/ SOCIETE DE GtOGRAPHIE. REGI-EMENT. v'^' ' . < ■ ' ■ ^-X,'- V'i SNi F.-VEBiT, IMPniMEUO , ROE nv OADRAK, ?)<> iG- ^ «>^>^^ v*^^ ^/v^^i^' REGLEMENT. TITRE PREMIER. . Objet des travaux de la Societe. Art. I. — La Sociele est instltuee pour concourir aux progres tic la Geographic ; elle fait entreprendre des Voyages dans les con- trees inconnues; elle propose et decerne des prix , etablit una cor- respondance avecles Societes savantes, les Voyageurs et les Geo- graphes; pubtlie des relations incdites ainsi que des ouvrages , et fait graver des cartes. TITRE II. Composition de ia Societe. Art. 2. — La Societe choisit dans son sein une Commission centrale. Art. 3. — Les personnes qui se sont declarees Souscripteurs, jusqu'a la nomination de la Commission centrale, forment la So- ciete de Geographic. Art. 4- — Les etrangers sont admis aux memes titres que les regnicoles. Art. 5. — -Pour etre admis, par la suite, dans la Societe , il faudra etre presente par deux membres , et re^u par la Commission centrale. Art. 6. — Chaque Membre de la Society souscrit pour une contribution annuelle de 36 francs au moins par annee , et donne en outre 25 francs, une fois payes , lorsde la remise du diplome. II est cense s'etre retire s'll ri'a pas renouvele sa souscription a I'e- poque de la derniere assemblee generale de chaque anuee ; nean- moins il peut >. 11 disait vrai, puisque chacune, ainsi qu'on la vu plus haut, a au moins quatre maris. Les gens du capitaine voulurent acheler un mouton, mais on refusa de le vendre: « Le moutoii , dirent les indigenes, nous donne de quoi nous vetir. — Et les femmes en usent la laine, je suppose .*' reprit le capitaine. — Cela est tres vrai» fut leur unique ^i) La roupie vaut environ 2 fr. 5o c de France. ( ^I ) reponse. En effet, le beau sexe est ici moins prise que le belail. bien qu'il coiite si peu a nourrir, n'ayant que les restes du repas des marii., et meme encore des restes souvent bien exigus. En outre, il est mal habille, s'il est perinis de nonimer habillement des haillons apeinesuf- fisans pour la decence, et que Ion porte sans jamais les laver ni les changer, de maniere qu'ils s'usent entiere- ment ou disparaissent par lanibeaux, a la longue, sur le corps. Mais a I'egard du pere dont il vient d'etre ques- tion, il av.iit tenu sa fdle a Tecart, et voyant qu'il ne pouvait decider le capitaine, il crut le surprendre en la lui amenant soudain. Elle rougit un peu et baissa les yeux. Eile etait tort jolie. Le capitaine s'excusa aupres d'eile de son mieux, en lui souhaitant une fiunille de quatre jeunesmontagnards pour epoux dans son propre village, et dit aJieu au pere qui voulait ainsi echanger son sang contre de lor; la jeune fiUe, bien loin de se troubler, sembla fort peu deconcerlee , et sourit en se retirant,sans meme jeter un languissant regard en arriere. A Tiillie^ le voyageur trouva les hommes une que- uouiile a la main avec un panier rempli de laine (i). Tous filaient devant leurs portes^, et meme en se depla- cant ou en portant des fardeaux , de sorte qu'ils n'etaient jamais inoccupes. Volla done, au sein de I'Himalaya, c'est a-dire a dc3 niilliers de lieues de I'anoienne Grece, et a des miiliers de siecles de celui d Hercule , des gens qui, sans avoir la moindre idee de ses exploits, tournent comme lui le fuseau, avec cette difference que, relative- ment a !a galanterie, ici quatre Hinialayens se reunissent toujours aupres dune seule Omphale, tandis que I'Her- (i) Les bergers des Pyrenees filent de m6me en gardant leurs troupeaux. ( ^2 ) cule grec etait tout seul au< genoux de la sieiine, et qu'il avait su en une niiit acooniplir un de ses plus mei- veilleux travaux. C'est a Tullie que M. Skinner retrouva la danse qui Tavait d'abord si etrangement surpris et qu'il dut par- tager avec les montagnards lorsqu'il se sentit comme eux pique par la petite guepe de IHinialaya, dont les dents lui firent des blessures extremement douloureuses. Apres avoir ainsi gambade forcement, chacun reprit ses occu- pations , niais la peau couverte de taclies noires , effets de la piqure de linsecte ambulant que M. Skinner ren- contra plusieurs fois encoi'e ailleura. INulle part il n'eut beaucoup a se louer de I'in^truc- tion, pas meme de TinteUigence des habitans de ces contrees, accoutumes a honorer les rivieres et les sour- ces, a regarder comme sacre tout phenomene naturel , a adorer une montagne parce qu'ils lui auront reconnu quelque ressemblance ou quelque analogic avec une vache, animal si venere des Indous, et a reverer lacavite d'un rocber, parce qu'ils croient y apercevoir la boucbe dece mammifere : des hommes qui pratiquent la polyan- drie ou communaute des fenunes, qui vendent leurs filles,se laissent ronger par la vermine et executent aveuglement les prescriptions de leurs pretres , les brab- mes, qui sont eux-niemes le type de la paresse et de I'i- gnorance, etaient peu propres a retenir parmi eux notre voyageur ; aussi revint-il dans les plainespour se reposer de ses longues excursions et inettre en ordre les pre- cieux materiaux qu'il avait recueillis, afin d'en composer le livre interessant dont nous venous d'esquisser rapi- dement I'analyse. Albert-Montemont. (.a3 ) Notice siir la relation originale de Marc-Pol, f'enitien, hie h Vacademie des Inscriptions le 3o novembre , et a la Societe de Geographic le y decembre suivant , par M. Pauliv Paris, employe aitx manuscrits de la Bi- hliotheque royale. On a fait siir Marc-Pol bien des conjectures dont on se seiait pent-etre abstenu, si Ton avait pu comparer tous les nianuscrits qui nous ont conserve son precieux voyage. En effet, ils saccordent tous, du nioins tous ceux dont Tautorite est grave, a nous apprendre que Marc- Pol , craignant que la tradition de ce quil avait vu ne se peidit, fit rediger tous ses souvenirs par un homuie qui se trouvait alors avec lui prisonnier des Genois, en 1 298. Voici les paroles textuelles : « Et si vos di qu'il de- inora (Marc-Pol) a ce, savoir bien xxvi ans; lequel puis, demorant en le chartre de Jene fist retraire toutes ces chouses a messire Rusta..,Pisan qui en celie meisme chai'tre estoit; au tens qu'il avoit M. CC. XGVIII ans que JesuCrist vesqui. » Ce passage aurait du servir de base a tout ce qu on a dit de la redaction de ce grand voyage. Cependant, la tradition la plus generalement adoptee est que Marc-Pol dicta sa relation a un noble Genois nomme Rustigiello, que le desir de connaitre des contrees lointaines avait amene pres de notrevoyageur et qui venait passer avec lui chaque jour plusieurs heures, afin de lui tenir coni- pagnie. L'auteur de I'excellent article de Marc-Pol, dans la Biographic universellc^ rapporte a cette occasion et da- (^4) pres les editeurs italiens, « que Marc- Pol fit venir de Venise les notes originales qu'il avait redigees pendant ses voyages et qui etaient restees entre les mains de son pere. » '^e fait nest p is appuye sur un monument au- thentique, maissurune tradition qui presente d'ailleurs peu de vaisemblance. Si Marc-Pol avail pu rediger des notes, il n'aurait pas cesse d'avoir lintention den for- mer un livre; si ces notes etaient importantes, il n'au- rait pas tant craint que le souvenir de ce qu'il avait vu se perdit et probablement il n'aurait pas eu besoin de recourir a quelque autre copiste. Avouons done que cette tradition doit son origine a linte'-et qu'avaient les Italiens de tro;iver dans Marc-Pol le seul auteur de la redaction. Jen dirai autant des motifs qui ont fait trans- former le prisonnier, coUaborateur de Marc-Po! , en un seigneur de la ville de Genes. Comment n'a-ton pas senti qu'un seigneur genois de la fin du xiii* siecle ne pouvait guere etreplus Labile en redaction et niemeen ecriture, que Marc-Pol liii-meme? Encore une fois , d'ailleurs, tous les manuscrits s'accordent a donner le passage cite, tel que je viens de le Iranscrire; il faut done sen tenir a ce passage. Mais dans quelle langue fut d abord redigee la relation de Marc-Pol :' Au premier apercu , il semble nature! de penser qu'un voyageur italien du xiii* siecle dont I'educalion litteraire avait ete negligee, n'a pu songer a publier ses relations dans une autre langue que celle de ses compa- triotes. Aussi I'opinion la plus generale se prononce-t- elle ici en faveur de la relation italienne. Mais, dans cette circonstnnce conmic dans beaucoup dautres, la plus commune opinion est loin d'etre la mieuxappuyee. L'n seul fait ladotruit completement : c'est que tous les ma- (a5 ) nuscrits de I'ancien texte italien de Marc-Pol conmiencent par declarer qu lis sont traduits dun lexte anterieur. Quel est done ce texte anterieur? Ramusio, le savant editeur dune seconde traduction italienne, a pense que Marc-Pol n'avait pas compose son livre en dialecte vulgaire. II I'aurait dicte en latin; d'apres le latin on aurait fait I'ancienne traduction ita- lienne; sur cette traduction on aurait une seconde fois traduit le voyage en latin d'ou lui-meme enfin, Ramu- sio, leretraduisait en italien. En verite, quand on consi- dered'un cote que Ramusio est un fort bon critique, de I'autre que le systeme qu'il exriose ici nest appuye sur aucune autorite, on ne peut s'enipecher de sourire des absences intellectuelles auxquelles les mcilleurs esprits sont eux-memes assujetis. Ramusio, eiU-il quelques bonnes raisons d'elever ce penible echafaudage, ;airait encore le tort d'avoir meprise des temoignages graves. Dans la preface de la plus ancienne traduction latine, telle que la donnent tous les bons manuscrits, traduction qui date de i320, on dit que plusieurs personnes desirant que le voyage de Marc-Pol fut mis a la portee de ceux qui n'ctaient pas familiarises avec les idiomcs vulgaires, avaient prie Pippinus de le traduire en latir. Voici les paroles : « Librum prudentis, honorabilis ac fidelis viri domini « Marci Pauli, de Venetiis, ab eo in 'vidgaii fideliter « editum et conscriptuni, compeilor ego Franciscus Pip- •• pinus , de Bononia, ordinis Fratrum Prsedicatorum, a « plerisque patribus et dominis meis, veridica et fideli « translatione de vulgari in latinum reducere, ut, qui am- « plius latino quam ^M/^'^«/Ydelectantureloquio, necnon » et ii qui vel propter linguarum varietatem omnimodam, « aut propter diversitatem idiomatum , proprietatem lin- ( ^6 ) » gUce akius intelligerc omnino , ant tacilius iiequeant , X aut delectaliilius legant , ^eu liberius tapiant, elc.» Le nioyen iiuiiiitenant de supposer, d"aborcl,quevingt- deux ansapres la publication du texte original et peu de teiups sans doute apres la niort de Marc Pol, Pippinus eut ignore la relation originate du celebre voyageur? Ensuite, que dans leur commune patrie on I'eut en- gage a f'aire une traduction latine dun ouvrage com- pose, peu de temps auparavant, dans cette nieme lan- gue? Ajoutez que les paroles de Pippinusj doivent d'aii- leurs nous induire a croire que le -vuliidire dont Marc- Pol s'etait servi nVtait pas le dialecte italien ; car quel Italien ne I'aurait pas tacilemenl conipris? A quel Italien serait-il venu dans I'esprit de le faire traduire en latin , afin de le mieux comprendre? Ces ditterentes observations semblent prouver assez bien que I'ouvrage de Marc- Pol ne tut originairenienl compose ni en latin, ni en italien. 11 mereste a examiner comment il a du I'etre en francais. La preference donnee par des ecrivains elrangers et surtoiit par des Italiens a la langue francaise, durant le treiiieme siecle, est loin d'etre sans exemple. C'est un Anglais , Luces de Gast , qui fit d'abord connaitre au monde le merveilleux roman de Tristan flu Leonois. Dans sa preface, il declare avoir prefere le roman de France aux autres langages, bien qu'il nc fut pas parlai- tement familiarise avec ce premier idiome. En Italic , Brunetto-Latini, conune chacun le sait, clioisit la langue trancaise pour composer son grand livn; du Tresor, parce que « la parleure en estoil plus delitahle et plus commune a toutes gens ». La Bibliollieque du roi possede encore un autre ouvrage ecrit en prose francaise par un Italien : c'est la traduction de la Clironique latine d'Aime, ( -^1 ) njoine du Mont Cassin , chronique dont Muratori a vi- vement regrette la perte. Cette traduction f'ut faite dar.s ]es piemieies annees du xiii'^ siecle, par un autre moine de la meme abbaye qui I'adressa au comte de Melitree, « pour ce qu il se delitoit plus dans cette parleure que dans nulle autre. » 11 est tres probable que durant Fespace ecoule entre ce nioine et Marc-Pol, la langue francaise, grace aux expeditions siciliennes des princes de la maison d'Aiijou, etait devenue dun usage encore plus general au-dela des monts. L'ltalie regorgeait de Francais; accoutunies aux expeditions aventureuses , nos ancetres devaient d'aii- leurs se niontrer plus avides de voyages que les Italiens, alors ecrases sous le joug de leurs haines intestines. Une circonstance curieuse ajoute a la vraiseniblance de cette conjecture : plusieurs manuscrits du voyage de Marc- Pol nous apprennent que la premiere copie en fut faite pour le fils du roi de France. Voici les paroles de celui qui nous a transmis ce fait : « Veez-ci le livre que monseigneur Tbiebault, cheva- lier, seigneur de Cepoy (que Diex absoille!) requist que il en eust la coppie a sire Marc-Pol, bourgeois et liabi- tans en la cite de Venise. Et ledit sire Marc-Pol, come tres honorable et bien accoustume en plusieurs regions et bien morigines, et iui desirans que ce qu'il avoit veil fust sceu par I'univers monde et pour Tonneur et reve- rence de tres excellent et puissant prince monseigneur Charles, fds du roy de France et comte de Valois , hailla et donna au dessus dit seigneur de Cepoy la premiere coppie de son dit livre, puis qu il leust fait. De laquelle coppie, niessire Jehan de Cepoy, son aisnez fils, apres son deces, bailla la premiere coppie de ce livre qui on- ques tu faite , puis que il fut apporte au royaume de ( 2« ) France, a son tres chier et tres redouble seigneur, inon- seiofneur de Valois^ et dopiiis en a il donne coppie a ses amis qui i'en ont requis. Et fut celle copic baillee dudit sire Marc-Pol audit seigneur de Cepoy quand il alia en Venise pour monseigneur de Valois et pour madanie I'Euipereris sa fame, vicaire general pour euix deux en toutes les parties de I'Empire de Consl;intinoble. Ce fu fait I'an de lincarnacion N. S. J. C. mil troi cent et sept, mois d'aoust. » Sur c^ passage, rar porte par M. de Sinner dans le catalogue qu'il a dresse de la bibliollieque de Berne et d'apres lautorite de IM. de Sinner lui-menie qui a desi- gne cette lecon franraise sous le noni de vcrsio gallica, Malte-Brun a cru pouvoir assurer que « le manuscrit d'ou on I'avait tire etait une traduction francaise faite en i3oy par le chevalier Theobald de Gepoy. (^Precis de la Geographic universelle, t^me i*' ). Rien n'est phis arbitraire que cftte explication. Dabord ce n'est plus Theobald de Cepoy qui, en i3o7, offre une copie de son manuscrit de Marc-Pul au conit;- dt^ Valois; c'est.lean cie Cepoy qui nenretend nullcment Vl hunrieur d'avoir change le langage de la copie donnee a son pere par Marc- Pol hii-meme. Etsi Marc-Pol on los sires de Cepoy eussent fait ou fait faire pour le roi de France une traduction, ils n'auraient pas manque den instruire leurs lecteurs ; car alors le talent de traduire etait au nonibre desplus honorables, et Ion ne pouvait guere confondre le travail du traducteur avec ceiui de copiste. Au reste, on doit soupconner qne M. de Sinner, dans son catalogue de la bibliotheque de Berne, a ete trompe par la date mentionnee a la fin de la preface de Jean de Cepoy. Le manuscrit de Berne n'a pas sans dout« ete copie en i^o■] plus qu'un autre manuscrit ( ^9) du roi, dans lequel se tiouvent rappelees la meme preface et la meme date. Mais la Bibliotheque royale possede de Marc-Pol un autre exemplaire plus precieux a certains egards.Ilrenionteaux premieres annees duxiv^ siecle et le caractere de I'ecriture, le style des initiates coloriees,la rudesse du parchemin employe , enfin le mauvais dia- lecte reman donton afaitusagejtoutal'oeilun peuexerce revele un inanuscrit co^ !e en Italic. Voila done I'un des plusanciens,le plus ancien peut-etre des manuscrits df Marc Pol, ecrit en francais dans la terre d'ltalie, a Venise sans doute. Je rcirarde ce fait comme digne d'attention. Ceux qui pourraient conserver quelques doutes sur le caractere distinctif des manuscrits italiens au xiv' f^ecle peuvent comparer au livre de Marc-Pol , n° yiSy, la traduction de Paul Diacre, n" 71-^5 ; I'his- toire de ViUeliardouiii, n° g64i,el surtout le roman de la Table ronde , n" y^44i tons ecrits egalement en Italic. On verni que je n'avance ici rien que d'incon- testable. II nu; X 'e une derniere preuve plus forte peut-etre que toutes les autres. Ge prisonnier de Genes, dont quelques-uns ont fait un seigneur genois est nomme dans les diffcrentes lecons Rusta Pi'san, Rusta Pisanus . Rustacien de Pise, Rnsticus Pisanus , Rustigiello Pisano et entiri Rnsticien de Pise. Ce dernier nom sans doute est le veritable, d'abord parce que cctix de Kusta ou Rusticiis en sont une abbreviation , ensuite parce que les plus anciens manuscrits I'ecrivent ainsi, ou bien Rustacien. Or, ce Tlusticien de Pise est un nom recommandable dans I'ancienne litterature francaise. Quelques annees auparavant, il avail compile et reuni , en les abregeant, toutes les histoires de la Table ronde , dissemines jus^ ( 3o) qu'alors dans le Snint-Granl , le Tfisfan, le Merlin, le Lancelot et le Bret. Ce grand travail nous donne de Rusticien de Pise I'idee dun homme habile dnns les secrets de la langue roniane francaise , mais d'ailleurs plus savant dans I'art d'ordonner un ouvrage que dans celui de le composer seul. Ce fut sans doute pour les Italiens qu'il avait concu I'idee d'abreger ainsi les ro- nians des chevaliers bretons , et Ton peut croire que ce fut d'apres son livre que le Dante , peu de temps apres, dans son Inferno, paria des charmes decevans de la lecture du Lancelot. En effet ces ronians etaient depuis long-temp re pandus en France, en Angleterre et nieme en Allemagne.Un nouveau travail n'etait plus necessaire au plaisir de ces peuples: aussi les exemplaires du livre de Rusticien de Pise, aujourd'hui conserves dans notre Bibliotheque royale , sont tous ecrits et enlumines par des artistes italiens. Le preambule de cette compilation merite d'etre cite. "Seigneur, emperaor et rois et princes et dues et queus et barons , cavalier , vavassor et borgiois et tous les preudomes de ce monde qui aves talent de delitier vos en romainz,ci preines ceste et le faites lire de chief en chief; si troveres toutes les grans aventures qui avindrent entre li chevaliers herrans don tens li roi Huter Pendragon , jusque au tens li roi Artus son fiz et des compains de la Table reonde. Et sachez tot voire- ment que cestuy romans fu treslaites dou livre monsei- gneur Odoard Et maistre Rusticians de Pise, liquels est imagines deseure, a compile ceste mmains. Car il entrelaisce toutes les merveilleuses novelles qu'il treuve en cest livre » (Manuscrit 7544-) Rapprochons maintenant cette preface des romans bretons de celle du Marc Pol. ( 3i ) « Seignors , eniperaor et rois , dux et marquois cueus, chevaliers et horgiois et toiites gens, se voles savoir les tieverses generacions des homes , si prene's cestui hvre et le faites Hre, et chi troveres toutes les graiKJismes mervalles et les grant diversites de la grant Harniinie et si vos di que ledit Marc Pol demoura en celles deverses parties bien vingt-six ans; lequel puis demorant en la chartre de Jene fist retraire toutes cestes chouses a messire Rustaciens de Pise qui, en celle nieisnie chartre esteit , au tens qu'il avoit mil deux cent quatrevingt-dix-huit ans que ,lesu-Cristvesqui.>. Certes , il y a une analogic singuliere entre ces deux prefaces , et remarquez que ces formules ne sont pas ordinaires anx traducteurs, compilateurs ou au- teurs des treizieme el quatorzieme siecles. On n'en trouverait peut-etre pas un second exemple. Je pourrais hasarder sur Rusticien de Pise ou Pisan une derniere conjecture. Ne serait-il pas en effel de cette famille de Pise qui , un demi-siecle plus tard , fournit a la France un savant docteur, nomme Thomas de Pise, pere dune fiUe plus illustre encore , la belle Christine de Pisan? Mais ce fait est etranger a Marc-Pol ; il me suffit ici d'avoir demontre que ce grand voyageur donna en langue francaise la premiere relation de son voyage, et que Ihomnie qui redigea ses souvenirs fut Rusticien de Pise, ecrivain digne de vivre dans les fastes de I'ancienne litterature francaise. ( 30 MOEIJRS ET CODTUMES I)ES MIISDI.MANS DE L lADE. Un ouvrage public a Londres en i832, sous le litre de Quanoun e islanit , on Contume des nmsitlmans de I' hide, et traduit de I'indoustani en anglais par M. Her- klots, presentesur les moeurs de ces peuples inoffensifs un grand nonibre de details reniplis d'interet. Nous en ottrirons quelques-uns a la curiosite de nos lecteurs. Void en quels termes I'auteur decrit un diner musul- man, soil chez le riche, soitchez un homnie du peuple : « Dans la piece detachee du lieu des repas, on etend une espece de tapis sur le sol; les convies otent leurs souliers a la porte, et saluent a I'entree en disant : « La a paix soit avec vous ! » II nest pas d'usage, il serait meme irreverencieux d'entrer les souliers aux pieds, et ce se- rait de plusun peche que de prendre des alimens lorsque Ion est encore chausse. Le niaitre de la niaison,ou toute autre personne presente, rend le salut en repondant: ■< Que la paix soit aussi avec vous ! » Si les arrivans sont des amis particuliers de I'amphitrion, ou bien des hom- mes d'un rang eleve , on demande des nouvelles de leur sante, apres quoi ils se placent pres du mur, les uns a cote des autres, les jambes croisees, et par terre, a la maniere orientale. Alors deux serviteurs auxaguetSjI'un avec un bassin a la main, I'autre avec une aiguiere, les apportent devant leurs botes, qui s'y lavent les mains, acte de proprete indispensable, puisque les doigts tien- nent ici lieu de cuillers, de couteaux et de fourcbettes. Ces deux domestiques commencent toujours par laver les mains des plus ^ges. L'ablution terminee, ils placent aussi devant leurs holes, sur le tapis, un lin<;e blanc destine a recevoir le diner que Ion sert immedialement, et qui consiste principalement en riz et pain azyme ou sans levain. Cela fait, le maitre, ou le plus age des assis- tans, invite les convives a commencer, en disant : « Je « mange au nom du dieu puissant ». Chacun des convives ayant devant lui sa portion , mastique a pleines mains, c'est-a-direde ladroite, car il leur repugnerait de manger de la main gauche. Durant le repas, deux ou trois des parens ou membres de la faniille veillent a ce qui est ne- cessaire, emplissent les coupes, dans lesquelles souvent plusieurs boivent Tun apres I'autre. Le diner fini et les plats enleves, les convives repetent haut ou a voix basse ces mots : « Louange a Dieu, ou gloire lui soit rendue!» On se lave de nouveau les mains ; niais au lieu de savon pour en oter la graisse, on emploie une espece de poudre provenant dune graine du Bengale appelee chunna. A defaut de cette poudre, on se contente d'eau pure; mais avant de se laver les mains, le pi'ophete recom- mande de se lecher les doigts, precepte que, du reste,on ne suit pas toujours. La compagnie retourne dans la piece ou elle avait ete rassemblee avant le diner, et la on se livre a la conversation , et Ion ecoute des pieces ecrites en vers indoustanis ou persans. Les ceremonies dun mariage ont lieu de la nianiere suivante : En entrant dans la maison, le futur seul est amene par riiomme qui a ete le chercher, et qui le laisse a la porte de I'habitation de la fiancee ou dans la cour exte- rieure. Alors les femmes, placant un rideau entre elle etlui, et I'une d'elles ayani apporte dans ses bras lu future a I'endroit oppose a celui ou se tient le marie, toutes remettent a celle-ci des fleurs, des sucreries et du 3 ( 34 ) riz lion bouilli, en I invitant a jeter toutcela, en trois fois, par-dessus le rideaii sur la lete du futur, lequel, de son cole, agit de nieme. Cette ceremonie ternii- nee, le marie passe dans I'appartement destine aux homnies. Vient ensuile la solennisalion du contrat de manage, apres laqueile on permet au marie de lancer a la derobee im coup-d'oeil sur les charnies de sa future, dont la beaule est couiparee a celle de la lune, et que sans doute il contenipie pour la premiere fois. A cinq ou six. heures du soir, le meme jour, une semillante houtfonne , ayant fixe une guirlande sur la tete de la niariee, met celle-ci sur ses genonx et puis I'assied sur une espece de litj ensuite, ayant place I'e- poux sur le cote oppose, le visage tourne I'un vers I'au- tre, et tenant une piece de drap rouge levee conune un rideau entre eux, la meme bouffonne , qui tient aussi le bout d'un long fil rouge, met ce fil, avec un peu de riz non bouilli , dans la main de la mariee, pour le lui I'aire jeter par-dessus le rideau de drap sur la tete de I'epoux. La soeur de ce dernier, attachant un anneau dor ou d'argent a I'extremitedu fil,et placant egalementdessus un peu de riz non bouilli, met le tout dans la main de son frere, qui le jette a son tour par-dessus le rideau a sa fiancee. Apres que Ion s'estjete, a trois reprises, du riz (le cette maniere, tandis que se chante un epitha- lame, la bouffonne invite la fiancee a ecarter le rideau. (^ela execute, elle fait asseoir les deux epoux sur le lit, mais en conservant le rideau ([ui le separe encore; en- suite elle se livre a quelques-uns des exercice« de son art. la mere ou la soeur du mari la priant de montrer le visage de la mariee a son futur epoux, elle represente que la fiancee eclipse la lune en beautd, et que s'il Ten- ( ^5 ) trevoyaJt seulemcnt, le p;uivre honinie en devlcndroil fou. Apres deux on trois heurts passees de la soile, elle met un niorceaii de sucre candi siir la tete de la niariee, en invitant le marie a le prendre par-dessus !e rideaii avee la bouche. Cela fait, elle place le meme morceaii sur les epaules, les genoux et les pieds ; niais au lieu de I'etilever, dans ce dernier cas, avec la bouche, \o, marie oftre de le faire avec la main gauche, chose entieremeni inadmissible et que la bouffonne ne permet pas non plus, quoique la mere et la soeur du marie insistent, ce qui amuse un moment la compagnie. La bouftonne ob- jecte que le marie ne pent enlever ce morceau quede la main droite, a det'aul de la bouche, et, levant le rideau, il le fait. Alors la tnouchata, c'est-a-dire la bouffonne, chante, prend la tete de la mariee, la balance trois fois en avant et en arriere, et balance de meme celle du mari ; puis, mettant un miroir entre eux., elle les invite a s'y regarder. Le marie y jette un coup-d'oeil , et apercoit les traits de sa belle, qui ose a peine ouvrir les yeux. On donne alors a boire du lait dans une coupe au marie, qui en hum;' la moitie et donne le reste ;i sa future , laquelle le boit a son tour, comme le prelude heureux dune affection mutuelle que Ion espere devoir etre durable. Pour decouvrir les voleurs, les musulmans de I'lnde ont lecours a un expedient qui prnuve Tetat encore bien peu avance de leur civilisation. lis mettent du noir de fumee au fond d'une coupe, et invitent les garcons a y placer leurs mains 1 un apres I'autre. Quel que soit i'enfant dont les mains sont ainsi fixees sur la coupe, elle conmience a se niouvoir, et la personne qui cherche le voleur, mettant de meme ses mains sur celles de I'en- fant,commande a la coupe de s'avancer vers lecoupable, 3. ( 36 ) ce quelle ne manque pas de faiie, et ce coupable est aussitot reconnu. Ceci rappelle notre baguette de coudrier, i)aguette devinatoirea laide de laquelle lespaysans de la Lorraine decouvrent, on du nioins tentent de decouvrir les sources cachees dans les profondeurs d'un terrein oii ils soupconnent qu'il en existe. Albert-Montemont» ( 37) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. TABLEAU GENERAL (lu coTumerce (Ic la Fratice auec ses colonies et les puissances etrangeres , pendant I'annee i83i. L'administration des douanes francaises vient de pu- blier tout recemment cet important tableau, qui, inde- pendamment des documens renfernies dans ceux des annees 1829 et i83o, comprend : 1'' un etat de deve- loppement, par pays de provenance, des marchandises de toute nature importees pour la consommatiim du royaume 5 2' un; etat de developpement, par pays de destination, des marchandises nationales exportees; S^un resume du mouvement et de la situation des entrepots; 4° un etat de developpement relatif aux entrepots. II remplace celui compris, dans les tableaux des annees precedentes, sous le litre d etat de situation des entre- pots. Des ameliorations de detail offrant de I'interet se font egalement remarquer dans les etats de commerce de i83i ; des changemens ont ete introduits dans la no- menclature des puissances, des contrees dont les rela- tions directes de commerce avec la France, sont relevees et constatees separement par la douane. Ainsi il a paru utile de distinguer, sous le rapport des faits de com- ( 38 ) iiierce, la Suede tie la Norwege, afin de pouvoir appre- cier, sans les confondre, la nature et I'importance de nos echanges avec chacune de ces deux parties du nieme royaunie. La Belgique s'etant constituee en royaume independaut , il etait indispensable de faire ressorlir, dans les etats d'iinportation et d'exportation, la separa- tion definitive qui s'est operee en Ire elle et la Hollande. Jl en a ete de nieme a I'egard de la Grece et de la Tur- quie, qui sont I'objet de deux cliapitres distincts. Une distinction devait etre faite entie les coniptoirs de la cote d'Afrique et les etats Barbaresques, y compris Ma- roc, et Alger a ete tire hors de iiefne. Enfin on a cesse de presenter ensemble les faits de conimerre qu'embras- sent nos relations a\cc la Chine et la Cochincliiiie, et Ion a etabli des subdivisions des puissances pour les di- versesrepubliques quisesont successivenientconstituees dans lAmerique du Sud. Ce recueil d'archives comnierciales , de format grand in-4' de 35i pages, contient: i" un etat sommaire indi- quant le montant en valeurs des importations et expor- talions; r>" un table;iu recapilitlatif du inouvement du commerce et de la navigation, 3' deux etats de develop- pemens, I'un des nxavvU.indises nrrivees et de celles in/ses en consonimntion, avec 1 indication des quantites, va- leurs, mode de transport et droits percus j I'autre, des marchandises de Innte origine , et separement de celles fiationnies , exportees , avec les niemes indications des quantites, valeurs, mode de transport et montant des droits; 4" un tableau des exportations elYectuees avec jouissance de primes; 5" un resume en valeurs du com- merce de la France avec chaque puissance separement; 6" un etat de situation des entrepots; 7" un tableau pre- sentant la lecapitulalion des mouvemens de la navigation (39 ) dans DOS ports; 8° deux etats c!e developpenient de ces memes mouvemens ,le premier par direction des douanes, et le second par puissances ; 9° enfin quatre tableaux re- latifs a la peche de la morue. Le tableau ci-apres est la recapitulation des resultats du commerce de la France avec ses colonies et les puissances etrangeres pendant I'annee i83i. IMPORTATIO IMPORTATIONS. Matii-res neressaires a I'in- dustrie Objets dc faaturels . roiisom- < mation [ fabriques Total en I I marchandises numeraire. . , Total des valeurs impor- tces COMMERCE GENERAL. MARCHANDISES AARIVEES par mcr. 137,097,715 17,629,724 333,920,373 183,295,064 517,215,437 par tcrre. 105,800,603 18,172,047 54,952,528 178,905,178 40,134,005 219,039,183 Total. 284,797,557 155,269,762 72,562,252 512,825,551 225,429,069 COMMERCE CENKR MARCHAKDISKS MISES CONSOMMATION. Valeurs. 229,797,889 120,245,270 24,145,380 374,188,539 220,685,405 756,254,620 594,873,944 Droit perru 30,850 56,637. 4,306 91, ''tl 91,823 N. COMMERCE GENKRAI ENTREE NOMBRE DES BATIMENS. DK TONNAGE. MARCHANKISES ARRIVEES TAR .M NAVIRES. des colonies dc Total francaiscs. I'etrangcr. tutllllMUl. / francais 5,575 533,216 72,620,445 131,003,439 205,e'J.i4 '^ \ 1 porlant pavilion a: ) , \ clu nays d'ou > ''•(".!-' ,|sv'™...nl. . P. 1 ""'"'■ 1 \utres pavil- l Ions 3,382 566,855 ■• 107,135,768 107,1 ,-.51 569 94,359 U 23,160,721 23,1i'i) Total dcs navire^ ct du 7,326 794,410 ,, •K „ 72,620,145 a61,299,928 555,920.3 ■iiiHHi \ Valour drs marcbandiscs / Soiuincs pajrcs pour pii exporti'cs avcc jonissanrc dc primes. 84,21 8,244 « uics 16,308,970'; EXPORT ATIONS, EXPORTATIONS. duits naturels . . . ets manufactures. . . I marcliandises . ( numeraire ■ . . Ai. des valeurs expor- es. COMMERCE GENERAL. MARCHANDISES FRANCAISES ET ETRAN- OF.RES EXrORTEES. par 178,461,399 275,766,551 454,227,950 16,529,078 470,757,028 par terre. 46,987,670 116,954,291 163,941,961 11,137,115 175,079,076 Total. 225,449,069 392,720,842 618,169,911 27,666,193 645,836,104 COMMERCE SPECIAL. MARCHANDISES FRAN- CAISES EXrORTEES. Valeurs. 118,187,097 357,387,384 455,574,481 28,628,273 484,202,754 Droits pcrcus. 849,892 320,958 1,170,830 9,963 1,180,795 TION. SORTIE DES IIATIMENS. francais /portant pavil- , I Ion du iiavs etran-/ ... ' - < ou lis vont. . ° ' 1 Autres pavil- \ Ions IL des navircs et du unage NOMBRE 3,671 5,408 832 7,911 TONNAGE. COMMERCE GENERAL. MARCHANDISE.S FRANCAISES ET ETRAN- (JERES EXPORTEES PAR MER I pour les colonies; „,^ „ . letraneer. irancaises. tonneaux. 326,253 269,717 93,264 689,234 33,806,615 157,391,842 I 251,480,963 31,548,530 Total. 191,198,457 231,480,963 31,548,530 I 33,806,6151420,421,335 454,227,950 C Valeurs en entrep6t au 31 dcceral)re 1830 134,380,470 fr.. lEf6ts. n Valeurs cutrccs d.nns les cutrei)ots pendant 1831 .... 341,139,223 ' Valeurs en entrepot au 31 deceinliic 1851 101,357,907 ( 42 ) La serie de docuniens que conticnt ve recueil est la plus complete qua aucune epoque, el dans aucun pays, on ait publie sur une seinblable matiere. La France n'a rien a envier, sous ce rapport, a aucune puissance. En Angleterre meme, anx Etats-Unis, la ou les etats de com- merce sont dresses avec le plus de soin qu'ailleurs, ils n'ont point atteint cependant ni les memes resultats ni le meme degre d'interet que chez nous. On est loin, en etf'ct, d'y trouver des indications aussi nombreuses et aussi developpees, des rapprochemcns aussi varies et des faits aussi exacts que ceux que presentent les etats de commerce publics par I'administration francaise. Aussi, a plusieurs reprises, et recemment encore, on est venu etudier pres d'elle la maniere dont se constatent, se re- levent, se reunissent et se coordonnent les elemens ne- cessaires pour la formation de ces etats. Cette publica- tion, qui offre un interet incontestable, sera accueillie avec d'autant plus de faveur, qu'on y trouvera des in- formations ([u'on chercherait vainement a se procurer ailleurs, et dont la connaissance, generalement utile, scraparticulierement tres precieuse pour toute personne qui se livre a des entreprises industrielles ou a des ope- rations et speculations commercials dont les chances de succes ont besoin d'etre connues et calculees. Sueur-Merlin. ( 43 ) Exploration des cotes et rivieres de la Floride orientate, depiiis 3o millcs au sud du cap Romain , jusqn'a Charlotte Harbour, oic rade de Charlotte , aiix frais d'une societe de New-York^ et dans des viies de colo- nisation. Cette expedilion, qui dura depuis le mois de juin jus- qu'iiunioisd'octobre i832, i'uteiitrepiiseparneutperson- ues , toutes adonnees aux sciences , qui s'embarquerent a Lord du sloop F dissociate , capitaine Bunce. Voici une courte analyse du recit qua donne le docteur Stiobel, I'uu de ces messieurs. " Apies avoir explore la cote, nous i-econnumes deux rivieres considerables. L'urie, appelee le Sinebal , tut remontee jusqua une distanctt«de 80 niilles de la mer, dont 60 uiilles nous parurent pouvoir etre navigables pour des cbaloupes ou des bateaux a va[)eur. Les deux rives s'elevent perpendiculairv nuint a une hauteur qui varie de quatre a douze pieds au-dessus de I'eau , dont la prot'ondeur est partout la meme, a pariir de I'embou- chure, et qui presente pen d obstacles a la navigation. Le long des bords , on decouvre des bouquets de bois de chene et de pin , entrecoupant de vasles prairies. " L'autre riviere, nomniee Mayaco et aussi le Carlos, situee a la distance de 18 niilles de la precedente, tut aussi exploree jusqua yo niilles, consideres comme en- tierenient navigables. Le courant est vif et rapide , et dans plusieurs endroils, jusqua 5o niilles de I'embou- chure, Teau a pres de (|uinze pieds de profondeur. Sur ses bords sont des terreins tres propres a la culture, entrecoupes ile touttes de pins, de chenes et de cypres. « L lie Sinelml, qu'on a cboisie pour letablissenient (44 ) d'une ville, est situee a quelques tnilles de leniboudiure de la riviere du ineme nom, et elevee d'environ huit pieds au-dessus du niveau des liautes eaux : ce qui I'ex- pose, dans toutes les directions, aux brises de terre et de nier. On y trouve de lean fraiche a trois pieds en contre-bas du sol, et la pointe occidentale est arrosee par une source vive : le terrein y est tres favorable a 1 horticulture. L'lle est presque entierement entouree par une greve revetue d'une belle couche de sable blanc , melee avec de jolis coquillages. « Le cliniat du pays parcouru par les deux ri- vieres Sinebal et Mayaco, est tres doux, le thernio- metre selevant rarement au-dessus de 8^" Farenheit (29° 44' centigrade; 28° 55' Reaumur) en ete, el ne tomhant guere au-dessous de 60° (i5" 55 centigrade; 12° 44 Reaumur) en h'ver. Les gens de Texpedition , occupes a leur entreprise depuis le mois de juiii jusqu'a celui d'octobre, epoque de I'annee la plus chaude ou la plus malsaine, et presque toujours exposes a lair dans des chaloupes decouvertes, ne ressentirent aucune indisposition. Les pecheurs espagnols qui ont vecu pen- dant vingt ou trente ans a cette partie dela Floride, ap- pelee Floridn keys ^ (lies de Martyrs ) , disent que la fievre y est inconnue. " La portion de continent qui a ete exploree, abonde en daims , dindons sauvages, etc. Un des passagers tua d'un coup de feu iineespece d'ibis (^tantalus) (peut-etre I'ibis des- bois), ayant pres de cinq pieds de hnut. La spatule (^platalen-ajaja)^ (en anglais roseate spoon bill); \e Haimngo (^plicpnicoptenis /7/i?>e/);les perroquets frcquen- tent cette con tree. Les eaux abondent en huitreset clams {yeniis merce/iaria), et on toutes sorles de poissons. On trouve aussi sur la cote differentes cspeces de tortues. ( 45 ) <• On pense quele sol de cette region sera favoiahle a la culture du colon, du tabac et de la canne a sucre. On y a vu des cocotiers et des bananiers de belle qualite; on a decouvert aussi, sur les bords de la riviere Sinebal , une espece de coton indigene, et de grosses grappes dun tres bon raisin blanc. » W. Exploration des sources du Mississipi , par M. Henri Schoolcraft, agent pour les affaires des Indiens. Les journaux americains ont rendu compte de ce voyage de la maniere suivante : « Partie de Textremite du lac superieur, I'expedition se dirigea , par la route de Saint-Louis et le portage de Sewanne, vers les sources du Mississipi. Les eaux etaient tres favorables pour la navigation , etant si elevees , qu'on put traverser en canot de vastes prairies , qui, lors de I'expedition de i8ao, etaient coupees dune mul- titude de chenals et de ruisseaux sinueux : cette circon- stance abregea le voyage de quelques jours. Le lo juillet, on arriva au lac du Cedre rouge, ou lac Cass (i), sur les bords duquel la principale force de la caravane , y compris un detachement d'infanterie, resta campe. Le reste se procura des guides indiens et des canots de la plus petite dimension possible , et tels qu'ils ne pouvaient contenir, outre les deux hommes necessaires a la ma- noeuvre, qu'une seule personne avec son lit. On s'avanca ainsi jusque dans un canal (formant par fois des lacs) a a la distance de cinquante milles , ou sont les derniers affluens du Mississipi. Le guide conduisit Texpedition (i) Dunom de M. Cass, gouvemeur du territoire de Michigan. ( 46) jusqn'a I extreniite du bras le plus a yaucbe ou a loiiest, a travers plusieurs lacs et un ruisseau diiiiiiuiaiit gra- duellenieiit jusqu a la source de ce bras, qui est le lac Usawa. De la , apics avoir cotoye un portage d environ 6 niilies, vers le noid , on arrive au lac de la Biche, qui est la veritable source du bras le plus considerable ou le plus au nord-ouest du Mississipi. Ce lac presente une belle nappe d'cau liuipido, de forme irreguliere, et d'a- peu-pres 7 niilles de long. On lui donna le nom de lac Itasca^ comme diminutif de I'expressinn Veritas caput. Oti aborda aussi dans I'lle qui s'y trouvc, et on y laissa arbore le drapeau ainericain. En redescendant, le ruis- seau elait trcs rapide , tantut coniprime et etroit, tantot s'elargissant dans les savanes. On estinia la distance, pour revenir jusqu'an lac Cass , a environ 180 luilles. Au reste, les points et les distances ont ete soigneuse- ment releves, et une carte , a laquelle on travaille en ce moment , les determinora dune maniere precise, Du lac Cass, I'expedition traversa une grande quantite f\e portages et de lacs jusqu'a celui de Leecb, et de ce dernier, par un trajet semblable , elle arriva a la source de la riviere du Corbeau, quelle suivit jusqu'a sa jonc- tion avec le Mississipi, a environ 240 milles au-dessus des chutes de Saint-Antoine. Elle touclia a Saint-Peters la derniere semaine de juillet (iSSa) , et rentra dans le lac superieur par les rivieres Sainte-Croix et IJroule. W. ANTIQUITES MEXICAINES. Tous les amateurs des beautes de I'antiquite liront /avec plaisir et interet le paragraphe suivant, extrait du (47) ■ rapport de M. Salaman, secretaire d'etat, adresse au congres general du Mexique. ( Louisiana Advertiser.) « On n'a pas pris assez de peine pour decouvrir les anciens monuniens des diffeiens peuples qui ont habite notre continent, et dont I'existence se trouve perdue dans la nuit des temps. En sadonnant a cette recherche avec un peu de soin, on pourra arriver a la decouverte de grandes verites historiques, qui servirjient a former une idee correcte des premiers peuples qui ont habite I'Amerique, et ameneraient a conclusion cette question interessante d'antiquite. Sous ce point de vue, tous les details qui ont ete publies sur les mines de Palenque ont attire I'attention de tous les antiquaires europeens. Negliger de prendre part a ces recherches serait impri- mer une tache a notre reputation. Le gouvernement, en consequence, desireux d'y contribuer, a forme le projet dun voyage scientifique dont le but serait d examiner tous les monumens del'antiquite dansl'etat d Oajaca et a Palenque, et den faire des dessins; et pour arriver a ce but, il a propose une souscription sur laquelle on voit figurer les noms des gouverneurs des divers etats, ceux de plusieurs eveques,et d'autres individus. Ce voyage enrichira le museum du Mexique de quantite de monu- mens orlginaux lorsqu'ils pourronl etre transportes, et de copies en platre de ceux qu'on ne pourra pas trans- porter. Comme I'expedition projetee est , sous tous les rapports, fort importante, il sera ne'cessaire, pour en retirer quelque fruit, qu'on affecte a ses besoins une somme convenable. ■» RCINES DE PALENQUE. Extrnit (Vune lettre dc M. Corroy, en (late, de Tabasco. On ne peut travailler a I'exploration lies mines tie Palenque que pendant quatre mois tout au plus, a cause des mauvais temps, des tempetes, vents de nord , etc., et encore fautil conibattre les serpens, de tres grandes chauves-souris, des tigres, et peut-etre les lacandons, qu'on dit anthropophages. Les habitans du lieu sent jaloux et niefians ; niais il est facile de faire une simple promenade aux mines de Casas de Piedra (Palenque). Je possede une histoire manuscrite du lieu qui traite de ruines semblables, situees a deux lieues de la fron- tiere de Tabasco et a quatorze milles de Palenque, dans un endroit nomme los Cerillos,a\ec divers edifices. J'ai I'intention d'aller les visiter, et de continuer ensuite jusqu'a Palenque, ou je resterai quelque temps pour faire mes recherches. Un de mes amis de Tabasco vient de ni'annoncer que pres de son habitation ( a quatrevingt-dix lieues decette ville) il existe un souterrain au pied dune tres haute montagne; qu'on y voit des figures assises aupres dune tres belle table de pierre, avec des crocodiles et differens sujets curieux de figures colossales sur les murs, avec des inscriptions au bas. Lui-meme est descendu dans le souterrain. Une deuxieme lettre de M. Corroy neveu , en date de Tabasco (4 aout), annonce que son oncle etait a Pa- lenque, ainsi que M.Waldeck, depuis trois mois; qu'on attendait les resullats de leurs excursions. (49) L'cxpedition de M. Waldeck est aidee pecuniairement par trente ou quarante etrangers francais et autres per- sonnes de Mexico. {Communique par M. Jomard.) Extrait d'une lettre ^e Jean-Frederic Waldeck, com- missionne de V expedition des recherches aux ruines de Tancicniie 'ville de Paletique^ a M. Jomard. Ruines de Palenque , 28 aout 18 32. Monsieur, Je n'ai pas I'honneur d'etre connu de voiis • je ne suis pas Fraiicais , et j'espere que vous aurez la bonte de n'etre pas rigoureux sur ma raaniere d'ecrire. Depuis le couronnement de Napoleon je n'ai pas revu Paris , et ies <;onnaissances que j'y avais ont sans doute deja paye le tribut d'usage a la nature , puisque nioi-nieme je suis vieux, et que mes amis I'etaient plus que nioi. Depuis cette epoque, mon gout naturel me fit parcourir diffe- rens pays. Je fus en partie la cause, a Londres, de la publication de I'ouvrage tres inconiplet de Del Rio : il fut apporte d'Amerique, en 1822, par le docteurMac Quy, qui me le montra ; il le vendit a H, Berthoud , libraire, el je fus charge den faire ies planches , connne vous pourrez le voir au bas de la plupart, marquees de J. F. \^ ., et une entre autres qui porte mon nom en entier. Depuis le moment que je vis Ies dessins a la plume de cet ou- vrage, je doutai qu'ils fussent fideles, et j'ai nouiri le secret desir de voir et de dessiner moi-nieme ies oriei- naux. L'occasion sen nresenta en iSaS, ou, enea^e coni:iie ingenieuv hydraulique et second mineur de la conipagnif angluise ile I'alpuliagua au JVIexique , je par- lis pour ve pays. Je qiiiltai nion einploi au bout dun an, sacliant les mines niauvaises, et je partis pour la capitale oii je me ilediai entierement a I'etude des antiquites azleques. J'ai deja fini un ouvrage sur Ihistoiie antienne de I'Anahuac, dans lequel je donne I'explicalion de dix- huit rodex sur mille qui font partie dema collection. Le nombre des planches pent ^ller a trois cents. l,e prince de W urt«'niberg Ics vit ;i son passage a Mexico. Je ne desirais pas quitter lAnierique sans en empor- ter des dessins exacts des mines de Palenque. Mon ou- vrage connu de ce qu'il y a de curieux et d'homnies in- struits a Mexico, la protection des connaissances et amis,quiavaient supporte mon entreprise de leur bourse, me lirent la moitie des fonds necessaires pour mettre mon projet a execution, comptant que le surplus des souscriptions ne manquerah pas d'etre complete silot mon arrivee aux mines. Je partis accompagne de qualre personnes , plus pour ma defense que pour liitilit*! dont ils pouvaient etre (les sauvages Lacandons, disait-on , etuient a rcdouter). Mais comme je ne pouvais guere etre suivi que par des aventuriers, mcapables de vivre a Mexico de leur travail, je fus oblige de les chasser I'un apresl'autre, sentant qu'ilsme devenaient plus nuisibles qu'u tiles. Enfin jjesuisreste seul sur les debris du siege d'un grand peuple inconnu Je crois pouvoir aussi aller a Coban , qui est a quatre cents lieues d'ici, dans le Guatemala. J'ai eu le plaisir de rencontrer ici M. Fran- cois Clorroy. II m'a prete quelques terres cuites tresin- teressantes, que j'ai deja dessinees et decrites. J ai vu entre ses mains une letlre de vous dans laqnelle vous Ini faites des questions... ( 5i ) M. Rugendas, mon oompatriote , voyage clans Ic Mexique, et je crois qu'il se prepare a passer en Califoi- nie, ou je I'ai beaucoup engage a ailer, vu sa jeunesse et sa forte constitution. Les montagnes de Palenque sont inepuisables en richesses zoologiques el botani- ques. J'ai compte quatorze especes de lepidopleres que j'ai vus ici pour la premiere fois. Les sauriens sont aussi fort curieux, mais les ophitiiens bien plus encore. J en ai deja recueilli quelques-ims, dont j'ai eu soin d indi- quer les couleurs et compter les plaques gulaires, ven- trales et caudales ; i!s sont presque tous a crochets. J'ai ternune le plan de rattachenient des edifices qui font parlie du grand palais. On naconnu que quatorze edifices; j'en ai deja dessine et mesure dix-huit; les plans, les coupes et les elevations seront d'nn jnteret majeurs. Je ne fais que tres pen de vues pitioresques. Je ni'attache a la sculpture, aux hieroglyphes , idoles et costumes du pays; surtout aux profils vivans, par com- paraison de Tangle facial. Quant aux vocabulaires des differens idiomes, il est difficile de parvenir a en faire Tin bon. La langue niaya , qui etait parlee ii y a dix ans, est a present inintelligible. Je ne peux nie faire entendre en parlant el prononcant les mots d'apres le lexicon de Pedro Behran ; c'est une langue nouvellequi chaneera encore dans dix autres annees. Agreez, etc. Signc, J. F. Wat-deck. Groupe CoveU. Nous avons reniarque a la fin du n lo du ISautical Magazine la note suivante : 4. ( 5p. ) " {Novell Group. Le capitaine Hii-am Covcll, de la barque Alliance ^ de Newport, qui vient d'arriver de I'oceau pa- cifique, nous a pries dannoncer que le ^ niai i8iii, par 4" 3o' latitude nord et 168" 4o' longitude est, il a de- couvert un groupe de quatorze lies , qui n'etaient pla- cees sur aucune carte. Elles etaient bien peuplees , et les naturels parlaient espagnol. II les nomma groupe Co- vell. » New Beilfort Gazette, Tandis que nous traversions I'archipel des Carolines snr la corvette la Coquilie, le 3o mai 1824, nous tunes la rencontre du navire baleinier americain le Boston., ca- pitaine George Joy. II nous raconta que cinq jours au- paravant , apres avoir pris connaissance de I ocean, il avail decouvert huit petites lies basses, situees sur un recif de trente milles de circonference. II avait fixe la po- sition de ce groupe par 4° 4^' latitude nord et i65° 5o' a lest de Paris ( 168" 10' longitude est de Green- wich). M. Duperrey a figure ce groupe sur la carte des Carolines, qui fait partie de son atlas, sous le nom de lies Boston. Le peu de difference qui existe en ire les positions en latitude et en longitude des deux grnupes et I'etendue qu'il doivent occuper, ne perniettent guere de douter que les lies Boston decouvertes, en i8a4? P^i" le capi- taine Joy, ne soient identiques avec les ilesvuesen i83i par son conipatriote Covell. La deposition decc dernier a done le merite deconfirmer I'existence desiles Boston. Quant au fait avance par le capitaine Covell , que les habitans parlaient espagnol, nous avouerons qu'il nous para it si extraordinaire, si invraiseinblable, qu'il merite d etre prouve d une maniere positive. Nous cioyoiis de- voir reclanier de M. Covell des renseignemens plus de- tailles sur cette assertion , et appeler sur le fait lui-meme ( 53 ) toute rattention des navigateurs deslines , par la suite, a. passer pres des lies Boston. J. dUrville. Histoire du Japon^ par M. Siebold. Aucune contree de I'Asle n'est inoins conniie en Eu- rope que leJapon.Les ouvrages deKrempferet deTliun- berg sent presque les seqls que Ton puisse nientionner, connne offrant une description exacte de oe pays mys- terieux. De nos jours une nouvelle route a ete ouverte a I'his- toire du Japon. Le docteur Siebold qui y a reside long- temps, est beureusement revenu en Europe avec de ri- ches collections en tout genre qu'il est sur le point de publier sous le litre d'ar-c/ufes de Niponou Description du Japon et des contrees adjacentes , surtout d'lezo, des lies Kuriles du sud , de Karafto (I'lle de Tarrakai ini- proprement appelee Saklialien), de Rouroe ou Coree, et de Liou-Kiou ou LouChou; archives composees d'a- pres les livres Japonais ou europcens et d'apres les ob- servations reciieillies par I'auteur lui-meme. Cetouvrage, ecrit en aliemand , et qui contiendra des niemoires , extraiiset coninientaires d'observations sur les lies precite'es, sera distribue en chapitres, qui renfer- nieront les matieies suivantes : 1° La geographic matheniatique, avec un atlas con- tenant des cartes geographiques, hydrographiques et geologiques; des plans de vilies, des vues et des tables synoptiques; 2° Une description des habitans du Japon, de leurs moeurs ' tre majeste Ihomniage de ses vocux, de sa reconnais- « sanceet de son respect. Honoree de I'appui de votre « majeste, elle revere aussi dans son auguste prolec- « teiir le geograplie eclaire,le voyageurillustre qui apres « avoir cherche de gloiieux peiils, dans la ineniecontrce .' 5() ^ « ou ses lils viennent de suivre un si noble exemple, par- « couriit les regions les plus renoinmees tie luri et de « I'autre hemisphere, s'attacha pai liculieienient aux pays " on la natui-e etait plus grande, oii les nioeurs etaienl « plus simples, ou la dignite d homme etait mieux ap- " preciee , et laissa partout les plus honorables souvenirs « de sa presence. " Nous osons esperer, sire, (jue votre majeste aura " toujours quelque predilection pour des etudes el des '< recherches qui I'avaient occupee specialement. Les n paisibles conquetes de la j^'eographie et des sciences « qui I'acconipagnent deviennent encore plus digues de '< la haute protection et des bienveillans encouragemens « de votre majeste, puisqu'elles contribnent aux progres « de la civilisation, agrandissent le monde par leurs de- « couvertes, et repandent un uouveau lustre sur les re- « gnes qui les favorisent. » Le roi a recu avec bonte Ihoinmage de !a Societe de Geograpliie, et nous avons retenu, de la reponse de sa suajeste, les paroles suivantes : « Croyez, messieurs, que je prends un vit interet a la « science que vous cultivez : je me souviens avec plaisir 0 que j'al moi-meme enseigne la geographic. Le zele qui « vous anime m'est bien connu; j'apprecie vos utiles « travaux , et vous pouvez compter sur mon appui. Je « remercle la Societe de Geographic des voeux quelle « m'adresse, et je suis parliculieremeut louche de la ■' manicre dont vous veiu'z de nu; les exprimer. » ( 57 } rROCES-VERBAUX DKS SEANCES. Seance (hi ^Janvier i832. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopttf. Apres cette lecture M. Daussy demande si , confoi- mement a I'invitation que lui a faite M. le president, a la derniere se'ance , M. Douville a depose aux archives les observations originales de son voyage au Congo. M. le president repond qu'aucune communication n'a ete faite de la part de M. Douville. M. Fontanier, ancien vice-consul de France a Ti'ebi- sonde, ecrit de Marseille qu'il a recu a Constantinople le diplome, la lettre d'admission et les bulletins adres- ses par la Societe a S. A. le prince Malek Kassem-Mirza ; il a remis ces differentes pieces au charge d'affaires de Perse pres la Sublime Porte, lequel les fera parvenir a leur destination. M. D'Avezac, au nom de la section de comptabilite , presente le budget des receltes et des depenses de la So- ciete pour I'exereice i832-i833. Sur Tobservation de M. CorabcEuf, ce budget est depose sur le bureau pour etre discute dans la prochaine seance. Le menie membre rappelle que dans la seance du i*^' juin 1 832, il soumit a la Commission centralela pro- position d'ouvrir des relations avec les societes ireoiira- * on phiques etrangeres, notamment avec celle de Londres, et que cette proposition fut alors ajournee. II la repro- duit aujouidhui en ces termes : La Societe de Geogra- graphie de Paris enverra a la Societe royale de Geogia- phie de Londres, de mejne qua celle de Berlin, unc ( 58 ) collection ties trois volumes impiimes de ses Meiiioires et des dix-huit volumes de son Bulletin , dans le hut d'a- merier un echange de conununications geograpliiques dont la science tirera un veritable profit. Le developpement et la discussion de cette proposi- tion sont renvoyes a la procliaine seance. La Commission centrale passe a la discussion de la proposition faite par M. Ic commandant d'Urville dans la seance du 21 decembre, relativement au prix annuel pour la decouverte la plus importante en geographic. M. Jomard pense que Ton ne peutaujourd'hui prendre une decision definitive a ce sujet , et il demande que la Com- mission centrale propose a la Societe dans sa procliaine assemhlee generale : i* que I'examen des decouvertes effectuees dans le cours de Ian i83i sera renvoye a Tan 1834, et toujours ainsi d'annee en annee, apres trois ans revolus ; 2° qu'une commission speciale soit nommee afin de foire un rapport a cet egard , et de nio- tiver celte resolution; 3" que I'examen des voyages et de relations de decouvertes soit fixe a la premiere seance de Janvier de chaque annee. M. D'Avezac propose d'imposer pour I'admission au concours ouvert chaque annee a ce sujet, la condition expresse que Ics decouvertes geograpliiques sur les- quelles la (^ommissiui: centrale prononce son jugcnient, aient ete publiees dans I'annee precedente au plus tard ou que les docuniens manuscrits qui les constatent aient ete deposes, dans le meme delai , au bureau de la Societe. M. d'L^rville se rallie a la proposition de M. Jomard , el apres une nouvelle discussion a laquelle prennent part MM. Eyries, Alberl-Montemont, Isamhert, etc., la Commission centrale adopte en principe le terine dc (59) trois aiis et decide qu'il sera noinme une Commission speciale pour presenter iin rapport a une des prochaines seances; ce rapport sera communique a la premiere as- semblee generale. M. le president designe pour composer cette commis- sion MM. d'Urville, Jomard et Eyries. M. d'Urville fait une nouvelle proposition ayant pour but de consacrer une partie des fonds disponibles du budget a la traduction francaise de la Relation du royaume d' Angola, dont la Commission centrale a vote I'insertion, en langue portugaise, dans le Recueil des Memoires. Cette proposition a ete prise en consideration pour etro discutee aprcs le vote du budget. M. le president rend compte du bienveillant accueil fait par le roi a la deputation de la Societe qui a eu I'honneur de lui presenter ses bommages le i^'^ Janvier. Le discours adresse au roi et ce que la deputation a pu retenir de la reponse de sa majeste seront inseres au Bulletin. (Voy. page 55) Seance du i% jatwier. Le proces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. Dueler adresse ses remercimens a la Societe qui vient de I'admettre au nombre de ses membres. M. Van Wyk Rcelandzsoon annonce qu'il s'occnpe d'une nouvelle edition plus complete, du bel ouvrage de Valentin, sur les Indes Orientales, et qu'il s'empies- sera den faire bommage a la Societe. M. Vander Maelen , envoie la suite des cartes publiees a I'etablissement geograpbique qu il a fonde a Bruxelles. (6o) MM. les dircrteurs de VEnrope littemire adresscnl le prospectus confidentiel destine a faire connaitrc la pra- chaiiic publication de cette eiitreprise. lis expriinent en menie temps le desir d'etablir avec la Societe des rela- tions dc contra tern ite et de correspondance qui con" courront infailliblement au progres des lettres. M. Arthus Bertrand ot'fie, de la part iludes ex. latitudes, employes pour designer les autres coordonnees. On pent aussi etablir des regions info-rioures pour le classement des profondeurs au-dessous du niveau de la mer; leur echelle aurait le nieme point de depart que celle des regions superieures, mais sa notation marche- rait en sens contraire. Les altitudes au-dessus de zero auraient le signe -\- ; au dessous elles auraient le signe — . On pourrait encore les distinguer par les denominations d'altitudes ascendantes et d'altitudes descendantes. Jusqu'ici je n'ai suppose aucune grandeur determinee a la construction qui renferme les regions et leurs subdivisions; il faut cependant pouvoir y encadrer les quanlites effectives qui representent les coordonnees verticales. II est done necessaire d'introduire dans ses dimensions une grandeur absolue qui leur soit com- mune avec celles du globe terrestre et qui ly rat- tache : a cet effet , je prends pour module de la con- struction cette portion du rayon prolonge qui est com- prise dans la traversee d ime n-gioii, et que jai appelee la Heche ; je lui donne une grandeur egale a la cent- inillicme partie du diamelre de la terr^. On yerra tout-: ( 7' ) a-1 heme que celte graiuleur roiiriiit des subdivisions commodes pour graduer les elevations avec toute la pre- cision qu'on puisse desirer. Le choixd'uii tel module ne peut blesser aucune susceptibilite nationale ; le diametre de la terre est Telement le plus general de la grandeur du globe; il n'appartient a aucun pays en particulier , pas plus que I'equateur et les meridiens, dont les divi- sions ont ete adoptecsd'un consenlement univeisel pour la notation des longitudes et des latitudes. Le diametre de la terre supposee splierique egale 12732394 metres. La hauteur ou fleche de (la region sera done de i27™,323g4' Ce nombresera le module de notre construction, et servira a lier les elevations expri- mees sous la forme d'altitudes avec les memes elevations exprimees en metres. Une hauteur absolue etantdonnee en metres, il suffira de la diviser par ce module pour la ramener a une expression dont la region sera I'unite. Le quotient de la division indiquera, par les chiffres places a gauche de la virgule, ie noud)re des regions entieies comprises dans I'elevation , et par les chiffres places a droite, les parties occupees dans la region la plus elevee, c'est-adire les steges, decisleges, centisteges, etc. Prenons pour exemple le Mont-Blanc. Sa hauteur ab- solue, exprimee en metres, est egale a 43 10; si ondivise ce nombre par la cent millieme p.utie du diametre aussi exprimee en metres, qui est 127,32394, ou trouve pour quotient 37,77764? ce qui donne 37-'^s-77s'%'- 76 '■'•'"''■'•'■ 11 est lacile de concevoir cpi on aurait loujours le meme rcsultat, quelle que fut I'unite employee dans la mesure de la hauteur, soit metre, soit toise , soit pied anglais, pied du Rhiu, pied francais, etc.: la seule con- {r~ ) ditioh necessaire est que la hauteur du lieu et le dia- nietre de la terre soient rapportes a la nienie unite. Si, par exemple, un observateur russe avait ovalue la hau- teur du Mont-Blanc en archines, et qu'il I'eut divisee par la cent millienic partie du dianietre de la terre, aussi evalue en archines, il aurait egalt-ment trouve 3 J rcg, j^stog. jgcciitUt. Les hauteurs absolues exprmees suivant cette ine^ thode sont done independantes de tout systeine nietri- que local; cesl un langage degage de tout ce qui, ap- partenant a un pays particulier, pouriait flatter on bles- ser les pretentions nationales et empecher qu'il ne fut adopte aussi generalement que I'a ete oelui des longitu- des et des latitudes. L'operation de calcul , necessaire pour traduire dans ce langage les resultats obtenus par I'observation, est tres peu de chose : elle se I'eduit a Tad- dition dun logarithnie constant avec celui de la liau- teur absolueobtenue. A defaut de tables de logarithmes, on peut employer des tables particulieres, preparees d'aprcs I'unite melrique dont on se sert. Jen ai calcule pour convertir en altitudes les hauteurs donnees en metres, et reciproqaenient : on les trouvera a la suite de ce Memoire; elles sont d un usage commode et au nioins aussi expeditif, pour taire ces conversions, que celui des tables de logarithmes. Chaque observateur peut aisement sen donner de pareilles, et qui soient rela- tives a la mesure lineaire qu'il cniploie dans ses obser- vations. Generalement parlant, rien ne borne le nombre de I'egions qu'on peut iniaginer; mais dans la realite , ce nombre est limite par une condition physique : c'est qu'il surtil de s'elever jiisqu'aux plus grandes hauteur* (73 ) existantes sur iiotre globe. La plus considerable qu'on ait inesuree jusqu'a present est celie du quatorzieme pic de I'Himalaya : elle a ete trouvee de ^821 metres ; con- vertie en altitudes, elle donne c'est-a-diie que le sommet de cette montagne est dans la soixante-deuxieme region, et n'arrive pas jusqu'au mi- lieu de la soixante-troisieme; il se place entre le 42'"'= et le 43™'^ stege. II faudrait placer le Mont-Blanc sur I'Himalaya pour atteindre la centieme region; et comme il n'est pas probable qu'on trouve sur le globe une montagne aussi baute a elle seuie que THimalaya et le Mont-Blanc reunis, on peut assurer que, dans I'ex- pression des altitudes, la colonne des regions ne con- tiendra jamais plus de deux chiffres. II sera bien rare- ment necessaire de pousser la precision au-dela du cen- tistege, dont la valeur absolue nest que de i3 millime- tres, quantite negligeable dans revaluation de la hauteur d'une montagne; niais si les observations cornportaient une precision plus grande,on aurait les moyensde I'ex- primer en calcu'.ant le chiffre des millisteges et les sui- vans, s'il en etait besoin. Ainsi, I'expression des altitudes aura lieu par des nonibres disposes en trois groupes, dontaucun ne con- tiendra plus de deux chiffres. Sa forme sera seniblable a celle qui est deja admise pour les deux autres coor- donnees. Si, comme I'etat actuel des con naissances I'exige, on ajoute aux catalogues de positions geographiques une troisieme colonne destinee a recevoir lindication des hauteurs absolues, et qu'on les enonce en altitudes telles que je les ai detinies, les trois coordonnees seront ana- logues par leur usage, leur denomination et leur forme. Les grands nivellemens entrepris pour les travaux (74) publics pourraieiit etre exprlmes clans la ineme langiie avec toutc la pn'( ision possible, si on avait soin de les lier a un ou plusieurs points dont les altitudes scraicnt connues. Alors les nivcllemens faits dans toutes les par- ties du inonde par les ingenieurs de toutes les nations, seraient immediatenient comparables. L'observateur qui, ayant determine des bauteurs absolues au-dessus du ni- veau de rOcean, publiera ses resultats sous la forme d'al- titudeSjSera entendu paries physicienset par lesgeogra- pbes de toutes les nations, comme Test celui qui public des observations de latitude ou de longitude. 11 naura pas a craindre que ses resultats soient denatures en pas- sant dune' langue dans une autre, et de plus, chaque lecteur pourra y puiser lexpression des mcmes bauteurs en mesures de son propre pays , sans meme savoir le nom de la mesure dont I'observateur se sera servi; il suffira qu'il soit (lit, unefois pour toutes, que les nom- bres qui exprimeut des altitudes sont rapportes a la cent millieme partie du diametre terrestre, prise pour unite. Quand cette uiiiformite de notation sera etablie, il sera facile d'imaginer des constructions grapbiques sur lesquelles les points remarquables du relief du globe pourront etre places suivant leurs hauteurs relatives; au nioyen d'autres constructions , on pourra marqucr par des lignes continues , les lieux ou du nioins les limites de certains faits naturels ([ui dependent des coordonnees geograpbiques. Ces traces qui, par leur continuite, lient .€t reunisseut d'une nianiere sensible et sous lui meme point de vue un grand nombre d observations que les nombres ne presentcnt que separenient etd une maniere discontinue, out souvent conduit a decouvrir dans les phenomenes des lois regulieres que |)eut-etre ou n'aurait ( 75 ) pas apercnes, si Ton n'en avail considere les effcts que dans leurs expressions niimeriques. La lecture piiblique du memoiie precedent a I'Aca- deniie des Sciences et a la Societe de Geograpliie a fait naitre quelques observations qull me parait necessaire d'examiner et declaircir, afin qu'il ne reste aucun doiUe siir I'litilite et les avantages de la niethode que je pro- pose pour la notation des altitudes. Je designe , par ce mot , les elevations exprimees en regions et sieges ; je ne Teniploierai jamais dans un autre sens; ce sera exclu- sivement sa signification dans ce qui va suivre.Les coor- donnees geographiques verticales, evaliiees en une me- sure lineaire locale quelconqiie, soit metre, ou pied, ou toise, etc., seront designees par le mot hauteur, ou par des mots equivalens. Un journal litteraire, en reiidant compte des travaux de I'Academie des sciences, pendant le niois de Janvier i833, apres avoir mentionne la lecture de mon memoire, fait la reflexion suivante : « On ne pent guere esperer, quand on voit les nations < eclairees de TEurope s'obstiner a compter les longi- « tudeschacune d'un premier meridien different, maigre « I'incommodite perpetuelle qui en resuhe, qu'elles « s'entendent pour adopter une commune mesure des- « tinee a exprimer les hauteurs au-dessus du niveau '< la mer, puisque ces hauteurs, quoique fort impor- " tantes a ronsiderer dans beaucoup de cas , sont ce- < pendant, des trois elemens a I'aide desquels on de- « termine la position d'un lieu sur la surface du . ( -6 ) A proproment parler, cette observation renferme moins une ohjociion oontre la niethode que je pro- pose, qu'une indication des obstacles que son adoption est presumee devoir rencontrer; elle suppose que les diffuultes qui empechent les nations de s'entendre pourle choix dun premier meridien, s'opposent aussi a I'adoption dun langage unifornie pour exprimer les elevations au-dessus du niveau de la tner; niais cela nest pas. La position de I'equateur ou, ce qui en est la conse- quence, I'origine de la notation des degres de latitude, est fixee par la naturej niais rien ne determine la position d'un premier meridien. On peat arbitrairement le placer sur cbaque point de la surface du globe; aucunecondition naturellenelimite ce choix. La seule chose quepuissel'art humain, estde lier la position du meridien prefere a celle de quelque grande masse invariable de forme et de po- sition et qui soil reconnaissable dans tous les temps. C'est ainsi que le meridien de Paris a ete rattaclie, par des operations geodesiques faites avec tous les soins et toute la precision que comportent letat actuel des scien- ces et la perfection des instrumens, au iMont-Blanc et a quelques autres sonmiites aussi remarquables des Alpes et des Pyrenees; de sorte que dans tous les temps, et, en supposant meme que les edifices et les autres construc- tions qui marqueiit aujourdhui la trace de ce meridien aient totalement disparu, il sera possible de retrouver sa position, tantque les grandes masses aiixquelles il a ete rattache subsisteront dans leur forme actuelle , cest-a- dire tant ([ue la surface du giojje n'aura pas ete modi- Cee par quelque bouleversement dont la violence entrai- nerait dans une ruine connnune les monumens des scien- ces et le oioo Que I'erreur d'etalonnage peut etre de o™,oooi par regie, ce qui donne 0,1077 Que celle sur les corrections des pentes n<^ peut pas depasser yV) ce qui donne. . .,..;., *,, • • o,o5i2 Que celle de la mesure des intervalles ne peut depasser o'",oooo5 par regie o,o528 Que I'erreur faite chaque jour pour partir du point oil Ton a lermine la veille , peut etre de o"',ooo5 par jour, ce qui donne o,oo5o Que celle d'alignenient ne peut depasser o',! ou o%o9 ce qui donne. o,oo43 Enfin, que celle occasionee par des obstacles a franchir, qui ont necessite I'eniploi du fi!-a- plomb dans la mesure des intervalles des re- gies, peut aller a o,oo35 Ce qui donne , dans I'hypothese d'une ac- cumulation de toutes les erreurs. . . . o'"2345 On peut done esperer que I'erreur est au-dessous de o",?,, ou a-peu-pres de r^;— de la base, Une erreur gros- siere n'est d'ailleurs pas a craindre, puisque deux me- sures provisoires ne differaient de la mesure definitive que de 0^,73 et o™,47. Les angles des petits triangles qu'il a fallu faire pour arriver de la base a des cotes de i5 a 20 niille metres, ont ete observes avec soin a plusieurs reprises, de sorte qu'on pense etre arrive a n'avoir pas au-dela de i metre d'erreur sur le premier cote, de iSooo metres. (90) Observations (Vaziinut et de latitude. Apres la niesurc de la base , MM. Peytier et Sei-vier firent a Tyrinthe, I'uiie de ses extremiles , quclques ob- servations pour la determination de sa latitude, et de I'azimut de la base. lis etaient munis d'un petit theodo- lite de Gambey (un de ceux employes a la mesure des angles), d'un chrononietre de Berthoud (n'* 1670), et dun barometre de Bun ten. Le temps fut peu favorable, et en douze jours ils ne purent prendre que vingt series d'azimut du soleil (en trois matinees et trois soirees), et quatre grandes series de distances meridiennes du meme astre (La lunette du theodolite ne plongeait pas assez pour observer I'azimut par la polaire). A fin d'attenuer autant que possible les erreurs provenant de la variation du chronometre, on pritdeux fois par jour, chaquefois que le temps le permit, des hauteurs absoluesdu soleil ,• la marche du chronometre fut satisfaisante. La plus forte discordance entre les azimuts du matin etdu soir, estde 25"; La moyenne des azimuts du matin. 44 repetitions = 3" 36' i4 9 La moyenne des azimuts du soir. 20 repetitions = 3. 36' 8,3 La moyenne generale ou lazimut defi- nitif de la tourelle culminante de Palamide =3.36 11,6 compte du sud a Test. L'azimut de la base a ete obtenu par deduction. M. Peytier avait observe a Corinthe, en fevrier 1829, un azimut qui, determine seulement par deux series du matin et deux du soir, s'accorde avec celui de Tyrinthe ( 97 ) a 16" ou 5", suivant les angles qu'oii einploie pour la verification. Voici les resukats donnes par les distances ineridien- nes : Le 1 1 decenib. i83o, 18 repetitions. Lat. 37">35'45'65 18 22 87.35.48,49 19 32 37.35.45,08 20 32 37.35.49,46 ce qui donne, pour la moyenne latitude deTiryntbe, 37,35.47,17 La declinaison du soleil variant tres peu a I'epoque oil les observations ontete faites , sa determination est alors plus exacte; ce qui adii contribuer a la bonte des re'sul- tats. Longitude. La longitude a ete deduite de celle de Milo, deter- niinee par le capitaine Gauttier. On a obtenu celle d'E- gine, et par suite celle de Tirynthe, en refaisant les calculs d'apres les memes donnees, et en ayant egard a I'aplatissement de la terre. Les resultats obtenus diffe- rent un peu de ceux calcnles par le capitaine Gauttier, dans I'hypothese de la terre spberique. En voici la coni- paraison : Latitude du montSaint-Elie d'Esine, en ayant egard a raplatissement 37° 42' 4'^ Longitude, idem 21. 9. 89,6 Les resultats donnes par le capitaine Gauttier sunt : Latitude 87. 42. 7,0 Longitude 21. 9.42,6 Lalongitude que Ion a employee pour le Saint-Elie de Milo, est de 22. 2. Sp 7 (98) M. Daussy, clans iin mcmoire insere dans la Cminais- sance des Temps cle i83i , adopte aa" 3' i", 5. Si done on voulait partir de ce resultat, \\ faudrait corriger tou- tes les longitudes du catalogue ci-joint , en les augmen- tant de a', 5. Degre cT exactitude des positions gengrapJiiqncs. Compn- mison avec les lesultats du tapilnine Gauttier. Toutes les latitudes et longitudes etanlobtenues, en partant du seal point de Tiryiithe, an moyen dun en- chainement de triangles , etles calculs ayant ete t'aitsen tenant conipte de I'aplatissement de la terre , on peut en conclure que tous les resultats sont d'accoid entre eux a o",2 ou o' 3. L'erreur ne peut depasser cette quan- tite que pour les points doiil le pointeetait vague, coinme des emhouchures de rivieres, des milieux de villages, que Ion a observes ainsi a defaut d'objets de remar- que, etc. On ne pourrait done faire subir une correction a Tun de ces resultats, sans la faire subir a tous les au- tres. Quant a l'erreur absolue, on ne saurait I'estimer d'une maniere precise ; cependant les comparaisons que Ton va presenter avecles meilleurs resultats du capitaine Gauttier perniettent de croire qu'elle est au-dessous de lo' pour la latitude. Les positions geograpbiques determinees par le capi- taine Gauttier sont de trois especes : i° quelques-unes ont ete obtenues astrononiiquement (du nioins la lati- tude); 2° d'autres resultentde sa triangulation de I'Ar- cbipel , qui repose sur une base de loSiGg metres (du Saint-Elie de Milo au Saint Elie de Zea), mesuree astro- nomiquement; elles ont ete calculees dans I'hypotbese de la terre spherique, en partant deMilo et Zea, deter, mines astrononiiquement ; 3' les autres, enfin, sont le ( 99 ^ resultat d'observalions et tie relevenicns tails a liorcl de son Mtlnicnt. Les latitudes du capitaine Gauttier deterniinees astro- nomiquement , sonten general le resultat de quatrea six distances nieridiennes de la polaire; elles sont plus fortes que celles deduites de la latitude de Tirynihe (resultant de quatre distances meridiennes du soleil , prises vers le solstice dhiver), de pres de lo". Ainsi, celleduMont Saint-Elie dEgine est pliis forte deg",! ; celle deSpetzia ne lest que de 5",i ; mais ii peuty avoir delincertitude sur lidentite du point. Les latitudes du capitaine Gauttier provenant d'obser- vations septentrionales, et celles deduites deTiryntlie, d'observations nieridionales, la moyenne serait debar- rassee d'une partie de I'erreur des instrumens, dans le cas ou elle serait dans le menie sens pour les deux. Quoi- qu'ii n'ait ete fait aucune verification a ce sujet, il pa- raitrait convenable d'adopter la moyenne des resultats; ce que Ion ferait en augnientant toutes les latitudes du tableau suivant de 4'?^. Les latitudes du capitaine Gauttier, deduites de sa trian- gulation del'Arcbipel, sont plus fortes que celles dedui- tes de Tirynthe de i5 a ly' • on diminuerait cette diffe- rence de 4 i 5", en les calculantde nouveau, en ayant egard a I'aplatissenient de la terre. Quant aux posititins deduites d'operations faites abord du batiment . leurs longitudes, comme leurs latitudes^ sont tantot plus fortes , tantot plus faibles que celles de- duites de la triangulation de la Moree, et la difference va jiisqu'a i'. Castel-Tornese (Khlemoutsi) , Arcadia j Modon, etc., sont dans ce cas. Dans les catalogues des positions geographiques dii capitaine Gauttier, on a adopte le inenie signe A pour tou- 7- ( 'oo } tes los deteinunations qui ne sont pas astronomlqucs; il exit cependant ete preferable d'adopter un signe particu- lier pour celles provenantde la triangulalion de I'Archi- pel, qui sont exactes a que'.ques secondes pres, et un autre pour celles provenant des observations et releve- lueiis faits a bord, dont 1 erreur peut etrede i'. Du reste, on a joint a ces catalogues des notes explicatives, alin qu'on ne soil pas dans le cas de contondre ces deux es- peces de determinations. II eiit ete fort interessant de comparer la base et I'azi- niut de Tirynthe avec la base astronomique du capitaine Gantlier et son azinuit; malbeureusement on ne peut faire cette comparaison quen se servant de I'lle Saint- George d'Arbora , qui n'est pas un point de station, et dont le sommet pen prononce a du occasioner de I incer- titude dans le pointe. En eftet, les triangles qui serventa la determination de ce point ne sont pas tres concordaus, surtoutceux du capitaine Gaultier. Le cote Saint-George (Vylrborn £gine, conuiiunaux deux triangles provenant de la Moree , est donnc par I'uii ile 4^929 metres, el par I'autre de 4^9 1 2 metres (difference ly metres); le second triangle ayant un angle un peu aigu, on adopte le pre- mier resultat comnie le nieilleur. Le cote Zea Saint- George d^^rboia , commun aux deux triangles de Gaut- tier (Saint-George d'Arbora, Milo, Zea; et Saint-George d'Arbora, Zea, Egine), est donne par I'un de 41608 me- tres, et par I'autre de4 1670 metres (difference 62 metres). Le cote Saint-George d'Arbora Egine, donne par I'un des triangles du capitaine Gauttier, est de 4(>oi8, c'esl- a-dire 89 metres plus fort que le m^me cote provenant des triangles de la Moree. La difference de 62 metres, sur le cote commun des triangles dw rnpitaine Gauttier, perniet de croire que, ( »oi ) inalgre quelque incertitude sur le pointe de Saint-George d'Arbora, la majeure partie de I'erreur est de son cole. D'ailleurs, vine erreiir de 3" seulenient sur la difference de latitude des extremiles de sa base astronomique, en donnerait une de 90 metres sur la longueur de cette base (105169 metres). On fera encore remarquer, a I'appui de cette presomption, que les angles des triangles du capi- talne Gauttier out ete observes avec un instrument qui ne donnait que la miTiute sexagesimale, et par I'estime la demi-minute, tandis que les theodolites de Gambey emr ployes a la triangulation de la Moree, donnaient 20" de- cimales, et par I'estime 10". L'azimut de Saint-George d'Arbora , pris d'Egine , donne par la triangulation de la Moree, differe de celui donne parcelle de I'Archipel, de 2'; celui de I'Acro-Co- rinlhe differe de la nienie quantite, mais dans un autre sens, et celui du Parthenon differe de 4; mais le capi- taine Gauttier a peut-etre observe le milieu, tandis que M. Puillon-Boblaye, qui a fait la station d'Egine, a ob- serve le fronton. Ces diverses comparaisons et les developpemens qui les precedent suffiront sans doute pour I'appreciation du degre d'exactitude des positions geographiques du cata- logue ci-joint, ainsi que de celles detenninees par le ca- pitaine Gauttier. ( I02 ) Positions geographiques des principaux points dc In Morec , detcrniinc: ]>ar la triangulation dr. MM. Pettier, Puillon-Boblaye t/SERViKU. ^OMS IJES MECX. Aetata . . All'hee: . . Atpltee . . Alfliee . . Ahtna . . Anatolico. Ari'iravitla . Androussa . Androuvista Angela- Castro yingutstri . , , Apanokltrepa, Arcadia. . . . Argos A I gym- Castro Annyros . . . Astros. , Atcicolo. Athcnes. . Jlassof. . . Calainaki . Calamata . Calavtyta. Calpalii , Cainilo . Carytene. Carnessi. DESIGNATION DES POINTS OBSERVES. EmI)Ourliurc de la riviere d' (Styx), .j Emboucliiirc de 1' . . i 1 Sa jonction avcc I'Erimantbc | Sa jonctioii avec IcLadon ' Sonimet du niout \Iai»on la plu." mcridionule de lavillcl d' (en Romelie) Grosse ruinc dans le bouri; d' . . . . Gros jiyrgos (i) a TO. de la ville d'. . Clocber en fleclie du bourg d' (magne uccideutal) Latitude. SSOio-jfV'G 37.36«5i,4 37.35.34,8 37.35.3().i 37. 29.25,5 38.25.48,4 37.5.'4.i5,i 37. ().20,4 36.54' 3,8 Sommct a (Ooo inet.au N. du bourg d'. Graud monastire dans Ic N. dc I'ile d'. Sommct du raont (Menalc) Soiumet de la toi^r culminante de la citadelle d' Angle N. O. de Larisse (citadelle A"). . Cbateau rulne vpniticn Grande maison blamlic dc Capitanaki (magtie occideutalj 37-4.',-45,3 37.42.29,9 37.32.43,4 .37- 14-48,9 3.7.3s. 8,8 37.40.32,5 Tour isolce a I'E. d' (le sol) Maison culminante du village d' (Ics ruines de Gortys sout 1000 metres .■I I'Estl Le fronton du Partbcnon Temple d'ApoUcin epicurien (le sol) Eglise du village de Ruine culminante du fort de . . . . Partie culmiuantc du chateau ruine de (bautcur de la pbiine dc Cala vryta , an pont au nurd de la villc 7o"on'-,7) acropole d'Or 3,6.59 '29,6 20.40. 19,0 21. 0.44,0 9.20.37,0 20.22.48,6 I 9. 47 '50,2 i9'49"4,7 37. 7.5. 12,6 37.31.35,8 37. 4. 7,7 37.25.36,6 37.55.13,7 37. 2'37,i 38. 1.46,2 LoDgitnde. 1 1 = Mt'lrcs. :9"58'48'8 19. 6.43,9 19.27.58,1 19.29.28,0 72,0 19.25.54,9 1222,1 19. 1 . 8,1 18. .56- 1,8 ' 19.36.24,8 19. 56. 0,4 1459,1 j i64,-; li SS,.) 2. ■ 44 20.26- 2,9 19. 41' 2 1.23 19.33 20.41 19.46 3o,4 29,8 '54,4 . 8,2 .55,5 19.47.48,6 Sommet de la tour d cbonunc) Cap (au S. dc Monenihasie) Mat du pavilion du chateau dc). . . . Milieu du village de (Ics ruines dc Clilor sont 2000 mitres au S.-E). . Castellia jChapcllc Saiut-Elie, au-dcssus du vil- lage dc (au N.deCorou") Cap .Cypres dans le village dc (Olcnc) . . Catarnjn. . . . Catn- Akhaia . Chateau dc Mnree . Chateau dc Romelie. Cledi Corinthe Milieu de la n^issc (Rliium) .... Milieu de la masse (Anti-Ilbiuni). . Pic avec acropole de (Samicnni) . . Mosquee au point culminant de I'A' cro-Corintbe (le sol) 37.43-27,0 id ..11 .58,0 37.28.50,9 37.54.11,9 36. 5o. 1 3,3 37.37.43,9 38- 8.32,4 19.58-44,6 20-48-59,5 19.42. ig,3 69,5 178.-, 129,'. : 189,9 3S.i8-3r,6 38- 19.31,7 37.31.33,2 37.53.20,6 19.44 ■ 55,8 9/16,0 582,7 ig. 35. 39,3 18.58.33.4 [9.13. 3,9 19-26.47,2 19.25.51,7 19- i5-55,S 20.32.26,3 3oi,j 57',,- (r) Pyrgos designc unc grosse maison on nne Innr. ( w3) NOMS DES LIEUX. Cortnthe. Corinthc. CoroTiibtle Coron . . Cos mas . Coulouri Counotipi'li Omrcnula. CraniiU . . Dumula. Vara Diajortt. . Diayniia . Dulyniu . . Eaiiw . . . Egiue. . . J-\ginc. . . M^gire . , . ElapJiotiisi. Elis " Epidaure-Limera . y^KpidtU'Vos . . . . Eurotus Fnmco-V^yssL , . 1 GauLntropnictis- . Callo Guslouni Gaifi'ias, I Glarentza. Grisi . . . Gros Gypltto- Castro Jfaglujints, . . Hagianiiis. . . I Ifaryia- f^'arva ra DKSIGNATION DES roiNTS OCSEaVES. Miuaret dans la ville de Ancieune Juuaue et magasin de Kia- mil-Bcy (le Lecliee est 2000 metres i' I'E.) Mont ea Beotie Le minaret de la mosquee. . . Maison culminante du bourg de . . . Pic Koklii, sommet le plus S.-O. de I'ile (ile Salamine) Sommet de la moutagiie de Sommet du mont (a I'K. de I'Helos.). Cliapelle a ioo metres au S.-O. de la TiUe de Pyrgosdans le village de (les ruines de Tiezeuc soijt a 5oo metres au N-O.) Pont sur la riviere , a 2000 metres au S. du village de Poiut eulmiuant du moat Poiut culminau t de I'ilc (golfe d'Egiue) Sommet le plus meridioiial du mout . La eoloune pres le ])Ort Sommet du mout Saint-Elie Temple dit de Jupiter Acropolc d' (au N. du village de Vlo- goca) ,•••■, Point culmluaut de I'ile appelee ^Vriv sur les cartes Acropole d' Palseo Monembasie , tour de garde L'eglise (Epidaure) Emboui'jiure de 1' Arbre de (Asea) Embouchure du (Meganitas) . . . Cap au S. de Corou ( jiromoutoirc Acrita^.) Dome de mosquee Poiut culminant du mont Latitude. 37054' l5"2 37«55'5iii 38" ri'43,i 36'4-'29,i 37« 5»26,7 37'53- 0,3 58. 5.55,6 36»48'4'J>4 37-22-22,8 37.28.27,6 37.47. 6,4 37.27.i2,6 37. 4S. 1,0 37 .'io- 20,4 37.45.51,5 37.4 1 .52,9 37.45. 5,7 38" 7.20,0 3(i. 28.53,0 37.53. 9,2 30.43.44,9 37-38. 9,7 36.48. 12,7 37.24. 8,1 38. 15.39,7 36.42.53,9 37.50.52,3 37.52.55,4 Maison blancbe dans la partie supe- rieure du village de Tour venitienne sur le bord de la mer, au S.-E. de Modou Cap, sommet dit Castrn-Orias . . . . Chateau ruitie dans rAchaie. . . . . . L'eglise ( pres des ruiues d'Herea ). . Kharii, mine d' (1000 metres a I'E. sout des mines, peut-etre Trilee) Sommet de la Montague (pros d'Ar- cadia " . . //<( \ JIagios-Pateras, \'J/ai;ios-f^'liisis. . 'llAlriiltsa. . . . \Jfcrmione . . . , ^u-d cssus (lu vll- Sommet de la ton I'-S^'l') Monastere de Tripotamos (Psopbis) Monasterc d' Point eulmiuant du mont (sommet E.) Tour de Castri .55.53,9 36.47' 36.29" 38. 2. 3-. 36. 43, r 6,9 48,8 38. 6.32,2 Longitude. 20"32'45"o 20. j2. o,y 20.44'i9'4 19.37.37,5 Metres. 912,0 20.24.15,1 21. 6.5o,6 9. 0.36,7 20.29.28,9 20.49. 2,9 21 . 13.45,0 19.51.43.4 19.38.14,8 20.54.43,1 20.52. 19,7 21. 5.19,3 21. 9 . 39,6 21 •11.53,8 20. 2-23,5 20.38. 4,0 19. 2.56,t 20.42.35,2 20.49.26,5 20-20-54,2 i9'50-5i,7 19-44.15,7 19.32.28,0 18.55. 8,8 20- 14-24>3 18-48-37,0 '9 29-24 1-47. t0-2O '3i -49 19-04-^.; 19-21-21,2 277.2 914.5 190,2 497.4 37-45- 12,6 37-52-19,4 38- o- '3,8 37-16-11,9 37 -22- 5.1, (i 1420,1 1076,7 534,2 277,5 i5i,9 i2og, 3o8,o 1220,5 9.0 32 43 5 '9 33 2 J 6 I') ''1 a; I 19 46 16 0 20 .55 .27 5 ;52,5 297,3 BurmimrB aiiuHTfgiBi 1 >OMS DES Linux.. Hieraki . hydra. . Hypsili Hypsili In. . . Kiphalari. Kheli. . . Khelrnns Kfielmns Khlemousli. Ki r:es . Lala . . Langadia Le-^ndari . . Lejiunte . . Lip'G Lifneni . Livaitzi. Longa . . . Lnittralsi. . Lvcoihnin. , M'lrtiplugi. Mule ( io4 ) DESIGNATION DE< rOIXTS OBSERVES. Ruinc la plus mcridioualc de cclles qui sont 203o metres a I'E. (Ill bourg de (aerupole do GiTontlirees) . . . La vigie au poiut eiilniin.irit de I'llc. . Latitude. Longitude. ;t7'' 3- 54" I 37.19.31,4 .Sommet dc I'ile 'golfe d'Egine). . . Sommet de I'ile (^olfe ile jNaiiplic) . Maison pros de la nier(g<>lfc de Slair I'''f) • Grotte, source de I'Erasinus Mont .Saint-Elic de( point culminant de rAraclincc) Sommet du raont, en AroadieCsommet dcs mout.s Ariianiens) Sommet du mont, eu Laconic .... :i7.4;'54,5 J; .25.59,3 37.35.3(1,4 37.38.17,3 37.58. 9,2 37. 16.34,2 Ruiuc culmimnle du fort (Castel-Tor- ncsc) (hauteur du parapet) Pyrgos (riiagne ocridental) Ruiiie la plus rcmarfpiable de la vllle de Jonction du Ladon avec la riviere de (Tiithoa) Le ehateau fort rninedc Minaret au milieu de la ville de (en Romclie ) Chapelleau-dessusdubonrg de(Les5a) Milieu du village dcfmagnc Occident.) Jonction dc la riviere de Sopoto avec celle dc) , . . . Gros pyrgds Cliapclle Sainl-.4.ndre Sommet dii mont Sommet du mont (istlime de Corinthc) (mont G'Tanicti) Tour dc garde, a 2000 metres au N.-O. du cap 37.53.15,3 36.55.3(5,9 37.42. 6,4 37.39.17,3 37. ly.i 1,6 38. 23. 34, t 37.36.46,5 "xo" icf 5"3 2t. 7.27,0 20.59.47,9 20. 38.47, 1 20.40.34.9 •io.2r. 9,6 20. SS- 3,4' 19.51.55,9 19.55.21,6 36.40.57,9 37.53.37,1 36. 5i .53,6 37.58.47,2 36.55.33,3 3S. 0.57,9 36.26.49,2 Malevo Somraet du mont (Artemisius) . . . . Mtlfvn deS.-Pieire Soinm<-t du mont (I'arnon) Muliinnud-BcY . . . Pyrgos pres dcs ruiucs d'Amyclcci. . Man'-iaee Petitarhresur la particK.de I'enceinte de (Ic sol) Mir/7t/inni.si .... Pyi gos dans I'llc de MuiiU Sommet du mont (au-dcssus de My- cencs) , . lH'iMpan, . . • . , Cap : - - Malapan I'oint cclmtnant de la prcsf|u'ilc . . . Muirm-Oris . . , . I Point ciilminant du mout (mont Clie- lyd irca , au N. du Cyllene) 37.37. 1,6 37. l6.3i,2 37. I. [5,4 18.48.23,6 19.48.28,3 19.23.36,4 19.30. 12,5 19.48. 26,9 19.29.34,9 20.42.49,0 'E S I 3 f^ Metres. 590.8 591,0 239,8 23554 778,8 2 5,7 20. 2-36,4 19.35.35,0 19.34.20,3 20 .38. 1 3,3 19.31.23,4 20.47.16,5 20.50.54,9 37.37. 6,2 36.45. 5,0 37.44.15,2 36-22.58,0 36.24.48,0 20. 10.47.2 21. 10.40.3 20. 6.41,7 20. 3.42,0 20.26. I 20. 8.53,3 20. 8.43,4 33. 2.43,8 20. 5. 7,0 Megaie Tour riiinee ]>rcs du port delSisce Megitpilenn .... Mouastc McligaLi [ L'cglisc du village de fplaine dcStcni- claros Mftliana Somtnct cnlininnnt de la presqu'ilc de. Mi'a-Caslr.i . . . . 1 Riiiiie ciilminaiite (Mcsseuie) Misiolonglii c Maison forraant cap au S.-O. dc la Vllle de (en Romelie) 37.58.25,7 38. 5.i3,7 37.13.29,8 37.36. 1,8 37. 14.26,0 38.21.53,3 wmmamam 21. r.43,8 19-38. 0,8 ■>. 1 . 1 . 5 1 19.34.20,0 19. 5.25,8 617,8 957.2 1370,0 55o,2 1772,2 629,8 8io,()i ' I 309,5 1758,9 I T4r.4 ( I«^5 ) M..i»uwmi..srm^j ■Jiuu.iu.^ NOMS DES I.IEUX. DESIGNATION DES rOrXTS OBSF.RVF.S. Mistra . . . Mndon, . , . Mottembasie Moitlins . . Mylonas N a up lie* yaujfUe. Navarin. iVavann Ted a, , lYii Olonos Ortholitlii . . . Pahen-Phanaro, Panagja de Coiyphi Papa Patras . Pendenisi Penee . . Phtgalee. Phlionte . Phoitia. Riiine ciilminante de lacitadelle de. . Tour du mole Partie ciilminaute de la citadelle de - Dobarcadire des (Lcrne) (point do de. part pour le Divelloiiient) CliappUe pres du cap (Argolide) . . . Moulin a vent d'ltelikale (Ic sol). . . Tourelle cnlminaute de Palamide. . . Dome de la inosquee Hot daus la rade de . . Eraboucliure de la Grande maison turque ruinee, au N. de la ville de Point ciihuinant du niont Souinut du pic So:ninot du mont (Plirixa) (Olympic est (iooo metres a I'O.) Eglise ruinee (golfc de Corinthe) (le sol) Fort mine du cap (promontoire Ar- raxe) Latitude. 37" 4'io"o 36»48'32,o 36«4i- 7,2 37.33. 6,6 37. 17. rg,2 37.3 j.3(),->, 37.33.28,6 36.54.34,1 36.56.21,0 37.22. l5,2 Longitude. 20" i' 52"9 19.22. 9.8 20.42.51,7 20.23. 5,1 2o.5i+52,9 20.27.34,2 20.28. 7.7 19.9.1 .20,(3 ig.2i. 1 1,9 19.20.53,3 Plioitka \\Pliieri . \\Poros. . \Psykhro Pyios. . J'yrgns. Rnino . Minaret pres de la partie culmiuantc de la forteressc de Sommet de Tile (golfe d'Egine). . . . Jonction des deux bras principanx du. Sommet de I'acropole de Chapelle ruinee, avec fragmcns anti- ques en bant de I'acropole de (liau- teur de la plaine , 290 metres). . . Cbapelle ruinee, sur le mont Saint- Elie de (bautcur du lac le 4 no- vembre 1829, 752'". ,5) Snint-Basila . . . . S.-Elie dc Coumbes. S.-EUe di'Coiwela . S.-Elie de Levidi . . S- George d'Aibora. Siiirif-Xicolas. . . j Suita Sommet du mont (mont Apesas) . . . Sommet du mont Cbapelle Saint-Nicolas , sur I'ile de (lie Calaurie) Sommet dii mont (pres d'Arcadia) . . Ruine culminante de'v^Vieux-Navarin). Eglise Saint-Auatliase (Elide) Sommet du mont (point culminant du mont Partbcnius) 2.55,8 3i.32,5 38. 6,9 4.33,4 12.41,7 ' 14.32,5 '49.16,1 .53.56,7 •24m 7,8 37.50.36,8 37.54.45,5 '4o.3o,3 29.57,3 54.37,0 '22. 9,2 13.47,4 • 3' 3,9 Mt-li-es, 634,2 0,8 21,3 85,4 224,8 2223,0 nor, 8 ! 3o4.8 i 732,4 '24*25,5 55.41,0 10.37,4 ■ 3o.24,4 5. DO, I 19.56.46,5 07.51.33,6 38. 8.48,8 37.30.53,6 37.13. 7,1 36.57.21,1 37.40. 4,7 37.29. o,g Acropole au-dessus du village de (Co- rintbie (ruine culminante) Sommet du mont Sommet du mont Sommet du mont (mont Ostracine). . Point culminant de I'ile (sommet peu prononces Cap au N. de Corintbe(cap Malangara de la carte dc Lapie) So.mmet du mont (Sciatis) Einboucbure de la riviere de(PliO!;uix) Eglise a coupole du village de (plaine de Steniclaros) Sommet du mont 37.47. 3,4 36.57. 2,6 37.21.46,5 37.38.27,1 37.27.59,7 38- i.3r,3 37.50. 11,8 82,2 720,4 20.24.22,0 19.42.54,9 21. 7.59,9 19.21.57,5 19.19.19,5 ig. 6.22,2 20.12.44,8 ■ 27.46,2 • 27.47,3 .32.49,8 .56.41,8 2 1. 35. 3 1, 5 873,3 i779'6|| 298,, iii4,6J 1216,7 '3o.5r,7 54.58,5 38. 18. 25,6 37. i5.5i,2 .36.53.3,0 19.40.58,3 .38.59,2 '21 .35,9 563,5 616,0 I 1104,8 [ 19S0.S i8x2,5 481,9 NOMS DES I.IEUX. Santameri . . Scala Scardamoule . Sinano . . . . Skiaila Smerna. . . , Sparte Spetzja. . . . Spetzia ^Poulo. Str.ipltades . . . Stymphale. . . Tacticopolis. . DHSIGNATION DES rOlXTS OBSERVES. LntituJc. Somnipt du raont Pyrj;os dnns le village de Milieu du village (magne occidental). Peuplicr pri-.^ dc I'eglise de (le centre dc Megalopolis est 1200 metres au N. (!e sol) Taygi'.e. Tegee . . . '. Telragi . . . Tirjnlhe . . Trikeria . Trinissa. . Point culminant dc la montague de (Haute-Elide) .Sommct du niont Rniue audessus du theatre Moulin mine au sommct de I'ile . . . Soinmet de I'ilc Iles(fl(cbe dc I'eglise du monastere de la grande .Strophade) Tour (somraet) Fort construit ])ar le colonel Favier sur ri^tlime de MetUana) if-yi 56"7 36or« 4,2 3f)-53T7,4 37.23.54.8 37.52.17,2 37.33.12,2 3-. 4.47.5 37.15-1.58 37. 12.58,4 37.14.37,7 37.5i..'i(),7 37.33.16,3 Longitude. if)"iV'29"8 20. 19.56,8 ig.63.57,5 19.47*57,0 Sommct du pic .Saint-Elie, partiecul- minaute du Grande eglise , appelee Palaeo episcopi Sommct du mont Massif N. des mines dc (station astro- nomique, cxtremite N -O. de la base\ Sommct JV dc Pile Tour (de Laconic) 36.57. 0,8 37.27.40.6 37. 22.29,4 37.35.4: 37.16. 9,6 36.47.40,7 19.22.23,1 19.20. 9,7 20. 5.19,8 20.48.21,7 2o.5o. 5,9 18. 4o" 6,3 20. 7.20,6 21. t.46,5 IOlO,2 427-< Tripnlitsa Tour de r.incieiine liorloge (le sol). Tsimberou Sommct du mont yasilica iSommet du clocUcr de (Sicyone). . yelnnidia Sommet d" mont (Titliiou) y8 1420.7 772... 244. ' 246,9 633, 240S 9 1389 28,8 37.30.31,5 37.20.43,7 37.58.42,0 37.36.36,6 38.11.38,3 38.15. 3,6 37. 10. i3,o 37. 10.59,5 36.40.37,5 38. 4'3i,8 20. 2.18,5 i9.54'47'7 20.23.25,4 20.45.30,4 19.32. 8,4 19.45. 3,7 i().3().27,4 19.35.20,5 20.28.59,0 20. 17.43,5 36.55.55,0 19.51.35,4 3.,2-.2I,8J20.22.l4,5 37.55. 3,0 37.56.14.7 19.4 (.27,2 663,o 1252,2 145,0 858,1 1926,8 8o2,a 3i6,2 97,).o i5f 7,0 3.41,4 237 i,V C(>:nmc on pourrait cprouvcr de Tcmbarras a trotivcr dc quelqucs vdles aueienncs qui dans I'ordrc alpUabeSii des noms moderncs, on joint ici unc iistc dc qucbpics regard les noms modcrnes qu'il faudra chercbcr dans le dans le tableau les positions luc sc trouvent indiquees p:ir noms ancicns , cu uiettant eu tableau. Ainvelcos • . . . P'oyez Mahinoud-Bey. Asea .••••.«...... Franco- f^rysst. Caslcl-Ti)ruesc lililemoutsi. Clitor. . ••........• Cnrnc ) bres de la societe qui avaientete invites a prendre con- naissance du projet , MM. Eyries et Jomard , se sont as- socies, des le premier moment, MM. Delaborde, Taylor et Walckenaer : ils ont forme a^ec eux la commission qui a presenle au joi le plan du voyage, plan que sa majeste apromisde seconder, et qu'elleabien voulu favoriser de sa souscription , ainsi que la lamille royale. On sail que, sur la proposition de M. le comte Delaborde, la cham- bre des deputes a alloue une somme de 20,000 fr. pour contribuer aux trais de cette exploration. J. A M. le president de la commission centrale de la societe de geographie de Paris. Monsieur, j'ai I'honneur d'offrir a la societe de geo- graphic uu exemplaire de la carte generale de I'Ocean Pacifique, qui vient d'etre definitivement terminee. Cette carte nous a coute a mon compagnon , M. Lottin et a moi , pres de dix-huit mois de recherches et de travaux assidus, et nous n'avons rien neglige pour la porter au niveau des connaissances actuelles sur cette partie du globe. Pourtant nous ne pouvons nous dissimuler qu'elle pent encore contenir bien des erreurs ou des incorrec- tions. Dans I'interet de la geographie, comme de la na- vigation a laquelle elle est specialement destinee, je prie mes collegues de me communiquer les observations qu'ils pourraient avoir a me faire sous ce double rapport, et je les mettrais a profit avant d'executer le second tirage, qui aura lieu dans quatre ou cinq mois. MM. les mem- bres de la societe pourront remarquer que j'ai fait figurer sur cette carte les divisions que j'avais arretees depuis 8. (ii6) long-temps pour cette partie du globe, et que j'avaisan- noncees dans nion inemoire sur les ilcs de I'Oceanie, lu devant la Commission centrale, le 27 decembre i83i. Veuillez agreer, elc. J. DUMONT d'UrVILLE. Reclamation de il/. Jomard, vice-president de la Commis- sion centrale , an sujet d\m article inscre dans la Revue des Deux Mondes («" du \^^ jevrier i833.) L'auteuranDiiymed'un article public aujourd'hui dans tm recueil periodique, vient de m accuser avec violence d'etre I'auteur de la niesure qui a valu a M. Douville le prix annuel de la societe de geographic , et il parait en vouloir faire peser sur moi seul la responsabilite. II est prouve par ce seul enonce que I'auteur ne connait ni les faits, ni la ptrsonne qu'Jl attaque , ni son caractere. Ma reponse sera calme et simple, comnie la verite : si elle fait retomber sur d'autres le reproche injuste que Ion m'adresse, ce ne sera pas a moi qu'il faudra sen prendre, mais aux personnes qui out provoque celte explication. En toute autre circonslance, jaurais garde un silence absolu; mais I'interet de la societe de geographic doit I'emporter sur ma repugnance. J'ose dire que toute per- sonne, soigneuse de la dignite d'un corps savant, se se- rait conduite et se conduira comme je I'ai fait, a I'occa- sion de I'affaire dont il s'agit. Je n'ai , pour ainsi dire, connu le voyage de M. Dou- ville que par son oHP'/a^'^e. Jusquc-la , je n'eu avaisqu'uiie idee confuse ou tres generale. Ce nest pas a moi qu'il s'est adresse en arrirant a Paris. ( i'7 ) 11 neni'a communique, a son retour d At'rique ou de- puis, ni cartes, ni itineraires , ni observations , ni ma- teriaux quelconques. Je n'ai pas ete membre de la Commission chargee de porter un jugement sur son voyage. Je n'ai pas assiste aux seances qu'elle a tenues. Les membres de cette Com- mission etaient MM. Eyries, d'Avezac, Brue, Warden et Corabceut. Ce dernier est le seul avec qui je me sois entrelenu avant la decision , et il est le seul qui ait opine en taveur du voyage des freres Lander. II est vrai que , dans la societe, pei-sonne ne s'est eleve centre la proposition de la Commission. Mais, qui ignore qu'en matiere deprix, une Commission est souveraine , qu'elle decide comnie jury, que sa decision est sans appel ? La raison de cet usage est palpable. Les societes ne sont done point compromises reellement et serieusement par les jugeniens de prix. D'ailleurs, la societe geographique d'Angleterre, tout considere, ne semblerait pas moins compromise que celle de Paris, puisque non contente d'avoir accueiMi le voyageur avec une haute distinction , elle a ordonne qu'/7 serait achete deux cents exemplaires de son ouvrage. Quant a la Commission elle-meme , quoique je ne sois pas charge de prendre sa defense, je dirai qu'elle pourrait, au besoin, donner des explica- tions, des motif* tres plausibles. Je ne suis done pas dans un cas different de tons les membres de la societe, qui ont sanctionne I'avis de leurs collegues par une adhesion pure et simple, qui n'ont eu sous les yeux aucun des niateriaux et des ovi- ginaux, qui n'ont pris aucune part directe ni indirecte a la redaction, a la correction, a la publication du voyage. Personnellement , j'y suis reste completement elranger. II y a plus : dans toute cette affaire, en chaque ( "8 ) circonstance, et dans I'interet seul delasociete, dontj'a- vais I'honneur de presider la Coimnission centrale, je suis deineure constanimenlsur la reserve. Aussi )e vovatreur a pu eprouver quelquefois un peu de surprise de trouver chezinoiunacciieildifferentdeceluiqu'ilrecevaitailleurs; et j'avoue queje m'etais attendu a un reproche lout oppose a celui qui ni'est adresse aujourd'hui, c'esl-a-dire, de n'a- voir rien fait du tout pour le succes de M. Douville. Le reproche d'avoir influe sur le jugement de la societe, et de r avoir coiironne on fait couvoimer ^ est done une imputation ahsurde : il ne peut qu'elre I'effet d'uneer- reur grossiere; car je ne veux pas croire qui! ait pour but le desir de nuire, puisqu'il produira letfet loutcon- Iraiie, quand la verile sera connue. En tout cas, il est d'une faussete manifeste, et tombe de lui-meme : c'est ce que temoigneront toutes les personnes imparliales. Elles diront que j'ai empeche que la dignite de la so- ciete flit compromise dans les differenles occasions qui se sontoffertes : elles diront enfin quej'etais du iiond)re des personnes qui T^oxid^x&nx^onv secretaire de la societe, a lassemblee generale , de mars dernier, une autre per- sonne que M. Douville. Je n'ai done point lait decerner le prix aM. Douville, je ne I'ai pas fait couronner, et il ne me dolt pas sa no- mination de secretaire de la societe. Je n'ai pris aucune espece de part quelconque a ces troi.s actes, et je defie qui que cesoit d'arliculer un fait contraire a cette asser- tion. Au reste, depuis que I'article du Foreign Quarteriy tie'^iewa. paru , j'ai pense conslamment que la societe de geographic n'avait plus aucune part a prendre dans ce confllt, comme conipagnie litteiaire; selon moi , sa di- gnite le lui defend; elle n'est pas d'ailleurs la premiere societe savante qui ait vu ses jugemens reformes par le ( ^^9) public; je pense £nfan que tous les efforts qu'elie feraii pourjustifier sa decision , seraient deplaces, inconvenans, inutiles. Telle est I'opinion que j'ai soutenue, sans faire un crime a personne dene pas la partager. JOMARD, Vice-President de la Commission centrale. Apres la lecture de la note precedente, la Commission centrale exprime a M. Jomard toute la peine que lui cause linjusle attaque dirigee conlre sa personne dans ses fonclions de president; elle declare hautement quelle approuve sa conduite et decide a I'unanimite que sa Re- clamation sera inseree dans le Bulletin de la societe. Qu'il me soit permis, ajoute M. le President, de ren- dre hommage a mon prede'cesseur , pour la maniere digne et imparliale avec laquelle il a constamment con- duit nos deliberations. Nous avons tous ete a portee de reconnaure tout ce que sa conduite a eu d'honorable et le soin avec lequel il a constamment veille a la dignite et aux interets de la societe; je ne fais que remplir un devoir, et un devoir bien doux, en lui rendant cette justice au nom de la Commission centrale qu'il a pre- sidee. ( I20 ) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. Rapport sur Vepoque de la lUstrihution du prix annuel pour la decouverte la plus importante. Depuis la creation du prix .innuel destine aux decou- vertes !es plus importontes , la Commission centrale a plusieurs tois eprouve le regreique lepoque des voyages et des explorations qui doivent parliciper a cette sorte de concours fiit trop rapprochee du moment ou I'exa- men doit en etre fait et le jugement prononce. Non-seu- lement il est des voyages lointains, des circumnaviga- tions de long cours dont il est impossible physiquement davoir des nouvelles au bout dun et meme deux ans; niais encore, on n'a soiivent, meme sur les decouvertes lointaineslesmieux constatet's, aucun document circon- stancie, authenliquc et scientifique. Ces motifs nous ont determines a proposer de laisser a lavenir un intervalle de trois ans , entre I'annee de la decouverte et celle ou le jugement sera prononce; la Commission centrale a vu dans cette mesure un avantage de plus,o'est que, dans plu- sieurs cas , les voyageurs auront eu le loisir et les moyens de publier la relation de leurs decouvertes en entier ou par extrait, ce qui donnera a la Commission d'exanieu beaucoiip plus do ressources pour se former une opinion ( 121 ) certaine, et pour porter uii jugement comparatif, sur le merite des excursions et la realite des observations de toute espece. En consequence, la Commission centrale a de'libere 1° que les voyages atxomplis ou termines dans le cours dune annee ne seront examines a I'avenir par la Com- mission du prix annuel qu a partir de la troisieme annee qui suivra ; 2" que 1 epoque de 1 examen sera fixee au mois de Janvier de cette troisieme annee; 3" que la pre- sente deliberation sera soumise a I'assemblee generale prochaine. J.-B. Eyries, JoMARD, J. d'Urville. PROCBS-VERBAUX DES SEANCES. Seance du \^^ Jei'iier i833. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adople. M. Jomaid communique I'extrait dune lettre, datee de Nice, qu'il a recue de M. Alexandre Barbie du Bo- cage. Cette lettre contient des details relatifsaux travaux que Ton execuiea Marseille, pour un nouveau bassin de carenage, ei aux antiquites assez nombreuses que ion a irouvees sur son etnplacenjent. On reuiarquait entre au- tres beaucoup de squelelles ayant encore dans la ma- choire I'oboledestineeau nautonier des enters... II yavait aussi beaucoup d'urnes en plomb de diverses I'ormes et reniplies de cendres, de bijoux antiques, delampes, etc. Le meme membre annonce a la Conmiission centrale qu'il a appris qu'un ingenieur europeen accompagnait ( '=^^ ) I armee (l'Ihr;iliim pacha, qui s'avaiice dans TAsie Mi- iienre. Get officier est muni tlinslruniens. On espere oh- tfnir par lades maleriaux utiles sur la geogrnphie et la to- pogiaphie decevaste pays, encore iniparfaitementconnu, non-seulement siir I'itineraire des lignes parcourues par I'armee egyptienne, niais encore sur les divers etages du Mont-Taurus et sur les cours d'eaux qui s'en echappent. M. d'Avezac depose sur le bureau le travail deM. Bros- sctsurlepachalik d'Akhaltzike, annoncedans la derniere seance et of'fert pour elre insere dans le Reciieil des me- moires de la societe. La Commission centrale renvoie ce travail a I'examen Je la section de publication en I'invi- tant a faire son rapport dans una des prochaines seances. M. d'Avezac annonce en outre que M. Brosset serait dispose a oftrir a la societe, pour le recueil de ses me- nioiies, la tiaduclion desaulres parlies de la geographic armenienne d Indjidjian relatives a la Georgie, c'est-a- dire le pachalik de Trebisonde, une partie de ceux de Cars et d Erzeroum, et I'Aderbijan; et il demande que la Commission veuillebien lautoriser a accepter, en son noni , Tolfre de cet orientaliste. M. Ansart pense qu'il convient d'attendre le rapport de la section de publication sur la premiere partie, afin de juger de I'interet que merite le travail du docteur ar- menlen. Paimi les ouvragesadresses a la societe , la Commission centrale remarque avec interet ia notice sur les opera- tions geodesiques executees en Moree , en 1829 et i83o, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier, capitaines d'etat-major. Sur la proposition de plusieurs membres, elle renvoie cette notice au comite du bulletin qui I'in- serera , en entier dans un des prochains numeros de ce recueil (voir page 89.). ( i--^3 ) M. Fontanier, tnenibre de la societe, aricien consul de France aTrebisonde, arrive recemment a Paris, est pre- sent a la seance. M. le president lui adresse, an noui de la Commission centrale des renierclmens, pour les utiles communications qu'il a hien voulu faire a la societe pen- dant son sejour dans le Levant. La Commission centrale , aux termes ile son regle- ment, procede a la composition de ses diverses sections pour Ian ne'e i833; savoir: Section de correspondance. MM. Bajot, Barbie du Bo- rage (J. -G.) , Barbie du Bocage (Alex.) , Bottin , Cadet deMetz, Isambert, Jaubert, Jouannin , C.Moreau, baron Roger, Sueur Merlin, baron Walckenaer et Warden. Section de publication. MM. Albert-Montemont, Au- sart, Bianchi, Bonne, Caussin de Perceval, Daussy, d'A- vezac, Dulour, Duperrey, Eyries, de Freycinet , de Larenaudiere , de Ponimeuse. Section de comptahilite. ]\IM. Boucber, Douville, Gi- rard, Haxo , Peytier et Vauviliiers. La Connnission centrale aete invitee par M. le minis- tre de la marine a lui faire connaili'e son opinion sur les demandes qui lui avaient ete adressees par M. Dou- ville, relalivement a un voyage scientifique qu'il se pro- pose d eiitreprendre dans linteiieurde I Afrique. La Conmiission a expi'ime dans sa reponse qu'elle avait couronne comnie decouverte, le voyage de M. Douville au Congo 5 que depuis la publication de son ouvrage, sur lequel la presse avait engage une polemique, la Com- mission centrale avait invite I'auteur a lui communiqner les Clemens ou donnees astronomiques qui avaient pro- ( '24 ) cure les resultats consignes dans cet ouvrage ; que M. Douville n'ayant encore remis aucun de ces rensei- gnemens, la Commission devait raster dans ie doutesur Incertitude des resultatsastronomiquesjnentionnes dans le Voyage au Congo. Seance du iS feuvrier. Le proces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. Graberg de Hemso remercie la societe du litre quelle a bien voulu lui accorder en radmettant au nom- bre de ses correspondans etrangers. M. le commandant d Urville depose siir le bureau un exemplaire de la carte generale de I'ocean Paciilque qu'il vient de terminer de concert avec M. Lottin, apres dix- huit mois de recherches et de travaux assidus. M. le president adresse a M. d'Urville les remercimens de la Commission pour la carte de I'Oceanie, dont il vient de lui faire bommage. On ne pourra queconsulter avec confiance un ouvrage qui est le fruit de si savantes recberches; et pour repondre aux intentions de Tauteur qui desire profiter encore des observations de MM. les membres de la societe , ils seront invites dans la pre- miere assemblee geneialc a prendre connaissance de la carte de M. d'ljrville. M. dcMendeville, consul general de France a Buenos- Ayres, adresse a la societe une notice sur la reconnais- sance du Rio Vermejo , operee en 1826, par une expe- dition, sous les ordres de don Pablo Soria, qui fut ai— rete au termedeson exploration et retenu au Paraguay, pendant cinq ans, par le docteur Francia. Cette notice est accompagnee de deux plans qui ser- ( x.^) ) vent a determiner les points principaux et les plus im* portans a connaitre. Le meme correspondant se propose d'adresser inces- saniment de nouvelles communications, et il temoigne le desir d'etre admis au nombre des membres de la so- ciete. La Commission centrale accueille avec inleret les documens envoyes par M. de Mendeville ; elle les ren- voie au comite du bulletin, et s'empresse d'inscrire son nom sur la liste de ses membres. M. Ricciardi ecrit a la societe pour lui demander I'e- change de son bulletin contre deux recueils periodiques publics en Italic, le premier sous letitre de : Leprogres des sciences , des lettres et des arts ; et le second, sous celiii de : Le spectnteur du f^esiti>e et des champs pJde- greens. La Commission acccpte le'cbange propose par M. Ricciardi. M. Coraboeuf offre , au nom deM. Puissant, un exem- plaire de la Noupelle description geometrique de la France^ formant le tome vi du Memorial du Depot de la guerre. M. le president rappelle que M. Puissant, dont on vient de presenter I'ouvrage, a etc un des fondateurs de la societe et un des membres les plus eclaires de la Com- mission centrale. M. Coraboeuf lit une notice, qui lui a ete communi- quee, renfermant I'analyse de cet ouvrage, et dont lassemblee enlend la lecture avec un vif interet; elle sera inseree au bulletin. M.G. Barbie du Bocage faitremarquer, que contre I'in- tention de M. le secretaire general , il s'est glisse uneer- reur dans I'impression de la notice annuelle, dans laquelle on a omis les noms de MM. le comte de Laborde et le ( 126 ) baron Taylor, parmi ceiix ties commissaires charges de I'exanien du projet de voyage de M, de Linant; il de- mande que cette omission soit reparee et qu'il en soil fait mention au proces-verhal. Adopte. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du i®'"yeVne/- 1833. M. Edouard Dobuc, chefd'institulion , membre dona- teiir. M. Dabadie. Seance du I'Sfevrier. M. PiHATv dela Forest, imprimeur. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du \^^ fevrier i833. Par la societe royale de Londres : Adresses delivered at the anniversary meeting of the Royal society; i J)r. 10-4". Par M. Peytier : Notice sur les operations geodesiques executees en Morec en 1829 et i83o, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier, capitaines d'elat-major, suivie dun catalogue des positions geographiques des princi- ( ^-^1 ) paux points determines par ces operations, i br. in-8°. Par Ch. Quentin : ISotes critiques et geographiques sur Samarobriva. i b. in -8". Par M. Gide : Nouvelles annales des voyages ; cahier de Janvier i833. Par M. Douville : Trente' mois de inn vie on quinze mois avant et quinze ?nois apres inon voyage au Congo. I vol. in-8''. Par la societe asiatique : Cahier de decembre de son journal. Par M. Lourniand : Journal general d' education et d^instruction., contenant le bulielin de la societe des me- thodes d'enseignement. Cahier de Janvier i833. Chez Colas, libraire, rue Daiiphine. Seance da 1 5 fevrier. Par M. le colonel Puissant : Nouvelle description geo- metrique de laFrance., ou Precis des operations et des re- sultats numeriques qui servent de fondement a la nou- velle carte du royaumej snivi dune carte generale des triangles du premier ordre, comprenant le tableau d'as- semblage des feuilles de gravure : premiere partie. i vol. in-4°. Par M. d Urville : Carte generale de V Ocean Pacifique., dressee par MM. d'Urville et Lottin, d'apres les recon- naissances de la corvette V Astrolabe , et les decouvertes les plus recentes. Paris, i833, i feuille. Par le bureau des longitudes : Connaissance des temps pour 1 835. — Annuaire du bureau des longitudes pour 1 833. Par M. Boreau : Voyage aux montagnes du Morgan. I vol. in-i2. ( 128 ) ParM. de Moleon : Recueil industriel et manufacturier. Cahier de decembre. Par la societe d'agriculture de la Seine-Inferieure : Extvait de ses travaux. Deux cahiers in-S". Errata du cahier de Janvier i833. Deux erreurs typographiques ont ete commises dans Varticle ayant pour litre : Mceurs et Coutumes des Mu- sulmans de llnde, -— Au lieu de ces mots quanoun e islamt , page 32, lisez ; Canouni Islam. — Au lieu de Ckunna, p. 33, lisez: Khenna. ». ^ ^/^ m.-*^*. % ^ ■^ * ■« BULLETIN UE LA r ' SOCIETE DE GEOGRAPHIE. No 119.— MARS i833. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. NocvELLE description geometrique de la France, on Precis des operations et des resultats niwtcriques qui seruent de fondement a la noiwelle carte durojaume, suivi d'une carte generate des triangles de premier ordre, compre- nant le tableau d^ assemblage des feuilles de gravure, par L. Puissant, colonel an corps royal d' etat- major ^ chej de la premiere section du Depot de la guerre^ membre de V Academic des Sciences. Avant que les astronomes pussent entreprendre avec succes le leve geometrique d'un grand etat, ils prelu- derent long-temps a la mesure de la grandeur et de la figure de !a lerre, parce qu'elle en est le fondement es- (i) AParis, chez Pitxjuet, geographe, quai Conti, n° 17. y ( i3o) st'iiliel. Si la (leteriiiination d'lin arc ile iiieridieii (jue !e oelebre Picard eftectua vers le milieu du dix-soptieine siecle ne repondit pas completcinent au but qu'il s'etait propose, du moins inspira-t-elle en France et dans d'au- tres parties de lEurope civilisee le desir de faire de nou- velles teiitatives en ce genre; niais il etait reserve a I il- lustre fainille des Cassini de donner un premier exeniple d'une carte du royaunie fondee sur des methodes trigo- nometriqueset astronomiques. C'est surtout a I'occasion de la fixation de notre nouveau systeme rnetrique deci- mal que ces methodes ont ete portees au plus haut de- gre de perfection , et que la geographie malhemalique a en quelque sorte ete assise sur de nouvelles bases. Lorsque les ingenieurs francais eurenl explore topo- gra[)hiquement les contrees qui furent le theatre de nos vicloires, le Depot de la guerre, qui avait dirigeces tra- vaux, concul le projet de reniplacer la carte de Cassini , reconnue en general incomplete, et en beaucoup de points inexacte. Cette idee de procurer aux ditferens services publics et aux administrations locales de nou- veaux documens geodesiques et topographiques mieux appropries a leurs besoins, iut favorablement accueillie du gouvernenient. En eftet, dapres I'opinion que I'il- lustre Laplace emit a ce sujet a la Chambre des pairs le 1 1 juin 1817, et le rapport qui fut fait au roi le 6aout suivant, sa inajeste prescrivit lexecution duncnouvelle carte topograpliique du royaume, combinee avec les leves du cadastre ; carte dont [les bases et le mode d'ope- ration furent ensuite discutes dans le sein dune com- mission composee de membres choisis parmi I'lnstilut et les differens services publics. Les dispositions fondamen- tales arretees , le Depot general de la guerre fit com- mencer sur-le-champ la triangulation par le corps des in- (z3i) genieurs-geographes, clont I'expenence en ce geni-e etait incontestable. C'est a lendre compte de leurs travaux et geographiques provisoires a celles definitives des points (juelconqiiesdun reseau de triangles, soit qu'ilsurvienne un clumgciuent dans les longueurs des cotes, soit qu'il s'en opere un dans les latitudes, longitudes et aziniuts des points de depart. Le premier chapitre de cette section est terniine par un article etendu sur la coniparaison des bases. Malgre les soins portes dans I'observation des angles des trian- gles de premier ordrCjil reslait a eviterautant que possible I'accumulation des erreurs sur les distances conclues, qui sont tres eloignees des bases de Melun et de Perpi- gnan, en mesurant avec les regies de platinecinq autres- l)ases de verification, savoir : la premiere a Ensisheim, pres de Colmar; la deuxieme au bord de la nier, non loin du cap Finistere; la troisieme dans les landes, pres de Bordeaux; la quatrieme aux environs de Dax, et la cinquieme pres d Aix. On est generalement persuade, d'apres les ealculs de Delanibre, que les bases de Melun et de Perpignan ,liees par une cbaine de soixante triangles, s'accordent entre elles a un tiers de metre pres; cependant les travajix trigonometriques de la carle deFrance font reconnaitre la necessite d une rectifi(;ation dans la partie de la meri- dienne de IJunkerque comprise entre le parallelede Paris et celui de Bourgcs. En eff'et, en y remplacant les trian- gles dune forme insolite par ccux de la petite meri- dienne de Fontaineblcau, mesures par M. le comman- dant Delcros, les bases de Bordeaux et de Melun s'ac- cordent dans des limites tres tolerables; mais alors, en ayant egarda cette rectification dans le rcstede la <;liaine jusqu'a la base de Perpignan , le merveilleux accord de cette base avec celle de Melun n'existe plus : la premiere conclue de la secoude surpase de i'" ,8?. sa mcsure directe ( i3y ) trouvee de ii7o6*'"',4. Un resiiltat aussi inattendu n'eut pas manque de causer Leaucoup de tourment aux au- teurs de la Base du systeme nictrique decimal, s'ils en avaient eu connaissance. Neanmoins , les autres bases s'accordent entre elles rl'une maniere satisf'aisante, et constatent la graride superiorite du nouveau canevas sur celui de Cassini. Le chapitre ii , qui est le dernier de la seconde section, comprend le precis de la triangulation intermediaire. L'auteur a suivi , pour la description des dix premiers es- paces remplis de triangles et conipris entre les chaines principalesjle mode qu'il avait adopte pources chaines: ainsi, apres le tableau des triangles de premier ordre, on trouveceux des positions geographiques des stations du premier et du second ordre, et la table alphabetique de ces memes points. Toutes ces tables, jointes a celles qui doivent accompagner les feuilles de la carte gravee a I'echelle du quatre-vingt millieme, donneront les trois coordonnees geographiques de plus de quarante mille positions, etseront par consequent tres utiles a consulter en maintes circonstances. Quoique la petite chalnedite mcridienne de Fontaine- blenu remplace avantageusement les triangles corres- pondans de la nieridienne de Dunkerque, et fasse dispa- raitre en grande partie la discordance des bases de Bor- deaux et de Melun , il a paru necessaire de confirmer I'induction qui en a ete tiree, en etablissant une chaine de verification a I'ouest de la meridienne de Dunkerque. Celle-ciest suivie de la rectification de quelques hauteurs absolues surlesquellesils'etait glissedes erreurs a I'incu du calculateur. MM. Puissant et Goraboeuf ont cherche a se premunircontre les fautes d'inipression en verifiant sur les reiristres-minutes memes des inifenieurs tons les ( i4o ) nombres que les resumes renferinent; ainsi il est pro- bable que ces fautes sont tres rares. Ces resumes sont suivis d'une note sur le systeme de projection a ce qui produirait une erreur qui serait le sixieme de la cor- rection a faire. Cette quantite serait presque toujours au-dessous de I'erreur de I'observation, et de plus, les observations apres et avant midi donneraient une com- pensation. Apres la reduction de toutes les equations a la meme heure, les coefficiens qui affecteront I'inconnue repre- sentant la correction a faire a la marche diurne, seront desnombresentiers, et toujours de petits nombres,carIa supposition del'uniformite de lamarched'unemontre ne doit pas s'etendre, autant que possible, au-dela d'envi- ron 20 jours j si Tintervalle etait plus grand, et que les observations fussent nombreuses, on ferait bien de le diviser en deux ou trois intervalles que Ion examinerait chacun separement. On voit done qu'apres cette reduction , la multiplica- tion de toutes les equations par le coefficient de i'incon- nue que Ion clauche, devient une operation simple et facile : la somme de toutes les equations ainsi multipliees 10 ( i4fi ) donnera la seconde equation finale, qui, combinee avec la premiere, fournira, par les nietliodes ordinaires, la valeur de chacune des inconnues, c est-a-dire les correc- tions a faire a la marche diurne et a I'etat de la niontre sur le temps moyen, pour que la sonune des carres des erreurs des observations soit la moindre possible. On pourrait encore, lorsqu'il y a des observations du matin et du soir, et qu'elles paraissent indiquer ntie erreur constante soit dans rinsirument, soit dans la nianiere d'observer, chercher a determiner par cette meme methodc, ou I'erreur sur le temps vrai, que Yon pent generalement supposer constante, ou I'erreur de linstrument, si Ion voulait calculer rigoureusement en appreciant pour chaque observation 1 effet d tine erreur constante sur la hauteur; mais cette derniere supposi- tion augmenterait beaucoup le calcul : la premiere, qui est celle que Ion emploie toujoiirs, puisque Ton reconi- mande de ne comparer, pour avoir la marche, que les observations faites a la meme epoque de la journee, sera generalement suffisante, car on s'ecarte ordinairement pea de Iheure moyenne. Si done on voulait calculer I'erreur des observations du matin et du soir, en la supposant constante, on iniro- duirait dans les equations de condition une troisieme inconnuedont le coefficient serait toujours I'unite, mais qui serait seulement de signes contraires le soir et le matin ; pour avoir alors la troisieme equation finale, qui, combinee avec les deux autres , fournirait les moyens de determiner les trois inconnues, il suffirait de changer les signes de toutes les observations du matin ou du soir. et de faire la somme ; on voit qu'on aurait cette derniere equation avec facilite. La resolution des trois equations a trois inconnues serait seulement un peu plus longue. ( i47 ) Pour rendre plus intelligible cette methode, nous allons joindre ici deux exempies de notremaniere d'operer; et pour ne pas supposer des observations disposees expres, nous les prendrons parmi les registres d'observations astrononiiques qui se trouvent au Depot de la Marine. Par des observations faites a Saint-Paul, ile de Bour- bon, en 1832, on a trouve pour je retard d'unemontre marine les quantites suivantes ; Temps moyen. Retard. Le II juillet,a3' i'32" 6''4i'32" 12 3. 1.44 6.41.32 i4 2.33.3i 6.41.34 16 2.5o.4o 6.4i-42 18 3.i3.52 6.41. 5i 19 2.47. 3 6.41. 5o. En comparant la premiere et la derniere observation, on trouve, pour marcbe diurne, —^ = 2",25. o Avec cette marcbe, nous rapporterons tous les re- tards trouves a 3*0', en diminuant ceux obtenus plus tard et augmentant ceux obtenus plus tot : comme la difference est tres petite, nos corrections le seront aussij on auraainsi : Le II juillet, a 3* o' 6''4i'32"oo 12 6.41.32,00 14 6.41.34,04 16 6.41.42,01 18 6.41.50,98 19 6.4i.5o,o2. Si, au moyen du retard trouve le 11 juillet, et de la marcbe 2",25, nous voulonscalculer les retards les jours suivans, nous aurons, en appelant x I'erreur de letat suppose, etr I'erreur de la marcbe diurne adoptee, 10. ( M8) Le II juillet, 6*4i'32" o + or + o = 6*4i'32"oo 12 6.41.34,25 -}- .r + y "=■ 6.41.32,00 14 6.41.38,75 4. jr + 3j = 6.41.34,04 l6 6.41.43,25 -f- -2^ + 5j := 6.41.42,01 18 6.41.47,75 + Jr + 7J = 6.41.50,98 19 6.4i.5o,oo -f- ^ + 8^ = 6.4i.5o,o2, oil j: = o j: 4- ^ = — 2"25 j: + 3/ = — 4,71 •^ + 5j = — 1,24 •^ + 77 = + 3'^^ «^ + 87 = + 0,02 En faisant la sorame de ces six equations, nous aurons la premiere equation finale e^x + 247 • = — 4",9S5 pour obtenir la seconde, nous multiplierons chacune d'elles par le coefficient de/ dans cette equation j nous aurions ainsi : 0 = 0 a: -|- J = — Oi'i^ 3jr + 9/ = — 1 4)1 3 5x 4- 25j = — 6,20 7-2^ + 4ar = + 22,61 8a: -4- 64/ = -f- 0,16. Faisant la somme, nous aurons pour la deuxieme equa- tion finale : 24^; + 1487 = + o',i9. Nous aurons done, pour obtenir les valeurs de x et de J, les deux equations suivantes : Sx + 24x = — 4",95 24:c + 1487 = + 4",»9; ( ^49 ) divisant chacune d'elles par le coefficient dex, nous aurons : X + 4?oo y '^^ — o",825 X + ^jiSyj = -f o",oo8, et par consequent : 2,1677 = + o",833 ; done 7 = + o",384: ce qui donnera enfin : :c = — i",536 — o",825 = — 2",36i X z=. — 2",367 -j- o",oo8 = — a',36i. Appliquant ces corrections aux valeurs supposees pour I'etat et la marche de la montre, on aura : Le 1 1 juillet, a 3 , retard de la montre, 6'4i'32'',o — 2",36 = 6Mi'29'S64, et marche diurne =: 2", 25 4- o",384 = a",^^. Les erreurs sur les observations seront alors : Le 1 1 juillet , — 2",36 12 + 0,27 14 — 3,54 16, — 0,81 18 + 2,92 19 — 0,61. Ces erreurs ne sont pas beaucoup diminuees, mais elles sont distribuees plus uniformement,et Ton a I'avantage d'avoir employe toutes les observations a la determina- tion des deux eiemens des calculs de longitude que Ton pent obtenir par le moyen decette montre. Dans le second exeraple que nous allons donner, nous chercherons a determiner aussi I'erreur constante sur Tangle horaire conclu des observations du matin ou de celles du soir. Voici les differens etats de la montre, trouves par les observations d angles horaires : ( '5o ) Retard. Le 2i dec. 1818, 3*20' i*i7'59"85 23 3.32. 1.17.37,59 23 20. 36. 1.17.30,81 29 3.52. 1.16.29,07 29 I9-34- 1. 16. 20,40 i"janv. 1819, 20.28. 1.15.46.71 7 20. o. 1.14.35,33. En comparant I'observation du 23 et la derniere ob- servation, faites toutes deux le malin, on trouve pour marche diurnede hi montre ii",7i. Au raoyen de cette marche, qui etant determinee par unintervalle de i5 jours, doit eprouver peu de change- ment, nous reduirons toutes ces observations au midi le plus proche ; nous aurons ainsi : Le 21 dec.,amidi, i''i8' i"47 23 1.17.39,31 24 1.17.29,15 29 1.16.30,96 30 1.16.18,24 2 Janvier, i.i5.44599 8 1. 14.33,38. Partantde I'observation du 21 comme etat approxiniatif, qu'il faudra corriger, et avec la marche determinee oi- dessus, on obtiendra, comme dans le premier exemple, les equations de conditions suivantes, dans lesquellesor designe la correction a t'aire a I'etat de la montre le a I decembre,^ la correction de la marche diurne , et z la correction des angles horaires provenant de I'erreur constante commise sur les hauteurs , et qui par conse- quent est de signe contraire dans les observations du matin et du soir : (.i5i ) X 2J + Z = + l'26 X 3/ Z =: -}- 2,8 I X — ,8/ 4- ;3 = 4- 3,17 ^ — 9X — ^= -^ ^'^^ X 1 2J Z = -J- 4>o4 X — \?>x — js = + 2,69. La somiiie de ces sept equations donnera la premiere equation finale par rapport a x^ 'jx — Saj — z = -4- i6'',i3. En changeant les signes de la troisleme et des trois der- nieres, z se trouvera avoir le nieme signe dans toutes : en faisant la somnie de ces equations ainsi transformees, on aura pour equation finale par rapport k z: — ac + Ziy -r 7^ = — 'j''-,'^']- Enfin, multipiiant la deiixieme par 2, la troisieme par 3, la quatrieme par 8, et ainsi de suite par les coefficiens de/, et faisant la somine, on aura pour troisieme equa- tion finale : ^ix — 6i6y — 32Z = + i52",65. Nous ne donnerons pas ici le calcul de ces trois equa- tions, qui se fera suivant la melhode ordinaire, et don- nera pour la valeiir des inconnues : :r = 4-i"52, / = — o",ioo, s = — o",36: ce qui donnera pour I'etat de la montre, le 21 decembre a niidi, i'' 18' i",47 4- i",52— o",36 = 1* 18' 2",63, et pour marclie diurne 11 ,71 — o",io == ii",6i5 la cor- rection z indique qu'il faut retrancher o",36 de I'etat de la montreconclu des observations du soir, et ajouter la meme quantite a celui conclu des observations du matin. ( 1^2 ) On voit que lerreurque I'on aconiniise eneniployant la marche approximative pour reduire les observations a midi, ne s'elevera pas a o",02, puisque le plus grand intervalle etait de 4N ou i/6 de la correction, qui est de o'jio. Si, au nioyen de ces nouvelles donnees, nous cher- chons le retard de la montre a inidi, pour chaque jour d'observation , afin de voir quelles sont les erreurs qu'il fautadmettre dans les observations, nous aurons : Le 21 i'i8' 2"63 23 1.17,39,41 24 1.17.28,25 27 1.16.29,75 3o 1.16.18,86 2 i.i5.44io3 8 1.14.34,37 On voit que ces erreurs sont tout-a-fait dans les limiles de la precision que Ton doit attehdre, et par consequent, les donnees que nous avons obtenues satisfont lemieux possible a I'ensemble des observations. Err. . lies obs. i'i6 0,10 + o,63 + 1,21 0,62 + 0,96 — 0,99 • ( ^53 ) Notice sur la reconnaissance da Rio F^ermejo , operec en 1826, par line expedition sous les ordres du docteur Pablo Soria , arrete au terme de son exploration et re- tenu en captivite au Paraguay pendant cinq ans , par le docteur Francia. (i) L'Espagne avail adopte, pour le gouvernement de ses colonies, un systenie qui exercera , sans doute pendant Lien du temps encore, una grande influence sur lim- niense territoire qu'elle a possede dans le continent americain. La solljcitude de I'administration semblait etre absorbee par I'exploitation des mines ; toutes les autres sources de richesses dont ce sol est couvert n'e- taient considerees que connie des accessoires plus ou moins negliges. Le commerce, entrave par des restric- tions sans nombre, etait le privilege dun petit nombre d individus. Toute communication avec les .itranseis etait severement interdite, et les habitans, contenus dans la plus etroite dependance, ne pouvaient suivre les progres des lumieres , ni cultiver les arts industriels. Un pared ordre de choses, fruit dune politique aussi aveugle qu'ombrageuse, a du non-seulement s'opposer a I'accroissement de la population, mais encore tendre constamment a la reduire. Aussi I'Espagne , nominale- ment maitresse dun territoire beaucoup trop vaste com- parativement a ses moyens d'y etendre son pouvoir, et ou elle ne voulait pas que d'autres penetrassent, s'est- ellc bornee a occuper les points qu'elle jugeait neces- saires pour exercer sa domination et etablir les com- munications les plus indispensables, et il en rcsultait (ii Les deux plans qui acconipagiient cette notice paraitront avec le prochain numero. ( 'S/f ) que, duns uiie grande partie de rinlerieur , on bien elle legnait sur d'imnienses deserts, on de grandes et belles regions denieuraient inconnues et perdues pour le nionde civilise. Rien done n'etait plus oppose a I'esprit de decouverte et au developpement des eleinens de prosperite si varies de ces contrees que le regime colonial des Espagnols ; et tant qua dure leur domination , on a neglige I'explo- ration de vastes territoires enclaves dans leurs posses- sions de la partie sud de ce continent, bien que par leur seule position geographique et par analogic avec les pays deja connus, situes sur le meme parallele, on ne put douter que ces contrees n'offrissent un grand interet. Pendant les guerres que ces colonies eurenta soute- nir pour conquerir leur independance , on ne pouvait songer a entreprendre de sembtables explorations ; mais lorsqu'ert 1824 on commenca a jouir ici vl'un peu de tranquillite, I'attention de quelques speculateurs se di- rigea vers la reconnaissance de ces regions encore in- connues. On ne pent toutefois se dissimuler que de pareilles entreprises ne soient entravees dans ces contrees par bien des difficultes. Par terre , elles peuvent etre consi- derees comme inipraticables : des livieres a traverser sans lesecours d'embaicatinns , d'inimenses mart^cages , des forets impenetrables, les betes feroces, les peuplades sauvages opposent des obstacles infmis et souvent in- surmontables. C'est done seulement par les fleuves , sup- poses navigables , que , dans I'etat actuel des pays situes dans la partie sud du continent americain , on pent ten- ter de penetrer dans I'interieur des terres. Si la navigation des rivieres connues dans ces parages *( i55 ) etait exploitee comiJie elle pounaii I'elre, si ces petils etals jouissaient dune tranqiiillite qui leur permit de ne s'occuper qua recueillir ies produits si riches et si va- ries de leur sol, et a Ies ecouler par Ies admirables ca- naux que leur a ou verts la nature, ils parviendraient sans doute rapidement a un haul degre de prosperite. Les Etats-Unis leur offrent un grand et bel exemple a suivre. On ne pent contester que ce ne soit a I'activile qu'ils ont su iniprinier a leur navigation interieure, qu'ils doivent une grande parlie du prodigieux accroissemeat de leur prosperite et de leur puissance; tandis qu'ici on est reduita deplorer le nialheureux concours de circon- Plances qui laisse couler pour ainsi dire en pure perte les eaux de lleuves qu'on pent nieltre au premier rang sous le triple rapport de I'etendue de leur cours, de I'abondance de leurs eaux et des richesses naturelles des conirees qu'ils arrosent. Les avantages que promettaient des communications avec certaines regions de lintcrieur encore iiiconnues, ouvrirent cependant les yeux a quelques personnes dont les vues etaient plus etendues, et il se forma ici une societe qui; projeta de f'aire reconnaitre, entre autres, le cours du Rio Vermejo et des terres adjacentes , dans le but d'y former plus tard des etablissemens. Elle prit en consequence la denomination de Cnmpanin del Ver- mejo ^ et se constitua sous les auspices des gouveme- mens de Buenos-Ayres et de Salta. Les cartes publiees jusqu'alors indiquent bien lexi- stence dune riviere importante, prenant sa source dans les Andes et debouchant dans le Paraguay, un peu au- dessus de la jonction de cette riviere avec le Parana. On la designe tantot sous le nom de Rio Grande, tantot sous celui de Rio Vermejo , qui est celui adopte par les der- ( '56) niers exploralcurs. Maisles points visiles anterieiirement avalentete determines d'linemaniere tout-a-laitincertaine etsouventerronee. II parait que les Jesuites ont eu seuls une connaissanceexacte de cette belle riviere. Us avaient commence sur ses bords , au point nomme Tangayc., un etablissement de mission qui n'a pas eu de duree ; et comme linteret de leur ordre , et non le bien general , etait le but de leurs travaux , ils n'ont transmis a per- sonne ce quils savaient sur le cours du Rio Vermejo. La compagnie du Vermejo organisa done une expe- dition dont la direction fut confiee a I'un de ses membres, don Pablo Soria, et qui se reunit d'abord a Salta, d'ou elle se rendit, en septembre iSaS, a la Palca de Soria, au confluent du Rio Grande avec le Rio Ver- mejo. La on construisit un bateau plat decinquante- deux pieds de quille , seize de largeur et trois ci demi de hauteur, mesure de France. Cette embarcation fut prete el le voyage commenca le i5 juin 1826. Le corapte rendu par le chef meme de I'expedilion , de la maniere dont le bateau fut equipe, provoque de trisles reflexions sur I'incurie extraordinaire des hommes qui ont concu et execute une seniblable entreprise. «Le '■ bateau, dit-il, sortit equipe avec quinze hommes con- '. damnes, extraits de la prison, et qui jamais n'avaienl « vu un canol; un autre journalier, volontaire,un enfant « de dix ans, un Indien Mataco pour servir d'inler- « prete, un cuisinier, le pilote nomme Descalzi , et un " individu etranger a I'expedition, qui avail demande « passage pour lui et quelques marchandises. Par une « fatalite irremediable, ajoute-t-il, on partit sans voiles, •' sans mats pour en hisser nwt, au besoin , n'ayanl qu'une ^ seule rame hors de service et txois canots. » ( >-57} On ne peut vraiment s'expliquer comment des gens, qui avaient pu construire un grand bateau el trois ca- nots, se trouvaient nianquer de rames; mais je cite le fait sans comnientaires : Ion etait, du leste, assez bien pourvu d'armes. Le tirant d'eau du bateau etait de vingt-deux pouces, on avait calcule que cette profondeur donnerait ia fa- culte de passer partoul dans les eaux les plus basses. L'epoque a laquelle on entreprenait le voyage rendait cette precaution indispensable. Dans la partie des Andes ou se trouvent les sources des rivieres dont la reunion forme le Rio Fermejo, les pluies sont periodiques, et de leur plus ou moins d'abondance depend la hausse ou la baisse des eaux dans le lit de ces rivieres. C'est generalement en octobre quQ commencent les pluies; elles cessent en mars. Les rivieres commencent a croitre en novembre ou decembre, et decroissent ensuite pro- gressivement depuis mars ou avril jusqu'en octobre. La •plus grande elevation des eaux a done lieu dans les mois de Janvier, fevrier et mars, et la plus forte baisse en juillet, aout et septembre, epoque a laquelle cette ex- pedition , par tan t le i5 juin, devait precisement se trou- ver en route. Suivant le plan trace par le docteur Pablo Soria, la Palca, d'ou I'expedilion est partie, est situee par les 22° 20' latitude sud et 64° 53' longitude ouest du meri- dien de Paris. Sauf ses sinuosites , le cours de cette riviere suit regulierement la direction du sud-est jus- qu'a son embouchure dans le Paiaguay, auquel le Rio yermejo se reunit, pres de Nembucu , par environ 26^ 5o' de latitude sud et 61° 20' de longitude ouest, et a douze ou quinze lieues nord de I'embouchure du Pa- raguay dans le Parana. L'exploration du Rio J^crmejo , ( »58) par cette expedition , a done ele ope'ree sur un espace d'environ trois cent trente niilles a vol d'oiseau. Les sinuosites de cette riviere, quoique inultipliees et courtes, ne le sont cependant pas assez pour niotlre obstacle au passage et a la mananivre des enlbarcation^ propres a la navigation des fleuves, quel que soit leur port. Dans toute I'etendue parcourue, la largeur du Rio Vermejo varie graduellenient de quatre cents a liiiit cents pieds. Sur cinq ou six points seulement les rives se resserrent et retrecissent le canal jusqu'a cent qiia- rante et cent vingt pieds; ces passages etroits se ren- contrent siirtout lorsquon approche de remboucliure, a vingt ou vingl-cinq lieues de laquellese trouve le Salto de Yso. En cet endrolt un Hot partage les eaux en deux bras, et de la, toujours en descendant pendant cinq ou six lieues, le cours de la riviere est encaisse entre deux rives argileuses qui en reduisent par fois la largeur a nioins de deux cent soixante pieds jusqu'au' Paso de Lurbe^ ou le courant se trouve encore considerablement resserre entre deux bancs d'argile qui partem de ses bords. Quelques lieues plus bas encore, on rencontre rile de Nacurutii, qui divise de nouveau la riviere en deux brandies. Le courant du Uio \'ermejo, presque generalement lent et doux, acquicrt naturellcment plus de vitesse dans certains endroits par le rapprocbenient de ses rives, coninie au .'-alto de Yso, au pas de Lurbe eta I'lle de Nacurutu; mais c'est partout sans consequence pour la navigation , toujours facile a la descente, et qui ne ren- contre que bien peu de difficultes quand elle a lieu en remontant. L'expedition d'un S. Alzara, envoye sous un des derniers vire-rois de Bu<"nos-Ayres, I'avait -••u reste deja ( '^9 ) diemontre, puisque avec uii bateau calant vingt-et-un pnuces francais environ , il parvint a remonter a la voile jusqii'a Yso , ayant par consequent surmonte tons les points qui pouvaient opposer le plus d'obstacles. Dans le cours do cette derniere exploration qui a eu lieu a la suite des eaux basses, la protondenr a varie de aS pouces a 9 pieds, etd'apres les donnees qu'on a pu recueillir, on estime qu'a I'epoque des grandes eaux, on ne rencontre pas nioins de ii a 12 pieds dans les par- ties les plus basses. L'elevation des bords presente defrequentes irregula- rites; dans la partie superieure depuis la Palca de Soria jusqu'au Rio del Voile ils ne s'elevent pas au-dessus de 6 a 12 pieds; aussi les terres riveraines qui conser- vent leur niveau a une assez grande distance sont-elles periodiquement inondees par les crues regulieres du Rio Vermejo , lesquelles au rapport des voyageurs ali- nientent dans ces contrees la plus admirable vegetation. C'est sans doute en raison de cette analogie avec le cours du Nil qu'on a donne atix immenses plaines situees sur la rive orientale du Rio Yerniejo , le nom de nouvelle Egypte. Nulle part la marche du bateau n'a ete entravee par ces troncs d'arbre qui opposent de si frequens obstacles, et qui parlois font courir tant de dangers aux embar- cations qui naviguent sur la plupart des grands fleuves du Nouveau -Monde. L'aspect pittoresque des terres que baigne cette ri- viere est extremement varie: tantot ce sont d'iminenses prairies ou paissent de nombreux bestiaux de diverses especes, tantot de vastes forets oii les bois les plus pre- cieux pour la fabrication des meubles de luxe se trou- vent a cote de ceux propres aux plus importantes con- ( »6o ) structions. Plus loin, ces sont des terres d'une fertilite extraordinaire qui produisent spontanenienl une infi- nite de vegetaux utiles; oii la canne a sucre, le manioc, le colon, le riz, le tabac et la plupart des plantes tropica- les prosperent a legal du fronient, du niais, de la pomnie de terre, etc., etc. On rencontre des hois d orangers , depechers, de noyers, de palmiers, et d'unet'oule dar- bres t'ruitiers sauvages ; on y eleverait aussi avec succes les poiriers, les poniniiers , les oliviers, la vigne, les eeri- siers, etc., a en juger par le peu d'essais precedemment tentes en agriculture^ en un mot la plupart des produc- tions vegetales des deux lieniispheres reussissent egale- ment sur cette terre privilegiee, et tout porte a croire que le regne mineral nest pas moins riche que les deux autres. Deja on y a reconnu I'existence de lor et du ter. Toutes les faveurs de la nature semblent done accu- mulees sur le territoire traverse par le Rio Vermejo. De- puis les neiges qui couvrent la cime des Andes jus- qu'aux clialeurs de la zone Torride , la temperatiire la plus variee favorise tous les genres de productions, sans alterer la salubrite du climat, qui parait etre partout dune purete partaite; les terres d une fertilite admirable sont couvertes de besliaux , de gibier de toutes espe- ces ; les eaux abondent en poissons ; des cours deaux constamment alimenles par les neiges des montagnes offrent de nombreux et puissans moteurs a 1 industrie mecanique. Gelle ([ui aurait besoin de combustibles y trouverait des ressources inepuisables dans les forets, en meme temps que les productions du sol offriraient quantite de matieres premieres qui ne demanderaient qu'a etre utilisees. Sur toute la ligne que I'expedition a parcourue, elle n'a rencontre aucun etablissemeiit qui aunoncat le ( i6i ) contact de la civilisation. A peine retrouve-t-on quelques traces de celui tente par les jesuites a Tangaye , par en- viron aS" latitude et 63" longitude. Les rives du fleuve sont frequentees par des tribus sauvages, qui vivent de chasse, de peche et des vegetaux que la terre produit sans culture. Ces tribus elant tres divisees et presque constaniment en querelles, sont peu considerables, et par consequent peu dangereuses, elles different sou- vent de coutunies et de langage. La plupart se sont montrees inoffensives, et celles dont on eiit pu crain- dre les dispositions doivent etre bien faibles , puis- qu'une expedition qui ne coniptait que vingt-deux in- dividus, a pu traverser leur territoire sans en etre se- rieusement mquietee. La malheureuse issue de cette tentative oblige a en restreindre la relation a des apercus generaux, tels que ceux qui precedent et qui demeurent bien incomplets par suite de la longue detention de I'expedition, retenue cinq ans en captivite, par ordre du docteur Francia. Lorsque cette expedition deboucba du Rio Vermejo dans le Paraguay vers le milieu d'aoiit 1826, Soria se disposait a descendre par le Parana a Corrientes, on il comptait terminer son excursion. II s'etait mal rendu compte de la position de cette ville, dont il se croyait beaucoup plus pres. Ayant remarque une habitation sur la rive gauche du Paraguay, il la crut dependante de la province de Corrientes, et se dirigea vers elle avec le plaisir qu'on doiteprouver a retrouver une terre amie au terme d'un long voyage, surtout apres avoir tra- verse des contrees desertes et au milieu de sauvages qui lui avaient souvent cause de I'inquietude. II ne tarda pas a etre cruelloment detrompe; s'etant approche de la rive orientale, il fut hele de terre, d'ou on lui I I ( I^^'^ ) enjoignit d'accoster uiie enibarcation chargee de trou- pes, pendant que de la rive on le tenait en respect, quoiquil ne lit aiicune demonstration de resistance, et qu'il ne songeat, en effet, a en opposer aucune. On connnenca par sequesirer I'argent, les amies, Ics munitions et instruniens qui se trouvaienta bord. L'of- licier, qui paraissait etre en possession du comman- dement, lui fit connaitre alors quil elait sur les teries de la dependance du docteur Francia, el lui declaraque pour mettre son excellence le dictateur supreme a meme de slatuer sur son sort, il fallait qu'il remft tous ses pajjiers sans exception; ils furenten eftet ramasses sans examen prealable, mis en paquets, et enleves de cette nianiere, sans que depuis lors Soria ait jamais pu en avoir de nouvelles, en sorte que scs plans, et les notes ou il avait consigue ses operations de toutc nature, ont ete perdues sans retour. Dapres le recit qu'en fait Soria lui-meme, et dont ce qui suit n'est que le resume, sa disgrace ne faisait que commencer et ne devait pas s'arreter la. Dix jours apres son arrestalion, on vint lui siguifier un decret du dic- tateur portant entre autres que « Soria etait un auda- « cieux, un insolent dehonte, qui par un acte atroce ■•etait venu , sans sa permission picalable, par une « riviere qui lui appartenait; que lui et ses compagnons -' eussent a sen rctourner par ou i!s etaient venus, at- « tendu que, a terminer leur voyage en descendant le •' fleuve , il ne voulait pas. « Soria, jugeant que 3ans voiles, sans rames, avec un bateau equipe comme le sion, le retour en remontant le Rio Fermejo etait impraticable, lit repondre : •> Que dans « la situation on il se irouvait, i! lui etait aussi inqjos- n sible de retouriKT jwr ou il etait veiiu, que d operer ( i'^3 ) « son retour en passanf. par la liine. Qu'en consequence « son excellence pouvait disposer de- lui comme elle le « jiigerait a propos. » On le laissa dans une complete incertitude du sort qui lui etait reserve pendant pres de six niois , au bout desquels, en quelques minutes, on fit embarquer dans leurs bateaux lui et ses compagnons d'infortune, sans k'ur donner connaissance de leur destination. lis re- monterent le fleuve cscortes par une autre embarcation chargee de troupes, qui en deux jours les conduisit a Villa-Real. La on permit aux hommes de I'equipage de se re- pandre dans le pays pour s'y procurer, en travaillant, des moyens d'existence. Soria et ses compagnons furent retenus ainsi pendant cinq annees. Leur position etait d'autant plus penible , qu'il etait impossible den prevoir le terme, qui restait subordonne a la volonte du dictateur. lis attendirent jusqu'au mois de juillct i83i, epoque a laquelle il leur fut permis de prendre passage sur une goelette qui les conduisit a Corrientes, d'ou ils se rendirent a Buenos- Ayres dans le courant d'aout suivant. Quelque temps apres leur retour a Buenos-Ayres , Soria et le piiote Descalzy publierent, chacun de leur cote, une carte de leur voyage. Un exemplaire de cha- cune d'elles accompagne cette notice; mais tons leurs plans de details, leurs notes et leurs observations etant Testes au pouvoir de Francia, ils n'ont pu dessiner ces cartes que de memoire, ettous deux conviennentde leur imperfection. Sauf quelques points principaux, pour lesquels le resultat de leurs observations etant phis im- pcrtantetayantdonne lieu a descomparaisons, demeura grave dans leur souvenir, tout le reste est trace par re- 1 1. ( ^64) miniscence et au hasard. Ainsi, ils indiquent comme de- termines par des observations regulieres deux points capitaux : 1° La paica da Soria, d'ou I'expedition a pris son point de depart; 2° L'embouchure du Rio-Vermejo dans le Paraguay, pres Nembucu ; mais la configuration interieure du fleu- ve, le nombre, letendue, la direction de ses sinuosites, sont autant de details qui doivent necessairement avoir ete traces d'une maniere completement inexacte. Quoi qu'il en soit,les resultats de cette expedition ne laissent pas que d'offrir un grand interet : i° elle a de- termine avec exactitude les points superieurs et inferieurs dune belle et grande riviere, sur laquellc on n'avait eu jusqu'alors que des donnees tres incertaines; 2° Elle sest assuree des facilites que cette riviere offre a la navigation et des avantages qu'on pourrait tirer des nioyens de communication qu'elle ouvre; 3° Elle a parcouru un vaste territoire ou la nature a prodigue tous ses tresors, et ou la main de I'homme n'a qu'a se presenter pour les recueillir. Buenos-Ayres , le a octobre i83a. W. DE Mendeville, Consul general de France a Buenos-Ayres. /yilli.fh I /ii/iri.'-.ti, rut <-/s-s Mitlhiirm.-i t>. J. iS°lS- Loiig-ilu,!,. :. 10..e«l ,ln ISK-iiclipn de P.-. r v^ o. 'brat^a OnAt. ii.. r ■'<»/(/ ,/f )ov <. ug'^* ^ ,^j Jtane. poru^te^ at CfZlr gtw la^U 5 liOhluA ob«erv995 2,484 De 100 et au-dessus 274 234 BLANCS LIBRES 5,358,759 5,167,299 io,526,o58 I -a I I I ' ESCLAVES. Au-dessous de lo ans 353,845 347,566 De ID a 24 3i3,()76 308,79 3 De 24 i 36 i85,654 186,082 De 36 a 55 118,996 111,753 De 55 a 100 4i'456 41.422 De 100 et auadessus 718 668 BSCLAVEs 1,014,345 996,284 2,010,629 A reporter la, 536,687 ( •% ) SEXE TOI'AL de la population des MASCULIN. FEMININ. , deux sexes. Report 12,536,687 GENS DE COULEUR LIBRES. Au-dessous de 10 ans....... 48,787 47,347 De 10 a 24 ans 43,ia6 48,125 De 24 a 36 27,629 32,5o4 De 36 a 55 22,262 24,266 De 55 a 100 11,475 13,369 De 100 et au-dessus 266 36 1 GENS DE COULEUR LIBRES. i53,4g5 i65,g72 319,467 TOTAL GEKERAL de la population au\ Etats-Unis .... i2,856,i54 Dans le nonibre ci-dessus,on compte parmi les blancs: 52/(4 sourdsmuets. dont : Au-dessous de I'^ge de 14 ans. . De 14 a 25 ans 1874 V 5244 De 2 5 et au-dessus , , 3,983 aveugles. 106,544 etrangers non naturalises. 1640 \ 1874 > 1730 ' Parmi les esclaves et les gens de couleur libres, on compte : 684 sourds-muets , dont : Au-dessous de rage de 1 4 ans. .. . 282 ^ De i4 a 25 ans 247 \ 684 Et de 25 et au-dessus 2o5 j Et i,(io2 aveugles. On remarquera, par le tableau cl-dessus, conibien le iiombre des individiis ages de cent ans et au-dessus est ( 17" ^ iiiteiieur clie/, Ics blauts , coiiipaiativement aux esclaves et gens de couleur; la moyenrie proporlionnelle est : Pour les blancs Un individu sur 20,720 Pour les esclaves Un individu sur i,45o Pour les gens de couleur libres. Un individu sur 5 1 o Expedition du lieutenant Burnes et du docteur Gerard a Lahore et a l' Indus.. Avantque les deux voyageurs eussent quitte Lahore, cette capitaSe si celebre par ses palais, ses jardins, ses mosquees, et sa florissante, nonibreuse et belle popula- tion, le souverain Ranjit Sinh voulut laisser dans leur esprit une haute idee de la splendeur de sa cour. II y avait dans la reception quil leur fit quelque chose de la niasie des fetes decrites dans les contes arabes des Millc et une nuits. lis se virent transportes en un paradis de plaislr; le maharaj lui-meuie parut s'ideutifier avec I'en- thousiasrne qui animait la scene. S'etant procure des lettres de recommandation pour divers chefs qui occupent la rive occidenlale de I'lndus, les voyageurs partirent de Lahore , et visiterent une grande plaine de sel qui s'elend entre llndus et la Jeluni, et firent un detour considerable afin de visiter Dadan Khan., 011 existent quelques excavations importantes. Sur les rivages de la Jelum., ils furent frappes de la prodigieuse grandeur des sapins flottes sur la riviere; les niaisons des villes qui s'elevent le long de ses bords en sont couvertes. De niagnifiques cedres descendent des collines; jadis ils avaient fourni les materiaux de la flotte d'Alexandre : un de ces ar))res avait ireize pieds de circonferetice. ^ ( '7^ ) De Dadan Khan les voyageurs se rendirent a Data- pour- sur la Jelum, inais ne purent, nialgre toutes leurs explorations minutieuses, y decouvrir auciin des restes. de la cite qui y fut fondee par Alexandre-le-Grand, en I'honneur de son fameux coursier Bucephale. La celebre forteresse de Rotas est situee a une petite distance de la ville et de la riviere, pres dun gros ruisseau pro- menant sur un lit de sable une eau peu abondante. Le lieu important que les voyageurs visiterent ensuite fut le sonnnet de Manikyala^ dont lancienne structure est encore un probleme. lis recueillirent des pieces de nionnaie que les paysans leur apporterent. Le docteur Gerard crut avoir retrouve le site de la ville de Taxilla^ mais il parait que c'etaient des debris de Tarchitecture bactrienne. Apres Manikyala, on visita Raival Pindi, ville grande et populeuse, situee pres des niontagnes et dans un cli- niat excellent, avec de charmantes vallees aux environs. Ce qui emerveilla surtout les voyageurs futlejardin de Hossein Abdali, au pied d'une coUine, arrose par de nonibreux ruisseaux transparens, riche de fleurs exo- tiques, de buissons et de plantes, et qui realisait la riante description qu'en a faite Thomas Moore dans son delicieux poeme de Laha-Rookh. Une des routes de Ga- chemire passe ici , d'ou Ton y arrive en sept journees de marche. En sortant de la ville de Hossein Abdali, ou se voit un tombeau de saint, MM. Burnes et Gerard s'ache- minerent vers I'lndus. ( Asiatic Jotirn. , dec. 1 832. ) ( 172 ) Extrail de la leltrc de M. le clicik Refah, Vuii des an- ciens eleves de la mission egyptienne en France, a M. JoMARD, chevalier de la legion d'honneur^ membre de rinstitut, etc. , etc. Monsieur, Connaissant tout I'interet que vous voulez bien me poiter, je men cioirais indigne, si je ne m'empressais pas de vous faire part de ce qui peut m'aniver d'lieu- reux. J'ai donca vousannoncer aujourd'huideux bonnes nouvelles : la premiere est le plein succes de mes de- marches I'elatives a 1 etablissement d'une ecole speciale pour la geographic , I'histoire universelle et les mathe- matiques. J'ai ete autorise par le ministre de la guerre a choisir dix eleves de la mosquee Elazar, et j'ai reussi a decider dix jeunesgens qui pos^edent passablementleur langue. Ce nombre sera sans doute successivement aug- mente. Du reste , je suis bien aise de vous annoncer que, quoique pour cette ecole on m'ait assigne un local dans I'etablissement d'Abouz'Abel, j'en suis tout a-la-fois et le professeiu- et le dirccteur. Je continue neanmoins, dans I'ecole de M. Clot, les anciennes fonctions dont j'ai ete charge, et que je vous communiquai dans le temps. II me reste a vous annoncer que j'ai obtenu du mi- nistre de la guerre I'autorisation necessaire pour I'im- pression de ma traduction de la mineralogie populaire. La lettre qui ma apporte cette decision du conseil elait remplie d'encouragemens bien propresa exciter de plus en plus mon zele, et a me taire oublier quelques petites tontrarietes qui, dans le principe, n'ont pas laisse que de nuire a mes travaux. .... La plupart de mes camarades, ceux surtout donl ( ^7^ ) rinstruction a quelques rapports avec rarniee ou son administration , sont deja avantageusement places. Je remets jusqu'a nia premiere lettre le plaisir de vous don- ner de plus amples details. Agreez, etc. Refah. Abouz'Abel, le aS decembre i832. P. S. Envoyez-moi, je vous prie, sur le compte du gouvernement, tons les livies elementaires et les cartes que vous jugerez necessaires pour une ecole speciale de geographie et d'histoire. Je vous prie de choisir des cartes particulieres de I'Orient, celles surtout des pays places sous la domination de Mohammed- Ali, et des cartes muettes. ( >74 ) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEAJJCES. Seance du i^^ mars i833. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. J. R. Jackson ecrit de Saint-Petersbourg pour re- mercier la Societe de son admission comme nieml)re, et il promet de contribuer de tous ses efforts au succes de son utile entreprise. M. Dezoz de la Roquette, consul de France a Else- neur, annonce que M. le capitaine Graah vient de pu- blier la relation de son voyage a la cote orientale du Groenland. Apres avoir donne quelques details sur les matieres principales contenues dans cette intercssante relation , il ajoute quil se propose de la traduire en francais. M. le comte d'Esterno, sur le point de partir pour un voyage en Afriquc, ecrit a la Societe pour lui faire connaitre son projet et la prier de lui adresser quelques questions a resoudre dans I'interet de la science. Son but est d'explorer la cole septentrionale d'Afrique, et specialement les etpblissemens des Francais dans la re- gence d'Alger. M. d'Esterno exprime egalenient le desir d'etre admis au nomhre des mentbres de la Societe. ( «75 ) La Commission centrales'empressed'adinettreM.d'Es- terno, et, pour remplir ses intentions, elle invite la section de correspondance a se reunir le plus tot pos- sible et a preparer une serie de questions sur les con- trees que ce voyageur se propose de visiter. La section de correspondance voudra bien s'adjoindre ceux des membres des autres sections qui, s'etant par- ticulierement occupes de cette region, pourraient la seconder dans la redaction de son travail. M. lo baron Costaz appelle, a I'occasion de ce voyage, I'attention de la Societe sur iin vocabulaire manuscrit de la langue berbere, qui existe a la BiblioJheque du Roi, et dont I'auteur est feu M. Venture, ancien drog- nian de France , et orientaliste tres distingue. II fait sentir toute I'utilite d'une semblable publication dans les circonstances actuelles. Plusieurs membres expriment la meme opinion sur le merite de ce vocabulaire, et signaient en outre, comuie €galement digne d'interet, une grammaire manuscrite de la langue berbere par le meme auteur. M. I e baron Costaz demande, en consequence, qu'il soit nomme une commission cbargee de recbercher et de proposer les moyens d arriver a une publicite qui parait reunir les suffrages de I'assemblee. Apres diverses observations, la proposition de M. Cos- taz est renvoyee a I'examen de la seclion de publication. M. Donnet adresse a la Societe les trois premieres feuilles de I'ouvrage qui! publie sous le titre d^t/as administratif de la France. L'auteur fait remarquer que, pour assujetir ses cartes a un trace elementaire con- stant , il fait usage du precede qu'il a deja employe avec succes pour ses cartes de Suisse et d'Espagne. ( »76- ) , M. Gross Holfinger ecrit a M. le president pour lui annoncer I'envoi prochain de plusieurs ouvrages dont il fait homniage a la Societe. M. Daussy depose sur le bureau deux niernoires qu'il vient de publier dans la Connaissance des Temps, sous le titre de Methode de calcid pour ubtenir la inarche des chroiiometres , et Determination des loniritudes de Pa- lerme , Constantinople , Smyrne , etc. Sur la proposition de plusieurs membres, la Com- mission renvoie le premier de ces memoires au comite du Bulletin, et elle invite M. Daussy a donner un resume du second memoire pour etre insere dans le meme re- cueil. La Commission centrale decide egalement, sur la proposition de M. Daussy, que le Bulletin de la Societe sera adresse au Bureau des Longitudes, qui lui envoie I'Annuaire et la Connaissance des Temps. M. C. Moreau lit une note sur I'expedition anglaise envoyee a la recherche du capitaine Ross. Cette com- munication est renvoyee au comite du Bulletin. M. le secretaire donne lecture de la notice sur le Rio Vermejo, conununiquee a la Societe dans la derniere seance, et adressee par M. de Mendeville, consul ge- neral de France a Buenos-Ayres. Renvoi au comite du Bulletin. (Voy. page i53.) TJne Commission speciale, coniposee de MM. Eyries, Jomard et d'Urville, presente son rapport sur 1 epoque de la distribution du prix annuel pour la decouverte la plus importante en geographie. La Commission centrale adopte ce rapport et decide qu'il sera soumis a I'appro- bation de la Societe dans son assemblee generale fixee au 29 mars prochain. f'»77 } Seance du i5 tnars. Le proces-verbal tie la derniere seance est lu etadopte. M. Ainsworth ecrit de Dublin, le 6 fevrier i833, pour remercier la Soclete du litre de correspondant etranger qu'elle a bien voulu lui accorder. II espere justifier cette distinction en^econdant de tous ses efforts les utiles travaux de la Societe. M. Pihan Delaforest adresse le» memes remerciniens pour son admission au nombre des membres de la Societe. M. Henri Ternaux, sur le point d'entrepreiidre un voyage en Espagne, prie la Societe de vouloir bien lui adresser quelques questions et le reconmiander a ses correspondans a Madrid. Le but principal de son voyage est de recueillir tous les docuniens imprimes ou manu- scrits qui sont relatifs aux voyages et decouvertes des Espagnols et des Portugais dans les deux mondes. M. le president annonce que deja une partie des in- tentions de M. Ternaux est rempliej i! vient de le re- commander a M. de Navarrete au nom de la Societe. La section de correspondance est invitee a preparer pour ce voyageur les questions dont la solution pour- rait interesser la science. M. Eyries saisit cette occasion pour donner quelques details sur le dernier voyage que M. Ternaux vient de terminer dans le nord de I'Europej il est a regretter qu'il n'ait pas encore fait part a la Societe du resultat de ses interessantes observations. M. le president renouvelle a la section de correspon- dance I'invitation de preparer, pour M. le (!omle d'Es- 12 ( 178 ) terno, une serie de questions sur Alger et sur la cote septentrionale de I'Afiiquc. M. Jomaid lalt a I'asseinblee les conununications siii- vantes : i« 11 lit vine lettrc adressec par S. A. le prince Malek- Kassem-Ivlirza a ]M. Fonlanier, vice-consul de France a Tresibonde, pour lui temoigner le desir d'etre adniis an nonibre des membres de Ja Societe et de recevoir ses publications. La lettre du prince persan est ecrite en francais. a°Le Cheik Rcfah, Tun des anciens eleves de la mis- sion e^yptienne en France, donne des renseigneniens sur letablissement qu'il vient de faire en Egypte, d'une ecole specialc pour la geographie, I'histoire naturelle et les malbematiques; il annonce aussi qu'il a obtenu Vautorisation nt^cessalre pour liniprcssion de la Mine- ralogie populairc qu'il a traduite en arabe. 3° M. le colonel J. Galindo ecrit de Truxillo, le ^4 de- cenibre i832 : sa lettre contient quelques details topo- orapliiqucs sur le golfe do Honduras. Aux environs de Truxillo, ot nienie dans la vllle, se trouvent la plupart des Caraibes conduits par les Anglais, en 1796, a Ruatan de Saint- Vincent; ils conservent encore leur langue an- cienne. 4° M. Jomard cornjnunique, de la part de M. de Mo- leon, une notice sur la decouverte que le capitaine an- glais Biscoe, commandant le brick Tula, croit avoir faite dun continent austral. (Voy. page i65.) 5" Enfin, le meme membre annonce que M. Desjar- dins, de Munich, directeur d'une institution ou I'ensei- onement geographique a recu des developpemcns dignes ( 179 } d'interet, est present a la seance, et qu'il la charge de presenter en son nom plusieurs cartes lithographiees par ties precedes nouveaux. L'une d'elles est un tableau figure et comparatif de la superficie et de la population relative ou absolue de toutes les contrees du globe. La Commission centrale entend, avec un vif inleiet, ces diverses communications, et elle les renvoie an comite du Bulletin. Une commission de trois membres, composee de MM. Jomard , Coraboenf et d'Avezac, est chargee de faiie un rapport sur les travaux de M. Desjardins. M. le ministre de la marine adresse un exemplaire de I'atias du voyage de V Astrolnhe^ et plusieurs li- vraisons des planches et du texte du meme voyage, ainsi qu'une livraison des planches du voyage de la Coquille. M. Vandermaelen ecrit a la Societe pour lui off'rir quelques essais sur la statistique de la Belgique et la suite des livraisons du grand atlas de I'Europe publie par letablissement geographique de Bruxelles. La Com- mission centrale autorise son president a feliciter I'auteur sur son zele perseverant , et a lui temoigner tout linteret quelle attache a ses publications. Pavmi les autres ouvrages offerts a la Societe, la Com- mission cenlrale remarque la suite des livraisons de I'a- tias de MM. Lapie; une histoire de ladministration en France par M. Anthelme Costaz, el un precis de la des- truction du corps des janissaires par M. Caussin de Perceval. La Commission vole des remercimens aux auteurs et ordonne le depot de leurs ouvrages a la bibliotheque. Sur la proposition de M. Daussy, la Commission de- ( »8o } cide qu'elle s'occiipera dans une prochaine seance du renouvellement des membres du comite du Bulletin. Elle declare aussi que, conformenient a I'article 4 du reglement supplementaire, il y aura lieu de proceder, dans la seance generale du 29 mars, au remplacement des membres de la Commission centrale qui depuis plus d'lm an n'ont jamais assiste a ses seances. M. d'Urville lit un memoire sur la temperature de Veau de lamer a diverses profondeurs. La Commission entend celte lecture avec un vif interet, et elle invite I'auteur a vouloir bien reproduire cetie communication a la seance generale. M. le president annonce que M. Fontanier a fait es- perer qu'*il lirait dans la meme seance un fragment de son voyage a Trebizonde etvers le Caucase. L'heure avancee ne permet pas a la Commission cen- trale d'entendre la lecture d'une notice sur un voyage en Syrie, que M. Guys avait aussi preparee pour la seance generale. II est invite a en donner communication aux membres du l)ureau. ( »8. ) MEMBRES ADMIS UANS LA SOCIETE. Seance da i**" mars i833. S. A. Mohammed-Ali , vice-roi d'Egypte. M. le comte d'Esterno. Seance da i5 mars. M. Jules de Breuvery. M. Edouard de Cadalvene. Assemhlee generale du 29 mars. M. Desaugiers, directeur au niinistere des affaires (itrangeres. OUVRAGES OFFERTS a la SOCIETE. Seance des i^^, i5 et 29 mars. ParM. le ministre de la marine : Atlas hydro graphique du -voyage de P Astrolabe, i vol. in -folio; vol. iv, 2* partie de XHistoire du -voyage; i3, i4 ei i5® livrai- sons de la Zoologie; 5^ livraison de la Botanique. — Voyage de la Coquille , iS" livraison de XHistoriqne. Par M. Vander Maelen : Atlas de V Europe^ 3i , 32, 33, 34, 35 et 36" livraisons. — Recueil de docuuiens statistiques , i*"^ cahier (Belgique), i vol. in-S". Par MM . Lapie : Atlas universel de geographic ancienne et moderne , 22° et 23® livraisons. ParM. Denaix : Carle hvdrogcique, on Squelcttogra- ( i82 ) pliique cle l' Europe central e , dressee pour V etude de la geographte naturelle , i feuille. Par madame veuve Briie ; Nouvelle Carle des Etats- Unis, du haut et bas Canada, de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Bninswick ^de Terre-Neuve , etc., 2 feuilles. — Carte generale des iles Antilles,des iles et bancs de Bahama, des Etats-Unis de V Amerique centrale, de la iner du Mexique, etc., 1 feuilles. Par M. Doiinet : Atlas administratis de France, i"" li- vraison, composee des cartes cantonale, electoiale et ecclesia;:tique. Par M. l^oulain : Atlas de geographic liistoriqucy pourservir a lintelligence de I'histoire ancienne, pi. 6", 8 et 9. Par M. Jodot : Carte des canaux de la Deule et de la Lys , una feuille. — Carte de la Sambre canalisec , une feuille. — Carte du canal de jonction de la Sambre a I'Oise, une feuille. Par M. Desjardins : Tableau comparatif de la hauteur des principales montagnes et lieux remarquables du globe au-dessus du n'veau de la mcr , une feuille. — Fleuves et lacs de V Europe compares aux principauoc fleuves et lacs des autres parties du monde, en milles geographiques de i5 au degre , une feuille. — Carte muette de V Europe, une feuille. — Tableau comparatif de la superficie , popu- lation totale et population par nulle gcographique carrc de tons les ctats du monde, etc., une feuille. Par M. Taithout de Marigny : Portulan do la mcr Noire et dc la mer d'Azou, ou description des cotes de ces deux mcrs, it r usage des navigateurs , i vol. in-in, avec un atlas des golfes , bales , ports et rades de ces deux mers. Odessa, i83o. ( i83 ) Par la Societe royaie d'Edimljourg : f^ol. iv dc scs Transactions. Par M. le baron Costaz : Histoire de V administration en France , de V agriculture , des arts utiles , du commerce., des manufactures ., etc., Paris, iSSa. 2 vol. in-8''. Par M. Caussin de Perceval : Precis hislorique de la destruction da corps des janissaires par le sultan Mah- moud en 1826, i vol. in-S"- Par M. Daussy : Determinations des longitudes de Pa- lerme, Constantinople , Smjrne, etc., br. in-8°. — Me- thode de calcul pour ohtenir la niarche des chrononietres , br. in-S". Par M. Eyries : Recherches sur la population du globe terrestre, br. in-S". Par M. Marcel : Precis historique et descriptif sur le Moristdn ou grand hopital desfous du Kaire., br. in-8". Par M. Loubens : De V etude de la geographic , in-8°. Par M. Gide : Noiwelles Annales des voyages, cahiers de fevrier et mars. Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufactu- rier, cahiers de Janvier et fevrier, Par M. le directeur : Memorial encyclopedique , cahier de mars. Par M. Lourmand : Journal d^education et d'instruc- tion, cahier de fevrier. Par la Societe des Missions Evangeliques : Cahiers de fevrier et mars de son Journal. Par la Societe d'agriculture d'Angoulenie : Cahiers dc septembre, octobre, novembre et decembre de ses Annales. ( i84 ) Par la Societe dagriculture de Troyes : N" 44 de ses Memoires. Par la Societe d'agriculturedu departement de I'Eure: N" I /nce de Solinio'ens a, au nord, le fleuve de ce i)om,plus connu sous celiii d'Amazone: a I'ouestjle FIy«Tl);iry, qui la sejKire des possessions cspagnoles ; a lest, le Rio Madeiraj eUe a 60 lieues du nord au sud, et plus de i5o de Test a I'ouest. EUe git entre 3° aS' et ^° 5o' de latitude sud. Ce pays est seidement connu le long du Rio Madeira et les environs de lAmazone; il est peuple dure infinite de nations saiiv;iges, et coupe dun grand nonibre de rivieres naviaables. On divise.celte province en six districts, qui portent le notn d'autant de fleuves qui leur servent de liniites a I'ouest. DISTRICTS. VILLES. Purii, Crato. Coary, Alvellos. Teffe, Ega. Hyarba , Nogueyra. Hyiitahy, Fonteboa. Hyabary, Olivenca. Le district de Purii , situe entre le Rio Madeira et le fleuve qui lui donne son noni , est celui dont la position est la plus avantageuse pour !e commerce. Du centre dc (i) Voy. la i" pait'e, tome xvni, n" 11 5, page 2 55. ( »92 ) ce districtsortentdiverses rivieres considerables, outre les troisqui le liinitent. Le Copannd et T L/iautds sonl\es plus considerables de cellos qnise jeltent dans le Rio IMadeira. Le Copan/id, qfll debouclie 4<> lieiies au-dessus de la ville deBorlja, traverse un lac considerable qui recait plusieurs rivieres, et qui communique par un canal avec le Puri'i. Ses alenlours sont liabiles par les Indiens Ca- taxis et Italapryas. LUIiaiitds debouche 5 lieues au-dessus de Borba, et commence dans le lac de ce nom. De ce nieme lac sor- tent encore deux rivieres qui sejettent dans I'Amazone, Tune a lieues au-dessus de I'emboucbure dii Rio Madeira, I'autre, a ppelec /'«/-«/«/;;■, deboucbe 12 lieues au des- sous de la principale branche de Puri'i. Les Indiens Puriipurus , qui babitent I'interleur , don- nent a leur cbef le nom de Maranuxauba. Crattd , petite ville bien situee sur la rive du Rio Ma- deira, babiire par des blancs , descendus d Indiennes et d'Europeens, et par des mulatres, qui cultivent le ca- cao, le riz et d'autres vivres. Us font aussi Ja pecbc des tortues dans le lac Camandoa. COART. Ce district est situe entre la riviere de ce nom el la principale brancbe du Puiu : il a 34 lieues de largeur dans sa partie septentrionale. Les Indiensil/«rfl.?possedentles terreins quiavoisinent I'Amazoue; les Purupurus et les Catauixis , le centre du pays. Trois brandies du Puru occupent la parlie orien- tale de ce district , dans le voisinage de I'Amazone : le Cochiura, qui debouclie 8 lieues au-dessus de la branche principale; le Coyuanna , 4 lieues au-dessous de la pre- ( '93) cedente, et I'Arupanna , qui est la plus occidentale. Par toutes ces branches s'expoitent le cacao, la salsepareille et le copahu. -(^/f^/:)/?e'sont jaunes comme celles du Coary, et ses environs produisent beaucoup de sal- separeille et d'arbres a gomme. Ega , vlUe mediocre, sur la rive droite du Teffe, a ( 194 ) 2 lieues de I'Aniazone. Ses habitans descendeiit presquc tons dliidiens, et cultivent le riz, manioc, tabac^iU recueilleiit d'excellent luiel , et font des hamacs dun tra- vail remarquable. HYRUA. Ce district a , an nord , I'Amazone ; a I'ouest, h riviere qui lui donne son noni ; au sud , les possessions catho- liques (espagnoles) , et a Test, le rio Teffe. La partie septentrionale a 2.4 lienes de largeur; elle est couverte de bois. On y rencontre plus de tigres et de betes feroces qn'en aucune antre partie du Bresil. ISogueyra^ ville mediocre et bien balie , sur la rive ganche de la riviere Telle, presque en face d'Ega , a 2 lieues et demie de I'Aniazone. Ses habitans sont, pour la plupart, Indiens. On y tronve quelques blancs, qui y ont bati des niaisons elegantes , et des muiatres posses- seurs de huttes. Alvarens^ village situe sur les bords d'un lac, proche de I'Amazone , a 5 lieues de la riviere Teffe. Le lac Ca- paca se vide sur la rive droite de la riviere Hyrua. Entre le Parauary et I'Hyrua, se jeltenl dans I'Araa- zone les rivieres Hyauato , Accarycoara et Guard. IIYUTAHT. Ce district confine, au nord, avec I'Amazone ; a I'ouest, avec la riviere qui lui donne son nom ; au sud, avec les possessions espagnoles, et a lest , avec le district d Hyu • ruha. Sa largeur, le long d« I'Atnazone , est de 18 lienes. Le centre et le sud sont au pouvoir de diverses hordes, de Marauhes^ Cntuqninas , (JruOus, Canaxis^ Ucarauhas, Geinias, Toquedas, Maturuas, Chibnras^ Biiges et Apcii- naris. Cette riviere a 3oo toises de largeur a son einbou- ( ^9^ ) chure; ses sources, qu'on n'a point encore reconnues, sont presumees dans les chalnes cle montagnes du Perou. Fontebon , Tillage considerable, situe sur la riveorien- tale de la riviere Cayarahy, a i miiles de son embouchure, a 6 lieues au-dessus de lembouchure de I'Hyuruba, et II au-dessous de I'Hyutaby. Ses habitans cultivent des vivres. EntreFonteboa et I'Hyuruha debouche \ Annainapia ; et au-dessus, dans un espace de 20 lieues, debouchent les rivieres Campina, Gurwnaty, Piiruini, Maraniiud , Icappo. Ces parages sont habites par les Indiens Araycas, Mouianas, Tacunas, Timbiras et Passes. HYABARY. Ce district, qui est le plus occidental, a comme les autres, I'Amazone au nord ; a I'ouest, la riviere dont il prend le noni ; au sud , les possessions espagnoles , et a Test, XHyutahjj de reniboucbure duquel il y a 5o lieues jusqua celle de \ Hjabary. L'inierieur est habite par les r\:\Uox\s Marauhas et Ta- paxaiuis^ dans les environs de I'Auiazone, et plus loin, par les Pannos et les Majiiriums. (i) Castro dAvelnens, village d'Indiens Chimanos etCu- linos. Dans rintervalle de cet etablisseinent au rio Hyu- tahy, sejeltent a I'Amazone les rivieres Capatana, Aruty, Matura, Maturacupa et Patia. Olivenca, sur le bord. de I'Amazone, 12 lieues au- dessus de Castro. Saint-Jose . 10 lieues au-dessus d'Olivenca et 3 au- ' » (i) L'auteur pretend que ces Indiens sont anthropophages, et qu'ils mangeut leurs p.-irens lorsqu'ils sont vieux. ( '96 ) dessous du lio Hyaurary, peuple d Indiens Tacunas, qui cultivent des vivres et du tabac. Entre ce villase et celui d Olivenca debouche la ri- viere ^cuty; et plus haul , dans iin espace de 18 lieues , les rivieres Cainatia, Paciity-, Macapuaxa ^ Hynrupnvi- tapera. Entre ce nienie village et 1 Ilyaul'.ary est le lac Maracanntyba. A lemboucluire de 1 Hyauliary est sitae le fort de Tabalinga ; il est a ^^/\ lieues de Para, et il faut, pour s'y rendre , 87 jours de voyage. FETES CHEZ LES TDRCS. Messieurs, les lirnites de la geographie, comme celles de toules les autrcs sciences, ne sauraieot etre exacte- ment posees. Si, par la fixation des differens points du globe, eUe penctre dans le domaine des niatlieniatiques et de Tastronomie, elle se ^at^1che aux sciences naturelles lorsqu'elle examine la constitution el les produits du solj elle rentre dans le cercle des etudes morales et philolo- giques lorsqu'elle s'applique a la connaissance des idio- mes, des nioeurs et ne puis 1 4 ( a02 ) dissimuler que le seraskier sut, clans cetle circonstance, en tirer tout le parti possible : il invita successive ment les etrangers et les habitans a des diners tju'il donna chez lui; il cut soin de les diviser par grades et en categoiies combinees si artistement que, quand il fallut payer en argent el cii cadeaux le singulier hon- neur quits avaient recu, personne ne piit echapper a la contribution. Si quelques-uns n'etaient pas dignos de recevoir une invitation personnelle, ils dtaient bon gje inalgre Iraites coninie tiiisant partie dune corpoiation j tantot on les atteignait parce qu ils exercaient telle pro- fession , tantot parce qu'ils n'en avaient pas, tantot enfin parce qu'ils etaient mahometans , grecs , armeniens ou catholiques. Les consuls etrangers surent seuls se de- rober aux honneurs dont on les menacait. Chacun deux avait ete invite chez le pacha; une escorte etait cor.i- mandee, les chevaux etaient prets ; on devait pendant la nuit les conduire a la lueur des torches , au milieu de teux d'artifice et precedes de I'harmonieuse musiquc que savent faire les Turcs. Ils n'accepterent pas , se re- tranchant sur la gravite de I'etiquette, et reclamant la preseance comme ultimatum. Quelques personnes, mal informees sans doute, pretendirent qu'ils craignaieni: d'en etre pour leurs f'rais , parce qu'ils n'esperaient pas etre rembourses par leur gouvernement. Apres que le pacha eut terniine ses invitations et que le prix en eut ete regie, les membres de sa iamille le traiterent a leur tour. Tantot le repas avait lieu dans les maisons , tantot sous les tentes et sur les places piibli- ques ; ces ceremonies duraient plusieurs heures et, outre les convies , chacun etait libre d y assister. Qiielquelois on jouait au dj-irit, quelquefois on faisait intervenirdes lutteurs. Alors le maitre des ceremonies fixait I'ordre et la ( ^o'^ ) duree des jeux. C'etait le seraskier qu'on devait divertir; tous les yeux etaient fixes sur lui, chacun epiait ses plus lefijers mouvemens, tandis qu'il conservait une imper- turbable gravite ; I'habilete du directeur consistait a reconnaitre sur cette figure impassible quand il conve- uait de commencer, quand il fallait finir. Un jour le lutteur en chef du frere du seraskier fut vaincu par un homme venu d'Akalsik, et se vengea dans le combat sui- vanten luijetantdela cendredans les yeux. Une veritable bataille suivit, et le maitre des ceremonies intervenant en faveur du trailre, le seraskier fronca le sourcil. JN'on, messieurs, Virgile n'est point exagerateur, lorsqu'il dit du maitre des dieux : Annuit et toto niilii tremejecit Oljinpiim.H^ous, les courtisans tremblerent, tous se pre- cipiterent devant Kiaia-Oglou pour le derober a la vue de son maitre irrite. Des ce moment, sa disgrace parut procliaine, les etrangers partirent successivement , les diners furent moins nombreux, les feux d'artifice per- dirent de leur eclat et les detonnations d'armes a feu, qui nous avaient assourdis si long-temps , devinrent de plus en plus rares. Enfin , trois jours avant I'epoque as- signee pour clore les rejouissances , les dames viurent de Kerasoud, et leur presence termina une ceremonie dont il ne m'a pas ete donne de connaitre le lendemain. 14. ( ao4 ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUISICATIONS, NOUVEI.LES GEOGRAPHIQUES, ETC. Tous les journaux ont nnnonce ;797}000 2,398,500 Quart de do). 320,ooo 80,000 Decimes. 520,5oo 52, 260 Demi dec. 965,000 4^>25o Centimes. 2,362,000 23,620 Tot. pareils. 9,126,387 p., valant 3, 4oi,o55 dollars. Dans le montant des monnaies dor, environ 80,000 dollars proviennent de lor du Mexique, de TAnierique du Sud et des Indes-Orientales ; 28,900 d'AfVique; 678,000 de la Regiun-d'Or des Elats-Unisj et 12,000 sont d'origine inconnut-. Dans la valeur de lor fourni par les Etats-Unis et men- tionne ci-dessus , la Virginie pent entrer pour environ 34,000 dollars, la Caroline du Nord pour 458,ooo, la Ca- roline du Sud pour 45, 000 , la Georgie pour i4o,ooo, et le Tennessee pour environ 1,000. Voici le talileau coniparalif de la valeur en dollars de ( 217 ) lor extmit des divers etats formant la Region-d'Or des Etats-Uiiis, depuis 1824 jusques et compris iSSa. Aunecs. Virginie. Cnroline INord. Carnline Sud. Georgic. Alabnma et Tcnesice. TOTAUX. on dollars. i8i', 5.000 5,000 i'iiS I 7 ,000 17,000 1S2'. 20. (lO!) 20,000 .827 2 r .000 21,000 iHi'i 4'),ooo 46,000 I Say 2,5oo 1 34,000 S.-ioo 140,000 1 S !o 2/5.< f>i> 204,000 a(i,ooo 212,000 4(16,000 l.'iji y(),ooo 2C)',,0()0 2'2,000 I 7(1,000 3,000 520,000 i332 34,000 458,000 45,000 I 40,000 1,000 678,000 TOTACX. 86,5oo 1,199,000 96,500 528,000 4,000 TOl 'VL GENE RAI- • • . • . 1,913,000 i5 ( ai8 ) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance gene rale da 29 mars i833. M. le due de Uoudeauville, I'un des presidens hono- raiies de la Sooiete , oct'iipe le fauteuil etj I'abst'nce de M. le cointe de Rigny, (|iii assistait a la memcheure au conseil des njiuistres. M. laniiral a expriiiis le n^gret d etre prive par cette circonstance de Ihonneur de presider une Societe dont personne n'apprecie plus que lui les honorables travaux. M. Coraboeuf, secretaire general de la Commission cenlrale, lil le procesverbal de la seance generate du 1 4 decembre i832. La redaction en est adoptee. M. Denaix ecrit a la Societe pour lui olt'rir une carte hydrogi'ique, dressee a lelt'et de niontrer les voios a suivre pour proceder d une snaniere rationnellea I'aua- lyse et au trace geographiques des supeificies terrestres. Cette carte est accouipagnee dun caliier de .texte ex- plicatif, ou I'autcur expose les fuits qui niilitent en faveur de la marche qu il indique. M. Deiiaix ne doule nullement qu'avant nieine d'avoir mis la derriiere main a son ouvrage, il ne voie les etudes geographiques s'e- lever au rang des sciences, et les carles prendre un C =^^9 ) caractere stereographique qui perineltra de les consul- ter avec avantage. M. Diirantde Saint-Andre, consul general de France 3 Londres, annonce qu'il vient de recevoir pour la Societe de Geograpliie une collection des Transactions de la Societe royale d'Edinibourg ( tomes iv a xii ). II adresse le tome quatrieme et se propose de transniettre siiccessivement les autres volumes. M. Lecoq adresse une epreuve de gravure topogra- pliique a I'aqua-tinta faite d'apres un procede nouveau ; il desire meriter les suffrages de la Societe, et il serait flalte quelle voulut Lieu s'interesser a ses essais. M. le secretaire donne lecture de la note suivante , communiquee par le niinislere des affaires etrangeres : Au commencement de cette annee, le sclieriff d'EI- Changuili debarqua a Alger, de retour dun pelerinage qu'ij avait ete faire a la Mecque. Le due de Rovigo le fit traiter avec la plus haute distinction, et mit a sa dispo- sition un batiment du roi pour le conduire a Tanger, d'ou il avait I'inlention de se rendre par terre dans son pays, situe sur les confins de I'empire de Maroc. M. Delaporte fils , interprete de I'intendance civile d'Alger, charge d'accompagnerle scheriff d'EI-Cliatiguiti, a profile de son voyage pour recueillir de ce chef et des personnes de sa suite des notions interessanies sur ieur pays. Sur sa demande, le scheriff lui a remis des saufs- condui ts destines a faciliter les explorations des voyageurs qui seraicnt tentes de visiter cette contree. M. le president proclame les noms des memhres qui viennent d'etre admis dans la Societe, et a la tele des- qiicls est placee S. A. le vice-roi d'Egypte. Un grand nombre de cartes et d'ouvra^es offerts a la Societe sont deposes sur le bureau. L'assemblee vote des i5. ( 220 "! femercimens aiix autevus, et ordonrie le depot de Icurs ouvrages a la biblioiheque. Un rapport sur 1 epo'-jiie de la distribution dii prix annuel , p'r//i833. A I'ouverture de la seance, Ie president s'exprime en ces termes : Messieurs , Nous faisons aujourd'hui I'inauguration du nouveau ( 226 ) local cle DOS seances. Que ce lieu de reunion soil lou- jours cehii de la concorde et de la bonne amitie! Le meme sentiment nous aninie, cVsl riiuiour de la S'ienre; nous formons le meme voeu , celui d'en voir etendre les progres. Cherrhons tous a y concourir par decommuns elforts; notre inclination nous y porte ; noire litre de iiiemhre de la Commission centrale nous en fait un de- voir. La Societe de Geograpliie, en nous accordant un honneur, nous a i npose des charges; et , qu'il me soit permis de signaler parlicuiierement I'obiigation ou nous sommes de chercher tous a donner, par nos propres iravaux, un veritable interet a nos seances. Si nous avions liabituellement a les reniplir par d'utiles lectures, propres a representer a la-fois Tesprit de la societe ct I'etat actuel de la science, ony puiserait une instruction d'.:utant plus varice que la geographic peut ctre consi- deree sous un grand nombie daspects , qu'elle se lie a d'autres branches des connaissances humaines, et que chaque ami de la science a une sphere d observations qui lul est pr opre. Tout ce qui tieiit a la theorie et au calcul, tout <;e qui touche a I'etat physique du globe, a scs richcsses naturelles, a I'hisLoire des homnies, a leurs nioeurs, a leur distribution sur la terre, a leur etat en corps de nations, tout cet ensemble s'allie a vos etudes, enire dans votre domaine, est digne de vos re- cherches. La geographic embrasse la nature : chor- cbons-y tous quelque etablisscmcnt ; cultivons, chacun en paiticulier, le canton que nous nous sommes fail; rappurtons-en les fruits a la societe, et revcnons ici , messieurs et chers coUegues, nous acquitler en commun de uotre tribut. ( 227 ) Seance du la ipril. Le proces-verbal dela derniere seance est lu etadopte. Dans un discours d inaiiguriition du iiouveati local de la Socieie, M. le president lappelN; a MM. les niembres de la Commission centiale la situation oii les place Iho' nomble confiaiice de leurs collegues; il exprime le voeu qu ils veuillent bien apporter aux reunions mensuelles le tribut de leurs lumieres, et conlribuer par des lectures ou par toute autre communication utile a les rendre de plus en plus interessantes. (Voir le discours qui precede.) MM. Chanut , de Larenaudiere , de Pommeuse , Reaume et Warden adressenl leurs reniercimens a la Societe qui , dans sa derniere assemblec generale, les a appeles aux fonctions de meiubres de son Burer.u cu de sii Commission centrale. M. Warden fait aussi honimage d un exemplaire de la Description geograpbique et sta- tJstique du Bresil, qu il vieiit de publier pour taire suite a I'Art de verifier les dales. Un membre de la Commis- sion centrale sera prie de lendre compte de cet ouvrage. M. le n)inistre de 1 instruction publiqiie fait don a la bibliotbeque de la Societe dune collection de quarante volumes bistoriques et geograpbitjues reimprlmes en i83o aux fiais du gouvernement. M. le president est cbarge de transmettre a M. leministre les remercimens de la So iete. M. le colonel Galindo ecrit de Truxillo pourrappeler I'envoi qu'il a f;Jt prccedemment a la Societe d'une description des mines de Palenque , accompagnee de plusieurs dessins et inseree dans un des dernicrs iiunie- ros du Bulletin. Sur son desir, la Societe sVmpressera de lui adresser par dupUcata quelques exemplaires de «e numero. ( 228 ) ■M. le professeur Rafinesque, de Philadelphie, auqucl la Societe a decerne une niedaille pour son memoire stir les Kegres asiatiques, annonce qu'il vient de retoucher son travail et de rediger un memoire siipplementaire qui conliendra d'autres notions importantes. II ladresscra incessamment a la societe, ainsi qii'iin exemplaire de chacun de ses ouvrages. I.e meme correspondant offre ses services a la Societe pour la solution des questions de geographie et de slatistique qu'elle jiigerait ii propos de luiadresser sur rAmerique septentrionale, et il an- nonce qui! a le projet d'explorer dans le cours de cette annee la partie sud-ouest des monts Alleghany. La Com- mission centrale entend avec interet la lecture de cette lettre, et elle la renvoie au comite du Bulletin avcc 1 in- vitation de 1 inserer par extrait. M. le president est charge de transmeltre a M. Rafinesque lesremcrcimens de la Societe. M. J. G. Rarbie du Bocage communique une lettre de M. Hersant, consul de France a San Luis de Potosi et a Tampico; elle est accompagnee de documens geogra- phiques et statistiques sur le port de Tampico et sur la riviere de Panuco , avec un plan de la riviere de Tam- pico depuis son embouchure jusqu'a la ville du memo nom. M. Daussy est invite a examiner ces documens qui sont destines au Bulletin, et a surveiller la gravure de la carte qui y sera egalenient inseree. M. Coulier trarsmet a la Societe une notice sur la carte de I'embouchure de la Plata par Aizpurna. Ce do- cument, destine a completer ceux qua di^ja communiques M. de Mendeville, lui paralt devoir inleresser la geogra- phic et la navigation ; on consultera I'un et I'autre me moire pour en reunir les dilterentes parties dans le Bulletin. ( 229 / M. Jomard communique I'extrait dune lettre de M. Alexandre Barbie du Bocage sur son voyage en Italic. Cette letlre pontient d interessans details sur les fouilles d Herculanuiii et de Pompei, el sur les richesses scien- tifiques du musee et de la bibliotheque royale de Naples. Le meme membra communique un rapport de M. De- laporte fds , gerant du consulat de France a Tanger, sur I'arrivee du prince noir bidi Ahmed-ben Touir-el- Jennah, venu de la Mecquea Alger et de cetle derniere ville a Tanger, d'ou il s est propose de se rt^ndre a Ouadan. Ce prince exerce une grande aulorite morale dans les contiees siluees au nord des possessions fran- caises du Senegal. Cetle communication est renvoyee a I'examen de M. le baron Roger, lun des derniers gou- verneurs de cette colonie. M.Reaume, dans une lettre adressee a ses coilegues, soliirite leur bienveillance en faveur de madame Delan- glard , veuve de I'auteur du Georama. Une souscription particuliere avait ele ouverte sur cet objet et el!e con- tinue de 1 etre. M. le president designe deux commissions specialcs pour faire un rapport sur les travaux de M. le lieutenant- colonel Denaix , et sur le globe terrestre offert a la So- ciete par MM. Ambroisc Tardieu et Schmidt. M. le president lit un memoire sur Tancienne Cilicie, qui forme anjourd hui la partic meridionale de la Cara- nianie. La Societe avait propose un prix en 1824 pour le voyageur qui lui adresserait une bonne relation sur cette parlie de I'Asie-Mineure ; mais, apres avoir pro- longe jusqu'a present le terme du concours, sans qu il ait ete entrepris aucun voyage scientifique dans cetle region, la Societe vient de reiirer ce sujet de prix. La Cilicie parait Ires ditficde a explorer; aucun ecrivain ( 23o } rie la completement decrite ; et lauteuc dii memoire cherche dans la situation on ce pays s'est trouve, aux differentes epoques de son histoire , la ca;uSe des ob- slacles qui en ecarient encore aujourd luii les voyageurs. La Commission centraie entend ce memoire avec in- teret, et le lenvoie au coinite du Bulletin. (Voir p. i85. M. d Urville depose sur le bureau la proposition suk- vante : « Je demande que la Commission centraie veuillebien « examiner de nouveau la convenance du jeton de pre- • sence. Si elle conclut a laliirmative, je demande que « la souscription au jetori de presence soit de ligueur « pour tous Ics membres de l.i Commission, et qua la « procliaine assembiee generale, on propose le rempla- « cement du membr'; qui n'aura pas acquitle le montant « de sa souscription. » La discussion de cette proposition est renvoyee a la prochaine seanoe. La Commission centraie, aux termes du reglement, proceile au rencuvellemeut des membres du comite du Bulletin , et nomme pour en faire partie MM. Albert- Montemont, Ansart, J. G. Barbie du Bocage, Alex. Barbie du Borage, Biancbi, d'Avezac , Daussy, d'Urville, Isambertjde Ladoucette, Poulain et Warden. Seance du 26 avnl. Le proces-verbal de la derniere seance'est lu etadopte. M. le ministre des affaires etrangeres adresse a la Societe la suite des livraisons des mouumens de la France par M. le comte de Laborde; et des voyages piltoresques dans I'ancienne France par MM. Nodier, Taylor et Caillieux. M. Dezo7.de la Roquetle, consul de France a Else- ( 23i ) neur, annonce qu'il soccupe avec perseverance de la traduction du voyage au Groendland de M. ie capitaine Graab; malgre les difficultes que lui presente cette en- treprise , i! espere I'aniener a une bonne fin, si la So- ciete, a laquelle ce travail paraitra sans doute utile, vent bien I'aider de ses encouragemens et accorder son appui a I'edileur de la traduction. M. de la Roquetle oft're aussi ses services a la Societe pour faciliter les relations quelle pent avoir avec Ie nord de 1 Euiope,et pour luiadresser toutes les coninnmications qui lui pa- raitraient devoir interesser la geograpliie. M. Lecoq , graveur, adresse a la Societe un noiivel essai de caries topograpliiques a I'aqua-tinta , avec des mots graves au burin. Cet essai lail juger de la facilite avec laquelle on pourra lire la lettre au moyen du nou- veau genre de gravuie adopte par I'auteur. Sur la pro- position de M. Joniard, Ie travail de M. Lt'coq est renvoye a la Couiniission deja charge d'exaniiner les tableaux de M. Dt .sjardins , afin quelle puisse rendre egalement conq^te de ce nouveau procede. M. Ie baron de Ladoucetle lit un memoire sur les moeurs et les usages des babitans des Hautes-Alpes. Les details curieux que donne I'auteur sur les anciennes troupes de chasseurs, sur ce qui se pratique encore de nos jours, et sur liiislinct de plusieurs aniniaux, sont exlraits des observations .luxquelles il sest livre pendant un sejour de sept annees dans ce departenient. On y remarque des nuances plus ou nioins prononcees des divers etats ou passe successiveinent la societe humaine avant d'arriver a une plus grande civilisation. La Commission centrale entend avec interet la lec- ture de ce fragment, et apres quelques remarques de M. Eyries, qui a observe les memos usages dans d'au- ( 232 ) tres clinials et dans des circonstances analogues, elle renvoie ce meinoire au comiie dii Bulletin. M. d'Avezac annonce la f'ondalion dune nouvelle Sociele de Ger)graphie a Bombay, il espeie pouvoir don- ner plus tard quelques d'/tails sur ses tiavaux. La Commission ccMitrale renvoie a 1 Cxamen des sec- tions de publication et de complabilite reuriies, deux lettrcs qui lu; out elc adressees par M. le direcleur de 1 inipritnerie royale, et qui sont relatives ji I'impression de deux cuvrages destines a enlrer dans les luemoires de la Sociele. La Commission centrale s'occupe ensuite de la pro- position de M. d Urville relative au jelon de presence. Apres une longue discussion a laquelle prennent part plusieurs niembre-, et on Ton examine les differens cotes de celte question , la Commission centrale pro- nonce la suppression du jeton de presence a compter du mois d'avril. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance generale du ug mars i833. M. le due Decazes , pair de France. Seance du 2.6 avril i833. M. Desjardins, chef d'instltution a Munich. OnVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance da 12 avril. Par M. Schmidt et M. Anibroise Tardieu : Globe tcr- restre , dressc et grave par M. A. Tardieu, et monte (Capres I' invention de M- A. IVcinJing el C, 1 8 pouces de diamctre, imprinie sur peau. ( ^66 ) Par M. Warden : Description geographique et statis- tique de t empire du Bresil, pourfaire suite a V Art de verifier les dates , etc.^ i vol. in-8°. Paris, i833. Seance du 26 ai-Til i833. Par M. le ministre de affaires etrangeres : Les Monu- mens de la France , par M. le comte Alex, de Laborde , 36' a 39' livr. — Voyages pittoresques et romantiques dans Vancienns France (province d'Auvergne), par MM. Ch. Nodier, Taylor et Alp. de Cailleux ^\ a 54* livr. — Bibliotheque classique latine par M. Letnaire , 6 vol. in-8°. Par M. le ministre de I'instruction pu])lique : Histoire de France par Mezeray, 18 vol. in-S'". — Vojages de Benjamin de Tudelle , i vol. in-8°. — De V Afrique, con- tenant la description de ce pays , par Leon I' A/i icain, 4 vol. in- 8''. — Voyages de Cham plain , 1 vol. in-8\ — Voyages de Fernand Mindez Pinto ^ 3 vol. in-S". — Voyages de Francois Bender, contenant la description des etats du Grand Mogol, 1 vol. in 8°. — Voyages en Afriqne et en Asie par J. Mocqiiet , i vol. in- 8°. — His- toire de la decouverte et de la conquele du Perou, 2 vol. in-S". — Histoire des Incas, rois du Perou , 3 vol. in-S". — Histoire des guerres civiles des Espagnols da/is les Indes , 4 ^'ol- in -8°. Par la Societe royale d'Edirabourg : Vol. v de set Transactions. Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque universelle des voyages , I'^'^livr. , i vol. in-S". Par M. Arthus Bertrand : Voyage dans la regence d^ Alger par M. Rozet, torn, i""" et i""*^ livr. des planches. Par M. Jomard : Nouvelles recherches sur I' i ascription 16 (a34) en lettres sacrecs du monument de Rosette ; Florence ^ i83o, I vol. in-8°. Par M. Lecoq : Deiirieme essai de gravure topogra- phiqne a VcKjnntinta auec la Jettre , i'* leuille. Par la Socieiecragriculturedu departement del'Eure: Recueil de cettc Societe, tome in , i vol. in-S". Par M. Gide : Nouvelles Annales des voyages^ cahier d'avril. Par M. le directeur : Bibliot/ieque univcrselle redigee a Geneve, cahiers de Janvier et fevrier. Par la Societe asiatique : Cahier de mars de son journal. Par M. le directeur : Le Steele , revue critique de la litterature, des sciences et des arts, i*'' vol. et 4 n°* du a* vol. ( a35 ) BIBLIOGRAPHIE. Le Bulletin de la Societe de Geographic etant destine a faire connaitre les nouvelles publications qui peuvent interesser tous ceux qui s'occupent de cette science, on croit devoir donner ici la notice de ditfercntes cartes publiees tantpar Tamiraute d'Angleterre que par le ca- pitaine J. Horsburg, liydrographe de la compagnie des Indes. II serait a desirer que tous les menibres de la So- cieie qui ont connaissance de quelque nouvelle publica- tion de ce genre, voulussent bien en donner una note a la Commission centrale, afin de pouvoir I'inserer dans le Bulletin- Carte liydrographique des cotes d'lrlande, levee par le conimandi;r W. Mudge. Depuis plnsieurs annees, le commander W. Mudge est occupe a lever les cotes de I'frlande. Trois teuilles ont deja ete publiees: elles com- prennent : La premiere, la cote orientale d'lrlande, depuis Du- blin jusqu'au Loug?j Carlingford; La seconde, la cote orientale depuis le Lough Carling- ford jusqu'au Lough Larne; La Iroisienie, la cole nord est depuis le Lough Larne jusqn au Lough Foyle. On a adopte, pour ces cartes, unememeechelle com- mune, qui est dun demi-pouce anglais pour la minute de latitude qui se trouve occuper le milieu de la carte j 1 6, . C '-36 ) ce qui est apeu-pres .^/,.^. On trouve en outre, sur lii seconde feuil'ie, un plan de I'entree du Lough Strang- fordjsur une echelle de o",oo5i jiour un mille marin, ou 37777; et sur la troisieme feuille, un plan du port de Rush, silue sur la cote nord en Ire Bengore Head et I'entree du Lough Foyle, sur une echelle de o"',i 5 1 pour un i;:ille,ou 77^ , et un plan des rochers Maidens, sur une echelle de o'",o582 pour mille, ou , ' ■. Plan du havre de Valentia, entre lile Valentia et la cote ouest d Irlande, leve en i83i par M. Alex. Nimnio, ingenieur civil; echelle, o",o4y8 pour un mille marin, ou 777TT- On trouve in'liquee sur celte carte la position de la jetee; latitude 5i° 55'25"nord, et longitude lo" 16' 34'' ouest de Greenwich; et de plus, deux petits plans de I'entree de I'ouest et de celle du nord-ouest, a une echelle commune de o™,i38 pour un milleou .,|,,. Plan deMilford Haven, leve en i83o par le lieutenant H.-M. Denham. Echelle, o"'oSy pour un-j; minute de la- titude, OUjT^,. Carte de la partie de la Manche a Test de Beachy Head, reconnue par le capitaine Martin White en 1823. Demlfeuille. Echelle, o"',4o2 pour un degre de latitude. Plans des ties du Prince, Saint-Thomas et Annobon, leves en 1829 par le capitaine Boteler. Ces trois plans, qui se trouvent sur la meme demi-feuille, sout a une meme echelle de o'",o835 pour 10 minutes de latitude, ou 7p^,-„. On trouve en outre les plans particuliers de la baie Saint-Antoine et de la bale de I'Ouest dans I'ile du ( -37) Prince, du mouillage Sainte-Anne de Chaves dans I'ile Saint-Thomas, et du mouillage situe au nord-estde Tile * d'Annobon. Ces quatre petlts plans sont sur uneechelle commune de o"',o37 pour un mille, ou ^777^. Les positions suivantes sont aussi donnees sur cette feuille : lie du Prince; le Diamant ou Mosteiros (rocher au large de la pointe N.-E.) Lat. 1° 40' 42" N. Long. 7" 27' 56" E. de Gr. Le plus sud des Deux-Freres (rocherssitues a environ XI milles au sud de 1 ile). Lat. I" 21' 6' N. Long. 7° 17' 24" E. de Gr. He Saint'Thomas ; fort SaintSebastien dans la baie Sainte-Anne. Lat. 0° 20' 3o"N. Long. 6» 42' 40" E. Annohoii; lie des Tortues. Lat. i°24' 18" S. Long. 5° 38' 1 2" E. Carte de la partie de la cote de Perse comprise entre Kooe Mubarrack etKrotchey, levee en 1829 par le com- mander G.-B. Brucks et le lieutenant S.-B. Haines, ot'fi- cier de la marine de la conipagnie des Indes. Echelle, c^jiio pour I degre de latitude. Cette carte comprend aussi quatre petits plans des baies de Jask, Charbar, Gwetter et GwaJel , a une meme echelle de o'",oi22 pour i mille marin, ou 77-7777. Nota. La partie de cote que contient cette carte ne fait pas reellement partie du royaume de Perse, mais bien de celui des Afgans. Elle est comprise entre 37" ao' et 67° o' de long, orientale de Greenwich, ( '38 ) Plan du detroit de Clarence dans le golfe de Perse, leve trigonometriquement en 1828 par le commander G.-B. Brucks et le lieutf^nant S.-B. Haines. En 2 feuilles. Echelle, o>",0249 pour i mille marin, ou 7-4-777. Nota. Le detroit de Clarence est celui qui se trouve entre I'lle Kishm, situee a I'entree du goife Pcrsique et la cote. Carte du golfe Persique, construite en i83o par le commander G.-B. Barnes Brucks, d'apres les levees tri- gonometriques executeespar ordre dela compagnie des Indes. 2 feuilles. Echelle, o"', 1 1 1 pour i degrede latitude. Aota. Cette carte est la reduction dune suite de qua- torze ou quinze cartes de details publiees precedemment par J. Horsburgh , hydrographe de la compagnie des Indes, d'apres les travaux de M. G.-B. Brucks, S.-B. Hai- nes, R. Cogan, J.-M. Guy et W.-E. Rogers, qui ont leve' en detail, depuis 1822 jusqu'en 1828, toutes les cotes du golfe Persique, dont on pent esperer avoir enfin la configuration exacte. Plan du Port Louis, lie Maurice, par le commander G. Evans. 1 8 19. Ce petit plan, sur nn quart de feuille, est sur une echelle de o'",i488 pour i mille marin, ou ,.^„„. On trouve portee sur ce plan la position du mat de pavilion du fort Tonnelier. Lat. 20° 8' 3o"S. Long. Sj" 27' 3o'' E. de Gr. Plan de la riviere Tamar ( terre de Van-Diemen), leve en i83o par ordre du gouvernement de la colonic, par John Welsh. Echelle, o'",o2475 pour un mille marin, ou .-;— . ( 239 ) La position de Low Head ( pointe est de I'entree de la riviere) se trouve donnee sur cette carte par : Lat. 4 1° 3'^ S. Long. 146° 49' E, de Gr. Trois petits plans de la cote est de I'Australie (snr le meme quart de feuille), leves en 1828 par M. Johns, master a Lord du batiment anglais Raimbow, commande par rhonorable H.-J. Rous, capitaine. Ces plans sont les suivans : 1° Baie du cap Byron. Position du cap Byron: Lat. 28» 37 38" S. Long. i53» 39' 40" E. de Gr. " 2° Detroit de Clarence. Position de la pointe Danger : Lat. 28^ 9' S. Long. i53- 33' E. (C'est la pointe nord de lembouchure de la riviere de Clarence.) 3" Chenal sud de la baie de Moreton. Position de Sandy-Point (extremite sud de I'lle Moreton ) :. Lat. 27° 27' S. Long. 1 53" 32' E. Ces trois plans sont sur la meme echelle, qui est de o"',025 pour I millemarin, ou yj^. Carte du groupe Garabier, levee en 1826 par le capi- taine F. W. Beechey. Position du pic oriental du mont Duff: Lat. 23- 7' 58" S. Long. i34°54' 54" O. de Gr. Echelle, o'",02bi pour une minute de latitude, ou 7 3 53 0' Carte du detroit de Magellan, levee en i8a6,, 27, aS, 29 et 3o, par le capitaine Phillip Parker King. ( a4« ) . Cetle carte ne donne encore qu'uiie partie des resul- tats des beaux travaux du capitaine King, car elle ne comprend uniqueinent que le detroil; toute la partie meridionale el orientale de I'archipel de la TerredeFeu ne s'y trouve point, ni les cotes orien tales et occidenlales de la Patagonie. Le capitaine Ring a publle en menie temps que cette carte un volume intitule Sailing direc- tions for the coasts, etc., ou instructions pour la navi- gation des cotes orienlales et occidenlales de la Palago- nie, depuis le portSainte-Helene,sur la cote Est, jusqu'au cap Tres Monies sur la coteOuest, y compris le detroit de Magellan et la cote exterieure de la Terre de Feu, extraites des rapports et des journaiix des officiers de I'expedition, par le capitaine Ph. Parker-King. Get ou- vrage, qui est entierement nautique, contient a la fin «ne table tres elendue des latitudes el longitudes de tous les points determines dans I'expedition, et une autre des hauteurs observees des principaux points de la cole. Carte generate des Indes occidenlales et du golfe du Mexique , comprenant les cotes de la Floride, de la Loui- siane, du Mexique, la bale de Honduras, les cotes des Mosquitos et celles de la Terre-Ferme jusqu'a I'em- bouchurede rOrenoque; conslruite principalement d'a- pres les levees de M. Anthony de Maine, et d'apres les cartes espagnoles les plus recentes, et assujetie aux der- nieres observations astronomiques; publiee a Xhydro- graphical office de Londresen novembre 183.4; corrigee en i83o el i832, d'apres les travaux du commandant R. Owen. Cette carte, en quatre feuilles, a eprouve depuis sa publication de nonibreuses ameliorations; deja, en i83i, on avail corrige : ( H^ ) 1° Sur ia feuille du noid-esl : le golfe de la Providence, (lies de Bahama), la partie sud de ces memes lies com- prenant I'lle Longue, los Junienlos, lile Aklins et I'lle Samana, enfin la partie des debouquemens de Saint- Domingue qui coniprend les Caiques, les lies Turques, le Mouchoir-Carre , la Caye-d'Argent et le banc de la Nalivite; 2° Sur la feuille du sud-est : toute la cote nord-ouest de Saint-Domingue, depuis le Port au-Prince jusqu'au milieu de liniervalle qui separe la pointe Isabelle du vieux Cap Francais; 3" Sur la feuille du sud-ouest : tout le fond de la baie de Honduras, depuis lile d'x^mbregris jusque un peu avant le cap Camoron , les Cayes nommees Chinchorro, le banc Misteriosa, les ties Swan, ainsi que les deux lies formant le petit Cayman; 4° Enfin, on avail ajoute sur la feuille du nord-ouest les positions de trois nouvelles bases, savoir : une roche sans nom, sur laquelle il y aurait seulement une demi- brassed'eau, tandis qu'on trouve cent brasses a cote: elle est par 28' 35' N. et 85° 49' O- j une autre nommee Boza Rock, 1817, par 24" 7' et gi° 4 ; enfin une troi- sieme, sousle nom Arias- Shoal, i8i8,par 24°3'et89°4i'- En i832, on a corrige encore sur la feuille du sud ouest, d apres les travaux du comm. R. Owen , la partie de la cote depuis le cap Camoron jusque par la latitude de i3 degres. On remarquera que la cote seule a ele tra- cee, et qu'elle se trouve portee a I'ouest de pres dun degre. Quant aux iles,elles sont restees figurees comme elles etaient precedomment; aussi a-t-on laisse subsister I'ancien trace de la cole, afm de faire connaiire leurs positions respectives. Nous esperons que le commander Owen continuera ses travaux dans cette partie, de ma- ( 242 ) niere a perniettre la rectification complete decette cote, 'line erreur assez grave se trouve justement avoir ete commise dans la redaction de cette partie de la carte sur i'lle tl« la Providence. Siir la carte espagnole et sur la carte francaise de la mer des Antilles, cette ile est placee dans le nord-nord-est de I'lle Saint-Andre, etsur la cai'te anglaise, tout restant de meme, elle se trouve au nord-nord-ouest de la meme ile ; cependant le Rou- tier des Antilles, public par Je depot hydrographique de Madrid , dit positivenient que I'lle de la Providence se trouve a i8 lieues au N. , 23° E. de Saint-Andre. La traduction de cet ouvrage publiee par I'amiraule an- glaise, et a laquelle se trouvent jointes beaucoup de remarques d'officiers anglais , donne la meme chose. II est done piobable que c'est par erreur que cette He a ete portee au nord-nord-ouest, au lieu du nord-nord- est. Ce qui la place a un degre trop a I'ouest. On pent aussi reconnaitre par un examen attentit que Ton n'a pas toujours employe, pour la redaction de cette carte, les mateiiaux les plus receiisj par exemple, dans la feuille du nord-est , qui coniprcnd le golfe du Mexi- que, il est evident qu'on a copie la premiere edition de la carte espagnole, et non pas I'edition corrigee en 182 1 , et que le depot de la marine a copiee en 1826. Sur cette carte, qui comprend la partie meridionale du goife du Mexique , depuis le cap Catoche jusqu'a la Laguna-Madre, on truuve indique que la partie com- prise entre la pointe Dclgada et la barre de Tampico a ete corrigee d'apres les observations de D. Francisco Murias. On marque aussi, comnie ayant etc rectifiee, la partie comprise entre le cap Catoche et la riviere de Lagartos. Ges deux parties en effet sont sur la carle anglaise differentes de ce quelles se trouvent sur la ( a43 ) carte espagnole corrig«^e en 1821 , et sur la carte fran- caise de 1826. Au reste, on a copie aussi a Mexico, en iSaS, lancienne edition des cartes espi'gnoles. Leur date el !e lieu de leur publication pourraient les faire croire preferahles aux cartes espagnoles et a la carte francaise de 1826, niais il est facile de se convaincre que la carte mexicalne n'est qu'une copie de lancienne carte espagoole. La principale difference entre I'ancienne et la nou- velle carte consiste en ce que la riviere deTuspan et la basse du menie nom etaient sur lancienne dix minutes trop au sud ; les courans dans ces parages portent, a ce qu'il parait , fortement vers le nord. C'est probable- ment ce qui avait produit cette erreur, et qui derniere- ment encore a ele la cause de la perte du brick /e Faune sur cette meme basse. II exisle aussi, sur I'etendue du lac de Maracaibo , une difference qui merile d'etre remarqiiee. Dans cette carte, ce lac s'etend jusqua 8' Sy ' de latitude nord , comme on le voit du resle sur beauroup d'autres, et entre autres sur la carte des Antilles publiee en i8i3, au depot general de la marine , d'apres les Espagnols. Mais une seconde edition de la carte de la mer des An- tilles , publiee au depot hydrograpbique de Madrid, en 1809, ne porte la partie nieridionale de ce lac que par 9 ° 9 ' de latitude, c'est-a-dire retranche 32 minutes de son etendue du nord au sud. C'est cette configuration qui avait ete adoptee par Brue dans la carte generale des lies Antilles, qui est un des derniers ouvrages ter- mines parle confrere dont nous deplorons tons la perte. II est probal>le que cette correction doit etre adoptee. ( M4) Plan du port de Belize sur la cote de Honduras, leve par le commander R. Owen , commandant /e Blossom en i83o,et M. John Frembly, master, en 1829. Position du fort Georges : Lat. 17° 29' 20" N. Long. 88^ 8' 20'' O. de Gr. Ce fort est en avant du port et dans Test de la ville, a o'""'%44 dans leN. 64° 7 E. de I'eglise. Echelle de ce plan , o"',o25 pour un mille marin , Plan de la partie sud du chenal du nord-ouest de la Providence, leve en 1816 par M. A. de Maine. Echelle, o'",oo49 pour un mille, ou 3/3,,. On y trouve aussi un petit plan du grand port sur I'lle Berry, a une echelle de o"',0747 pour un ipille,ou-, ^^.^. Position du rarenage dans la partie sud de Tile ou caye du grand Stirrups : Lat. 25<'48'3o" N. Long. 77- 55' o" O. de Gr. Plan du chenal de Fleeming ou de Six-Shillings con- duisant des cayes Six-Shillings au nouveau mouillage situe a lest de la Nouvelle-Providence, par le capitaine R.Owen. 1 83 1. Echelle, 0'",o3i2 pour un mille, ou ^ , '. , , . Position de la halise Shannon : Lat. 25" 16' 40". Long. 76' 5i' 5o" O. de Gr. . Plan du nouveau mouillage situe au large de la pointe sud-est de la Nouvelle-Providence (iles de Bahama), leve trigononietriquen)ent en 1816 par Anth. de Maine. Echelle, o"',o498 pour un mille marin, ou 3-7777, avec un plan particulier du port de Nassau, a une echelle de o'",i245 pour un mille marin, ou rrrrT' Nous citerons enfin ici les positions suivantes, deter- ( 245 ) minees en 1829 sur les cotes de la Nouvelle-Ecosse et de la baie de Fundy, par les officiers sous les ordres du vice-amiral sir Charles Ogle. Ces positions doivent etre gravees sur les cartes de la Nouvelle-Ecosse et de la baie de Fundy, publiees en 1824 et 26 par lamirauie: LIEUX. Phare de Canso sur I'ile Cranberry. . . Ed'l y-Point Sliip-IIarbour Gresn-tsiand Berry -Head White-Head-lsl.ind Green- Island (poinfe S.) Onter-Reaverlsland (pointe S.-E.). . . . Tiingier-Island Halifax ( pierre dans les chanliers) . . . Phare de Samhro Cap Prospect (extremite) Indian-Island (pointe S.) Cap-leHave (pointe S.) Pointe Rose Metway Head Baie de Liverpool (pointe O. ) Jdein ( phare) Indian-'sland (pointe S.) Littlp-Hope-IsLind Rugf,'ed-Island (pointe E.) Sandy-Point Piiare de Shelburne Cap Sable (extremite) Seal-Island (pointe N.) Idem ( pointe S. ) Briars-lslai.d ( le phare ) White Head -Island He du Grand-Manan(5iva//oiv-ra//). . Idem ( pointe N. ) Phare de Head Harbour) He Navy ( pointe S-E.) He Bliss ( pointe S.-O. ) Havre S.Jean (phare de I'ile Partridge). Idem {wix de pavilion sur la place d'armes ) Phare de Digby LATITUDE Nord. 45 45 44 44 44 45" 1 9' 33' 45 . 3o. 25 45.3C.25 45.27.47 45. 10.44 10. 1 7 4.55 48.24 44.28 3 (J . 'i f> 44. 26. 17 44.26.3s 44. 9.40 4 4-11. 8 44.18. 7 44- 6.24 43 .59. i3 44 . 1 .52 44. p./io 43. 48.34 43.41. 14 43.41.57 43.37.31 43.23.67 43. 26. V 2 4 3 . 2 3 . 5 1 44.i3.5i .14.36.59 44.44.54 44-46.49 44.56.5o ^5. 2.24 45. 3.12 45.13. 36 45. i5. o 44 .40- ^5 ni-lOii-IKrJ ■■,V'WV.4V»JV-'J--iU'^-"^BajKj LONGirUDE 0^l^^t de Grec-iiwicli. 60058' 6i.ifi. 61.21. 60.57. 61.21. 61 . 9. 6i . 34. 62.21. 62.41. 63.37. 63.35. 63.46. 64.26. 64.23. 64.15. 64.35. 64.42. 64.40. 64.26. 64.49. 65. 3. 65 .22. 65. iS. 65.38. 66. r. 6.1.59. 66.96. 66.45. 66.47. 66. 4q 66.56. 67. 5. 66.47. 3o 54 43 48 9 49 49 43 7 48 16 59 5i 43 33 9 34 49 5i 48 43 1 1 4" 3 38 42 54 4 2 1 58 47 28 66, 6.19 65 . 5o . I 5 a46 ) Bibliographie g^ographique. Ouvrages yo'neraux. Bibliotheque universelh des Torn- ges executes par mer ou par ter- re dans les diverses parties du monde.depuis les premieres de- couvertes jiisqu'a i):)s jours, con- tenant la description des moeurs, roiitumes, gouvcrnemens, culies. sciences et arts , indnslrie et commerce, productions natu- relles et autres, revns ou tra duits par M. AUiert - Monte- mont , I et -i"^ livraisons , eonte- nant les vova{,'es antour du mon- de, de Magellan, Dndie , Can- disli, Noort, Lliermite, Dam- pier, Roggers, Pa,dillr>J-> Barbi- nais, Roggewiii ; Anson et Byron. Paris, i83S, chez Armand Au- br6e,2 fr. 5o c. le vol. pour les sousciipteurs. La collection for mera 35 a 40 vol. in-8° avec un atlas. Abnge melhodiqiic de In gc"- "raphie uiuverstUe avec des notes sur la geograpliie ancienne , par C. Pirlot, profrsseiir de geogia- pliie et d'histoire au college d'Ath , nouveile edition , revue et augmentee de notes histori- ques, d'une nouveile description de la Btlgicpie et de la Hollande, en un vol. in-8°, Bruxelles i83-a. Chez; Hayez. An iii'vestignlioii oj (he currents of the Atlantic Ocean, and of those which prevail be/^'een the Indian ocean and the Atlnntic; reclierches sur les courans de I'occan Allan- tique et snr cenx qui doniuient entre ce dernier et la mer des Indes, par le major James Ren- nell. In 8', avec atlas in-folio. Londres, iS3a. COBOPB. Carte hydrogeiqne on sqnelello- graphiqiie' de I Europe centra- le , dressee pour I'etude de la geographie naturelle , par M. A. Deuai-x , ancien eldve de I't'colc polyteohnique, lieutenant- colonel ail corps royal d'etat major , auteur d'nn nouveau cours de geographie generate ; graveepar R. Walli , et impri- 'mee en deux conleurs a I'effet de mettre en parlaite evidence la correlation des lignes de hauteur avec celles de depression, qui determinenl les plans des su- perficies teirestres . I fenille de huit .sur six d.^cim^ies. Pans, i833. Chez Piquet, Gonjon , Simonneau et Denaix ; accompa- gnee d'une hrochure explicative. Prix : 6 francs 5o c. France. Atlas de Vhistoire de France par .1. Guadet. — Get atlas sc compose de trois parties : 1° d'une Introdurtion ; 2° d^une suite de carles presentant I'etat politique et geographique de la France aux principales cpoques de son hisloirc; 3" d'analyses de ch.icnno des carles qm com- posent I'atlas. Paris , l833. Chez JVIoutardier. Prix : 5 fr. Angleterre. New atlas of England and Wa- les, nouvel atlas de I'Anglelerre etdu pavs de Galles, cnsistant en une serie de grandes cartes routieres des comles, avec les ci- t^s, villes, villages, routes, ri- ( ^47 ) fibres, canaux,etc. , d'aprds les derniers relevemens , et conte- nantaussi la nciuvelle division des distiicts, les chefs-lieux de colle ges eiectoraux, etc., d'apres le bill de rt'forme; publie en om.e livraisons, a raison de deux par mois. l.ondies , i83J. Ireland as it was, is and ought to *<•; I'lrlande telle qn'elle a ete, est, et doit etre; avec un tableau stcitistiqiie de la population, des maisoiis , des pioduits agricoles, des liaroMies et paioisses, des eco'es, des jouinaux, etc, de chaqiie coinie; [jar R.-M. Martin. In-8". Londres, i833. AFRIQUE. royage dans la regence d'^lger, ou description du pays occnpe parl'armec francaiseen Afrique, contenant des observations sur la geograpbie physique , la geo- logic, la meteorologie , I'histolre • naturelle, etc., suivies de details sur le commerce, I'agriculture , les sciences et les arts, les moeurs, les coutumes et les usages des habltans de la regence , de This toire de son gouvernement « de la description complete du terri- toire, d'un plan de colonisa- tion, etc., par M. Ro?;et, capi- taine au corps royal d'etat ma- jor, Paris, 1 833, tomes I et ii , in-8°, avec atlas grand in-4", 1 1 fr. la livr. Cbez Arthus Ber- trand. Records of a voyage to the wes- tern const of Africa in S. M. ship Dryad, in the ;ears i83o-3i-32, by Peter Leonard , surgeon B. N. ; relation d'un voyage a la cote occidentale d'Afrique, sur le b4- timent de S. M. B. la Dryade , pendant les annces i83o, 3i et 32 , par P Leonard , ch.irurgien de la marine royale britannique. In-i8. Loudres, i833. A practical medico - historical account of the western coast of Jfiica; notice bistorique et me- dicale pratique de la cote occi- dentale d'Afrique, renferniant line description topograpbique des rivages, rivieres, etablisse- mens, etc.'; par James Boyle, cbirnrgien de la marine royale britannique, a Sierra-Leone. — Loudres, i832. ASIE. Atlas von Asia ; atlas d'Asie , par Henri Berglinus , i"^" livr. de trois cailes, savoir : le Golfe Persique, I'lnde Ulttrieure et les Pbilippines. Gotba, i832. Asia : Saminhm" I'on denh' o scliriften in beziehnng auf die gee und h\ drogriiphie ditses eidihei/s; recueils de memoires relalifs a la geographic et a I'liydiogrnphie de I'Asie , redlges pnr Henri Ber- gbaus pour expliquer et eclaircir les cartes de son atlas. In-4''. Gotba , i832. Tours in upper India and in parti of the Himalajra mountains ; ex- cursions dans I'lnde superieure et dans quelques parties des monts Himalaya , avec una no- tice des cours des princes indi- genes, etc., par le major Archer, ex-aidede-camp de lord Com- bermere. a vol. in-S". Lond.i833. AMERIQUE. Nouvetle carte des Etats-Vnis, du baut et has Canada, de la Nou- velle-Ecosse , du Nouveau-Brun- svf ick , de Terre-Neuve , etc., par A.-H. Brue. Paris,i832. i feuille. Care generate des ilcs Antilles, des lies et bancs de Bahama , des Etats-Unis de I'Amerique cen- trale et de la mer du Wexique, par A.-H. Brue. Paris, i83a. Une feuille. ( 24« ) ^tlas generaux. GEOGRAPHIE ANCIERNE. Atlas de gi-ograjjliie liistori- que, dresst- , pour servir a I'ia- telligeiice de I'liistoire aiiciciiiie, par P -A. Po'ilaiii de Bossav.pio- fesseurd'lilstoireau col!»'ge^o^ al d<; Sftiiit Louis, coiiteiiaiit : 1. Tableau de la dispersion desenfans de Not-jusqu'a la vo- catiun d'Aliraliam; 2. Caitedi- riigypte ancienne, du pays de Cliunauu et de la Sy- ria; 3. Carte de la Palestine , pour rintelligence de I'liistoire saiule depuis ia mort de Moise jusqu'a ravenemeiit du messie; 4. Carte gem rale de I'Asie an- cienne, pour I'inielligence de riiistoire des Assyr'cns, jSabylo- niens, Medes, Perscs et Lydiens, jusqu'au regne de Darius T'. 5. Carte de la Gr^ce, pour rinielligence de I'liistoire depuis les temps les plus recules jusqu'a la prise de Thebes par les Epi- gones. 6. Carte de la Gr^c > , d' la iner Egee et d'uiie jiariie de I'A- sieMmeurc, pour I'lMtelligence des colonies grecques avaiit la guerre de Troie, et de 1 histoire de la Grece depuis cette guerre jusqu'a la revolle des loniens; 7. Tableau des colonies grec- ques, priiicipalenicut depuis la prise de Troie jusqu'a la guerre medique ; 8. Carte de la Gr^ce , de la mer Egee et des cotes occiden- tales de I'Asie - Mineure , pour I'intelligence de I'histoire grec- que depuis la revolte des loniens jusqu'a la mort de Philippe, p^re d'Alexandre ; 9. Carte del'Asie-Occidentaie, pour rintelligence de I'liistoire des Perses, princi|ialcment de- puts la revolte des loniens jus- qu'au regne de Darius III Codo- man ; 10. Carte de I'empire d'A- lexandre; 11. Carte de la Sicile, de ia grande Grece et des pavs envi- roiinans, puur rintelligence de I'liistoire lie la Sicile depuis le regne de Gi'lon jusqu'a relui de HiiTon II ; — Carte de la Grece, jxinr rinielligence de I'histoire depuis la moit d'.\lexandce jus- qu'a la reduction de la Mac6- cloine et de I'Acbaie en provinces romaines ; 12. Carte de I'Asie , pour I'in- telligence de I'histoire des succes- seurs d'Alexandre depuis la mort de ce prince jusqu'a la mott de Selencus.-Nicator: — Oarte de I'Asie, pour rintelligence de I'his- toire des successeurs d'Alexandre depuis la mort de Selencus-Nica- tor jusqu'a la reduction de la S3 rie et de I'F.gypte en provinces romaine>.. yitlas de geogrnpliie ancienne et moderne, par iM M. Lapie. ■^4'' livr., composee des carles de la Syrie et de 1 Egv[ite amieniie, et des \o\ aunu's de Belgique et de Hol- lande et d'unc feuille de te\te. Globe lerrestre , dresse ef grave par Ambroise Tardien , et monte d'apres I'invention de .\.Wein- ling et C , i83J. Strasbourg, .Alarin et Schmidt. 18 pouces d« diam^tre. BULLETIN DE LA r /■ SOCIETE DE GEOGRAPHIE. No 121. — MAI i833. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Decoiwertes dn capitaine americain Morrell. Le capitaine Morrell, sur ies decouvertes duquel nous avons deja appele I'attention de la Societe, vient de pu- blier a New-York un volume de 492 pages in-S", conte- nant la description de quatre voyages qu'il a faits suc- cessivement dans la mer du Sud, I'ocean Pacifique sep- tentrional et meridional, la mer de Chine, I'ocean At- lantique meridional et I'ocean Antarclique indien, de- puis I'annee 1822 jusqu'a I'annee i83i. Nous allonsdon- ner Tanalyse du dernier de ces voyages , qui contient plusieurs nouvelles decouvertes geographiques et uft grand nombre d'observations importantes. ( 230 ) Le 1 septembre 1829, le capitaine Morrell quitta le port de New-York, sur le navire V Antarctique , de cent soixante-douzetonneaux, etfit voile pour Bonavista, una des lies du cap Vert, ou il toucha le 5 oclobre suivant. Apres y avoir pris un chargement de onze cents bois- seaux de sel , il se dirigea, le 9, sur Santiago, ou il niouilla le lendeniain pour faire des vivres et de I'eau. Continuant sa route, le 11, il traversa 1 equateur le 24, par le 22° 4^ dc longitude ouest de Greenwich. La fenime du capitaine et onze individus de I'equipage se trouvaient alors serieusement attaques par une fievre intermittente et aigue qui regnait a Bonavista lorsque le bStiment y avait relacbe ; deux malelots succomberent a cetle maladie , et ceux qui s'en releverent eurent une convalescence si longue,que M. Morrell se decida a tou- cher aux lies de Tristan d'Acunha, oil il trouva en abon- dancedu moiiton,du pore, delavolaille et des legumes. Voici quelques details donnes par I'auteur sur ce groupe. La pojjulation de Tristan d'Acunha se composait de sept families reunies sous 1 autorite dun Anglais nomme Glass, ancien caporal d'artillerie. Cette ile, la plus grande des trois, dont la disposition ressemble a une espece de triangle, est situee dans I'ocean Atlantique meridional, sous le 87° 8' de latitude sud et le 12" 8' de longitude ouest de Greenwich, a environ quinze cents milies a lest de lembouchure du Rio de la Plata, et a- peu-pres la meme distance ouest par sud du cap de Bonne-Esperance. Tristan d'Acunha a quinze miiles de circonference ; 1 un de ses cotes s'eleve a plus de mille pieds au-dessus du nive.iu de la nier, el le somroet s a- percoit a vingt-cinq lieues de distance quand le temps est beau. Lile la plus rapprochee, nommee r Inacces- sible, situee sous le .^7^ 17' de latitude sud et i9.° 24' de ( =^51 ) iongitude ouest, a environ 6 milles de circouterence, et presente I'aspect d'une montagne a pic, de forme circu- iaire par la base, aplatie au sommet, et tres escarpee, ce qui a donne lien a sa denomination. Le bAtiment Blendon Hall, capitaine Greig, se perdit snr ce rocher le 23 juillet 1 82 1, dans son passage de Londres a Bom- bay j buit hommes de ses equipages perirent en voulant ffaener Tristan sur un radeau de leur construction. Ces lies, d'abord decouverles par les Portugais, ont ele ex- plorees el decrites par lesHollandais en i643, eten 1^67 par les Francais, qui ont donne les noms aux deux dernieres. Le capitaine Patten , du navire TIndustrie , de Phila- delpbie, visita 1 He de Tristan d'Acunha enaoiit 1790,6! pendant un sejour de septniois,il y ramassa cinq mille six cents peaux de phoques, pour etre vendues sur les marches chinois. II ne s'y trouvait alors d'autres aili- maux domestiques que des chevres qui netaient pas meme apprivoisees. Le capitaine Colguhoun, du brick americain Betsey, lors de son passage a la meme ile, y planta des palates et sema du ma'is et quelques autres grains qui reussirent bien. En 181 1, un citoyen des Etats.Unis, nomme Jonathan Lambert, prit possession de ce groupe d'lles et s'en declara proprietairc par un edit. Aide par deux autres de ses compatriotes , il de- fricha environ cinquante acres de terre, et introduisit divers vegetaux, entre autres le cafier et la canne a sucre, dent le ministre americain a Rio-Janeiro lui avait fourni des plants; mais son principal but etait de preparer de I'huile et des peaux de phoques pour les vendre aux batimens qui pourraient mouiller dans ces parages. En 1817, possession fut prise de ces lies par un parti anglais embarque au cap de Bonne-Esperance. Glass, '7- ( iS-2 ) goiiveineur actuel de Tristan, possede une goeletle an moyen de laquelle il fait le commerce d'huile et de peaux avec ce dernier etablissement, et il approvisionne a peu de frais les navires qui viennent le visiter dans leur tra- ■versee. «Sij'avais, disait-il , quelques femmes de plus, « ce lieu serait iin veritable paradis terrestre. » Le 16 novembre, le capitaine Morrell leva I'ancre, et le lendemain toucha a lile de Diego Alvarez, appelee maintenant Gough, d'apres le capitaine Charles Gough, qui s'y arreta en 17 13, dans son voyage en Chine. En 181 1, le capitaine Heywood determina la position centrale de cette ile par 49° 19' 3o' de latitude sud et 9° 49 longitude ouest de Greenwich. Le capitaine Morrell fliffere sous le rapport de la longitude, qu'il faxe a 9''4''- Suivant le calcul de M. Heywood , le point culminant de 1 Jle est eleve de qnatre mille trois cent quatre-vingts pieds au-dessus du niveau de la mer. La surface du sol est generalement couverte d une mousse legere. Reprenant son voyage le 18, M. Morrell doubla, le 5 decembre, le cap de Desolation, et, le 28, il jeta I'ancre dans le havre de Carnley , I'une des lies connues sous le nom de Groups de lord Auckland ^ qui leur fut flonne par le capitaine A. Bristow, qui les decouvrit en 1806. La plus grande, de ving-cinq milles en lon- gueur et quinze milles en largeur, est situeedans Tocean I'acilique meridional, sous le 5i° de latitude sud et le 166"" 20' de longitude est, a environ deux cent cinquante milles au sud de la Nouvelle-Zelande, et a-peu-pres autant de lieues de la terre de Van-Diemen. Les points les plus eleves ont environ quinze cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Le capitaine Morrell, qui donne une description particuliere de cette ile, pretend quelle serait admirabloment appropriee a un petit etablisse- ( =^53) nient : le sol est fertile, bien anose, avec d'excellens ancrages, et le climat est doux. En 1823 , le capitaine Robert Johnson, commandant la goelette r Henry ^ de New-York, rapporta de cette ile et des ilots qui I'envi- ronnent, treize mille peaux de phoqiies de premiere qualite. En 1824, ce navigaleur remit a la voile pour la meme destination, et, en quittant la Nouvelle-Zelande pouraller a la recherche de nouvelles terres entre le ^o" et le &&" de latilude sud, il se perdit, et depuis on n'en a plus entendu parler. Aujourdhui, les phoques o on leur donna en echange des cercles en fer , de vieux couteaux et des grains de verre. Les femmes mariees offrirent ensuite le tablier d'ecorce dont elles couvrent leur nudite, et les hommes, leurs vastes cha- peaux de feuilles de palmiers, leurs lignes, hamecons et filets. Comme on leur fit entendre que ces objets n'a- vaient pas assez de valeur, ils pioposerent de relourner a terre, pour ramasser du nacre de perle, de I'ecaille de tortue et de la biche de mer^ si le capitaine voulait f ) tellement, qu'ils se jeterent tous a plat ventre. INeron f.t partir ses l>arques.qui revinrent bientot chargeesde cocos et d'autres fruits, et, surson invitation, M. Morrell accompagna ce chef a sa cabane, ou il goiita cle pbi- sieurs sortes de fruits et de poissons ; tous deux furent ensuite visiter lile, suivis de quatre cents iudividus, hommes, femmes et enfans temoignant par leurs chants la gratitude qu'ils eprouvaient pour les presens quils avaient recus. Le capitaine ayant fait choix d'un lieu favorable a I'erection dune hutle ou Ion preparerait la biche de iner, Neron promit I'assistance de son peuple, et envoya de nouveau des provisions. Ces Indiens, ayant pres de six pieds de haut, sont forts, muscideux et bien proportionnes^ ils ont la lete bien faite, les cheveux legerenient frises, doux, soyeux, et plus longs que ceux dun Africain , les yeux grands, nolrs et percans, le nez et les levres bien pris, les dents reculieres et tres blanches. Les femmes ont de belles formes, de grands yeuxnoirs,de petites figures rondes, le col delie , et les dents bien rangees et d'une blancheur eclatante. Les homines se tatouent dune maniere ef- froyable. Les deux sexes n'ont,en general, d'autres ve- temens que leurs ornemens de plumes, de coquillages et d'os. Leurs instrumens de guerre consistent en arcs, fleches, epees, massues et haches de combat : les arcs ont huit pieds de long, les fleches, cinq, et les epees, seize pieds. Leurs canots, fails d'un bois dur et solide, ont environ vingt pieds en longueur, deux en largeur et deux en profondeur. Le 26 mai, vingt-cinq hommes furent debarques afin de construire une habitation qui devait avoir cent cin- quante pieds de long, cinquante de large et quarante de haut. On apprit alors que Neron etait le roi de tout ce ( a63 ) groiipe d'lles, et que le cliefde celle ou Ion se tr«uivait • s'appelait Heneen. Ge dernier temoignaitiin grandl desir d'etre utile ;M. Morrell ordonna a ses gensde I'aider dans la formation dun jardin ainsi qua la re(.:herche de f euilles de cocotier pour couvrir le toit de la maison. La forge ayant ete montee et mise en oeuvre, quelques naturels deroberent des outils d'armurier, des morceaux (de fer et deux baches, et Heneen refusa d'interposer son au- torife pour les faire restituer. Le capitaine descendit aussitot a la cote avec six bommes de I'equipage bien armes, et rencontra une troupe de deux rents guenriers que le chef haranguait. 11 marcha aussitot sur lui , en presentantla bouche d'un pi«tolet sur sa poitrine, tandis que deux matelots tenaient leurs couteaux leves sur sa tete. Get acte de resolution en imposa aux Indiens, qui, voyant la vie d'Heneen en danger, jeterent leurs arcs et leurs fleches, et laisserent conduire a bord cinq des prin- cipaux d'entre eux, aupres desquels on n'oublin rien pour se concilier leur faveur. Comme preuve d'aiaiitie, ils envoyerent, le 24 mai, deux cent cinquante hfjmmes pour aider a ramasser la biche de mer ; mais penidant le meme temps, trois cents de leurs guerriers toniberent sur vingt-et-un marins ou travailleurs descendus sur la cote, en egorgerent quatorze et en blesserent quatre. Le jour suivant, M. Morrell quitta ces iles auxquelles il donnale nom Ae Massacre^i?)), etfitvcdle pourManille, ou il arriva le 26 juin. La, aide des bons oftices de M. Cannel, et avecl'autorisation du gentiral Requorfort, gouverneur en chef de Luconia, il comj >osa un nouvel equipage de soixante-six matelots de Mai lille et de dix- neuf Americains, et remit en nier le 19 j uillet pour re- tourner aux iles Massacre. Le 12 aof'it, il passa en vue des iles des Larrons, et le 28 du meme mo is, il mouilla dans rinterieur du banc de corail qui entoure le groupe de Berg, dont les habitans le recurent tres amicalement • et sempresserent de lui fournir toutes sortes de fruits. Le capitaine donne ici des details etendus et tres inte- ressans sur ces iles, dont la population est divisee en deux races bien distinctes,celle des Indiens cuivres, qui compte environ quinze millc individus, et celle qui se rapproche beaucoup du negre, au nombre d'environ vingt niille. Les premiers occupent les deux lies les plus a Touest et plusieurs des petites ; les seconds, celles plus orientales et leurs dependances. Ces deux tribus se font firequemment la guerre , mais pour le moment elles etaient en paix. Ayant repris la mer le 3 septembre, le capitaine Mor- rell toucha, le 5, au groupe deMonteverdeson,ou deux cents naturels vinrent, sans amies, dans leurs canots , ne paraissant songer qu'a faire du commerce; mais bien. tot trois cents de leurs guerriers quitterent le rivage en deux divisions, et, s'approchant a portee dc pistolet du navire , lancerent une volee de toutes leurs flecbes. L An- tarctique riposta par une decharge d'artillerie et de mous- queterie bien dirigee, qui mit en pieces une multitude de canots, blessa un grand nombre d'assaillans qui fu- rent disperses sur la surface de la mer, ou on les voyait nageant comme des poissons , s'efforcer de gagner le bord. Le jour suivant (6 septembre), le capitaine Morrell pritsa route au sud-est, parvint, le i4, en vue des lies Massacre, etjeta I'ancre a un quart demille de I'endroit ou le carnage de ses gens avait eu lieu. Le batiment avait ete reconnu, dans la soiree du i3,par les naturels, dont la flottille, composee de toutes les forces du groupe d'iles , t'tait »ieja preparee. EUe ne tarda pas a voguervers ie navire, etles canots, prenant autourde lui differentes positions, firent une decharge generale de Heches ; l'u4n- tarctique ouvrit son feu, qui, en dix minutes, les fit s'eparpiller comnie la paille devant Touragan. Les canons furent ensuite pointes sur le village de Bamboo, et pro- duisiientleffet desire, c'est-a-dire eel Lii de faire rendre un niatelot reste encore en vie. Get homme , nomme Shaw, avait etc garde comme esclave, et il reussit a regagner le vaisseau dans un petit canot, et n'ayant plus aucun ve- tement. Le lendemain matin (i5), Heenen vint exprimer ses regrets de cet acte d'hostilite, renouvela ses protesta- tions d'amitie, et consentit a la vente de I'lle ou le ca- pitaine avait debarque, moyennant un grand nombre d'articles divers. Shaw, qui, pendant une caplivite de quinze semaines, avait apprisquelques mots de la langue des natifs, servit d'interprete dans cette circonstance. L'lle recut le nom de Wallace , d'apres le brave officier ainsi appele, qui perit dans le massacre du 28 mai. M. Morrell fit debarquer, le meme jour, soixante-dix homnies , afin d'organiser les nioyens de defense neces- saires pour pouvoir recueillir et preparer la biche de mer. II fut decide qu'on construirait une espece de fort aerien, et Ton choisit, a cet effet, deux arbres dont les troncs avaient six pieds de diametre, et qui furent ela- gues jusqu'a une hauteur de quarante-cinq pieds 5 des varangues posees entre les !)ranches supporterent un plancher ou plate-forme de vingt-huit pieds carres, for- mant une saillie de six pieds en tous sens, et sur lequel on eleva une maison a I'epreuve des fleches et de I'eau , pouvant contenir cinquante personnes. On y posta seize marins, amies de fusils et de quatre petites pieces de campagne, et munis de vivres et dVau pour un mois. 18 ( 266 : lis giimpaienl dans cette singulieie citadelle au moyen dune echelle qu'ils retiraient apres eiix. En meme temps, on dressa, a une portee de fleche de distance, un bati- ment dont la charpente avait ete constiuite a iManille , et qui avait cent cinquante pieds de longueur, quarante de largeuret vingt-cinq en h luteur. U Jntarctique resia stationne vis-a-vis de cesdeux habitations, dont il n'etait eloigneque de dix verges a la marce haute. Quatre-vingt deux hommes furent occupes tons les jours, jusquau 18 septenibre, avantqueces travauxfussent entiereiiient terniines. Le 19, cinquante canots etrangers parurent sur les cotes. Le chef Heenen se presenta sur le bord du recif pour oilrir des fruits, comme il I'avait deja fait, quatre ou cii q fois par jour, depuis la cession de son He ; mais on refusa cette fois de lui envoyer la cha loupe , par crainte de quelque trahison. En effet, cet Indien passa dans I'lleWallace, centre laquelle unecentaine de canots se dirigerent, et rAntarctiqtie fit tous ses preparatifs pour Taction. Heenen , a la tete deses guerriers, debar- qua vis-a-vis le fort, et poussa son formidable cri de guerre, qui fut repcte par deux cents Indiens embusques derriere les taillis, et qui devaient attaquer en meme temps par derriere. Arrives a une distance de cent cin- quante verges, ils tirerent leurs fleches, dont pres de trois mille furent logees en un instant dans les flancs et sur le sommetdeledifice. Ils continuerent a s'approcher jusqu'a quinze verges ou quarante-cinq pieds, quand rAntarctujue et le fort ouvrirent un feu croise sur tout ce qui se trouvait entre eux, qui forca bientot I'ennemi a se retirer, laissant un bon nombre de morts et de blesses ; deux hommes seulement de I'equipage furent legerement atteints. ( ^^1 ) Malgre cette defaite, Heenen levint encore a la charge ;avec des fruits et des otfres de service. On detacha la «haloiipe, bien armee, afin den finir avec lui s'il tentait une nouvelle trahison ] et comme il avail deja saisi I'arme du patron de la barque, celui-ci se degagea et lui porta un coup niortei. Une flottille de canots, venue pour le protegerde 1 lie Massacre, tut en meme temps dispersee. Cette derniere deroute et la mort de leur chef causerent un tel effroi a ces insulaires, que tous abandonnerent les lieux. On trouva les osseniens desmalheureux marins assassines pendus a la porta de la demeure d Heneen, et ces restes furent enterres avec la solennite convenable. Le 28 septembre, la niaison de I'lle Wallace etant en- tiercment terminee, les homines furent employes a ra- masser et preparer la biche demer; mais, harceles jour etnuit par lesnaturels, et commencaiit a manquer de provisions, il fallut abandonner ces bords inhospitaliers, le 3 novembre, n'emportant pas plus de deux cents piculs (un picul egale i33 livres i/3). Le capitaine fit voile pour la Nouvelle-Irlande, ou il arriva le 4 no- vembre, et, le 6, il toucha a la Nouvelle-Bretagne. II s'e- tend peu sur ces deux contrees. Le 12, il se trouva en vue des hautes montagnes formant I'extreniite nord-est ) tloivent subir cette meme correctioti tie 3o minutes ea longitude. (lo) La description du gronpe i\e S kiddy s,e rapporte bien a la configuration de celuide Namouloiik dans I'at- las de Liilke, et Ion ne pent guere douter de 1 identite, bien que Liitke ait place NamoiiJouk par 5° 55' latitude Nordeti53''i6'longitudeEst; il fautseulement s'etonner tjueM.Morrell soit ici aussi presde la vraie longitude. (ii) Ces lies sont effectivement les lies Young Wil- liams de Mortlock que Liitke a soigneusement exami- nees. Mais les determinations de M. Moirel! sont peu exactes, puisque leur centre est situe nor 5" 23' latitude Nord et t53°45' longitude Est. 11 parait que le chrono- metre de M. Morrell avait ime niauvaise marche, puis- qii'on voit ici sa longitude pecher par defaut. (12) Ces \\e?,Monteuerdeson^ox\X. les iles Nougonor Ac notre carte geneiale de I'Oceanie, dont nous avons place le centre par 3° 3o' latitude Nord et id5''3o' longitude Est; par consequent, la determination de M. Morrell est cette tbis exartc. (i3) J'avais cru d'abord que ce groupe, auquel M. Morrell a impose le nom diiles du Massacre, devait se rapporter aux iles Marqueen de Schouten ou Cocos de r Indispensable ; mais, ayant pris en consideration un passage subsequent de la narration de Morrell ou ilrend coinpte qu'en quittant le groupe du Massacre *::i se di- rigeant a I'ouest, il recomuit la pointc nord de lile Bouka, sans riei> signaler sur sa route, il m'a paru constant que les iles du ilfrt.y,y«creetaient identiques avec les Neuf-Iles de Carteret, les iles Ontong Java suivant Spinosa, revues par Shortland en 1788 et Hunter en 1791. C'est le groupe qui figurait a tort sur le premier tirage (^74 ) cle iiotre carte generale sous le iioin d' Ontong Java ^ auquel nous avons restiluc- le noiii (!e Carteret, en at- tendani que nous connaissions le noin des indigenes^ que M. Morrt-'U aurait pu nous signaler. (i4) Cette bale Dekay est evidemment notre golfede I' Astrolabe ; nous avons place le centre de son ouverlure par 5" 35' latitude Sud et i43"3o' longitude Est. II y a peu a redire aux positions de M. Morrell. (i5) II y a ici quelque erreur grave dans les positions indiquees par M. Morrell. Bien certaincnient il n'existe point de cap sur la NouvelleGuinee situe par 4° Sg' la- titude Sudet 1 45° 1 6' longitude Est (Greenwich). Ce qu'il en dit pourrait s'appliquer jusqu'a un c<^rtain point a notre cap Delia-Torre , que nous avons etabli par 3° 5i' latitude Sud et 1420 la' longitude Est de Paris, ou i44" 32' de Greenwich. Alors son ile volcanique Mordecai serait I'ile Lesson, pl.icee au nord-nord-est et a vingt- quatre milles du cap Delia-Torre. Suv la Coquille comme sur t Astrolabe, nous avons passe tres pres de cette petite lie sans y remarquer aucun indice de volcan ; mais il se pourrait qu'une eruption ait eu lieu au moment du pas- sage de M. Morrell. Nous devons du reste faire observer que ce capitaine nous a paru peu exact sur divers points de sa naviga- tion dans ces parages. Les cinq ou six volcans en acti- vite, situes de six a treize lieucs de la grande terre , ne sauraient etre autre chose que les lies W. Schouten , nommes par M. Duperrey lies Lesson, Garnot , Jacqiii- noty de Blois, Roissy et D'C/rvil/e. Mais leur distance a la cote n'est que de vingt-cinq milles. En 1827, nous avons prolonge toutes ces ties de fort pres, sans avoir remarque la moindre apparence de volcan. ( 275 ) (i6) Ce cap Woodbury est evideniment notre poiiue Passir, et I'assertion-de M. Morrell confirme I'cpinion que nous avons emise dans notre relation, touchant I'existence d'un bon Havre a I'interieur des recifs qui unlssent les peliles lies Salnson, Faraguetei Dudcmaine. Cetle fois la latitude de M. Morrell est exactc , et sa longitude ne differe de la notre que de dix minutes au plus. (17) M. Morrell fait un niystere du nom et de la po- sition de ces deux derniers groupes d'lles, dans I'inten- tion de se reserver le monopole des precieuses denrees qu'il compte pouvoir y exploiter un jour. Mais, en com- binant avec quelque attention les routes qu'il dit avoir faites , et le temps que dura sa navigation depuis qu'il quitta les cotes de la nouvelle Guinee, jusqu'au jour on il fit route pour Mimilie, on se convaincra facilement que ces lies appartiennent aux groupes de I'Ecliiquier, des Anacboretes , ou des Hermites, ou nieme de I'Ami- raute. En etfet, la description qu'il donne des insulaires s'applique parfaitement a ce que d'Entrecasteaux et La- billardiere ont dit des babitans des deux derniers groupes , et sa description , comme le nombre des lies basses, se rapporte a ce que Bougainville a dit des deux premiers. En resume , bien que le voyage de M. Morrell oftre pen de veritables decouvertes a ia geograpbie, puis- qu'elies se reduisent en definitive au banc de Skiddy et eta lile Faralis, si sa position est bonne, on ne saurait disconvenir que sa relation ne soit fertile en documens neufs et dun veritable interetsur les diverses lies qu'il a visitees. II est juste aussi de recf)nnailre qn'un grand nombre des iles annoncees par M. Morrell comme nou- .' 276 ) vclles , letaient effectiveinent pour lui ; toules les cartes etant restees Lien en arriertf'des decouvertes siiccessi- vement operees jusqu a 1 epo'^ue de son depart. II est a-peu-pres certain que la carle de I'Oceanie , que nous venous de publier, est la seule qui presente dans leur veritable position toutes ces terres. Peut-etre reconnai- tra-t-on que, sous ce rapport au nioins, nous avons rendu quelques services a I'hydrographie, en remplis- sant xme pareille lacune. La i-elation de JVI. Morrell semble attester quil est un marin conrageux , habile et devoue. II parait en- flanime du desir de recommencer ses excursions dans rOceanie, et nous nous plaisons a croire que, tout en poursuivant ses speculations conimerciales , il cherchera a rendre des services a la science. Dans cette hypolhese, il nous permettra sans doute de lui adresser quelques avis qui pourraient lui etre utiles , si jamais ces obser- vations tombaient entre ses mains. D'abord , il serait a desirer que M. Morrell eiit au moins deux chronometres, et quil apportat un soin particulier dans la determination de ses positions. II serait bon surtout quil indiquat soigneusement les points a partir desquels il conipterait ses differences en longitude. Des cirtes succinctes, ou meme de simples croquis des lies et des terres apercues , bases sur les relevemens au compas , ajouteraient aussi un grand prix a ses re- connaissances. L'ebauche la plus mediocre suffit sou- vent pour lever I'incertitude que pent laisser la descrip- tion la plus detaillee. Enfin, nous lui reconmiandons vivement, dans I'inte- ret de letlmograpbie, les vocabulaires des peuplades quil aura I'occasion de visiter. II est bien facbeux quil (^77) ne nous ait pas fait connaitre les mots les plus usuels des insulaires de ses groupes, Bei-gh, et du Massacre., avec lesquels il a eu tant de relations. Ces docuinens sont de la plus haute importance pour ceux qui s'occu- pent de rechercher I'origine et la filiation des divers peuples de I'Oceanie. ( ^78 ) Bapport VERBAL suT louvragc intitule: Etudes stalls- tiqiies siir Rome et la partie occidentale des elats ro- mains , par M. le comte de TovtiyoTi, pair de France, fait a I'Acadeinie des Sciences (Institut de France) et lu a la societe deGeographie le 17 mai i833. PAR M. LE RARON COSTAZ , Membre de cette Academie , ancien vice-president de la Societ6 de Geographic, et itieinbre de sa Commission centrale. La portion de I'ltalie comprise entre la mer Mediter- ranee, laToscane,la chaine des Apennins et le royaume de Naples, et qui est ordinairement designee par !e nom d'Etats Remains, fut reunie en 1809 a I'empire francais: on en forma deux departemens , dont le plus considera- ble portait le grand nom de Rome, parce qu'il avait pour chef-lreu cette aiicienne capitale du monde. M. le comte de Tournon fut charge de ladministration de ce nouveau departementj il y a rempli les fonctions de prefet pen- dant les quatre annees qu'a duree la reunion. Les grands souvenirs dont cette contree est remplie, suffisent pour faire naitre le desir de I'etudier, chez un etranger qui vient Ihabiter ou simplenient la visiter. Ce desir naturel dans un honime instruit, done du goiit d« Tobservation et du talent de bien observer, qui en est a-la fois I'effet et la preuve , etait de plus un besoin et meme un devoir de position pour M. le comte de Tour- non. Ayant recu la mission d'organiser ce pays suivant les formes de I'administration francaise et de lui en appli- quer les piinripes , il ne pouvait esperer de le faire avec ( 279 ) succes, qu'autani qiTil acquenaitune connaissanceexacte des hommes et rles choses. La position qui iniposait a M. cle Tournon la necessite de reciieillir des renseignemens sur le pays, lui fournis- saitaussi de grands nioyens poury reiissir; de nonibreux interets et qui, par leur variete, touchent a toutes les circonstances locales , sont journellement souniisa la de- cision des prefets et debattus devant eux. Qnoique am- menes par des interels particuiiers, ces debats revelent souvent des faits generaux importans qui , sans cela, se- raient demeures inapercus. L'assieile des contributions suppose la connaissance des sources de la richesse du pays , aussi bien que celle des fortunes particulieres. Les prefets sont aides dans leurs recherches par le concours des nonibreux agens de I'adniinistration et par les lu- mieres d'hommes dart dune liautecapacite, dun carac- tere eleve et plains de ze!e, tels que sont nos ingenieurs francais; enfin , M. de Tournon agrandit ses nioyens d'iuvestigation par la formation dune societe de stalis- tique, qui fut compwsee d'hoinmes distingues souvent par leur position sociale et toiijours par leur instruc- tion , par leur amour des connaissances et leur zele pour la prospcrite et la gloire de leur pays; de tels hommes nes sur les lieux ou y habitant depuis long- temps, y possedant des proprietes, familiers avec les lois, avec les usages locaux et la langue populaire, etaient eminemment propres a recueillir des reuseignemens di- gnes de confiance : on n'avait pas a craindre de leur part ces assertions presomptueuses et ces meprises ridicules, si communes dans les relations de tant de voyageurs,qu» ont eu la pretention de tout penetrer dun coup-dceil jete en courant. L'ouvrage qui nous occupe est le resume de toute&' ( 28o ) les observations faltes Ou recueiliies par lautcur. 11 s'est sagenieiU ahstenu de traiter les sujets deja rpuises T>;ir les voyageurs , il en previent dans son avant-propos : « On ne trouvera dans cet ouvrage, dlt-il, ni description <• de Rome, ni dissertation sur ses monuniens , ses pein- « tures, ses statues , ni tableaux de ses fetes pontificales; « car rnon attention constante a ete de ne poser le pied « que la ou je n'apercevais aucune empreinte. » L'adoption de ce plan donne a I'ouvrage iin caractere special, les observations qu'il contient sont originales; elies out ete faites sur les choses et non conipilees dans des livres. II traite de la topographic , de I'agriculture , du commerce, du gouvernement et de ladministration, et eniin des travaux d'utilite publique. La contree qui forrnait le departement de Rome est composee de terrains volcaniques et de terrains calcaires, en portions presque egales; les montagnes y sont noni- breuses et considerables : la surface qu'elles occnpent est a-peu-pres aussi grande que celle des plaines. Dans le premier livre, consacre a la topographic , I'auteur donne a sa description la forme du recit dun voyage : il par- court successivement tons les bassins de la partie volca- nique et touteslesvalleesquiappartiennentgeneralement a la chaine calcaire des Apennins ou a ses dependances. II a soin de rappeller les evenemens dont chaque lieu fut le theatre, de faire connaitre les monumens quil possede, laspect* et les productions de chaque territoire, les sour- ces ou naissent les eaux qui arrosent chaque bassin, les lignes oil elles se reunissent, et les debouches par les- quelles elles s'ecoulent. il faitune station atous les points • D'ou peul venir cette epouvantable depravation de la conscience publique? De plusieurs causes : en premier lieu, I'impunite , par sa duree et son univer- salite, seniblait I'effel d'un systeme d'indulgence qui, reuni au niaiutien du droit d'aslle etait, tres injuste- nient, rnais avec une apparence specieuse de \erite, inlerprete corame equivalant a une tolerance tacite de la part du gouvernement; en second lieu, la repar- tition des fruits du brigandage entre un grand nonibre de faniiHes ; enfin cet inteiet dramatique qui s'attache trop souvent aux hommes desesperes qui, engages dans la carriere du crime, accomplissent leurs entreprises avec energie et savent echappor au danger par un melange de ruse et daudace. Ce resultat funeste montre combien peut devenir pernicieuse a la morale dun peiiple I'in- lluence de ces representations theatrales ou Ion t'ait sympathiser les spectateurs avec des scelerats auxquels on attribue avec exageration des qualites propres a trap- per !a multitude d etonnemeiit el a surprcndre sou in- teret. L'applicatioii des lois francaises a un pays ou des de- sordres aussi effroyables avaieiit pris racine depuis des siecles, elait une experience du plus baut interet : elle tut decisive. Tres pen de temps apres que les lois fran- caises eurent ete mises en activite, le plus grand nondire des bandits fut auiene sous la main de la justice. Ceux qu'on ne put d'abord atleiiidre n'aspirerent plus qua etro oublies; ils n oscrent phis sorlii- de leurs repaires. ( 297 ), Le droit d asile tut aboli partout. La presque certitude du chatiment vemplaca la presque certitude de I'impu- nite; les bandes ne se recruterent plus; les routes de- vinrent sures, et les villageois cesserent d'etre inquiets dans leurs demeures. Le nombre des meurtres et des coups de stylet decrut rapidement, et Ion fut etonne a Rome d'apprendre que I'hopital de la Consolation , ou- vertpour traiter les blesses, etait presque vide. Ces heureux resultats furent obtenus par Taction com- binee dune police habile et active, qui ne donnait point de relache aux coupables, dun niinistere public impar- tial, qui poursuivait impitoyablement tons les inculpes de crimes, quels que f'ussent leur rang ou leur fortune et dune magistrature independante, qui rendait la justice sans retards inutiles et avec une inflexible exactitude. II est interessant et i! importe de remarquer que la publicite de la procedure tut une des causes qui contri- buerent le plus a rectifier la conscience populaire. Le peuple prenait le plus vif interet aux debats; il en etait temoin assidu, applaudissait a la latitude laissee a la de- fense, et jugeait en quelque sorte avant les juges. Le spec- tacle nouveau pour lui dun tribunal qui pesait dans la meme balance les accuses pris dans les conditions les plus obscures et les accuses proteges par les families les plus puissantes, et qui motivait ses arrets, le remplissait de veneration pour la magistrature. Des-lors la population s'associa de ses voeux a tout ce que la puissance publique entreprit pour la repression des crimes, et elle commen- cait a la seconder de son intervention dans la poursuite des coupables. Ainsi, par I'application des lois francaises dans les etats pontificaux , le nombre des crimes fut considera- blement diminue et le sentiment moral fut retabli chez uo ( ^98 ) iin peuple qui I'avait presque enlierement perdu. Tels furent les effels d'une legislation que, dans ce pays meme, ses detracteurs avaient si souvent reprouvee comma dictee par un esprit de desordre favorable a tous les mauvais penchans de la nature humaine. La mise en pratique des regies de ladminlstration francaise eut un succes peut-etre moins eclatant, mais aussi complet. Un oidre inconnu jusqu'alors fut etabli dans la perception et le nianienient des deniers publics, les contribuables furent proteges contre les vexations ar- bitrairesj les formes si claires, si simples et si exactes de notre comptabilite furent introduites dans les adminis- trations de tous les degres. Elles produisirent des econo- mies majeures, principalement dans les nombreux eta- blissemens de bienfaisancej ce qui ne presentait pas peu de difficultes dans un pays ou , pour emprunter les ex- pressions de M. de Tournon, les administrateurs des eta- blissemens les plus importans « sont trop portes a con- « siderer le bien des pauvres comme leur patrimoine ». Ces etablissemens qu'on avait trouves en 1809, dans un etat de deperissement, etaient tous dans une situation satisfaisante a la fin de i8i3 , et le service des pauvres et des malades y etait ameliore. L'empereur avait sur ce pays des desseins qui portaient I'empreinte du grandiose de son genie , il en poursui- vait I'execution avec cette suite et cette puissance de vo- lonte qui formaient un de ses traits caracteristiques. II ordonna d'abord des travaux dune vaste etendue, pour I'amelioration materielle du pays; deux savans ingenieurs nos confreres, M. le baron de Prony et M. Navier, fu- rent appeles a concourir a laccomplissement de ces grandes vues. M. de Prony fut charge d'etudier et de resoudre la ( 299 ) grande et vieille question du dessechenient des marais Pontins. II a public le resultat de ses recherches dans un ouvrage bien connu de I'Academie. Ce beau travail, fruit dune annee deludes prolondes et de toute la science de I'ingenieur donne les moyens, cherches depuis long- temps, d'operer d'une nianiere a-peupres complete ce dessechement, qui aurait de si grandes et si avantageuses consequences sous le rapport de la salubrite et sous ce- iui de la production agricole. L'emperenr, qui avait lait discuter le projet et I'avait approuve, etait decide a en faire la depense, qui aurait monte a dix millions a-peu- pres. La mission de M. Navier avail pour objet la naviga- tion du Tibre et I'assainissement de Rome. Le Tibre est navigable au-dessous de Rome jusqu'a la mer; il Test aussi , quoique dune maniere imparfaite, dans une parlie de son cours supei'ieur : dans la traversee de la ville , la navigation est presque totalement in- terrompue par des debris de constructions antiques , par des depots de toute espece et par des barrages. Le fleuve coule inapercu entre deux rangs de »nai- sons miserables et delabreesj dans ses crues, il inonde (!es quartiers tout cntiers, y cause des ravages con- siderables el y depose des vases qui ren ferment des germes de maladies souvent meurtrieres. M. Navier redigea des projets pour rendi'e la navigation fiicile dans toute la traversee de Rome, pour construire des quais , pour garantir les parties de la ville qui etaient sujettes aux inondations, pour retablir le pont d'Horatius Codes et pour ameliorer la navigation du Tibre au-dessus de Rome. Ces grands travaux , qui au- raient coute plusk-urs millions, eussent etc executes si i'occupatinn francaise ei'it ete prolongee plus lonc-temns. 20. ( ;5oo ) Les projets etaient cleja sous les yeux de I'empereur. On pent voir dans 1 ouvrage de M. de Tournon un histo- rique plus etendu de ceux qui avaient pour objet les ou- vrages a faire dans I'interieur de la ville. Son atlas con- tient un plan de Rome sur une grande echelle, el divi- see en dix-sept feuilles; ony irouve les principales cotes d un nivellcmcnt iait dans les rues de Rome, pour servir de base au travail relalif aux inondations , et le trace des quais proposes par M. Navier. En suivant ce trace , on est frappe de I'idee que I'execulion de ce projet se- rait le plus grand embcllissement que put recevoir cetle ville , deja embellie par tant de monumens. La conserva- tion et la restauralion de ceux de I'antiquite dont il subsiste des rcstes excita vivement la sollicitude du gouvernement fraucaisj des somnies considerables tu- rent employees pour les degager des decombres et des constructions vulgaires qui en masquaient la vue et pour retablir les fondemens de plusieurs d'entre eux dont la chute etait iniminente. L'espace renferme enlre le Capitole, le temple de la P;iix, le Colisee et le Tibre, tut debarrasse de toutes les maisons et de toutes les murailles qui etaient accumulees autour du mont Palatin, et qui bornaient la vue dans cette enceinte. Les edifices modernes n'oiit pas ete I'objet de moindres soins. Des travaux importans furent executes pour I'entretien et la reparation de la celebre basilique de Saint-Pierre ; de grandes depenses furent aites par la liste civile au palais Quirinal et au Vatican, jiour en prevenir la ruine ou perfectionner leurs distri- butions. Get esprit de conservation et d'amelioration , qui se manifestait par lant de taits, n'avait pas echappe a 1 ob- servation dun peuple ires intelligent ; force d'cstinier I ( 3oi ) 1 administration tVancaise, il finit par s'y attacher : on en vit une preuve memorable en i8i3, lorsque, dans I'ar- rondissement de Frosinone, qu'on pent regarder comme le quartier general des bandits , une bande formee d'un reste de ces brigands s'empara de la personne du sous-prefel, un tocsin general tut sonne, les paysans amies accoiiriirent en foule de tons cotes, et delivre- rent leiir inae cela me fut possible, j'executai des observations de temperature so(is-marine a de grandes profondeurs. Je les aurais meme bien plus mullipliees encore , sans les obstacles qui semblaient renaitre a cbaque instant sous nos pas, surtout sans 1 etat i'uneste ou les maladies de Vaisikoro reduisirent noti e equipage. Ceux-la seulenient qui m'ont accompagne savent combien ce genre d'observations etait devenu odieux a un equipage demoralise , et af- faisse sous le poids des fievres et de la dyssenterie. 11 faliait toiite mon antorite et I'attention minutiense que I ( ;^I5 ) j'apportais iiioi-nieijie a ces experiences , pour rendie leur execution possible. Faciles et exemptes de gene et d'embarras dans toute autre navigation , pour nous elles etaient devenues des operations tres penibles. Sans le desir que j'avais de justifier I'attente des niem- bres de I'lnstitut, je n'aurais jamais pris sur nioi dy assujetir des boniines eprouves par autant de traverses et de cruelles maladies. A mon retour , je m'enipressai de communiquer a M. Arago le resultat de ces experiences si cherement acquises. II en parut d'abord enchante, il me fit des complimens sur la Constance que j'avais apportee a leur execution, et promit de rediger un memoire important sur ces observations. J altendis deux annees entieres ee travail ; a la fin , convaincu que mes experiences avaient ete condamnees a un oubli definitit , je pris le parti de les publier , et MM. les menibres de la Societe de Geograpliie voulurent bien leur donner place dans les pages de leur Bulletin. J'ai ete force de donner ces explications au lecteui- pour lui faire comprendre par quel hasard, au lieu du savant et profond uienioire qu'il attendait sans doute d'un homme comme M. Arago , il ne trouvera que I'es- sai que je pourrai lui offrir. Au moins, il me pardon- nera cette facheuse substitution , quand il saura qu'elle a eteinvolontaire de ma part. J espere qu'au contraire , U me saura quelque gre d'avoir surmonte le sentiment de repugnance que m'inspirait la conscience de mon inferiorite pour remplir cette triste lacune, et lui ren- dre compte de mon niieux de mes observations. En eflet, c'etait a ce but que je comptais dans le principe limiter I'objet de cette notice. Mais je rellechis bientot qu'en me bornant a mes propres resultats, je 21. ( ^'^' ) ne pourrais presenter qu»^ dcs apercus decousus et in- coinplets. En outre, je crus qua clefaut de tout autre interet, mon travail aurait au moins un merite, s'il pre- sentait le tableau complet des experiences executees jusqu'a ce jour pour mesurer la temperature des mers, et cette consideration rn encoutagea dans la tache que j'entreprenais. Forster nous parait avoir ete le premier qui ait soiige a comparer les temperatures de la mer a une certaine profondeur avec celles de la surface. Ses experiences eurent lieu en 1772 et 1773, depuis I'equateur jusqu'au parallele de 64 " S. ; mais elles tie s'etendirent pas au- dela de 1 12 brasses (de 5 pieds chacune) de profondeur ; aussi les differences entre les temperatures de la surface et a cette profondeur ne furent pas de plus dun ou de deux degres centigrades. Toutefois, il crut deja pouvoir en conclure que, sous la ligne et pies des (ropiques, I'eau est plus Jroide a une grande profondeur qua la surface dans les hautes latitudes. Presque dans le meme temps, en juin et aoiit 1773 , fe capitaine Phipps et son compagnon , le docteur Irving, poussaient vers le pole nord cescurieuses expe- riences jusqu'a 1 enorme profondeur de 778 et de 868 brasses. II semblait resulter de ieurs observations qua ces profondeurs, les a])inies de la mer pouvaient varier dans leur temperature de — 3°, 5 a o et -\-^°^ 5« Mais il ne nous parait pas possible d'ajoiiter une foi implicite a ces resultats, attendu que les moyens qu'ils employaient pour obtenir la temperature des couches inferieures ne permeltaient pas de compter sur une grande exactitude. De 1777 il 1784? le celebre de Saussure niesura la temperatnre des lacs de la Suisse a leur surface, et a di- verses profondeurs. Ces profondenrs ont varie de 240 a 93 pieds. Les experiences de de Saussure apprirent que la temperature de ces lacs etait presque constanie dans leurs couches inf'erieures , et que cette temperature se rapprochait beaucoup de 4°? 4- Les pliysiciens ont re- connu plus tard que ce degre de chaleur etait celui qui convenait a I'eau douce pour arriver a son maximum de densite, ce qui a explique naturellemen' I'equilibre de temperature a-peu-pres constant dans le fond de ces srands bassins. Dans la Mediterranee, de Saussure et Marsigli , et Donati dans le golfe Adriatique, mesurerenl la tempe- rature des eaux a diverses profondeurs; mais j'igiiore les moyens quils employerent, les profondeurs aux- quelles ils atteignirent et les resultats quils obtinrent. Toujours est-il constant quils n'en pureutlirer aucunes consequences positives. Ces experiences semblaient abandonnees , quand Pe- lon les reprit dans le cours de son voyage avec Baudin, aux terres australes. Contrarie par son chef, il n en put executer que quatre par 100, 60, 240 et 429 brasses. Mais les resultats remarquables qu'elles Ini offrirent le frapperent singulierement. Le fait du decroissement de temperature dans les eaux de la mer , a mesure qu'on s'eloigne de leur surface, lui fut revele. Ce naturaliste, a la tete si vi\e, a 1 imagination si ardente, s'eiupressa de tirer les consequences les plus hardies de ses obser- vations. De ces consequences, quelques-uiies ont ete confirmees paries faits observes apres lui, les autres ont ete completement renversees par ces memes faits. Le capitaine russe Rotzebue et son conipagnon , I'astronome Horner, dans les annees i8i5, 1816, i8ij et 18 18, au nioyen des ingenieux thermometres a ( 3i8 ) majcinia et minima de six dont ils etaieiit poiirvus ^ executerent iine suite precieuse d'experiences , faites avec beaucoup d'intelligence sur divers points du globe. Leurs instrumens ne parvinrent jamais au-dela de 459 brasses de profondeur. Mais on commenca a se faire line idee exacte de la loi que suivait le decroissement successif de !a temperature dans les diverses couches de I Ocean. Scoresby, dans ses navigations vers les regions polaires, executa plusieurs de ces experiences a de grandes pro- tondeurs. II atteignit jusqu'a 820 et 856 brasses, et il confirma le i'ait deja observe par Phipps, qu'a cette im- mense profondeur, et bien uvant que d"y arriver, les eaux de la nier pouvaient se maintenir a 2 et 13" au-des- sus de zero, tandis que la surface n'etait qu'a o et meme Dans ces courageux efforts pour chercher un passage dans les mers du pole, I'infatigable Parry ne negligea point non plus ce genre d'observations. II atteignit aussi jusqu'a 870 brasses de profondeur. Ses resultals s'ac- corderent avec ceiix de Scoresby. Des unes et des autres ij parait resulter que le degre de la glace fondante pour les eaux polaires seraitentre et — i", 7 et — 2°; puisqu'ils n'ont jamais observe une temperature inferieure pour les eaux superficielles, quel que fut d'ailleurs le refroidis- senient de latmosphere. Les capitaines Wauchope et Sabine , le premier en 1816, le second en 182a, executent des observations isolees par 1482, 1087 et 1 1 25 brasses de profondeur. Leurs resultats seraient importans. Mais est-il bien cer- tain qu'ils aient obtenu la temperature exacte des eaux de rOcean a cette enorme profondeur .•' Le capitaineBeechey, dans les annees 1825 , 1826, ( 3i9 ) 182;; et 1828, ajoute une nombreuse serie d'observa tions a celles de ses predecesseurs, et Ton doitlui savoir un gre particulier du soin qu'il eut de !es coordonner frequernment par accroissement successitde profondeiir sur un meme point. Le refroidissement graduel de temperature adiverses profondeurs dans les niers inter- tropicales fut constate dune maniere irrevocable. Dans les memes annees a-peu-pres , c'est-a-dire en 1826, 1827 , 1828 et 1829 , je me livrais de mon cote a ce genre d'experiences, et mes resultats s'accordaient parfaitement avec ceux de mes devanciers. Malheureu- sement j'ignorals ce qu'ils avaient fait, je n'avais con- naissance que des efforts de Forster , de Phipps et de Peron. Autrement j'aurais pu diriger plus specialement les miens vers les parages dont la temperature n'avait pas encoi-e ete examinee. C'est le sentiment que j'eprouve aujourd'hui en jetant un coup-d'ceil sur I'ensemble des observations faitesjusqu'a ce jour. Mon travail aura du moins le merite d'e'pargner de semblables regrets a ceux qui me suivront. Dureste, le fait le plus remarquable qui resulta de mes experiences , et que je crois avoir ete le premier k signaler, c'est I'uniformite dc temperature a un degre assez eleve, environ i3' dans les eaux iiiferieures de la Mediterranee, au-dela de 200 brasses de profondeur. C'etait une anomalie bien remarquable, au milieu du refroidissement general et progressif des mers libres, a cette meme latitude. M. deBlosseville,en 1827 et iSitS, executa aussi dans les mers de I'lnde quelques experiences dont les resul- tats concordaient avec les precedentes. Mais, lorsqu'il voulut atteindre jiisqu a 700 brasses, la pression des ( 320 ) couches superieures brisa son instrument, comme celt metait arrive par niille brasses. Grace aux precautions qu'il avail prises, M. Berarti evita cet inconvenient, et dans les annees i83i et i832, ses thermometrographes purent desccndre dans les eaux de la Mediierrance jusqu'a la profondeur de 600 y ySo et meme 1200 brasses. Partout les eaux de la mer resterent a la temperature fixe de i3", et le fait que j'avais deja enonce se trouva confirme d'une maniere victorieuse. La se terniine la liste des observations de tempera- ture sous-marine executees jusqu'a ce jour, du moins de celles qui sont parvenues a ma connaissance. Elles forment une suite de 421 observations, dont i38 ont donne la temperature des couches situees a 200 brasses et plus du niveau des eaux de I'Ocean. Apres avoir reduit a des mesures identiques toutes celles qui ont ete employees par les divers observateurs, afin de les rendre comparables entre elles, j avals d'abord dispose toutes ces experiences sur un meme tableau, en ne suivant d'autre ordre que celui des profondeurs absolues. Seulement javais mis a part les experiences faites dans la Mediterranee. Mais je n'ai pas tarde a reconnaitre qu'un pareil ta- bleau etait loin de pouvoir donner une idee part'aite de la marche des temperatures sous-marines par les diverses latitudes , et de leurs rapports avec celles de la surface. Alorsj'ai imagine deles representer comme il suit, sur deux tableaux synoptitjues, qui montparu rempiir bien niieux le but que je rae proposals. Ce sera au moins un essai qui pourra etre pertectionne. L'echelle qui figure en haul tie chaque tableau est tout simplement celle des 90' de latitude, compris de- ( ^'21 ) puis I'equateur jusqu'au pole. Ainsi la ligne AB lepie- sente la trace du quart d'liii merklieri sur la surface des eaux de I'Ocean. Les echelles laterales , portant la denomination d'al- titudes inferieures, ligurent les divers degres d'abaisse- ment des couches de I'Ocean au-dessous de sa surface. Les divisions principales sont de loo brasses chacune ou 5oo pieds , et j'ai borne i'echelle a mille brasses, at- tendu que nous ne possedons presque aucune observa- tion authentique au-dessous de cette profondeur. Celles qui figurent sous cette limite sont douteuses; d'ailleiirs, j'ai place pres du chilfre de leiir temperature celui de leur altitude, pour eviter de donner aux echelles late- rales de plus grandes dimensions. De ce que nous venons de dire, il suit que le plan ABDC representerait la section verticale faite par un quart de plan du meridien dans la masse des eaux oceaniennes , jusqu'a la profondeur de mille brasses, en supposanr que les deux bases curvilignes superieure et inferieure soient developpees chacune sur deux lignes droites AB et CD. Mais il faut se garder de penser que I'echelle des al- titudes AG soil en rapport avec celles des latitudes. Pour que cela eut lieu, il aurait fallu donner a AC une etendue moiudre d un seplieme de millimetre ou d'un seizienie de ligne, c'est-a-dire, que la section verti- cale ABDC serait reduite a une moins epaisse qu'aucune de celles qui figurent sur ce tableau. Si, au contraire, on avait voulu conserver a AC sa longueur . actuelle, il eut fallu donner a A 15 une etendue de plus de 480 toises, ce qui etait imprat.cable. Pour conserver a I'echelle des altitudes une dimen- sion appreciable , j ai done ete contraint de forcer ( 322 ) considerablcnient son etendiie, relativeinent a celle ties latitudes. Maintonaut nous alloiis examiner succe5sivement,inais dime uiaiiiere collective, les diverses consequences qui senibient decouler des observations taites jusqu'a ce moment, en cominencant par Iheiiiispbere boreal. Si nous faisons d'abord attention a ce qui a lieu depuis la surface de I'Ocean jusqu'a cent brasses de pro- londeur, on voit que la temperature des couches, tout en dependant encore d une nianiere sensible de celle de la surface, se refroidit deja d'une maniere marquee. Pres de requateur,cerefroidissement a cent brasses est nieme deja de 12 ou i5 degres, et la couche des eaux semble se maintenir entre i4et i8" du thermometre, jusqu'a 40° de latitude. De 4o a fio", la temperature de cette couche decroit de i3° a la surface a 6ou 7". Enfln, dans les latitudes plus rapprochees du pole, les eaux de la mer ont deja une temperature presque Gxe entre + 1^ 0 et — 2 . Quoique moins sensible, le refroidissement des eaux continue de 100 a 200 brasses d'altitude. II nest plus que de 2 ou 3 degres dans les latitudes temperees, et meme,au-dela de 5o degres, a cette profondeur de 200 brasses, il semble qu'on soit deja sur les contins de la limite de 4 ou 5 degres de chaleur. A 60 degres de la- titude , et plus haut, la temperature continm; d'etre presque constante entre + i" et — 2°. De 200 a 3oo brasses, le refroidissement a encore lieu d'une maniere marquee pres de I'equateur, et la temperature ne parait plus varier qu'entre ic et 12". Aii-dela de 4o° de latitude, on parait etre pres de la li- mite de 4% 5. Dans les mers polaires, continuation de la temperature entre -i- i" et — 2 '. De 3oo a 4oo brasses, jiisquau parallele de 4*''S '•' temperature parait stationnaire entre 6 et 9". De 40 a 60" fie latitude, on reste dans la limite invariable de 4 a 5"; dans Its mers polaires, entre celles de + 1" et — 2". Entre les altitudes de 4^0 et 5<)o brasses, dans les regions chaudes, les conches sous -marines descendeiit encore le plus souvent de un ou deux degres; celles de la zone temperee sont fixes, et celles des regions gla- ciates aussi. Entre 5oo et 600 brasses, rien ne change pour les deux premieres regions; mais dans la zone glaciale, une experience a 4 5o brasses indique deja 2°, 2 de tempera- ture, tandis que la surface est a — i ', j. A 600 brasses et au-dela d'altitude, dans les rners equatoriales elles-memes, on se trouve tres rapproche de la limite de temperature, attendu que les residtats 5°, 6° el 6" 3 qu'on a observes peuvent bien n'en diffe- rer que par des erreurs de graduation , ou parce que les instrumens n'auraient pas sejourne assez long-temps dans ces couches pour s'etablir a leur vraie temperature. Dans tons les cas, la difference serait tres faible. Les indications de 10", 6 et 7% " trouve'es par Wauchope et Sabine a 1087 ^^ 14^2 brasses, ne me paraissent pas susceptibles d'etre opposees a cette regie, jusqu'a ce qu'elles aient ete renouvelees d'une maniere positive. Aucune experience n'a eu lieu a degrandes profondeurs entre 40 et 60 degres ; mais celles qui out eu lieu entre yS et 80° s'accordent a nous representer la temperature de la mer comme etablie entre 3o et 4°, 5, c"est-a-dire , encore une fois tres pres de ia limite generale. Si nous passons maintenant a Ihemisphere austral , nous retrouvons des resultals parfaitement analogues, ( 3124 ) au uioins pour les parages sur lesijuels nous possedons des experiences certaines, Jusqu'au 20* degre de latitude sud, il n'existe d'ob- servations de temperature sous-marine que jusqu'a 200 brasses; mais on voit encore que la temperature com- prise a la surface entre 28 et 24' s'abaisse graduellement de 10 oil 12 degres jusqu'a 100 brasses d altitude, et de quelques degres de plus jusqu'a 200 brasses. Une seule experience par le i5^ degre et par 400 brasses de pro- fondeur, demontre que la temperature de cette couche n'est plus qu'a 7°, 7. Entre 20 et 4o" de latitude sud, nous possedons une liste nombreuse d'experiences jusqu'a 820 brasses. Cette derniere annonce precisemejit 4", ^ j et toutes les autres indiquent un refroidissement successif et d'autant niieux gradue , que la surface est a une temperature plus elevee; car il peut arrivjr, d^ms le cas contraire, que Ion re- trouve a une grande profondeur une temperature peu differente de celle de la surface. Ceci se concoit facile- ment, quand on leflechit que la clialeur des couches superficielles est directement soumise a I influence {.les diverses salsons de I'annee, tandis que celle des couches inferienres tend de plus en plus vers une station constante. Je lalsse de cote mf)n experience a 1 160 brasses, ouje n'obiins que 7°, 6; il est evident qiie I'instrument, par suite de 1 accident qui lui arriva, n'avait pu atteindre son maximum de refroidissement, et le degre qu'il in- diquait etait relatif a une altitude moins profonde. Entre 4o et 60", nous possedons encore un nombre d'observations suffisant pour attester que la region des temperatures constantes se rapproche beaucoup de la surface des eaux. Entre 2 et 3oo brasses d'allitude, cette ( 3.5 ) limite paratt deja eublie. Trois experiences precieuses cle Beechey, par 47"? ^ ^7^ ■> SaS et 961 brasses de profondeur, ont donneuniforniement 4°, i de tempe- rature. Au-dela de 60°, nous ne possedons qu'une seule ex- perience, celle qui fut faite par Forster ana brasses, et d'ou il resulte que I'eau, a cette profondeur, etait a o" , landis que la surface etait a o", 7. C'esl done sur la temperature des couches inferieures de la mer, dans les parages les plus rapproohes du pole austral , que nous devons appeler toute I'attenlion des observateurs futurs. Combien il est regrettable que Weddel , dans sa coura- geuse navigation jusqu'au yG" degre de latitude australe, ne fut point pourvu de thermometres a maxima et mi- nima; il aurait parfaitement rempli cette lacune. Toutefois, en resumant toutes les observations faites jusqu'a ce moment, et les faits qui en decoulent,jecrois qu'on peut deja les presenter dans les trois propositions suivantes : 1" Dans toute I'etendue des mers libres , la tempera, ture generale des couches inferieures a des profondeurs de 600 brasses, etplus, est presque constante, et tres voisine dune limite comprise entre 4 et 5°, qui nous parait etre 4°j 4- 2° Cette temperature se modifie progressivenient a mesure qu'on s'eleve vers la surface, pour se rapprocher de la temperature des eaux superficielles , relative a la saison de I'observation. 3" Dans la zone la plus rapprochee de I'equateur, c'est-a-dire , entre 10° latitude nord et lo" latitude sud, une cause particuliere semble occasioner , dans les cou- ches sous-marines jusqu'a 100 brasses, un refroidisse- nient plus brusque qu'on n'aurait lieu de I'attendre. ( ;^2<5 ) II snffit cle jeter im coup-ci oei! siir U-s experiences executecs clans la Motliterranee, pour voir que les lois precedentes cessent de s'appliquer a la temperature des eaux de ce bassin. Pour elles, tons les laitspeuvent se reduire a ces deux propositions : i" Dans la JMediterranee, la temperature des couches inferieures, jusqu'a i5o brasses, parait encore dependre de celle des couches superficielles,et cela dune maniere d'autant plus sensible, que celles-ci ont ete plus long- temps rechau flees. 2° Au-dela de i5o brasses, ies couches inferieures sent soumises a une temperature constante de i3°, a tres peu de chose pres, Arrivant enfin aux lacs et grands reservoirs d'eaux douces, je crois pouvoir avancer, d'apres les experiences de de Saussure dans les lacs de la Suisse, et les niiennes dans le lac de Tondano a Celebes : I' Dans les lacs d'une certaine profondeur, la tempe- rature est en general d'autant plus basse, qu'on s'eloigne de la surface, et le minimum du refroidissement est 4"? 4? tant que les couches superieures conservent une plus grande chaleur. 2" Toutefois, ce maximum, sauf des circonstances purement accidentelles,nesauraitdepasser le maximum de refroidissement des eaux snperflcielles. Maintenant on sera sans doute curieux de savoir quelle est mon opinion sur les causes qui peuvent pro- duire ces divers phenomenes : car I'esprit humain vent a tout prix des explications; 11 hasardeia les suppositions Les plus bizarres, les hypotheses les plus temeraires, plulot que d'observer des faits, sans chercher a s'enque- rir de leur cause. Je cederai done a la faiblesse commune a tons, et je dirni tout uniment de quelle mani«'re j en- visage les fails que je viens d'exposer. Je le ferai avec d'autant plus de confiancc, que je n'attache aucune im- portance a nies opinions, et queje suis dispose d'avance a leur substituer celles qui me sembleront mieux fondees. Je dirai done que j'admets, pour les eaux de la mer, un maximnin de densite a 1^°^ 4 ou a-peu-pres, tout comme cela a lieu pour leau douce. C'est confesser davance que, si les experiences de M. Ehrmann sont definitivement confirmees, mon systeme s'ecroule. Dans mon hypothese, toute la m.isse des eaux de la mer qui aura une fois atteint la temperature de 4°j 4» et cette masse sera considerable dans les latitudes elevees, par suite de son exces de pesanteur , aura du se deposer vers le fond du bassin oceanien. ,Une fois parvenue a cette limite, et des que la couche superieure sera deve- nue assez epaisse pour que I'inferieure ne puisse plus etre exposee, meme de la maniere la plus insensible , a aT*eune elevation de temperature, elledevra resterconti- nuellement au meme degre de chaleur, car elle ne pourra plus etre reniplacee par les couches superieures, neces- sairement plus legeres, quelle que soit leur temperature. Seulement, la masse des eaux equatoriales, constam- ment, quoique leniement diminuee a la surface, par I'effet considerable de la vaporisation, peut, a mon avis, donner Heu a un mouvement ascensionnel lentetconti- nu des eaux inferieures vers la surface. A leur tour, celles du tond, ainsi deplacees, seraient remplacees par les ondes qui arriveraient des latitudes phis elj'vees ega- lement etablies a la temperature de 4°) 4- C'est ainsi que Ion doit entendre ce que j'ai voulu ex,primer par les cou- rans des poles vers I'equateur j ce serait plutot un transfert presque en masse, et tres lent, des eaux profondes des hautes latitudes vers I'equateur. I ^^8 ) Je serais ineino dispose a croirt^ quo Ic point de de- part serait enlre 4o et 60" de latitude, et que de cetle zoneles eaux inferieures se dirigeraieut periodiquenient en deux courans insensibles, I un vers 1 equateur, pour arreter le rechautfenieutdu a la conununication succes- sive de la chaleur par les eaux superieures, 1 autre vers les poles pour s opposer au refroidissenient qui resulte- rait de leffet oppose. Le premier prevaudrait en hiver, qui correspond a la saison seche de la zone torride, pour remplater les eaux enlevees par la vaporisation et qui ne sont point restituees par les pluies; lecourant vers les poles aurait lieu en ete, pour remplacer le vo- lume des eaux plus legeres provenant de la fonte des glaces, et qui ne tardent pas a sechapper a la surface vers les regions temperees. Dans la Mediterranee , la [temperature des couches interieures ne saurait descendre au-dessous de iS". Si, comniej allien de le croire (i) , c'est le minimum de tem- perature dont les eaux superficiellessontsusceptibles, la raison en est palpable. II est bon de remarquer aussi que la plus grande proiondeur du detroit de Gibraltar vers son milieu, u'atteint pas 200 brasses: or, parcette latitude, les eaux de I'Ocean a cette profondeur se niain- tiennent aussi a i3° environ ; il est done evident qu'il ne peut s'introduire d'eaux plus froides dans le bassin (i) Quelques jours aprfes avoir lu cet article a la Socit-I^ de Geo- grapbie , je recus de M. Berard un tableau d'observations thermom^- triques executees dans la Mediterranee dans les mois de Janvier et de fevrier. Effectivemeiit, la temperature des eaux superGcielles ii'est descendue que tr6s rarement, et pour uii temps tr^s limite, au-dessous de 1 3" ; d'oi'i I'on peut supposer avec uue grande apparence de raison que les eaux infi^rieures ne peuvent jamais descendre au-dessou8 de cette limite. ( 329 ) niediterrane'en , a I'aide des coiirans violens et perpe- tuels de ce detroit. Cest par le nicnie motil", que la temperature des eaux jnferieures des lacs et grands reservoirs d'eaux douces , ne me parait point susceptible de descenure aii-dessous de la moindre temperature des eaux superficielles. Cest ce que j'ai observe , dans le lac de Tondano, par 65 pieds de profondeur, oil la temperature de 26* au fond etait egale a celie de la surface. Cest ce qu'il sera Ires impor- tant de con firmer ou de refuter par de nouvelles expe- riences dans les lacs les plus profonds des regions equa- toriales et des contrees les plus froides. On sent bieii au contraire, que la tempeiature du fond peut s'eleverbien au-dessus de ce miiiiniurn ^ et se rapprocher de plus en plus, de la temperature moyenne des eaux de la surfiace. Cela dependra surtout du degre de chaleur que celles-ci peuvent atteindre et du temps qu'elles peuvent le conserver. Nous ferons remarquer que Tensemble des fails tour- a-tour observes en ete et en hiver, dans un des lacs les plus profonds de la Suisse, representera parfaitement ce quon peut successivement observer dans toute I'eten- due de I'Ocean, d'abord dans la zone intertropicale , puis dans les regions polaires. En effet dans le lac en question, a lepoque des plus grandes chaleurs de lete, les eaux iront en decroissant progressivement de cha- leur, jusqu'au fond ou Ion trouvera presque /\°, 4, tout comme cela a lieu dans les regions equatorialesjau con- traire au milieu des froids les plus intenses de I'liiver, la surface pourra se congeler et descendre par consequent ;io° et nil peu au-dessous,tandis que le tond resteraa4"j 4> fait tout-a-fait analogue a ceux qui se reproduisent au iailieu des glaces en fusion des regions polaires. Enfui 22 ( Xio ) il peut arriver un cerlain espace de temps deuxfois dans laiinee, on la masse des eaux du lac se maintieridra a 4'*5 4? <;on^iiie il est une zone des eaux oceaniennes ou dans une certaine saison , la masse entiere de ces eaux oflrii a cette temperature constante, depuis la sur- face jusqu'au fond. On voitcombien le mode, suivantlequel la chaleur se distribue dans les couches inferieures, soit de I'Ocean, soit des mers fermees, soit meme des grands lacs, s'explique facilement en admettant un maximum dedensile a 4", 4» oil a-peu-pres, pour les eaux de la mer, comme pour les eaux douces. Mais si Ion prouve d'une maniere ir- refragable quil n'en existe point, ou bien qu'il n"a lieu qn an point de congelation, nous avouerons sincere- ment quil nous parait impossible, dans letat actuel de nos connaissances, de concevoir la limitede temperature des couches inferieures de lOcean entre 4" et 5°, et sur- toiit le rechauffement de ces memes eaux dans les re- gions polaires a degrandes profondeurs, tandis que les ondes siiperficielles sont presque toujoiirs a — i' et — i",y, et n'atteignent que rarement o" ou -f i". Nous ne devons pas non plus dissimuler combien le refroidissement successif des eaux equatoriales et leur tendance vers une limite de 4°5 paraissent en opposition avec I'hypothese d'ailleurs si specieuse du feu central. Personne plus que nous nest dispose a I'admettre; nous ne pouvons iniaginer rien de plus simple, rien de plus naturel, pour expliquer les phenomenes volcaniques et les grands accidens de notre globe, surtout dans les regions oceaniques. Mais si, comme plusieurs physiciens du jour semblent ladmettre d'apres une foule d expe- riences, cette influence du feu central ou de la chaleur primitive , pour nous exprimer comme les modernes , ( 33i ) pent en general determinei- un degre d'accroisseineut de chaleur pour chaque couche de 25 a 3o metres au- dessous du sol ; comment concevrons-nous qu'a despro- fondeurs de 5oo, looo et i5oo metres, cet accroisse- ment de chaleur, devenu alors si energicjue, n'aura point d'action sur les couches liquides, qui poseront sur les couches solides du globe? Faudra-t-il admettre a ces protondeurs une couche invariable comme celle qui existe sur 1 epiderme solide du globe? faudra-t-il sup- poser que I'ecorce solide qui enveloppe le noyau en fu- sion, ayant partout une epaisseur egale , offre a I'inte- rieur, sur sa surface concave, des saillies correspon- dantes aux cavites exterieures occupees par les mers? ou bien, comme Peron semblait dispose a le faire, fau- dra-t il en revenir au principe que le soieil serait I'unique source de la chaleur de notre globe, etc., etc.? Ces bautes questions nous paraissent tout-a-fait insolubles, du moins pour notre faible intelligence, et nous les renvoyons a ceux que la renommee a proclames les chefs de la physique et de la geologie. Du moins, messieurs, vous me perniettrez, et peut- etre meme vos voix s uniront a la mienne pour emettre le voeu que les gouvernemens de I'Europe continuant d'encourager les grandes expeditions dont le but est la reconnaissance complete et definitive de notre globe et de tous les faits qui s'y rattachent. Pour sa part, la France a glorieusement contribue a cette grande tache durant une quinzaine d'annees. Honneur aux ministres qui presiderent a ces nobles entreprises , et qui vinrent presider aussi lour-a-tour a vos reunions dans cette meme enceinte, pour temoigner dune nianiere authen- tique de I'interet qu'ils prenaient a vos travaux! Malgre le refroidissement du moment, esperons que de pareils 11. ( 332 ) exemples trouveront des imitateurs , et que le feu sacre des decouvertes n'est pas encore eteint dans notre belle France. Les revolutions passent, les opinions politiques peuvent varier a I'infini, mais les fails acquis a la science restent la pour honorer la menioire de ceux qui ont contribue a leui" conquete. Ce sont autant de jalons plantes par les geneialions, pour attester le perfection- iiement progressif de I'esprit liumain. Heureux ceux auxquels il a ete donne, soil par leurs talens et leurs efforts individuels, soil par leur influence sociale, soit meme par des sacrifices purement pecuniaires, de laisser derriere eux le plus grand nonibre de ces jalons, pour consacrer la trace de leur passage sur ce globe ! Nota. On trouvera clans le voyage de F Astrolabe les tables detail- lees et explicatives des diverses experiences sur lesquelles sont bases les deux tableaux qui acconipagnent la notice precedente. J. D^RVILLE. ( 333 ) Memoire sur la Geographic botanique et zoologique par par M. llotrx de Rochelle, lua iaSociete de Geogra- phic^ dans sa seance du '^ juin i833. Celui qui veut parcoiirir les meiveilles de la nature ne pourrait pas enibrasser dans son ensemble un si grand spectacle; il a besoin de le decomposer, declasser entre eux les phenonienes analogues, et d'appliquer successivement son intelligence a des etudes si nom- breuses et si varices. Cette division de travail est favo- rable a notre faiblesse ; en nous faisant distinguer les details, elle nous ramene graduellement a I'ensemble, et nous en fait niieux concevoir I'barmonie. Nouspouvons, dans nos recherches geograpliiques, suivre une marche semblable. II est utile d'envisager sous divers rapports le globe que nous babitons, afin d'apprendre a le mieux connaitre, et nous alions offrir dans oe memoire quelques considerations sur la geo- graphic botanique et zoologique. La terre ne se couvre pas de la meme parure sur tous les points de sa surface; et les plantes y changent de nature, de formes, de grandeur, en changeant de cli- mats. G'est entre les tropiques que se deploie toute la vigueur, tout le luxe de la vegetation. La on trouve dans les plus grandes proportions le palmier , le bana- nier, I'agave, I'aloes , le cactus aux feuilles oharnues, le baobab dont la tige acquiert plus de soixante pieds de circonfe'rence. Les lianes y prolongent jusqu a la ( 334 ) hauteur des plus grands arbresleurs tiges gigantesques. L'extiemite de leurs rameaux, qu'elles ont courbes vers la terre, s'y plonge bientot , s'y attache par de nouvelles racines, produit des rejetons qui a leur tour s'elevent dans lesairs, retombent pour se propager. et multi- plient de proche en proche leur farnille qui couvrira un jour la plaine. En Europe, les plantes qui naissent et nieurent entre deux hivers sont humbles dans leurs dimensions ; sous les tropiques elles el^vent souvent a cent pieds leurs cimes chevelues; les herbes menie que nous foulons aux pieds deviennent dans ces fecondes regions d'epaisses forets que les voyageurs ont peine a traverser. Les pays ou une extreme humidite se combine avee une extreme chaleur sont les plus favorables a ces pro- diges de la vegetation; otj peut en faire specialement la remarque sur les cotes humides de la Guinee, sur les rives basses du Senegal et, sur celles du fleuve des Amazones. Nous trouvons dans les plus chaudes regions les plantes plus aromatiques, telles que I'aloes et lesarbres qui donnent le baume et I'encens ; nous y trouvons les plantes et les fruits dont la saveur est la plus irritante , comme la muscade , la canelle, le girofle : c'est la que croissent les Cannes a sucre , le cafeyer, le cacaotier, qui sont devenus partout dun si frequent usage, dans I'economie domestique. Les fleurs des tropiques se distinguent aussi par la vivacite de leurs couleurs et par le developpement de leurs formes, ces con trees doivent aux feux du soleil une vie, une magnificence, qui neseretrouvent pas dans les autres regions du globe. Les zones temperees ont des plantes nioins remar- ( 335 ) quables par leurs dimensions; !euis fruits ont une sa' veur moins piqiiante; leurs parfums sont plus faibles 7 et leurs fleurs moins colorees par le soleil : neanmoins nous regardons cette partie de la terre comme la plus favorisee. Nos chenes , nos tilleuis , nos chataigniers n'ont-ils pas un port majestueux ? nous aimons I'ele- gance de nos ormeaux , de nos hetres, de nos peupliers, et la fleche de nos sapins qui s'eleve vers le ciel ; notre gout est flatte par la variete et la saveur de nos fruits : nous admirons la parure de nosjardins; et sans faire ici I'enumeration de leurs richesses, ne pensons-nous pas que la rose serait dans tons les pays la reine des fleurs ? En avancant vers le nord, on voit decroitre ces ri- chesses de la nature; les proportions et les qualites des plantes s'affaiblissent ; les chenes , les arbres resineux, qui conservaient encore leurs belles dimension?, se re- duisent par degres a la t.iille des arbrisseaux; le bou- leau se montre bientot seul ; on* le retrf)uve vers les extremiles du monde habite. Apres cette plante , les mousses , les lichens s'attachent encore a la terre, aux rochers ; et enfin toute espece de vegetation expire. Vous reconnaitrez par ce petit nombre d'observations, que I'etude des plantes se lie sous d importans rapports a celle de la geographic , et que les grandes regions de la terre peuvent se distinguer les unes des autres , par les arbres, les arbrisseaux, les fleurs et les fruits qui leur sont propres. Cette difference que Ion remarqiie d une maniere sensible, lorsqu'on change de latitude et qu'on s'eleve de 1 equateur vers les poles , pent egalement frapper , lors- que, sans changer de climats , on passe de I'Orient a rOccident. La Chine n'a pas les memes arbres que le ( 336.) nord de rAtri({ue, quoiqne la latitude soit la nieme, et le thuya et le tulipier y sont indigenes; le vernis du Japon n'existait pas en Europe ; on n'a trouve les arbres a epices que dans les Moluques, le baobah que sur les rives de la Gambie et du Senegal : et rAmerique , lors- que nous I'avons decouverte , n'etait-elle pas peuplee dune toule de vegetaux , inconnus a Tancien nionde? N'avait-elle pas ses erables et ses acacias dans les zones teniperees , ses inangliers , ses paletuviers dans les ter- reins inondes et brulans de la zone torride, I'arbre a quinquina dans le Haut-Perou ? N'avons-nous pas trouve dans le Mexique le mais, la patate, le manioc, croissant sur le meme sol ou s'elevent le copal, le maguey et la tige grinjpante du vanillier P Le Bresil n'a-t-il pas ses bois de teinture? L'acajou des Antilles n'entre-t-il pas dans nos ameublemens ? Chaquc pays nouvellement decouvert augmente le nontbre de nos richesses : la nature est un srand livre dont nous ne connaissorjs encore que quelques pages ; et Ton est souvent tente de le fermer , en songeant qu'on ne pourra jamais en achever la lecture. Si la diversite des plantes nous aide a reconnaitre les differentes parties de la terre , on peut aussi les distin- guer par les animaux qui leur appartiennent : chaque race semble cantonnee dans une region particuliere; et s'il y a des especes d'animaux plus aventuriers, qui vi- vent en changeant de contrees, neanmoins leurs voya- ges ont des liniites : il est des latitudes vers le nord ou vers le sud , qu'ils ne depassent jamais. L'intensite de la chaleur parait developper dans de plus grandes proportions tous les corps organises; et les plus grandes especes d'animaux appartiennent , comme relies des plantes, aux regions des Iropiques. ( 33; ) Lelephant, le rhinoceros, les lions, les ligres liabiteMt les foreis d'Afrique, deslndes, et des iles nonibreuses dispersees dans leurs parages: Ihippopotanie est dans les fleuves de I'Afrique ; la girafe en parcourt les re- gions meridionales. Nous voyons nienie, dans la classe des oiseaux les plus grandes especes errer sous ces lati- tudes : I'autruclie y vit dans les deserts du Saara, et le condor, lafregateaux.larges enverguresy voyagentdans les champs du ciel. Le plus grand animal du nouveau monde, le tapir ne s'y trouve qu'entre les tropiques : on y voit , comma dans I'ancien continent, les plus enormes reptihles ; et a cote de ces especes monstrueuses ou maltaisantes qui appartiennent a la zone torride, on en remarque d'autres que Ihomme a soumises a letat de domesticite , et qui sont devenues les compa- gnes de sa vie, comnie le droniadaire et le chameau, a I'aide desquels le Maure et 1 Arabe traversent les plus arides solitudes. C est dans les zones temperees que les families des anitnaux domestiques sont les plus variees et les plus non)breuses. L homme y a etendu , aussi loin qu'il pou- vait le faire , son empire sur les etres organises : on y remarque dans quelques especes, la trace habituelle de la servitude : le joug des taureaux, cet anneau passe dans les nazeaux du buffle, le frein de ce coursier nous aver- tissent que si ces anlmaux n'etaieut subjugiies, iis pour- raieiU retourner a I independance. Toutes ces races se sont neanmoins pliees a la vie domestique; et leurs ge- nerations deviennent dociles a I'autorite qui les eleve et les nourrit. II est d'autres especes oil I'indice de 1 esclavage nest pas meme apparent: elles semblent nous avoir volon- tairement adoptes pour maitres. Le chien nous suit et ( 338 ) s'unit ii notre existence: tous les oiseaux de la basse- . cour en sortent, y rentrent ensemble; les troupeaiix obeissent a la houlette dun enfant ; les pigeons ne son- gent pas a fujr, et le colonibier les rappelle. Les animaux feroces sont plus rares dans les regions temperees , et les plus forts y craignent cependant d'at- taquer riiomme: quelques herbivores y sont remarqua- bles par lelegance de leurs formes , comme le cerf , le chevreuil et toutes les especcs d'antilopes. Les regions du nord ont plusieurs classes d'animaux qui leur sont particulieres : le renne semble separe du reste de I'Europe par la Baltique : I'elan en occupe les rivages : toutes les especes repandues vers le nord de la Siberie sont remarquables par la richesse et la variete de leurs fourrures; elles avaient besoin de plus epais vetemens tontre la rigueur du climat; et la nature a veille a leur conservation. Nous f'erons sur les animaux du nouveau nionde I'observation que nous avons deja faite sur les plantes : ceux de I'Amerique meridionale , tels que le tapir , I'once , I'ocelot , le jaguar, le lama, la vigogne, les sapajoiis, ne se trouvent point dans I'ancien continent, quoiqu'ils aient quelque analogie avec plusieurs de ses especes; et il n"y a dans 1 Amerique septentrionale qu'un certain nombre d'animaux qui soient commuus aux deux conlinens, tels que le chat sauvage, lours, le loup , le renard , le castor. La situation geographique des deux mondes explique aisement la separation d'une grande partie de leurs es- peces , et la communaute de quelques autres : c'est par la difficulle des communications que Ion explique aussi comment la Nouvelle-Hoilande a des genres d animaux, 33;; ) tels que les kangurous, que Ion ne retrouve pas dans les autres parties du monde. La meme diversite d'especes vivantes se remarque dans differentes regions de I'Ocean. Les cetaces qui ha- bitent la nier Glaciale, les parages de la Patagonie, et quelques eaux des tropiques, se trouvent plus rarement dans les regions interniediaires : les bancs de poissons qui arrivent Jes mers arctiques ne depassent pas les li- mites de la zone temperee: les tortues sont abondantes aux Antilles, dans I'arcbipel de Gallapagos et dans quel- ques parages des tropiques : plusieurs mers interieures ont des poissons qui leur sont propres; plusieurs riva- ges ont des aniphibies qui ne changent pas de climats: le crocodile se trouve dans le Gauge et dans quelques fleuves de I'Afrique , !e caiman dans les regions equa- toriales dAinerique: la loutre, le cbien de mer , les veaux marins habitent vers les cercles polaires. Les rivages et le fond des mers ne sont pas semes des memes coquillages sur tons les points: I'huitre ou s'ar- rondit la perle se remarque dans le golfe Persique, dans les eaux de Ceylan , dans celles de la Galifornie : le corail, que nous pechons dans les parages d'Afrique et de la Sardaigne, se retrouve dans les archipels de la Polynesie, ou il etend avec une extreme fecondite ses rameaux vivans. Chaque grande region de la terre et de rOcean semble avoir des peuplades particulieres: elles se paitagent ces immenses domaines • comme on voit des nations nomades et sauvages errer separement, dans les vastes deserts du centre de I'Asie et du nord de 1 Amerique. Toutes ces classifications nousaident a distinguer, les unes des autres, les differentes parties du monde , non- seulement sous le rapport de la temperature, mais sous ( 34o ) celui de la situation que chaque contree de la terre ou de la nier occupe autour du globe. Vous voyez qu'une innonibrablc multitude est lepandue sur sa surface: nous pouvons niaintenaut y placer Ihomme qui tient le sceptre du monde. J'ai voulu pour I'environner de toute sa gloire, y rassenibler d'abord les sujets de son empire. L'homnie n'a pas ete confine, dans uneseuie partiede la terre, comnie chaque race d'aniniaux et de plantes. 11 en parcourt toutes les regions ; on le retrouve sous toutes les latitudes, depuis celles ou le solcil darde di- rectement ses feux, jusqu'aux surfaces du globe qu'il frappe le plus obliquenient el qui! effleure de ses der- niers rayons. Je ne parle point ici des contrees les plus voisines du pole: les navigateurs out a peine penetre au-dela du 80" degre: lescontinens finissent, a quelques exceptions pres, vers le yS ; et les iies plus elevees qu'emprisonneiit les glaces des mers ne seraient habitables que pendant quelques niois et ne sont parcourues que par des chas- seurs. Les voyageurs de nos zones teniperees y out neanmoins subi la dure epreuve des hivers; et I'lle Mel- ville, occupee pendant dix mois par le capitaine Parry, s'etend sous le y^' degre, comme un monument eter- nel du courage et de la force de I'bounne. D'oa lui vient ce principe de vie, plus developpe, plus actif que dans tous les autres etres? Sans doute il ne le doit qu'a cette superiorite de raison, (jui le place a la tete de tout ce qui respire, et qui le niaintiendra toujours au premier rang sur la terre. L'homme est mollis fort que le iion,nioins agile que lantilope : il n'a pas lesyeuxpercans de I'aigle, qui decouvre sa proie du haut du riel : it est jete nu sur la terre, et la plu- ( 34i ) part lies animaux ont des sens plus exijuis ; cependant il est le vainqueur de tons, Notre imdustrie fait notre force: Ihonime travaille, s'eleve , se perfectionne , ajuste a son usage tout ce qui lui convient, emprunte les secours qui semblaient les plus perilleux , et se sert dune partie desanimaux poursubjuguer tons les autres. On a partage la race huraaine en plusieurs classes, distinguees les unes des autres, par la forme des traits ou par la couleur. Tous leshommes torment cependant una seule familie; leurs generations se meient, se con- servent egalement ; le principe de la raison est le meme pour tous; et la civilisation a eu ses epoques remar- quables, sous les glaces de I'lslande, conime dans les brialantes contrees de llnde. Qu'importent a la nature humaine quelques differences exterieures ? Ces accidens qui tiennenta Li surface ne s'etendent pas a la peiisee: I'educatiun, la maniere dc vivre influent sur les formes, comme le climat influe sur !a couleur ; et Ion con- coit aisement que les populations, soumises pendant une longue suite de siecles a I'effet de la meme temperature, ou a d'autres causes locales qui agissent sans variation et sans relache, en recoivent I'empreinte, et la conser- vent d'une maniere ineffacable. Ces differences de formes , ces oppositions de cou- leurs, entre lesquelies on remarque plusieurs nuances intermediaires , nousdonnent un moyen de plus, pour distinguer et reconnaitre les diverses parties du monde. Les races blanches d'Europe et de Tartaric different par la forme des traits: la nation cuivree d'Amerique se distingue de la population olivatre des Malais : les negres d'Afrique n'ont pas les memes formes que ceux de la Nouvelle-Hollande et de quelques lies du grand Ocean. ( M-- ) Mais en reconnaissant,danstoutes les races dhoinmes une commune origine, et cette perfectibilite qui tient a ia nature meme, on a cependant remarqueque toutes les situations geograpliiques n'etaienl pas egalement favorables a leur developpement moral, et que les zone s temperees semblaient laisser aux facultes de I'intelli- gence plus d'action et de liberie. Les arts ont brille chez differens peuples j mais c'est au midi de I'Europe qu'ils se sont perfectionnesj et lorsque nous comparons aux statues de la Grece celles du centre de I'Afrique et des lies meridionales de I'Asie , nous sommes tentes d'attribueren partie nosprogres a notre heureuse situa- tion sur le globe. Si nous sommes privilegies sur ce point , ne tirons pas vanite d'un tel avantage; mais laisons le servir s'il se pent a I'utilite de la race humaine et a notre propre amelioration. 343 ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUINICATIONS, NOUVELl>ES GEOGRAPHIQUES, ETC. DOCUMENS RELATIFS A UN PRINCE NOIR UE L INTERIEUR DE l'aFRIQDE OCCIDENTALE, ET aU pays DE ODADAN. I. — Extraits de deux lettres de M. Delaporte , gerant ie consulat general de France dans l^ empire de Marok. Tanger, le 21 Janvier i833. « Le brig de guerre la Flee he a niouille le 10 de ce mois en cette rade: il avail a son bord un prince noiv de I'interieur, nomme Sidi Ahmed ben Touir-el-Jennah..,. « La residence de ce prince est Ouadan ou Ouadano dans le pays dit Changuit ^ situe entre les 19^ et 20® de- gree de latitude, et son autorite s'etendrait sur les contrees comprises entre les 11^ et 27^ degres de lati- tude nord , 9" et 19* degres de longitude, d'apres la carte du voyage de M. Caille a Tembouctou. " Au dire des gens qui ont accompagne Sidi Ahmed dans le pelerinage qu'il vient d'accomplir a la Mecque , le lieu de sa residence et tous les pays qui I'entourent sent fertiles , riches, ombrages de palmiers, coupes de rivieres et de ruisseaux. Successeur d'un saint ( Touir- ( 344 ) «'I-Jennah ) dont il porte \f nom, il est lui-inenie venere coinine un saint. Le nom de Touir-el-Jennah estsignifi- catif; on peut le traduire par /e petit oiseau du paradis : il avait etc donne par les peuples de I'Afrique a son pere. a qui la creduiiteattribuait le don surnaturel de faire le voyage de Ouadano a la Mecque avec la rapi- dite du vol des oiseaux. « Ahmed ben Touir-el-Jennah , disent ses gens, joue un fort beau role dans I'interieur de I'Afrique, non celui de despole , niais celui d'arbitre des divers etats etpeu- plades qui separtagent tous les terriloires depuisl'Ocean jusqu'a Sego ( ou Seigo comnie ils prononcent) et menie jusqu'a Tembouctou : quelques differends sur- viennent-ils entre des souverains ou des peuples rivaux, la cause est portee devant lui, il la decide en dernier ressort, et Ion doit deferer a son jugement; si I'un des contendans s'y refuse , tous les princes et tribus qui recounaissent la saintete plutot que I'autorite de Sidi Ahmed sont obliges de secourir celui en faveur duquel il a prononce, afm d'amener de force I'opposant a se soumettre- « Sidi Aluned a avec lui cinq ou six principaux chefs de I'interieur; I'un d'eux , Abdellatif, qui est venu plusieurs fois me voir au consulat , ma dit que les Brakna, les Trarza, les Idouich^ les TajakaiU., les pays de Oualata , de Gygou ( Gago ), partagent la venera- tion que lui portent les habitans de I'interieur, meme ceux de Wadnoun ; et que son autorite patriarcale s'eiend, sur les peuplades voisines du Senegal, jusqu'a Galam , ou Ion va acheter des tissus de coton : celui de la chemise qu'il portait, et qu'il m'a montre, provenait du coniptoir de Galam " Abdellatif m'a dit que Ouadano est une villa aussi ( 345 ) considerable que Marok, et quelle est situee sur un grand fleuve qui recoit le tribut des eaux d'un grand nombre de rivieres et de ruisseaux , ce qui lui a fait donner le nom de Ouadan^ c'est-a-dire ville des fleuves\ et que Oualata est une ville dela force et de I'etendue de Tunis. Le fleuve de Ouadan nait a Takant , coule au sud-ouest, et meurt dans le Sahara. « Je suis, etc. Delaporte. Tanger, le lo fevrier i833. « Sidi Ahmed ben Touir-el-Jennah a sejourne en cette ville jusqu'au 5 de ce mois , et s'est mis en route pour Fes, ou I'enipereur , qui lui temoigne les plus grands egards et qui desire le voir, doit se rendre apres I'expi- ration du rarnadan son bagageconsiste', en grande partie, en manuscrits- « Le 3 dece mois, j'allai lui faire une visite, ou plutot jemerendis a une invitation qu'il m'envoya par I'un de ses gens. II me fit part dun paragraphe d'une lettreque lempereur lui a ecrite pour le feliciter de son heureuse arrivee dans ses etats et I'assurer du plaisir qu il aurait a le voir : lempereur s'etendait en longs eloges sur les Francais, pour le bon accueil et les politesses qu'ils ont failes a Sidi Abnied. " Le surlendemain celui-ci me fit remettre par son secretaire une lettre en arabe, adressee a tons les ha- bitans des pays ou il est venere , et surtout a la tribu dite Idoulhagge^ la plus voisine du Senegal, que Ton appelle dans le pays Endar\ ellea pour but de recom- 23 ( 346 ) mander envers les Francais les memes egards qu'il en a liii-ineme recus a Alger et a Tanger. Cette reconiman- datioii, ecrite de la main de Sidi Ahmed, m'est aussi personnelle, parce qu'il croit que le liasard pourrait me conduire dans cette paitie de I'Afrique, ce qui ne me parait guere probable. « J'ai I'honneur, etc. Dela.porte. 11. — Rapport verbal J^ait a la commission centrale parM, le baron Roger , sur Vobjet des deux leltres de M. Dk- LAPORTE. Ce n'est qu'avec beaucoup de reserve et de defiance . qu'on doit accueillir les details que les chefs de I'inte- rieur de I'Afrique donnent sur leur pays, Independam- ment de I'ignorance, plusieurs causes tendent a alterer la verile dans leurs reoits ; une excessive vanite les dis- pose a exagerer et leur importance personnelle et I'e- tendue des contrees qu'ils pretendentsoumises a leur autorite. L'esprit de rapacite leur fait employer le mensonge et les promesses envers les Europeens , comme moyens d'en obtenirdes presens quelquefois de la plus petite valeur. Ces observations s'appliquent sur- tout au caractere des chefs religieux ou marabous; et Sidi Ahmed ben Touir-el-Jennah appartient precise- ment a cette classe. II existe en Afrique beaucoup de ces princes-mara- bous; en general, ils n'ont sous leur dependance que de faibles tribus qui ne portent pas les armes, ou de petits pays neutres qu'on pourrait assiniiler a nos villes libres en Europe ; I'habilete de ces chefs, la superstition leur donnent plus ou moins d'influenoe sur les rois voisins, ( Ml ) maiscflte influence est toute personnelle et ties vaiia ble; leur politique et leur vanite clieichent toujours a la faire croire beaucoup plus grande qu'elle nest. C'est ainsi que j'ai vu Almami du Fouta-Toro, chef, il est vrai, dela nation negre la plus puissante de la Sene- ganibie, prendre le titre Aft pere de tons les croyaiis ^ de chef et quelquefois de maitre des rois voisins; a Ten croire son influence, son pouvoir meme s'etendraieni sur les contrees les plus eloignees. Almami du Fouta. Dhialon avait les memos pretentions. Les envoyes de ces deux chefs me tenaient au Senegal absolument les mcmes discours que ceux que Sidi Ahmed parait avoir debites a Alger et a Tanger. Je serais dispose a ne pas accorder a ceux-ci plus d'importance, plus de confiance qu'aux autres. Je remarque d'aiileurs que Sidi Ahmed a specule sur ses recits, selon les mceurs du pays. En fait, pendant plusieurs annees de sejour a !a cote occidentale d'Afrique, je n'ai rien neglige pour recueillir des informations relativement aux chefs qui pouvaient exercer une influence quelconque sur les tribus ou na- tions en rapport de coiiunerce avec nos etablissemens; or je ne me souviens pas d'avoir entendu seulement nommerSidi Ahmed ben Touir-el Jennah. Cen'estmeme que rarement et avec peu d'interet qu'on ma cite le nom d'Ouadano, ou un nom a-peu-pres semblable, qiil parait etre celui du lieu de sa residence; cependant Sidi Ahmed a tres bien indique a M. Delaporte les prin- cipales tribus maures qui avoisinent le Senegal , les Trarzas, les Braknas, les Dowiclus : il a egalement in- dique par son nom Africain [JSdar^^ notre etablissemeni. de rile Saint-Louis; de ce rapprochement je serais dis- pose a conclure, d'une part, que Sidi Ahmed est en effet en relations avec les tribus maures voisines de la a3. ( 348 ) Seiiegaiubie, et dune autre part, que ce cliefi-et son pays nont pas une grande importance. Sidi Ahmed fut-il un plus puissant prince queje n'ai lieu de le supposer , croire a ce chef negre une influence notable et profitable a notre commerce sur les tribus niaures nomades qui trafiquent au Senegal, ce serait peu connaitre les usages, les prejuges, et la »>ituation morale de ces contrees. II nest qu'un seul cas on I'in- tervention de Sidi Ahmed pourrait etre avantageuse; ce serait celui ou un voyageur europeen tenterait de penetrer dans Tinlerieur de I'Afrique par le grand de- sert, en partant du Senegal, sous la conduite de mara- bous maures. C'est une entreprise pour laquelle j avais prepare lesvoies et que j'aurais desire faire executer, si j'avais trouve un voyageur qui fiit entre dans mes vues. Sous le rapport de la geographic, les renseignemens obtenus de Sidi Ahmerl sont peu interessans. II ne nous apprend rien de positit sur Oiiadanu, le lieu de sa resi- dence, qu'on suppose etre situe entre les 19* et 20'de- gres de latitude nord. II en est de meme pour les pays qu'il pretend etre soumis a son autorite ou a son in- fluence et qui seraient, dit-on, compris entre les 11° et ^7' d de gens pauvres et fort grossiers; et il n'y a rien dans « la ville ni dans ses dependances dont on puisse tirer « profit, hors quelque peu de dattes que Ton recueilfe; « en sorte que les habltans sont fort pauvres. Ils vont « presque nus, et ils n'osent sortir de leurs niaisons a « cause des hostilites qu'ils ont avec d'autres peuples ■ leurs voislns. Ils'exercent ala chasse, et tuent quelques « hetes sauvages telles que elamts et autruches ; et ils « se substantent au moyen de quelques petites chevres, « auxquelles ils attachent beaucoup de prix a cause de « leur but. C'est une race dun teint plus fonce que « celui des niulati-es ; et ils sont souniis a des Arabes appe- « les \ daya ( El-Ouodayah ) ou autrement Vied Vodey «( Aouled Ouodey ), qui demeurent dans le desert de « Lybie ( Ssahhra ) qui est entre ce lieu et Gualata « ( Oualatah) royaume de negres, et auxquels le roi « noir paie cliaque annee un certain tribut , attendu f qu'ils sont plus de quatre vingt milleguerriers. Ces Ara^ ( 35i ) « bes ont peu de chevauxj et en ce pays on ne ieur « donne point a boire de I'eau , mais du lait de cha- « melles; on les eleve a suivre celles-ci, et bien que ce « solent de grands chevaux, ils Ieur telent les mamelles. « Etant en cette ville avec les scheryf Mohhammed, « roi de Sous , qui avail dessein de passer au pays des « negres , acconipagne de ces Arabes et de beaucoup « d'autresgens de ces deserts de Zahara (Ssabhra), nous « apprinies que le roi Jean , deuxienie de ce noni aux « royaumes de Portugal , avail envoye etablir des rap- « ports commerciaux avec le Sclieykhdeila viile, par la « voie d'Arguin qui en est a soixanledix lieues ou da- « vantage, du cote de Touest. » Ca-da-Mosto a aussi consacre un article a Ouadeii , !C[u'il appelle Hoden ; voici en quels ternies i! en parle : « Du lieu de Hoden ( Ouaden ) , de ses coutumes et de R son commerce. — 11 faut encore que vous sachiez que o derriere leCap-Jilanc, dans lesterres, est un lieu appele » Hoden (Ouaden) qui est enfonce dans I'interieur d'en- « viron six journees de chanieau ; iequel lieu n'est point « mure, mais bien un reduit d'Arabes et une escale ou se " dirigent les caravanes qui arrivent de Tonibutto (Ten- f Boktoue) et d'autres places des negres, poui venir de « ce c6le-ci de la Barbarie. La nourriture des habitans de « ce lieu se compose de daltes et dorge , dont ils ont « abondance , et dont il croit en quelques endroils de " leurs terres, mais non sulfisanmient • et ils boivetii du « lait decbaaieauet d'autres animaux, parce quits u'ont « point de vin. Ils ont aussi des vacbes et des chevres • mais en petit nonibre, parce que la terre est secbe; et • leurs boeufs et vaclus sunt pctits comparativement ( 35:. ) " aux notres. Ces genssont aiijouidhui niahometans et <> grands enneniis des chretieus; et ils i)e sont jamais « f.n repos, mais ils vont toujours errant par ces de- « serts. Ge sont des honimes qui vont au pays des ne- « gres, et ils viennent aussi de cec6te-ci de la Barbaric; X ils sont fort nombreux , et ils out uiie grande quantite « de chanieaux , au moyen desquels ils transportent du « cuivre , de I'argent, et autres objets. de la Barbaric a « Tombutto ( Ten-Boktoue ) et aux pays des negres ; et « de la ils tirent de I'or et des nialhegettes ( certaines « pieces de harnachement pour les chevaux ) qu'ils rap '•portent de ce cote. Ge sont des hommes bruns; ils « sont vetus sur la chair d'une sorte de nianteau blanc « avec unebordure rougeaux exlremiteo, etleurs I'emmes « vont vetues de meme , sans chemise. Les hommes « portent sur la tete un mouchoir a la mauresque, et « sont toujours piedsnus. Dans ces regions sablonneuses « se Irouvent quantite de lions , de leopards et d'autru- « dies; j'ai mange maintes fois des oeufs de celles-ci, et «■ ils sont bons. » Gada-Mosto nomnie en outre plusieurs fois Ouaden , qu'il ecrit toujours Hoden: il enonce que les Portugais tiraient alors annuellement d'Arguin sept a huit cents tetes de negres , amenes de I'interieur en passant par Ouaden; que les Azanaghis (Ssanhagyn ) confinent avec les Arabes de Ouaiien; que Tegazza ( Taghazay ) est situe au • dela de I'escale de Ouaden , a six jonrnc.es plus avant dans les terres; enfin que I'ordeMeHi (Mely^ porte par les caravanes a Tombutto (Ten-Boktoue) , se dirige de la, panic vers Toet (Touat) et partie a Ouaden, d'oii il se repand ensuite vers Oran ( Ounhran ) et One ( Honey n ), Fes , Marok , et autres lieux de Bar- ( 353 ) barie, ou les Italiens et autres chretiens le vont acheter. Dans les notes sur la carte tie la partie nord-ouest del'Afrique, dressee en 1821 pour servira rintelligence du voyage de M. Cochelet ( Naufrage du brick francais la Sophie , tome 11 , appendice), M. Lapie a consigne quelques informations qu'ilavait recues d'une personne attachee a M. Lasserre, gouverneur du Senegal: on y trouve, sur la route d'Arguin a Ten-Boktoue en 64jour- nees , I'indication de Hoden c'est-adire Ouaden , a 17 journe'es d'Arguin. Le bulletin de la Societe de geographic ( oahier de juillet 1828) contient quelques notions sur la position de Ouaden, conmiuniquees par M. le baron Roger , et attribuees sans exception au maure sydy Mobhainmed, marabouth de Tyschytj les memes renseignemens m'a- vaient ete adresses du Senegal pir M. Charles Berton, qui enoncait les avoir recus de deux informateurs dis- tincts, savoir, sydy Mohhamned pour I'itineraire indi- que au Bulletin sous le n'> i, et Ahhmed Fa! pour celui qui y est marque sous le n" 2. Le premier faitconnaitre que Ouaden est a 10 journees de chameau de Mersay- Gyouah ( et non Marza-Schioura ) ou Portendik , et a 1 5 journees de Tyschyt j le second compte 9 juurnees de Ouaden a Arguin 5 et il ajoute , dans la communica- tion particuliere de M. Berton , que Ouaden et Tyschyt sont des villes assez importantes, balies en pise et en poutres de palmier. Enfin Caille a recueilli aussi quelques informations sur Ouaden ; des Maures lui dirent , a Araouan ou il se trouvait alors , que la ville de Oualet faisait un grand commerce de sel avec Sansanding , Yamina et Sego , et que ce sel provenait des mines de Ouaden , situees dans ( 354 ) le grand desert, a quinze ou dix-huit journees au nord de Oiialet. En conibiiiarit entre ellcs loutes les indications de gisement et de distances que fournissent , a I'egard de Ouaden , les divers passages rassembles ici, on pent con- cliire approxiniativement la position de ce lieu vers une latitude de 20° 10' nord, et une longitude d'environ 1 5° 3o' a I'ouest de Paris. Le pays de Changuit n'est autre que Schanqytah , Scliingety ou Schingarin (lisez Schingatin) , inscrit sur toutes les cartes d Afrique depuis celle du premier voyage de Mungo-Park, construite par Rennel, et nien- tionne tant dans les informations recueillies par M. La- pie , que dans les renseignemens fournis par sydy Mo- hammed et par Ahlimed Fal. Les noms de Beraknah, Terarzah, Douysch, Taja- kant, appartiennent a des tribus arabes bien connues dans nos etablissemens du Senegal j il en faut dire au- tant de celle des Aouled-el-Hhaggy, dont le nom se trouve mentionne dans la seconde lettre de M. Delaporte sous la forme berberisee de hloulhagge pour A'ydo-'l-hhaggy (a'yd, a'yt ou a'yls etant un motberber synonyme de I'arabe ahel ^ faniille, et s'employant pour denommer les tribus ou qoliayl, au nieme litre que les mots beny ^l aoiiled). Les Aouled el-hliitggy Darma'ko , vulgairement appeles Uarmancours par nos colons du Senegal, oc- cupent en effet la portion du desert la plus voisine de notre etablissement de Saint-Louis, lequel est effective- ment designe par les Maures commc par les negres sous le nom de Enddr. v Le pays de Oualdtah^ designe par A'bd-el-Latyf, est le meme que celui que Mungo-Park a signale sous le nom de Walet ^ el qui aura aussi ete deja inentionno ( 355 ) par EbuBathouthah sous ce\iu d El- Q it aldtah , si Ton atlople la lecon que j'ai des long-temps propose de sub- stituer a XEiwclaten de Kosegarten et a \ Ahou-LaUn de Lee. C'est une oasis bien connue, placee par sydy Mo- lihamnied ( I'informateur de M. Roger et de M. Berton ) a dix journees de cliameau de Tyschyt et sept journees de Ten-Boktoue; par Mungo-Park, a dix journees de Benaoun et plus de onze journees de Ten-Boktoue; par Gaille, a dix journees d'Araouan , et a quinxe jour- nees de Segliou; et d'apres un itineraire de Galam a la Mekke (communique par M. Roger, et compris au second volume du Recueil de voyages et de memoires delaSociete de geographic), a dix journees de Tyschyt et dix journes d'Araouan. II ne faut pas confondre cette station avec une autre oasis de Oualatah , decrite par Leon et Mainiol sous le nom de Gualata, et mentionnee sous le meme nom par M. Grey-Jackson , laqueile se trouve, d'apres ce dernier, non loin du Cap-Bojador, et d'apres un itineraire de Galam a Marok, compris dans les communications de M. Roger, citees tout-.i-l'heure, a dix journe'es de Takant* et dix journees de Ouedy- Noun. Quant au pays de Gfg-on, que M. Delaporte explique par Gago, je ne puis croire que ce soit le Gago de Leon Africain, qui le place a quatre cents milles par-dela Ten- Boktoue ; je suppose qu'il s'agit de quelque oasis qui nous est encore inconnue. Takant , ou naitrait le pretendu fleuve de Ouaden , est une station du desert qui est mentionnee dans I'itine- raire de Galam a Marok, insere dans le Recueil de la Societe parmi les communications de M. Roger ; mais il y a , dans cet itineraire qui ne supposerait que vingt- six journees de Galam a Ouedy-Noun , erreur evident© ( 356 ) au chitfre de six journees entre Galam et T;ikant ; les vingt journees marquees entre Takant et OueJy-Noun, indicjuentbien la situation de Takant vft-s le nord-est de Ouaden , conformenient au rapport de A'bd-el-Latyf , qui fait couler au sud-ouest !e fleuve de Ouaden. Ce der- nier nom ne signifie point tout-a-fait la ville desjleuves ^ inais siniplenient les deux rivihres ou les deux vallees : c'est le duel du mot Oucdy. rrgilMM>-harleston et Savannah; un examen approfondi du pays peut seul decider du merite de cette proposition. D'apres plusieurs calculs et estimations, le colonel Clinton evalue la depense dun chemin de fer de New- York a la Nouvelle-Orleans, ainsi qu'il suit : Pour 266 niilles, de New-York a Wash- ington, dont les fondations seraient en pierre (20,000 dollars par mille ) 5,!i20,ooo Pour 1201 milles de Washington a la Nouvelle-Orleans, avec les fondations en bois ( a 5ooo dollars par mille. ) . . . . 6,oo5,ooo Poms et accessoires 5oo,ooo Total en dollars 11,825,000 Ou si Ton n'employait que du bois dans toute I'etendue de la route, c"est-a-dire 1467 niilles (a 5,ooo dollars) la depense s'eleverait a 7,335,ooo Ponts et dependances 5oo,ooo Total 7,835,000 D'ou il resulte que si ce chemin de fer etait construit sur pierre jusqu'a Wash- ington , et sur pilotis de Washington a la Nouvelle-Orleans , la depense serait de 11,825,000 Tandis que si Ion n'employait que le bois, dans toute son etendue, clle ne monterait qu'a 7,835,ooo ( 36r J Mao^abi^iVMS^ TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEA\CES. Seance dwjjuin i833. Le proces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. Vander Maelen continue d'appeler I'attention de laSocietesur les travaux de I'etablissement geographique qu'il dirige, et dont elle recoit successivement les dive ises publications. II propose, pour faire partie de la Societe, M. le docteur Meisser, son collaboraleur, et, sur sa de- niande, !a Commission centrale inscrit au nombre des candidats pour les places de correspondans etrangers , M. le professeur Pirlot, auteurd'un abiege methodique de geographie universelle et dun tableau geographique et statistique de la Belgique. Les deux ouvrages de M. Pirlot sont deposes sur le bureau. M. le docteur Mease et M. Tanner ecrivent de Phila- delphie, et tont hommage a la Societe, le premier, des annales politiques du Bas-Canada, publiees a Montreal en 1825 ; le second, des trois premieres livraisons de son nouvel atlas universe!. Sur I'invitalion de M. le president, M. Warden veut bien se charger de rendre compte de I'ouvrage sur 1(» ( 362 ) (Canada, et M. Bianchi, du voyage de M. Rozet dans la regence d'Alger. Parmi les autres ouvrages offerts a la Societe, la Com- mission centrale reniarqile la aS* .et derniere livraison de I'atlas universal de MM. Lapie; I'atlas de geographie moderne de M. Woodbridge ; la suite de la bibliotheque des voyages par M. Albert-Monteniont, et plusieurs volumes des memoires des societes royales de Londres et d'Edinibourg. M. le baron de Dertelden de Hinderstein ecrit qti'il espere terminer incessamment la grande carte del'arcbi- pel indien,a laquelle il travailledepuis plusieurs annees. M. le professeur Rafinesque, de Philadelpbie, fait a la Societe les communications suivantes : I" Un supplement aux memoires qu'il avait adresses sur I'origine des races negres asiatiques, et qui ont ob- tenu une medailled encouragement au concours de x832; ■2" Une analyse des decouvertes geographiques et ethnographiques du capitaine Morrell, de Nevk^-York, faites de 1822 a i83i dans qualre voyages dans I'ocean Pacifique et dans les mers Australes; 3° Une notice sur les Americains qui ont publie des relations de voyages de 1820 a i832; 4° Une analyse du voyage de Paulding aux lies Mul- graves en 182 5, publiee a New-York en i83i; 5" La description dune ville ancienne du Kentucky, situee sur la riviere Cumberland , avec quatre plans et figures. Cette notice est un fragment des voyages du professeur Rafinesque dans I'Amerique septentnonale, de i8i5 a i833 ; 6" Plusieurs exemplaires d un tableau ou il a rappro- che quelques glyphes et alpbabets de I'Amerique et de I'Afrique; ( 36'3 ) ^o Un exemplaire ties quatre premiers nume'ros du ']0\iTni\\ C Atlantique, public par le professeur Rafinesque. La Commission cetitrale accueille avec interet ces di- vers documens, et elle les renvoie au comite du Bulle- tin. M. d'Urville est prie d'examiner la relation du voyage aiix iles Mulgraves, qui, d'apres I'analyse suc- cincte de M. Rafinesque, parait offrir beaucoup d'interet. M. Warden communique de nouveaux renseignemens sur le plan du voyage que le capitaine Ross s'etait pro- pose d'executer, et une notice sur la population desiles du cap Vert (voir page 356), et donne quelques details sur le tremblement de terre qui s'est fait ressenlir, du 8 au i5 fevrier i833, dans lile de Saint-Christophe (voir page 358 ). — Renvoi au comite du Bulletin. M. Roux de Rochelle donne lecture d'un memoire sur la geographic botanique et zoologique. II s'attache a distinguer les grandes regions de la terre par quelques- unes des especes de plantes et d'animaux qui ieur sont particulieres, et il montre quels secours I'etude de la geographic peut recevoir de ce genre d'observations. La Commission centrale entend cette lecture avec in- teret, et elle renvoie le meuioire au comite du Bulletin. (Voir page 333.) M. d'Avezac communique ensuite a la Societe quel- ques fragmens dune notice des pays berbers, au sud d'Alger,accompagnee d'une carte speciale decelte partie de I'Afrique. Apres une exposition sommaire de I'en- semble de son travail , il donne lecture dune courte re- lation des conlrees dont il s'agit , redigee en arabe par un Berber nalif d'EI-Eghouath, a plus de cinquante lieues d Alser. M. d Avezac a fail une version francaise de la relation entiere, iriteressante surtout pour la geo- 24. ( 364 ) ijraphit', a raison des itineraires assez detailles quelle lenlcnne , jusqu'a Touat au sud et Ghadames it lest. Apres cette lecture, qui est e'coutee avec interet , la Commission cenlrale renvoie ie travail de M. d'Avezac an comite du Bulletin. Seance du iijuin. Le prnces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. Ie ministre de \;\ marine ecrit a la Societe qu'il vient de charger M. Ie directeurdu depot de la marine de lui faire remettre pour sa bibliotheque un exemplaire du Voyage autour du monde, execute sur la corvette la Favorite par M. Laplace, capitaine de fregate , pendant les aiinees i83o, i83i et iSSa. M. Ie general Pelet, directeur du depot de la guerre, annonce ;\ la Societe que M. Ie ministre, president du conseil, vient de lui accorder, pour sa bibliotheque, un exemplaire de la nouvelle carte de France , publiee par cet etablissement. II adresse les douze premieres feuilles de ce bel onvrage, ainsi que la carte d'assemblage. M. Ie protesseur Oelsen, de Copenhague, fait hnm- mage a la Societe dun exemplaire de I'orographie de I'Europe, qu'il vient de publier. Cet ouvrage se compo^e dun commentaire et de plusieurs cartes destineesa faire connaitre, par Ie trait on par la couleur, les systemes orographique, hydrographique et geognostique de I'au- teur. Un premier travail sur cet objet avail ete en- voye par MM. Oelsen et Bredsdorff au concoursde 1824, et il avait obtenu de la Societe une medaille dor d'en- couragement. M. Ie colonel Corabceuf est prie de rendre cumpte de cet ouvrage. ( 365 ) M. de Falbe, capitaine de vaisseau , ancien consul ge- neral dc Daneniark a Tunis, et nomme ensuile lesidant en Grece: il met sous les yeux de I'Asserablee un plan du terrain et des mines de Carthage, qu'il a leve en i83i, ainsi qu'une carte de la cote de Tunis depuis Porto Farina jusqu'a Mahadia. A I'appui de son tra- vail, M. de Falbe entre dans des details utiles et ini- portans que la Societe ecoule avec un grand interet. Sur I'invitation de M. le president, il promet de corn- muniquer un resume de ses observations , pour etre insere au Bulletin. La Societe entend un rapport fait au nom dune com- mission speciale composee de MM. Albert-Monteniont , d'Avezac, d Urville et Roux de Roclielle , rapporteur, sur le nouveau cours de geographie melhodique que public M. le colonel Denaix, et dont les diHerentes li- vraisons ont ete offertes a la Societe. ■ La Commission se plait a reconnaitre les grands avan- tages que presente pour I'enseignement raisonne de la geographic la methode au moyen de laquelle M. Denaix lie entre eux tous les faits geographiques par une loi constante de dependance mutuelle, basee sur la distri- bution du globe en grandes regions nalurelles; ellerend justice au soin avec lequel il a redige les cartes nom- l)reuses qu'il a deja publiees, et dont lexecution est fort superieure a ce qu'offrent generalement les publications geographiques ordinaires : elle pense que I'auleur doit etre encourage a perseverer dans une entreprise dont le merite et I'utilite lui paraissent incontestables. — Ces conclusions sont adoptees a 1 unanimite par la Commis- sion centrale. M. le secretaire lit pour M. Maitland-Heuberger, des Etals-Unis, une notice historique sur la nation indienne ( 366 ) desChactas, qui habitent la partie septentrionale de I'etat deMIssissipi et une partie de I'ouestde I'Alabania. M. d'Avezac lit un nouveau fragment de la notice qu'il prepare sur les pays berbers au sud d'Alger : il passe en revue tons les lieiix nieiitionnes dans la rela- tian d'El-Egbouath, pour signaler ceux qui son! tout- a fait nouveaux, et pour indiquer la synonymic des au- tres, en rappelant ce qu'en ont dit les voyageurs et les geograpbes anterieurs. La Commission centrale ecoute avec interet ces di- verses communications, et elle lesrenvoie au comitedu Bulletin. MEMBRES ADMIS UANS LA SOCXETE. Seance du '] juin i833. M. Vincent Maitland-Heuberger, naturaliste. M. le docteur Meisser. M. de MoNTROL, secretaire de la societe royale des antiquaires de France, etc. odvrages offerts a la societe. Seance du 'j juin. ParMM.Lapiepere et fils : Atlas nnwersel de geogra- phie ancienne et moderne , aS* et derniere livraison. Par M. Tanner : Nom>el atlas uniuersel construil d'a- pres les documens les plus recens et les plus aulben- tiques. Philadelpbie , i833, i*"", 2^ et 3" livraisons. ( 367 ) Par la Societe royale ties sciences dEdimbourg : Transactions dc celte Societe , toni(; xi et premiere par- tie du tome xii, in-4''- Par la Sociele royale de Londres : Continuation de Vindex aiphabetique des matieres conteiiues dans les volumes cxi a cxx (1821 a i83o) de ses Transactions ; I vol. in-4°. Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque uniuerselle des voyages , '^^ livr. , in-8\ Par M. Arihus-Bertrand : F^oyage dans la regence d^ Alger, ou description du pays occupe par I'armee trancaise en Afrique , etc., par M. le capitaine Rozetj 2" livr. , in-8" et atlas gr. in-4". Par M. Piriot : Abrege methodique de la geographie nniverselle , avec des notes sur la geographie ancien- ne, etc. Biuxelles, iSSaj i vol. in-12. — Tableau geo- graphique et statistique de la Belgique , une feuille in-f°. Par M. WoodbrJdge : Atlas de geographie moderns , I vol. in-4'', 4° edition. — Annales d'education, n° 7. Par M. .Mease : Annales politiques du Bas-Canada ; Montreal, 1826, i vol. in-8^ — Beport of the conwiiltee appointed in the senate of Pensylvania to investigate the cause of an increased number of slaves ; iri-8". — Pen- sylvania reporter ^ n" 36. Par M. Gide : Nouvelles Annales des voyages, cahier d'avril. Par M. le directeur : Bibliotheque universelle redigee a Geni've, cahier de mars. Par M. le directeur : numeros 7, 8 et 9 du 2' volume du journal le Siecle. Par M. Rafinesque : The Atlantic Journal , numeros 1 ( 368 ) a 4 J in-8". — ' Tabular wiew of the compared atlatitic alphabets and glyphs of Africa and A nierica, une feuille. Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufactu- rier, n" y6, cahiei* d'avril. Par la Socicte asialique : Cahicis d'avril et mai de son Journal. Par rAcademie de I'industrie : N° 29 du Journal de ies travaux. Par IM. Lourniand : Journal general d'education et d' instruction, etc., cahier de mai. Par M. Guerry : Rapport fait a V Academie des Sciences par MM. Lacroix , Syli'cstrc et Glrard , sur nn menioire intitule : Essai sur la statistique morale de la France , par M. A. Guer/j, br. in-4o. Par la Societe d'agriculture d'Angouleme : Annates de cette Societe , cahiers de mars et avril. Par ]e directeur : 2 numeros du journal I'lnstitut. Par Ies directeurs : 10 numeros du Moniteur otto- man., 18 numeros du Courrier de Sniyrne et un uumero du Mo/iiteur grec. Seance du 21 juin. Par M. le directeur general du depot de la guerre : Nouvelle carte topographiquc de la France^ gravee a Icchelle de i pour 80,000; 12 feuilles, avec la carle d'assemblage en une feuille. Par M. le ministre de la marine : Voyage autour du mondepar Ies mers de VInde et de la Chine, de la coi- velte de S. M. la Favorite, execute pendant Ies annees i83o, 18:^1 c\ i83a, sousle commandement de M. La- ' ( 369 ) place, capitaine de fregate; tomes i et iv, premieres !i- vraisons de I'atlas. Par M. Oelsen : Esquisse orograghique de V Europe, par J.-H.Bredsdorff et O.-N. Oelsen, en i8'24j corrigee et considerablement augmentee par O.-N. Oelsen en i83o, accompagnee dun commentaire, in-4o. Copenhague, i833. Par M. Albert-Montemont : BibliotJieque des 'voyages , /\ livr, , in-S". Par M. Cauvin : Essai statistique siir le departement de la Sarthe , 4 vol. in-12. — Recherches sur les etahlis- semens de charite et d' instruction pubUque du diocese du Mans ^ un vol. in-12. Par M. Jaddei : Annales civiles du rojaume des Deux- Sidles ^ premiere livr., in-4°. Par M. de Falbe : Catalogiis librorum quos reliquit , Erasmus Ras/c : Havnice, i833 ; br. in-12. Par M. Jouannin : Lettre du sultan Suleyman a Fran- cois W pendant sa captivite a Madrid , br. in-8". Par I'Academie des sciences de Rouen : Precis analjti- que de ses travaux pour i832 , i vol. in-80. Par la Societe d'agriculture de Rouen : Numeros 47 et 48 de Vextrait de ses Travaux. Par MM. les diiecteurs : 2 numeros du Siecleet a nu- meros du journal VInstiiut. Par la Societe francaise de statistique univer.selle : Numeros 1 1 et 1 2 ^m Journal de ses travaux. Par la Societe des Missions Evangeliques : Cahier de mai de son Journal. ( 370 ) Bibliographie g^ographique. Ouvrages generaux. Recherchci iur la population du globe terrestre, par M. Evri^s. Tn-8^ Cliez Gide. Essai de statistique raisonnee sur lei colonies etiropeennes des tropi- <]ties et sur les questions colonia- les, par de Montvcrau. In 8°. Chez Delaunay. r fr. APHIQUE. Alger son^ la domination fnin' caise, sou ar IM. le comle de Tournon , pair de France, fait .i I'Acadeniie des Sciences (Institut de France), et lu a la Societe de Geographic le 17 mai i833 , par M. le baron Costaz "^".^ Rapport de la commission chargee d'examiner le globe ter- reslre presente par MiM. Schmidt et Ambroise Tardicu. . . .^o3 Notice sur la temperature de la mer .i diverses profondeurs, par M. d'Ubvii-le, capitaine de vaisseau 3i3 Memoire sur la gecgraphie botanique et zoologique, i)ar IVI. RoUX DE noCHEl.I.H •*-" DEIJXIEME SECTION. DOCOMKKS, r.OMMTJKICATIOSS, KOCVEI.I.RS GEOGD APHIQUES. Tableau general du commerce de la France avec ses colonies pt les puissances etrang^res, pendant I'annee i«3i, par M. SuEiJK Mkbmn 37 ( 375 ) Exploratiou des c6tes et rivieres de la Floride orieutale , aux frais d'une societe de New- York, et dans des vues de colo- nisation , par M. W 43 Exploration des sources du Mississipi par M.Henri Schoolcraft, agent pour les affaires des Indiens, par M. W 45 Autiquites mexicaines. — Kuines de Palenque (extrait du rap- port de M. Salaman au congrfes general du Mexique) 46 Extrait d'une lettre de M. Corroy sur le meme sujet. 48 Exfrait d'une lettre de M. Jeam-Freueric Waldecb. , com- missionne de rexpedition des reclierches aux ruines de I'an- cienne ville de Palenque. 49 Groupe Covell 5 1 Histoire du Japon, par M. Siebold 53 Voyage de decouverle a la recherche du capitaine Ross 1 07 Quantites comparatives deseaux versees par I'lnduset leGange dans la mer des Indes no Terre de Van-Diemen r 1 2 Jntiqttites mexicaines. — Lettre de M. Valdeck. a I'un de ses amis de la Vera-Cruz : '. ". i ^ . . i' . . 1 1 3 — Souscription pour I'entreprise de M. J.-F. Valdeok, voya- geur allemand pour I'exploration des ruines de Palenque et lieux environnans et la publication de ses recherches . . . i r4 Addition au Bulletin de decembre t832 Ibid. Lettre de M. Dumont-d'Urville a M. le president de la Com- mission centrale de la Societe de geographie de Paris 1 15 Reclamation de M. Jomard, vice-president de la Commission centrale , au sujet d'un article insere dans la Beitie des Deux- Mondes (n° du i' '' fevrier i833) 116 Nouveau continent decouvert par le capitaijie anglais Biscoe, commandant le brick Tula ifiS Remarques sur la relation du capitaine Biscoe 167 Tableau de la population des Etats-Unis d'Amerique , indi- quant la condition , le sexe et I'Age des indlvidus, ainsi que le nombre des sourds-muets, des aveugles et des etrangers , d'aprfes le recensement fait en i83o 168 Expedition du lieutenant Burnes et du docteur Gerar" a La- hore et a I'lndus 170 Extrait de la lettre de M. le cheik Kecau, I'un des anciens ( 374 ) Pages, el^ves de la mission egyptienne en France, a M. Jomard, menibre de I'lnstitut 17' Notice sur Victor Jacquemont 204 Expedition du capitaine Back , charge par ie gonvernement an- glais d'aller a la reclierche du capitaine Ross 210 Expedition sur la Quorra, par Richard Lander 3 ra Famine aux ties du Cap-Vert 2 1 3 Canaux de I'etat de New- York. a 1 5 Tableau des valeurs nionetaires fabriquees a la mounaie des fitats-Unis pendant I'annee i832 216 Documens relatifs a un prince noir de I'interieur de I'Afrique occidentale et au pays de Ouad(?n ; I. Extraits de deux Icttres de M. Delaporte , gerant le consulat general de France dans IVrapire de Marok 343 ir. Rapport verbal fait a la Commission ceutralc par M. le barou Roger, sur I'objet des deux Ic-ttrcs de M. Delaporte- 346 Til. Note sur le pays de Ouadt-n et Ics autres noms gro- grapliiques mcutionnes dans les deux Icttres de M. De- laporte 349 Notice sur les lies du Cap-Vert 356 Renscignemens sur le plan de voyage du capitaine Ross. . . . 358 Tremblement de terre Ibid. Projet d'un chemin de fer de New-York a la Nouvelle-Orieans. 359 TROISIEME SECTION. ACXr.R DE L,V SOCIETE. Presentation de la Sorieti- an roi a Tocrasion du nouvel an. . . S.") Rapport sur I'rpoque de la distribution du prix annuel pour la deconverte la plus importante en geographic 120 Proc^s-verbaux des seances de la Commission centrale (Jan- vier— juin) 57, lai, 174, 225, 3o7, 36i Proces-verbal de I'assembl^e gencrale du 29 mars i833 218 Membres admis dans la Socictd (Janvier— juin). .. . 63, ti6, 181, 232, 3ri, 366 Ouvrages offerts a la .Societc 63, 126, 181, 232, 3ii. 366 ( 37^5 ) BIBLIOGRAPHIE. Notice sur les derniferes cartes publiees par I'amiraule d'An- gleterre et par le capitaine J. Horsburg, hydrograplie de la compagnie des Indes , par M. P. D a'lS Bibliographie geographique 246 , 370 PLANCHES DU I9- VOLUME. Plan de la riviere Vermejo depuis ses sources jusqu'a I'endroit ou elle se jette dans le Paraguay. Tableau synoptique presentant I'ensemble des observations de tem- perature sous-marine executees dans les deux hemispheres. FIN DE LA TABLE DU XIX' VOLUME. BULLETIN DE LA. SOCIETE DE GEOGRAPHIE. KDouiej ^ yiAvak/ieiwej, IMPRIME CH£Z PACL RENOUAKI), Riic Garcncicre, u" 5. BULLETIN DE LA SOCIETY DE GEOGRAPHIE. e«ft«««a«»««^«^a. f omc Diniitthtif. PARIS , CHEZ ARTHUS-BERTRAND, l.IBRAIRF. DE LA SOCIETE DE GtoGRAPHIF, RUE HAtJTEFEUILLE , t<" 53. 1833. TABLEAU indicatif lies jours de seance de la Commission centrale pour r annee i833. Janv. Fevr. Mars. Avl'il. Mai. Juin. JuiJI. ,\out. Sept. Oclob Nov. 4 I I 12 3 7 5 2 6 4 8 i8 i5 i5 26 '7 ai 19 16 20 18 22 Dec. Les seaDces s'ouvrent a 7 beares 1/2, rue de rUniversite, n' 23. LaBibliotbeque est oiiverte tous les jours, de 11 heurcs a 4- Les volumes I, II et III du Recueil des Memoires se distribuent aux Membres a moitie prix. La Societe admet des Membres dooateurs , en vcrtu d'un Douvei article reglemcntaire. Par ordonoance royale du 14 decembre 1827, les statute de la Societe ont ete appruuves. BULLETIN DE LA t f SOCIETE DE GEOGRAPiilE. N" 123. — jciLL£T i833. >~j '.i:,';'iv; PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. DESCRIPTION GEOGRAPHIQUE BES MONTAGNES DTI I.IB.iX ET DE l'aNTI-LIBAN , Extraite d'un ouvrage maniiscrit sur la Srrie , PAR M. CB. -ED. GOTS, Ex cousul de France a Tripoli en Syrie, membre de la Soci^t* de Geographic, etc., etc. [ Une residence de trenfeans, cotnme consul, dans la Svrie, a donne a M. Ed. Guys ie temps de coniiaitre parfalleineiit les loca- lites. Ses etudes dans in laiigue aralie Ini ont ^tp d'un jjrand rpcoui-s pour scs investigations. « Je ne me suis point borne a la ro})ographie, dit M. Guys dans sa • preface ; j"ai tout embrasse afin d'etre complet, pour que mon iti- • iieraire devint le guide du voyageur et du commercant: mais, « en donnant des renseignemens etendus sur toutes les parties, j'ai ■■ cherclie .i rester concis. •■ J'ai suivi la division actuelle de ia Syrie par pachaliks; je donne • iin tableau de ia Phenicie, et mes remarques sur la langue inconnue •• de ce peuple cel^bre de qui nous tenons "art de la navigation; et - nil tableau des montagnes du Liban et de I'Anli-Liban. •• La Palestine est traitee dans le plus grand detail , comme la Syrie. " J'ai porte dans une section intitulee Sjrrie et Palestine en general , <■ tout ce qui n'entre point dans le cadre primitif que j'ai adopte. « J'ai cru devoir terminer mon ouvrage par une description de « Chjpre. r, L'ouvrage de M. Guys est divise en plusieurs volumes. Le premier volume : i° Pachalik d'Alep, ou Halep ; i° id. de Tripoli ; 3° description des montagnes du Liban et de I'Anti- Liban. Deuxifeme volume; i " Phenicie; 2° pachalik de Seyde oude Saint- Jean-d'Acre; 3° pachalik de Damas. Troisieme volume : i" Palestine; a" Syrie et Palestine en general ; 3" lie de Chypre. Cette partie de l'ouvrage est compose e , entre autres objets, de notices sur la religion et les moeurs des peuples qui habiteut la Syrie et la Palestine , et dont voici la nomenclature : ; Cara'ites. i" JuiPs. . Samaritains. ( Talmoudj. iChaldeens, Nestoriens , Cophtes , Grecs, Grecs catholiques, Latins , Syriens , Ma- s'' Chhetiens. ', ... A • .u ronites, Armcniens , Armeniens catho- liques. y La posterite des Arabes conquerans, Ara- / bes sedentaires , Arabes nomades. 4° TcRcs. i Turcs employes, Turcs residens. 5" Tbbkomaih. (7 ) 6° KVB1.>BS. -" Metuams. 8" VVehabis. y" Druses. io° Nesseri. I Chairsie, Kelbie, Istnaelie, Kadmousie. Qaoique ce nom soit generique a tous leu Europeens an Levant, il ne s'applique qu'aux Europeens maries avec des ft-m- mes du pays, dont les fils snrtout peuvent ^tie consideres comme una nation mixte. Quatrieme volume: Cartes, plans, vues de lieux, plantes, aui- maux, inscriptions, table alphabetique de tousles noms geogra phiques contenus dans I'ouvrage , en arabe et en iVan9ai». ] 11" Francs. CHAPITRE IX. District de Djubet-el- Meneitra. SOMMAIHB. Apbeia. — Ruiaes du temple de Venus. — Sources de Nahr-Ibralum (fleiive Adonis). — Lac Liamoni. — Villages de la oontree. — Pont de Nalir- Ibrahim. — Embouclmre de la riviere. — II n'existe plus de reptiles de I'espece de celles qui desolerent les croises a Icur passage — Moustiques. — Population. Le district de Djubet-el-Meneitra a pour chef-lieu Jpheca, lieu celebre dans I'antiquite a cause dun temple consacre a Venus Aphacilide. Eusebe (i), t-ii parlant d'Apheca , place dans son voisinage une foret qui n'existe plus. liny aaujoiird'hui quequelquesnoyers (i) L. in, cli. 55. (8) assez beaux qui ombragent de leur verdure les rives de I'Adonis. Le pays est sous la dependance de reniir Bechir Schehab , gouverneur general du Liban , qui, las d'en- tendre des plaintes continuelles centre les Metualis d'A- pheca , seul reste de cette nation feroce dans le centre de la montagne, et voyant I'insuffisance des chatimens corporels , se decida a les punir par la destruction de leurs campagnes , et fit couper tous les arbres du terri- toire. On eleva un immense bucher qui pendant plu- sieurs jours devora a leur vue les ricbesses agricoles du canton, sans que cette terrible lecon ait pu rendre les babitans meilleurs. Quand je traversai le pays, en 1828, je fus oblige de prendre una nombreuse escorte; et, comme nous etions sur la defensive , ces brigands ne purent nous attaquer. En 18^1 , un voyageur anglais, M. Smith, capitaine d'artillerie au service du roi d'An- gleterre , qui traversait le pays , eut le malheur de tomber entre leurs mains, il aurait sans doute eprouve una triste fin , si des passans cbaritables ne fussent ve- nus a son sacours. D'apres les difficultes que Ion ren- contre, les voyageurs ne sont guere tentes de parcourir la chaine centrale, malgre ses beautes : aussi linterieur du Liban n'est-il pas,ou est-il peu connu. Examinons ce que disent d' Apheca les auteurs anciens et modernes. Zozime (i) s'exprime en ces termes : « Entre Helio- • polis etByblos, il existe un lieu nomme Apheca, ou " s'eleve un temple d«>die a Venus Aphacitide , pres du- « quel est un lac en forme de citerne. Quand on se reu- « nit dans le temple, on apercoit dans I'air des globes de (I) L. r. (9) « feu. Ce proilige a encore ete observe , ajoute-t-il , de • son temps. Cenx qui portent a la deesse des presens en « nialieres d'oret d argent, et d^'s etofies de soie les de- « posent dans les eaux du lac, au fond duquel tombent < tons ces objets , s'ils sont agreables a Venus ; s'ils lui « deplaisent , tout surnage. Zozotnene (i), en parlant de la demolition du temple, dit qui! etait situe a Apheca , proche du Liban et du fleuve Adonis; qu'on y voyait , certaiws jours de I'annee, un feu semblable a celui dune etoile. qui passait au- dessus de la cime de la montagne et aliait se precipiter dans la riviere ou il s'eteignait. On disait que c'etait Uranie ou Venus. Eusebe, que nous avons deja cite, represente ce tem- ple comme un lieu privilegie pour I'adultere, ou il se commettaitd'autres abominations. L'empereur Constan- tin Pogonate fit detruire cet edifice pour mettre un ternie a cette infamie. L'bistoire ecclesiastique (2}, en rapportant le fait, s'appule de I'autorite de Socrate. D. Calmet croit qu'il a existe une ville nommee Aphec, «u etait le temple de Venus Aphacitide. 11 ajoute quelle est ensevelie dans les eaux d'un lac du Liban qui a neuf ott dix milles de circuit, et que c'est sans doule le meme dont parle Paul Lucas (3). Gevoyageuralieguequece lac se trouve dans une plaine, et qu'il s'est forme d'une fon- laine qui sort de ia montagne; qu'on voit encore sur les bords du lac des vestiges dun ancien (rhateau; que les gens du pays lui assurerent que la ville d'Aphec avait (0 i^. II. (1) L. r.ch. 18. {^"1 I.. I, oh. 20 , p. 265. ( lo ) ele subniergee par ce lac et sy elait enfoiicec. En effet, continue ce voyageur, il y a quantite de maisons sous I'eau. Lui-inenie nagea dans plusieurs endroits du lac, et se trouva sur la terrasse d'un edifice ou il se reposa. II examina ensuite toutes les ruines qui etaient sous I'eau, et d'ou Ton pouvait juger que la ville etnit belle et bien batie. La Martiniere (i) s'expriaie ainsi : « Les paroles d Eu- « sebe , cilees a I'article d'Aphaca, ne donnent aucun « lieu de croire qu'il y cut la une. cite ». Apres avoir reca- pitule les temoignages des auteurs anciens sur cette ma- tiere, il ajoute : « Pas un ne met une ville sur I'Adonis. « Lucien (2) parle de son ascension sur le Liban, pour voir un temple qui a ele construit par Cynire, et ne dit rien d'Apbeca. Je pense que Paul Lucas a fait un conte sur sa visite a Apheca. Le village d'Apbeca , appele par les anciens tantot Aphec, tantot Apheca, est au pied de la derniere chaine qui porte le noni de Djebcl-Moussa , montagnes de Moise. La vallee pent avoir orize ou douze niilles de tour sur deux de large. Elle estarroseepar le Nahr-Ibra- him el quelques torrens ou petits ruisseaux qui gros- sissent la riviere. Le torrent le plus considerable est celui i\' A'in-el-R/iadit ( source de fer). Ce nom lui vient de ce que I'eau sort de la moniagne avec force, et est glaciale dans toutes les saisons. Nahr-lbrahim sort en nappe d'une grotte ou large ouverture, qui existc sur le flanc de la moniagne, au has de laquelle se trouve Apheca. Les eaux tombent en cascade , ce qui est d'un effet admirable quand le soleil (l) Diclionnafe Je gcographie , I. i. (a) /d. , t. II, p. 176. ( " ) donne. Aupres de la source, est un pont ; sur la rive gauche de la riviere est le temple, et sur la droite !e vil- Aage. II n'existe plus du temple que les voutes souter- raiiies. Les auteurs anciens rapportent que, lors de la demolition , les statues furent brisees; mais en faisant des fouilles , on pourrait en trouver des fragmens propres a etre reunis, et peut-etre meme des masses entieres. II m'a semble voir sous les decombres des morceaux d'inscription. Comme la population d'Apheca se trouvait reunie sur les mines a cause dun marche, je n'osai m'arreter , et c'est a mon grand regret que je ne puis donner de plus amples details sur ce temple. Ce nest pas seulement dans cette occasion que j ai du me contenter de saluer les monumens de la Syrie. Au somniet deDjebel-Moussa, d'ou debouche I'Ado- nis, est le lac Liamoni , qui a environ une lieue de cir- cuit. II est profond au milieu. La superficie de ce lac gele en liiver , et alors le poisson se retire dans le fond ou passe sous terre. C'est un objet curieux que ce lac suspendu dans les airs. Ses eaux proviennent de la fonte des neiges, et d'une infinite de petites sources qui tom- bent des pics environnans. L'eau est excellente. La fil- tration du Liamoni produit, disent les naturels, le (leuve ^ue je viens de denommer le Nahrel^Kelb ( fleuve du Chien ), anciennement le Lycas. Les Damasquins reven- diquent ce dernier fleuve. lis pretendent qu'il provient non du Liamoni, mais bien du lac Hotaibe, situe sept lieues a I'est de Damas. Les habitans de la contree de Nahr-el-Kell sont du meme avis. Le iac Liamoni fournit abondamment du poisson a Becharre , Kanobin , Balbeck et Zahle. C'est aussi un lieu de chasse pour les oiseaux et pour les sangliers. A I'epoque ou j'y suis alle, c'etait I'ete : tout autour se ( 12 ) (ieployaieut dc iionibreuses tentes d'Arabes avec leurs troupeaiix qu ils avaient ameiies dans ces bons paturages. En hiver, ces nomades vont camper dans les plaines de Balbeck et de Beqaa.Je voyais a I'est toute la Ccele-Syrie, au noid , les niontagnes du Taurus et de la Caramanie, au couchant, la nier Mediterranee et 1 ile de Chypre, au niidi les nionts de la Palestine et de I'Arabie. Queleiues jeunes cedres en;bellissent les bords duLianioni, et on y tiwuve des mines qui prouvent que les pasteurs n oni pas ete les seuls habitans de ceS lieux. D Apheca au rivage de la mer, on rencontre les ves tiges de Mer/iara et Less,et\e monastere de Mar-Jbdo. Leurs lerritoires sont converts d'arbres et surtout de nmriers blanos. Dans cette partie, tous les habitans sont Maroniles, tandis que dans I'autre ils sont Metualis et Arabes.LesMetualis semen t, dans le terroir d'Apheca, du doura et du tabac. Ils vendent I'excedant des recoltes. Les femnies filent du coton et en font des toiles. Le coton leur vient de la Judee. Ce peuple est dans la mi- sere, tandis que les Maronites sont dans laisance, par le riche produit de leurs terres. II est dit dans I'histoire des Croisades, que les croises sejournerent trois jours pres du fleuve Adonis, en al- latit a la conquete de Jerusalem ; quils y furent assaillis par des serpens ou des insectes qu'on appelait /^«/'enfa, et dont la piqure leur causait une enflure avec des dou- leurs insupportables et mortelles; luais on cbassait ces reptiles, soil en frappant des pierres les unes contre les autres, soit en faisant retentir les boucliers. Aujour- d'hui il n'existe point de serpens venimeux, du moins ces anitnaux sont-ils en petit nombre et les acoidens fort rares. Le serpent de Syrie esi de nos jours timide , il fuit I'homme, au lieu de lattaquer. Je n ai point entendii ( '3 ) parler d'un animal du nom de tarenla ; il y a bien des nioustiques qui tourmentent les voyageurs a leur pas- sage en ete, a I'enibouchure de la riviere; niais !e geste de la main suffit pour les eloigner. En general , les ani- maux en Syrie ne sont point nialfaisans. Le sanglier n'est pas feroce, et il f'aut remonter aux temps fabuleux pourtrouveren luile meurtrier de Libanus ei d' Adonis. Les bords du Nahr-Ibrahim sont enclianteurs, sur- tout depuis la gorge du Liban jusqu'a son eniboucbure, c'est-a-dire I'espace dune lieue. On admire aussi la con- struction bardie de son pont , qui est d'uneseuie arche, ouvrageque Ton doit aux Arabes (i). Hen existait un aii- tredansce genre sur rEuphrate,au milieu des monlagnes du Taurus. M. Rousseau en fait mention dans sa carte des pacbaliks d Alep,Orfa,et Bagdad. Aupres du pont de I'Ado- nissont des cabanes qui rappellentlage dor. Le vin dor, le nectar des dieuXjdont le propbete Osee fait r2loge(2), y est vendii pour quelques medins la rotte (3) , ce qui permet a tons lespassans den boire jusqu'a satiete. La, le musulman oublie le precepte du Goran , et Ton n'est pas surpris de voir qu'Adonis ait choisi pour theatre de ses plaisirs un lieu aussi admirable. Les barques remon- tent la riviere jusqu'au moulin : elles pechent du pois- son delicieux qui passe a Gebail , Byblos et dans le Resroan. La population du district est de dix mille ames environ, dont les deux tiers sont Metualis et Arabes; un tiers est Maronite. (i) II a 5o pas de large et 3i pieds de iiaut. (a) Ch. 14. iy) Trois bouteilles noires. ( M) tillAPITRE XI. Province de Kesroan. SOMMAIRR. Histoire ct productioDs du Kesroan. — Division territoriale : i° Kesroan- Gaz.i--, comprenant Ips districts d'El-Fetuch, Mameltein, Djohnic et Zouk- Mikiir! ; 2° Ke vent le cacao et le colon, et tont sur lAniazone la p^che des tortues. Entre Fragozo et Mazago est la paroisse de Sainte- Anna stir le bord de la^ riviere Cajary ; ses habitans s'a- donnent a la culture et a reducation du betail. Arrayollos, gros bourg avantageusenient situe dans un terrain eleve sur la rive orientaie, a cinq lieues au- dessus de I'enibouchure de la riviere Aramucu. Deux halles servent de depot aux denrees que Ion recolte dans les environs. Ces halles out ete construites aux trais du gouvernement, ainsi qu'un edifice qui sert de bourse aux marchands eloignes. Son eglise , dediee a N"" S" do Rosaria, est richenient do tee. EspozENDE, petite ville situee sur la pente dune montagnequidominela riviereTubare; elle estentouree d'excellens paturages, et de mornets oil Ton cultive du colon, des cereales et des plantes potageres. A trois lieues nord-ouest d'Arrayollos, coule une branche de lAramu- cul, qui se jette dans I'Aniazone par deux embouchures. Almeyrim, bourg a I'embouchure du Paru avec un fort construit par les Hollandais. Depuis I'epoque de cette construction, Almeyrim a prisbeaucoup d'accrois- senient. Les habitans sont cultivateurs et pecheurs. II y a une ecole pour les Indiens, teuue par les desservans de I'eglise. , A 6 lieues d'Almeyrim , est la paroisse de N" S' do Desterro , a lembouchure du Vapary. On y fait un grand commerce de salsepareille et de copahu. OtTTEYRo, petite ville situee sur une eminence qui domine le bord oriental du lac Urubuquara, forme par la riviere du meme nom , a 5 lieues de I'Amazone et a ao a I'ouest d'Almeyrim. MoNTAT.EGRE, situee sur la rive orientaie de la riviere 3 ( 34 ) Gurupatuba,a lo lieues d'Outeyrt) et 2 de I'Amazone. C etait le « het-lieii des missions des jesuites dans ces pa- rages. Leur niaison sert de residence au cure et a ses vicaires. Les liabituns cultivent diverses denrees. H y a un chantier pour la construction des embarcations de cabotage, et une scierie ou Ion apporte surtout des cedres dune grosseur remarquable. Prado, bourg a 6 lieues de TAmazone et a i4 ^ I'ouest de Montaiegre, sur le bras droit de la riviere Surubiii. Ses habitans sont presque tons Indiens. Alemquer , a 4 lieues de lAmazone et i3 lieues nord de Santarem, doniine le lac Surubiii et doit son impor- tance et ses richesses aux nombreux troupeaux que nourrissent ses environs. OBYDoSjbatie regulierement surla pented'unecolline, a I'embouchure de la riviere Trombetas, renferme plu- sieurs edifices publics. De cette ville, on decouvre I'Amazo- ne, qui,en cetendroit, offre une largeur de970 toises et une profondeurde plus de 100 brasses. Le cacao des en- virons d Obydos est repute le meilleur de la province. Faro, bourg a 12 lieues ouest-nord-ouest d'Obydos et 'J de 1 Amazone, sur les bords d'un lac traverse par la riviere Jamunda. On s'y occupe principalement de la culture du colon. Partie occidentale. Sylves, petite ville sur la rive droite du lac Aniba, a 24 lieues ouest-nord-ouest de Faro et a 6 de I'Ama- zone, oil va se jeter la riviere Saraca , qui traverse le lac. On y cultive diverses plantes potageres, du grain, du tabac, et on y tabrique des ouvrages de gomme elas- lique. Dans les environs du lac Saraca se trouve un grand nonibre de petrifications. y ( 35 ) Serpa, situee sur une Jle proche de la rive septetitrio- nale de lAiiiazone , a i6 lieues de Sylves et lo lieues au-dessous de I'embouchure de la riviere Madeira. Quel- ques habitans s'y livreiU a la culture du cafe ,qui a par- faitenient reussi. On iie compte pas nioins de 2,5oo ne- gres repartis sur quatre habitations ou se cultive parli- culieremeut cette plante. Les habitans sont soiivent ex- poses aux invasions des feroces Muras, Indiens indonip- tables qui habitent a plus de 5o lieues dans les paiages que traverse ia riviere Madeira. A 1 3 lieues au nord-ouest de Serpa est la paroisse da CoNCEicAO, sur les herds du lac Canuma, qui se de- charge dans la riviere Urubii. A 7 lieues nord-ouest de la precedente et a 12 lieues de I'Amazone, est la paroisse de S.Raymundo, sur le lac Urubi'i. A 1 5 lieues de la Conceicao et a 12 de rAmazone , est do SoocoRRO, autre paroisse situee pros du lac Matary. A 5 lieues deS.-Raymundo est le bourg de S.-Pedro- N0LA.SC0. Les habitans de ces paroisses, presque tons Indiens s'adonnent a la culture. Quelques gens decouleur y ont des habitations considerables. Marippy, petite ville sur la rive gauche de la riviere Hyapura, a 12 lieues de I'Airazone. Ses environs, jus- qua la riviere lea, sont habites par les Indiens Miranhds. Bassin du Rio-Negro. Rio-Negro, ville florissanle, capitale de la province, et situee sur la rive gauche du bras oriental du fleuve Negro, a 3 lieues de rAmazone, renfernie plusieurs eglises. C'est I'enirepot des diverses productions qu'on exporte pour le Para. II y a plusieurs manufactures de 3. ( 36) tissus (le colon , CAYENNAjvillepeu considerable dans la partie septen- tiionale de 1 ile du meme nom, et a lemboucliure de la ri- viere de Cayenne, sur un terrain marecageux, enlouree de marais, de murs, et defendue uniquemen t par un fort situe dans I'endroit le plus eleve. Le palais des gouverneurs est un edifice mesquin,et donne sur une place a peine desse- chee. On n'y voit qu'un seul pont en bois. La plupart des maisons sont basses et toutes couvertes en bardeaux. Aucun edifice n'annonce 1 opulence ni meme I aisance qui semblerait devoir exister dans une colonie tondee depuis si long-temps. Plusieurs quarliers ou on avail etabli des eglises et fonde des bourgs, sont retombes pendant la revolution, etjusqu'a present dans un etat desouffrance(i) qui parait d'autant plus extraordinaire que le terrain semble approprie a la culture des denrees precieuses, dont tons les essais ontreussi, etc. (Zrt suite au prochain nwnero.^ (i) Ces rcflt'xioiis se presenteni encore en i83i ; neanmoins, Cayenne s'est fort ainelioroe depuis I'epoque ou ce voyage a ete fait. ( 4i ) Rapport sur les trcn-aux geographiques de M. le colonel Den A IX J Lu a la Societe de Geographie dans sa seance du ai juin i833 , aa nom d'une commission composce de MM. Dumont n'URVtLLE , d'AvK/.AC, ALBERT-MoJiTEMONT.et R0DXDERoCUELI.E,ra;)/;0rteU/-. La division de la terre en regions natuielles devient la basefondamentalede toute etude geograpliique. Tout autre systeme de division, soil par langues, soit par religions, soit par puissances, n'a point un caraclcre aussi iinmuable. II est soumis aux vicissitudes des opi- nions et des empires : il tient moins a la lerre qu'aux hommes , et il doit varier et passer avec eux. L'inegalite de la surface du. globe nous conduit a adopter ces divisions naturelles. Apres avoir etabli les deux grandes distinctions des iners qui en occupentles bassins int'erieurs, et des terres qui s'elevcnt a leur sur- face, elle nous conduit a partager les con linens , en nous rcirlant sur la difference des niveaux, et en pre- nant pour limite et pour boulevards de ces partages les cliaines de hauteurs qui separent les uns des autres les doubles versans des eaux. Si nous nousattachons aux principals divisions ter- ritoriales de cette nature, nous voyons les chaiues de montagnes les plus elevees regner dans la direction de la plus grande longueur des conlinens et des lies. Ce n'est pas que toutes les portions de cette ligne de partage aientconstamment une meine tendance: elles devient de ( 43 } laliguedroite^ etfoinient des courbesplus ouiuoinsproi-: noncees; niais elles reprennent ensuite la direction pre- miere, et arrivent, apres de nonibreuses oscillations, jusqu'aux extreniites des continens. Toutes ces proeniinences ne forment point un sys- tenie continn de niontagnes sans depressions ct sans al- terations: il est differens points ou le terrain, quoi- que superieur a tons ceux qui i'environnent, n'a I'ap- ^arence que dun relief legerenient arrondi , et s'abais- sant au loin dune inaniere insensible. La hauteur en est evideiTinient indiquee par la source de quelques grands fleuves, et par la pente dont ilsont besoin pour parcourir de vastes contrees. Les lignes que nous venous d'iiuliquer doniinent de part et d'aulre deux versans principaux ; et les eaux qui decoulent de ces hauteurs, suivent dans leur cours les diverses inclinaisons tin terrain, pour allerse perdre ensuite dans 1 Ocean, ou dans quelques bassins inte- rieurs. Mais a ces niontagnes principales se joint un grand nonibre d'enibranchemens, de contreforls de chaines transversales qui cou[)ent les continens en d'aulres sections, enternient d'aulres vallees , y rassemblent de nouvelles eaux, qui vont ensuite se reunir dans un conimun reservoir, ou que la configuration du sol force a se detourner vers d autres parages. Cette suite d'inegaliies terrestres, auxquels le cours des eaux est necessairement assujeli, prolonge a tra- vers toute I'etendue des continens d'innonibrables ra- mifications qui forment les limites naturelles d'aulant de bassins particuliers. Sou vent on y rencontre des groupes isoles ; mais le systeme de leurs versans correspond a celui des ( 44 ) njgions voisines , et leurs eaux vont s'unir dans les memes bassins. Ces considerations sur I'aspect general de la terie ont vivcmenl f'rappe I'attenlion de M. le colon<^l De- naix;il s'est attache a en faire I application dans les travaux geographiques qu'il a publies: il a leiidii sen- sibles dans ses cartes, non-seulen»ent les cbaines de montaenes, longitudinales ou transversales , dent la direction devient la base de son systeme, niais les cour- bures des terrains intermediaires , qui, sans olfrir aux yeux la nienie saillie, f'orment cependanl une separa- tion reelle entre deux bassins. Cette partie de I'ouvrage de M. Denaix et les considerations qu'il y rattache , ont un caractere d'iniportance et de nouveaute, d'au- tantplus digne de votre interet, messieurs, qu'il tend a agrandir le champ de la science, et a f'aciliter les pro- jrres de cette etude. Ces recherches sur le systeme orographique de la terre, et sur la correspondance du cours des eaux avec la direction de ses versans, ont ete appliquees avec un soin special a la geographic d'Europe. L'au- teur y suit tons les anneaux de cette grande chahie longitudinale qui s'etend depnis Textremiie nord-est de TEurope, voisine du detroit de Waigafz jusqti'au detroit de Gibraltar. Les differentes sections de cette ligne de paitage des eaux sont les Monts-Ourals , Schemokonski Varda'i , Volkonski, Nieder-Borsec , les Karpathes. Toutes ces montagnes ne sont pas con- tigues; mais elles sont liees entre elles par les terres elevees qui separent les bassins de la nier Caspienne et de la mer Blanche , ceux de la mer Noire et de la lial- tique. Des Karpathes on gagne les Sudetes, les mon- tagnes de Hoheme , le Eichtelberg, lt>s nionl^ de la ( 45 ) Foret-Noire , les Alpes , dont cette ligne parcourt ditt'erentes branches: eile rejoint ensuite le Jorat, le Jura, les Vosges, les Faucilles , le plateau de Lan- gres , la Cote-d'Or, les Cevenes, les Pyrenees, et enfin eile se prolonge a travers I'Espagne, par les Monts- Cantabres, les Monts-Iberiens , les chaines dela Sierra- Morena et de la Sierra-Nevada. Nous ne suivrons point ici la nomenclature des diffe- rentes chaines demontagnes qui partent de cette longue ligne de separation entre les versans de I'Ocean et ceux de la Mediterranee, et qui torment, par leurs diverses ramifications, un nombre infini de bassins, dependant les nns des autres. L'auteur a cherche, par des denomina- tions particulieres, a classer entre elles ces differentes divisions, afin de rendre plus systematique I'etude de ses cartes hydrogeiques, cartes oil il indique a-la-fois les principales hgnes du relief de la terre et la direction des cours d'eau qui I'arrosent. L'auteur, apres avoir developpe sous toutes leurs faces ses principes sur les regions hydrographiques de I'Eu- rope, examine cette contree sous le rapport de la diffe- rence de ses climats et de leur temperature : il s'est ap- puye, comme il le dit lui-meme, de I'aulorite de Malte- Brun dans cette partie de son travail ; de meme qu'il a fait usage des savantes recherches du professeur Hitter sur la distribution des plantes en Eui'ope, et sur celle des animaux. On pent remarquer, dans ces cartes , que la difference de temperatures et de produits nest pastou- jours determine'e, comme celle des climats horaires, par la difference des lignes paralleles a I'equateur : elletient aussi a I'elevation du sol et a d'autres causes acciden- telles qui varient avec les localites. Chacune des raites ou l'auteur developpe une partie ( 46 ) tie son sysieme,est accompagnee de notices tres detail- lees qui lui servant de preuve, et ou Ion peul puiser uiie instruction aussi variee qiiattrayante. On a a-la-fois sous les yeux le resume do plusieurs bons ouvrages ; et si les tableaux ne dispensent pas de consnlter les livres lorsquon veut bien apprendre, du nioins ils jlisposenta des etudes plus profoiides, et ils rappellent, lorsqu'on les a faiies, un grand nombre de points que Ton oublie- rait sans eux. De ses travaux siir la geographic natureile, I'auteur passe h la descriplian de la terre occupee par les bommes. II en repartit la population stir les dilterenles parties du globe J il les compare entre eux sous le rapport de leurs positions geograpbiques, de la similitude ou de la diffe- rence de leurs climats, de leurs salsons, de leurs jours; il fait la distribution des pcuplesetdes religions dans les diverses contrees, donne un tableau chronologique et comparatif do la formation, de la durce et de la chute des principaux empires; applique ensuite a I'Europe, avec des developpeniens plus etendus, ses recbcrches historiques et chronologiques, et celles qu'il a puisees plus particulierement dans les ouvrages dHasselt.M.De- naix parcourt toutes les vicissitudes poliliques de cette contree; il s'arrete a chacune de ses epoques les plus remarquabies, pour cxposer, dansaulantde cartes par- ticulieres, quelles ^etaient alors les puissances d'Europe et quelle etait la division de leur territoire. Vingt cartes, accompagners de notices historiques, presentent la suc- cession de ces evenemens ; d'autres tableaux indiquent les lieux d'Europe les plus celebres paries sieges, par les batailles, par les traites. L'auteur a pense que chaque carte ou Ton ne considerait les faits que sous un nieme point de vue, devenait souvent plus facile a consnlter; ( 47 ) et le butessentiel qu'ii se propose est de rencire letude plus aisee et plus instructive, par h: bonte des metbodes, par les elemens dont ses cartes secomposeiJl, par le rapprochement et la niultiplicite des notions qui entrent dans ses tableaux explicalifs. Des travaux semblables noussont promis par I'auteur, sur les differentes parties de I'Europe, et particuliere- ment sur la France. L'iinportance des publications qu'il a faites jusqu'a ce jour, doit faire desirer aux amis de la science qu'il continue avec le nieme zele une si louable entreprise : el!e exige une continuite de recberches , une etendue d'erudiiion que M. le colonel Denaix nous a donne le droit d'attendre de lui. On ne commence point un bon ouvrage sans contracter envers le public I'obli- galioii de le poursuivre : ce devoir impose des fatigues, des veilles, une longue assiduite; mais I'opinion publi- que, toujours habile a distinguer les bons ouvrages, aime a les encourager, et elle leur promet ses suffrages et ses recompenses. (48) Uapport verbai, st(r iin memoire de M. Oltinanns re- latij mix observations astrononiiques de Mnngo-Park , fait a lasiancc du igjuillet iS'S'i, pnr M. d'Avezac. Messieurs , L'acadeniie des sciences cl(; Berlin vous a recemment envoye deux nouveaux tomes de ses Menioires pour les annees i83o et i83i ; vous avez desire qu'il vous fut rendu comple des morceaux d'un interet speciale- nient geographique qui se trouvent compris parnii les actes de !a savante conipagnie ; et la tache m'est echue de vous offrir Tanalyse dun travail de M. Oltmanns relatif aux observations astrononiiques faites en Afrique par le celebre Mungo-Paik. En m'imposant ce devoir vous avez bien voulu vous souvenir que moi-menie j'avais des long-temps examine ces observations , qua diverses reprises je vous en avais entretenus, et que notamment dans votre seance du 3 fevrier i832 j'avais eu 1 honneur de vous donner lecture entiere du Memoire ou j'avais expose mes re- cbercbes a ce sujet. Afin de tranclier des I'abord une question de priorite qui s'eleve d'elle-meme entre le travail de M. Oltmanns et le mien , j'ajouterai imme- diatement que la redaction de mon Mo'moire date de 1829, et que j'en ai indique dune maniere generale , mais explicite , les resultats quant aux longitudes, dans un autre ecrit public des le mois d'avril i83o (i). Celui (1) Voir la Revue des Dettx-Mondes , caliier fl'avril i83o, p. i53. ( 49 ) de M. Oltmanns n'a ete lu a I'Academie des sciences de Berlin que le i3 Janvier i83i , et n'a ete imprime qu'en i832: la priorite de mes investigations est done bien constatee. Le niemoire doiit j'ai a vous rendre compte est in- sere parmi ceiix de lu classe de mathematiques de I'Academie prussienne, sous ce litre: De la nulUte de quelqnes corrections qui out ete proposees a Vegard des dernieres observations de latitude faites en Afrique par Mungo-Park. Le docte allemand rappelle que Mungo-Park s'etait soigneusement exerce, avant d entreprendre son dernier voyage, a la pratique des observations astronomiques, et qu'il etait muni de bons instrumens; M. Oltmanns n'eut peut-etre point accorde autant de confiance a la bonte des instrumens du voyageur, si! se fnt rendu un rompte exact de chacun d eux : c'etaient un teles- cope, une montre, et un sextant de poclie. II n'y a rien a dire du telescope; mais il resulte des observations memes de Park, que sa montre avait une marche tres forte et ties irreguliere, passant en un mois de 34 se- condes d'avance a 24 secondos de retard diurue; et quant au sextant , quelque parfaite que put etre sa con- truotion , garantie en ellct par le nom de I'habile Troughton , on ne peut se dissimuler que I'exiguite de ses dimensions, qui supposent une alidade de deux pouces de i-ayon tout an plus, lendait necessairement fort chaiiceuse {'exactitude des anirles mesures. Apres avoir remarque , avec juste raison, que les fai- seurs de cartes se presseiit beaucoup Irop de completer d'imagination le trace des pays que traverse une simple ligne de decouvertes, M. Oltmanns vient a exposer brie- vement lerreur de quantieme , signalee par M. Walcke- (5o ) naer, dans le journal de Park, oil il est fait emploi d'lin trente-et-unieme jour an mois d'avril; et le systeme de cor- rections que Bowdich avait fonde sur cette inadver- tance, en supposant une erreur constante sur le quan- tieme, et par consequent sur la declinaison siderale qui fornie iin des elemetis de calcul des observations. J'avais eu 1 honneur de vous dire qu un tel systeme de corrections croulait devant ce fait incontestable, que tons les pbenornenes astrononiiques arrivant a jour fixe sont marques par le voyageur a leur veritable date, et, de plus, que le correcteur lui-meme a recule devant I'application de ce systeme a une latitude deduite d'une hauteur meridienne de la lune, attendu I'enormite de la correction que le mouvement rapide de cet astre eut fait eprouver a la declinaison. Ccs memes motifs sont ceux qu invoque le savant academicien , pour justifier le rejet des corrections ten- tees par Bowdich j il est entre a cet egard dans des de- veloppemens etendus qui offrent en detail, pour cha- que observation, les preuves que je m'etais conlente d'enonoer dune maniere generale pour toutes. Deniontrer 1 inopportunite des corrections de Bow- dich n'etait, dans mon plan, qu'un preliminaire a un nouvel examen des resultats de Park : le litre du me- moire de M. Oltmanns indique clairement que cette de- monstration etait le but principal , sinon unique, qu'il s'etait propose. Je dois relever, en passant, une inexactitude qui lui est echappee dans le reproche qu'il adresse a Bowdich , d'avoir tente mal-a-propos des corrections qui ne peu- vent etre justifiees, et d'avoir neglige In seule qu'il y eiit reellemenl lieu d'operer ; savoir, celle qui est appli- cable a lobservation du \/\ aortt, pour laquelle Mungo- ( 5i ) Park a, par inadvei tance, employe la declinaison du i5 ; en faisant ce leproche au correcteur anglais, le cri- tique allemand eut dii se precautionner lui-meme tontre I'accusation dune negligence toute seuiblable ; or il lui a echappe que I'inadvertance par lui signalee n'est pas la seide , et que Park a pareillement employe, le 28 mai , la declinaison du 29; le 3i niai, la declinaison du 3o, et le 6 juin, celle du 7. M. Ohmanns ne suppose-t-il point aussi trop legere- ment queM. Walckenaer a adopte completement,comme la fait M. Bcrghaus , les corrections de Bowdich? L'a- cademicien francais a indique, il est vrai, par des an- notations au bas des pages, dans son Histoire generale des Foyages , les positions de iieux qui resultent des corrections de Bowdicb j niais il a eu soin de dire . dans le texte , que lorsqu'il decouvrit , en 1820, 1' ireur de quantieme du 3i avril, il ne tira aucune consequence de cetle "remarque, pensant qu'il n'y avait qu'une inexac- titude de redaction ; il ajoute,en 1826, que des consi- derations invoquees par Bowdicb, on peut bien con- clure qu'il y a de I'incertitude dans les observations et les caiouls de Mungo-Park , tels qu'ils out ete publies, inais non qu iis aient tous besoin de rectification ; et qu'il est pen probable que le voyageur ait ete, pendant toute sa route, dans I'erreur sur le quantieme du mois ou il se trouvait. Des raisons qu'il a lucidenient developnees, I'aslro- nome berlinois conclut , comme je I'avais deja fait, que le compte du 3i avril est, dans le journal de Mungo- Park, un simple lapsus calami sans aucune consequence pour les dates postcrieures ; et je dois m'applaudir de voir men opinion a cet egard couilrniee par une nota- bilite scieutifique telle que M. Oltmanns. ( 5a ) Mais je ne saurais partager la confiance que cet astronome distingue en fait resulter en faveur des ob- servations de latitude de nuingo-Park. Je ne vous repeterai point ici , messieurs , les considerations que j'ai deja exposees devant vous pour demontrer la faussete de plusieurs de ces observations ; je me bor- nerai a vous rappeler celle qui resulte dune diffe- rence de plus de 4^ minutes entre les latitudes de- duites respectivement de deux observations distinctes faite.s en un mime lieu. ( i ) Malsre le titre de son me'moire, M. Oltmanns n'a point borne aux latitudes ses remarques sur les ob- servations astronomiques de Mungo-Park il ; a aborde aussi ia question des longitudes , qu'il regarde comme beaucoup plus importante ; et il si.;nale dans les calculs de Park, une erreur qui aurait echappe, selon lui, a tons les soi-disant critiques ( sogenannten krilikern) , constructeurs de cartes, etc. Cette erreur consiste dans I'inadvertance par laquelle le voyageur a considere comme temps -vrai le temps moyen du Nautical AUnanak ; inadvertance d'autant moins reprochable , d'apres lui, k Mungo-Park, qu'elle provient de I'insuffisance et meme de la contradiction mutuelle des indications contenues a cet egard dans repbemeride de Greenwich; le critique berlinois a soin de mettre sous les yeux de ses lecteurs toutes les pieces du proces qu'il fait a ce sujet a I'astronome officiel Maskelyne. Je n'ai point eu a ma disposition le Nautical Alma- nak , tnais vous savez, messieurs, que I'erreur sur !a- (i) Satadon , oi'i une hauteur mtridienne solaire donne i3''i4'43", taiidis qn'une li.nitenr meridienne de Jupiter domie la" 3i' ^5 . ( 53 ) quelle M. Oltnianns croit doiiner i'eveil , iie in avail point echappe , et que je 1 ai relevee dans It^s truis calculs de longitude ou I'observateur I'a commise ; M. Oltnianns semble donner a entendre quelle existe dans tons les calculs dePark; niaisje dois vous rappeler ici que, d'une part, elle n'aifecte point cehii des deux eclipses obser- vees au passage dii Ba-Oulinia , et que, d autre part, le calcul de la longitude de Fajenimia n'jivait point ele opere. L'astronome alleinand parait croire aussi que la cor- rection de I'eireur de j eduction du temps vrai au temps moyen est la seule qu'il y ait lieu de faire aux longitudes de Mungo-Park ; un exarnen nioins rapide ueiit pas man- que de lui faire reconnaitre d'autres erreurs encore dans ces menies longitudes; I'erreur par exemple qui affecle celle du passage du Ba-Oulima ; la , en effet, I'equation du temps n"a point ete inopportunement eniploYf"e, et pourtant la longitude est trop orienlale de non inoins de quatre degres el un quart !... Au surplus, M. Oltnianns n'a rectifie iui-meme que celle de Bee-Kree/c, c'est a dire du Marigot des Abeilles , qu'il retablit an" 49' 20' O. de Greenwich (soil 14° g' 20" O. de Paris), en se servant des tables du Nauti- cal Almanak ^ ou bien a 11° 58' 34" O. de Greenwich (soil 14" 18 34" O. de Paris') , en fa sant emploi dune bonne observation correspondante, due a M. David, et rapportee dans le Recueil astronomique de Triesneker; cette observation , qui ne m elait point connue, donne I'emersion du 2" satellite de Jupiter, le 26 mai, a 12 b 5i m. 29 s. , temps vrai de Prague (soil 1 1 h. Gg m. 48 s. temps moyen de Paris ). En reportant ainsi de pres dun degre vers I'ouest la longitude assignee a Bee-Kreek par Mungo-Park, M. Oil- ( 54) nianns prend soiii lui-inemede justifier son compatriute M. Beighaus, des reproches qu'il lui avail adresses quel- ques lignes plus haul, pour avoir juge inadmissible le calcul du celebre voyageur. LeMetnoire est termine par un^ critique un pen rude des elucubrations ix volu- mes : le premier rontient les Icltres <]u'il a ecrites depiiis sou depart de Toulon en i83o jusqu'a sott arrivee .sur rcmplaeemeut de I'an- cienaeTroic; le second se com- posera des lettres ccrite.s des rives I de rHellcspout et de Constanti- nople; le troisierae renferuiera la correspondance de I'auteur sur la route de Constantinople a Jerusa- lem ; dans les trois derniers volu- mes seront les lettres errites de la Palestine, de la Syrie et de I'E- gypte. Eastern and Egyptian scenery, etc. Vues pittoresques dans I'O- rient et en Egyj)te, avec des notes descriptives , des cartes et des plans pour servir d'rclaircisse- mens a un voyage de I'lnde en Europe, par le capit. C. Head. I.ondres, i833. In-folio. Smith, Helder et C'""- f'oyage dans la regence d' Alger, ou description du pays occiipe par I'aimee francaise en Afrique, contenant des observations sur la geographic physique, la geo- logic, la mcteoroiogie , I'liisloire naturelle, etc., suivies de details sur le commerce, I'agriculture, les sciences et les arts, les moeurs, les coutumes et les usages des habitans de la regence, de I'his- toire de son gouveriiement, et la description complete du lerri- loire , d'un j)lan de colonisation, etc., par M. Rozet, capitaine au corps royal d'clat-major, attache a I'armoe d'Afrique comme in- geriieur-geograj)he. 3 vol. in-8" et un atlas de 3o planches dont plu- sieurs colorioes. Prix , 33 francs. Chc7. Arthus Bertrand, rue Haii- tefeuille, ii" a3. ^^1)101 KI^SM^^^ ■'•m.-^ir loi6,Vbfy /!"*i' BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGRAPIilE. N" 124— AouT i833. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. KOUVELLES DECOCVERTES DANS L OCEAN ANTARGTIQUE , extrait de la table de lok da brick Tula, commande par M. John Biscoe, de la marine royale anglaise. ( Journal of the rojal geographical society of London, vol. iii.part. r.) Le brick le Tula, de 148 toiineaux, appartenant k MM. Enderby, et commande par M. John Biscoe, de la marine royale, quitta le port deLondres le i4iuilleti83o. L'objet de sa campagne etait la peche des phoques dans la mer du Sud ; mais il avail recu des armaleurs des in- structions spe'ciales pour tacher de faire des decouvertes dans leshautes latitudes meridionales. Le 7«/a etait am- plement pourvu de tous les objets convenables pour una pareille entreprise, et il etait accompagne par le cutter 5 [66 } /e Li\'elj- , ciestiiic au menie hut, et qui devait iiii servir fie conserve. Les deux navires, apres avoir louche aux lies du Cup- Vert pour prendre du sel, arriverent en vue des lies Falkliind le 8 novembre, et inouillerent, le lo, dans le Port- Louis de la baie Baikeley. Le capitaine Biscoe pn- conise les avantages de ce port pour les navires destines a doubler le cap Horn : on pent s'y procurer facilement du poisson, des boeufs, de I'eau fraiche, ainsi qu'une quantite de vegetaux antiscorbutiques qu'on peut em- ployer en guise de legumes. L'entree en est saine , le mouillage bon, et il y a partout grand fond jusqu'a tou- cher le rivage. Le 27 novembre, le Tula et sa conserve reprirent la mer. Tandis qu'on faisait route pour la terre de Sand- wich, on veillait attenlivement I'approche des lies Au- rora, placees sur les cartes, par les Espagnols, par 53" iS'lat. S, et 47° 57iong.O. (Greenwich) (i). Mais ces ties ayant ete inulilement chercheespar le capitaine Weddel, puis par le capitaine Biscoe, on doit les considerer comme n'existant point, ou snpposer qu'elles occupenl urie toute autre position. Le lodecembre, par 29° i4' long. O. , on vit passer plusieurs montagnes de glace qui paraissaient provenir de I'espace de mer compris entre la lerre de Sandwich et New-South Shetland ; la , les dctix navires se perdirent de vue, et ne se rejoignirent que le i4- Le 20, on apercut une ile par 58° aS' lat. S. et 26^ 55' long. O. Snivant le capitaine Biscoe, ce n'etait qu'un rocher massif, couvert de glace, de neige et de (i) Il ne faut pas perdre de vue que toutes les positions en longi- tude signalees par M. Biscoe sont rnpporices au m(?ridien de Green- ■wich , situe a a" 20 a4 .0. de celui de Paris. (67 ) 'images epais. On ne tenta point, pour I'instant , d'y aborder. Ayant pousse plus au S. , le jour suivant , une autre ile se niontra dans le S. O. , semblable a la pre- miere, qui restait alors au O. i;4 N. O. Le cutter fut en- voye pour les visiter toutesdeux; niais il neput y reussir, les canots n'ayant pu accoster nulle part. Ce sont les iled Montague et Bristol des cartes , que le capitaine Biscoe place DO minutes plus a I'ouest qu'ellesnele sontconimu- nement.Lethermoinetreindiquait 29"(Fahrenheit)a I'air et3iareau.Unetroisienie,VIleFriesland,futapercuedans le sud des deux premieres, et une quatricme au nord. On employa ensuite plusieurs jours en efforts pour gagner au sud et a I'ouest , attendu qu'il y avait de forts indices de terre de ce cote ; mais on ne put y reussir. Ou bien les glaces etaient continues et sans ouverture, ou bien, lorsqu'on trouvait quelque canal , on leconnaissait bientot qu'il avait peu d e'tendue, et Ion etait oblige de revenir sur ses pas. Heureusement, la mer etait extre- mement unie, meme quand le vent, qui dependait de I'ouest, soufllait avec force. Cette tirconstance facililait la manoeuvre des navires et encourageait les equipages a perseverer dans leurs tenlatives pour confirmer leurs soupcohs touchant I'existence dune terre dans le voisi- nage. Le 29 a midi, la latitude obserreefut 59° ii'S., et la longitude 24° 22'0. ; mais le vent souffl;int alors frais da sud-ouest, on renonca a d autres explomtions dans ces parages. Les iles deja vuesfurent reconni'.es de nou- Teau, et la longitude de leur centre ayant ete etablie a 27° O. environ , on fit voile a I'est. Le capitaine Biscoe fut done oblige derenoncera toute decouverte sur ce meridien, bien quil eiit de fortes rai- sons pour imaginerqu'une etendue considerable de terre regne droit au sud de la partiemeridionale jusqu'a pre- 5. ( 68 ) sent connue ile la tcrre dt* Sandwich. Dun autre cote, la latitude tres elevee, 74° i5' S. ,alaquelle parvint le capitaine Weddell, a quelques degres plus a I'ouest, c'est-a-dire , par 36' O., prouve que Textremite occiden- tale de ces terras nest pas a una grande distance de cette nieme partie moridionale. Le 5 Janvier i83i ,/e Tula at sa conserve navigualent par 59° 9' lat. S. et 2 1° Sa' long. O. , et le 7, par Sg" lat. S. et 20°2i'long. O. ; serrant toujours de pres la barriere de glaces, et exaniinant chaque ouverture dans I'espoir de trouver un passage au sud, et plus loin une mer libre ; mais ils furent constamnient desappointes dans cette attente : au contraire, dans la soiree du 7, dit le t-apltaine Biscoe , « mes esperances dans cette direction furent tout-a-fait detruites, car je me Irouvai tout-a-coup au fond dune bale de glace solide, ou ma vue, du haut des mats,pouvalt s'etendre a vingt niilles au moins dans cljaque direction ; et dans le sud, la glace paraissait si iinie, si fernie, qu'on aurait pu aisement cherainer des- sus. L'atmosphere elait elle-meme si pure, qu'on aurait pu distinguer , j'en suis convaincu, une terre dune cer- taine elevatiori a 80 ou 90 miiles de distance. Ce qui ni'etonna d'ailleurs, fut de ne voir pres de cette glace aucuns animaux vivans , a I'exception d'un ou deux petits petrels ; pas nieme de pingouins, qui dans les autres oc- casions avaient ete tres nombreux. Ces circoiistancesme persuaderent presque que cette glace devait avoir ete formec en pleine mer; la temperature de I'eau etait alors de 3o", et celle de I'air, 31°, et il tombait souvent une neige tres epaisse. Neanmoins, il y avait de puissans in- dices de terre dans le sud-ouest, bien qu'aucune ne parut alors sur I'horizon , la mer continuant d'etre tres paisible. » (69) Du 7 au 16 Janvier, la route reduite fut presque droit a Test; ce dernier jour, la latitude fut de 59° 16' S. , et la longitude 7° i4' O. Durant ce temps, le vent avait de- pendu du sud, et deux fois il avait souffle de traicht's brises du sud-ouest, aver une grosse nier, comme si la distance a la terre allait desorniais en augmentant. Par- fois aussi la glace (^tait plus divisee en montagnes, et Ton en vit un jour jusqu'a cinquante tout a-la fois : le 16, la temperature de I'eau etait de 34'; celle de lair, a I'ombre, de 45°, el au soleil , de ^y ,avec une chaleur proportionnelle tout-a-fait agreable a I'equipage. Le vent varia alors au nord-ouest, et les navires piquerent au sud-est, gouvernant entre les montagnes de glace el les fragmetis detaches. On voyait encore a peine quelqiics oiseaux; cependanton observa , le 20, deux nellis , es- pece de petrel dune couleur melee de gris el de brun, et un albatross, le premier qui se fut rnontre depuis qu'on avait quitte South- Georgia. Le 21, la latitude etait Q6 id'S. el la longitude 24° 3o'0.; temperature de I'eau, 36" ; celle de I'air, a I'ombre, 38 ; point de glace en vue, mais le vent tirar.t de nouveau au sud et au sud-est, et plusieurs indices de terre du nieme cote. Quelques ea- glets tachetes ( I'un deux, probablement une variete nouvelle, un peu plus gros qu'un pigeon du Cap, avec le bee brun , les ailes, la tele et d'autres parlies du corps blanches) etaient alors en vue avec quelques petrels bleus. Le 23, le vent soufflait da sud-sud-ouest, et par bouffees, comme s'il venait de terre: lat. 67°42'S. ; I'eau etait paisibleetquelquefois decoloree , el plusieurs eaglets et pigeons du Cap planaieut autour des navires : long. 3''3i'E. ; temperature de lair a n)it;uit,3i"; celle de I'eau , 35. La glace coramericait a se resserrer, et le vent v.iriait au sud-est, souvent frar , uiais cjeneraleuiont (7o) plus rc'gulier que les jours precedens. Le 27, la latitude etait de 68" I'S. ; la longitude, 10° 7' E. ; temperature de I'air, 3i°; celle de I'eau, 34. Le vent a I'est-sud-est, sonfflant avoc force , et une forte houle ; la neige tonibant en ahondance, plusieursmontagnes en vue, en outre quelques fragmens , ou plus vraiseniblableinent , des champs de glace avec leur bord exteiieur tant soit peu brise. Peu d'oiseaux, et la plupart de ceux qu'on vit etaient des pingouins perches sur les montagnes de glace. On eut a lutter contre de grands dangers en ma- noeuvrant entre ces montagnes et les fragmens de glace ; mais on poursuivit avec ardeur le projet de gagner an sud-est. Le i^"" fevrier, la latitude fut 68° 5i'S, et la lon- gitude i3°2a'E. ; la temperature de I'air, 3o" j celle de I'eau, 34. Un phoque fut remarque pres du Lively ; plusieurs oiseaux de neige, avec des eaglets bruns , pla- naient autour des batimens; on vit, a diverses reprises^ voler a une certaine distance vers le sud-est , des oiseaux qu'on crut d abord etre des oiseaux de terre, mais qu'on jugea ensuite etre des king-birds , espece qui, bien qu'a- quatique, ne s'ecarte pas de la terre. L'eau etait aussi d'une couleur plus claire ; mais aucuue terre ne put etre reconnue d'une maniere certaine, et aucune sonde ne trouva le fond. Le 4? 'es apparences de terre devinrent encore plus positives, et Ton crut pUisieurs fois I'avoir reconnue; mais sur cc meridien men;e, le capitaine Bis- coe nest point certain du fait. La glace setcndant de- sormais au nord, il fallut necessairement diniinuer uit peu la latitude. Le 8 a midi, le point de la route fut 67° 12' S. et 27° i5' E. ; temperature de lair, SS" ; au so- leil, 84 ; celle de l'eau, 33. Le vent passa alors a I'est- sud-est, et souffla avec violence durant quelques jours, accompagne dune grosse houle, ce qui rendait tres ( 71 ) dangereuse I'approche des montagnes de glace : malgre tous ces obstacles, les batiiiians poursuivirent leur route a Test. Le 17,1a position fut 66" 44' lat.S. et 33° 5' long. E. Le 19, on coupa la route qu'avait faite le capitaine Cock en 1773, et Ton trouva la glace precisement dans la po- sition ou il la laissa. Le aS, on vit tres dislinctement la terre par 66° 2' iat. S. et 43° 54' long. E. ; la temperature de I'cau eiant a 30". Plusieurs lies et morceaux de glace se trouvaient aussi en vue, et derobereni bientot las- pect de la terre, qu'on ne revit plus dune maniere dis- tincle. On observa en cet endroit quelques plioques et pingouins,avec un jeune elephant marin;et le bord de la glace conipacte etait presque aussi eleve que le North - Foreland, et lui ressemblait beaucoup. Enfin, le 27, par 65° 57' Iat. S. et 47 " 20' long. E. , on vit tres distinctement une terre dune etendue considerable, mais complete- ment bordee de glace. La temperature de 1 air en ce mo- ment etait de 22°, beaucoup plus basse qu'on ne I'avait encore eprouveej celle de i'eau, de So". « Pour la pre- miere fois, les brillans reflets de I'aurore australe, dit ie capitaine Biscoe, roulaient sur nos tetes, sous la forme de magnifiques colonnes, puis prenaient tout-a-coup I'apparence d unefrangede tapisserie, et 1 instant dapres s'agitaient en I'air comrae des serpens; souvent ces jets de laniiere ne semblaient etre qua quelques verges au- dessus de nos tetes, et bien certainement ils se trou- vaient dans notre atmosphere. G'etait bien le phenomena le plus magnifique en ce genre que j'eusse jamais con- temple; et bien que le navire courut de grands dangers, pousse qu'il etait par une brise fraiche et entoure de glaces, I'equipage pouvait a peine sempecher de tenir ses yeux fixes vers le ciel, au lieu de veiller a la route. » Desormais on tenta tout pour sapprocherde la terre (70 qu'on venait de decouvrir, et Ion courut les perils les plus menacans dans un coup de vent violent qui com- menca le 5 mars et conlinua jusquau 7, ou il elait de- venu un veritable ouragan. Pendant sa duree, les deux navires furent de nouveau separes : le Tula eprouva de grandesavaries; plusieiirs de ses hommes furent grieve- ment blesses, et letir sante fut serieusenient alteree par Taction du froid. La direction du vent avail ete de I'est- nord-est au nord-est; etle8,quand on put se procurer une observation, on reconnul que lecourant avait porte de 1 ao milles au nord-nord-ouest. Ayant de nouveau cingle vers le sud-est , le 16 on revit presque la meme partie de terre, par la longitude de 49" E. Un proinontoire deja vu fut reconnu et nomme cap Ann. On fit durant quel- ques jours, sans discontinuer, des efforts pour en ap- procher davantage; mais ce fut en vain : la sante et les forces de I'equipage deciinerent avec une telle rapidite, que la necessite la plus iniperieuse obligea de cliercher un climatplus favorable. On avait aussi de vives inquie- tudes sur le conipte du cutter le Lively , que Ton n'avait pointrevu depuis le 6 du mois : on presuniair,en cas qu'il exit echappe au coup de vent, qu il avait du regagner une latitude moins elevee, et faire route pour la terre de Van-Diemen. Le 6 avril, apres trois seniaines des plus cruelles fatigues, le capitaine Biscoe se determina a en faire autant, niaigre quil n'eut pu approcher a moins de 20 ou 3o milles cos tcrres dont i'acccs lui sembl.iit interdit, et auxquelles il donna a juste litre le nom de terre d Enderby. Le 7 niai suivant, il arriva dans le Der- went : deux de ses hommes etaient morts dans la tra- versee, et les autres etaient tellcment affaiblis , qui! ne restait plus pour la manoeuvre du navire que trois offi- ciers, un matelot et un novice. Le plus souvent, lesnuits ( 73) etaient si sombres, excepte quand on etait par hasard eclaire par les feux de I'aurore boreale, que, par suite de I'etat desespere de I'equipage et de limpossibilite de se preler, en cas de besoin , a queique manoeuvre impre- vue , on se trouvait oblige de nieltre chaque soir en panne jusqu'au matin du jour suivant; les vents furent uniformement favorables una fois qu'on se retrouva au- dessous de 60 degres de latitude. Le Lively ne rejoignit le Tula dans le Derwent qu'au mois d'aout suivant, ayant ecboue dans son premier at- terage, et ayant ete contraint de relacherau port Phillip, sur la Nouvelle-Galles du Sud , pour procurer quelques rafraichissemens a son equipage. Les deux naviresremi- renta la merle 10 octobre i83i, et resterent jusqu'au 4 Janvier i832 sur les cotes de la Nouvelie-Zelande et au travers des lies Chaiam et Bounty, occupes a la pecbe des phoques, qui n'offrit qu'un succes tres mediocre. Ensuite ils gouvernerent au sud-est. Durant ce temps, I'unique operation geographique de queique interet qui fut faite, fut une correction dans la position des iles Bounty : elle fut reportee, d'apres les observations du capitaine Biscoe, de ijp^G', long. E., telle qu'elle est comnjunement indiquee, a 1^8° 26' E. Le prenjier objet qu'on se proposa ensuite fut de tou- cher aux lies Nimrod, placees par 56°3'iat.S. el iSj^So' long. O. Mais la recherche qu'on en fit fut infructueuse, et le capitaine Biscoe est certain qu'ellesn'existent point, ou du moins que leur position est tout autre. La, du reste, I'eausemblait decolore'e, comme si Ton cut ete sur un banc, mais on ne Irouva point de fond en sondant. Le 1 4 Janvier, par So" iG' lat. S. et i56°48 long. 0.,on vit beaucoup d'oiseaux et de fucus a la surface des eaux. Plusieurs bouffees do neige arriverent aussi de la (74) partie cki sud;le aS.par 6o°45 lat. S. eti^y°y' long. O., on retro iiva les inontagnes de glace, la temperature nioyenne de \.\'iv etant alors de 37". Le 3i, une centaine de ces inontagnes etaient toules ensemble en vue, et les niiages se maintenaient constamment has el epals dans le sud- ouest, commes'ily euteu de la terre; mais le vent ayaiit tourne au nord-est, et le barometre baissant avec d'au- tres indices dune lempete, on ne jugea pas a propos d'examiner de plus pres ces apjiarences. Le 3 fevrier, par 65° 32' lat. S. et 1 14° 9' long. O. , on observa le phenomene dune ile de glace qui crcula par morceaux. « Cela arriva pres du Tula, avec un bruit semblable a un coup de tonnerre, et la mer fut aussitot couverte des fr.igmens, tandis qu'il ne resta debout qu'un faible noyau de la masse primitive ». Le 12 fevrier, par 66^ 27' lat. S. et 81° 5o' long.O. , on vit de nouveau plusieurs oiseaux tels qu'albatross, pingouins, pigeons du Cap, etc., avec plusieurs baleines des deux especes, et Ton ne compta pas moins de deux cent cinquante iles de elace. Le i5, on revit la terre dans I'est-sudest, mais a une grande distance. La latitude^tait alors de 67° I'S. et la longitude 71" 18' O. , et Ton fit voile pour en ap- procher. Le jour suivant dans la nialinee, on s'assura que c'etait une ile, que Ton nomma I'ile Adelaide, en I'honneur de sa niajeste. Dans le cours de la cjuinzaine suivante, il fut verifie qu'elle formait la partie occiden- tale dune cbaine d lies situees dans une direction est- nord-est et ouest-sud-ouest,au devantd'une terre baute et continue qui a recu depuis le nom de terre de Gra- ham, et que le capitaine Biscoe croit etre d'une grande etendue. La chaine d lies a aussi ete nommee, par la suite, chaine de liiscoe, d'apres le nom de leur decouvreur. L'lle Adelaide olfre un aspect imposant : un pic eleve (75 ) s'enfonce dans les niiages, et se niontre tantot au-dessus, tantot au-dessous, tandis qu'une chaine ue montagnes plus basses s'etend I'espace d'environ quatre inillcs dii nord au sud. Leur somtnet nest revetii que dune legere couche de neige, mals leur base, ensevelie dans una masse de neige et de glace de 1 eclat le plus eblouissant, descend doucement vers la mer et se termine en falaises de dix ou douze pieds de hauteur, sapees et dechirees jusqu'a deux ou trois cents verges dubord. A la distance de trois niilles, on iie put trouver de fond avec deux cent cinquante brasses de ligne, et autour de toutes ces lies, la profondeur de I'eau etait considerable. L'une d'elles, nomniee lile Pitt, par 66" 20' lat. S. et 66° 38' long. O , a plusieurs baies, et forme, avec la grande terre situee par derriere, un havre bien abrite, mais dont le fond est rocailleux. Aucun animal vivant ne fut trouve sur ces lies , et Ton n'y observa qu'un petit nom- bre d'oiseaux, bien qua quelques milles seulement au nord its fussent tres nonibreux. Le 21 fevrier, le capitaine Biscoe reussit a debarquer sur ce qu'il appelle la Grande-Terre, et en prit possession en formes. La plus baute montagne en vue fut nommee mount William, en Thonneur de S. M., et la suivante, mount Moberly, en I'lionneurdu capitaine Moberly, de la marine royale. On setrouvaitdans une baie profonde ou I'eau etait si paisible, que, s'il y avait eu des phoques, on eut pu facilement en cbarger les deux navires,attendu qu'oneut pu,sans peine, approcher du bord des rochers pour leur donner chasse : i'eau etait aussi tres profonde , puisqu'a toucher presque le rivage,on n'eut point de fond avec 20 brasses de ligne. Le soleil etait si chaud, que la neige fondait sur tous les rochers situes au bord de leau, circonstance qui rendait encore plus extraordir (76) naire I'absence complete des phoques. La latitude de mount William, fut fixeea64°45' S., sa longitude a GZ' 5i'0. Cela fait, le capitaine Biscoe toucha aux lies South- Shetland, ou il fut entraine a la cote, perditson gouver- nail, et n'echappa qu'avec peine a un naufrage imminent. Apresune relacheaux lies Falkland, pres desqueiles il so separa de nouveau du Lively, il s'acheniina vers Sainte- Catherine du Bresil, oil il apprit la perte definitive de sa conserve sur I'lle Mackay, Tune dos lies Falkland. Du reste, I'equipage fut sauve et ramene par un navire en croisiere de Monte-Video. M. Biscoe revint de Sainte Catherine dans sa patrie, et voici les observations ^^ene rales qu'on pent conclure de cet extrait de sa table de Lok Dans les latitudes tres elevees en dedans des jjlaces commelesvents soufflent presque constamment du sud ilsvarientdusud-esta I'est-ncrd-est.Cette direction etaiit contraire a celle d'un navire qui voudrait faire route a rest,!e capitaine Biscoe seraitd'avis que des entreprises du menie genre devraient etre dirigees en sens contraire, cest-a-dire de lest a I'ouest. Cependant, en dehors des glaces, les vents d'ouest regnent constamment; et il est douteux q'l'il ne valul pas mieux conserver a ses ordrcs un vent favorable pour atteindre un lieu de refuge, etpou- voir se reparer, comme cela arriva au Tula. Cet avan- tage serait peut-etre preferable au premier, qui scrait rarement dun interet majeur, et qui pourrait eutrainer a des actes d'imprudence et de temerite. Les auroresaustrales etaient seulement accidentelles, mais quelquefois extrememcnt lumineuses; et, dans ces cas, etaient toujours suivles de mauvais temps. On ne remarqua point qu'elles eussent aucun eflol sur le&. compas. (77 ) Nota. MM. Enderby, loin d'avoirete decourages par les pertes considerables qu'ils ont essuyees dans cette expedition, sont determines a renvoyer cette annee le capitaine Biscoe, pour executer de nouvelles reclierches du meme genre. Pour le recompenser de ce qu'il a deja fait at I'encourager dans ses nouveaux efforts, le conseil de la Societe royalede Geographie de Londres aadjuge au capitaine Biscoe le prix royal pour i832. Enfin, les lords conimissaires de Tamlraute ont resolu d'envoyer un of ficier de la marine royale , M. Rea , comme passager sur le navire de M. Biscoe, pour le seconder dans les observations scientifiques, qui rendront probablement ce nouveau voyage encore plus important que le pre- mier, quelle que soit d'ailleurs Tissue des operations commerciales qui lui sont confiees. L'expedition doit faire voile en juillet. J. D***. (78) I.A MONGOI.IE. Un Meinoire sur l.i Morgolie, recernnient p'jblie en langue russe par le moine Hyacinthe, qui a faituii sejour de treiic ans a Pekin (i), dc i8oS a 1821, a fourni, sur cette contree a une revue anglaise, \ A sialic journal de Janvier iS^l, un article fort interessant dont j'ai cm devoir donner par abrege la traduction siiivante, qui of- fiira plusieurs points de contact avec le savant article inseie, sur le nieme sujet par M. Klaproth, dans les Nouvelles Annales des Voyages ^ au numero du menie mois de Janvier i833. La MongoUe^ berceau de Gcngiz-Khan (2), est une vaste contree qui separe la Russie asiatique ou Siberie (i) On sail que de toutes les nations europeenues la Russie est la seule qui ait un etablissement a Pekin. C'est un convent charge d'in- sjruire dans la religion chretienne les descendans des sujets russes qui furent fails prisonniers en 1726 lors de la reddition des forts qu'ils avaient construits dans le voisinage de I'Amour superiettr jus- qu'au rivage duquel ils avaient porte leurs conqu^tes. Tons les douze ans quatre pr^tre et quatre jeiines gens russes sont envoycs de Pe- tersbourg a Pekin, les premiers pour enseigner la religion, et les seconds pour apprendre le cliinois et le mandchou, afiii de servir d'interprttes dans ces deux langues. Le moine Hyaciutiie avait ete du nombre des moines envoyes en 1808 a Pekin, d'ou il repsrtit le 27 mai 182 1 , pour revenir en Russie. (2) Gengiz-Klian naquit sur les rives de I'Orkban , non loin de la place frontiere russe de Kbialita. Les Mongols s'enorgueillissent de xlescendre dp re fameux conquerant. C 79) de la Chine propre. Au siid, el!e est bornee par la grande inuraillej au nord , les chaines de lAltai, des monts Khinggan et Kintai, la separent de la Siberie; elle a, a lest, le pays babite par les Mandchoux; et, a I'ouest, elle s'etend aussi loin que les differentes cbaines des montagnes contigues a la principale des monts Altai. La Mongolie est traversee par le grand desert de Gobi ou Shamo, qui la diviseen deux parties distinctes: la meri- dionale habitee par les tribus niongoles; et la septen- trionale occupee par lesKbalkhas, qui sont de la meme origuie. La parlie meridionale commence, du cote de Test, au pays arrose par la riviere de Shara Mouren ou Leaou- ho, et s'etend, a I'ouest, aussi loin que le Rboundulen- gol.Leclimatdecette partie est tempere; s'il tombe de la neige en hiver, elle disparait bientot. Le pays est entre- coupe d'un grand nombre de ruisseaux, et couvert de forets; quoique niontagneux, en general, le sol en est fertile, et partout il est propre a une residence perma* nente. II y a des Gbinois et meme des Mongols qui se livrent a Tagriculture et a I'horticulture, arts dont ils ti- rent non-seulement la subsistance de leurs families, niais encore des profits considerables : toutes les differentes especes de ble indigene dans la Cbine septentrionale y prosperent, et il y vient une grande variete dp fruits et de legumes; cela n'a lieu cependant que dans les districts voisins de la grande muraille, entre les rivieres Sbang- tou-ho etLeaou-ho, et le pays des Tumets deKhoukhou Kboton. Le pays des Cbakhares, situe au nord de la province chinoise de Shen-si, a un sol sablonneux et graveleux, couvert d'une couche tres mince de terre noire. Les animaux domestiques de celte partie de la Mongolie, sont lechameau, !e cheval, les betes a cornes ( «o) et le petit betail , ainsi que les anes, les mulets et les clievres. Les Chiiiois tiennent seuls des cochons et de la volaille, car les Mongols sabsliennent de la chair de pore, et ne mangent pas nicme de poissons. Le gibier abonde dans les forets, peuplees aussi de beaucoiip de tigres. En hiver, la Mongolic approvisionne Pekin dune immense quantite de certs, de chevreuils, deljevres,de faisans, de perdrix et de caillesj les outardes et diffe- rentes especes de dues sauvages et d'oies sauvages y ar- rivent en grand nombre. Entre la Chine et le Jih-ho, au printemps, on rencontre une multitude de grands et beaux papillons qui sont envoyes egalement a Pekin, ou on les emploie a orner la coiffure des dames. Ces papillons sont d'une couleur vert fonce, et couverts d'un duvet semblalile a du velours dore. Le desert de Gobi qui separe la Mongolie meridio nale de la septentrionale, s'etend de Test a I'ouest des lacs Bouir-Nohr et Dalai-Nohj', aux frontieres du pays de Khoukhou-Nohr, a la petite Boukarie et a Barkoul. La partie orienlale de ce desert est appelee par les Ghi- nois Skamo^ c'est-a-dire mer de sahle^ et a I'exception de quelques chaines de rochers qui y dominent, sa sur- face est couverte de cailloux, de graviers, de sables quelquefois mouvans et de terre saline. La portion oc- cidentale, nommee par les Chinois Ta Si , conticnt quel- ques plaines marecageuses; mais, en general, elle con- siste en sable mouvant, principalement a Test et au nord-est de I'Oasis de Khamule ou Kami. On peul decrire generalement le desert de Gobi comme une terre unie et elevee, traversee alternativement par des cou- ches de granit et de sable. Son atmosphere est d'un froid vif, ce qui provient de la grande elevation du pays, cause egalement du manque d'eau qui le rend ( 8I ) improductif. 11 n'y a, en effet, ui rui.^seau ni source. On rencontre seulement quelques lacs sales pour la plupart et frequemment a sec. On n'y voit d'autres arbres que les abricotiers sauvages, de faux acacias deSiberie, et des buissons rabougris et rampans, qui apparais- sent ca et la, et ne sont pas nieme propres a allumer du feu. On ne rencontre que tres peu d herbes. Au prin- temps et en ete, lorsqu'il ne tombe pas de pluie, le sol parait absolument brule, et il inspire au voyageur des sentiniens nielancoliques et menie I'borreur. Bien que ce pays ne soit pas adapte a I'agriculture, il offrenean- nioins quelques vatlecs et quelques plaines dans lesquel- jes on eleve une grande quantite de betail. En ces lieux mdins desherites de la nature, on creuse des puils de deux a quinze pieds de profondeur, afin den retirer de I'eau potable pour les bestiaux. Outre les animaux do- mestiques, il y a au desert de Gobi , dans I'etat sauvage, des chameaux, des chevaux, des mules et des anes, ainsi que des dzirins ou antilopes. Toutefois, on rencontre ces animaux dans la partie occidentale du desert plus souvent que dans sa partie orientale. Les seuls oiseaux qn'on y rencontre sont les grues, les wigeoiis (i"), les merganiers, les corbeaux, les bergeronnettes de rocher et les alouettes des champs : tous ces oiseaux sont en petit nombre. On ne voit ici, non plus qu'en aucune autre portion de la Mongolie, d'oiseaux qui se reunis- sent communement dans le voisinage des habitations humaines, comme les moineaux, les choucas et les pies. La partie septentrionale de la Mongolie, ou le pays des Khalkhas,est couverte de pins ou de saping; elle est (i) Esp^ces He j)igeons. ( 82 ) aiiosee par beaucoiip de ruisseaux , » i iie iiiunque point de lacs. Le sol varie beaucoup : il y a quclques distriits doiil le terrain consiste seidenienl en sable ou eravier leger avec nne couche de terreau fertile; d'aulres, principalement les vallees de 1 Orklion et ses affluens, presentent de beaux espaces, ricbes de paturages, et qui seraient suseeptibles de rapport, si les Mongols voulaient renoncer a leur vie noinade et se livrer a I a- gricullure. Le cliniat, eu egard a la latiuicle, ne doil pas etre bien rigoureux : la neige efteclivenient n'y est ja- mais tres abondante; neannioins, I'hiver est ordinaire- inenl fort apre, et I'ete n'est pas trop chand. Genera- lenient parlant, les con trees de I'Asie, a mesure que nous avancons vers lest, deviennent plus froides en proportion que celles de I'Europe, situees dans la nieme latitude. A Kiakhta, le ble se seine conimunenient sur les colliiies, parce qu'il ne mnrirait point dans les terres inferieures. Cependant, les legumes y (leurisscnt et les melons quelquefois y viennent a niaturite. A Ourga , au contraire, qui est situee beaucoup plus au sud, lair est si froid que ces fruits ne peuvenl pas s'elever. Les Chinois, cependant, ont la ries vergers pfes de leur entrepot commercial, car c est ici le grand entrepot du commerce chinois, comme egalement la residence du roi mongol charge des affaires qui se iraitent a la fron- tiere entre la Chine et la Russie. (i) Les Mongols scment egalement tin peu do fromcnl, (i) Ourga esl uiie petite ville carrce et entouree cle palissades ; elle est traversee par deux rues principales qui se cioisent , et compte environ liuit cents niaisons ou boutiques en bois hahilres par quatre mille marcharids chinois. Cette ville a pour tout edifice public un hotel occupp par le conitnandaiit civil, et puis un petit temple mand- cliou. ( 83 ) de millet et d'orge. Le pays de Khalklia nourrit les memes animaux que les autres portions de la Mongolie et de la Siberie meridionale. II est probable que les mon- tagnes renierment des mines de metal, mais qui ne sont pas exploitees. Les Mongols, en effet, fondent un peu defer; mais leur principale occupation est la chasse aux animaux sauvages et le soin dii gros et du petit betail. lis ne songent point toutefois a lanielioration des races de leurs animaux domestiques; voila pourquoi leurs betes a comes ne sont ni grosses ni fortes: leurs moutons ne donnent qu'une laine grossiere; et quoique leurs chevaux soient hardis , forts et bien formes, ils conti- nuent a avoir une taille ordinaire. Les chiens de garde de la Mongolie sont excellens, tres agis&ans et tres fe- roces; ils protegent les troupeaux contre les attaques des animaux de proie. Les chiens de chasse mongols, qu'on envoie a Pekin, sont beaux et ont la tete petite. Si les habitans de la Mongolie meridionale voulaient abandonner leur vie nomade , avoir des habitations fixes (i), et s'adonner a I'agricidture, nul doute qu'apres avoir eclairci et laboure leurs vallees et explore les ri- chesses de leurs montagnes, ils ne devinssent opuiens et puissans. Ils eurent , jadis , un grand nonibre de villes , que les revolutions politiques ont successivement rui- nees. Aujourd hui, parmi eux, il n'existe aucune loi qui prohibe I'agriculture; mais les habitudes d'une vie no- made et la division de la propriete, ont donne naissance a des coutumes et a des regies incompatibles avec le libre exercice de cette branche d'industrie. Le proprie- (i L'liabitalion du Mongol est une yniirle on tente lonfle tie feu tre qui, an sonimet. a une ouveilnie par Ia(jnelle sort la fiimee 6. («4 ) liiire il tin terrain qui vouUrait coiivcrtir ses paturagf* en irn champ derable, iie peut le faire sans avoir oh- tenu le consentement de tons les chefs nomades dii voisinage, et il est de plus oblige de sc procurer I'adhe- sion du gouvernement chinois : ce soni autant de cir- constances qui mettent obstacle aux travaux agricoles, et rendent impossible une exploitation quelcooque ui> peu considerable. Quoique la Mongolie septentiionale touche a lenrpire russe, elle recoit de la Chine les articles de trafic dont elle a besoin. La nourriture ordinaire des IMonsrols est du the en brique, mel^ avec du millet brule au feu. lis ont pour se vetir du nankin, de la sole et des etoffes de laine; du cuir pour leurs bottes, et des pots de fer et des casseroles pour cuire }eurs alimens. Leurs autres besoins sont de peu d'importance. Le the , les nankins et les soies leur sont apportes exckisivement par des Chinois, et en quanlile considerable. La Russie fournit seulement les laines et le cuir. Conime il n'y a point de nionnaie courante dans la Mongolie, le trafic ineme, pour les moindres articles, a lieu par echange. A Ourga et Kiahkta seulement, le the en brique sert de nionnaie de compte. Ainsi , la Mongolie paie tout ce qu'elle recoit des autres nations au moyen de ses propi'es produits, comnie betail, beurre, peaux de moutons, etc. La Chine ayant besoin de ces articles, les traficans chinois les prennent volontiers en echange. Lr. partie sud-est de la Siberie abonde en troupeaux et en gibier, de ma- niere que les produits de la Mongolie ne peuvent lui etre d'aucune utilite; et, dun autre cote, elle ne peut offrir au Mongol que des peaux de renards, des cuirs de Russie, des ustcnsiles de fer et des draps, ce dernier urlirle surtout par le moyen du transit : tons ces objefH ( 85 ) se vcndent en petite quantite. Letroite et constanle ^illiaiice qui unit les IMoiiijoIs a la Chine, les porte a |)ieferer les commodites cliinoises, qui, nieme, ont pe- iie'tre clans la Siberie jusqii'au-dela «Ju lac Baikal , o,u non-seulement les tiibus niongoles et tongouses, mais les Russes egalenient sont accoutumes a I'usage du the en brique,des soies deChlne, du nankin et dune autre espece d'etoffe de coton appelee en rbinois tapou. Les 3IongoIs etaieiit orisinairenjent une tribu de la jiation tatare; ils denieuiaient au sud et a I est du la^c Daikalj etentie les rivieres ou torrens qui tonibenl dans lAnsour superieur; nieine au leuips de Gengbiz-Khan , i'ls ne comptaient pas plus de quatre cent inille tenles. Le n©m ide moug.ol signiTie dans leur l^ng^^e brave et Jieie. Les Mongols so«t en g^eneral d'une stature moyenne, ,maigres et greles, niais musculeux et forts. Ils ont les •cheveux noirs, le visage brun et les joues colorees; la tete ronde et large au soniniet, les oreilles tres ecartees. Leurs yeux, comm-e ceux des Cbinois, sont pen ouverts, <;t semblent, pour cette raison, extrenieiuent etroits. La partie superieiire du nez est aplatiej les pomnieltes des joues sont proe^ninentes, et le nienton est petit. Le visage du Mongol parah done arrondi et pointu dans le bas. Ses levres sont nsinces, ses dents blanches, sa barbe est pen abondante; il a lair vif et penetrant. L'habitude d'etre constaniment a (;heval , sur une selle Jiaute avec ,des etrJers courts, fait que les genoux de la plMparX des Mongols sont tournes en dehors; voila pourquoi ils ont 1 air de cbaiiceler en marchant. lis ne nianqueiit pas d'esprit naturel, ils sont polis, doux et obligeans. Quoi- que leur genre de vie soit simple et grossier, ils ont pen de rudesse dans leurs mauicres et leur conduile; ils (86) TnoiUient, au contraire, plus de complaisance et cle souplesse qu'on n'en attendrait parmi des nomades. Leur principal defaut est un desir immodere de gain, qui les poite souvent a voler et a troniper : cependant les crimes sonl rares sur les routes, et meme a peine en est-il question entre eux. Dans la guerre, ils poussent la ruse et la finesse jusqu a la perfidie et la cruaute. Les fenunes resseniblent aux hommes , mais leur visase, quoique brun, a une couleur plus vive. Leur regard est penetrant j et, pour ce qui est de leur cliastete, elle n'est pas a I'epreuve des tentations. Le Mongol , habitue depuis sa jeunesse a une vie er- rante et a toutes sortes de privations, endure sans peine Ihumidite, le troid et la faim. De bonne heure eleve a tirer de Tare, il est excellent chasseur. 11 pense que la valeur guerriere consiste a piller ses voisins, et il ne tient aucun compte de Thonneurni de la justice. II livre des combats pour avoir du butin, et ne regarde pas un niauvais succes comme honteux. II se met d'ordinaire en campagne en autonine, saison ou les chevaux sont bien nourris et pleins de feu. La viande seche et I'herbe qui couvre le sol servent de nourriture et de fourrage. S'il manque de provisions, il tue un de ses chameaux ou un de ses chevaux. \oila pourquoi le Mongol, avec une telle facilite de faire la guerre, jadis etait si redoutable a ses voisins; mais a present conlenu par la prudente politique de la Chine, cette nation est devenue une des plus paisibles de I'Asie. Le voyageur pent traverser maintenant la Mongolie sans crainte, et ne trouvera partout que bon ac'cueil : il doit prendre garde, cepen- dant, de ne pas eblouir de ses richesses Ihute qui lui donne asile , et qui pourrait tort bien etre tente par elles. La dynastie des Mandchoux, regnante aujourdluii en (87) Chine, a reussi a subjugiier les Mongols, sous Ic pie- lexteque leurs princes appartenaifint a la nieme faniille; inais la Mongoiie est goiivernee assez pacifiquenietit, divisee en uii grand nonihie de principautes indepen- dantes les unes des aulres. Les Monsols sent obliges de se soumettie sans restriction aux lois et institutions que le gouvernement a donnees a ce pays. En cas d'at- taque, ils ne peuvent se defendre ni se venger. Chaque tribu niongole est snbdivisee en bannieres, et gouvernee par des princes, et cliaque baiiniere est uii territoire torniant, avec ses habitans, une division rnilitaire. Quoique, de cette maniere, la Mongolie pa- raisse entierement disjointe, les princes et autres cheis des difterentes bannieres se reunisseut tous les trois ans en dietes au nonibre de dix, dans lesquelles sont discu- tes les interets du pays et les niatieres du gouvernement general. Six de ces dietes se tiennent dans le niidi et quatre dans le nord de !a Mongolie. Le chef de chaque diete est regarde coninie le superieur des princes qui y sont presens. Les princes mongols qui gouvernent les bannieres sont divises en cinq classes. Ceux des deux premieres ont le titre de roi, et ceux des trois autres celui de comte. Les diets des tribus, appeles taidzis, quoique d un rang moins eleve que les princes, ont les memes droits et les memes prerogatives que les autres princes mon- gols. Dans quelques Itannieres mongoles, il y a aussi des princes hereditaires, qui ont le menie rang que ceux des trois premieres classes; mais ils jouissent seulcment du titre et n'ont pas de territoire a gouverner. Les hon- neurs des princes mongols passent a leurs descendans males seulement et par droit de primogeniture. La sanc- tion de lempereur est toutefois necessaire en cas de ( 88) traiisinissioii. Cc nioiiaique a aussi le droit de lecoiii- penser les iiieriles des princes niongols en les elevanl a une classe superieure , ou de les punir par la degrada- tion. Ainsi, le vice-roi mongol, qui commaiidalt a Ourga, dans le pays des Khalkas, et qui etait charge des objets relatiis alafrontiere entre la Cliine et la Russie, fut de- grade dune classe, parce que I'amhassade russe du comte Golowkin, qu'il recur en 1806, avait refuse de se sou- niettre au ceremonial prescrit pour les audiences impe- riales. Legouvernement inqjuta la non-reussite des nego- ciations a ce prince, parce quil navail pas suffisamment inslruit I'aniJjassadeur de ses devoirs; et Ton sait qu'er. Chine un diploniatequinereussit pas dans la tacliequ'ou lui impose, encourt, comme tout autre oflicier du gou- vernement, une punition proporlionnelle a sou offense. Nous avons dit qu une banniere mongole nest qu'un territoire formant avec ses habitans une division mili- taire. Chaque banniere se divise en regimens dont le nombre n'est pas fixe, et chaque regiment consiste en six escadrons de i5o hommes dont le tiers porte cui- rasse. Le prince, qui administre la banniere, est ten u de rendre ses decisions d apres le code qui regit la Mon- golie. Ge code renferme un apercu general des peuples nomades soumis a la Chine. 11 est redige par le gouver- nement chinois, et complete, selon les circonstances, par des lois supplenientaires qui ont la meme force que les primitives. Le sceau que chaque prince mongol recoil du ministere des affaires etrangeres a Pekin , doit etre appose a chacune de ses decisions , et tient lieu de signa- ture. Dans les cas ordinaires, le prince, entoure de son conseil, juge d'apres le code ou d'apres la coutume des peuples nomades; mais, dans toutes les affaires iuipor- tantes, il doit en referer aux chefs de la diete, qui , par («9) rinteimt'diaire du iiiinistere a Pekin , les soumettent ii I'examen et a la decision de renipereur. Les revenus des princes et des taidzls niongols ne consistent que dans le cens qn'ils levent sur leurs sujets, conformenient a la teneur du code. Plusieurs d'entre eux recoivent de la cour de Pekin un traitement an- nuel, equivalent a celui que touchent les princes des huit bannieres niandchoues, en garnison dans cette ca- pitale. En acceptant ces salaires , ils se recon naissent vir- tuellement les vassaux de I'empereur. Ceux des provinces meridionales de la Mongolie sont obliges de se rendre tous les quatre ans a Pekin , et d'y apporter le tribut stipule. Qunique ce tribut soit insigtiifiant, il a nean- inoins de liinportance comme une marque de la sujetion de celui qui le paie, et par la retribution considerable qu'il recoit en le presentant. L'enipereur donne, par exemple, pour chaque cheval lo onces d'argent et deux pieces de satin ; pour chaque niouton , lo onces d'argent et quatre pieces de nankin de chacune 4° pieds de lon- gueur; pour un epervier ou un levrierdresse a la chasse, lo onces et quatre pieces de satin. Le clergc fonne la seconde des trois grandes classes de la nation mongole, qui sont, savoir : la noblesse, conipo- see des princes et taidzis; le militaire forme des regimens; et ce meme clerge, tout compose de celibataires, en tres grand nombre. Les rangs y sont astreints a une hierar- chie strictenient observee, et qui est placee sous Viu- spection immetliate du bureau des affaires etrangeres a Pekin. La religion des Mongols est leboudhisme, emane du grand lama du Tibet. Leboudhisme, comme le culte de Brahma, suppose une serie perpetuelle de creations et de destructions du monde. Cette croyance, purcmeiit (go) nietaphysique, n'adniet pas I'existence d'un etre supreme, inais iin espace lumiiieux qui contient en lui les gernies de tous les etres a venir. Cependant, cet espace luiiii- neux nest pas la plus haute region de I'univers; au- dessus est placee une troisieme region , qui est eternelle ot indestructible. La reside la cause primitive des desi ructions du monde perissable. L'existence est re- gardee par les boudliistes comme un mal reel; car tout ce qui parait exister est fictif , et simplement le produit dune illusion qui trompe les sens. Tandis que toutes les particules intellectuelles dispersees dans la matiere depuis la plus haute region lumineuse jusqu'aux regions inferieures, se purgent de la materiaiite qu'elles onl conlractee, se purifient, se perfectionnent ets'unissent; I'esprit wniversel, indestructible, qui conserve toute chose pour une duree incalculable, demeurc, en un etat de repos,jusqu'a ceque la loi du sort ntfcessite une nouvelle creation, de laquelle, cependant, sont exempts les etres qui, totalement degages de matieres, sont de- venus boudhas pour rester absorbes dans I'eternite de I'extinction ou de la non-existence, etat oppose a celui de l'existence materielle. Ges etres habitcnt la region indestructible situee au-dela de I'espace lumineux, afin de conserver la vraie doctrine, et de rendre le genre humain capable de la suivre; ces esprits bienheureux descendent de temps en temps snr la terre, se revetent dun corps et se revelent aux hoinmes. Les incarnations se repetent dans I'echelle progressive jusqu'au degre le plus eleve. Les boudhistes regardent les membres snperieurs de leur clerge comme autant d'incarnations divines. Dans la hierarchic tubetaine, !e dalai lama et le bantsin er- deni occupent le premier rang; apres eux viennent les ( 9' ) koutoutkhtous, aiitres dieux incanies. Les kanibas constituent la derniere classe du clerge superieur parmi les Mongols, et leur rang correspond a celui de nos eveques en Europe. Les lamas sent regardes par les Mongols conime les lettre's de la nation; ils en sont aussi les medecins et les niagiciens; ils ont des charnies ecrits dans la langue sacree de I'lnde. Le peuple a une profonde veneration pour les lamas, et en recherche ardemmenl la bene- diction qui est donnee en apposant les deux mains sur la tete. Mais, comme le service divin se fait en langue tubetaine et non pas en mongol , la plupart des lamas sont plonges dans une profonde ignorance. Leur savoir oonsiste a reciter les textes saints et a remplir le rituel. Les lamas ^ seuls, qui ont etudie a H'lassa, au Tubet, possedent une connaissance approfondie du dognie de leur foi, et savent aussi la magie, Tastronomie et la physique. Les Mongols regardent le dalai lama et les koutoutkh- tous conime des etres purifies au supreme degre par une longue serie d'incarnations, et alors ils doivent etre extremement veneres. La visite d'un koutoutkhtou a un personnage eminent passe potir etre d'un tres heureux augure. Cependant ilne depend pas du koutoutkhtou de se donner un successeur : c'est fempereur de la Chine qui designe la famille dans laquelle 1 ame du dieu in- carne doit renaitre; et la cour de Pekin conserve ainsi son influence parnii les Mongols, independamment de celle qu'il exerce sur les princes qui lui sont attaches par des manages avec des princesses chinoises, ou par des presens annuels. Quant au clerge laniaique, bien que les regies qui lui sont imposees soient extremement severes, et Passujetissent a toutes sortes de privations ou de mor- ( <)2 ) tifications, il parait tjiitMi Moiigolie les prelies pouveiit manger de la viande de tous les aniinaux, excepte le cheval, le pore et le poisson. Dans le voisinage d'Ourga reside une divinite vivante, portant le tilre de djebdzoiin daniba koutoutkhtou. Les temples oii elle demeure sunt en bois, le principal est surmonte dune coupole doree. Les habitations des pre- tres qui I'eutourent sont des tentes rondes en feutre, couvertes de toile de colon gixjssiere. On dit que le nombre de ces pretres attaches a la cour du koutoutkh- tou nioiite a dix mille. lis font le service deux fois par jour, le matin et le soir; il est accompagne de chant el ) iateur au point dont la latitude est de 45» 4'5' '2' satis- fait aux observations de latitude et d'azinuuh faites en d'autres lieux de la France avcc une precision qu'il se- rait difficile de surpasser, ct le nioyen le plus simple qui se presente a ce sujet est de voir si les oondiiions expri- mees par la forinule dillerentielle demoiitree aux pages 121 et ii'j de la Nouvelle Description geomctnqice sox\t completement remplies. Or, en comparant les stations dc-ux a deux, comme I'exigent ces forniules rendues ap- plicables a deux points quelconques,les apiatissemens se trouvent tous differens les uns des autres. En effet, de Brest a Angers le rayon de I'equateiir excede celui du pole; a Puits-Berteau, il s'opere un cliangement telle- ment brusque, que la concordance des resultals ge'ode- siques et astronomiques ne saurait etre etablie en ce point sans supposer Paris et cette station sur un ellip- soide tres allonge; relativement a la Ferlanderie, pres de Saintes, les deux denii-axes sont presque egaux; inais quand on soumet a I'epreuve les observations faiies a la tour de Borda , pres de Dax, le rayon du polerede- vient sensiblement plus grand que celui de I'equateur; enfin , a lorient du menie meridien, les apiatissemens qu'on obtient en combinant de meme les stations deux a deux, et qui different aussi beaucoup entre eux , sont cependant tous plus grands que ■— trouve ci- dessus. Mais si, an lieu de ces ellipsoides particujiers qui sont tous tangens a la surface de la terre au point de Paris , •ron en cberche un seul de cliaque cote du meridien qui satisfasse le mieux possible a I'enscmble des observa- tions de latitude et daziniuthjOn le trouve tres peu diffe- rent dune sphere en groupant les stations occidentales, et avec un aplalissemcnt de -^^ en groupant les stations C ^«» ) orientales. La surface de la France parailrait done etre fornice de deux nappes distinctes, apeu-pres separees entre elles par le meridlen de Paris. Touteiois, ces deux ellipsoi'des generaux ne sont pas determines dune nia- niereabsolue ; il ya lieu do croire, au contraire , qu'ils seraient niodifies si Ton multipliai'c davanlage lenombre des stations, ou si Ton cliangeait le point de tangence dont on vient de parler, ou encore si Ion eniployait dans cette recherche de bonnes differences de loirgi- tudes astrononiiques el geodesiques. Mais il est sutfisani- raent prouve que le veritable spheroide osculateur en France n'est pas de revolution, et que Tare du meridian terrestre dans cette partie du globe est une courbe a. double courbure tres prononcee; puisque, sans cela, la diffe'rence entre les azimuths geodesiques et lesazimuths astrononiiques corrt;spondans serait nulle sur tous les points de cette lignc, quel que fiit d'ailleurs I'aplatisse- ment de la terre, abstraction faite des petites erreurs d'observalion. II est de plus incontestable que quand la direction du fii-a-plomb, d'ou dependent essentielle- nient les valeurs absolues des coordonnees geographi- ques d'un point de la terre, est troublee, soit par I'al- iractlon de quelque montagne voisiiie, soit parce que la densite du terrain est plus grande ou plus petite que la densite generate de la croi\te terrestre, on ne peut verifier nonseuleinent la loi de variation des degres des nieridiens et des paralleles dans I'hypothese elliptique, mais en outre la relation qui existe, sans cette cause perturbatrice, entre les azimuths et les longitudes sur un spheroide irregulier pen different d utie sphere. Ainsi , les anomalies nombreuses qui ressortent des comparai- sons dont il s'agit dans ce memoire, tiennent necessni- rement a des variations dune grande etendue dans la ( >o^ ) nature du sol de la France et de I'iialie, et les mesurcs geodesiques comme celles du pendule a secondos, sont eminemment propres a les signaler aux geologues. Rapport sur deux notices de M. Oltmanns, inserees dans les Memoires de V Academie royale des Sciences de Berlin {annee i833) \par M. Coulter. Deux resumes sur la geographie matheniatique de I'Amerique du Sud out ete lus par le savant M.Oltmanns a rAcademie des Sciences de Berlin, et inseres dans ses Memoires pour i83o. Le premier de ces resumes pre- sente des resultats importans, eu egard a nos connais- sances sur Tinterieur de ce pays; j'ai Ihonneur de vous en exposer les principaux elemens. La premiere partie de ces reclierches de M.Oltmanns se rattache a la geographie du Bresil, de Buenos-Ayres et du Paraguay, et comprend diverses observations res- tees sans usage jusqu'a cejour. Apres avoir rappele que nous sonimes rcdevables aux rtoUandais, des premieres notions exactes sur la geogra- phie du Bresil , qu'ils firent connaitre pendant la guerre soutenue pour ravir re pays aux Portugais , I'auteur montre comment les Espagnols et les Portugais s'etabli- rent le lon^ des cotes sud est de I'Amerique Sud, et il entredans des details assez longs, sur les difficultes aux- quelles donna lieu la determination des frontieres des pays revendiques par ces deux dernieres puissances, tant dans I'Ancien que dans le Nouveau-Monde, a partir ( *o3) surtout de lepoque ou le pape Alexandre VI rendit sa celebre biille de i493. Une commission mixte d'astronomes cspagnols et portugais fut enfin envoyee, en 1780, dans les diffe- rentes parties de ces imnieiises possessions ; et c'est de cette discussion royale, faite tout eniiere dans des inte- rets prives, que !a geographic doit aujourd'hui la con- naissance de la position respective des lieux, bien que les differences resultant de leurs observations, aient ete, comme le dit I'auteur, la cause de grandes difficultesdans le trqce des limites. Je nesuivrai pas I'auteur dans la discussion a laquelle ses observations donnent lieu et qu'il ine senible reta- blir de la maniere la plus satisfaisante; je crois qu'il suffira den offrir ici I'ensenible, qui interesse d'au- tant plus, que les meilleures cartes presentent de grandes erreurs. Les membres de la commission nommee, furent,du cole de I'Espagne , le general don Jose Farela pour Monte-Video; don Felix d'Azara pour le Paraguay, et Noguera pour la province de Maynas ; et du cote du Portugal, don Benta-Sancho d' Ortiz et don Oliveiro Barbosa, dont les operations ont ete inserees dans les memoires d'Espinosa et ceux de Lisbonne : c'est a leurs iravauxquenousdevonsla plus grande partiedes deter- minations qui sont exposees par notre savanl auteur. Rien nest sans doute plus facile que la construction de la carte dun pays convert de triangles et d'opera- tions geodesiques, qui donnent avec exactitude les raji- ports des distances et des positions; mais en Amerique, on en sera long-temps encore aux tStonnemens et au choix a faire enlre des materiaux tres differens; et si Ion reflechit qu'il n'y a qu une dizaine d'annees , que ( 'o4 ) I'onconnait le veritable arc dequateursous-tendu par les meridiens de Paris et de Greenwich , on se convaincra que, pour lAnierique, les positions en longitude seront long-lenips encore enveloppees dun doute moral, a moins que quelque nouvel instrument on un pheno- mene particulier, nevienne au secours des observateurs; ce qui supposerait encore un grand nombre d'astro- nonies capables de voir sans se laisser tromper par les illusions d'optique^ chose assez rare. Celte donnee sur lincerlitude dans la fixation des longitudes et des latitudes est teliement fondee, que M.Oilmanns lui-meme n'a pu,malgre ses immensescon- naissances et les nombreux maleriaux qu'il possede, de- terminer le lieu vrai, le point positif pour lequel les chiftVes sont ecrits ^ on du moins rien ne lannonce dans ie tableau et la discussion qui le suit : c'est ainsi que RioJaneiro, Buenos-Ayres, etc., dune etendue tres grande et pouvant offrir des differences de 2 et 3 mi- nutes en arc, n'ont pas d indicatioii plus particuliere. Et aujourdhui , messieurs, it nesuffit pas, pour fixer la position d'un lieu, de donner I'expression en latitude et en longitude, en altitude avec designation du point precis par rapport aux objets environnans, il faut en- core annoncer de quels inslrumens on fait usage, faire connaitre ['amplification des lunettes, qui apporte de grandes tiifferences,et, s'il est possible, quelques donnces sur la maiiiere dobserver, pour etablir la critique de I'oeil de I'observateur. II suit de ce qui precede, que je ne regarde encore les expressions malhematiques donne'es par M.Oilmanns, non comme suscepiibles de grands changemens qui pourraient faire douter dans la construction des cartes, mats conmie n'offrant pas I'expression rigoureuse a lar ( »o5 ) quelle il est a desirer qu'on puisse arriver. J'ai, du reste,ajoute au tableau de I'auteur quelques notes pour faire voir entre queiles limites ces dilrerences peuvent osciller. NOMS DBS LIEUX. LATITUDE S. LONGITUDE O. Expressions. Metliodes. Rio de Janeiro. . . I Buenos-Ayres . . . SanPaolo Castillos-Grandes. Rio-Uraguay .... SantaCa'.alina . . . Monte-Grande. . . San-Borja San Juan . San-Angel San-Nicolas RioUraguav .... jSalto del Igiiazu . Camp" del Iguazu. .. ,25.35, 34" 20' 33. 5. 29.55. 29.38. 2S.18, 28. iS. 28.1 1 . 27.5 t . 25.39. 45. 60. 49- 36. Gi. 56. 56. 58. 5C. 56. 5;. 57. 57. ;)7. 34.46 5i. 7 0.41 23.17 o. 7 32. 12 3o. 10 44.12 54.59 42. 3i 37.48 37. 12 45.23 i3 , 10 * IL ^ eclipse, (i) 1/, (3; •^ 3 eclipse. i/, (4) ^ . •V 0 eclipse. ■^ 3 eclipse. v- n (v) eclipse. (i) Le .savant M. Givrj fait le Pain de Sucre de Rio, 22° 56' 8" S. et 45" 34' 43" O. au moyen de K92 (v) ^. (2) M. Banal, dans sa Cam[>agne hrdiographiqne dit Rio de la Plain, fait la niaison Mendeviile , rue de la Floride , n" 87, par I 34" 36' 18" S. et 60° 44 12" O. , en prenant pour meridien de de- part, cehii de Monte-Video , parfaitement fixe ])rir une observa- tion de ])assage de W , le 5 decenibre J 789 , du general Varela, et calculee par MM. Triesnecker et Ferrer (3) M. Darral fait le rocher le plus E par 34" 24' 3o" S. et 56" i' 20" O. (4) 11 y a une difference en longitude de prf-s de 2 minutes en arc , entre le cliiffre du tableau et celui de la discussion ; ce der- nier etant de 3 I" 45'53 " 8 en temps. ( ^o6 ) 1 NOMS ! LATITUDE LONGITUDE 0. DE» LIEUX. S. Exprfssions- Metliodes. Bocca del Rio S. An- tonio en el Iguazu. . Assumpcion Villa de Curuguaty . . Pazo del Uraguay Guayzu Tolnenii 25° 35'. 0 23.32. 0 23.27.30 19.50. 0 18.28. 0 17.35. 0 16.44. 0 1 58°. 39. 3: Sg. 54.27 58. 6.48 57.57.59 57.53.50 60.47.33 59. 25. i5 60. 5.36 60. (6. 4 58. 5.45 59.28,25 57.57.37 "V 3 Eclipse. If. (0 '^ i % (2)eclip. '2JL sat. ^ eclipse. Cours du Paraguay. . Id. rd Id S. Ignacio del Iguazu , San Joseph (i) L'auteur a corrige cette observation de i' 3V' en temps, au moyen des tables de Delambre. (2) Longitude deteiminee par MM. Triesnecker etWargen- tin. Le second des resumes de M. Oltmanns est inoins im- portant; il traite des observations asironomiques de don Jose deliuriaga, sur le Bas-Orenofjue et la cote nord de I'Amerique Sud , faites entre les annees 1754 et 1768. L'auteur entre dans quelques details sur les erreurs qui ont ete introduites dans les cartes jusqu'a ce jour, et re- produit ensuite les observations de I'astronome. Comme elles different beaucoup avec ce que nous connaissons de precis sur celte parlie du continent americain, etque les expressions ne sont, pour la plupart, que des latitu- des, enfin que leur nombre est borne a sept, je necrois pas qu'elles meritent d'etre reproduites ici. ( »o7) DEUXIEME SECTION DOGUMENS, COMMUJNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. Incident dc voyage dans Ic Sunderbund, aic Bengale, Le Sunderbund est une vaste etendue de pays au sud- est de Calcutta, sur la cote du golfe de Bengale ; il est sil- lonne par un labyrinthe de criques dont les eaux sont salees , excepte celles qui communiquent avec le bras principal du Gauge. Ces canaux naturels fornient une ve- ritable navigation interieure de plusdedeux cents milles a travers une epaisse foret qui se diyise en un nonibre infini d'lles, au moyen dune multitude de ces canaux si varies en largeur, qu'un vaisseau a tantot ses mats em- barrasses dans les branches des arbres, et tantot ses voiles deployees comma sur un grand fleuve, borde de bois superbes, et offrant dans toutes les directions une perspective de plusieurs milles. Les forets sont ici abandonnees aiix betes feroces, et ne sont visitees que par les biicherons et les collecteurs de sel, dont le commerce dangereux se fait au peril de leurvie; car les tigres, non-seulement apparaissent sur la rive a la recherche de leur proie , maisnagent souvent jusqu'aux bateaux maintenus au milieu de la riviere. Un jour, les missionnaires envoyes pour essayer de ( io8 ) convertir au cliristianisnie les indijrenes de cette con- tree sauvage, e'taient a I'ancre dans laBarcliurra-Nuddy, dont line foret considerable couvrc les deux cjtes. II etait niidi, et le bateau se irouvait la depuis nne lieure, quand, a environ cent verges des Eiiropeens, un alli- gator se montre hors de lean, et va, aux rayons du soleil, faire sa meridienne sur le rivage. Au bout d'une demi lieure, et pendant que I'anirnal dorniait sans doute profondement , un tigre cnornie lacliete de blanc, les yeux terribles et les membres dune vigueur inouie,s'e- chappe d'une jungle ou broussaille et se dirige, avec une extreme precaution, vers le lieu uu sonimeillait I'alligator. Arrive a une distance suffisante pour toniber sur son redoutable ennenii, il tient la griffe levee quel- ques secondes avant de la replacer a terre, et, des qu'il est en posilion convenable, il rassemble ses forces, bon- dit, saute sur le crocodile el le saisit a la gorge. Le nionstre de labime se reveille en sursaul, ouviesa large gueule et secoue une queue terrible. C'est alors que le combat devient epouvantable : chacun deploie toute sa vigueur et toute sa rage. Le tigre cependanteut I'a- vantage, car il avail saisi I'amphibie a I'endroit du cou, ce qui I'empecha enlierement de retourner la tete pour njordre son adversaire, bien que de sa queue en forme descie il donnal des coups furieux sur le corps du tigre. Enfin, le tyran de laforel, quand eut cesse la lutte, se- couases Hancs charnus et ne sembla plus vouloir se don- ner aucune peine. Ayant vaincu I'alligator, il le lira un peu loin du rivage et s assit sur le vaincu dans lattitude dun dial sur une souris captive. II prit ensuite I'aTiimal dans sa gueule, el entraina ainsi tranquillemetit sa proie au sein des jungles. 11 en ressortit au bout de dix minutes, et, imaginant ( I09 ) peut-etre que le bateau charge d'hommes etait trop eloigne Je la rive pour lui permettre d'ajouter cette proie nouvclle au nombre des trophees de sa sangiante vic- toire, il contiiiua lenteinent sa marche dans une direc- tion opposee a celle ou il avail laisse sa proie, et les gens du bateau ne le revirent plus. En moins d une beure, I'alligator, quiavait ete etour- di, mais non tue, se glissa an milieu des jungles, et, bien que grievement blesse , il regagna, non sans peine, le bord de la riviere, et echappa de la sorte a son en- nemi sanguinaire. II etait cependant trop lacere pour denieurer long-temps dans lean, et bientot il revint a terre,niais en ayant la precaution de ne montrer qu'une partie de son corps , et en tenant sa gueule tournee vers le rivage. II con tin ua de plonger et de reparaitre ainsia courts intervalles, et les niissionnaires se retirerent,bien resolus de renoncer a leur proselytisme sur un rivage si dangereux. A.M. Passage de L" Himalaya. Les differences de latitude influent peu sur le climat de la chaine de I'Himalaya ; 11 est divise, pour ainsi dire, par couches, en sorte que dans Tespace dun jour on peut monter depuis ia region des tropiques jusqu a la region ou Ton ne trouve plus d'autres arbres que le bouleau. Sur la pente meridionale, la terre peutsecul- tiver jusqu'a une hauteur de dix mille pieds au-dessus du niveau de la mer, mais les moissons y sont niaigres et chetives. Jusqu'a la hauteur de onze mille cinq cents pieds, on voit de belles forets. Au-dela de cette li^ne, (,.o) les ar|:>res diiuinuent de hauteur et de vigueur vegeta- tive. On passe de Sutlje, pres de Wangton, sur una echelle de cordes. De ce point, la route se diiige direc- teraent au nord et arrive a la liauteur de oiize niille picds. Des neiges elernelles couvrent les regions les plus eleveesde celtevaste chainede montagnes. De temps a autre, des masses enormesde ceschaines se delachent et se precipitent avec un fracas horrible dans la profon- deur des abunes en entrainant avec elles de gros frag- mens de rochers. Lorsqu'on arrive a quinze mille pieds, la respiration devient difficile; le voyageur eprouve une grande lassitude, des vcrtiges , des maux de tete et une soif inextinguible. II est impossible de decrire les sensa- tions que produit lestrerae rarefaction de lair : on croit etouffer a tout moment; la respiration s'accelere dune maniere tres penible, I'elasticite de la peau diminue. Le point culminant du passage est de i6,5oo pieds au- dessus de la nier, et les montagnes qui le doiqinent s'e- levent a dix-huit mille cinq cents pieds. A mesure que Ton approche de la frontiere chinoise, on voit le pays changer d'aspect. Les arbres sont en petit nonibre et rabougris, la vegetation pauvre et chetive, et les mon- tagnes des masses lourdes dont les formes n'ont rien de pittoresque. Tel est, en general, le pays que traverse la route qui conduit a Ladak ; le voyageur marche sans cesse au milieu des rochers, dont il se detache a chaqup instant des fragmens qui menacent de recraser,et nefait que monter et descendre, tantot grelottnnt de froid, tantot etouffantdechaleur. Souventil est oblige degrim- per sur des echelles fragiles, le Jong dhorribles abinijes, et de franchir des torrens sur des bouts .do braache* qui fie balancent au gre des vents. i Berghaus. ann., fci>r. i832. ) ( "' ) Le Dakheil. Lorsqu'un Bedouin se trouve en danger d'etre prlve de sa liberie, depouille de ce qu'il possede, ou nieme menace de la rnort par son ennenii, et qu'il reiissit a toucher une partie quelconque du corps d'un autre Arabe de la tribu ennemie, ou quelque olijet animequi soit en contact avec son corps, ou seulement de lui cracher a la figure en disant : Jna dakheilnk (je me mets sous ta protection), ce tiers est oblige de prendre sa defense et de le faire mettre en liberie. Lorsqu'un Arabe est prisonnier, ses parens et ses amis recourenta toutes sortes d'firtifices pour le delivrer : c'esl un usage sacre qu'on appelle dakheil. Souvenl un de ses parens se deguise en niendiant, s'iniroduit par ce moyen dans le camp ennemi , s'approche de I'endroit ou il est cou- che, et lui place dans la bouche ou bien attache a son pied rexlreinile d'un pelolon de fil qu'il deroule et qu'il va placer enlreles mains du Bedouin qui repose sous la tente la plus voisine ; il le reveille , et lui dit : « Regarde- moi; je te conjure, au nom de Dieu, de prendre ceci sous ta protection". Le Bedouin, qui comprend ces mots, se leve, suit le fil, arrive a la tente du prisonnier, reveille son rahat ou maitre, lui montre le fil, et lui de- clare qu'il le regarde conime son dakheil. Des ce mo- ment, il est delivre de ses liens, traite comme ami, et libre de retourner chez lui. Cruautes du paganisme indou. Un membre de la Societe des Missions britanniques ( "^ ) Tapporte les fails suivans, tlont il declare avoir ete te- moin oculaire devant un temple indoii, pres de Madras. La foule s'etait rassemblee diirant la nuit. Le premier objet quiattira le malin I'attenlion fut une vieille femme, etendue sur son dos, la face peinte en blaiic , exposec au soleil. A cote se trouvait un homme vigoureux, couche sur un fagot depines, et invoquantses dicux. Plus loin, on voyait six enfans qui paraissaient adorer un autre homme; ils chantaient parfaitement et agitaieiit avec grace leurs petits bras. Aiileurs, une mere exposait nu au soleil son enfant, dont les yeux venaient do lui etre arraches; plus loin, un autre enfant gisait aussi par terre, les yeux arraches de leurs orbites, et les membres e'car- telesj- un autre encore etait etendu sur un lit depines; un autre, d'environ six ans, avait les hanches recourbees vers la tete; d'autres avaient les os du corps brises ; d'autres marchaient sur des pointes aigues ; d'autres, enGn, exposes tout nus aux rayons du soleil , hurlaient couches sur la terre et degouttans de sueur. Dans un endroit plus rapproche des idoles du temple, on voyait un homme dont les bras, des son enfance, avaient ete refoules sous la peau de son dos, de maniere quil sem- blait ne pas en avoir ; un autre tenait un canif a la main , et, le corps plein desang, lescheveuxhumides de fange, se faisait de nouvelles entailies au visage. Tel etait le beau ideal du culte de Vichnou et de Siva, qui s'offrit aux re- gards de notre missionnaire. ( The Missionary Register. ) ( ii3 } TROISIEME SECTION, ACTES DE LA SOCI^TE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 2 aoiu i833. Leproces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. Ch.-Ed. Guys, ancien consul de France a Tripoli deSyrie, nomine recemment au consulat de Salonique, ecrit a la Societe pour lui annoncer son depart et lui offrir ses services. La Commission centrale remercie M. Guys de ses offres, et elle s'empressera de lui trans- niettre les questions que M. Poulain se propose de lui adresser sur quelques points de geographic ancienne. M. Alex. Barbie du Bocage communique une lettre de M. Outrey, fils du consul de France a Trebizonde. Ce jeune voyageur, auquel la Societe doit deja une notice sur Trebizonde, annonce qu'il a le projet de faire un voyage a Erzeroum, et de la passer en Perse. II s'esti- mera heureux si cette course lui lournit le moyen d'a- dresser a la Societe quelques renseignemens utiles a la science. M. Poulain temoigne egalement le desir d'adres- ser a M. Outrey quelques questions sur la geographic ancienne des contrees qu'il se propose de visiter. M. d'Avezac communique de la part de M. Marey, chef d'escadron au i'^' regiment des chasseurs d'Afrique, une lettre contenant la description dune trombe que cet oflicier a nbservee a Alger le f) decemhre i83o. 8 ( i'4 ) La Commission centrale ecoute tclte commimication avec interet, et elle la renvoie an romite du Bulletin, qui pourra I'inserer par extrait. M. Coulier eciit a la Societe pour lui faire hommao'e dun exeniplaire de la deuxienie edition de sa Description generale des Phares. Sur son desir, M. le president prie M. d Urviile d'exaniiner cet ouvrage et den rendre compte a la Soeiete. M. Warden fait liomniaije a la Societe de la relation manuscrite faite par Meheniet-Effendi de son anibas- sade pres de Louis XV en I'annee lyao. Cette relation a ete traduite par les soins de M. le marquis de JJonac, ancien ambassadeur de France a Constantinople , qui avait obtenu comniunication de I'original. La Commis- sion centrale vote des remerciniens a M. Warden. M. Daussy rend compte de I'exainen qui! a tait de di- vers documens sur la riviere de Tanqiici), presentes a la Societe par M. 13arl)ie du Hocage de la part de M. Her- sant, consul de France a San-Luis de Polosi eta Tanipi- (o. D'apres les conclusions de M. le rapporteur, la Com- mission renvoie c es documens au comite du Bulletin. Le nienie membre est invite a vouloir bien rendre compte a la Societe dun memoire de ^l. le docteur Wliewell , insere dans les Transactions de la Societe royale de Londres, et relatif a une carte deslignes coti- tlales, indiquant la marclio de la maree sur toute la sur- '7 Uq face des mers. M. d Urviile rend compte en pen dc mots de I'ouvrage de M. Marcoz : le but de lauleur est de demontrer que les astronomes modernes out admis a tort le mouvement seculaire de la lune, et qu'ils ont ete induits en erreur par les observations d eclipses rapporte'es par Ptolemee dans I'Almageste. II entre dans de longs calculs et de ( »«5 ) grands developpemeiis pour etablir l;i taussete dc ces observations qu'on ne d(»it considerer, dil-il, queconime des donnees supposees par Ptolemee pour appuyer son systeme. M. Marcoz en conclut que les asti-ononies du jour ont eu tort de renoncer aux anciennes tables de la lune , fondees sur les observations unies a la theorie, pour n'admettre que les tables uniquenient fondees sur une theorie imaginaire. Sans proiioncer en aucune nia- niere sur le merite de I'ouvrage de M. Marcoz, M. d'Ur- ville declare que la question traitee par lui etant pure- nient astronomique, n'est point du ressort de la Societe tie Geographic, et doit etre renvoyee a ses juges nalu- rels. Enfin M. d'Urville fait observer que I'exactitude des tables modernes de la lune nest point attaquee par M. Marcoz^ celui-ci se contente de nier I'existence du mouvement lunaire sur lequel elles sont basees. II faxit avouer cependant quil serait singulier qu'un principe faux eut pu conduire a des consequences exactes, c'est- a-dire a des resultals semblables a ceux qui ont ete don- ■nes par les observations. Le meme membre rend comptedes nouvelles decou- vertes faites dans I'ocean Antarctique par le capitaine Biscoe, de la marine royale anglaise, commandant le brick Tula (uoy. page 65). Cette notice est extraite du tome III des Memoires de la Societe geographique de Londres. La Commission centrale renvoie cette interessante no- tice au comlte du IJulletiu, et elle accepte avec empres- sement I'offre que lui fait M. Ambroise Tardieu de gra- ver la carte qui I'accompagne. ( "6) Seance du i6 aout, Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le president communique I'extrait d'une iettre dans laquelle M. le colonel Amoros appelle Vattention de laSociete sur la prochaine publication d'une histoire de la petite Bretagne ou Bretagne Armorique, dont M. I'abbe Manet s'occupe et dont il a envoye les pro- spectus. Ge savant a deja public plusieurs ouvrages , et entre autres une description de la baie du raont Saint- Michel et de Cancale , ouviage qui a ete couronne par la Societe en 1828. M. le professeur Rafn , de Copenhague, fait bommage a la Societe de la nouvelle edition de son bistoire des lies Fceroer , etil lui adresse, au nom de la Societe royale des antiquaires du Nord, plusieurs ouvrages du savant professeur Rasi , eideve recemment a la science. M. Coulier ecrit a la Societe pour lui faire hommage de trois volumes d'un ouvrage hollandais publie annuel- lement a Amsterdam sous le titre (\eAlmanak ten dienste der Zeelitiden, etc. Ce travail, a I'usage special de la ma- rine, est dresse sur le plan de la Connaissancedes Temps et du Nautical almanack. M. Coulier indique les princi- paux memoires contenus dans cet ouvrage, etil off re de faire la traduction de ceux qui pourraientinteresser plus specialement la Societe. Parmi ses observations, on re- marque que le meridien de Paris est plus generalement employe qu'aucun autre, soil paries auteurs de cet ou- vrage,soit par plusieurs societes savantesdes pays etran- gers. M. Coulier demande qu'il en soit toujours fait usage dans les notices que renferme le Bulletin de la Societe de Geograpbie. ( ^'7 ) La Commission centrale remercie M. Coulier do cette interessante communication , et elle s'empresse de profi- ler desesoffres en I'invitanta vouloir bien lui presenter d'abord la traduction d un memoire de M. le capital ne Pieterse sur les courans qu'il a observes dans le cours de sa navisation enlre la Hollande et 1 ile de Java. M. le president designe ensuite trois commissaires, MM. le baron Costaz, d'Urville et Daussy, pour exami- ner la question relative aux meridiens. Cette commis- sion, sur la proposition de M. Alex. Barbie du Bocage , aura aussi a examiner la question relative a I'uniformite de I'emploi des mesures itineraires, thermornetriques et barometriques. M. le commandant d'Urville rend compte de la Des- cription des phares (deuxieme edition), publiee par M. Coulier. Son rapport est renvoye au comite du Bulletin. M. lecolonelCoraboeuf fait un rapport sur un ouvrage relatif a I'orographie de I'Europe , adresse a la Societe par M, Oelsen , capitaine d'artillerie danois. M. Costaz observe que, lorsque les mesures de hauteur ont ete eva- luees par plusieurs observateurs dont les resultals of- frent des differences remarquables, il convient de n'ad- niettre que revaluation quicomporte leplusd'exactitude, et que, prendre indifferemment unemoyenne entre des resultats de mesures exactes et de mesures approxima- tives, ce ri'est que consacrer une nouvelle erreur. — Ce rapport est renvoye au comite du Bulletin. M. d'Avezac lit ensuite une notice sur I'Atlas de geo- graphie ancienne que vient de publier M. Poulain. Apres cette lecture, M. le baron Costaz fait observer que M. Poulain est membre de la Commission centrale, et que, d'apres I'usage etabli parmi les corps savans, la ( 'i8 ) Goiuniission doit s absteiiir de porter uucun jugenieiit sur les oiivrages de ses inembres. La Societe reconnait la justesse de cet^e remarque, inais plusieiirs inembres observent que lopinion expriinee par M. d'Avezac etant indlvlduelle, n'engage point la responsabilite de la Com- mission centrale, et ne pent etre contraire a aucun re- glement. L'analyse dont il vient d'etre fait lecture est renvoyee au comite du Bulletin. La question generale elevee parM.Costazpourra etre reproduite et examinee dans une procbaine seance. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du i6 aoiit i833. M. Enimanuel-Pierre-Victor Beylet , maitre de pen- sion il Bargemont (Var). M. Joao Pitta de Castro, of'ficier portugais. M. Ange DE St.-Priest, auteur de plnsieursouvrages. M. le docteur WtiRDEMAN, medecin naturaliste (de Charleston). ODVRAGES OFFERTS A I-A SOCIETB. Seance du 2 aout i833. Par la Societe royale de Londies: Transactions de cette Societe, i""" part. i833 , in-4°- Par M. le ministre de I'instruction publique: Histoire des anciennes villes de France ; rccherchcs sur leurs ori- gines, sur leurs monumens, sur le role qiielUs out joue dans les annates de nos provinces, par M. L. Vitet, pre- miere serie, haute Normandie , Dieppe. 2 vol. in-B", 1 833. — Recherches sur les voyages et dccouvertes des ( "9 ) navigateurs norniands en Aj'rique, dans Ics Indes-Orien- tales etenJmenqiie, etc., par L. Estaiicelin, depute de la Somme. Paris, i832. i vol. iii-S". — Archives Idstoriques de la France el des pays etrangers , aniiee i83o. 12 nu- meros. Paris, 1 83 1. In-8''. Par M, Coulier : Description generate des phares el fanaux , on Guide des marins pendant la navigation noc- turne., 2^ edition. Paris, i833. 1 vol. in- 12. Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque des voyages , S*' livr. , in-8°. Par M. Warden : Relation fcdte par Mehemet-Effendi de son ainbassade pres de Louis XV, en 1720, nianuscrit in-folio. Par M. le directeur : Bibliotheque universelle redigee a Geneve, cahier de mai. Par la Societed'agriculturedu departement de I'Eure: Recueil de cette Societc , triniestre d'avril. Par M. Lourniand : Journal general d' education et d' instruction, etc., cahier de juillet. Seance du 16 aoiil. Par la Societe royale des antiquaires du Nord : Den ganit e ^gyptiske tidsregning ejter kilderne paa nij beat hej- det; de I'ancienne chronolooie egyptienne, nouvellement etablie d'apres diversesautorites,parRask. Copenhague, 1827. I vol.in-8°. — Den celdsle hebraiske tidiregning indtil moses, eflerpaa nij bearbejdet ; de la plus ancienne chronologieliebraique jusqu'a Moise, d apies les sources les plus authentiques, et nouvelleuient etablie; avec une carte du paradis terrestre, par Rask. Copenhague, 1828. 1 vol. in-80. — Vejledning til Akra sproget pan kisten Ginea, medet Tillceg oni Akvambuisn; Guide dans I'etude de la langue d'Akra sur les cotes de Guinec, avec uu sup- ( I20 ) plement sur la langue d'Akwamboue, par Rask. Copen- hagiie, 1828. Broch. in-8°. — Proces-verbal de V assemhlee generale de la Societe royale des antiquaires du Nord, (III 3r Janvier i833. Par M. Rafn : Foereyinga saga oder geschichte dei bewohncr der Fdroer im islandischen grundtext , etc, ; Heiausiie'reben von C. -C. Rain unci G.-C.-F. Molinike; niit eiiier karte und eineiny«c simile der haupthand- schrift. Copenhague, i833. i vol. in-8°. Par M. Coiilier : Almanack a V usage des matins, polit- ies annees iSaS, 1826 et 1827. Amsterdam, 1824-1825. 3 voi. in-8°. Par M. Albcrt-Montemont : Bibliotheque universelle des 7>ojages , 6" livr. , in-8^. Par M. Warden : Adi'entures on the Columbia 7-iper;etc. Rccit d'une navigation dans les eaux de la Colombie et dhui spjour de six annees sur le iiersant occidental des montaisnes Rocheuses, au milieu des tribits indiennes in- connuesjusqii'ci ce jour, avec des details sur un voyage a trovers le continent americain , par Ross Cox. i vol. in-80. Par la Societe asiatique : Cahicr de juillet de son journal. Par i'Academie de I'industrie : N" 32 da Journal de ses travaux. Par la Societe francaise de stalistique universelle ; 2 numeros du Journal de ses Iravaux. Par M. de Moleon : Rccueil industriel et manufactu- rier, cahier de juin. Par MM. les directeurs : i niimero du Memorial encyclopedique , du Mentor, du Journal de la Litterature francaise^ et 4 numeros de flnslitut. BULLETIN UE LA SOGIETE DE GEOGRAPHIE. N" 125. SEPTEMBKE l833. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Rapport fait a la Societe dans sa seance du 6 sep- teinbre i833. Messieurs, D'apres la remaix[ue qui a ete faite dans la derniere seance, que beaucoup de positions geographiques in- serees dans les derniers bulletins etaient rapportees, pour les longitudes, an meridien de Greenwich, ce qui pouvait donner lieu a des meprises , vous avez charge MM. Costaz, Durville et moi d'examiner s'il ne serait pas convenable d'arreter que toutes les longitudes inserees dans le bulletin seraient rapportees au me- ridien de Paris. Sans doule, messieurs, si la question etait renfermee dans ce seul fait, les avanlages que Ion irouverait a etablir de I'liniformite dans les publications de la societe seraient pen iniportans, caril est bien rare que Ion puisse faire sur une longitude une errenr de 2» 20' sans sen apercevoir j mais en examinant la question sous un point de vue plus ge'neral , on sent qu ii 9 ( I2a ) serait vcritMblcmcnt avantageux quo toiites les donnees contenues dans le bulletin fussent rapportees a des mesures uniformes et constantes ; ainsi, par exemple, que les longitudes fussent donnees par rapport au meridien de Paris, les evaluations de temperature en degres du thernionietre centesimal , les hauteurs du haronietre en fractions de metre, etc.; car il est souvent impossible de reconnaitre si rechelle du thermometre dont il aetefait usage etait ortogesimale ou centesimale, et lorsqu'on s'est servi dun thernionietre de Fahrenheit, dont la divis'on ne pent etre confondue avec aucune autre, on n'a pas toujours present a I esprit la compa- raison des echelles. Pour les mesures de longueur, les pieds anglais peuvent facilement etre pris pour des pieds francais, et pour les distances, quand on parle de milles, il faut savoir s'il s'agit de niilles niarins de 60 au degre, ou du statute mile des Anglais de xj6o yards, ou enfin du mille allemand de i5 au degre. Dun autre cote, coniuie on n'a I'occasion de donner des mesures etrangeres, ou des longitudes rapportees a un autre meridien que celui de Paris, que quand on cite des observations faites par des etrangers, on sent qu'il est important alors de conserver les chiffres donne's par I'auteur lui-menie: on reconnaitra souvent par eel a seul, une crreur qui aurait pu se glisser, soit dans le texte , soit dans la copie ; en outre en con- vertissant des nombres, soit de mesures, soit de lon- gitudes , en d'autres , il arrivera quelquefois qu'on donnera une apprence d'exactitude a des resultats que lauteur lui-nienie n'avait voulu donner qu'en nombres ronds , afin de ne pas donner I'idee dune precision sur laquelle il ne comptait pas : en fin on introduit toujours une nouvelle .source d'erreur par le calcul quil faut uecessaitement elfectuer pour operer cette reduction, et Ion sail que quand on vent faire des recherches avec quelqne scrupnle, c'est toujours aux originanx qu'on a recours. D'apres res ronsidoratioiis , votre commission est d'avis, qu'il est absolument necessaire de conserver les chiffres originanx des anteurs que Ion cite; mais en meme temps, elle pense , qui! serait utile et con- venahle d'y joindre toujours la traduction des memes donnees en mesuresqui seraient adoptees par la Societe. EUe espere que les personnes qui veulent Lien en- voyer des memoires ou des extraits d'ouvrages etran- gers, ne reculeront pas devant le petit caicul qu'il y aura a faire pour operer cette reduction , afin d'obte- nir une uniformite qu'il est tres desirable de voir etablie dans le Bulletin , et qui pourra sonvent eviter des erreurs. En consequence, nous avons 1 honneur de vous proposer d'adopter la resolution suivante : Les personnes qui veulent bien envoyer a la Societe des memoires ou des analyses d'ouvrages, contenant des donnees en cbiffres qui seraient rapportees en mesures etrangeres seront invitees, en conservant les cbiffres originaux , a y joindre la conversion de ces donnees en mesures francaises, savoir: Les longitudes seraient rapportees an nieridien de Paris. Les evaluations de temperature seraient reduites en degresdu thermometre centesimal. Les bauteurs barometriques en fractions de metres, Les mesures de longueur, et les hauteurs en metres. Les distances itineraires en myriametres, ou en milles marins do 60 au degre. P. Daussy , rapporteur. 9- ( 124 ) Rapport sitr Vcsqtdsse orographiqiie de M. Oelsen. En 1824, MM. Brcdsdorff et Oelsen adresseient a la Societe de Geographic, poui' le concours ouvert sur I'orographie de I'Europe, un memoire qui etaitaccom- pagne d'une carte orographiquegeneralej memoire pour lequel les auteurs recurent, a litre d'encouragement, une medaille dor de la valeur de six cents francs. C'est ce travail que M. Oelsen a repris de nouveau , en lui donnant plus d'extension , et qu'il vieiit de publier en un volume ix\'/\',x\ec cinq exeniplaires dune carte gra- vee de I'Europe, a rechelle de 777777777. Sur un de ces exeniplaires, le relief de I'Europe est exprime par des courbes horizontales equidistantes de mille pieds de Paris; sur un autre, ce relief est represente a-la-fois par les courbes horizontales equidistantes et par les lignes de plus grande pente tracees dans Vintervalle de ces courbes; les trois autres exemplaires ont pour objet d'offrir separement les systemes orographique, hydro- "raphique et geognostique de I'Europe , lesquels y sont indiques respectivement par des teintes diversement coloriees. Cette carte est gravee avcc soin , et chaque specialite y est exprimee convenablement selon les vues de I'auteur. Nous observerons, toutefois, que le but que M. Oelsen s'est propose en tracant les courbes horizon- tales equidistantes de mille pieds, etant d'offrir les rap- ports entre les hauteurs absolues et relatives, et de sup- pleer ainsi aux profils qui accompagnent quelquefois les tableaux orographiques , ce but n'a pu etre rempli com- pletement, en ce que la petitesse de I'echelle ne pcrmet guere de suivre ces courbes dans tout leur developpe- ( 125 ) ment, on den evaluer !e nonibre dont se compose I'ele- vation absolue du point culminant d'un systeme. Le volume de texte a nour titre : Commentaire de Vesquisse orographique de I' Europe , car c'est sous ce titre modeste que M. Oelsen livre au public les resultats de ses nom- breuses rechercbes. Ce volume renferme les tableaux de hauteurs reparties dans douze divisions, savolr,onze systemes de montagnes, et ce que M. Oelsen appelle la grande plaine de i Europe. Voici la nomenclature deces syslemes : I. Islande et les lies Foeroer; II. Systeme scandinavique et la Finlandej III. — britannique; IV. — hesperique; V. — gaulois; VI. — germanique; VII. — alpique ; VIII. — les Carpathes ou Krapacs ; IX. — hellenique; X. — italique ; XI. — la Crimee ou systeme taurique ; XII. — la grande plaine de I'Europe. En tete du tableau de chaque systeme, I'auteur donne: i" La position geograpbique des points extremes 11- luitant I'espace qui le renferme ; 2° La position hypsometrique qui consiste dans la hauteur absolue du point culminant et I'elevation moyenne des massifs et des bases ; 3° L'indication des limites naturelles de ce systeme, selon la metbode de division que M. Oelsen a cru devoir adopter. Chaque systeme contient en outre des sous -divisions f 126 1 c'tablies egalciueiit bin des limilcs iiatuiclles qui sont indiquees eti tete des tableaux respectifs. Les tableaux sont composes de six colon nes qui of- frent les noms des points, les abrevialions par lesquelles ils sont iiidiques sur la carte orograpliique, les lati- tudes, les longitudes, les hauteurs adoptees par M. Oel- sen, et qu il cxpriuie toujours en nombre rond de di- zaine de pieds ; enfin les niesures originales de ces hau- teurs traduites en pieds , avec les noms des observateurs, et I'indicatioii des methodes qu'ils ont employees, ou des signes qui exprinient que revaluation est approxi- mative ou conjecturale. Le volume est termine par line table alphabetique des noms de tons les points qui sont nientionnes dans les tableaux, et par une autre table intitulee BibliotJieque orograpliique . contenant 1 indication , par ordre alpha- betique, d'environ quatre cent cinquinte ouvrages que M.Oelsen a consultes pour avoir les mesures originales des hauteurs. D'apres cet expose, on voit que M. Oelsen a snivi , dans la redaction de ce travail important, une marche simple et methodique , qui permet de trouver facilenient a quel systeme appartient un point dont la hauteur est donnee , comme aussi de consulter au besoin les mesures originales dont elle est derivee. L'auteur a eu I'attention surtout de ne pas omettre la position geographicjue, si ce n'est de ce point meme, au moins dun lieu voisin qui sert a le iaire retrouver sur la carte, encore ce cas est-il fort rare: generalement, le nom de chaque point estaccompagne de sa latitude et de sa longitude. Dans son avant-propos , l'auteur evalue a environ vingt mille le nombre des cotes d'elevations absolues qu'il a recueillies. L'ensemble des tableaux n'en contient ( '-7 ) que treize cents, ce nombre est suttisant, sans cK)ute, pour une simple esquisse orographiqiie, mais nous de- vons regretler, clans linteiet de la science, que M. Oel- sen n ait pas enrichi ses tableaux dun plus grand nombre de cotes de hauteurs clioisies parmi celles dont les me- sures meritent toute confiance : se futil borne meme a ne mentionner dans cette addition que les resullats qui ne se trouvent pas dans I'orographie de M. Bruguiere, on lui aurait su gre de ces documens nouveaux ajoutes a ceux que renferme son remarquable ouvrage, et d'a- voir fait jouir ainsi le public du fruit de ses laborieuses recherches. Des douze divisions etablies par M. Oelsen , celle qui porte la denomination de la grande plaine de F Europe ne nous parait pas devoir etre admise dans les limites qu'il lui a donnees, du moins pour la portion qui coni- prend ce que I'auteur appelle les plaines de la France, de laBelgique, de la Hollande, du pays de Hanovre et du Brandebourg, qu'il nous semble plus convenable de considerer conimedesdependances dessystemes gaulois et gernianique, dont les limiles naturelles seraient ainsi prolongees jusqu'a la mer. La chaine des petites nwn- tagnes de la Normandie et de la Bretagne, comprise dans cette douzieme division, offre plusieurs points qui sontplus eleves que le plateau de Waldai, que M. Oel- sen considere comnie le point culminant de la grande plaine de I'Europe. Au reste, on pent considerer ces di- visions comme un nioyen de classer avec ordre les cotes de hauteurs absolues, jusqu'a ce que celles ci soient assez multipliees et methodiquement reparties dans le sens des cours dean et sur les diverses ramifications des lignes de partage, pour que Ion puissc connaitre et ex primer tons les degres de dependance qu'ont entre elles ( '^-8 ) lei (liJiereiUes parlies qui constituent la configuration du sol de I'Europe : c'est alors que les divers systemes de son orographie pourront etre etablis sur des bases certaines. Nous devons relever des inexactitudes commises par M. Oelsen dans quelques elevations absolues qu'il a eva- luees en prenant indislinctementdes inoyennes entre les resultats de mesures faites par differens observateurs ou obtenues par des niethodes diffcrentes. Les mesures trigononietriques des hauteurs, lors- qu'elles sont etablies sur une bonne triangulation et qu'elles resultenl de distances zenithales reciproques ob- servees avec soin dans des circonstances atmospheriques favorables, circonstances qu'un observateur experimente peut toujours saisir, ces mesures offrent toutes les ga- ranties desirables d'exactitude, et doivent etre admises preferablenient a toute autre determination de hauteur qui ne reniplit pas les memes conditions. Les nivelle- mens geodesiques des chalnes principales de triangles du premier ordre de la nouvelle carte de France, prennent leur donnee de depart au niveau de la mer, et sont ob- tenus avec une precision qui permet d'evaluer la limite probable des petites erreurs inevitables. Or, dans le systeme hesperique, M. Oelsen mentionne, dans la colonne des mesures originales, quelques resul- tats du nivellenient geodesique des Pyrenees, qui nous a conduit a comparer le niveau des deux mers. It a cru devoir modifier les determinations provenant de ce ni- vellement, en raison des differences qu'elles presentent avec des mesures anterieures qui n etaient qu'approxi- niatives et par consequent susceptibles de rectification : par excmple , le pic du midi de IJigorre (une des stations de cc nivellement) esteleve, scion nous, de 8,856 pieds ( 129 ) (2876'", 74) 7 ^f- Otilsen levalue a 8,900 pieds, ce qui porte la difference a 44 pieds , tandis que la limite de notre plus grande erreur probable nedepasse pas 5 pieds. M. Oelsen, en donnant, dapres MM. Rebonl et \idal, 10,000 pieds a la hauteur du Mont-Caini (une de nos stations designee dans notre nivellement sous le noni de Montcal ) , ne cite pas notre determination , quoiqu'il ait donne dapres nous la position geographique de cetle sommite. Or, notre determinalion reduit cette hauteur a 9,480 pieds ( 3oj9'",5i) , ce qui porte a 52o pieds I'er- I'eur de la mesure anterieure. Enfin , le pic de Ncthou , point culminant de la chaine des Pyrenees, est eleve , selon nous,de 10,479 pieds ( 34o4"'jO,moyenne decinq resultats tres concordans), tandis que M. Oelsen porte cette hauteur a 10,600 pieds; I'erreur commise dans son evaluation est done de 121 pieds. Dans le systenie hellenique, nous trouvons, dans la colonne des mesures originales, et sous 1 indication de mesures trigonometriques des ingenieurs Jrancais , des resultats du nivellement geodesique opere en 1829 par MM. les capitaines Peytier, Puylon-Boblaye et Servier , resultats qui sont inseres dans le numero 72 du Bulletin de la Societe. Les monls Taygete et Zyria sont deux de leurs stations dont I'elevation est fixee par M. Oelsen au nieme nombre de 7000 pieds, tandis que 'a mesure geo- desique assigne au mont Taygete 744^ pieds (2417'"), et au mont Zyria 7265 pieds (236o'") (i); M. Oelsen semble avoir eu un peu egard a des mesures barome- triques que nous pourrions soupconner de n'etre que (i) Ces resultats ont subl de leg^res modifications dans la redac- tion definitive des travaux geodesiques de la Moree : la hauteur du Ta'vg^te est fixee a 2409"*, et celle du mont Zyria a 2374'". (Voy. le 11" 118 du Bulletin. ) ( i3o ) lictives, par Ics Hop fortes discordances qu'elles oiu avec les resultats trigonoinetriquos. II est Lieu difiicile de ne pas reiicontrer quelques inexactitudes dans un travail qui reunit des eleniens si divers; celles que nous venous de signaler sont faciles a rectifier, puisque les lesultats exacts que nous indiquons sont nientionnes dans la colonne des uiesures origiiiales: elles ne peuvent nuire au nierite dun ouvrage qui se recotnniande d'ailleurs par les doeumens nouveaux qu'il renferuie, ouvrage que Ion consultera toujours utile- ment avec I'orographie de M. Bruguiere. CORABOEUF. Noin. Les mesures de hauteur par le barouietre, lors- qu'elles resultent d'ohservations correspondantes taites a 1 aide de bons instruuiens bien compares entre eux, et soumises au calcul par la formule de Laplace, sontsus- ceptibles dune precision comparable a celle que Ion ol)tient par un bon nivellenient geodesique ou par tout autre procede rigoureux de nivellement : c'est dans ce cas seulement que les mesures barometritjues peuvent etre admises a concourir, avec de bonru's uiesures trigo- nometriques, a la determination des hauteurs. 11 est done important, lorsqu'on reunit plusieurs mesures dune meme hauteur, d indicjuer pour cliaque resultat le mode d'observalion et la nx'thode de calcul, afin que si une ou plusieurs determinations remplissent les condi- tions d'exactitude, elles soient admises preferablement aux autres ; autrement, prendre indilTeremment une moyenne (comnie quehpies personnes le pratiquent en- core) entre des mesures exactes et celles (jui ne sonl qu'approximatives, ce n'est que propager des erreurs. !3l > Mociirs et usages des Hautes-Jlpes (fragment). On recueille avec empressement les recits des voya- getirs qui retracenl les usages des peuples eloignes; c'est peiit-etre un premier besoin tleconn;utre ce qui se rattache aux habiludes et aux coutumes des parties de la France les moins frequentees. Sous re rapport, j'es- pere que la Societe de Geographie acciieillera avec bien- veiliance quelques renseignemens extraits des observa- tions auxquelles je me suis livre pendant nn sejour de sept annees dans les Hautes-Alpes. On y remarquera des nuances plus ou moins prononcees ou fugitives des elats successifs par lesquels la societe bumaine passe pour arrive!' a i'extreme civilisation. Voyons ce que furent les anciennes troupes de chas- seurs, ce qui se pratique encore de nos jours ; nous y puiserons des details curieux sur liristlnct de plusieurs animaux (i). Les chasseurs saventque la marmotte n'est hors de sa taniere que de la mi-niai a la mi-septembre ; qu elle la creuse au midi, au levant, jamais au couchanl ni au nord, et constamment dans un rayon de deux mille cent metres au dessus du niveau de lamer, et cir- conscrit dans une zone de cent metres de largeur, en hauteur perpendiculaire. Les chasseurs gravissent a pas comptes, parce que, a la distance de quarante metres, son ceil decouvre les moindres objets , son oreille en- (i) Ces details sont presque tons .i ajoiiter a ceiix que Buffon a tloniics; il y cii ,1 qui diffcrcnl de cl-s demiers , ou qui en sont le developpement. ( i32 ) tend le plus leger bruit, et qu'alois elle inontc sur uii rocher, im terlre, uiie pierre, rcgarde avec vivacite de toutes parts, se dresse sur ses pattes de derriere, et, an premier sujet de crainte, siffle pour donner I'eveil a ses compagiies. Elle gagne lostenient son trou, y reste une demi-heure sans bouger, puis s'avance vers I'ouver- ture, ou elle demeurerait des semaines entieresj luais si 1 objet de son et'fVoi s'est eloigne, elle se remet tout de suite en campagne.Apres la voir tuee, on en faittreniperla chair dans lean pendant vingt quatre heures, pour lui oter son odeur desagreable. En Suisse, je I'ai trouvee huileuse,avec un govit de suie. Oe sa graisse on exprinie un litre d'huile qui ne se fige point, et qui est excellente centre les rhumatismes. Si le chasseur se decide a poursuivre de rocs en rocs les chamois, au peril de sa vie, I'experience lui aappris que ceux-ci parcourent les pics les plus eleves, meme, en ete, les glaciers, et descendent, I'hiver, jusqu'aupres des chalets, qui sont au moins a une elevation de dix-neuf cents metres. Lorsque ces animaux paissent, ou se re- posent et dorment, selon leur usage, en rond , et les jeunes aupres des meres , leurs vedettes, a I'aspect d'un homme, dun ciiieii, d'un loup, sif'llent en fuyant et en frappant la terre , deviennent les conducteurs de la troupe, et lous disparaissent en volant, pour ainsi dire. Le chasseur se place sur un terrain superieur, parce qu'ils ont I'oeil reconvert par une longue paupiere , et des-lors voient moins facilement au-dessus deux; il va se poster, a bon vent, pres dune source, surlout si elle est salee : heureux lorsque dans le voisinage se trouve un antre ou il se blottit , et ou les chamois viennenl dans la chaleur du jour! A-t-on tue une femelle, on en ap- puie !a teto sur une fourche, on en soutient le corps C »33 ) afin quelle paiaisse encore vivaiite , et, en s'accroiipis- sant, on contrefait le cri dont elle se sert pour appeler ses petits. Dans plusieurs halles, et particulierement a Abries, on vend la viande du chamois a I'instar de celles du boeuf et du mouton.On reussit a apprivoiser cet ani- mal si sauvage; j'enai euaGap un jeune maleet unejeune fenielle, qui montaient tons les matins dans ma chambre pour etre caresses. On apprivoise aussi le faisan noir, qui est un coq de bruyere, el dont I'un me suivait dans le jardin. Quand le chasseur veut denicher des aiglons, il s'as- sied sur un rondin, ou niieux sur une planche, percee pour recevoir une corde, a laquelle on se suspend a I'effet de descendre dans les cavites des rochers ; on y porte une toi'che de paille alluniee, afin d'eloigner la mere qui viendrait defendre sa jeune famille. L'hotel de la prefecture des Hautes-Alpes avait, de mon temps, des amies vivantes : cetaient deux jeunes aigles qui, lorsque je passais, baissaient la tete, comma la volaille, pour se faire gratter. Par megarde, un soir, dans la cage du plus petit, on placa un vautour de grande espece ; des le matin , il n'en restait que des plumes. On porta a I'autre un petit renard qui se defen- dit long-temps. L'aigle tournait sans cesse autour de lui pour I'etourdir ou le surprendre en delaut, puis il saula sur sa tete et lui enfonca les serres dans le crane: I'in- fortune jeta un cri, et futdevore. Ge combat etait moins acharne que celui dun aigle et d un renard, au Gourtil- lard, chalet de la Salle, pres de Briancon. Le premier avait mal saisi son adversaire, qui le niordait au cou; en se debattant, ils se trainerent dans un grenier a loin, ou ils se donnerent nuiluelleinent la niort. Lorsque les loups inquietaient les troupeaux, on ten- ( '34 ) tiait un diet dans le passage de ces animaux teroces; ils s'y embarrassaient, et ils etaient assommes par Ics pay- sans. Sous les dauphins, les habitans de Lagrave et de Villars-d'Arene conservaient la cliasse de la bete fauve, A charge den of'frir la peau et les comes a la cour de Grenoble, qui avail le droit de prendre ces depouilles au prixdu commerce. Dans une prairie au-dessous de Monestier, des gens avec un sifflet aigu appellent les viperes, les saisissenl avec la main revetue dun g;int, et les jettent dans un sac pour les vendre aux pharmaciens de Genes et de Turin. Ce genre de commerce a lieu a Chalonne, pres d Angers. Nous avons su de Napoleon qu'en Egypte on attirait aussi les viperes a I'aidedun sifflet. Les frimas des Alpes y procurent parfois du gibier sans fatigues : ils out force plus d une perdrix blanche, grise, rouge, rochassiere ou bartavelle, a eiilrer dans la cheminee et a tomber sur le foyer. Mais , d'ordinaire , la chasse est bien penible, dans cette contree, pour un lievre, une perdrix; conibien ne faut-il pas monter, des- cendre, traverser de vallonsi qu'eslce lorsqu'il s'agit de lours oudu chamois? On ma raconte, au Monestier, qu'un chasseur, poursuivant un de ces animaux jusque sur un glacier, entendit un bruit affreux , coniine celui du dechirement de I'enorme masse : une ouverture, un veritable puits se forme, le chasseur y tonibe; des quil est maitre de ses sens, il cherche d'ou vient le pen d'air qui lui permet a peine de respirer; plonge dans une obscurite presque totale,il decouvre cependantun petit passage par ou s'ecoulait tin filet d'eau , s'y met a plat ventre, s"y glisse en rampant, et, a nioitie etouffe par la pression (juil eprouve, il se Iraine pendant plusieurs heurcs, et enfin apercoit un faible rayon de lumicre q«ii ( i35 ) s'accroJt peu-a-pcu ; niais au moment ou pour lui renais- sait I'esperancfi, ce conduit est eleven u trop etroit !.... L'iiitrepide chasseur ne ralentit point ses efforts : tra- vaillant tie ses pieds, de ses mains, de tout son corps, il finit par se frayer une issue , et le voila rendu au jour. Pour appuyer le pied, il n'a qu' une seule pierre qui de- passe le sol de deux ponces, et qui doniine im precipice dont I'oeil ne mesure I'etendue qu'avec effroi. Le givre couvre ses vetemens, il est brise de fatigue, mourant de faim : il n"a d'autre perspective que de s'elancer dans I'abime, ou d'y tomber quand la pierre ne pourra plus le soutenir. Pour tout autre, descendre eut ete la mort. Apres mille peines, il parvient au fond du gouffre, et il y passe la nuit, expose a la chute des rochers suspendus sur sa tete. Le lendeniain entier est employe a gravir de I'autre cote cette pente si longue et si rapide ; il en atteint le sommet a la tombee du jour, rend grace au dieu qui I'a sauve, et regagne son village. On assure qu'il conti- nue encore son perilleux metier. M^is une population entiere ne pouvait montrer un semblable courage, et il est a croire que les dangers continuels qu eprouvaient les chasseurs out du faire songer la plupart d'entre eux a la condition plus douce de pasteurs. Les dcscendans de ceux des Caturiges, qui occupent la partie la plus haute du departement, conduisent en- core, dans la belle saison, une partie de leurs betes a laine sur les montagnes du Pieuiont, tandis que d'autres, et surtout les habitans de la partie inferieure, louent, de temps immemorial, leurs montagnes pastorales aux Bailes, bcrgcrs de la Crau d'Arles, qui y amenent leurs troupeaux transhumans, a la tete desquels s'avanccnt de grands chiens de i'espece de ceux du Saint-Bernard , ar- ( »36 ) nies dun collier garni de pointes dc fer, des boucs et des chevres ayant la sonnette an cou j lesanes suivent, porteurs du bagage. La laine, dans ces paturages dtili- cieux, acquiert plus de douceur et de finesse; elle ga- gne surlout audessous des yeux et des genoux. Au milieu des prairies qui s'etendent jusqu'aux lieux ou cesse toute vegetation, apparaissent des cabanes de bergers, des laiteiies, des chalets plus ou moiiis voisins, des villages en tiers que Ton n habite qu'en ete.Sur le pen- chant des monlagnes, sont des chaumieres ou les ber- geres traient les vaches, les brebis el les clievres, apres le lever de letoile du soir, et avant que ceile du matin disparaisse; elles vaquent tout le jour a d'autres travaux; leur fraicheur, leur tranche gaite teraient en vie aux fem- mes denos grandes villes. L'uned'elles, surma demande, me donna du lait, et refusa ensuite la piece d'argentque je lui offris ; ello ne concevait pas que je voulusse payer un si legerservice. A la mi-octobre, lorsque je remarquais dans le Brianconnais la diversite des teintes de la ver- dure, et la couleur d'orange que prenaient les leuilles du meleze, je vis descendre les troupeaux des communes f les anes etaient charges de fromages qu'on avait fabri- ques; les femmes tenaient leurs enfans par la main. A la grangette, audessous de Rabou, on hisse par unc echelle des moutons dans une prairie coupee par des sources et bordee de rochers sur lesquels on leur portc du sel tous les quinze jours : on va les tondre dans cette retraite, et malheur au loup qui reussirait a y pe- netrer; il ne pourrait plus en sortir. C'est dans un bas- I'ond de ce genre qu'on place des betes a laine pres de la montagne de I'Abessee; mais on peut, quoique avec dif- ficulte, sintroduire par un point dans cette espece d'en- tonnoir. Surpris de la disparition frequente de quelques ( '37 ) brebis, on I'atlribuait d'abord a des voleurs; un des vi!- lageois fit le guet pendant la nuit, et vit avec frayeur un ours enorme emportant sa proie dans leiifoncement d'un I'ocber , ou II la devora. Le lendemain tous les chasseurs se reunirent pour faire une battue; ils aper- curent lours qui digerait en dormant au soleil : un chas- seur le tira du haut d'une eminence, et lui traversa la tete dune balle; lours toniba sur les chasseurs infe- rieurs, qui, ne s'attendant point a cette chute, furent un moment epouvantes; mais, apres avoir pousse quel- ques rugissemens affreux I'animal expira. C'est, dit-oii, le dernier qu'on ait tue dans ces parages. Cette particularite nous a remenes au Brianconnais, ou Ion a ouvert trois cent cinquante canaux d'irriga- tion. Dans plusieurs communes, le prix de I'heure d'ar- rosage se vend avec ou sans la terre; il varie de 12 a 24 francs. Ailleurs, I'arrosage se distribue par jour, heure, demiheure, par quartiers ou mas ; la prise dean com- mence le lundi, et finit le samedi. hes paries , forts pro- prietaires qui protegent les petits (i), choisissent, dans une assemblee que le niaire preside, des mansiers (chefs de maisons, chefs de canaux ) et des prayers (2) (gardes); chaque printemps les mansiers ordonnent les travaux d'urgence, et prononcent des amendes contre les delits ou I'absence. Les reglemens fixent le nombre et I'espece de betail qu'on pent envoyer dans les pacages com- muns, a chai'ge d'une taxe quelconque. Tout chef de famille, riche ou pauvre, a droit, sans retribution a deux vaches et six brebis, comme indispensables a sa subsis- (1) Par analogic avec le Paiiage, esp^ce fie societe » gale et parcimonieuse, tandis que les hommes et les ani- maux y ont un appetit vorace. Dans le canton de La Grave, on se chaiiffe et on fait sa cuisine avec la bouze de ( »4i ) vache secliee au soleil, de menie que clans les gouveine- mens meridionaux de la Russia et dans I'interieur dii Delta. Ailleurs, la paysanne, voulant qu'on soit content de son repas, quitte son champ, ramasse chemin faisant des broussailles dans son tablier, les jette sur le foyer, y passe une allumette, apres avoir suspendu a la cremail. lere une marmite de fer, reniplie d'eau, et que la fumee enveloppe; la femnie va cueillir dans son etroit jardin des poireaux, ordinairement reserves pour I'hiver, jette du sel et du beurre dans la marmite, taille la soupe, y verse son bouillon, auquel elle joint de I'huile, si le beurre lui a manque, et appelle ses convives. Les paysans, qui allaient etudier a I'ancien college d'Enibrun, y arrivaient a I'entree de la niauvaise saison, sur lane ou le mulct qui portait leur mince bagage et leur pain pour six mois; ce pain, ils le trempaient, deux fois par jour, dans une soupe assez semblable a celle de Rumfort ; le lit et la table leur coutaient 3 francs par mois ; a Paques, ils allaient rechercher des provisions jiisqu'en septem- bre. On a, depuis longuesannees, fait dans les Hautes-Alpes du pain de pommes de terre; mais, de temps immemo- rial, on y cuit, dans plusieurs cantons, le pain de seigle pour quinze a dix-huit mois; il se garde, parce que le grain, venu en un terrain leger et devore par les chaleurs de lete, a perdu son humidite; d'ailleurs, pour qu'il nese moisisse pas, on y met beaucoup de levain , et on laisse lever la pate pendant vingt-quatre lieures. Divise par tranches et morceaux, le pain passe une seconde fois au four, puis on le depose en un lieu sec. Veut-on le manger, on le place sur une planche ou est attache un anneau de fer, dans lequel on engage la pointe d un taroniro, in- strument duquel on se sert pour le decouper; ou, s'il ( '4^- ) n'esl pas trop vieux , on Ic casse avec le poing et on l<; reduit presque en poussiere. Frais, il est pesant, iioir, d'un gout douceatre et sucre. Lorsque, a Briancon , on fait un marche avec des gens de La Grave, on se reserve toujours un pain. S'il est conserve, une livre en nnurrit autant que quatre de celui de boulanger. II est vrai qu'on le tait ordiiiaireinent bouillir avec cinq ou six fois son poids de pommes de terre, assaisonnees avec une ou deux ecuellees de lait. Si c est le seul mets de la journee on le reitere jusqua quatre fois. Les usages que je viens de decrire se retrouvent, soil sur plusieurs points de la France, soit chez divers peu- ples. Ainsi Ion se sert de raquettes et d'agrafes, et Ton durcit la neige avec un rouleau , en Laponie et dans !e Jura. Les Lapons ecartent la neige avec des triangles 5 ils designent, en hiver, lecheniin par des branches d'arbres. Au Canada , et jusqu'a la baie d'Hudson , on marche sur la neige avec des morceaux ou planchettes de bois, atta- ches avec des courroies. On brule de la bouze de vache dans rinde, sur lesbords du Missouri et dans les plaines depourvues de bois, qui setendent jusqu'a la grande chaine des montagnes Rocheuses. On en brule en West- phalie, meme dans notre Beauce et notre pays Chartrain. En Suede et en Norwege, on cuit du pain aussi mince que la galette, pour un an ou dix-huit mois- il est de seigle ou d orge, et iort noir. Dans toute lAmerique du nord, ou Ton fait le commerce de fourrures , jusqu'a I'ocean Pacilique, on compose, de la farine de niais, melangee avec du poisson sale et seche au soleil, une pate qu'on y seche egalement et qui sert de provision pendant six mois. Je pourrais decrire un grand nombre d'usages, si- gnaler des traces de 1 age dor et une foule de belles ac- ( '43 ) lions, donner tous les details qui concernent renii- gratioii periodique dune partie des habitans ; niais j'excederais par trop les homes dun article. Je dirai seu- lement que si, en hiver, la necessite force les hommes a emigrer, comnie les oiseaux voyageurs , lorsque I'instinct rappelle ceux-ci, des souvenirs plus doux, les affections domestiques, I'aniour de la patrie, ont raraene ceux-la ; apres avoir porte la balle, on a un cheval, ensuite une petite boutique, quelquefois un gros magasin ; mais d'l- talie, d'Espagne, d'Amerique , on revient dans ses mon- tagnes cheries, acheter une propriete, s'y marier, et y mourir entre les bras de ses enfans. J.-C.-F. Ladoucette. ( x44 ) Croisikre (la schooner le Dolphin dctiix les ilcs dc V Ocean Pacifiqiie, par le lieutenant Y{. Paulding. ( Analyse par M. J. u'Ukville ). Dans le cours de I'annee 1824, "n navire balcinier des Etats-Unis, nomine le Globe, se trouvaitdans TOcean Pacifique, par 8° lat. S. et 160° long. O. Greenvvicli (162° 20 de Paris). Une partie de I'equipage se re- volta , massacra les officiers , et conduisit le navire aux lies Mulgraves, ou les mutins se proposaient de former un etablissement. Arrives dans ces lies, les homines qui n'avaienl point pris part a la revolte reussirent a s'echap- peravec le vaisseau, et parvinrent a gagner "Valparaiso, ou ils donnerent connaissance au consul americain des evenemens siirvenus. L'annee suivante, le secretaire de la marine des Etats- Unis donna I'ordre au commodore Hull d'expedier le schooner le Dolphin a la recherche des mutins restes aux lies Mulgraves. On se proposait en cela le double but de faire un exemple salutaire en punissant les coupables, et en meme temps d'arracher a leur malheureux sort ceux qui n'avaient point pris part au crime. Ainsi, le 18 aout 1825, le Dolphin, sous le comman- dement du lieutenant Pcrcival, appareilla de Chorillos, sur la cote du Perou. Apres avoir touche successivement a Casma, Santa, Huanchaco et Lobos, il mouilla le 26 sur la baie de Payta, pour prendre des ralraichissemens ( i45 ) Le 6 septembre , le Dolphin mouilla sous le vent de rile Hood , I'une des lies Gallapagos , ou Ion se procuia un grand nombre de tortues. De la, il passa a I'lle Charles, puis 11 fit route pour les lies Marquises, ou Nouka-Hiva. Le 26, on conununiqua a la voile avec les insulalres de la Donienlca (lie Ohlva-Hoa) ; le jour suivant, on nioullla a RouaHouga, dont leshabltansne repondlrent que par des demonstrations hostlles aux avances qu'on leur fit. Alors on se dirlga vers Tile Nouka-Hlva. On jeta d'abord I'ancre dans la bale de Comptroller, puis on se rendlt dans celle de Massachusett, celebre par le sejour qu'y fit jadls le capitaine amerlcaln Porter. II ne restalt aucuns vestiges des batimens qu'y avait eleves ce capitaine; la raplde et puissanie vegetation de la zone equatoriale avait touteiivabi.Cependant le tabou impose sur ce local par un chef Happali,attestait que les naturels en conservaient le souvenir. Les Happah et les Taipi sont restes enneniis acharnes les uns des aulres, comme Us I'etaient au temps de Porter. Durant le court sejour du Dolphin a la bale Massachu- sett, les relations des Amerlcains avec les naturels furent constammentde la nature la plus amicale. Le pen de de- tails quedonne M. Paulding sur les moeurs et le carac- tere des Nouka-Hiviens, se rapporte entierement a tout ce qu'ont ecrit avant iui les divers navigateurs, et no- tamment le capitaine Porter, Ihomme qui nous a pro- cure sur cette matiere les documens les plus complets et les plus curieux. A cette epoque, les indigenes de I'archipel de Nouka - Hiva etaient deineures entiere- ment etrangers aux modifications morales et religieuses introduites par les mlsslonnaires dans les lies Hawaii et Taitl. Le 5 octobre, on remit a la voile. Le 10, on visita I'lle ( »46 ) Caroline, oil I on se procurad'excellent poisson en abon- tlance. G'estune terre basse, longiie de six a huit niilles, tres etroite,bordee de coraux et boisee. Elle est inbabi- tee, mais on y trouva des traces du passage des naturels. Coinme les Marquises en sont les terres les plus voi- sines, dit M. Paulding, il en conclut que les honmies qui ont visite Tile Caroline doivent appartenir a quelque lie inconnue. Certainenient , il nest pas impossible qu'uue lie encore ignoree exisle dans les environs de 1 lie Caroline; niais nous ferons reniarquer qu'il nest pas necessaire de recourir a cette supposition pour expli- quer les traces du sejour de 1 bomme. Les lies Fliegen et Lazareff , qui formeot I'extremite nord-ouest de I'archi- pel Pomotou, ne sont pas distantes de plus de 120 lieues au vent de I lie Caroline, et d'autres lies en sont a la menie distance sous le vent. Or, divers faits ont atteste que les navigations des naturels se sont souvent eten- dues a de plus grandes distances. On placa I ile Caroline par 90 54' ^5o"lat. S. etiSo^o' 18" long. O. (iSa" 2o'4?-" de Paris). Le aQoctobre, on visilal'ile Clarence, composee dune f'oule d'llots bas, bien boises, et reunis par un recif commun. La sonde n'ayant point trouve le fond avec cent brasses de iigne, a moinsd'un demi-cable du rivage, il lallut secontenter des communications que Ton eut a la voile avec les naturels. Une centaine de pirogues en- vironnerent bientot le navire. Les babitans se niontre- rent voleurs et entreprenans; ils tenterent d'enlever un canot envoye pour sonder, et il fallut faire feu sur eux pour les repousser. M. Paulding les represente comnie des honimes forts et vigoureux, d'une couleur cuivree tresfoncee, et plusieurs, surtout parmi les vieillards, etaient couverts de cicatrices. Leurs cheveux etaient ( ^47 ) longs et tresses dune niaiiiere pen gracieiise, et ils avaient peu de barbe. Un canot tenta de debarquer a la plage, mais les sauvages en amies s'y opposerent. On mouilla, le 3o, sous le vent de 1 ile York, dent la forme est lout-a-fait semblable a celle des lies Caro- line et Clarence. Les habitans, tres peu nonibreux, fu- rent d'abord effrayes de la visite de leurs botes; puis ils se rassurerent, et vinrent commercer avec les bluncs. Ils etaient en tout sendjlables a ceux de I'lle Clarence, mais ils leur etaient bien inferieurs pour la force et I'ac- livite, et la plupart d'entre eux avaient un air inaladif- Comme cette He etait inhabitee quand elle fut decouverte par Byron , M. Paulding observe avec raison qu elle a du recevoir sa population de 1 ile Clarence. Nous ferons nous-meines observer en passant que 'M. Paulding a commis une inexactitude en nous donnant rile d'York comme decouverte par Byron en iyc)i;c'est au mois de juin 1765 qu'elle fut decouverte par Byron, et en 1791 elle fut revue par le capitaine Edwards, qui decouvrit en meme temps 1 lie Clarence. Le 3i, on remit a la voile, et le 9 novembre au soir, les plages de Tile Byron se montrerent illuminees par une foule de feux. Le jour suivant, en mouilla par dix brasses, a moins d'un cable de distance du recif. Le sol et les habitans de Byron n'offrirent presque aucune dif- ference avec ce qui avait ete observe deja sur Clarence et York. Ces sauvages etaient nombreux, robustes et effrontes; on fut oblige d'employer la violence pour les , repousser du navire, ou ils se montraient insolens, tur- bulens et pillards. Le capitaine du Dolphin voulut des- cendre au rivage, mais les demonstrations et meme les actes hostiles des naturels , lobligerent a rentrer a bord. Ayant tente une seconde fois le debarquement a la tele ( i48 ) cle pliisieuis canots, celui qui le portait tut brise en ac- costant les recifs, et M. Percival resta expose sur un plateau de coraux, avec les honimes du canot naufrage, aiix assauls des iiaturels. Cetle position critique dura une parlie de la journee; heureusenient le canon du navire imposaaux naturels, quise contenterent deharceler les Aniericains, et ceux-la purent enfin rejoindre leur na- vire au commencement de la nuit. Peu de temps apres avoir quitte I'lle Byron, on apercul les lies Drummond, et Ton serra la terre de pres sous le vent , pour communiquer avec les habitans. Ceux-ci etaient tort nombreux et grands voleurs. On remarqua une vingtaine de villages sous les cocotiers, el le Dol- phin tut entoure par pres de deux cents pirogues mon- teescbacune par deux ou troispersonnes. L'une decelles- ci etait ordinairement une femme occupee a videi lean qui pouvait s'introduire dans la pirogue. Dans la navigation des lies Drummond aux lies Mul- graves, on fut contrarie par des courans violens et irre- guliers qui compromircnt plus d'une fois le salul du navire. Enfin, le 19 novembre au soir, on arriva.au terme du voyage, et Ton mouilla sous le vent des Mulgraves, par six brasses et a moins dime encablure du recit. Ces lies etaient en tout semblables a celles que Ion venait de volrjmais les habitans, ([ui etaient d'ailleurs peu nom- breux, differaicnt des naturels des autres lies , sous le rapport du costume comme sous celui du caractere. Leur accueil fut hospitaller, leurs dispositions bienveil- lantes,et Us ne se permirent aucun larcin. Cepend.mt ils parurent bientot alarmes des recherches des Ameri- cains pour obtenir des renseignemens sur le compte des ( ^49 ) mutins du Globe, et uu beau jour ils disparuient toiit- afait. Graces aux perquisitions assidues et niinutieuses que Ton fit, on parvint a decouvrir entre les mains des na- turels des traces non equivoques du sejour des Ameri- cains ;mais les indigenes se refusaient a donner aucuns renseigneniens sur cette matiere : ils paraissaient, au con- traire, de plus en plus niecontens des demarches de leurs botes, et adoplerent un sysleme de defiance et de reserve qui annoncait leur culpabilite. Cependant, le 29 novenibre , M.Paulding se trouvant en exploration dans une des embarcations , parvint a de- livrer deux hommes du Globe, nommes William Lay et Cyrus Huzzy. Ces deux individus , les seuls qui fussent restes en vie, donnerent des renseignemens etendus sur les evenemens qui suivirent I'enlevement du Globe. En voici le resume : L'equipage du Globe se composait de trente a trente- cinq personnes. Les cbefs des mutins se nommaient Comstock, Paine et Oliver, et le maitre d'botel , qui etait un noir appele Lilliston. Dans une nuit, ils massa- crerent le capitaine et les trois officiers, el forcerent le reste de l'equipage a obeir a leurs ordres. Peu de jours apres, le noir Lilliston, ayant ete surpris tandis qu'il cbar- geait un pistolet contre la defense formelle de Comstock, devenu commandant du Globe, celui-ci lui fit faire a I'instant memeson proces. Lilliston tut juge, condamne a etre pendu, et sur-le-champ execute. Comstock conduisit le navire aux lies Mul^raves , ou il comptait fonder une colonic. Tandis qu'il s'occupait du debarquement des objets necessaires a son projet, Paine et Oliver, qui «naient sans doute deja las de leur nouveau chef, descendirent a terrcet le tuerent acoups ( i5o } tie tusil. Paiiiti prit alors ie commaiuleiuent. Mais le iia- vire ayant ete emmene peu de jours apres par ceux qui n'avaient point prit part a la revoke, les naturels, qui s'etaient d'abord niontres douxet bienveillans, devinrent plus entreprenans quarid ils virerit la faiblesse de lours botes, et se permirent quelques larcins. Un jour, Paine, ayant voulu recouvrer plusieurs ou- tils (ierobes par les naturels, envoya quelques-uiis do ses hommes pour cet objet. Ceux-ci furent repousses par les naturels, qui , encourages par leur avantage, tonibe- rent sur i'etablissement et eijoreferent tous les Anieri- cains, a I'exception de Lay et de Huzzy. Ces deux hommes durent leur salut a deux sauvages qui les pri- rent sous leur protection. Ils vecurent paisiblement avec les naturels, partageant leurs occupations et leur ina- niere de vivre. Les insulaires furent tres atlliges quand ils se virent obliges de se separer d eux ; cependant les presens qu'on leur fit adoucirent lamertume de leurs regrets, et la meilleure intelligence regna entre les Ame- ricains et les insulaires durant le reste du temps que le Dolphin passa aux lies Mulgraves. Ce groupe est compose de pctits Hots bas et tres etroits, dissemines sur un recif de cent quarante milles de circonference, qui sert decelnture a un grand lagon interieur, parsenie de bancs de corail. Le fruit a pain des deux varietes, les cocos et les fruits du Pandanus, sout toutes les ressources que le regne vegetal offre a la sub- sistance des babitans ; ils sont nieme souvent reduits aux derniers, qui ne donnent qu'un aliment dun gout peu agreable et par lul-meme peu substantiel. Ces insulaires enterrent leurs morts,et en nieme temps ils abandonnentau gre du vent une petite pirogue pour- vue dune voile et de quelques provisions, pour enipor- ( i5j ) ler ail large lespiit du defuiit et 1 eiupt'chcr de levenir Iroubler le repos des vivaiis. Leiirs manages sont accom- pagnes de peu de formalites,- il suffit du consentement des parens et des amis. Une fois unis,les conjoints vivent dans une parfaite union , et sont tres jaloiix de leur fide- lite mutuelle. II est permis aux hommes d'avoir autant de femmes qu'il leur plait ; niais , comme ils ont souvent beaucoup de peine a en nourrir une seule, il est rare qii'ils en prennent davantage. Lors du sejour du Dol- phin^ le chef supreme, ou tcimon des Mulgraves , avail seul six femmes. Ce tamon, nomme Latou-Ano , etait regarde comme le plus grand guerrier de ces lies. Son autorite est absolue; inais pour I'administration de la justice, il est oblige de prendre I'avis des chefs les plus considerables.TousIesautres lui paienttributen nature, pour son entretien et celui de sa famille et de ses gens. Du reste, ils ne paraissent soumis a aucunes restrictions superstitieuses du genre du Tnbou ou Tapou des Poly- nesiens. On n'observe chez eux aucune sorte de culte, bien quils reconnaissent un grand esprit nomme Kenni't, qui peut les fiiire mourir ou les rendre malades; mais ils n'en attendent rien de bon , et semblent n'avoii aucune no- tion dune nouvelle existence apres la mort. Toutefois, certains jongleurs ou sorciers jouissent parmi eux d'un grand credit; toute leur science se borne a savoir liar d'un grand nombre de manieres differentes une grosse poignee de brins de pailie, et a pouvoir ensuite retirer chacun de ces brins sans qu'il s'embrouilie avec les au- tres. Celui qui ne sait pas accomplir ces importans mys- teres ne doit point boire a la meme coupe que celui qui y est initie. lis n'aiment point qu'on siffle dans leurs maisons^ ( i52 ) cette action, suivant eux, attirerait i\es esprits qui les tueraient ou les rend raient nialades. Suivant Collins, une superstition tout-a fait semblable existait chez les natu- rels dela Nouvelle-Galles du Sud. Peu de temps apres le massacre des Americains, une nialadie cruelle causa de grands ravages parnii les sau- vages; ils I'attribuerent a I'influence de Lay et de Huzzy, qui en qgissaient aiusi pour venger la mort de leurs com- patriotes. Aussi inenacerent-ils plus d'une fois les deux blancs de les tuer pour cela, et ils I'auraient probable- ment fait, s'ils n'eussent craint que cette action ne leur attirat de plus grandes calamites. Leurs maisons sont vastes, propres et bien entrete- nues. Leurs pirogues sont parfaiiement construites, et manoeuvrent tres bien. La physiononiie de ces insulaires est touta-fait ditfe- rente de celle des habitans des lies Byron el Clarence. Ils n'ont point le nez plat ni les levres epaisses. Leurs cheveux sont longs et rattaches proprement au sommet de la tete. Tout cela convient parfaitement a la descrip- tion qu'ont donnee les divers navigateurs du type micro- nesieii , a ce que nous avons nous-meme observe sur les lies Ualan, Duperrey, Ilogoleu , Gouap, etc. C'est le cas d'exprimer le regret que M. Paulding n'ait pas pro- fite du long sejour du Dolphin aux lies Mulgraves, et de ses frequentes communications avec les indigenes, pour recueiilir un vocabulaire etendu des ternies de leur langue. Si ,en outre, il avail eu le soin de nous procurer un certain nombre des mots les plus nsuels de la langue des babilans de Clarertce, de Byron el de Drumniond, ces«documens nous auraient puissamment aide a tracer dune nianiere plus sure la limite des peuples Polyne- siens et Micronesiens. Jusqu'a ce moment, et sauf plus ^y. ( i53 ) ample informe , sur iiotre carte generale , nous avons conipris I'archipel entier de Gilbert dans la Micronesie , et il serait possible qu'il appartint encore a la Polynesie. Par la nieme raison, les iles situees depuis le groupe Mit- chell jusqu'a Saint-Augustin seraient peut-etre renvoyees a la Micronesie. Au moins est-il certain qua Rotouma la langue polynesienne est deja bien alteree. Une con- naissance plus parfaite des idiomes respectifs de ces di- verses peuplades pourra seule lever ces incertitudes. M. Paulding, par une negligence assez remarquable , n'ayantpointdonnela position geographique des iles Mul- graves, nous dirons que M. Duperrey a etabli la pointe S. de ce groupe par 6" 7' lat. N. et 169° 36' long. E. (de Pa- ris). A la fin de niai 1824, nous raugesimes , sur /aCoquil/e, adeuxou trois niillesde distance labande occidentalede ces ilots,et les naturels ne tenterent point de venir a nous. C'etait I'annee nieme de I'enlevement du Globe, et deja peut-etre le massacre des Americains avait eu lieu. Le 9 decembre, le Dolphin quitta les lies Mulgraves, et Ton ne tarda pas a se trouver pres des lies Pedder. On communiqun avec les naturels , qui resseniblent en tout a ceux desMulgraves.Le chef des lies Pedder jouit d'une grande influence, et son autorite s'etend jusque sur les lies Mulgraves et plusieurs autres groupes au nord et a I'ouest. On conniiuniqua encore avec les naturels de I lie Ib- bitson, on plutot Aur, puis on fit route vers I'archipel de Hawaii. On chercha en vain quelques lies ou recifs indiques par des baleiniers , on ne trouva rien • seule- ment, le 4 Janvier 1826, onpassa acent toises du rocher Ballard, masse de cent ou deux cents toises de circon- lerence et de deux cents pieds d'elevation, couverte doiseaux et depourvue de toute apparenco de ve»eta- I 1 ( '54 ) tion. La position qui lui fut assignoi- list aS" 2' lat. N. el 167" 5o' long. 0.(170° io'24' de Paris). Le 9 Janvier au soir, on se trouva pies de Tile Bird, Modou-Manou des naturels. Le capitaine desrendit sur une petite plage de sable pour pecher. Durantce temps, levent souleva une si grosse houle,qii'il fut impossible de remettre la Ixileiniere a la mer, et il fallut passer la nuit sur la plage. Le jour suivant, quand on vouiut re- mettre le canot a Hot, il fut brise par le rcssac, et cliacun tut oblige de regagner a la nage la cbaloupe qui se tenait en dehors du recif. Modou-Manou est un rocher d'une lieue environ de circonference, eleve de huit cents pieds au dessus du niveau de la mer, taille a pic sur presque tout son con- tour, et qui n'offre qu'une vegetation miserable. Le 16 Janvier, on mouilla en rade dOnaroura, sur rile Wahou. M. Paulding se loue beaucoup de I'aecueil qu il eprouva de la part de ses compatriotes, les mission- naires exceptes ; aussi M. Paulding partage a leur egard 1 opinion de tous les hommes senses et sans preventions ni prejuges qui ont examine de leurs propres yeux et sagement apprecie les resultats des travaux des mission - naires dans les lies de la Polynesie. M. Paulding demande si les missionnaires n'eussent pas agi dans un meilleur esprit en inspirant aux naturels le goi'it des travaux utiles, plutot que de leur inculquer les principes dune doctrine myst('rieusc , tout-u-fait etrangere a la portee de leur intelligence , et qui ne pent man(juer de se con- vertir en une superstition obscure et intolerante. Le havre d Onaroura est devenu une sorte de rendez- vous pour tous les navires baleiniers qui croisentsur les cotes du Japon et dans les environs ; ils viennent d or- dinaire y passer les inois d'hivcr, Janvier, fevrier et mars. ( l:>5 ) Le ternie nioyen du nonibre ties iiavires qui viennent toucher chaque annee sur ce point esi de cinquante, et souvent on en trouve una vingtaine reunis sur la rade. M. Paulding donne quelques auties details sur lesiles Hawaii; mais comma ils n'ajoutent aucunes notions es- sentiellas a celles qui ont ate piibliees par una foule d autras navigateurs, nous n en ferons point mention. Le 1 1 niai, on remit a la voile. Le 7 juin , on visita una petite ile inhabitee et couverte da bois, dun mille de longueur sur cent ou deux cents toises de large. Get ilot, qui est une veritable decouverte du Dolphin, recut le nom de Hull, et sa position fat etablie par ai" 48 lat. S. et i54° 54' long- O- (157° 14' 24" de Paris). La jour suivant, on mouilla sous le vent de Rimatara, ou Ion se procura das rafraichissemens. Las habitans avaient abjure laurs anciennes superstitions, et un mis- sionnaire tailien y continuait la conversion das naturals commencea par un missionnaire anglais qui etait alle re- joindre sas collegues a Taiti. M. Paulding observa las debris de cinq ou six colonnes an pierra qui avaient du avoir soixante ou soixante-dix pieds de haut sur vingt ou trcnte pieds de circonference. Ces fragmens,derniars restes de I'architecture primitive des indigenes, faisaient partie des monumens destines a leur culte. Ils ont ete abat- tus par I'ordre des missionnaires , jaloux d'effacer toute espece de souvenir des anciens rits. L'homme judicieux regrattara ces actes de vandalisme. N'etait-il pas pos- sible de convertir ces insulaires, sans detruire ces cu- rieux temoins de leur industrie primitive? et dans ce zele mal entendu , ne retrouve-t-on pas ce tanalisme ignorant et avaugla qui, a tant depoquas diverses, si- gnala son influence par la destruction des plus respec- tables nionimiens de I'esprit humain.'' II. ( "56 ) Le lo , le Dolpliin reprit la mer, et mouilla , le i3, de- vant Toubouai. Les habitans, au nombre de deux cents, sontdiriges par deux missionnaires ta'itiens qui ont en- vahi le pouvoir supreme, n'en laissant a-peu-pres que I'ombre au chef legitime, qui parait peu satisfait de cet etat de choses. Bien que cette lie n'ait que deux ou trois milles de large, ellc est fertile en cocotiers et fruits a pain, et pourrait alimenter, suivant M. Paulding, plu- sieurs milliers d habitans. On y trouve encore les vestiges dune population plus considerable; on assure quelle montait a pres de quinze mille ames avant la visile des niutins du Bounty. On appareilla le 22 juin ; le 25 ,on mouilla a Rapa,ile montueuse de hult ou dix milles de circuit, parsemee de montagnes de mille pieds environ d'elevation. La, des missionnaires taitiens dirigeaient aussi d'une maniere absolue les habitans, qui parurent miserables, souffrans, timides el peu communicatifs. Un agent du consul an- glais a Hawaii residait sur cette He avec quelqucs mate- lots, pour ramasser un chargenient d'hololhuries et de bois de sandal. Le 27, on remit a la voile ; quelques heures apres , on reconnut les iles de Bass, qui sont probablement les memes qui furent jadis nommees par Quiros los Corona- das. On passa , le 19 juillet , pres de Mas a P'uero , et le jour suivant, pres de Juan-Fernandez. Enfin, on mouilla le 23 juillet a Valparaiso, ou se termina lacampagnedu Dolphin. Ainsi qu'on a pu le voir par le court expose que nous venons de tracer, la relation du lieutenant Paulding ne signale qu'une seule decouverte; elle offre aussi peu d'apercus importans pour les sciences. Cependant elle contient quelques details interessans sur les lies de la ( »57 ) Polynesie. Get officier a surtout le nierlte d'avolr donne des renseigneniens positifs siir les habitans des Mul- graves, sujet reste jiisqu'alors inconnu. En consequence, son ouvrage est un de ceux qui devront trouver place dans la bibliotheque des personnes qui font une etude speciale de la geographic de i'Oceanie et des moeurs de ses habitans. 5 juillet i833. ( i58 ) DOCUMENS SUR LE PORT DE TAMPICO ET LA RIVIERE 1)E PANUCO. Rapport fail a laSociete, dans sa sea/ice du a ani'it i833. Messieurs, Vous in'avez charge dans votre seance du 12 avril der- nier d examiner divers docuniens sur la riviere deTani- pico, presentes par M. Barbie du Socage, et que vous avez juge pouvoir entrer dans le bulletin que publie la Sociele. Ces documens sont relatifs a limportance du port de Tampico et a la facilite quil y aurait a etablir des com- munications, par la riviere du meme nom, jusqu'a une assez grande distance dans linterieur des terres, en di- minuant beaucoup par la le temps et par consequent les frais qu occasionne le transport des niarchandises par terre. Get etablissement a ete I'objet d'un rapport fait au ministre de linterieur de la republique par M. Jose-An- tonio Ramirez, capitaine de port, et Jose Migoni, admi- nistrateur des douanes a Tampico. Ce rapport a ete en- voye par M. Hersant, consul de France a S.-Luis Po- tosi , qui y a joint des donnees fort interessanles sur le port de Tampico, et de plus un tableau de la route cal- culee du bateau a vapeur la Estrella^ dejiuis Tampico jusqu'a Panuco : c est principalement cette piece qui a fixe mon attention. Quoiqu'on ne doive pas la conside- rer comme une mesure rigoureuse, cependant , elle four- nit, pour une partiesur laquelle on a jusqu'a present pen de details, des donnees qui ne sont point a negliger. ( i-\9 ) Pour obtenir cette route, M. Hersant a marque com- biei) de minutes le batiment a coiiru dans chaque direc- tion, il a observe en meme temps le nombre de revolu- tions que faisaient les roues dans une minute, ce qui lui a donne le nombre de tours de roues qui, evalues a rai- son de 42 pieds anglais pour une revolution, lui a donne, sauf correction, I'espace parcouru ; il en a re- tranche 1,4 pour la friction et i"',()5 ou 5544 pieds par heure pour tenir compte de leffet du courant et de la maree; il a obtenu ainsi la distance reelle parcourue, en pieds anglais, qu'il a reduits ensuite en milles anglais, a raison de 5280 pieds pour un mille, et enfm en myria- metres, en evaluant le mille anglais i6o9"',3i49 ; c'esten effet ce que Ton trouve pour la valeur de ce mille dans i'Annuaire du bureau des longitudes. On voit deja qu'il reste de I'inceriitude, et sur la quantite allouee pour le frottement, et sur la force du courantet de la maree, force que Ion a supposee constante, tandis que la maree sur- tout doit avoir varie beaucoup dans un trajet qui a dure 10 h. 46'. Malgre ces incertitudes, jai pense qu'il serait interessant d'avoir le cours de cette riviere trace d'apres ces donneesj c'est ce que j ai fait, en reduisant aussi sur une meme echelle le petit plan de I'entree de la riviera que M. Hersant avait envoye en meme temps, afin que Ion put voir tout son cours dcpuis son embouchure jusqu'a Panuco. Je pense que cette petite carte pourra accompagner avantageusenient la publication des documens envoyes par M. Hersant, et qui pourront etre inseres dans tm des prochains Bulletins. P. Daussy. ( '6" ) Lettre dc M. Hehsant, consul de France a San-Luis Potosi et a Tanipico , accnnrpa^nce de documcns sta- tisiiques et geograpliiques avec un plan; comniuniqucc a la Societe de Geographie parM. J.G. Barbie du Bocage. Jalapa, i5 octobre i832. Monsieur, Le port de Tampico,peu trequente avant que des ne- gocians europeens n'y eussent fonde , il y a une dizaine d'annees, la ville du nieme nom, qu'on appelle de Tamau- l/pas, afin de la distinguer de celle de Tampico Viejo^ et de Tampico el Alto , a iniprime un nouveau moiive- XTicnt au commerce et a la navigation elrangerej et quoi- que d'apres les obstacles que sa harre presente il suit destine a etre plus favorable aux Etats-Unis du Nord qu'aux nations de lAncien-Monde, dont les batimens ont necessairenient un fort tirant d'eau, il n'est point inutile de reunir toutes les donnees qui peuvent servir a le bien faire connaitre. C'est dans cette vue que j'ai I'honneur de vous adresser : 1° Un extrait de I'ouvrage espagnol imprime a Ma- drid en 1810, intitule : Derrotero de las islas Antillas^ de las castas de tierra finne j de las del seno mexicano ; 2" La traduction dun rapport fait par le capitaine de portet par I'adrainistration de la douanede Tampico de Tamaulipas a M. Alanian, ministre des affaires etrhn- geres et de I'interieur en aout i83i, sur les nioyens a employer pour rendre la riviere Panuco navigable pour les bateaux a vapeur, depuis Tampico jusqu'aCofradia, et pour etablir par terre des communications faciles en- tre ce dernier endroit et San-Luis Potosi j ( I<^I } 3" Un relevti dc l;» ineme riviere, depuis la barre de Tampico jusqua Panuco, calcule a borJ du bateau a va- peur la Estrella. Le second de ces docnmens demontrequ'il serait aise d'ouvrir la navigation de Panuco jusqu'a 169 niilles (27">'-, 197,5) dans les terres, et que le commerce en retirerait un bien grand avantage pour le versement, dans rinterieur, des marchaiidises qui seraient impor- tees dans un port, qui, malgre sa t'ondation toute re- cente est dejacelul de la republique qui, apres la Vera- Cruz, fasse le plus d'affaires. II est a regretter que ie gouvernenient n'ait point statue' sur cet objet, et n'ait encore rien fait pour metlre a execution les ouvrages proposes par MM. Ramirez et Migoni. Cette insou- ciance est peutetre due a la jalousie influente du com- merce de Vera-Cruz, qui ne voit pas sans peine I'aug- mentation toujours croissante des transactions nier- cantiles de Tampico, qui lui enleve une paitie des be- nefices qu'une longue suite d'annees d'un monopole presque exclusif pour approvisionner les niarcbes de rinterieur, I'avait en quelque sorte habituee a conside- rer comme lui appartenant en propre. Dans la supposi- tion meme ou I'administration federaie aurait ete dis- posee a s'occuper de cetle amelioration interieure, la gixerre civile qui a eciate en Janvier dernier Ten aurait detournee. G'est done de sa part un projet ajourne. Mais, si elle n'a pas voulu, ou n'a pas pu y donner ses soins, une reunion de negocians etrangers I'a execute en partie, et a fait acheter, il ya un peu plus d'une annee, un bateau a vapeur a la Nouvelle-Orleaiis, dans le des- sein, non de remonter la riviere jusqu a Cofradia, niais de remorquer les navires a leur entree dans le port et a leur sortie, et aussi de faire parfois des voyages jusqu a ( i6^ ) Paiiuco. Mallieureuseinent 1 agent charge cle I'achat de ce bateau fut infulele, et an lieu de s'en procurer un avec les qualites requises, il en aclieta un dun Jrant d'eau trop fort, ct deja condamne comma hors de ser- vice. Neanmoins, la societe lemploya pendant quelquc tetnps, et venait de le faire reparer, lorsqu'en juin der- nier, ayaiit touclie sur la barre a I'entree de la riviere, il souvriten deux et futabandonne par les actionnaires. C est a bord de ce bateau, dans un voyage qu il fit au haut de la riviere, que furent faits une partie des cal- culs que contient la piece ci-jointe, n" 3 ; je les ai com- pletes depuis . et vous remarquerez que leur resultat, fjuant aux distances, coincide a une petite difference pres,avec celles nientionnees dans le rapport deiMM. Ra- mirez et Migoni. Je regrette que le manque des instru- niens necessaires m'empeche de presenter le plan de la riviere, ainsi quej'en avais I'intention ; neanmoins il sera facile de le tracer a Paris d'apres mes calculs. La riviere a ^ooo pieds (6o9"',5S6"4) de largeur de- puis la barre jusqu'en face de la ville, et puis va en di- minuant jusqu'a Panuco ou elle n'en a plus que looo (3o4"',7932). En general le terrain est eleve au sonimet des coudes, et plat vis-a-vis; I'encaissement n'ayant lieu nulle part dans toute la distance parcourue par 1 .£'5- trella. Le croquis de la barre, jusque devant Tampico, que je nie hasarde a niettre sous vos yeux, pourra encore aider le geograpbe cbarge de metlie sur le papier le re- sultat de mes calculs. II me reste maintenant, monsieur, a vous parlerde la piece n' i, qui, extraite dun ouvrage qui setrouvedans les mains de presque tons lescapilai- nes qui frequentcnt le golfe du Mcxique, est de nature a les induire en erreur. L'auteur dit que n la riviere Tampico a un boii lond, et ( i63 > « assez a'eau pour les batiniens qui tirent moinsde Irois « brasses » (5">,oi6). Jamais un navire de ce tirant d'eau ne pourrait passer sur la barre, nieme dans la saison la plus favorable, car jamais il n'y a eu plus de i3 a i5 pieds de profondeur (4'",225 a 4"',875); cette quantite d'eau se reduit dans la saison des pluies jusqu'a lo et menie 8 pieds d'eau (3"',25o a 2"',6oo). Aussi arrive-t-il de ces fausses donnees, que la plupart des batiniens francais qui visitent ce port frappent sur la barre et font de fortes avaries, quoique quelques-uns des capi- taines aient la precaution de mettre a terre une partie de leur chargement, avant meme que d'essayer d'entrer en riviere. L'auleur n'aurait done pas dii dire que la riviere de Tampico pent etre frequente'e par des bati- mens calant moins de trois brasses , mais bien par des navires tirant de 8 a 12 pieds d'eau au plus; la pieds (3'",90o) dans labeUe saison, et 8 (2'",6oo) dans celle des pluies. Cette difference ile profondeur en moins provient de I'accumulation , a I'entree de la riviere, des sables apportes par les eaux qui descendent des montagnes avec une rapidite extraordinaire , et qui sont arretes par la barre. « Sa barre, continue I'auteur, qui coure N.-O. etS.-E., « a plus ou moins d'eau, selon les crues de la riviere. • Le dernier membre de cette periode est vrai, mais I'exac- titude du premier n'estpas aussi reelle. La barre de Tam- pico n'a point de position fixe, elle varie continuelle- ment, et c'est tellement le cas, que les pilotes vont cha' que matin 1 econnaitre le passage, qui rarement reste a la meme place plusieurs jours de suite : la quantite d'eau * qui s'y trouve n'est pas, ainsi que je I'ai dit touta- I'beure, moins changeante. D'apres la carte du general Victoria, president de la republique, I'entree de la ri- ( i64 ) vieie Tanipico est par les 22° 16' de latitude nord, et lespioSo' de long., ineridien deCadix (100° 7' 6' de P). L'arlicle se termine en disant que, « dans ces trois en- « droits (Tampico-Vlejo,Tainpico-eUAl to et Altamira), il y « a abondance de toutes choses. » II est loin d'en etre ainsi, et ies deux malheureux naufrages qui ont occasione, en mai et en juin, le sejour a Tampico de Tamaulipas de lequipage du brick, de I'Etat le Fnime, el la relaclie du trois mats la Flore, ni'ont fourni la preuve du contraire. Non-seulemeut j'ai eu beaucoup de peine a me procu- rer les vivres necessaires, mais encore, sans les moyens mis a ma disposition par le commandant de la corvette la Ceres, la Flore n'eiit jamais pu etre viree en quille, ni reparee, laute d'ouvriers et des materiaux que ces re- parations exigeaient; pour le bois meme, j'en ai ete re- duit a envoyer couper un arbre dans les forets, a quelques lieues de la ville, pour remplacer une partie de la quille, qui avait ete enlevee lorsque le batiment s'e- choua sur le cap Roxo : et cependant la nouvelle ville de Tamaulipas offre plus de ressources que les trois en- droits mentionnes dans I'article du Derrotero del seno mexicano. Ces derniers inconveniens disparaitront au surplus avec le temps, et les Etats-Unis du JNord, si voisins du Mexique , et qui y font deja a eux seals plus de com- merce que toutes les outres nations ensemble, finiront par y iinplanter leur industrie et par y faire abonder ces ressources qu'ori trouve meme dans leurs plus petits ports. Cette puissance est destince au surplus, je le re- pete, a s'emparer de toutc la navigation de Tampico, au detriment des Europeens, qui seront forces, s'ils veu- lent fournir au debouchc qu'il presente, d'envoyer leurs marcliandises aux Etats-Unis, el a la Nouvelle-Orlearis { i65 ) principalement, pour y etre tie la transpoitees par des batimens legers qui peuvent franchir la barre clans tou- tes les saisons de I'annee, J'ai I'honneur d'etre, etc. Extrait de I'ouvrage espagnol intitule Derrotero de las islas Atitillas, de las castas de tierra firme y de las del seno mexicano^ iniprime a Madrid en 1810. TRADUCTION. Riviere Tarn ipico. La riviere Tampico a un bon fond et assez d'eau pour les batimens qui tirent moins de trois brasses; sa barre, qui est N.-O. et S.E., a plus ou moins d'eau selon les crues de la riviere; a deux lieues de son euibouclinre, il y a sur la rive sud un delroit qui communique a une lagunenommee Zapote ; k une lieue de distance de cette lagune, se trouve Tampico-le-Vieux , et a deux lieues plus loin Tampico-le-Haut; au N.-O. du detroit de Zapole, il en existe un autre a la distance dune lieue, qui vaa la ville d'Altamira, et a 20 lieues plus baut, la riviere Tampico mene a la ville de Panuco : dans ces trois endroits il y a une abondance de toutes sortes de provisions. ( '66 ) Extrait (Can Mcmoiie sur la tuH'igation du Panuco et sitr la route de teire entre Cofradia et San-Luis Potosi. Tampico de Tamaulipas , aoiit i8Jt. Les citoyens ne sauraient mieux remplir les devoirs que le patriotisme leur impose quen consacrant lenrs heures tie loisir a des objets d'utilite nationale. Pleins de cette idee, nous nous sommes hasardes a jeter sui' le papier les premiers elemens qui nous paraissent ne- cessaires pour etablir I'interessante navigation de cette riviere, le Panuco, au nioyen de bateaux a vapeur. A ce rapport detaille sur cette navigation est joint un expose du cheniin par terre entre Cofradia et San-Luis Potosi ^ afm que prevenu des avantages et des obstacles que le projet presente, on puisse faire executer les relevemens necessaires, et donner ses soins a cette entreprise. il nous semblc qn'une des premieres choses a faire serait de nommer un ingenieur intelligent et capable, pour faire un plan exact de la riviere etdu cbemiti interieur, et dresser un devis circonstancie des travaux a faire et des depenses qu'ils occasioneraient. Nous appelons plus particulierenicnt I'attention sur les six observations qui sont a la suite de notre rapport, dont le resultat ne saurait etre douteux, si on adopte les bases du projet en question. La facilile de transporter des marcliandises en quinze jours au plus, dans toutes les saisons de I'an- nee, de Tampico de Tamaulipas a San-Luis Potosi, au lieu de 3o a 4o qui sont necessaires aujourd'bui, serait a elle seule un motif suffisant pour que le supreme gou- vernement daignat s'en occuper: mais raffaire devient ( 16- ) encore bien plus interessante lorsqu'on consideie les iiouveaux villages et les etablissemens qui en naitront, ainsi que I'impulsion extraordinaire que le commerce et I'agricullure en recevront. Jose-Antonio Ramirez, capitaine duport. JosEjM. , MiGONi, ndministrateur de la doiiane. Navigation de la riviere Paniico , depnis hi Barre de Tampico jiisqua Cofradia, el distance par terre ^ de Cofradia a San- Luis Potosi. PRINCIPAUX Dr.TOUBS DE I.A RIVIERE. Explications. 1. De la Barue a Tampico deTamaidi- pas. Cette distance, formee de trois coudes, est excellente pour la na- vigation, la riviere ayant beau- coup d'eau 2. De Tampico deTamaulipas a Pa- nuco , ou les batimens remontent tres bien , quoiqu il y ait des differences tres grandes dans la profondeur de la riviere- nullc part il y a moins de lo pieds d'eau (2"',79o) DISTANCtS en niillcs anglnis eu de i7()o myriametrcs. yards. G 0,965,6 73 11,748,0 ^ lepoiter jy i2,7i3,G ( i68 ) V. Report. ....... 79 1 2,7 1 3,6 3. De Panuco au Rancho de Mira- fiores. An milieu de la riviere, en lace du Rancho, il y a deux recifs de 20 vares d'etendue (i6'",72o5), et sur lesquels il y a 12 pieds d'eau (3"', 348) ; un peu plus loin, il y en a un troisienie, courant au sud- ouest, quia 25 vares de longueur (20'",90o), et sur lequel il y a aussi 12 pieds d'eau; mais durant les secheresses, cette profondeur se trouve reduite sur ces recifs a 3 ou 4 pieds seulenient (o'",837 ou i'",n6') : i! serait cependaut facile de faire sauter ces rochers .... 21 3,379,6 4. De MiRADORES au village de Tarn- pico. Ce detour a un bon dienal qui n'a pas nioins de i5 pieds de profondeur (4'",o85). II y a a son extremile un tres grand recif qui se termine par une poinle de sable tres fin et qui forme un chenal de 1 5 pieds de large (4'",o85^et de 5 a 7 pieds de profondeur (i'",395 a i"',953). Durant la secheresse, cette profondeur n'a plus que 3 il 4 pieds (o"',837 a i"',ii6); mais il serait tres aise de la rendre plus considerable 2i 3,54o,5 J reporter. .... 122 19,633,7 (■ ^69 ) I^iort I2Q 19,633,7 5. De Tampico au detour de Desgracia. A Tentree de ce detour, il existe un recif de 45o pieds (i25™,55o), avec 4 a 5 pieds d'eau (i'",io6 a i"\'iy^)). Le cbenal a cepeudant 36 pieds (io'",o44) de largeur, et une profondeur de 9 a lo pieds (2™,5ii a 2'", 790), qui dans la se- cheresse se reduisent de 3 a 4 pieds (o'",837 a i-,ii6) ..... 8 1,287,5 6. De la Desgracia a Los Hoyules. Le chenal de ce detour est lar^e, et a 7 pieds d'eau (i"',953). II y a au milieu un batardeau, mais il serait facile d'enlever cette ob- struction a peu de frais. n i 126 S 7. De Los Ho YULES a TamanteEl-Oie- jo. Get endroit se trouve en face de Cofradia , dont la metairie se com- pose de quatre maisons. On ne saurait choisir un meilleur point pour servir de derniere station aux bateaux a vapeur; ses bords etant formes de terres en petrification appelees vulgairement Tepelate. On pourrait aise'menty construire un quai pour le debarquement des marchandises. La profondeur de Id riviere est dans cet endroit, du- A reporter ... 137 22,047,7 12 ( >7o) Report 1 37 22,047,7 rant les secheresses , de 3 a 4 pieds (o'",837 a I'", 1 16) 33 5,149,8 Total de la distance par eau. 169 27,197,5 ROUTE PAR TERRE. 1. De CoFRADiA a yUla de Valles. A line demi-lieue de distance, il y a une etendiie de qiiatre lieues qui dans le temps des pluies est inondeepar les eaux dulacdeMo- nijo, qui se remplit et deborde; niais cela ne dure que jusquau moment ou la baisse commence , car alors il suffit de 24 heures pour rendre le chemin praticable. On pourrait remedier a cet incon- venient en faisant unechaussee, pour la construction de laquelle les materiaux se trouvent a I'en- droit meme. Le reste du chemin est tres bon , le terrain commen- cant a s'elever vers les monta- gnes. Distance 24 3,86a,4 2. De Villa de Valles a Villa de Mdiz. Cette partie de la route est assez bonne; il serait cependant necessaire de faire quelques ame- liorations, comme, par exemple, A reporter. .... 24 3,862,4 ( ^7^ ) Report. ...... 24 3,862,4 d'elargir le passage de la ville , qui est fort etroit. Le terrain de- mandeaussi d'etre remblaye dans plusieurs endroits ; les eaux qui se precipitent avec une tres grande force des montagnes voisines, ayant creuse des sillons qui sont dangereux pour les voyageurs. . 90 i4j4S'3,8 D'El Vallo de Maiz a San-Luis Potosi. Ce chemin, quoique sus- ceptible d'arueliorations, est bon et praticable, meme dans la saison des pluies. Les muletiers le fre- quentent depuis quelque temps . 120 19,311,8 Total de la distance par terre. 234 37,658, o OBSERVATIONS. 1° Pour que la navigation, au moyen de la vapeur, puisse avoir lieu, il sera necessaire que les bateaux soient construits de maniere a ne tirer que 24 a 3o pouces d'eau (o,"'558 a o,'"697,5) afin de pouvoir marcher, meme durant les secheresses; mais, si les ameliorations propo- sees s'executaient, alors ils pourraient etre dun tlrant d'eau proportionne a I'augmentation de profondeur de la riviere. Le nouveau relevenient qu'on ferait alors, determinerait ce point. 2^ Qu'a I'endroit appele Cofradia, on construisit un quai pour pouvoir decharger avec facilite et sans retard, les marchandises que les bateaux a vapeur apporteraient et detruire ainsi les obstacles que Ton rencontre dans les 12. ( '72 ) rivieres ou, lorsqii'il n'exisle pas de quai, les decharge- incns lie se tout pas avec toute la promptitude et toute lecoriomie que linteret commercial exige. 3° Que ies bateaux puissent parcourir la distance en 35 heiires, durant la saison iles basses eaux, et en 4o ou 4^5 durant l.i saison des pluies. 4" Que les muletieis puissent faire en 1 3 jours les 234 inilles anglais (37,"'658,o) qu'il y a entre Cofradia et San-Luis-Potosi , a raison de i8 niilles (2, '"896,8) par jour. 5° U'apres les deux observations qui precedent, on voit que i5 jours sulfiraient pour transporter les mar- cliandiscs de Tampico-de-Tamaulipas a San-Luis-Potosi, tandis qu'il en faut aujourd'liui de 3o a 4o dans la bonne saison seulement; car, durant celle des pluies, les che- uiins deviennent tout-a fait impraticables, et les mar- chandises ne pcuveiit monler dans I'interieur, et les conduits dargent ne peuvent descendre vers la cote. 6° Ces divers renseignemens devront, au surplus, elre verifies par les ingenieurs que le gouvernenient fe- deral enverra et qui lui en feront un rapport exact et circonstancie. Tampico deTamaulipas, le 3i juillet i83i. ( Signatures. ) Le voyage de Tampico a Panuco a ete fait en 10 h. 46 m. , dont il faut deduire 2 h. 6 m. pour le temps qui a ete employe a prendre du bois ; reste done 8 h. 4f> ni., pendant Icsquelles rEstreUa a parcouru pres de 7 1 niilles anglais (9 myr., 926,26), ou 8 milles 1/2 par heure (i myr., 367,92). La distance de la barre a Tampico (^6 milles, 9999) n'etant point comprise dans les 8 h. 4o m. Jalapa, i5 octobre z833. ( »7^ ) Notice sur /'Atlas de Geographie historique pour sdivir a I'intelligence de Ihistoiie ancienne, a'e M. Poulain DE BossAY, hie a la seance du i6" aout i833, par M. d'Avezac. M. Poulain a successivenient mis au jour douze car- tes quil a dressees pour lintelligence de Ihistoirean- cienne,et qui torment la premiere partie dun plus vaste travail, ou Thistoire romaine, celle du moyen age et celle des temps modernes doivent aussi trouver leur place. Le travail deM. Poulain parait domine par cette idee principale que , pour chaque epoque remarquable de I'histoire, le geographe doit presenter iin tableau aussi exact que possible de i'aspect reel du theatre des eve- nemens, sans accumuler sur uue nieme carle des indica- tions heteiochroniques, telles que des noms, deja ou- blies, de pays, de mers ou de fleuves, a cote d'autres noms inconnus encore a Tepoque thematique, ou bien des villes disparues du sol et des villes non encore fondees, etc., d'ou resulle i'inconvenient de ne ja- mais resumer a i'oeil la situation veritable des contrees liistoriques pour un instant donne. Get inconvenient se represente tous les jours dans les atlas ineme les meilleurs : Delisle, d Anville, Bonne , Lapie, Brue, Reichard, Kruse, quelque nierile qu'aient d'ailleurs leurs cartes, ne les ont point suffisamnient specialisees pouroflrir a ceux qui les eludient une idee nette et precise dts phases diverses a travers lesquelles un pays est parvenu de son etat primitii a sou etat mo- derne. Ce n'esl point a dire, toutetois, que nous ne posse- ( 174 ) dions (les carles parliculieres relatives a differentes epo- ques remarquables de I'histoire ancienne; on en pour- rait citer un assez grand nornbre de Duval, de Hornius, de Delisle, de Hase, de Sanson , de d'Anville, de Barbie du Bocage et autres, et dans ce nornbre il s'en trouve qui jouissent d'une estime meritee j mais ce sont des tra- vaux epars , dont la reunion meme ne pourrait former un ensemble complet et liomogene. Buy de Mornas avail voulu combler ce vide par son Atlas tnethodique et elementaire de geographie et d'histoire ; mais ce gros re- cueil de quatre tomes in-quarto n'est qu'une compila- tion de peu de merite, embarrassee de beaucoup d'inu- tilites, t^op volumineuse a-la-foiset trop mediocre pour etre recherchee et repandue. II y avail done, pour I'etude suivie de la geographic appliquee a I'histoire, une lacunereelle, queM. Poulain a eu le dessein de remplir. II vient de terminer la serie des cartes qu'il consacre a Ihistoire ancienne j ces car- tes sont au nornbre de douze, dont plusieurs sont dou- bles. Ce nornbre, toutefois, ne serait pas suffisant pour nous montrer sous toutes leurs phases, et le monde primitif, et les grandes monarchies de I'Asie, et la Grece antique, si I'auteur n'eut ingenieusement fait servir une meme carte a presenter, d'une nianiere distincte, divers tableaux successifs dun meme pays : quelquefois, peut- etre, I'oeil a-l-il peine a suivre ces distinctions, qu'une enluminure imparfaite et fort complexe n'a point tou- jours assez clairement tranchees; mais c'est un in- convenient dont la responsabilite retombe tout en- tiere sur le travail materiel des coloristes, qui n'ont pas mis loute lintelligence desirable a opposer entre elles des teintes dont la diversite fut assez frappante. ( 175) Suivant I'objet de chaque carte, le coloriage a du ren- dre sensible, tantot la difference des races coexistantes, leurs migrations, les variations de leur etendue territo- riale ; tantot les limites respectives des Etats conlenipo- rains et leurs vicissitudes mutuelles ; tant(5t les bornes comparatives des puissances qui se sunt succedees sur iin meme sol. Independamment de la multiplicite des couleurs, ne- cessaire pour la distinction reciproque soit des races, soit des Etats, soit des associations politiques a une epo- que donnee, il fallait trouver en outre un moyen de re- produire cette distinction pour une seconde, pour une troisieme epoque : M. Poulain a le merite d'avoir adoptc un mode de coloriage aussi simple qu'ingenieux pour re- presenter a-la-fois trois etats successifs des memes con- trees. Dans cette triple representation , il affecte au pre- mier synchronisme des teintes plates, au deuxieme des filets larges et fondns, au troisieme des fdets etroits et vifs, de telle sorte que les trois enluminures chevau- chent I'une sur I'autre sans le moindre embarras. Ce systeme offre de tels avantages pour I'etude com- paree des synchronisnies geograpbiques, qu'il est a de- sirer de le voir generalement adopte, et je me bate d'in- viter I'auteur lui-meme a en faire des a present a tou- les ses cartes une application invariable. G'est un moyen puissant de rendre aisement perceptibles des distinc- tions qui, sans cet artifice, pourraient fatiguer I'oeil et I'intelligence en reclamant une attention scrupuleuse trop continue. Je n'ai parle jusqu'ici que de I'execution mate'rielle des cartes ; leur redaction me parait digne d'une atten- tion serieuse, dun interet reel : ce nest point une de ces oeuvres envers lesquelles on se tient quitte au prix ( i7« ) de quelques louanges banales jetees au hasard comme une vaine formule. C'est le fruit d'etudes vraies et pro- londes, qui out droit a un examen approfondi comme elles, a une critique grave et consciencieuse. Je regrettc que le defaut de plus amples loisirs, etsurtout de con- naissances plus etendues, ne m'ait point permis une in- Testigation aussi complete, aussi severe que le merite ge- neral de I'ouvraee me semble 1 exiger. Dumoins leur au- teur neme verra-t-il point luiprodiguer ces vagues elo- ges que I'insouciance decerne a la mediocrite : je me con ten te de declarer que dans mon opinion I'Atlas de M. Poulain est fort superieur a toutes les compilations cartographiques dans lesquelles nous avons ete reduits jusqua ce jour a etudier la geographic anciennej qu'il doit etre place hors ligne, comme fruit dune erudition veritable, choisie, initiee aux plus hautes questions que la critique moderne ait soulevees en ces matieres. Apres cet hommage sincere, je releverai avec une egale franchise les imperfections de detail que j'ai cru reconnaitre : I'auteur trouvera, dans ces observations memeSjla preuve de I'interet avec lequel j'ai examine son travail. Je vais rapidement passer en revue chacune des douze planches dont il se compose. La premiere est consacree aux plus anciennes tradi- tions geographiques des Hebreux. M. Poulain a eu rai- son de n'en negliger aucune, car pour etre tronques ces documens antiques n'en sont pas moins d'authenti- ques lambeaux dune topographic reolle. La carte dont il s'agit nous offre, dans trois cadres de grandeur el d'importance fort diverses, d'abord lavallee de E'den, ou Paradis terrestre, avec le pays habite par Adam et sa posterite, jusquau deluge de Noe; puis la terre occupee ( »77 ) par les Patriarches depuis Noe jusqu'a la dispersion des peuples, enfin le tableau do cette dispersion. L'auteur se propose de refaire cette carte, qui a ete beaucoup moins bien executee que les autres, et qui est d'ailleurs dessinee sur une projection vicieuse^je lui soumeltrai, dans I'interet de la nouvelle edition, quelques observa- tions dont celle-ci me parait susceptible. Et d'abord, entre les opinions diverses relatives a leniplacement du pays de Eden , I'option de celle qui le suppose en Armenie ne me semble point justitiee par le texte de la Genese, qui exige la reunion, en un seul fleuve, de quatre affluens parnii lesquels sont nommes le Forat et le Hhideqel, hien connus pour etre I'Euphrate et le Tigre ; ce qui oblige a chercher parmi leurs af- fluens inferieurs, d'une part le Gyhhoun traversant la tene de Kouscfi (indication qui convient egalement au Karoun , I'ancien Pasitigris, et au Karasou, I'ancien Gyndes, lesquels traversent tons deux le Kousistan); et d'autre part le Fysoun traversant la terre de Hhaourlah^ indication equivoque, puisqu'il y a deux Hbaouylabj mais tous deux nous appellent vers le cours inferieur du Tigre et de I'Eupbrate, I'un sur la rive gauche au milieu des enfans de Kousch, I'autre sur la rive droite ou les filsde Yeqtban eurenl leurs premieres demeures. Quant a la ville de Hhenouk (Enoch), batie par Cain dans le pays deNoud, son emplacement parait devoir etrecher- che, non a I'orient , mais au-dessus du pays de Eden. Tous ces details geographiques pourraient aisement etre compris dans le cadre ou est represente le pays habite paries Patriarches apres le deluge. Le tableau de la dispersion des peuples, qui remplit le cadre principal , otire en general , dans ses limites les plus raisonnables, la distribution geographique des na- ( 178) tions connues des Hebreux , d'apres le catalogue qu'cii donne la Genese ; les traditions relatives aux migrations par lesquelles chacune d'elles est arrivee a son emplace- ment definltif , sont en meme temps indiquees par une ligne de route : ainsi Kan'an n'arrive sur les Lords de la grande mer qu'apres avoir decrit en Arabieun long circuit, qu'il eut fallu, je crois, dilater encore vers le golfe Per- slque (i) ; Kousch, Fouth et les Messrym n'entrent en Afrique que par le detroit de Mandeb, ce qui est tout-a- fait rationnel si Ton admet que les Messrym designent la raceQobthe : cen'est point mon opinion personnelle, mais c'est I'opinion commune. Quant auxemplacemens defmitifs assignes aux diver- ses nations, peut-etre Magog devrait-il etre porte vers le Caucase, Madai etre resserre vers le sud-ouest de la mer Caspienne, les Loudym d' Afrique rapproches de la posi- tion de I'ancienne Lydda. Dans le sud de I'Arabie, Asar- moth et Hadramautli ne doivent point etre separes, car ce ne sont que deux lectures du nom dun seul et meme personnage , Hhadhramaout , fils de Yeqthan : ce double emploi est du reste, a ce qu'il parait, le fait du graveur. D'autre part, il est quelques indications que je sou- haiterais voir inseree.5 dans la carte, afin de completer cette esquisse generale de la geographic exterieure des Hebreux : je veux parler de certaines denominations omises dans la Genese et fournies par les autres livres sacresj sans doute celles qui se rapportent a la Palestine et aux districts limitrophes ont leur place dans les car- tes de celte contree, mais il en est d'autres encore qui ne se trouvent, au moins sous leur forme hebraique, dans aucune des cartes de I'atlas, et qui se rencontrcnt (i) Voir Strabon, liv. xvi, au golfe Persique. ( ^79 pourtant, surtout dans les prophetes, telles que Foul, Goug, Fars, Kasdyni, Qoub, A'rab, sans compter tous les enfans d'Ismael, etc., etc. Ce n'est point une omis- sion que je leproche a la carte actuelle, puisque son litre avertit qu'elle est redigee pour lepoque de la vocation d' Abraham. La seconde carte offre la Syrie et I'Egypte dans le double but de servir a I'histoire des Hebreux depuis Abraham jusqua Moi'se, et a eelle de FEgypte depuis les temps les plus recules jusqua la domination romaine. On y voit tracees les routes d'Abraham , de Jacob, de Joseph, et celle des Israelites dans le desert, depuis la sortie d'Egypte jusqu'au pays de Kana'n ; celui-ci est re- presente tel qu'il dut etre avant la conquete de Josue; j'y releverai en passant I'oubli du nom des Itoureens, peuplade ismaelite qui habitait au sud de Damas. Quant a I'Egypte, la division en trente-six nomes, sous Sesostris, y est marquee d'apres Champollion, et Ton y voit en m^me temps leur distribution sous les Grecs, puis sous les Romains, le nombre des nomes s'e- tant alors accru jusqu'a cinquante-trois. Au vu d'une epreuvedu premier tirage,je regrettais de ne point trou- ver, dans la Basse-Egypte, la ville de Tahfnahs, qui sous Psammetik servait de boulevard contre les Syriens et les Arabes, et que les prophetes israelites ont mention- nee aussi bien qu'Herodote; mais cette ville a ete inse- ree depuis sur la planche grave'e. Trois legendes pen etendues, mais substantielles, re- sument sous les titresrespectifs de Egypte, Pays de Cha- naan, Syrie et Phenicie. les grands traits de la eeoirra- phie ancienne de ces contrees. Enfin on trouve encore, dans un des coins de la carte, un petit plan de la dispo- sition du camp des Israelites dans le desert. ( i8o ) La troisierue carte est celle tie la Palestine, depuis la conqiiete de Josue jusqu'a Jesus-Christ; les peoples Ka- na'neens y sont rcproduits avec leurs villes royales; la division en douze tribus y est figuree en quatre grou- pes correlatif's aux quatre femnies de Jacob; des signes particuliers font reconnaitre les villes levltiques et celles de refuge. Les deux royaumes apres le schisme, et les trois provinces au retour de la captivite, sont egalement marques. II serait a desirer que les limiles de la monar- chic Asmoneennes et celles du royaume d'Herode y fus- sent pareillement tracees, et qu'on y trouvat aussi indi- ques les districts de Trachonite, Gaulanite, Paneade, et quelques autres, dont la connaissance est indispensable pour la complete intelligence des divisions politiques du pays vers I'epoque de I'avenement du Messie. Ce n'est point un oubli que je veuille reprocher a M. Poulain; je suppose que dans son plan, i! a renvoye ces details a I'allas suivant, comme plus intimenient lies a I'histoire romaine; mais n'y aurait-il pas utilite a les inserer aussi dans la carte actuelle. Dans tous les cas, la geographic de la Palestine sous les l\hichabees appartient a V^n- ci'en-Testarnent , et ne saurait etre renvoyee a un autre atlas: quelques additions me paraissent necessaires sous ce rapport. Les routes que suivit I'Arche dalliance dans.ses mu- tations de residence, et celles que parcourut David pen- dant son exil , sont respectivemcnt indiquees sur la carte; de courtes legendes explicalivesaccompagnent les noms des Ammonites, Moabites, Idumeens, Madianites, Amalecites; une legende plus longuc, placee au bas de la carte, offreun resume des revolutions politiques etgeo- graphiquesdela Palestine. Un petit cadre supplementaire conlient un plan de Jerusalem avanl Jesus-Christ. ( i8i Dans la quatrienie carte, M. Poulain a fait un verita- ble tour de force a rassembler, sans encombrenient, la multitude d'indications qu'il a parallelement disposees dans ce tableau coniparalif de I'Asie ancienne. On y voit en effet : 1° La ligne des expeditions imaginaires de Sesostris d'apres Diodore; et pour le dire en passant, je regrette que I'auteur ait ainsi choisi la version la plus exa- geree des conquetes de ce puissant roi , lorsque Tacite nous a conserve le recit qu'en fit a Germanicus le pre- tre qui lui expliquait les legendes sacrees des obelisques de Thebes; on en avait conte beaucoup moins encore a Herodote; 2" La monarchie des Hebreux sous David et Salomon , laquelle n'avait pu etre figuree dans son ensemble sur les cartes precedentes; 3° Les bornes de I'empire de Semiramis : I'un des angles de la carle contient un petit plan de Babylone qui se rapporte a cette epoque; 4" La Lydie sous Gyges ; 5" La Medie sous Cyaxare; 6" L'invasion des Scytes etcelle des Cimnieriens; une courte legende explicative, a ce sujet , remplit un des blancs de la carte; y° L'empire babylonien sous Naboukodonossor-le- Grand; un cadre special, accompagne d'une legende, offre un plan detaille de la ville doublement insulaire de Tyr, que ce prince tint assiegee pendant treize ans; 8° La Lydie sous Cresus ; g° Le royaume de Babylone sous Labynit, le Belscha- ssar du prophete Daniel, dont les belles peintures de I'anglais Martyn et I'art des decorations sceniques onS rendu si populaire le magnifique Festin; ( '82 ) io"» L'empirc de Cyrus ; 11° L'expeditlon de Canibyse en Egypte et en Lybic; 12" L'empire de Darius distiibue en ses vingt satra- pies, d'apres I'enumeration detaillee d'Herodote; 13" Enfin , I'expedition de ce prince contre les Scy- thes. Au milieu de tout cela, des signes conventionnels, conimuns, au surplus, a toutes les cartes de I'Atlas, indi- quent les batailles avec les noms des vainqueurs et des vaincus; les villes prises, assiegees, fortifiees, augmen- tees, avec les noms des conquerans, fondateurs ou res- taurateurs, etc. L'etendue chronologique de cette carte, qui embasse huit siecles, ne perniettait guere de consacrer a chaque pays an seul nom qui appartint a-la-fois a tout le cours dune si longue periode ; necessite des-lors, ou d'inserer toule la synonymic, ou d'opter soit pour la denomina- tion relative a I'epoque initiale de chaque contree, soit pour celle qui se rapporte au moment de la fusion ge- nerale sous un seul sceptre; si, comme je crois le re- connaitre, c'est pour ce dernier parti que I'auteur s'est decide, le nom de Syrie des Rivieres ne devrait point tenir la place decelui de Mesopotamic j dans le cas con- traire, il faudrait lire dans les districts voisins, Sjrie de Ssoubah, Syrie de Hhamat, Syrie de Damns; a la ri- gueur meme , le mot de Syrie ne devrait point etre donne comme traduction de celui fW^ram , car c'est une denomination posterieure, due probablement a la ville de Ssour, que nous appelons Tyr. Je ferai remarquer, du reste, en passant, que Aram naharaym signifie exac- tement Aram des deuxjleuves. Les quatre planches dont je viens de rendre compte ( ^83 ) constituent la portion de I'Atlas oonsacree a 1 histoire universelle ancienne. L'auteur aborde ensuite 1 histoire de la Grece; et ici, je dois le dire, son travail est d'un tel interet, que je ne puis me dispenser d'appeler une attention particuliere sur la maniere neuve et inge- nieuse dont est traitee la geographie de cette terre clas- sique : les carles se montrenl, soit une a une, soit dans leur enchainement successif, sous un point devue que nulle representation graphique ne nous avait encore offert, et qui nous initie dune maniere plus intime a I'histoire des peuples grecs. Ainsi la planche cinquieme donne la Grece depuis les temps les plus recules jusqu'a la prise de Thebes par les Epigones. Un petit cadre special rnontre I'etat de cette coptree vers Ian i6oo avant notre ere, c'est-a-dire, alors que les premiers Hellenes vinrent chercher des de- meures aupres des Grecs Pelasges: les villes des-lors existantes y sont seules marquees avec leurs noms anti- ques, et les districts pelasgiques y sont indiques sous leurs denominations primitives. Le cadre principal nous donne le meme pays trois siecles plus tard. Les Eoliens avaient alors forme de nombreux etablissemens en Hemonie, et s'epanouissant vers le sud, ils occupaient, dans I'Hellas , I'Etolie et la Phocide; et dans I'Apie, devenue I'lle de Pelops, ils pos- sedaient , vers I'lsthme, le petit pays d'Ephyre, qui de- puis fut Corinthe; dans I'ouest, I'Epee et la Messenie. Les loniens tenaient I'Eubee qui, selon le rapport de Strabon , partageait alors avec le canton de Dodone la denomination d'Hellopie ; et ils avaient impose leur pro- pre nom tant a I'Attique qua la region Egialeenne de I'Apie. Les Acheens avaient, de leur cote, donne le nom d'Achaie aux marges austro-occidentales de \Afeuille de ( »84 ) Plotnne (i), taiulis (|u'ils s'etablissaieiit aussi dans la Phtiotide. Les Amphyctioniens dominaieiit dans I'anti- que Ogygie, ou les Cadmeens avuieril Thebes. Les Do- riens disparaissaient del'IIenionie et iransmigraientvers les Tlierniopyles. Enfin les Pelopides avaient fonde quel* ques villes dans le Peioponese. Tout cela est visible dun coup-d'oeil sur la carte de M. Poulain;bien plus, un signe conventionnel nous in- dique les villes cyclopeennes, dont les mines encoie siibsistaiites attestent 1 oiigine pelasgique : il a profile des travaux soit edits soil inedits de notre savant Petit- Radel, qu'a notre home I'etranger connait niieux que nous, et dont les voyages de Dodwell , Leake, Gell , Pou- queville, sont venus coiilinner a postefioi-i \es in^enian- ses previsions. La reconnaissance du golfe d'Arta par le lieutenant James Wolfe de la marine anglaise, tout recenmient publiee par la Societe geographique de Lon- dres, pourra fournir a M. Poiilain quelques nouvelles indications de gisenient de ruines cyclopeennes, dont il ne manquera sans doute pas de profiler. Au bas de la carle est place un specimen des differens styles de con- structions cyclopeennes et helleniques, destine a nous taire connaitre le nouvel element de verifications histo- riques que M. Petit-Radel a procure a I'erudition mo- derne. Comnie dans toutes sea cartes, M. Poulain a eu soin •de tracer ici les rivages, les marais, les embouchures des fleuves, tels que les temoignages hisloriques les presen- tenl a Tepoque thematique-; il a marque la dale de fon- dation des villes, avec le nom du londateur et meme sa tamille, pariicularite tort interessanledans ce tableau (i) Strabon, liv. vin. ( i85 ) ethnographlque tie la Grece an quatorzieme slecle avant notre ere. La carte sixieme a un triple objet : i° les colonies grecques avant la guerre de Troie ; 2° la guerre de Troie; 3° la Grece depuis cette guerre jusqu'a la revoke des loniens contre Darius. Des lignes diversenient ponctuees indiquent les routes des colons pelasges et hellenes, dune part dans I'Asie- Mineure, etde I'autre vers la grande Grece; les noms des chefs y sont quelquef'ois inscrits avec la date de I'expedi- tionjet la couleur affectee a chaque race signale au premier coup- d'oeil, sous ce rapport, I'origine de cha- que etablissement. L'itineraire de la flotte grecque allant en Troade nous conduit au royaume de Priam, ou la geographie homerique est scrupuleusement retracee ; il y faut joindre deux plans particuliers, places a I'un des angles de la carte, et dont Tun nous offre I'enceinte et les abords de Troie , I'autre la disposition du camp des Grecs d'apres Choiseul-Gouffier; dans celui-ci se trou- vent enunierees les forces en voyees par chaque peuple, avec les noms des principaux chefs ; et ces divisions respectives de I'armee grecque sont distinguees aussi par les couleurs affectees aux diverses races. Si I'attention se porte sur la Grece elle-meme, ces couleurs rcndent immediatement perceptibles a I'oeil les mutations survenues dans la position respective des Pelasges aborigenes , et des populations helleni- ques : dans le Peloponnese rien nest change ; mais I'Acarnanie et les lies de I'ouest sont occupees par les Eoliens; les Doriens se sont etablis dans les montagnes du Pinde, et une ligne a leur couleur marque l'itine- raire des Heraclides jusqu'aux possessions acheeunes. i3 ( i8(5 1 - 1^ aniphictyoiiie des Thermopylcs est niieux delerniiiu'e. Passons a la carte septienie, et les memes couleiirs nous niontrejont touta-coup la Grece sous le nouvel aspect qu'a produit le relour des Htiraclides; lesDoriens ont chasse les Acheens de lArgolide et de la Lacouie ; ils ont enleve la Messenie et la Corinlhie aux Eoliens, la Megaride aux Pelasges , et f'onde de nonibieux etablissemens dans I'Arcananie et les sept iles. Les Acheens dcplaces ont a leur toui' occupe I'lonie Egia- leenne, desoiniais nommee Achaie : la cote de I'Asie- Mineure est tiiparlite aux couleurs eoliennes, ioniennes etdoriennes, pendant que ces nienies couleurs s'entre- nielent, sui' les rivages de la Sicile et de I'ltalie, a celles des Acheens, des Pelasges et des Troyens : I'llalie au temps d'Enee est Tune des parties les plus interessantes de cetle carte, si riche de details ethnogi'aphiques. La planche est intitulee : Tableau des colonies grecques prin- cipalement depiiis la prise de Troie jusqua la guerre me diqiie; mais elle coniprend aussi les colonies egyptiennes venues en Grece, aussi bien que les colonies plunii- ciennes d Inachus , dc Cadmus, et de Didon. Je place ici, avec Freret et M. Poulain , Inacluis parmi les colons pheniciens de la Grece; mais je suis porte a croire que cet E'naq, venu en etfet en dernier lieu, mais par un long circuit, des montagnes dcHhebroun, etait de la race yafetique de Goug ou des geans, ce qui est con- firme par les traditions grecques, qui le font de la race des Titans et le disent originaire de la Cappadoce. Un petit cadre, rejete dans lun des coins de la carle, nous otfre dans son ensemble, I'itiiieraire de retour des Ar- gonaules (suivant les deux recits du faux Orph^e et d'Apollonius de Rhodes), pendant que nous voyons indiquees, sur la carte principale, leurs colonies du _( i87 ) Pont-Eiixiii , concurremment avec celles des Milesiens et des Doriens. II suffit de ce bref apercu pour faire comprendre de quel enorme travail cette planche seule off re le resume. Dans les cartes suivantes, ce n'est plus sous le point de vue ethnologique qu'est presente le theatre deseve- nemens hisloriques depuis la revoke des lonieus. La distribution des couleurs a desormais pour but I'intel- ligence des interets poliliques; et les lignes itineraires sont celles des expeditions de guerre. Ainsi , dans la carte huitieme, consacree a I'histoire grecque depuis la revoke des loniens jusqu'a I'avene- ment d'Alexandre-le-Grand , sont d'abord trace'es les marches de I'armee de Xerxes et le sillage de sa flotte , la route de Themistocle pendant son exil, et celle d'A- gesilas dans son expedition d'Asiej d'un autre cote, I'en- luminure nous montre en presence les deux partis de Sparte et d'Athenes au commencement de la guerre du Peloponnese; et dans le nord est marque I'etendue du royaume de Macedoine a la meme epoque , puis a I'ave- nement de Philippe, et enfin a la mort de ce prince. Uneserie de sept petits plans, qui accompagnent cette carte, nous offre, successivement, la bataille de Ma- rathon, le Thermopyles, le combat de Salamine , les environs d'Athenes, la bataille de Leuctres, celle de Mantinee, et le c^'mbat naval des Arginuses. La carte neuvieme nous donne I'Asie occidentale pour servir a I'histoire des Perses dans leurs rapports avec les Grecs, depuis la revoke des loniens jusqu a Darius Codoman ; elle offre les detai's qui n'avaient pu entrer dans le cadre de la carte precedente , tels que la cam- pagne des Atheniens en Egypte, et les combats de terre et de mer, soitdans I'cxpedition de Cirnon en Cliypre , 1 3. ( i«8 ) soil dans la guerre d'Artaxerxes contra Evagoras. L'objct principal de la carte est la tentative du jeune Cyrus centre son frere Artaxerxes, et la fanieuse retraile des dix mllle , suivant le recit de Xenophon ; I'auteur a trace d'apres ses propres inspirations cette derniere ligne, dont la portion comprise entre leTigre et Trebi- zonde offre tant de difficultes et d'incertitude; lui-meme parait etre reste a cet egard dans I'indecision , car il donne a I'etape deGyninias, dans una carte subsequente, une position differente de celle qu'il lui attribuc dans la carle actuelle. IJn petit plan de la bataille de Cunaxa se trouve insere dans celle-ci. L'enluminure sert a dis- tinguer mutuellement les pays grecs, le gouvernement de Cyrus, la partie occidentale de I'empire d'Artaxerxes avec ses subdivisions, et les contrees independantes, ou ayant secoue le joug (comma I'Egypte). Ces distinctions ne m'ont ;ioint paru assez clairement trancliees, et il manque a la carte une Itigende explicative qui fasse con- naitre la signification de chaque couleur : c'est un oubli facile a rcparer. La carte dixieme est celle de I'empire d' Alexandre, avec le trace tant de ses expeditions que de celles de plusieurs de ses generaux , y compris la navigation de Nearque. La marche et la fuite de Darius y sont pareil- lement indiquees. Au bas de la carte sont quatre petits plans representant la ville et le port d'Alexandrie, le combat duGranique, les batailles d'lssus et d'Arbelles. La distribution des couleurs montre simultanement dune maniere distincte, i" la Grece restee indepen- dante, 2" les etats macedoniens a lavenement d'A- lexandre, 3" les etats europeens tributaires de la Mace- doine , 4° les royaumes allies d'Alexandre, tant en Eu-. rope qu'en Asie, 5° I'etendue de I'empire de Darius, ( iSy ) 6" its peuples independans de cet empire et qui itiionl soumisacelui d'Alexandre, j" enfin les peuples qui de- ineurerent indomptes ou qui redevinient libres a la niort du conquerant. Anien a ete, pour cette carte, le principal guide de M. Poulain. La planche onzieme renferme deux cartes, que le graveur a inaladroitement disposees dansl'ordre inverse de leur rang chronologique. La premiere, qui est placee a di-oite, offre la Sicile et la grande Grece, avec les pays environnans , pour servir a Ihistoire de la Sicile depuis le regne de Gelon jusqu'a celui de Hieron II, c'est-a- dire depiiis la guerre medique jusqu'a la premiere guerre punique; elle se rapporte principalement a la mort de Denys I'Ancien, du moins par le coloriage, qui montre I'etendue de la republiqueromaine, et les villes dependantes de Syracuse, tant en Sicile qu'en Italie, vers Ian 368 avant notre ere. Dans I'un des angles de cette carte est un petit plan de Syracuse assiegee par les Atheniens , qu'avait appeles la faction lonienne aux prises avec le parti Dorien. La seconde carte, qni occupe le cote gauche de la menie planche, nous ramene a Ihistoire particuliere de la Grece , depuis la mort d'Alexandre jusqu'a la reduc- tion de la Macedoine et de rAchaie en provinces ro- maines. Trois epoques successives y sont representees : 1° celle qui precede immediatement le pretoriat d'Ara- tus ; 2° celle du plus grand developpement de la ligue Acheenne; V celle du traite qui suivit la premiere guerre des Roniains contre Philippe de Macedoine. A la pre- miere sont distinctivement presentes les pays soumis a Antigone Gonatas, les pays libres, les pays soumis a des tyrans , le royaumc d I'.pire, et la versatile Etolie. A la seconde son I indiques Ions les chaiigemons (jui re- ( 19" ) sulterent de raccesslon des diverses villes et pays a la ligue Acheenne jusqu'au ruonient de la defection de I'Etolie. A la troisieme sunt marques, dans leurs rap- ports mutuels d'etendue , les pays sounils a Philippe , les pays grecs restes iibres, ct les possessions roniaines. J'appelle I'attention de M. Poulain sur renliiniinure de celte carte ; ou la difference trop peu sensible de quelques teiiites n'offre , en certaines parties, que des distinctions indecises, ou la disconlinuite des iilets co- lories peul eire, d'autre part, une cause dequivoque: il est indispensable de choisir des couleurs pins traii- chees, et de ne laisser rien d'indeternune dans leur ap- plication locale. Me voici parvenu a la douzieme planche, relative a I'histoire "enerale des successenrs dAlexandre : conmie la precedente, elle offre deux cartes dont I'ordre a ete transpose ; la premiere ( depuis la mort d' Alexandre jus- qu'a celle de Seleucus Nicator ) occupant la droite, et la seconde (depuis la mort de Seleucus Nicator jusqu'a la reduction de la Syrie et de I'Egypte en provinces ro- maines ) etant placee a gauche ; peul-etre meme la plan- che tout entiere devrait-elle echanger son numero contre celui de la planche onzieme,a raison de ses rapports plus intinies avec la carte generale de I'enipire dAlexandre, qui porte le n° lo ; d'autant plus qu'il y aurait en meme temps quelque raison de ne montrer les revolutions geographicjues particulieres a la Grece depuis la mort d'Alexandre , qu'apres le tableau des revolutions gene- rales dans lesquelles elle fut comprise; et que, dune autre part encore, la carte de la Sicile et de I'ltahe a un caractere episodique qui permeltrait de la rejeter a la fin de I'atlas. Je conscille a M. Poulain cet echangc de numeios, au ( iyi ) nioyen duquel Toiclie rehitif naix dans une precedente seance. M. Daussy, au noni dune commission speciale, f.iil un rapport sur la question relative a luniforniile dun premier meridien et des mesures itineraires, barometri- ques et thermometriques ; il propose d'adopter la reso - lution suivante : Les personnes qui veulent bien envoyer a la Socii-te des memoires ou des analyses d'ouvrages contenant cies Honnees en chiffres qui seraient rapportees en mesures etrangeres seront invitees, en conseri'ant les chifjres originaux , a y joindre la conversion de ces donnees en mesures francaises , savoir : les longitudes seraient rap- portees au meridien de Paris; les evaluations de tempe- rature seraient reduites en degres du thermometre cen- tesimal ; les hauteurs barometriques en fractions de metre ; les mesures de longueur et de hauteur en me- tres , et les distances itineraires en mvriametres ou en milles marins de 60 au deere. La Commission centrale adopte les conclusions de ce rapport, qui sera insere au Bulletin. M. Warden presente I'analyse d'un voyage par terre des bords de I'ocean Atlantique a ceux de I'ocean Paci- fique, par .1. - B. Wyeth , americain. Cette expedition , donl robjei clail de se livrer au Iralic des iourrures, a ( ^07 ) f'ranchi les monlagnes Rocheuses et a parcouru une dis- tance de pres de 4i^oo milles depuis Boston jusqu a I'embouchure de la Colombia. Le nieme membre donne communication du precis dun nouveau traite de limites entre les Etats - Unis de I'Amerique du nord et le Mexique, ratifie a Washington !e 5 avril i832. M. d'Avezac lit une note sur la communication de la Ganibie .ivec la Casamanse, au sujet dun memoire sur cette question , insere dans le dernier volume du journal de la Societe geographique de Londres. M. d'A- vezac analyse les divers documens qui existent a ce sujet, et qui lui paraissent demontrer incontestablement la communication des deux fleuves. La Commission centrale entend ces diverses commu- nications avec interet, et elle les renvoie au comite du bulletin. Sur les observations d'un membre , M. le president donne des explications au sujet des retards qu'eprouve I'impression de XEdrisi. La Commission exprime le desir qu'il soit pris des mesures pour publier le plus tot pos- sible le volume commence depuis long-temps. Seance du ao sepleinhre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adople. M. Jubelin , gouverneur de la Guyane francaise , transmet a la Societe , de la part de M. Adam de Bauve, la relation de son premier voyage dans la Guyane cen- trale pendant les annees i83i et i832. M. Jubelin an- nonce en meme temps que M. Leprieur, charge de diriger une noiivelle exploration dans la Guyane, et M. de Bauve, qui lui est adjoint, out vaincu les pre- ( ^98 ) iniers obstncles de leiir expedition , ct ont commence leur grand voyage vers la fin de fevrier. Leur projet etait alors de se separer aux sources de I'Oyapoch pour exa- miner deux regions differentes, M. Leprieur devait se diriger vers I'O.-N.-O. , et M. de Bauve vers le S.-O. , pour se rejoindre pres du lac Parime qu'ils supposent situe a environ 80 lieues des sources du Jary. La lettre de M. Jubelin en contient une autre de M. Adam de Bauve , dans laquelle ce voyageur demande le litre de Cnrrespondant de la Societe. II annonce en meme temps, a la date du 25 decembre i832 , qu'il se trouve avec M. Leprieur a Rouapira , point d'ou ils peu- vent etendre leurs investigations. Ces voyageurs espe- rent donner bienti'.t des renseignemens neufs ct positifs sur ces parages jusqu'a present inconnus; ils sont en- toures dune foule de peuplades distingtiees les unes des autres par leur caractere , leur langage et leurs coutumes. La Commission centrale ecoute avec intcret ces di- verses conmiunications, et elle renvoie a I'examen du comite du Bulletin le journal du voyage de M. Adam de Bauve. Elle exprimera a ce voyageur le regret qu'elle eprouve de ne pouvoir lui accorder le litre de Corres- pondant qui, d'apres les statuts de la Societe, est re- serve aux savans etrangers. M. Warden offre a la Societe de la part de I'auteur M. Tadeo Ortiz , consul general du Mexique a Bor- deaux, un memoire en langue espagnole sur le cours du Guazacualco. M. le president, qui a er Alexaiiiler des grosscn Feldziigani Iiidischen Kaii- kasus, broch. in -4°. Par M. Albert-Montemont : Bibliolheqiie des voyages , 7* livr., in-8'\ Par M. JVIonin: Atlas des arroudissemens de la France, premiere livraison. — Ueparlement de la Seine-Infe- ( 200 ) lieu re ; cinq arrondisseniens ; les niemes anondisse- luens reuiiis formanl line feiiille grand-aigle. (i) Par M. Gide : Noiwelles Annales des voyages^ cahiers d'aout et sepiembre. Par M. Lourmand : Journal general (^education el d" instruction , cahier d'aout. Par M. le directeur : Bibliotheque de Geneve, cahier de juin. Seance du 20 septembre. Par M. Alhert-Montemont : Bibliotheque universeUe dcs voyages , 8' livr. , in-8'. Par la Societe de colonisation : Annuaire de Vetat d^ Alger, -i^ an nee. Par la Societe asiatiqiie : Cahier d'aoiit de sou journal. Par MM. lesdirecteurs : Plusieurs -:\\x\\\^vohA\\MAii^,dr- ja,.^ . Taiiiisi t^ry ,1 \ : , At Lac Ac Pueblo -vit'70 ]■ I Di PIKliLW VTE.rO fln/lr/M ,/f /„ ,«;tAtf,.Y'' /a.i iiiiHili ^^-i^ v«-^ k ^-^ «.'%^ ^'%'^ w.'*''^ BULLETIN DE LA f r SOCIETE DE GEOGRAPHIE. N° 126. — ocTOBRE i833. PREMIERE SECTION, MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Voyage dans Vinterieur de la Guyane, par MM. Adam DE Bauve et P. Ferre. En 1828, me trouvant a Oyapock, j'entendis parler des Oyampis, peuplade habitant le haut de la riviere* Plusieurs personnes les avaient visites : une expedition envoyee en 1824 par le baron Milius, alors gouverneur de la Guyane, et commandee par un officier du genie, avait explore les rives du fleuve a une certaine distance. Cependant I'interieur du pays n'etait point connuj le resultat de Texpedition fut a-peu-pres nul. Aucun voya- geurn'avaitdonne de details satis£aisans,ni sur les pro- 14 ( 202 ) (luctions, ni sur les nioeurs et les usages de ces Indiens. Je resolus de remonter !e fleuve, et de tacher de recon- naltre les diverses ressources que pouvait offrir un pays entierement vierge. Le resultat de mon voyage fut de reconnattre la salsepareille, le copahu , et le caoutchouc, arbre qui donne la gomnie elastique. Mon voyage fut de deux inois, doiit vingt six jours de route. Je ne faisais guere que quatre licues par jour, a cause des barres dont le fleuve est herisse, et je n'en reconnus que les bords. L'annee suivante, je repris mon expedition au inois d'aout. Je remontai le fleuve tant qu'il fut navigable, et alprs je m'enfoncai a une certaine distance dans I'ouest. Je recueillis une assez grande quantite de salsepareille, pour couvrir et audela les frais de mon expedition. Jus- qu'a cette epoque, c'etait toujours du Para qu'on avail tire la salse, dont on fait une grande consommation dans la colonic pour le traitcment des maladies cutanees des negres; quoiqu'on n'en ignorat pas entierement I'existence, personne ne s'etait occupe de la recliercber. Je m'assurai que les Oyampis etaient beaucoup plus nombreux qu'on ne se I'lmaginait, et qu'une autre na- tion «^xistait dans Tinierieur. Ayant acquis une parfaite connaissance des objets qui pouvaient convenir aux In- diens, voyant que j'etuis assez bien vu de ceux que j'a- vais visiles pour en lirer un parti avantageux, je revins a Cayenne au bout de quatre mois, dans lintenlion de me munir des objets d'echange et des provisions indis- pensables pour restcr un certain temps dans Vinlerieur, et la m'occuper d'histoire naturelle et etendre mes re- cberches jusque sur les bords de I'Amazone, ou un voya- geur, M. Grandcir, parti l'annee precedente, avail, dit- oii , pen. » ( 203 ) Les circonstances ne me permirent pas d'executer ce proiet : mes affaires me retinrent a Cayenne, et ce ne flit qu'en septembre i83o qufi je me trouvai libre d'en- treprendre ce voyage. Un jeune Indien que j'avais amene avec moi lors de ma premiere excursion , et qui ne m'a- vait pas abandonne depuis cette epoque (attachement rare, et exception peut-etre unique chez ces individus, qu'aucune consideration damitie ou de reconnaissance ne retient ordinairement), me repondait dune reception favorable chez ses compatriotes, qui ne pouvaient qu'etre satisfaits des soins que j'en avais eu, » D un autre cote , ['acquisition que je fis dun compa- gnon de route, M. Ferre, habitant, mon ami, devait rendre moiiis fastidieuse la monotonie dun semblable voyage, et en meme temps faciliter I'exploration que je devais faire, comptant, a une certaine hauteur, nous separer, reconnaitre chacun une partie du pays, et arri- ver par-la a des resultats plus prompts. Nous partimes de Cayenne le 6 septembre, a bord dune goelette de caboteur, et arrivames a Oyapock apres sept jours de traversee, ayant relache au quartier d'Aprouague el au Ouanary (i), sucrerie situee a I'em- bouchure de la baie d Oyapock. Cette bale forme un vaste hemicycle tannine a Tune des extremites par le cap d Orange, signal de reconnaissance pour les naviga- teurs qui viennent d'Europe, et a I'aulre par la mon- tagne d'Argent, ou se trouve situee une habitation re- nommee pour I'excellence du cafe qu'elle produit. Au nord, est I'embouchure dOuasta, belle riviere, bordee (i) Cette sucrerie, situee dans la riviere du Ouanary, parait de- voir devenir une des plus importantes de la colonic. M. Lagrange, commandant du quartier d'Oyapock , v habite. 14. ( 204 ) tie savannes propres a leducation du bctail, qui pourrait un jour devenir une des plus interessantes de la colonic sous ce rapport, si le gouvernement s'en occupait. Ces savannes offriiaient beaucoup plus de convenances sous Ic rapport de la promptitude des transports, peut-etre nieme aussi de nieilleurs paturages que celles situees sous le vent de Cayenne, d'ou le betail quon en retire n'arrive qu'apres une longue route par des chemins im- praiicables, et amaigri par le manque de nourriture et les mauvais traitemens. Le quartier dOyapock etant deja connu, nous n'en parlerons pas ici : il offre peu d'interet sous le rapport de la culture; il s'y trouve peu de blancs. Des gens de couleur libres et des Indiens en forment la population. Avant la revolution, il y existait une paroisse et un poste. Ge quartier elait alors un des plus florissans de la colonic. Le gouvernement, au moment de notre pas- sage, formait un chantier destine a 1 exploitation de bois de construction, dans le Cabaret, affluent ie plus consi- derable du fleuve, situe a environ huit lieues de son "" embouchure. Le temps de nous procurer des vivres et des embar- catioiis, de former nos equipages, nous retint a Oya- pock jusqu'au 24. Les embarcations des Indiens sont des coques ou pirogues formees dun seul tronc d'arbre, et ont depuisdouze jusqu'a trente pieds.On les fait avancer avec une sorte de pelle appelee pagaie : il serait impos- sible de se servir d avirons dans les criques souvent etroites, ou meme dans le fleuve, continuellement ob- strue de roches. Pour nous preserver des atteintes d'un soleil rendu plus ardent encore par la reverberation des roches , j'avais eu le soin de faire couvrir nos embarca- lions d'une espece de toil compose de feuilles de palraisie ( 9.o5 ) supportees par des cerceaux, appele dans le pays poma- cary. Cette couverture assez epaisse, quoique pen pe- sante, preserve beaucoup mieux que ne le pourrait faire un tendelet, et est en meme temps impenetrable a la pluie. Le 25 septembre, nous commencames a gravir le pre- mier saut d'Oyapock. Nous avions six pirogues, trente Indiens, y compris plusieurs fenunes, car jamais leurs maris ne les quittent, et nos domestiques. Cette barre, situee a douze iieues de I'embouchure, off re une eleva- tion de plus de trente pieds sur une largeur d'environ six cents toises. Elle nest point celle qui oppose le plus de difficultes, car les differentes masses qui la compo- sent sont superposees de maniere a rompre dans cer- tains endroits la rapidite du courant et a faciliter les moyens de baler les canots. Nous vinmes couclier a un petit village indien appele Maripa. Pendant les deux jours suivans, nous fumes obliges de baler et de bisser nos embarcations sur les roches, souvent meme de les decbarger. Le 28, nous franchunes la derniere barre, appelee Cacbiri. La, la riviere devient navigable, et sop peu de courant lui donne I'aspect dun lac tranquille. Nous avons reconnu que ces diverses masses ou sauts, auxquelles les Lidiens donnent des noms differens, font partie de la seule et meme barre prolongee et jointe par des bancs et une immense quantile d ilets qu il est im- possible de determiner. Nous entrames dans la riviere Aramatabo, ou nous sejournames jusqu'au 3o. L'emboucbure est E. et O. J'avais a prendre dans cette riviere un Indien qui m 'a- vait servi dans mes precedens voyages. L' Aramatabo est habitee par quelques Indiens; ces individus, ainsi que ceux qui babilent aux environs sur les rives du fleuve. ( 206 ) sont des debris des diverses nations qui peuplaient an- ciennement ia Guyane. L'Aramalaho est interrompu par une barre qui se trouve a environ une heure de son em- bouchure, et par plusieurs autres que I'on rencontre de distance en distance. Les bords que nous avons visites sont bien boises et peuples de gibier. L'acajou y est as- sez coniinun.Quoiqu'on ne puisse lo comparer a l'acajou de Saint-Domingue, et que i'on trouve facilement des bois de couleur d un bien plus bel effet, on s'en sert a Cayenne assez generalement pour faire des arnioires : il a I'avantage decarter par son odeur, qui est cependant agreable, les insectes dent il est difficile de preserver le linge et les vetemens sans un soin minutieux. Le 3o, continue notre route. — La riviere varie du S. au quart S.-E. A peu de distance d'Aramatabo, on ren- contre Nosiri, qui court dans I'ouest. Nous vimes une immense quantite de lezards. lis grimpent sur les arbres, et quand lis sont decouverts, ils seiancent dans la ri- viere, ou ils disparaissent. Leur chair est agreable, et a le gout de celle du poulot. lis pondent sur les bancs de &able,qui sont tres nombreux.Les ludiens reconnaissent facilement I'endroit ou sont deposes les oeufs. G'est un manger sain et delicieux. Nous passames, a trois beures un quart, devan t Sain t-Paul, ancien etablissement ( i ) situe S. quart S.-E., et nous arrivames a cinq hcures a I'em- bouchure de Notaye, ou nous couchames. Cette riviere parak assez considerable, bien boisee ; on y voit beau- coup de manils, bel arbre d'ou decoule unegoinmeque les Indiens eniploient pour coller les diverses pieces de leurs fleches. Un capitaine d Indiens, nomine Alexis, se trouvait en cet endroit ; il etait occupe a faire des billes (i) De j^saites. ( ■-^"7 ) d'.'icajou de douze pieds, qu'il devait desoendre pendant riiiver a Oyapock. La, on achete line de ces billes un sabre oil iinehache; debitee et sciee en planches, elle en rend dix ou douze qui se vendent a Cayenne a raison de 5 a 6 francs la planche. Ce chef, un des Indiens les phis vieux que j'aie vus,habite les environs d'Aramatabo. II se souvient parfaitement des missions, dent il faisait partie; mais, soil apathie ou toute autre cause, il ne senible nuUeuient regretter ce temps. Eleve par les je- suites, il fait quelquefois uti signe de croix, seal arte quipuisse faire reconnaitre qu'il soit chretien. La riviere de Notaye est tres poissonneuse. On y trouve surtout des pacous et des aymaras. Ce dernier poisson, qui pese jusqu'a vingt kil., est le brochet des rivieres de la Guyane^ il fait aux autrss une guerre continuelle. I*"" octohre. Partis de Notaye a six heures. — La riviere varie S.-O. S.-S.-O. S. quart S.O. Tons les matins, il regne une brume epaisse qui ne se dissipe que vers neuf heures. Nous recueillimes, dans la journee, quelques plantes, ayant I'intention de Ibrmer un herbier; nous avions deja, dans les jours nrecedens, fiit une col'ectc assez considerable. On rencontre sur les bords de la ri- viere d'enormes fromagers geans des foretsde laGuyane; des Jenipas, arbres dune belle venue; le fruit a la forme d'une poire. Les Lndiens en expriment le jus, qui, d a- bord sans couleur, devient bientot noir en sechant. lis s'en servent pour se peindre la peau ; ce tatouage se con- serve pendant sept ou huit jours dans tout son eclat, malgre la sueur et les frequentes ablutions. Nous fimes halte a cinq heures. Le temps , qui etait superbe", nous permit de tendre nos hamacs aux arbres sur les bords de la riviere. Jindiquerai ici une fois pour toutes la ( 208 ) maniere dont nous nous installions pour passer la nuit diirant notre voyage. Si le temps ne menacait pas de pluie, les arbres, on bien trois piquets fortement atta- ches a la cime avec des lianas, places sur un des blocs enoi'mes qui se trouvent dans la riviere, donnaient, en s'ouviant a la base, assez d'espace pour recevoir nos hamacs. Quand nous avions du mauvais temps a redou- ter, je faisais elever un ajoupa, espece de toit en feuilles de palmiste, incline du cote du vent et soutenu par des piquets fourchus. Le matin avant le j«ur, nous avions I'habitude de faire preparer notre dejeuner et celui de nos gens, atin de ne point entraver notre marche dans la journee. A midi, noustaisions une lialte d'une lieure, pour laisser reposer nos Indiens. Long-temps durant le cours de notre voyage, le cafe, dont nous avions em- porte une assez forte provision , nous rappela des lieux plus civilises ; et par la suite, quand je me trouvai seul sur les rives de lAgamiware, j'en sentis vivement la pri- vation. Alors ma pipe me resta ; je me procurais facile- ment du tabac qui, s'il etait bien prepare, serait d'une qualite superieure, et pour un amateur, la pipe nest point une petite consolation. 2. Partis avant le soleil leve. La riviere est continuelle- ment obstruee de bancs de roches, — Barre d'Icarateitou assez elevee. — Passage E. etO. — Ilaltea midi sur un eta- blissement indien. — Nous couchames au pied d'un saut appele Caimou; nous n'en avions pas encore rencontre d'aussi eleve. Un rempart de roches semblait nous inter- dire d'aller plus loin. Le (leuve s'elance avec fracas dune hauteur de plus de quarante pieds, forme plusieurs cas- cades.* Ses eaux bouillonnantes se rejettent sur elles- memes ; assez Iqin encore on est mouille comme par la rosee. II est a remarquer que la plupart des roches. ( 209 ) surtout celles qui formerit des ilets sur lesquels cioissenl des goyaviers sauvages, ne fornient pas uu bloc massif, mais sont composees de plusieurs couches horizontales, et s'egrenent facilement. Les ilets que Ion rencontre souvent sont converts d'oiseaux noirs que nous avlons d'abord pris pour des corbeaux, auxquels ils ressem- blent de loin. Ce sont des flamans de bois , dont la chair est fort bonne a manger. Nos Indiens ne voulaient pas en gouter. 3. Une des passes E.etO. presque a sec, nous permit de haler nos embarcations. Nous commencames a gravir le ^Jaut Cainiou a six heures trois quarts. On ne pent guereestimer a nioins de trois lieues I'espace couvert de roches qui forme cette barre. Halte a cinq heures , S.-O. quart S. Nos Indiens etaient harasses. Cependant, au moyen de quelques coups de tafia, ils retrouverent assez, de vigueur pour flecher une assez grande quantite de poissons. C'est toujours avec la Heche que riiulien se les procure. Son coup-d ceil est si jusle que rare- ment il manque : deja la fleche est partie, le but est atteint avant que I'oeil moins exerce de I'Europeen ait pu apercevoir la proie rccelee d\ns les ondes. Ferre, qui s'etait iniprudenmient expose au soleil, se trouva in- dispose. 4. Partis a six heures et demie. — Riviere S. quart S.-E. A midi, nous renconlranies une multitude d'llets telle- ment serres et tellement semblables, quil faut toute la sagacite et Ihabilude qu'ont les Indiens pourreconnaitre la passe, d'autant nioins apparente dans ce labyrinthe, que les courans doubles ne permettent pas de recon- naitre le veritable cours de la riviere. La passe est S. plein. A deux heures, nous passanies devanl );i liviere ( 2IO ) Caiuopi (i), (lout lemboucliurc se trDiive E. el O. Av;mt la revolution , il s y trouvait line mission situee a IVni- bouchure de cette riviere, assez considerable. Les envi- rons en etaient habites par diverses peuplades indiennes civilisees par les niissionnaires. On ne trouvo niaiiUe- nantd'autres traces de cet etablissement qu'une grande quantitc de cacaos. Dans le haut de cette riviere- se trouvc ia nation des Emerillons. En 16-4, les peres Gril- let et nechainel, jesnites, penelrerent , en remontant le Cantopi et ses embranchemens , chez les Acoquas, na- tion indienne dont I existence aiijourd hiii est un pro- bleme. lis revlnrent par le Maroni. Cette expeditii>»ir/en- treprise sans I'atlirail dont on a ordinairenient le soin de les entraver, est la seule qui ait reussi et donne quel- ques Inmieres sur cette partie de la Guyane. A trois heures, nous eiimes a franchir le saut Cou- maraouane. Le saut Toumonra, qui le precede, nest guere moins dangereux. Passe N. et S. 11 est presquc a pic. Le courant etait si rapide, qua plusieurs re- prises il entraina le canot et les Indiens, qui per- daient pied sur les roclies glissantes. L'eau refluait par-dessus les bords des embarcations. Dans ces occa- sions, on ne saurait trop adinirei- la presence d esprit des Indiens J s ils abandonnaient nu instant la pirogue, elle se briscrait infailliblement, et serait engloutie a ja- mais dans les remous des courans doubles. Passe S.-S.E. Ces sauts abondent en excellens poissons , tels que pa- cons, couniarous, couliinatas. Ces diverses especes ne sont point connues a Cayenne ; elles ne se trouvent que dans les rivieres qui ont des cascades, et on les Heche (i) Un ilotest place au milieu fie la riviere devant I'cnibouclinrc (lu Cainopi. (.II ) piesqiie toujours clans les bouillans, rarenieut dans les endroits tranquilles. Enfin, apres une journee penible , nous arrivames a plus de sept heures chez le capitaine Oyanipi Wawarassigne. En 1828, je n'avais trouve d e- tablissement indien qua plus tail se trouvail alors con- ( 23o ) somme, et il fallut chasser le bison pour se nourrir; d'imnienses troupeaux de ces aniniaux couvraient la plaine aussi loin que I'oeil pouvait percer. On en tua une flouzaine, mais on n'en profita que de deux aupliis, le reste ayant ete enleve par les loups pendant la nuit, en sorte qu'on commenca a ressentir la rarete des sub- sistances; la fiente secliee du bison etait le seul moyen de chauffage pourfairela cuisine. Dun autre cote, I'u- saire de I'eau tiede et bourbeuse de la riviere Platte causa des diarrbees a plusieurs personnes, et entre au- tres au niedecin, frere du conunandant. Les voyageurs se reinirent en route, longerent, pendant six jours, le bras meridional de la riviere, qu ils traverserent pour cotoyer le bras septentrional, durant dix-buit journees, sans rencontrer d'Indiens , quoique leurs traces fussent tres visibles. A mesure qu'on approche des montagnes, le pays devient de plus en plus boise; au bout de douze jours en plus, ils arriverent au pied des montagnes Noires, ainsinommes a cause des cedres epais qui les couvrent. Cettechaineelevee est dangereuse a traverser, en raison de ce quelle est frequenteepar I'espece la plus feroce et la plus redoutable de la faniille des ours {ursiis horribilis)^ ainsi que par des serpens a sonnettes. II fallut quatre jours pour francbir ce passage. Quittant le bras septen- trional de la Platte, I'expedition remonta jusqu'a la crique dCeau douce ^ qui doit son nom a la bonne qualite de ses eaux, et parvint en vue dun immense rocher, ayant la forme dune coupe renversee, et on Ion pre- tend que Lewis et Clarke ont sejourne le 4 juillet. Avant de commencer a francbir les montagnes Ro- cheuses, il fallait traverser la principale branche de la Platte, ce qui fut effectue a I'aide dun hateau-hcvuf [Imll- boa£)^ de douze a quatorze pieds de long, construite de ( 23i ) la manieresuivante. Des branches d'osier, d'un pouceet demi de diametre a leur extremite , fixees en terre a une distance convenable Tune de rautre, sont reunies solidement par le plus petit bout et courbees en forme dare ; elles sont ensuite entrelacees par des baguettes d un nioindre diametre; le tout resseniblant ainsi a une grande et solide corbiille, est reconvert par des peaux de bisons cousues ensemble et ensuite sechees a petit feu, et enduite de la graisse fondue du meme animal. Un bateau ainsi construit est a lepreuve de I'eau et n'est pas facilement endommage ; et toute la troupe sen servit sans danger pour le passage. On fui moins heu- reux pour le radeau qui avail ete fait afin de transporter les marchandises et les bagages ; il fut mis en mouve- ment au moyen d'une corde attacbee a I'une de ses extremites, et tenue de I'autre bout entre les dents dun homme qui avancait en nageant; mais cette corde ayant casse , le radeau , embarrasse dans des branches d'ar- bres, submergea, et tons les articles de fer furent per- dus et le reste des marchandises avarie; ce qui causa un dommage irreparable. Une autre calamite fut 1 etat de maladie ou se trouverent les deux tiers de I'expe'dition par la fatigue , la mauvaise nourriture et les piqures des moustiques, plus redoutables que les ours, les loups et les serpens. Le lendemain du jourou la traversee avait ete effec- tuee, on apercut un corps de cavaliers qui arrivaient a toute bride sur les voyageurs. Le capitaine Sublet fit aussitot ses dispositions pour le combat, mais on recon- nut bientot que ces pretendus ennemis etaient des blancs connus sous la denomination de Irappeurs , a la solde de M. Sublet, qui, pendant plusieurs annees, en avait emplove jusqti'a deux cents dans les monlagnes. ( 232 ) Rocheiises et aux environs. Leiir lieu de rendez-vous etait la fosse de pierre ( Pierrcs-hole ) , nom par leqiiel on desi-jnait Tune de ces profondes et verdoyantes val- lees qui s'etendent a travers la chaine. Trois on quatre jours apres I'arrivee de rexpedition a cette place, elle fut attaquee, pendant lanuit, par un parti de trois cents In- diens qui enleverent huit chevaux. Continuant leur route, les voyageurs parvinrent (le i"jui!let) au soniniet des plus liauts pics des monta- gnes Rocheuses, dont quelques-uns, en forme de pain de Sucre, presentent une hauteur perpendiculaire de plus de 200 pieds. Plusieurs chevaux de sonime tombe- rent dans des precipices et furent blesses. Dans cette partie de la route, le bison devenait rare, jusque vers les sources de la Colombia. Pendant les cinq derniers jours, on suivit les bords du Colorado de I'ouest, qui se jette dans le golfe de Calitornie; et le 4 juillet, on ar- riva en vue de la riviere de Levv^is, I'une des plus consi- derables dans ces parages, dun demi-mille en largeur, profonde et rapide, et qu'on traversa de la maniere suivante : un homnie a cheval passail a la nage, con- duisant deux autres chevaux charges ; et apres avoir ote leur fardeau , il retournait a I'autre bord pour en pren- dre deux autres. Cent cinquante passerent de cette facon dans le courant de la journee. L'expedition se dirigea ensuite vers une montagne appelee Teton ^ ou elle resta la nuit; et le 5 juillet, elle continua sa route a travers des forets de pins de difterentes especes , d'environ 18 pouces de diametre : la, regne une neige eternelle, et il en toniba une grande quantite dans le lieu 011 Ion campa la nuit. A douze milles plus loin, les voyageurs arriverent au grand rendez-vous du capitaine Sublet, ou ils trouvereni environ deux cents trappeurs el cinq cents ( ---53 ) Intliens de la tiibu des Icltm plates , ainsi nojimies a cause de la conformation ecrasee de leur front, que les deux sexes considerent comnie une grande beaute. On remarquedans leur habilienient et leurs ornemens une certaine recherche , et ils ont leurs elegantes et leurs petits-maitres. Le 6, le capitaine Sublet fit camper tout son nionde dans une plaine a environ quatre cents milles de 10- cean pacifique. Le 12, sept hommes de Boston ayant abandonne le capitaine Wyeth pour retourncr chezeux, celui-ci voyant sa troupe reduite a onze individus , se placa sous le commandement de M. Milton Sublet, ( frere du capitaine Guillaume Sublet ), et qui avail une vingtaine de trappeurs sous ses ordres. Le 17, Milton faisait ses dispositions pour se dinger a deux cents milles a I'ouest, vers la riviere du Saumon, ou il comp- tait hiverner, lorsqu'un parti d'Indiens hostile, de la tv\hii (\.es pieds fioirs, sapprocha de son camp. Ayant prevenu son frere, ce dernier arriva avec ses gens , au nombre desquels se trouvaient cinq cents Indiens amis, et les rangea en bataille. Les piecls noiis , au nombre de trois cents environ , parurent effrayes de ce deploienient de forces, et arbo- rerent un drapeau blanc pour parlementer. Mais Sublet, connaissant leur caractere faux et perfide, resolut de sen debarrasser tout-a-fait. En consequence, il s'avanca vers leur chef, accompagne de celui des Indiens tetes plates ; et ce dernier, tendant a son ennemi la main en signe d'amitie, lui tira de I'autre un coup de pistolet qui I'etendit mort. Determines avenger la perte de leur chef, \es piecls rioirs deployerent un pavilion rouge qui devint le signal du combat. Pendant six heures , ils soutinrent un feu trcs vif derriere un renipart eleve tout-a-coup par 16 ( ^M ) leurs feninies ; luais a la fin, ils fiirent mis on deroutc avec une grande perte, et laissi rent nieme sur le champ de bataille trois niorts qu'ils ne purent emporter; on trouva aussi les cadavres de vingt-cinqchevaux. De son cote, Sublet eut sept blancs tiics et treize blesses, plus vingt-cinq Indiens tues et trente-cinq blesses. Les p/'eds noirs sont fortement constitues et d'une haute stature, leur taille etant de six pieds anglais; ils sont aussi plus agiles que les aulres Indiens. Les guer- riers de cette tribu se servent de fusils, dares et de fleches; les arcs, faits en l)ois de noyer, ont trois pieds de longs et la corde est faite avec les nerfs de bison , les fleches, armees a I'extreniite d'un caillou aigu , sont garnies a la tete de plumes d'aigle pour leur donner la direction. Les tetes plates sont Graves, humains et fideles. lis portent des especes de frocs et des pantalons de peau de daim et des mocassins de peau de bison fixee autour des pieds quand ellc est encore fraiche et qui, ex])usee au feu pendant la nuit, est sechee au point du jour. Les femmes se couvrent dun jupon et dun froc de peau, et dans la saison des pluies ou du froid , elles jettent une peau de bison sur leurs epaules. Ces naturels n'ont d'autre toit qu'une sorte de tente mobile. Tous les Indiens desmontagncs Rocheuses, \cs pieds noirs, les Shos/wnees ou tribu du serpent, etc. , sont bien pourvus de tusils , de poudre et de longi- tude O. Du soiuniet de la haute montagne du promon- toire, nous pumes apercevoir I'llot du Prince-Regent, les detroits de Barrow et de Lancastre, qui presentaient une masse impenetrable de glaces, tels que je les avais vus en i8i8. Nous demeurames la dans un etat d'anxiete et d'incertitude que I on peut niieux imaginer que decrire. Tous nos efforts pour aller plus loin furent inutilesj enfin, forces par le manque de provisions et par I'ap- proclie dun hiver rigoureux de retourner a la baie de laFurie, ou il nous restait encore de quoi soutenir notre ■existence, nous y arrivames le 7 octobre, apres une marche penlble et fatigante, ayant ete obliges de laisser DOS chaloupes a Batty-Bay. n Notre habitation, qui consistait en spnrteiie et re- couverte en toile, fut, a daler du mois de novembre, entouree et le toit couvert de neige de 4 a 7 pieds d'e- paisseur, laquelle etant saturee d'eau etait a i5 degres au-dessous de zero , et prenait aussitot la consislance de la glace. Des-lors nous fumes reduits a habiler une hutte couverte de neige pendant un des hivers les plus rigou- reux que Ion puisse se rappeler. Nos souflrances, aug- nientees par le manque de lits , de couvertures et de viandes fraiches, ne saurait se decrire. M. C. Thomas, notre charpentier, fut neanmoins le seul de nos gens ( 25i ) qui peril en cet endroit; mais trois autres, sans parler d un quatrienie qui eut la pied gele, furent reduits a un etat extreme de faiblesse, et il n'y eut que treize des notres qui purent aller chercher des vivres a sept jour- nees de marche (de 62 milles chaque) , a Batty-Bay. « Nous quittanies la baie de In Furie !e 8 juillet, em- nieiiant avec nous nos malades , qui elaient hors d'etat de marcher; et en six jours nous rejoignimes nos cha- loupes , ou nos malades se remirent peu-a-peu. Quoique le printemps fiit assez doux, ce ne ful que le i5 aoi^it que nous commencames a avoir du beau temps. Un vent de terre nous ayant ouvert un passage a travers les glaces le long du rivage, en deux jours nous arrivames a notre ancienne position, et nouseumes la satisfaclionde revoir du haut de la montagne liiot du Prince-Regent , que nous depassames le 17, et allames nous mettre a I'abri de la tempete, a 12 milles a Test du cap d'Yorl. Le len- demain, le vent etant tombe, nous depassames I'llot de I'Amiraute, et fumes retenus six jours sur la cote par un vent impetueux de N.-E. Le 25, nous passames I'llot de Navy-Board, etle lendemain matin, a notre grandejoie nous decouvnmes un navire au large ; nous le helames, et nous reconnumes que c'etait Vlsabelle , de Hull , le meme que je commandais en 18 18. Nous I'abordames vers midi , et son intrepide capitaine , qui nous avait cher- ches vainement a I'ilot du Prince-Regent, apres nous avoir donne trois huzza (hurra) , nous recut avec les plus vives demonstrations d'amitieet de bienveillante hospi- talite. Je dois ajouter que M. Humphreys me fournit des documens precieux pour rectifier mes anciennes cartes de cette cote. '• 11 me leste maintenant I'agreable devoir d'appeler I'attention de LL. SS. sur la belle conduite du commander »7- ( =^5. ) Ross , qui etait second dans I'expedition ; les travaux de cet olticier, qui et;:it charge des observations astrono- miques, d'histoire naturelle , et enlin de la surveillance genende , so recommandant trop par eux-memes pour que j'aie hesoin den laire le detail, LL. SS. sanront les apprecier. Mon fidcle et int'atigable ami, M. William Thom , de la marine royale, qui a servi autrefois sous mes ordres a bord de Vhahelle , en outre de ses fonctions de commandant en troisieme , etait charge du journal meteorologique et de la distribution des provisions , et il sen est acquitte de telle sorte que c'est a ses soins que doit etre attribuee la bonne sante de I'equipage. M. Diarmid , notre chiriigien, qui a fait phisieurs voyages dans ces regions, a justifie les eloges qu'on m'avaitfaits de lui. II a reussi dans loutes ses operations chirurgicales, et la marine royale doit s'honorer de le compter a son service. « Le commander Ross, M. Thom et moi, avons servi sans appointemens ; niais de meme que tout 1 equipage nous avons tout perdu , et je regrette d'autant plus mes pertes qu elles ni'enipechent de reconipenser eomnie ils le meritent mes braves compagnons de danger, que je ne puis que recommander a la bienveillence de LL. SS. Nous avons neanmoins la consolation que les resultats de notre expedition n'auront pas ete sans resultats pour la science; la decouverte du golfe de Boothia , du con- tinent et de I'isthme de Boothia-Felix, et dun grand nonibre d Jles , de rivieres et de lacs; la certitude que la poiiite du nord de TAmerique s'etend jusqu'au j.j" degre de latitude nord, d excellentes oh'^-rvations de tous genres, mais plus parliculieremer r le magiietisme; et , pour couronner le tout , The d'avoir inscrit le nom de notre gracieux souverain ume IV , sur la C 253 ) veritable place dii pole niagnetique, tels sont les fruits d^ ce voyage. « Je ne saurais terminer cette lettre, monsieur, sans reconnaitre les importans avantages que j'ai retires des savantes publications de sir Edward Parry et de sir John Franklin^ et des communications que j'avais recues de ces officiersdistingues avantmon depart d'Angleterre. Mais la pjoirede cette entreprise est due specialement a celui dont la faveur divine s'est manifeslee a notre egard ; qui a guide et dirige tous nos pas, qui nous a preserves de tous malheurs , et qiii par sa grace divine nous a fait enfin reussir dans notre entreprise. erselle des voyages , q" hvr. , in-8^. Par M. Guillebaut : Tableau geographique, historique et statistique du royaume de France, n feuilles. Par la Societe asiatique : Cahier de septembre de son journal. Par la Societe des Missions evangeliques : Cahier de septembre de son Journal. Par la Societe d'agriculturedu departeinent de I'Eure: I numeiv de son Journal. ( 263 ) Par M. le directeur : i^^ et 2*^ liviaisons tlu Journal de France. Seance dii i8 octobre. Par M. le ministre cles affaires elrangeres : Les 5 der- nieres livraisons des Classiqiies latins , par M. Lemaire , lo vol. in-8". Par M. le tapitaine d'Urville : i''*' livraison du Voyage pittotesque autoiir du rnonde. Par M. le colonel Jackson : Observations on the lakes being an attempt to explain the laws of nature regarding them ; the cause of their formation , and gradual diminu- tion, etc. Londres, i833. i vol. 10-4". Par M. Begat : Carte physique des iles britanniques , pour V etude de la geographic , accompagnee d'une des- cription, in-i8, 4 feuilles. Par M. Warden : Comparison of weights and measures of length and capacity reported to the senate of the United-States, etc.^by Ferd. Rod. Hassler. Washington , i832. I vol. in-S". Par la Sociele d'agricullure de Versailles : 33* vol. de ses Memoires, in -8°. Par I'Academie de I'industrie : Journal de ses trauaux, vol. HI, n° 34. Par M. le directeur : Bibliotlieque de Geneve, cahier de juillet i833. Par M. le directeur : Plusieurs numeros du journal I'Institut. Par M. le directeur ; Cahiers de septembre et octobre du Mentor. Bibliographie g^ographique. § i""'. Livres. Foynge pittoresque aiitour dn moride, resume general des voya- ges (le decouvertes de Pyroii , Wallis, Carteret, Bougainville , Cook, Laperouse, VaiH'ouver , d'Entrecasteaux , Baiidin , Frey- cinet , Dupeirev, Kriiseiistern , Kof/.ebue. Dumont d'Urville , Beecliey, Laplace, etc.. etc. ; re- diffe i>ar line societc de vova- geurs et d'hommes de lettres, sous la direction de M. Dumont d'Urville, capitainc de vaisseau. — loo a iio livraisons, forniant 2 vol. in-4" d'piiviron 45o pages, avec vignettes, cartes , etc. — Una livraison parait tous les samedis. Prix, 4 sous la livraison, 6 sous par la poste. Paris, chezL.Tenre, rue du Paon , n" i. France pittoresque. Description pittoresque , topographique et statistique des departeuiens et co- lonies de la France , par A. Hugo. Chaque feuille de la France pit- toresque forme un tout detache , et offie la description complete d'un departemenl ou d'une gran- de ville. L'ouvrage se composera de lao livraisons qui formeront 3 vol. in-4°. Prix, 3o fr.; chaque livraison separee , aScent. Paris , die/. Delloye, rue des Filles-Saint-Tlioinas , n" i3. Dictionnaire historique et topo- graphique de la Provence an- cienne et moderne, ^at E.Garcin. In-8". Draguignau , i'^'^ livraison. Prix : I fr. L'ouvrage se compo- sera de lo iivraisons de 8o a loo pages chacune. Abiegc de Geographic ancieune , comparee , redige sur un plan historique, par E. Lejranc. In-i j. Chez Gosselin. L'lnstltui, journal des acade- mies et societes scientiliipies de la France et de I'etranger. N" i- xxvii. In-i". Ce recueil |iarait tous les samedis. Prix de I'ahoii- iiement pour un an, 40 fr., /|4 f>'- pour I'etranger. On s'aboiine an bureau du .Journal, rue de I'Uni- versite , n° 34. Asiatic lesearches of the society instituted in Bengale. Tom. xvii. In-4". The travels and researches of Alexander von Humbnldt; being a' condensed narrative of his jour- neys in the equinocti.il regions of America, and in Asiatic Russia ; together with an analysis of his more important investigations, by W. IVIacgillivray, A. M., with a portrait of Humboldt, a map of the Orenoco, and five engra- vings. I v. in-c2.(C'est le tome ix de {' Ediniburgh-Cabinet-Library .) § 1. .Atlas. Atlas de Geographie moderne, redige et grave par RI. Ambroise Tardieu, membrc de la Societe de Geographie de Paris; ouvrage adopte pour renseignement de la geographie dans les colleges, par le conseil royal de I'lnstruc- tion jiublique. L'Atlas sera com- pose de 34 cartes an prix de 5 centimes la cai te. — Paris , chez I'auteur, rue du liattoir n" 7. .'itlas de r Europe , en ifi.') feilil- les, i\ I'echelle de iifioo.ooo, pro- jection modifiee de Flamsteed, d'apres les meilleurs materiaux ; public a rF.tablissement geogra- phiqne de Bruxelles, fonde par !VL Ph. V'ander I\Iaelen. Livrai- sons 37 a 41. Cet ouvrage est termine. Prix, 18 fr. la livraison. VTTE DJ3 JxA-MUME VJXLE . no. 2. p] UN ANCIEIV VULIA^RE rORTITTE . dan J- l-e Ji^cn7uXi/. TIG. 4. '^XchtZU. ofe' /J^cSaJ-dr. ItOI ItliSoc de Itf/t ATitne/eaii.rrie des ..^lalftzn im J^' Jacqties v/. PLAIVBTIN^ CXROXIE OTJ TDMFIii; SOIiAIKE. PXAS DUN ANCIEIV VrLlAGE rORTITIE . «a,us.c a,G.„,,^j,i^;jf, ■/A i2^T^ineiea'!,rne c/e^ ^4JaMitmis %P' Jacgt'^S fi BULLETIN 1)K LA f r SOGFETE DE GEOGRAPJIIE. N» 127. ^ — NOVEMBRE 1 833. PREMIERE SECTI01\ MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Voyage dans Vintcrienr de la Gujane, par MM, Adam DE Bauve cl p. Ferre. Suite, (i) i'^'' novembre. Jose Antonio et deux de nies Indiens se trouvaient indisposes. Je vouliis ni'anetcr nn jour on deux, mais il ine conseilla de ne point sejourner avant d'avoii' atteint le but qu'il s'etait propose, et qui elait encore assez eloigne : le moindre des inconveniens qui eut pu en resulter, me disait-il, etait d'etre abandonne de nos porteurs. Quoique bien harasse, je cedai a d'aussi bonnes raisons. Nous ne flmes que nous reposer sur uii (i) Voir le n" lafi. l8 ( 266 ) etal)lissemcnt que nous atteignimes a neiif heures. II s'y trouvait environ deux cents intlividus. Qiielques-uns me promirent d arracher de la iaisepareille, que je trouve- rais a nion retour. Nous rencontrames , dans cetle jour- nee, des pieds de salsepareille assez frequemment. Nous times halte a cinq heures et demie sur le bord dun ruisseau. 2 et 3. La journee du ■>. et cello du 3 furent tres pe- nibles. Nous inarchions alternativenient dans des mare- cages ou on enfoncait jusqu'a mi-jambes, et dont I'eau corronipue me causait aux pieds des demangeaisons in- supportables; ou , gravissajit des montagnes quelquefois assez considerables, I'eau des ruisseaux, chaude et va- seuse, ajoutait encore, par I'impossibilite de la boire , a I'anxiete de la route. Alors, pour la premiere fois, j'eus recours a une de mes bouteilles d'eau-de-vie. Jose An- tonio so trouvait tres bieu de quelques coups qu'il but; moi, au contraire, apres m'avoir raniine un instant, jc ne me trouvai ensuite que plus faible, et mes poumons n'en etaient que plus desseclies. Le 3, nous campames pres d un ruisseau ou je me dedommageai de la priva- tion que j'avais eprouvee. 4. Nous trouvames de la salsepareille frequemment. Toute la journee nous niarchames dans des abatis nou- vellement ahandonnes. D'apres I'espace de terrain et la quantite de cases encore en bon etat que je rencontrai, je ne puis guere estinier a moins de douze a quinze cents le nombre des individtis qui y etaient rassembles. Jose Antonio, qui etait venu en cet endroit il y avait moins de trois ans, n avait aucune idee de cetle desertion; et quoique, les jours precedens, les Lidiens chez lesquels nous avions passe nous eussent prevenu de cet aban- don, nous n'avions pu nous le persuader, sachant dail- i 267 ) Icurs !c peu ile foi quon doit genenilement nccordor a leurs assertions. 11 panut, tin reste, qnunc epiclemieesi la cause de ces emigrations, et fjue Ics liidiens qui ont survecu se sont retires fort loin ; car, dans beancoup de cases, je trouvai des platines , des jarres , et les ustensiles pfcsans que sans doute ils n'avaient pu transporter. Les abatis sont encore rempiis de bananes , de papayes et d'aiitres fruits; le cajou est surtout celui qii'on y troiive le plus frequemnient. Ce fruit, qui vient sur un arbuste dune mediocre hauteur, a la forme d une poire. Sa chair est blanche, et contient un auc fort agreable. II decoule deson tronc une gomme transparente qui pour- rait avoir les qualites de la gomme arabiqiie. Un de nies Indiens fle'cha un cariacou. Get animal est le meme que le chevreuil. Quoique j eusse pris assez de cassave et de bananes, le i"^"", pour en avoir an moins six jours, les Indiens avaient tellemcnt gaspille que depuis la veille nous n'en avions plus. Je fus oblige de manger la viande, sans rien avoir qui put remplacer le pain. Mais un in- convenient de ce genre est encore fort peu de choses dans un semblable voyage , et avec de telles gens. 5. Apres une marche force'e toute la matinee, nous eumesagravir une niontagneausommet delaquellenous arrivames a midi. J'etais rendu ; mes pieds enfles ne me permettaient phis de marcher davantage. Jose Antonio etait maladeet harasse ; leslndiens murnuiraient, etsem- blaienl dis[)Oses a ne pas aller plus loin. Jose ni'avait as- sure , la veille , qu'avant dix heures nous devious trouver un etablissement sur les bords de I Agamiware, ou nous pourrions nous reposer, et que si nous n'y trouvions personne, il y aurait au moins dans les abatis des ba- nanes et des ignames, et que nous aurions, en nous y reposant quelques jours , le temps de nous retablir et 18. ( 268 ) tie sonoer ;iu parti que nousaurions a preiulie. On soni- niet (le la inontagne oii nous etions , nous apercevioiis lAgamiVvaie , et point d'etablissement. J'avais deja pris la resolution de demeurer en cet endroit, et d'envoyer, le lendeniain , quelqu'un aux environs, a la recherche de queUjue lieu habite. J'etais tellement faible,que je m'e- taiscouche a terre. Tout-a-coup,le chant des coqs nous apprit que nous etions proche du but si desire et que nous desesperions de trouver. En etfet, nous n'etions separes dun petit village que par un bouquet de bois qui nous !e derobait dans la peiilc nieine de la niontagne. Je repris courage, nous y fumes rendus en peu din- stans. J'y trouvai une cenlaine d individus, tous de niau- vaise mine, pfdes , malades et malingreux. La phipart sVnluirent a notre approclie. II se trouvait beaucoup plus de femmes que d homines. Jose Antonio connais- sait le chef de cet etablissement, qui nous confirma ce que j'avais d»'ja reconnu, (ju une mortalite avail enleve une grande partie des individus sur les etablissemens abandonnes desquels j'avais passe, et il nous assura que partout,a une grande distance, nous rencontrerions le uieme isolement. L'apathie et le desespoir seuls avaient force ceux chez lesquels nous nous trouvions a demeu- rer sur un terrain qu'ils semblaient regarder comme de- vant etre prochainenient leur tonibeau. Je commencai par me faire laire un ajoupa. Mes Indiens ne se souciaient pas de rester dans les cases du village, et leurs proprie- taires ne paraissaient nullemenl disposes a nous y rece- voir ; ils s'empresserent cependant de nous donner de la cassava, des bananes,des ignames et des palates douces. La crique Agamiwave nous don nail la certitude de ne pas manquer de poisson. Cette crique, fort large a cet ( 269 ) eiuhoil , forme cle distance en distance de vastes bassins. Son coiirs, a peine sensible, est S. quart S.E. 6. Je passai la journee du 6 dans mon hamac. Je- prouvai de la fievre. Jose Antonio se plaignait de maux de lete , de douleurs de cote ; il toussait beaucoup. Trois autres individus et mon domestique tonssaient aussi, et ne pouvaient p^oint se lever; je fus oblige de me faire moi-meme de la bouillie de bananes. Je pris un verrede vin et en donnai un a Jose Antonio. Je passai une nuit affreuse; j'etais rompu de partout. Qiioique j'eusse pris du quinine, !a fievre redoublait. Le feu s'eteignit dans la nuit. Rien n'en troublait le silence que les croasse- mens redoid)les des crapauds, qui font au loin I'elfet de pliisieurs baches qui abattent des arbres : c'est le nieme bruit sourd et monotone. Je n'avais pas encore aussi bien remarquece bruit, qui, dans une nuit-obscure, au milieu des grands bois, faisait sur mon imagination nia- lade une sensation d'horreur indefinissable, Enfin , Tap- proche du jour fut annoncee par le chant des coqs. Je passai en cet endroit bien d'autres nuits ou je fus plus malade, mais jamais mon inlagination ne se trouva attcc- tee comme dans celle que je viens de depeindre. y. A peu de distance de I'etabiissemeiit , je ttouvai une grande quantite de cacaos. La seule difference qui existe entre eux et ceux qui sont cullives , c'est que leur cabosse est p'us petite. Cette decouverte fut precieuse pour nioi; je me lis une boisson ratraichissante et d\\n gout tres agreable. La fievre ne m'abandonnait pas. Ce- pendant, jusqu'au 12, je pus encore faire quelques ex- cursions dans les environs, 011 je vis beaucoup ile salse. Le i3, je me trouvai tellement rompu, quil ine fut im- possible de demeurer dans moii baniac. Je reslai deux joius cuveloppe dans mun manlcau, coiiche par lorro ( ^--o ) ;iu pieil dun urbre , sans prendre iiucune noiiiriture. Jose Antonio etait presqueaussi nialade que nioi. Orapoi se trouvait egalenient hors d etat do nie rendre aucun service. Le i5 ou le i6, les Indiens qui m'avaient ac- conipagne, nous voyant dans cet etat, nous abandon- nerent, el turent annoncer a Ferre que nous elions inorts. Jc crois cjue I'etat d'alfaissenient dans lequel je me suis irouve provenait de la grande (juantite de qui- nine que j'avais prise 5 j'en etais coniine etoufle. Je (is cette rellexion en revenant a nioi ; je pris un vomitif , et me sentis soulaee. Tout semblait tourner contte moi : partout ou j'avais passe, j'avais trouve des poules en quantite; la', il n'y en avail que quatre ou cinq, sans lesquelles encore, dans les pieiniers jours de faiblesse , je fusse iriiailliblement mort de fair.i ainsi que les deux individus nialades abandoiines avec moij car, apres nous avoir apporle res volailles, les Indiens du village, qui m'avaient cru mort, les premiers jours de ma con- valescence, s'enluyaient en poussanl des hurlemens chaque fois queje voulais enlrer dans une case. 19 el 20. Des le 20, je me trouvai inGniment micux. II ne me restait qu'une grande faiblesse. Une maraille, que je tuai procbe de mon ajoupa, me servit a faire du bouillon. Ge fut alors que j'eprouvai combien j'avais eu raison de conserver mon vin ; je trouvai d'ailleurs dans les abatis des bananes et des palates douces. Orapoi se retablissait aussi. Jose Antonio avail une fluxion de poi- rrine; il toussait continuellement. La couardise ajoutail encore a sa maiadie. II redoutait la mort, et il croyait la voir continuellenienl. On sent I'interet que j'avais a con- server cet honnne, et I'imporlance que je mettais a son retablissement. Mais on ne pourra passe figurer I'abus qu'il faisait de nia complaisance : moi-meme , a peine ( ^7' ) coiivalescciil, j elais oblige de le changer dans lii nuit, de mettre du teu sous son haniac ; tanlot il le trouvait trop ardent, il tallait leretirer, un instant apres le rap- procher, et continuellement entendre ses jereniiades. Certes, dans sa propre case il n'eut pas ote soigne de cetle nianierej niais de sa conservation et de sa recon* naissance, qn^jt^ pensais m'acquerir en agissant ainsi, dependait la reussite des projets que j'avais formes pour I'avenir. 11 s'appliqua sur son cole soutfrant une sorlc de ventouse que j indi(juerai ici. Ayant fait prendie de grosses fourniis par Orapoi , il (it sur leur corps une tresse avec de I'arounia, de uianiere a ce qu'elles no pussent s'echapper, et cnsuite il exposait a leurs mor- snres !a partie soultraiite. 11 en eprouvait, disait-il , ini grand soulagenient. II se Livait avec de lean dans la- quelle avait trenipe du inaveve, herbe tres amere. Le 24 > jt^ ti'^i une biche. Les Indiens de I'etablisse- nient comuiencereist alors a se rappiocher de nioi , et vinrent men demander un morceau. lis m'apporterenl en echange de la cassave et des palates douces. Le 26, m'etant ecarte environ a une lieue dans le S.-O. de I'etablissement , je fis une decouverle assez, curieuse. Dans un endroit oil la hauteur des bois et leur <|ualile me faisaient croire qu ils n'avaient jamais ete abaltus, en fouillant quelques pieds de salsepareille, Orapoi trouva, a la superficie du sol, des debris d ustensiles de lerre cuite, et des joches carrees, plalcset tres minces, couune celles sur lescjuelles les Oyampis tontcuire la cassave. Je touillai en ilivers endroils, et je trouvai des ossemens , entre autres un squelette presqueentierenient conserve, proche duquel etait place un [)olit pot plein de ccndres et de charbons ; ot I'ayaut visile, je recontuis (ju'il cou- tenaient les os dc la tele, qui paraissait avoir etedisse- ( 272 ) quefe. Dans un espace assez considerable, en fouillant legerenient, je vis beaucoup tie ces debris. Je fis part a Jose Antonio de ma decouvertej il me dit connaitre beaucoup dendroits ou on voyait de ces traces dune population dont les habitans actuels de ces parages n'a- vaient aucune connaissance. 11 paraitrait qu'une race plus civiliseea existe ancicnnement dans cette partie de la Guyane, et qu'elle avait Tusage d'enterrer les morts en separant la tete du tronc; peut-etre meme les corps se trouvaient ils places dans lesjarres dont les morceaux sont epars ca et la. LesOyampis, surtout ceiix de la crique Acao et des environs de la crique Eioupaoua , portent simplement les corps dans le bois , ou ils les suspendent dans leurs liamacs et ne les ensevelissent pas. 27. Quoique les habitans du village fussent un pen revenus de la terreur que nos maladies leur avaient in- spiree, et qu'ils fussent devenus plus comnumicatifs, cc- pendant, a I'exception de la cassave et des bananes qu ils apportaient, j'etais oblige, pour avoir du gibier, de le cliercher moi-meme, et, grace a sa grande abondance, je m'en procurais facilement. La paresse empecbait nies voisins d'aller a la chasse, et les bananes qu'ils ra'appor- taient elaient en quelquc sorte en echange du gibier queje leur donnais, etqu ils preleraient ades objets qui, s'ils se fussent trouves dans un autre etat de sante, eus- sent ete le paienient qu'ils auraiL'nt demande de leurs services. Le 28 et le 29 , je fus retenu dans mon ajoupa par la pluie qui tomba presque sans discontinuer,acconqjagnee tl'eclairs et de violens coups de tonnerre. M»)n Horace , que je n'ai jamais laisse dans nies voyages, adoucit un peu I'ennui de ma reclusion. L'etat de Jose Antonio n'e- prouvait aucune amelioration; je no savais ni quand ni ( ^73 ) comment je pourrais sortir tie la position tlans latpielle je me trouvais. Abandonner Jose Antonio, eut ete le devouei" a une mort certaine. J'etais force de me resi- gner, non sans cependant faire de tristes reflexions sur I'avenir, et meme sur mon etat present. .3o. Dans une tournee un peu prolongee que je fis dans le S.-E., je fus surpris, a un detour, de rencontrer une vingtaine d'Indiens. lis etaient tous vigoureux et bien portans. Us ne furent guere moins surpris que moi de rencontrer un blanc seul. Us parlaient quelques mots de portugais. D'ailleurs , Orapoi me servit d'interprete. II se trouva qu'un de ces individus etait frere de son pere. Us me dirent qu'ils etaient en chasse ; qu'ils ve- naient de I'Arwari, ou etaient situees leurs habitations , que cette riviere n'etait pas eloignee de plus de trois journees. Us voulaient, etant pres dun etablissement , s'y reposer et y prendre de la cassave. Us revinrent avec moi au village, et m'assurerent que si je voulais aller avec eux, je trouverais beaucoup de salsepareille sur les bords de I'Ai'wari et les environs, qui etaient, me di- saient-ils, tres peuples. J'en oblins aussi des renseigne- mens sur une riviere appelee Juipoco , dont m'avait parle Jose Antonio, habitee par les Goussaris, peuplade que je tenais a visiter. Malgre les efforts que je fis pour les retenir, ceslndiens repartirent le lendeniain, voyantles maladies qui regnaient en ces lieux. 3 1. Le jour meme de leur depart, arriverent quatre individus envoyes par Ferre. Tres mal lui-meme, il n'a- vait pu ni'ecrire. Les Indiens qui nous avaient aban- donnes lui avaient dit que j'etais mort. U envoyait savoir ce qui en etait. N'ayant point de lettre de lui, je crus, ainsi que me I'assuraient ses envoyes, qu'il etait a toute extremite. Cette nouvelle fit une telle impression sui ( '^-74 ) n»oi,que, sans considerer que j'etais a peine retabli et (jue j'avais a marcher par des cheniins at'freux, je me decidai de suite a aller le rejoiiulre. Je donnai les ordres necessaires pour qu'on transportat Jose Antonio dans son hamac , et le i"" decenibre, seul avec Orapoi , je re- pris la route que j'avais deja parcourue. Mais les Indiens n'ont pas de chemins : ils ont I'liabitude de marcher a la suite I'un del'autre, mettant le pied dans la trace de celui qui pre'cede, et ces traces sont souvent interroni- pues par les criques ; la nioindre pluie les efface dans les marecages. Enlin , le huitieme jour, apres ni'etre plusieurs tois egare, car il est difficile de s'orienler dans le hois, menie avec la boussole, a cause de la nature et des inegalilcs du terrain , j'arrivai a I'endroit de la crique Acao ou j'avais laisse mesembarcations en niontant. Les Indiens, eti s'en allant, les avaient prises. Heureusenient que, en cotoyant la crique, j'apercus un peu plus has la pi- rogue avec laquelle etaient venus ceux que Ferre avait envoyes. Munis d'une enibarcation Irop pesante pour deux personnes, surtout nialade conime je I'etais, ce ne fut pas sans les plus grandes difficultes que je pus ga- gner une habitation peu eloignee, etant a chacpie in- stant oblige de hisser le canot par-dessus les arbres toni- bes. II etait temps que j'arrivasse : exposes a la pluie les deux nuits precedentes, tons nies bagages etaient trem- pes ; je n'avais d'autre linge que celui qui etait sur moi. Mon fusil ne pouvait m'etre d'aucun usage. Quoique Orapoi n'eut a porter que mon haniac , dont nous nous servions tous les deux, et mon manteau , ces objets, im- bibes d'eau, etaient devenus tres pesans. Je ne voulus cependant pas m'arreter. L'inqiiiclude dans latjuelleje- lais sur le sort de Ferre mc jelait dans tine telle anxicte, ( 275 ) (jueje n'avais pas le temps cle songer a nies fatigues. Mes instances I'emporterent celte fois sur I'apathie indienne : j'obtins des guides qui pagayerent toute la nuit, et le lendernain (9 decembre) a deux heures, j'arrivai a I'eta- blissement ou j'avais laisse Ferre. J'eus lieu d'etre ras- suie : quoique tres faible, il etait en pleine convales- cence; il ne lui lestait que des niaux de tete et un trem- blement convulsif qui Tenipechaient de se lever. Deja malade lors de nion depart, il fut assailli peu de jours apres d'une fievre vioiente et continue qui lui occasio- nait des moniens de delire. Ne sachant comment s'en delivrer, il s'etait, a plusieurs reprises, fait jeter sur la tete de I'eau tres froide dune certaine hauteur. Sa fievre tut coupee, mais il lui resta long-temps un tremblement si violent, qu il ne pouvait menie pas porter une cuiller a sa bouche. C'est dans ce moment que, ne pouvant in'ecrire, il ni'avait envoye les Indiens qui m'avaient an- nonce sa maladie, et qui , en effet, n'avaient pu apprecier son mieux-etre. Dans le fort de ses acces, les -Indiens venus d'Oyapock avec nous, croyant son etat desespere , etaient tons partis a son insu. A quoi ne doiton pas s'attendre des sauvages, si des hommes qu'on appelle civilises ont de semblables precedes .*' Voila cependant ces gens donl les vertus sont si pronees en Europe! Qu'on les oblige a un travail mcdere en leur payant le salaire, nos philosophes crieront a la tyrannic. Qu'ils viennent,je ne dirai pas au fond des forets de la Guyane, mais a Oyapock, quartier habite par des blancs avec les- quels les Indiens sont confondus, traite's meme avec plus de menagemens, et la, entoures d'bonmies jeunes et vigoureux, munis des objets qui pourraient le plus leur plaire, ils mourronl de faim, si la paresse ou le ca- price de leurs botes les portent a ne point aller a la ( 27<3 ) < hasse uu a la peche. Que ceux qui nous vanlcnt cos homines de la nature viennent habiter quelque temps aveceux, ils seront l)ient6t si cheques de leur grossie- rele et de leur ignorance, que la condition la plus mise- rable de letat civilise leur paraitra preferable a cette existence libre et independante dent on n'apercoit en Europe que le beau cote , et dont la realite ne peice qua travers un prisme trompeur. Jose Antonio, qu'on transporta en hamac, n'arriva que le i5. Malgre la fatigue de la route, il se trouvait niieux : il toussait nioins. Je pus enfin espe'rer que son retablisseniejit serait prompt. En effet, je n'entrerai point ici dans le detail de sa convalescence, non plus que de celle de Ferre: je dirai seulement que nous res- tames sur noire etablissement jusqu'au 3o decembre,et ^qu'a celte epoque nous reprimes notre exploration. Du- rant cet espace de temps , nous ne niancjuames ni de poisson ni de gibier, ni surtout de poules; nous en etions abondamment lournis, et nous avions apporte assez de vin pour en boire quelque peu de temps en temps. Je vais donner ici quclques details sur les Oyampis , leurs moeurs et leurs usages. J'offrirai aussi un vocabu- laire de la langue , qui , comparee avec les differens dia- lectesdu IJresil, pourra donner des lumieres positives sur I'origine de cette nation, quequelques personnes preten- dent indigene de la(juyanc francaise. Tons les dialectes des peuplades qui I habitent sont des derives dii galibi. Les Oyampis ne Tentendent pas, ce qui meconlirme dans I'opinion, fondee d'ailleurs sur d'autres motifs, qu'ils sortent du Bresil , et meme depuis peu de temps , puis- <|u'ils ne sont connus que depuis dix ans, et (jue c'est par erreur qu'ori les a confondus avcc une autre peu- ( 277 ) plade appelee Wagne, et qui habitait clans les memes parages. Soil qu'elle ait ete detruite par lesOyainpis, soit qu'ellese soit retiree dans une partie eloignee, on ignore ce qu'elle est devenue. Jen'aipaspu connaitre I'origine du nom Oyainpi. II si- gnifie proprenient mangews (V homines. Aussi, dans le bas de la riviere, les Indiens de cette peuplade n'aiment point qu'on eniploie cetle denomination, a laquelle cependant ils n'en ontpas substitued'autre. Dans riale'rieur,aucon- traire, ilsTernploient sans repugnance. Une de leurs chan- sons, qui ma ete traduite par Jose Antonio, prouve que dansdes temps encore pen eloignes ilsetaientanthropo- phages. « Anciennement, est-il dit dans cette chanson, nous « etions liommes , nous mangions nos ennemis, et nous " ne nous nourrissions pas de manioc comme des fem- « mes ». Ces Indiens sont generalement bien faits , de moyenne laille. Les femmes sont assez ordinairement jolies J il y en a meme qui passeraient pour tres bien partout. Mais il est rare de trouver un individu de I'un ou I'autre sexe dont les dents ne soient pas gatees de bonne heure. Les Oyanipis sont extremement jaloux, quoiqu'ils aient presque tous plusieurs femmes. Cepen- dant il nest pas rare qu'ils se separent a I'amiable. Au- cun lien de parente nest respecte dans ces unions : le pere vit avec sa fille, le frere communement avec sa soeur, souvent meme le fils avec sa mere. Les femmes se deforment promptement : elles semblent viedles a vingt ans. Les deux sexes se tatouent la peau en noir avec le sue du fruit du Jenipa. lis se couvrent la tete d'une epaisse croute de rocou petrie avec quelque graisse, et rien ne manque a leur ornement quand ils peuvent se procurer un duvet blanc , provenant de I'estomac d'une sorte d'aigle , qu'ils fixent sur cette pommade. Leurs ( 278 ) oreilles sont percees, et ils passent dedans cies pi tunes et des OS de poisson. Les hommcs portent un petit calinibe ou pagne de six pouces de largeur, en coton, fort bien travaille. Les femmes vont entierement nues. L'un et I'autre sexe est passionne pour les coliiersde verre,doht ils se chargent le cou et les bras quand ils peuvent sen procurer. Ces Indiens n'ont aucune espece de religion , aucune idee dun etre supreme, aucune pratique religieuse. Ils ne connaissent ni ne sont regis par aucune loi; ils n'ont aucun chef auquel ils attribuent le pouvoir supreme dans chaque village. L'un d'eux porte le titre de capi- taine : cast ordinairement le plus age; cependant il n'en est pas pour cela I'objet dune deference plus marquee* Les feninies ont le plus grand soin des enfans : jamais elles ne les frappent ni ne contrarient leurs volontes. Cette education ne contribue cependant pas a leur in- spirer I'amour filial, car, aussitot que I'enfant pent se passer des soins de sa mere, il n'a pas plus degardspour elle que pour «me etrangere. Lorsqu'unejeuneHUe con>- mence a cprouver les premiers symptomes de nubilite, on lui tatoue le bas-ventre avec une pointe de fer ou un OS de poisson. Cette operation est tresdouloureuse.Elle estensuite livree a I homme auquel elle est destinee.Quand une femme enceinte perd son mari, I'enfant est expose ou etouffeen naissant; il en est de meme quand line jeune fille accouche avant d'avoir ete livree a son pretendu. Les femmes accouchent presque toujours sans douleurs, et sans qu'on y fasse attention. Dans les nouvelles et pleines lunes, les femmes sont separees des bommes: elles se retirent dans nn ajoupa eleve dans le bois, et la , accroupies une partie de la journee, elles ne se met- tent que la nuit dans un liamac qui ne sertquc dans ces ( =»79 ) occasions. Pendant cctte retraite, elles vivent de ba- nanas et d'ignames, sans avoir aucune communication , meme avec les autres femnies. Quant aux fenimes grosses, elles evitent de se trouver sur le chemin de leurs maris, ne touchent point aux chiens, ni ne leur laissent manger rien de ce qu'elles pourraient avoir manie. Les Oyampis ont d'excellens chiens, mais ils aiment peu a sorlir de leurs carbets. Le gibier, le poisson ne leur manqueraient jamais, s'ils chassaient ou pechaient regulierement. lis mangent avec exces quand ils sont dans labondance : une ])iclie,un maipouri, n'alimentent pas long-temps leur gloutonnerie ; ils demeurent ensuite des semaines entieres a vivre de cassave, de bouillie d'ignames. ou de bananes. Les jeunes pousses de tabac vert, hache'eset bouillies, font leur metsle plusjournalier. Ils ne font point usage de sel, qu'ils ne connaissent point; lacendre de pinot leur en tient lieu. Aussi sont- ils sujets a beaucoup de maladies qui proviennent de ces alternatives d'exces et de privations de nourriture. Ils n'ont aucune connaissance des simples qui pourraient les soulager dans leurs maladies, aucun remede pour les morsures de serpens; a peine savent-ils panser une plaie, et cependant ils connaissent parfaitement les plantes veneneuses. Ils ont neanmoins leurs medecins. Tout leur art consiste a laver les malades a tort et a travers.a cracher sur la partie souffrante. Leur derniere ressource, quand la maladie est parvenue a son dernier periode, est de boucaner le malade, et voici comment : on fait un petit ajoupa, dans lequel on transporte le rao- ribond, et la, avec son calumet, le docteur introduit des bouffees de tabac vert dans la bouche , les oreilles et le nez du patient. Ses amis, pendant ce temps, sontoccupes ( 28o ) a chanter et a Loire dans sa case, en tleplorant son nial- heureux sort. Apres cette operation, le nialade cstaban donne 5 rarenient il en rechappe. L'usage d enter rer les morts n'est encore observe que par les individus les plus proches des blancs. Dans le haut de TOyapock, ils por- tent le corps dans le bois a une cerlaine distance, et I'y laissent sans autre ceremonie. II suffit, du reste, de quel- ques morts dans un village pour le faire abandonner. Les Oyampis ont de vastes abatis. Ils cultivent des ignanies et des palates de diverses especes, et beanconp de bananes, dont ils possedent une variete differente de celle qu'on cultive a Cayenne, et qui Uii est bien supe- rieure. Ils ont une excellente maniere de planter le nia- nioc(i) : avec une palette de fer de dix a douze pouces de long, et plus souvent un bois pointu,ils ameublissent la terra beaucoup plus profondement qu'on ne le fail avec la houe. Les racines viennent d'une grosseur prodi- gieuse. II y a deux especes de manioc: le manioc ordi- naire, dont la racine est blanche, et une autre qui est bleue ou violette. La maniere de faire la cassave differe peu de celle employee dans la colonic, si cc nest qu'ils grugenl le manioc sur une pierre, et qu'ils font cuire la farine sur une roche mince et plate. Beaucoup cepen- dant commencent a se servir de plalines de terre cuite. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'apres avoir mis la farine en couleuvre et I'avoir suspendue a une potence, au lieu d'adapler un poids ou une roche dans I'anse inferieure de la couleuvre, la femme chargee de celle operation a la Constance de resler assise a I'extre- niite dun levier passe dans cette anse, jusqu'a ce que toute I'eau soil ecoulee. Ceci n'est, du reste, quun (i) Le manioc se plantc de boutures. ( -8i ) faible echantillon dii peu d'idees et de I'apathie de ces Indieus. lis font generalement plus de cassave que de couac, ce qui vient de leur paresse a faire des platines, car ils semblent le preferer. Le manioc sert encore a composer une bnisson eni- vrante appelee cachiri, dont ils boiveiit avec exces. Vuici la maniere dont elle se prepare ; on met dans une grande Jarre une certaine quantile de cassaves t'raiches , on gruge des palates douces dont on exprime le jus; des fennnes s'occupent a niacher d'autres cassaves qu'elles cracbent dans la jarre; on acbeve de la remplir avec de I'eau, et on laisse ensuite le tout t'ermenter pendant un jour ou deux. On passe ensuite ce marc dans un tamis appele manaret (tresfln), et on obtient une liqueur blanche et mousseuse qui acquierten peu de temps une tres grande force. Cette boisson ne se conserve pas plus de sept a buit jours. II y a encore d'autres boissons faites avec lejus de palates, qui se preparent dune maniere moins degoii- tante. La banane et la bacove fournissent aussi des liqueurs agreables, et qui, fernientees, ne laissent point que d'a- voir une certaine force. Les fetes s'appellent mahurys. Les femmes ne s'y me- lent jamais. Les bommes dansententre euxau son tl'iine flute a cinq Irons, faite de I'os de la janibe de biches. Cette danse consiste en pas graves et mesures. Quelque- fois aussi ils simulent la cbasse et imitent la demarche et la posture de divers animaux. Get exercice se ])ro- longe oidinairement jusqu'a ce que les acleurs tombent d'ivresse et de fatigue. Rarement aussi ces rejouissances se terminent sans quelques rixes fatales a plusieurs in- dividus ; source de haine et de vengeance, ou le poison 19 ( 282 ) joue toiijours le plus grand role. Chose ciiificilc a croire, ce sont Ics tenimes qui , dans ces orgies , sont forcees de tenir la tasse de cachiri : assises sur leurs talons, proche du lianiac dans lequel est etendu leur mari,elles portent la tasse a sa bouche. A peine senible-t-il avoir la force d aspirer la liqueur. I.es tasses dont se servent les Indiens sont toujours des moities de calebasses ou de cocos. Toutc la batterie de cuisine consiste en quelquos pots de terre grossi^re- nienl laits, propres a aller au feu, et en grandes jarres destinees a recevoir les diverses boissons. Dans leurs re|)as , les honniies s'asseoient autour d'un pot dans le- quel le manger a ete prepare. La viande est presque tou- jours reduite en une espece de bouillie assaisonneeavec beaucoup de piment et de lean filtree sur de la cendre de pinots. Us se placent en rond, et chacun, arnie dune petite broclie 3 , page ag. i9- ( 284 ) i septentrional. [ Jurucnna occiilental. Districtsi nieiidional. ' Arinos centrale. f medio. '^ Tappiiaquia on Caniapuaxa. j Matto-Grosso occidental. Sous-divisions I Cuyaba centrale. I Bororonia oriental. Les rivieres Tocoary, Cochiin , Camapuan et Pardos , separent le district meridional, ou Camapuana do Me- dio , dont la limite septentrionale est une chaine de mon- tagnes, qui s'etend de Test a I'ouest (i), dans laquelle le Paraguay et ses principaux affluens prennent leur source an sud , et le Tapajoz , et le Xingu au nord. CAMAPUANIA. Ce district tire son nom de la riviere de Camapuan; il a a 1 ouest le Paraguay; au sud le Chicliuhl et I'lgu- rey ; a lest le Paranna ; il pent avoir loo lieues en carre. Le terrain est generalenient peu eleve : il n'y a guere de bois qu'aux environs des rivieres; dans I'interieur ce soiit des niarecages et des savannes, a I'exception de la chaine Amanihuhi , ou la plupart des rivieres qui Tarro- sent prennent leur source. Cedistrict produit de lor, des pierres calcaires, granits, diamans, etc.; Yopiintia, ou nopal , y est indigene ainsi que la cochenille , qu'il nourrit ; I'arbuste de Matte ( the du Paraguay) ; il y croit une sorte de vignes dont les grains sont noirs et petits, dun goAt agreable et que la culture pourrait ameliorer; le guabiroba un des meilleurs des arbres a fruits du Brtisil , y est comniun ; cet arbre est eleve, sa feuille res' semble a celle du pecher, et son fruit a la forme dune (r) Par iS" de latitude. ( 285 ) poire; plusieurs especes d'egrettes ( garcis ) liabiterit les lacs qui se trouvent dans les savannes.. On y voit aussi Vema ( autruche ), dont les plumes sont Ires le- cherchees el dont la peau sert a laire des calecons de femmes. Les rivieres principales sont : le Tamary , Pardo> Mondego , Igatimy, Correntes , Ipanne-Guacu , Mya- maya , Ivinheima , o Rio Negro. Rio Pardo (i). Cette riviere est en des endroits si etroite qu'il faut, a cause de ses sinuosites, pousser I'em- barcation avec une perclie. On conipte 26 barres ou sauts depuis son embouchure jusqu'a Sanguexuga , ou sont decharges les canots , qui y arrivent apres deux mois de voyage. Le Pardo traverse des savannes dun as- pect riant , arrosees et vivifiees par de petites rivieres qui viennent se jeter dans son lit 5 on y voit des biches blanches, des mafpouris^ des tamanoirsj lohhs ( loup ) , ra- pozas ( espece de renard ), emaset serienuis [1), plusieurs especes de perdrix , le qiieroquero , qui est presque de la grosseur dune perdrix, a le ventre et I'estoniac blancs, la gorge noire, bleu en - dessus ; une raie blanche a 1 insertion des ailes qui sont arniees d'eperons et dont les grandes plumes sont noires et depassent la queue qui est courte et blanche a son extremite , les yeux sont rouges et vifs, le bee semblable a celui dim pi- geon est rouge et noir au l)Out, la tete est ornee dun panache noir, les jambes sont longues et les cuisses en- core plus , nues dans la partie inlerieure el rouges ; la chair est excellente; cet oiseau s'entend presque toute (i) Je ne m'astreindrai pas a nommer tons les afitluens des prin- cipales rivieres du Matto-Grosso. Je negligerai aussi les noms des sauts et barres, qui ne sont point omis dans In relation ou jc puisc oes details. (') Seri^mas. Cet oiseau est 4-peu-pr^s de la grosseur d'une dinde. ( o86 ) la nuit et so voit tonte la joiirnee. Dans ies bois qui sunt sur Ies lieiix cleves, clans Ies savannas, se trouvent line grande quantite d'abeilles , le miel en est peu estinie, inaison recolte la cire. Sur Ies herds du Pardo croissent deux palmistes, dont on ne retrouve pas I'espece dans Ies autres rivieres daces parages, I'un appele guacunian, de six a sept pieds de haut , donne un excellent agaric, I'autre, hutiz, tres gros , et dont Ies t'euilles ont sept a liuit pieds., porte un fruit dont Ies Indiens font une li- queur agreable, approchant du vin pour la couleui- et Ic gout. Les marchands deSanguexuga tiansportentles ob- jets qui arrivent par le Pardo, dans des cbarrettes attelees de boeufi, jusqu'au port de Camapuan , sur la rive droite de cette riviere j le trajet n'est que de deux lieues et de- niie , niais les clieniins sont ties difficiles; il est impos- sible de se figurer le prix insense des etoffes et genera- lenient de tout ce qu'apportent les colporteurs dans ce district. Le Rio Cocliim prend sa source a peu de distance de Sanguexugaj il roule avec violence dans un lit profon- dement encaisse, et dans certains endroits n'a pas plus de cinq a six brasses de largeur. II traverse des bois peu- ples de gibier,et des savannes ou croissent deux especes de paliniers, I'une guacuriz^ Yautre bocafui>as. Cette riviere a 22 barres ; ses affluens principaux sont au nombre de onze. Malgre ses difficultes, elle n'en est pas nioins frequentee par des embarcations pesamment char- gees, qu'on est souvent oblige de hisser a vide. Le Tocoary prend ses sources a une distance assez giaude au nord de Camapuan ; il a deja une largeur de Co brasses quand il recoil le Cochini 5 a peu de distance de son confluent, il a une barre oii on est oblige de de- charger les embarcations pour les faire passer sans dan- ( ^87 ) ger, et un pen plus bas une moins considerable. Sa lar- geur est alors de 120 brasses, ces deux barres soiit les seules qui interrompent son cours. Cette riviere a un grand nonibre de sinuosites et traverse des savannes {campinhas) giboyeuses, ou ci'oit un palniiste, dont les cocos sont de la grosseur d'un ceuf d'autruche et ires estinies des Indiens; ses eaux, ou se trouve une grande . diversite d'excellens poissons , sont impregnees d'un sa- ble tres fin ; entre autres ilots , on remar(|ue celui dos Passaros, qui tire son nom de la grande quantite d'oi- seaux dont ses arbres sont cbarges. Cette riviere se jelte au Paraguay par plusieurs embouchures qui fornientun grand nonibre d'llots, toujours sulimerges dans le temps des pluies. On appelle res ilots, pantanaes; on y trouve entre autres oiseaux rares ( anhupoc'as ), de ia grosseur d'un pouletj il a une corne sur la lete et des eperons aux ailes; il cliante le jour et une partie de la nuitj Xhinhinud est de la grosseur d'un chapon ; ses llanos sont bruns, son ventre cendre , il a des ailes de dix palmes d'oUverture, arnieesd'un eperon d'inegale gran- deur; il porte sur la tete une caroncule osseused'une demi-palme de longueur et de la grosseur d'une plume de dinde, poinlue et legerement recourbee a sonextre- mite; les Indiens lui attribuent une vertu ningnetique et la regardent comme un contre-poison : ils rapportent que quand il veut boire il entre le premier dans I'eau et que les autres oiseaux et les qiiadrupedes attendent derriere lui qu'il se soil desaltere; sa chair, molasse et filandreuse, n'est point bonne a manger. Les oies sauva- ges sont innoiubrables , ils mangent une sorle de riz tel- lement ^\Q%{iirroz bravo) que les autres oiseaux ne peu- vent I'avaler. Le Rio Mondego 011 EmlxUatcii , nonime premiere- ( 288 ) me.nt j^ranha/ii\ est profond et navigable jiisquapeude distance de sa source, voisine de celle d'/\nlianduhy- Guacujil se jette dans le Paraguay cinq lieuesau-dessous di; Tocoary. II a deux affluens, I'un sur sa rive droite, I'autre sur sa rive sud. Le Rio Ivinhcima, sort de I'interleur du district, donl il favorise les communications j il se jette dans le Pa- ranna par trois embouchures; il recoit sur sa rive gau- che le Jaguary. Le RioIScgro ou Sambambaya, debouche 6 lieues au- dessus de I'lvinheima. Le Miamaya, autrefois nonime yimanibahy ii lieues au-dessous derembouchureme'ridionale de lameme. Le Igatimy est navigable 45 lieues, presqu'a sa source dans la cliaine Amambaliy. A rine lieue de I'enibouchure de cette riviere est ie bourg du nienie nom , defeiulu par un fort; ce lerritoire est trcs fertile, le riz rend 200 pour un , le mais i5o; le coton reussit parfaitement. Dix lieues au-dessus, a I'embouchure de la riviere Bogas , pres de celle d'Escopil, est le village de Forquilha. Plusieurs ait- tres rivieres de ce district se jettent encore au Paraguay. Lecentredece district est connu sous le nom de Vaccaria oil palurages, parce que les babitans de Xerezet des vil- lages voisins s'y refugierent et s'y etablirent avec leurs troiipeauxqui s'y sont considcrablement angmcntes,lors- qu'ils fuyaicnt dovant les ])rigands de Saint-Paul en 1798. Plusieurs nations babitent c6s parages, celle des Guay- curus est la plus renomniee; ils sontaujourd'hui repartis en trois classes; les uns vivent sur les bordsdu Paraguay, sans alliance avec aucune autre nation; ils se divisent en plusieurs hordes. Ceux qui sont civilises s'etendent sur les rives du Mondego , et an loin dans le sud ; ils ont des villages dont les rues sont larges et regulieres, les ( 289 ) cases sontcouvertes denattes de joncSjSuperposeesaune certaine distance I'une de I'autre, pour niieux parer le soleil;dans chacune de ces populations i! existe trois ordres : le premier compose d'Indiens, qui ont adopte les moeurs des blancs, avec lesquels ils sont confondus, se font appeler capitaines, et leurs femmes dona. Le se- cond ordre est celui des soldats, hommes accoutumes a obeir de pere en fils. Le troisieme enibrasse les esclaves, ou cativos , qui sont des prisonniers non-seulement des autres nations avec lesquelles les Guaycurus sont en guerre, mais meme des individus de la leur, dont quel- ques hordes errent dans le pays et fuient la civilisation. Le premier ordre est pen nombreux;le second comprend un grand nombre d'iiidividus 5 et le troisieme est plus considerable a lui seul que les deux premiers. Les trou- peaux deboeufs, qui sont en grand nombre, ne servent qu a la consommation, a cause de la difKculte des trans- ports; les cuirs sont prepares sur les lieux et employes a divers usages. Les chevaux sont aussi en grand nom^ bre; ils paissent librement, et la plupart sont sauvages; on ne soigne guere plus de deux ou trois chevaux dans les maisons ; mais on leur donne une attention d'autant plus minutieuse qu'ils servent a la guerre et dans les excursions lointaines pour les cbasses des hordes loin- taines. Je n'entrerai point dans les details des debauches et du luxe des gens riches. La classe inferieure et les captifs portent des vetemens de coton tissus dans le pays; on ne sy sert point de hamacs , mais de lits de cuir garnis de niatelas de duvet de divers oiseaux , renferme dans des sacs de cuir, afin d'eviter la clLileur el en meme temps d'etre plus mollement. On fabrique plusieurs boissons de riz, de mais, on en obtient une tresviolente appelee chicha^ composee de miel et d'eau, ( 290 ) iermentoc avec traulres ingrediensj on tail ausbi ile la cachas { tafia ). Le territoire que iraversent ITgatiniy, I'Escopil et le Miamaya , est habite par les Indiens Cahans , tlits Genie de Mattos, parce qu'ils n'hahitent que les bois, a I'inverse des Guaycurus , qui preferent les plaines ou ils peuvent se servir de chevaux. Ces Indiens sont ras- sembles en aldees plus ou moins considerables et ont quelque idee de notre religion. Les echanges qu'on fait avec eux ont pour base la cire dont ils recueillent une grande quantite. Camapuan , petite ville avec un fort et des ot'ficiers preposes a i'inspection des mines, par 19", 36" de lati- tude sud. Miranda , bourg sur la rive droite de I'Aranhaby, a 24 lieues de Camapuan , avec une garnison etablie en 1797, et des preposes a la surveillance des mines. MATTO GROSSO. Ce district a 60 lieues du nord au sud , et 80 de i'est a I'Duest. II a au nord le Juruenna, a I'ouest la riviere Guapore, au sud les possessions espagnoles, a Test le Paraguay. II git entre i3 et 17°, 25' de latitude australe. Le pays est coupe de collines, de savannes, de montagiies et de sables. Les montagnos les plus considerables sont dans la par- lie seplentrionale et font parliode lacliainedos l^aricis. L'or, les dianians, cristaux et la pieri'e calcaire y soul conununs. On trouve I'epicacuenlia, la vanille, le jalap, le cpiin- quina, lesarbresde cnpahiha^A'almecega^ fSa manna, do sang-dragon et bcaucoup de bons bois de construction. ( 291 ) On ciiltive le mais, le riz, manioc, palates legumes, tabac, colon el Cannes a sucre; le gros betail est plus tjue suf- fisant pourles besoinsdela population; les moutonset les chevres reussissent mieux que dans les parties voisines. On trouve dans les bois plusieurs animaux inconnus dans les aulres provinces, li'hjrara, ou papamel , assez semblable a un macaque, a trois palmes de longueur, le museau allonge, les jambes courtes, la queue large, la tele cendree. « Le guaraco , espece de chien deventi sauvage par !e « laps de temps. Le moco, ne differe du lapin qu'en cc " qu'il n'a point d'oreille, se prive t'acilement, Rapoza, « sorte de renard plus petit que celui d'Europe, sa peau « est assez estimee. Rato d'espin/ieo , est un rat de grande « taille; son ventre est blanc, le dos cendre; ses flancs « sout garnis de piquans , sa chair est bonne et sans " odeur. » On compte cinq especes debiches : gnlheiros , sucua- pa/tis , domnto , cathinguieiras et campeiros. Les reptiles sont remarquables par leur grandeur, Le siicuriuba^ quiajusqu'a 4o pieds de long, se trouve dans les eaux stagnantes. Le papintos^ couleuvre de aS a 3o pieds, remarquable par ses nuances vertes, jaunes et rouges, n'est pas ve- nimeuse. On remarque dix especes d'abeilles, Xinxuf, d'une forme elegante et de couleur fauve, le theuba ^ dont le corps svelte est de couleur cendree, sont celles qui don- nent le meilleur miel et qui s'accoutument a vivre dans les ruches qu'on leur presente, on ne prend que la cire des autres. On a trouve il y a quelques annees , lors de I'ouverture d'une mine, les debris du squelette d'un animal qu'on C 292 ) ne peut rapporter a aucune des especes connues dans le Nouveau -Monde; les cotes avaient quatre palmes de lar- geur, une dent sans racine pesait trois livres, quatre lionimes pouvalent a peine porter la machoire inlerleure qui etait ce qu'il y avait deniieux conserve. Ces debris, iransportes a Cuyaba, ont ete envoyes a Rio-Janeiro. Parmi les arbres resineux , on reniarque Vaiigico , qui donne la gomme copale , celle A'almecega , de beinjoin, le baume d'espirilu-santo. Les gens du pays ont une grande confiance dans Iherbe de santa-luzia, excellent specifique pour les niaux d'yeux. Le cururii est une plante dont le sue mele avec de I'eau arrete le vomissement de sang. Heroa de cobra est une petite plante assez semblable a la fougere; sa fleur est rouge et a cinq petales, son i'ruit est une gousse ; son noni lui vient de la propriete qu'ont ses feuilles de detruire le venin des serpens, en les appliquant machees sur la plaie ; leur sue se prend aussi«interieurement. Les marchandises europeennes, telles que vin , luiile, armes, tissus de soie et autres, se vendent des prix exorbitans, et uniquennent en ecliange dor. L'industrie du pays ne consiste guere que dans la fabrication d'e- toffes grossieres de coton el la preparation des cuirs qui se travaillent pour la consomniation. Le Guapore prend sa source a8 lieues au-dessus do Villabella. Son cours varic du nord-ouest au sud et a I'ouest-nordouest. 11 recoit,dans un espace de 120 lieues, douze affluens considerables, et va lui-nienic se jeter au Rio-Madeira, qui se prolonge au nord et se rend a I'Amaxone. La plupart des affluens du Guapon^ n'exce- dent point de 3o a 5o lieues, et sortent du rovers occi- ( 293 ) dental d'line continuation de la chaine des Parycis, qui se prolongent avec la meme riviere. Cinq barres rendent la navigation assez penible. Le Jauru prend sa source 8 iieues a I'ouest du Gua- pore ; apres avoir couru un long espace de temps au sud , il va se jeter a I'est-sud-est au Paraguay, par la la- titude de i6° 24'. A quelques journees de son embou- chure, est un lac , dont on retire beaucoup de sal. Au confluent du Jauru avecle Paraguay, a Solieues sud-est deVillabella, est un obelisque de marbrevenu d'Europe, servant de limites aux possessions espagnoles et porlu- gaises. On ne sait lequel on doit le plus admirer, ou la vanite qui fit elever a si grands frais un aussi beau mo- nument, ou les peines et les travaux qu'ildut coiiter. Le Sepetiva , ou Sipotuba, prend naissance i5 Iieues au nord-est du Jauru j il longe la chaine de Tapirapuan et se jette au Paraguay. Le Cabacal se reunit au Paraguay a la distance de quelques Iieues au-dessous du Sepotuba. Le Rio-Preto , sur les bords duquel se trouvent plu- sieurs villages , prend ses sources dans la meme chaine. Le Barbados, Pary etautres , sejettent egalement au P aragua 'J- Villabella , jolie ville sur le Guapore, contient une eglise, plusieurs chapelles richement ornees, deux cou- vens, des usines pour la fonte de lor. Residence du gouverneur, siege de justice, etc. La plupart des mai- sons sont baties en briques qui se font dans les environs. Dans ses environs, sont les paroisses de Sam-Francisco, do Pilar, do Eerreyra et d'Oiro-Fino. Les habitans de ces paroisses travaillent aux mines d'or, a la recherche des pierres precieuses ; la plupart Indiens ou mulatres, ils sont sous la surveillance d'officiers blancs. De nombreux ( ^94 ) cordons de troupes sont distrihues dans ce district el dans toul le territoire des mines. La partie septentrionale est encore possedee par di verses peuplades telles que Cabyxys , Cautaros, Ababas Lanibys ct Urucurunys. Malgre les ordonnances, ils ne sont pas moins I'oljjet de chassescontinuelles, et I'escla- vage le plus dur est leur partage. Depuis quelques annees, on s'occupe avec succes de la multiplication des mulcts. CUYABA. Ce district , auquel la riviere qui le traverse du nord au sud donne son nom, a au nord le district d'Arinosj a I'ouest, celui de Matto-Grosso ; a lest, celui de Boro- ronia, dont il est separe par le fleuve San-Lourenco, qui le limite aussi sud, ou il vient se jeter au Paraguay. 11 a loo lieues nord et sud et 80 de lest a I'ouest. Le pays est coupe de terres hautes, savannes et de sables, ainsi que dun grand nombi'e de rivieres. Ce district presenie les memes productions que le precedent : on y fait aussi un commerce considerable de quinquina. Les culliva teurs possedant un grand nombre de negres ont des habitations plus considerables. Le Paraguay etant connu par des relations plus recentes, je n'en parlerai point, non plus que des nombreux aflluens qui facilitent les communications de ce district. Le Cuyaba prend sa source par la meme latitude que le Paraguay. Le San-Lourenco , le plus considerable de ses affluens, s'y jette par la latitude de 16' i5 . La crue de ses eaux est depuis septembrejusqu'en mars. Villa de Cuayaba, considerable et bien batie ; resi- dence dun eveque, siege de justice, capitale de la pro- vince de Matto-Grosso , sejour du president et des au- ( =^95 ) torites siiperieures. II y a un college ou on professe les langues auciennes, les malliematiques, la theologie el le dessin. La plupart dos rues sent pavees. Les nego- ciansdeCuyabase fournissent soil a Bahia,en traversal! t la province de Goyaz, soil au Para, par le Camapuan , le Tapajoz ou le Xingu. Les environs de cette ville, dans un rayon de i5 lieues, sout bien cultives; lecoton et les Cannes ont a souffrir du froid, qui se fait quel- quefois violemment sentir en juin et juillet. Plusieurs essais ont prouve que le fronient reussit partaitenient. Quelques proprietaires , depuis ces dernieres annees, se livrent avec succes a la culture de la vigne. Villa-Maria, situee sur la rive orientale du Paraguay, y lieues au-dessons du confluent du Jaurii, On y entre- tient une forte garnison destinee a proteger la surete et le service des mines. Boa- Vista, bourg sur le chemin de Goyazes , sur la rive gauche du Jatuba, rameau du San-Lourenco. On traverse le Jatuba sur un pont solidement construit. Le fort de la population de ce district consiste en gens de couleur dont quelques-uns sont puissamment riches, provenant de melanges d'lndiens , de negres et de blancs. Cette population est laborieuse, et n'est jamais sortie des bornes de la plus entiere soumission. La seule na- tion indienne qui habite les iimites du district est celle des Bororos, qui se livrent a la culture des vivres, I'e- ducation du betail , et apportent, en echange de quel- ques bagatelles, de la poudre dor et quelquefois des morceaux allies a d'autres substances qu'ils recueillent dans rinterieur des montagnes. BORORONIA. Ce district a, au nord , celui de Tapiraqula j a I'ouest, ( 29^^ ) celui de Cuyaba j au siitl, Camapuania ; a I'est, la pro- vince de Goyazes, de laquelle il est separe par I'Ara- guaya. II a 120 lieues nord et sud et 4o lieues est et ouest. Les Indiens Baccaliiris et Guatos en sont encore on possession. Douze rivieres facilitent les communications de I'interieur et des districts voisins : Le Rio das Mortes, la plus considerable, se jette dans I'Araguya , au nord- est. Un grand nonibre de lacs abondent en poissons dont quelques especes ne se trouvent dans aiicune autre partie du Biesil, et en oiseaux aquatiques. Sur la rive gauche de la riviere das Mortes , est un bourg det'endu par un fort. JURUENNA. Ce district a, au nord, celui de Mundracania; a I'ouest, les rivieres Guapon: et Madeira; ausud,Matto- Grosso ; a Test, la riviere qui iui donne son noni ; il a 1 10 lieues nord et sud, et un peu moins de Test a I'ouest. Les Pammas habitent une grande partie de son lerri- toire, le long du Madeira. Le Juruenna prend sa source au nord du Jauru, court par cet air de vent, et va s'in- corporer avec I'Arinos entre les paralleles , de 9 a 10" sud. Ge district produit un arbre curagiree dont on tire une magnifique couleur rouge. La ville de Beira est par 12° i5' de latitude sud. On compte no lieues de cette ville a Cuyaba. Les paroisses de Leonil et de San-Jose sont babitees par des blancs ct des gens de couleur. Huit rivieres assez considerables se jettent au Madeira et au Guapore. ARINNOS. Ce district, auqucl le Heuve qui le traverse donne son noni, confine, au nord, avec Tapajonia; a i ouest. ( ^-97 ) Juruenna ; au sud , Cuyaha , et a IVst, Tappiraquia. Son etendue est la ineme que celle de Juruenna. L'interieur est peu connu, habile en grande partie par les Indiens Baccuris, Appiacas et Cabahibas. Les sources de I'Ari- nos sont peu eloignees de celles du Paraguay ; apres un cours considerable, il s'allie au Juruenna , affluent du Tapajos ou Tapayo, qui va se perdre a I'Ainazone. Depuis quelques annees, des aventuriers de diverses nations, se livrant avec Tautorisation du gouvernement a I'exploitation des mines, ont fonde le bourg de Ta- payo. Un autre bourg est place sur le Rio-Preto, Ic plus considerable des affluens de I'Arinos. Les navigateurs du Tapajos viennent de Para et des districts voisins ap- porter aux colons les objets de premii re necessite. La retraite on I'extinction des Indiens permettront seiils anxhabitans, qui se sont attire leur haine par leurs mau- vais procedes , de se livrer avec securite a leurs entre- prises. Mais la superiorite des blancs par leurs armes a feu Temporte dans toutes les rencontres; les prisonniers perissent miserablement dans les travaux des mines. TAPPIRAQUIA. Ce district prend son nom d'une des nations qui I'lia- bitent. 11 a, au nord, Xingutania ; a I'ouesl, le Xingu , qui lesepare du district Arinos; au snd, Bororonia,et a I'ouest, r Araguaya. Son etendue est la nieme que celle d'Arinos. A Tex- ception de la lisiere orienlale le long de i'Araguaya, le reste du pays est inconnu ; il est liablte par les Guapin- daias, Tappiraques et Xinibiuas. La plupart des rivieres qui I'ari'osent sejettent au Xingu ; les plus considerables sont : Boys , Barahu , Irabyras et Xanacy. Quelques blancs, des gens de couleiu- et des Indiens civilises, ha- 20 bitent les villages de Lappa, Semancelhe et Almeida sur I'Araguaya. Le quinquina est le seul objet qui s'exporte de ce district , ou on ne s'est point encore occupe, faute de bras, de I'exploitation des mines. B.APPORTj~ait a la Societe de Geogrnphie , sur Vouvrage intitule, Annates politiques du Bas Canada. Le volume dont nous avons I'honneur de presenter I'analyse a la Societe j d'apres 1 invitation de son presi- dent, est intitule : '^ Annales politiques du Bos-Canada, ou Essai sur Vhistoire politique et legislative de cette pro- uince, sous le regime de I'actedu parlenient imperial 3i, Georges III, chap, xxxr, lequel y etablit une chambre et un conseil legislatif; ouvrage deniontrant les vices de cette constitution, et particulierement son influence fa- cheuse sur la colonisation du pays par les Anglais; pre- cede dune introduction a I'histoire primitive du Canada, avec un appendice de pieces justificatives, etc., par un colon anglais qui a passe vingt-cinq annees dans cette province. » (i) Ce litre demontre que cet ouvrage est plutot histo- rique que geographique. L'introduction (de 78 pages) contient cependant le resultat du recensement de la (i) "Political Annals of Lower-Canada, being a review of the political and legislative history of that province , under the act of he imperial parliament 3 1, Georges III, cap. xxxr, which etahlished a house of assenihly and legislative council ; shewing the defect of this onstitutional act and particularly its practical discouragement of british colonisation , with an introductory chapter on the pre- vious history of Canada and an appendix of documents, etc.; by a l>ritish seltler, who had resided '25 years in that province. » ( -^99 ) population clii Canatia , fait en i8q5, et quelques do- cumens relatifs a sa decouverte el a ses progress jus- qu'en i^Sa. i497- Suivant I'auteur anonyme, le pays qui com- prend toute la cote du golfe Saint-Laurent paiait avoir etedecouvert, en premier lieu, par Jean et Sebastien Ca- bot, qu'il qualifie de « celebres avenluriers italiens»,et, vers 1498, Sebastien aurait explore le golfe el la cote de I'Atlantique, sans toutefois avoir pris possession for- melle du territoire, ou tente d'y former un etablis- sement. En i534 , Jacques Cartier, de Saint-Malo , envoye par Francois I" pour continuer les decouverles de Verazzani sur la cote americuine, jeta liuicre dans la baie des Chaleurs. La ,ayant entendu les naturels repeter frequemment les sons aca nada (en espagnol, rienici) e.n reponse aux signes qu'on leur adressait pour con- naitre le nom du pays, il lui donna celui de Canada. II est toutefois plus probable que cette denomination est derivee de Kanata , qui, dans la langue des anciens ha- bitans de celte cote , signifie un amas de huttes. Dans un second voyage qu'il fit Tannee suivante (i535), Carlier etant entre dans le golfe le jour de la fete de Saint-Lau- rent ^ lui en donna le nom, et il appela ile de C Assomp- tion rile qui s'y trouve, et qui est connue aiijourdhui sous la denomination iVJnticosti. On attribue le mot Quebec a I'exclamation quel bed echappee a I'un des marins de I'equipage en apercevant la pointe conside- rable qui s'avance dans la mer ; mais suivant Charle- voix , ce mot a une autre etymologic": quibeio, en algon- quin, ou quelibec dans la langue Abanaqui, qui signi- fient tous deux contraction , par allusion a celle occa- sionee par le cap precile. Le village indien de Hochelaga 20. ( ;^..o ) fut appele MontRnynl , noni qni fdt cnsuite change en c«lui do Montreal. 1 540. Francois de la Roque , seigneur de Roben>nl , recut le litre de vice-roi et lieutenant-jjeneral du Canada, d'Ochelaga, etc., et Jacques Cartier celui de capitaine- general. Ce dernier ayant fait un nouveau voyage dans cette contree, penetra jusqu'a quatre lieues au-dessus de la riviere Sainte-Croix , et coiistrulsit a I'entree dun de ses affluens un fortqu'il nomma Charlesboiirg , et ou il laissa une garnison. 1 54 1- Roberval partit de France avec cinq batimens , accompagne de Cartier conime pilote en chef. Arrive au Canada, il y fit batir un fort, soil sur I'lle Royale (au- jourd'hui cap Breton), soitsnr la coteadjacente du golfe Saint-Laurent. Lecomniandement en fut laisse a Cartier. 1542. Roberval , qui etait retourne en France, mit de nouveau a la voile avec trois iiavires .ayant a bord deux cents personnes, et il rencontra, dans les parages de Terre-Neuve, Cartier, que les colons, mecontens, avaient force a s'embarquer pour la metropole. II le ramena avec lui, et, ayant reussi a retablir I'ordre, il le laissa encore, en son absence , a la tete de la garnison. En 1 543, Cartier repassa en France, ou il mourut de chagrin. 1 549- Une troisieme expedition fut formee par Ic meme Roberval , qui y engagea son propre frere et un certain nombre de jeunes gens d'un caractere entrepre- nant; mais, depuis I'epoque de leur embarquement, on n'en eut plus aucune nouvelle, et il est vraisemblable qu'ilsperirent en mer. Cinquante annees environ s'ecoulerent depuis ce fu- neste evenement, sans qu'on s'occupat de la petite co- lonic canadienr\e, ni qu'on lui envoyat des secours ou des renforts. ( 3oi ) En i^gS, le roi Henri IV nonima le marquis cle La Roche son lieutenant-general au Canada, avec pouvoir de partager en fiefs et seigneuries les terres qui se- raient decouvertes, afin de reconipenser des services militaires, quand il y aurait lieu. Get officier s'ein- barqua avec une soixantaine d'individus, la plupart mi- nes et dans de facheuses affaires ; arriva a Vi7e de Sable, ou il en laissa environ quarante, et, avec le reste de son monde, ful explorer la cote de I'Acadie (Nouvelle- Ecosse). En revenant en France, une violente tempete I'empecha de toucher a Tile de Sable et d'y reprendre ceux de ses compagnons qu'il y avail laisses. On n'en relrouva plus que douze vivans en i6o5. De la Roche niourut pen apres son relour dans sa patrie, tourinente' par le mauvais succes de son entreprise. 1600. M. Chaiwin , officier de marine, obtint de Henri IV une commission pour faire le commerce exclu- sif du Canada. S'etant associe avec un sieur de Poiit- grave, ils firentdeux voyages de commerce a Tadoussac, pres rembouchure de la riviere Saguenay, ou ils echan- gerent avec les indigenes diverses bagatelles contre des fourrures de prix. i6o3. Ghauvin etant mort au milieu des pre'paratifs d'une troisieme expedition, Pierre Dugast , sieur de Monts, gentilhomme calvinisle, recut une paten te royale lui conferant le gouvernement, avec privilege de com- merce exclusif, des terres situees entre les 40' et 46'° de- gres de latitude, sous la condition de convertir les In- diens a la religion calholique romaine. Ses priiicipaux associes etaient Samuel de Chaniplain et M. de Cliatte , gouverneur dc Dieppe. Le premier visita Tadoussac relto meme annee. ( 302 ) 1607. Au bout de quntie annees, de Monts perilit son privilege, niais il obtint qu'il lui fat continue , a condition de former un nouvel elablissement sur le fleuve S>iinl-Laurent. II y envoya, en consequence, deux na- vires sous les ordres de Samuel deCbamplain et de Pont- grave, qui se livrerent au commerce avantageux de Ta- donss.ic, negligeant touta-fait la colonic acadienne,et retardant I'etablissement promis sur le Saint-Laurent. 1608. Cependant le gouvernement francais, deter- mine a avoir une forte colonic au Canada , fit partir trois vaisseaux charges d'emigrans, sous les ordres de Cham- plain, geographe du roi , qui jeta les fondennns de Quebec^ capitale de la Nouvelle-France ( anjourd'hui Bas-Canada), le 3 jtiillet 1608. 1609. L'etablissement ne tarda pas a fixer I'attention des Iribus du voisinage, telles que les Montagnards, qui habitaienl vers lembouchure du Saint-Laurent; les Al- gnnquins , qui occupaient ses rives depuis Quebec jus- qu'a Montreal; les Hurons, qui vivaient sur les l)ords du lac du meme nom, et d'autres peuplades moins im- portantes, qui solliciterent et obtinrent I'aide des Fran- cais contre leursennemis redoutables, les/roo22 Total general 4^3,630 (i) Dont le 6" d'origine anglaise .... 70,605 Le reste d'origine francaise 353,o25 (i) II y a ici une erreur d'addition, provenanl probablement de quelque transposition de chiffres. Nota. D'apres le dernier recensement de I'annce 18 33, la population du Haut-Canada s'elevait a environ 296,544 individus, presque tons d'origine anglaise. ( 3o8 ) Un excellent ouvrage, recemment publie par le colo- nel Bouchettey iiigenieur en chef du Bas-Canada (i), contient des details ties interessans sur cette province. Nous en donnons ici qaelques extraits : La province du Bas-Canada est situee entre les 4^ et Sa'degres de latitude nord et les Sj" 5o' et 80° de longi- tude ouest de Greenwich. Superficie generate, 2o5,863 niilles carres, dont en- viron 3,200 niilles, en lacs, rivieres et ruisseaux, Dans cette derniere surface, ne sont point comprises celle du Saint-Laurent et de partie du golfe, occupant ensemble pres de 52,5oo milles superficiels. Les concessions faites a litre feodal montent a 12,066,000 arpens francais, egalant 9,849,600 acres, ou 15,890 milles carres. Pres de la moitie de cette surface, ou 5,192,046 arpens, consistent en terrains vagues et incultes; ce qui reduit la totalite do ce qui est acluelle- ment afferme a 6,873,954 arpens. Les terres concedets posterieurement a la conquete du Canada par la Grande-Bretagne, en io5 bourgs de 10 milles carres, contiennent, en nondjres ronds , 6,3oo,ooo acres, dont 2,793,898 accordes par diverses lettres-patentes et 890,000 tenus par differens particu- liers a litre de location. Sur la quantite totale des terres occupees a I'un ou a I'autre titre, environ 3, 000, 000 d'acres sont en culture et 200,000 en abatis. Le seminaire de Saint-Sulpice a Montreal, fonde par I'abbe Quelus en 1657, cxiste encore aujourd hui,et est dirige par des professeurs distingues. (i) 27(6 British dominions in NortU-Ainerica, or a lopogrofMcal and slaiislical description of Lower unU U/fper-t'anada ( 3 vol. in-i", i832 ^ ( 3o9 ) En 1 80 1, \ Institution royale pour les progres de r in- struction tut incorporee par acte de la legislature. En i8i4) James Mac Gill, riche citoyen de Mont- real, legua un grand etablissement et une somme de 10,000 livres sterling, pour fonder un college portant son nom , lequel fut autorise en 1821. En 1823, cinq professeurs y furent attaches , savoir : 1° un de theolo- gie ; 1° un de philosophic morale et de langues mortes; 3" un d'histoire et de droit civil ; 4° un de mathema- tiques et de philosophic naturelle ; 5° un de medecine. Le nombre des institutions publiques dans le Bas- Canada s'eleve a 67. On y public 16 journaux. Population. — Au i" decenibre 1827, la population de toute la province s'eleva a , 471,876 lies Magdeleine poo Nombre d'individus employes pour le ser- vice du roi 400 Voyageurs commercant avec les Indiens . . 3oo 473,476 Emigrans etablis pendant les annees 1827, 28, 29, 3o et 3i, environ 28,000 Accroissement naturel depuis 1827 ^9,575 Total en i832 56i,o5i Non compris les forces militaires et les etrangers, on conipte a Quebec environ 3o,ooo habitans. (W.) ( 3io ) Rapport siir la Carte ties iles Britanniques , presentc a la Societe par M. Begat , ingenieur hydrogrophe. La carte niuette des iles Britanniques dont M. Begat a fait honimage a la Societe, dans sa seance du i8 oc- tobre dernier, et sur laquelle M. le president m'a charge de faire un rapport, est destinee a I'enseignement de la geographie physique et politique , d'apres la methode suivie aujourd'hui dans la plupart des maisons d'edu- cation. L'auleur a eu pour but principal de faciliter aux jeunes gens I'etude de cette science, en leur presentant avec la clarte et I'exactitude que coniportent nos con- naissances actuelles les chaines de montagnes ou de col- lines qui limitent les principaux bassins, les directions des grands cours d'eau et celles de leurs affluens les plus remarquables, les lignes de canaux qui etablissent des communications entre les plus iinportans ; enfin les points ovi ils commencent a devenir navigables. II s'est aussi attache a indiquer, outre les vifles capitales de chaque comte, celles qui se distinguent, soit par leur commerce, soit par leur industrie manufacturiere. Destine a servir de tableau aux lecons, elle a du elre dressee sur une assez grande echelle pour que les de- tails qu'elle renferme puissent etre facilement distin- gues : elle ne peut done pas etre mise en coniparaison avec les cartes a bon marclie, qui sont laites pour etre inises entre les mains de tous les eleves ; niais le texte qui I'accompagne et qui uonne un resume de la geogra- phic des lies Britanniques leur sera d'une grande utilite, en meme temps qu'il aidera beaucoup les niaitres dans (3ii) leiirs lecons , tout ce qui est indique sur la carte se trouvant noninie dans la notice. La classification suivie par M. Begat dans cette notice descriptive est celle qu'a adoptee M. le colonel Denaix dans son nouveau cours de Geographic nietliodique, ouvrage qui a merile a I'auteur les justes eloges de la Societe. Ce qui distingue particulierement cette carte, c'est le soin qu'a pris M. Begat pour donner a la configura- tion de ces iles la plus grande exactitude possible. II s'est servi pour tracer le littoral des cartes les plus re- centes publiees par I'amiraute. Les operations trigono- melriques, executees en Angleterre, ne laissent aux geographes aucune incertitude sur la position des points, mais on est loin de posseder des donnees aussi exactes sur rirlande, et surtout sur I'Ecosse. Les travaux de M. le capitaine Martin White sur la cote sud d'Irlande, ont servi a corriger cette partie, et ceux du capitaine Mudge sur la cote occidentale ont deja rectifie Lien des positions ; M. Begat a employe tout ce qui a ete pu- blic jusqu'a ce jour de cette importante operation qui se continue toujours, et qui pent nous taire esperer d'avoir enfin une bonne carte d'Irlande. Mais c'est principale- nient sur les cotes occidentales et septentrionales d'E- cosse , sur les Hebrides , les Oi'cades et les Shetland que se presentent les plus grandes incertitudes ; ici on trouve des differences de lo a 20' en longitude sur les positions donnees par les differens auteurs. M. Begat a adopte pour cette partie !e trace d'une carte generale des mers du Nord , publiee au Depot des cartes de Copenhague, en 1829, qui lui a paru meriter sa confiance ; en la com- parant avec une carte d'Ecosse donnee tout recemment par Arrowsinith dans I'atlas qu'il public, nous avons ( 3io_ ) recoiinu que les (differences n'allaient pas au-dela de 2 a 3 minutes au plus, excepte sur les Hebrides doiit la carte d'Arrowsniitli porte la position de i5 a i8 plus a I'ouest que la carte danoise. Cette partle de la carte de M. Begat aurait done prohahlement hesoin d'etre corrigee J au reste ces longitudes sent encore loin d'e- tre definitivement arretees, nieme par les auteurs an- glais, car nous trouvons dans le dernier numero du journal intitule Nautical Magazine., pour la position dun nouveau phare etabli sur Tile de Barrahead , la plus sud des Shetland, lat. 56° 4^ , long- 7° >^3' ouest deGr., on 9° 53' 24' ouest de Paris , tandis que cette He se Irouve placee sur la carte d'Arrowsmith par 56"^ 49 4^' , et •j" 43' ouest de Gr., ou lo'^ 3' 24' ouest de Paris; on volt que ce journal, qui recoit les annonccs de I'amiraute, placerait ce point 10 minutes plus a Test qu'Arrows- mitli; esperons que des tra\aux exacts viendront bien- tot lever ces incertitudes. Quoi qu'il en soit , les differences que nous venous de remarquer sont de peu d 'importance pour I'objet que s'est propose I'auteur de la carte que nous exami- nons, puisque ce groupe d'lles est isole. Pour tracer les niontagnes et les cours d'eau , M. Be- gat a consulte principalement la grande carte de Lapie, publiee en 1812, celle de Brue , les travaux de MM. Denalxet Bruguiere sur I'orographie de I'Europe, I'ouvrage sur les lies Britanniques, public par le Depot de la guerre en i8o3, celui de M. Charles Dupin sur la Grande-Bretagne , et enfin 11 nous parait n'avoir rien epargne pour mettre cette carte au niveau des connais- sances actuelles , et nous croyons qu'il merite les eloges et les encouragemens de la Societe. La gravure de la carte a ete executee par M. Lecoq , ( 3i3 ) qui y a applique le systeme tie I'aquatinta : ce genre , qui fait un assez bon effet pour detacher les iles, a I'inconvenient de presenter une tres grande difficulte dans le raccord des teintes des quatre feuilles dont cette carte est composee ; comme c'est un essai, on ne doit pas le juger severement, et il faut esperer que la carte d'ltalie qu'il execute en ce moment pour M. Be- gat, d'apres le meme systeme, presentera un resultat plus satisfaisant. P. Daussy. SI ( 3x4 ) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 8 novembre i833. Leproces-verbal de la dernlere seance est lu etadopte. M. de la Roquette , consul de France a Elseneur, ecrit a la Societe pour !ui faire honimage d'un modele de bateau groenlandais, construit en Greenland, et ap- porte a Elseneur parun capitainequi revenait du pays. M. Worcester adresse a la Societe, au nom de I'Aca- demie aniencaine de Boston, deux volumes de ses Trans- actions. M. Warden veut Lien se charger d'exaniiner ces deux volumes, et de rendre comptea la Societe des raemoires qui peuvent plus specialement I'interesser. Sur I'observation de M. le President, la Commission decide qu'elle adressera le tome iii du Recueil de ses Me- /«oi>-e5 a I'Academie de Boston quipossede dejales deux premeirs volumes. M. Warden fait hommage d'un Voyage manuscrit dans les provinces interieures du Mexique par le lieutenant Hughes qtii, en 1808, avait recu I'ordre du general James Wilkinson de descendre TOhio et le Mississipi jusqu'au fort Adams et de remonter la riviere Rouge jusqu'a Na- tchitoches pour se rendre ensuite a Chilhuahua qui etait alors la capitale des provinces interieures du Mexi- que. Ce voyage dura depuis le mois de mars 1809 jus- qu'au mois de novembre de la meme annee. La (Commission remercie M. Warden de cette inte- ( 3i5 ) ressante communication, etrenvoie \e Memoire du lieu- tenant Hugues a I'examen de M. le capitaine d'Urville. M. Jomard communique I'extrait dune lettre de M. Graberg de Hemso , contenant entre autres rensei- gnemens des details sur I'Atlas statistique de la Tos- cane que vient depublier M. Zuccagni-Orlandini. Le meme membre annonce, de la part de M. Graberg de Hemso, la prochaine publication de son ouvrage sur Maroc, intitule Specchio geografico e statistico delT Iin- perio di Marocco , qui doit paraltre aussi en allemand a Stuttgard : il sera accompagne dune carte construite d'apres les materiaux les plus recens. M, Jomard fait mention d'une carte italienne de I'an- nee i466 en forme de Portulau en dix feuilles : elle a ete composee a Venise par Gratiosus Benincbasa. La cote occidentale del'Afrique y est representee jusqu'au- dela de I'emboucbure du Senegalj 1 ecriture en est par- faitement conservee et pent servir a suppleer tons les noms effaces sur la grande carte dite catalane el qui se trouvea la Bibliotbeque duRoi. Des renseignemens sont donnes par M. Jaubertsur le manuscrit de Ben Batouta appartenant a madame Rous- seau, veuve de I'ancien consul general de France a Tri- poli. M. Jomard fait observer ensuite que cetexemplaire complet n'est pas I'unique. II en existe un autre au Caireque le vice-roi avait dabord destine a I'ancien con- sul de France; mais des circonstances particulieres ont empeche jusqu'a present Tenvoi de ce manuscrit pre- cieux. M. Jaubert annonce a la Commission centrale qu« diverses circonstances independantes de sa volonte ont retarde la publication de la Geograpbie de I'Edrisi donl il a commence la traduction en 1828 , d'apres un manu- (3i6) scrit inedlt de la Bibliolhequedu Roi. Depuis cette epo- que, laBiWiolhequeafait I'acquisition dun nouveau ma- nuscrit qui devient d'autant plus precieux qu'il fournit le moycn de rectifier les nonis propres de lieux. U es- pere que la publication de cet ouvrage, dont M. le garde des sceauxa autorise I'lnipresslon al'lmprinierieroyale, n'eprouvera plus desormais de trop longs deiais, at il an- nonce qu'il a termine la traduction du second climatde I'Edrisi. M. Jaubert ajoute que le nouveau nianuscrlt est ac- compagne de 72 petites cartes arabes, et plusieurs mem- bresobservent qu'il serait a desirer que ces cartes pus- sent etre publiees pour servir de complement a I'ou- vrage. M. Ambroise Tardieu , present a la seance, offre ses soins pour la gravure gratuite de ces cartes. M. le President !e remercie , au nom de la Societe, de I'obli- geance de cette oftre et lui adresse ses renierciniens. M. Isambert presente une analyse de 1 ouvrage de M. Huerne de Pommeuse sur les Colonies agricoles. M. Daussy fait un rapport sur la carte des lies Britanni- quespar M. Begat, ingenieur hydrographe, et M. War- den lit une Notice sur les Voyages autour du monde du capitaine Fanning. La Societe entend la lecture de ces analyses avec beaucoup d'interet, et elle les renvoie au Comite du Bulletin. M. Coulier demande a la Commission centrale I'auto- risation de proposer I'echange de son Bulletin a 1 editeur de V Almanack hollandais dont il a deja otfert plusieurs numeros. Cet almanach, publie sur lemodele de la Con- naissance des temps et du Nautical almanac^ contient souvent des documens dun grand interet. Sa proposi- tion est adoptee. ( 3i7 ) Seance du 22 novemhre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adople, M. Rafn, secretaire de la Societe royale des Anti qualres du nord, adresse, au nom de cette Societe, le vii^volume de ses Sagas historiques^ et il joint a cet envoi divers ouvrages sur les langues et les antiquites du nord publics par feu le professeur Rask. M. Francis Lavallee ccritdeTrinitadde Cuba pourex- primera la Societe le desir d'etre admis au nombre de ses membres, et pour lui offrir de cooperer a ses utiles travaux. Sa lettre est acconipagnee d une table astrono- mique qui presente le resultat de plusieuisannees d'ob- servations. M. Lavallee annonce qu'il s'occupe de la pu- blication dun ouvrage sur I'histoire, la geographic et la statistique de lile de Cuba, et qu'il s'enipressera den adresser un exemplairea la Societe. M. Vander Maelen ecrit a la Societe pour lui proposer 1 'admission de MM. Sanderson-d'Huddcrfield et Galeotti, voyageurs naturalistes, deja connus par leurs importans travaux sur la geologic, et qui dans ce moment dirigent leurs explorations sur le cours du Rhin , ainsi que dans lAllemagne centrale, laSaxe, I'Autriclie, la Styrie, I Illy- rie, ritalieetla Sicile. Le meme membre adresse les cinq dernieres livrai- sons de son grand atlas de TEurope. La Commission cen- trale vote des reniercimens a I'auteur dont elle a si sou- vent apprecie le zele : elle reconnalt combien ses tra- vaux sont utiles aux progres des etudes geograpliiques, et elle invite M. G. Barbie duBocage aluirendrecompte de cet atlas. M. Isambert fait un rapport verbal sur un ouvrage qui a ete adresse a la Societe et qui a pour titre : De la ( 3-8 ; t^endee militaire. II signale particulierenient le chap, v du premier livre, relatif a la description des marais du departement de la Vendee. La notice qu'il a redigee sur cet ouvrage sera inseree au Bulletin. M. d'Avezac donne lecture de quelques fragmens d'une notice, ou il passe en revue les diverses institu- tions savantes ou industrielles, dont les travauxconcou- rent, en nieme temps que les publications individuelles , a I'avancement des sciences geographiques , soit en France, soit a I'etranger. »«««>^ MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seances des 8 ct 22 novembre i833. M. P. Begat, ingenieur hydrograplie de la marine. M. Berthet, auteur dun tableau historique, indus- triel et commercial de la France. M. Hersent, consul de France a Rotterdam. M.H. Galeotti, voyageur naturaliste. M. Francis Lavallee, arpenteur geometre des do- maines royaux de la province centrale de lile de Cuba. M. Ch. Sanderson (d'Hudderfield), voyageur natura- liste. ODVRAGKS OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 8 novembre. Par I'Academie americaine des Artset des Sciences dc Boston: 2 vol. de ses Memoires, 1818, i833, in-4". ( 3i.9 ) Par M. Warden : Voyages dans les provinces inte- rieures du Mexique par le lieutenant Hughes; manus- crit in-4''. — A Memoir of the french protestants who settled at Oxford, in Massachusetts A. D. mdclxxxvi, with a Sketch of the entire history of the protestants of France; by A. Holmes. Cambridge, 1826. 1 vol. in-S". Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque universelle des voyages , lo* livr. , in-S". Par M. le capitaine d'Urville : 3^ et 4" Hvraisons du Fay age pittoresque autour du monde. Par M. *** : De la Vendee militaire , par un officier superieur ( livres i et 11, Statistique historique et etat politique) , 2 broch. in-S". Par M. F. Saniewski : Tableau geographique, historique et statistique du royaume de Pologne, V^ et 2^ livr., in-S". Par MM. les auteurs et editeurs : Les 8 premieres U- vraisons de la France pittoresque. Par M. J. Mease : Sketches of primitive settlements on the river Delaware, by J.-N. Barker, i broch. in -8°. — A Reply to the criticisms, by J.-N. Barker, on the histo- rical facts in the picture of Philadelphia, by James Mease, I broch. in -8°. Par la Societe asiatique : Cahier d'octobre de son Journal. Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufactu- rier, cahier d'aout. Par la Societe d'agriculture de la Charente : Annales de cette Societe , cahiers de juillet et aoiit. Seance du 11 tiovembre. Par la Societe royale des Antiquaires du nord. Forn- manna Sogur, ou Histoire des honimes anciens , t. vii. — Annales pour la connaissance de V Histoire anciennc ( 320 ) du nord^ i*^"" cahier , Copenhague , i833. — Grnmmaire rai Sonne e de la langue laponne suivant le dialecte en usage parmi les Lapons des inontagnes voisines du Por- sanger fiord en Finmark par le professeur Rask, Copen- hague, 1 832, 1 vol. in-8o. — Introduction abregee a Van- cien nori>egien oh a lancienne langue islandaise par M. Rask, Copenhague, i832, br. in-8o. — Exercice de lecture en ancien norvegien , contenant des essais des meilleurs sagas dans I'ancien texte islandais par Rask, Copenhague, i832, i vol. in-8". — Grammaire italienne par Rask, Copenhague, 1827, br. in-8°. — Grammaire *//?^rt/««e par Rask, Colombo, 1821 , br. in-8°. — Com- mentatio de pleno systemate decern sibilantium in Unguis montanisitem de methodo ibericamet armenicam lineuam o litteris Europwis exprimendi, ip&T Rask, Copenhague, i832, in-4'*- Par M. Vander Maelen : Jtlas de I'Europe en i65 feuilles ; les 5 dernieres livraisons. Par M. Aiberl-Montemont : Bibliotheque universelle des voyages, 20*^ livr. Cette livraison renfermeles quatre voyagesducapitaineamericainMorrell, terminesen i83i, et traduits pour la premiere fois en francais. (i) Par M. le capitaine d'Urville : 5° et 6<- livraisons du Voyage pittoresque autour du monde. Par M. Gide : Nouvelles Jnnales des voyages^ cahier de novembre. Par M. le directeur : Memorial encjclopedique ^ ca- hier de novembre. Par M. de Moleon : Recucil industriel et manujactu- rier, cahier de septembre. Par M. Jodot : Budget de Velat pour i834, in-4 Par M. le directeur : Plusieurs numeros du journal rinstitut. Par M. Albert Berthier : 12 livraisons du Journal de France. (i) Voy. , dans le n" 121 du Bulletin, I'analyse de ces voyages par M. Warden , acoompagn^e de remarques par M. d'Urville. %^^^ ^f^X ^.^-^ ^»'*'* *"*''*' V-*^'^* k ^.^"^ v«^^ «^%^V m'^,-^ iw>v «.'^ ^f^.-^ v^'^ %^.'»^^.^ BULLETIN DE LA f r SOCTETE DE GEOGRAPHIE. N" 128. DECEMBRE l833. ASSEMBLEE GENERALE DU 20 DECEMBRE l833. DiscooRS D ouvERTURE/?/ortar M. le due Decazes, pair de France , president de la Societe. Messieurs, J'appiecie trop la faveur que vous avez bien voulu me Jaire, pour n'en etre pas vivement louche. Je vous remercie de ni'avoir associe a vos nobles tra- vaux. Je les suivais sans les partager. J'y appiaudirai encore plus aujourd'hui que je pourrai en mieux juger i'iniportance et I'etendue. C'esl une genereuse pensee , c'est une noble associa- tion que celle qui a reuni des homines aussi honorables, dans le Init d'encourager les decouvertes utiles a la 22 ( 322 ) science et a la civilisation. Les voyages , que le seul amour de la nouveaute et une active curiosite font en- treprendie, sent eux-memes rarement sans profit pour I'etude de I'esprit humain et pour la morale. Les recits les plus depourvus d'observations et de reclierches , sils sont exacts, offrent encore, a ceux qui savent etudier les fails, d'iniportantes instructions. Le lecleur eclaire supplee aux lumieres qui ont manque au voyageur de bonne foi , narrateur fidele de ce qu'il a vii. Mais les travaux que vous aimez surtout a encoura- ger, sonl ceux que font entreprendre I'amourde I'hu- manite et de la civilisation , le desir d'etendre le cercle des connaissanecs utiles et le domaine de la science , lambition dedoter son pays et le monde dedecouvertes nouvelles, d'ouvrir de plus nombreux debouches au commerce, d'autres alimens a I'industrie , d'offrir de nouveaux sujets a la meditation , un champ plus vaste a I'observation, Vous il'excitcz pas moins le zele de ces nobles missionnaires de morale, conquerans pacifiques, qui bornentleur ambition a repandre dans les paysqu'ils parcourent des semences de vertu et des germes de civilisation , et a rapporter dans leur patrie une mcine fructueuse pour nos cultures, un arbre nouvcau pour nos forets , un animal utile pour nos fermes oi^nos basses-cours. Quel service ne rendrait pas a I'humanite celui qui iniporterait sur notre territoire une plante possedantau meme degre les vertus febrifuges du quinquina, pou- vant etre multipliee par la culture et mise a la porlee (111 pauvre! Quelle fortune serait pour notre agriculture un autre fourrage aussi precieux que la liizerne, une racine aussi riche en bienfails que la pomme de terre.'' Le nom do M. Poivre sera a jamais cher a cettc ile ( 323 ) toujours francaise, dont on a pu changer le nom , mais dont rien ne changera les sentimens. Celui de notre ho- norable collegue, M. Michaud, sera inseparable dans la pensee publique des nombreuses acquisitions que lui doivent nos jardins et nos bois. Penetre comme vous de Timportance de ces decou- vertes precieuses , le jeune prince que la naissance a place aupies du trone comme une garantie de perpetuite pour le choix du peuple , comme un gage de la sagesse de nos institutions, et en qui I'amour des choses utiles et le zele si eclaire devotre augusie protecteur pour la propagation des sciences et des lumieres, ne sont pas moins hereditaires que la bienfaisance et la bonte de sa mere, monseigneur le due d'Orleans a bien voulu , en nous permettant d'inscrire son nom, apres celui du roi , en tete de votre liste , nous charger de vous faire connaitre qu'il mettait a votre disposition un prix de deux mille francs a decerner au voyageur auquel nous devrions, dans le courantde i834et i835, 1'importation la plus utile a I'agriculture ou a I'industrie. Devancant I'expression de votre reconnaissance, nous avons doublement remercie le prince et de Tencourage- ment et de I'heuieuse direction qu'il voulait bien donner a vos travaux, a qui ce bienfait impriniera une nou- velle impulsion. Vos savans et laborieux collaborateurs y verront comme vous un gagede protection et d'avenir, qui doublera leur zele , ranimera leur courage , eveillera de nouvelles emulations, Et comment ne seraient-elles pasd'ailleurs excitees par I'accueil que trouvent partout leurs efforts, par la sollicitude universelle qui les accom- pagne, par la gloire qui suit leurs succes? Quels noins plus justement celebres , plus honores , non-seulement dans leur patrie, mais dans tous les pays 22. ( 324 ) civilises , que ceux ties Cook , ties La Peyrouse , ties d'Entretasleaux, sur les traces tiesquels tant tie savaiis illustres se sent precipitt?s! Quels travaux ont inspiie plus d'iiiter^t, ont plus occupe I'attention puhlitjue dans les Deux-Mondes queceux du capitaineRoss et de ses intrepides conipagnons! Est-il un spectacle plus re- marquable que cette lutte perseverante et surnaturellc qui n'a pas plus lasse leur courage que la syinpathie de toutes les ames genereuses pour tant de souftVances, tant d'abnegation de soi-nieme, tant de combats qui semblaient au-dessus des forces humaines ! Aussi , qui n'a pas applaudi a la recompense qu'ils ont recue d'un gouvernenient si bon appreciateur des services , qui sail toute la puissance d'une juste et genereuse remunera- tion ? Jamais regrets, vous le savez, messieurs, furent-ils plus unanimesque ceux tju'inspire la perte de ce jeune etin- trepide compatriote , V, Jacquemont, dont la cor- respondance si simple , si naturellea-la-i'ois etsi animee, si instructive , si piquante , nous fait connaitre les tra- vaux. Apres trois ans de fatigue et d'etudes, apres avoir parcouru le petit Thibet, ptjnetre dans le Pendjab et I'Himmalaga , sejourne huit mois a Lahore et a Cache- mire , fait partout honorer le caractere francais , et recueilli tl'abondantes recoltes tie faits et tl'objets d his- loire naturelle, il revenait dans sa patrie, lorstjue la mort , qui avait semble respecter ses travaux , la frappe au moment oii il avait rempli sa tache et on il allait jouir de la reconnaissance pubiiquc. Cette recom- pense, du moins, ne manquera ni a sa mt^noire ni a sa faiuillc qui y trouvera la scule consolation que puisse vpcevoir une si juste douleur. Ses prtjcieuses collections , soigneusement conservecs, ( 325 ) nous sont parvenues en l)on etat, graqe aux liotos ho norables qui , apres avoir prodigue a notre malheureux compatriote, dans ses derniers momens, tous les soins de I'amitie , ont recueilli et execute ses dernieres vo- lontes. Qu'ils recoivent ici le tribut de notre gratitude et de nos remercimens. Nous en devons surtout a I'il- luslrerepresentant dela Grande-Bretagne dans les Indes pour les secours et I'appui qu'il a pretes a V. Jacque- mont, et pour la protection si bienveillante qu'il ac- corde a tous les Francais dans son vaste gouvernement. C'est particulierement a ses puissantes recommandations que notre jeune voyageur a du les iacilites inesperees qui lui ont ouvert des chemins qui n'avaient ete par- courus avant lui que par M. Brenier. Puisse cet hommage de la reconnaissance et de I'amitie lui etre aussi doux qu'il Test pour nioi de le lui olfrir en votre nom! Puisse cetle noble emulation de decouvertes utiles, et de services rendus aux sciences et a la civilisation, remplacer a jamais les rivalites qui ont divise si long- temps deux nations heroiques , qui avaient trop appris a se respecter pour ne pas se rapprocher et s'entendre, et qu'unit desormais , d'un lien indissoluble, un instinct commun de liberte et de civilisation. Mais je ne croirais pas, messieurs, avoir acquitte notre dette de reconnaissance envers les protecteurs de nos travaux , si je taisais celle que nous devons au prince I eclaire quigouverne I'Egypte, pour la bienveillance spe- ciale qu'il a constamment accordee a nos voyageul's. Je la reclamai,le premier, en 1819, au nomduroi deFrance, pour notre honorable collegue, M. Frederic Cailliaud, qui en eprouva les plus heureux elfets. Elle ne s'esl -jamais dcmcnlic depuis. Vous savexce qu'en ont obtenu ( 326 ) et I'illustre Chanipollion et vingi voyageurs Francais , Anglais, Allemands, Italiens, qui lui ont dii d'avoir lait tant de decouvertes importantes, et d'avoir parcouru , avec securite, des regions inconnues. En ce moment nieme , le vice-roi prepare, de concert avec plusieurs savans Francais , une expedition qui doit remonter jus- qu'aux sources du Nil , et il ne menage aucun sacrifice pour la rendre fructueuse a la science et au commerce. Le succes que tout fait presager augmentera encore les litres de Mohammed-Ali a la reconnaissance et a I'admi- ration de tous teux qui esperent avec nous qu'il lui sera permis d'achever le grand ouvrage qu'il a si noble- ment commence , et que I'Egypte sera rendue par lui a la civilisation dont elle fut le berceau. Mais j'ai trop long-temps diftere, messieurs, le mo- ment ou vous allez commencer vos utiles Iravaux. En vous entretenant de la reconnaissance que j'eprouve pour I'honneur que j'ai recu de vous , je me suis laisse entrainer a parler de celle que je partageavec vous pour nos bienfaiteurs et nos coUaborateurs. Aucune voix plus sincere , j'ose le croire, n'aurait pu remplir cette tacbe : j'aurais du la laisser a une plus eclairee et plus habile. ( 3^7 ) Notice nniiuelle des trat^aux de la Societe, par M. le colonel GoRABOEUF , secretaire general de la Com- mission centrale. Messieurs, Chaque annee vient apporter son tribut au tresor des decouvertes geographiques : celle qui vient de s'ecouler n'aura pas ete sterile pour les progres de la science, et si votre secretaire reste au-dessous de la tache qui lui est imposee, ce ne sera pas la faute des Iiardis explora- teurs qui reculent de plus en plus les bornes de nos con- naissances. Presque en meme temps les deux extremites du globe ont ouverl leurs j^laces devant les navigiteurs anglais, et les mers polaires opposees out laisse paraitre des terres nouvelles. En Asie^ les decouvertes ou les re- lations qui se preparent embrassent un espace immense depuis la mer Caspienne jusqu'a I'empire Ghinois, et s'e- tendent nieme jusqu'au Japon. \1 Afrique est de nouveau , et pour la troisieme fois , parcourue par des voyageurs intrepidesaux deux bouts du (lixieme parallele nord, et la region embrasee qui se- pane les deux theatres de leurs decouvertes, doit etre aussi exploiee en ce moment par un de nos compatrio- tes dont I'ambition est de tranchir les sources du Nil jusqu'a cequ'il ait attcint le versant le plus eloigne du Quorra , et d'unir ainsi les decouvertes des Park et des Lander, des Denham et des Clapperton , des Laing et des Caillie a celles des Bruce, des Ruppell et des Frederic Cailliaud. Kt dans ce meme continent africain , toujours visite ( 328 ) et jamais assez explore pour salisfaire notre insatiahre cnriosite, quel espoir n'a-t-on pas de connaitre I'Atlas,. ce pays ties fictions et des conjectures, aujourd'hui qu'une porte nouvelle nous est ouverte sur cette grande chaine, laplusvoisineetlamoins connuedes Europeens! En considerant le vaste champ des decouvertes a ex- ploiter encore en Afrique, quel espoir ne doit-on pas fonder sur ces jeunes Africains que lEgypte et la Nubie nous envoient pour etre inities dans les diverses bran- ches des connaissances huinaines! Plusieurs se livrent avec ardeur a I'etude des sciences necessaires aux voya- geurs qui se consacrent aux decouvertes geographiques. Quels avantages ces nouveaux explorateurs n'auront-ils pas sur des Europeens sous le rapport de la connaissance des langues des indigenes, des usages, des moeurs et de la religion! Si nous regardons au-dela de I'Atlantique, quels efforts se pressent de toutes parts pour la reconnaissan- ce desruines de VAineriqiie Centrale, etonnans ouvrages d'un peuple perdu dontil neresteguere de vestiges que les debris de sa langue et les restes desesnionumens, efforts que cette societe a la gloire d'avoir provoques ! Ajouterai-je enfin les excursions continuees dans I'in- terieur de \ Australie ^ avec toute I'ardeur que permet- tent les difficuUes de ces cliniats lointainsj et tani d'autres voyages de decouvertes que les publicistes anglais enregistrent dans leurs colonnes serrees, et dont nos feuilles geographiques s'enrichissent tous les jours ! A ce spectacle interessant des efforts du genie de la science, qui ne serait plein de confiance dans I'avenir ? Et comment le zele des amis de la science et de ses pro- tccteurs pourrait-il se refroidir en presence de ces heu- ( 329 ) reux fruits de leurs genereux sacrilices ? Cette impul- sion, messieurs, vous appartient en grande partie. Vous avez, il y a douze ans forme le premier centre actif de correspondance qui ait ete cree en Europe, pour I'en- couragementdesdecouvertesgeographiqueset la reunion de leurs resultats, aussi votre exemple a ete suivi dans trois contrees eloigne'es; vos publications, vos prix, et vos programmes n'ontpas ete non plus sans influence suf ces grandes expeditions francaises que le gouvernement a ordonnees depuis cette epoque. Plus que jamais, sans doute, il sentira I'utilite de votre institution et de votre concours desinteresse , en voyantles fruits de la protec- tion qu'il accorde a la geographic, et il entrera tous les jours davantage dans la carriere qu'il s'est ouverte a I'exemple de nos voisins. Je viens, messieurs, a 1 expose des decouvertes geo- graphiques les plusrecentes, rapide pour epargner vos insians,mais fideleautant qui! nous a ete permis de le faire. II sera suivi du tableau de nos travaux interieurs soil qu'ils soient I'ouvrage des membres de la societe, et en particulier de votre commission centrale, soit qu'ils se rapportent a la correspondance que nous entretenons au dehors avec les voyageurs el les amis de la science. En appelant votre attention, messieurs, sur les re- cherches les plus recenles fiiites en Asie, nous commen- cerons par les explorations que notre compatriote, Vic- tor Jacquemont, a etendues dans le Haut-Hindoustan ; la societe de geographic n'a jamais perdu de vue les pro- gres des decouvertes de ce celebrevoyageur, auxquelles une catastrophe recente vient de mettre un tenne si de- plorable. ( ;«o ) Parti de Paris au niois d'aont 1828, M. Jacquemont arriva a Rio de Janeiro le 28 octobre ; au cap de Bonne- Esperaiice, ou il relacba ensuite, il rencontra M. le ca- pitaine Duinonl d Urville rapportant en France les de- bris du naufragede La Peyrouse. Le sort de cet illustre et infortune navigateur semblait etre pour Jacquemont une sorte d'augure : la mort devait I'atteindre au terme de son expedition. Apres avoir toucbe a I'lle Bourbon en fevrier 1829, il debarqua a Pondichery au mois d'avril suivant, d'ou il se rendita Calcutta. Dans cette ville, il etudia avec ar- deur les nioeurs, les usages et les langues des peuples qu'il allait visiter, prit connaissance des collections qu'elle renferme, puis se dirigea vers le nord. Le 3i decembre 1829, il entra a Benares, et deux mois apres a Delhi. C'est la qu'il miten ordre les materiaux qu'il avait deja recueillis, et qu'il fit toutes les dispositions neces- saires a son voyage dans le Haut-Himalaja et le Thibet , voyage qui fut niartfue chaque jour par des fatigues et des dangers incroyables. Apres avoir traverse la province de Kanaor, il renion- ta la valiee de Spyti jusqu'au-dela du 32° degre de lati- tude ; il se dirigea a Test et alia jusqu'a Bekur sur les frontieres de la Tartaric chinoise ; sa presence sur le ter- ritoire chinois donna bientot I'eveil aux Tarlares, qui se monlrerent nombreux et menacans; il fut oblige de se retirer. En revenant, il explora avec soin les vallees du Tabor et de Ghirry, et se dirigea sur Delhi apres avoir employe six mois a cette penible excursion. De Delhi , dont il avait fait le centre de ses operations, il partit pour Lahore, capitale du Pendjab. Pendant ses excui-sions dans le Thibet, il avait recu rinvitation de visiter ce pays par un Francais, M. Allard, ancien aide- ( 33i ) de-camp du niare'chal Brune^ que Ics nialljeurs do uos amies el les eveneniens de i8i5 avaient force de s'ex- patrier, et qui occupe un emploi important a la cour du spuverain du Pendjab. Apres avoir passe le Sutledje, M. Jacquemont trouva una escorte nombreuse qui le conduisit a Lahore, ou il fut recu a bras ouverts par M. Allard. Bundjet-Singh^ roi du Pendjab, I'accueillit de la maniere la plus dis- tinguee. Muni des firmans de ce souverain et accompagne d'une escorte de cavaliers pendjabis, ]\I. Jacquemont quitta Lahore pour se rendre dans le royaume de Ka- chemire, dependant de celui du Pendjab, et visiter les montagnes du Petit-Thibet. Apres avoir employe six mois a ces explorations, M. Jacquemont revint sur ses pas et retrouva Rundjet-Singh a Umbrittsir, qui lui donna de nouveaux firmans pour visiter les mines de Mundenugur. Vers la fin de novembre i83i, M. Jacquemont prit conge dn roi du Pendjab, et rentra par Btlaspoore dans les possessions anglaises. II se rendit pour la troisieme fois a Delhi, ou il s'occupa sans relache a classer et a expedier pour I'Europe les nombreuses collections qu'il avait recueillies. Enfin il quitta Delhi le i4 fevrier 1882, traversa le Radjputana, et arrlva a Poonah au mois de mai suivant. La il fut attaque dune maladie qui, pendant quelques jours, le tint entre la vie et la mort. All mois de septembre, il annoncait qu'il allait fran- chir les Ghants, I un des embranchemens de IHimalaja les moins connus, et qu'il se rendrait ensuite a Bom- bay. Une maladie de foie, dont il avait pris le genne dans le Radjuputana, se declara a son arrivee dans ( 332 ) celle ville. II y rnourut le 7 decemhre 1882, a I'age de trenle-deux ans. M. Jacqueinont reunissait a un courage ct a une pa- tience a toute epreuve, un jugement droit, une grande variete de connaissances et une facilite de travail qui le rendaient eminemment propre a remplir la grande ta- che qu il s'etait imposee. 11 laisse de nornbreuses collec- tions d'liistoire naturelle, et des manuscrits dont la pu- blication est impatiemnient altendue. L expedition du lieutenant Burnes et du docteur Ge- rard ne nierite pas moins de fixer linteret que la societe de geographie attache aux progres de la science. Au commencement de Janvier i832, M. le lieutenant Burnes est parti de Delhi, et en mars il a passe llndus a gue. 11 a traverse ensuite le royaume de Caboul, et fran- chissant les neiges de I'lndou-Kouche, il a debouche dans lavalleede I'Oxus. II a examine lecours decefleuve pendant cent vingt railles au-dessus de Balkh, puis il I'a suivi parterre, en descendant, sur une longueur de sept cents milles ; il est navigable, et ne le cede qu'a I'ln- dus. En quittant les bords de ce (leuve, M. Burnes a voyage dans le Khanat de Boukhara, et sejourne deux mois dans cette metropole. 11 a ensuite parcouru les steppes de I'ancienne Rharismie, au milieu des Turco- mans nomades, jusqu'aux bords de la mer Caspienne, a Asterabad. M. Burnes est revenu ensuite dans I'lnde; il est arrive a Calcutta apres un voyage de vingt-sept raois depuis son depart de Bombay. Le sud-est de la Siberie a ete le sujel des excursions de M. Fuss ; il a determine environ cinquante positions geographiques dans un espace de 20 degres de longi tude et de 5 degres de latitude. II a nivele les lerres le long tlu Baikal sur une longueur d'envixon deux cents ( 333 ) verstes. M. Fiiss a fait egalement des experiences sur la declinaison de I'aiguille ainiantee et sur la force du ma- jrnetisme dans trente localites differentes. La Siberie occidenlale va etre de ineme I'objot des in- vestigations de M. Federoff pendant le cours d'un voyage entrepris pour I'universite de Dorpat. M. Fe- deroff s'occnpera particuiierement de recherches ma- gnetiqnes. M. Fisscher, qui a fait une residence de dix annees au Japon et un voyage a Jedo (en 1822), va liver au public la relation de ses voyages dans cet empire : il traitera de la geographic du Japon, de I'etat des sciences, des anti- quites, des diverses croyances religieuses, des niojurs et des habitudes des Japonais. Le docteurSiebold est entrain de publier les precieux niateriaux qu'il a recueillis pendant un sejour de plus de cinqans au Japon (de 1824 a i83o), et que ce voyageur n'est parvenu a sauver, apres une captivite de treize niois, qu'en remettant a cette nation soupconneuse tons les doubles de ses travaux litteraires, et d'autres objets pouvant choquer le gouvernement japonais, lequel a cru etre ainsi en possession de tout ce que_M. Siebold pou- vait avoir en ce genre. La publication des travaux iniportans de M. Siebold jeltera un jour tout nouveau sur la geographie physi- que et matheniatique, I'hydrographie, la geologic dune des contrees les moins connues de I'Asie : peu d'Euro- peens ont rapporte autant de cartes japonaises que ne la fait ce voyageur. Afrique. Le docteur Ruppel, astronouie et naturaliste, si connu par ses precedens voyages dans le nord-estde I'Afrique, ( 334 ) ))oursuit Ic cours ilo ses utiles explorations. Apres iin voyage pcnible et daiigcreiix, il est parvenu, I'annee der- niere, tie Massouah (sur la c6ted'Abyssinie)aux monta- gnes ucigeuses de Sanien, et y a passe Ihiver sur une liautenr de dix mille pieds au-dessus de la nier. Arrive enfm a Gondar, et apres un sejour de quatre niois dans cette capitate, il a entrepris une excursion dans la con- tree noniniee Goulla, c est-ii-dire le paysbas , qui s'etend a plusieurs journees dans le nord de Gondar. Nous devons a M. Perrotet , naturaliste et voyageur de la marine et des colonies, la relation qu'il vient de publier de plusieurs de ses voyages, notamment ceux qu'il a faits de Saint-Louis a la presqu iledu cap Vert, a Albreda sur la Gamble, a la riviere de Cazamance dans le pays des Feloups-Jola et au lac N'gher en Senogam- bie: cette relation nous fait connaitre les moeurs et les usages des naturels, les productions de divers regnes tie la nature, et plus particulierement celleS' du regne vegetal et du regne animal. M. Felix Lefel , qui a entrepris un voyage au Senegal dans le but de remplir les lacunes qui existaieni dufis Ihistoire, a mis a la disposition de la Societe la rela- tion nianuscrite de ce voyage, qui a pour titre, Histoire philosophiquc, et politique de V Afriquc occidentalc. La nouvelle expedition de Ricbard Lander, en remon- tant, depuis son cinboucbure , le cours du Rio-Noun, a eprouve des entraves qui ont nui au ])lein succes de I'entreprise : la maladie et la mort de pins de vingt blancs, ses conipagnons de voyage, qui ont succombe par I'in- salubrite du climat, et peut-etre aussi par I'inexperience du medecin , devenu lui-meme viclime de sa negligence dans I'approvisionncnient des niedicamens neressaires. ' ( 335 ) Ce malheur rappelle doiiloui-eusenieht les infortunes de Mungo-Pai-k. .Lander, reveini a Fernaiido-Po pour se procurer des niedicamens, de bons interpretes et des hommes bien disciplines, a du rejoindre les batimens a vapeur pour entreprendre ime nouvelle expedition dont le succes est maintenant plus certain , car il n'a trouve de resistance, pendant son premier voyage, qn'en un lieu situea Iroisjourneesetdemiede I'enibouchuredu fleuve, resistance que Ton n'a pu vaincre que par la force, toutes les tentatives de conciliation n'ayant pu reussir; ce qu'il y a de penible a avouer , c'est qu'il parait que ces hostilites des naturels ontete excitees par lescapitaines Anglais qui font le commerce de I'huile de palme , et par les negriers. Combien les amis des sciences et de I'humanite doi- ventdesirer le succes de Richard Lander! Pnissent les , indigenes accueillir avec nioins de defiance les niission- naires de la civilisation et du commerce, et leur per- niettre de faire plus heureusement le trajetde Boussa a Temboctou, que Park descendant de Temboctou a Boussa. Puisse aussi I'observation prouver que ces pa- rages ne sont pas aussi insalubres , aussi meurtriers qu'on le craint : car il faudrait alors revenir a la voic de terre,et communiquer avec le Quorra-lnferieur et ses affluens , par la Senegambie et Djenne. La France, dans ce cas, mettrait sans doute a profit les avantages de sa position. L'interieur du pays du Cap et principalement le pays de Natal, ont ete I'objet de plusieurs excursions du doc- teur Smith. Nous esperons que !c public jouira bientot du resultat des recherches de ce voyageur qui doiveiit ( 336 ) agrandir le cercle lie nos connaissaiices siir la geogra- phie et la zoologie de rAfrique-Meridionale. Erifin les missions evaiigeliques, etablies dans celte nieme parlie de TAfrique, poursuiventl'honorable lache derepandre, panni les naturels, les premiers eleniens de la civilisation ; leurs perseverantes explorations dans des contrees presque inconnues avani eux, contri- bueront aussi aux progres de la geographic. Ainerique. Les craintes que Ton avail sur le sort de I'expedition du capitaine Ross, parti il y a quatre ans pour les mars polaireS arciiques, viennent de cesser enfin pour faire place a la vive satisfaction qu'a fait eprouver aux amis des decouvertes geographiques le retour de cet intre- pide explorateur et de ses courageux conipagnons. Un de nos collegues vous entretiendra dans cette seance des curreuses particularites et des importans resultats de celte perilleuse en treprise. La publication des decouvertes du capitaine Graah sur la cote Orienlale du Groenland , nous a eie annoncee par M. dela Roquelte, noire collegue, consul de France a Elseneur; on en prepare une traduction francaise. Les encouragemens que le capitaine Graah a recus de la sociele de geographic on t provoque celte publication. L'expedition conmiandee par M. Schoolcraft , pour explorer les sources du Mississipi est parvenue I'an- nee derniere au lerme quelle se proposait d'alteindre. Le lo juillet i832 , lexpedilion, arriva au lac duCedre- Rouge, et a I'aide de canotsde la plus petite dimension , elle atteignit, a la distance de cinijuante milles, les der- niers aftluens (lu Mississipi, el parvint ensuite a I'ex- ( 337 ) tremite du bras le plus a I'ouest jusqu'a la source de ce bras qui est le lae Usawa. De la I'expedltion, apres avoir suivi un portage d'en- vjron six milles vers le nord , arriva au lac de la Biche » veritable source du bras du Mississipi le plusau nord- ouest. Ce lac presente une belle nappe d'eau d'environ 7 milles de long. De ce lac , pourrevenirau lac du Cedre- Rouge, la distanceestdecent quatre-vingts milles environ. Les monumens anciens de I'Amerique-Centrale, no- tamment ceux de Palenque, souvent signales dansnotre correspon dance et notre recueil periodique, apres avoir ete visiles par don Juan Galindo , sont aujourd'hui I'objet des recherches et de I'examen de MM. Corroy (oncle et neveu) et ngitude ouest de Greenwich ( i) (les deux navires faisant route pour la terre de Sandwich), on vit passer plusieurs montagnes deglaces qui paraissaientprovenir del'espace compris entre le South-Shetland et la terre de Sandwich. Le ao on apercut une ile par 58° aS' de latitude et 26° 55' de longitude ouest J c'etait un rocher massif couvert de glaces et de nuages epais. Le lendemain une ile sem- blable a la premiere se montra plus au sud. Le Lively^ envoye pour visiter ces deux iles, ne put y parvenir, Ce sont les iles Montague et Bristol des cartes que le capi- taine Biscoe place 5o' plus a I'ouest qu'elles ne le sont communement ; d'autres iles connues furent vues egale- ment. Le thermometre centigrade marquait un degre et un tiers au-dessous de zero a I'air, et plus de trois quarts de degres au-dessus du menie point plonge dans I'eau. On employa ensuite plusieurs jours en efforts pour gagner au sud et a I'ouest, parce qil'il y avait de forts in- dices de terre de ce cote , mais on ne put y reussir. Ou les glaces etaient continues et sans ouverture, ou bien quand on trouvait quelque canal, on ne tardait pas a reconnaitre qu'il avait peu d'etendueet il fallait rebrous- serchemin. Heureusenient lamer etaitextremement unie meme quand le vent, qui venait de I'ouest, soufflait avec force. Le capitaine Biscoe, qui avait toujours serre de presla barriere de glaces, en examinant chaque ouverture dans I'espoir de trouver un passage au sud et plus loin une mer libre, fut constamment desappointe dans celte at- tente jusqu'au 7 Janvier ou toutes ses esperances dans cette direction furent tout-a-fait detruites; car il se trou- va lout-a-coup au fond d'une baie de glace solide , ou la (i) Le meridiea de Greenwich est situe a a" 20' 24" ouest de celu« d« Paris. ( 345 ) vue du haut des mats, poiivait setendre a vingt milles au moins dans chaque direction ; et dans le sud, la glace paraissait si unie, si ferme , qu'on aurait pii aisenient cheminer dessus. L'atmosphere etait si pure qu'on au- rait pu distinguer una lerre dune certaine elevation a quatre-vingts ou quatre-vingt-dix milles de distance. Ce capitainefut d'ailleurs tres etonnede ne voirpres de cette glace aucuns animaux vivans, sauf un ou deux petits petrels. Ces circonstances le persuaderent presque que cette glace devait avoir ete formee en pleine mer j la tem- perature del'eau e'tait alors de — 1° lo, du thermometre centigrade, etcelle del'air a — o°, 55. Le Tula etait alors par 59° de latitude sud, et par 20" ai' de longitude ouest. Le 21 Janvier les deux navires etaient par 66'' 16' de latitude et 4° 3o' de longitude ouest; temperature de reau + i°,i2; celle del'air a I'ombre +7% 28 ; au soleil 25°; point de glace en vue. Les jours suivans, les glaces se montrerent , elles se resserrerent. Le i»'" fevrier, on avanca jusqu'a 68" 5i' de latitude, et par 12° 22' de longitude est. Un phoque fut remarque pres du Lwely, on vit voler vers le sudest des troupes d'oiseaux dont quelques-uns etaient d'une espece qui ne s ecarte pas ordinairement de la terre : i'eau etait paisible et quel- quefois d'une couleur plus claire; cependant on ne vit aucune terre, et aucune sonde ne trouva le fond. Le 4, les apparences de terre devinrent encore plus positives, et Ton crut plusieurs fois I'avoir reconnue; mais sur ce nieridien meme, le capitaine Biscce n'est pas certain du fait. La glace s'etendant au nord , il fallut diminuer un peu la latitude. Le 17, la position fut 66'' 44' latitude sud et 38° 5 de longitude est. Le 19, on coupa la route qu'avait faite le capitaine Cook en 1773, et Ton rencon- tra la glace precisement dans la position oil il la laissa. ( 346 ) Le 25, on vit tres distinctement la terre par 66'' 2 lati- tude sud, et 43" 54 de longitude est, que deroberent bientot a la vue plusieurs lies et morceaux de glace qui se trouvaient aussi visibles. Enfin le 27 , un pen plus au nord et a lest, par 65° Sy' latitude sud, et par 47° 20' longitude est, on vit tres distinctement une terre dune etendue considerable, mais completement bordee de •jlaces. La temperature de lair etait de cinq degres et demi centigrade au-dessous de zero; celle de la iner seulement a — 1°, 10. « Pour la premiere fois , dit le « capitaine Biscoe , les brillans reflets de I'aurore aus- « trale roulaient sur nos tetes, sous la forme de magni- « fiques colonnes , puis prenaient tout-a coup I'appa- « rence d'une frange de tapisserie, et I'instant d'apres n s'agitaienten I'air comme des serpens; souvent ces jets » de lumiere ne semblaient etre qua quelques pieds au- '■ dessus de nos tetes, et bien certainement ils se trou- « vaient dans notre atmosphere. C'etait bien le pheno- " mene le plus magnifique en ce genre que j'eussc " jamais comlemple ; et bien que le navire courut de « grands dangers, pousse qu'il etait par une bise fraiche « et entoure de glaces , I'equipage pouvait a peine s'em- « pecher de tenir les yeux fixes vers le ciel , au lieu de « veiller a la route. » Du 5 au 7 mars , un ouragan qui survint scpara les navires : le Tula eprouva de grandes avaries ; plusieurs hommes de I'equipage furent blesses grievement, et leur sante fut gravenient alteree par Taction du troid. Ayant de nouveau cingle vers le sud-est, on revit pres que la nienie partie de terre par 49° ^^ longitude est; nialgre des efforts reiteres , on ne put en approclier. La same et les forces de I'equipage declinaient si rapide- niem , ijue la necessite la plus imperieuse obligea dc: ( 347 ) chercher un climat plus favorable. Avant de s'eloigner , le capitaine Biscce nomma lerre d'Endeiby la cote qu'il avail decouverte. Le 7 niai, il arriva dans le Dervyrent, riviere de la terrede Van Diemen. Le Lively ne rejoignit le 7}//rt qu'au inois d'aoiit suivant; les deux navires re- mirent en mer le lo octobre i83i. lis resterent jus- qu'au 4 Janvier i832 snr les cotes et dans les parages voisins de la Nouvelle-Zelande, occupes a la peche des phoques qui n'offrit qu'un succes tres mediocre. Le 14 Janvier, etant par 5o° 26' de latitude et i56" 48' de lon- gitude ouest , ils virent beaucoup d'oiseaux et de goe- mons a la surface de la mer. De frequentes bouffees de neige arriverent aussi du sud. Le aS, par 60° 45' de la- titude, ils retrouverent les montagnes de glace. Le 3 fevrier, une de ces montagnes croula par morceaux avec un bruit semblable a un coup de tonnerre. Le i5, on etait par 67" i' de latitude, et 71° 18' de longitude ouest ; on vit une lie a une tres grande distance dans le sud-est, qui fut nommee ile Adelaide en I'honneur de la reine d'Angleterre. On s'assura, quelques jours apres, qu'elle appartenait a une serie d'iles situees devant une cote basse qui fut nommee terre de Graham. La chaine d'iles recut par la suite le nom d'iles Biscoe. « L'ile « Adelaide offre un aspect imposant : un pic eleve s'en- « fonce dans les nuages et se montre tantot au-dessus , « tantot au-dessous , tandis qu'une chaine de montagnes « plus basses s'etend I'espace d'environ quatre milles du '< nord au sud. Leur sommet n'est revetu que d'une le- « gere couche de neige , mais leur base , ensevelie dans « une masse de neige et de glace de I'eclat le plus « eblouissant, descend doucement vers la mer et se ter- « mine en falaises de dix a douze pieds de hauteur, sa- « pees et dechirees jusqu'a 600 ou 900 pieds du bord. « ( 348 ) Aulour lie toutes ces iles , la profondeur cle 1 eau etait considerable. Aucun mammifere ne ful trouve a terre , et Ton n'j observa qu'un petit nonibre d'oiseaiix, bien qu'a quelques milles seulement au nord ils fussent tres nombreux. Le 2i fevrier , le capitaine Biscoe reussit a debarquer sux' la terre deGraliam,et en pritformellement possession au noni de S. M. le roi de la Grande-Bretagne. Cela fait, le capitaine Biscoe toucha aux iles Soutli- Shetland, on il fut entraine a la cote , perdit son gou- vernail , et n'echappa qu'avec peine a un naulrage im- minent. Apres une relache aux iles Falkland, pres des- quelles il se separa de nouveau du Lively , il fit route vers Sainte-Gatherine du Bresi!, oil il apprit la perte de ce navire sur I'lle Mackay , I'une des iles Falkland. L'e- quipage fut sauve et ramene par un navire de Monte- Video. Le capitaine Biscoe revint de Sainte-Catherine dans sa patrie. MM. Enderby , ses arniateurs,loin de se laisser decourager par les pertes considerables qu ils ont es- suyees dans celte expedition, se sont determines a ren- voyer, cette annee, le capitaine Biscoe, pour executer de nouvelles recherches du nienie genre. Le conseild'a- miraute a charge M. Ilea , officier de la marine royale , de I'accompagner et de le seconder dans ses operations scientifiques. Pour recoinpenser le capitaine Biscoe des decouverles qu'il a faites , et I'encourager dans ses nouveaux efforts, la societe royale de geograplue de Loiulrcs lui a de cerne le prix royal pour i832. Europe. Les operations geodesiques et topograpbiques de la ( 349 ) nouvelle carte de France, ont ete coiitinuees sur plu- sieurs parties du royaume. Ija direction eclaireedu chef qui preside a ces travaux, a su leur donner encore une plus grande impulsion sans rien diminuer de leur degre d'exactitude. Les douze premieres feuilles de la carte de France qui ont ete publiees au commencement de cette annee , justifient pleinement leloge que ion fait de ce chef-d'oeuvre de topographie. Nous parlerons plus tard de la description geometrique de la France, pubiiee en meme temps que les premieres feuilles de la carte. Les travaux geodesiques que le capitaine Peytier exe- cute dans les provinces du nord du royaume de la Grece, doivent completer les belles operations geodesiques de la Moiee,quece meme officier aexecuteesen 1829 et i83o, coi)jointement avec les capitaines Puillon -Boblaye et Servier, pour I'achevement de la carte de ce nouvel etat. L'atlas de Zuccagni Orlandini est termine depui.5 le mois de novembre. II contient vingt tableaux ou carles dont la derniere represente Tarchipel Toscan. Un rap- port de M. Graberg de Hemso , notre savant et zele cor- respondant a Florence , a ete lu a I'academie des geor- gopliiles sur cet utile ouvrage , qui, pour lexactitudc de la nomenclature et rorthographe des nony de loca- lites,laissebien loin en arriere la carte du P. Inghirami et celle de Segalo , recommandablcs d ailleurs a d autres egards. Selon M. Graberg de Hemso, ces tableaux geo- ethnographiques et statisliques, sont ce que Ton pent voir de mieux fait dans ce genre, ou ce qu'il ya de plus exact et de plus instructif a legard de la geogra- phie et de la statistique de la Toscane. ( 35o } Commission centrale. 11 me reste , messieurs , a vous rendre compte des travaux de voire commission centrale , et de ceux aux- qiiels se sent livres plusieurs d'entre nous: les resultats nrincipaux en sont consignes dans notre bulletin men- suel J je neme propose done que den faire ici le resume succinct. La geographic de I'Edrisi, traduite par M. Jaubert , notre coUegue, et qui doit tormer un des volumes de notre recueil des mcmoires , est maintenant sous presse a rimprimerie royale. On doit aux soins eclaires et au zele constamment soutenu de chacun des membres de voire comite du bul- letin , d'heureuses ameliorations dans la redaction de ce recueil periodique, soil par I'etendue donnee aux articles et la variete des matieres, soil par I'admission de plusieurs memoires originaux : remprcssement que diverses associations scionlifiques ont manifcsle pour le recevnir en echange de leurs publications , constate le favorable accueil qu'il recoil, et nous esperons que de n(mveaux efforts le rendront encore plus digne de la faveur publique. Les proces-verbaux des seances de la commission centrale relalent les communications importantes et les documeus utiles qui ont etc transmis par les membres de la soclete on par sescorrespondans, et auxquels vous jugerez convenable sans doute d'adresser des remerci- niens. Jai done un devoir agreable a remplir en citant M. Warden dont les frequenles notices sur I'Amerique ou les analyses de voyages executes recemmenl dans celle parlie tlu monde, offrenl un interet toujours vane; ( 35i ) M. Duniont d'Urville qui, outre des analyses on do sa- vantes reniarques tendantaeclaircir ou rectifier certains resultats d'explorations niaritimes , a enrichi notre Bulletin dun memoire sur la temperature des eaux de la mer a diverses profondeurs : reeueil de toutes les observations de ce genre que notre savant collegue a pu reunir avec les nombreuses observations qu'il a faites pendant sa memorable canipagne de V Astrolabe^ me- moire enfin qui renferme des considerations dun baut interet pour la geograpbie physique. M. Roux de Ro- chelle a fixe I'altention et I'interet de la commission centrale sur diverses parties de la geograpbie an- cienne et de la geograpbie naturelle. M. Jomard, que des soins douloureux out eloignemomentanementdenos reunions, n'a presquepascesseneanmoinsdetransmettre d'utiles communications. M. d'Avezac adonne plusieurs fragmens d'une notice sur les pays Berbers au sud d'Al- ger , des renseignemens sur la communication de la Gambie avec la Cazamance , et des eclaircissemens sur les observations astronomiques du dernier voyage de Mungo-Park. Nous devons joindrc a ces mentions les noms de MM. Eyries, Baron Costaz, Daussy, Coulier, Barbie du Bocage, Albert-Montemont, Ladoucette et Baron Roger. Parmi les travaux particuliers des membres de la societe , je dois citer la nouvelle description geometri- que de la France redigee par M. le colonel Puissant, et pul)liee par le depot general de la guerre. Ce reeueil de tous les travaux scientifiques qui servent de fonde- ment a la nouvelle carte de France, offre tous les docu- mens propres a donner « une idee nette et precise de ce « qui a ete fait jiisqu a present dans lehut de procurer a « la France une eeuvre topographiqne digne des lumieres ( 352 ) '. da siccle. » La redaction de ce travail important ne pouvait etre mieux confiee qu'au savant geonietre dont les nonibreuses rccherches theoriques sur la geodesic ont agrandi le domaine de cette science, en on fait un corps de doctrine qui a tant contribuearepandre, dans les utiles applications , dont ce recueil offre les resultats, cette regularite et cette precision qui ne laisse en quel- que sorte plus rien a desirer. M. Puissant a expose plus tard , dans un memoire , dont I'analyse a ete communi- quee a la commission centrale, des considerations tres curieuses sur la figure de la terre, qui sont deduites des comparaisons faites en France entre les resultats astronomiques de latitude et d'aziniuth , et ces memes determinations donnees par les operations geodesiqiies. II resulte de ces comparaisons quelesdeux nappes prin- cipales dont se compose la surface de la France, et qui sont a-peu-pres partagees par le nieridien de Paris , appartiennent en general a deux ellipsoides irreguliers dont les aplatissemens different beaucoup I'un del'autre. ( Yoyez a la fin de ce rapport general la note relative au memoire de M. Puissant. ) M. le colonel Denaix poursuit avec une louable per* severance la publication de son cours de Geographic niethodique et comparative^ ouvrage dont I'heureuse induence sur I'enseignement raisonne de la geographic, vient de meriter a son auleur lesjustes encouragemens ) (le lit lecture de re livre, qui heureusemenl est iin pi ti mince. On en dira autant de celui de Silas Jumes, qui elait enibaiqne sur la nieme escadre qneRooke, niais ils ne se connaissaient pas I'lin I'autre. La relation de James ne parut qu'en 1797. Elle est intitulee Voyage en Arnhie , et annonce des observations sur les indigenes de I'Ara- Jjie-Heureuse. Comme James n'a vu que la haie de Kas- sem sur la Mer-Ilouge, ses remai'ques ne sont pas tres etendues, et de plus elles n'oftrent rien de piquant ni de neuf. II a semble necessaire d'entrerdans ces details sur des livres dont le litre tend a laire croire qu'ils offrent des renseignenfens interessans sur I'Arabie , tandis qu'on n"y Irouve que ce qu'on pent lire dans d'autres relations o« il est question en passant des ports de cette coiitree. Telles sont celles de Bruce, deValenlia, de Salt, du colonel Fitz-Clareme, aiijonnl'liui conite de Munsler, et de pkisieurs autres. Le capitaine Owen, dans son voyage d exploration autour des cotes ilAtrique, s est avance depuis la mer d Oman jusqu a Mascat, ou il a relache. C'est sans doule pour cela que sur le titre de son livre on lit le mot Ara- hie. Cependant il n'a vu dece pays que ce seal point, et les details qu'il en dorme ne sont pas a comparer avec ceux qu'on lit dans la relation deVinccnzq, qui, sous le nom de Sclieikh Mansour, a publie Vliistoire de Seyd- Scud, sultan de Mascat , et I'a accompagnee dune No- tice sur les pays et les peuples qui cntourent le golje Persique. (i) (1) On cii a domic i'exlrait dans Ic tonic xix des Noiivellcs .liinafm des I'oyages. I ( 391 ) Vincenzo pouvait parler pertinenunent de ces pays, puisqu'il etait venu par terre a Mascat, a travers les can- tons occupes parlesWahhabites. Tres peu de voyageurs ont visite la cote de I'Arabie baignee parle golfe Per- sique. Les renseignemens qui la concernent sont dus a des expeditions anglaises contre les pirates Djosniis, et a des rapports qu'on tenait des indigenes. En 1819, le capitaine Sadiier, Anglais, est alle d'El Katif a Yarabo. Ce voyage est le premier qu'un Euro- pean ait fait au travers de toute la peninsule ; par conse- quent, cet itineraire est tres precieux : 11 donne une des- cription detaillee d'El Katif et des environs; 11 parle de Deraleb, capitale des Walihabltes, de Medine et de plu- sieurs autres lleux du Nedjd et du Hedj.iz , mais 11 n'a vu ce dernier pays qu'en courant. C'est le plus curieux pour nous, parce que I'entree en est interdite A qniconque ne fait pas profession de Tisla- mLsme, et que, par consequent, les Europeans qui out -pu y penetrer n'y sonl parvenus qua la faveur d'un de. guisement necessaire a leur surete. Je ne ferai pas mention des divers auteurs arabes qui out decrlt leur paysj je me contenterai de clter Aboul feda , prince de Hamah en Syrie, qui naquit en layS et mourut en i332. II a ecrit une excellente description de 1 Arable. Ibn Batoula, ne vers i3oo a Tanger en Afrique, fit, a Tage de vingt quatre ans,le pelerinage de la Mecque, probablement avec la caravane des Maugrebins, qui part tous les ans pour la ville salnte de rislamisme. II n'y ar- rlva qu'apres de longues excursions dansl'Orlent, et y passa trolsans, subslstant des contributions pleuses en- voyees par les babltans de I'lrak. II alia ensulte par mer dans TYemen, et y fut accueilli avec une hospilalile si ( 392 ) genereuse, que su reconnaissance manque d'expiessions pour se manifester convenablenient. A cette epoque, les habitans cle Zafar, ville la plus orientale du pays, fai- saient un grand commerce de chevaux avec I'lnde. Le voyage durait un mois. Ibn Batouta revint a la Mecque en i332; il se dirigea ensuite vers I'lnde. II ne donnc pas des details- tres circonslancies sur le Hedjaz. Le premier Europeen cbretien qui vit ce pays fut Louis cle r«artliema,gentillu)mme bolonais, qui voyageait dans le sei/icme siecle. Au mois d'avril i5o3, ctanl a Danias, il profita de Tamitle dun renegat, chef de ma- meluks, qu'il avait gagne a force dc presens, else joignit a une caravane que celuici conduisait a la Mecque. II avait ado])te le costume de ces liommes. Le trajet dura quarante jours. Barthema , qui se laisait passer pour musulman , vit d'abord Medine et ie tombeau du pro- pbete , et ensuite la Mecque, oii un concours conside- rable de pelerins d'Afrique et de I'lnde etait venu , aitire autant par le commerce que par la devotion. Notre voya- geur donne une description fulele , quoique succincte, de Medine, de la Mecque et du pays voisin de ces i]eux villes. II s'embarqua ensuite a Djidda pour Aden,«)u il fut reconnu pour chretien, arrete, enchaine et emprisonne. Mene, plus d'unmois apres, devant le sultan de Sana , il ne voulut pas ou ne put pas repeter la profession de foi des musulmans, et fut mis dans la prison du palais. II y etait depuis trois mois, quand une negresse I'une des trois fennnes du sultan, einue de compassion, fit ouvrir la porte du cachot oii il etait cnferme avec deux autres malbeiireux. Tous trois penserent que si I'un d'eux con- trcfaisait le fou, ce serait un moyen sur de recouvrer sa liberie. lis tirerent au sort , qui designa Barthema pour ioucr le premier ce role j il sen acquitla tres bicn, par- ( 393 ) Gouranl nu la cour de la prison, elfoisant milleextrava-- gances. Cette tenime du sultan qui lui avait deja lemoi- gne de I'interet, s'amusa beaucoup de ses folies, lui fit donner uiie meilleure nourriture, et oidonna qu'on le lui anienat. U lui declara qu'il n'etait pas fou ; elle de- virit eperdument amoiireuse de lui. La position deBar- ihenia etait tres critique : s'il iniitait la conduite de Jo- seph envers Zouleikali, il courait des risques : il n'y avait pas moins de danger a ceder aux desiis de cette femrae. II fut assez heureux pour echapper adroitement a ce peril , et, sans satisfaire la sultane , profiler des bons senlimens qu'il lui avail inspires. Rendu a la liberie apies une longue captivite, il visita Ajar, Danle, Damar, Sana el plusieurs autres villes de I'Arabie-Heureuse qu'il decrit, et vit voile d'Aden pour I'Afrique. Sa relation, ecrite originairement en italien vulgaire, est perdue. Elle a ete traduile en latin , impri- mee a part, et inseree dans le recueil de Grynams. Une version espagnole, faite sur I'italien , fut traduite en cette langue par Ramusio, qui la placa dans sa collection. La traduction francaise de Jean Temporal est pleine de fautes grossieres. Le fameux voyageur marseillais, Vincent Le Bland", ra- conle qu'il a visile la Mecque et Medine, et une partie de 1 Yemen; ce dut etre vers i5yo. Son recit est conl'us et pen instructif. (i) Dans le dix-septieme siecle, Joseph Pitts, Anglais, ne a Exeter dans le conite de Dervon , vers 1662, etant de- venu esclave chez les Algeriens en 1678, fut contraint, («) Lcs yojagcs fameux du sieur f'incciic Le lllanc , 51arseidais , qu d a Jatls depuis I'dgc de doiize ansjtisqu'a soixunte, aii.v qual re parlies dumunde. Vurii, iG5S. i vol. in ',". ( ^94 ) par line coiilinuite ilc traiteniens criiels , a onihrasser l « Je fus temoin de renthousiasme d'un pelerin du Dar- four, arrive a la Mecque la derniere nuit du ramadhan. Apres un long voyage dans des deserts nus et solitaires, entrant dans cette enceinte illuminee, devant lakaaba, dont la masse noiratre se delachait sur cet ocean de lu- miere, frappe d'admiration,il tomba la face contre terre; il resta long-temps en adoration. Enfin il se releva le visage baigne de larmes, et, levant les bras au ciel , il s'ecria : Grand Dieu, prends maintenant mon ame , car c'est ici le paradis. » Les succes de Mohamed-Aly permettaient aux pelerins de visiter Medine; niais a peine Burckhardt fut-il arrive dans cette ville, qu'il crut quelle serait son tombeau. Une fievre violente le reduisit a rexliemite. Heureuse- ment, le retour de la cbaleur du printenips, au com- mencement d'avril i8i5, mit fin a sa maladie; il lui resta neanmoins une faiblesse extreme qui le forca d'aban- donner le plan de voyage qu'il s'etait d'abord trace. II alia done immediatement a Yambo, ou il s'embarqua pour I'Egypte. II fut de retour au Gaire le 24 juin, apres une absence de pres de deux ans et demi. La peste ayant eclate dans cette capitale au mois de Janvier 18 16. il se refugia dans la presqu'ile du mont Sinai, et resta chez les Bedouins, parmi lesquels cefleau n'exerce jamais ses ravages. De retour au Caire, i! con- tinua d'ecrire la relation de ses voyages. Toujours oc- cupe de son projet de penetrer dans I'lnterieur de I'A- frique, il attendait le depart d'une caravane de Maugre- bins, lorsque, le 4 oclobre 181 7, il fut attaque d'une dyssenterie qui , malgre les soins d'un habile medecin 27. ( 4o4 ) anglais, tcimina ses jours le aj ilu memo mois. II liit enterre dans le cimetierc des musulmans. Ses ouvrages restes manuscrits en anglais, cnt ete publics apres sa niort par les soins de M. Leake et de sir William Ouseley. C'est ce dernier qui a ete I'editeur du Voyage en Arabic et des Notes srir les Bedomns et les !'i^ uhhakites. Dans le voyage en Arabic , Burckhardt decrit les villes delaMecque, Medine , Djidda et Yambo, avec tant d'exactitude que certainenient peu de grandes cites d'Europe nous sont aujourd'liui aussi bien connues. 11 ne secontente pas de parler des edifices sacres, qui dans les deux villes saintes, sont I'objet de la veneration des musulmans; il presente aussi un tableau fidele desmoeurs et des usages des habitans , et Ion ne peut assez admi- rer I'art avec lequel , a propos d'un fait , qui au premier coup-doeil parait insignifiant, il entre dans une foulede details inleressans, qui jettent une nouvelle lumiere sur les coutumes des Arabes vivant dans des demeures fixes. Ce sont surtout ses notes sur les Bedouins qui meri- tent de fixer I attention. Avec quelle vivacite et quelle verite de couleurs il peint celte grande famille de la na- tion Arabc, tjui, depuis les premiers ages dumondehis- torique, conserve ses traits primitifs , qui de siecle en siecle maintient les vertus et les vices, les moeurs et les coutumes de ses ancetres sans rien devoir aux autres peuples, sans se meler avec un autre sang. Quoiquc Burckhardt n'ait pu penetrer dans les plaines du INedjd oil les principales tribus des Bedouins continuent de- puis le temps d'Ismael, fils d'Abraliam,a errer avecleurs troupeaux, il a, dans ses courses multipliees a travers les contrees voisines, fait partout des recherches actives ( 4o5 ) et bien dirigees, genre de talent qu'il possedait a un haul degre. Dans les deux cites saintes, il se rencontra avec des Arabes de toutes les tribus et de tous les can- tons, et se mit en communication avec les Bedouins du Nedjd; il a fait par ce moyen une recoite abondante de renseignemens precieux qui contribuent a nous donner une connaissanceplus parfaite des moeurs de ces Arabes et de la condition reelle de ce peuple extraordinaire. L'hospitalite de I'Arabe nomade , vantee depuis les temps les plusanciens, est celebreeaussipar Burckhardt. La tente des Bedouins est toujours ouverte al'etranger; ils vont quelquefoisa la rencontre du voyageur, se dis- putentet se battent nienie a qui le possedera. Un Be- douin declarait que si son ennemi se presentait, la tete de sonfrere a la main, il ne lui ferait pas moins bon ac- cueil. Mais ces dispositions genereuses ont eteassujeties a de certaines regies etsemblent, en general, etre moins I'expression de la bonte naturelle, qu'un point dhon- neur soutenu par la crainte des reproches prodigues a ceux qui viennent a y manquer. Tel est le Bedouin charitable. Quant au Bedouin vo- leur, ou pour niieux dire brigand, ilvole amis et enne- mis ; I'art de piller est son unique etude. Les tribus so reunissentpourdepouiller lescaravanes des Turcs, elles se volent entre elles , et les hommes de la meme tribu ne .se font aucun scrupule -de se devaliser reciproquo- ment, afin de se tenir en baleine ; quelques Bedouins n'ont pas d'autre occupation, c'est leur etat, leur pro- fession ; on les appelle Harami ou brigands par excel- lence. ;; Une institution qu'on nomme Da/xheil, et qui est ge*- neralement respeclee, garantit le voyageur envers et contre tous. Burckhardt a reniarquc que les tribus les ( 4o6 ) plus cruelles et les plus adonnees au pillage sont celles qui observent le plus strictement les lois du Dakhcil. Ponr accorder ces usages ?i opposes, il a fallu re- courir a des conventions artificielles, a des fictions legales;mais c'est dans le livre de Burckhardt qu'il faut lire tout ce qui concerne les usages du peuple singulier qu'il a su si bien etudier. Peu de voyageurs ont, dans leurs relations, offert au- tant de faits remaiquables par leur importance; quels services signales n'aurait-il pas encore rendus a la geo- graphic, si una mort preniaturee ne I'eut enleve ! Une edition des voyages de Benjamin de Tudele, imprimee a Helmstaad en i636 et a Leipzig en 1764, contient, a la suite de la relation de Barthema un extrait de celle de Jean Wilde de Nuremberg. Celui-ci etait esclave dun musulman : il alia par terra du Caire a la Mecque, puis a Medine. 11 decrit asscz exactement les villes saintes et le pays qui les entoure ; il voyageait de 1604 a 161 1. Niebuhr, qui le cite, le prend pour un Anglais. Khodjab-Abdoul-Kerim, noble Cachemirien, favori de Nadir-Chah ou Thomas Kouli-Kan, obtint de ce prince la permission de faire lepiilerinage de la Mecque. II partit de Delhi le 4 m^*' ^7^9 i arrived Bagdad, il prit la route d'Alep et de Damas, traversa le desert, vit Medine et la Mecque; il sejourna trois mois dans cette ville qu'il quitta en 1742. H ne donne aucun detail sur le Hedjaz. Langles, qui a traduit sa relation en francais, y a ajoute la description des deux villas saintes d'apres Niebuhr. Jules Planat, ancien officier d'artillerie de la garde ( 4o7 .) imperiale, entra vers 1820 au service de Mohamnied- Aly; il devint chef d'etat-major et I'un des instituteurs del'ecole militaire fondeeen Egypte. II mourut a Paris en 1829 au moment ou venait de paraitre son livre in- titule : Histoire de la regeneration de V Egypte, en un volume in-8°. On y trouve quelques fails sur !e Hedjaz, une carte du theatre de la guerre et un plan de la Mec- que leve par deux ingenieurs de I'armee egyptienne; niais il neparait pas que I'auteur soitalle en Arabic. ( 4o8 ) Actes de la Soci^te. ^^e«^ PROCES-VEUBADX DES SEANCES. Seance du 6 dccemhre i833. Le proces-verbal tie la tlerniere seance est lu etatlopte. M. le docteur Meisser, admis au nombre des menibres de la Societe, lul adresse ses remercimens , et annonce qu'il s'estiniera heureux de pouvoir la seconder dans ses. utiles travaux. Le nienie niembre et M. Vander-Maelen ecrivent a la Sociele pour lui offrir le Dictionnaire geograpbique de la province de Hainaiit, qui vient d'etre publie al'e- tablissetnent geograpbique de Bruxelles. M. Huerne de Pommeuse fait bonimage des six cartes quidoivent accompagner I'ouvrage qu'il se propose de publier tres prochainement sur les canaux navigables et les chemins de fer. L'auteur entre dans quelques details sur la redaction de son travail , et annonce qu'il niettrait un grand prix a recevoir les avis que ses collegues vou- draient bien lui donner sur ce projet de publication, (i) M. Jomard communique, de la part de M. le baron de Hannner, une note sur la situation geograpbique et la distance des villes d'Almaligb, Fiscbbaligb, Karako- rouni, Katitcbeou et Peking, d'apres Ibistoire publiee en persan par Wassef. La Commission vote des remer- cimens a M. de Hammer, et renvoie sa notice au comite du Bulletin. (i) Voy. la note delaillce, ci-apros , p. 4iS. ( 4o9 ) M. Jomard offie aussi a la Societe , de la part de Aly-Heybah, la these que ce jeune Egyptien vient de soutenir devant la Faculte de niedecine de Paris, sur quelques maladies endemiques de I'Egypte; il annonce que Aly-Heybah se propose de faire, par la suite, d'au- tres communications utiles aux travaux de la Societe. M. Warden donne lecture des notices suivantes : 1° sur les Iravaux de la Societe americaine des Missions pendant I'annee courante; 2° sur la population du Ca- nada j 3" sur I'etat de I'enseignement dans la coionie de Liberia (Afrique) au 3o juin i832. M. le baron de Ladoucette donne lecture d'un nou- veau fi-agment de sa Notice sur les moeurs et les usages des habitans des Hautes-Alpes. M. deParavey lit une note sur rimporiaiiceaattacher aux significations des caracteres chinois qui s'appliquent aux denominations geographiques, surlesnoms donnes aux mers principales, et sur I'emplacement du mont Kouen-Lun des Chinois, et enfin sur le pays primitif de la civilisation. M. lloux de Rochelle lit une Notice sur la geogra- phic ancienne du nord de I'Afrique. Ces diverses communications sont renvoyees a I'exa- men du comite du Bulletin. Assenihlee generate du ao decembre. La Societe de Geographic a tenu son Assemblee ge- nerale le 20 decembre courant, dans les salles de 1 Ho- tel-de-Ville sous !a presidence de M. le due Decazes. La seance s'est ouverte a huit heures du soir. M.le president, apres avoir adresse ses remercimens ala Societe, rappelle 1 utile direction quelle donne a ses Ira- ( 4io ) vaux et le but quelle se propose de faire servir les decou- veites aux progres des sciences et aux interets de ia ci- vilisation. Les services a rendre a I'humanite meritent d'attirer specialenient I'attention des voyageurs. Les noms de ceux a qui nous devons 1 importation de quelque plante alimentaire et de quelques autres vegetaux utiles a I'art de guerir ou a I'econoniie rurale seront toujours hono- rablement cites. S.A.R.M"'. le due d'Orieans , desirantimprimer con- staniment aux travaux de la Societe de Geographic une si importante direction, veut bien inscrire son noni apres celui du roi , en tete de la lisle des membres de la Societe, et mettre a sa disposition les fonds dun prix de deux niille francs, a decerner au voyageur qui aura fait dans le cours de i834 et i835 I'importation en France la plus utile a I'agriculture ou a I'industrie. L'Assemblee a charge son bureau d'etre aupres de S. A. R. I'organe de sa reconnaissance. M. le president rend ensulte honimage a I'habilete et au courage de quelques-uns des voyageurs les plus ce- lebres, Cook , Laperousc, d'Entrecasteaux, le capitaine Ross : il offre un tribut de regret a la niemoire de Vic- tor Jacquemont , si pioniptenient enleve a la science , apres avoir explore les chaines de I'Himalaya; il pro- clame la reconnaissance que la societe doit au vice-roi d'Egypte Mohammed Aly , pour la protection eclairee que S.A. a constamment accordee aux voyageurs fran- cals. II paie egalement un tribut de reconnaissance a Lord Bentinck, gouverneur des possessions anglaises dans rinde, qui s'est toujours niontre plcin dobligeance pour noy voyageurs et leur a accorde dans toutes Iqs circonstances une protection bienveillante et eclairee. ( 4ii ) M. cle Larenaudiere, secretaire de la Societe, lit le proces-verbal de la derniere Assemblee gene'rale. M, Selves ecrit a la Societe pour lui presenter une nouvelle edition plus etendue de son Atlas de Geogra- phic elementaire; dans I'interet de Tenseignenient, il prie ses collegues de vouloir bien I'exanuner et de lui com- muniquer les observations qui auront pour but d'ame- liorer cette utile publication dont les premiers essais furent encourages par le savant Cuvier. M. Selves re- iiouvelle en meme temps a la Societe ses offres obli- geantes et desinteresseespour I'execution de ses travaux lithographiques. Cette lettre est renvoyee a la Commission centrale. M. le colonel Coraboeuf, secretaire general de la Com- mission centrale, lit la notice qu'il a faite des travaux de la Societe et des principales expeditions geographi- ques qui ont eu lieu dans le cours de cette annee. L'ex- ploration des monts Himalaya par I'intrepide et infor- tune voyageur Victor Jacquemont; le voyage deM. Gay au Chili ; les decouvertes du capitaine Biscoe dans les mers australes , du capitaine Sturtt dans la Nouvelle-Hol- lande ; du docteur Ruppell dans I'Abyssinie ; la nou- velle expedition de Richard Lander sur le Quorra, atti- rent plus specialement I'attention de I'assemblee. M. le secretaire passe ensuite en revue les principaux ouvra- ges geographiques publics dans le cours de cette annee, et il felicite la Societe des nombreux rapports qu'elle continue d'entretenir avec les Societes savantes nationa- les et etrangeres. M. Roux de Rochelle, president de la Commission centrale, lit un Memoire sur les voyages qui ont ete suc- cessivenient taits vers le nord de lAmcrique, pour y chercher une communication maritime cntre les deux (4l2 ) oceans. II passe en revue les traditions repandues a dl- verses epoques sur I'exislence de ce passage; et, apres avoir indique les resultats des expeditions qui ont pre- cede celle du capitaine Ross, il s'arrete specialenient a cette derniere entreprise, si remarquable et si courageu- sement executee. M. Eyries analyse, dans un Memoire , differens voyages qui ont ete faits en Arabie , et les relations des auteurs, soit arabes, soit europeens, qui nous ont tait le mieiix connaitre cette contree, depuis les temps an- ciens jusqu'aux voyages de Niebuhr, d'Aly Bey et de Burckhardl. M. Cliapellier, tresorier de la Societe, rend conipte de ses recettes et de ses depenses pendant I'exercice annuel. M. le prt^sident et INDI. les scrutateurs procedent au depouillement du scriitin pour la nomination de deux raembres de la Commission centrale. MM. Coulier et Ambroise Tardieu sont nomnies. La seance est levee a dix heures et demie. Seance du 27 decernbre. Leproces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. le president rend compte a la Commission cen- trale de I'accueil bienveillant que la deputation de la Societe a recu de S. A. R. M"" le due d'Orleans, lors- quelle lui a presente le recueil de ses Memoires. Le prince s'est entretenu avec interet des travaux de la So- ciete, des derniers voyages de nos navigaleurs les plus distingues, et des services qu'ils ont rendus a la science. M. Coulier, nomme , dans la seance generale, a 1 unc des places vacantcs de la Commission centrale, adressc ses remercimens a la Societe, et proniet de taire tous ( 4.3 ) scs efforts pour justifier celte honorable marque cle confiance. M. Berlhet remercie aussi la Societe, qui la adniis recemment au nombre de ses menibres, et il lui annonce I'envoi de divers travaux geographiques et hlstoriques qu'il vient de terminer. M. le president communique a la Commission centrale la lettre que M. Selves a adressee a la Societe dans le but d'obtenir des conseils pour une nouvelle edition de son Atlas de Geographic elementaire; il prie ses colle- gues de vouloir bien examiner cet Atlas, et de commu- niquer a I'auteur le resultat de leurs observations. La Commission centrale, aux termes de son reglement, procede au renouvellenient des membres de son bureau pour I'annee i834; elle nomme, a la majorite absolue : President, M. Jomard. Vice-presidens ^ j " ^' \ M. le baron Roger. Secretaire general^ M. d'Avezac. La Commission centrale procede ensuite a la compo- sition de ses diverses sections, savoir : Section de corrcspondance. — MM. Bajot, Barbie du Bocage(J.-G.), Barbie du Bocage(Alex.), Bottin, Cadet de Metz, Coulier, Isambert, Jaubert, Jouannin, Cesar Moreau , Tardieu , baron Walckenaer et Warden. Section de publication. — MM. Albert-Montemont, AnsartjBianchi, Caussin de Perceval, Corabceuf, baron Costaz, Dumont-d'Urville, Eyries, Huerne de Pom- meuse, baron de Ladoucette, de Larenaudiere, Poulain et Roux de Rochelle. ( 4'4 ) Section de comptabiliie. — MM. Boucher, Douville , general Haxo , Peytier, Clianut el Reaiinie. La Coinniission centiale reiiouvelle aussi le comite du Bulletin y et tiomme au scrutin pour en faire partie : MM. Albert-Montemont, Ansart, Barbie du Boai'^e (J.-G.), Barbie du Bocage (Alex.), Dausiy, d'Avezac, d'Urville, Isambert, de Larenaudiere, Poulain , Roux de Rochelle et Warden. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance generale du 20 decembre. M. MoNTALANT , capitaiue au corps royal d etat- niajor. Mv le comte de Montalivet, pair de France, in ten - dant-general de la liste civile. M. Nebel, architecte. M. Troussel , docteur en medecine. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 6 decembre. Par M. Huerne de Poniineuse : Carte de la navigation interieure de In France y de la Belgique, de la Hollande et de la partie canalisee de VAngleterre, une feuille. — Carte generate du grand canal d' Amsterdam, frai'crsant la JSord- Hollande. commence en 1819 et achcve en i^i/^^ ( 4x5 ) une feuille. — Carte de la navigation interieure et des principaiix chemins de fer des Etats- Unis d' Amerique , i833, une feuille. — Carte hydrographique de Velat de NeW' York , une feuille. — Profils des principaux canaux et chemins de fer construits ou en construction dans les Etats-Unis d Amerique, une feuille. — Caite du lac de Nicaragua et de ses environs , pour servir a I intelligence du projet de jonction de I'Ocean Atlantique a I'Ocean Pacifique par un canal a vaisseaux, une feuille. Par M. Ambroise Tardieu : Atlas d'exerciccs de geo- graphie moderne , i'° et 2^ livraisons. — Carte de Vienne a Ti/lis, pour I'intelligence dun voyage aux Indes-Oc- cidentales par le nord de I'Europe, une feuille. Par M. le capitaine d'Urville : 7*^ et S"" livraisons du Voyage pittoresque autoiir du monde. Par I'Academie de I'industrie : Journal de ses trauaux, vol. Ill, n" 35. Par M. le directeur : Bibliotlieque de Geneve, cahier de septembre i833. Par M. de Moleon : Recueil industriel et maiiujactu- rier, cahier d'octobre. Par M. Aly-Heybah . Quelques mots sur les trois prin- cipales maladies endemiques de VEgypte; these presentee et soutenue a la Faculte de niedecine de Paris le 16 aoiit i833, par Aly-Heybah, Egyptien, docteur en niedecine, in-4°. Par M. le redacleur : Bevue des voyages, nouveau magasin encyclopedique , jfe livraison. ParlaSocieted'agriculturede la Gharente : Annales de cette Societe , cahiers de septembre et octobre. Seance generale du 20 decembre. Par M. le ininistre de la marine : Voyage de la cor- ( 'i^G ) i'c//\i\er?, de julllet et octobre. Seance du 27 decembre. Par M. Albert-Monteniout : Bibliotheque universelle des voyages , 10" livr. , in-8'. Ce volume contient une in- troduction rentermant quelques mots sur la vie de La- perouse et une partie du voyage de ce navigateur. Par M. le capita ne d'Urville : 8", 9° et ii'' livraisons du Voyage pittoresque antour du monde. Par M. le directeur : Plusieurs numeros du journal Vlnslitui. ( 4i7 ) COMPTE RENDU DES RECETTES ET DEPENStS DE I,A SoCIETE pendant Vexercice i832-i833. RECETTES. Reliquat du compte de i83i-i832 5 interets des fonds places ; montant des souscriptions renouvelees et des diplomes delivres aux nouveaux membres ; sous- cription du roi ; vente du recueil des Memoires et du Bulletin 95^77 f- 78 c. DEFENSES. Frais d'administration, d'agence, de loyer ; impression du Recueil des Me- moires et du Bulletin .....". . . 8,348 65 En caisse le 20 decembre i833. i)329 i3 Placement sur le Mont-de-Piete, re- presentant un capital de i3,ooo 00 Total de I'actif 14,329 f.i3c. Certifie par Ic Trcsorier de la Soeiete. Paris, le 20 decembre i833. Signe Chapellier. ( 4i8 ) NOTE Sur les Cartes offertes a la Societe par M. Huerne de PoMMEUSE, datis la seance du 6 decembre i833. La premiere de ces cartes est celle des cantiux navi- gables et deschemins de fer de I'etat de New-York; elle presente, entre autres, les plan et profil du canal Erie, qui a 582,458 metres de longueur, a coute a I'etat de New-York 10,207,327 dollars (environ 53 millions de francs) , et lui rapporteactuellement environ i,5oo,ooo dol. (7,800,000 fr. ). La construction de ce canal a paru servir d'exemple, et ses beaux resultats ont excite la plus noble emulation dans les autres etats de I'Union ameri- caine. La deuxieme carte presente les coupes ou profils de dix des principaux canaux ou cbemins de fer executes dans les autres etats de I'Union par suite de cette emu- lation. La troisieme est la carte generale de ces grandes com- munications ; elle presente leurs divers rapports pour la reciprocite, la solidarite des interets des divers etats, et pour la splendeur et la puissance de toute I'Union ame- ricaine. La quatrieme est la carte de la partie de la republique centralc de I'Amerique du Sud (ou Guatemala), qui com- prend le lac de Nicaragua conime presentant la localite la plus favorable pour couper, par un canal a vaisseaux, I'isthmc qui separe les oceans Atlanlique et Pacifique. (419) Nota. Cette carte contient des rectifications indiquees receninient par M. Orlando W. Roberts, negociant an- glais, qui a reside deux ans dans le pays, et confirmees par M. Prospero Herrera, ministre plenipotentiaire de cette republique, charge par elle de traiter avec notre gouvernement pour I'etablissement de ce canal , suivant un traite dont il a repiis copie a M. Huerne de Pommeuse. La cinquieme carte est celle du grand canal maritime d'Amsterdam au Helder, dont les ecluses ont 55 pieds d'ouverture entre les portes. La sixieme presente I'ensemble coniparatif des canaux navigables et du petit nombre de chemins de fer de la France , de ceux de la Belgique et de la Hollande, et enfin de ceux de I'Angleterre. I 420 ) Bibliographie g^ographique. § 1". Livres. Choiographie , ou art de dresser toutes sortes de cartes geogra- j)liiqiies , de cartes marines et ce- lestes , par Litrow. I vol. iu-8°. Che? Beck, a ^ ienne. * General SeatisliA der Eiiropai-- schen staatcn. — Stalistique gene- rale fr. Les cartes se vcndent s(^pnrenienl : parlante, 3o c; niuette enluuii- nee , aS c. ; muette en uoir, 20 r. iV. /?. Les Europes du mojeu ilge sont acconqjagnees (en car- touche) d'une Asie, d'une Ame- rique ou d'uue Eg\pleit Tepoipic correspondante, etc. Pari.i, ail depot general, rue des Malhurins-St.-Jacques, n" 18. fc^/'fc/vmf-fc-^'V-*-'^ v*-** TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME YINGTIEME. N°^ 123 a 128. PREMIERE SECTION. MEMOIBES, EXTRAITS. ANALYSES ET RAPPORTS. Description geographiquc des montiignes du Libau et de rAntlLiban (cxtraits d'lin ouvrage manuscrit sur la Syrie), par M. Ch. Eu. Guys, ex-consul de France a Tripoly-en- Syrie ^ Suite de la Statistique de pliisieurs provinces du Bresil , pap Pedko Mag ALES , extraite par M. Adaji de Bauve 2;) Rapport sur les travaux geograpliiqiies de M. le lieutenant- colonel DiiMAix, lu a la Sociite de Geographie dans sa seance du 21 juin i833 4'^ Rapport verbal sur un mrniolre de M. Oltmvnns, relatif aux observations astrononiiques de Mungo Park , fail a la seance du 19 juillet i833 , par M. d'Avezac 48 Nouvelles decouvertes dans I'ocean Antarctique, extrait de la table de lok du brick Tula, commande par le capitaine Bis- coe,dela marine royale anglaise; par M. J. D'** CS La Mongolie, par M. ALBERT-MouTEMOiiT. 78 Analyse d'un memoireayant pour titrc ; Nouvelles coinparaisom (les mesures ycodesiqucs el astronumiques dc Frunce, etc., pai M. le colonel Pujssajnt y ' ( 4" ) P.1gC5. Rapport sur deux notices do M. Oltmanns, inser^es dans les M6moires de racademle royale des Sciences de Berlin ( 1 8 33), par M. C0U1.1ER 102 Rapport fait a la Societe dans sa seance du 6 septembre i833, par M. P. Daussy 121 Rapport surl'esquisse orographique de M. Oelsen, parM. Co- BABOEUP 124 Mceurs et usages des Hautes-Alpes (fragment) , par M. J.-C.-F. L.iDODCETlE > l3l Croisifere du schooner le Dolphin dans les iles de I'Ocean Paci- fique, par le lieutenant H. Paulding (analyse par M. J. d'Urvii.i.e) i44 Documens sur le port de Tanipico et la riviere de Panuco, communiqnes par M. Hersant, consul de France a San-Luis Potosi et a Tampico i58 Notice sur I'Atlas de Geographic historique pour servir a I'in- telh'gence de I'liistoire ancienne , de M. P0UI-A.IN , lue a la Societe par M. d' Avezac v '7^ Tronihe observce a Alger '9^ Voyage dans I'interieur de !a Guyane, par MM. Adam te Bauve et P. Ferre (i" article) 201 Oregon , ou recit d'un long voyage par terre des bords de I'o- cean Atlantique a ceux de 1' ocean Pacilique 227 Rapport sur la Desciiplion generale des pharcs et fanaux , de M. Coulier {-iT edition), par M. J. u'Urville 2 35 Description d'une -ville ancienne du Kentucky occidental (frag- ment des voyages du professeur Ralinesque) 236 Voyage dans I'interieur de la Guyane, par MM. Adam de Bauve et P. Ferbe (suite) *^^ Suite de la Stalistiquc de plusieurs provinces du Bresil , par Pedro Magales, extraite par M. Akam de Bauve a83 Rapport fait k la Societe de Geographic , sur I'ouvrage intitule: Aimalcs poUtiqnes du Das-Canada 29° Rapport sur la Carte des iles Britanniques presentee a la So- ciete par M. Begat, ingenieur-hydrographe ^lo Asscmbicc generak. — Discours d'ouverture prononce par M. le due Decazes, pail de France, president de la Soci^le ^*' ( 423 ) Notice annuelle des travaux de la Socitie , par M. le colonel CoRvBOEUF, secretaire-general de la Commission centrale . 327 Memoire sur les voyages entrepris pour trouver, au nord de rAmeriqire, un passage entre les deux Oceans , lu a la So- ciete de Geographic par M. Roux de Rochelle 35^ Notice de differens voyages en Arable, iue a la Societe de Geographic par M. J.-B. Eyries 385 DEUXIEME SECTION. D«CUMENS, COMMUMICATIOJfS , WOUVELLES GEOGRAPHIQUES. Sources de I'Ob 55 Loups dans I'lnde 56 Sydney ( Australia ) , ihid. Japon 5 J Incident de voyage dans le Sunderbund , au Bengale 107 Passage de I'Himalaya 109 Le dakheil lu Cruautes du paganisme indou Ibid. Exploration de I'Afrique interieure meridionale 242 Extrait d'une lettre de M. Casalis , missionnaire evang<51ique dans I'Afrique meridionale a43 Extrait du Monkeur du 4 octobre i833, relatif a un groupe d'lles decouvertes par le capitaine Harwod, accompagne d' observations par M. J. d'Orville 244 Expedition du capitaine Ross 246 Lettre a M. le president de la Societe de Geographie 253 TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. Proc^s-verbaux des seances de la Commission centrale (juil- let a decembre) 58, ii3, igS, 258 , 3i4 , 408 Proces-verbai de I'assemblee ginerale du 20 decembre 409 Membres admis dans la Societe 118, 262, 3i8, 4x4 Ouvrages offerts a la Societe 62, 118, 199, 262, 3i8, 4i5 Compte - rendu des recettes et des d^penses de I'exereice i832-i833 417 ( iM ) BIBLIUGRAPniF. Bililiogr.ipliic gi'ogrnpliiquc G4 , 2f>4) 'i""^ PLANCHES DU 20 VOLUME. ("arte d'une paitie de rhemisphere austral, ou sont iiidiqures los nouvelles dt-couvertes du capitaine John Biscoe. Cours de la riviere de Tampico depuis la hario jusqu'A Paniico, trace d'aprfes la route calculee du bateau a vapeur la Estrella. Plan et vue d'une ancienne ville et d'un ancien village dans 1e Ken- tucky occidental. 10()()| I) 31 k mt liMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinr :i "i»"ii"iil /■..■ril fi,ir I I, ten . 'Ja/Vr,/// .i,///,////,/if /ii,.„ /i/'f/i/ /,//.!> /»//' '/'■' i/.u n;///r'/i.i y, />////u'm////r .u'rf,J-mff/7/ir r.rr'fWt^kj y'f/.iyi/ '" r, /',,/, „ ,/,/,, jr., ^irr/'i/u/^/IJ-j //aju /. 'y/r//„/.yi/irff^^ /ii.,// 0 '5- t ^^^^ Z ! 'tniiiiiiiiiiifi[|j[i||[[ SitllUltlllllllll s iniiinmiiii [iif |i ^ -J. ~J. 8 3 J, 2 -i H 1 B ''d/-/,'it-i- ~o. J 1 o (/<• /v ),.;/« J "' J. 0 -Y.O ^ c 1, -f 1 ~J. 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