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LIBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORATORY
WOODS HOLE. MASS.
LOANED BY AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
Gand, imp. C. Annoot-Braeckman, Ad. Hoste, sucC.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
FONDÉE LE 1" JUIN 1862
TOME VINGT-SEPTIÈME
BRUXELLES
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ
JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT
1888
>^
/1/(.3B
MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
TOME VINGT-SEPTIÈME
PREMIÈRE PARTIE
ANNEE 1888
BRUXELLES
AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ
JARDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT
Cancl Lith. FloriiTiond VanLoc
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR
JEAN JACQUES KICKX,
PAR
ÉM. RODIGAS,
Le 27 mars 1887 fut un jour de deuil pour la Société
royale de botanique de Belgique; elle perdait en la per-
sonne de Jean-Jacques Kickx, l'homme sympathique et
aimable, le savant estimé et modeste que les suffrages
unanimes de ses confrères appelèrent à trois reprises à la
présidence de la Société. Ses travaux botaniques, son
enseignement universitaire et plus encore la bonté de son
cœur et le tact délicat qui marquaient ses rapports avec
chacun lui avaient conquis l'affection de tous les membres
de la Société; aussi est-il regretté sincèrement de tous
ceux qui ont eu l'occasion d'apprécier l'étendue de sa
bienveillances, l'élévation de son caractère, la générosité
de ses aspirations, sa foncière honnêteté.
Jean-Jacques Kickx naquit à Gand le 27 janvier 1842.
De bonne heure il montra une grande prédilection pour
les plantes et les fleurs; enfant il passaitde longues heures
au Jardin botanique dont son père était le directeur; il
n'avait pas douze ans que déjà son petit herbier de plan-
8
tes indigènes était l'objet de Taltention des amis de son
père. L'étude des sciences naturelles était comme un
héritage paternel, son père, son grand père — car il
était le troisième du nom de Jean Kickx — et même son
aïeul maternel occupèrent un rang distingué parmi les
naturalistes de leur temps. Il fit ses humanités au collège
Ste-Barbe et fut un des plus brillants élèves de Tl^niversité
de Gand. A 21 ans, il obtint le diplôme de docteur en
sciences avec la plus grande distinction.
En 1864, nous le trouvons à l'Université de Bonn, en
même temps qu'un autre naturaliste gantois, cœur d*élite
et esprit supérieur lui aussi, Eugène Coemans dont il fut
l'ami intime et qui fut un des fondateurs de notre Société.
Son intelligence habituée déjà aux investigations scienti-
fiques, se développa davantage sous l'impulsion de ses
maîtres, Hermann Schacht, Julius Sachs et Carl Andrae
qui guidèrent dans des voies nouvelles ses études de phy-
siologie et de paléontologie végétale. 11 sut bientôt mériter
leur amitié et leur garda de son côté un respectueux et
cordial attachement. Dix ans plus tard, j'ai eu l'occasion
de faire avec Kickx une excursion sur le Rhin; j'ai revu
avec lui Bonn et ses instituts, ses jardins, ses plantations
séculaires et ses superbes paysages, et je me rappellerai
toujours le bonheur avec lequel il salua ces lieux où il
passa quelques mois de sa jeunesse et le plaisir qu'il ma-
nifesta en retrouvant ses anciens professeurs qui lui firent
l'accueil le plus sympathique, car les sentiments de son
âme se lisaient dans ses yeux et le sourire quittait rare-
ment son mâle visage en présence de ceux qu'il connais-
sait intimement.
KiCKX n'eut pas le temps de terminer à Bonn les études
spéciales qu'il y commença. Comme Edouard Morren, qui
l'a précédé d'une année dans la tombe, lui aussi dut
prendre immédiatement la place de son père dans l'ensei-
gnement universitaire. Le 21 octobre 1864, peu de
semaines après la mort inopinée de son père, il fut chargé
du cours de botanique à l'Université de Gand. Malgré son
jeune âge, il s'acquitta de sa mission avec un talent
incontestable. Il était né pour l'enseignement. Ses vues
élevées, la clarté de son discours, sa diction simple et tou-
jours élégante, son esprit méthodique, la sûreté et l'éten-
due de son savoir lui donnèrent dès le premier jour et lui
conservèrent par la suite un réel ascendant sur son audi-
toire. Il n'est pas étonnant que trois ans plus tard, le
7 octobre 1867, le Gouvernement le nommât professeur
ordinaire et directeur du Jardin botanique; il n'avait pas
trente ans quand il fut promu à l'ordinariat. C'était le
29 septembre 1871. Ses élèves l'entouraient de respect et
de sympathie; ils savaient qu'il leur était profondément
et complètement dévoué. C'était avec un soin de toutes
les heures qu'il préparait ses leçons, ne négligeant rien
pour rendre son enseignement fécond et pour se tenir
sans cesse à la hauteur de tous les progrès réalisés dans le
vaste domaine de Tanatomie et de la physiologie végétales.
C'est même cette préoccupation constante qui l'a empêché
de publier un plus grand nombre de travaux. Consacrant
à ses cours la majeure partie de son temps, trop bon fils
et trop bon père pour ne pas donner aussi quelque place
aux pieux devoirs de la famille, il ne pouvait plus guère
trouver assez de loisir pour songer à publier les résultats
de ses observations et de ses recherches. Néanmoins, la
piété filiale lui permit de publier Toeuvre de son père, la
Flore cryptogamique des Flandres^, qui a fait connaître
(1) Deux volumes gr. in-S", 1867. Annoot-Braeckman, Gan4.
10
favorablement les deux auteurs. Dès 1864, il avait fait
paraître dans le Bulletin de notre Société une notice,
due également à son père, sur Les Renonculacées du lit-
toral belge. L'esprit d'observation du jeune botaniste perce
nettement dans son Analyse du Handbuch der Expérimen-
tal-Physiologie der Pflanzen du professeur Jllius Sachs ;
la première partie de ce travail, la seule publiée(l), fut
accueillie avec faveur parles spécialistes. En 1865 l'Aca-
démie royale des sciences de Belgique publia dans ses
Bulletins sa Note sur les Ascidies tératologiqiies, ainsi que
sa Monographie des Graphidées de Belgique qui le plaça au
premier rang des cryptogamistes et donna la mesure de
ce qu'il aurait produit si le temps ne lui avait fait défaut.
Ses recherches sur L'Organe reproducteur du Psilotum
triquetrum S\v., publiées en 1870 par la même compagnie
savante, constituent un travail remarquable malgré sa
concision. La Monographie des Sphenophyllum d'Europe
qu'il élabora à Bonn avec Eugène Coemans et qui parut
en 1864, est la meilleure de ses œuvres. Du reste,
aimant la science pour elle-même, il s'en montra toujours
un zélé promoteur et loin d'être jaloux des travaux des
autres, il leur venait volontiers en aide. Ne l'avons-nous
pas vu traduire le Traité sur la Formation des Cellulesi^),
du professeur STRASBURGER,d'léna, et associer modestement
son nom à celui de ce jeune savant? Enfin son discours
rectoral sur La patrie des plantes et leurs migrations (5),
le seul qu'il ait pu faire, est une étude à la fois philoso-
phique et charmante dont la lecture est des plus attrayan-
(1) Dans le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique.
(2) Vol. in-8% 300 pp., avec 7 planches. léna, Hermann Dabis, 1876.
(3) Gand, Annoot-Braeckman, Ad. Hoste suce, 1886.
11
tes. Elle dénote chez l'auteur cet esprit calme et paisible
qui sait trouver dans les œuvres duCréaleurune imposante
unité malgré la diversité qui les caractérise, Tesprit large
et élevé du véritable savant.
Homme consciencieux, bienveillant et juste, esclave du
devoir, tel fut Jean Kickx dans ses écrits comme dans les
diverses fonctions dont il fut investi. Sous sa direction, le
Jardin botanique deGand s'améliora d'une manière visible
et s'augmenta d'un institut où les élèves étaient guidés dans
leurs études pratiques et avaient à leur disposition les
appareils microscopiques les plus perfectionnés. Il savait
combien la situation de ce jardin est défectueuse et s'occu-
pait sans cesse du projet de son déplacement devenu indis-
pensable. Ce déplacement fut sa dernière préoccupation.
Quant à l'École d'horticulture dont la direction lui fut
confiée le 30 septembre 1871, le lendemain de sa promo-
tion à Tordinariat, elle n'a fait que prospérer et grandir
sous son impulsion. Durant les seize années que nous
avons vécu à ses côtés, mes collègues et moi, nous avons
appris chaque jour à apprécier la noblesse de son carac-
tère, sa loyauté, son esprit de justice, sa grande bonté.
Dans son projet de transfert du Jardin botanique, l'École
d'horticulture avait une large place : pour elle aussi il
rêvait des installations mieux comprises et plus complètes,
des locaux dignes des résultats auxquels il mena cet établis-
sement. Simple et modeste de sa nature, sans avoir jamais
brigué les honneurs, il se souvenait que son dévouement
à l'École d'horticulture lui valut une récompense natio-
nale (^) et il aurait voulu, en retour, assurer un champ
(1) Leo janvier 1876, J.-J. Kickx fut nommé chevalier de l'Ordre de
Leopold en sa qualité de directeur de PÉcole d'horticulture.
12
plus vaste à cette institution. Mais la mort ne lui a pas
laissé le temps de réaliser son projet.
En i88o, la première atteinte de la maladie qui devait
l'emporter le mit à deux doigts du tombeau. Remis en
apparence, il accepta, après de longues hésitations, la
lourde charge du rectorat de l'Université de Gand, alors
qu'il aurait eu besoin d'un absolu repos; aussi la joie de
ses collègues et de ses élèves qui le virent reprendre ses
fonctions professorales fut de bien courte durée. Une
rechute survenue à la fin de 1886 et aggravée en janvier
1887 fit naître les plus vives angoisses. Lui seul ne déses-
pérait pas. Le 14 janvier il voulut reprendre les cours
qu'il avait été obligé d'interrompre; l'air était chargé d*un
brouillard glacial; malgré les prières des siens, il alla
péniblement à son auditoire et pâli par la souffrance, il
donna à ses élèves une leçon..., ce fut la dernière. Il
rentra chez lui, épuisé, pour ne plus se relever. Il lutta
cependant contre la maladie (1) jusqu'à la fin, mais il lutta
en athlète chrétien, trouvant dans sa foi si pure et si vive
un admirable courage et une espérance illimitée. « Sans
doute(2), quand brusquement le voile se déchira pour lui,
que l'avenir lui parut sombre et la mort prochaine, lors-
qu'il entrevit la séparation d'avec ceux qu'il aimait d'une
si vive tendresse, ses études abandonnées, ses projets
universitaires perdus; lorsque, dans la pleine maturité de
l'âge, il sentit le sol tout à coup s'abîmer sous ses pas,
il dut avoir des heures d'inexprimable angoisse. Mais
KicKX avait en la Bonté suprême une confiance inébran-
(1) Une néphrite chronique.
(2) Discours prononcé à l'Université, lors des funérailles de J.-J. Kickx,
par M. Alb. Càllier, pro-recteur.
13
lable. Le cœur saignant et déchiré, il s'inclina avec la
sérénité d'un sage et la résignation d'un chrétien, l'œil
fixé sur cet Infini qui allait s'ouvrir pour lui, n'ayant plus
de pensée ici-bas que pour la compagne dévouée qui avait
fidèlement porté avec lui le poids de la vie; pour ses
enfants, qui étaient sa joie, son orgueil, le but de ses
pensées; pour l'Université qu'il avait bien servie, qu'il
regrettait de ne pouvoir servir encore. L'agonie avait déjà
commencé, que son cœur était resté doux et calme, sa
mort même nous donnant ainsi, au seuil de l'Eternité,
un dernier et admirable exemple d'égalité d'âme, de bonté
paisible et ferme. » Le dimanche 27 mars 1887, à 9 h. 30
du matin, il s'éteignit doucement, sans secousse, en
souriant comme en un dernier sommeil.
Ses funérailles eurent lieu le 30. Dès la veille au soir
le corps avait été transporté au grand vestibule de l'Uni-
versité où des élèves de toutes les facultés veillèrent toute
la nuit. Une foule énorme d'amis étaient venus du pays
entier pour rendre un pieux hommage à la mémoire du
défunt. Toutes les autorités étaient présentes ainsi que des
délégations des Universités de Bruxelles, Liège et Louvain,
de la Société royale de botanique de Belgique, de la
Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, du
Cercle d'arboriculture de Belgique. Le corps professoral
de l'Université de Gand et celui de l'École d'horticulture
étaient au grand complet. Le catafalque disparaissait sous
les couronnes de fleurs. Des discours furent prononcés à
l'Université par M. Alb. Callier, pro-recteur, au nom de
rUniversité; par M. Swarts, au nom de la Faculté des
sciences; par M. Ém. Rodigas, directeur intérimaire, au
nom de l'École d'horticulture; par M. Fr. Crépin, au nom
de la Société royale de botanique de Belgique; par M. le
u
comte DE Kerchove de Denterghem, au nom de la Société
royale d'agriculture et de botanique; enfin par un étudiant
au nom des élèves de la Faculté des sciences.
Le cortège quitta l'Université à 10 h. Un détachement
de la garnison rendait les honneurs militaires. Les délégués
des étudiants escortaient le corps. Les cordons du poêle
étaient tenus par MM. les directeurs Beco, Greyson et Car-
tuyvels, délégués des Ministres de Tlnsiruction publique
et de TAgriculture; Callier, pro-recteur de l'Université
de Gand; Rodigas, directeur intérimaire de l'École d'hor-
ticulture; Wasseige, recteur de l'Université de Liège.
Suivaient les bannières en deuil des étudiants, une longue
file de couronnes parmi lesquelles celle de la Société royale
de botanique de Belgique, les fils du défunt, les profes-
seurs de l'Université et ceux de l'École d'horticulture, les
autorités, les étudiants de TUniversité, les élèves de
l'École, les amis. La vaste et belle église de St-Jacques
était trop petite pour contenir l'assistance. A midi le
cortège se remit en marche pour le cimetière de Mont-St^
Amand, lieu de sépulture de la famille. Une foule
recueillie saluait respectueusement le cortège sur tout
son passage. C'est que Jean Kickx était aimé et estimé de
tous ceux qui le connaissaient.
Ses confrères de la Société royale de botanique seront
heureux de retrouver en tête de cette notice les traits du
Président auquel ils témoignèrent tant de fois leur sympa-
thie et dont nous pouvons dire ce qu'il écrivit ici-même (1)
au sujet d'EuGÈNE Coemans : « Il était bon et plein de
douceur, modeste, modéré et agréable dans ses discours.»
Une auréole de vénération entourera sa mémoire qui
restera gravée dans nos cœurs.
(1) V. Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, tome X
(1871), p. 125.
COUP D'ŒIL
SUR
L'HISTOIRE EE LA FLOEE BELGE
PAR
André DE VOS.
Au moment où notre Société royale de botanique vient
de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa fonda-
tion, il nous paraît utile et intéressant de jeter un regard
en arrière pour nous assurer des progrès que Tétude de la
flore indigène a faits dans notre pays. Ces progrès ne peu-
vent être constatés que par la comparaison des travaux
que nous ont laissés nos devanciers avec ceux que relate
notre Bulletin ou qui sont dus à l'initiative privée.
Nous avons peu de renseignements à puiser dans les
ouvrages des botanistes de la renaissance, parce que la
connaissance de notre flore nationale était pour eux seule-
ment utilitaire et technique. Ce n'est guère que vers la fin
du siècle dernier qu'un esprit spéculatif et essentiellement
scientifique anima les écrits de nos botanistes. Dodonée,
De l'Escluse et De l'Obel citent incidemment et de loin en
loin quelques-unes de nos plantes indigènes et rarement
avec les lieux où elles croissaient de leur temps. Ils préfé-
raient décrire les plantes introduites récemment d'Améri-
que et des Indes dans les jardins d'Europe; ils semblent
16
même témoigner de l'indifférence pour les modestes végé-
taux de nos contrées, hormis pour ceux que l'on employait
dans la médecine, l'économie et les arts. C'est seulement
dans la dernière moitié du dix-huitième siècle que nous
voyons apparaître les ouvrages traitant exclusivement de
la végétation indigène.
L'examen des flores de la période de rénovation de la
botanique en Belgique parues de 1800 à 1850, pourrait
faire croire que la population végétale de notre pays a
sensiblement diminué, mais il faut bien tenir compte de
ce fait, que nos aînés n'ayant aucune notion de géographie
botanique, admettaient comme indigènes, non seulement
des plantes à peine naturalisées, mais encore des espèces
acclimatées qui n'apparaissaient qu'un moment hors des
cultures. Pour eux, tout ce qui n'était pas sous l'influence
immédiate de l'homme était inscrit dans leurs flores et
décrit au même titre que les espèces réellement indigènes.
Bien peu de ces Aoristes signalaient la patrie de ces végé-
taux étrangers. De tels procédés dénotaient ou leur igno-
rance de la flore des autres régions de l'Europe, ce qu'on
ne peut supposer, car leurs bibliothèques devaient renfer-
mer les grands ouvrages de botanique, ou plutôt, ne
serions- nous pas dans le vrai, en disant que, peut-être par
un amour propre national dont beaucoup de botanistes
sont d'ailleurs imbus, ils voulaient que leur pays ne fut
pas moins riche en végétaux que les contrées limitrophes.
Cette manie d'exagération a été entr^autre portée à un
point extrême par Ch. Van Hoorebeke qui n'a pas craint
d'inscrire au catalogue des plantes indigènes de la Flandre
une foule d'espèces exotiques alpines, pyrénéennes, médi-
terranéennes qui évidemment ne pouvaient croître dans
notre plat pays et que pour plusieurs nous doutons même
i7
avoir été cultivées au Jardin botanique de Gand où le pré-
tendu savant a préparé ses fameux herbiers primés quatre
fois cependant dans les concours solennels de sa ville
natale, d'après ce que nous rapporte Dumortier.
Bien de fausses indications sont mentionnées dans nos
anciennes flores. Elles paraissent provenir des points
suivants :
1« La plupart de nos vieux botanistes manquaient de
science, de livres et leurs herbiers n'étaient pas contrôlés
par les maîtres; ils avaient peu de relations avec leurs
voisins ou négligeaient de correspondre avec les savants
de leur époque. Mais il ne faut pas les accuser trop légè-
rement d'ignorance : ils appartenaient à un siècle où
l'étude de la botanique était en décadence dans notre
pays. On vivait un peu alors de la gloire et de l'éclat que
les pères de la botanique belge, Fuchs, Dodonée, Clu-
sius, Lobelius, avaient jeté sur les fastes de nos premières
annales scientifiques, et il ne convient pas, à nous, qui
profitons de leurs travaux, et parce que nous appartenons
à une époque brillante de rénovation, de trouver mau-
vais ce qui a été fait par nos prédécesseurs. Payons plutôt
un juste tribut de reconnaissance aux Roucel, aux
Lejeune, aux Hocquart et aux Dumortier, dont les
ouvrages, au point de vue qui nous occupe, bien entendu,
c'est-à-dire à la connaissance de la distribution de nos
espèces indigènes, rendent encore d'importants services
aujourd'hui.
^1° Les botanistes de la fin du siècle dernier et ceux du
commencement du siècle actuel attachaient une très
faible importance à la distribution géographique des
espèces. En même temps qu'ils ne se faisaient pas scru-
pule, dit notre confrère Th. Durand, de mettre sur
2
18
le même pied des plantes parfaitement indigènes et
d'autres dont la présence dans notre pays était purement
accidentelle, ils négligeaient presque complètement d'in-
diquer d'une manière précise les endroits où ils avaient
récolté leurs plantes, se contentant de termes vagues, tels
que les suivants : In arenosis Flandriae; — In oleraceîs
totius Belgii, etc., et cela pour une espèce qui en 50 ans
n'a été observée que dans deux ou trois localités de la
Belgique. Aujourd'hui, une réaction salutaire s'est pro-
duite, et l'on est aussi difficile pour accorder des lettres
d'indigénat ou de naturalisation à une plante que l'on
était complaisant autrefois pour les accueillir.
\lais à cette époque, les grands ouvrages qui ont
illustré les noms d'Alph. de Candolle, de Lecoq, de
Thurmann et de tant d'autres savants n'avaient pas encore
vu le jour et la géographie des plantes était d'un intérêt
très secondaire. Aujourd'hui que l'attention des auteurs
est fixée sur cette partie de la science, tout Aoriste
qui négligerait de se conformer aux lois de la distribution
des espèces et accueillerait légèrement les plantes exo-
tiques, limitrophes ou suspectissimae cives, serait vu de
mauvais œil. Si nos anciens botanistes ont péché sur
ce point, ils ne sont guère coupables d'avoir été à
rencontre des lois d'une science peu connue ou à peine
établie de leur temps et c'est à nous qu'est imposé le
devoir de corriger les fautes de nos aînés.
C'est notre honorable confrère, M. Fr. Crépin, qui
a le premier étudié la distribution raisonnée des espèces
végétales sur notre sol, dans les diverses éditions de
son Manuel de la Flore de Belgique et dans ses nombreux
opuscules.
Nous avons également contribué à cette réforme par
19
notre mémoire sur les Plantes naturalisées ou introduites
en Belgiquei^) et enfin le présent travail jette une vue
d'ensemble sur les anciennes et les nouvelles publications
dans ce qu'elles offrent de plus remarquable sur la distri-
bution de nos plantes.
5° Nos vieux auteurs ont eu le grand tort de ne pas visiter
souvent et avec soin toutes les parties du pays dont ils
désiraient donner les productions; plusieursméme signalent
cette lacune dans la préface de leurs ouvrages. Souvent la
précipitation qu'ils ont mise à publier leurs écrits ne leur
a point permis de se livrer aux observations directes et
exactes, si nécessaires en botanique. Avant de faire paraître
leurs flores, florules ou catalogues raisonnes, les auteurs
devraient se pénétrer du conseil suivant donné par
M. Alph. de Candolie [Géogr. bot., p. 257) : « On trouve,
dit-il, dans les flores locales de provinces, de cantons,
beaucoup de livres médiocres et inexacts. Chacun après
avoir herborisé dans son canton, s'est cru autorisé à en
publier la flore; sans posséder les livres déjà existants,
sans avoir des herbiers qui lui permettent de comparer
ces plantes avec celles dps pays voisins, il a affirmé, sans
certitude, que telle plante était inédile ou portait tel nom;
de là une foule d'erreurs de nomenclature introduites dans
la science et très difficiles à déraciner, vu la mauvaise
forme donnée à ces flores locales. » Voilà un sage avis
applicable tout à la fois aux anciens et aux modernes.
4» Beaucoup de renseignements erronés fournis d'une
façon trop vague par des amateurs peu sérieux que nos
(1) Voir : A. De Vos, Les Plantes naturalisées ou introduites en Bel-
gique in Bull. Soc. bot., IX, 1870, p. S-i22.
20
anciens auteurs admettaient de bonne foi, sans leur faire
subir un contrôle sérieux, ontaussi vicié plusieursouvrages:
ce n'est pas par des on dit qu'on peut satisfaire une science.
5" Enfin, comme nous l'avons déjà dit plus haut, le
désir de faire plus et mieux que ceux qui les avaient pré-
cédés, poussaient nos premiers Aoristes à augmenter le
nombre d'espèces de leur pays par l'adjonction de plantes
exotiques ou de formes à caractères insignifiants, voulant
démontrer peut-être par là que leurs recherches avaient
été actives et nombreuses. Une statistique sérieuse, basée
sur Texpérience de longues années, prouve que la Belgique
nourrit à peu près 1500 phanérogames et cryptogames
supérieures : ce serait une vanité puérile d'avancer que
nous possédons 3000 plantes indigènes, comme on a déjà
voulu le prétendre. Sur ce point, nous nous plaisons à
citer les paroles de notre confrère et ami M. Fr. Crépin,
avec lequel nous sommes d'ailleurs en communion d'idées :
« Souvent, dit-il, les Aoristes sont portés à grossir leurs
catalogues avec des espèces introduites, afin d'enrichir la
Aore de leur province. Aujourd'hui, que des idées plus
larges et plus rationnelles ont cours, il faut qu'on se dé-
pouille de cette malheureuse manie de Aores gonAées de
richesses d'emprunt et qu'on n'énumère plus comme
indigène que ce qui est vrai, à Tabri des soupçons, qu'on
rejette à titre d'espèces introduites toutes ces plantes exoti-
ques qui viennent dénaturer le vrai caractère de nos
Aores. Quand un pays est pauvre, qu'on le laisse pauvre et
qu'on ne lui attribue pas des objets qui ne lui appartien-
nent réellement pasl^).»
(t) Matériaux pour sei^vir à t^ histoire de la géographie botanique de la
Belgique (Bull. Soc. bot., Ilf, p. 73).
^21
D*aiilre part (Bull. Soc. bot., IV), le même boianisie
ajoute : « Pour ce qui concerne la Belgique, j'ai sup-
primé un assez grand nombre d'espèces dites indigènes
qui traînaient dans nos livres et qui depuis longtemps
n'avaient plus été observées. Bon nombre d'entre elles
n'avaient du reste été introduites dans nos flores que par
suite de mauvaises déterminations ou sur la découverte
de rares individus trouvés dans des localités suspectes.
Trop souvent, le désir d'enrichir son canton ou sa pro-
vince, fait fermer les yeux au Aoriste et lui fait placer,
parmi les types indigènes, des plantes plus que douteu-
ses et dont même il n'a récolté qu'un seul pied. On doit
se mettre en garde contre cette faiblesse et ne jamais
comprendre parmi les espèces incontestablement autoch-
tones ces échappées des jardins... Malheureusement,
beaucoup de rédacteurs de florules n'ont que des idées
très obscures sur la géographie botanique. Pour eux, tout
ce qui ne croit pas exclusivement dans les jardins est
plantes sauvages, et si des objections leur sont faites sur
ces prétendues plantes indigènes, ils les écartent avec
une assurance qui témoigne d'une profonde ignorance sur
la distribution des plantes. » Pour en finir avec ce point,
qu'il nous soit permis de reproduire les conclusions d'un
article que nous avons publié dans le Bulletin de notre
Société (1). Nous écrivions alors : « Si nos anciens Aoristes
avaient été plus scrupuleux sur le choix des renseigne-
ments relatifs à la dispersion des espèces végétales sur
notre sol, s'ils avaient eu quelques notions de géographie
(1) Etude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la Mon-
tagne Si- Pierre (Bull. Soc. bot., XI, 1872, p. 198-23S).
22
botanique, nous ne verrions pas aujourd'hui tant d'indi-
cations fausses, tant de confusions dans nos flores, car si
l'on devait en croire certains de nos auteurs, le Midi et
l'Orient auraient fait invasion dans le Nord ou plutôt
notre contrée serait presque aussi riche que ses voisines
plus méridionales, tant est grand le nombre de plantes
étrangères qu'on a voulu faire croître dans nos provinces.
Ces Aoristes étaient animés du désir de produire de gros
ouvrages où devaient s'étaler le nom d'une foule d'étran-
gères de simple passage sous nos climats. Voulaient-ils
par là montrer que la végétation de notre pays n'a rien à
envier à celle de certaines autres contrées plus favorisées
de la déesse des fleurs, et croyaient-ils sincèrement qu'en
parlant de ces choses éphémères qui n'ont paru qu'un
jour sous notre froid soleil, ils s'étaient annexé pour tou-
jours une végétation destinée fatalement à s'évanouir
aussitôt son apparition.
Nous n'avons pas pris pour mission dans notre travail
d'examiner la partie phytographique de nos anciens ou-
vrages. Ce n'est pas la place ici de dire si telles espèces
créées par nos auteurs sont bonnes ou défectueuses :
nous réservons cette question pour un avenir prochain ;
nous ne voulons non plus parler des méthodes qu'ils
employaient pour arriver à la connaissance des végétaux.
Nous tenons à cette seule chose : savoir si toutes les
plantes dont il a été parlé dans nos flores sont réellement
indigènes, et si elles le sont, les trouve-t-on encore ?
C'est en élaguant toutes ces inutilités qui n^ont que trop
longtemps traîné dans nos livres depuis la fin du siècle
dernier jusqu'au commencement de Tépoque actuelle,
que les auteurs de notre lemps sont parvenus à reconsti-
tuer la vérité sur le dénombrement de notre population
23
végétale. En cela, nous avons suivi l'exemple de nos
voisins d'Allemagne et de France qui n'ont pas craint de
saper dans leurs vieux auteurs, au risque de voir dimi-
nuer le nombre des pages de leurs nouvelles flores. C'est
ainsi que Schûbler et Martens ont retranché de la flore
Wurtembergeoise plus de 2S0 espèces, qu'Hagenbach en
a exclu 50 de celle de Bale, Grenier plus de 50 de celle
du Doubs qui y avaient été signalées à tort par les pre-
miers observateurs. C'est ainsi encore que, plus récem-
ment, Cosson et Germain de St-Pierre ont fait à très juste
titre disparaître de la flore parisienne plus de 80 espèces
qui y avaient été introduites avec une incroyable légèreté.
« Je me rappelle encore, dit Thurmann, le temps où avec
toute l'ardeur des premières herborisations et toute la
foi candide in verba magistri, je cherchais très sérieuse-
ment et non moins inutilement aux environs de Paris, des
espèces, telles que Phleum alpinum, Phyteuma betonicae-
folium, Gentiana nivalis ! Je dois cependant dire que ma
foi ne fut pas de longue durée et qu^une première excur-
sion dans les montagnes m'eut bientôt ouvert les yeux. »
Avec les ouvrages de nos anciens Aoristes belges seule-
ment, à combien de déceptions ne serions-nous pas en
butte également ! Ainsi Roucel dit que le Trifolium al-
pestre n'est pas rare aux environs de Bruxelles et de Lou-
vain, et, à son exemple, plusieurs de nos floristes con-
temporains l'ont signalé dans nos régions des plaines.
Cette espèce n'est pas belge et on a dû prendre pour tel
le T. medium. Et VHutchinsia petraea qui, pour le même
botaniste est fréquent vers Malines, Gand, Anvers, Ter-
monde et Alost, n'est-ce pas le très vulgaire Teesdalia
nudicaulis ? Faut-il prendre au sérieux les indications
fantaisistes de Van Hoorebeke qui a voulu nous faire
24
croire que la froide et humide Flandre jouissait du ciel
bleu de l'Italie et possédait le chaud soleil du Midi.
Voyez plutôt ses interminables listes de Linaria, Are-
naria, Helianthemum, Erica. Voyez donc croître en
Flandre les Graminées les plus méridionales, des Micro-
pus, Phlomis, Ferula, Trigonella! Mais ce serait déjà
merveille de voir Tune de ces exotiques venir faire son
apparition sur nos beaux rochers calcaires de la Meuse où
elle pourrait trouver une station propre à sa convenance.
Mais qu'on trouve en Flandre, Cypripedium Calceolus,
Isatis alpina, Alyssum spinosum, Euphorbia portlandica,
c'est plus qu'invraisemblable, et tout nous porte à croire
que Van Hoorebeke herborisait au Jardin botanique
de Gand. Et dire qu'à une certaine époque, on a
daigné prendre ces renseignements au sérieux, puisque
Lejeune et d'autres encore ont reproduit ces singulières
trouvailles dans leurs ouvrages. Pour l'honneur de Pémi-
nent botaniste verviétois, nous sommes disposé à croire
plutôt qu'il n'a consigné ces indications que pour mieux
en montrer le ridicule, car le plus souvent, il faisait suivre
les renseignements fournis par l'herbier de Gand, du
terme d'exclusion : Dubii cives.
Devons-nous dire aussi du mal de l'abbé Hocquart
d'Ath? Mais ses contemporains ne tenaient guère sa science
en haute estime, s'il nous est permis de croire la petite
méchanceté suivante écrite de la main même de A.-L.-S.
Lejeune et que nous copions de la première page d'un
exemplaire de la Flore du département de Jemmape qui a
fait partie de la bibliothèque du savant liégois. Il dit :
c Dans cet ouvrage, l'imagination a remplacé l'obser-
vation. Voilà comment on doit se fier aux Flores pour
l'indicat des plantes. » C'est sévère, mais juste, car, à
25
notre tour, nous demanderons à Hocquart s'il a jamais
rencontré dans le Hainaul : Crassiila andegavensis, Sene-
cio Doria, Crataegus Azarolus, autre part que dans son
jardin. Où sont ces belles habitations de Melampyrum
cristatum, Linaria genisti foliar Euphorbia nicaeensis,
E. segetalis et Ranunculus gramineus?
Et vous, Lejeune, si sévère envers les autres, où
trouve-t-on donc encore ces rarissimes espèces que vous
signalez? Vos Iris, vos Sedum sauvages proviennent sans
doute de votre parterre; vos Medicago si nombreux in
fimetiSy in quisquiliis secus Vesam, vos Centaurea, ne sont
que des intrus qui sont venus mourir sur les déchets
de laine. Mais ces généreuses laines ont gonflé votre Flore
tout comme les ballots de vos compatriotes marchands.
Lejeune a tout trouvé dans ces débris de l'industrie
drapière et Verviers est un petit port Juvénal. A pro-
pos de laine, nous aimons à rappeler qu'en 1872, nous
avons reçu pour les déterminer, de notre confrère, feu
Laboulle, de beaux pieds de Mulgedium macrophyllum
qui avaient crû dans une prairie voisine de Verviers.
Magnifique trouvaille, diront certains botanistes. Bonne
espèce (canadienne, bien entendu) à ajouter à la flore
belge. Pour Dieu, non ! Cette pauvre plante a passé comme
toutes les tilles adoptives de Lejeune, comme ses Lotus
aristatus, Senecio sqiialidus, Centaurea phrygia et pani-
culata qui ont à peine fleuri à Verviers, mais n'y ont pas
mûri leurs graines. Si toute cette colonie d'exotiques
égarées a disparu ou si l'une d elles ne s'est montrée
qu'à de rares intervalles, elles ont été remplacées par
une cohorte non moins nombreuse que nous signalent
MM. Fonsny et Collard. Jusqu'à la date de 1885, ils ont
observé aux alentours de Verviers : Tagetes patula L.,
26
T.erectaL.y Aster Uni folhis L., Pyrethrum macrophyllum
Willd., Scutellaria Columnae Ail., Ammi Visnaga Lamk.,
Sedum hybridum L., 5. stoloniferum Gm., 5. hispanicum
L.fAlyssum maritimumDC, Reseda Phyteuma L., Paro-
nychia argentea Lamk., Amarantus albus L., Euxolus
deflexis Raf., Chenopoditim anthelminticum L., C. am-
brosioides L., Roubicoa multifida Moq., Bromus madri-
tensis L., fi. Schraderi Kunth, Stipa intermedia Trin. et
Rupr., Polypogon litoraleSm.yOplismenus ColonusKunih,
Cyperus vegetus Willd.
Évidemment, ces fleurs d'un jour subiront le sort de
leurs aînées pour être remplacées par d'autres aussi
rebelles à Tacclimatation.
Nous demanderons également à Dumortier s'il a jamais
rencontré sur le territoire belge, hors des terrains soumis
à Taction directe de l'homme, les espèces suivantes qu'il
indique dans son Prodrome : Stipa pennata, Phleum alpi-
num, Androsace septentrionalis, Cyclamen hederae folium,
Rosa fraxinifolia, Lilium croceum, Trigonella caerulea,
etc. Ce savant a attaché son nom à de remarquables tra-
vaux, mais il a mal fait de dédaigner la géographie
des plantes et d'admettre trop légèrement dans notre
flore bien des espèces qui doivent en être écartées. A
ce point de vue, Dumortier appartenait à la vieille
école, mais il a vécu cependant assez longtemps dans
la nouvelle pour savoir que la géographie botanique est
une science aussi positive que n'importe quelle autre
science naturelle, plus positive à coup sur, dit notre ami
J. Chalon, que la phytogénie de M. Fermond qui a
essayé de mettre la plante en équation et de résoudre les
mystères de sa croissance comme un problème d'algèbre,
qu'elle ne peut être qualifiée de roman, comme cela a été
27
dit dans une réunion de notre Société de botanique,
tenue aux ruines du château de Gerolstein en 1872,
qu'elle est d'ailleurs l'essence immédiate et la philosophie
de l'herborisation.
Une très curieuse étude à faire serait de contrôler au
moyen de nouvelles recherches les découvertes faites par
nos anciens Aoristes, en laissant toutefois de côté les
erreurs, les fausses indications que nous venons de signaler
et l'on ne rechercherait que ce qu'il est vraisemblablement
possible de retrouver. Quelle satisfaction nos jeunes bota-
nistes n'éprouveraient-ils pas en recueillant une plante
à la même place où Hécart l'observait en 1780, Roucel en
1792, Lejeune en 1811, Kickx en 1812 et Hocquart en
1814! Cette plante est bien plus précieuse que toute autre,
car elle éveille de vieux souvenirs qu'on aime à se rap-
peler, et combien l'on est heureux de revoir les choses de
la nature, toujours belles et éternellement jeunes, un
siècle après leur découverte !
Nous entendons souvent nos confrères se plaindre de ce
qu'il n'y a plus rien à faire dans notre petit pays au point
de vue des excursions botaniques. Ils prétendent que tout
a été découvert, observé, et qu'il est inutile de se déranger
pour explorer des champs d'herborisation battus et rebat-
tus. Il est possible qu'il n'y ait plus rien de nouveau à
trouver ou du moins il est rare de rencontrer aujourd'hui
une espèce nouvelle pour la Belgique. Mais, side ce côté,
les recherches commencent à s'épuiser, d'un autre, il serait
intéressant de livrer à un nouvel examen les documents
que nous ont légués nos devanciers : on y trouverait une
mine inépuisable d'étude au point de vue de la statistique
florale ancienne.
Nous ne croyons pas exagérée Topinion de notre hono-
28
rable confrère, M. Fr. Crépiii, quand il déclare (') qu'il
faut tenir pour douteuses toutes les indications ayant de
vingt à trente années de date et ne plus les citer dans les
flores modernes qu'à titre de données historiques. Il nous
reste, ajoute-t-il, à revoir ces anciennes localités et à recon-
naître ce que le temps et les circonstances ont respecté. Si
nous tenons pour vrai ce qui vient d'être dit, a fortiori, le
travail s'impose-t-il pour un laps de temps de plus d'un
siècle. C^est donc à cette révision que nous convions tous
nos confrères de la Société botanique et nous nous adres-
sons spécialement aux jeunes adeptes de la science qui
pourraient former entre eux une espèce d'association ayant
pour but spéciall'élude de l'archéologie de la flore belge.
Ils verront de curieuses observations se produire, s'ils
comptent exactement le nombre de plantes disparues, avec
la cause de ces disparitions, s'ils notent les localités où on
ne les revoit plus avec celles où elles auront pu reparaître,
s'ils tiennent compte de leur fréquence ou de leur rareté
comparées à celles des temps passés, enfin s'ils s'assurent
au moyen des anciennes cartes de De Tlsle et de Ferrari
des modifications que notre sol a éprouvées depuis les
siècles passés. Les grands centres classiques des herbori-
sations des anciens seront surtout l'objet de leurs soins et
il leur sera d'ailleurs facile de se tracer un programme.
Ainsi pour retrouver les plantes de Roucel, il faudra par-
courir à nouveau la contrée située entre Alost et Bruxelles,
les environs de Gand, d'Anvers et les bords de la mer.
Pour celles de Lejeune, on reverra attentivement les envi-
rons de Verviers, de Spa, de Malmedy et de Maeslricht.
Notre confrère, M. Th. Durand, a déjà publié un travail
(1) Bull. Soc. bot., il, 1863, p.U.
29
préparatoire à ce sujet(l). Les principaux points des
recherches de Hocquart étaient Mons, Ath, Tournai et
Chimay. Kickx a vu les environs immédiats de Bruxelles,
son fils ceux de Louvain et les Flandres. Dekin et Passy
ont étudié la végétation de l'arrondissement de Bruxelles.
Dumortier a herborisé un peu partout, mais surtout aux
environs de Tournai, dans les Ardennes et sur le littoral.
On pourra nous objecter que tous ces pays ont été explo-
rés avec une miiiutie que nous nous plaisons à dire remar-
quable, mais un coup d'œil jeté sur nos anciennes flores
prouvera qu'on est encore bien loin d'avoir revu tout ce
qui a été observé autrefois.
Ce travail de révision étant fait, on pourra établir pour
chaque plante ce que nous voudrions pouvoir nommer son
état civil. La présence en Belgique d'une espèce donnée
étant fournie par le plus vieil auteur consulté, on énumé-
rera ensuite Tordre chronologique des découvertes subsé-
quentes. De celte manière, on trouvera en quelques lignes
la biographie de toutes nos espèces rares ou intéressantes
et l'on pourra ainsi s'assurer des péripéties qu'elles ont
subies par la suite des temps.
Nous ne pourrions assigner une limite fixe d'arrêt à la
partie archéologique de notre flore, mais il nous paraît
raisonnable de faire subir un nouveau contrôle aux décou-
vertes qui ont eu lieu antérieurement à l'année 1860,
époque vers laquelle une nouvelle génération de bota-
nistes commença à explorer notre sol avec un zèle digne
d'éloges, et par le réveil qu'ils donnèrent à l'étude de
notre flore, ils rachetèrent le temps perdu depuis 1830,
car, il faut bien l'avouer, cette période a manqué de tra-
(1) Catalogue de la Flore liégeoise (Bull. Fédér. Soc. d'hort. 1877).
30
vailleurs et a été peu productive en ouvrages sur la bota-
nique indigène. Dans la 1"^^ édition de son Manuel (ISQO),
M. Crépin signale déjà une phalange d'une quarantaine
d'Iierborisateurs et ce nombre s'augmenta bientôt grâce à
la propagande faite par les principaux adeptes de la
science. Un besoin d'association se fit alors sentir et les
botanistes belges qui, jusqu'à ce jour, avaient agi isolé-
ment, et voulant imiter notre devise nationale, se consti-
tuèrent en Société, le 1*=' juin 1862. Il nous semble donc
naturel que c'est vers cette époque que doit finir la série
ancienne de l'étude de notre flore.
Dans le travail de révision qui s'impose, il faut cepen-
dant bien se garder d'une élimination trop précipitée. Si
l'on doit reconnaître beaucoup d'erreurs dans les anciennes
indications, il est bon aussi de ne pas oublier que bien des
espèces ont disparu des localités où elles existaient par
suite de défrichements, aménagements forestiers, dessè-
chement des marais, travaux de routes, de voies ferrées,
démolition même d'anciens édifices en ruine, etc. A l'appui
de ces paroles, citons quelques exemples empruntés à
d'autres pays. Ainsi, aux environs de Strasbourg, selon
Kirschleger, une quinzaine d'espèces signalées autrefois
par Mappus, Lindern et Hermann, manquent aujourd'hui ;
aux environs de Bale selon Hagenbaeh et Roeper, c'est le
cas pour 30 ou 40 plantes ; aux environs de Genève, sur
une quarantaine de celles qui n'ont pas été retrouvées par
Renter, un certain nombre ont probablement disparu;
plusieurs des espèces indiquées par Lachenal aux environs
de Montbéliard et de Porrentruy ne s'y trouvent plus;
parmi celles que de Besses et Chantrans avaient signalées
dans le Jura bisontin et qui n'ont pas été revues par
Grenier, il en est très probablement un certain nom-
31
bre qui y ont vécu anciennement; enfin, il en est sans
doute de même de quelques-unes au moins des pseudo-
wurtembergeoises de Scbûbler et Martens. II y a donc
évidemment dans ces contrées, tout autant que pour la
nôtre, et défalcation faite des anciennes erreurs, un cer-
tain nombre de végétaux qui y ont disparu et qui forment
selon l'expression de Roeper, Tarchéologie de la flore.
Mais encore à cet égard, ne faut-il pas trop se hâter d'éli-
miner, car nos flores modernes fournissent des faits curieux
qui prouvent que des espèces longtemps inobservées, sont
retrouvées de temps à autre par des chercheurs attentifs.
Tel est, par exemple, le cas du Spiranthes aestivalis exclu
d'abord de nos flores belges actuelles et qui a dû y être
ensuite réintégré, par suite de la découverte qui en a été
faite en Campine par nos confrères, MM. Baguet et de
Prins, en 1870 et par M. Verheggen en 1874, trois quarts
de siècle après son indication par Dossin et Lejeune dans
la même contrée.
Au contraire, des espèces qui n'existaient pas à Tépoque
des premiers observateurs, ont souvent apparu dans un
pays. Les mêmes modifications artificielles du sol qui ont
détruit la station de certains végétaux, ont créé des com-
binaisons nouvelles propres au développement des graines
importées du dehors ou longtemps enfouies dans la terre.
De là ces apparitions frappantes qui ont donné lieu à tant
d'hypothèses et de controverses sur ralternance, l'épuise-
ment des terres, les générations spontanées, etc. Indépen-
damment de ces causes sociales, des agents de dispersion
purement naturels paraissent avoir importé certaines
espèces ou étendu Paire primitive de plusieurs autres.
En 1860, on constate l'apparition de YElodea canadensis
Rich, aux environs de Gand, sans doute à la suite de son
32
introduction par Scheidweiler en 1858, mais, chose éton-
nante, en quelques années, on le rencontre en grande
abondance dans presque toutes les mares et les fossés
bordant les fleuves et les rivières de la Belgique. Au com-
mencement du siècle, VErigeron canadensis L. paraissait
très rare en Belgique : Roucel n'en parle pas, Dekin et
Passy l'indiquent vaguement aux environs de Bruxelles,
et, en 1810, il ne croissait pas à Verviers , puisque
Lejeune déclare l'y avoir semé. Au temps de Roucel, le
Corydalis lutea DC. était seulement cultivé et ce n'est
qu'en 1824 que Lejeune le signale hors des jardins : on
sait combien celte plante s'est naturalisée depuis lors sur
nos vieux murs, mais en 1856, Lejeune et Courtois,
notent encore les localités où ils l'ont observée.
Si nos anciens botanistes revenaient un jour dans les
lieux qui furent les témoins de leurs pérégrinations scien-
tifiques, ils verraient que bien des changements s'y sont
opérés, car on ne peut croire ce qu'un siècle apporte de
bouleversements dans le sol d'une contrée. Là où s'éta-
laient de grands bois, se trouvent des champs de blé et les
marais ont fait place à des prairies fertiles. Les vastes
tourbières d'Uytbergen et de Beriaere que Roucel a visi-
tées souvent, n'existent plus; le lac de Stambruges, que
Hocquart qualifiait du nom de mer est desséché et devenu
une sapinière, et le camp de Casteau, jadis une lande
stérile entrecoupée de bruyères, est livré à la culture.
Les environs des grandes villes se sont surtout profon-
dément modifiés. Où sont aujourd'hui ces plantes rares
que Roucel et Kickx ont récoltées sur les remparts de
Bruxelles, entre les portes de Hal, de INamur et de Schaer-
beek? Depuis le commencement du siècle, la vallée de la
Vesdre a été parcourue par des botanistes qui l'ont fouillée
33
jusque dans ses moindres recoins. De 1800 à 1840, sa
végétation a été étudiée par une génération, maintenant
disparue, et dont les découvertes ont été consignées dans
trois ouvrages de Lejeune, demeurés classiques. Ce savant
et ses collaborateurs, nous dit M. Th. Durand, ont signalé
dans cette vallée 1000 espèces dont 887 ont été retrouvées
à nouveau depuis 1855. Ces pertes que la flore a subies,
ne peuvent être attribuées qu'aux envahissements de la
culture et à l'établissement des fabriques et des usines qui
couvrent aujourd'hui le pays. Il n'est pas jusqu'à l'Ar-
dennCj dit 31. Crépin, qui semblait être à jamais le refuge
de notre flore, qui ne voie chaque année un large pan de
ses bois et de ses landes livré à la charrue. Enfin, nos
beaux rochers de la Meuse, si riches par leurs rares et
jolies plantes saxicoles, tomberont bientôt sous le pic et la
mine du carrier. L'œuvre est déjà commencée aux portes
de ^amur et dans quelque temps on ne retrouvera plus
aux Grands-Malades \qs Orohanche Hederae, Spiraea Fill-
pendilla, Parietaria officinalis, Dianthiis Carthusianorum,
indiqués dans les Flores de Mathieu et de Bellynck et le
Calamintha menthifolia que Roucel y renseigne en 1803.
C'est le cas de dire avec le poète : tout s'en va! car l'agri-
culture et l'industrie, les deux plus grandes ennemies du
botaniste herborisant, ne lui laisseront bientôt plus le
moindre espace pour se livrer à ses études de prédilection.
Si déjà nous déplorons les envahissements ordonnés par
les nécessités de l'économie rurale, que restera-t-il aux
botanistes de l'avenir pour leur champ d'exploration?
Les provinces belges qui ont subi le plus de changements
sont les Flandres, le Brabant et le nord du Hainaut et du
pays de Liège : leurs cultures qui se développent de jour
en jour ravissent à la flore indigène l'aspect qu'elle avait
u
primitivement. Ces améliorations agricoles ont changé les
conditions naturelles du sol et, par suite, altéré la première
végétation. A une flore native y a succédé une flore arti-
ficielle. Les plantes messicoles indiquées par les anciens
ne se retrouveront sans doute plus aux localités qu'ils
signalent, mais il faut quand même les rechercher aux
alentours, dans le canton, car ces plantes, sans se natura-
liser à demeure fixe, continuent à séjourner dans les
endroits qui ont été rendus favorables à leur dispersion.
Parmi les causes de destruction des plantes, la plus
puissante et la plus efficace sont les défrichements et les
modifications de tout genre apportées aux terres, qui sont
le cortège ordinaire de la civilisation. On connaît les
doléances de tous les herborisateurs à cet endroit : un
champ trop bien entretenu, les bords d'un chemin débar-
rassés de leurs mauvaises herbes sont pour eux des sujets
d'inquiétude envers des plantes rares qu'ils craignent de
voir compromises. Un de nos confrères conserve avec un
soin jaloux une belle station de Lithospermum officinale,
plante rare pour son pays, malheureusement placée aux
bords d'un fossé et qu'un importun cultivateur fera dis-
paraître un jour. Certaines espèces, comme le Ribes uva-
crispa, ont déserté nos plaines, pour se réfugier dans les
parties montagneuses; d'autres, sans disparaître complète-
ment, ont reculé devant l'agrandissement des cultures.
Une autre cause de destruction, spéciale aux régions où
la botanique a été cultivée avec honneur, c'est l'avidité des
herborisateurs pour les plantes rares dont ils récoltent
parfois de très nombreux exemplaires. Il en est même
qui détruisent à dessein ce qu'ils ne peuvent emporter
d'une plante après s'en être abondamment fourni. Nous
avons longtemps herborisé avec un botaniste qui, après
3S
sa provision faite du rarissime Anacamptis pyramidalis,
détruisait le reste.
Enfin, d'autres plantes ont failli devenir victimes des
horticulteurs, des peintres de fleurs, de simples curieux,
comme cela a eu lieu aux environs de Spa où l'on dessine
avec beaucoup d'art les plus beaux types de la flore indi-
gène sur les boîtes en bois de marronnier qui sont une
des spécialités du commerce spadois. Nous regrettons
encore aujourd'hui avoir fait connaître la riche station du
si joli Orchis simia des bois rocailleux de Monial, dont
on ne rencontre plus qu'un rare pied à de longs inter-
valles, les peintres s'en étant emparés et les amateurs de
Dînant s'étant fait depuis lors, chaque année, des bou-
quets de cette plante rare et curieuse.
Voilà toutes choses auxquelles on doit avoir égard dans
la recherche des plantes qu'on voyait autrefois si répan-
dues, que parfois même les anciens signalaient comme
plantes communes, alors qu'aujourd'hui on ne les observe
plus ou on les rencontre en si petite quantité.
Ces considérations générales étant finies, nous allons
maintenant procéder à une analyse succincte des publica-
tions tant anciennes que modernes relatives à la flore
indigène.
Nous passerons sous silence les écrits de nos auteurs du
XVP siècle qui n'ont presque pas parlé de nos plantes
belges, ayant traité exclusivement la flore exotique, et, des
ouvrages suivants, nous ferons une mention spéciale de
ceux qui pourront nous fournir quelques indications sur
la dispersion des espèces végétales en Belgique.
Le plus ancien qui nous ait été signalé est un traité
anonyme publié à Namur en 1710 sous le titre suivant :
Trois lettres d\in médecin des hôpitaux du roi à un autre
36
médecin de ses amis. Cet ouvrage est de François Petit ou
Pourfour du Petit, né à Paris en 1664, élève de Tourne-
fort et médecin des armées françaises de 1693 à 1713.
Ce fut en cette qualité qu'il vint en Belgique où il résida
surtout, paraît-il, à Namur et à Ruremonde, La troisième
lettre de cet ouvrage renferme une critique sur les trois
espèces de Chrysosplenium des Instituts de Tournefort;
trois nouveaux genres de plantes et plusieurs espèces
innommées. Il y donne en outre les noms des localités
belges où il a rencontré une dizaine de plantes rares.
N.-J. JNecker (1729-1793) est Fauteur de la première
flore des Pays-Bas; elle a paru en 1768 sous le nom de
Deliciae Gallo-Belgicae sylvestris et est disposée suivant le
système linnéen : on y trouve surtout les plantes des
environs de Lille et de Douai, plus quelques espèces ren-
contrées entre Dunkerque, Nieuport et Ostende. Cet auteur
s'est beaucoup occupé de la flore cryptogamique de notre
pays.
Le baron de Poederlé (1742-1813), ricbe amateur de
sylviculture, a fait paraître en 1772 son Manuel de Carbo-
riste et forestier belgiques dans lequel nous avons trouvé
quelques bonnes indications sur nos végétaux ligneux
indigènes.
En 1780, l'abbé Gabr.-Ant.-Jos. Hécart a écrit son
Florae Hannoniensis Prodromus qui n*est qu'un simple
catalogue de 17 pages énumérant 863 phanérogames et
299 cryptogames qu'il a observées principalement dans le
Hainaut belge et le Hainaut français. On voit même qu'il
a poussé ses recherches vers Namur et surtout vers Givet
et Fumay. Ce manuscrit avait été préparé en vue de
répondre à la question suivante posée en 1792 par l'Aca-
démie des sciences de Bruxelles : Quelles sont les plantes
37
propres à la Belgique? Ce travail n'a de valeur que parce
qu'il est le premier document qui traite avec une certaine
étendue de notre flore indigène. Il donne les stations et
les habitations des plantes : Hocquart, Desmazières et
Michot Font souvent copié. Ce fut seulement en 1836 que
Hécart se décida à faire imprimer à Valenciennes sa
Florida H annoniensis, qu'\, sïiuf quelques nouvelles plantes,
n'est que la reproduction de son Prodrome. Déjà, en 1798,
il avait résolu de donner le jour à cette Florule qui, dit-il
dans son introduction, était le résultat de 52 années de
recherches et d'herborisations, mais comme il n'était pas
encouragé par l'administration (?) et que sa fortune ne lui
permettait pas de publier l'ouvrage à ses frais, il dut
renoncer alors à son projet. Son manuscrit ayant été perdu
par le peu de soin ou l'infidélité d'un commissionnaire, il
n'en serait resté aucune trace, s'il n^en avait donné le
Prodrome à Dumortier, lequel l'a offert au Jardin bota-
nique de Bruxelles où nous avons pu le consulter. C'est
sur l'invitation du savant botaniste lournaisien qu'il se
décida à éditer sa flore en 1836. Quelques extraits
de sa préface méritent d'être cités parce quails marquent
bien les idées de l'auteur. Il dit que s'il avait voulu
grossir son volume, il aurait ajouté des noms de plantes
et de localités qu'on lui a désignées, mais il n'y a laissé
entrer que celles qu'il a trouvées lui-même ou que
Dumortier lui a envoyées. Il déclare qu'aucune de ses
indications ne sont idéales et il donne les plantes comme
ayant été trouvées aux lieux signalés. Il fait aussi obser-
ver qu'il n'a point admis toutes celles qu'il trouvait dans
les livres, par la connaissance qu'il a eue de l'infidélité
des boianophiles qui ont indiqué des plantes dans des
localités où elles n'ont jamais existé! Il en était paraît-il des
38
botanistes de son temps comme de ceux de l'époque qui
Font suivi, puisqu'il dit qu'il en est parmi eux qui s'attri-
buent les découvertes des autres, de sorte que si ces
derniers ont commis des erreurs, ils les ont adoptées, parce
qu'ils ont ignoré que c'étaient des erreurs. Il leur
attribuerait volontiers, fait-il remarquer avec une certaine
pointe de malice, ce que Linné dit du botanophile qu'il
distingue soigneusement du véritable botaniste. Après
avoir énuméré les qualités de ce dernier, le grand maître
ajoute : « Botanophili fallaces, ephebi, hisquitallientes :
leges artis proclamant, antequàm naturalem didicere
absonos extollunt, praestantiores rodunt zelo stomachoso,
compilant furtim aliéna, propria vix detegunt. Grano
eruditionis reperto stentorii ebuccinant. Methodum natu-
ralem sibi notam crêpant. Genera arbitraria esse asser-
vant. » [Syst. veg.)
II nous'a été impossible de nous procurer le manuscrit
de Havart intitulé : Recueil des plantes trouvées dans les
environs de Mons et qui date de 1782.
F. -A. Roucel (173b-1851) né en Allemagne de parents
belges, vint s'établir à Alost en 1767 comme officier de
santé. Le mémoire [Adversaria botanica) qu'il envoya en
réponse à la question posée par l'ancienne Académie, en
1788, sur les plantes des Pays-Bas autrichiens dont il n'a
été fait mention dans aucun auteur, ne fut pas publié par
cette association : il obtint cependant un accessit nous dit
Dumortier. Roucel le fit imprimer en 1792 sous le nom de
Traité des plantes les moins fréquentes qui croissent naturel-
lement dans les environs des villes de Gand, d' Alost,
de Termonde et de Bruxelles. C'est pour ainsi dire le
fondement de la flore belge, car avant lui il n'y avait pas
dans le pays un seul ouvrage imprimé qui donnât quelques
39
notions sur les végétaux indigènes. Dans son introduction,
Roucel dit qu'il a herborisé 20 ans aux environs des villes
précitées et que ses herborisations lui ont procuré 27
espèces de plus que les auteurs qu'il a pu consulter
n'avaient pas connues ou qu'ils avaient regardées comme
étrangères. En 1803, Roucel étend le rayon de son domaine
floral et décrit les plantes de la Belgique occidentale ou
du bassin de l'Escaut, dans un ouvrage en deux volumes
ayant le litre de : Flore du Nord de la France. Ces publica-
tions nous sont fort précieuses à cause des renseignements
détaillés et circonstanciés fournis par Tauteur sur les
localités où il a trouvé ses plantes.
Le chevalier A. de Rozin, compatriote et disciple de
Linné, que les hasards d'une vie errante avaient conduit
à Liège où il fut professeur de botanique à l'École centrale,
publia en 1791 une espèce de catalogue descriptif de la
flore liégeoise sous le titre de : Herbier portatif des plantes
qui se trouvent dans les environs de Liège. C'est le premier
herbier dont le texte ait été imprimé. L'auteur y décrit
50 plantes, entr'autres une forme peu remarquable de
VAdoxa Moschatellina qu'il nomme A, leodiensis : son
ouvrage est si peu scientifique qu'il ne suit pas même le
système de son maître, car il range ses espèces par ordre
de floraison. De Liège, Rozin vint ensuite s'établir à
Bruxelles où il devint secrétaire de la Société d'histoire
naturelle fondée en 1795; il fut également membre de la
Société libre des sciences et des arts établie dans la capitale
en 1799 et président de la Société de littérature; en pré-
sence de ces titres, l'on voit que ce naturaliste de peu de
valeur ne manquait jamais une occasion de se mettre en
évidence.
Il a également publié dans le n» de janvier-février 1796
40
de VEsprit des Journaux, dont il était un des rédacteurs,
un petit article de 10 pages intitulé: Coup d'œil botanique
sur les environs de Bruxelles. C'est le récit de ses herbo-
risations aux alentours de cette ville, principalement au
bois de la Cambre, à Forest et à Laeken et il cite comme
fait curieux la culture du Platanthera bifolia par le comte
Van der Stegen-de Putte, ancien bourgmestre (amman)
de Bruxelles (1794) et président de la Société d'histoire
naturelle, laquelle avait pour occupation principale l'étude
de la botanique, « la science la moins cultivée jus-
qu'alors dans les Pays-Bas » disent les statuts de celte
association. Van der Slegen a publié un Guide du natu-
raliste, une traduction en français du Système de Linné et
il existe de lui en outre un catalogue des plantes qu'il a
obervées aux environs de Bruxelles (176S), manuscrit que
nous n'avons pu consulter malgré nos démarches.
En 1797, il fonda le Jardin botanique de la capitale et
l'École centrale du département de la Dyle le compta
comme professeur d'histoire naturelle.
La Statistique des Deux-Nèthes ouvre l'ère des publica-
tions botaniques du XIX° siècle en Belgique : elle fut
présentée le 1" germinal an X (1802) par le préfet d'Her-
bouville au Ministre de l'Intérieur de l'Empire français et
renferme le catalogue des plantes de ce département qui
formait, comme on le sait, la plus grande partie de la pro-
vince d'Anvers. Ce travail, préparé par Ad. Dekin, fut
également présenté par lui à la Société d'émulation
d'Anvers et inséré au 1" volume, p. 195 des _4c^es de
cette association. Il renferme à peu de choses près les
plantes de la Flora Bruxellensis dont nous parlerons plus
loin.
On conserve dans la bibliothèque de l'université de
41
Liège un manuscrit de F. -E. Dossin (1772-1852) intitulé:
Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans le
département de VOurthe et dans quelques endroits circon-
voisins. Outre les plantes de la province de Liège, Fauteur
y fait figurer plusieurs autres qu'il a recueillies en Cam-
pine, vers Lanaeken et Pitersheim. Lejeune y a fait un
grand nombre d'emprunts pour la rédaction de sa Flore,
bien qu'il ne cite pas le pharmacien liégeois au nombre
de ses collaborateurs et c'est seulement dans sa Revue qu'il
le mentionne. M. Th. Durand, qui a la religion des vieux
souvenirs, a fait paraître l'œuvre de Dossin dans notre Bul-
letin (XIV, p 49) sous le titre de Reliquiae Dossinianae.
En 1808, G. -F. Edwards a publié dans le Bulletin de la
Société d'agriculture du département de la Lys le tableau
des plantes indigènes de ce pays, à Texception des arbres
et des champignons. Ce catalogue est loin d'être aussi
consciencieux que celui qui a été fait par Dekin pour le
département des Deux-Nèthes.
La partie orientale de la Belgique a été explorée d'une
façon remarquable par A.-L.-S. Lejeune (1779-1 858) qui
peut être considéré, à juste titre, comme le père de la
flore belge. En 1806, chargé par le préfet Desmousseaux
de faire, d'après la méthode de de Jussieu, le tableau du
règne végétal du déparlement de l'Ourthe, il remplit cette
tâche avec honneur. Ce travail le prépara à la publication
de sa Flore des environs de Spa dont la première partie
parut en 1811 et la seconde en 1813. On voit dans cet
ouvrage figurer non seulement les plantes du pays de
Liège, mais encore plusieurs du Hainaut communiquées
par Hocquart, et d'autres, plus nombreuses, des Flandres,
des environs d'Anvers et de Bruxelles. Ces dernières
provenaient de Roucel qui, à cause de son grand âge et
42
ne se trouvant plus en état de donner un supplément à sa
Flore, communiqua ses notes à Lejeune en 1809. C'est
ainsi que l'on voit un ouvrage, qui primitivement ne
devait donner que la florule d'une province, étudier pres-
que toute la végétation de la Belgique, et encore le titre
même ne rend-il pas la pensée première de Fauteur,
mais il a cru devoir lui donner cette forme, dit-il, parce
que Spa est une ville très connue qui reçoit chaque année
la visite d'un grand nombre de savants et d'amateurs de
la belle nature. Ce travail est rempli d'observations nou-
velles, de critiques pleines d'érudition, et bien qu'ancien,
il mérite d'être étudié encore de nos jours; il est resté
classique et le temps ne lui a rien ôté de sa valeur. Nous
avons les mêmes éloges à faire de sa Revue de la Flore de
Spa, parue en 1824 et surtout du Compendium Florae
Belgicae qu'il publia de 182S à 1856 en collaboration avec
R. Courtois. Comme la botanique belge s'était en quelque
sorte personnifiée dans le nom du savant verviétois, c'est
vers lui qu'affluaient les renseignements de tous les points
du pays; aussi le voyons-nous obligé de donner un titre
plus général à son troisième ouvrage.
La Flora Bruxellensis de Jean Kickx père (1775-1831),
pharmacien et professeur de botanique àl'Ecole de méde-
cine de Bruxelles, est un livre érudit, précieux pour la
synonymie ancienne et qui mérite d'être encore consulté
aujourd'hui pour les indications précises qui aideront
beaucoup les botanistes à retrouver les plantes citées aux
localités qu'il signale. Les herborisations de ce savant n'ont
guère dépassé la banlieue de la capitale.
Ad. Dekin, d'origine française, qui fut successivement
sous-chef à l'instruction publique, directeur du Jardin
botanique, du Musée central de minéralogie et profes-
45
seur à l'École de médecine de Bruxelles, publia en 1814,
en collaboration avec son compatriote A.-F. Passy, la
Flora Bruxellensis, qui n'est qu'un simple catalogue de
1175 plantes observées surtout dans le Brabant. Les
auteurs citent souvent les bruyères de Bonheyden et de
Rymenan près de Malines que nous engageons d'explorer
à nouveau, bien que nos confrères MM. Wesmael, Pire et
Muller y aient retrouvé plusieurs plantes rares.
L'abbé L.-F.-J. Hocquart (1760-1818), principal et
professeur de botanique du collège d'Ath, a fait paraître
en 18141a Flore du département de Jemmape, où il décrit
plus de 1500 plantes composant son herbier et qu'il dit
avoir récoltées particulièrement sur les rochers de Chimai,
dans les carrières de Tournai, Antoing et Soignies, dans
les forêts de la Thiérarche, les Fagnes, les bois de Mons,
d'Havre, de Baudour et de Frasnes, dans les bruyères de
Slambruges, de Casteau et de Péruwelz, mais comme les
devoirs du professorat ne lui laissaient que le temps des
vacances pour se livrer à la recherche des végétaux, il n'a
pu visiter les cantons de Lessines, Braine-le-Comte, Pâtu-
rages, Merbes-le-Chàteau et Enghien. Ces indications
pourront servir de programme pour les excursions que nos
confrères hennuyers auraient à entreprendre dans leur
province, car, il faut bien Pavouer, les renseignements de
leur compatriote devront être soumis à un nouvel examen,
ainsi que nous l'avons dit plus haut.
En 1817, Hocquart fit hommage du supplément manus-
crit de sa flore à la Société d'agriculture et de botanique
de Gand; dans sa dédicace, il annonce 50 plantes nou-
velles pour son pays et dont il devait la connaissance pour
plusieurs d'entre elles à Nyst, qui les avait récoltées aux
environs de Mons. L'herbier de Hocquart se composait de
44
8 volumes in-folio et après la mort de son auteur, il entra
en possession de Delbecq, secrétaire de la Société susdite
jusque 1840, pour passer ensuite entre les mains de feu
notre confrère J.-B. Franqui, professeur à l'Université de
Bruxelles, qui changea le caractère de Texsiccata en en
renouvelant les étiquettes.
Bien que H.-J.-P. Nyst (1780-1840) n'ait rien publié
sur notre flore indigène, son nom doit cependant prendre
place dans notre revue, à cause de l'importance de son
herbier. En raison de ses fonctions dans la garantie des
matières et ouvrages d'or et d'argent, Nyst fut sujet à plu-
sieurs déplacements. C'est ainsi que nous le voyons habiter
successivement JVIaestricht, Middelburg, Arnheim, Mons
et Bruxelles où il fut même nommé directeur du Jardin
botanique à la mort de Dekin. Il a été le collaborateur de
nos anciens Aoristes, Lejeune et Dumortier. Ses collec-
tions sont entrées dans l'herbier belge du Jardin botanique
de l'État. Nous exprimons le désir de voir les objets de ses
découvertes recherchés attentivement, parce que nous
doutons quelque peu de la justesse de plusieurs de ses
observations.
Les avis sont unanimes sur le compte des herbiers
fabriqués par Ch.-Jos. Van Hoorebeke (1790-1821),
pharmacien à Gand et qui se trouvent déposés au Musée
de l'Université, ainsi qu'à la Société botanique et d'agricul-
ture de la dite ville.
Tous deux portent le titre d'Herbier de la Flandre
Orientale, bien qu'on y rencontre la presque totalité des
végétaux exotiques cultivés à cette époque (1813-1819)
au Jardin botanique de la cité gantoise et dont Van Hoore-
beke était l'un des directeurs. J. Kickx qui a eu le temps
de les examiner à loisir dit qu'ils renferment beaucoup de
45
plantes mal déterminées; il a même déclaré à M. Crépin
(NoteSy V, p. 98) que le botaniste gantois apportait
la plus insigne mauvaise foi dans la rédaction de ses
étiquettes et avait placé dans ses exsiccata un grand
nombre de spécimens de plantes exotiques accompagnés
de stations flamandes, enfin que la grande majorité des
plantes rares indiquées dans les Flandres par cet amateur
n'y avaient jamais été rencontrées. Les curieuses trou-
vailles de celui qu'on n'a pas craint de nommer un farceur
et même un homme déloyal sont consignées dans l'ouvrage
suivant publié en 1817 par J.-H. JVIussche (1765-1834) :
Hortus Gandavensis ou Tableau général de toutes les plantes
exotiques et indigènes cultivées dans le Jardin botanique de
la ville de Gand, avec Vindication des lieux oit elles
croisssent spontanément et en particulier celles qui habitent
la Flandre Orientale. Nous citons avec intention ce titre
dans toute son étendue. Ce livre nous dit qu'à cette
époque, on cultivait dans le Jardin botanique de Gand
970 genres et 4108 espèces de plantes. Au point de vue
horticole, cet ouvrage est très précieux, parce qu'il
présente la statistique des végétaux étrangers cultivés
alors dans notre pays. Mais pouvons-nous en dire autant
du tableau des plantes indigènes? Nous désirerions répon-
dre affirmativement pour sauvegarder l'honneur scien-
tifique de ces deux botanistes gantois, mais tous les
témoignages sont en leur défaveur : les lois de la géogra-
phie des plantes d'abord, puis Tavis de savants autorisés
et compétents. Nous savons ce qu'en pensait Kickx.
Écoutons ce qu'en dit Dumortier qui, comme Lejeune et
d'autres, cite cependant quelquefois les données de Van
Hoorebeke. « Mussche, savant botaniste, présente dans
son Hortus le tableau des plantes observées par lui dans
46
la Flandre orientale, ainsi que celui des plantes indiquées
par Van Hoorebeke, auquel il prêtait ainsi l'appui de
son incontestable mérite. Il est fâcheux que la science
ait alors été induite en erreur par de fausses indications
de naturalilé. Le premier, nous avons signalé nos doutes
à cet égard, et malgré toutes les dénégations qui nous
furent faites alors, malgré toutes les critiques qui nous
furent adressées pour n'avoir pas voulu croire à la natu-
ralité de toutes les espèces indiquées, le temps est venu
prouver qu'on ne peut regarder comme indigènes à la
Flandre beaucoup de plantes que Van Hoorebeke préten-
dait y avoir rencontrées. » [Discours in Bull. Soc. bot.,
I, 1862).
L'opinion de Mussche (Introd. H. Gand.) sur le compte
de son confrère était irop intéressée pour que nous la
fassions bénéficier en sa faveur. Il le proclame un bota-
niste non moins modeste qu'instruit et ajoute qu'il s'est
occupé avec une rare sagacité et une infatigable persé-
vérance à donner au Jardin botanique de Gand une
collection raisonnée et détaillée de toutes les plantes
qui croissent spontanément dans la Flandre orientale.
Mais ne sommes-nous pas plutôt en droit de supposer que
Van Hoorebeke pour préparer ses herbiers et Mussche
pour rédiger son catalogue de plantes indigènes, se sont
aidés des travaux de leurs devanciers, particulièrement
de ceux de Roucel, de Lestiboudois et de Lejeune, ainsi
qu'il est facile de s'en assurer. Ils ont choisi dans ces
auteurs les plantes qu'ils ont cru pouvoir habiter dans
leur pays; aussi n'est-on pas étonné d'observer aujourd'hui
en Flandre plusieurs des espèces qu'ils indiquent. Il ne
faut pas cependant conclure de là qu'on peut ajouter
foi à leurs données, le hasard ayant été en leur faveur
plutôt que leurs recherches.
47
En juin 1821, Van Hoorebeke, lança le prospectus d'une
Flore de la Flandre orienlale ou description des plantes qui
y croissent spontanément. II est heureux que pour l'hon-
neur de la science botanique en Belgique, la mort soit
venue le surprendre cette année-là, ce qui fît que son
projet ne reçut pas d'exécution, car à quoi aurait bien pu
servir l'impression de ce tissu d'erreurs, d'inexactitudes et
de faux renseignements, sinon à dérouter les chercheurs
consciencieux de l'avenir. L'auteur, guidé par un senti-
ment d'orgueil incompréhensible et prétendant faire plus
et mieux que ses devanciers, avance que les Necker, les
Lesiiboudois, les Roucel n'avaient pas découvert toutes les
richesses végétales de sa province et que leurs travaux
pourraient être beaucoup agrandis: il se plaît à dire que
ses lecteurs éprouveront quelque étonnement à énumérer
cette « grande multitude » de plantes indigènes. L'ouvrage
annoncé devait se composer de 2 volumes in-8°, d'environ
500 pages chacun. Qu'aurait donc bien pu renfermer une
aussi considérable production pour l'étude de la végétation
d'une de nos provinces les plus pauvres en plantes indigè-
nes, alors que les flores belges de notre époque qui em-
brassent cependant l'examen des espèces de neuf provinces
et qui ont à bon droit la prétention d'être plus complètes
que celles d'autrefois, n'ont pas plus de 500 pages?
Nous avons rencontré dans les Annales belgiques des
sciences, arts et littérature^ imprimées à Gand, livraison
du dernier trimestre 1817, un catalogue de 65 noms de
plantes trouvées à Afsné, village situé sur la Lys, près de
Gand. L'auteur anonyme, digne émule de Van Hoorebeke,
a eu soin de qualifier cette liste du nom d'essai, car jamais
on ne vit s'accumuler autant d^erreurs sur une seule page.
Heureusement qu'une main étrangère est venue corriger
48
ses déterminations vicieuses dans un errata. II avait d'abord
nommé VAcorus Calamus, A. gramineus, VAnthemis
Cotula, A , altissima, le Centaurea Jacea, C. crupina, VIris
Pseudo-AcoruSf L sambucinay le Radiola linoideSy Linum
maritimumfle Planlago lanceolata, P. Lagopus,le Ranun-
culus bulbosuSfR. aconitifolius. Ce sont des renseignements
semblables que quelquefois des auteurs ont accueillis dans
leurs flores, sans avoir eu au préalable la prudence de
vérifier au moyen de spécimens authentiques les données
erronées de certains amateurs de botanique.
La Botanographie Belgique de Fr. Lestiboudois (1781
et 1804), revue par son fils Thémistocle (18^7) est une
flore du nord de la France et de la Belgique. Elle donne
la description des plantes indigènes et des plantes culti-
vées sur un territoire s'étendantde Péronne en Hollande,
ayant Lille pour centre et comprenant dans son espace
environ 30 lieues de rayon. Ces auteurs semblent ne pas
avoir connu nos provinces les plus riches en espèces rares
et précieuses et ne paraissent avoir herborisé en Belgique
qu'à Gheluvelt, village des environs d'Ypres et au bord
de la mer. Ils ont mal fait d'accueillir avec trop de facilité
les indications de Van Hoorebeke et de Mussche et quand
ils parlent de nos plantes rares, ils restent dans des termes
trop vagues; ils disent simplement qu'on les trouve dans
les bois, les terrains sablonneux, les champs, etc., de la
Belgique, ou encore, quand ils parlent de nos grandes
villes, ils ne citent que les noms : Bruxelles, Gand, Anvers,
sans spécifier le faubourg, le quartier, la dépendance,
comme l'ont fait avec tant d'exactitude Roucel et Kickx.
Quand il s'agit de nos grands centres de population, on ne
saurait être assez précis dans ses citations. Rien que nous
ne nous soyons pas donné la mission d'apprécier les
49
ouvrages au point de Vue descriptif, nous dirons que
celui-ci a fait chose utile en réunissant à titre de variétés
autour des types linnéens beaucoup d'espèces créés par
nos Aoristes.
Le supplément à la Botanographie par Desmazières
(1823) en faisant connaître plusieurs espèces nouvelles
pour notre flore a donné quelques indications bien hasar-
dées, mais il n'avait pas toujours été en position de véri-
fier par lui-même les espèces indiquées, sans cela, bota-
niste instruit et exact, il aurait évité de le faire (Math.,
FI. belge, Introd,).
La Florida Belgica de B.-C. Dumortier (1797-1878),
parue à Tournai en 1827 est le premier ouvrage belge qui
soumet les plantes aux principes de la méthode naturelle.
Elle mentionne 2244 espèces de phanérogames, parmi
lesquelles 116 étaient inédites. Le Compendium Florae
Belgicae qui a paru vers la même époque ne décrit que
1799 phanérogames et 35 cryptogames vasculaires. Le
chiffre de Dumortier nous semble exagéré, même en
défalquant les espèces de sa création : il est vrai, qu'outre
les plantes belges, il en signale plusieurs du Grand Duché
de Luxembourg et des Pays-Bas. Quoiqu'il en soit, le
nombre qui resterait après ces suppressions, serait encore
de beaucoup supérieur à celui que relatent nos flores
modernes dont l'estimation ne dépasse guère 1500 espè-
ces. Mathieu (FI. belge, Inlrod.) a fait de l'œuvre de
Dumortier une critique acerbe et injuste qui prouve que
ces deux botanistes n'étaient pas dans de bonnes relations.
11 dit : a Le catalogue des plantes de la Belgique {Florida
Belgica) est fautif sous bien des rapports. 11 est fait sans
vérification aucune, d'après les indications les plus incer-
taines, quand elles n'étaient pas fausses. Par conséquent,
50
il renferme une foule d'erreurs et fait don gratuitement à
la Belgique de plantes qui ne se trouvent que dans les
parties les plus méridionales de l'Europe. » A la vérité,
Dumortier a attribué à la Belgique un grand nombre de
plantes qui ne peuvent lui appartenir, mais qu'un blâme
lui soit infligé par celui qui, le dernier de tous nos Aoris-
tes, pourrait s'arroger le droit de donner une aussi sévère
leçon à un confrère, cela dépasse les bornes des conve-
nances et dénoie chez son auteur le manque du respect
que se doivent les adeptes d'une même science.
De 1820 à 1850, il n'a plus paru, sauf celles de Lejeune
et de Dumortier, de flores générales de Belgique. On a
vu seulement paraître à de longs intervalles des florules
de provinces, de cantons, des catalogues et des comptes-
rendus d'herborisation que nous avons néanmoins consul-
tés avec fruit, parce que ces ouvrages nous donnaient des
indications très précises sur les habitations des plantes.
L'œuvre la plus remarquable de cette période est la Flore
Luxembourgeoise par F. -A. Tinant (1803-1853), parue en
1836 et qui renferme la description de 1370 espèces
indigènes et cultivées; on y trouve surtout les plan-
tes de l'Ardenne et du Grand-Duché de Luxembourg.
L'auleur dit, dans sa préface, qu'abandonné à ses propres
lumières, éloigné des bibliothèques et des botanistes éclai-
rés pour lui servir de guide, il est impossible qu'il n^ait pas
commis des erreurs plus ou moins graves dans ses déter-
minations, fait qui s'est vérifié plus tard pour un assez
grand nombre d'espèces mal nommées.
De J. Kickx père, nous avons consulté la Relation d\ui
voyage fait à la grotte de Han au mois d'août 1822 : c'est
la première fois qu'il est question de la riche végétation
des environs c!e Rochefort que notre confrère M. Crépin
51
a éludiée d'une façon si parfaite 50 ans plus tard(l). De
J. Kickx fils (1805-1864) nous avons examiné les ouvra-
ges suivants : Commenlatio de plantis offîcinalibus et vene-
natis (1827); — Flo7^e cryptogamique des environs de
Louvain (1855), où sont indiquées beaucoup de plantes
intéressantes qui ont été presque toutes retrouvées par nos
zélés confrères de Louvain; — la Relation d'une prome-
nade botanique et agricole faite dans la Campine au mois
de juillet 1852 dont feu notre ami le D"" Van Haesendonck
et nous, avons pu vérifier les données de 1860 à 1868;
— son Bouquet botanique du littoral belge (1857) que
Vande Vyvere a consulté pour la préparation de sa flore
de la Flandre Occidentale.
En 1821, Bory de St- Vincent fit paraître son Voyage
souterrain à la Montagne St-Pierre, ouvrage dans lequel
figurent les plantes observées par Nyst aux environs de
Maestricht.
Au mois de juillet 1826, Bronn, professeur à l'univer-
sité de Liège et R. Courtois, sous-directeur du Jardin
botanique de la même ville, ont fait un voyage scientifi-
que aux bords de la Meuse, de Liège à Dinant, dans les
Ardennes et le Luxembourg cédé. Ils ont publié le récit
de leurs herborisations sous le nom de Verslag van een
plant' en landbouwkundig reisje dans les Bijdragen tot de
Natuurkundige Wetenschappen d'Amsterdam. Il est à
remarquer que les travaux de ce genre étaient à cette
époque émaillés de considérations sur l'agriculture, la géo-
logie, etc., ce qu'on semble dédaigner aujourd'hui.
(i) Coup d''œU sur la florule de Han-sur'Lesse (Bull, Soc. bot., 1, 1862)
p. 41-69).
52
J.-J. De Cloet (I790-18S5), précepteur du fils du duc
de Beaufort, puis administrateur du domaine de Freyr, a
herborisé de 1820 à 1827 aux environs de Dinant, à On-
haye, Anseremme, Dréhance, Falmignoul, Falmagne,
Mesnil St-BIaise, Blaimont, Waulsort, Hastiére, Nève,
Moniat, Freyr, Pont-à-Lesse et Walzin. Il a publié une
liste de 283 plantes, fruit de ses observations botaniques
au pays de INamur dans les Bijdragen^ etc. de Van Hall,
D. III, Rt. L. Le Jardin botanique de Bruxelles possède
son herbier et son catalogue manuscrit intitulé : Flore des
environs de Freyr ^ portant la date du l^"" avril 1826 ; il
renferme 321 genres et 779 espèces. Nous avons été assez
heureux de retrouver la plupart des plantes signalées par
cet amateur distingué, lors des nombreuses courses que
nous avons faites dans la vallée de la Meuse, sauf les sui-
vantes qui paraissent ne plus exister dans ces lieux ou qui
ont été mal déterminées : Lychnis Coronaria, Galium
Bocconi,Rosa stylosa, R. scpium, Anemone sylvestris.
Cochlear ia officinalis. Nous ne comprenons pas comment
les espèces suivantes, qui sont cependant des caractéristi-
ques de la contrée, Centaurea CalcHrapa^ Lactuca saligna,
L. ScariolUy Linosyris vulgaris. Geranium sanguineiim,
Saxifraga hypnoides aient pu échapper aux recherches de
De Cloet qui paraissait cependant un bon observateur.
La Flore de la province d'Anvers par P.-J. Van Bene-
den et Tuerlinckx, publiée en 1834 dans le Dictionnaire
géographique de Ph. Van der Maelen, est un simple cata-
logue de 800 espèces de plantes. D'après Van Haesen-
donck (Prod., p. 49), cet ouvrage est de peu de valeur,
la plupart des renseignements qu'il donne étant dus à
Stoffeis, pharmacien à Malines, qui ne paraissait pas être
un botaniste sérieux.
55
E. Van de Vyvere (181 M8o5) est Fauteur d'un Cata-
logue des plantes phanérogames de la Flandre Occidentale
publié à Bruges en 1857; c'est le prodrome d'un autre
catalogue plus développé qu'il fit paraître en 1850 sous le
nom de Flore de la Flandre occidentale. Les connaissan-
ces que ce pharmacien avait des plantes ne paraissaient
pas bien grandes et il est peut-être permis d'avoir une
confiance limitée dans ses indications et ses détermina-
lions, puisque sur un exemplaire de sa flore que nous
avons eu entre les mains, J, Kickx a écrit qu'il lui avait
envoyé le Melampyrum arvense pour un Rhinanthus et le
Geranium phaeum sous le nom de G. pratense. Ce qui
nous fortifie dans cette opinion, ce sont les erreurs qu'il
a commises dans un catalogue manuscrit des plantes ob-
servées par lui dans la Flandre occidentale et présenté en
1858 à l'Académie de Bruxelles. Dumoriier, le rappor-
teur, signale enlr'autres et admet avec lui la présence
en Flandre des Statice plantaginea, Orobanche Eryngii^
Alyssum clypeatiim et Linum maritimum qui n'ont été
indiqués ni avant ni après cet auteur dans ce pays. Van
de Vyvere a dû sans doute reconnaître plus lard ses
fautes, puisqu'il passe ces plantes sous silence dans sa
flore de 1850. Pour composer ses ouvrages, ce botaniste
a joint aux observations qui lui étaient personnelles, les
découvertes de quelques pharmaciens de sa province et les
renseignements que lui ont fournis la statistique d'Ed-
wards, la Botanographie de Lesiiboudois et les notices de
J. Kickx. Il adopte dans son Prodrome le système lin-
néen et la classification de Dumortier dans sa flore; les
espèces ne sont pas suivies des noms d'auteurs dans le
premier ouvrage, et dans le second, il donne la synony-
mie de Dodonée.
Feu notre ami le D"" G.-C. Van Haesendonck a publié,
en 1841, dans les Annales de la Société de médecine
d'Anvers, le Prodrome de la Flore des environs d'An-
vers et d\ine partie de la Campine. Ce catalogue, classé
d'après le système de Linné, énumère 1010 plantes
phanérogames; la synonymie y est parfaitement établie
et les renseignements donnés sur les habitations des
plantes sont d'une grande richesse. Quand il fit paraître
son travail, notre ami habitait déjà Tongerloo. En 1868
[Bull. Soc. bot., t. VII), il a fait paraître la Florale de
Westerloo, où l'on retrouve la plupart des indications don-
nées pour la Campine dans son Prodrome. De 1858 à
1862, alors que nous habitions Aerschot, nous avons revu
en sa compagnie la plupart des rares espèces campinien-
nés qu'il avait trouvées 50 ans auparavant.
La Flore du Hainaut par l'abbé N.-L. iMichot (1803-
1887) et datant de 1845, est le dernier ouvrage belge qui,
dans sa classification, ait adopté le système de Linné. L'au-
teur a beaucoup emprunté à son compatriote Hocquart, et
comme pour celui-ci, nous dirons que bien de ses décou-
vertes sont suspectes. Michot avait surtout la manie de
semer des plantes rares étrangères ; il serait intéressant
de s'assurer si elles ont persisté à croître aux localités qu'il
indique. Mathieu dit que sa flore n'est qu'une copie du
Prodrome de Dumortier et qu'elle en a tous les défauts.
Ne connaissait-il donc pas son auteur, qu'il le nomme
continuellement Mignot dans les renseignements qu'il lui
emprunte?
D.-F. Marissal a donné en 1846, suivant la méthode
de Dumortier, un Catalogue des phanérogames observées
depuis 1842 dans les environs de Tournai. Rien n'avait
été publié avant lui sur cette partie du pays. Ce travail
00
nous paraît consciencieusement fait, et, au lieu d'indica-
tions vagues, il donne, à l'imitation de Roucel, les habi-
tations très précises des plantes rares : c'est ce qui fait
que les botanistes regnicoles ont pu retrouver la plupart
d'entre elles. M. H. Bernimolin a publié en 1885 le
Catalogue des plantes du Tournaisis qui n'est que la repro-
duction du précédent auquel il a ajouté ses observations
particulières : notre confrère a eu tort de ne donner ni
noms d'auteurs ni synonymie, ce qui ôte tout cachet scien-
tifique à sa production.
La Flore Belge du D"- J.-D. Hannon (1822-1870),
publiée en 1849 dans la Bibliothèque nationale est une
simple compilation, tant au point de vue de la descrip-
tion des plantes que de leur dispersion sur notre sol : ses
diagnoses sont incomplètes, les variétés ne sont pas citées,
les noms d'auteurs sont oubliés et la synonymie est négli-
gée. Les renseignements sur les habitations des plantes
sont extraits des flores antérieures, et souvent Hannon
copie mal, car s'agit-il, par exemple, d'une plante très
rare qui ne se rencontre que dans une ou deux localités,
il spécifie seulement le nom de la province, alors qu'il
aurait dû laisser l'indication telle qu'elle lui avait été four-
nie. L'histoire de la botanique en Belgique est la seule
bonne chose que cet ouvrage renferme.
Bien que C. Mathieu dise que sa Flore générale de Bel-
gique (1855) est un ouvrage nouveau et qui manquait
complètement à la science, quelle que soit la prétention
qu'il étale en se permettant d'écrire que tout ce qui avait
été publié avant lui dans notre pays laissait tant à désirer
qu'on pouvait le regarder comme nul, personne n'ajoutera
foi à ses vaines déclamations. La vanité a poussé tellement
loin ce médiocre auteur qu'il s'est permis de régenter tous
OK)
les Aoristes belges et il n'accorde d'éloges qu'à Lejeune et
à Tinant. Il a soin de dire que 40 années d'herborisations
dans toutes nos provinces dont il a exploré avec soin les
parties les plus reculées, l'ont mis en position de vérifier
par lui-même et sur place les espèces annoncées comme
existant dans telle ou telle localité, d'en rejeter plusieurs
et, au contraire, d'en admettre quelques autres non com-
prises dans les catalogues (!) qui ont précédé son travail.
Or, il paraît, et cela résulte de l'examen attentif de sa
flore, que Mathieu a herborisé seulement aux environs
de Namur, où il était connu par son chapeau légendaire
qui faisait l'office de vasculum et nous craignons beaucoup
que ce couvre-chef n'ait renfermé plus souvent des plan-
tes recueillies dans les jardins que celles récoltées dans les
champs. Des 80 plantes rares qu'il signale vers Namur et
Dinant, nous n'en avons retrouvé qu'une vingtaine aux
localités qu'il mentionne. Mathieu a dû aussi herboriser
dans quelques villages du Limbourg, aux environs de
Mons, de Bruxelles et au bord de la mer. Il tient à repro-
duire les indications fournies par ses prédécesseurs et
semble même leur donner le cachet de son autorité en
voulant laisser croire qu'il a contrôlé ces renseignements
sur les lieux, mais qu'il s'agisse d'une espèce très rare sur
laquelle on manque de données exactes, il ne cite que
vaguement les provinces où il prétend les avoir observées.
Ce n'est pas ainsi qu'on écrit l'histoire des plantes et
heureusement qu'à l'époque où nous vivons, on en est
revenu aux saines idées de la vérité et de l'exactitude.
Vers 18S7, parut à Ypres un livre de XXIX-68 pages
dont nous donnons le titre exact : Flore de r arrondissement
de Fumes et d'une partie de celui d'Ypres, avec la descrip-
tion géologique, accompagnée d'une liste zoologique et détails
57
sur quelques animaux et insectes de ce pays, par un phar-
macien (atlribué à M. A. De Tollenaere). Sous le nom
fallacieux de flore, l'auteur a confectionné une véritable
alla podrida sur les sciences naturelles où il est question
tout à la fois d'organographie végétale, d'agriculture, d'hor-
ticulture, de flore indigène, de géologie, de zoologie, etc.
Citons en textuellement un passage qui prouve que l'au-
teur ne connaissait rien en cryptogamie. En parlant de la
pomme de terre, il dit : « Ce précieux tubercule est depuis
plus de dix années attaqué par le potrydis sporulesQ),
cryptogamme de la famille des champignons et qui paraît
être la cause principale de sa destruction. » Incidemment,
nous dirons que cette phrase nous indique à peu près
l'époque à laquelle l'ouvrage a été imprimé, la maladie de
la pomme de terre ayant fait son invasion en Belgique par
un village flamand, le 21 juin 1845. Sa liste de plantes
témoigne aussi de sa non-valeur en fait de botanique
rurale. Après avoir dit que plus de 1,000 espèces forment
la flore de son arrondissement, il en donne le catalogue
systématique. Nous demandons si des espèces comme
Crocus vernuSf Primula Auricula ont pu se trouver spon-
tanées vers Furnes et Ypres, voire même en Belgique.
Celte œuvre puérile, écrite en mauvais français, n'honorera
pas son auteur qui, pour cause, a voulu conserver l'ano-
nymat.
L.-J.-G. Dumoulin, pharmacien, a publié en 1868 un
Guide du botaniste dans les environs de Maestricht. Ce
n'est, en effet, qu'un aide-mémoire écrit sans prétention
et dépourvu de toute méthode scientifique, puisque les
plantes y sont rangées par ordre alphabétique. M. Du-
moulin est un contemporain de Lejeune qui cite souvent
dans ses ouvrages les découvertes faites par ce botaniste
58
dans la province de Limbourg. Comme ces plantes ont été
observées il y a plus d'un demi-siècle, il sera nécessaire
que nos confrères de Maeslricht et de Visé fassent de
nouvelles recherches pour s'assurer si on les retrouvera
encore aux localités indiquées dans le catalogue.
Il nous reste à terminer notre étude d'archéologie de la
flore belge en disant quelques mots des herbiers délaissés
par nos vieux botanistes.
Le D*" J. Carolus a publié à ce sujet, en 1857, àMalines,
un opuscule intéressant intitulé : Recherches sur les her-
biers des anciens botanistes et amateurs belges. Cette étude
a été faite d'après l'examen de plusieurs exsiccata, la plu-
part déposés à la bibliothèque de Bourgogne, section des
manuscrits. Comme nous avons pour but unique de ne
parler que des documents relatifs à la flore indigène, nous
n'extrairons de ce travail que ce qui a rapport à cet objet.
Il cite :
1"* Un herbier vif contenant les espèces de plantes tant
indigènes qu'exotiques, telles qu'elles croissent au jardin
de l'infirmerie de la célèbre abbaye de Dilighem, par
D"" et frère Wynhouts, 1633. Celte collection appartenait à
feu notre regretté confrère J.-J. Kickx, de Gand, et a servi
à R. Courtois pour son Commentaire sur Dodonée.
2° A.-P.-L. Hortus hyemalis cum Planlarum synony-
mia, 1866 (Bibl. de Bourg., n» 5862). Cet herbier, qui
provient de l'ancien collège des Jésuites à Bruxelles, ren-
ferme 288 plantes indigènes et exotiques.
3** A.-P.-L. -S. Herbarius vivus seu Hortus hyemalis,
1675 (Bibl. de Bourg., n« 5863, 5873). Cette collection,
composée de 515 plantes, a appartenu au collège des
Jésuites de Louvain.
4" Hortus hyemalis sivè Herbarius vivus, par Claude
b9
Lyon, 1680-81 (Bibl. de Bourg., n- S864-6o-66). Il a
appartenu au prieuré de Sept-Fontaines, entre Bruxelles
et Braine-l'AlIeud. Il renferme 1200 plantes, entr'aulres
un échantillon du Cèdre du Liban. Si l'honneur d'avoir
introduit cet arbre en Europe revient à Tournefort, qui
voyagait en Orient en 1700, il est avéré que 20 ans aupa-
ravant un herbier belge possédait déjà un fragment de ce
célèbre végétal.
5° Herbier de la pharmacie des Jésuites de Gand,
17^ siècle (Bibl. de Bourg.). Il est doublement intéressant
pour les botanistes belges, en ce qu'il porte les noms des
plantes en latin et en flamand et en ce qu'il contient
plusieurs plantes rares en Belgique à l'époque où il a été
formé.
6° Cruytboek handelende van de nature der cruyden
en hoe dat sy goet syn te gebruycken; getrocken uyt
autentycke geapprobeerde medecynboecken ; an. 1669 en
1670 (Bibl. de Bourg.). Son auteur est Jos. Wissinck,
pharmacien à Anvers; il ne constitue pas un simple her-
bier, mais une sorte de Matière médicale accompagnée de
plantes usuelles.
7° Herbiers de la collection du prince Ch. Alex, de
Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas, qui renfermait
entr'aulres en 1781 un herbier des environs de Bruxelles,
contenant 202 plantes rangées selon le système de Tour-
nefort et un fascicule de 34 plantes exotiques cultivées à
Bruxelles.
S"" Agrostographia, 1792 (Bibl. roy.) Titre d'un herbier
anonyme contenant une centaine d'échantillons choisis
de Graminées et de Joncées, avec les noms linnéens.
9" Herbier des plantes indigènes et des végétaux exoti-
ques les plus curieux (Bibl. roy.). Le D' Carolus le croit de
60
la fin du XVII1° siècle et rattribue à Couret de Villeneuve,
qui fut professeur à l'École cenlrale de la Dyle en l'an X.
lO'' Portatile, oder compendienses lebendiges krauter-
bucli zu erlernung der economisschen pflanzen hislorie.
Cet berbier a élé composé par P.-E. Wauters, médecin à
Gand, et est formé de plantes usuelles et économiques,
avec les noms génériques et spécifiques en latin.
L'examen de ces berbiers et de plusieurs autres qui
n'ont pas un rapport direct avec la question que nous
traitons, pourrait donner le tableau des plantes indigènes
et cultivées connues en Belgique du XW au XVIIl" siècle.
Il serait à désirer qu'un botaniste résidant à Bruxelles
entreprit Tétude de ces collections sèches; nous sommes
persuadé qu'il serait amplement récompensé de son labeur
patient et de longue haleine en mettant au jour de pré-
cieux documents sur l'histoire de la botanique et de l'hor-
ticulture nationales aux temps passés.
Qu'il nous soit permis de formuler ici le vœu de voir
tous ces herbiers déposés dans un avenir prochain au
Jardin botanique de l'Etat où leur place est toute mar-
quée. C'est dans un établissement où sont conservées les
collections de plantes vivantes et séchées qui sont la pro-
priété du pays, que doivent revenir ces objets. Le plus
grand nombre ont été confisqués au siècle dernier des
collèges supprimés des Jésuites au profit de la bibliothè-
que de la ville de Bruxelles pour passer ensuite à la
BibUothèque royale, où il n'est jamais venu à l'esprit d'au-
cun botaniste Tidée d'aller les corjsulter. La plupart de
nos confrères ignorent leur existence et le lieu de leur
dépôt, et eussent-ils même connaissance de la chose,
qu'ils reculeraient devant une demande d'emprunt : les
manuscrits appartenant à l'État étant conservés avec un
61
soin trop jaloux que pour qu'on autorise la communica-
tion au-dehors de ces herbiers. Cependant l'étude de ces
ouvrages demande leur déplacement, car on ne peut pas
opérer sur eux sans s'aider d'autres herbiers pour la
comparaison et sans le secours d'une bibliothèque spéciale
de botanique. Toute difficulté serait levée si ces exsiccata
étaient à leur place naturelle, c'est-à-dire au milieu des
autres herbiers de l'Etat, et c'est à la Société botanique
qu'appartient le droit et le devoir de faire cette revendi-
cation.
J. Kickx (Bouq, bot.) parle d'un herbier des environs
de Nieuport, rassemblé en 1795 par le D"" Rouzée et qu'il
a dû à l'obligeance de son beau-père, le professeur Keste-
loot. Il cite aussi le nom d'un certain Amare, auteur d'une
iconographie inédite de la flore d'Ypres.
Parmi les anciens herbiers qui ont été intercalés dans
l'herbier général belge du Jardin botanique de Bruxelles,
nous citerons ceux de Lejeune, Nyst, De Cloet, Dumor-
tier, P. Michel, Westendorp: on y trouve en outre un
grand nombre de plantes récoltées par \I.-A. Libert,
Tinant, Manderlier, Scheidweiler, Mathieu, etc. Les
collections de Lejeune et de Dumortier sont les plus
importantes, parce qu'elles renferment les spécimens
authentiques des espèces que ces auteurs ont fondées. Les
étiquettes originales ont été conservées avec soin et elles
contiennent souvent des indications sur les localités beau-
coup plus développées que celles que donnent les flores.
Le catalogue de Therbier belge du Jardin botanique de
l'État, formé de 8 fascicules, a été préparé par les soins
de M. Th. Durand, aide-naturaliste à cet établissement :
il fourmille de renseignements précieux sur les habitations
des plantes conservées dans l'herbier.
62
Nous croyons devoir faire une mention spéciale des trois
botanistes suivants qui par leurs fréquentes herborisations
dans toute l'étendue du pays ont pu fournir des renseigne-
ments aux Aoristes de leur temps.
Manderlier, professeur de mathématiques à l'Université
de Gand, avait passé précédemment, de 1828 à 1835, par
l'Athénée de Namur. Il a herborisé non seulement aux
alentours de ces deux villes, mais encore vers Ciney,
Rochefort, Villers-sur-Lesse, Moustier, Spy, Mazy, Gem-
bloux, Bossières, Salzinne, Béez, Lives et Faulx.
Scheidweiler (1799-1861) fut professeur de botanique à
l'École de médecine vétérinaire à Bruxelles (1836) et à
l'École d'horticulture de Gand (1851) : on lui doit beau-
coup de plantes récoltées dans le Brabant et les Flandres.
Westendorp (1815-1868) fut successivement médecin
militaire à Tournai, Bruxelles, Brasschaet, Beverloo,
Gand^ Ypres et Termonde. 11 s'occupa de phanerogamic et
publia avec la collaboration de VVallays, VHerbier crypto-
gamique belge.
Nous avons demandé plus haut de commencer la
seconde série de l'histoire de notre flore indigène en
1860, parce que vers cette date allait s'accomplir un
événement important destiné à modifier le courant des
idées dans l'étude des plantes de notre pays. Nous nous
rappelons toujours avec bonheur cette époque de la
renaissance des études botaniques dans notre pays, car
c'est alors que nous avons commencé, en modeste travail-
leur, à apporter notre pierre au monument que nous
allions fonder en nombreuse compagnie : la Société royale
de botanique de Belgique! Et c'est cet acte mémorable
dans nos annales scientifiques qui pourra servir de ligne
de démarcation entre le passé et le présent.
65
L'ère de rénovation s'ouvre par l'apparition d'une excel-
lente flore de province, la Flore de Namur (18^5) par le
père Aug. Bellynckx(t814-1877)qui,le premier, inaugure
dans notre pays le procédé dicliolomique pour la détermi-
naiion des plantes. Bientôt elle est suivie de la 1" édition
du Manuel de la Flore de Belgique, par M. Fr. Crépin,
parue en 1860 et qui donne Télan à de nouvelles recher-
ches, car c'est à partir de ce moment qu'un nouveau
groupe de botanistes va fouiller notre sol jusque dans ses
moindres recoins. L'auteur disant dans son introduction :
« Si nous rappelons les indications de géographie bota-
nique de nos vieux auteurs, c'est afin de provoquer de
nouvelles recherches... » prévoyait qu'avec ces renseigne-
ments anciens ajoutés à ceux qu'allait fournir l'époque
actuelle, il serait possible de dresser une statistique à peu
près complète de notre végétation indigène.
UAntwerpsche analytische Flora de MM. Van Heurck
et De Beucker (1861) a permis de vérifier en partie
les données de Dekin (5/a/., 1802), de Van Beneden et
Tuerlinckx (FI. Anv., 1834) et de Van Haesendonck
(Prod., 184-1), comme le Prodrome de la Flore du
Brabant par MM. Wesmael et Van Heurck (1861),
la Flore analytique du centre de la Belgique par MM. Pire
et Muller (1866) ont aidé à contrôler les indications
de Roucel (Traité, 1792; Flore, 1803), de Kickx (FL
Brux., 1812), de Dekin et Passy (FL Brux., 1814).
Aucun ouvrage spécial sur la flore du Hainaut n'a paru
pour réviser les publications de Hocquart (FI. Jemm.,
1814), de Dumortier [Prod., 1827), et de Michot (FL
Bain., 1845).
Nous signalons également à l'attention de nos confrères
les 5 éditions du Manuel de la Flore belge par M. Fr. Cré-
64
pin (1860-66-74-82-84) et les florules, catalogues, listes
de plantes et monographies contenus dans noire Bulletin
depuis Tannée 1862 jusqu'à ce jour.
Pour faire la révision de la Flore de Spa (18H), de la
Hevite (1824) et du Compendium (1828-36), trois ouvrages
sont d'une grande utilité.
La Flore de Fraipont, Nessonvaiix, etc. par M. Michel
(1877), résultat des recherches do quelques amateurs de
de la classe ouvrière qui explorent avec goût et savoir la
vallée de la Vesdre, est conçue dans une forme simple
et écrite quelquefois avec la naïveté qui caractérisait nos
anciens Aoristes. Les renseignements sur les habitations
des plantes rares sont donnés avec exactitude : ils ne
restent pas dans des termes vagues, car les hameaux, les
plus petites localités même sont indiqués.
Le Catalogue de la flore liégeoise par M. Th. Durand
(1878) est l'œuvre d'une pléiade de jeunes botanistes
liégeois, et bien que ce ne soit qu'une simple liste
de plantes de la province, il est le travail le plus complet
qui ait été publié sur cette partie du pays depuis Lejeune.
Tous nos confrères connaissent l'esprit d'ordre, de
méthode qui préside aux travaux de géographie botanique
de l'auteur, et cette qualité apparaît surtout dans le
présent opuscule.
Une excellente révision de la Flore de Spa et de ses
suites est la Florule de Verviers et de ses environs par
MM. H. Fonsny et H. Collard (1885). Les auteurs
n'y mentionnent que les plantes trouvées par eux-mêmes
ou dont il leur a été possible de constater Pidenlité
sur place. Ils ont cru bien faire en laissant de côté
nombre d'espèces mentionnées par Lejeune, lesquelles
sont des formes litigieuses ou critiques ou bien des
exotiques naturalisées.
(io
Nous passerons sous silence la Flore Vcrviétoise de
M. G.Beaufays(1857-1874),qui n'est qu'une pâle copie de
Lejeune, augmentée de quelques indications insignifiantes.
Pour terminer l'étude de l'histoire de notre flore
indigène aux temps passés, nous nous faisons un pieux
devoir de reconnaissance d'inscrire ici le nom de ces
travailleurs obscurs, de ces collaborateurs zélés de nos
premiers auteurs, inconnus de la plupart d'entre nous ou
aujourd'hui oubliés. Il n'existait point dans ces temps là
d'annales publiques où auraient pu être mentionnés les
services rendus à la science par ces botanistes. Aucune
association n'existait alors et chacun travaillait individuel-
lement sans même songer à avoir son nom et ses titres
inscrits sur les tablettes d'une Société destinées à rappeler
aux confrères de l'avenir qu'ils ont existé. Que la résur-
rection que nous faisons ici de leur personne, leur serve
de compensation et de récompense pour les modestes
travaux qu'ils nous ont laissés! Cette liste nous montrera
d'ailleurs quelle était la vitalité des études botaniques
pendant l'époque qui nous a précédés.
A côté du nom de nos anciens Aoristes, nous plaçons
ceux de leurs collaborateurs auxquels ils rendent un
hommage spécial.
Hécart (1780). — Brassart, Lucien de Rosny, Fidèle
Détrez, Longueville, Normand, abbé Poiret.
Lejewie (1811). — D*" Closset; Célestin Closson;
Dethier, député de l'Ourthe et géologue, à qui est dédiée la
Flore de Spa; Driessen, pharmacien à Maeseyck; Dumou-
lin, pharmacien à Maestricht; Gilgenberg, pharmacien à
Eupen; Haënen, pharmacien à Maestricht; Hayebin,
pharmacien à Verviers; D' Henroz, de Champlon-lez-Mar-
che; H. Leporcq, maire adjoint de Lambermont qui avait
66
réuni dans son jardin les espèces ligneuses indigènes;
P. Michel, de Nessonvaux, à cette époque jardinier chez
M. Fion de Juslenville, accompagna Lejeune dans la plu-
part de ses herborisations et publia avec lui VAgrostologie
Belgique ou Herbier des Graminées, Cypéracées et Jon-
cées; Millet, jardinier à Verviers; abbé Moreau; Stephens,
jardinier à l'Université de Liège, puis architecte de jardins;
Vittu, principal du collège de Tongres; Wolff, peintre de
fleurs à Spa.
Hocquart (1814). — Cambier, J. De Waha, Fassart,
Gossart, pharmacien à Mons, IJavart, Auguste Nève d'Ath,
Paternoslre de Belœil.
Dekin et Passy (1814). — A. De Janti, De Ronnay,
J. De Waha, A. Gerard, Pollart de Canivris, Van Volden.
i)esmas/éres (1823). — Tillette-CIermont.
De Cloet (1826). — Chartier.
Lestiboudois (1827). — Stal.
Dumortier (1827). - Beyer, Copenhoult, De Fellens,
De Haan, De Ronnay, Dijon de Huy, Dreissen, Favrot,
Floris, Girard, Lechartier, Marchand, Membrede, ama-
teur instruit et propriétaire d'un riche établissement hor-
ticole aux environs de Maestricht (H, Gand,); P. Michel
qui accompagna Dumortier dans ses herborisations du
Luxembourg, J. Olislagers, dont Dumortier acquit l'her-
bier le 7 décembre 1820, en échange des 60 premières
livraisons du Botanical Cabinet (Dmrt., Notes), abbé
Voisin.
J. Kickx (1827-32-35-67). — Chappel, pharmacien,
De Mey, L.-F. De Prêter, pharmacien, De Ronnay, Don-
kelaer, jardinier en chef du Jardin botanique de Louvain,
D' Georges, professeur de botanique à Bruxelles, Giele
père, jardinier en chef du Jardin botanique de Louvain,
(j7
Malingie, Mantlerlier, D*" iMarée, Toilliez, Van Espen, jar-
dinier en chef du Jardin botanique de Bruxelles, Van Hal.
Tinant (]S^6). — Krombach, Marchand, Mazuir, pro-
fesseur de rhétorique à l'athénée de Luxembourg, JVIuIIer.
Van de Vyvere (1837-50). — Becuwe et Cornet, phar-
maciens à Bruges.
Westendorp (1838). — Capitaine Flémond, Forsler,
Wallays.
Van Haesendonck (1841). — Hermus, pharmacien à
Anvers, Rigouts, Sommé, Stoffels, pharmacien à Malines,
Verbert.
Michot (1843). — J. Bedinghaus, Criquillon, abbé
Cuvelier, Dethier, Drouet, C. Dumouh'n, A. Toilh'ez.
Marissal (1846). - Belval, professeur. Du Colombier,
D»" Dubois.
68
LISTE CHRONOLOGIQUE
PUBLICATIONS RELATIVES A LA FLORE BELGE.
1710. — FR. PETIT. — Trois lettres d'un médecin des hôpitaux du Roi à
un autre médecin de ses amis.
1768. - N.-J. DENECKER. — Deliciae Gallo-Belgicae sylveslris.
1772. _ BARON DE POEDERLÉ. — Manuel de l'arboriste et forestier
belgiques.
1780. — G.-A.-J. HÉCART. — Florae Hannonicnsis Prodromus.
1792. — F. ROUCEL. — Trailé des plantes les moins fréquentes qui
croissent naturellement dans les environs de Gand, d'Alost, de
Terraonde et de Bruxelles.
1791. — A. DE ROZIN.— Herbier portatif des plantes qui se trouvent dans
les environs de Liège.
1796. — A. DE ROZIN. — Coup d'oeil botanique sur les environs de
Bruxelles.
1802. — Statistique du département des Deux-Nèthes par le préfet d'Her-
bouville; 1^"" germinal an X. — Renferme la liste des plantes de
ce département par Ad. Dekin.
1803. — F. ROUCEL. — Flore du Nord de la France. An XL
J805. — DE LAMARCK et DE CANDOLLE. — Flore française. An XIII.
1807. — P.-E. DOSSIN. — Catalogue des plantes qui croissent spontané-
ment dans le département de l'Ourthe et dans quelques endroits
circonvoisins. Mss.
1808. — EDWARDS. — Tableau des plantes indigènes du département de
la Lys.
1810. — A. -P. DE CANDOLLE — Voyage botanique en Belgique et dans
les provinces rhénanes. Mss.
1811-13. — A.-L.S. LEJEUNE. — Flore des environs de Spa.
1812. — J. KICKX, père. — Flora Bruxellensis.
1812. — J.-B.-H.-J. DESMAZIÉRES. — Agrostographicdes départements
du Nord de la France.
18U. — AD. DEKIN et A. -F. PASSY. - Flora Bruxellensis.
I8U. — L.-F.-J. IIOCQUART. - Flore du département de Jemmape.
69
1817, — L.-F.-J. HOCQUART. — Supplément à la flore de la province du
Hainaut ci-devant département de Jemmape. Mss.
1817. — J.-H. MUSSCHE. - Hortus Gandavensis ou Tableau général de
toutes les plantes exotiques et indigènes cultivées dans le Jardin
botanique de la ville de Gand, avec l'indication des lieux où elles
croissent spontanément et en particulier celles qui habitent la
Flandre orientale.
1819. — J.-W. MEIGEN et H.-L. WEINIGER. — Systematisches Ver-
zeichnis der an den Ufern des Rheins, der Roer, der Maas, der
Ourthe phanerogaraischen Pflanzen.
1821.— BORY DE S'-VINCENT. — Voyage souterrain à la Montagne
S'-Pierre lez-Maestricht.
1822. — KICKX et QUETELET. — Relation d'un voyage fait à la grotte
de Han au mois d'août 1822 (Bull. Acad,, II).
1823. — J.-B.-H.-J. DESMAZIÈRES. - Catalogue des plantes omises dans
la Botanographie belgique et dans les flores du Nord de la France
182^. — A.-L.-S. LEJEUNE. — Revue de la Flore des environs de Spa.
1826. — M. BRONN et R. COURTOIS. — Verslag van een plant- en land-
bouwkundig Reisie gedaen in Julij 1826.
1826. — J.-J. DE CLOET. — Flore des environs de Freyr ou Catalogue
manuscrit des plantes de son herbier.
1827. — J. KICKX. — Commenlatio de planiis officinalibus et venenatis
agri Lovaniensis.
1827. — TH. LESTIBOUDOIS. — Botanographie belgique.
1827. — B.-C. DUMORTIER. — Florula Belgica, operis majoris prodromus.
1828-56. — A.-L.-S. LEJEUNE et R. COURTOIS. — Compendium Florae
Eelgicae.
1852. — J. KICKX. — Relation d'une promenade botanique et agricole
dans la Campine.
185i. — P.-J. VAN BENEDEN et TUERLÏNCKX. — Flore de la province
d'Anvers (Diet, géogr. de la prov. d'Anvers).
1855. — J. KICKX. — Flore crj'ptogamique des environs de Louvain.
1835. — J. KICKX. — Notice sur quelques espèces peu connues de la flore
belge.
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70
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\S4fQ. — D.-F. MARISSAL. — Catalogue des phanérogames observées
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\Sm. — E. VAN DE VYVERE. — Flore de la Flandre occidentale.
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1855. — V.-P.-G. DE MOOR. — Essai d'une monographie sur les Gra-
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ISU. — V.-P.-G. DE MOOR. — Traité des Graminées.
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1862-88. — Bulletin de la Société Royale dc botanique de Belgique.
I86i. — H. VAN HEURCK et V. GUIBERT. — Flore médicale belge.
1866. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 2^ édition.
1866. — L. PIRE et F. MULLER. - Flore analytique du centre de la
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1867. — J. KICKX. — Flore cryptogamique des Flandres.
1868. _ G. DUMOULIN. — Guide du botaniste dans les environs de
Maestricht.
1874. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 3^ édition.
1877. — M. MICHEL. — Flore de Fraipont, Nessonvaux et leurs environs.
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1882. — FR. CRÉPIN. — Manuel de la Flore de Belgique. 4» édition.
1883. — H. BERNIMOLIN. — Catalogue des plantes spontanées du Tour-
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1885. — A. DE VOS. — Flore complète de la Belgique.
1885. — H. FONSNY et F. COLLARD. — Florule de Verviers et de se
environs.
1888 — C. H. DELOGNE. — Flore analytique de la Belgique.
OBSERVATIONS ALGOLOGIQUES,
E. DE WILDEMAN
SUR QUELQUES FORMES DU GENRE SCENEDESMCS MEYEN.
Le genre Scenedesmus Meyen comprend plusieurs espè-
ces dont l'une, le S. caudalus Corda [S. quadriccmda
Bréb.), est une des formes les plus communes des eaux
douces, et présente par conséquent une grand nombre de
variations. Dans le « Flora von Schlesien de Cohn »,
M. Kirchner décrit quatre variétés, savoir: a.typiciis,h.seto-
sîiSfC. horridus, d. abundansi^), Ralfs avait déjà indiqué(2)
sous la lettre (3 la forme d de Kirchner et une autre y
décrite par Ehrenberg (5. quadricaudatiis (3 ecornis Ehr.).
Rabenborst indique dans le genre Scenedesmus cinq
espèces, mais aucune d'elles ne peut être confondue avec
le S. caudatus Corda. On a décrit cependant des espèces
appartenant à la même section, telles que 5. Naegelii que
Rabenborst(^) rapporte avec raison au S. qiiadricauda
(1) Kryptogamen-Flora von Schlesien. Algen bearbeitet von 0. Kirchner,
p. 98.
(2) Râlfs. British Desmidieae, p. 190.
(3) Flora Alg, Eur., III, p. 65.
72
Bréb. et le 5. dispar Bréb., qu'il considère comme espèce
distincte, mais qui doit se rapporter également au S. can-
datus Corda.
J'ai eu Toceasion d'étudier les variations présentées
par cette dernière espèce, et j'ai pu remarquer une série
considérable de ces variations que l'on serait tenté de
considérer comme formes distinctes, si elles n'étaient reliées
entre elles par des intermédiaires : ce ne sont d'ailleurs
dans bien des cas que des états de développement.
Les figures données par les auteurs tels que Ralfs,
Nâgeli, Pritcbard ne me semblent pas fournir un modèle
bien exact; il me parait que bien rarement pour ne pas dire
jamais on ne remarquera chez cette espèce une régularité
de forme aussi grande que celle qu'ils lui ont donnée.
D'après ces figures, les cellules seraient formées de
cylindres terminés de chaque côté par une calotte sphé-
rique ; les cellules externes (Randzellen) comme les
externes, posséderaient le même aspect.
Or, généralement les cellules externes sont à l'état adulte
un peu rebondies vers la partie médiane externe, et le som-
met des cellules plus ou moins pointu dans les formes
normales. Le groupe vu par la partie supérieure est
représenté par une série de 2-8 cellules (si le groupe se
compose de 2-8 cellules), disposées côte à côte et d'un dia-
mètre sensiblement le même pour toutes les cellules.
Le caractère primordial de cette espèce est d'avoir les
cellules terminales de chaque groupe terminées à une ou
aux deux extrémités par une pointe aiguë. La variété
ecornis Ehr. sortirait dès lors de la description de l'espèce;
cette description pourrait être due à une erreur commise
par les observateurs. Si la pointe n'existe pas, la cellule
présentera certainement un mamelon plus ou moins pro-
75
nonce, qui existe même en présence de la pointe et dont
elle pourrait naître plus tard. Je n'ai pas jusqu'ici remar-
qué de formes qui présentent le faciès du 5. caudatus
Bréb. , et qui étaient complètement privées de pointes. D'ail-
leurs ce mamelon et la différence de longueur des épines
ont déjà été signalés par Ëhrenberg, qui dit à ce propos :
« Die lange der Hôrnchen ist sehr verscliieden, oft fehlen
enzeln, oft sind es nur VVarzen. » (M Si donc un groupe
ne présente ni mamelon ni épine, je ne vois pas pourquoi
il faudra le ranger dans une espèce dont le caractère prin-
cipal est fourni par la présence de ces appendices.
Les quatre formes décrites par Kirchner sont caracté-
risées comme suit :
a) Nur die Randzellen an den Enden mil je einem
Stachel verselien.
b) Ausser der Randzellen auch einzelne Mittelzellen
bestachelt.
c) Sâmmtliche Zellen an beiden Enden mit je einem
Stachel besetzt.
d) Die Randzellen tragen ausser den Endstacheln audi
in der Mille der ausseren Seite einen solchen.
M. Lagerhem a figuré d'autres variétés (2) très curieuses
dont une se rapporte au setosiis Kirchn., mais les cellules
médianes, au lieu de posséder une pointe, peuvent en pré-
senter jusque 3. Une autre forme se rapporte au abimdans
(1) Ehrenderg. Die Jnfusionsthierchen als volkommene Organisme)},
vol. F, p iSI.
(2) Lagerheim. liidrag till Kànuedomen omSlockhulmstrakt. Pediastreer,
Prolorocc.aceer och Palmellaceer (Ofvers. of. Vetcnsk, Akad. Forhandl),
1882, n« 2), lab. I[, Hg. 19-20,
74
Kirchn., et au lieu d'une épine partant du milieu des cel-
lules externes, il y en a deux.
On peut même trouver des groupes, dont une seule
cellule présente des pointes marquées, et parfois même h
une seule extrémité, les autres, il est vrai, présentant des
mamelons.
Mais les formes que l'on ne paraît pas avoir remarquées
jusqu'ici sont celles dont les cellules sont placées à des
hauteurs différentes les unes par rapport aux autres, et qui
se rapprochent parce fait du 5. dispar Bréb.(^) tout en
s'éloignant de la figure donnée par l'auteur lui-même, et
qui ne parait d'ailleurs pas représenter fidèlement l'espèce
décrite. C'est là une forme analogue à celle que Ton ren-
contre chez d'autres espèces du même genre et que les
auteurs ont décrite sous le nom de zig-zag. Chez cette
orme seulement, on trouve les épines alternantes comme
le veut Brébisson, pour son 5. dispar.
Quant à la disposition des épines, suivant telle ou telle
direction, disposition dont l'auteur semble vouloir tirer
un caractère spécifique, on ne peut lui accorder aucune
valeur, car dans des cellules du type bien caractérisé, on
peut voir des pointes placées de toute façon : cela paraît
dépendre de l'âge de la cellule qui jeune a presque tou-
jours les épines repliées contre la cellule. L'épine est
d'ailleurs déjà formée dans la cellule mère, où elle ne
peut naturellement pas prendre la position que l'on lui
connaît dans la cellule parvenue à son complet dévelop-
pement. Le S. dispar Bréb. semble donc bien rentrer dans
le S. caudatus Corda.
(!) DE BuÉBissoN. Liste des Desmidiées observées en Basse- Normandie^
p. 159, pi. I, fig. 52 in iMéra. Soc. Se. nat. de Cherbourg.
75
Outre ces quelques modifications, ce Scenedesmus peut
en présenter d'autres. C'est ainsi que les cellules termi-
nales de la série peuvent être, comme le montrent les
figures 19 et 22, considérablement gonflées dans leur
partie médiane, et présentent souvent à leur extrémité
un mamelon bien caractérisé terminé par une pointe
recourbée en crochet; dès lors la cellule perd complète-
ment la forme cylindrique que l'on attribue à l'espèce. La
variété zig-zag peut aussi présenter d'autres états que ceux
indiqués plus haut : les cellules alternes, mais surtout les
terminales deviennent pyriformes, les premières allant
jusqu'à se rejoindre par leur partie élargie; dans ces cas,
il n'y a généralement que la queue de la poire qui porte
une pointe. On peut observer entre ces formes toute
une série d'états intermédiaires, qui ne sont que des
stades de développement du type; car lorsque la cellule
mère donne naissance à une nouvelle colonie, les cellules
alternes sont généralement encore unies par leur partie
large.
Ce Scenedesmus présente encore une autre variation
(jui porte sur la pointe. La cellule au lieu d'être terminée
par une pointe longue, mince et ordinairement recourbée,
est munie d'une pointe courte, arrondie au sommet. Ces
pointes courtes et longues se remarquent parfois sur une
même série linéaire de cellules. Un fait à remarquer c'est
que les cellules munies d'une pointe courte, sont géné-
ralement ovales oblongues, terminées seulement à l'une de
leurs extrémités par une pointe.
J'ai remarqué dans la même culture des Scenedesmus,
qui s'y trouvaient, il est vrai, en petit nombre, dont les
cellules oblongues ou ovales présentaient à toutes leurs
extrémités des pointes courtes; cette forme paraîtrait avoir
76
beaucoup d'analogie avec le ^. denlkulatus Lagerlieim (1).
La forme décrite plus haut se présenterait jusqu'à un
certain point comme une forme intermédiaire; elle pré-
sente également la variation que M. Lagerheim a appelée
S. denticidatus var. zig-zag.
Le type denticulatus figuré par l'auteur présente aux
pôles des cellules deux dents, mais d'après ce que m^écri-
vait VF. Lagerheim, il peut aussi se trouver des formes n'en
ayant qu'une. L'algue à laquelle je fais allusion pourrait
donc s'identifier au S. denticulatus, qui, dans ces condi-
tions, pourrait bien n'être qu'une modification de S. cau-
datus Corda.
Comme les figures 33 et 36 le montrent, toutes les for-
mes n'ont pas aux extrémités de toutes les cellules des
dents; celles-ci peuvent être disposées alternativement sur
les cellules médianes, et donnent, dans ce cas, un aspect
analogue au 5. dispar Bréb. Cette forme se reproduit
comme les autres espèces du même genre, c'est-à-dire
par la division du contenu cellulaire généralement en qua-
tre parties, donnant chacune naissance à un nouveau
groupe. Ces cellules ne présentent, à leur naissance, ordi-
nairement pas de pointe; parfois on y remarque un simple
mamelon, qui parait même manquer. A première vue,
un groupe présente, dans ces conditions, un faciès très
différent de la forme décrite plus haut et une grande ana-
logie avec les S. alternans et radius Reinsch(2). On serait
(1) Loc. cit., pi. II, fig. 13-17. Cette forme paraît plus rare que les
autres ; je ne la connais jusqu'ici signalée qu'on Suède, en Silésie et en
Bohême (Hansgiig).
(2) P. Reinsch. Die Algenfl. des Miltleren Thciles von franken, p. 81,
pi. VI, fig. III et VI.
77
tenté de les prendre pour des espèces distinctes si des
variétés intermédiaires ne les reliaient à la première
(fîg. 27-30).
A la sortie de la cellule mère, les i cellules, constituant
le nouveau groupe, sont disposées en croix. Or, d'après
M. Lagerheim, la caractéristique de son 5. denticiilatus a
genuimis Lagerh., est d'avoir les cellules en croix et
ovales-elliptiques, ce qui est généralement le cas des cel-
lules chez les échantillons que j'ai examinés. Les groupes
en croix se développent, se disjoignent et se disposent soit
d'une iaçon alternante, soit en ligne droite, les épines
prenant tantôt une dimension assez considérable ou res-
tant à l'état de mamelon.
La variété linearis décrite par M. Hansgirg(l), et qui a
pour seul caractère d'avoir les cellules disposées en ligne
droite ou presque droite, ne serait donc qu'un stade de dé-
veloppement. Si les cellules se disposent d'une façon alter-
nante, le groupe appartiendra à la var. Zig-Zag Lagerh.,
mais on peut voir dans une même série les deux formes
linearis Hansg. et Zig-Zag Lagerh. Toutes ces variétés
ne seraient donc que des étals de développement d^un
même type.
Les formes examinées avaient environ 8 w de large sur
12^. de long, mensurations qui se rapprochent de celles
données par M. Lagerheim à la var. genuinus et par
M. Reinsch au S. radius, qui, avec l'espèce voisine S,
alternans, me semblent devoir élre réunies. M. Reinsch
lui-même dit qu'il y a entre ces espèces une grande res-
semblance : les différences étant le nombre de cellules du
(1) l]\ysiMRG.Prodromns der Algcnfl. v. Bohmen, Th. I, Hefl II, p. 268.
78
groupe, leur similarité et leur disposition en ligne droite
chez la première espèce.
Un caractère bien distinct est donc difficile à attribuer
à ces différentes espèces, car la nombreuse série de formes
intermédiaires ne peut, pour le moment, nous faire con-
naître les limites de ces espèces. En tous cas, je crois qu'on
ne doit considérer actuellement comme S. caudatus que
des groupes de cellules dont au moins une présente à
Tune ou l'autre de ses extrémités une pointe plus ou
moins développée.
Quant à la var. ecornis que Ralfs a signalée, elle peut
appartenir au S. caudatus Corda, mais elle pourrait aussi se
rapporter au S.obtusiisMeyen, surtout si Ton consulte les
travaux de Naegeli, Priichard, quoique les figures données
par ces auteurs s'éloignent considérablement de celles que
l'on trouve dans Hassall, Ralfs, CookeC), qui au lieu de
cellules cylindriques nous montrent des cellules ovalaires à
pointes disposées alternativement. Les figures de Moyen (2)
ne peuvent servir de point de comparaison ; elles sont abso-
lument insuffisantes. Je suis tenté d'admettre comme type
du5. o6f?îe Flora des
U ntcrengad ins, \SS7-iSSS)menlionnc également à Tarasp
le R, abielina Gren., mais je ne sais sous quelle forme.
Jusqu'ici, je n'ai pas vu d'échantillons du vrai R, uriensis
originaire de la Basse-Engadine. J'ajouterai qu'autour
d'Ardezetdansle valTasna, je n'ai pas aperçu cette espèce.
En dehors de la Suisse (^), je ne connais le vrai R.
uriensis que du Tyrol(de la vallée de Stubai [SOOO'-^OOO'jet
de St-Martin près de Hall [2500']) distribué par M. Kerner
sous le nom de R. capnoidcs. C'est la forme pubescente, à
glandes sous-foliaires assez abondantes(2).
M. J. Wiesbaur (Oesl. Bot, Zeit., 188G, n'» 10)
signale le R. abietiiia en Bohème sous deux formes
différentes : f. interposita et f. Guenthcri (R. Gucntheri
Wiesb.). Quant à la forme Guenlheri, dont Tauteur m'a
envoyé une série d'exemplaires en fleurs et en fruits,
elle n'appartient pas au vrai R. uriensis. C'est, selon moi,
une variation du R. coriifolia à dents très composées-
glanduleuses, à face inférieure des folioles chargée sur le
(i) Je tiens à l'écart, pour le moment, le Jura français avec son
Ji. abielina Gren., j)arce que celte forme me laisse des doutes sur son
idéalité spécifique.
(2) Dans le G<> fascicule de mes Priviidae, p. 719, j'avais rangé le
R. capnoidcs Kern, dans un groupe de variations du R. r.oriifolia à
folioles à nervui'es secondaires non glanduleuses. Ayant revu les exem-
plaires de mon herbier et examiné les spécimens de l'herbier de M. Christ,
j'ai reconnu (ju'ils possédaient des glandes sous-foliaires i)lus ou moins
abondantes. •
99
parenchyme de nombreuses et très petites glandes, à
pédicelles, réceptacles et sépales églandeux. La corolle
paraît être d'un rose assez pâle.
M. H. Braun, dans ses Nachtrclge zur Flora von Nieder-
Oesterreich (1885), décrit un jR. abietina Gren., mais
à en juger d'après la description il ne me paraît pas
pouvoir être rapporté au vrai R. uriensis.
Dans les nombreux matériaux que j'ai reçus de Scan-
dinavie, d'Angleterre, d'Allemagne et de France, je
ne trouve aucune forme qui puisse être identifiée au
R. uriensis.
On ne peut pas conclure des faits rapportés ci-dessus
que cette Rose soit exclusive aux lieux où on l'a décou-
verte jusqu'ici; de nouvelles recherches viendront peut-
être étendre son aire de dispersion. Quoiqu'il en soit, il
semble que cette Rose constitue une forme ou race assez
remarquable, dont l'aire géographique est beaucoup moins
vaste que celle du R, coriifolia.
Le R. uriensis mérite-t-il, comme je le demande ci-
dessus, d'être séparé du R. coriifolia pour constituer une
espèce secondaire autonome? On peut dire qu'il est très
voisin du groupe secondaire(l) de Roses montagnardes,
dont la série de formes à l'état glabre a reçu le nom de
R. glauca Vill. et dont la série de formes à l'état pubescent
a été décrite sous celui de R. coriifolia Fries. Dans la
classification que j'établirai plus tard, dans ma monogra-
phie, peut-être constituera-t-il un membre distinct, ou si
(1) L'épithèle de secondaire n'est pas employée ici dans le sens de
2me degré; elle signifie simplement que l'espèce ou le groupe spécifique
auquel elle est appliquée n'est pas de 1" ordre : ce groupe peut être
de 2e, de 3e ou de 4^ ordre.
100
Ton veut prciulra-t-il une place spéciale clans le groupe
secondaire constitué par les R, rjlauca et R. corii folia,
formes représentés par un grand nombre de variations
auxquelles on a appliqué des noms spécifiques. Je dis
peut-être, parce que je suis encore assez loin de penser
qu'il ait des caractères suiïîsamment marqués pour écarter,
d'une part, ses formes pubescentes du R, coriifolia et de
l'autre, ses formes glabres du R. glauca.
D'après les descriptions qui sont données par les
auteurs, il semble que le R. uriensis soit très distinct des
R. glauca et R. coriifolia, mais cette distinction n'est-elle
pas due à ce que ces deux dernières ormes n'ont pas
été suQisamnient étudiées? Les matériaux extrêmement
abondants que j'ai réunis des localités les plus diverses
démontrent surabondamment que les descriptions des
auteurs ne s'appliquent qu'imparfaitement aux iR. glauca
et R. coriifolia. Je ne décrirai pas ici les nombreuses
variations que subissent ces deux dernières formes, pour
démontrer que le R. glauca se relie assez étroitement aux
formes glabres du R. uriensis et qu'à son tour le R. corii-
folia en fait de même avec les formes pubescentes. Je
dirai seulement que le R. glauca et le R. coriifolia peuvent
avoir parfois une glandulosité des feuilles et des organes
lloraux aussi abondante que le JR. uriensis. Je possède
en herbier des formes auxquelles j'hésite à donner un
nom. Sont-elles plutôt des R. coriifolia ou R. glauca que
des R. uriensis? 11 est assez vraisemblable que les nou-
velles recherches feront découvrir d'autres variations inter-
médiaires qui, à fin de compte, relieront peut-être d'une
façon complète les R. glauca et R. coriifolia au/i. uriensis.
Occupons-nous maintenant des 7^ Thomasii, R. Dema-
101
tranea et R. abietina f. Brueggeri, que M. Christ avait
associés au R, uriensis.
Sous ces trois noms différents, il n'y a probablement
qu'un simple groupe de variations très affines appar-
tenant à la sous-division des membres du R, canina à
laquelle j'ai autrefois donné le nom de Tomentellae. Ce
groupe est-il autonome, c'est-à-dire est-il constitué par
autre chose que de simples variations du R. tomentella
Lem. de la plaine, ou bien est-il composé de formes
auxquelles la montagne a imprimé un caractère particu-,
lier plus ou moins constant?
Pour répondre à cette double question, il faudrait avoir
fait une étude approfondie et suffisamment prolongée sur
le vif et avoir réuni des matériaux d'herbier extrême-
ment riches; or, je n'ai pu, jusqu'ici, étudier ce groupe
dans la nature que dans le Maderanlhal et quoique mon
herbier soit assez bien fourni d'échantillons, ceux-ci ne
sont pas encore assez abondants. Créer des espèces
comme on le voit faire si fréquemment est chose relative-
ment facile. On sait que le plus grand nombre de
ces créations reposent sur des formes individuelles ou
sur de simples états de pubescence ou de glandulosité.
Lorsqu'il s'agit de distinguer, dans les formes innom-
brables dérivées d'une type primaire ou cardinal, un
groupe de formes ayant acquis plus ou moins son auto-
nomie par suite de certaines circonstances, alors la
besogne devient beaucoup plus difficile, par ce fait que les
groupes de 2% de 3^ ou de 4^ degré présentent ordinaire-
ment des caractères distinctifs affaiblis, qu'une longue
observation est seule capable de faire bien saisir.
Avant de tenter la classification des R. Thomasii,
R. Dematranea et formes voisines, il faut que l'étude du
102
groupe du R, (omcntella soil plus avancée qu'elle ne Test
actuellement.
Le groupe du R. tomentella est encove pour moi h Tétat
plus ou moins cliaotique.il me faudra faire d'assez longues
reclierches pour classer, selon leurs aflînités naturelles, les
matériaux considérables que j'ai réunis et qui forment,
dans ma collection, huit cartons assez volumineux.
Aujourd'hui, je me contenterai de faire remarquer
l'étroite affinité des U. Thomasiij R. Detnatranea et
M. abietina f. Briieggeri, leurs rapports avec le R. tomen-
tella et par là les différences qui les sefd^reni du R.vriensis,
Le R. Tliomasii Pug. a été décrit pour la première fois
en 1774 par M. le Chanoine Cottet (Bull. Soc, Miirilh.,
1874, p. 24). Dans cette description (faite sur des spéci-
mens d'Attinghausen), comme dans une description ma-
nuscrite que m'avait adressée M. l'Abbé Puget (faite
également sur des échantillons d'Âttinghausen), les ner-
vures secondaires sont dites églanduleuses, ce qui répond
exactement aux spécimens authentiques du Schiichenthal
qui se trouvent dans mon herbier et celui de M. Christ.
M. Cottet attribue à cette forme des styles glabres, tandis
que la description de M. Puget les d\[ faiblement hérissés.
M. Christ (Ros. ci. Sc/iw., p. 157) décrit les styles faible-
ment laineux (schwach wollig).
Je n'ai pas vu de spécimens provenant d'Altinghau-
seri, mais il est vraisemblable que chez ceux-ci, comme
chez ceux du Schîichenthal et d'Axen, les styles sont assez
peu ou modérément hérissés, ce qui est le cas pour le
R. Dematreana et \c R. abietina f. Rrueggeri.
Dans le R. nriensis, de même que dans les R. corii folia
et R. (/Iduca, les styles sont eniourés de nombreux poils
qui lieniient les stigmates distants les uns des autres,
105
rejettent un peu en arrière les extérieurs qui débordent sur
le disque en donnant au capitule stigmatique une forme
semi-hémisphérique très caractéristique. L'aspect de ce
capitule semi-hémisphérique avec les stigmates distants et
plongés dans un épais tomentum est bien différent de
celui des capitules stigmatiques glabres ou peu hérissés,
à stigmates pressés les uns contre les autres.
J'ai observé dans le Maderanthal, vers le hameau
« Am Schattingen-Berg », à 820 mètres d'altitude, un
très fort buisson du R, Thomasii. Dans son voisinage
immédiat, croissait un ou plusieurs buissons de R, Dema-
tranea.
Le R. Dematranea Lag. et Pug. dont je possède une
riche série d'échantillons, dont un bon nombre m'ont été
adressés par M. le Chanoine Cottet, des environs de
Montbovon, a été décrit par celui-ci en 1874 (loc. cit.,
p. 52). C'est cette même forme que Déséglise a donnée,
en 1877 (Catal.j n" 295 en observ.), sous le nom fautif
de R. Thomasii,
Il ne diffère réellement du R. Thomasii que par la
présence de glandes plus ou moins nombreuses ou plus
ou moins rares sur les nervures latérales des folioles, et
par une dentelure foliaire un peu plus glanduleuse.
On se demande comment d'aussi bons observateurs que
MM. Puget et Cottet n'avaient pas saisi les rapports étroits
qui relient ces deux prétendues espèces. C'est encore la
valeur exagérée accordée à la glandulosilé foliaire qui,
dans ce cas, a fait faire fausse route.
Les R. uriensis, R. coriifolia, R. glauca et R. tomen-
tella étant à nervures secondaires tantôt églanduleuses,
tantôt glanduleuses, je ne vois pas de raison pour tenir
compte de l'absence ou de la présence de glandes sous-
lO/p
foliaires pour séparer le R. Thomasîi du R. Dematranea.
Je les réunis donc, eu conservant le nom de R. Dematra-
nea, qui n'était appliqué qu'à la forme la plus répandue,
c'est-à-dire à la variation à nervures secondaires glandu-
leuses.
Au R. Dematranea, doit très probablement venir se
joindre la forme du R. abietlna connue sous le nom
de Bruecjcjeri. M. Christ a décrit cette variation sur des
spécimens que je n'ai pas vus et qui sont conservés
dans l'herbier Godet : ils proviennent des environs de
Thusis. Les échantillons nommés Bnieggeri par M. Christ
dans son herbier sont de Flims (1000 m.), et de Fidaz
(1100 m.), recueillis par lui en 1879 et par M. Heer,
en 1880. Ces échantillons, qui simulent un peu certaines
variations du R, tomenlosa, présentent la même glan-
dulosité que le R. Dematranea. Leurs styles sont modé-
rément hérissés comme dans celui-ci.
Le R. abietina f. glaronensis, qui est représenté dans
mon herbier et dans celui de M. Christ par de beaux
spécimens fructifères, mais provenant du même buis-
son, ne peut, à en juger d'après ces échantillons, être
associé au R. Dematranea. Il me faudrait un supplément
d'informations pour décider à quelle espèce celte forme
glaronensis appartient.
Le 7?. Dematranea (incl. R. Thomasîi et f. Rrueggeri)
m'est connu en Suisse des localités suivantes, que je relève
dans mon herbier ef dans celui de M. Christ.
Sous sa forme Tliomasii : dans le Schàchenthal près
iMùhlebach (leg. Gisler), Axen (leg-. Gisier), dans le Ma-
deranihal (I g. Crépin), au Bninig {Ici:. Bouvier).
Sous sa foi nie Doiialnuien : environs de Monthovon et
des Cases d'Allières (leg. Cotiei), Siininenlhal (leg. Favral)^
10')
Neuhaus (leg. Christ), Murren (leg. Alioth), Grindelwald
(leg. Christ), au Brunig (leg. Christ), au Landenberg au-
dessus de Sarnen (leg. Christ), Gersau (leg. Schneider),
Fliilen, AUorf, Biirglen (leg. Gisler), Maderanthal (leg.
Crépin), Oberwyl (leg. Burckhardt)(l), Durnachlhal au-
dessus de Linthal (leg. Christ), environs de Nâfels (leg.
Schneider), entre Quinten et Walenstadt (leg. Schroter).
Enfin sous sa forme Brueggeri : Flims(leg. Christ et Heer).
La distribution du R. Dematranea en Suisse telle que
je viens de rétablir ne manque pas d'un certaine unité; on
la voit s'étendre sur une ligne continue de la Sarine au lac
de Walenstadt, d'où elle remonte dans la vallée du Rhin.
Il semble que cette forme ne végète pas, en général, à une
altitude aussi élevée que le JR. uriensis. Les aires de
distribution de ces deux Roses ne paraissent pas se con-
fondre, quoique, sur certains points, comme vers Amsteg
et Flims, elles soient en contact.
Le R. Dematranea serait-il propre à la Suisse et n'exis-
terait-il pas en dehors de ce pays? Peut-ètfe est-ce bien
lui qu'on a indiqué dans le Jura français sous le nom de
R, abietina Gven. Il se trouve, dans l'herbier de M. Christ
(i) M. le D"* Burckhardt a récolté à Oberwyl une forme voisine du
R. Dematranea, dont les styles sont glabres et que M. Christ a étiquetée
R. tirolensis (Conf. Christ Flora, 1874). Je n'ose me prononcer sur Tiden-
tité spécifique de cette forme. D'un autre côté, M. le D"" Burckhardt a
recueilli à Bolligen une Rose à styles également glabres, que M Christ a
également étiquetée R. tirolensis (Conf. Christ I. c ). Les beaux échan-
tillons de cette forme conservés dans l'herbier de M. Christ ont absolument
le faciès général du R. lomenlella de la plaine et je ne puis voir en eux
qu'une variété de celui-ci à styles glabres, à pédicelles hispides-glanduleux
et à réceptacle un peu hispide à la base. Remarquons toutefois que
M. Favrat a observé le R. Dematranea dans le Simmenthal,
100
un éclianlillon en Hours recueilli aux environs de Pallanza
en 1875 par M. Monnier, que M. Christ a nommé R. abie-
tina f. nricnsis et auquel il fail allusion à la page 375 du
Flora de 187G. Je ne pense pas qu'on puisse rapporter
ce spécimen au R. iiriensis. Peut-être appartient-il au
R. Dematranea. Quoique le R. tirolensis Kern, soit à styles
glabres et à réceptacles seulement hispides à la base, il
pourrait bien être une variation du R. Demalranea :
M. Christie considère comme une variété du R. tomcnlella.
Voilà tout ce que je connais en fait de formes étran-
gères à la Suisse qui semblent avoir des rapports suffi-
samment apparents avec le R. Dematranea.
Maintenant je pose cette question : Le R. Demalranea
est-il toujours à feuilles pubescenles? Comme le R. tomen-
tella de la plaine et des vallées basses présente çà et
là des variations à feuilles glabres, il n'y aurait rien
d'extraordinaire, me semble-t-il, à trouver également le
R. Demalranea à l'état glabre. Jusqu'à présent, je ne vois
qu'une forme qui puisse, peut-être, représenter l'élat
glabre en question. M. Christ en a trouvé un gros buisson
entre Stachelberg et le Fiitschbach dans le Linthtahl
(région où existe le R. Demalranea pubescent). Les spéci-
mens qui sont conservés dans son herbier, à part l'absence
de pubescence et de glandes sur les folioles ressemblent
extrêmement au R. Dematranea. J'appelle l'attention des
spécialistes suisses sur cette forme et je les engage, en
outre, à rechercher ailleurs les variations glabres du
R. Demalranea. M. Christ avait rapporté la Rose de
Stachelberg au /^ alpeslris Rap. (Ros. d. Schw., p. 140),
mais ses aiguillons fortement crochus et divers autres
caractères ne justifient pas celte identification.
Le R. Dematranea, dont il vient d'être longuement
107
question, ne pent certainement pas être associé au
R. iiriensis, dont il diffère par son port plus lâche, par ses
aiguillons plus crochus, par son inflorescence à pédicelles
plus longs, par sa corolle plus pâle, par ses sépales
réfléchis ou seulement étalés pendant la maturation, ordi-
nairement caducs avant la maturité du réceptacle, à
appendices plus nombreux, ordinairement plus foliacés,
les inférieurs ordinairement incisés assez profondément,
par ses styles seulement hérissés, à stigmates non séparés
les uns des autres par un épais tomentum.
La forme des sépales permet souvent, au premier coup
d'œil, de distinguer le R. iiriensis du R. Dematranea.
Dans le premier, les sépales extérieurs n'ont ordinaire-
ment que 2 à 4 appendices latéraux étroits, presque toujours
entiers, les supérieurs restant éloignés de la point dilatée
du sépale, tandis que dans le R. Dematranea les appen-
dices sont ord. plus nombreux (3-6), plus foliacés, les
supérieurs rapprochés de la pointe dilatée. Sur de nombreux
échantillons du R. iiriensis, on trouve de temps en temps
des exceptions à ce que je viens de décrire, mais cela
n'enlève rien à l'utilité pratique du caractère tiré de la
forme des sépales.
Quant à distinguer le R. Dematranea du R. tomentella
d'une façon à ne pas laisser prise au doute, la chose me
paraît très difficile, en présence des variations extrêmement
nombreuses auxquelles est soumis le f?. tomentella de la
plaine, variations qui n'ont pas encore fait jusqu'ici l'objet
d'une élude suffisamment approfondie. On ne peut guère
employer la forme et les dimensions des folioles, ni leur
pubescence ou leur glandulosilé, tant il y a de variations
soit dans le R. tomentella de la plaine, soit dans le R. De-
matranea. Dans ce dernier, les pédicelles et les réceptacles
108
paraissent è(re toujours abondamment Inspides-glandu-
leux, mais il se présente des variations du R. tomentella
de la plaine chez lesquelles cette glandulosité est à peu
près la même. La forme des sépales n'offre guère de res-
sources distinctives; seulement, dans le R. Demalranea les
sépales paraissent être moins promptement caducs et sont
plus relevés pendant la maturation sans toutefois être
redressés comme dans le R. uricnsis. Il revient aux spé-
cialistes qui peuvent étudier le R. Dematranea dans leur
canton de rechercher, par une élude atlentive et prolon-
gée, les caractères morphologiques et biologiques qui
séparent celte forme du R. tomentella de la plaine. Ils
auront à suivre celui-ci dans sa marche ascensionnelle,
car il s'élève assez haut, à examiner vers quel point il
devient rare, où il disparaît pour faire place au 7?. Dematra-
nea, Il est probable que celui-ci est une forme dérivée du
R. tomentella et dont les faibles caractères distinclifs sont
peut-être dus à des influences climatériques.
Dans certaines vallées des régions monlagneuses, on
peut voir çà et là les R. glauca et R. coriifolia cohabiter
avec les R. canina et R. dumetorum. De cette cohabi-
tation, doit-on conclure que les deux premières formes,
(|ui sont des monlagnardes, se soient trouvées de tout
temps en compagnie des deux dernières, qui sont des
formes de la plaine ou des régions inférieures? Les pre-
mières ne soni-elles pas descendues de niveaux plus élevés,
ou les dernières no sonl-ellcs pas moulées sporadiquemenl,
chose (jui [)arail facile le long des routes et des grands
chemins? Les spécialistes habitant les régions monla-
gneuses feront bien de s'assurer si le mélange de formes
montagnardes et de formes de plaine existe en dehors des
lieux où l'on peut faire intervenir l'action de faciles
transports de bas on haut.
i09
Je dois m'excuser de m'étre arrêté aussi longuement,
dans ce paragraphe, pour discuter la nature du R. abie~
Una tel que l'avait conçu le savant botaniste de Bale. Cette
discussion qui pourra paraître bien diffuse aux lecteurs
étrangers à cette question, était nécessaire. Je me suis
efforcé de dissiper des confusions que je considère comme
fâcheuses pour les progrès de la connaissance des Roses
suisses et des Roses en général. Je convie les spécialistes
à vérifier, sur le vif et dans leur herbier, les faits que j'ai
analysés et appréciés et je les prie de rectifier, s'il y a lieu,
les points que j'ai pu mal interpréter. L'étude des formes
secondaires, je le répète, est parfois d^une difficulté inouïe
et leur connaissance réclame une somme de travail extra-
ordinaire. Pour apprécier à sa véritable valeur certaines de
ces formes, il ne suffit pas de l'étudier uniquement dans
son canton, sur quelques buissons et sur de rares échan-
tillons d'herbier; on doit la suivre dans une grande partie
de son aire de distribution et accumuler de riches maté-
riaux d'herbier. Il faut, en outre, pouvoir examiner à son
aise et à loisir des spécimens authentiques qui ont servi
de base aux descriptions des auteurs.
II.
L^armatarc du Rosa alpiua L.
L'armature du R. alpina n'a pas encore jusqu'ici fait
l'objet d'observations suffisamment nombreuses.
La plupart des auteurs qui ont traité cette espèce se
sont bornés à dire que la partie inférieure de la tige est
ordinairement chargée d'aiguillons plus ou moins grêles
ou sétacés, abondants ou rares, et que la partie supérieure
de l'axe caulinaire ainsi que ses ramifications sont inermes.
110
Seringe (in Proclr.) a décrit une variété aculeata clans
laquelle les aiguillons sont plus robustes que dans la forme
ordinaire. Celle variété a élé décrite en 1873 par Désé-
glise sous le nom de R. adjecta (R. inlricala Déségl. ad
amie). Ce dernier auteur a, en outre, décrit, sous le nom
de R. inter calavis (R. (iIpestris'Désèg\.)y une autre variation
du R. alpina à aiguillons plus grêles que dans son R. ad-
jecta. Dans les R. adjecta et R. intercalaris, les aiguillons
peuvent envahir les rameaux et jusqu'aux ramuscules
florifères.
Dans la description du R. intercalaris, Déséglise ne
parle pas de la disposition des aiguillons, qu'on doit sup-
poser éparsj mais, dans la description du R. adjecta, il
dit des aiguillons : quelques fois (jéminés sous les feuilles.
M. Christ (Ros. d, Schiv., 1873) décrit une forme du
i?. alpina sous le nom de reversa qui correspond au R.
intercalaris ou du moins qui comprend celui-ci. Posté-
rieurement, le même auteur (Flora, 1874) décrivait, sous
le nom à" aculeata une forme du R. alpina qu'il avait
découverte aux environs de Fusio. Voici ce qu'il dit des
aiguillons : Zxveige mit langen, derben geraden an der Rasis
verbreiterten Stac/ielpaaren unter den Stipulas. Les deux
spécimens de cette forme de Fusio conservés dans l'her-
bier de M. Christ ne montrent que des aiguillons épars ou
des aiguillons plus ou moins rapprochés par trois sous les
feuilles. 11 est cependant probable que sur le ou les pieds
vivants qu'il a vus à Fusio, M. Christ a observé des aiguil-
lons régulièrement géminés.
Quelques années après, M. Schniidely (Annales de la
Société botanique de f^yon, 1878-187*.)) décrivait, sous le
nom de R. alpina var. si/npiicidens, une forme qui se
distingue, dit-il, du R. alpina ordinaire : par ses tiges et
Ill
une grande partie de ses rameaux florifères recouverts
d'aiguillons assez fort, presque droits ou légèrement
inclinés, à base élargie et assez régulièrement géminés sous
les feuilles.... Dans les échantillons de celte forme, que
m'a envoyés M. Schmidely, je compte 5 paires d'aiguillons
régulièrement géminés. Le R. alpinoides Déségl. corres-
pond à cette variété simplicidens.
L'existence d'aiguillons géminés dans le R. alpina avait
donc été constatée dès 1875 par Déséglise et M. Christ,
et en 1878, par M. Schmidely. Cette disposition des
aiguillons est-elle un cas très rare et toutà fait exceptionnel?
Les très riches matériaux que je possède du R. alpina vont
me permettre de répondre à cette question. En dehors des
échantillons à aiguillons géminés recueillis par moi et
dont il sera question plus loin, je vais énumérer les localités
d'où je possède des échantillons à aiguillons géminés, en
commençant par la Suisse.
Suisse : Thyon (leg. Wolf), Mont Clou (leg. Favrat),
Mayens de Sion (leg. Favral), Gurnigelberg (leg. Christ),
Chesiéres (Rapin), canton de St-Gall, mais je ne sais pas
lire la localité (leg. Schlatter).
France: Salève(leg. Schmidely), La Mure (leg. Moutin).
Italie : entre Premadio et S. Gallo (leg. Levier), in
Apennino pistoriense (leg. Savi).
Dans les échantillons de ces diverses localités, les paires
d'aiguillons géminés sont plus ou moins rares; elles se pré-
sentent soit sur la tige, soit sur les rameaux et même, mais
plus rarement, sur les ramuscules florifères. La variation
aculeata, sans trace d'aiguillons géminés, est beaucoup
moins rare que la précédente.
J^en arrive maintenant aux échantillons à aiguillons
géminés provenant de mes récolles.
112
En 1887, le 25 août, en descendant du Col de Voza,
j'ai observé aux environs de Bionnassay (Savoie) une co-
lonie d'un R. alpina dont l'armature m'avait beaucoup
frappé. Les robustes pousses stériles élaient chargées, sur
toute leur longueur, de très nombreux aiguillons, les uns
robustes, allongés, comprimés et parfaitement droits mé-
langés à d'autres nombreux et sétacés. Dans la partie
supérieure des tiges de l'année précédente portant les
ramuscules fructifères, les aiguillons sont moins abon-
dants, ordinairement épars, très rarement géminés; mais
sur les vigoureuses pousses latérales stériles de ces
mêmes tiges, les aiguillons sont tous ou presque tous
régulièrement géminés comme dans les Cinnamomeae.
Quant aux ramuscules fructifères, ils sont inermes, avec
quelques aiguillons épars, 1res rarement avec des aiguil-
lons géminés.
Dans la région où j'ai recueilli cette forme de iR. alpina,
qui est pure de toute hybridation, on rencontre seulement
les R. ferruginea, R. çjlauca et R, coriifolia.
Mes autres échantillons de R. alpina à aiguillons
géminés proviennent d'Ardez (Basse-Engadine), où, cette
année, j'en ai observé deux habitations éloignées d'une
demi lieue l'une de l'autre. Ils présentent de nom-
breux aiguillons géminés tant sur la tige que sur les
rameaux et les ramuscules fructifères. Tous ces échan-
tillons revêtent l'un des caractères les plus saillants des
espèces de la section Cinnamomeae. Le R. cinnamomea
est très répandu dans tous les alentours d'Ardez, mais
rien dans les spécimens du R. alpina ne fait soupçonner
ceux-ci de la moindre trace d'hybridalion avec le R. cin-
namomea.
Jl est à remanjuer ({uo les divers êlals aculéolés du
113
R, alpina : var. aculeata à aiguillons assez robustes gémi-
nés ou épars el var. intercalaris (R. intercalaris Déségl.,
R. alpina f. reversa Christ) à aiguillons fins et très grêles,
ne répondent pas à des variations spéciales, que ces états
peuvent se présenter probablement chez la plupart des
formes du R. alpina.
Maintenant que l'attention va être plus spécialement
attirée sur les variations du R. alpina à aiguillons géminés,
je ne doute pas qu'on arrive à constater des cas plus
fréquents de production d'aiguillons géminés dans cette
espèce.
L'apparition d'aiguillons géminés chez le R, alpina,
bien que, pour le moment, elle soit encore assez rare, pro-
voque des réflexions qui amèneront peut être un change-
ment dans le classement de ce type. Plus tard, j'aurai
l'occasion de revenir sur ce fait hautement intéressant, en
reprenant l'étude de certaines Roses du Caucase dont
l'interprétation est resiée pour moi très douteuse.
m.
Le Rosa ferragînea Vill.
A chacun de mes voyages dans les Alpes, j'ai été fnippé
de plus en plus de Textréme distinction du R. ferruginea,
sur lequel on ne peut jamais se méprendre, qui se recon-
naît même toujours à distance à l'égal des meilleurs types
primaires. Celte espèce se maintient avec son faciès et
tous ses caractères quelle que soit la nature des stations.
Malgré cela, les descriptions qu'on en a données jusqu'à
présent laissent presque toujours supposer que ce type ne
se dégage pas d'une façon très nette de certaines formes
du R. glauca.
114
En 1882, dans le G^ fascicule de mes Primitiae, je
n'avais pas encore bien saisi lout ce que ce type présente
d'original, de particulier, et ce que j'en disais alors reflète
des hésitations qui ont disparu.
En 1875, dans sa monographie, M. Christ considérait
cette Rose comme un type de premier ordre, mais, en
1885 (Le gem^e Rosa, etc., trad, franc.), il la relègue à
un rang secondaire. Ses idées à l'égard de celte espèce ont
ainsi subi une évolution en sens contraire des miennes.
En 1879, MM. Burnat et Gremli (Les Roses des Alpes
maritimes) considéraient le R. ferruginea comme une
espèce de premier ordre, et je ne sache pas qu'ils aient
changé d'opinion sur son compte.
Selon moi, le R. ferruginea ne peut-être mis au même
rang spécifique que le R. glauca. Celui-ci est d'un rang
taxinomique bien inférieur; il montre des attaches encore
très étroites avec le R. caniiia, dont il ne paraît être
qu'un membre modifié depuis une époque relativement
nioderne. Au contraire, le R. ferruginea, qui n'a pas de
forme correspondante dans la plaine, est franchement
séparé du groupe Canina par la figure particulière de ses
aiguillons, par ses sépales étroits, allongés et ordinaire-
ment entiers, par sa corolle petite, à pétales colorés d'une
façon spéciale, par ses feuilles caulinaires 9-foliolées et
non 7-foliolées et par divers autres caractères qui parais-
sent bons, mais qu'il importe de vérifier avec soin.
C'est ainsi que M. Christ lui assigne un disque petit,
tandis qu'il dit celui du R, glauca large ; il ajoute que les
filets slaminaux sont courts et que le fruit (réceptacle) mûr
est fade. J'ai déjà fail un certain nombre de coupes verti-
cales de réceptacles frais des R. ferruginea, R. glauca et
y^ viontana,(\y\\ m'ont laissé voir, dans la première espèce
115
le col du réceptacle mince, tandis que dans les deux
autres espèces celui-ci est plus ou moins fortement épaissi;
mais il faudrait faire de nombreuses observations pour être
certain que les différences sont bien constantes. Des fruits
bien mûrs et devenus pulpeux du R. ferruginea se sont
montrés très légèrement acidulés, tandis que ceux du
R glauca semblent avoir le goût de ceux du R. canina,
c'est-à-dire franchement acidulés, mais ici encore on ne
doit affirmer qu'après de nombreuses observations faites
avec soin. La forme des folioles, leur forte glaucescence,
leur constante glabréité, leurs dents toujours simples et
enfin le faciès général des buissons fournissent, à leur
tour, d'excellentes notes dislinclives. Je suis persuadé
qu'on finira par tracer des diagnoses qui dégageront d'une
façon claire et pratique le R, ferruginea des autres formes
avec lesquelles on l'a associé trop étroitement.
Aucun auteur ne semble avoir remarqué que les tiges
sont toujours à feuilles 9-foliolées, alors qu'elles sont
normalement 7-foliolées dans les R. caninaj R. dumeto-
runiy R. glauca, R. coriifoliaj R. montana, R. rubiginosa,
R. micrantha^ R. graveolens, R. agrestis, R. tomentosa,
R. mollis et R. pomifera. 11 est bien rare de les voir
9-foliolées dans l'une ou l'autre de ces espèces. Ce caractère
tiré du nombre des folioles me paraît remarquable et
digne d'entrer dans le diagnose du R. ferruginea. Rare-
ment, l'on voit des échantillons d'herbier de cette espèce
accompagnés de fragments de tiges feuillées. C'est probable-
ment ce qui explique en partie le silence des auteurs sur
le nombre des folioles des feuilles caulinaires. Lorsque
les feuilles caulinaires d'une espèce sont 9- ou 11-foliolées,
on voit habituellement ou souvent les feuilles moyennes des
ramuscules florifères, lorsque ceux-ci ne sont pas trop
116
courts, se montrer à 9 folioles, et parfois à 11 folioles.
Dan<5 le R. ferruginea, les feuilles moyennes des ramus-
eules florifères, de même que les pousses stériles nées
dans la partie supérieure de la lige, sont très exception-
nellement 9-foliolées. il y a donc ici une exception à la
règle. Dans les herbiers, il faut bien se garder de prendre
des pousses stériles latérales, qui sont à feuilles 7-foliolées,
pour des fragments de la tige.
Quant aux prétendues formes intermédiaires qui relie-
raient de R. ferruginea au R. glauca, j'aurai l'occasion
d'en parler à propos du /î. glauca.
IV.
Moyeu de bien observer les g^landes sous-foliaires
sur les folioles pubescentes.
Chez certaines Roses à folioles fortement pubescentes,
les glandes sous-foliaires sont parfois extrêmement diflî-
ciles à découvrir quand elles sont fines et blanchâtres.
Dans le 6^ fascicule des Primitiae, j'avais dit, à propos du
R. pomifera : « Malgré ralîlrmalion eaniraire, les folioles
sont toujours ou presque toujours munies de glandes nom-
breuses à leur face inférieure. »
i\IM. Burnat et Gremli, dans le Supplément à la mono-
graphie des Roses des Alpes maritimes (1883), disent qu'ils
ont examiné à nouveau les échantillons de leur herbier et
que quant au R, pomifera f. typica, il leur semble que
j'ai été trop loin dans mon alïirmation en ce qui concerne
la présence dos glandes sous-foliaires. Je n'ai pas pu
vérifier les observations faites par ces savants, mais ce que
je puis assurer c'est que les nombreux matériaux qui sont
venus enrichir le R. pomifera sous ses différentes formes
117
dans mon herbier, qui compte actuellement quatre gros
fascicules(l), confirment ce que j'ai avancé. Je puis répéter
aujourd'hui qu'il est extrêmement rare de trouver un
R. pomifera^ quelle que soit sa variété ou variation,
dépourvu de glandes sous-foliaires plus ou moins abon-
dantes. Pour observer les glandes, il ne faut pas un
microscope; il suffit d'une très forte loupe ou d'un bon
doublet, et un éclairage convenable, c'est-à-dire la lu-
mière directe du soleil ou la lumière d'une lampe projetée
par une large lentille. Une vive lumière est surtout néces-
saire quand les glandes ne sont pas colorées et sont très
fines (2). Pour bien voir les glandes fines ou blanchâtres,
on doit les examiner obliquement. Ce n'est pas sans peine
parfois qu'on parvient à les découvrir. C'est ainsi que
récemment j'ai recommencé à plusieurs reprises l'obser-
vation des feuilles d'une jeune tige de R. Heckeliana
Tratt.; j'en étais arrivé à croire que les folioles étaient
complètement églanduleuses en dessous, quand, à un
moment donné, par suite d'une certaine inclinaison donnée
aux feuilles, j'ai pu reconnaître avec certitude que toute la
face inférieure des folioles portait de fines glandes blan-
châtres entremêlées au tomentum.
Cette difficulté d'observation explique comment il se
fait que certains auteurs refusent des glandes sous-foliaires
à des espèces ou à des variétés qui en sont plus ou moins
abondamment pourvues.
(A continuer.)
(1) Ceux-ci contiennent maintenant tous les R.pomifera de la collection
de M. Christ.
(2) Sur les mêmes folioles, les glandes placées vers les bords du limbe
peuvent être colorées, tandis que celles de la partie centrale sont restées
blanchâtres.
OBSERVATIONS
SUR QUELQUES FORMES
D'ALmS TERRESTRES EPIPHYTES
E. DE WILDEMAN,
Au mois de juin dernier, M. De-Toni a fait présenter à
la Société une note sur un genre nouveau d'algues, venant
se ranger dans la famille des Trentepohliacées. Cette forme
a été trouvée dans les serres du Jardin botanique de
Padoue au mois de mai dernier. A la même époque, j'ai
trouvé sur des feuilles d'Orchidées, dans un envoi de
M. Binot (Brésil), une production algologique analogue à
VHansgirgia De-Toni. Je n'avais, à ce moment, pas con-
naissance de la découverte de M. De-Toni. Déjà quelque
temps au paravant, en recherchant, parmi les lichens de
l'herbier du Jardin botanique de Bruxelles, des formes du
genre Trentepohlia, j'avais trouvé une algue formant des
taches brunâtres à la surface de certaines feuilles. Après
un premier examen, ce végétal me parut fort semblable au
Mycoidea parasitica décrit et figuré par M. Cunningham (*).
{i) On Mycoidea parasitica^ a new Genus of Parasitic Algae, by
D.-D. Cunningham in Trans, of Linnean Soc. of London. .Fan. 1879,
pi. ^2 et 43.
120
Lorsque M. De-Toni me communiqua le manuscrit de
sa noie, je ne croyais pas encore avoir trouvé une espèce
semblable, ou du moins, je prenais C Hansrjlrgia flabellicjera
et ce que j'avais trouvé moi-même pour des états d'une
même plante, à laquelle on aurait dû réunir les Mycoidea
Cunningb. et Chromopeltis Reinsch. Depuis, j'ai pu
m'assurer qu'il y a entre l'espèce qui nous occupe pour le
moment et les Chromopeltis des différences assez notables;
quant au genre Mycoidea, il y a plus de ressemblance du
moins dans certaines parties. En effet, les figures 9-11 de
laplancbe42qui accompagne le travail de M. Cunningbam,
sont assez semblables à ce que l'on peut voir dans la partie
en éventail du tlialle de VHansgirgia. Pour le moment, en
tous cas, on ne pourrait assurer Tidenlité complète de ces
deux genres.
J'ai trouvé récemment sur les feuilles d'une plante de
Batavia (Herb. De la Savinière n<* 546) une forme qui doit,
me semble-t-il, se rapporter au Mycoidea, d'abord par la
présence de filaments fructifères s'élevant au-dessus du
disque, et par ce dernier fixé à la feuille par des radi-
celles s'enfonçant dans le tissu comme on le trouve figuré
par M. GunninghamC). Ce sont en partie ces radicelles
qui empèrhent le disque de se détacher facilement de son
support par l'action de la potasse caustique, comme cela
se produit pour VHansgirgia. La croissance du Mycoidea
se fait d'ailleurs entre les couches épidermi(jues et sous-
épidermiques de la feuille, tandis que pour V Hansgirgia
la croissance est entièrement superficielle.
Le disque de VHansgirgia possède, à l'état frais, une
couleur orangée, tandis que, d'après iM. Cunningham, le
(1) Cunninghain. Loc. cit., pi. iZ, iig. 7.
121
Mycoidea est vert; ce ne sont que les filaments issus du
disque qui prennent la couleur orangée. Par l'humidilé, ces
filaments subissent, d'après l'auteur, la même modification
que ceux des Trentepohlia, c'est-à-dire qu'ils prennent
une teinte verte.
La figure de la fructification, publiée par l'auteur,
pi. 42, fig. 4, ne donne qu'une idée assez inexacte de la
réalité. II est bon aussi, me sembie-t-il, de faire remar-
quer ici, comme le signalait déjà M. Nordstedt(^), la res-
semblance entre la fructification du Trentepohlia pleiûcarpa
Nordst. et celle du Mycoidea parasitica. Il suffit de jeter
un coup-d'œil sur les figures 15, 14 et 16 de notre planche,
pour s'assurer de leur grande similitude. Les deux aspects
si diff'érents présentés par cette algue pourraient faire
croire à la superposition de deux espèces appartenant à
deux genres différents.
Par le fait même de son mode de croissance, le Mycoidea
présente à l'œil nu un aspect très différent de celui de
VHansgirgia : le premier formant de petites plaques bom-
bées, comme feutrées, le second étant à l'état sec papyracé
et couché sur l'épiderme de la feuille.
Quoiqu'il en soit, VHansgirgia mérite de plus amples
recherches. Comme le décrit M. De-Toni(2), l'appareil
végétatif de cette algue est formé de deux parties. La
première se compose de filaments chroolépiformes analo-
gues à ceux des Trentepohlia et qui sont dans la partie
qu'il a appelée en « éventail », disposés côte à côte et
paraissent parallèles; ils subissent cependant une véritable
(1) WiTTROCK et NoRDSTEDT. A Iç . exsicc, H» 409.
(2) De-Toni. Sur un genre nouveau d'Algues aériennes [Hansgirgia) in
Bull. Soc. bot. Belgique, Juillet 1888.
122
dichotomie. On pourrait décomposer souvent celle partie
étalée en deux autres, Tune où les filaments se présentent
presque parallèlement, l'autre où la divergence des fila-
ments s'accentue d'avantage, par suite d'une dichotomie
plus accusée. Tous les filaments ne se développent pas
uniformément, et ce sont ces petits éventails secondaires
ainsi formés, qui donnent à l'algue son aspect festonné sur
les bords lorsqu'on l'examine sous un faible grossissement.
L'autre partie du thalle paraît moins importante, ou du
moins elle semble résister moins longtemps; c'est celle que
l'auteur a appelée « partim reticulato-anastomosantibus. »
Lorsque je ne connaissais V Hansgirrjia que par sa descrip-
tion, j'avais hésité longtemps pour ramener la forme que
j'avais trouvée à celle décrite par M. De-Toni, surtout par
le fait que je n'avais pas remarqué cette partie. Mais après
avoir envoyé à l'auteur des échantillons de ma plante, j'ai
pu me convaincre que l'appellation « réticulée » ne doit pas
être prise dans le sens tout à fait exact du mot et que le
mot « irrégulière » conviendrait peut être mieux; car cette
partie n'est pas, comme on pourrait le supposer, composée
toujours de filaments s'enlrecroisant et laissant des vides
entre eux; les cellules sont très souvent disposées côte
à côte irrégulièrement et formant quelquefois des plaques
continues.
i>I. De-Toni parait avoir observé des zoosporanges
dans les filaments réticulés. J'ai remarque, dans la partie
en éventail, des cellules d'un diamètre plus considérable
(|ue celui des autres cellules (double et triple), et qui pa-
raissent être des zoosporanges. Ceux-ci sont ovalaires,
arrondis ou allongés. Je les ai généralement rencontrés
privés de contenu et il m'a semblé remarquer chez quel-
ques-uns des ostioles analogues à ceux que l'on trouve
dans les gamétanges des Trentepohlia.
123
Les filaments de l'algue ont, d'après M. De-Toni, de
3-7 fjt de largeur, les zoosporanges de 7-9 a sur 4-7 /a ;
j'ai cependant fréquemment trouvé des filaments d'un
diamètre supérieur (10 f/) j pour les zoosporanges le dia-
mètre m'a paru être toujours d'environ 15 /ui.
Dans son travail sur les gonidies des lichens, M. Bor-
net(l), au paragraphe « Opegrapha fllicina », décrit la
gonidie de cette espèce sous le nom de Phyllactidium,
L^échantillon étudié provenait de Bahia. Si l'on examine
les figures 1-3 de la pi. 9 qui accompage le travail de
M. Bornet, on trouve la plus grande ressemblance entre
VHansgirgia et ce Phyllactidium ; il pourrait même y avoir
identité complète.
Maisj'ai trouvé parmi les algues se rapportant à VEans-
girgia des formes assez curieuses, méritant, il me semble,
une description, car elles pourraient peut-être constituer
une espèce particulière. Pour le thalle, les différences sont
peu accentuées; on pourrait cependant dire que les fila-
ments ne sont pas aussi divergents sur les bords et que par
conséquent le disque est plus régulier. Ce qui engage à dif-
férencier les deux plantes, c'est le genre de fructification.
Tandis que chez le type, je trouve dans le thalle des cel-
lules à large diamètre (zoosporangns), dans l'autre forme
les fructifications sont pédicellées et se trouvent disposées
perpendiculairement au thalle. Elles présentent un aspect
analogue à celui des fructifications de certaines espèces du
genre Trentepohlia (T, undnata Gobi, T. pleiocarpa
Nordst.). Le gamétange est donc porté sur une cellule
recourbée en crochet au sommet; cette cellule, à son tour,
(I) Recherches sui^ les gonidies des Lichens, par M. Ed. Bornet in Ann.
Se. nat. Bol. 1873, p. 62, pi. IX.
\n
est supportée par deux ou trois cellules, ayant environ 7 y.
de hauteur; la cellule en crochet ayant environ 20 p-, le
zoosporange arrondi d'environ 15 /^ de diamètre.
Cette fructification pourrait faire rapprocher cette forme
du Mycoidea, mais chez ce dernier les fructifications ne
sont que très rarement solitaires et de plus portées sur un
filament composé d'une série de 3 à 5 cellules, de 3 à 4
fois plus longues que larges. La forme du gamétange
n'est, il est vrai, pas un caractère distinctif; j'ai d'ailleurs
rencontré des échantillons ou des cellules paraissant être
des zoosporanges étaient sessiles, et disposées de la même
façon que les cellules pédicellées; peut-être n'étaient-elles
que des états jeunes de ces dernières. Je n*ai pas remar-
qué, chez ces échantillons, la partie réticulée du thalle de
VHansgirgia flabelligera ; peut-être avait-elle existé.
A l'état sec, seul étal où j'ai pu l'étudier, cette algue
se présente sous forme de petites tâches jaunâtres à la
surface des feuilles.
La nouvelle algue de M. De-Toni ne me paraît guère
rare; elle me semble être surtout abondante en Amé-
rique; c'est du Brésil que j'ai pu en examiner le plus
d'échantillons.
Voici la dispersion que j'ai pu établir sur des échan-
tillons que j'ai tous examinés. La station dans les jardins
botaniques est naturellement une introduction : celle
espèce ne pouvant végéter que dans les pays chauds et
humides. J'ai trouvé également le Mycoidea provenant
de quelques contrées où on ne l'avait pas encore signalé
jusqu'ici.
125
Hansgirgia flabelligera De-Toni.
Rio Janeiro (Glazioti). Kio Janeiro ad Therezopolis (De Moura, 1888).
Brésil (Binot, 1888). Costa Rica (Vallée de los Archangelos ; Ranclie
Flerès, Baila, H. Pittier, 1888). Guyane (Leprieur, en compagnie de VOpe-
grapha filicina Mont.) Nouvelle-Grenade (Villeta, Lindig). Cuba (Wright).
Khasia (Ind. Dr. Hooker f. et Thomson). Ceylan (Thwaites).
If^'coidea parasitica Cunningh.
Calcutta(Cunningham).Java(Friedmann5l846). Batavia (Delà Savinière).
Rio Janeiro (Glaziou). Mexique (Kerber).
Pour M. De-Ton i ('), le genre Hansgirgia constituerait
une sous-famille (Hansgirgiaceae) des Trentepohliaceae.
Cette dernière famille serait donc divisée en quatre sous-
familles :
C hroolepideacae (Rhh,) Bzi,
Trentepohliaceae De-Ton i,
Hansgirgiaceae De-Toni,
Mycoideaceae Hansg.
V Hansgirgia formerait un trait d'union entre les deux
sous-familles voisines; il présenterait les mêmes fructifi-
cations que les Trentepohlia et Mycoidea, et se relierait
au dernier par la présence d^un disque.
M. Hansgirg(2) ne divise la famille des Trentepohlia-
ceae (Rbh.) Hansg. qu^en deux sous-familles : Chroolepi-
deaceae (Rbh.) Bzi et Mycoideaceae Hansg.
Je suis heureux de pouvoir présenter ici à M. De-Toni
tous mes remerciements pour les nombreux renseigne-
ments qu'il m'a fournis au sujet de sa nouvelle espèce et
de ses affinités.
(1) De-Toui. Sopra un nuovo génère di Trentepohliaceae. Venezia,1888,
p. 10.
(2) A. Hansgirg. Ueher die Gattungen Herposteiion Naeg. und Aphano-
chaete Berth, non A. Br. in Flora 1888, n» 14, Sep. Abdr., p. 12.
126
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(Toutes les figures sont dessinées sous le même grossissement sauf les
numéros 9 et 15).
Hansgirgia flabelligera De-Toni.
i. Fragment de l'algue, provenant du Brésil (Binol).
2. Ramification anomale remarquée sur un échantillon de la même récolte.
3. Ramification du bord du disque (même récolte).
4. Portion de la limite du disque (même provenance).
5. Fragment de la même algue, provenant du Brésil (Glaziou); les grandes
cellules a, a, représentant les zoosporanges.
G. Fragment de l'algue montrant trois cellules (zoosporanges) a, a, dis-
posées en file et d'un diamètre supérieur à celni de leurs voisines
(Brésil, Binot).
7. Fragment d'un filament vu de côté et présentant en u, une cellule
gonflée (zoosporange).
8. Fragment de l'algue^ en a une série de cellules (zoosporanges).
9. Aspect général de l'algue (fragment) vu sous un faible grossissement.
Obs. — Les figures semblent représenter des disques continus, à
cellules disposées en files; en réalité, il n'en est rien; ce sont des
filaments définis, chrnolepiformes et disposés côte à côte sans
soudure complète, car la pression seule suffit pour les séparer
les uns des autres. Ils sont analogues à ceitains Coleochaeie
(C. solutu Pringsb. voyez Jabrb. liir wissenschall. Bot. 1800,
pi. 1, fig. 2, 3), mais non au C. scutala Pringsb. (loc. cit., pi. III,
fig. 1-45). La même observation doit être faite probablement pour
les figures de MM. Cunningbam et Bornet.
10, Fragment de l'algue, à fructifications pédicellées, en a (Nouvelle
Grenade).
il. Fructification pédicellée de la même.
12. Pédicelle du gamétange de la même.
Iflycoidea pîC7'ane//a stérile qui appartiennent vraisemblablement au D. Fitzgeraldi
plutôt qu'au D. heteromalla, dont nous n'avons encore reçu de spécimens
fertiles et par conséquent certains, ni de la Louisiane, ni de la Floride,
tandis que nous en possédons de Californie. Une autre espèce européenne
avec laquelle on pourrait confondre le D. Fitzgeraldi est le D. curvata,
mais celle-ci a le pédicellc pourpre, la capsule généralement incurvée,
fortement plissée et dilatée à l'orifice après la sporose.
Obs. — Depuis la publication de notre article dans le Botanical Gazette,
nous avons eu l'occasion de voir, dans l^herbier du Jardin botanique de
Bruxelles, un échantillon provenant de l*Ohio, étiqueté Dicrnnella hetero-
malloides Sch., et identique à notre D, Fitzgeraldi. Nous pensons que
l'espèce de Schimper est restée inédite.
Campylopus Henrici. — Caespitosus, humilis,
viridi-flavescens. Caulis brevissimus, eradieulosus. Folia
vix subseeunda, e basi oblonga lineari-subulata, eanalicu-
lata, senfii-tubulosa, superiora plerumque in apicem hyali-
num denticulalum, fragilem, producta, Z-^ mill, longa,
1/2 mill, lata; cellulis basilaribus rectangulis, 5-4 longio-
ribus quam latioribus, ad angulos saepe moUioribus et
flavescentibus, auriculis paruin distinciis,subnullis, eellulis
mediis elongatis, rectis, linearibus; costa tertiam partem
folii ad basin et totum acumen occupante, e stratis 4-5
cellularum composita, quarum dorsales 2-3-stratosae par-
vae, parietibus incrassalis, mediae 1-stratosae, majores,
150
haud incrassatae, internae l-stratosae minores, baud incras-
salae et saepe solum medium coslae occupâmes. Flores
masculi parvuli, gemmiformes, apieem versus caulis
uascentes. Fol. perig. concava, breviter et sal abrupte
acuminata, tenuiter costata. Antberidia sat numerosa,
parapbysis paucis. Flores feminei fructusque ignoti.
Hab. Kansas : Saline County, in terra arenosa, ubi a
defuncio Josepb Henry belgico detectus, anno 1886.
Ressemble à une forme rabougrie du C. brevipilus B. S. et rappelle
aussi un peu le C. hrevifolius Sch. Diffère du premier par son tissu formé
de cellules droites, rectangulaires, à parois minces; du second, par sa
nervure moins large, ses feuilles souvent hyalines au sommet, ses cellules
allongées; et enfin des deux espèces par la structure de sa nervure.
Rhacomitrium oreganum. — Robustus, flavescens,
rarius sordide virescens, laxe caespitans. Caulis basi paulo
denudatu?, prostratus, dein erectus; rami erecti, simplices
vel dicbotomi, parce ramulosi, baud vel vix nodulosi,
5-5 cent, longi. Folia sicca adpressa, bumida erecio-patula,
pro more apieem versus ramorum subsecunda, e late ovata
lanceolalo-acuminata,carinata,basi subsulcata, marginibus
e basi usque apieem versus revoluta, interdum obtusa,
plerumque acuta, mulica vel in pilum byalinum leviter
denliculatum, plus minus elongatum producta; nervo dorso
prominente, usque in apieem continue ; cellulis parietibus
incrassatis valde sinuosis, leviter papillosis, inferioribus
elongalis, superioribus 2-4 longioribus quam latioribus,
angularibus subrectangulis, iiaud incrassatis. Pericbaetialia
externa breviter piliiera, interna mulica, laxius areolata,
cellulis vix sinuosis et baud incrassatis. Pedicellus inferne
rubcllus, supcrne pallidior, valde sinistrorsum tortus,
12-18 mill, longus. Capsula oblongo-cylindrica, flavescens
vel brunnescen^, 3-5 1/2 mill, longa, 1 mill, crassa ;
131
operculo longe rostrato. Annulus e duplici et tripliei série
cellularum formalus, Peristomii denies purpurei, longis-
simi, usque ad basin in duobus saepe inaequalibus, nodu-
losis, leviler papillosis cruribus divisi. Calyptra conica,
acuminata, apice fuseescens, basi lobulata.
Hab. Oregon : in aprieis saxosis (Th. Howell, 1887).
Insula Vancouver, in rupibus siliceis (J. Macoun, 1887);
Colombia anglica, in plaga occidentali (Dawson, 1885;
comm. cl. Kindberg).
Espèce remarquable, tenant à la fois du R. canescens et du R. heteros-
tichum, mais plus rapprochée de celui-ci, dont elle diffère par le port, la
couleur jaunâtre, les liges plus robustes, le pédicelle deux fois plus long
et les dents du peristome beaucoup plus allongées. Elle se distingue à
première vue de toutes les formes du R. canescens par sa nervure saillante
sur le dos, atteignant le sommet, le poil non papilleux et enfin par la forme
de la capsule, non renflée à la base. Ses branches simples ou peu rameuses
lui donnent un peu le faciès d'un Dryptodon.
Webera camptotrachela. — Dioica. Caulis erectus,
gracilis, simplex vel parce divisus, 5-10 mill, longus. Folia
parum conferta, erecta,lanceolata, acuminata, acuta, margi-
nibus planis vel basi subrevolutis, e medio ad apicem remote
denticulatis, 1 i/i-l 1/2 mill, longa, i/s mill, lata; costa
valida usque ad apicem continua ; cellulis elongatis, rectan-
gulis vel subrbomboideis, 6-lOlongioribus quam latioribus.
Perichaetialia externa longiora,longius acuminata, margine
plus minus revoluta, valide denticulata, nervo pro more
excurrente; intima (2 vel 5) minora, breviora. Pedicellus
rubellus, flexuosus, basi saepe geniculatus, 20-25 mill,
longus. Capsula parva, subhorizontalis vel pendula, ecollo
atienuato curvato, sporangium aequante vel superante,
oblonga, subpyriformis, aetate badia; operculo convexo.
apiculato. Annulus e duplici série cellularum formalus.
132
Perisiomii denies externi lulcoli, dense lamellosi; mem-
brana interna plerumque inegulari'er laeera; cilia plus
minus longa, nodulosa.
Hab. California, a el. Lesquereux communicata.
Cette plante, que nous avions distiibuce autrefois sous le nom de
W» annotina var. curvicoUa^ est en effet très voisine du W. annotina^
mais la courbure du col, qui rend la capsule souvent pendante, est un
caractère constant, quoique léger, qui ne se retrouve pas dans le \V. nnno-
tina, soit d'Europe, soit d'Amérique, et fait reconnaître immédiatement
notre mousse. Nous accordons moins d'importance à l'irrégularité du
peristome interne, qui n'est peut-être qu'un fait accidentel} quelques
lanières sont d'ailleurs assez bien conformées et ouvertes sur la carène.
Polytrichum ohioense Ren. et Card. Revue bryolo-
gique, I880, p. 11. — Caulis ereclus, simplex vcl biparti-
tus, 5-6 cent, longus, inferne parce tomenlosus. Folia
madida patula, sicca erecto-flexuosa, e basi vaginanle
plus minus abrupte anguslala, longe liueali-acuminala,
euspidala, alis anguslissimis liaud inflexis, serralis. Lamel-
lae circiter 50 in medio folii, in sectione transversali e 5-7
cellulis composilae, marginali transverse dilatala, duplo la-
tiore quam longiore, supernc convexa vel subplana, baud
emarginata. Pericbaetialia longiora, longius albicante-vagi-
nantia. Pedicellus 4-8 cent, longus, inferne l'ubellus,
superne pallidior. Capsula erecia, vacua borizontalis, lelra-
gona vel pentagona, raro bexa^çona, acuiangula, 5-7 mill,
longa, 2-2 1/2 crassa, basi allenuata, bypopbysi indistincte;
operculo conico-acuminato, margine rubro.
Hab. In zona orieniali Americae borealis diffusum
videtur, ubi Polytr. formosi mullo rarioris locum tenet.
Nous avons décrit cette espèce en 1885 dans la Revue hryologique,
d'après des échantillons récoltés dans l'État d'Ohio par M. Provost et
communiqués par M. Le Métayer de Guichainville, professeur à New-York.
Depuis celle é|)oque, nous l'avons reçue de la Caroline du Nord (Crowder's
135
Mount) par M. H. A. Green, et, par M. Ch. R. Barnes, de plusieurs loca-
lités du New Hampshire (Bailey) et du Wisconsin (Lapham). L'échantillon
publié sous le nom de P. formosum par Sullivant et Lesquereux, dans
les Musci hor. ameincmi, n° 523, appartient au P. ohioense. Enfin
M. Ch. R. Barnes nous écrit : o J'ai étudié avec soin les Polytrics de ma
a collection américaine. J'y trouve le P. ohioense de Lafayette, Indiana;
« du M' Mansfield, Vermont; de iMilwankee et Manitowoc, Wisconsin^ tan-
« dis que le P. formosum n'y existe pas. » Il est donc à supposer que le
P. formosum est fort rare dans les États de l'Est, où il est remplacé par le
P, ohioense. Toutefois, il redevient fréquent à Miquelon, d'où nous n'avons,
en revanche, pas reçu le P. ohioense, et il est possible que ce soit l'espèce
européenne qui domine au Canada, au nord des grands Lacs. Ces faits de
dispersion semblent s'accorder avec ceux qui ont été constatés pour les
Climacium amcricanum et dendroides, l'espèce améj-icaine étant plus
répandue dans les États de l'Est, et l'espèce européenne à Miquelon et au
Canada. Nous devons dire cependant que M. Kindberg nous a commu-
niqué tout récemment un échantillon de Polytrichum ohioense récolté par
M. J. Macoun à l'île du Prince Edouard, dans le golfe St-Laurent,
C'est du P. formosum que le P. ohioense se rapproche le plus, mais il
en reste bien distinct parla capsule à col atténué, dépourvue d'hypophyse
et par les cellules marginales des lamelles dilatées transversalement. Ce
dernier caractère le distingue d'ailleurs de toutes les autres espèces euro-
péennes et américaines. Le P. gracile Menz. a aussi parfois le col de la
capsule un peu atténué, mais, outre la forme des cellules marginales des
lamelles, la capsule de ce dernier, de forme un peu asymétrique, légère-
ment rétrécie vers l'orifice, à angles obtus peu marqués et l'opercule
longirostre, permettent de le distinguer très facilement du P. ohioense.
Fontinalis Howellii. — Flavovirens, caiilis subli-
gneus, 10-15 cent. longus, rigidus, torluosus, fere usque
ad basin ramosus, inferne denudafus, sat regulariler
pinnatus et partim bipinnatus. Ramuli arcuato-patub*, plu-
mosi. Foba caulina aseendendo majora, ereeto-adpressa,
concava, e late ovaia breviter acuminata, apice cucullata
vel lacera, subcarinaia vel tantum siilcis nonnullis medio
notata, superiora 5-7 mill, longa, 2-3 mill, lata, inferiora
mullo minora. Folia ramea valde diversa,pulchre tristicha,
erecto-patula vel subdivaricala, rigida, minora, augustiora,
lanceolala, longe acuniinato-iubulosa, 3-4 mill, longa,
1-1 1/4 mill, lata; cellulis elongalis linearibus, parietibus
solidis, angularibus laxioribus et pro more ferrugineis.
Perichaelialia apice rotundalo-laciniata. Capsula immersa,
oblonga, 2 mill, longa, 1/2-3/4 mill, crassa, operculo
ignoto. Peristomii dentés exlerni 3/4-I mill, longi, angusle
lineari-acuminali, minute papillosi, saepe apice per paria
coalili, trabeculis 20-25, linea divisurali hand perlusa.
Peristomium internum perfecte elathratum, valde papil-
losum, trabeculis iransversalibus appendiculatis.
Hab. Oregon : ad truncos vetustos in paludibus (Tli.
Howell, 1887).
Déjà en 1882, M. Lesquereux nous avait communiqué un échantillon
stérile de celte belle mousse, récolté dans l'Orégon; mais ce n'est que
récemment que M. Th. Howell nous en a envoyé des exemplaires fructifies
provenant de la même région. Elle se distingue facilement, même à l'état
stérile, de tous ses congénères par son port rigide, par l'aspect plumeux
des rameaux et par ses feuilles dimorphes, les caulinaires plus grandes et
plus larges, appliquées, les raméales raides, étalées-dressées, étroites,
enroulées-tubuh'uses dans la moitié supérieure. Les rameaux inférieurs
se dénudent parfois à la base comme les tiges principales.
Fontinalis flaccida. — iMollissima, laxissima, pallide
vel lulescenli-viridis. Caulis gracilis, basi denudalus, 25-35
cent, longus, irregulariter pinnalus, ramulis gracilibus,
remolis, patulis. Folia flaccida, plana, remota, patula,
ad apicem ramulorum saepe imbricalo-convoluta, angusle
elongalo-lanceolala, longe acuminata, apice obtusa vel
iruncata et obsolete dcnliculala, 5-7 mill, longa, 1- 1 1/2
mill, lata; cellulis loptodermicis, mediis elongalis, angu-
slis, 10-20 longioribus quam lalioribus, apicem versus
brevioribus, ad angulos valde excavatos Iaxis, dilatatis,
quadralis vel subliexagonis, auriculas byalinas vel fcrrugi-
155
neas dislinctissimas efformantibus. Flores fruclusque
ignoti.
Hab. Louisiana : in aquis slagnanlibus « Bayou Bon-
fouca » ad truncos el radices arboruni inundatos. (A. B.
Langlois, 1886).
Cette espèce, qui ne nous est malheureusement connue qu'à Tétat
stérile, est remarquable par sa mollesse, sa foliation très lâche, ses feuilles
planes ou à peine concaves, allongées, pourvues d'oreillettes très-dislinctes.
La forme estivale du F. hiformis Sulliv., qui s'en rapproche par la forme
et le tissu des feuilles, en reste bien différente par son port un peu rigide,
et ses feuilles plus courtes, plus rapprochées, pourvues d'oreillettes moins
apparentes, enroulées-imbriquées sur toute la longueur des rameaux. Le
F. filiformis Sull. et Lesq. el le F. dislicha Huok , qui ont aussi quelques
rapports avec notre plante, s'en éloignent beaucoup, d'autre part, par
leur port et leurs feuilles concaves, canaliculées ou tubuleuses dans la
partie supérieure. Malgré sa stérilité, le F. flaccida peut donc être facile-
ment distingué des espèces voisines.
Camptothecium Amesîae. — Late caespitans, lules-
eeniiviridis, sericeus, paulo nitidus. Caulis 8-12 cent,
longus, repens, valde radiculosus, dense et regulariter
pinnatus, ramulis brevibus, aequalibus, arcualo-erectis,
5-10 milL longis. Folia caulina late ovato-delloidea, longe
et tenuiter acuminata; ramea ovato-lanceolata, breviter
acuminata, carinala, sulcata, apicem versus subdenticulata,
plerumque uno latere margine plana, altro plus minus
revoluta, 1 1/4 mill, longa, 1/2 lata; costa sat valida, in
acumine evanida; cellulis mediis linearibus, attenuatis,
10-15 longioribus quam latioribus, superioribus breviori-
bus, latioribus, angularibus numerosis, quadratis vel
subrectangulis. Perichaetialia intima auguste lanceolata,
longissime et tenuiter acuminata, ecostata, intégra. Pedi-
cellus brevis, 8-12 mill, longus, purpureus, muricatus,
paulo sinistrorsum tortus. Capsula angusta, elongata, cylin-
drica, leviter arcuata, oblique erecta vel subhorizontalis;
operculo ignolo. Perisiomii denies exlerni auranliaci, longe
acuminato-subulati, utroque lalere dense et prominenler
lamellosi. Processus in carina late perlusi, ciliis longis.
Hab. California : Auburn, Hypno pinnalifido Sull. et
Lesq. associalum (Mrs. Mary E. Pulsifer Ames, 1887).
Celte espèce possède le port des Hypnum MutlalliiWils. eipinnatifidum
Sulliv. et Lesq. de la même région. Elle se rapproche surtout de la
première de ces deux espèces pyr sa capsule étroite et allongée, mais elle
en diffère par ses feuilles raméales plus larges, brièvement acuminées, non
denticulées à la base, par son peristome d'un jaune orangé, à dents plus
étroites et plus finement subulées et par les cils du peristome interne
plu? longs. Elle s'éloigne également du H. pinnntifidum par ses feuilles
raméales plus larges et brièvement acuminées, et surtout par la forme de
sa capsule. La forme des feuilles la rapproche du H. nevadense Lesq.,
mais cette dernière espèce possède un port et un mode de ramification
tout différents, une capsule symétrique et dressée, des feuilles périchétiales
intimes grossièrement sinuées-dentées, puis brusquement rétrécies en
une très longue pointe filiforme et enfin un peristome beaucoup moins
développé. Ce dernier caractère, joint à la forme de la capsule, doit la
faire langer dans le genre Ilomalot/iecium (//. nevadense Ken. et Card.).
EXPLICATION DES PLANCHES.
Toutes les figures d'un grossissement de 80 diamètres ou plus ont été
dessinées à l'aide de la chambre claire de Nachcl.
Planche III. Dicranelln Filtgeraldi. —a, plante entière(graiidcur natu-
relle); W, feuilles; ce, pointe des feuilles; d, tissu delà base; e, feuille
périchétiale; /"/", capsule; g, opercule; A, fragment du peristome.
Planche IV. Campylopus lletirici. — an, feuilles; 6, pointe d'une feuille;
f, tissu de la base; dd, section transversale; e, Heur mâle; f, feuille péri-
goniale.
Planche V. Rhacotnilrium oreganum. — a, plante entière (grandeur
naturelle); bbh, feuilles; ccc^ pointe des feuilles; d, tissu du sommet;
e, capsule, pédicelle et péricbèse; /", capsule avec l'opercule; g^ fragment
du peristome.
1.17
Planche VI. Wehct-d cmnplolriir/telu. — «, plante entière (i;rand, dite de P. formosuni\ c, dito de P. grarile; rf, dito de
P. commune-, ee, capsules de P. ohîoense] /, capsule de P . formosum.
Planche VIII. Foniinalis Howellii. — a, plante enlicro (grandeur natu-
relle); hbj feuilles caulinaires supérieures; en, feuilles raraeales; d. feuille
périchétiale; e, capsule; /", fragment du peristome externe; g, fragment
du peristome interne.
Planche IX. Fontina lis flaccid a. — «o, feuilles; 66, sommet des ftuilles;
c, tissu d'une oreillette ; d, tissu du milieu de la feuille.
PLANCirE X. Camptothecium Amesiae. — a, plante entière (grandeur
naturelle); 6, feuille raméale (cette feuille devait être figurée un peu plus
large et porter quelques dents très légères à la pointe); c, tissu de la
base; d, feuilles périchétiales; ee, capsules et pédicelles; f, fragment du
peristome.
Iti
Soc. roy. bot. Belg., t. XXVII.
PL. III.
J. Cardut ud nat. del.
DICKANELLA FITZGEKALDI.
Soc. roy. bot. Bels;., t. XXVII.
PL. IV
J. Cardot ad nat. del
CAMPYLOPUS HENRICl.
Soc. roy. bot. Beig , l. XXVII.
PL. V.
J. Cardot ad nat.deJ.
RHACOMITRIUM OREGANUM.
Soc. roy bot. Belg., t. XXVII.
PL. VI.
J. Caraol ad nat. del.
WEliEKA CAMPTOTKACHELA.
J)OC roy. bot. Belg., t. XXVII.
PL. VII.
J. (Jardql ad nat, del.
POLYTlUCIlUiM OUIUEWSE
ET espè«:es volSl^ES.
Soc. roy. bot. Belp;., t. XXVII.
PL. VIII.
1. Cardot ad nat. del.
FONTINALIS IIOWELLII
Soc. roy. bot. Beig., t. XXVII.
PL. IX.
J. Cardot ad nat. del.
FOISTINALIS FLACCIDA.
Soc. roy. bot. fieig , t. XXVII.
PL. X.
^
t z^
J. Cardot ud nat.del.
CAMPT0TliECIU3I AAIESIAE.
COMPTES-REPUS DES SÉANCES
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
TOME VINGT-SEPTIÈME
DEUXIEME PARTIE.
ANNÉE 1888
BRUXELLES
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ
JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT
Conseil d'administration de la Société royale de botanique
de Belgique pour l'année 1888.
Président : M. J.-É. Bommer.
Vice- Présidents :
MM. Osw. DE Kerchoye de Denterghem, L. Errera et
A. Gravis.
Secrétaire: M. F. Crépin.
Trésorier : M. L. Coomans.
Conseillers :
MM. Ch. Baguet, mm. Ém. Laurent,
J.-B. Carnoy, É. Marchal,
G. Carron, II. Van dln Broeck,
Th. Durand, A. Wesmael.
Gh. Gilbert.
COMPTES-RENDUS DES SÉANCES
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE.
ANNEE 1888<
Séanco mensuelle du 14 janvier 1888.
Présidence de M. Carron, conseiller.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Carron, De Wildeman, De Vos,
É. Durand, Th. Durand, Errera, Francotte, Van der
Bruggen et Vindevogel ; Crépin, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 5 novembre 1887 est
approuvé.
M. le Secrétaire fait l'analyse de la correspondance.
Il annonce l'envoi des ouvrages suivants ;
H. Graften zu Solms-Laubach. Einleitung in die Palàophy-
tologie vom botanischen Stand punk ans, Leipzig,
1877, 1 vol. in-8«.
E. Lambotte. Flore mycologique belge, comprenant la
description des espèces trouvées jusqiià ce jour.
Verviers, 1880,5 vol. in.8o.
— La flore mycologique de la Belgique. — Premier
supplément comprenant les Hyménomycètes^
6
PyrénomycètcS'Disconujcèles. Addition de 1070
espèces à la Flore de 1880. Bruxelles, 1887,
1 vol. iii-8°.
EuG. Warming. Éludes sur la famille de PodosUmacées,
Deuxième mémoire, in-4°.
J. DE Saldaniia da Gama et Alfred Cogniaux. Bouquet de
Mélastomacées brésiliennes. Verviers, 1887, in-4°.
E. Regel. Allii species Asiae centralis in Asia media a
Turcomania descrtisque aralensibns et caspicis
usque ad Mongoliam crescen/es. Petropoli, 1887,
in-8^
E. Drake del Castillo. Illustrationes florae insulariim
maris pacifiez, Parisiis, 1886-1887, fasc. I, II et
m, in-4«.
Abbé Hy. Recherches sur Varchérjone et le développement
du fruit des Muscinées^ in-8''.
— Remarques sur le genre M icroQhoetes Thuret à l'occa-
sion d'une nouvelle espèce M. slriatnla, 111-8°.
— Le parasitisme végétal. Angers, 1881, in-8".
— Fontinalis Ravani (sp. nov.)^ in-8".
— Sur un cas de polygamie observé dans la Bryone
commune, in-8*'.
— Deuxième note sur les herborisations de la Faculté
des sciences d'Angers en 1881.
— Troisième note siir les hei'borisations de la Faculté
des sciences d'Angers on 1882.
M. le Secrétaire donne lecture de deux notices de
MM. H. Van den Broeck et L. Ghysebroclits. Ces notices
seront insérées dans le compte-rendu de la séance.
M. De Wildeman analyse une note dont Timpression
est également votée.
CATALOGUE DES PLANTES OBSERVÉES AUX ENVIRONS
D'ANVERS,
Par H. Van den Broeck.
2« Supplément (1),
Bien des personnes pourraient s'étonner, qu'après des
explorations de plusieurs années dans les ménies localités,
l'on puisse y découvrir encore des espèces. Cependant,
l'expérience le prouve journellement, et certes, ce ne sont
pas les botanistes qui nieront le fait. Pour ma part, il
m'est arrivé souvent de faire des trouvailles là où je m'y
attendais le moins. Et, si le cas se présente pour les phané-
rogames il est plus fréquent, vu llexiguité de leurs propor-
tions, pour les cryptogames.
Depuis la publication du 1*"" supplément à mon cata-
logue, j'ai eu le plaisir d'enregistrer quelques nouvelles
acquisitions pour la florule des environs d'Anvers. Je vais
les indiquer dansée travail.
Aux localités citées comme ayant été explorées, il faut
ajouter : Hoogstraeten, Woriel, Meir, IMinderhout, Saint-
Antoine lez-Westmalle et Westmalle.
Les plantes que je n'avais pas encore signalées aux envi-
rons d'Anvers sont précédées d'une astérisque.
Je remercie tous mes confrères qui m'ont donné des
renseignements et spécialement mon ami, M. J. Cardot,
pour son extrême obligeance.
Anvers, le H janvier 1888.
(I) Voir Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique^ t. XXII,
l^e partie, pages 112-173 et t. XXIII, 2« partie, pages 142-1S8.
PHANEROGAMES.
♦Sisymbrium Irio f . — (>ainp. : lieux iiiciiltes entre Anvers et Aus
Iruwicl. — 2 ()ic(!s. — (.M Scliambt'i'ger et moi) — Introduit.
♦Erysimum repandum L. — Camp : lieux incultes à Anvers et à
Wynegliem. — Peu abondant — Inlioduit.
♦Sinapis juncea L — Cnmp : lieux incultes à Anvers. — 1 pied. —
Fntroduit.
♦Spiraea tomentosa L. — Camp. : très abondant dans une bruyère
humide et les bois environnants à Wyneghem. Il y a deux
formes : l'une à fleurs rosées et à feuilles relativement petites,
verdâlres en dessous; l'autre, à fleurs d'un beau rose et à feuilles
plus grandes, blanchâtres en dessous. Cette seconde forme est la
plus abondante. Bien que j'aie souvent exploré cette localité, je
n'y ava s jamais rencontré celle plante, dont l'introduction ne doit
dater que de peu de temps La découverte a été faite pendant une
herborisation de la Société royale Linnéenne que j'avais l'honneur
de diriger.
♦Agrimonia odorata Mill. — Camp. : bois à Iloogstraeten. — Peu
abondant. — Cette habitation m'a été montrée pur M. Ern.
Ghysebrechls.
♦Myriophyllum verticillatum L. var intermedium Koch. —
Fossés. — Canip. : hchoolen (Soc. royale Linnéenne), entre
Deurnc et Wyneghem [M. Schamberger et moi).
♦ var. pectinatum Wallr. — Camp. : fossé entre Deurne et
Wyneghem.
♦Carum Carvi L. — Camp. : digue du canal de la Carapine à Raerels. —
Peu abondant.
♦Caucalis dauooides L. — Pold. : champs cultivés à 3Ierxem. — Peu
abondant. — (M. J. lïennen et moi).
♦Veronica montana L. — Camp : bois à Hoogstraeien. — Cette habi-
tation m'a été montrée par M. Ern. Ghysebrechls.
♦Salvia sylvestris L — La plante que j'avais signalée à Wyneghem
sous le nom de S. Sclarea L. appartient au S. sylvestriê L.
♦Cirsium arvense Scop. var. incanum (C. incanum Fischer). —
Bords (les chenjins. — Camp, ; .Morlsel, Glieel — Abondant.
♦Amarantus albus L. — Décombres — Canjp. : Schooten (M. J. Ilen-
non et moi). — introduit.
*Ohenopodium glaucum L. — Camp. : abondant dans une prairie à
Essohcn.
*Parietaria ofB-Oinalis I.. — Camp : naturalisé à Burght.
*Sch.euetizeria palustris F^. — Camp. : assez abondant dms un marais
tout beux à Oolen. — C'est M. G. Loclieiiies qui a fait cette belle
découverte
*Carex filiformis L. — Camp. : abondant dans un fossé à Nieuwmoer
(Calmplhout).
*Alopeeurus bulbosus L. — Marit. : découvert par M. J Hennen aux
bords de TKscaut aux environs d'Austruweel. — 1 seul pied, mais
probablement plus abondant.
♦Eragrostis vulgaris Coss. et Germ. var. megastaehya {E. major
Host). — Camp. : décombres à Schoolen (M. J. Hennen et moi).
— Introduit.
* var. microstaehya {Poa eragrostis L ). — Camp. : décombres
à Schooten (M. J. Hennen). — Introduit.
*Polystichum Thelypteris Rotb. — Bois taillis tourbeux. — Camp. :
abondant à Gbeei. (M. le capitaine Soroge et moi).
*Equisetuin sylvatieum L. — Camp. : bois entre Hemixem et Wilryck.
Nitella flexilis Agardh. — Cette plante doit être rayée de mon catalogue.
* — intrioata Agardh var. proliféra [N. proliféra Wallm., Ziz.). —
Fossés. — Pold. : Austruweolet entre Eeckercn et Anvers ^abondant).
J'ai à signaler de nouvelles babilations pour les plantcssuivantes:
I*» dans Camp. : Elatine hexnndra DC, Nymphaea nlba L. var.
minor DC, Oxijroccos palus (rh Pers., Callitrùlie humulnta Kûtz.,
C. autumna/is L. (j'ai signalé celte plante dans le canal de la
Campine à Wyneghem; elle s'y trouve aussi à Scbooten et k
Merxem), Potamogeton acutifolius Link et P. oblusifolius M. et
K., Carex teretiuscula Good., Nitella translucens Agardh et
N. c'ipitata Agardh.
2* dans Fold. : Limnanthemum nyrnphnides Link.
CRYPTOGAMES.
♦Pleuridiuin alternifolium Br. Eur. — Sur la terre. — Wilryck,
Lierre. — F.
Dicranella cerviculata Sch. — Entre Meir et Minderhout. — F.
*Dicraiiuin scoparlum Hedw. var. recurvatum Sch. — Sur la terre
sablonneuse dans un bois à C«Impthout. — F.
io
Dicranum scoparium Hdw.var. spadioeum N. BouI.(D. spadiceum
Zett.). — Calmpthout. — F. (très abondant) j Esschen. — St.
Campylopua flexuosus Brid. var. paradoxus Wils. — Je n'ai
jusqu'à present trouvé cette plante qu'à Calmpthout.
— turfaceus Br. Eur. — Deurne. — F.
* — brevipilus Br. Eur var. compactus Cardot et Van den Broeck
(voir Bull. Sor. bot . t. XXIV, 2^ partie, page 8(j) — Sur la terre
sablonneuse à Gilmplliout. — St
Pottia truncata Br. Eur var. major Br. Eur. — Deurne. — F.
— lanceolataC M — Eeckcren. — F.
Barbula ruralis Hedw. — Entre Anvers et Eeckcren, Anvers, Reeth,
Wortel. — St.
— — var. ruraliformis Besch. — Borgerhout (Anvers). — St.
Zygodon viridissimus Brid. — Lierre. — St.
Orthotrichum anomalum Hedw. var. saxatile Wood. -- Schoolen.
- F.
*Tetraplodon mnioîdes Br. Eur. {Splachnum înnioides L. f.). — Sur
la terre dans un bois à Wuestwezel. — F.
Splachnum ampuUaceum L. — Calmpthout — F.
Webera albicans Sch. — Entie Berchcm et Deurne. — St.
*Bryum alpinum L. forma. — Sur la terre sablonneuse humide à
Gheel. — St.
* — argenteum L. var. lanatum Sch. — Sur la terre entre Merxem
et Schoolen. — St.
*Philonoti8 marchica Brid. — Sur la terre humide ou marécageuse.
— Calmpthout (M. J. Cardot et moi); Esschen (M. J. Van de Put
et moi). — St.
* — fontana Brid. forma minor Boulay. — Sur la terre humide à
Wuestwezel. — St.
* var. caeapitosa (P. caespitosa Wils ). — Sur le sable humide
à Calinplhout — St.
Atriobum teoellum Hr Eur. — Deurne. — F.
Fontinalis antipyretica L var. robusta Card. — Wilryck. — St.
Climacium dendroides W. et M. — Esschen. — F. (M. J. Van de Put
et moi).
* forma inundata Lor. — Sur la terre au bord d'un fossé à
Schooten. — St.
Brachy theoium salebrosum Sch . - Eeckcren . — F. (M. J. Van de Put).
i\
Rhynohostegium confertum Sch. — Anvers (M. J. Cardot et moi),
Calniptbout — F.
* — rusciforme Sch. — Sur les pierres au bord de Peau entre
Schooten et Rrasschaet. — St. (M. J. Van de Put).
Plagiothecium latebricola Sch. — Entre Lierre et Contich. — F.;
entre Edeghem et Wilryek. — St.
* — sylvatieum Sch. var. orthocladum Soh. — Sur la terre et le
bois pourrissant à Caimpthout (M. J. Cardot et moi).
— silesiaeum Sch. — Deurne. — F.
Amblystegium Koohii Sch. forme à feuilles denliculées. — Dans une
mare entre Anvers et Iloboken. — F.
— riparium Sch. var. longifolium Sch. — Wilryek. — St.
Hypnum stellatum Schreb. — Entre Raevels et Turnhout. — F. (très-
abondant); entre Meir et Minderhout. — St.
— vernicosum Lindb. — Wortel, entre Meir et Minderhout, Turn-
hout. — St.
* — revolvens Sw. forma brunneum San. — F. — Notre conficre
M. F. Gi'avet m'écrit que la plante de Vosselaer appartient à cette
forme, qui jusqu'ici n'était connue que du Jenisei. (Voir Neue
Harpidicn de M. le D' Sanio). — Le H. revolvens Sw. — St. —
existe aussi à Zundert (Hollande), à quelques mètres de la fron-
tière belge.
— intermedium Lindb. — Entre 3Ieir et Minderhout. — St.
* — fluitans var. exannulatum Gùmb. — Marais entre Meir et
Minderhout. — St.
* — filicinum L. — Sur le sable humide à Turnhout. — St.
— imponens Hedw. — Wuestwezel, Caimpthout. — St.
* — molluseum Iledw. — Bas-fonds. — Turnhout, Raevels. — St.
— giganteum Sch. — Nylen (M. J. Hennen), Schooten, Wortel. —St.
* — scorpioides L forma graoilescens. — Marais à Wortel. — St.
J'ai à signaler de nouvelles habitations pour les Mousses sui-
vantes : Phascum cuspUatum Schreb., Pleundium subulalum Br.
Eur., Dicranodontium longirostre Br. Eur., Campy lopus flexuosus
Brid., C. brevipilus Br. Eur., Leptotrichum homomallum Sch.,
Tetraphis pellucida Hedw., Bryvtn pseudotriquetrvmSchw., Aula-
comniutn palustre Sch., P oly tri chum commune L. var pcrigoninle
Br. Eur., Leskea polycarpa Ehrh., Eurhynchium piliferutn Sch.,
E. Stokesii Sch. , Hypnum cuprassiforme L. var. ericetorium Sch.
12
(F.), H. cordi folium Hedw., H. stramineum Dicks., H. tcorpioides
L. et IJijlocomimn iqunrrosum Sch. (F.)
Sphagnum aoutifolium Ehrh. var. luridum Iliib. f. squarrosulum
Warnst. — Wortel, Deurne.
* var. epeciosum VVai-nsl. — Dans un fossé à Deurne.
* ' var. capitatum Angstr. — Bois humide à Deurne.
var. tenellumSch. — Wuestwezel, Wortel.
* f. viride Crav. — Bois humide à Deurne.
* var. congestum Grav. ? — Marais entre Meir et Minderhout.
— fimbriatum Wils. — Brasseliaet.
var. validius Card. — Herenthals (Soc. bot. de Belgique),
Deurne.
* — reeurvum P. B. forma viride Schl. — Fossés, marais. — Calnip-
thout, Woi tel.
* var. patens Angstr.— Marais — Entre Caimplhout et Esschen.
* — — var. Warnstorfii Jens. — Marais. — Calmpthout, entre Meir
et Minderhout, entre Calmpthout et Putte (Hollande).
var. obtusum Warnst. (var, lobusium Limpr ) — Esschen,
Wuestwezel, entre Nieuwmocr (Calmpthout) et Zundert (Hol-
lande).
* var. gracile Grav. f. validius Grav. — Marais. — Wortel.
* var. squamosum Augstr. — Bois humide à Deurne,
* — cuspidatum Ehrh var. submersum Sch. — Fossés, marais. —
Gheol, Vosselacr, Calmpthout, Esschen.
var falcatum Russ. — Wuestwezel, Esschen, entre ftleir et
Minderhout.
* f polyphyllumSchl. — Bruyère tourbeuse à Arendonck.
— squarrosum Pcrs. — Brasschaet, entre Meir et Minderhout.
var. imbricatum Sch. — Kessel.
* — — f strictum W;)rnst — Marais. — Esschen.
* — teres Angstr var strictum Card — Au bord d'un fossé maré-
cageux à Esschen.
* var. squarroaulum Warnst. (S. squarrosulum Lesq). —
Marais. — Esschen (trcs-abondanl), Baevels.
— ■ — rigidum Sch. — ï)ntre Meir et Minderhout.
var. squarrosum Huss. - Saint-Antoine lez-Wcstmaile, Meir.
— molle Snll. f. pulchellum (Limpr.) Cardot — Esschen.
var. tenerum Braithw (var. cotupactum Grav.). — Calmpthout,
Wuestwezel, Turnhout, entre .Meir et Minderhout.
1Ô
*Spliagnum subseoundum N. et H. var. intermedium Warnst.
— Bords des fossés, mares. — Calmpthout, entre Caimpthout et
Esschen.
var. eontortum Sch. — Wortel, entre Meir et Minderhout.
var. viride Boul. f auriculatum (Sch.) Cardot. — Entre Meir
et Minderhout.
— f. squarrosulum (Grav.) Cardot. — Entre Meir et Min-
derhout, Westmalle.
* var. turgidum C. M. —Marais, fossés. — Calmpthout, entre
Emblehem et Broechem.
* f. gracile Warnst. — Fossé à Calmpthout.
var. obesum Wils. — Esschen.
* — larioinum R. Spr. var. teretiusculum Lindb. — Bruyère
humide à Schilde.
— tenellum Ehrh. — Entre Meir et Minderhout.
* var. confertulum. Card. — Bords d'un marais à Wortel.
* — oymbifolium Ehrh. f pyenocladum (Mart.) Cardot. — Marais,
bords des fossés. — Schooten, entre Meir et Minderhout.
f. squarrosulum (N. et H.) Cardot. — Schooten.
— — var. Hampeanum Warnst. — Bois entre Lierre et Contich.
— medium Limpr. var. congestum Schl. et Warnst. f. purpureum
Warnst. — Wuestwezel, Wortel, Nieuwmoer (Calmpthout).
var. purpurascens Warnst. — Calmpthout.
— papillosum Lindb. — Wortel, entre Meir et Minderhout.
* var. Berneti Roll. (5. cymhifolium Ehrh, var. macrocephalum
Bernet). — Marais entre Meir et Minderhout. — F.
var. âaecidum Schl. — Esschen, Wuestwezel.
var. abbreviatum Grav. — Wuestwezel, entre Meir et
Minderhout.
var. braehyoiadum Card. — Wuestwezel.
var. oonfertum Lindb. — Calmpthout, entre Meir et Minder-
hout.
— f. strictum Roll. — Bois humides, marais. —
Calmpthout, Nieuwmoer (Calmpthout), Turnhout.
* — Austini Sull. — Bruyères humides, marais. — Calmptholit,
Esschen.
Cette espèce est extrêmement abondante dans un marais à
Esschen.
14
Sphagnum Austin! Sull. var. congestum Warnst. — Bruyères
liumidos, marais. — Calmpthout, Esschen.
Soapania irrigua N. ab E. — Oolen.
♦Jungermannia Taylori Hook. var. anomala {J. anomala Hook.).
— Marais. — Wortcl.
— erenulata Sra var, gracillima Nees. — Entre Lierre et
Conlich, Deurne.
* — setacea W<'b. — Marais. — Entre Calmplhout et Esschen, Wortel.
Sphagnoecetis communis N. ab. E. — Worlel.
*Calypogeia Tricliomanis Corda var. Sprengelii N. ab E. —
Parmi les touffes de Sphagnum dans un marais à Wuestwezel.
*Fossombronia pusilla Dmrt. var. cristata {F. cristnta Lindb. et sa
var. Wondraczeki). — Sur la terre argileuse du talus d'un fossé
à Wynegheni.
— angulosa Raddi var. Dumortieri Ilusnot {F. Dumoriieri Ldb,).
— Wuestwezel, Bonheyden, Calmpthout.
*Preissia commutata Nees. — Sur la terre tourbeuse humide. —
Raevels — F.
J'ai observé dans de nouvelles habitations les Hépatiques sui-
vantes : Alicularia scalaris Corda, Scapania compacta Lindb,
Jungerniannta inflala Huds., J. bicuspidata L., Chiloscyplius
•polyanthus N. ab E., Aneura pinguis Dmrt., Metzgeria furcata
N. ab E., Marchantia polymorpha L. et Riccia fluituns L.
NOUVELLES ADDITIONS A LA FLORULE DES ENVIRONS
DE DIEST(0,
Par L. Ghysebrechts.
Depuis la publication de ma seconde notice sur la florule
des environs de Diest, j'ai encore trouvé, dans celte
région, quelques espèces rares et intéressâmes. C'est ce
qui m'engage à présenter aujourd'hui ce petit travail à
mes honorables confrères de la Société.
(1) Voir Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique^ t. XXIV^
première partie.
15
J'ai aussi consigné, dans la présente note, les princi-
pales découvertes faites pendant la dernière saison par
M. Cil. Thiels, instituteur à Lummen, et par mon frère,
M. Ern. Ghysebreclits, amateur de botanique à Schildc
(Anvers).
Clematis Vitalba L. — M. Ch. Baguet a observé cette espèce à Diest
{Flore du centre). Malgré les plus actives recherches, je ne suis pas
parvenu à la retrouver.
Thalictrum flavum L. — Oeleghem (Ern. Ghys.), Zeelhem. R., RR.
Myosurus minimus L. — Molenstede, Donck, Thiell-N.-D.
Ranunculus hederaeeus L — Donck. R.
— hololeucos Lloyd. — Schilde (Ern. Ghys,), Testeit, Wolfs-
donck. R.
— Lingua L. — Oeleghem (Ern. Ghys ).
— auricomus L. — Schilde, Oeleghem (Ern. Ghys.), Thielt-N.>D.
Gypsophila muralis L. — Molenstede. RR.
Silène inflata Sra. — Wyneghem (lîrn. Ghys.).
— gallica L. — Schilde, Oeleghem, 's Graven w^esel (Ern. Ghys.),
Tessenderloo, entre Zeelhem et Linckhout. R.
Sagina nodosa Bartl. — Schilde, Oeleghem (Ern. Ghys.), Lummen,
Kermpt (Ch. Thiels), Donck.
Cerastium pumilum Curt. — Était assez commun en 1886 dans une
pelouse sèche à Diest. Je ne l'ai pas revu cet été.
— erectum Coss. et Germ. — Lummen (Ch. Thiels).
Geranium phaeum L. — M. Ch. Thiels a trouvé cette espèce à Ilerc-
kenrode (Curange), où elle n'était peut-être qu'introduite.
— oolumbinum L. — Sichem (un pied).
Mal va moschata L. — Arg -sabl. : Cortenaken.
Acer Pseudo-PIatanus L. — Sichem. Spontané?
Monotropa Hypopitys L. — Langdorp. QQP.
Hypericum montanum L. — Entre Caggevinne-Assent et Waenrode.
QQP.
Drosera anglica Huds. — Cette rarissime espèce se rencontre à Zeelhem,
aux bords d'un marais tourbeux. Je n'en ai observé qu'une tren-
taine d'échantillons j mais ceux-ci étaient vigoureux et atteignaient
quelquefois vingt-cinq centimètres de hauteur.
IG
Drosera obovata M. el K. (D.roiundifoUo-unglica Scheide). — Zeelhem
(cinq pieds).
Croi>sait en compagnie du précédent et du D rolunâifolia.
Celte plante, qu'un assez grand nombre de botanistes considèrent
comme un hybride des deux espèces précitées et que d'autres
regardent comme une simple variété du D. anglU.a, n'avait point
encore, que je sache, été indiquée en Belgique.
Pyrola minor L. — Molenslede, Ilaclen. RR.
Reseda Luteola L. — Haelen, Thielt-N.-D.
Corydalis solidaSra. —Thielt-N.-D. (M. Thielens, 1866). J'ai retrouvé
la plante à cette localité.
Barbarea vulgaris R. Br. — Webbccora, Rillaer, Testelt. R.
Cardamine sylvatiea Link. — Schilde, Oeleghem, Broechem (Ern.
Ghys.), Becquevoort.
Sisymbrium Alliaria Scop. — Langdorp, Testelt. R.
— Sophia L. — M. Ch. Baguet Pavait observé à Geet-Bilz, où je
l'ai revu.
Alyssum incanum L. — Westmalle (Ern. Ghys.), Diest. RR.
Camelina sativa Crantz. — Linckhout.
Lepidium sativum L — Sichcm (un seul pied). Subspontané.
— campestre R. Br. — Sichem, Tessendeiloo. QQP.
— perfoliatum L. — Espèce méridionale. Un pied à Testelt.
Senebiera Coronopus Poir. — Wyneghem (Ern. Ghys.), Haelen. —
Arg.-sahl ; Kersbeek, Graesen.
Genista tinctoria L. — Lummen (Ch. Thiols), Schilde (Ern. Ghys ).
Melilotus albus Desr. — Wyneghem (Ern. Ghys.) Diest. RR.
— officinalis Desr. — Schilde, Wyneghem (Ern. Ghy§.).
Medicago falcata L. - Diest (un pied).
— sativa !>. — Cita 'elle et remparts de Diest. Subspontané.
— minima Lmk. — Forlificiitions de Diest. RR.
— apieulata WilKl. — Diest.
Trifolium filiforme L. — Diest, Zeelhem, Montaigu, Messelbroeck. —
Arg.-sabl. : Loxbcrgcn, Corlenaken, Ker.sbcek R., RR.
— striatum L. — Celle espèce est assez commune dans un bas-fond
sablonneux à Wcbbccom.
Vicia lathyroides L. — Wcbbccom. RR.
Orobus tuberosus L. — Entre Testelt et Wolfsdonck (abondant).
Claytonia perfoliata Donn. — Lummen (Ch, Thiels).
17
Portulaea oleraeea L. — Subspontanc sur les remparts de Dicst.
Corrigiola litoralis L. — Schilde, Oeloghem, Westmalle (Ern. Ghys.),
Zeelhem, Messelbroeck R.
Herniaria hirsuta L. — Webbecom, Becquevoort. RR.
Illeoebrum verticillatum L. — Arg.-sabl. : entre Waenrode cl Kers-
beek. RR.
Seleranthus perennis L. — Meldert (Ch. Thiels).
Sedum acre L. — Zeelhem, Wolfsdonck, Schuelen. R.
— reflexum L. — Wolfsdonck (abondant).
— album L. — Wolfsdonck.
— purpureum Link. — Molenstede.
Hubusldaeus L. — Zeelbem.
Potentilla sterilis Gke. ~ Zeelhem, Thieit -iN.-D.
— procumbens Sibth. — Linckhout, Sichem, Testelt, Lummen.
— argentea L. — Lummen, Testelt, Tessenderloo, Thielt-N.-D. — R.
B>osa tomentosa Sm. — Quelques buissons à Montaigu.
— rubiginosa L. — Sichem, Thielt-N.-D. QQP. — Arg.-sabl. : Cor-
tenaken.
Agrimonia Eupatoria L. — Donck.
— odorata Mill, — Dans un bois à Caggevinne-Assent et dans un
taillis à Tessenderloo. RRR. Cette belle plante n'avait pas encore
été renseignée dans la Campine lirabourgeoise
Poterium polygamum W. et K. — Introduit sur la voie ferrée à Dlest.
Myriophyllum alterniflorum DC. — Lummen (Ch. Thiels), Linck-
hout.
Sanicula europaea L, — Thielt-N.-D. R.
Heloseiadium repens Koch. — Assez fréquent dans un pâturage
humide à Donck.
— inundatum Koch. — Molenstede, Averbode, Testelt, Linckhout. AR.
Pimpmella magna L. -- Molenstede, Averbode.
Foenieulum capillaceum Gilib. — Subspontané çà et là,
Selinum carvifolia L. — Molenbeek-Wersbeek, Thielt-N.-D., entre
Becquevoort et Montaigu. — Arg.-sabl. : Loxbergen, Cortenaken R.
Pastinaea sativa L. — Arg.-sabl. : Rummen.
Anthris eus vulgaris Pers. — Zeelhem, Linckhout, Sichem. RR.
— sylvestris Hoffi». — Cette Ombellifère est extrêmement rare aux
environs. Une cinquantaine de pieds sur les remparts de Diest.
Conium m.aculatum. L. — Donck, Linckhout, Schuelen.
2
IS
Visoum album I-. — M. Thiclcns avjiit signalé le Gui sur le pommier à
Thielt-N.-D. ; il y existe aussi sur le peuplier.
Sa-xifraga tridactylites L. — Lummen (Ch. Thic's), Webbecom,
IJecqncvoort. R.
— granulata L. — Enlrc Webbecom et llaelen.
Primula oflâcinalis Jacq. — Se rencontre, mais en petite quantité,
dans une pelouse à Wommelghem et dans une prairie à Schilde
(Ern. Ghys.). Introduit?
LyBimachia nemorum L. — Caggevinne-Assent, entre Molenboek-
Wersbeek et Thieit-.\.-D. RR.
— thyrsiflora L. — Tessenderloo (très abondant). — N'était connu,
jusquMci, dans la Campine lirabourgeoise qu'à Maeseyck et
Zeelhem.
Centunculus minimus L. -- Diest, Webbecom, llaelen, Donck,
Meldert, Linckhout, Lummen, Spalbeek, Caggevinne-Assent,
Schaffen, Tessenderloo, Deurne, Sicbem, Cecquevoort, ïhicit-
N.-D. R.
Anagallis tenella L. -Lummen (Ch. Thiels), Oostmalle (Ern. Ghys.).
Plantago media L. — Testeit (un pied). Introduit.
— Loeflingii L. — Ce petit Plantain est originaire de l'Espagne,
de l'Orient, du nord de l'Afrique et des Iles Canaries. J'en ai
trouvé quelques échantillons à Diest, dans la cour d'une maison
inhabitée.
Vinca minor L. — Ilcrck-la-Ville, Linckhout, Testeit, Thielt-
N.-D. R.
GentianaPneumonanthe L. — Près de la limite de la zone argilo-
sablonneuse entre Rynrode et Cortenaken.
Cicendia filiformis Delarbre. — SchalTen, Becquevoort, Testeit.
Cusouta Epithymum Murr. — Deurne. RR.
Nicandra physaloides Giirtn. — Averbode. Subspontané.
Lycium barbarum L. — Dans les haies à Testeit. Planté.
Datura Stramonium L. — Lummen (Ch. Thiels), Montaigu, Cagge-
vinne-Assent.
Verbascum Thapsus L. — Meldert. RR.
— BlattariaL. — Molenstedc.
Veronica polita Frics. — Diest, Caggcvinne-A^cnl. RR.
Linaria Elatine Mill. — Webbecom, Monlaigu. R.
— CymbalariaMill. — Diest. Naturalisé.
Utricularia vulgaris L. — Zeelhera, Caggevinne-Assent. R.
— minor L — Mcldert RR.
Orobanche Rapum Thuill. — Schilde (Ern. Ghys.), Caggevinne-
Assent, Zeelhem R.
Mentha sativa L. — Tessenderloo.
— Pulegium L. — Cette Menthe est très rare dans la zone cam-
pinienne. J'en ai découvert deux habitations entre Haelen et
Geet-Betz.
Origanum vulgare L. — Molenstede.
Clinopodium vulgare L. — Woifsdonck, Thiell-N.-D.
Nepeta Cataria L. — Zeelhem, Linckhout. RR.
Galeobdolon luteum L. — Webbecom, Tessenderloo, Thielt-N.-D. R.
Betonica officinalis L. — Aerschot, Waenrode.
Marrubium vulgare L. — Molenstede.
Leonurus Cardiaca L. — Molenstede (Ch. Thiels), Becquevoort. RR.
Soutellaria minor L. — Arg.-sabl. : Cortenaken.
Vaecinium Vitis-Idaea L. — Une petite colonie à la lisière d'un bois
à Caggevinne-Assent.
Oxycoccos palustris L. — Zeelhem. QQP.
Campanula rapunculoides L. — Montaigu.
— Trachelium L. — Caggevinne-Assent, Webbecom, Becque-
voort. R.
Speoularia speculum Alph. DC. — Schilde, VVyneghem (Ern. Ghys.).
R., RR.
Galium verum L. — Caggevinne-Assent. RR.
— Cruoiata Scop. — Donck.
— uliginosum L. — Messelbroeck, Rillaer.
Valeriana dioica L. — Webbecom, Thielt-N.-D.
Onopordon Acanthium L. — Testelt.
Cirsium anglieum x palustre. — Je ne pense pas que cet hybride
ait déjà été signalé en Belgique. Notre confrère, M. le Chanoine
Verbist, l'a recueilli aux environs de Hoogstraten et mon frère en
a trouvé une assez riche habitation dans les prairies marécageuses
d'Oeleghem.
Centaurea paniculata L — Espèce du Midi. Un pied à Diest.
Anthémis Cotula L. — Die>t, Caggevinne-Assent.
Gnaphalium luteo-album L, — Montaigu, Langdorp, Messelbroeck,
Woifsdonck, K.
20
Antennaria dioica Gai'tn. — Sichcm, Lummen. RR.
Filago apiculata G.-E. Siuilli. — Donck, Linckhout, Tcstelf, Thiclt-
N.-D An., W.
— arvensis L. — Diest, Schaffen, Caggevinne-Assent. RR.
Pulicaria vulgaris Gârin. — Deurne. — Arg.-sabl. : Geet-Belz.
Solidago canadensis F.. — Voie ferrée à Diest et à Schaffen.
Senecio nemorensis L. — Rillaer, Schuclen, Thiolt-N.-D.
— erucaefolius L. — Ciggevinne-Asseiit, Moleiistede. — Arg -sabl. :
Rum me 11.
Tussilage Farfara L. — Becquevoort, Wolfsdonck. RR.
Tragopogon pratensis L. — Zeelhem. RR.
Xanthium spinosum L. — Wynrghcm (Eni. Ghys.)Un pied.
Albersia Blitum Kunih. — Becquevoort, Montaigu. — Celle Araaran-
tacée infeste presque toutes les aspergeries des environs de Diest.
Chenopodium opulifolium Schrad. — Diest. RR.
— murale L. — Thielt-N.-D. — Arg -sabl. : Geet-Belz.
— hybridum L. — Zeelhem, Linckhout, Avcrbode. RR.
Blitum rubrum Rchb. — Arg. -sabl. : Geet-Belz.
— Bonus-Henricus Rchb. — Arg.-sabl. : Geet-Belz. — Je ne suis
pas encore parvenu à rencontrer cette espèce dans la zone campi-
nicnne.
Polygonum Bittorta L. — Lummen (CI). Thiels), entre Ilaelcn et
Loxbergen.
Alnus incana L. — Parc du château à Zeelhem. Plante.
Ornithogalum umbellatum L. — llacIcn RRR.
Platanthera bifolia Rchb. — Teslell, Wolfsdonck. RR.
— montanaRchb. — Aig.-sabl. : Corlcnakon. QOP.
Epipactis latifolia AU. — Tessenderloo. — Arg.-sahl. : Corlenaken. R.
Neottia ovata Bluff et Fing. — \Vebl;ecom. RR.
Triglochin palustris L. — Cng^evinne-Asscnl, Webbeconi. RR.
Potamogeton polygonifolius l'ourret. — Webhccom, Caggevinnc-
Assent, Ïhiclt-X.-I). — Aig.-s;ibl. : Coi tenakcn.
— alpinus Flalb. — C;iggevinne-Assenl, Webbecdm, Thiell-N -D.
— acutifolius Link. — Melderl. RR.
— obtusifolius .M. el K. — Schaffen. RR.
Acorus Calamus L — Melderl. — Arg.-sabl. : Corlenaken. RR.
Sparganium minimum Fiies. •— Oeleghcni (Em. Ghjs.).
Juncus capitatus L. — Ce petit Jonc, que le Manuel de M. Crépin
indique comme très rare dans la zone canipinienne, pullule dans
I
21
des champs humides à Molenstede, Caggevinne-Assent, Bccque-
voort, Sichcm, Tessenderloo, Deurne, Schaffcn, Zeelhcra, Donck,
Mcsselbroeck, Testelt, Spalbeck et Wolfsdonck. — iMon frère l'a
récolté à Oeloghem.
Juneus tenuis Wilid. — Webbecom, Bccquevoort. — Arg -sabl. :
Korsbeok.
— Tenageia Ehih. — Becquevoort, Linckhout. R., RR.
Luzula sylvatica Gaud. — Croît abondamment sur un coteau boisé à
Schoonhoven (Aerschot).
Carex pulicaris L. — Webbecom, Caggevinne-Assent R.
— muricata L. — Molenstede, Averbode, Zeelhem. R.
— teretiuscula Good. — Webbecom, Caggevinne-Assent, Thielt-
N.-D. R.
— panieulata L. — Webbecom, Thielt-N.-D.
— elongata L. — Sichem,
— strictaGood. — Molenstede. RR.
— sylvatica Huds. — Caggevinne-Assent, Flerck-la-Ville, Donck.
Rhynehospora alba Vahl. — Scliilde (Ern. Gbys.).
— fusea R, et S. — Avec le précédent (Ern. Gbys.).
Heleocharis multieaulis Koch. — Blauwberg (Hersselt).
— acicularis R. Br. — Diest.
Oyperus fuscus L. — Deux pie is dans une bruyère humide à Donck.
Digitaria sanguinalis Scop. — Schilde (Ern, Ghys.), Becquevoort,
Montaigu
Calamagrostis lanoeolata Roth. — Schilde, Oeleghem (Ern. Ghys.),
Molenstede, Tessenderloo. R.
Milium effusum L. — Schilde (Ern. Ghys ).
Cynodon Dactylon L. — Webbecom et entre Webbecom et Haelen.RR.
Melica uniflora Retz. — Becquevoort, entre Molenbcek-Wersbeek et
Thielt-N.-D.
Catabrosa aquatica P. Beauv. ~ Webbecom, Caggevinne-Ass€nt,
Becquevoort, Thielt-N.-O. — Arg. -sabl. : Kersbeek. R.
Poa compressa L. — En Campine, cetle Graminée est très rare et se
rencontre presque toujours sur les vieux murs; je l'ai observée
sur des blocs de minerai de fer dans un ravin à Molenstede.
Bromus Schraderi Kunth. — Plante de l'Amérique septentrionale,
introduite, en petite quantité, dans une pelouse à Averbode,
Festuca gigantea Vill. — Becquevoort. RR.
22
Brachypodium sylvaticum P. Beauv. — Entre Haolen el Ceet-Betz.
Polypodium Phegopteris L. — Celte espèce est assez abondante
sur un coteau boisé à Sichcn).
— Dryopteria L. — Caggevinne-Assenl. RRR.
Soolopendrium vulgare Sm. — SchalTen, Wcbbecom. RR.
Aeplenium Trichomanes L. — Recquevoort, Thicli-N.-D.
Cystopteris fragilis Bernb. — Langdorp, Rillacr, Scbaffon, Becque-
vooi t, Molcnstcde, Haelen, Thiell-N.-D. RR.
Polystiohum Thelypteris Rolh — Scbible (Ern. Gbys ), Thiclt-
N.-D Tics abond mt.
— montanuin Rotb. — Sicbom, Scbaiïcn, Zcclbem, 3Iolenstede,
Langdorp, Webbeconi, Caggovinne-Assent, ftlcssclbrocck, Avcr-
bode, Rillacr, Becquevoort, Thielt-iN.-D. — Arg -sabl. : Waen-
rode (M. le Chanoine Verbist), Corlenakcn, Loxbergen. R., RR.
mais quelquefois 1res abondant dans ses habitations.
Osmunda regalis L. — Schilde (Ern. Gbys.), Linckhout (une touffe),
Blauwbcrg.
Pilulariaglobulifera L. — Ïbielt-N.-D.
Lycopodium clavatum L. — Oc'leglicm (Ern. Gbys.). RR.
Equisetum maximum Lmk.-Arg -sabl. : Kersbeck RR.
Chara fragilis Desv. — Linckhout.
LES ESPÈCES DU GENRE TRENTEPOHLIA MART,
(CHROOLEPUS AG.),
Par É. De Wildeman.
Le ^enreTrentepohlia Mart. {Chroolepus Ag.) comprend
un grand nombre d'espèce?, on du moins un grand
nombre de formes dénommées diiïéremmenl et dont les
descriplions, souvenl très incomplètes, se trouvent épar-
pillées dans divers travaux. Peu d'espèces sont figurées, et
d'ailleurs les dessins donnés par Knlzing sont souvent
insuffisants.
Certains auteurs ont essayé de réduire les espèces com-
-23
prises dans ce genre, mais ils ne sont pas généralement
d'accord; d'autres paraissent ne pas voir dans ces formes
les représentants d*un genre autonome, et ils les rappro-
chent des prolonemas des Mousses(*).
Ce qu'il y a de certain, c'est que des espèces ont été
décrites sous plusieurs noms et considérées comme
distinctes, ainsi que M. Gobi l'a indiqué pour le Chroole-
pus umbïinus Kuîz. {Trentepohlia umbrina Born.). En
oulre, plusieurs algues décrites sous le nom de Chroolepus
n'appartiennent probablement pas à ce genre et ne sont
vraisemblablement que des formes de développement
d'espèces dépendant d'autres familles.
J'ai essayé de réunir, dans Ténumération suivante, les
espèces décrites jusqu'à ce jour; elles sont au nombre de
28 dont 4 douteuses (2).
Trentepohlia aurea Mari. ; comprenant les variétés caespitosa Rbh.,
iomenlosa Kutz., alpina Rbh., lannsa Kutz.
Chroolepus uncinatus Gobij in AlgoIogisch.Studien uber Chroolepus
Ag., in Bull. Acad Se. S'-Pélersbourg 1872, p. 126.
Trentepohlia umbrina (Kutz )Born.; C. irregulure Kutz.
La var. quercina Rbh. est réunie par M. Gobi, loc. cit., au
type dont elle ne diffère d'ailleurs que par des caractères tels que
le diamètre, la couleur et Thabitat.
Le C. odoratum Ag. et sa var. oleiferum Rbh. rentrent égale-
ment dans le même type.
— Bleischii (Rbh.) VVille.
var. Picaea Wille. — M. Gobi fait rentrer cette espèce dans la
(1) Uehcr Trenlepofilia-(Chroolepus-) artige Moosvockeimhildungen von
D"" Anton Hansgirg in Flora 1887, n«>6.
(2) Il est probable que plusieurs espèces m'auront échappé. Je prierai
I
|uccéJciil(', mas M. Wille la considcTc coiiuno espèce (iisliiiclc et
diciit même mie vaiiélc nouvc'lle('j.
Chroolepus abietinum Floiuw.
— velutinum Kuiz,
Trentepohlia lagenifera (Hildebr.) VVille.
Chroolepus Jolithus (L.) Ag. et var.bovinum Uhli.
— flavum(IIook ) Kutz.
— villosum Rutz.
— sinense Kbh. in Al^. Eur., n° 25G7.
— lichenicolus Ag.
— botryoides Zeller; in Algen gesammell in Arracan und British
Hmnia, bcslimnil und s\stenialiscli geordnel von D'" Zeller; in Htd-
wigia, 1875, p. 190
— calamicola Zeller loc cit.
— elongatum Zelier loc. cit.
— fusco-atrum Zeller loc cit.
— Kurzii Zeller loc. cit.
— tenue Zeller loc. cit.
— illicicolus Eng.
— pleiooarpa >ordst.
— megalorrhyncliium Ilsigsolm ; in Silzungsb. Gesellsch. natnr-
foisch. der Freunde zu Berlin, 18ti7, p 51.
— Bubsimplex Ca-par. ; in l'iiys okon. Gesdlsch. in Kotiigsberg,
1878, Abh. 2.
— jucundunOL Cesali
Trentepohlia De Baryana (Rbh ) \V1lie5 Pringsbeim Jalirbuch. f.
wissenscbafll. Bot. 1887, p. 48 i.
Parmi les espèces douleuses, je placerai :
Chroolepus coeruleum Naeg.
— moniliforme >'aeg.
— cobaltigeneum Ag.
— rubicundum Ag.
(1) VVillc Om svaermecillerne og dtres apulahon lias Trenlepoftlia
Mart., m Bolariiska xNÔliser 1878, p. 171, en note. Ailicle reproduit in
Pringshcim Jahrbucli. f. wissenscbaftl. Bot. 1887, p 420.
25
M. De Vos émet l'idée de voir constituer, au sein de la
Société, une commission spéciale chargée d'examiner,
chaque année, les renseignements fournis à la Société sur
les habitations nouvelles d^espèces phanérogames et crypto-
games. Selon lui, celte commission aurait pour rôle de
choisir, parmi les indications renseignées dans les cata-
logues envoyés, celles qu^il est réellement utile de publier
au point de vue de la géographie botanique du pays.
Après discussion, il est décidé qu^une proposition, dans
ce sens, sera soumise à l'assemblée générale du mois
de mai prochain.
M. Errera propose qu^à chacune des séances mensuelles
il soit fait des communications sur Pun ou Pautre point
des sciences botaniques qui pourrait intéresser les mem-
bres de la Société. Ces communications n'obligeraient
point leurs auteurs à les publier dans le compte-rendu des
séances; elles auraient pour but principal d'initier les
membres présents aux séances à diverses questions spécia-
les nouvelles ou peu connues.
Cette proposition est approuvée à Tunanimité.
M. le Président proclame membres effectifs de la
Société : MM. Dupuis et Lambotle.
La séance est levée à 8,40 heures.
Séance mensuelle du 11 février 1888.
Présidence de M. L. Coomans, conseiller.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Carlier, L. Coomans, De BuIIemont,
De Vos, De Wevre, De Wildeman, É. Durand, Errera,
Francolte, Losseau et Vindevogel; Crépin, secrétaire.
Le procès- verbal de la séance du 14 janvier 1888 est
approuvé.
M. le Secrétaire annonce le mort de deux membres
associés : MM. de Baryet Asa Gray.
MM. Errera el E. Durand sont chargés de rédiger des
notices sur ces deux illustres botanistes.
M. A. Ernst, membre associé, envoie l'ouvrage suivant :
La exposicion nacional de Venezuela en 1883, Caracas,
1886, 1 vol. in-folio.
MM. Crépin et De Wildeman lisent des notes dont
rimpression est votée.
QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA SITUATION ACTUELLE
DE LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE,
par François Crépin (^).
Jusque vers le milieu de ce siècle, la botanique descrip-
tive constituait Tune des branches les plus importantes
de la science. Le plus grand nombre des botanistes célè-
bres devaient leur réputation à des travaux descriptifs.
(1) Dans cet article, nous avons eu spécialement en vue l'étude des
végétaux supérieurs.
27
Aujourd'hui, plusieurs autres divisions de la botanique,
autrefois reléguées à Tarriére-plan, tendent à la sup-
planter.
Cette nouvelle situation est-elle due à la nature même
des choses, ou provient-elle de circonstances passagères?
Autrefois, les botanistes de profession, les professeurs
d'universités, entre autres, s'occupaient beaucoup de bota-
nique descriptive et formaient des élèves qui suivaient ordi-
nairement leurs traces. Depuis un quart de siècle, l'ensei-
gnement universitaire a subi une complète transformation;
les recherches des maîtres et de leurs élèves sont presque
partout dirigées dans une nouvelle voie; dans les labora-
toires, les travaux ont pris pour objet la biologie, l'ana-
tomie et Porganogénie. Cet ordre de recherches, il faut le
reconnaître, convient certes mieux à l'enseignement que
la systématique, qui réclame un matériel encombrant et
exige, d'ordinaire, un temps trop considérable.
Par ce changement, la botanique telle que la cultivaient
les maîtres renommés auxquels la science doit ses bases
les plus solides, a été délaissée dans la plupart des univer-
sités et est devenue, en général, le lot des amateurs. Malheu-
reusement un grand nombre de ceux-ci sont dépourvus
d'une instruction spéciale suffisante et sont souvent privés
d^abondantes ressources en livres et en plantes. La bota-
nique rurale s'est de plus en plus répandue, favorisée par
la création de nombreuses Sociétés. Celles-ci ont facilité
la publication d'une masse prodigieuse de travaux descrip-
tifs, au milieu desquels les recherches d'un intérêt général
sont comme noyées sous la masse des choses d'un intérêt
secondaire ou tout à fait local.
Mais ce qui paraît avoir surtout nuit, dans l'esprit de
beaucoup de personnes, à la réputation de la botanique
28
descriptive, ce sont Ins travaux de certains descripteurs
qui, en peu d'années, ont encombré la science d'un
nombre extraordinaire de prétendues espèces nouvelles.
Cet excès de fausses richesses lend à rendre la botanique
systématique inabordable et à faire du règne végétal un
véritable chaos.
Les nombreux exsiccata ou collections de plantes sèches
ont, à leur tour, aidé, dans une large mesure, à la créa-
tion de ces fausses espèces.
Sont-ce toutefois là les seules causes qui ont amené la
situation actuelle?
On peut se demander si les auteurs des bonnes mono-
graphies modernes ne se sont pas un peu trop longtemps
attardés dans une voie surannée, si la botanique descrip-
tive ne s'est pas immobilisée et comme cristallisée ?
Depuis sa renaissance au siècle dernier, cette branche
s'était assigné pour but principal à ses recherches l'inven-
taire des formes végétales et leur classement. Les mono-
graphes, après avoir caractérisé et décrit les groupes de
formes qu'ils jugeaient dignes du rang spécifique et après
les avoir classés dans un ordre plus ou moins naturel,
considéraient leur tâche comme définitivement accomplie.
La méthode actuellement suivie n'est-elle pas suscep-
tible de perfectionnement, et, de plus, ne pourrait-on pas
donner une portée plus élevée aux travaux monographi-
ques?
L'étude des espèces, qui sert de base à la classification, a
certes été élargie et notablement améliorée depuis Linné,
mais elle est encore éloignée, pensons-nous, d'avoir
atteint son apogée. Dans les bons travaux modernes, le
genre est encore considéré comme un groupe homogène
formé d'éléments de valeur égale, c'est-à-dire de types
I
29
ayant tous droit au même rang. Telle est-elle bien la
constitution des genres? Qu'il y ait des genres uniquement
composés d'espèces ayant toutes une égale valeur morpho-
logique, cela ne paraît pas douteux, mais, selon-nous, il
existe une muliitude de groupes génériques qui n'offrent
pas cette composition uniforme. Dans ces derniers, il y a
une véritable hiérarchie entre les espèces; les unes sont
de premier, les autres sont de deuxième ou de troisième
ordre. Qu'on veuille bien remarquer ici que par espèces,
nous entendons parler de types linnéens, types admis par
tous les bons auteurs comme de^ espèces légitimes et
bien distinctes : il ne s'agit pas de types controversés et
sur lesquels on peut hésiter pour leur accorder le rang
spécifique. S'il existe réellement une inégalité morphologi-
que entre les espèces d'un même genre, il importe que
cette inégalité soit établie et que, dans nos travaux mono-
graphiques, la structure de chaque genre soit exposée telle
que la nature nous l'a livrée.
Nous n'exigeons pas que le genre, perdant sa significa-
tion actuelle et devenant un avant-dernier groupe dans
la classification, soit remplacé par un nouveau groupe
correspondant à des unités de même valeur; nous nous
bornons à demander que la vérité se fasse jour dans
ces associations d'espèces enserrées dans nos cadres géné-
riques (l).
(1) Si le démembrement des espèces linnéennes opéré par une cer-
taine école de descripteurs avait répondu à la réalité des faits, si chaque
type linnéen était devenu un groupe d'espèces plus ou moins important,
il est évident qu'à chacun de ces types devait correspondre un genre.
C'était là une nécessité taxinomique qui s'imposait et sur laquelle nous
avions attiré l'attention il y a déjà longtemps.
30
Peut-on, dès maintenant, établir cette nouvelle consti-
tution des genres, c'est-à-dire la hiérarchie des espèces
dans chaque groupe générique, au moyen des seules
ressources fournies par les travaux publiés? Nous ne le
croyons pas, parce que, en général, Tétude des espèces
n'a pas été faite d'une façon suffisamment appro-
fondie soit faute de temps, soit à cause de la pénurie des
matériaux.
Pour faire une étude réellement approfondie telle que
nous l'entendons, le monographe doit n*embrasser qu'un
groupe assez restreirft et se borner même au genre. Mais
qu'on ne s'y méprenne pasj malgré le champ limité
à étudier au point de vue du nombre des espèces, le nou-
veau travail exigera un temps considérable : chaque type
réclamera dix fois, vingt fois, plus de recherches et d'obser-
vations que par le passé. Il ne suffira plus d'examiner
un mince fascicule de spécimens pour chaque forme à
décrire!*); chaque groupe spécifique devra être représenté
par des matériaux considérables recueillis sur les divers
points de son aire géographique. Dans ces matériaux, il
faudra trouver tous les étals possibles sous lesquels l'espèce
se manifeste soit dans la plaine ou sur les montagnes, soit
au Nord ou au Midi, à l'Est ou à l'Ouest de son aire. Sous
les variations sans nombre, l'observateur finira par décou-
vrir certains états habituels : état glabre, pubescent ou
glanduleux, état macrophylle ou microphylle, états parti-
culiers dus au géantisme ou au nanisme, etc., etc. Il
(1) Des milliers d'espèces exotiques ont clé établies sur des matériaux
trop insuffisants pour avoir une confiance absolue dans leur distinction
spécifique.
51
verra ces mêmes états se reproduire plus ou moins fidèle-
ment dans la plupart des types de ce genre. Ce parallé-
lisme d'étBts ou de variations lui démontrera la complète
unanité de certaines différences qui ont été prises pour des
caractères spécifiques et ont servi à créer des espèces
artificielles, en même temps qu'il l'aidera à reconnaître
les vrais caractères distinctifs qui sont indépendants des
circonstances. D'autre part, il découvrira que parmi ces
nombreux étals ou variations d'un type linnéen, il existe
des petits groupes naturels subordonnés qui sont vraisem-
blablement des espèces en voie de formation, à caractères
encore faibles ou plus ou moins vacillants. Ce sont ces
groupes subordonnés qui ont parfois reçu le nom de sous-
espèces ou de variétés. A ce propos, qu'on nous permette ici
une courte parenthèse. Sous le nom de variétés, la plu-
part des auteurs ne décrivent ordinairement que de simples
états et non pas des groupes subordonnés de formes
caractérisés par un ensemble de caractères indépendants
les uns des autres. Nous appuyons à dessein sur le mot
indépendants, parce que beaucoup d'auteurs attribuent
soit à leurs variétés, soit aux espèces artificielles qu'ils
établissent plusieurs caractères distinctifs, alors qu'au
fond il n'en existe qu'un seul, qui se reproduit dans ou
sur tous les organes. C'est ainsi que l'étal glabre, pu-
bescent ou glanduleux peut se produire simultanément
sur tous les organes, que l'état macrophylle peut se
manifester dans tous les organes foliacés, que le nanisme,
à son tour, peut influer en même temps sur les axes, les
organes foliacés et floraux. C'est ce que nous avons appelé
autrefois solidarité des caractères. Ce fait, qui devrait
frapper tout observateur, est trop souvent méconnu.
Dans l'étal actuel de nos collections, il n'y a qu'un
52
nombre assez restreint de groupes génériques qui soient
en état d'être actuellement traités d'après le système dont
il vient d'être question.
Ce sysième, remarquons-le ne permet guères au phyto-
graphe d'entreprendre une monographie sur commande
à livrer à la publicité dans un temps déterminé. 11 réclame
des auteurs une grande abnégation et une boime dose de
patience, car ils devront souvent attendre de longues
années avant d'être en mesure de produire un travail
définitif. Si le genre est assez riche en espèces et si celles-ci
sont distiibuées sur une vaste étendue du globe, combien
ne faul-il pas de temps pour consulter et réunir les maté-
riaux indispensables à un travail approfondi sur chaque
type. D'autre part, si le monographe veut maîtriser le
groupe, il doit, autant que possible, ne rien laisser dans
l'ombre et ne point écarter les cas embarrassants; il doit
attendre patiemment l'arrivée de nouveaux matériaux
pour lever ses derniers doutes. Il y a toutefois une limite
à marquer à des recherches déjà devenues longues, car la
vie d'un savant pourrait s'écouler avant l'achèvement d'un
travail monographique, qui pourrait être ainsi perdu pour
la science. Ce que nous avons voulu faire sentir par là,
c'est qu'il faut se garder de précipiter ses conclusions et
attendre que le temps ait fait son œuvre dans la saine
appréciation des faits recueillis.
Le débutant commence ordinairement son travail avec
certains préjugés scientifiques et entouré d'opinions émi-
ses par ses devanciers; ce n'est que peu à peu qu'il par-
vient à se dépouiller des idées d'autrui ou à les rectifier
en se basant sur des observations personnelles.
Après quelques années de labeur eoniinu fait dans les
conditions les plus favorables, il croira être en mesure de
33
conclure et de publier, quand, tout à coup, une observa-
lion imprévue, l'arrivée de nouveaux matériaux, viendra
ébranler son édifice en lui inspirant des doutes sur les
résultats acquis et même sur son talent d'observateur.
Alors tout lui paraît devoir être recommencé ou vérifié à
nouveau. Ce qui pourra encore lui arriver, c'est de voir,
au cours de ses longues recberches, se dresser des obsta-
cles, des difiicullés, qui lui paraîtront insurmontables et
qui pourront lui faire abandonner la partie. Mais qu'il ne
se décourage pas et qu'il compte surtout sur le temps pour
ramener le calme dans son esprit et lui livrer la clef
des choses obscures. Quel est, du reste, le monograplie
qui ne soit pas passé plusieurs fois par ces moments
de trouble, qui lui ont fait désespérer d'atteindre le but
poursuivi?
C'est pour n'avoir pas eu la patience ou le courage de
vaincre ces diffîcullés, en leur consacrant le temps conve-
nable, que certains auteurs en sont arrivés à émettre, sur
les genres traités par eux, des idées plus ou moins complè-
tement fausses. C'est ainsi que pour avoir voulu s'épar-
gner quelques années de recherches supplémentaires, le
monographe laisse, à son successeur, la tâche de refaire une
longue route déjà parcourue et de poursuivre celle-ci jus-
qu'au point où le succès l'attend. 11 se perd de la sorte,
sans profit pour la science, une quantité considérable
d'efforts en travail de préparation.
Un danger contre lequel ne saurait trop se prémunir
le débutant monographe, c'est de restreindre l'étude
d'un genre à un groupe quelconque de ses espèces. Ce
danger a été lumineusement exposé par M. Alphonse de
Candolle dans son beau traité de la Phytograpliie (pp. 161
et 162). Ce livre étant entre les mains de tous les bota-
34
nisles descripteurs, nous croyons superflu de reproduire
ici les réflexions de Tillustre botaniste.
Jusqu'à présent, nors n'avons pas touché à un point
capital qui domine tout travail monographique : l'explica-
tion de l'inégalité spécifique qui existe entre les espèces
d'un même genre? Quelle est la cause, l'origine, de cette
inégalité? Voilà un problème qui dorénavant s'impose
aux recherches et aux méditations de tous les natu-
ralistes et dont la solution doit être poursuivie par
tous les moyens qui sont à leur disposition. L'étude du
genre prend dès lors un caractère plus élevé et réclame
un travail bien autrement approfondi que par le passé.
Quels que puissent être les résultats des nouvelles
recherches faites dans ce sens, il nous paraît que Tavenir
de la botanique descriptive est dans ce travail approfondi
des espèces, d'où les groupes génériques sortiront, un
jour, avec leur véritable constitution. La connaissance de
celle-ci ne sera pas, croyons-nous, sans avoir une heureuse
influence sur les progrès de la classification générale.
En émettant ces quelques considérations sur la situation
actuelle de la botanique descrif)tive et sur son avenir,
nous n'avons pas eu, un seul instant, la pensée de mécon-
naître l'importance, la haute valeur, des beaux travaux
descriptifs publiés depuis un demi siècle. Ces travaux ont
puissamment aidé aux progrès de la classification générale,
à ceux de la géographie botanique; ils ont, de plus,
répondu à de nombreux besoins de la science. Pendant
longtemps encore, on sera forcé de poursuivre les mono-
graphies de familles dans l'ordre d'idées qu'on leur a
imprimé, parce qu'il importe de dresser un inventaire
aussi complet que possible du règne végétal; mais il n'en
est pas moins vrai que les progrès et les besoins de la
35
science leur feront succéder des œuvres plus approfondies
et conçues d'après des principes en rapport avec le grand
problème qui préoccupe si vivement l'attention, celui de
l'origine des espèces actuelles.
NOTE SUR LE NITELLA SYNCARPA AL. BR..
par É. De Wildeman.
Dans la séance du mois d'ocfobre 1884, M. Crépin
signala la découverte faite, aux environs de Bruxelles, d'un
Nitella par M. Massart(^). Ce Nilella était resté indéter-
miné, lorsque, au mois d'octobre dernier, pendant une
excursion aux environs de Bruxelles, je trouvai, dans les
fossés d'une prairie à Woluwe-S*-Lambert, un Nitella
dont la détermination d'après le tableau de la « Flore
de Belgique » m'embarrassa, .le soumis Téchantillon à
M. Crépin qui y reconnut la même forme que celle
qui avait été récoltée par M. Massart.
L'espèce appartenait sans aucun doute au groupe du
iV. capilata Al. Br. ; mais il s'agissait de voir si elle
n'appartenait pas au N. syncarpa AI. Br., que M. Crépin
indique dans sa Flore comme espèce à rechercher et qui,
d'après lui, ne serait peut-être pas spécifiquement distincte.
A première vue, certes, ces deux espèces offrent de
grandes ressemblances, mais elles sont cependant bien
différentes quand on les examine de près. Ce n'est
pas sur les caractères fournis par la disposition des
anthéridies ou des sporanges disposés en glomérules plus
ou moins compacts que l'on peut baser la détermination
(1) Trouvé sur le territoire de Woluwe-S'-Pierre, dans un petit marais,
mais l'habitation semble avoir été détruite.
o6
de ces formes, ni même, quoique ce soit un caractère
différentiel, sur la bifurcation ou la non bifurcation des
rayons femelles, car ce caractère nVst pas toujours con-
stant. C'est le noyau du fruit qui fournit le véritable
caractère.
LeN. syncarpa a été souvent signalé en Belgique, mais
je n'ai pas eu l'occasion de voir des échantillons de toutes
les localités qui lui sont rapportées(l); elles doivent d'ail-
leurs être, pour la plupart, mises en doute.
La forme publiée par MM. Thielens et De Vos, dans le
« Kickxia Belgica », cent. 11, 1866, n** 200 et recueillie à
Westerloo par le Dr Van Haesendonck, paraît devoir se
rapporter au N. syncarpa AI. Br., de même qu'une forme
recueillie, en 1869, à Kessel-Loo par M. Bamps.
Les deux espèces qui paraissent avoir été souvent con-
fondues, ont cependant été bien délimitées par Al. Braun,
comme on peut en juger par les descriptions qu'il en a
données dans le Flora von Schlesienk^) , et dont voici les
caractères différentiels :
A^. capitata.
Rayons de la plante femelle divi-
sés en 2-3 branches.
Noyau du fruit rouge brun foncé,
à côtes saillantes.
Fruct. Mai-juin.
A^. syncarpa.
Rayons stériles ou de la plante
mâle divisés en 2-i branches;
les fertiles indivis.
Noyau du fruit noir, sans côtes
saillantes.
Fruct. Juillet-octobre.
(1) Voyez BuU. Soc, bot. de Belgique, I, p. 208, et XXIP, pp. 26
et 396.
(2) Kryptognmcn Flora von Srhlesien, vol. I. — Characeen bearb.
V. Al. Braun, p. 396.
Voyez aussi : Leonhardi. — Die hither bekannten oesterrisefien
Armleuchter Getvàchse. Abdruck. Verhandl. Naturforsch. Vereines
Brùnn, Bd. II, pp. 36 et 46.
37
Le seul caractère du noyau du fruit d'être ou non muni
de côtes saillantes suffît pour distinguer les deux espèces.
Le iV. syncarpa doit, il n'y a aucun doute, être consi-
déré comme espèce distincte; il ne peut être confondu,
après un bon examen, avec le N, capitata; en outre, il
existe, en Belgique, où il est probablement moins rare
qu'on ne le suppose. Sa présence constatée dans deux
régions très différentes du pays, doit le faire rechercher
dans les autres régions, où il aura été vraisemblablement
confondu, dans bien des cas, avec le N. capitata.
SUR LE POLYMORPHISME ATTRIBUÉ A CERTAINS
GROUPES GÉNÉRIQUES,
par François Crépin.
]N'est-il pas généralement admis de nos jours, à l'égal
d^une vérité démontrée, que certains genres sont com-
posés de formes exceptionnellement variables? Les genres
Hieracium, Mentha, Rubus et Rosa sont souvent cités
comme exemples de ces groupes taxés de polymorphic
excessive. La croyance à ce polymorphisme est tellement
bien ancrée dans l'esprit de la plupart des botanistes qu'il
y a vraiment témérité à poser celte question : La polymor-
phic exceptionnelle attribuée à certains genres n'est-elle pas
une simple légende?
Qu'il y ait, dans ces genres, des types spécifiques
remarquablement plastiques, dont les représentants,
abondamment répandus sur une vaste aire géographique,
soient variés sous divers rapports, c'est un fait qui n'est
pas contesté. Mais ce fait est-il particulier à ces genres et
à tous ceux qui sont réputés polymorphes? Pour répondre
Ô8
affirmativement à cette question, il faudrait avoir prouvé
que des genres d'une égale importance à ces derniers et
ayant la réputation de n'être pas polymorphes ont résisté
aux épreuves multiples qu'ont subies, de la part de nom-
breux descripteurs, les Rubus, les Bieracium^ les Mentha^
les Rosa, Tant que cette preuve n'aura pas été fournie, il
sera sage de n^accepter qu'à titre d'hypothèse la variabilité
exceptionnelle de ces derniers groupes.
Une chose digne de remarque, c'est qu'en dehors de
ceux-ci, chaque fois qu'un genre ou un fragment de genre
quelconque a été étudié d'une façon plus ou moins appro-
fondie par plusieurs phytographes, on a vu ce genre ou ce
fragment de genre s'enrichir d'une foule de formes
nouvelles dont on ne soupçonnait pas l'existence et sur
lesquelles les botanistes diffèrent d'avis comme sur ces
malheureux Rosa, Rubus, Mentha ou Hieracium,
Pourquoi, du reste, ne voit-on guères que des genres
européens taxés de polymorphic exceptionnelle et pourquoi
la grande majorité des genres exotiques sont-ils tenus
pour peu variables? Cela n'est-il pas dû à ce que, d'une
part, il s'est trouvé des matériaux abondants et de nom-
breux travailleurs pour les analyser, et, d'autre part, des
matériaux parcimonieusement recueillis et livrés aux mains
de quelques rares phylographes? Que deviendrait un
genre exotique si, dans sa patrie, il était étudié à la façon
des Rubus ou des Hieracium par plusieurs générations de
botanistes? II est à présumer qu'il subirait le sort de nos
genres européens et que beaucoup de ses espèces seraient
controversées.
On arrivera peut-être à constater un jour que le degré
de polymorphic est en raison directe de la somme d'ana-
lyse consacrée ai!fe espèces et à leurs variétés.
59
Pour apprécier et comparer les degrés de polymorphic
présentés par des espèces appartenant à des genres diffé-
rents, a-t-on toujours tenu suffisamment compte de la
diversité offerte par les mêmes organes ou par Its ensem-
bles d'organes? Nous avons lieu d'en douter.
Qu'il s'agisse, par exemple, de la feuille et qu'on ait à
analyser, d'un côté, une feuille simple et entière atteinte
de macrophyllie ou de microphyllie, et, de l'autre, une
feuille découpée ou composée atteinte des mêmes phéno-
mènes, que verra-t-on? Les modifications subies par la
feuille simple et entière seront à peine remarquées et le
descripteur ne leur consacrera que très peu de mots,
tandis que pour la feuille découpée ou composée, les modi-
fications étant plus apparentes, puisqu'elles se répèlent
sur chacune des parties, sa description sera plus ou moins
longue et produira ainsi plus d'effet sur l'esprit du lecteur
que la première. Cependant la valeur morphologique des
modifications provoquées par la macrophyllie ou par la
microphyllie pourra être au fond la même dans les deux
cas. Cette dissemblance dans les descriptions s'accentue
quand, aux caractères de la forme, viennent s'ajouter ceux
tirés de la présence ou de l'absence d'un revêtement quel-
conque.
Remarquons que ce qui vient d'être dit de la feuille, est
également applicable à tous les autres organes.
Poursuivant ce parallèle, prenons maintenant l'individu,
c'est-à-dire l'ensemble, la réunion, de tous les organes, et
voyons quelles sont les ressources offertes au descripteur
selon que l'espèce est à charpente simple ou à charpente
compliquée.
Il existe des genres dont les espèces sont réduites à une
rosette de feuilles dites radicales, simples et entières, à
40
lige aérienne remplacée par un pédoncule uniflore; chez
d'autres genres, la lige est plus ou moins élevée, munie
de feuilles variant de forme à chaque niveau, se transfor-
mant en bractées et en bractéoles dans une inflorescence
qui peut être plus ou moins multiflore; dans une troisième
catégorie de genres, les espèces seront des arbrisseaux ou
des arbres, dont les feuilles et même les inflorescences
pourront varier suivant la nature ou la position des axes
qui les portent.
Est-il besoin de longues explications pour faire prévoir
combien sont différentes les ressources présentées à l'ana-
lyse par ces trois sortes de genres? Non-seulement les
descriptions seront forcément de plus en plus longues au
fur et à mesure que Ton passera du simple au composé,
mais il arrivera, en outre, que \es apparences feront distin-
guer plus de variétés ou d'espèces (espèces de la nouvelle
école) dans les groupes génériques de la deuxième et de
la troisième catégorie que dans ceux de la première. Si
l'on se base uniquement sur les résultats ainsi obtenus,
sans en discuter la valeur, on conclura que les genres de
la première catégorie ont des espèces moins polymorphes
que ceux des deux autres.
A son tour, la taille des espèces, qui peut également
varier d'un genre à un autre genre, n'a probablement pas
été sans influence sur les jugements que l'on a émis sur
les formes de certains groupes génériques. En général, il
est plus aisé de saisir l'allure, le faciès, des espèces de
petite ou de moyenne taille, que celui des espèces dont la
segmentation est rendue nécessaire par le format des
herbiers. L'exiguité des premières permet de faire facile-
ment des comparaisons entre de nombreux individus;
l'œil, par ces comparaisons, découvre plus rapidement et
plus sûrement les ressemblances. D'après cela, il y a lieu
de supposer, qu'en général, les genres à espèces de petite
taille doivent être moins sujets aux subdivisions spéci-
fiques que les genres arborescents ou à espèces de taille
élevée. Nous disons en général, parce qu'on a vu des
exemples d'espèces linnéennes de petite taille subdivisées
d'une façon réellement prodigieuse à l'aide d'une analyse
poussée à ses dernières limites, réduite à compter des poils.
Le faciès des espèces de taille élevée ne peut guère se
bien saisir que sur le vif, c'est-à-dire dans la nature ou
dans les cultures; les fragments qui représentent ces
espèces dans les herbiers sont loin d'offrir les avantages
des échantillons complets; les comparaisons sont beau-
coup plus difficiles et l'œil conserve moins bien le portrait
des types ainsi reconstitués par des fragments.
On peut donc se demander s'il n'y a pas encore ici une
nouvelle source d'appréciations fausses, en ce sens qu'il est
malaisé, à cause des différences, de tenir la balance égale
pour juger, d'une part, les formes de petite taille et, de
l'autre, celles de taille élevée.
D'après toutes ces considérations, il nous semble qu'il
serait sage de réserver son jugement sur la polymorphic
exceptionnelle attribuée à certains genres et d'attendre,
avant de se prononcer, de nouvelles recherches faites avec
toutes les précautions réclamées par cette question délicate.
Jusqu'ici, nous n'avons cherché des arguments en
faveur de nos idées qu'en nous adressant uniquement
aux objets en discussion ; mais ne pourrions-nous pas en
découvrir de nouveaux en prenant une autre direction?
Pour étudier avec sagacité des faits ou des objets quel-
conques, pour les classer rationnellement ou d'après leurs
affinités naturelles, pour en tirer les conclusions générales
4^2
qui en découlent, il est indispensable que l'observateur
joigne, à Tesprit d'analyse, l'esprit de synthèse et qu'il y
ait chez lui un juste équilibre entre ces deux facultés.
Il n'est pas rare que l'une de celles-ci prédomine avec
excès et détruise l'harmonie qui devrait exister entre elles
pour bien juger. Assez souvent chez le naturaliste, l'esprit
d'analyse prend trop de développement; alors il est fort à
craindre que l'observateur ne soit fatalement entraîné dans
des détails au milieu desquels il finira par s'égarer. Il
n'apercevra plus que des différences, des dissemblances,
sans plus parvenir à retrouver les rapports qui relient
les faits secondaires aux faits principaux. Cette analyse
excessive est un défaut assez commun chez les botanistes
descripteurs qui ont limité leurs recherches à un champ
trop resteint, où les objets finissent par prendre à leurs
yeux des proportions exagérées. Pour échapper à ce
danger qui les menace, les jeunes botanistes feront bien
de reculer peu à peu leur horison. A moins qu'ils ne
soient dépourvus de tout sens synthétique, ils verront
inévitablement leurs premières appréciations se modifier
au fur et à mesure qu'ils élargiront les limites de leurs
recherches. De nombreux exemples de cette transfor-
mation nous sont fournis par des phytographes, qui,
d'abord appliqués à l'étude de la flore européenne, se sont
plus tard occupés des flores exotiques. Ces botanistes,
échappant ainsi à certaines traditions et s'étant dépouillés
d'idées plus ou moins étroites sur la constitution des
espèces européennes, en sont arrivés à rétablir les groupes
spécifiques sur des bases plus larges et vraisemblablement
plus conformes à la réalité des faits. Mais combien ne
reste-t-il pas de descripteurs qui n'ont pas eu l'occasion
ou la volonté de faire cette utile expérience et qui ont
^3
persisté dans leur premier système, en continuant à
décrire, sous le nom d'espèces, des groupements artificiels
d'individus qui n'ont d'existence que dans leurs livres. Les
nombreux travaux descriptifs faits dans ce dernier ordre
d'idées ont eu assurément une très large part dans la
réputation de polymorphic qu'ont acquise certains genres.
Examinons encore un autre point qu'il est utile de
toucher ici.
Ne dit-on pas que le coup d'œil est une qualité essen-
tielle à l'artiste : peintre, sculpteur, architecte? Ne pour-
rait-on pas ajouter qu'il est indispensable au naturaliste
descripteur? Le coup d'œil appliqué aux choses matérielles
doit varier d'intensité selon les individus, puisque, d'une
personne à une autre personne, les aptitudes de l'œil
diffèrent dans une assez large mesure. La faculté de bien
voir n'est donc pas générale et, de plus, la mémoire
visuelle, qui est une chose importante, peut être puissante
chez les uns, faible ou nulle chez les autres. Le naturaliste
descripteur, étant appelé, par ses recherches, à examiner
sur toutes leurs faces une foule d'êtres divers, à les com-
parer dans tous leurs détails pour y trouver des différences
ou des traits de ressemblance, doit, avant tout, posséder
un bon instrument d'examen, c'est-à-dire un œil très
sensible à tout ce qui peut le frapper et, en outre, une
mémoire capable de conserver les images perçues. Certes,
l'œil sensible à la forme, aux proportions, à la couleur,
ne suffît pas à lui seul pour donner le coup d'œil. Il faut,
en outre, chez le savant, comme chez l'artiste, certaines
facultés intellectuelles sans lesquelles les images reçues
restent en quelque sorte lettre morte, mais on peut
toutefois assurer que celui qui voit mal ne possédera
jamais le coup d'œil. Étant admis que celui-ci est néces-
44
saire au descripteur, on ne doit pas être surpris que deux
monographes, également expérimentes, également instruits,
partageant les mêmes opinions théoriques sur l'espèce,
puissent arriver à considérer les mêmes formes d'une
façon différente et à se trouver en désaccord sur beau-
coup de points. Ce désaccord pourra provenir de ce que
l'un possède le coup d'œil et que Taulre en est dépourvu.
Le premier, au cours de ses recherches, conserve fidèle-
ment, dans la mémoire visuelle, toutes les images perçues ;
ces images, classées dans le cerveau comme les spécimens
dans un herbier, peuvent être, à tout instant, rappelées et
confrontées. Ce matériel, sans cesse présent à l'esprit,
subit ainsi un travail de comparaison en quelque sorte
ininterromjiu, qui finit par rendre chaque type spécifique
très familier au monographe. Celui-ci, ayant à examiner
de nouveaux matériaux ou à classer une collection, pro-
cède avec une sûreté de coup d'œil que ne peut connaître
le phytographe dépourvu de la faculté de bien voir et de
conserver le souvenir des images. Le premier s'est fait de
chaque type un portrait qu'il a toujours devant les yeux,
dont les lignes principales et essentielles, tracées avec
beaucoup de prudence, sont bien arrêtées ; il possède
ainsi une galerie de portraits qui lui permet de retrouver,
presque toujours sans hésitation, les originaux dans la
masse confuse des individus.
Chaque type se reconnaît non-seulement à des carac-
tères que l'on peut décrire plus ou moins exactement,
mais encore à des caractères en apparence très faibles,
plus ou moins fugitifs, mais que malheureusement notre
langage scientifique est impuissant à traduire en termes
précis. (]es caractères, pour lesquels il faut un excellent
coup d'œil, tiennent au faciès général des individus, à
45
l'allure et à la coloration de certains organes ou ensemble
d'organes ; n'étant pas et ne pouvant même pas être
renseignés dans les descriptions, ils sont perdus pour le
botaniste qui manque du coup d'œil. Ces caractères sont
cependant parfois bien précieux à connaître, car ils
peuvent guider l'observateur dans les cas difficiles, où les
autres caractères sont atténués ou masqués par Tune ou
l'autre cause.
Ceci nous amène à dire que le botaniste qui manque du
coup d'œil, agirait sagement en renonçant au travail
monographique pour lequel il n'est pas outillé convenable-
ment, pour se consacrer à des recherches qui ne récla-
ment pas l'usage incessant de Toeil.
D'après tout ce qui précède, on est autorisé à supposer
que si les travaux monographiques étaient toujours sortis
des mains d'observateurs également capables de bien voir
et de bien juger, le sort de certains genres eût été bien
différent de ce qu'il est aujourd'hui.
Nous avons cru devoir nous étendre un peu longuement
sur ce dernier point de nos considérations, parce (ju'il
ne paraît pas avoir jusqu'ici attiré l'attention générale.
Nous terminerons ce petit article en formulant les con-
clusions suivantes, que nous soumettons au jugement des
botanistes.
i° Que la polymorphic exceptionnelle attribuée à cer-
tains genres est loin d'être démontrée;
2° Que la stabilité des formes appartenant aux genres
réputés non polymorphes n'est pas non plus démontrée;
5** Que le degré de polymorphic ou de stabilité des
formes d^un genre à un autre est extrêmement difficile à
établir en se basant uniquement sur les travaux publiés,
attendu que ces travaux n'ont pas été élaborés dans des
46
conditions suffisamment égales et par des savants dispo-
sant tous des mêmes moyens d'investigation.
La parole est accordée à M. Errera pour la communi-
cation qu'il avait annoncée : l'architecture des plantes avec
démonstrations au microscope.
Le savant professeur a exposé d'une façon extrêmement
claire et très élégante les phénomènes biologiques et ana-
tomiques qui président à Tédificalion de la charpente des
végétaux fibro-vasculdires. Par des expériences ingénieu-
ses et par des exemples variés, il a démontré combien sont
simples et merveilleux les procédés mis en œuvre par la
nature pour donner aux plantes la rigidité ou l'élasticité
nécessaire à Pexercice de leurs divers organes. Cette com-
munication qui s'est trouvée être une véritable conférence,
a été vivement applaudie.
M. Errera a été engagé par ses confrères à les gratifier
de nouvelles conférences sur les divers points de la science
qui font l'objet de ses recherches.
M. François Sterken, professeur au collège St-Matcrne,
à Tongres, présenté par MM. Crépin et L. Coomans,
demande à faire partie de la Société.
La séance est levée h 10,30 heures.
47
Séance mensuelle du 10 mars 1888.
Présidence de M. Bommer.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bommer, Bordet, L. Coomans,
Delogne, De Vos, De Wildeman, Ém. Durand, Th. Du-
rand, Errera, Massart, Van der Bruggen et Van Nerom;
Crépin, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 11 février 1888 est
approuvé.
M. le Secrétaire fait l'analyse de la correspondance.
OuTragcs reças poar la bibliothèqne :
Venance Payot. Florule bryologique on Guide du botaniste au
Mont-Blanc, 2*^^ partie des Cryptogames ou Musci-
nées des Alpes pennines. Genève, 1886, 1 v. in-18.
P. DucHARTRE. Note sur le Begonia Socotrana D. Hook.
Paris, 1885, in-80.
— Note sur des fleurs doubles du Grand Muflier, Paris,
1882, in-8\
— Note sur un Begonia nouveau, à inflorescence épi-
phylle {Begonia Ameliae Bruant), Paris, 1886,
in-80.
— Note sur des feuilles ramifères du chou, Paris,
1881, in-S".
— Quelques observations relativement à l'influence de la
48
lumière sur la maturation du raisin, Paris, 1882,
in-So.
P.DucHARTRE. Influence de la température sur Vépanouisse-
ment et la fermeture des fleurs de Crocus, Paris,
1883, in-8«.
— Observations sur les vrilles des Cucurbitacées, Paris,
1886, in-8«.
— Note sur deux Roses prolifères, Paris, 1887, in-8<>.
— Influence de la sécheresse sur la végétation et la struc-
ture de Vlgname de Chine (JDioscorea Batatas
Dene), Paris, 1885, in-8«.
Fr. Buchenau. Flora der Ostfriesischen Jnseln, Norden und
Norderney, 1881, 1 vol. in-18.
C. Bamps. Note sur la découverte àLanklaer (Campine lim-
bourgeoise) du Gampsocleis glabra Herbst, orthop-
tère nouveau pour la Belgique, Gand, 1888, in-8\
T. -F. Allen. TheCharaccae of America.VQXi\.^Q\^-'Yo\\y
1888, in-8«.
J. MÛLLER. Graphideae Feeanae inclus, trib, affînibus nec
non Graphideae exoticae Acharii, Ed. Friesii et
Zenkeri e novo studio speciminum originalium
expositae et in novam dispositionem ordinatae.
Genève, 1887, in 8o.
— Lichenes Montevidenses quos legit et communicavit
Prof, Arechavaleta. 1888, in-8°.
— Lichenologische Beitràge. XXVII, 1888, in-S®.
M. De Wildeman lit une note concernant la monogra-
phie des Characées américaines de M. Allen.
Il analyse ensuite une notice sur des Trentepohlia, qui
sera insérée dans la première partie du Bulletin,
49
M. Ém. Durand donne lecture d'une note biographique
sur feu Asa Gray, membre associé.
M. Errera demande la parole pour exposer à l'assemblée
la carrière scientifique de M. de Bary, membre associé.
M. Errera est invité à remettre une notice sur ce sujet.
M. Crépin lit deux notices, qui seront insérées dans le
compte-rendu de la séance.
M. Van Nerom présente à l'assemblée une carte agrono-
mique de la Belgique dont il est l'auteur, et sur laquelle il
donne des explications qui sont écoutées avec intérêt.
EXAMEN DE QUELQUES IDÉES ÉMISES PAR MM. BURNAT
ET GREMLI SUR LE GENRE ROSA,
par François Crépin.
Certaines idées générales émises récemment(l) par
MM. Burnat et Gremli sur le genre Rosa exigent, de notre
part, un examen d'autant plus sérieux qu'elles sont en
opposition formelle avec les résultats que nous croyons
avoir obtenus par nos propres recherches.
A maintes reprises, nous avons déjà combattu incidem-
ment ces mêmes idées, mais il est nécessaire que nous
reprenions les arguments que nous leur avons opposés soit
pour leur donner plus de développement, soit pour les
compléter.
(1) Genre Rosa. Révision du groupe des Orientales, etc. Genève, 1887,
in-8<>, de VII-95 pages.
h
50
Les passages suivants, extraits du dernier mémoire que
MM. Burnat et Gremli ont consacré au genre Rosa, servi-
ront de programme à cette discussion.
En ce qui concerne les notions générales sur le genre Kosa nous nous
bornerons à renvoyer à une récente publication de notre maître et ami,
M. Christ {Le genre Rosa, résultats généraux des travaux de botanique
sijstématique concernant ce genre. Traduit de rallemand, du Dotunisches
Centtmlhlatt, ISS-i, par É. Burnat, ann. 1885). Tous les spécialistes con-
naissent la méthode adoptée par ce botaniste pour disposer les éléments
du genre qui nous occupe. On sait également quelle est aujourd'hui la
voie très semblable suivie par M. Crépin. A nos yeux, et malgré certaines
divergences d'opinions inévitables, nous jugeons quje ces méthodes sont
les seules qui permettront un jour d'élucider un groupe générique qui,
comme Ta fort bien dit M. Alph. de Candolle (Phytographie, p. 161), est
« une association de formes d'une obscurité désespérante oii la distinction
d'espèces existe à peine relativement à d'autres genres connus. » C'est là
un point, croyons-nous, sur lequel presque tous les rhodologucs sont
d'accord, depuis ceux qui sont atteints de la buissonnomanie, jusqu'à
ceux qui, estimant que c'est par une flagrante infraction aux lois de la
nomenclature qu'on qualifie d'espèces des groupes d'ordres très divers,
en partie minimes, s'efforcent de distribuer hiérarchiquement ces groupes
en s'attachant scrupuleusement à la recherche de leurs affinités. Mais
précisément, en ce qui concerne la distinction des espèces, nous sommes,
ainsi, que M. Christ, loin d'être d'accord avec M. Crépin. L'auteur des
Pnmiïïae, dans le premier fascicule (ann. 1869) de cet ouvrage, affir-
mait déjà que l'espèce dans le genre Rosa était aussi tranchée que dans
tout autre genre, et il insiste aujourd'hui sur cette même proposition.
Parvenu au terme d'une nouvelle étude qui comprend divers groupes spé-
cifiques, nous ne pouvons, hélas! que répéter, avec la plupart de ceux qui
ont abordé les Roses, que ce genre ne renferme guère que des espèces
si uniformément constituées que leurs différences n'apparaissent que dans
un ensemble de caractères très variables et d'importance le plus souvent
secondaire; que ces espèces de valeurs très inégales se relient entre elles
par des formes intermédiaires plus ou moins nombreuses; qu'enfin ce
genre lui-même est malaisé à lépartir en sections naturelles. l'artout nous
avons rencontré des espèces dont les limites étaient incertaines, et nous
n'avons cessé d'éprouver des difficultés extrêmes à définir ces groupes et
51
à les préciser nettement pour en faciliter la notion à ceux des botanistes
qui ne sont pas rompus à ces difificultés. — Si l'on examine une à une
toutes les formes qui composent un groupe, il est aisé de parvenir à une
diagnose qui est celle d'un type idéal dont chacun des caractères est
représenté par la moyenne de nombreuses observations. Mais il peut se
faire qu'une telle diagnose ne réponde strictement à aucun des échantillons
qu'on possède du groupe. D'un autre côté, la nécessité, si l'on veut être
précis, d'encombrer une description d'un grand nombre de restrictions
ou réserves et de mentionner constamment des alternatives, rend la
recherche des caractères vraiment distinctifs excessivement difficile. De
tels embarras se présentent plus ou moins pour toutes les descriptions de
groupes, mais ils trouvent leur expression maximum dans le genre Rosa,
par suite précisément du polymorphisme des unités dont se composent ses
diverses subdivisions. (Op. cit. pp. V et VI.)
Il est certain qu'à l'époque même où nos connaissances seront plus
avancées et les matériaux accumulés dans les herbiers plus instructifs,
les contestations subsisteront sur la valeur des groupes et les termes
employés pour les désigner, mais si l'on veut conserver le mot espèce
pour l'appliquer dans la section Cynorrhodon des Rosiers d'Europe et
suivre la tradition linnéenne, ce mot n'aura jamais exactement le même
sens que dans certains genres à espèces isolées et à limites précises.
Même si l'on restreignait cette dernière section à une vingtaine d'espèces,
il faudrait encore y comprendre le R. glutinosa. En dehors des Cynor-
rhodon on peut observer également en Europe des groupes spécifiques
sans limites. Pour ne citer qu'un exemple tiré des derniers travaux de
M. Crépin on verra que ce savant a qualifié avec raison les Synstylae :
R. moschata, sempervirens et arvensiê, d'espèces parfaitement distinctes;
leur étude a été admirablement présentée dans les Primitiae (fasc. 5,
p. 533-582). Or ce sont là cependant des groupes qui présentent des
caractères tout aussi variables que les Orientales dont nous venons de
parler; il n'est pas un seul des caractères attribués à l'un de ces types
Synstylae qui ne se transforme çà et là en celui qui distingue l'espèce la
plus voisine ; parfois plusieurs se modifient simultanément dans le même
sens. De véritables formes intermédiaires existent aussi entre ces trois
membres des Synstylae. Nous savons bien que M. Crépin nous objectera
l'origine hybride des formes transitives dont nous parlons, mais en
présence de buissons vivants, dans leur patrie, il n'est généralement pas
difficile d'être fixé au sujet des origines hybrides d'une forme aberrante j
52
or nos observations ne nous ont jusqu'ici révélé que de véritables formes
intermédiaires entre les R. arvensts et R. sempervirens, à moins qu'on
admette une hybridité très ancienne. Quoiqu'il en soit, si l'on venait à
traiter les Synstylae avec l'extrême sévérité dont M. Crépin a usé envers
les Orientales, elles ne résisteraient pas mieux à une telle épreuve. —
Dans une note plus récente, le même auteur estime que les espèces
véritables sont nettement caractérisées dans les Rosiers; qu'on doit
étudier, non les groupes européens, mais ceux de l'Asie et de l'extrême
Orient pour être édifié sur la valeur des caractères spécifiques; là les
types seraient bien limités et leur étude nous démontrerait l'importance
exagérée qu'on accorde en Europe à certains caractères considérés comme
étant de premier ordre. Nous devons dire à ce sujet que l'étude que nous
venons de faire des provenances asiatiques, non seulement du groupe
Orientales, mais d'autres Cynorrhodon, notamment des Vestitae, ne nous
a point montré que dans ces régions le genre Rosa se présentât autrement
que dans l'Europe, c'est-à-dire avec un polymorphisme désespérant, et
si M. Crépin nous parle des Rosiers de l'Asie centrale et orientale que
nous n'avons pas à la vérité abordés, nous nous demandons si on ne
jugerait pas de leur fixité d'après des matériaux insuffisants et répéterons
après Linné : « Species Rosarum difficile distinguuntur, difficilius deter-
minantur; mihi videtur naturam miscuisse plures vel lusu ex una plures
formasse; hinc qui paucas vidit species facilius eas distinguit, quain qui
plures examinavit. » {Sp. plant., éd. 1, p. 492). (Op. cit., pp. 65-C7.)
M. Crépin insiste de nouveau sur ce point (que les espèces véritables
dans le genre Rosa sont nettement caractérisées) dans un mémoire récent
IRosae Synstylae, tirage à part du Bull. Soc. bot. Belg., 27 janvier 1887) :
« Les espèces, dans le genre Rosa, se distinguent parfaitement les unes des
autres par de nombreux caractères morphologiques et biologiques. » (Op.
cit., p. 5). Nous ne pensons pas que l'opinion actuelle du savant de
Bruxelles puisse être partagée par les botanistes qui étudient ce genre.
Linné a dit : species Rosarum difficillime limitihus circumscrihuntur et
forte natura vix eoê posuit. » Après lui les travaux des phytographes les
plus éminents semblent tous avoir abouti à la même conclusion. M. Christ
(Le genre Rasa, trad, française, p. 7) a cru récemment pouvoir affirmer
qu'il nVxistait pas dans les Roses d'espèces absolument isolées, mais
qu'entre tous les groupes spécifiques on observait des formes do transition.
(Op. cit., pp. 66 et 67.)
53
Ces trois extraits suffisent amplement, pensons-nous,
pour indiquer quelles sont les opinions des deux auteurs
sur la constitution du genre Rosa,
Les conclusions à en tirer sont les suivantes :
lo Que le genre Rosa est une association de formes d'une obscurité
désespérante où la distinction d'espèces existe à peine relativement à
d'autres genres connus ;
2° Que ses espèces se relient entre elles par des formes intermédiaires
plus ou moins nombreuses ;
3" Que le genre lui-même est malaisé à répartir en sections naturelles ;
4^ Que, selon M. Christ, il n'existe pas dans les Roses d'espèces abso-
lument isolées, mais qu'entre tous les groupes spécifiques on observe des
formes de transition.
Voilà quatre points qui méritent de fixer notre attention.
Nous allons les examiner successivement.
Quant à la question des espèces isolées, nous ne craignons
pas de dire que l'opinion de M. Christ est complètement
fausse, si, par espèces isolées, ce savant entend des types
richement caractérisés, parfaitement distincts, n'ayant que
des rapports éloignés entre eux et ne présentant aucune
forme de transition.
Comme espèces isolées constituant des sections mono-
types naturelles, nous citerons les suivantes :
R. microphylla Roxb. (Sect. Microphyllae).
R. laevigata Mich. (Sect. Sinicae).
R. minutifolia Engelm. (Sect. Minutifoliae).
R. sericea Lindl. (Sect. Sericeae).
R. Banksiae R. Br. (Sect. Banksiae).
Comme espèces isolées faisant partie de sections pléio-
types, nous pouvons, entre autres, énumérer :
R. Carolina L. ) o . ^ ,.
^ „ ,. , „ [ Sect. Larohnae,
R. foliolosa Nutt. )
R. microearpa Lindl. ) c, , „ , ,
_ ^. ^„ , Sect. Synstylae.
R. setigera Mich. )
u
La distinclion absolue de ces types est telle, que se refuser
à l'admettre c'est nier révidence.
Nous aurions pu facilement multiplier les exemples exoti-
ques d'espèces dites isolées, mais ceux qui précédent suffi-
sent à notre démonstration.
En présence de ces types, qui peuvent rivaliser avec les
meilleures espèces admises dans d'autres genres, nous ne
comprenons pas, en vérité, comment des savants ont pu
affirmer avec assurance que le genre Rosa ne possède pas
d'espèces isolées.
Est-il, du reste, besoin de quitter l'Europe pour trouver
de ces types isolés dans le genre Rosa'^. i\on assurément!
Ne peut-on pas considérer comme tels les R. alpina,
R. pimpinelli folia, R. cinnamomea et R. gallica? Ces
espèces sont, en Europe, isolées dans leurs sections respec-
tives et chacune d'elles n'a que des rapports éloignés avec
les unités composant les autres sections. Y a-l-il entre leurs
groupes spécifiques des formes de transition qui relient
ceux-ci entre eux? Incontestablement non ! Il se produit
bien, il est vrai, des hybrides entre le R. pimpinellifolia et
le R. alpina, entre ces deux types et des espèces de la sec-
tion Cynorrhodon, enlre \e R. gallica ei des représentants
des sections Synstylae et Cynorrhodon, mais les produits
hybrides ne sont pas des formes de transition. Si, comme
telles, on admettait ces derniers, alors il n'y aurait plus,
dans le règne végétal, aucun type isolé, puisque le croise-
ment hybride est possible entre les espèces d'un même
genre et parfois entre des espèces appartenant à des genres
différents.
Il nous paraît inutile d'insister sur ce point; l'existence
d'espèces isolées dans le genre Rosa est, croyons-nous, un
fait acquis et indéniable.
m
Passons maintenant à Texamen de cette autre conclusion:
que le genre lui-même est malaisé à séparer en sections
naturelles.
Ce genre offrirait-il réellement par lui-même, en raison
de la constitution de ses espèces, des difficultés exception-
nelles pour être distribué en sections naturelles, ou, comme
on donne à Tentendre, ne serait-il même pas susceptible
d'être subdivisé en sections?
A cette double question, nous répondrons tout d'abord
que, selon nous, le genre Rosa est susceptible d'être divisé
en sections parfaitement naturelles de valeur taxinomique
égale à celle d'une foule de sections d'autres genres admises
comme excellentes. Pendant le cours de nos études, qui
remontent à plus de vingt-cinq ans, notre conviction, à cet
égard, n'a jamais varié. D'où peut provenir le doute mani-
festé par certains auteurs modernes sur la possibilité de
répartir ce genre en sections naturelles? Plusieurs causes
semblent avoir concouru pour provoquer ce doute : la
confusion dans laquelle sont tombés tous les anciens clas-
sifîcateurs du genre; la connaissance imparfaite des vrais
caractères spécifiques et surtout la connaissance trop
incomplète du genre.
Quant aux difficultés que peut présenter le genre Rosa
pour sa distribution en sections, elles ne sont pas, nous
semble-t-il, plus grandes que dans tout autre genre placé
dans les mêmes conditions, c'est-à-dire dont les formes
doivent être fréquemment étudiées sur des fragments et
non pas sur des individus entiers. Cette circonstance parti-
culière, remarquons-le, produit également son effet pour
l'étude et la délimitation des espèces.
On pourra nous objecter ici que nous ne fournissons à
peu près aucune preuve de nos affirmations soit au sujet
des sections, soit concernant les espèces isolées et que de
simples affirmations ne suffisent pas pour entraîner la
conviction. Les preuves, nous Tespérons, seront plus lard
données en abondance dans notre travail définitif sur le
genre; en attendant, les objets en discussion ne sont pas
dérobés à l'examen de nos contradicteurs. Nous avons
cité des exemples d'espèces qui, pour nous, sont isolées;
quant aux sections déjà proposées par nous, elles sont
connues d^une façon plus ou moins sommaire et peuvent
être ainsi discutées.
Avant d'aborder les deux conclusions qui restent à
examiner, il ne sera peut-être pas mauvais, pour nous
éclairer sur ce qui va suivre, de rechercher si les
rhodologues modernes se sont toujours placés dans des
conditions suffisamment convenables pour étudier avec
succès le genre Rosa,
Dans un livre que tout botaniste descripteur ne cessera
jamais de consulter sans le plus grand fruit, La Phyto^
graphie, M. Alphonse de Candolle a écrit une page de
réflexions à l'adresse de certains monographes, que
ceux-ci ne devraient jamais perdre de vue. Ainsi s'ex-
prime ce savant dont la longue carrière a été presque
exclusivement consacrée aux progrès de la botanique
systématique :
Le danger de descriptions sur des éléments détachés de leur ensemble
naturel est au maximum quand on choisit pour étude les fragments
locaux d'un groupe compliqué et obscur, comme des Ruhus, Rosa,
Hieraciuyn, Salix, Mentha, etc. Evidemment les Rubus de France et les
Ruhus d'Angleterre, les IHeracium de Suisse et les llierucium de Suède
ne sont que des fragments découpés, par le hasard des faits antérieurs,
dans des associations de formes d'une obscurité désespérante, où la
distinction d'espèces existe à peine relativement à d'autres genres
connus. Élucider des choses obscures au moyen de débris ou de tronçons
87
est, il faut en convenir, un procédé peu scientifique. On croit bien faire
en limitant le champ des observations, mais c'est précisément ce qui en
diminue la valeur. On risque de cette manière d'oublier la nature
composée des groupes naturels. Si l'on n'y prend garde la limitation de
l'espace peut amener une limitation des idées.
Les savants les mieux avisés dans cette catégorie de travaux s'efforcent
de corriger les inconvénients de la méthode en observant les formes des
plantes dont ils s'occupent dans les pays voisins. Ils s'élèvent ainsi à une
conception vraie des groupes naturels, dont les unités sont ordinairement
dispersées. Je les vois citer de plus en plus les auteurs qui ne sont pas de
leurs pays. Ils ne justifient peut-être pas toujours avoir cherché et comparé
toutes les formes des diverses contrées, mais l'impulsion est donnée dans
ce sens et l'exemple sera probablement suivi de plus en plus.
(Op. cit., pp. 161 et 162.)
Suivant en cela l'exemple de l'illustre botaniste genevois,
nous avons déjà avancé, dans un article précédent, qu'un
genre ne peut èlre bien apprécié dans ses divisions et dans
ses espèces qu'après avoir été embrassé dans son ensemble.
Or, que voyons-nous, si nous considérons le genre Rosa?
C'est que tous les rhodologues depuis un demi siècle, à
part une seule exception, se sont bornés presque exclusi-
vement à l'étude des Roses de leurs pays, ou à celles
d'Europe. Ces botanistes ont, nous le reconnaissons
volontiers, analysé avec beaucoup de soin les formes de
leurs régions, mais souvent ils ont eu le tort de trop
généraliser, de conclure du particulier au général, de
croire que leurs observations pouvaient s'appliquer au
genre tout entier. Dès lors, on ne doit pas être étonné
de voir naître une profonde divergence d'idées entre un
monographe ayant étudié le genre dans son ensemble et
des phytographes qui se sont bornés à un fragment du
même genre.
Parmi ces derniers, il en est plusieurs qui, pour
appuyer des considérations générales tirées d'une étude
o8
partielle, ont invoqué l'autorité de botanistes célèbres,
et, entre autres, celle de Linné. Quelle qu'ail été la puis-
sance de son génie, le botaniste suédois n'a pas toujours
été infaillible; il n'a pas traité tous les genres avec une
égale sagacité. Aucun rhodologue n'ignore que son her-
bier renferme à peine une GO® d'échantillons de Rosa, dont
un assez bon nombre proviennent de culture. Ce n'est
certes pas avec ces misérables matériaux que Linné
aurait pu saisir ce que pouvait être l'espèce dans ce
genre. Du reste, la façon dont il a caractérisé la douzaine
d'espèces décrites par lui, témoigne suffisamment de
l'ignorance complète des véritables caractères spécifiques.
Dès lors, quelle peut être la valeur de son opinion? Qu'on
invoque le sentiment d'un monographe ayant éludié con-
sciencieusement le genre dans son ensemble, nous pouvons
l'admettre, mais encore faut-il s'assurer si l'auteur s'est
trouvé dans des conditions suffisamment favorables pour
bien connaître et pour apprécier sainement les espèces.
C'est ainsi que l'opinion de Lindiey, qui cependant passait
pour le meilleur monographe du genre, n'a plus aujour-
d'hui qu'une faible valeur, en présence des erreurs de
classification ou d'appréciation commises par ce savant
soit par défaut de perspicacité, soit faute de temps ou
pénurie de matériaux.
Nous csiimons donc qu'on peut se dispenser d'invoquer
de semblables autorités pour renforcer la valeur de ses
propres appréciations. Quant à faire état de l'opinion de
botanistes célèbres qui n'ont pas eux-mêmes étudié le
genre, il ne faut pas un seul instant y penser. C'est ici le
cas de rappeler la réflexion suivante mise par M. Alphonse
de Candolle dans la bouche d'un jeune botaniste qui vient
de terminer une bonne monographie : J'en sais plus sur
S9
celte partie du règne végétal que les botanistes les plus
célèbres, (Phyt., p. 120.)
A ce propos, nous ne dirons pas que nous-même en
savons plus sur le genre Rosa que les botanistes les plus
renommés, mais on nous permettra bien de faire valoir
un peu notre expérience. Celle-ci est le fruit du temps
très considérable que, depuis plus de vingt cinq ans, nous
avons consacré à ce genre. Nos études spéciales ont
réclamé jusqu'ici des milliers d'heures en travail d'analyse,
de comparaisons et d^observations tant dans la nature que
dans les herbiers. On s'étonnera peut-être de cette quantité
extraordinaire de travail accordée à un groupe générique
comptant à peine une cinquantaine d'espèces; on sera
même porté à croire qu'il y a eu là gaspillage de temps.
Ceux qui ont eu la ténacité de préparer durant de longues
années une monographie approfondie, ne seront pas
surpris; ils savent combien il faut de peines et d'efforts
pour résoudre les multiples difficultés qu'une investigation
soigneuse rencontre sous ses pas. Du reste, le temps
importe peu si, au bout de longues recherches, on est
parvenu à résoudre l'un ou l'autre de ces problèmes que
les observateurs se passent de génération en génération
sans en trouver la solution et cela uniquement faute d'un
travail suffisamment prolongé. Il serait, croyons-nous,
bien plus utile aux progrés de la science de voir dorénavant
les savants s'acharner sans interruption à un problème
unique et le résoudre une bonne fois, que de voir leurs
efforts se disperser sur des questions variées, qui con-
tinuent à rester dans les brumes d'une connaissance
imparfaite. Si nous nous montrons ici un peu indiscret,
si nous cherchons à tirer avantage de la somme de travail
que nous avons déjà consacrée au genre Rosa^ ce n'est
60
certes point par un sentiment de vanité, mais simplement
pour faire accorder une certaine confiance aux opinions que
nous pouvons émettre sur le genre. Nous pensons donc
avoir acquis le droit de recommander la prudence aux
spécialistes qui débutent dans l'étude du genre et même à
ceux qui se croient être suffisamment expérimentés parquel-
ques centaines d'heures accordées au genre en question.
Reprenons maintenant les deux conclusions qui restent
à discuter. Ces deux conclusions peuvent être associées
dans le même examen.
Ce que nous avons avancé précédemment sur l'existence
de types isolés nous permet d'affirmer a priori que les deux
conclusions sont partiellement fausses, puisqu'il existe
réellement, dans le genre Rosa, des espèces très distinctes,
dont la valeur morphologique égale celle des meilleures
espèces d'autres genres, et qui, de plus, ne sont pas reliées
les unes aux autres par des formes intermédiaires.
Il ne nous resterait donc plus qu'à rechercher si le
genre Rosa ne possède pas, en outre, des espèces reliées
entre elles par des formes de transition plus ou moins
nombreuses et dont la valeur morphologique serait
inférieure à celle d'espèces d'autres genres.
Dans le genre Rosa, il y a, comme dans une foule
d'autres groupes génériques, des espèces plus ou moins
plastiques, dont les individus, distribués sur une vaste aire
géographique, sont plus ou moins variés. Nous n'avons
pas à rechercher ici pourquoi ces types sont plus
plastiques ou plus élastiques que d'autres : nous nous
bornons à constater le fait. Cette plasticité n*est pas seu-
lement propre à certaines Roses européennes, mais elle se
rencontre encore dans des espèces exotiques; seulement
en Europe elle a été mieux observée.
61
Ce sont principalement ces espèces plastiques, dites
polymorphes, qui ont exercé les efforts d'une foule de
chercheurs attachés exclusivement à l'étude de la flore de
leur pays ou à celle de l'Europe. Chacun d'eux, dans sa
sphère restreinte, a voulu trouver du neuf. L'analyse
poussée jusqu'à ses dernières limites a provoqué la créa-
lion d'une multitude de prétendues espèces nouvelles. On
en est même arrivé à décrire le buisson, c'est-à-dire l'indi-
vidu ! Cette subdivision spécifique a élé facilitée par la
méconnaissance presque générale des vrais caractères
distinctifs qui remonte à Linné et qui s'est perpétuée sans
interruption jusqu'à nos jours. Les débutants, les jeunes
botanistes, en voyant ceux qu'ils considéraient comme des
maîtres attacher une importance capitale à la pubescence,
à la glandulosité, à la forme des réceptacles, et à des
différences très secondaires, ont été de Tavant avec une
entière confiance, se servant surtout de la pubescence et de
la glandulosité pour pulvériser les types spécifiques de pre-
mier et de deuxième ordre. De là est né ce chaos dans le
groupe des Roses européennes dont s'éloignent avec une
véritable épouvante les botanistes qui n'ont pas des années
à consacrer à l'étude d'un seul genre; de là est aussi née
cette fausse idée que le genre Rosa est un groupe informe
où la nature n'a pas encore achevé son œuvre.
Ces études, dirigées par une analyse ne connaissant plus
de frein, ont obscurci ou perverti la notion de l'espèce
dans l'esprit de beaucoup d'observateurs. Cette perversion
a même atteint quelques botanistes très experts, qui, tout
en réagissant contre le courant, ont tout de même fini par
admettre, dans le genre Rosa, sous le nom d'espèces, des
groupements spécifiques dépourvus de valeur réelle ou dont
la valeur est exagérée.
62
Parlant de l'idée que ces groupements de valeur très
secondaire représentent de véritables espèces, il ne leur
a pas été fort difficile de découvrir qu'entre ces groupe-
ments il existe des formes intermédiaires. Mais de là à
conclure que les espèces de premier ou même de deuxième
ordre sont reliées entre elles par des formes de transition,
la distance est grande, disons-le, énorme. Nous avons
nous-méme admis que certains types spécifiques de
premier ou de deuxième ordre pouvaient présenter de
petits groupes naturels subordonnés, à caractères encore
faibles ou plus ou moins vacillants, que ces groupes
subordonnés sont vraisemblablement des espèces en voie
de formation. Qu'entre ces groupes subordoimés dérivés
de types encore existants, il se présente des formes inter-
médiaires ou de transition, nous sommes tout disposé à
l'admettre, sans néanmoins considérer le fait comme étant
particulier au genre Rosa ou à tout autre genre dit poly-
morphe. Maisquant à acceplerTexistence déformes intermé-
diaires entre les types spécifiques de premier ordre, types
désormais isolés, notre longue expérience, nos recherches
sans nombre nous le défendent d'une manière absolue.
Jusqu'ici, nos observations nous ont permis de recon-
naître la plupart des types de premier et de deuxième
ordre qui constituent le genre Rosa, mais il reste encore
quelques groupes spécifiques sur lesquels nous ne sommes
pas complètement édifié. Quand nos dernières hésitations
auront disparu, nous soumettrons la liste de ces types à
l'examen des spécialistes. C'est seulement alors qu'on
pourra se rendre bien compte de l'insistance que nous
mettons à nier l'existence de formes intermédiaires entre
les vraies espèces du genre Hosa.
iMM. Burnat et Gremli, de même que M. Christ, ne
63
sont pas d^accord avec nous sur les groupements spécifiques
soit de premier, soit de deuxième ou de troisième ordre. Ne
nous entendant pas sur le rang à accorder à ces groupe-
ments, il va de soi que nos opinions respectives doivent
différer au sujet des Roses à considérer comme formes
de transition.
C'est ainsi que ces savants distinguent comme deux
espèces de premier ordre le R. canina L, d'une part, et
le R, dumetorum Thuill., d'autre part. Qu'il y ait entre
ces deux espèces des formes de transition plus ou moins
nombreuses, le fait n'est pas contestable, mais il n'a rien
de surprenant, puisque ces deux prétendues espèces de
premier ordre ne constituent, en réalité, qu'un seul et
unique type, dont le R. canina représente la série des
variations à l'état glabre et le R. dumetorum, la série des
variations à l'état pubescent. Malgré les affirmations con-
traires de ces auteurs, nous maintenons qu'il existe un
parallélisme complet entre ces deux séries. Aucun autre
caractère que la pubescence n'existe pour les séparer l'une
de l'autre. Les formes intermédiaires entre ces deux séries
sont constituées par des individus dont la pubescence
foliaire se borne soit au pétiole, soit au pétiole et à la
nervure médiane, ou se réduit à des poils clair-semés à la
face inférieure des folioles. Du moment où l'on admet
les R, canina et R. dumetorum comme deux types dis-
tincts, il nous paraît rationnel de dédoubler toutes les
espèces dites linnéennes qui se présentent sous les deux
états : l'état glabre et l'état pubescent. Une conséquence
inévitable de ce premier dédoublement, c'est la nécessité
de dédoubler, à leur tour, les espèces qui se montrent
avec des feuilles églanduleuses et des feuilles glanduleuses,
car, à noire sens, la présence ou l'absence de glandes
64
fournit un caractère d'une valeur égale à celui dérivé de la
présence ou de l'absence de poils simples. Si ces savants
ont reculé devant ces deux dédoublements de toutes les
espèces linnéennes, s'ils ne l'ont guères appliqué qu'au
R. canina dans son type et dans quelques-uns de ses
groupes subordonnés, ils ont néanmoins considéré, dans
des cas assez nombreux, la glabréilé, la pubescence,
réglandulosité et la glandulosité comme fournissant
des caractères de premier ordre. Cela étant, on ne doit
pas s'étonner, répétons-le, que nous ne puissions nous
entendre sur la valeur à accorder à certaines formes et sur
ce que l'on peut prendre pour des formes de transition.
C'est en vain que nous avons combattu la valeur fausse
ou exagérée attribuée à la pubescence et à la glandulosité;
la tradition a prévalu contre l'évidence des faits sainement
appréciés,- les anciennes idées, celles de Linné, de Lindley
et de tant d'autres ont maintenu la plupart des observa-
teurs dans une voie peu favorable, il faut le dire, aux
progrès des études rbodologiques.
Pour échapper à cette sorte d'obsession de la
pubescence et de la glandulosité, nous avions conseillé
d'étudier attentivemenf certains types asiatiques /*or/e7>ien^
caractérisés qui offrent chacun les états glabre, pubescent,
églanduleux et glanduleux, sans qu'on soit tenté, un seul
instant, de prendre ces états divers pour autant d'espèces
distinctes comme on l'a fait pour les espèces européennes.
MM. Burnat et Gremli assurent avoir suivi ce conseil sans
être parvenus au résultat prévu par nous. Us nous répon-
dent : « Nous devons dire à ce sujet que l'étude que nous
venons de faire des provenances asiatiques, non seulement
du groupe Orientales^ mais d'autres CynonhoHon^ notam-
ment des VestitaCj ne nous a point montré que dans ces
65
régions le genre Rosa se présentât autrement que dans
l'Europe, c'est-à-dire avec un polymorphisme désespé-
rant, et si M. Crépin nous parle des Rosiers de l'Asie cen-
trale et orientale que nous n'avons à la vérité pas abordés,
nous nous demandons si on ne jugerait pas de leur fixité
d'après des matériaux insuffisants... » Ces savants n'ont
pas saisi le sens et la portée de notre conseil. Nous
n'avons nullement prétendu que les espèces asiatiques se
comportent d'une autre manière que leurs congénères
européennes; comme celles-ci, elles se présentent sous
divers états, glabre, pubescent, églanduleux, glanduleux,
microphylle, macrophylle, etc., etc. A cet égard, il y a
donc conformité d'idées entre nous et nos savants
contradicteurs. Autre était la portée de notre recomman-
dation. En Europe, nous l'avons dit à maintes reprises, la
notion de Tespèce, dans le genre Rosa, s'est plus ou moins
obscurcie à la suite de recherches généralement mal
dirigées; on a fini par voir des espèces véritables dans
des groupements très secondaires établis sur de simples
états ou sur des caractères infimes. Pour ressaisir l'espèce
véritable, nous avons dit aux rhodologues : éludiez
quelques types asiatiques fortement caractérisés, c'est-à-
dire dont les caractères très apparents ne sont jamais
masqués quels que soient les états sous lesquels se pré-
sentent les individus, des types enfin isolés sur la distinc-
tion spécifique desquels il n'est pas permis d'élever le
moindre doute. Ces types, qu'on ne peut pas démembrer
sans être immédiatement taxé d'aveuglement, vous montre-
ront clairement, par les états variés sous lesquels se
manifestent leurs individus, que ces prétendus caractères
de premier ordre tirés de la pubescence ou de la
glandulosilé n'ont pas de valeur spécifique et que, par
66
suite, un grand nombre de nos espèces européennes ne
sont, au fond, que des états, des variétés ou bien de
simples petits groupes absolument subordonnés. Le R.
sericea Lindl. est précieux à étudier sous ce rapport; on
peut, du reste, clioisir d'autre types spécifiques isolés qui
rempliraient le même office.
Les types de provenances asiatiques auxquels MM. Bur-
nat et Gremli font allusion pour contester noire opi-
nion, quels sont-ils? Possèdent-ils des caractères fortement
marqués comme nous le demandions? A notre avis, il
suffît de citer leurs noms, pour reconnaître aussitôt que
nous ne sommes pas là en présence de types isolés de
premier ordre. Les études des savants suisses ont porté
sur les R. glutinosa Sibth. et Sm., R. Slrobliana Burn, et
Gr., R. inter jecta Burn, et Gr., R. asperrima Godet,
R. sicitla Tratt., R. Seraphini Viv. et enfin sur les R, Hec-
keliana Tratt. et R. orientalis Dup.
Ce n'est certainement pas à ce groupe de formes qu'on
pouvait s'adresser de préférence pour s'assurer de la valeur
réelle de certains caractères contestés. Aussi n*est-il pas
surprenant qu'après l'avoir étudié MM. Burnat et Gremli
n'aient pas modifié leur manière de voir sur la pubescence
et la glandulosité. Ils considèrent les R. siculay Seraphini,
fjlutinosa et Ucckeliutia comme des types linnéens; quant
aux R. asperrima^ inter jecta, Strobliana, orientalis ,
Orphanidis et derelicta, ils ignorent encore quelle est
leur valeur hiérarchique et il est fort probable, disent-ils,
que ce ne sont pas là des espèces : leurs affinités précises
restent douteuses.
Dès 1880, dans le 5« fascicule de nos Primitiae, nous
avons consacré de nombreuses pages à l'examen de
plusieurs des formes traitées par MM. Burnat et Gremli
I
I
67
sans être arrivé à un résultat satisfaisant. Nos confrères
suisses ont repris le sujet en l'étendant et en ont fait l'objet
d'un travail très considérable. Ont-ils été plus beureux
que nous? Sont-ils parvenus à délimiter d'une façon claire
et précise les formes qu'ils proposent, dans ce groupe,
comme types linnéens? Ils répondent eux-mêmes à cette
question en disant : « Nous croyons être parvenus à des
notions assez nettes sur les R. sicula, Seraphini, gliUinosa
et Heckeliana. Il reste cependant bien de réserves à faire :
les formes africaines et orientales du premier exigent de
nouvelles études en ce qui concerne leur constitution en
variétés; leurs affinités et rapports avec d'autres Roses
des mêmes pays, ainsi que leurs limites du côté des formes
intermédiaires R. Thureti, réclament encore bien des
recherches. Dans la Sicile, seule région où l'on rencontre
à la fois ces quatre Rosiers, leurs relations entre eux, et
surtout celles que montrent les trois premiers avec d'autres
Rubiginées, appellent les observations d'un spécialiste
Quant au R. Heckeliana nous estimons l'avoir bien dégagé
des types précédents, mais il semble se relier de très près
au R. orientalis et par lui à des formes orientales du
R, mollis. ^ (Op. cit. pp. IV et V.)
Les réserves faites par ces auteurs nous indiquent assez
que leur confiance n'est pas entière dans la délimitation
des quatre types proposés par eux comme linnéens.
Après la publication de leur mémoire dont nous aimons
à reconnaître les grands mérites, nous avons tenu à réexa-
miner ce groupe de formes. IVL Barbey a bien voulu nous
confier, pour plusieurs mois, tous les matériaux de l'her-
bier Boissier qu'avaient annotés MM. Burnat et Gremli;
M. Haussknecht, à son tour, nous a communiqué sa collec-
tion de Roses faite en Grèce et qui a passé sous les yeux de
68
MM.Burnat, Gremli el Christ. Aide dc ces nombreux maté-
riaux et de ceux de notre propre herbier, qui, depuis 1880,
s'était enrichi de nouveaux spécimens, nous avons donc
refait Fétude du groupe en question, en contrôlant avec le
plus grand soin toutes les descriptions et toutes les observa-
tions de MM. Burnat et Gremli. Ce nouvel examen, tout en
nous fournissant quelques faits qui nous aideront probable-
ment un jour à voir clair dans ce groupe, n'a pas abouti.
Nous restons aujourd'hui, comme en 1880, en face de
formes dont nous ne saisissons pas bien les affinités, ni le
rang auquel elles ont droit. Nous pourrions même ajouter
que les nouvelles espèces proposées par MM. Burnat et
Gremli sous les noms de R.interjecta^Slrobiiana, derelicta,
Thurcti et C oqueberti soni venues, selon nous, compliquer
les difficultés.
On peut se demander si Textrcme difficulté que présente
ce groupe ne provient pas de ce qu'au lieu d'être composé
de plusieurs espèces linnéennes, il n'est, en grande partie,
constitué que par des groupes subordonnés dérivés d'es-
pèces encore existantes. Or, on connaît combien il est dif-
ficile de délimiter cette sorte de groupes, à cause de
leurs caractères distinctifs moins apparents et de Texis-
tence de formes de transition (1^
(1) L'étude dc ces groupes subordonnes qu'on désigne aussi sous le
nom de petites espèces ou dc microraorphes, offre un vaste champ de
recherches aux botanistes auxquels les circonstances ne permettent pas
d'aborder le genre dans son ensemble. Mais celle élude, qui présente des
flf/Jïrullés réellement extraordinaires, ne doit pas être faite dans l'esprit
qui a guidé certains descripteurs de Roses. Il ne s'agit plus ici de
différencier dos buissons ou de faire de prétendus groupements
spécifiques basés sur des variations ou sur des étatit. Les micromorphes
sont dc petits groupes naturels; ils demandent à être délimités par des
caractères autres que ces différences individuelles sur lesquelles ont
69
Nous ne désespérons pas toutefois d'arriver un jour à
élucider cette obscure association. Il est vraisemblable que
de nouveaux matériaux recueillis en abondance joints à
rétude sur le vif nous fourniront la solution du problème.
Ce qui nous inspire cette confiance, c'est que plusieurs
fois, au cours de nos recherches, nous avons rencontré des
problèmes non moins ardus, que le temps et la patience
nous ont permis de résoudre.
MM. Burnat et Gremli forts de leurs longues et scrupu-
leuses recherches sur le groupe dit des Orientales se sont
cru autorisés à émettre les considérations générales rap-
portées au commencement de cet article. N'ont-ils pas en
ceci un peu manqué de prudence scientifique? Nous le
craignons. D'autre part, ces savants ne se sont-ils pas
abusés en assimilant les types spécifiques que nous avons
admis dans les sections des Synstylae aux formes proposées
par eux comme espèces linnéennes dans le groupe des
Orientales ? Nous sommes porté à le croire. Pour nous,
l'assimilation n'est pas possible: de l'un et de l'autre côté,
à part, peut-être, une exception, les choses sont essentiel-
lement différentes.
Nous pensons en avoir dit assez pour mettre le lecteur
en garde contre certaines idées généralement acceptées sur
le compte dii genre Rosa; cependant, il nous paraît utile
de prolonger un peu le débat pour discuter plusieurs
réflexions de MM. Burnat et Gremli que nous n'avons pas
encore examinées. Ces réflexions sont les suivantes :
« Si l'on examine une à une toutes les formes qui com-
ète échafaudées ces centaines d'espèces artificielles qui encombrent nos
livres. La connaissance des vrais micromorphes sera, en quelque sorte, le
couronnement des études taxinomiques à faire sur les groupes génériques.
70
« posent un groupe, il est aisé de parvenir à une diagnose
a qui est celle d'un type idéal dont chacun des caractères est
« représenté par la moyenne do nombreuses observations.
« Mais il peut se faire qu'une telle diagnose ne réponde
« strictement à aucun des échantillons qu'on possède du
«groupe. D'un autre côté, la nécessité, si l'on veut être
« précis, d'encombrer une description d'un grand nombre
« de restrictions ou réserves et de mentionner constamment
« des alternatives, rend la recherche des caractères vrai-
« ment distinctifs excessivement difficile. De tels embarras
« se présentent plus ou moins pour toutes les descriptions
« de groupes, mais ils trouvent leur expression maximum
« dans le genre Rosa, par suite précisément du poly-
« morphisme des unités dont se composent ses diverses
« subdivisions. »
Dans le genre Rosa, est-ce bien par suite du polymor-
phisme des unités dont il se compose que de tels embarras
se présentent? Ne serait-ce pas plutôt parce que les
caractères vraiment spécifiques sont souvent méconnus
et remplacés par des caractères très secondaires ou
inconstants, et, d'autre part, parce que les unités, c'est-
à-dire les espèces ne sont ordinairement représentées,
dans nos collections, que par des fragments au lieu de
Tètre par des individus entiers, comme c'est le cas pour
une foule de genres? Nous admettons volontiers que
l'observateur puisse être embarrassé en présence de
certains échantillons et qu'il puisse même, malgré une
longue expérience, commettre de grossières erreurs de
détermination, confondre une espèce avec une autre.
Toutefois, une telle confusion devient pour ainsi dire
impossible en présence de spécimens sulTisamment com-
plets en fleurs, en fruits et accompagnés d'axes foliifères
et surtout en face d'individus entiers.
71
MM. Burnat et Gremli parlent d'un type idéal dont la
diagnose peut ne pas répondre strictement à aucun des
échantillons que Ton possède du groupe. Mais rappelons-
nous que les plantes ne sont pas des cristaux dont les
angles nous fournissent des déterminations spécifiques
rigoureuses, dont tous les individus de même espèce sont
identiques; ce sont des êtres complexes dont les limites
spécifiques ne peuvent pas être tracées mathématique-
ment, mais qui néanmoins peuvent être arrêtées par des
recherches suffisamment approfondies et bien dirigées. Ces
recherches fournissent non pas la diagnose d'un type idéal
mais bien les lignes ou, si Ton veut, les caractères du
portrait scientifique des espèces. Que le portrait d'une
espèce ne réponde pas toujours strictement à tous les traits
individuels de chaque échantillon, nous voulons bien
l'admettre, mais s'il est fidèle, s'il est tracé à la suite d'un
travail scientifique suffisamment prolongé, il permettra
toujours d'embrasser la collection des individus de l'espèce
qu'il représente et il ne sera jamais confondu avec un autre
portrait. Quant aux types idéaux, il en existe, c'est incon-
testable; ce sont ceux qui répondent à ces associations
artificielles de formes individuelles ou d'états auxquelles
certains botanistes ont attribué le nom d'espèces. La
diagnose de cette sorte de types présente, en effet, les
embarras si bien décrits par MM. Burnat et Gremli.
Nous croyons pouvoir clore cette longue discussion en
répétant, après M. Alphonse de Candolle, quit y a du
danger à décrire des éléments détachés de leur ensemble
naturel et à vouloir élucider des choses obscures au moyen
de débris et de tronçons, et qu'il est à craindre que la limi-
tation de V espace n'amène une limitation des idées.
72
LES ÉTUDES DE M. ALLEN SUR LES CHARACEES
AMÉRICAINES,
par É. De Wildeman.
\ï. T. -F. Allen vient de publier la première partie
d'un travail important sur les Charaeées américaines(^).
L'auteur y décrit h récolte, la préparation, la morphologie,
la physiologie et l'anatomie de ces végétaux et passe
ensuite à la description des genres et donne un synopsis
des espèces.
La première partie, introduction au travail, est com-
posée d'après les travaux des meilleurs auteurs qui ont
traité le sujet.
La classification employée est celle de M. Nordstedt,
qui figure dans le travail d'A. Braun(2), avec les change-
ments nécessités par l'intcrcalation de nouvelles espèces.
Les Charaeées sont divisées en deux familles : \esNitellae
et les Charae. La première comprend les genres Nitella
Ag. et Tolypelta A. Br. Les Charae sont divisés en trois
genres, dont les deux premiers : Lamprothamnus A. Br.
et Lychnothamnus Leonh. ne paraissent pas avoir jusqu'à
présent de représentants en Amérique; le troisième est
le genre Cliara Leonh.
Dans la première partie de son travail, Tauleur indique
19 Charaeées nouvelles, introduites dans le synopsis
analytique; 11 sont décrites par l'auteur lui-même, ce
(1) The Characeaeof America, by D' T.-F. Allen. Part I. New- York,
1888. — Prix : un dollar.
(2) Fra(jmenlc einer Monographie der Characeen von A. firaun Iieraus-
gegeben von D' 0. Nordsledt in Abhandl. k. Ak. Wiss. zu Berlin, 1882.
73
sont : N. Moraigii, Macounii, miithnatae, minuta; Toly-
pella comosa^ fimbriala, stipitata, intertexla; Chara incon-
nexa, evoluta, excelsa.
Le genre Nilella est représenté en Amérique par o5
formes et le genre Tolypeltaj par 8 formes.
Pour pouvoir juger du travail en ce qui concerne les
espèces nouvelles, il faudra attendre l'apparition des autres
fascicules de l'ouvrage. Ce qui est en tous cas certain, c'est
que M. Allen aura rendu un grand service aux botanistes
qui s'occupent de l'étude de ces algues, en réunissant,
dans un travail d'ensemble, des données éparses. Le
synopsis surtout sera utile, mais pour pouvoir en bien
juger, il faudra l'avoir employé.
Il serait assez intéressant d'établir un parallèle entre les
espèces de l'Amérique et nos espèces d'Europe. Nous atten-
drons pour cela la fin de l'ouvrage; car en prenant par
exemple une espèce répandue un peu partout en Europe,
le N. syncarpa Tliuill., nous voyons que jusqu'ici du
moins on n'a pas constaté sa présence en Amérique.
Il y aurait une chose qui serait à désirer pour un travail
de ce genre, ce serait la figuration de toutes les espèces,
surtout la figuration des parties sur lesquelles se base la
différenciation ; de cette façon l'on aurait en même temps
qu'une monographie, une iconographie qui rendrait les
plus grands services.
74
LE ROSA V[LLOSA DE LINNÉ,
par François Crépin.
Depuis longtemps, le nom de Rosa vitlusa L. est
relégué parmi les synonymes des R. iuollis Sm. et R.
pomifera Herrm., parce qu'il a été reconnu que Linné
avait décrit ces deux dernières espèces sous le nom de
J^. till osa.
Il n'y a guères, parmi les riiodologues modernes, que
M. J.-A. Lefïlerl') qui ait restauré ce nom de R. villosa,
en lui donnant à peu près sa signification première, c'est-à-
dire en lui attribuant les R. pomifera et R. mollis;
seulement il joint à ces deux Roses le R. tomentosa Sm.
Nous allons examiner jusqu'à quel point l'identification
de M. LeHîer est fondée.
Les diagnoses que Linné donne de son R. villosa
peuvent s'appliquer indifféremment au R. pomifera et au
R. mollis, et même au R. lomenfosa Sm, Pour le R. villosa
du Species planlarum^ la citalion du Rosa syiveslris
pomifera major de Bauhin peut faire supposer qu'il est
(juestion de la Kose (jue plus lard Herrmann a distinguée
sous le nom de R. pomifera. Pom* le R. villosa du Flora
Siiecica, Linné rappelle encore le synonyme de Bauhin,
mais il cilc une localité de la Scandinavie d'où Osbeck lui
a fourni des échantillons; or, un spécimen de cette localité
conservé dans l'herbier de Linné se trouve être le R. mol-
(I) CdiiI'. Oni Sveri(j('S Uosa-artcru] Holaiiiska iNoliscr, IS7I, pages 75
cl 70; (J.-J. Ilarlmans llandhok i Svfinditiaviens Flora, cd. 2, pages 274'
el 273; Ocrsiçft uf dfn skandinaviska halfijns antniirkninysvnrdare
Hosaformer in Hol Not., 1888, pages .14 el lï.
75
lissima Fries (1) non Willd., espèce qui est identique au
R. mollis Sm.
Comme on le voit, Linné avait donc confondu ou, si
l'on veut, réuni deux formes qui plus tard ont été décrites
comme espèces distinctes. El. Fries, dans ses Novitiae,
conflrme cette confusion.
Il ne parait pas que Linné ait connu le R. tomentosa Sm.
Si l'on n'admet pas la distinction spécifique des R. pomi-
fera et R. mollis^ on doit nécessairement reprendre l'an-
cien nom de R. villosa et c'est ce que nous ferons, car
pour nous, comme pour M. Leffler, ces deux formes
ne sont que deux variétés de premier ordre présentant les
mêmes caractères essentiels et reliées entre elles par des
formes de transition.
Mais si nous sommes d'accord sur ce point avec
M. Leffler, nous cessons de l'être sur la question du
R, tomentosa qu'il réunit au R. villosa. Les remarques que
ce savant fait sur le type de Smith nous démontrent qu'il
n'a pas exactement saisi les vrais caractères spécifiques qui
distinguent le R. tomentosa du R, villosa et cette démon-
stration est complétée par le fait d'avoir rapporté, à la var.
a mollis du R. villosa^ les R. rcsinosoides Crép. et
R, foetida Bast., qui sont incontestablement des variétés du
R. tomentosa. Il n'est du reste pas le seul à avoir commis
une confusion entre le R. mollis et le Ro tomentosa. Les
spécialistes suisses ont considéré le R. omissa Déségl.,
qui est une variété du R. tomentosa^ comme spécifique-
ment identique au R. mollis. IVous-mème, nous avons
(1) Nous avons cru reconnaître, dans V Herbarium normale de Fries,
qu'une forme du H. tomentosa a été parfois associée au vrai R, mollissima
Fries.
ï
76
rapporté, toutefois avec une certaine hésitation, au groupe
du R. mollis, les R. australis Kerner et R. venusta Sclieulz,
qui sont également des variétés du R. tomentosa.
Malgré les confusions qui peuvent se faire sur des
échantillons dlierbier nous restons convaincu que le
groupe du R. villosa est spécifiquement distinct de celui
du R. tomentosa, que nous avons bien affaire à deux types
d'organisation différente, pourvus de caractères morpho-
logiques et biologiques constants et que les prétendues
formes de transition ne sont représentées que par des
échantillons d'herbier insuffisants ou mal étudiés.
Dans leurs formes européennes, on peut dire que le
R. tomentosa est à peu près dans les mêmes rapports avec
le R. villosa que le R. micrantha Sm. l'est avec le R.
rnbiginosa L. Selon nous, la réunion des deux premiers
devrait nécessairement entraîner la fusion des deux
autres.
La séance est levée à 10,15 heures.
77
Séance mensuelle du 7 avril 1888.
Présidence de M. É. Laurent.
La séance est ouverte à 8,15 heures.
Sont présents : MM. Bordet, De Vos, De Wildeman,
É. Durand, G. Gillekens, É. Laurent, Lebrun, Massart,
Vindevogel et T. Durand, ff. de secrétaire,
M. Crépin, empêché, se fait excuser.
M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de
la séance du 10 mars, qui est approuvé.
M. le Président annonce que notre Société a fait une
double perte par la mort de M. Planchon, membre associé
et de M. L. Guelton, membre effectif.
En quelques mois, il rappelle les titres scientifiques de
M. Planchon et propose qu'une lettre de condoléance soit
adressée à la famille et qu'une notice soit insérée dans le
Bulletin par les soins du Secrétaire; ces deux propositions
sont adoptées.
M. le Président dit que la mort de notre confrère
L. Guelton, enlevé dans sa vingtième année, est une perte
sensible pour notre Société, car Guelton était un chercheur
zélé. Dans ses nombreuses herborisations, il avait décou-
vert maintes plantes rares, et l'on pouvait légitimement
espérer qu'une fois ses études universitaires achevées, il
serait devenu pour nos publications un actif collaborateur.
La parole est donnée à M. De Wildeman, qui expose
ses vues sur la valeur du genre Stichococcus et sur diverses
espèces d'Ulothrix,
78
M. Lnureril prie M. De Wildeman de rédiger une riotice
détaillée sur ce sujel.
M. J. Massart lit une notice sur les études du
D"" W. Pfeiïer sur la sensibilité des végétaux aux sub-
stances chimiques.
M. le Président propose d'insérer cette communicatioii
dans le Bulletin, car elle contient non-seulement le résumé
des études du savant allemand, mais aussi les observa-
tions personnelles de M. Massart.
M. Durand donne lecture de deux notices de M.Crépin,
8DR L'ULOTHRIX FLACCIDA KUTZ. ET LE 8TICH0C0CCDS
BACILLARLS NAEG.,
par É. De Wildeman.
Les espèces terrestres d'^7o^/ir?x comprises dans le sous-
genre Hormidium de Kutzing sont au nombre de 7 d'après
Kabenborst. Récemment, M. GayC) a démontré que les
V. radicans Ktz., parietina Kutz., crassiuscula Kutz. et
crenulata Kuiz. appartiennent au ^enre Schizogoniu7nKuii.
Il reste donc trois formes : les U. nitens Menegh., /lac-
cidaKulz.ei tar/a Kutz. Ces trois formes représentent-elles
bien trois espèces dilTérenles? M. Hansgirg a indiqué(2)
que la première n'est qu'une variation de la seconde ; je
partage en ce point complètement son opinion. Je ne puis
(1) Sur 1rs Ulothrix aériens, par Yv. Gay in Bull, Soc. bot. de France,
1888, p. 6;S.
(2) Veher den Polymorphismu» der Afgtn in Bol. Centralblatl)
Bd XXII, n" 13, p. 386.
79
trouver entre ces deux espèces de différences sutïisamment
tranchées pour conserver la première même comme
variété, car le caractère de présenter à l'état sec l'aspect
d'une couche membraneuse brillante ne peutélre regardé
comme spécifique. Si Ton examine d'ailleurs les échantil-
lons desséchés distribués dans les exsiccata, on trouve
qu'il y a identité parfaite entre les deux espèces. Il reste-
rait donc deux espèces : les il, varia et flaccicla. La des-
cription de la première telle que la donne RabenhorstO
indique deux formes de cette algue : l'une présentant un dia-
mètre de 6,î25 à 7,25 p., l'autre, de 8,75 à 12,5 [j^. La prin-
cipale caractéristique de cette espèce serait d'avoir les
cellules presque carrées. Ce n'est point là un caractère
constant et qui ne peut par conséquent servir à l'établisse-
ment d'une espèce, car Ton trouve aussi bien chez les for-
mes qu'il faudrait considérer par leur diamètre comme
appartenant à VU. flaccicla, des cellules dont les deux
diamètres sont égaux, que l'on trouve chez des formes de
ÏU. varia, dans un même fdament, des cellules dont la
hauteur est le double de la largeur. Ce fait provient de
l'état de la cellule avant la division cellulaire, la hauteur
est supérieure, après c'est généralement le contraire. Le
contenu cellulaire se présente, dans ces formes, sous le
même aspect; c'est une plaque chlorophyllienne tapissant
tantôt complètement la paroi interné de la cellule, mais
le plus généralement contractée et n'en tapissant qu'une
partie.
L'examen des échantillons desséchés que j'ai eus à ma
disposition a d'ailleurs montré également que la différen-
(t) Flora Alg. Eur., Ill, p. 567.
80
cialion entre les deux espèces n'est pas possible, que Ton
trouve entre les diamètres indiqués par Kabenhorst toute
une série de mesures intermédiaires; du reste les seules
figures de ces espèces, figures bien incomplètes, données
par KutzingC) ne présentent pas de différences sensibles.
Les échantillons d'herbier que j'ai examinés, et qui me
paraissent devoir se rapporter à IX^. flaccida Kutz, sont :
J/ormidium /laccidum Kutz. Rbh. Alg. Eur., n" 24.80,
Ulolhrix flaccida Kulz. Roumeguère Alg. de France, n» 19i.
Ulothrix nitens Kutz. Roumegucre Alg. de France, n»* 597 et 693; Rbh.
Alg. Eur., n« 2515.
Hormidium nitens Kutz. Rbh. Alg. Eur., n» 1157a.
Ulothrix varia Kulz. Desraaz. PI. crypt. de France, no462; Rbh. Alg.
Eur., no 2280; Roumeguère Alg. de France, n» 695.
Ces trois formes doivent donc être, me semble-t-il,
réunies en une seule et même espèce, qu'on ne doit pas
considérer comme formant partie d'une section séparée du
genre Ulothrix, car celte section perd toute sa valeur, vu
que VU . flacdda végète également dans Teau. A ce point
de vue, il ne serait pas impossible qu'il faille le rapprocher
de VU . tencrrima Kutz., qui pour M. Kirchner (2) n'est
qu'une variété de 1'^/. subtilis. Ces deux espèces (L'. flac-
cida et subtilis) appartiennent d'ailleurs pour cet auteur à
la même subdivision du genre. L'U. flaccida est bien, il est
vrai, une forme terrestre, mais pour qu'elle puisse végéter,
il lui faut un certain degré d'humidité; c'est pourquoi il
est surtout abondant au printemps et à l'automne : la
sécheresse ne le détruit pas, mais elle l'empêche de se
développer.
(1) TahuL phyc.,2f tab. 95.
(2) Krypt. Flora von Schlesicn, M II, Hiilftc I, p. 77.
81
Je crois qu'on pourrait établir momentanément la syno-
nymie de l'espèce et sa diagnose de la façon suivante :
Ulothrix flaccida Kutz.
U, flaccida Kutz. Spec. p. 349; Tab. phyc, 2, lab. 9b, fig. HI. — Rbh.
Flor. Alg. Eur., III, p. 367, Alg. Eur., n^ 2480. — Roumeguère
Alg. de France, n» 794.
Uormidiwn nitens Menegh. in Kutz. Spec, p. 349. — Rbh. Alg. Eur.,
no HS7a.
U. nitens Kutz. Tab. phyc, 2 tab. 95, fig. I. — Rbh. Flor. Alg. Eur., III,
p. 367, Alg. Eur., n» 251 S. — Rouraegère Alg. de France,
nos 597 et 693.
Ilormidium varium Kulz. Phyc. gêner,, p. 193.
U. varia Kutz. Spec, p. 350, Tab. phy»., 2, tab. 95, fig. IV. — Desmaz.
Crypt, de France, n» 462.— Roumeguère Alg. de France, n» 695.
U. filis laxe vel dense intricatis, vel stratum submembranaceum nitens
formantibus; diametro cellulis 6-14// (saepius7-10,v.),aequalibus vel duplo-
triplove longioribus (vel paene dimidio brevioribus); cytioplasmate saepe
unilatérale, hemispherico-contracto ; cytiodermate tenuissimo hyalino.
Hah. in terra uda, mûris humidis, vasibus fioralibus, tectis stramineis,
parietibus caldariorura.
« *
*
M. Hansgirg(l) indique comme appartenant au cycle
d'évolution de la même espèce le Stichococciis bacillaris
Naeg. Certes comme l'indique M. Lagerheim(2) et comme
j'ai pu l'observer fréquemment moi-même, on trouve chez
VU, flaccida et chez la forme varia une transformation du
filament en cellules isolées, dislocation qui se pratique de
(l)Loc. cit., p. 387 et 395.
(2) Ueber cine durch die Einwirkung von Pilzhyphen entstandenc
Varietal von Stichococciis bacillaris Naeg. in Flora 1888, n» 4.
82
la même façon que celle par laquelle se forment les kystes
chez VU. tenerrima, comme je l'ai indiqué à la Société en
mars dernier (^). Cette dislocation donne lieu à des cellules
cylindriques, oblongues, ovales et même arrondies, mais
le diamètre des cellules ainsi formées est supérieur à celui
que Ton admet pour le Stichococcus ; d'un autre côté,
(juoique au point de vue du contenu cellulaire il y ait
une grande analogie entre une cellule dT. flaccida et
une i\e Stichococcus t'ie, n'ai pu jusqu'ici (rouver un filameiit
de celte première espèce qui puisse représenter la seconde.
J'ai cependant remarqué dans des récoltes de M. Loche-
nies provenant des environs de Leuze, mélangée à
d'aulres Conferves une forme d'Ulothrix aquatique qui
pourrait se rapprocher de ce (jue M. Hansgirg a appelé
il. flaccida var. minor. Les filaments étaient formés de
cellules ayant de2,o-4;/dc diamètre, la longueur étant
égale, double ou triple de la largeur, parfois presque la
moitié de la largeur. Mais je n'ai pu observer, chez cette
forme, un passage vers la formation de cellules isolées qui
rappelleraient le Stichococcus.
MM. Hansgirg, De Toni et David Levi (2) donnent au
Stichococcus un diamètre supérieur à celui que lui attri-
buent Kirchner et Rabenhorsi(^). Pour les premiers, la
largeur de la cellule varie de 1 à 6 y.-, pour les derniers,
elle oscille entre 1 et 4 u-.
J'ai trouvé récemment dans une fiole remplie d'eau des
filaments d'une algue végétant en compagnie de VU,
(1) /iuU. Soc. hot. de Belyi(/Hc, mars 1887.
("2) Hansgirg. Loc. cil. — De Toni et David Levi. Flora a/rjoL li. Venc-
zia, p. III, p. I2i.
(3) Kirchner. Loc. cit., p. Ill, — Rabcnhorsl, Loc. cit., p. i7.
85
tenerrima Kiilz. qui présentaient la forme des Gloeotila,
c'est-à-dire une file de cellules arrondies à leurs extré-
mités, muqueuses à l'extérieur et dont le diamètre était
voisin de 4 ^x. J'identifierais celte forme avec le Gloeotila
protogenita Kutz., qui, d'après Rabenhorst, a un diamètre
d'environ 4, S a. Les filaments que j'ai observés se disso-
ciaient et donnaient naissance à des cellules qu'on ne pou-
vait absolument pas distinguer du S. bacillaris récolté sur
des bois pourrissants, de sorte que l'on se trouve ici
devant un mélange de formes filamenteuses et cellulaires.
L'examen d'échantillons desséchés du G. protogenita,
récolté par de Brébisson aux environs de Falaise, montre
d'ailleurs des séries de cellules disposées en filaments et
des cellules éparses, qu'on ne peut distinguer de celles du
Stichococcus. Ce dernier est généralement caractérisé par
des cellules réunies par 2-4-8, mais, dans mes cultures, j'ai
remarqué de véritables filaments. MM. De Toni et David
Levi signalent aussi avoir vu des files de 24 cellules.
Le fait de retrouver le 5. bacillaris dans l'eau ne
doit pas faire croire à la présence d'une autre forme, car
il est très facile de cultiver la forme terrestre dans ce
milieu.
Ce qui me paraît en tous cas certain, c'est que le Sticho-
coccus doit se rapporter à un autre genre, et il me semble
que c'est avec le genre Gloeotila qu'il a le plus d'analogie.
Il resterait donc à savoir si ce dernier genre peut être
lui-même conservé, ou s'il faut admettre l'opinion de
M. Hansgirg qui en rattache une des espèces à VU.flaccida.
n n'est pas impossible que le Gloeotila caldaria soit la
même forme, mais terrestre, que le G, protogenita, et que
le Stichococcus du bois pourrissant en provienne, comme
semble l'indiquer M. Hansgirg.
84
M. Van Tiegliem a décrit en 1880(0 deux Bactéries
vertes qu'il a appelées respectivement, Bacterium viridis et
Bacillus virens. Ces formes avaient été trouvées la première
dans de l'eau de pluie remplissant la concavité d'un chapeau
d'un jeune Polyporus, la seconde dans de Teau stagnante.
Or M. Lagerheim a trouvé une forme de Stichococciis qu'il
a appelée var. fungicola (1) dans la même circonstance que
M. VanThieghem son Bacterium viride. Je serais tenté de
considérer les deux Bactéries comme analogues du .S', bacil-
larisj quant à présenter des caractères communs avec les
Hupheothrix ou Leptothrix tenuissima Kutz. (Kbli. Flor.
Alg.Eur., II, p. 77), c'est très douteux, d'autant plus que
M. Van Tliiegliem écrit lui-même que les Bactéries qu'il
a observées, possèdent de la chlorophylle pure et non
mélangée de phycocyanine.
Les variations de formes du Stichococcus sont d'ailleurs
très nombreuses, ce qui a probablement fait donner à
M. Van Tieghem deux noms différents à la même forme.
Dans sa note citée plus haut, M. Lagerheim écrit : « Die
Form ist desshalb von Interesse, weil sic einen kleinen
Beilrag zur Frage des l*oIymorphismus der Chlorophyceen
liefert. Die Formveranderung wird namlich ohne Zweifel
durch die veriinderten Lebens bedingungen hervorgerufen.
Dafiir spricht auch der Umstand, dass man immer aile
Zwischcnstufen zwischen der Ilaupt form und der Varietàt
auflinden kann, und dass beide zusammen vorkom-
{\) OhservatiQn sur des Daclériacécs vertes, sur des Phi/cochromacécs
blanches et sur les affini'és de ces deux familles, par IM. Ph. Van Thieghcm
in Bull. Soc. bot. de France, 1880, p. \7i.
(1) Lagerheim. Loc. cit. et Interno ad una Palmellarra. uuovapcr ta
flora Veneta De Joni et David Levi in Nolarisia, u° î), p. 281
85
men. » Et plus loin : « Die Diagnose der Varielat ist :
Var. cellulis plus minusve ovalibus vel interdum subglo-
bosis. »
La cellule avant la division est environ deux fois, mais
aussi souvent trois ou quatre fois plus haute que large;
après la division, les cellules ont leurs deux diamètres
égaux ou à peu près, et présentent souvent, après leur
séparation, des cellules complètement sphériques. On peut
trouver entre la forme cylindrique allongée et la forme
sphérique tous les intermédiaires dans une même culture,
comme l'indique M. Lagerheim. Également dans une
même série de cellules, on trouve des formes allongées et
raccourcies, disposées côte à côte, mais, dans ce cas, les
formes raccourcies sont presque quadrangulaires par suite
de la pression qu'elles exercent les unes sur les autres.
Le S. bacillaris est en tous cas une des algues les plus
communes; on la trouve sur les bois exposés à l'humidité,
sur les troncs d'arbres, sur les murs, sur la terre, dans
l'eau.
Quoiqu'il en soit, le dernier mot n'est pas dit au sujet
de cette espèce; bien des auteurs paraissent vouloir
conserver celte algue comme type d'un genre spécial,
mais son autonomie me païaîi bien douteuse.
86
LES ÉTUDES DE M. W. PFEFFER SUK LA SENSIBILITÉ
DES VÉGÉTAUX AUX SUBSTANCES CHIMIQUES (i),
par Jean Massaut,
L'organisme végétal est sous la dépendance des actions
extérieures. Celles-ci déterminent, dans la plante, une
réaction qui se traduit à nos sens par un mouvement.
Ainsi lorsqu'une lumière unilatérale tombe sur une lige
vivante, celle-ci se courbe et se dirige vers la lumière.
Sous rinfluence du même excitant, une racine se courbe
également, pour échapper à la lumière. Les plantes fixées
au sol ne peuvent réagir que par des changements de
direction de leurs parties. Il n'en est pas de même pour
les organismes nageant librement dans Teau. Lorsque,
par exemple, un rayon de lumière d'intensité moyenne
vient exciter une algue inférieure, celle-ci se déplace
lout entière et se dirige vers la lumière.
Parmi les agents extérieurs qui déterminent des mouve-
ments dans le végétal, les uns sont immatériels, comme la
lumière, la chaleur, la pesanteur, le courant électrique,
les autres sont matériels et n'agissent que par rallouche-
Fnent direct, tels sont la vapeur d'eau, le contact d'un
corps solide. C'est aussi à ce dernier groupe qu'il faut
rattacher la sensibilité aux substances chimiques d'un
grand nombre d'organismes inférieurs et d'anthérozoïdes
(1) Loromotorische Riclitungsbewegungen duich chemisrhe Reize.
(Untersuchiingen ans dein Bolanisclien Institut zuTiibingcn. Ersier Band,
|)|). 505-482 )
Ueber chemolactisrhe Bewegungen von liactcrien^ Flugellnten uud
yulvoeineen, (Ibidem, DriUer Band, pp. 582-662.)
I
87
de cryptogames. Nous sommes redevables de Tetude de
ce point intéressant de physiologie au savant botaniste
allemand M. W. Pfeffer. Dans le premier de ses
mémoires, M. Pfeffer étudie surtout les anthérozoïdes
de cryptogames; dans le second, les organismes infé-
rieurs. Je ne puis naturellement pas donner un compte-
rendu détaillé de ces travaux, ni suivre Tauteur dans
toutes les discussions auxquelles il se livre au sujet des
résultats obtenus. Je devrai me contenter d'exposer les
grands traits de ces recherches.
La méthode d'investigation est très simple. Dans une
goutte du liquide contenant les organismes sur lesquels
on veut opérer, est placé un capillaire fin rempli d'une
solution déterminée de la substance en expérience. S'il y
a attraction, les êtres entrent dans le (apillaire et, dans de
bonnes conditions, ils s'y introduisent en telle quantité
qu'ils sont pressés les uns contre les autres et ne peu-
vent presque plus se mouvoir.
Fougères. — Le col de l'archégone livre passage à une
masse gélatineuse qui attire vivement les anthérozoïdes
passant dans le voisinage. Celle attraction est due à l'acide
malique, qui diffuse de la masse gélatineuse dans le
liquide ambiant, fine fois arrivés au contact du mucilage,
ils sont retenus par celui-ci et s'y fraient un passage
jusqu'à îa cellule femelle. Pour se procurer des anthé-
rozoïdes de Fougères, il suffit de recouvrir d'eau des
prothalles mûrs. Au bout de quelques minutes, les
anthéridies s'ouvrent et laissent échapper leur contenu.
Les anthérozoïdes ont la forme d'un cône très effilé
enroulé en spirale. Le sommet du cône correspondant au
sommet de la spirale et dirigé en avant pendant la progres-
sion porte de cils vibratiles dont les battements font mou-
88
voir l'organisme. A son exirémité postérieure, se trouve
une petite vésicule.
Lorsque dans Teau où nagent les anthérozoïdes, on
glisse un capillaire contenant une solution d'acide mali-
que, cet acide diffuse lentement et il se forme tout autour
de Torifice du tube une série de sphères virtuelles emboî-
tées, correspondant à des zones de dilution de plus en
plus considérable à mesure que l'on s'éloigne de l'orifice.
Au moment où un anthérozoïde pénètre dans les sphères
de diffusion, il se place de telle sorte que l'axe de son
corps soit perpendiculaire à la surface des sphères,
l'extrémité antérieure du corps tournée vers le tube. Le
mouvement ciliaire continuant, l'organisme arrive dans
des zones de plus en plus concentrées et finalement entre
dans le capillaire. On voit parfois quelques rares indi-
vidus qui sortent du capillaire pour y rentrer bientôt ou
pour se perdre dans le liquide ambiant. Pour se rappro-
cher davantage de la constitution de l'archégone, on
dissout dans la solution d\ncide malique un peu de gomme
adragante. Les anthérozoïdes qui arrivent au contact de ce
mucilage, y pénètrent et arrivent dans le capillaire.
L'acide malique agit aussi bien sous forme de sels que
sous forme d'acide libre. Certains corps à structure molé-
culaire analogue exercent aussi une attraction, mais elle
est plus faible : ce sont l'acide maléique et l'acide mono-
bromo-succinique. L'éther diéthylmalique n'a aucune
action, mais en mélange avec Paeide malique il ne produit
pas de répulsion, l^es acides maliques actifs et inactifs sur
la lumière polarisée ont une égale valeur comme excitants.
La sensibilité des anthérozoïdes à l'acide malique est
extrême. Une solution à OjOOl'/o produit encore un eff(;t
bien évidciil. Or un capillaiie de 0.0() mm. de diamèlrc
89
interne et rempli sur une longueur de 1 mm. de la solu-
tion à 0,001 o/o, ne renferme que 0,000,000,0284 mg.
1 mâ[.
Q" Ta fxfxk \,\r, d'acide malique. Vu l'extrême ténuité de
36,000,000 ^
Tanthérozoïde, on est en droit de conclure qu'un millième
tout au plus de cette quantité est en contact avec son
corps.
Les anthérozoïdes fuient les solutions concentrées d'acide
malique ou de malales. Dans une solution à 10 "/o de
malate de sodium, ne pénètrent que quelques rares indi-
vidus qui meurent aussitôt entrés. Les anthérozoïdes mis
en présence d'une solution concentrée sont soumis à deux
tendances diamétralement opposées : d'une part, l'attrac-
tion excercée par le malate, d'autre part, la répulsion résul-
tant de la concentration. Les deux forces sont égales à
une certaine distance de l'orifice, par suite de la dilution du
malate et l'on voit les anthérozoïdes se ranger en cercle
autour de l'entrée. Le rayon de ce cercle est d'autant plus
grand que la solution du capillaire est plus dense. Le même
résultat est obtenu en ajoutant à la solution de malate, un
sel neutre tel que l'azotate de potassium. A mesure que la
quantité d'azotate augmente, le nombre d'individus qui
pénètrent dans le capillaire diminue.
Parmi les autres corps qui repoussent les anthérozoïdes,
se trouvent les acides libres, et, entre autres, l'acide mali-
que lui-même, les alcalis ou les sels à réaction alcaline :
ainsi, une solution contenant 0,01 »/o d'acide malique
et 0,S o/o de carbonate de sodium. Les anthérozoïdes fuient
donc les solutions nuisibles, mais ils sont loin d'être
repoussés par toutes. Ainsi ils pénètrent et vont trouver
la mort dans des liquides renfermant outre Tacide malique,
du bichlorure de mercure ou de Pazotate de strychnine.
\
90
L'auteur a étudié également le rapport entre l'excitant
et la réaction. Lorsque les organismes sont placés dans
une solution d'acide malique, de concentration égale à
celle du capillaire, ils n'ont aucune tendance à pénétrer
dans ce dernier. Pour qu'il y ait une attraction bien évi-
dente, il faut que la concentration de la solution du capil-
laire soit 30 fois celle du milieu ambiant, et cela quelle
que soit la concentration absolue des solutions mises en
présence.
La sol. Gxtér. étant à 0,0005 «/o, celle du capillaire doit être à 0,015 o/».
0,001 n « « 0,03 «
» » 0,01 » » n 0,3 »
» » 0,05 0 « « 1,5 »
Ces résultats peuvent être formulés en disant : pour pro-
duire une réaction égale, l'excitant doit augmenter pro-
portionnellement à sa valeur. Cette loi appelée la loi dv
Weber, qui n'avait été vérifiée jusqu'à présent que chez
l'homme, peut encore s'exprimer d'autres façons : lorsque
l'excitation croît en progression géométrique, la sensation
croît en progression arithmétique, ou encore la sensation
est proportionnelle au logarithme de l'excitation.
Comme l'acide malique attire les anthérozoïdes de toutes
les Fougères, et comme les archégones de toutes les
espèces étudiées sécrètent cet acide, les éléments mâles
entrent parfaitement dans le col de l'archégone d'espèces
dissemblables. Les anthérozoïdes des Fougères peuvent,
en raison de leur exquise sensibilité à l'acide malique,
servir à la recherche qualitative de ce corps. M. Pfelîer
en a trouvé dans les cellules de toutes les plantes où il l'a
recherché.
L'auteur a aussi expérimenté sur les anthérozoïdes des
91
Selagînella et des Marsilea, Pour les premiers, Texcitant
est également l'acide maliquej pour les seconds, il n'a pu
découvrir aucune substance chimique, et l'entrée des
anthérozoïdes dans l'archégone ne serait déterminée que
par la substance gélatineuse qui fait hernie hors du col
et arrête les éléments mâles en passage.
Mousses. — Les anthérozoïdes des Mousses sont attirés
dans le col de l'archégone par la saccharose qui s'en
dégage. Ils pénètrent tout aussi bien dans des capillaires
contenant une solution de saccharose. Le seuil de l'excitabi-
lité est représenté par une solution à 0,001 %. L'attraction
n'est sensible que lorsque la solution du capillaire est
50 fois plus concentrée que la solution ambiante.
Chez les Sphaignes, les Hépatiques, les Chara, et les
gamètes de Volvocinées, l'auteur n'a pu, dans aucun
groupe, découvrir quelle est la substance chimique qui
aide à la copulation. Dans certains cas, il paraîtrait
qu'une telle excitation fasse totalement défaut.
Bactéries, Flagellates et Volvocinées. — Contrairement
aux anthérozoïdes, ces êtres sont excités par un très grand
nombre de substances, dont la structure moléculaire et
les propriétés sont des plus diverses. Dans son premier
mémoire, M. Pfeffer avait déjà publié un certain nombre
de résultats concernant ces organismes, mais il a consi-
dérablement étendu ses expériences, et le second travail
est beaucoup plus complet. Aussi ne résumerai-je que
ce dernier. L'auteur explique longuement les procédés de
recherche avec les précautions à prendre pour éviter les
erreurs. 11 insiste particulièrement sur ce point, que le
liquide dans lequel nagent les organismes doit être aussi
pur que possible de toute substance dissoute.
Les êtres mis en expérience sont assez nombreux, mais
92
les reclierclies les plus suivies et les plus complètes ont
été faites avec le Bacterium TennOy le Spirillum undula
et le Bodo saltans, dont les deux premiers sont des
bactéries, le dernier un flagellate. Parmi les flagellates que
M. Pfefîer dit avoir essayés sous le rapport de la sensibiliié
aux substances cbimiques, et qu'il dit non excitables, se
irouvent le Tetramitus rostratus et le Chilomonas para-
îtioeciimi. Or, j'ai, pendant tout l'été dernier, fait un très
grand nombre d'expériences sur ces organismes et je les
ai trouvés au contraire très sensibles, surtout le premier.
Cette divergence dans les résultats obtenus montre que
des êtres d'une même espèce ne sont pas partout égale-
ment excitables; elle peut tenir également au genre d'exci-
tants employés. M. Pfeff'er se sert surtout de sels alcalins
et alcalino-terreux à acide minéral, tandis que j'essayais
exclusivement les substances organiques.
Une table très mélbodiquement dressée permet de
passer rapidement en revue l'action de toutes les substan-
ces employées sur les Bacterium TermOy Spirillu77i undula
et Bodo saltans. Il y a certains points qui frappent lors-
qu'on parcourt ce tableau. Les cblorures de rubidium, de
cœsium, de lithium, de strontium, de baryum, attirent
manifestement le Bacterium Termo. L'action est moins
évidente, parfois nulle ou même répulsive pour les autres
êtres en présence. Or ces métaux sont extrêmement rares
dans les liquides de culture, et l'on peut à bon droit
s'étonner de ce que le B. Termo soit excité par un corps
avec lequel il ne s'est jamais trouvé en contact. Le chlo-
rhydrate de morphine attire également le R. Termo ^ mais
celui-ci ne tarde pas à y périr. Au contraire, la glycérine,
qui est un très bon milieu nutritif, n'exerce aucune
action. Ces quelques faits montrent qu'il n'y a aucun rap-
93
port nécessaire entre la valeur nutritive d'un corps et sa
valeur comme excitant.
Cette action ne dépend pas non plus des atomes qui
constituent la molécule.
Le tableau montre également qu'un même corps agit
différemment suivant les espèces. Ainsi la dextrine qui est
un des meilleurs excitants pour le Bacterium Termo,
n'exerce qu'une attraction assez faible sur le Bodo saltans,
et le Spirillum itndula n'en est nullement influencé.
Chez les autres organismes sur lesquels M. Pfeffer a
expérimenté, se trouvent toutes les transitions entre la
sensibilité la plus prononcée et l'insensibilité la plus abso-
lue. Les microbes de la fièvre typhoïde et du choléra
asiatique sont très peu impressionnables.
L'auteur a étudié en détail les actions répulsives qu'il
désigne sous le nom de negative Chemotaxis, tandis que
l'attraction est appelée positive Chemotaxis. Parmi les
agents de répulsion, il cite la concentration, les acides
libres ou les sels à réaction acide, les substances alcalines
et Talcool.
L'influence des solutions concentrées ne serait pas due
diaprés M. Pfeffer à la concentration considérée en elle
même, c'est-à-dire aux modifications physiques résultant
de la présence d'une grande proportion de sels, modifica-
tions dont la principale est la plasmolyse des cellules par
soustraction d'eau. Il cite comme preuve la glycérine;
même concentrée, celle-ci ne s'oppose pas à la pénétration
des spirilles dans le capillaire. Il est à remarquer pourtant
que cette substance nourrit très bien les organismes en
expérience et passe par conséquent dans leur proto-
plasme. Dés lors, la tension intérieure augmentant la plas-
molyse ne peut avoir lieu, et l'organisme ne ressent pas
94
les effets de la concentration. Les résultais d'un grand
nonibre d'expériences que j'ai faites Tannée dernière, avec
le Spirillum undula, me paraissent confirmer, malgré
Tassertion de M. Pfeffer, qu'il y a une relation constante
entre l'action répulsive d'un sel et son pouvoir plasmoly-
sant calculé d'après les coefficients isotoniques de Hugo
De Vries.
Les acides et l'alcool repoussent tous les organismes;
il en est de même des alcalis dans les expériences de
M. Pfeffer. Pourtant, j'ai constaté, à diverses reprises, et
j'ai montré à M. le prof. Errera, l'été dernier, qu'un
flagellate, le Polytoma Uvella entre en masse dans des
solutions à 10 "/o de carbonate d'ammonium, quoique
dans une telle solution la mort soit immédiate.
Certains organismes sont très sensibles aux actions
chimiques. Le Bacterium Termo est attiré dans des capil-
laires ne contenant que r^ de peptone. Cette
quantité, quoique très minime, est encore de quelque
valeur pour une bactérie dont le poids n'excéderait pas
1 rng. , , , . ' . • .
^^^ .^^^ r^f^r. ' Lcs bactcrics sont encore bien plus sen-
500,000,000 '
sibles à Toxygène. D'après M. Engelmann, il suffirait d'un
trillonnième de mg. d'oxygène pour exciter une bactérie.
M. Pfeffer suppose que la sensibilité à l'oxygène serait
différente de la sensibilité aux autres substances chi-
miques. Ce point ne me parait pas clairement démontré.
Lorsque, dans le capillaire, se trouve un mélange de
diverses matières, l'attraction exercée est égale à la
somme des actions partielles déterminées par chacune des
substances en présence.
Les bactéries et les flagellates, de même que les anlhé-
95
rozoïdes, suivent la loi de Weber. Ainsi pour l'extrait de
viande et la peptone, le Bacterium Termo est attiré dans
un capillaire contenant une solution 5 fois plus concentrée
que la solution ambiante.
M. Pfeffer utilise l'attraction des flagellates et des bacté-
ries par les substances qui se dégagent des cadavres d'ani-
maux en décomposition, pour la récolte de ces êtres. Des
flacons contenant quelques vers de terre, tués par l'immer-
sion dans l'eau bouillante, sont fermés au moyen d'une
étamine, et déposés dans les mares et les fossés. Au bout
d'un ou de plusieurs jours, les flacons contiennent une
riche collection d'êtres inférieurs.
De même que la sensibilité des bactéries à Toxygène a
été utilisée par M. Engelmann pour déceler la mise en
liberté de minimes quantités de ce gaz, M. Pfeff'er s'est
servi des bactéries pour rechercher si les cellules vivantes
dégagent des matières solubles. Dans ses expériences, il
n'a jamais remarqué que des cellules saines, non contu-
sionnées, attiraient les bactéries.
Quelle est la cause de la sensibilité aux substances
chimiques? Quelle est la succession des modifications qui
ont lieu lors d'une excitation et qui conduisent finalement
à une disposition dans l'espace de Taxe du corps? Pour
que l'organisme soit impressionné, faut-il que toute la
surface du corps soit en contact avec l'excitant, ou la
perceptibilité est-elle localisée ? Faut-il que l'excitant
pénètre à l'intérieur du protoplasme? Autant de questions
auxquelles il est impossible de répondre d'une manière
positive.
Ces études de M. Pfeff'er ouvrent, pour la science, un
champ d'explorations nouveaux et qui très probablement
sera fertile. La sensibilité des organismes inférieurs aux
96
substances chimiques, qui a tant d'analogie avec le goût
et Fodorat chez les animaux, et ce fait que la perception
est soumise à la loi de Weber, démontrent une fois de plus
que la vie est une; si elle varie, c'est dans sa modalité,
mais nullement dans son essence.
NOVAK R08AE DKSCRIPTIO
auctore Fr. Crépin.
Kosa Watsoniana (Secl. Synslylaé). — Inflorescenlia pyramidata,
multiflora, bracteis primariis subulatis, pilosis, post anlhesim caducis,
pedicellis basi articulatis, bracteolis minutis, membranaccis, celeriter
caducis, alabastro ovoideo, breviter atlenualo, sepalis integi-is, anguslc
lanceolalis, breviter altenuatis, corolla minuta, 10-12 mill, lata, petalis
angusle obovatis, mlegris, roseis, columella stylosa tenuissima, elongala,
glabra, folia Irifoliata, foliolis angustissime lanceolalis vel linearibus
(3-7 mill. — 1-3 decim.), basi breviter superne longe altenuatis, integer-
rimis, leviter pilosis, stipulis adnatis, angustissimis, integris, pilosis,
auriculis subulalis, aculeis arcualis.
Incolitur in Japonia. Habitat veris. ibidem.
A R. anemonneflora Fortune differt foliolis 5-10-plo miiionbus, angustis-
sime lanceolalis vel linearibus, integris non serratis, floribus 5-plo mino-
ribus, pedicellis basi articulatis, alabastribus brevibus minusque elongalis,
sepalis semper integris, breviter altenuatis, slylis glabris.
97
OBSERVATIONS SUR LES ROSES
DÉCRITES DANS LE
SUPPLEMENTUM FLORAE ORIENTALIS DE BOISSIEll
par François Crépin.
Il paraîtra prochainement un volume supplémentaire
auFlora Orientalis de Boissier. Dans ce volume, les Roses
ont été décrites et classées à nouveau par notre savant
ami, M. le D^ H. Christ(l). Ce botaniste, bien connu par
des travaux importants sur le genre Rosa, a modifié la
classification adoptée par Boissier et a fait éprouver aux
espèces décrites parcelui-ci des changements assez considé-
rables.
Nous allons examiner les modifications apportées à
l'œuvre de Boissier et apprécier leur valeur.
Voici tout d'abord l'ordre et Ténumération des espèces
décrites.
A. CHORISTVLËAE.
Sect. 1. — Gnlllcanae DC.
R. gallica L.
Sect. II. — Piiuplnelleae Christ.
a. Eglanteriae DC.
R. lutea Mill. *R. sulphuroa AiL
h. PlMPINRLLIFOLIAE DC.
R. pimpinellifolia L. R. Ecae Aitch.
R. Wcbbiana Wall. ^
(i) Le tirage à paît du travail de M. Christ a été publié au mois de
février 1887. Il comprend les pages 201 à 230 du Suppkmentum.
98
Sect. III. — Dlacanthae Godet.
a. PisocAnPAE Rcut.
R. Beggeriana Schrenk. *R. lacerans Boiss.
*R. anserinaefolia Boiss. R. cabulica Boiss.
6. CiNNAMOMEAE DC.
R. cinnaniomea L.
Sect. IV. — Alplnae Déséfiçl.
R. macrophylla Lindl. *R. opiisthes Boiss.
R. alpina L.
Sect. V. — C^norrhodon Wallr.
a. (ANiNAE Déségl.
1. Glabratae.
R. canina L. *R. Pouzini Trail.
R. glauca Vill. R. montana Chaix.
2. Pubescentes.
R. dumetorum Thuill. R. conifolia Fries.
5. Glandulosae.
c. Trachyphyllae.
R. trachyphylla Rau.
/3. Tomentellae.
R. tomentella Lem. *R. caryophyllacea Bess.
*R. leucanlha MB.
6. Rubigineae Christ.
1. Sepiaceae Crëp.
R. agreslis Savi. *R. sicula Trait.
*R. arabica Crep.
99
2. Micranthae Crép.
R. micrantha Sm. R. asperrima Godet.
*R. ferox MB.
3. Rubiginosae Christ.
R. rubigiHosa L. R. glutinoso X glauca.
*R. Thureti Burn, el Gr. R. glutinoso X moschata.
R. glutinosa Siblh. et Sm. *R. iberica Stev.
R. glutinoso X Heckeliana.
c. Vestitae Christ.
1. Villosae Crép.
R. pomifera Herrm. R. orientaJis Dup.
*R. mollis Sm. R. orientali X anserinaefolia.
12. Tomentosae Crép.
R. Heckeliana Trait. *R. armena Boiss.
R. tomentosa Sm.
d. Elymaiticae Boiss.
R. elymaitica Boiss. et Hauss.
B. SYN8TYLEAE.
Sect. VI. — Repentes Christ.
R. Phoenicia Boiss. R. sempervirens L.
R. arvensis Huds. R. sempervivejili X dumetorum.
Sect. VII. — Moschatae Christ.
R. moschata Mill.
Les nouveautés introduites dans cette classification con-
sistent : i^dans la consiitution de la section des Pimpinel-
leae comprenant deux subdivisions; 2" en un arrangement
nouveau dans la grande section Cynorrhodon; 3° dans la
subdivision des Synsfylae orientales en deux sections.
100
Les H. lutea et R. sulphureo présenlenl, il est vrai,
quelques alïinités avec les R. pimpinelli folia et R. xan-
thina Lindl. finel. R. platyacantha Schrenk el R. Ecae
Ailch.)qui contituent pour nous les Pimpinellifoliae, mais
nous hésitons encore à les unir intimement à celles-ci.
Comme A. -P. de Candolle a établi sa seclion Eg lanteriae
principalement sur le caractère de la coloration jaune
de la corolle et qu'il a associé le R berberi folia aux
R. lutea et R. stdphurea^ nous pensons que IM. Christ
eut bien fait de remplacer le nom iVEylanleriae par celui
de Ltiteae que nous avons proposé en 1872. Il nous parait
certain que si de Candolle avait connu le R. xanthina, qui
est une véritable Pimpineltifoliac, il Peut compris dans
ses Eg lanteriae.
Dans les Cynorrhodon, le R. lrachyph}jlla{R. JundziUi
Hess.) est comme perdu au milieu de groupes spécifiques
subordonnés. Il méritait une place distincte et devait
constituer une subdivision de premier ordre, dans laquelle
il fallait faire ressortir ses affinités avec le R, gallica.
Les sections Repentes et Moschatae établies dans les
Synstylae orientales n'ont aucune valeur taxinomique; il
est même à remarquer que les caractères assignés aux
Moschafae sont, en partie, en contradiction avec les carac-
tères attribués au R. moschata. Celui-ci a les fleurs nor-
malement blanches comme les R. phoenicia^ R. arvensis
et R. sempervirens, et ses réceptacles florifères et fructi-
1ères varient de la forme ellipsoïde et la forme arrondie.
Quant aux descriptions qui sont données des sections
et de leurs subdivisions, elles laissent, à notre avis, assez
bien à désirer, n'exprimant pas tous les vrais caractères
qui doivent distinguer les groupes.
Passons maintenant à rexamen des espèces décrites.
101
A ce propos, nous devons faire remarquer que nous
avons examiné irès alleniivement tous les matériaux qui
ont servi de base à la monographie du savant rhodologue
suisse. Si, dans cet examen, nous relevons quelques
erreurs de détermination qui ne paraissent avoir aucune
importance, c'est qu'elles doivent être signalées à cause
des questions de géographie botanique.
K. gallica /2 provlncialla. — Les échantillons de Roses cultivées que
M. Haussknecht a recueillis au mont Pir Omar Gudrum appartiennent,
en partie, au R. damascena Mill, et, en partie, au H. galtica peut-être
variété centifolia {R. centifolia L.). Soit dit en passant, le R. damascena
n'est vraisemblablement qu'un hybride du R. galtica croisé avec une
espèce de la seclion Cynorrhodon, et non pas avec le R, moschata, comme
on Ta avancé par suite d'une confusion d'espèces.
R. lutea. — L'indication de Baku est fausse : les échantillons que
Seidlilz a recueillis dans cette localité appartiennent au R. pimpinelli folia.
La distribution géographique du R. lutta n'est pas facile à étabUr à cause
de la culture que l'on fait de cette espèce dans certaines régions asiatiques,
en Perse, dans le Turkestan et dans l'Aflghanistan. Dans les montagnes
de l'Himalaya, M. Brandis (Forest Flora) la signale de la façon suivante :
« Arids parts of inner Himalaya, Lahoul, Ladak, Western Tibet between
8,000 and 11,000 ft. In British Lahoul jwar villages only (Cleghorn). In
Kishtwar(T. Thomson). » Dans Lahoul, l'espèce pourrait donc n'être que
subspontanée. En 188S, M. le Dr Giles a recollé cette Rose dans la pro-
vince de Gilgit sous sa forme bien typique (Herb, de Saharanpur).
R. sulpburea. — Les échantillons distribués par Deyrolle sous le
n» 12 appartiennent non pas au R. sulphurea, mais bien au R. lutea.
R. pinipinellirolla. — Le Rosa n" 437 rapporté à cette espèce appar-
tient au R. sulphurea. Boissier l'avait erronément étiqueté R. pimpinelli-
folia.
R. plmplnellirolla ^ lomentella. — Cette forme n'appartient pas
au R. pimpinelli folia ; c'est peut-être une variété du R. glutinosa.
R. pimpinellirolta o tusciietica. — Cette forme appartient au
R. glutinosa.
R. Webbfana. — Cette espèce est complètement étrangère à la
seclion Pimpinelleae; elle fait partie des Diacanthae,
102
R. Ecae. — A notre sens, cette forme est une variété à folioles glandu-
leuses du R. xantltina; cWe est à celui-ci ce que la var. myriacantha
est au type du R. pimpinelU folia.
R. BeKserlana. — Depuis nos dernières observations sur cette espèce,
nous avons pu l'étudier sur de très riches matériaux provenant surtout
duTurkestan(l). Ce type est extrêmement variable. Les R. anserinae folia,
R. lacerans et R. cabulica^^) ne sont que quelques-unes de ses variétés.
Un singulier caractère de ce type, que nous avons pu parfaitement observer,
consiste, à un moment donné de la maturation, dans la chute du calice
avec le sommet du réceptacle. Cette désarticulation, provoquée par une
mortification circulaire des parois supérieures du réceptacle, laisse à nu le
sommet des akènes supérieurs qui font saillie. Cette étrange désarticulation
est surtout bien apparente dans le R. Alberti Regel, type voisin du R. Reg-
geriana. Dans celui-ci, la dehiscence, pourrait-on dire, du réceptacle se
roduit à quelque distance du col et la partie détachée forme une sorte de
petit éteignoir couronné par les sépales. Ces derniers, comme c'est le cas
générai dans les Cinnamomeae ou Diacanthae^se relèvent sur le réceptacle
après l'anthèsc pour devenir plus ou moins convergents; ils sont bien
persistants et ne se désarticulent pas à leur base, mais ils sont entraînés
par la dehiscence de la partie supérieure du réceptacle. Ce caractère
remarquable permet, à lui seul, de distinguer les R. Reggeriana et
H. Alhertide toutesles Cinnamomeae voisines de ces deux types. Ce même
caractère est également présenté par le R. gymnocarpa Nutt., espèce
américaine.
R. macropliylla. — Cette espèce a été indiquée par erreur dans
l'Aflghanistan. Ce que M. Aitchison a distribué sous ce nom appartient
au R. Webhiana. Le R. macrophylla doit être compris dans la section des
Diacantfiae.
(1) M. le D' E. Regel, avec sa bienveillance habituelle à notre égard,
nous a communiqué l'importante collection de Roses recueillies, pendant
ces dernières années, dans le Turkestan par tous les explorateurs russes,
parmi lesquels il faut mettre au premier rang M. A. Regel. Cette collec-
tion éminemment intéressante fera l'objet, de notre part, d'un travail
spécial.
(2) Le R. cabulica signalé à Sergal, dans l'Affghanistan, par M. Aitchison,
est une variété du R. WebOiana.
105
B. oplisthes. — M. Christ a réuni, sous ce nom, les R. didoensis
Boiss., JR. oxyodon Boiss., /?. hemathodes Boiss. et une Bosc recueillie par
MM. Brolherus dent il a fait sa var. /3. Le R. oplisthes tel que l'a constitué
M. Christ est une association tout à fait artificielle de formes diverses qui
ne peuvent pas rester unies : les unes sont à sépales entiers, se relevant
après l'anthèse et persistants {R. oxyodon et R. hemathodes); les autres
sont à sépales restant réfléchis, puis caducs, les extérieurs étant pinnules
{R. oplisthes^ R. didoensis et R. oplisthes /2 Rrotfieri Christ). Nous avons
nous-même donné l'exemple de cette confusion en traitant, en 1874, du
R. oxyodon {Prim., pp. 306 à 309). Malgré une étude poursuivie depuis
longtemps déjà, nous ne sommes point encore parvenu à élucider, à notre
satisfaction, les diverses formes dont nous venons de rappeler les noms.
Pour dissiper l'obscurité qui règne sur elles, il faudra un supplément de
matériaux recueillis dans de bonnes conditions et accompagnés de notes
prises sur le vif. Le Caucase est bien certainement la région qui cause le
plus d'embarras aux rhodologues, à cause de la multiplicité de ses formes
de Roses, dont un bon nombre constituent vraisemblablement des groupes
subordonnés très difficiles à délimiter et s'écarlant plus ou moins des
groupes spécifiques subordonnés de nos régions européennes,
B. slauca^ B. dumetoruni et B. corlirolla. — Ces Roses, considé-
rées comme espèces linnéennes par M. Christ, ne sont, pour nous, que
des groupes subordonnés du R. canina au même titre que le R. Pouzini.
A son tour, le R. montana Chaix n'est probablement qu'une espèce subor-
donnée. M. Christ a identifié au R. coriifolia^ les R. Boissieri Crép. et
R. Vanheurckiana Crép. qui sont bien, à notre avis, des variétés orientales
du R. mllosa. Le R, djimilensis Boiss. est rapporté par M. Christ au
R. glcmca, mais cette identification nous paraît assez douteuse.
B. tonientella — M. Christ donne cette espèce ^comme llnnéenne,
alors qu'elle n'est incontestabilement qu'une espèce subordonnée.
B. leacantha et B. caryophyllacea. — Ces deux formes, vraisem-
blablement subordonnées, réclament de nouvelles recherches pour être
bien délimitées.
B. arabica. — La place et la valeur de cette forme restent douteuses.
B. nilerantha. — L'existence du vrai R, micrantha n'a pas encore
été réellement constatée dans le domaine de la flore orientale, où il est
probablement représenté par des groupes spécifiques subordonnés.
B. slcnla, B. ferox et B. Tharetl. — Ces trois formes réclament de
nouvelles études pourqu'on puisse être bien fixé surleur rang et leur valeur.
104
R. asperi'Inia. — Cette espèce a été établie sur des matériaux trop
peu nombreux pour bien saisir les caractères qui peuvent la distinguer.
Constitue-t-elle un type autonome? Elle paraît avoir bien plus d^aftinité
avec le B. glutinosa (ju'avec le R. mir.mntha.
K. rubiglnona. — Le vrai R. rubiginosa ne parait pas encore avoir
été jusqu'ici constaté dans le domaine de la flore orientale, où il est proba-
blemetit remplacé par des formes subordonnées (>).
R. glutinosa. — Celte Rose constitue-t-elle un type autonome, une
«•spèce iinnéenne essentiellement distincte du R. ruhiginosa, ou n'est-elle
(|u'un groupe spécilique subordonné remplaçant le R. rubiginosa dans le
sud-est de l'Europe et dans les contrées orientales? De nouvelles recherches
sont à faire pour résoudre ce problème.
R sintinoflo X Heckellana. — M.M. fiurnat et Gremli ont décrit
celte forme sous le nom de R. Gvicciardii. Elle pourrait fort bien n'être
(ju'une variété du R. glutinosa.
R. glulInoMO X S'A"'^'*- ~ ^^^^' Burnat et Gremli ont décrit cette
Rose sous le nom de R. oeta. Peut-être n*est-elle qu'une variété glandu-
leuse du R. montana.
R. Klullnoso X nioscliata. — Rien dans cette forme ne peut, à notre
avis, la faire soupçonner d'être un produit hybride du R. moschata. Les
5 spécimens de l'hefbier Boissier décrits par M. Christ ont été récoltés par
Stocks, en 1851, au mont Chehel, entre 9000 et 1 i 000 pieds d'altitude,
dans le Beluschistan. Boissier les avaient étujuelés : R. Slorhsii ; mais il
n'avait pas voulu publier de description, parce que ces spécimens n'étaient
pas suffisamment complets et que, de plus, il n'était pas sûr que tous les
trois appartinssent à la même espèce. Deux des spécimens sont en fleurs.
Les sépales extérieurs sont munis à la base d'un appendice latéral assez
apparent et entier. Le Sn»*" échantillon ne présente ni fleurs, ni fruits et ses
axes, chargés de fines acicules glanduleuses comme les deux autres spéci-
mens, présentent des aiguillons arqués, régulièrement géminés comme dans
le R. Reggerùtna. Nous avons vu récemment dans la collection de Roses
de l'herbier de Saharanpur, que RI. Dutliie a bien voulu nous communi-
(juer, i spécimens, privés de fleurs et de fruits, identiques au 3™' échan-
tillon dont il a élé question plus haut; ces i spécimens sont accompagnés
(I) Le n" 3i73 de Szowits ra|ipoité au R. ruhiginosa appartient à une
tonne du R. glutinosa.
105
d'un échanlillon en fleurs du R. lacerans /3 obovata Boiss. Ces 4 échan-
tillons ont été récoltés également par Stocks et vraisemblablement au mont
Chehel. Dans le même herbier de Saharanpur, avec une étiquette portant :
a 1028. Rosa Chehel, « se trouve une tige longue de 4 décimètres munie
seulement de petits ramusculcs foliifères, à aiguillons arqués, régulièrement
géminés, mais à écorce parfaitement lisse, sans la moindre trace d'acicules.
Pour les feuilles et les aiguillons, ce spécimen est identique aux 4 échan-
tillons stériles de l'herbier de Saharanpur dont nous venons de parler.
Dans l'herbier de von Martius, à côté d'un bel échantillon du R lacerans ^
obovata recueilli par Stocks, se trouve une extrémité de ramuscule
florifère de la même forme que les 2 échantillons florifères du R. Stocksii
de l'herbier Boissier. Enfin, dans ce dernier herbier, avec le R. lace-
rons /3 obovata, récolté également par Stocks, se trouve un iragment
de tige du R. Stocksii. Comme on le voit, Stocks a recueilli au mont Chehel
une variété du R. Reggei iana {R. lacerans) avec une ou deux autres
formes dont l'identité spécifique nous laisse des doutes. Ce qui nous paraît
certain, c'est que les échantillons de l'une de ces dernières à aiguillons
géminés appartiennent à la section des Diacunthae. Nous ne serions pas
trop surpris si l'on venait à découvrir un jour que ces dernières formes ne
sont que des variétés très glanduleuses du R. Reggeriana,
K. Iberlca. — Celte Uose, qui n'est peut-être qu'une espèccsubor-
donnée, réclame encore des nouvelles recherches pour être bien délimitée
et parfaitement distinguée des formes glanduleuses qui abondent dans les
régions caucasiennes.
R. potulfera, R. mollis et R. orlentalls. — Pour nous, ces formes
sont des groupes subordonnés du R. villosa L.(i).
(1) M. H. Braun, dans Die bolanischen Ërgebnissc der Polak'schen
Expedition nach Persien im Jahre 1882, par le D"- Ollo Stapf (in Denk-
schrift. d. matheia.-nnturwiss. Class, d. K. Akadem. d. IVissensch., t. II,
Wien, 1886), parlant des échantillons du R. orientalis recueillis en Perse,
en 1882, par M. Pichler, maintient la parfaite distinction spécifique de
cette Rose et condamne notre opinion sur celle-ci. Sur ce dernier point, il
s'exprime de la façon suivante : Die Bemerkung Crépin's 1. c. p. 57, dass
R. mollis Sm. mit R. orientalis Dupont grosse Verwandtschaft aufweise
und wohi kaum von letzterer zu trennen sei, wird schon durch die Gestalt
der Stipulen und die Bestachelung, welche im gegebenen Falle ohne
106
11. oriental! X anserinacroilu. — fioissicr avait dccrit celte forme
sous le nom de R. Kotscliyana. Ce n'est vraisemblablement qu'une variété
du R. Recjgeriana.
R. Heckeliaiitt. — A notre avis, cette Rose réclame un supplément
d'observations pour qu'on soit bien édifié sur sa valeur et sur la place
qu'elle doit occuper. On n'est pas encore certain de la persistance de ses
sépales, ce qui est un point très important à vérifier sur des fruits par-
faitenicMit mûrs.
R. Conieiitosa. -- Ce type devient extrêmement rare dans le domaine
de la flore orientale. Le n" 298 de Rehraann que lui a rapporté M. Christ
est une var. du R. canina.
Schwierigkeiten die Gruppen Orienlalis und Villosae scheiden, ad absur-
dum gcfiihrt. « (loc. cit., p. 550). Nous comprenons l'espèce d'indignation
scientifique qu'exprime M. Braun à l'égard de notre opinion sur le
R.orientalis, Il y a vingt ans, nous nous serions probablement exprimé dans
les mêmes termes. Le R. orienlalis appartient incontestablement au groupe
spécifique du R. villosa L., dont il constitue un petit groupe subordonné,
mais dont aucun caractère réellement spécifique ne le sépare. C'est une
forme extrêmement réduite qui peut en imposer facilement par son faciès,
par la forme de ses folioles, par la villosité de ses axes, par sa Heur pâle,
mais, nous le répétons, elle n'offre absolument aucune différence essen-
tielle qui permette de la séparer du R. villosa. Le nanisme produit chez
d'autres espèces asiatiques des cas aussi remarquables de polymorphisme,
par exemple, chez les R. Wehbiniia et R. Rcggeriona. Du premier, nous
avons vu un buisson entier réduit à la tuille de Vô centimètres et purais-
sanf constituer une espèce très distincte du R. IFe66iana ordinaire, dont la
taille peut atteindre 2 à 5 mètres. Le R. Beggeriana, réduit à des tiges
de 50 à ^0 centimètres, dans les stations extrêmement aiides du Turkestan,
peut aisément tromper l'observateur sur son identité spécifique. Sous cette
forme, nous en avons vu des spécimens étiquetés sous le nom de R. uci-
cularis Lindi p;ir un botaniste ([ui cependant a fuit un travail général sur
les Roses Nous dc\ ons ajouter ici que nous avons examiné la série d'échan-
tillons (17) du R. orienlalis recueillis par M. Pichler, conservés dans l'her-
bier du Musée botanique de l'Universilé de Vienne, et sur lescjnels M. IL
Braun ii fait une partie de ses observations Nous en avons dû la communi-
cation à l'obligeance de M. le D"" Slapf.
107
H. ariuena. — Cette forme est incontestablement une Villonae et doit
faire partie du groupe spécifique du R. villosa L.
R. setnpervirentl X dnmetoram. — C'est une simple variété du
R. sempervirens , sans la moindre trace d'hybridité.
R. moschata /3 nastarana. — Cette forme est plutôt une anomalie
qu'une véritable variété.
On peut voir par les observations précédentes combien
nous différons d'avis sur de nombreux points avec
M. Christ. Ces divergences d'opinion tiennent à deux
causes : tout d'abord à la façon dont nous envisageons
l*un et Pautre l'espèce dans le genre Rosa, ensuite au
temps que nous avons respectivement consacré à l'étude
des Roses orientales et à la quantité de matériaux étudiés
par chacun de nous.
Certaines divisions des Roses orientales présentent des
difficultés extraordinaires, par suite de l'existence de
groupes subordonnés étrangers à nos contrées occiden-
tales et de la pénurie relative des matériaux. Cette pénurie
nous a fait à nous-même commettre de grossières erreurs
concernaiit surtout des formes du Caucase, erreurs que
nous relèverons quand nous reprendrons l'élude des
espèces de celte région.
]VL Christ attribue au domaine de la flore orientale
45 espèces, parmi lesquelles il compte 31 types de premier
ordre ou espèces linnéennes et 14 types secondaires (0.
Nous sommes porté à croire que ces chiffres sont exa-
gérés et que le tableau suivant se rapproche plus de la
réahié des faits que celui dressé par le savant rhodologue
suisse.
(i^ Ces types secondaires ou sous-espèces sont distinguées par une
astérisque.
108
Sect. I. — Galllcanae.
1{. galiica L.
Sect. II. — Pinipiiielleae.
R. pimpincllifolia L. R. lutea iMill.
R. xantliina Lindl. R. sulphurea Ait.
Sect. III. — Diacautbae.
R. cinnaraonea L. R. Webbiana Wall.
R. oxyodon Boiss. R. Beggeriana Schrenk.
Sect. IV. — 4lpiiiae.
R. alpine L.
Sect. V. — Cynorrhodon.
R. canina L. *R. iberica Stev.
♦R. glauca Vill. (incl. R. corii- R. glutinosa Siblh. et Sm.
folia Fries). *R. Thureti Burn, et Gr.
*l\. montana Chaix. *R. sicula Trait.
*R. tomentella Lem. R. villosa L. (R. pon?ifera Herrm.)
*R. Pouzini Tratt. *R. mollis Sm.
R. trachyphylia Rau. *R onentalis Dup.
R. agrestis Savi. R. Heckeliana Trait.
R. micrantha Sm. R. toraentosa Sm.
R. I'ubiginosa L. R. elymailica Boiss. etHaussk.
Sect. VI. — Synst^'lae.
R. arvensis Huds. R. moscliata Mill.
R. sempei'vireiis L, R. plioenicia Boiss.
Quoique fortement réduit, le nombre des espèces orien-
tales est encore très considérable et témoigne d'un
domaine exceptionnellement riche en Roses. L'avenir
imposera vraisemblablement quelques modifications au
tableau précédent, à la suite de recherches qui seront faites
109
pour élucider quelques formes que nous n'avons pas rap-
pelées : R. asperrima, R, leucantha et R. caryophyllacea
et quelques autres formes des régions caucasiennes que
nous possédons en herbier. Ainsi que nous l'avons dit, les
R, oxyodon, R. iberka, R. glutinosa, R. Thureti,
R, sicula et R. Heckeliana restent pour nous à l'élude
et pourront plus tard éprouver des modifications dans le
rang que nous leur attribuons à litre provisoire. Si nous
avons énuméré les R. rubiginosa et R. micrantha, c^est
que nous supposons que ces deux types sont remplacés,
dans le domaine de la flore orientale, par des groupes
spécifiques subordonnés et que ces espèces seraient ainsi
virtuellement représentées dans cette flore.
La richesse de la flore d'Orient est en grande partie
due à l'immense aire embrassée par Boissier, qui s'étend
delà Grèce jusqu'aux confins de FAffghanistan et duBelus-
chistan. Cet auteur a pu ainsi réunir la moitié de nos
espèces européennes à un bon nombre des types asiati-
ques.
Il y aura peul-être quelque intérêt à décomposer ici la
florule rhodologique de cette flore par régions.
Le tableau suivant fera saisir d'un coup d'œil la distri-
bution géographique des espèces.
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R. sulphurea . . .
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R. cinnamoraea . .
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R. Webbiana . . .
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R. Beggeriana . .
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*
R. alpina
*
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*
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R. montana . .
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R. tomcntella .
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R. Pouzini . .
*
R. trachypbylla . .
*
R. agrestis ....
*
R. micrantha . . .
R. rubiginosa . . .
R. ibcrica . . .
*
R. glutinosa. . . .
*
*
*
*
*
K. Thureti . .
*
*
R. sicula . . .
*
R. villosa
*
R. mollis . . .
^
*
^
R. orientalis. .
*
*
R. Heckeliana . .
*
R. lomcntosa . . .
^
R. elymaitica . . .
*
R. arvensis ....
*
R. sempervirens .
• sjc
R. moschata. . . .
^
^
R. Phoenicia . . .
*
*
(1) Les cchantillons du R. lulea que M. Ailchison a recueillis dans
rAfTghanislan sont à fleurs pleines el proviennent de pieds cultivés ou
subspontanés.
(2) D'après M. Brandis {Forest Flora).
m
La Grèce possède 9 espèces, c'est-à-dire la moitié des
espèces européennes dites linnéennes (1). Peut-être les
nouvelles recherches l'enrichiront-elle du R, trachy-
phylla^ qui suit volontiers Taire du R. gullica, et des
/?. micrantha^ R. graveolens et R. pimpinelli folia.
L'Asie Mineure nourrit 9 ou 10 espèces, dont trois sont
exclusivement asiatiques : R. lutea, R. sulphiirea et
R. Phoenicia.
Les régions caucasiennes possèdent à peu près le même
nombre d'espèces, qui, à part le R. oxyodon^ encore mal
connu, et le R. iberica dont la valeur n'est pas encore
bien établie, sont des espèces européennes.
La Syrie ne compte actuellement que 4 espèces, dont
une seule, le R. phoeniria, est exclusivement asiatique. Il
est vraisemblable qu'il y a d'autres types dans cette région.
La Perse possède jusqu'ici 8 espèces, dont o sont
européennes : R. canina, R. glutinosa et R. orientalis.
(I) Dans ceUc statistique, nous écartons les petits groupes spécifiques
subordonnés. On doit bien se garder de croire que nous considérons toutes
les espèces dites linnéennes comme des types spécifiques de premier
ordre ayant entre eux une valeur égale, ou que les groupes spécifiques
subordonnés, que nous avons mis sur le même rang, soient, à leur
tour, d'égale valeur. L'arrangement de notre tableau n'a qu'une seule
chose en vue, établir une distinction entre les espèces linnéennes et
les petits groupes spécifiques subordonnés. Quant aux rangs accordés
aux R. iberica, R. T/mreti, R. sicula et R. Ileckeliana, ils sont, comme
on le sait, provisoires. No'JS avons placé le R. glutinosa au premier
rang, parce que cette espèce représente, dans l'ensemble des Roses
orientales, un type d'égale valeur à celui du R. ruhiginosa parmi nos
Roses occidentales. Si le R. iberica est placé après le R. rubiginosa^
ce n'est pas parce que nous l'envisageons comme une forme dérivée de
cette espèce.
112
II est probable (jiron y découvrira les R, xanthina,
R. Webbiana et, peut-être, le R. Alberli.
L'Affgbanistan n'a encore été que fort peu cxploréiU.
On peut supposer avec raison que sa florule rliodologique
n'est pas complètement connue. Celle-ci possède actuel-
lement 6 espèces, dont une seule est européenne :
7?. ca/im«. Peut-être, y reucoulrera-t-on les R. sidphurea,
R. Alberti, R. macrophylla et R. serkna. On n'a point
encore constaté l'exisience de ces deux derniers types en
deçà de Tlndus.
Le Beluscbistan ne nous a jusqu'ici livré que le R. Regge-
rzrt^irt, deux formes incertaines et le R. lutea,i\m peut-être,
n'y est que sous une forme cultivée. Sous celle latitude,
les Roses deviennent extrêmement rares. On aura à y
rechercher le R. luoschala, qui existe dans l'Inde au
mont Abu (province de iMarwar) sous le 2o". Ce dernier
type, sous sa forme LeschenanUiana s'avance plus encore
versTéqualeur, puisqu'on Tobserve dans les monts Nilghiri
et Pulney, sous les 1 1*^ et 10''.
Les parties asiatiques du domaine de la flore d'Orient
possèdent en tout 18 espèces, dont 9 sont européennes et
9 asiatiques.
L'Asie entière compte 56 espèces, dont 9 habitent l'Eu-
rope. L'une de ces espèces est circompolaire, le R. acicu-
lavis; une aulre, le R. moschata^ habite les montagnes de
l'Abyssinie : l'existence de celui-ci en Luropo à l'état véri-
tablement indigène continue à rester douteuse. Les types
exclusivement asiatiques sont donc réduits à 54.
(l) Les récentes explorations de 31. le 1)"" Aitchison ont enrichi la flore
de rAflglianistan d'une manière extrêmement remarquable et le genre Rosa
doit à ce savant de belles découvertes.
113
L'Europe possède, nous l'avons déjà dit, 18 espèces,
dont 7 ou 8 exclusivement européennes; l'Amérique, 13
ou 14, dont 12 ou 13 exclusivement américaines; l'Afrique,
6 ou 7. Ce dernier continent ne nourrit aucune espèce qui
lui soit propre. A part le R. moschata^ ses Roses sont
européennes.
La séance est levée à 10 heures.
Assemblée générale du 6 mai 1888.
Présidence de M. Bommer.
La séance est ouverte à 1 h. 20 m.
Sont présents : MiM. Bommer, Bordet, (larron,
L. Coomans, Delogne, Dens, De Vos, De Wevre,
De Wildeman, Th. Durand, Errera, G. Gillekens,
Gravis, É. Laurent, Lebrun, Lecoyer, Lochenies, Mar-
chai, Massart, Sonnet, Van den Broeck, Van der
Bruggen, Van Nerom, Vanpé, Vindevogel et Vils;
Crépin, secrétaire,
MM. Baguet, Gilbert, Minet, Pielquin, Rodigas et
Wesmael font excuser leur absence.
Le procès-verbal de l'assemblée générale du 4 décem-
bre 1887 est approuvé.
M. le Secrétaire fait l'analyse de la correspondance.
Il dépose la liste suivante des ouvrages reçus pour la
bibliothèque :
114
F.-C. ScHUBELER. Viviclarium Nonwgicum. — Norges
vœxtrige. Et bidrag tit nord-Europas nnlur- og
cultur historié. Christiania, 1885 et 1 880, tome
I et 1" fasc. du t. Il, in 4°.
Ed. Strasburger. Ueber Kern- und Zelltheilung im Pflan-
zenreiche, nebst einem Anhang iiber Befruchtung,
lena, 1888, 1 vol. in-8«.
C. Damps. Considerations sur les blocs erratiques d'origine
Scandinave ou finlandaise recueillis dans la Campine
limbourgeoise. Hasselt, 1888, in-8°.
A. CoGNiAux. Notice sur les Mélastomacécs austro-améri-
caines de M. Éd. André. Bruxelles, 1887, in-S".
P. -A. Saccardo. Sî/Z/of/e Fungorum omnium hucusque cogni-
/onmi. Vol. VII (Pars I). Palavii, 1888, 1 vol. in-8'\
E. Delamare, F. Renauld et J. Cardot. Florule de Vile
Miquelon. Lyon, 1888, 1 vol. in-8«.
EuG. Warning. Onr Gronlands Vegetation. Kjobenhavn,
1888, in-8°.
— Tabellarisk Oversigt over Gronlands, Island og
Fœroernes Flora, Kjobenhavn, 1888, in-S®.
De Toni (C.-B.) et Levi (David). UAlgarum Zonardini,
Venezia, 1888, 1 vol. in-8^
M. le Secrétaire met à la disposition des membres de
rassemblée des exemplaires d'un bulletin de souscription
au buste de J.-J. Kickx, ancien président de la Société.
AL le Président fait connaitre les noms des botanistes
étrangers qui ont été choisis par le Conseil pour remplacer
trois membres associés décédés.
Mo
M. le D' Pfefïer, professeur à l'Université de Leipzig,
pour remplacer feu de D' de Bary;
M. L. Lesquereux, botaniste américain, pour remplacer
feu le D*" Asa Gray;
M. le D*" Renault, de Paris, pour remplacer feu le
D"" Planchon.
M. le Président fait ressortir les mérites des travaux
biologiques de M. Pfeffer et des travaux paléontologiques
de MM. Lesquereux et Renault.
L'assemblée ratifie le choix du Conseil et MM. Pfeffer,
Lesquereux et Renault sont proclamés membres associés
de la Société.
L'ordre du jour appelle la discussion sur l'itinéraire
de l'herborisation générale de celte année.
M. le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Minet
qui propose de faire l'herborisation sur le littoral.
Il informe l'assemblée que la Société des naturalistes
hutois verrait avec plaisir la Société faire son excursion dans
les environs de Huy. M. De Vos fait remarquer combien
une herborisation aux environs de Huy serait intéressante.
M. Th. Durand approuve également cette herborisation,
ainsi que M. le Secrétaire, mais ce dernier propose
néanmoins une autre excursion, celle des environs de
Han-sur-Lesse et de Rochefort, afin que la Société puisse
se rencontrer, dans cette région, avec la Société botanique
du Luxembourg.
Il annonce que cette dernière Société a l'intention d'ex-
plorer, à la fin de juin ou au commencement de juillet, la
Vallée de la Lesse en amont et en aval de Han-sur-Lesse.
En présence de cette troisième proposition, l'excursion aux
environs de Huv et celle sur les bords de la mer sont
116
abandonnées pour celte année; il est décidé que l'herbo-
risalion générale aura lieu dans la vallée de la Lesse. M. le
Secrétaire est chargé de s'entendre avec la Société bota-
nique du Luxembourg pour fixer la date et arrêter les
détails de l'excursion.
La parole est accordée à M. Massant pour développer
le résultat de ses recherches sur la sensibilité de cer-
tains organismes animaux inférieurs à Taction de la
lumière et de certains agents chimiques et sur l'évolution
qu'éprouvent ces organismes pendant leur développement.
L'orateur expose tout d'abord quelques considérations
générales sur les Flagellates; puis, s'aidant de figures
tracées au tableau noir et d'appareils variés qui lui ont
servi à faire de nombreuses préparations qui sont soumises
à l'examen des membres de l'assemblée, il démontre l'ex-
trême sensibilité de ces animaux inférieurs, qui ont de si
intimes rapports avec certaines algues. L'assemblée suit
l'orateur avec un vif intérêt dans les développements qu'il
donne concernant ce sujet,
M. Gravis lit une note dans laquelle il examine certains
points du nouveau projet de loi concernant le programme
des études universitaires.
M. De Wildeman expose le résultat de ses récentes
recherches sur quelques formes du genre Trentepohlia.
M. Em. Laurent donne un aperçu sommaire des expé-
riences qu'il a faites à Paris et à Bruxelles sur la Levure de
bière.
M. Gillekens demande à M. Laurent quelques explica-
tions sur les levures qu'il a employées pour ses expériences.
117
LE DOCTORAT EN SCIENCES NATURELLES
ET LE
PROJET DR LOI SUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR,
par A. Gravis,
Professeur de botanique à l'Universilé de Liège.
L'enseignement universitaire, dans notre pays, exerce
une telle influence sur les progrès de la botanique, qu'un
projet de réorganisation de l'enseignement supérieur ne
peut manquer d'intéresser les membres de notre Société.
Cette pensée m'a décidé à les entretenir des modifications
qu'on se propose d'apporter au programme du doctorat
en sciences naturelles.
Le programme des études du doctorat, tel qu'il a été
arrêté par la loi du 20 mai 1876, et tel qu'il est encore
en vigueur aujourd'hui, comprend quatre groupes de
matières, savoir :
l*"" groupe : sciences zoologiques,
2^ groupe : sciences botaniques,
S" groupe : sciences miner alogiques ,
4e groupe : sciences chimiques.
L'examen pour l'obtention du diplôme de docteur est
divisé en deux épreuves : la première consiste en un exa-
men ordinaire sur les matières de trois groupes choisis par
le récipiendaire; la seconde est constituée par un examen
118
approfondi, avec exercices pratiques, sur les matières du
quatrième groupe.
On s*accorde généralement à trouver ce programme
trop chargé et mal approprié aux exigences spéciales
des diverses catégories d'étudiants. La première épreuve,
notamment, porte sur des branches trop nombreuses, dont
la connaissance, forcément superficielle, reste sans fruit
pour le jeune docteur.
Le projet de loi sur la réorganisation de l'enseignement
supérieur, déposé à la Chambre des représentants en sa
séance du 10 décembre 1886, maintient, sauf quelques
légers changements, les quatre groupes de matières de la
loi de 1870. Il supprime complètement la première
épreuve de Texamen pour ne laisser subsister que l'épreuve
approfondie sur l'un des quatre groupes au choix du
candidat.
Ce nouveau programme semble avoir dépassé le but
qu'on voulait atteindre, en spécialisant trop les éludes du
doctorat. Aussi a-t-il déjà soulevé plusieurs critiques.
Le rapport fait au nom du Conseil d'administration de
l'Université de Bruxelles sur le projet de réorganisation
de renseignement supérieur s^exprime ainsi :
« Celte modification (la suppression de la première
épreuve) a pour but, d'après l'exposé des motifs, de favo-
riser la spécialisation des études; mais cette spécialisation
est ici excessive : elle suppose des docteurs en sciences
minérales ne connaissant point l'analyse chimique. L'ex-
posé des motifs lui-même apprécie sévèrement celte
tendance à propos du doctorat en sciences physiques et
malhémali(jues en disant : « S'il est nécessaire aujourd'hui
de terminer les études du doctorat en s'attachant exclusi-
vement à un groupe de connaissances, il faut du moins
H9
avoir une préparation suffisante sur l'ensemble; des
spécialités trop restreintes ne feront jamais que des demi-
savants. »
« La Faculté pense qu'il y aurait lieu de réduire à deux
les quatre spécialités qu'institue le projet de loi; chacune
d'elles comprendrait deux des quatre groupes de matières,
savoir : sciences biologiques (zoologiques et botaniques),
sciences minérales(minéraIogiques et chimiques). L'examen
serait ordinaire pour Tun des groupes et approfondi avec
exercices pratiques pour l'autre.
« La Faculté émet également le vœu de voir adjoindre à
l'examen de docteur en sciences naturelles la présentation
d'une dissertation sur le groupe de matières choisi par le
récipiendaire (1). »
M. le prof. Ch. Van Bambeke, dans une étude récente
sur le projet de loi, accepte la répartition proposée par
l'Université de Bruxelles « à la condition expresse,
dit-il, d'une entente préalable sur les matières qui seront
exigées pour les diverses épreuvesl^) ». Il trace, ensuite,
les limites entre lesquelles il convient, selon lui, de main-
tenir l'enseignement des sciences biologiques; il discute
les termes employés pour désigner les diverses branches
faisant partie de l'examen; il établit enfin une classifica-
tion rationnelle des matières. M. Van Bambeke se rallie
également à l'idée d'une dissertation doctorale.
(1) Rapport sur le projet de réorganisation de l'enseignement supérieur
fait au nom du Conseil d'adminislration de l'Université de Bruxelles. —
Bruxelles, 1887, p. 19.
(2) Quel sera dans la nouvelle loi sur l'enseignement supérieur le
programme de f examen de docteur en sciences naturelles, etc., par Ch. Van
Bambeke, professeur à l'Université de Gand. Gand, 1887, p. 6.
120
Qu'il me soit permis (rémellre, à mon lour, quelques
réflexions qui m'ont été suggérées par les publications
que je viens de rappeler, par la discussion à laquelle le
projet de loi a donné lieu au sein de la Faculté des
sciences de Liège, et surtout par l'expérience que procure
la pratique de l'enseignement. Pour plus de clarté, je me
bornerai à défendre les propositions suivantes :
1 . Uexamen de docteur en sciences naturelles doit com-
prendre deux épreuves : l'une ordinaire, l'autre appro-
fondie.
Quiconque a suivi attentivement les examens de la can-
didature en sciences naturelles, a dû acquérir la conviction
qu'un étudiant qui a subi cet examen, même avec distinc-
tion, est insulïisamment préparé pour les études du
doctorat. L'étude approfondie d'un groupe de sciences
réclame, en eflel, une préparation bien autrement sérieuse
que celle exigée d'un futur médecin ou d'un futur pliar-
macien. Sans doute, l'étudiant qui se destine à la zoologie
ou à la botanique reçoit, en candidature, tous les élé-
ments de la science qu'il affectionne et ces éléments
lui suffisent pour aborder l'étude approfondie. Ce qui lui
manquera plus tard, ce sont des connaissances pratiques
dans les autres sciences : nbysique, cliimie, géologie.
Nul ne contestera l'importance de la cbimie en pbysio-
logie animale ou végétale. Or il suffît d'assister à l'épreuve
pratique de chimie de Texamcn de candidature pour être
convaincu que le futur physiologiste a grandement besoin
de se perfectionner en chimie, notamment en chimie
organique.
Qu'on ne dise pas que ces connaissances chimiques
spéciales le jeune physiologiste pourra les acquérir dans
les laboratoires de physiologie durant ses études au docto-
121
rat. Nos laboratoires sont encore trop incomplets pour
permettre cette initiation aux sciences accessoires. Il est
hautement désirable d'ailleurs que le physiologiste se soit
exercé au laboratoire de chimie même, afin qu'il soit
capable d'introduire dans ses recherches physiologiques
des procédés chimiques nouveaux puisés à leur source.
En se bornant à faire ce qui a été fait avant lui, le jeune
docteur ne pourra concourir efficacement aux progrès de
la science.
Ce que je viens de dire du physiologiste, je pourrais le
répéter du paléontologiste qui, à des connaissances zoolo-
giques ou botaniques, doit joindre la pratique de la
géologie.
On Ta dit maintes fois, toutes les sciences sont soli-
daires les unes des autres. Les séparer par une spéciali-
sation hâtive des études, c^est enrayer sûrement leur
marche progressive. Je crois donc qu'avant de se spécia-
liser définitivement le candidat en sciences fera bien de
perfectionner certaines connaissances pratiques dont il
aura besoin au cours de ses travaux ultérieurs.
Une autre considération peut encore être exposée ici.
Le diplôme de docteur en sciences naturelles est ordinai-
rement recherché par les jeunes gens qui se disposent à
entrer dans l'enseignement moyen en qualité de profes-
seur de sciences dans les athénées ou les écoles normales.
Pour ces jeunes gens, une spécialisation trop grande des
études sera très funeste, puisqu'ils ne posséderont, en
dehors du groupe approfondi, que les notions très élémen-
taires acquises en candidature.
2. Le programme de la première épreuve de l'examen
de docteur en sciences naturelles doit être différent pour
chacune des quatre catégories de récipiendaires.
122
Un grave inconvénient du programme actuel du doctorat
réside en ce fait que la première épreuve est la même pour
tous les élèves, quelle que soit la spécialité à laquelle ils se
destinent.
Ainsi les leçons de botanique au doctorat sont actuel-
lement suivies par les futurs chimistes et les futurs
géologues, aussi bien que par les futurs botanistes et les
futurs zoologistes. De quelle utilité peuvent bien être pour
les chimistes la paléontologie végétale et la géographie des
plantes?
Il faut donc approprier le programme de la première
épreuve à chacune des quatre spécialités : zoologie, bota-
nique, minéralogie, chimie. Pour ne parler ici que de
l'étudiant-boianiste dont je connais plus particulièrement
les besoins, je dirai qu'il devra s'appliquer, durant la
première année du doctorat, à certaines branches de la
physique (telle que l'optique); à certaines parties de la
chimie (à Tétude des corps immédiats d'origine végétale);
à certains chapitres de la zoologie (cytologie et principes
généraux de physiologie); à certains chapitres enfin de la
géologie (stratigraphie et fossiles caractéristiques des
terrains sédimentaires).
Il est superflu de faire ressortir ici l'importance de
certaines parties de la physique et de la chimie au point
de vue de la physiologie végétale. La nécessité de la
stratigraphie pour les recherches de paléontologie végétale
se comprend tout aussi aisément. Quant à la zoologie, elle
peut fournir au botaniste d'utiles points de comparaison et
des notions exactes sur les phénomènes généraux de la vie.
Je laisse aux zoologistes, aux chimistes, aux minéralo-
gistes et aux géologues le soin de désigner les branches
(jui sont les plus utiles à leurs élèves. Je me permettrai
123
seulement d'insinuer que pour les futurs zoologistes le
programme pourrait être calqué sur celui des botanistes;
que pour les géologues, la botanique se réduirait à la
paléontologie végétale et que pour les chimistes la connais-
sance des produits végétaux utilisés dans l'industrie ne
serait peut-être pas sans intérêt.
3. L'enseignement relatif à la première épreuve de l'exa-
men de docteur en sciences naturelles doit être uniquement
pratique,
La diversité des programmes de la première épreuve,
en rapport avec les quatre spécialités, semble entraîner la
création de cours nouveaux, cours qui ne seraient suivis
que par un nombre extrêmement limité d'élèves. Il n'en
est rien.
Selon moi, les cours ex cathedra peuvent être supprimés
au doctorat et remplacés avantageusement par des travaux
pratiques exécutés par les élèves sous la direction des pro-
fesseurs. L'étude des matières de la première épreuve se
fera donc uniquement dans les laboratoires. Les étudiants
y seront exercés au maniement des instruments de physique^,
aux recherches de chimie, aux observations de zoologie, de
botanique ou de géologie; ils acquerront ainsi une expé-
rience précieuse pour leurs travaux ultérieurs.
4. La seconde épreuve de l'examen de docteur en sciences
naturelles sera suivie de la présentation d'une dissertation
doctorale.
D'accord, en ceci, avec l'Université de Bruxelles, avec
M. Van Bambeke et mes collègues de l'Université de
Liège, j'émets le vœu qu'une dissertation soit exigée de
l'aspirant au grade de docteur. Cette dissertation, présen-
tée par le récipiendaire sous la forme d'un manuscrit,
serait défendue par lui oralement avec démonstrations à
\n
l'appui. Ce travail pourrait être imprimé après l'examen
si le jury décide qu'il contient des observations ou des
vues originales.
5. // convient de remplacer le grade de docteur en
sciences naturelles par quatre grades correspondant aux
quatre groupes de matières.
L'exposé des motifs constate (p. 25) que les sciences
naturelles ont pris un tel développement qu'il est impos-
sible, aujourd'hui, d'embrasser toutes les branches com-
prises sous le nom de « sciences naturelles. » Pourquoi
alors, maintenir ce terme trop vaste? Pourquoi ne pas
le remplacer par quatre dénominations distinctes :
Doctorat en sciences zoologiques;
Doctorat en sciences botaniques;
Doctorat en sciences minéralogiques et géologiques;
Doctorat en sciences chimiques.
Le grade de docteur en sciences physiques et mathéma-
tiques existe déjà. On a réclamé aussi, en remplacement
du doctorat en philosophie et lettres, la création d'un
doctorat en histoire, d'un doctorat en philosophie et d'un
doctorat en philologie.
Ces modifications paraissent d'autant plus légitimes qu'en
somme elles ne feraient que sanctionner un état de choses
qui existe déjà et que le projet de loi accentue encore.
En rêsuméy le projet que je viens de développer modifie
peu le système actuellement en vigueur; il maintient la
première épreuve, mais en supprime tout ce qui n'est pas
vraiment utile au futur docteur. Au lieu d'un enseigne-
ment théorique, identique pour tous et mal adapté aux
besoins de chacun, il préconise des éludes pratiques
appropriées aux exigences spéciales de chaque catégorie
de candidats. A la seconde épreuve, (|ui resterait ce qu'elle
125
est aujourd'hui, il propose enfin d'ajoulcr la présentation
d'une dissertation.
Confime exemple d'application de ce nouveau système,
considérons, un instant encore, le candidat en sciences
qui désire s'adonner à la botanique. Il sera obligé de
s'exercer, d'abord, au maniement de certains instruments
de physique et à certaines recherches de chimie en vue
de la physiologie; il fera des observations sur la cellule
animale et d'autres études zoologiques semblables pour
acquérir de précieux points de comparaison et élargir
ses idées sur la conception de la vie; il s'occupera aussi
de la géologie des dépôts sédimenlaires afin de pouvoir
un jour, si les circonstances l'y amènent, se livrer fruc-
tueusement à l'étude de la paléontologie végétale.
Voici, pour terminer, comment le programme des doc-
torats en sciences naturelles pourrait être rédigél^).
DOCTORATS EN SCIENCES NATURELLES.
Il existe quatre doctorats distincts en sciences naturelles,
savoir :
\o Le doctorat en sciences zoologiques,
2" Le doctorat en sciences botaniques,
3** Le doctorat en sciences minéralogiqties et géologiques,
4° Le doctorat en sciences chimiques.
L'examen correspondant à chacun de ces grades
(1) M. le professeur Ch. Van Bambeke, dans la note à laquelle j'ai
fait allusion ci-dessus, critique certains termes employés dans le projet
de loi pour désigner telle ou telle branche de la science. Je partage
entièrement sa manière de voir et j'approuve tout particulièrement ce qu'il
dit au sujet de la morphologie, La Faculté des sciences de l'Université de
Liège, dans un rapport qu'elle a rédigé à l'occasion du projet de loi, a
émis les mêmes critiques.
126
comprend deux épreuves : la première est une épreuve
sommaire, principalement pratique; la seconde est une
épreuve approfondie, théorique et pratique; elle est suivie
de la présentation d'une dissertation sur un sujet choisi
parmi les matières de la dernière épreuve. Cette disserta-
tion, présentée manuscrite, est examinée par le professeur
compétent, puis défendue publiquement par le récipien-
daire avec démonstrations à Tappui.
Le programme des matières est le suivant :
I. Doctorat en sciences zoologiques{1).
1'* épreuve :
2"" épreuve :
II. Doctorat en sciences botaniques.
1" Épreuve: Physique : théorie et maniement des inslru-
ments d'optique.
Chimie : extraction, propriétés et analyse des corps
immédiats entrant dans la composition des plantes.
Zoologie : exercices de cytologie; principes généraux de
physiologie.
Géologie : stratigraphie et fossiles caractéristiques des
terrains sédimentaires.
"2'"' Epreuve : Botanique : morphologie (y compris l'ana-
tomie et l'embryologie), physiologie, botanique descriptive,
géographie et paléontologie.
(1) En cas d'adoption de l'idée émise dans les pages qui précèdent (main-
tien de la première épreuve avec programme approprié aux exigences de
chacune des quatre spécialités), les divers programmes seront rédigés par
les spécialistes. Je me borne à indiquer les matières qu'il conviendrait
d'imposer à l'étudiant-holaniste.
127
III. Doctorat en scieinces minéralogiques et géologiques.
1" épreuve :
2"« épreuve :
IV. Doctorat en sciences chimiques.
1'^ épreuve :
2"® épreuve :
8UR LES ALIMENTS ORGANIQUES DE LA LEVURE DE
BIÈRE,
par Emile Laurent.
Douze corps simples suffisent à la constitution de la
matière vivante chez l'immense majorité des organismes.
Ce nombre se réduit à dix pour les plantes supérieures et
même à huit pour beaucoup de microbes sans chloro-
phylle.
L'origine de ces éléments est bien différente. Tandis
que les végétaux verts fabriquent de toute pièce leur
matière organique avec de l'acide carbonique, de l'eau et
des sels minéraux, les autres êtres vivants ne peuvent
opérer des synthèses aussi importantes. Ils sont tribu-
laires des produits plus ou moins immédiats de l'assi-
milation chlorophyllienne. Parmi ces êtres, il faut
distinguer ceux qui prennent presque la totalité de leur
substance alimentaire à une source biologique et ceux qui
ne dépendent de la matière organique que pour une par-
tie de leur nourriture. Ainsi, les animaux supérieurs
paraissent incapables d'emprunter à des combinaisons
128
minérales l'azote, le soufre el le phosphore de leur proto-
plasme. Au contraire, beaucoup de Bactéries se con-
tentent de solutions organiques dans lesquelles elles
trouvent une substance hydrocarbonée associée à un
mélange salin contenant de Tazote, du soufre, du phos-
phore, de la potasse et de la magnésie. L'aliment peut être
de structure relativement simple; dans ce cas, l'organisme
le complique par un travail synthétique pour former de
la matière vivante. Un exemple typique nous est offert par
le ferment acétique, que M. Pasteur a réussi à cultiver
dans une solution étendue d'alcool et de sels minéraux
appropriés.
11 y a un grand intérêt pour la chimie biologique à être
renseigné exactement sur les capacités synthétiques des
êtres vivants, ainsi que sur le pouvoir nutritif des corps de
nature organique. Les expériences faites sur les animaux
ne donnent pas toujours des résultats à Tabri de toute
critique à cause de la complication des phénomènes de
digestion. Les plantes supérieures ne sont guère plus
favorables par suite de la difficulté d'avoir des essais
privés de microbes. Par contre, ceux-ci se prêtent à mer-
veille à ces études par la facilitéavec laquelle on par-
vient, pour beaucoup d'entre eux, à obtenir des cultures
pures. Enfin, par leur organisation très simple, ces
êtres se plient aisément aux variations dans la nature de
l'aliment.
Parmi les microbes qui se présentaient pour la culture
dans les solutions nutritives, j'ai préféré choisir en tout
premier lieu la Levure de bière. La variété employée est
celle qui sert à Bruxelles pour la préparation de la bière
brune. C'est une levure haute. Quelques essais m'ont
montré que d'autres variétés, levures basses et hautes de
129
diverses provenances, conviennent tout aussi bien à ces
essais et donnent les mêmes résultats.
La semence de Levure avait été obtenue pure par la
méthode des cultures sur gélatine. Avant d'être employée,
elle avait été affamée par un séjour suffisant dans des
liquides faiblement nutritifs.
Au début, mes études avaient surtout pour objet de
rechercher les substances organiques avec lesquelles la
Levure peut former du glycogène. II n'y a plus de doute,
après les travaux de M. Errera, que ce corps joue le rôle
de réserve hydrocarbonée chez les champignons comme
chez les animaux. Je m'étais proposé de faire avec la
Levure une étude parallèle à mes recherches sur la forma-
tion d'amidon par la Pomme de (erre aux dépens de solu-
tions organiques(l). Après quelques essais, je fus amené à
noter avec soin non-seulement les corps producteurs de
glycogène, mais tous ceux qui permettent à la Levure
d'édifier de la matière vivante. En effet, différentes
matières organiques sont utilisées par la végétation de ce
microbe sans donner lieu à la formation d'une réserve
hydrocarbonée. C'est là un état physiologique qu'il est
facile de concevoir : pour le réaliser, il suffit que l'assimi-
lation compense simplement les phénomènes de croissance
et de désassimilation. Il n'est pas possible de faire une
classification précise des corps nutritifs de la Levure en
corps facteurs de glycogène et corps non facteurs de glyco-
gène. L'existence de la réserve hydrocarbonée peut être
toute passagère; faute d'observations microscopiques assez
nombreuses, elle peut échapper à l'examen.
(1) Bull, de la Soc. roy. de bot. de Belgique^ t. XXVI, f^ partie.
150
Des éludes du même ordre ont été récemment entre-
prises pour les Algues filamenteuses par MM. Loew et
Bokorny(^). C'est à cause du grand intérêt qui s'attache
à riieure présente à ce genre de recherches, que je me suis
décidé à communiquer à notre Société une note prélimi-
naire sur la nutrition de la Levure.
Je me bornerai à la liste des corps que j'ai essayés et à
l'indication sommaire des résultats que j'ai observés.
Plus tard, j'en publierai la discussion, ainsi que la descrip-
tion des différentes méthodes que j'ai adoptées dans la
suite de ces expériences.
Concentration
.
CORPS EMPLOYÉS.
des
ïolutiong.
RESULTATS OBSERVES.
Alcool méthylique
1 et 2 o/o
non assimilé.
— ctliylique .
1 à i o/o
— —
— iiopylique
1 et 2 o|o
— —
— bulylique ....
»
— —
Étlier éthyliqiie ...
\ o/o
— —
— acétique . . .
«
— —
Aldéhyde acétique .
>■>
— —
Paraldehyde ....
l>
— —
Acide foiiniquc .
»
—
Formiate d'ammonium .
1,0.5,0.20/0
— —
— de sodium
»
— —
— de potassium .
«
— -
Acide acciiquc . . . .
\ o/o
— —
Acétate d'ammonium .
1,0.5,0 20/0
assimilé sans glycogène.
— d«' sodium
»
— — —
— do potassium .
»
— — —
Acide propionique .
1 0/0
non assimilé.
Propionate de potas>ium .
«
— —
Acide hulyriquo . .
n
— —
(1) 0. Loew et Th. Bokorny. Chemisch-pfiysiologische Studieti tiber
Algeriy in Journal fur praclische Chcmic, 1887, p. 272. — Th. Bokorny.
Ueber Stàrkcbildung ans vcrschvdenen Stoffin, m Bcrichle der deul-
schcn holan. Gcsellschaft, 1888, Band VI, p. IIH.
131
CORPS EMPLOYES.
Concentration
des
solutions-
RESULTATS OBSERVES.
Bulyrate de sodium.
— de potassium .
Acide valériai)ique .
Valérianale de potassium ,
Stéarate de potassium .
Alcool allyljque . .
Oléate de potassium
Glycol éthylénique .
Acide lactique
Lactate d'ammonium
— de sodium . . . .
— de potassium .
— de calcium. .
Lactophosphate de calcium
Acide oxalique . . . .
Oxalate d'ammonium .
— de potassium .
Acide malonique
Malonate de potassium .
Acide succinique
Succinate d'ammonium.
Acide pyrolartrique. .
Pyrotartrate de potassium
Glycérine.
Acide glycérique
Glycérate de potassium.
Glycerophosphate de cal
cium ....
Acide malique . .
Malate d'ammonium. .
— de potassium .
Erythrite
Acide tartrique droit .
gauche.
Tartrate droit d'ammonium.
— — de potassium .
Tartrate gauche de sodium
et d'ammonium.
lo/o
2o/o
1 0/0
2o/o
1 o/o
l,O.S,0.2o/o
1 o/o
D
1 à 10 o/o
I o/o
a saturation
i o/o
I ei 2 o/o
non assimilé.
assimilation sans glycogène.
assimilation faible sans glyco-
gène.
— très forte avec glycogène.
— sans glycogène.
non assimilé.
assimilation assez forte sans
glycogène.
— avec peu de glycogène.
— notable avec assez bien
de glycogène.
non assimilé.
assimilation faible sans glyco-
gène.
— très forte avec beaucoup
de glycogène.
non assimilé,
assimilation sans glycogène.
— avec assez bien de glyco-
gène.
— avec assez bien de glyco-
gène.
— avec assez bien de glyco-
gène.
— faible sans glycogène.
— assez forte sans glycogène.
— faible sans glycogène.
assimilation très faible sans
glycogène.
V
152
Concen ira lion
CORPS EMPLOYÉS
des
solutions.
KÉSULTATS OBSEKVÉS.
Paralailryte de sodium et
d'ammonium
i o/o
non assimil(>.
Acide ciliique . . . .
y>
assimilation très faible sans gly-
cogène
Citrate d'ammonium .
1 et 2 0/0
— assezfortesansglycogène.
— de potassium . .
)>
— faible sans glycogène.
Quercitc
1 et 2 o/o
— assezfortesansglycogène.
Mannite
1 à 10 0/0
— assez forte avec glycogène.
Glycose
2 à 20 0/0
— avec beaucoup de glyco-
gène.
Lévulose ...
1 ot 2 o/o
—
Galactose ....
2 à S o/o
— —
Inosite ......
i et 2 o/o
— faible sans glycogène.
Saccharose ....
\ à 40 o/o
— avec beaucoup de glyco-
gène.
Lactose .....
1 à 5 0/0
— dépôt peu abondant avec
beaucoup de glycogène.
— avec beaucoup de glyco-
Maltose
1 à 5 0/0
gène.
Empois d'amidon
— faible sans glycogène.
Amidon soluble ....
— — —
Gélose (agar-agar) .
— — _ —
Lichénine
à saturation
_ — —
Glycogène
1 o/o
— avec formation de glyco-
gène.
Gomme arabique
2 à 5 o/o
- faible avec très peu de
glycogène.
Érytrodextrine ...
1 o/o
— forte avec beaucoup de
glycogène.
Dextrine (à l'alcool) . .
»
— forte avec beaucoup de
glycogène.
Saccharate de potassium
à saturation
— faible sans glycogène.
Acide mucique .
»
— assez forte avec glycogène.
— faible sans gl^-cogène.
— fumarique . .
»
Mélhylamine.
1 o'o
non assimilée.
Ethylamine
,>
—
Propylamine.
,^
Glycocolle
«
_ —
Hippurate de sodium .
t)
— —
Leucine . .
«
assimilalion faible sans glyco-
gène.
Acide aspartique. .
n
— sans glycogène.
Asparagine ...
«
— avec glycogène.
Acide glutamique .
n
— sans glycogène.
Glutaminc
n
— avec un peu de glycogène.
Formamide
•
non assimilée.
Acélamide
»
135
CORPS EMPLOYES.
Concentration
des
solutions.
RÉSULTATS OBSERVÉS.
Urée
Phénol ....
Acide picrique .
Hydroquinone
Phloroglycine
Quinone ....
Salicine ....
Saligénine
Araygdaline .
Benzoate d'ammonium
— de sodium .
Saccharine .
Salicylate d'ammonium
— de sodium .
Gallate d'ammonium
Acide digallique (tannin
Tannate d'ammoniaque
Aniline .
Chlorure d'aniline .
Diphénylamine .
Chlorhydrate de naphtyla-
nine ....
— de phénylhydrazine
Esculine ....
Coniférine
Arbutine ....
Saponine ....
Phioiidzine . . .
Pyridine .
Chlorhydrate de cocaïne
— de morphine .
— de strychnine
— de brucine. .
Caféine ....
Sulfate neutre de quinine
— de cinchonamine
— d'atropine .
Colchicine
Gélatine (très pure) .
Albumine de l'œuf .
Caséine ....
Fibrine ....
Peptone (de viande) .
Caséone(peptone de fromage)
Nucléine
1 0/0
n
saturation
1 o/o
i à 5 o/o
1 o/o
1 et 2 0/0
1 0/0
«
à saturation
1 o/o
a saturation
a saturation
»
i et 2 o/o
1 o/o
^1 et2o/.
à saturation
1 o/o
en lame
i et 2 o/o
non assimilée.
assimilation avec glycogène.
non assimilée,
assimilation avec glycogène.
non assimilé.
assimilation avec glycogène.
non assimilée.
assimilation faible sans glyco-
gène.
— faible sans glycogène.
— sans glycogène.
— avec peu de glycogène.
— faible sans glycogène.
non assimilée,
assimilation avec glycogène.
— sans glycogène.
non assimilée.
134
Il ressort de l'examen du tableau précédent que la
Levure de bière peut emprunter sa matière organique aux
corps suivants(^) ;
Acétates.
Glycol étiiylénique.
Acide lactique.
♦Lactates.
Malonale de potassium.
*Acide succinique et succinate
d'ammonium.
Pyrotarlrate de potassium.
♦Glycérine.
Glycératcs.
♦Acide raaiique et malates.
Érythrite.
Acides tartriques et tartrates.
Acide citi'ique et citrates.
Quercite.
♦Mannite.
♦Sucres en C«H»>06 et C"H"0»».
Empois d'amidon et amidon so-
luble.
Gélose.
Lichénine
♦Glycogèiie.
♦Gomme arabique.
♦Érylhrodcxtrine et dextrine.
Saccharate de potassium.
♦Acide mucique.
Acide fumarique.
Leucine.
Acides aspartique, glutamique.
♦Asparagine, glutamine.
♦Salicine, amygdaline, esculine,
coniférine, arbutine, saponine.
Atropine, colchicine.
Gélatine.
♦Albumine de l'œuf.
Caséine.
♦Peptone et caséone.
J'estime que la distinction entre les corps facteurs et
non facteurs de glycogène ne doit pas être exagérée; elle
est peut-être réelle pour certaines substances. Quoi qu'il
en soit, je ne doute point que de très petites quantités de
glycogène puissent se produire aux dépens des acétates,
des tartrates et des citrates. Parfois j'en ai vu des traces
dans les cultures assez nombreuses que j'ai faites avec ces
sels. Les lactates sont beaucoup plus nutritifs.
Toute étude physiologique sur la Levure de bière
(1) L'astérisque indique que la présence du glycogène a été constatée
d'une façon certaine.
135
éveille à Tesprit l'idée de fermentation. Il convient de
distinguer, pour une matière organique donnée, le
pouvoir nutritif et la propriété de subir la fermentation
alcoolique, plus directement liée aux phénomènes de
respiration.
Pour tous les corps que j'ai étudiés, je me suis assuré
qu'il n'y en a point qui puissent donner de l'alcool en
dehors des sucres déjà connus. Mais il y a ici un autre
point de vue digne d'attention. Non-seulement les corps
autres que les sucres ne conviennent pas à la vie ferment,
mais pour pouvoir servir d'aliment, ils doivent être con-
sommés au contact de l'air. Afin de m'en convaincre, j*ai
cultivé de la Levure dans des tubes à essais contenant
quelques centimètres cubes des solutions suivantes addi-
tionnées de matières minérales :
Glycérine S °/o;
Lactate de potassium 2 «/o ;
Tartrate de potassium 2 % ;
Succinate d'ammonium 2 °/o.
Des cultures servant de témoins ont été laissées au
contact de l'air, protégées contre les poussières par un
tampon d'ouate. Dans une autre série, les tubes à essais
ont été étirés, puis j'y ai fait le vide au moyen de la pompe
à mercure. Après un mois, les solutions exposées à l'air
avaient donné des dépôts de cellules de Levure relative-
ment volumineux; dans le vide, l'accroissement avait
été beaucoup moindre. J'attribue le faible développement
qui s'y est fait à l'oxygène que la Levure avait dû fixer
avant d'être privée d'air.
La production de glycogène dans les champignons est
entièrement comparable à celle de l'amidon chez les
plantes vertes. Remarquons, à ce sujet, que le pouvoir
150
de former une réserve hydrocarbopée aux dépens de solu-
tions organiques est plus étendu chez la Levure que dans
les plantes supérieures. Pour celles-ci, les recherches de
M. A. Meyer et les miennes ont prouvé qu'en dehors des
sucres, il n'y a que la glycérine, la mannile et la dulcite
qui puissent être transformées en amidon. C'est là une
conséquence logique de la simplicité de structure et de
fonctions chez les microbes.
Travail fait au laboratoire de physiologie végétale de l'Université de
Bruxelles et au laboratoire de microbiologie de la Sorbonne, à Paris.
OBSERVATIONS SUR QUELQUES FORMES DU GENRE
TRENTEPOHLIA MART.,
par É. De Wildeman.
Le genre Trenlepohlia est composé d'une réunion
d'algues fdamenteuses plus ou moins ramifiées, à fila-
ments cylindriques ou irréguliers; les différentes espèces
de ce genre se présentent en masses gazonnantes touffues
ou forment des couches étalées sur les écorces, les feuilles
et les pierres.
On a recherché des caractères différentiels spécifiques
dans la forme des cellules du thalle, dans la couleur des
échantillons à l'état frais, dans le changement de couleur
parla dessiccation, dans la présence d'odeur, dans l'habitat,
dans la forme de la fructification et dans les diamètres des
filaments. On est ainsi arrivé à décrire une trentaine
d'espèces.
Les fructifications sont formées ordinairement d'une
157
cellule arrondie, ovale, laissant échapper son contenu par
une ouverture circulaire, située souvent au sommet d'un
bec, parfois assez allongé. Elles sont généralement sessiles
et solitaires, disposées sur les côtés ou au sommet des
rameaux, mais on peut aussi les trouver réunies par deux
ou trois soit sur les côtés, soit au sommet des rameaux;
elles peuvent aussi être intercalaires et disposées en séries
de deux à trois.
On a décrit deux espèces qui présentent un mode de
fructification tout différent. Au lieu d'être sessiles, les
gamétanges sont pédicellés, à pédicelle formé d'une cel-
lule modifiée, dont la partie inférieure est renflée et la
pariie supérieure amincie et recourbée en crochet; le
gamétange a généralement la forme ordinaire.
Dans une des dernières séances de la Société, j'ai
présenté quelques observations sur le T. imcinata (Gobi)
Hansg. ; j'ai indiqué que la fructification en forme de cro-
chet ne pouvait servir de caractère distinctif, ne paraissant
pas former une fructification normale et que, d'ailleurs, on
rencontre sur un même filament les deux genres de fruc-
tifications. J'avais obtenu les deux formes dans des cul-
tures sous l'eau et dans l'air humide, mais, depuis, en
examinant des échantillons desséchés, j'ai eu l'occasion
de voir que l'on retrouve les mêmes variations dans des
espèces qui n'ont pas passé dans des cultures.
En étudiant, il y a quelque temps, une forme que je
dois à l'obligeance de M. Lagerheim, forme probablement
nouvelle, récoltée aux environs de Fribourg (Brisgovie)
sur l'écorce le V Abies pectinata, j'ai été assez étonné de
retrouver des fructifications analogues à celles que M. Gobi
avait remarquées chez son T. imcinata. Celte espèce se
rapproche du T. abietina (Flotow) Hansg., dont elle
10
[•
138
diffère surtout par des rameaux moins développés et par
la cellule terminale de ces rameaux beaucoup plus longue
que large, la longueur dépassant parfois 10 fois la largeur.
Je donnerai ici une description sommaire de cette nou-
velle forme sans la dénommer, simplement dans le but
d'attirer l'attention des botanistes sur cette algue, qui se
retrouvera probablement dans d'autres localités, me réser-
vant de la décrire plus amplement si elle constitue vrai-
ment une forme spéciale.
Filaments formés de cellules plus ou moins toruleuses de 7-15 /x, les
deux diamètres égaux ou la hauteur double ou triple de la largeur ; cellule
terminale des rameaux allongée souvent 10 fois plus longue que large,
la largeur étant moindre que celle du filament principal; gamétanges
sessiles, latéraux, globuleux ou portés sur une cellule renflée à la base,
rétrécie au sommet et souvent recourbée.
La forme décrite par RipBrl (C h)^oolepus capitellatiim)i^) ,
pourrait bien être analogue à cette forme ou au Trente-
pohlia aurea Mart. (J. uncinata Gobi); l'auteur ne paraît
d'ailleurs pas avoir eu connaissance du travail de M. Gobi.
Ripart écrivait : « La dernière cellule, celle qui se
trouve à l'extrémité supérieure du filament et dans laquelle
se produisent les zoospores, grossit davantage que les
autres, devient sphérique, tandis que celle qui la supporte
immédiatement s'allonge, prend une forme cylindrique et
a un diamètre un peu moindre Le tout représente
assez bien une colonne munie d'un petit cliapiteau. »
Ce qui pourrait bien être représenté par la figure 31 de
la planclie qui accompagne le travail de iM. Gobi et qui
ne paraît d'ailleurs pas présenter de caractère bien distinct
(1) Notice su?' qndques espnces ratées ou nouvelles de la flore crypto-
(javiique du centre de la France, par M. Ripart, in Bull. Soc. bot. de
France, 1876, p. 107.
159
et se reproduire chez un grand nombre de fructifications
du même genre.
Le r. villosa (Kûtz.) De-Toni a été décrit par Kûtzing
dans son Species (1), mais le nom du genre s'y trouve
précédé d'un signe de doute. M. Bornet{2) a indiqué cette
espèce comme formant les gonidies du Coenogonium con-
fervoides Nyl. En examinant un échantillon étiqueté sous
ce nom, récollé aux Iles Philippines par Llanos et prove-
nant de la collection de M. Mûlier d'Argovie, j'ai pu me
convaincre que c'était bien un Trentepohlia ; même dans
un état de grande pureté, on n'y remarquait que de rares
hyphes de champignons. Mais ce qui m'a paru plus
remarquable, c'est que cette forme, dont on n'avait jus-
qu'ici, du moins à ma connaissance, jamais trouvé de
fructifications, et qui par ce fait avait été placée comme
douteuse dans le genre, était abondamment fructifiée.
Le seul genre de fructifications que j'y ai observé est la
forme pédicellée, la cellule terminale généralement sphé-
rique et paraissant posséder une enveloppe chagrinée. Il
semblait y avoir sur cet échantillon manque complet de
gamélanges sessiles.
En recherchant parmi les autres espèces du même
genre de lichen, je trouvai une forme indéterminée, pro-
venant de Surinam, que l'examen microscopique fait
ranger à côté de l'espèce précédente, mais elle en diffère
cependant par quelques détails qui pourraient peut-être
constituer des caractères spécifiques.
(1) Kûtzing. Spec, alg., p. 428.
(2) Recherches sur les genidies des Lichens, par Ed. Bornet, in Ann.
Se. nat., 1873, p. 60.
140
Il faudrait pouvoir connaître les lieux, les circonstances.
de la récolte, pour apprécier les modifications subies, sui-
vant les causes qui ont agi sur la plante. L'échantillon
était amplement fructifié et la fructification que j'y ai
remarquée en plus grand nombre était analogue à celle que
M. Gobi a représentée dans son travail sur le T. uncinata,
et qui est formée par une cellule terminale du rameau
gonflée et portant à son sommet de 2 à 5 fructifications
pédicellées. Sur les mêmes filaments, on remarquait des
gamétanges sessiles très nombreux, dont on pouvait voir
des séries disposées à droite et à gauche du filament ou
verticillées par 5 à 4. Il y avait même des ramuscules
complètement chargés de fructification sessiles, de vérita-
bles grappes de gamétanges; ces derniers étaient lisses et
dans la forme pédicellée d'un diamètre un peu inférieur
à celui présenté par la forme précédente.
Un échantillon de T. flava (Kûtz.) De-Toni, échantillon
original provenant de l'herbier Montagne (Chili), m'a
ofi"ert de même des fructifications pédicellées et un aspect
analogue à la forme du Coenogonium confervoides des Iles
Philippines.
Si nous considérons la description duChroolepiis flavum
Kùtz. donnée par Kûtzing, dans le Species : « Spermatiis
lateralibus numerosis approximalis, sessilibus, truncatis, »
nous remanjuerons que cette description peut se rapporter
à ce que j'ai dit de la forme de Surinam. Les deux formes
signalées peuvent donc être distinctes, celle de Surinam
se rapportant au Trentepohlia flava; mais je crois qu'il
est plus naturel de fondre les deux formes en une seule et
de faire des T. flava et villosa une seule espèce (7\ poly-
carpa^Sccs et Mont.) [)résentant de nombreuses variations.
J'ai reeu de M. De-Toni un échantillon de Chroolepus
141
provenant de l'Amérique méridionale (Stalen Island)
étiqueté Irentepohlia polycarpa et récolté par M. Spegaz-
zini. Cette forme rappelle assez bien la figure donnée par
Kûtzing, mais c'est malheureusement un échantillon dont
les filaments sont envahis par les hyphes d'un cham-
pignon; c'est sans aucun doute dans cet état que Kutzing
a vu le Trentepohlia qu'il a figuré.
La dispersion de cette espèce serait donc assez étendue,
puisque nous la trouvons aux Iles Philippines, dans les
lies de la Sonde (Giava)(^) et en Amérique. La variation
des milieux pourrait expliquer la variabilité des formes.
L'examen des Coenogonium ou des plantes conservées
dans les herbiers sous ce nom apporterait des données
sérieuses à la définition du Trentepohlia polycarpa. A ce
point de vue, il serait intéressant de savoir si chaque type
de lichen correspond à une même algue, ou si une algue
peut former plusieurs lichens. Il ne serait pas sans intérêt
non plus de pouvoir dresser la liste des Trentepohlia que
Ton retrouve associés, dans les formes lichéniques, aux
champignons ; mais les lichens comme les algues sont
encore trop imparfaitement connus pour que Ton puisse
faire sous ce rapport un travail général.
Dans son travail sur les gonidies des lichens, M. Bornet
rapporte au J*. flava une forme qu'il a remarquée dans
plusieurs lichens (Chiodecton nigrocinctum, Byssocaulon
niveiim, Coenogonium Linkii); il ne donne pas les diamè-
tres qu'il a observés, mais il attribue au T, villosa, base
du Coenogonium con fervoid es Nyl., une largeur trois fois
plus considérable que celle qu'il accorde au T. flava. Si
l'on examine le Chroolepiis Linkii, on trouve, en effet, une
(1) In L'Algarum Zanardini^ par G.-B. De-Toni et David Levi, p. \ôi.
U2
algue du genre Trentepohlia, mais très différente de la
forme de Therbier Montagne citée plus haut; elle a un
diamètre inférieur à celui de cette dernière espèce qui,
d'après Kûtzing, varie de (12,25-14', 75 fa), la forme du
Chroolepus Linkii n'atteignant qu'environ 10 f* du moins
dans les échantillons que j'ai examinés. Cette algue pré-
sente d'ailleurs un tout autre aspect que celle de Mon-
tagne, et se rapproche de la forme de notre Trenlepohlia
aurea et par là du Chroolepus fîavum (3. rigidiilum
Kùtz.(l), qui, d'après Hooker, était le Chroolepus axireum
Hook. Ces formes ne peuvent en tous cas pas être réunies
sous le même nom spécifique; peut-être même n'est-ce
qu'une forme du Trentepohlia aurea avec lequel elle a
beaucoup de rapports.
Il me semble donc qu'il faudrait réunir au J. polycarpa
Nées et Mont, le Chroolepus fîavum Kûtz. Spec, p. 428,
et non la figure des Tabulae et momentanément rapporter
cette planche au C. rigidulum Kùtz. (Spec, p. 428.)
Ce que nous venons de voir prouve donc bien que les
caractères basés sur la forme de la fructification ne peuvent
servir à la délimitation des espèces; il en est de même de
ceux basés sur la couleur du contenu cellulaire, sur
l'habitat et sur l'odeur. Les seuls caractères qui peuvent
jusqu'à présent servir à définir les espèces sont ceux
fournis par la forme extérieure des cellules et leur dispo-
sition par rapport les unes aux autres.
Le Trenlepohlia ebenea (Kùtz.) De Toni a été décrit
pour la première fois sous le nom de Chroolepus par
(1) Kùlzing. Spec, alg., p. -128.
143
Agardh(l); l'auteur lui a donné comme synonymes Con-
ferva nigra Roth, Bijssus nigra Huds. et Conferva ebenea
Dillw.
Kûtzing, dans le Species, reprend la même espèce, mais
en affectant le nom du genre d'un point d'interrogation.
Dans sa Flore, M. Cooke(2) rapproche cette algue et le
Chroolepus mesomelas Carm. du genre Helminthosporiiwi,
Je n'ai pas eu d'échantillons de la dernière espèce à ma
disposition.
Si l'on examine des échantillons d'herbier de la pre-
mière forme, on y trouve des variations considérables.
C'est ainsi qu'une forme de Caen de la collection de
Brébisson paraît représenter une formation de lichen dont
les gonidies ne me semblent pas devoir se rapporter au
genre Chroolepus.
Un autre échantillon provenant de Domport et de la
même collection, probablement une forme pareille à celle
sur laquelle M. Cooke a émis son appréciation, se rap-
proche, en effet, des champignons en s'éloignanl considé-
rablement du type Chroolepus.
Mais un fait paraît assez curieux, c'est celui de trouver
parmi les lichens le synonyme Conferva ebenea se rappor-
tant à une espèce conservée par les lichenologues, le
Cistocoleus rupestris (Racodium) (Pers.) Thweites. Si l'on
examine, en effet, des formes de cette espèce, on trouve
la plus grande ressemblance entre celte forme et le Chroo-
lepus ebeneum de Domport. îVi les algologues, ni les liche-
nologues n'ont jamais remarqué de fructifications.
11 me semble donc que cette espèce peut être exclue de
(1) Agardh. Syst. alg., p. 56.
(2) Cooke. British Freshwater Algœ, p. 187.
144
la liste des formes du genre Trentepohlia. A quel groupe
appartient-elle? Je laisse à d'autres le soin de décider. Je
crois cependant qu'elle trouvera mieux sa place parmi les
champignons que parmi les lichens, du moins si l'on en
juge d'après les descriptions d'Agardh et de Kutzing,
descriptions qui se rapprochent de celle donnée par
M. Sydo\v(J). D'après Rabenhorst, dans le Kryptogamen
Flora von Sachseni^), le synonyme Chroolepus ebenea est
accompagné d'un point de doute; mais cet auteur donne
comme forme type celle qu'il a publiée in Lich, europ.,
N°841. L'examen de cette forme m'a donné le même
résultat, et entre la forme de Domport et le Cistocoleus
rupestris de Rabenhorst je ne puis trouver de différences.
M. Crépin annonce qu'il déposera un travail sur l'his-
toire des Roses avant le XIX^ siècle. Ont été nommés
commissaires : MM. Martens et De Vos.
M. Th. Durand annonce, à son tour, qu'il déposera un
travail sur des modifications à apporter dans la dénomina-
tion de quelques genres. Ont été nommés commissaires :
MM. Crépin et Marchai.
M. le Secrétaire lit une notice de M. Pietquin, dont
l'insertion aura lieu dans la première partie du Bulletin.
M. Soreil, ingénieur, demande à faire partie de la
Société. Il est présenté par MM. Wesmael et Crépin.
La séance est levée à 5 h. 20.
{i) Die Flcchten Deutfchlnnds von Sydow, p. 351.
(2) Kryptogamen- Flora vov Snclism. Flecfilru henrheitct \on h. Hnben-
lioist, p. 75.
14S
Séance extraordinaire tenue à Rochefort
le 2 juillet 1888.
Présidence de M. Koltz,
Membre de la Société, Vice-Président de la Société botanique du
Grand-Duché de Luxembourg.
La séance est ouverte à 3 h. 30 m.
Sont présents : MM. Dens, Gravis, Koltz, Lochenies,
Minet, Pierry, Pietquin et Vanpé; Crépin, secrétaire.
MM. Maréchal, jardinier en chef du Jardin botanique
de Liège et M. Nihoul, étudiant à l'Université de Liège,
assistent à la séance.
Le procès-verbal de la séance du 7 avril est approuvé.
M. le Secrétaire donne lecture de lettres de MM. Les-
quereuX; Pfeiffer et Renaglt, qui remercient la Société de
les avoir nommés membres associés.
Les ouvrages suivants ont été reçus pour la biblio-
thèque :
E. Drake del Castillo. — Illustrationes florae insidariim
Maris pacifîcis. Fasc. IV.
146
J. -G. Baker. — A Sytiopsis of Tillmidsieae, London, 1877-
1888, in-8°.
— Handbook of the Amaryllideae, includincj the Alstroe-
7netneae and Agaveae .London f \HHS, \ vol. in-8".
G. Engelmann. — The botanical Works of George Ëngel^
maun, collected for Henry Shaw. Edited by
W. Trelease and Asa Gray. Cambridge, 1887,
1 vol. in-i" (don de M. H. Shaw).
M. Crépin analyse les trois notices suivantes, dont
impression est volée.
DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ROSE ASIATIQUE,
par François Crépin.
A la date du 2 juin dernier, M. David Prain, conserva-
teur au Jardin botanique de Seebpore, près de Calcutta,
m'envoyait quatre beaux ramuscules florifères d'une Rose
recueillis par ,\I. le général Collett dans les Shan Hills,
entre le royaume de Burma et le royaume de Siam.
M. Prain, dans une lettre accompagnant les spécimens,
me dit que M. Collett lui décrit cette Rose comme
une espèce magnifique, grimpant (sprawling) sur les
rochers et sur les arbres, à fleur d'un blanc pur, de
5 pouces de diamètre. Si l'espèce est nouvelle, M. Collett
désire lui voir donner le nom de Rasa gigantca.
A en juger par les spécimens que j'ai reçus, cette Rose
est réellement magnifique; elle paraît être d'une végétation
très vigoureuse; sa corolle est bien certainement la plus
grande que Ton connaisse parmi les Roses à fleurs simples.
147
L'une des corolles parfaitement étalée mesure 12 centi-
mètres de diamètre !
Cette Rose est inédite et semble constituer une espèce
distincte. Elle me paraît devoir être classée dans le voi-
sinage du R. indica Auct. non L.i^)
Fait-elle partie de la section que j'ai appelée Indicae ?
C'est fort possible, mais il me faudrait un supplément
d'informations pour pouvoir décider cette question. Elle
présente certains caractères du /?. indica Auct. : stipules
toutes étroites, à oreillettes étroites et fortement divergen-
tes, styles saillants au-dessus du disque, égalant environ
la moitié des étamines, mais l'inflorescence est unifloreet
privée de bractées, du moins dans 5 des échantillons que
j'ai reçus : le 4-° spécimen a une bractée à partie supérieure
foliacée. On sait que dans le R, indica Auct. l'inflorescence
est presque toujours pluriflore et munie de bractées.
Si l'on vient à constater que le R. gigantea est à inflores-
cence ordinairement pluriflore et qu'il n'est uniflore que
par exception, on sera probablement en droit de le classer
dans la section Indicae.
Il reste encore à savoir si l'espèce est remontante comme
\e R. indica.
(1) Sous le nom de R. indica, Linné a décrit l'espèce à laquelle Lindiey
a donné le nom de R. inicrocarpa. Le type spécifique dont les variétés
sont aujourd'hui connues sous les noms de R. indica, R. longifolia,
R. Lawrenciana, R. semper /lorens^ R. diversifolia et R. bengalensis, a été
décrit et figuré pour la première fois, en 1768, par Jacquin, sous le nom
de R. chinensis {Observ. botanic, pars III, p. 7, tab. S5). Cet auteur Tavait
décrit et figuré d'après des échantillons de l'herbier de Gronovius. Cette
espèce, qui devait, par ses variétés et ses croisements avec d'autres types,
opérer une complète révolution dans les collections de Roses cultivées,
n'a été que bien postérieurement introduite dans nos jardins.
148
En allendani ces divers renseignements, je vais donner
une description de cette Rose, que j'admets provisoirement
comme espèce.
Rosa glgatUesk Collett Mss.
(Sect. Indicac?)
Inflorescence uniflore(?), ordinairement dépourvue de bractées, accom-
pagnée d'une feuille trifololiée; pédicelle épais, lisse; réceptacle florifère
gros, ovoïde, atténué aux deux extrémités, glaucescent, lisse j bouton
gros, ovoïde, allongé [i cent, jusqu'à l'extrémité des sépales) ; sépales très
longs, entiers, allant en s'atténuant de la base au sommet, un peu dilatés
à la pointe, tomenteux-blanchâtres à la face interne et sur les bords, qui
sont munis de fines glandes, réfractés pendant l'anthèsej corolle blanche,
très grande (11 à 12 cent, de diamètre), à pétales largement obovales, à
bord supérieur prolongé dans sa partie médiane en une pointe plus ou
moins triangulaire; disque relevé en un bourrelet assez saillant; styles
hérissés, glabres au sommet, saillants, égalant environ la moitié des éta-
mines intérieures; feuilles moyennes des ramuscules florifères Ji-foliolées,
plus rarement 7-foliolécs, la supérieure 3-foIiolée; folioles grandes (3-8 i/a
cent, de longueur, sur 2 i/2-4 1/2 cent, de largeur), ovales ou très large-
ment elliptiques, arrondies à la base, pétiolulées, aiguës ou assez longue-
ment mucronées, glabres, assez épaisses, à dents simples et superficielles;
pétiole glabre, muni de fines glandes le long du sillon, inerme, rarement
pourvu de petits aiguillons crochus; stipules adnées, toutes étroites,
bordées de fines glandes, ainsi que les oreillettes, qui sont linéaires ou
subulées, très divergentes; axes des ramuscules florifères inermes; tiges
sarmenteuses.
Cette espèce, autant que je puis en juger par les spéci-
mens que j'ai sous les yeux, ne peut être comparée qu'au
R. indica Auct., dont elle paraît se distinguer par son
inflorescence uniflore et non pluriflore, par ses sépales
extérieurs entiers et non ordinairement appendiculés, par
sa fleur plusieurs fois plus grande et d'un blanc pur, par
ses axes florifères inermes.
149
En somme, les caractères dislinctifs que je puis mettre
actuellement en avant sont loin de me satisfaire et ils
m'inspirent des doutes sur leur valeur.
On peut se demander si on ne se trouve pas en présence
d'une variété remarquable du R. indica, variété macro-
phylle et macranthe. Le R. indica n'est guère connu que
par des formes qu'une culture vraisemblablement très
ancienne en Chine et au Japon, a probablement beaucoup
modifiées dans leur habitus et dans certains caractères.
Jusqu'à ces derniers temps, cette espèce n'avait pas été
observée à l'état spontané. M. le D"" Henry Pa trouvée,
en 1886, dans la province chinoise Ichang rampant sur
les rochers. Il ne l'a vue que dans un seul endroit. Était-
elle là bien réellement indigène? Les quelques petits
échantillons que j'en ai vu ont l'air d'être spontanés ; leurs
principaux caractères sont bien ceux du R, indica des
jardins.
La Rose jaune de Fortune (Fortune's Yellow), intro-
duite de Chine dans nos jardins par le voyageur Fortune,
semble plus voisine du R, gigantea que le R. indica;
comme la Rose des Shan Hills, elle est sarmenteuse et
à végétation puissante ; son bouton et ses sépales se
rapprochent de ceux du R, gigantea, mais sans atteindre
des proportions aussi considérables; ses folioles sont
beaucoup moins amples et ses axes sont fortement aiguil-
lonnés. On a été porté à voir dans la Rose jaune de For-
tune un produit hybride, mais elle pourrait bien être
une forme légitime appartenant à la section Indicae : ses
grains de pollen sont normalement développés.
Il ressort de ce qui précède que la lumière est encore
loin d'être faite sur les Roses de la section Indicae et
que de nouvelles observations sont indispensables pour
150
s'assurer si celle seclion est consliluée par une ou par
plusieurs espèces dislincles.
Quoiqu'il en soil, la découverle de M. le général Collett
est digne d'attirer l'attention des savants et des amateurs
de Roses. Si l'on parvient à introduire et à cultiver en
Europe le R, gigantea^ celui-ci enrichira les collections
d'une forme splendide parson énorme corolle et son beau
feuillage; il sera, en outre, par son croisement avec
d'autres espèces, la source de produits hybrides probable-
ment supérieurs à ceux du /?. mdica.
SUR UN
GENRE NOUVEAU (HANSGIRGIA) D'ALGUES AÉRIENNES,
par J.-B. De-Toni.
Le but de ce travail est d'appeler raltention des algolo-
gues sur une curieuse algue aérienne que j'ai découverle,
en mai dernier, sur des feuilles (.VAntliurhim Scherzeria-
num, conservé dans une serre du Jardin botanique de
Padoue. Cette production parait digne de constituer un
genre nouveau parmi les Trentépohliacées, genre que je
me permets de nommer Hansgirgia en l'honneur de mon
illustre confrère et ami, M. le Docteur A. Hansgirg, pro-
fesseur de botanique à l'Université de Prague.
L'appareil végétatif est composé d'un ensemble de
filaments chroolépiformes, analogues à ceux du Trente-
pofdia lagenlfera (Hildebr.) Wolle, couchés, rameux,
anastomosés et par ci par là réunis latéralement. L'algue
olîre ainsi une portion réticulée (comme dans le genre
Mkrodictjjon) et une partie dans laciuelle les filaments
articulés, partant d'un point commun, se réunissent, se
151
soudent latéralement, constituant des disques imparfaits,
en forme d'éventail.
Les cellules de la partie réticulée sont irrégulières,
globuleuses, elliptiques ou anguleuses; dans la partie
flabelliforme, elles se montrent au contraire presque rec-
tangulaires.
Les chlorophores sont pariétaux, tenus, lamellaires, et
se trouvent cachés par la présence de la substance appelée
chlororufine par M. Rostafinski(l) et hématochrome par
M. Cohn(2).
Cette matière jaune-orangé se trouve comme à l'ordi-
naire en forme de globules, sur lesquels le choroiodure
de zinc produit une coloration violacée presque noire.
Les zoosporanges, que j'ai pu observer jusqu'ici, sont
ovoïdes et se produisent généralement dans les filaments
réticulés. Je me réserve d'étudier plus tard la formation
et la nature des zoospores. Je crois cependant utile de
donner ici la diagnose préliminaire du genre.
Hansgirgia De-Toni. — Thallus aerophilus epiphyticus,
e fîlamentis arliculatis, ramosis, decumbentibus, partim
reticulato-anastomosantibus, partim flabelliformi-coalitis
constans;celluIae vegetativae partis retiformis irregulares,
globosae, ellipticae vel angulatae, partis flabelliformis,
magis regulares, subrectangulares ; cellularum contentus
haematochromatis causa aurantiacus ; chlorophori parié-
tales, tenues, laminares, parum conspicuij zoosporangia
in thalli parti retiformi evoluta, lateralia, ovoidea, sessilia;
(1) T. Rostafinski. Ueher den rothen Farhstoff einiger Chlorophyceen^
sein sonsiiges Vorkommen und seine Verwandschaft zum Chlorophyll.
Bot. Zeit. 1881,no29, p. -461.
(2) F. Cohn. Ueber Oscillarieen und Florideen. Bot. Zeit. 1867, p. 38-39.
152
zoosporae ovalae, biciliatae, minulissime, quod naluram
ulterius inquirendae.
Hansgirgia flabelligera De-Toni. Characleres gene-
ris; filamenlis plerunique 5-7 u. lalis; zoosporangis 7-9 =
4-7.
Habitat in foliis Antliurii Selierzeriani in caldario Horli
Botanici Palavini in Italia boreali (Ipse legi mense majo
1888).
Ce genre Hansgirgia semble très voisin du genre
Trenlepohlia Mart., qui est caractérisé par son babitat
aérien et qui contient plusieurs espèces epiphytes, par ex.
TJagenifera{U'\\dehr.)W\\\e, T. Kur zi i. (Ze\\.)De-Ton\
et Levi, T. polycarpa Nées et Mont., T. calamicola (Zell.j
De-Toni et Levi, T. Reinschii Hansg.
Aucun des genres de Trenlépohiiacées connus jusqu'à
présente^) ne pourra être confondu avec le genre Hans-
girgia.
Les genres Leptosira Borzi(2), Ctenocladiis Borzil^),
Chlorotylium Kiitz.l'^) et Microthamnion i\aeg.(^) n'ont pas
d'hématochrome et sont en outre caractérisés par l'habitat
aquatique. Le genre Pilinia Kûtz.l^), qui d'après moi
semble identique au genre Acroblaste ReinschC") est propre
aux eaux saumàtres et ne possède pas d'hématochrome.
(1) J.-B. De-Toni. Conspectus gen. Chtorophyc. hucusque cognitorum.
Notarisia 1888, n" 10, p. Ud.
(2) A. Borzi. Studi algologici, fasc. I, p. 17.
(3) Borzi. loc.cit., p. 27.
(i) Kûtzing. Phyc. gen., p. 28S; Spec, alg., p. 431.
(b) Kùtzing. Spec. alg.. p. 352.
L. Kahenhoist. Flor. alg. eur., III, p. 37î>.
(6) KiJlzing. Phyc. gen., p. 273; Spec, alg., p. -^25.
(7) P. Reinsch. Ein nenes Genus der Chroolcpideen. Bot. Zeit. 1879,
p. 360,1. III A.
iS3
Le genre Irichophilus Web. v. Bosse (l) vivant en parasite
sur les poils des Paresseux est aussi dépourvu d'héma-
tochrome.
Enfin le genre Bulbotrichia Kûtz. (2), d*après les carac-
tères de la diagnose, paraît-être une production tout à fait
différente, et qui devrait être plutôt considérée comme un
ensemble de filaments mycéliens d'un hyphomycète et
d'algues unicellulaires, donnant lieu aux prétendus
sporanges.
Padoue. — Institut botanique de l'Université. — 13 juin 1888.
OBSERVATION SUR LE GENRE BULBOTRICHIA KUETZ.,
par É. De Wildeman.
Je trouve, dans le Conspectus generum chlorophycearum
hucusque cognitorum que M. De-Toni vient de publier, un
grand nombre de genres signalés comme douteux. Le
travail que M. De-Toni se propose de publier « Sylloge
algarum » sera une œuvre très importante, qui rendra de
grands services à toutes les personnes s'occupant de cette
partie de la botanique. Mais il serait, me semble -t-il, très
utile de pouvoir éliminer de ce travail au moins le plus
grand nombre si pas tous les genres qui ne peuvent être
conservés parmi les algues.
L'un des genres douteux d'après M. De-Toni est le genre
Bulbotrichia Kûtz, qui vient se ranger dans la famille des
(1) A. Weber van Bosse. Étude sur les algues parasites des Paresseux.
Natuurk. Verhandl. Hollandsche Maatsch. der Wetensch. 3 Verz.,
Deel V, 1 stuck. Haarlem, 1887.
(2) Kûtzing. Spec, alg., p. 429; Tab. phyc, IV, p. 22, lab. 97.
11
154
Trentépohliacées. A ce point de vue, il a attiré spécialement
mon attention; je n'ai malheureusement eu qu'un échan-
tillon d'une forme de ce genre à ma disposition.
Kùtzing, dans le Species algarum, a décrit deux formes
qui ont été reprises par Rabenhorstjce sont les J5. botryoides
Kùtz.et B. peruana Kùtz. M.Wolle a également décrit une
forme distribuée dans les Alg. Eur. de Rabenliorst, le
B. orokoensis, récolté aux environs de Bethléem (Amé-
rique).
Ces trois formes ne peuvent, à mon avis, être considérées
comme algues, telles qu'elles se trouvent décrites et
figurées.
La seule que j'ai pu examiner, celle de M. Wolle,
est un assemblage d'algues unicellaires et de filaments de
champignons: les cellules de l'algue ayant été considérées
par les auteurs comme des sporanges. Les figures données
par KiitzingC) donnent d'ailleurs assez bien l'idée d'une
union entre algues et champignons; la description me
paraît d'ailleurs l'indiquer tout aussi bien(^).
11 me semble que ces formes représentent un état primi-
tif de lichen dont les gonidies (algues) commencent à être
envahies par le champignon. Au microscope, le B, oro-
koensis Wolle présente beaucoup d'analogie avec les figures
que M. Bornet a publiées dans son travail sur les gonidies
des lichens (S).
D'ailleurs une forme voisine à celle publiée dans l'exsic-
cata de Rabenhorst est admise comme lichen, sous le nom
de Calycium chlorinum, dont la description concorde
(i) Kùtz. Tah. pfryc, vol. IV, p. 22, pi. 1)7. II et III.
(2) Kiilz. Spec, alg., p. 429; Rabenhorst. Flor. alg. eur.. Ill, p. 374.
(5) Bornet. Recherches sur les gonidies des /jc/ professeur à l'Université, rue du Parnasse, 58, à
Ixelles.
KoLTZ (J.-P.-J.), inspecteur des eaux et forêts, boulevard du
Prince, 39, à Luxembourg.
Lacroix (E.), gcomètre-cxpert, rue de Pascale, 55, à Bruxelles.
Lagasse (A.), pharmacien, à Nivelles.
Laloux(H.), avenue Rogicr, 14, à Liège.
Lambotte (E.), docteur en mcdeciuc, à Vcrvicrs.
Laurent (D.), horliculteur, faubourg du Parc, à Mons.
Laurent (Ém.), professeur à l'École d'horticulture de l'État,
à Vilvorde.
Lebrun (A.), régent à l'École moyenne, à Dinant.
Lebrun ( ), docteur en médecine, rue de la Régence, 29, à
Bruxelles.
Lecover (J.-B.), instituteur a l'École moyenne, à Ath.
Lemoine, instituteur en chef, à Gilly.
LocHENiES (G.), à Leuze.
Losseau (Léon), étudiant à l'Université, rue Joseph Clacs^ à
St-Gilles (Bruxelles).
Lubbers (L.), chef de culture au Jardin botanique de l'État,
rue du Berger, 20, à Ixclles.
Mac Leod (L.), professeur à l'Université, chaussée de Bruxelles,
154, à Ledeberg-lcz-Gaud.
Magnel, à Bruxelles.
Malainvaui) (E.), secrétaire général de la Société botanique de
Friincc, rue de Linné, 8, à Paris. — 3fembre à vie.
Malcori's (E.), avocat, rue des Ciiariots, à Louvain,
Marciial (El.), eouscrvaleur au Jardin botanique de l'Etat, rue
Vonck, 5^, à St-Josse-len-Noodc.
Martens (Ed.), professeur à ri'nivcrsité, rue Marie-Thérèse,
27, à Louvain.
Masclef (l'abbé), professeur au Petit-Séminaire, à Arras
(France).
2i3
Massaut (J.), docteur en sciences naturelles, rue Grande-
Haie, 65, à Etterbeek.
Masson (J,), pharmacien, à Andenne.
MicHEELs(H.), professeur au College communal, à Ypres.
MiÉGEViLLE (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison (France). —
Membre à vie.
Minet (A.), instituteur, à Monlignies-sur-Sambre.
Mouton (V.), rue d'Archis, 41, à Liège.
Noël (A.-L.), contrôleur des douanes en retraite, rue de Hol-
lande, 44, à St-Gilles (Bruxelles).
Nouille, docteur en médecine, à Flobecq.
Nypels (P.), docteur en sciences naturelles, agronome, à
Merxem .
Paque (E.), professeur au Collège du Sacré-Cœur, à Charleroi.
Petit (E.), propriétaire, à Nimy.
Pierrot (Ph.), éditeur, à Monlmédy (Meuse. — France).
PiERRY (L.), rue Beckman, 22*"% à Liège.
Pietquin (L.), secrétaire des Hospices, à Nivelles.
Pittier (H.), professeur au Lycée, directeur de l'Observatoire
météorologique, à San José (Costa Rica).
Poisson (J.), aide -naturaliste au Muséum, rue de BufFon,à Paris.
Prrudiiomme de Borre (A.), conservateur-secrétaire au Musée
royal d'histoire naturelle, rue Seutin, 11, à Schaerbeek.
Puissant (l'abbé P.), professeur au Grand-Séminaire, à
ïroy (Etats-Unis). — Membre à vie.
Pynaert-Van Geert (Ed.), horticulteur, professeur à l'École
d'horticulture de l'État, rue de Bruxelles, 13G, à Gand.
Renauld(F.), commandant du palais, à Monaco.
Rodigas (Ém.), directeur de TÉcole d'horticulture de
l'État, à Gand.
Ronflette, docteur en médecine, à Belœil.
Rossignol (A.), professeur à l'Athénée royal, à Chimay.
2U
RoxrENBURG (V.-II.), pharmacien, rue Haute, 175, à Bruxelles.
Rousseau (iMadame E.), rue Vauticr, 20, à Ixelles.
RoLv(G.), secrétaire du Syndicat de la presse parisienne, rue
Mozart, CO, à Paris.
ScHAMBERGER (P.), professcur à rAthénée royal, rue de
l'Agneau, 40, à Anvers.
ScHMiTz (l'abbé), professeur au Collège N.-D.-de-la-Paix, à
Namur.
S^chiitz-Loiibric (A.), négociant en vins, quai des Char-
Irons, 5, à Bordeaux.
Simon (P. -J.), instituteur, à Vezin.
Sonnet (E.), préparateur au Jardin botanique de l'Etat, à
Bruxelles.
SouEiL, ingénieur, à Maredsoux (Denée. — Prov. de Namur).
SonoGE(D.), capitaine de gendarmerie, à Mons.
Stasse (N.), pharmacien, i-ue de la Cathédrale, b4, à Liège.
Stephens (H.), architecte de jardins, rue St-Séverin, à Liège.
Stebren, professeur au Collège St-Mathcrne, à Tongres.
Straelen-Kempeneers (Madame), à Ilasgelt.
Strail (l'abbé Ch.), à Fond-de-Forct, par Trooz.
Si;lzberger(R.), étudiant à l'Université, luede la Commune, 64,
à St-Josse-ten-Noode.
Teirlinck (J.), professeur à l'École normale, rue St-Joseph, 18,
Molenbeek-St-Jean .
TiiBUwissEN (F.), instituteur, à Lommel (Limbourg).
TiBEKGiiiEN (L.), docteur en médecine, rue du Nord, 52, à
Rruxelles.
To« professeur au Muséum, quai de Béthune, 24, à
Paris.
Clos (D.), professeur, directeur du Jardin des plantes, à Tou-
louse.
CossoN (E.), membre de l'Institut, rue de la Boëtie, 7, à Paris.
DucHARTRE (P.), aucicn professeur à la Faculté des sciences,
rue de Grenelle, 84, à Paris.
Jordan (A.), rue de l'Arbre sec, 40, à Lyon.
Le Jolis (V.), président de la Société des sciences naturelles, à
Cherbourg.
AvLANDER (W.), passages de Tcrmopyles, Gi, à Paris.
Renault (B.), aidc-naturalistc au Muséum, rue de la Collé-
giale, 1, à Paris.
HOLLANDE.
De Vries (Hugo), professeur à l'Université, à Amsterdam.
Oudemans (C.-A.-J. a.), professeur à l'Université, à Amster-
dam.
SuRiNGAR (N.-F.-U.), professeur à l'Université, directeur du
Jardin botanique, à Lcyde.
ITALIE.
Caruel (T.), professeur, directeur du Jardin botanique, à
Florence.
Saccardo (P. -A.), professeur à l'Université, directeur du
Jardin botanique, à Padouc.
ToDARO (T.), sénateur, directeur du Jardin botanique, à
Palerme.
JAVA.
Treub(M.), directeur du Jardin boliini(iU(.', à IJuitcnzorg.
219
ROUMANIE.
Brandza (D.), professeur à l'Université, directeur du Jardin
botanique, à Bucharest.
RUSSIE.
Fischer de Waldheim (A.), professeur à l'Université, directeur
du Jardin botanique, à Varsovie.
Maximowicz (C.-J.), membre de l'Académie des sciences, au
Jardin impérial de botanique, à St-Pétersbourg.
Regel (Ed.), directeur du Jardin impérial de botanique, à
St-Pétersbourg.
SUÈDE.
Fries (T. -M.), professeur à l'Université^ directeur du Jardin
botanique, à Upsal.
SUISSE.
Christ (H.), rue St-Jacques, 5, à Baie.
DE Candolle(A.), cour-St-Pierre, 5, à Genève.
Fischer (L.), professeur à l'Université, directeur du Jardin
botanique, à Berne.
VENEZUELA.
Ernst (A.), professeur à l'Université, directeur du Musée
national, à Caracas.
220
Liste des Académies, Sociétés savantes^ Revues pcrio^
diques, etc., avec lesquelles la Société échange ses
publications.
Allemagne.
Berlin. — Butanisclier Veroin fiir die Provinz Brandenburg
iind die angrenzende Lander.
Bonn. — Nalurliistorischer Verein der prcussischen Rhein-
lande und Westplialcns.
Braiinsweig. — Verein fiir Naturwisscnschaft.
Brème. — Naturwissenschaftlicher Verein.
Breslau. — Schlesischc Gesellschaft fiir vatcrlandsche Cultur.
Carlsruhe. — Naturwisscnschaftliclier Verein.
Cassel. — Botanisches Centralblatt.
Chemnitz. — i\alurwissenschaftliclie Gesellschaft.
Dresde. — Naturwissenschafiliclie Gesellschafl Isis.
Erlangen. — Piiysikalisch-medecinische Societat.
Giessen. — Oberhessische Gesellschaft fiir Natur- in lleilkunde.
Halle. — Lcopoldino-Carolinische deutsche Akademie der
Xaturforschcr.
Kiel. — Nalurwissenschafthcher Verein fiirSchleswig-Holstein.
Kônigsherg. — Konigsliche physikalisch-okonomische Gesell-
schaft.
Landshul. — Botanischer Verein.
Leipzig. — Botanischc Zeitung.
Metz. — Société d'histoire naturelle.
0/fenhach A. M. — OfTenbacher Verein fiir Naturkunde.
Sonder kausseji. — Thiiringischcr botanischer Verein.
Wiesbadeîi. — Nassauischer Verein fiir iVaturkunde.
Angleterre.
Belfast. — Natural History and Philosophical Society.
Edimbourg. — botanical Society.
2-21
Glasgow. — Natural History Society.
Londres. — Trimen's Journal of Botany.
» Linnean Society.
» Royal Microscopical Society.
» The Gardeners' Chronicle.
Australie et Tasmanie.
Hohart'Town, — Royal Society.
Sydney, — Linnean Society of New-South Wales.
Autriche-Hongrie.
Brûnn. — Naturforschender Verein.
Budapest, — Musée national dc Hongrie.
Graz. — Naturwissenschaftlicher Verein fiir Steiermark.
Klausenhurg, — Magyar Novenylani Lapok.
Trieste. — L'Amico del Cam pi.
T> Museo civieo di storia naturale.
» Societa adrialica di scienze naturali.
Vienne. — Kais.-Konig. naturhistorisch Museum.
)) Kais.-Konig. -Zoologisch-botanische Gesellschaft.
Belgique.
Bruxelles, — Académie royale des sciences, des lettres et des
beaux-arts.
» Fédération des Sociétés d'horticulture.
» Musée royal d'histoire naturelle.
» Observatoire royal.
» Société belge de géographie.
» » belge de microscopic.
» » entomologique de Belgique.
» » malacologique de Belgique.
Dînant. — Cercle des naturalistes dinantais.
Fraifonl-Nessonvaux, — Société botanique.
222
Hny. — Cercle des naturalistes hiitois.
Mons. — Société des sciences, des lettres et des arts du
Hainaut.
Verviers, — Cercle des sciences naturelles.
Brésil.
Rio-de-Janeiro. — Museu Nacional.
Canada.
Toronto. — Canadian Institute.
Danemark.
Copenhague. — Botaniske Forening's Kjôbenhavn.
États-Unis.
Boston. — American Academy of Arts and Sciences.
» Society of Natural History.
Craw for dmlle. — The Botanical Gazette.
Manhattan, — Journal of Mycology.
New-Haven — The amcrican Journal of Science.
» Transactions of the Connecticut Academy of
Arts and Sciences.
New-York. — Bulletin oftheTorrey Botanical Club.
» New-York microscopical Society.
Philadelphie. — Academy of Natural Sciences.
St-Louis. — Academy of Sciences and Arts.
Saleiu. — Peabody Academy of Sciences.
San-Ft^ancisco. — Californica Academy of Sciences.
Washiîigton . — Smithsonian Institution.
France et Algérie.
Alger. — Association scientifique Algérienne.
» Société algérienne de climatologie, sciences phy-
siques et naturelles,
225
Angers. — Société académique de Maine-et-Loire.
» » d'études scientifiques.
Annecy. — Société Florimontane.
Autun. — Société d'histoire naturelle.
Bone. — Académie d'Hippone.
Bordeaux. — Société Linéenne.
Brest. — • Société Académique.
Caeti. — Société Linnéenne de Normandie.
Cherbourg. — Société des sciences naturelles.
Courrensan. — Société française de botanique.
La Rochelle. — Société rochelaise de botanique.
Lyon. — Société botanique.
» » d'agriculture, sciences et arts utiles.
Montpellier, — Société d'horticulture et d'histoire naturelle.
Paris. — Bulletin scientifique de la France et de la Belgique.
» Feuille des jeunes naturalistes.
» Muséum d'histoire naturelle.
» Société botanique de France.
» Société Linnéenne.
Rouan. — Société des amis des sciences naturelles.
Sémur. — Société des sciences historiques et naturelles.
Toulouse. — Académie des sciences, inscriptions et belles-
lettre.
» Revue mycologiquc.
» Société des sciences physiques et naturelles.
Grand-Duché de Luxembourg.
Luxembourg. — Institut royal Grand-Ducal.
» Société botanique.
Hollande.
Nimègue. — Nederlandsche botanische vereeniging.
224
Italie.
Florence. — Nuovo giornalc botanico ilaliano.
Messine. — iMalpigliia.
Milan. — Societa italiana di scienze nalurali.
Modène. — Societa dei naturalisli.
Paler me. — Acadcmia di scienze e lettere.
» Giornalc di scienze naturali ed cconomischc.
Portici. — R. Scuola supcriore d'agricoltura.
Borne. — Iiistitulo botanica di Roma.
Venise. — Realc Inslitufo vcncto di scienze, lettere ed arti.
•» Nolarisia.
Mexique.
Mexico. — Socicdad Centifica.
Portugal.
Coi)nbra. — Sociedade lîroteriana.
République Argentine.
Buenos Ayrcs. — Acadcmia nacional de ciencias.
République de Costa Rica.
San José. — Museo national.
Russie.
Ékatherinbourg. — Sociélc Ouralienne d'amntcurs des sciences
naturelles.
Ifelsingfors. — Societas pro Fauna et Flora Fennica.
Moscou. — Sociélé impériale des naluralistes.
Odessa. — Société des sciences naturelles.
St-P(''tersl)Oui'(j. — Jardin impérial de botani(|iic.
225
Suèdo et Norwège.
Christiania. — Université de Norwège.
Lund. — Botaniska Notiser.
» Université.
Upsal. — Société royale des sciences.
Suisse.
Frauenfeld. — Thurgauisclic Naturforschende Gesellschaft,
Genève. — Société botanique.
Lausanne. — Société Vaudoises de sciences naturelles.
Suint'GaU. — Naturvvissenschaftlichc Gesellschalt.
Sion. — ■ Société Murithienne.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME XXVIL
Première partie.
Pages.
Notice biogra}>hique sur Jean-Jacques Kickx, par Em Rodigas, . 7
Coup d'œil sur l'histoire de la tlore bolgo, par André De Vos. . . 1^
Observaïions algologiques, par É. De Wildeman 'i
Rosae Hciveliae. -- Observations sur les Roses de la Suisse, par
François Crép
m .
81
Observaïions sur quelques faunes d'Algues terrestres epiphytes, par
É. De Wildeman ^19
Mousses nouvelles de l'Amérique du Nord,par F.Renauld et J.Cardot 127
Deuxième partie
Conseil d'administration pour l'année 1888 '^
Séance meiiiiut'Ue du \i janvier \'!<^^ «*
Catalogue des plantes observées aux environs d'Anvers
(2<: supplément), par H. Van den Broeck 7
Nouvelles additions à la florule des envirois de Diest, par
L. Ghysebrechl
Les espèces du genre Trentepoiilia Mart. (Chroolepus Ag.)>
par É De Wildeman 22
Séance mensuelle du W février 18S8 2b
Quelques réflexions sur la situation actuelle de la botanique
descriptive, par François Ciépin 26
Note sur le Nitella syncarpa Ai. Br., par É. De Wildeman. oS
Sur le polymorphisme atlribuc à certains groupes génériques,
p;ir François Ciépin 57
Séanre mrnsnelle du ÏO meus 1888 ^'^
Examen île quelques idées émises par MM. Burnat elGiemli
sur le genre Rosa, par François Crépin '^9
Les études de M. Allen sur les Characéos américaines, par
É. De Wildeman 72
Le RosA vir.f.osA de Linné, par François Crépin. ... 7i
2^8
Séiince mensuelle du 7 avril 1888 77
Sur l'ULOTiihix FLACciDA Kûtz. cl Ic Stichococcus bacclaris
Nîpp;., pnr É. De Wildeinan 78
Les éludes de M. \V. PfelTcr sur la sonsibilild des végétaux
aux substaucos chimiques, par Jean Massarl 86
Novae Uosac descriplio, auctore Fr. Ci'épin Î)G
Observations sur les Roses décrites dans le Siipplomenlnni
Florae orientalis de Boissier, par François Crépin . . 97
Assemblée générale du 6 mai 1888 .115
Le doctorat en sciences nalurciles et le projet le loi sur l'eii-
seigneincnt supérieur, par A. Gravis . ... . 113
Los aliments organi(jues de la levure de bière, par Emile
Laurent ... . . 117
Observations sur quoltjucs formes du genre Tut.MEPOHLiA
Mart., par É De VVdJeman . ■ 127
Sé'ince cxlrnordinairfi du 2juillt'l ÏSSS .... loi»
Description d'une nouvelle Rose asiatique, par Fr. Crépin lit)
Sur un nouveau genre (EIansgircix) d'algues aériennes, par
J -B. De-Toni . . I;j0
Observations sur le genre Bulhotrichiv Kiitz , par E. De
Wildeman 155
Scance mensuelle du iô octobre 1888 136
Notice sur Asa Gray, par Emile Durand ..*... 1^8
Appendice au Nouveau cataloguî des Carex d'Euiope, par
le D'- H. Christ IC">
Note sur le Paludella squarrosa Brid., par C. II. Delogne . \i\'(>>
Séance tnensuelle du \0 novembre iSSS . .... . . 170
Quelques notes sur les récoltes botaniques t\o M. II. Pittier
dans rAinérique centrale, par Th. Durand . . 173
Sur quelques formes du genre TRi-.\TKroiii.iA, par É Do Wil-
deman ... . . 178
Sur des lesles de Roses découverts dans les lomlxiiiv de la
nécro|»ole d'Arsinoë de Fayouni (Egypte), par Fr. tlrépin . 183
Assemblée générale du '2 décrmhre ÏHSH I8()
Ra|)pnrf >ui les tiavaux et la situation Je la Sociél»' en 18S8,
pu M .l.-E. Iloinmor, 1S7
n9
Pages.
Compte-rendu de la XXVI« herboi'isation de la Société royale
de botanique de Belgique, par G. Lochenies .... 190
Manifestation en l'honneur de M. Léon Coomans, trésorier de
la Société, à l'occasion du 25^ anniversaire de son entrée en
fonctions 204
Lisle des membres de la Société 207
Liste des académies, sociétés savantes, revues périodiques, etc., avec
lesquelles la Société échange ses publications .... 220
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MBL/WHOI LIBRARY
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