RETURN TO LIBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORATORY WOODS HOLE. MASS. LOANED BY AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE Gand, imp. C. Annoot-Braeckman, Ad. Hoste, sucC. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE FONDÉE LE 1" JUIN 1862 TOME VINGT-SEPTIÈME BRUXELLES AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT 1888 >^ /1/(.3B MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE TOME VINGT-SEPTIÈME PREMIÈRE PARTIE ANNEE 1888 BRUXELLES AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ JARDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT Cancl Lith. FloriiTiond VanLoc NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR JEAN JACQUES KICKX, PAR ÉM. RODIGAS, Le 27 mars 1887 fut un jour de deuil pour la Société royale de botanique de Belgique; elle perdait en la per- sonne de Jean-Jacques Kickx, l'homme sympathique et aimable, le savant estimé et modeste que les suffrages unanimes de ses confrères appelèrent à trois reprises à la présidence de la Société. Ses travaux botaniques, son enseignement universitaire et plus encore la bonté de son cœur et le tact délicat qui marquaient ses rapports avec chacun lui avaient conquis l'affection de tous les membres de la Société; aussi est-il regretté sincèrement de tous ceux qui ont eu l'occasion d'apprécier l'étendue de sa bienveillances, l'élévation de son caractère, la générosité de ses aspirations, sa foncière honnêteté. Jean-Jacques Kickx naquit à Gand le 27 janvier 1842. De bonne heure il montra une grande prédilection pour les plantes et les fleurs; enfant il passaitde longues heures au Jardin botanique dont son père était le directeur; il n'avait pas douze ans que déjà son petit herbier de plan- 8 tes indigènes était l'objet de Taltention des amis de son père. L'étude des sciences naturelles était comme un héritage paternel, son père, son grand père — car il était le troisième du nom de Jean Kickx — et même son aïeul maternel occupèrent un rang distingué parmi les naturalistes de leur temps. Il fit ses humanités au collège Ste-Barbe et fut un des plus brillants élèves de Tl^niversité de Gand. A 21 ans, il obtint le diplôme de docteur en sciences avec la plus grande distinction. En 1864, nous le trouvons à l'Université de Bonn, en même temps qu'un autre naturaliste gantois, cœur d*élite et esprit supérieur lui aussi, Eugène Coemans dont il fut l'ami intime et qui fut un des fondateurs de notre Société. Son intelligence habituée déjà aux investigations scienti- fiques, se développa davantage sous l'impulsion de ses maîtres, Hermann Schacht, Julius Sachs et Carl Andrae qui guidèrent dans des voies nouvelles ses études de phy- siologie et de paléontologie végétale. 11 sut bientôt mériter leur amitié et leur garda de son côté un respectueux et cordial attachement. Dix ans plus tard, j'ai eu l'occasion de faire avec Kickx une excursion sur le Rhin; j'ai revu avec lui Bonn et ses instituts, ses jardins, ses plantations séculaires et ses superbes paysages, et je me rappellerai toujours le bonheur avec lequel il salua ces lieux où il passa quelques mois de sa jeunesse et le plaisir qu'il ma- nifesta en retrouvant ses anciens professeurs qui lui firent l'accueil le plus sympathique, car les sentiments de son âme se lisaient dans ses yeux et le sourire quittait rare- ment son mâle visage en présence de ceux qu'il connais- sait intimement. KiCKX n'eut pas le temps de terminer à Bonn les études spéciales qu'il y commença. Comme Edouard Morren, qui l'a précédé d'une année dans la tombe, lui aussi dut prendre immédiatement la place de son père dans l'ensei- gnement universitaire. Le 21 octobre 1864, peu de semaines après la mort inopinée de son père, il fut chargé du cours de botanique à l'Université de Gand. Malgré son jeune âge, il s'acquitta de sa mission avec un talent incontestable. Il était né pour l'enseignement. Ses vues élevées, la clarté de son discours, sa diction simple et tou- jours élégante, son esprit méthodique, la sûreté et l'éten- due de son savoir lui donnèrent dès le premier jour et lui conservèrent par la suite un réel ascendant sur son audi- toire. Il n'est pas étonnant que trois ans plus tard, le 7 octobre 1867, le Gouvernement le nommât professeur ordinaire et directeur du Jardin botanique; il n'avait pas trente ans quand il fut promu à l'ordinariat. C'était le 29 septembre 1871. Ses élèves l'entouraient de respect et de sympathie; ils savaient qu'il leur était profondément et complètement dévoué. C'était avec un soin de toutes les heures qu'il préparait ses leçons, ne négligeant rien pour rendre son enseignement fécond et pour se tenir sans cesse à la hauteur de tous les progrès réalisés dans le vaste domaine de Tanatomie et de la physiologie végétales. C'est même cette préoccupation constante qui l'a empêché de publier un plus grand nombre de travaux. Consacrant à ses cours la majeure partie de son temps, trop bon fils et trop bon père pour ne pas donner aussi quelque place aux pieux devoirs de la famille, il ne pouvait plus guère trouver assez de loisir pour songer à publier les résultats de ses observations et de ses recherches. Néanmoins, la piété filiale lui permit de publier Toeuvre de son père, la Flore cryptogamique des Flandres^, qui a fait connaître (1) Deux volumes gr. in-S", 1867. Annoot-Braeckman, Gan4. 10 favorablement les deux auteurs. Dès 1864, il avait fait paraître dans le Bulletin de notre Société une notice, due également à son père, sur Les Renonculacées du lit- toral belge. L'esprit d'observation du jeune botaniste perce nettement dans son Analyse du Handbuch der Expérimen- tal-Physiologie der Pflanzen du professeur Jllius Sachs ; la première partie de ce travail, la seule publiée(l), fut accueillie avec faveur parles spécialistes. En 1865 l'Aca- démie royale des sciences de Belgique publia dans ses Bulletins sa Note sur les Ascidies tératologiqiies, ainsi que sa Monographie des Graphidées de Belgique qui le plaça au premier rang des cryptogamistes et donna la mesure de ce qu'il aurait produit si le temps ne lui avait fait défaut. Ses recherches sur L'Organe reproducteur du Psilotum triquetrum S\v., publiées en 1870 par la même compagnie savante, constituent un travail remarquable malgré sa concision. La Monographie des Sphenophyllum d'Europe qu'il élabora à Bonn avec Eugène Coemans et qui parut en 1864, est la meilleure de ses œuvres. Du reste, aimant la science pour elle-même, il s'en montra toujours un zélé promoteur et loin d'être jaloux des travaux des autres, il leur venait volontiers en aide. Ne l'avons-nous pas vu traduire le Traité sur la Formation des Cellulesi^), du professeur STRASBURGER,d'léna, et associer modestement son nom à celui de ce jeune savant? Enfin son discours rectoral sur La patrie des plantes et leurs migrations (5), le seul qu'il ait pu faire, est une étude à la fois philoso- phique et charmante dont la lecture est des plus attrayan- (1) Dans le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique. (2) Vol. in-8% 300 pp., avec 7 planches. léna, Hermann Dabis, 1876. (3) Gand, Annoot-Braeckman, Ad. Hoste suce, 1886. 11 tes. Elle dénote chez l'auteur cet esprit calme et paisible qui sait trouver dans les œuvres duCréaleurune imposante unité malgré la diversité qui les caractérise, Tesprit large et élevé du véritable savant. Homme consciencieux, bienveillant et juste, esclave du devoir, tel fut Jean Kickx dans ses écrits comme dans les diverses fonctions dont il fut investi. Sous sa direction, le Jardin botanique deGand s'améliora d'une manière visible et s'augmenta d'un institut où les élèves étaient guidés dans leurs études pratiques et avaient à leur disposition les appareils microscopiques les plus perfectionnés. Il savait combien la situation de ce jardin est défectueuse et s'occu- pait sans cesse du projet de son déplacement devenu indis- pensable. Ce déplacement fut sa dernière préoccupation. Quant à l'École d'horticulture dont la direction lui fut confiée le 30 septembre 1871, le lendemain de sa promo- tion à Tordinariat, elle n'a fait que prospérer et grandir sous son impulsion. Durant les seize années que nous avons vécu à ses côtés, mes collègues et moi, nous avons appris chaque jour à apprécier la noblesse de son carac- tère, sa loyauté, son esprit de justice, sa grande bonté. Dans son projet de transfert du Jardin botanique, l'École d'horticulture avait une large place : pour elle aussi il rêvait des installations mieux comprises et plus complètes, des locaux dignes des résultats auxquels il mena cet établis- sement. Simple et modeste de sa nature, sans avoir jamais brigué les honneurs, il se souvenait que son dévouement à l'École d'horticulture lui valut une récompense natio- nale (^) et il aurait voulu, en retour, assurer un champ (1) Leo janvier 1876, J.-J. Kickx fut nommé chevalier de l'Ordre de Leopold en sa qualité de directeur de PÉcole d'horticulture. 12 plus vaste à cette institution. Mais la mort ne lui a pas laissé le temps de réaliser son projet. En i88o, la première atteinte de la maladie qui devait l'emporter le mit à deux doigts du tombeau. Remis en apparence, il accepta, après de longues hésitations, la lourde charge du rectorat de l'Université de Gand, alors qu'il aurait eu besoin d'un absolu repos; aussi la joie de ses collègues et de ses élèves qui le virent reprendre ses fonctions professorales fut de bien courte durée. Une rechute survenue à la fin de 1886 et aggravée en janvier 1887 fit naître les plus vives angoisses. Lui seul ne déses- pérait pas. Le 14 janvier il voulut reprendre les cours qu'il avait été obligé d'interrompre; l'air était chargé d*un brouillard glacial; malgré les prières des siens, il alla péniblement à son auditoire et pâli par la souffrance, il donna à ses élèves une leçon..., ce fut la dernière. Il rentra chez lui, épuisé, pour ne plus se relever. Il lutta cependant contre la maladie (1) jusqu'à la fin, mais il lutta en athlète chrétien, trouvant dans sa foi si pure et si vive un admirable courage et une espérance illimitée. « Sans doute(2), quand brusquement le voile se déchira pour lui, que l'avenir lui parut sombre et la mort prochaine, lors- qu'il entrevit la séparation d'avec ceux qu'il aimait d'une si vive tendresse, ses études abandonnées, ses projets universitaires perdus; lorsque, dans la pleine maturité de l'âge, il sentit le sol tout à coup s'abîmer sous ses pas, il dut avoir des heures d'inexprimable angoisse. Mais KicKX avait en la Bonté suprême une confiance inébran- (1) Une néphrite chronique. (2) Discours prononcé à l'Université, lors des funérailles de J.-J. Kickx, par M. Alb. Càllier, pro-recteur. 13 lable. Le cœur saignant et déchiré, il s'inclina avec la sérénité d'un sage et la résignation d'un chrétien, l'œil fixé sur cet Infini qui allait s'ouvrir pour lui, n'ayant plus de pensée ici-bas que pour la compagne dévouée qui avait fidèlement porté avec lui le poids de la vie; pour ses enfants, qui étaient sa joie, son orgueil, le but de ses pensées; pour l'Université qu'il avait bien servie, qu'il regrettait de ne pouvoir servir encore. L'agonie avait déjà commencé, que son cœur était resté doux et calme, sa mort même nous donnant ainsi, au seuil de l'Eternité, un dernier et admirable exemple d'égalité d'âme, de bonté paisible et ferme. » Le dimanche 27 mars 1887, à 9 h. 30 du matin, il s'éteignit doucement, sans secousse, en souriant comme en un dernier sommeil. Ses funérailles eurent lieu le 30. Dès la veille au soir le corps avait été transporté au grand vestibule de l'Uni- versité où des élèves de toutes les facultés veillèrent toute la nuit. Une foule énorme d'amis étaient venus du pays entier pour rendre un pieux hommage à la mémoire du défunt. Toutes les autorités étaient présentes ainsi que des délégations des Universités de Bruxelles, Liège et Louvain, de la Société royale de botanique de Belgique, de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, du Cercle d'arboriculture de Belgique. Le corps professoral de l'Université de Gand et celui de l'École d'horticulture étaient au grand complet. Le catafalque disparaissait sous les couronnes de fleurs. Des discours furent prononcés à l'Université par M. Alb. Callier, pro-recteur, au nom de rUniversité; par M. Swarts, au nom de la Faculté des sciences; par M. Ém. Rodigas, directeur intérimaire, au nom de l'École d'horticulture; par M. Fr. Crépin, au nom de la Société royale de botanique de Belgique; par M. le u comte DE Kerchove de Denterghem, au nom de la Société royale d'agriculture et de botanique; enfin par un étudiant au nom des élèves de la Faculté des sciences. Le cortège quitta l'Université à 10 h. Un détachement de la garnison rendait les honneurs militaires. Les délégués des étudiants escortaient le corps. Les cordons du poêle étaient tenus par MM. les directeurs Beco, Greyson et Car- tuyvels, délégués des Ministres de Tlnsiruction publique et de TAgriculture; Callier, pro-recteur de l'Université de Gand; Rodigas, directeur intérimaire de l'École d'hor- ticulture; Wasseige, recteur de l'Université de Liège. Suivaient les bannières en deuil des étudiants, une longue file de couronnes parmi lesquelles celle de la Société royale de botanique de Belgique, les fils du défunt, les profes- seurs de l'Université et ceux de l'École d'horticulture, les autorités, les étudiants de TUniversité, les élèves de l'École, les amis. La vaste et belle église de St-Jacques était trop petite pour contenir l'assistance. A midi le cortège se remit en marche pour le cimetière de Mont-St^ Amand, lieu de sépulture de la famille. Une foule recueillie saluait respectueusement le cortège sur tout son passage. C'est que Jean Kickx était aimé et estimé de tous ceux qui le connaissaient. Ses confrères de la Société royale de botanique seront heureux de retrouver en tête de cette notice les traits du Président auquel ils témoignèrent tant de fois leur sympa- thie et dont nous pouvons dire ce qu'il écrivit ici-même (1) au sujet d'EuGÈNE Coemans : « Il était bon et plein de douceur, modeste, modéré et agréable dans ses discours.» Une auréole de vénération entourera sa mémoire qui restera gravée dans nos cœurs. (1) V. Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, tome X (1871), p. 125. COUP D'ŒIL SUR L'HISTOIRE EE LA FLOEE BELGE PAR André DE VOS. Au moment où notre Société royale de botanique vient de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa fonda- tion, il nous paraît utile et intéressant de jeter un regard en arrière pour nous assurer des progrès que Tétude de la flore indigène a faits dans notre pays. Ces progrès ne peu- vent être constatés que par la comparaison des travaux que nous ont laissés nos devanciers avec ceux que relate notre Bulletin ou qui sont dus à l'initiative privée. Nous avons peu de renseignements à puiser dans les ouvrages des botanistes de la renaissance, parce que la connaissance de notre flore nationale était pour eux seule- ment utilitaire et technique. Ce n'est guère que vers la fin du siècle dernier qu'un esprit spéculatif et essentiellement scientifique anima les écrits de nos botanistes. Dodonée, De l'Escluse et De l'Obel citent incidemment et de loin en loin quelques-unes de nos plantes indigènes et rarement avec les lieux où elles croissaient de leur temps. Ils préfé- raient décrire les plantes introduites récemment d'Améri- que et des Indes dans les jardins d'Europe; ils semblent 16 même témoigner de l'indifférence pour les modestes végé- taux de nos contrées, hormis pour ceux que l'on employait dans la médecine, l'économie et les arts. C'est seulement dans la dernière moitié du dix-huitième siècle que nous voyons apparaître les ouvrages traitant exclusivement de la végétation indigène. L'examen des flores de la période de rénovation de la botanique en Belgique parues de 1800 à 1850, pourrait faire croire que la population végétale de notre pays a sensiblement diminué, mais il faut bien tenir compte de ce fait, que nos aînés n'ayant aucune notion de géographie botanique, admettaient comme indigènes, non seulement des plantes à peine naturalisées, mais encore des espèces acclimatées qui n'apparaissaient qu'un moment hors des cultures. Pour eux, tout ce qui n'était pas sous l'influence immédiate de l'homme était inscrit dans leurs flores et décrit au même titre que les espèces réellement indigènes. Bien peu de ces Aoristes signalaient la patrie de ces végé- taux étrangers. De tels procédés dénotaient ou leur igno- rance de la flore des autres régions de l'Europe, ce qu'on ne peut supposer, car leurs bibliothèques devaient renfer- mer les grands ouvrages de botanique, ou plutôt, ne serions- nous pas dans le vrai, en disant que, peut-être par un amour propre national dont beaucoup de botanistes sont d'ailleurs imbus, ils voulaient que leur pays ne fut pas moins riche en végétaux que les contrées limitrophes. Cette manie d'exagération a été entr^autre portée à un point extrême par Ch. Van Hoorebeke qui n'a pas craint d'inscrire au catalogue des plantes indigènes de la Flandre une foule d'espèces exotiques alpines, pyrénéennes, médi- terranéennes qui évidemment ne pouvaient croître dans notre plat pays et que pour plusieurs nous doutons même i7 avoir été cultivées au Jardin botanique de Gand où le pré- tendu savant a préparé ses fameux herbiers primés quatre fois cependant dans les concours solennels de sa ville natale, d'après ce que nous rapporte Dumortier. Bien de fausses indications sont mentionnées dans nos anciennes flores. Elles paraissent provenir des points suivants : 1« La plupart de nos vieux botanistes manquaient de science, de livres et leurs herbiers n'étaient pas contrôlés par les maîtres; ils avaient peu de relations avec leurs voisins ou négligeaient de correspondre avec les savants de leur époque. Mais il ne faut pas les accuser trop légè- rement d'ignorance : ils appartenaient à un siècle où l'étude de la botanique était en décadence dans notre pays. On vivait un peu alors de la gloire et de l'éclat que les pères de la botanique belge, Fuchs, Dodonée, Clu- sius, Lobelius, avaient jeté sur les fastes de nos premières annales scientifiques, et il ne convient pas, à nous, qui profitons de leurs travaux, et parce que nous appartenons à une époque brillante de rénovation, de trouver mau- vais ce qui a été fait par nos prédécesseurs. Payons plutôt un juste tribut de reconnaissance aux Roucel, aux Lejeune, aux Hocquart et aux Dumortier, dont les ouvrages, au point de vue qui nous occupe, bien entendu, c'est-à-dire à la connaissance de la distribution de nos espèces indigènes, rendent encore d'importants services aujourd'hui. ^1° Les botanistes de la fin du siècle dernier et ceux du commencement du siècle actuel attachaient une très faible importance à la distribution géographique des espèces. En même temps qu'ils ne se faisaient pas scru- pule, dit notre confrère Th. Durand, de mettre sur 2 18 le même pied des plantes parfaitement indigènes et d'autres dont la présence dans notre pays était purement accidentelle, ils négligeaient presque complètement d'in- diquer d'une manière précise les endroits où ils avaient récolté leurs plantes, se contentant de termes vagues, tels que les suivants : In arenosis Flandriae; — In oleraceîs totius Belgii, etc., et cela pour une espèce qui en 50 ans n'a été observée que dans deux ou trois localités de la Belgique. Aujourd'hui, une réaction salutaire s'est pro- duite, et l'on est aussi difficile pour accorder des lettres d'indigénat ou de naturalisation à une plante que l'on était complaisant autrefois pour les accueillir. \lais à cette époque, les grands ouvrages qui ont illustré les noms d'Alph. de Candolle, de Lecoq, de Thurmann et de tant d'autres savants n'avaient pas encore vu le jour et la géographie des plantes était d'un intérêt très secondaire. Aujourd'hui que l'attention des auteurs est fixée sur cette partie de la science, tout Aoriste qui négligerait de se conformer aux lois de la distribution des espèces et accueillerait légèrement les plantes exo- tiques, limitrophes ou suspectissimae cives, serait vu de mauvais œil. Si nos anciens botanistes ont péché sur ce point, ils ne sont guère coupables d'avoir été à rencontre des lois d'une science peu connue ou à peine établie de leur temps et c'est à nous qu'est imposé le devoir de corriger les fautes de nos aînés. C'est notre honorable confrère, M. Fr. Crépin, qui a le premier étudié la distribution raisonnée des espèces végétales sur notre sol, dans les diverses éditions de son Manuel de la Flore de Belgique et dans ses nombreux opuscules. Nous avons également contribué à cette réforme par 19 notre mémoire sur les Plantes naturalisées ou introduites en Belgiquei^) et enfin le présent travail jette une vue d'ensemble sur les anciennes et les nouvelles publications dans ce qu'elles offrent de plus remarquable sur la distri- bution de nos plantes. 5° Nos vieux auteurs ont eu le grand tort de ne pas visiter souvent et avec soin toutes les parties du pays dont ils désiraient donner les productions; plusieursméme signalent cette lacune dans la préface de leurs ouvrages. Souvent la précipitation qu'ils ont mise à publier leurs écrits ne leur a point permis de se livrer aux observations directes et exactes, si nécessaires en botanique. Avant de faire paraître leurs flores, florules ou catalogues raisonnes, les auteurs devraient se pénétrer du conseil suivant donné par M. Alph. de Candolie [Géogr. bot., p. 257) : « On trouve, dit-il, dans les flores locales de provinces, de cantons, beaucoup de livres médiocres et inexacts. Chacun après avoir herborisé dans son canton, s'est cru autorisé à en publier la flore; sans posséder les livres déjà existants, sans avoir des herbiers qui lui permettent de comparer ces plantes avec celles dps pays voisins, il a affirmé, sans certitude, que telle plante était inédile ou portait tel nom; de là une foule d'erreurs de nomenclature introduites dans la science et très difficiles à déraciner, vu la mauvaise forme donnée à ces flores locales. » Voilà un sage avis applicable tout à la fois aux anciens et aux modernes. 4» Beaucoup de renseignements erronés fournis d'une façon trop vague par des amateurs peu sérieux que nos (1) Voir : A. De Vos, Les Plantes naturalisées ou introduites en Bel- gique in Bull. Soc. bot., IX, 1870, p. S-i22. 20 anciens auteurs admettaient de bonne foi, sans leur faire subir un contrôle sérieux, ontaussi vicié plusieursouvrages: ce n'est pas par des on dit qu'on peut satisfaire une science. 5" Enfin, comme nous l'avons déjà dit plus haut, le désir de faire plus et mieux que ceux qui les avaient pré- cédés, poussaient nos premiers Aoristes à augmenter le nombre d'espèces de leur pays par l'adjonction de plantes exotiques ou de formes à caractères insignifiants, voulant démontrer peut-être par là que leurs recherches avaient été actives et nombreuses. Une statistique sérieuse, basée sur Texpérience de longues années, prouve que la Belgique nourrit à peu près 1500 phanérogames et cryptogames supérieures : ce serait une vanité puérile d'avancer que nous possédons 3000 plantes indigènes, comme on a déjà voulu le prétendre. Sur ce point, nous nous plaisons à citer les paroles de notre confrère et ami M. Fr. Crépin, avec lequel nous sommes d'ailleurs en communion d'idées : « Souvent, dit-il, les Aoristes sont portés à grossir leurs catalogues avec des espèces introduites, afin d'enrichir la Aore de leur province. Aujourd'hui, que des idées plus larges et plus rationnelles ont cours, il faut qu'on se dé- pouille de cette malheureuse manie de Aores gonAées de richesses d'emprunt et qu'on n'énumère plus comme indigène que ce qui est vrai, à Tabri des soupçons, qu'on rejette à titre d'espèces introduites toutes ces plantes exoti- ques qui viennent dénaturer le vrai caractère de nos Aores. Quand un pays est pauvre, qu'on le laisse pauvre et qu'on ne lui attribue pas des objets qui ne lui appartien- nent réellement pasl^).» (t) Matériaux pour sei^vir à t^ histoire de la géographie botanique de la Belgique (Bull. Soc. bot., Ilf, p. 73). ^21 D*aiilre part (Bull. Soc. bot., IV), le même boianisie ajoute : « Pour ce qui concerne la Belgique, j'ai sup- primé un assez grand nombre d'espèces dites indigènes qui traînaient dans nos livres et qui depuis longtemps n'avaient plus été observées. Bon nombre d'entre elles n'avaient du reste été introduites dans nos flores que par suite de mauvaises déterminations ou sur la découverte de rares individus trouvés dans des localités suspectes. Trop souvent, le désir d'enrichir son canton ou sa pro- vince, fait fermer les yeux au Aoriste et lui fait placer, parmi les types indigènes, des plantes plus que douteu- ses et dont même il n'a récolté qu'un seul pied. On doit se mettre en garde contre cette faiblesse et ne jamais comprendre parmi les espèces incontestablement autoch- tones ces échappées des jardins... Malheureusement, beaucoup de rédacteurs de florules n'ont que des idées très obscures sur la géographie botanique. Pour eux, tout ce qui ne croit pas exclusivement dans les jardins est plantes sauvages, et si des objections leur sont faites sur ces prétendues plantes indigènes, ils les écartent avec une assurance qui témoigne d'une profonde ignorance sur la distribution des plantes. » Pour en finir avec ce point, qu'il nous soit permis de reproduire les conclusions d'un article que nous avons publié dans le Bulletin de notre Société (1). Nous écrivions alors : « Si nos anciens Aoristes avaient été plus scrupuleux sur le choix des renseigne- ments relatifs à la dispersion des espèces végétales sur notre sol, s'ils avaient eu quelques notions de géographie (1) Etude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la Mon- tagne Si- Pierre (Bull. Soc. bot., XI, 1872, p. 198-23S). 22 botanique, nous ne verrions pas aujourd'hui tant d'indi- cations fausses, tant de confusions dans nos flores, car si l'on devait en croire certains de nos auteurs, le Midi et l'Orient auraient fait invasion dans le Nord ou plutôt notre contrée serait presque aussi riche que ses voisines plus méridionales, tant est grand le nombre de plantes étrangères qu'on a voulu faire croître dans nos provinces. Ces Aoristes étaient animés du désir de produire de gros ouvrages où devaient s'étaler le nom d'une foule d'étran- gères de simple passage sous nos climats. Voulaient-ils par là montrer que la végétation de notre pays n'a rien à envier à celle de certaines autres contrées plus favorisées de la déesse des fleurs, et croyaient-ils sincèrement qu'en parlant de ces choses éphémères qui n'ont paru qu'un jour sous notre froid soleil, ils s'étaient annexé pour tou- jours une végétation destinée fatalement à s'évanouir aussitôt son apparition. Nous n'avons pas pris pour mission dans notre travail d'examiner la partie phytographique de nos anciens ou- vrages. Ce n'est pas la place ici de dire si telles espèces créées par nos auteurs sont bonnes ou défectueuses : nous réservons cette question pour un avenir prochain ; nous ne voulons non plus parler des méthodes qu'ils employaient pour arriver à la connaissance des végétaux. Nous tenons à cette seule chose : savoir si toutes les plantes dont il a été parlé dans nos flores sont réellement indigènes, et si elles le sont, les trouve-t-on encore ? C'est en élaguant toutes ces inutilités qui n^ont que trop longtemps traîné dans nos livres depuis la fin du siècle dernier jusqu'au commencement de Tépoque actuelle, que les auteurs de notre lemps sont parvenus à reconsti- tuer la vérité sur le dénombrement de notre population 23 végétale. En cela, nous avons suivi l'exemple de nos voisins d'Allemagne et de France qui n'ont pas craint de saper dans leurs vieux auteurs, au risque de voir dimi- nuer le nombre des pages de leurs nouvelles flores. C'est ainsi que Schûbler et Martens ont retranché de la flore Wurtembergeoise plus de 2S0 espèces, qu'Hagenbach en a exclu 50 de celle de Bale, Grenier plus de 50 de celle du Doubs qui y avaient été signalées à tort par les pre- miers observateurs. C'est ainsi encore que, plus récem- ment, Cosson et Germain de St-Pierre ont fait à très juste titre disparaître de la flore parisienne plus de 80 espèces qui y avaient été introduites avec une incroyable légèreté. « Je me rappelle encore, dit Thurmann, le temps où avec toute l'ardeur des premières herborisations et toute la foi candide in verba magistri, je cherchais très sérieuse- ment et non moins inutilement aux environs de Paris, des espèces, telles que Phleum alpinum, Phyteuma betonicae- folium, Gentiana nivalis ! Je dois cependant dire que ma foi ne fut pas de longue durée et qu^une première excur- sion dans les montagnes m'eut bientôt ouvert les yeux. » Avec les ouvrages de nos anciens Aoristes belges seule- ment, à combien de déceptions ne serions-nous pas en butte également ! Ainsi Roucel dit que le Trifolium al- pestre n'est pas rare aux environs de Bruxelles et de Lou- vain, et, à son exemple, plusieurs de nos floristes con- temporains l'ont signalé dans nos régions des plaines. Cette espèce n'est pas belge et on a dû prendre pour tel le T. medium. Et VHutchinsia petraea qui, pour le même botaniste est fréquent vers Malines, Gand, Anvers, Ter- monde et Alost, n'est-ce pas le très vulgaire Teesdalia nudicaulis ? Faut-il prendre au sérieux les indications fantaisistes de Van Hoorebeke qui a voulu nous faire 24 croire que la froide et humide Flandre jouissait du ciel bleu de l'Italie et possédait le chaud soleil du Midi. Voyez plutôt ses interminables listes de Linaria, Are- naria, Helianthemum, Erica. Voyez donc croître en Flandre les Graminées les plus méridionales, des Micro- pus, Phlomis, Ferula, Trigonella! Mais ce serait déjà merveille de voir Tune de ces exotiques venir faire son apparition sur nos beaux rochers calcaires de la Meuse où elle pourrait trouver une station propre à sa convenance. Mais qu'on trouve en Flandre, Cypripedium Calceolus, Isatis alpina, Alyssum spinosum, Euphorbia portlandica, c'est plus qu'invraisemblable, et tout nous porte à croire que Van Hoorebeke herborisait au Jardin botanique de Gand. Et dire qu'à une certaine époque, on a daigné prendre ces renseignements au sérieux, puisque Lejeune et d'autres encore ont reproduit ces singulières trouvailles dans leurs ouvrages. Pour l'honneur de Pémi- nent botaniste verviétois, nous sommes disposé à croire plutôt qu'il n'a consigné ces indications que pour mieux en montrer le ridicule, car le plus souvent, il faisait suivre les renseignements fournis par l'herbier de Gand, du terme d'exclusion : Dubii cives. Devons-nous dire aussi du mal de l'abbé Hocquart d'Ath? Mais ses contemporains ne tenaient guère sa science en haute estime, s'il nous est permis de croire la petite méchanceté suivante écrite de la main même de A.-L.-S. Lejeune et que nous copions de la première page d'un exemplaire de la Flore du département de Jemmape qui a fait partie de la bibliothèque du savant liégois. Il dit : c Dans cet ouvrage, l'imagination a remplacé l'obser- vation. Voilà comment on doit se fier aux Flores pour l'indicat des plantes. » C'est sévère, mais juste, car, à 25 notre tour, nous demanderons à Hocquart s'il a jamais rencontré dans le Hainaul : Crassiila andegavensis, Sene- cio Doria, Crataegus Azarolus, autre part que dans son jardin. Où sont ces belles habitations de Melampyrum cristatum, Linaria genisti foliar Euphorbia nicaeensis, E. segetalis et Ranunculus gramineus? Et vous, Lejeune, si sévère envers les autres, où trouve-t-on donc encore ces rarissimes espèces que vous signalez? Vos Iris, vos Sedum sauvages proviennent sans doute de votre parterre; vos Medicago si nombreux in fimetiSy in quisquiliis secus Vesam, vos Centaurea, ne sont que des intrus qui sont venus mourir sur les déchets de laine. Mais ces généreuses laines ont gonflé votre Flore tout comme les ballots de vos compatriotes marchands. Lejeune a tout trouvé dans ces débris de l'industrie drapière et Verviers est un petit port Juvénal. A pro- pos de laine, nous aimons à rappeler qu'en 1872, nous avons reçu pour les déterminer, de notre confrère, feu Laboulle, de beaux pieds de Mulgedium macrophyllum qui avaient crû dans une prairie voisine de Verviers. Magnifique trouvaille, diront certains botanistes. Bonne espèce (canadienne, bien entendu) à ajouter à la flore belge. Pour Dieu, non ! Cette pauvre plante a passé comme toutes les tilles adoptives de Lejeune, comme ses Lotus aristatus, Senecio sqiialidus, Centaurea phrygia et pani- culata qui ont à peine fleuri à Verviers, mais n'y ont pas mûri leurs graines. Si toute cette colonie d'exotiques égarées a disparu ou si l'une d elles ne s'est montrée qu'à de rares intervalles, elles ont été remplacées par une cohorte non moins nombreuse que nous signalent MM. Fonsny et Collard. Jusqu'à la date de 1885, ils ont observé aux alentours de Verviers : Tagetes patula L., 26 T.erectaL.y Aster Uni folhis L., Pyrethrum macrophyllum Willd., Scutellaria Columnae Ail., Ammi Visnaga Lamk., Sedum hybridum L., 5. stoloniferum Gm., 5. hispanicum L.fAlyssum maritimumDC, Reseda Phyteuma L., Paro- nychia argentea Lamk., Amarantus albus L., Euxolus deflexis Raf., Chenopoditim anthelminticum L., C. am- brosioides L., Roubicoa multifida Moq., Bromus madri- tensis L., fi. Schraderi Kunth, Stipa intermedia Trin. et Rupr., Polypogon litoraleSm.yOplismenus ColonusKunih, Cyperus vegetus Willd. Évidemment, ces fleurs d'un jour subiront le sort de leurs aînées pour être remplacées par d'autres aussi rebelles à Tacclimatation. Nous demanderons également à Dumortier s'il a jamais rencontré sur le territoire belge, hors des terrains soumis à Taction directe de l'homme, les espèces suivantes qu'il indique dans son Prodrome : Stipa pennata, Phleum alpi- num, Androsace septentrionalis, Cyclamen hederae folium, Rosa fraxinifolia, Lilium croceum, Trigonella caerulea, etc. Ce savant a attaché son nom à de remarquables tra- vaux, mais il a mal fait de dédaigner la géographie des plantes et d'admettre trop légèrement dans notre flore bien des espèces qui doivent en être écartées. A ce point de vue, Dumortier appartenait à la vieille école, mais il a vécu cependant assez longtemps dans la nouvelle pour savoir que la géographie botanique est une science aussi positive que n'importe quelle autre science naturelle, plus positive à coup sur, dit notre ami J. Chalon, que la phytogénie de M. Fermond qui a essayé de mettre la plante en équation et de résoudre les mystères de sa croissance comme un problème d'algèbre, qu'elle ne peut être qualifiée de roman, comme cela a été 27 dit dans une réunion de notre Société de botanique, tenue aux ruines du château de Gerolstein en 1872, qu'elle est d'ailleurs l'essence immédiate et la philosophie de l'herborisation. Une très curieuse étude à faire serait de contrôler au moyen de nouvelles recherches les découvertes faites par nos anciens Aoristes, en laissant toutefois de côté les erreurs, les fausses indications que nous venons de signaler et l'on ne rechercherait que ce qu'il est vraisemblablement possible de retrouver. Quelle satisfaction nos jeunes bota- nistes n'éprouveraient-ils pas en recueillant une plante à la même place où Hécart l'observait en 1780, Roucel en 1792, Lejeune en 1811, Kickx en 1812 et Hocquart en 1814! Cette plante est bien plus précieuse que toute autre, car elle éveille de vieux souvenirs qu'on aime à se rap- peler, et combien l'on est heureux de revoir les choses de la nature, toujours belles et éternellement jeunes, un siècle après leur découverte ! Nous entendons souvent nos confrères se plaindre de ce qu'il n'y a plus rien à faire dans notre petit pays au point de vue des excursions botaniques. Ils prétendent que tout a été découvert, observé, et qu'il est inutile de se déranger pour explorer des champs d'herborisation battus et rebat- tus. Il est possible qu'il n'y ait plus rien de nouveau à trouver ou du moins il est rare de rencontrer aujourd'hui une espèce nouvelle pour la Belgique. Mais, side ce côté, les recherches commencent à s'épuiser, d'un autre, il serait intéressant de livrer à un nouvel examen les documents que nous ont légués nos devanciers : on y trouverait une mine inépuisable d'étude au point de vue de la statistique florale ancienne. Nous ne croyons pas exagérée Topinion de notre hono- 28 rable confrère, M. Fr. Crépiii, quand il déclare (') qu'il faut tenir pour douteuses toutes les indications ayant de vingt à trente années de date et ne plus les citer dans les flores modernes qu'à titre de données historiques. Il nous reste, ajoute-t-il, à revoir ces anciennes localités et à recon- naître ce que le temps et les circonstances ont respecté. Si nous tenons pour vrai ce qui vient d'être dit, a fortiori, le travail s'impose-t-il pour un laps de temps de plus d'un siècle. C^est donc à cette révision que nous convions tous nos confrères de la Société botanique et nous nous adres- sons spécialement aux jeunes adeptes de la science qui pourraient former entre eux une espèce d'association ayant pour but spéciall'élude de l'archéologie de la flore belge. Ils verront de curieuses observations se produire, s'ils comptent exactement le nombre de plantes disparues, avec la cause de ces disparitions, s'ils notent les localités où on ne les revoit plus avec celles où elles auront pu reparaître, s'ils tiennent compte de leur fréquence ou de leur rareté comparées à celles des temps passés, enfin s'ils s'assurent au moyen des anciennes cartes de De Tlsle et de Ferrari des modifications que notre sol a éprouvées depuis les siècles passés. Les grands centres classiques des herbori- sations des anciens seront surtout l'objet de leurs soins et il leur sera d'ailleurs facile de se tracer un programme. Ainsi pour retrouver les plantes de Roucel, il faudra par- courir à nouveau la contrée située entre Alost et Bruxelles, les environs de Gand, d'Anvers et les bords de la mer. Pour celles de Lejeune, on reverra attentivement les envi- rons de Verviers, de Spa, de Malmedy et de Maeslricht. Notre confrère, M. Th. Durand, a déjà publié un travail (1) Bull. Soc. bot., il, 1863, p.U. 29 préparatoire à ce sujet(l). Les principaux points des recherches de Hocquart étaient Mons, Ath, Tournai et Chimay. Kickx a vu les environs immédiats de Bruxelles, son fils ceux de Louvain et les Flandres. Dekin et Passy ont étudié la végétation de l'arrondissement de Bruxelles. Dumortier a herborisé un peu partout, mais surtout aux environs de Tournai, dans les Ardennes et sur le littoral. On pourra nous objecter que tous ces pays ont été explo- rés avec une miiiutie que nous nous plaisons à dire remar- quable, mais un coup d'œil jeté sur nos anciennes flores prouvera qu'on est encore bien loin d'avoir revu tout ce qui a été observé autrefois. Ce travail de révision étant fait, on pourra établir pour chaque plante ce que nous voudrions pouvoir nommer son état civil. La présence en Belgique d'une espèce donnée étant fournie par le plus vieil auteur consulté, on énumé- rera ensuite Tordre chronologique des découvertes subsé- quentes. De celte manière, on trouvera en quelques lignes la biographie de toutes nos espèces rares ou intéressantes et l'on pourra ainsi s'assurer des péripéties qu'elles ont subies par la suite des temps. Nous ne pourrions assigner une limite fixe d'arrêt à la partie archéologique de notre flore, mais il nous paraît raisonnable de faire subir un nouveau contrôle aux décou- vertes qui ont eu lieu antérieurement à l'année 1860, époque vers laquelle une nouvelle génération de bota- nistes commença à explorer notre sol avec un zèle digne d'éloges, et par le réveil qu'ils donnèrent à l'étude de notre flore, ils rachetèrent le temps perdu depuis 1830, car, il faut bien l'avouer, cette période a manqué de tra- (1) Catalogue de la Flore liégeoise (Bull. Fédér. Soc. d'hort. 1877). 30 vailleurs et a été peu productive en ouvrages sur la bota- nique indigène. Dans la 1"^^ édition de son Manuel (ISQO), M. Crépin signale déjà une phalange d'une quarantaine d'Iierborisateurs et ce nombre s'augmenta bientôt grâce à la propagande faite par les principaux adeptes de la science. Un besoin d'association se fit alors sentir et les botanistes belges qui, jusqu'à ce jour, avaient agi isolé- ment, et voulant imiter notre devise nationale, se consti- tuèrent en Société, le 1*=' juin 1862. Il nous semble donc naturel que c'est vers cette époque que doit finir la série ancienne de l'étude de notre flore. Dans le travail de révision qui s'impose, il faut cepen- dant bien se garder d'une élimination trop précipitée. Si l'on doit reconnaître beaucoup d'erreurs dans les anciennes indications, il est bon aussi de ne pas oublier que bien des espèces ont disparu des localités où elles existaient par suite de défrichements, aménagements forestiers, dessè- chement des marais, travaux de routes, de voies ferrées, démolition même d'anciens édifices en ruine, etc. A l'appui de ces paroles, citons quelques exemples empruntés à d'autres pays. Ainsi, aux environs de Strasbourg, selon Kirschleger, une quinzaine d'espèces signalées autrefois par Mappus, Lindern et Hermann, manquent aujourd'hui ; aux environs de Bale selon Hagenbaeh et Roeper, c'est le cas pour 30 ou 40 plantes ; aux environs de Genève, sur une quarantaine de celles qui n'ont pas été retrouvées par Renter, un certain nombre ont probablement disparu; plusieurs des espèces indiquées par Lachenal aux environs de Montbéliard et de Porrentruy ne s'y trouvent plus; parmi celles que de Besses et Chantrans avaient signalées dans le Jura bisontin et qui n'ont pas été revues par Grenier, il en est très probablement un certain nom- 31 bre qui y ont vécu anciennement; enfin, il en est sans doute de même de quelques-unes au moins des pseudo- wurtembergeoises de Scbûbler et Martens. II y a donc évidemment dans ces contrées, tout autant que pour la nôtre, et défalcation faite des anciennes erreurs, un cer- tain nombre de végétaux qui y ont disparu et qui forment selon l'expression de Roeper, Tarchéologie de la flore. Mais encore à cet égard, ne faut-il pas trop se hâter d'éli- miner, car nos flores modernes fournissent des faits curieux qui prouvent que des espèces longtemps inobservées, sont retrouvées de temps à autre par des chercheurs attentifs. Tel est, par exemple, le cas du Spiranthes aestivalis exclu d'abord de nos flores belges actuelles et qui a dû y être ensuite réintégré, par suite de la découverte qui en a été faite en Campine par nos confrères, MM. Baguet et de Prins, en 1870 et par M. Verheggen en 1874, trois quarts de siècle après son indication par Dossin et Lejeune dans la même contrée. Au contraire, des espèces qui n'existaient pas à Tépoque des premiers observateurs, ont souvent apparu dans un pays. Les mêmes modifications artificielles du sol qui ont détruit la station de certains végétaux, ont créé des com- binaisons nouvelles propres au développement des graines importées du dehors ou longtemps enfouies dans la terre. De là ces apparitions frappantes qui ont donné lieu à tant d'hypothèses et de controverses sur ralternance, l'épuise- ment des terres, les générations spontanées, etc. Indépen- damment de ces causes sociales, des agents de dispersion purement naturels paraissent avoir importé certaines espèces ou étendu Paire primitive de plusieurs autres. En 1860, on constate l'apparition de YElodea canadensis Rich, aux environs de Gand, sans doute à la suite de son 32 introduction par Scheidweiler en 1858, mais, chose éton- nante, en quelques années, on le rencontre en grande abondance dans presque toutes les mares et les fossés bordant les fleuves et les rivières de la Belgique. Au com- mencement du siècle, VErigeron canadensis L. paraissait très rare en Belgique : Roucel n'en parle pas, Dekin et Passy l'indiquent vaguement aux environs de Bruxelles, et, en 1810, il ne croissait pas à Verviers , puisque Lejeune déclare l'y avoir semé. Au temps de Roucel, le Corydalis lutea DC. était seulement cultivé et ce n'est qu'en 1824 que Lejeune le signale hors des jardins : on sait combien celte plante s'est naturalisée depuis lors sur nos vieux murs, mais en 1856, Lejeune et Courtois, notent encore les localités où ils l'ont observée. Si nos anciens botanistes revenaient un jour dans les lieux qui furent les témoins de leurs pérégrinations scien- tifiques, ils verraient que bien des changements s'y sont opérés, car on ne peut croire ce qu'un siècle apporte de bouleversements dans le sol d'une contrée. Là où s'éta- laient de grands bois, se trouvent des champs de blé et les marais ont fait place à des prairies fertiles. Les vastes tourbières d'Uytbergen et de Beriaere que Roucel a visi- tées souvent, n'existent plus; le lac de Stambruges, que Hocquart qualifiait du nom de mer est desséché et devenu une sapinière, et le camp de Casteau, jadis une lande stérile entrecoupée de bruyères, est livré à la culture. Les environs des grandes villes se sont surtout profon- dément modifiés. Où sont aujourd'hui ces plantes rares que Roucel et Kickx ont récoltées sur les remparts de Bruxelles, entre les portes de Hal, de INamur et de Schaer- beek? Depuis le commencement du siècle, la vallée de la Vesdre a été parcourue par des botanistes qui l'ont fouillée 33 jusque dans ses moindres recoins. De 1800 à 1840, sa végétation a été étudiée par une génération, maintenant disparue, et dont les découvertes ont été consignées dans trois ouvrages de Lejeune, demeurés classiques. Ce savant et ses collaborateurs, nous dit M. Th. Durand, ont signalé dans cette vallée 1000 espèces dont 887 ont été retrouvées à nouveau depuis 1855. Ces pertes que la flore a subies, ne peuvent être attribuées qu'aux envahissements de la culture et à l'établissement des fabriques et des usines qui couvrent aujourd'hui le pays. Il n'est pas jusqu'à l'Ar- dennCj dit 31. Crépin, qui semblait être à jamais le refuge de notre flore, qui ne voie chaque année un large pan de ses bois et de ses landes livré à la charrue. Enfin, nos beaux rochers de la Meuse, si riches par leurs rares et jolies plantes saxicoles, tomberont bientôt sous le pic et la mine du carrier. L'œuvre est déjà commencée aux portes de ^amur et dans quelque temps on ne retrouvera plus aux Grands-Malades \qs Orohanche Hederae, Spiraea Fill- pendilla, Parietaria officinalis, Dianthiis Carthusianorum, indiqués dans les Flores de Mathieu et de Bellynck et le Calamintha menthifolia que Roucel y renseigne en 1803. C'est le cas de dire avec le poète : tout s'en va! car l'agri- culture et l'industrie, les deux plus grandes ennemies du botaniste herborisant, ne lui laisseront bientôt plus le moindre espace pour se livrer à ses études de prédilection. Si déjà nous déplorons les envahissements ordonnés par les nécessités de l'économie rurale, que restera-t-il aux botanistes de l'avenir pour leur champ d'exploration? Les provinces belges qui ont subi le plus de changements sont les Flandres, le Brabant et le nord du Hainaut et du pays de Liège : leurs cultures qui se développent de jour en jour ravissent à la flore indigène l'aspect qu'elle avait u primitivement. Ces améliorations agricoles ont changé les conditions naturelles du sol et, par suite, altéré la première végétation. A une flore native y a succédé une flore arti- ficielle. Les plantes messicoles indiquées par les anciens ne se retrouveront sans doute plus aux localités qu'ils signalent, mais il faut quand même les rechercher aux alentours, dans le canton, car ces plantes, sans se natura- liser à demeure fixe, continuent à séjourner dans les endroits qui ont été rendus favorables à leur dispersion. Parmi les causes de destruction des plantes, la plus puissante et la plus efficace sont les défrichements et les modifications de tout genre apportées aux terres, qui sont le cortège ordinaire de la civilisation. On connaît les doléances de tous les herborisateurs à cet endroit : un champ trop bien entretenu, les bords d'un chemin débar- rassés de leurs mauvaises herbes sont pour eux des sujets d'inquiétude envers des plantes rares qu'ils craignent de voir compromises. Un de nos confrères conserve avec un soin jaloux une belle station de Lithospermum officinale, plante rare pour son pays, malheureusement placée aux bords d'un fossé et qu'un importun cultivateur fera dis- paraître un jour. Certaines espèces, comme le Ribes uva- crispa, ont déserté nos plaines, pour se réfugier dans les parties montagneuses; d'autres, sans disparaître complète- ment, ont reculé devant l'agrandissement des cultures. Une autre cause de destruction, spéciale aux régions où la botanique a été cultivée avec honneur, c'est l'avidité des herborisateurs pour les plantes rares dont ils récoltent parfois de très nombreux exemplaires. Il en est même qui détruisent à dessein ce qu'ils ne peuvent emporter d'une plante après s'en être abondamment fourni. Nous avons longtemps herborisé avec un botaniste qui, après 3S sa provision faite du rarissime Anacamptis pyramidalis, détruisait le reste. Enfin, d'autres plantes ont failli devenir victimes des horticulteurs, des peintres de fleurs, de simples curieux, comme cela a eu lieu aux environs de Spa où l'on dessine avec beaucoup d'art les plus beaux types de la flore indi- gène sur les boîtes en bois de marronnier qui sont une des spécialités du commerce spadois. Nous regrettons encore aujourd'hui avoir fait connaître la riche station du si joli Orchis simia des bois rocailleux de Monial, dont on ne rencontre plus qu'un rare pied à de longs inter- valles, les peintres s'en étant emparés et les amateurs de Dînant s'étant fait depuis lors, chaque année, des bou- quets de cette plante rare et curieuse. Voilà toutes choses auxquelles on doit avoir égard dans la recherche des plantes qu'on voyait autrefois si répan- dues, que parfois même les anciens signalaient comme plantes communes, alors qu'aujourd'hui on ne les observe plus ou on les rencontre en si petite quantité. Ces considérations générales étant finies, nous allons maintenant procéder à une analyse succincte des publica- tions tant anciennes que modernes relatives à la flore indigène. Nous passerons sous silence les écrits de nos auteurs du XVP siècle qui n'ont presque pas parlé de nos plantes belges, ayant traité exclusivement la flore exotique, et, des ouvrages suivants, nous ferons une mention spéciale de ceux qui pourront nous fournir quelques indications sur la dispersion des espèces végétales en Belgique. Le plus ancien qui nous ait été signalé est un traité anonyme publié à Namur en 1710 sous le titre suivant : Trois lettres d\in médecin des hôpitaux du roi à un autre 36 médecin de ses amis. Cet ouvrage est de François Petit ou Pourfour du Petit, né à Paris en 1664, élève de Tourne- fort et médecin des armées françaises de 1693 à 1713. Ce fut en cette qualité qu'il vint en Belgique où il résida surtout, paraît-il, à Namur et à Ruremonde, La troisième lettre de cet ouvrage renferme une critique sur les trois espèces de Chrysosplenium des Instituts de Tournefort; trois nouveaux genres de plantes et plusieurs espèces innommées. Il y donne en outre les noms des localités belges où il a rencontré une dizaine de plantes rares. N.-J. JNecker (1729-1793) est Fauteur de la première flore des Pays-Bas; elle a paru en 1768 sous le nom de Deliciae Gallo-Belgicae sylvestris et est disposée suivant le système linnéen : on y trouve surtout les plantes des environs de Lille et de Douai, plus quelques espèces ren- contrées entre Dunkerque, Nieuport et Ostende. Cet auteur s'est beaucoup occupé de la flore cryptogamique de notre pays. Le baron de Poederlé (1742-1813), ricbe amateur de sylviculture, a fait paraître en 1772 son Manuel de Carbo- riste et forestier belgiques dans lequel nous avons trouvé quelques bonnes indications sur nos végétaux ligneux indigènes. En 1780, l'abbé Gabr.-Ant.-Jos. Hécart a écrit son Florae Hannoniensis Prodromus qui n*est qu'un simple catalogue de 17 pages énumérant 863 phanérogames et 299 cryptogames qu'il a observées principalement dans le Hainaut belge et le Hainaut français. On voit même qu'il a poussé ses recherches vers Namur et surtout vers Givet et Fumay. Ce manuscrit avait été préparé en vue de répondre à la question suivante posée en 1792 par l'Aca- démie des sciences de Bruxelles : Quelles sont les plantes 37 propres à la Belgique? Ce travail n'a de valeur que parce qu'il est le premier document qui traite avec une certaine étendue de notre flore indigène. Il donne les stations et les habitations des plantes : Hocquart, Desmazières et Michot Font souvent copié. Ce fut seulement en 1836 que Hécart se décida à faire imprimer à Valenciennes sa Florida H annoniensis, qu'\, sïiuf quelques nouvelles plantes, n'est que la reproduction de son Prodrome. Déjà, en 1798, il avait résolu de donner le jour à cette Florule qui, dit-il dans son introduction, était le résultat de 52 années de recherches et d'herborisations, mais comme il n'était pas encouragé par l'administration (?) et que sa fortune ne lui permettait pas de publier l'ouvrage à ses frais, il dut renoncer alors à son projet. Son manuscrit ayant été perdu par le peu de soin ou l'infidélité d'un commissionnaire, il n'en serait resté aucune trace, s'il n^en avait donné le Prodrome à Dumortier, lequel l'a offert au Jardin bota- nique de Bruxelles où nous avons pu le consulter. C'est sur l'invitation du savant botaniste lournaisien qu'il se décida à éditer sa flore en 1836. Quelques extraits de sa préface méritent d'être cités parce quails marquent bien les idées de l'auteur. Il dit que s'il avait voulu grossir son volume, il aurait ajouté des noms de plantes et de localités qu'on lui a désignées, mais il n'y a laissé entrer que celles qu'il a trouvées lui-même ou que Dumortier lui a envoyées. Il déclare qu'aucune de ses indications ne sont idéales et il donne les plantes comme ayant été trouvées aux lieux signalés. Il fait aussi obser- ver qu'il n'a point admis toutes celles qu'il trouvait dans les livres, par la connaissance qu'il a eue de l'infidélité des boianophiles qui ont indiqué des plantes dans des localités où elles n'ont jamais existé! Il en était paraît-il des 38 botanistes de son temps comme de ceux de l'époque qui Font suivi, puisqu'il dit qu'il en est parmi eux qui s'attri- buent les découvertes des autres, de sorte que si ces derniers ont commis des erreurs, ils les ont adoptées, parce qu'ils ont ignoré que c'étaient des erreurs. Il leur attribuerait volontiers, fait-il remarquer avec une certaine pointe de malice, ce que Linné dit du botanophile qu'il distingue soigneusement du véritable botaniste. Après avoir énuméré les qualités de ce dernier, le grand maître ajoute : « Botanophili fallaces, ephebi, hisquitallientes : leges artis proclamant, antequàm naturalem didicere absonos extollunt, praestantiores rodunt zelo stomachoso, compilant furtim aliéna, propria vix detegunt. Grano eruditionis reperto stentorii ebuccinant. Methodum natu- ralem sibi notam crêpant. Genera arbitraria esse asser- vant. » [Syst. veg.) II nous'a été impossible de nous procurer le manuscrit de Havart intitulé : Recueil des plantes trouvées dans les environs de Mons et qui date de 1782. F. -A. Roucel (173b-1851) né en Allemagne de parents belges, vint s'établir à Alost en 1767 comme officier de santé. Le mémoire [Adversaria botanica) qu'il envoya en réponse à la question posée par l'ancienne Académie, en 1788, sur les plantes des Pays-Bas autrichiens dont il n'a été fait mention dans aucun auteur, ne fut pas publié par cette association : il obtint cependant un accessit nous dit Dumortier. Roucel le fit imprimer en 1792 sous le nom de Traité des plantes les moins fréquentes qui croissent naturel- lement dans les environs des villes de Gand, d' Alost, de Termonde et de Bruxelles. C'est pour ainsi dire le fondement de la flore belge, car avant lui il n'y avait pas dans le pays un seul ouvrage imprimé qui donnât quelques 39 notions sur les végétaux indigènes. Dans son introduction, Roucel dit qu'il a herborisé 20 ans aux environs des villes précitées et que ses herborisations lui ont procuré 27 espèces de plus que les auteurs qu'il a pu consulter n'avaient pas connues ou qu'ils avaient regardées comme étrangères. En 1803, Roucel étend le rayon de son domaine floral et décrit les plantes de la Belgique occidentale ou du bassin de l'Escaut, dans un ouvrage en deux volumes ayant le litre de : Flore du Nord de la France. Ces publica- tions nous sont fort précieuses à cause des renseignements détaillés et circonstanciés fournis par Tauteur sur les localités où il a trouvé ses plantes. Le chevalier A. de Rozin, compatriote et disciple de Linné, que les hasards d'une vie errante avaient conduit à Liège où il fut professeur de botanique à l'École centrale, publia en 1791 une espèce de catalogue descriptif de la flore liégeoise sous le titre de : Herbier portatif des plantes qui se trouvent dans les environs de Liège. C'est le premier herbier dont le texte ait été imprimé. L'auteur y décrit 50 plantes, entr'autres une forme peu remarquable de VAdoxa Moschatellina qu'il nomme A, leodiensis : son ouvrage est si peu scientifique qu'il ne suit pas même le système de son maître, car il range ses espèces par ordre de floraison. De Liège, Rozin vint ensuite s'établir à Bruxelles où il devint secrétaire de la Société d'histoire naturelle fondée en 1795; il fut également membre de la Société libre des sciences et des arts établie dans la capitale en 1799 et président de la Société de littérature; en pré- sence de ces titres, l'on voit que ce naturaliste de peu de valeur ne manquait jamais une occasion de se mettre en évidence. Il a également publié dans le n» de janvier-février 1796 40 de VEsprit des Journaux, dont il était un des rédacteurs, un petit article de 10 pages intitulé: Coup d'œil botanique sur les environs de Bruxelles. C'est le récit de ses herbo- risations aux alentours de cette ville, principalement au bois de la Cambre, à Forest et à Laeken et il cite comme fait curieux la culture du Platanthera bifolia par le comte Van der Stegen-de Putte, ancien bourgmestre (amman) de Bruxelles (1794) et président de la Société d'histoire naturelle, laquelle avait pour occupation principale l'étude de la botanique, « la science la moins cultivée jus- qu'alors dans les Pays-Bas » disent les statuts de celte association. Van der Slegen a publié un Guide du natu- raliste, une traduction en français du Système de Linné et il existe de lui en outre un catalogue des plantes qu'il a obervées aux environs de Bruxelles (176S), manuscrit que nous n'avons pu consulter malgré nos démarches. En 1797, il fonda le Jardin botanique de la capitale et l'École centrale du département de la Dyle le compta comme professeur d'histoire naturelle. La Statistique des Deux-Nèthes ouvre l'ère des publica- tions botaniques du XIX° siècle en Belgique : elle fut présentée le 1" germinal an X (1802) par le préfet d'Her- bouville au Ministre de l'Intérieur de l'Empire français et renferme le catalogue des plantes de ce département qui formait, comme on le sait, la plus grande partie de la pro- vince d'Anvers. Ce travail, préparé par Ad. Dekin, fut également présenté par lui à la Société d'émulation d'Anvers et inséré au 1" volume, p. 195 des _4c^es de cette association. Il renferme à peu de choses près les plantes de la Flora Bruxellensis dont nous parlerons plus loin. On conserve dans la bibliothèque de l'université de 41 Liège un manuscrit de F. -E. Dossin (1772-1852) intitulé: Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans le département de VOurthe et dans quelques endroits circon- voisins. Outre les plantes de la province de Liège, Fauteur y fait figurer plusieurs autres qu'il a recueillies en Cam- pine, vers Lanaeken et Pitersheim. Lejeune y a fait un grand nombre d'emprunts pour la rédaction de sa Flore, bien qu'il ne cite pas le pharmacien liégeois au nombre de ses collaborateurs et c'est seulement dans sa Revue qu'il le mentionne. M. Th. Durand, qui a la religion des vieux souvenirs, a fait paraître l'œuvre de Dossin dans notre Bul- letin (XIV, p 49) sous le titre de Reliquiae Dossinianae. En 1808, G. -F. Edwards a publié dans le Bulletin de la Société d'agriculture du département de la Lys le tableau des plantes indigènes de ce pays, à Texception des arbres et des champignons. Ce catalogue est loin d'être aussi consciencieux que celui qui a été fait par Dekin pour le département des Deux-Nèthes. La partie orientale de la Belgique a été explorée d'une façon remarquable par A.-L.-S. Lejeune (1779-1 858) qui peut être considéré, à juste titre, comme le père de la flore belge. En 1806, chargé par le préfet Desmousseaux de faire, d'après la méthode de de Jussieu, le tableau du règne végétal du déparlement de l'Ourthe, il remplit cette tâche avec honneur. Ce travail le prépara à la publication de sa Flore des environs de Spa dont la première partie parut en 1811 et la seconde en 1813. On voit dans cet ouvrage figurer non seulement les plantes du pays de Liège, mais encore plusieurs du Hainaut communiquées par Hocquart, et d'autres, plus nombreuses, des Flandres, des environs d'Anvers et de Bruxelles. Ces dernières provenaient de Roucel qui, à cause de son grand âge et 42 ne se trouvant plus en état de donner un supplément à sa Flore, communiqua ses notes à Lejeune en 1809. C'est ainsi que l'on voit un ouvrage, qui primitivement ne devait donner que la florule d'une province, étudier pres- que toute la végétation de la Belgique, et encore le titre même ne rend-il pas la pensée première de Fauteur, mais il a cru devoir lui donner cette forme, dit-il, parce que Spa est une ville très connue qui reçoit chaque année la visite d'un grand nombre de savants et d'amateurs de la belle nature. Ce travail est rempli d'observations nou- velles, de critiques pleines d'érudition, et bien qu'ancien, il mérite d'être étudié encore de nos jours; il est resté classique et le temps ne lui a rien ôté de sa valeur. Nous avons les mêmes éloges à faire de sa Revue de la Flore de Spa, parue en 1824 et surtout du Compendium Florae Belgicae qu'il publia de 182S à 1856 en collaboration avec R. Courtois. Comme la botanique belge s'était en quelque sorte personnifiée dans le nom du savant verviétois, c'est vers lui qu'affluaient les renseignements de tous les points du pays; aussi le voyons-nous obligé de donner un titre plus général à son troisième ouvrage. La Flora Bruxellensis de Jean Kickx père (1775-1831), pharmacien et professeur de botanique àl'Ecole de méde- cine de Bruxelles, est un livre érudit, précieux pour la synonymie ancienne et qui mérite d'être encore consulté aujourd'hui pour les indications précises qui aideront beaucoup les botanistes à retrouver les plantes citées aux localités qu'il signale. Les herborisations de ce savant n'ont guère dépassé la banlieue de la capitale. Ad. Dekin, d'origine française, qui fut successivement sous-chef à l'instruction publique, directeur du Jardin botanique, du Musée central de minéralogie et profes- 45 seur à l'École de médecine de Bruxelles, publia en 1814, en collaboration avec son compatriote A.-F. Passy, la Flora Bruxellensis, qui n'est qu'un simple catalogue de 1175 plantes observées surtout dans le Brabant. Les auteurs citent souvent les bruyères de Bonheyden et de Rymenan près de Malines que nous engageons d'explorer à nouveau, bien que nos confrères MM. Wesmael, Pire et Muller y aient retrouvé plusieurs plantes rares. L'abbé L.-F.-J. Hocquart (1760-1818), principal et professeur de botanique du collège d'Ath, a fait paraître en 18141a Flore du département de Jemmape, où il décrit plus de 1500 plantes composant son herbier et qu'il dit avoir récoltées particulièrement sur les rochers de Chimai, dans les carrières de Tournai, Antoing et Soignies, dans les forêts de la Thiérarche, les Fagnes, les bois de Mons, d'Havre, de Baudour et de Frasnes, dans les bruyères de Slambruges, de Casteau et de Péruwelz, mais comme les devoirs du professorat ne lui laissaient que le temps des vacances pour se livrer à la recherche des végétaux, il n'a pu visiter les cantons de Lessines, Braine-le-Comte, Pâtu- rages, Merbes-le-Chàteau et Enghien. Ces indications pourront servir de programme pour les excursions que nos confrères hennuyers auraient à entreprendre dans leur province, car, il faut bien Pavouer, les renseignements de leur compatriote devront être soumis à un nouvel examen, ainsi que nous l'avons dit plus haut. En 1817, Hocquart fit hommage du supplément manus- crit de sa flore à la Société d'agriculture et de botanique de Gand; dans sa dédicace, il annonce 50 plantes nou- velles pour son pays et dont il devait la connaissance pour plusieurs d'entre elles à Nyst, qui les avait récoltées aux environs de Mons. L'herbier de Hocquart se composait de 44 8 volumes in-folio et après la mort de son auteur, il entra en possession de Delbecq, secrétaire de la Société susdite jusque 1840, pour passer ensuite entre les mains de feu notre confrère J.-B. Franqui, professeur à l'Université de Bruxelles, qui changea le caractère de Texsiccata en en renouvelant les étiquettes. Bien que H.-J.-P. Nyst (1780-1840) n'ait rien publié sur notre flore indigène, son nom doit cependant prendre place dans notre revue, à cause de l'importance de son herbier. En raison de ses fonctions dans la garantie des matières et ouvrages d'or et d'argent, Nyst fut sujet à plu- sieurs déplacements. C'est ainsi que nous le voyons habiter successivement JVIaestricht, Middelburg, Arnheim, Mons et Bruxelles où il fut même nommé directeur du Jardin botanique à la mort de Dekin. Il a été le collaborateur de nos anciens Aoristes, Lejeune et Dumortier. Ses collec- tions sont entrées dans l'herbier belge du Jardin botanique de l'État. Nous exprimons le désir de voir les objets de ses découvertes recherchés attentivement, parce que nous doutons quelque peu de la justesse de plusieurs de ses observations. Les avis sont unanimes sur le compte des herbiers fabriqués par Ch.-Jos. Van Hoorebeke (1790-1821), pharmacien à Gand et qui se trouvent déposés au Musée de l'Université, ainsi qu'à la Société botanique et d'agricul- ture de la dite ville. Tous deux portent le titre d'Herbier de la Flandre Orientale, bien qu'on y rencontre la presque totalité des végétaux exotiques cultivés à cette époque (1813-1819) au Jardin botanique de la cité gantoise et dont Van Hoore- beke était l'un des directeurs. J. Kickx qui a eu le temps de les examiner à loisir dit qu'ils renferment beaucoup de 45 plantes mal déterminées; il a même déclaré à M. Crépin (NoteSy V, p. 98) que le botaniste gantois apportait la plus insigne mauvaise foi dans la rédaction de ses étiquettes et avait placé dans ses exsiccata un grand nombre de spécimens de plantes exotiques accompagnés de stations flamandes, enfin que la grande majorité des plantes rares indiquées dans les Flandres par cet amateur n'y avaient jamais été rencontrées. Les curieuses trou- vailles de celui qu'on n'a pas craint de nommer un farceur et même un homme déloyal sont consignées dans l'ouvrage suivant publié en 1817 par J.-H. JVIussche (1765-1834) : Hortus Gandavensis ou Tableau général de toutes les plantes exotiques et indigènes cultivées dans le Jardin botanique de la ville de Gand, avec Vindication des lieux oit elles croisssent spontanément et en particulier celles qui habitent la Flandre Orientale. Nous citons avec intention ce titre dans toute son étendue. Ce livre nous dit qu'à cette époque, on cultivait dans le Jardin botanique de Gand 970 genres et 4108 espèces de plantes. Au point de vue horticole, cet ouvrage est très précieux, parce qu'il présente la statistique des végétaux étrangers cultivés alors dans notre pays. Mais pouvons-nous en dire autant du tableau des plantes indigènes? Nous désirerions répon- dre affirmativement pour sauvegarder l'honneur scien- tifique de ces deux botanistes gantois, mais tous les témoignages sont en leur défaveur : les lois de la géogra- phie des plantes d'abord, puis Tavis de savants autorisés et compétents. Nous savons ce qu'en pensait Kickx. Écoutons ce qu'en dit Dumortier qui, comme Lejeune et d'autres, cite cependant quelquefois les données de Van Hoorebeke. « Mussche, savant botaniste, présente dans son Hortus le tableau des plantes observées par lui dans 46 la Flandre orientale, ainsi que celui des plantes indiquées par Van Hoorebeke, auquel il prêtait ainsi l'appui de son incontestable mérite. Il est fâcheux que la science ait alors été induite en erreur par de fausses indications de naturalilé. Le premier, nous avons signalé nos doutes à cet égard, et malgré toutes les dénégations qui nous furent faites alors, malgré toutes les critiques qui nous furent adressées pour n'avoir pas voulu croire à la natu- ralité de toutes les espèces indiquées, le temps est venu prouver qu'on ne peut regarder comme indigènes à la Flandre beaucoup de plantes que Van Hoorebeke préten- dait y avoir rencontrées. » [Discours in Bull. Soc. bot., I, 1862). L'opinion de Mussche (Introd. H. Gand.) sur le compte de son confrère était irop intéressée pour que nous la fassions bénéficier en sa faveur. Il le proclame un bota- niste non moins modeste qu'instruit et ajoute qu'il s'est occupé avec une rare sagacité et une infatigable persé- vérance à donner au Jardin botanique de Gand une collection raisonnée et détaillée de toutes les plantes qui croissent spontanément dans la Flandre orientale. Mais ne sommes-nous pas plutôt en droit de supposer que Van Hoorebeke pour préparer ses herbiers et Mussche pour rédiger son catalogue de plantes indigènes, se sont aidés des travaux de leurs devanciers, particulièrement de ceux de Roucel, de Lestiboudois et de Lejeune, ainsi qu'il est facile de s'en assurer. Ils ont choisi dans ces auteurs les plantes qu'ils ont cru pouvoir habiter dans leur pays; aussi n'est-on pas étonné d'observer aujourd'hui en Flandre plusieurs des espèces qu'ils indiquent. Il ne faut pas cependant conclure de là qu'on peut ajouter foi à leurs données, le hasard ayant été en leur faveur plutôt que leurs recherches. 47 En juin 1821, Van Hoorebeke, lança le prospectus d'une Flore de la Flandre orienlale ou description des plantes qui y croissent spontanément. II est heureux que pour l'hon- neur de la science botanique en Belgique, la mort soit venue le surprendre cette année-là, ce qui fît que son projet ne reçut pas d'exécution, car à quoi aurait bien pu servir l'impression de ce tissu d'erreurs, d'inexactitudes et de faux renseignements, sinon à dérouter les chercheurs consciencieux de l'avenir. L'auteur, guidé par un senti- ment d'orgueil incompréhensible et prétendant faire plus et mieux que ses devanciers, avance que les Necker, les Lesiiboudois, les Roucel n'avaient pas découvert toutes les richesses végétales de sa province et que leurs travaux pourraient être beaucoup agrandis: il se plaît à dire que ses lecteurs éprouveront quelque étonnement à énumérer cette « grande multitude » de plantes indigènes. L'ouvrage annoncé devait se composer de 2 volumes in-8°, d'environ 500 pages chacun. Qu'aurait donc bien pu renfermer une aussi considérable production pour l'étude de la végétation d'une de nos provinces les plus pauvres en plantes indigè- nes, alors que les flores belges de notre époque qui em- brassent cependant l'examen des espèces de neuf provinces et qui ont à bon droit la prétention d'être plus complètes que celles d'autrefois, n'ont pas plus de 500 pages? Nous avons rencontré dans les Annales belgiques des sciences, arts et littérature^ imprimées à Gand, livraison du dernier trimestre 1817, un catalogue de 65 noms de plantes trouvées à Afsné, village situé sur la Lys, près de Gand. L'auteur anonyme, digne émule de Van Hoorebeke, a eu soin de qualifier cette liste du nom d'essai, car jamais on ne vit s'accumuler autant d^erreurs sur une seule page. Heureusement qu'une main étrangère est venue corriger 48 ses déterminations vicieuses dans un errata. II avait d'abord nommé VAcorus Calamus, A. gramineus, VAnthemis Cotula, A , altissima, le Centaurea Jacea, C. crupina, VIris Pseudo-AcoruSf L sambucinay le Radiola linoideSy Linum maritimumfle Planlago lanceolata, P. Lagopus,le Ranun- culus bulbosuSfR. aconitifolius. Ce sont des renseignements semblables que quelquefois des auteurs ont accueillis dans leurs flores, sans avoir eu au préalable la prudence de vérifier au moyen de spécimens authentiques les données erronées de certains amateurs de botanique. La Botanographie Belgique de Fr. Lestiboudois (1781 et 1804), revue par son fils Thémistocle (18^7) est une flore du nord de la France et de la Belgique. Elle donne la description des plantes indigènes et des plantes culti- vées sur un territoire s'étendantde Péronne en Hollande, ayant Lille pour centre et comprenant dans son espace environ 30 lieues de rayon. Ces auteurs semblent ne pas avoir connu nos provinces les plus riches en espèces rares et précieuses et ne paraissent avoir herborisé en Belgique qu'à Gheluvelt, village des environs d'Ypres et au bord de la mer. Ils ont mal fait d'accueillir avec trop de facilité les indications de Van Hoorebeke et de Mussche et quand ils parlent de nos plantes rares, ils restent dans des termes trop vagues; ils disent simplement qu'on les trouve dans les bois, les terrains sablonneux, les champs, etc., de la Belgique, ou encore, quand ils parlent de nos grandes villes, ils ne citent que les noms : Bruxelles, Gand, Anvers, sans spécifier le faubourg, le quartier, la dépendance, comme l'ont fait avec tant d'exactitude Roucel et Kickx. Quand il s'agit de nos grands centres de population, on ne saurait être assez précis dans ses citations. Rien que nous ne nous soyons pas donné la mission d'apprécier les 49 ouvrages au point de Vue descriptif, nous dirons que celui-ci a fait chose utile en réunissant à titre de variétés autour des types linnéens beaucoup d'espèces créés par nos Aoristes. Le supplément à la Botanographie par Desmazières (1823) en faisant connaître plusieurs espèces nouvelles pour notre flore a donné quelques indications bien hasar- dées, mais il n'avait pas toujours été en position de véri- fier par lui-même les espèces indiquées, sans cela, bota- niste instruit et exact, il aurait évité de le faire (Math., FI. belge, Introd,). La Florida Belgica de B.-C. Dumortier (1797-1878), parue à Tournai en 1827 est le premier ouvrage belge qui soumet les plantes aux principes de la méthode naturelle. Elle mentionne 2244 espèces de phanérogames, parmi lesquelles 116 étaient inédites. Le Compendium Florae Belgicae qui a paru vers la même époque ne décrit que 1799 phanérogames et 35 cryptogames vasculaires. Le chiffre de Dumortier nous semble exagéré, même en défalquant les espèces de sa création : il est vrai, qu'outre les plantes belges, il en signale plusieurs du Grand Duché de Luxembourg et des Pays-Bas. Quoiqu'il en soit, le nombre qui resterait après ces suppressions, serait encore de beaucoup supérieur à celui que relatent nos flores modernes dont l'estimation ne dépasse guère 1500 espè- ces. Mathieu (FI. belge, Inlrod.) a fait de l'œuvre de Dumortier une critique acerbe et injuste qui prouve que ces deux botanistes n'étaient pas dans de bonnes relations. 11 dit : a Le catalogue des plantes de la Belgique {Florida Belgica) est fautif sous bien des rapports. 11 est fait sans vérification aucune, d'après les indications les plus incer- taines, quand elles n'étaient pas fausses. Par conséquent, 50 il renferme une foule d'erreurs et fait don gratuitement à la Belgique de plantes qui ne se trouvent que dans les parties les plus méridionales de l'Europe. » A la vérité, Dumortier a attribué à la Belgique un grand nombre de plantes qui ne peuvent lui appartenir, mais qu'un blâme lui soit infligé par celui qui, le dernier de tous nos Aoris- tes, pourrait s'arroger le droit de donner une aussi sévère leçon à un confrère, cela dépasse les bornes des conve- nances et dénoie chez son auteur le manque du respect que se doivent les adeptes d'une même science. De 1820 à 1850, il n'a plus paru, sauf celles de Lejeune et de Dumortier, de flores générales de Belgique. On a vu seulement paraître à de longs intervalles des florules de provinces, de cantons, des catalogues et des comptes- rendus d'herborisation que nous avons néanmoins consul- tés avec fruit, parce que ces ouvrages nous donnaient des indications très précises sur les habitations des plantes. L'œuvre la plus remarquable de cette période est la Flore Luxembourgeoise par F. -A. Tinant (1803-1853), parue en 1836 et qui renferme la description de 1370 espèces indigènes et cultivées; on y trouve surtout les plan- tes de l'Ardenne et du Grand-Duché de Luxembourg. L'auleur dit, dans sa préface, qu'abandonné à ses propres lumières, éloigné des bibliothèques et des botanistes éclai- rés pour lui servir de guide, il est impossible qu'il n^ait pas commis des erreurs plus ou moins graves dans ses déter- minations, fait qui s'est vérifié plus tard pour un assez grand nombre d'espèces mal nommées. De J. Kickx père, nous avons consulté la Relation d\ui voyage fait à la grotte de Han au mois d'août 1822 : c'est la première fois qu'il est question de la riche végétation des environs c!e Rochefort que notre confrère M. Crépin 51 a éludiée d'une façon si parfaite 50 ans plus tard(l). De J. Kickx fils (1805-1864) nous avons examiné les ouvra- ges suivants : Commenlatio de plantis offîcinalibus et vene- natis (1827); — Flo7^e cryptogamique des environs de Louvain (1855), où sont indiquées beaucoup de plantes intéressantes qui ont été presque toutes retrouvées par nos zélés confrères de Louvain; — la Relation d'une prome- nade botanique et agricole faite dans la Campine au mois de juillet 1852 dont feu notre ami le D"" Van Haesendonck et nous, avons pu vérifier les données de 1860 à 1868; — son Bouquet botanique du littoral belge (1857) que Vande Vyvere a consulté pour la préparation de sa flore de la Flandre Occidentale. En 1821, Bory de St- Vincent fit paraître son Voyage souterrain à la Montagne St-Pierre, ouvrage dans lequel figurent les plantes observées par Nyst aux environs de Maestricht. Au mois de juillet 1826, Bronn, professeur à l'univer- sité de Liège et R. Courtois, sous-directeur du Jardin botanique de la même ville, ont fait un voyage scientifi- que aux bords de la Meuse, de Liège à Dinant, dans les Ardennes et le Luxembourg cédé. Ils ont publié le récit de leurs herborisations sous le nom de Verslag van een plant' en landbouwkundig reisje dans les Bijdragen tot de Natuurkundige Wetenschappen d'Amsterdam. Il est à remarquer que les travaux de ce genre étaient à cette époque émaillés de considérations sur l'agriculture, la géo- logie, etc., ce qu'on semble dédaigner aujourd'hui. (i) Coup d''œU sur la florule de Han-sur'Lesse (Bull, Soc. bot., 1, 1862) p. 41-69). 52 J.-J. De Cloet (I790-18S5), précepteur du fils du duc de Beaufort, puis administrateur du domaine de Freyr, a herborisé de 1820 à 1827 aux environs de Dinant, à On- haye, Anseremme, Dréhance, Falmignoul, Falmagne, Mesnil St-BIaise, Blaimont, Waulsort, Hastiére, Nève, Moniat, Freyr, Pont-à-Lesse et Walzin. Il a publié une liste de 283 plantes, fruit de ses observations botaniques au pays de INamur dans les Bijdragen^ etc. de Van Hall, D. III, Rt. L. Le Jardin botanique de Bruxelles possède son herbier et son catalogue manuscrit intitulé : Flore des environs de Freyr ^ portant la date du l^"" avril 1826 ; il renferme 321 genres et 779 espèces. Nous avons été assez heureux de retrouver la plupart des plantes signalées par cet amateur distingué, lors des nombreuses courses que nous avons faites dans la vallée de la Meuse, sauf les sui- vantes qui paraissent ne plus exister dans ces lieux ou qui ont été mal déterminées : Lychnis Coronaria, Galium Bocconi,Rosa stylosa, R. scpium, Anemone sylvestris. Cochlear ia officinalis. Nous ne comprenons pas comment les espèces suivantes, qui sont cependant des caractéristi- ques de la contrée, Centaurea CalcHrapa^ Lactuca saligna, L. ScariolUy Linosyris vulgaris. Geranium sanguineiim, Saxifraga hypnoides aient pu échapper aux recherches de De Cloet qui paraissait cependant un bon observateur. La Flore de la province d'Anvers par P.-J. Van Bene- den et Tuerlinckx, publiée en 1834 dans le Dictionnaire géographique de Ph. Van der Maelen, est un simple cata- logue de 800 espèces de plantes. D'après Van Haesen- donck (Prod., p. 49), cet ouvrage est de peu de valeur, la plupart des renseignements qu'il donne étant dus à Stoffeis, pharmacien à Malines, qui ne paraissait pas être un botaniste sérieux. 55 E. Van de Vyvere (181 M8o5) est Fauteur d'un Cata- logue des plantes phanérogames de la Flandre Occidentale publié à Bruges en 1857; c'est le prodrome d'un autre catalogue plus développé qu'il fit paraître en 1850 sous le nom de Flore de la Flandre occidentale. Les connaissan- ces que ce pharmacien avait des plantes ne paraissaient pas bien grandes et il est peut-être permis d'avoir une confiance limitée dans ses indications et ses détermina- lions, puisque sur un exemplaire de sa flore que nous avons eu entre les mains, J, Kickx a écrit qu'il lui avait envoyé le Melampyrum arvense pour un Rhinanthus et le Geranium phaeum sous le nom de G. pratense. Ce qui nous fortifie dans cette opinion, ce sont les erreurs qu'il a commises dans un catalogue manuscrit des plantes ob- servées par lui dans la Flandre occidentale et présenté en 1858 à l'Académie de Bruxelles. Dumoriier, le rappor- teur, signale enlr'autres et admet avec lui la présence en Flandre des Statice plantaginea, Orobanche Eryngii^ Alyssum clypeatiim et Linum maritimum qui n'ont été indiqués ni avant ni après cet auteur dans ce pays. Van de Vyvere a dû sans doute reconnaître plus lard ses fautes, puisqu'il passe ces plantes sous silence dans sa flore de 1850. Pour composer ses ouvrages, ce botaniste a joint aux observations qui lui étaient personnelles, les découvertes de quelques pharmaciens de sa province et les renseignements que lui ont fournis la statistique d'Ed- wards, la Botanographie de Lesiiboudois et les notices de J. Kickx. Il adopte dans son Prodrome le système lin- néen et la classification de Dumortier dans sa flore; les espèces ne sont pas suivies des noms d'auteurs dans le premier ouvrage, et dans le second, il donne la synony- mie de Dodonée. Feu notre ami le D"" G.-C. Van Haesendonck a publié, en 1841, dans les Annales de la Société de médecine d'Anvers, le Prodrome de la Flore des environs d'An- vers et d\ine partie de la Campine. Ce catalogue, classé d'après le système de Linné, énumère 1010 plantes phanérogames; la synonymie y est parfaitement établie et les renseignements donnés sur les habitations des plantes sont d'une grande richesse. Quand il fit paraître son travail, notre ami habitait déjà Tongerloo. En 1868 [Bull. Soc. bot., t. VII), il a fait paraître la Florale de Westerloo, où l'on retrouve la plupart des indications don- nées pour la Campine dans son Prodrome. De 1858 à 1862, alors que nous habitions Aerschot, nous avons revu en sa compagnie la plupart des rares espèces campinien- nés qu'il avait trouvées 50 ans auparavant. La Flore du Hainaut par l'abbé N.-L. iMichot (1803- 1887) et datant de 1845, est le dernier ouvrage belge qui, dans sa classification, ait adopté le système de Linné. L'au- teur a beaucoup emprunté à son compatriote Hocquart, et comme pour celui-ci, nous dirons que bien de ses décou- vertes sont suspectes. Michot avait surtout la manie de semer des plantes rares étrangères ; il serait intéressant de s'assurer si elles ont persisté à croître aux localités qu'il indique. Mathieu dit que sa flore n'est qu'une copie du Prodrome de Dumortier et qu'elle en a tous les défauts. Ne connaissait-il donc pas son auteur, qu'il le nomme continuellement Mignot dans les renseignements qu'il lui emprunte? D.-F. Marissal a donné en 1846, suivant la méthode de Dumortier, un Catalogue des phanérogames observées depuis 1842 dans les environs de Tournai. Rien n'avait été publié avant lui sur cette partie du pays. Ce travail 00 nous paraît consciencieusement fait, et, au lieu d'indica- tions vagues, il donne, à l'imitation de Roucel, les habi- tations très précises des plantes rares : c'est ce qui fait que les botanistes regnicoles ont pu retrouver la plupart d'entre elles. M. H. Bernimolin a publié en 1885 le Catalogue des plantes du Tournaisis qui n'est que la repro- duction du précédent auquel il a ajouté ses observations particulières : notre confrère a eu tort de ne donner ni noms d'auteurs ni synonymie, ce qui ôte tout cachet scien- tifique à sa production. La Flore Belge du D"- J.-D. Hannon (1822-1870), publiée en 1849 dans la Bibliothèque nationale est une simple compilation, tant au point de vue de la descrip- tion des plantes que de leur dispersion sur notre sol : ses diagnoses sont incomplètes, les variétés ne sont pas citées, les noms d'auteurs sont oubliés et la synonymie est négli- gée. Les renseignements sur les habitations des plantes sont extraits des flores antérieures, et souvent Hannon copie mal, car s'agit-il, par exemple, d'une plante très rare qui ne se rencontre que dans une ou deux localités, il spécifie seulement le nom de la province, alors qu'il aurait dû laisser l'indication telle qu'elle lui avait été four- nie. L'histoire de la botanique en Belgique est la seule bonne chose que cet ouvrage renferme. Bien que C. Mathieu dise que sa Flore générale de Bel- gique (1855) est un ouvrage nouveau et qui manquait complètement à la science, quelle que soit la prétention qu'il étale en se permettant d'écrire que tout ce qui avait été publié avant lui dans notre pays laissait tant à désirer qu'on pouvait le regarder comme nul, personne n'ajoutera foi à ses vaines déclamations. La vanité a poussé tellement loin ce médiocre auteur qu'il s'est permis de régenter tous OK) les Aoristes belges et il n'accorde d'éloges qu'à Lejeune et à Tinant. Il a soin de dire que 40 années d'herborisations dans toutes nos provinces dont il a exploré avec soin les parties les plus reculées, l'ont mis en position de vérifier par lui-même et sur place les espèces annoncées comme existant dans telle ou telle localité, d'en rejeter plusieurs et, au contraire, d'en admettre quelques autres non com- prises dans les catalogues (!) qui ont précédé son travail. Or, il paraît, et cela résulte de l'examen attentif de sa flore, que Mathieu a herborisé seulement aux environs de Namur, où il était connu par son chapeau légendaire qui faisait l'office de vasculum et nous craignons beaucoup que ce couvre-chef n'ait renfermé plus souvent des plan- tes recueillies dans les jardins que celles récoltées dans les champs. Des 80 plantes rares qu'il signale vers Namur et Dinant, nous n'en avons retrouvé qu'une vingtaine aux localités qu'il mentionne. Mathieu a dû aussi herboriser dans quelques villages du Limbourg, aux environs de Mons, de Bruxelles et au bord de la mer. Il tient à repro- duire les indications fournies par ses prédécesseurs et semble même leur donner le cachet de son autorité en voulant laisser croire qu'il a contrôlé ces renseignements sur les lieux, mais qu'il s'agisse d'une espèce très rare sur laquelle on manque de données exactes, il ne cite que vaguement les provinces où il prétend les avoir observées. Ce n'est pas ainsi qu'on écrit l'histoire des plantes et heureusement qu'à l'époque où nous vivons, on en est revenu aux saines idées de la vérité et de l'exactitude. Vers 18S7, parut à Ypres un livre de XXIX-68 pages dont nous donnons le titre exact : Flore de r arrondissement de Fumes et d'une partie de celui d'Ypres, avec la descrip- tion géologique, accompagnée d'une liste zoologique et détails 57 sur quelques animaux et insectes de ce pays, par un phar- macien (atlribué à M. A. De Tollenaere). Sous le nom fallacieux de flore, l'auteur a confectionné une véritable alla podrida sur les sciences naturelles où il est question tout à la fois d'organographie végétale, d'agriculture, d'hor- ticulture, de flore indigène, de géologie, de zoologie, etc. Citons en textuellement un passage qui prouve que l'au- teur ne connaissait rien en cryptogamie. En parlant de la pomme de terre, il dit : « Ce précieux tubercule est depuis plus de dix années attaqué par le potrydis sporulesQ), cryptogamme de la famille des champignons et qui paraît être la cause principale de sa destruction. » Incidemment, nous dirons que cette phrase nous indique à peu près l'époque à laquelle l'ouvrage a été imprimé, la maladie de la pomme de terre ayant fait son invasion en Belgique par un village flamand, le 21 juin 1845. Sa liste de plantes témoigne aussi de sa non-valeur en fait de botanique rurale. Après avoir dit que plus de 1,000 espèces forment la flore de son arrondissement, il en donne le catalogue systématique. Nous demandons si des espèces comme Crocus vernuSf Primula Auricula ont pu se trouver spon- tanées vers Furnes et Ypres, voire même en Belgique. Celte œuvre puérile, écrite en mauvais français, n'honorera pas son auteur qui, pour cause, a voulu conserver l'ano- nymat. L.-J.-G. Dumoulin, pharmacien, a publié en 1868 un Guide du botaniste dans les environs de Maestricht. Ce n'est, en effet, qu'un aide-mémoire écrit sans prétention et dépourvu de toute méthode scientifique, puisque les plantes y sont rangées par ordre alphabétique. M. Du- moulin est un contemporain de Lejeune qui cite souvent dans ses ouvrages les découvertes faites par ce botaniste 58 dans la province de Limbourg. Comme ces plantes ont été observées il y a plus d'un demi-siècle, il sera nécessaire que nos confrères de Maeslricht et de Visé fassent de nouvelles recherches pour s'assurer si on les retrouvera encore aux localités indiquées dans le catalogue. Il nous reste à terminer notre étude d'archéologie de la flore belge en disant quelques mots des herbiers délaissés par nos vieux botanistes. Le D*" J. Carolus a publié à ce sujet, en 1857, àMalines, un opuscule intéressant intitulé : Recherches sur les her- biers des anciens botanistes et amateurs belges. Cette étude a été faite d'après l'examen de plusieurs exsiccata, la plu- part déposés à la bibliothèque de Bourgogne, section des manuscrits. Comme nous avons pour but unique de ne parler que des documents relatifs à la flore indigène, nous n'extrairons de ce travail que ce qui a rapport à cet objet. Il cite : 1"* Un herbier vif contenant les espèces de plantes tant indigènes qu'exotiques, telles qu'elles croissent au jardin de l'infirmerie de la célèbre abbaye de Dilighem, par D"" et frère Wynhouts, 1633. Celte collection appartenait à feu notre regretté confrère J.-J. Kickx, de Gand, et a servi à R. Courtois pour son Commentaire sur Dodonée. 2° A.-P.-L. Hortus hyemalis cum Planlarum synony- mia, 1866 (Bibl. de Bourg., n» 5862). Cet herbier, qui provient de l'ancien collège des Jésuites à Bruxelles, ren- ferme 288 plantes indigènes et exotiques. 3** A.-P.-L. -S. Herbarius vivus seu Hortus hyemalis, 1675 (Bibl. de Bourg., n« 5863, 5873). Cette collection, composée de 515 plantes, a appartenu au collège des Jésuites de Louvain. 4" Hortus hyemalis sivè Herbarius vivus, par Claude b9 Lyon, 1680-81 (Bibl. de Bourg., n- S864-6o-66). Il a appartenu au prieuré de Sept-Fontaines, entre Bruxelles et Braine-l'AlIeud. Il renferme 1200 plantes, entr'aulres un échantillon du Cèdre du Liban. Si l'honneur d'avoir introduit cet arbre en Europe revient à Tournefort, qui voyagait en Orient en 1700, il est avéré que 20 ans aupa- ravant un herbier belge possédait déjà un fragment de ce célèbre végétal. 5° Herbier de la pharmacie des Jésuites de Gand, 17^ siècle (Bibl. de Bourg.). Il est doublement intéressant pour les botanistes belges, en ce qu'il porte les noms des plantes en latin et en flamand et en ce qu'il contient plusieurs plantes rares en Belgique à l'époque où il a été formé. 6° Cruytboek handelende van de nature der cruyden en hoe dat sy goet syn te gebruycken; getrocken uyt autentycke geapprobeerde medecynboecken ; an. 1669 en 1670 (Bibl. de Bourg.). Son auteur est Jos. Wissinck, pharmacien à Anvers; il ne constitue pas un simple her- bier, mais une sorte de Matière médicale accompagnée de plantes usuelles. 7° Herbiers de la collection du prince Ch. Alex, de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas, qui renfermait entr'aulres en 1781 un herbier des environs de Bruxelles, contenant 202 plantes rangées selon le système de Tour- nefort et un fascicule de 34 plantes exotiques cultivées à Bruxelles. S"" Agrostographia, 1792 (Bibl. roy.) Titre d'un herbier anonyme contenant une centaine d'échantillons choisis de Graminées et de Joncées, avec les noms linnéens. 9" Herbier des plantes indigènes et des végétaux exoti- ques les plus curieux (Bibl. roy.). Le D' Carolus le croit de 60 la fin du XVII1° siècle et rattribue à Couret de Villeneuve, qui fut professeur à l'École cenlrale de la Dyle en l'an X. lO'' Portatile, oder compendienses lebendiges krauter- bucli zu erlernung der economisschen pflanzen hislorie. Cet berbier a élé composé par P.-E. Wauters, médecin à Gand, et est formé de plantes usuelles et économiques, avec les noms génériques et spécifiques en latin. L'examen de ces berbiers et de plusieurs autres qui n'ont pas un rapport direct avec la question que nous traitons, pourrait donner le tableau des plantes indigènes et cultivées connues en Belgique du XW au XVIIl" siècle. Il serait à désirer qu'un botaniste résidant à Bruxelles entreprit Tétude de ces collections sèches; nous sommes persuadé qu'il serait amplement récompensé de son labeur patient et de longue haleine en mettant au jour de pré- cieux documents sur l'histoire de la botanique et de l'hor- ticulture nationales aux temps passés. Qu'il nous soit permis de formuler ici le vœu de voir tous ces herbiers déposés dans un avenir prochain au Jardin botanique de l'Etat où leur place est toute mar- quée. C'est dans un établissement où sont conservées les collections de plantes vivantes et séchées qui sont la pro- priété du pays, que doivent revenir ces objets. Le plus grand nombre ont été confisqués au siècle dernier des collèges supprimés des Jésuites au profit de la bibliothè- que de la ville de Bruxelles pour passer ensuite à la BibUothèque royale, où il n'est jamais venu à l'esprit d'au- cun botaniste Tidée d'aller les corjsulter. La plupart de nos confrères ignorent leur existence et le lieu de leur dépôt, et eussent-ils même connaissance de la chose, qu'ils reculeraient devant une demande d'emprunt : les manuscrits appartenant à l'État étant conservés avec un 61 soin trop jaloux que pour qu'on autorise la communica- tion au-dehors de ces herbiers. Cependant l'étude de ces ouvrages demande leur déplacement, car on ne peut pas opérer sur eux sans s'aider d'autres herbiers pour la comparaison et sans le secours d'une bibliothèque spéciale de botanique. Toute difficulté serait levée si ces exsiccata étaient à leur place naturelle, c'est-à-dire au milieu des autres herbiers de l'Etat, et c'est à la Société botanique qu'appartient le droit et le devoir de faire cette revendi- cation. J. Kickx (Bouq, bot.) parle d'un herbier des environs de Nieuport, rassemblé en 1795 par le D"" Rouzée et qu'il a dû à l'obligeance de son beau-père, le professeur Keste- loot. Il cite aussi le nom d'un certain Amare, auteur d'une iconographie inédite de la flore d'Ypres. Parmi les anciens herbiers qui ont été intercalés dans l'herbier général belge du Jardin botanique de Bruxelles, nous citerons ceux de Lejeune, Nyst, De Cloet, Dumor- tier, P. Michel, Westendorp: on y trouve en outre un grand nombre de plantes récoltées par \I.-A. Libert, Tinant, Manderlier, Scheidweiler, Mathieu, etc. Les collections de Lejeune et de Dumortier sont les plus importantes, parce qu'elles renferment les spécimens authentiques des espèces que ces auteurs ont fondées. Les étiquettes originales ont été conservées avec soin et elles contiennent souvent des indications sur les localités beau- coup plus développées que celles que donnent les flores. Le catalogue de Therbier belge du Jardin botanique de l'État, formé de 8 fascicules, a été préparé par les soins de M. Th. Durand, aide-naturaliste à cet établissement : il fourmille de renseignements précieux sur les habitations des plantes conservées dans l'herbier. 62 Nous croyons devoir faire une mention spéciale des trois botanistes suivants qui par leurs fréquentes herborisations dans toute l'étendue du pays ont pu fournir des renseigne- ments aux Aoristes de leur temps. Manderlier, professeur de mathématiques à l'Université de Gand, avait passé précédemment, de 1828 à 1835, par l'Athénée de Namur. Il a herborisé non seulement aux alentours de ces deux villes, mais encore vers Ciney, Rochefort, Villers-sur-Lesse, Moustier, Spy, Mazy, Gem- bloux, Bossières, Salzinne, Béez, Lives et Faulx. Scheidweiler (1799-1861) fut professeur de botanique à l'École de médecine vétérinaire à Bruxelles (1836) et à l'École d'horticulture de Gand (1851) : on lui doit beau- coup de plantes récoltées dans le Brabant et les Flandres. Westendorp (1815-1868) fut successivement médecin militaire à Tournai, Bruxelles, Brasschaet, Beverloo, Gand^ Ypres et Termonde. 11 s'occupa de phanerogamic et publia avec la collaboration de VVallays, VHerbier crypto- gamique belge. Nous avons demandé plus haut de commencer la seconde série de l'histoire de notre flore indigène en 1860, parce que vers cette date allait s'accomplir un événement important destiné à modifier le courant des idées dans l'étude des plantes de notre pays. Nous nous rappelons toujours avec bonheur cette époque de la renaissance des études botaniques dans notre pays, car c'est alors que nous avons commencé, en modeste travail- leur, à apporter notre pierre au monument que nous allions fonder en nombreuse compagnie : la Société royale de botanique de Belgique! Et c'est cet acte mémorable dans nos annales scientifiques qui pourra servir de ligne de démarcation entre le passé et le présent. 65 L'ère de rénovation s'ouvre par l'apparition d'une excel- lente flore de province, la Flore de Namur (18^5) par le père Aug. Bellynckx(t814-1877)qui,le premier, inaugure dans notre pays le procédé dicliolomique pour la détermi- naiion des plantes. Bientôt elle est suivie de la 1" édition du Manuel de la Flore de Belgique, par M. Fr. Crépin, parue en 1860 et qui donne Télan à de nouvelles recher- ches, car c'est à partir de ce moment qu'un nouveau groupe de botanistes va fouiller notre sol jusque dans ses moindres recoins. L'auteur disant dans son introduction : « Si nous rappelons les indications de géographie bota- nique de nos vieux auteurs, c'est afin de provoquer de nouvelles recherches... » prévoyait qu'avec ces renseigne- ments anciens ajoutés à ceux qu'allait fournir l'époque actuelle, il serait possible de dresser une statistique à peu près complète de notre végétation indigène. UAntwerpsche analytische Flora de MM. Van Heurck et De Beucker (1861) a permis de vérifier en partie les données de Dekin (5/a/., 1802), de Van Beneden et Tuerlinckx (FI. Anv., 1834) et de Van Haesendonck (Prod., 184-1), comme le Prodrome de la Flore du Brabant par MM. Wesmael et Van Heurck (1861), la Flore analytique du centre de la Belgique par MM. Pire et Muller (1866) ont aidé à contrôler les indications de Roucel (Traité, 1792; Flore, 1803), de Kickx (FL Brux., 1812), de Dekin et Passy (FL Brux., 1814). Aucun ouvrage spécial sur la flore du Hainaut n'a paru pour réviser les publications de Hocquart (FI. Jemm., 1814), de Dumortier [Prod., 1827), et de Michot (FL Bain., 1845). Nous signalons également à l'attention de nos confrères les 5 éditions du Manuel de la Flore belge par M. Fr. Cré- 64 pin (1860-66-74-82-84) et les florules, catalogues, listes de plantes et monographies contenus dans noire Bulletin depuis Tannée 1862 jusqu'à ce jour. Pour faire la révision de la Flore de Spa (18H), de la Hevite (1824) et du Compendium (1828-36), trois ouvrages sont d'une grande utilité. La Flore de Fraipont, Nessonvaiix, etc. par M. Michel (1877), résultat des recherches do quelques amateurs de de la classe ouvrière qui explorent avec goût et savoir la vallée de la Vesdre, est conçue dans une forme simple et écrite quelquefois avec la naïveté qui caractérisait nos anciens Aoristes. Les renseignements sur les habitations des plantes rares sont donnés avec exactitude : ils ne restent pas dans des termes vagues, car les hameaux, les plus petites localités même sont indiqués. Le Catalogue de la flore liégeoise par M. Th. Durand (1878) est l'œuvre d'une pléiade de jeunes botanistes liégeois, et bien que ce ne soit qu'une simple liste de plantes de la province, il est le travail le plus complet qui ait été publié sur cette partie du pays depuis Lejeune. Tous nos confrères connaissent l'esprit d'ordre, de méthode qui préside aux travaux de géographie botanique de l'auteur, et cette qualité apparaît surtout dans le présent opuscule. Une excellente révision de la Flore de Spa et de ses suites est la Florule de Verviers et de ses environs par MM. H. Fonsny et H. Collard (1885). Les auteurs n'y mentionnent que les plantes trouvées par eux-mêmes ou dont il leur a été possible de constater Pidenlité sur place. Ils ont cru bien faire en laissant de côté nombre d'espèces mentionnées par Lejeune, lesquelles sont des formes litigieuses ou critiques ou bien des exotiques naturalisées. (io Nous passerons sous silence la Flore Vcrviétoise de M. G.Beaufays(1857-1874),qui n'est qu'une pâle copie de Lejeune, augmentée de quelques indications insignifiantes. Pour terminer l'étude de l'histoire de notre flore indigène aux temps passés, nous nous faisons un pieux devoir de reconnaissance d'inscrire ici le nom de ces travailleurs obscurs, de ces collaborateurs zélés de nos premiers auteurs, inconnus de la plupart d'entre nous ou aujourd'hui oubliés. Il n'existait point dans ces temps là d'annales publiques où auraient pu être mentionnés les services rendus à la science par ces botanistes. Aucune association n'existait alors et chacun travaillait individuel- lement sans même songer à avoir son nom et ses titres inscrits sur les tablettes d'une Société destinées à rappeler aux confrères de l'avenir qu'ils ont existé. Que la résur- rection que nous faisons ici de leur personne, leur serve de compensation et de récompense pour les modestes travaux qu'ils nous ont laissés! Cette liste nous montrera d'ailleurs quelle était la vitalité des études botaniques pendant l'époque qui nous a précédés. A côté du nom de nos anciens Aoristes, nous plaçons ceux de leurs collaborateurs auxquels ils rendent un hommage spécial. Hécart (1780). — Brassart, Lucien de Rosny, Fidèle Détrez, Longueville, Normand, abbé Poiret. Lejewie (1811). — D*" Closset; Célestin Closson; Dethier, député de l'Ourthe et géologue, à qui est dédiée la Flore de Spa; Driessen, pharmacien à Maeseyck; Dumou- lin, pharmacien à Maestricht; Gilgenberg, pharmacien à Eupen; Haënen, pharmacien à Maestricht; Hayebin, pharmacien à Verviers; D' Henroz, de Champlon-lez-Mar- che; H. Leporcq, maire adjoint de Lambermont qui avait 66 réuni dans son jardin les espèces ligneuses indigènes; P. Michel, de Nessonvaux, à cette époque jardinier chez M. Fion de Juslenville, accompagna Lejeune dans la plu- part de ses herborisations et publia avec lui VAgrostologie Belgique ou Herbier des Graminées, Cypéracées et Jon- cées; Millet, jardinier à Verviers; abbé Moreau; Stephens, jardinier à l'Université de Liège, puis architecte de jardins; Vittu, principal du collège de Tongres; Wolff, peintre de fleurs à Spa. Hocquart (1814). — Cambier, J. De Waha, Fassart, Gossart, pharmacien à Mons, IJavart, Auguste Nève d'Ath, Paternoslre de Belœil. Dekin et Passy (1814). — A. De Janti, De Ronnay, J. De Waha, A. Gerard, Pollart de Canivris, Van Volden. i)esmas/éres (1823). — Tillette-CIermont. De Cloet (1826). — Chartier. Lestiboudois (1827). — Stal. Dumortier (1827). - Beyer, Copenhoult, De Fellens, De Haan, De Ronnay, Dijon de Huy, Dreissen, Favrot, Floris, Girard, Lechartier, Marchand, Membrede, ama- teur instruit et propriétaire d'un riche établissement hor- ticole aux environs de Maestricht (H, Gand,); P. Michel qui accompagna Dumortier dans ses herborisations du Luxembourg, J. Olislagers, dont Dumortier acquit l'her- bier le 7 décembre 1820, en échange des 60 premières livraisons du Botanical Cabinet (Dmrt., Notes), abbé Voisin. J. Kickx (1827-32-35-67). — Chappel, pharmacien, De Mey, L.-F. De Prêter, pharmacien, De Ronnay, Don- kelaer, jardinier en chef du Jardin botanique de Louvain, D' Georges, professeur de botanique à Bruxelles, Giele père, jardinier en chef du Jardin botanique de Louvain, (j7 Malingie, Mantlerlier, D*" iMarée, Toilliez, Van Espen, jar- dinier en chef du Jardin botanique de Bruxelles, Van Hal. Tinant (]S^6). — Krombach, Marchand, Mazuir, pro- fesseur de rhétorique à l'athénée de Luxembourg, JVIuIIer. Van de Vyvere (1837-50). — Becuwe et Cornet, phar- maciens à Bruges. Westendorp (1838). — Capitaine Flémond, Forsler, Wallays. Van Haesendonck (1841). — Hermus, pharmacien à Anvers, Rigouts, Sommé, Stoffels, pharmacien à Malines, Verbert. Michot (1843). — J. Bedinghaus, Criquillon, abbé Cuvelier, Dethier, Drouet, C. Dumouh'n, A. Toilh'ez. Marissal (1846). - Belval, professeur. Du Colombier, D»" Dubois. 68 LISTE CHRONOLOGIQUE PUBLICATIONS RELATIVES A LA FLORE BELGE. 1710. — FR. PETIT. — Trois lettres d'un médecin des hôpitaux du Roi à un autre médecin de ses amis. 1768. - N.-J. DENECKER. — Deliciae Gallo-Belgicae sylveslris. 1772. _ BARON DE POEDERLÉ. — Manuel de l'arboriste et forestier belgiques. 1780. — G.-A.-J. HÉCART. — Florae Hannonicnsis Prodromus. 1792. — F. ROUCEL. — Trailé des plantes les moins fréquentes qui croissent naturellement dans les environs de Gand, d'Alost, de Terraonde et de Bruxelles. 1791. — A. DE ROZIN.— Herbier portatif des plantes qui se trouvent dans les environs de Liège. 1796. — A. DE ROZIN. — Coup d'oeil botanique sur les environs de Bruxelles. 1802. — Statistique du département des Deux-Nèthes par le préfet d'Her- bouville; 1^"" germinal an X. — Renferme la liste des plantes de ce département par Ad. Dekin. 1803. — F. ROUCEL. — Flore du Nord de la France. An XL J805. — DE LAMARCK et DE CANDOLLE. — Flore française. An XIII. 1807. — P.-E. DOSSIN. — Catalogue des plantes qui croissent spontané- ment dans le département de l'Ourthe et dans quelques endroits circonvoisins. Mss. 1808. — EDWARDS. — Tableau des plantes indigènes du département de la Lys. 1810. — A. -P. DE CANDOLLE — Voyage botanique en Belgique et dans les provinces rhénanes. Mss. 1811-13. — A.-L.S. LEJEUNE. — Flore des environs de Spa. 1812. — J. KICKX, père. — Flora Bruxellensis. 1812. — J.-B.-H.-J. DESMAZIÉRES. — Agrostographicdes départements du Nord de la France. 18U. — AD. DEKIN et A. -F. PASSY. - Flora Bruxellensis. I8U. — L.-F.-J. IIOCQUART. - Flore du département de Jemmape. 69 1817, — L.-F.-J. HOCQUART. — Supplément à la flore de la province du Hainaut ci-devant département de Jemmape. Mss. 1817. — J.-H. MUSSCHE. - Hortus Gandavensis ou Tableau général de toutes les plantes exotiques et indigènes cultivées dans le Jardin botanique de la ville de Gand, avec l'indication des lieux où elles croissent spontanément et en particulier celles qui habitent la Flandre orientale. 1819. — J.-W. MEIGEN et H.-L. WEINIGER. — Systematisches Ver- zeichnis der an den Ufern des Rheins, der Roer, der Maas, der Ourthe phanerogaraischen Pflanzen. 1821.— BORY DE S'-VINCENT. — Voyage souterrain à la Montagne S'-Pierre lez-Maestricht. 1822. — KICKX et QUETELET. — Relation d'un voyage fait à la grotte de Han au mois d'août 1822 (Bull. Acad,, II). 1823. — J.-B.-H.-J. DESMAZIÈRES. - Catalogue des plantes omises dans la Botanographie belgique et dans les flores du Nord de la France 182^. — A.-L.-S. LEJEUNE. — Revue de la Flore des environs de Spa. 1826. — M. BRONN et R. COURTOIS. — Verslag van een plant- en land- bouwkundig Reisie gedaen in Julij 1826. 1826. — J.-J. DE CLOET. — Flore des environs de Freyr ou Catalogue manuscrit des plantes de son herbier. 1827. — J. KICKX. — Commenlatio de planiis officinalibus et venenatis agri Lovaniensis. 1827. — TH. LESTIBOUDOIS. — Botanographie belgique. 1827. — B.-C. DUMORTIER. — Florula Belgica, operis majoris prodromus. 1828-56. — A.-L.-S. LEJEUNE et R. COURTOIS. — Compendium Florae Eelgicae. 1852. — J. KICKX. — Relation d'une promenade botanique et agricole dans la Campine. 185i. — P.-J. VAN BENEDEN et TUERLÏNCKX. — Flore de la province d'Anvers (Diet, géogr. de la prov. d'Anvers). 1855. — J. KICKX. — Flore crj'ptogamique des environs de Louvain. 1835. — J. KICKX. — Notice sur quelques espèces peu connues de la flore belge. 1836. — F.-A. TINANT. — Flore Luxembourgeoise. 1856. — G.-A.-J. HÉCART. — Florula Hannoniensis. 1857. — J. KICKX. — Bouquet botanique du littoral belge. 1857. — E. VAN DE VYVERE. — Plantes phanérogames indigènes et les plus cultivées de la Flandre occidentale. 70 I84I. — G.-C. VAN HAESENDONCK. — Prodrome dc la flore des envi- rons d'Anvers et d'une partie de la Campine. iSi^. — N.-L. MICHOT. — Flore du Hainaut. \S4fQ. — D.-F. MARISSAL. — Catalogue des phanérogames observées depuis 18^2 dans les environs de Tournai. 18^9. — J.-D. HANNON. — Flore belge (Bibliothèque nationale). \Sm. — E. VAN DE VYVERE. — Flore de la Flandre occidentale. 1853. — C. MATHIEU. — Flore générale de Belgique. 1855. — V.-P.-G. DE MOOR. — Essai d'une monographie sur les Gra- minées de la Belgique. ISU. — V.-P.-G. DE MOOR. — Traité des Graminées. i85i. — J.-E. BOMMER. — Tableau analytique de la Flore Belge. 1855. — A. BELLYNCK. — Flore de Namur. 1857. — G. BEAUFAYS, — Flore Verviétoise. 1860. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique, ^e édition. 1861. — A. WESMAEL et H. VAN HEURCK. - Prodrome de la Flore du Brabant. 1861. — H. VAN HEURCK et J.-J. DE BEUCRER. — Antwerpsche analy- tiscbe Flora. 1" partie. 1862. — A. THIELENS. — Flore médicale belge. 1862-88. — Bulletin de la Société Royale dc botanique de Belgique. I86i. — H. VAN HEURCK et V. GUIBERT. — Flore médicale belge. 1866. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 2^ édition. 1866. — L. PIRE et F. MULLER. - Flore analytique du centre de la Belgique. 1867. — J. KICKX. — Flore cryptogamique des Flandres. 1868. _ G. DUMOULIN. — Guide du botaniste dans les environs de Maestricht. 1874. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 3^ édition. 1877. — M. MICHEL. — Flore de Fraipont, Nessonvaux et leurs environs. 1878. — TH. DURAND. — Catalogue de la Flore liégeoise. 1882. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 4» édition. 1883. — H. BERNIMOLIN. — Catalogue des plantes spontanées du Tour- naisis. 1884 — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 5* édition. 1884. — A. COGNIAUX. — Petite Flore de Belgique. 1885. — A. DE VOS. — Flore complète de la Belgique. 1885. — H. FONSNY et F. COLLARD. — Florule de Verviers et de se environs. 1888 — C. H. DELOGNE. — Flore analytique de la Belgique. OBSERVATIONS ALGOLOGIQUES, E. DE WILDEMAN SUR QUELQUES FORMES DU GENRE SCENEDESMCS MEYEN. Le genre Scenedesmus Meyen comprend plusieurs espè- ces dont l'une, le S. caudalus Corda [S. quadriccmda Bréb.), est une des formes les plus communes des eaux douces, et présente par conséquent une grand nombre de variations. Dans le « Flora von Schlesien de Cohn », M. Kirchner décrit quatre variétés, savoir: a.typiciis,h.seto- sîiSfC. horridus, d. abundansi^), Ralfs avait déjà indiqué(2) sous la lettre (3 la forme d de Kirchner et une autre y décrite par Ehrenberg (5. quadricaudatiis (3 ecornis Ehr.). Rabenborst indique dans le genre Scenedesmus cinq espèces, mais aucune d'elles ne peut être confondue avec le S. caudatus Corda. On a décrit cependant des espèces appartenant à la même section, telles que 5. Naegelii que Rabenborst(^) rapporte avec raison au S. qiiadricauda (1) Kryptogamen-Flora von Schlesien. Algen bearbeitet von 0. Kirchner, p. 98. (2) Râlfs. British Desmidieae, p. 190. (3) Flora Alg, Eur., III, p. 65. 72 Bréb. et le 5. dispar Bréb., qu'il considère comme espèce distincte, mais qui doit se rapporter également au S. can- datus Corda. J'ai eu Toceasion d'étudier les variations présentées par cette dernière espèce, et j'ai pu remarquer une série considérable de ces variations que l'on serait tenté de considérer comme formes distinctes, si elles n'étaient reliées entre elles par des intermédiaires : ce ne sont d'ailleurs dans bien des cas que des états de développement. Les figures données par les auteurs tels que Ralfs, Nâgeli, Pritcbard ne me semblent pas fournir un modèle bien exact; il me parait que bien rarement pour ne pas dire jamais on ne remarquera chez cette espèce une régularité de forme aussi grande que celle qu'ils lui ont donnée. D'après ces figures, les cellules seraient formées de cylindres terminés de chaque côté par une calotte sphé- rique ; les cellules externes (Randzellen) comme les externes, posséderaient le même aspect. Or, généralement les cellules externes sont à l'état adulte un peu rebondies vers la partie médiane externe, et le som- met des cellules plus ou moins pointu dans les formes normales. Le groupe vu par la partie supérieure est représenté par une série de 2-8 cellules (si le groupe se compose de 2-8 cellules), disposées côte à côte et d'un dia- mètre sensiblement le même pour toutes les cellules. Le caractère primordial de cette espèce est d'avoir les cellules terminales de chaque groupe terminées à une ou aux deux extrémités par une pointe aiguë. La variété ecornis Ehr. sortirait dès lors de la description de l'espèce; cette description pourrait être due à une erreur commise par les observateurs. Si la pointe n'existe pas, la cellule présentera certainement un mamelon plus ou moins pro- 75 nonce, qui existe même en présence de la pointe et dont elle pourrait naître plus tard. Je n'ai pas jusqu'ici remar- qué de formes qui présentent le faciès du 5. caudatus Bréb. , et qui étaient complètement privées de pointes. D'ail- leurs ce mamelon et la différence de longueur des épines ont déjà été signalés par Ëhrenberg, qui dit à ce propos : « Die lange der Hôrnchen ist sehr verscliieden, oft fehlen enzeln, oft sind es nur VVarzen. » (M Si donc un groupe ne présente ni mamelon ni épine, je ne vois pas pourquoi il faudra le ranger dans une espèce dont le caractère prin- cipal est fourni par la présence de ces appendices. Les quatre formes décrites par Kirchner sont caracté- risées comme suit : a) Nur die Randzellen an den Enden mil je einem Stachel verselien. b) Ausser der Randzellen auch einzelne Mittelzellen bestachelt. c) Sâmmtliche Zellen an beiden Enden mit je einem Stachel besetzt. d) Die Randzellen tragen ausser den Endstacheln audi in der Mille der ausseren Seite einen solchen. M. Lagerhem a figuré d'autres variétés (2) très curieuses dont une se rapporte au setosiis Kirchn., mais les cellules médianes, au lieu de posséder une pointe, peuvent en pré- senter jusque 3. Une autre forme se rapporte au abimdans (1) Ehrenderg. Die Jnfusionsthierchen als volkommene Organisme)}, vol. F, p iSI. (2) Lagerheim. liidrag till Kànuedomen omSlockhulmstrakt. Pediastreer, Prolorocc.aceer och Palmellaceer (Ofvers. of. Vetcnsk, Akad. Forhandl), 1882, n« 2), lab. I[, Hg. 19-20, 74 Kirchn., et au lieu d'une épine partant du milieu des cel- lules externes, il y en a deux. On peut même trouver des groupes, dont une seule cellule présente des pointes marquées, et parfois même h une seule extrémité, les autres, il est vrai, présentant des mamelons. Mais les formes que l'on ne paraît pas avoir remarquées jusqu'ici sont celles dont les cellules sont placées à des hauteurs différentes les unes par rapport aux autres, et qui se rapprochent parce fait du 5. dispar Bréb.(^) tout en s'éloignant de la figure donnée par l'auteur lui-même, et qui ne parait d'ailleurs pas représenter fidèlement l'espèce décrite. C'est là une forme analogue à celle que Ton ren- contre chez d'autres espèces du même genre et que les auteurs ont décrite sous le nom de zig-zag. Chez cette orme seulement, on trouve les épines alternantes comme le veut Brébisson, pour son 5. dispar. Quant à la disposition des épines, suivant telle ou telle direction, disposition dont l'auteur semble vouloir tirer un caractère spécifique, on ne peut lui accorder aucune valeur, car dans des cellules du type bien caractérisé, on peut voir des pointes placées de toute façon : cela paraît dépendre de l'âge de la cellule qui jeune a presque tou- jours les épines repliées contre la cellule. L'épine est d'ailleurs déjà formée dans la cellule mère, où elle ne peut naturellement pas prendre la position que l'on lui connaît dans la cellule parvenue à son complet dévelop- pement. Le S. dispar Bréb. semble donc bien rentrer dans le S. caudatus Corda. (!) DE BuÉBissoN. Liste des Desmidiées observées en Basse- Normandie^ p. 159, pi. I, fig. 52 in iMéra. Soc. Se. nat. de Cherbourg. 75 Outre ces quelques modifications, ce Scenedesmus peut en présenter d'autres. C'est ainsi que les cellules termi- nales de la série peuvent être, comme le montrent les figures 19 et 22, considérablement gonflées dans leur partie médiane, et présentent souvent à leur extrémité un mamelon bien caractérisé terminé par une pointe recourbée en crochet; dès lors la cellule perd complète- ment la forme cylindrique que l'on attribue à l'espèce. La variété zig-zag peut aussi présenter d'autres états que ceux indiqués plus haut : les cellules alternes, mais surtout les terminales deviennent pyriformes, les premières allant jusqu'à se rejoindre par leur partie élargie; dans ces cas, il n'y a généralement que la queue de la poire qui porte une pointe. On peut observer entre ces formes toute une série d'états intermédiaires, qui ne sont que des stades de développement du type; car lorsque la cellule mère donne naissance à une nouvelle colonie, les cellules alternes sont généralement encore unies par leur partie large. Ce Scenedesmus présente encore une autre variation (jui porte sur la pointe. La cellule au lieu d'être terminée par une pointe longue, mince et ordinairement recourbée, est munie d'une pointe courte, arrondie au sommet. Ces pointes courtes et longues se remarquent parfois sur une même série linéaire de cellules. Un fait à remarquer c'est que les cellules munies d'une pointe courte, sont géné- ralement ovales oblongues, terminées seulement à l'une de leurs extrémités par une pointe. J'ai remarqué dans la même culture des Scenedesmus, qui s'y trouvaient, il est vrai, en petit nombre, dont les cellules oblongues ou ovales présentaient à toutes leurs extrémités des pointes courtes; cette forme paraîtrait avoir 76 beaucoup d'analogie avec le ^. denlkulatus Lagerlieim (1). La forme décrite plus haut se présenterait jusqu'à un certain point comme une forme intermédiaire; elle pré- sente également la variation que M. Lagerheim a appelée S. denticidatus var. zig-zag. Le type denticulatus figuré par l'auteur présente aux pôles des cellules deux dents, mais d'après ce que m^écri- vait VF. Lagerheim, il peut aussi se trouver des formes n'en ayant qu'une. L'algue à laquelle je fais allusion pourrait donc s'identifier au S. denticulatus, qui, dans ces condi- tions, pourrait bien n'être qu'une modification de S. cau- datus Corda. Comme les figures 33 et 36 le montrent, toutes les for- mes n'ont pas aux extrémités de toutes les cellules des dents; celles-ci peuvent être disposées alternativement sur les cellules médianes, et donnent, dans ce cas, un aspect analogue au 5. dispar Bréb. Cette forme se reproduit comme les autres espèces du même genre, c'est-à-dire par la division du contenu cellulaire généralement en qua- tre parties, donnant chacune naissance à un nouveau groupe. Ces cellules ne présentent, à leur naissance, ordi- nairement pas de pointe; parfois on y remarque un simple mamelon, qui parait même manquer. A première vue, un groupe présente, dans ces conditions, un faciès très différent de la forme décrite plus haut et une grande ana- logie avec les S. alternans et radius Reinsch(2). On serait (1) Loc. cit., pi. II, fig. 13-17. Cette forme paraît plus rare que les autres ; je ne la connais jusqu'ici signalée qu'on Suède, en Silésie et en Bohême (Hansgiig). (2) P. Reinsch. Die Algenfl. des Miltleren Thciles von franken, p. 81, pi. VI, fig. III et VI. 77 tenté de les prendre pour des espèces distinctes si des variétés intermédiaires ne les reliaient à la première (fîg. 27-30). A la sortie de la cellule mère, les i cellules, constituant le nouveau groupe, sont disposées en croix. Or, d'après M. Lagerheim, la caractéristique de son 5. denticiilatus a genuimis Lagerh., est d'avoir les cellules en croix et ovales-elliptiques, ce qui est généralement le cas des cel- lules chez les échantillons que j'ai examinés. Les groupes en croix se développent, se disjoignent et se disposent soit d'une iaçon alternante, soit en ligne droite, les épines prenant tantôt une dimension assez considérable ou res- tant à l'état de mamelon. La variété linearis décrite par M. Hansgirg(l), et qui a pour seul caractère d'avoir les cellules disposées en ligne droite ou presque droite, ne serait donc qu'un stade de dé- veloppement. Si les cellules se disposent d'une façon alter- nante, le groupe appartiendra à la var. Zig-Zag Lagerh., mais on peut voir dans une même série les deux formes linearis Hansg. et Zig-Zag Lagerh. Toutes ces variétés ne seraient donc que des étals de développement d^un même type. Les formes examinées avaient environ 8 w de large sur 12^. de long, mensurations qui se rapprochent de celles données par M. Lagerheim à la var. genuinus et par M. Reinsch au S. radius, qui, avec l'espèce voisine S, alternans, me semblent devoir élre réunies. M. Reinsch lui-même dit qu'il y a entre ces espèces une grande res- semblance : les différences étant le nombre de cellules du (1) l]\ysiMRG.Prodromns der Algcnfl. v. Bohmen, Th. I, Hefl II, p. 268. 78 groupe, leur similarité et leur disposition en ligne droite chez la première espèce. Un caractère bien distinct est donc difficile à attribuer à ces différentes espèces, car la nombreuse série de formes intermédiaires ne peut, pour le moment, nous faire con- naître les limites de ces espèces. En tous cas, je crois qu'on ne doit considérer actuellement comme S. caudatus que des groupes de cellules dont au moins une présente à Tune ou l'autre de ses extrémités une pointe plus ou moins développée. Quant à la var. ecornis que Ralfs a signalée, elle peut appartenir au S. caudatus Corda, mais elle pourrait aussi se rapporter au S.obtusiisMeyen, surtout si Ton consulte les travaux de Naegeli, Priichard, quoique les figures données par ces auteurs s'éloignent considérablement de celles que l'on trouve dans Hassall, Ralfs, CookeC), qui au lieu de cellules cylindriques nous montrent des cellules ovalaires à pointes disposées alternativement. Les figures de Moyen (2) ne peuvent servir de point de comparaison ; elles sont abso- lument insuffisantes. Je suis tenté d'admettre comme type du5. o6f?îe Flora des U ntcrengad ins, \SS7-iSSS)menlionnc également à Tarasp le R, abielina Gren., mais je ne sais sous quelle forme. Jusqu'ici, je n'ai pas vu d'échantillons du vrai R, uriensis originaire de la Basse-Engadine. J'ajouterai qu'autour d'Ardezetdansle valTasna, je n'ai pas aperçu cette espèce. En dehors de la Suisse (^), je ne connais le vrai R. uriensis que du Tyrol(de la vallée de Stubai [SOOO'-^OOO'jet de St-Martin près de Hall [2500']) distribué par M. Kerner sous le nom de R. capnoidcs. C'est la forme pubescente, à glandes sous-foliaires assez abondantes(2). M. J. Wiesbaur (Oesl. Bot, Zeit., 188G, n'» 10) signale le R. abietiiia en Bohème sous deux formes différentes : f. interposita et f. Guenthcri (R. Gucntheri Wiesb.). Quant à la forme Guenlheri, dont Tauteur m'a envoyé une série d'exemplaires en fleurs et en fruits, elle n'appartient pas au vrai R. uriensis. C'est, selon moi, une variation du R. coriifolia à dents très composées- glanduleuses, à face inférieure des folioles chargée sur le (i) Je tiens à l'écart, pour le moment, le Jura français avec son Ji. abielina Gren., j)arce que celte forme me laisse des doutes sur son idéalité spécifique. (2) Dans le G<> fascicule de mes Priviidae, p. 719, j'avais rangé le R. capnoidcs Kern, dans un groupe de variations du R. r.oriifolia à folioles à nervui'es secondaires non glanduleuses. Ayant revu les exem- plaires de mon herbier et examiné les spécimens de l'herbier de M. Christ, j'ai reconnu (ju'ils possédaient des glandes sous-foliaires i)lus ou moins abondantes. • 99 parenchyme de nombreuses et très petites glandes, à pédicelles, réceptacles et sépales églandeux. La corolle paraît être d'un rose assez pâle. M. H. Braun, dans ses Nachtrclge zur Flora von Nieder- Oesterreich (1885), décrit un jR. abietina Gren., mais à en juger d'après la description il ne me paraît pas pouvoir être rapporté au vrai R. uriensis. Dans les nombreux matériaux que j'ai reçus de Scan- dinavie, d'Angleterre, d'Allemagne et de France, je ne trouve aucune forme qui puisse être identifiée au R. uriensis. On ne peut pas conclure des faits rapportés ci-dessus que cette Rose soit exclusive aux lieux où on l'a décou- verte jusqu'ici; de nouvelles recherches viendront peut- être étendre son aire de dispersion. Quoiqu'il en soit, il semble que cette Rose constitue une forme ou race assez remarquable, dont l'aire géographique est beaucoup moins vaste que celle du R, coriifolia. Le R. uriensis mérite-t-il, comme je le demande ci- dessus, d'être séparé du R. coriifolia pour constituer une espèce secondaire autonome? On peut dire qu'il est très voisin du groupe secondaire(l) de Roses montagnardes, dont la série de formes à l'état glabre a reçu le nom de R. glauca Vill. et dont la série de formes à l'état pubescent a été décrite sous celui de R. coriifolia Fries. Dans la classification que j'établirai plus tard, dans ma monogra- phie, peut-être constituera-t-il un membre distinct, ou si (1) L'épithèle de secondaire n'est pas employée ici dans le sens de 2me degré; elle signifie simplement que l'espèce ou le groupe spécifique auquel elle est appliquée n'est pas de 1" ordre : ce groupe peut être de 2e, de 3e ou de 4^ ordre. 100 Ton veut prciulra-t-il une place spéciale clans le groupe secondaire constitué par les R, rjlauca et R. corii folia, formes représentés par un grand nombre de variations auxquelles on a appliqué des noms spécifiques. Je dis peut-être, parce que je suis encore assez loin de penser qu'il ait des caractères suiïîsamment marqués pour écarter, d'une part, ses formes pubescentes du R, coriifolia et de l'autre, ses formes glabres du R. glauca. D'après les descriptions qui sont données par les auteurs, il semble que le R. uriensis soit très distinct des R. glauca et R. coriifolia, mais cette distinction n'est-elle pas due à ce que ces deux dernières ormes n'ont pas été suQisamnient étudiées? Les matériaux extrêmement abondants que j'ai réunis des localités les plus diverses démontrent surabondamment que les descriptions des auteurs ne s'appliquent qu'imparfaitement aux iR. glauca et R. coriifolia. Je ne décrirai pas ici les nombreuses variations que subissent ces deux dernières formes, pour démontrer que le R. glauca se relie assez étroitement aux formes glabres du R. uriensis et qu'à son tour le R. corii- folia en fait de même avec les formes pubescentes. Je dirai seulement que le R. glauca et le R. coriifolia peuvent avoir parfois une glandulosité des feuilles et des organes lloraux aussi abondante que le JR. uriensis. Je possède en herbier des formes auxquelles j'hésite à donner un nom. Sont-elles plutôt des R. coriifolia ou R. glauca que des R. uriensis? 11 est assez vraisemblable que les nou- velles recherches feront découvrir d'autres variations inter- médiaires qui, à fin de compte, relieront peut-être d'une façon complète les R. glauca et R. coriifolia au/i. uriensis. Occupons-nous maintenant des 7^ Thomasii, R. Dema- 101 tranea et R. abietina f. Brueggeri, que M. Christ avait associés au R, uriensis. Sous ces trois noms différents, il n'y a probablement qu'un simple groupe de variations très affines appar- tenant à la sous-division des membres du R, canina à laquelle j'ai autrefois donné le nom de Tomentellae. Ce groupe est-il autonome, c'est-à-dire est-il constitué par autre chose que de simples variations du R. tomentella Lem. de la plaine, ou bien est-il composé de formes auxquelles la montagne a imprimé un caractère particu-, lier plus ou moins constant? Pour répondre à cette double question, il faudrait avoir fait une étude approfondie et suffisamment prolongée sur le vif et avoir réuni des matériaux d'herbier extrême- ment riches; or, je n'ai pu, jusqu'ici, étudier ce groupe dans la nature que dans le Maderanlhal et quoique mon herbier soit assez bien fourni d'échantillons, ceux-ci ne sont pas encore assez abondants. Créer des espèces comme on le voit faire si fréquemment est chose relative- ment facile. On sait que le plus grand nombre de ces créations reposent sur des formes individuelles ou sur de simples états de pubescence ou de glandulosité. Lorsqu'il s'agit de distinguer, dans les formes innom- brables dérivées d'une type primaire ou cardinal, un groupe de formes ayant acquis plus ou moins son auto- nomie par suite de certaines circonstances, alors la besogne devient beaucoup plus difficile, par ce fait que les groupes de 2% de 3^ ou de 4^ degré présentent ordinaire- ment des caractères distinctifs affaiblis, qu'une longue observation est seule capable de faire bien saisir. Avant de tenter la classification des R. Thomasii, R. Dematranea et formes voisines, il faut que l'étude du 102 groupe du R, (omcntella soil plus avancée qu'elle ne Test actuellement. Le groupe du R. tomentella est encove pour moi h Tétat plus ou moins cliaotique.il me faudra faire d'assez longues reclierches pour classer, selon leurs aflînités naturelles, les matériaux considérables que j'ai réunis et qui forment, dans ma collection, huit cartons assez volumineux. Aujourd'hui, je me contenterai de faire remarquer l'étroite affinité des U. Thomasiij R. Detnatranea et M. abietina f. Briieggeri, leurs rapports avec le R. tomen- tella et par là les différences qui les sefd^reni du R.vriensis, Le R. Tliomasii Pug. a été décrit pour la première fois en 1774 par M. le Chanoine Cottet (Bull. Soc, Miirilh., 1874, p. 24). Dans cette description (faite sur des spéci- mens d'Attinghausen), comme dans une description ma- nuscrite que m'avait adressée M. l'Abbé Puget (faite également sur des échantillons d'Âttinghausen), les ner- vures secondaires sont dites églanduleuses, ce qui répond exactement aux spécimens authentiques du Schiichenthal qui se trouvent dans mon herbier et celui de M. Christ. M. Cottet attribue à cette forme des styles glabres, tandis que la description de M. Puget les d\[ faiblement hérissés. M. Christ (Ros. ci. Sc/iw., p. 157) décrit les styles faible- ment laineux (schwach wollig). Je n'ai pas vu de spécimens provenant d'Altinghau- seri, mais il est vraisemblable que chez ceux-ci, comme chez ceux du Schîichenthal et d'Axen, les styles sont assez peu ou modérément hérissés, ce qui est le cas pour le R. Dematreana et \c R. abietina f. Rrueggeri. Dans le R. nriensis, de même que dans les R. corii folia et R. (/Iduca, les styles sont eniourés de nombreux poils qui lieniient les stigmates distants les uns des autres, 105 rejettent un peu en arrière les extérieurs qui débordent sur le disque en donnant au capitule stigmatique une forme semi-hémisphérique très caractéristique. L'aspect de ce capitule semi-hémisphérique avec les stigmates distants et plongés dans un épais tomentum est bien différent de celui des capitules stigmatiques glabres ou peu hérissés, à stigmates pressés les uns contre les autres. J'ai observé dans le Maderanthal, vers le hameau « Am Schattingen-Berg », à 820 mètres d'altitude, un très fort buisson du R, Thomasii. Dans son voisinage immédiat, croissait un ou plusieurs buissons de R, Dema- tranea. Le R. Dematranea Lag. et Pug. dont je possède une riche série d'échantillons, dont un bon nombre m'ont été adressés par M. le Chanoine Cottet, des environs de Montbovon, a été décrit par celui-ci en 1874 (loc. cit., p. 52). C'est cette même forme que Déséglise a donnée, en 1877 (Catal.j n" 295 en observ.), sous le nom fautif de R. Thomasii, Il ne diffère réellement du R. Thomasii que par la présence de glandes plus ou moins nombreuses ou plus ou moins rares sur les nervures latérales des folioles, et par une dentelure foliaire un peu plus glanduleuse. On se demande comment d'aussi bons observateurs que MM. Puget et Cottet n'avaient pas saisi les rapports étroits qui relient ces deux prétendues espèces. C'est encore la valeur exagérée accordée à la glandulosilé foliaire qui, dans ce cas, a fait faire fausse route. Les R. uriensis, R. coriifolia, R. glauca et R. tomen- tella étant à nervures secondaires tantôt églanduleuses, tantôt glanduleuses, je ne vois pas de raison pour tenir compte de l'absence ou de la présence de glandes sous- lO/p foliaires pour séparer le R. Thomasîi du R. Dematranea. Je les réunis donc, eu conservant le nom de R. Dematra- nea, qui n'était appliqué qu'à la forme la plus répandue, c'est-à-dire à la variation à nervures secondaires glandu- leuses. Au R. Dematranea, doit très probablement venir se joindre la forme du R. abietlna connue sous le nom de Bruecjcjeri. M. Christ a décrit cette variation sur des spécimens que je n'ai pas vus et qui sont conservés dans l'herbier Godet : ils proviennent des environs de Thusis. Les échantillons nommés Bnieggeri par M. Christ dans son herbier sont de Flims (1000 m.), et de Fidaz (1100 m.), recueillis par lui en 1879 et par M. Heer, en 1880. Ces échantillons, qui simulent un peu certaines variations du R, tomenlosa, présentent la même glan- dulosité que le R. Dematranea. Leurs styles sont modé- rément hérissés comme dans celui-ci. Le R. abietina f. glaronensis, qui est représenté dans mon herbier et dans celui de M. Christ par de beaux spécimens fructifères, mais provenant du même buis- son, ne peut, à en juger d'après ces échantillons, être associé au R. Dematranea. Il me faudrait un supplément d'informations pour décider à quelle espèce celte forme glaronensis appartient. Le 7?. Dematranea (incl. R. Thomasîi et f. Rrueggeri) m'est connu en Suisse des localités suivantes, que je relève dans mon herbier ef dans celui de M. Christ. Sous sa forme Tliomasii : dans le Schàchenthal près iMùhlebach (leg. Gisler), Axen (leg-. Gisier), dans le Ma- deranihal (I g. Crépin), au Bninig {Ici:. Bouvier). Sous sa foi nie Doiialnuien : environs de Monthovon et des Cases d'Allières (leg. Cotiei), Siininenlhal (leg. Favral)^ 10') Neuhaus (leg. Christ), Murren (leg. Alioth), Grindelwald (leg. Christ), au Brunig (leg. Christ), au Landenberg au- dessus de Sarnen (leg. Christ), Gersau (leg. Schneider), Fliilen, AUorf, Biirglen (leg. Gisler), Maderanthal (leg. Crépin), Oberwyl (leg. Burckhardt)(l), Durnachlhal au- dessus de Linthal (leg. Christ), environs de Nâfels (leg. Schneider), entre Quinten et Walenstadt (leg. Schroter). Enfin sous sa forme Brueggeri : Flims(leg. Christ et Heer). La distribution du R. Dematranea en Suisse telle que je viens de rétablir ne manque pas d'un certaine unité; on la voit s'étendre sur une ligne continue de la Sarine au lac de Walenstadt, d'où elle remonte dans la vallée du Rhin. Il semble que cette forme ne végète pas, en général, à une altitude aussi élevée que le JR. uriensis. Les aires de distribution de ces deux Roses ne paraissent pas se con- fondre, quoique, sur certains points, comme vers Amsteg et Flims, elles soient en contact. Le R. Dematranea serait-il propre à la Suisse et n'exis- terait-il pas en dehors de ce pays? Peut-ètfe est-ce bien lui qu'on a indiqué dans le Jura français sous le nom de R, abietina Gven. Il se trouve, dans l'herbier de M. Christ (i) M. le D"* Burckhardt a récolté à Oberwyl une forme voisine du R. Dematranea, dont les styles sont glabres et que M. Christ a étiquetée R. tirolensis (Conf. Christ Flora, 1874). Je n'ose me prononcer sur Tiden- tité spécifique de cette forme. D'un autre côté, M. le D"" Burckhardt a recueilli à Bolligen une Rose à styles également glabres, que M Christ a également étiquetée R. tirolensis (Conf. Christ I. c ). Les beaux échan- tillons de cette forme conservés dans l'herbier de M. Christ ont absolument le faciès général du R. lomenlella de la plaine et je ne puis voir en eux qu'une variété de celui-ci à styles glabres, à pédicelles hispides-glanduleux et à réceptacle un peu hispide à la base. Remarquons toutefois que M. Favrat a observé le R. Dematranea dans le Simmenthal, 100 un éclianlillon en Hours recueilli aux environs de Pallanza en 1875 par M. Monnier, que M. Christ a nommé R. abie- tina f. nricnsis et auquel il fail allusion à la page 375 du Flora de 187G. Je ne pense pas qu'on puisse rapporter ce spécimen au R. iiriensis. Peut-être appartient-il au R. Dematranea. Quoique le R. tirolensis Kern, soit à styles glabres et à réceptacles seulement hispides à la base, il pourrait bien être une variation du R. Demalranea : M. Christie considère comme une variété du R. tomcnlella. Voilà tout ce que je connais en fait de formes étran- gères à la Suisse qui semblent avoir des rapports suffi- samment apparents avec le R. Dematranea. Maintenant je pose cette question : Le R. Demalranea est-il toujours à feuilles pubescenles? Comme le R. tomen- tella de la plaine et des vallées basses présente çà et là des variations à feuilles glabres, il n'y aurait rien d'extraordinaire, me semble-t-il, à trouver également le R. Demalranea à l'état glabre. Jusqu'à présent, je ne vois qu'une forme qui puisse, peut-être, représenter l'élat glabre en question. M. Christ en a trouvé un gros buisson entre Stachelberg et le Fiitschbach dans le Linthtahl (région où existe le R. Demalranea pubescent). Les spéci- mens qui sont conservés dans son herbier, à part l'absence de pubescence et de glandes sur les folioles ressemblent extrêmement au R. Dematranea. J'appelle l'attention des spécialistes suisses sur cette forme et je les engage, en outre, à rechercher ailleurs les variations glabres du R. Demalranea. M. Christ avait rapporté la Rose de Stachelberg au /^ alpeslris Rap. (Ros. d. Schw., p. 140), mais ses aiguillons fortement crochus et divers autres caractères ne justifient pas celte identification. Le R. Dematranea, dont il vient d'être longuement 107 question, ne pent certainement pas être associé au R. iiriensis, dont il diffère par son port plus lâche, par ses aiguillons plus crochus, par son inflorescence à pédicelles plus longs, par sa corolle plus pâle, par ses sépales réfléchis ou seulement étalés pendant la maturation, ordi- nairement caducs avant la maturité du réceptacle, à appendices plus nombreux, ordinairement plus foliacés, les inférieurs ordinairement incisés assez profondément, par ses styles seulement hérissés, à stigmates non séparés les uns des autres par un épais tomentum. La forme des sépales permet souvent, au premier coup d'œil, de distinguer le R. iiriensis du R. Dematranea. Dans le premier, les sépales extérieurs n'ont ordinaire- ment que 2 à 4 appendices latéraux étroits, presque toujours entiers, les supérieurs restant éloignés de la point dilatée du sépale, tandis que dans le R. Dematranea les appen- dices sont ord. plus nombreux (3-6), plus foliacés, les supérieurs rapprochés de la pointe dilatée. Sur de nombreux échantillons du R. iiriensis, on trouve de temps en temps des exceptions à ce que je viens de décrire, mais cela n'enlève rien à l'utilité pratique du caractère tiré de la forme des sépales. Quant à distinguer le R. Dematranea du R. tomentella d'une façon à ne pas laisser prise au doute, la chose me paraît très difficile, en présence des variations extrêmement nombreuses auxquelles est soumis le f?. tomentella de la plaine, variations qui n'ont pas encore fait jusqu'ici l'objet d'une élude suffisamment approfondie. On ne peut guère employer la forme et les dimensions des folioles, ni leur pubescence ou leur glandulosilé, tant il y a de variations soit dans le R. tomentella de la plaine, soit dans le R. De- matranea. Dans ce dernier, les pédicelles et les réceptacles 108 paraissent è(re toujours abondamment Inspides-glandu- leux, mais il se présente des variations du R. tomentella de la plaine chez lesquelles cette glandulosité est à peu près la même. La forme des sépales n'offre guère de res- sources distinctives; seulement, dans le R. Demalranea les sépales paraissent être moins promptement caducs et sont plus relevés pendant la maturation sans toutefois être redressés comme dans le R. uricnsis. Il revient aux spé- cialistes qui peuvent étudier le R. Dematranea dans leur canton de rechercher, par une élude atlentive et prolon- gée, les caractères morphologiques et biologiques qui séparent celte forme du R. tomentella de la plaine. Ils auront à suivre celui-ci dans sa marche ascensionnelle, car il s'élève assez haut, à examiner vers quel point il devient rare, où il disparaît pour faire place au 7?. Dematra- nea, Il est probable que celui-ci est une forme dérivée du R. tomentella et dont les faibles caractères distinclifs sont peut-être dus à des influences climatériques. Dans certaines vallées des régions monlagneuses, on peut voir çà et là les R. glauca et R. coriifolia cohabiter avec les R. canina et R. dumetorum. De cette cohabi- tation, doit-on conclure que les deux premières formes, (|ui sont des monlagnardes, se soient trouvées de tout temps en compagnie des deux dernières, qui sont des formes de la plaine ou des régions inférieures? Les pre- mières ne soni-elles pas descendues de niveaux plus élevés, ou les dernières no sonl-ellcs pas moulées sporadiquemenl, chose (jui [)arail facile le long des routes et des grands chemins? Les spécialistes habitant les régions monla- gneuses feront bien de s'assurer si le mélange de formes montagnardes et de formes de plaine existe en dehors des lieux où l'on peut faire intervenir l'action de faciles transports de bas on haut. i09 Je dois m'excuser de m'étre arrêté aussi longuement, dans ce paragraphe, pour discuter la nature du R. abie~ Una tel que l'avait conçu le savant botaniste de Bale. Cette discussion qui pourra paraître bien diffuse aux lecteurs étrangers à cette question, était nécessaire. Je me suis efforcé de dissiper des confusions que je considère comme fâcheuses pour les progrès de la connaissance des Roses suisses et des Roses en général. Je convie les spécialistes à vérifier, sur le vif et dans leur herbier, les faits que j'ai analysés et appréciés et je les prie de rectifier, s'il y a lieu, les points que j'ai pu mal interpréter. L'étude des formes secondaires, je le répète, est parfois d^une difficulté inouïe et leur connaissance réclame une somme de travail extra- ordinaire. Pour apprécier à sa véritable valeur certaines de ces formes, il ne suffit pas de l'étudier uniquement dans son canton, sur quelques buissons et sur de rares échan- tillons d'herbier; on doit la suivre dans une grande partie de son aire de distribution et accumuler de riches maté- riaux d'herbier. Il faut, en outre, pouvoir examiner à son aise et à loisir des spécimens authentiques qui ont servi de base aux descriptions des auteurs. II. L^armatarc du Rosa alpiua L. L'armature du R. alpina n'a pas encore jusqu'ici fait l'objet d'observations suffisamment nombreuses. La plupart des auteurs qui ont traité cette espèce se sont bornés à dire que la partie inférieure de la tige est ordinairement chargée d'aiguillons plus ou moins grêles ou sétacés, abondants ou rares, et que la partie supérieure de l'axe caulinaire ainsi que ses ramifications sont inermes. 110 Seringe (in Proclr.) a décrit une variété aculeata clans laquelle les aiguillons sont plus robustes que dans la forme ordinaire. Celle variété a élé décrite en 1873 par Désé- glise sous le nom de R. adjecta (R. inlricala Déségl. ad amie). Ce dernier auteur a, en outre, décrit, sous le nom de R. inter calavis (R. (iIpestris'Désèg\.)y une autre variation du R. alpina à aiguillons plus grêles que dans son R. ad- jecta. Dans les R. adjecta et R. intercalaris, les aiguillons peuvent envahir les rameaux et jusqu'aux ramuscules florifères. Dans la description du R. intercalaris, Déséglise ne parle pas de la disposition des aiguillons, qu'on doit sup- poser éparsj mais, dans la description du R. adjecta, il dit des aiguillons : quelques fois (jéminés sous les feuilles. M. Christ (Ros. d, Schiv., 1873) décrit une forme du i?. alpina sous le nom de reversa qui correspond au R. intercalaris ou du moins qui comprend celui-ci. Posté- rieurement, le même auteur (Flora, 1874) décrivait, sous le nom à" aculeata une forme du R. alpina qu'il avait découverte aux environs de Fusio. Voici ce qu'il dit des aiguillons : Zxveige mit langen, derben geraden an der Rasis verbreiterten Stac/ielpaaren unter den Stipulas. Les deux spécimens de cette forme de Fusio conservés dans l'her- bier de M. Christ ne montrent que des aiguillons épars ou des aiguillons plus ou moins rapprochés par trois sous les feuilles. 11 est cependant probable que sur le ou les pieds vivants qu'il a vus à Fusio, M. Christ a observé des aiguil- lons régulièrement géminés. Quelques années après, M. Schniidely (Annales de la Société botanique de f^yon, 1878-187*.)) décrivait, sous le nom de R. alpina var. si/npiicidens, une forme qui se distingue, dit-il, du R. alpina ordinaire : par ses tiges et Ill une grande partie de ses rameaux florifères recouverts d'aiguillons assez fort, presque droits ou légèrement inclinés, à base élargie et assez régulièrement géminés sous les feuilles.... Dans les échantillons de celte forme, que m'a envoyés M. Schmidely, je compte 5 paires d'aiguillons régulièrement géminés. Le R. alpinoides Déségl. corres- pond à cette variété simplicidens. L'existence d'aiguillons géminés dans le R. alpina avait donc été constatée dès 1875 par Déséglise et M. Christ, et en 1878, par M. Schmidely. Cette disposition des aiguillons est-elle un cas très rare et toutà fait exceptionnel? Les très riches matériaux que je possède du R. alpina vont me permettre de répondre à cette question. En dehors des échantillons à aiguillons géminés recueillis par moi et dont il sera question plus loin, je vais énumérer les localités d'où je possède des échantillons à aiguillons géminés, en commençant par la Suisse. Suisse : Thyon (leg. Wolf), Mont Clou (leg. Favrat), Mayens de Sion (leg. Favral), Gurnigelberg (leg. Christ), Chesiéres (Rapin), canton de St-Gall, mais je ne sais pas lire la localité (leg. Schlatter). France: Salève(leg. Schmidely), La Mure (leg. Moutin). Italie : entre Premadio et S. Gallo (leg. Levier), in Apennino pistoriense (leg. Savi). Dans les échantillons de ces diverses localités, les paires d'aiguillons géminés sont plus ou moins rares; elles se pré- sentent soit sur la tige, soit sur les rameaux et même, mais plus rarement, sur les ramuscules florifères. La variation aculeata, sans trace d'aiguillons géminés, est beaucoup moins rare que la précédente. J^en arrive maintenant aux échantillons à aiguillons géminés provenant de mes récolles. 112 En 1887, le 25 août, en descendant du Col de Voza, j'ai observé aux environs de Bionnassay (Savoie) une co- lonie d'un R. alpina dont l'armature m'avait beaucoup frappé. Les robustes pousses stériles élaient chargées, sur toute leur longueur, de très nombreux aiguillons, les uns robustes, allongés, comprimés et parfaitement droits mé- langés à d'autres nombreux et sétacés. Dans la partie supérieure des tiges de l'année précédente portant les ramuscules fructifères, les aiguillons sont moins abon- dants, ordinairement épars, très rarement géminés; mais sur les vigoureuses pousses latérales stériles de ces mêmes tiges, les aiguillons sont tous ou presque tous régulièrement géminés comme dans les Cinnamomeae. Quant aux ramuscules fructifères, ils sont inermes, avec quelques aiguillons épars, 1res rarement avec des aiguil- lons géminés. Dans la région où j'ai recueilli cette forme de iR. alpina, qui est pure de toute hybridation, on rencontre seulement les R. ferruginea, R. çjlauca et R, coriifolia. Mes autres échantillons de R. alpina à aiguillons géminés proviennent d'Ardez (Basse-Engadine), où, cette année, j'en ai observé deux habitations éloignées d'une demi lieue l'une de l'autre. Ils présentent de nom- breux aiguillons géminés tant sur la tige que sur les rameaux et les ramuscules fructifères. Tous ces échan- tillons revêtent l'un des caractères les plus saillants des espèces de la section Cinnamomeae. Le R. cinnamomea est très répandu dans tous les alentours d'Ardez, mais rien dans les spécimens du R. alpina ne fait soupçonner ceux-ci de la moindre trace d'hybridalion avec le R. cin- namomea. Jl est à remanjuer ({uo les divers êlals aculéolés du 113 R, alpina : var. aculeata à aiguillons assez robustes gémi- nés ou épars el var. intercalaris (R. intercalaris Déségl., R. alpina f. reversa Christ) à aiguillons fins et très grêles, ne répondent pas à des variations spéciales, que ces états peuvent se présenter probablement chez la plupart des formes du R. alpina. Maintenant que l'attention va être plus spécialement attirée sur les variations du R. alpina à aiguillons géminés, je ne doute pas qu'on arrive à constater des cas plus fréquents de production d'aiguillons géminés dans cette espèce. L'apparition d'aiguillons géminés chez le R, alpina, bien que, pour le moment, elle soit encore assez rare, pro- voque des réflexions qui amèneront peut être un change- ment dans le classement de ce type. Plus tard, j'aurai l'occasion de revenir sur ce fait hautement intéressant, en reprenant l'étude de certaines Roses du Caucase dont l'interprétation est resiée pour moi très douteuse. m. Le Rosa ferragînea Vill. A chacun de mes voyages dans les Alpes, j'ai été fnippé de plus en plus de Textréme distinction du R. ferruginea, sur lequel on ne peut jamais se méprendre, qui se recon- naît même toujours à distance à l'égal des meilleurs types primaires. Celte espèce se maintient avec son faciès et tous ses caractères quelle que soit la nature des stations. Malgré cela, les descriptions qu'on en a données jusqu'à présent laissent presque toujours supposer que ce type ne se dégage pas d'une façon très nette de certaines formes du R. glauca. 114 En 1882, dans le G^ fascicule de mes Primitiae, je n'avais pas encore bien saisi lout ce que ce type présente d'original, de particulier, et ce que j'en disais alors reflète des hésitations qui ont disparu. En 1875, dans sa monographie, M. Christ considérait cette Rose comme un type de premier ordre, mais, en 1885 (Le gem^e Rosa, etc., trad, franc.), il la relègue à un rang secondaire. Ses idées à l'égard de celte espèce ont ainsi subi une évolution en sens contraire des miennes. En 1879, MM. Burnat et Gremli (Les Roses des Alpes maritimes) considéraient le R. ferruginea comme une espèce de premier ordre, et je ne sache pas qu'ils aient changé d'opinion sur son compte. Selon moi, le R. ferruginea ne peut-être mis au même rang spécifique que le R. glauca. Celui-ci est d'un rang taxinomique bien inférieur; il montre des attaches encore très étroites avec le R. caniiia, dont il ne paraît être qu'un membre modifié depuis une époque relativement nioderne. Au contraire, le R. ferruginea, qui n'a pas de forme correspondante dans la plaine, est franchement séparé du groupe Canina par la figure particulière de ses aiguillons, par ses sépales étroits, allongés et ordinaire- ment entiers, par sa corolle petite, à pétales colorés d'une façon spéciale, par ses feuilles caulinaires 9-foliolées et non 7-foliolées et par divers autres caractères qui parais- sent bons, mais qu'il importe de vérifier avec soin. C'est ainsi que M. Christ lui assigne un disque petit, tandis qu'il dit celui du R, glauca large ; il ajoute que les filets slaminaux sont courts et que le fruit (réceptacle) mûr est fade. J'ai déjà fail un certain nombre de coupes verti- cales de réceptacles frais des R. ferruginea, R. glauca et y^ viontana,(\y\\ m'ont laissé voir, dans la première espèce 115 le col du réceptacle mince, tandis que dans les deux autres espèces celui-ci est plus ou moins fortement épaissi; mais il faudrait faire de nombreuses observations pour être certain que les différences sont bien constantes. Des fruits bien mûrs et devenus pulpeux du R. ferruginea se sont montrés très légèrement acidulés, tandis que ceux du R glauca semblent avoir le goût de ceux du R. canina, c'est-à-dire franchement acidulés, mais ici encore on ne doit affirmer qu'après de nombreuses observations faites avec soin. La forme des folioles, leur forte glaucescence, leur constante glabréité, leurs dents toujours simples et enfin le faciès général des buissons fournissent, à leur tour, d'excellentes notes dislinclives. Je suis persuadé qu'on finira par tracer des diagnoses qui dégageront d'une façon claire et pratique le R, ferruginea des autres formes avec lesquelles on l'a associé trop étroitement. Aucun auteur ne semble avoir remarqué que les tiges sont toujours à feuilles 9-foliolées, alors qu'elles sont normalement 7-foliolées dans les R. caninaj R. dumeto- runiy R. glauca, R. coriifoliaj R. montana, R. rubiginosa, R. micrantha^ R. graveolens, R. agrestis, R. tomentosa, R. mollis et R. pomifera. 11 est bien rare de les voir 9-foliolées dans l'une ou l'autre de ces espèces. Ce caractère tiré du nombre des folioles me paraît remarquable et digne d'entrer dans le diagnose du R. ferruginea. Rare- ment, l'on voit des échantillons d'herbier de cette espèce accompagnés de fragments de tiges feuillées. C'est probable- ment ce qui explique en partie le silence des auteurs sur le nombre des folioles des feuilles caulinaires. Lorsque les feuilles caulinaires d'une espèce sont 9- ou 11-foliolées, on voit habituellement ou souvent les feuilles moyennes des ramuscules florifères, lorsque ceux-ci ne sont pas trop 116 courts, se montrer à 9 folioles, et parfois à 11 folioles. Dan<5 le R. ferruginea, les feuilles moyennes des ramus- eules florifères, de même que les pousses stériles nées dans la partie supérieure de la lige, sont très exception- nellement 9-foliolées. il y a donc ici une exception à la règle. Dans les herbiers, il faut bien se garder de prendre des pousses stériles latérales, qui sont à feuilles 7-foliolées, pour des fragments de la tige. Quant aux prétendues formes intermédiaires qui relie- raient de R. ferruginea au R. glauca, j'aurai l'occasion d'en parler à propos du /î. glauca. IV. Moyeu de bien observer les g^landes sous-foliaires sur les folioles pubescentes. Chez certaines Roses à folioles fortement pubescentes, les glandes sous-foliaires sont parfois extrêmement diflî- ciles à découvrir quand elles sont fines et blanchâtres. Dans le 6^ fascicule des Primitiae, j'avais dit, à propos du R. pomifera : « Malgré ralîlrmalion eaniraire, les folioles sont toujours ou presque toujours munies de glandes nom- breuses à leur face inférieure. » i\IM. Burnat et Gremli, dans le Supplément à la mono- graphie des Roses des Alpes maritimes (1883), disent qu'ils ont examiné à nouveau les échantillons de leur herbier et que quant au R, pomifera f. typica, il leur semble que j'ai été trop loin dans mon alïirmation en ce qui concerne la présence dos glandes sous-foliaires. Je n'ai pas pu vérifier les observations faites par ces savants, mais ce que je puis assurer c'est que les nombreux matériaux qui sont venus enrichir le R. pomifera sous ses différentes formes 117 dans mon herbier, qui compte actuellement quatre gros fascicules(l), confirment ce que j'ai avancé. Je puis répéter aujourd'hui qu'il est extrêmement rare de trouver un R. pomifera^ quelle que soit sa variété ou variation, dépourvu de glandes sous-foliaires plus ou moins abon- dantes. Pour observer les glandes, il ne faut pas un microscope; il suffit d'une très forte loupe ou d'un bon doublet, et un éclairage convenable, c'est-à-dire la lu- mière directe du soleil ou la lumière d'une lampe projetée par une large lentille. Une vive lumière est surtout néces- saire quand les glandes ne sont pas colorées et sont très fines (2). Pour bien voir les glandes fines ou blanchâtres, on doit les examiner obliquement. Ce n'est pas sans peine parfois qu'on parvient à les découvrir. C'est ainsi que récemment j'ai recommencé à plusieurs reprises l'obser- vation des feuilles d'une jeune tige de R. Heckeliana Tratt.; j'en étais arrivé à croire que les folioles étaient complètement églanduleuses en dessous, quand, à un moment donné, par suite d'une certaine inclinaison donnée aux feuilles, j'ai pu reconnaître avec certitude que toute la face inférieure des folioles portait de fines glandes blan- châtres entremêlées au tomentum. Cette difficulté d'observation explique comment il se fait que certains auteurs refusent des glandes sous-foliaires à des espèces ou à des variétés qui en sont plus ou moins abondamment pourvues. (A continuer.) (1) Ceux-ci contiennent maintenant tous les R.pomifera de la collection de M. Christ. (2) Sur les mêmes folioles, les glandes placées vers les bords du limbe peuvent être colorées, tandis que celles de la partie centrale sont restées blanchâtres. OBSERVATIONS SUR QUELQUES FORMES D'ALmS TERRESTRES EPIPHYTES E. DE WILDEMAN, Au mois de juin dernier, M. De-Toni a fait présenter à la Société une note sur un genre nouveau d'algues, venant se ranger dans la famille des Trentepohliacées. Cette forme a été trouvée dans les serres du Jardin botanique de Padoue au mois de mai dernier. A la même époque, j'ai trouvé sur des feuilles d'Orchidées, dans un envoi de M. Binot (Brésil), une production algologique analogue à VHansgirgia De-Toni. Je n'avais, à ce moment, pas con- naissance de la découverte de M. De-Toni. Déjà quelque temps au paravant, en recherchant, parmi les lichens de l'herbier du Jardin botanique de Bruxelles, des formes du genre Trentepohlia, j'avais trouvé une algue formant des taches brunâtres à la surface de certaines feuilles. Après un premier examen, ce végétal me parut fort semblable au Mycoidea parasitica décrit et figuré par M. Cunningham (*). {i) On Mycoidea parasitica^ a new Genus of Parasitic Algae, by D.-D. Cunningham in Trans, of Linnean Soc. of London. .Fan. 1879, pi. ^2 et 43. 120 Lorsque M. De-Toni me communiqua le manuscrit de sa noie, je ne croyais pas encore avoir trouvé une espèce semblable, ou du moins, je prenais C Hansrjlrgia flabellicjera et ce que j'avais trouvé moi-même pour des états d'une même plante, à laquelle on aurait dû réunir les Mycoidea Cunningb. et Chromopeltis Reinsch. Depuis, j'ai pu m'assurer qu'il y a entre l'espèce qui nous occupe pour le moment et les Chromopeltis des différences assez notables; quant au genre Mycoidea, il y a plus de ressemblance du moins dans certaines parties. En effet, les figures 9-11 de laplancbe42qui accompagne le travail de M. Cunningbam, sont assez semblables à ce que l'on peut voir dans la partie en éventail du tlialle de VHansgirgia. Pour le moment, en tous cas, on ne pourrait assurer Tidenlité complète de ces deux genres. J'ai trouvé récemment sur les feuilles d'une plante de Batavia (Herb. De la Savinière n<* 546) une forme qui doit, me semble-t-il, se rapporter au Mycoidea, d'abord par la présence de filaments fructifères s'élevant au-dessus du disque, et par ce dernier fixé à la feuille par des radi- celles s'enfonçant dans le tissu comme on le trouve figuré par M. GunninghamC). Ce sont en partie ces radicelles qui empèrhent le disque de se détacher facilement de son support par l'action de la potasse caustique, comme cela se produit pour VHansgirgia. La croissance du Mycoidea se fait d'ailleurs entre les couches épidermi(jues et sous- épidermiques de la feuille, tandis que pour V Hansgirgia la croissance est entièrement superficielle. Le disque de VHansgirgia possède, à l'état frais, une couleur orangée, tandis que, d'après iM. Cunningham, le (1) Cunninghain. Loc. cit., pi. iZ, iig. 7. 121 Mycoidea est vert; ce ne sont que les filaments issus du disque qui prennent la couleur orangée. Par l'humidilé, ces filaments subissent, d'après l'auteur, la même modification que ceux des Trentepohlia, c'est-à-dire qu'ils prennent une teinte verte. La figure de la fructification, publiée par l'auteur, pi. 42, fig. 4, ne donne qu'une idée assez inexacte de la réalité. II est bon aussi, me sembie-t-il, de faire remar- quer ici, comme le signalait déjà M. Nordstedt(^), la res- semblance entre la fructification du Trentepohlia pleiûcarpa Nordst. et celle du Mycoidea parasitica. Il suffit de jeter un coup-d'œil sur les figures 15, 14 et 16 de notre planche, pour s'assurer de leur grande similitude. Les deux aspects si diff'érents présentés par cette algue pourraient faire croire à la superposition de deux espèces appartenant à deux genres différents. Par le fait même de son mode de croissance, le Mycoidea présente à l'œil nu un aspect très différent de celui de VHansgirgia : le premier formant de petites plaques bom- bées, comme feutrées, le second étant à l'état sec papyracé et couché sur l'épiderme de la feuille. Quoiqu'il en soit, VHansgirgia mérite de plus amples recherches. Comme le décrit M. De-Toni(2), l'appareil végétatif de cette algue est formé de deux parties. La première se compose de filaments chroolépiformes analo- gues à ceux des Trentepohlia et qui sont dans la partie qu'il a appelée en « éventail », disposés côte à côte et paraissent parallèles; ils subissent cependant une véritable (1) WiTTROCK et NoRDSTEDT. A Iç . exsicc, H» 409. (2) De-Toni. Sur un genre nouveau d'Algues aériennes [Hansgirgia) in Bull. Soc. bot. Belgique, Juillet 1888. 122 dichotomie. On pourrait décomposer souvent celle partie étalée en deux autres, Tune où les filaments se présentent presque parallèlement, l'autre où la divergence des fila- ments s'accentue d'avantage, par suite d'une dichotomie plus accusée. Tous les filaments ne se développent pas uniformément, et ce sont ces petits éventails secondaires ainsi formés, qui donnent à l'algue son aspect festonné sur les bords lorsqu'on l'examine sous un faible grossissement. L'autre partie du thalle paraît moins importante, ou du moins elle semble résister moins longtemps; c'est celle que l'auteur a appelée « partim reticulato-anastomosantibus. » Lorsque je ne connaissais V Hansgirrjia que par sa descrip- tion, j'avais hésité longtemps pour ramener la forme que j'avais trouvée à celle décrite par M. De-Toni, surtout par le fait que je n'avais pas remarqué cette partie. Mais après avoir envoyé à l'auteur des échantillons de ma plante, j'ai pu me convaincre que l'appellation « réticulée » ne doit pas être prise dans le sens tout à fait exact du mot et que le mot « irrégulière » conviendrait peut être mieux; car cette partie n'est pas, comme on pourrait le supposer, composée toujours de filaments s'enlrecroisant et laissant des vides entre eux; les cellules sont très souvent disposées côte à côte irrégulièrement et formant quelquefois des plaques continues. i>I. De-Toni parait avoir observé des zoosporanges dans les filaments réticulés. J'ai remarque, dans la partie en éventail, des cellules d'un diamètre plus considérable (|ue celui des autres cellules (double et triple), et qui pa- raissent être des zoosporanges. Ceux-ci sont ovalaires, arrondis ou allongés. Je les ai généralement rencontrés privés de contenu et il m'a semblé remarquer chez quel- ques-uns des ostioles analogues à ceux que l'on trouve dans les gamétanges des Trentepohlia. 123 Les filaments de l'algue ont, d'après M. De-Toni, de 3-7 fjt de largeur, les zoosporanges de 7-9 a sur 4-7 /a ; j'ai cependant fréquemment trouvé des filaments d'un diamètre supérieur (10 f/) j pour les zoosporanges le dia- mètre m'a paru être toujours d'environ 15 /ui. Dans son travail sur les gonidies des lichens, M. Bor- net(l), au paragraphe « Opegrapha fllicina », décrit la gonidie de cette espèce sous le nom de Phyllactidium, L^échantillon étudié provenait de Bahia. Si l'on examine les figures 1-3 de la pi. 9 qui accompage le travail de M. Bornet, on trouve la plus grande ressemblance entre VHansgirgia et ce Phyllactidium ; il pourrait même y avoir identité complète. Maisj'ai trouvé parmi les algues se rapportant à VEans- girgia des formes assez curieuses, méritant, il me semble, une description, car elles pourraient peut-être constituer une espèce particulière. Pour le thalle, les différences sont peu accentuées; on pourrait cependant dire que les fila- ments ne sont pas aussi divergents sur les bords et que par conséquent le disque est plus régulier. Ce qui engage à dif- férencier les deux plantes, c'est le genre de fructification. Tandis que chez le type, je trouve dans le thalle des cel- lules à large diamètre (zoosporangns), dans l'autre forme les fructifications sont pédicellées et se trouvent disposées perpendiculairement au thalle. Elles présentent un aspect analogue à celui des fructifications de certaines espèces du genre Trentepohlia (T, undnata Gobi, T. pleiocarpa Nordst.). Le gamétange est donc porté sur une cellule recourbée en crochet au sommet; cette cellule, à son tour, (I) Recherches sui^ les gonidies des Lichens, par M. Ed. Bornet in Ann. Se. nat. Bol. 1873, p. 62, pi. IX. \n est supportée par deux ou trois cellules, ayant environ 7 y. de hauteur; la cellule en crochet ayant environ 20 p-, le zoosporange arrondi d'environ 15 /^ de diamètre. Cette fructification pourrait faire rapprocher cette forme du Mycoidea, mais chez ce dernier les fructifications ne sont que très rarement solitaires et de plus portées sur un filament composé d'une série de 3 à 5 cellules, de 3 à 4 fois plus longues que larges. La forme du gamétange n'est, il est vrai, pas un caractère distinctif; j'ai d'ailleurs rencontré des échantillons ou des cellules paraissant être des zoosporanges étaient sessiles, et disposées de la même façon que les cellules pédicellées; peut-être n'étaient-elles que des états jeunes de ces dernières. Je n*ai pas remar- qué, chez ces échantillons, la partie réticulée du thalle de VHansgirgia flabelligera ; peut-être avait-elle existé. A l'état sec, seul étal où j'ai pu l'étudier, cette algue se présente sous forme de petites tâches jaunâtres à la surface des feuilles. La nouvelle algue de M. De-Toni ne me paraît guère rare; elle me semble être surtout abondante en Amé- rique; c'est du Brésil que j'ai pu en examiner le plus d'échantillons. Voici la dispersion que j'ai pu établir sur des échan- tillons que j'ai tous examinés. La station dans les jardins botaniques est naturellement une introduction : celle espèce ne pouvant végéter que dans les pays chauds et humides. J'ai trouvé également le Mycoidea provenant de quelques contrées où on ne l'avait pas encore signalé jusqu'ici. 125 Hansgirgia flabelligera De-Toni. Rio Janeiro (Glazioti). Kio Janeiro ad Therezopolis (De Moura, 1888). Brésil (Binot, 1888). Costa Rica (Vallée de los Archangelos ; Ranclie Flerès, Baila, H. Pittier, 1888). Guyane (Leprieur, en compagnie de VOpe- grapha filicina Mont.) Nouvelle-Grenade (Villeta, Lindig). Cuba (Wright). Khasia (Ind. Dr. Hooker f. et Thomson). Ceylan (Thwaites). If^'coidea parasitica Cunningh. Calcutta(Cunningham).Java(Friedmann5l846). Batavia (Delà Savinière). Rio Janeiro (Glaziou). Mexique (Kerber). Pour M. De-Ton i ('), le genre Hansgirgia constituerait une sous-famille (Hansgirgiaceae) des Trentepohliaceae. Cette dernière famille serait donc divisée en quatre sous- familles : C hroolepideacae (Rhh,) Bzi, Trentepohliaceae De-Ton i, Hansgirgiaceae De-Toni, Mycoideaceae Hansg. V Hansgirgia formerait un trait d'union entre les deux sous-familles voisines; il présenterait les mêmes fructifi- cations que les Trentepohlia et Mycoidea, et se relierait au dernier par la présence d^un disque. M. Hansgirg(2) ne divise la famille des Trentepohlia- ceae (Rbh.) Hansg. qu^en deux sous-familles : Chroolepi- deaceae (Rbh.) Bzi et Mycoideaceae Hansg. Je suis heureux de pouvoir présenter ici à M. De-Toni tous mes remerciements pour les nombreux renseigne- ments qu'il m'a fournis au sujet de sa nouvelle espèce et de ses affinités. (1) De-Toui. Sopra un nuovo génère di Trentepohliaceae. Venezia,1888, p. 10. (2) A. Hansgirg. Ueher die Gattungen Herposteiion Naeg. und Aphano- chaete Berth, non A. Br. in Flora 1888, n» 14, Sep. Abdr., p. 12. 126 EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Toutes les figures sont dessinées sous le même grossissement sauf les numéros 9 et 15). Hansgirgia flabelligera De-Toni. i. Fragment de l'algue, provenant du Brésil (Binol). 2. Ramification anomale remarquée sur un échantillon de la même récolte. 3. Ramification du bord du disque (même récolte). 4. Portion de la limite du disque (même provenance). 5. Fragment de la même algue, provenant du Brésil (Glaziou); les grandes cellules a, a, représentant les zoosporanges. G. Fragment de l'algue montrant trois cellules (zoosporanges) a, a, dis- posées en file et d'un diamètre supérieur à celni de leurs voisines (Brésil, Binot). 7. Fragment d'un filament vu de côté et présentant en u, une cellule gonflée (zoosporange). 8. Fragment de l'algue^ en a une série de cellules (zoosporanges). 9. Aspect général de l'algue (fragment) vu sous un faible grossissement. Obs. — Les figures semblent représenter des disques continus, à cellules disposées en files; en réalité, il n'en est rien; ce sont des filaments définis, chrnolepiformes et disposés côte à côte sans soudure complète, car la pression seule suffit pour les séparer les uns des autres. Ils sont analogues à ceitains Coleochaeie (C. solutu Pringsb. voyez Jabrb. liir wissenschall. Bot. 1800, pi. 1, fig. 2, 3), mais non au C. scutala Pringsb. (loc. cit., pi. III, fig. 1-45). La même observation doit être faite probablement pour les figures de MM. Cunningbam et Bornet. 10, Fragment de l'algue, à fructifications pédicellées, en a (Nouvelle Grenade). il. Fructification pédicellée de la même. 12. Pédicelle du gamétange de la même. Iflycoidea pîC7'ane//a stérile qui appartiennent vraisemblablement au D. Fitzgeraldi plutôt qu'au D. heteromalla, dont nous n'avons encore reçu de spécimens fertiles et par conséquent certains, ni de la Louisiane, ni de la Floride, tandis que nous en possédons de Californie. Une autre espèce européenne avec laquelle on pourrait confondre le D. Fitzgeraldi est le D. curvata, mais celle-ci a le pédicellc pourpre, la capsule généralement incurvée, fortement plissée et dilatée à l'orifice après la sporose. Obs. — Depuis la publication de notre article dans le Botanical Gazette, nous avons eu l'occasion de voir, dans l^herbier du Jardin botanique de Bruxelles, un échantillon provenant de l*Ohio, étiqueté Dicrnnella hetero- malloides Sch., et identique à notre D, Fitzgeraldi. Nous pensons que l'espèce de Schimper est restée inédite. Campylopus Henrici. — Caespitosus, humilis, viridi-flavescens. Caulis brevissimus, eradieulosus. Folia vix subseeunda, e basi oblonga lineari-subulata, eanalicu- lata, senfii-tubulosa, superiora plerumque in apicem hyali- num denticulalum, fragilem, producta, Z-^ mill, longa, 1/2 mill, lata; cellulis basilaribus rectangulis, 5-4 longio- ribus quam latioribus, ad angulos saepe moUioribus et flavescentibus, auriculis paruin distinciis,subnullis, eellulis mediis elongatis, rectis, linearibus; costa tertiam partem folii ad basin et totum acumen occupante, e stratis 4-5 cellularum composita, quarum dorsales 2-3-stratosae par- vae, parietibus incrassalis, mediae 1-stratosae, majores, 150 haud incrassatae, internae l-stratosae minores, baud incras- salae et saepe solum medium coslae occupâmes. Flores masculi parvuli, gemmiformes, apieem versus caulis uascentes. Fol. perig. concava, breviter et sal abrupte acuminata, tenuiter costata. Antberidia sat numerosa, parapbysis paucis. Flores feminei fructusque ignoti. Hab. Kansas : Saline County, in terra arenosa, ubi a defuncio Josepb Henry belgico detectus, anno 1886. Ressemble à une forme rabougrie du C. brevipilus B. S. et rappelle aussi un peu le C. hrevifolius Sch. Diffère du premier par son tissu formé de cellules droites, rectangulaires, à parois minces; du second, par sa nervure moins large, ses feuilles souvent hyalines au sommet, ses cellules allongées; et enfin des deux espèces par la structure de sa nervure. Rhacomitrium oreganum. — Robustus, flavescens, rarius sordide virescens, laxe caespitans. Caulis basi paulo denudatu?, prostratus, dein erectus; rami erecti, simplices vel dicbotomi, parce ramulosi, baud vel vix nodulosi, 5-5 cent, longi. Folia sicca adpressa, bumida erecio-patula, pro more apieem versus ramorum subsecunda, e late ovata lanceolalo-acuminata,carinata,basi subsulcata, marginibus e basi usque apieem versus revoluta, interdum obtusa, plerumque acuta, mulica vel in pilum byalinum leviter denliculatum, plus minus elongatum producta; nervo dorso prominente, usque in apieem continue ; cellulis parietibus incrassatis valde sinuosis, leviter papillosis, inferioribus elongalis, superioribus 2-4 longioribus quam latioribus, angularibus subrectangulis, iiaud incrassatis. Pericbaetialia externa breviter piliiera, interna mulica, laxius areolata, cellulis vix sinuosis et baud incrassatis. Pedicellus inferne rubcllus, supcrne pallidior, valde sinistrorsum tortus, 12-18 mill, longus. Capsula oblongo-cylindrica, flavescens vel brunnescen^, 3-5 1/2 mill, longa, 1 mill, crassa ; 131 operculo longe rostrato. Annulus e duplici et tripliei série cellularum formalus, Peristomii denies purpurei, longis- simi, usque ad basin in duobus saepe inaequalibus, nodu- losis, leviler papillosis cruribus divisi. Calyptra conica, acuminata, apice fuseescens, basi lobulata. Hab. Oregon : in aprieis saxosis (Th. Howell, 1887). Insula Vancouver, in rupibus siliceis (J. Macoun, 1887); Colombia anglica, in plaga occidentali (Dawson, 1885; comm. cl. Kindberg). Espèce remarquable, tenant à la fois du R. canescens et du R. heteros- tichum, mais plus rapprochée de celui-ci, dont elle diffère par le port, la couleur jaunâtre, les liges plus robustes, le pédicelle deux fois plus long et les dents du peristome beaucoup plus allongées. Elle se distingue à première vue de toutes les formes du R. canescens par sa nervure saillante sur le dos, atteignant le sommet, le poil non papilleux et enfin par la forme de la capsule, non renflée à la base. Ses branches simples ou peu rameuses lui donnent un peu le faciès d'un Dryptodon. Webera camptotrachela. — Dioica. Caulis erectus, gracilis, simplex vel parce divisus, 5-10 mill, longus. Folia parum conferta, erecta,lanceolata, acuminata, acuta, margi- nibus planis vel basi subrevolutis, e medio ad apicem remote denticulatis, 1 i/i-l 1/2 mill, longa, i/s mill, lata; costa valida usque ad apicem continua ; cellulis elongatis, rectan- gulis vel subrbomboideis, 6-lOlongioribus quam latioribus. Perichaetialia externa longiora,longius acuminata, margine plus minus revoluta, valide denticulata, nervo pro more excurrente; intima (2 vel 5) minora, breviora. Pedicellus rubellus, flexuosus, basi saepe geniculatus, 20-25 mill, longus. Capsula parva, subhorizontalis vel pendula, ecollo atienuato curvato, sporangium aequante vel superante, oblonga, subpyriformis, aetate badia; operculo convexo. apiculato. Annulus e duplici série cellularum formalus. 132 Perisiomii denies externi lulcoli, dense lamellosi; mem- brana interna plerumque inegulari'er laeera; cilia plus minus longa, nodulosa. Hab. California, a el. Lesquereux communicata. Cette plante, que nous avions distiibuce autrefois sous le nom de W» annotina var. curvicoUa^ est en effet très voisine du W. annotina^ mais la courbure du col, qui rend la capsule souvent pendante, est un caractère constant, quoique léger, qui ne se retrouve pas dans le \V. nnno- tina, soit d'Europe, soit d'Amérique, et fait reconnaître immédiatement notre mousse. Nous accordons moins d'importance à l'irrégularité du peristome interne, qui n'est peut-être qu'un fait accidentel} quelques lanières sont d'ailleurs assez bien conformées et ouvertes sur la carène. Polytrichum ohioense Ren. et Card. Revue bryolo- gique, I880, p. 11. — Caulis ereclus, simplex vcl biparti- tus, 5-6 cent, longus, inferne parce tomenlosus. Folia madida patula, sicca erecto-flexuosa, e basi vaginanle plus minus abrupte anguslala, longe liueali-acuminala, euspidala, alis anguslissimis liaud inflexis, serralis. Lamel- lae circiter 50 in medio folii, in sectione transversali e 5-7 cellulis composilae, marginali transverse dilatala, duplo la- tiore quam longiore, supernc convexa vel subplana, baud emarginata. Pericbaetialia longiora, longius albicante-vagi- nantia. Pedicellus 4-8 cent, longus, inferne l'ubellus, superne pallidior. Capsula erecia, vacua borizontalis, lelra- gona vel pentagona, raro bexa^çona, acuiangula, 5-7 mill, longa, 2-2 1/2 crassa, basi allenuata, bypopbysi indistincte; operculo conico-acuminato, margine rubro. Hab. In zona orieniali Americae borealis diffusum videtur, ubi Polytr. formosi mullo rarioris locum tenet. Nous avons décrit cette espèce en 1885 dans la Revue hryologique, d'après des échantillons récoltés dans l'État d'Ohio par M. Provost et communiqués par M. Le Métayer de Guichainville, professeur à New-York. Depuis celle é|)oque, nous l'avons reçue de la Caroline du Nord (Crowder's 135 Mount) par M. H. A. Green, et, par M. Ch. R. Barnes, de plusieurs loca- lités du New Hampshire (Bailey) et du Wisconsin (Lapham). L'échantillon publié sous le nom de P. formosum par Sullivant et Lesquereux, dans les Musci hor. ameincmi, n° 523, appartient au P. ohioense. Enfin M. Ch. R. Barnes nous écrit : o J'ai étudié avec soin les Polytrics de ma a collection américaine. J'y trouve le P. ohioense de Lafayette, Indiana; « du M' Mansfield, Vermont; de iMilwankee et Manitowoc, Wisconsin^ tan- « dis que le P. formosum n'y existe pas. » Il est donc à supposer que le P. formosum est fort rare dans les États de l'Est, où il est remplacé par le P, ohioense. Toutefois, il redevient fréquent à Miquelon, d'où nous n'avons, en revanche, pas reçu le P. ohioense, et il est possible que ce soit l'espèce européenne qui domine au Canada, au nord des grands Lacs. Ces faits de dispersion semblent s'accorder avec ceux qui ont été constatés pour les Climacium amcricanum et dendroides, l'espèce améj-icaine étant plus répandue dans les États de l'Est, et l'espèce européenne à Miquelon et au Canada. Nous devons dire cependant que M. Kindberg nous a commu- niqué tout récemment un échantillon de Polytrichum ohioense récolté par M. J. Macoun à l'île du Prince Edouard, dans le golfe St-Laurent, C'est du P. formosum que le P. ohioense se rapproche le plus, mais il en reste bien distinct parla capsule à col atténué, dépourvue d'hypophyse et par les cellules marginales des lamelles dilatées transversalement. Ce dernier caractère le distingue d'ailleurs de toutes les autres espèces euro- péennes et américaines. Le P. gracile Menz. a aussi parfois le col de la capsule un peu atténué, mais, outre la forme des cellules marginales des lamelles, la capsule de ce dernier, de forme un peu asymétrique, légère- ment rétrécie vers l'orifice, à angles obtus peu marqués et l'opercule longirostre, permettent de le distinguer très facilement du P. ohioense. Fontinalis Howellii. — Flavovirens, caiilis subli- gneus, 10-15 cent. longus, rigidus, torluosus, fere usque ad basin ramosus, inferne denudafus, sat regulariler pinnatus et partim bipinnatus. Ramuli arcuato-patub*, plu- mosi. Foba caulina aseendendo majora, ereeto-adpressa, concava, e late ovaia breviter acuminata, apice cucullata vel lacera, subcarinaia vel tantum siilcis nonnullis medio notata, superiora 5-7 mill, longa, 2-3 mill, lata, inferiora mullo minora. Folia ramea valde diversa,pulchre tristicha, erecto-patula vel subdivaricala, rigida, minora, augustiora, lanceolala, longe acuniinato-iubulosa, 3-4 mill, longa, 1-1 1/4 mill, lata; cellulis elongalis linearibus, parietibus solidis, angularibus laxioribus et pro more ferrugineis. Perichaelialia apice rotundalo-laciniata. Capsula immersa, oblonga, 2 mill, longa, 1/2-3/4 mill, crassa, operculo ignoto. Peristomii dentés exlerni 3/4-I mill, longi, angusle lineari-acuminali, minute papillosi, saepe apice per paria coalili, trabeculis 20-25, linea divisurali hand perlusa. Peristomium internum perfecte elathratum, valde papil- losum, trabeculis iransversalibus appendiculatis. Hab. Oregon : ad truncos vetustos in paludibus (Tli. Howell, 1887). Déjà en 1882, M. Lesquereux nous avait communiqué un échantillon stérile de celte belle mousse, récolté dans l'Orégon; mais ce n'est que récemment que M. Th. Howell nous en a envoyé des exemplaires fructifies provenant de la même région. Elle se distingue facilement, même à l'état stérile, de tous ses congénères par son port rigide, par l'aspect plumeux des rameaux et par ses feuilles dimorphes, les caulinaires plus grandes et plus larges, appliquées, les raméales raides, étalées-dressées, étroites, enroulées-tubuh'uses dans la moitié supérieure. Les rameaux inférieurs se dénudent parfois à la base comme les tiges principales. Fontinalis flaccida. — iMollissima, laxissima, pallide vel lulescenli-viridis. Caulis gracilis, basi denudalus, 25-35 cent, longus, irregulariter pinnalus, ramulis gracilibus, remolis, patulis. Folia flaccida, plana, remota, patula, ad apicem ramulorum saepe imbricalo-convoluta, angusle elongalo-lanceolala, longe acuminata, apice obtusa vel iruncata et obsolete dcnliculala, 5-7 mill, longa, 1- 1 1/2 mill, lata; cellulis loptodermicis, mediis elongalis, angu- slis, 10-20 longioribus quam lalioribus, apicem versus brevioribus, ad angulos valde excavatos Iaxis, dilatatis, quadralis vel subliexagonis, auriculas byalinas vel fcrrugi- 155 neas dislinctissimas efformantibus. Flores fruclusque ignoti. Hab. Louisiana : in aquis slagnanlibus « Bayou Bon- fouca » ad truncos el radices arboruni inundatos. (A. B. Langlois, 1886). Cette espèce, qui ne nous est malheureusement connue qu'à Tétat stérile, est remarquable par sa mollesse, sa foliation très lâche, ses feuilles planes ou à peine concaves, allongées, pourvues d'oreillettes très-dislinctes. La forme estivale du F. hiformis Sulliv., qui s'en rapproche par la forme et le tissu des feuilles, en reste bien différente par son port un peu rigide, et ses feuilles plus courtes, plus rapprochées, pourvues d'oreillettes moins apparentes, enroulées-imbriquées sur toute la longueur des rameaux. Le F. filiformis Sull. et Lesq. el le F. dislicha Huok , qui ont aussi quelques rapports avec notre plante, s'en éloignent beaucoup, d'autre part, par leur port et leurs feuilles concaves, canaliculées ou tubuleuses dans la partie supérieure. Malgré sa stérilité, le F. flaccida peut donc être facile- ment distingué des espèces voisines. Camptothecium Amesîae. — Late caespitans, lules- eeniiviridis, sericeus, paulo nitidus. Caulis 8-12 cent, longus, repens, valde radiculosus, dense et regulariter pinnatus, ramulis brevibus, aequalibus, arcualo-erectis, 5-10 milL longis. Folia caulina late ovato-delloidea, longe et tenuiter acuminata; ramea ovato-lanceolata, breviter acuminata, carinala, sulcata, apicem versus subdenticulata, plerumque uno latere margine plana, altro plus minus revoluta, 1 1/4 mill, longa, 1/2 lata; costa sat valida, in acumine evanida; cellulis mediis linearibus, attenuatis, 10-15 longioribus quam latioribus, superioribus breviori- bus, latioribus, angularibus numerosis, quadratis vel subrectangulis. Perichaetialia intima auguste lanceolata, longissime et tenuiter acuminata, ecostata, intégra. Pedi- cellus brevis, 8-12 mill, longus, purpureus, muricatus, paulo sinistrorsum tortus. Capsula angusta, elongata, cylin- drica, leviter arcuata, oblique erecta vel subhorizontalis; operculo ignolo. Perisiomii denies exlerni auranliaci, longe acuminato-subulati, utroque lalere dense et prominenler lamellosi. Processus in carina late perlusi, ciliis longis. Hab. California : Auburn, Hypno pinnalifido Sull. et Lesq. associalum (Mrs. Mary E. Pulsifer Ames, 1887). Celte espèce possède le port des Hypnum MutlalliiWils. eipinnatifidum Sulliv. et Lesq. de la même région. Elle se rapproche surtout de la première de ces deux espèces pyr sa capsule étroite et allongée, mais elle en diffère par ses feuilles raméales plus larges, brièvement acuminées, non denticulées à la base, par son peristome d'un jaune orangé, à dents plus étroites et plus finement subulées et par les cils du peristome interne plu? longs. Elle s'éloigne également du H. pinnntifidum par ses feuilles raméales plus larges et brièvement acuminées, et surtout par la forme de sa capsule. La forme des feuilles la rapproche du H. nevadense Lesq., mais cette dernière espèce possède un port et un mode de ramification tout différents, une capsule symétrique et dressée, des feuilles périchétiales intimes grossièrement sinuées-dentées, puis brusquement rétrécies en une très longue pointe filiforme et enfin un peristome beaucoup moins développé. Ce dernier caractère, joint à la forme de la capsule, doit la faire langer dans le genre Ilomalot/iecium (//. nevadense Ken. et Card.). EXPLICATION DES PLANCHES. Toutes les figures d'un grossissement de 80 diamètres ou plus ont été dessinées à l'aide de la chambre claire de Nachcl. Planche III. Dicranelln Filtgeraldi. —a, plante entière(graiidcur natu- relle); W, feuilles; ce, pointe des feuilles; d, tissu delà base; e, feuille périchétiale; /"/", capsule; g, opercule; A, fragment du peristome. Planche IV. Campylopus lletirici. — an, feuilles; 6, pointe d'une feuille; f, tissu de la base; dd, section transversale; e, Heur mâle; f, feuille péri- goniale. Planche V. Rhacotnilrium oreganum. — a, plante entière (grandeur naturelle); bbh, feuilles; ccc^ pointe des feuilles; d, tissu du sommet; e, capsule, pédicelle et péricbèse; /", capsule avec l'opercule; g^ fragment du peristome. 1.17 Planche VI. Wehct-d cmnplolriir/telu. — «, plante entière (i;rand, dite de P. formosuni\ c, dito de P. grarile; rf, dito de P. commune-, ee, capsules de P. ohîoense] /, capsule de P . formosum. Planche VIII. Foniinalis Howellii. — a, plante enlicro (grandeur natu- relle); hbj feuilles caulinaires supérieures; en, feuilles raraeales; d. feuille périchétiale; e, capsule; /", fragment du peristome externe; g, fragment du peristome interne. Planche IX. Fontina lis flaccid a. — «o, feuilles; 66, sommet des ftuilles; c, tissu d'une oreillette ; d, tissu du milieu de la feuille. PLANCirE X. Camptothecium Amesiae. — a, plante entière (grandeur naturelle); 6, feuille raméale (cette feuille devait être figurée un peu plus large et porter quelques dents très légères à la pointe); c, tissu de la base; d, feuilles périchétiales; ee, capsules et pédicelles; f, fragment du peristome. Iti Soc. roy. bot. Belg., t. XXVII. PL. III. J. Cardut ud nat. del. DICKANELLA FITZGEKALDI. Soc. roy. bot. Bels;., t. XXVII. PL. IV J. Cardot ad nat. del CAMPYLOPUS HENRICl. Soc. roy. bot. Beig , l. XXVII. PL. V. J. Cardot ad nat.deJ. RHACOMITRIUM OREGANUM. Soc. roy bot. Belg., t. XXVII. PL. VI. J. Caraol ad nat. del. WEliEKA CAMPTOTKACHELA. J)OC roy. bot. Belg., t. XXVII. PL. VII. J. (Jardql ad nat, del. POLYTlUCIlUiM OUIUEWSE ET espè«:es volSl^ES. Soc. roy. bot. Belp;., t. XXVII. PL. VIII. 1. Cardot ad nat. del. FONTINALIS IIOWELLII Soc. roy. bot. Beig., t. XXVII. PL. IX. J. Cardot ad nat. del. FOISTINALIS FLACCIDA. Soc. roy. bot. fieig , t. XXVII. PL. X. ^ t z^ J. Cardot ud nat.del. CAMPT0TliECIU3I AAIESIAE. COMPTES-REPUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE TOME VINGT-SEPTIÈME DEUXIEME PARTIE. ANNÉE 1888 BRUXELLES AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT Conseil d'administration de la Société royale de botanique de Belgique pour l'année 1888. Président : M. J.-É. Bommer. Vice- Présidents : MM. Osw. DE Kerchoye de Denterghem, L. Errera et A. Gravis. Secrétaire: M. F. Crépin. Trésorier : M. L. Coomans. Conseillers : MM. Ch. Baguet, mm. Ém. Laurent, J.-B. Carnoy, É. Marchal, G. Carron, II. Van dln Broeck, Th. Durand, A. Wesmael. Gh. Gilbert. COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. ANNEE 1888< Séanco mensuelle du 14 janvier 1888. Présidence de M. Carron, conseiller. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Carron, De Wildeman, De Vos, É. Durand, Th. Durand, Errera, Francotte, Van der Bruggen et Vindevogel ; Crépin, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 5 novembre 1887 est approuvé. M. le Secrétaire fait l'analyse de la correspondance. Il annonce l'envoi des ouvrages suivants ; H. Graften zu Solms-Laubach. Einleitung in die Palàophy- tologie vom botanischen Stand punk ans, Leipzig, 1877, 1 vol. in-8«. E. Lambotte. Flore mycologique belge, comprenant la description des espèces trouvées jusqiià ce jour. Verviers, 1880,5 vol. in.8o. — La flore mycologique de la Belgique. — Premier supplément comprenant les Hyménomycètes^ 6 PyrénomycètcS'Disconujcèles. Addition de 1070 espèces à la Flore de 1880. Bruxelles, 1887, 1 vol. iii-8°. EuG. Warming. Éludes sur la famille de PodosUmacées, Deuxième mémoire, in-4°. J. DE Saldaniia da Gama et Alfred Cogniaux. Bouquet de Mélastomacées brésiliennes. Verviers, 1887, in-4°. E. Regel. Allii species Asiae centralis in Asia media a Turcomania descrtisque aralensibns et caspicis usque ad Mongoliam crescen/es. Petropoli, 1887, in-8^ E. Drake del Castillo. Illustrationes florae insulariim maris pacifiez, Parisiis, 1886-1887, fasc. I, II et m, in-4«. Abbé Hy. Recherches sur Varchérjone et le développement du fruit des Muscinées^ in-8''. — Remarques sur le genre M icroQhoetes Thuret à l'occa- sion d'une nouvelle espèce M. slriatnla, 111-8°. — Le parasitisme végétal. Angers, 1881, in-8". — Fontinalis Ravani (sp. nov.)^ in-8". — Sur un cas de polygamie observé dans la Bryone commune, in-8*'. — Deuxième note sur les herborisations de la Faculté des sciences d'Angers en 1881. — Troisième note siir les hei'borisations de la Faculté des sciences d'Angers on 1882. M. le Secrétaire donne lecture de deux notices de MM. H. Van den Broeck et L. Ghysebroclits. Ces notices seront insérées dans le compte-rendu de la séance. M. De Wildeman analyse une note dont Timpression est également votée. CATALOGUE DES PLANTES OBSERVÉES AUX ENVIRONS D'ANVERS, Par H. Van den Broeck. 2« Supplément (1), Bien des personnes pourraient s'étonner, qu'après des explorations de plusieurs années dans les ménies localités, l'on puisse y découvrir encore des espèces. Cependant, l'expérience le prouve journellement, et certes, ce ne sont pas les botanistes qui nieront le fait. Pour ma part, il m'est arrivé souvent de faire des trouvailles là où je m'y attendais le moins. Et, si le cas se présente pour les phané- rogames il est plus fréquent, vu llexiguité de leurs propor- tions, pour les cryptogames. Depuis la publication du 1*"" supplément à mon cata- logue, j'ai eu le plaisir d'enregistrer quelques nouvelles acquisitions pour la florule des environs d'Anvers. Je vais les indiquer dansée travail. Aux localités citées comme ayant été explorées, il faut ajouter : Hoogstraeten, Woriel, Meir, IMinderhout, Saint- Antoine lez-Westmalle et Westmalle. Les plantes que je n'avais pas encore signalées aux envi- rons d'Anvers sont précédées d'une astérisque. Je remercie tous mes confrères qui m'ont donné des renseignements et spécialement mon ami, M. J. Cardot, pour son extrême obligeance. Anvers, le H janvier 1888. (I) Voir Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique^ t. XXII, l^e partie, pages 112-173 et t. XXIII, 2« partie, pages 142-1S8. PHANEROGAMES. ♦Sisymbrium Irio f . — (>ainp. : lieux iiiciiltes entre Anvers et Aus Iruwicl. — 2 ()ic(!s. — (.M Scliambt'i'ger et moi) — Introduit. ♦Erysimum repandum L. — Camp : lieux incultes à Anvers et à Wynegliem. — Peu abondant — Inlioduit. ♦Sinapis juncea L — Cnmp : lieux incultes à Anvers. — 1 pied. — Fntroduit. ♦Spiraea tomentosa L. — Camp. : très abondant dans une bruyère humide et les bois environnants à Wyneghem. Il y a deux formes : l'une à fleurs rosées et à feuilles relativement petites, verdâlres en dessous; l'autre, à fleurs d'un beau rose et à feuilles plus grandes, blanchâtres en dessous. Cette seconde forme est la plus abondante. Bien que j'aie souvent exploré cette localité, je n'y ava s jamais rencontré celle plante, dont l'introduction ne doit dater que de peu de temps La découverte a été faite pendant une herborisation de la Société royale Linnéenne que j'avais l'honneur de diriger. ♦Agrimonia odorata Mill. — Camp. : bois à Iloogstraeten. — Peu abondant. — Cette habitation m'a été montrée pur M. Ern. Ghysebrechls. ♦Myriophyllum verticillatum L. var intermedium Koch. — Fossés. — Canip. : hchoolen (Soc. royale Linnéenne), entre Deurnc et Wyneghem [M. Schamberger et moi). ♦ var. pectinatum Wallr. — Camp. : fossé entre Deurne et Wyneghem. ♦Carum Carvi L. — Camp. : digue du canal de la Carapine à Raerels. — Peu abondant. ♦Caucalis dauooides L. — Pold. : champs cultivés à 3Ierxem. — Peu abondant. — (M. J. lïennen et moi). ♦Veronica montana L. — Camp : bois à Hoogstraeien. — Cette habi- tation m'a été montrée par M. Ern. Ghysebrechls. ♦Salvia sylvestris L — La plante que j'avais signalée à Wyneghem sous le nom de S. Sclarea L. appartient au S. sylvestriê L. ♦Cirsium arvense Scop. var. incanum (C. incanum Fischer). — Bords (les chenjins. — Camp, ; .Morlsel, Glieel — Abondant. ♦Amarantus albus L. — Décombres — Canjp. : Schooten (M. J. Ilen- non et moi). — introduit. *Ohenopodium glaucum L. — Camp. : abondant dans une prairie à Essohcn. *Parietaria ofB-Oinalis I.. — Camp : naturalisé à Burght. *Sch.euetizeria palustris F^. — Camp. : assez abondant dms un marais tout beux à Oolen. — C'est M. G. Loclieiiies qui a fait cette belle découverte *Carex filiformis L. — Camp. : abondant dans un fossé à Nieuwmoer (Calmplhout). *Alopeeurus bulbosus L. — Marit. : découvert par M. J Hennen aux bords de TKscaut aux environs d'Austruweel. — 1 seul pied, mais probablement plus abondant. ♦Eragrostis vulgaris Coss. et Germ. var. megastaehya {E. major Host). — Camp. : décombres à Schoolen (M. J. Hennen et moi). — Introduit. * var. microstaehya {Poa eragrostis L ). — Camp. : décombres à Schooten (M. J. Hennen). — Introduit. *Polystichum Thelypteris Rotb. — Bois taillis tourbeux. — Camp. : abondant à Gbeei. (M. le capitaine Soroge et moi). *Equisetuin sylvatieum L. — Camp. : bois entre Hemixem et Wilryck. Nitella flexilis Agardh. — Cette plante doit être rayée de mon catalogue. * — intrioata Agardh var. proliféra [N. proliféra Wallm., Ziz.). — Fossés. — Pold. : Austruweolet entre Eeckercn et Anvers ^abondant). J'ai à signaler de nouvelles babilations pour les plantcssuivantes: I*» dans Camp. : Elatine hexnndra DC, Nymphaea nlba L. var. minor DC, Oxijroccos palus (rh Pers., Callitrùlie humulnta Kûtz., C. autumna/is L. (j'ai signalé celte plante dans le canal de la Campine à Wyneghem; elle s'y trouve aussi à Scbooten et k Merxem), Potamogeton acutifolius Link et P. oblusifolius M. et K., Carex teretiuscula Good., Nitella translucens Agardh et N. c'ipitata Agardh. 2* dans Fold. : Limnanthemum nyrnphnides Link. CRYPTOGAMES. ♦Pleuridiuin alternifolium Br. Eur. — Sur la terre. — Wilryck, Lierre. — F. Dicranella cerviculata Sch. — Entre Meir et Minderhout. — F. *Dicraiiuin scoparlum Hedw. var. recurvatum Sch. — Sur la terre sablonneuse dans un bois à C«Impthout. — F. io Dicranum scoparium Hdw.var. spadioeum N. BouI.(D. spadiceum Zett.). — Calmpthout. — F. (très abondant) j Esschen. — St. Campylopua flexuosus Brid. var. paradoxus Wils. — Je n'ai jusqu'à present trouvé cette plante qu'à Calmpthout. — turfaceus Br. Eur. — Deurne. — F. * — brevipilus Br. Eur var. compactus Cardot et Van den Broeck (voir Bull. Sor. bot . t. XXIV, 2^ partie, page 8(j) — Sur la terre sablonneuse à Gilmplliout. — St Pottia truncata Br. Eur var. major Br. Eur. — Deurne. — F. — lanceolataC M — Eeckcren. — F. Barbula ruralis Hedw. — Entre Anvers et Eeckcren, Anvers, Reeth, Wortel. — St. — — var. ruraliformis Besch. — Borgerhout (Anvers). — St. Zygodon viridissimus Brid. — Lierre. — St. Orthotrichum anomalum Hedw. var. saxatile Wood. -- Schoolen. - F. *Tetraplodon mnioîdes Br. Eur. {Splachnum înnioides L. f.). — Sur la terre dans un bois à Wuestwezel. — F. Splachnum ampuUaceum L. — Calmpthout — F. Webera albicans Sch. — Entie Berchcm et Deurne. — St. *Bryum alpinum L. forma. — Sur la terre sablonneuse humide à Gheel. — St. * — argenteum L. var. lanatum Sch. — Sur la terre entre Merxem et Schoolen. — St. *Philonoti8 marchica Brid. — Sur la terre humide ou marécageuse. — Calmpthout (M. J. Cardot et moi); Esschen (M. J. Van de Put et moi). — St. * — fontana Brid. forma minor Boulay. — Sur la terre humide à Wuestwezel. — St. * var. caeapitosa (P. caespitosa Wils ). — Sur le sable humide à Calinplhout — St. Atriobum teoellum Hr Eur. — Deurne. — F. Fontinalis antipyretica L var. robusta Card. — Wilryck. — St. Climacium dendroides W. et M. — Esschen. — F. (M. J. Van de Put et moi). * forma inundata Lor. — Sur la terre au bord d'un fossé à Schooten. — St. Brachy theoium salebrosum Sch . - Eeckcren . — F. (M. J. Van de Put). i\ Rhynohostegium confertum Sch. — Anvers (M. J. Cardot et moi), Calniptbout — F. * — rusciforme Sch. — Sur les pierres au bord de Peau entre Schooten et Rrasschaet. — St. (M. J. Van de Put). Plagiothecium latebricola Sch. — Entre Lierre et Contich. — F.; entre Edeghem et Wilryek. — St. * — sylvatieum Sch. var. orthocladum Soh. — Sur la terre et le bois pourrissant à Caimpthout (M. J. Cardot et moi). — silesiaeum Sch. — Deurne. — F. Amblystegium Koohii Sch. forme à feuilles denliculées. — Dans une mare entre Anvers et Iloboken. — F. — riparium Sch. var. longifolium Sch. — Wilryek. — St. Hypnum stellatum Schreb. — Entre Raevels et Turnhout. — F. (très- abondant); entre Meir et Minderhout. — St. — vernicosum Lindb. — Wortel, entre Meir et Minderhout, Turn- hout. — St. * — revolvens Sw. forma brunneum San. — F. — Notre conficre M. F. Gi'avet m'écrit que la plante de Vosselaer appartient à cette forme, qui jusqu'ici n'était connue que du Jenisei. (Voir Neue Harpidicn de M. le D' Sanio). — Le H. revolvens Sw. — St. — existe aussi à Zundert (Hollande), à quelques mètres de la fron- tière belge. — intermedium Lindb. — Entre 3Ieir et Minderhout. — St. * — fluitans var. exannulatum Gùmb. — Marais entre Meir et Minderhout. — St. * — filicinum L. — Sur le sable humide à Turnhout. — St. — imponens Hedw. — Wuestwezel, Caimpthout. — St. * — molluseum Iledw. — Bas-fonds. — Turnhout, Raevels. — St. — giganteum Sch. — Nylen (M. J. Hennen), Schooten, Wortel. —St. * — scorpioides L forma graoilescens. — Marais à Wortel. — St. J'ai à signaler de nouvelles habitations pour les Mousses sui- vantes : Phascum cuspUatum Schreb., Pleundium subulalum Br. Eur., Dicranodontium longirostre Br. Eur., Campy lopus flexuosus Brid., C. brevipilus Br. Eur., Leptotrichum homomallum Sch., Tetraphis pellucida Hedw., Bryvtn pseudotriquetrvmSchw., Aula- comniutn palustre Sch., P oly tri chum commune L. var pcrigoninle Br. Eur., Leskea polycarpa Ehrh., Eurhynchium piliferutn Sch., E. Stokesii Sch. , Hypnum cuprassiforme L. var. ericetorium Sch. 12 (F.), H. cordi folium Hedw., H. stramineum Dicks., H. tcorpioides L. et IJijlocomimn iqunrrosum Sch. (F.) Sphagnum aoutifolium Ehrh. var. luridum Iliib. f. squarrosulum Warnst. — Wortel, Deurne. * var. epeciosum VVai-nsl. — Dans un fossé à Deurne. * ' var. capitatum Angstr. — Bois humide à Deurne. var. tenellumSch. — Wuestwezel, Wortel. * f. viride Crav. — Bois humide à Deurne. * var. congestum Grav. ? — Marais entre Meir et Minderhout. — fimbriatum Wils. — Brasseliaet. var. validius Card. — Herenthals (Soc. bot. de Belgique), Deurne. * — reeurvum P. B. forma viride Schl. — Fossés, marais. — Calnip- thout, Woi tel. * var. patens Angstr.— Marais — Entre Caimplhout et Esschen. * — — var. Warnstorfii Jens. — Marais. — Calmpthout, entre Meir et Minderhout, entre Calmpthout et Putte (Hollande). var. obtusum Warnst. (var, lobusium Limpr ) — Esschen, Wuestwezel, entre Nieuwmocr (Calmpthout) et Zundert (Hol- lande). * var. gracile Grav. f. validius Grav. — Marais. — Wortel. * var. squamosum Augstr. — Bois humide à Deurne, * — cuspidatum Ehrh var. submersum Sch. — Fossés, marais. — Gheol, Vosselacr, Calmpthout, Esschen. var falcatum Russ. — Wuestwezel, Esschen, entre ftleir et Minderhout. * f polyphyllumSchl. — Bruyère tourbeuse à Arendonck. — squarrosum Pcrs. — Brasschaet, entre Meir et Minderhout. var. imbricatum Sch. — Kessel. * — — f strictum W;)rnst — Marais. — Esschen. * — teres Angstr var strictum Card — Au bord d'un fossé maré- cageux à Esschen. * var. squarroaulum Warnst. (S. squarrosulum Lesq). — Marais. — Esschen (trcs-abondanl), Baevels. — ■ — rigidum Sch. — ï)ntre Meir et Minderhout. var. squarrosum Huss. - Saint-Antoine lez-Wcstmaile, Meir. — molle Snll. f. pulchellum (Limpr.) Cardot — Esschen. var. tenerum Braithw (var. cotupactum Grav.). — Calmpthout, Wuestwezel, Turnhout, entre .Meir et Minderhout. 1Ô *Spliagnum subseoundum N. et H. var. intermedium Warnst. — Bords des fossés, mares. — Calmpthout, entre Caimpthout et Esschen. var. eontortum Sch. — Wortel, entre Meir et Minderhout. var. viride Boul. f auriculatum (Sch.) Cardot. — Entre Meir et Minderhout. — f. squarrosulum (Grav.) Cardot. — Entre Meir et Min- derhout, Westmalle. * var. turgidum C. M. —Marais, fossés. — Calmpthout, entre Emblehem et Broechem. * f. gracile Warnst. — Fossé à Calmpthout. var. obesum Wils. — Esschen. * — larioinum R. Spr. var. teretiusculum Lindb. — Bruyère humide à Schilde. — tenellum Ehrh. — Entre Meir et Minderhout. * var. confertulum. Card. — Bords d'un marais à Wortel. * — oymbifolium Ehrh. f pyenocladum (Mart.) Cardot. — Marais, bords des fossés. — Schooten, entre Meir et Minderhout. f. squarrosulum (N. et H.) Cardot. — Schooten. — — var. Hampeanum Warnst. — Bois entre Lierre et Contich. — medium Limpr. var. congestum Schl. et Warnst. f. purpureum Warnst. — Wuestwezel, Wortel, Nieuwmoer (Calmpthout). var. purpurascens Warnst. — Calmpthout. — papillosum Lindb. — Wortel, entre Meir et Minderhout. * var. Berneti Roll. (5. cymhifolium Ehrh, var. macrocephalum Bernet). — Marais entre Meir et Minderhout. — F. var. âaecidum Schl. — Esschen, Wuestwezel. var. abbreviatum Grav. — Wuestwezel, entre Meir et Minderhout. var. braehyoiadum Card. — Wuestwezel. var. oonfertum Lindb. — Calmpthout, entre Meir et Minder- hout. — f. strictum Roll. — Bois humides, marais. — Calmpthout, Nieuwmoer (Calmpthout), Turnhout. * — Austini Sull. — Bruyères humides, marais. — Calmptholit, Esschen. Cette espèce est extrêmement abondante dans un marais à Esschen. 14 Sphagnum Austin! Sull. var. congestum Warnst. — Bruyères liumidos, marais. — Calmpthout, Esschen. Soapania irrigua N. ab E. — Oolen. ♦Jungermannia Taylori Hook. var. anomala {J. anomala Hook.). — Marais. — Wortcl. — erenulata Sra var, gracillima Nees. — Entre Lierre et Conlich, Deurne. * — setacea W<'b. — Marais. — Entre Calmplhout et Esschen, Wortel. Sphagnoecetis communis N. ab. E. — Worlel. *Calypogeia Tricliomanis Corda var. Sprengelii N. ab E. — Parmi les touffes de Sphagnum dans un marais à Wuestwezel. *Fossombronia pusilla Dmrt. var. cristata {F. cristnta Lindb. et sa var. Wondraczeki). — Sur la terre argileuse du talus d'un fossé à Wynegheni. — angulosa Raddi var. Dumortieri Ilusnot {F. Dumoriieri Ldb,). — Wuestwezel, Bonheyden, Calmpthout. *Preissia commutata Nees. — Sur la terre tourbeuse humide. — Raevels — F. J'ai observé dans de nouvelles habitations les Hépatiques sui- vantes : Alicularia scalaris Corda, Scapania compacta Lindb, Jungerniannta inflala Huds., J. bicuspidata L., Chiloscyplius •polyanthus N. ab E., Aneura pinguis Dmrt., Metzgeria furcata N. ab E., Marchantia polymorpha L. et Riccia fluituns L. NOUVELLES ADDITIONS A LA FLORULE DES ENVIRONS DE DIEST(0, Par L. Ghysebrechts. Depuis la publication de ma seconde notice sur la florule des environs de Diest, j'ai encore trouvé, dans celte région, quelques espèces rares et intéressâmes. C'est ce qui m'engage à présenter aujourd'hui ce petit travail à mes honorables confrères de la Société. (1) Voir Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique^ t. XXIV^ première partie. 15 J'ai aussi consigné, dans la présente note, les princi- pales découvertes faites pendant la dernière saison par M. Cil. Thiels, instituteur à Lummen, et par mon frère, M. Ern. Ghysebreclits, amateur de botanique à Schildc (Anvers). Clematis Vitalba L. — M. Ch. Baguet a observé cette espèce à Diest {Flore du centre). Malgré les plus actives recherches, je ne suis pas parvenu à la retrouver. Thalictrum flavum L. — Oeleghem (Ern. Ghys.), Zeelhem. R., RR. Myosurus minimus L. — Molenstede, Donck, Thiell-N.-D. Ranunculus hederaeeus L — Donck. R. — hololeucos Lloyd. — Schilde (Ern. Ghys,), Testeit, Wolfs- donck. R. — Lingua L. — Oeleghem (Ern. Ghys ). — auricomus L. — Schilde, Oeleghem (Ern. Ghys.), Thielt-N.>D. Gypsophila muralis L. — Molenstede. RR. Silène inflata Sra. — Wyneghem (lîrn. Ghys.). — gallica L. — Schilde, Oeleghem, 's Graven w^esel (Ern. Ghys.), Tessenderloo, entre Zeelhem et Linckhout. R. Sagina nodosa Bartl. — Schilde, Oeleghem (Ern. Ghys.), Lummen, Kermpt (Ch. Thiels), Donck. Cerastium pumilum Curt. — Était assez commun en 1886 dans une pelouse sèche à Diest. Je ne l'ai pas revu cet été. — erectum Coss. et Germ. — Lummen (Ch. Thiels). Geranium phaeum L. — M. Ch. Thiels a trouvé cette espèce à Ilerc- kenrode (Curange), où elle n'était peut-être qu'introduite. — oolumbinum L. — Sichem (un pied). Mal va moschata L. — Arg -sabl. : Cortenaken. Acer Pseudo-PIatanus L. — Sichem. Spontané? Monotropa Hypopitys L. — Langdorp. QQP. Hypericum montanum L. — Entre Caggevinne-Assent et Waenrode. QQP. Drosera anglica Huds. — Cette rarissime espèce se rencontre à Zeelhem, aux bords d'un marais tourbeux. Je n'en ai observé qu'une tren- taine d'échantillons j mais ceux-ci étaient vigoureux et atteignaient quelquefois vingt-cinq centimètres de hauteur. IG Drosera obovata M. el K. (D.roiundifoUo-unglica Scheide). — Zeelhem (cinq pieds). Croi>sait en compagnie du précédent et du D rolunâifolia. Celte plante, qu'un assez grand nombre de botanistes considèrent comme un hybride des deux espèces précitées et que d'autres regardent comme une simple variété du D. anglU.a, n'avait point encore, que je sache, été indiquée en Belgique. Pyrola minor L. — Molenslede, Ilaclen. RR. Reseda Luteola L. — Haelen, Thielt-N.-D. Corydalis solidaSra. —Thielt-N.-D. (M. Thielens, 1866). J'ai retrouvé la plante à cette localité. Barbarea vulgaris R. Br. — Webbccora, Rillaer, Testelt. R. Cardamine sylvatiea Link. — Schilde, Oeleghem, Broechem (Ern. Ghys.), Becquevoort. Sisymbrium Alliaria Scop. — Langdorp, Testelt. R. — Sophia L. — M. Ch. Baguet Pavait observé à Geet-Bilz, où je l'ai revu. Alyssum incanum L. — Westmalle (Ern. Ghys.), Diest. RR. Camelina sativa Crantz. — Linckhout. Lepidium sativum L — Sichcm (un seul pied). Subspontané. — campestre R. Br. — Sichem, Tessendeiloo. QQP. — perfoliatum L. — Espèce méridionale. Un pied à Testelt. Senebiera Coronopus Poir. — Wyneghem (Ern. Ghys.), Haelen. — Arg.-sahl ; Kersbeek, Graesen. Genista tinctoria L. — Lummen (Ch. Thiols), Schilde (Ern. Ghys ). Melilotus albus Desr. — Wyneghem (Ern. Ghys.) Diest. RR. — officinalis Desr. — Schilde, Wyneghem (Ern. Ghy§.). Medicago falcata L. - Diest (un pied). — sativa !>. — Cita 'elle et remparts de Diest. Subspontané. — minima Lmk. — Forlificiitions de Diest. RR. — apieulata WilKl. — Diest. Trifolium filiforme L. — Diest, Zeelhem, Montaigu, Messelbroeck. — Arg.-sabl. : Loxbcrgcn, Corlenaken, Ker.sbcek R., RR. — striatum L. — Celle espèce est assez commune dans un bas-fond sablonneux à Wcbbccom. Vicia lathyroides L. — Wcbbccom. RR. Orobus tuberosus L. — Entre Testelt et Wolfsdonck (abondant). Claytonia perfoliata Donn. — Lummen (Ch, Thiels). 17 Portulaea oleraeea L. — Subspontanc sur les remparts de Dicst. Corrigiola litoralis L. — Schilde, Oeloghem, Westmalle (Ern. Ghys.), Zeelhem, Messelbroeck R. Herniaria hirsuta L. — Webbecom, Becquevoort. RR. Illeoebrum verticillatum L. — Arg.-sabl. : entre Waenrode cl Kers- beek. RR. Seleranthus perennis L. — Meldert (Ch. Thiels). Sedum acre L. — Zeelhem, Wolfsdonck, Schuelen. R. — reflexum L. — Wolfsdonck (abondant). — album L. — Wolfsdonck. — purpureum Link. — Molenstede. Hubusldaeus L. — Zeelbem. Potentilla sterilis Gke. ~ Zeelhem, Thieit -iN.-D. — procumbens Sibth. — Linckhout, Sichem, Testelt, Lummen. — argentea L. — Lummen, Testelt, Tessenderloo, Thielt-N.-D. — R. B>osa tomentosa Sm. — Quelques buissons à Montaigu. — rubiginosa L. — Sichem, Thielt-N.-D. QQP. — Arg.-sabl. : Cor- tenaken. Agrimonia Eupatoria L. — Donck. — odorata Mill, — Dans un bois à Caggevinne-Assent et dans un taillis à Tessenderloo. RRR. Cette belle plante n'avait pas encore été renseignée dans la Campine lirabourgeoise Poterium polygamum W. et K. — Introduit sur la voie ferrée à Dlest. Myriophyllum alterniflorum DC. — Lummen (Ch. Thiels), Linck- hout. Sanicula europaea L, — Thielt-N.-D. R. Heloseiadium repens Koch. — Assez fréquent dans un pâturage humide à Donck. — inundatum Koch. — Molenstede, Averbode, Testelt, Linckhout. AR. Pimpmella magna L. -- Molenstede, Averbode. Foenieulum capillaceum Gilib. — Subspontané çà et là, Selinum carvifolia L. — Molenbeek-Wersbeek, Thielt-N.-D., entre Becquevoort et Montaigu. — Arg.-sabl. : Loxbergen, Cortenaken R. Pastinaea sativa L. — Arg.-sabl. : Rummen. Anthris eus vulgaris Pers. — Zeelhem, Linckhout, Sichem. RR. — sylvestris Hoffi». — Cette Ombellifère est extrêmement rare aux environs. Une cinquantaine de pieds sur les remparts de Diest. Conium m.aculatum. L. — Donck, Linckhout, Schuelen. 2 IS Visoum album I-. — M. Thiclcns avjiit signalé le Gui sur le pommier à Thielt-N.-D. ; il y existe aussi sur le peuplier. Sa-xifraga tridactylites L. — Lummen (Ch. Thic's), Webbecom, IJecqncvoort. R. — granulata L. — Enlrc Webbecom et llaelen. Primula oflâcinalis Jacq. — Se rencontre, mais en petite quantité, dans une pelouse à Wommelghem et dans une prairie à Schilde (Ern. Ghys.). Introduit? LyBimachia nemorum L. — Caggevinne-Assent, entre Molenboek- Wersbeek et Thieit-.\.-D. RR. — thyrsiflora L. — Tessenderloo (très abondant). — N'était connu, jusquMci, dans la Campine lirabourgeoise qu'à Maeseyck et Zeelhem. Centunculus minimus L. -- Diest, Webbecom, llaelen, Donck, Meldert, Linckhout, Lummen, Spalbeek, Caggevinne-Assent, Schaffen, Tessenderloo, Deurne, Sicbem, Cecquevoort, ïhicit- N.-D. R. Anagallis tenella L. -Lummen (Ch. Thiels), Oostmalle (Ern. Ghys.). Plantago media L. — Testeit (un pied). Introduit. — Loeflingii L. — Ce petit Plantain est originaire de l'Espagne, de l'Orient, du nord de l'Afrique et des Iles Canaries. J'en ai trouvé quelques échantillons à Diest, dans la cour d'une maison inhabitée. Vinca minor L. — Ilcrck-la-Ville, Linckhout, Testeit, Thielt- N.-D. R. GentianaPneumonanthe L. — Près de la limite de la zone argilo- sablonneuse entre Rynrode et Cortenaken. Cicendia filiformis Delarbre. — SchalTen, Becquevoort, Testeit. Cusouta Epithymum Murr. — Deurne. RR. Nicandra physaloides Giirtn. — Averbode. Subspontané. Lycium barbarum L. — Dans les haies à Testeit. Planté. Datura Stramonium L. — Lummen (Ch. Thiels), Montaigu, Cagge- vinne-Assent. Verbascum Thapsus L. — Meldert. RR. — BlattariaL. — Molenstedc. Veronica polita Frics. — Diest, Caggcvinne-A^cnl. RR. Linaria Elatine Mill. — Webbecom, Monlaigu. R. — CymbalariaMill. — Diest. Naturalisé. Utricularia vulgaris L. — Zeelhera, Caggevinne-Assent. R. — minor L — Mcldert RR. Orobanche Rapum Thuill. — Schilde (Ern. Ghys.), Caggevinne- Assent, Zeelhem R. Mentha sativa L. — Tessenderloo. — Pulegium L. — Cette Menthe est très rare dans la zone cam- pinienne. J'en ai découvert deux habitations entre Haelen et Geet-Betz. Origanum vulgare L. — Molenstede. Clinopodium vulgare L. — Woifsdonck, Thiell-N.-D. Nepeta Cataria L. — Zeelhem, Linckhout. RR. Galeobdolon luteum L. — Webbecom, Tessenderloo, Thielt-N.-D. R. Betonica officinalis L. — Aerschot, Waenrode. Marrubium vulgare L. — Molenstede. Leonurus Cardiaca L. — Molenstede (Ch. Thiels), Becquevoort. RR. Soutellaria minor L. — Arg.-sabl. : Cortenaken. Vaecinium Vitis-Idaea L. — Une petite colonie à la lisière d'un bois à Caggevinne-Assent. Oxycoccos palustris L. — Zeelhem. QQP. Campanula rapunculoides L. — Montaigu. — Trachelium L. — Caggevinne-Assent, Webbecom, Becque- voort. R. Speoularia speculum Alph. DC. — Schilde, VVyneghem (Ern. Ghys.). R., RR. Galium verum L. — Caggevinne-Assent. RR. — Cruoiata Scop. — Donck. — uliginosum L. — Messelbroeck, Rillaer. Valeriana dioica L. — Webbecom, Thielt-N.-D. Onopordon Acanthium L. — Testelt. Cirsium anglieum x palustre. — Je ne pense pas que cet hybride ait déjà été signalé en Belgique. Notre confrère, M. le Chanoine Verbist, l'a recueilli aux environs de Hoogstraten et mon frère en a trouvé une assez riche habitation dans les prairies marécageuses d'Oeleghem. Centaurea paniculata L — Espèce du Midi. Un pied à Diest. Anthémis Cotula L. — Die>t, Caggevinne-Assent. Gnaphalium luteo-album L, — Montaigu, Langdorp, Messelbroeck, Woifsdonck, K. 20 Antennaria dioica Gai'tn. — Sichcm, Lummen. RR. Filago apiculata G.-E. Siuilli. — Donck, Linckhout, Tcstelf, Thiclt- N.-D An., W. — arvensis L. — Diest, Schaffen, Caggevinne-Assent. RR. Pulicaria vulgaris Gârin. — Deurne. — Arg.-sabl. : Geet-Belz. Solidago canadensis F.. — Voie ferrée à Diest et à Schaffen. Senecio nemorensis L. — Rillaer, Schuclen, Thiolt-N.-D. — erucaefolius L. — Ciggevinne-Asseiit, Moleiistede. — Arg -sabl. : Rum me 11. Tussilage Farfara L. — Becquevoort, Wolfsdonck. RR. Tragopogon pratensis L. — Zeelhem. RR. Xanthium spinosum L. — Wynrghcm (Eni. Ghys.)Un pied. Albersia Blitum Kunih. — Becquevoort, Montaigu. — Celle Araaran- tacée infeste presque toutes les aspergeries des environs de Diest. Chenopodium opulifolium Schrad. — Diest. RR. — murale L. — Thielt-N.-D. — Arg -sabl. : Geet-Belz. — hybridum L. — Zeelhem, Linckhout, Avcrbode. RR. Blitum rubrum Rchb. — Arg. -sabl. : Geet-Belz. — Bonus-Henricus Rchb. — Arg.-sabl. : Geet-Belz. — Je ne suis pas encore parvenu à rencontrer cette espèce dans la zone campi- nicnne. Polygonum Bittorta L. — Lummen (CI). Thiels), entre Ilaelcn et Loxbergen. Alnus incana L. — Parc du château à Zeelhem. Plante. Ornithogalum umbellatum L. — llacIcn RRR. Platanthera bifolia Rchb. — Teslell, Wolfsdonck. RR. — montanaRchb. — Aig.-sabl. : Corlcnakon. QOP. Epipactis latifolia AU. — Tessenderloo. — Arg.-sahl. : Corlenaken. R. Neottia ovata Bluff et Fing. — \Vebl;ecom. RR. Triglochin palustris L. — Cng^evinne-Asscnl, Webbeconi. RR. Potamogeton polygonifolius l'ourret. — Webhccom, Caggevinnc- Assent, Ïhiclt-X.-I). — Aig.-s;ibl. : Coi tenakcn. — alpinus Flalb. — C;iggevinne-Assenl, Webbecdm, Thiell-N -D. — acutifolius Link. — Melderl. RR. — obtusifolius .M. el K. — Schaffen. RR. Acorus Calamus L — Melderl. — Arg.-sabl. : Corlenaken. RR. Sparganium minimum Fiies. •— Oeleghcni (Em. Ghjs.). Juncus capitatus L. — Ce petit Jonc, que le Manuel de M. Crépin indique comme très rare dans la zone canipinienne, pullule dans I 21 des champs humides à Molenstede, Caggevinne-Assent, Bccque- voort, Sichcm, Tessenderloo, Deurne, Schaffcn, Zeelhcra, Donck, Mcsselbroeck, Testelt, Spalbeck et Wolfsdonck. — iMon frère l'a récolté à Oeloghem. Juneus tenuis Wilid. — Webbecom, Bccquevoort. — Arg -sabl. : Korsbeok. — Tenageia Ehih. — Becquevoort, Linckhout. R., RR. Luzula sylvatica Gaud. — Croît abondamment sur un coteau boisé à Schoonhoven (Aerschot). Carex pulicaris L. — Webbecom, Caggevinne-Assent R. — muricata L. — Molenstede, Averbode, Zeelhem. R. — teretiuscula Good. — Webbecom, Caggevinne-Assent, Thielt- N.-D. R. — panieulata L. — Webbecom, Thielt-N.-D. — elongata L. — Sichem, — strictaGood. — Molenstede. RR. — sylvatica Huds. — Caggevinne-Assent, Flerck-la-Ville, Donck. Rhynehospora alba Vahl. — Scliilde (Ern. Gbys.). — fusea R, et S. — Avec le précédent (Ern. Gbys.). Heleocharis multieaulis Koch. — Blauwberg (Hersselt). — acicularis R. Br. — Diest. Oyperus fuscus L. — Deux pie is dans une bruyère humide à Donck. Digitaria sanguinalis Scop. — Schilde (Ern, Ghys.), Becquevoort, Montaigu Calamagrostis lanoeolata Roth. — Schilde, Oeleghem (Ern. Ghys.), Molenstede, Tessenderloo. R. Milium effusum L. — Schilde (Ern. Ghys ). Cynodon Dactylon L. — Webbecom et entre Webbecom et Haelen.RR. Melica uniflora Retz. — Becquevoort, entre Molenbcek-Wersbeek et Thielt-N.-D. Catabrosa aquatica P. Beauv. ~ Webbecom, Caggevinne-Ass€nt, Becquevoort, Thielt-N.-O. — Arg. -sabl. : Kersbeek. R. Poa compressa L. — En Campine, cetle Graminée est très rare et se rencontre presque toujours sur les vieux murs; je l'ai observée sur des blocs de minerai de fer dans un ravin à Molenstede. Bromus Schraderi Kunth. — Plante de l'Amérique septentrionale, introduite, en petite quantité, dans une pelouse à Averbode, Festuca gigantea Vill. — Becquevoort. RR. 22 Brachypodium sylvaticum P. Beauv. — Entre Haolen el Ceet-Betz. Polypodium Phegopteris L. — Celte espèce est assez abondante sur un coteau boisé à Sichcn). — Dryopteria L. — Caggevinne-Assenl. RRR. Soolopendrium vulgare Sm. — SchalTen, Wcbbecom. RR. Aeplenium Trichomanes L. — Recquevoort, Thicli-N.-D. Cystopteris fragilis Bernb. — Langdorp, Rillacr, Scbaffon, Becque- vooi t, Molcnstcde, Haelen, Thiell-N.-D. RR. Polystiohum Thelypteris Rolh — Scbible (Ern. Gbys ), Thiclt- N.-D Tics abond mt. — montanuin Rotb. — Sicbom, Scbaiïcn, Zcclbem, 3Iolenstede, Langdorp, Webbeconi, Caggovinne-Assent, ftlcssclbrocck, Avcr- bode, Rillacr, Becquevoort, Thielt-iN.-D. — Arg -sabl. : Waen- rode (M. le Chanoine Verbist), Corlenakcn, Loxbergen. R., RR. mais quelquefois 1res abondant dans ses habitations. Osmunda regalis L. — Schilde (Ern. Gbys.), Linckhout (une touffe), Blauwbcrg. Pilulariaglobulifera L. — Ïbielt-N.-D. Lycopodium clavatum L. — Oc'leglicm (Ern. Gbys.). RR. Equisetum maximum Lmk.-Arg -sabl. : Kersbeck RR. Chara fragilis Desv. — Linckhout. LES ESPÈCES DU GENRE TRENTEPOHLIA MART, (CHROOLEPUS AG.), Par É. De Wildeman. Le ^enreTrentepohlia Mart. {Chroolepus Ag.) comprend un grand nombre d'espèce?, on du moins un grand nombre de formes dénommées diiïéremmenl et dont les descriplions, souvenl très incomplètes, se trouvent épar- pillées dans divers travaux. Peu d'espèces sont figurées, et d'ailleurs les dessins donnés par Knlzing sont souvent insuffisants. Certains auteurs ont essayé de réduire les espèces com- -23 prises dans ce genre, mais ils ne sont pas généralement d'accord; d'autres paraissent ne pas voir dans ces formes les représentants d*un genre autonome, et ils les rappro- chent des prolonemas des Mousses(*). Ce qu'il y a de certain, c'est que des espèces ont été décrites sous plusieurs noms et considérées comme distinctes, ainsi que M. Gobi l'a indiqué pour le Chroole- pus umbïinus Kuîz. {Trentepohlia umbrina Born.). En oulre, plusieurs algues décrites sous le nom de Chroolepus n'appartiennent probablement pas à ce genre et ne sont vraisemblablement que des formes de développement d'espèces dépendant d'autres familles. J'ai essayé de réunir, dans Ténumération suivante, les espèces décrites jusqu'à ce jour; elles sont au nombre de 28 dont 4 douteuses (2). Trentepohlia aurea Mari. ; comprenant les variétés caespitosa Rbh., iomenlosa Kutz., alpina Rbh., lannsa Kutz. Chroolepus uncinatus Gobij in AlgoIogisch.Studien uber Chroolepus Ag., in Bull. Acad Se. S'-Pélersbourg 1872, p. 126. Trentepohlia umbrina (Kutz )Born.; C. irregulure Kutz. La var. quercina Rbh. est réunie par M. Gobi, loc. cit., au type dont elle ne diffère d'ailleurs que par des caractères tels que le diamètre, la couleur et Thabitat. Le C. odoratum Ag. et sa var. oleiferum Rbh. rentrent égale- ment dans le même type. — Bleischii (Rbh.) VVille. var. Picaea Wille. — M. Gobi fait rentrer cette espèce dans la (1) Uehcr Trenlepofilia-(Chroolepus-) artige Moosvockeimhildungen von D"" Anton Hansgirg in Flora 1887, n«>6. (2) Il est probable que plusieurs espèces m'auront échappé. Je prierai I |uccéJciil(', mas M. Wille la considcTc coiiuno espèce (iisliiiclc et diciit même mie vaiiélc nouvc'lle('j. Chroolepus abietinum Floiuw. — velutinum Kuiz, Trentepohlia lagenifera (Hildebr.) VVille. Chroolepus Jolithus (L.) Ag. et var.bovinum Uhli. — flavum(IIook ) Kutz. — villosum Rutz. — sinense Kbh. in Al^. Eur., n° 25G7. — lichenicolus Ag. — botryoides Zeller; in Algen gesammell in Arracan und British Hmnia, bcslimnil und s\stenialiscli geordnel von D'" Zeller; in Htd- wigia, 1875, p. 190 — calamicola Zeller loc cit. — elongatum Zelier loc. cit. — fusco-atrum Zeller loc cit. — Kurzii Zeller loc. cit. — tenue Zeller loc. cit. — illicicolus Eng. — pleiooarpa >ordst. — megalorrhyncliium Ilsigsolm ; in Silzungsb. Gesellsch. natnr- foisch. der Freunde zu Berlin, 18ti7, p 51. — Bubsimplex Ca-par. ; in l'iiys okon. Gesdlsch. in Kotiigsberg, 1878, Abh. 2. — jucundunOL Cesali Trentepohlia De Baryana (Rbh ) \V1lie5 Pringsbeim Jalirbuch. f. wissenscbafll. Bot. 1887, p. 48 i. Parmi les espèces douleuses, je placerai : Chroolepus coeruleum Naeg. — moniliforme >'aeg. — cobaltigeneum Ag. — rubicundum Ag. (1) VVillc Om svaermecillerne og dtres apulahon lias Trenlepoftlia Mart., m Bolariiska xNÔliser 1878, p. 171, en note. Ailicle reproduit in Pringshcim Jahrbucli. f. wissenscbaftl. Bot. 1887, p 420. 25 M. De Vos émet l'idée de voir constituer, au sein de la Société, une commission spéciale chargée d'examiner, chaque année, les renseignements fournis à la Société sur les habitations nouvelles d^espèces phanérogames et crypto- games. Selon lui, celte commission aurait pour rôle de choisir, parmi les indications renseignées dans les cata- logues envoyés, celles qu^il est réellement utile de publier au point de vue de la géographie botanique du pays. Après discussion, il est décidé qu^une proposition, dans ce sens, sera soumise à l'assemblée générale du mois de mai prochain. M. Errera propose qu^à chacune des séances mensuelles il soit fait des communications sur Pun ou Pautre point des sciences botaniques qui pourrait intéresser les mem- bres de la Société. Ces communications n'obligeraient point leurs auteurs à les publier dans le compte-rendu des séances; elles auraient pour but principal d'initier les membres présents aux séances à diverses questions spécia- les nouvelles ou peu connues. Cette proposition est approuvée à Tunanimité. M. le Président proclame membres effectifs de la Société : MM. Dupuis et Lambotle. La séance est levée à 8,40 heures. Séance mensuelle du 11 février 1888. Présidence de M. L. Coomans, conseiller. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Carlier, L. Coomans, De BuIIemont, De Vos, De Wevre, De Wildeman, É. Durand, Errera, Francolte, Losseau et Vindevogel; Crépin, secrétaire. Le procès- verbal de la séance du 14 janvier 1888 est approuvé. M. le Secrétaire annonce le mort de deux membres associés : MM. de Baryet Asa Gray. MM. Errera el E. Durand sont chargés de rédiger des notices sur ces deux illustres botanistes. M. A. Ernst, membre associé, envoie l'ouvrage suivant : La exposicion nacional de Venezuela en 1883, Caracas, 1886, 1 vol. in-folio. MM. Crépin et De Wildeman lisent des notes dont rimpression est votée. QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA SITUATION ACTUELLE DE LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE, par François Crépin (^). Jusque vers le milieu de ce siècle, la botanique descrip- tive constituait Tune des branches les plus importantes de la science. Le plus grand nombre des botanistes célè- bres devaient leur réputation à des travaux descriptifs. (1) Dans cet article, nous avons eu spécialement en vue l'étude des végétaux supérieurs. 27 Aujourd'hui, plusieurs autres divisions de la botanique, autrefois reléguées à Tarriére-plan, tendent à la sup- planter. Cette nouvelle situation est-elle due à la nature même des choses, ou provient-elle de circonstances passagères? Autrefois, les botanistes de profession, les professeurs d'universités, entre autres, s'occupaient beaucoup de bota- nique descriptive et formaient des élèves qui suivaient ordi- nairement leurs traces. Depuis un quart de siècle, l'ensei- gnement universitaire a subi une complète transformation; les recherches des maîtres et de leurs élèves sont presque partout dirigées dans une nouvelle voie; dans les labora- toires, les travaux ont pris pour objet la biologie, l'ana- tomie et Porganogénie. Cet ordre de recherches, il faut le reconnaître, convient certes mieux à l'enseignement que la systématique, qui réclame un matériel encombrant et exige, d'ordinaire, un temps trop considérable. Par ce changement, la botanique telle que la cultivaient les maîtres renommés auxquels la science doit ses bases les plus solides, a été délaissée dans la plupart des univer- sités et est devenue, en général, le lot des amateurs. Malheu- reusement un grand nombre de ceux-ci sont dépourvus d'une instruction spéciale suffisante et sont souvent privés d^abondantes ressources en livres et en plantes. La bota- nique rurale s'est de plus en plus répandue, favorisée par la création de nombreuses Sociétés. Celles-ci ont facilité la publication d'une masse prodigieuse de travaux descrip- tifs, au milieu desquels les recherches d'un intérêt général sont comme noyées sous la masse des choses d'un intérêt secondaire ou tout à fait local. Mais ce qui paraît avoir surtout nuit, dans l'esprit de beaucoup de personnes, à la réputation de la botanique 28 descriptive, ce sont Ins travaux de certains descripteurs qui, en peu d'années, ont encombré la science d'un nombre extraordinaire de prétendues espèces nouvelles. Cet excès de fausses richesses lend à rendre la botanique systématique inabordable et à faire du règne végétal un véritable chaos. Les nombreux exsiccata ou collections de plantes sèches ont, à leur tour, aidé, dans une large mesure, à la créa- tion de ces fausses espèces. Sont-ce toutefois là les seules causes qui ont amené la situation actuelle? On peut se demander si les auteurs des bonnes mono- graphies modernes ne se sont pas un peu trop longtemps attardés dans une voie surannée, si la botanique descrip- tive ne s'est pas immobilisée et comme cristallisée ? Depuis sa renaissance au siècle dernier, cette branche s'était assigné pour but principal à ses recherches l'inven- taire des formes végétales et leur classement. Les mono- graphes, après avoir caractérisé et décrit les groupes de formes qu'ils jugeaient dignes du rang spécifique et après les avoir classés dans un ordre plus ou moins naturel, considéraient leur tâche comme définitivement accomplie. La méthode actuellement suivie n'est-elle pas suscep- tible de perfectionnement, et, de plus, ne pourrait-on pas donner une portée plus élevée aux travaux monographi- ques? L'étude des espèces, qui sert de base à la classification, a certes été élargie et notablement améliorée depuis Linné, mais elle est encore éloignée, pensons-nous, d'avoir atteint son apogée. Dans les bons travaux modernes, le genre est encore considéré comme un groupe homogène formé d'éléments de valeur égale, c'est-à-dire de types I 29 ayant tous droit au même rang. Telle est-elle bien la constitution des genres? Qu'il y ait des genres uniquement composés d'espèces ayant toutes une égale valeur morpho- logique, cela ne paraît pas douteux, mais, selon-nous, il existe une muliitude de groupes génériques qui n'offrent pas cette composition uniforme. Dans ces derniers, il y a une véritable hiérarchie entre les espèces; les unes sont de premier, les autres sont de deuxième ou de troisième ordre. Qu'on veuille bien remarquer ici que par espèces, nous entendons parler de types linnéens, types admis par tous les bons auteurs comme de^ espèces légitimes et bien distinctes : il ne s'agit pas de types controversés et sur lesquels on peut hésiter pour leur accorder le rang spécifique. S'il existe réellement une inégalité morphologi- que entre les espèces d'un même genre, il importe que cette inégalité soit établie et que, dans nos travaux mono- graphiques, la structure de chaque genre soit exposée telle que la nature nous l'a livrée. Nous n'exigeons pas que le genre, perdant sa significa- tion actuelle et devenant un avant-dernier groupe dans la classification, soit remplacé par un nouveau groupe correspondant à des unités de même valeur; nous nous bornons à demander que la vérité se fasse jour dans ces associations d'espèces enserrées dans nos cadres géné- riques (l). (1) Si le démembrement des espèces linnéennes opéré par une cer- taine école de descripteurs avait répondu à la réalité des faits, si chaque type linnéen était devenu un groupe d'espèces plus ou moins important, il est évident qu'à chacun de ces types devait correspondre un genre. C'était là une nécessité taxinomique qui s'imposait et sur laquelle nous avions attiré l'attention il y a déjà longtemps. 30 Peut-on, dès maintenant, établir cette nouvelle consti- tution des genres, c'est-à-dire la hiérarchie des espèces dans chaque groupe générique, au moyen des seules ressources fournies par les travaux publiés? Nous ne le croyons pas, parce que, en général, Tétude des espèces n'a pas été faite d'une façon suffisamment appro- fondie soit faute de temps, soit à cause de la pénurie des matériaux. Pour faire une étude réellement approfondie telle que nous l'entendons, le monographe doit n*embrasser qu'un groupe assez restreirft et se borner même au genre. Mais qu'on ne s'y méprenne pasj malgré le champ limité à étudier au point de vue du nombre des espèces, le nou- veau travail exigera un temps considérable : chaque type réclamera dix fois, vingt fois, plus de recherches et d'obser- vations que par le passé. Il ne suffira plus d'examiner un mince fascicule de spécimens pour chaque forme à décrire!*); chaque groupe spécifique devra être représenté par des matériaux considérables recueillis sur les divers points de son aire géographique. Dans ces matériaux, il faudra trouver tous les étals possibles sous lesquels l'espèce se manifeste soit dans la plaine ou sur les montagnes, soit au Nord ou au Midi, à l'Est ou à l'Ouest de son aire. Sous les variations sans nombre, l'observateur finira par décou- vrir certains états habituels : état glabre, pubescent ou glanduleux, état macrophylle ou microphylle, états parti- culiers dus au géantisme ou au nanisme, etc., etc. Il (1) Des milliers d'espèces exotiques ont clé établies sur des matériaux trop insuffisants pour avoir une confiance absolue dans leur distinction spécifique. 51 verra ces mêmes états se reproduire plus ou moins fidèle- ment dans la plupart des types de ce genre. Ce parallé- lisme d'étBts ou de variations lui démontrera la complète unanité de certaines différences qui ont été prises pour des caractères spécifiques et ont servi à créer des espèces artificielles, en même temps qu'il l'aidera à reconnaître les vrais caractères distinctifs qui sont indépendants des circonstances. D'autre part, il découvrira que parmi ces nombreux étals ou variations d'un type linnéen, il existe des petits groupes naturels subordonnés qui sont vraisem- blablement des espèces en voie de formation, à caractères encore faibles ou plus ou moins vacillants. Ce sont ces groupes subordonnés qui ont parfois reçu le nom de sous- espèces ou de variétés. A ce propos, qu'on nous permette ici une courte parenthèse. Sous le nom de variétés, la plu- part des auteurs ne décrivent ordinairement que de simples états et non pas des groupes subordonnés de formes caractérisés par un ensemble de caractères indépendants les uns des autres. Nous appuyons à dessein sur le mot indépendants, parce que beaucoup d'auteurs attribuent soit à leurs variétés, soit aux espèces artificielles qu'ils établissent plusieurs caractères distinctifs, alors qu'au fond il n'en existe qu'un seul, qui se reproduit dans ou sur tous les organes. C'est ainsi que l'étal glabre, pu- bescent ou glanduleux peut se produire simultanément sur tous les organes, que l'état macrophylle peut se manifester dans tous les organes foliacés, que le nanisme, à son tour, peut influer en même temps sur les axes, les organes foliacés et floraux. C'est ce que nous avons appelé autrefois solidarité des caractères. Ce fait, qui devrait frapper tout observateur, est trop souvent méconnu. Dans l'étal actuel de nos collections, il n'y a qu'un 52 nombre assez restreint de groupes génériques qui soient en état d'être actuellement traités d'après le système dont il vient d'être question. Ce sysième, remarquons-le ne permet guères au phyto- graphe d'entreprendre une monographie sur commande à livrer à la publicité dans un temps déterminé. 11 réclame des auteurs une grande abnégation et une boime dose de patience, car ils devront souvent attendre de longues années avant d'être en mesure de produire un travail définitif. Si le genre est assez riche en espèces et si celles-ci sont distiibuées sur une vaste étendue du globe, combien ne faul-il pas de temps pour consulter et réunir les maté- riaux indispensables à un travail approfondi sur chaque type. D'autre part, si le monographe veut maîtriser le groupe, il doit, autant que possible, ne rien laisser dans l'ombre et ne point écarter les cas embarrassants; il doit attendre patiemment l'arrivée de nouveaux matériaux pour lever ses derniers doutes. Il y a toutefois une limite à marquer à des recherches déjà devenues longues, car la vie d'un savant pourrait s'écouler avant l'achèvement d'un travail monographique, qui pourrait être ainsi perdu pour la science. Ce que nous avons voulu faire sentir par là, c'est qu'il faut se garder de précipiter ses conclusions et attendre que le temps ait fait son œuvre dans la saine appréciation des faits recueillis. Le débutant commence ordinairement son travail avec certains préjugés scientifiques et entouré d'opinions émi- ses par ses devanciers; ce n'est que peu à peu qu'il par- vient à se dépouiller des idées d'autrui ou à les rectifier en se basant sur des observations personnelles. Après quelques années de labeur eoniinu fait dans les conditions les plus favorables, il croira être en mesure de 33 conclure et de publier, quand, tout à coup, une observa- lion imprévue, l'arrivée de nouveaux matériaux, viendra ébranler son édifice en lui inspirant des doutes sur les résultats acquis et même sur son talent d'observateur. Alors tout lui paraît devoir être recommencé ou vérifié à nouveau. Ce qui pourra encore lui arriver, c'est de voir, au cours de ses longues recberches, se dresser des obsta- cles, des difiicullés, qui lui paraîtront insurmontables et qui pourront lui faire abandonner la partie. Mais qu'il ne se décourage pas et qu'il compte surtout sur le temps pour ramener le calme dans son esprit et lui livrer la clef des choses obscures. Quel est, du reste, le monograplie qui ne soit pas passé plusieurs fois par ces moments de trouble, qui lui ont fait désespérer d'atteindre le but poursuivi? C'est pour n'avoir pas eu la patience ou le courage de vaincre ces diffîcullés, en leur consacrant le temps conve- nable, que certains auteurs en sont arrivés à émettre, sur les genres traités par eux, des idées plus ou moins complè- tement fausses. C'est ainsi que pour avoir voulu s'épar- gner quelques années de recherches supplémentaires, le monographe laisse, à son successeur, la tâche de refaire une longue route déjà parcourue et de poursuivre celle-ci jus- qu'au point où le succès l'attend. 11 se perd de la sorte, sans profit pour la science, une quantité considérable d'efforts en travail de préparation. Un danger contre lequel ne saurait trop se prémunir le débutant monographe, c'est de restreindre l'étude d'un genre à un groupe quelconque de ses espèces. Ce danger a été lumineusement exposé par M. Alphonse de Candolle dans son beau traité de la Phytograpliie (pp. 161 et 162). Ce livre étant entre les mains de tous les bota- 34 nisles descripteurs, nous croyons superflu de reproduire ici les réflexions de Tillustre botaniste. Jusqu'à présent, nors n'avons pas touché à un point capital qui domine tout travail monographique : l'explica- tion de l'inégalité spécifique qui existe entre les espèces d'un même genre? Quelle est la cause, l'origine, de cette inégalité? Voilà un problème qui dorénavant s'impose aux recherches et aux méditations de tous les natu- ralistes et dont la solution doit être poursuivie par tous les moyens qui sont à leur disposition. L'étude du genre prend dès lors un caractère plus élevé et réclame un travail bien autrement approfondi que par le passé. Quels que puissent être les résultats des nouvelles recherches faites dans ce sens, il nous paraît que Tavenir de la botanique descriptive est dans ce travail approfondi des espèces, d'où les groupes génériques sortiront, un jour, avec leur véritable constitution. La connaissance de celle-ci ne sera pas, croyons-nous, sans avoir une heureuse influence sur les progrès de la classification générale. En émettant ces quelques considérations sur la situation actuelle de la botanique descrif)tive et sur son avenir, nous n'avons pas eu, un seul instant, la pensée de mécon- naître l'importance, la haute valeur, des beaux travaux descriptifs publiés depuis un demi siècle. Ces travaux ont puissamment aidé aux progrès de la classification générale, à ceux de la géographie botanique; ils ont, de plus, répondu à de nombreux besoins de la science. Pendant longtemps encore, on sera forcé de poursuivre les mono- graphies de familles dans l'ordre d'idées qu'on leur a imprimé, parce qu'il importe de dresser un inventaire aussi complet que possible du règne végétal; mais il n'en est pas moins vrai que les progrès et les besoins de la 35 science leur feront succéder des œuvres plus approfondies et conçues d'après des principes en rapport avec le grand problème qui préoccupe si vivement l'attention, celui de l'origine des espèces actuelles. NOTE SUR LE NITELLA SYNCARPA AL. BR.. par É. De Wildeman. Dans la séance du mois d'ocfobre 1884, M. Crépin signala la découverte faite, aux environs de Bruxelles, d'un Nitella par M. Massart(^). Ce Nilella était resté indéter- miné, lorsque, au mois d'octobre dernier, pendant une excursion aux environs de Bruxelles, je trouvai, dans les fossés d'une prairie à Woluwe-S*-Lambert, un Nitella dont la détermination d'après le tableau de la « Flore de Belgique » m'embarrassa, .le soumis Téchantillon à M. Crépin qui y reconnut la même forme que celle qui avait été récoltée par M. Massart. L'espèce appartenait sans aucun doute au groupe du iV. capilata Al. Br. ; mais il s'agissait de voir si elle n'appartenait pas au N. syncarpa AI. Br., que M. Crépin indique dans sa Flore comme espèce à rechercher et qui, d'après lui, ne serait peut-être pas spécifiquement distincte. A première vue, certes, ces deux espèces offrent de grandes ressemblances, mais elles sont cependant bien différentes quand on les examine de près. Ce n'est pas sur les caractères fournis par la disposition des anthéridies ou des sporanges disposés en glomérules plus ou moins compacts que l'on peut baser la détermination (1) Trouvé sur le territoire de Woluwe-S'-Pierre, dans un petit marais, mais l'habitation semble avoir été détruite. o6 de ces formes, ni même, quoique ce soit un caractère différentiel, sur la bifurcation ou la non bifurcation des rayons femelles, car ce caractère nVst pas toujours con- stant. C'est le noyau du fruit qui fournit le véritable caractère. LeN. syncarpa a été souvent signalé en Belgique, mais je n'ai pas eu l'occasion de voir des échantillons de toutes les localités qui lui sont rapportées(l); elles doivent d'ail- leurs être, pour la plupart, mises en doute. La forme publiée par MM. Thielens et De Vos, dans le « Kickxia Belgica », cent. 11, 1866, n** 200 et recueillie à Westerloo par le Dr Van Haesendonck, paraît devoir se rapporter au N. syncarpa AI. Br., de même qu'une forme recueillie, en 1869, à Kessel-Loo par M. Bamps. Les deux espèces qui paraissent avoir été souvent con- fondues, ont cependant été bien délimitées par Al. Braun, comme on peut en juger par les descriptions qu'il en a données dans le Flora von Schlesienk^) , et dont voici les caractères différentiels : A^. capitata. Rayons de la plante femelle divi- sés en 2-3 branches. Noyau du fruit rouge brun foncé, à côtes saillantes. Fruct. Mai-juin. A^. syncarpa. Rayons stériles ou de la plante mâle divisés en 2-i branches; les fertiles indivis. Noyau du fruit noir, sans côtes saillantes. Fruct. Juillet-octobre. (1) Voyez BuU. Soc, bot. de Belgique, I, p. 208, et XXIP, pp. 26 et 396. (2) Kryptognmcn Flora von Srhlesien, vol. I. — Characeen bearb. V. Al. Braun, p. 396. Voyez aussi : Leonhardi. — Die hither bekannten oesterrisefien Armleuchter Getvàchse. Abdruck. Verhandl. Naturforsch. Vereines Brùnn, Bd. II, pp. 36 et 46. 37 Le seul caractère du noyau du fruit d'être ou non muni de côtes saillantes suffît pour distinguer les deux espèces. Le iV. syncarpa doit, il n'y a aucun doute, être consi- déré comme espèce distincte; il ne peut être confondu, après un bon examen, avec le N, capitata; en outre, il existe, en Belgique, où il est probablement moins rare qu'on ne le suppose. Sa présence constatée dans deux régions très différentes du pays, doit le faire rechercher dans les autres régions, où il aura été vraisemblablement confondu, dans bien des cas, avec le N. capitata. SUR LE POLYMORPHISME ATTRIBUÉ A CERTAINS GROUPES GÉNÉRIQUES, par François Crépin. ]N'est-il pas généralement admis de nos jours, à l'égal d^une vérité démontrée, que certains genres sont com- posés de formes exceptionnellement variables? Les genres Hieracium, Mentha, Rubus et Rosa sont souvent cités comme exemples de ces groupes taxés de polymorphic excessive. La croyance à ce polymorphisme est tellement bien ancrée dans l'esprit de la plupart des botanistes qu'il y a vraiment témérité à poser celte question : La polymor- phic exceptionnelle attribuée à certains genres n'est-elle pas une simple légende? Qu'il y ait, dans ces genres, des types spécifiques remarquablement plastiques, dont les représentants, abondamment répandus sur une vaste aire géographique, soient variés sous divers rapports, c'est un fait qui n'est pas contesté. Mais ce fait est-il particulier à ces genres et à tous ceux qui sont réputés polymorphes? Pour répondre Ô8 affirmativement à cette question, il faudrait avoir prouvé que des genres d'une égale importance à ces derniers et ayant la réputation de n'être pas polymorphes ont résisté aux épreuves multiples qu'ont subies, de la part de nom- breux descripteurs, les Rubus, les Bieracium^ les Mentha^ les Rosa, Tant que cette preuve n'aura pas été fournie, il sera sage de n^accepter qu'à titre d'hypothèse la variabilité exceptionnelle de ces derniers groupes. Une chose digne de remarque, c'est qu'en dehors de ceux-ci, chaque fois qu'un genre ou un fragment de genre quelconque a été étudié d'une façon plus ou moins appro- fondie par plusieurs phytographes, on a vu ce genre ou ce fragment de genre s'enrichir d'une foule de formes nouvelles dont on ne soupçonnait pas l'existence et sur lesquelles les botanistes diffèrent d'avis comme sur ces malheureux Rosa, Rubus, Mentha ou Hieracium, Pourquoi, du reste, ne voit-on guères que des genres européens taxés de polymorphic exceptionnelle et pourquoi la grande majorité des genres exotiques sont-ils tenus pour peu variables? Cela n'est-il pas dû à ce que, d'une part, il s'est trouvé des matériaux abondants et de nom- breux travailleurs pour les analyser, et, d'autre part, des matériaux parcimonieusement recueillis et livrés aux mains de quelques rares phylographes? Que deviendrait un genre exotique si, dans sa patrie, il était étudié à la façon des Rubus ou des Hieracium par plusieurs générations de botanistes? II est à présumer qu'il subirait le sort de nos genres européens et que beaucoup de ses espèces seraient controversées. On arrivera peut-être à constater un jour que le degré de polymorphic est en raison directe de la somme d'ana- lyse consacrée ai!fe espèces et à leurs variétés. 59 Pour apprécier et comparer les degrés de polymorphic présentés par des espèces appartenant à des genres diffé- rents, a-t-on toujours tenu suffisamment compte de la diversité offerte par les mêmes organes ou par Its ensem- bles d'organes? Nous avons lieu d'en douter. Qu'il s'agisse, par exemple, de la feuille et qu'on ait à analyser, d'un côté, une feuille simple et entière atteinte de macrophyllie ou de microphyllie, et, de l'autre, une feuille découpée ou composée atteinte des mêmes phéno- mènes, que verra-t-on? Les modifications subies par la feuille simple et entière seront à peine remarquées et le descripteur ne leur consacrera que très peu de mots, tandis que pour la feuille découpée ou composée, les modi- fications étant plus apparentes, puisqu'elles se répèlent sur chacune des parties, sa description sera plus ou moins longue et produira ainsi plus d'effet sur l'esprit du lecteur que la première. Cependant la valeur morphologique des modifications provoquées par la macrophyllie ou par la microphyllie pourra être au fond la même dans les deux cas. Cette dissemblance dans les descriptions s'accentue quand, aux caractères de la forme, viennent s'ajouter ceux tirés de la présence ou de l'absence d'un revêtement quel- conque. Remarquons que ce qui vient d'être dit de la feuille, est également applicable à tous les autres organes. Poursuivant ce parallèle, prenons maintenant l'individu, c'est-à-dire l'ensemble, la réunion, de tous les organes, et voyons quelles sont les ressources offertes au descripteur selon que l'espèce est à charpente simple ou à charpente compliquée. Il existe des genres dont les espèces sont réduites à une rosette de feuilles dites radicales, simples et entières, à 40 lige aérienne remplacée par un pédoncule uniflore; chez d'autres genres, la lige est plus ou moins élevée, munie de feuilles variant de forme à chaque niveau, se transfor- mant en bractées et en bractéoles dans une inflorescence qui peut être plus ou moins multiflore; dans une troisième catégorie de genres, les espèces seront des arbrisseaux ou des arbres, dont les feuilles et même les inflorescences pourront varier suivant la nature ou la position des axes qui les portent. Est-il besoin de longues explications pour faire prévoir combien sont différentes les ressources présentées à l'ana- lyse par ces trois sortes de genres? Non-seulement les descriptions seront forcément de plus en plus longues au fur et à mesure que Ton passera du simple au composé, mais il arrivera, en outre, que \es apparences feront distin- guer plus de variétés ou d'espèces (espèces de la nouvelle école) dans les groupes génériques de la deuxième et de la troisième catégorie que dans ceux de la première. Si l'on se base uniquement sur les résultats ainsi obtenus, sans en discuter la valeur, on conclura que les genres de la première catégorie ont des espèces moins polymorphes que ceux des deux autres. A son tour, la taille des espèces, qui peut également varier d'un genre à un autre genre, n'a probablement pas été sans influence sur les jugements que l'on a émis sur les formes de certains groupes génériques. En général, il est plus aisé de saisir l'allure, le faciès, des espèces de petite ou de moyenne taille, que celui des espèces dont la segmentation est rendue nécessaire par le format des herbiers. L'exiguité des premières permet de faire facile- ment des comparaisons entre de nombreux individus; l'œil, par ces comparaisons, découvre plus rapidement et plus sûrement les ressemblances. D'après cela, il y a lieu de supposer, qu'en général, les genres à espèces de petite taille doivent être moins sujets aux subdivisions spéci- fiques que les genres arborescents ou à espèces de taille élevée. Nous disons en général, parce qu'on a vu des exemples d'espèces linnéennes de petite taille subdivisées d'une façon réellement prodigieuse à l'aide d'une analyse poussée à ses dernières limites, réduite à compter des poils. Le faciès des espèces de taille élevée ne peut guère se bien saisir que sur le vif, c'est-à-dire dans la nature ou dans les cultures; les fragments qui représentent ces espèces dans les herbiers sont loin d'offrir les avantages des échantillons complets; les comparaisons sont beau- coup plus difficiles et l'œil conserve moins bien le portrait des types ainsi reconstitués par des fragments. On peut donc se demander s'il n'y a pas encore ici une nouvelle source d'appréciations fausses, en ce sens qu'il est malaisé, à cause des différences, de tenir la balance égale pour juger, d'une part, les formes de petite taille et, de l'autre, celles de taille élevée. D'après toutes ces considérations, il nous semble qu'il serait sage de réserver son jugement sur la polymorphic exceptionnelle attribuée à certains genres et d'attendre, avant de se prononcer, de nouvelles recherches faites avec toutes les précautions réclamées par cette question délicate. Jusqu'ici, nous n'avons cherché des arguments en faveur de nos idées qu'en nous adressant uniquement aux objets en discussion ; mais ne pourrions-nous pas en découvrir de nouveaux en prenant une autre direction? Pour étudier avec sagacité des faits ou des objets quel- conques, pour les classer rationnellement ou d'après leurs affinités naturelles, pour en tirer les conclusions générales 4^2 qui en découlent, il est indispensable que l'observateur joigne, à Tesprit d'analyse, l'esprit de synthèse et qu'il y ait chez lui un juste équilibre entre ces deux facultés. Il n'est pas rare que l'une de celles-ci prédomine avec excès et détruise l'harmonie qui devrait exister entre elles pour bien juger. Assez souvent chez le naturaliste, l'esprit d'analyse prend trop de développement; alors il est fort à craindre que l'observateur ne soit fatalement entraîné dans des détails au milieu desquels il finira par s'égarer. Il n'apercevra plus que des différences, des dissemblances, sans plus parvenir à retrouver les rapports qui relient les faits secondaires aux faits principaux. Cette analyse excessive est un défaut assez commun chez les botanistes descripteurs qui ont limité leurs recherches à un champ trop resteint, où les objets finissent par prendre à leurs yeux des proportions exagérées. Pour échapper à ce danger qui les menace, les jeunes botanistes feront bien de reculer peu à peu leur horison. A moins qu'ils ne soient dépourvus de tout sens synthétique, ils verront inévitablement leurs premières appréciations se modifier au fur et à mesure qu'ils élargiront les limites de leurs recherches. De nombreux exemples de cette transfor- mation nous sont fournis par des phytographes, qui, d'abord appliqués à l'étude de la flore européenne, se sont plus tard occupés des flores exotiques. Ces botanistes, échappant ainsi à certaines traditions et s'étant dépouillés d'idées plus ou moins étroites sur la constitution des espèces européennes, en sont arrivés à rétablir les groupes spécifiques sur des bases plus larges et vraisemblablement plus conformes à la réalité des faits. Mais combien ne reste-t-il pas de descripteurs qui n'ont pas eu l'occasion ou la volonté de faire cette utile expérience et qui ont ^3 persisté dans leur premier système, en continuant à décrire, sous le nom d'espèces, des groupements artificiels d'individus qui n'ont d'existence que dans leurs livres. Les nombreux travaux descriptifs faits dans ce dernier ordre d'idées ont eu assurément une très large part dans la réputation de polymorphic qu'ont acquise certains genres. Examinons encore un autre point qu'il est utile de toucher ici. Ne dit-on pas que le coup d'œil est une qualité essen- tielle à l'artiste : peintre, sculpteur, architecte? Ne pour- rait-on pas ajouter qu'il est indispensable au naturaliste descripteur? Le coup d'œil appliqué aux choses matérielles doit varier d'intensité selon les individus, puisque, d'une personne à une autre personne, les aptitudes de l'œil diffèrent dans une assez large mesure. La faculté de bien voir n'est donc pas générale et, de plus, la mémoire visuelle, qui est une chose importante, peut être puissante chez les uns, faible ou nulle chez les autres. Le naturaliste descripteur, étant appelé, par ses recherches, à examiner sur toutes leurs faces une foule d'êtres divers, à les com- parer dans tous leurs détails pour y trouver des différences ou des traits de ressemblance, doit, avant tout, posséder un bon instrument d'examen, c'est-à-dire un œil très sensible à tout ce qui peut le frapper et, en outre, une mémoire capable de conserver les images perçues. Certes, l'œil sensible à la forme, aux proportions, à la couleur, ne suffît pas à lui seul pour donner le coup d'œil. Il faut, en outre, chez le savant, comme chez l'artiste, certaines facultés intellectuelles sans lesquelles les images reçues restent en quelque sorte lettre morte, mais on peut toutefois assurer que celui qui voit mal ne possédera jamais le coup d'œil. Étant admis que celui-ci est néces- 44 saire au descripteur, on ne doit pas être surpris que deux monographes, également expérimentes, également instruits, partageant les mêmes opinions théoriques sur l'espèce, puissent arriver à considérer les mêmes formes d'une façon différente et à se trouver en désaccord sur beau- coup de points. Ce désaccord pourra provenir de ce que l'un possède le coup d'œil et que Taulre en est dépourvu. Le premier, au cours de ses recherches, conserve fidèle- ment, dans la mémoire visuelle, toutes les images perçues ; ces images, classées dans le cerveau comme les spécimens dans un herbier, peuvent être, à tout instant, rappelées et confrontées. Ce matériel, sans cesse présent à l'esprit, subit ainsi un travail de comparaison en quelque sorte ininterromjiu, qui finit par rendre chaque type spécifique très familier au monographe. Celui-ci, ayant à examiner de nouveaux matériaux ou à classer une collection, pro- cède avec une sûreté de coup d'œil que ne peut connaître le phytographe dépourvu de la faculté de bien voir et de conserver le souvenir des images. Le premier s'est fait de chaque type un portrait qu'il a toujours devant les yeux, dont les lignes principales et essentielles, tracées avec beaucoup de prudence, sont bien arrêtées ; il possède ainsi une galerie de portraits qui lui permet de retrouver, presque toujours sans hésitation, les originaux dans la masse confuse des individus. Chaque type se reconnaît non-seulement à des carac- tères que l'on peut décrire plus ou moins exactement, mais encore à des caractères en apparence très faibles, plus ou moins fugitifs, mais que malheureusement notre langage scientifique est impuissant à traduire en termes précis. (]es caractères, pour lesquels il faut un excellent coup d'œil, tiennent au faciès général des individus, à 45 l'allure et à la coloration de certains organes ou ensemble d'organes ; n'étant pas et ne pouvant même pas être renseignés dans les descriptions, ils sont perdus pour le botaniste qui manque du coup d'œil. Ces caractères sont cependant parfois bien précieux à connaître, car ils peuvent guider l'observateur dans les cas difficiles, où les autres caractères sont atténués ou masqués par Tune ou l'autre cause. Ceci nous amène à dire que le botaniste qui manque du coup d'œil, agirait sagement en renonçant au travail monographique pour lequel il n'est pas outillé convenable- ment, pour se consacrer à des recherches qui ne récla- ment pas l'usage incessant de Toeil. D'après tout ce qui précède, on est autorisé à supposer que si les travaux monographiques étaient toujours sortis des mains d'observateurs également capables de bien voir et de bien juger, le sort de certains genres eût été bien différent de ce qu'il est aujourd'hui. Nous avons cru devoir nous étendre un peu longuement sur ce dernier point de nos considérations, parce (ju'il ne paraît pas avoir jusqu'ici attiré l'attention générale. Nous terminerons ce petit article en formulant les con- clusions suivantes, que nous soumettons au jugement des botanistes. i° Que la polymorphic exceptionnelle attribuée à cer- tains genres est loin d'être démontrée; 2° Que la stabilité des formes appartenant aux genres réputés non polymorphes n'est pas non plus démontrée; 5** Que le degré de polymorphic ou de stabilité des formes d^un genre à un autre est extrêmement difficile à établir en se basant uniquement sur les travaux publiés, attendu que ces travaux n'ont pas été élaborés dans des 46 conditions suffisamment égales et par des savants dispo- sant tous des mêmes moyens d'investigation. La parole est accordée à M. Errera pour la communi- cation qu'il avait annoncée : l'architecture des plantes avec démonstrations au microscope. Le savant professeur a exposé d'une façon extrêmement claire et très élégante les phénomènes biologiques et ana- tomiques qui président à Tédificalion de la charpente des végétaux fibro-vasculdires. Par des expériences ingénieu- ses et par des exemples variés, il a démontré combien sont simples et merveilleux les procédés mis en œuvre par la nature pour donner aux plantes la rigidité ou l'élasticité nécessaire à Pexercice de leurs divers organes. Cette com- munication qui s'est trouvée être une véritable conférence, a été vivement applaudie. M. Errera a été engagé par ses confrères à les gratifier de nouvelles conférences sur les divers points de la science qui font l'objet de ses recherches. M. François Sterken, professeur au collège St-Matcrne, à Tongres, présenté par MM. Crépin et L. Coomans, demande à faire partie de la Société. La séance est levée h 10,30 heures. 47 Séance mensuelle du 10 mars 1888. Présidence de M. Bommer. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Bommer, Bordet, L. Coomans, Delogne, De Vos, De Wildeman, Ém. Durand, Th. Du- rand, Errera, Massart, Van der Bruggen et Van Nerom; Crépin, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 11 février 1888 est approuvé. M. le Secrétaire fait l'analyse de la correspondance. OuTragcs reças poar la bibliothèqne : Venance Payot. Florule bryologique on Guide du botaniste au Mont-Blanc, 2*^^ partie des Cryptogames ou Musci- nées des Alpes pennines. Genève, 1886, 1 v. in-18. P. DucHARTRE. Note sur le Begonia Socotrana D. Hook. Paris, 1885, in-80. — Note sur des fleurs doubles du Grand Muflier, Paris, 1882, in-8\ — Note sur un Begonia nouveau, à inflorescence épi- phylle {Begonia Ameliae Bruant), Paris, 1886, in-80. — Note sur des feuilles ramifères du chou, Paris, 1881, in-S". — Quelques observations relativement à l'influence de la 48 lumière sur la maturation du raisin, Paris, 1882, in-So. P.DucHARTRE. Influence de la température sur Vépanouisse- ment et la fermeture des fleurs de Crocus, Paris, 1883, in-8«. — Observations sur les vrilles des Cucurbitacées, Paris, 1886, in-8«. — Note sur deux Roses prolifères, Paris, 1887, in-8<>. — Influence de la sécheresse sur la végétation et la struc- ture de Vlgname de Chine (JDioscorea Batatas Dene), Paris, 1885, in-8«. Fr. Buchenau. Flora der Ostfriesischen Jnseln, Norden und Norderney, 1881, 1 vol. in-18. C. Bamps. Note sur la découverte àLanklaer (Campine lim- bourgeoise) du Gampsocleis glabra Herbst, orthop- tère nouveau pour la Belgique, Gand, 1888, in-8\ T. -F. Allen. TheCharaccae of America.VQXi\.^Q\^-'Yo\\y 1888, in-8«. J. MÛLLER. Graphideae Feeanae inclus, trib, affînibus nec non Graphideae exoticae Acharii, Ed. Friesii et Zenkeri e novo studio speciminum originalium expositae et in novam dispositionem ordinatae. Genève, 1887, in 8o. — Lichenes Montevidenses quos legit et communicavit Prof, Arechavaleta. 1888, in-8°. — Lichenologische Beitràge. XXVII, 1888, in-S®. M. De Wildeman lit une note concernant la monogra- phie des Characées américaines de M. Allen. Il analyse ensuite une notice sur des Trentepohlia, qui sera insérée dans la première partie du Bulletin, 49 M. Ém. Durand donne lecture d'une note biographique sur feu Asa Gray, membre associé. M. Errera demande la parole pour exposer à l'assemblée la carrière scientifique de M. de Bary, membre associé. M. Errera est invité à remettre une notice sur ce sujet. M. Crépin lit deux notices, qui seront insérées dans le compte-rendu de la séance. M. Van Nerom présente à l'assemblée une carte agrono- mique de la Belgique dont il est l'auteur, et sur laquelle il donne des explications qui sont écoutées avec intérêt. EXAMEN DE QUELQUES IDÉES ÉMISES PAR MM. BURNAT ET GREMLI SUR LE GENRE ROSA, par François Crépin. Certaines idées générales émises récemment(l) par MM. Burnat et Gremli sur le genre Rosa exigent, de notre part, un examen d'autant plus sérieux qu'elles sont en opposition formelle avec les résultats que nous croyons avoir obtenus par nos propres recherches. A maintes reprises, nous avons déjà combattu incidem- ment ces mêmes idées, mais il est nécessaire que nous reprenions les arguments que nous leur avons opposés soit pour leur donner plus de développement, soit pour les compléter. (1) Genre Rosa. Révision du groupe des Orientales, etc. Genève, 1887, in-8<>, de VII-95 pages. h 50 Les passages suivants, extraits du dernier mémoire que MM. Burnat et Gremli ont consacré au genre Rosa, servi- ront de programme à cette discussion. En ce qui concerne les notions générales sur le genre Kosa nous nous bornerons à renvoyer à une récente publication de notre maître et ami, M. Christ {Le genre Rosa, résultats généraux des travaux de botanique sijstématique concernant ce genre. Traduit de rallemand, du Dotunisches Centtmlhlatt, ISS-i, par É. Burnat, ann. 1885). Tous les spécialistes con- naissent la méthode adoptée par ce botaniste pour disposer les éléments du genre qui nous occupe. On sait également quelle est aujourd'hui la voie très semblable suivie par M. Crépin. A nos yeux, et malgré certaines divergences d'opinions inévitables, nous jugeons quje ces méthodes sont les seules qui permettront un jour d'élucider un groupe générique qui, comme Ta fort bien dit M. Alph. de Candolle (Phytographie, p. 161), est « une association de formes d'une obscurité désespérante oii la distinction d'espèces existe à peine relativement à d'autres genres connus. » C'est là un point, croyons-nous, sur lequel presque tous les rhodologucs sont d'accord, depuis ceux qui sont atteints de la buissonnomanie, jusqu'à ceux qui, estimant que c'est par une flagrante infraction aux lois de la nomenclature qu'on qualifie d'espèces des groupes d'ordres très divers, en partie minimes, s'efforcent de distribuer hiérarchiquement ces groupes en s'attachant scrupuleusement à la recherche de leurs affinités. Mais précisément, en ce qui concerne la distinction des espèces, nous sommes, ainsi, que M. Christ, loin d'être d'accord avec M. Crépin. L'auteur des Pnmiïïae, dans le premier fascicule (ann. 1869) de cet ouvrage, affir- mait déjà que l'espèce dans le genre Rosa était aussi tranchée que dans tout autre genre, et il insiste aujourd'hui sur cette même proposition. Parvenu au terme d'une nouvelle étude qui comprend divers groupes spé- cifiques, nous ne pouvons, hélas! que répéter, avec la plupart de ceux qui ont abordé les Roses, que ce genre ne renferme guère que des espèces si uniformément constituées que leurs différences n'apparaissent que dans un ensemble de caractères très variables et d'importance le plus souvent secondaire; que ces espèces de valeurs très inégales se relient entre elles par des formes intermédiaires plus ou moins nombreuses; qu'enfin ce genre lui-même est malaisé à lépartir en sections naturelles. l'artout nous avons rencontré des espèces dont les limites étaient incertaines, et nous n'avons cessé d'éprouver des difficultés extrêmes à définir ces groupes et 51 à les préciser nettement pour en faciliter la notion à ceux des botanistes qui ne sont pas rompus à ces difificultés. — Si l'on examine une à une toutes les formes qui composent un groupe, il est aisé de parvenir à une diagnose qui est celle d'un type idéal dont chacun des caractères est représenté par la moyenne de nombreuses observations. Mais il peut se faire qu'une telle diagnose ne réponde strictement à aucun des échantillons qu'on possède du groupe. D'un autre côté, la nécessité, si l'on veut être précis, d'encombrer une description d'un grand nombre de restrictions ou réserves et de mentionner constamment des alternatives, rend la recherche des caractères vraiment distinctifs excessivement difficile. De tels embarras se présentent plus ou moins pour toutes les descriptions de groupes, mais ils trouvent leur expression maximum dans le genre Rosa, par suite précisément du polymorphisme des unités dont se composent ses diverses subdivisions. (Op. cit. pp. V et VI.) Il est certain qu'à l'époque même où nos connaissances seront plus avancées et les matériaux accumulés dans les herbiers plus instructifs, les contestations subsisteront sur la valeur des groupes et les termes employés pour les désigner, mais si l'on veut conserver le mot espèce pour l'appliquer dans la section Cynorrhodon des Rosiers d'Europe et suivre la tradition linnéenne, ce mot n'aura jamais exactement le même sens que dans certains genres à espèces isolées et à limites précises. Même si l'on restreignait cette dernière section à une vingtaine d'espèces, il faudrait encore y comprendre le R. glutinosa. En dehors des Cynor- rhodon on peut observer également en Europe des groupes spécifiques sans limites. Pour ne citer qu'un exemple tiré des derniers travaux de M. Crépin on verra que ce savant a qualifié avec raison les Synstylae : R. moschata, sempervirens et arvensiê, d'espèces parfaitement distinctes; leur étude a été admirablement présentée dans les Primitiae (fasc. 5, p. 533-582). Or ce sont là cependant des groupes qui présentent des caractères tout aussi variables que les Orientales dont nous venons de parler; il n'est pas un seul des caractères attribués à l'un de ces types Synstylae qui ne se transforme çà et là en celui qui distingue l'espèce la plus voisine ; parfois plusieurs se modifient simultanément dans le même sens. De véritables formes intermédiaires existent aussi entre ces trois membres des Synstylae. Nous savons bien que M. Crépin nous objectera l'origine hybride des formes transitives dont nous parlons, mais en présence de buissons vivants, dans leur patrie, il n'est généralement pas difficile d'être fixé au sujet des origines hybrides d'une forme aberrante j 52 or nos observations ne nous ont jusqu'ici révélé que de véritables formes intermédiaires entre les R. arvensts et R. sempervirens, à moins qu'on admette une hybridité très ancienne. Quoiqu'il en soit, si l'on venait à traiter les Synstylae avec l'extrême sévérité dont M. Crépin a usé envers les Orientales, elles ne résisteraient pas mieux à une telle épreuve. — Dans une note plus récente, le même auteur estime que les espèces véritables sont nettement caractérisées dans les Rosiers; qu'on doit étudier, non les groupes européens, mais ceux de l'Asie et de l'extrême Orient pour être édifié sur la valeur des caractères spécifiques; là les types seraient bien limités et leur étude nous démontrerait l'importance exagérée qu'on accorde en Europe à certains caractères considérés comme étant de premier ordre. Nous devons dire à ce sujet que l'étude que nous venons de faire des provenances asiatiques, non seulement du groupe Orientales, mais d'autres Cynorrhodon, notamment des Vestitae, ne nous a point montré que dans ces régions le genre Rosa se présentât autrement que dans l'Europe, c'est-à-dire avec un polymorphisme désespérant, et si M. Crépin nous parle des Rosiers de l'Asie centrale et orientale que nous n'avons pas à la vérité abordés, nous nous demandons si on ne jugerait pas de leur fixité d'après des matériaux insuffisants et répéterons après Linné : « Species Rosarum difficile distinguuntur, difficilius deter- minantur; mihi videtur naturam miscuisse plures vel lusu ex una plures formasse; hinc qui paucas vidit species facilius eas distinguit, quain qui plures examinavit. » {Sp. plant., éd. 1, p. 492). (Op. cit., pp. 65-C7.) M. Crépin insiste de nouveau sur ce point (que les espèces véritables dans le genre Rosa sont nettement caractérisées) dans un mémoire récent IRosae Synstylae, tirage à part du Bull. Soc. bot. Belg., 27 janvier 1887) : « Les espèces, dans le genre Rosa, se distinguent parfaitement les unes des autres par de nombreux caractères morphologiques et biologiques. » (Op. cit., p. 5). Nous ne pensons pas que l'opinion actuelle du savant de Bruxelles puisse être partagée par les botanistes qui étudient ce genre. Linné a dit : species Rosarum difficillime limitihus circumscrihuntur et forte natura vix eoê posuit. » Après lui les travaux des phytographes les plus éminents semblent tous avoir abouti à la même conclusion. M. Christ (Le genre Rasa, trad, française, p. 7) a cru récemment pouvoir affirmer qu'il nVxistait pas dans les Roses d'espèces absolument isolées, mais qu'entre tous les groupes spécifiques on observait des formes do transition. (Op. cit., pp. 66 et 67.) 53 Ces trois extraits suffisent amplement, pensons-nous, pour indiquer quelles sont les opinions des deux auteurs sur la constitution du genre Rosa, Les conclusions à en tirer sont les suivantes : lo Que le genre Rosa est une association de formes d'une obscurité désespérante où la distinction d'espèces existe à peine relativement à d'autres genres connus ; 2° Que ses espèces se relient entre elles par des formes intermédiaires plus ou moins nombreuses ; 3" Que le genre lui-même est malaisé à répartir en sections naturelles ; 4^ Que, selon M. Christ, il n'existe pas dans les Roses d'espèces abso- lument isolées, mais qu'entre tous les groupes spécifiques on observe des formes de transition. Voilà quatre points qui méritent de fixer notre attention. Nous allons les examiner successivement. Quant à la question des espèces isolées, nous ne craignons pas de dire que l'opinion de M. Christ est complètement fausse, si, par espèces isolées, ce savant entend des types richement caractérisés, parfaitement distincts, n'ayant que des rapports éloignés entre eux et ne présentant aucune forme de transition. Comme espèces isolées constituant des sections mono- types naturelles, nous citerons les suivantes : R. microphylla Roxb. (Sect. Microphyllae). R. laevigata Mich. (Sect. Sinicae). R. minutifolia Engelm. (Sect. Minutifoliae). R. sericea Lindl. (Sect. Sericeae). R. Banksiae R. Br. (Sect. Banksiae). Comme espèces isolées faisant partie de sections pléio- types, nous pouvons, entre autres, énumérer : R. Carolina L. ) o . ^ ,. ^ „ ,. , „ [ Sect. Larohnae, R. foliolosa Nutt. ) R. microearpa Lindl. ) c, , „ , , _ ^. ^„ , Sect. Synstylae. R. setigera Mich. ) u La distinclion absolue de ces types est telle, que se refuser à l'admettre c'est nier révidence. Nous aurions pu facilement multiplier les exemples exoti- ques d'espèces dites isolées, mais ceux qui précédent suffi- sent à notre démonstration. En présence de ces types, qui peuvent rivaliser avec les meilleures espèces admises dans d'autres genres, nous ne comprenons pas, en vérité, comment des savants ont pu affirmer avec assurance que le genre Rosa ne possède pas d'espèces isolées. Est-il, du reste, besoin de quitter l'Europe pour trouver de ces types isolés dans le genre Rosa'^. i\on assurément! Ne peut-on pas considérer comme tels les R. alpina, R. pimpinelli folia, R. cinnamomea et R. gallica? Ces espèces sont, en Europe, isolées dans leurs sections respec- tives et chacune d'elles n'a que des rapports éloignés avec les unités composant les autres sections. Y a-l-il entre leurs groupes spécifiques des formes de transition qui relient ceux-ci entre eux? Incontestablement non ! Il se produit bien, il est vrai, des hybrides entre le R. pimpinellifolia et le R. alpina, entre ces deux types et des espèces de la sec- tion Cynorrhodon, enlre \e R. gallica ei des représentants des sections Synstylae et Cynorrhodon, mais les produits hybrides ne sont pas des formes de transition. Si, comme telles, on admettait ces derniers, alors il n'y aurait plus, dans le règne végétal, aucun type isolé, puisque le croise- ment hybride est possible entre les espèces d'un même genre et parfois entre des espèces appartenant à des genres différents. Il nous paraît inutile d'insister sur ce point; l'existence d'espèces isolées dans le genre Rosa est, croyons-nous, un fait acquis et indéniable. m Passons maintenant à Texamen de cette autre conclusion: que le genre lui-même est malaisé à séparer en sections naturelles. Ce genre offrirait-il réellement par lui-même, en raison de la constitution de ses espèces, des difficultés exception- nelles pour être distribué en sections naturelles, ou, comme on donne à Tentendre, ne serait-il même pas susceptible d'être subdivisé en sections? A cette double question, nous répondrons tout d'abord que, selon nous, le genre Rosa est susceptible d'être divisé en sections parfaitement naturelles de valeur taxinomique égale à celle d'une foule de sections d'autres genres admises comme excellentes. Pendant le cours de nos études, qui remontent à plus de vingt-cinq ans, notre conviction, à cet égard, n'a jamais varié. D'où peut provenir le doute mani- festé par certains auteurs modernes sur la possibilité de répartir ce genre en sections naturelles? Plusieurs causes semblent avoir concouru pour provoquer ce doute : la confusion dans laquelle sont tombés tous les anciens clas- sifîcateurs du genre; la connaissance imparfaite des vrais caractères spécifiques et surtout la connaissance trop incomplète du genre. Quant aux difficultés que peut présenter le genre Rosa pour sa distribution en sections, elles ne sont pas, nous semble-t-il, plus grandes que dans tout autre genre placé dans les mêmes conditions, c'est-à-dire dont les formes doivent être fréquemment étudiées sur des fragments et non pas sur des individus entiers. Cette circonstance parti- culière, remarquons-le, produit également son effet pour l'étude et la délimitation des espèces. On pourra nous objecter ici que nous ne fournissons à peu près aucune preuve de nos affirmations soit au sujet des sections, soit concernant les espèces isolées et que de simples affirmations ne suffisent pas pour entraîner la conviction. Les preuves, nous Tespérons, seront plus lard données en abondance dans notre travail définitif sur le genre; en attendant, les objets en discussion ne sont pas dérobés à l'examen de nos contradicteurs. Nous avons cité des exemples d'espèces qui, pour nous, sont isolées; quant aux sections déjà proposées par nous, elles sont connues d^une façon plus ou moins sommaire et peuvent être ainsi discutées. Avant d'aborder les deux conclusions qui restent à examiner, il ne sera peut-être pas mauvais, pour nous éclairer sur ce qui va suivre, de rechercher si les rhodologues modernes se sont toujours placés dans des conditions suffisamment convenables pour étudier avec succès le genre Rosa, Dans un livre que tout botaniste descripteur ne cessera jamais de consulter sans le plus grand fruit, La Phyto^ graphie, M. Alphonse de Candolle a écrit une page de réflexions à l'adresse de certains monographes, que ceux-ci ne devraient jamais perdre de vue. Ainsi s'ex- prime ce savant dont la longue carrière a été presque exclusivement consacrée aux progrès de la botanique systématique : Le danger de descriptions sur des éléments détachés de leur ensemble naturel est au maximum quand on choisit pour étude les fragments locaux d'un groupe compliqué et obscur, comme des Ruhus, Rosa, Hieraciuyn, Salix, Mentha, etc. Evidemment les Rubus de France et les Ruhus d'Angleterre, les IHeracium de Suisse et les llierucium de Suède ne sont que des fragments découpés, par le hasard des faits antérieurs, dans des associations de formes d'une obscurité désespérante, où la distinction d'espèces existe à peine relativement à d'autres genres connus. Élucider des choses obscures au moyen de débris ou de tronçons 87 est, il faut en convenir, un procédé peu scientifique. On croit bien faire en limitant le champ des observations, mais c'est précisément ce qui en diminue la valeur. On risque de cette manière d'oublier la nature composée des groupes naturels. Si l'on n'y prend garde la limitation de l'espace peut amener une limitation des idées. Les savants les mieux avisés dans cette catégorie de travaux s'efforcent de corriger les inconvénients de la méthode en observant les formes des plantes dont ils s'occupent dans les pays voisins. Ils s'élèvent ainsi à une conception vraie des groupes naturels, dont les unités sont ordinairement dispersées. Je les vois citer de plus en plus les auteurs qui ne sont pas de leurs pays. Ils ne justifient peut-être pas toujours avoir cherché et comparé toutes les formes des diverses contrées, mais l'impulsion est donnée dans ce sens et l'exemple sera probablement suivi de plus en plus. (Op. cit., pp. 161 et 162.) Suivant en cela l'exemple de l'illustre botaniste genevois, nous avons déjà avancé, dans un article précédent, qu'un genre ne peut èlre bien apprécié dans ses divisions et dans ses espèces qu'après avoir été embrassé dans son ensemble. Or, que voyons-nous, si nous considérons le genre Rosa? C'est que tous les rhodologues depuis un demi siècle, à part une seule exception, se sont bornés presque exclusi- vement à l'étude des Roses de leurs pays, ou à celles d'Europe. Ces botanistes ont, nous le reconnaissons volontiers, analysé avec beaucoup de soin les formes de leurs régions, mais souvent ils ont eu le tort de trop généraliser, de conclure du particulier au général, de croire que leurs observations pouvaient s'appliquer au genre tout entier. Dès lors, on ne doit pas être étonné de voir naître une profonde divergence d'idées entre un monographe ayant étudié le genre dans son ensemble et des phytographes qui se sont bornés à un fragment du même genre. Parmi ces derniers, il en est plusieurs qui, pour appuyer des considérations générales tirées d'une étude o8 partielle, ont invoqué l'autorité de botanistes célèbres, et, entre autres, celle de Linné. Quelle qu'ail été la puis- sance de son génie, le botaniste suédois n'a pas toujours été infaillible; il n'a pas traité tous les genres avec une égale sagacité. Aucun rhodologue n'ignore que son her- bier renferme à peine une GO® d'échantillons de Rosa, dont un assez bon nombre proviennent de culture. Ce n'est certes pas avec ces misérables matériaux que Linné aurait pu saisir ce que pouvait être l'espèce dans ce genre. Du reste, la façon dont il a caractérisé la douzaine d'espèces décrites par lui, témoigne suffisamment de l'ignorance complète des véritables caractères spécifiques. Dès lors, quelle peut être la valeur de son opinion? Qu'on invoque le sentiment d'un monographe ayant éludié con- sciencieusement le genre dans son ensemble, nous pouvons l'admettre, mais encore faut-il s'assurer si l'auteur s'est trouvé dans des conditions suffisamment favorables pour bien connaître et pour apprécier sainement les espèces. C'est ainsi que l'opinion de Lindiey, qui cependant passait pour le meilleur monographe du genre, n'a plus aujour- d'hui qu'une faible valeur, en présence des erreurs de classification ou d'appréciation commises par ce savant soit par défaut de perspicacité, soit faute de temps ou pénurie de matériaux. Nous csiimons donc qu'on peut se dispenser d'invoquer de semblables autorités pour renforcer la valeur de ses propres appréciations. Quant à faire état de l'opinion de botanistes célèbres qui n'ont pas eux-mêmes étudié le genre, il ne faut pas un seul instant y penser. C'est ici le cas de rappeler la réflexion suivante mise par M. Alphonse de Candolle dans la bouche d'un jeune botaniste qui vient de terminer une bonne monographie : J'en sais plus sur S9 celte partie du règne végétal que les botanistes les plus célèbres, (Phyt., p. 120.) A ce propos, nous ne dirons pas que nous-même en savons plus sur le genre Rosa que les botanistes les plus renommés, mais on nous permettra bien de faire valoir un peu notre expérience. Celle-ci est le fruit du temps très considérable que, depuis plus de vingt cinq ans, nous avons consacré à ce genre. Nos études spéciales ont réclamé jusqu'ici des milliers d'heures en travail d'analyse, de comparaisons et d^observations tant dans la nature que dans les herbiers. On s'étonnera peut-être de cette quantité extraordinaire de travail accordée à un groupe générique comptant à peine une cinquantaine d'espèces; on sera même porté à croire qu'il y a eu là gaspillage de temps. Ceux qui ont eu la ténacité de préparer durant de longues années une monographie approfondie, ne seront pas surpris; ils savent combien il faut de peines et d'efforts pour résoudre les multiples difficultés qu'une investigation soigneuse rencontre sous ses pas. Du reste, le temps importe peu si, au bout de longues recherches, on est parvenu à résoudre l'un ou l'autre de ces problèmes que les observateurs se passent de génération en génération sans en trouver la solution et cela uniquement faute d'un travail suffisamment prolongé. Il serait, croyons-nous, bien plus utile aux progrés de la science de voir dorénavant les savants s'acharner sans interruption à un problème unique et le résoudre une bonne fois, que de voir leurs efforts se disperser sur des questions variées, qui con- tinuent à rester dans les brumes d'une connaissance imparfaite. Si nous nous montrons ici un peu indiscret, si nous cherchons à tirer avantage de la somme de travail que nous avons déjà consacrée au genre Rosa^ ce n'est 60 certes point par un sentiment de vanité, mais simplement pour faire accorder une certaine confiance aux opinions que nous pouvons émettre sur le genre. Nous pensons donc avoir acquis le droit de recommander la prudence aux spécialistes qui débutent dans l'étude du genre et même à ceux qui se croient être suffisamment expérimentés parquel- ques centaines d'heures accordées au genre en question. Reprenons maintenant les deux conclusions qui restent à discuter. Ces deux conclusions peuvent être associées dans le même examen. Ce que nous avons avancé précédemment sur l'existence de types isolés nous permet d'affirmer a priori que les deux conclusions sont partiellement fausses, puisqu'il existe réellement, dans le genre Rosa, des espèces très distinctes, dont la valeur morphologique égale celle des meilleures espèces d'autres genres, et qui, de plus, ne sont pas reliées les unes aux autres par des formes intermédiaires. Il ne nous resterait donc plus qu'à rechercher si le genre Rosa ne possède pas, en outre, des espèces reliées entre elles par des formes de transition plus ou moins nombreuses et dont la valeur morphologique serait inférieure à celle d'espèces d'autres genres. Dans le genre Rosa, il y a, comme dans une foule d'autres groupes génériques, des espèces plus ou moins plastiques, dont les individus, distribués sur une vaste aire géographique, sont plus ou moins variés. Nous n'avons pas à rechercher ici pourquoi ces types sont plus plastiques ou plus élastiques que d'autres : nous nous bornons à constater le fait. Cette plasticité n*est pas seu- lement propre à certaines Roses européennes, mais elle se rencontre encore dans des espèces exotiques; seulement en Europe elle a été mieux observée. 61 Ce sont principalement ces espèces plastiques, dites polymorphes, qui ont exercé les efforts d'une foule de chercheurs attachés exclusivement à l'étude de la flore de leur pays ou à celle de l'Europe. Chacun d'eux, dans sa sphère restreinte, a voulu trouver du neuf. L'analyse poussée jusqu'à ses dernières limites a provoqué la créa- lion d'une multitude de prétendues espèces nouvelles. On en est même arrivé à décrire le buisson, c'est-à-dire l'indi- vidu ! Cette subdivision spécifique a élé facilitée par la méconnaissance presque générale des vrais caractères distinctifs qui remonte à Linné et qui s'est perpétuée sans interruption jusqu'à nos jours. Les débutants, les jeunes botanistes, en voyant ceux qu'ils considéraient comme des maîtres attacher une importance capitale à la pubescence, à la glandulosité, à la forme des réceptacles, et à des différences très secondaires, ont été de Tavant avec une entière confiance, se servant surtout de la pubescence et de la glandulosité pour pulvériser les types spécifiques de pre- mier et de deuxième ordre. De là est né ce chaos dans le groupe des Roses européennes dont s'éloignent avec une véritable épouvante les botanistes qui n'ont pas des années à consacrer à l'étude d'un seul genre; de là est aussi née cette fausse idée que le genre Rosa est un groupe informe où la nature n'a pas encore achevé son œuvre. Ces études, dirigées par une analyse ne connaissant plus de frein, ont obscurci ou perverti la notion de l'espèce dans l'esprit de beaucoup d'observateurs. Cette perversion a même atteint quelques botanistes très experts, qui, tout en réagissant contre le courant, ont tout de même fini par admettre, dans le genre Rosa, sous le nom d'espèces, des groupements spécifiques dépourvus de valeur réelle ou dont la valeur est exagérée. 62 Parlant de l'idée que ces groupements de valeur très secondaire représentent de véritables espèces, il ne leur a pas été fort difficile de découvrir qu'entre ces groupe- ments il existe des formes intermédiaires. Mais de là à conclure que les espèces de premier ou même de deuxième ordre sont reliées entre elles par des formes de transition, la distance est grande, disons-le, énorme. Nous avons nous-méme admis que certains types spécifiques de premier ou de deuxième ordre pouvaient présenter de petits groupes naturels subordonnés, à caractères encore faibles ou plus ou moins vacillants, que ces groupes subordonnés sont vraisemblablement des espèces en voie de formation. Qu'entre ces groupes subordoimés dérivés de types encore existants, il se présente des formes inter- médiaires ou de transition, nous sommes tout disposé à l'admettre, sans néanmoins considérer le fait comme étant particulier au genre Rosa ou à tout autre genre dit poly- morphe. Maisquant à acceplerTexistence déformes intermé- diaires entre les types spécifiques de premier ordre, types désormais isolés, notre longue expérience, nos recherches sans nombre nous le défendent d'une manière absolue. Jusqu'ici, nos observations nous ont permis de recon- naître la plupart des types de premier et de deuxième ordre qui constituent le genre Rosa, mais il reste encore quelques groupes spécifiques sur lesquels nous ne sommes pas complètement édifié. Quand nos dernières hésitations auront disparu, nous soumettrons la liste de ces types à l'examen des spécialistes. C'est seulement alors qu'on pourra se rendre bien compte de l'insistance que nous mettons à nier l'existence de formes intermédiaires entre les vraies espèces du genre Hosa. iMM. Burnat et Gremli, de même que M. Christ, ne 63 sont pas d^accord avec nous sur les groupements spécifiques soit de premier, soit de deuxième ou de troisième ordre. Ne nous entendant pas sur le rang à accorder à ces groupe- ments, il va de soi que nos opinions respectives doivent différer au sujet des Roses à considérer comme formes de transition. C'est ainsi que ces savants distinguent comme deux espèces de premier ordre le R. canina L, d'une part, et le R, dumetorum Thuill., d'autre part. Qu'il y ait entre ces deux espèces des formes de transition plus ou moins nombreuses, le fait n'est pas contestable, mais il n'a rien de surprenant, puisque ces deux prétendues espèces de premier ordre ne constituent, en réalité, qu'un seul et unique type, dont le R. canina représente la série des variations à l'état glabre et le R. dumetorum, la série des variations à l'état pubescent. Malgré les affirmations con- traires de ces auteurs, nous maintenons qu'il existe un parallélisme complet entre ces deux séries. Aucun autre caractère que la pubescence n'existe pour les séparer l'une de l'autre. Les formes intermédiaires entre ces deux séries sont constituées par des individus dont la pubescence foliaire se borne soit au pétiole, soit au pétiole et à la nervure médiane, ou se réduit à des poils clair-semés à la face inférieure des folioles. Du moment où l'on admet les R, canina et R. dumetorum comme deux types dis- tincts, il nous paraît rationnel de dédoubler toutes les espèces dites linnéennes qui se présentent sous les deux états : l'état glabre et l'état pubescent. Une conséquence inévitable de ce premier dédoublement, c'est la nécessité de dédoubler, à leur tour, les espèces qui se montrent avec des feuilles églanduleuses et des feuilles glanduleuses, car, à noire sens, la présence ou l'absence de glandes 64 fournit un caractère d'une valeur égale à celui dérivé de la présence ou de l'absence de poils simples. Si ces savants ont reculé devant ces deux dédoublements de toutes les espèces linnéennes, s'ils ne l'ont guères appliqué qu'au R. canina dans son type et dans quelques-uns de ses groupes subordonnés, ils ont néanmoins considéré, dans des cas assez nombreux, la glabréilé, la pubescence, réglandulosité et la glandulosité comme fournissant des caractères de premier ordre. Cela étant, on ne doit pas s'étonner, répétons-le, que nous ne puissions nous entendre sur la valeur à accorder à certaines formes et sur ce que l'on peut prendre pour des formes de transition. C'est en vain que nous avons combattu la valeur fausse ou exagérée attribuée à la pubescence et à la glandulosité; la tradition a prévalu contre l'évidence des faits sainement appréciés,- les anciennes idées, celles de Linné, de Lindley et de tant d'autres ont maintenu la plupart des observa- teurs dans une voie peu favorable, il faut le dire, aux progrès des études rbodologiques. Pour échapper à cette sorte d'obsession de la pubescence et de la glandulosité, nous avions conseillé d'étudier attentivemenf certains types asiatiques /*or/e7>ien^ caractérisés qui offrent chacun les états glabre, pubescent, églanduleux et glanduleux, sans qu'on soit tenté, un seul instant, de prendre ces états divers pour autant d'espèces distinctes comme on l'a fait pour les espèces européennes. MM. Burnat et Gremli assurent avoir suivi ce conseil sans être parvenus au résultat prévu par nous. Us nous répon- dent : « Nous devons dire à ce sujet que l'étude que nous venons de faire des provenances asiatiques, non seulement du groupe Orientales^ mais d'autres CynonhoHon^ notam- ment des VestitaCj ne nous a point montré que dans ces 65 régions le genre Rosa se présentât autrement que dans l'Europe, c'est-à-dire avec un polymorphisme désespé- rant, et si M. Crépin nous parle des Rosiers de l'Asie cen- trale et orientale que nous n'avons à la vérité pas abordés, nous nous demandons si on ne jugerait pas de leur fixité d'après des matériaux insuffisants... » Ces savants n'ont pas saisi le sens et la portée de notre conseil. Nous n'avons nullement prétendu que les espèces asiatiques se comportent d'une autre manière que leurs congénères européennes; comme celles-ci, elles se présentent sous divers états, glabre, pubescent, églanduleux, glanduleux, microphylle, macrophylle, etc., etc. A cet égard, il y a donc conformité d'idées entre nous et nos savants contradicteurs. Autre était la portée de notre recomman- dation. En Europe, nous l'avons dit à maintes reprises, la notion de Tespèce, dans le genre Rosa, s'est plus ou moins obscurcie à la suite de recherches généralement mal dirigées; on a fini par voir des espèces véritables dans des groupements très secondaires établis sur de simples états ou sur des caractères infimes. Pour ressaisir l'espèce véritable, nous avons dit aux rhodologues : éludiez quelques types asiatiques fortement caractérisés, c'est-à- dire dont les caractères très apparents ne sont jamais masqués quels que soient les états sous lesquels se pré- sentent les individus, des types enfin isolés sur la distinc- tion spécifique desquels il n'est pas permis d'élever le moindre doute. Ces types, qu'on ne peut pas démembrer sans être immédiatement taxé d'aveuglement, vous montre- ront clairement, par les états variés sous lesquels se manifestent leurs individus, que ces prétendus caractères de premier ordre tirés de la pubescence ou de la glandulosilé n'ont pas de valeur spécifique et que, par 66 suite, un grand nombre de nos espèces européennes ne sont, au fond, que des états, des variétés ou bien de simples petits groupes absolument subordonnés. Le R. sericea Lindl. est précieux à étudier sous ce rapport; on peut, du reste, clioisir d'autre types spécifiques isolés qui rempliraient le même office. Les types de provenances asiatiques auxquels MM. Bur- nat et Gremli font allusion pour contester noire opi- nion, quels sont-ils? Possèdent-ils des caractères fortement marqués comme nous le demandions? A notre avis, il suffît de citer leurs noms, pour reconnaître aussitôt que nous ne sommes pas là en présence de types isolés de premier ordre. Les études des savants suisses ont porté sur les R. glutinosa Sibth. et Sm., R. Slrobliana Burn, et Gr., R. inter jecta Burn, et Gr., R. asperrima Godet, R. sicitla Tratt., R. Seraphini Viv. et enfin sur les R, Hec- keliana Tratt. et R. orientalis Dup. Ce n'est certainement pas à ce groupe de formes qu'on pouvait s'adresser de préférence pour s'assurer de la valeur réelle de certains caractères contestés. Aussi n*est-il pas surprenant qu'après l'avoir étudié MM. Burnat et Gremli n'aient pas modifié leur manière de voir sur la pubescence et la glandulosité. Ils considèrent les R. siculay Seraphini, fjlutinosa et Ucckeliutia comme des types linnéens; quant aux R. asperrima^ inter jecta, Strobliana, orientalis , Orphanidis et derelicta, ils ignorent encore quelle est leur valeur hiérarchique et il est fort probable, disent-ils, que ce ne sont pas là des espèces : leurs affinités précises restent douteuses. Dès 1880, dans le 5« fascicule de nos Primitiae, nous avons consacré de nombreuses pages à l'examen de plusieurs des formes traitées par MM. Burnat et Gremli I I 67 sans être arrivé à un résultat satisfaisant. Nos confrères suisses ont repris le sujet en l'étendant et en ont fait l'objet d'un travail très considérable. Ont-ils été plus beureux que nous? Sont-ils parvenus à délimiter d'une façon claire et précise les formes qu'ils proposent, dans ce groupe, comme types linnéens? Ils répondent eux-mêmes à cette question en disant : « Nous croyons être parvenus à des notions assez nettes sur les R. sicula, Seraphini, gliUinosa et Heckeliana. Il reste cependant bien de réserves à faire : les formes africaines et orientales du premier exigent de nouvelles études en ce qui concerne leur constitution en variétés; leurs affinités et rapports avec d'autres Roses des mêmes pays, ainsi que leurs limites du côté des formes intermédiaires R. Thureti, réclament encore bien des recherches. Dans la Sicile, seule région où l'on rencontre à la fois ces quatre Rosiers, leurs relations entre eux, et surtout celles que montrent les trois premiers avec d'autres Rubiginées, appellent les observations d'un spécialiste Quant au R. Heckeliana nous estimons l'avoir bien dégagé des types précédents, mais il semble se relier de très près au R. orientalis et par lui à des formes orientales du R, mollis. ^ (Op. cit. pp. IV et V.) Les réserves faites par ces auteurs nous indiquent assez que leur confiance n'est pas entière dans la délimitation des quatre types proposés par eux comme linnéens. Après la publication de leur mémoire dont nous aimons à reconnaître les grands mérites, nous avons tenu à réexa- miner ce groupe de formes. IVL Barbey a bien voulu nous confier, pour plusieurs mois, tous les matériaux de l'her- bier Boissier qu'avaient annotés MM. Burnat et Gremli; M. Haussknecht, à son tour, nous a communiqué sa collec- tion de Roses faite en Grèce et qui a passé sous les yeux de 68 MM.Burnat, Gremli el Christ. Aide dc ces nombreux maté- riaux et de ceux de notre propre herbier, qui, depuis 1880, s'était enrichi de nouveaux spécimens, nous avons donc refait Fétude du groupe en question, en contrôlant avec le plus grand soin toutes les descriptions et toutes les observa- tions de MM. Burnat et Gremli. Ce nouvel examen, tout en nous fournissant quelques faits qui nous aideront probable- ment un jour à voir clair dans ce groupe, n'a pas abouti. Nous restons aujourd'hui, comme en 1880, en face de formes dont nous ne saisissons pas bien les affinités, ni le rang auquel elles ont droit. Nous pourrions même ajouter que les nouvelles espèces proposées par MM. Burnat et Gremli sous les noms de R.interjecta^Slrobiiana, derelicta, Thurcti et C oqueberti soni venues, selon nous, compliquer les difficultés. On peut se demander si Textrcme difficulté que présente ce groupe ne provient pas de ce qu'au lieu d'être composé de plusieurs espèces linnéennes, il n'est, en grande partie, constitué que par des groupes subordonnés dérivés d'es- pèces encore existantes. Or, on connaît combien il est dif- ficile de délimiter cette sorte de groupes, à cause de leurs caractères distinctifs moins apparents et de Texis- tence de formes de transition (1^ (1) L'étude dc ces groupes subordonnes qu'on désigne aussi sous le nom de petites espèces ou dc microraorphes, offre un vaste champ de recherches aux botanistes auxquels les circonstances ne permettent pas d'aborder le genre dans son ensemble. Mais celle élude, qui présente des flf/Jïrullés réellement extraordinaires, ne doit pas être faite dans l'esprit qui a guidé certains descripteurs de Roses. Il ne s'agit plus ici de différencier dos buissons ou de faire de prétendus groupements spécifiques basés sur des variations ou sur des étatit. Les micromorphes sont dc petits groupes naturels; ils demandent à être délimités par des caractères autres que ces différences individuelles sur lesquelles ont 69 Nous ne désespérons pas toutefois d'arriver un jour à élucider cette obscure association. Il est vraisemblable que de nouveaux matériaux recueillis en abondance joints à rétude sur le vif nous fourniront la solution du problème. Ce qui nous inspire cette confiance, c'est que plusieurs fois, au cours de nos recherches, nous avons rencontré des problèmes non moins ardus, que le temps et la patience nous ont permis de résoudre. MM. Burnat et Gremli forts de leurs longues et scrupu- leuses recherches sur le groupe dit des Orientales se sont cru autorisés à émettre les considérations générales rap- portées au commencement de cet article. N'ont-ils pas en ceci un peu manqué de prudence scientifique? Nous le craignons. D'autre part, ces savants ne se sont-ils pas abusés en assimilant les types spécifiques que nous avons admis dans les sections des Synstylae aux formes proposées par eux comme espèces linnéennes dans le groupe des Orientales ? Nous sommes porté à le croire. Pour nous, l'assimilation n'est pas possible: de l'un et de l'autre côté, à part, peut-être, une exception, les choses sont essentiel- lement différentes. Nous pensons en avoir dit assez pour mettre le lecteur en garde contre certaines idées généralement acceptées sur le compte dii genre Rosa; cependant, il nous paraît utile de prolonger un peu le débat pour discuter plusieurs réflexions de MM. Burnat et Gremli que nous n'avons pas encore examinées. Ces réflexions sont les suivantes : « Si l'on examine une à une toutes les formes qui com- ète échafaudées ces centaines d'espèces artificielles qui encombrent nos livres. La connaissance des vrais micromorphes sera, en quelque sorte, le couronnement des études taxinomiques à faire sur les groupes génériques. 70 « posent un groupe, il est aisé de parvenir à une diagnose a qui est celle d'un type idéal dont chacun des caractères est « représenté par la moyenne do nombreuses observations. « Mais il peut se faire qu'une telle diagnose ne réponde « strictement à aucun des échantillons qu'on possède du «groupe. D'un autre côté, la nécessité, si l'on veut être « précis, d'encombrer une description d'un grand nombre « de restrictions ou réserves et de mentionner constamment « des alternatives, rend la recherche des caractères vrai- « ment distinctifs excessivement difficile. De tels embarras « se présentent plus ou moins pour toutes les descriptions « de groupes, mais ils trouvent leur expression maximum « dans le genre Rosa, par suite précisément du poly- « morphisme des unités dont se composent ses diverses « subdivisions. » Dans le genre Rosa, est-ce bien par suite du polymor- phisme des unités dont il se compose que de tels embarras se présentent? Ne serait-ce pas plutôt parce que les caractères vraiment spécifiques sont souvent méconnus et remplacés par des caractères très secondaires ou inconstants, et, d'autre part, parce que les unités, c'est- à-dire les espèces ne sont ordinairement représentées, dans nos collections, que par des fragments au lieu de Tètre par des individus entiers, comme c'est le cas pour une foule de genres? Nous admettons volontiers que l'observateur puisse être embarrassé en présence de certains échantillons et qu'il puisse même, malgré une longue expérience, commettre de grossières erreurs de détermination, confondre une espèce avec une autre. Toutefois, une telle confusion devient pour ainsi dire impossible en présence de spécimens sulTisamment com- plets en fleurs, en fruits et accompagnés d'axes foliifères et surtout en face d'individus entiers. 71 MM. Burnat et Gremli parlent d'un type idéal dont la diagnose peut ne pas répondre strictement à aucun des échantillons que Ton possède du groupe. Mais rappelons- nous que les plantes ne sont pas des cristaux dont les angles nous fournissent des déterminations spécifiques rigoureuses, dont tous les individus de même espèce sont identiques; ce sont des êtres complexes dont les limites spécifiques ne peuvent pas être tracées mathématique- ment, mais qui néanmoins peuvent être arrêtées par des recherches suffisamment approfondies et bien dirigées. Ces recherches fournissent non pas la diagnose d'un type idéal mais bien les lignes ou, si Ton veut, les caractères du portrait scientifique des espèces. Que le portrait d'une espèce ne réponde pas toujours strictement à tous les traits individuels de chaque échantillon, nous voulons bien l'admettre, mais s'il est fidèle, s'il est tracé à la suite d'un travail scientifique suffisamment prolongé, il permettra toujours d'embrasser la collection des individus de l'espèce qu'il représente et il ne sera jamais confondu avec un autre portrait. Quant aux types idéaux, il en existe, c'est incon- testable; ce sont ceux qui répondent à ces associations artificielles de formes individuelles ou d'états auxquelles certains botanistes ont attribué le nom d'espèces. La diagnose de cette sorte de types présente, en effet, les embarras si bien décrits par MM. Burnat et Gremli. Nous croyons pouvoir clore cette longue discussion en répétant, après M. Alphonse de Candolle, quit y a du danger à décrire des éléments détachés de leur ensemble naturel et à vouloir élucider des choses obscures au moyen de débris et de tronçons, et qu'il est à craindre que la limi- tation de V espace n'amène une limitation des idées. 72 LES ÉTUDES DE M. ALLEN SUR LES CHARACEES AMÉRICAINES, par É. De Wildeman. \ï. T. -F. Allen vient de publier la première partie d'un travail important sur les Charaeées américaines(^). L'auteur y décrit h récolte, la préparation, la morphologie, la physiologie et l'anatomie de ces végétaux et passe ensuite à la description des genres et donne un synopsis des espèces. La première partie, introduction au travail, est com- posée d'après les travaux des meilleurs auteurs qui ont traité le sujet. La classification employée est celle de M. Nordstedt, qui figure dans le travail d'A. Braun(2), avec les change- ments nécessités par l'intcrcalation de nouvelles espèces. Les Charaeées sont divisées en deux familles : \esNitellae et les Charae. La première comprend les genres Nitella Ag. et Tolypelta A. Br. Les Charae sont divisés en trois genres, dont les deux premiers : Lamprothamnus A. Br. et Lychnothamnus Leonh. ne paraissent pas avoir jusqu'à présent de représentants en Amérique; le troisième est le genre Cliara Leonh. Dans la première partie de son travail, Tauleur indique 19 Charaeées nouvelles, introduites dans le synopsis analytique; 11 sont décrites par l'auteur lui-même, ce (1) The Characeaeof America, by D' T.-F. Allen. Part I. New- York, 1888. — Prix : un dollar. (2) Fra(jmenlc einer Monographie der Characeen von A. firaun Iieraus- gegeben von D' 0. Nordsledt in Abhandl. k. Ak. Wiss. zu Berlin, 1882. 73 sont : N. Moraigii, Macounii, miithnatae, minuta; Toly- pella comosa^ fimbriala, stipitata, intertexla; Chara incon- nexa, evoluta, excelsa. Le genre Nilella est représenté en Amérique par o5 formes et le genre Tolypeltaj par 8 formes. Pour pouvoir juger du travail en ce qui concerne les espèces nouvelles, il faudra attendre l'apparition des autres fascicules de l'ouvrage. Ce qui est en tous cas certain, c'est que M. Allen aura rendu un grand service aux botanistes qui s'occupent de l'étude de ces algues, en réunissant, dans un travail d'ensemble, des données éparses. Le synopsis surtout sera utile, mais pour pouvoir en bien juger, il faudra l'avoir employé. Il serait assez intéressant d'établir un parallèle entre les espèces de l'Amérique et nos espèces d'Europe. Nous atten- drons pour cela la fin de l'ouvrage; car en prenant par exemple une espèce répandue un peu partout en Europe, le N. syncarpa Tliuill., nous voyons que jusqu'ici du moins on n'a pas constaté sa présence en Amérique. Il y aurait une chose qui serait à désirer pour un travail de ce genre, ce serait la figuration de toutes les espèces, surtout la figuration des parties sur lesquelles se base la différenciation ; de cette façon l'on aurait en même temps qu'une monographie, une iconographie qui rendrait les plus grands services. 74 LE ROSA V[LLOSA DE LINNÉ, par François Crépin. Depuis longtemps, le nom de Rosa vitlusa L. est relégué parmi les synonymes des R. iuollis Sm. et R. pomifera Herrm., parce qu'il a été reconnu que Linné avait décrit ces deux dernières espèces sous le nom de J^. till osa. Il n'y a guères, parmi les riiodologues modernes, que M. J.-A. Lefïlerl') qui ait restauré ce nom de R. villosa, en lui donnant à peu près sa signification première, c'est-à- dire en lui attribuant les R. pomifera et R. mollis; seulement il joint à ces deux Roses le R. tomentosa Sm. Nous allons examiner jusqu'à quel point l'identification de M. LeHîer est fondée. Les diagnoses que Linné donne de son R. villosa peuvent s'appliquer indifféremment au R. pomifera et au R. mollis, et même au R. lomenfosa Sm, Pour le R. villosa du Species planlarum^ la citalion du Rosa syiveslris pomifera major de Bauhin peut faire supposer qu'il est (juestion de la Kose (jue plus lard Herrmann a distinguée sous le nom de R. pomifera. Pom* le R. villosa du Flora Siiecica, Linné rappelle encore le synonyme de Bauhin, mais il cilc une localité de la Scandinavie d'où Osbeck lui a fourni des échantillons; or, un spécimen de cette localité conservé dans l'herbier de Linné se trouve être le R. mol- (I) CdiiI'. Oni Sveri(j('S Uosa-artcru] Holaiiiska iNoliscr, IS7I, pages 75 cl 70; (J.-J. Ilarlmans llandhok i Svfinditiaviens Flora, cd. 2, pages 274' el 273; Ocrsiçft uf dfn skandinaviska halfijns antniirkninysvnrdare Hosaformer in Hol Not., 1888, pages .14 el lï. 75 lissima Fries (1) non Willd., espèce qui est identique au R. mollis Sm. Comme on le voit, Linné avait donc confondu ou, si l'on veut, réuni deux formes qui plus tard ont été décrites comme espèces distinctes. El. Fries, dans ses Novitiae, conflrme cette confusion. Il ne parait pas que Linné ait connu le R. tomentosa Sm. Si l'on n'admet pas la distinction spécifique des R. pomi- fera et R. mollis^ on doit nécessairement reprendre l'an- cien nom de R. villosa et c'est ce que nous ferons, car pour nous, comme pour M. Leffler, ces deux formes ne sont que deux variétés de premier ordre présentant les mêmes caractères essentiels et reliées entre elles par des formes de transition. Mais si nous sommes d'accord sur ce point avec M. Leffler, nous cessons de l'être sur la question du R, tomentosa qu'il réunit au R. villosa. Les remarques que ce savant fait sur le type de Smith nous démontrent qu'il n'a pas exactement saisi les vrais caractères spécifiques qui distinguent le R. tomentosa du R, villosa et cette démon- stration est complétée par le fait d'avoir rapporté, à la var. a mollis du R. villosa^ les R. rcsinosoides Crép. et R, foetida Bast., qui sont incontestablement des variétés du R. tomentosa. Il n'est du reste pas le seul à avoir commis une confusion entre le R. mollis et le Ro tomentosa. Les spécialistes suisses ont considéré le R. omissa Déségl., qui est une variété du R. tomentosa^ comme spécifique- ment identique au R. mollis. IVous-mème, nous avons (1) Nous avons cru reconnaître, dans V Herbarium normale de Fries, qu'une forme du H. tomentosa a été parfois associée au vrai R, mollissima Fries. ï 76 rapporté, toutefois avec une certaine hésitation, au groupe du R. mollis, les R. australis Kerner et R. venusta Sclieulz, qui sont également des variétés du R. tomentosa. Malgré les confusions qui peuvent se faire sur des échantillons dlierbier nous restons convaincu que le groupe du R. villosa est spécifiquement distinct de celui du R. tomentosa, que nous avons bien affaire à deux types d'organisation différente, pourvus de caractères morpho- logiques et biologiques constants et que les prétendues formes de transition ne sont représentées que par des échantillons d'herbier insuffisants ou mal étudiés. Dans leurs formes européennes, on peut dire que le R. tomentosa est à peu près dans les mêmes rapports avec le R. villosa que le R. micrantha Sm. l'est avec le R. rnbiginosa L. Selon nous, la réunion des deux premiers devrait nécessairement entraîner la fusion des deux autres. La séance est levée à 10,15 heures. 77 Séance mensuelle du 7 avril 1888. Présidence de M. É. Laurent. La séance est ouverte à 8,15 heures. Sont présents : MM. Bordet, De Vos, De Wildeman, É. Durand, G. Gillekens, É. Laurent, Lebrun, Massart, Vindevogel et T. Durand, ff. de secrétaire, M. Crépin, empêché, se fait excuser. M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 mars, qui est approuvé. M. le Président annonce que notre Société a fait une double perte par la mort de M. Planchon, membre associé et de M. L. Guelton, membre effectif. En quelques mois, il rappelle les titres scientifiques de M. Planchon et propose qu'une lettre de condoléance soit adressée à la famille et qu'une notice soit insérée dans le Bulletin par les soins du Secrétaire; ces deux propositions sont adoptées. M. le Président dit que la mort de notre confrère L. Guelton, enlevé dans sa vingtième année, est une perte sensible pour notre Société, car Guelton était un chercheur zélé. Dans ses nombreuses herborisations, il avait décou- vert maintes plantes rares, et l'on pouvait légitimement espérer qu'une fois ses études universitaires achevées, il serait devenu pour nos publications un actif collaborateur. La parole est donnée à M. De Wildeman, qui expose ses vues sur la valeur du genre Stichococcus et sur diverses espèces d'Ulothrix, 78 M. Lnureril prie M. De Wildeman de rédiger une riotice détaillée sur ce sujel. M. J. Massart lit une notice sur les études du D"" W. Pfeiïer sur la sensibilité des végétaux aux sub- stances chimiques. M. le Président propose d'insérer cette communicatioii dans le Bulletin, car elle contient non-seulement le résumé des études du savant allemand, mais aussi les observa- tions personnelles de M. Massart. M. Durand donne lecture de deux notices de M.Crépin, 8DR L'ULOTHRIX FLACCIDA KUTZ. ET LE 8TICH0C0CCDS BACILLARLS NAEG., par É. De Wildeman. Les espèces terrestres d'^7o^/ir?x comprises dans le sous- genre Hormidium de Kutzing sont au nombre de 7 d'après Kabenborst. Récemment, M. GayC) a démontré que les V. radicans Ktz., parietina Kutz., crassiuscula Kutz. et crenulata Kuiz. appartiennent au ^enre Schizogoniu7nKuii. Il reste donc trois formes : les U. nitens Menegh., /lac- cidaKulz.ei tar/a Kutz. Ces trois formes représentent-elles bien trois espèces dilTérenles? M. Hansgirg a indiqué(2) que la première n'est qu'une variation de la seconde ; je partage en ce point complètement son opinion. Je ne puis (1) Sur 1rs Ulothrix aériens, par Yv. Gay in Bull, Soc. bot. de France, 1888, p. 6;S. (2) Veher den Polymorphismu» der Afgtn in Bol. Centralblatl) Bd XXII, n" 13, p. 386. 79 trouver entre ces deux espèces de différences sutïisamment tranchées pour conserver la première même comme variété, car le caractère de présenter à l'état sec l'aspect d'une couche membraneuse brillante ne peutélre regardé comme spécifique. Si Ton examine d'ailleurs les échantil- lons desséchés distribués dans les exsiccata, on trouve qu'il y a identité parfaite entre les deux espèces. Il reste- rait donc deux espèces : les il, varia et flaccicla. La des- cription de la première telle que la donne RabenhorstO indique deux formes de cette algue : l'une présentant un dia- mètre de 6,î25 à 7,25 p., l'autre, de 8,75 à 12,5 [j^. La prin- cipale caractéristique de cette espèce serait d'avoir les cellules presque carrées. Ce n'est point là un caractère constant et qui ne peut par conséquent servir à l'établisse- ment d'une espèce, car Ton trouve aussi bien chez les for- mes qu'il faudrait considérer par leur diamètre comme appartenant à VU. flaccicla, des cellules dont les deux diamètres sont égaux, que l'on trouve chez des formes de ÏU. varia, dans un même fdament, des cellules dont la hauteur est le double de la largeur. Ce fait provient de l'état de la cellule avant la division cellulaire, la hauteur est supérieure, après c'est généralement le contraire. Le contenu cellulaire se présente, dans ces formes, sous le même aspect; c'est une plaque chlorophyllienne tapissant tantôt complètement la paroi interné de la cellule, mais le plus généralement contractée et n'en tapissant qu'une partie. L'examen des échantillons desséchés que j'ai eus à ma disposition a d'ailleurs montré également que la différen- (t) Flora Alg. Eur., Ill, p. 567. 80 cialion entre les deux espèces n'est pas possible, que Ton trouve entre les diamètres indiqués par Kabenhorst toute une série de mesures intermédiaires; du reste les seules figures de ces espèces, figures bien incomplètes, données par KutzingC) ne présentent pas de différences sensibles. Les échantillons d'herbier que j'ai examinés, et qui me paraissent devoir se rapporter à IX^. flaccida Kutz, sont : J/ormidium /laccidum Kutz. Rbh. Alg. Eur., n" 24.80, Ulolhrix flaccida Kulz. Roumeguère Alg. de France, n» 19i. Ulothrix nitens Kutz. Roumegucre Alg. de France, n»* 597 et 693; Rbh. Alg. Eur., n« 2515. Hormidium nitens Kutz. Rbh. Alg. Eur., n» 1157a. Ulothrix varia Kulz. Desraaz. PI. crypt. de France, no462; Rbh. Alg. Eur., no 2280; Roumeguère Alg. de France, n» 695. Ces trois formes doivent donc être, me semble-t-il, réunies en une seule et même espèce, qu'on ne doit pas considérer comme formant partie d'une section séparée du genre Ulothrix, car celte section perd toute sa valeur, vu que VU . flacdda végète également dans Teau. A ce point de vue, il ne serait pas impossible qu'il faille le rapprocher de VU . tencrrima Kutz., qui pour M. Kirchner (2) n'est qu'une variété de 1'^/. subtilis. Ces deux espèces (L'. flac- cida et subtilis) appartiennent d'ailleurs pour cet auteur à la même subdivision du genre. L'U. flaccida est bien, il est vrai, une forme terrestre, mais pour qu'elle puisse végéter, il lui faut un certain degré d'humidité; c'est pourquoi il est surtout abondant au printemps et à l'automne : la sécheresse ne le détruit pas, mais elle l'empêche de se développer. (1) TahuL phyc.,2f tab. 95. (2) Krypt. Flora von Schlesicn, M II, Hiilftc I, p. 77. 81 Je crois qu'on pourrait établir momentanément la syno- nymie de l'espèce et sa diagnose de la façon suivante : Ulothrix flaccida Kutz. U, flaccida Kutz. Spec. p. 349; Tab. phyc, 2, lab. 9b, fig. HI. — Rbh. Flor. Alg. Eur., III, p. 367, Alg. Eur., n^ 2480. — Roumeguère Alg. de France, n» 794. Uormidiwn nitens Menegh. in Kutz. Spec, p. 349. — Rbh. Alg. Eur., no HS7a. U. nitens Kutz. Tab. phyc, 2 tab. 95, fig. I. — Rbh. Flor. Alg. Eur., III, p. 367, Alg. Eur., n» 251 S. — Rouraegère Alg. de France, nos 597 et 693. Ilormidium varium Kulz. Phyc. gêner,, p. 193. U. varia Kutz. Spec, p. 350, Tab. phy»., 2, tab. 95, fig. IV. — Desmaz. Crypt, de France, n» 462.— Roumeguère Alg. de France, n» 695. U. filis laxe vel dense intricatis, vel stratum submembranaceum nitens formantibus; diametro cellulis 6-14// (saepius7-10,v.),aequalibus vel duplo- triplove longioribus (vel paene dimidio brevioribus); cytioplasmate saepe unilatérale, hemispherico-contracto ; cytiodermate tenuissimo hyalino. Hah. in terra uda, mûris humidis, vasibus fioralibus, tectis stramineis, parietibus caldariorura. « * * M. Hansgirg(l) indique comme appartenant au cycle d'évolution de la même espèce le Stichococciis bacillaris Naeg. Certes comme l'indique M. Lagerheim(2) et comme j'ai pu l'observer fréquemment moi-même, on trouve chez VU, flaccida et chez la forme varia une transformation du filament en cellules isolées, dislocation qui se pratique de (l)Loc. cit., p. 387 et 395. (2) Ueber cine durch die Einwirkung von Pilzhyphen entstandenc Varietal von Stichococciis bacillaris Naeg. in Flora 1888, n» 4. 82 la même façon que celle par laquelle se forment les kystes chez VU. tenerrima, comme je l'ai indiqué à la Société en mars dernier (^). Cette dislocation donne lieu à des cellules cylindriques, oblongues, ovales et même arrondies, mais le diamètre des cellules ainsi formées est supérieur à celui que Ton admet pour le Stichococcus ; d'un autre côté, (juoique au point de vue du contenu cellulaire il y ait une grande analogie entre une cellule dT. flaccida et une i\e Stichococcus t'ie, n'ai pu jusqu'ici (rouver un filameiit de celte première espèce qui puisse représenter la seconde. J'ai cependant remarqué dans des récoltes de M. Loche- nies provenant des environs de Leuze, mélangée à d'aulres Conferves une forme d'Ulothrix aquatique qui pourrait se rapprocher de ce (jue M. Hansgirg a appelé il. flaccida var. minor. Les filaments étaient formés de cellules ayant de2,o-4;/dc diamètre, la longueur étant égale, double ou triple de la largeur, parfois presque la moitié de la largeur. Mais je n'ai pu observer, chez cette forme, un passage vers la formation de cellules isolées qui rappelleraient le Stichococcus. MM. Hansgirg, De Toni et David Levi (2) donnent au Stichococcus un diamètre supérieur à celui que lui attri- buent Kirchner et Rabenhorsi(^). Pour les premiers, la largeur de la cellule varie de 1 à 6 y.-, pour les derniers, elle oscille entre 1 et 4 u-. J'ai trouvé récemment dans une fiole remplie d'eau des filaments d'une algue végétant en compagnie de VU, (1) /iuU. Soc. hot. de Belyi(/Hc, mars 1887. ("2) Hansgirg. Loc. cil. — De Toni et David Levi. Flora a/rjoL li. Venc- zia, p. III, p. I2i. (3) Kirchner. Loc. cit., p. Ill, — Rabcnhorsl, Loc. cit., p. i7. 85 tenerrima Kiilz. qui présentaient la forme des Gloeotila, c'est-à-dire une file de cellules arrondies à leurs extré- mités, muqueuses à l'extérieur et dont le diamètre était voisin de 4 ^x. J'identifierais celte forme avec le Gloeotila protogenita Kutz., qui, d'après Rabenhorst, a un diamètre d'environ 4, S a. Les filaments que j'ai observés se disso- ciaient et donnaient naissance à des cellules qu'on ne pou- vait absolument pas distinguer du S. bacillaris récolté sur des bois pourrissants, de sorte que l'on se trouve ici devant un mélange de formes filamenteuses et cellulaires. L'examen d'échantillons desséchés du G. protogenita, récolté par de Brébisson aux environs de Falaise, montre d'ailleurs des séries de cellules disposées en filaments et des cellules éparses, qu'on ne peut distinguer de celles du Stichococcus. Ce dernier est généralement caractérisé par des cellules réunies par 2-4-8, mais, dans mes cultures, j'ai remarqué de véritables filaments. MM. De Toni et David Levi signalent aussi avoir vu des files de 24 cellules. Le fait de retrouver le 5. bacillaris dans l'eau ne doit pas faire croire à la présence d'une autre forme, car il est très facile de cultiver la forme terrestre dans ce milieu. Ce qui me paraît en tous cas certain, c'est que le Sticho- coccus doit se rapporter à un autre genre, et il me semble que c'est avec le genre Gloeotila qu'il a le plus d'analogie. Il resterait donc à savoir si ce dernier genre peut être lui-même conservé, ou s'il faut admettre l'opinion de M. Hansgirg qui en rattache une des espèces à VU.flaccida. n n'est pas impossible que le Gloeotila caldaria soit la même forme, mais terrestre, que le G, protogenita, et que le Stichococcus du bois pourrissant en provienne, comme semble l'indiquer M. Hansgirg. 84 M. Van Tiegliem a décrit en 1880(0 deux Bactéries vertes qu'il a appelées respectivement, Bacterium viridis et Bacillus virens. Ces formes avaient été trouvées la première dans de l'eau de pluie remplissant la concavité d'un chapeau d'un jeune Polyporus, la seconde dans de Teau stagnante. Or M. Lagerheim a trouvé une forme de Stichococciis qu'il a appelée var. fungicola (1) dans la même circonstance que M. VanThieghem son Bacterium viride. Je serais tenté de considérer les deux Bactéries comme analogues du .S', bacil- larisj quant à présenter des caractères communs avec les Hupheothrix ou Leptothrix tenuissima Kutz. (Kbli. Flor. Alg.Eur., II, p. 77), c'est très douteux, d'autant plus que M. Van Tliiegliem écrit lui-même que les Bactéries qu'il a observées, possèdent de la chlorophylle pure et non mélangée de phycocyanine. Les variations de formes du Stichococcus sont d'ailleurs très nombreuses, ce qui a probablement fait donner à M. Van Tieghem deux noms différents à la même forme. Dans sa note citée plus haut, M. Lagerheim écrit : « Die Form ist desshalb von Interesse, weil sic einen kleinen Beilrag zur Frage des l*oIymorphismus der Chlorophyceen liefert. Die Formveranderung wird namlich ohne Zweifel durch die veriinderten Lebens bedingungen hervorgerufen. Dafiir spricht auch der Umstand, dass man immer aile Zwischcnstufen zwischen der Ilaupt form und der Varietàt auflinden kann, und dass beide zusammen vorkom- {\) OhservatiQn sur des Daclériacécs vertes, sur des Phi/cochromacécs blanches et sur les affini'és de ces deux familles, par IM. Ph. Van Thieghcm in Bull. Soc. bot. de France, 1880, p. \7i. (1) Lagerheim. Loc. cit. et Interno ad una Palmellarra. uuovapcr ta flora Veneta De Joni et David Levi in Nolarisia, u° î), p. 281 85 men. » Et plus loin : « Die Diagnose der Varielat ist : Var. cellulis plus minusve ovalibus vel interdum subglo- bosis. » La cellule avant la division est environ deux fois, mais aussi souvent trois ou quatre fois plus haute que large; après la division, les cellules ont leurs deux diamètres égaux ou à peu près, et présentent souvent, après leur séparation, des cellules complètement sphériques. On peut trouver entre la forme cylindrique allongée et la forme sphérique tous les intermédiaires dans une même culture, comme l'indique M. Lagerheim. Également dans une même série de cellules, on trouve des formes allongées et raccourcies, disposées côte à côte, mais, dans ce cas, les formes raccourcies sont presque quadrangulaires par suite de la pression qu'elles exercent les unes sur les autres. Le S. bacillaris est en tous cas une des algues les plus communes; on la trouve sur les bois exposés à l'humidité, sur les troncs d'arbres, sur les murs, sur la terre, dans l'eau. Quoiqu'il en soit, le dernier mot n'est pas dit au sujet de cette espèce; bien des auteurs paraissent vouloir conserver celte algue comme type d'un genre spécial, mais son autonomie me païaîi bien douteuse. 86 LES ÉTUDES DE M. W. PFEFFER SUK LA SENSIBILITÉ DES VÉGÉTAUX AUX SUBSTANCES CHIMIQUES (i), par Jean Massaut, L'organisme végétal est sous la dépendance des actions extérieures. Celles-ci déterminent, dans la plante, une réaction qui se traduit à nos sens par un mouvement. Ainsi lorsqu'une lumière unilatérale tombe sur une lige vivante, celle-ci se courbe et se dirige vers la lumière. Sous rinfluence du même excitant, une racine se courbe également, pour échapper à la lumière. Les plantes fixées au sol ne peuvent réagir que par des changements de direction de leurs parties. Il n'en est pas de même pour les organismes nageant librement dans Teau. Lorsque, par exemple, un rayon de lumière d'intensité moyenne vient exciter une algue inférieure, celle-ci se déplace lout entière et se dirige vers la lumière. Parmi les agents extérieurs qui déterminent des mouve- ments dans le végétal, les uns sont immatériels, comme la lumière, la chaleur, la pesanteur, le courant électrique, les autres sont matériels et n'agissent que par rallouche- Fnent direct, tels sont la vapeur d'eau, le contact d'un corps solide. C'est aussi à ce dernier groupe qu'il faut rattacher la sensibilité aux substances chimiques d'un grand nombre d'organismes inférieurs et d'anthérozoïdes (1) Loromotorische Riclitungsbewegungen duich chemisrhe Reize. (Untersuchiingen ans dein Bolanisclien Institut zuTiibingcn. Ersier Band, |)|). 505-482 ) Ueber chemolactisrhe Bewegungen von liactcrien^ Flugellnten uud yulvoeineen, (Ibidem, DriUer Band, pp. 582-662.) I 87 de cryptogames. Nous sommes redevables de Tetude de ce point intéressant de physiologie au savant botaniste allemand M. W. Pfeffer. Dans le premier de ses mémoires, M. Pfeffer étudie surtout les anthérozoïdes de cryptogames; dans le second, les organismes infé- rieurs. Je ne puis naturellement pas donner un compte- rendu détaillé de ces travaux, ni suivre Tauteur dans toutes les discussions auxquelles il se livre au sujet des résultats obtenus. Je devrai me contenter d'exposer les grands traits de ces recherches. La méthode d'investigation est très simple. Dans une goutte du liquide contenant les organismes sur lesquels on veut opérer, est placé un capillaire fin rempli d'une solution déterminée de la substance en expérience. S'il y a attraction, les êtres entrent dans le (apillaire et, dans de bonnes conditions, ils s'y introduisent en telle quantité qu'ils sont pressés les uns contre les autres et ne peu- vent presque plus se mouvoir. Fougères. — Le col de l'archégone livre passage à une masse gélatineuse qui attire vivement les anthérozoïdes passant dans le voisinage. Celle attraction est due à l'acide malique, qui diffuse de la masse gélatineuse dans le liquide ambiant, fine fois arrivés au contact du mucilage, ils sont retenus par celui-ci et s'y fraient un passage jusqu'à îa cellule femelle. Pour se procurer des anthé- rozoïdes de Fougères, il suffit de recouvrir d'eau des prothalles mûrs. Au bout de quelques minutes, les anthéridies s'ouvrent et laissent échapper leur contenu. Les anthérozoïdes ont la forme d'un cône très effilé enroulé en spirale. Le sommet du cône correspondant au sommet de la spirale et dirigé en avant pendant la progres- sion porte de cils vibratiles dont les battements font mou- 88 voir l'organisme. A son exirémité postérieure, se trouve une petite vésicule. Lorsque dans Teau où nagent les anthérozoïdes, on glisse un capillaire contenant une solution d'acide mali- que, cet acide diffuse lentement et il se forme tout autour de Torifice du tube une série de sphères virtuelles emboî- tées, correspondant à des zones de dilution de plus en plus considérable à mesure que l'on s'éloigne de l'orifice. Au moment où un anthérozoïde pénètre dans les sphères de diffusion, il se place de telle sorte que l'axe de son corps soit perpendiculaire à la surface des sphères, l'extrémité antérieure du corps tournée vers le tube. Le mouvement ciliaire continuant, l'organisme arrive dans des zones de plus en plus concentrées et finalement entre dans le capillaire. On voit parfois quelques rares indi- vidus qui sortent du capillaire pour y rentrer bientôt ou pour se perdre dans le liquide ambiant. Pour se rappro- cher davantage de la constitution de l'archégone, on dissout dans la solution d\ncide malique un peu de gomme adragante. Les anthérozoïdes qui arrivent au contact de ce mucilage, y pénètrent et arrivent dans le capillaire. L'acide malique agit aussi bien sous forme de sels que sous forme d'acide libre. Certains corps à structure molé- culaire analogue exercent aussi une attraction, mais elle est plus faible : ce sont l'acide maléique et l'acide mono- bromo-succinique. L'éther diéthylmalique n'a aucune action, mais en mélange avec Paeide malique il ne produit pas de répulsion, l^es acides maliques actifs et inactifs sur la lumière polarisée ont une égale valeur comme excitants. La sensibilité des anthérozoïdes à l'acide malique est extrême. Une solution à OjOOl'/o produit encore un eff(;t bien évidciil. Or un capillaiie de 0.0() mm. de diamèlrc 89 interne et rempli sur une longueur de 1 mm. de la solu- tion à 0,001 o/o, ne renferme que 0,000,000,0284 mg. 1 mâ[. Q" Ta fxfxk \,\r, d'acide malique. Vu l'extrême ténuité de 36,000,000 ^ Tanthérozoïde, on est en droit de conclure qu'un millième tout au plus de cette quantité est en contact avec son corps. Les anthérozoïdes fuient les solutions concentrées d'acide malique ou de malales. Dans une solution à 10 "/o de malate de sodium, ne pénètrent que quelques rares indi- vidus qui meurent aussitôt entrés. Les anthérozoïdes mis en présence d'une solution concentrée sont soumis à deux tendances diamétralement opposées : d'une part, l'attrac- tion excercée par le malate, d'autre part, la répulsion résul- tant de la concentration. Les deux forces sont égales à une certaine distance de l'orifice, par suite de la dilution du malate et l'on voit les anthérozoïdes se ranger en cercle autour de l'entrée. Le rayon de ce cercle est d'autant plus grand que la solution du capillaire est plus dense. Le même résultat est obtenu en ajoutant à la solution de malate, un sel neutre tel que l'azotate de potassium. A mesure que la quantité d'azotate augmente, le nombre d'individus qui pénètrent dans le capillaire diminue. Parmi les autres corps qui repoussent les anthérozoïdes, se trouvent les acides libres, et, entre autres, l'acide mali- que lui-même, les alcalis ou les sels à réaction alcaline : ainsi, une solution contenant 0,01 »/o d'acide malique et 0,S o/o de carbonate de sodium. Les anthérozoïdes fuient donc les solutions nuisibles, mais ils sont loin d'être repoussés par toutes. Ainsi ils pénètrent et vont trouver la mort dans des liquides renfermant outre Tacide malique, du bichlorure de mercure ou de Pazotate de strychnine. \ 90 L'auteur a étudié également le rapport entre l'excitant et la réaction. Lorsque les organismes sont placés dans une solution d'acide malique, de concentration égale à celle du capillaire, ils n'ont aucune tendance à pénétrer dans ce dernier. Pour qu'il y ait une attraction bien évi- dente, il faut que la concentration de la solution du capil- laire soit 30 fois celle du milieu ambiant, et cela quelle que soit la concentration absolue des solutions mises en présence. La sol. Gxtér. étant à 0,0005 «/o, celle du capillaire doit être à 0,015 o/». 0,001 n « « 0,03 « » » 0,01 » » n 0,3 » » » 0,05 0 « « 1,5 » Ces résultats peuvent être formulés en disant : pour pro- duire une réaction égale, l'excitant doit augmenter pro- portionnellement à sa valeur. Cette loi appelée la loi dv Weber, qui n'avait été vérifiée jusqu'à présent que chez l'homme, peut encore s'exprimer d'autres façons : lorsque l'excitation croît en progression géométrique, la sensation croît en progression arithmétique, ou encore la sensation est proportionnelle au logarithme de l'excitation. Comme l'acide malique attire les anthérozoïdes de toutes les Fougères, et comme les archégones de toutes les espèces étudiées sécrètent cet acide, les éléments mâles entrent parfaitement dans le col de l'archégone d'espèces dissemblables. Les anthérozoïdes des Fougères peuvent, en raison de leur exquise sensibilité à l'acide malique, servir à la recherche qualitative de ce corps. M. Pfelîer en a trouvé dans les cellules de toutes les plantes où il l'a recherché. L'auteur a aussi expérimenté sur les anthérozoïdes des 91 Selagînella et des Marsilea, Pour les premiers, Texcitant est également l'acide maliquej pour les seconds, il n'a pu découvrir aucune substance chimique, et l'entrée des anthérozoïdes dans l'archégone ne serait déterminée que par la substance gélatineuse qui fait hernie hors du col et arrête les éléments mâles en passage. Mousses. — Les anthérozoïdes des Mousses sont attirés dans le col de l'archégone par la saccharose qui s'en dégage. Ils pénètrent tout aussi bien dans des capillaires contenant une solution de saccharose. Le seuil de l'excitabi- lité est représenté par une solution à 0,001 %. L'attraction n'est sensible que lorsque la solution du capillaire est 50 fois plus concentrée que la solution ambiante. Chez les Sphaignes, les Hépatiques, les Chara, et les gamètes de Volvocinées, l'auteur n'a pu, dans aucun groupe, découvrir quelle est la substance chimique qui aide à la copulation. Dans certains cas, il paraîtrait qu'une telle excitation fasse totalement défaut. Bactéries, Flagellates et Volvocinées. — Contrairement aux anthérozoïdes, ces êtres sont excités par un très grand nombre de substances, dont la structure moléculaire et les propriétés sont des plus diverses. Dans son premier mémoire, M. Pfeffer avait déjà publié un certain nombre de résultats concernant ces organismes, mais il a consi- dérablement étendu ses expériences, et le second travail est beaucoup plus complet. Aussi ne résumerai-je que ce dernier. L'auteur explique longuement les procédés de recherche avec les précautions à prendre pour éviter les erreurs. 11 insiste particulièrement sur ce point, que le liquide dans lequel nagent les organismes doit être aussi pur que possible de toute substance dissoute. Les êtres mis en expérience sont assez nombreux, mais 92 les reclierclies les plus suivies et les plus complètes ont été faites avec le Bacterium TennOy le Spirillum undula et le Bodo saltans, dont les deux premiers sont des bactéries, le dernier un flagellate. Parmi les flagellates que M. Pfefîer dit avoir essayés sous le rapport de la sensibiliié aux substances cbimiques, et qu'il dit non excitables, se irouvent le Tetramitus rostratus et le Chilomonas para- îtioeciimi. Or, j'ai, pendant tout l'été dernier, fait un très grand nombre d'expériences sur ces organismes et je les ai trouvés au contraire très sensibles, surtout le premier. Cette divergence dans les résultats obtenus montre que des êtres d'une même espèce ne sont pas partout égale- ment excitables; elle peut tenir également au genre d'exci- tants employés. M. Pfeff'er se sert surtout de sels alcalins et alcalino-terreux à acide minéral, tandis que j'essayais exclusivement les substances organiques. Une table très mélbodiquement dressée permet de passer rapidement en revue l'action de toutes les substan- ces employées sur les Bacterium TermOy Spirillu77i undula et Bodo saltans. Il y a certains points qui frappent lors- qu'on parcourt ce tableau. Les cblorures de rubidium, de cœsium, de lithium, de strontium, de baryum, attirent manifestement le Bacterium Termo. L'action est moins évidente, parfois nulle ou même répulsive pour les autres êtres en présence. Or ces métaux sont extrêmement rares dans les liquides de culture, et l'on peut à bon droit s'étonner de ce que le B. Termo soit excité par un corps avec lequel il ne s'est jamais trouvé en contact. Le chlo- rhydrate de morphine attire également le R. Termo ^ mais celui-ci ne tarde pas à y périr. Au contraire, la glycérine, qui est un très bon milieu nutritif, n'exerce aucune action. Ces quelques faits montrent qu'il n'y a aucun rap- 93 port nécessaire entre la valeur nutritive d'un corps et sa valeur comme excitant. Cette action ne dépend pas non plus des atomes qui constituent la molécule. Le tableau montre également qu'un même corps agit différemment suivant les espèces. Ainsi la dextrine qui est un des meilleurs excitants pour le Bacterium Termo, n'exerce qu'une attraction assez faible sur le Bodo saltans, et le Spirillum itndula n'en est nullement influencé. Chez les autres organismes sur lesquels M. Pfeffer a expérimenté, se trouvent toutes les transitions entre la sensibilité la plus prononcée et l'insensibilité la plus abso- lue. Les microbes de la fièvre typhoïde et du choléra asiatique sont très peu impressionnables. L'auteur a étudié en détail les actions répulsives qu'il désigne sous le nom de negative Chemotaxis, tandis que l'attraction est appelée positive Chemotaxis. Parmi les agents de répulsion, il cite la concentration, les acides libres ou les sels à réaction acide, les substances alcalines et Talcool. L'influence des solutions concentrées ne serait pas due diaprés M. Pfeffer à la concentration considérée en elle même, c'est-à-dire aux modifications physiques résultant de la présence d'une grande proportion de sels, modifica- tions dont la principale est la plasmolyse des cellules par soustraction d'eau. Il cite comme preuve la glycérine; même concentrée, celle-ci ne s'oppose pas à la pénétration des spirilles dans le capillaire. Il est à remarquer pourtant que cette substance nourrit très bien les organismes en expérience et passe par conséquent dans leur proto- plasme. Dés lors, la tension intérieure augmentant la plas- molyse ne peut avoir lieu, et l'organisme ne ressent pas 94 les effets de la concentration. Les résultais d'un grand nonibre d'expériences que j'ai faites Tannée dernière, avec le Spirillum undula, me paraissent confirmer, malgré Tassertion de M. Pfeffer, qu'il y a une relation constante entre l'action répulsive d'un sel et son pouvoir plasmoly- sant calculé d'après les coefficients isotoniques de Hugo De Vries. Les acides et l'alcool repoussent tous les organismes; il en est de même des alcalis dans les expériences de M. Pfeffer. Pourtant, j'ai constaté, à diverses reprises, et j'ai montré à M. le prof. Errera, l'été dernier, qu'un flagellate, le Polytoma Uvella entre en masse dans des solutions à 10 "/o de carbonate d'ammonium, quoique dans une telle solution la mort soit immédiate. Certains organismes sont très sensibles aux actions chimiques. Le Bacterium Termo est attiré dans des capil- laires ne contenant que r^ de peptone. Cette quantité, quoique très minime, est encore de quelque valeur pour une bactérie dont le poids n'excéderait pas 1 rng. , , , . ' . • . ^^^ .^^^ r^f^r. ' Lcs bactcrics sont encore bien plus sen- 500,000,000 ' sibles à Toxygène. D'après M. Engelmann, il suffirait d'un trillonnième de mg. d'oxygène pour exciter une bactérie. M. Pfeffer suppose que la sensibilité à l'oxygène serait différente de la sensibilité aux autres substances chi- miques. Ce point ne me parait pas clairement démontré. Lorsque, dans le capillaire, se trouve un mélange de diverses matières, l'attraction exercée est égale à la somme des actions partielles déterminées par chacune des substances en présence. Les bactéries et les flagellates, de même que les anlhé- 95 rozoïdes, suivent la loi de Weber. Ainsi pour l'extrait de viande et la peptone, le Bacterium Termo est attiré dans un capillaire contenant une solution 5 fois plus concentrée que la solution ambiante. M. Pfeffer utilise l'attraction des flagellates et des bacté- ries par les substances qui se dégagent des cadavres d'ani- maux en décomposition, pour la récolte de ces êtres. Des flacons contenant quelques vers de terre, tués par l'immer- sion dans l'eau bouillante, sont fermés au moyen d'une étamine, et déposés dans les mares et les fossés. Au bout d'un ou de plusieurs jours, les flacons contiennent une riche collection d'êtres inférieurs. De même que la sensibilité des bactéries à Toxygène a été utilisée par M. Engelmann pour déceler la mise en liberté de minimes quantités de ce gaz, M. Pfeff'er s'est servi des bactéries pour rechercher si les cellules vivantes dégagent des matières solubles. Dans ses expériences, il n'a jamais remarqué que des cellules saines, non contu- sionnées, attiraient les bactéries. Quelle est la cause de la sensibilité aux substances chimiques? Quelle est la succession des modifications qui ont lieu lors d'une excitation et qui conduisent finalement à une disposition dans l'espace de Taxe du corps? Pour que l'organisme soit impressionné, faut-il que toute la surface du corps soit en contact avec l'excitant, ou la perceptibilité est-elle localisée ? Faut-il que l'excitant pénètre à l'intérieur du protoplasme? Autant de questions auxquelles il est impossible de répondre d'une manière positive. Ces études de M. Pfeff'er ouvrent, pour la science, un champ d'explorations nouveaux et qui très probablement sera fertile. La sensibilité des organismes inférieurs aux 96 substances chimiques, qui a tant d'analogie avec le goût et Fodorat chez les animaux, et ce fait que la perception est soumise à la loi de Weber, démontrent une fois de plus que la vie est une; si elle varie, c'est dans sa modalité, mais nullement dans son essence. NOVAK R08AE DKSCRIPTIO auctore Fr. Crépin. Kosa Watsoniana (Secl. Synslylaé). — Inflorescenlia pyramidata, multiflora, bracteis primariis subulatis, pilosis, post anlhesim caducis, pedicellis basi articulatis, bracteolis minutis, membranaccis, celeriter caducis, alabastro ovoideo, breviter atlenualo, sepalis integi-is, anguslc lanceolalis, breviter altenuatis, corolla minuta, 10-12 mill, lata, petalis angusle obovatis, mlegris, roseis, columella stylosa tenuissima, elongala, glabra, folia Irifoliata, foliolis angustissime lanceolalis vel linearibus (3-7 mill. — 1-3 decim.), basi breviter superne longe altenuatis, integer- rimis, leviter pilosis, stipulis adnatis, angustissimis, integris, pilosis, auriculis subulalis, aculeis arcualis. Incolitur in Japonia. Habitat veris. ibidem. A R. anemonneflora Fortune differt foliolis 5-10-plo miiionbus, angustis- sime lanceolalis vel linearibus, integris non serratis, floribus 5-plo mino- ribus, pedicellis basi articulatis, alabastribus brevibus minusque elongalis, sepalis semper integris, breviter altenuatis, slylis glabris. 97 OBSERVATIONS SUR LES ROSES DÉCRITES DANS LE SUPPLEMENTUM FLORAE ORIENTALIS DE BOISSIEll par François Crépin. Il paraîtra prochainement un volume supplémentaire auFlora Orientalis de Boissier. Dans ce volume, les Roses ont été décrites et classées à nouveau par notre savant ami, M. le D^ H. Christ(l). Ce botaniste, bien connu par des travaux importants sur le genre Rosa, a modifié la classification adoptée par Boissier et a fait éprouver aux espèces décrites parcelui-ci des changements assez considé- rables. Nous allons examiner les modifications apportées à l'œuvre de Boissier et apprécier leur valeur. Voici tout d'abord l'ordre et Ténumération des espèces décrites. A. CHORISTVLËAE. Sect. 1. — Gnlllcanae DC. R. gallica L. Sect. II. — Piiuplnelleae Christ. a. Eglanteriae DC. R. lutea Mill. *R. sulphuroa AiL h. PlMPINRLLIFOLIAE DC. R. pimpinellifolia L. R. Ecae Aitch. R. Wcbbiana Wall. ^ (i) Le tirage à paît du travail de M. Christ a été publié au mois de février 1887. Il comprend les pages 201 à 230 du Suppkmentum. 98 Sect. III. — Dlacanthae Godet. a. PisocAnPAE Rcut. R. Beggeriana Schrenk. *R. lacerans Boiss. *R. anserinaefolia Boiss. R. cabulica Boiss. 6. CiNNAMOMEAE DC. R. cinnaniomea L. Sect. IV. — Alplnae Déséfiçl. R. macrophylla Lindl. *R. opiisthes Boiss. R. alpina L. Sect. V. — C^norrhodon Wallr. a. (ANiNAE Déségl. 1. Glabratae. R. canina L. *R. Pouzini Trail. R. glauca Vill. R. montana Chaix. 2. Pubescentes. R. dumetorum Thuill. R. conifolia Fries. 5. Glandulosae. c. Trachyphyllae. R. trachyphylla Rau. /3. Tomentellae. R. tomentella Lem. *R. caryophyllacea Bess. *R. leucanlha MB. 6. Rubigineae Christ. 1. Sepiaceae Crëp. R. agreslis Savi. *R. sicula Trait. *R. arabica Crep. 99 2. Micranthae Crép. R. micrantha Sm. R. asperrima Godet. *R. ferox MB. 3. Rubiginosae Christ. R. rubigiHosa L. R. glutinoso X glauca. *R. Thureti Burn, el Gr. R. glutinoso X moschata. R. glutinosa Siblh. et Sm. *R. iberica Stev. R. glutinoso X Heckeliana. c. Vestitae Christ. 1. Villosae Crép. R. pomifera Herrm. R. orientaJis Dup. *R. mollis Sm. R. orientali X anserinaefolia. 12. Tomentosae Crép. R. Heckeliana Trait. *R. armena Boiss. R. tomentosa Sm. d. Elymaiticae Boiss. R. elymaitica Boiss. et Hauss. B. SYN8TYLEAE. Sect. VI. — Repentes Christ. R. Phoenicia Boiss. R. sempervirens L. R. arvensis Huds. R. sempervivejili X dumetorum. Sect. VII. — Moschatae Christ. R. moschata Mill. Les nouveautés introduites dans cette classification con- sistent : i^dans la consiitution de la section des Pimpinel- leae comprenant deux subdivisions; 2" en un arrangement nouveau dans la grande section Cynorrhodon; 3° dans la subdivision des Synsfylae orientales en deux sections. 100 Les H. lutea et R. sulphureo présenlenl, il est vrai, quelques alïinités avec les R. pimpinelli folia et R. xan- thina Lindl. finel. R. platyacantha Schrenk el R. Ecae Ailch.)qui contituent pour nous les Pimpinellifoliae, mais nous hésitons encore à les unir intimement à celles-ci. Comme A. -P. de Candolle a établi sa seclion Eg lanteriae principalement sur le caractère de la coloration jaune de la corolle et qu'il a associé le R berberi folia aux R. lutea et R. stdphurea^ nous pensons que IM. Christ eut bien fait de remplacer le nom iVEylanleriae par celui de Ltiteae que nous avons proposé en 1872. Il nous parait certain que si de Candolle avait connu le R. xanthina, qui est une véritable Pimpineltifoliac, il Peut compris dans ses Eg lanteriae. Dans les Cynorrhodon, le R. lrachyph}jlla{R. JundziUi Hess.) est comme perdu au milieu de groupes spécifiques subordonnés. Il méritait une place distincte et devait constituer une subdivision de premier ordre, dans laquelle il fallait faire ressortir ses affinités avec le R, gallica. Les sections Repentes et Moschatae établies dans les Synstylae orientales n'ont aucune valeur taxinomique; il est même à remarquer que les caractères assignés aux Moschafae sont, en partie, en contradiction avec les carac- tères attribués au R. moschata. Celui-ci a les fleurs nor- malement blanches comme les R. phoenicia^ R. arvensis et R. sempervirens, et ses réceptacles florifères et fructi- 1ères varient de la forme ellipsoïde et la forme arrondie. Quant aux descriptions qui sont données des sections et de leurs subdivisions, elles laissent, à notre avis, assez bien à désirer, n'exprimant pas tous les vrais caractères qui doivent distinguer les groupes. Passons maintenant à rexamen des espèces décrites. 101 A ce propos, nous devons faire remarquer que nous avons examiné irès alleniivement tous les matériaux qui ont servi de base à la monographie du savant rhodologue suisse. Si, dans cet examen, nous relevons quelques erreurs de détermination qui ne paraissent avoir aucune importance, c'est qu'elles doivent être signalées à cause des questions de géographie botanique. K. gallica /2 provlncialla. — Les échantillons de Roses cultivées que M. Haussknecht a recueillis au mont Pir Omar Gudrum appartiennent, en partie, au R. damascena Mill, et, en partie, au H. galtica peut-être variété centifolia {R. centifolia L.). Soit dit en passant, le R. damascena n'est vraisemblablement qu'un hybride du R. galtica croisé avec une espèce de la seclion Cynorrhodon, et non pas avec le R, moschata, comme on Ta avancé par suite d'une confusion d'espèces. R. lutea. — L'indication de Baku est fausse : les échantillons que Seidlilz a recueillis dans cette localité appartiennent au R. pimpinelli folia. La distribution géographique du R. lutta n'est pas facile à étabUr à cause de la culture que l'on fait de cette espèce dans certaines régions asiatiques, en Perse, dans le Turkestan et dans l'Aflghanistan. Dans les montagnes de l'Himalaya, M. Brandis (Forest Flora) la signale de la façon suivante : « Arids parts of inner Himalaya, Lahoul, Ladak, Western Tibet between 8,000 and 11,000 ft. In British Lahoul jwar villages only (Cleghorn). In Kishtwar(T. Thomson). » Dans Lahoul, l'espèce pourrait donc n'être que subspontanée. En 188S, M. le Dr Giles a recollé cette Rose dans la pro- vince de Gilgit sous sa forme bien typique (Herb, de Saharanpur). R. sulpburea. — Les échantillons distribués par Deyrolle sous le n» 12 appartiennent non pas au R. sulphurea, mais bien au R. lutea. R. pinipinellirolla. — Le Rosa n" 437 rapporté à cette espèce appar- tient au R. sulphurea. Boissier l'avait erronément étiqueté R. pimpinelli- folia. R. plmplnellirolla ^ lomentella. — Cette forme n'appartient pas au R. pimpinelli folia ; c'est peut-être une variété du R. glutinosa. R. pimpinellirolta o tusciietica. — Cette forme appartient au R. glutinosa. R. Webbfana. — Cette espèce est complètement étrangère à la seclion Pimpinelleae; elle fait partie des Diacanthae, 102 R. Ecae. — A notre sens, cette forme est une variété à folioles glandu- leuses du R. xantltina; cWe est à celui-ci ce que la var. myriacantha est au type du R. pimpinelU folia. R. BeKserlana. — Depuis nos dernières observations sur cette espèce, nous avons pu l'étudier sur de très riches matériaux provenant surtout duTurkestan(l). Ce type est extrêmement variable. Les R. anserinae folia, R. lacerans et R. cabulica^^) ne sont que quelques-unes de ses variétés. Un singulier caractère de ce type, que nous avons pu parfaitement observer, consiste, à un moment donné de la maturation, dans la chute du calice avec le sommet du réceptacle. Cette désarticulation, provoquée par une mortification circulaire des parois supérieures du réceptacle, laisse à nu le sommet des akènes supérieurs qui font saillie. Cette étrange désarticulation est surtout bien apparente dans le R. Alberti Regel, type voisin du R. Reg- geriana. Dans celui-ci, la dehiscence, pourrait-on dire, du réceptacle se roduit à quelque distance du col et la partie détachée forme une sorte de petit éteignoir couronné par les sépales. Ces derniers, comme c'est le cas générai dans les Cinnamomeae ou Diacanthae^se relèvent sur le réceptacle après l'anthèsc pour devenir plus ou moins convergents; ils sont bien persistants et ne se désarticulent pas à leur base, mais ils sont entraînés par la dehiscence de la partie supérieure du réceptacle. Ce caractère remarquable permet, à lui seul, de distinguer les R. Reggeriana et H. Alhertide toutesles Cinnamomeae voisines de ces deux types. Ce même caractère est également présenté par le R. gymnocarpa Nutt., espèce américaine. R. macropliylla. — Cette espèce a été indiquée par erreur dans l'Aflghanistan. Ce que M. Aitchison a distribué sous ce nom appartient au R. Webhiana. Le R. macrophylla doit être compris dans la section des Diacantfiae. (1) M. le D' E. Regel, avec sa bienveillance habituelle à notre égard, nous a communiqué l'importante collection de Roses recueillies, pendant ces dernières années, dans le Turkestan par tous les explorateurs russes, parmi lesquels il faut mettre au premier rang M. A. Regel. Cette collec- tion éminemment intéressante fera l'objet, de notre part, d'un travail spécial. (2) Le R. cabulica signalé à Sergal, dans l'Affghanistan, par M. Aitchison, est une variété du R. WebOiana. 105 B. oplisthes. — M. Christ a réuni, sous ce nom, les R. didoensis Boiss., JR. oxyodon Boiss., /?. hemathodes Boiss. et une Bosc recueillie par MM. Brolherus dent il a fait sa var. /3. Le R. oplisthes tel que l'a constitué M. Christ est une association tout à fait artificielle de formes diverses qui ne peuvent pas rester unies : les unes sont à sépales entiers, se relevant après l'anthèse et persistants {R. oxyodon et R. hemathodes); les autres sont à sépales restant réfléchis, puis caducs, les extérieurs étant pinnules {R. oplisthes^ R. didoensis et R. oplisthes /2 Rrotfieri Christ). Nous avons nous-même donné l'exemple de cette confusion en traitant, en 1874, du R. oxyodon {Prim., pp. 306 à 309). Malgré une étude poursuivie depuis longtemps déjà, nous ne sommes point encore parvenu à élucider, à notre satisfaction, les diverses formes dont nous venons de rappeler les noms. Pour dissiper l'obscurité qui règne sur elles, il faudra un supplément de matériaux recueillis dans de bonnes conditions et accompagnés de notes prises sur le vif. Le Caucase est bien certainement la région qui cause le plus d'embarras aux rhodologues, à cause de la multiplicité de ses formes de Roses, dont un bon nombre constituent vraisemblablement des groupes subordonnés très difficiles à délimiter et s'écarlant plus ou moins des groupes spécifiques subordonnés de nos régions européennes, B. slauca^ B. dumetoruni et B. corlirolla. — Ces Roses, considé- rées comme espèces linnéennes par M. Christ, ne sont, pour nous, que des groupes subordonnés du R. canina au même titre que le R. Pouzini. A son tour, le R. montana Chaix n'est probablement qu'une espèce subor- donnée. M. Christ a identifié au R. coriifolia^ les R. Boissieri Crép. et R. Vanheurckiana Crép. qui sont bien, à notre avis, des variétés orientales du R. mllosa. Le R, djimilensis Boiss. est rapporté par M. Christ au R. glcmca, mais cette identification nous paraît assez douteuse. B. tonientella — M. Christ donne cette espèce ^comme llnnéenne, alors qu'elle n'est incontestabilement qu'une espèce subordonnée. B. leacantha et B. caryophyllacea. — Ces deux formes, vraisem- blablement subordonnées, réclament de nouvelles recherches pour être bien délimitées. B. arabica. — La place et la valeur de cette forme restent douteuses. B. nilerantha. — L'existence du vrai R, micrantha n'a pas encore été réellement constatée dans le domaine de la flore orientale, où il est probablement représenté par des groupes spécifiques subordonnés. B. slcnla, B. ferox et B. Tharetl. — Ces trois formes réclament de nouvelles études pourqu'on puisse être bien fixé surleur rang et leur valeur. 104 R. asperi'Inia. — Cette espèce a été établie sur des matériaux trop peu nombreux pour bien saisir les caractères qui peuvent la distinguer. Constitue-t-elle un type autonome? Elle paraît avoir bien plus d^aftinité avec le B. glutinosa (ju'avec le R. mir.mntha. K. rubiglnona. — Le vrai R. rubiginosa ne parait pas encore avoir été jusqu'ici constaté dans le domaine de la flore orientale, où il est proba- blemetit remplacé par des formes subordonnées (>). R. glutinosa. — Celte Rose constitue-t-elle un type autonome, une «•spèce iinnéenne essentiellement distincte du R. ruhiginosa, ou n'est-elle (|u'un groupe spécilique subordonné remplaçant le R. rubiginosa dans le sud-est de l'Europe et dans les contrées orientales? De nouvelles recherches sont à faire pour résoudre ce problème. R sintinoflo X Heckellana. — M.M. fiurnat et Gremli ont décrit celte forme sous le nom de R. Gvicciardii. Elle pourrait fort bien n'être (ju'une variété du R. glutinosa. R. glulInoMO X S'A"'^'*- ~ ^^^^' Burnat et Gremli ont décrit cette Rose sous le nom de R. oeta. Peut-être n*est-elle qu'une variété glandu- leuse du R. montana. R. Klullnoso X nioscliata. — Rien dans cette forme ne peut, à notre avis, la faire soupçonner d'être un produit hybride du R. moschata. Les 5 spécimens de l'hefbier Boissier décrits par M. Christ ont été récoltés par Stocks, en 1851, au mont Chehel, entre 9000 et 1 i 000 pieds d'altitude, dans le Beluschistan. Boissier les avaient étujuelés : R. Slorhsii ; mais il n'avait pas voulu publier de description, parce que ces spécimens n'étaient pas suffisamment complets et que, de plus, il n'était pas sûr que tous les trois appartinssent à la même espèce. Deux des spécimens sont en fleurs. Les sépales extérieurs sont munis à la base d'un appendice latéral assez apparent et entier. Le Sn»*" échantillon ne présente ni fleurs, ni fruits et ses axes, chargés de fines acicules glanduleuses comme les deux autres spéci- mens, présentent des aiguillons arqués, régulièrement géminés comme dans le R. Reggerùtna. Nous avons vu récemment dans la collection de Roses de l'herbier de Saharanpur, que RI. Dutliie a bien voulu nous communi- (juer, i spécimens, privés de fleurs et de fruits, identiques au 3™' échan- tillon dont il a élé question plus haut; ces i spécimens sont accompagnés (I) Le n" 3i73 de Szowits ra|ipoité au R. ruhiginosa appartient à une tonne du R. glutinosa. 105 d'un échanlillon en fleurs du R. lacerans /3 obovata Boiss. Ces 4 échan- tillons ont été récoltés également par Stocks et vraisemblablement au mont Chehel. Dans le même herbier de Saharanpur, avec une étiquette portant : a 1028. Rosa Chehel, « se trouve une tige longue de 4 décimètres munie seulement de petits ramusculcs foliifères, à aiguillons arqués, régulièrement géminés, mais à écorce parfaitement lisse, sans la moindre trace d'acicules. Pour les feuilles et les aiguillons, ce spécimen est identique aux 4 échan- tillons stériles de l'herbier de Saharanpur dont nous venons de parler. Dans l'herbier de von Martius, à côté d'un bel échantillon du R lacerans ^ obovata recueilli par Stocks, se trouve une extrémité de ramuscule florifère de la même forme que les 2 échantillons florifères du R. Stocksii de l'herbier Boissier. Enfin, dans ce dernier herbier, avec le R. lace- rons /3 obovata, récolté également par Stocks, se trouve un iragment de tige du R. Stocksii. Comme on le voit, Stocks a recueilli au mont Chehel une variété du R. Reggei iana {R. lacerans) avec une ou deux autres formes dont l'identité spécifique nous laisse des doutes. Ce qui nous paraît certain, c'est que les échantillons de l'une de ces dernières à aiguillons géminés appartiennent à la section des Diacunthae. Nous ne serions pas trop surpris si l'on venait à découvrir un jour que ces dernières formes ne sont que des variétés très glanduleuses du R. Reggeriana, K. Iberlca. — Celte Uose, qui n'est peut-être qu'une espèccsubor- donnée, réclame encore des nouvelles recherches pour être bien délimitée et parfaitement distinguée des formes glanduleuses qui abondent dans les régions caucasiennes. R. potulfera, R. mollis et R. orlentalls. — Pour nous, ces formes sont des groupes subordonnés du R. villosa L.(i). (1) M. H. Braun, dans Die bolanischen Ërgebnissc der Polak'schen Expedition nach Persien im Jahre 1882, par le D"- Ollo Stapf (in Denk- schrift. d. matheia.-nnturwiss. Class, d. K. Akadem. d. IVissensch., t. II, Wien, 1886), parlant des échantillons du R. orientalis recueillis en Perse, en 1882, par M. Pichler, maintient la parfaite distinction spécifique de cette Rose et condamne notre opinion sur celle-ci. Sur ce dernier point, il s'exprime de la façon suivante : Die Bemerkung Crépin's 1. c. p. 57, dass R. mollis Sm. mit R. orientalis Dupont grosse Verwandtschaft aufweise und wohi kaum von letzterer zu trennen sei, wird schon durch die Gestalt der Stipulen und die Bestachelung, welche im gegebenen Falle ohne 106 11. oriental! X anserinacroilu. — fioissicr avait dccrit celte forme sous le nom de R. Kotscliyana. Ce n'est vraisemblablement qu'une variété du R. Recjgeriana. R. Heckeliaiitt. — A notre avis, cette Rose réclame un supplément d'observations pour qu'on soit bien édifié sur sa valeur et sur la place qu'elle doit occuper. On n'est pas encore certain de la persistance de ses sépales, ce qui est un point très important à vérifier sur des fruits par- faitenicMit mûrs. R. Conieiitosa. -- Ce type devient extrêmement rare dans le domaine de la flore orientale. Le n" 298 de Rehraann que lui a rapporté M. Christ est une var. du R. canina. Schwierigkeiten die Gruppen Orienlalis und Villosae scheiden, ad absur- dum gcfiihrt. « (loc. cit., p. 550). Nous comprenons l'espèce d'indignation scientifique qu'exprime M. Braun à l'égard de notre opinion sur le R.orientalis, Il y a vingt ans, nous nous serions probablement exprimé dans les mêmes termes. Le R. orienlalis appartient incontestablement au groupe spécifique du R. villosa L., dont il constitue un petit groupe subordonné, mais dont aucun caractère réellement spécifique ne le sépare. C'est une forme extrêmement réduite qui peut en imposer facilement par son faciès, par la forme de ses folioles, par la villosité de ses axes, par sa Heur pâle, mais, nous le répétons, elle n'offre absolument aucune différence essen- tielle qui permette de la séparer du R. villosa. Le nanisme produit chez d'autres espèces asiatiques des cas aussi remarquables de polymorphisme, par exemple, chez les R. Wehbiniia et R. Rcggeriona. Du premier, nous avons vu un buisson entier réduit à la tuille de Vô centimètres et purais- sanf constituer une espèce très distincte du R. IFe66iana ordinaire, dont la taille peut atteindre 2 à 5 mètres. Le R. Beggeriana, réduit à des tiges de 50 à ^0 centimètres, dans les stations extrêmement aiides du Turkestan, peut aisément tromper l'observateur sur son identité spécifique. Sous cette forme, nous en avons vu des spécimens étiquetés sous le nom de R. uci- cularis Lindi p;ir un botaniste ([ui cependant a fuit un travail général sur les Roses Nous dc\ ons ajouter ici que nous avons examiné la série d'échan- tillons (17) du R. orienlalis recueillis par M. Pichler, conservés dans l'her- bier du Musée botanique de l'Universilé de Vienne, et sur lescjnels M. IL Braun ii fait une partie de ses observations Nous en avons dû la communi- cation à l'obligeance de M. le D"" Slapf. 107 H. ariuena. — Cette forme est incontestablement une Villonae et doit faire partie du groupe spécifique du R. villosa L. R. setnpervirentl X dnmetoram. — C'est une simple variété du R. sempervirens , sans la moindre trace d'hybridité. R. moschata /3 nastarana. — Cette forme est plutôt une anomalie qu'une véritable variété. On peut voir par les observations précédentes combien nous différons d'avis sur de nombreux points avec M. Christ. Ces divergences d'opinion tiennent à deux causes : tout d'abord à la façon dont nous envisageons l*un et Pautre l'espèce dans le genre Rosa, ensuite au temps que nous avons respectivement consacré à l'étude des Roses orientales et à la quantité de matériaux étudiés par chacun de nous. Certaines divisions des Roses orientales présentent des difficultés extraordinaires, par suite de l'existence de groupes subordonnés étrangers à nos contrées occiden- tales et de la pénurie relative des matériaux. Cette pénurie nous a fait à nous-même commettre de grossières erreurs concernaiit surtout des formes du Caucase, erreurs que nous relèverons quand nous reprendrons l'élude des espèces de celte région. ]VL Christ attribue au domaine de la flore orientale 45 espèces, parmi lesquelles il compte 31 types de premier ordre ou espèces linnéennes et 14 types secondaires (0. Nous sommes porté à croire que ces chiffres sont exa- gérés et que le tableau suivant se rapproche plus de la réahié des faits que celui dressé par le savant rhodologue suisse. (i^ Ces types secondaires ou sous-espèces sont distinguées par une astérisque. 108 Sect. I. — Galllcanae. 1{. galiica L. Sect. II. — Pinipiiielleae. R. pimpincllifolia L. R. lutea iMill. R. xantliina Lindl. R. sulphurea Ait. Sect. III. — Diacautbae. R. cinnaraonea L. R. Webbiana Wall. R. oxyodon Boiss. R. Beggeriana Schrenk. Sect. IV. — 4lpiiiae. R. alpine L. Sect. V. — Cynorrhodon. R. canina L. *R. iberica Stev. ♦R. glauca Vill. (incl. R. corii- R. glutinosa Siblh. et Sm. folia Fries). *R. Thureti Burn, et Gr. *l\. montana Chaix. *R. sicula Trait. *R. tomentella Lem. R. villosa L. (R. pon?ifera Herrm.) *R. Pouzini Tratt. *R. mollis Sm. R. trachyphylia Rau. *R onentalis Dup. R. agrestis Savi. R. Heckeliana Trait. R. micrantha Sm. R. toraentosa Sm. R. I'ubiginosa L. R. elymailica Boiss. etHaussk. Sect. VI. — Synst^'lae. R. arvensis Huds. R. moscliata Mill. R. sempei'vireiis L, R. plioenicia Boiss. Quoique fortement réduit, le nombre des espèces orien- tales est encore très considérable et témoigne d'un domaine exceptionnellement riche en Roses. L'avenir imposera vraisemblablement quelques modifications au tableau précédent, à la suite de recherches qui seront faites 109 pour élucider quelques formes que nous n'avons pas rap- pelées : R. asperrima, R, leucantha et R. caryophyllacea et quelques autres formes des régions caucasiennes que nous possédons en herbier. Ainsi que nous l'avons dit, les R, oxyodon, R. iberka, R. glutinosa, R. Thureti, R, sicula et R. Heckeliana restent pour nous à l'élude et pourront plus tard éprouver des modifications dans le rang que nous leur attribuons à litre provisoire. Si nous avons énuméré les R. rubiginosa et R. micrantha, c^est que nous supposons que ces deux types sont remplacés, dans le domaine de la flore orientale, par des groupes spécifiques subordonnés et que ces espèces seraient ainsi virtuellement représentées dans cette flore. La richesse de la flore d'Orient est en grande partie due à l'immense aire embrassée par Boissier, qui s'étend delà Grèce jusqu'aux confins de FAffghanistan et duBelus- chistan. Cet auteur a pu ainsi réunir la moitié de nos espèces européennes à un bon nombre des types asiati- ques. Il y aura peul-être quelque intérêt à décomposer ici la florule rhodologique de cette flore par régions. Le tableau suivant fera saisir d'un coup d'œil la distri- bution géographique des espèces. no b3 «5 -< Ë z ■M kl • Ed S « Cd c« 0. G «5 1 ea R. gallica ..... * * * R. pimpinellifolia . * * R. xanthina. . . . 4= R. lulea * * * > ^(i) R. sulphurea . . . * * R. cinnamoraea . . * * R. oxyodon .... :|t R. Webbiana . . . ^ R. Beggeriana . . * * R. alpina * R. canina * * * * * * R. glauca . . . * V ? R. montana . . • ^ R. tomcntella . ■'fi ^ R. Pouzini . . * R. trachypbylla . . * R. agrestis .... * R. micrantha . . . R. rubiginosa . . . R. ibcrica . . . * R. glutinosa. . . . * * * * * K. Thureti . . * * R. sicula . . . * R. villosa * R. mollis . . . ^ * ^ R. orientalis. . * * R. Heckeliana . . * R. lomcntosa . . . ^ R. elymaitica . . . * R. arvensis .... * R. sempervirens . • sjc R. moschata. . . . ^ ^ R. Phoenicia . . . * * (1) Les cchantillons du R. lulea que M. Ailchison a recueillis dans rAfTghanislan sont à fleurs pleines el proviennent de pieds cultivés ou subspontanés. (2) D'après M. Brandis {Forest Flora). m La Grèce possède 9 espèces, c'est-à-dire la moitié des espèces européennes dites linnéennes (1). Peut-être les nouvelles recherches l'enrichiront-elle du R, trachy- phylla^ qui suit volontiers Taire du R. gullica, et des /?. micrantha^ R. graveolens et R. pimpinelli folia. L'Asie Mineure nourrit 9 ou 10 espèces, dont trois sont exclusivement asiatiques : R. lutea, R. sulphiirea et R. Phoenicia. Les régions caucasiennes possèdent à peu près le même nombre d'espèces, qui, à part le R. oxyodon^ encore mal connu, et le R. iberica dont la valeur n'est pas encore bien établie, sont des espèces européennes. La Syrie ne compte actuellement que 4 espèces, dont une seule, le R. phoeniria, est exclusivement asiatique. Il est vraisemblable qu'il y a d'autres types dans cette région. La Perse possède jusqu'ici 8 espèces, dont o sont européennes : R. canina, R. glutinosa et R. orientalis. (I) Dans ceUc statistique, nous écartons les petits groupes spécifiques subordonnés. On doit bien se garder de croire que nous considérons toutes les espèces dites linnéennes comme des types spécifiques de premier ordre ayant entre eux une valeur égale, ou que les groupes spécifiques subordonnés, que nous avons mis sur le même rang, soient, à leur tour, d'égale valeur. L'arrangement de notre tableau n'a qu'une seule chose en vue, établir une distinction entre les espèces linnéennes et les petits groupes spécifiques subordonnés. Quant aux rangs accordés aux R. iberica, R. T/mreti, R. sicula et R. Ileckeliana, ils sont, comme on le sait, provisoires. No'JS avons placé le R. glutinosa au premier rang, parce que cette espèce représente, dans l'ensemble des Roses orientales, un type d'égale valeur à celui du R. ruhiginosa parmi nos Roses occidentales. Si le R. iberica est placé après le R. rubiginosa^ ce n'est pas parce que nous l'envisageons comme une forme dérivée de cette espèce. 112 II est probable (jiron y découvrira les R, xanthina, R. Webbiana et, peut-être, le R. Alberli. L'Affgbanistan n'a encore été que fort peu cxploréiU. On peut supposer avec raison que sa florule rliodologique n'est pas complètement connue. Celle-ci possède actuel- lement 6 espèces, dont une seule est européenne : 7?. ca/im«. Peut-être, y reucoulrera-t-on les R. sidphurea, R. Alberti, R. macrophylla et R. serkna. On n'a point encore constaté l'exisience de ces deux derniers types en deçà de Tlndus. Le Beluscbistan ne nous a jusqu'ici livré que le R. Regge- rzrt^irt, deux formes incertaines et le R. lutea,i\m peut-être, n'y est que sous une forme cultivée. Sous celle latitude, les Roses deviennent extrêmement rares. On aura à y rechercher le R. luoschala, qui existe dans l'Inde au mont Abu (province de iMarwar) sous le 2o". Ce dernier type, sous sa forme LeschenanUiana s'avance plus encore versTéqualeur, puisqu'on Tobserve dans les monts Nilghiri et Pulney, sous les 1 1*^ et 10''. Les parties asiatiques du domaine de la flore d'Orient possèdent en tout 18 espèces, dont 9 sont européennes et 9 asiatiques. L'Asie entière compte 56 espèces, dont 9 habitent l'Eu- rope. L'une de ces espèces est circompolaire, le R. acicu- lavis; une aulre, le R. moschata^ habite les montagnes de l'Abyssinie : l'existence de celui-ci en Luropo à l'état véri- tablement indigène continue à rester douteuse. Les types exclusivement asiatiques sont donc réduits à 54. (l) Les récentes explorations de 31. le 1)"" Aitchison ont enrichi la flore de rAflglianistan d'une manière extrêmement remarquable et le genre Rosa doit à ce savant de belles découvertes. 113 L'Europe possède, nous l'avons déjà dit, 18 espèces, dont 7 ou 8 exclusivement européennes; l'Amérique, 13 ou 14, dont 12 ou 13 exclusivement américaines; l'Afrique, 6 ou 7. Ce dernier continent ne nourrit aucune espèce qui lui soit propre. A part le R. moschata^ ses Roses sont européennes. La séance est levée à 10 heures. Assemblée générale du 6 mai 1888. Présidence de M. Bommer. La séance est ouverte à 1 h. 20 m. Sont présents : MiM. Bommer, Bordet, (larron, L. Coomans, Delogne, Dens, De Vos, De Wevre, De Wildeman, Th. Durand, Errera, G. Gillekens, Gravis, É. Laurent, Lebrun, Lecoyer, Lochenies, Mar- chai, Massart, Sonnet, Van den Broeck, Van der Bruggen, Van Nerom, Vanpé, Vindevogel et Vils; Crépin, secrétaire, MM. Baguet, Gilbert, Minet, Pielquin, Rodigas et Wesmael font excuser leur absence. Le procès-verbal de l'assemblée générale du 4 décem- bre 1887 est approuvé. M. le Secrétaire fait l'analyse de la correspondance. Il dépose la liste suivante des ouvrages reçus pour la bibliothèque : 114 F.-C. ScHUBELER. Viviclarium Nonwgicum. — Norges vœxtrige. Et bidrag tit nord-Europas nnlur- og cultur historié. Christiania, 1885 et 1 880, tome I et 1" fasc. du t. Il, in 4°. Ed. Strasburger. Ueber Kern- und Zelltheilung im Pflan- zenreiche, nebst einem Anhang iiber Befruchtung, lena, 1888, 1 vol. in-8«. C. Damps. Considerations sur les blocs erratiques d'origine Scandinave ou finlandaise recueillis dans la Campine limbourgeoise. Hasselt, 1888, in-8°. A. CoGNiAux. Notice sur les Mélastomacécs austro-améri- caines de M. Éd. André. Bruxelles, 1887, in-S". P. -A. Saccardo. Sî/Z/of/e Fungorum omnium hucusque cogni- /onmi. Vol. VII (Pars I). Palavii, 1888, 1 vol. in-8'\ E. Delamare, F. Renauld et J. Cardot. Florule de Vile Miquelon. Lyon, 1888, 1 vol. in-8«. EuG. Warning. Onr Gronlands Vegetation. Kjobenhavn, 1888, in-8°. — Tabellarisk Oversigt over Gronlands, Island og Fœroernes Flora, Kjobenhavn, 1888, in-S®. De Toni (C.-B.) et Levi (David). UAlgarum Zonardini, Venezia, 1888, 1 vol. in-8^ M. le Secrétaire met à la disposition des membres de rassemblée des exemplaires d'un bulletin de souscription au buste de J.-J. Kickx, ancien président de la Société. AL le Président fait connaitre les noms des botanistes étrangers qui ont été choisis par le Conseil pour remplacer trois membres associés décédés. Mo M. le D' Pfefïer, professeur à l'Université de Leipzig, pour remplacer feu de D' de Bary; M. L. Lesquereux, botaniste américain, pour remplacer feu le D*" Asa Gray; M. le D*" Renault, de Paris, pour remplacer feu le D"" Planchon. M. le Président fait ressortir les mérites des travaux biologiques de M. Pfeffer et des travaux paléontologiques de MM. Lesquereux et Renault. L'assemblée ratifie le choix du Conseil et MM. Pfeffer, Lesquereux et Renault sont proclamés membres associés de la Société. L'ordre du jour appelle la discussion sur l'itinéraire de l'herborisation générale de celte année. M. le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Minet qui propose de faire l'herborisation sur le littoral. Il informe l'assemblée que la Société des naturalistes hutois verrait avec plaisir la Société faire son excursion dans les environs de Huy. M. De Vos fait remarquer combien une herborisation aux environs de Huy serait intéressante. M. Th. Durand approuve également cette herborisation, ainsi que M. le Secrétaire, mais ce dernier propose néanmoins une autre excursion, celle des environs de Han-sur-Lesse et de Rochefort, afin que la Société puisse se rencontrer, dans cette région, avec la Société botanique du Luxembourg. Il annonce que cette dernière Société a l'intention d'ex- plorer, à la fin de juin ou au commencement de juillet, la Vallée de la Lesse en amont et en aval de Han-sur-Lesse. En présence de cette troisième proposition, l'excursion aux environs de Huv et celle sur les bords de la mer sont 116 abandonnées pour celte année; il est décidé que l'herbo- risalion générale aura lieu dans la vallée de la Lesse. M. le Secrétaire est chargé de s'entendre avec la Société bota- nique du Luxembourg pour fixer la date et arrêter les détails de l'excursion. La parole est accordée à M. Massant pour développer le résultat de ses recherches sur la sensibilité de cer- tains organismes animaux inférieurs à Taction de la lumière et de certains agents chimiques et sur l'évolution qu'éprouvent ces organismes pendant leur développement. L'orateur expose tout d'abord quelques considérations générales sur les Flagellates; puis, s'aidant de figures tracées au tableau noir et d'appareils variés qui lui ont servi à faire de nombreuses préparations qui sont soumises à l'examen des membres de l'assemblée, il démontre l'ex- trême sensibilité de ces animaux inférieurs, qui ont de si intimes rapports avec certaines algues. L'assemblée suit l'orateur avec un vif intérêt dans les développements qu'il donne concernant ce sujet, M. Gravis lit une note dans laquelle il examine certains points du nouveau projet de loi concernant le programme des études universitaires. M. De Wildeman expose le résultat de ses récentes recherches sur quelques formes du genre Trentepohlia. M. Em. Laurent donne un aperçu sommaire des expé- riences qu'il a faites à Paris et à Bruxelles sur la Levure de bière. M. Gillekens demande à M. Laurent quelques explica- tions sur les levures qu'il a employées pour ses expériences. 117 LE DOCTORAT EN SCIENCES NATURELLES ET LE PROJET DR LOI SUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, par A. Gravis, Professeur de botanique à l'Universilé de Liège. L'enseignement universitaire, dans notre pays, exerce une telle influence sur les progrès de la botanique, qu'un projet de réorganisation de l'enseignement supérieur ne peut manquer d'intéresser les membres de notre Société. Cette pensée m'a décidé à les entretenir des modifications qu'on se propose d'apporter au programme du doctorat en sciences naturelles. Le programme des études du doctorat, tel qu'il a été arrêté par la loi du 20 mai 1876, et tel qu'il est encore en vigueur aujourd'hui, comprend quatre groupes de matières, savoir : l*"" groupe : sciences zoologiques, 2^ groupe : sciences botaniques, S" groupe : sciences miner alogiques , 4e groupe : sciences chimiques. L'examen pour l'obtention du diplôme de docteur est divisé en deux épreuves : la première consiste en un exa- men ordinaire sur les matières de trois groupes choisis par le récipiendaire; la seconde est constituée par un examen 118 approfondi, avec exercices pratiques, sur les matières du quatrième groupe. On s*accorde généralement à trouver ce programme trop chargé et mal approprié aux exigences spéciales des diverses catégories d'étudiants. La première épreuve, notamment, porte sur des branches trop nombreuses, dont la connaissance, forcément superficielle, reste sans fruit pour le jeune docteur. Le projet de loi sur la réorganisation de l'enseignement supérieur, déposé à la Chambre des représentants en sa séance du 10 décembre 1886, maintient, sauf quelques légers changements, les quatre groupes de matières de la loi de 1870. Il supprime complètement la première épreuve de Texamen pour ne laisser subsister que l'épreuve approfondie sur l'un des quatre groupes au choix du candidat. Ce nouveau programme semble avoir dépassé le but qu'on voulait atteindre, en spécialisant trop les éludes du doctorat. Aussi a-t-il déjà soulevé plusieurs critiques. Le rapport fait au nom du Conseil d'administration de l'Université de Bruxelles sur le projet de réorganisation de renseignement supérieur s^exprime ainsi : « Celte modification (la suppression de la première épreuve) a pour but, d'après l'exposé des motifs, de favo- riser la spécialisation des études; mais cette spécialisation est ici excessive : elle suppose des docteurs en sciences minérales ne connaissant point l'analyse chimique. L'ex- posé des motifs lui-même apprécie sévèrement celte tendance à propos du doctorat en sciences physiques et malhémali(jues en disant : « S'il est nécessaire aujourd'hui de terminer les études du doctorat en s'attachant exclusi- vement à un groupe de connaissances, il faut du moins H9 avoir une préparation suffisante sur l'ensemble; des spécialités trop restreintes ne feront jamais que des demi- savants. » « La Faculté pense qu'il y aurait lieu de réduire à deux les quatre spécialités qu'institue le projet de loi; chacune d'elles comprendrait deux des quatre groupes de matières, savoir : sciences biologiques (zoologiques et botaniques), sciences minérales(minéraIogiques et chimiques). L'examen serait ordinaire pour Tun des groupes et approfondi avec exercices pratiques pour l'autre. « La Faculté émet également le vœu de voir adjoindre à l'examen de docteur en sciences naturelles la présentation d'une dissertation sur le groupe de matières choisi par le récipiendaire (1). » M. le prof. Ch. Van Bambeke, dans une étude récente sur le projet de loi, accepte la répartition proposée par l'Université de Bruxelles « à la condition expresse, dit-il, d'une entente préalable sur les matières qui seront exigées pour les diverses épreuvesl^) ». Il trace, ensuite, les limites entre lesquelles il convient, selon lui, de main- tenir l'enseignement des sciences biologiques; il discute les termes employés pour désigner les diverses branches faisant partie de l'examen; il établit enfin une classifica- tion rationnelle des matières. M. Van Bambeke se rallie également à l'idée d'une dissertation doctorale. (1) Rapport sur le projet de réorganisation de l'enseignement supérieur fait au nom du Conseil d'adminislration de l'Université de Bruxelles. — Bruxelles, 1887, p. 19. (2) Quel sera dans la nouvelle loi sur l'enseignement supérieur le programme de f examen de docteur en sciences naturelles, etc., par Ch. Van Bambeke, professeur à l'Université de Gand. Gand, 1887, p. 6. 120 Qu'il me soit permis (rémellre, à mon lour, quelques réflexions qui m'ont été suggérées par les publications que je viens de rappeler, par la discussion à laquelle le projet de loi a donné lieu au sein de la Faculté des sciences de Liège, et surtout par l'expérience que procure la pratique de l'enseignement. Pour plus de clarté, je me bornerai à défendre les propositions suivantes : 1 . Uexamen de docteur en sciences naturelles doit com- prendre deux épreuves : l'une ordinaire, l'autre appro- fondie. Quiconque a suivi attentivement les examens de la can- didature en sciences naturelles, a dû acquérir la conviction qu'un étudiant qui a subi cet examen, même avec distinc- tion, est insulïisamment préparé pour les études du doctorat. L'étude approfondie d'un groupe de sciences réclame, en eflel, une préparation bien autrement sérieuse que celle exigée d'un futur médecin ou d'un futur pliar- macien. Sans doute, l'étudiant qui se destine à la zoologie ou à la botanique reçoit, en candidature, tous les élé- ments de la science qu'il affectionne et ces éléments lui suffisent pour aborder l'étude approfondie. Ce qui lui manquera plus tard, ce sont des connaissances pratiques dans les autres sciences : nbysique, cliimie, géologie. Nul ne contestera l'importance de la cbimie en pbysio- logie animale ou végétale. Or il suffît d'assister à l'épreuve pratique de chimie de Texamcn de candidature pour être convaincu que le futur physiologiste a grandement besoin de se perfectionner en chimie, notamment en chimie organique. Qu'on ne dise pas que ces connaissances chimiques spéciales le jeune physiologiste pourra les acquérir dans les laboratoires de physiologie durant ses études au docto- 121 rat. Nos laboratoires sont encore trop incomplets pour permettre cette initiation aux sciences accessoires. Il est hautement désirable d'ailleurs que le physiologiste se soit exercé au laboratoire de chimie même, afin qu'il soit capable d'introduire dans ses recherches physiologiques des procédés chimiques nouveaux puisés à leur source. En se bornant à faire ce qui a été fait avant lui, le jeune docteur ne pourra concourir efficacement aux progrès de la science. Ce que je viens de dire du physiologiste, je pourrais le répéter du paléontologiste qui, à des connaissances zoolo- giques ou botaniques, doit joindre la pratique de la géologie. On Ta dit maintes fois, toutes les sciences sont soli- daires les unes des autres. Les séparer par une spéciali- sation hâtive des études, c^est enrayer sûrement leur marche progressive. Je crois donc qu'avant de se spécia- liser définitivement le candidat en sciences fera bien de perfectionner certaines connaissances pratiques dont il aura besoin au cours de ses travaux ultérieurs. Une autre considération peut encore être exposée ici. Le diplôme de docteur en sciences naturelles est ordinai- rement recherché par les jeunes gens qui se disposent à entrer dans l'enseignement moyen en qualité de profes- seur de sciences dans les athénées ou les écoles normales. Pour ces jeunes gens, une spécialisation trop grande des études sera très funeste, puisqu'ils ne posséderont, en dehors du groupe approfondi, que les notions très élémen- taires acquises en candidature. 2. Le programme de la première épreuve de l'examen de docteur en sciences naturelles doit être différent pour chacune des quatre catégories de récipiendaires. 122 Un grave inconvénient du programme actuel du doctorat réside en ce fait que la première épreuve est la même pour tous les élèves, quelle que soit la spécialité à laquelle ils se destinent. Ainsi les leçons de botanique au doctorat sont actuel- lement suivies par les futurs chimistes et les futurs géologues, aussi bien que par les futurs botanistes et les futurs zoologistes. De quelle utilité peuvent bien être pour les chimistes la paléontologie végétale et la géographie des plantes? Il faut donc approprier le programme de la première épreuve à chacune des quatre spécialités : zoologie, bota- nique, minéralogie, chimie. Pour ne parler ici que de l'étudiant-boianiste dont je connais plus particulièrement les besoins, je dirai qu'il devra s'appliquer, durant la première année du doctorat, à certaines branches de la physique (telle que l'optique); à certaines parties de la chimie (à Tétude des corps immédiats d'origine végétale); à certains chapitres de la zoologie (cytologie et principes généraux de physiologie); à certains chapitres enfin de la géologie (stratigraphie et fossiles caractéristiques des terrains sédimentaires). Il est superflu de faire ressortir ici l'importance de certaines parties de la physique et de la chimie au point de vue de la physiologie végétale. La nécessité de la stratigraphie pour les recherches de paléontologie végétale se comprend tout aussi aisément. Quant à la zoologie, elle peut fournir au botaniste d'utiles points de comparaison et des notions exactes sur les phénomènes généraux de la vie. Je laisse aux zoologistes, aux chimistes, aux minéralo- gistes et aux géologues le soin de désigner les branches (jui sont les plus utiles à leurs élèves. Je me permettrai 123 seulement d'insinuer que pour les futurs zoologistes le programme pourrait être calqué sur celui des botanistes; que pour les géologues, la botanique se réduirait à la paléontologie végétale et que pour les chimistes la connais- sance des produits végétaux utilisés dans l'industrie ne serait peut-être pas sans intérêt. 3. L'enseignement relatif à la première épreuve de l'exa- men de docteur en sciences naturelles doit être uniquement pratique, La diversité des programmes de la première épreuve, en rapport avec les quatre spécialités, semble entraîner la création de cours nouveaux, cours qui ne seraient suivis que par un nombre extrêmement limité d'élèves. Il n'en est rien. Selon moi, les cours ex cathedra peuvent être supprimés au doctorat et remplacés avantageusement par des travaux pratiques exécutés par les élèves sous la direction des pro- fesseurs. L'étude des matières de la première épreuve se fera donc uniquement dans les laboratoires. Les étudiants y seront exercés au maniement des instruments de physique^, aux recherches de chimie, aux observations de zoologie, de botanique ou de géologie; ils acquerront ainsi une expé- rience précieuse pour leurs travaux ultérieurs. 4. La seconde épreuve de l'examen de docteur en sciences naturelles sera suivie de la présentation d'une dissertation doctorale. D'accord, en ceci, avec l'Université de Bruxelles, avec M. Van Bambeke et mes collègues de l'Université de Liège, j'émets le vœu qu'une dissertation soit exigée de l'aspirant au grade de docteur. Cette dissertation, présen- tée par le récipiendaire sous la forme d'un manuscrit, serait défendue par lui oralement avec démonstrations à \n l'appui. Ce travail pourrait être imprimé après l'examen si le jury décide qu'il contient des observations ou des vues originales. 5. // convient de remplacer le grade de docteur en sciences naturelles par quatre grades correspondant aux quatre groupes de matières. L'exposé des motifs constate (p. 25) que les sciences naturelles ont pris un tel développement qu'il est impos- sible, aujourd'hui, d'embrasser toutes les branches com- prises sous le nom de « sciences naturelles. » Pourquoi alors, maintenir ce terme trop vaste? Pourquoi ne pas le remplacer par quatre dénominations distinctes : Doctorat en sciences zoologiques; Doctorat en sciences botaniques; Doctorat en sciences minéralogiques et géologiques; Doctorat en sciences chimiques. Le grade de docteur en sciences physiques et mathéma- tiques existe déjà. On a réclamé aussi, en remplacement du doctorat en philosophie et lettres, la création d'un doctorat en histoire, d'un doctorat en philosophie et d'un doctorat en philologie. Ces modifications paraissent d'autant plus légitimes qu'en somme elles ne feraient que sanctionner un état de choses qui existe déjà et que le projet de loi accentue encore. En rêsuméy le projet que je viens de développer modifie peu le système actuellement en vigueur; il maintient la première épreuve, mais en supprime tout ce qui n'est pas vraiment utile au futur docteur. Au lieu d'un enseigne- ment théorique, identique pour tous et mal adapté aux besoins de chacun, il préconise des éludes pratiques appropriées aux exigences spéciales de chaque catégorie de candidats. A la seconde épreuve, (|ui resterait ce qu'elle 125 est aujourd'hui, il propose enfin d'ajoulcr la présentation d'une dissertation. Confime exemple d'application de ce nouveau système, considérons, un instant encore, le candidat en sciences qui désire s'adonner à la botanique. Il sera obligé de s'exercer, d'abord, au maniement de certains instruments de physique et à certaines recherches de chimie en vue de la physiologie; il fera des observations sur la cellule animale et d'autres études zoologiques semblables pour acquérir de précieux points de comparaison et élargir ses idées sur la conception de la vie; il s'occupera aussi de la géologie des dépôts sédimenlaires afin de pouvoir un jour, si les circonstances l'y amènent, se livrer fruc- tueusement à l'étude de la paléontologie végétale. Voici, pour terminer, comment le programme des doc- torats en sciences naturelles pourrait être rédigél^). DOCTORATS EN SCIENCES NATURELLES. Il existe quatre doctorats distincts en sciences naturelles, savoir : \o Le doctorat en sciences zoologiques, 2" Le doctorat en sciences botaniques, 3** Le doctorat en sciences minéralogiqties et géologiques, 4° Le doctorat en sciences chimiques. L'examen correspondant à chacun de ces grades (1) M. le professeur Ch. Van Bambeke, dans la note à laquelle j'ai fait allusion ci-dessus, critique certains termes employés dans le projet de loi pour désigner telle ou telle branche de la science. Je partage entièrement sa manière de voir et j'approuve tout particulièrement ce qu'il dit au sujet de la morphologie, La Faculté des sciences de l'Université de Liège, dans un rapport qu'elle a rédigé à l'occasion du projet de loi, a émis les mêmes critiques. 126 comprend deux épreuves : la première est une épreuve sommaire, principalement pratique; la seconde est une épreuve approfondie, théorique et pratique; elle est suivie de la présentation d'une dissertation sur un sujet choisi parmi les matières de la dernière épreuve. Cette disserta- tion, présentée manuscrite, est examinée par le professeur compétent, puis défendue publiquement par le récipien- daire avec démonstrations à Tappui. Le programme des matières est le suivant : I. Doctorat en sciences zoologiques{1). 1'* épreuve : 2"" épreuve : II. Doctorat en sciences botaniques. 1" Épreuve: Physique : théorie et maniement des inslru- ments d'optique. Chimie : extraction, propriétés et analyse des corps immédiats entrant dans la composition des plantes. Zoologie : exercices de cytologie; principes généraux de physiologie. Géologie : stratigraphie et fossiles caractéristiques des terrains sédimentaires. "2'"' Epreuve : Botanique : morphologie (y compris l'ana- tomie et l'embryologie), physiologie, botanique descriptive, géographie et paléontologie. (1) En cas d'adoption de l'idée émise dans les pages qui précèdent (main- tien de la première épreuve avec programme approprié aux exigences de chacune des quatre spécialités), les divers programmes seront rédigés par les spécialistes. Je me borne à indiquer les matières qu'il conviendrait d'imposer à l'étudiant-holaniste. 127 III. Doctorat en scieinces minéralogiques et géologiques. 1" épreuve : 2"« épreuve : IV. Doctorat en sciences chimiques. 1'^ épreuve : 2"® épreuve : 8UR LES ALIMENTS ORGANIQUES DE LA LEVURE DE BIÈRE, par Emile Laurent. Douze corps simples suffisent à la constitution de la matière vivante chez l'immense majorité des organismes. Ce nombre se réduit à dix pour les plantes supérieures et même à huit pour beaucoup de microbes sans chloro- phylle. L'origine de ces éléments est bien différente. Tandis que les végétaux verts fabriquent de toute pièce leur matière organique avec de l'acide carbonique, de l'eau et des sels minéraux, les autres êtres vivants ne peuvent opérer des synthèses aussi importantes. Ils sont tribu- laires des produits plus ou moins immédiats de l'assi- milation chlorophyllienne. Parmi ces êtres, il faut distinguer ceux qui prennent presque la totalité de leur substance alimentaire à une source biologique et ceux qui ne dépendent de la matière organique que pour une par- tie de leur nourriture. Ainsi, les animaux supérieurs paraissent incapables d'emprunter à des combinaisons 128 minérales l'azote, le soufre el le phosphore de leur proto- plasme. Au contraire, beaucoup de Bactéries se con- tentent de solutions organiques dans lesquelles elles trouvent une substance hydrocarbonée associée à un mélange salin contenant de Tazote, du soufre, du phos- phore, de la potasse et de la magnésie. L'aliment peut être de structure relativement simple; dans ce cas, l'organisme le complique par un travail synthétique pour former de la matière vivante. Un exemple typique nous est offert par le ferment acétique, que M. Pasteur a réussi à cultiver dans une solution étendue d'alcool et de sels minéraux appropriés. 11 y a un grand intérêt pour la chimie biologique à être renseigné exactement sur les capacités synthétiques des êtres vivants, ainsi que sur le pouvoir nutritif des corps de nature organique. Les expériences faites sur les animaux ne donnent pas toujours des résultats à Tabri de toute critique à cause de la complication des phénomènes de digestion. Les plantes supérieures ne sont guère plus favorables par suite de la difficulté d'avoir des essais privés de microbes. Par contre, ceux-ci se prêtent à mer- veille à ces études par la facilitéavec laquelle on par- vient, pour beaucoup d'entre eux, à obtenir des cultures pures. Enfin, par leur organisation très simple, ces êtres se plient aisément aux variations dans la nature de l'aliment. Parmi les microbes qui se présentaient pour la culture dans les solutions nutritives, j'ai préféré choisir en tout premier lieu la Levure de bière. La variété employée est celle qui sert à Bruxelles pour la préparation de la bière brune. C'est une levure haute. Quelques essais m'ont montré que d'autres variétés, levures basses et hautes de 129 diverses provenances, conviennent tout aussi bien à ces essais et donnent les mêmes résultats. La semence de Levure avait été obtenue pure par la méthode des cultures sur gélatine. Avant d'être employée, elle avait été affamée par un séjour suffisant dans des liquides faiblement nutritifs. Au début, mes études avaient surtout pour objet de rechercher les substances organiques avec lesquelles la Levure peut former du glycogène. II n'y a plus de doute, après les travaux de M. Errera, que ce corps joue le rôle de réserve hydrocarbonée chez les champignons comme chez les animaux. Je m'étais proposé de faire avec la Levure une étude parallèle à mes recherches sur la forma- tion d'amidon par la Pomme de (erre aux dépens de solu- tions organiques(l). Après quelques essais, je fus amené à noter avec soin non-seulement les corps producteurs de glycogène, mais tous ceux qui permettent à la Levure d'édifier de la matière vivante. En effet, différentes matières organiques sont utilisées par la végétation de ce microbe sans donner lieu à la formation d'une réserve hydrocarbonée. C'est là un état physiologique qu'il est facile de concevoir : pour le réaliser, il suffit que l'assimi- lation compense simplement les phénomènes de croissance et de désassimilation. Il n'est pas possible de faire une classification précise des corps nutritifs de la Levure en corps facteurs de glycogène et corps non facteurs de glyco- gène. L'existence de la réserve hydrocarbonée peut être toute passagère; faute d'observations microscopiques assez nombreuses, elle peut échapper à l'examen. (1) Bull, de la Soc. roy. de bot. de Belgique^ t. XXVI, f^ partie. 150 Des éludes du même ordre ont été récemment entre- prises pour les Algues filamenteuses par MM. Loew et Bokorny(^). C'est à cause du grand intérêt qui s'attache à riieure présente à ce genre de recherches, que je me suis décidé à communiquer à notre Société une note prélimi- naire sur la nutrition de la Levure. Je me bornerai à la liste des corps que j'ai essayés et à l'indication sommaire des résultats que j'ai observés. Plus tard, j'en publierai la discussion, ainsi que la descrip- tion des différentes méthodes que j'ai adoptées dans la suite de ces expériences. Concentration . CORPS EMPLOYÉS. des ïolutiong. RESULTATS OBSERVES. Alcool méthylique 1 et 2 o/o non assimilé. — ctliylique . 1 à i o/o — — — iiopylique 1 et 2 o|o — — — bulylique .... » — — Étlier éthyliqiie ... \ o/o — — — acétique . . . « — — Aldéhyde acétique . >■> — — Paraldehyde .... l> — — Acide foiiniquc . » — Formiate d'ammonium . 1,0.5,0.20/0 — — — de sodium » — — — de potassium . « — - Acide acciiquc . . . . \ o/o — — Acétate d'ammonium . 1,0.5,0 20/0 assimilé sans glycogène. — d«' sodium » — — — — do potassium . » — — — Acide propionique . 1 0/0 non assimilé. Propionate de potas>ium . « — — Acide hulyriquo . . n — — (1) 0. Loew et Th. Bokorny. Chemisch-pfiysiologische Studieti tiber Algeriy in Journal fur praclische Chcmic, 1887, p. 272. — Th. Bokorny. Ueber Stàrkcbildung ans vcrschvdenen Stoffin, m Bcrichle der deul- schcn holan. Gcsellschaft, 1888, Band VI, p. IIH. 131 CORPS EMPLOYES. Concentration des solutions- RESULTATS OBSERVES. Bulyrate de sodium. — de potassium . Acide valériai)ique . Valérianale de potassium , Stéarate de potassium . Alcool allyljque . . Oléate de potassium Glycol éthylénique . Acide lactique Lactate d'ammonium — de sodium . . . . — de potassium . — de calcium. . Lactophosphate de calcium Acide oxalique . . . . Oxalate d'ammonium . — de potassium . Acide malonique Malonate de potassium . Acide succinique Succinate d'ammonium. Acide pyrolartrique. . Pyrotartrate de potassium Glycérine. Acide glycérique Glycérate de potassium. Glycerophosphate de cal cium .... Acide malique . . Malate d'ammonium. . — de potassium . Erythrite Acide tartrique droit . gauche. Tartrate droit d'ammonium. — — de potassium . Tartrate gauche de sodium et d'ammonium. lo/o 2o/o 1 0/0 2o/o 1 o/o l,O.S,0.2o/o 1 o/o D 1 à 10 o/o I o/o a saturation i o/o I ei 2 o/o non assimilé. assimilation sans glycogène. assimilation faible sans glyco- gène. — très forte avec glycogène. — sans glycogène. non assimilé. assimilation assez forte sans glycogène. — avec peu de glycogène. — notable avec assez bien de glycogène. non assimilé. assimilation faible sans glyco- gène. — très forte avec beaucoup de glycogène. non assimilé, assimilation sans glycogène. — avec assez bien de glyco- gène. — avec assez bien de glyco- gène. — avec assez bien de glyco- gène. — faible sans glycogène. — assez forte sans glycogène. — faible sans glycogène. assimilation très faible sans glycogène. V 152 Concen ira lion CORPS EMPLOYÉS des solutions. KÉSULTATS OBSEKVÉS. Paralailryte de sodium et d'ammonium i o/o non assimil(>. Acide ciliique . . . . y> assimilation très faible sans gly- cogène Citrate d'ammonium . 1 et 2 0/0 — assezfortesansglycogène. — de potassium . . )> — faible sans glycogène. Quercitc 1 et 2 o/o — assezfortesansglycogène. Mannite 1 à 10 0/0 — assez forte avec glycogène. Glycose 2 à 20 0/0 — avec beaucoup de glyco- gène. Lévulose ... 1 ot 2 o/o — Galactose .... 2 à S o/o — — Inosite ...... i et 2 o/o — faible sans glycogène. Saccharose .... \ à 40 o/o — avec beaucoup de glyco- gène. Lactose ..... 1 à 5 0/0 — dépôt peu abondant avec beaucoup de glycogène. — avec beaucoup de glyco- Maltose 1 à 5 0/0 gène. Empois d'amidon — faible sans glycogène. Amidon soluble .... — — — Gélose (agar-agar) . — — _ — Lichénine à saturation _ — — Glycogène 1 o/o — avec formation de glyco- gène. Gomme arabique 2 à 5 o/o - faible avec très peu de glycogène. Érytrodextrine ... 1 o/o — forte avec beaucoup de glycogène. Dextrine (à l'alcool) . . » — forte avec beaucoup de glycogène. Saccharate de potassium à saturation — faible sans glycogène. Acide mucique . » — assez forte avec glycogène. — faible sans gl^-cogène. — fumarique . . » Mélhylamine. 1 o'o non assimilée. Ethylamine ,> — Propylamine. ,^ Glycocolle « _ — Hippurate de sodium . t) — — Leucine . . « assimilalion faible sans glyco- gène. Acide aspartique. . n — sans glycogène. Asparagine ... « — avec glycogène. Acide glutamique . n — sans glycogène. Glutaminc n — avec un peu de glycogène. Formamide • non assimilée. Acélamide » 135 CORPS EMPLOYES. Concentration des solutions. RÉSULTATS OBSERVÉS. Urée Phénol .... Acide picrique . Hydroquinone Phloroglycine Quinone .... Salicine .... Saligénine Araygdaline . Benzoate d'ammonium — de sodium . Saccharine . Salicylate d'ammonium — de sodium . Gallate d'ammonium Acide digallique (tannin Tannate d'ammoniaque Aniline . Chlorure d'aniline . Diphénylamine . Chlorhydrate de naphtyla- nine .... — de phénylhydrazine Esculine .... Coniférine Arbutine .... Saponine .... Phioiidzine . . . Pyridine . Chlorhydrate de cocaïne — de morphine . — de strychnine — de brucine. . Caféine .... Sulfate neutre de quinine — de cinchonamine — d'atropine . Colchicine Gélatine (très pure) . Albumine de l'œuf . Caséine .... Fibrine .... Peptone (de viande) . Caséone(peptone de fromage) Nucléine 1 0/0 n saturation 1 o/o i à 5 o/o 1 o/o 1 et 2 0/0 1 0/0 « à saturation 1 o/o a saturation a saturation » i et 2 o/o 1 o/o ^1 et2o/. à saturation 1 o/o en lame i et 2 o/o non assimilée. assimilation avec glycogène. non assimilée, assimilation avec glycogène. non assimilé. assimilation avec glycogène. non assimilée. assimilation faible sans glyco- gène. — faible sans glycogène. — sans glycogène. — avec peu de glycogène. — faible sans glycogène. non assimilée, assimilation avec glycogène. — sans glycogène. non assimilée. 134 Il ressort de l'examen du tableau précédent que la Levure de bière peut emprunter sa matière organique aux corps suivants(^) ; Acétates. Glycol étiiylénique. Acide lactique. ♦Lactates. Malonale de potassium. *Acide succinique et succinate d'ammonium. Pyrotarlrate de potassium. ♦Glycérine. Glycératcs. ♦Acide raaiique et malates. Érythrite. Acides tartriques et tartrates. Acide citi'ique et citrates. Quercite. ♦Mannite. ♦Sucres en C«H»>06 et C"H"0»». Empois d'amidon et amidon so- luble. Gélose. Lichénine ♦Glycogèiie. ♦Gomme arabique. ♦Érylhrodcxtrine et dextrine. Saccharate de potassium. ♦Acide mucique. Acide fumarique. Leucine. Acides aspartique, glutamique. ♦Asparagine, glutamine. ♦Salicine, amygdaline, esculine, coniférine, arbutine, saponine. Atropine, colchicine. Gélatine. ♦Albumine de l'œuf. Caséine. ♦Peptone et caséone. J'estime que la distinction entre les corps facteurs et non facteurs de glycogène ne doit pas être exagérée; elle est peut-être réelle pour certaines substances. Quoi qu'il en soit, je ne doute point que de très petites quantités de glycogène puissent se produire aux dépens des acétates, des tartrates et des citrates. Parfois j'en ai vu des traces dans les cultures assez nombreuses que j'ai faites avec ces sels. Les lactates sont beaucoup plus nutritifs. Toute étude physiologique sur la Levure de bière (1) L'astérisque indique que la présence du glycogène a été constatée d'une façon certaine. 135 éveille à Tesprit l'idée de fermentation. Il convient de distinguer, pour une matière organique donnée, le pouvoir nutritif et la propriété de subir la fermentation alcoolique, plus directement liée aux phénomènes de respiration. Pour tous les corps que j'ai étudiés, je me suis assuré qu'il n'y en a point qui puissent donner de l'alcool en dehors des sucres déjà connus. Mais il y a ici un autre point de vue digne d'attention. Non-seulement les corps autres que les sucres ne conviennent pas à la vie ferment, mais pour pouvoir servir d'aliment, ils doivent être con- sommés au contact de l'air. Afin de m'en convaincre, j*ai cultivé de la Levure dans des tubes à essais contenant quelques centimètres cubes des solutions suivantes addi- tionnées de matières minérales : Glycérine S °/o; Lactate de potassium 2 «/o ; Tartrate de potassium 2 % ; Succinate d'ammonium 2 °/o. Des cultures servant de témoins ont été laissées au contact de l'air, protégées contre les poussières par un tampon d'ouate. Dans une autre série, les tubes à essais ont été étirés, puis j'y ai fait le vide au moyen de la pompe à mercure. Après un mois, les solutions exposées à l'air avaient donné des dépôts de cellules de Levure relative- ment volumineux; dans le vide, l'accroissement avait été beaucoup moindre. J'attribue le faible développement qui s'y est fait à l'oxygène que la Levure avait dû fixer avant d'être privée d'air. La production de glycogène dans les champignons est entièrement comparable à celle de l'amidon chez les plantes vertes. Remarquons, à ce sujet, que le pouvoir 150 de former une réserve hydrocarbopée aux dépens de solu- tions organiques est plus étendu chez la Levure que dans les plantes supérieures. Pour celles-ci, les recherches de M. A. Meyer et les miennes ont prouvé qu'en dehors des sucres, il n'y a que la glycérine, la mannile et la dulcite qui puissent être transformées en amidon. C'est là une conséquence logique de la simplicité de structure et de fonctions chez les microbes. Travail fait au laboratoire de physiologie végétale de l'Université de Bruxelles et au laboratoire de microbiologie de la Sorbonne, à Paris. OBSERVATIONS SUR QUELQUES FORMES DU GENRE TRENTEPOHLIA MART., par É. De Wildeman. Le genre Trenlepohlia est composé d'une réunion d'algues fdamenteuses plus ou moins ramifiées, à fila- ments cylindriques ou irréguliers; les différentes espèces de ce genre se présentent en masses gazonnantes touffues ou forment des couches étalées sur les écorces, les feuilles et les pierres. On a recherché des caractères différentiels spécifiques dans la forme des cellules du thalle, dans la couleur des échantillons à l'état frais, dans le changement de couleur parla dessiccation, dans la présence d'odeur, dans l'habitat, dans la forme de la fructification et dans les diamètres des filaments. On est ainsi arrivé à décrire une trentaine d'espèces. Les fructifications sont formées ordinairement d'une 157 cellule arrondie, ovale, laissant échapper son contenu par une ouverture circulaire, située souvent au sommet d'un bec, parfois assez allongé. Elles sont généralement sessiles et solitaires, disposées sur les côtés ou au sommet des rameaux, mais on peut aussi les trouver réunies par deux ou trois soit sur les côtés, soit au sommet des rameaux; elles peuvent aussi être intercalaires et disposées en séries de deux à trois. On a décrit deux espèces qui présentent un mode de fructification tout différent. Au lieu d'être sessiles, les gamétanges sont pédicellés, à pédicelle formé d'une cel- lule modifiée, dont la partie inférieure est renflée et la pariie supérieure amincie et recourbée en crochet; le gamétange a généralement la forme ordinaire. Dans une des dernières séances de la Société, j'ai présenté quelques observations sur le T. imcinata (Gobi) Hansg. ; j'ai indiqué que la fructification en forme de cro- chet ne pouvait servir de caractère distinctif, ne paraissant pas former une fructification normale et que, d'ailleurs, on rencontre sur un même filament les deux genres de fruc- tifications. J'avais obtenu les deux formes dans des cul- tures sous l'eau et dans l'air humide, mais, depuis, en examinant des échantillons desséchés, j'ai eu l'occasion de voir que l'on retrouve les mêmes variations dans des espèces qui n'ont pas passé dans des cultures. En étudiant, il y a quelque temps, une forme que je dois à l'obligeance de M. Lagerheim, forme probablement nouvelle, récoltée aux environs de Fribourg (Brisgovie) sur l'écorce le V Abies pectinata, j'ai été assez étonné de retrouver des fructifications analogues à celles que M. Gobi avait remarquées chez son T. imcinata. Celte espèce se rapproche du T. abietina (Flotow) Hansg., dont elle 10 [• 138 diffère surtout par des rameaux moins développés et par la cellule terminale de ces rameaux beaucoup plus longue que large, la longueur dépassant parfois 10 fois la largeur. Je donnerai ici une description sommaire de cette nou- velle forme sans la dénommer, simplement dans le but d'attirer l'attention des botanistes sur cette algue, qui se retrouvera probablement dans d'autres localités, me réser- vant de la décrire plus amplement si elle constitue vrai- ment une forme spéciale. Filaments formés de cellules plus ou moins toruleuses de 7-15 /x, les deux diamètres égaux ou la hauteur double ou triple de la largeur ; cellule terminale des rameaux allongée souvent 10 fois plus longue que large, la largeur étant moindre que celle du filament principal; gamétanges sessiles, latéraux, globuleux ou portés sur une cellule renflée à la base, rétrécie au sommet et souvent recourbée. La forme décrite par RipBrl (C h)^oolepus capitellatiim)i^) , pourrait bien être analogue à cette forme ou au Trente- pohlia aurea Mart. (J. uncinata Gobi); l'auteur ne paraît d'ailleurs pas avoir eu connaissance du travail de M. Gobi. Ripart écrivait : « La dernière cellule, celle qui se trouve à l'extrémité supérieure du filament et dans laquelle se produisent les zoospores, grossit davantage que les autres, devient sphérique, tandis que celle qui la supporte immédiatement s'allonge, prend une forme cylindrique et a un diamètre un peu moindre Le tout représente assez bien une colonne munie d'un petit cliapiteau. » Ce qui pourrait bien être représenté par la figure 31 de la planclie qui accompagne le travail de iM. Gobi et qui ne paraît d'ailleurs pas présenter de caractère bien distinct (1) Notice su?' qndques espnces ratées ou nouvelles de la flore crypto- (javiique du centre de la France, par M. Ripart, in Bull. Soc. bot. de France, 1876, p. 107. 159 et se reproduire chez un grand nombre de fructifications du même genre. Le r. villosa (Kûtz.) De-Toni a été décrit par Kûtzing dans son Species (1), mais le nom du genre s'y trouve précédé d'un signe de doute. M. Bornet{2) a indiqué cette espèce comme formant les gonidies du Coenogonium con- fervoides Nyl. En examinant un échantillon étiqueté sous ce nom, récollé aux Iles Philippines par Llanos et prove- nant de la collection de M. Mûlier d'Argovie, j'ai pu me convaincre que c'était bien un Trentepohlia ; même dans un état de grande pureté, on n'y remarquait que de rares hyphes de champignons. Mais ce qui m'a paru plus remarquable, c'est que cette forme, dont on n'avait jus- qu'ici, du moins à ma connaissance, jamais trouvé de fructifications, et qui par ce fait avait été placée comme douteuse dans le genre, était abondamment fructifiée. Le seul genre de fructifications que j'y ai observé est la forme pédicellée, la cellule terminale généralement sphé- rique et paraissant posséder une enveloppe chagrinée. Il semblait y avoir sur cet échantillon manque complet de gamélanges sessiles. En recherchant parmi les autres espèces du même genre de lichen, je trouvai une forme indéterminée, pro- venant de Surinam, que l'examen microscopique fait ranger à côté de l'espèce précédente, mais elle en diffère cependant par quelques détails qui pourraient peut-être constituer des caractères spécifiques. (1) Kûtzing. Spec, alg., p. 428. (2) Recherches sur les genidies des Lichens, par Ed. Bornet, in Ann. Se. nat., 1873, p. 60. 140 Il faudrait pouvoir connaître les lieux, les circonstances. de la récolte, pour apprécier les modifications subies, sui- vant les causes qui ont agi sur la plante. L'échantillon était amplement fructifié et la fructification que j'y ai remarquée en plus grand nombre était analogue à celle que M. Gobi a représentée dans son travail sur le T. uncinata, et qui est formée par une cellule terminale du rameau gonflée et portant à son sommet de 2 à 5 fructifications pédicellées. Sur les mêmes filaments, on remarquait des gamétanges sessiles très nombreux, dont on pouvait voir des séries disposées à droite et à gauche du filament ou verticillées par 5 à 4. Il y avait même des ramuscules complètement chargés de fructification sessiles, de vérita- bles grappes de gamétanges; ces derniers étaient lisses et dans la forme pédicellée d'un diamètre un peu inférieur à celui présenté par la forme précédente. Un échantillon de T. flava (Kûtz.) De-Toni, échantillon original provenant de l'herbier Montagne (Chili), m'a ofi"ert de même des fructifications pédicellées et un aspect analogue à la forme du Coenogonium confervoides des Iles Philippines. Si nous considérons la description duChroolepiis flavum Kùtz. donnée par Kûtzing, dans le Species : « Spermatiis lateralibus numerosis approximalis, sessilibus, truncatis, » nous remanjuerons que cette description peut se rapporter à ce que j'ai dit de la forme de Surinam. Les deux formes signalées peuvent donc être distinctes, celle de Surinam se rapportant au Trentepohlia flava; mais je crois qu'il est plus naturel de fondre les deux formes en une seule et de faire des T. flava et villosa une seule espèce (7\ poly- carpa^Sccs et Mont.) [)résentant de nombreuses variations. J'ai reeu de M. De-Toni un échantillon de Chroolepus 141 provenant de l'Amérique méridionale (Stalen Island) étiqueté Irentepohlia polycarpa et récolté par M. Spegaz- zini. Cette forme rappelle assez bien la figure donnée par Kûtzing, mais c'est malheureusement un échantillon dont les filaments sont envahis par les hyphes d'un cham- pignon; c'est sans aucun doute dans cet état que Kutzing a vu le Trentepohlia qu'il a figuré. La dispersion de cette espèce serait donc assez étendue, puisque nous la trouvons aux Iles Philippines, dans les lies de la Sonde (Giava)(^) et en Amérique. La variation des milieux pourrait expliquer la variabilité des formes. L'examen des Coenogonium ou des plantes conservées dans les herbiers sous ce nom apporterait des données sérieuses à la définition du Trentepohlia polycarpa. A ce point de vue, il serait intéressant de savoir si chaque type de lichen correspond à une même algue, ou si une algue peut former plusieurs lichens. Il ne serait pas sans intérêt non plus de pouvoir dresser la liste des Trentepohlia que Ton retrouve associés, dans les formes lichéniques, aux champignons ; mais les lichens comme les algues sont encore trop imparfaitement connus pour que Ton puisse faire sous ce rapport un travail général. Dans son travail sur les gonidies des lichens, M. Bornet rapporte au J*. flava une forme qu'il a remarquée dans plusieurs lichens (Chiodecton nigrocinctum, Byssocaulon niveiim, Coenogonium Linkii); il ne donne pas les diamè- tres qu'il a observés, mais il attribue au T, villosa, base du Coenogonium con fervoid es Nyl., une largeur trois fois plus considérable que celle qu'il accorde au T. flava. Si l'on examine le Chroolepiis Linkii, on trouve, en effet, une (1) In L'Algarum Zanardini^ par G.-B. De-Toni et David Levi, p. \ôi. U2 algue du genre Trentepohlia, mais très différente de la forme de Therbier Montagne citée plus haut; elle a un diamètre inférieur à celui de cette dernière espèce qui, d'après Kûtzing, varie de (12,25-14', 75 fa), la forme du Chroolepus Linkii n'atteignant qu'environ 10 f* du moins dans les échantillons que j'ai examinés. Cette algue pré- sente d'ailleurs un tout autre aspect que celle de Mon- tagne, et se rapproche de la forme de notre Trenlepohlia aurea et par là du Chroolepus fîavum (3. rigidiilum Kùtz.(l), qui, d'après Hooker, était le Chroolepus axireum Hook. Ces formes ne peuvent en tous cas pas être réunies sous le même nom spécifique; peut-être même n'est-ce qu'une forme du Trentepohlia aurea avec lequel elle a beaucoup de rapports. Il me semble donc qu'il faudrait réunir au J. polycarpa Nées et Mont, le Chroolepus fîavum Kûtz. Spec, p. 428, et non la figure des Tabulae et momentanément rapporter cette planche au C. rigidulum Kùtz. (Spec, p. 428.) Ce que nous venons de voir prouve donc bien que les caractères basés sur la forme de la fructification ne peuvent servir à la délimitation des espèces; il en est de même de ceux basés sur la couleur du contenu cellulaire, sur l'habitat et sur l'odeur. Les seuls caractères qui peuvent jusqu'à présent servir à définir les espèces sont ceux fournis par la forme extérieure des cellules et leur dispo- sition par rapport les unes aux autres. Le Trenlepohlia ebenea (Kùtz.) De Toni a été décrit pour la première fois sous le nom de Chroolepus par (1) Kùlzing. Spec, alg., p. -128. 143 Agardh(l); l'auteur lui a donné comme synonymes Con- ferva nigra Roth, Bijssus nigra Huds. et Conferva ebenea Dillw. Kûtzing, dans le Species, reprend la même espèce, mais en affectant le nom du genre d'un point d'interrogation. Dans sa Flore, M. Cooke(2) rapproche cette algue et le Chroolepus mesomelas Carm. du genre Helminthosporiiwi, Je n'ai pas eu d'échantillons de la dernière espèce à ma disposition. Si l'on examine des échantillons d'herbier de la pre- mière forme, on y trouve des variations considérables. C'est ainsi qu'une forme de Caen de la collection de Brébisson paraît représenter une formation de lichen dont les gonidies ne me semblent pas devoir se rapporter au genre Chroolepus. Un autre échantillon provenant de Domport et de la même collection, probablement une forme pareille à celle sur laquelle M. Cooke a émis son appréciation, se rap- proche, en effet, des champignons en s'éloignanl considé- rablement du type Chroolepus. Mais un fait paraît assez curieux, c'est celui de trouver parmi les lichens le synonyme Conferva ebenea se rappor- tant à une espèce conservée par les lichenologues, le Cistocoleus rupestris (Racodium) (Pers.) Thweites. Si l'on examine, en effet, des formes de cette espèce, on trouve la plus grande ressemblance entre celte forme et le Chroo- lepus ebeneum de Domport. îVi les algologues, ni les liche- nologues n'ont jamais remarqué de fructifications. 11 me semble donc que cette espèce peut être exclue de (1) Agardh. Syst. alg., p. 56. (2) Cooke. British Freshwater Algœ, p. 187. 144 la liste des formes du genre Trentepohlia. A quel groupe appartient-elle? Je laisse à d'autres le soin de décider. Je crois cependant qu'elle trouvera mieux sa place parmi les champignons que parmi les lichens, du moins si l'on en juge d'après les descriptions d'Agardh et de Kutzing, descriptions qui se rapprochent de celle donnée par M. Sydo\v(J). D'après Rabenhorst, dans le Kryptogamen Flora von Sachseni^), le synonyme Chroolepus ebenea est accompagné d'un point de doute; mais cet auteur donne comme forme type celle qu'il a publiée in Lich, europ., N°841. L'examen de cette forme m'a donné le même résultat, et entre la forme de Domport et le Cistocoleus rupestris de Rabenhorst je ne puis trouver de différences. M. Crépin annonce qu'il déposera un travail sur l'his- toire des Roses avant le XIX^ siècle. Ont été nommés commissaires : MM. Martens et De Vos. M. Th. Durand annonce, à son tour, qu'il déposera un travail sur des modifications à apporter dans la dénomina- tion de quelques genres. Ont été nommés commissaires : MM. Crépin et Marchai. M. le Secrétaire lit une notice de M. Pietquin, dont l'insertion aura lieu dans la première partie du Bulletin. M. Soreil, ingénieur, demande à faire partie de la Société. Il est présenté par MM. Wesmael et Crépin. La séance est levée à 5 h. 20. {i) Die Flcchten Deutfchlnnds von Sydow, p. 351. (2) Kryptogamen- Flora vov Snclism. Flecfilru henrheitct \on h. Hnben- lioist, p. 75. 14S Séance extraordinaire tenue à Rochefort le 2 juillet 1888. Présidence de M. Koltz, Membre de la Société, Vice-Président de la Société botanique du Grand-Duché de Luxembourg. La séance est ouverte à 3 h. 30 m. Sont présents : MM. Dens, Gravis, Koltz, Lochenies, Minet, Pierry, Pietquin et Vanpé; Crépin, secrétaire. MM. Maréchal, jardinier en chef du Jardin botanique de Liège et M. Nihoul, étudiant à l'Université de Liège, assistent à la séance. Le procès-verbal de la séance du 7 avril est approuvé. M. le Secrétaire donne lecture de lettres de MM. Les- quereuX; Pfeiffer et Renaglt, qui remercient la Société de les avoir nommés membres associés. Les ouvrages suivants ont été reçus pour la biblio- thèque : E. Drake del Castillo. — Illustrationes florae insidariim Maris pacifîcis. Fasc. IV. 146 J. -G. Baker. — A Sytiopsis of Tillmidsieae, London, 1877- 1888, in-8°. — Handbook of the Amaryllideae, includincj the Alstroe- 7netneae and Agaveae .London f \HHS, \ vol. in-8". G. Engelmann. — The botanical Works of George Ëngel^ maun, collected for Henry Shaw. Edited by W. Trelease and Asa Gray. Cambridge, 1887, 1 vol. in-i" (don de M. H. Shaw). M. Crépin analyse les trois notices suivantes, dont impression est volée. DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ROSE ASIATIQUE, par François Crépin. A la date du 2 juin dernier, M. David Prain, conserva- teur au Jardin botanique de Seebpore, près de Calcutta, m'envoyait quatre beaux ramuscules florifères d'une Rose recueillis par ,\I. le général Collett dans les Shan Hills, entre le royaume de Burma et le royaume de Siam. M. Prain, dans une lettre accompagnant les spécimens, me dit que M. Collett lui décrit cette Rose comme une espèce magnifique, grimpant (sprawling) sur les rochers et sur les arbres, à fleur d'un blanc pur, de 5 pouces de diamètre. Si l'espèce est nouvelle, M. Collett désire lui voir donner le nom de Rasa gigantca. A en juger par les spécimens que j'ai reçus, cette Rose est réellement magnifique; elle paraît être d'une végétation très vigoureuse; sa corolle est bien certainement la plus grande que Ton connaisse parmi les Roses à fleurs simples. 147 L'une des corolles parfaitement étalée mesure 12 centi- mètres de diamètre ! Cette Rose est inédite et semble constituer une espèce distincte. Elle me paraît devoir être classée dans le voi- sinage du R. indica Auct. non L.i^) Fait-elle partie de la section que j'ai appelée Indicae ? C'est fort possible, mais il me faudrait un supplément d'informations pour pouvoir décider cette question. Elle présente certains caractères du /?. indica Auct. : stipules toutes étroites, à oreillettes étroites et fortement divergen- tes, styles saillants au-dessus du disque, égalant environ la moitié des étamines, mais l'inflorescence est unifloreet privée de bractées, du moins dans 5 des échantillons que j'ai reçus : le 4-° spécimen a une bractée à partie supérieure foliacée. On sait que dans le R, indica Auct. l'inflorescence est presque toujours pluriflore et munie de bractées. Si l'on vient à constater que le R. gigantea est à inflores- cence ordinairement pluriflore et qu'il n'est uniflore que par exception, on sera probablement en droit de le classer dans la section Indicae. Il reste encore à savoir si l'espèce est remontante comme \e R. indica. (1) Sous le nom de R. indica, Linné a décrit l'espèce à laquelle Lindiey a donné le nom de R. inicrocarpa. Le type spécifique dont les variétés sont aujourd'hui connues sous les noms de R. indica, R. longifolia, R. Lawrenciana, R. semper /lorens^ R. diversifolia et R. bengalensis, a été décrit et figuré pour la première fois, en 1768, par Jacquin, sous le nom de R. chinensis {Observ. botanic, pars III, p. 7, tab. S5). Cet auteur Tavait décrit et figuré d'après des échantillons de l'herbier de Gronovius. Cette espèce, qui devait, par ses variétés et ses croisements avec d'autres types, opérer une complète révolution dans les collections de Roses cultivées, n'a été que bien postérieurement introduite dans nos jardins. 148 En allendani ces divers renseignements, je vais donner une description de cette Rose, que j'admets provisoirement comme espèce. Rosa glgatUesk Collett Mss. (Sect. Indicac?) Inflorescence uniflore(?), ordinairement dépourvue de bractées, accom- pagnée d'une feuille trifololiée; pédicelle épais, lisse; réceptacle florifère gros, ovoïde, atténué aux deux extrémités, glaucescent, lisse j bouton gros, ovoïde, allongé [i cent, jusqu'à l'extrémité des sépales) ; sépales très longs, entiers, allant en s'atténuant de la base au sommet, un peu dilatés à la pointe, tomenteux-blanchâtres à la face interne et sur les bords, qui sont munis de fines glandes, réfractés pendant l'anthèsej corolle blanche, très grande (11 à 12 cent, de diamètre), à pétales largement obovales, à bord supérieur prolongé dans sa partie médiane en une pointe plus ou moins triangulaire; disque relevé en un bourrelet assez saillant; styles hérissés, glabres au sommet, saillants, égalant environ la moitié des éta- mines intérieures; feuilles moyennes des ramuscules florifères Ji-foliolées, plus rarement 7-foliolécs, la supérieure 3-foIiolée; folioles grandes (3-8 i/a cent, de longueur, sur 2 i/2-4 1/2 cent, de largeur), ovales ou très large- ment elliptiques, arrondies à la base, pétiolulées, aiguës ou assez longue- ment mucronées, glabres, assez épaisses, à dents simples et superficielles; pétiole glabre, muni de fines glandes le long du sillon, inerme, rarement pourvu de petits aiguillons crochus; stipules adnées, toutes étroites, bordées de fines glandes, ainsi que les oreillettes, qui sont linéaires ou subulées, très divergentes; axes des ramuscules florifères inermes; tiges sarmenteuses. Cette espèce, autant que je puis en juger par les spéci- mens que j'ai sous les yeux, ne peut être comparée qu'au R. indica Auct., dont elle paraît se distinguer par son inflorescence uniflore et non pluriflore, par ses sépales extérieurs entiers et non ordinairement appendiculés, par sa fleur plusieurs fois plus grande et d'un blanc pur, par ses axes florifères inermes. 149 En somme, les caractères dislinctifs que je puis mettre actuellement en avant sont loin de me satisfaire et ils m'inspirent des doutes sur leur valeur. On peut se demander si on ne se trouve pas en présence d'une variété remarquable du R. indica, variété macro- phylle et macranthe. Le R. indica n'est guère connu que par des formes qu'une culture vraisemblablement très ancienne en Chine et au Japon, a probablement beaucoup modifiées dans leur habitus et dans certains caractères. Jusqu'à ces derniers temps, cette espèce n'avait pas été observée à l'état spontané. M. le D"" Henry Pa trouvée, en 1886, dans la province chinoise Ichang rampant sur les rochers. Il ne l'a vue que dans un seul endroit. Était- elle là bien réellement indigène? Les quelques petits échantillons que j'en ai vu ont l'air d'être spontanés ; leurs principaux caractères sont bien ceux du R, indica des jardins. La Rose jaune de Fortune (Fortune's Yellow), intro- duite de Chine dans nos jardins par le voyageur Fortune, semble plus voisine du R, gigantea que le R. indica; comme la Rose des Shan Hills, elle est sarmenteuse et à végétation puissante ; son bouton et ses sépales se rapprochent de ceux du R, gigantea, mais sans atteindre des proportions aussi considérables; ses folioles sont beaucoup moins amples et ses axes sont fortement aiguil- lonnés. On a été porté à voir dans la Rose jaune de For- tune un produit hybride, mais elle pourrait bien être une forme légitime appartenant à la section Indicae : ses grains de pollen sont normalement développés. Il ressort de ce qui précède que la lumière est encore loin d'être faite sur les Roses de la section Indicae et que de nouvelles observations sont indispensables pour 150 s'assurer si celle seclion est consliluée par une ou par plusieurs espèces dislincles. Quoiqu'il en soil, la découverle de M. le général Collett est digne d'attirer l'attention des savants et des amateurs de Roses. Si l'on parvient à introduire et à cultiver en Europe le R, gigantea^ celui-ci enrichira les collections d'une forme splendide parson énorme corolle et son beau feuillage; il sera, en outre, par son croisement avec d'autres espèces, la source de produits hybrides probable- ment supérieurs à ceux du /?. mdica. SUR UN GENRE NOUVEAU (HANSGIRGIA) D'ALGUES AÉRIENNES, par J.-B. De-Toni. Le but de ce travail est d'appeler raltention des algolo- gues sur une curieuse algue aérienne que j'ai découverle, en mai dernier, sur des feuilles (.VAntliurhim Scherzeria- num, conservé dans une serre du Jardin botanique de Padoue. Cette production parait digne de constituer un genre nouveau parmi les Trentépohliacées, genre que je me permets de nommer Hansgirgia en l'honneur de mon illustre confrère et ami, M. le Docteur A. Hansgirg, pro- fesseur de botanique à l'Université de Prague. L'appareil végétatif est composé d'un ensemble de filaments chroolépiformes, analogues à ceux du Trente- pofdia lagenlfera (Hildebr.) Wolle, couchés, rameux, anastomosés et par ci par là réunis latéralement. L'algue olîre ainsi une portion réticulée (comme dans le genre Mkrodictjjon) et une partie dans laciuelle les filaments articulés, partant d'un point commun, se réunissent, se 151 soudent latéralement, constituant des disques imparfaits, en forme d'éventail. Les cellules de la partie réticulée sont irrégulières, globuleuses, elliptiques ou anguleuses; dans la partie flabelliforme, elles se montrent au contraire presque rec- tangulaires. Les chlorophores sont pariétaux, tenus, lamellaires, et se trouvent cachés par la présence de la substance appelée chlororufine par M. Rostafinski(l) et hématochrome par M. Cohn(2). Cette matière jaune-orangé se trouve comme à l'ordi- naire en forme de globules, sur lesquels le choroiodure de zinc produit une coloration violacée presque noire. Les zoosporanges, que j'ai pu observer jusqu'ici, sont ovoïdes et se produisent généralement dans les filaments réticulés. Je me réserve d'étudier plus tard la formation et la nature des zoospores. Je crois cependant utile de donner ici la diagnose préliminaire du genre. Hansgirgia De-Toni. — Thallus aerophilus epiphyticus, e fîlamentis arliculatis, ramosis, decumbentibus, partim reticulato-anastomosantibus, partim flabelliformi-coalitis constans;celluIae vegetativae partis retiformis irregulares, globosae, ellipticae vel angulatae, partis flabelliformis, magis regulares, subrectangulares ; cellularum contentus haematochromatis causa aurantiacus ; chlorophori parié- tales, tenues, laminares, parum conspicuij zoosporangia in thalli parti retiformi evoluta, lateralia, ovoidea, sessilia; (1) T. Rostafinski. Ueher den rothen Farhstoff einiger Chlorophyceen^ sein sonsiiges Vorkommen und seine Verwandschaft zum Chlorophyll. Bot. Zeit. 1881,no29, p. -461. (2) F. Cohn. Ueber Oscillarieen und Florideen. Bot. Zeit. 1867, p. 38-39. 152 zoosporae ovalae, biciliatae, minulissime, quod naluram ulterius inquirendae. Hansgirgia flabelligera De-Toni. Characleres gene- ris; filamenlis plerunique 5-7 u. lalis; zoosporangis 7-9 = 4-7. Habitat in foliis Antliurii Selierzeriani in caldario Horli Botanici Palavini in Italia boreali (Ipse legi mense majo 1888). Ce genre Hansgirgia semble très voisin du genre Trenlepohlia Mart., qui est caractérisé par son babitat aérien et qui contient plusieurs espèces epiphytes, par ex. TJagenifera{U'\\dehr.)W\\\e, T. Kur zi i. (Ze\\.)De-Ton\ et Levi, T. polycarpa Nées et Mont., T. calamicola (Zell.j De-Toni et Levi, T. Reinschii Hansg. Aucun des genres de Trenlépohiiacées connus jusqu'à présente^) ne pourra être confondu avec le genre Hans- girgia. Les genres Leptosira Borzi(2), Ctenocladiis Borzil^), Chlorotylium Kiitz.l'^) et Microthamnion i\aeg.(^) n'ont pas d'hématochrome et sont en outre caractérisés par l'habitat aquatique. Le genre Pilinia Kûtz.l^), qui d'après moi semble identique au genre Acroblaste ReinschC") est propre aux eaux saumàtres et ne possède pas d'hématochrome. (1) J.-B. De-Toni. Conspectus gen. Chtorophyc. hucusque cognitorum. Notarisia 1888, n" 10, p. Ud. (2) A. Borzi. Studi algologici, fasc. I, p. 17. (3) Borzi. loc.cit., p. 27. (i) Kûtzing. Phyc. gen., p. 28S; Spec, alg., p. 431. (b) Kùtzing. Spec. alg.. p. 352. L. Kahenhoist. Flor. alg. eur., III, p. 37î>. (6) KiJlzing. Phyc. gen., p. 273; Spec, alg., p. -^25. (7) P. Reinsch. Ein nenes Genus der Chroolcpideen. Bot. Zeit. 1879, p. 360,1. III A. iS3 Le genre Irichophilus Web. v. Bosse (l) vivant en parasite sur les poils des Paresseux est aussi dépourvu d'héma- tochrome. Enfin le genre Bulbotrichia Kûtz. (2), d*après les carac- tères de la diagnose, paraît-être une production tout à fait différente, et qui devrait être plutôt considérée comme un ensemble de filaments mycéliens d'un hyphomycète et d'algues unicellulaires, donnant lieu aux prétendus sporanges. Padoue. — Institut botanique de l'Université. — 13 juin 1888. OBSERVATION SUR LE GENRE BULBOTRICHIA KUETZ., par É. De Wildeman. Je trouve, dans le Conspectus generum chlorophycearum hucusque cognitorum que M. De-Toni vient de publier, un grand nombre de genres signalés comme douteux. Le travail que M. De-Toni se propose de publier « Sylloge algarum » sera une œuvre très importante, qui rendra de grands services à toutes les personnes s'occupant de cette partie de la botanique. Mais il serait, me semble -t-il, très utile de pouvoir éliminer de ce travail au moins le plus grand nombre si pas tous les genres qui ne peuvent être conservés parmi les algues. L'un des genres douteux d'après M. De-Toni est le genre Bulbotrichia Kûtz, qui vient se ranger dans la famille des (1) A. Weber van Bosse. Étude sur les algues parasites des Paresseux. Natuurk. Verhandl. Hollandsche Maatsch. der Wetensch. 3 Verz., Deel V, 1 stuck. Haarlem, 1887. (2) Kûtzing. Spec, alg., p. 429; Tab. phyc, IV, p. 22, lab. 97. 11 154 Trentépohliacées. A ce point de vue, il a attiré spécialement mon attention; je n'ai malheureusement eu qu'un échan- tillon d'une forme de ce genre à ma disposition. Kùtzing, dans le Species algarum, a décrit deux formes qui ont été reprises par Rabenhorstjce sont les J5. botryoides Kùtz.et B. peruana Kùtz. M.Wolle a également décrit une forme distribuée dans les Alg. Eur. de Rabenliorst, le B. orokoensis, récolté aux environs de Bethléem (Amé- rique). Ces trois formes ne peuvent, à mon avis, être considérées comme algues, telles qu'elles se trouvent décrites et figurées. La seule que j'ai pu examiner, celle de M. Wolle, est un assemblage d'algues unicellaires et de filaments de champignons: les cellules de l'algue ayant été considérées par les auteurs comme des sporanges. Les figures données par KiitzingC) donnent d'ailleurs assez bien l'idée d'une union entre algues et champignons; la description me paraît d'ailleurs l'indiquer tout aussi bien(^). 11 me semble que ces formes représentent un état primi- tif de lichen dont les gonidies (algues) commencent à être envahies par le champignon. Au microscope, le B, oro- koensis Wolle présente beaucoup d'analogie avec les figures que M. Bornet a publiées dans son travail sur les gonidies des lichens (S). D'ailleurs une forme voisine à celle publiée dans l'exsic- cata de Rabenhorst est admise comme lichen, sous le nom de Calycium chlorinum, dont la description concorde (i) Kùtz. Tah. pfryc, vol. IV, p. 22, pi. 1)7. II et III. (2) Kiilz. Spec, alg., p. 429; Rabenhorst. Flor. alg. eur.. Ill, p. 374. (5) Bornet. Recherches sur les gonidies des /jc/ professeur à l'Université, rue du Parnasse, 58, à Ixelles. KoLTZ (J.-P.-J.), inspecteur des eaux et forêts, boulevard du Prince, 39, à Luxembourg. Lacroix (E.), gcomètre-cxpert, rue de Pascale, 55, à Bruxelles. Lagasse (A.), pharmacien, à Nivelles. Laloux(H.), avenue Rogicr, 14, à Liège. Lambotte (E.), docteur en mcdeciuc, à Vcrvicrs. Laurent (D.), horliculteur, faubourg du Parc, à Mons. Laurent (Ém.), professeur à l'École d'horticulture de l'État, à Vilvorde. Lebrun (A.), régent à l'École moyenne, à Dinant. Lebrun ( ), docteur en médecine, rue de la Régence, 29, à Bruxelles. Lecover (J.-B.), instituteur a l'École moyenne, à Ath. Lemoine, instituteur en chef, à Gilly. LocHENiES (G.), à Leuze. Losseau (Léon), étudiant à l'Université, rue Joseph Clacs^ à St-Gilles (Bruxelles). Lubbers (L.), chef de culture au Jardin botanique de l'État, rue du Berger, 20, à Ixclles. Mac Leod (L.), professeur à l'Université, chaussée de Bruxelles, 154, à Ledeberg-lcz-Gaud. Magnel, à Bruxelles. Malainvaui) (E.), secrétaire général de la Société botanique de Friincc, rue de Linné, 8, à Paris. — 3fembre à vie. Malcori's (E.), avocat, rue des Ciiariots, à Louvain, Marciial (El.), eouscrvaleur au Jardin botanique de l'Etat, rue Vonck, 5^, à St-Josse-len-Noodc. Martens (Ed.), professeur à ri'nivcrsité, rue Marie-Thérèse, 27, à Louvain. Masclef (l'abbé), professeur au Petit-Séminaire, à Arras (France). 2i3 Massaut (J.), docteur en sciences naturelles, rue Grande- Haie, 65, à Etterbeek. Masson (J,), pharmacien, à Andenne. MicHEELs(H.), professeur au College communal, à Ypres. MiÉGEViLLE (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison (France). — Membre à vie. Minet (A.), instituteur, à Monlignies-sur-Sambre. Mouton (V.), rue d'Archis, 41, à Liège. Noël (A.-L.), contrôleur des douanes en retraite, rue de Hol- lande, 44, à St-Gilles (Bruxelles). Nouille, docteur en médecine, à Flobecq. Nypels (P.), docteur en sciences naturelles, agronome, à Merxem . Paque (E.), professeur au Collège du Sacré-Cœur, à Charleroi. Petit (E.), propriétaire, à Nimy. Pierrot (Ph.), éditeur, à Monlmédy (Meuse. — France). PiERRY (L.), rue Beckman, 22*"% à Liège. Pietquin (L.), secrétaire des Hospices, à Nivelles. Pittier (H.), professeur au Lycée, directeur de l'Observatoire météorologique, à San José (Costa Rica). Poisson (J.), aide -naturaliste au Muséum, rue de BufFon,à Paris. Prrudiiomme de Borre (A.), conservateur-secrétaire au Musée royal d'histoire naturelle, rue Seutin, 11, à Schaerbeek. Puissant (l'abbé P.), professeur au Grand-Séminaire, à ïroy (Etats-Unis). — Membre à vie. Pynaert-Van Geert (Ed.), horticulteur, professeur à l'École d'horticulture de l'État, rue de Bruxelles, 13G, à Gand. Renauld(F.), commandant du palais, à Monaco. Rodigas (Ém.), directeur de TÉcole d'horticulture de l'État, à Gand. Ronflette, docteur en médecine, à Belœil. Rossignol (A.), professeur à l'Athénée royal, à Chimay. 2U RoxrENBURG (V.-II.), pharmacien, rue Haute, 175, à Bruxelles. Rousseau (iMadame E.), rue Vauticr, 20, à Ixelles. RoLv(G.), secrétaire du Syndicat de la presse parisienne, rue Mozart, CO, à Paris. ScHAMBERGER (P.), professcur à rAthénée royal, rue de l'Agneau, 40, à Anvers. ScHMiTz (l'abbé), professeur au Collège N.-D.-de-la-Paix, à Namur. S^chiitz-Loiibric (A.), négociant en vins, quai des Char- Irons, 5, à Bordeaux. Simon (P. -J.), instituteur, à Vezin. Sonnet (E.), préparateur au Jardin botanique de l'Etat, à Bruxelles. SouEiL, ingénieur, à Maredsoux (Denée. — Prov. de Namur). SonoGE(D.), capitaine de gendarmerie, à Mons. Stasse (N.), pharmacien, i-ue de la Cathédrale, b4, à Liège. Stephens (H.), architecte de jardins, rue St-Séverin, à Liège. Stebren, professeur au Collège St-Mathcrne, à Tongres. Straelen-Kempeneers (Madame), à Ilasgelt. Strail (l'abbé Ch.), à Fond-de-Forct, par Trooz. Si;lzberger(R.), étudiant à l'Université, luede la Commune, 64, à St-Josse-ten-Noode. Teirlinck (J.), professeur à l'École normale, rue St-Joseph, 18, Molenbeek-St-Jean . TiiBUwissEN (F.), instituteur, à Lommel (Limbourg). TiBEKGiiiEN (L.), docteur en médecine, rue du Nord, 52, à Rruxelles. To« professeur au Muséum, quai de Béthune, 24, à Paris. Clos (D.), professeur, directeur du Jardin des plantes, à Tou- louse. CossoN (E.), membre de l'Institut, rue de la Boëtie, 7, à Paris. DucHARTRE (P.), aucicn professeur à la Faculté des sciences, rue de Grenelle, 84, à Paris. Jordan (A.), rue de l'Arbre sec, 40, à Lyon. Le Jolis (V.), président de la Société des sciences naturelles, à Cherbourg. AvLANDER (W.), passages de Tcrmopyles, Gi, à Paris. Renault (B.), aidc-naturalistc au Muséum, rue de la Collé- giale, 1, à Paris. HOLLANDE. De Vries (Hugo), professeur à l'Université, à Amsterdam. Oudemans (C.-A.-J. a.), professeur à l'Université, à Amster- dam. SuRiNGAR (N.-F.-U.), professeur à l'Université, directeur du Jardin botanique, à Lcyde. ITALIE. Caruel (T.), professeur, directeur du Jardin botanique, à Florence. Saccardo (P. -A.), professeur à l'Université, directeur du Jardin botanique, à Padouc. ToDARO (T.), sénateur, directeur du Jardin botanique, à Palerme. JAVA. Treub(M.), directeur du Jardin boliini(iU(.', à IJuitcnzorg. 219 ROUMANIE. Brandza (D.), professeur à l'Université, directeur du Jardin botanique, à Bucharest. RUSSIE. Fischer de Waldheim (A.), professeur à l'Université, directeur du Jardin botanique, à Varsovie. Maximowicz (C.-J.), membre de l'Académie des sciences, au Jardin impérial de botanique, à St-Pétersbourg. Regel (Ed.), directeur du Jardin impérial de botanique, à St-Pétersbourg. SUÈDE. Fries (T. -M.), professeur à l'Université^ directeur du Jardin botanique, à Upsal. SUISSE. Christ (H.), rue St-Jacques, 5, à Baie. DE Candolle(A.), cour-St-Pierre, 5, à Genève. Fischer (L.), professeur à l'Université, directeur du Jardin botanique, à Berne. VENEZUELA. Ernst (A.), professeur à l'Université, directeur du Musée national, à Caracas. 220 Liste des Académies, Sociétés savantes^ Revues pcrio^ diques, etc., avec lesquelles la Société échange ses publications. Allemagne. Berlin. — Butanisclier Veroin fiir die Provinz Brandenburg iind die angrenzende Lander. Bonn. — Nalurliistorischer Verein der prcussischen Rhein- lande und Westplialcns. Braiinsweig. — Verein fiir Naturwisscnschaft. Brème. — Naturwissenschaftlicher Verein. Breslau. — Schlesischc Gesellschaft fiir vatcrlandsche Cultur. Carlsruhe. — Naturwisscnschaftliclier Verein. Cassel. — Botanisches Centralblatt. Chemnitz. — i\alurwissenschaftliclie Gesellschaft. Dresde. — Naturwissenschafiliclie Gesellschafl Isis. Erlangen. — Piiysikalisch-medecinische Societat. Giessen. — Oberhessische Gesellschaft fiir Natur- in lleilkunde. Halle. — Lcopoldino-Carolinische deutsche Akademie der Xaturforschcr. Kiel. — Nalurwissenschafthcher Verein fiirSchleswig-Holstein. Kônigsherg. — Konigsliche physikalisch-okonomische Gesell- schaft. Landshul. — Botanischer Verein. Leipzig. — Botanischc Zeitung. Metz. — Société d'histoire naturelle. 0/fenhach A. M. — OfTenbacher Verein fiir Naturkunde. Sonder kausseji. — Thiiringischcr botanischer Verein. Wiesbadeîi. — Nassauischer Verein fiir iVaturkunde. Angleterre. Belfast. — Natural History and Philosophical Society. Edimbourg. — botanical Society. 2-21 Glasgow. — Natural History Society. Londres. — Trimen's Journal of Botany. » Linnean Society. » Royal Microscopical Society. » The Gardeners' Chronicle. Australie et Tasmanie. Hohart'Town, — Royal Society. Sydney, — Linnean Society of New-South Wales. Autriche-Hongrie. Brûnn. — Naturforschender Verein. Budapest, — Musée national dc Hongrie. Graz. — Naturwissenschaftlicher Verein fiir Steiermark. Klausenhurg, — Magyar Novenylani Lapok. Trieste. — L'Amico del Cam pi. T> Museo civieo di storia naturale. » Societa adrialica di scienze naturali. Vienne. — Kais.-Konig. naturhistorisch Museum. )) Kais.-Konig. -Zoologisch-botanische Gesellschaft. Belgique. Bruxelles, — Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts. » Fédération des Sociétés d'horticulture. » Musée royal d'histoire naturelle. » Observatoire royal. » Société belge de géographie. » » belge de microscopic. » » entomologique de Belgique. » » malacologique de Belgique. Dînant. — Cercle des naturalistes dinantais. Fraifonl-Nessonvaux, — Société botanique. 222 Hny. — Cercle des naturalistes hiitois. Mons. — Société des sciences, des lettres et des arts du Hainaut. Verviers, — Cercle des sciences naturelles. Brésil. Rio-de-Janeiro. — Museu Nacional. Canada. Toronto. — Canadian Institute. Danemark. Copenhague. — Botaniske Forening's Kjôbenhavn. États-Unis. Boston. — American Academy of Arts and Sciences. » Society of Natural History. Craw for dmlle. — The Botanical Gazette. Manhattan, — Journal of Mycology. New-Haven — The amcrican Journal of Science. » Transactions of the Connecticut Academy of Arts and Sciences. New-York. — Bulletin oftheTorrey Botanical Club. » New-York microscopical Society. Philadelphie. — Academy of Natural Sciences. St-Louis. — Academy of Sciences and Arts. Saleiu. — Peabody Academy of Sciences. San-Ft^ancisco. — Californica Academy of Sciences. Washiîigton . — Smithsonian Institution. France et Algérie. Alger. — Association scientifique Algérienne. » Société algérienne de climatologie, sciences phy- siques et naturelles, 225 Angers. — Société académique de Maine-et-Loire. » » d'études scientifiques. Annecy. — Société Florimontane. Autun. — Société d'histoire naturelle. Bone. — Académie d'Hippone. Bordeaux. — Société Linéenne. Brest. — • Société Académique. Caeti. — Société Linnéenne de Normandie. Cherbourg. — Société des sciences naturelles. Courrensan. — Société française de botanique. La Rochelle. — Société rochelaise de botanique. Lyon. — Société botanique. » » d'agriculture, sciences et arts utiles. Montpellier, — Société d'horticulture et d'histoire naturelle. Paris. — Bulletin scientifique de la France et de la Belgique. » Feuille des jeunes naturalistes. » Muséum d'histoire naturelle. » Société botanique de France. » Société Linnéenne. Rouan. — Société des amis des sciences naturelles. Sémur. — Société des sciences historiques et naturelles. Toulouse. — Académie des sciences, inscriptions et belles- lettre. » Revue mycologiquc. » Société des sciences physiques et naturelles. Grand-Duché de Luxembourg. Luxembourg. — Institut royal Grand-Ducal. » Société botanique. Hollande. Nimègue. — Nederlandsche botanische vereeniging. 224 Italie. Florence. — Nuovo giornalc botanico ilaliano. Messine. — iMalpigliia. Milan. — Societa italiana di scienze nalurali. Modène. — Societa dei naturalisli. Paler me. — Acadcmia di scienze e lettere. » Giornalc di scienze naturali ed cconomischc. Portici. — R. Scuola supcriore d'agricoltura. Borne. — Iiistitulo botanica di Roma. Venise. — Realc Inslitufo vcncto di scienze, lettere ed arti. •» Nolarisia. Mexique. Mexico. — Socicdad Centifica. Portugal. Coi)nbra. — Sociedade lîroteriana. République Argentine. Buenos Ayrcs. — Acadcmia nacional de ciencias. République de Costa Rica. San José. — Museo national. Russie. Ékatherinbourg. — Sociélc Ouralienne d'amntcurs des sciences naturelles. Ifelsingfors. — Societas pro Fauna et Flora Fennica. Moscou. — Sociélé impériale des naluralistes. Odessa. — Société des sciences naturelles. St-P(''tersl)Oui'(j. — Jardin impérial de botani(|iic. 225 Suèdo et Norwège. Christiania. — Université de Norwège. Lund. — Botaniska Notiser. » Université. Upsal. — Société royale des sciences. Suisse. Frauenfeld. — Thurgauisclic Naturforschende Gesellschaft, Genève. — Société botanique. Lausanne. — Société Vaudoises de sciences naturelles. Suint'GaU. — Naturvvissenschaftlichc Gesellschalt. Sion. — ■ Société Murithienne. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME XXVIL Première partie. Pages. Notice biogra}>hique sur Jean-Jacques Kickx, par Em Rodigas, . 7 Coup d'œil sur l'histoire de la tlore bolgo, par André De Vos. . . 1^ Observaïions algologiques, par É. De Wildeman 'i Rosae Hciveliae. -- Observations sur les Roses de la Suisse, par François Crép m . 81 Observaïions sur quelques faunes d'Algues terrestres epiphytes, par É. De Wildeman ^19 Mousses nouvelles de l'Amérique du Nord,par F.Renauld et J.Cardot 127 Deuxième partie Conseil d'administration pour l'année 1888 '^ Séance meiiiiut'Ue du \i janvier \'!<^^ «* Catalogue des plantes observées aux environs d'Anvers (2<: supplément), par H. Van den Broeck 7 Nouvelles additions à la florule des envirois de Diest, par L. Ghysebrechl Les espèces du genre Trentepoiilia Mart. (Chroolepus Ag.)> par É De Wildeman 22 Séance mensuelle du W février 18S8 2b Quelques réflexions sur la situation actuelle de la botanique descriptive, par François Ciépin 26 Note sur le Nitella syncarpa Ai. Br., par É. De Wildeman. oS Sur le polymorphisme atlribuc à certains groupes génériques, p;ir François Ciépin 57 Séanre mrnsnelle du ÏO meus 1888 ^'^ Examen île quelques idées émises par MM. Burnat elGiemli sur le genre Rosa, par François Crépin '^9 Les études de M. Allen sur les Characéos américaines, par É. De Wildeman 72 Le RosA vir.f.osA de Linné, par François Crépin. ... 7i 2^8 Séiince mensuelle du 7 avril 1888 77 Sur l'ULOTiihix FLACciDA Kûtz. cl Ic Stichococcus bacclaris Nîpp;., pnr É. De Wildeinan 78 Les éludes de M. \V. PfelTcr sur la sonsibilild des végétaux aux substaucos chimiques, par Jean Massarl 86 Novae Uosac descriplio, auctore Fr. Ci'épin Î)G Observations sur les Roses décrites dans le Siipplomenlnni Florae orientalis de Boissier, par François Crépin . . 97 Assemblée générale du 6 mai 1888 .115 Le doctorat en sciences nalurciles et le projet le loi sur l'eii- seigneincnt supérieur, par A. Gravis . ... . 113 Los aliments organi(jues de la levure de bière, par Emile Laurent ... . . 117 Observations sur quoltjucs formes du genre Tut.MEPOHLiA Mart., par É De VVdJeman . ■ 127 Sé'ince cxlrnordinairfi du 2juillt'l ÏSSS .... loi» Description d'une nouvelle Rose asiatique, par Fr. Crépin lit) Sur un nouveau genre (EIansgircix) d'algues aériennes, par J -B. De-Toni . . I;j0 Observations sur le genre Bulhotrichiv Kiitz , par E. De Wildeman 155 Scance mensuelle du iô octobre 1888 136 Notice sur Asa Gray, par Emile Durand ..*... 1^8 Appendice au Nouveau cataloguî des Carex d'Euiope, par le D'- H. Christ IC"> Note sur le Paludella squarrosa Brid., par C. II. Delogne . \i\'(>> Séance tnensuelle du \0 novembre iSSS . .... . . 170 Quelques notes sur les récoltes botaniques t\o M. II. Pittier dans rAinérique centrale, par Th. Durand . . 173 Sur quelques formes du genre TRi-.\TKroiii.iA, par É Do Wil- deman ... . . 178 Sur des lesles de Roses découverts dans les lomlxiiiv de la nécro|»ole d'Arsinoë de Fayouni (Egypte), par Fr. tlrépin . 183 Assemblée générale du '2 décrmhre ÏHSH I8() Ra|)pnrf >ui les tiavaux et la situation Je la Sociél»' en 18S8, pu M .l.-E. Iloinmor, 1S7 n9 Pages. Compte-rendu de la XXVI« herboi'isation de la Société royale de botanique de Belgique, par G. Lochenies .... 190 Manifestation en l'honneur de M. Léon Coomans, trésorier de la Société, à l'occasion du 25^ anniversaire de son entrée en fonctions 204 Lisle des membres de la Société 207 Liste des académies, sociétés savantes, revues périodiques, etc., avec lesquelles la Société échange ses publications .... 220 «HHHm MBL/WHOI LIBRARY lllllili '* ^î ■:k.^t;:iM:mâ'f ^^'a.« ■