HT jette “a 4 ! = pri < La à f / F +? / d > + te L &, EL LÉ 7% , 7 À DUPERIIN DE LA SOCIETE DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL ———DH© — OMR: X-EXxX 1890-1891 4 b+ À NEUCHATEL IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH & Cite 1891 ÿ su VA FAHAION > LA PENDULE ÉLECTRIQUE DE PRÉCISION DE M. HIPP Par M. A. HIRSCH, PROFESSEUR (Communication faite à la Société des sciences naturelles le 28 mai 1891) Il y a sept ans, J'ai rendu compte de la remarquable pendule dont le génie inventif de M. Hipp a enrichi le matériel instrumental des observatoires; j'en ai donné la description et J'ai relevé les mérites essen- tiels de sa construction originale, qui consistent prin- cipalement dans la suppression de l'emploi de l'huile, dans la facilité avec laquelle on la maintient sous une pression constante, enfin dans les nombreux avantages pratiques qu’elle offre aux astronomes en faisant mar- cher simultanément plusieurs compteurs installés dans les différentes salles d'observation, et en outre par l'enregistrement de ses secondes sur le chronographe. Je renvoie sur tous ces points à la notice de 1884; . et si Je reviens aujourd'hui sur le même sujet, c’est essentiellement pour montrer que les résultats de la pendule Hipp, déjà si remarquables alors, se sont encore beaucoup perfectionnés depuis que nous avons réussi à régler parfaitement la compensation et à améliorer quelques autres petits détails, de sorte que pendant les deux à trois dernières années elle nous a donné la plus entière satisfaction. Il serait peu utile d’entrer dans les détails de la marche pendant les années 1884 à 1888, qui embras- AU RES sent encore un certain nombre d'essais et la correction du réglage; ce n’est qu’à partir de juillet 1888, où le dernier réglage de la compensation a eu lieu, qu'il est intéressant d'étudier de plus près la marche de la pendule et d'essayer de se rendre compte, autant que cela est possible, des causes auxquelles on peut attribuer les très faibles variations de marche qui subsistent encore. Pour toute la période des sept ans, je me bornerai à communiquer dans un tableau allant d'avril 1884 au mois de mai 1891 les moyennes mensuelles de la variation diurne de la marche, en y ajoutant le nom- bre des déterminations de lheure correspondant à chaque mois (voir le tableau I). Il ressort de ce tableau que la variation diurne qui, lors de ma première communication, était de (5,06, est descendue peu à peu jusqu’à Æ05,02 en- viron; pour la période des sept ans, sa valeur moyenne est de + 05,052, et pour les trois dernières années, à partir duréglage définitif de la compensation, elle n'est plus guère que de + 0$,028. Pour ne rien exagérer en relevant cette remarquable régularité, il faut dire que les moyennes des variations diurnes que nous venons d'indiquer ont profité d’une espèce de compensation que, dans l'intérêt du service chronométrique, nous exécutons à l’observatoire pour les jours d'intervalle compris entre deux détermina- tions directes de l'heure, en interpolant pour ces jours la marche de nos pendules. Toutefois, vu la grande fréquence des détermina- tions de l’heure, cette influence ne saurait être con- sidérable, car puisque le nombre annuel des déter- minations de l'heure, au moyen des étoiles et du NC AE " d Soleil, a été pendant les dernières années de 245, ce qui représente en moyenne deux déterminations sur trois jours, il faut augmenter la variation indiquée plus haut dans le rapport de ÿ*/, : 1, c’est-à-dire la multiplier par 1,2, ce qui donnerait pour la moyenne de la variation diurne + 0,028. Bien que cette variation, d’un jour à l’autre, de la marche diurne d’une pendule ou d’un chronomètre caractérise le mieux leur valeur pratique pour l’as- tronome et le navigateur, il est intéressant de déduire la variation moyenne de la marche diurne aussi par des intervalles plus longs, soit de cinq, soit de sept jours, en évitant toute compensation; nous avons choisi le résumé de la marche par semaine pour abréger convenablement le tableau des marches, que je tiens à publier du moins pour les deux dernières années (voir tableau IL), et pour faciliter les calculs qui devaient servir à déterminer les RURPDARE coef- ficients de la marche. Donc si l’on calcule les différences des marches diurnes moyennes de sept en sept jours, on trouve pour la variation moyenne pendant la période de juin 1888 à avril 1891 : Æ 05,036. En prenant la moyenne de ces deux valeurs, on trouve # 05,032 ou, en nombre rond, + 6,03 pour la variation moyenne de la pendule Hipp, tandis qu'il y a sept ans nous avions trouvé + 05,06, que j espérais alors voir descendre à æ 0$,05; notre espoir a été ainsi dépassé sensiblement. Or, ce chiffre de 05,03 représente une régularité étonnante de marche. Si, comme je l'ai fait remar- quer déjà dans la première notice, on considère que cette variation renferme nécessairement l'incertitude RE D des trois déterminations de l’heure dont elle est dé- duite, provenant des erreurs des corrections instru- mentales et de la variabilité du temps physiologique de l’observateur, il reste pour la partie qui est due aux changements réels de la marche de la pendule, une fraction minime. En effet, si l’on évalue d’après l'accord des étoiles observées à Æ 05,012 l'erreur pro- bable d’une détermination de l'heure, cela donne déjà pour l'incertitude d’une marche Æ 05,017, et pour celle d’une variation Æ (5,024; et comme on peut évaluer, même pour l’observateur le plus exercé, au moins à + 0$,015 la variation de son équation per- sonnelle, on trouve qu'il reste pour la part provenant de la pendule elle-même à peu près aussi Æ 0,015. Réciproquement, il est évident qu'il n’a été pos- sible de constater cette faible variation de la pendule Hipp que grâce à la précision et à la fréquence avec laquelle nous parvenons à déterminer l'heure. Du reste, il est certain que cette régularité main- tenant presque parfaite de la marche de notre pen- dule est due en premier lieu à l’amélioration consi- dérable que nous avons apportée au réglage de la compensation. Dans le premier essai que nous avons tenté dans ce but, en février 1884, nous avons échoué par suite de données erronées que nous avions reçues sur la quantité de mercure dont le cylindre du pendule avait été rempli dès l’origine et sur le poids relatif du pen- dule et du cylindre. En effet, après avoir augmenté cette quantité, le 25 février 1885, de 539, l'erreur de compensation est restée encore très sensible, car nous avons trouvé, par les marches estivales et hiver- nales, pour la variation par degré de température : TIRE | ADS Eté 1885 — Hiver 1885-86 + 0$,062 Hiver 1885-86 — Eté 1886 + 05,058 Eté 1886 — Hiver 1886-87 + 05,062 Hiver 1886-87 — Eté 1887 + 05,060 Eté 1887 — Hiver 1887-88 + 05,061 Moyenne + 05,061 dont la compensation était trop faible. Cette première expérience nous a permis de cal- culer exactement la quantité de mercure qu’il fallait ajouter pour faire disparaître le retard de 05,06 par degré; et comme les 5709 de mercure qu'il s’agis- sait d’y verser représentaient une hauteur de 19"mm.,6, M. Hipp a remplacé le cylindre par un autre un peu plus haut. Au moyen de cette opération, qui a été exécutée le 7 juin 1888, le réglage a été obtenu de très près, ainsi qu’on le verra par les déterminations suivantes du premier coefficient de la compensation, qui reposent sur des combinaisons de marches à des températures que nous avons choisies aussi différentes que possible, sans étendre cependant trop les inter- valles, afin d'éviter d’y comprendre une modification du coefficient d'accélération : Var. par 1° Diff. de temp. 1888, oct. 15 — 1889, janv. 14 — 05,003 79,87 1889, janvier 14 — avril 22 — 05,004, 10,23 1889, avril 22 — juillet 15 — 05,003, 100,15 1889, juillet 15 — octobre 14 — 05,004, 90,47 1889, oct. 3 — 1890, févr. 16 —0S,014 90,65 1890, février 16 — août 3 — 0,004 160,5 1890, août 3 — décembre 7 — 05,001 150,1 Moyenne arithmétique —0S,004, NES EME Si l’on voulait donner des poids différents à ces valeurs, suivant les différences de température dont elles ont été déduites, on trouverait presque la même valeur, savoir — 0$,0048. Comme il fallait, pour exécuter cette opération, ouvrir la cloche et démonter la pendule, on a pro- fité de cette occasion pour examiner l’échappement, qui avait travaillé dans sa dernière forme pendant plus de quatre ans et, bien entendu, sans huile. En regardant sous le microscope la palette en platine iridié que j'ai décrite dans la première notice, nous avons trouvé son tranchant très légèrement usé. M. Hipp s’est donc décidé à remplacer l’ancienne palette par une nouvelle dont l’alliage contient 40 !}, d'iridium, au lieu de 30 !/,, pour augmenter encore la dureté de l’alliage; en même temps il a arrondi tant soit peu le fond de la contre-palette. De cette manière on peut espérer avoir évité même la légère usure de l’échappement qu’on avait remarquée, et arriver ainsi à une grande constance de la marche pendant de longues périodes. En effet, tandis que dans les premières années notre pendule avait une tendance .très marquée à accélérer sa marche avec le temps, cette tendance s’est très sensiblement ralentie dans les dernières années, et sauf un accident dont je vais parler tout à l'heure, la pendule a conservé depuis l’automne de 1889 une marche remarquablement constante. On s’en convainc en déterminant pour des époques aussi longues que possible, comprises entre des tempéra- tures à peu près identiques de printemps et d’au- tomne, le coefficient du terme de la marche, propor- el au temps. ra VON En procédant ainsi, on a trouvé pour cette accé- lération par jour des valeurs assez différentes, qu’on peut grouper dans les quatre périodes suivantes : 1888-89 durée 1747. — 0s,0028 1889 4477. — 0,0058 1889-90 9328 J. — 05,0004 1890-91 230 j. — 0s,0014 On voit qu'il serait peu rationnel de vouloir les réunir dans une seule moyenne (qui serait —0$,0026). Il est probable que ce coefficient dépend dans une certaine mesure de la durée d’impulsion, en d’autres mots, de l'intensité du courant; or, J'ai varié cette durée dans des limites assez étendues, savoir entre. 90$ et 54$, afin de faire des expériences sur le maxi- mum du temps pendant lequel on peut conserver les mêmes piles sans les épuiser complètement. Quoi qu'il en soit, on voit qu’en général le coeffi- cient a plutôt une tendance à diminuer, autrement dit que la marche de notre pendule devient de plus en plus constante, ce qui ressort du reste aussi de l'inspection de la courbe qui représente graphique- ment cette marche. Cette courbe montre cependant une seule brisure, et le tableau des marches (voir tableau IT) présente une discontinuité tout à fait anormale et inexpliquée. Le 4 février, la marche de la pendule a changé d’un jour à l’autre de 05,43, sans que ni la température, ni la pression manométrique, ni l'intensité du courant se soient modifiées d’une manière tant soit peu sensible. Vu cette constance de tous les éléments qui peuvent influencer la marche, il me semble qu’il faut cher- DR HAE cher l'explication de ce saut brusque dans un mou- vement du sol, dans un de ces faibles tremblements de terre localisés qui ne s’accusent que par des instruments aussi délicats que les seismomètres, les bains de mercure ou les pendules de précision. Ce qui paraît appuyer cette hypothèse, c’est que deux autres de nos horloges astronomiques, la pendule sidérale de Winnerl et la pendule moyenne de Kuiter, dont les plans d’oscillation ne font qu’un faible angle avec celui de la pendule Hipp, ont montré le même jour des écarts presque aussi considérables de 05,41 et de 05,34; tandis que les deux autres, qui oscillent dans une direction presque perpendiculaire à la pre- mière, n’en ont presque pas montré de traces. Il est vrai que les deux autres pendules troublées, qui sont à poids et munies d’échappements à ancre, ont repris ensuite, après quelques jours, peu à peu leur ancienne marche, tandis que la pendule Hipp à maintenu, après la perturbation, sa nouvelle marche avec la même régularité qu'auparavant. Il se pourrait que, pour les pendules à ancre, l’impulsion donnée par la secousse au balancier en eût simplement modifié l'amplitude qui peu à peu serait revenue à sa valeur normale, tandis que pour l'horloge Hipp cette ampli- tude ne pouvant pas dépasser une certaine limite, la secousse aurait légèrement faussé le ressort de sus- pension et modifié un peu son coefficient d’élasticité d’une manière plus ou moins durable. Quoi qu'il en soit, il va sans dire que cet accident ne saurait être imputé à la belle pendule de M. Hipp, aussi peu que l’autre, arrivé le 12 septembre 1887, où la pendule s’est arrêtée. Ce jour-là, une société visitait l’observatoire et un des visiteurs a par mé- DER 2 garde déplacé l'interrupteur de la pile du pendule, de facon à mettre celle-ci hors d'action. De pareils accidents de force majeure ne sauraient diminuer en rien la valeur de notre horloge électrique. Du reste la pendule, pendant toute cette série de sept ans, ne s’est arrêtée sans cause extérieure qu'une seule fois, le 7 août 1888; c'était quelque temps après le réglage de la compensation et la modification de l’échappement dont il a été question. Il parait qu'en la remontant, l’ouvrier horloger n'avait pas mis l’'échappement complètement d’aplomb, de sorte que la palette appuyait un peu excentriquement sur Îa contre-palette et compromettait ainsi le jeu de l’échap- pement. Il a suffi de corriger très légèrement les vis de réglage de la plaque de suspension pour remédier à ce défaut. Depuis lors, aucun accident de ce genre ne s’est plus produit. Je reviens encore à la détermination des constantes de la marche. Bien que la détermination de la com- pensation et de l'accélération annuelle par les procédés que j'ai indiqués nous ait donné des résultats très satisfaisants et qu'uné seconde approximation ne promettait point un résultat utile, vu la petitesse des variations dont il fallait déduire les coefficients de la marche, variations qui, d’après ce que nous avons dit, sont presque à la limite de leur incertitude; malgré ces considérations, J'ai cependant tenu à re- chercher du moins si le coefficient du second terme de la compensation.était appréciable. M. le Dr Hilfiker a donc essayé de représenter la marche de la pendule, pendant les dernières années, après l'avoir répartie en quatre sections réduites à la même époque, par PR une formule à deux termes, dans laquelle figure le carré de la température. La résolution des nombreuses équations qu'il a formées ainsi a donné un résultat négatif, dans ce sens que la valeur probable du coefficient de £* a été trouvée égale à zéro, ce qui veut dire que Ja com- pensation du pendule est sensiblement proportionnelle à la température. Naturellement le coefficient de £ a été trouvé à très peu près le même que par la pre- mière approximation, savoir — 0$,0045, au lieu de — (05,0048. Enfin, cette formule à deux termes ne représente pas mieux la marche de l'horloge; tout au contraire, les écarts entre les valeurs calculées et observées sont plus grands qu’avec la première mé- thode. Je termine en constatant que toutes les autres qua- lités de cet instrument, que j'ai signalées déjà en 1884, se sont maintenues et accentuées. Ainsi la pile des compteurs peut durer, sans compromettre la régularité du fonctionnement, pendant six mois, et celle du pendule même pendant une année entière; toutefois, dans la règle nous changeons celle des ai- guilles tous les trois mois, et celle du pendule tous les six mois. Ensuite, l'étanchéité de la cloche peut être envi- sagée comme parfaite, puisque la pression mano- métrique de 45m environ ne varie, pendant les six dernières années, que de 4mm par an; comme les valeurs extrêmes des lectures manométriques coïn- cident avec les températures maxima et minima, il est évident que cette faible variation est due à la di- latation de l'air et de la vapeur d’eau qui sont restés sous la cloche. Et puisque 4mm de pression fait varier RAS ES la marche de la pendule de 05,012, on voit que cette influence, complètement insensible pour la variation diurne, se réduit pour toute l’année à — 05,05. A ce propos, J'ajoute qu'avec le coefficient de compensation indiqué, la variation diurne moyenne de la température du local étant de 10 environ, pro- duit une variation diurne de 05,005, et la variation annuelle moyenne de la température du local étant de 18° environ, produit une variation annuelle de 05,088 sur la marche de l'horloge; enfin que d’après les deux dernières années l’accélération annuelle de la marche diurne se trouve à peu près réduite à 05,33. En résumé, il résulte de cette étude que la préci- sion de la pendule électrique de M. Hipp s'approche de la perfection dans une mesure qui n'avait pas été obtenue auparavant, car elle est arrivée à un degré de régularité de marche qui atteint presque les limi- tes de précision instrumentale et physiologique avec laquelle on peut déterminer l'heure dans les meil- leures conditions. Tableau I PENDULE HIPP DE L'OBSERVATOIRE DE NEUCHATEL oo oo oo es 54 ce # o 5 a A je ni Le Es a _ és. E é 8 = e F1 Z a S = a = 5 3 + 2 > 8 A DH 5 [on 5 2! o o D + à PIC (Em ; à 7 FR CN CE D AE a 2 os 2 os 2 É 2 # 2 É 2 # 2 os 2 es ® = ® E 2 os 2 El 2 = > © P o P © m |"© > © > © D © > © Æ © 2 © a CA NOR Pa S HR ASIE el (msn ES RE reset Ares JS) ER Pre SE È DDR be lee a) À Nos 1000 MES | En IE SES EE Re) din lo enieS enes Buale |.0s Leone | à ele DS eue Reese EL ESS" ES en es ie Ste AT UNIES à 1e 7 SE ei D ere De Re - PR ce EN Ds OS AA EST OR Dr En ie dr A NT RG A Le © LA © Lu © Le © CA © Lu © (- © Li © œ © Li © œ © a © LA © D EN CRM SO EP RS RE a AT AT ME 10 -u ec ae mn = 2 Æ Æ 3 ee Æ _ = Le Æ 2e : S S | S S D] S S S S / S : 18841, , > 0,020 /21 [0,040 ,2510,042/13 [0,050 !28 10,03%126 | 0,083/28 | 0,083 25 [0,036 115 [0,030 !15 [0,088!191 1885 | 0,034113 [0,028!17 | 0,039! 18 1) 10,04411610,072| 7 1)10,058 1171 0,051118 [0,030117 |0,088110 [0,043 |12 [0,042|145 1886 | 0,026 21 |0,018/12 | 0,018/27 | 0,048 24 [0,066 /2610,047/20 [0,064 122 [0,043 !25 | 0,051 |21 0,082 /26 [0,026 !17 [0,026 19 [0,039 /260 1887 | 0,021 117 10,082 | 11 | 0,022 /23 | 0,043/17 [0,029/2510,045/25 [0,089 98 [0,047 128 | 0,087 124 [0,044 26 0,030 |19 |0,027117 [0,085 | 260 1888 | 0,047118 [0,022/16 | 0,029 21 | 0,080 21 [0,040 2910,085 21 [0,028 /21 [0,083/24 0,020 24 [0,088 24 [0,020 19 [0,022/17 |0,080! 245 1889 | 0,026 )20 | 0,028 122 | 0,020 25 | 0,022/22 [0,022 1931 0,021 122 | 0,020 26 [0,022124 | 0,026 22 [0,017/20 [0,018/12 [0,021! 9 0,022 247 1890 | 0,017/15 |0,015)17 | 0,018 /27 | 0,024/24 [0,023 121 |0,019/22 [0,023 198 [0,019122 | 0,024/25 |0,017/23 [0,018 /14 10.010! 9 [0,019/242 1591 | 0,020 20 0,025 |28 | 0,015 121 | 0,014119 | l 1) En avril et en juillet 1885, on a fait des séries d'essais pour la fermeture étanche de la cloche. Tableau II MARCHE DE LA PENDULE HIPP PAR SEMAINE Durée Marche | Tem- Mano-| ; = d’ Date | diurne |pérat. mêtre | puluion Remarques S Oo 1889 Mai . .-. 3-10 | —2,8 | 13,7 Juin... 7-14 | —2,92 | 18,8 | 37,5 | 70 C9 PE Le) Ù EURE EL CEE D Juillet. . 9-12 | — 53,09 | 19,9 | 38,0 | 68-70 | 1 A ç C 1 A Août... 2-9 |—3,27 | 20,0 | 38,4 | 66-84 | Le 5 août on a changé 82-8/ les piles du pendule 16-23 | — 3,51 | 18,9 | 58,3 | 82-84 et des compteurs. 23-30 | — 53,42 | 16,9 | 38,3 | 80-82 30- 6 | —3,39 | 19,5 | 38,3 | 80-84 Septemb. 6-13 | — 3,47 | 18,2 | 38.2 | 80-82 13-20 | — 5,49 | 17,5 | 38,2 | 80-82 20-27 | — 3,51 | 14,4 | 38,1 | 78-80 27- 4 | —3,48 | 13,1 | 38,0 | 78-80 Octobre . 4-11 | —3,49 | 12,1 | 38,0 | 78 11-18 | —3,49 | 114 380 | 78 18-25 | —_3,51 | 10,8 | 38,0 | 78 25- 1 | —3,44 | 11,1 | 37.1 | 78 Novemb. 1-8 | —3,48 | 11,4 | 37,0 | 78 8-15 | —3,49 | 11,0 | 36,4 | 76-80 15-22 | —_8,50 | 9,8 | 36,1 | 78 22-29 | —5,47 | 7,6 | 35,7 | 76-80 29- 6 | — 8,49 | 6,7 | 35,3 | 74-76 Décemb. 6-13 | —3,52 | 4,0 | 35,0 | 74-76 13-20 | —3,51 | 3,6 | 35,0 | 72-74 20-26 | — 53,45 | 5,6 | 34,7 | 70-78 | Le 21 décembre on 26- 2 | —3,35 | 53,9 | 34,6 | 76-78 | change les piles du 1890 Janvier . 2- 9 | —3,28 | 3,2 | 34,7 | 76-78 | pend. et des comp- 9-16 | —53,30 | 3,9 | 34,5 | 74-78 teurs. 16-23 | —5.35 | 4,5 | 34,6 | 74-76 | Le 21-22 janvier un 25-30 | — 5,36 | 9,6 | 34,6 | 72-74 des compteurs est 30- 6 | —53,34 | 5,0 | 384,6 | 72 nettoyé et l’huile Févr'er . 6-13 | —5,42 | 3,4 | 84,6 | 68-70 changée. 13-20 | —3,45 | 3,1 | 34,4 | 66-68 20-27 | —3,43 | 3,7 | 34,4 | 66-68 | 27- 6 | —3,45 | 4,0 | 34,3 | 66-68 Mars. .. 6-13 |—5,41 | 41 | 3492 | 66.68 15-20 | — 5,38 | 6,7 | 34,3 | 64-66 20-27 | — 53,40 | 7,8 | 34,3 | 64-66 27- 8 | —3,43 | 11,3 | 34,7 | 64-66 | Avril. . . 3-10 | —53,46 | 11,2 | 35,1 | 66-68 | 10-17 | — 53,48 | 10,5 | 35,3 | 6668 | 17-24 | —3,57 | 10,9 | 35,4 | 66 | 2%- 1 | —3,54 | 10,9 |35,4| 66 | Suite du Tableau II La Durée Marche | Tem- | Mano- : = ; à d’im- e diurne |pérat.| mètre | hulsion Remarques s Oo mm 1890 Mais... 1- 8 | —83,59 | T1,9 | 85,8 | 66 Le 6 mai on change 8-15 | —53,91 | 13,2 | 35,7 | G4-66 la pile des comp- 15-22 | —3,49 | 15,5 | 35,8 | 64-66 teurs. 22-29 | —3,46 | 16,7 | 36,3 | 64-66 29- 5 | —3,59 | 15,6 | 36,2 | 64-66 Juin... 5-12 | —53,56 | 16,6 | 36,2 | 64-66 12-19 | —3,59 | 15,5 | 86,6 64 19-26 | —3,59 | 17,3 | 36,3 | 62-66 26- 3 | — 3,96 | 18,1 | 36,9 | 64 Juillet. . 8-10 | —53,51 | 16,6 | 36,8 | 64 7 10-17 | —5,51 | 17,3 | 37,0 | 64-66 17-24 | —3,51 | 18,0 | 37,8 | 62-64 24-81 | —3,55 | 19,8 | 37,5 | 62-64 81- 7 | —3,53 | 20,7 | 37,6 | 62-64 Août. .. 7-14 | —5,59 | 20,1 | 37,9 | 62-66 | Le 6 août on change 14-21 3,09 | 20,0 | 37,9 | 62-64 la pile des comp- 21-28 | —8,58 | 19,0 | 37,8 | 62-64 teurs. 28- 4 | —83,60 | 15,9 | 37,7 1 62-64 Séptemb. 4-11 | —3,66 | 15,0 | 37,1 | 62-64 | Le 3 septembre on a 11-18 | —3,63 | 16,0 | 36,8 | 62-64 intercalé une nou- 18-25 | —3,71 | 15,5 | 87,1 | 62-64 velle boussole sur 25- 2 | —3,69 | 15,7 | 37,2 | 62 la ligne des compt. Octobre. 2- 9 | 3,70 | 15,1 | 37,7 | 62-64 9-16 | —3,77 | 13,8 | 36,7 | 62-64 16-23 | —3,78 | 11,9 | 36,5 | 64-66 23-80 | —3,78 | 9,9 | 36,3 | 62:64 30- 6 | —3,80 | 8,0 | 35,8 | 62-64 Novemb. 6-13 | —3,80 | 8,2 | 35,4 | 58-62 13-20 | —3,77 | 8,1 | 35,3 | 62 20-27 | —3,74 | 8,7 | 35,2 | 60-64 27- 4 | —5,77 | 5,8 | 34,8 | 58-62 Décemb. 4-11 | —3,75 | 4,5 | 84,3 | 60-62 11-18 | —3,77 | 6,2 | 34,3 | 60-62 18-25 | —3,78 | 5,5 | 84,3 | 60-62 25- 1 | —3,80 | 6,6 | 34,3 | 60-62 1891 Janvier . 1- 8 | —8,79 | 6,0 | 34,2 | 60-62 | Le 19 jan. on change 8-15 | —3,76 | 6,0 | 34,2 | 60-62 | la pile des compt. et 15-22 | —5,80 | 4,9 | 34,2 | 60-62 | on démontelecompt. 22-29 | —3,69 | 5,0 | 34,1 | 60-62 | de l’équatorial pour 29- 4 | —53,70 | 4,8 | 34,0 | 60-62 | en changer l'huile. 1891 Février . 5-12 | —3,26 | 4,8 | 34,0 | 60-62 | Du 4 au 5 févr. per- 12-19 | —53,93 | 4,0 | 834,0 | 58-62 tuvhation à plu- 19-26 | —3,25 | 4,2 | 34,0 | 56-58 sieurs horloges de 26- 5 | —5,24 | 5,6 | 34,0 | 56-58 l'Observatoire, due Mars. .. 5-12 | —3,21 | 6,9 | 34,0 | 54-56 | probablement à un 12-19 | —3,95 | 78 | 34,8 | 54.56 | mouvement du sol. 19-26 | —3,25 | 7,2 | 34,4 | 54-56 26- 2 | —3,20 | 6,1 | 34,5 | 54-56 Avril 3-10 | — 3,17 | 6,4134,5 | 54 | Le 2 avfil on change 10-17 | —53,17 | 7,5 | 34,4 | 52-56 la pile des compt. 17-24 | —5.26 | 8,9 | 34,4 | 52-70 Le 21 on change les 24- 1 | —5,34 | 10,2 | 34,4 | 68-72 piles du pendule et Mai ... 1-8 | —53,29 | 13,1 | 34,5 | 68-70 des compteurs. 8-15 | —5,24 | 14,2 | 35,2 | 68-70 SUR L'ÉPOQUE QUATERNAIRE Par M. G. RITTER, INGÉNIEUR (Communication faite dans la séance du 14 mui 1891) La plupart des membres de notre Société des scien- ces naturelles me trouveront sans doute bien hardi d’oser, après tant de savants illustres ou de chercheurs infatigables, depuis Playfair, Venetz, de Charpentier, Rendu, Studer, Agassiz et Guyot, initiateurs du sys- tème de l'extension des glaciers à l’époque quater- naire, jusqu'aux savants continuateurs de l’œuvre, Desor, Martens, Dollfus, Lyell, Tyndall, Heer, de Saporta, Chantre, Falsan, de Lapparent et tant d’au- tres, venir les entretenir d’un sujet déjà si travaillé et certainement le plus intéressant de beaucoup du vaste domaine de la géologie et de la climatologie. Je me plais toutefois à espérer qu'après l'énoncé de ma thèse, et la curiosité aidant, ils voudront bien entendre ma démonstration avec quelque indulgence. Voici cette thèse. Elle se divise en trois points : 1° Les précipitations aqueuses, ainsi que les courants d’eau et les glaciers de l’époque quaternaire, sont le résultat normal dù au refroidissement de la Terre, ensuite de la diminution à sa surface des effets de la chaleur centrale, et nullement le BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX 2 résultat d’un refroidissement exceptionnel ou d’une autre cause passagère ou accidentelle quel- conque ; 20 La phase glaciaire a été une et non divisée en pé- riodes distinctes et séparées : elle a été seulement variable en intensité; 30 Le phénomène glaciaire proprement dit n’est point périodique : il a eu lieu et ne se reproduira plus sur notre Terre. J'aurais dû, depuis une dizaine d'années que je suis arrivé à ces conclusions, les énoncer en les appuvant de mes démonstrations ; mais le désir de mieux com- pléter celles-ci et de présenter cette action finale de la chaleur centrale décroissante comme la terminaison des actions Joviennes dont J'ai pris la liberté d’entre- tenir notre Société l’année dernière, m'ont toujours fait renvoyer cette communication. L'inconvénient de ces renvois, lorsqu'on ne peut, vu les nécessités de la vie, se vouer exclusivement aux études que l’on aime, c’est de voir apparaître par bribes et parties, dans d’autres publications, ce que l'on avait, avec force recherches et réflexions, enfanté et découvert soi-même. Ainsi en est-il avec l'ouvrage de M. Falsan sur les glaciers, et la récente publication de notre aimable collègue, M. Hermite, qui renferment, le premier du moins, un grand nombre d’appréciations et de facteurs sur lesquels j’espérais attirer le premier l'attention. Toutefois, ce qui va suivre vous démontrera que divers analystes, d'accord sur un point, le basent sou- vent sur des appréciations fort variables et sur des faits vus sous des jours absolument différents. Au M ls ee: ! PAT EE surplus, 1l me reste un contingent assez important d'idées nouvelles et de faits, laissant un désaccord assez complet sur toute la théorie glaciaire entre MM. les chercheurs qui ont fouillé les mêmes sillons et moi, pour me justifier de la prétention de vouloir apporter ma petite pierre à l'édifice de cette théorie. Cela dit, j'entre en matière. D'abord, il est une base que certains savants con- testent absolument, que d’autres veulent hâtivement déjà rendre impuissante et sans action à l’époque quaternaire et même tertiaire : c’est la chaleur cen- trale, fondement, selon moi, du svstème glaciaire qui, Je le crois, doit être le véritable entre tous les systèmes imaginés pour expliquer les phases de cette époque. (est cette base qui serait ou imaginaire, ou impuissante !| Chaleur centrale. La chaleur centrale, résultant du travail mécanique de concentration des matières cosmiques ayant formé tous les astres de notre système planétaire, serait donc un mythe? La chaleur que l’on observe dans les couches ter- restres, et à laquelle Arago attribuait une valeur crois- sante de un degré centigrade par 31 à 32 mètres de profondeur des couches perforées, aurait pour cause non plus le processus mécanique de l’enfantement de notre planète, mais : 1° La chaleur développée par les réactions chimi- ques des matières internes constitutives de notre globe; les volcans seraient les cheminées des 1m- menses creusets souterrains où se travaillent et se combinent les matières engendrant ainsi cette cha- leur; voilà l’idée des uns. 2% D’autres, avec M. Robert Mallet, croient à l’écra- sement de diverses parties souterraines de l'écorce terrestre, ensuite des déformations et contractions de celle-ci; cet écrasement développerait une certaine chaleur et serait la cause de la chaleur souterraine observée. | 30 M. Hermite émet une autre opinion; dans son remarquable opuscule sur l’époque quaternaire, il dit textuellement, page 63 : « La chaleur interne aurait pour origine, suivant nous, les mouvements du sol déterminés par l’enfon- cement des bassins sous le poids des accumulations sédimentaires. » Voilà donc les hypothèses de ceux qui contestent l’origine de la chaleur centrale du globe comme ré- sultant de la concentration des matières cosmiques qui l’ont formé. Quant aux autres, qui suppriment la chaleur interne comme facteur actif des âges tertiaire et quaternaire, et par suite comme cause encore agissante lors des précipitations aqueuses congelées de l’époque gla- claire, ceux-là sont légion. Depuis MM. Faye et de Lapparent à MM. Falsan et de Saporta, etc., tous remplacent purement et simplement la chaleur cen- trale disparue par le Soleil de 47 degrés de M. Blan- det, Soleil primitif qui aurait à la fois uniformisé la température d’un pôle à l’autre sur notre Terre, de- puis l’époque primaire jusqu’à l’époque tertiaire, et valu, lors de cette dernière, la production considé- rable de vapeurs, aliment des précipitations de l’épo- que quaternaire. Voilà certes des hypothèses qui font honneur à l'activité intelligente des chercheurs; malheureuse- ment beaucoup d’entre eux croient, en se basant sur des faits souvent secondaires dans la question, faits auxquels ils attribuent une valeur de premier ordre, avoir trouvé l'argument péremptoire qui donne raison à leur système. D'autre part, la question se complique d'autant plus que les faits cités sont en général authentiques, ou peuvent être admis comme tels, et que les dé- monstrations qui en résultent sont en partie admis- sibles; c’est la valeur seule qu’on leur attribue qui est mal mesurée et qui fait naître la confusion. On conçoit qu’il importe avant toute chose d’étayer sur des bases solides et indiscutables le fait de l’exis- tence de la chaleur centrale, et surtout d'examiner si les autres systèmes proposés pour la remplacer peu- vent expliquer mieux et plus rationnellement ce que l'on observe aujourd’hui et ce qui s’est passé aux divers âges géologiques des temps anciens. Tous les savants sont d’accord sur le fait que l'écorce terrestre accuse, avec son accroissement en profondeur, un accroissement de sa température gé- néralement assez peu variable, ou s’il y a des varia- tions accentuées, elles n’infirment jamais l’accroisse- ment et sont en tout cas exceptionnelles. Partout sur la Terre, dans n'importe quelle région, les excavations profondes, les foncements de puits, perforations de tunnels et travaux de ce genre, exécutés même, comme dans certaines mines, sous la mer, ont dé- montré, sans une seule exception, un accroissement CE. : Ms de température avec l'augmentation de profondeur des points auxquels se rapportent les observations. Des sources thermales innombrables viennent sour- dre partout et accusent des températures diverses; on en cite même de 80 degrés, comme à Chaudes- Aigues, en Auvergne, de 84 degrés comme au mont Olympe, et enfin même de 96 degrés pour des sources existant en Amérique. Sous une autre forme, cette chaleur interne nous apparait dans toutes les éruptions volcaniques actuelles et, mieux que cela, les terrains anciens de la croûte terrestre offrent partout, soit sous forme de trachvtes et de basaltes, soit sous forme de filons divers, des masses épanchées qui présentent le caractère d’une fusion complète qu'ils ont subie et, pour certains, une division prismatique qui ne peut résulter que du refroidissement d’une masse liquide. Tous les terrains primitifs présentent, ainsi que les substances d’un grand nombre de filons, une cristal- lisation enveloppée plus ou moins de gangue amor- phe, qu’une action autre que celle de la chaleur ne saurait avoir formée. Enfin la flore et la faune de tous les terrains des temps géologiques anciens, jusqu’au tertiaire, nous démontrent que la température sur le globe terrestre était élevée et la même partout, du pôle à l'équateur, que cette température fut d'autant plus élevée qu'il s'agit d’une époque plus ancienne, fait dont l’action solaire, ainsi que nous le verrons plus loin, fut abso- lument innocente comme action unique aux époques dont 1l est ici question. | En admettant que tout cela ne prouve pas encore le fait d’une action calorifique centrale de la nature ann à de celle qu’on lui attribue, il reste à examiner com- ment, avec les systèmes avancés, on arrive à mieux expliquer tous les faits constatés. Si ces explications sont impossibles ou de moindre valeur, alors il faudra pourtant accepter celle qui l'emporte sous ce rapport. Procédons par ordre, et prenons l'hypothèse des réactions chimiques. Pour produire les mêmes effets, il faut les mêmes causes, ou tout au moins des causes similaires. Pour produire une même chaleur généralement progressive en profondeur partout dans la. croûte ter- restre, il faudrait, à une certaine profondeur, partout a la fois des réactions chimiques de même valeur, dégageant du calorique uniformément réparti et de même intensité, ou s'il y a variation d'intensité dans le développement de ce calorique, en raison de la concentration des opérations chimiques en divers points ou foyers, il faudrait alors une propagation et une transmission latérale si prompte et si complète de la chaleur produite dans les couches terrestres adjacentes aux foyers producteurs, que l'uniformité de chaleur pour une même profondeur püût en ré- sulter. Or, énoncér de semblables conditions c’est, on le comprend, démontrer leur impossibilité. On ne sau- rait invoquer une si puissante conductibilité pour son propre système, alors qu’on en conteste la valeur pour combattre les systèmes concurrents. _ Des réactions chimiques, il y en a, il y en a tou- Jours eu; nous, partisans de la chaleur centrale ori- ginelle, nous les faisons aussi intervenir, et gran- dement, mais elles sont aujourd’hui accidentelles, réparties au hasard comme les facteurs qui les pro- duisent, et ne peuvent donc être la cause d’un phéno- mène général qui agit partout indistinctement comme la chaleur interne. Comment donc se fait-il qu’au centre d'immenses plaines, à des centaines de kilomètres de tout foyer volcanique, comme au puits artésien de Paris ou au centre de la Russie, on constate la même tempéra- ture croissante qu’au mont Cenis, au Gothard, à l’Arlberg, ou aux Andes, et ce seraient des réac- tions chimiques qui produiraient ces effets identiques dans des pays et des terrains si différents, enfin à des altitudes si diverses ? Cela n’est pas admissible, et je passe au col système, celui des écrasements de matériaux dus à la contraction de la masse interne et à l'effondrement de la croûte solide enveloppante. La même objection se présente ici. Le profil des masses enveloppantes démontre que l’écrasement n’a pu avoir lieu que par place et irrégulièrement près des lignes de fracture; de là même irrégularité de production de chaleur, et même impossibilité de transmission latérale de la chaleur produite en ces points d'écrasement. Donc l'irrégularité, une très grande irrégularité, serait la règle en fait de chaleur interne, si telle était la cause génératrice de cette chaleur, et bien des points de l'écorce terrestre ne devraient présenter aucune chaleur, comme dans les massifs granitiques montagneux, ou dans certains plateaux qui, au lieu de s’effondrer, se sont élevés par des actions orogé- niques lentes; il ne s’est, à coup sûr, produit aucun écrasement de matière dans les premiers, pas plus que dans les strates plates des seconds. Or, dans les ER JTE massifs surélevés ou dans les couches des grands plateaux, c’est encore une chaleur d'environ un degré par 31 à 32 mètres de profondeur que l’on y constate, et non une absence de chaleur. Reste enfin le système de notre honorable collègue, M. Hermite, sur lequel j'insisterai un peu plus, car il repose sur quelque chose de plus effectif et répond mieux à l’exigence d’une répartition de chaleur un peu partout. M. Hermite, paraît-il, n'admettrait donc pas la for- mation de notre planète par voie de concentration de matière cosmique ayant, par le fait même de ce tra- vail, engendré cette énorme accumulation de chaleur si bien démontrée récemment par la thermodyna- mique. Par contre, l’auteur de la récente publication sur la phase quaternaire admet, chose curieuse, l’appli- cation de la thermodynamique aux couches superti- cielles de l'écorce terrestre. Il dit : « La dépression des bassins et les bombements correspondant à la périphérie seraient le résultat du travail mécanique ayant engendré la chaleur interne. « L’enfoncement des bassins, déterminé par le poids des accumulations sédimentaires, serait la cause de cette chaleur interne. » (Page 63 du mémoire.) Concluant sur ce système, M. Hermite s'exprime encore comme suit : « Les strates, quelle que soit leur cohésion, sont obligées de suivre le mouvement d'ensemble des défor- mations et par suite d'acquérir sur leur emplacement même des températures aussi variables que la résis- tance qu’elles ont opposée. » (Page 65.) 26 — Evidemment, tout cela est relativement exact; l'énergie, sous quelque forme qu’elle disparaisse dans Ja nature, n’est point perdue; elle change de forme seulement et peut, de mécanique qu'elle était, re- paraitre ici en chaleur. [L'énergie mécanique est devenue calorifique, c’est bien certain, nous sommes d'accord ! Mais la valeur du produit dû au facteur transformé est-elle en rapport avec les existences constatées ? Nullement, et c’est là que, malgré l’évidence de l’ac- tion transformatrice des kilogrammètres en calories, cette action donne au total un résultat trop dérisoire à mettre en ligne pour expliquer victorieusement l’état de choses constaté. L’élévation moyenne des continents est, d’après de Lapparent, comprise entre 500 et 600 mètres sur mer (page 65 de sa Géologie). La profondeur moyenne des océans est de 4000 mètres environ. En outre, la Terre émergente représente Les 19/7. de la surface immergée ou les 11!/,. de la surface totale du globe. Si l’on détermine y, hauteur dont les masses continentales ont été soulevées, on trouve au- dessus du niveau moyen primilif 3300 m. et 1200 m. pour Ja hauteur x dont les masses immergées sont en moyenne descendues, car 1200 >< 275 = 3300 >< 100 (voir fig, À et 2). Le travail mécanique, pour des roches de 2,5 de densité moyenne, se résume, pour un décimètre cube de matière émergée, à 3300 X 2k9,5 — 8250 kilogram- 8250 : mètres : en calories DS — — 19,4 calories, puisque 425 kilogrammètres équivalent à une calorie. po . décimètre cube de matière immergée, on aura 2,5 X 1200 — 3000 kilogrammètres = 7 cs loriee M La masse soulevée aurait produit moins de 20 ca- lories et la masse immergée 7. La moyenne, en tenant compte des étendues, n’est que de 10,5 calories, car 7 x< 275 + 19,4 >< 1400 = 375 X< 10,5. Or, la température constatée Jusqu'ici par les ob- servations des mines les plus profondes et des sources thermales les plus chaudes, sans parler des volcans, est de 60 degrés pour les premières et de 90 pour les secondes, en chiffres ronds. En admettant une capacité calorifique moyenne de !/, et que la progression cesse à 500 degrés seulement, il faudrait que la masse solide de la croûte du globe terrestre entière eût accompli environ 15 ou 16 fois son voyage oscillatoire, et cela pour ne perdre super- ficiellement qu’une fois sa chaleur, alors que pendant plus de 20 millions d'années la source centrale à, jusqu’au quaternaire, constamment renouvelé sa pro- vision à la surface. La géologie, telle que nous la connaissons, avec ses cinq époques depuis les terrains azoïques au néozoiï- que et même quaternaire, avec ses faunes et flores correspondantes, qui permettent de suivre pas à pas la configuration des mers de chaque époque examinée, la géologie n'autorise assurément en aucun cas sem- blable hypothèse, car cela en est bien une d'hypothèse. Si la croûte terrestre avait fait partout 15 ou 16 fois le voyage oscillatoire en question, la surface du globe serait à l’état de chaos indescriptible et ne pré- senterait point l’harmonieux spectacle actuel. Mais ce n’est pas tout : si cette cause, productrice de quelque chaleur, j'en conviens, était la principale ou la seule, le refroidissement dans les massifs pri- mitifs soulevés les premiers (il y a, disent certains géologues, 15 ou 20 millions d'années), devrait être presque complet. Les îlots de granit ou de silurien, qui sont restés tels quels depuis leur éruption ou leur émergence, devraient assurément, d’après cette théorie, accuser dix fois moins de chaleur pour une même profondeur perforée que les terrains tertiaires ou crétacés de Paris, qui sont émergés sur mer de quelques dizaines de mètres seulement depuis leur formation plus récente de 15 ou 19 millions d'années. La variation existerait donc partout sur une large échelle et ne serait point une exception rare, comme à Sperenberg ou dans certaine mine de Saxe que l’on cite constamment; l'exception serait assurément la règle, et la règle très générale; celle d’Arago serait l'exception. Il n’est au reste pas difficile d'expliquer les faits accidentels qui font exception à la règle d’accroisse- ment de la chaleur avec la profondeur. Il y aurait bien d’autres facteurs à examiner que la conductibilité citée par M. Hermite, comme agis- sant en faveur de l’augmentation de la variation : les questions de densité des masses soulevées, de leur imprégnation, de leur structure, voisinage de cavités, de sources chaudes, leur capacité calorifique variable, toutes circonstances qui eussent dû modifier encore la disposition de la chaleur produite et accentuer les différences, mais je ne puis m’étendre indéfiniment sur ce sujet, de crainte de trop allonger cette com- munication. Toutefois, il est un argument péremptoire bien plus puissant, qui donnera probablement raison indéfini- ment aux partisans de la chaleur centrale provenant de l’origine ignée de notre globe. Voici cet argu- ment : Les partisans de la chaleur centrale ont à leur actif une théorie de la formation de notre système plané- taire, qui est basée sur des faits, des observations et même sur des formations similaires, en voie d’enfan- tement aujourd’hui. Les nuages de matières cosmiques engendrent des nébuleuses de toutes formes, avec ou sans noyaux, ceux-ci avec ou sans satellites, voire même avec des anneaux qui sembleraient un acheminement vers un système condensé comme celui de Saturne; tout cela existe, se passe sous nos yeux et constitue des faits apparents dans l’espace céleste, et non des hvpo- thèses, faits sur lesquels se base cette théorie de concentration des matières cosmiques qui ont formé la Terre. Puis, toutes les admirables découvertes astronomiques, lois et calculs qui ont permis même d'aller, que l’on excuse l’expression, dénicher avec le compas dans le ciel des planètes manquant à la série satisfaisant à ces lois, c’est là un ensemble qui n'autorise pourtant pas le doute avant d’avoir quelque chose d'autre à mettre en place. Si la chaleur centrale est un mythe, alors les théories astronomiques de la formation de notre sys- tème planétaire tombent, et les lois si bien démon- trées de la thermodynamique sont une erreur; la force que l’on transforme à volonté et si admirable- ment aujourd'hui en chaleur aux rayons obscurs, ou en lumière aux rayons apparents, serait une transfor- mation due à des causes et à des lois encore à décou- vrir, et non à la grande loi de la conservation de l'énergie, quelque latente ou inapparente qu’elle puisse parfois se présenter. “est au moment où ces lois fécondes de la ther- modynamique viennent expliquer victorieusement et définitivement l’accumulation du calorique solaire, qui existe et fonctionne incontestablement, que l’on refuserait la même faculté et la même propriété d’ac- cumulation de chaleur aux éléments de notre Terre, sortis des mêmes masses cahotiques par voie de con- centration semblable ! C’est assurément étrange, et je me résume en émet- tant timidement l’opinion que tant que les adversaires de la chaleur centrale ne nous apporteront pas, non une nouvelle théorie toute faite de la formation du système planétaire, mais au moins une mauvaise ébauche ayant quelque apparence de vérité, en regard des lois indiscutables pour nous qui régissent la mécanique céleste, ébauche qui permettrait de fouiller dans une direction nouvelle, ces adversaires de la concentration des matières avec accumulation de chaleur centrale perdront entièrement leur temps et n'arriveront Jamais à rien de définitif sous ce rapport. Nous sommes donc encore loin de l’anéantissement cruel de la doctrine de la chaleur centrale annoncé par M. Mobr, ou de sa transformation en avatar de l’ancien mvthe du Tartare, proclamée par M. Vogt, ensuite des quelques variations d’accroissement de température constatées dans le forage de Sperenberg. (Voir page 60 du mémoire de M. Hermite.) Si l’on ne trouve rien de mieux à objecter à leur théorie, les partisans de la chaleur centrale auront encore longuement le temps d’en étudier les effets. C'est ce que je vais me permettre de faire, en pas- | EE — sant à l'étude du rôle de cette chaleur comme agent formateur de vapeur d'eau, depuis les âges les plus anciens de notre globe jusqu’à l’époque actuelle. Cette étude me permettra de réfuter l’opinion de ceux qui attribuent au Soleil seul agrandi les effets climatologiques sur notre planète, dès les anciens temps de la géologie, et la nullité de l’action de la chaleur centrale dans ce domaine. Du rôle de la chaleur centrale comme cause des actions orogéniques et de la formation des condenseurs montagneux. Passons donc au rôle de cette chaleur centrale, depuis les temps anciens de sa formation jusqu’à l’époque actuelle, sous le rapport de la production par elle de vapeur d’eau. J'ai eu l’honneur, l’année der- nière, d'entretenir la Société du rôle de cette chaleur comme agent formateur de notre globe, par la con- servation dans l'atmosphère de masses de vapeurs diverses, même après la première solidification de l'écorce terrestre. J’ai également, par diverses déduc- tions résultant des lois de l'association et de la disso- ciation des éléments des corps, établi que la tempé- rature des premières eaux condensées sur la croûte des terrains primitifs, devait être supérieure à 412 degrés et inférieure à 1100 degrés; j'ai rappelé encore qu'il s’est écoulé une période de temps énorme depuis cette apparition première de l’eau, jusqu’à ce que, d’une part, toutes les matières encore à l’état de vapeurs eussent été condensées et précipi- tées, et que, d'autre part, la température de l’eau des mers füt tombée suffisamment pour permettre l’apparition et le développement de la vie sur la Terre. Or, l'histoire de la vapeur d’eau sur la Terre nous conduit directement aux phénomènes de l’époque quaternaire et glaciaire. Essayons d’ébaucher cette histoire de notre mieux. Rappelons d’abord que la croûte terrestre, pendant sa formation, fut soumise deux fois à des actions orogéniques considérables et plus intenses que pen- dant les périodes intermédiaires. Ces phases critiques correspondent, l’une à l'apparition de l’eau sur la Terre en voie de refroidissement, l’autre à la dispa- rition inégale de la chaleur centrale dans les cou- ches supérieures de l'écorce terrestre, ou mieux, à la disparition d’une température uniforme des pôles à l'équateur, sur la surface terrestre. Il faut, pour qu'un soulèvement de montagne se produise, le tra- vail mécanique de divers agents. L'un, et c'est le premier qui ait agi, est le refroidissement de la croûte terrestre et la différence d’étendue ou de volume donnée aux couches par ce refroidissement successif, opérant de plus en plus profondément dans le massif interne. (est la cause première de la formation de vides, où les couches supérieures purent s’affaisser d'un côté, tout en se relevant de l’autre, fait que le savant Elie de Beaumont a si bien établi et analysé. Mais, quel ne dut pas être l’accroissement de mobi- lité de ces couches effondrées d’un côté et soulevées de l’autre, lorsque l’eau vint s’introduire dans les fissures et cavités produites, et les charger, grâce à des centaines, si ce n’est des milliers de degrés de chaleur, d’un gaz énergique et expansible comme la vapeur d’eau à de hautes températures. - OR, — Avec l'apparition de l’eau sur la Terre, il y eut donc un surcroît d'activité dans le travail interne, et formation de condenseurs montagneux suffisants pour produire, à l’époque primaire, malgré leur peu d’élé- vation due à la faible épaisseur de l'écorce terrestre, des chutes de pluie assez abondantes pour engendrer les courants qui ont formé les cailloux roulés, les graviers et les sables nécessaires à la formation des diverses couches arénacées ou gréseuses de cette époque. Certains géologues veulent voir déjà d’anciennes terrasses dans les couches formées de matériaux roulés et réunis en atterrissements, et attribuer leur formation à des cours d’eau alimentés par des gla- ciers ; ils sont même disposés, grâce à certains maté- riaux striés, à admettre une action de transport direct de ces matériaux par voie glaciaire. C’est assurément aller un peu vite et il s’agirait de savoir si les auteurs de semblables théories ont suffi- samment tenu compte, dans leurs appréciations, des lois qui régissent la saturation de l’air par la vapeur d’eau. Si ces savants géologues avaient peut-être fait des calculs et supputé exactement la masse d’eau condensée qui résulte d’un abaissement de chaleur lorsqu'il s’agit de températures élevées comme celles qui régnaient alors, ils n'auraient peut-être pas eu besoin de rechercher ni d'inventer, au moyen de glaciers, un surcroît d'activité dans les précipitations et les ruissellements de l’époque. Lorsque la pluie se produit sur une montagne, ce n’est pas la couche froide terrestre du massif monta- gneux qui agit seule, à la façon d’une carafe d’eau fraiche attirant à elle et condensant par contact la BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX 3 vapeur d’eau des couches voisines de l'air, mais bien la tension de saturation des gaz par la vapeur d’eau, qui ne reste point en relation parallèle ou propor- tionnelle avec celle de leur température; c’est ainsi que, pour l'air, une température : de — 19, correspond à une tension en BE millimètres de mercure, de 1,0288 pour — 10° elle correspond à une tens. de 2,1514 » 0° » » » 4,5687 > + 10° » » » 9,1398 » + 9200 » ) » . 17,3632 TUE 500 » » » 31 ,5096 DU CENT AUR » » » 04,861 RE amet a à » » » 91 ,9780 DURE" OP » » » 148,8848 » “+ 70 » » » 233,3079 » + 80° » » » 369,5075 »y + 900 » » » 525,4676 » + 4000 » » » 760,00 » + 4110° » » » 4075,37 D 1120 » » » 1491 ,280 » + 1300 » » » 2030,28 » + 1400 » » » 2717,63 » + 1500 » ) » 3081 ,23 » + 2000 » » » 14324,80 Il en résulte que le massif montagneux, d’autant plus froid qu'il est plus élevé en altitude, la tempéra- ture de l'atmosphère s’abaissant d’un degré pour 190 mètres de hauteur environ (selon Gay-Lussac, d’un degré pour 187 mètres et selon Humboldt, d’un degré pour 195 mètres), rafraichit l’air qui arrive de la plaine, et ce dernier ainsi refroidi condense les va- Re à PTE “Us peurs de la quantité surnuméraire due au chiffre de la saturation primitive. Cette quantité surnuméraire, dont la résolution en eau est ainsi forcée, est d’autant plus considérable pour une différence donnée qu’il s’agit de tempéra- tures plus élevées. De là, les fameux chapeaux de vapeur des montagnes, précurseurs de la pluie et qui sont de si excellents hygromètres. À l’époque primaire, lors de l’apparition des pre- miers animaux vivants, la température uniforme de la Terre ne devait pas être de beaucoup supérieure à 90 ou 60 degrés, si les conditions de résistance des organes des êtres vivant alors étaient similaires à celles des êtres d’aujourd’hui, en raison de la solidifi- cation de la gélatine à une température plus élevée, fait que l’on invoque pour raisonner ainsi, car au- delà cette solidification eût rendu la vie impossible aux animaux de l’époque. Or, à 50 degrés, la tension de la vapeur dans l'air satnrérestident role, hehegineuirss GMun978( En admettant que les montagnes d’alors eussent atteint des couches rafraîchies de 10 degrés, et, par suite, rafraichi elles- mêmes l’air des plaines de cette différence, par mélange et contact, la tension pour 40 degrés devenait, pour la vapeur d’eau, de 54mm 8650 La précipitation dut alors être de la va- peur correspondant à l’excès de tension, soit 37mm, 1130 1 Je suis loin d'accepter une semblable conclusion, car aujour- d’hui nous constatons que des microbes résistent à 100 et même 120 degrés de température; les animaux d’espèces inférieures du Cam- brien pouvaient fort bien être constitués comme ces derniers, avec des substances autres que des gélatines se solidifiant à 60 degrés de chaleur et leur rendant par suite la vie possible à de plus hautes tem- pératures. Re en Or, cette tension correspond à peu près à celle de l'air saturé à 32,9 degrés, qui est de 37mm,15; c’est donc absolument comme si de l’air saturé à 32,9 de- grés avait perdu toute son eau. On conçoit par ces chiffres combien une faible chute de température peut fournir d’eau condensée, lorsqu'il s’agit de masses d’air saturé à des tempé- ratures élevées. C’est pourquoi certaines régions du globe, le Bengale, par exemple, et les régions voisines du golfe du Mexique, sont sujettes à des précipita- tions considérables, grâce au voisinage des montagnes et de la mer, et vu la température élevée de lair humide. En effet, ces régions fournissent une chute d’eau annuelle formidable avec des différences de tempé- rature assez peu considérables, en tout cas infini- ment moindres que d’autres régions froides, comme la Sibérie, le nord de Ja Russie ou de la Suéde, par exemple, où les chutes d’eau sont cependant beaucoup moins abondantes malgré des différences de température sept ou huit fois plus fortes. Cela explique donc suffisamment la production considérable de courants d’eau à l’époque primaire, sans qu'il soit utile ou nécessaire de faire intervenir l'existence de glaciers, chose difficile à concevoir et surtout à expliquer avec des montagnes peu élevées, une atmosphère chaude, saturée de vapeur immen- sément riche en acide carbonique et probablement d’autres vapeurs, donc aux couches froides beaucoup plus élevées en altitude que de nos jours. Tel est un premier point qu’il était bon d'établir en passant. Donc pas de glaciers considérables et permanents aux époques géologiques anciennes du TE globe, mais actions orogéniques facilitées par la vapeur d’eau, détruisant la régularité des couches terrestres en voie de refroidissement et, par suite, répartissant inégalement les eaux sur la surface terrestre. Une fois cette première phase des âges anciens du globe accomplie par un refroidissement de plu- sieurs centaines de degrés de la couche primitive et une fois l’eau chaude des mers en place, l’action sédimentaire commence, activée par la fissuration des bas-fonds et, par suite, par une mise en contact un peu partout de cette eau avec les couches pro- fondes internes et très chaudes de la croûte terrestre. La dissolution, la désagrégation et la tenue en sus- pension des matériaux provenant de cette dernière action durent être singulièrement favorisées par cette pénétration facile de l’eau dans les profondeurs de l'écorce et par la production de vapeurs travaillant énergiquement dans le fond fissuré et effondré des mers. Aussi s’explique-t-on aisément la puissance des massifs sédimentaires de l’époque primaire, trois ou même quatre fois plus considérable que celle de tout le reste des formations neptuniennes postérieures. Cette puissante sédimentation couvrant par le fait même tout le relief sous-marin et obstruant ainsi finalement les innombrables cavités et fissures d’où étaient sortis, par des érosions bouillonnantes, les premiers matériaux sédimentaires, il dut s’ensuivre une séparation complète des couches internes encore brülantes d’avec les eaux des mers, et de là est née la période des formations dites secondaires, à tempéra- ture des mers plus modérée, mais encore générale et uniforme d’un pôle à l’autre. Cette unité est démon- LEE de trée par la faune et la flore de ces terrains, aux su- jets presque identiques et les mêmes partout. Pour la même raison, les phénomènes ou actions orogéniques de l’époque secondaire et crétacée furent restreints par cette absence toujours plus grande du contact entre les eaux et les couches chaudes et profondes de la Terre; les chances de contact diminuaient ainsi de plus en plus au fur et à mesure que l’épais- sissement des strates sédimentaires annulait toujours plus la possibilité de fissurations profondes. Le refroidissement lent et progressif de la croûte terrestre aurait ainsi suivi un Cours normal sans graves complications et accidents, et l’époque ter- tiaire eût été aussi calme et paisible que les époques secondaire et crétacée, avec formations sédimentaires aux couches régulières, à matériaux fins et uniformes, résultant eux-mêmes d'actions érosives continues et uniformes aussi. Mais une seconde période critique devait fatalement et nécessairement se produire et remettre en scène la chaleur centrale, avec une intensité d'autant plus remarquable que ce fut son dernier acte, acte que l’action solaire n’eüt pu produire. L'influence du Soleil jusqu’à la fin de l’époque secondaire ou mésozoïque fut presque nulle sur la 1 Les géologues ont une tendance à attribuer à l’époque secon- daire un climat tempéré et sec, parce que cette période n’a pas pro- duit de roches détritiques pour la formation desquelles il faut des courants d’eau érosifs puissants. C’est une manière de voir contes- - table : tempéré, oui, mais sec, non, car les condenseurs peu élevés de l’époque primaire, bons pour précipiter abondamment des vapeurs d’eau saturant un air de 50 à 60 degrés, ne produisaient plus le même effet à l’époque secondaire sur un air saturé de 30 ou 40 degrés. De 60 à 50 degrés, la tension de la vapeur diminue de 57 millimètres. De 40 à 30 degrés, la tension de la vapeur diminue seulement de 23 mil- limètres ; la désaturation n’était donc point activée par cette conden- ation moins forte. | ÉD NE 2 on de Le en SG" OU Terre, quoi qu’en disent les partisans du système Blandet ou du Soleil de 47 degrés, Soleil auquel ils attribuent, dès les premiers âges, toutes les vertus thermiques, sans plus rien laisser à la chaleur cen- trale en fait d'opérations calorifiques sur la croûte terrestre. Or le Soleil, dont l'intensité d’action sur la surface de la Terre est variable, produit des dilatations et con- tractions superficielles de l'écorce terrestre presque insensibles aujourd’hui: au plus une dizaine de mètres de variation annuelle de latitude pour un point comme Berlin, par exemple, dont la situation géographique doit être favorable à une grande varia- tion, puisque l'écart de sa température moyenne est de 18,19 degrés, alors que l'écart de Paris est de 14,42 degrés, celui de Londres de 13,35 degrés, seulement. Voilà tout ce que le Soleil peut produire comme mouvement horizontal de la croûte terrestre; d'autre part, son action calorifique en profondeur s'arrête à 10 ou 15 mètres sous notre latitude, et à plus de la moitié moins, si ce n’est presque à 0 mètre en Sibérie, par exemple. Son action comme contrac- tion et dilatation se réduit donc à faire aller et venir 10 000 kilomètres d’étendue de la croûte superficielle sur une dizaine de mètres au plus, soit de provoquer un mouvement annuel de 10/,, 500 000 = */1000 de milli- mètre par mètre, chiffre absolument impuissant à produire autre chose que des craquelures superfi- cielles de l’écorce terrestre, et probablement en rai- son de l’élasticité de la matière, de ne produire par- fois que des vibrations de faible intensité à peine sensibles à nos seismomètres. Le mouvement annuel oscillatoire de a colline du 1) = Mail, observé par notre savant collègue M. Hirsch, ré- sulte encore d’une de ces faibles actions due au Soleil. La colline de l'Observatoire de Neuchâtel danse si bien chaque année que l’axe de la lunette méri- dienne, de 1,10 de longueur, se déplace horizontale- ment de Omm,102 de l’O.-S.-E. pendant 163 jours d'hiver, et de Omm,106 pendant 163 jours d’été dans le sens E.-S.-0., soit Omm, 208 au total en moyenne pendant l’année. En passant, je dois dire que le mouvement cons- tant du même axe tient, selon moi, à des causes internes ou géologiques. Revenons à la période critique dont je parlais tout à l'heure ; c’est celle des mouvements orogéniques con- sidérables de l’époque tertiaire, que l’action du So- leil de 47 degrés ne peut avoir produits, puisqu'il en provoque encore moins aujourd'hui, bien qu’il soit cependant plus puissant que jamais sous ce rapport, et qu'il chauffe assurément plus inégalement la Terre que lorsqu'il actionnait celle-ci sous un angle de 47 degrés. La chaleur centrale, au contraire, explique tout, et voici comment : Jusqu'à la fin .de l’époque secondaire, la chaleur est presque uniforme sur la Terre d’un pôle à l’autre. Cela est démontré par la faune et la flore du crétacé. Les palmiers, les campbhriers et les plantes similaires croissent à cette époque au Nord comme dans les. régions tempérées, ou comme ils croissent et pros- pèrent aujourd'hui dans la région torride et équato- riale. La faune aussi est identique partout, cela est démontré par les fossiles. Les mêmes animaux habi- tent le Nord comme le Midi. Pendant l’éocène et le RSR miocène tertiaire, le sensible palmier se trouve, ainsi que le camphrier et une foule d’autres plantes de la flore tropicale, en pleine prospérité au Nord comme au Sud. La flore de la fin de l’époque miocène toutefois commence à montrer une certaine faiblesse d’expan- sion, une tendance à diminuer dans les régions po- laires pour les espèces végétales appartenant comme climat à la zone torride de nos jours. Enfin, à l’époque pliocène, si la faune aux plantes plus résistantes à une différence climatérique appré- ciable fournit encore dans le Nord certaines espèces des climats tempérés, en revanche la flore de ces mêmes contrées du Nord perd ses palmiers, ses camphriers et autres plantes congénères de la zone torride. Le refroidissement climatérique s’y accentue et de grands mouvements orogéniques s’accomplissent à celte époque, conséquence de la disparition toujours plus grande de la chaleur centrale dans les couches superficielles de l’écorce terrestre, en allant de haut en bas dans le sens du rayon terrestre, et du Nord au Sud dans le sens horizontal, pour l'hémisphère boréal. Le manque de chaleur s’accentue tant et si bien que, pendant le commencement du tertiaire, la chaleur, qui était probablement de 20 à 25 degrés partout au Nord, se trouve diminuée considérablement au pôle à la fin du tertiaire et remplacée quelque peu déjà par la chaleur solaire dans les régions torrides et équa- toriales. La croûte terrestre, au lieu de se trouver comme précédemment d’un pôle à l’autre sous le même régime thermique intérieur, avec température atmo- sphérique presque fixe pour les couches qui la con- SE un finent, se trouve peu à peu sous l'influence d’une disparition de la chaleur interne. Cette disparition commence au pôle où le Soleil (en admettant même la théorie de Blandet, diminuant son diamètre) est impuissant à la neutraliser; elle s'étend peu à peu jusqu’à l’équateur, où cette diminution de chaleur interne est alors neutralisée par la chaleur solaire tropicale. Donc deux raisons positives de décroissance calorifique progressive avec la latitude pour les régions polaires, savoir le refroidissement central d’un côté, et l'impuissance du Soleil se rapetissant ou déjà ré- duit à ses dimensions actuelles de l’autre, et une seule raison positive de refroidissement très lent pour l'équateur, avec conservation complète et entière de la chaleur superficielle due au Soleil pour cette même région. Voilà les différences et telles sont les causes ther- miques de l’accroissement des formidables massifs de condensation de l’époque tertiaire et du commence- ment du quaternaire, en même temps que, comme conséquence, telle est aussi la cause des phénomènes diluviens et glaciaires de cette dernière époque. C’est ici que commencent donc les démonstrations spéciales que je me suis proposé de faire dans cette communication. Deux causes ont provoqué la recrudescence des mouvements orogéniques de cette époque. C’est, d’une part, le réchauffement des masses infé- . rieures sédimentaires en proportion de leur épais- seur et, par suite, souvent la réduction en vapeur de leur eau de pénétration (ce qu’on appelle l’eau de carrière). Cest, d'autre part, la dislocation de l'écorce ter- LC des restre sous l'influence des changements de tempéra- ture de celle-ci, changements qui ont, pendant la fin de la période tertiaire et le commencement du qua- ternaire, ramené au pôle une température de + 20 ou 25 degrés à — 20, si ce n’est même — 40 comme minima, tandis qu’à l'équateur cette température est restée fixe de 25 à 30 degrés en moyenne annuelle comme aujourd'hui. Cette différence, s’il ne se fût agi que de la surface, n'eût pas amené de grandes perturbations, mais il s’est agi des températures de la masse interne sur une grande épaisseur, peut-être plusieurs kilomètres de profondeur. En effet, à 1000 mètres de profondeur, la tempé- rature, au milieu de l’époque tertiaire, devait être, n'importe la latitude, uniforme ou sensiblement uni- forme pour une même épaisseur de croûte terrestre, peut-être 65 degrés à l'équateur contre 60 degrés au pôle. À l’époque quaternaire, on avait au pôle, à cette profondeur, en tout cas une température de 25 à 30 degrés inférieure à celle de l'équateur, donc proba- blement 20 ou 25 degrés contre 60 (fig. 3 et 4). Or, qui dit variation de température dit contraction ou dilatation. Au lieu d’un refroidissement uniforme produisant un état de tension uniforme partout, comme à l’époque secondaire et crétacée, la tension est devenue irrégu- lière en croissant considérablement de l’équateur au pôle, en vertu de l’abaissement considérable de tem- pérature dans la masse polaire, et ailleurs proportion- nellement aux latitudes, pour aboutir à presque 0 à l'équateur (voir fig. 5, 6 et 7). Si une simple variation calorifique due au Soleil et uniquement superficielle d’une dizaine de degrés dans Le "HE les moyennes estivale et hivernale de température produit des oscillations de 10 mètres à Berlin et fait danser notre Observatoire de manière à affecter l'axe de sa lunette de Omm, 208, à quelle épreuve ne dut pas être soumise une masse s'étendant du pôle à l’équa- teur, de quelques dizaines de kilomètres d'épaisseur et perdant irrégulièrement une trentaine de degrés de sa température, soit en longueur, soit en profondeur. De là donc des fissurations considérables et nom- breuses et, par suite, introduction de l’eau des mers dans les masses brisées internes, puis production souterraine de vapeur, force nouvelle, expansive, énorme, soulèvement de certaines masses, effondre- ment d’autres, et finalement accroissement considé- rable en étendue et en hauteur des condenseurs, cause du phénomène glaciaire. C’est naturellement près des zones montagneuses en A (fig. 8) que durent se produire au plus haut degré les actions nouvelles. En effet, à propos des formations de montagnes de cette époque, je rappellerai ce que je disais dans ma communication sur la phase Jovienne : A la fin de l’époque miocène, le massif alpin subit des actions internes d’une formidable puissance, qui soulevérent même les chaînes secondaires et calcaires des Alpes. Les Pyrénées ont alors acquis leur relief définitif, et à la fin de l’époque tertiaire, après la for- mation du pliocène, les Apennins prennent nais- sance et avec elles se produisent de nombreux soulé- vements de la chaîne méridionale des Alpes, ainsi que les montagnes de l'Auvergne. » J'aurais pu ajouter, pour compléter eette nomen- clature, que l'Himalaya, les Andes, les Montagnes SERRE T2 Rocheuses, et même notre Jura, ont, à cette époque, subi des effets orogéniques considérables, qui ont garni leurs escarpements des terrains surélevés du crétacé et du tertiaire, étages formés dans les mers qui baignaient autrefois leurs flancs et leurs vallées. Ici encore, je me permettrai de demander aux adversaires de la chaleur centrale, qui ont une ten- dance à faire si vite abstraction d’un système qui explique si bien les choses, comment ils arrivent à se rendre compte de l'intensité des actions orogéniques pendant le primaire, le calme de ces actions pendant le secondaire, enfin cette recrudescence inattendue pendant le tertiaire. Ce sont là des faits qu’il faudrait pourtant expliquer mieux ou au moins aussi bien qu'au moyen de la chaleur centrale et des actions qui en sont résultées, faits bien autrement importants que les particularités sur lesquelles on se fonde pour vouloir vite tout rejeter dans le domaine du calorique interne. L'introduction de l’eau dans les couches profondes. et chaudes de l’écorce terrestre a donc été favorisée par la fissuration de cette écorce, provoquée par les différences de température produites par l’inégal re- froidissement de cette masse du pôle à l’équateur. Mais ce n’est pas tout: les masses sédimentaires déposées pendant l’époque secondaire et tertiaire prirent une épaisseur très grande, quelques milliers de mètres, et la transmission de la chaleur centrale au travers de cés masses y produisit, dans les parties profondes, un exhaussement de température considé- rable et, pour de grandes épaisseurs, si considérable que l’eau primitive de carrière dut chercher à s'échapper en vapeur. De là, augmentation des ten- LT SERIE sions dans le sein des masses chaudes profondes, suraccroissement de force expansive dans tous les sens, qui dut singulièrement favoriser le craquelle- ment des couches dont je viens de parler, craquelle- ment dû aux différences de température produites entre le pôle et l'équateur, à cette époque d'irrégulier refroidissement. Cela explique encore pourquoi les bancs rocheux de l’époque secondaire sont si considérablement fis- surés, pourquoi ceux de l’époque crétacée le sont à un degré moindre, enfin comment il se fait que ceux du tertiaire ne le sont presque pas. Leur fissuration est en raison de leur profondeur. Les bancs de l’épo- que primaire sont ici hors de cause, ayant été ébranlés et craquelés lors des soulèvements dus à l’apparition directe de l’eau sur la croûte terrestre. C'est ainsi que des causes, petites en apparence, devaient donner aux vides produits par la diminution de volume du noyau pâteux, inférieur aux couches solides du globe, le moyen de produire des effets plus considérables que lors des époques précédentes, bien que ces vides fussent plus restreints. Comme effet dynamique, la chaleur centrale a donc opéré à l’époque tertiaire et surtout vers la fin de cette époque : 4o Comme précédemment, par la formation de vides résultant de la contraction des matières fluides existant sous l'écorce solide du globe; 20 Par les efforts de tension et même de torsion résultant de la différence d’abaissement de tempéra- ture pour une même profondeur des couches solides entre le pôle et l’équateur ; RER. 3° Enfin, par l'introduction de l'eau de carrière dans les masses sédimentaires, acquérant avec l'épaisseur de celles-ci une température telle que sa tendance à la vaporisation dut mettre les masses elles-mêmes dans un état de tension très grand. Il ne faut pas oublier que l'air était et est resté saturé de vapeur d’eau jusqu'au moment où les con- denseurs nouvellement formés purent l’en décharger, et que la plus grande perte de chaleur interne dut se produire lorsque l'air fut en mesure de se débar- rasser par condensation de la masse des vapeurs qu'il contenait, en donnant ainsi lieu à ce mouvement rota- toire perpétuel de formation et précipitation de va- peur d’eau dû aujourd’hui à l’action solaire seule. Un calcul approximatif donnera une idée de la masse de vapeur d’eau contenue dans l'air à l’époque du miocène tertiaire, avant la formation des conden- seurs. Admettons 30 degrés comme température moyenne du pôle à l'équateur, on aura comme tension de vapeur à cette température 31mm, 5096 de mercure et par mètre cube d'air, 30 grammes en chiffres ronds, {le chiffre exact est 289,51). Le calcul donne donc une lame d'environ 1%%,500 d’eau pour 50 kilomètres d’at- mosphère saturée en hauteur et, pour 20 kilomètres, Om,600 seulement. La vapeur d’eau actuellement dans l'atmosphère n'atteint pas 0,05, soit !/,, de celle qui devait exister à l’époque tertiaire supposée saturant l'air à 50 kilo- mètres de hauteur, ou {/,, avec saturation à 20 kilo- mètres seulement. D'autre part, la capacité calorifique d’un mètre cube de matière de l’écorce terrestre, compté à 2500 kilog. DR et 0,200 calorie pour sa capacité par kilogramme, soit à peu de chose près celle des calcaires, cette capacité calorifique sera de 500 calories par mèêtre cube. La capacité calorifique d’un mèêtre cube d'air chargé de vapeur d’eau à 30 grammes étant égale à 0,37 calorie, on aura donc le rapport des capacités entre l'air saturé à 30 degrés et le calcaire par De en LU, c'est-à-dire que la chaleur d’un mètre de calcaire est égale à celle de 1350 mètres d’air saturé à cette même température. Cela établi, on voit immédiatement quelle action calorifique énorme et longue a dû produire sur l’en- veloppe atmosphérique la croûte terrestre pendant la disparition des 30 degrés de chaleur, perte com- plète affectant au pôle une épaisseur considérable, mais devenant moindre à l’équateur, en raison de l’action solaire. Cette chaleur perdue a passé évidemment au tra- vers des mers et des terres, enfin au travers d’une atmosphère saturée, pour aller se perdre dans l’espace par rayonnement, car enfin cette chaleur constatée par la flore est allée quelque part de bas en haut; elle n’est pas rentrée sous terre, assurément. Donc, de cette époque tertiaire à l’époque quater- naire, la croûte terrestre a perdu en moyenne *!/ degrés du pôle à l’équateur, soit 15 degrés avant le refroidissement du fond des mers et 30 degrés au complet après le refroidissement des eaux profondes. sous-marines, aujourd’hui très froides partout, n’im- porte en quelle latitude. Cette perte de chaleur s’est faite sur une épaisseur formidable de l'écorce ter- restre, malgré un remplacement de chaleur rapide RP d’abord, puis plus lent il est vrai, remplacement opéré par la chaleur interne venant de couches plus profondes. Cela pourrait être difficilement contesté, quelle que soit la faible conductibilité des matières stratifiées de la croûte terrestre. Or, une perte de 15 degrés de chaleur sur 1000 mètres d'épaisseur, représente de quoi fournir 15 degrés de chaleur à 1350 000 mètres cubes d’air, ou la même température à cent renouvellements d’une colonne d'air de 15!/, kilomètres. Pour 2000 mètres de matières perdant ce calorique, la chaleur de la colonne d'air serait renouvelée cent fois aussi comme calorique identique à 27 kilomètres de hauteur, et ainsi de suite pour de plus grandes épaisseurs. Si, maintenant, on considère qu'il a fallu tout l’es- pace de temps de l’époque formatrice des roches primitives pour abaisser la température de l'écorce terrestre aux fins de permettre la précipitation de l’eau à 4 ou 500 degrés, si ce n’est plus, et la réduire à 90 ou 60 degrés, température compatible avec l'apparition de la vie sur la Terre, et qu'il a fallu tout l’espace de temps des époques primaire, secondaire et en partie tertiaire pour abaisser cette température de 60 à 30 degrés en moyenne, il est assurément permis de conclure que les arrivages souterrains de chaleur pendant cet abaissement ou perte de 15 degrés ont dù être assez abondants et durables pendant la fin du tertiaire et le commencement du quaternaire pour assurer une saturation de l'air suffisante et sus- ceptible d’engendrer par précipitation les courants quaternaires les plus formidables, et plusieurs fois les masses glaciaires de l’intéressante période qui nous occupe. BULL:ESO0G SCNAT: TT: XIX } Du mode de formation des vapeurs d’eau de l'époque quaternaire et glaciaire. La période tertiaire ayant pour caractère physico- météorologique essentiel la disparition de la chaleur centrale par quantités progressivement croissantes de l'équateur au pôle, et géologiquement la dislocation des couches de l’écorce terrestre, grâce à un état de ten- sion formidable de ces couches, dû à l'introduction des eaux dans les fissures et cavités produites, comme aussi à la haute température des eaux incluses dans les roches et les strates inférieures des masses sédi- mentaires ; toutes ces eaux surchauffées devaient pro- duire des vapeurs à expansion énorme, et soumettre les eaux de surface à une évaporation considérable en s’y condensant ou en les traversant. N'oublions pas que le fond des mers n'était pas encore rafraichi par les courants d’eau glacée prove- nant du dégel de la calotte de glace des pôles, et que la température y était alors celle des couches terres- tres sous-marines thermiquement influencées par la chaleur interne ou centrale. L'action solaire, à l’époque quaternaire et fin du ter- tiaire, devait être approximativement ce qu'elle est aujourd'hui et ajouter son contingent d’action à celui fourni inférieurement; mais cette action, partout où la température solaire était inférieure à celle de l'écorce terreste à sa surface, ne pouvait agir qu’en chauffant les masses de vapeur des régions élevées de l’atmosphère, où elles se refroidissaient par suite moins vite et, par conséquent, cela augmentait d’au- SET tant l'épaisseur ou la hauteur de l’air saturé. On com- prend aisément que, prise entre deux feux ou solli- citée par une double action, l’évaporation des mers dut produire des épaisseurs d’air saturé d’une puis- sance et d’une activité qui devaient encore satisfaire facilement à n'importe quelle demande ou absorption des immenses condenseurs nouvellement formés. Depuis la disparition de l’une des causes, tout a changé, et les condenseurs sont, dès lors, devenus presque inoccupés. Les adversaires de la chaleur centrale opposent souvent l’argument que, pendant l’époque primaire, c'est-à-dire à l’époque de formation des houilles, dont on retrouve des gisements du pôle à l’équateur, la température, sous l'influence de la double source de chaleur solaire et interne, aurait dû être de 90 à 100 degrés à l'équateur, pour être de 50 degrés au pôle. Cela n’est pas possible, car un corps sollicité à se chauffer par deux sources de chaleur de 50 degrés diagonalement placées l’une par rapport à l’autre, ne porteront pas ce corps à une température de 100 degrés, pas même à 60, elle restera à 50 degrés; toutefois, si le corps est épais, il s’échauffera à 50 degrés de deux côtés à la fois, et jusqu’à ce que les effets des deux sources de chaleur se rencontrent; s’il s’agit d’un liquide, il fournira à l’évaporation des deux côtés à la fois, mais la vapeur produite sera tou- jours correspondante à 50 degrés et son volume seu- lement sera plus considérable. Cet argument n’a donc pas grande portée, car les effets en vapeur s’ad- 1 Hermite, principes de géologie, page 71. — De Lapparent, géo- logie, page 1464. ER. à HT ditionnent, mais non les températures pour en for- mer une plus élevée. | Voilà donc la Terre arrivée à la fin du tertiaire, avec une température polaire s’abaissant de plus en plus, des massifs de montagnes s’élevant toujours davantage à de grandes hauteurs un peu partout dans l'hémisphère boréal et, à l'équateur, deux actions calo- rifiques encore en pleine vigueur et saturant l’atmo- sphère d’une masse formidable de vapeur d’eau. Dans ces conditions, est-il vraiment urgent ou utile de faire intervenir l’action volcanique pour expliquer les choses et faire sortir les vapeurs nécessaires aux précipitations aqueuses de l’époque, de cratères acti- vés par des réactions chimiques seulement”? Assurément non! Si la chaleur centrale n'existe pas, la masse interne du globe est alors solide, et, si elle est solide, on se rend difficilement compte des effets d'oscillation du sol s’abaissant d’un côté sur d'immenses étendues pour s'élever d’un autre à des hauteurs souvent formidables. Il faudrait que la ma- üère solide interne de support füt terriblement élas- tique, pour permettre ces changements orographiques. Les volcans, avec leurs réactions chimiques, creu- seront bien quelques cavités que le foisonnement des matériaux éboulés aura plus ou moins vite comblés, mais sous une Méditerranée ou un Océan qui se for- ment, il ne suffira jamais de quelques vides pareils pour faire place aux couches effondrées d’une si immense étendue. N’est-il donc pas plus simple d'admettre des diminutions générales de volume formatrices de vides provoquant l’effondrement sur une matière fluide facilement ascensionnelle ou déplaçable, équilibrant par une surélévation les masses effondrées et permet- 2 ER tant aux masses supérieures soumises à tension de se mouvoir aisément, tout cela grâce à une fluidité interne dont on a tant de preuves”? Tous ces efforts internes et orogéniques sont facilement expliqués par les tensions formidables dont je viens de parler. La chaleur originelle du globe terrestre explique donc, par la thermodynamique, non seulement les phénomènes de formation de celui-ci, ainsi que les grandes variations d'intensité des oscillations du sol, le soulèvement des montagnes pendant les époques primaires agitées, le calme relatif des temps secon- daires, enfin ceux très agités des époques tertiaire et quaternaire; mais elle explique aussi victorieusement la production des vapeurs et des précipitations de ces dernières époques. L'analyse des systèmes concurrents et leur critique ajoutera, Je l'espère, à la valeur de mes démonstra- tions. Systèmes divers des causes auxquelles sont attribuées les précipitations quaternaires et les formations glaciaires. C'est ici le moment d'aborder l'hypothèse de la chaleur solaire comme agent formateur des phéno- mènes glaciaires. Cette théorie de la décroissance du Soleil, qui est entrée récemment en ligne, est celle du D" Blandet, basée sur la théorie de Laplace et attribuant au Soleil, pendant les époques anciennes de la géologie, un diamètre énorme et décroissant. Lorsque son dia- mètre apparent eut atteint 47 degrés au lieu des 32’ et 3” qu'il présente aujourd’hui, soit un diamètre “ es RE. 87 fois plus grand, les régions polaires étaient comme le reste de la Terre inondées de lumière; la partie obscure du globe était réduite à un segment de la sphère et les nuits polaires n’existaient pas (fig. 9). Avec cette hypothèse fort admissible, si le Soleil provient effectivement d’une concentration des ma- tières cosmiques, ce qui est généralement admis aujourd'hui, on aurait eu un Soleil déjà très chaud, occupant à peu près l’espace compris entre Mercure et le Soleil actuel, c’est-à-dire environ les ?/, de l’espace compris entre la Terre et le Soleil. Cet astre, dont les rayons, au solstice d’élé, eussent enveloppé la Terre jusqu’au cercle polaire dans l’hé- misphère boréal, tout en rasant son pôle austral, aurait, grâce à une chaleur ainsi enveloppante, plus modérée il est vrai, mais plus rapprochée, réparti son action assez uniformément partout. De là, absence de saisons, température favorable à une production de vapeurs considérables et suffisantes pour fournir encore à l’époque tertiaire et quaternaire l'élément calorique nécessaire à la formation d’abondantes vapeurs, source des précipitations aqueuses et froides de l’époque glaciaire. Ce système, pour expliquer l’uniformité de tempé- rature, parait au premier abord si attrayant, qu'il est admis par bien des géologues, notamment par M. de Lapparent et même par M. Falsan dans sa récente publication sur les glaciers; mais ce système, passé au crible de l’analyse, ne remplit plus, à l’épo- que quaternaire, que fort imparfaitement le but cher- ché, et je dirai même qu’il ne le remplit plus du tout. D'abord, en supposant une répartition de la ri- chesse du Soleil en calories, dans une sphère de 87 é diamètres de celle d'aujourd'hui, il faudrait pouvoir connaître la relation entre les chaleurs spécifiques du corps dilaté et de celui d'aujourd'hui, ce qui est impossible, établir le pouvoir rayonnant du gaz de la surface dans les deux cas et ainsi de suite pour une foule de facteurs ; il faudrait connaître tout cela pour se rendre compte de l'effet, comme tempéra- ture, du Soleil de 47 degrés sur la Terre d'autrefois; mais cela n’est nullement nécessaire pour prouver ce que je viens d’avancer comme action inutile au but cherché à l’époque quaternaire. En effet, il saute aux yeux que la quantité de calorique transmise alors aux régions polaires l’était au détriment de celle transmise aux régions équatoriales. La somme de chaleur four- nie depuis cette époque peut être considérée comme ayant toujours augmenté, puisque la chaleur du Soleil provient précisément du travail mécanique de la con- centration et que cette concentration continuera Jus- qu'à ce que l’astre soit devenu liquide, ce dont il est probablement, vu sa faible densité, encore fort éloigné. Mais en fournissant de moins en moins de sa cha- leur aux régions polaires, le Soleil, en se concentrant et devenant par le fait de ce travail de concentration plus chaud et actif là où 1l agissait, fournissait donc de plus en plus de la chaleur aux zones torrides et équatoriales, et aujourd’hui il leur en fournit donc évidemment le maximum de ce qu'il leur en a Jamais donné (fig. 10). Or, la masse des vapeurs d’eau produites par le Soleil dans ces chaudes régions serait donc actuelle- ment un maximum ; mais, chose curieuse, ces vapeurs avec les mêmes condenseurs polaires et montagneux que ceux de l’époque glaciaire, aussi étendus et froids qu'à cette époque, précisément à cause de la concen- tration solaire qui défavorise leurs latitudes, ces vapeurs, avec les mêmes appareils de réduction, ne produisent plus que des névés rachitiques et des gla- ciers minuscules comparés à ceux de jadis. La force active du Soleil, comme production de vapeur, enrichit l'atmosphère des #/,5599 de Son poids, correspondant sur la Terre à une couche d'environ 5 centimètres d’eau, et ce n’est pas avec une base aussi minime de rotation de vapeur, nourricière au- jourd’hui des précipitations aqueuses et neigeuses, qu'il faut assurément tenter de vouloir expliquer les grands phénomènes quaternaires et glaciaires. Les massifs montagneux ont vite fait chaque année, comme je l’ai dit dans ma précédente communica- tion sur la phase jovienne, pour réduire par conden- sation les vapeurs produites, et la saison sèche succède partout rapidement et longuement à celle des pluies. Le Soleil agrandi, mais déjà dans un état très con- centré, n'a pu produire d’action calorifique utile et agissante sur la Terre en voie de refroidissement, que lorsque la chaleur propre et interne de celle-ci ne l’emportait pas en intensité sur celle lui arrivant de l’astre central, cela est incontestable. Jusqu’à cette époque, il n’y eut donc pas de saisons possibles à la surface de la Terre. Lorsque la croûte terrestre avait une température de 300 à 500 degrés, par exemple, limites entre les- quelles la vapeur d’eau put se réduire en eau et occuper le sol terrestre, grâce aux formidables pres- sions des vapeurs atmosphériques de l’époque, le Soleil ne donnait alors assurément aucune chaleur à de de id dis do ADR AL TT RSS la Terre qui n'avait que faire d'un appoint calorifique qui ne lui eût pas même valu comme aujourd’hui une température moyenne générale d'environ 15 à 16 degrés, soit le trentième environ du calorique qu’elle possédait alors en propre à sa surface. Ce fut là la fin de l’époque primitive, alors que les gneiss et les micaschistes, c’est-à-dire les roches cristallines e feuilletées étaient en voie de formation sous l'influence des deux agents, chaleur interne et mers très chaudes. Lorsque la température de la croûte terrestre et de ses eaux descendit à 50 degrés et au-dessous et que la vie put apparaître, l'apport calorifique utile fourni par le Soleil ne dut pas être plus considérable. Pen- dant l’époque des terrains primaires, la Terre se passa donc aussi d’un apport de chaleur équivalant à peine au quart ou au cinquième de sa température superficielle propre. Avant de dire, comme le prétendent certains géo- logues, qu’aussitôt après la solidification de la pre- mière croûte terrestre, la transmission de la chaleur interne devint presque nulle !, il faudrait établir d’a- bord la quantité de cette chaleur, puis dire par où a passé ce calorique des 70000 mètres d’écorce ter- restre réduite, comme température, à presque 0 de- gré à sa surface et dont la masse primitivement liquide est devenue solide, ce qui suppose une perte de quelques mille degrés en moyenne. Cette perte de chaleur s’est donc effectivement produite peu à peu, laissant l’écorce terrestre dans les conditions thermiques actuelles. Après les 40 à 90 degrés de chaleur, la température de la surface est descendue à 30, à 25 degrés et, plus tard, à 1 De Lapparent, géologie, page 1464. PSE 20 degrés, et ainsi de suite. Est-ce montrer une har- diesse bien extraordinaire que d’attribuer ces dernières températures aux époques secondaire, puis tertiaire qui ont suivi l’époque primaire? Le peu de conducti- bilité des couches terrestres ne prouve pourtant pas l'absence de conductibilité, mais seulement que la masse énorme de calorique intérieur qui a disparu a mis un temps très long à s’en aller, en maintenant égale d’un pôle à l’autre la température de la sur- face de la Terre pendant de très longues périodes de temps. Cela s’est produit tant que la chaleur du Soleil n’a pu, faute de puissance, rompre cet équilibre par l'apport de sa chaleur si inégale suivant les latitudes. Enfin est arrivée cette période critique de la fin du tertiaire, qui devait fatalement se produire, où le refroidissement interne de la croûte, activé au pôle par le manque d'appoint en calorique solaire, était ralenti dans les zones torrides et équatoriales par l'apport d'un calorique solaire relativement considé- rable et qui, peu à peu, a remplacé à la surface l’ap- port décroissant de chaleur interne. Nous avons déjà vu et nous verrons encore, à propos de la formation des vapeurs d’eau, que c’est sollicitée par des actions mécaniques dues à cette inégalité de chaleur interne, que la croûte terrestre a dû subir ces formidables actions orogéniques de l’épo- que tertiaire, dont jusqu'ici les géologues n’ont su, pas davantage que pour celles de l’époque primaire, expliquer le comment et le pourquoi. L’admirable théorie de la formation des mondes de Descartes, non moins admirablement corrigée et com- plétée par Laplace, rend compte non pas seulement de la concentration du Soleil, que l’on invoque aujourd'hui 00 pour expliquer l'absence de saisons sur la Terre aux époques anciennes de notre globe, mais aussi la con- centration des éléments de notre planète, qui explique bien mieux que le système précédent basé sur le Soleil: 1° les décroissances de la température aux diverses époques géologiques ; 2° les actions orogé- niques, ainsi que leurs dates forcées dans l’histoire des révolutions de notre planète ; 3 l’impuissance du Soleil, jusqu’à une certaine époque, à pouvoir faire régner sur la Terre le système météorologique des saisons dont il est la cause; 4° enfin les phénomènes si étranges de la période quaternaire et glaciaire. En résumé, le Soleil, quelque agrandi fut-il, a tou- jours opéré comme aujourd’hui inégalement sur la Terre, vu l’obliquité de son orbite sur l’écliptique; les saisons se sont toujours produites, d’abord à la surface de l’atmosphère, puis plus bas, se rapprochant de la surface terrestre au fur et à mesure que la chaleur interne diminuait, enfin sur cette surface même lorsque la chaleur interne ne supplanta plus celle du Soleil. La concentration du Soleil dans ses phases de prolixité a pu aider à favoriser la Terre de différences de température moins grandes entre les saisons là où celles-ci régnaient, mais elle n’a jamais été la cause de leur absence primitive. La vraie et grande cause est conséquemment tout autre. Donc impuissance complète comme formation ex- traordinaire et exceptionnelle de vapeur, tel est, au point de vue de la théorie des glaciers quaternaires, le résultat du système Blandet. On objectera peut-être que l’époque des grandes formations de vapeurs et de neige correspondait au 5 SON moment où le Soleil agrandi chauffait encore de plus grandes surfaces sur la Terre et y produisait donc plus de vapeurs qu'aujourd'hui. Mais, plus les régions polaires étaient chauffées, plus les condenseurs l’étaient et moins ils rafraîchis- saient l'air, ce qui est prouvé par ce qui se passe actuellement avec les condenseurs en hiver et en été; les deux choses sont incompatibles, car il suffit d’une très petite augmentation de la température moyenne pour mettre les glaciers en retrait. Il serait vraiment étrange que la région polaire, aujourd’hui abandon- née par le Soleil pendant six mois et ne condensant de vapeur en neige que ce qu’elle condense actuelle- ment, eût pu en condenser davantage sous forme de neige avec l’action d’un Soleil chauffant cette même région annuellement pendant deux ou trois mois de plus. La longueur annuelle de temps pendant laquelle les abondantes vapeurs fussent tombées en eau au lieu de tomber en neige eût augmenté, et voilà tout. En résumé, si le système d’un Soleil agrandi et en voie de concentration pouvait, à la rigueur, expliquer Jusqu'à un certain point une égalité partielle des climats de l’époque primaire et secondaire, il est radicalement impuissant à expliquer les précipitations de l’époque glaciaire, car si sa force vaporisante était suffisante, il chauffait par contre trop les condenseurs et les régions froides pour y provoquer la chute des vapeurs sous forme de neige, élément nécessaire à la formation des immenses glaciers de l’époque. PONS TNA Autres systèmes divers. Je ne m'’étendrai pas sur les innombrables hypo- thèses émises pour expliquer le phénomène glaciaire. En général, ce qui a préoccupé les chercheurs, c'est le froid; ils pensaient et croyaient que le phéno- mène était dû à un refroidissement de la Terre, vu la basse température qui régnait alors, envahissait peu à peu des régions tempérées, surprenait même des troupeaux de mammouths et d’autres animaux dont les restes se trouvent ensevelis dans les amas de glace du nord de l'Asie, etc., etc. En cela, ces naturalistes confondaient l'effet avec les causes. C’est l'accumulation des glaces qui a refroidi les contrées occupées par les glaciers et rafraichi par la fusion des glaciers les mers et leurs lits sous-marins, activant ainsi presque partout le refroidissement de l’écorce terrestre. Ce refroidissement mit fin à l’abondante provision des vapeurs nécessaires pour alimenter les précipita- tions neigeuses ; et ces précipitations, agents nourri- ciers des névés, devenues insuffisantes pour compen- ser la fusion due à l’action solaire, la grande période glaciaire prit fin en se réduisant, faute de vapeurs alimentaires, aux minuscules glaciers contemporains. La preuve de ce que j'avance est facile à faire; en effet, les condenseurs actuels suffisent pour condenser en très peu de jours tout ce que le Soleil produit actuellement de vapeurs, et l’air saturé est assuré- ment l’exception dans la masse atmosphérique. Une diminution de température diminuerait l’évaporation = Re des mers au lieu de l’augmenter et, en outre, la ten- sion de la vapeur diminuerait aussi; par suite, une même différence de température entre l’air chargé et celui des condenseurs produirait une condensation bien moindre de vapeur d’eau. Entre 20 et 10 degrés, la perte de tension est de 17mm,363 — 9mn 139 — 8mm,224; entre 30 et 20 degrés, cette perte est de 31mm,509 — {7mm 363 — 14mm 146, presque deux fois plus forte, et comme le poids de vapeur croit considérablement avec sa tension, on voit immédiatement qu'un abaissement général de température irait à l'encontre d’un accroissement de vapeurs condensées et, par suite, il renverse les hypothèses suivantes : a) Refroidissement dû à la précession des équi- noxes (qui produit 36 jours d’été de plus dans un hémisphère en défaveur de l’été de l’autre). b) Taches du disque solaire, neutralisant ses effets calorifiques complets. c) Déplacement de l'axe terrestre, changeant les régions polaires. d) Changement de direction du Gulf Stream, n’ame- nant plus la chaleur au nord. e) Rupture de l’isthme de Panama, produisant le même effet. f} Submersion du Sahara, rafraichissant l’atmo- sphère. g) Traversée d'espaces célestes très froids, abais- sant la température sur toute la Terre. Toutes ces hypothèses ne peuvent, pour les rai- sons indiquées, être acceptées et ne sont pas capa- bles de résoudre la question. Pie. HN — "AR La question ne peut trouver sa solution que dans un accroissement de production de vapeur d’eau suf- fisant pour faire travailler les condenseurs actuels avec toute leur puissance, comme autrefois. Il ne reste donc dans cette direction que les sys- tèmes : 1° de la chaleur centrale ; 2° du Soleil agrandi, système Blandet; 3° ou enfin la production volca- nique des vapeurs, système auquel se rallie M. Her- mite. Nous avons vu ce qu'il fallait penser du second; il reste donc celui de l’action volcanique en concurrence avec celui de la chaleur centrale. Or, chacun sait que la précipitation de la vapeur d’eau des volcans se produit généralement dans leur voisinage, et la situation des volcans, soit anciens, soit actuels, ne saurait expliquer l'extension des glaciers là où elle s’est produite. En effet, tandis que les Andes, massifs montagneux très élevés et riches en volcans, ne présentent aucune trace d'extension con- sidérable de grands glaciers; les Alpes, où les volcans furent toujours inconnus, ont présenté le phénomène glaciaire sur une immense étendue. Les 300 volcans actuels, quelque formidables que soient parfois leurs éruptions, sont absolument im- puissants à modifier le régime climatérique, non pas du globe, mais même celui des contrées voisines et, fussent-ils en nombre décuple, leur influence serait absolument insignifiante. Comme nulle part on ne trouve trace d’un nombre assez considérable de bouches volcaniques pour ex- pliquer la période glaciaire, il est donc permis de reléguer cette hypothèse au rang des autres. Je n'étendrai pas outre mesure cette communica- PE + tion en examinant un à un et en détail les systèmes réfrigérants que je viens de rappeler, imaginés pour expliquer la période glaciaire, je ne ferais que répé- ter ce que l’on trouvera dans les publications sur la matière, notamment dans l'ouvrage récent de M. Fal- san {La période glaciaire) qui en fait l'historique, les résume le mieux, et réduit toutes ces hypothèses à leur juste valeur. Tous ces systèmes ne résolvent donc pas le pro- blème de la formation des masses de vapeurs qui ont d'abord alimenté par condensation les courants d’eau quaternaires, puis provoqué la formation des immenses amas de neige et de glace de l’époque, amas qui cou- vraient le !/,, au moins de l'hémisphère boréal. L’imagination de chercheurs à vouloir trouver abso- lument les causes d’un froid excessif était-elle au moins justifiée par la nécessité de ce surcroît de froid ? Pas le moins du monde, ainsi que Je vais le démon- trer dans le chapitre suivant, en prenant pour base ce qui se passe aujourd'hui et ce qui devait se passer alors avec les mêmes massifs de condensation. De la condensation des vapeurs en eau et en neige. Formation des massifs glaciaires. La quantité de vapeur d’eau contenue dans un mètre cube d'air saturé diminue considérablement avec la température. Il en est de même des tensions: Ainsi, à diverses températures, un mèêtre cube d’air à la pression atmosphérique ordinaire est saturé en grammes de vapeur avec tension de mercure, comme suit : CCR mm A (Oolair est saturé pr 5,2 avec tension de 4,56 563 45 » 7,2 5 » 6,50 40 » » B5:1413 » 9,13 25% :°» » 12,83 » » 12,67 200 » » 16,78 >» » 17,36 25% :» » 22,01 » » 23,91 300 » » 28,51 » » 31,90 300 _» ) 37 » » 41 ,78 400 » » 46,40 » » 04,86 45.» » 98,60 » » 71,36 000 » » 72 » » 91,97 GÜo » » 405 » » 148,88 70 » » 141 » » 233,30 800 » » 199,24 » » 369,50 900 » » 251,34 » » 925,46 1000 » » 295 » » 760 Ce tableau permet de suivre assez exactement ce qui s’est passé aux diverses époques géologiques en matière de condensation de vapeur d’eau. Condensations de l’époque primitive. Pendant l’époque primitive, la vapeur d’eau de l'atmosphère put finalement, après la précipitation de la grande masse des vapeurs d’autres corps, com- mencer par se condenser et former les premières mers d’eau très chaude, en laissant cependant dans l'atmosphère la majeure partie de l’eau en vapeur. _ La tension de cette vapeur devait être énorme; à 412 degrés, la vapeur d’eau ne se condense plus et reste en vapeur à n'importe quelle pression sous BULLE. -S0C..SC- INAT:.-T; XIX D SR ue laquelle les physiciens ont pu jusqu'ici opérer, mais ces pressions d’expérimentation ne sont rien en com- paraison de celles qui devaient exister dans l’atmo- sphère, lors des premiers âges géologiques. L'eau des mers de 4000 mètres de profondeur en moyenne représentait originairement sur la surface du globe, en vapeur, près de 300 atmosphères de pression à elle seule. L’atmosphère contenait encore alors tout l’acide carbonique correspondant à une trentaine d’atmosphères ; elle contenait aussi des bro- mures, des chlorures, des fluorures, ainsi qu’une foule de vapeurs sulfureuses et d’autres corps dont la température élevée de la croûte terrestre ne per- mit la précipitation qu’au fur et à mesure de sa dimi- nution d'intensité. C’est le moment de rappeler le développement pris par l'acide carbonique, dont la chaleur spécifique est de 0,184, comparée à celle de l’eau prise pour unité, et qui, aujourd'hui, au total, serait représentée par une couche de charbon uniformément répartie sur la Terre de moins de 2 millimètres d’épaisseur (car l'atmosphère n’en contient en poids que ?/,,,9,9 Contre 45/6000 de vapeur d’eau). M. Hermite donne, comme poids du carbone existant dans l’air avant l’époque houillère, 1000 kilog. par mètre carré, correspondant en acide carbonique à 730 fois °/,5999 Ou ‘/4 d’atmo- sphère. Mais à ce chiffre il faut ajouter celui des masses calcaires formées depuis, soit celui d’au moins 1000 mètres d’épaisseur calcaire renfermant *5/%; d'acide carbonique, soit plus du ‘/, de leur poids : en défalquant l’eau de carrière et les matières mélangées à compter pour !/, il reste au moins 100}, > 2000 logs 12. 2000000) SE Er mètre carré, soit plus de 30 atmosphères de pres- sion !. L'influence du Soleil ne se faisait sentir que sur les couches supérieures de cette atmosphère très dense et épaisse, et si elle y provoquait quelques courants aériens, ceux-ci n'avaient assurément aucune action dynamique sensible sur les couches inférieures. Les précipitations d’eau de cette époque ne peu- vent donc en général résulter que du refroidissement par radiation du système atmosphérique et l’eau con- densée dans les hautes régions dut, pour sa grande masse ou sa majeure partie, se résoudre de nou- veau en vapeur dans les régions basses et chaudes pour remonter derechef dans les régions élevées en enlevant ainsi et portant à la surface de l’atmo- sphère une masse de calorique qui s’y perdait là plus aisément que dans les couches inférieures, la radiation y étant plus facile et plus active. J'ai exposé dans ma communication sur la phase jovienne en géologie que l’association et la dissocia- tion des corps fut l'agent qui transmit le calorique interne à la surface de la masse cosmique en voie de concentration; à l’époque géologique primitive, ce fut l’évaporation et la condensation de la vapeur d’eau qui en fut l’agent transporteur principal. La température de l'atmosphère en voie de dimi- nution rapide régla la tension de la vapeur d’eau et provoqua peu à peu la condensation et la chute de 1 Ce chiffre n’a de valeur que si le carbone des masses calcaires ne dérive pas de la décarburation de masses carburées en fusion sous l’action oxydante de l’eau de pénétration introduite par les innombra- bles fissures des premières couches solides de l’écorce terrestre. Cette production d'acide carbonique aurait ainsi pu avoir lieu à diverses reprises et enrichi l'atmosphère peu à peu et non d’une seule fois. LL OUT tout ce qui excédait la saturation correspondant à ces températures. Condensations de l’époque primaire. À l’époque primaire, la croûte terrestre ayant acquis une épaisseur suffisante, les affaissements de celle-ci se produisirent pour combler les vides laissés entre elle et la masse pâteuse interne ; les efforts oro- géniques furent favorisés par l'introduction de l’eau des mers dans les profondeurs de la masse craquelée, et il se forma des massifs surélevés assez considéra- bles, mais dont l’altitude, comparativement à celle de nos montagnes actuelles, fut modérée. La croûte effondrée ou soulevée était encore peu épaisse et Les fractures peu distantes les unes des autres. Ces mas- sifs soulevés et devenus condenseurs par leur refroi- dissement agissaient alors sur des couches d'air et de vapeurs à températures relativement énormes, peut- être 50 degrés à la surface de la Terre; les moindres différences de température de l'air occasionnaient des diminutions de tension considérables, correspondant à des chutes d’eau très abondantes. Je l’ai déjà indi- qué précédemment par des chiffres. C'est à cette époque que les mers continuent par conséquent à augmenter jusqu'à atteindre presque leur volume d’eau définitif. L'action du Soleil, motrice des courants aériens, se fait sentir dans des couches atmosphériques de plus en plus basses et accessibles aux condenseurs monta- gneux récemment formés; l’action résolutrice de rar Tor np, OS = ceux-ci sur la vapeur d’eau fut donc favorisée par les courants et devint, par suite, très considérable. Cette condensation de vapeur d’eau, par suite de la température relativement élevée de l'atmosphère saturée et de l’action de condenseurs travaillant, grâce aux courants aériens, sur des arrivages d’air si riches en vapeur, explique la puissance des courants d’eau de l’époque et la formation des roches arénacées de cette période. La masse des vapeurs réparties presque uniformé- ment partout avant l’époque primaire est, grâce aux condenseurs de cette époque, considérablement dimi- nuée, le refroidissement par radiation dans les zones polaires atteignant, vu l’action inégale du Soleil, des couches atmosphériques plus basses, accentua encore l’action des courants, et, par suite, des condenseurs. Toutefois, l’action des condenseurs diminue d'in- tensité avec l’abaissement général de la température; entre 60 et 40 degrés, les condenseurs précipitaient, par exemple, 589,60 d’eau par mètre cube d'air saturé rafraichi, alors qu’entre 40 et 20 degrés, par exemple, cette précipitation n’était plus que de 299,62, diffé- rence 100 °/,. Condensations de l'époque secondaire. À l’époque secondaire, on a une diminution des pré- cipitations de l’eau atmosphérique, car elle est réduite du côté des condenseurs, trop peu élevés pour en- trainer, avec des températures moins fortes que pen- dant l’époque primaire, les chutes d’eau considérables de cette dernière époque. Les courants d’air dus au ue ou Soleil travaillent comme pendant la fin du primaire, mais ne mélangent plus, à la hauteur des condenseurs, que des couches d’air plus froides, et dont les diffé- rences de température sont moins agissantes, comme précipitations de vapeurs; dès lors, les condensations sont réduites et moins importantes. La vapeur de l'air saturé des couches basses de l’atmosphère est moins pompée et aspirée, faute d'activité dans les condensations. Il eût fallu des condenseurs plus éle- vés, affectant des couches à températures plus diffé- rentes, pour produire de grandes précipitations et activer la rotation entre la formation des vapeurs et leur réduction en eau. De là, je le répète, ce climat tempéré de l’époque secondaire, mais, selon moi, non sec comme beaucoup le prétendent. Les partisans du Soleil, système Blandet, se fon- dent aussi sur l’apparition aux époques précédentes, primaire et secondaire, de certaines espèces de la flore qui aiment l’ombre et une lumière modérée, pour en conclure que leur Soleil agrandi, à la lu- mière diffuse, fut naturellement, en raison de cette diffusion, la cause du développement de ces végé- taux. Mais est-ce que la grande hauteur ou épaisseur de l'atmosphère à l’époque primaire, chargée probable- ment encore d’une quantité de vapeur d’eau corres- pondant à plusieurs atmosphères de pression, ainsi que d’une masse encore énorme d’acide carbonique, absorbée plus tard par la formation des houilles, lignites et calcaires des masses sédimentaires pos- térieures, enfin chargée peut-être d’autres gaz, est-ce qu'une atmosphère pareille ne devait pas produire l'effet d’un brouillard épais, rendant diffus les rayons lumineux du Soleil, tout en absorbant dans les hau- teurs ses rayons caloriques obscurs. A l’époque secondaire donc, les condensations étaient réduites comparativement à ce qu’elles étaient à l’époque primaire, mais ce n’est pas faute de pro- duction possible de vapeur d’eau, puisque la chaleur régnante était encore considérable et presque égale du pôle à l'équateur, que la décroissance de la tem- pérature du bas au haut de l'atmosphère devait, comme toujours, favoriser la montée de l'air chaud saturé, et qu’enfin, dans les hautes régions, sous l’action solaire, les courants eussent pu transporter cette vapeur vers les condenseurs qui l’eussent absor- bée. C’est donc la puissance de ces condenseurs qui était réduite, faute d'altitude et, par suite, d'action efficace sur des couches d’air à températures assez différentes. Tout cela s'explique assurément jusqu'ici avec autant de simplicité que de clarté. Condensations de l’époque tertiaire. Les premières périodes du tertiaire sont la conti- nuation du secondaire sous le rapport des condensa- tions, tant que l’écorce terrestre n’est sollicitée d’un pôle à l’autre que par des efforts thermiques presque uniformes d’abaissement de température; il y eut même calme dans la formation et la précipitation des vapeurs d’eau. Mais, dès le milieu du tertiaire, les apports du calorique interne deviennent insuffisants pour ali- menter les pertes de la radiation dans les contrées polaires, tandis qu’à l'équateur, où la perte est neu- tralisée par l’action solaire qui y agit avec toute sa puissance, la perte de calorique interne est moindre, plus lente; l’air y est encore toujours chargé d’un épais matelas de vapeurs dues à ces deux actions calorifiques travaillant les mers. Cet écart, de plus en plus considérable dans les actions calorifiques sur la croûte terrestre, provoque des efforts de dilatation, de tension et même de tor- sion, sur lesquels je n’ai pas à revenir, efforts aux- quels la croûte, cependant très épaissie par la sédi- mentation et le refroidissement, ne résiste pas. Les actions orogéniques recommencent avec plus d'intensité que pendant l’époque primaire. Les dislo- cations une fois produites, la force centrifuge qui anime notre planète active ou provoque également des déplacements de matières dans le sens vertical; un nouvel arrangement des terres et des mers devient nécessaire à l'équilibre de la masse agitée. Des massifs montagneux très élevés prennent naïis- sance, en raison même de l'épaisseur si grande de la croûte solide du globe, et des efforts souterrains sont engendrés dès les premières dislocations par la ten- sion des vapeurs dues à l’eau de pénétration. Dès ce moment, tout va changer et la plus formidable révo- lution que le globe ait subie, au point de vue de son relief et au point de vue climatérique, va se produire, Au lieu d’une sédimentation régulière s’opérant par- tout paisiblement, sans grandes perturbations, ce que démontrent la flore et la faune, à peu près les mêmes partout, de l’époque secondaire et du commencement du tertiaire, la fin de cette dernière époque nous pré- sente cataclysme sur cataclysme, des soulèvements multiples et considérables, enfin la formation de con- denseurs montagneux gigantesques. La zone marine équatoriale et torride aux eaux chaudes dans toute leur profondeur, d’une part, encore sous l’action de la chaleur interne qui s’y est moins vite usée que dans les régions polaires, d’autre part, sous l’action du Soleil v agissant extérieure- ment comme aujourd'hui, avec une grande intensité, cette zone est susceptible de fournir une masse indé- finie de vapeurs, quelle que soit l’absorption provo- quée par les nouveaux condenseurs montagneux. En effet, les régions polaires presque sevrées de tout arrivage notable de chaleur interne, maigrement dotées par la radiation solaire, ajoutent leur action de condensation à celle des montagnes gigantesques nouvellement formées et le régime des formidables précipitations de cette fin d'époque tertiaire et de l’époque quaternuire prend définitivement naissance. Ces précipitations de vapeur d’eau étaient aussi énormes en intensité qu'actives à dévorer le maigre calorique encore amené dans ces régions polaires, soit par voie interne, soit par voie solaire; en effet, l'eau, pour se vaporiser dans les régions équato- riales et torrides, dévorait de la chaleur à la Terre et au Soleil, et ne rendait, comme nous le verrons plus loin, absolument aucune trace de ce calorique à la Terre, là où elle allait se précipiter en neige. Tels sont, selon moi, les simples faits qui expli- quent toute l’histoire de la formation glaciaire. Revenons maintenant à la perte de chaleur: Admettons que la vapeur dans la zone équatoriale se soit formée à la fin du tertiaire à 50 degrés, par exemple: son poids par mèêtre cube était de 72 gram- mes et sa tension de 91 millimètres de mercure. L'air saturé contenant cette vapeur était sollicité à monter LT TE Te dans les hautes régions et à prendre dans les courants qui y conduisaient la route des régions où sa vapeur était dévorée et précipitée par condensation; cette vapeur perdait dans ce trajet considérable sa chaleur par rayonnement et sa densité par expansion et dimi- nution de pression. Les 72 grammes de vapeur à 50 degrés arrivaient ainsi peu à peu dans les régions polaires, répartis par exemple dans 8 mètres environ d'air saturé à 10 degrés, et renfermant chacun 9 grammes d’eau à la tension de 9mm de mercure. Les 72 grammes de vapeur à 90 degrés étaient donc réduits par l’ex- pansion à huit fois 9 grammes de vapeur, soit 72 grammes à 10 degrés: perte 40 degrés en route. Arri- vée au condenseur, la vapeur d’eau, pour se conden- ser, ne perdait pas sa chalenr de vaporisation sur la Terre en réchauffant celle-ci, mais bien dans sa chute, vu le long trajet à parcourir dans les espaces célestes, avant d'arriver à la Terre. Donc, premier point: perte complète de chaleur originelle de la vapeur pendant son trajet horizontal et sa chute verticale. J'ai supposé, pour ne pas compliquer les choses, que les 72 grammes d’eau étaient conservés jusqu’au point extrême d'arrivée dans leur volume primitif d'air dilaté, mais ce n’est pas ainsi que les choses se pas- saient réellement. Il pleuvait ailleurs aussi bien que sur les condenseurs, car si, par des mélanges avec de l'air des hautes régions, un mètre cube d’air à 50 degrés et 72 grammes de vapeur se mélangeait, par exemple, avec deux volumes égaux d’air à 20 degrés saturés à 169,78 de vapeur, on avait alors sensible- ment trois volumes d’air à 30 degrés en moyenne, avec une saturation de 28 grammes d’eau par chaque tisos s Me 6 D Ÿ CAC - Re mètre cube, soit 74 grammes au lieu de 72 + 2 x 16,78 — 105,5 grammes que possédaient avant le mélange les trois volumes réunis; la différence se résolvait alors en pluie sur le trajet. Si ces mélanges d’air ne s’effectuaient pas en route, c'était avec l'air froid voisin des condenseurs montagneux qu'ils s’opé- raient, et en raison des différences de tension qui en résultaient, il se produisait ainsi des chutes d’eau ou de neige d'autant plus considérables sur ces montagnes. Jusqu'ici, on s'explique donc aisément la masse des précipitations d’eau de la fin du tertiaire et du qua- ternaire par la continuité de production dans les régions équatoriales des vapeurs dues à deux causes thermiques indiscutables, et par l’action des conden- seurs formidables des régions tempérées en même temps que par celle des régions polaires définiti- vement refroidies par la disparition de la chaleur interne; mais ce qu’on s'explique plus difficilement, c'est la production des masses de neige et de glace, qui furent le résultat de ces chutes d’eau à une époque plus chaude que la nôtre. À cet égard, ce qui se passe actuellement dans les glaciers va nous renseigner suffisamment, et, en l’ap- pliquant aux conditions des précipitations de l’époque quaternaire, nous aurons alors la clef du mystère. La production des vapeurs était alors perpétuelle été et hiver, du fait de l’une des sources de chaleur, celle interne, qui était presque fixe; du fait de la chaleur solaire, la production était variable comme aujourd'hui, en plus dans un hémisphère, aux dépens de sa production dans l’autre, ou vice-versa, sauf aux équinoxes. Or, nos glaciers actuels sont alimentés et entretenus, parce que pendant les six ou huit mois PAR COUR de l’année, suivant les altitudes, il tombe de la neige au lieu de pluie, sur les hauteurs qui portent leurs névés alimentaires; mais cette neige est limitée en quantité par la vapeur d’eau, limitée elle-même par l’action variable du Soleil, et chose naturelle, les glaciers croissent ou décroissent suivant qu’il tombe plus ou moins de neige pendant un certain nombre d'années consécutives. Pour la croissance des gla- ciers, 1l faut des années à hiver humide; un cycle d'hivers secs produisant moins de neige vaut aux glaciers actuels une période de décroissance. Toute la question consiste à savoir si en hiver l’action du Soleil, formateur des vapeurs à l'équateur et, par suite, des neiges, l'emporte ou non pendant quelques années sur l’action du Soleil ablateur des glaciers en été. Si donc nous avions uniquement des années à hiver humide, les glaciers actuels croîtraient indéfiniment et reprendraient peu à peu et sans s'arrêter une extension considérable; leur accroissement devien- drait énorme, les massifs montagneux seraient rapi- dement couverts, et les hautes vallées seraient rem- blayées totalement par des amas de neige incessants ; finalement, il n'émergerait plus de la masse monta- gneuse que les hauts sommets et l’action du Soleil sur Îa partie pierreuse des massifs disparaissant, l’envahissement de la région par un froid persistant en serait la conséquence. Le Soleil userait alors toute sa force et sa puissance sur la masse neigeuse et glacée, pour produire uniquement une fusion superfi- cielle, engendrant des séracs et finalement de la glace en voie d'écoulement. Dès le moment où le terrain, suffisamment caché du massif glaciaire, ne serait PES PES plus attaquable par les rayons solaires, l’accroisse- ment du glacier serait considérablement accéléré. Or, avec la formidable production perpétuelle de vapeurs vers la fin du tertiaire et au début du qua- ternaire, il suffit relativement de peu de temps, une fois les condenseurs créés, pour arriver à ce recou- vrement des terres et montagnes par l’abondante neige des hivers, et atteindre ce moment où l’action du Soleil s’usait en ces lieux, non plus à chauffer de la masse minérale rocheuse, et à y emmagasiner de la chaleur, mais simplement et uniquement à transfor- mer les névés en fleuves de glace. C’est, à mon sens, on ne peut plus concluant et simple; il ne faut pas oublier que le calorique absorbé pour réduire 1 kilog. de neige en eau à 0 degré est de 79 calories, calo- rique entièrement usé en pure perte comme valeur réchauffante de la masse, cette eau à 0 degré ne res- tituant plus jamais aux mers, dans lesquelles elle se rendait, le calorique latent usé pour produire le changement d'état. Voilà pour la période croissante des glaciers. Voyons maintenant l’apogée du phénomène et sa période de décroissance ou de son déclin final. Tant que la chaleur centrale put, en hiver, par son appoint d'action réchauffante et vaporisante sur les mers, contrebalancer la diminution de production de vapeur due au Soleil pendant son action minimum dans l'hémisphère boréal, et y suppléer, de manière à neutraliser largement, par d’abondantes chutes de neige, l’action ablative du Soleil pendant l’été dans le même hémisphère, la période glaciaire fut en voie d’accroissement, et vice-versa pour l'hémisphère austral. . Lorsque l’action décroissante de cette chaleur cen trale ne fit plus en hiver, en matière de production de vapeur dans les contrées chaudes, que lappoint nécessaire pour neutraliser la différence entre l’action du Soleil, productrice des vapeurs pendant la saison des neiges, et son action ablative pendant la saison chaude, les glaciers de l’époque arrivèrent à leur apogée et leur augmentation cessa. Enfin, l’action décroissante de la chaleur centrale ne constituant plus qu’un appoint de plus en plus insuffisant pour neutraliser cette différence entre l'action du Soleil formateur en hiver des vapeurs et des neiges, et son action ablative en été, les glaciers décrürent peu à peu, faute d’une alimentation suffi- sante de leurs névés nourriciers, et ils furent réduits finalement aux minuscules et chétifs glaciers tels que nous les possédons et en Jouissons aujourd’hui, alimentés qu'ils sont par le travail du Soleil seule- ment. Ainsi donc, avec la chaleur centrale on explique toute la formation glaciaire avec une certitude incon- testable, en se fondant sur des faits qui se passent sous nos yeux encore aujourd'hui, ou sur des lois physiques dont les opérations dans le domaine gla- ciaire, pendant cette intéressante période quaternaire, ne furent que l'application. On conçoit la différence de probabilité, pour ne pas dire de certitude, entre les deux systèmes, celui du Soleil agrandi et celui de la chaleur centrale. D'un côté, c’est-à-dire de celui du Soleil, augmen- tation fort problématique de vapeur en hiver, puisque pour laffirmer, il faudrait être certain que sa plus faible énergie calorifique était suffisamment compen- SSP sée par la surface terrestre plus étendue sur laquelle il travaillait et produisait des vapeurs; en outre, échauffement des régions polaires et de leur atmo- sphère, ainsi que des condenseurs, fait venant à l'encontre de la formation et de la précipitation de neiges plutôt que de pluies abondantes. De l’autre côté, régions équatoriales et torrides encore chauffées souterrainement par la chaleur in- terne, et superficiellement par le Soleil, et régions polaires presque indemnes des deux sources de cha- leur: faits favorables tous deux à la fois à une pro- duction considérable de vapeur et à leur précipitation sous forme de neige en hiver. Je termine cette défense du système de la chaleur centrale, à laquelle j'attribue le phénomène de la période glaciaire, par une figare graphique donnant d'une manière bien rudimentaire et très hypothétique pour les valeurs attribuées, une démonstration visuelle et schématique de ce que j'ai voulu dire (fig. 11): Sur un axe horizontal représentons les époques géologiques, savoir : Pour l’ère plutonienne, une longueur représentée par 30 millions d'années. Pour l'ère primitive, une longueur repréfentée par 20 millions d'années. Ces deux chiffres peuvent être APRES mais à coup sûr considérables. Pour l'ère primaire, une longueur représentée par 15 millions d'années. Pour l'ère secondaire, une longueur représentée par #4 millions d'années. Pour l’êre tertiaire, une longueur représentée par 2 millions d'années. PARLES Ces trois chiffres admis approximativement par 7 | divers géologues !. Pour l’ère quaternaire, une longueur représentée par 1 million d'années. Au-dessus de l'axe figurent deux courbes, une des températures moyennes de la surface terrestre (courbe a), et une autre de la quantité de vapeur d’eau con- tenue dans l’atmosphère (courbe b). En dessous de cet axe figurent également deux lignes, l’une c indiquant l'étendue des mers, l’autre d marquant les massifs émergés ou condenseurs montagneux. La façon dont se comportent les quatre courbes rend compte de ce qui s’est passé aux diverses épo- ques géologiques. La courbe a des températures commence à — 273 degrés, zéro absolu, ascende à 8000 ou 9000 degrés pendant le maximum de chaleur plutonique, descend à la fin du primitif à 400 ou 500 degrés avec l’appa- rition de la courbe c, passe de l'ère primitive à l'ère primaire vers 150 degrés, arrive à 80 degrés, puis à 60, enfin au-dessous, date de l'apparition de la vie dans la première moitié du primaire, descend vers 40 degré$ à la fin du primaire et s’infléchit de moins en moins, traverse le tertiaire et vers 30 degrés arrive au quaternaire et le franchit au-dessous de 20 degrés, aboutit enfin à l’époque actuelle, où la courbe reste horizontale vers 15 ou 16 degrés, tem- pérature moyenne, grâce au Soleil, de la surface du globe ?. 1 Voir de Lapparent, page 1466. 2 Il s’agit ici de moyennes. | PR de Passons à la courbe db des vapeurs d’eau. La vapeur se forme pendant le plutonique par association de l'hydrogène et de l’oxygène dans les hautes régions de l’atmosphère, puis elle traverse le primitif sans diminution jusqu’à l'apparition de l’eau sur la Terre, point correspondant au commencement de la courbe c des mers; elle tombe ensuite très rapi- dement pendant le primaire, avec la croissance de la courbe d des massifs émergeants et celle de la courbe c des mers. Les condenseurs (courbe d) n’augmentant pas pen- dant le secondaire, la réduction des vapeurs (courbe b) cesse, et l’augmentation des eaux c également. Vient ensuite la recrudescence des vapeurs pendant la fin du tertiaire et le quaternaire, en raison des contacts de l’eau des mers avec les couches chaudes internes du globe, grâce aux ébranlements et aux soulèvements considérables de l’époque, indiqués par la courbe d. Puis chute formidable pendant la fin du quaternaire et réduction à la quantité fixe de #/,,% dans une atmosphère stable et définitivement débar- rassée d’une saturation générale. C'est ce qui est indiqué par cette courbe dès le moment où elle passe sous la courbe des températures au point s. Avant s, saturation presque permanente; après s, dispari- tion de cette saturation générale. La courbe c de la masse des eaux et des mers com- mence par les premières précipitations de la fin du. terrain -primitif, lors de la formation des gneiss et des micaschistes, premiers terrains portant des indices de strates; de là cette courbe s’éloigne de l’axe hori- zontal jusqu’à l’époque secondaire, en raison de l’aug- mentation des précipitations de vapeur, et dès le BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX 6 82 — secondaire, plus d'augmentation sensible, si ce n'est à la fin du tertiaire et quaternaire, où la condensa- tion finale des vapeurs saturant l’air achève de donner par une très faible augmentation leur volume définitif aux masses liquides des mers. La courbe d des massifs de condensation com- mence un peu avant la précipitation des premières eaux; elle croît par soubresauts pendant le pri- maire, est stationnaire pendant l’époque secondaire, augmente prodigieusement pendant la fin du tertiaire et le commencement du quaternaire, décroît à peine à la fin de celui-ci par les érosions et dénudations, et reste presque fixe à partir de cette époque. Il est regrettable que les courbes ne puissent en l’état des choses être établies exactement avec des échelles concordantes en valeur, cela faute de don- nées suffisantes, et vu la masse considérable de re- cherches et d'expériences encore à faire. Malgré cette incertitude, il n’en est pas moins vrai que, d’après les données déjà obtenues, l'allure géné- rale des courbes peut être considérée comme exacte et démontre clairement que l’époque fin tertiaire- quaternaire fut naturellement et forcément l’époque des grandes précipitations neigeuses, vu le degré de la température suivant la latitude, vu la masse de vapeurs saturant l'atmosphère, vu l'intensité des con- denseurs, tous facteurs dans les meilleures relations pour produire ce phénomène. | Partout ailleurs, l’un des facteurs fait toujours défaut, ainsi après le quaternaire il en manque deux; la température et les vapeurs sont en arrière, et, chose curieuse, ce n’est pas du froid qu’il fau- drait pour reproduire la période glaciaire, mais de me CHE la chaleur agissant là où les condenseurs seraient hors de sa portée ou de son influence. En cela, M. Falsan est bien d'accord avec la base de cette théorie, lorsque, citant à l'appui Tyndall, il dit, page 208 : « Rien n’est plus précis que le langage de Tyndall (la période glaciaire, page 151). Il était si naturel d'associer l’idée de glace à celle de froid que même des hommes célèbres ont admis que pour assu- rer un grand accroissement de nos glaciers, 1l ne faut autre chose que l’abaissement de la température du Soleil. S'ils avaient réfléchi, ils auraient probablement demandé PLUS DE CHALEUR et non pas moins, pour produire une ÉPOQUE GLACIAIRE. Ce qui est réellement nécessaire, ce sont des condenseurs assez puissants pour congeler la vapeur produite par la chaleur solaire. » Ceci est admirable d’exactitude et il peut sembler naïf aux yeux des profanes de voir des savants de premier ordre réclamer de la chaleur pour produire de la glace; mais cette naïveté ne le cède assurément en rien à celle de ces mêmes savants, qui réclament des condenseurs pour précipiter et congeler les vapeurs produites par le Soleil, alors que celui-ci est déjà si impuissant à alimenter et à nourrir les condenseurs actuels ordinairement inoccupés et qui par suite ne produisent que les maigres et chétifs névés et glaciers que nous connaissons de nos jours. Le chapitre de l'ouvrage de M. Falsan, Sur les con- séquences d'une surélévation nouvelle des montagnes, est à cet égard d’un illusionisme poussé à sa dernière limite (voir page 209). Possibilité de transmission de la chaleur centrale et quantité transmise au travers de l'écorce terrestre | à l’époque tertiaire. Mes études ne sont point suffisamment avancées pour pouvoir étayer sur des chiffres précis et indis- cutables la quantité de chaleur fournie par la croûte terrestre pendant la fin du tertiaire. Toutefois, il est aisé de comprendre ce qu’un sol perpétuellement chaud à 50 degrés ou plus dans les contrées équatoriales et torrides devait communiquer de chaleur aux mers, et, par suite, activer l’évapora- tion. Si nos mers profondes, au lieu d’être à O0 degré comme c'est généralement le cas aujourd’hui, et cela précisément depuis l’époque glaciaire, où les cou- rants glacés sous-marins ont pris naissance et ont été pendant longtemps les agents actifs du refroidisse- ment de l’écorce terrestre dans les parties recou- vertes d’eau; si nos mers actuelles étaient à 30 degrés au fond et reposaient sur des bassins à pareille tem- pérature, on peut se figurer aisément de combien l’action évaporante des eaux par le Soleil serait aug- mentée. Le percement du Gothard a duré dix‘ années, et jamais la température de 30 à 36 degrés des parois de son tunnel n’a diminué d’une minime quantité de degré de chaleur, de même au mont Cenis, à l’Arlberg, etc. Malgré une ventilation perpétuelle de plusieurs vingtaines d'années dans certaines mines et tunnels, jamais on n’a remarqué la moindre décroissance dans l’action rayonnante et réchauffante des parois de ces SC |; CR excavations ou dans leur température ; il est donc bien permis de penser qu'une masse énorme comme Ja Terre, chauffée à la même température que les parois du Gothard et jusqu’à sa surface, qu’une masse pa- reille a dû fonctionner comme transmission calori- fique avec la même intensité au moins que les dites parois, sur toute la surface de contact du fond des mers avec l’eau de celles-ci. La croûte terrestre des trois quarts du globe était donc dans des conditions pareilles à celle des parois du tunnel du Gothard. On peut se représenter quel fourneau formidable cela devait constituer et quel travail monstrueux de production de vapeur cela devait opérer. Je me permettrai donc d’insister avec quelque détail sur cette question. J'ai déjà donné les chiffres qui prouvent que la capacité en calorique d’un mètre cube de calcaire à 30 degrés peut chauffer 1350 mètres cubes d’air saturé à la même température. En admettant que le refroi- dissement de l'écorce ait pénétré à 70 kilomètres seulement et que la capacité calorifique de la masse soit seulement la même que celle du calcaire, de 0,200, on voit qu'une seule fois 30 degrés de cha- leur perdue sur cette masse eût suffi pour produire 70000 fois cette mise en température de 0 à 30 degrés de 1350 mètres cubes d’air contenant donc 28,5 grammes d’eau par mètre cube, c’est-à-dire en- semble 38,5 kilogrammes, soit 70000 << 38,5 kilog. d’eau, ou 2695 mètres cubes par mètre carré de sur- face terrestre; c'est un cube correspondant presque aux trois quarts du volume moyen des mers. Voilà la force thermo-climatérique de cette dispari- tion de chaleur traduite en eau vaporisée. Or, comme c'est la masse centrale qui a fourni cette chaleur, combien de fois ne l’a-t-elle pas renouvelée avant que la conductibilité devenue de plus en plus difficile ait réduit à presque zéro, comme ils le sont aujourd’hui, les arrivages à la surface de la chaleur des couches plus profondes qui en recèlent encore une si grande quantité. De nos jours, la rotation annuelle entre l’évapora- tion des mers et la précipitation des vapeurs corres- pond à 10 mètres d'épaisseur environ au plus en moyenne, comme enlèvement de l’eau des mers dans les contrées où le phénomène de formation des va- peurs est le plus intense; par conséquent, une seule fois la perte de 30 degrés de chaleur des 70 kilo- mètres d’écorce terrestre a produit une évaporation sur la Terre entière, correspondant à celle maximum actuelle due au Soleil de 300 années au moins. On voit immédiatement ce qu'avec le renouvelle- ment de la chaleur, ou l’afflux dû à une sphère de 6366 kilomètres de rayon, chauffée à peut-être 3000 ou 4000 degrés, pour ne pas dire 8000 ou 9000 degrés, une croûte de 60 à 70 kilomètres d'épaisseur, soit l/190 de Son rayon, a dû transmettre de fois 30 degrés de chaleur au travers de son épaisseur, avant d’en venir à ce qui existe aujourd'hui, où cet afflux à la surface est presque nul. L'objection que les géologues mettent en avant à propos de la possibilité d’une influence interne sur la température uniforme de la Terre aux époques anciennes, où la chaleur était uniformément répartie, est fondée sur le peu de conductibilité de l’écorce 1 Ce calcul fait en tenant compte de l’étendue proportionnelle des mers et de la surface du globe. LR. ee terrestre pour amener à la surface cette chaleur interne et par conséquent parer au refroidissement rapide de la surface. ; D'abord, la conductibilité n’est point si faible qu’elle ne soit suffisante pour résoudre le problème; quel- ques expériences restent à faire pour pouvoir donner les résultats exacts du calcul, mais dans cette con- ductibilité faible et modérée réside précisément, comme je l’ai déjà démontré à propos de l’action solaire, la cause qui a rendu le phénomène de la vaporisation et des précipitations long et durable, et produit, par suite, les éléments utiles à la formation des glaciers de l’époque. 1 Les géologues citent ordinairement, pour démontrer l'impuissance de conductibilité de l’écorce superficielle terrestre à transmettre la chaleur centrale à la surface, le fait que la lave incandescente se re- froidit si lentement que sa croûte refroidie supporte la neige sans que celle-ci fonde très rapidement sous l’action de la chaleur perdue de la lave en fusion sous-jacente. On est vraiment surpris que des arguments d’une pareille fai- blesse puissent être avancés. Ces savants devraient au moins suppu- ter la valeur des deux facteurs, cause de froid et valeur de la chaleur des quelques mètres d'épaisseur de la lave en question, et ils verraient tout de suite qu'il n’y a aucun rapport entre le eas indiqué et celui d’une Terre de 13 kilométres de diamètre, ayant à sa surface une température supérieure à celle que le Soleil peut lui donner aujour- d'hui et une atmosphère continuellement en contact avec cette masse chaude. Dire qu'aucune transmission de chaleur ne peut être effective dans ces conditions, autant vaudrait prétendre qu'un poêle chauffé dans un appartement est incapable de chauffer l’air de cet appartement ou que les parois du tunnel du Gothard n’ont jamais chauffé l’air de cette galerie souterraine, Pour une pareille masse chauffée à environ 30 degrés à l'équateur avec des mers chaudes, tandis qu’au pôle elle devint à la surface rapidement froide, la lenteur et la faible intensité de la conductibilité de la croûte terrestre sont précisément des arguments en faveur d’une longue durée du phénomène de l'égalité de température primitive sur la Terre et de sa lente disparition, et par conséquent expliquent aussi d'autant mieux celui de la phase glaciaire au lieu de l’infirmer. ee Entre l’époque où la perte de chaleur interne se produisait partout avec la même intensité d’un pôle à l’autre, et celle où cette perte est devenue presque nulle comme aujourd’hui, il y a eu une période de transition, où la perte s’opérait encore à une tempé- rature notable à l’équateur et dans la zone torride, alors qu’elle était devenue prématurément presque nulle et à température très basse aux pôles. C'est à cette période critique de transition que nous devons à la fois et suffisamment de vapeur d’eau d’un côté, et suffisamment de condensation de celle-ci pour ali- menter les énormes glaciers d'autrefois. Un phénomène semblable à celui de la période gla- claire exigeait nécessairement un temps très long, dont la faible conductibilité des matières composant l'écorce terrestre était le premier facteur, tandis que si la conductibilité eût été pareille à celle des masses métalliques centrales de la Terre, ce facteur eût man- qué et la transition eût été trop courte. Si la période pendant laquelle la chaleur centrale persistante pro- duisit des masses de vapeurs dans certaines zones, alors que son absence permit la condensation de ces vapeurs dans d’autres, si cette période eût été courte, elle n’eût produit que de rapides chutes d’eau, mais nullement les masses de glace accumulées pendant des siècles sur les condenseurs de l’époque. Au reste, je reviendrai, je l'espère, bientôt avec des démonstrations chiffrées sur cette question. La phase glaciaire a été une et non divisée en périodes distinctes et séparées; elle a été seulement variable en intensité. La cause que j'indique des formations glaciaires une fois démontrée, la thèse que j'énonce ici n'en. est plus qu’une conséquence. La disparition de la chaleur interne aux pôles, longtemps avant sa disparition à l'équateur, l’arri- vage dans cette dernière région de la chaleur interne, comme aussi l’action du Soleil, produisant Iui-même extérieurement, par sa propre influence sur les mers, un surcroit de vapeurs, sont des faits obéissant à des facteurs fixes, continus et sans variation sensible autre que la décroissance progressive régulière de la chaleur interne. Dès lors, les effets de ces causes fixes et continues en décroissant régulièrement, de- vaient être eux-mêmes fixes, continus, et marcher parallèlement avec le phénomène de la décroissance. Donc, du côté de la formation des vapeurs, pas de variations considérables possibles, mais de petites variations dues aux taches du Soleil ou à des causes refroidissantes météorologiques passagères, voilà tout. Du côté des condenseurs, c’est autre chose. Le soulèvement des montagnes s’est fait par soubresauts et irrégulièrement, un massif par-ci, un massif par- là est surélevé, de même pour divers plateaux et val- lées; les fonds de certaines mers s’étendaient, d’autres s’approfondissaient. L’érosion des massifs montagneux fut aussi un agent de variabilité, en déplaçant 'alti- tude moyenne des condenseurs. Tous ces accidents et variations durent, en cer- taines régions, accélérer, détourner ou même sus- pendre les condensations glacées. Le Soleil avait sans doute comme aujourd’hui non seulement ses taches, mais encore ses projections de matière incandescente faisant varier sa puissance calorifique et son influence électrique. Pour toutes ces causes, le phénomène général gla- claire a subi des variations d'intensité parfois consi- dérables, mais jamais une suppression complète. Cela a été suffisamment démontré par MM. de Lapparent et Falsan, pour que je n’aie pas à en recommencer 1ic1 les démonstrations. Recherchant dans le Soleil, qui est immuable, la cause de la formation des vapeurs et constatant la non disparition des condenseurs, puisqu'ils existent encore aujourd'hui, mais seulement leur variation de travail, les démonstrations faites par ces auteurs sont d'autant plus solides pour le système que Jje défends que, pour ce dernier, il s’agit d’une source de chaleur non existant encore et fixe comme le Soleil, mais d’une source qui a disparu peu à peu et régulièrement. Donc, ce qui a priori est vrai pour eux, avec leur Soleil agrandi, l’est a fortiori pour le système que je préconise. Je n'en dirai donc pas davantage là-dessus et cons- taterai avec ces mêmes géologues que les dépôts de lignites trouvés entre deux formations de terrasses ou de moraines (faits sur lesquels, entre autres, on se base pour admettre diverses phases glaciaires dis- tinctes) proviennent, ou de lacs glaciaires ayant pro- duit les formations suspectes, ou d’érosions ayant emporté des lambeaux de forêts et formé des radeaux M producteurs dans ces lacs des lignites constatés. Ces lignites furent ensuite recouverts par des arrivages morainiques dus à une recrudescence d’action du glacier. Parfois aussi des éboulements ont emporté des terrains stratifères avec leurs fossiles et les ont déposés dans ces lacs, et ainsi de suite. Les variations d'intensité du phénomène glaciaire sont, à une échelle gigantesque, ce que les phases de retrait ou d'avancement des glaciers actuels sont à une petite échelle, et pas autre chose. Le petit lac glaciaire du Champ-du-Moulin, sur lequel j'ai eu l'honneur de faire une communication à notre Société, est également un lac qui a laissé des dépôts végétaux qui permettraient, à la rigueur, d’at- tribuer sa formation à une période interglaciaire, mais un examen approfondi n'autorise pas d’en tirer cette conclusion. À propos des terrasses ou anciennes rives que des travaux de levés de profils ou sondages ont constatées sous les mers, ou celles surélevées des fiords scandi- naves ou d’ailleurs, n’oublions pas qu'avant la pro- duction des glaciers, les formidables actions orogé- niques auxquelles nous devons, pendant l’époque tertiaire, tant de gigantesques montagnes, ont, de par la rotation de notre Terre, exigé une variation dans la distribution des mers et, par suite, de leur niveau. Puis est venue la masse des glaces quaternaires, sur- chargeant une vaste étendue de la surface terrestre, et changeant la densité de l’eau de certaines mers par les énormes courants d’eau douce provenant de leur dégel. Or, en raison de cette surcharge et du changement du poids des eaux de certaines mers, la gravitation et la force rotative qui gouvernent notre planète exigè- rent encore des changements de forme et de niveau des mers pour se mettre en équilibre; de là encore des surélévations ou des abaissements qui influencè- rent les phénomènes glaciaires et, par suite, le niveau de ses moraines, celui des dépôts argileux de ses torrents, ou enfin des graviers et cailloux charriés lors des crues par ceux-ci. De la multiplicité des terrasses glaciaires, on ne saurait donc conclure à plusieurs phases glaciaires, mais à des fluctuations seulement, dues à des varia- tions d'intensité et à des exigences d'équilibre de la masse terrestre. Le phénomène glaciaire n'est point périodique. Il s’est produit une fois et ne se renouvellera plus. Si l’on admet que la chaleur centrale aujourd’hui disparue ait joué un rôle prédominant dans le phéno- mène glaciaire, cette chaleur une fois disparue, toute chance de reproduction du phénomène se trouve écartée par le fait même de cette disparition. Impossible de trouver ou d'imaginer un fait ou accident astronomique, météorologique ou géologique qui puisse reconstituer un facteur calorifique agissant similairement en l’occurrence comme l’a fait jadis la chaleur centrale. Un réchauffement cosmique agira sur la Terre entière, par conséquent sur les condenseurs aussi, ou peut-être même davantage sur ces derniers; donc vapeur en masse, si l’on veut saturation encore, peut-être quelques pluies abondantes, comme à l’é- he. St es poque primaire, mais de la glace point, les conden- seurs étant réchauffés comme le reste ou même da- vantage. En météorologie, une cause réchauffante est difficile à trouver, le Soleil donnant tout ce qu’il peut fournir; une cause refroidissante, oui, mais il est inutile d’y revenir, J'en ai déjà démontré l’inanité et l’impuis- sance. Augmenter la puissance en condenseurs est chose inutile; c’est de la vapeur qu'il faut et non du froid, les condenseurs sont déjà actuellement inoccu- pés les neuï dixièmes du temps. En géologie, peut-être dira-t-on qu'une cause vol- canique ou un nouveau refroidissement d’une nouvelle zone des terrains de la croûte terrestre sous-jacente à celle déjà refroidie pourrait, par une livraison nou- velle de chaleur, produire des vapeurs et, par suite, des phénomènes glaciaires analogues à ceux déjà obtenus par le refroidissement des couches supé- rieures de l’écorce terrestre. Hormis ces deux cas à examiner, la reconstitution des actions dues à la chaleur centrale ne saurait être produite par aucune cause possible et accessible à l'esprit. Examinons donc les deux hypothèses précé- dentes. Cause volcanique, éruptions ou rupture profonde de l'écorce terrestre. Pour créer des ruptures générales assez intenses et durables, pouvant engendrer de: nouveau des masses de vapeurs capables de saturer généralement l’atmo- sphère au point de mettre en activité complète là puissance de condensation des massifs montagneux 22 FO ee qui jouent ce rôle, 1l faudrait une cause à ces rup- tures, et laquelle pourrait-on imaginer ? Des vides occasionnés par un refroidissement des couches centrales et la contraction comme consé- quence des masses liquides internes et inférieures ? Mais il est établi que la transmission de la chaleur interne à la surface est presque nulle aujourd’hui. Les calculs donnent pour résultat de {/;, à !/; de degré, pour l'influence climatérique qui résulte à la surface de la Terre de cette perte actuelle de chaleur. Avec une perte aussi restreinte, il faudrait non pas des millions, mais des milliards d'années pour pro- duire par contraction un vide capable de faire place à des effondrements continentaux nouveaux, mettant en contact généralement et longuement les eaux des mers avec les couches chaudes intérieures, cela d’une manière suffisante pour produire les vapeurs nécessai- res à la formation de milliers de mètres d'épaisseur de glace sur la surface autrefois couverte par les glaciers. L'intensité des phénomènes volcaniques est pour cette cause en décroissance complète depuis l’époque tertiaire, et le peu qui en reste est dû en majeure partie à l'introduction, dans les profondeurs, d’eau provenant des pluies et de sources, plutôt qu’à des infiltrations marines ou de celles-ci par des fissures réduites et de pénétration difficile et lente; de là, le temps très long qu'il faut pour produire la charge de vapeur expansible qui met de temps à autre ces éruptions en activité nouvelle. La grande masse des volcans a passé par les phases explosives et bouillon- nantes ou stromboliennes, comme les appelait Sainte- Claire Deville, ainsi que par les phases solfatoriennes, et ils sont éteints aujourd’hui. Tous les volcans actuels AMP aps et il y en a 323, d'après M. Fuchs, dont un quart d'activité plus ou moins récente, n'ont, lors de leurs éruptions les plus longues et les plus formidables, jamais provoqué une perturbation météorologique quelque peu générale ou universelle au point de vue de l’hygrométrie de l'atmosphère et des condensations de vapeurs; celles-ci se précipitent en général dans le voisinage immédiat des volcans. Pour produire les vapeurs d’une période glaciaire avec tous ses phénomènes, il faudrait plusieurs mil- liers de fois l'intensité des plus formidables éruptions connues et réparties un peu partout; en outre, 1…l faudrait leur durée permanente pendant un grand nombre de siècles. Est-ce possible, dans les condi- tions de stabilité si grandes de la croûte terrestre et des eaux qui la recouvrent”? Evidemment non; passons aux ruptures de l'écorce terrestre ! Actuellement, l’action refroidissante de la Terre se traduit par des ruptures internes presque insensibles de l’écorce, et si ce n’était l'introduction de l’eau dans celles-ci, provoquant ces innombrables vibra- tions enregistrées par les seismomètres, il y aurait calme presque complet. D'autre part, les affaisse- ments ou exhaussements lents de certaines contrées, dus à la dénudation du relief des terres par les eaux et la sédimentation inégale des mers, en vertu de la rotation du globe, modifient le niveau de ces der- nières, mais ne sauraient provoquer avec le temps aucune perturbation sérieuse dans les couches chaudes et profondes du globe. Pareil phénomène est donc, pour cette cause comme pour la précédente, hors de toute probabilité. RTE Résumé et conclusion. Il résulte donc clairement et nettement des faits astronomiques et géologiques, soit actuels, soit de formation de notre planète et de constitution de ses couches, comme aussi des lois physiques et météoro- logiques qui régissent la formation de la vapeur d’eau à la surface du globe et sa précipitation en des points de condensation fixés par son orographie actuelle, il résulte, dis-je, que tous ces éléments, de quelque manière qu’on tenterait de les combiner, ne pour- raient reproduire le phénomène glaciaire de l’époque quaternaire et ne l’ont produit qu’une fois. Tout ce qui pourrait reproduire les masses de vapeurs néces- saires au phénomène diminuerait ou anpulerait l'effet des condenseurs, qui produiraient de l’eau et non de la neige. Tout ce. qu’on voudrait imaginer inutilement pour activer les condensations diminuerait, par contre, la production des vapeurs, déjà si restreinte actuelle- ment. La phase glaciaire est donc due à une force à. jamais disparue, à la chaleur centrale. Avec celle-ci, qui n'est que le résultat thermodynamique forcé de la concentration des matières cosmiques qui ont formé notre globe, on explique aisément: 40 tous les mouvements orogéniques qui ont travaillé l’écorce terrestre depuis l’époque primitive à l’époque actuelle; 2 l’uniformité de température décroissante sur le globe aux époques primaire, secondaire et en partie tertiaire, malgré la variabilité d’action du Soleil due à l’obliquité de l’écliptique sur l'orbite terrestre; 30 avec la chaleur centrale décroissante et devenue Jar Secondaire. 0 COMMUNICATIONS ee É à É ET 4 . L 4 Ni Sr nm L'ÉPOQUE QUATERNAIRE D À 3 ù S 1e: =] SRE Par G. Rutter, Jngenieur. ë À F rt x-4 00.» 22 ER Sie ; ë KKY ? 3 8 S £ - TT TT Ko NN à | À È | À MTS ee ue ë À È | È : HR È 1 & Sign. 2 FR Re ns ÊlS - Ë à Fig M. +500 | () +100 +300 +200 de force de La couleur rouge indique l'intensité de La chaleur centrale aux diverses époques geologiques. aternaiTe. Epoque Tertiaire. }poque Actuelle. + a, FOSSES Axe des À époques ar M3. Les deux Courbes € et d, ù quoique en dessous de l'axe O, représentent des quantités positives. ' denseurs etd2la masse des eau. le (| & Axe des® con Î----_----- Epoque Plubniqueet Jovienne---- ---- : æ --Epoque Primitive - ------- — Es 2 Rr— Epoque Frimatre --—# impuissante, à la fin de l’époque tertiaire, à neutrali- ser les différences ou variations calorifiques solaires pour maintenir encore partout la fixité de température sur la Terre d’un pôle à l’autre, on explique avec non moins de facilité cette curieuse phase des formidables actions orogéniques tertiaires, formatrices de conden- seurs puissants, ainsi que le refroidissement polaire, en même temps qu’on démontre le maintien pendant un temps encore très long d’une énorme production de vapeurs dans les zones équatoriales et torrides; en d’autres termes, on explique victorieusement ce qui constitue le phénomène des grands courants et des grands glaciers de l’époque quaternaire; 4° enfin, avec la disparition presque complète aujourd’hui des arrivages de chaleur interne, on se rend compte de la stabilité générale toujours plus grande de l'écorce terrestre, de la décroissance des actions éruptives et volcaniques, et finalement on explique encore avec facilité les actions si restreintes aujourd’hui, comme ampleur, du phénomène glaciaire. J'ai pensé que ces conclusions, fruit de plusieurs années d’études et de réflexions, pour l’annotation et la démonstration complète desquelles 1l faudrait un volume, valaient la peine, malgré. les publications parues depuis, qui en admettent certaines parties, d’être exposées ici brièvement, et qu’elles aideront à prouver dans une modeste mesure au monde savant que notre Société s'occupe toujours des recherches concernant la période glaciaire, recherches auxquelles se sont intéressés si vivement chez nous les Agassiz, les Guyot, les Desor, les Lesquereux et tant d’autres Neuchâtelais. BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX 7 TRAVERSÉE DE LA GEMMI PAR UN CHEMIN DE FER Examen critique des projets de MM. James LADAME, ingénieur, et TEUSCHER, ancien conseiller d'Etat. Note présentée à la séance du 20 février 1891, par M. L. FAVRE, prof. J'ai l'honneur d'entretenir la Société de deux pro- jets de voies ferrées destinées à relier directement le réseau suisse au Simplon par la dépression de la Gemmi, en partant de Thoune pour rejoindre da ligne du Valais. L'un de ces projets, le premier en date, est de M. James Ladame, ancien ingénieur en chef du Jura- Industriel, du Nord de l'Espagne, des chemins de fer portugais, du Clermont-Tulle, actuellement à Paris; il l’a développé, avec les tracés graphiques nécessai- res, dans un livre publié en avril 1889, sous le titre: De Calais à Milan, et il l’'appuie d’une étude savante très détaillée et très instructive des travaux exécutés pour percer les grands tunnels du Jura, du Credo, du Mont Cenis, du Gothard, de l’Arlberg. Il com- plète ce projet en présentant un tracé à travers le Simplon, entrant sous terre à Brigue même, sans rampes d'accès, pour sortir à Bertanio, en Italie, près du pont sur la Cherasca. Le QD M. Ladame songeait déjà à faire passer les locomo- tives en Italie, par la Gemmi et le Simplon, il y a plus de trente ans. Il en parla à M. Stæmpfli, alors conseiller fédéral et directeur du département des chemins de fer, ainsi qu'à M. Etzel, ingénieur en chef du Central suisse. Mais, à cette époque, on était trop occupé à satisfaire les intérêts locaux, pour arrêter son attention sur une entreprise internationale de cette importance. Dès lors les idées se sont élargies; les Alpes ont été franchies en plusieurs points, le passage du Sim- plon a été l’objet d’études sérieuses ; la France, l’Italie, les grands financiers discutent les projets qui leur sont soumis. C’est en voyant le chemin qu'avait fait cette idée et après avoir étudié et présenté lui-même un projet de voie ferrée à travers le Simplon, que M. Ladame l’a complété par une étude du passage de la Gemmi. Quelle que soit la destinée de ce projet, c’est à notre compatriote que revient l'honneur de l'avoir présenté le premier. Cela est d'autant plus opportun à établir que diverses personnes, trouvant sans doute l’idée excellente, se sont emparées de ce projet pour le présenter en leur nom après l’avoir modifié. En effet, M. Teuscher, ancien membre du Conseil exé- cutif du canton de Berne, a publié un livre qui a pour titre : Eine Lôtschbergbahn als Zufahrtslinie zum Simplon, und directe Verbindung Berns mit Wallis mittelst durchstichs des Lôtschbergs, avec deux cartes et un profil en long. Cet ouvrage a paru en août 1889, après celui de M. Ladame, dont il fait d’ailleurs mention dans sa préface. — 100 — Il convient d'ajouter qu’une année auparavant, le 28 août 1888, M. Ladame, avant de publier son livre, avait déjà fait connaître son projet à plusieurs per- sonnes de Berne, et notamment à MM. Welti, con- seiller fédéral, Stockmar, conseiller d'Etat, et Elie Ducommun, secrétaire général de la Compagnie du Jura-Berne. J’analyserai ces deux projets séparément : d’abord celui de l'ingénieur neuchâtelois, qui affirme la pos- sibilité d’unir Thoune à Domo-Dossola sans dépenser plus de 150 millions, tandis que la Compagnie du Gothard a dépensé environ 250 millions pour franchir les Alpes. De Thoune à Louëèche, au bord du Rhône, la distance en ligne directe est de 52 kilomètres. Dans cette direction, la chaine bernoise offre une grande dépression, le passage de la Gemmi correspondant sans doute à une faille du terrain jurassique qui parait être très puissant dans cette direction. Le projet de M. Ladame se divise naturellement en deux sections : | 10 De Thoune à Mittholz, soit la partie inférieure de la vallée de la Kander; longueur, 28 kilomètres. La voie s'élève peu à peu de la cote 561", gare de Thoune, à 920" (cote du rail à l’entrée du tunnel proposé par M. Ladame), par des pentes ne dépassant pas 25°/, et dont la moyenne est de 13!/,,. Dans cette région, la construction d’une voie ferrée ne présente aucune difficulté et la dépense n’exééderait pas 200 000 francs par kilomètre. 20 De Mittholz à Louèche, le terrain est moins commode, la pente devient plus forte; à Kandersteg — 4101 — la cote est déjà à 1200" et le passage au col de la Gemmi est à 2329m. À Louëèche-les-Bains, la cote du thalweg est 1350m. Le massif de la Gemmi, qui sépare Kandersteg de Louèche-les-Bains, a une épaisseur de 10 kilomètres et présente, au sud comme au nord, des parois très escarpées. Il faut donc franchir cet épais massif par un tun- nel partant de Mittholz, à la cote 920", et débouchant soit près des bains de Louëèche, à la cote 1320"; soit près de Louëèche-la-Ville, non loin du Rhône, à la cote 618, ce qui serait de tout point préférable, soit enfin en un point intermédiaire aux deux précédents. Ces trois solutions obligeraient à percer un tunnel qui, dans le premier cas, aurait 17 kilomètres de long avec une rampe continue de 23 !/,,; dans le second cas, 24 kilomètres, avec une pente continue très avantageuse de 12°/,,; dans le troisième cas, 21 {/, kilomètres avec pentes vers les deux têtes, ce qui faciliterait l'écoulement des eaux qu'on pourrait ren- contrer et éviterait ainsi des épuisements coûteux. Ces diverses solutions résultent de la configuration de la contrée entre Louèche-les-Bains et la grande vallée du Rhône vers laquelle il faut descendre. Le seul thalweg naturel qu’on puisse en effet suivre dans cette contrée, est le cours de la Dala, qui, de Louèche-les-Bains, coule vers le Rhône, dans une cluse étroite, profonde, à bords escarpés. Dans ces conditions; une ligne à flanc de coteau, faisant suite à un tunnel ayant seulement 17 kilomètres de long, coûterait probablement plus cher qu'un tunnel de 24 kilomètres. — 102 — M. Ladame ne prend définitivement parti pour aucun des trois genres de solution qu'il indique. Il demande seulement qu'avant de décider la question, il soit fait des études géologiques sérieuses comme il en a fait faire en 1855, avant d'arrêter le projet du tunnel des Loges. Mais néanmoins, à titre de discus- sion générale, il entre dans quelques détails au sujet d’un projet intermédiaire dont la tête sud serait à la cote 820. Dans ce projet, la profondeur du tunnel, au-dessous du passage même du col de la Gemmi, ne dépasserait guère 1400" et serait par conséquent favorable au point de vue des températures souterraines, car : Au Gothard, cette profondeur est de . 1717m. Au. Mont. Cenis 41 86.4: 4. RER Au Simplon (projet de 1886). . 12080", Comparée aux lignes actuelles, celle de la Gemmi- Simplon abrégerait les distances de la manière sui- vante : Lieux de départ Lieux d'arrivée De Berne à. . . Milan 110 km. Gênes 142 km. perbûle à 1,70 » 127% » 46 » De Calais, Paris, REP EE 7, ROLONES RER » 8915 » à 5 19 pie Cette voie ferrée de Thoune à Tourtemagne, sur le Rhône près de Louèche, est devisée par M. Ladame à 96 millions de francs; mais dans cette somme ne sont pas compris les frais imprévus, ni l'intérêt des capi- taux pendant la construction, ni le matériel roulant. — 103 — Projet de M. Teuscher. Le point de départ est le même, c’est-à-dire à Thoune, mais la section Thoune-Mittholz diffère du projet précédent, en ce qu’au lieu de suivre le fond de la vallée de la Kander, dont la surface est peu accidentée, la ligne s’élève sur le flanc escarpé des montagnes par des rampes parfois en spirale, pour gagner Kandersteg au-delà de Mittholz, à la cote 12351. De ce point, la ligne se dirige vers l'Est, à travers le Gasteren Thal, où est le point culminant à la cote 14495n, soit à 975 plus haut que le projet de M. La- dame. Là commence un tunnel de 6800n, incliné vers le Sud, perçant le massif de gneiss et de verrucano qui sépare (rasteren de Lôtschenthal et dont la tête de sortie serait soit à Wyler, soit à Kippel (il y a des variantes, ou trois projets de tunnels). La voie des- cend ensuite à ciel ouvert le Lôtschenthal, vallée peu connue mais très pittoresque, d'où elle débouche dans celle du Rhône par un étroit défilé, pour se raccorder à Viège avec la ligne du Valais. La partie de ce tracé qui monte de Thoune jusqu’à Gasteren comporte dix petits tunnels et trente ponts sur des cours d’eau ou des ravins. De la tête sud du grand tunnel jusqu’au raccordement à Viège, il y a encore une dizaine de petits tunnels et dix-huit ponts. Tous les tunnels ont ensemble une longueur totale de 16850 n. La ligne a une longueur totale de 84 kilomètres entre Thoune et Viège; elle présente un parcours de 10 kilomètres plus long que le projet de M. Ladame — 104 — pour aller à Viège et au Simplon, et de 50 kilomètres plus long pour aller à Sion et dans le Bas-Valais. Elle a des pentes ou rampes de 301/,, sur 27 kilo- mètres, et de 25°/,, sur 241/, kilomètres, soit en tout D1 !/, kilomètres de rampes très fortes, tandis que le projet Ladame n’a que 25!°/,, au maximum et seule- ment sur 6 kilomètres. De plus, ce dernier tracé est rectiligne, tandis que l’autre est très sinueux, ce qui aggravera beaucoup les frais d'exploitation. Cette ligne est devisée par M. Teuscher à 36 mil- lions de francs. Les concessionnaires actuels parais- sent en avoir élevé le devis au chiffre de 45 millions‘. On voit par les observations qui précèdent que ce tracé sera d’une exploitation fort coûteuse; 1l obligera en outre à percer des roches beaucoup plus dures que dans le tracé Ladame; il exposera enfin la voie à l’encombrement des neiges, dans des régions mon- tagneuses où le tracé atteint une altitude de 1500m, soit 400% plus élevée que le tunnel du Saint-Gothard à (rœschenen. Le tracé Ladame, au contraire, ne dépasse pas l'altitude de 920, de sorte que la tra- versée des Alpes serait inférieure de 100m aux tra- versées du Jura, à la Chaux-de-Fonds et à Jougne. Ce résultat remarquable démontre à lui seul combien ce tracé est avantageux et supérieur à tous ceux qu'on peut proposer sous le prétexte, insignifiant aujour- d'hui, de réduire la longueur du tunnel de faite. 1 Voir La Suisse libérale du 12 décembre 1891. SUR LA HOUILLE et les présomptions de son existence en Suisse Par A. JACCARD, PROFESSEUR (Notice lue dans la séance du 2 avril 1891) La plupart des journaux de notre pays ont annoncé récemment que l’on se proposait d'entreprendre des recherches en vue de s'assurer de l'existence de la houille en Suisse. On a même dit que ces recherches étaient appuyées par les géologues et que, de leur côté, les autorités fédérales s’y intéresseraient finan- cièrement. Nous ne savons trop quel a pu être le point de départ de ce bruit, mais ce qui est certain, c'est que, jusqu'ici, les géologues n’ont point été consultés, c’est que de semblables entreprises ne peuvent et ne doi- vent pas être livrées au hasard d'indices superficiels ou de vagues soupçons. Si la géologie n’a point encore résolu tous les problèmes de la constitution du sol de notre pays, nous possédons néanmoins, dans les Ma- tériaux pour la carte géologique de la Suisse, des éléments d'appréciation dont il y a lieu de tenir compte, si l’on veut éviter de pénibles et désagréables sur- prises. D'ailleurs, et nous ne faisons que répéter ici ce qui a été dit déjà souvent, les probabilités d'existence de la houille en Suisse sont très incertaines. Si, dans cer- — 106 — taines localités, on a découvert un combustible mi- néral quelconque, ce n’était point, en tout cas, la houille ordinaire du terrain carbonifère, et le pro- blème de son existence dans nos contrées n’est nulle- ment encore résolu. Aussi, en attendant qu’un travail d'ensemble, em- brassant toutes les faces de la question, puisse être élaboré, avons-nous pensé qu’il y aurait quelque uti- lité à présenter ici quelques considérations générales sur un sujet dont l'importance n’est contestée par personne, qui touche de près aux intérêts et à l’avenir industriel de notre pays. Et d’abord jetons un coup d'œil sur la partie histo- rique de notre sujet. L’anthracite, qui n’est autre chose que de la houille métamorphisée, privée de gaz, une espèce de coke compacte, existe dans le Valais et y est sans doute connu depuis longtemps. Mais comme ce charbon minéral ne brüle qu’à la faveur d’un fort courant d'air et que son emploi exige des dispositions particulières des appareils de chauffage, il n’a guère été utilisé Jus- qu'ici que dans la calcination des chaux et ciments hydrauliques. Les gisements reconnus dans le Valais, au nombre d’une dizaine, ont été pour la plupart rapidement épuisés, ou sont en voie de l'être. Il y a fort peu d'espoir d’en découvrir de nouveaux, au mi- lieu des massifs dans lesquels ils se trouvent enclavés. Celui de Chandolin, près de Sion, s’est montré l’un des plus importants par la quantité de charbon qu'on en a tiré. Celui de Collonges, au pied de la Dent de Mor- cles, a fourni une qualité supérieure, assez rappro- chée de celle de la houille, et pouvant être utilisée pour le chauffage des calorifères. — 107 — Sous le nom impropre de lignite, on a aussi exploité dans la molasse un charbon minéral très voisin de la houille, dont il présente les qualités, mais qui n’existe Jamais en couches quelque peu importantes. On con- nait des gisements de cette houille à Paudex-Belmont, près de Lausanne, à Semsales, canton de Fribourg, à Kæpfnach, canton de Zurich. Il en est de ceux-ci comme de ceux d’anthracite, ils sont en voie d’épui- sement, sinon même abandonnés. Nous ne parlons ici ni des lignites, ni des tourbes, qui n’ont qu'un rapport éloigné avec la houille. Il y a aussi en Suisse des traces de charbon dans divers terrains, le keuper, le lias, le nummulitique. Aucun d'eux n’est susceptible de donner lieu à une exploi- tation productive. Les données que nous venons de résumer se rap- portent, comme on le voit, aux Alpes et au plateau suisse. Quant au Jura, ce n’est que depuis une ving- taine d'années que se sont fait jour les idées ou les présomptions relatives à l’existence possible de la houille au-dessous des formations calcaires qui consti- tuent ces montagnes. C'était, on s’en souvient, an moment où les péripéties de la guerre franco-alle- mande venaient d'attirer l'attention sur les consé- quences possibles d’une rupture des relations com- merciales avec les pays dont nous sommes tributaires pour le combustible minéral nécessaire à nos indus- tries et à nos moyens de transport. Le sondage de Rheinfelden, en 1875, entrepris par une société d’ac- tionnaires, aboutit à un résultat négatif, à mesure qu'après avoir traversé les terrains superposés au ter- rain houiller dont on présumait l’existence, la sonde atteignit, à la profondeur de 360 mètres, le granit qui lui sert de base. — 108 — Sans rechercher ici les causes de cet insuceès, nous devons cependant dire que le sondage de Rheïinfelden avait été entrepris sous les auspices de la science. Jne commission de géologues, dont faisait partie le professeur Desor, de Neuchâtel, avait préavisé, entre autres, sur la puissance et la nature des assises que devrait rencontrer la sonde et qui, disait-on, atteindrait au moins 600 mètres. R On ne saurait donc accuser les promoteurs de cette entreprise d’avoir agi à la légère. Mais que dire de ceux qui, l’année dernière, n’ont pas craint de ris- quer, sur différents points, en plein terrain molassi- que, des sondages pour la recherche de la houille qui, cette fois encore, n’a donné aucun signe de son exis- tence ? Il ne faut, du reste, pas trop s'étonner de ces divers mécomptes dans un domaine de la science qui en est encore à ses débuts. Il a régné et il règne encore sur l'origine et le mode de formation de la houille et des combustibles minéraux, nombre d'erreurs qu'il im- porte de dissiper si l’on veut appliquer avec quelque sécurité les données géologiques aux recherches pra- tiques. À ce point de vue, les observations toutes récentes de M. Fayol, ingénieur des mines à Com- mentry, doivent être prises en sérieuse considération, et nous allons essayer de les résumer en quelques lignes. La théorie la plus en vogue, celle qui est presque toujours exposée dans les traités de géologie, assimile la formation de la houille à celle des marais tourbeux actuels. La houille serait formée de débris végétaux accumulés, ayant vécu sur place, et soumis à une décomposition particulière, à une espèce de carboni- NN 2 sation. Lorsqu'une couche de houille s'était ainsi for- mée, au sein d'un bassin marécageux, il survenait un affaissement, permettant aux matières minérales, limons, sables, cailloux, transportés par les courants, de former les couches de schistes, de grès, etc., qui s’interposent entre les lits de charbon. Ces alternatives de dépôts de combustibles et de roches diverses, en se répétant un grand nombre de fois, ont donné lieu aux couches alternantes que nous observons dans les bassins houillers. Primitivement horizontales, elles auraient été soulevées, redressées et amenées à l'in- clinaison qui caractérise la plupart des gisements actuels. Cette théorie, qui ne laisse pas que d’être sédui- sante, donnait lieu cependant à de nombreuses objec- tions, et elle doit faire place à une démonstration dont l'évidence est, à notre point de vue, incontestable. _ La houille et les couches de grès et de schistes qui l’'accompagnent se sont formées simultanément, en couches plus ou moins inclinées, dans des deltas lacustres ou marins. Les matières végétales et miné- rales entrainées par les cours d’eau ont subi, en vertu de leur densité, de leur volume, de leur nature, un classement, un triage analogue à celui qui s’exerce dans les cours d’eau actuels à leur embouchure dans un lac, et auquel nous donnons le nom de stratifica- tion croisée ou torrentielle. Loin donc de présenter une épaisseur régulière d’une certaine étendue, les couches de houille finissent en coin, elles se subdivi- sent, se ramifient, disparaissent ou présentent tous les passages du charbon au schiste, au grès, etc. Ajoutons encore que la houille n'existe que dans la proportion moyenne de un pour cent comparative- ment aux sédiments minéraux. — 110 — Pour que des amas de houille quelque peu impor- tants aient pu ainsi se former pendant l’époque car- bonifère, il a donc fallu que de vastes surfaces cou- vertes d’une végétation luxuriante contribuent à la production d’une grande quantité de matières végé- tales susceptibles d’être entrainées par les courants. Voici, à ce sujet, comment s'exprime M. Alex. Vezian à propos de recherches semblables à celles qui nous occupent : « Lors de la période houillère, les terres émergées (en Europe) formaient des plateaux très étendus, mais peu élevés au-dessus de la mer. Elles présentaient des accidents topographiques peu prononcés; la sur- face du globe n’offrait pas un relief aussi accusé que de nos jours. De faibles bombements du sol et des chaînes de montagnes de peu d'altitude alternaient avec des vallées peu encaissées et avec des bassins hydrographiques presque plats. C'était, au point de vue topographique, quelque chose de semblable à la Russie actuelle. » Ainsi, loin de former une nappe continue, au- dessous des couches d'âge postérieur qui lui sont superposées, Ja houille constitue des bassins isolés, séparés les uns des autres, dans lesquels le nombre, l'épaisseur, l'étendue des couches de houille varie constamment. C'est en particulier le cas pour le centre de la France, à Saint-Etienne, au Creuzot, à Com- mentry, où les bassins lacustres n’ont pas été recou- verts par des sédiments postérieurs. Il en est de même dans les Alpes pour l’anthracite, qui se rencontre en gisements isolés et disséminés, dans des conditions telles que nous avons pu tracer sur une carte spé- _ ilinhitis — A1 — ciale la position, sinon les limites, des lacs houillers de Tanninges, de Servoz, de Martigny, etc. En dehors de ces bassins houillers non recouverts par des terrains postérieurs, il en est d’autres dont on est réduit à soupçonner l'existence d’après le plon- gement et la direction des assises. De ce nombre est le bassin houiller de Ronchamps, au revers méri- dional des Vosges. Révélé par l’affleurement à la sur- face d’une assise de grès avec deux couches de houille, il fut exploité activement jusqu’à la rencontre d’un accident ou bombement du terrain sur lequel repose la houille. Un sondage pratiqué à une certaine dis- tance et poussé à la profondeur de cinq cents mètres, permit de retrouver le charbon que l’on croyait perdu. C’est sur ces indices que s’appuyaient les promo- teurs du sondage de Rheinfelden, mais ici, l'on ne rencontre pas même le terrain houiller, d’où l’on peut conclure que, pendant la période carbonifère, il n’exis- tait dans cette région aucun bassin houiller lacustre, susceptible de recevoir les terrains de sédiment, ainsi que les débris végétaux. Un autre exemple bien rernarquable de l'existence du terrain houiller au-dessous de formations plus récentes est celui de Tanninges, dans la Haute-Savoie. La montagne qui porte le nom de Pointe de Marcely atteint la hauteur de 1980 mètres. À sa base et au niveau de la vallée du Giffre affleure le grès houiller avec un charbon de bonne qualité, qui a été exploité en galeries. Les assises triasiques, jurassiques, créta- cées et même tertiaires, présentent une épaisseur de 1200 mètres et s'étendent sur une vaste surface. Il a suffi d’une dislocation profonde pour révéler l'existence de lu houille dans cette région où on ne l’eût nulle- ment soupçonnée. Sd Ce fait de l'existence de la houille et non de lan- thracite au milieu des massifs alpins est de la plus grande importance. Si, en effet, nous jetons les yeux sur la carte géologique de la Suisse, nous voyons que la région des Alpes vaudoises présente une remar- quable analogie de structure et de constitution géolo- gique avec le Chablais méridional. A Villeneuve, à Aigle, à Ollon, à Bex, apparaît le trias, caractérisé par la présence du gypse, surmonté par les assises calcaires du jurassique, du crétacé et du tertiaire. Quoi de plus naturel dès lors que de procéder à une étude approfondie de cette région, puis de tenter des essais de sondage? De toutes façons, les chances seraient ici bien plus favorables qu’à Rheinfelden. Ce n’est pas seulement dans la vallée du Rhône que le trias se rapproche de la surface. Dans la Gruyère, à Charmey, au lac Noir, à Spiez, les terrains secon- daires, profondément affectés par les dislocations et les érosions, laissent affleurer les couches triasiques du keuper, des dolomies, du gypse, que l’on peut croire superposées au terrain houiller non modifié ou altéré par des influences métamorphiques. On ne saurait en dire autant de la partie des Alpes comprise entre le lac de Thoune et la vallée du Rhin. Aucun indice, aucun affleurement de terrain n’est favorable à la présomption d'existence du terrain houiller rapproché de la surface. Si des Alpes nous passons au Jura, il y a également lieu de rechercher les points sur lesquels l'existence du trias peut faire présumer celle du terrain houiller. C’est dans cet ordre d’idées que semble avoir été conçu le projet d’un sondage à Cornol, au pied du Mont-Terrible. Mais ici l’on a objecté avec raison le M © bouleversement et la confusion des assises, qui, même en cas de découverte de la houille, eussent empêché une exploitation sérieuse. Mieux vaudrait, dans ces conditions, diriger les recherches sur les chainons du Raimeux, du Weissenstein, de la Haasenmatte et même du Lægern. Si nous ne nous rapprochons pas de la vallée du Rhin, c'est à cause de la proximité des schistes cristallins et de l’épaisseur considérable du grès bigarré, bien constatée dans le sondage de Rheinfelden. En dehors des quelques points que nous venons de Signaler, il ne nous parait pas absolument possible d’en indiquer d’autres qui présentent des chances de réussite, et l’on peut considérer comme téméraire toute proposition comme celle qui a été énoncée récemment, de procéder à des sondages le long du pied du Jura. Au reste, nous savons qu'il existe à Zurich une commission fédérale chargée de l'élaboration d’une carte des matières premières (Baumaterialien) de la Suisse. Cette carte contiendra l'indication de tous les gisements connus de roches à ciment, chaux hydrau- lique, gypse, argile à briques, combustibles. Une semblable carte comporte et même nécessite la pu- blication d'un mémoire ou d’un rapport sur les don- nées acquises pour chacune des matières minérales. Nous possédons déjà de précieuses indications dans les diverses livraisons qui accompagnent les feuilles de la carte géologique. Il suffira de les collationner et d'en faire un résumé qui pourra servir de base aux recherches futures, qu’elles soient abandonnées à l'initiative privée ou soutenues par les autorités fédérales. BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX 8 — 114 — Quel que soit, au reste, le résultat auquel on par- viendra, il ne saurait avoir pour conséquence de ra- lentir le zèle et les entreprises de nos ingénieurs et électriciens dans le domaine de l’utilisation des forces hydrauliques, dont heureusement notre pays est si richement doté. La recherche de la houille ne peut et ne doit être considérée que comme accessoire, en raison des chances aléatoires de sa découverte, aussi bien que de l'insuffisance notoire des gisements que l'on parviendrait à découvrir. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Année 1890-1891 =, — == SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1890 Présidence de M. Louis COULON. L'assemblée procède au renouvellement du bureau. M.DE CouLoN, déclinant une réélection, M. Hrrscx rappelle les éminents services rendus à la Société par son président pendant de nombreuses années, et propose de le nommer président d'honneur. Cette proposition est adoptée à l’una- nimité. Sont nommés : Président effectif, M. Louis FAVRE, professeur; Vice-président, M. Ad. Hrrscu, direct. de l’Observ.; Caissier, M. F. pe Puryx, D en médecine: Secrétaire-rédacteur, M. Fritz TRIPET, professeur ; Secrétaires, MM. Al. STROHL et F. CONNE. M. F. Triper parle à la Société de l'amélioration du Bulletin. Il conviendrait de l’imprimer sur un meilleur papier. Il soumet plusieurs échantillons à l'assemblée, qui charge le bureau de prendre une décision. M. Tripet espère aussi arriver à obtenir une diminution des frais pour l'expédition du Bulletin à l'étranger. MM. Favre et BILLETER rappellent que le but de la Société est non seulement d’entendre les travaux origi- naux de ses membres, mais aussi de procurer aux spécia- listes l’occasion de tenir leurs collègues au courant des progrès de la science qu'ils étudient. — 116 — M. L. Favre annonce qu'un ami de la Société, ayant remarqué la quantité de documents concernant le canton, qui sont contenus dans le Bulletin, ferait volontiers les frais d’une publication qui les coordonnerait et les résu- merait. Il n’est pris aucune décision à ce sujet. Par contre, la Société offrira ses services au Conseil communal pour des propositions et un devis destinés à mettre la colonne météorologique en bon état. M. Favre est chargé d’en aviser le Conseil communal. M. L. Favre lit une notice destinée au Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Cette notice, qui a été présentée au Comité de mécanique de cette Société par M. Paul Favre-Bourcart, ingénieur des études de locomo- tives à la Société alsacienne de constructions mécaniques, a pour titre: Le chemin de fer de Viège à Zermatt; elle se divise en deux parties. Dans la première, l’auteur s’ap- plique à montrer le rôle que sont appelés à jouer les chemins de fer à crémaillère, non seulement pour gravir une très forte rampe, comme au Righi, mais aussi en per- mettant, dans nombre de cas, d’abréger le tracé d’une ligne ferrée. Au lieu d'adopter, comme on l’a fait pour notre Jura Industriel, pour le Gothard et nombre d’autres lignes, un tracé qui prend un développement énorme pour éviter les rampes excessives, on peut concentrer ces dernières sur un petit nombre de points où l’on établit une crémaillère sur laquelle la machine trouve un point d'appui qui, quel temps qu'il fasse, ne peut lui faire défaut. Mais pour cela il faudrait que la machine püût indifféremment fonctionner par adhérence ou par engrenage. Or, nous savons que jusqu'ici ce problème n’a été que trop imparfaitement résolu; c’est ce qui explique l’indécision des ingénieurs consultés sur le moteur à employer pour circuler entre la gare de Neuchâtel et Serrières. Riggenbach avait déjà été aux prises avec le même pro- blème en 1870, lorsqu'il construisit le petit chemin de fer PTIT des carrières d'Ostermündigen. L'expérience lui démontra que pour qu'une machine à adhérence puisse remonter une forte rampe, il ne suflit pas de caler une roue dentée sur son essieu moteur et de la mettre aux prises avec la crémaillère. Si la rampe est très forte, le travail que la machine doit développer devient si considérable qu'elle ne peut avancer que très lentement. Or, une locomotive ne travaille pas avantageusement dans ces conditions. Riggenbach fut obligé de faire travailler les pistons sur un pignon tournant deux fois plus vite que la roue dentée motrice. La nouvelle machine remonta beaucoup mieux la rampe, mais, à plat, elle se trouva paralysée et réduite à se mou- voir très lentement. Ce système fut cependant adopté sur presque tous les chemins de fer partiellement à crémaillère, mais en res- treignant le service de telles machines en ne leur deman- dant que ce qu’elles peuvent donner. Au Brünig, par exemple, on emploie de pareilles ma- chines pour traverser la montagne entre Meyringen et Giswyl, tandis que tout le reste du réseau est exploité par des machines ordinaires. Or, on comprend aisément l'inconvénient qu'il y à à avoir, sur une petite ligne deux sortes de machines. Il n'est point nécessaire de les énumérer, car ils sautent aux yeux. La solution de ce problème la plus parfaite qui ait été trouvée jusqu'ici est due à M. Roman Abt, qui réussit à construire une machine fonctionnant par adhérence exac- tement comme une machine ordinaire, mais qui est mu- nie d’un mécanisme moteur absolument indépendant de l’autre et qui actionne deux arbres accouplés, sur les- quels sont montés, par un procédé très ingénieux, des disques dentés qui engrènent avec une crémaillère com- posée de plusieurs lames parallèles et de telle façon que chacun des disques est déplacé par rapport à l’autre pour — 118 — rendre l’engrènement presque continu, ce qui supprime en grande partie les chocs, inévitables avec la crémaillère à échelons. La première application du système Abt a été faite, en 1885, sur le chemin de fer de Blankenburg à Tanne, dans le Harz. Une étude très approfondie, due à M. Seguela, inspecteur principal du service central du matériel et de la traction de la Compagnie du chemin de fer du Nord français, a paru dans le numéro de juillet 1888 de la Revue générale des chemins de fer. Mais celle qui nous intéresse le plus directement est le chemin de fer de Viège à Zermatt, dont le tronçon Viège-Saint-Nicolas a été ouvert au public l’été dernier. Dans la seconde partie de sa notice, M. Favre raconte la visite qu'il à faite à cet intéressant chemin de fer, au mois d'août 1890. La course aller et retour de Viège à Stalden s’est effec- tuée sur la machine, dont il a pu étudier la manœuvre et le fonctionnement qu'il décrit en détail. A partir de Stalden, où s’arrêtait à ce moment l’exploi- tation, il continua sa visite à pied, en compagnie de MM. Weber, chef mécanicien, et Chappuis, entrepreneur de la ligne. Le terme de la course fut le pont hardi du Mühlebach, construit dans les ateliers de MM. Chappuis et Wolf, à Nidau. M. Favre conclut en faisant l’éloge des ingénieurs qui ont si bien su triompher d’aussi grandes difficultés dans l'exécution des machines et dans la construction de la ligne. Il engage les personnes qui s'intéressent à cette question à lire la notice très complète qui vient de paraître dans le numéro d'avril de la Revue générale des chemins de fer, et qui est due à M. Meyer, ingénieur en chef de la construction des chemins de fer du Jura-Simplon. La notice de M. Favre est accompagnée de reproduc- tions des photographies de la locomotive, du pont du Mühlebach et du profil en long de la ligne, exécutées d’une — 119 — façon remarquable par les nouveaux procédés de la maison Braun, de Dornach. La séance est levée à 9 !/, heures. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1890 Présidence de M. Louis FAVRE Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après quelques rectifications. A propos de la colonne météorologique, M. Favre an- nonce qu'il n’a pas écrit au Conseil communal. II a eu un ‘ entretien avec M. Hartmann, qui lui a dit que M. Luther est chargé de la confection d’un thermomètre. M. HrescH, appuyé par M. Ritter, propose d'offrir de nouveau au Conseil communal les services de la Société des sciences naturelles pour diriger la restauration de la colonne météorologique. Cette proposition est adoptée. Il est donné communication à la Société: 1° D'une invitation de la Société d’émulation du Doubs à se faire représenter à sa séance annuelle; 2° De la démission de M. Charles Herzog, professeur. M. L. FAvRE présente un exemplaire très développé de l'Hydnum coralloides Scop., Hydne corail ou hérisson, qui a été trouvé il y a quelques jours par un bûcheron, dans le tronc creux d’un sapin, dans les forêts de la région supérieure de Chaumont. Les Hydnacées se distinguent - par leur hyménium formé par des aiguilles, des dents, des tubercules, des papilles ou des crètes; les hydnes, en particulier, ont des aiguillons subulés, ou en alène, libres, toujours tournés en bas. M. Favre fait remarquer la dif- férence de structure entre ce champignon et ceux du même genre, Hydnum imbricatum L. et Hydnum repan- dum L., qui ont un chapeau et un stipe et qui sont bien connus comme un aliment grossier. Celui-ci est très ra- meux, d’un blanc de neige, puis jaunâtre, formé de rameaux pendants, atténués et entrelacés, portant des aiguillons blancs, serrés et allongés. Telle est la description qu’en donne le D' Quelet; il ajoute une note du D' Mougeot: « Ce hérisson est devenu très rare dans les Vosges, depuis que les vieux chênes ont été abattus ». « Chez nous, dit M. Favre, ce champignon est rare; je n’en ai jamais ren- contré ayant le développement de cet exemplaire, qui mesure près de 60 centimètres de longueur. Ceux que j'ai vus jusqu’à présent étaient plus ramassés et non rameux. Il est comestible. » Pour en garder un souvenir, etn'ayant pas le temps de le dessiner, M. Favre l’a fait photogra- phier, et il présente deux épreuves fort bien réussies, dues à l’obligeance d’un amateur de notre ville, M. Paul Colin. À propos de champignons, M. Favre rappelle l’abon- dance exceptionnelle des morilles, au printemps dernier, du moins dans notre canton et dans le Jura français, voi- sin de nos frontières. « Au commencement d'avril, dit un journal de nos montagnes, la récolte s’annonçait mal, la neige avait manqué, la terre était sèche et les gelées arrêtaient toute végétation. Dès lors, il a suffi de quel- ques pluies douces, mêlées de neige, et de quelques jours de soleil pour produire la poussée des morilles d’une facon extraordinaire. Les plus anciens chasseurs ne se rappellent pas une telle abondance; on peut dire quon en trouvait dans tous les bois. On les cueillait par paniers, par sacs; on les apportait aux marchés de la Chaux-de- Fonds et du Locle par 15 et 20 kilogrammes à la fois et le prix est descendu à 2 francs la livre. Pendant plusieurs semaines, beaucoup de personnes, des femmes, des enfants ont été occupés, surtout dans les localités de la frontière française, à la récolte des morilles, qui leur procurait un gain s’élevant jusqu’à 10 et 12 francs par jour. » Les forêts de Chuffort et de Chasseral en ont fourni aussi une quantité considérable et exceptionnelle, ce qui a fourni de l'occupation et des profits aux gens adonnés à cette recherche. M. Favre cite une femme du village de Lignières qui en a vendu pour 500 francs au marché de Neuchâtel. Il est intéressant de noter ces faits qui sont toujours en relation intime avec les conditions atmosphériques. M. le professeur TrIPEeT rappelle qu’on à trouvé deux morilles Morchella conica (Pers.), il y a quelques jours, au chantier de bois de chauffage de M. 0. Prêtre, à la gare de Neuchâtel. M. Favre répond que les cas de végétation sporadique de la morille conique ne sont pas rares; on lui en a apporté tous les mois de l’année; mais ce sont des cas isolés. M. Hrescx présente une communication sur la variation annuelle de la latitude en Europe, et sur la question du méridien unique. À propos de la première question, M. RITTER demande si la variation de la latitude n’est pas due à l'influence de la chaleur solaire sur la surface terrestre. M. Hirscx répond qu'il est très possible que des effets thermiques entrent pour une part dans cet intéressant phénomène. M. RiTTER, rappelant la nécessité pour la Société de faire de nouvelles recrues, propose d’instituer une réunion générale annuelle, comme le font les sociétés du canton analogues à la nôtre. Cette question est mise à l’ordre du jour de la prochaine séance. ET an SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1890 Présidence de M. Louis FAVRE Le procès-verbal est lu et adopté. M. le PRÉSIDENT informe la Société qu'il a écrit au Con- seil communal, le 29 novembre, à propos de la colonne météorologique, et qu'il n’a pas reçu de réponse. L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de M. Ritter, concernant l'institution d’une séance an- nuelle publique. M. RITTER propose d'en renvoyer l'étude à une Commission. Il n’est pas pris de décision à ce sujet. M. BÉRANECK cite un cas de pneumonie dans lequel il n’a pas constaté la présence du streptocoque lancéolé de Pasteur; par contre, le pneumocoque de Friedländer se trouvait en grande abondance dans les crachats. Il y for- mait des colonies dont les individus étaient plus ou moins allongés, généralement elliptiques. Ce pneumocoque à _ fourni des cultures dont les inoculations à des souris ont entraîné la mort de ces dernières. Ce bacille a-t-il été la cause de la maladie, ou s'est-il développé secondaire- ment? il est d'autant plus difficile de répondre à cette question que dans d’autres pneumoniques examinés, le Streptocoque lancéolé se rencontrait seul dans les era- chats. Ce fait nous montre que la présence de ce dernier microbe, qui paraît être l’agent par excellence de la pneu- monie, n'est pas indispensable à l’apparition de celle-ci et que, selon les circonstances. d’autres formes micro- biennes voisines peuvent concourir à déterminer cette maladie. M. WEBER fait une communication sur les transforma- teurs électriques, en exposant le principe et les diffé- rentes formes anciennes et nouvelles employées dans les laboratoires de physique et dans l’industrie, en donnant — 123 — la raison et l'utilité de leur emploi dans les grandes instal- lations d'éclairage électrique. Quelques expériences ont illustré ces considérations. SÉANCE DU 9 JANVIER 1891 Présidence de M. Louis FAVRE M. H. LADAME, ingénieur, fait une communication sur les freins du funiculaire de la gare de Serrières. Sur la demande de M. $. DE PERROT, il explique com- ment les rails sont éclissés, pour que le frein automatique puisse passer de l’un à l’autre sans obstacle. M. ALBRECHT a rapporté le premier, de Berlin, la Iym- phe de Koch. Il rappelle que, dans sa communication de 1883 (Tome XIV) sur la tuberculose, d'après les recherches bactériologiques nouvelles, cette maladie était désormais classée dans la catégorie des maladies infectieuses, mais que l’agent spécifique pour la destruction du bacille était encore à trouver. Aujourd’hui, cet agent parait exister dans la Ilymphe de Koch. La première publication de Koch date du 13 novembre 1890. M. Albrecht croit qu’elle a été faite spontanément, sans qu’on ait forcé la main à son auteur, quoi qu'on en dise, Il donne la traduction des parties essentielles de la notice du D* Koch, et insiste sur le passage dans lequel l’auteur déclare avoir guéri par sa lymphe, en quatre à six semaines, des phtisiques au début de leur maladie, et d’avoir considérablement amélioré l’état de ceux dont les poumons étaient déjà caverneux. La lymphe de Koch n’agit pas par voie stomacale, mais seulement par injections sous-cutanées. Celles-ci s'opèrent entre les deux omoplates, au moyen de la seringue d'Over- — 124 — dank (seringue de Pravaz, avec piston en amiante). La dose varie de Ons,1 à 05,1 de remède pur, dilué dans de l’eau phéniquée à !/, °/,. La lymphe pure se conserve indéfiniment, croit-on, tandis que les dilutions deviennent rapidement inefi- caces. L'ébullition plusieurs fois répétée des dilutions les rend également indifférentes. Lorsque la personne injectée est tuberculeuse, elle tombe, cinq à six heures après l'inoculation, dans un état maladif qu'on s’est habitué à appeler la réaction. Kris- sons, fièvre jusqu'à 40 et 41°, suivant la dose injectée, courbature, vomissements, céphalalgies, état comateux, tels sont les symptômes qui peuvent être plus ou moins prononcés, suivant la constitution du malade. Le lendemain, l'équilibre se rétablit, la fièvre baïsse et le malade ne ressent plus que de l’inappétence et un peu de courbature. De temps à autre, il se déclare une jau- nisse passagère ou une éruption cutanée ou de nature scarlatiniforme. La réaction devient de plus en plus faible, si le médecin maintient la dose primitive. Dans les localisations tuberculeuses externes, le lupus de la peau, par exemple, les injections provoquent une violente inflammation et une sécrétion abondante; le tissu malade se détruit et est remplacé par un tissu sain. M. Albrecht a vu de ces guérisons se produire sous ses yeux pendant son séjour à Berlin. Dans les maladies internes, la même congestion a lieu après l'injection; il y a élimination des parties malades, et l'organe atteint, le poumon, par exemple, peut rede- venir normal. C’est ce que Koch appelle la guérison; reste à savoir si l'expérience prolongée confirmera son opinion. M. Albrecht constate que les médecins suisses qui ont expérimenté la lymphe de Koch — MM. Gilbert et Fer- rière, à Genève, Socin et Hagenbach-Burkhardt, à Bâle — sont favorables à ce mode de traitement, tandis qu'en — 125 — France et en Italie les opinions sont encore très parta- gées; on en veut surtout à Koch de ne pas avoir fait con- naître la composition de sa lymphe. M. Albrecht a eu l’occasion de traiter une douzaine de cas depuis son retour de Berlin. Il fait passer quelques graphiques et montre, pour terminer, la lymphe origi- nale et les différentes solutions qu’il emploie. M. le D’ Ed. CorNaz complète l’intéressante commu- nication de M. Albrecht, en décrivant quelques cas qui se sont présentés à l'hôpital Pourtalès, en particulier de ceux qui ont été révélés par la réaction, sans que d’au- tres symptômes aient pu faire supposer leur existence. M. BÉRANECK, considérant les réactions générales et locales de la lymphe et ses conditions de conservation, pense que c’est une lymphe bactériologique. Avec les ptomaïnes, les microbes sécrètent des toxalbumines ca- pables de causer les mêmes accidents que les microbes eux-mêmes. La lymphe Koch est probablement le pro- duit d’une culture qui entrave le déveioppement du ba- cille de la tuberculose. SÉANCE DU 22 JANVIER 1891 Présidence de M. L. FAVRE Le procès-verbal de la séance du 9 janvier est adopté après quelques observations. M. le PRÉSIDENT donne connaissance : 1° De la démission de M. le D: Barrelet; 2° D'une circulaire invitant les ornithologistes à assister au congrès ornithologique de Budapest; 3° Du décès de M. Henry Boucher, membre de la Société de Borda, à Dax. — 126 — M. HiILFIKER fait l'historique de la photographie astro- nomique et des perfectionnements qui y ont été apportés, notamment de la part des frères Henry, de l'observatoire de Paris. M. Hilfiker fait circuler de nombreuses vues de la Lune, des exemplaires de la carte photographique du eiel, qui a été commencée il y à quelques années, et des dessins d’après nature de paysages lunaires, exécutés à l’obser- vatoire de Prague. M. Hrescx prouve que l’artiste n’est pas encore dépassé par la photographie, en faisant circuler deux croquis de Tempel, exécutés en 1861 à l'observatoire de Neuchâtel. Ils rendent d’une manière frappante l'aspect particulier aux paysages lunaires et donnent la plus haute idée de leur auteur. M. L. FAvRE fait la communication suivante, qu’il accom- pagne d’un dessin explicatif: Vendredi, le 9 janvier dernier, un peu avant une heure après midi, j'aperçus autour du soleil des lueurs étranges qui me firent comprendre immédiatement que j'étais en présence d’un parhélie. Le ciel était couvert de nuages peu denses, assez ana- logues à un mince brouillard, ou à des cirrus, qui atté- nuaient l'éclat du soleil. A l’est et à l’ouest de l’astre, à des distances égales, qui m'ont paru correspondre au rayon d’un halo ordinaire, c’est-à-dire à 23° environ, brillaient deux soleils un peu moins éclatants, et qui se distinguaient par les couleurs du spectre solaire disposées en un arc vertical, dont le bord interne était rouge et le bord externe violet. Ces deux arcs semblaient appartenir à un grand cercle ou anneau dont la partie supérieure et inférieure était invisible. Deux longues flammes, ou traînées lumi- neuses blanches ou jaunâtres partaient des faux soleils, l’une vers l’est, l’autre vers l’ouest, et se terminaient en pointe. Ce phénomène, qui dura jusqu’à 2 heures (j'ignore s'il commença avant 1 heure). était si éclatant, qu'après l'avoir contemplé un moment, j'étais ébloui, et tout ce que je voyais me paraissait jaune, et ma chambre très sombre. A 2 heures, on apercevait encore trois soleils, dont l'éclat allait en diminuant. Ce jour-là, les observations faites à l'observatoire indi- quent une hauteur moyenne du baromètre de 716"*,4; une température moyenne de — 10°,1 C. — minimum — 11°,7 — maximum — 9,8. Etat du ciel brumeux; vent du N.-E. fort. M. le D' Hirsoux regrette de n'avoir pas aperçu ce phénomène, rare dans nos contrées; il rappelle la théorie qui en & été donnée par Clausius, et les diverses formes qu'il peut prendre et qui sont dues à la réfraction des rayons de lumière dans des cristaux de glace flottant dans l’atmosphère. Pour compléter sa communication. M. FAVRE rapporte une observation de parasélène faite à la Chaux-de-Fonds le samedi 17 janvier, entre onze heures et minuit, et rap- portée dans L’Imparthal. Autour de la lune, dans son pre- mier quartier,on apercevait un halo très brillant, ou anneau rattaché à l’astre par des rayons verticaux et horizontaux; formant une croix. Aux points où les branches de cette croix coupaient l'anneau, apparaissaient quatre fausses lunes d’un éclat moins intense. Un are d’un second cercle adjacent au premier s’ébauchait au-dessus de celui-ci. — 128 — SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1891 Présidence de M. L. COULON, président d'honneur M. BILLETER fait une communication sur l'aluminium. Ce métal à été découvert en 1826 par Wôühler, qui l’a isolé par l’action du potassium métallique sur le chlorure d'aluminium. Plus tard, Bunsen l'obtint par l'électrolyse du chlorure double d'aluminium et de sodium. Sainte- Claire Deville reprit la méthode de Wühler et, en la per- fectionnant, il rendit possible la fabrication de ce métal. Dès lors, la production de l'électricité par les machines dynamo-électriques a permis de revenir à la méthode de Bunsen et de livrer à la consommation un métal très pur et relativement peu coûteux. Le procédé de fabrication de l'aluminium employé par la fabrique de Neuhausen est dû à Kiliani, de Berlin, mais il est tenu secret. Il est probable que la matière première utilisée est la cryolithe. Par contre, nous savons que les alliages s’obtiennent par l’électrolyse de l’alumine fondue, en présence du métal à allier, également fondu. On tire l’alumine de la bauxite, minéral qui se compose prinei- palement d’hydrate d'aluminium. Cools, l'inventeur de ce procédé, croit que l'électricité seule dédouble l’oxyde d'aluminium, tandis que Héroult, qui l’a introduit à Neu- hausen, affirme que l'influence réductrice du charbon du creuset et de l’électrode positive est indispensable pour effectuer la décomposition. Il est difficile de dire lequel des deux a raison. L’aluminium est blanc d’étain, trois fois moins dense que les métaux usuels, assez ductile et malléable, plus tenace que le cuivre. Il fond à 700°, au rouge sombre, en un liquide très fluide, qui remplit très facilement les moules, mais qui se contracte par le refroidissement. Allié aux autres métaux, il en augmente notablement la dureté. Cette propriété lui ouvrira probablementun grand débou- ché dans l’industrie du cuivre et du fer. Bien que sa combinaison avec l'oxygène soit très difficile àa+dédoubler, l'aluminium est inaltérable à l'air; il ne s'oxyde qu'au rouge blanc. Les acides chlorhydrique et fluorhydrique sont les seuls qui l’attaquent; par contre, les alcalis caustiques et même leurs carbonates le dis- solvent. M. Hrescx signale l’homogénéité parfaite des lingots d'aluminium et la constance du coefficient de dilatation de ce métal, propriétés qui, avec celles qui ont déjà été signalées, le rendent précieux pour la mécanique de précision M. Weger rappelle le fait que l'aluminium est fabriqué à Pittsburg par l’électrolyse d’un mélange de eryolithe et d'alumine en fusion. M. RITTER suppose que si la bauxite se trouve dans les terrains quaternaires, comme il le croit, il serait possible d'en trouver en Suisse, ce qui serait très avantageux pour notre pays. SÉANCE DU 20 FEVRIER 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur. Le procès-verbal de la séance du 6 février est lu et adopté. . M. L. Favre montre quelques échantillons de mousses communiqués par Léo Lesquereux au D° Nestler, pendant la période 1840-1848. Ils ont été retrouvés à Toulouse et sont donnés à l’Académie par M. le D' H. Christ, de Bâle. ; BULL. SOC: SC: NAT. T. XIX 9 — 150 — M. Juzes Marcovu fait hommage à la Société de quel- ques brochures géologiques dont il est l’auteur. M. L. FAvRE, professeur, entretient la Société de deux projets de voies ferrées, destinées à relier directement le réseau suisse au Simplon par la dépression de la Gemmi, en partant de Thoune pour rejoindre la ligne du Valais. (Voir p. 96.) La séance se termine par une causerie dans laquelle M. S. de Perrot résume quelques observations fort inté- ressantes qu'il à faites pendant son séjour aux Indes anglaises. SÉANCE DU 6 MARS 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. À propos de la communication de M. Louis Favre, MM. Jaccarp et RITTER rappellent, le premier, qu'il avait proposé à M. Jules Grandjean le passage par la Gemmi, lors de Ja fondation du Jura-Berne-Gothard, le second, son projet de raccordement de Berne avec l'Italie par le Grand Saint-Bernard. M. JaccarD présente un relief géologique du canton de Neuchâtel, qui est destiné à l’enseignement de la géologie à l’Académie. C’est le relief exécuté par notre compa- triote, M. Maurice Borel, cartographe à Paris. Il montre l'importance de la masse du Jurassique inférieur et fait comprendre les différents aspects du Jura dus aux cen- tres de soulèvement et de sédimentation. M. Jaccard con- state la recrudescence de la sédimentation à la fin de la période jurassique, en se demandant quelle en est la cause. — 131 — M. RiTTER remarque que les eaux des affluents du lac de Neuchâtel apportent à ce dernier une quantité de matières minérales en dissolution supérieure à celle qu'il contient lui-même ; il se forme donc de nos jours un dépôt au fond de notre lac, par le fait de modifications dans la solubilité des matières minérales lorsque les eaux se mélangent. M. Ritter rappelle ensuite sa théorie de la période jovienne, qui n’admet la précipitation du calcaire qu'après celle de l’eau, et qui pourrait contribuer à ré- soudre la question posée par M. Jaccard. M. JaccaRD montre quelques cartes géologiques de la Suisse et de la France, et relève les heureuses modifica- tions qui ont été introduites dans le choix des teintes; en même temps, il fait circuler quelques photographies du bassin du Doubs, qui montrent combien la baisse des eaux à été sensible dans cette rég'on. M. L. FAvVRE soulève la question de la préservation du bloc erratique de Mont-Boudry, dont la commune de Bôle veut faire des marches d'escalier pour le nouveau bâti- ment d'école de cette localité. M. RITTER propose de le sauver en ouvrant une sous- cription publique. M. JaACCARD estime que ce serait une prime accordée à la mauvaise volonté des propriétaires de blocs sem- blables. La question est renvoyée à une Commission composée de MM. Favre, de Tribolet et Tripet. — 132 — SÉANCE DU 19 MARS 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. FAvRE, président, donne connaissance des démar- ches faites par la Commission nommée dans la dernière séance au sujet du bloc erratique de Bôle. Il s'exprime de la manière suivante: Chargé par la Société, avec MM. de Tribolet et Tripet, de veiller à la conservation du bloc erratique de Mont- Boudry, qu'on disait menacé par la commune de Bôle d'être mis en pièces pour servir à la construction de sa maison d'école, je m'empressai d'écrire, le samedi 7 mars, au président de l'autorité communale. Je le priais de me dire si les bruits mis en circulation dans le public étaient fondés, et si oui, par quel moyen on pourrait sauver ce bloc de la destruction. Bien que ma lettre officielle soit demeurée sans réponse jusqu'au 18 au soir, j'acquis bientôt la certitude que la décision d'exploiter le bloc datait du mois d'octobre der- nier, et que les ouvriers, impatients d'accomplir la sen- tence, auraient déjà mis la main à l’œuvre sans un sursis demandé par le chef du département de l’Instruction publique. Ainsi, notre Société n’était pas seule à s'occuper de la conservation de ce bloc erratique, l’un des plus volumi- neux et des plus intéressants que l’industrie des grani- tiers italiens et la spéculation aient laissé subsister dans notre canton. Plusieurs citoyens de Colombier et de Bôle même, prèts à nous seconder, avaient tenté auprès des autorités cantonales des démarches qui avaient abouti à cet ultimatum: « La commune de Bôle consent à ne pas — 133 — user de son droit d'exploiter le Mont-Boudry si, jusqu’au 17 mars, on lui fait l’offre ferme de lui verser une indem- nité de 700 francs. Passé ce terme, le bloc sera mis en pièces. » Nous étions au 12 mars. Réunir en moins de cinq jours une somme de 700 francs n’était pas chose facile: la situation était embarrassante pour notre Comité qui n'avait pas de pleins-pouvoirs pour agir et devait en référer. Ce même jour, M. Baillot, notaire à Boudry, qui fut pendant trente ans le président de la commune de Bôle, m'apporta deux lettres, l’une de notre ancien vice-prési- dent, Ed. Desor, du 7 novembre 1871, l’autre du profes- seur Alph. Favre, de Genève, établissant l'engagement pris par la commune de Bôle de ne pas détruire le bloc de Mont-Boudry. M. Alph. Favre accusait réception du procès-verbal contenant cette décision et en remerciait la commune de Bôle et son président. Ce procès-verbal m'avait été remis en novembre 1871, par M. Baïllot; je l'avais envoyé à M. Desor, alors à Berne, aux Chambres fédérales; c’est lui qui l’avait adressé à M. Favre, à Genève. Une telle communication, qui me rappelait un fait que j'avais oublié, changeait complètement la situation. Je la publiai dans la Feuille d'Avis de Neuchâtel du lendemain, espérant par ce moyen décider le Conseil communal de Bôle à nous honorer d’une réponse. En outre, j'invoquai l'appui du département de l'Intérieur pour faire respecter les engagements pris. La réponse vint sous une forme inattendue. Le 17 mars, jour fixé pour la destruction du bloc, trois délégués de Bôle vinrent inopinément à Neuchâtel, mais nous ne pûümes nous rencontrer. Ils eurent une- entrevue avec M. Comtesse, chef du département de l'Intérieur, auquel ils firent voir les registres de la Commune, dans lesquels ne se trouvait nulle trace du procès-verbal sus-men- tionné. Si une décision à été prise en 1871, elle n’a pas été enregistrée et perd ainsi toute valeur. D'autre part, j'appris que les papiers laissés par feu Alph. Favre, et remis à notre collègue M. Léon Du Pas- quier, le continuateur de ses études sur les terrains erratiques suisses, étaient en tel état que beaucoup avaient disparu et en particulier le procès-verbal en question. M. Comtesse, que je vis dans l’après-midi, m’apprit qu'après de longs débats il avait obtenu des délégués de Bôle un sursis jusqu’au jeudi matin 19 mars, pour leur faire parvenir une promesse ferme de leur verser 700 fr., à défaut de quoi le bloc serait mis en pièces sans délai. Pour faciliter notre mission conservatrice, il offrait géné- reusement de nous venir en aide par une allocation de 200 fr. prise sur le crédit de son département. Il n’y avait pas à hésiter, et dès le lendemain j'annon- çai aux autorités de Bôle notre adhésion aux conditions sévères qu'elles nous imposaient. Le même jour, donc hier, je recevais enfin la réponse à ma première lettre du 7, retardée par suite d’un malen- tendu, et en mème temps à celle que j'avais écrite le matin. M. F. Chable, signataire de la lettre, faisait espérer que les propositions seraient acceptées par l'assemblée de la Commune, convoquée pour le soir. Je complète ma communication en déposant sur le bureau : 1° Cette lettre signée F. Chable. 2 La lettre de feu Ed. Desor, et celle de feu Alph. Favre, de Genève, de novembre 1871, accusant réception du procès-verbal de Bôle. Je vous prie d’en prendre con- naissance. 3° Une lettre de M. Ferd. Richard, caissier de la Société d'histoire qui, sur ma demande d’assistance, propose de nous accorder un subside de 150 fr. — 135 — 4° Une lettre de M. Ch.-Eug. Tissot, greffier du Tribu- nal de Neuchâtel, secrétaire de la commune de Valangin, donnant connaissance de la marche qu'il a suivie pour assurer la conservation d’un bloc erratique intéressant, situé sur les terres de Valangin, entre le bourg et Fenin. Il mérite des remerciements. Je termine en demandant à la Société de bien vouloir ratifier l'engagement pris en son nom, et en annonçant que M. Léon Du Pasquier, M. le pasteur G. Rosselet et moi avons ouvert dans nos journaux locaux une sous- cription pour donner le bloc de Mont-Boudry à la Société des sciences naturelles. À la suite de cette communication, et après une discus- sion préalable où la générosité de la commune de Bôle est énergiquement qualifiée, l'assemblée ratifie les enga- gements pris et vote des remerciements au chef du dépar- tement de l'Intérieur. On décide en outre, pour obtenir des secours, de s'adresser à la Société d'utilité publique, à la section neuchâteloise du Club alpin, au Club juras- sien, enfin d'ouvrir une souscription parmi les membres de notre Société, notre caisse étant suffisamment chargée par les frais de nos publications. M. Léon Du PAsQuIER a conféré personnellement avec le président de la Commune. La conclusion est la même; M. Du Pasquier présente un petit échantillon de ce granit. M. L. FAVRE propose que la Société des sciences natu- relles s'adresse au Conseil d'Etat pour obtenir que les autorités cantonales s'opposent à la destruction des blocs erratiques les plus importants qu'on leur désignera, afin d'éviter le retour d'incidents pareils à celui de Bôle. M. L. Du PASQUIER pense que si la Société fournit l'in- demnité demandée, elle devra exiger un acte officiel qui la rende désormais propriétaire de la pierre et du ter- rain. — 136 — M. BILLETER propose d'ouvrir une souscription parmi les membres de la Société pour réunir la somme ou plu- tôt pour la compléter, car la Société d'histoire et le Club alpin y prendront une certaine part. Cette proposition est adoptée. MM. L. Du Pasquier et L. FAvRE estiment qu'il faut immédiatement faire une démarche auprès du Conseil d'Etat pour empêcher le retour de pareils abus. Les blocs erratiques désignés par la Société pourraient devenir la propriété, soit de l'Etat et déclarés inviolables, soit de la Société des sciences naturelles. Les membres présents prient M. Favre de s'occuper de cette démarche. Provisoirement, on proposerait de con- server les blocs indiqués sur la carte au 1/25000, sauf à étendre la liste dans la suite. SÉANCE DU 2 AVRIL 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur | Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. L. FAvRE annonce que le Conseil d'Etat contribuera pour 200 fr. et la Société d'histoire pour 150 fr. à la satis- faction des exigences de la commune de Bôle. M. HrrscH constate qu'il suffirait d'ouvrir une souscrip- tion entre les membres de la Société des sciences natu- relles pour compléter la somme nécessaire à l'achat du bloc de Mont-Boudry. Une liste de souscription est mise en circulation au cours de la séance. M. le D' F. DE Pury présente les comptes de l'exercice 1889-1890; ils bouclent par un solde en caisse de 2161 fr. — 137 — 53 cent. sur lequel devront être prélevés les frais d’im- pression et d'expédition du Bulletin de l'année dernière. M. de Pury regrette qu’il s'écoule un temps si considé- rable entre la clôture des séances et l'apparition du Bul- letin. Ce retard nuit nécessairement à notre publication. M. F. Triper, rédacteur du Bulletin, tient à dégager sa responsabilité; malgré de nombreuses réclamations, il arrive assez souvent que les communications manuscrites ne lui sont remises que plusieurs mois et même une année après l’époque où elles ont été lues à la Société. Il faut absolument qu’une décision soit prise à ce sujet, si l'on veut avoir le Bulletin plus tôt. Après une longue discussion, la Société adopte une pro- position de M. Hirsch, d’après laquelle les intéressés seront avisés par carte imprimée que si leurs manuscrits ne sont pas livrés au rédacteur dans le délai d’un mois après la séance dans laquelle ils auront été lus, ceux-ci ne seront pas publiés. M. F. Triper lit une notice de M. le professeur Jac- CARD, Sur {a houille et les présomplions de son existence en Suisse. (Voir p. 105.) SÉANCE DU 16 AVRIL 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. L. FAvRE, président de la Commission des blocs erratiques, annonce que la liste de souscription n'étant pas rentrée, on ne connaît pas encore la somme qu'elle nous apportera. Le bloc de Mont-Boudry a été payé par l'intermédiaire du Département de l'Intérieur; mais l'acte qui doit consacrer la prise de possession par — 138 — la Société n’a pas pu être passé, à cause de la longueur des formalités à remplir. De plus, nous sommes toujours exposés à des tracasseries, Si nous ne sommes pas pro- priétaires du terrain sur lequel repose le bloc et d’un sentier qui en permette l’abord; en outre, nous pouvons être astreints à payer l'impôt communal sur notre im- meuble. Dans ces conditions, M. Favre pense qu'il con- vient de remettre le bloc de Mont-Boudry à l'Etat, qui est mieux armé que nous contre les tentatives de chantage. La requête que nous avons adressée à l'Etat et relative à la conservation des blocs erratiques, a été renvoyée à M. Jämes Roulet, inspecteur général des forêts, pour examen et rapport. La proposition de remettre à l'Etat le bloc de Mont- Boudry est adoptée. M. le PRÉSIDENT annonce que les comptes du caissier ont été vérifiés par le bureau. La Société en donne dé- charge au caissier avec remerciements. M. RiTrer demande la mise à l'ordre du jour de la prochaine séance d’une communication sur l’époque qua- ternaire. M. L. FAvRE donne quelques détails sur la visite géné- rale des chaudières à vapeur du canton, faite l’année der- nière par la Commission cantonale. La sécheresse extraordinaire de l'hiver 1890-1891 lui fait supposer que le régime des eaux de notre canton s'est modifié. M. Hrescx pense qu'il n’en est rien; nous avons eu une période de sécheresse exceptionnellement longue, telle qu'on n’en observe que rarement. — 139 — SÉANCE DU 14 MAI 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur Procès-verbal lu et adopté. La séance du 1* mai n'ayant pas eu lieu, M. L. FAVRE expose qu’à la demande de M. Roulet, inspecteur général des forêts, les membres qui se sont rencontrés à cette date à l’Académie ont chargé MM. Jaccard, de Tribolet et Léon Du Pasquier de dresser la liste des blocs erra- tiques dont la conservation est désirable. M. Ritrer donne lecture de sa communication sur la période quaternaire. (Voir p. 17.) La séance tout entière ne suffit pas à l’exposition com- plète des thèses développées par M. Ritter. Aussi l’audi- tion de la dernière partie est-elle remise à la séance sui- vante. SÉANCE DU 28 MAI 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Hirscx fait une nouvelle communication sur là marche, pendant les dernières années, de la pendule électrique que M. Hipp a construite pour l'Observatoire de Neuchâtel. La correction de la compensation effectuée, elle à marché constamment avec une régularité dépassant celle des meilleures pendules astronomiques connues jusqu’à présent. (Voir cette notice, p. 5.) M. Weger demande si, pour soustraire l'horloge à l’in- fluence des variations de température, il ne serait pas — 140 — avantageux de placer le pendule dans un souterrain et d'amener électriquement l'heure au cadran. M. Hrrscx pense qu'il est préférable d’avoir sous les yeux l’ensemble de l’horloge. Du reste le pendule, séparé du cadran, se trouve placé dans la cave de l'Observatoire, où la variation diurne de la température dépasse rare- ment un degré. M. Ritter propose d'envoyer officiellement à M. Hipp les félicitations de la Société pour sa magnifique création. Cette proposition est adoptée à l'unanimité et M. Hirsch se charge de la transmettre à son adresse. M. Rirrer expose la dernière partie de la communica- tion commencée dans la séance précédente. Sur la proposition de M. Hrrscx, la discussion en est renvoyée à quinze jours, puis la séance est levée. SÉANCE DU 11 JUIN 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. MM. L. Favre et CONNE présentent comme candidats MM. Maurice Tripet, héraldiste, et Jean Beauverd, insti- tuteur. M. RITTER propose de terminer nos réunions du prin- temps en tenant la prochaine séance au Champ-du-Moulin. M. HrrscH faisant remarquer que nous pourrons en- tendre sur place d’intéressants renseignements sur la question du transport des forces motrices de la Reuse à Neuchâtel, la proposition est adoptée sans opposition. M. le PRÉSIDENT ouvre la diseussion sur la communica- tion de M. Ritter, faite dans les deux séances précédentes. — 14 — M. Hirscx n'étant pas géologue ne prétend pas dis- cuter ce très intéressant travail. Il en apprécie haute- ment l’idée fondamentale et originale d’invoquer, pour l'explication des époques géologiques, la température à la surface terrestre et dans l'atmosphère, ainsi que la production et la condensation des vapeurs. Il faut attri- buer cette température, d'une part, à la chaleur intérieure du globe, qui a diminué peu à peu à la surface, à mesure que l'écorce solide a gagné en épaisseur, et, d’autre part, à l’action solaire, dont l'influence s’est accentuée toujours davantage et a produit ainsi dans la dernière époque les différences des zones climatologiques de la Terre. M. Hirsch ne désire qu'appuyer les arguments par lesquels M. Ritter a défendu la chaleur du globe et son ancienne fluidité contre les raisons invoquées par quel- ques savants pour les contester. Le principal argument mis en avant, entre autres par M. Hermite, est emprunté aux observations thermomé- triques faites dans le puits de mine le plus profond qui existe. Il a été foré dans les Marches de Brandebourg, près de Speerenberg, où M. Dunker croyait avoir cons- taté un ralentissement considérable de l’augmentation de la température dans les régions inférieures du puits. Mais cet argument ne résiste pas à une critique sérieuse. Les observations de Speerenberg, reproduites par M. Her- mite, montrent bien certaines irrégularités dans la mar- che de la chaleur avec la profondeur; elles s'expliquent, non seulement par les nombreuses sources d'erreurs aux- quelles ces observations sont exposées, mais surtout par les différentes perturbations et influences locales qui se font sentir, comme, par exemple, les eaux qui filtrent à travers les fissures, dans certains cas même par des effets de siphon de profondeurs plus considérables, ou bien le voisinage d’autres couches possédant une température plus anormale, par suite de réactions chimiques, etc. Mais les chiffres de Speerenberg ne permettent nullement — 142 — de conclure à un ralentissement de l’augmentation dans les couches plus profondes, car on y trouve seulement deux anomalies, dont la plus forte se rencontre déjà entre 345 et 408 mètres. Plus bas, la progression redevient par- faitement normale, jusqu'à la profondeur de 1064 mètres, où on a observé de nouveau une augmentation plus faible. En général, la série des stations d'observation, aux dis- tances verticales variant de 63 à 404 mètres, n'est pas assez régulière pour pouvoir en déduire une loi pour l’ac- croissement des degrés géothermiques autre que celle de la proportionnalité. Quoi qu'il en soit, la mine de Spee- renberg donne en moyenne, pour l'accroissement avec la profondeur, la même valeur approximative que celle qu'on a déduite des nombreuses autres mines, puits artésiens, et à notre époque des tunnels profonds, savoir 1° pour 30 mètres de profondeur environ. En effet, comme à l’ou- verture du puits de Speerenberg, à 30 mètres environ d'altitude, la température moyenne est &°, tandis qu’à 1269 mètres de profondeur on a observé 48’, l’augmenta- tion moyenne est bien normale. Du reste, si même on voulait admettre, au lieu de la simple proportionnalité, une augmentation qui irait en faiblissant un peu dans les couches profondes, cela ne suffirait pas pour permettre de conclure contre la chaleur centrale et la fluidité de l’intérieur du globe. La seule conséquence qu'on pourrait en tirer serait une épaisseur plus grande de la croûte terrestre, 80 à 100 kilomètres au lieu des 52 kilomètres admis actuellement. M. Hirsch rappelle ensuite que l'important argument sur lequel se basait M. Roche pour contester la fluidité de l’intérieur du globe a été réfuté par les savantes recherches de M. Tisserand. M. Roche avait relevé la contradiction apparente qu'on croyait exister entre cer- taines valeurs géodésiques de l’aplatissement, surtout 1 celle de Clarke Fa et celle tirée de la théorie de la — 143 — précession des équinoxes et de la rotation de la Terre, M Or, M. Tisserand a démontré que 905,6 cette contradiction n'existe pas en réalité, puisque Clarke a déduit sa valeur seulement des arcs mesurés en France, en Russie et dans les Indes. En embrassant toutes les mesures d’arcs aujourd'hui connues en géodésie, on arrive à la conclusion que rien ne prouve que l’aplatissement supposée fluide ( soit plus grand que la valeur donnée par Bessel est 297” même 299° Donc l’accord avec la valeur théorique est suf- fisant, et on n’est nullement forcé d'admettre avec M. Roche que l'intérieur du globe doive être solide. M. Léon Du PASQUIER n'avait pas l'intention de prendre la parole au sujet de la communication de M. Ritter: ôn a paru reprocher aux géologues leur abstention dans la discussion; elle se comprend, si on envisage qu’un travail qui cherche à expliquer certains faits géologiques, mais qui ne prend pas pour base les faits, ne rentre actuelle- ment plus guère dans leur domaine, car dans ce cas il y a bien des explications probables. Les principes desquels part M. Ritter sont en grande partie qualitativement justes et comme tels incontestables; quant aux conclu- sions de quantité qu’il en tire, nous sommes complète- ment inaptes à juger de leur bien fondé. M. Du Pasquier se borne donc à critiquer quelques détails du travail de M. Ritter. M. Ritter présente comme acquisitions de la géologie ou théories admises par les géologues des idées qui ne réu- nissent qu'une infime minorité de suffrages parmi eux: le Soleil de 47° et la chronologie en années, sur laquelle il base ses diagrammes. Cette dernière est une pure hypothèse, une évaluation arbitraire peut-être fort oppo- sée à la vérité. = enee M. Ritter affirme qu'il n'y a pas eu de période glaciaire permienne; en présence de tous les géologues de renom qui admettent le glaciaire permien ensuite de leurs obser- vations, il est impossible de le nier sans autre. De même pour les périodes glaciaires réitérées. M. Ritter place le changement du régime climatérique à la surface de la Terre — passage du régime de la cha- leur interne à celui de la chaleur solaire — dans le mio- cène. En réalité, il à eu lieu sûrement avant le tertiaire, peut-être avant le crétacé, ce qui change également tous les diagrammes. La théorie de M. Ritter n’est pas nouvelle; Lecoq eb Weathney ont émis à peu près les mêmes idées sous une forme différente, mais elles n’ont jusqu’à présent satisfait ni les météorologistes, ni les géologues qui se sont occupés de la question. M. Ritrer répond à M. Du Pasquier qu'il à dû avoir recours à des nombres pour construire ses diagrammes. Il ne s’est pas dissimulé qu'ils sont très approximatifs ; on pourra toujours les corriger plus tard, car ce domaine a été peu travaillé, et il y à une riche moisson à y récolter. Il faut pour cela étudier les montagnes à fond. La valeur absolue des nombres n’est rien dans le cas particulier; la proportionnalité est seule en cause et celle- ci est fondée sur des faits, savoir la puissance des masses sédimentaires ou autres, constatée par les géologues. La période glaciaire du permien n'est pas admise par tous les géologues, il en est qui la nient, et c'est la majo- rité. Qu'il y ait eu des glaces au sommet des condenseurs pendant le permien, c’est possible, mais une phase gla- ciaire comparable à celle des temps quaternaires, que l’on puisse qualifier de période générale glaciaire, jamais on n’arrivera à le démontrer. Quant aux phases glaciaires, elles peuvent très bien provenir d’une modification dans la forme des condenseurs, phénomène qui aurait entrainé RER un changement dans l'accroissement des glaciers. Quant aux zones climatériques, M. Ritter est d'accord avec M. Du Pasquier; elles ont commencé bien avant le mio- cène, elles ont pris naissance avec l'atmosphère elle- même, et dans les régions élevées de celle-ci d’abord, pour descendre peu à peu à la surface de la Terre et y gagner toujours plus d'intensité, jusqu'à disparition presque complète des effets calorifiques internes, comme cela à lieu aujourd'hui. Prétendre que le tertiaire et mème le crétacé n’ont pas subi les effets de cette substitution lente et progressive, c'est avancer un argument absolument inadmissible, la faune et la flore de ces époques aux diverses latitudes prouvant le contraire. Sans les effets de la chaleur interne, encore et variablement sensibles dans les diverses zones à ces époques, variabilité sur laquelle est basée toute sa théorie glaciaire, contrairement à celle de MM. Lecoq et Weathney, M. Ritter pense qu'on n’arrivera jamais à établir un système ou une théorie expliquant mieux les faits révélés par les masses erratiques et glaciaires de l’époque quaternaire. Au reste, il espère que les adver- saires de sa théorie, qui liront attentivement sa commu- nication, voudront bien la réfuter plus complétement que par voie de discussion: ce qui est écrit est moins sujet à fausse interprétation que les paroles; M. Ritter ne de- _mande pas mieux que de se convertir à une théorie meil- leure que la sienne, si l’on en trouve une, mais il eroit qu'il attendra fort longtemps. M. BÉRANECK demande qu'on interrompe la discussion pour permettre l'audition des communications annoncées. En conséquence, M. le PRÉSIDENT donne la parole à M. Hilfiker pour communiquer les résultats de son tra- vail sur les catalogues d'étoiles. M. HILFIKER cite les causes des divergences entre cer- tains catalogues d'étoiles. Elles proviennent soit d'erreurs BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX 10 — 146 — systématiques dans les constantes fondamentales sur Les- quelles se basent les calculs, soit de causes locales et personnelles. I] a exécuté un grand nombre d'observations et de longs et minutieux calculs pour vérifier le catalogue de Læwy. Les résultats de son travail feront probable- ment l’objet d’une publication spéciale de notre Observa- toire cantonal. M. Ritrer est l’auteur d’un projet d'utilisation des forces motrices de la Reuse, qui estsoumis en ce moment à l'examen de la Commission des eaux de Neuchâtel. Il fait l'historique de la question et expose la manière dont il à calculé le débit de la rivière. Le régime hydrologique étant très semblable à celui du Doubs, pour lequel on possède toute une série de jaugeages, les débits de ces deux rivières sont proportionnels à la surface de leurs bassins d'alimentation. M. Ritter arrive ainsi à trouver pour la Reuse un débit moyen de 5%*,09%5, et une variation annuelle comprise entre 4** et 6"*,5 par seconde. M. Hirscx relève l'embarras dans lequel se trouvent actuellement les hydrologues. Jusqu'à présent, on a jugé inutile de jauger le débit de nos rivières, pour lesquelles on ne pourra pas toujours appliquer l’ingénieuse res- source de M. Ritter. Passant à l’utilisation des forces motrices, il mentionne le projet de M. Ritter, de deux réservoirs destinés à emmagasiner les hautes eaux et à recueillir celles qui se perdraient pendant les heures ou les périodes de temps pendant lesquelles les forces ne sont pas en activité. M. Wegser présente un grammophone, forme modifiée du phonographe. L'intérêt de cet instrument réside dans la substitution d’une plaque circulaire en ébonite, sur laquelle les ondulations se déroulent en spirale, à la sur- face cylindrique en cire de l'appareil d'Edison. Les sons émis par l'instrument sont assez reconnaissables. SÉANCE DU 95 JUIN 1891 AU CHAMP-DU-MOULIN Présidence de M. Louis FAVRE Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. La Société prononce l’admission de MM. Maurice Tripet et Jean Beauverd. Elle désigne MM. Billeter et Tripet pour la représenter à la session de la Société helvétique des sciences naturelles, qui aura lieu cette année à Fribourg. M. le PRÉSIDENT présente la statistique suivante des halos observés dans le canton: Depuis le parhélie du vendredi 9 janvier dernier, dont M. i. Favre à eu l'honneur d'entretenir la Société, il a noté cinq halos de soleil, dont deux à double anneau. Le premier halo, observé le 22 avril, était la continua- tion d’un halo de lune du soir précédent 21. Le 21 avril avait été une belle journée de soleil avec barom. 720"; temp. min. +3° et max. + 15° C. Suc- cédant à un jour de forte bise avec — 1° puis + 10°, le matin du 21, on avait observé sur notre lac, devant Saint- Aubin, une couche de glace d'une faible épaisseur, que les bateaux cassaient en naviguant. Le 22, le halo persista toute la matinée. L'air était calme, le ciel un peu brouillé, le matin, se couvrit de nuages dans l'après-midi, avec pluie le soir. Barom. 119,9; temp. min. 2°,2, max. 18°,9. Eau tombée 3°*,7. Le 35, pluie fine le matin, peu de soleil. Barom. 716°°,1; temp. min. 5°,5, max. 11°,8. Le 24, pluie tout le jour. Le second halo a été observé le mercredi 13 mai, avant midi, par un ciel légèrement brouillé. Barom. 7195; — 148 — temp. min. 14°2, max. 24°,8. A l'Observatoire, le ciel est indiqué clair, avec orage iointain au S.-0., après 5 h. du soir. Le lendemain 14, très belle journée avec 24°, mais le surlendemain 15, vent violent avec averses soudaines, et le 16 retour d'hiver coïncidant avec Saint-Peregrin, tous nos sommets du Jura sont couverts de neige. Le 17, pluie et neige toute la journée. Le troisième halo, plus curieux que les autres, fut ob- servé le vendredi 29 mai, à 11 h. du matin, et persista plus faible tout le reste de la journée. À 11 h. l'anneau était non seulement très visible et coloré rouge en dedans et violet en dehors, mais il se compliquait vers le N.-E. d’un second anneau moins prononcé, coupant le premier et passant par le soleil, sans cependant présenter une intensité lumineuse plus grande aux points d’intersection. M. Favre le fit voir à plusieurs personnes. Ce jour-là, l'Observatoire à inscrit: barom. 718"®; temp. min. ?°,1, max. 20°. Eau tombée 3". Etat du so brumeux, vent variable, faible. Toutes les Alpes visibles le matin. Orage lointain au S.-E., à 5 h. du soir. Quelques gouttes de pluie vers 8 h. du soir. De halo, comme les autres fois, il n’en est pas question. La pluie persista pendant la nuit et re la matinée du lendemain; puis beau soleil, ainsi que le jour suivant; puis avec le 1* juin nous entrons dans la période des orages. Le 4, brouillard le matin comme en automne, soleil et averses. Le samedi 6 juin, halo de soleil à 10 h.avec tendance à un second halo, coupant le premier. Barom. 715,1; temp. min. 15°, max. 24°5. Eau tombée 157*,5. Ciel nua- geux, vent variable faible. Orages lointains au S.-0, après midi, pluie d'orage intermittente; orage et forte pluie à FT PALS Le lendemain dimanche 7 juin, barom. 713"*,6; temp. min. 14°, max. 25°8. Eau tombée 37**. On se rappelle le — 149 — terrible orage du soir, à 6'/, h. et la trombe qui a ravagé notre vignoble de Colombier au Landeron. Le lundi 15 juin, halo double de soleil, mais de courte durée, à 9 h. du matin. Le ciel, couvert le matin, se dégage et la journée est assez belle. Barom. 721°*, 3; temp. min. 10°,6, max. 21°5. Vent fort le soir et pluie diluvienne toute la nuit, jusqu’à 7'/, h. du matin, le 16. Le reste de la journée, beau temps. Il y a maintenant 46 ans que M. Favre observe les halos, soit de soleil, soit de lune, et qu'il est habitué à discerner l’état particulier du ciel qui les produit: d’ordi- naire, ce sont les cirrus filandreux, analogues au coton cardé, mais parfois aussi, comme ces derniers temps, une brume légère sur laquelle le vaste anneau coloré se des- sine complet avec une netteté remarquable. Il sait que l'opinion des savants qui n'admettent pas la prévision du temps n’attache aucune importance aux halos sous ce rapport; cependant, son expérience de près de 50 années et d’autres témoignages l'ont affermi dans la conviction qu'un halo de soleil ou de lune annonce une perturbation atmosphérique et peut être considéré comme un indice de pluie. Sans doute, il a rencontré quelques exceptions, qui l'ont rendu prudent dans l’énoncé d’une loi, mais elles sont en si petit nombre qu'elles n’infirment en aucune manière son inébranlable conviction. M. F. TRIPET fait voir deux plantes appartenant à la flore neuchäteloise, confondues jusqu'ici avec des espèces voisines, le Pedicularis jurana (Steininger), de la Combe- Biosse, versant nord du Chasseral, et l’Zberis decipiens (Jord.), qui croît abondamment dans les éboulis calcaires au-dessus de Nôiraigue et descend par la Reuse jusque sur les bords du lac de Neuchâtel. M. Tripet se borne à signaler ces plantes: il se réserve d'y revenir plus tard et d'en donner une description complète. — 150 — La séance est ensuite levée pour permettre à M. Ritter d'expliquer sur place son projet de lacs artificiels à créer au Champ-du-Moulin et au-dessous de la Verrière, afin de régulariser le débit des eaux qui fourniront à la ville de Neuchâtel des forces motrices nouvelles, puis le retour s’effectue par les gorges de la Reuse, par un temps plu- vieux et des chemin boueux qui ne parviennent pas à détruire la bonne humeur de ceux qui ont pris part à cette excursion. LISTE DES OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ du 1 octobre 1890 au 31 décembre 1891 Aarau. Schweizerische Naturf. Gesellschaft. — 1. Verhandi. in Davos, August 1890. 73. Jahresversammlung; — 2. Compte rendu des travaux présentés à la 73me ses- sion de la Société, réunie à Davos en août 1890; — 3. Actes de la Société des se. natur., réunie à Fribourg en août 1891, 74me session; — 4. Compte rendu des travaux présentés à la 74me session de la Société, réunie à Fribourg en août 1891. Adelaïde (Sud-Australie). Royal Soc. of S.-A. — Transact., vol. XIV, 1. Albany. 1. University of the state of New-York. — Memoirs, vol: ET. 2. New-York state Museum of natur. hist. — 1. Bull. vol. [E, 7-10; — 2. Ann. Report of the trustees, n° 43. 3. New-York state library. — Bull. : Additions, n° 1; Library School, n° 1; Legislation, n° 4. Amiens. Soc. linnéenne du Nord de la France. — Bull. men- suel. T. IX, 199-222. Angers. 1. Académie des sc. et belles-lettres. — 1. Souvenir de la séance solennelle du deuxième centenaire de la fondation de l’Académie, célébré le 127 juillet 1886; — 2. Séance solennelle de rentrée, du 22 novembre 1888 : — 3. La France préhistorique, par M. Cartailhac : Ana- lyse‘par M. Piette: — 4. Statuts de l’Académie. 2. Soc. des études scientif. — Bull. 1889, XIXe année. Annecy. Soc. florimontane. — Revue savoisienne, 51e an- née, août-décembre; 32e année, janvier-octobre. Auxerre. Soc. des sc. hist. et natur. de l'Yonne. — Bull., 44. — 152 — Bâle. Naturforsch. Gesellsch. — Verhandl., B. IX, 1. Bar-sur-Seine. Soc. d’apicult. de l'Aube. — Bull., n°s 116-193. Berlin. 1. K. Pr. Akad. d. Wissenschaften. — Sitzungsber., 1890, 20-53 ; 1891, 1-40. 2. Deutsche geolog. Gesellsch. — Zeitschrift, XLIE, 2-4; XLIIT,: 4 u: 2 3. Botan. Verein der Prov. Brandenburg. — 1. Verhandl., 31. 1:49: mere , 1889 u. 1890: — 2. Register über die Verhandl.. B. I-XXX. von M. Gürke. Berne. 1. Naturf. — Mittheïl., 1889, nos 1215-1243 ; 1890, nos 1244-1264. 2. Commission oéolog. de la Soc. helvét. des se. natur. — Beiträge zur geolog. Karte der Schweiz. Liefer. 31. Besançon. Soc. d'Emulation du Doubs. — Mém., 6me série, FN OR! ; Béziers. Soc. d'étude des. se natur. — Bulk, vol. XI et XIT. Bistritz. Gewerbeschule. — Jahresber., XVI. Bonn. Naturhist. Verein der preuss Rheinlande u. Westfa- lens. — Verhandl., Jahrg. 47, 2. Häfte; 48, 1. Häfte. Boston. Soc. of natur. history: — 1, Mem., vol. IV, 7-9; — 2. Proceed.. vol. XXIV, 3'a. 4; XXW 1422: Brême. Naturw RE à erein. — Abhandl., XIE, 2. Brest. Soc. académique. — Bull., 2ne sér., T. XV. Brünn. Naturforsch. Verein. — 1. Verhandl., XXVIIT;, — 2. Meteorolog. Comm. VIIL Ber. Bruxelles. 1. Acad. royale des sc., lettres et beaux-arts de Belgique. — 1. Bull., 3me sér., T. XVII-XXI; — 2. An- nuaire, 1890 et 1891; — 3. Catalogue des livres de la biblioth., 2e part. : ouvrages non périodiques : sciences morales et politiques. Beaux-arts. Soc. royale de botan. de Belgique. — Bull., T. I-XX VIT. Société royale malacolog. de Belgique. — A Annales, T XXII: — 2. Proc. _verb. , T. XVIL p. LXXITI-CXXIV ; T. XVLII et XIX, p. ELXXXVIIL k. Soc. belge de microscopie. — 1. Annales, T. XIV et XV; — 9. Bull, 46% ann., 8-11; 47me ann., 3-10; 18m Ann; L- Soc. entomolog. de Belgique. — Annales, T. XXXIII et XXXIV. nt (rs — 1533 — Budapest. K. Ungar. geolog. Anstalt. — 1. Jahresber. für 1889; — 2. Mittheil. aus dem Jabrb., B. VIIL. PIS D. ‘€ 2-5; — 3. Füldtani Kôzlôny : Geolog. Mittheil., XX, 5-12: XXI. 1-3. Buenos- Aires. Revista argentina de histor. natural, T. I, 1-6. Calcutta. Geolog. Survey of India. — 1. :Mem., Palæontologia Indica, ser. XIIT, vol. IV, 1; Mem. vol. XXIV, 0 PR A Records. vol. Ru. 1-3; Contents a. Index of the 20 vol.. 1868 to 1887. Cambridge. Museum of comparat. Zoülogy. — 1. Bull., XX, 2-8; XXI, 1-5: — 2. Ann. report of the curator for 1889-90 à. 1890-91. Cassel. Verein für Naturkunde. — XXVI u. XXVIL. T Catane. Accad. gioenia di sc. natur. — 1. Atti, ser. 4, vol. Il: PS" pull. mensile, 14-22. Charleroi. Soc. paléontolog. et archéolog. de l'arrondissement de Charleroi. — Documents et rapports, T. XVIL. Chemnitz. Naturwissenschaftl. Gesellschaft. — 11. Bericht, 1887-1889. | Christiania. 1. Soc. des sciences. — Forhandlinger, 1889, . Universitäts-Stérnwarte. — Magnetische Beobachtun gen u. stündl. Temperaturbeobacht., August 1889- August 1885, von H. Geelmuyden. Coimbra. Soc. Broteriana. — Bol.. VII, 1. Coire. Naturf. Gesell. Gr bb de — Jahresber. B. XXXIV. Cordoba (Rép. Argent.) Acad. nacional de ciencias. — Actas, T. VI y Atlas. Dax. Soc. de Borda. — Bull., 1890, 3 et 4 Dresden. Naturw. Gesellsch. Hé albanais u. Abhandl., 1890 u. 1891. Jan.-Juni. Dürkheim. Pollichia. — Jahresber., XLVIIL 4 Dublin. 1. Royal [Irish Academy. — RL Memoirs », n° VI: — 2. Transact.. AXE 6; — 3. Proceed. 34 ser... vol. L: D: IL. A. 2. Royal Dublin Soc. of sciences. — 1. Scientif. FR ser. Î[f, vol. IV, 6-8; — 2. Scientif. Proceed., vol. VL 20, VIE. 2:42. + Ho Edimbourg. 1. Royal phys. Soc. — Proceed., 1889-90. 2. Royal Soc. — 1. Transact., vol. XXXV a. XXXVI, part. [, n°5 1-8; — Proceed., vol. XVII, 1889-90. Ekaterinbourg. Soc. ouralienne. — Bull., T. XIL, 1 et 2. Epinal. Soc. d’Emulation des Vosges. — 1. Annales, 1890; — Table alphab. des matières des 28 vol. publiés de 1860 à 1889. Erlangen. Phys.-Medicin. Soc. — Sitzungsber., 22. u. 93. Hefte. Florence. Soc. entomolog. italiana. — Bull., 1890, III e EV. Frankfurt a.-M. Senckenberg. naturf. Gesellsch. — 1. Ber., 1891; — 2. Abhandl., B. XVI, 2-4; Katalog der Vogel- sammlung im Museum der Gesellschaft. Freiburg i.-B. Naturforsch. Gesellsch. — Ber., B. V. Fribourg. Soc. fribourg. des sc. natur. — Bull., 1887-1890. Genève. 1. Soc. de phys. et d’hist. natur. — Mém., T. XXXI, 1. 2. Institut nation. genev. — Bull., T. XXX. Graz. Naturwissenschaftl. Ver. für Steiermark. — Mittheil., Greifswald. Naturwissenschaftl. Ver. für Neu-Vorpommern u. Rügen. — Mittheil., 22. Jahrg. Halifax. Nova Scotian Institute of natur. science. — Proceed. a. Transact., vol. VIL, 4. Halle. 1. K. Leopold.-Carolinische deutsche Akad. der Natur- forscher. — Leopoldina. 21.-26. Hefte. 2. Ver. für Erdkunde. — Mittheil., 1890. Hambourg. Naturwissenschaftl. Ver. — Abhandi., B. XI, Zu. 3 si . . Harlem. Soc. holland. des sc. — Archives néerland. des sc. exactes et natur.. T. XXIV, 4 et 5; XXV, 1-4. Helsingfors. Soc. pro fauna et flora Fennicæ. — 1. Acta, let VIT. — 2. Meddel. h. 16. Innsbruck. Ferdinandeum. — Zeitschrift, 3. Folge, 34. Heft. Kiel. Naturwissenschaftl. Ver. für Schleswig- Holstein. — Schriften, B. VIII, 2; IX, 1. Kœnigsherg. Physikal.-ükonom. Gesellsch. — Schriften, 31. Jabrg. — 155 — Lausanne. 1. Soc. vaudoise des sc. natur. — Bull., 3e sér., vol. XXVI, 102; XXVIL, 103 et 104. 2. Soc. aéolog. suisse. — Recueil périod., vol. IL, n°s 1-3. 3. Musée d’hist. natur. — Rapport annuel pour 1890. Leipzig. ZLoolog. Anzeiger, n°5 346-365. Liège. Soc. géolog. de Belgique. — Annales, T. XVI, 2 XVIE, £; XVIIE, 1. Londres. 1. Royal Soc. — Proceed., XLVIIE, 295; XLIX, 296-302. 2. Zoolog. Soc. — 1. Proceed. for the year 1890, part. IT; 1891, part. IT a. IL; — Transact., vol. XII, 13. Lund. Éoseer sit. Lundensis. — Universitets Ars-skrift, Luxembourg. 1. Soc. botan. du grand-duché. — Recueil des mém. et travaux, T. XI. 2. Soc. des natural. luxembourg. — « Fauna », 1891, 1-5. Madrid. Observatorio de Madrid. — Resumen de las observac. meteorolog. efect. en la peninsula, etc., 1887 y 1888. Magdeburg. Naturwissenschaftl. Verein. — Jahresber. und Abhandl., 1890. Manchester. 1. Hors a. philosoph. Soc. — Mem. a. Pro- ceed., At ser., vol. [IT a. IV, 1-5. 2. Museum Owens College. — Report for 1889-90. Marseille. Soc. de statistique. — Répert. des travaux, T. 42. Mecklenburg. Verein der Freunde der Naturgeschichte. — 1. Archiv., 44. Jahrg.:; — 2. Die landeskundliche Lite- ratur über die Grossherzogtümer Mecklenburg. PAOTUEUE. Natur.-history of Victoria : Prodromus of the z00- logy of Victoria, by Fr. MeCoy. — Decades XX. Meriden (Connect.) Scientif. Assoc. — Proceed. a. Transact., vol. IV Milwaukee. Natur. hist. Soc. of Wisconsin. — Occasional papers. vol. [, n° 3 Minneapolis (U.-S.) Geolog. a. natur. hist. Survey of Minne- sota. — Bull., n° Montbéliard. Soc. d’'Emulation. — Mém., 3e sér. vol. XXE, 4. Montréal. 1. Royal Soc. of Canada. — Proceed. a. Transact., vol. VIT a. VII. — 156 — 2. Geolog. a. natur. hist. Survey of Canada. — Catalogue of Canadian plants, part. V : Acrogens. Moscou. Soc. impér. des naturalistes. — 1. Bull., 1890, 1-5; 1891, 4: — 2. Meteorolog. Beobacht., 1890, 4 u. 2. Mulhouse. Soc. industrielle. — 1. Bull., 1891, févr. à sept. : — 2. Table des matières du programme des prix pro- posés pour l’année 1891-92: — 3. Table des mat. des sujets traités aux Comités d'utilité publique, 1859-89 ; — 4. Lois allemandes sur les brevets d'invention et sur les modèles de fabrication. Munich. K. bayer. Akad. der Wissenschaften. — 1. Sitzungs- ber. der mathem.-physikal. Classe, 1890, [-IV: 1891, [ u. 11: —— 2. Neue Annalen der K. Sternwarte in Bogenhausen, B. lu. Il Miinster. Westfäl. Provinzial-Ver. für Wissensch. u. Kunst. — 17., 18. u. 19. Jahresber. Neuchâtel. Soc. helvét. pour l'échange des plantes. — Catalog. des pl. distribuées en 1889. New-Haven. American Journ. of sciences, vol. XL, 238-245 : XLI, 246-249; XLII, 250-252. New-York. Acad. of sciences. -— Annals, V, Extra nos 1-3. Nîmes. Soc. d'étude des sc. natur. — Bull.. 18e ann., 2-4. Orléans. Soc. d’agricult., sc. belles-lettres et arts. — Mém., T. XXIX, 4; XXX, 1-3. Osnabriück. Naturwissenschaftl. Verein. — 8. Ber., 1889 u. 1890. Ottawa. 1. Geolog. a. natur. hist. Survey of Canada. — Con- tribut. to canadian Palæontology, vol. £, part. If; [IE part. [TL and Mappes. 2. Commission de géologie et d’hist. natur. du Canada. — Rapport annuel, nouv. sér., vol. IIL, 4re et 2me parties. Padoue. 1. Soc. Veneto-Trent. di sc. natur. — 1. Atti, XII, Le 2; — 2. Bull, T. V, 1. 2. La Nuova Notarisia. ser. Il, 1891, janv. et mars. Palerme. Soc. di scienze natur. ed economiche. — 1. Gior- nale, vol. XX; — 2. Bull.. À e 2: Paris. 1. Soc. zoolog. de France. — Bull., T. XV, 7-10; XVI, Let. 2. Soc. géolog. de France. — Bull., T. XVII, 5-8; XIX, 1-3. AR 3. Soc. nation. d’acclimat. de France. — Revue des se. natur. appliquées, 37me ann. n°5 19-24. 4. Feuille des Jeunes natural., n0° 240-259. — Catal. de la biblioth., fasc. 9-11. 5. Laboratoire de géologie de la Sorbonne. — Edmond Hébert: Extrait du discours de M. Hermite, président de PAcadémie des sciences. Phuladelphie. Acad. of natur. sc. — 1. Proceed., 1890, I a. IT: 1891, Ta. Il: — 2. Bacteriological laboratory of the Acad. : Preventive inoculation against tuberculosis. Pise. Soc. toscana di sc. natur. — 1. Mem., T. XI: — 2. Proc. verb., VIT, fol. 129-170: 235-346. Porrentruy. Soc. jurassienne d’Emulation. — Actes, ann. 1889. 2e sér., vol. [L. Prague. Lese- u. Redehalle der deutschen Studenten. — Jahresber.. 1890. Regensburg. Naturwissenschaftl. Ver. — Ber.. IL. Heft. Rio-de-Janeiro. 1. Instituto hist. e geogr. Brazileiro. — Re- vista trimensal, T. LIIE, 4, 2: LIV, 4. 2. Musée national de Rio-de-Janeiro. — 1. Archivos, vol. VII; — 2. Le musée national de Rio-de-Janeiro et son influence sur les sc. natur. au Brésil, par L. Netto.: Rome. 1. Reale Accad. dei Lincei. — Atti, ser. 4: Rendiconti, 1890, 2° sem... VI, 4-6, 8 e 12: 1891, 19 sem., VIT. 1-12; 20 sem., 1-11. | 2. R. Comit. geolog. d'Italia. — Boll., XXL. 3. Biblioth. nazion. centr. Vittorio-Emmanuele. — Boll. delle opere moderne straniere, vol. IV, 1889: [Indice alfabetico; V, 2-4: VIE, 2, 6-9 e 11. Rouen. Soc. libre d'Emulation de la Seine-Infér. — Bull., 1889-90. Saint-Dié. Soc. philomat. vosgienne. — Bull., 16%e ann. Saint-Gall. Naturwissenschaftl. Gesellsch. — Ber., 1888-89. Saint-Louis. Acad. of science. — The total Eclipse of the sun, Jänuary 1, 1889. Saint-Pétersbourg. 1. Acad. impér. des sc. — 1. Mém., 7e sér., T. XXXVIL 11-13: XXXVIIL 1-3; — 2. Mélanges physiques et chimiques tirés du Bull., T. XIIL Hvr. 1; — 3. Supplément au Bull.. T. XXXIE n° 4. — 158 — Salem. 1. Essex Institute. — Bull., 21, 7-12; 29, 1-12. 9. Amer. Associat. for the advanc. of sc. — Proceed. of 38th meeting held at Toronto, August 1889 and of 391% meet. held at Indianapolis. August 1890. San-Francisco. California Acad. of sc. — Ocecasional papers of the Acad. : [. A revision of the south american Nematognathi or cat-fishes: IL. Land Birds of the Pacific District. Santiago (CHI Deutscher wissenschaftl. Ver. — Vetbandl., B. IL 3. Stavanger fe Stavanger-Museum. — Aarsberetninge for 1890. Stockholm. Entomolog. Tidskrift, Arg. 11, h. 1-5. Stuttgart. Ver. für vaterländ. Naturkunde in Württemberg. — 47. Jahresheft. Sydney. Royal Soc. of N.-$. Ne ales. — Journ. and Proceed., XXNL:2: XXIV: Las? Topeka. Kansas Acad. of science. — Transact. of the 22th ann. meeting, 1889, vol. XIE, part. I. Trieste. Osservatorio marittimo. — Rapp. ann. 1888. Tromsô. Museum. — 1. Aarsberetn. for 1889; — 9. Aars- hefter, XIIL. Turin. 1. Reale Accad. delle sc. — 1. Mem.. ser. 22, T. XL e XEF: == AG AXV/AST-XXNE 1-41. 13- 15. 2° Osseryatori io della R. Università di Torino; — 1. Osser- vaz. meteorolog. fatte nel! anno 1890, dal Dr Rizzo; —- 2. Sulle determinazioni di latitudine eseguite negli anni 1888, 1889 e 1890, di F. Porro: — 3. “Efémeridi del Sole e della Luna, per l’orizzonte di Torino e per l’anno 1891 di T. Aschieri; — 4 Sulla stella variabile U Orionis (Chandler 2100), nota di F. Porro. Venise. Notarisia: Commentar. phycolog. — Anno 1890, 20- 24; 1891, 25 e 26. Vienne. 1. K.k. Akad. der Wissenschaften. — 1. Sitzungsber. : 1. Abtheil., B. XOVIIL, 4-10 ; 2. Abtheil. a) B. XCVIIL, 4-10; XCIX, 1-10: b) B. XCVIIL, 4-8. 10; XCIX, 1-10: 3. Abtheil. B. XCVIÏL, 5-10; XCIX, 1-3, 6-10. K. k. gcolog. Reichsanstalt. — 1. Verhandl.. 1890, 10- 18; 1891, 1-4, 8-13: — 9. Abhandl., B. XIV : Brachio- poden der alpinen Trias, von A. Bittner:; XV, 3: Cera- 10 bed tent tete — 139 — todus Sturi, nov. spec. aus den Schichten der oberen Trias der Nordalpen, von Fr. Teller; — 3. Jahrb., B. XL, 34: XLI, 41. 3. K.k. zoolog.-botan. Gesellsch. — Verhandl.. B. XL, 3 u'Æ: XI u. 7: 4. Verein zur Verbreit. naturwissenschaftl. Kenntnisse. — Schriften, B. XXX. OR E Central- Anstalt für Meteorolog.- u. Erdmagnetis- mus. — Jahrb., neue Folge, B. XXV u. XXVL. Washington. 1. Department of agricult. — North american Fauna, n°5 3-5. 2. Smithsonian [nstit. — 1. Contribut. to knowledge, vol. XXVII: Experiments in Aerodynamics, by S. P. Lan- gley; — 2. Ann. report of the board of regents for 1888 a. 1889 : — 3. U.-$S. National Museum. — Proceed., vol. XII a. XIII: Bull. n° 38 : Report for the year ending June 30, 1888. 3. U.-S. Geolog. Survey. — Ninth ann. Report to the secretary of the intérior, 1887-88, by J. W. Powell, Director. k. U.-$S. Coast a. geodetic Survey. — Report of the super- intendént for 1888, I a. IL: for 1889, Ï a. I 5. U.-S. Naval Observatory. — 1. Observations made during the years 1885 a. 1886; — 2. Rep. of the super- intendent for the year ending June 30, 1890. Wäiesbaden. Nassauischer Ver. für Naturkunde. — 43. u. 44. Jahrb. Würzbourg. Physik.-Medicin. Gesellschaft. — Sitzungsber.. Jabrg. 1890. Zurich. 1. Naturforsch. Gesellschaft. — Vierteljahrschrift, B. XXXIV, 3 u. 4; XXXV u. XXXVL 1 u. 2. 2. Schweizerische geodätische Commission. — ‘1. Das schweizer. Dreiecknetz, 5. Band; — 2. Nivellement de précision de la Suisse, 9me et 10me livraisons. Zwickau. Ver. für Naturkunde. — Jahresber.. 1890. — 160 — OUVRAGES REÇUS DE DIVERS SAVANTS Canestrini, Giov., prof. — Abozzo del sistema acarologico. Choffat, Paul. — Le tertiaire de Fort-du-Plasne. Marcou, Jules, prof. — 1. Jura, Neocomian and Chalk of Ar- kansas: — 2. Genesis of the Arietidae; — 3. The Ame- rican Neocomian and the Gryphæa Pitcheri; — 4. The Triassie Flora of Richmond, Virginia. Nipher, Francis-E. — 1. Electrical industries in St-Louis ; — 2. The state weather service of Missouri. Omboni, Giov., prof. — NH coccodrillo fossile Séeneosaurus Ba- rettoni, Zigno. Pihl, O.-A.-L. — The stellar Cluster x Persei. Thoulet,. J. — L'étude des lacs en Suisse. Watson, R.-Boog (Rév.) — The marine mollusea of Madeira. .: Sr dt TABLE DES MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DU TOME XIX Ad. Hirsch. — La pendule asarique de précision de M. Hipp Eapre PR URON ES Le G. Ritter. — Sur l’époque quaternaire (avec planche). L. Favre. — Traversée de la Gemmi par un chemin de fer. (Examen critique des projets de MM. James Ladame, ingénieur, et Teuscher, ancien conseiller d'Etat . A. Jaccard. — Sur la houille et te pr ésonpiions de son existence en Suisse , Rapport du directeur de lObservatoire cantonal au département de l’Industrie et de l'Agriculture sur le concours des chronomètres observés pendant l’année 1890. Ad. Hirsch. Appendice I. Procès-verbal de la 54me séance de la commission géo- désique suisse. Ad. Hirsch. Appendice IF. BULL. SOC. SC. NAT. T. XIX i D à Pages QD 17 TABLE DES MATIÈRES des Procès-Verbaux des Séances A. AFFAIRES ADMINISTRATIVES Nomination du Bureau pour lexercice 1891-92 . Décisions prises au sujet du Bulletin Communication de M. L. Favre au sujet d’une publica- tion coordonnant et résumant les travaux parus dans le Bulletin depuis l’origine de la Société Offres de services de la Société pour la mise en bon état de la colonne DD EE 541 UE Démission de membres. . . AA 119, Proposition de M. Ritter d’instituer une réunion géné- rale annuelle de la Société 121. La question du bloc erratique de Mont- Boudry 131, 132, Mesures proposées pour empêcher la destruction des blocs erratiques . A6 At CORRE Comptes de l’exercice 1884600 NES 136, Décision prise au sujet du délai accordé aux sociétaires pour le dépôt de leurs communications | Réception de membres actifs . . Liste des ouvrages reçus par la Société. d'octobre 1890 à décembre 1891 RE B. TRAVAUX SCIENTIFIQUES Â. ASTRONOMIE Sur la photographie astronomique. J, Hilfiker . . Croquis de paysages lunaires par Tempel. Ad. Hirsch. Sur la marche, pendant les dernières années, de la endule électri ique de l’Observatoire cantonal. Ad. irsch . ua COR Catalogue d'étoiles lunaires. J. Hilfiker Pages 115 115 116 122 125 122 136 137 139 137 137 147 151 126 126 139 145 — 163 — 2. PHYSIQUE ET MÉTÉOROLOGIE Observation d’un parhélie et d’un parasélène. L. Favre 126 Théorie des parhélies. Ad. Hirsch 127 Démonstration d’un grammophone. R. Weber 146 Statistique des halos observés dans le canton depuis le commencement de l’année. L. Favre . 147 3. CHIMIE L’aluminium et sa fabrication. O. Billeter . 128 L. GÉOLOGIE Relief géologique du canton de Neuchâtel, exécuté par M. Maurice Borel. À. Jaccard 150 Spéciemens de cartes géologiques de la Suisse et de la France. À. Jaccard. 131 Sur la houille et les présomptions de son existence en Suisse. À. Jaccard . 137 Sur l’époque quaternaire. G. Ritter 139 Discussion sur le mémoire de M. Ritter concernant l'époque quaternaire .- -". . . . . . . 440-145 D. BOTANIQUE Exemplaire un d’Hydnum coralloides PE L. Favre . 119 Grande abondance de morilles dans le canton en 1890. L. Favre . 120 Morilles trouvées à la gare de Neuchâtel en novembre. F', Tripet . 121 Mousses de Lesquereux données à l’Académie par M. le Dr H. Christ. L. Favre. 129 Deux plantes nouvelles pour la flore neuchâteloise : Pedhicularis jurana (Steininger) et Zberis montana (Jord.). F. Tripet Faite 149 6. MÉDECINE . Sur la Iymphe du Dr Koch. Æ. Albrecht 123 Observations de MM. Cornaz et Béraneck. 125 Re ie 7. Divers Notice sur le chemin de fer de Viège à Zermatt, par M. Paul Favre-Bourcart. L. Favre. . 116 Sur les freins du funiculaire de Serrières. A. Ladame 193 Projets de voies ferrées reliant Thoune au Simplon. FL 115 à Sd PRE POS NT ET CU Observations de MM. Jaccard et Ritter nc est EU Débit:moyen de l’Areuse: G. Rifier se 40e BULLETIN SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES NEUCHATEL 54€ — A 5) JS: (ee De. de. à 1891-1892 =—_————# *@. — — NEUCHATEL # 4, | ] ee JATAHIUR LE ss KS if Font HTARTIOW WE dé LA CONSERVATION DES BLOCS ERRATIQUES Par M. Léox Du PASQUIER, p°' Ès-sc. Lu à la séance du 27 novembre 1891 ° Pourquoi cherchons-nous à conserver nos blocs erratiques ? Chacun croit le savoir: pourquoi! et cependant, lorsqu’on voit le peu d'intérêt qu’éveillent les efforts faits en vue de préserver d’une destruction immi- nente quelques-uns de ces témoins du temps passé, on se demande si, dans ce cas comme dans d’autres, indifférence n’est pas ignorance. S'il en est ainsi, c’est à notre Société qu'il appar- tient d'éclairer le public et de chercher à lui faire comprendre le but de nos revendications. Voilà la raison qui m'engage à vous exposer ce que nous entendons par conservation des blocs erra- tiques. I Il serait oiseux de donner ici une définition du terme de bloc erratique. Chacun le sait, les blocs erratiques sont, chez nous, des fragments de roches étrangères à notre sol, ame- RE nés du fond des vallées des Alpes par de grands glaciers et déposés sur les bas-fonds du lac ou les flancs du Jura, au temps où l’homme commençait à habiter notre continent. Aucun document historique ne nous a transmis la description de cette lointaine époque; à peine une vague tradition des peuples de l’Asie centrale nous parle-t-elle d’une ère de froids excessifs, dans laquelle on a voulu reconnaitre la période glaciaire. Nous en sommes donc réduits dans nos tentatives de reconsti- tution de l’histoire du globe à nous servir des maté- riaux géologiques, des traces et des dépôts laissés chez nous par les glaciers et dont aucun autre agent physique, à nous connu, ne peut avoir été la cause. x x x Nous venons de le dire, ce sont des traces et des dépôts que les glaciers de jadis nous ont laissés comme témoins de leur passage sur notre sol. Par places, les surfaces des calcaires jurassiques ont été polies par le lent mouvement des glaciers, qui entrainaient à leur surface inférieure quantité de ma- tériaux meubles, du sable, des caïlloux, etc. Sur ces roches polies nous voyons souvent de longues stries rectilignes plus ou moins profondes, causées par les cailloux enchâssés sous le glacier et entraînés par sa marche. Plus rares sont, chez nous, les excavations circu- laires connues sous le nom de marmites de géants, et dont le jardin des glaciers, à Lucerne, nous pré- sente de si beaux spécimens. Enfin, plusieurs géologues voient dans nos trois lacs les traces de l’action excavatrice des anciens RE glaciers sur leur fond; mais c’est là une hypothèse à l'appui de laquelle nous ne trouvons que peu d’argu- ments. Quant aux dépôts d’origine glaciaire, ils sont nom- breux et susceptibles d'é tre classés en trois caté- gories. D'abord, nous avons les blocs erratiques; ensuite vient la boue glaciaire, la moraine profonde, consis- tant en un mélange sans ordre de blocs, d'argile, de cailloux souvent striés dans toutes les directions; puis, en fin de compte, les alluvions glaciaires for- mées de sables et de graviers erratiques, alpins, stra- tifiés régulièrement. Tandis que les blocs erratiques représentent, la plupart du temps, le matériel charrié par le glacier à sa surface, sur son dos, en quelque sorte, l’argile glaciaire n'est autre chose que le ma- tériel qu’il entraîne sous lui, sur son fond. Les allu- vions, elles, représentent les produits de transport du glacier remaniés par les eaux courantes dues à la fusion des glaces. * ù * Les surfaces polies ne se trouvent pas partout. Le temps les détruit les unes après les autres en leur enlevant, par désagrégation, leur aspect caractéris- tique. Telle surface polie, découverte il y a une ving- taine d’années aux abords de notre ville et dépourvue du manteau de terre qui la protégeait, n'est plus aujourd’ hui reconnaissable que pour un œil exercé. Les argiles glaciaires, les moraines profondes sont composées souvent de matériaux de faibles dimen- sions ; si le spécialiste y distingue d’emblée les traces certaines de l’action glaciaire, il n’en est pas de même du public, qui n’y voit qu'un amas irrégulier RS one de cailloux et de boue. et encore faut-il qu’elles soient ouvertes aux regards par des tranchées et des car- rières, pour ne pas passer complètement inaperçues! Il en est de même des alluvions stratifiées. Ce sont donc les blocs erratiques qui fournissent à tous la preuve visible et palpable d’un état de choses passé tout différent de l’état actuel. N'est-ce pas là un argument en faveur de la con- servation d'objets réellement uniques en leur genre et que rien ne saurait remplacer, s'ils venaient à dis- paraitre ? Uniques, ils le sont bien. Descendez en aval de Soleure, vous aurez bien de la peine à retrouver, même dans les régions autrefois glaciées, sur le reste du territoire de la Suisse ou le long du versant nord des Alpes, en Bavière ou en. Autriche, des blocs erra- tiques se rapprochant par leurs dimensions de la Pierre-à-Bot ou du Mont-Boudry. « Mais — entend-on dire — il y en a tant de ces blocs erratiques, qu’il en restera toujours! Pourquoi vouloir les conserver tous ? » De fait, il serait impossible de s’opposer à l’exploi- tation d’un grand nombre d’entre eux et, quels que soient les sentiments avec lesquels nous voyons peu à peu nos forêts se dépouiller d’un de leurs aspects caractéristiques, on est obligé, jusqu’à un certain point, de laisser aller. IT Voyons maintenant jusqu'où nous pouvons laisser faire, et quels sont, d’une manière générale, Les caté- , f L 3 ë 7 LL ee sories de blocs erratiques qu'il importe absolument de préserver d’une spéculation, désastreuse à notre avis. Lorsqu'on cherche à se représenter l'aspect que devait avoir notre pays pendant la période glaciaire, on se demande tout d’abord jusqu'où s’étendait donc cette vaste nappe de glace descendant sans cesse des Alpes vers la plaine. Où donc allait-elle se fondre, où finissait-elle ? et, d’un autre côté, à quel niveau atteisnait-elle ? quelle était son épaisseur ? Les traces et les dépôts glaciaires peuvent seuls nous renseigner à ce sujet. Voici ce que nous appre- nons d'eux : | La plus grande extension des glaciers des Alpes à été telle, qu’à un moment donné, non seulement toute la région située entre les Alpes et le Jura était occu- pée par eux, mais encore toute la vallée du Rhin au nord du Jura, jusqu’à Bâle à peu près. Les nombreux fleuves de glace sortis des vallées alpines s’étendaient sur le plateau, traversaient les défilés du Jura en se joignant aux glaciers qui y existaient alors et se ré- pandaient au-delà, opérant le long de la Forêt-Noire leur jonction avec les glaciers propres à ce massii de montagnes. Il règne un doute relativement aux limites extrêmes de la glaciation; les blocs sont rares, hélas! dans cette région; cependant, il en existe non loin de Bâle et nous pouvons ainsi affirmer que les glaciers des Alpes se sont étendus jusque-là. Quant aux niveaux supérieurs atteints par les glaces, nous avons chez nous un bloc erratique perché à 1400 mètres d'altitude sur le Mont-Damin,; c’est le plus élevé, il importe donc absolument qu’on le con- serve comme monument unique. D Ce D'une manière générale, nous demandons la con- servation de tous les blocs, peu nombreux du reste, occupant les hautes altitudes de notre Jura. S'ils devaient disparaître un jour, nous n’aurions plus aucun moyen de fixer les limites supérieures des anciens glaciers, nous nous trouverions ainsi hors d'état de terminer un travail rempli d'intérêt et qui n’est peut-être pas dépourvu non plus, comme nous le verrons, d’une utilité pratique réelle. | * * * Mais ce ne sont pas seulement les blocs erratiques des régions supérieures dont nous réclamons la pro- tection. _ L'étude faite jusqu’à présent des terrains erratiques de la Suisse, nous permet d'affirmer la localisation, dans certaines régions du bas pays, de roches prove- nant d’affleurements non moins localisés dans les Alpes. Le long de notre Jura, nous retrouvons en grand nombre les roches caractéristiques du groupe du Mont-Blanc, des vals de Ferret, d’'Entremont et de Bagnes. De l’autre côté du lac gisent des blocs pro- venant évidemment des vallées d’Anniviers et de Saas, tandis que plus loin encore, au sud de Fribourg, c’est- à-dire presque sur la rive droite de l’ancien glacier, on rencontre des roches erratiques originaires des parties les plus supérieures de la vallée du Rhône, des massifs du Saint-Gothard et du Finsteraarhorn. Les granits du Gothard n'existent pas plus sur les rives de notre lac que les blocs de protogine du Mont- Blanc dans le midi du canton de Fribourg. Tous ces blocs ont donc été transportés des Alpes chez nous CR sans être en aucune manière mélangés; ce fait éton- nant avait été reconnu par Arnold Guyot, qui le considérait, avec raison, comme un des arguments les plus puissants en faveur du système glaciaire. En somme, nous pouvons dire que, de gauche à droite de l’ancien glacier, les variétés de roches erra- tiques sont rangées dans le même ordre que ces mêmes variétés le sont dans le bassin d'alimentation glaciaire du Valais. Les fleuves de glace issus de toutes les vallées laté- rales de la grande vallée du Rhône se rejoignaient dans celle-ci et coulaient en quelque manière côte-à- côte, pressés les uns contre les autres, formant en apparence une masse unique, dans laquelle cepen- dant chaque tributaire conservait un certain degré d’individualité et déposait plus loin, sous forme d’une trainée caractéristique, les roches de son bassin d’ali- mentation. | De la même manière nous voyons le grand glacier du Valais ou du Rhône se souder dans les environs de Berne avec son confrère de la vallée de l’Aare, puis venait vers l’est le glacier du Saint-Gothard ou de la Reuss, puis celui de la Linth et enfin celui du Rhin, dont les limites extrêmes s'étendent en Souabe, bien au-delà de nos frontières. Voilà ce que nous enseigne la diversité des roches erratiques. Supposons que toute la chaine des Alpes eût été formée d'une roche unique et invariable, il nous serait bien difficile, voire même impossible, de suivre aujourd’hui pas à pas le chemin pris par les grands glaciers d'autrefois. Mais, il s’en faut de beaucoup que la provenance de toutes nos roches erratiques puisse être fixée avec certitude. Un grand nombre d’entre elles sont com- munes à toute la chaine des Alpes, isolées sur le sol étranger, sur la molasse de la plaine ou sur les cal- caires du Jura; elles sont de vénérables témoins des anciens glaciers, mais des témoins muets, qu’on interroge en vain sur leur histoire D’autres roches, au contraire, appartiennent en propre à certaines régions alpines : ainsi les proto- gines du massif du Mont-Blanc, les schistes verts des Alpes pennines. D’autres encore sont localisées dans les Alpes à des affleurements de quelques kilomètres carrés et appartiennent quelquefois même en propre à de petites vallées de troisième ou de quatrième ordre, à de certains pics, etc.; tels sont, par exemple, les gabbros de Saas. On comprend que les blocs erratiques originaires d’affleurements aussi peu étendus soient naturelle- ment fort rares. Est-ce trop exiger que de réclamer leur maintien”? Nous ne le pensons pas et nous résumons ce qui précède en demandant la protection d'une seconde catégorie de blocs: ceux dont le point de départ dans les Alpes est étroitement localisé, ou même peut-ütre encore mal connu, car il y a en effet certaines variétés de roches dont on n’a pas reconnu encore le point d’origine exact. * x x Parmi tous les témoins de l’âge glaciaire, nous avons demandé qu’on protège d’une manière parti- culière ceux dont la situation marque les limites extrêmes atteintes par les glaces, puis ceux dont la LE ‘EE provenance localisée fait des sujets d’études particu- lièrement importants. Allons un peu plus loin encore: au temps où la théorie glaciaire était un sujet de vives contestations, deux faits contribuaient à embarrasser tout parti- culièrement ceux qui attribuaient le transport des blocs erratiques à de prodigieux courants diluviens. D'un côté, on voit des blocs énormes, de plusieurs centaines de mètres cubes, déposés bien haut au- dessus du fond de la vallée et qui auraient nécessité pour leur transport des courants vraiment incompa- tibles avec la topographie du pays. D'un autre côté, on rencontre des blocs délicatement perchés au som- met d’un escarpement (par exemple à la Roche de l'Ermitage), ou dans une position d'équilibre tellement instable, qu’il semble qu’un coup de pied suffirait à les faire basculer. C’est ce qu’on appelle, chez nous, les pierres abecquées, aïlleurs les blocs perches. Les gros blocs et les blocs perchés sont actuellement regardés comme deux des principales bases de la théo- rie glaciaire. En faut-il davantage pour que nous cherchions à assurer la conservation de ces objets, le plus souvent, du reste fort pittoresques, quelquefois même historiques ou légendaires, en raison des tra- ditions ou des superstitions qui s’y rattachent? LS + + Comme nous l'avons dit, l’homme avait déjà fait son apparition en Europe au temps de la grande extension des glaces sur notre continent. Il est per- mis de croire qu’il suivit pas à pas le retrait des gla- ciers et que, dès que notre pays en fut libre, il s’v établit. Les grands blocs dont le sol était parsemé parais- sent avoir exercé une certaine influence sur son imagination, s’être mêlés à ses croyances ou à ses superstitions, peut-être lui servaient-ils à des usages particuliers ; c’est du moins ce que semblent prouver les pierres à écuelles. Ces pierres à écuelles sont, en elfet, le plus souvent des blocs erratiques aplatis, à la surface supérieure desquels sont creusées plus ou moins régulièrement des cavités hémisphériques en nombre variable. Les menhirs, ou pierres dressées, qu'on retrouve chez nous, sont probablement des ob- jets qui ont joué un rôle dans la vie des peuplades primitives de nos contrées; cependant, il ne faudrait pas conclure de chaque pierre dressée à un menhir, beaucoup d’entre elles peuvent avoir été déposées dans cette position par le glacier lui-même. Quoi qu'il en soit, à! suffit d'avoir mentionné les menhirs el les pierres à écuelles pour avoir touché à un nouveau côlé de la question, celui qui nous fait voir dans un certain nombre de nos blocs erratiques de véritables monuments préhistoriques, assurément bien dignes de respect. * x x Enfin, on sait depuis longtemps que les nombreuses colonies de plantes alpines qu’on rencontre dans le Jura sont étroitement liées à la présence des dépôts glaciaires. Quelques plantes rares ne se trouvent plus que sur deux ou trois blocs erratiques dont le maintien ac- quiert, par là, une certaine importance. * Sr PRE Nous nous résumons donc en constatant qu'il est désirable que des mesures efficaces soient prises en vue d’assurer la conservation du plus grand nombre possible de nos blocs erratiques. Parmi eux, on doit particulièrement éviter la des- truction : 1° de ceux des altitudes supérieures ; 20 de ceux dont la provenance peut être étroitement localisée ou reste encore problématique ; 3° des blocs de grandes dimensions et des blocs perchés ; 4 de tous les blocs qui peuvent être regardés comme des monuments des temps préhistoriques. o° des blocs qui portent des colonies de plantes alpines. JIT Jusqu'ici, nous n'avons encore abordé qu'une des faces de la question des blocs erratiques, celle qui touche le plus directement notre Société : leur utilité au point de vue de l’investigation scientifique propre- ment dite. Personne sans doute ne contestera l'intérêt consi- dérable que présentent les résultats acquis déjà, et chacun peut se rendre compte maintenant de nos desiderata et du sens dans lequel nous comptons pousser l'étude des phénomènes glaciaires anciens. Et cependant, pour la plupart, quelques écus son- nants sont préférables à une connaissance qui, si intéressante qu’elle puisse être, n’en parait pas moins d’une utilité pratique fort douteuse, nulle peut-être. LOS. Il faut avoir atteint déjà à un certain degré de développement intellectuel pour se pénétrer de cette grande vérité, qu'aucune connaissance scientifique, aucune découverte nouvelle n’est inutile, fût-elle même au premier abord toute théorique et inappli- cable. Les expériences de Galvani pouvaient paraître au siècle dernier de simples curiosités inutiles : faire contracter des cuisses de grenouilles par l’attouche- ment simultané de deux lames de métaux différents, à quoi cela pouvait-il bien mener? A quoi? l’avenir l'a montré: 1l suffit de rappeler que toutes les appli- cations, si nombreuses de nos jours, de l'électricité, remontent à ces mémorables expériences de Galvani. Nous n'attendons pas de l’étude de nos formations glaciaires de pareilles révolutions scientifiques et in- dustrielles; cependant, nous sommes persuadés qu'elle conduira à quelque chose dans le domaine de la pra- tique, et qu’à ce point de vue encore elle ne mérite en aucune façon les sourires dédaigneux qu'on lui prodigue. * x + Les phénomènes glaciaires ont de tout temps pro- voqué des tentatives d'explication. Pour rendre compte de l’ancienne extension des glaces, on a forgé des hypothèses basées sur les lois connues de la phy- sique, on a cherché à mettre en accord avec les faits de la nature les conséquences déduites de ces hypo- thèses, en un mot, on a fondé des théories. Les idées les plus contradictoires se sont tour à tour disputé l'empire de l'opinion. Autrefois il fallait, pour donner lieu à une époque glaciaire, une quantité moins grande de chaleur que celle que nous recevons au- jourd’hui, un refroidissement, plus tard, on a de- mandé, au contraire, davantage de vapeurs dans l'air, c’est-à-dire davantage de chaleur; puis sont venues les théories cosmiques LG ont mis le comble au désordre. Inutile de dire que dans ces temps de manie de théories, la nature a été violentée de toutes manières et simplifiée de façon à ne plus paraitre en quelque sorte que comme un petit coin de laboratoire dans lequel le physicien élimine à volonté les forces afin d'y expérimenter à l’aise, on en faisait une nature contre nature ! De ce peu de respect pour les faits est résultée la contradiction flagrante des théories, car la nature, elle, ne se contredit pas. Enfin, on a fini par où l’on aurait dû commencer et les savants ont reconnu qu'aux spéculations de cabinet il était préférable de substituer, pour le mo- ment, l'étude des conditions d'existence des glaciers actuels à la surface du globe. Les glaciers existants sont actuellement étudiés un peu partout ; la climatologie du globe, et particulière- ment des régions glacées, a fait de rapides progrès, l’étude des anciens glaciers alpins a montré que leur existence n'était due qu’à une exagération des cir- constances climatologiques actuelles. Enfin, les re- cherches faites sur les variations périodiques des glaciers révèlent de plus en plus les relations qui existent entre l'extension des glaces et certains élé- ments météorologiques. Mais, ce qui est plus important, c’est que, de toutes ces investigations auxquelles les glaciers d'autrefois ont plus ou moins donné lieu, ressort assez claire- ment l'existence d’une périodicité climatologique. Une série d'années froides ou humides succède à intervalles assez réguliers à une série contraire. Chacun comprend la portée énorme de cette décou- verte et l’importance qu'il y a à la perfectionner de manière à arriver, si possible, à une prévision plus ou moins certaine des périodes d'années favorables ou défavorables. Je ne m’étendrai pas maintenant sur ce sujet, il me suffit d’avoir rappelé qu’une décou- verte grosse de résultats pratiques est née de l’étude des phénomènes glaciaires; dès lors les qualifications d’oiseuse et d’inutile, qu’on attribue implicitement ou explicitement à cette étude, ont moins de raison d’être. aujourd'hui que Jamais. * + D'autre part, les moraines et les blocs erratiques de certaines régions de la Suisse deviennent de plus en plus un lieu de pèlerinage des géologues de tous pays. Qu'on les détruise, et les hommes de science se porteront ailleurs, là où, de par l'Etat, les vestiges de l’époque glaciaire auront été conservés. Sans doute, la perte matérielle qui en résulterait ne serait pas grande pour le moment, car les géologues ne sont pas légion! Mais, qu’on ne s’y trompe pas, ce qui est maintenant encore le patrimoine de quelques. initiés appartiendra demain au grand nombre. Pour- quoi donc enlever à notre pays une de ses princi- pales curiosités naturelles, méconnue et en apparence inutile aujourd’hui, mais susceptible de devenir bien- tôt l’objet d’un intérêt général. * Enfin, si l’on se demande quel avantage le pays retire de l’exploitation des blocs erratiques, on est bien obligé de constater qu'il est nul. Dans plusieurs cantons, cette exploitation avait causé un tel préjudice aux forêts que les autorités durent l’interdire sur leurs domaines. De plus, les communes et les particuliers vendent leurs blocs à des prix dérisoires. Tel entrepreneur — étranger naturellement — après avoir payé un bloc cinquante ou cent francs, en a retiré de cinq à dix, voire quinze mille francs. Si l’on faisait le compte de tout l'argent disparu du pays par ce moyen, on arriverait bien vite aux cen- taines de mille francs. Il faut convenir que le système Éenplaittian ac- tuel, à côté de tous les inconvénients qu'il a, comme nous l’avons vu pour l’avenir, est encore, dès main- tenant, un mode ruineux de se débarrasser d’un capital qui peut devenir productif un jour ou l’autre. BULL. SOC. SC. NAT. T. XX 2 SUR QUELQUES LARVES INÉDITES DE RHOPALOCÈRES SUD-AFRICAINS Par M. Heuri-A. JUNOD, missionnaire, membre correspondant de la Nociété (Lu à la séance du 8 janvier 1892) J'espère n'être pas indiscret en vous demandant de bien vouloir publier dans votre Bulletin quelques observations que j'ai eu la bonne fortune de faire à Rikatla (district de Lourenço-Marquez, Delagoa-Bay), pendant ces dernières années. À mon départ d'Europe, J'ai pris la ferme résolution de vous communiquer les découvertes qu'il pourrait m'être donné de faire dans le pays nouveau où ma vocation m’appelait. Je m'en ouvris à l’un des membres de votre Soctïété, M. le Dr Billeter, qui m'y encouragea fort aimable- ment. Permettez-moi donc de vous adresser cette première correspondance, qui sera suivie d’autres, si Dieu me prête vie et si dame Nature veut bien me révéler encore quelques-uns de ses secrets. À vrai dire, ce ne sont pas les nouveautés qui manquent dans ce pays et sur cette côte basse de Delagoa-Bay, région intermédiaire entre la zone tor- ride et la zone tempérée, où les formes tropicales et celles du Sud se donnent rendez-vous. Jusqu’à ces dernières années, la faune lépidoptérologique du dis- trict était très imparfaitement connue. M. et Mme Monteiro se sont donné la tâche de l’explorer à fond, dE et ils y ont réussi, du moins en ce qui concerne les Rhopalocères. Leurs découvertes ont été suivies avec attention et consignées avec une scrupuleuse exacti- tude par M. Roland Trimen, le conservateur du Musée du Cap, qui étudie depuis de nombreuses années la faune entomologique du sud de l'Afrique, et a publié en trois volumes la description de toutes les espèces trouvées jusqu'ici. Son ouvrage (South- African Butterflies) est un chef-d'œuvre de patience et un monument scientifique de premier ordre. Les descriptions claires et complètes, les renseignements étonnamment riches sur la distribution géographique des espèces en font un guide précieux et indispen- sable pour quiconque désire connaître les papillons sud-africains. Il n’est pas nécessaire de feuilleter longtemps ces trois volumes pour constater que Dela- goa-Bay est l’Eldorado du Sud de l’Afrique au point de vue lépidoptérologique. Lourenço-Marquez a acquis, à cause de sa fièvre, une réputation assez mauvaise pour qu'il lui soit permis d’être intéressant dans d’autres domaines. Il me serait difficile de caractériser déjà, d’une manière générale, la faune du district. J’amasse en- core des matériaux qui me permettront un jour peut- être de traiter le sujet dans son ensemble. En fait, deux nouvelles espèces de Rhopalocères me sont déjà tombées entre les mains, et j'espère que ce ne seront pas les dernières. Elles seront décrites par M. Trimen. Le travail préparatoire à accomplir encore est con- sidérable d’ailleurs. Il me paraît que les deux do- maines à explorer pour le moment sont: 10 Celui des larves de Rhopalocères, dont fort peu encore ont été décrites. Sur 47 espèces de Lycaena, 2 seulement ont livré le secret de leur larve, et ce sont deux espèces que l’on trouve aussi en Europe: L. Bœtica et L. Telicanus. Les chenilles de 7 Acræa seulement sur 20 sont connues. Celles de 3 Charaxes sur 17 ont été trouvées. Il est des genres entiers dont la science semble ne pas encore connaitre les premiers états. La matière est donc abondante et il suffit de quelques battues pour amasser un certain nombre de formes nouvelles. Je me permets de vous soumettre aujourd'hui la description des larves et chrysalides des espèces suivantes: Crenis Boisduvali Wallengr., Godartia Wakefieldii Ward et Charaxes Ethalion Boisd. 20 Le second domaine qui se présente, immense, à l'exploration de l’entomologue, c’est celui des papillons communément appelés « Papillons de nuit ». Ici, Je ne crois pas me tromper en déclarant que la plupart des formes sont nouvelles. Les Arctiides, Bombycides, Liparides, Psychides, etc., bref les diverses familles de Nocturnes, n’ont été l’objet que de fort peu d'étude jusqu'ici. La grande difficulté, c’est de savoir ce qui a été réellement décrit déjà. On dit que Walker, un savant anglais, a publié une foule d'espèces dans les Annales du Musée britannique, mais cela d’une ma- nière si superficielle qu’il faut avoir les exemplaires du Musée sous les yeux pour les identifications. Il faudrait donc trouver un spécialiste auquel on püt envoyer la description des premiers états et les imago, et qui fût capable soit d'identifier, soit de décrire ces derniers. Une connaissance préalable des principaux genres africains serait nécessaire pour ce dernier travail. Je ne désespère pas de rencontrer le savant qui pourrait rendre ce service à la faune do E bas K F $ L S f k Ë SPF LL «nocturne» de Delagoa-Bay. S'il se trouvait parmi vous, Messieurs, j'en serais fort heureux. La publica- tion des nombreuses espèces que j'ai obtenues déjà par l'élève des chenilles pourrait ajouter un élément d'intérêt au Bulletin. | Pour le moment, je dois me borner à la descrip- tion de quelques chenilles et chrysalides de Rhopalo- cères, dont l’imago seul était connu. I. Premiers états de la Crenis Boisduvali Wallengr. La Crenis Boisduvali est la plus petite des 9 es- pèces, toutes éthiopiennes, qui se rattachent au genre Crenis. Elle a été décrite en 1857 par Wallengren (K. S. Vet-Akad. Handl. Lep. Rhop. Caffr., p. 30, n° 2) et trouvée dans une seule localité de la Colonie du Cap, au Zululand, à Natal et à Delagoa-Bay. C’est un petit papillon brun foncé dont le mâle est d’une couleur absolument uniforme (sauf une teinte jau- nâtre aux ailes postérieures), tandis que la femelle présente aux ailes antérieures une bande jaune-brune, traversant le disque obliquement. Voici la description de la chenille après la dernière mue : Longueur, 2 à 2!/, centimètres; largeur, 2 mil- limêtres. Forme : circulaire, aplatie sur la face ven- trale. Couleur générale : brun clair, brillant, avec des points noirs. Tête noire, lustrée, d’une forme particu- lière; aux deux côtés du front, il y a des protubé- rances coniques entre lesquelles il reste une dépres- sion très marquée. Lèvre supérieure noire, surmontée d’un triangle brun clair, lequel est bordé d’une ligne très fine se prolongeant dans la dépression. Toute la tête est comme parsemée de points Jaune clair, qui lui donnent une apparence grénelée. La couleur fon- damentale du corps est un brun luisant, avec une ligne dorsale noire, bien marquée, et une bande stig- matale tirant sur le violet et bordée du côté du ventre par une ligne blanchâtre. Entre la ligne dorsale et la bande stigmatale, il y a à chaque anneau et de chaque côté deux points noirs superposés, portant un piquant (généralement unique, mais parfois on en distingue un ou deux autres plus petits à côté) de 1 millimètre de longueur, très noir. On en remarque un semblable au bout de la ligne dorsale et aux côtés du clapet anal, qui est jaune brun. Face ventrale, pattes membra- neuses vert Jaune. Pattes écailleuses noires. Developpement et mœurs. La femelle dépose évi- demment tous ses œufs à la fois, car les larves, au sortir de l'œuf, sont toutes rassemblées sur une seule feuille et vivent en famille, serrées les unes contre les autres durant toute leur vie, jusqu’à la dernière mue. Elles sont verdâtres, à peine longues de 3 ou 4 mil- limètres, la tête déjà noire et brillante; elles mangent l’épiderme des feuilles. Les familles varient de 30 à 70 individus. Elles muent trois ou quatre fois. La nou- velle tête commence par être verdâtre et prend peu à peu sa couleur plus foncée pour finir par être noire à la veille de la mue suivante. Ce n’est qu'après la seconde mue, m'’a-t-il paru, qu’elles commencent à s'éloigner un peu les unes des autres et à manger la feuille entière, et non plus seulement son paren- chyme. Au reste, elles sont très sensibles au moindre attouchement et se laissent tomber suspendues au fil visqueux qu'elles sécrètent. Le temps nécessaire à ee leur développement ne doit pas dépasser 11 jours; elles se mettent alors en chrysalides. Pour cela, la chenille se suspend par l'extrémité anale à un tissu qu’elle a préparé contre une feuille ou contre un rameau. Elle devient verdâtre et se recourbe un peu sur elle-même en crochet. Elle est moins ramassée sur elle-même que les chenilles de Charaxes et de Godartia, chez lesquelles la tête arrive au niveau de l’extrémité anale, mais davantage que les larves d’Acræa, qui restent à peu près droites. Au bout d’un ou deux jours, la peau tombe et la chrysalide apparaît dessous. La chrysalide. Longueur : 2 centimètres. Tête bifide, quoique pas très profondément. Sur le dos, une grande proéminence conique, émoussée, d’un millimètre de haul. Deux très petites proéminences aux côtés et à l’avant de la grande. La plaque des ailes est très grande et présente aux côtés des expan- sions entre lesquelles il y a un sinus peu profond. L'abdomen est légèrement recourbé et très mobilei. Quant à la couleur, elle présente deux types très dis- tincts : certaines chrysalides sont d’un vert-perle uni- forme, plus foncé sur le dos que sur le ventre. Une fine ligne blanchâtre ou jaunâtre se remarque parfois sur la proéminence dorsale et le long de la plaque des ailes, et un ou deux traits noirs au front et au crochet abdominal, par lequel la chrysalide se sus- pend. Le second type de coloration est fort différent. La couleur fondamentale est brun-gris (parfois tirant sur 1 M. Trimen, qui a trouvé des chrysalides de Crenis Boisduvali à Durban, en donne une description analogue. Mais comme l’imago était sur le point de sortir, il n’a pu noter la couleur avec certitude, ETAEPR RAS le vert). Mais la chrysalide est ornée d’une quantité de traits noirs, formant des dessins très compliqués et artistiques sur le dos: la proéminence dorsale est en effet entourée d’une succession de triangles, carrés et points symétriques. Des lignes noires courent le long des nervures des ailes; une autre se prolonge sur la face ventrale de l’abdomen jusqu'au point d'attache de la chrysalide, où elle se divise en deux. Sur la face dorsale de l’abdomen, il y a sur la ligne médiane: trois grands dessins se succédant d’avant en arrière, l’un en forme de cône tronqué, l’autre en forme de bouteille large et aplatie, le troisième en forme de demi-cercle avec un point au milieu. Plus bas, c’est une succession de petits points très serrés, arri- vant ou n’arrivant pas au point d'attache. Aux côtés, deux lignes de points semblables. Ces dessins sont d’ailleurs très variables. Tantôt les trois premiers forment une grosse tache noire unique avec deux points de la couleur fondamentale au milieu, tantôt, par contre, la coloration noire est très réduite. On peut donc trouver des variétés infinies à traits plus fins ou plus opaques. Néanmoins, les deux types demeurent distincts, lors même qu'il se rencontrerait des intermédiaires. Je pensais que cette singulière différence de facies correspondait peut-être à la diffé- rence des sexes; mais en isolant des spécimens des deux types, j'ai constaté qu’il n’en était rien. La chrysalide pousse au noir lorsque l’imago est sur le point de sortir, phénomène qui se produit au bout d’un stage de 8 à 9 jours. Aïinsi la durée totale du développement d'une Cre- nis Boisduvali est de trois semaines environ; c’est un temps fort court, — et ce petit nombre de jours — 25 — est d'autant plus remarquable qu’on trouve la che- nille durant l’automne et l'hiver, et non en été, où la grande chaleur hâte l’évolution de tous les insectes. M. Trimen raconte avoir constaté comme minimum absolu huit jours pour le stage de chrysalide, chez une espèce d'Acræa durant l’été. Ce minimum est atteint par la Crenis Boisduvali en hiver. Aussi les familles se succèdent-elles les unes aux autres avec rapidité sur les saules ! (sp?) que dévorent les Crenis, du mois d'avril au mois d'août. J’en ai vu fort peu aux autres mois et serais enclin à envisager cette espèce comme surtout hivernale. Le 10 mai, j'en ai vu des centaines de familles sur les saules d’un certain district (Zihlahla), éloigné de deux heures de Rikatla. Les papillons volaient aussi en quantité, de leur vol rapide, brusque, court; ils affec- tionnent de venir se poser sur les surfaces claires et lumineuses, branches à écorce grise, par exemple, où la couleur de la face inférieure de leurs ailes les protège en les rendant invisibles. En juillet et août, j'ai aussi observé plusieurs familles sur un saule voisin de ma demeure. Tous les deux ou trois Jours j'en trouvais de nouvelles. Elle se laissent élever très facilement en boîtes. 2. Premiers états de la Godartia Wakefieldii Ward. En battant un arbuste, nommé par les indigènes « Morintima », j'ai obtenu un certain nombre de chenilles fort intéressantes, que je prenais au premier 1 J'espère pouvoir donner le nom de l’espèce d’arbrisseau dont se nourrit la Crenis Boisduvali, quand j'aurai reçu la détermination des plantes que j'ai séchées. Br 0 abord pour des Charaxes. En les élevant et en obte- nant l’insecte parfait, J'ai pu constater que les unes se rapportaient en effet au Charaxes Ethalion (Bois- duval), tandis que les autres étaient celles de la Godartia Wakefieldii (Ward), la seule des six espèces africaines de Godartia que l’on ait trouvée jusqu’à Delagoa-Bay. Elle ne descend pas plus au Sud. Il ne semble pas que les premiers états d'aucune Godartia aient déjà été décrits. Description de la larve de Godartia Wakefieldii. Corps vert, recouvert d’une peau très fine, satinée, avec deux taches jaunes au Gne et au 8me anneaux, et une ligne stigmatale de même couleur. Tête pourvue de quatre cornes, les extérieures très développées. Longueur: 5 centimètres. Forme : fusiforme, très atténuée postérieurement et aplatie sur la face ven- trale. La tête est d’une forme très curieuse et frappante, verte, bordée de jaune ivoire tout autour, mandibules brunes. Elle est surmontée de quatre cornes, à la manière des larves de Charaxes. Mais au lieu de se diriger toutes quatre en arrière, comme ces dernières, parallèlement, elles forment une figure semblable à une lyre : les deux extérieures, en effet, longues de 1 centimètre, s’étalent, puis se rapprochent comme les montants de la Iyre. Celles du milieu sont toutes droites comme les cordes de la lyre. Les premières, dont la gracieuse courbure rappelle celle des cornes de bœufs d'Italie, sont d’une couleur jaune-brun (ivoire passé), cylindriques tout du long, non pointues, héris- sées de points verruqueux plus foncés, développés à la base jusqu’à ressembler à des piquants latéraux. La distance de leurs extrémités est de 1 centimètre à 2 millimètres. Les cornes médianes, longues de 4 mil- limètres, ressemblent à de gros piquants pointus avec des épines latérales à la base. Entre les deux, sur le milieu de la tête, on distingue deux piquants analogues, mais beaucoup plus petits (11/, millimètre). Des appendices analogues, de même couleur ivoire, se voient aussi entre les cornes intérieures et les exté- rieures. Il y en a même deux en dehors, au-dessous et en arrière des grosses cornes extérieures. La tête est ainsi couronnée d’un diadème ininterrompu d’épines. Le corps est uniformément vert brillant, sauf les deux taches susmentionnées et une bande stigmatale Jaune-orange allant tout le long du corps et se termi- nant à l’arrière par deux prolongements triangulaires qui s’écartent un peu l’un de l’autre. Cette bande étroite semble être formée par un repli de la peau, interrompu aux intersections des anneaux. Il est distinctement cilié du 3ne au 10m anneau. Cest là aussi que la bande est la plus foncée. Taches dor- sales : celle du 6me anneau est la plus grande, semi- circulaire, se rapprochant de l’ovale; elle est d’un jaune d'ivoire, avec une ligne plus foncée sur le dos et un point vert de chaque côté. Une dizaine de très petites écailles d’argent s’aperçoivent de chaque côté et en dehors des points verts. La tache du 8m€ anneau est plus distinctement semi-circulaire, mais présente les mêmes caractères. Face ventrale et pattes stigmatales vertes claires. Pattes membraneuses plutôt brunâtres, mais claires aussi. Les mœurs de cette belle chenille ressemblent à M dr celles des Charaxes. Elle aime à tisser sur les feuilles un léger vêtement de soie blanche sur laquelle elle se tient, soit immobile, soit balançant rapidement son corps d'avant en arrière, comme pour se bercer ! Description de la chrysalide. Lorsque le moment de la transformation est venu, la chenille se fixe par l'extrémité anale, se recourbe sur elle-même pour former un cercle parfait, à la manière des Charaxes, et devient plus claire. Elle perd ensuite sa peau et sa jolie tête, et la chrysalide apparait. Elle est beaucoup plus courte que la chenille, n’ayant que 2 centimètres et quelques millimètres de longueur, mais elle est plus large, atteignant en largeur, au bas de la plaque des ailes, 1 ‘/, centimètre d’un côté à l’autre et 1 {/, cen- timètre d’avant en arrière. Cette grande largeur au milieu du corps est due à un prolongement considé- rable à la naissance del’abdomen, face dorsale, et à deux renflements aux deux angles inférieurs de la plaque des ailes. La partie antérieure et la partie postérieure de la chrysalide sont donc beaucoup moins volumineux que la partie centrale. Il y a pourtant sur le dos, à l'avant, un second prolongement plutôt longitudinal, très émoussé. La plaque des ailes surplombe les par- ties adjacentes aux côtés et en bas. Le front est droit. Au point d'attache, on distingue sur la face ventrale d’abord deux, puis au-dessus quatre bourrelets sem- blables à ceux des Charaxes. Quant à la couleur, elle est vert clair, avec des nuages blanc laiteux sur la plaque des ailes et à l'abdomen (face dorsale). Ces taches blanches sont plus distinctes sur la plaque des ailes où on pourrait distinguer quatre bandes trans- versales de chaque côté, plus une grande tache sur SAC". CSS les yeux. Un curieux phénomène se produit lors de la formation de la chrysalide : la tache jaune du 6me anneau de la chenille y est encore très visible, parais- sant sur l’éminence abdominale décrite plus haut. Celle du 8" anneau se voit un peu en arrière. Elles disparaissent au bout d’un ou deux jours. La durée du stage de chrysalide est de trois semaines à un mois. La première Godartia Wadkefiel- dii obtenue de larve est éclose le 20 juillet. J’ai encore trouvé une petite chenille le 7 août. La Godartixa Wakefieldii est un fort bel insecte. La femelle se rapproche des Danaïs et Amauris par la forme des ailes, quoique le mâle en soit fort diffé- rent, ayant l’apex des ailes antérieures très émoussé; le vol de l’un et de l’autre ressemble beaucoup à celui d’'Amauris Ochlea. Les caractères anatomiques ont poussé M. Trimen à placer ce genre très près des Charaxes. La découverte des premiers états des Godartia confirme pleinement sa manière de voir. Développement de la larve. La chenille jeune a déjà le caractère de l'adulte, sauf que les taches des Gme et 8m anneaux sont cordiformes, les cornes exté- rieures moins développées par rapport aux intérieures, et la bande stigmatale réduite à une simple ligne. 3. Premiers états du Charaxes Ethalion Boisd. Le Charaxes Ethalion, décrit par Boisduval en 1847 (App. Voy. de Deleg. p. 593, n° 83,) n'a été trouvé que dans l’Afrique méridionale : dans la Colo- nie du Cap, en Cafrerie, à Natal, au Transvaal et à Delagoa-Bay. C’est une des petites espèces du genre. — 930 — Il a été figuré par Staudinger, en 1885 (Staud. Exot. Schmett., p. 58). Description de la larve. KElle rappelle celle du Charaxes Brutus, mais en plus petit, puisqu'elle n’atteint que 27 millimètres. Verte uniforme, sauf une tache jaune paille au 6e anneau. La tête est verte, obscurément bordée de jaune. Quatre cornes, dont les médianes sont plus longues que les externes, et vertes, tandis que ces dernières sont jaunâtres. Toutes les quatre, bien que dirigées en arrière, ont la ten- dance à rentrer en dedans. Entre les deux internes, qui sont passablement éloignées l’une de lautre, se trouvent deux très petits piquants noirs. Deux points noirs se voient aux côtés et au-dessus de la bouche. Mandibules brunes et non colorées de bleu à l’extré- mité comme chez le Charaxes Brutus. La peau est finement grénelée. Couleur du corps: vert uniforme. La région stigmatale est plus jaunâtre. Quant à l’ornement du 6me anneau, il a la forme du pourtour d'un cône tronqué: deux traits, jaune paille, aux côtés, dirigés en arrière vers le milieu, le troisième les réunissant derrière. Un second exemplaire avait, semble-t-il, une tache analogue au 8e anneau, mais moins distincte. Je ne saurais affirmer qu’elle se rencontre dans la majorité des cas. Extrémité du corps presque carrée, un peu prolongée aux côtés. Chrysalide : 2 centimètres (celle du Charaxes Brutus a 28 millimètres), ayant la partie abdominale très ar- rondie, vert uniforme. A peine les points stigmataux sont-ils quelque peu visibles. Le prolongement anal par lequel elle se fixe porte de chaque côté deux bourrelets latéraux, cornés. Deux autres se trouvent sé hdi à la naissance de ce prolongement, sur la face ven- trale. J'ai obtenu au bout de trois à quatre semaines une femelle malheureusement pas bien développée et un mâle, que M. Samuel Robert veut bien préparer pour le Musée de Neuchâtel. Dans une prochaine communication, J'ai l'intention de décrire les larves et chrysalides de quelques autres Rhopalocères : Acræa Doubledayi (Guérin), Papilio Corinneus (Bertol.), et d’autres, que J'ai trouvées aussi, et dont les premiers états n’ont pas été décrits dans le livre de M. Trimen. SUR LES LIMITES DE L'ANCIEN GLACIER DU RHONE le long du Jura Par Léon DU PASQUIER, Dr às-sc Notice lue à la séance du 11 février 1892 Le travail que je me permets de présenter aujour- d’hui à la Société, résultat de mes recherches des derniers mois de l’année écoulée, n’est qu’un fragment inachevé, une ébauche destinée à attirer l'attention sur un sujet important de la géologie pleistocène suisse !. Mais, avant tout, deux mots sur l’ancienne exten- sion des glaciers alpins, dans le but d'éclairer le sujet aux yeux de ceux qui ne sont pas spécialement géo- logues. | ] On sait que les glaciers d’autrefois, sortant des Alpes, remplissaient la plaine suisse, traversaient le Jura, sans cependant couvrir ses plus hauts sommets, se réunissaient aux glaciers locaux de quelques-unes 1 Plusieurs des feuilles de la carte géologique au 1 : 100 000 se trouvant en voie d’être revisées, je désirerais que les observations qu’on trouvera coordonnées dans les lignes qui suivent pussent être com- plétées et étendues éventuellement à d’autres régions. SEE ST TON de nos hautes vallées et s’écoulaient vers la Bour- gogne, la Franche-Comté et le grand-duché de Bade. Une ligne sinueuse tirée de Lyon à Salins et à Bâle, passant le long du versant méridional de la Forêt- Noire et du Randen (au nord de Schaffhouse) et se prolongeant jusqu’au cours supérieur du Danube, enveloppe la région autrefois recouverte par les gla- ciers du versant nord des Alpes suisses. Tous les dépôts glaciaires alpins, les blocs errati- ques, les roches polies sont situés en deçà de cette ligne, tandis qu'aucune trace ne révèle la présence de nos glaciers au-delà. Nous sommes donc fondés à considérer la ligne en question comme une limite extérieure qu'ils n’ont point franchie. Mais les dépôts erratiques ne sont pas également répartis à l’intérieur de cette ligne, tant s’en faut. Nous l'avons dit, les sommités du Jura, couvertes de neige sans doute, émergeaient par places de la nappe glacée. Je rappelle que la meilleure idée qu’on puisse se faire de l’aspect de notre pays à cette époque, nous en avons l’image lorsque nous contemplons du haut d’une de nos cimes la couche de brouillard qui, l'hiver, recouvre la plaine. Rien d'étonnant donc que les blocs erratiques soient absents de nos plus hauts sommets. Une étude attentive révèle encore d’autres irrégu- larités d’un caractère général dans le mode de distri- bution de l’erratique. Descendons dans la plaine où ces phénomènes ont été étudiés dès longtemps. Le long du lac de Neuchâtel et de celui de Bienne, puis dans la vallée de l’Aare jusqu’en aval de Soleure, nous avons partout des dépôts glaciaires considérables, masquant par places sur de grandes étendues le sous- BULL. S0C. SG. NAT, T. XX 3 sol rocheux de la contrée. Souvent l’erratique donne au paysage cet aspect particulier décrit par Desor !. La ville de Soleure est encore bâtie sur une moraine. Un peu plus à l'Est, à quelques kilomètres en aval de Wangen s/A, une puissante moraine traverse la vallée; là se termine la zone des dépôts glaciaires considé- rables répandus partout. En aval des moraines de Wanden. l’erratique devient très clairsemé. il est: ë 1 c) absent de certaines régions déterminées ; lorsque nous le retrouvons, il ne s’agit la plupart du temps que de blocs isolés et de dépôts sans liaison apparente entre eux. Cette zone de glaciaire sporadique se continue jusqu'aux extrêmes limites de la glaciation, jusqu'à la ligne Lyon-Bâle-Danube dont nous avons parlé. Le même fait se reproduit dans toutes les grandes vallées de la Suisse : à un point donné, une grande moraine met fin à la zone des dépôts glaciaires géné- AUX. Voilà pourquoi on à distingué, en Suisse d'abord, deux zones de dépôts glaciaires, qui se sont retrouvées ensuite sur tout le versant nord des Alpes : 4. La zone externe, s'étendant de l'extrême limite des glaciers d'autrefois (Lyon-Bàle-Danube) vers l’'amont, jusqu'aux grandes moraines terminales. C’est la zone du glaciaire sporadique, caractérisée en outre par là présence fréquente du Lœæss. 2. La zone interne, s'étendant des grandes moraines terminales jusqu'aux Alpes, renfermant des dépôts glaciaires considérables et des tronçons nombreux de moraines qui possèdent encore leurs formes exté- 1 Ze jaysage moruinique. Neuchâtel, 1875. 7 POSER UN: CHE rieures bien définies. Le Lœss ÿ manque presque complètement. Petit à petit, par un usage quelque peu abusif, on a employé le terme de moraines internes pour dési- gner la généralité des dépôts glaciaires de la zone interne et en particulier Les grandes moraines termi- nales qui limitent la zone interne en aval. Plus tard, on reconnut que les dépôts de la zone extérieure étaient plus anciens que ceux de la zone interne et on fut même conduit à admettre l’exis- tence successive de deux glaciations du pays, séparées par une époque dite interglaciaire, pendant laquelle les glaces s'étaient retirées vers les Alpes d’une quan- üté qu'il est difficile de fixer encore avec précision, chez nous du moins. D'après cette théorie, dont la probabilité tend de plus en plus à la certitude, les grandes moraines ter- minales des vallées de la Suisse ne sont que les dépôts formés au bord même des glaciers pendant leur der- nière période d'extension. Les blocs et dépôts de la zone externe les rattachent à une invasion plus ancienne, l'avant dernière, dont les limites sont mar- quées par la ligne Lyon-Bâle-Danube. Il Il y a longtemps aussi que, dans le Jura, le même phénomène de répartition inégale de l’erratique en deux zones a été reconnu !. On n’y avait cependant 1 Guyot parle déjà en 1847 du « caractère de vétusté » des blocs situés dans l’intérieur du Jura. Les « deux zones » mentionnées par lui sont cependant tout autre chose que ce qu’on s’est habitué plus tard à appeler de ce nom; il s’agit plutôt de deux moraines rentrant dans notre zone interne. LL ÉUOEET RS jamais attaché chez nous une grande importance, et cela se comprend, car nous n’avons dans le Jura aucun moyen de constater le grand hiatus chronologique qui sépare les uns des autres les dépôts des deux zones. Notre pays manque de formations interglaciaires de- quelque importance. Un autre élément qui nous fait défaut aussi, ce sont les véritables alluvions glaciaires, qui ont si puissamment contribué à éclairer les géo- logues sur l’âge relatif des moraines dont elles dépen- dent. Notre système glaciaire est done incomplet, et ce fait seul explique assez le point de vue étroit auquel les géologues romands ont en général jugé la question de la pluralité des époques glaciaires. III Les questions que je m'adressais en entreprenant la présente étude peuvent être rangées sous deux chefs : 1. Existe-t-il dans le Jura une limite tranchée entre la zone intérieure et la zone extérieure”? Y retrouvons- nous une moraine terminale enveloppant la zone interne, comme cela a lieu dans la plaine? 2. S'il en est ainsi, si une pareille moraine existe réellement, s'agit-il d’une limite contemporaine des grandes moraines terminales de la plaine? Evidem- ment, dans l’état actuel des choses, il n’était possible de trancher la question qu’en établissant la continuité de cette moraine supposée avec celle de Wangen s/A. * BUT. 5 LR Quant à la première question, l'existence d’une moraine terminale formant, dans le Jura, la limite de la zone interne, on peut y répondre affirmativement. Sans doute cette moraine, très distincte par places, formant souvent un bourrelet des plus typiques, s’oblitère çà et là, elle change de nature, mais reparait toujours dans son prolongement. La belle moraine qui s'étend le long du versant méridional du Chasseron a été décrite autrefois par M. Renevier!, qui l’a suivie sur quelques kilomètres de longueur. C’est là que, dans une excursion dont le but était tout autre, je reconnus pour la première fois dans le Jura la limite claire et nette des deux zones. Il y a un contraste frappant entre la zone interne, semée à sa limite de blocs innombrables, et la zone externe, qui en est presque dépourvue, qu'on croirait d'abord avoir affaire à une limite absolue des anciens glaciers. Mais, qu’on ne s’y trompe pas, larégion située au-delà de cette soi-disant limite n'est point dépourvue tout à fait de blocs erratiques*. Les dépôts glaciaires n'y manquent pas; ils y sont rares, voilà tout. Sur le flanc du Chasseron, la moraine ne s'élève pas à plus de 1230 mètres, tandis que des blocs spo- radiques se trouvent 100 mètres plus haut et davantage. Par places, la moraine se détache un peu du versant, la dépression qui a dû exister entre elle et la montagne a été aplanie, il en résulte un petit plateau, une ter- rasse de champs et de pâturages rompant la monotonie de la pente boisée (environs des Rasses). + 1 Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, XVI, 1880. ? Guyot indique cette moraine comme limite supérieure du glacier, quoiqu'il n’ignorât pas que des blocs sporadiques se trouvent plus haut encore. — 38 — Là où la moraine ne présente pas sa forme exté- rieure de bourrelet apposé au flanc de la montagne, nous trouvons à sa place une limite tranchée entre la région des blocs nombreux et la zone en apparence dépourvue de blocs (c’est le cas, par exemple, au- dessus des Granges-Champod); puis la moraine pro- prement dite reprend bientôt, et ainsi de suite. Téliest l'aspect de cette limite entre Sainte-Croix et Mauborget. Dans le vallon à l’ouest de Provence, le long de la montagne de Boudry, sur le flanc nord du Val-de-Ruz, sur Chaumont, au-dessus de Lignières, le long de Chasseral, sur Bienne, nous retrouvons partout les mêmes apparences : soit une moraine puissante, bien définie, soit une terrasse due à la moraine, soit une ligne tranchée en deçà de laquelle les blocs sont nombreux, tandis qu'ils paraissent manquer au-delà. Mentionnons en passant le versant sud de la chaine de Tête-de-Ran, le long de laquelle la moraine est très caractéristique et où elle s'élève à 1170 mètres en moyenne. Le versant nord de Chaumont, par contre, ne présente que très peu de blocs. En aval de Bienne et de la vallée transversale de la Suze, les choses changent en ce que la limite devient plus difficile à suivre. Il y a dans cette région davan- tage d’erratique jurassique et moins d’erratique alpin. Cependant, de nombreux blocs des Alpesse retrouvent jusqu’à 930 mètres environ sur la montagne de Bou- jean (Oberberg); ils deviennent, fort rares au-dessus de ce niveau et ne sont le plus souvent représentés que par quelques galets, — qu’ils ne manquent pas absolument au-delà de 930 mètres, c’est ce que nous égal EN pt montrent les blocs, très rares, il est vrai, perchés à plus de 1200 mètres sur la chaine du Montoz. Au-dessus de Granges (Grenchen), entre Granges et Soleure, la zone de fréquence des blocs ne dépasse plus guère 730 mètres. Au-delà de Soleure, les moraines redeviennent plus faciles à suivre et s’abaissent peu à peu vers la plaine. Au S.-E. de Günsberg, la pente devient de plus en plus forte, la moraine descend sur Wiedlisbach, se détache de la montagne et rejoint, vers Oberbipp, le grand amphithéâtre morainique au centre duquel se trouve Wangen. Voici maintenant un petit tableau des altitudes occupées par la moraine entre l’Aiguille de Baulmes et Oberbipp. Nous procédons en gros de l’ouest à l’est: Aiguille de Baulmes, environ 1240 mètres Les Rasses, | 4210 La Pidouse, 1200 Couloir de Provence, 1130 Côte de Boudrvy, 1140 La Cernia sur Rochefort, 1090 ie £ Prés devant, 1080 | = ë Les Planches, 1030 \ - Chaumont (versant ouest), 1100 Sur Lignières, 1030 Sur Bienne, (?) 970 Montagne de Boujean, 930 Sur Bettlach, 730 Près Oberdorf, 700 Près (rünsberg (Kammersrohr), 680 Près Wiedlisbach, 940 Raccordement aux moraines de Wangen à Oberbipp, 480 Qt: Ce De ces cotes on déduit une pente superficielle d’en- viron : 8°/, de l’Aiguille de Baulmes à Oberbipp; 8 ‘/% de la montagne de Boudry à D 15 °/;, de la montagne de Boujean à » 90 °/,, de Kammersrohr à » C'est-à-dire que la pente de l’ancien glacier du Rhône croissait vers l’aval tout comme cela arrive sur les glaciers actuels. * x x Il me reste à faire quelques remarques au sujet des chiffres ci-dessus. Peut-être sera-t-on étonné de voir la moraine s’abaisser de 30 mètres de l’Aiguille de Baulmes aux Rasses ou de la trouver plus élevée à Chaumont que sur Rochefort. Ces apparentes anomalies s'expliquent aisément si l'on considère que la chaîne du Chasseron est consi- dérablement en retraite vers le nord sur celle de l’Aiï- guille de Baulmes, et la chaîne de Tête-de-Ran eh retraite sur celle de Chaumont. L’Aiïguille de Baulmes et Chaumont sont, par rap- port aux chaînes du Chasseron et de Tête-de-Ran, plus près de l’axe du glacier, plus en amont; le niveau du glacier devait donc, en effet, y être plus élevé. Une autre singularité est celle du couloir de Pro- vence, dans lequel les glaces ne paraissent pas être montées aussi haut que plus en aval à la côte de Boudry. Le couloir de Provence est une anfractuosité, un angle mort dans lequel le glacier ne devait péné- tirer qu’ensuite d’une sorte de remous; il s’y avançait donc lentement, perdait rapidement en hauteur par Es HE suite de l’ablation, ensorte qu'à l'extrémité du couloir la cote, peut-être un peu faible du reste, de 1130 mètres n’a rien de très étonnant. Le même fait de diminution rapide du niveau de la moraine se retrouve dans tous les petits vallons transversaux, par exemple à Sainte-Croix, au petit Brelingard, au-dessus de Ro- chefort, etc. Guyot et Venetz ont déjà mentionné un autre fait intéressant : l’abaissement local rapide du niveau de la moraine, qui descend en effet en quelques endroits de 50 ou 80 mètres pour remonter ensuite. Sans doute, l’abaissement en question n’est pas aussi considérable que l’avait cru Venetz!, mais ce phénomène est cepen- dant bien réel. On peut lui assigner plusieurs causes; dans la région que j'ai étudiée, il me semble que la disposition orographique joue un rôle prépondérant. La moraine descend souvent dans les angles morts; ailleurs, la limite supérieure apparente des blocs ne paraît déprimée que parce qu’elle aurait dû tomber sur une pente trop forte pour permettre le dépôt des blocs. (Plusieurs points en aval de Bienne, entre autres.) | * * + Deux mots encore au sujet de la composition de notre moraine. Evidemment on y retrouve les roches bien connues du Valais, surtout les protogines du Mont-Blanc, les schistes chloriteux, les arkésines, les gneiss d’Arolla. 1 Venetz dit que la moraine de Bullet descend à Bonvillars, Cor- celles et Concise, une affirmation que je ne m’explique pas bien, je l'avoue. (Mémoire sur l'extension des anciens glaciers, dans les Nou- veaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles. Tone XVIII, 1861.) ET OR rSE À ne considérer que les blocs anguleux, transportés sans doute sur le dos du glacier, il me semble que la protogine soit de beaucoup la roche la mieux représentée à la limite de la zone intérieure!. Plus bas, sa proportion relativement aux autres roches parait diminuer et, chose curieuse, elle est moins fréquente aussi plus haut, c’est-à-dire dans la zone extérieure. D'autre part, il me parait de plus en plus clair que la moraine profonde n’a en général pas la même com- position que la moraine superficielle, les matériaux y sont bien plus mélangés. C’est ainsi que dans la région étudiée, nous ne rencontrons pas d'euphotides de Saas comme blocs superficiels, tandis qu'il s’en trouve des galets dans la moraine profonde. La loi de Guyot, suivant laquelle la distribution des roches dans les moraines est symétrique à celle de leurs gise- ments dans le bassin d'alimentation, n’est donc stric- tement applicable qu’à la moraine superficielle, elle n’est qu’une approximation pour la moraine profonde. Ni l’une ni l’autre des deux observations que Je viens d'indiquer n’est, à mon avis, inexplicable. Les olaciers actuels nous en fournissent la clé. Si je m'abstiens d'entrer dans les détails de cette question, c'est que je préfère laisser le temps à de nouvelles observations. * « * En résumé, nous venons de suivre entre l’Aiguille de Baulmes et Oberbipp une ligne de moraines qui suit presque partout la première chaine du Jura et se soude finalement à l’amphithéâtre de Wangen s/A. 1 Observation déjà faite par Guyot. se; + Cet On doit donc considérer la première chaine du Jura comme formant la limite de la branche orientale du glacier du Rhône pendant la dernière glaciation. Il reste maintenant à rechercher cette limite pour la branche occidentale dirigée vers Genève et Lyon. En terminant, nous avons attiré l'attention sur deux faits: en premier lieu sur la prédominance apparente des roches du Mont-Blanc dans la moraine latérale superficielle de la branche orientale du glacier du Rhône; puis sur la non identité de constitution de la moraine superficielle avec la moraine profonde. LA MÉTHODE DE HERPELL POUR LA Création d'on herbier des Champignons Hyménomycètes Par ARTHUR DE JACZEWSKI Notice lue dans la séance du 26 mars 1891 Le moyen de dessécher les champignons du groupe des Basidiomycètes, de manière à en faire des échan- tillons propres à l'étude et à la comparaison des es- pèces, a de tout temps exercé la sagacité des savants. Leur consistance charnue les rend en effet impropres à la dessiccation ordinaire employée avec succès pour les Phanérogames; l'enlèvement plus ou moins rapide de l’eau qui constitue la plus grande partie du volume de ces champignons les ratatine au point de les rendre méconnaissables, et a surtout le dés- avantage de leur enlever leurs vives couleurs qui, comme on sait, servent souvent à établir la distinction spécifique. D'un autre côté, les différents procédés proposés pour remplacer les champignons — tels que moules en papier mâché, dessins, aquarelles, ne sont guère satisfaisants non plus, car rien ne saurait rem- placer l’exemplaire vivant, et, de plus, ces procédés ne sont pas toujours à la portée de tout le monde, — les moules en papier mâché ou en cire coûtent très cher et la grande place qu’ils occupent ne permet pas d'en propager l’usage pour les particuliers; quant aux dessins et aquarelles, ils peuvent certainement être d’une grande utilité pour l’étude, mais tout le monde n’a pas le talent de dessinateur. Le problème se réduisait donc à trouver un moyen de dessécher les champignons ou leurs organes essentiels, de ma- nière à pouvoir en faire un herbier aussi peu encom- brant que celui des Phanérogames. Les difficultés de toutes sortes que comporte ce problème, et que com- prendront aisément tous ceux qui s'occupent de Cryptogames, paraissent avoir été résolues d’une ma- nière très satisfaisante par M. G. Herpell. Sa méthode est très simple et ne demande qu’un peu d'habitude, qui peut s’acquérir très vite; on obtient alors des. échantillons vraiment remarquables, tout à fait inal- térables et présentant, à première vue, les points. essentiels de l’organisation, de sorte que la classifica- tion d’un exemplaire desséché ne présente plus de: difficulté. Dans sa brochure: Das Präpariren und Eïinlegen der Hutpilz für das Herbarium, publiée en 1888, M. Herpell décrit tout au long et minutieusement sa méthode. Je n’entrerai donc pas ici dans de trop orands détails, me bornant à décrire le procédé que J'emploie et à l’aide duquel ont été obtenus des échantillons dont l'élégance laisse un peu à désirer cependant, vu cette circonstance que les espèces, recueillies assez tard dans la saison, n'étaient plus de la première fraicheur. Je prépare tout d’abord une dissolution de géla- tine, 30 grammes dans 150 grammes d’eau, et j'en- duis avec cette dissolution, et à l’aide d’un pinceau, des quarts de feuilles de fort papier d’écolier. L’enduit se fait d’un seul côté, aussi épais que possible, et uni- forme. La quantité de dissolution indiquée plus haut me suffit généralement pour une vingtaine de feuilles. Herpell indique même une moyenne de 34 feuilles. Les feuilles sont mises de côté pour être séchées et peuvent être ensuite employées en tout temps. Quand on a recueilli un champignon propre à être conservé, c’est-à-dire encore assez frais et, condition essentielle, pas attaqué par les vers, on prend une feuille de papier gélatiné, puis, après l'avoir humecté du côté non gélatiné, on la place sur un plateau ou toute autre surface plane, le côté gélatiné en haut. On prépare ensuite le champignon de la manière sui- vante: on le coupe d’abord en deux parties égales; puis, prenant une de ces parties, on fait une coupe longitudinale aussi fine que possible à travers le cha- peau et le stipe, en faisant bien attention, si c’est un Agariciné, que la coupe montre distinctement Ja disposition des lamelles par rapport au stipe. Cette coupe est déposée sur le papier gélatiné et v adhère par une légère pression; on prend ensuite l’autre moitié et, après avoir coupé à la hauteur le stipe du chapeau, on enlève avec un couteau à bout arrondi, d’abord les lamelles, puis les parties charnues du chapeau, de manière à n'avoir plus qu’une mince couche avec la pellicule, que l’on dépose aussi sur la gélatine. En enlevant les parties charnues, il faut procéder très délicatement, afin de ne pas faire d'accroc à la pellicule, surtout sur les bords; en- suite on vide de la même manière une moitié du pied, de manière à en obtenir la surface extérieure qui est également appliquée à plat sur la gélatine. La feuiile couverte de ces coupes est placée entre les feuilles d’un cahier épais de papier buvard; chaque cahier ne contenant qu'une seule feuille est séparé — : AT — par des journaux, et l’on fait ainsi une pile «bsolu- ment comme pour Sécher des Phanérogames. Au sommet, on dépose une pierre ou un poids d'environ 25 kilogrammes. Au bout de 24 heures, il faut visiter les échantillons. Lorsque les espèces sont humides, elles adhèrent au papier buvard, mais il est facile de remédier à cet inconvénient en humectant avec une petite éponge les endroits qui adhèrent. On change les cahiers et l’on remet sous presse, et ainsi toutes les 24 heures. Au bout de 3 ou 4 jours au maximum, les champignons sont secs et les coupes cependant aussi fraiches que si elles venaient d’être faites, car la gélatine les a empêchées de se ratatiner. Les petits champignons minces peuvent être appliqués sur le papier sans autre préparation. Les échantillons secs sont ensuite découpés et collés sur de fort carton, de manière à leur donner autant que possible un aspect naturel. En le découpant, on donne au chapeau une forme arrondie et on le colle sur le prolongement du stipe, de sorte qu’on obtient ainsi la représentation fidèle du champignon entier vu de côté. Quant à la coupe longitudinale, on la colle sans autre modification. Le collage est nécessaire pour prévenir l’enrou- lement des exemplaires, et, à mon avis, c'est la partie la plus délicate de toute la méthode; j'ai recours à la colle forte, dont je dépose sur les coupes une couche excessivement mince; je maintiens ensuite les coupes sur le carton pendant une dizaine de minutes à l’aide d’un fer à repasser, car il est très difficile d'obtenir immédiatement l’adhérence, surtout celle du stipe. Au bout de ce temps, je place eut, nes le carton entre quelques Journaux et je mets le tout sous presse jusqu’au lendemain.” Pour compléter les échantillons, il est très instruc- tif de faire des coupes de la même espèce à différents stades de développement, afin de montrer la dispo- sition des velums universale et partiale dans le jeune àge, l’enroulement des bords du chapeau, etc. Chaque préparation doit être accompagnée d’une reproduction de la disposition des lamelles; on l’obtient d’après la méthode ordinaire, en déposant pour quelques heures le chapeau sur des feuilles de papier diversement colorées suivant les cas. Cette reproduction est ensuite fixée et collée sur le même carton que le champignon auquel elle appartient. En joignant à ces tableaux un dessin de la forme des spores, la mesure de leurs dimensions, etc., on aura une collection qui, je le crois, ne laissera rien à dési- rer sous le rapport scientifique. be Ëe SUR UNE NOUVELLE FONCTION DE LA CHOROÏDE Par Ed. BÉRANECK, professeur, et L. VERREY, médecin-oenliste L’œil joue chez les animaux et chez l’homme un rôle si important, qu'un grand nombre de savants se sont efforcés de pénétrer la structure histologique de cet organe et d'en déterminer le mécanisme physio- logique. Les diverses membranes et les divers milieux du globe oculaire n’ont pas tous la même valeur fonc- tionnelle. L'appareil dioptrique de ce dernier, qui sert à réfracter les rayons lumineux; le corps ciliaire de la choroïde, qui intervient dans le phénomène de l’ac- commodation; la rétine, qui recueille et transmet au nerf optique les images des objets extérieurs, ont plus particulièrement attiré l'attention des observateurs anciens et récents. Il en devait être ainsi, la partie optique de l'œil, laquelle concourt directement à la fonction visuelle, étant celle qui nous intéresse le plus. Cette partie optique est complétée par une membrane externe résistante, protectrice, la scléro- tique, et par une membrane moyenne, dans laquelle se ramifient de nombreux vaisseaux sanguins, la choroïde proprement dite ou tunique vasculaire. Celle-ci jouerait, suivant les auteurs, deux rôles prin- cipaux : 1° un rôle absorbant: 2 un rôle nutritif. Il existe à la face interne de la tunique vasculaire une BORIL SOC SCUNAT. P. XX 4 couche de cellules épithéliales chargées de granula- tions pigmentaires foncées, c'est le {apelum nigrum. Les éléments rétiniens, cônes et bâtonnets destinés à recueillir les excitations lumineuses, sont en rap- port par leur extrémité externe avec les cellules du tapetum nigrum, et le pigment foncé de ce dernier servira en partie à absorber la lumière qui a traversé la couche des cônes et des bâtonnets, en partie à la réfléchir, à la renvoyer à travers les éléments de cette couche, afin de les impressionner à nouveau. Le rôle absorbant qu’on a fait jouer à la choroïde ne lui appartient pas en réalité, car le {apelum nigrum ne dépend pas de la tunique vasculaire, mais de la rétine elle-même; embryologiquement, l’épithélium pigmentaire n’est en effet qu'une transformation de la paroi postérieure de la vésicule optique primitive. Le rôle nutritif de la choroïde est basé sur l’abon- dance du réseau vasculaire qui s'étend dans cette membrane et en constitue la partie essentielle. Nous reviendrons plus loin sur la disposition de ces vais- seaux choroïdiens, dont les nombreuses ramifications capillaires permettent une circulation très active dans la tunique movenne de l’œil. À quoi peut donc servir cette riche vascularisation? À la nutrition du globe oculaire, répondent les physiologistes. La rétine, mal- gré la grande complexité de ses éléments constitutifs, reçoit relativement peu de vaisseaux sanguins; le corps vitré n'est irrigué que pendant la période embryonnaire, et au moment de la naissance, le réseau vasculaire qui le desservait a complètement disparu; les vaisseaux qui entourent le cristallin pendant la vie utérine s’atrophient aussi plus tard. Ainsi, les milieux dioptiques de l'œil ne possèdent LEGER pas dans l'individu adulte de circulation sanguine propre et leur nutrition ne peut se faire qu'aux dépens de la choroïde. Il en est de même pour la rétine, dont le système artériel parait insuffisant à réparer les pertes dues à l’activité physiologique de cette membrane. Certains savants, pour démontrer le rôle nutritif de la tunique vasculaire, s'appuient en outre sur ce fait que «les maladies de la choroïde altè- rent la sensibilité de la rétine à la lumière beaucoup plus que les maladies de la rétine qui siègent dans les plans rétiniens internes, dans le domaine des vaisseaux rétiniens ! ». Le riche développement du réseau capillaire de la membrane choroïdienne ne sert-il qu’à la nutrition des parties peu ou pas vascularisées de l'œil? Nous ne le pensons pas. Il permet encore à cette mem- brane de remplir chez l’homme et probablement aussi chez les autres vertébrés une seconde fonction que l’on pourrait appeler fonction érectile de la cho- roïide. Sous l'influence d’une excitation lumineuse ou même d'une simple excitation réflexe, la circulation devient plus active dans la tunique vasculaire, le réseau capillaire devient plus turgescent et cette augmentation de la tension sanguine détermine sur les couches externes de la rétine une certaine pres- sion dont nous décrirons par la suite les effets phy- siologiques. Nous avons cherché à donner de cette fonction érectile de la choroïde une démonstration directe, mais les résultats auxquels nous sommes parvenus n’étant pas assez concluants, nous y avons renoncé. Voici quel a été notre manuel opératoire 1 Voir Fredericq et Nuel, Eléments de physiologie humaine, IIve partie, page 311. RS de pour ces premières expériences. Nous avons pris comme sujet un lapin de race russe, dont les veux sont dépourvus de pigment; il nous était ainsi facile d'observer à lophthalmoscope le magnifique réseau vasculaire choroïdien. Le corps de lanimal était enfermé dans une caisse, la tête seule était libre, mais rendue immobile. Après avoir laissé le lapin un certain temps dans l’obscurité, nous lui lancions à des intervalles déterminés un faisceau lumineux dans un des yeux. Nous observions à‘l’ophthalmoscope le réseau choroïdien de l’autre œil, maintenu dans une obscurité relative, et nous cherchions à voir si à l’ex- citation lumineuse ne correspondrait pas une plus grande activité circulatoire, se traduisant par une légère dilatation des capillaires de la choroïde. Nous avons répété souvent ces expériences en variant un peu les conditions expérimentales, mais elles ne nous ont pas fourni des données suffisamment rigoureuses et concordantes. Voyant que l’observation directe ne nous permettait pas d'arriver à des conclusions satis- faisantes, nous avons cherché une méthode indirecte, détournée, qui fût applicable à l’homme et dont les résultats pussent être ainsi soumis à un contrôle et à une critique plus serrés. Cette méthode repose sur les expériences bien connues de Kuehne et d'Engel- mann. Kuehne, en opérant sur des grenouilles, avait remarqué que, sous l'influence de la lumière, le pig- ment du tapetum nigrum s’avance vers les cônes et les bâtonnets de la rétine et enveloppe l'extrémité externe de ces derniers. À l’obscurité, les granula- tions pigmentaires se retirent dans la masse des cel- lules épithéliales et s’éloignent des éléments rétiniens. Engelmann a constaté que les cônes et les bâtonnets Het. Ne réagissent comme le pigment sous l'influence d’exci- tations lumineuses: ils se raccourcissent à la lumière et s’allongent à l'obscurité. Ces phénomènes sont le plus accusés chez les Vertébrés inférieurs, les Pois- sons et les Amphibiens. On sait que les cônes el les bâtonnets sont composés chacun de deux segments, l’un interne, tourné vers les fibres du nerf optique, l’autre externe, en rapport avec les cellules pigmen- taires du tfapetum nigrum. Ce sont les segments internes de ces éléments rétiniens qui réagissent contre les excitations lumineuses et deviennent plus courts. Les expériences multiples d'Engelmann sur les veux de grenouille permettent de mieux com- prendre le mécanisme des mouvements que subissent les cônes et les bâtonnets. Si, sur un animal en observation, on excite par exemple l'œil droit, l'œil gauche restant dans l'obscurité, ce dernier réagit quand même et ses éléments rétiniens se raccour- cissent. Il n’est donc pas nécessaire, pour constater ce phénomène, que le globe oculaire soit directement influencé par les rayons lumineux, une excitation réflexe se transmettant d'un œil à l’autre suffit pour cela. On peut aller encore plus loin et déterminer les mouvements des cônes et des bâtonnets par voie réflexe en projetant simplement un faisceau lumineux sur la peau, la tête de la grenouille restant plongée dans l'obscurité. Comment interpréter ces expériences importantes d'Engelmann? Il en ressort le fait incon- testable que les réactions mécaniques des cônes, des bâtonnets et des cellules pigmentaires sont placées sous la dépendance du système nerveux. Mais, pour qu'une excitation partant de la peau puisse se réper- cuter sur les yeux, il faut que les centres cérébraux AR: soient en rapport avec l’organe visuel par des fibres nerveuses centrifuges ou motrices. Or, les seules fibres qui unissent la rétine au cerveau sont celles du nerf optique. Ce dernier est donc traversé par deux courants nerveux, l’un centripète, c’est-à-dire sensitif, servant à transmettre aux hémisphères céré- braux les excitations lumineuses produites sur les cônes et les bâtonnets; l’autre centrifuge, c’est-à-dire moteur, partant des hémisphères et servant à mettre en branle les réactions mécaniques du fapetum nigrum et des éléments rétiniens qui s’y rattachent. Cette manière de voir est soutenue par Wiedersheim; elle modifie profondément les notions courantes sur les fonctions du nerf optique. Celui-c1, par ses rap- ports anatomiques et son embryogénie, paraissait devoir être un nerf exclusivement sensitif ou centri- pète, et Wiedersheim se basant sur les expériences d'Engelmann, en fait un nerf mixte renfermant à la fois des fibres sensitives et des fibres motrices. Lorsqu'on étudie d’un peu plus près l’interpréta- tion que Wiedersheim donne des phénomènes obser- vés par Engelmann, la transmission d’un courant centrifuge par le nerf optique devient fort obscure au point de vue physiologique. La première question qui se pose est celle-ci: existe-t-il dans la rétine des éléments contractiles capables de produire les mou- vements des cônes et des bâtonnets? La structure histologique de cette membrane permet de répondre négativement. Des huit couches rétiniennes, en y comprenant le tapetum nigrum, aucune ne renferme d'éléments contractiles qui puissent transmettre aux 1 Voir R. Wiedersheim, Manuel d'anatomie comparée des Ver- tébres, p. 222. cônes et aux bâtonnets l'excitation centrifuge partant du cerveau. La cause de ces mouvements doit donc résider dans les cônes et les bâtonnets eux-mêmes. Il est, au point de vue physiologique, assez étrange que les éléments rétiniens chargés de recueillir les excitations lumineuses et de les transmettre aux fibres du nerf optique soient aussi directement in- fluencés par une excitation nerveuse centrifuge. Ils fonctionneraient à la fois comme appareil terminal sensitif et comme appareil terminal moteur, ce qui n'est guère admissible. Il importe de remarquer, pour la compréhension de ces phénomènes, que les mouvements des cônes et des bâtonnets ne sont pas en connexion avec l’activité photo-sensible de ces éléments. Ils ne sont pas une conséquence de cette activité, mais se produisent indépendamment de toute impression lumineuse. On les observe aussi bien sous l'influence d’une excitation réflexe partant d’un point quelconque du corps, que sous l'influence directe de la lumière. Cette double réaction photo- sensible et mécanique des éléments rétiniens externes, dont l’une, de nature centripète, dépend des excita- tions lumineuses, et dont l’autre, de nature centri- fuge, en est indépendante, ne peut être transmise par les mêmes fibres nerveuses et être localisée dans les mêmes centres cérébraux. Du reste, la structure de la rétine, les rapports qui unissent cette mem- brane au nerf oplique, montrent que ce dernier est exclusivement sensitif. Les fibres optiques ne sont pas directement en relation avec les cônes et les bâtonnets. Entre ces deux couches s’en étendent d'autres dont la plus importante, au point de vue qui nous occupe, est celle des cellules ganglionnaires. 2 (5Ù en L Ces cellules s'unissent aux ramifications du nerf optique et envoient des prolongements vers les élé- ments récepteurs de la lumière. Klles paraissent jouer un rôle important dans les perceptions visuelles, car c’est dans la tache jaune, ou partie la plus sen- sible de l'œil, qu’elles sont le plus abondantes. La présence de cellules ganglionnaires servant d’intermé- diaire entre les éléments sensibles de la rétine et les fibres du nerf optique plaide en faveur de la fonction purement sensitive de ce dernier. Les mouvements des cônes et des bâtonnets ne sont pas les seuls que l’on constate dans la rétine; les cellules pigmentaires du {fapetum nigrum, dont les prolongements s'intercalent entre ces éléments rétiniens, se rapprochent de la membrane limitante externe sous l'influence de la lumière, et s’en éloi- gnent dans l’obscurité. Ce déplacement de la couche pigmentaire peut se produire aussi sous une simple excitation réflexe ; il ne résulte pas seulement d’un entrainement, d’une traction due à la contraction du segment interne des cônes et des bâtonnets, il appar- tient en propre aux cellules du tapetum nigrum, ainsi que le prouve l’observation. Ce déplacement a lieu en même temps que celui de la partie photo- sensible de la rétine et, selon Wiedersheim, est aussi actionné par les fibres soi-disant centrifuges du nerf optique. Par quel intermédiaire ce dernier agit-il sur le {apetum nigrum? nous n'en savons rien. Il n'existe pas de relation entre les fibres optiques et les cellules pigmentaires, à moins de supposer que les éléments de transmission soient représentés par les cônes et les bâtonnets eux-mêmes. Mais les modifi- cations mécaniques dont ces organes photo-sensibles «2 sont le siège n'intéressent que les segments internes de ces organes, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas en contact avec le tapetum nigrum. Comment s’accom- pagnent-elles alors de modifications correspondantes dans la couche des cellules pigmentaires? Ce fait nous parait inexplicable, si on localise la cause de ces réactions mécaniques dans une excitation centri- juge du nerf optique, comme le veut Wiedersheim. Il ressort de l'exposé précédent que les mouve- ments des cônes, des bâtonnets et du tapetum nigrum décrits par Engelmann et vérifiés depuis par d’autres observateurs, accompagnent l’activité photo-sensible de ces éléments rétiniens; ils ne sont ni la cause, ni là conséquence de cette activité, puisqu'ils se manifestent aussi sous l'influence d’une excitation réflexe. Ces mouvements ne prouvent pas nécessaire- ment que le nerf optique renferme des fibres sensi- tives et des fibres motrices. L’histologie même de la rétine parle contre cette interprétation qui nous parait un peu hasardée, et contraire à ce que nous connaissons de la physiologie des organes sensoriels. Les phénomènes photo-chimiques ou mécaniques s’accomplissant dans l’œil sont surtout étudiés chez l'animal, qui représente un matériel abondant et faci- lement sacrifié, suivant les exigences expérimentales. Cependant, en utilisant l’animal comme sujet, cer- taines réactions qui accompagnent le phénomène étudié peuvent nous échapper, et nous en sommes souvent réduits à des conjectures pour apprécier les conséquences physiologiques qui découlent des expé- riences entreprises. L'homme a le grand avantage de pouvoir analyser ses impressions et de nous fournir ainsi des données précieuses qui rendent plus facile ER l'interprétation des faits. Les expériences d'Engel- mann, par exemple, montrent qu’une excitation [lumi- neuse détermine dans l’œil des Vertébrés une con- traction du segment interne des cônes et des bâtonnets et un déplacement des granulations pigmentaires; ce sont là les seules modifications que l'observation nous permette d'enregistrer, mais cette excitation lumi- neuse ne s’accompagne-t-elle pas encore d’autres phé- nomènes que les méthodes utilisées sont impuissantes à dévoiler ? Nous l’ignorons. Pour résoudre cette ques- tion, nous avons entrepris une série d'expériences d’abord sur nous-mêmes, puis sur des personnes ayant l'habitude d'observer et d'analyser leurs sensa- tions. Notre but primitif était de voir si les réactions mécaniques des cônes et des bâtonnets avaient une action quelconque sur la vision et si, sous l'influence de la lumière, il ne se produirait pas-dans la cho- roide une circulation plus active. Pour élucider ce dernier point, nous avons renoncé à l'observation directe des vaisseaux choroïdiens par l’ophthalmo- scope. Cette méthode ne nous avait pas donné chez le lapin des résultats assez concluants, et, appliquée à l'homme, elle nous eùt obligé de ne prendre comme sujets expérimentaux que des albinos ou des indivi- dus à globe oculaire peu pigmenté, matériel assez difficile à se procurer. La méthode employée dans cette nouvelle série d'expériences repose sur le principe suivant: Suppo- sons que dans un œil emmétrope les cônes et les bâtonnets subissent un faible déplacement sous l’in- fluence d’une excitation lumineuse. Les conditions dioptiques restant constantes et le plan focal rétinien n’occupant plus tout à fait la même position qu'au- c'e br De du 0 PF EN Éd D nb à: ad ra ER 2 paravant, les images des objets extérieurs devront subir une légère altération. Les variations du plan focal passant par la couche des éléments photo-sen- sibles de la rétine s’accompagneront ainsi de varia- tions dans la netteté des impressions visuelles, et l'amplitude des unes permettra de mesurer l’ampli- tude des autres. Pour vérifier ces conclusions et pour étudier les variations de l’acuité visuelle, nous nous sommes servis des échelles typographiques lettres, chiffres ou points qu’emploient les oculistes. Nous commencions par bien établir ce qu'on pourrait appeler les constantes optiques de l'œil, c’est-à-dire les conditions dioptiques permettant d'obtenir à la distance choisie par nous le maximum d’acuité vi- suelle. Il est indispensable, pour pouvoir comparer entre eux les résultats acquis, de corriger aussi com- plètement que possible la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme de l’œil en expérience. Nous nous sommes placés en général à trois mètres de l'échelle typographique. Nous avons expérimenté soit avec l'œil gauche, soit avec l’œil droit; cependant, s'il y avait inégalité dans l’acuité des deux yeux, nous avons toujours pris l’œil dont le pouvoir visuel était le plus considérable. Une fois les constantes optiques établies, nous faisions lire au sujet avec l'œil droit, par exemple, la série des lettres de l'échelle corres- pondant à la distance à laquelle nous étions placés. Nous faisions tenir au sujet une lame de carton mince entre les deux yeux, de manière que l’œil gauche ne püût voir l'échelle typographique, et à l’aide du miroir de l’ophthalmoscope nous lancions dans cet œil un faisceau lumineux fourni par une lampe à pétrole ordinaire, située un peu en arrière de la tête ST En ee du lecteur. Le miroir de l’ophthalmoscope étant con- cave et tenu à une certaine distance de l'œil, le fais- ceau lumineux entrait en divergeant dans le globe ocu- laire et éclairait le fond de ce dernier sans produire d’éblouissement et de fatigue, même si l'opération était plusieurs fois répétée. Il est important de ne pas irriter l’œil par une excitation trop vive. Nos expériences se faisant le soir, nous prenions soin d'éclairer l’échelle typographique par un réflecteur métallique, pour que les conditions visuelles fussent aussi favorables et constantes que possible. On voit, d’après les dispositions expérimentales décrites plus haut, que nous n'avons pas cherché à observer les réactions s’accomplissant dans l’œil directement in- fluencé par le faisceau lumineux, mais à déterminer les phénomènes physiologiques concomitants qui se produisent dans l'œil non influencé. L’excitation qui passe ainsi d'un globe oculaire à l’autre ne peut être transmise que par voie réflexe. | De telles expériences exigent, pour être menées à bien, que l’on élimine toutes les conditions qui pour- raient directement ou indirectement fausser les résul- tats obtenus; aussi avions-nous une question préa- lable à résoudre, question dont les intéressantes découvertes de Charpentier ont montré l’importance pour le genre de recherches que nous entreprenions. Ce physiologiste s’est demandé si l’excitation d’un œil par la lumière influe sur l’excitabilité de l’autre œil regardant une surface moyennement et uniformé- ment éclairée. Il a constaté que la sensibilité de l'œil regardant la surface éclairée est plus faible lorsque l'autre œil est fermé, que lorsqu'il est excité par un faisceau lumineux; il semblerait ainsi que l'excitation AE: | : ME d'une rétine facilite la perception de l’autre. Char- pentier rejette cette interprétation et explique cette apparente influence rétinienne par les variations du diamètre de la pupille de l’œil en expérience, suivant que l’autre œil est fermé ou excité par la lumière. On sait que la réaction de la pupille est bilatérale, de sorte que « l'excitation d’un œil peut, en rétrécis- sant la pupille de l’autre, diminuer léclairage de la réline de cet autre œil et augmenter ainsi indirecte- ment la sensibilité lumineuse de cette dernière ». Pour prouver la justesse de cette explication, Char- pentier place devant l'œil en expérience un dia- phragme percé d’un trou ayant de un à deux milli- mètres de diamètre. Ce diamètre est plus petit que celui du rétrécissement maximum de la pupille dans les conditions expérimentales où le sujet est placé. Du moment que l’on a éliminé par ce procédé la réaction pupillaire, les différences de sensibilité cons- tatées auparavant ne sont plus observables, donc, selon Charpentier, l'excitation d’une rétine n’a pas d'influence directe sur l’excitabilité de l’autre rétine. Comme, dans notre mode opératoire, les excitations lumineuses s’accompagnaient toujours de réactions pupillires dans l’œil en expérience, il était indispen- sable de déterminer si les variations visuelles obser- vées par nous dépendaient ou ne dépendaient pas d’un changement dans le diamètre de la pupille. Pour cela nous avons fait deux séries d'expériences, l’une en armant l’œil lisant les échelles typographiques de diaphragmes percés de trous de un et de deux milli- mètres de diamètre; l’autre en enlevant les dia- phragmes. Les effets obtenus sans diaphragmes sont certainement plus marqués, plus intenses que ceux obtenus avec diaphragmes, mais ils ne sont pas sup- primés par la présence de ces derniers. Le rétrécis- sement de la pupille sous l'influence d’une excitation lumineuse ne peut à lui seul expliquer les variations visuelles que nous avons constatées. Il importe, pour des essais d’une nature aussi délicate, què l’œil soit reposé et exécute, ainsi que la tête, le moins de mou- vements possibles, afin que le diaphragme reste tou- jours bien centré. Il faut de plus viser des objets à contours définis, tels que des séries de lettres ou de points. On peut se servir ou des échelles typogra- phiques ordinaires pour la vision à distance, ou de petites échelles fixées à un support glissant le long d’une barre graduée pour la vision de près; on com- mence alors par corriger l’accommodation avant d’ar- mer l'œil du diaphragme. Nous avons répété plusieurs fois ce genre d'expériences et nous avons constaté qu'en corrigeant le rétrécissement pupillaire par des diaphragmes de petit diamètre, 1l se produit encore sous l’influence d’une excitation lumineuse une varia- tion de longueur de l’axe optique équivalant en moyenne à — 0,25 dioptrie. Nous indiquerons plus loin comment nous sommes arrivés à cette détermination. Remarquons en passant qu’en armant l’œil d’un dia- phragme à petite ouverture, comme le propose Char- : pentier, on place le sujet dans des conditions optiques anormales et on obtient une amélioration visuelle qui dépasse de beaucoup celle accompagnant le simple rétrécissement de la pupille. L’œil armé de ce diaphragme a une acuité visuelle incontestable- ment supérieure à celle de l’œil auquel on a enlevé le diaphragme, mais dont on rétrécit la pupille par des excitations lumineuses tombant sur l’autre globe CUP. : ES oculaire. Les diaphragmes de petit diamètre, en ne laissant passer que les rayons centraux, corrigent certains défauts de l'appareil dioptique de l'œil, las- tigmatisme, par exemple; ils donnent une grande netteté à l’image rétinienne, en supprimant les réfrac- tions excentriques et les réflections secondaires qui se produisent dans les conditions visuelles ordinaires; par contre, ils diminuent d’une façon très notable l’ac- tion des verres correcteurs convexes ou concaves et permettent difficilement d'obtenir à l’aide de ces derniers une évaluation exacte des variations de la vision notées dans nos diverses séries d'expériences. Le rétrécissement de la pupille, sous l'influence d’un faisceau lumineux, ne détermine pas les mêmes effets; aussi, pour annuler l’action du rétrécissement pupillaire, faut-il se servir non d’un diaphragme qui va au-delà du but proposé, mais de mydriatiques qui immobiliseraient la pupille et en maintiendraient le diamètre constant. Mais ce dernier procédé présente des inconvénients, et nous indiquerons plus loin pourquoi nous n'avons pas cru devoir l'utiliser dans toutes nos expériences{. Somme toute, les phéno- mènes physiologiques qui se produisent par voie réflexe dans l’œil non influencé par le faisceau lumi- neux, sont indépendants des variations du diamètre de la pupille, puisque ces variations exercent sur eux une action adjuvante. L'erreur commise en vou- lant corriger le rétrécissement pupillaire par un dia- phragme de petit orifice est certainement beaucoup 1 Afin de contrôler les résultats obtenus, nous avons répété nos expériences après nous être soumis à l’action de l’atropine. Nous avons observé, sous l'influence de l'excitation lumineuse, les mêmes effets que dans l'œil normal. L'amélioration visuelle est done indé- pendante de la contraction pupillaire. plus forte que celle consistant à négliger l'effet de ce rétrécissement dans la question qui nous occupe en ce moment. Nous commencerons par imdiquer les phénomènes optiques observés dans le cours de nos expériences, puis nous nous efforcerons d’en expliquer le méca- nisme en nous appuyant à la fois sur les données physiologiques et histologiques que nous fournit l’or- gane visuel. Il va de soi que nous n'avons jamais influencé le sujet en lui décrivant à l’avance les effets qu'il allait ressentir, et que nous nous sommes adres- sés de préférence à des personnes habituées aux observations délicates et minutieuses. M. H., astronome, est myope; l'examen ophthal- moscopique des yeux montre un petit staphylôme accompagnant l'entrée du nerf optique. L'œil droit de M. H. a une myopie de — 2 dioptries et un certain degré d’astigmatisme vertical; son acuité visuelle est à peine !/,, l'œil gauche a une myopie de — 3,25 dioptries et une acuité visuelle de #/;. Lorsque l'œil gauche a été presque corrigé, nous lançons dans l'œil droit un faisceau lumineux. M. H. déclare alors observer une certaiñe amélioration de son acuité visuelle. Non seulement les lettres noires de l’échelle typographique ressortent mieux sur le fond blanc, mais encore elles deviennent plus nettes et se distin- guent mieux les unes des autres. C’est ainsi que le M et le N, le P et le B, le E et le F qui, auparavant, induisaient facilement M. H. en erreur, sont recon- nues plus facilement par ce dernier. Cette améliora- tion persiste tant que le faisceau lumineux est projeté dans l’autre œil, puis disparait lorsque cesse l’exci- tation lumineuse. On peut répéter cette expérience "À À 7 autant de fois qu'on voudra, le même effet physiolo- gique se produira toujours, c’est-à-dire que le fais- ceau de lumière tombant dans l’œil droit détermi- nera une augmentation sensible de l’acuité visuelle de l’œil non éclairé. La réaction de ce dernier n’est pas instantanée; d’après l'estimation de M. H., ïl s'écoule en moyenne une demi-seconde depuis le moment où le faisceau de lumière est lancé dans l'œil droit jusqu’au moment où l’image rétinienne atteint son maximum de netteté. Lorsque cesse l’ex- citation lumineuse, son effet persiste encore approxi- mativement une à une seconde et demie, puis s’éva- nouit subitement. Nous avons ensuite repris ces expériences en corrigeant moins encore la myopie de M. H. Comme nous l'avons vu, cette correction pour l'œil gauche est de — 3,25 dioptries; plaçons devant cet œil un verre concave correspondant à — 2,50 dioptries, le plan focal postérieur se trouve ainsi en avant de la couche des cônes et des bâtonnets, et l'image rétinienne est donc défectueuse. Si, dans ces conditions dioptriques, nous lançons un faisceau lumineux dans l’œil droit, nous obtenons encore une augmentation sensible de l’acuité visuelle de l'œil gauche. Nous avons varié le pouvoir divergent des concaves employés jusqu’à concurrence de — 3 diop- tries, et nous avons toujours constaté une améliora- tion de l’acuité visuelle sous l’influence d’une excita- tion lumineuse indirecte. Nous sommes arrivés aux mêmes résultats en expérimentant sur l’œil droit de M. H., dont la myopie est de — 2 dioptries et la vision équivalente à t/.. Nous avons essayé de déterminer approximati- vement quelle est la valeur exprimée en dioptrie _ BULL. SOC. SC. NAT. T. XX 2) Ie ÉLUS de cette augmentation visuelle produite par le dé- placement du plan focal rétinien. Pour cela, nous armions l’œil gauche de M. H. de verres concaves corrigeant incomplètement sa myopie qui, on s’en souvient, est de — 3,25 dioptries; nous lancions alors un faisceau de lumière dans l’œil droit auquel répondait une image rétinienne d’une certaine net- teté, puis nous notions la correction complémentaire qu'il fallait ajouter à ces concaves, pour obtenir, sans l’excitation lumineuse, une image rétinienne d’une égale netteté. Nous avons trouvé par ce pro- cédé que cette correction complémentaire était de — 0,25 dioptrie. Donc leffet visuel produit par une excitation lumineuse indirecte est identique à celui que donnerait un verre concave de — 0,25, placé devant l’œil de M. H. Aïnsi, avec un concave de — 1,25 dioptrie et sous l’action du faisceau de lumière, l'acuité visuelle est égale à celle que donne un con- cave de — 1 ,50 dioptrie, sans l’action lumineuse. Le chiffre de — 0,25 doi trouvé dans les conditions expérimentales que nous venons de décrire représente une moyenne. Îl peut varier dans certaines limites suivant l’état physiologique des personnes en expé- rience; ces limites sont comprises entre — 0,25 et — 0,35 dioptrie. Nous ne nous sommes pas servis dans nos expériences avec M. H. de verres convexes, qui auraient eu pour conséquence d’accentuer la myopie, mais nous avons essayé de surcorriger cette dernière en employant des concaves d’un pouvoir divergent supérieur à — 3,25 dioptries. Dans ces conditions, le plan focal postérieur est reporté un peu en arrière de la couche des cônes et des bâtonnets, et l'œil gauche de M. H. est devenu hypermétrope. RL Si nous projetons alors un faisceau de lumière dans l'œil droit, l'impression d’un léger accroissement de l'intensité lumineuse parait persister, mais l’image rétinienne devient moins nette, un peu plus diffuse. Les résultats obtenus en surcorrigeant la myopie sont moins précis, moins concluants que ceux obtenus en la sous-corrigeant, car il s'y associe un nouvel élé- ment, la variation du milieu dioptrique lui-même. L'œil devenu hypermétrope par les concaves forts permet au muscle ciliaire d'entrer en jeu et les effets de l’accommodation, ramenant sur la couche des cônes et des bâtonnets le plan focal postérieur, peu- vent annuler ou en tous cas diminuer l’action du faisceau lumineux. Nous nous sommes un peu étendus sur les expériences faites avec M. H., afin de mieux préciser notre manuel opératoire et, parce qu'en sa qualité d’astronome, M. H. est habitué aux observations délicates et précises. Nous passe- rons plus rapidement sur les autres cas que nous avons à citer. M. N., professeur, est emmétrope. La vision est normale, égale à 1. Si nous armons l'œil droit de M. N. de verres convexes, de manière à le rendre myope, et qu'on lance un faisceau de lumière dans l'œil gauche, l'excitation lumineuse s’accompagne d'une augmentation de netteté dans l’image perçue. Les lettres de l’échelle typographique ressortent da- vantage; elles paraissent plus fortement éclairées et deviennent plus distinctes. Chez M. N., on peut esti- mer à — 0,25 dioptrie la myopie expérimentale pro- duite par l’action du faisceau lumineux sur l’autre œil. M. N. ne parvient pas à apprécier en fraction de seconde le temps nécessaire pour que l’image nn FIST eat rétinienne acquière sa plus grande netteté sous l’in- fluence de la lumière. Il estime que la réaction de l'œil droit est presque instantanée et qu’elle met plus de temps à s’évanouir qu’à se produire. M. L., professeur, auparavant astronome, est myope. Les deux yeux ont une myopie de — 6 et une vision égale à */,. L'examen ophthalmoscopique montre un staphylôme bordant la papille du nerf optique. M. EL. est atteint d’une diplopie monoculaire beaucoup plus accusée à l'œil droit qu'à l'œil gauche. Cette diplopie gêne un peu nos observations; cependant, sous l’in- fluence d’un faisceau de lumière tombant dans l’œil gauche, l’acuité visuelle de l’œil droit s'améliore légè- rement et les lignes de l'échelle typographique pa- raissent mieux éclairées. Avec des concaves sous- correcteurs, c’est-à-dire dont le pouvoir divergent est inférieur à — 6 dioptries, M. L. ressent les mêmes effets physiologiques, et l'amélioration produite par l'excitation lumineuse indirecte correspond, comme dans les expériences précédentes, à — 0,25 dioptrie. Si maintenant nous lançons le faisceau lumineux dans l'œil droit de M. L., l'œil gauche, dont la myopie est aussi de — 6 dioptries, mais dont la diplopie est moins marquée, réagira davantage. Avec une correc- tion presque complète, certaines lettres comme le N, indistinctes dans les conditions ordinaires, deviennent plus nettes sous l'influence de l’excitation lumineuse. M. L. estime qu'il s'écoule une demi-seconde environ Jusqu'à ce que la réaction se manifeste dans l’œil non éclairé. Chez M. M., micrographe, l'œil droit est nor- mal, d’une vision égale à 1, l’œil gauche est plus faible, légèrement myope. Nous n’expérimentons ab qu'avec l’œil normal. M. M. constate une augmenta- tion d’acuité visuelle, et l'impression d’un éclairage plus fort de l'échelle typographique se produisant lorsque l'œil est armé de verres convexes faibles ten- dant à le rendre myope. Il évalue de une demi à trois quarts de seconde le temps nécessaire pour que l’image rétinienne acquière son maximum de netteté après l’action du faisceau lumineux. M. B., professeur, est emmétrope, sa vision est égale à 1. L’œil droit est normal, l'œil gauche est astigmate. Sous l'influence de l'excitation lumineuse, l'acuité visuelle de M. B. devient un peu meilleure et l'intensité de l’image rétinienne augmente, lorsque l'œil droit est armé de verres convexes, dont le pou- voir convergent varie de + 0,25 à + 2 dioptries. Même avec des convexes forts dont l’action ne peut être compensée par le relâchement du muscle ciliaire, l'amélioration de l’acuité visuelle se fait toujours sentir, mais cet effet est, il va sans dire, plus marqué lorsque l'œil est armé de faibles verres convergents. Avec le convexe + 0,50, par exemple, le léger brouillard qui voile l’image rétinienne se dissipe presque complètement sous l'influence de l'excitation lumineuse. Nous avons vu jusqu’à présent que chez les individus atteints de myopie ou rendus myopes à l’aide de verres convexes, l'effet produit par l’action d’un faisceau de lumière est le même que si la couche des cônes et des bâtonnets se rapprochait du plan focal postérieur situé en avant d’elle. Il était intéressant de voir comment se comporterait dans les mêmes conditions expérimentales un œil normal rendu hypermétrope par des verres divergents. Nous avons armé l’œil droit de M. B. de concaves d’abord LME ee faibles, puis plus puissants. Ces expériences ne nous ont pas donné des résultats satisfaisants. Elles sont beaucoup plus fatigantes pour l'œil rendu hypermé- trope que pour l’œil rendu myope, à cause des efforts d’accommodation dont elles s’accompagnent. Pour bien étudier les phénomènes physiologiques qui s’ac- complissent dans l'individu hypermétrope sous l'in- fluence d’une excitation lumineuse, il faut se servir de concaves d’un pouvoir divergent de — 2 à — #4 dioptries. Si l’on prend des concaves trop faibles de — 0,25 à — 0,50, par exemple, leur action est facile- ment neutralisée par le muscle ciliaire qui ramène le plan focal sur la rétine, et nous nous retrouvons placés dans les mêmes conditions expérimentales que pour l'œil normal ou légèrement myope. Avec les concaves forts, il y a, en plus du sentiment de fatigue, un second inconvénient, c’est le peu de netteté des images rétiniennes. Les lettres de l'échelle typographique sont voilées d’un brouillard dans lequel elles apparaissent comme au travers d’une trouée lorsque la contraction du muscle ciliaire parvient à contrebalancer la divergence des concaves employés. L’excitation lumineuse semble augmenter faiblement l’excitabilité du muscle accommodateur. Il résulte des expériences faites sur l’œil droit rendu hypermé- trope de M. B. que les lettres de l'échelle typogra- phique paraissent mieux éclairées, mais, par contre, que leurs images rétiniennes deviennent plus diffuses, moins nettes. Ainsi, l’effet produit sur l’acuité visuelle par une excitation lumineuse diffère suivant que le sujet est myope ou hypermétrope. Gette acuité est lésèrement augmentée dans le premier cas, légère- ment diminuée dans le second. M. B. estime que cette augmentation de l’acuité visuelle devient maxima environ 0,5 seconde après la pénétration du faisceau de lumière dans l’autre œil; elle persiste plus long- temps, une seconde à peu près, lorsque l’action lumi- neuse à cessé. M. V., oculiste, est emmétrope, l'œil droit est fai- blement astigmate. La vision pour les deux yeux est égale à 1. Nous avons fait sur lui de nombreuses expériences qui confirment les observations précé- dentes. M. V. a toujours constaté, sous l'influence du faisceau de lumière, une augmentation de l’acuité visuelle et une plus grande netteté de l’image réti- nienne perçue, lorsque l'œil est armé de convexes le rendant myope. Dans ce dernier cas, l'effet pro- duit est le même que si l’on diminuait la myopie de — 0,25 dioptrie au minimum. Certaines lettres de l'échelle typographique, mal définies lorsque l’autre œil n’était pas éclairé, deviennent plus lisibles sous l'action de la lumière. Cette impression d’une plus grande netteté dans la définition des lettres se main- tient pendant toute la durée de l’excitation lumineuse et persiste environ une seconde après que cette exci- tation a cessé. Pour varier les conditions d'opération, nous nous sommes servis non seulement de l'échelle typographique des lettres, mais aussi de celle des points !, laquelle nous a donné les mêmes résultats. Après avoir étudié l’action de la lumière sur l'œil rendu myope de M. V., nous avons cherché, à titre de contre-épreuve, à voir comment réagirait l'œil rendu hypermétrope à l’aide de verres concaves, expériences que nous avions déjà faites avec M. H. et M. B. 1 Dr Burchardts, Internationale Sehproben. Nous avons encore constaté avec M. V. qu'il est nécessaire d'employer des concaves forts afin de neu- traliser autant que possible l’action du muscle ciliaire, en exigeant de lui son maximum d’eflort accommo- dateur. Avec des verres divergents de — 4 à — 5 dioptries, M. V. parvient, par une contraction éner- gique de son muscle ciliaire, à ramener le plan focal postérieur sur la couche des cônes et des bâtonnets. Nous lançons le faisceau de lumière seulement lors- que l’accommodation a réussi à annuler l'effet des concaves, ce qui nous est indiqué par un signe de M. V. L’excitation lumineuse détermine momentané- ment une légère diminution de la netteté des images rétiniennes. Celles-ci deviennent plus diffuses et il faut un nouvel effort accommodateur pour remettre l’image au point. Par contre, l'impression de l’aug- mentation de l'intensité lumineuse s’observe aussi dans l’œil rendu hypermétrope, mais elle est moins marquée que dans l’œ1il myope. Le rôle compensateur joué par le muscle ciliaire ex- plique pourquoi, dans ces diverses expériences, nous nous sommes plutôt adressés à dès personnes myopes ou emmétropes qu’à des sujets hypermétropes. Pour ces derniers, il faudrait commencer par supprimer l’action accommodatrice à l’aide de mydriatiques tels que le sulfate d’atropine ou le salicylate de duboi- sine; mais ce procédé n’est guère utilisable, car les personnes en expérience se refusent généralement à l'emploi de substances dont l'effet paralysateur per- siste pendant un assez grand laps de temps. Nous avons préféré, pour étudier les phénomènes physiologiques qui accompagnent l'excitation lumi- neuse dans l’œil hypermétrope, créer sur nous cette TS. mpoee anomalie visuelle en nous servant de verres concaves. Cependant, nous avons aussi expérimenté sur un sujet naturellement hypermétrope, M. K., négociant, dont l'œil gauche, d’une vision égale à */,, est corrigé par un convexe d’une puissance réfringente de 4 dioptries. Avec des convexes sur-correcteurs, l’acuité visuelle de M. K. est légèrement améliorée par l'excitation lumi- neuse et en même temps les lettres de l'échelle typo- graphique lui paraissent mieux éclairées, elles res- sortent davantage. En armant l'œil gauche de M. K. de convexes sous-correcteurs, les résultats sont con- tradictoires, la vision est tantôt un peu plus nette, tantôt un peu moins nette, ce qui s'explique par l'intermittence de l’action accommodatrice, laquelle masque l’effet produit par la projection du faisceau de lumière. Il est inutile de compléter davantage la liste des personnes qui ont bien voulu se prêter à nos expé- riences. Nous avons toujours observé, sous l'influence de l’action lumineuse, les mêmes effets généraux : 1° une légère augmentation de l’acuité visuelle se tra- duisant par une meilleure définition des lettres et des points des échelles typographiques: elle s'ob- serve chez les sujets atteints de myopie et chez les emmétropes rendus myopes à l’aide de verres con- vergents; 2 une légère augmentation dans l'inten- sité lumineuse de l’image; les lettres et les points ressortent mieux et paraissent plus éclairés qu’aupa- ravant. Nous avons décrit jusqu’à présent les phéno- mènes physiologiques internes qui se produisent par voie réflexe dans l'œil non éclairé et qui accom- pagnent la projection du faisceau de lumière dans l’autre organe visuel. Pour être complets, il nous reste Le NOR es à indiquer les réactions de l’œil non éclairé, visibles extérieurement. Chaque projection lumineuse déter- mine un rétrécissement de la pupille dans les deux yeux, ainsi que nous l’avons déjà mentionné. Celle-ci se contracte assez vivement tout d'abord, puis elle se relâche un peu et reste dans cet état de demi- contraction jusqu’à ce que l’action de la lumière ces- sant, elle reprenne son diamètre primitif. Nous avons aussi cherché à voir s’il se produisait, dans les condi- tions expérimentales où nous opérions, une variation des images catoptriques de l'œil. Si l’on place au- devant du globe oculaire un objet lumineux faisant avec l’axe visuel un angle d'environ 30°, cet objet sera réfléchi par les milieux dioptriques, cornée et cristallin. Il apparaitra ainsi trois images dont la première, la plus brillante, est formée par la cornée transparente; la seconde, par la face antérieure du cristallin ; la troisième, par la face postérieure de cet organe. Ces images de réflexion dépendant du degré de courbure des milieux dioptriques, varieront soit dans leur grandeur, soit dans leur position relative, suivant l’état d'accommodation de l'œil, puisque cet état se modifie d’après les changements de courbure de la surface critallinienne. Or, il nous a paru, en expérinentant sur des sujets à vision normale, que la projection d’un faisceau lumineux ne déterminait aucun changement appréciable dans la grandeur et la position relative des images catoptiques de lPœil non éclairé. Nos expériences ont été faites principalement le soir; cependant, nous les avons répétées en plein jour sur nous-mêmes, afin d'en mieux contrôler les résultats. Nous avons conservé le même dispositif et, FM Abe dans une salle bien éclairée par la lumière solaire, nous avons projeté dans un des yeux un faisceau lumineux provenant d'une simple lampe à pétrole. Malgré le peu d'intensité de cette source lumineuse, nous avons observé dans l'œil non éclairé les effets physiologiques déjà décrits, ils sont seulement moins accusés. Si l’action du faisceau de lumière est moins sensible de jour, cela tient à ce que la différence d'intensité entre l'éclairage des échelles typographi- ques et la source lumineuse projetée dans l'œil du sujet est beaucoup moins considérable le jour que le soir. Nous avons constaté de nuit qu’en diminuant l'intensité de la source lumineuse, tout en gardant le même éclairage des échelles typographiques, les effets physiologiques deviennent aussi moins marqués. Nous venons de décrire les phénomènes observés dans nos diverses expériences; il nous reste encore à en trouver l'interprétation. Comme il s’agit principa- lement d'une variation de la perception visuelle, il parait naturel, au premier abord, d’en chercher la cause soit dans une réaction de la couche des cônes et des bâtonnets, soit dans une réaction des milieux dioptriques de l'œil. Les cônes et les bâtonnets se raccourcissent sous l'influence de la lumière, ainsi que l’a démontré Engelmann, et se rapprochent de la membrane limi- tante externe. Ce raccourcissement des éléments photo-sensibles de la rétine suffit-il à expliquer les changements visuels de l’œil en expérience? Nous ne le croyons pas. Sans exposer ici à nouveau les raisons pour lesquelles nous ne saurions admettre que le nerf optique soit à la fois sensitif et moteur, et serve à transmettre aux éléments rétiniens des excitations centrifuges partant de l’encéphale, nous pouvons résoudre cette question en nous plaçant à un autre point de vue. Nous avons établi expérimen- talement que l'effet visuel déterminé par une excita- tion lumineuse indirecte sur une personne myope ou rendue myope est identique à l'effet produit par un verre concave de — 0,25 dioptrie dont on armerait l’œil du sujet. C'est-à-dire que la couche des cônes et des bâtonnets paraît s'être avancée d’une certaine quan- tité vers le plan focal postérieur. Nous supposons, bien entendu — et en cela nous ne nous écartons pas de la réalité — que les conditions dioptriques restent constantes pendant la durée des expériences. La petite quantité dont les éléments rétiniens se sont déplacés sous l’excitation lumineuse est facilement calculable à l’aide d’une formule développée tout au long dans le tome deuxième du Traité d’ophthalmo- logie de de Wecker et Landolt. Les systèmes dioptriques étant égaux, la différence de longueur entre un œil amétrope et l’œ1l normal Là LA est donnée par la formule 7” JE dans laquelle F’ — première distance focale principale de l'œil == 19024080) F”” — seconde distance focale principale de l'œil == UM TU l’ — distance du punctum remotum au foyer anté- rieur de l'œil; |" — différence de longueur entre l'œil amétrope et l'œil normal. Le produit F’F” est de 15,4983 >< 20,7136 = 321 millimètres, en négligeant les décimales. La formule 8 26) 321 , devient donc !” — Tr Mais l’ n’est que la distance focale du verre correcteur exprimée en millimètres. Admettons, pour fixer les idées, que l’ soit égal à 1 dioptrie, soit 1000 millimètres, nous avons: pour An D L'HOpirie LE — 1000 — Omm 321 ou 321u, c’est- à-dire que pour une mvopie d’une dioptrie, l’œil a ? une longueur axiale dépassant de 321 microns celle de l'œil normal. Nous pouvons encore exprimer ce résultat sous la forme suivante: l'effet produit en armant un œil myope d’un concave dont le pouvoir divergent égale À dioptrie est le même que si l’axe optique s'était raccourci de 3214. Nous avons vu que chez les myopes ou chez les emmétropes rendus myopes, l'augmentation d’acuité visuelle correspon- dait à la correction d'un concave de 0,25 dioptrie; 321 l’ y trie, soit à 4000 millimètres. de distance focale. Nous RS OR ER ONE CR ent TS FA rot AOOOEEST te ou 80u. Le concave 0,25 dioptrie produit donc le même effet que si l’axe optique s'était raccourci de 80m. Ainsi, les conditions dioptriques demeurant constantes, l'excitation lumineuse détermine dans l'œil myope un déplacement de la couche des cônes et des bâtonnets équivalant au minimum à 80 mi- crons. Ce déplacement se fait dans un sens positif, c'est-à-dire qu’il rapproche les éléments rétiniens du plan focal postérieur. La correction de — 0,25 diop- trie correspondant à l'augmentation d’acuité visuelle sous l'influence d’un faisceau de lumière est un mi- faisons dans la formule [7 — l’ égale à 0,25 diop- Le TE ue nimum; cette correction peut aller jusqu'à — 0,35 dioptrie. Si nous faisons !’ — 0,35 dioptrie, soit une distance focale de 2867m, nous obtiendrons js 2807 nier cas, la couche des cônes et des bâtonnets se serait rapprochée du plan focal postérieur de 112 microns. Comparons ces données avec celles que fournit l’histologie de la rétine. L’épaisseur de cette mem- brane est de O0Mm,45 au voisinage immédiat de la papille du nerf optique. Âu niveau de la fosse cen- trale, cette épaisseur diminue, elle n’est plus que de Omm 1, Les cônes et les bâtonnets ont dans l'œil humain une épaisseur de O"m,002 et une longueur moyenne de Omm,064, soit 64 microns. A supposer que ces éléments subissent une contraction maxima en prenant comme point d'appui la couche granu- leuse externe, le déplacement de la couche des cônes et des bâtonnets sera en tous cas inférieur à 64 mi- crons, puisque la contraction ne peut égaler ou excé- der la longueur des éléments contractiles. Et nous basons notre calcul sur les conditions les plus favo- rables, conditions qui ne se réalisent même pas dans la nature, car dans les cônes et les bâtonnets les seg- ments internes seuls sont contractiles. L'action de ces derniers se traduirait par un changement de position de la couche rétinienne externe ne dépas- sant pas 32 microns. Le déplacement des éléments récepteurs de la rétine sous l'influence d’une excita- tion lumineuse étant au minimum de 80 microns, au maximum de 112 microns environ, ne peut avoir pour cause la contraction des cônes et des bâtonnets, — Omn,112 ou 112 microns. Dans ce der- CRE ire: puisqu'il excède passablement la longueur de ces derniers. Il ne dépend pas d’une contraction locale de telle ou telle couche de la rétine, mais parait plutôt se rapporter à un mouvement d'ensemble de celle-ci. On nous objectera peut-être que nous n'avons pas tenu compte, en établissant nos calculs, des variations que subissent les milieux dioptriques de l'œil en expérience, variations qui peuvent influer sur les chiffres exprimant le déplacement de la couche des cônes et des bâtonnets, et en augmenter, par exemple, la valeur. Pour répondre à cette objec- tion, il nous suffira de discuter la seconde interpréta- tion probable des phénomènes observés, laquelle attribue l'augmentation de l’acuité visuelle produite par l'excitation lumineuse à une réaction des mi- lieux dioptriques. Prenons comme type l’'emmétrope; la cornée trans- parente, l'humeur aqueuse, l'humeur vitrée ont un pouvoir dioptrique demeurant constant pour chacun de ces milieux, que l'œil fixe un objet plus ou moins rapproché ou quil reçoive une quan- tité de lumière plus ou moins grande. Ces parties réfringentes n’ont, dans leur état normal, qu’un rôle physique à remplir. Elles modifient la marche des rayons lumineux qui les traversent, comme le ferait un milieu physique quelconque possédant la même densité. Le cristallin représente lui aussi une lentille réfringente, mais son rôle physique est lié à un rôle physiologique; le degré de courbure de ses faces antérieure et postérieure se modifie par un mécanisme particulier, de sorte que le pouvoir dioptrique de cet organe varie suivant la distance à laquelle l’objet lumineux est placé. Le cristallin, par l'intermédiaire du muscle ciliaire, fonctionne comme appareil accommodateur et tend à déplacer, soit en avant, soit en arrière, le plan focal postérieur de l'œil. Ainsi, dans l’organe visuel, le cristallin est le seul milieu dioptrique qui puisse exercer une influence sur la netteté de la vision, en mettant au point l'image rétinienne. Peut-on rapporter à cet organe les phénomènes physiologiques qui ont accompagné dans toutes nos expériences l’excitation lumineuse indirecte? Nous ne le croyons pas. Pour élucider cette question, 1l eût été désirable de supprimer au préalable l’action accommodatrice du muscle ciliaire à l’aide de mydriatiques, afin de voir si, ce muscle une fois paralysé, l’excitation lumineuse entrainait toujours les mêmes effets dans l’œil non éclairé. Nous n'avons pu utiliser cette méthode dans toutes nos expériences, mais nous avons constaté sur nous- mêmes la persistance des phénomènes physiologiques précités, après avoir paralysé notre muscle ciliaire par l’atropine. Ces phénomènes sont donc indépen- dants des variations de courbure du cristallin. Remarquons du reste que nous nous trouvions dans les conditions expérimentales les plus favorables pour rendre l'influence accommodatrice aussi faible que pos- sible. Nous nous sommes placés à une assez grande dis- tance des échelles typographiques, en général à trois mètres, parfois jusqu’à six mètres de ces dernières, et nous faisions toujours viser les séries de lettres ou de points correspondant au maximum de l’acuité visuelle des sujets. Nous ne lisions les échelles typo- graphiques qu'avec un œil, de sorte que la vision LEA ‘ONE étant monoculaire nous rendions presque nuls les effets de la convergence. La distance à laquelle se trouvaient les lettres visées demeurant constante avant, pendant et après l'excitation du faisceau lumi- neux, l’action accommodatrice se trouvait ainsi ré- duite au minimum. Mais il y a plus: nous pouvons donner la preuve indiscutable que le cristallin n’est pas la cause des phénomènes physiologiques observés dans nos expériences. On sait que, dans l’œil emmé- trope fixant des objets lointains, l’accommodation est au repos, c’est-à-dire nulle. Le punctum remotum pour lequel, dans l’'emmétrope, l’accommodation est nulle, est situé théoriquement à l'infini; dans la pra- tique, on admet que cet infini commence à cinq ou six mètres de distance. Armons d’un verre convexe l’œil normal adapté à une distance de trois mètres, nous le rendons momentanément myope, car nous reportons, à l’aide de cette correction, le plan focal postérieur en avant de la couche des cônes et des bâtonnets. Si la correction est suffisante, le muscle ciliaire se trouvera à son maximum de relâchement sans pouvoir contreba- lancer l'effet du verre convexe, car l’action accommo- datrice n’est, par sa nature même, que positive. Elle peut aller de 0 à + un certain nombre de dioptries, mais non de Ô à — un certain nombre de dioptries. Projetons dans ces conditions un faisceau de lumière, l’acuité visuelle de l’œil non éclairé s'améliore. Cette amélioration est-elle due à la mise en activité du cristallin par l'excitation lumineuse”? Non, car cet organe étant à son maximum de relàchement, sa mise en activité augmenterait son degré de courbure et l’effet produit s’ajouterait à celui du verre convexe au lieu de s’en retrancher. Il y aurait diminution de BULL, SOC. SC. NAT. T. XX 6 ur ODANNERS l’acuité visuelle par accroissement de myopie et non augmentation de celle-ci. L'amélioration relative de la vision persiste, que nous armions l’œil emmétrope de convexes plus faibles ou de convexes plus forts, et peut toujours être évaluée en moyenne à 0,25 dioptrie. Elle est donc indépendante de l’accommo- dation, puisque cette dernière est sous-corrigée par les verres convergents, et qu’elle produirait, en s'exer- çant, une action inverse de celle constatée par l’expé- rience. Ce que nous venons de dire s'applique aussi à l'œil myope visant les lettres ou les points d’échelles typographiques placées à trois mètres de distance ou davantage. Le muscle ciliaire est dans ces conditions complètement relâché; il en est de même, si on arme l’œil de verres concaves ne corrigeant pas tout à fait le degré de myopie du sujet. Sous l’excitation lumineuse, l’acuité visuelle du myope s'améliore, des lettres peu distinctes deviennent lisibles, et 1ci encore l’entrée en activité du cristallin devrait pro- duire l'effet inverse, puisque, avant de projeter le faisceau de lumière, l’accommodation est déjà au repos. Rappelons à titre de fait confirmatif que, dans nos expériences, la position des images catoptriques réfléchies par le cristallin demeure invariable, pourvu que la distance du point fixé par l'œil reste cons- tante. Chez l’hypermétrope, l'appareil accommodateur joue un rôle important et compense plus facilement que chez l'emmétrope ou le myope l’action des verres correcteurs. Avec des convexes sur-correcteurs ren- dant nulle l’accommodation, l'amélioration visuelle par l'excitation lumineuse persiste. Avec des convexes SAN. : He sous-correcteurs, reportant le plan focal postérieur en arrière de la couche des cônes et des bâtonnets, les expériences donnent des résultats contradictoires, car l'effet de l’excitation lumineuse est masqué par le jeu du muscle ciliaire tendant à ramener sur la rétine le plan focal postérieur. Il faut alors recourir à des verres dont le pouvoir réfringent s’exerçant en sens inverse soit égal et même légèrement supérieur à l'amplitude accommodatrice de l'œil hypermétrope considéré. On constate, dans ces expériences où l’ac- commodation est sur-corrigée, que la projection du faisceau de lumière diminue l’acuité visuelle et rend plus diffus les traits des lettres visées. Nous voyons par ce qui précède que l'effet physio- logique accompagnant l'excitation lumineuse se pro- duit toujours dans le même sens. Il augmente la netteté de la vision chez les myopes, c’est-à-dire chez les personnes dont l’axe optique est trop long; il diminue cette netteté chez les hypermétropes, dont l'axe optique est trop court. Il détermine ainsi, d’une manière générale, un raccourcissement de cet axe. Cet effet ne peut être attribué, comme nous venons de l’exposer, à une variation des milieux dioptri- ques, et en particulier du cristallin, de sorte que nous étions en droit de négliger l’action de ces mi- lieux dans l'évaluation numérique que nous en avons donnée. Les phénomènes physiologiques dont l'œil non éclairé est le siège, ne sont explicables ni par une contraction des cônes et des bâtonnets, n1 par une réaction du mécanisme accommodateur, ni par le rétrécissement pupillaire, comme nous l'avons déjà exposé. Il faut en chercher l'interprétation ailleurs que dans l’activité propre des éléments rétiniens, ou que dans celle du muscle ciliaire. [ls correspondent, ainsi que nous l’avons établi, à un léger raccourcis- sement de l’axe optique, et doivent donc être provo- qués par un mouvement des couches photo-sensibles de la rétine. Puisque ce mouvement, dont l'amplitude est de 80 microns environ, ne peut dépendre des élé- ments rétiniens eux-mêmes, il faut en chercher la cause dans une pression s’exerçant sur la couche des cônes et des bâtonnets, et se transmettant par leur intermédiaire aux couches plus profondes de la rétine. Cette pression ne peut être provoquée que par une turgescence de la choroïde. Cette mem- brane est riche en vaisseaux sanguins, et les nom- breuses ramifications vasculaires qu’elle renferme laissent écouler une quantité variable de sang, sui- vant les conditions physiologiques. Sous l'influence d’une excitation lumineuse, il se produit un afflux du liquide sanguin dans le réseau choroïdien; ce dernier fonctionnant comme un appareil érectile dé- termine une pression sur le fapetum nigrum, et, par contre-coup, sur la couche des cônes et des bâtonnets. Ceux-ci s’avancent d’une certaine quan- tité vers les couches internes de la rétine, et raccour- cissent ainsi légèrement l’axe optique. Lorsque cesse l'excitation lumineuse, la turgescence vasculaire de la choroïde diminue, et les éléments rétiniens re- prennent leur position première. La rétine, dans son ensemble, subit l'influence de cette pression sanguine, mais l’action de celle-ci doit se faire sentir avec le plus d'énergie dans la partie de la membrane réti- nienne qui touche à la choroiïide. Me dE Nous ne pouvons donner de preuves directes de la fonction érectile de la choroïde, des expériences ten- dant à démontrer cette fonction ne seraient guère exécutables sur l’homme. Les preuves indirectes nous paraissent du reste suffisamment démonstratives; elles sont fournies soit par la structure histologique de la tunique vasculaire de l'œil, soit par les phéno- mènes physiologiques mêmes que provoque l’excita- tion lumineuse. La riche vascularisation de la cho- roide plaide en faveur de cette fonction érectile, et l’observation démontre que les capillaires choroïdiens peuvent être plus ou moins engorgés'!. Les ramifica- tions vasculaires sont souvent accompagnées de fibres musculaires lisses et surtout d’un réseau nerveux d’une grande importance. Les nerfs qui pénètrent dans la choroïde proviennent soit de l’encéphale (troisième et cinquième paires craniennes), soit du système sympathique. Ils donnent naissance à deux réseaux nerveux, dont l’un se distribue aux fibres du muscle ciliaire, et dont l’autre se met en rapport avec les vaisseaux choroïdiens. Ce dernier réseau, qui part de la lame superchoroïdienne et traverse la tunique vasculaire, présente sur son trajet des cel- lules nerveuses qui se groupent parfois en petits amas ganglionnaires. Le développement remarquable du réseau vaso-moteur de la choroïde, la présence de fibres musculaires accompagnant les vaisseaux de cette membrane prouvent que la circulation sanguine y est placée sous la dépendance d'un mécanisme réflexe très sensible qui en règle l’écoulement. Sui- vant l'excitation nerveuse reçue, les parois des capil- laires seront en état de contraction ou de dilatation, 1 Voir la note à la fin du mémoire. et la masse sanguine qui traverse la tunique vascu- laire de l'œil subira des fluctuations correspondantes. Les vaisseaux choroïdiens ne servent pas seulement à la nutrition du globe oculaire, le réseau de fibres nerveuses et de cellules ganglionnaires qui s’y distri- buent leur permet de se gorger ou de se dégorger rapidement de sang. Par sa structure histologique, la choroïde représente donc un organe éminemment érectile. Les phénomènes physiologiques provoqués par la projection d’un faisceau de lumière parlent aussi en faveur de ce rôle érectile. Nous avons vu qu'ils ne s'expliquent ni par une contraction des cônes et des bâtonnets rétiniens, ni par une modification des mi- lieux dioptriques de l’œil, et qu'il faut en chercher la cause dans une turgescence de la choroïde. Cet état turgescent permet de comprendre non seulement l'amélioration visuelle et l'augmentation de linten- sité lumineuse observée par nous chez les individus myopes, mais encore les faits décrits par Engelmann et par d’autres observateurs. Sous l'influence de la lumière, les cônes et les bàtonnets se raccourcissent et les cellules pigmentaires suivent ce mouvement. Ces réactions des éléments photo-sensibles de la rétine peuvent se produire par simple voie réflexe, sans excitation lumineuse directe. Wiedersheim en a déduit que le nerf optique est à la fois sensitif et moteur. Cette hypothèse rendrait compte à la rigueur de la contraction des cônes et des bâtonnets, mais, outre les difficultés d'ordre physiologique qu'elle sou- lève, elle ne saurait expliquer les mouvements des cellules pigmentaires, lesquelles ne sont pas en rela- tion avec les fibres du nerf optique. DR ae ve: Les observations d'Engelmann s’éclairent d’un jour tout nouveau, si on les interprète comme une con- séquence de la fonction érectile de la choroïde. L’ex- citation lumineuse déterminant une circulation plus active dans cette tunique de l'œil, celle-ci augmen- tera de volume et exercera une pression sur les couches adjacentes. Le {apetum nigrum, qui s'appuie contre la choroïde, subira en premier cette pression et la transmettra à la. rétine, principalement à la rangée des cônes et des bâtonnets dont le segment externe est en contact avec les cellules pigmentaires. Le segment externe de ces éléments rétiniens est cuticulaire, résistant; il ne change pas de forme sous la poussée du tapetum nigrum. Leur segment interne est, au contraire, granuleux, plus plastique, et se raccourcit sous l'influence de la pression choroi- dienne. Les autres couches de la rétine doivent aussi en ressentir le contre-coup, mais plus faiblement. Ainsi, il n’est nullement nécessaire, pour expliquer les actions réflexes s’accomplissant dans l'œil non éclairé, de recourir à l'hypothèse d’un nerf optique à la fois sensitif et moteur. Le réflexe n’agit pas direc- tement sur les cônes et les bâtonnets, il actionne le réseau vasculaire de la choroïde, le rend plus tur- gescent et, par son intermédiaire, pousse légèrement en avant les couches postérieures de la rétine. La projection de celte membrane se traduit physiologi- quement par un raccourcissement de l’axe optique, histologiquement par un mouvement des cellules pigmentaires et par une contraction du segment in- terne des cônes et des bâtonnets. La turgescence de la tunique vasculaire correspond à une excitation lumineuse; sa non-turgescence à l'obscurité. Ces relations entre la lumière et une vascularisation plus active sont suffisamment établies pour nous dispen- ser d'en parler longuement. Tout le monde sait que la projection d’un intense faisceau de lumière dans l'œil peut déterminer des hémorrhagies dans cet organe. Les considérations qui précèdent s'appliquent non seulement à l’homme, mais aussi aux autres Verté- brés. Chez ces derniers, nous n'observons que les modifications histologiques produites par l’excitation lumineuse; quant aux phénomènes physiologiques que cette excitation provoque, ils échappent à l’ob- servation directe, mais si nous jugeons par analogie, ils doivent être de même nature que ceux décrits chez l’homme. Le rôle érectile de la choroïde sera plus ou moins marqué, suivant l'importance du réseau vasculaire de cette membrane, et suivant le pouvoir réfringent des milieux dioptriques de l’œil. Chez les poissons, par exemple, dont le cristallin est fort bombé et dont l’appareil accommodateur est peu développé, la présence d’un riche réseau vasculaire choroïdien servant à projeter la rétine serait d’une grande utilité. Peut-être la glande choroïdienne si caractéristique de cette classe joue-t-elle Le rôle d’un appareil érectile et contribue-t-elle à une mise au point plus exacte des images rétiniennes ? Nos expériences ont montré que l'excitation lumi- neuse détermine deux effets principaux : 1° une varia- tion de l’acuité visuelle; 2% une augmentation dans l'éclairage des images observées. Nous nous sommes longuement arrêtés sur le premier de ces effets; disons, pour terminer, quelques mots du second. Les conditions d'éclairage des échelles typographi- ques restant constantes pendant toute la durée des ex- périences, on ne peut donc attribuer à une cause exté- rieure cette augmentation d'intensité. Elle n’est pas due à un effet de contraste, puisque ces échelles typo- graphiques ne sont lues qu'avec un œil. Elle n’est pas provoquée par une excitation réflexe de la rétine, car la netteté des images en serait diminuée et c’est l'inverse qui s’observe. L'augmentation de l'intensité lumineuse ne résul- tant pas d’une augmentation correspondante de l'éclairage ou d’une excitation réflexe de la rétine, doit être, nous semble-t-il, une conséquence de la variation du diamètre de la pupille et de la turges- cence choroïidienne. La pression exercée par cette turgescence, tout en projetant la membrane réti- nienne, diminue la courbure de celle-ci. La couche des cônes et des bâtonnets s'étale légèrement et le nombre des éléments excités par les rayons lumi- neux devenant plus considérable, l’image perçue paraît aussi plus intense. Cet effet se produira, quelle que soit la position du plan focal postérieur, et ceci nous explique pourquoi, dans les yeux hypermé- tropes, l'intensité des images rétiniennes tend à aug- menter sous la projection du faisceau de lumière, alors que l’acuité visuelle s’affaiblit plutôt. RESUNT AU CONCLUSIONS Les faits que nous avons exposés dans le cours de ce travail nous paraissent avoir, par les idées théo- riques qu’ils suggèrent, une certaine importance. Ils complètent les découvertes d'Engelmann et permet- tent, croyons-nous, d'en donner une interprétation satisfaisante. Les excitations lumineuses provoquent, soit directement, soit par action réflexe, des phéno- mènes physiologiques qui se traduisent par une variation de l’acuité visuelle et une augmentation dans l'éclairage des images perçues. Ces phénomènes correspondent à un déplacement de la couche des cônes et des bâtonnets de 80 microns en moyenne chez l’homme. La projection des éléments photo-sensibles de la rétine ne peut s'expliquer que par une érection de la choroïde déterminant une certaine pression sur les cellules pigmentaires et sur les couches réti- niennes externes. Les changements de forme que subissent les segments internes des cônes et des bâtonnets sont certainement une conséquence de cette pression choroïdienne. Le mécanisme érectile de la tunique vasculaire, actionné par un réseau nerveux vaso-moteur très délicat, permet de comprendre pourquoi et com- ment l'excitation lumineuse agit sur les yeux par simple voie réflexe. Tout faisceau de lumière tom- bant sur un des yeux ou même sur une région donnée de la surface du corps, produit une réac- tion vaso-motrice. La choroïde, dont le réseau ca- pillaire est fort développé, réagira elle aussi, mais plus faiblement que si l’œil lui-même était directe- ment excité. La circulation sanguine y deviendra plus active et la turgescence, dont cette tunique est le siège, exercera une pression sur les couches avoi- sinantes et en modifiera la position première. Lorsque l’action réflexe a son point de départ dans la peau, les yeux étant maintenus dans l'obscurité (expériences d'Engelmann sur des grenouilles), les réactions de ces organes sont peut-être provoquées non seulement par les rayons lumineux, mais en partie aussi par les rayons caloriques qui les accompagnent. En ré- sumé, les phénomènes physiologiques constatés par nous chez l’homme, ainsi que les contractions des cônes et des bâtonnets observées par Engelmann dans la série des Vertébrés, sont entre eux dans le rapport de cause à effet. Le changement de position des couches rétiniennes qu’exigent ces phénomènes phy- siologiques entraine le mouvement des cellules pig- mentaires et le raccourcissement des éléments récep- teurs de la rétine. Mais ces deux groupes d'effets, déterminés par l’excitation lumineuse, sont dus, en dernière analyse, à une fonction réflexe d'ordre vaso- moteur, c’est-a-dire à la fonction érectile de la cho- roide. Les conclusions auxquelles nous sommes arrivés dans ce travail ne se rapportent qu’à l’œil des Verté- brés. Les granulations pigmentaires de l'organe visuel des Arthropodes et les cellules qui les renferment réagissent aussi sous l'influence de la lumière. Mais ces réactions ne peuvent être complètement assimi- lées à celles de la rétine des Vertébrés, et le méca- nisme à l’aide duquel elles se produisent chez les Arthropodes n’est en tous cas pas comparable à celui que nous venons de décrire. PME : NOTE Notre travail était déjà à l'impression, lorsque nous avons eu connaissance du mémoire de Nuel sur La vascularisation de la choroide et la nutrition de la rétine, paru dans les Archives d’Ophtalmologie de février 1892. Les conclusions de ce savant confirment indirectement notre manière de voir. Nuel démontre, en effet, que «au niveau de la fovea, l'accumulation des vaisseaux veineux et capillaires est telle que la choroïde y est notablement plus épaisse que partout ailleurs, malgré que la couche des gros vaisseaux y fasse défaut. Et cet épaississement est dû surtout au développement exagéré que prennent les vaisseaux de petit calibre, ayant presque exclusivement la structure de veinules. » Le niveau de la fovea centralis est donc la région de la choroïde, dont la structure capillaire est la plus prononcée, et qui présente par conséquent les con- ditions les plus favorables pour jouer le rôle érectile que nous lui prêtons. DE L'OXYHÉMOGLOBINE ET DE SON DOSAGE APPROXIMATIF Par H. ALBRECHT, Dr-mén. Notice lue à la séance du 11 décembre 1891 L'hémoglobine, ou pour s'exprimer plus scientifi- quement, l’oxyhémoglobine, se rencontre dans les globules rouges du sang chez tous les Vertébrés. C’est elle qui donne la couleur rouge au sang. On la trouve aussi chez beaucoup d’invertébrés, soit dans des globules analogues aux globules sanguins, soit en dissolution dans un sang dépourvu de globules, soit même à l’état libre dans les tissus musculaires et nerveux, et dans la rate. À l’état pathologique, elle se rencontre parfois dans les urines, par exemple après l’empoisonnement par l’acide phénique, résorbé par des plaies et après injection d’eau dans les veines. Dans les globules rouges, l’oxyhémoglobine est unie au protoplasma du globule sans que la science ait encore pu déterminer à quel état elle y est con- tenue. Dans certaines conditions, elle peut s’y ren- contrer à l’état cristallin, et le cristal d’hémoglobine peut alors remplir tout le globule rouge, qui parait ainsi transformé en cristal. La quantité d’hémoglobine contenue dans les glo- bules rouges du sang varie suivant les espèces ani- males. Elle est de 12,3°/, chez l’homme en santé. EN SQ Le mode de formation de l'hémoglobine dans le sang est encore inconnu. On n’a pas pu obtenir jus- qu’à ce jour la matière colorante du sang par voie de synthèse chimique. D’après le professeur Bunge, à Bâle, ce seraient les globules rouges du sang eux- mêmes qui élaboreraient cette substance. IL admet trois étapes de formation. Dans une première, il se formerait une substance colorante encore dépourvue de fer; dans la seconde, cette substance se charge- rait de fer et, dans la troisième, elle s’unirait à une substance albuminoïde pour former l’hémoglobine. La présence de l'oxygène dans les tissus est néces- saire pour produire cette union. Le rôle physiologique de l’hémoglobine est d’ab- sorber l’oxygène de l'air introduit par la respiration dans les poumons. L’oxygène fixé ainsi par l’hémo- globine aux globules rouges du sang est transporté par ce liquide, au moyen de la circulation, dans les vaisseaux capillaires et dans l'intimité des organes, les tissus et cellules. Là, l’oxyhémoglobine perd une partie de son oxygène. Les cellules s’en emparent pour vivre et pour remplir leurs diverses fonctions, et il les quitte sous forme d’hémoglobine réduite, qui est transportée par le sang veineux des capillaires aux veines caves, au foie et au cœur droit. De là, elle est conduite aux poumons pour y subir une nouvelle oxydation. Dans ce parcours à travers l'appareil circulatoire et les tissus, une partie de l’oxyhémoglobine est, comme je viens de le mentionner, réduite et elle donne naissance à un certain nombre de produits de décomposition. Il semblerait que la matière colorante de la bile, la bilirubine, se forme dans le foie, aux ER dépens de l’oxyhémoglobine. Cette bilirubine reparait ensuite dans les urines sous forme d'urobiline. Que cette substance si importante pour l’économie, l’hémoglobine, ait attiré l'attention des médecins chargés de guérir les vices du sang, cela. est facile à comprendre. Dans notre époque de surmenage phy- sique, gastronomique et intellectuel, chaque méde- cin, qu'il pratique à la campagne ou en ville, est constamment appelé à combattre cette hydre aux cent têtes, l’'anémie. Il serait superflu de vous en don- ner la définition et de vous la décrire. Vous la con- naissez tous. Elle commence souvent avec le premier cri de l’enfant et ne s’éteint qu’avec le dernier soupir du vieillard. Il est plus que probable que l’anémie repose sur un affaiblissement héréditaire ou acquis du globule sanguin rouge, qui n’élabore qu’insuffisamment l'hé- moglobine, matière qui doit se charger d'oxygène dans les poumons pour l’apporter aux autres cellules du corps, lesquelles ne peuvent vivre et fonctionner normalement qu'avec le concours de ce précieux gaz. Si ces cellules fonctionnent mal, il est naturel que les globules sanguins rouges ne peuvent y pui- ser les éléments nécessaires pour la formation de l'hémoglobine, et le cercle vicieux se trouve ainsi établi à perpétuité, ou jusqu'à ce qu’un traitement convenable vienne donner une nouvelle vigueur à la totalité des cellules du corps. En recherchant les causes de l’anémie dans le sang, on a voulu les trouver dans la diminution du nombre des globules sanguins rouges. Certes, quand le nombre en est peu considérable, la totalité d’hé- moglobine qu’il renferme est aussi faible et l’oxygé- 2 EN QE nation du sang et des tissus se fait mal. Les causes de destruction ou d'insuffisance de formation de glo- bules sanguins rouges sont multiples. Je signale les abus d’excitants, surtout d'alcool, les veillées, les micro-organismes, les passages d’un âge à un autre, les influences déprimantes morales. On a aussi voulu la rencontrer dans une prédominance des globules blancs sur les rouges, comme dans la leucohémie. Certes, là aussi, la totalité de l’hémoglobine du sang est diminuée, parce que les globules rouges, conte- nant de l’hémoglobine, sont en trop petit nombre. Cependant, Malassez a démontré qu'il n’y a pas un rapport constant entre le nombre des globules et la couleur du sang. Tout dépend de la valeur d’un glo- bule rouge en hémoglobine. Un nombre relativement restreint de globules rouges, mais ayant une moyenne d’hémoglobine suffisante, peut produire un fonction- nement tout aussi parfait qu’un nombre de globules très grand, mais pauvres en hémoglobine. C’est donc la richesse de cette substance qui décide de la valeur du sang. De tout temps les médecins et les physiologistes ont fait des tentatives pour doser la quantité de l’hé- moglobine. On y est parvenu de différentes manières. Je les énumérerai d’après leur valeur scientifique : 1. Procédés chimiques de dosage de l’hémoglobine par le fer, le chlore, la quantité d'oxygène absorbé, la quantité d’hématine formée. 2. Procédés spectro-photométriques. Procédé de Vierordt et sa modification par Hüfner. 3. Procédés diaphonométriques. Procédé de Hé- nocque. É al à Etes 4. Procédés colorimétriques. Je ne me suis occupé dans mes recherches que de ces derniers, et c’est d'eux seuls que je dirai quel- ques mots. Ils sont fondés sur le principe général que si deux solutions de couleur, examinées dans des conditions identiques d'épaisseur et d'éclairage, présentent la même intensité de coloration, leur richesse en ma- tière colorante est la même. Il y a deux façons d'opérer. 1. Procédés à étalon fixe. — On étend d’eau le sang à examiner Jusqu'à ce qu'on soit arrivé à une couleur type, dont on a déterminé à l'avance la ri- chesse en hémoglobine. Sur ce principe est basé l’hémoglobinomètre Gowers-Sahli. Cet appareil se compose de deux petites éprouvettes, dont l’une, dans laquelle se fait le mélange, est graduée de 0 à 140 degrés. On les fixe sur un pied commun pour comparer leur contenu. L'une, l’éprouvette-étalon, est remplie de glycérine au picro-carmin et fermée à la lampe. Sa teinte représente celle d’une solution de sang normal au 100me. L'autre éprouvette, la gra- duée, recoit 20 millimètres cubes du sang à exami- ner, auquel on ajoute de l’eau distillée jusqu’à ce que sa teinte soit la même que celle de l’éprouvette- étalon. On juge de la quantité d’hémoglobine d’après la quantité d’eau qu’il a fallu ajouter ou, pour mieux dire, on déduit la quantité d'hémoglobine de la quan- tité d’eau ajoutée. 2. Procédés à étalon variable. — On étend le sang d'une quantité d’eau toujours la même et on cherche la teinte identique dans une série d’étalons colorés, BULL. SOC. SC NAT. T. XX 7 x ROME correspondant à des quantités déterminées d’hémo- globine. a) Procédé des rondelles coloriées du professeur Hayem, à Paris. Hayem remplace la solution de sang-étalon par une série de rondelles de papier coloriées, n° 4 à 10, correspondant chacune à un certain nombre de glo- bules sanguins par millimètre cube, un chiffre qu’il faut déterminer d'avance par l'examen au microscope en comptant les globules. On remplit deux cellules de verre voisines, formées par deux anneaux de verre, disposées côte à côte sur un porte-objet. L'une de ces cellules reçoit la solution du sang à examiner, 5 millimètres cubes dissous dans 500 millimètres cubes d’eau; l’autre ne contient que de l’eau distillée. On glisse alors successivement sous cette dernière les rondelles coloriées jusqu’à ce que l’une des ron- delles produise la coloration identique à celle de Ja solution sanguine. b) Hémomètre Fleischl von Marxow. Cet appareil est formé par un prisme de verre coloré, dont on compare la couleur à celle du sang dilué, 6!/, milli- mètres cubes de sang dans 1000 millimètres cubes d’eau distillée. Le prisme glisse sous la solution san- guine, mÜû par une crémaillère commandée par un bouton. L’échelle graduée se trouve gravée sur le bord tourné vers le bouton de la crémaillère. Elle est, comme celle de Gowers-Sahli, graduée à cent degrés. Une personne atteinte d’anémie grave n'arrive pas à 40 degrés, anémie de moyenne intensité 60 degrés, sang normal de 90 à 100 degrés ou plus. Comme je n’ai travaillé dans mes recherches com- paratives qu'avec ces trois appareils de Hayem, ne 7 ENS Gowers-Sahli et Fleischl, je ne vous parlerai pas des nombreux autres appareils, inventés dans le même but et qu'on rencontre dans les cliniques des diffé- renis pays. Les résultats obtenus avec les trois appareils, dont je vous ferai tout à l'heure la démonstration, sont assez semblables, mais leur emploi est diversement commode et expéditif. Le procédé avec l'appareil Gowers-Sahli est le plus rapide, mais le moins sûr. L'emploi de l'appareil Hayem est très sûr, mais il prend beaucoup de temps, parce que la détermination de la quantité d'hémoglobine est précédée par le comptage des globules sanguins rouges fait au microscope et suivi d'un petit calcul. Je donne incontestablement la palme à l'appareil de Fleischl, à cause de sa facilité de mouvement et des bons résultats obtenus. Il présente un seul incon- vénient, c’est l'obligation de travailler avec la lumière artificielle, lampe à pétrole ou à gaz. Cependant cet inconvénient n’est que relatif et ne diminue en rien la valeur de l'appareil. Je dépasserais le cadre de ma communication si je voulais entrer dans le détail des résultats de mes recherches. Je ne tenais à vous parler que de l'oxy- hémoglobine et à vous faire la démonstration des appareils couramment employés en médecine pra- tique pour le dosage approximatif de cette impor- tante substance. — 100 — BIBLIOGRAPHIE CONSULTÉE : 1. Georges Hayem, professeur et médecin de l’hô- pital Saint-Antoine, à Paris. Recherches sur l’ana- tomie normale et pathologique du sang. 2. Johannes Ranke, professeur à l’Université de Mu- nich. Das Blut, eine physiologische Skizze. 3. De la crise hématique dans les maladies aiguës, par le Dr Louis Reyne, à Paris. | 4. Landois, L., Dr, professeur, à Greifswald. Lehr- buch der Physiologie des Menschen. 5. Beaunis, professeur de physiologie à Nancy. Phy- siologie humaine. 6. O. Lüw, Pflügers Archiv, tome XXII, 1880. Eine Hypothese über die Bildung des Albumins. 7. Gowers, D' med., Med. Times, 1878. Apparatus for the clinical estimation of the hæmoglobin in blood. 8. Dr Sahli, Dozent in Bern. Korrespondenzblatt der Schweizer-Ærzte, 1886. Das Hémoglobinomètre von Gowers. 9. G. Hayem, à Paris. Expériences sur les substances qui altèrent l’hémoglobine. 10. Fleischl von Marxow, D' med., à Vienne. Jahrb. für Medizin, 1889. Das Hæmometer. 41. D' Wilhelm Waldmann, à Berlin. Was sind und wie wirken Sauerstoffinhalationen ? JE ————— . Hot LES FORCES MOTRICES DU JURA Par G. RITTER, INGÉNIEUR (Communication faite dans la séance du 10 juin 1892) Les forces motrices du Jura français avoisinant notre région peuvent se classer en trois groupes: 1° Celui de la Loue; 20 Celui du Lizon, tributaire de la Loue; 3° Celui du Doubs, comprenant le Dessoubre. Une société en voie de formation et dont j'ai l’hon- neur d’être l’un des fondateurs, m’a chargé de l’éla- boration de ses projets et de son programme écono- mique et industriel embrassant l’utilisation de ces forces. J’ai pensé que cette question d'utilisation et de mise en valeur de forces dont une partie des cantons de Vaud, Neuchâtel et Berne pourront profiter, inté- resse suffisamment notre canton pour que je me croie autorisé à vous faire une communication sur ce sujet; celle-ci ne sera qu'une première ébauche que je me permettrai de compléter l’année prochaine d’une .foule de données scientifiques et techniques que JjJ'étudie en ce moment. Je commencerai par vous exposer le projet qu'il s’agit de réaliser sur la Loue. — 102 — Projet d'utilisation de la Loue. La Loue est une source vauclusienne, de beaucoup la plus importante des eaux souterraines connues, venant sourdre, comme la célèbre fontaine de Vau- cluse, de massifs rocheux du groupe jurassique. Elle sort du massif à 4 kilomètres en amont de Mouthier, dernier village de la vallée d’Ornans, à laquelle la rivière de la Loue donne son nom. | CHUTE. — La chute acquise par la nouvelle société est comprise entre la cote |‘! 4 1 TIENNE sortie des eaux du rocher, et : . ;:. (NS MONS cote du barrage de l’usine limitant la conces- sion, ce qui constitue donc une chute de . 156,53 sur environ 4 kilomètres de parcours. DÉBir. — Le débit de la rivière ne descend en étiage ordinaire guère au-dessous de 4 mètres cubes par seconde et les travaux qu'il s’agit d'exécuter doivent pouvoir satisfaire à un débit de 8 mètres cubes par seconde. On compte sur une chute de 150 mètres, car les 6m,55 de chute supplémentaire seront conservés à la sortie des eaux sous forme de chute brute pour ne détruire en rien la remarquable et pittoresque curiosité de la grotte d’où jaillissent les eaux, véritable merveille de la nature. Force. — En comptant 4 mètres d’eau par seconde et une chute de 150 mètres, on aura 6000 chevaux nets de 24 heures. Un petit lac, créé en amont, permettra de porter le débit, pendant les heures les plus chargées de la ROARERARE QE > Légende . Bassin créè par le barrage B . Barrage en gros bèton.. Canal navigable, à ciel ouvert Canal en souterrain. . Débarcadére. Jonction du canal et de la conduite motrice. + Usine hydraulique et dlectrique. Tramway électrique de Lods à Mouthier. pare la Loue. Mouthier. Canal non navigable. Co ite motrice. Re — UTILISATION DES FORGES MOTAIES DE LA LOUE" PAR , Æ \ X G. RITTER, INGÉNIEUR. * D. = =. Echelle au Ÿ1000 ) N ——<— & x Sourte 7 saute 7 si Grotte Met Source du MY Pontet ( \ Xe à / > Sars d'Auborne À — 1035 — journée en travail moteur, à 7 ou 8 mètres cubes, ce qui produira une force de 10000 à 12000 chevaux nets sur l’arbre des moteurs pour cette période de la journée. | On aura donc une force de 6000 chevaux au mini- mum et de 12000 au maximum. UTILISATION ET PROGRAMME. — Le plan ci-contre donne une esquisse générale du projet lorsqu'il sera complétement exécuté, et la légende qui l'accompagne indique suffisamment le vaste programme de la société. (Voir planche I.) Les forces de la Loue serviront à éclairer élec- triquement Besançon et les localités du vaste plateau qui sépare cette ville de la Suisse, comme aussi à les alimenter d’eau potable et de force motrice. HYDROLOGIE CONCERNANT LA LOUE. — Le massif Jurassique qui sépare la vallée du Doubs, de Mont- béliard à Dôle, de celle du cours de cette même rivière, dès son origine près de Mouthe, à Saint- Hippolyte, est presque entièrement formé de roches perméables du jurassique supérieur, donnant nais- sance aux sources de la Loue, du Lizon, de divers affluents du Doubs et du Dessoubre. Il est impos- sible de déterminer avec précision les bassins alimen- taires de chacune de ces sources; j'espère cepen- dant y arriver au moyen de coupes géologiques, avec niveaux suffisamment précis, pour être en état de déterminer la ligne de partage des eaux. Mais cette vaste étude, à peine commencée dans son canevas général, exigera une ou plusieurs années et fera l’objet de communications complémentaires. — 104 — Projet d'utilisation du Lizon. Tout ce qui vient d’être dit de la Loue, comme genre de source souterraine, peut être répété au sujet du Lizon, qui vient sourdre des mêmes massifs jurassiques formant le vaste plateau qui donne nais- sance à la Loue. Sa sortie a donné naissance à une grotte plus considérable en étendue que celle de cette rivière, mais le volume d’eau débité par le Lizon peut être supputé à 50!/, de celui de la Loue, donc eu général, comme étiage ordinaire, à 2 mètres cubes par seconde. CHuTE. — La chute totale que la future compagnie franco-suisse des eaux et forces motrices du Jura pourra utiliser sera de 62 mètres environ. Force. — La force disponible sera donc de 1 200 chevaux nets et pourra, par des moyens régulateurs, ascendre pendant certaines heures du jour à 2000 chevaux. UTILISATION DES FORCES. — La force du Lizon ser- vira à éclairer et à alimenter en eau, force et lu- mière, Salins, Mouchard, Poligny, Arbois et Dôle, ainsi que les grands villages avoisinants. ; Pour ce qui concerne l’hydrologie et les questions géologiques qui se rattachent à ce remarquable cours d’eau, je les traiterai également dans les communica- tions complémentaires dont j'ai déjà parlé plus haut. Projet d'utilisation du Doubs. La société des forces motrices se propose d'utiliser le Doubs depuis sa sortie de la vallée de Mouthe, où il prend sa source, jusqu’en aval du Refrain. — 105 — CHUTE. — Actuellement, 115 mètres de hauteur de chute lui sont assurés sur la rive française, et 75 mètres sur la rive suisse. C’est à peu près la moitié des 190 mètres de chute qu'il serait possible de tirer du Doubs depuis le lac des Brenets à la Goule, près de Saignelégier. Je fais abstraction, dans cette communication, des forces à tirer du Doubs plus en amont du lac des Brenets, car il s’y rattache des problèmes qui ne pourront être résolus qu’en surmontant de grandes difficultés ; il est donc inutile de décrire ici des projets qui ne se réaliseront peut-être pas de si tôt. En admettant que l’Etat de Neuchâtel, qui possède des forêts le long du parcours qui nous intéresse, accorde à la société les concessions qu’elle demande, il s'agirait pour ces concessions de la moitié environ de 960 chevaux, et avec la force des chutes de La Roche, appartenant à MM. Haldimann et Mathey, et celle du Saut-du-Doubs, on arrive, avec les forces dis- ponibles assurées à la future société, à un total de 2280 chevaux nets, dont 1140, soit la moitié, sont du côté français. VOLUME. — Le Doubs débite à l’étiage 1200 litres d’eau, ce qui, avec une chute totale de 190 mètres, représente les 2280 chevaux nets de force. Dans les 1140 chevaux figurent, indépendamment des chutes Mathey et Haldimann, celles du Tracoulot et du Saut, qui comptent pour environ 40 mètres de chute au total. Cette idée d'utiliser le Saut du Doubs ne doit pas causer une fàcheuse impression aux amateurs de la belle nature, car il s’agit au contraire d'obtenir une — 106 — chute plus imposante et, dans ce but, de rendre étan- che le massif rocheux qui la forme. Le saut futur aura donc une quarantaine de mè- tres au lieu de 27, et le lac des Brenets ne se videra plus par l’orifice inférieur qui perce sa paroi de re- tenue et le vide chaque année pendant plusieurs mois, de telle manière que la chute ou saut est à sec pen- dant toute cette période de l’année. On aura soin de conserver aux bétons de ce bar- rage l’aspect sauvage et irrégulier de bancs rocheux, sans traces de lignes architecturales ou techniques quelconques. Grâce à ce travail d’obturation ainsi compris, le lac des Brenets gagnera sous tous les rapports et une force considérable pourra être acquise en ména- geant l’eau la nuit. Enfin, la chute pourra fonctionner, au lieu de quelques mois seulement, toute l’année, et en basses eaux au moins quelques heures par Jour, pour le plus grand avantage du village des Brenets et de son chemin de fer qui y amène les touristes. Les bateaux du lac conduiront les voyageurs jusqu'au Saut et de là, une fois le projet complet exécuté, ils peuvent se faire transporter de lac en lac jusqu’au Moulin-Brülé ou à la Maison-Monsieur, où un double funiculaire leur permettra de se diriger soit du côté suisse sur la Chaux-de-Fonds, soit du côté français sur le Russey et le plateau circonvoisin. UTILISATION DE LA FORCE. — Il est évident que pour capter et mettre en œuvre seulement 2280 chevaux de force ou même en comptant 3000 avec l'amplitude due aux bassins de retenue, il ne saurait être question de dépenser les nombreux millions que Le Russoy dt | b | ? ‘@lies Fuottes La Cha La Les Eplatures e Hautepierre Mouthier Aubonne e 6€ Gorgon dource e de La Loue 8 les œm ) | ZOuhans + @ Gr Yuillocin UTILISATION DES FORCES MOTRICES DE LA LOUE ET DU DOUBS Arc-sous-Cicon Les AtSranès PAR G. RITTER, INGÉNIEUR a ——- Longemaison Légende mm éservoirs d'eau. Conduiles d'eau principales (s) ?ines hydrauliques électriques otautres = Tramsays eforiculaires Echelle au 00000 + ani xt @: Orchamp-Vennes Les Ravières Ori @ Les Fouriets @lLuisans -e Les Seignes 2: La Motte © Combe-sous-Motte } 6e Les Arts ® Les Suchaux Morteau e La Grand'Co e ps dl Mont-le-Bon ®Les Gras La Brèvine © Vennes e ® Moribliardot Mont-de-Laval 6e. S-Luhier Les Maïsonnettes ù © Memont @ Le Bizot © Le Bélien Narbiez e Noël PS La Renalotte ° Je Barboux | Le Rssour ® Saut du Douh e Le Rusey Cerneux-Monnots @Les Fuottes © La Chapelle La Grand'Combe des-Bois La Chaux-de-Fonds e s Le Crt-du Locle CE Le Locle La Chaux-du-Milieu e Le Fournet @ Charquemant @ Biaufond © . La Ferrière — 4107 — coûtera l’utilisation du Doubs sur 25 kilomètres de son parcours développé. Mais, par des moyens dont il sera fait la démonstration l’année prochaine, je l’espère, on pourra porter cette force totale du Doubs à 6000 ou 7000 chevaux, et même la quintupler au besoin. Avec cette force, il sera alors possible de réaliser l'alimentation en eau, force et lumière, de toutes les localités qui figurent du côté français sur le dessin ci-contre, à l’échelle du 1:100000. (Voir planche IL.) Plus de 60 localités de ce plateau, représentant 30 000 âmes de population, n’ont pas d'autre eau que celle souvent infecte de mauvaises citernes, et vous voyez figurer sur les dits dessins le réseau futur des maitresses conduites qui alimenteront cette région. Ce réseau recevra une eau abondante soit de la Loue, soit du Doubs, les sources disponibles pouvant fournir un total de plus de 20000 à 25000 litres d’eau par minute, sans tenir compte des sources non dispo- nibles pour l’entreprise. Sous ce rapport encore, lorsque mes études sur l’hydrolotwie des nombreuses sources dont il s’agit ici seront plus complètes et que les analyses de ces eaux seront faites, je m'empresserai de vous en commu- niquer les résultats. La distribution et l’élévation des eaux du système de la Loue alimenteront le réseau, d’un côté par le plateau des Usiers et Arc-sous-Cicon, et ceux du Doubs l’alimenteront par le plateau du Russev. Des réservoirs et chambres d’eau nombreux, instal- lés en général au même niveau, formeront des réserves capables de fournir, en un point quelconque de cet immense réseau, un volume d’eau supérieur à celui — 108 — des besoins normaux, pour les cas d'incendie, par exemple. Le réseau de Morteau et Villers pourra alimenter les Brenets et le Locle, et cet embranchement sera com- mandé par un réservoir qui, de même que les autres, sera placé à environ 1040 mètres sur mer et par conséquent alimentera le Locle avec une pression suffisante pour donner aux maisons les plus élevées de la ville l’eau nécessaire aux habitants, comme aussi il permettra de combattre vigoureusement les plus violents incendies. Les Brenets seront encore plus favorisés sous le rapport de la pression de l’eau. Indépendamment de cette distribution générale d’eau d'alimentation, qui sera un immense progrès pour la région, l’entreprise fournira aux localités qui k désireront, de la lumière électrique à un prix qui fera concurrence au pétrole; celui-ci coûte en France 90 à 55 cent. le litre, alors qu’on ne le paye en Suisse que 20 cent. à peine. Il va sans dire que les localités suisses du voisinage pourront également recevoir de l’énergie électrique aux mêmes conditions que les localités françaises. Il en est de même pour l’eau, car dans l’avenir si les villes de la Chaux-de-Fonds, du Locle, et les villages circonvoisins venaient à épuiser les ressources du pays neuchâtelois en sources, le système élévatoire de la Loue, plus riche en eau que celui du Doubs, pourrait fournir un volume indéfini d’eau d’alimentation. J’ai dit déjà qu’il s’agit de 20 000 à 25 000 litres d’eau par minute, et ce volume pourrait être doublé au moyen de sources situées à quelques dizaines de mètres plus bas que le futur grand barrage de la Loue. — 109 — Résumé. Les forces motrices dont disposera l’entreprise, si les concessions lui sont toutes accordées, comprendront : Minima Maxima Sur la Loue. . 6000 à 10000 chevaux. » HedBirorr.!..10 42007 à "152 000 » » le Doubs . 2280 à 3000 » Soit un total de 92480 à 15000 chevaux. Mais, par des moyens que je ne puis exposer aujourd'hui dans cette communication, pour des raisons majeures que vous connaitrez lorsque ces moyens seront assurés à la future compagnie des eaux, 1l sera possible de porter les forces totales dis- ponibles par cette importante entreprise aux chiffres suivants : Minima, 49 800 chevaux; maxima, 57 700 chevaux effectifs de 12 heures. C'est assez dire combien le canton de Neuchâtel agirait avec imprévoyance en refusant la concession des quelques centaines de chevaux du Doubs qui existent aujourd'hui sur le parcours neuchâtelois de cette rivière et actuellement non encore concédés, car les puissants moyens de quintupler ces forces seraient alors mis en œuvre ailleurs que sur le Doubs neuchâtelois et, au lieu d’avoir en perspective pour l'avenir une réserve inépuisable de force motrice à disposition, on resterait réduit chez nous, de ce côté, à la moitié des 1200 chevaux que peut donner cette rivière à l’étiage, en l’état actuel de ses conditions hydrographiques et météorologiques. — 110 — Il est utile que cela soit dit et écrit quelque part, afin que si, par malheur, nos autorités faisaient fausse route en l'occurence, il soit prouvé que ce n’est pas faute de les avoir avisées et indiqué la véritable voie à suivre. L'important n’est pas d'essayer d'empêcher la réa- lisation d’une grande œuvre qui profitera en partie à nos voisins, Car dans ce cas on n’empêcherait rien du tout, tout en se privant d’une partie des avantages de l’œuvre nouvelle; mais ce qui importe, c’est d’en aider au contraire la réalisation en s’assurant le plus d'avantages possibles. C’est ce que j'ai le ferme espoir de réaliser très complètement. LES CHAUDIÈRES À VAPEUR DANS LE CANTON DE NEUCHATEL EN 1890 Par L. FAVRE, PROFESSEUR (Lu à la séance du 12 novembre 1891) Je viens, comme d'habitude, présenter à la Société un résumé de l’état des chaudières à vapeur dans notre canton, tel qu'il résulte de la visite générale faite, à la fin de l’année 1890, par la Commission d'Etat chargée de cette surveillance. Cette visite, qui a lieu tous les deux ans, à non seulement un but statistique, mais elle affirme le contrôle exercé par le département de l'Intérieur, dans l'intérêt de la sécu- rité générale, non seulement sur les chaudières et leurs appareils de sûreté, mais sur les chauffeurs, leurs mutations, leurs états de services, leur capa- cité, les soins qu'ils apportent dans leurs fonctions, car c'est du chauffeur que dépend surtout la con- fiance qu'une machine à vapeur peut inspirer. A la fin de l’année 1890, le nombre des chaudières en activité dans le canton était de 100, réparties par districts de la manière suivante : DISTRICTS £ CE £? x ë : CE Neuchâtel. Sp DU TE sprl 4 Boudrvy. sl LE ET 1 Valde-Fravèrs 1029 6 "040050" 1 Val-de-Ruz . . 9 | S sr): he à 5 RD Chaux-de-Fonds. 2% 11 92 9 112 4 noel anis CNAB SUEAG. LE51..519 4 tata: 1060 2230 "-76 : 24 : 1057 8 En 1886, il y avait déjà 100 chaudières, malgré les 20 qui avaient été rayées du rôle pour être rem- placées par des moteurs à gaz, ou pour cessation d'usage ou de travail, dont 11 à Neuchâtel seulement. En 1888, le nombre des chaudières était tombé à 90. En 1889 et 1890, on en compte 17 nouvelles, mais 8 sont rayées du rôle. Les causes qui font abandonner les machines à vapeur sont la cessation d’une industrie, des revers de fortune, l'adoption plus avantageuse d’un moteur à gaz ou au pétrole, ou la transmission de la force par l'électricité, ainsi que cela a lieu au Locle depuis l’année dernière. C'est le Val-de-Travers qui compte le plus grand nombre de chaudières à vapeur et en même temps les plus puissantes, pour le service de la fabrique de ciment de Saint-Sulpice, dans les basses eaux de l’Areuse, ou de la mine d’asphalte de Travers qui, à elle seule, occupe 6 chaudières; la distillation de lab- sinthe en emploie 7, constamment en activité; les autres sont installées dans des scieries, dans une tui- lerie, dans des fabriques d’horlogerie, d’allumettes, de machines à tricoter. Le seul village de Couvet pos- sède 10 chaudières, Travers 9. Ces chiffres nous don- nent une idée de l’activité industrielle qui règne dans ce vallon, et nous expliquent le désir qui se manifeste en ce moment d'utiliser par transmission électrique le courant de l’Areuse partout où il sera possible d'y établir un moteur. À la Chaux-de-Fonds, autre localité industrielle, 11 générateurs servent au chauffage, 5 à des ateliers façonnant le bois, 4 seulement à des travaux d’horlo- gerie. — 115 — Malgré les pluies fréquentes de l’été de 1890, les cours d’eau qui fournissent la force motrice aux mou- lins, scieries, battoirs du Val-de-Ruz, étaient si bas déjà au mois d'octobre que ces usines ont dü avoir recours à leurs machines à vapeur. Il en a été de même à serrières, où toutes les chaudières étaient en feu, et où la fabrique de chocolat a dû ajouter temporairement une locomobile. La même disette d’eau s’est reproduite encore plus intense, pendant l'hiver dernier, et cela dans tout le canton; c’est à la vapeur que l’usine électrique du Locle a dù deman- der sa force motrice pour l’éclairage et les services auxquels elle est appelée. Il serait intéressant de connaitre à quel degré est tombé le régime de nos eaux en général, durant ces longs mois où la terre, couverte de neige et durcie par la gelée, condamnait les sources à leur rendement le plus minime et, nous dit-on, rarement observé. x = * Outre la Commission d’Etat, la surveillance des appareils à vapeur continue à être exercée par les agents de la Société suisse des propriétaires de chau- dières à vapeur, dont un inspecteur, installé à Lau- sanne, parcourt les cantons de la Suisse romande. En ce moment, 76 de nos chaudières sont inscrites dans la Société; les 24 autres sont inspectées d'office deux fois par an. Durant ces dernières années, comme du reste au- paravant, aucun accident de quelque gravité ne s’est produit dans le canton; la rupture d’un tube à feu dans une chaudière tubulaire, et l’extinction du foyer BOULE. SOC: SCA NAT. T. XX 8 — 114 — qui en est la suite, ne pouvant pas être envisagée comme un accident digne d’être relevé. D’après les informations que je tiens de M. Strupler, l'ingénieur en chef de la Société suisse, il en a été de même pour les 2800 chaudières soumises à sa surveillance. Les 5 explosions signalées en Suisse durant les dix dernières années intéressent des chaudières non ins- crites dans la Société. Une communication de M. Walther-Meunier, ingé- nieur en chef de la Société alsacienne des proprié- taires de chaudières à vapeur, que j'ai entendue ré- cemment à Mulhouse, dans une séance de la Société industrielle, donne pour ce qui concerne cette vaste association un résultat analogue. Il n’a relevé qu'un seul accident, survenu l’année dernière dans la région française sur laquelle s’étend sa surveillance; il s’agit d’une chaudière «Babcock et Wilcox » non encore inscrite dans la Société, et dont l'explosion a entrainé la mort de trois hommes. Ces chaudières, dont la construction rappelle le système Belleville, fonction- nant sous une pression de 16 kil. et essayées à 22 kil., exigent un agencement aussi soigné que solide des nombreux tubes qui les composent. L’examen appro- fondi auquel il s’est livré a démontré des imperfec- tions dans l'assemblage des pièces, qui expliquent l'accident et sont un avertissement sérieux à l’adresse des constructeurs. : Cette question importante des explosions de chau- dières m'a engagé à faire le dépouillement de toutes celles qui sont rapportées dans le numéro du 1er jan- vier 1891 du Journal officiel de la République fran- caise. Elles sont au nombre de 41 et concernent seu- lement l’année 1889. — 115 — Ces 41 explosions, qui ont causé la mort de 31 hommes et blessé 46, se répartissent selon les mois et les jours de la semaine de la manière suivante : Janv. Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septemb. Octob. Novemb. Décemb, MURS AT DURE C2 0 AU RTC ASE AUE 5 D Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi ) 42 6 4 5) (à 2 Depuis longtemps on a observé que les accidents sont plus nombreux le lundi que les autres jours, et qu'ils surviennent d'ordinaire au moment de la mise en activité de l'appareil à vapeur. Sur 40 cas où le jour est indiqué, 12 tombent sur le lundi, et 19 quel- ques secondes ou quelques minutes après la mise en marche; dans 4 ou 5 cas, lorsqu'on vient de rechar- ser le foyer. À part les vices de construction et la mauvaise qualité du métal, les causes énoncées dans l’ana- lyse faite par des fonctionnaires officiels autorisés sont: le défaut d'alimentation d’eau, et le coup de feu qui en est la suite, le mauvais état des appareils de sûreté, la négligence du chauffeur ou des pratiques vicieuses, l'usure des chaudières après de longs ser- vices, les incrustations souvent considérables sur les parois intérieures et qu'il faudrait enlever régulière- ment, etc, ! Remarquons cependant que si quelques chaudières crevées existaient depuis 30 et même 34 ans, nous en comptons 18 qui ne dataient que de 1 ou 2 ans, ou au plus 8 à 9 ans. Aïnsi, dans certaines circonstances, une chaudière neuve n'offre pas de garanties com- plètes de sécurité. Il en est de même des chaudières d’un petit volume, de celles que nous rangeons d’après RS AE notre règlement dans la troisième catégorie, pouvant être installées dans une maison habitée, même dans un atelier, et que nous considérons comme ne présen- tant aucun danger. Le danger existe cependant, puis- que sur 41 explosions, 14 sont observées dans des chaudières dont la capacité n’est que de quelques centaines de litres. On voit l’utilité d’une telle étude et les enseigne- ments qu'on peut en retirer. Une chaudière à vapenr n’inspire confiance qu'à la condition : 40 d’être conduite par un chauffeur sobre, intelli- gent, consciencieux, ne négligeant aucune des pré- cautions prescrites ; 20 d’être pourvue d'appareils de sûreté en bon état: soupapes, manomètres, tubes de niveau, robinets d'essai, constamment consultés ; 30 d’être visitée plusieurs fois par an par un tech- nicien habile, qui l’'examine attentivemeut en dehors et au-dedans pour s'assurer de la propreté et de l’état du métal et des rivures ; 4 de n’accorder aucune confiance aux anti-incrus- tants préconisés par la réclame, surtout ceux dont la composition est tenue secrète. Le seul qu’on puisse recommander est le carbonate de soude, employé surtout avec l'appareil inventé par les frères Sulzer, a Winterthour; 00 d'éviter d'alimenter la chaudière avec de l’eau de condensation contenant de l'huile organique ou des matières grasses; les huiles minérales même en certaines proportions présentent un danger; NT — 117 — Go enfin, dans l’usage forcé des chaudières, il vaut mieux employer deux jumelles qu'une seule; non seulement on obtient une économie de charbon qui, au bout de trois ans, rembourse le prix de la seconde chaudière, mais elles se conserveront plus longtemps et leur solidité inspire plus de confiance. APPLICATION DU PRINCIPE DE DUALITÉ à l'étude des trièdres Par L. ISELY, PROFESSEUR (Lu à la séance du 26 novembre 1891.) Les travaux de Poncelet, de Gergonne, de Plücker et de Chasles ont doté la géométrie de modes de transformation remarquables, permettant de passer d’une figure à une autre et de déduire d’une pro- priété de la première la propriété correspondante de la seconde. La méthode des polaires réciproques est l’un des plus féconds de ces modes. Rappelons succinctement l’esprit de cette méthode, dans le plan et dans l’espace. Si l’on considère, dans le plan d’une conique, une figure composée de droites «a, b, c,...…. et de points PCR rise et que l’on contruise d’une part les pôles 4 AA à I PÉNURE des droites a, b, c,..……. par rapport à cette conique; de l’autre, les polaires a”, b’, c’,...…. par rapport à la même courbe, des points A, B, C,..... la figure formée des points A”, B’, C,...…. et des droites PTE PORTES est la figure polaire de la proposée par rapport à la conique considérée, qui prend le nom de directrice. Réciproquement, la première figure est la polaire de la seconde par rapport à la même directrice. C'est pourquoi les deux figures sont appelées polaires réci- proques. — 119 — Dans ce mode de transformation, comme on le voit, les points d’une figure correspondent aux droites de l’autre, et vice versa. La théorie des polaires réciproques permet de trou- ver un corrélatif à un théorème déjà connu, et, ainsi, de doubler l'étendue des connaissances acquises. Nous avons parlé ailleurs ! du théorème de Pascal sur l'hexagone inscrit dans une conique qui a pour corré- latif le théorème de Brianchon sur l'hexagone cir- conscrit. Pour polariser les figures de l’espace, on prend pour directrice une quadrique : à chaque point de l’une des figures il correspond alors un plan dans l’autre; à une droite de la première correspond une droite de la seconde, chacune de ces droites étant à la fois le lieu des pôles des plans passant par l’autre et l'intersection des plans polaires des points de l’autre. Le principe de dualité, tel que l’ont conçu Ger- gonne et Plücker, résulte de la généralisation de la méthode des polaires réciproques. Faisons, en effet, abstraction de la directrice. Nous pourrons alors, selon ce qui précède, diviser les figu- res en deux classes de figures corrélatives. Des pro- priétés des figures de la première, nous déduirons les propriétés correspondantes de celles de la seconde, en changeant simplement, dans l'énoncé des défini- tions et des théorèmes, le mot point en mot droite, le mot droite en mot point, s'il s’agit du plan; le mot point en mot plan, le mot plan en mot point, s'il 1 Bulletin de la Societé des sciences naturelles de Neuchâtel, tome XII, pages 554 et 535. Année 1882. — 120 — s’agit de l’espace. Dans ce dernier cas, le mot droite reste invariable. C’est dans ce simple changement de mots que con- siste le principe de dualité. Quelques exemples élémentaires à l'appui. Nous placerons, selon l’usage généralement admis, les pro- positions corrélatives en regard l’une de l’autre sur deux colonnes distinctes. Dans le plan : Deux points détermi- Deux droites détermi- nent une droite. (Droite nent un point. (Point d'in- de Jonction.) tersection.) Dans l’espace : Une droite et un point, Une droiteetun plan, ne pris hors de la droite, dé- passant pas par la droite, terminent un plan. déterminent un point. Trois points, non en li- Trois plans, ne passant gone droite, déterminent pas par une droite, déter- un plan. minent un point. La sécante commune à La sécante commune à deux droites, menée par deux droites, située dans un point, est la droite un plan, est la droite de d’intersection des plans, jonction des points, que que ces droites et le point ces droites et le plan dé- déterminent. terminent. Ce principe, dont les géomètres contemporains font un usage constant dans leurs recherches transcen- dantales, pourrait, selon nous, rendre de nombreux et d'importants services dans le domaine de la géo- métrie élémentaire. En établissant une corrélation nettement définie entre les figures planes et les figu- res dans l’espace, il contribuerait à combler le fossé qui sépare, de nos jours encore, les deux parties de cette science. Nous avons montré, dans une commu- nication antérieure !, comment, grâce à la notion de l'infini, les triangles sphériques et les triangles recti- lignes ne forment qu’une seule espèce de figures, et comment on peut passer des formules relatives aux uns à celles concernant les autres. Le principe de dualité, ajouté à cette notion de l'infini, rendrait en- core plus intimes les liens qui unissent les deux sortes de formes géométriques. Il servirait, pour ainsi dire, de trait d'union entre les angles polyèdres et les polygones en général, entre les trièdres et les triangles en particulier. Considérons, en effet, un certain nombre de points, situés dans le même plan. A ces points correspon- dent, par le principe de dualité, des plans en nombre égal et passant par le même point. Les polygones plans et les angles solides sont donc des formes corrélatives : au plan des uns correspond le sommet des autres; aux sommets correspondent les plans des faces ; aux côtés, les arêtes. Le triangle à pour figure corrélative le trièdre. D'une part, trois points, situés dans un plan; de l’au- tre, trois plans, passant par un point. Aux trois côtés, qui joignent ces points, s'opposent les trois droites, suivant lesquelles ces plans se coupent, soit les arêtes de l'angle trièdre. Cette corrélation explique un fait qui frappe les élèves, lorsqu'ils étudient les propriétés des trièdres : 1 Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, tome XIII, pages 230-241. Année 1855. 122 la grande analogie qui existe entre les propositions qui s’y rapportent et celles qui s'appliquent aux triangles. Bornons-nous à en rappeler quelques-unes : Lorsqu'un triangle a 2 côtés égaux (triangle iso- scèle), les angles opposés à ces côtés sont égaux, et réciproquement. Dans un triangle, au plus grand côté est op- posé le plus grand angle, et réciproquement. Si les trois côtés d'un triangle sont égaux (trian- gle équilatéral), les trois angles sont aussi égaux (triangle équiangle), et ré- ciproquement. 2 triangles sont égaux lorsqu'ils ont les trois cô- tés égaux chacun à chacun. 2 triangles sont égaux lorsqu'ils ont un angle égal compris entre deux côtés égaux chacun à cha- cun. 2 triangles sont égaux lorsqu'ils ont un côté égal adjacent à deux angles égaux chacun à chacun. Lorsque deux dièdres d’un trièdre sont égaux, les faces opposées à ces dièdres sont égales, et réciproquement. Dans un trièdre, au plus grand dièdre est op- posée la plus grande face, et réciproquement. Si les trois dièdres d’un trièdre sont égaux, les trois faces sont aussi éga- les, et réciproquement. 2 trièdres sont égaux (ou symétriques)lorsqu'ils ont leurs dièdres égaux chacun à chacun. 2 trièdres sont égaux (ou symétriques) lorsqu'ils ont une face égale adja- cente à deux dièdres égaux chacun à chacun. 2 trièdres sont égaux (ou symétriques) lorsqu'ils ont un dièdre égal com- pris entre deux faces éga- les chacune à chacune. etc. Il nous a paru naturel, dans la comparaison que nous venons de faire, de regarder comme éléments corrélatifs les côtés du triangle et les angles dièdres du trièdre. Les premiers, en effet, mesurent les dis- tances des sommets de la figure plane ; les seconds, les espaces compris entre les faces correspondantes du trièdre. Du reste, on sait que «s’il existe, entre les distances des points d’une figure plane quelcon- que, une relation métrique projective, la même rela- tion aura lieu aussi entre les sinus des angles dièdres formés par les plans polaires respectifs de ces points, plans qui convergent en un même point, et récipro- quement ".» Le principe de dualité établit donc un lien remar- quable entre le plan et l’espace. Les angles solides, envisagés par les anciens comme des formes spécia- les et distinctes, deviennent dans la géométrie con- temporaine les figures corrélatives des polygones plans, et l’étude des uns se rattache à celle des au- tres. Ainsi tombe en grande partie la distinction que l’on se plaisait à faire entre la géométrie plane et la géométrie dans l’espace; les méthodes se généralisent et les démonstrations se simplifient. Les mathémati- ques ne peuvent qu’y gagner, Car, comme le disait Poinsot, «il n’y a qu’une manière d’avancer les scien- ces, c’est de les simplifier, ou d’y ajouter quelque chose de nouveau. » 1 Poncelet, Traité des propriétés projectites des figures. Tome IT, pages 112 et 115. Contributions à l'étude du terrain erratique DANS LE JURA (Notice lue dans la séance du 18 mars 1892) Il Les phénomènes glaciaires. Dans la séance du 24 février 1881, j'avais l’hon- neur de présenter à notre Société diverses cartes du terrain erratique dans le Jura, dressées d’après le procédé employé par MM. Falsan et Chantre dans leur Monographie sur les anciens glaciers du Rhône. J'accompagnai cette communication de quelques dé- tails sur les circonstances qui m'avaient engagé à entreprendre ce travail. Je signalais, d’une part, l’'Appel aux Suisses pour la conservation des blocs erratiques, de l’autre, le succès avec lequel nos con- frères français avaient réalisé le but proposé. J'insistais en particulier sur la nécessité d'établir, non seulement le catalogue ou la carte des blocs erratiques, mais aussi la statistique de tous les faits, de tous les indices de dépôts erratiques, stries et polis glaciaires, pouvant contribuer à permettre de faire un jour l’histoire de la période glaciaire dans notre Jura. Je témoignais enfin le désir que la Société voulüût bien s'intéresser à l’entreprise que je m'étais propo- TR, sée et qu’elle admit dans ses publications l’une des cartes au moins que je venais de lui présenter. Après une discussion à laquelle prirent part plu- sieurs de nos collègues, la Société émit un vote favo- rable au vœu que je venais d'exprimer. Je n’entrerai pas ici dans l’exposé des circonstances qui s’opposèrent à la réalisation de mon projet. Il me suffira de dire qu'ayant communiqué à M. A. Favre tous les documents, cartes, notes et échantillons dont je disposais, je m'attendais à ce que ces matériaux fussent utilisés dans le grand travail qu'il s’était pro- posé de publier. Grandes furent ma surprise et ma déception, lors- que je constatai que la Carte du phénomène erratique, publiée en 1884, ne répondait nullement à ce que J'avais attendu, et qu'en particulier son complément naturel, le texte explicatif, faisait défaut. En ce qui concerne le Jura, bien loin d'apporter la lumière, cette carte amène la confusion sur les faits les plus importants, à mesure que les signes affectés aux blocs erratiques et aux moraines n’établissent aucune distinction quant à l’âge du dépôt. Pour comble, le système figuratif employé, des teintes plates, engage l’auteur à tracer une limite arbitraire entre le glacier du Rhône et ce qu'il appelle les glaciers et névés du Jura. Le temps dont je disposais à cette époque ne me permit point, comme Je l'aurais désiré, de mettre à exécution le projet formé en 1881; mais désireux de maintenir l'attention de mes concitoyens sur ce sujet si important pour l’histoire naturelle de notre pays, je publiai, dans le Bulletin de la Société vaudoise des — 126 — sciences naturelles un Æssai sur les phénomènes erratiques en Suisse, avec une carte à petite échelle. J'avais surtout à cœur de faire ressortir l’existence des glaciers propres au Jura et de réagir contre les idées si longtemps en faveur, de cataclysme, d’inva- sion soudaine des glaciers alpins, de faire ressortir, en un mot, les diverses phases du phénomèëne erratique. Peu de temps auparavant, notre collègue, M. Maurice de Tribolet, avait communiqué à notre Société quel- ques considérations sur la copie de la carte manus- crite dressée par Arnold Guyot vers 1845, sous le nom de Carte des bassins erratiques en Suisse, mais Je n’en avais pas connaissance lorsque Je fis ma commu- nication à la Société vaudoise. Je fus d'autant plus heureux de la chose, que j’apprenais en même temps que notre illustre concitoyen avait, le premier, songé au procédé graphique de représentation du phéno- mène erratique !, le seul vraiment pratique, à mon point de vue. Plusieurs années devaient s’écouler encore, avant qu'il fût de nouveau question du terrain erratique et des phénomènes glaciaires. Il était réservé à notre jeune et zélé collègue, M. Léon Du Pasquier, de rap- peler l'attention sur ce sujet par ses travaux sur les Alluvions glaciaires du nord de la Suisse, et sur la périodicité des phénomènes glaciaires post-miocènes, etc., qui lui ont valu la confiance de la Commission de la carte géologique de la Suisse. 1 Au reste, MM, Falsan et Chantre avaient été précédés eux-mêmes dans l’application de ce procédé par E. Benoit dans la carte qui accompagne sa Note sur une expansion des glaciers dans le Jura central, ete. (Bull. Soc. géol. de France, 1876). On peut se demander si Benoit, qui écrivait déjà en 1853 sur les glaciers du Jura, n'aurait point eu connaissance de la carte de Guyot ? Mn On sait en effet que celle-ci lui a remis le soin de continuer l’œuvre d’Alphonse Favre, c'est-à-dire le texte explicatif de la carte publiée en 1884. Désireux de faciliter sa tâche, je me suis empressé de mettre à sa disposition les échantillons de roches erratiques, cartes et notes recueillies depuis une trentaine d’an- nées, lui laissant le soin de les mettre en œuvre et d’en tirer le parti qui lui conviendrait. Toutefois, il régnait dans ces documents une grande confusion, résultant du fait que je n'avais pu, faute de temps, établir une coordination suffisante, ni surtout faire ressortir les conclusions auxquelles j'étais arrivé, et, d'accord avec notre collègue, j'entrepris le travail de révision que j'ai l'avantage de présenter aujourd’hui à notre Société. Sans m’arrêter ici à parler des causes auxquelles sont dues l'apparition des phénomènes glaciaires, Je dirai que l’on paraît être d’accord aujourd'hui pour envisager que le transport des blocs erratiques s'est effectué pendant un temps très long et comporte en réalité plusieurs phases ou époques successives. Il ne s’est point manifesté d’une façon brusque et sou- daine, mais par une transformation graduelle des conditions climatériques de notre pays. On peut, en effet, se représenter qu’au début de la période glaciaire les Alpes avaient présenté un aspect assez semblable à celui des glaciers actuels, c’est-à-dire des neiges éternelles, des névés et des glaciers occupant le fond des vallées élevées, avec leurs alternatives d'avancement et de retrait annuels ou périodiques. Il ne s’agit, cela va sans dire, pas encore de la période glaciaire, mais de la phase ini- tiale du phénomène qui, par la suite, devait acquérir des proportions si grandioses. A ce moment il n’y avait dans le Jura, dans les Vosges ou la Forêt-Noire, ni neiges éternelles, ni glaciers, mais les mêmes causes agissant sans cesse, il arriva que, dans le Valais, par exemple, les gla- ciers isolés des vallées latérales se réunirent dans la vallée du Rhône et, franchissant le défilé de Saint- Maurice, s’avancèrent dans la plaine suisse. Que se passait-il alors dans le Jura ? Evidemment quelque chose d’analogue à ce qui avait eu lieu dans les Alpes, l'apparition de neiges permanentes, de névés, que la chaleur de l’été ne suffisait pas à faire disparaitre. De là à l'apparition de glaciers locaux, minuscules, si l’on veut, il n’y avait qu'un pas à franchir, et tout nous montre qu'il en a été ainsi. Le Jura a eu ses glaciers propres, avant que la grande mer des glaciers du Rhône eût atteint ses flancs. Ces glaciers ont laissé leurs traces par des moraines formées de maté- rlaux Jurassiens, et, parmi elles, il en est encore qui n'ont pas été remaniées ni déplacées, parce qu’elles sont restées en dehors de la surface atteinte par le glacier du Rhône. Ces moraines, nous les retrouvons, ou nous devons les retrouver dans les vallées de la Valserine, de l’Ain, de la Loue, du Lison, du Des- soubre, etc. Quant à celles des vallées de Vaulion, de l’'Orbe, de la Reuse, du Seyon, de la Suze, etc., elles furent remaniées, détruites, et leurs matériaux con- fondus avec la masse de ceux que transportait le grand glacier du Rhône. C’est à cette première grande phase du transport des matériaux alpins par les glaciers que, d'accord avec MM. Falsan et Chantre, nous donnons le nom de phase initiale ou de développement et d'extension. PS -. ee Dans les limites où il m'a été possible de les étudier, les matériaux glaciaires d’origine alpine sont peu abondants, peu volumineux, et, par conséquent, ils ont rarement fixé l'attention. Ce n’est guëre que depuis une trentaine d'années qu'on les a signalés dans le Jura français. Dans les hautes vallées de notre canton ils deviennent plus fréquents, plus volumi- neux, ce sont de véritables blocs erratiques. Deluc les avait signalés dans la vallée de la Sagne, sous le nom de grisons; Nicolet sous celui de blocs sporadi- ques. Il ne parait pas que Jusqu'ici on ait signalé parmi ces matériaux la protogine du Mont-Blanc, qui constitue la majeure partie des amas de gros blocs envisagés comme formant la moraine frontale du grand glacier du Rhône au flanc du Jura. Ces roches alpines dispersées, que Guyot appelait les avant-coureurs du glacier, consistent pour la plu- part en gneiss chlorités, chlorites granuleuses, quart- zites ; elles proviennent des parties supérieures de Ia vallée de Bagnes. Elles constituent les témoins authen- tiques de la plus grande extension du glacier du Rhône et de ce qu’on peut appeler la phase maximale de la période glaciaire. Cette phase comprendrait donc le temps pendant lequel le glacier du Rhône à commencé à rétrograder et à abandonner les vallées du Haut-Jura, en laissant comme témoins de son extension les blocs sporadi- ques mélangés aux matériaux jurassiens. On peut considérer ce retrait comme s’étant opéré d’une façon sraduelle et régulière, sans alternatives de station prolongée nécessaire pour la formation de véritables moraines frontales, comme celles que nous aurons à BULE. SOC USC'NAT: TT, XX 9 — 130 — signaler pendant la phase terminale ou de retrait définitif. Mais, de ce que nous n’observons pas de moraine frontale de cette phase, il ne s’ensuit pas que le phé- nomène ne se soit point manifesté. Au contraire, et c’est sur ce point que je dois fixer votre attention. Les glaciers propres au Jura n’ont pas tous été dé- truits par le glacier du Rhône; nous avons vu que, dans la plus grande partie du Jura français ils avaient échappé à cette destruction et semblent avoir ainsi leur histoire propre. C'est d’ailleurs ce que E. Benoît, ainsi que MM. Falsan et Chantre, ont établi dans leurs belles publications. Dans notre pays, il n’en a pas été de même, et le phénomène glaciaire n’a pas cessé entièrement de se manifester avec le retrait du glacier du Rhône. De petits glaciers, comparables à certains glaciers secon- daires actuels des Alpes, ont continué d'exister, se sont maintenus, ou ont fait leur apparition dans cer-: taines régions de nos vallées, de nos cirques ou de nos combes jurassiennes. Ils ont donné lieu à la for- mation de moraines minuscules, mais cependant bien caractérisées, facilement reconnaissables. C’est à signaler leurs traces que j'ai consacré la plus grande attention et, comme on le verra par la seconde partie de ce travail, ce sont eux qui constituent une bonne part de mes observations dans le ‘Jura. Il me parais- sait d'autant plus important de m’y arrêter que, dans notre canton, en ce qui concerne ce côté de notre sujet, nous avons peu de choses à attendre de la nou- velle campagne entreprise en vue de dresser la carte des blocs erratiques. J'arrive maintenant à la phase terminale du grand FT Ce ANR. glacier du Rhône, c’est-à-dire au temps pendant lequel s’est opérée sa retraite définitive, après le dépôt de la grande moraine frontale du Jura, caractérisée par les amas de gros blocs de protogine. Tout porte à croire que cette phase a débuté par un stationnement prolongé du glacier dans les limites où nous observons cette moraine. Ce n’est en effet que dans ces conditions que peuvent se produire les accu- mulations un peu considérables, soit de gros blocs, soit de matériaux de moindre volume. Il est non moins certain que l'orographie, la confi- guration du sol, exercent la plus grande influence sur la disposition et l’importance de ces dépôts. À ce point de vue, on peut même se demander si cette expression de moraine frontale du glacier du Rhône est exacte et s’il n’y aurait pas lieu de distinguer des moraines régionales ou locales, ainsi que le faisaient déjà de Charpentier et les anciens glaciéristes, qui sisnalaient au moins deux genres de gros bloc, à hauteur différente, au flanc du Jura. Comme on le voit, il y a encore beaucoup à faire pour arriver à une Connaissance un peu satisfaisante de l’histoire de l’un des phénomènes les plus gran- dioses de l’histoire géologique de notre pays. Il ne suffit pas seulement d'établir un catalogue des blocs erratiques, de prendre les mesures propres à assurer leur conservation dans certaines régions ; 1l faut que ce travail s'applique à toute la surface du pays, dans le Jura comme dans la plaine, sur le territoire suisse comme sur le territoire français. Voilà pourquoi j'ai cru devoir communiquer à la Société ces quelques considérations sur les phénomènes glaciaires en ma- nière d'introduction à un Catalogue des dépôts et des — 132 — blocs erratiques, des roches polies el striées, qui accu- sent l’action des phénomènes glaciaires dans notre pays. Il Les dépôts et les blocs erratiques. Vallée du Doubs (de Morteau à Biaufond). 4. Sur la Seigne, au sud de Morteau. (Graviers diluviens stratifiés et conglomérés, matériaux tous jurassiens. 2. Fonderie Bournez, à l’est de Morteau. Dépôt de bois fossile, diluvien, de même nature que celui du Grand-Denis, au nord-ouest de Morteau, exploité au- trefois pour une verrerie. 3. La Motte ou Combe d’'Abondance, à l’ouest de Morteau. Petites moraines jurassiques, tourbières, etc. 4. Les Brenets. La gare a été creusée dans le gla- ciaire avec quelques galets alpins. o. Le Pissoux. Blocs disséminés de quartzites, schis- tes amphiboliques, ne dépassant pas un demi-mètre cube. 6. Les Plaines, sous les Planchettes. Schistes alpins dispersés dans les champs. 7. Narbiez, le Bélieu. Blocs de quartzites et schis- tes dispersés. 8. Corps de Garde, route de la Chaux-de-Fonds à Biaufond. Blocs de gneiss d’Arolla et autres, de deux à trois mètres cubes, dans le glaciaire Jurassique. Lan. — 13 — 9. Les (raillots, rive gauche du Doubs. Gneiss d’Arolla, idem. Vallée du Locle. 10. Sur les Monis, au nord du Locle. Dépôt gla- ciaire formant une bande allongée, de 2 à 3 kilomè- tres de longueur, quartzites nombreux, etc. 11. Les Müles-pierres. Roche moutonnée, maïs les stries et sillons ont disparu. 12. Les Combes. Moraines d’un petit glacier avec galets alpins et blocs de calcaire jurassique. 13. Le Communal. Limon argileux, recouvrant tout le plateau, avec quartzites abondants, blocs de schistes amphiboliques dans les murs du pâturage. 14. Au Bouclon. Gravière ouverte dans le diluvien ou glaciaire remanié, nombreux quartzites. 15. Haut du chemin Blanc. Bloc de protogine, à gros cristaux de feldspath, peu ou pas d’amphibole. Il a été transporté près du collège. 16. Entre-deux-Monts. On a signalé la découverte de blocs alpins d’un demi-mètre cube, rencontrés dans un drainage. | 17. Les Eplatures. Le fond de la vallée est occupé par un dépôt quaternaire plus ou moins analogue à celui du Communal (n° 13). Chaux-de-Fonds et ses environs 48. Combeltes, au nord de la Chaux-de-Fonds, Dépression remplie par un limon argileux exploité autrefois pour une tuilerie. On y a découvert une défense de mammouth. (Voir Nicolet, Mémoires Soc. neuch., ÎE, p. 22.) — 134 — 19. La Loge, Cornu. Dans tous les pâturages de cette région, on trouve des blocs de roches alpines, surtout gneiss et schistes amphiboliques, atteignant jusqu’à un mètre cube. 20. Les Moulins de la Ronde, Cimetière, etc. Dans toute cette région, les couches tertiaires disparaissent sous un dépôt de matériaux erratiques. Brévine, Chaux-du-Milieu, Cerneux-Péquignot. 21. Chincul, fond de la vallée. Remplissage de matériaux erratiques. 22. Les Tuillières. La colline au nord du lac doit être une moraine comme aux Bayards. 23. Les Varodes. Glaciaire, matériaux Jurassiques formant la partie supérieure de la colline. 24. Bas-du-Cotard. Tranchées dans l’erratique Jurassique adossé à la montagne. 25. Maix-Rochat. Schiste amphibolique de 0,5 m. cube, près dela ferme. Limon argileux, développé dans les dépressions du sol. 26. Cerneux-Péquignot, le Gigot. Petites collines morainiques de glaciaire jurassique. 27. Les Sarrazins. Moraine jurassique au-dessus du village. Quartzites de 30 à 100 décimêtres cubes. 28. Chaux-du-Milieu. Erratique disséminé sur toute la surface. Au Crozot, un creusage a mis au jour de nombreux quartzites et schistes amphibo- liques. 29. Bélod, les Etages. Roches moutonnées, lapiaz, absence de matériaux erratiques (?). 90. Combe-Jeanneret. Dans un mur, blocs alpins, nombreux schistes rouges, verts, etc. FES , Ms, — Vallée des Ponts et de la Sagne. 31. Crêt-Pellaton. Nombreux quartzites dans les prés, argile ferrugineuse dans les dépressions. 32. Martel-Dernier. Au débouché du ruz de Combe- Dernier, petite moraine Jurassique avec galets de quartzite. 93. Bas-des-Ruz. Dépôt glaciaire traversé par une galerie de recherche d’eau. Gros blocs calcaires arron- dis, dans la boue glaciaire. 94. La Joux. Roches alpines variées dans les murs et pâturages. Dalle de gneiss de 350 décimètres cubes. 39. Brot-Dessus. Creusage de fondations dans un dépôt glaciaire, blocs calcaires polis et striés, blocs alpins rares. 36. Jogne. Blocs alpins de un à deux mètres cubes. 37. Crêt de la Sagne. Roches moutonnées, lapiaz, galets d’euphotide (?). 38. Miéville. Nombreux quartzites assez volumineux dans les murs. 39. Corbatière. Bloc de gneiss amphibolique dans les champs, visible d'assez loin, hauteur 3 mètres, longueur 4n,50, largeur 2",50. 40. Boinod. Fond de la vallée occupée par le gla- claire. Convers, Val-de-Saint-Imier. M. Mont-d’Amin. Blocs alpins, signalés par M. H.-L. Otz, ingénieur. 42. Convers-Renan. Blocs alpins et dépôts glaciaires dispersés. — 136 — 43. Saint-lmier. Belle moraine d’un petit glacier jurassien entourant un marais tourbeux, au-devant du cirque de Champ-Meusel. 4%. Les Pontins. Glaciaire remplissant les dépres- sions de toute cette région. 45. Val-de-Saint-Tmier. «Les blocs erratiques ne sont pas rares dans le Val-de-Saint-Imier. » Ainsi s'exprime Greppin dans ses Etudes géologiques, mais il n'indique pas de localités. Val-de-Ruz, versant nord. o1. Tablettes de la Tourne. Sur le sentier, quartzites, etc., bloc de gneiss de 1 mètre cube. 92. Rochefort. Au nord du village, gros blocs de protogine, déclarés inviolables par la Cominune en 1870. 93. Les Grattes. Trois blocs de protogine, de 6 à 8 mètres cubes, sur une surface de calcaire jurassique très inclinée, aussi déclarés inviolables. Un grand nom- bre d’autres blocs ont été exploités. 04. La Cernia, au nord de Rochefort. Glaciaire alpin très développé. Blocs de protogine, en partie exploités. 00. Coffrane. Grands dépôts de graviers Jurassiens exploités, quelques galets de roches alpines. 96. Geneveys-sur-Coffrane. La ligne traverse en tranchée une moraine de matériaux absolument ju- rassiques, avec blocs encaissés dans le limon cal- caire. 07. Hauts-Geneveys. Entre la gare et le village, un très gros bloc de protogine a été exploité. — 137 — 08. Hauts-Geneveys. Au nord du village, dépôt gla- ciaire, petite moraine formant un étang. Un puits de recherche d’eau a traversé 10 mètres de béton gla- claire Jurassique. 99. Les Loges. Blocs alpins jusqu’à la Vue-des-Alpes, mais ils deviennent rares. 60. Saint-Martin. Au nord du village, gros blocs de protogine. Val-de-Ruz, versant sud. 61. Montmollin. Roches moutonnées, polies et striées. 62. Valangin. Glaciaire argileux, très fin, stratifié, analogue à celui du Champ-du-Moulin. Blocs remar- quables sur le chemin de Fontaines. 63. La Borcarderie. Tranchées de la route dans le glaciaire alpin à cailloux noirs. 64. Fenin, Villars, etc. Glaciaire jurassique très développé à la lisière de la forêt, découvert par les tranchées de recherches d’eau. 65. Fontaines, Engollon, etc. Le centre du Val-de- Ruz est occupé par le glaciaire, dont la partie supé- rieure, détritique, est imperméable et nécessiterait un drainage général. 66. Savagnier. Une véritable moraine jurassique, avec gros blocs calcaires, se montre à la lisière de la forêt. 67. Sous le Mont, Dombresson. Les recherches d’eau, par tranchées profondes, ont fait reconnaitre le gla- claire alpin, très puissant dans toute cette région. 68. Les Planches. Au nord de Dombresson, vaste zone de blocs erratiques, .protogine, etc. — 138 — 69. Clémesin. Bloc de gneiss gris, de 6 mètres de longueur et 3 de largeur, hauteur visible 1",50. (Voir Greppin, Etudes géol., p. 244.) 70. Chuffort. Grand dépôt erratique alpin. Beau bloc de protogine vers les Rosières. Vallée du Doubs, Pontarlier, etc. 71. Pontarlier. Grands dépôts de glaciaire jurassique sous la ville, surmontés par des graviers quaternaires. Peu ou pas de roches alpines. 72. Entreportes. Blocs de gneiss amphibolique an- guleux ; autres roches alpines. 73. Houtaud, Dommartin. Diluvien jurassique puissant sur les carrières, avec nombreux quartzites. 14%. Bugny, Prés-de-Verre. Bloc de grès blanc, quartzites ?, schistes alpins (gneiss ?). 75. La Chaux, Gilley. Encore des blocs alpins, comme à Bugnvy. 76. La Grangette, sud de Pontaiiéeil Moraine ju- rassique bien caractérisée, avec quelques galets alpins. 77. Le Larmont. Quartzites au voisinage de la ferme. 78. Les Miroirs. Gneiss de la Dent-Blanche à 1240 mètres. (Détermination de M. A. Favre.) 79. Monpetoz. Quartzites et glaciaire Jurassique. Verrières, Bayards, Saint-Sulpice. 80. La Malcombe, sud des Verrières. Superbe mo- raine jurassique en miniature (200. à 300 mètres de diamètre), avec marais tourbeux au centre. 81. Les Bayards. Grande moraine de matériaux Jurassiques formant plusieurs collines, couronnées par des blocs calcaires jurassiques. 82. Champs-Berthoud, Haut-de-la-Tour. Gros blocs de protogine, gneiss chlorité de Bagnes au-dessus du défilé de la Chaine. 83. Saint-Sulpice. Au-dessus de la papeterie, an- cienne route, puissante moraine alpine. Les gros blocs ont disparu (probablement exploités). Au fond de la vallée, près de la fabrique de ciment, bloc de 350 décimètres cubes, éclogite du Valais. 84. Buttes. Blocs alpins, sur le chemin de la Mon- tagne de Buttes; protogine, gnelss, etc. 89. Prise-Maurice, Sassel. Glaciaire alpin, maté- riaux la plupart jJurassiques. 86. Fleurier. Au sud du village, glaciaire jurassi- que, avec graviers superposés, exploités en carrières. 87. Prise-Sèche, au nord de Boveresse. Blocs de protogine peu volumineux et peu nombreux. Val-de-Travers. 88. Couvet. Village sur le cône de déjection torren- tiel du Sucre. Le torrent traverse la moraine juras- sique. 89. Ravin du Sucre, au nord de Couvet. Blocs de protogine en exploitation. 90. Travers. Tranchée du régional dans le glaciaire jurassique. O1. Prise-Meuron, les Lacherelles. Lambeaux de glaciaire jurassique avec gros blocs calcaires à la surface. — 140 — … 92. Vers-chez-Joly. Grande accumulation de gros blocs de protogine exploités depuis une quarantaine d'années ; il ne reste que les petits. 93. Furcil, rive droite de la Reuse. Puissante mo- raine alpine ravinée par la rivière. 94. Brot-Dessous, rive gauche de la Reuse. Puis- sants dépôts de conglomérat post-glaciaires. 95. Tunnel de la Verrière, Champ-du-Moulin. Selon toute apparence, moraine d’un glacier jurassien. Gros blocs calcaires anguleux dans la masse. 96. Prépunel, route de Neuchâtel. Tranchées dans le glaciaire jurassique. Nota. Il ne m'a pas été possible de mettre au net mes notes sur le glaciaire des environs de Boudry, Bôle, Corcelles, Neuchâtel, Saint-Blaise. Au reste, il s’agit ici de dépôts et de blocs du glacier du Rhône, plutôt que de dépôts de glaciers jurassiens. Jougne, les Hôpitaux, les Fourgs. 97. La Ferrière-sous-Jougne. Grande moraine juras- sique. Derniers blocs alpins du glacier du Rhône. 98. Col de Jougne, les Hôpitaux, 1050 mètres, quartzites et gneiss en galets. (Voir Benoit: Anciens glaciers du Jura.) 99. Les Fourgs. Nombreux petits blocs et cailloux, épars dans le village (Benoit). Sainte-Croix. 100. Granges-Jaccard. Plusieurs blocs alpins, de 1 à o mètres cubes, dont un de poudingue de Vallorsine. 101. Le Crét. Colline élevée, de 20 à 30 mètres, moraine Jurassique. M. = 102. Le Collas. Grande moraine alpine semblable à celle de Noiraigue. Blocs alpins de toute espèce, cail- loux polis et striés, etc. | 103. Vers-chez-Jaccard. En enlevant le gazon, on voit les surfaces calcaires, couvertes des plus beaux polis et stries dont la direction indique le chemin du glacier. (Voir Tribolet et Campiche, p. 27.) 104. La Gitaz-Dessus. Bloc d'arkésine de deux mètres cubes et petits blocs de nature variée. 105. Mont-de-Beaulmes-Dessous. Nombreux blocs de protogine et autres roches. 106. Prayel, Mont-Felou. Grands amas de gros blocs, de plus de 37 mètres cubes. 107. Ravin de la Baumine. Lit du ruisseau rempli de blocs de toute nature, protogine, gneiss, serpen- tine, etc. Vallorbes, Ballaigues. 108. Poimbœuf. Zone de gros blocs, au revers de la montagne; glaciaire jurassique avec graviers super- posés dans les tranchées de la voie ferrée. 109. Ballaigues. Zone de gros blocs au nord du vil- lage. Un grand nombre ont été exploités. 110. Beaulmes. Pâturage de la Cotelette. Bloc de 145 mètres de long, 10 de large et 10 de hauteur, altitude 1257 mètres. (Voir Bull. Soc. vaudoise 1885, p. 389.) AA. Lignerolles. Glaciaire alpin dans les tranchées de la nouvelle route; blocs alpins et jurassiques mé- langés. 112. Grange-Devant, la Thiole. Gros blocs abon- dants. — 142 — Bullet, Provence, Saint-Aubin. 113. Les Rasses, Bullet. Ancienne moraine frontale du glacier du Rhône, étudiée par M. Renevier et dé- crite dans le Bull. Soc. vaudoise 1879, p. 21. 4114. Mont-Cochet. Au nord de Bullet, on trouve sur le flanc de la montagne des blocs sporadiques, dans les mêmes conditions qu'au Larmont, 77, 78. 415. Le Carteron. Magnifique champ de gros blocs de protogine, suite de la moraine de Bullet. 116. Provence, sur le glaciaire, avec boue bleue et gros blocs très abondants à la lisière de la forêt. Les plus volumineux ont été exploités. 117. La Crochère. Dépôt glaciaire sur un palier très incliné; gros blocs de protogine. Nota. Toute cette région devrait être étudiée spé- cialement, comme M. Renevier l’a fait pour les Rasses. 118. Concise. Grand développement du glaciaire alpin sous le village. Vallée de Mouthe, Rochejean. 119. Les Longevilles. Erratique jurassique puissant, surmonté par les graviers stratifiés. 120. Mouthe. La ville est située sur un dépôt erra- tique Jurassique. | 191. La Chaux-Neuve. Même développement de l’erratique jurassique. 199. Combes-des-Cives. Toujours l’erratique jurassi- que couvrant l’oxfordien jusqu’à Bellefontaine. 4193. Morbier, Morez. Puissantes accumulations de glaciaire jurassique et de graviers stratifiés. — 143 — Vallée de Joux. 4124. L’Abbaye. Magnifique moraine jurassique dans le ravin de la Lionne. Galets et blocs striés et polis. 495. Le Pont, Mont-du-Lac. Limon glaciaire blanc, avec blocs et galets calcaires dans toute cette région, surfaces calcaires moutonnées et striées. 126. L’Orient-de-l'Orbe, Le Sentier. Toujours les dépôts de glaciaire Jurassique. 127. Le Lieu. Grande moraine jurassique, entou- rant le village. Urgonien moutonné, recouvert par le limon calcaire. 128. Les Bioux. Des dépôts de lignite (?), bois fos- sile, paraissent exister dans cette région. Pied du Jura, de Montricher à La Sarraz. 199. Montricher. Château sur la moraine, visible à la source de la Malagne. 430. Mont-la-Ville. Glaciaire alpin très puissant; il remonte Jusqu'à la Saboterie. Pierre-à-la-Cible, bloc de granit à 1035 mètres d'altitude, longueur 12 mètres, largeur 5 mètres, hauteur 9 mètres, dont 5 mètres au-dessus du sol. (Voir Bull. Soc. vaud. 1885, p. 390.) 131. Tout le plateau de Pampigny, Goliiôn, Cosso- nay, est constitué par un puissant dépôt de glaciaire alpin, mais les blocs erratiques sont rares, ayant pro- bablement été exploités. 132. Premier. Au nord du village, dans la forêt, gros blocs alpins et dépôt glaciaire ‘très puissant jus- qu'à Nidau, route de Vaio: 153. aimer . Argile glaciaire bleue, à cailloux noirs, exploités autrefois par la briqueterie de Lerber. — 144 — 134. La Sarraz. Chemin de la papeterie, magnifi- ques polis et stries glaciaires. Gimel, Aubonne, etc. 135. Saint-Georges. Village sur un puissant dépôt glaciaire jurassique, sans blocs alpins. 136. Prieuré, sous Saint-Georges. Glaciaire alpin et jurassique, passant aux graviers à la partie supérieure et exploités autour de Gimel. 137. Aubonne. Grande abondance de gros blocs de protogine, euphotides, serpentines, grès rouge d’An- zeindaz, poudingues de Vallorsine. Calcaires noirs de Saint-Triphon, etc., etc. 438. Chigny, Lavigny. Glaciaire alpin très puissant. Les graviers et sables se superposent au glaciaire pur. 139. Mont. Sur la route, bancs de conglomérat qua- ternaire très réguliers et très durs, plongeant au nord-ouest. 140. Gilly, Burtigny. Sables et graviers diluviens cimentés et agglutinés, simulant la molasse. 141. Bremblens, Morges. Route sur de puissants dépôts glaciaires. 142. Vallon-de-Plan. Bloc d’euphotide (saussurite), de 20 mètres cubes environ. 143. Montherod. Grand amphithéâtre de terrain glaciaire. Les gros blocs détachés des pentes jonchent le lit du Toleure et celui de l’'Aubonne. Au-dessous, apparaissent des conglomérats, des grès, sables, maté- riaux alpins, tandis que les graviers du plateau sont en grande partie Jurassiens. 144. Morges. À Calèves, beaux blocs d’éclogite et d’euphotide, d’un demi à 1 mètre cube. Plateau d'Echallens. 145. Corcelles, Ropraz (Jorat). Blocs alpins très rares ; seulement poudingues de Vallorsine. (Exploités très activement en 1866.) 146. Thierrens, Moudon. Partout les poudingues de Vallorsine, presque exclusivement. 147. Mollondins-Niedens. Argile glaciaire à cailloux polis et striés. Magnifique bloc, avec cristaux de quartz hyalin. 148. Bioley-Magnoux. Colline de graviers diluviens exploités. 149. Donneloye. Grand dépôt de graviers exploités dans le village. Dans le ravin, glaciaire avec blocs alpins nombreux : poudingues de Vallorsine, gneiss, etc. Absence de protogine. Nota. En 1891, tous les blocs ont disparu, même les petits qui sont exploités pour l’empierrement des routes. Il n’y a donc pas seulement exploitation des oros blocs comme dans le Jura. 150. Cuarny. Village sur le glaciaire argileux à cail- loux noirs, serpentine, etc. 151. Yverdon-Clendy. Grande quantité de blocs de toute espèce, découverts par l’abaissement du lac. Nora. — Des difficultés matérielles ayant empêché la publication de la carte, celle-ci paraitra avec le prochain volume. BULL. SOC. SC. NAT. T. XX 10 CHARLES - GUILLAUME KOPP, professeur LS E 2e IS 9 Par L. FAVRE, PROFESSEUR L'année dernière, s’est éteint à Strasbourg, où il s'était retiré, notre ancien collègue Charles Kopp, qui fut professeur à Neuchâtel pendant vingt-deux ans, de 1851 à 1873, et un membre zélé de notre Société, dont il fut pendant plusieurs années le secrétaire, ainsi que l’attestent nos Bulletins. Né le 8 mai 1822, à Heiligenstein, en Alsace, l’un des sept fils du pasteur Théophile Kopp, qui exerça plus tard le saint ministère à Strasbourg, où 1l mou- rut en 1847, 1l fit ses classes dans le lycée de cette ville, et comme il se destinait aux écoles supérieures, il étudia tout particulièrement les mathématiques spéciales. En 1843, il fut chargé de remplacer son frère Emile, professeur à l'Ecole normale de Strasbourg, pour permettre à celui-ci de devenir le préparateur du chimiste Persoz, notre compatriote, qui fit une belle carrière en France. On sait qu'Emile Kopp devint professeur de chimie très distingué au Poly- technicum de Zurich. A l'Ecole normale, Charles Kopp fut chargé de l’enseignement des mathéma- tiques, de la chimie, de l’arpentage et même du dessin. Un de ses principes, que Je l'ai entendu énoncer souvent, était qu'un homme intelligent peut À dif — 147 — enseigner n'importe quoi, pourvu qu'il y mette de la bonne volonté et qu’il se prépare consciencieuse- ment. Il est permis d'élever des doutes sur l’univer- salité de l’application de ce principe. Quoi qu'il en soit, c’est à l'Ecole normale qu'il prit le goût de l’en- seignement et qu'il fut conduit à prendre ses grades universitaires, iles deux baccalauréats littéraire et scientifique. Les leçons qu'il donnait à l'Ecole normale, pour gagner sa vie, ne l’'empêchaient pas de suivre assidü- ment les cours de l’Académie de Strasbourg, en par- ticulier ceux de mathématiques et d'astronomie du professeur Sarrus, ceux de physique de Fargeaud et de chimie du professeur Persoz. Ses professeurs, touchés de son zèle et de ses pro- grès, lui conseillèrent de se présenter au concours de l'Ecole normale supérieure de Paris, pour y obte- nir une place. Il fallait pour cela subir deux séries d'examens très sérieux, d’abord à Strasbourg, puis à Paris, pour ceux qui avaient obtenu le plus de succès. La perspective de faire le voyage à Paris, et de re- venir en cas d'échec, le tout à ses frais, n'était pas engageante et 1l y aurait peut-être renoncé, si, en ce moment même, on ne lui avait pas offert dans un pensionnat de Paris un poste de sous-maitre chargé d'enseigner l'allemand. C’est ainsi qu'il put se pré- senter au deuxième concours, qu'il fut reçu dixième avec une demi-bourse, et qu'il fit son entrée à l'Ecole normale des hautes études le 29 octobre 1844, après avoir signé l'engagement de se vouer pendant dix années au service de l'instruction publique. En 1846, il subit avec succès les examens de licence ès sciences mathématiques, et ès sciences LA physiques, ce qui lui donna le droit de rester une troisième année dans l'Ecole. Il y ajouta encore l'agrégation d'allemand, pour avoir le droit, cas échéant, d'enseigner cette langue dans un des col- lèges de Paris. A la sortie de l'Ecole normale, en 1847, il fut nommé professeur de mathématiques supérieures au Collège de Cherbourg, où il resta pendant la période agitée de 1848 et 1849. L’attitude politique de son frère lui attira la disgrâce du gouvernement ; Charles Kopp reçut, en avril 1849, un congé de disponibilité sans traitement; et ce n’est qu’en janvier de l’année suivante qu'il put être nommé professeur de chimie et de physique au Collège de Châteauroux. Pendant les vacances de 1851, il rencontra chez Persoz, alors à Paris, le professeur Colladon, de Genève qui, sollicité par son ami H. Ladame, membre du Conseil administratif de la bourgeoisie de Neu- châtel, chargé de l'instruction publique de la ville, cherchait à nous procurer un professeur pour la chaire de chimie, vacante par la retraite de M. Sacc. Recommandé par MM. Persoz et Colladon, Ch. Kopp fut agréé; 1l partit immédiatement pour Neuchâtel, dix-huit Jours avant le coup d'Etat. Bien lui en prit, car il était sur la liste de proscription de Château- roux. Nous nous rappelons l’entrain Joyeux avec lequel il commença ses cours de chimie et de physique dans le collège et dans nos auditoires; 1l était heu- reux de se sentir dans un pays libre, et de mettre ses talents, ses forces et son initiative peu commune au service d’un peuple qui travaillait à sa réorganisa- tion dans tous les domaines, après une crise politique RE SaÈcE ‘ — 149 — qui avait changé ses institutions. Dès son arrivée, il se fit recevoir membre de notre Société, dont il fut un des soutiens les plus actifs, ne reculant devant aucun travail, lorsqu'il en pouvait résulter un perfec- tionnement quelconque ou un progrès, et ne s’épar- gnant pas pour répandre, par des conférences ou autrement, les lumières de la science parmi nos arti- sans, nos industriels et nos agriculteurs. Il se con- sacra tout particulièrement à la météorologie, au Jaugeage des cours d’eau, à l'hydrographie, à la mesure de la température de nos sources, de celle de l’eau du lac, des variations de son niveau; il fit partie du comité qui inaugura des appareils spéciaux pour déterminer l’évaporation du lac, continuant ainsi les recherches et les observations commencées régulièrement par MM. d'Osterwald, H. Ladame, Arnold Guyot. Nommé membre de la Commission fédérale d’hy- drométrie, il s’occupa avec suite et pendant bien des années des mesures limnimétriques de nos trois lacs, qu'il résumait chaque année par des tableaux gra- phiques insérés dans notre Bulletin, et qu'on utilisa pour les études préliminaires de la correction des eaux du Jura. Il prit une part active à l'érection de la colonne météorologique et à celle de la table d'orientation, l’une et l’autre dues à l'initiative de notre Société. Le Comité élu en 1853 pour s'occuper de la pre- inière, n'avait rien pour se guider; les monuments de ce genre, nombreux aujourd'hui, étaient fort rares, il y a 40 ans; c'était donc en quelque sorte une création à réaliser, et comme on désirait réunir au baromètre et au thermomètre un udomètre et un — 150 — limnimèétre, on augmentait d'autant les difficultés. Jusque-là les mesures limnimétriques se faisaient à l’aide d’une échelle établie dans le port; la fixation et la lecture du niveau de l’eau étaient presque im- possibles par la houle; les chiffres obtenus dans ces conditions manquaient de la rigueur désirable. C'est alors qu'on eut l’idée de creuser sous la colonne météorologique un puits mis en communication par le sol perméable avec le lac, et d’y placer un flotteur portant une tige terminée par l'aiguille servant d’index et glissant sur l'échelle divisée. — Quant à ludo- mètre, il fut, dès l’origine, une source d’ennuis; si les gamins n'en cassaient pas le tube en verre, la selée le faisait éclater. Je dois dire que cette co- lonne fut pour nous une source de surprises peu agréables. Il en fut de même pour la table d'orientation, jus- qu’au jour où, après bien des tâtonnements, l'on fut fixé sur l'identification des lieux, des montagnes visi- bles de Neuchâtel, sur la nature du métal à employer, sur la forme à donner à l’alidade, pour résister aux causes de destruction de tout genre qui menacent un objet confié à la sauvegarde du public. Le premier essai consistait en une plaque demi-circulaire en tôle peinte en blanc, sur laquelle les directions avaient été tracées en consultant le grand panorama de la chaîne des Alpes, dessiné avec soin par M. d’Osterwald. C'est là-dessus que j'écrivis les noms à l'encre de Chine, recouverte elle-même d’un vernis protecteur. Comme chimiste, Ch. Kopp fit de nombreuses ana- lyses de vins, d'eaux de nos sources, en particulier des sources ferrugineuses et sulfureuses du marais des Ponts et de la Brévine, de diverses roches, de la _ = 4 — tourbe, des argiles, de l’asphalte de Travers et de Saint-Aubin, des huiles employées dans l'horlogerie. Comme physicien, il soccupa de la production des courants électriques et de leurs effets, surtout depuis l’arrivée à Neuchâtel de M. Hipp, qui stimula gran- dement nos hommes de science par son génie cher- cheur, ses inventions et ses découvertes. Les usines à gaz, qui commençalent à se répandre en Suisse, attirèrent également son attention; aussi, lors de l’in- troduction du gaz d'éclairage dans notre ville, les auto- rités réclamérent-elles son concours pour coopérer à l'installation la plus profitable de cet important service public. Chargé de surveiller la qualité du gaz par des mesures photométriques, on se souvient encore à l’usine à gaz du zèle qu'il apportait dans ce contrôle. Enfin, il traduisit en français des mémoires scien- üfiques écrits en allemand ou en anglais et qui étaient de nature à nous intéresser. On le voit, il ne s’épargnait pas, surtout dans les premières années de son établissement à Neuchâtel, lorsqu'il y avait tant de choses à organiser dans le domaine de l’enseignement. Il n’était plus un étranger pour nous, malgré son accent alsacien, et il le prouva en se mariant, en 1854, avec Mlle Sophie Meyrat, dont il eut deux fils, et en se faisant naturaliser Suisse et Neuchâtelois. En 4870, il put donner asile à plusieurs de ses amis d'Alsace, entre autres au peintre Théophile Schuler, à M. Himly, de Paris, et à bien d’autres. La mort de sa femme brisa cette existence active et heureuse et, en 1874, il alla s'établir à Mulhouse, auprès de son fils, chimiste dans un grand établisse- ment. Le professeur Goppelsræder lui demanda des — 152 — cours de physique et de mathématiques à l'Ecole de chimie de la ville. En 1880, il suivit son fils, le chimiste, à Rouen, mais il le quitta au bout de quelques années, pour rentrer à Strasbourg, où s'était écoulée sa Jeunesse et où il avait des parents et des amis. Il prit sa retraite dans l’établissement de Sainte-Barbe, où 1l trouvait encore moyen de s'occuper, malgré la mala- die de cœur qui le minait. C’est là qu’il s’est éteint le 31 mai 1891; il fut accompagné au cimetière Saint-Gall à Strasbourg par le dernier survivant de ses six frères. CIRCULAIRE DE LA COMMISSION DES BLOCS ERRATIQUES Il y a 25 ans que la Société helvétique des Sciences naturelles, faisant appel au patriotisme des citoyens suisses, les engageait à prévenir la destruction des nombreux blocs erratiques disséminés sur le sol de notre pays. Klle pensait faire une œuvre utile en empêchant, dans la mesure du possible, la disparition d'objets d’un intérêt unique. Un grand nombre de particuliers, d’autorités com- munales et cantonales répondirent à cet appel, en cédant à l'Etat ou aux sociétés scientifiques la pro- priété d’une multitude de blocs erratiques, dont plu- sieurs sont devenus dès lors des lieux de pèlerinage pour les savants et les amateurs de la nature. Dans ce mouvement, notre canton ne resta pas en arrière et plusieurs communes furent parmi les pre- mières à déclarer certains blocs «inviolables » ; d’autres (Neuchâtel, Boudrv, etc.), à ce que nous apprennent les Actes de la Société helvétique, s’engagèrent même à ne plus laisser exploiter des blocs dans leurs pro- priétés… Mais le temps a passé, les hommes ont changé, l'inscription cç inviolable », apposée à l’huile sur les blocs protégés, a disparu. Aucune convention n'ayant été passée — dans notre canton — et les communes étant restées propriétaires des blocs inviolables, on ne sait plus aujourd’hui ) J quels sont ces blocs ni où l’on doit les rechercher. Plusieurs ont, du reste, été vendus et exploités. Quelques communes refusent même de se considérer comme liées par des engagements pris il y a 25 ans! En présence de ces faits et de la destruction crois- sante des blocs erratiques, en présence surtout de l'intérêt considérable qui s'attache à un grand nombre d’entre eux, voire même de leur utilité, la Société neuchâteloise des Sciences naturelles a dû s'occuper à nouveau de leur conservation. Dans le but de régler d’une manière définitive cette question de conservation des principaux blocs impor- tants, elle s’est adressée au Conseil d'Etat. C’est, appuyée par l’autorité cantonale, qu’elle entreprend de dresser un catalogue de ces blocs. La tâche est évidemment fort longue et difficile, pour la mener à bonne fin; il faut à la Commission instituée ad hoc par la Société le concours de {ous et en particulier de toutes les personnes qui, ensuite même de leurs occupations, connaissent en détail certaines parties du pays. C'est donc à fous, petits et grands, que nous nous adressons dans le but d'obtenir des renseignements sur les blocs erratiques du canton. En fait de renseignements, ce qu’il nous importe avant tout de connaitre, c’est la situation aussi exacte que possible des blocs, car, s’il est des régions où ils abondent, ils sont extrêmement rares et difficiles à trouver ailleurs. La situation se détermine et se décrit facilement par rapport aux accidents de terrain (lacs, ruisseaux, vallons, combes, crêtes, lisières de forêts), ou par rapport à des objets tels que localités, chemins, : à MA etc. Une fois la situation connue, nous nous transpor- terons sur les lieux afin de relever les blocs et de fixer leurs caractères. Quelques indications sur la dimension approximative de ces blocs seront aussi les bienvenues. Nous prions toutes les personnes qui pourraient nous donner des renseignements de bien vouloir s'adresser à l’un des membres soussignés. N.-B. — La Commission désire la formation de Comités locaux qui centraliseraient pour chaque commune les don- nées fournies sur les blocs situés dans la commune; mais il est évident qu'elle sera reconnaissante pour tous les rensei- gnements qu'on voudra bien lui fournir, qu'ils proviennent de comités ou de simples particuliers. La Commission adressera à toutes les personnes qui lui en feront la demande des formulaires qu'il suffira de remplir. La Commission des Blocs erratiques : Louis FAVRE, prof., président. Maurice DE TRIBOLET, prof., secrétaire. Léon Du Pasquier, Dr ès-sciences. Auguste JACCARD, prof. Fritz TRIPET, prof. Le Département de l'Intérieur ne peut que recom- mander l'enquête entreprise par la Société neuchâte- loise des Sciences naturelles à l'initiative bienveil- lante et éclairée des autorités et du public. COMTESSE. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Année 1801-1892 À SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1891 Présidence de M. Louis COULON, président d'honneur Le procès-verbal de la séance du 11 juin 1891 est lu et adopté. On passe à la nomination du bureau. M. FAVRE étant indisposé s’est fait excuser et décline une réélection. La Société compose le bureau comme suit : Président : M. BILLETER, professeur. Vice-président : M. Paul GobET, professeur. Caissier : M. le D' F. DE Pur. Secrétaires : MM. Coxxe et Pierre DE MEURON. Secrétaire-rédacteur du Bulletin : M. K. TRIPET, pro- fesseur. à M. BILLETER présente une communication sur la re- cherche de la pyridine dans l'alcool dénaturé. Ce travail a été exécuté au laboratoire cantonal, dans le but de cons- tater la présence frauduleuse d'alcool dénaturé dans les produits d'une fabrique de spiritueux. La régie fédérale dénaturait primitivement l'alcool en y incorporant une certaine proportion d'huile lourde de goudron. Or, celle-ci se laisse facilement éliminer en di- luant l’alcoo! dénaturé à 30 °/, et en filtrant sur le noir animal. I] suffit alors de remonter le liquide filtré avec de l'alcool pur pour avoir un */, notablement meilleur mar- ché que celui qui est honnêtement fabriqué. in. Ce procédé n’est plus efficace depuis que la régie fait intervenir la pyridine. Ce corps possède une odeur très caractéristique, qui ne disparait pas par le passage sur le noir animal. Il ne se laisse guère éliminer de l'alcool que par distillation et alors le bénéfice du fraudeur est com- promis. Dans les spiritueux en question, la pyridine a été décelée par les précipités caractéristiques qu'elle forme en solution alcoolique avec le chlorure de cadmium, et surtout en solution aqueuse avec le chlorure mercurique. On a acidulé avec de l'acide chlorhydrique 250 centimè- tres cubes du liquide à examiner et on a distillé jusqu'à ré- duction du volume à environ 15 centimètres cubes. Dans ces conditions, la pyridine est retenue à l’état de chlorhy- drate. Le résidu de la distillation est versé sur 10 grammes de carbonate de potassium sec, qui met en liberté la py- ridine et élève le point d’ébullition de la solution aqueuse; puis on distille et on recueille les premières fractions dans des tubes contenant une ou deux gouttes de solution saturée de chlorure mercurique, tant qu'il se forme un précipité. Il suffit alors de filtrer, sécher et attaquer ce précipité par la soude caustique, pour que l'odeur carac- téristique de la pyridine puisse être constatée. M. Pierre DE MEURON présente quelques réflexions sur le manuscrit de M. L. Perrot, écrit vers 1811, et donnant une foule de renseignements très complets sur les pois- sons des lacs de Neuchâtel, Morat et Bienne, de la Reuse et du Doubs, sur les pêcheurs, leurs instruments ct leurs procédés. Ce manuscrit est une copie faite par M. Louis Coulon père et appartient à la bibliothèque de Neuchâtel. M. Goper attire l'attention de la Société sur un singu- lier animal appartenant à la classe, des Myriapodes, la Seutigère. (Scutigera coleoptrata). L'espèce est reconnaissable à son corps allongé, recou- vert de plaques écailleuses, et à ses longues pattes, au nombre de quinze de chaque côté ; la tête porte deux an- — 158 — tennes. La couleur est d’un brun plus ou moins foncé et le dos présente trois lignes foncées longitudinales. La longueur du corps est de 3 cm. environ. Le tout laisse l'impression d’une araignée à pattes nombreuses. La Scutigère est originaire du midi, où elle abonde. On la rencontre cependant parfois dans notre pays et jusque dans le nord de l’Europe. M. Godet a reçu à trois reprises des exemplaires pris à Neuchâtel. La première fois, l’ani- mal avait apparu dans la maison après la réception de deux caisses venant du midi. Mais voilà que l’autre jour on lui en a apporté un autre exemplaire, découvert sous un lit dans une maison du Faubourg. Impossible jusqu'iei d'expliquer la présence de l’intéressant myriapode dans la maison susdite, à moins qu'il n'y soit arrivé bien des semaines auparavant dans des boîtes de fleurs du midi. Il serait intéressant de savoir si la Scutigère a été obser- vée ailleurs et dans quelles conditions. Jusqu'à présent, il ne semble pas qu’on doive la traiter comme une espèce indigène. M. BILLETER propose de fixer les séances au vendredi afin d'éviter des coïncidences avec les concerts du jeudi. Cette proposition est adoptée, ainsi que celle qui charge le bureau de faire l’acquisition d’un tableau noir. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 189 Présidence de M. BILLETER Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. Il est donné connaissance à la Société de la demande du Musée géologique de Rome et de la Société d'histoire naturelle d'Autun, d'échanger nos publications avec les leurs, demande qui est acceptée. M. F. 'TRIPET lit une notice de M. À de Jaczewski sur la méthode de Herpell pour la formation d’un herbier des M — 159: — champignons hyménomycètes. Elle consiste à fixer sur du papier gélatiné, après leur avoir fait subir une prépara- tion appropriée, les parties essentielles du champignon et à les soumettre ensuite à une pression modérée jusqu’à ce qu’elles adhèrent suffisamment. Cette méthode est peu coûteuse; elle conserve aux cham- pignons leurs dimensions, leur couleur et le mode de disposition de leurs lamelles. Elle est donc infiniment préférable à la méthode de dessication directe, et permet de se passer des collections de moulages, très chères et très encombrantes. (Voir p. 44.) M. L. FAvRE avait autrefois réussi à fixer la disposition des lamelles du champignon en posant le chapeau à plat sur une feuille de papier; les spores tombant sur celle-ci étaient ensuite fixées au moyen d’un liquide siccatif. M. L. Isezy a malheureusement cru devoir ne présenter qu'un résumé de la communication annoncée, supposant que le temps lui manquerait pour l’exposer in extenso. Il développe le principe de dualité et indique le parti qu'on peut en tirer pour passer des théorèmes de la géométrie plane à ceux de la géométrie dans l'espace, en remplaçant dans l'énoncé des premiers le mot point par le mot plan et inversément, et en laissant le mot droite sans y toucher. Il montre comment on déduit des théorèmes sur l'égalité des triangles ceux sur l'égalité des trièdres, et démontre ainsi combien l'étude de la géométrie est simplifiée et rendue moins longue et plus intéressante. (Voir p. 118.) M. BILLETER demande si la démonstration du principe de dualité a été donnée, à quoi M.ISELY répond qu'elle découle des relations des figures corrélatives. M. Léon Du PASQuIER prend la parole pour renseigner la Société sur l’état de la question des blocs erratiques. Des trois membres de la Commission nommée dans la séance du 14 mai dernier, le temps de l’un a été pris par des travaux absorbants, du second par d’autres préoccu- — 160 — pations, de sorte que M. Du Pasquier s'est trouvé seul aux prises avec nos blocs. Comme il lui serait impossible d'y suffire, il demande qu'on lui adjoigne, en la personne de MM. Favre et Trier, deux collègues auxquels incom- bera la tâche de lui fournir les renseignements verbaux nécessaires pour qu'il puisse étudier la question sur le terrain. Cette proposition étant acceptée, M. Du Pasquier donne lecture d’une notice exposant le plan qu'il pro- pose de suivre dans ce travail. (Voir p. 1.) M. le PRÉSIDENT félicite vivement M. Du Pasquier au nom de la Société, de la façon magistrale dont il a traité ce sujet, et invite la Commission à publier cette notice dans les journaux. SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1891 Présidence de M. BILLETER Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. LEGRANDROY, professeur, qui avait été empêché d'assister aux réunions de la Société pendant plusieurs années, demande à y rentrer, ce qui est accepté tacite- ment; puis M. Auguste Dugoris, professeur, est admis à l'unanimité membre de la Société. M. Charles-Auguste Philippin est présenté comme can- didat par MM. L. FAvRE et WEBER. M. Hrescu fait don à la Société des deux dernières livrai- sons sur le Nivellement de précision de la Suisse, publié par la Commission géodésique. Elles contiennent entre autres la vérification de l’étalon en fer de la Commission, exécu- tée par le Bureau international des poids et mesures, et le catalogue des altitudes des points de repère, rapportées à la Pierre du Niton, en attendant que l'Association géo- désique internationale se soit décidée à désigner la mer dont le niveau sera pris comme point de départ. tn à At. NE — M. HirsCcH, rendant compte de la dernière conférence géodésique internationale, signale l’heureuse conséquence de la révision des toises que les différents pays ont em- ployées pour mesurer les bases de leurs nivellements. Grâce à cette comparaison, effectuée à Breteuil, les dif- férences jusqu'ici inexplicables qui existaient entre ces triangulations ont complètement disparu. Un autre résultat, également du plus haut intérêt, est celui de la mission envoyée aux iles Sandwich pour con- trôler la variation des latitudes. Cette nouvelle et brillante découverte de l'astronomie, dont il reste à rechercher les causes, est confirmée de la manière la plus éclatante par les observations de Berlin, Potsdam et Prague, faites en mème temps que celles de Honolulu. M. RiTTER pense que la cause de ce phénomène doit être attribuée aux influences thermiques résultant de la variabilité de l’action solaire sur l'écorce terrestre: il relève l'importance de cette découverte pour l'explication de certains phénomènes géologiques anciens. M. PERROCHET décrit les phénomènes produits par l'avancement des séracs du Mont-Colon et leur chute contre le glacier d’Arolla, qui se trouve actuellement dans une période stationnaire. Il en résulte la formation d’une série de gradins. En outre, on observe sur le front du glacier un certain nombre de crevasses verticales, reliées entre elles par une galerie horizontale. M. ALBRECHT présente un nouvel hémomètre, rempla- çant avantageusement les appareils analogues à étalon variable employés jusqu'ici. On leur substitue actuelle- ment une pyramide en verre coloré, à base rectangulaire, mobile dans le plan d’une face perpendiculaire à la base, Il suffit donc de déterminer l'épaisseur de verre qui cor- respond à l'intensité de coloration du sang, dilué dans un rapport déterminé. Pour cela, on fait marcher, au moyen 11 BUEL.50C.. SC.:NAT.: T. XX — 162 — d'une crémaillère, le prisme à côté d’une petite cuve rem- plie de sang dilué, et on peut lire le résultat sur une échelle aussitôt que les deux colorations sont égales en intensité. (Voir p. 9%.) SÉANCE DU 8 JANVIER 1899 Présidence de M. BILLETER Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Ch.-Aug. PHizippix est élu à l’unanimité membre de la Société. MM. F. Triper et M. DE TRIBOLET présentent comme candidat M. Henri Sandoz fils, vétérinaire. M. BELLENOT décrit de la façon la plus complète l’ins- tallation de la station centrale d'électricité à Cologne et la distribution de l'électricité à domicile dans cette ville. M. L. Favre lit une note sur la dernière visite des chaudières à vapeur du canton, faite par la Commission de surveillance. (Voir p. 111.) . MM. pe TriBoLET, FAvRE et Léon pu PASQUIER rendent compte à la Société des travaux de la Commission des blocs erratiques. Elle se propose de répandre ce printemps dans le pays, soit directement, soit par l'intermédiaire du Club jurassien et du Département de l'Intérieur, une cir- culaire dans laquelle elle demandera aux personnes compétentes les indications nécessaires à ses recherches. En outre, la communication de M. Du Pasquier sur ce sujet sera envoyée aux personnes qui s'intéressent à la conservation des blocs erratiques. La Société décide d'accepter ces résolutions, en spéci- fiant que les circulaires seront prètes à être lancées aux premiers beaux jours. + dc (y — 163 — M. Paul GopeT annonce qu’il a reçu de M. Henri Junod, missionnaire dans l'Afrique australe, avec un envoi de chenilles, un travail sur quelques larves inédites de Rhopa- locères sud-africains, dont il donne un résumé. Cette notice sera insérée dans le Bulletin. (Voir p. 18.) M. GODET propose de nommer M. Junod membre cor- respondant de la Société. Notre jeune compatriote a donné déjà de nombreuses preuves de l'intérêt qu'il porte aux sciences naturelles et aux collections du Musée. | Cette proposition est adoptée, et la Société confère à M. Junod le titre de membre correspondant. SÉANCE DU 22 JANVIER 1892 Présidence de M. BILLETER Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Henri SaANDpoz fils, vétérinaire, est élu membre de la Société. M. BILLETER annonce à la Société que le bureau a vé- rifié etreconnu exacts les comptes de l'exercice 1889-1890, bouclant par un solde en caisse de 2214 fr. 15 et qu'il propose d’en donner décharge au caissier, ce qui est fait avec remerciements. En outre, le bureau a chargé MM. Bil- leter et Tripet de l'acquisition d’un tableau noir, décidé la cession du Zoologischer Anzeiger à la Bibliothèque de l’Académie (ce journal n'offre qu'un intérêt d'actualité) et de déposer pendant trois mois les publications adressées à la Société chez M. Billeter, qui les mettra à la disposi- tion des sociétaires sous sa responsabilité. M. le D’ F.pE PuRy rend compte du résultat de la sous- cription ouverte l’année passée pour l’acquisition du bloc = AG = de Mont-Boudry.Elle a produit net 618 fr.50. En présence de ce résultat, M. de Pury propose de renoncer à la somme de 200 fr., offerte par le Département de l'Intérieur, d’au- tant plus qu'en acceptant la propriété du bloc, l'Etat à épargné à la Société une foule d’ennuis de tout genre. Cette proposition est adoptée. La Commission des blocs erratiques donne connaissance à la Société de son projet de circulaire, qui est adopté sans modifications. M. le D' G. BOREL présente une communication sur les accidents dynamiques consécutifs aux catastrophes de chemins de fer. M. Borel à eu en traitement plusieurs per- sonnes chez lesquelles l'accident de Zollikofen a déterminé des explosions de maladies hystériques se trahissant par une altération de la vision, puis par des tremblements ner- veux des mains et des jambes, des crises hystériques, etc. Ces maladies s’agoravent avec rapidité et font leur œuvre bien plus vite que dans la vie ordinaire, et cela sans qu’a- près la mort on retrouve leurs traces caractéristiques, par exemple dans la moëlle épinière. M. WEegEr raconte les impressions qu'il a ressenties lors de l'accident de Zollikofen, auquel il a assisté invo- lontairement. M. BÉRANECK pense que si l’on ne retrouve pas après la mort de modifications de la moëlle épinière, c’est qu'il faudrait peut-être les rechercher dans le cerveau, où il est possible que la maladie ait son siège. SÉANCE DU 11 FEVRIER 1892 Présidence de M. BILLETER Au début de la séance et après l'adoption du procès-ver- bal, M. L. Favre demande que la communication faite il — 165 — y a quelque temps par M. Bellenot, sur la station centrale de Cologne, soit insérée au Bulletin. M. le PRÉSIDENT ex- plique que cela va de soiet que les communications faites à la Société deviennent en quelque sorte sa propriété !. M. BILLETER présente ensuite le nouveau tableau noir, dont l'acquisition a été faite pour le prix de 98 fr. M. L. FAvRE lit une notice nécrologique sur Charles- Guillaume Kopp, autrefois professeur à Neuchâtel et pendant plus de vingt ans un des membres les plus zélés de notre Société des sciences naturelles. (Voir p. 146.) M. Léon Du Pasquier développe sa communication : Sur les limites du glacier du Rhône le long du Jura. M. Du Pasquier a recherché s’il n’était pas possible de constater, le long du Jura, des traces palpables des deux périodes glaciaires successives dont on connaît depuis longtemps les traces dans la plaine suisse. II à réussi à déterminer les limites de la moraine interne du glacier du Rhône sur les flancs du Jura jusqu’à leur raccordement avec la moraine terminale du mème glacier à Wangen sur l’Aar. Cette ligne, dont l'altitude maximale est de 1240 m. à lAïguille de Beaulmes, indique la limite du glacier au moment de sa dernière expansion. Au-dessus de cette moraine, on trouve encore des blocs isolés, sporadiques, formés le plus souvent par d’autres matériaux que ceux de la moraine interne et qui sont les témoins de l’avant- dernière période de glaciation du Jura par le glacier du Rhône. (Voir p. 32.) Plusieurs membres de la Société adressent quelques questions et demandes d'explications complémentaires à M. Du Pasquier. M. le PRÉSIDENT demande que l’on se prononce sur les relations de la Société avec les « Archives des sciences physiques et naturelles » de Genève, auxquelles nous 1 Sur le désir de l’auteur, cette communication n’a pas été publiée. — 166 — envoyions autrefois des correspondances contenant le compte-rendu sommaire de nos réunions. Après diverses explications, la Société décide de nommer un correspon- dant officiel des Archives et elle charge de ces fonctions un des secrétaires, M. Pierre de Meuron. M. Louis FAvRE fait la communication suivante sur un défaut qui a été découvert à une chaudière à vapeur dans nos environs: Il y à quelques jours, l'inspecteur de la. Société suisse des propriétaires de chaudières à vapeur m'apporta deux morceaux de tôle provenant d’un bouilleur dont il avait fait la visite intérieure etextérieure, il y à quelque temps, et où il avait cru découvrir une fissure qui lui paraissait dangereuse. Comment il a pu l’apercevoir soit du dedans, couché dans un tube à peine plus grand que sa personne, soit du dehors en rampant dans les vides des carnaux, éclairé par une mauvaise chandelle, c’est ce que j'ai peine à conce- voir. Mais cela peut nous donner une idée du coup d'œil perçant de ces hommes habitués à cette recherche, et de l'habileté avec laquelle ils se servent du marteau pour percuter le métal et en tirer des inductions. J'ajoute que l’appareil des chaudières de l’établisse- ment lui inspirait des inquiétudes, comme à moi, et que ses facultés en étaient d'autant plus aiguisées. L'usine avait passé par des circonstances diverses d'arrêt et d'ac- tivité, de bonne et de mauvaise fortune, même l'incendie l'avait visitée. Tout cela n’est pas favorable aux chau- dières et les rend suspectes à ceux qui ont la charge de les surveiller et de prévenir les accidents. Après bien des pourparlers, il parvint à décider le pro- priétaire à faire la réparation qu’il demandait, c'est-à- dire à enlever le morceau qui lui inspirait des doutes pour le remplacer par une pièce neuve rivée avec soin. C’est précisément le fragment enlevé au ciseau qu'il m'ap- portait; mais soumis à l'examen de l'ingénieur en chef de la Société, M. Strupler, il revenait de Zurich rompu en deux ; au premier effort, le fer avait cédé et avait mis au jour une paille qui en traversait l'épaisseur justement au point suspect. Le dessin que je présente fera mieux comprendre l’état du métal que toutes mes explications. Or, il s'agissait ici d’une chaudière de la 1'° catégorie, composée d’un corps principal de un mètre de diamètre sur 6*,7 de longueur, de deux bouilleurs d’un diamètre de 0",60 sur 6*,7 de longueur, d’un réchauffeur, le tout ayant une surface de chauffe de 57,5 mètres carrés et marchant sous une pression de 7 atmosphères. Quelle résistance le fer ainsi altéré pouvait-il présen- ter ? Ajoutons que ce défaut était précisément dans la partie du bouilleur exposée au feu du foyer. Le propriétaire, furieux d’avoir dù faire cette dépense et d’avoir été obligé d'interrompre ses travaux pendant qu'un ouvrier chaudronnier compétent, venu de Vevey, procédait à la réparation, a épuisé son vocabulaire sur le malencontreux inspecteur qui l’a peut-être sauvé d'une explosion et de ses effrayantes conséquences. On sait que les explosions des bouilleurs à foyers exté- rieurs sont bien autrement terribles que celles des chau- dières tubulaires, qui en sont quittes souvent pour la rupture d’un tube à fumée éteignant le feu. Nous pouvons donc rendre hommage à la sagacité de notre inspecteur, qui a découvert cette fissure, et a tenu bon contre le propriétaire en le forçant à la réparer. Ilest vrai que le propriétaire a demandé d'être rayé de la liste des membres de la Société suisse. Mais il ne peut échapper au règlement qui autorise le Département de l'Intérieur à faire visiter d'office les chaudières non ins- crites, ce qui leur procure des frais plus considérables. M. BELLENOT présente des échantillons de câbles fabri- qués à Cortaillod. Ces câbles sont destinés à transporter BR ee des courants à haute tension; l’un d'eux, construit pour 4000 volts, a supporté des essais de 8000 volts, et l'autre, à trois conducteurs pour courants polvphasés, en -a sup- porté 5000. SÉANCE DU 4 MARS 1892 Présidence de M. BILLETER La séance s'ouvre par la lecture du procès-verbal, qui est adopté. Quelques explications sont échangées sur le sujet tou- jours nouveau du jour des séances, des convocations et des renvois. Puis, M. TriPET annonce qu'il a reçu 42 vo- lumes de comptes-rendus de Sociétés françaises et que la Société belge d’entomologie, se disposant à nous envoyer une notice sur un célèbre entomologiste de ce pays, de- mande qu'on lui fasse parvenir les adresses des membres de notre Société. M. le D' A. Cornaz présente les différents types d’Acti- nies qu'il entretient vivantes en captivité et à l’occasion desquelles la Société se trouve réunie à l'Evole. Après quelques mots sur la station de Roscoff d’où proviennent ses spécimens, M. Cornaz entretient ses auditeurs des con- ditions qu'il faut réaliser pour conserver ces animaux marins en bon état si loin de l'océan. Ses aquariums sont remplis d’eau de mer venue en baril de Roscoff. Cette eau doit être maintenue en parfaite propreté et aérée quoti- diennement au moyen d’un appareil hydraulique dont M. Cornaz fait la démonstration. L'eau des aquariums est purifiée, soit par putréfaction complète des matières or- ganiques qu'elle contient, suivie d’un filtrage soigneux, soit par simple ébullition. Grâce à ces procédés, nous pouvons admirer dans les aquariums mis sous nos yeux x asie: — 169 — des Actinia, Anthea, Heliactis, Butodes, Sagartia, Thealia, Cerianthus, ete. en parfait état. Ce spectacle, nouveau pour beaucoup de membres, éveille l'intérêt général dont M. le Président se fait l'écho en remerciant M. le D' Cornaz de ses intéressantes démonstrations et de l'hospitalité qu'il offre aujourd'hui à la Société. Quelques membres demandant des explications plus étendues sur l’histoire naturelle des Actinies, celles-ci leur sont fournies par MM. Paul Godet et P. de Meuron. M. TRIPET communique les résultats de l'examen qu'il a fait du contenu de l'estomac d’un lagopède, provenant d’un marchand de comestibles de notre ville. Il y a trouvé des bourgeons et des extrémités de rameaux de hêtre, d’aulnes, de bouleaux, etc. qui avaient communiqué à la chair un goût désagréable et éveillé la défiance du con- sommateur. SÉANCE DU 18 MARS 1892 Présidence de M. BILLETER Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. M. Pizrppix informe la Société, à propos des discus- sions au sujet de la possibilité de retourner les Actinies que, dans une conférence à Manchester, un professeur a présenté un de ces animaux qui avait subi sans dom- mage cette opération. Cette affirmation ne convertit pas les sceptiques. M. le D' BoreL présente une communication sur l'Hys- térie chez l'homme adulte. Cette affection n’est entrée définitivement dans le do- maine scientifique que depuis les travaux de Charcot, qui ont rigoureusement établi la réalité de cet état nerveux. Mais avant tout il est nécessaire d’être prémuni contre quelques idées erronées transmises par la tradition. La légèreté, l’insouciance, la mobilité étaient considérées au- trefois comme caractérisant l’état psychique de l'hysté- rique, et il était admis que les manifestations somatiques ou corporelles étaient essentiellement fugaces. Ces idées, déjà inexactes si on les applique à tous les cas d'hystérie chez la femme, sont complètement fausses si on envisage l’hystérie chez l'homme. Le tableau symptomatique de la grande hystérie, dans sa forme la plus parfaite, peut ètre considéré comme un assemblage de pièces distinctes représentant chacune un des symptômes de la névrose. Le tableau peut se dégrader par la perte successive d’une ou de plusieurs de ses pièces, et arrive enfin à n'être plus constitué que par l’une d’entre elles. C’est là l’hystérie monosymptomatique. L'hystérie est sans contredit la maiïiadie protéiforme par excellence, et la clarté commence à se faire au sujet de cette maladie étrange, qui semble former la limite entre les désordres matériels et ceux d’un autre ordre. M. le D' Borel présente un jeune homme de 21 ans qui, à la suite d’un léger accident, est devenu le type de l'hys- térique le plus accentué. Une blessure de la cornée fut suivie de paralysie de la pupille et de l’accommodation; puis il survint une diplopie monoculaire, c’est-à-dire que l'œil qui avait été blessé voyait double isolément; la con- vergence devint défectueuse; la rétine, prise d’une sensi- bilité exagérée, ne pouvait plus supporter la lumière; tous les objets étaient vus de couleur rouge, et cette éry- thropsie S'’accentua dès que la neige favorisa encore l’éblouissement. Un simple rayon de lumière suffit pour produire un larmoiement intense et détermine une sueur abondante, limitée à la moitié du visage. Une simple émo- tion amènerait le mème résultat. Le sommeil devint im- possible, la vision des couleurs prit des troubles caracté- D à , — A — ristiques : le champ visuel de la vision périphérique se rétrécit notablement du côté lésé; le goût, l’odorat, ]àa sensibilité de la bouche et du pharynx disparurent du côté droit, alors que le côté gauche restait normal. Ce sont ces régions insensibles à la douleur qu'on pre- nait au moyen-àâge pour des marques du diable, à cette époque où on appelait les hystériques des possédés ou des démomaques, qu'on faisait monter sur des bûchers aux applaudissements d’un peuple fanatisé. Les membres de la Société sont fort étonnés de voir le sujet rester insensible aux piqûres les plus profondes, aux brûlures au fer rouge, tant qu'on restait sur la moitié droite du corps; l'œil lui-même était tout à fait anesthé- sié. Mais dès que la piqûre dépassait la ligne médiane, l’'hémianesthésie faisait place à une exagération dela sen- sibilité. Ces troubles n'ont du reste aucune base anatomique appréciable, et 1l suffit de mettre le sujet en contact avec un aimant pour opérer un transfert, c’est à dire le passage de l’anesthésie du côté droit au côté gauche. Il est bien curieux de remarquer que les malades ne se doutent en rien de ces anomalies de sensibilité n1 des troubles de leurs sens. Ce cas est d'autant plus remarquable que, dans l'espèce, nous avons affaire à un homme bâti comme un hercule Farnèse, avec un cou de taureau et des muscles de lut- teur, et chez lequel une blessure de minime importance à produit des désordres généraux littéralement de la tête aux pieds. Les auditeurs de M. le D' Borel n’ont cessé de prêter l'attention la plus soutenue aux explications données sur ce curieux cas pathologique. M. Léon Du Pasquier donne lecture de la circulaire préparée par la Commission des blocs erratiques, pour accompagner le questionnaire qu'elle adressera aux per- sonnes dont les renseignements pourraient être utiles. Cette circulaire est approuvée par la Société et sera re- produite dans le Bulletin. (Voir p. 155.) = 10. Le questionnaire est conçu dans les termes suivants: LE Pouvez-vous nous donner l’un ou l’autre des rensei- onements ci-dessous au sujet de blocs erratiques ayant existé ou existant encore ? Ces renseignements se rapportent-ils: A un seul bloc? Ou à plusieurs blocs isolés ? Ou à un groupe de blocs ? Ces blocs existent-ils encore ? Ont-ils été exploités ? Ou enterrés ? Ont-ils ou avaient-ils des noms ? Lesquels ? Quelle est la situation de ces blocs ? (Indiquer la situation par rapport aux localités ou aux cours d’eau, aux montagnes, forêts, routes, etc.) Sur quelle Commune sont-ils ? Appartiennent-ils à la Commune ? Ou à un particulier ? A qui? Quelles sont les dimensions approximatives de ces blocs ? Sont-ils tout à fait hors de terre ? Ou en partie enterrés ? Ou dans l’eau ? Observations particulières, telles que, par exemple: Nature de la roche ? Altitude approximative ? Position particulière (blocs debout)? Signes particuliers gravés sur les blocs ? Colonies de plantes étrangères dans le voisinage ? Légendes se rapportant à ces blocs ? ‘Log La Ou tout: autre renseignement pouvant présenter quelque intérêt? 11. Adresses de personnes à même de fournir des ren- seisnements sur les blocs erratiques ? M. L. Du PasQuiER présente ensuite un travail de M. Jaccarp sur les anciens glaciers du Jura. L'auteur du travail divise la période glaciaire en trois phases successives. 1° Phase initiale, caractérisée par l'existence de petits glaciers locaux et par l'extension graduelle des glaciers alpins. _ 2 Phase maximale : les glaciers des Alpes se mèlent aux glaciers locaux et se répandent au-delà des limites de la Suisse. 3° Phase terminale, pendant laquelle les glaciers alpins sont limités en gros par la première chaine du Jura: c'est à cette époque que se forme la grande moraine frontale du glacier du Rhône, de Wangen sur l’Aar à l'Aiguille de Beaulmes. La seconde partie du travail de M. Jaccard est un cata- logue des blocs et dépôts erratiques qu'il à observés dans le Jura. (Voir p. 124.) M. Du Pasquier ajoute que ce sont là les seules subdi- visions auxquelles donne lieu l'étude des dépôts glaciaires du Jura. Dans la plaine ils’est formé, dans l'intervalle qui sépare les deux dernières phases indiquées par M. Jaccard, une série de dépôts non directement glaciaires, qui montrent que les glaciers s'étaient considérablement retirés. M. RiTrEer constate que les dépôts glaciaires ont eu lieu suivant les conditions mécaniques de l'écoulement des glaciers, en particulier pour la grande moraine du glacier du Rhône venant autrefois buter contre le Jura, pour prendre de là une autre direction. SÉANCE DU 14e AVRIL 1892 Présidence de M. BILLETER Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. HrrscH communique à la Société les résultats pro- visoires de la mission envoyée à Honolulu par l’Associa- tion géodésique internationale. 11 rappelle qu'il a déjà, en rendant compte de la Conférence géodésique de Flo- rence, communiqué à la Société le remarquable accord que les observations de latitude faites à Honolulu avait montré pendant l'été dernier avec celles des observatoires européens. Dès lors, il a reçu une lettre de M. le D' Mar- cuse, qui lui donne des renseignements provisoires sur la continuation de ses travaux. Il en résulte le fait curieux que le mouvement considérable de l’été 1891 paraît avoir été suivi, à Honolulu, d’une période de repos relatif allant de septembre à décembre, tandis qu’en Europe il y a eu une faible diminution de — 0"'15; à partir de décembre- janvier, il y à de nouveau un accord complet, savoir : + 0,13 à Honolulu et — 0'',15 en Europe. Comme on ne dispose encore que de chiffres provisoires, on ne pourra que plus tard, après les réductions définitives, s'assurer de la réalité de cette faible perturbation apparente. En tout cas, il sera utile de prolonger les observations à Honolulu de quelques mois, au moins jusqu’en juin, afin d’embrasser une année complète. M. HirscH pense intéresser la Société en lui communi- quant, de son dernier rapport sur l'Observatoire, quel- ques données sur le mouvement du sol pendant ces der- nières années, qu'il continue à suivre au moyen de l'ins- trument méridien. : _£< dèR F7 La diminution annuelle de l'inclinaison, qui avait été autrefois de — 1°,59 et qui, en 1888-89, était descendue à — (5,84, a été dans les deux années de 1890-91 de — (0°,73, ce qui correspond à un abaissement annuel du pilier Ouest de 0"*,057, ou de 04.16 par jour. Le curieux mouvement oscillatoire en azimut à con- servé non seulement la même allure que précédemment, mais encore a montré la même amplitude, aux petites variations près, qu'on peut imputer au caractère météo- rologique des années en question. Ainsi, le mouvement triennal O.-S.-E. des deux dernières années a été de + #°,95, au lieu de + 2°65 pendant les années précé- dentes (ce qui s'explique par l'hiver prolongé de 1890-91) et le mouvement estival (E.-S.-0.) de — 2°,75 au lieu de 4,0). Mais ce qui est particulièrement intéressant, c’est que nous avons encore constaté un pareil mouvement azi- mutal, quoique bien plus faible, pour nos trois mires au Nord et au Sud. En voici le tableau : Azimut moyen Variation annuelle Variation diurne ne 2 ER. D. 16 >» = > Ponts > (e) > Die ee Neuchutel > (e) > a RES Fleurier | DRE 5 : > = 2) > Buttes > et > hs Cette fois encore, c’est donc la Chaux-de-Fonds qui a envoyé le plus grand nombre de pièces, un peu plus de la moitié, tandis que le Locle en a présenté, comme l’année dernière, à peine le tiers. En entrant dans les détails, on trouverait de nouveau que cette supériorité du nombre en faveur de la Chaux-de-Fonds provient surtout des montres de la classe D, envoyées en grande partie par cette localité, tandis que les chronomètres de marine proviennent tous, et les chronomètres de poche de la classe B, principalement du Locle. La troisième place est occupée cette fois par les Brenets, où la chronométrie paraît se développer de plus en plus. Quant à la répartition des chronomètres dans les différentes classes, elle est proportionnellement à peu près la même que les années précédentes, comme on le voit par le rapprochement suivant : 201 chronomètres — 100 0, sd. À, he nl tot nds à dE RER" dé ce # sé Gün où Pret À ms Eh nd CMÉÈUÉ é D Di: bné ; . px quatre ans : bai A 0 di Ad nd hur- fa diimétéaée dé da Cod de eg à dé gt LÉ À us ns 4 en né tn niméretéé sie LS : nas FA. note de marine, 0b-. servés pendant 2? mois . . . 10 5 _B. Chronontres de poche, obser- Écs 4 | vés pendant 6 semaines. en 5 positions À C. Chronomitres de ile Fe | vés pendant 1 mois, en 2 po- ro ee] SHIONS |. "| .. 64 93 61 T4 D. Chronomitres de di Dee ER | vés pendant 15 jours. à plat et | à la température ambiante. . | 8 183 147 199 LATE RE | 201 385 262 238 39, 54 : LE : Û gs ? . ; de: + d A le vi: > ar ”) Le > PAR S . » +: » dE ni ve $ } On constate cependant le fait réjouissant que le nombre des chronomètres de marine s’est élevé de nouveau jusqu'à 10, que celui des chronomètres de poche de 1"° classe a sensiblement augmenté. arrivant jusqu’à 20 °/,. Et cela, sans que la qualité de ces chro- _nomètres ait fans - ;: au contraire, Car pour les mon- RU tres marines d’abord, voici les variations qui caracté- risent la perfection de leur marche dans les derniers © Chronomètres | Variation moyenne | : | Différence de marche ( Variation par 1° entre les de marine diurne | l L | L _Semaines extrêmes 1887 l +o17 | +008 | 175 1888. |..:0:15: :|2.. 0.042. :| 0.84 Mit ee 009 0.79 1890 | 0,12 0.059 |: 0:75 due, un eue M ie SOUE pos HA tableau suivant, pour les quatre classes, fait voir que ce ne sont que les chronomètres observés pendant un mois, dont la variation ait un peu augmenté, par rap- port à l’année dernière. ll | CLASSE 1890 1889 | 1888 1887 1886 | jo | | A. ostolLo alt 0 15 LOST 0517 B. | ‘0,50| 0,54 0.49 |: 0,49) 049 C D 0,53] 0,50, 0,47| 05111058 | 0,58, 0.59 0,55] 0,55, O1 Total |4-05,53 4 05,55 1 0°,50, +0 32 10950 Si nous envisageons maintenant l'influence des principaux organes de la montre sur la régularité de la marche et la perfection du réglage, nous retrouvons en général les résultats que nous avons eu lieu de constater dans nos rapports antérieurs, tout en étant obligé de relever quelques faits particuliers « ou de lé- gères modifications des règles observées. Ainsi, quant aux différents genres d’échappements, nous mentionnons d’abord qu’à côté des quatre échap- _pements employés ordinairement dans l'horlogerie de précision, nous avons eu cette fois un chronomètre à observer, muni du nouvel échappement libre inventé par M. Kaiser, qui a donné un résultat assez satis- faisant, sa variation moyenne étant de | 0,64, ce qui reste cependant sensiblement au-dessous des moyen- nes des autres échappements, comme on Le verra par les chiffres suivants : | où A À nn she RÉ DS Sat de tn té h, 107 chron. à ancre —53/,, ont donné la variation moyenne de Æ O$,53 18 >» a bascule=39 > >» > > "0 10 » a ressort — 5 >» : ) >»: +0: 5 >» atourbilon = 2 > > » > +0 .48 1 > acchappemt Kaiser a > » > +0,64 201 chronomètres ont donné la variation moyenne générale de E 05,53 Bien que les chronomètres à ancre soient encore les plus nombreux, leur proportion a un peu diminué, tandis que Péchappement à bascule a été relativement employé plus souvent (391/, au lieu de 26°/, en 1889). Comme toujours, l’échappement à ressort, appliqué surtout aux chronomètres de marine, montre la plus faible variation ; celui à ancre, la valeur moyenne, et celui à bascule (abstraction faite de la seule pièce munie de l’échappement Kaiser) la plus forte varia- tion diurne. Les 5 chronomètres à tourbillon donnent en moyenne une variation plus forte que dans les années précédentes, mais qui reste cependant au- dessous de la moyenne générale. Voici d’ailleurs le tableau statistique qui résume les variations observées dans les 29 années consé- cutives, chez les chronomètres munis des divers échap- pements : Variation moyenne des | 29 ans (1562-1990) donnée par le nombre de: chronomètres . 9892 ÉCHAPPEMENT à _ Bascule | 15.80 9 | 1 28 | 2 D de À D ASOTA Ta LrO TE 0.61 Ressort 15,02 IST SEE 0 ,70 1 OI 0 ,14 0,66. 2°,30 … Moyenne de Tourbillon l’année 1°,61 0 46 0,47 | 0.17 | 049 | 0,46 0.54 | 0,53 | 0.53 | 0.24 | 0:53 0.51 0.59 0:95 0,52 | 0.51 0,82 0,56 0.32 | 0.58 | 0,60 0.66 0,59 0.22 0,35 | 061 0.50 | 0.51 | 0.98. == 0/49 0.53 0,55 | 0.25 | 0,38 | 0.52 0,52 0,66 0,78 | 0.43 | 0,55 0,56 0,50 0,43 | 0,35 | 0,54 0,60 0,55 | 0,21 | 0,33 | 0,58 0,57 0,57 0,38 0,39 | 0,57 0,51. 0.51 | 0,22 | 0,29.) 0,50 0.52 | 0,57 | 0,33 | 0.32 | 052 0,52 | 0,54 | 0 ,20 | 0 4 | 0,50, 0,55 | 0,58 | 0,96 | 0.4 | 0,55 0.53 | 0.57 0,16 0,48 | 0.53 05,565 05,629 05,519 05,545 0°576 | | 1905 | 961 | 195 5493 LS à ES En examinant ce tableau, on s’aperçoit que les ré- sultats de 1890 restent, non seulement pour tous les œenres de chronomètres, supérieurs aux moyennes de toute la série des 29 ans, mais qu’ils sont meilleurs aussi que ceux de l’année précédente, sauf pour les montres à tourbillon, dont une seule du reste. avec une variation de | 1° a déprimé le rang ; car si on la laisse de côté, la variation moyenne des +4 autres est ramenée à + 0$,35, c’est-à-dire aux valeurs des meil- leures années, montrées par ce bel échappement, qui figure du reste, comme on le verra, avec honneur, dans la liste des chronomètres couronnés. Passant aux différents genres de spiraux, nous cons- tatons de nouveau la supériorité incontestable des spiraux à courbes terminales de Phillips, aussi bien pour la fréquence de leur emploi — car, comme en 1889, 121/, de tous les chronomètres observés portaient des spiraux Phillips —, que pour la régularité de la marche, ainsi que cela ressort du tableau suivant, où nous avons inscrit les variations moyennes corres- pondant aux différents spiraux, comparativement pour 1890 et pour les vingt dernières années: En 1890 De 1871 à 1890 5 GENRE DE SPIRAL l'un | Donnée at benne Variation Variation par par diurne chron. diurne chron. _Spiral ia à courbe | In terminale Phillips . | E0$,52 118 05,55 | 3064 Spiral plat à 2 courbes | PE : terminales Phillips | 0,57! 12% 029426 Spiral cylindrique | Phillips 0 48/9 4 064024 Spiral eyl. Phillips à LRACRES 9 courbes terminales | 0,21! 11 | 02626 (2 OISE Re Moyenne des spiraux Philips 0,50 | 146, 0,53 5758 Spiral Breguet : : . | 0.59 /17 | 0,58! 665 Spiral cylindrique or- RU: L dinaire. . , . . | 0,59) 9802280650 Spiral sphérique ordi- | | dires... 2 | Ve ON Moyenne des spiraux ordinaires | 0,59 59 | 0 08 1087 (l | | Moyenne générale L053 201 +0,54 4845] Pour se rendre compte du chiffr e exo RE faible de la variation des pièces avec spiral cylindri- que à deux courbes terminales, il faut savoir que ce spiral est appliqué surtout aux chronomètres de ma- rine, dont la faible variation tient à d’autres causes encore qu'à ce genre de spiral. Si cette fois le spiral Phillips à double courbe donne un résultat inférieur à celui des simples spi- dés ml min a Éate es de raux Phillips, c'est ta io ue cela arrive et ” e _ ce spiral, ce fait doit être attribué au hasard. Le spiral en palladium a été appliqué à douze chronomètres, parmi lesquels trois étaient des montres marines ; ce qui explique la faible variation moyenne (—- 05,49), car pour les neuf chronomètres de poche de ce genre, la variation moyenne est de — ($,61, c’est- à-dire la même qu’en 1889, et sensiblement plus forte ES que la moyenne générale (05,53). L'influence du spiral se fait sentir encore davantage sur le réglage des positions, comme on peut s’en aper- cevoir par le tableau suivant : Tableau des quatre variations de position (Classe B) E = VARIATION du S SOMME <= | | Î Fe Jat pendant pendant cadran des GENRE DU SPIRAL 8 Pl enhaut en haut en haut = | quatre © au au | au | au 2 pendant pendant cadran variations se _S pendu PUR) à droite en bas ul æ 1 Rte ue ee di plat à à RTE) terminale Phillips 21] F 48 EE 4 2s 460 ie 45 15,50! me 1011 5513 34 3 371 14) 9,40 8 08| Spiral plat à 2 cour- bes Phillips. Spiral cyl. Philips Npiraux Phillips c1]1 48/4 10) 0 60 1 1.90 . 8211. 50 2 44119 78 1, RE 9 Spiral Breguet . . 15, 53 7 44 6 ee 11.841920 ,14 _ [Spiral cylindrique | | | : _ | ordinaire SI oi LS 17 4,09 2 28 .. 211 8,15 E OO Npiranx ordinaires à de 415 05 3 AT |T 95 | 12 ,18 [Moyenne de l'ame 1990. . 39/1 .66 2 .91 2.90 1.37) 8.84 Moyenne de l'année 1SS9 à (54 2 1992 28 | 842 11] 9 42 vu le petit nombre des montres pourvues en 1890 de En effet. la somme des ir variations de posi- tion est cette fois, pour les spiraux Phillips, les deux tiers seulement de celle donnée par les anciens spi- _ vaux; en général, il y a un léger progrès à constater _ pour le réglage des positions de cette classe, par rap- port à l’année précédente (85,84 au lieu de 9,42); elle s’approche davantage de la moyenne générale des 18 années, qui est de (85,4). La supéricrité des spiraux Phillips ne s’accuse pas cette fois pour la variation du plat au pendu, observée chez les montres de la classe C, comme on peut le voir par le rapprochement sui- : vant : 1 | Variation J GENRE DU SPIRAL : Nombre du plat ù | FRE" Siral SE Phillips | ARE à D2 208 | : | Spiral plat Phillips à 2 Ste RREE 2,82 | Spiral cylindrique Phillips . . | 1 DT | Spiral cylindrique ordinaire ee | » 1,10 Spiral Breguet RES 6,69 Moyenne :°.| "6# "282900: 1 En effet, la variation moyenne du plat au pendu de cette classe est pour les spiraux Phillips 1 2°,52 et pour les autres + 2s,39. Mais si l’on réunit les classes B et C, la supériorité des spiraux Phillips reste visi- ble aussi pour cet élément de réglage; car alors la variation du plat au pendu ressort pour eux avec le chiffre de +2,15, tandis que les autres spiraux don- nent -- 25,40. Il ne reste plus qu’à examiner le réglage de la com- pensation, qui a réussi cette année, du moins pour les températures extrêmes, parfaitement bien, attendu que la variation par degré résulte des épreuves à l’étuve et dans la glacière avec {1 05,09; c’est, avec l’année 1888, le meilleur résultat obtenu jusqu’à présent. Par contre, le défaut que j'ai dû signaler plusieurs fois déjà, et qui consiste dans l’écart que l’on constate pour la marche aux températures moyennes, compa- rée à ce qu’elle devrait être d’après la variation entre les températures extrêmes, s’est accentué encore da- vantage ; car il se rencontre cette fois chez 48 pièces, ce qui constitue le 42,5 °/; des chronomètres soumis aux épreuves thermiques. Les essais de quelques-uns de nos artistes, qui tâchent d’y remédier par le choix d’un meilleur acier pour la lame du balancier ou le remplacement par un autre métal, n’ont donc pas en- core réussi à remédier à ce grave défaut. Cette fois encore nous avons rencontré plus de chronomètres surcompensés que de montres compen- sées insuffisamment, comme cela résulte du rappro- chement suivant : 33 chronomitres ont montré une variation thermique Régative (surcompensés) : 2 ES > > positive ; De > > nulle : 48 > > une compensation déterminée. La plupart des pièces sont bien revenues à la mar- che précédente, après l'épreuve thermique, car la dif- férence entre les marches avant et après ces épreuves £ est une des plus faibles que nous ayons. obs (+ 05,74 en moyenne). | Ajoutons enfin qu’au point de vue de la constance _ de la marche pendant l'épreuve des chronomètres, il existe aussi un sensible progrès par rapport à l’année dernière ; car non seulement la différence moyenne entre les marches extrêmes est de 5°,01 (au lieu de __ °,20 en 1889), mais ce qui est plus significatif encore, la différence entre les marches moyennes de la pre- mière et celles de la dernière semaine est, pour les classes À et B, en moyenne, cette fois, 1°,07, au lieu "de 229 en 1809: On voit ainsi qu’en effet, il y a eu des progrès ac- complis sous la plupart des rapports, et que les résul- tats de 1890 s’approchent de nouveau des meilleures _ années, comme on peut en juger par le tableau sui- _ vant qui termine, comme toujours, cette étude : ot D D" el 72} > [50 : de: qu Variations moyennes Somme Se , MAN À Pi Du plat de Quane Pour un ANNEES Diurnes au More degré de pendu de positions température 1864 15,27 85,21 05,48 1865 0 ,88 6 ,18 0,55 1866 0 ,74 9 ,)0 0 ,36 1867 0 ,76 9 01 0,16 1868 0 ,57 2 44 0 ,15 1869 0,60 2 43 0 ,14 1870 0 ,54 DL 0 ,14 1811 0 ,59 1,90 EE ete 0 ,52 F:09 0,19 1815 0 ,62 2 ,59 10,05 Qt 1814 0 ,55 PRET { 42 0 ,15 1819 0 ,46 k,597 512 0,15 1876 0 ,53 2,16 S ,19 0 ,12 1877 0 51 1 ,98 6.54 0.11 1878 0,60 RES LE 8,30 0 ,10 1879 6: 6 +290 1.86 (D ERA 1880 0 ,49 1 ,19 1 ,64 à 238 À: 1881 0 ,52 1,86 5 PA Fe) 0,13 1882 0 ,59 2 ,08 8.01 0,11 1885 0 ,54 5:68 10.17 (12 1881 0 ,58 1.88 6,82 0,12 1885 0 ,57 2 45 SE Le 0 ,14 1886 0 ,50 1,96 €: 9 0:15 1887 0 ,52 2 ,24 8,04 0';12 1888 0 ,90 2 ,18 9 61 0 ,09 1889 0 ,59 NI E, 9 ,42 0 ,12 1890 0 ,53 2,19 8,84 0 ,09 DISTRIBUTION DES PRIX. Nous avons de nouveau la grande satisfaction de pouvoir proposer non seulement la distribution de = tous les prix à des chronomètres qui remplissent lar- _ gement toutes les conditions stipulées dans le Règle- ment, mais de pouvoir signaler à cette occasion plu- sieurs pièces qui sont de véritables chefs-d’œuvre et qui étonnent par le degré de perfection atteint. Pour le prix général, qui ne peut être distribué qu’à des fabricants qui ont eu au moins douze chronomè- tres des trois premières classes à l'Observatoire, il y a trois candidats qui ont satisfait à cette première condition, mais un seul dont la moyenne des chrono- mètres remplisse toutes les exigences, ainsi qu’on le verra par le résumé suivant : NOMS DES FABRICANTS Nombre des pièces Variation diurne de température Différence e les marches extrêmes | entr | Variation pour 1° Ale r À . s LIMITES RÉGLEMENTAIRES | 4. lez En En le OT OT @ es 1. Paul-D. Nardin, au | | Hobie frs 2 12 |0,3611:09/0°02 | . Henry Grandjean & | Eaubode . 6" 10 89 :1 54 . Ch. Humbert fils, à | la Chaux-de-Fonds : 29 12 ,75 |0 ,09 — 19 — Ce sont done les deux mêmes maisons du Locle qui tiennent la tête de la liste, comme aux concours des années précédentes, et c’est de nouveau à lexcel- lent chronométrien, M. Nardin, que le prix général revient ; car non seulement sa variation moyenne est la plus faible, mais, pour tous les autres éléments, il dépasse aussi ses concurrents, dont le second remplit cependant toutes les conditions du prix, sauf que la différence entre les marches extrêmes dépasse la li- mite de 15.1. Le troisième concurrent, M. Ch. Hum- bert fils, de la Chaux-de-Fonds, qui a envoyé le plus erand nombre de chronomètres (24), a vu les moyen- nes générales déprimées au-dessous des limites exi- vées (sauf pour la compensation), par le fait d’un certain nombre de pièces moins bien réussies, tandis qu'il y en a d’autres dans sa liste, qui ont donné d'excellents résultats et méritent les premiers prix de leur classe. Pour faire juger de plus près le degré de perfec- tion de l’horlogerie de précision de M. Nardin, je résume cette fois encore les résultats de ses douze pièces : Prix géneral | | | | des pièces | des chronomètres Variation diurne moyenne Variation pour 1° de température Variation du plat Différence entre maxima ei minima "A 15/7108 108 11 0 03 0: 10. 01 0 ,16 —-0 .03 0 28:07:02 6436 | 0,31 +0 ,05 6345 | 0 41 0 04 6437 | 0,51/--0 01 Taa0 di 0 57 indéterm. 188E +058 71580 | - 0:,501=0%08 6421 ; 35 +-0 ,02 1210 | 0,54 0, 10 Moyennes générales 2 +0 36 Là ( 04 da OI 5. D. Moy. de l'année 1SS9 € | +0 32 +0 07 Fer AT à jo) l E] … 4 = OU CS Æ HÆ C2 IC I 09 NO = O0 9 C9 OO 21-28 + | 14,3 28-29 L0,4 Pr PE Le 2 ROTABLEAU V PRIX Aa (Suite). | Tempéra- Dat eh dns Variation qe Remarqu ale FE dure’ | moyenne ques | centigrade 1890 | es 4 Sept. 29-30 | 0,54) __GHoy | 144 | 1 l'ami 30- 0! + 0,33 "na | 14,7 > Oct 1-2) A 0,56 one SNA | D A6 ile) de Æ 5|FO0ST). 000, 142 e)- Ù | —+- 0.31 dore 0.02 FER nes Ke sg O- { | —- 0,55 157 | Marelemoyennenree st Me NN een re où ch 08,928 Mariation Moyennes. 7 HNeNE ue era 1, Le 00,08 » pour: lo de;température :.:.14,. 2: + — 0,05 Différence de marche avant et après l'épreuve thermique . : . . . Re LS : 1 ,05 Différence de marche one la première 4 a Fr nière semaine . . . LR C9 Ce AMEN E 2e 0,07 Différence entre les mar Pre extrêmes 4. > LC, dr 22 TABLEAU :VI. CHRONOMETRE DE MARINE échappement à ressort, spiral cylindr. à deux courbes NS Phillips; réglé par M. F. BORGSTEDT, au Locle. N° 115, de MM. HENRY GRANDJEAN & Ci, au Locle. Lu | NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule ns, normale de l'Observatoire, réglée sur le temps More ; "04 Le signe + dans la colonne Marche diurne indique le retard, | pie le signe — indique l'avance. | de | “à | Marche Dr TRS . Fe Date Le Variation | oyenne Remarques | Le | centigrade | À à ae 31- Ù | + 0,08 | 011 10.0 | À l'armoire À 16 Nov. 1- 2} —0,03. "ao | TETE . 23102) +08) 9 | | ms: 9. À | LEP | | CE | a 5 - 6 | 2 O. 17 | + 0,05 104 | ° | ni. 6.) 1-010 | 0 OS | :TS 7-8] 003 | 1111 AD | rs 8- 9! +0,38 | " ie | 298 | A léture | (e | an | CA MES | CRE ne | ne 1 jol 013 0H IS + | 48e =12 | —— 0,15 | 40.20 | 10,6 | À l'armoire 13-14 | = Le | 10,89 | de À la glacière 16 Lis 0, 19 | > | 16-1r 12025 | se oi | 11,2 | À l'armoire 17-18 10,66 | UE OISE 18-19 +0,51. D | 1 > : 19-20 | 0.39 | 905. 115 | »> Le 20-21 | +04 | 009 | 109 ; F RL Ar r4 + U > | ER Marche diurne Variation 058 |: oi ox +0,13 pee + 0.01 L 39 | — 2.09 +058 | —001 LOS | 0007 076 +01 | 9 = { É Fi qu 0:85 RE LE pe LS EU. +0,85 | __ 012 +0,78 | _0:17 Lors | +00 +053 | 090 Sie | 0,02 | Ro EU CR us | COS | 001 Dogs te à (13 +056 | 00 —+- 0,53 |: 99 | gai |= Epao | OUT | 050) —001 _ 02 : — 0.02, Tempéra- ture moyenne se do O0 0 O0 I O1 O1 OT OO OU I I 0 I I AI MIO D D AIDIMMÉELLORE, © © 02 © 00 00 192 SP O0 00 C9 O0 00 «© O0 =1 00 00 00 + 2 Marche moyenne. Variation moyenne . er: > pour 19 de lempéritire à le Différence de marche avant et rer l'épreuve thermiques Re et ne Différence de marche HS la première et 5 der- nière semaine . Différence entre les ane extré èmes . ne # CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à tourbillon, spiral plat Phillips; réglé par M. F. BORGSTEDT, au Locle. N° 136862, de MM. NICOLET FILS & Cie, à La Chaux-de-Fonds. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe + dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. Tempéra- Marche Variati ture Date FES ariation | moyenne Remarques | centigrade 1890 : : Nov. 17-18 —08 0° 11,2 Position horizontale rs ü D 0 bu Le 1LE 19-200 06 | | 99. 11 ever ni .100 21-22 1:— 0:6 0.0 15 22-29 —-0,6 | ‘fa Se, 26-2409 91 10,2 Eos 10) ron 9,9 > 26 RO | 94 0,8 > à la glacière 26-27 —1,4. 11 9.0 21-28) —0,8 | 17 31,8 > à l'étuve 26-09 1:=20 à à, 1 > Ha) es ; DE Lo | ho 7.0 » | DESTCRORN ESE d ES Re 2e 19 6.2 » 2- 3 +04 00 6,4 Position verticale, pendu 3- 4 (0,4 spé 09 6,5 > 4 5 +0,6 0.0 1.3 > 5- 6 +06 “e 09 15 » 6- T +0,8 Æ 01 ee > 1-8, +0, SË O1 1,4 » Tempéra- ture moyenne | centigrade | Variation un © © © ra NO COM bn ne ©0 Q9 = N9 10 © C9 O9 OÙ NO a | 2 EL | dO &© GO 3 00 90 00 00 90 00 = O1 OT OT ON ET OT ES» =I I 00 IR 'e © vi @ © © to © Oo 00 No © 00 00 to io to ho E eZ 1 -s » E] EI = E] = E] E] 0 Le + +++ + N) =] 2 E No E 2 > pendant à gauche > > > pendant à droite > > à Cadran en has | TU Cadran en haut ss 0 E … e 2 … EL … … ] … 0 2 2 29-93 | e] 2 E] nn one re Cl el COCcOCococONOmOOcO0cco 23-94 24-25 … 2 N] … … | Bee ma ar 2 25-26 | na ER E] … 2 27-28 . 28-29| È ” “] LS w DO KO KO NO NO NO NO RO NO © © A et pt et ep pt tt 4 4 Go O1 O0 BE GE mn E On nE AOL S … | | Marche moyenne. Variation moyenne . . . . : > pour 10 de température : Différence de marche avant et après l'épreuve thermique . ; ie Variation du plat au | pendu . > du pendu au pendant à gauche > du pendu au pendant à droite . 4 >» du cadran en haut au cadran en bas . Différence de marche entre la Pr et la dernière semaine Différence entre les mar ches extrêmes . TABLEAU VIII. B: PRIX No. CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à ancre, spiral plat Phillips. N° 6435, de M. PAUL D. NARDIN, au Locle. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe + dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. March Tempéra- arche 2e t Date date Variation moyenne Remarques centigrade 1890 à , Mars 26-27 | —1,7 | 09 9» Position horontale 21-28 | — 1,9 | .. 02 8,9 28-29 | — 1,6 RUE 9,4 29-30 —-1,7 0.0 10,2 90-31 — 1,1 4 0. 10,8 > o1- 0 —1,5 0.0 10,8 > AR AR pds. | 10,9 » 2- 3, —1,2 e 2 0 10,4 ) 9- 4! LIT) 15 2,0 > à la glacière 4- D — 0,2 Re 10 9,8 ? 0- 6| +12 | 59 | 808 > à l'étuve 6- T —1,0 ne 9,9 » “AE ? — O8 Se 8- 9} —1,1, | po | 100 > 9-10, —09 | 57 8.8 > SN Es 20 Ce RENTE 9,2 Position verticale. pendu 11-12 —1,9 Va 8,2 > PR a ar 13-141 — 19 0 09 3,8 » 14-15, — 2,1 2 9,0 « de ( ge 15-16 —1,5 4 2 9,0 16-17, —2,5 | 0 ),8 Marche diurne Variation Tempéra- ture moyenne centigrade | Avril17-18 18-19 | 19-20! 20-21 | 21-29 22-28 | 23-24 24-95 95-96 26-27 27-28 2 3 !! 4 D 6 | T KO NO NO mi mi mi mi © © I A ne a ID 9 19 10 RO NO NO, OO OCR WNARE Rem O EE NOR en HR O9 — ”s + … … … … 2 D + ra = _. ie 2e … DE RS lente | DO SOS SOQNDOC So CCce OCR D mm OO D ON NO IE ne mi Om … 2] E s E] … Le … 0 … _ … nc D … E] en 2 FE s s s s s Ks © 2 2 1 … … … 2 …. © mm © © © © D © © © © © © © © © … ed ft peut pui bi © © & D D © © À DOS LS CE D & D SSD OS : bn. pd nt pdt 1 3 Position verticale, pendu > >» > > > > » Eu à gauche LPS > pendant à droite (FR > à Cadran en ban | » à Cadran en haut > > à > Marche moyenne Variation moyenne > pour 10 de température Différence de marche avant et après l'épreuve thermique Variation du plat a au pendu > > du pendu au pendant à gauche : » du pendu au pendant à » du cadran en haut au cadran en bas Différence de marche entre la première et la dernière semaine . à droite Différence entre les orChe étre nel + TABLEAU IX. B. PRIX No. CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à tourbillon, spiral plat Phillips. N° 20123, de l’ASSOCIATION OUVRIÈRE, au Locle. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule uormale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe +- dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. Tempéra- Marche 4: ture Date de Variation moyenne centigrade Remarques 1889 Déc. 18-19 19-20 20-21 21-29 99_93 93-94 24-95 25-96 26-97 27-98 28-99 29-30 9 9 OU—-e) Un © Pogtion horizontale | ce, :] _— ———" 1] 2 S$) ) bd 5 | 42, oo D Ne ele a) 2] E] n] PS (| 1 … > alaglacière … … Fee DCE NO EN Ex à l'étuve … "1 1 D 0 ë 9 + 0 + 1 … 1890 > Janv. O1 OO OO ID O0 O1 =] Où Où En] = 22 … Position verticale, pendu ns 1] eco —…— 5 W) os ete ee Res CS EU RS NES EE Et … L} 11 » L] © mm. ss Tu _ TABLEAU IX. | Tempéra- ture moyenne Date APE Variation F centigrade | 1890 Janv. 9-10 LOF 11-12 eme az AS 1216 10 17-18 18-19 19-20 DO 2122? 232975 23-24 24223 2820 26-27 21-28 28-29 mn © 2 2 Position verticale, pendu > > > > SE > pendant à ganche > » > pendant à droite > > É Cadran en bas | > Cadran en haut N) LE 2 E] ec EN] = E] E] Ec _ E] “] 2 E] =] … 0 Le Cocoa oO 2 OCTO Or co E 0 2 … … Léo eSsoeces © + © h © NN + NO OÙ O2 . En s E E] … n] … ey … …. = 2 E O0 OU OT CO D He = en 0 = O0 € O0 19 He OTCO 1 0 NO 0 | &O O0 O0 = VI I 00 00 O0 O0 D 00 00:00 C0 O0 O0 = = : 1 2 2 2 2 2 2 2 l 1, 9 À 9 9 o D) 9 D) 9 … 11 Marche moyenne . Variation moyenne . , ; > pour 10 de température : ! Différence de marche avant et après l'épreuve thermique . . ÉLHLELUTSESNS Variation du plat au | pendu : ; > du pendu au pendant à gauche > du pendu au pendant à droite . > du cadran en haut au cadran en bas Différence de marche entre la Pr et la dernière semaine ; Différence entre les marches extrêmes . Cr. tes F£ É } 4 = TABLEAU X. C. PRIX No Î. CHRONOMETRE DE POCHE 2chappement à ancre, spiral plat Phillips; réglé par M. U. WEHRLI, à St-[Imier. N° 59838, de M. CH. HUMBERT FILS, à La Chaux-de-Fonds. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe - dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. | h Tempéra- Marche "LE ture Date RE Variation 6yenne Remarques centigrade JL © a Fév. 21-22 + +0 A 014 2 Poution hortzontale 99 99 BALE : AT) Ti 4.0 ( () ae "1 2] 2 is, A 23-24 +40 0.0 (,9 24-25 | + 40 0.0 6,9 > 25-26! +40 02 6,4 26-27 | +3,1 0.0 6,9 21-28! +3,17 | 1 O8 1.0 ) 28- 0 MAS 1 7 1.0 à la glacière Mars 1252 —— À, Î ta O1 D.) 2- 3! +42 | ; 12 4,8 » 3-4) +55 le 283 > à l'étuve 4 5 +5,71 09 5) De OUR deu | 19 0 2,4 6 T7} HS,t | | O4 0,9 4 81 +33 | 1 02 6.4 » el: Ent T4 Poxition verticale, pendu 9-10 + 5,6 Æ O1 1.4 > 10-11} +3,17 | 02 1,9 11-12 —+- 9.4 By DS 1.8 > 12-15 5,9 PE O8 SU > 13-14 SL 09 9,0 | [l | | Tempéra- | + Marche Variati ture ate Ans ariation | noyenne | | centigrade 1890: Mars 14-15 | 15-16 | TETT Fete: 18-19. 19-201 20-21 | 21-99 un mn 2 Position verticale, pendu > > > > > > 9 s e] os me, LA 2 | L9 ND NO 9 C9 NO NO GO N9 Q9 C0 © O0 9 © HR Et CO E] E] 0 E] … Seacoeske OU © © Co OÙ Ce | + II MS Marche moyenne +... 422, 4 CON e Variation moyenne... 4.1. 2 NN RER > du plat'au pendu. 1. OR > pour 19 de température . "2 ONU 04 Différence de marche avant et après l'épreuve thermique . 0 1 Différence entre les marches extrêmes . . . . . 3, pe =" 14 < + 1 122 Pr 44 . TABLEAU XI. C. PRIX No 2 (ex aequo). CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à bascule, spiral plat Phillips; réglé par M. U. WEHRL, à St-Imier. N° 60033, de M. CH. HUMBERT FILS, à La Chaux-de-Fonds. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe + dans la colonne Marche divrne indique le retard, le sigue — indique l'avance. March Tempéra- | arche AE | tur Date ps Variation | more Remarques | 1890 7 Mai 45 —0,6 AR 01 10,8 Position horizontale 9- 60; + 0.6 11.4 > O- Ee 0,1 04 11.8 Solo, ‘04150 | > 9-10 — 0,1 dE 02 F9 > à la glacière à 4 > LES eo k 1112 à 07 ee 3310 > à l'étur Z . DE 20 0.5 , > à L'CUUTE 12-13 —+1,2 “ O5 14,0 > RE TL 1e tport: le 6 » RSS ee CP 12,4 15-16 +18 0° 12,8 > 16-17 | + 1.6 00. 15,5 » PR ED po 14,6 > 18-19, +14. 15.0 > PAROI OT. d. 15,5 | Position verticale, pendn 20-21 —— 0,5 Fa O1 15,6 > 21-22 | +04 +01 | 45,0 D V0 Dole) ro0s) te 24-25, +05 | 02 16,5 > Tempéra- sn4: ture Variation noise Remarques centigrade in 16,6 16,0 15,5 14,7 13,6 14,1 149 13,8 Mai 29-26 20-27 21-201 28-29 29-30 | out 2 + + ] … … E + … 7 2 = Où I OU HE Où 2 Es: éco neos + are se OR OT cr AS = ee | ©uHe O0 © me © 0 IN Marehé moyenne : "4 ob AC ONOMPNRRSS Natation Moyenne." Luc ete 2 ANSE > du plat au pendu EL » pour 10 de tempéraiure PS ÆRERRSE Différence de marche avant et après l'épreuve thermique . . . . . Là SEE Différence entre les re exirémes : : JTE 6 MRC TT ES PES ee ER ES ES" A ON + Ge FAURE FPE DTA es ae Lrree dé PMR Be LD Éd + Ex tr RE Tai its C. PRIX No 5 (ex acqu 1 | to. CHBONONETRE DE POCHE Echappement à ancre, spiral plat Phillips: réglé par M. H. RoOZAT, fils, Locle. à N° 6421, de M. PAUL-D. NARDIN, au Locle. - NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule & normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. L re à a LT TE * | dE sf ” Le signe + dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. { t LE L° Le EE sy ” 4, Te. PRE Te LIT dr 13 * D MA! | j | Tempéra- | : Date pu | Variation | manne Remarques | | Foi] Août 2- 3| —18 | 0.8 | 20,6 | Position horizontale HA 26 oi 196 | : mi id at | 6- T| — 0,8 A 91,4 | > à F'étuve 7-8, —28. Fa tele) > Re SR BIÈRES 2 | ee 1e | > à a glacière 4 | JR es | +04 | 18.4 | » | 10-11, —10 202 18.8 | > at. PA Ne: 2 + 02 | 192 | » el | fade) 14 00 jef | pe un C0 sie ln + | in ne 100 + 180 az | 17-181 — 0,9 F de 18,9 : Position verticale, pendu 18-19 — 0,2 ai 04 19.8 | > | 1920! +02) Ti6| 198 | > | 222 209 | 0 | 185 | | 29-93 | 13 04) 4er | É ; AB | 3 | #09 | EEE > | Tempéra- ture moyenne centigrade | Variation | Remarques 1890 | Août 23-24 Bei 24-25 25-26 26-27 Position verticale, pendu set > > s 2 nc] =] L FRERE [1 —s Di oi ét pd pi pt pu © di | Où OT OL À 9 © Où I Marche moyenne . Variation moyenne . . : du plat au pendu . pour 10 de température Différence de marche avant et après l'épreuve Lhérmiquers ur te 2e MPOPES Tes Différence entre les marches extrêmes . E TABLEAU XII C; PRIX No 4 CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à bascule, spiral cylindrique. N° 27298. de M. DROZ-JEANNOT FILS. aux Brenets. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe + dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. E] 21-99 29-93 23-94 94-95 | :] … @9 19 19 N° + © O0 CO = 00 C9 1 2 Marche s' Me | | Date SEE Variation | oyenne | Remarques centigrade mme ht. , Oct. 9-10! — ÆE - 15.0 Position hortzontale 10-11) — F42:9 » HA a 12.1 ti 0 R 2 19,4 SAGE 15216 |. = 2 11.4 16-17) — 2e 11.1 > SCIE Lo | 110 ) 13-19, — és ne À > à l'étuve 19-20 | — ce 10,1 > 20-21, — a > àla glacière >>" f ] Re DOLDLSLOOCLOOCENNOSOSOOSS Position verticale, pendu =] 2 ONNLCHwOWNMONHUNENOHO. 29-30 | 90-31 DE M À » 26-27 |. 4 DE : ; Le NE LS Pts A à RE n # H He 00H 9 O9 He He O0 @9 C9 © NO DO Q9 DO O9 DO NO DO NO. = 09 © C0 en 19 OÙ =] 9 = He 10 Q0 ni OÙ let 10 10 On en OO D b —+ e] oo . … … 2 ec] H] He He de de Co HE Co, HR ©9 O0 Où © =] co DOS Os © OURS Où D'O = it bot pd se … Marche moyenne : . . . 4,1. . JON 0 Variation moyenne: !.2}".4 {1.1 ISSN du plat au pendu. 52 CRE ee » pour 10 de température . . . . . + 0 ,09 Différence de marche avant et après les Si ne thermiques. : 1,0% ati 7 2 CNRS ,8 Î 0 Différence entre les mar de extrêmes . . A - 4, PROCÈS-VERBAL DE LA 34 SÉANCE DE LA COMMISSION GÉODÉSIQUE SUISSE l'Observatoire de Neuchâtel, le 14 Juin 1891. 34° séance de la Commission géodésique suisse. Présidence de M. le Professeur Wolf, directeur de l'Observatoire de Zurich. La séance est ouverte à 1!/, heure. Sont présents : M. le professeur Hirsch, directeur de l'Observatoire de Neuchâtel, secrétaire de la Commission géodésique suisse ; M. le colonel Lochmann, chef du Bureau topographique fédéral; M. Rebstein, professeur de mathé- matiques à l'Ecole cantonale de Zurich. M. l’ingénieur Messerschmailt assiste à la séance comme invité, avec voix consultative. M. le colonel Dumur, invité comme membre honoraire, s'excuse de ne pas prendre part à la séance par suite d’au- tres travaux qui absorbent tout son temps. M. le Président rappelle la perte que la Commission a faite par la mort du colonel Gautier, décédé à Genève le 24 février dernier. Sans vouloir faire ici l’éloge de l’an- cien directeur de l'Observatoire de Genève, le Président tient à relever les mérites du regretté collègue qui a voué toujours le plus grand intérêt à l’œuvre de la Commis- sion, dont il à fait partie depuis 1883. M. Hirsch tient à remplir un devoir d’amitié et croit, du reste, agir dans l'esprit de ses collègues, en vouant au Mas un sein de la Commission suisse quelques mots de pieux sou- venir au géodésien éminent et au savant officier qui a pré- sidé depuis son origine l'Association géodésique interna- tionale, avec un mérite et un talent si exceptionnels et si sénéralement reconnus, qu'aux réélections il a constam- ment réuni l’unanimité des suffrages et qu’il a conservé jusqu’à sa mort le respect et l'amitié de tous ses col- lègues. C'est au sein de l'Association mème qu’il convient de rendre hommage au rôle prépondérant que le Général Ibañez, Marquis de Mulhacén, a joué dans cette organisa- tion scientifique internationale, et de faire valoir les grands et nombreux travaux dont il a enrichi la géodésie en Espa- one et en Europe. Mais il est permis à notre Commission fédérale de rappeler avec reconnaissance le grand service que le Général Ibañez a rendu à l’œuvre géodésique en Suisse, lorsqu'en 1880 non seulement il nous a prêté son excellent appareil à mesurer les bases, un des plus parfaits qui soient connus, mais qu'il est venu lui-même, avec son personnel exercé par la mensuration de huit ba- ses espagnoles, exprès de Madrid à Aarberg pour exécuter une première double mesure de notre base centrale, et nous initier ainsi dans tous les détails du maniement de ces délicats instruments qu’il nous a laissés ensuite pen- dant l’année 1881, afin de mesurer deux autres bases à Weinfelden et à Bellinzona. L’instrument universel appar- tenant à l’Institut géodésique d'Espagne est même resté à notre disposition, jusqu’à ce que MM. Repsold frères nous eussent livré un appareil semblable, ce qui nous a permis °® de continuer nos travaux sans interruption. La Suisse a donc des raisons particulières de reconnaissance envers ce savant officier, dont le nom figurera avec éclat dans l’his- * rt a 4 A WT MAN k. ù LEE A dE toire de la géodésie du XIX®e siècle et dont la mémoire restera vivante dans l’esprit de tous ceux qui ont eu le bonheur de connaître de plus près cet homme généreux et aimable. La Commission étant chargée de combler les vacances qui se produisent dans son sein, le Président propose de procéder au choix d’un cinquième membre. La Commission est unanime à désigner M. Raoul Gau- lier, directeur de l'Observatoire de Genêve, et charge son bureau de faire connaître cette décision au Président du Comité central de la Société helvétique des Sciences nalu- relles pour en donner connaissance à la prochaine Assem- blée générale, et de communiquer à M. Gautier sa nomi- nation. M. le Président pense que la Commission voudra suivre l’ordre du jour habituel de ses séances, comprenant : 10 Rapport sur les comptes de 1890; 20 Rapport sur les travaux astronomiques et géodési- ques de M. Messerschmitt en 1890 et programme des tra- vaux à exécuter dans le courant de celte année ; 90 Rapport sur les nivellements exécutés par M. Durheim en 1890 et sur la publication des 9me et 10me livraisons du « Nivellement de précision »; nivellements proposés pour la campagne de 1891 ; 4° Rectification du budget de 1891 et prévisions budgé- taires pour l’exercice de 1892. Sur l'invitation du Président, M. le colonel Lochmann soumet d’abord les comptes de 1890, lesquels, visés par le Président, ont élé reçus par le Comité central de la So- clété helvétique. Voici le tableau de ces comptes : Recettes. eo “ojanvier. | Solde actif de 4889; 1 NN Re 31 décembre | Allocation fédérale pour 4890 . . . . .M5000 — Versement de M. S. Hôbr, à Zurich, pour vente de publications’: 27/0 mNe Rae Versement de M. H. Georg, à Genève, pour vente de publications :+#". "me ren Intérêt pour 1890 du compte-courant à la NL Banque populaire suisse, succle de Berne! 4179 68 155 1894 20 janvier | Solde actif de 1890 1891 19 janvier 1891 20 janvier Dépenses. Ingénieurs de la Commission : Traitement de M. Messerschmitt Supplément pour frais de campagne au même $ Aides, héliotropistes, frais FA FR ee et de transport, remboursement de frais au Bureau topographique Contribution annuelle à l'Association géodé- sique internationale pour 4890 (240 Marks) Frais de la séance de la Commission et du délégué suisse à la Conférence de Fri- bourg 1/B. Frais d'instruments et de melériel (Peree. Favarger et Ce, Repsold, Arsenal de Berne, transport du Théodolite espagnol) . Frais d'impression du vol. V de la Triangu- gulation suisse PT Ve Frais de nivellements en 1890 : part affé- rente de la Commission pour le nivelle- ment de la Reuss et de la Thour Frais d'impression (Stämpfli) Menues dépenses du Président et du Sovré- taire Frais de bureau ut au ptite remboursés au Bureau topographique . Total Solde actif à nouveau .| 3489 55 Fr. 8309 298 897 5039 20916 Cent. 20 15877 02 77 LC ES Après avoir approuvé ces comptes et remercié M. le Colonel Lochmann pour sa gestion, la Commission renvoie à la fin de la séance l'établissement définitif du budget de l'exercice courant ainsi que les prévisions budgétaires pour 1892. M. le professeur Rebslein rend ensuite compte du rap- port de M. Messerschmitt sur ses travaux de l’année der- mère ; ce rapport a du reste circulé parmi les membres de la Commission. Quant aux travaux de campagne, M. Rebstein relève le fait que, malgré le temps très peu favorable, M. Messer- schmitt a terminé quatre stations; il à pu profiter de 91 Jours d'observation, qui se répartissent de la manière suivante : Derra, 15 jours (10 juillet — 2 août). Chasseral, 14 » (10 août — 9 septembre). Middes, 12 » (13 septembre — 98 septembre). Gurten, 10 » (3 octobre — 13 octobre). I. STATION DE LA BERRA La station a été rattachée à celles de Tête-de-Ran, de Chasseral et du Gurten. Les angles suivants ont été mesu- rés chacun 12 fois : Tête-de-Ran — Chasseral. . . 19 59 54,80 Tête-de-Ran — Miret. . . . 979 13,59 Tête-de-Ran — Gurten B. 67492688 Chasseral — Mire . . . . . 1 9: 10244 Mire.-— GurtenB :.:. 04 STORES Mire — Berra Sign. OC . . . . 1151345 — 1 Cette mire a servi aux mesures azimutales. DANONE La distance de la mire au pilier d'observation a été de 1293 mètres, et celle de ce dernier au Signal, par dou- ble mesure, 133"86. La distance zénithale de la mire est 93235", celle du Signal de la Berra (sommet) 71 931", et celle du Gurten B 9131 47. Enfin, le pilier d’observation se trouve de 45°5 au-dessous de la surface supérieure du Signal. Quant à la hauteur du pôle, qui n’est pas encore dé- finitivement réduite, sa valeur provisoire est, d'après les observations astronomiques. . . 9 — 46 40449 i la valeur géodésique donne, par Berne. B — 46 40 38 2 L4 e L< ’ La 4 donc déviation (astronom.-géodés.). . + 67 A L’azimut de la mire sur le Käseberg À — 3 23 24 à l'Ouest du méridien. II. STATION DE CHASSERAL Le pilier astronomique est distant du Signal, par double mesure, de 648 "69. Pour les mesures d’azimut, on s’est servi d’un signal placé sur le Spitzberg, éloigné du Chasseral de 6940 mé- tres. La valeur de l’azimut est °] / [4 Les angles, mesurés avec un théodolite prêté par le Bureau.topographique, sont les suivants : a) Sur le pilier astronomique. Spitzherg — Berra. . . . . 89 28 58,09 Spitzherg — Gurten B. . . . 45 6 92,47 Chasseral (Signal) — Spitzberg . 22 41 11,75 b) Sur le Signal. Gurten > Téte-de-Ran ° 0 OU OS Berra — Tête-de-Ran. . . . 40 8 1,83 Chasseral (Pil. astr.) — Spitzberg 155 6 26,9 Les données de rattachement au Spitzberg ne sont pas encore calculées. Pour la hauteur du pôle, déduite des observations astro- nomiques d’une nuit, on trouve, par une réduction provi- BDÉBS jee ie, LR PONRNNANSERS tandis que la valeur géodésique est . . B — 47 8 5,6 VDS ; : F: " donc, déviation (astron.-géodés.) . . . . + 8,7 Si cette valeur était confirmée par les observations ulté- rieures, Chasseral différerait des autres stations du Jura, pour lesquelles on a trouvé partout des déviations négati- ves, savoir : à Tête-de-Ran, — 7.7, à Chaumont — A à Neuchâtel — 15/6, au Weissenstein — 14 3. III. STATION DE MIDDES Dans cetle station, on à pu utiliser pour les mesures d’a- zZinut le Signal de la Berra; l’azimut n’est pas encore calculé. Pour le rattachement au réseau géodésique on pourra utiliser la triangulation du Canton de Fribourg. Pour la hauteur polaire, la réduction provisoire donne : 46 16 14,9 46 16 13.0 donc, déviation (astron.-géodés.) . . + 1,9 P tandis que la valeur géodésique est. . B Si: aus IV. STATION DU GURTEN Pour les observations azimutales, on s’est servi d’une mire établie à l'Observatoire de Berne à la distance de 4°565 du cercle méridien. La hauteur du pôle, astronomique. . © — 46 55 10,0 » » géodésique . . B — 46595 7,0 OM MEMIAELON AE HOT te + 3,0 En résumant les déviations de la verticale déterminées jusqu’à présent, on trouve pour les 6 stations suivantes, dont celles de Chaumont, Portalban et Middes sont situées presque exactement sur le méridien de Neuchâtel : Déviation | (astron.-géodés.) Stations. Altitude. | Distance. | en suppo- | p'rapport | Sant 4 abBérne. | 22 re p' Berne. [/4 [/4 Tête-de-Ran . . | 77-|LENE éhumont 6.0 |)? A 177 :|2549% Neuchâtel . . . | 15:10 Portalban:: 5 ; 0 |— 1,5 Middes . HUE 152 € à PT Re PAT | + 10,6 Les travaux de bureau de M. Messerschmitt se rappor- tent à la publication du om€ volume de la Triangulation suisse, ainsi que des coordonnées géographiques ; un tirage à part de cette dernière publication a été distribué aux gouvernements des cantons. M. Messerschmitt a en outre réduit une partie de ses ANS ENOAS ENS IT LINEAR 0 : observations de la dernière campagne; ces réductions n’ont pas pu être achevées complètement, parce qu’à partir du commencement de l’année courante, il a dû s'occuper, sous la direction de M. Hirsch, des travaux exigés par la publication des 9Me et 10me livraisons du Mivellement de précision. En ce qui concerne la continuation des observations astronomiques destinées à l’étude des déviations de la ver- ticale, M. Rebstein appuie les propositions de M. Messer- schmitt d'entreprendre en premier lieu les stations de Naye, Napf et Gurnigel, et en second lieu celles de Krie- nisberg, Suchet et Dôle, ainsi que de combiner dans ces stations, avec les observations astronomiques, des déter- minations de la pesanteur avec le pendule de Sterneck. En terminant son rapport, M. Rebstein propose les ré- solutions suivantes : 19 Remercier M. Messerschmitt pour les bons services qu'il a rendus à la Commission ; 20 Afin d’activer les travaux de calcul, autoriser M. Mes- serschmitt à s’adjoindre un calculateur et voter le crédit nécessaire ; . 3° Conformément au désir exprimé par M. Messer- schmitt, assurer l'ingénieur et ses aides contre les acci- dents, comme le fait le Bureau topographique pour son personnel ; . 4 Accorder une indemnité de logement à M. Messer- schmitt, qui a dû quitter les chambres mises jusqu'ici à sa disposition par l'Observatoire de Zurich; 90 Faire l'acquisition d’un secuad chronomètre pour les observations de pendule ; 6° Avancer autant que possible jusqu’au mois de mai ts dns, Ge 6 à mb: UE Ve les séances de la Commission, ses membres étant ordinai- rement plus libres à cette époque; 7° Après avoir obtenu les déviations de la verticale par les observations, il importe de les calculer par l'attraction des masses, ainsi qu’on l’a fait en Bavière, ou d’après la méthode indiquée par M. Helmert dans le deuxième vo- lume de son traité, en se servant des cartes topographi- ques. Le Bureau topographique pourrait peut-être se char- ser de ce travail. Ge serait, dans une certaine mesure, le développement des essais tentés dans cette direction par feu M. Denzler, ancien membre de la Commission. 8° Autoriser M. Messerschmitt à joindre aux autres observations dans les stations des mesures de variations magnétiques au moyen du magnétométre de Mever. Cette question à du reste déjà été résolue affirmativement par correspondance. Il serait désirable d’étendre ces ob- servations magnétiques aussi aux mesures d’inclinaison et de déclinaison, pour lesquelles on possède en Suisse très peu de données. M. le Président ouvre une discussion générale sur le rapport de M. Rebstein et pense qu’il convient d'examiner ensuite successivement les diverses propositions qu’il con- tient. M. Hirsch a parcouru attentivement le rapport de l’ingé- oénieur, dont M. Rebstein vient de rendre compte. Il s’as- socie aux remerciements à exprimer à M. Messerschmitt; mais il tient à présenter quelques remarques sur certains points de son travail et tout en acceptant plusieurs de ses propositions, appuyées par M. Rebstein, il n'en ap- prouve pas d’autres et désire en modifier quelques-unes. Ainsi, M. Hirsch n’a pas trouvé dans le rapport de M. CPR ENENNNe UN tou Messerschmitt des données sur la détermination des ni- veaux de l'instrument universel; il demande des explica- tions à ce sujel. M. Messerschmitl répond qu'on a déterminé au petit cercle méridien de Zurich les valeurs des parties des ni- veaux, avant et après la campagne; on a trouvé: au printemps, pour le niveau de l’axe v = 11817 + 00014 (4 — 95°), pour le niveau des microscopes v — 10970 + 00065 (4 — 25»), et en automne une série de contrôles ont fourni, pour le premier niveau v — 4 190 et pour l’autre niveau, 1.093. Comme ces valeurs sont comprises dans l’incertitude des anciennes déterminations, on a conservé les valeurs anté- rieures. Quant aux déviations de la verticale, M. Hirsch a été vivement intéressé par les nouveaux résultats obtenus dans la dernière campagne, qui paraissent s’accorder parfaite- ment avec la marche qu'il a reconnue dans les attrac- tions exercées par les massifs du Jura et des Alpes sur les différentes stations échelonnées du Nord au Sud le long du méridien de Neuchâtel. Bien que ces résultats ne soient que provisoires, M. Hirsch pense que les réduc- tions définitives ne feront que les préciser sans les changer notablement, sauf pour celui de Chasseral qui malheu- reusement ne repose que sur des observations de lati- tude faites dans une seule soirée, évidemment insuffi- santes pour obliger à admettre la curieuse anomalie que * Lt) NPA or paraîtrait présenter la déviation sur ce seul sommet, com- parée à celle de toutes les autres stations du Jura. Pour cetle raison, M. Hirsch regrette que M. Messer- schmitt ne soit pas resté quelques jours de plus au Chasse- ral, où il faudra retourner pour donner à cette importante station de notre réseau des déviations la même certitude qu'aux autres. Il aurait été également préférable de me- surer à la station de Middes quelques angles pour la rat- tacher à notre réseau de premier ordre, au lieu de se fier pour cela à une triangulation cantonale. Quoi qu’il en soit, il importe de compléter autant que possible ces recherches sur les déviations, qui ont suscité le plus vif intérêt au sein de la Conférence internationale à Fribourg, à laquelle M. Hirsch a communiqué les pre- miers résultats acquis. La Suisse est naturellement le pays classique pour ce genre d’études et la Commission géodé- sique a le devoir de les élucider toujours davantage. Dans ce but, et pour terminer d’abord les recherches dans la région du méridien de Neuchâtel, M. Hirsch in- siste sur la nécessité de commencer la campagne de cette année avec la station de Naye, située presque exactement dans ce méridien et dont MM. Messerschmitt et Rebstein s’exagérent les difficultés, car malgré son altitude de 2040m, la température n’y doit pas être sensiblement au-dessous de celle du Chasseral. Au reste, M. Lochmann pourra probablement fournir des renseignements sur les moyens de transport et les facilités de trouver à se loger dans le voisinage du sommet. M. Lochmann ne saurait donner de mémoire des ren- seignements précis sur la température ni sur les facilités d'installation dans cette station; mais autant qu'il s’en souvient, l’accès n’en est pas difficile et 1l existe, à un ou SU ee deux kilomètres du sommet, des chalets et une auberge qui permettent de s’y loger. Sur la question de savoir si la neige du printemps y a disparu, on pourrait se rensei- gner par lélégraphe auprès de M. Buffat, topographe à Lausanne, ce qui est fait séance tenante. Afin d'utiliser autant que possible le mois de juillet pour cette haute station, qui doit être commencée en pre- mier lieu, M. Hirsch propose que l'ingénieur s’y rende immédiatement en reconnaissance pour fixer le point de la station et commander les piliers pour l’instrument uni- versel et pour le pendule à réversion. Car, puisque d’après les renseignements obtenus par M. Messerschmitt dans son dernier voyage à Vienne on doit renoncer à se pro- curer un pendule Sterneck pour cette campagne, M. Hirsch pense que, conformément aux décisions antérieures de la Commission, 1l faudra utiliser dès à présent l'excellent appareil de Repsold que, dans ce but, on a fait remettre en parfait élat par son constructeur. M. Messerschmitt s’exagère la difficulté d'installation de cet appareil; un pilier triangulaire de 70 centimètres de côté suffit; 1l faudra en outre agrandir convenablement la largeur de labri d'observation pour pouvoir observer à 3 9 environ de distance du pendule. L’objection soulevée par M. Rebstein que cet appareil ne conviendrait qu'à des stations fixes et que sous un abri en bois 1l serait dérangé par la force des vents, est contre- dite par l’expérience; il va sans dire qu’on n’observera pas pendant des tempêtes, ce qui serait du reste impos- sible aussi avec le pendule de Sterneck. Il ne faut pas non plus craindre que ces observations de pendule prolongent trop le temps de séjour dans les stations, car elles se font pendant le jour; une déter- LUE |; HER mination complète peut s’obtenir dans une heure, de sorte qu’on peut en faire au besoin deux par jour; on utilisera pour cela les déterminations de l'heure, que l'ingénieur est obligé de faire également pour ses observations astro- nomiques, de sorte qu'il y aura notable économie de temps et d'argent en combinant ainsi les deux genres de ravaux, au lieu de devoir retourner plus lard exprès aux stations pour y observer le pendule. Enfin, M. Hirsch ne croit pas nécessaire de faire, en vue de ces mesures de la pesanteur, l'acquisition d’un second chronomètre de marine, ce qui exigerait une dé- pense de quelques mille francs ; car l’ancien chronomètre Dubois, à enregistrement électrique, a été complètement remis à neuf par M. Nardin, qui a changé non seulement l’échappement, mais aussi le balancier pour lequel il a, d'après la proposition de M. Hirsch, remplacé la lame d'acier par une lame en plane iridié, avec un succés complet, puisque la compensation est maintenant excel- lente etla marche presque la même pour les températures movennes que pour les températures extrêmes. Comme preuve, M. Hirsch met sous les yeux de la Commission le bul- letin de marche de ce chronomètre pendant deux mois d’é- preuves qu'il a subies à l'Observatoire de Neuchâtel. Puis- que M. Nardin maintient son offre obligeante de prêter un second chronomètre pour les quelques mois de cam- pagne, M. Hirsch propose de se borner à louer pour ce temps un second chronomètre. Ces différentes propositions de M. Hirsch au sujet de la station de Naye, et concernant l'emploi du pendule Rep- sold pour les mesures de la pesanteur dans cette campa- one, sont acceptées par la Commission. Quant aux autres stations à faire au cours de cette cam- 2 A Te Ar pagne, MM. Hirsch et Lochmann acceptent celles du Napf et du Gurnigel, et si le temps le permettait encore, la station du Suchet, afin de terminer autant que possible les travaux dans la Suisse occidentale ; sinon ils désireraient que l'ingénieur retournât à Chasseral pour y compléter la détermination insuffisante de la latitude et si possible y observer le pendule. Quant à la station de Frienisbere, elle _ne serait entreprise que s’il restait du temps disponible. La Commission vote dans ce sens. Au sujet de la proposition de M. Messerschmiit, appuyée par M. Rebstein, de combiner avec les autres observations, dans les stations, des mesures de la variation magnétique, M. le Président explique qu’elle a été soumise au Comité par voie de correspondance; d’après le résultat de cette consultation, 1l a commandé un magnétomèêtre de monta- gne de Meyer; cet instrument est déjà arrivé. M. Hirsch lent à répéter expressément la réserve sous laquelle 11 a déclaré son adhésion, savoir que ces mesures magnétiques ne figureraient qu’en second ordre et seraient entreprises seulement pour autant que les observations astronomiques et de pendule en laisseraient le temps à l’ingénieur; ces dernières étant infiniment plus importantes pour la mission dont la Commission géodésique est chargée devraient toujours avoir le pas sur les mesures magnéti- ques. Tous les membres de la Commission se déclarent d’ac- cord avec ce principe. M. le Président ayant mis en discussion la proposition de M. Rebstein concernant le calcul des attractions des masses soulevées, pour compléter l’étude des déviations ous AR de la verticale, M. Lochmann déclare qu’une semblable étude pourrait bien se faire au Bureau topographique fé- déral, mais non par le Bureau, dont le personnel très res- treint est dans ce moment complètement occupé à des travaux urgents. Par contre, 1l mettrait volontiers à la dis- position de celui qui voudrait se charger de ce travail toutes les ressources en cartes, minutes et levés, ainsi que tous autres renseignements que peut fournir le Bureau. M. Hirsch appuie également ce projet, pour lequel il existe, outre les travaux de M. Denzler, encore quelques essais entrepris par M. Scheiblauer. Mais il rappelle qu'il s’agit, dans un tel problème, non seulement de calculer le volume des montagnes, mais aussi d'évaluer les densités de leurs différentes couches et qu’il faut, par conséquent, recourir aux lumières d’un géologue compétent. Si M. Rebstein, en s’assurant le concours d’un géologue expert, pouvait s’occuper de celte recherche, 1l rendrait certaine- ment un service signalé à l’œuvre de la Commission ; sinon MM. Lochmann et Hirsch songeraient à un officier du gé- nie, qui réunit toutes les connaissances nécessaires en mathématiques et en géologie. La Commission décide de ne pas perdre de vue cet im- portant sujet et invite ces Messieurs à faire des démar- ches dans ce sens. Quant au désir exprimé par M. Rebstein de fixer au mois de mai la session réglementaire de la Commission, M. Hirsch fait remarquer que les travaux de campagne ne commencent pas dans notre pays avant la fin de juim ou les premiers jours de juillet, de sorte qu'il suffit, comme dans ces deux dernières années, que la Commission éla- bore le programme des travaux dans la première quinzaine Mc cd CRETE a Lee RE CRUE PT RAT AR NT = #4 RATE ER de juin. Il lui semble du reste que, dans ces limites, 1l fau- drait chaque fois consulter les convenances des membres de la Commission sur le jour de la convocation. Cette manière de voir est acceptée. Comme on passe ensuite à l'examen des propositions de M. Rebstein, concernant la personne de l’ingénieur, ce der- her se retire. Quant à la nécessité d’adjoindre un calculateur à M. Messerschmitt pour la réduction des observations, M. Hirsch ne peut pas admettre qu'il faille créer un poste fixe de calculateur; tous les ingénieurs précédents ont suffi à la tâche. Du reste, les observations en campagne n’absorbant que trois à quatre mois, 1l reste huit à neuf mois pour les travaux de bureau et de réduction. Si, par exception, comme ç'a été le cas lhiver dernier, où des travaux pour le nivellement sont venus s'ajouter aux au- tres, il était nécessaire d'occuper un aide-caleulateur pen- dant quelques mois, le bureau pourrait y pourvoir en en- oageant temporairement un aide parmi les étudiants du Polytechnicum ou de l’Université de Zurich. Par contre, M. Hirsch adhère entièrement à la proposi- tion d'assurer l'ingénieur de la Commission et son person- nei contre les accidents. La Commission étant d'accord, M. le coionel Lochmuann veut bien se charger d'exécuter celte mesure d’après les principes suivis à cet égard par son administration. Enfin, la Commission alloue à M. Messerschmitt une indemnité de logement de 500 francs. Revenant à la question de l'acquisition d’un pendule Sterneck pour les mesures relatives de la pesanteur, M. le | € We fA: ni | à bert st ‘etui CET LR Pis 5 | NE Président désire être informé des renseignements que M. Messerschmitt a recueillis; ce dernier n'ayant pas trouvé M. de Sterneck à Vienne, a appris que le constructeur de ces appareils n'en fabrique plus; 1i attend du reste de M. de Sterneck une réponse à la lettre qu’il lui a adressée à ce sujet. S’1l fallait renoncer à un appareil Sterneck, M. Hirsch proposerait l'acquisition d’un pendule Defforges, qui per- met également de faire des déterminations assez rapides. Comme il aura probablement l’occasion de voir ces deux Messieurs à Florence, à la prochaine Conférence géodési- que internationale, 1l est prêt à se charger des pourparlers nécessaires. La Commission décide de remettre à son bureau le soin de se procurer, le plus tôt possible, un pendule pour les mesures relatives de la pesanteur. En réponse à une demande de M. Wolf sur l’époque à laquelle on pourrait faire paraître le Tome VI de la Trian- gulation suisse, M. Messerschmaitt croit pouvoir avancer les réductions de façon à en commencer la publication dans le courant de l’année prochaine. NIVELLEMENT DE PRÉCISION M. Hirsch demande la parole pour fournir quelques renseignements sur l’état actuel de la publication des 9me et 10me livraisons. Comme M. Autran, auquel M. Hirsch s’étail adressé pour l'aider aux réductions qui restaient à faire ét aux autres travaux préparaloires, a été empêché par d’autres occupations, M. le Président a consenti à mettre à sa disposition M. Messerschmitt, qui a travaillé dans ce but à Neuchâtel depuis la fin de l’année dernière jusqu’au mois d'avril. Ce temps a pu suffire, puisque la partie essentielle de la compensation du réseau avait été élaborée déjà par M. Scheiblauer, qui avait également, avec l’aide de M. Redard, établi le catalogue des hauteurs. La 9me Jivraison contient d’abord la réduction et les résultats des opérations exécutées de 1884 à 1887 et ensuite l'ex- posé des principes suivis dans la compensation du réseau, des recherches sur les erreurs des hauteurs compensées et sur le degré d’exactitude auquel on est parvenu, la dis- cussion sur linfluence des variations de la pesanteur sur le nivellement suisse, et enfin les données principales sur la jonction de notre réseau avec ceux des pays voisins et par conséquent sur la hauteur de notre horizon fonda- mental de la Pierre du Niton au-dessus des différentes mers. M. [Hirsch constate à cet égard que, d’après l’état actuel d'avancement des travaux dans les pays limitrophes, il paraît exister encore une différence d'environ 05 en- tre le niveau de la Baltique à Swinemünde et celui de la Méditerranée à Gênes; en tenant compte autant qu'il est possible actuellement des corrections orthométriques, cette différence est encore de 035. En effet, d’après les données qui lui ont été fourmies par le Bureau central et par ses collègues qui dirigent les nivellements dans les pays voisins, M. Hirsch trouve pour Ja hauteur de la Pierre du Niton au-dessus de la mer : Résultat direct. Avec correction orthométrique. À Marseille .. . . +373 745 + 373" 689 AUténmesS: 5 eu 775 737 MArleste 7 5 Qi 063 486 A Swinemünde(L. A.) 270 420 À Swinemünde (G. I.) 319 9380 Moyenne . . . + 373,994 + 373,943 la] Se En réservant les légères corrections que subiront quel- ques-uns de ces chiffres par l’achèvement des travaux dans les pays respectifs, et pour autant qu’il est permis de pren- dre une moyenne de cotes se rapportant à différentes mers, on voil qu’on peut évaluer l'altitude de la Pierre du Niton à environ 373 24; l'incertitude de ce nombre est cepen- dant de plusieurs centimètres et, suivant le niveau de la mer finalement choisi, même de quelques décimètres. Aussi M. Hirsch est loin de vouloir augmenter la confusion des données qui existent sous ce rapport en Suisse, en les augmentant d’un nouveau chiffre provisoire et incertain. Conformément à la décision de la Commission, il ne publie dans la 10me livraison que les hauteurs relatives à la Pierre du Niton et il ne prévoit que dans deux ans la possibilité de les transformer en cotes absolues. Du reste, jusqu’à celte époque, la Suisse fera bien de compléter le rattache- ment de son réseau à celui de la France qui, après la perte de Saint-Louis, ne repose plus que sur trois points, dont deux situés à la Cure, à une petite distance l’un de l’autre, et dont celui de Moillesulaz demande à être refait par rapport au nouveau repère frontière par lequel les Français ont remplacé l’ancien, détruit par une inondation du Foron. M. Hirsch propose donc de charger M. Autran de cette dernière opéralion, qui n’exige que quelques jours, et de décider que la jonction entre Delémont par Porrentruy sur Delle soit exécutée dans le courant de cette année, ce qui demanderait environ un mois pour le double nivel- lement. La Commission approuve ces propositions et comme M. Lochmann déclare qu'après le départ de M. Durheim, qui a quitté le service du Bureau topographique, il ne dispose NEC _ence moment d'aucun opérateur. MM. Hirsch et Lochmann sont invités à chercher un ingénieur auquel ce dernier travail pourrait être confié. M. Hirsch met sous les yeux de la Commission un projet de carte du Nivellement suisse, que M. Lochmann a bien voulu faire exécuter dans son Bureau d’après les indications | Le de MM. Hirsch et Messerschmitt. Cette carte contient toutes _ les lignes du réseau et de rattachement, distingue les li- _gnes nive'ées à double d'avec les autres et indique les re- pères de premier ordre. I} conviendrait de la joindre à la 10me livraison, qui formerait en même temps le deuxième volume du Nivellement de précision, dont elle contient le catalogue des hauteurs par rapport à la Pierre du Niton. Conformément à une décision antérieure, il sera fait un tirage à part de cette livraison, pour être mis à la dis- : 4 position des administrations fédérales et cantonales, ce qui portera le tirage de ce second volume à 1500 exemplai- _res, tandis que la 9me livraison ‘sera tirée à 790. Il serait _ à désirer que la carte, tirée également à 1500 exemplai-_ _res, fût prête au moment de l'apparition du second vo- lume. Lis M. Hirsch avait espéré voir cette publication aboutir avant la fin de l’année courante; mais les difficultés de toute pature qu'il a rencontrées auprès du successeur de la maison qui à imprimé les anciennes livraisons, et la lenteur désespérante qu’il met à la composition et à la correction des épreuves (en deux mois, cinq feuilles ont été composées et deux seulement corrigées) lui fournissent la preuve qu’en continuant de la sorte on pourrait tout au plus voir la 9e livraison paraitre cette année; il demande donc d’être autorisé à faire imprimer la 10me Hiratsan dans un autre atelier. LS | TRS MIN Te PR OR OU PRET SE) OP PE Dh; f OR La Commission désirant hâter autant que possible la publication de cet ouvrage, approuve les propositions de M. Hirsch et l'invite à faire imprimer simultanément les deux livraisons. Elle prie en même temps M. le colonel Lochmann d’activer la confection de la carte du « Nivelle- lement. » A cette occasion, M. le Président rappelle qu'il n'existe plus que quelques exemplaires de la 1" livraison du «€ Ni- vellement », et se demande s'il ne conviendrait pas de songer à une réimpression de cette partie de louvrage. Toutefois, pour aller d’abord au plus pressant, il consent à renvoyer cette question à la prochaine séance. M. le Président invite MM. Lochmann et Hirsch à rendre compte des opérations de nivellement exécutées dans le courant de l’année derniere. M. Lochmann estime que le rapport de M. Durheim ayant circulé parmi les membres de la Commission, et cel ingénieur ‘ayant quillé dernièrement le service topogra- phique, il serait inutile de discuter en détail les proposi- tions que renferme son rapport. M. Hirsch pense toutefois qu’il serait bon de consigner au procès-verbal les principales données concernant les travaux de 1890. Cinq lignes ont été nivelées dans les val- lées de la Thour et de la Reuss, d’une étendue de 202 km., dans l’intervalle compris entre le 27 mai et le 18 novembre. Ces 140 jours de campagne ont été réduits par le mauvais temps à 71 jours effectifs, ce qui fait 1°"45 par jour de campagne et 2°"9 par jour de nivellement. Avec une distance moyenne de visée de 75 mêtres, l’ingé- nieur a fait en tout 2382 stations de l'instrument, ce qui _ donne environ 33!/, stations par jour où 15 minutes par station. Il convient d’ajouter que, pour cette campagne, _ l’ingénieur, contrairement à l'usage suivi jusqu’ici, à em- _ ployé deux aides, l’un comme porteur de mire et pour sceller les repères, l'autre pour lenir le parasol et porter | _ les instruments. Celle innovation à eu pour conséquence une augmentation considérable des dépenses qui, pour le travail sur le terrain, ont dépassé les anciens frais de la _ moitié environ. _ Afin de diminuer les chances de perte ou de destruc- lon des repères, l'ingénieur les a tous, ceux de second _ordre compris, choisis et placés à l'avance, ce qui fait que ces derniers se trouvent en général distants de 1 à 12 km. et quelquefois même jusqu’à 4 km. On a ainsi aban- donné l’ancienne habitude de marquer au ciseau aussi les _ points où, à la fin de la Journée ou forcé par le mauvais temps, il a fallu interrompre l'opération. = Pour le reste, les anciennes méthodes ont été conser- _vées. L'instrument employé a été le N° IF, et comme mire _ on s’est servi d’une nouvelle, désignée par le N° IT, cons- truite comme les anciennes par M. Kern, à Aarau. Cette É _ mire a été comparée deux fois à la Règle en fer de Berne, _et deux fois sur les repères fondamentaux placés devant _ l'Observatoire de Neuchâtel. Ces comparaisons ont donné _ les résultats suivants : Ps Berne, 23 janvier 1890: 41nm de la mire — 0.999636 _ Berne, 22 novembre 1890. ". 72". 964 e Neuchâtel: 144 avrik4890 2 2:70 MeUE 530 PNeachatel., "5 décembre 4890 5:71 ny 760 Moyenne: 4m — 0"999722 + 0""093. L'ancienne erreur de 6 centimêtres commise sur la ligne a 1 d Sy #4 Gsa EN pESe ou arg RCE TT PR { » Se de la Reuss en 1889 a été trouvée par l'opération de con- trôle entre Reussegg et Mühlau. La réparation de cette erreur a donc exigé 39 Jours de travail et coûté un millier de francs environ. Une grosse erreur semblable a été commise de nouveau sur la ligne de la Thour au nivellement de.jonction entre Wildbaus et Werdenberg. En présence de ces faits, M. Hirsch insiste sur la néces- silé de se conformer à la règle toujours suivie autrefois de jeter encore un dernier coup d'œil dans la lunette avant de lever une station, pour vérifier le centimètre du fil du milieu. Sur la ligne de la Reuss, entre Windisch et Cham, on trouve pour erreur kilométrique + 5mm jusqu’à 7777 et toute la ligne, de 49 km., présente une erreur de clôture de 0"0329, c’est-à-dire + 4°°6 par kilomètre. M. le colonel Lochmann s'étant déclaré d'accord avec M. Hirsch qu’il faut conserver, aussi pour ces opérations de second ordre, les anciennes méthodes consacrées par une longue expérience, M. Hirsch croit pouvoir se dis- penser de discuter certaines modifications que l’ingénieur a proposées dans son rapport pour les méthodes d’obser- valion aussi bien que de réduction. M. le Président, après avoir remercié MM. Lochmann et Hirsch de leurs rapports, demande qu'on revienne aux questions budgétaires. Il s’agit avant tout de revoir la prévision qu’on avait établie l’année dernière pour l'exercice courant et d'y ap- porter les modifications conformes aux circonstances et aux décisions prises. Ainsi, 1l propose, abstraction faite de 500 fr. votés Se Op Le comme indemnité de logement pour M. Messerschmitt, d'augmenter de 1000 fr. les frais de voyage et de bureau de l'ingénieur et, en raison des difficultés de quelques- unes des stations astronomiques et de la décision qu’on y déterminerait aussi la pesanteur, il croit qu’on devrait porter à 3000 fr. les frais pour ces stations. Enfin, comme on peut espérer faire imprimer les deux hvraisons du Nivellement dans le courant de cette année, M. Hirsch croit, sans pouvoir fixer dès à présent les frais exacts de cette publication, qu'on devrait prévoir pour celle année une somme de 3000 fr, La Commission ayant adopté ces différents postes, il en résulte le BUDGET RECTIFIÉ POUR 1891. Recettes. Solde actif de 1890 — en caisse le 20 jan- | Mes TOME EU ANIME ER OU Allocation fédérale pour 1891 1 a CR ONE Fr. 20039,59 Dépenses. Praitement de l'ingénieur …. -. = ./098r. Indemnité de logement .: . . . : - » Frais de voyage et de bureau de l'ingénieur » Stations astronomiques, construction de LATE ne: PETER : 102 Contribution aux frais ". Meteo en DOOT RES E UAURNS NSNESERRRESS Bras d'IMPreSSION.;. 7: Se RNCS À reporter: 22157 Tr SUR Report. . . Fr. 16000 — Acquisition d'instruments, pendule, etc. . » 2000 — Séances de la Commission fédérale et de la Commission permanente internationale. » 1000 — Contribution annuelle à l'Association géo- désique internationale . . . . . . 300 — DORÉ AMelE L Re AM 739,52 Fr. 20039,52 Enfin, M. le Président et M. Lochmann soumettent un projet de budget pour 1892, qui est discuté puis adopté dans la forme suivante : BUDGET PROVISOIRE POUR 1892. Receltes. Allocation fédérale pour 1892. . . . . Fr. 15000 Dépenses. Traitement. de l'ingénieur . . . Fr. 4000 Indemnité de logement au même. » 200 Frais de voyage et de bureau de PORTE Lette anti cs AO Frais des stations astronomiques. » 2000 Frais de nivellements . . . . » 2900 Acquisition d'instruments . . . » 2000 Frais d'impression . . . » 1000 Séances de la Commission fédérale _et de la Commission permanente internationale . . . . :1 15 4000 Contribution annuelle à Te A hion-téodésique 2200 p.800 Imprévu et divers. . . . . . » 200 » 15000 La séance est levée à 6 Leriest < Le Secrélaire, Le Président, Dr Ad. Hirsen. DrR. Wozr.. RAPPORT DÙ DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE GANTONAL DE NEUCHATEL AU DÉPARTEMENT DE L'INDUSTRIE ET DE L'AGRICULTURE SUR LE CONCOURS DES CHRONOMÈTRES OBSERVÉS PENDANT L'ANNÉE 1801 n'a CHAUX - DE-FONCS IMPRIMERIE SAUSER & HÆFELI 1802 are «7 RAPPORT CONCOURS DES CHRONOMÈTRES OBSERVÉS EN 1891 É. A L'OBSERVATOIRE DE NEUCHATEL MONSIEUR LE CONSEILLER D'ÉTAT, Le concours de 1891 ne diffère pas notablement de ee celui de l’année précédente, pour la quantité aussi bien que pour la qualité des chronomètres présentés. Sur quelques points, on remarque un petit recul; sur d’autres, au contraire, on constate des progrès. Si la variation diurne moyenne a un peu augmenté, le ré- De glage de la compensation figure parmi les meilleures années, et celui des positions a fait des progrès sen- sibles. Enfin les chefs-d’œuvre ne manquent pas cette fois non plus, de sorte que j'aurai la satisfaction de vous faire des propositions pour accorder tous les prix prévus par le Règlement. Malheureusement, à l’autre bout de l’échelle, la queue des refusés est encore aussi longue que dans les années précédentes. Permettez, Monsieur le Conseiller, que je vous four- nisse les preuves de cette apppréciation générale, en entrant, comme d'habitude, dans les détails néces- saires sur les points essentiels. En ce qui regarde d’abord la quantité, le tableau statistique comparatif des douze dernières années per- mettra de juger du mouvement des chronomètres présentés et observés : ANNEES Chronomètres présentés 1880 170 1881 210 1882 306 1883 503 1884 346 1885 459 13886 324 1887 341 1888 346 1889 471 1890 290 1891 306 I Bulletins délivrés 154 228 234 309 269 326 281 238 202 999 201 213 Chronomètres renvoyés sans bulletin 21 0 16 23 24 sp 29 2 30 24 29 al 30 Des 93 pièces qui ont été retournées sans bulletin, 61 chronomètres ont montré des variations diurnes dépassant la limite de 25; n’ont pas été réglés assez près du 5 > temps moyen (> 10°); n’ont pas été suffisamment com- pensés ; LS D trs 1 chronomètre a montré une variation du plat au pendu dépassant 10°; L » s’est arrêté pendant le cours des épreuves ; 20 > ont été repris par les fabricants avant la fin de l’épreuve, pour différents motifs. Vu la trop grande légèreté avec laquelle un certain nombre de fabricants continuent à présenter leurs montres — ordinairement celles qui ne doivent subir que l’épreuve incomplète de 15 jours — sans qu’ils les aient soumises eux-mêmes, ou leurs régleurs, à une observation suffisante, on peut se demander si la taxe à payer dans ces cas ne devrait pas être aug- mentée. Il va sans dire que les études comparatives qui vont suivre ne concernent que les 213 chronomètres qui ont reçu des bulletins des différentes catégories. Nous commençons par le tableau de provenance, dans lequel nous distinguons les six localités du can- ton de Neuchâtel d’avec les trois des cantons voisins : Chaux-de-Fonds a envoyé 82 chronomètres — 39 0/, Locle > T0 > 39) Prenets > 19 9 » Neuchatel 16 » RARES Fleurier 6 dS Ponts 4 > 25 Bienne > à 4 » Ste- Croix » 5 2 5 St-Imier > 9 » 1 > 213 chronomètres — 100 9/, Il paraît que La Chaux-de-Fonds veut définitive- ment rester à la tête de la production aussi pour la chronométrie, et que le Locle qui, autrefois, fournis- sait de beaucoup le plus grand nombre de chrono- mètres, se contente du tiers. Maloré cela, le Locle remporte encore cette fois le plus grand nombre de prix, savoir 9 sur 9. | Si l’on examine la répartition des chronomètres dans les différentes classes, le tableau suivant montre de nouveau une augmentation pour la dernière classe, qui comporte l’épreuve la moins complète; en effet, elle comprend à elle seule plus de la moitié (122) de tous les chronomètres observés en 1891. Tandis que le nombre de la classe C est resté le même, les chro- nomètres de marine ont été moins nombreux et ceux de poche de la classe B ont diminué de la moitié. Ce sont là, il est à espérer, des fluctuations d'année en année, sans qu’on doive y voir une tendance persis- tante de préférer les épreuves les moins sérieuses. | CLASSES | 1891 1890 1889 1888 | 1887 A. Chronomiètres de marine, obser- | | vés pendant 2 mois . . . . . 6} 10 5 | 12 8 | B. Chronomètres de poche, observés | pendant 6 semaines, en 5 po- Sitians . 20,00 LL NN ASP SPP eIe C. Chronomitres de poche, observés pendant 1 mois, en 2 positions | 66| 64! 93| 61| T4{| D, Chronomètres de poche. obser- vés pendant 15 jours, à plat, à la température ambiante . . . | 122 | 88 | 183 | 147 | 129 | Total. . . | 213 | 201 vs | 262 938 | PET PU Ce qui est à regretter, e’est que nous n’ayons reçu cette année des chronomètres de marine que d’une seule maison. La qualité par contre des montres ma- rines de M. Nardin s’est non seulement maintenue, mais la perfection de leur réglage a encore fait des progrès, ainsi qu'on le voit par la comparaison des résultats des cinq dernières années: Chronomètres | Variation moyenne | re | Différence de marche ao: | diurnà | Variation pour 10 entre les à à | | É | Semaines extrêmes 1887 | + 0517 + 05086 | 15,75 1888 | 0 ,15 0 ,042 | 0 ,84 1889 | 0 ,14 0 ,032 | 0 ,72 1890 | 0 .12 0 ,059 0 ,75 1891 0 ,12. 0 ,030 0 ,67 On constate de même plutôt des progrès pour la première classe des chronomètres de poche, et ce ne sont que les deux dernières classes qui montrent une variation diurne plus forte, ainsi qu’on le verra par le tableau des valeurs de cet élément essentiel pour les quatre classes, pendant les sept dernières années. | | | 1888 | 1887 | 1886 1885 Classe 1891 1890 1889 | A |+05,12,/+-05,12/+-05,14/+-05,15 |1-05,17/+-05,17/+-05,22, B | 0,4!) 0,50, 0,54, 0,49) 0,49 0,49, 0,46, É 0,56] 0,53] 0,50. 0,47] 0,51! 0,58] 0,56, D | 0,62 | 0.68 0,59) 0,55] 0,55! 0,51| 0,59 ! | PL ER RE | | = Total 0557 |405,53-1-05,55/1-05,50, +0 ,52/-F05,50 +-05,56 HE | | | À | [L Passant à l’étude des résultats donnés par les diffé- rents genres des principaux organes des chrono- mètres, nous retrouvons en général les faits observés précédemment. Pour commencer par les échappements, c’est de nouveau celui à ancre qui est de beaucoup le plus employé et qui donne pour la variation la valeur moyenne (+ 0,57). Comme toujours, c’est l’échappe- ment à ressort qui présente la plus faible variation diurne (- 0$,21); toutefois des 9 pièces qui en ont été pourvues, 6 sont des montres marines avec une varia- tion moyenne de +0%,125, tandis que les 3 chrono- mètres de poche, possédant ce même échappement, ont donné une variation de + (5,39, c’est-à-dire à un centième près la même variation qu’on a trouvée pour les 4 chronomètres à tourbillon (-+ 05,88). Voici, du reste, la fréquence et la valeur relatives des 4 genres d'échappement en 1891: 158 chron. à ancre — 651, ont donné la variation moyenne de 05,57 62 2 à bascule — 29 » > > > +0 . D» 4 » » » > OR 4 y» atourbillon— 2 » > » > F0 ,58 “ 213 chronomètres ont donné là variation moyenne de e+-0 ,5T DT On y reconnaît que l’échappement à bascule, tout en étant moins employé qu’autrefois, a donné le ré- sultat le moins satisfaisant. | Afin de pouvoir comparer la valeur relative et le perfectionnement graduel de ces différents genres d’é- chappement dans le cours des années, nous donnons leurs résultats pendant les 30 ans passés, dans le tableau suivant : Variation diurne d’après le genre de l’échappement. | ÉCHAPPEMENT à | Moyenne ANNÉES | | | à || Ancre Bascule | Ressort Tourbillon, l’année AR RP RE PTS DEN 1880 À 15021 0580! 1561 1863 ag | To" 12878); 0-64 |” 1:28 1864 LA Var ar 1 ER Po Re OL 97 1865 02892 21:01: |: 0;, 70%: #0:49 0 ,88 1866 0.67 | 0,73 | 1.01 | 0,35 |. 0,74 1867 OO ED 67 | 0745 "0% 0 ,66 1868 0,57 | 0,56 | 0.66 | 0,29 | 0,57 1869 0,61 | 0,58 | 0,60 | 0,55 | 0,60 1870 0,53 | 0,62 | 0,52 | 0,40 | 0,54 1871 0,56 | 0,53 | 0,47 | 0,56 | O0 ,55 1872 0:53 L-0.46-| 0,54! 0,58 | 0:,52 1873 0,62 | 0,63 | 0,56 | 0,72 | 0:62 1874 Go 02021 0.,28 0-0 60715 0728 1875 0,46 |.0,47 | 0,17 | 0,49 | 0 ,46 1876 0,54 | 0,53 | 0,53 | 0.24 | 0,53 1877 0,51 | 0,59. 6,25 | 0,52 |: 0,51 1878 0:,621:0,56 | 0:32 :1- 0.58 0 ,60 1879 (66-17 0,.59 "099.0 85 |. 0761 1830 0,50 | 0,51 | 0,28 ER TAN 1881 0563212056 |! "0,25 0,38 0 ,52 1882 0,52. | 0.66 | 0.78 | 0,43 | 0,55 1883 0,56 | 0,50 | 0,43 | 0,35 | 0,54 1884 0.60 |:0,55 | 0,21 | 0,33 | 0,58 1885 0,57 | 0,57 | 0,38 | 0,39 | 0,57 1886 DE OO ST 10:99" 090 0 ,50 1887 0,52 | 0,57 | 0,33 | 0,32 | 0,52 1888 0,52 | 0,54 | 0,20 | 0,42 0 ,50. 1889 0,55 | 0,58 | 0,26 | 0,42 | 0.55 1890 0,53 | 0,57 | 0,16 | 0,48 | 0,53 1891 0.57 |: 0,63. | 0.,21:/1038 | 0,57 Yarialion moyenne des 30 | à ans 4862-189) . . | 05,565 | 0s.629 | 0s500 | 05540 05,576 donnée par ie nombre de | | | chronomètres . . . || 3970 | 1267 | 270 | 129 5636 Ce tableau statistique montre que le résultat géné- ral de l’année 1891 correspond à très peu près au chiffre moyen des 80 ans: ce ne sont que les échap- pements à ressort et à tourbillon, pour lesquels on reconnaît une reprise de perfectionnement, et qui ont cette fois donné une variation très sensiblement infé- rieure à la moyenne générale. L’échappement à tour- billon, à cause de sa construction compliquée et diffi- cile, restera toujours un-échappement de luxe qui ne réussit qu'entre les mains d'ouvriers véritablement artistes; il est à regretter que l’échappement à res- sort, qui est au fond extrêmement simple et ne de- mande que beaucoup de soin dans lexécution, ne soit pas employé davantage pour les chronomètres de poche. L'examen des résultats fournis par les différents genres de spiraux confirme également les observations des années précédentes. Avant tout, nous retrouvons la même proportion pour lemploi des spiraux à courbes terminales de Phillips, qui forment de nou- veau le 721/, tout en maintenant leur supériorité pour le réglage. En voici la preuve : ; RE de. : es. > A?" a Pia à ES Variation diurne moyenne d’après le genre de spiral. En 1891 | Fe nié) à 1891 GENRE DE SPIRAL | | Variation Donnée | Variation | Donnée diurne | chron. | diurne | chron. Spiral plat à courbe ter- minale Phillips : : . | L0s86 | 195 | 10555 | 3199 Spiral plat. à 2 courbes | | | | terminales Phillips . . HRRCN LR Se LEARN PER Spiral cylindrique à | | | courbe Phillips . . . . 0,82 | LAPS ADP AG 1 2246 Spiral cylindr. Phillips à | | 2 courbes terminales . dde tel 028 87 Moyenne des spiraux Phillips |: 0,55 | 153 0,53 | 3911 Spiral Breguet . . . . . | 0,62 | 90 | 0,58 | 685 Spiral cylindrique ordi- | | | MAT CU EE 0,627 1-40 41 ";05,58 | 393 Spiral te ide NE TE NAN OUAE 52441: 69 Moyenne des spir. ordinaires | 0,62 | 60 0,58 | 1147 | | Moyenne générale . . | 405,57 | 213 0 ,54 | 5068 | On voit que cette fois encore le spiral sphérique fait défaut; il paraît que nos chronométriens aban- donnent de plus en plus ce spiral, peut-être plus joli qu'utile. Sauf pour le spiral cylindrique à 1 courbe Phillips, dont le nombre est trop faible pour qu’on puisse en tirer des conclusions, les résultats de 1891 sont conformes à ceux des 20 années précédentes, tout en restant un peu au-dessous de la moyenne. Il en est de même pour les spiraux en palladium, qui ont été employés cette fois pour 6 chronomètres de marine avec une variation moyenne de + 05,12 et pour 10 chronomètres de poche avec une variation de + 05,64; on voit que, pour ces derniers, la variation est plus forte que pour la moyenne des spiraux en acier. Le réglage des cinq positions, tel que nous le cons- tatons pour les chronomètres de la classe B, malheu- reusement peu nombreux, a fait des progrès remar- quables en 1891, car la somme des qe variations de position est descendue de 80 ?/,; on s’en convain- cra par le rapprochement suivant : Tableau des quatre variations de position (Classe B). | ME | VARIATION du SRE 6 | | 6 | pendant | pendant | cadran des GENRE DE SPIRAL 2 | Plat | en haut | en haut | en haut FPE Ë [5 1e t me : dé ra u pendant | pendant | cadran E | CStAl à gauche à droite en bas Spiral plat à courbe | me ES 7x LS a terminale Phillips . 15 15,54 | 15,86 | 15,34 | 15,68 | 65,42 Spiral plat à 2 courbes | Phillips. . . .. | 110,66) 0,5) 0,92 | 0,2%} 2,30 Spiral cylindrique à | 2 courbes Phillips . | 1} 1,50 | 8,70 | 2,65 | 0 ,56 |, 8 41 Spiraux Phillips . .|17| 1,48 | 1,89 | 1,39 | 1,53 || 6 ,30 Spiral Breguet 211-0 ,55 | 0 ,89 |0:7242%66 | 4 ,82 Moyenne de l’année 1891 | 19. 1,38 | 1,78 | 1,32 | 1,65) 6,18 | CP EE ER RER Moyenne de l’année1890 39, 1 ,66 | 2,91 2 ,90 | 1,37 | 8 ,84 >. » » 188954) 2,19 | 2,28 | 2,84| 2,11 9 ,49 DE STE Le progrès de réglage dans l’année dernière est visible pour toutes les positions ; et si les deux chro- nomètres munis du spiral Breguet ont donné des va- riations plus petites, il faut y voir un fait isolé qui ne peut mettre en doute la supériorité des spiraux Phillips, prouvée par un très grand nombre de pièces et pendant une longue série d’années. J'ajoute enfin qu’en 1891 cette supériorité des spi- raux Phillips se reconnaît également dans la varia- tion du plat au pendu, montrée par les chronomètres de la classe C; car pour les 58 chronomètres de cette classe, munis de spiraux Phillips, cette variation est en moyenne de — 1°,98, tandis que les 8 autres ont donné en moyenne: 2°,33. On a lieu également d’être satisfait de la construc- tion et du réglage des balanciers compensés, car non seulement la variation de la marche par degré entre les températures extrêmes de 0° et 30° n’est que de + 05,10 et compte par conséquent parmi les résultats des meilleures années, mais l’écart de la marche pour les températures moyennes, par rapport à ce qu’il devrait être proportionnellement, est aussi sensible- ment moins fort et moins fréquent que l’année précé- dente; tandis qu’en 1890, il y avait 48 pièces, c’est- à-dire 43 ®/, pour lesquelles cet écart a dépassé + 25, nous n’avons constaté ce défaut dans le dernier exer- cice que chez 29 chronomètres sur les 91 qui ont subi les épreuves thermiques, ce qui fait donc 32 ?/,. C’est encore trop, mais il y a progrès. ‘4 Comme toujours, la plupart des chronomètres sont surcompensés, car nous avons constaté chez: 39 chronomètres une variation thermique négative (avançant au chaud) ; 19 > > > positive (retardant au chaud) ; À » » > nulle: ï 29 » une compensation 22 déterminée. En général, les chronomètres sont «bien revenus », pour employer un terme d’atelier, après les épreuves thermiques; car la différence de marche, avant et après leur observation à la glacière et à l’étuve, n’est en moyenne que de + (5,87, ce qui dépasse la varia- tion générale d’un jour à l’autre seulement de 05,3. Le progrès le plus marqué pour les chronomètres de 1891 se reconnaît à la constance de leur marche ; ainsi pour les montres des classes À et B, la diffé- rence moyenne entre les marches de la première et de la dernière semaine est cette fois-ci seulement de OS,88, c’est-à-dire la plus faible que nous ayons cons- tatée; dans les deux années précédentes elle était de 25,23 et de 15,07. En outre, la différence moyenne entre les valeurs extrêmes des marches diurnes. observées chez le même chronomètre pendant toute la durée des épreuves, n’est plus que de 45,55, tandis qu’en 1889 et en 18,0 nous avions trouvé 5,20 et 55,01. Comme d’habitude, je résume les résultats prin- cipaux de cette étude dans le tableau comparatif suivant : LR à es Variations moyennes ANNÉES | | | Du plat . ; rase Pour un Diurnes | au HAE degré de variations L pendu température de positions | … … ss 1597 | 8521 0,48 HÉROS OCIS 0.35 | 074 | 3,56 0.36 |. 0:76 | 3:57 0 ,16 | 0,57 | 244 0,15 | 0.60 |. 2,43 0 ,14 0,54 | 9,37 0 ,14 0,55 | 1,90 0 13 0.52 | 1,99 0,15 0,62 | 2,59 | 10503 | 0,15 065 1-9 97:79 O5 AG ET 07 Bo Pos Una "946: 815 :|'u0 1 OST AR OA NES “A OA 007601179110: 18:86: 00,10 ét 21-00 |: 786.1 0-1 OMR ALAS le7-64 | Qi de dre |-948 | 042 DÉS 0 08 ss ie OH 0,54 | 1.83 | 10,17 | 0,12 O6 hp de | 689: 1-00 0,57 | 2,45 | 9,18 | 0:14 0:60 do. 7 01e QE 0,52 | 994 | 884 | 0,12 SO 48 |" 966 09 0,55 | 2,19 | 9:49 | 012 | 0,53 | 2,19 | 8,84 | 0,09 EC 6,13 | 0,10 e … … DISTRIBUTION DES "FRET Pour le prix général, il n’y a cette fois que deux concurrents, qui ont déjà figuré au concours de l’an- née précédente, et c’est de nouveau Monsieur Paul-D. Nardin, du Locle, auquel ce prix revient. Tout en fé- licitant ce vaillant artiste de se maintenir à la hau- teur qu’il a su atteindre depuis nombre d'années, on peut cependant regretter qu’il exerce pour ainsi dire une espèce de royauté dans nos concours, — cette fois encore il remporte trois prix sur neuf, — et que : ses remarquables succès ne suscitent pas une plus grande émulation parmi ses confrères, du moins pour : le prix général et pour celui des chronomètres de marine. Quant au prix général, voici les moyennes pour les deux fabricants qui ont présenté 12 chronomètres : NOMS DES FABRICANTS Différence extrêmes de température |+ |lentre les marches | a © Oo = S. © T œ = e= E S = Variation diurne Variation du plat Variation pour 10 LIMITES RÉGLEMENTAIRES | “o Le] 1. Paul-D. Nardin, au Locle 42.250049 MOSS 2, Ch. Humbert fils, à | | la Chaux-de-Fonds | 12 |0 51/1 He 105 :1 0 ,08 | 3,1 LCI HENMR EVE * Fe RL E TUE hp : # + pie _ On voit que la maison de la Chaux-de-Fonds dé- _ passe très légèrement les limites fixées pour la varia- _ tion moyenne et pour la différence entre les marches _ extrêmes, tandis que celle du Locle remplit très lar- sement toutes les conditions ; et comme ses moyennes sont toutes, sauf pour la variation du plat au pendu, sensiblement plus faibles que celles de M. Humbert, il n’y a pas de doute que le prix doit lui être attribué. Et cette fois encore, son rang supérieur n’est pas dû uniquement au fait que 5 de ses chronomètres sont des montres marines ; car pour les 7 autres, qui sont des chronomètres de poche, la moyenne de la varia- _ tion diurne est de 05,43, celle de 1° de température “05,04 et la différence entre les marches extrêmes 45,0. Pour montrer que M. Nardin ne se contente pas seulement de maintenir son rang, mais qu’il a fait encore des progrès dans la perfection du réglage, nous consignerons de nouveau dans le tableau suivant les résultats de ses 12 bulletins et leurs moyennes, com- parativement avec celles des années précédentes : Nombre de pièces des chronomètres | Variation diurne : Variation pour 10 de température | Variation du plat Différence entre les marches extrêmes 16/7251 |-+05,10! 05,01 21/7466 | 0,14) 0,03 20/7465 | 0 ,14| O 01 25/1788 0 ,06 17/7360 0 ,02 1929 indéterm. 1468 0 ,10 2 1 2 + pi Il 2 D 7596 0,04 6575 0 ,02 6564 0 ,02 7581 0 ,00 7464 0 .05 0 ,03 0 ,04 0 ,07 + B C 6 LU] O9 H H IN HR C9 & à N NO + =) Où 00 © Où C9 D Où mn + a fr [®) [l C2 | ps (=) < | Z | = Hi Æ | D 0 Eee > || A | “AS a << | mL + She Ses SS Moyennes gén. de 1891 L Moyennes gén. de 1890 12 > » »188] 15 ÉPÉATEE se) Co ©2 RO © On voit que, sauf pour la variation du plat au pendu, les variations moyennes ont encore diminué et que le défaut de la compensation, de présenter pour la marche aux températures moyennes un écart de la proportionnalité dépassant 2, ne se rencontre cette fois que chez une seule pièce. Quant aux chronomètres de marine, la maison Nardin est cette fois seule à concourir pour ce prix: age; en effet. le chronomètre N° 6 du tableau À est un ancien chronomètre enregistreur, le premier de ce genre, construit par feu William Dubois du Locle, et que la Commission géodésique suisse, à laquelle il appartient, a fait reconstruire dans ses organes essen- tiels par M. Nardin. Cependant on n’en a pas tenu compte dans les moyennes du prix général. Non seu- lement tous ces chronomètres de marine de M. Nardin restent pour tous les éléments du réglage largement dans les limites fixées pour le prix, de sorte que tous mériteraient d’être couronnés; mais le premier de la liste, le N° 17/7360, est de nouveau un chef-d'œuvre remarquable à tous égards. Sa variation diurne moyenne est, comme pour la montre marine de l’As- sociation Ouvrière, couronnée l’année dernière, de + 0S,08 seulement; sa compensation est presque par- faite, il avance de 0°,02 par degré, et la marche moyenne de la dernière semaine ne diffère de celle de la pre- mière que de 0,36. De plus, c’est un de ces chrono- mètres enregistreurs d’un système extrêmement sim- ple, inventé par M. Nardin, qui fournit un enregis- trement très sûr et très distinct, sans que la fonction de fermer le courant électrique à chaque seconde modifie d’une manière sensible la marche du chrono- mètre. En effet, les expériences que nous avons exé- cutées à cet égard, en faisant fonctionner pendant trois jours, et chaque fois durant trois heures de suite, l'enregistrement électrique, ont donné pour la marche diurne dans ces conditions — 1$,40 tandis que cette marche était en général de — 15,31. La même perfection a été atteinte par l’autre chro- nomètre enregistreur du même artiste; car, pour le N° 20/7465, la marche diurne avec enregistrement électrique a été de + 2°,18, tandis que la marche gé- nérale de cette pièce est de 425,27. On voit ainsi que M. Nardin a en effet résolu le problème important de faire enregistrer les secondes par un chronomètre, sans que sa marche en soit influencée d’une manière quelconque, ce que l’on a rarement obtenu, même pour les pendules astronomiques, du moins pour les pendules à poids. Aussi les astronomes et les géodé- siens apprécient de plus en plus le mérite de ces ma- onifiques chronomètres enregistreurs. Passons aux chronomètres de poche, dont la pre- mière catégorie (Classe B), — peu nombreuse il est vrai, — ne contient que des pièces qui, à quelques exceptions près, remplissent toutes les conditions des prix. Le chronomètre qui occupe le premier rang, le n° 189119 de MM. Girard-Perregaux & C', à la Chaux-de-Fonds, est de nouveau une de ces belles pièces à tourbillon qui sont une spécialité de nos mon- tagnes, d'autant plus précieuse que cet échappement toujours recherché à cause de sa beauté, s’est révélé comme un des meilleurs au point de vue de la préci- sion de la marche. Réglé à un quart de seconde près au temps moyen, il ne varie d’un jour à l’autre que de +0,22; avec un coefficient de compensation de 05,02 dont il avance par degré; il est revenu à 0,8 près à. la marche antérieure, après les épreuves thermiques. La somme de ses quatre variations de position ne dépasse pas 8,94, et deux d’entre elles restent même au-dessous de la demi-seconde; enfin la différence des marches de la première et de la dernière semaine n’est que de 0°,17. — Qui aurait cru, il y a une di- FN ee zaine d'années, à la possibilité d’une pareille perfec- tion de réglage pour une montre de poche? Les deux autres prix de la classe B reviennent à des chronomètres à ancre. La pièce N° 50594 de M. P. Matthey-Doret qui, d’après la variation diurne seule, occupe la seconde place du tableau, dépasse malheureusement pour la variation du plat au pendu (35,81) la limite fixée (3°) dans l’article 9 du Règle- ment, de sorte que le second prix appartient au n° 7529 de M. Paul-D. Nardin, au Locle, qui, du reste, ayant une variation diurne (05,33) de 05,02 seulement plus forte, et une différence entre les mar- ches moyennes de la première et de la dernière semaine (05,45) beaucoup plus faible, doit, d’après le Règle- ment, précéder la pièce de M. Matthey-Doret. Enfin le 4% chronomètre du tableau B, n° 90209 de MM. Ch: Tissot & fils, au Locle, remplit toutes les conditions réglementaires et remporte par consé- quent le troisième prix de cette catégorie. Les quatre prix destinés aux chronomètres observés pendant un mois, reviennent aux pièces qui occupent les quatre premières places du tableau C, et qui satis- font à toutes les conditions exigées dans l’article 10 du Règlement. Le premier prix de cette classe appar- tient donc au n° 14790 de M. Ed. Huguenin- Courvoisier, au Locle, le second. au n° 61588 de M. Ch. Humbert fils, à la Chaux-de-Fonds; les variations diurnes de ces deux chronomètres à ancre, extrêmement faibles (05,23 et 0,25) ne différant que de 0%,02, leur rang se trouve déterminé par la diffé- rence entre les marches extrêmes, sensiblement plus faible pour le premier. Il en est de même pour le troi- _sième chronomètre et pour le quatrième de la classeC, qui ont la même variation diurne (05,30), de sorte que le troisième prix échoit au tourbillon n° 42926 de MM. Reichen & Girard, aux Brenets, et le qua- trième au n° 61591 de M. Ch. Humbert fils, à la Chaux-de-Fonds, qui remporte donc comme l’année dernière deux prix de la classe C. Ces deux pièces couronnées de M. Humbert ont été réglées par M. Wehrli, à St-Imier, et les deux autres par M. Borg- stedt, du Locle, qui a également réglé deux des chro- nomètres couronnés de la classe B, tandis que le réglage des chronomètres de la maison Nardin est dû à M. H'i Rozat fils. Je termine cette partie de mon rapport, en résumant dans la liste suivante les prix que jai l'honneur de proposer au Conseil d'Etat de décerner, conformément aux prescriptions du Règlement : LISTE DES PRIX PROPOSÉS l. PRIX GÉNÉRAL de fr. 200 à M. Paul-D. Nardin, au Locle. | CHRONOMÈTRES DE MARINE (Classe À) IL Prix de fr. 150 au n° 17/7360 de M. Paul-D. Nar- din, au Locle. RP UeR CHRONOMÈTRES DE POCHE (Classe B) Prix de fr. 130 au n° 189119 de MM. Girard-Perre- gaux & Ci, à la Chaux-de-Fonds. . Prix de fr. 120 au n° 7529 de M. Paul-D. Nardin, au Locle. . Prix de fr. 110 au n° 90209 de MM. Ch.-F. Tissot & fils, au Locle. CHRONOMÈTRES DE POCHE (Classe C) . Prix de fr. 100 au n° 14790 de M. Ed. Huguenin- Courvoisier, au Locle. . Prix de fr. 80 au n° 61588 de M. Ch. Humbert fils, à la Chaux-de-Fonds. . Prix de fr. 60 au n° 42926 de MM. Reïichen & Girard, aux Brenets. . Prix de fr. 50 au n° 61591 de M. Ch. Humbert fils, à la Chaux-de-Fonds. Veuillez agréer, Monsieur le Conseiller d'Etat, l’as- surance de ma haute considération. Neuchâtel, le 10 janvier 1892. Le Directeur de l'Observatoire cantonal, D' Ad. HIRSCH. LL ps ÉSET NC EI TETE MECOMENCMEMANSTAaCIère. Différence | Différence Dre Pi Numéros Marche | Variation | Variation | de marche entre ifférence Numéros se NOMS DES FABRICANTS Echappe- = avantet |la première entre | du des chrono- ; Spiral diurne diurne pour 1° de pe AT HT REMARQUES ! | j men Pure | registre et lieux de [OUCNEUTE mètres moyenne moyenne |température| l'épreuve | dernière STE | thermique semaine | | | | | s s _S s s s : 1 292 Paul-D. Nardin, Loele 17/7360 | ressort |eyl.Ph.à2courb.| — 1,31 | --0,08 | —0,02 0,98 0,36 1,38 |réglé par H" Rozat, fils, Locle; chronomètre en pallad. enregistreur électrique; réglé au temps sidéral. 3) 382 Paul-D. Nardin, Locle 16/7251 | ressort |cyl.Ph.à2courb. — 1,22 0,10 | +0,01 0,39 0,42 122 |réglé par Hi Rozat, fils, Locle. 3 419 Paul-D. Nardin, Locle 95/7188 | ressort |cyl.Ph.à2courb.! —0,91 0,13 | +0,06 1,01 1,19 2,51 réglé par Hi Rozat, fils, Locle. 4 109 Paul-D. Nardin, Locle 20/7465 | ressort |cyl.Ph.à2courb. + 2,03 0,14 | +0,01 | 1,27 0,38 2,08 réglé par H' Rozat, fils, Locle; chronomètre enregistreur électrique; réglé au temps siéral. 5 261 Paul-D. Nardin, Locle 21/7466 | ressort cyl.Ph. à? courb.| —- 0,14 0,14 | +0,03 1,04 1,42 2,56 réglé par H" Rozat, fils, Locle; chronomètre | enregistreur électrique; réglé au temps sidéral. 6 1“ 330 William Dubois, reconstruit par eyl.Ph. à? courb. | réglé par H% Rozat, fils, Locle; chronomètre enroyis- | P.-D. Nardin, Locle. é — ressort en pallad. — 0,47 0,16 | —0,05 0,26 0,27 2,25 treur électrique; appartenant à la Commission géodésique suisso. | Il | | | PR nee, CUT OP mener ms 1 tt EE is Et. -- + SE _ observés pendant « six. — Dnsss | d'ordre | | | registre Page NOMS DES FABRICANTS et lieux de provenance Girard-Perregaux & Ci°, Chaux-de-Fonds Paul-D. Nardin, Locle . . . cote JD Paul Matthey-Doret, Locle . Ch.-F, Tissot & fils, Locle Association Ouvrière, Locle . . Girard-Perregaux & C!, Chaux- de- Fonds Association Ouvrière, Locle E . Ch.-F, Tissot & fils, Locle Paul Matthey-Doret, Locle . Paul Matthey- Doret, Locle . Girard-Perregaux & Ci, Chaux- de- Fonds Girard-Perregaux & Ci, Chaux-de-Fonds Reichen & Girard, suce. de Ginand-Mayer, Brenets Reichen & Girard, suc, de Guinand-Myur, Brenets Reichen & Girard, suce, de Ginand-Wyur, Brenets: Droz-Jeannot, fils, Brenets . Ch. Humbert, fils, Chaux-de- Fonds Paul Matthey-Doret, Locle . . . . E. Eigenmann, élèva de l'Bcole d'horlogerie, Locle d.. Numéros des chrono- mètres | 189119 1529 50594 90209 | 20539 | 189117 | 19721 90210 | 50591 | 50596 | 1194120 197183 | 41990 | 41989 41988 27629" 60301 | 50849 14 Échappement tourbillon ancre ancre ancre ressort tourbillon ancre ancre ancre ancre ancre ancre ancre ancre ancre ancre bascule bascule bascule Spiral pl. Ph. pl. Ph. en pall. pl. Ph. pl. Ph. cyl. à 2 courbes pl, Ph. pl. Ph. pl. Ph. | pl. Ph. Breguet Breguet pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. à 2 courbes | Marche diurne moyenne 05 T | | _ | | | | Différence ne ï j Différence es Re Variation Variation du pendu Variation ne Différence diurne pour 10 de |‘ et après duiplat s C9 19 a Perret & fils, Brenets Ch. St & Où, Neuché âtel M. L. | Se ABornand &lOi Ste-Croix-.. "7. Clémence frères, Chaux-de-Fonds . W. Séhœchlin, Bienne . César Türler, Bienne. Dane & fils, Brenets. . . & J. Calame-Robert, Chaux- de- Fonds #4 Augustin Perret, Locle. : ; Fritz Nussbaum, Chaux-de-F onds. Augustin Perret, Locle Ch. Hormann & Ci, Perret & fils, Brenets DT. Mosimann frères, Chaux-de- Fonds. Clémence frères, Chaux-de-Fonds . : Mosimann frères, Chaux-de-Fonds, . MIX Robert: Mens Ponts dé à W. Se dat Bros 2% Mosimann frères, Chaux-de- Fonds : Augustin Perret, Locle Paul Matthey-Doret, Locle . Rod. Schmid, Neuchâtel . Rod. Schmid, Neuchâtel . D. Vannier, Locle . . . Ph. Dubois & fils, Locle . . Mosimann frères, Chaux-de- Fonds. ë « 5 ar RP RE DEC d CR ES A # CEE À Favre-Leuba & Ci, Locle. . . . W. Schæœchlin, Bienne. Ch. Hormann & Cf, Neuchâtel . . . Reichen & Girard, suce, de Guinand-Mayer, B: Paul Matthey-Doret, Locle . . . Clémence frères, Chaux-de-Fonds . . C. Z. Fi Chaux-de-Fonds V. à Noël Dracip, Genève CONS CEE ere ne Ch. Homann & Ci, Neuchâtel . A. Schilt-Bolle, Chaux-de- Fonds 4 L.-Ph. Robert, Neuchâtel. . . . . _ | Numéros des chrono- mètres 6948 9293 198958 20984 4073 17104 448146 83233 21076 9266 25246 21078 51246 83234 9265 51226 24741 3903 2666 453370 24738 21077 452543 12571 1891 12558 83227 21075 81424 51223 83955 21245 ï | 442045 | 19256 448317 9294 83061 129559 rire 21216 21217 4075 23587 51425 Echappement ancre ancre ancre ressort ancre ancre ancre baseule ancre ancre baseule ancre bascule bascule ancre bascule ancre ancre ancre ancre ancre ancre ancre bascule ancre bascule | bascule ancre bascule bascule ancre bascule ancre - baseule ancre ancre ancre bascule ancre bascule bascule ancre ancre bascule ancre ancre ancre ancre bascule ancre ancre bascule ancre ancre ancre ancre bascule ancre bascule ancre ancre Spiral pl. Ph. pl. Ph. Breguet | cyl. Ph. à 2 courb. Breguet DIAREEES Breguet DA Breguet pl. Ph. pl. Ph. DRBRe pl. Ph. pl. Ph. cyl. pallad. Breguet cyl. pallad. pl. Ph. pl. Ph. cyl. Breguet pl. Ph. pl. Ph. pl. Ph. cyl. Breguet en pall. cyl. pallad. pl. Ph. pl Ph. m HE 00 C9 En Go 9 RO RO © 00 = © 1 00 KO > O9 1H He 0 O0 — CO O0 1 2 OUI 1 1 CI09 NO He NO NO 4 Et IO NO a O9 10 ii O9 IN Om NNORRRO n — 2j IE _ BRNENNRNNUNEeR NE C9 9 © 1 I O1 © I O0 O0 © CID OR DNOOUNENDE RÉGLEURS Lucien Grisel, Bienne . Paul Borgstedt, Locle F. Borgstedt, Locle. J. Vogel-Jacot, Locle J. Vogel-Jacot, Locle Ch. Ziegler, Locle . . J. Vogel#acot, Locle Numa Perret & C', Chaux-de-Fonds . Ch. Ziegler, Locle . . . . Paul Borestedt, Locle, . . ee Perret, Madretsch Z. Pantillon, Chaux-de- Fonds . : Ch. Ziegler, Locle . . . Je Vogel-Jacot, Locle. J. Vogel-Jacot, Locle Jules Calame, Chaux- de- Fonds J. Vogel-Jacot, Locle. A. Schilt-Bolle, Ch.-de- Fonds . : J. Vogel-Jacot, Locle. 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . . Pantillon, Chaux-de-Fonds . 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Paul Borestedt, Locle. J: Calame, Chaux-de-Fonds . J. Vogel-Jacot, Locle. . . . . F. Borgstedt, DOCIE ECS L'APENY SE OCIC ES Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . HMDubos oc ne Paul Bor wstedt, Locle. Ch. Ziegler, Déco ee ei ; A. Schilt-Bolle, Ch.-de-Fonds . FE. Borsstedt, Locle. F. Borgstedt, Locie Me 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . HE Borgstedt, Locle er Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . A. Schilt-Bolle, Ch.-de-Fonds . A. Schilt-Bolle, Ch.-de-Fonds . A. Schilt-Bolle, Ch.-de-Fonds . 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Numa Perret & Ci, Chaux-de-Fonds. REMARQUES JMCalame-Robert, Chaux-de-Fonds. hoz frères, Locle. ence frères, Chaux-de-Fonds. à répéti déposé pa nchoz frères, Locle. déposé Calame-Robert, Chaux-de-Fonds. déposé hoz frères, Locle. déposé pa: ence frères, Chaux-de-Fonds. alame-Robert, Chaux-de-Fonds. Calame-Robert, Chaux-de-Fonds. Ph. Robert, Neuchâtel. fabriqué Ph. Robert, Neuchâtel. fabriqué par déposé Calame-Robert, Chaux-de-Fonds. répétition à mi Monographie et compteur, déposé par Bernard Reber, Locle. en déposé p nchoz frères, Locle. répit. à min déposé lame-Robert Chaux-de-Fonds. déposé : Calame-Robert, Chaux- de-Fonds. déposé p } Robert-Mairet, Ponts. dépo: L-Perregaux & C*, Chaux-de-Fonds. Girard-Perregaux & Cie, Ch. onde 1 OU HE CO RO observés pendant quinze jours, au plat. Numéros NOMS DES FABRICANTS des chrono- | et lieux de provenance mètres César Zivy, Chaux-de-Fonds . 14011 Augustin Perret, Locle me: D N 12572 Augustin Perret, Locle . . ; 1125890 J. Calame-Robert, Chaux-de- Fonds É 148209 | Auoustin Perret, LOL 10573 | D. Vannier, Locle HaoE #: eee | 4072 | Girard-Perregaux & Ci, Chaux-de-F 191073 Th. Lévy fils, Chaux- de- Fonds . 11781 | BE 1 ; RO RE |" 20619 HZ &CS à P . 2 SMOTOTO César Zivy, Chaux-de-Fonds . || 14009 Rod. Schmid, Neuchâtel . . 21919) Ed. Barbezat, Neuchâtel . 68996 BAINS 51244 Augustin Perret, Locle 12569 B. à B: AAS144 | Bersot & Ct, Brensis 35495 | D. Vannier, Locle 4074 | Mosimann frères, Chaux- de- Fonds 83951 | Clémence frères, Chaux-de-Fonds . 51225 | RARE 448313 A Schœchlin, Bienne ; 4 9296 Rod. Uhlmann, Chaux-de- Fonds h 86074 | César Zivy, Chaux-de-Fonds . . 14010 Th. Lévy fils, Chaux-de-Fonds . bin OC. J. & A. Perrenoud, Locle . 51101 | Augustin Perret, Locle 19560 | Droz-Jeannot fils, Brenets 26949 | W. Schæchlin, Bienne 9295 Mosimann frères, Chaux- de-Fonds 3 | 81423 W. Schœchlin, Bienne Th: 9292 Mermod frères, Ste-Croix . . = | 69746 a\te Calame-Robert, Chaux-de-Fond . | 452541 MàP. “| 2AraT Didisheim- Goldschmidt, Chaux-de- ; A. Bretinse & Ci, Locle . . D J. Calame-Robert, Chaux-de- Fonds ; Clémence frères, Chaux-de-Fonds . ! RE DEAN RONENES LCR | | 448314 NBLAIUTN, 2 0 | ‘ee H. Sandoz- Sandoz, Locle W. Schæchlin, Bienne | Y20T E. Robert-Mairet, Ponts . ]m 1925: Ph. Dubois & fils. Locle . Rod. Schmid, Neuchütel . 2122 NAN: Mosimann frères, Chaux-de- Fonds. Rod. Uhlmann. Chaux-de-Fonds . \ Th. Lévy fils, Chaux-de-Fonds ù JETANIES re Olivier Beguelin, Chaux-de- Fonds ‘L. Ph. Robert, Neuchâtel - 4 A. Bornand & Ci, Ste-Croix . . H. Sandoz-Sandoz, Locle M'àP. Mermod frères. Ste- Croix Emile Perrin, Ponts . . . Ch. Robert-Tissot, Chaux- de-F on Ë Ch. Hormann, & C*, Neuchâtel Courvoisier frères, Chaux-de-Fonds MIE CR NT RE JA CE | Z. Pantillon Chaux-de Fonds . J. Vogel-Jacot, Locle. J, Vogel- Jacot, Locle. ; Zi. Pantillon, Chaux-de-Fonds . J. Vogel-Jacot, Locle. Laberty, Locle. ; Z. Pantillon, Chaux- de-Fonds . Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Ch. Ziegler, Locle . . Z. Pantillon, Chaux-de- Fonds . sé par J. Robert-Nicoud, Peseux. cyl. à 2 courbes Rénold OT Chaux-de-Fonds. enchoz frères, Locle. é par Girard-Perregaux & Ci, Ch.-de-F. osé par J. Robert-Nicoud. Peseux. posé par L.-Ph. Robert, Neuchâtel. A. Schilt-Bolle, Ch.-de-Fonds . E. Barbezat, Neuchâtel . SNOW DONS nce frères, Chaux-de-Fonds. J. Vogel-Jacot, Locle. Z. Pantillon, Chaux-de- Fonds . J. Vogel-Jacot, Locle. Laberty, Locle. Calame-Robert, Chaux-de-Fonds. > 19 09 ©9 O2 He 1O NO NO D He 09 Ù9 Co Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Paul Borgstedt, Locle. J. Vogel-Jacot, Locle. alame-Robert, Chaux-de-Fonds. Le UCI LIL cyl. à 2 courb. Ph. osé par J. Robert-Nicoud, Peseux. 10]d Kocher, Chaux-de-Fonds. ence frères, Chaux-de-Fonds. = 2. Pantillon, Chaux-de-Fonds . ONE J. Vogel-Jacot, Locle. Bourquin fils, Locle . Paul Borgstedt, Locle. Paul Borgstedt, Locle. . . à 7. pin, Chaux- de- Fonds x L C HE Pénde x nl Loc CE , Tell Nussbaum, Cliaux- fa Tue ?, Borgstedt, Locle. CT QU LICE oO NON 1 1 Qt Ph. Robert, Neuchâtel. choz ares. Mie ussbaum, Chaux-de-Fonds. Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . ame-Robert, Chaux-de-Fonds. ame-Robert, Chaux-de-Fonds. quantième et phases lunaires. Paul Borgstedt, Locle. : Z Pantillon, Chaux-de-F onds . Kocher, Chaux-de-Fonds. Perregaux & Cie, Chaux-de-Fonds. Droz, Chaux-de-Fonds. Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . Z. Pantillon, Chaux-de-Fonds . A. Schilt-Bolle, Chaux-(e-Fonds . Numa Perret & Cie, Chaux-de-Fonds . Ch. Ziegler, Locle . . Z. Pantillon, Chaux-de- Fonds . L. Perrin- Jeanneret, Ch.-de-F. répétition à minutes. tes et chronographe. oz frères, Locle. Ph. Robert, Neuchâtel. cyl'à 2 courb. Ph, 4 0 0 6 À 4 A. Schilt-Bolle, Ch. UE J. Vogel-Jacot, Locle. : ezat-Baillot, Locle. h, Chaux-de-Fonds. 19 > 9 1 C2 Où I O1 OL mec CENCOURS.. DE: 891 PRIX IT. CHRONOMÈTRE DE MARINE à enregistrement électrique; échappement à ressort, spiral cylindrique à 2 courbes Phillips, en palladium; réglé au temps sidéral par M. H' ROZAT FILS. N° 17/7360, de M. PAUL-D. NARDIN, au Locle. NB. Les chrenomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe -F dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. | | Marche Tempéra- | Variation 2e | | diurne Pre | centigrade | Date Remarques HE NN D Déc. 18-19 | — 0,64 | 84 ne MD | À l'armoire oo 07 | +00) 86 | > Mes -ou) T7 80 : 223088 | po) 86 à DRE 2e | è D » 225 087 02 | 82 | > Here (99 À 4 | or 086 | T0) 60 | : oras FE 0 Eire de, Huile de | > 99301000 | onal 83 | >» DCR Ames | , 1891 o1- 0. — 1,11 | + 0,05 8,4 } > Janv. Î- 2 | — 1,06: 0:02 7,0 | > Hal 1m 02) 85 | : En) do | à Doha) as |: Posrbhage) 81 | '> D ont” Ver nier ae NT TABLEAU V. Marche LE an Date FRERE Variation | oyenne Remarques centigrade Janv. 7- 8|—1,381) 0.08 88 À l'armoire 910 — 128,004 4 | : 10111 150 PAS : | (rio) ae 04e : | Dal te ee ; | 1 PA 7 5 RE 0.19 8,8 > | 14-15 | —- 1,60 | 0 17 8,6 » SES AS RE er sa 001 8.6 » DO TON UE 8.4 > ITS 11092 \ (2 > 18.19] 186)! V0) CONS LOST Re 0 14 6,5 » 2021 | UD 001 6,2 » 21.22 | 2 199) il de : 22-23 | 187 | | 00 EDS 23-24 | == 164 Fe 0.05 8.5 » 24529 |. — 179) 22007 8.6 > 25-26 | == 180 011 8.0 > DÉTIENT ES 0.02 1.9 » PAL SN EE 1.99 a 0 81 9,0 mc > 28-29 | — 1.18 TE 5 à A l'étuve 501 12 +05) 318 | 2 31 0 a 90 00 ? tt É - 2 02 0:82 8,8 A l'armoire M Sal net 0,57 rs - — 1,01 0:29 0,4 À la glacière | Ed ce EE Re : | re Kre —+- 0,02 ? £ | Ê _… RAT en “ A PRIX IT (Suite). | Tempéra- Marche ture Date FRE Variation moyenne centigrade Remarques 1891 a Hévi 781009! “hr SN re 9-10 | —- 1,07 10-11 | — 1,10 11-12 | < 120 19-13 | — 1.08 13-14 | — 1,08 14-15 15-16 16-17 17-18 18-19 [e] À la glacière … … … …. Qt © ©9 = 19 © © 00 O1 E 9 … … EJ + | Epreuves électriques | > …. > O0 GO 00 | —1 00 00 O0 T0 I I I I 1 Marche moyenne Variation moyenne > pour 16 de température Différence de marche avant et après l'épreuve thermique Différence de marche entre la première et la der- nière semaine Différence entre les marches extrêmes TABLEAU ND | B. PRIX CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à tourbillon, spiral plat Phillips; réglé par M. F. BORGSTEDT, au Locle. N° 189119, de MM. GIRARD-PERREGAUX & Cie, Chaux-de-Fonds. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe + dans la colonne Warche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. Tempéra- Dai Marche | Variation qe Renicu 4. diurne moyenne emarques centigrade 1891 ; Sept. 6- 4 $ Éd ; Rs Position horizontale 8.9). 15 | pa 9-10 | ; ur 16,5 10-11 | û Ve k 16,8 11-12 : e ; 17,6 12-13 : LE 17,8 13-14 | : TER 17,8 rs 14-15 : mi 32,4 > à l'étuve 15-16 à : 17.8 » eo » à la glacière … © D ND © O1 Où Où ©ù > Où NO OO TO I © © Où Où Où Or NO E … D] N] 4 … Le died Ne eracE cf cet ee SE OS © DD GR CO ND © & ND Or C0 R Où mt ON Où C0 ++ e 4 … —+ 17-18 | 1 ER 10: » 18-19 16, > 19-00 14) 20 Se : 20-21 CR DNS 16,54 > 21-22 ; we : 1 Position verticale, pendu 22-23 Si Ro 15, Î 1 i 1 E EcZ NO E KO su = te Le et) SPÉOOCOCOONCOOENmeSSOOCOOOS + CO mi © a NO 9 10 10 > 00 © NO CO NO He NO OU Ma C9 2 + Variation . PRIX III (Suite). Tempéra- | ture moyenne | centigrade | Remarques pp © O0 =] Où OT E RE ne —- Eu Es 3e a Es ps RET Met de … © 1 9 0 M © Hi > IN O1 Le ee does bd bent jet fo … … … + ous oanweawobmOowooNet Hi pi ei li bi bi pi pi NN Oh hi mai … en Le] + [NO ti Hi Q9 NO 9 LDIOLOOLLLLOS, + + ai te O9 NO O9 O0 a O9 ha Hi CO O9 OÙ Pose esse + IV 2f 12,8 13,2 13,8 || Position verticale, pendu || >» > > > > pendant à gauche > > > pendant à droite > > Cadran en bas | > Cadran en haut > > > Marche moyenne Variation moyenne > pour 10 de température Différence de marche avant et après l'épreuve thermique Variation du plat au pendu > du pendu au pendant à gauche > du pendu au pendant à droite . . . . > du cadran en haut au cadran en bas . Différence de marche entre la première et la der- nière semaine Différence entre les marches extrêmes REA: NT AE ue TABLEAU VIL. 5 Do CRONOMÈTRE DE POCHE Echappement à ancre, spiral plat Phillips, répétition à minutes, réglé par M. H. ROZAT FILS, au Locle. N° 7529, de M. PAUL-D. NARDIN, au Locle. NB. Les chronomètres sont eomparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe - dans la colonne Marche diurne indique le retard, | le signe — indique l'avance. | À Tempéra- | | Date pa Variation cure Remarques pe centigrade 1891 pan , DCR D NT LEE He 09 12,7 | Position horizontale 1- 8| —1,7 e 01 Le » 910! —16| 00 | 198 | 0e Wii 19) - 04 : 1119) 5-49) OS 12-18] —2.1 | | 19 | 118 » 13-141 —09 | 11 28.9 > à l'étuve 14-15 | —2,0 | , > 122 » 15-16 | + 1,6 pue Ji 1,8 > älaglagèrel iris) 20 | +02 | 15 | 18-19 | — 1.9 a e 12,9 > | 3 à oil: 22 a. 118 k 11 21-22 | +-1,9 | {0 | 11,7 || Position verticale, pendu Li 2425 |. 04 | 64 (LOS Le 25-26 | + 0,2 “ 10 11,3 > ? 26-27 | LT AS LePRES > ne" : Pa che à sa nai SÀ RER PER . is PRMOTE à TABLEAU VIL B. PRIX IV (Suite). | M h | Tempéra- | Dat | arc ® | Voriati | ture | R ate | diürne ariation | a | emarques 1891 : : : Oct. en | SE ce + 02 | . : È Position verticale, pendu # Le BE 099 ’ ie 2930! 01 |: Do | 99 30-311 +01) 01 | 89 dopage "00" Mig 0) 88 | SA RS à A RTS EE LS) à |: Es. Rare ST Let 0,7 | . À D- ô — 1,6 | 04 | 9,4 > pendant à gauche 6- 7 | — 1,2 +198 | 9,4 > > | 1- 81 +1,6 103 | 9,1 | > pendant à droite 8 9! +19 | Tai | 86 | » » 9-10 | — 1,2 08 | 8,8 | Cadran en bas HE OA 7 | 98 | 5 11-12 | — 1,1 | _64 | 105 | Cadran en hat M +5 240: |:106 ) Pol no) 98 0 14-15, — 1,4 | 2 01 | 10.0 | » 1617| —12 | +0 | 100 | à MS "| 101:|: 1x: Marche moyenne . . . NT NME MORE) — 05,72 ON OPA ne... US Qi + 0 ,33 > pour 1° de température . . . . . . . indéterminée Différence de marche avant et après l'épreuve th EE gr 9 se. SON HUE 0 ,1 Vaabes du DNA DOnOU 1/10 RE + 1 ,90 » du pendu au pendant à gauche . . . — 1,67 > du pendu au pendant à droite . . . . “+ 1 ,48 x » du cadran en haut au cadran en bas . 0 ,56 Différence de marche entre la première et la der- Ne ta t rl Se . AH AT 0 Différence entre les marches extrêmes . . . . . 4 TABLEAU VIIL CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à ancre, spiral plat Phillips; réglé par M. F. BORGSTEDT, au Locle. N° 90209, de MM. CH°-F. TISSOT & FILS, au Locle. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe + dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l’avance. Tempéra- Date ss Variation Pr 2 Remarques | À cenHarsns | 1891 | ‘ Ni 8 A) SANTA 02 13.2 | Position horizontale el ssl 0 el sil | T0 |) ol roi dédie 50) 28 ls 910! —30 | 05 | 192 : jou) 2m) 0 10 | 11-12 Re 3,0 2 9 9 13,9 > 12-181 04; LE > al glacière 13-141 —1,9 É 15,4 > 12180 1e To | me » à l'été EE 118) 3e ci te D este De IS se 9 11,7 | Position verticale, pendu na 26) 0) de | 21-22 | 06.| 1 | 192 » 22-23 | 2,75 ga 1018 > 28-24) «801 04) 420 > LE 1 2 Tempéra- ! | | | Date | sr Variation | na Remarques Es | der x | Re + Rte h ÉuRa | Mai 2495 | eo | ee 01 | 122 | Position verticale, pendu | 50 00 | 1 | | m8 51 | 0 | ji | 28-29 | en 03 | 124 | 29-30 | —29 | T0S | 128 | 30-31 —3,2 | 0.6 | 139 F2 ON Sn) 47 149 | » Ju 1-2 | à À dE 1,1 Heu > pendant à gauche 2- à | os RUE | 15,5 » : | - 4! —-2, 00 |: 155 > pendant à droite on tige | A = 6 LE 9,9 48 16.5 | Cadran en bas ET) 22) to | 10 7 7- 8! —2,9 0,6 17,0 | Cadran en hant dass hs 1604 x 9-10 | nn AN LES > ETS 28 pal 18,9 » Ho 0 180 * Balai Liste. RDA 00 ut 19,61) Marche moyenne . | ‘ — 25,74 . Variation moyenne . +0,90 > Différence de marche avant et après l'épreuve thermique . 12 à AT ERNIPINSS > pour 19 de température 15 Variation du plat au p pendu . L » du pendu au pendant à gauche > du pendu au pendant à droite à > - du cadran en haut au cadran en bas . Différence de marche entre la première et la der- nière semaine : « Différence entre les hacchés RFO indéterminée TABLEAU IX. CHRONOMETRE DE POCHE A Rey KL JT À 2 ! Echappement à ancre, spiral plat Phillips; réglé par M. F. BORGSTEDT, au Locle. “ N° 14790, de M. Edouard HUGUENIN-COURVOISIER, au Locle. 15 NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule “ normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe +- dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. | Tempéra- de Date sn Variation Host Remarques 1 centigrade Fr sr AR ie 1891 à Oct. 28-29 | + 2,6 de 09 10.8 || Position horizontale 29-30) +28 | Tia | 99 > 30-811 2960 504 | (68 > ‘ 81- 0! +30 | Toi | 90 » 5 Nov. 1-2| +3,1 +94 8,8 » “ 2-3) +55 | 9} 1,7 > à la glacière cu) Mad vie) 08 > à 4 5] + 2,6 =. 08 92,9 » à l'étuve 5 6| +84) 61. 94 » 6-7| +35 | o1 | 94 > À T- 8 + 3,0 ee 02 9,1 > 8 91 189 T6 | 86 ; A CO SE AS re > : 10:11) 288 |:00.1.9% » 11-12 _ 3,0 + 10 10.4 > Né 12-18 | +46 | jo | 10,6 || Position vorticale, pendu ‘ 114) en Nes » 14-15 —- 8.4 + O. J: 10,0 > 15-16 LS SN GU OU > 16-17 | 2285 iron à 17-18) 384 | 194 | 101 > à: bal Es CRIE "E diurne | 1891 : Nov. 18-19! +3,8 19-20 | +38 | Mot | 21-22 | +83,7 de 22-93 | +40 | À 98-24| 145 | | 2495) 143 | 7 95-96| 44 | À 96-97 | 149 Marche moyenne. Variation moyenne . 5 > du plat au RTE ; > pour 10 de température . Différence de marche avant et après léproses thermique . Différence entre les thés ne Marche DO = fo O1 C0 ER We” Dee … C. PRIX VI (Suite). Remarques Position verticale, pendu | 35,66 + 0 ,23 L 0 ,50 —_ 0 ,09 nn © «© Co SLA | ; SC ARINNS Ta fs. TABLEAU X. .. C'PRDOWIE CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à ancre, spiral plat Phillips: réglé par M. U. WEBRLI, à St-Imier. N° 61588, de M. CH. HUMBERT FILS, à La Chaux-de-Fonds. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une-heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe -|- dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l’avance. | Marche ee Date FINS Variation | Me | Remarques | ni | po ht | 1801 00 |: ÉCRIRE Oet. 1-21 0,6 | “A 01 | 14,1: Position horizontale 2- 3 | + LA 21e 02 | 15,6 | > 3- 4 LE > 10-715: 27 09 | "180 » 4 5} +08 AE 97 | 12,5 | » 5-6 SD) Loi NI | > Alaglacière Th EU +4 LME > TEEN RE: LE As 09. | 288 > à l'étuve 8- 91 + 0,4 | Je 0.6 | 12,7 | » 9-10 410 | 0.0 | 12,4 | » 10-11 | +410 0.0 |. 42,058) » 11-121 1,0 | O1 F LL > 12-13 | + 0,9 SE 09 Eu RL » LS LENS AL la 01 | LR » 14-15 | —- 1,0 | 0.0 | 122 > 15-16 | —- 1 9 | _e Fo | 12,6 > 16-17 | —+- 2,5 01 : 126 | Position verticale, pendu 17-18) 426 | O0 | 125 » RS SE er NE RE à | 12,2 | » 19-20 | -- 2,3 Der. 0.6 11,8 | > 20-21}! +17 | 9e | 194 21-22 | -- 2,3 Vire 04 11,6 | > 22-23 | 1,9 | E 0 1: 115 | jen: es FAT ES ON ADN EVE Late ©. PRIX VII (Suite), | Tempéra- | ture moyenne centigrade Remarques | | Position verticale, pendu 1891 Oct. 93-94 | 24-25 | 25-926 | 26-97 | 97-98 | 28-29 ! 29- 30 | - ee + … } | 1 {| | | Ï Il … … … 2 none DO UNS het et NL tr DO DO OORO'IO OS Ce © © O0 OT C9 On On D Marche moyenne. Variation moyenne . : > du plat au Fret ; » pour 16 de température . Différence de marche avant et après dé thermique . . Différence entre les He extrêmes | TABLEAU XI. 0 CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à tourbillon, spiral plat Phillips ; réglé par M. F. BORGSTEDT, au Locle. N° 42926, de MM. REICHEN & GIRARD, Suc. de Guinand-Mayer, aux Brenets. NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à la pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe —+- dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. Tempéra- Date A Variation none Remarques 1891 | Nov MB IG SE NN gs 9,8 || Position horizontale 1 16-17 | — 1,6 45 01 10,0 » l 17-18 | — 1,5 Gi 08 | 10.1 » | NO > à | il 2712 Ste 1,0 “e 01 10,6 > | 20-2141 00 se O1 10,5 » | 21-221 — 0,8 L03 | 10,4 >. | 29-9905 ss oi To > | 23-241 —0(,1 L 9,7 » 24-25 | + 1,6 di Fe 1,2 > à la glacière 25-261 —0,8 | à 5:09 » 26-2711 208 4e D 30,9 >» à l'étuve 27-281 +10 a 07 9,0 » 25.30 | 20 | +08 | go | > ms | ; 5 > 30- O0! 2,3 “ De 8,2 || Position verticale, pendu Déc. 1-2 _ 1,6 A 02 8€ à > 2- 3| +1,4 Je 03 8,9 3 4) PARUS 8,6 4 5} +1,66 0.0 8,4 5-61. 16.9 8,9 Tempéra- Marche ture Date Hiesé Variation | soyenne Remarques centigrade N x" un © Déc. 6- 7| +1,1 Je 01 8,3 | Position verticale, pendu 7-8) +12 | 01 | 83 à Bagarre Les ) 9-10) 4-09 | Lp4 | 83 » NAS RNA Re > 11-12 + 1.3 eu 05 D > 12-13 | + 0,8 $ ; > | 1344) Lio | TA | ge x MAO Me RE ee ME Pig CU LOL OR DE NOT ONE EE LO OMU L E e SE DXeQ > deplat an ipendu. "2. 4 0, : "1561 >» pour 10 de température . . . . — 0 ,09 Différence de marche avant et après leo thermique . 4 Différence entre les De RER TABLEAU XII. CHRONOMETRE DE POCHE Echappement à ancre, spiral plat Phillips ; réglé par M. U. WEHRLI, à St-Imier. N° 61591, de M. CH. HUMBERT FILS, NB. Les chronomètres sont comparés tous les jours à une heure à Ja pendule normale de l'Observatoire, réglée sur le temps moyen. Le signe - dans la colonne Marche diurne indique le retard, le signe — indique l'avance. NE NT USA Ne NE ON SET NT AS ART PORC < AE TR AMIE RME EN OR + Me ee ere à IS Je CPS CET CA A TRES Ne Le 7 LE Re DE a OT MEN SR EE DE E AA à La Chaux-de-Fonds. C. PRIX IX). D | Marche En me ate | diibté Variation | oyenne Remarques centigrade 1891 FES AA Août 26-27 | + + | M { 4 | ÂTL | Position horizontale 27-28 2.9 4 17,4 | ) Bon) Lot | 0e | 170 230) 32, T4 | 10 0 2 DIS ETES (RAS Er 1,3 > à la glacière 31- O0, +50 n° Lit > Sept. 1-2} +51 te 91,9 > à l'étuve mal [46 | +06 | 18 1.5] 438. EE ; o- 6 | 149 Te 175 > in u | M 3, — 0,5 = ; Po 9 go! Las) F0 | 6 OS 10-11 | +41 de 03 | 16,8 | Position verticale, pendu 11-12 | 44 | ’ 17,6 » | 19-13 | Ti Lie fie : 13-14, 4,3 +04 18,2 » 14-15 | + 4,7 00 | 178 > 15-161 + ÆT "2e | 108 > 16-17 | +45 00 16,5 | » 2 En DO ART ” Rte af Éro us LPS cu / ABLEAU Là 3 Tempéra- Marche AE ture Date L Variation | noyenne centigrade Remarques [o] un Sept. 17-18, 4,5 | {4 | 16,7 | Position verticale, pendu 18-19, + 4,1 ne 02 | 16.6 » 1920 243: 01 165 » gel 140 Le L 16.0 » dsl astro e150 > 22-23 | +49 |: Gi | 15.0 > 29-24 4 pr | 18,7 » 24-25 +42 15 9 > MArcRemUmEnne M LRPERT ARE NT LE, ER 4,19 Variation moyenne . . . AN RS PR EE LL, > du plat au DO PRO E lar to NE SES 0 30 >» pour 10 de température . . . . . — 0 ,09 Différence de marche avant et après Pépree thermique .:. .. ; RAP : 0,9 Différence entre les Harohas oué - 5 ,0 - \ PAT TEN < 2 L Paume M A ar Er pr mr A MIA Rd perte Ten Sen P RL 4e “ um = Vase tr # NO PAPE oh ot, An EE ee a rer late A RS Er fee RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHATEL >= — RAPPORT DU DIRECTEUR SERVATOIRE CANTONAL DE NEUCHATEL A LA COMMISSION D'INSPECTION POUR LES ANNÉES 1800 ET 1801 SUIVI DES RAPPORTS SPÉCIAUX SUR LES Concours des Chronomètres observés en 1890 et 1891 0 1 Ses LU CHAUX-DE-FONDS IMPRIMERIE SAUSER & HÆFELI 18392 COR à ax ,* PObservatoire, M. le chef du Département de l’Ins- ceux de 1890 et 1891. Il va sans dire, du reste, que RAPRORE DU DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE CANTONAL A LA COMMISSION D'INSPECTION POUR LES ANNÉES 1800 ET 1891 MESSIEURS, Pour rentrer dans l’ordre annuel des rapports sur truction publique a avancé l’époque ordinaire de la séance de votre Commission, à laquelle je rendrai compte cette fois encore de deux exercices, savoir de les rapports spéciaux sur l’observation et les concours des chronomètres ont été présentés au Département de l’Industrie et de l'Agriculture, régulièrement dans les premiers jours de l’année; le dernier, sur exercice de 1891, présenté comme l’autre le 10 janvier, vient. de sortir de presse. Je les mets tous les deux sous les: yeux de la Commission, en me réservant d’en résumer les conclusions essentielles. Permettez que je suive l’ordre habituel en vous par- lant d’abord du bâtiment et des instruments que vous venez d’inspecter. Pendant ces deux ans, il n’y a pas eu de constructions nouvelles ni même de réparations fondamentales; c’est précisément pour respecter l’ar- rangement convenu, d’après lequel les frais de l’an- nexe seraient supportés en grande partie par le fonds spécial de l'Observatoire pendant plusieurs exercices, que nous avons dû nous abstenir, pendant ces deux dernières années encore, d’acquisitions importantes, et nous borner aux réparations inévitables. Ainsi le logement du concierge-mécanicien a été réparé, de sorte que notre excellent employé, M. Studer, a pu s’y installer avec son ménage au mois de juin dernier. Mais ce que j'avais prédit dans mon dernier rapport est arrivé réellement; la poutraison du toit de l'avant- corps occidental étant pourrie, — ce que j'avais si- gnalé à M. l’architecte cantonal depuis plusieurs années, — toute cette partie du toit s’est effondrée le 21 août dernier, cédant sous la force d’un orage, de sorte qu’il a fallu enfin procéder d’urgence à cette réparation. On a de même bouché, au fur et à mesure des né- cessités, les fissures qui continuent à se produire dans la couverture en asphalte du toit de l'Observatoire ; mais il faudrait bien examiner s’il ne serait pas à la fois plus sûr et plus rationnel de refaire toute cette toiture qui, dès l’origine, paraît avoir été construite dans de mauvaises conditions; seulement l’exécution d’un pareil travail offre des difficultés spéciales pour la salle méridienne, où il faudra prendre garde de compromettre les précieux instruments qui y sont installés et, autant que possible, éviter toute interrup- tion prolongée des observations indispensables au service pratique de l’heure et des chronomètres. En attendant, j'ai fait améliorer la fermeture des couvercles du méridien, de sorte que le danger de voir, lors des tourmentes hivernales, la pluie et sur- tout la neige fine entrer dans la salle, a diminué sen- siblement. Toutefois, pour garantir complètement notre bel instrument contre tout dégât, j'ai fait renouveler le manteau dont on peut le couvrir dans ces occasions, et dont l’étoffe imperméable était com- plètement usée après un service de trente années. Passant aux instruments mêmes, et en premier lieu à l’instrument méridien, ce dernier a continué à nous rendre les meilleurs services, sans qu’il ait été nécessaire de le soumettre à des réparations quelque peu impor- tantes. L’amélioration la plus indiquée, et que je pro- poserai d'y apporter aussitôt que les circonstances le permettront, c’est de remplacer l’éclairage du champ et du réticule de la lunette, qui se fait actuellement par des becs de gaz, par l'éclairage électrique, afin de diminuer encore l’échauffement inégal des extrémités - de Paxe et de restreindre, autant que possible, la dif- férence entre les températures intérieure et extérieure; car ce sont là certainement les principales causes des variations qui peuvent se produire dans les constantes de l'instrument. Il convient de reconnaître que ces variations sont déjà, dans l’état actuel, bien faibles, et que pendant ces deux dernières années l’instrument a conservé sa. stabilité remarquable. Ce qui, aux yeux des astrono- mes, le démontre le plus, c’est la constance de la col- limation. En effet, les valeurs extrêmes de cet angle, que nous déterminons très fréquemment par le retour- nement de l’instrument sur les mires, ont été : maximum minimum amplitude annuelle: en 1890 05,277 (arrivé le 26/11) - 05,148 (k31/VI) 05,129 en 1891 +0 ,232 ( > leA/I) 0,123 (k9/) 0,109 ce qui comporte pour la variation diurne, ou pour l'incertitude de cet élément de réduction, à peine un centième de seconde. L’inclinaison de l’axe de rotation, qui se détermine tous les jours d'observation, souvent même deux fois, a continué également avec une remarquable régu- larité la marche que j'ai signalée depuis longtemps, savoir une augmentation de la valeur négative, mais dont l’intensité va en diminuant. Ainsi, tandis que cette variation annuelle, qui était autrefois de — 15,59, était descendue dans les années 1888 et 1889 à — 05,84, elle n’a été en 1890 que de — (0°,69 et en 1891 de — (,77. Il s’ensuit que, dans les deux dernières an- nées, le pilier occidental de notre instrument s’est abaissé de 0,057, ce qui correspond à 06,16 par jour. ae Il en est de même de ce curieux mouvement d’os- cillation annuelle du sol, que nous étudions depuis trente ans, et qui résulte de la marche positive (0O-S-E) de l’azimut en hiver et de sa marche contraire (E-S-0) pendant l’été. Non seulement cet intéressant phéno- mène a conservé son allure générale, mais les valeurs numériques sont à peu près restées les mêmes, en s’accommodant légèrement au caractère météorolo- oique des saisons correspondantes. Ainsi, pour les dernières années, le mouvement hivernal a été de —- 25,93 (au lieu de + 25,65), ce qui s’explique par lhi- ver assez prolongé de 1890-91, et le mouvement esti- val — 2°,73, différant très peu de la valeur antérieure (— 25,65). Ainsi que je l’ai dit déjà dans mon dernier rapport, cette variation périodique annuelle de l’azimut de notre Observatoire, à laquelle j’attribue encore un ca- ractère essentiellement local, peut cependant se ratta- cher, par plusieurs points, au phénomène important de la variation annuelle des latitudes, que lAs- sociation géodésique internationale étudie en ce mo- ment par une expédition scientifique aux îles Sand- wich. À ce point de vue, comme aussi dans l’intérêt de notre service pratique de la détermination de l’heure, il importe de suivre aussi le mouvement pé- riodique en azimut de nos différentes mires. | Ici encore, nous retrouvons les mêmes traits géné- raux que précédemment. Ainsi, la mire du Mail, qui avait eu en 1888-89 un mouvement annuel de (0.44 et (5,58, a montré en 1890 un mouvement de 0,59 et en 1891 de 05,63, toujours dans le sens positif en été et négatif en hiver, la variation diurne de cet azimut étant de E 0,029. Il en est de même pour le mouvement azimutal des deux autres mires, encore un peu plus faible que celui de la mire du Mail, mais relativement un peu plus prononcé dans les deux dernières années. En résumant, dans le tableau suivant, les valeurs moyennes et les variations de l’azimut de nos trois mires : ; Variation Variation Azimut moyen à annuelle diurne 1890 1891 | 1890 | 1891 | 1890 | 1891 Mire du Mail … . | 05,02 0s,00 05,59 0,63 | 05,03 | 05.03 ire de Caumont. | 4-0 ,08 | —0 ,01 0 ,58,0 42.0 ,03.0 ,03 Mie de Portalban . | 1-0 ,26 | 4-0 ,28 0 ,45 0 49/0 ,02.0 09 et en les comparant avec celui des années précédentes, on s’aperçoit qu’en somme l’azimut de nos mires reste le même, à quelques centièmes de seconde près, d’une année à l’autre; que leur mouvement annuel en azi- mut est à peu près le cinquième de l’amplitude du mouvement de l’instrument méridien, toutes les trois montrant les maxima négatifs en hiver et les maxima positifs en été; enfin que la variation diurne, ou plu- tôt d’une détermination à l’autre, est de 05,026. La conclusion principale de cette étude confirme le fait qu’il existe pour toute notre région des environs de l'Observatoire, à 4 km. au nord sur le Jura et à 10 km. au sud, de l’autre côté du lac, une variation annuelle de l’azimut d’une demi-seconde de temps environ, ou bien de 8” d’arc, s’accomplissant dans le ed Lido me mean de AE ne à dl ét RS cn sine team d'in à slbiie", à Dr séthe nu, di es ne « même sens et atteignant les extrêmes dans la même saison. Sans vouloir encore hasarder une hypothèse pour expliquer ce phénomène, je tiens pour le moment à constater qu’il faut y voir un mouvement réel du sol, dont l'importance numérique dépasse plus de vingt fois l’incertitude des observations dont il est déduit, et qui est évidemment indépendant de toute erreur systématique et périodique des déterminations, puisque chaque mesure d’azimut des mires est reliée directement et dans l'intervalle de quelques heures, à la détermination de l’azimut de la lunette par la com- binaison d'étoiles polaires et équatoriales. Je ne man- querai pas de suivre cet intéressant sujet. Pour revenir de cette excursion à nos instruments principaux, je passe de la lunette méridienne à lhor- loge sidérale, qui sert aux observations de passage et dont la haute perfection n’est pas moins importante pour la précision de ces dernières que les qualités optiques et mécaniques de l'instrument méridien. Dans mon dernier rapport déjà, j'ai rendu compte à la Commission de la perfection exceptionnelle de la pendule électrique de Hipp, sur laquelle j'ai publié en outre, l’année dernière, une nouvelle note spéciale. Comme cette notice, que je mets sous les yeux de la Commission, contient des détails assez circonstanciés sur ce magnifique instrument, je me borne ici à indi- quer brièvement quelques chiffres qui feront voir qu’il maintient et développe encore si possible ses grandes qualités. Ainsi, la variation diurne de la marche qui, de 0°,06 au commencement, était descendue, après le réglage gui définitif de la compensation, jusqu’à 05,022 en 1889, a encore diminué un peu; car en 1890 250 déterminations ont dommé pour variation moyeme + 05,019 en-1891::205 » > > D ie à Len À 2 Ainsi que je lai fait voir, une grande partie de cette faible variation doit être attribuée aux erreurs inévitables d'observation, de sorte que le véritable changement de marche de la pendule, d’un jour à l’autre, dépasse à peine le centième d’une seconde. La compensation pour la température se maintient avec une valeur très faible de la variation par degré; aux nombres indiqués précédemment, j'ajoute qu’en 1890 nous avons trouvé — 05,001 et en 1891 — 05,003 pour le coefficient de la température. J’ai fait voir en outre que la compensation est proportionnelle à la température, dans les limites d’une quinzaine de de- orés, dans lesquelles la pendule est maintenue. La tendance d’accélération de la marche avec le temps est devenue encore plus faible, variant dans ces deux années entre —(0$,0004 et — 05,0014 par jour. La marche est naturellement indépendante de toute influence de la pression atmosphérique, puisque la cloche est restée parfaitement étanche; le manomètre, observé tous les jours, n’a varié en 1890 que de 42,1 et en 1891 de 4%"8, uniquement par suite des chan- gements de température et sans aucune corrélation avec les oscillations barométriques. La durée d’impulsion et par conséquent son inten- sité se sont maintenues à peu près dans les limites d'autrefois; en 1890, la durée d’impulsion a varié ‘ Te MER EE 0 { d ee CL # » % JE SES A PRE entre 585 et 785 et. en 1891, entre 525 et 825, Mais aussi il faut dire que les piles ont montré une constance et une durée remarquables, à tel point que, pour le pen- dule, la même pile a servi pendant toute l’année 1890, et en 1891 elle n’a été changée que deux fois. Celle du compteur, dont les émissions de courant sont en- viron soixante fois plus fréquentes, n’a dû être chan- sée que deux fois en 1890 et trois fois en 1891. C’est certainement beaucoup mieux que nous ne lespérions au commencement. — Et encore ne doit-on pas ou- blier que l'intensité d’impulsion ne peut exercer qu’une très faible influence sur ia marche de cette pendule, puisque — et c’est là un des mérites essen- tiels de la conception géniale de M. Hipp — lam- plitude de son are d’oscillation est limitée par la construction même. Enfin, pour terminer avec les renseignements sur la pendule Hipp, la crainte principale qu’on faisait valoir autrefois, et que quelques-uns de mes confrères nourrissent encore contre les horloges électriques, sa- voir qu’elles sont nécessairement exposées aux per- turbations plus ou moins fréquentes qui caractérisent les appareils éléctriques, s’est montrée illusoire encore. D'abord, il n’y a eu, pendant ces deux ans, aucune interruption de marche et si nous avons dû consta- ter, dans le cours de 1891, deux perturbations de marche, l’une de 0°,43, survenue le 4 février, l’autre de 05,54, observée le 19 décembre, la première est due très probablement à une faible secousse du sol, et la seconde coïncide également avec un tremblement de terre, observé le même jour dans le nord de ltalie. Ce sont donc, on peut le dire, des causes de force majeure, dont on ne saurait accuser la pendule Hipp qui, précisément en raison de sa régularité étonnante, peut servir en même temps comme un des seismo- mètres les plus sensibles. Les autres horloges de l'Observatoire ont conservé à peu près leur marche habituelle, tout en augmen- tant un peu leurs variations avec l’âge des huiles. Ainsi, pour l'horloge sidérale de Winnerl, la variation moyenne, qui était tombée en 1890 à + 05,067, s’est accrue en 1891 à + 05,098; le nettoyage qu’on lui fera subir dans le courant de cette année la fera sans doute revenir à son ancienne régularité. Il est à remarquer que la variation par degré de température, qui était autrefois de —(},025, et qui, pendant les années 1889-90, s'était élevée à — ($,034, est revenue après le dernier nettoyage en 1891 à — (5,025; ces légers changements sont dus probablement au jeu plus ou moins libre de la dilatation du pendule à gril, suivant l’état de propreté des tringles du gril. Par contre, le coefficient baromé- trique, pour lequel M. Hilfiker avait trouvé autrefois la valeur + (5,010 par millimètre de pression, s’est maintenu à très peu près à cette valeur (- 0S011) pendant les dernières années. La pendule Kutter, dont la variation moyenne s’était abaissée en 1890 à + 0°,093, a monté en 1891 à +101; pour la pendule Dubois, ces variations sont respectivement + 0%,125 et + 05,180; il n’y a pas de doute que le nettoyage et le renouvellement des huiles, qui attendent aussi ces horloges, abaïisseront leur variation à leurs anciennes valeurs. Notre vénérable horloge électrique de Stepherd continue à fonctionner utilement. tout en usant beau- coup d'électricité, comme c’est le cas pour les anciens appareils électriques anglais, et en exigeant de fré- quents nettoyages des contacts. Mais enfin, elle n’a pas manqué une seule fois, pendant ces deux années, de donner exactement son signal d'heure. Si pendant tout ce temps, un seul jour, le signal n’est pas parti de l’Observatoire, la faute en était à la pile de ligne, à laquelle une communication s’était brisée au dernier moment. Avec ces renseignements, j’aborde le service pratique de la transmission de l’heure. A ce sujet, je dois répéter que si nous continuons à satisfaire convenablement aux besoins réels de nos fabricants et de nos régleurs, le service ne présente cependant pas tout le degré de régularité qu’il serait susceptible d’atteindre, et cela par la faute des perturbations trop fréquentes et sur- tout trop prolongées qui se produisent sur les lignes télégraphiques servant à la transmission. C’est sur- tout l’année 1891 qui a laissé à désirer sous ce rap- port. On voit, par le tableau qui suit, que le signal y a manqué dans la moyenne des 12 stations 28,8 fois, c'est-à-dire à très peu près 8 fois pour cent, et que, dans la station de la Chaux-de-Fonds, ce chiffre monte à 44, au Brassus à 56 et aux Brenets même jusqu’à 78 fois. Décidément, c’est trop. Et c’est d’au- tant plus regrettable qu’à la fin de toutes ces pertur- _bations prolongées, on a constaté comme cause une dérivation ou une fausse communication qu’il aurait été facile de trouver le premier jour. Tableau de la transmission de l’heure. | Stations Signal non arrivé - Signal non observé | | Neuchäteloises 1890 1891 1890 1891 Neuchâtel . 2 fois 1 fois |! 26 fois » fois Ch.-de-Fds. | 14 AL SSSR O0 >» Le Loele ETATS 19 >» 135 NÉ Breneisesr 17187 18.3: 1e Ponte: Tee 3,8 NES D 6 >» Hléurier 4) 07 30 » 18 PETER Moyenne |100—210/,322—880/ 1110 —309/ | $$=91/, | Bernoises | Bienne . .| S3fois | 6fois | 1 fais 2 fois St-Imier. . | 4 >» His HAN Sn à Berne T6 5 9» LORS 30 >» Moyenne |1,1—2,10/, | 617—180/, |$0—220/ |[11=320/ Vaudoises | l Sie-Croix .| 11fois | 83 fois | 10 fois 8 fois Le Sentier .… 26 >» 43 >» | 678 FM EE) Brassus . .| 26 » 50: 5. CE 1 >» Moyenne |210—50/410—1210/,1213—150/0| 967-140) Meme géérke | 19,2 fois | 28.8 fois | 14,3 fois | 14,0 fois 123,8 0,.1="7,9 4 = SM ES *) Sont compris dans ces nombres les 52 dimanches. | Il convient de remédier à cet état de choses en complétant d’une manière pratique les dispositions de la convention bilatérale entre la Confédération et le Canton, destinées à faire disparaître dans le plus bref délai les défauts qui pourront se produire dans les lignes servant à la transmission. Je tiens à insis- ter sur le fait que le canton de Neuchâtel remplit ses engagements d’une manière irréprochable, attendu que, pendant ces deux ans encore, ce n’est qu’une seule fois que le signal n’est pas parti de l'Observa- toire pour Berne. J'ajoute enfin que l'isolation des lignes laisse en cénéral très peu à désirer. | La régularité d'observation du signal dans les sta- tions est en moyenne satisfaisante, sauf dans les cas de maladie de l’observateur ou de son absence en congé. Chose à remarquer: à Berne, où autrefois on observait le signal très régulièrement, on y a manqué en 1890 14 fois, et en 189,1, même 20 fois. En somme, il résulte du tableau statistique que nous donnons ci-dessus, qu’abstraction faite de ces interruptions prolongées auxquelles il s’agit de remé- dier, notre transmission de l’heure fonctionne norma- lement et continue à rendre de grands services à nos différents centres horlogers, ainsi qu'aux administra- tions publiques de la Confédération. C’est bien, en grande partie, grâce à la régularité et à la précision de l’heure que l’Observatoire leur envoie, que nos chronométriens parviennent à se maintenir au premier rang et à produire quelquefois de véritables chefs-d’œuvre de précision; et même les fabricants de la bonne montre civile de nos princi- “paux centres, possédant dans les horloges électriques contrôlées par notre signal, des régulateurs très com- modes et très exacts, perfectionnent de plus en plus le réglage de leurs produits. 5 LL" Ur" Ë ù sr b 46 ss : z ‘ 1e AR PS ET ATP SU ler Pe n EOS AST c TP NE BAT 07 02 LC Mn Les rapports spéciaux que j'ai présentés au Conseil d'Etat sur le concours des chronomètres observés en 1890 et en 1891, et qui sont sous les yeux de la Com- mission, me dispensent d'entrer dans les détails qui y sont exposés et me permettent de résumer en quelques mots les résultats essentiels de ce second service pra- tique de notre établissement. Le nombre des chronomètres présentés (290 en 1890 : et 306 en 1891) est celui des années normales, mais la proportion des montres qu’il a fallu renvoyer sans bulletin a été encore trop considérable, 31 1/, en 1890 et 40 1/, en 1891, grâce surtout à la classe D qui se compose essentiellement de cette catégorie de montres qu'on appelle des demi-chronomètres. Loin de con- clure de ce fait qu’il faudrait rendre moins sévères les conditions pour l'obtention des bulletins de cette classe, il convient d'examiner si l’on ne diminuerait pas le nombre de ces non-réussites, en augmentant un peu la taxe à payer dans ces cas. Quant à la qualité des chronomètres observés, il y a plutôt des progrès à signaler; car, si la variation diurne moyenne des deux dernières années (4 05,55) est la même que celle de 1889, et si celle de 1891 (HF 05,57) dépasse même un peu la moyenne des dix dernières années, les autres variations comptent parmi les meilleures années; ainsi, la compensation n’a ja- mais été mieux réglée, la variation par degré étant de 0,09 en 1890 et de 05.10 en 1891; et la somme des quatre variations de positions a montré en 1891 la valeur (6°,13) la plus faible que nous ayons encore observée. Aussi, dans les deux exercices, non seulement tous les prix prévus par le Règlement ont pu être décernés à des pièces qui les méritaient largement, — et en N + MAS “4 « 211188 ut 5 a 7 2 ÿ be UE SENS Spiele RTE S Se CU à tr PTE FT Ares F Gad AA Tone he ni NM RES NO 3 oh RME 1890 le Conseil d'Etat a même bien voulu accorder deux prix à deux montres marines d’un mérite à peu près égal, — mais les deux concours ont de nouveau fourni des chefs-d’œuvre hors ligne, dont nos chrono- métriens peuvent être fiers. Ainsi, des trois montres marines couronnées en 1890 et 1891, deux ont eu une variation diurne de -+ 0$,08 et la troisième de -+0$,09, ce qui met la régularité de leur marche au niveau de celle des bonnes pendules astronomiques; leur com- pensation est réglée à quelques centièmes de seconde près; enfin la constance de leur marche dans le cou- rant des deux mois d’épreuve est remarquable; car la marche de la dernière semaine diffère de celle de la première, pour les deux chronomètres couronnés en 1890, de 05,07 et de 05,18 seulement, et pour celui de 1891 de 05,36. Si ces chiffres démontrent que nos chronomètres loclois rivalisent largement avec les meilleures montres marines qu’on produit en Angle- terre, en France ou en Allemagne, la science astro- nomique et la science géodésique sont redevables à M. Nardin, du Locle, d’avoir résolu d’une manière, on peut dire parfaite, le problème, abordé la première fois, à ma demande, par MM. William Dubois et Hipp, de faire enregistrer électriquement les secondes d’un chro- nomètre, sans que sa marche en soit affectée d’une ma- nière appréciable. Les savants peuvent ainsi, dans les observatoires de campagne, où il s’agit de déterminer les latitudes et les longitudes, ou bien de mesurer Pintensité de la pesanteur, remplacer les pendules astronomiques, toujours très difficiles à transporter et à monter, par des instruments bien plus maniables et tout aussi parfaits. Je ne puis résister au plaisir de citer aussi dans ce 2 AAA ss Mi = x | ; SRE OT 4 + MARI À 2e CV e VOOR APRES OS QE SE) Br IDE A TO SR init - 1 nt OCR CLARA APE rapport, parmi les montres de poche couronnées, deux chronomètres, tous deux munis du bel échappement à tourbillon, et qui ont donné des résultats DAS, l’un n'ayant varié que de + 05,19, l’autre de 5 0,22 d’un jour à l’autre. Ces magnifiques pièces provien- nent toutes deux de La Chaux-de-Fonds, l’une de MM. Nicolet fils & Cie, l’autre de MM. Girard-Perre- gaux & Oi. — [/Association Ouvrière du Locle a présenté également en 1890 un chronomètre à tour- billon qui, s’il a une variation diurne un peu plus forte (05,26), a montré une compensation absolument parfaite et des variations de positions remarquable- ment faibles. En général, si l’on ne peut pas méconnaître que la chronométrie se ressent, comme les autres branches de l’horlogerie, quoique à un moindre degré, de la ter- rible crise qui pèse aujourd’hui sur notre industrie nationale, elle sait maintenir son haut degré de per- fection et avec cela, elle peut avoir confiance dans l'avenir. Après avoir rendu compte de l’établissement, de ses instruments et de ses deux principaux services pratiques, je parlerai maintenant des travaux scienti- fiques proprement dits. Les observations astronomiques ont été assez favo- risées par le ciel qui, à l’exception toutefois de Pété de 1891 (mai-août), plutôt nuageux que pluvieux, a montré pendant ces deux ans une nébulosité moyenne, de sorte que — comme on peut le voir par le tableau statistique des observations méridiennes (v. page 19) — le nombre de ces observations est resté à peu près le même que les années précédentes, s’élevant au chiffre respectable de 2394 pour 1890 et de 2261 pour 1891. || || | | | | 001! 99 | Gr | 1'T | 2er | 1er | 926 [roi] ÿ1 | LZ | eer | 167 lrerr ext 1ST | 9S1 |" G88I 4 888I 00108 | L'T | 81 | cer) ver | 099 | 669 | 8 | 9 | 21e | ser louer lrer1 | eex | 2er | régr 1e ocer 007) 08 | 91 | va | gr |ga gs | 81 | — | — ar le ge Îlge l'or L ‘ 91{999( 00 ET or One Ur bee or) 9 r I OT 240: OS Ie ETES ° 1QUOAON ge | 061 O0'T | 8‘o ar |8 log |osr | | 8T- F6 OT: gr ee) ° ‘ 01400 26 |99)80)201)2 |2 |e |égc| — | — |re |ec Net lot lot | 81 " 4quotdos ge | 09 | 6‘0 | 60 19 6 6 LA RS ERIC OC NÉGATIF ET ST TD ON Ge O0 EUMO LP IT. 01 -;| 6 | DL PB See MER 06 000 180 l'E AA ES 5, HOT Gp |9P | OT 60 18 OP GR | AE RO ET LES O0 DOTE FETE ET 6e 2 MO NL P'A DE MP TA OUT Mono de | = él er re. 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Il en est de même pour les observations du soleil au méridien, qui sont au nombre de 188 en 1890: et de 217 en 1891. Ce dernier chiffre exceptionnelle- ment élevé est dû surtout au caractère moins nébu- leux de l’hiver et à la circonstance que, pendant l'été nuageux, le ciel s’est cependant découvert souvent. vers midi. En y ajoutant une distribution favorable des midis et des soirées clairs, on comprend que le nombre de jours sans observations, ni d'étoiles ni du soleil, soit resté de nouveau à 128 pendant l’année, et que l'intervalle moyen entre deux déterminations de l'heure ait pu être restreint encore à 11,2. J'avoue que lorsque j'ai été consulté en 1858 par le œouvernement de Neuchâtel sur l'aptitude de notre climat du bas pour la fondation d’un Observatoire, j'étais loin de le croire aussi favorable; car en lab- sence d'observations météorologiques suivies dans notre canton, et me fondant sur l’expérience d’autres Observatoires de la même région, j'ai cru pouvoir compter sur 90 jours d'observation. Je me suis done trompé en bien, et en tout cas on doit se féliciter de ne pas s'être laissé effrayer par les « terribles brouil- lards du lac, > qu’on invoquait pour placer l’Observa- toire à la montagne. Puisque je viens de parler de nos conditions clima- tériques, qu’il me soit permis de dire ici, par paren- thèse, que les observations météorologiques continuent réculièrement à l'Observatoire et à la station de Chau- mont, conformément au programme qui est celui des tarte stations normales suisses. Les instruments sont en bon état et contrôlés périodiquement; il n’y a que les thermomètres métalliques à maxima et minima qui laissent à désirer, en raison surtout des retards trop forts avec lesquels la masse considérable de la lame bimétallique suit les variations un peu rapides des tem- pératures. J’espère les remplacer bientôt par des ins- truments plus sûrs et plus sensibles. — Les observa- tions des deux stations, dûment réduites et calculées à notre Observatoire, sont envoyées tous les mois au Bureau central de Zurich, qui les publie dans ses re- cueils; nous fournissons en outre aux journaux de notre ville, chaque matin les observations de la veille, et des résumés mensuels. Revenant aux observations astronomiques, le tra- vail de M. Hilfiker sur les Etoiles lunaires de Lœwy. dont j'ai déjà parlé dans mon dernier rapport, a été terminé, de sorte qu'ayant obtenu l’autorisation de Monsieur le Chef du Département, nous avons pu commencer sa publication à la fin de 1891, chez MM. Attinger frères, de notre ville. Il a paru au com- mencement de février, sous forme d’une brochure grand in-quarto de 60 pages, très soigneusement im- primée, sous le titre de « Catalogue d’Etoiles lunaires. par le D' Hilfiker; > un exemplaire en est déposé sur la table. Le catalogue contient 273 étoiles, dont cha- cune a été observée en moyenne 15,8 fois, le nombre total des observations (abstraction faite des étoiles fondamentales) étant de 4201. L'accord des détermi- nations individuelles de la même étoile permet d’éva- luer l'erreur moyenne d’une observation à + (5,061 et celle d’une Ascension droite du catalogue à + 05,015. Pour un certain nombre d'étoiles, on a déterminé les mouvements propres par la comparaison des résultats obtenus à Neuchâtel avec les valeurs antérieures don- nées par les catalogues de Washington, Glasgow, Cordoba et Pulkowa. L’étude de l’équation personnelle de M. Hilfiker entre les deux méthodes d'observation à louïe et à l'enregistrement électrique a été continuée, et l’aide- astronome a trouvé que la diminution systématique de son équation persiste; car de — 0$,041 qu’elle était. en 1889, elle est devenue — 05,038 en 1890 et en 1891 même 05,00. II faudra voir si cette égalité se maintient, ce qui serait assez commode, car on pourrait combiner les deux genres d'observation de passage de Paide- astronome, sans être obligé d’y apporter une réduction. Les expériences intéressantes de M. Hilfiker sur la. variation barométrique des chronomètres, dont j'ai rendu compte dans mon dernier rapport, ont été pour- suivies en 1890, essentiellement pour étudier la con- nexité entre le coefficient barométrique d’un chrono- mètre et le réglage de son spiral pour les amplitudes d’oscillation du balancier. MM. Paul Perret, de La Chaux-de-Fonds et Wehrli, de St-Imier, ayant bien voulu prêter leur concours, en changeant, pour quel- ques bons chronomètres qui avaient d’abord une avance assez forte pour les petites amplitudes, ce ré- olage pendant le cours des expériences auxquelles ils étaient soumis à l'Observatoire, M. Hilfiker a constaté que leur coefficient barométrique a changé de - 0$,020 jusqu’à — 05,011 par millimètre de pression. Donc la supposition de la possibilité d’une compensation pour les variations barométriques s’est vérifiée, et il est certain, du moins pour les montres à ressort ou à bascule, qu’on peut régler le spiral de façon à rendre la marche des chronomètres indépendante des fluc- tuations barométriques. La petitesse numérique des coefficients dont il s’agit fait comprendre que cela n’a d'importance pratique que pour les chronomè- tres de la plus haute précision, et surtout pour les chronomètres de marine; pour ces pièces, et dans le but de pouvoir régler, sur nos montagnes, la marche moyenne des chronomètres pour la pression corres- pondant au niveau de la mer, il serait utile de con- tinuer cette étude, ce que M. Hilfiker ne manquera pas de faire, si quelques fabricants veulent mettre encore des chronomètres à notre disposition, comme Pa fait très obligeamment la maison Henry Grand- jean & Ci, du Locle, pour quatre de ses excellentes montres marines, et si des régleurs habiles consentent, non seulement à modifier le réglage des spiraux pen- dant le cours de ces expériences, mais aussi à faire connaître exactement la nature et le degré de ces modifications. Passant à d’autres travaux scientifiques qui sont poursuivis à notre Observatoire, je rendrai compte d’abord brièvement des progrès de la géodésie, soit en Suisse, soit dans l’Association internationale. La Commission géodésique suisse s’est réunie, comme d'habitude, à notre Observatoire, au mois de juin de 1890 et 1891. Dans sa dernière séance, elle s’est occu- pée d’abord des recherches sur la déviation de la ver- ticale dans notre pays, que j'ai mentionnées dans mon dernier rapport, et qui ont été développées depuis lors, en les étendant surtout du côté des Alpes, dans SAN d Æ x é ; à SET CEE PPT TE" 5 4 ré TRI REP LU QE PE ARE PART PR ON PE UT NET ES le voisinage de notre méridien. D’après les réductions provisoires des observations qui ont été faites à Middes et sur la Berra, les déviations de la verticale qu'on y a trouvées s’accordent assez bien avec la marche générale des attractions locales constatées dans notre méridien et qui sont si prononcées surtout FE à Neuchâtel et à Chaumont. Le petit tableau suivant ‘à fait voir clairement qu’en avançant du côté sud, l’at- ni traction des Alpes devient de plus en plus prédomi- #1 nante sur celle du Jura : 4 A la Berra la déviation est de L 6°6 à » Middes ÿ » + 1,9 : » Portalban > SR © Neuchâtel > > ES PERS Chaumont » TT Tête-de-Ran. > >... LUE Toutefois on ne reconnaît pas dans la série de ces valeurs une proportionnalité suffisante avec les masses et les distances des grandes chaînes de montagnes: pour élucider davantage la question importante de savoir à quel point l’action des masses soulevées peut rendre compte des déviations observées et dans quelle mesure il faut, pour les expliquer, recourir à des vides 4 relatifs souterrains ou à PnporR différences de densité des couches inférieures, j'ai proposé non seu- lement de continuer les observations encore sur la station de Naye, située presque exactement dans le méridien de Neuchâtel, et plus tard dans les mon- tagnes du Valais, mais je tâche, avec le consentement de la Commission, de faire exécuter par un jeune géo- logue neuchâtelois, très capable et en même temps très u x Or rave 1 + 516 SET à ; e “£ à Du | Sés A, CEE PT ET ORNE RE A DU RP DE UE URLS < 1 + / versé dans les mathématiques, le calcul des masses (volumes et densités) aussi exact que possible pour les montagnes dont l'attraction est en cause. M. Léon Du Pasquier a montré beaucoup de bonne volonté à se charger de ce travail difficile et s’en occupe activement. Parmi les autres travaux géodésiques suisses, je suis heureux d’avoir réussi à terminer l’année dernière le orand travail du <«< Mivellement de précision de la Suisse, > que j'ai commencé, il y a 25 ans, avec Plan- tamour, et que, depuis la mort de mon inoubliable collègue, j'ai continué avec l’aide des ingénieurs de la Commission géodésique et du Bureau topographique fédéral. J’ai publié en 1891 la 9% et la 10% livraisons : cette dernière, qui forme en même temps le second volume de l’ouvrage commencé en 1867. contient le Catalogue des hauteurs suisses au-dessus de la Pierre du Niton. J’ai expliqué dans le chapitre XLIIT de l’ouvrage les raisons qui nous ont obligés de rap- porter nos hauteurs encore à l’horizon national fixé par le repère fondamental de la Pierre du Niton, pour laquelle nous avons trouvé la cote provisoire de 313,94, et de renvoyer la publication des cotes abso- lues de notre registre hypsométrique jusqu’au moment où la question du choix de la mer pour l’horizon gé- néral des altitudes de l’Europe sera résolue (ce qui aura lieu cette année), et que les travaux de nivelle- ment dans quelques-uns des pays voisins seront assez avancés pour permettre de rapporter, par la jonction définitive de nos réseaux. la hauteur exacte de notre repère fondamental au niveau de plusieurs ports de leurs côtes. En attendant, pour les besoins pratiques _ des ingénieurs, le catalogue de nos hauteurs, qui comprend 2300 cotes environ, dont l’incertitude ne dépasse pas quelques centimètres, rendra déjà les plus orands services, car pour les besoins des travaux publics, des chemins de fer, canaux, routes, etc., ce sont les hauteurs relatives qui importent. L'Association géodésique internationale, dont la Conférence générale aura lieu cette année au mois de septembre, à Bruxelles, a tenu les sessions an- nuelles de sa Commission permanente en 1890 à Fri- bourg en Brisgau, et en 1891 à Florence. J’ai publié les Comptes-Rendus de la première, qui se trouvent sur la table de la Commission ; le volume de Florence s imprime actuellement dans les ateliers de MM. Attin- cer frères, de notre ville. L'Association se développe à souhait; elle comprend maintenant 28 Etats des deux Mondes ou plutôt de quatre parties du monde, depuis que le Japon y a adhéré en 1890 et que des arcs se mesurent dans les grandes îles de Java et de Sumatra, par les soins des Néerlandais. Dans la plupart de ces pays, les travaux géodé- siques avancent rapidement, de sorte qu’on pourra maintenant entreprendre la tâche fondamentale de combiner les réseaux de triangulation et les détermi- nations de latitudes et de longitudes, observées en grand nombre dans presque tous les pays, pour en déduire le calcul des arcs méridiens et parallèles, d'abcrd pour le continent européen, et en conclure la forme du géoïde dans cette partie de la Terre. Mais pour ne pas parler de détails spéciaux qui ne seraient pas en place ici, je dirai seulement deux mots d’une étude générale qui présente un grand intérêt + {13 PRE CPE PAPE T A AN _ théorique et que l’Association poursuit par ses moyens propres, savoir les variations périodiques des latitudes. Comme je l’ai fait prévoir dans mon dernier Rapport, la Commission permanente, après avoir pris connais- sance de la marche parfaitement concordante de la hauteur du pôle, constatée dans plusieurs Observa- toires d'Europe, a décidé dans la Conférence de Fribourg en 1890 d’envoyer une mission scientifique aux îles Sandwich, afin d’y observer pendant une année, concurremment avec les Observatoires euro- péens, les variations de latitude, et de décider ainsi s’il s’agit réellement d’un phénomène général de la Terre, ou en d’autres mots d’un balancement annuel de l’axe terrestre. Elle a voté sur son budget un cré- dit de fr. 19000 pour cette expédition et a chargé son Bureau Central de l’organiser et de s'entendre avec le Coast- and Geodetic Survey des Etats-Unis sur la coopération que celui-ci nous avait offerte. Au prin- temps de 1891, un jeune astronome, le D' A. Marcuse, qui avait déjà exécuté auparavant avec succès à l'Ob- servatoire de Berlin des mesures de latitude, est parti, avec des instruments appropriés et d’une grande précision, pour les antipodes; en route, il s’est ren- contré à Washington avec l’assistant du Coast-Survey. le D' Preston, et au 1°" juin 1891 ces Messieurs ont com- mencé les observations dans les environs de Honolulu. Bien qu’il faille naturellement attendre la fin de la série annuelle de ces observations, le Directeur du Bureau Central a déjà pu donner à la Conférence de Florence, au mois d'octobre dernier, des résultats provisoires qui mettent hors de doute le parallélisme de la marche de la latitude à Honolulu et en Alle- obele LL 0 er le - Socket LS Mer 5e pa PRE A LE pe 28 fé magne pendant les mois d'été ; la presque identité des variations constatées à l’antiméridien, et le fait qu’elles ont lieu dans le sens inverse qu’en Europe, démontrent déjà qu’on est en présence d’un mouve- ment général de l’axe du globe. Il faudra continuer d’une manière systématique ces recherches pendant une série d'années, dans un certain nombre d’Obser- vatoires convenablement distribués sur la surface de la Terre, avant qu’on puisse songer à rechercher les causes de ce curieux balancement de l’axe terrestre. On a nommé à Florence une Commission spéciale, qui. est chargée de faire à la Conférence de Bruxelles des propositions sur l’organisation de ce service per- manent des latitudes. L'assemblée de Fribourg a maintenu les résolutions que la Conférence de Rome avait prises, sur ma pro- position, en 1883, au sujet de l’unification des lon- gitudes et des heures, vis-à-vis des tendances étranges qu’un moine italien, sous le patronage de l’Académie de Bologne, avait essayé de faire valoir en faveur d’un premier méridien de Jérusalem, contre celui de Greenwich que nous avions proposé et qui avait été adopté par tous les Etats, sauf la France. Le Congrès de géographie, réuni l’été dernier à Berne, avait prié le Conseil fédéral de prendre l'initiative d'inviter les Gouvernements à envoyer des délégués à une Confé- rence diplomatique qui serait chargée de réaliser dé- finitivement surtout l'introduction d’une heure uni- verselle, ou du moins des fuseaux horaires partant de Greenwich, et unifiant les minutes et les secondes sur toute la Terre, introduction réclamée par la grande majorité des administrations des chemins de fer en ….. Éd à en à TÉL “y vob) D Can TA | . te Amérique et en Europe. Le Département fédéral de _ l’Intérieur a donc demandé à la Commission géodé- sique suisse un préavis sur cette question. Elle s’est prononcée dans un Rapport que j'ai été chargé d’éla- borer en faveur d’un pareil projet, mitigé dans ce sens que, pour le commencement du moins, l’usage de l’heure internationale serait obligatoire seulement pour les grands services publics de communications, chemins de fer, télégraphes, etc. tandis que le public pourrait continuer à se servir des heures locales ou nationales. J’ai pu communiquer à la réunion géodésique de Florence un important travail de M. le D' Benoît, Directeur du Bureau international des Poids et Me- sures, sur les comparaisons qui ont été faites dans ce Bureau entre le Mètre international et les princi- pales Toises qui ont servi dans un grand nombre de pays comme unité fondamentale des mesures géodé- siques. Cette étude, qui a établi les véritables équa- tions entre les principales unités employées en géo- désie, a fait disparaître très heureusement des contra- dictions systématiques qui semblaient exister entre les mesures d'arc des différents pays de l’Europe, et rendra possible de comprendre dans un seul ensemble tous les grands travaux géodésiques de notre conti- nent. J’ai eu ainsi la satisfaction de voir se vérifier les prévisions que j'avais énoncées il y a 25 ans, et qui ont été un des principaux motifs pour lesquels j'ai proposé dans le temps, au sein de l'Association séodésique, la création d’un Bureau international des _ Poids et Mesures. | | De cette manière, je suis amené à parler de l’autre La 21 Shui RE ERR ” , ee. 2 d'RSNSPRERSS if institution internationale qui, ayant déjà accompli une partie essentielle de sa mission, continue à pro- duire des travaux fondamentaux pour la métrologie et toutes les sciences exactes. Non seulement le Bureau de Breteuil est appelé à fournir encore un certain nombre de prototypes à plusieurs Etats, mais les Gouvernements, les grands établissements scienti- fiques, les administrations techniques et les savants lui demandent souvent la vérification d’étalons im- portants et de thermomètres de précision; la Société météorologique, qui réunit ces importants services de la plupart des Etats, a adopté notre échelle thermo- métrique et notre baromètre normal comme base fon- damentale de tous ses instruments. [Association géo- désique demande au Comité international d’établir dans notre Bureau de Breteuil une station normale pour les observations de la pesanteur au moyen du pendule. Non seulement l'autorité que le Bureau in- ternational a su conquérir dans le monde scientifique par ses travaux d’une incomparable précision va en augmentant, mais ses services sont aussi de plus en plus appréciés par les Gouvernements ; ainsi l’Angle- terre a renoncé à l’intention qu’elle paraît avoir nour- rie un moment de se retirer de la Convention, et cette dernière a trouvé en 1891 un nouvel adhérent dans les Etats-Unis du Mexique, ce qui porte le nombre des Etats signataires à 23, avec une population de 510 millions d'habitants. Il est tout particulièrement réjouissant de pouvoir constater qu'à notre époque de réaction nationale, qu’on regrette de voir s'affirmer, par exemple dans le domaine économique et de la politique douanière, sur le terrain des institutions scientifiques internationales du moins, la meilleure entente entre les différentes nations se maintient et se développe. Nous en avons eu l’année dernière une preuve significative: lorsque le Comité international des Poids et Mesures, aussi bien que l’Association géodésique ont eu le malheur de perdre leur président par la mort universellement recrettée de l’illustre et savant général Ibaïez, nous avons pu sans difficulté et à l’unanimité mettre un savant allemand à la tête du Comité qui dirige le Bureau des Poids et Mesures placé à Paris, et choisir un savant français pour président de l’Association qui a pris naissance en Allemagne, et dont le Bureau central est installé à Berlin. Vous trouvez déposés sur la table les Procès-Ver- baux de la session de 1890 du Comité international (ceux de la session de 1891 sont sous presse), ainsi que mes 13° et 14° Rapports aux Gouvernements : jy joins le VII° Tome des « Travaux et Mémoires» du Bureau international, ainsi que la notice nécrologique que j'ai publiée sur mon noble ami, le Général Ibanez, dont la mort a été ressentie douloureusement en Suisse, à cause des relations intimes qu’il a soutenues avec nous, et des services signalés qu’il a rendus si gracieusement à notre pays pour la mesure de ses bases. Pour terminer ce Rapport, en revenant à notre Observatoire, je n’ai plus qu’à ajouter quelques notes sur la bibliothèque, qui s'enrichit surtout par les échanges avec les autres Observatoires et établisse- ments scientifiques. Je résume, comme d'habitude, son accroissement dans le tableau suivant: Augmentation en 1890/91 Etat actuel | | Volumes | Vol Ouvrages |, fascicules. Ouvrages FE DA 2 Er = = = TEL — ee | | Astronomie et ma- | | thématiques . .| 23 117 TOR SAUTER Géodéstess ur | 4 19 166 265 Physique et météo- | ÉOIOBI6 Se En 5 5 Li PERS M 5 826 Lotal US AC 1245 | 2598 Le transfert de la bibliothèque dans le bâtiment de l'annexe et sa valeur de plus en plus considérable nous ont fait penser qu’il serait indiqué de l’assurer d’une manière spéciale. J’ai donc prié M. Hilfiker de procéder à une évaluation de la bibliothèque; l’aide- astronome s’est acquitté de ce minutieux travail en très peu de temps et d’une manière consciencieuse, en s’entourant, comme moyen d'appréciation, d’un grand nombre de catalogues et prix-courants d’édi- teurs et de libraires antiquaires. Naturellement nous avons cherché à établir, autant que possible, non pas les prix d'édition, mais les prix de vente actuels des ouvrages, et nous sommes convenus, pour éviter toute exagération, de rester avec nos évaluations plutôt au- dessous de la valeur effective. De cette manière, M. Hilfiker est arrivé à un prix total approximatif de fr. 12818. Monsieur le Directeur du Département voudra bien décider s’il faut assurer la bibliothèque _ pour ce prix, et dans quelle mesure la Direction de l'Observatoire doit être chargée de s’en occuper. « Je joins à ce rapport, comme d'habitude, la liste des ouvrages et publications, reçus en dons ou en échange par notre bibliothèque, en 1890 et 1891. Il m'est particulièrement agréable de pouvoir ter- miner ce rapport en exprimant de nouveau ma plus entière satisfaction pour le travail consciencieux et = Pesprit scientifique de M. le D' Hilfiker, et en don- | nant également à M. Studer le témoignage qu’il con- tinue à rendre des services très utiles à l'Observatoire. Neuchâtel, le 17 mars 1892. : mit, Les 2 ta hs * 53 Le Directeur de l'Observatoire cantonal, DA HIRSCE. MEME A SLA PO RC Een dt An 4 048 +4 MATE CRU: AU Vu 0e Liste des publications et ouvrages reçus en don ou en échange par la Bibliothèque de l’Ob- servatoire cantonal, en 1890 et 1891. Anales de la Sociedad cientifica Argentina. Buenos- Aires 1890-91. &°. Annalen des Phys. Centralobservatoriums, herausge- seben von H. Wild, St-Petersburg, 1890 et 91. 4°. Annalen der Schiveiz. meteorolog. Centralanstalt, für 1888. Zurich 1890. 4°. Anales de la Oficina meteorologica Argentina, tomo _ VII. Buenos-Aires 1889. 4°. Annals of the Harvard College Observatory, vol. 18. Cambridge 1890. 4°. Annals of the Harvard College Observatory, Edward C. Pickering, Director; vol. 21, part. I et IL. Cam- bridge 1890. 4°. Vol. 22. Vol. 23, part. I. Cambridge 1890. 4. Vol. 24. Cambridge 1890. 4. Vol. 26, part. I. Cambridge 1891. 4°. Vol. 27. Cambridge 1890. 4. Vol. 80, part. I et IL. Cambridge 1890 et 1891. 4°. Annalen der Sternwarte in Leyden, herausgegeben von H.-G. Van de Sande-Bakhuyzen; 5. et 6. Band. 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M. le Dr Messerschmitt, ingénieur de la Commission, à assiste à la séance comme invité, avec voix consultative. | Pe 24 É M. le Président souhaite la bienvenue à M. Gautier, “% qui prend part pour la première fois aux délibérations de la mn Commission. Il ne doute pas que le fils ne remplacera 34 É dignement son regretté père qui, pendant de longues an- à nées, a collaboré efficacement à l'œuvre de la Commission. L ER: D: M. Gaultier remercie sincèrement la Commission de Le l’avoir appelé à succéder à son père dans ces importantes > - 48 a fonctions ; il s’efforcera cerlainement de suivre son exem- ZA ple et d’honorer ainsi sa mémoire. D ‘ “é 2 M. le Président invite M. le Colonel Lochmann à pré- ne senter son rapport sur la situation financiere et les comptes RP | . = - 140E8 Bas du dernier exercice. Re - M. Lochmann fait d’abord remarquer que les excédants dE . Had Re k NE EN AN TE APS a Gen Le à SRE ee : 1 DRE EEESSRS SAR EN MAS UN GI NEE Fe LEE des derniers exercices ont à peu près disparu par suite des opérations considérables et en particulier des publi- cations importantes de l’année passée. Toutefois l’état des Tableau des comptes de la Commission 1894 No Er, Gent:|: Fr 21 janvier Solde actif de 1890 31 décembre | Allocation fédérale pour 4894 par le Débar tement de l’intérieur S ae » » Intérêts 1891 sur un dépôt fait à la Le populaire suisse . 9039,52 96,20 | 15096,2 1892 — 7 janvier | Solde actif de 4894 Pr à FARINE 34, | Dont : à la Banque populaire suisse . . . 15,40 -4 encaissé. 4e ES SOS ER 19,42 3 _ — 4] — finances est encore satisfaisant, attendu que les comptes de 1891 bouclent par un solde actif de fr. 34,82. Voici, du reste, le tableau de ces comptes : géodésique pour l'exercice 1891. frs Cent! NET CENS 1892 Dépenses. 7 janvier | Ingénieurs de la Commission : Traitement de M. Messerschmitt 4000 — Indemnité de logement pour M. Messer- schmitt 500 — Supplément pour fais je ne au même À 1900 — Aides, éliotropistes, frais de D Lie et de transport dans les stations, etc.| 3662,30 |10062,30 | Frais de nivellements en 1891 : PAST (Bureau topographique et M Autran) . 2668 = Frais d’impressions : Publication des li- vraisons 9 et 10 du Nivellement de pré- cision ({Schuchardt, Attinger et Bureau topographique) 3810 — Procès-verbal et divers een NE = | 39562 Frais d'instruments et de matériel : Achats, réparations (Kern et Ce. UNE Schneider, Nardin). . . . à 2962.45 Frais de la séance de la nn iétes à Net châtel et du délégué suisse à la Confé- rence internationale de Florence 1127 — Menues dépenses des membres de la Com- mission 95,23 Frais de bureau iBitéau RAR 1,90 Total 20100,90 Solde actif à nouveau 34.89 20135,72 M. Lochmann ajoute qu’en raison de ee faible solde acUf disponible, on à été obligé de demander au Départe- ment de l'Intérieur, dès le commencement de l’année, un acompte de fr. 5000 sur Pallocation fédérale. De cette somme, on à dépensé jusqu'à ce Jour fr. 1621,20, de sorte qu'il reste encore en caisse fr. 3415,62; en V ajoutant fr. 10000, complément de cette allocation, on dispose, en ce moment, pour l'exercice courant, d’une somme de fr. 13413,62. Autant que M Lochmann peut en juger, 1l n’y aura done : pas de modifications importantes à apporter au budget provisoire pour 1892, établi l'année dernière. Du reste, on y reviendra à la fin de la séance, si les décisions prises entrainent quelques changements dans certains postes de ce budget. La Commission approuve les comptes et remercie M. Lochmann pour sa gestion. Elle renvoie à la fin de la séance l'établissement du budget pour l'exercice de 1893. M. le Président fait savoir que les comptes de 1891 ont déjà été reçus par le Comité central de la Société helvéti- que des sciences naturelles et que, par conséquent, dé- charge en a été donnée à M. le Caissier. M. le Président, passant au deuxième point à l’ordre du Jour, invite M. Rebstein à rendre compte des travaux de l'ingénieur, M. le Dr Messerschmitt, dont le rapport a cir- culé parmi les membres de la Commission. M. Rebstein constate d’abord, quant aux travaux de campagne de 1891, que l'ingénieur a pu achever les obser- vations en trois stations astronomiques, savoir : Gurnigel, 45 jours (14 juillet — 17 août). | Napf, 15 » (1er septembre — 14 septembre). Frienisberg, V4 » (15 septembre — 29 septembre). I. STATION DU GURNIGEL (1540), LR Le rattachement géodésique du Gurnigel a été opéré D avec le Gurten B et le Niesen (point fixé par le Bureau 1o- À * ne pographique) par la mesure des angles suivants : = 43 Gurten B — Napf (héliotrope). 56 9 4, 88 (12 is É Gurten — Niesen (signal) . . 132 7 30,35 » É. © Napf (héliotrope) — Niesen . 75 5826,18 » FER € "PA En outre, on a mesuré à la station du Napf les angles suivants : | 3 L Niesen — Gurten B. . 46 5418,46 (Gfois). à Niesen — Gurnigel . . 23 30 49,17 (19 fois). “EM Niesen — Rôüthi . . . 103 15 27,56, (6 fois). D © Gurnigel — Rôthi. : : 79 44 39,58 (19 fois): Ke: L'erreur moyenne d’un angle mesuré 12 fois a été de à 5 + 0 2. ee à On obtient, pour ces mesures, un contrôle par le caleul s de l'angle Gurten-Napf-Rôthi; car 25 ne Niesen — Napf — Rôthi — 103 15 27,36, Le Niesen — Napf — Gurten — 46 54 18,46 F ee 2) 06 21 8,90. Fe Or, on trouve dans le volume IT de la Triangulation Re suisse, p. 34, pour l'angle <24 ee: Rôthi — Napf — Gurten — 303 38 51,42; par conséquent la différence n’est que de 048. LATE Quant au point Stockhorn, qui a été également visé, on ne l’a pas utilisé, puisqu'il appartient aux stations de 5me ordre. Les observations astronomiques faites dans cette station ne sont pas encore complètement réduites. M. Rebstein donne d’aborû quelques renseignements sur les instru- ments employés : En ce qui concerne l'instrument universel de Repsold, le run est insensible, la division du cercle excellente, au- cune erreur ne dépasse 1”. Pour les niveaux, M. Messerschmitt a trouvé : pour celui de l'axe vu = 1,1936 + 0,0036 (4 — 25 p) pourceluides microscopes v = 1,0618 -[-0,0070 ({—25 p) tandis qu’en 1888 on avait trouvé : pour le niveau de Paxe v— 1,1817 + 0,001% (/—925 p) pour celui des microscopes v — 1,0970 + 0,0025 ({—925 p) Il n’y a donc qu’une très légère différence. Le chronomèêtre Dubois a montré, malgré la réparation qu'il a subie pendant l'hiver 1890 à 1891, des variations encore assez fortes; sa marche qui, à l'Observatoire de Neuchâtel, avait été de — 1°71, a varié dans les stations entre 0 et + 221. Toutefois, les déterminations de l'heure, faites dans le vertical de la Polaire, au moyen de 4 éLoiles au moins, ont montré une incertitude comprise entre 0°02 et 0°03. Autant qu’on peut en juger par les observations réduites jusqu'ici, le rapport de l'ingénieur indique les résultats suivants pour la station du Gurnigel : Lalilude astronomique © — 16 45 21,4 45 » géodésique B — 46 9,2 (provisoirement). Déviation de la verticale © — B— + 16 2 Azimul de la direction Gurten B (pyramide) [o) / [/4 » astronomique x — 9596 1 98,1 (par N sur E) » géodésique A — 396 1 92,2 Déviation! :: 2, æ— À — 5 0 Si lon calcule, avec ces données, la déviation du zénith, on trouve o = 477 RM NS NE), ce qui indique une forte attraction des Alpes, exercée nor- malement à leur direction, ainsi qu’on pouvait s'y attendre. Les mesures de pendule qui ont été exécutées au Gur- nigel les 18, 19, 20, 24 et 25 août ne sont pas encore calculées. Il. STATION DU NAPF (1400m) La latitude a été déterminée astronomiquement, soit par des distances zénithales, soit par des observations au pre- nier vertical. Le résultat de toutes ces mesures a donné : o — 47 0 21,3, tandis que géodési- quement on a trouvé: B = 47 0 17,8 par conséquent © —B— +35 Pour l’azimut de la direction Napf-Rôthi (héliotrope), la valeur astronomique a été trouvée : 2 — 312 16 36,71 » géodésique » » A 37,91 060 | différence & — A ht : Let eee Avec ces données, on obtient pour la déviation du zénith : a — 351° (N N. W.) ce qui indique Pattraction des Alpes conformément à la configuration du terrain. HI. STATION DE FRIENISBERG (720). Ici encore les deux méthodes ont été employées pour la détermination de la latitude. Les distances zénithales ont donné 1/4 “ o / o— 47 1 43,40; les observations au premier vertical ® = 42,83 moyenne o = 47 1 45,11 Valeur géodésique B — 47 1 44,55 Différence astr.-géod. — 44 L'azimut de la direction Signal Rôthi (hélotr.) : Valeur astronomique x — 29 15 959,02 » géodésique LÉ 97,99 Dr L " Différence x — À — + 17 Il en résulte, pour la déviation du zénith ue aie VOUS A REn ce qui indique une faible attraction du Jura, perpendicu- lairement à sa direction. Les observations de pendule, exécutées du 23 au 26. septembre, ne sont pas encore calculées. D LSLT OBSERVATIONS DE MAGNÉTISME TERRESTRE En réservant pour les publications ultérieures les détails que M. Messerschmitt donne dans son rapport sur linstru- ment employé, un magnétomètre de montagne, de Meyer, et sur les méthodes, le degré de précision, ete., nous nous bornons à reproduire 1c1, dans le tableau suivant, les résultats que l'ingénieur à obtenus dans la campagne de 1891 pour un certam nombre de stations, soil pour l’inclinaison, soit pour lintensité relative, ces dernières élant rapportées à la station de Glion. A EE LA 2 2 | | Hunts MM, | STATIONS AA Bt REMARQUES | m | Glion (Hôtel du Midi) .| 740 | 64,9! + 0,430, Dans la chambre. | Bains de Schwefelberg.| 1400 | 624 | + 3.27 » | Au Laas {au-dessous du | Gurnigel) . . . .| 940 |64,7| +2,51 |En plein air. | Bains du Gurnigel 1470 | 62.,4| +4,35 Dans la chambre. | Seftigschwand . . .| 1100 | 62,6 | + 2,73 En plein air. | Gurnigel du haut . .| 4540 | 62,2, + 2,14 » Napf{au Nord de l’hôtel)| 1400 62,3) + 2,31 D Napf (à 4 km. à l'Est) .| 1320 | 62,4! + 2,52 » Napf (à 70m au-dessous | de la Hängstfluh) . .| 1300 ! 62,7) + 2,40 » Mettenberg (au pied du | | Napf). :....,.2.| 4050 1628|+9203 | » Frienisberg {à 200 au | Sud du Signal}. . .| 720 |62,8| +3,14 | » Frienisberg près du Ha- Lits | lenhôlzli (à 4800 au | | | » Nord du Signal) . .| 570 | 62,7| + 3,22 Zurich. . .… . . .| 420 | 614,6| +1,50 |Dans la chambre | | TRAVAUX DE CALCUL Réduction des observulions faites duns les années préce- denles. [. CHAUMONT (1000). Latitude astr. par les distances zé- nithales . . . . . . . 9 —411 0 091-P0IS Latitude astr. par les passages au premier verliçcal. . . . 9,49 0,15 Dee 471 D 50 + +100 1 Latitude géodésique . . . Bt 07040 B—B— 1796 L'azimut de la direcuüon Neuchâtel-Observatoire (Mé- ridien) : M. Scheiblauer a trouvé en 1887. . 180 0 7,43 + 0,99 Ma Messér SC e UE RRe 6,39 + 0,20 Moyenne. . 180 0 6,91 + 0,18 Pour la direction inverse, Neuchätel-Chaumont, M. le Ce PEN 4 ELA Dr Hilfiker a trouvé l’azimut . .: . — 00646 + 0, 160 11. CHASSERAL (19600), Latitude astr. par les distances zénithales © — 47 7 43,03 DS » » par les passages au pre- #0 He / s 2 y EE Fe: RME ENERRR RES 6 de hu uns 49,07.1%0560s F Moyenne. . . 47 7 49,55 D : 12pà Réduction au centre du Signal . . . + 10,340 " n— 47 7 52,89 0 Re: : PRE are F0 # Dhhiude géodésique, +, 2.8 — 63,69 5 Wie DE: - re » 4 2 == LB == Fe à 10,8 27 & L’azimut de la direction vers la pyramide sur le Spitz- à - berg, qui a servi de mire : A — 83°12"2 19. 7. de. En mesurant sur le pilier astronomique les angles BE. ce SU : , . . Ex __ Spitzherg-Gurten et Spitzberg-Berra, on a trouvé, à partir du centre de la station Chasseral : "48 Rs: Azimut direction Berra. Asimut direction Gurten B. nee | na ©. - 1); OCR : £r . . : À | Valeur astronomique — 169 21 59,16 Valeur astronomique — 129 13 90,15 R- : Valeur géodésique: — 92,05 Valeur géodésique — 1,950 pr Dilfér. astr.-géod. — +7,11 Différ. astr.-géod. — —- 8,18 1 ù A ' " x Le Différence moyenne. + 7 8. - #40 52 Avec ces résultats, on calcule, pour la déviation du zénith, © — 129; x — 174 (S.-E.), c’est-à-dire dansle sens d’une attraction des autres chaines du Jura. 4 1 En laissant de côté, dans cette valeur, le résultat donné par l'é- __ toile Glasgow 5688, qui a fourni ici, comme à Tète-de-Ran et au f: = Napf, une valeur trop faible de 2”. LES II, BERRA (1679). Latitude astr. par les distances zéni- Jet thales. . . 254008 LS A Mer Latitude par les passages au premier VDO Te LLC ME RES Sete 47,81 Moyenne. . . 46 40 47,38 Réduction au centre du signal. . . — 1,74 o — 46 40 45,64 La latitude géodésique © 4" RE 36,21 DER B — | TA Au moyen de mesures d'azimut d’uue mire au Käseberg, on a lrouvé, pour la déviation en azimut — 109. Avec ces données, on obtient pour la déviation du zé- nith © — 197; à — 306 (N. W.), trahissant une assez forte attraction des Alpes. IV. MIDDES (730), Latitude ast. par les distances zéni- (hates TT ANSE RS RE 4646 1463 #4 Latitude par les passages au premier ‘2 vertical te bar VASE LEE 14,93 Moyenne. . . 464614,43 Réduction jaucentre,4b ete ete + 0,11 dl o = A6 46 14,54 La latitude géodésique . . . . . B — 15,02. L'azimut de la direction de la pyramide du Chasseral :. . . . . . A—19018117 Gentrase 15:11: — 0,49 Azimut astronomique . . . . . 190 18-11,222%% | Piadadésiques2 5e 20 10. 12,43 20 PAHETCNCE ABIr.-Se0d. "5, nr On en déduit, pour la déviation du zénith, o = 19; a — 323 (N. W.). c’est-à-dire une faible attraction des Alpes. M. le rapporteur ajoute que les calculs ont été faits la plupart à double et d’une manière indépendante, en em- ployant comme aide M. Max Schnauder, qui a calculé éga- lement les positions moyennes des éloiles utilisées pour les observations au premier vertical. M. Messerschmilt résume dans le tableau suivant les” résultats des déviations obtenues cette année. Les chiffres de ce tableau se rapportent à Berne comme point de dé- part; les azimuts sont compris du Nord par l'Est. | nn - 8 | se pe STATIONS E 1 EM 5 y US ARNETE S'ELCERETS A LUS Ve PT F rs a FER Pt 8 | $ à | Chasseral. 10.3 + 7,81 +10,9 112,9! 447 1560 | DER ue eus LÉ ES PRIE ET ANRT 1%5- °° Näpf. 2 2438 66e 85 Es 1400 | Middes . .|+ 4,5|— 12|— 1,6| 4,9! 393 730 Gurnigel. .|+16,2|/+ 5,9|+ 8,1 117,0 19 1540 Berra. . .|+ 7,4|—40,9|--449 |497| 306 YE Berne . . 0,0 0,0 0,0 | 0.0 0 570 Comme programme des travaux de l'exercice courant, M. le rapporteur propose : — 16 — |° Mesures astronomiques aux stations de Wiesenberg, Lügern et Hôrnh, et si possible Naye ; 20 Mesure de la pesanteur dans ces stations au moyen du pendule Sterneck, avec lequel on ferait également des mesures relatives dans les Observatoires et sur la ligne du Gothard. Il est désirable que l'ingénieur se rende à Vienne pour s’y exercer aux observations avec ce pendule et dé- terminer les constantes de cet instrument; 9° En seconde ligne et pour autant qu'il lui en restera le loisir, l’ingénieur fera dans ces stalions aussi des ob- servalions magnétiques, que M. Rebstein estime comme très importantes, surtout si on peut y joindre des mesures de déclinaison ; 40 Préparation de la publication du VIe volume, qui doit contenir les observations astronomiques de Chasseral, Chaumont, Tête-de-Ran, Neuchâtel, Portalban, Lüscherz, Middes et Berra. Quant au texte qui doit rendre compte en détail de la marche des calculs, M. Rebstein désire qu’on le fasse circuler avant l’impression parmi les membres de la Commission. M. le Président ayant ouvert la discussion sur le rapport de l'ingénieur, dont M. Rebstein vient de rendre compte, M. Hirsch désire présenter quelques observations. Avant tout, 1l lui semble que, dans l'intérêt de la cause, el pour lerminer d’abord l’étude des déviations de la ver- ticale dans la région du méridien de Neuchâtel, il faudrait en premier lieu entreprendre, dans le courant de la cam- pagne actuelle, la station de Naye. Malheureusement, d’après l’explication donnée par M. Messerschmitt, cette Station n'a pas pu être exécutée en 1891, en raison de la construction du chemin de fer et du percement d’un tun- nel dans le voisinage du sommet, dont les mines auraient troublé les observations. Or, 1l résulte de renseignements reçus par M. Hirsch d’un ingénieur au courant des tra- vaux de cette ligne, que le tunnel en question, sil n’est déjà terminé, le sera dans peu de jours, que la ligne elle- même sera ouverte au mois de Juillet et que la locomo- live y circulera à paruir de fin mai pour les trains de ser- vice. Il n'existe donc, de ce côté, aucun empêchement pour commencer des travaux à la station de Naye au mois de juin ou, en tout cas, en juillet. L'expérience faite par les ingénieurs qui ont précédé M. Messerschmitt et par ce dernier lui-même prouve du reste que, sauf des cas excep- tionnels de mauvais temps continu, les stations astrono- miques n’exigent en moyenne que deux à trois semaines, de sorte que les trois stations proposées par le rapporteur pourront certainement être faites à côté de celle de Naye. : On peut être assuré de pouvoir faire, dans ces quatre slations, non seulement les observations astronomiques, mais encore les mesures de pesanteur et de magnétisme 4 terrestre, si la Commission voulait donner suite à la pro- position de M. Hirsch d’adjoindre à l'ingénieur M. le D' J. Hilfiker qui, pour des raisons de santé, à donné sa démission d’aide-astronome à l'Observatoire de Neuchâtel et qui, par ses études et sa longue expérience, est très com- pétent pour des travaux de cette nature. En conséquence, M. Hirsch propose que M. Messer- schmitt soil invité à se rendre immédiatement après la séance à Naye pour y reconnaitre l’état des lieux, soil au point de vue de la disparilion de la neige, soit à celui de l'avancement des travaux du chemin de fer. M. Lochmann appuie la proposition de M. Hirsch en confirmant ce qu’a dit ce dernier au sujet du chemin de = 2 fer; il offre de recommander M. Messerschmitt à l’ingé- nieur de la ligne, M. Laubi, qui consentira volontiers à faciliter les choses à M. Messerschmitt, comme, par exemple, pour le transport des instruments et appareils. M. Gautier fait remarquer qu'il serait utile de com- mencer les observations à la Nave avant l’ouverture de la lione au public, dont l’affluence pourrait gêner les travaux scientifiques. M. Wolf désire également qu’on termine en premier heu les recherches dans le méridien de Neuchâtel et estime aussi qu'il est possible d’achever quatre stations dans le courant de la campagne. Ce ne sera qu'après la reconnaissance faite par M. Messerschmitt qu'il sera pos- sible de juger si l’on peut commencer immédiatement par la Naye ou attendre, pour celte station, jusqu’au mois de juillet. Il remercie M. Lochmann de son offre de recom- mandation qui, sans aucun doute, sera utile pour les in- stallations dans ce point un peu difficile. Il accepte volon- üers la proposition d’uuliser les services de M. Hilfiker pour les observations de campagne aussi bien que pour les travaux de calcul. La Commission prend une décision dans ce sens, elle charge M. Messerschmitt de se rendre en reconnaissance à la Naye'; elle décide que quatre stations astronomiques seront exécutées dans celle campagne el qu’en tout cas celle de Naye y sera comprise. ‘M. Messerschmitt s'étant rendu à la Dent-de-Naye rapporte qu’il y à encore beaucoup de neige sur le sommet et même plusieurs mètres en quelques endroits, que les travaux du tunnel ne seront pas ter- minés avant le mois d'août et que M. l'ingénieur Laubi a eu l’amabi= lité de lui promettre son aide à partir de fin juillet, époque à laquelle les trains de service monteront jusqu’en haut. DER APE ER RERS FPT M'cent es { À a. TARA) (DE cet M. Hirsch, revenant au rapport de l’ingénieur, constate que, malgré les aides qu'il s’est adjoints, M. Messerschmitt n’a pas pu terminer complètement les calculs des observa- tions astronomiques, ni entreprendre la réduction des mesures de pendule. M. Messerschmalt donne des explications dont il résulte que, pour la réduction des observations astronomiques d'une station, savoir des déterminations de l’heure, des observations de distances zénithales et des passages au premier vertical ainsi que des mesures d’azimut, il a be- soin de deux cents heures de travail et, comme il a réduit l'hiver dernier, du commencement d'octobre à celui d'avril, les observations de six stations, anciennes ou nou- velles, on voit que leur ensemble comporte 1200 heures réparties sur 150 jours de travail. M. Hirsch, qui n’a jamais douté de l’assiduité de l’in- génieur, voit dans les explications qu'il vient de donner, une nouvelle preuve de luatilité qu'il y aurait à employer à ces travaux un calculateur aussi expert que M. le Dr Hil- fiker. Quant au chronomètre Dubois à enregistrement élec- trique, auquel M. Messerschmitt reproche de nouveau de trop fortes variations, M. Hirsch fait observer qu'on ne peut pas exiger d’un tel instrument qu'il conserve dans les hautes stations la même marche que celle qu'il montre à l'Observatoire de Neuchâtel, puisqu'il varie de 1 seconde environ pour une différence d'altitude de 500 mètres. Du reste ce chronomètre qui, ilest vrai, depuis sa réparation, a augmenté sensiblement sa marche d'avance, a montré pendänt les derniers six mois, à l'Observatoire de Neu- châtel, la variation diurne moyenne assez faible de + 0°15; én outre, il conserve le grand avantage de ne pas être in- fluencé par le fonctionnement du mouvement électrique, de sorte qu'il suffit largement pour les observations de latitude, d’azimut et de pendule auxquelles 1l doit servir, et les seules déterminations qui exigeraient un instrument plus parfait, savoir celles des différences de longitude, ne font plus partie du programme de la Commission. Enfin, M. Hirsch se déclare parfaitement d'accord avec le rapporteur sur la convenance d'observer le pendule dans toutes les stations, et sans vouloir s'opposer au voyage de M. Messerschmitt à Vienne, 1l n’y voit de lPuui- lité que pour initier l’ingénieur, auprès de M. de Sterneck lui-même, dans le maniement de son pendule. Quant à la détermination des constantes de cel appareil et à sa com- paraison avec le pendule à réversion de Repsold, non seu- lement M. Iirsch croit indispensable d'employer les deux apparcils dans une ou deux stations principales, mais il rappelle que l'Association géodésique a demandé l’organi- salion, au Bureau international des Poids et Mesures à Breteuil, d’une station normale de pendule où l’on pour- rait déterminer, avec la plus grande précision, les cons- tantes des différents appareils (distance des couteaux, étalonnage des échelles, dilatation, etc.). Il ne doute pas que le Comité ne donne suite très prochainement à ce projel. M. le Président ayant soumis au vote la question du voyage de l'ingénieur à Vienne, que pour sa part 1l re- commande comme utile à plusieurs points de-vue, la Com- mission y donne son approbation. Elle se déclare égale- ment d'accord avec le desideratum de faire circuler avant impression, auprès des membres, l'introduction et une des stalions qui doivent faire partie du VIe volume. MM. Lochmann et Hirsch annoncent qu’ils ont réussi à s'assurer, pour le travail du calcul de l'attraction des masses visibles sur le fil à plomb dans les régions où la Commission fait déterminer la déviation de la verticale, la collaboration précieuse de M. Léon Du Pasquier, qui s’est livré aux éludes préparatoires aussitôt que les tra- aux géologiques importants auxquels il était occupé lui en ont laissé le loisir. M. Du Pasquier a déjà déterminé entre autres les altitudes movennes des quadrilatères, dans un rayon de 15 kilomètres autour de l'Observatoire de Neuchà- tel et de 2 kilomètres autour de Chaumont et de Tête-de- Ran. Pour hâter ce travail, il ne lui manque que la nouvelle . À carte à courbes de niveau, au ==, que M. Lochmann sera en mesure de lui procurer prochainement. La carte au ne peut plus servir au delà de 15 kilomètres de Us 25000 rayon, et les cartes françaises au lageuses pour un pareil travail. Sur la proposition de M. le Président, on vote des re- merciements à M. Du Pasquier pour le dévouement désin- téressé avec lequel il a bien voulu se charger de ce travail l Re 200000 M€ sont pas avan important. M. Hirsch demande à communiquer à la Commission quelques points importants qui ont été traités et décidés dans la Conférence de la Commission permanente de lAs- sociation géodésique internationale, réunie à Florence, du 8 au 17 octobre 1891, dont les Comptes Rendus viennent de paraître. En premier lieu, 1l relève l’intéressant rapport que M. Ielmert à fait sur les résultats acquis jusqu’à présent par l'expédition des latitudes à Honolulu; il pouvait déjà alors constater un parallélisme parfait entre les mouvements de latitude observés en Europe et aux iles Hawaï, jusqu’au ES RNA mois d'août, comme on peut le voir par les quelques chif- fres provisoires suivants : Honolulu Berlin Strassburg Juin 8 11 Qi HR Juillet 45: 22006 20 0HTP ANNE Août 17 fe “037 + 0,59 D’après des nouvelles récentes que M. Hirsch à reçues, ce parallélisme s’est maintenu d’une manière très frappante jusqu’à présent, de sorte que M. le Dr Marcuse à terminé sa mission avec un plein succès et qu’il quittera Honolulu au commencement de juin. Îl est surtout remarquable que, dans le cours de l’année dernière, les variations de la lati- tude présentent de nouveau le caractère d’une périodicité simple. La Conférence générale de l’Association, qui aura lieu cette année à Bruxelles, vers la fin de septembre, s’occu- pera de l’organisation ultérieure des observations destinées à suivre cel intéressant phénomène dans un certain nombre d’observatoires convenablement choisis sur la surface du globe. Ensuite, M. Hirsch attire l'attention sur limportante étude que M. le Dr Benoît, Directeur du Bureau interna- lional des Poids et Mesures, a entreprise sur les équations des principales toises qui ont joué un grand rôle dans l’histoire de la géodésie, et qui a été lue à Florence. Il en résulte, pour ces étalons, des corrections qui établissent un accord presque parfait entre les principales mesures d'arc exécutées en Europe, de sorte qu’on a la grande satisfaction de voir ainsi réalisé un des buts scientifi- ques essentiels qui ont dicté à M. Hirsch, en 1869, la oi La _ AR Le MAN Ad, EN, ee Re 2, 7 ts Le LT RE (ae v = _ proposition de créer le Bureau international des Poids et Mesures. F0 Comme ce Mémoire est publié in extenso dans les Comptes Rendus de lPAssocialion aussi bien que dans les FR £ Travaux et Mémoires du Bureau international, M. Hirsch se borne à signaler les chiffres concernant la Toise de Bessel. Pour cet étalon célèbre, M. Benoit trouve la va ler hrs Mae: 40940061 150 É S NS œ ñ s tandis que la db bios qu'ici à 755 PPDA ARMES, 111. 4 0490948 T5 MN NEC | TR ce qui donne la correction ALTO es sl È | Gelte PHSHORS s'accorde d’une manière remarquable avec _ Le / ï “ | De ù 1 rm la valeur ee que M. le général Derrécagaix a trouvée 2 récemment par l'étude de la jonction des bases françaises révisées avec celles des pays voisins. [5 Enfin, M. Helmert, dans un rapport sur la différence de niveau des mers, ayant émis l'opinion, d'accord avec les délégués français, que, d’après les données qu'il a eues à. Fe. sa disposition, cette différence parailrait être comprise dans les limites d'incertitude des nivellements et des relè- 4 vements maréographiques, la Commission permanente à 4 décidé que cette étude serait complétée et que l’ancien À LA problème d’un niveau fondamental unique pour les alitu- 4 des de l’Europe serait finalement résolu cette année dans È la Conférence générale de Bruxelles. Ce dernier point ayant trail à la question des nivelle- 55 ments, M. le Président invite MM. Lochmann et Hirsch à 4 rendre compte des nivellements exécutés en Suisse pen- “4 dant la dernière campagne. | st à 4 Ù à 5 CASA A TRS De CRUE TA SUR ES CN, Co GAS ANSE à NIVELLEMENT DE PRÉCISION M. Lochmann résume les travaux de l’année derniére, pour lesquels il a fini par engager, comme ingénieur, M. 0. Straub. Ces travaux ont consisté essentiellement dans un nivellement simple de contrôle entre Frauenfeld et Wyl (17km), nécessité par les grosses erreurs commises par M. Durheim dans la première opération en 1890 entre Wein- felden et Werdenberg. Afin de pouvoir déduire les alti- tudes définitives pour cette section, il faudra encore rattacher à nouveau le repère NF 326 à Wyl aussi à celui de Weinfelden (NF 265). L'autre opération de 1891 était destinée à rattacher, par double nivellement, notre réseau, à partir de Delémont (NF 44) par Porrentruy, au réseau français à Delle; cette Jonction a exigé 99 jours dont on à pu utiliser 44 pour le travail, de sorte que l'ingénieur a fait en moyenne 1°"9 par Jour, soit 28,9 stations de l'instrument. La réduction des observations, exécutée par M. Straub cet hiver, a donné une assez grande différence, de 96mm, entre les deux opé- ralions aller et retour, que M. Straub parvient à réduire à 368, en tenant compte d’une variation de la mire qu’il conclut du fait qu'au commencement de la campagne 1l à trouvé, le 5 août 1891, pour la longueur de la mire If sur les repères fondamentaux de Neuchâtel . 7... .:, 1m, 1)"099498 = 0000 tandis que sa comparaison à l’étalon en fer de Berne a donné le 10 novembre . . 1m — 0, 999824 + 0,003 ce qui semblerait constituer un allongement de la mire de 0"”"326 par mètre. ec La variabilité de cette mire, d’une construction récente, semble en effet plus grande que celle des deux premières” mires construites par M. Kern. Cependant, la nouvelle com- paraison, exéculée ce printemps, le 43 avril 1892, sur les repères de Neuchälel, a de nouveau donné une valeur presque identique avec celle de Berne, savoir Am de la mire — 0969817 + 0,003 Si celle constance se maintient pour les déterminations ultérieures, il sera peut-être préférable de réduire les observations avec une valeur moyenne de toutes les déter- minalions, savoir 1m de la mire — 0.999718 + 0.064 (voir P. V. de 1891, page 26) puisqu'on n’est pas sûr de la marche qu'ont suivie les variations de la mire. Mais, même avec l'hypothèse de la marche de variation, telle que l'ingé- nieur la suppose, la différence des opérations aller et re- tour reste encore assez grande, puisqu'elle donne pour erreur kilométrique + 2""86, ce qui est trop pour un nivellement fondamental de jonction, il est vrai qu'on y avait à passer par la forte différence de niveau 48575. Quoi qu'il en soit, M. Hirsch aimerait que le résultat qui £ est provisoirement Delle (NE 338) — Delémont (NF 44) — — 57,052 fût contrôlé par un troisième cheminement à exécuter cet été ou au printemps prochain. C’est d'autant plus indiqué _ qu'il est nécessaire de pousser, du côté de Delle, notre ni- vellement au delà de notre dernier repère NF338, à Bon- court, jusqu'au premier repère français de la frontière, » $ 27) COM Hi 2 e re OV) ANRT LEE ÿ *» . TE oi Le MARÉES "Sd RAI AM TT CT OT AN ?. Lip 23 De ee | Quant au contrôle de la jonction à Morteau, que M. Straub est actuellement occupé à terminer, et qui était nécessilé par la différence trop forte entre les résultats des Français el nos anciennes valeurs, M. Hirsch vient de re- cevoir hier seulement une lettre de M. Straub, d'après laquelle la réduction provisoire pour laquelle 1l à employé la correction de la mire, trouvée ce printemps à Neuchâtel, savoir 0""183 par mètre, lui donne NES (Locle) — NF9 (Morteau) . . . —+ 149,915 landis que notre anciennne valeur était . —= + 149,941 (voir Nivellement de précision, Liv.10, p. 20) et que les Français ont trouvé. . . : + 149,897 D’après cela il paraïtrait que le repère NF8 au Locle se serait abaissé de 4m environ, depuis qu’on l’a scellé en 1863 à l'Hôtel des Postes. Si l’on réduit les nivellements de ce printemps avec la correction moyenne de la mire I, on trouve même un accord presque parfait (à 3mm prés) avec le résultat français, savoir 1497900. Toutefois, comme il ne convient pas de baser ce rattache- . ment important des deux réseaux français et suisse sur un repêre qui à subi un tassement aussi considérable, qu'on ne peut s'expliquer que par le terrain tourbeux du Locle, M. Hirsch a demandé à l’ingénieur de pousser le raccordement en arrière jusqu'au prochain repère en bronze NF7 à la Chaux-de-Fonds, (distance 5°"6) 1. ! La réduction provisoire donne, d’après une lettre de M. Straub du #4 juin : m NF> (Chaux-de-Fonds) — NF (Locle). . . — + 66,442 tandis que l’ancienne valeur était. . . . — + 66,428 et NF; Chaux-de-Fonds) — NF (Morteau) — + 216,357 tandis que l’ancienne valeur était. . . . — + 216,369 dans des écarts de + 14mm et de 8mm qui peuvent encore s’atténuer par la réduction définitive. LL, I faudra attendre la réduction définitive, pour juger si cette jonction peut être considérée comme parfaitement satisfaisante. En tout cas, 1l serait désirable de pouvoir comparer directement les mires française et suisse qui ont servi à ces opérations. L'importance de nos Jonctions avec la France est d’au- tant plus grande, qu'il est probable — quoique nullement encore certain — que la Suisse sera obligée de prendre finalement, pour le niveau de la mer auquelelle rapportera son réseau, le niveau moyen de la côte française de l’Atlan- tique. Lorsque la décision à cel égard sera intervenue cet automne dans la Conférence de Bruxelles, et que le nivel- lement général de la France sera terminé et compensé en 1893, comme on nous le fait espérer, nous pourrons publier en 1894 nos Hauteurs absolues de la Suisse, tandis que dans le second volume de notre «Nivellement de précision » que nous avons publié à la fin de 1891 en même temps que la Qme livraison, nous avons été obligés de rapporter le ca- talogue de nos altitudes à notre repère fondamental suisse, la Pierre du Niton. Passant au programme du nivellement pour la cam- pagne actuelle, M. Lochmann communique une lettre de M. Messerschmitt dans laquelle, d'accord avec M. le Directeur du Bureau central météorologique, 1l attire lat- tention sur l’importance de rattacher les principales stations météorologiques de la Suisse au réseau hypsométrique. M. Lochmann croit cependant que, comme le Département de l'Intérieur insiste beaucoup sur le nivellement de la ligne de la Broye dans le courant de cette année, il ne serait plus possible de donner suite à la demande de ces Messieurs avant l’année prochaine. M. Gautier, qui reconnaît l’importance du rattachement des stations météorologiques, demande s'il ne serait pas possible d’en rattacher du moins quelques-unes encore cette année, en renvoyant les autres à plus tard. M. Hirsch appuie cette initiative, à condition toutefois qu'on fasse d’abord tout le nécessaire pour la Jonction avec la France, à Delle aussi bien qu'à Morteau. Après discussion, la Commission décide, sur ce point, d'après la proposition du Président, que les stations mé- téorologiques ne seront rattachées au réseau hypsométrique celte année que pour autant que le permettront les autres travaux, surtout ceux qui sont encore nécessaires aux jonctions avec le réseau français. Avant de revenir aux questions budgétaires qui restent encore à fixer, M. Hirsch désire exprimer le vœu d’être déchargé des fonctions de secrétaire de la Commission, qu'il a remplies dès sa fondation, d'autant plus que le nou- veau membre que la Commission a le plaisir de compter dans son sein, M. Gautier, est parfaitement qualifié pour le remplacer avantageusement. M. Gautier ayant accepté de se charger à l’avenir du secrétariat, et M. le Président ayant insisté pour que M. Hirsch conserve encore pour cette année la rédaction du Procès-verbal, ce dernier consent à cet arrangement. M. Lochmann croit que le budget provisoirement établi l’année dernière pour l'exercice actuel n'aura à subir qu'une seule modification, savoir qu’il faut y comprendre, outre la contribution de 300 francs à l'Association géodé- sique pour l’année courante, la somme de 270 francs que la Suisse lui doit encore pour l'exercice précédent. Afin de rétablir l'équilibre, il propose de diminuer de 270 francs 2" OT TM » RUE b = le poste de 2500 fr., prévu dans le budget pour les frais de ke nivellement, de sorte que le budget rectifié pour 1892se présente sous la forme suivante : F4 BUDGET RECTIFIÉ POUR 1892. Recettes. Solde aetif de 1891 . . . . . . . Fr. 34828 Allocation fédérale pour 4892 . . . . » 15000 4 3 Dépenses. Traitement de l'ingénieur. . . . . Fr. 4000— Indemnité de logement au même . . . » 344 Frais de voyage et de bureau de l'ingénieur » Frais des stations astronomiques . . . > _ “ Frais de nivellements . . . . . . . » 92230 —." Ne Acquisition d'instruments . . . . . » 2000— DA Frais d'impression, . 44.4 140001100028 Là Séances de la Commission géodésique suisse ‘< à et de la Commission permanente inter- 14 4 nationale #6"... Unie .. .». 10002 AC: F2 Contribution annuelle à L Association géo- désique, pour 1891 et 1892 . . . . » Imprévu et diverg 2.020000 ie PRE Al Fr. 15000 — Quant au budget pour l’année 1895, RE ? M. Lochmann soumettent un projet qui a du age précédent essentiellement sur le poste : Acquisition d'ins- 3 “truments, qui DER celte fois être pe iris ® 1500 tr somme dont on augmentera celui de Frais d'impression. ss La Commission ayant consenti, le projet suivant de budget pour 1895 est accepté : BUDGET PROVISOIRE POUR 1893. Receltes. Allocation fédérale pour 1895. 72 RSR Ont Dépenses. Traitement de l'ingénieur. . . Fr. 4000 Indemnité de logement au même. » 500 Frais de voyage et de bureau de FIDÉNIENR -:: 2 Jecie 2 7 MR Frais des stations astronomiques. » 2000 A Frais de nivellements : .: .: 1:77 »":9500 Acquisition d'instruments. . . » 900 ELA IPIMPTESSION 2. / 4.3" 2 SNS Séances de la Commission suisse et de la Commission permanente itérnationale: 5% 250 ira Contribution annuelle à lAssocia- tion géodésique internationale . » 300 | imprévu et divers...) 3 + 5 0NMRRreNPONNe La séance est levée à 3 heures et demie. 4 Le Secrétaire, Le Président, à # Dr Ad. Firscx. Dr R. Worr. | us à Di Me À > té vu À 2 AE =" aléle, AU A CA ‘3 APCE F ÿCà 186668 VA nl M x #4 2 ÿ À aa 1 $ h pu " c/ 20 + ‘on \ {e bre L à as È PL | TaêNt HE EU { » à À be y N'ATà ® ” f L) Ÿ AU hi ne trs iii | L\EE ê Ë DA A UE era * ‘ 4 RU | r à é Ÿ ne ; DT PO Em de Fe \ F ï 2 ) EN ’< . | : L , | D? Ge " , re « né LS "re TR A #4 Ë UT A. , d . 6 “À J É x ‘ À À à H) 4 re PA à j rm ] De, 44 D y ve 5 ÿ $ CS R +, 20 nd 2 < Pa J - È es Le a “2 LL sil ’ à à ” ds f pe c F4 . 4, “AP400 MR PTE AO er ) à fi 2e DO he se y 4 4 Ye Fe ; ÉEL"PE ; k À FY 3 ne 4 ponts to 3 " fit PGA ni” 2 ” a \ sb: CAR “D FAR ds, 5 y ee. 4 | ( + à : ds ï à 4 Pa F2) AUS * u / L EL 27 ‘He Due DL sn ee SE £ nt a AR y Er RerE me D pd RP Loge 2 Le em } | à