une teinte jaunâtre extrêmement pâle. Les rémiges et les rectrices présentent sur leur face supérieure une très légère trace du pigment ordinaire à ces parties; cela leur donne une faible nuance de grisâtre, leur face infé- rieure est blanche. L'iris était blanc-rosé, la pupille rose vif, le bec et les pattes couleur de chair. C'est un très bel albinos. B. — Un individu tué en 1871 sur les bords de l'Étang de la Pré- vostière, canton de Riaillé (Loire-Inférieure). Toutes les parties noires à reflets métalliques chez l'Oiseau normal sont ici d'un gris brunâtre pâle. Les parties blanches n'ont pas varié, le ton grisâtre va en fonçant sur la tête et sur le plastron qui sont les parties les plus sombres du corps. L'Oiseau était en pleine mue lors de sa capture, — l'iris était gris brunâtre clair, la pupille très «noire, le bec et les pieds en tout sem- blables à ceux d'un individu ordinaire. 5. Starna cinerea Bonaparte. A. — Mâle adulte, tué en septembre 1837 à Regny (Aisne). Tout le plumage d'une couleur ocracée, les ailes Isabelle pâle, les plumes des flancs marron très pâle. Le reste du plumage (tête, queue fer-à-cheval) ne diffèrent du type normal que par une teinte un peu plus claire. L'iris était d'un brun très clair, le bec et les pattes nor- maux. B. — Femelle adulte, tuée en septembre 1851 dans les environs de Saint-Quentin (Aisne). Tout le plumage a varié : le dos est d'un gris très pâle avec les stries SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 195 noirâtres à peine indiquées en gris ; la queue est blanc jaunâtre, un peu plus jaune à son extrémité. Sommet de la tête et poitrine d'un gris strié très pâle. Le fer-à-cheval et les plumes marron des flancs dessinés en blanc presque pur, à peine teinté d'ocre ; la lunule fron- tale, la gorge et les bandes post-oculaires sont également blanc fai- blement ocracé. Tout l'Oiseau présente un aspect décoloré qui frappe les regards de fort loin. Les pieds sont bruns, l'iris blanc rosé, la pupille rose vif. Bec couleur de corne. 6. Perdix rubra Brisson. A. — Femelle adulte, sans date ni lieu de capture connus. La tête, le dos et la queue sont normaux, sauf deux ou trois plumes blanches à la région humérale. Le collier noir est nettement arrêté, comme chez la Perdix grxca, et il n'existe pas trace des taches lancéolées noires qui, chez la Per- drix rouge, continuent le collier sur la poitrine. Toutes les parties inférieures depuis le coliier sont d'un blanc pur jusqu'aux cuisses qui sont jaune d'ocre. Sur le ventre il existe seulement trois ou quatre plumes brun clair. Toutes les plumes lunulées des flancs sont devenues blanches à l'exception d'une seule, de chaque côté, qui a parfaitement conservé ses quatre bandes colorées. Les grandes rémiges sont d'un blanc pur, les autres sont comme chez l'Oiseau normal. Nulle variation n'a atteint le bec, les pieds et les yeux. B. — Femelle, tuée en novembre 185i dans les environs de Nantes. Distribution des couleurs absolument normale, mais toutes les teintes sont très notablement pâlies : le collier et les taches lancéo- lées noires sont devenus brun noirâtre très pâle; le dos, les couver- tures de la queue, le ventre et les cuisses sont beaucoup plus clairs de ton que chez l'Oiseau typique; les plumes des flancs ont perdu leur bande gris-bleu. Seules les plumes de la queue paraissent avoir conservé le ton qui leur est propre. Bec, pieds, yeux normaux, C. — Femelle, sans date de capture ni provenance connues. Tout le corps d'un blanc sale avec taches difl"uses d'un jaunâtre pâle lavé de gris ; plumes de la queue d'un blanc sale teinté de jau- nâtre. Collier et taches lancéolées absents; plumes des flancs forte- ment décolorées; les seules parties du corps normalement colorées sont le vertex, les lorums et la nuque. Bec, pieds, yeux normaux. 196 SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 7. CoLUMBA PALUMBUS Linné. Acheté en décembre I80O, au marché de la Vallée à Paris. Ventre, queue et ailes normaux. Le reste du plumage est marbré de blanc. Cet Oiseau doit être issu de l'accouplement d'un Ramier avec un Pigeon domestique; il a été tué en forêt où il vivait à l'état sau- vage avec les autres Ramiers. 8. Phasianus golchicus Linné. Mâle adulte, de provenance inconnue. Tout le plumage est d'un blanc pur ; caroncules d'un très beau rouge; le bec et les pieds sont normaux; iris jaune, pupilles noires. 9. Passer domesticus. J'ai à signaler quatre sujets provenant tous de la petite ville de Ribemont (Aisne). Ils ont été tués en juillet dans les années 1853, 1854, I800 et 1856. Plusieurs autres individus semblables ont été capturés au même endroit. Tous ces échantillons ont été pris dans un nid, construit et habité longtemps par un couple de Moineaux parfaitement ordinaires et dont la couvée, chose curieuse! renfermait chaque année un petit blanc. Les quatre échantillons, dont nous parlons ici, sont d'un blanc pur par tout le corps; les pieds et le bec livides, l'iris rosé, la pupille rose vif. Un autre sujet, pris blanc dans le nid et conservé en captivité où il a fait sa mue d'automne, est devenu à cette époque d'un blanc cïirin par tout le corps; bec et pieds livides; iris blanc rosé, pupilles rose vif. Un type, tué en novembre 1853, a tout le corps d'un ton d'ocre très clair ; bec, pieds et yeux normaux. Enfin, deux sujets, un c? et une ? , recueillis depuis peu, sont plus ou moins tachetés de blanc, mais ceci se voit si souvent qu'ils ne méritent pas d'être décrits en détail. 10. Cârduelis elegans Steph. A. — Mâle adulte, tué en mai 188i aux environs de Toulouse. Tout le plumage est d'un blanc pur, sauf deux ou trois plumes externes sur le ventre et une légère teinte d'ocre à l'extrémité de la queue. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 197 Le miroir de l'aile et la lâche tVonto-gulturale ont parfaitement conservé, le premier sa belle teinte jaune d'or, la seconde sa nuance cramoisie. Bec et pattes livides, iris rosé, pupilles rose vif. C'est une fort belle variété. B. — Mâle adulte, tué en novembre 1885 à Rihemont (Aisne). Tout le plumage est normal, sauf la tache tionto-gutturale qui est jaune d'or et le miroir de l'aile qui est devenu d'un jaune de Naples pâle. C. — Mâle, tué en octobre 1854. Il a été pris au tiletdans le cimetière de Miséricorde, à Nantes. Tête et gorge noires, sans vestige détache fronto-gutturale. Dos d'un brun foncé, flancs brunâtres, ventre blanc, ailes d'un noir profond; le miroir n'existe qu'à l'état le plus rudimen- taire, car c'est à peine si les plumes présentent sur leur bord externe quelques barbes d'un jaune enfumé. Queue toute noire avec absence complète de lunules blanches. C'est une curieuse variété. 11. Gecinus viridis Boie. Femelle tuée en juin 1874, dans le parc deGrillaud près de Nantes. Tout le plumage d'un blanc plus ou moins teinté de citron. Les plumes du sommet de la tête ont perdu leur base grise et conservé leur pointe rouge, mais ce rouge tire un peu sur l'orangé. Bec et pieds couleur chair ; iris blanc rosé. Cet Oiseau constitue une splen- dide variété. 12. Certhia braghydactyla Brehm. Jeune mâle sortant du nid, tué par moi à Ribemont (Aisne), le 12 août 1886. Cet Oiseau était atteint d'un kyste dermoïde volumineux qui a eu pour résultat d'orner l'Oiseau d'une grosse touffe de plumes très lon- gues, duveteuses et jaunâtres; cette houppe de plumes, située à la région humérale, lui donnait un aspect singulier qui frappait de loin les regards. Pour le reste, il ne diffère pas du type de l'espèce. 13. Alauda arvensis Linné. A. —Un sujet tué en septembre 1865 à Ribemont (Aisne). Tout le corps, les ailes et la queue d'un blanc grisâtre lavé d'ocre pâle. Les gouttelettes lancéolées de la gorge sont à peine visibles, 198 SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 tant elles ont pâli. Bec et pieds ordinaires, iris blanc rosé, pupilles rose vif. B. — Mâle adulte tué le 1er novembre 1884, à Montoir, près Saint- Nazaire (Loire inférieure). Tout le corps est d'un blond ocracé pâle. Bec, pieds et yeux normaux. C. — Un autre sujet, tué en 1810, aux environs d'Ouchy, près de Lausanne (Suisse), est exactement semblable au précédent. Cette variété n'est pas fort rare, d'ailleurs. 14. Pratincola rubicola Koch. Mâle, tué en octobre 1861, sur une route, dans les environs de Nantes. Vertex, occiput et dos d'un gris faiblement nuancé d'isabelle. Gorge, ventre, ailes et queue d'un blanc sale, très légèrement jaunâtre. Bec, pieds et yeux normaux. 15. HiRUNDO RusTiCA Linné. Jeune mâle tué par moi, le 11 septembre 1882, à la Barre-de-Monts (Vendée).' Toutes les parties noires, à reflets d'acier, de l'Oiseau typique sont ici d'un blanc-grisâtre. Lunule frontale et gorge d'un roux très clair; ventre, flancs et sous-caudales d'un blanc-roussâtre plus prononcé sous la queue que partout ailleurs. Tout le plumage est brillant et comme soyeux. Bec et pieds couleur de corne; iris brun-clair. 16. CUELIDON URBICA Boic. Tuée en octobre 1834 par mon père, à Ribemont (Aisne). Dos, ailes et dessus de la queue café au lait clair ; le reste d'un blanc pur. Le plumage est soyeux. Pieds normaux, bec et iris d'un brun- clair. 17. COTYLE RIPARIA Boic. Un sujet tué dans l'été de 18o5 aux environs de Paris. Tout le dessus du corps d'un gris-pâle, les parties inférieures blan- ches. Bec et pieds brun-pâle. Iris brun. 18. ScoLOPAX RUSTicoLA Linné. Femelle adulte tuée en 1861 aux environs de Nantes. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 199 Tout le fond du plumage est Isabelle; les dessins bruns de la Bé- casse ordinaire sont ici tracés en roux-orangé. Bec pâle; pieds et yeux normaux. 19. Gallinago scolopacina Linné. Tuée en i856 ; achetée au marché de la Vallée, à Paris. Tout le plumage a énormément pâli. Bec, pieds et yeux normaux. 20. QUERQUEDCLA CREÇCA Stcph, Sujet acheté en octobre 1853, à Paris, dans un marché. Dessus de la tête et dos ordinaires. Joues, gorge, ventre et sous- caudales Isabelle vif et clair. SUR UNE MONSTRUOSITÉ DE L'ËCREVISSE COMMUNE (ASTACUS FLUVIATILISJ, Par Gr. STAMATI. Un fait qui n'a pas encore été signalé chez les Crustacés, c'est la présence d'appendices accessoires sur les différents articles, sauf sur les articles des pattes, montruosité décrite par un bon nombre d'auteurs. Ainsi, M. P. Fischer (1) cite un grand nombre de cas de mons- truosités chez l'Écrevisse, chez les Homards, chez Callmecies, chez Carcinus mœnas, etc. Dans toutes ces observations, on n'a constaté, dans la majorité des cas, que la présence d'une pince ou d'un appen- dice accessoires, sur une pince d'ailleurs normale. M. Le Sénéchal (2) a décrit et figuré, de son côté, quelques pinces monstrueuses chez des Décapodes brachyures, et, entre autres, un cas assez curieux, consistant en la présence de deux pouces et de deux index accessoires sur le pouce et l'index normal d'un Crabe tourteau. Je présente à la Société une Écrevisse femelle monstrueuse. Je l'ai rencontrée par hasard, pendant le cours de mes études sur les Écrevisses, dans le laboratoire de M. le Professeur Dastre. L'écaillé ou exopodite de l'antenne gauche présente un appendice (1) P. Fischer, Sur une monstruosité du Crabe tourteau. Bull, de la Soc. Zool. de France, n" 3, mars 1888. (2) R. Le Sénéchal. Ibidem. n° 5, juin 1888. 200 SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 bifurqué, ayant la forme d'une fourche, en sorte que l'extrémité libre ou pointe de l'écaillé, au lieu d'être simple comme pour l'antenne droite, a l'aspect d'un trident ou d'une fourchette à trois branches (e, e, e): la branche externe (e), qui est la pointe normale, est pourvue de poils sur son bord interne, tandis que les deux autres (e', e') appar- tiennent à l'appendice surajouté, dont la forme est celle d'un fer à cheval; le bord interne, pris dans S(tn ensemble, au lieu d'être concave, est constitué de lignes droites qui font entre elles un angle aigu. L'autre bord de l'appendice est convexe. Nous savons que l'exopodite ou l'écaillé de l'antenne présente deux bords : un bord in- terne pourvu de poils, et un bord externe qui en est dépourvu. La moitié interne de cet article, qui présente des stries transver- sales, est plus mince que la moitié externe, dont le bord externe est marqué par de petits tubercules. L'appendice en question (e\e') paraît être une dépendance de la moitié externe de l'écaillé. Les choses se présentent comme si on avait fendu la moitié interne de récaille à une petite distance de sa pointe normale et implanté l'appendice à deux pointes jusqu'à ce qu'une portion de son bord convexe touche, sur une certaine étendue, le bord interne de la moitié externe, de sorte que les deux pointes sont dirigées en avant. Il est à remarquer que l'appendice bifurqué présente sur sa moitié externe de petits tubercules et que le bord externe de la moitié externe de l'écaillé est recourbé, au lieud'être droit. Sur la figure ci-jointe, on peut très bien se rendre compte des différences qui existent entre les écailles des deux antennes. En raison de la régularité de l'appendice de l'antenne gauche et à cause de la courbure du bord externe de l'écaillé, rien ne fait supposer que l'appendice résulte d'une blessure ou d'une lésion quelconque d'après les idées de Rôsel von Hosenhof. On ne peut pas l'attribuer davantage à une simple excroissance, au sens de Herklots, puisque les deux bords de l'écaillé sont recourbés d'une façon tout à fait régulière, comparativement à l'autre écaille. En résumé, les opinions de Rôsel et de Herklots ne sont pas admis- sibles. Il me semble plus rationnel de considérer l'appendice en ques- tion comme une dépendance delà moitié externe de l'écaillé, qui s'est développée régulièrement; ce n'est que par l'accroissement de ses deux moitiés que les deux pointes (c, e') se sont dirigées en avant; la cour- SÉANCE DU 23 OCTOBRE '1888 21)1 bure du bord externe est due elle-même à la présence de l'appendice. Il reste à savoir d'une façon précise comment se développent les appendices surnuméraires sur les différents articles des Crustacés? Cette étude est ditiîcile sur des Crustacés avancés en âge, mais sera plus facile à poursuivre sur de jeunes Crustacés monstrueux, si l'on observe directement après la mue l'accroissement de leurs appendices anormaux. Ouvrages offerts. P. Pelseneer, Sur la valeur morphologique des bras et la composition du sys- tème nerveux chez les Céphalopodes. Archives de biologie, VIII, 1888. J. V. Barboza du Bocage, Sur quelques Oiseaux de l'île Saint-Thomè. Jornal de sciencias matliem., phys. e naturaes, n° XLVIII, 1888. Id., Oiseaux nouveaux de Vile Saint-Thomé. Ibidem, n'^ XLVIII, 1888. A. Suchelet, L'hybridité dans la nature^ Règne animal. Revue des questions scientifiques, 1888. Ant. Frilscii, Fauna dcr GaskoJile und der Kalhsteine der Permformation Bohmens. Band II, Heft 3 : Die Lurchfische, Dipnoi. Prag, in-4o, 1888. J.-G, de Man, Sur quelques Nèmatodes libres delà Mer du Nord, nouveaux ou peu connus. Mémoires delà Soc. Zool. de France, I, p. 1, 1888, avec 4 planches. Id., Bericht ilber die im indischen Archipel von D^ J. Broch gesammelien Derapoden und Stomatopoden. Archiv fiir Naturgeschichte, LUI, p. 215, 1888, avec 17 planches. Id., On the Podophlhalmous Crustacea of the Mergui Archipelago. Journal of the Linnean Society, Zoology, XXII, p. 241-312, arec 4 planches. R. Blanchard, Les ennemis de V espèce humaine. Association française pour l'avancement des sciences, I, 1888. Ch. Maurice, Etude monographique d'une espèce d'Ascidie composée (Fraga- roides auranliacum n. sp.). Archives de biologie, VIII, 1888. Thèse de la Faculté des sciences de Paris. Sir Edvv. Newton, Address by the président to the Members of the Norfolk and Norioich Naturalists' Society. Transact. of the Norfolk and Norwich Natu- raiists' Society, IV, 1888. J. M. F. Bigot, Erratum relatif à la 33" partie des Diptères nouveaux ou peu connus. Bull, de la Soc. enlomol. de France, p. cvi, 1888. Id., Description d'un genre.nouveau de Diptère. Ibidem, p. cxl. Ad. DoUfus, Description d'une espèce nouvelle du genre Philoscia. Bull, de la Soc. d'études scienlif. de Paris, XI, 1888, avec une planche en couleur. 202 SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1888 Id., Catalogue provisoire des espèces françaises d'Isopodes terrestres. 4 p. in-8°, s.I. n.d. Id., Les plages du Croisic. Récultes zoologiques. Feuille des jeunes natura- listes, XVIII, 1888, avec 2 cartes. Offert par M. Dautzenberg : G. Dollfus et Ph. Dautzenberg, Descriptions de coquilles nouvelles des [aluns de la Touraine. Journal de Conchyliologie, 4 888, avec 2 planches. E. Bucquoy, Ph. Dautzenberg et G. Dollfus, Les Mollusques marins du Rous- sillon, II, fascicule 2, Pelecypoda. Paris, 1888, avec 5 planches. Offert parle Ministère de l'Instruction publique ; Exploration scientifique de la Tunisie. Énumération des Diptères, par J.-M.- F. Bigot. Paris, in-8o de 1 1 pages, 4 888. — Un exemplaire du même ouvrage offert par M, Bigot. N. B. — La seconde séance de décembre, coïncidant avec la fêle de Noël, est reportée du 23 au 18. Le Secrétaire- général, gérant, B' Raphaël BLANCHARD. Meiilan, mip. de A. Masson. nn^- 203 COMMISSION D'ORGANISATION DU CONGRÈS ZOOLOGIQUE INTERNATIONAL. 2° SÉANCE, 12 NOVEMBRE 1888. PRÉSIDENCE DE M. A. MILNE-EDWARDS. M. le professeur Gaudry, nommé membre de la Commission, en remplacement de M. de Quatrefages, assiste à la séance. La date d'ouverture du Congrès est fixée au lundi, 5 août 1889. Les séances d'inauguration et de clôture auront lieu à l'Exposition ; les autres séances se tiendront à proximité des grands établissements scientifiques, dans un local qui sera ultérieurement désigné. On fixe à 15 fr. la cotisation exigible pour faire partie du Congrès. Toute personne qui versera une somme de 30 fr. aura le titre de membre donateur. La Commission désigne ensuite les questions qui devront être sou- mises au Congrès et nomme les rapporteurs. l» Des règles à adopter pour la nomenclature des êtres organisés ; de l'adoption d'une langue scientifique internationale. — Rapporteur: M. leD^R. Blanchard. 2** Détermination des régions du globe dont la faune est insuffisam- ment connue et dans lesquelles il y aurait lieu de faire des explora- tions; indication des méthodes de recherche, de préparation et de conservation des animaux. — Rapporteur: M. le D"" P. Fischer. 3° Des services rendus par l'embryologie à la classification des animaux. — Rapporteur: M. le prof. Edm. Perrier. 4° Des relations qui existent entre la faune actuelle et les faunes fossiles. — Rapporteur: M. le D'' Filhol. -16 204 Séance du 13 novembre 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE Di" J. JULLIEN, PRÉSIDENT. M. le D' Rabé, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. MM. J. Richard et R. Rlanchard, présentent M. Félix L. Dames, libraire, 47, Taubenslrasse, à Berlin ; Et M. Pierre Achalme, interne des hôpitaux, 48, rue Monge, à Paris. M. le D"" Jousseaume signale la présence de V Hélix aspersa, à Cha- pultepec (Mexique), d'après des exemplaires nombreux et à divers âges qui lui ont été remis par M. Pougnet. Ce Mollusque a pu être exporté d'Europe pour servir à l'alimentation ou peut-être a-t-il été introduit par les troupes françaises, par exemple dans le fourrage, lors de l'expédition du Mexique. M. le D"" P. Fischer fait remarquer que cette Hélice est répandue en diverses régions d'Amérique. M. R. Blanchard a été témoin du fait suivant, qui vient s'ajouter à la liste déjà longue de ceux qui démontrent que l'Éléphant est doué d'intelliginice et de raisonnement. En août 1888, on exhibait à Rennes, dans un cirque, six Éléphants remarquablement dressés. A un signal donné, les six animaux venaient s'asseoir sur la clôture de l'arène, les pattes antérieures en l'air, dans la position d'un Homme assis. Cet exercice avait été déjà exécuté une ou deux fois quand, à une nouvelle reprise, les planches s'affaissèrent sous le poids du plus petit Éléphant, qui tomba à la renverse, en poussant des cris lamentables. On eut toutes les peines du monde à le remettre sur ses pattes. Après cet incident, les exercices continuèrent. On fit encore asseoir les Éléphants sur la clôture de l'arène, puis les trois plus gros se couchèrent sur le sable et les trois plus petits vinrent s'asseoir sur eux. Tous exécutèrent fidèlement l'exercice, sauf le plus petit, qui, rendu prudent par l'accident de tout à l'heure, se garda bien de s'asseoir désormais et se tint à moitié accroupi, sans se reposer sur un siège dont la solidité lui semblait douteuse. M. L. Petit présente un Accipiter nisus remarquable par sa grande taille qui le rapproche de 1'^. major Degland et Gerbe. La longueur SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 205 totale est de 0'"40, celle des jambes de 0"^06 et l'envergure de 0""77 ; le poids est de 3S5 grammes. M. G. Cotteau communique son septième article sur les Êchinides nouveaux ou peu connus. Renvoi aux Mémoires. ESSAI SUR LA TRANSMISSION DE LA COLORATION CHEZ LES BATRACIENS ANOURES, Par HÉRON-ROYER. En 1886, j'ai publié une note sur la reproduction de l'albinisme par voie héréditaire (1). Depuis lors, j'ai fait de nombreux essais dans le but d'obtenir à mon gré telle ou telle variété de coloration, ou mieux de propager, par transmission héréditaire, l'ornementation de la robe d'un sujet de mon choix. Je me suis servi d'abord, à mon premier essai, de Discoglosses algériens, que, dans un travail encore inédit, j'ai nommés Disco- glossus auritus, parce que l'oreille est parfaitement apparente chez ces animaux, alors qu'elle n'est point visible chez ceux d'Europe (Espagne, Corse, Sardaigne). Le rouge-brique est la couleur qui fut arrêtée : je choisis dans ce but, parmi mes pensionnaires, deux indi- vidus assez proches comme couleur d'ensemble. Le mâle était roux, son dos et ses membres étaient marqués de taches brunes; la femelle était d'un rouge-brique presque uniforme, sauf quelques légères taches foncées sur les jambes. Ce premier essai fut assez heureux: parmi les jeunes, le plus grand nombre avaient la robe rappelant celle du père, le plus petit nombre rappelaient davantage la colora- tion de la mère; parmi ces derniers, quelques-uns étaient d'un admirable rouge-brique, rehaussé d'un léger ton métallique or. Mon deuxième essai fut d'obtenir la variété à bande: un jeune cT de cette variété, provenant des environs d'Alger, m'avait été offert par M. Louis Giraux. Je le mis en compagnie d'une femelle de même origine et du même âge, mais n'ayant point de bande dorsale. Je remarquai, cette fois, que les jeunes portant les dessins de la mère étaient plus nombreux. Je renouvelai cette expérience sur un couple de Discoglosses espa- (1) Bulletin de la Soc. Zool. de Fraoce, XI, p. 671, 1886. 206 SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 gnols, Discoglossus pictus. La femelle, contrairement à l'expérience précédente, portait les bandes jaunes; le mâle, d'un brun-marron, portait de nombreuses taches claires, mais aucune bande ni tache simulant des bandes. De cet accouplement résulta un nombre plus considérable de sujets avec bandes, c'est-à-dire semblables à la mère. On pourrait être tenté de croire, d'après ces deux dernières expé- riences, que j'ai obtenu tles animaux semblables; il n'en est rien: les Discoglosses à bandes, nés de parents algériens sont d'une colora- tions plus pâle, surtout en ce qui concerne les bandes dorsales; de plus, ils sont nés beaucoup plus forts. Ceux provenant de parents espagnols ont les bandes dorsales d'un jaune bien plus vif et le brun de la couleur du fond est beaucoup plus chaud. Eu dehors du caractère que présente l'oreille et que j'ai signalé plus haut, ces petits animaux conservent des différences assez grandes pour ne point les confondre. J'ajouterai à l'appui de ces recherches que, durant ces quatre der- nières années, mes Discoglosses ponctués, maculés ou même bigarrés, mais toujours sans bandes, se reproduisant indistinctement entre eux, n'ont produit aucun jeune orné de bandes dorsales. Entin, pour compléter ces essais autant que possible, j'ai opéré de nouveau cette année sur des Alytes, Alyies ohsietricans : une femelle grise fut accouplée avec un mâle albinos. Au bout de trois semaines, j'ai pu observer que la plus grande partie des œufs étaient grisâtres, c'est-à-dire de couleur normale, et qu'un petit nombre étaient blanc rosé. Environ un tiers de ces œufs demeurèrent stériles: les 31 autres me donnèrent 28 têtards gris, semblables à la mère, et seulement 3 albinos. La plupart des têtards gris vécurent, tandis qu'un seul albinos a pu vivre. Il semble ressortir de ces expériences que le plus grand nombre des jeunes présentent une coloration semblable à celle de la mère et qu'ainsi les caractères de la femelle se propagent par hérédité plus facilement que ceux du mâle. A l'appui de cette opinion, je dois rappeler que, dans mon mémoire sur la transmission de l'albinisme, j'ai parlé déjà d'un Alyte blanc porteur d'œufs fécondés par lui, qui ne donnèrent que des têtards d'une teinte grise normale. Je crois donc pouvoir conclure que la transmission de l'albinisme, telle queje l'ai obtenue pour une ponte toute entière, lient à ce que celte ponte a élé pondue par une femelle et fécondée par un mâle également albinos. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 207 LAMELLIBRANCHES SANS BRANCHIES, Par W. H. DALL, Honorary curator Department of Mollusks U. S. National Muséum, Washington. En Avril 1886, j'ai publie une courte note insérée dans le Journal anglais Nature (vol. XXXIV, p. 122) pour prendre date au sujet de l'anatomie superficielle du genre Cuspidaria Nardo. Mes matériaux n'étaient pas en parfait état de conservation et je n'avais pour but que d'attirer l'attention des naturalistes sur un point que je considérais comme une importante découverte anatomique. Ultérieurement j'ai pu me procurer des matériaux plus nombreux et notamment des animaux appartenant aux genres Poromya, Cetocon- cha ('I), Verticordia, Mytilimeria, Cuspidaria et Myonera. En outre j'ai pu comparer ces Mollusques avec un certain nombre d'animaux de la famille dse Anatinidœ, tels qus Periploma, Bushia, ainsi que Cyatliodonta. Les résultats de ces recherches ont été insérés dans mon Report on the Pelscypods of the « Blake » Expédition direcied hy Prof. Alexan- der Agassiz (Bulletin of the Muséum of comparative zooloyy at Cambridge, Mass. U. S. in Septe^nber i88Q, vol. Xil, p. 171-318). En voici le résumé: 1° J'ai séparé des A7iatinidse les Poromyidse et les Cuspidariidas qui étaient confondus jusqu'alors dans une même famille; et j'ai donné les caractères anatomiques de la famille des Verticordiidse, qui n'était établie que sur des particularités purement conchyliologiques. 2° J'ai montré, chez certaines formes de Cuspidariidae, que la cavité palléale est divisée par un septum et pourvue d'une fente musculeuse destinée au passage du pied qui en sort comme d'un alvéole; — que la cavité dorsale n'est pas remplie par les viscères, mais que le pied et certaines parties du septum {q\\qz Myonera) sont retenus par de légères bandes mésentéroïdes de fibres musculaires s'étendant dans différentes directions; — que chez Myonera pauci- striata et d'autres espèces, il n'existe pas trace de lamelles branchiales, que les palpes labiaux sont obsolètes, et que la surface inférieure du septum est granuleuse chez quelques espèces et lisse chez d'autres. 3° Jai constaté chez les Poromyidae qu'il existe un premier indice (1) Le genre Silcuia E. A. Smith, 1885 fnon Mulsant, 1873. Coléoptères) est peut- être identique, malgré certaines différences dans les diagnoses, avec Cctoconcka Dali, mais je n'en ai pas la certitude. 208 SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 de développement d'une branchie normale; on trouve, en effet, un septum dont la face ventrale porte, chez quelques espèces, une courte série de lamelles plus écartées l'une de l'autre que celles d'une branchie ordinaire d'un Lamellibranche ordinaire. Chez d'autres espèces ou remarque de chaque côté de la ligne médiane, mais inter- rompues vers le milieu de l'animal, deux de ces séries correspondant respectivement à la branchie normale et à son appendice. Quant aux palpes labiaux, tantôt ils sont au nombre de deux, tantôt au nombre de quatre; ils ne sont pas lamelleux. 4° Chez le Verticordiidae j'ai reconnu que les branchies sont tout à fait développées, et que, à partir de leur base, elles s'étendent libre- ment de la face ventrale du septum. Telle est la disposition de l'ap- pareil branchial du Verticordia acuticostata, disposition indiquée également chez le Lyonsiella ahyssicola par Sars. Les palpes labiaux sont obsolètes. Il existe enfin une cavité au-dessous du septum qui est épais et musculeux au point où la branchie se porte vers le côté ventral. 5** Chez les Anatinidse (genre Bushia par exemple, et d'après de nou- velles observations, genre Cyathodonta), je n'ai pas découvert de septum. Les branchies sont très grandes et plus ou moins réunies, masquant la face ventrale du corps, mais laissant un passage pour le pied et un autre pour le siphon anal. Les palpes labiaux sont nor- maux, ainsi que les autres organes. Ces diverses particularités ayant été largement portées à la con- naissance du public scientifique depuis deux ans, j'ai été surpris de lire dans les Comptes- Rendus de l'Académie des Sciences de V Institut de France (séance du 3 avril 1888), une note de M. P. Pelseneer, annonçant comme nouvelles découvertes quelques-uns des plus essentiels de ces faits accompagnés d'autres qui appartenaient en pro- pre à cet auteur. M. Pelseneer ne citant d'autre référence bibliogra- phique que ma note préliminaire dans le Journal Nature (1886), on pourrait croire que je n'ai pas publié d'addition ultérieure à cette note; mais comme il a adepte les familles que j'ai proposées dans mon Report de 1886, il montre ainsi qu'il n'en ignorait pas l'exis- tence. Plusieurs points de la communication de M. Pelseneer, doivent être rectifiés. II a étudié les animaux des Cuspidaria, Poromya, et de deux autres genres qu'il rapporte aux Lyonsiella et Silenia. Mais, d'après la des- cription de Lyonsiella, il me paraît évident que l'animal qu'il a examiné n'appartient pas à ce genre, mais bien à une coupe de la SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 209 famille des Anatinidse. Le genre Lyonsiella, en effet, a été décrit et ligure par Sars [RemarkaUe forms of animal life, p. 28, pi. III, 1872) et sa description s'accorde si bien avec les faits que j'ai observés chez le Verticordia acuticostata, que je ne puis admettre que ces deux genres n'appartiennent pas à la même famille. Quant à ses observa- tiens sur le Silenia, elles me paraissent insuffisantes pour en décider. M. Pelseneer dit que je considère le septum des Cuspidaria comme la paroi du corps; cela est vrai, à un certain point de vue, mais ce n'est pas exact au point de vue que ce naturaliste semble adopter. Le septum, comme je l'ai signalé, est un développement de la sur- face ventrale intérieure du manteau ou ectoderme. Chez certaines espèces la membrane qui recouvre les viscères est unie à la surface dorsale du septum, bien que la cavité placée au-dessous ne soit pas entièrement remplie par les viscères. Dans d'autres espèces, les deux portions de l'ectoderme ne sont pas appliquées l'une contre l'autre, et il existe au-dessous du septum, entre celui-ci et la face ventrale de la paroi du corps, une chambre que j'ai comparée à un marsupium. D'autre part, M. Pelseneer considère le septum même comme l'équivalent des branchies et comme n'étant autre chose qu'une modi- lication de celles-ci. Mais puisque nous constatons que chez les Verti- cordia (et probablement aussi chez les véritables Lyonsiella ou Pec- chiolia abyssicola de Sars) que le septum existe, qu'il est bien développé et musculeux alors que la branchie est également tout à fait déve- loppée et qu'elle pend détachée, sauf à la base, de la surface du septum, il est évident que ces deux parties ne peuvent être considérées comme un seul et même organe, bien qu'elles soient des développe- ments de la surface du manteau. Par conséquent, le nouveau nom de groupe Septibranchia, que M. Pelseneer voudrait introduire dans la science, n'est pas seulement inutile, il évoquerait en outre une idée fausse. Enfin, M. Pelseneer parle d'orifices et de groupes d'orifices dans le septum et entre les lames branchiales, quand celles-ci se montrent sur le septum. A ce sujet, j'ai examiné de nouveau mes anciens maté- riaux. Sur aucun de mes exemplaires je ne trouve d'orifices ou de groupes d'orifices, sauf ceux dont l'aiguille à dissection est respon- sable. Je crains donc que, sur ce point, M. Pelseneer n'ait été induit en erreur par des perforations accidentelles de ces membranes si délicates. Juillet 1888. 210 SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 SUR L'IDENTITÉ DU STRONGYLUS BLASIl VON LINSTOW ET DU STRONGYLUS STRIGOSUS DUJARDIN, Par A. RAILLIET, Professeur à l'École vétérinaire d'Alfort. Dans un travail récent (1), 0. von Linstow décrit, sous le nom de Sirongylus Blasii, un Ver de l'estomac du Lapin de garenne (Lepus cunieulus ferox) . d'après quelques échantillons recueillis par leD^Bla- sius, de Brunswick. Voici quels sont, d'après lui, les caractères de ce Ver: « La cuticule est très finement striée et pourvue d'arêtes longitudinales comme on en voit chez le St7\ auricularis de la Grenouille; la tête est arrondie, sans lèvre ni papilles distinctes; à 0™"^043 de l'extrémité céphalique, se trouve un renflement annulaire de la cuticule, large de 0'""'066. — Le mâle est long de lii"m3, large de 0™'"23; l'œsophage atteint 1/14,5 de la longueur totale; les spicules, longs et grêles, mesurent 2ram92 et présentent à leur extrémité un renflement terminé en pointe; la bourse caudale est campanitbrme et soutenue de chaque côté par cinq côtes, non compris une petite située en avant de l'oritice cloacal ; sur la ligne dorsale se trouvent en outre trois longues côtes, les deux latérales divergentes et la médiane bifurquée à son extrémité, les deux branches de bifurcation étant elles-mêmes divisées en deux pointes dont l'interne, un peu plus longue, porte deux papilles.— La femelle est longue de 12'""^3 et large de 0'"'"39; l'œsophage atteint 1/17 et la queue 1/41 delà longueur totale; la vulve est située en arrière du milieu du corps et le partage dans la proportion de 5 : 2; la queue, conique, est obtuse à la pointe. Les œufs mesurent 0™'"10 de long sur O-^^'OSG de large. » 0. von Linstow classe avec raison ce Ver parmi les Sfrongyhcs s. str., et le rapproche, à cause de ses lignes saillantes longitudinales, des Sirongylus auricularis des Grenouilles, Str. coniorius des Mou- tons, Str. invaginatus àes Couleuvres, Str. striatus des Hérissons, Str. ventricosus des Bœufs et des Cerfs; et il le regarde, avec non moins de raison, commme nettement distinct de ces difl"érentes espèces. Il cherche ensuite à montrer que ce Strongle ne correspond à aucune des espèces jusqu'à présent connues chez les Lapins et les (1) Dr. G. von Linstow, IIclminthohKji'^chc Untcrsuchxintjen. Zoologische Jahrbli- cher, III, p. 110, pi. II, 1887. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 211 Lièvres: Str. commutatus , retortseformis et strigosus. En effet, dit-il, le Str. commiUaim ne possède pas de côtes postérieures ; le Str. retort se for mis a des spicules courts, épais et tordus; le Str. strigosus a des papilles, cervicales (Nackenpapillen), et sa bourse caudale, au lieu de présenter, comme chez le Str. Blasii, trois côtes postérieures, n'en porte qu'une seule, bifide à son extrémité. Je reconnais volontiers que le Ver de von Linstow est bien distinct des Strongylus commutatus et retort xformis; mais il me semble impossible de ne pas l'assimiler, au contraire, au Str. strigosus. Voici, en etfel, la diagnose qu'a donnée de cette espèce Dujardin (1), qui en est le créateur : Strongle rayé (Strong. strigosus Duj.; Str. retort aeformis Bremser, nec Zeder). — « Corps rouge, en partie jaunâtre, filiforme allongé; — tête large de 0"'™06 ; œsophage long de 0'"™9, renflé en massue; tégument portant 40 à 60 lignes saillantes longitudinales et très line- ment striées en travers ; stries écartées de 0">™0025, plus visibles sur les lignes longitudinales saillantes. « — Mâîe long de 13'""\^ à 15'"'", large de O^^"'^ (O-^^e? d'après la iîg. de Bremser); — deux spicules grêles, longs de l'""'8, larges de 0'"'"038 à la base, et de 0'"'"019 vers la pointe; — bourse ample, ter- minale, campaniforme, longue de 1™'", large de O'^'^^S. « — Femelle longue de 15 à K)""" (de 20'"'" Br.), large de O-^^g ^ 0'^™6en avant de la vulve (de 0"i"i85 d'après la fig. de Bremser), et de Omm4 en ai'rière; — queue droite en pointe allongée; — anus h 0™'^3 de la pointe; — vulve située au dernier quart de la longueur et divisant le corps en deux parties distinctes, dont l'antérieure plus épaisse con- tient l'utérus musculeux diiigé en avant; œufs elliptiques oblongs, longs de 0'"'"0S3. » On voit qu'il n'est nullement question ici de papilles céphaliques, et que, d'autre part, les côtes de la bourse caudale ne sont pas prises en considération. Ce n'est donc pas en se basant sur la diagnose de Dujardin que von Linstow a établi sa nouvelle espèce. H a eu sans doute recours, pour cela, à la Monographie des Strongylidés de Molin (2). Cet auteur a effectivement modifié comme suit la diagnose du Str. strigosus: « Caput corpore continuum, haud alatum; os terminale, liinbo papilloso; corpus filiforme, sanguineum, transversim et longituilina- (1) F. Dujarclin, Histoire naturelle dea Helminthes. Paris 1815. Voir p. 120. 0) R. Molin, // sottordine degli AcrofaUi, Memorie doll' Istituto Veneto, IX. Tirage à part, Venezia. 1861. Voir p. 93 et tav. V, fig. 3, 4. 5, 6. 212 SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 liter gracillime striatum; extremiias anterior viy. attenuata, spinulis duabus lateralibus oppositis armata, apice truncato, coronula papil- larurn minimaruni cincta; extremiias caudalis maris bursa genitali terminali antice prot'unde excisa, radio breviori dorsali, et fasciculis utrinque quinqueradialis lateralibus; ^^enis 'duplex, cruribus longis œqualibus crassis semicanaliculalis utrinque alis linearibus disjunctis apicibus parum inflexis et quatuor bracteis forcipatis ; extremiias caudalis feminx longe subulata, apice acuto ; «wws ab apice caudali remotus; aperiura vulvse in crassamento posterioris corporis partis ; utérus bicornis. Copula sub angulo obtusissimo admissa. Longit. mar., 0,013-0,010; fem., 0,013-0,019. Crassit., 0,0005. » On trouve bien, dans cette description, tous les caractères invoqués par von Linstovv, à savoir, la présence des Nackenpapillen (coronula papillarum) et d'une seule côte postérieure {radio breviori dorsali). D'ailleurs, dans sa planche V, tig. 6, Molin tigure une petite couronne de papilles environnant la bouche (par contre, il ne montre pas les deux spinules latérales dont serait armée l'extrémité antérieure) ; dans la fig. 3, il ne représente qu'une côte postérieure bifurquée et cinq côtes latérales. Mais Molin ne nous a pas habitués à une assez grande exactitude pour qu'on puisse adopter ses diagnoses sans les discuter. Et d'abord, il n'a étudié que des exemplaires conservés, partant plus ou moins altérés ; d'où probablement l'apparence de papilles autour de la bouche. D'autre part, le dessin tout schématique qu'il donne de la bourse caudale est tout à fait en désaccord avec ce que nous savons des Strongles du type en question. Aucun d'eux n'est dépourvu des côtes postérieures externes, qui, chez tous, sont simples. Il serait donc étonnant que le Strongijlus strigosus fît exception à la règle. En somme, on est amené à conclure qu'à l'endroit de ce Ver, comme de beaucoup d'autres, Molin a commis des erreurs, et qu'il est impossible de se baser sur sa description pour l'établissement d'une nouvelle espèce. Et comme la description de von Linstow con- corde avec celle de Dujardin, le Sirongylus Blasii doit reprendre le nom de St. strigosus. Au surplus, je possède depuis longtemps des Strongles de Lapin (aussi bien du Lapin domestique que du Lapin de garenne) que je n'ai pas hésité à étiqueter Sirongylus strigosus puisqu'ils répondaient à la diagnose de Dujardin, et qui se rapportent de la façon la plus précise au type décrit et ligure par von Linstow. J'en ai d'ailleurs examiné un grand nombre à Télat frais, et je puis par conséquent rectifier sur plusieurs points la diagnose donnée par le savant hel- SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 213 minthologiste de Gôttingen. Je ferai remarquer en particulier que le renflement cuticulaire signalé par cet auteur en arrière de l'extré- mité céphalique n'est pas constant, et qu'il tient à l'état de protrac- tion ou de rétraction de la bouche. Je donne la diagnose suivante d'après l'examen d'une douzaine d'individus mâles et d'autant de femelles, pris au hasard. « Corps rouge sanguin, filiforme. Tête continue avec le corps, par- fois un peu plus étroite que la partie qui suit. Cuticule très linement striée en travers et portant environ 50 lignes longitudinales saillantes. Œsophage renflé en massue. » Mâle long de 8 à 16 millimètres, large de 170 à 280 a vers le milieu de la longueur (sans aucun écrasement). Œsophage long de 550 à 770[/.. Deux spicules grêles, longs de l'"'"10 à S^miO, laciniés et comme terminés en pinceau à leur extrémité; bourse caudale cam- paniforme, profondément excisée en avant, légèrement bilobée en arrière; côtes postérieures émanant d'un tronc commun beaucoup plus long qu'elles, et divisées en deux branches dont l'interne, un peu plus longue, porte deux papilles, l'externe n'en portant qu'une; côtes postérieures externes simples; les moyennes dédoublées; les antérieures externes simples; les antérieures dédoublées ; une petite côte ou papille soutenant une aile de chaque côté du corps, immé- diatement au-dessus de la bourse caudale. » Femelle longue de 11 à SO'"'", large de S200 à 420 [j. vers le milieu de la longeur (en avant de la vulve), et de 130 h 360 y. à un milli- mètre en arrière de la vulve. Œsophage long de 600 à 830 a. Vulve éloignée de l'extrémité caudale de 2'"'"14 à 3"'"'28, et divisant le corps en deux parties distinctes, l'antérieure plus épaisse, la postérieure plus grêle, surtout immédiatement après la vulve. Queue conique, obtuse à la pointe. OEufs ellipsoïdes, longs de 98 à 106 a, larges de 50 à 58 [j.. » J'ai trouvé ces Vers, en petit nombre, dans l'estomac de divers Lapins domestiques, dès 1879; mais, au commencement de l'année courante, j'en ai recueilli des milliers dans l'estomac de Lapins de garenne qui succombaient par centaines, dans un parc de Seine-et- Oise, à une affection de nature anémique (cachexie aqueuse, gros ventre). La couleur rouge des Slrongles en question semblait témoi- gner de l'ingestion d'une certaine quantité de sang: l'examen spec- troscopique des corps broyés dans l'eau distillée a démontré en effet la présence de l'hémoglobine. Les Vers provoquent donc l'anémie en suçant le sang des Lapins à la suite de morsures effectuées sur la muqueuse gastrique. 214 SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1888 Ils semblent aidés, du reste, par d'autres Strongles beaucoup plus petits (Strongylus re(ortapformis Zeder), qu'on rencontre en petit nombre dans l'estomac, mais en grande abondance dans l'intestin grêle. Chose curieuse, j'ai fait une constatation semblable en ce qui con- cerne une atfection de même nature sévissant sur le Mouton, la strona[vlose de la caillette. Sur des animaux morts de cette maladie, j'ai vu, en même (emps que des milliers de Strongylus contortus dans la caillette, de tout petits Strongles d'une autre espèce (Sir. filicollis Kud.). peu nombreux dans la caillette, mais très abondants dans l'intestin grêle. J'ai tenté, sans succès, d'obtenir le développement du Strongylus strigosus chez les Lapins domestiques. Les œufs sont pondus à l'état de morula; conservés dans l'eau, ils donnent bientôt naissance à des embryons rhabdilitbrmes, qui éclosent au bout de quelques jours. Ingérés par des Lapins domestiques, ces embryons ne se sont pas développés en Strongles adultes. Ce sont des expériences à reprendre. Ouvrages offerts Prof. G. 'Koloinbalovitch, Catalogiis ver tebr atoriim dalmaticorum. Spalall, in-8° de 2!) pages, 1888. D'" F. Joiisseaume, La famille des Cancellariidce, Mollusques gastéropodes. Le Naturaliste, 1888. F. Latasle, A propos de l'article de M. le prof. Speiuiel, inlitulé « Dus Spiraculum dcï Bomhinitor-Larcen ». Zoologischer Anzeiger, XI, n° 285, 4888. Id., Réplique à la réponse de M. le D"" R. Blanchard, à propos de la classi- fication des Batraciens anoures. Ibidem, n° 289. D*" J. de Rey-Pailhade, Existe-t-il dans le régne animal ime fonction oxy- dante spéciale analogue à la fonction chlorophgllienne des végétaux? Toulouse, in-80 de 7 pages, 1888. Offert par M. R. Blanchard : A. Issaurat, Le siiius uro-génital. Thèse do doctorat en médecine, 1888. Ed. Pierre, Quelques considérations sur la présence des larves de la Lucilia hominivorax dans les cavités des fosses nasales. Thèse de Paris, 1888. G. Vassaux, Recherches sur les premières phases du développement de l'œil chez le Lapin. Thèse de Paris, 1 888, avec 2 plaiiclies. P. Yovanovitch, Entomologie appliquée à la médecine légale. Thèse de Paris, 1888, avec 5 planches en couleur. •215 COMMISSION D'ORGANISATION DU CONGRÈS ZOOLOGIQUE INTERNATIONAL, 3° SEANCE, 26 NOVEMBRE 1888. PRÉSIDENCE DE M. A. MILNE-EDWARDS. La séance est consacrée tout entière à la préparation d'une liste de savants auxquels les divers membres de la Commission écriront indi- viduellement pour leur demander de faire partie du Comité de patronage du Congrès. La composition de ce Comité sera publiée au Bulletin aussitôt qu'elle sera arrêtée. Séance du 27 novembre 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" J. JULLIEN, PRÉSIDENT. MM. Aclialme et Dames, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société. NOTE SUR LA PRÉSENCE DU GENRE CORXMBE BERGH, DANS LE BASSIN D'ARCACHON (GIRONDE;, Par P. FISCHER. Le genre Corambe a été institué en 1869 par R. Bergh (1) pour un petit Mollusque nudibranche voisin de Hypohranchixa Adams, dont les branchies symétriques sont placées au-dessous du notceum et dont la partie postérieure du notceum, échancrée au niveau de l'anus, forme deux lobes plus ou moins profonds. On n'a connu longtemps qu'un seul exemplaire, recueilli dans la mer des Sargasses, en 1862 par le capitaine Andréa. Je dois dire à ce sujet que j'ai vainement cherché ce Mollusque dans les Sargasses durant l'Expédition scientifique du Talisman, en 1883. En 1886, les Corambe ont été signalés sur les côtes de Hollande par Kerbert (2), qui a nommé Corambe hatava l'espèce européenne, qu'il supposait distincte du Corambe sargassicola de Bergh. En septembre 1888, j'ai été très surpris en constatant que le genre (1) Beitrage sur Kenntniss der Mollusken des Sargassomeeres. VerhandL der k. k. zooL botan. Gesellsch. in Wien, XXI, p. 1273. pL XI, fig. 21-27, et pi. XII, fig. 1-li, 1872. — Natiirh. Tidsskr., (3} ,1869, p. 359. Amm. 2. (2) Over het geslacht Corambe, Bergh. Tijdsschr. der neded. dierk, Vereen., I, p. cxxxvn, 1886. 216 SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1888 Corambe était très commun dans le bassin d'Arcachon, localité qui a été explorée pourtant avec beaucoup de soin depuis de longues années. On les trouve à la limite inférieure de la zone littorale ou à la partie supérieure de la zone des Laminaires, fixés sur les Zostera recouverts de Membranipora pilosa, et se nourrissant probablement de ces Bryo- zoaires. Les œufs des Corambe sont fixés également sur ces Zostères. J'ignore encore si l'espèce d'Arcachon est identique ou non avec le type de Bergh; elle paraît cependant en différer par le contour de son pied, non sinueux à son bord postérieur. Je ne puis affirmer d'autre part son identité avec le Corambe batava Kerbert; mais je serai fixé prochainement à ce sujet. Cette note n'a pour but que d'indiquer la présence sur le littoral français d'un des Mollusques les plus remar- quables par ses caractères aberrants et qui pourra être étudié plus tard dans tous ses détails. NOTICE SUR LA PERDRIX DE MONTAGNE (PERDU MONTANA BRISSON), Par Louis PETIT. Degland et Gerbe (1) ont considéré comme une variété de la Per- drix grise la Perdrix de montagne (Perdix moniana) de Brisson (2). J'ai eu récemment l'occasion d'observer un bel exemplaire de cette rare variété et j'ai l'honneur de le présenter à la Société. On remarquera qu'il concorde en tous points avec la description qu'en ont donnée les auteurs, ce qui démontre l'exactitude de leurs obser- vations. Cette Perdrix est un mâle âgé d'un an environ; elle a été achetée aux Halles centrales, mais je n'ai pu en savoir la provenance exacte. LES PARASITES DU CHABIN ET L'ŒSOPHAGOSTOME DES PETITS RUMINANTS Par A. RAILLIET, Professeur à l'École vétérinaire d'Alfort. J'ai eu l'occasion, dans le courant de l'été dernier, d'assister à l'autopsie d'un Chabin, et de recueillir, sur la peau et dans l'intestin de cet animal, un certain nombre de parasites que je crois utile de signaler, car il n'est pas à ma connaissance qu'aucune observation de cette nature ait été publiée jusqu'à présent. (1) Ornithologie européenne, p. 73-75. (2) Ornithologia, I, p. 224. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1888 217 Les auteurs spéciaux affirment, ou le sait, que les Chabins (Ovica- pres de Broca, Cmmeros linudos des Chiliens) sont obtenus par le croisement du Bouc et de la Brebis. Ils ajoutent que la production et la multiplication de ces Animaux sont du domaine industriel au Chili et au Pérou : les Chabins, en effet, sont destinés à fournir des peaux qui, sous le nom de pelions (pellones), sont utilisées en guise de matelas et comme garnitures de selles. Les produits les plus estimés à cet égard ne sont pas ceux qui résultent du premier ni même du second croisement; on les obtient en mariant l'un à l'autre un Chabin demi-sang et un Chabin trois-quarts de sang Mouton : ils sont, par conséquent, 5/8 Mouton et 3/8 Chèvre. Les Chabins présentent entre eux une fécondité continue, mais on assure qu'au bout de trois ou quatre générations, leurs descendants directs tendent à faire retour à l'une ou à l'autre des espèces pro- créatrices. L'animal que j'ai eu à examiner était à Alfort depuis près de huit mois; il avait, à son arrivée du Chili, séjourné environ cinq mois à la Ménagerie du Jardin des Plantes, et pouvait avoir dix-huit mois au moment de sa mort, survenue le 24 mai 1888. J'espérais pouvoir déterminer, par l'étude de ses parasites, l'élément spécifique prédominant dans son organisation ; mais les résultats que J'ai obtenus sont loin d'être concluants. Voici la simple indication des parasites recueillis : Insectes. Mel®phagus ovinus L. — Sur la peau. Trichodectes sphœrocephalus INitzsch. — Id. Helminthes. Trichocephalus affinis Rud. — Gros intestin. Sclerostoma hypostomum Rud. — Id. Œsophagostoma venulosum Rud. — Id. Les parasites externes appartiennent à des espèces qui infestent spécialement les Moutons; mais cette constatation perd de son impor- tance si l'on remarque que l'animal vivait précisément avec des Moutons, car ces parasites pourraient être considérés comme des déser- teurs. Il m'est arrivé quelquefois de rencontrer le Mélophage sur la Chèvre, et je ne songe pas pour cela à ranger ce Diptère parmi les parasites de la Chèvre. Cependant, j'ai trouvé sur le Chabin en ques- tion un nombre assez considérable de Mélophages et de Trichodectes pour être porté à croire que l'habitat convenait parfaitement à ces jnsectes. A cet égard, le Chabin se rapprocherait donc des Moutons. 218 SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1888 Il n'y a pas de remarque spéciale à faire au sujet du Tricliocéphale et du Sclérostome, qui s'observent aussi bien chez le Mouton que chez la Chèvre. Quant à [' Œsophagostoma vemdosuni [Strongylus venu- losiis Rud.), il était considéré jusqu'à présent comme propre à la Chèvre, d'après les observations de Rudolphi. Pourtant, comme je l'ai établi ailleurs, c'était probablement cette espèce que Molin avait décrite, dans sa Monographie, sous le nom ô' Œsophagostoma acutum, d'après des exemplaires recueillis sur un Chamois (Antilope Rupicapra), une Chèvre du Levant (Capra Hircus var. Mambricus) et un Argali (Capra Ammon). Mais Molin avait commis l'erreur de rattacher au type qu'il étudiait le Strongylus contortus de Rudolphi, qui est un Strongle vrai, alors qu'il reléguait parmi les espèces douteuses le Strongylus venulosus du môme auteur. D'autre part, il n'est pas contestable que le Ver rencontré récem- ment par Carità (1) dans l'intestin d'une Brebis se rapporte également à cette espèce. L'auteur n'a eu à sa disposition, il est vrai, que deux femelles, mais il les a reconnues pour appartenir au genre Œsopha- gostoma, et je ne vois pas pour quel motif il les a rattachées de préfé- rence à l'espèce qui vit dans l'intestin du Bœuf, en leur donnant le nom d'Œs. infiatum var. hovis. L'examen des figures qui accompa- gnent sa note montre bien qu'il s'agit de \'Œs. vemdosum. Je suis d'autant plus affirmatif à ce sujet que j'ai moi-même recueilli (mai 1887), dans le gros intestin d'un Mouton, un certain nombre de ces parasites, les uns mâles, les autres femelles. J'ai pu les comparer à ceux de la Chèvre, dont j'avais donné la description en 1885 dans mes Éléments de Zoologie, et je me suis assuré ainsi qu'ils apparte- naient bien à une seule et même espèce. De sorte que, comme le Trichocephalus affmis et le Sclerostoma hypostomum, Y Œsophagostoma venulosum est un parasite commun à la Chèvre et au Mouton. Je dois ajouter que j'ai encore rencontré ce Ver, au mois de février dernier, et même il y a quelques jours (novembre 1888), dans l'in- testin de plusieurs Chevreuils. On peut donc actuellement compter au nombre de ses hôtes: la Chèvre domestique, la Chèvre mambrine, le Mouton, l'Argali, le Chevreuil et le Chamois. (1) V. Carità, Caso di anémia per Strongili in una pecora. Annali délia R. Accademia d'Agricoltura di Toiiiio, XXX, p. 139, 1887. Le Secrétaire-général, gérant, D-- Baphaël BLANCHARD. Meulan, inip. de A. Masson. i ^ ."^'i-'^A >:) 219 Séance du 11 décembre 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D"" J. JULLIEN, PRÉSIDENT. MM. Clievreux et de Guerne présentent M. le D"" P. Maisonneuve, professeur à la Faculté des sciences de l'Université libre, à Angers (Maine-et-Loire). SUR LE FŒTUS DE L'AIGUILLAT COMMUN, Par le D"- H. E. SAUVAGE. D'après M. E. Moreau, le nombre des petits chez l'Aiguillât com- mun « est de quatre, deux dans chaque utérus (1). » Bien que ce fait soit la règle, il peut cependant présenter des exceptions. C'est ainsi qu'au mois de novembre dernier nous avons trouvé chez un Aiguillât trois petits dans l'utérus droit et un dans l'utérus gauche. Du côté droit, les ovaires n'avaient qu'un faible développement et ne contenaient que quelques ovules; il n'en était pas de môme pour le côté gauche; outre le fœtus on constatait la présence de deux œufs volumineux ayant comme diamètre 43"^'" et 34'"'": ces deux œufs, qui avaient même grosseur, étaient entourés de quelques ovules à tous les degrés de développement, mais de faible volume; une distance de 115""™ séparait l'utérus de l'oviducte, au point oii l'œuf se trouvait. L'espace occupé par le fœtus dans l'utérus est de 0'"180; la partie postérieure du corps du fœtus est repliée sur elle-même ; le fœtus a, en effet, de 0,180 à 0,230 de long ; son poids varie de 45 à 65 grammes. En juin, la plupart des femelles ont les fœtus développés; le nombre en est variable. Nous notons sur 10 Squales, deux fois 2 fœtus à droite, 2 à gauche; deux fois 3 fœtus à droite, 2 à gauche; deux fois 3 fœtus de chaque côté; une fois 4 fœtus de chaque côté ; une fois 4 fœtus à droite, 3 à gauche; une fois 1 fœtus à droite, 5 à gauche; une fois, l'ovaire gauche ne contenait que des œufs non entièrement développés, tandis qu'il existait 1 fœtus à droite. Au point de vue de la répartition des sexes, nous comptons 26 mâles, 25 femelles; nous notons à droite 2 mâles, 2 femelles, à gauche 2 mâles, 1 femelle; à (1) Hist. naturelle des Poissons de la France, I, p. 272. 47 220 SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1888 droite 2 femelles, à gauche 1 mâle; 1 mâle, 1 femelle de chaque côté; 1 mâle à droite, J femelle et 4 mâles à gauche. Le fœtus de l'Aiguillât commun ressemble absolument à l'adulte et les proportions des diverses parties du corps sont sensiblement les mêmes. La coloration est gris-ardoisé, blanchâtre en dessous ; on voit sur les flancs et le long du dos des taches lenticulaires d'un blanc de lait; Textrémité de la caudale est noire, ainsi que l'extrémité de la première dorsale, qui est bordée d'une bande d'un blanc pur, de môme que la dorsale postérieure. A PROPOS DU DISCOGLOSSUS AURITUS, Par HÉRON-ROYER. Dans ma récente communication sur la transmission de la colora- tion chez les Batraciens anoures (1), j'ai signalé deux formes chez le Discoglosse : l'une, appartenant au nord de l'Afrique; l'autre, au sud de l'Europe. J'y reviens aujourd'hui pour préciser la distribution géographique de ces deux Anoures. Ces jours-ci, M. le D^ de Bedriaga me disait avoir remarqué l'exis- tence des deux formes susdites chez les Discoglosses espagnols ; il ajoutait qu'on ne rencontre que le type africain dans tout le sud de l'Espagne, tandis que, vers le nord, dans la Galice, on ne voit que la forme que je nomme européenne. Le professeur L. Camerano , dans sa Monographie des Anoures d'Italie, indique et ligure également de semblables différences de forme entre le Discoglosse de Sicile et celui de Sardaigne. M. le D"" de Bedriaga a remarqué comme moi, chez les larves de ces deux Batraciens, les différences de coloration propres à chaque forme, et que j'ai déjà signalées dans mes Notices sur les mœurs des Batraciens. ADDITIONS AUX DIAGNOSES DU BUFO CALAMITA ET DU BUFO VIRIDIS, Par le D-- J. de BEDRIAGA. M. Héron-Royer dit que, malgré les descriptions minutieuses des auteurs, il y a encore quelque diificulté à distinguer promptement le Crapaud vert du Crapaud calamité. Mais, si ces deux espèces ont été (1) Voir page 205. SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1888 221 parfois confondues, c'est seulement en France et grâce aux auteurs de V Erpétologie générale. En Allemagne, on savait les reconnaître déjà au siècle dernier; et il suffit de parcourir les publications parues à l'étranger, depuis Pallas et Laurenti, pour s'assurer que jamais aucun doute ne s'est élevé relativement à leur distinction spécifique. Les diagnoses anciennes, remaniées par MM. Fatio, Koch, Lataste, Schrei- ber, Leydig et Boulenger, étaient donc suffisamment bonnes. Môme bien avant Pallas et Laurenti, Rosel mentionne la découverte par Schreber du Crapaud vert aux environs de Halle. D'ailleurs, si les vieilles diagnoses de ces deux Crapauds ne suffisent plus à l'exigence des naturalistes modernes, il est facile, croyons-nous, de les augmenter de nouveaux caractères d'une vérification prompte et facile, et indépendants du mode de conservation des sujets. Les différences principales, inaperçues jusqu'à ce jour, entre le B. cala- mita et le B. viridis d'Europe et de l'Asie occidentale, sont : B. calamiia, L'extrémilé du quatrième doigt ar- rive à peine à la base de l'avant-der- nière phalange du troisième doigt. Le second doigt est plus long que le quatrième. Le premier doigt est un peu plus court que l'index, ou ces deux doigts sont de longueur égale (l ). Le cinquième orteil n'atteint pas la base de la seconde phalange du qua- trième orteil, tandis que la pointe du troisième orteil arrive jusqu'à la se- conde articulation de cet orteil ou la dépasse légèrement ( Ç ). B. viridis. Le quatrième doigt dépasse l'avant- dernière articulation et arrive jusqu'à la dernière articulation du troisième doigt. Le second doigt est plus court que le quatrième. Le premier doigt est plus long que l'index ou ces deux doigts sont à peu près de môme longueur. Le cinquième orteil atteint la base de la seconde phalange du quatrième orteil, tandisque la pointe du troisième orteil dépasse très visiblement la se- conde articulation de cet orteil. Ces caractères, fournis par le développement plus ou moins grand des doigts et des orteils, ne varient que dans des limites très restreintes d'un sexe à l'autre. En outre, de légères modifications se font remar- quer chez le Calamité portugais. Néanmoins, un examen attentif m'a. convaincu que les différences, surtout en ce qui concerne la longueur. (1) Lataste. Études élémentaires sur la faune herpétologique française. Bull. Soc. d'études d. se. nat. de Nîmes, 1878, p. 166. 222 SÉANCE DU il DÉCEMBRE 1888 des doigts IV et II, sont très accusées chez ces deux espèces, et que les caractères ci-dessus attribués au Crapaud vert se constatent chez tous les sujets de cette espèce, à l'exception des Algériens. SUR LA REPRODUCTION DES FORAMINIFÈRES, A PROPOS D'UN TRAVAIL RÉCENT DE M. BRADY, Par G. SCHLUMBERGER. Dans son récent voyage aux iles Fidji, M. Brady s'était mis à la recherche d'une Orbitolite qu'il avait déjà trouvée dans les récoltes du Challenger et qu'il a décrite dans son grand ouvrage sous le nom de Orlitoliies complanata, var. laciniata. Il y a lieu de faire toutes réser- ves au sujet de cette assimilation spécifique. L'Orbitolites complanata est une espèce créée par Lamarck pour l'Orbitolite si commune dans notre calcaire grossier des environs de Paris et dont les loges ont des formes et des dispositions absolument différentes de celles des Orbitoli- tes des mers actuelles. Brady a suivi l'exemple de Garpenter et recon- naît lui-même, ainsi qu'il me l'a dit, qu'il serait préférable de garder le terme spécifique de laciniata qui marque bien le caractère de l'es- pèce des Fidji dont les bords du disque sont très fortement plissés. C'est dans les flaques du récif de Suva que l'on trouve cette Orbitolite en grande abondance; chose curieuse, elle y est parasitesur une Algue verte, alors que partout ailleurs les Orbilolites se rencontrent généra- lement à l'état libre : elle adhère même si fortement à son support qu'il est presque impossible de l'en détacher sans rupture. C'est, du reste, à cette circonstance que Brady doit en partie sa découverte, car en examinant les bords brisés de ses Orbitolites il a remarqué que toutes les loges du pourtour étaient bondées de petits Orbitolites em- bryonnaires. Le sable fin du récif contenait en outre une énorme quan- tité de ces embryons libres à différents stades de développement, mé- langés à des fragments de la loge externe perforée des grandes Orbi- tolites. Il y a déjà quelques années que le prof. W. K. Parker avait remar- qué et signalé la présence d'embryons dans les replis du disque de VOrhitolites laciniata mais c'était une observation isolée et jamais on ne les avait trouvé en place dans les loges. La note de Brady est accompagnée d'une planche reproduisant la vue des embryons in situ, des embryons isolés sous différentes faces et de nombreuses sections minces. SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1888 223 Tous ces embryons vus extérieurement ont la forme de disques plus ou moins régulièrement circulaires dont le bord arrondi est percé d'un ou deux rangs d'ouvertures, leur diamètre varie de 0,4 à 0,8 de ™"' et leur épaisseur est d'environ 0,25 de "'"\ L'examen des coupes montre qu'ils se composent « d'une loge pri- mordiale de dimension relativement petite de la base de laquelle part une lamelle arquée — sans doute le septum incomplet d'une seconde loge, — le tout est entouré d'une grande loge enveloppante ». Ce sont les propes termes de la description de Brady, j'ajouterai que la lamelle arquée n'est pas autre chose que la section de la paroi du canal qui est partie intégrante de la loge embryonnaire de toutes les Miliolidées, je ne doute pas que lorsqu'on pourra suivre le dévelop- pement successif de ces embryons on verra apparaître d'abord la loge embryonnaire avec son canal, puis la grande loge enveloppante qui est la loge I des Orbitolites. C'est par les nombreuses ouvertures du pourtour de cette loge que le protoplasma s'épanche au dehors et vient former le premier anneau circulaire de petites loges. Brady constate qu'aucun embryon extrait des loges mères ne possède encore ce premier anneau, l'animal ne le construit qu'après sa libération et, par l'adjonction de nouveaux anneaux successifs augmentant peu à peu en épaisseur, finit par constituer le disque de l'Orbitolite adulte. Au centre de ce disque la première loge reste saillante, très visible à l'extérieur, et lorsqu'on examine par transparence une Orbitolite de taille moyenne plongée dans un liquide ou dans le baume on recon- naît facilement à l'intérieur les loges de l'embryon. Seulement lors- que l'individu a acquis une très grande taille comme ceux de Suva qui atteignent 25 ""> de diamètre, la saillie delà partie centrale per- siste, mais l'embryon s'est transformé et a été remplacé par un amas un peu confus de toute petites loges. Ce détail est très bien mis en évidence par les coupes minces figurées par l'auteur. De l'ensemble de ces faits on peut tirer deux conclusions impor- tantes, l'une relative à la reproduction des Foraminifères, l'autre se rapportant à la question du dimorphisme. Il est actuellement hors de doute que les Orbitolites, comme aussi les Miliolidées et peut-être d'autres Foraminifères sont vivipares. Les embryons sejorment à l'intérieur des loges de l'adulte. Chez les 31iliolidées, l'embryon peut généralement s'échapper par l'ouverture terminale qui est assez grande pour lui livrer passage; dans les Orbitolites dont les ouvertures sont très petites il faut qu'il brise la loge mère. Cela ne porte aucun préjudice à l'individu, car de même que les autres Foraminilères, les Orbitolites réparent avec beaucoup 224 SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1888 de facilité, on pourrait dire avec beaucoup d'intelligence, les fractures accidentelles de leur plasmostracum. Si, comme le fait Brady, on lient compte des observations de Verworn et surtout de Butschli qui, dans un certain moment a cons- taté la présence de nombreux nudei dans les loges externes d'Orbito- lites décalcifiées, on peut supposer que la formation de ces nudei est en corrélation intime et précède probablement celle des embryons que l'on trouve dans les même loges. Malheureusement Brady n'a pas eu la précaution de rapporter un certain nombre d'Orbitolites dans l'acool, ce qui lui aurait peut-être permis de vérifier cette hypo- thèse. En ce qui concerne le dimorphisme, Brady rappelle les recherches que j'ai publiées en collaboration avec M. Munier-Chalmas. On sait que dans toutes les espèces des Miliolidées, des Nummulites, des Botalines, des Cristellaires et Dentalines, probablement de tous les Foraminifères, il existe deux formes A et B: l'une, dans les petits indi- vidus, ayant une mégasphère, l'autre chez les grands individus, une microsphère suivie ou entourée de nombreuses petites loges. Pour ten- ter d'expliquer ce dimorphisme, nous avions émis deux hypothèses: on pouvait admettre un dualisme initial chez les embryons, mais toutes nos recherches en ce sens ont été vaines ; tous les petits individus possé- daient une mégasphère. Ou bien on pouvait supposer qu'à un moment donné l'individu résorbe la mégasphère et la remplace par une nou- velle disposition de loges plus nombreuses. Les observations de Brady viennent confirmer cette seconde hypothèse — tous les embryons examinés, sans exceptions, sont de la forme A, tandis que dans la partie centrale du disque des grands individus, la mégasphère a disparu et est remplacée par un amas de petites loges. Ouvrages offerts. J. Schnabl, Contributions à la faune diptérologiqiie. Addiiions aux descrip- tions précédentes des Aricia et descriptions des espèces nouvelles. Travaux de la Société entomol. russe, XXII, 4 888. C. Tondini de Quarenghi, Note sur les derniers progrès de la question de Vunification du calendrier dans ses rapports avec Iheure universelle. Bologne, in-80 de 26 pages, 1888. D. G. Biinlon, The language of palœolithic man. Philadelphia, iii-8" de 16 p., 1888. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1888 225 COMMISSION D'ORGANISATION DU CONGRÈS ZOOLOGIQUE INTERNATIONAL. 4° SÉANCE, 17 DECEMBRE 1888. PRÉSIDENCE DE M. A. MILNE-EDWARDS. Le Comité de patronage se trouve provisoirement constitué comme suit : ALGÉRIE M. Pomel, directeur de l'École supérieure des sciences. M. Viguier, professeur à l'École supérieure des sciences. ALLEMAGNE M. J. Y. Carus, professeur à l'Université de Leipzig. M. Chun, professeur à l'Université de Kônigsberg. M. Th. Eimer, professeur à l'Université de Tùbingen. M. A. KoUiker, professeur à l'Université de Wurzbourg. M. R, Leuckart, professeur à l'Université de Leipzig. M. A. B. Meyer, directeur du Musée de Dresde. M. Môbius, directeur du Musée de Berlin. M. Fr. E. Schultze, professeur à l'Université de Berlin. M. A. Weismann, professeur à l'Université de Fribourg en Brisgau, M. R. Wiedersheim, professeur à l'Université de Fribourg en Brisgau. AUTRICHE-HONGRIE M. Géza Entz, professeur à l'Université de Klausenburg. M. A. Fritch, professeur à l'Université tchèque de Prague. BELGIQUE M. Ch. van Bambeke, professeur à l'Université de Gand. M. Ed. van Beneden, professeur à l'Université de Liège. M. P. J. van Beneden, professeur à l'Université de Louvain. M. F. Plateau, professeur à l'Université de Gand. DANEMARK M. R. Bergh, professeur à l'Univei'sité de Copenhague. M. Chr. Lûtken, professeur à l'Université de Copenhague. EGYPTE M. Osman bey Galeb, sous-directeur de l'École de médecine du Caire. ESPAGNE M. L Bolivar, professeur à l'Université de Madrid. 226 SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1888 ÉTATS-UNIS M. Al. Agassiz, directeur du Musëe de zoologie comparée, Harvard Collège, Cambridge, Mass. M. Edw. Cope, professeur à l'Université de Pensylvanie, à Phila- delphie. M. W. H, Dali, honorary curator of the U. S. National Muséum, à Washington. M. J. D. Dana, professeur à Yale Collège, New Haven, Ct. M. J. Leidy, professeur à l'Université de Pensylvanie, à Phila- delphie. M. Th. Lyman, à Brookline, Mass. M. 0. C. Marsh, professeur à Yale Collège, New Haven, Ct. M. C. V. Riley, U. S. entomologist, à Washington. M. Ch. Wachsmuth, à Burlington, lowa. GRANDE-BRETAGNE M. W. H. Flower, F. R. S., directeur de la section zoologique, British Muséum. M. A. Gûnther, directeur de la section zoologique, British Muséum. M. Th. H. Huxley, F. R. S. Sir John Lubbock, membre du parlement. M. W. C. Mac Intosh, F. R. S., à St.-Andrews, Ecosse. M. John Murray, à Edimbourg. M. A. Newton, professeur à l'Université de Cambridge. Sir R. Owen, F. R. S., associé de l'Institut de France. M. Ph. L. Sclater, F. R. S. M. R. B. Sharpe, assistant au British Muséum. M. A. S. Woodward, au British Muséum. GRÈGE M. N. Chr. Apostolidès, professeur-agrégé à l'Université d'Athènes. HOLLANDE M. p. p. c. Hoek, directeur des pêcheries, à Leide. M. A. A. W. Hubrecht, professeur à l'Université d'Utrecht. M. F. A. Jentink, directeur du Musée de Leide. M. G. F. Westerman, directeur de la Société zoologique « Naiura ariis magistra )^, à Amsterdam. ITALIE M. G. Capellini, professeur à l'Université de Bologne. M. le M'" G. Doria, directeur du Musée de Gênes. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1888 227 M. H. Giglioli, professeur à l'Université de Florence. M. L. Maggi, doyen de la Faculté des sciences de Pavie. M. E. Perroncito, professeur à l'Université de Turin. MEXIQUE M. A. Dugès, professeur à l'Université de Guanajualo. M. J. Sanchez, professeur à l'Université de Mexico. MONACO S. A. le prince héréditaire. NORVÈGE M. H. Collett, professeur à l'Université de Christiania. M. D. C. Danielssen, directeur du Musée de Bergen. NOUVELLE ZÉLANDE Sir W. L. Buller, à Wellington. Sir J. Hector, directeur de la Geological Survey, à Wellington. M. Fr. W. Hutton, professeur à Canterbury Collège, à Christchurch, Canterburv. PORTUGAL M. J. V. Barboza du Bocage, directeur du Musée de Lisbonne. M. Ed. Burnay, à Lisbonne. M. F. N. Delgado, directeur de la Commission des travaux géolo- giques, à Lisbonne. M. M. Paulino d'Oliveira, professeur à l'Université de Coimbre. RÉPUBLIQUE ARGENTINE M. FI. Ameghino, vice-directeur du Musée provincial de la Plata. M. F. P. Moreno, directeur du Musée provincial de la Plata. ROUMANIE M. L. Cosmovici, professeur à l'Université de Jassy. M. Al. N. Vitzou, professeur à l'Université de Bucharest. RUSSIE M. A. Bogdanow, professeur à l'Université de Moscou. M. E. Metchnikoff, professeur à l'Université d'Odessa. M. Oulianine, professeur à l'Université de Moscou. M. Em. Rosenberg, professeur à l'Université de Dorpat. SUÈDE M. W. Lilljeborg, professeur émérite à l'Université d'Upsal. 228 SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1888 SUISSE M. V. Fatio, à Genève. M. F. A. Forel, professeur à l'Université de Lausanne. M. L.Rùtimeyer, professeur à l'Université de Bâle. M. H. de Saussure, à Genève. M. Cari Vogt, professeur à l'Université de Genève. Cette première liste sera complétée au fur et à mesure que par- viendront des adhésions nouvelles, notamment celles des savants habitant hors d'Europe. La Commission vote ensuite le règlement du Congrès. Celui-ci sera divise en trois sections (1° zoologie; 2° anatomie, histologie, embryo- logie ; 30 paléontologie), chaque section ayant la faculté de se subdi- viser au besoin. Séance du 18 décembre 1888. PRÉSIDENCE DE M. LE D'" J. JULLIEN, PRÉSIDENT. La dernière séance de décembre qui devait avoir lieu le 25, a été reportée à la date de ce jour, à cause de la coïncidence avec la fête de Noël. S. A. le Prince héréditaire de Monaco assiste à la séance. M. Coquelut, élu membre de la Société à l'une des dernières séances, remercie de son admission et adresse sa photographie pour l'album de la Société. M. le professeur Maisonneuve, présenté à la précédente séance, est élu membre de la Société. On procède à l'élection du Bureau et des membres du Conseil, ainsi qu'au dépouillement des votes adressés par correspondance. Sont élus, sur 81 votants : MM. Président G. Cotteau par 76 voix. ( Bon J. de Guerne. . . __ 73 _ nce-préstdents | p^,^^. ^ j^^.^j.^^ _ _ _ ^^ _ Secrétaire général Prof. R. Blanchard. — 78 — ( M'x^Bignon — 79 — Secrétaires \ Prof. L.Manouvrier. — 80 — ( J. Richard — 80 — SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1888 22& MM. Trésorier Bon F. Billaud — 79 voix. Archiviste- Bihliotliécaire H. Pierson — 79 — J. Gazagnaire — 80 — ,,,,„., , E.Simon —79 — Membres du Conseil \ i^ t t-» -i «o Dr J. Deniker — 78 — Ph. Daulzenberg. . . — 76 — En raison du projet qu'a M. Héron-Royer de quitter Paris dans le courant de l'année prochaine, le Conseil a dii proposer à la Société d'élire un nouveau Trésorier : ainsi s'explique l'élection de M. le baron Billaud. La Société exprime à M. Héron-Royer sa vive gratitude pour la sagesse et la prudence avec lesquelles il a géré ses linances pendant les neuf années qu'il a conservé les fonctions de Trésorier. DE LA PRÉSENCE DU RANICEPS SUR LES COTES DU BOULONNAIS, Par le Dr H. E. SAUVAGE. Artedi a désigné sous le nom de Gadiis trifiirciis, et A. Gûntlier sous celui de Raniceps irifurcus un Poisson qui prend place dans la famille des Gadidées,où il forme, d'après E. Moreau, la sous-famille des Rani- cépiniens. L'espèce habite les côtes septentrionales de l'Europe et Gûnther cite parmi les localités d'où il la connaît : Bâhuslân,sur les côtes de Norvège, le Frith of Forth et Berwick, sur les côtes d'Ecosse, Plymouth, sur la Manche. Sur les côtes de France, le Raniceps ne se rencontre qu'accidentellement; d'après E. Moreau, en effet, les deux exemplaires conservés au Muséum de Paris ont été recueillis à Cher- bourg ; l'espèce, d'après Lennier, a été trouvée au Havre. Nous avons capturé au mois de juillet, par une grande marée de 6, aux Roches Bernard, port de Boulogne, un Raniceps irifurcus de 0,172 de long. Le corps était de couleur gris foncé tirant sur le mar- ron ; la joue est de couleur gris sale, le dessus de la tête piqueté de même couleur ; les nageoires verticales sont d'un brun noirâtre, avec un mince liseré blanchâtre ; l'extrémité des deux premiers rayons des ventrales est blanchâtre, l'extrémité des deux pectorales de couleur plus claire que la base. Les principales dimensions prises sur l'exemplaire recueilli sont : Longueur totale, 0,172. — de la tête, 0,052. 230 SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1888 Largeur de la tête, 0,042. Diamètre (le l'œil, 0,041. Longueur de la seconde dorsale, 0,086. — de l'anale 0,079. — delà caudale 0,026. — de la pectorale 0,029. La nourriture trouvée dans l'estomac se composait de Porcellana longicornis et de Crangon vulgaris. DE L'EMPLOI DES MATIÈRES COLORANTES DANS L'ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE ET IIISTOLOGIQUE DES INFUSOIRES VIVANTS, Par A. CERTES. (3« note). Conlinuant mes recherches sur l'action des matières colorantes sur les Infusoires et les micro-organismes d'eau douce et d'eau de mer, j'ai pu mettre récemment sous les yeux de plusieurs d'entre vous, de grosses Amibes très vivaces, dont le noyau était coloré en violet par le violet dahlia 170, ou en vert par le vert acide de Poirrier. A cette occasion, j'ai été témoin de phénomènes biologiques et de transfor- mations sur lesquelles je m'expliquerai plus longuement dans un tra- vail accompagné de planches (jui doit paraîlre dans les Mémoires de la Société, travail qui résumera mes recherches sur ce point. J'ai aussi essayé, dans ces derniers temps, le noir 2 ENTOMOSTRAGES. Poppella }. Richard, n. g 43 P. Gucrnei J. Richard 43 Chydorus Letourneuxi J. Richard . 46 Alona Moniezi S. Richard 46 Daphnia Bolivari J. Richard 47 Diaptomus Boubaui J. Richard ... 44 D. Wierzejskii J. Richard 45 D, graciloïdes W. Lilljeborg 156 D. serricornis W. Lilljeborg 157 D. Tyrrelli S. -A. Poppe 159 D. incongruens S.-A. Poppe 159 D. lilanchardi J. de Guerne et J. Richard 160 D. Lilljeborgi J. de Guerne et J. Richard 161 AMPHIPODES. Hyale Stebbingi Chevreux 32 Urothoe Poticheti Chevreux 34 Lepidepccreum dypeatum Chevreux 40 Phoxus )nacu/a<»s Chevreux 40 Âmphilochus longimanus Che\reux 41 Monoculodes gibbosus Chevreux... 41 ISOPODES. Eurydice Grimaldii Ad. Dollfus. ACARIENS. Geckobia oblonga kU.Dagés 14 | G. roslralis kU. Bugès. Gonixodes Alf. Dugès. n. subg 129 35 129 ORTHOPTERES. Mantis carinata Cosmovici 172 BATRACIENS. Pelobales lalifrons Héron-Royer 85, 108 RONGEURS. Anomalurus chrysophaenus A. Dubois 23 TABLE DES MATIERES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS Pages. Th. Barrois. — Note sur l'histoire naturelle des Açores. De l'adaptation de ÏOrchestia littorea iMontagu à la vie terrestre 19 — — Remarques sur le dimorphisme sexuel chez quelques Amphi- podes du genre Mœra (M. scissimana Costa = M. inte- gerrima Heller, M. grossimana Montagu = M. Donatoi Heller) ^"^ J. DE Bedriaga. — Additions aux diagnoses du Bufo calamita et du Bufo viridis "*^ M"« Fanny Bignon. — Recherches sur les cellules aériennes cervico-cépha- liques chez les Psittacidés 180 J. M. F. Bigot. — Note rectiQcative concernant quelques Diptères du cap Horn 101 R. Blanchard. — Remarques sur le Mégastome intestinal 18 — — A propos des muscles striés des Mollusques lamellibranches 48 — — Sur la présence du Crapaud vert en France 66 — — Sur la structure des muscles des Mollusques lamellibranches 74 — — Note préliminaire sur Monas Dunalis, Flagellé qui cause la rubéfaction des marais salants 153 S. Bonjour. — Note sur quelques variations observées dans le plumage d'Oi- seaux européens 1^^ G. A. BouLENGER. — Note sur le Pélobate brun, àpropos de la récente com- munication de M. Héron-Royer 115 -r- — Encore un mut sur les prétendus caractères différentiels du Pélobate d'Italie 163 — — Sur la synonymie de la distribution géographique des deux Sonneurs européens l''3 A. Certes. — De l'emploi des matières colorantes dans l'étude physiologique et histologique des Infusoires vivants (3« note) 230 Chaper et Fischer. — De l'adoption d'une langue scientiGque internationale. . 134 Ed. Chevreux. — Troisième campagne de l'Hirondelle, 1887. Sur quelques Crustacés amphipodes du littoral des Açores 31 — — Sur quelques Crustacés amphipodes provenant d'un dragage de l'ffiroJidei/e au large de Lorient 39 _ Troisième campagne de l'Hirondelle, 1887. Addition à la note sur quelques Crustacés amphipodes du littoral des 42 Açores — — Note sur la présence de ÏOrchestia Chevreuxi de Guerne, à Ténériffe, description du mâle de cette espèce et remar- ques sur la locomotion de l'Orc/iestia ii^orea Montagu. 92 18 236 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE d'aUTEURS Pages. L. CosMOVici. — Sur la vésicule contractile des Rotifères 167 — — Sur les Insectes du genre Mantis, et description d'une nou- velle espèce des environs de Jassy 169 W.-H. Dall. — Lamellibranches sans branchies '. 207 Ad. Dollfus. — Troisième campagne de l'Hirondelle, 1887. Sur quelques Crustacés isopodes du littoral des Açores 35 Alph. Dubois. — Description d'un Rongeur nouveau du genre Anomalurus. 23 Alf. Dugès. —Description du Geckobia oblonga, nov. sp 14 — — Description d'un nouvel Ixodidé 129 P. Fischer. — Description d'une nouvelle espèce du genre Edwardsia Qua- trefages 22 — — Sur une monstruosité du Crabe tourteau fPlatycarcinus pagu- rus Linné) 69 __ Note sur les scyphistomes de Méduse acraspède 96 — — Note sur la présence du genre Corambe Bergh, dans le bassin d'Arcachon . . ., 215 P. Fischer et M. Chaper. — De l'adoption d'une langue scientifique interna- tionale 134 J. Gazagnaire. — La phosphorescence chez les Myriopodes 182 J. DE GuERNE. — Remarques au sujet de l'Orc/iesUa C/ieureim et de l'adapta- tion des Amphipodes à la vie terrestre 59 J. DE GuERNE ET J. RICHARD. — Diagnoses de deux Diaptomus nouveaux d'Algérie 160 HÉRON-RoYER. — L'accouplement du Bufo viridis et les phénomènes que présentent les cordons d'œufs de cet Anoure pendant l'évo- lution de l'embryon 26 — — Sur la présence d'une enveloppe adventive autour des fèces chez les Batraciens 55 — — Sur l'accouplement du Bufo intermedius Gunther 73 — — Description du Pelobates latifrons des environs do Turin, et d'une conformation particulière de l'ethmoïde chez les Batraciens 85 — — Note complémentaire sur le Pelobates latifrons 108 _ — Nouvelles recherches sur le Pelobates latifrons, en réponse à la note de M. Boulenger sur le Pélobate brun 117 _ _ Essai sur la transmission de la coloration chez les Batraciens 205 _ — A propos du Discoglossus auritus 220 J . JuLLiEN-. — Discours présidentiel 1 — — Sur la sortie et la rentrée du Polypide dans les zoœcies chez les Bryozoaires cheilostomiens monodermiés 67 — — Sur la Cristella mucedo 165 Ch. van Kempen. — Sur une série de Mammifères ot d'Oiseaux d'Europe pré- sentant des anomalies ou des variétés de coloration... 103 _ __ Présence du Syrrhaptes paradoxus dans le nord de la France 145 J. KUnstler. — Structures vacuolaire et aréolaire 1-66 R. Le SÉNÉCHAL. — Sur quelques pinces monstrueuses de Décapodes brachyures 123 W. Lilueborg. — Description de deu.x espèces nouvelles de Diaptomus du nord de l'Europe 1^^ Ch. Mailles. — Sur l'hivernage des Rana fusca et viridis 231 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE d'aUTEURS 237 Pages. P. Pelsenekr, — Sur la classification des Gastropodes d'après le système ner- veux 113 Ed. Perroncito. — Note sur l'enkystement du Megastoma intestinale 16 L. Petit.— Notice sur la Perdrix de montagne (Perdix montanaj Brisson.. . 216 C. Phisalix. — Note sur la nature des ganglions ophthalmiques et l'origine de la première cavité céphalique chez les Sélaciens 177 S.~A. PopPE. — Diagnoses de deux nouvelles espèces du genre Diaptomns Westwood 159 A. Railliet. — Sur l'identité du StrongijlHs Blasii von Linstow et du Stron- gylus strigosus Dujardin 210 — — Les parasites du Chabin et l'Œsophagostome des petits Rumi- nants 216 X. Raspail. — Note sur un œuf tacheté û'Upnpa epops 81 — _ Sur le nid de la Pie et la destruction de ses œufs par la Cor- neille fCorvus coronej , 126 J. Richard . — Entomostracés nouveaux ou peu connus 43 J. Richard ET J. de Guerne.— Diagnoses de deus. Diaptomus nouveaux d'Algérie 160 H.-E. Sauvage . — Catalogue des Poissons des côtes du Boulonnais 142 — — Sur le fœtus de l'Aiguillât commun 219 —Delà présence du Raniceps sur les côtes du Boulonnais. . 229 ScHLUMBERGER, — Sur la reproduction des Foraminifères à propos d'un tra- vail récent de M. Brady ■ 222 Gr. Stamati. — Recherches sur la digestion de l'Écrevisse 146 _ _ Description d'un appareil permettant la conservation des Ëcre visses en expérience • • • • • ^^^ _ — Sur la présence d'une enveloppe adyentive autour des excré- ments des Oiseaux 187 _ — Sur l'opération de la castration chez l'Écrevisse 188 — — Sur une monstruosité de l'Écrevisse commune (Astacus flu- viatilis) 199 J. Vian. — Retour du Syrrhapte paradoxal en France 154 TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES Pages. Séance du 10 janvier 1888 1 Séance du 24 janvier 25 Séance du 28 février 3'' Séance du 13 mars ; 69 Séance du 27 mars 83 Séance du 10 avril 101 Séance du 24 avril 103 Séance du 8 mai m Séance du 22 mai 122 Séance du 12 juin 13* Séance du 26 juin • • 153 Séance du 10 juillet 165 Séance du 24 juillet l"*"^ Séance du 9 octobre • 191 Séance du 23 octobre 192 Séance du 13 novembre. ..;..... 204 Séance du 27 novembre 215 Séance du 11 décembre. ..,.;.... 219 Séance du 18 décembre ^ 228 COAIMISSION D'ORGANISATION DU CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE 1'° séance, 25 juillet 190 2" séance, 12 novembre 203 3= séance, 26 novembre 215 4" séance, 17 décembre 225 Errata 233 Espèces et genres nouveaux décrits dans le Bulletin de 1888 234 Table des matières par ordre alphabétique d'auteurs 235 Table par ordre de matières 238 Le Secrétaire-général, gérant. Prof. Raphaël BLANCHARD. Meulan, imp de A. Masson.