y BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1 903 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANGE (RECONNUE DUTILITÉ PUBLIQUE) ANNEE 1903 VINGT- HUITIÈME VOLUME PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANGE S8, rue Serpente, Hôtel des Sociétés savantes (('}' arrondissement) 1903 AVI S Les Membres de la Société sont instamment priés d'adresser, d'une façon impersonnelle, tous les envois d'argent et les mandats à Monsieur le Trésorier DE LA Société Zoulogique de France. //x/L LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ AU 1 ' JANVIER 1903 AVEC T^A DATK DE LEUR ADMISSION Le voiii des Membres fondateurs est (yrécêdé de la lettre F PRÉSIDENT HONORAIRE F Vian (Jules), élu le 27 février 1894. SECRÉTAIRE GÉNÉRAL HONORAIRE F Blanchard (Prof. Raphaël), élu le 18 décembre 1900. MEMBRES HONORAIRES 1894 Agassiz (Alexander), directeur du Musée de zoologie compa- rée de Harvard Collège, à Cambridge, Mass. (Etats-Unis). F Barboza du Bocage (prof. José-Vicente), membre de l'Aca- démie royale des sciences, à Lisbonne (Portugal). 1901 Fabre(J.H.), membre correspondant de l'iostitut, à Sériguan (Vaucluse). 1901 Grasst, professeur d'anatomie comparée à l'Université, 92, via Agostino Depretis, à Rome (Italie). 1878 Gunther (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoolo- gique du British Muséum, à Londres (Angleterre), 1901 Ijima (Isao), professeur de zoologie à l'Université (Collège of science), à Tokyo (Japon). 1901 Laveran, membre de l'Institut, membre de l'Académie de médecine, 25, rue du Montparnasse, à Paris. 1894 Lilljeborg (W.), professeur émérite à l'Université d'Upsal (Suède). 1894 MôBius (K.), directeur du Musée zoologique, 43, Invaliden- strasse, à Berlin (Prusse). 1897 Murray (John), Ph. D., directeur des publications de l'expé- dition du C hallenger ,Châ\\enger lodge, Wardieà Edimbourg (Ecosse). 1897 Nansen (Fridtjof), professeur à l'Université de Christiania (Norvège). F Sharpe (R. Bowdler), F. L. S., chargé de la section ornitho- logique du British Muséum, à Londres (Angleterre). 1901 ScHULZE (F. E.), directeur de l'iostitut zoologique, 43, Invali- deustrasse, à P)erlin (Prusse). 1895 Van Beneden (Edouard), membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'Université de Liège (Belgique). MEMBRES CORRESPONDANTS 1893 BiiL'siNA (Spiri(iion), professeur à l'Université, directeur du Musée national zoologique, à Agram (Croatie). 1886 DuGÈs (D»" Alfred), consul de France, à Guanajuato (Mexique). 1888 Fritsh (Dr Anton), professeur à l'Université de Bohème, à Prague (Bohême). 1896 Graff (L. Von), professeur à l'Université de Graz (Autriche). 1890 HoRST (Dr R.), conservateur au Musée d'histoire naturelle, à Leide (Hollande). 1897 SLurrER, professeur à l'Université, à Amsterdam (Hollande). 1891 Ve.idovsky (Franz), professeur à l'Université de Bohème, à Prague (Bohème). 1902 Levfrkûhn (Dr Paul), Conseiller de la Cour, à Sophia ( Bulgarie). MEMBRES DONATEURS DÉCÈDES (1) F Branicki (comte Constantin), décédé en 1884. 1888 Chancel (Mlle Aline), décédée en 1889. 1888 GuERNE (baron Frédéric de), décédé en 1888. 1876 Semallé (vicomte René de), décédé en 1894. F Hugo (comte Léopold), décédé en 1895. F Hamonville (baron d'), décédé en 1899. (I) Par une délibération en date du 25 janvier 1885, le Conseil a décidé de main- tenir perpétuellement en tête du Uulk'Lin la liste des Membres donateurs déeédés. MEMBRES TITULAIRES i\) 11)03 Ai5uic(Paiil), licencié es-sciences, 4(), quai l)el)illy,ii Paris (lO*^). ■1897 AcoNiN (Georges), avocat, 19,boulev. Saint-Michel, à Paris (5«). 1890 Albert I^"" (S. A. S. le prince), prince de Monaco (inmihre ilduatcur), correspondant de l'Institut, 10, avenue du Tro- catléro, à Paris (Uv). 188;') Alluaud (Charles), 3, rue du Dragon, à Paris (<>"). 1895 Amaudrut, professeur au lycée, à Vesoul (Haute-Saône). 1892 André (E.), notaire honoraire, 17, rue des Promenades, à Gray (Haute-Saùne). 1897 A.NTiPA (D' Grégoire), directeur du Musée d'histoire naturelle, rue Blona, à Bucarest (Roumanie). 1896 Arechavaleta (D^' José), directeur général du Muséum naîional, 369, calle Uruguay, à Montevideo (Uruguay). 1893 Arrigoni degli Oddi (comte), professeur à l'Université, à Padoue (Italie). 10. 1897 Artault (D'" Stéphen), 2, rue Boutarel, à Paris (4"). 1895 AuBERT (Marins), aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, 3, allée Philippine, à Saint-Barnabe, banlieue de Marseille (Bouches-du-Rhône). 1877 Baillv(J.-F.-D.), 75, rue Aylmer, à Montréal (Canada). 1880 Bambeke (D^" Charles van), professeur à l'Université, 7, rue Haute, à Gand (Belgique). 1880 Barrois (Dr Théodore), professeur à l'Université, 220, rue Solférino, à Lille (Nord). 1896 Barrows (Walter B.), professeur de zoologie et de géologie au Collège d'agriculture, à Lansing, Mich. (Etals-Unis). 1879 Bavay, pharmacien en chef de la marine, membre du Conseil supérieur de santé, 59, rue Boissière, à Paris (16*^). 1901 Beauclair (Henri), vétérinaire à Cherré, commune de la Ferté-Bernard (Sarthe). 1889 Bedot (Dr Maurice), directeur du Musée d'histoire naturelle, professeur à l'Université, à Genève (Suisse). 1878 Br:DRiAGA (Jacques de), docteur ès-sciences, 55, boulevard de l'Impératrice, à Nice (Alpes-Maritimes). 2o 1880 Berthoud (Léon), pharmacien de l'hospice de Bicètre (Seine). F Besnard (Auguste), conducteur des ponts -et-chaussées, 68, route de Laval, au Mans (Sarthe). 1884 Bibliothèque de l'Université et de l'Etat, à Strasbourg (Alsace). 1889 Bibliothèque de l'Université, à Grenoble (Isère). (I) La Société s'est vue dans la nécessité de rayer de la liste des iiieiiiidcs un certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation {ArL. 11 ), 97, rue Royale, à Lille (Nord). 1884 Pavlov (M'^^ Marie) , Sheremetevski pereulok , maison Sheremetiev, logement 32, à Moscou (Russie). 1900 Pellegrin (D^ Jacques), préparateur au laboratoire d'Herpé- tologie du Muséum d'histoire naturelle, 143, rue de Rennes, à Paris (6^). F Pennetier (D'' Georges), directeur du Musée d'histoire natu- relle, professeur à l'École de médecine, 9, rue Alain-Blan- chard, à Rouen (Seine-Inférieure). 1887 Perrier (Edmond), membre de l'Institut, directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris (;j»). 220. 1880 Perroncito (D'' Edouard), correspondant de l'Académie de médecine, professeur à l'Ecole vétérinaire et à l'Université, 40, corso Valentino, à Turin (Italie). F Petit (Louis) aîné, {membre à vie), naturaliste, 21, rue du Caire, à Paris (2^). 1897 Philippson (Maurice), docteur ès-sciences, 18, rue Guimard, à Bruxelles (Belgique). 1893 Pic (Maurice), {membre à rie), Les Guerreaux, par Saint- Agnan (Saône-et-Loire). 1899 Picquenard (Dr C.-A.), 19, rue de Brest, à Quimper(Finistère). 1879 Pierson (Henri), [membre à vie), à Brunoy (Seine-et-Oise). 1900 PiNOY (D'Ernest),30, rue de Versailles, à Ville d'Avray (Seine- et-Oise). 1901 PizoN (Antoine), docteur ès-sciences naturelles, professeur au lycée Jansou de Sailly, 92, rue de la Pompe, à Paris (16^). 1899 Plate (D''|Ludwig), privât docent à l'Institut Zoologique, 43, Invalidenstrasse, à Berlin (Allemagne). 1879 Plateau (Félix), professeur à l'Université, 148, chaussée de Courtrai, à Gand (Belgique). 2'3o. 1902 Polaillon (Dr Henri), 229, boulevard Saint-Germain, à Paris (7"). 1896 Porter (Charles-E.), casilla 1108, à Valparaiso (Chili). 1896 Portier (D^Paul), préparateur à la Sorbonne, 24, rue Nicole. à Paris (5«j. 1889 Preudhomme de BoRRE (Alfred), villa de la Fauvette, Petit Saconnex, à Genève (Suisse). 1886 Prouho (Henri), maître de conférences à l'Université de Lille, à Rabastens-sur-Tarn^lTarn). XVII 189o PRUvÔT(profoss('urrieori;es), directeur (lu Laboratoire Arago I lîaiiyuI.s-sui-Mer), 28, rue Vauqueliii, à Paris (5«). 181)3 Ragovitza (G. Euiile), docteur ès-scieuces, directeur adjoint du Lai^oraloire Ara^o (Banyuls-sur-Mer), 2, boulevard Saiût- André desArts, à l*aris (G"j. 1882 Uaillikt (A.), membre de l'Académie de médecine, professeur d'iiistoire uaturcUe à l'Ecole vétérinaire, à Alfort (Seine). 1886 Raspail (Xavier), à Gouvieux (Oise). 189(» RÀTz (D'Stepliau von), professeur à l'Académie vétérinaire, 23, Rotlenbiller ulcza, à Budapest (Hongrie). 240. 1879 Regnaiid (D'' Paul), membre de l'Académie de médecine, directeur de l'Institut national agronomique, 224, boule- vard Saint-Germaiu, à Paris (7*j. 1895 RÉGNiEK (Raymond), juge de paix, à Lorgues (Var), 1895 Rkyckaeht (J.), agent de la Société Zoologique, 28, rue Serpente, à Paris (6"). 1898 Ribe.mont-Dessaignes (D^A.), professeur agrégea la Faculté de médecine, membre de l'Académie de médecine, 10, bou- levard Malesberbes, à Paris (8*^). 1887 Richard (Df Jules), directeur du Musée océanographique, à Monaco (Principauté de Monaco). 1877 RiCHET (Dr Charles), professeur à l'Université, 15, rue de l'Université, à Paris (7*=). 1897 Robert (Adrien), préparateur au laboratoire Arago, 3, rue Nouvelle, à Paris (9^). 1887 Robinet (Charles), professeur au lycée, 72, rue Bonneval, à Chartres (Eure-et-Loir). 1893 RocHÉ (Georges) , docteur ès-sciences, 47, boulevard Saint- Germain, à Paris (5*^). 1901 R0DRIGUEZ (Juan), à Guatemala (Amérique centrale). 25o. 1890 R0DRIGUEZ (Léopold), étudiant en médecine, attaché à la légation de Guatemala, 2, rue Racine, à Paris (G^). 1888 RoLLiNAT (Raymond) (membre à vie), à Argenton (Indre), F Rothschild (baron Edmond de), [membre donateur), 19, rue Laffite, à Paris (9"). 1880 RoTROu (Alexandre), pharmacien, à la Ferté-Bernard (Sarthe), 1895 Roule (D^ Louis), professeur à l'Université, 19, rue Saint- Etienne, à Toulouse (Haute-Garonne). 1900 Rudeval(de), éditeur, 4, rue Antoine-Dubois, à Paris (6^). 1888 Sabatier (Df" Armand), correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté des sciences, à Montpellier (Hérault). 1895 Saint-Joseph (Baron de), 23, rue François l^r, à Paris (8^). 1896 Saint-Paul (Léonard dej, pharmacien de l'Assistance publi- que, 18, rue Saint-Benoit, à Paris (6«). Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxv. — 2 XVlII 1897 Sand (René), candidat en sciences à l'Université, 45, rue des Minimes, à Bruxelles (Belgique). 2G0 1894 Sanquirico (D"" Charles), 23, rue Daguerre, à Paris (14<=). 187G Salînders (Howard), F. Z. S., F. L. S., 7, Radnor place, • Gloucester square, à Londres (Angleterre). 1884 Sauvage (D"" Emile), directeur honoraire de la Station aquicole, directeur du Musée, 39 bis, rue Tour- Notre-Dame, à Boulo- gne-sur-Mer (Pas-de-Calais). 1881 Sauvinet (L,-Ernest), assistant au Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris (5^). 1894 Sauzier (Théodore), 80, rue du Rocher, à Paris (8"). 1902 Savouré (P.), licencié es sciences naturelles, préparateur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Rennes (lUe et-Vil.). 1886 Schlumberger (Charles), (membre dondtcur), ingénieur de la marine en retraite, 16, rue Christophe-Colomb, à Paris (8^). 1896 Scott (Thomas), F. L. S., uaturalist to the fishery Board for Scotland, 3, Menzies road, Torry, à Aberdeen (Ecosse). 1889 Secques (François), pharmacien de l""® classe, 34, rue Mont- gai 1 et, à Paris (12-^). F SÉDiLLOT (Maurice), 20, rue de l'Odéou, à Paris (6^). 270. 1895 Selous (Percy Sherboru), à Greenville, Michigan (Etats- Unis). 1902 Semichon (Louis), licencié ès-scieuces, 27, rue Cassette, à Paris (6e). 1876 Shelley (captain Georges-Ernest), (membre à vie), F. Z. S., 7, Princes street, Cavendish square, W., à Londres (Angle- terre). F Simon (Eugène), 16, villa Saïd, à Paris (16e). 1901 SiMROTH (H&nrick), professeur à l'Université, à Leipzig (Allemagne). 1899 Sliounine (D"" N.), à l'hôpital maritime de Cronstadt (Russie). 1899 Société scientifique et station zoologique d'Arcachon, à Arcachon (Gironde). 1893 Spengel (D"" J. W.), professeur à l'Université, à Giessen (Allemagne). 1877 Steindachner (Hofrath D^ Frantz), Director des naturhislo- rischeu Hofmuseums, Burgring, à Vienne (Autriche). 1889 Stolzmann (Jean), 10, rue Wiejska, à Varsovie (Russie). 280. 1889 Studer (D"" Th.), professeur à l'Université, directeur du Musée, rue des Orphelins, à Berne (Suisse). 1895 Suaru (Dr Paul), médecin de première classe de la marine, 18, avenue Colbert, à Toulon (Var). 1888 Suchetet (André), au château d'Autiville-Bréauté, par Goder- ville (Seine-Jntérieure), et 10, rue Alain-Blanchard, à Rouen. XIX 1807 SzczAWiNSKA (Me"'- Wandn), (incloiir es scioncos, et docteur eu médecine, 12, rue Nicolas Cluiiiel, à Paris (15'). 1898 ÏERNiER (Louis), avocat, à Houtleur (Calvados). 1803 Théry (Audré), à Saiul-Charles, près Philippeville (Al;^érie). 1806 Thkzée (D"" Heuri), professeur à l'Ecole de médeciue, 70, rue de Paris, à Angers (Maine-et-Loire). l81)o Thompson (\V. d'Arcy), professeur à l'Université, directeur du Musée zoologique, à Dundee (Ecosse). l'JUl TiLLiEu (J.-B.), chef du transit du canal de Suez, à Isinailia (Egypte). 1887 TopsENT (Emile), docteur es sciences, professeur à l'Ecole de médecine, 30, rue Vasselot, à Reunes (lUe-et-Vilaine). ■■^OO- 1897 ToRRE (Carlos de la), professeur d'anatomie comparée à l'Université de la Havane (Cuba). 1878 ToLRNEUX (D'" Frédéric), professeur à l'Université, 14, rue Sainte-Philomèue, à Toulouse (Haute-Garonne). 1894 Traizet (Emile) {membre à vie), 42, rue Notre-Dame de Naza- reth, à Paris (3®). 1887 Trapet, pharmacien-major de première classe à l'hôpital militaire du Dey, à Alger (Algérie). 1895 Trouessart (D^' Edouard), 145, rue de la Pompe, à Paris (16°). 1889 Vaillant (Léon), professeur au Muséum d'histoire naturelle, 8, rue de Buffon, à Paris (5^). 1890 Vallé (Louis), docteur ès-sciences, 41, rue de l'Abattoir, à Tourcoing (Nord). 1903 Vanev, docteur es sciences, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des sciences, ta Lyon (Rhône). 1891 Vaudremer (D"" Albert), 50, rue Centrale, à Cannes (Alpes- Maritimes). 1898 Versluvs (J), docteur es sciences, 80, Middenlaau, à Ams- terdam (Hollande). 3i)o. F Vl\n (Jules), {membre donateur), 42, rue des Petits-Champs, à Paris (2'-). 1876 Vian (Paul), notaire, 9, rue Boissy-d'Anglas, à Paris {S'^). 1894 ViGNAL (Louis), 28, avenue Duquesne, à Paris (7^). 1899 ViGNON, préparateur au laboratoire de Zoologie de la Faculté des sciences, 9, boulevard la Tour Maubourg, à Paris (7«). 1900 ViLLATTE des Prûgnes (Robert), ingénieur-agronome, au Château des Prûgnes, par Vallon-en-Sully (Allier). 1888 Villedieux (Léopold), à Lariaux, par Saint-Didier en Rollat (Allier). 1902 VisARD de BocARMÉ (Comte Ferdinand), 6, rue Grandgaguage, à Namur (Belgique). XX 11)02 VoLOVATz (Meii planes et sans sillons ni reliefs. Segments 1 et 5 du pleon à côtés cachés sous ceux des segments précédents ; les segments 2à 4 sont SÉANCE DU 13 janvil:r 1903 7 munis latéralement d'un pli oblique. Pleotelson a sommet obtus ; uropodes à base formant un processus subaigu atteignant h la moitié du côté interne de l'endopodite ; celui-ci assez large, atteignant le sommet du pleotelson et plus long que l'exopodite qui est lancéolé. Longueur, Q ovigère : 9 millimètres ; largeur 3 millimètres. ^, inconnu. Stat. 318. Méditerranée = 38"37'N., 13"05'E., entre Messine et le Stromboli, prof. 1.210 mètres. Plusieurs exemplaires recueillis dans les nasses, en compagnie de C. borealis. (7-8 août 1893). Stat. 506. Méditerranée = 43o36'N., a» 17'E., prof. 1.503 mètres, fond de vase dure, nasses (13-16 mai 1895). Stat. 769. Méditerranée = 43'28'N., 5'^25'E. prof. 2.368 mètres, fond de vase et sable, tube sond. Buchanan (22-25 mai 1897). Stat. 1048. Méditerranée =:41H7'N., 4"54'E., prof. 2276 mètres, k environ 60 milles au large d'Ajaccio, fond de vase, tube sondeur Bucbanan (7-8 mai 1899). Stat. 1.100. Méditerranée = 43° 02' N. — 6^ 22. E., prof. 2.500 m., fond de vase jaunâtre, peu sableuse, nasses (19-21 avril 1901). Cette espèce, de petite taille et complètement aveugle, paraît assez répandue dans les grands fonds méditeranéens, de 1.200 à 2.500 mètres. CmoLANA NEGLECTA, Hauseu (1890) Stat, 41. Atlantique = 47° 19' 45" N. - 5° 25' W., près de Belle- Isle, prof. 19 m., fond de vase, drague (17 juillet 1886). Stat. 209, Atlantique = 39° 18' 05" N. — 33° 32' 15" W., prof. 1.372 m., nasse (31 juillet 1888), var. imicola... Stat. 238. Atlantique = 38° 22' 23" N. — 30° 42' 47" W., près la côte sud de Pico, prof. 1.924 m. (15-16 août 1888) = var imicola. Stat. 230. Atlantique = 38° 21' 48" N. — 30° 30' 30" W., prof. 1.236 m. (16-17 août 1888). Stat. 245. Atlantique = 38<' 31' 55" N. — 30° 38' 40" W., prof. 1.069 m. (27-28 août 1888). Stat. 323. Méditerranée == Baie de Giardini, Sicile, prof. 16 m., nasses (10-11 août 1893). Stat. 553. Atlantique^ 37°42'40"N., 27"25'30"W., près des For- migas, prof. 1.385 mètres, fond sable vaseux, chalut (3 juillet 1895) == var. imicola. Stat. 829. Atlantique = 38°38'30"N., 27°38'10"W., prof. 1.230 m., fond roche et vase, nasse (19-21 juillet 1897). Stat. 846. Atlantique =30°0r30"N., 27°46'W., prof. 1.638 mètres, fond sable et vase, nasse (24-25 juillet 1897) = var imicola. 8 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 Stat. 1.314, Atlantique = 37o37'N., 27°47'W., prof. 1.007 mètres, double nasse à trémail (3-4 août 1902). Cette espèce est très intéressante et les nombreux exemplaires recueillis pendant les campagnes de 1886 à 1902, nous ont permis de suivre la disparition progressive de la pigmentation oculaire qui, très franche dans les exemplaires côtiers, s'affaiblit peu à peu, mais est encore distincte vers 1.200 mètres de profondeur, et disparaît complètement vers 1.300 mètres (varietas nova imicola) ; nous en avons vu des exemplaires provenant de 1.638 mètres; les yeux existent toujours, mais il n'y a plus aucune pigmentation. Ce fait est d'autant plus curieux à signaler, que chez C. borealis, provenant de 1.210 mètres de profondeur, la pigmentation des yeux ne paraît pas modifiée. Cette espèce, bien que fort répandue, était peu connue jusqu'à présent ; elle est plus méridionale que C. borealis et n'a pas encore été signalée au nord de la Bretagne ; elle paraît, d'après les exem- plaires que nous avons vus, surtout abondante dans l'Atlantique lusitanien (campagnes de la Melita, dans la région des Açores et dans la Méditerranée, y compris l'Adriatique (collections du musée de Budapest). CiROLANA Grimaldii, Dova spccies. 9 ovigère. — Corps convexe, ovale-allongé, assez étroit. Céphalon présentant antérieurement un sillon, interrompu à la partie médiane mais cette interruption est moindre que chez C. neglecta. Lame frontale étroite et courte. Yeux à peine visibles et totalement dépourvus de pigment. Antennules très courtes, à 9 articles gar- nis de poils pédoncules; antennes longues, fouet composé d'envi- ron 20 articles, le dernier article du pédoncule est pourvu de tiges très finement poilues. Marge latérale du premier segment pereial un peu élargie antérieurement. Plaques coxales des segments sui- vants presque planes, un léger relief oblique s'observe sur celles des segments 6 et 7. Pleon à segments 1-4 munis d'une marge laté- rale étroite, le 5^ segment a les côtés cachés par le précédent. Pleotelson à sommet obtus ; uropodes à base se prolongeant en processus qui atteint à peine à la moitié du côté interne de l'endo- podite; celui-ci est large et son sommet atteint celui du pleotelson ; exopodite plus court, lancéolé. Longueur : 12 millimètres. — Largeur : 5 millimètres. (f, inconnu. SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 9 Stat. 1.189. — 1544'N., — 25"24'W., près de Maio, prof. 628 m., fond de sable vaseux, nasse (14-15 août 1901). Stat. 1.195. — lCrl7'N., — 25"23'VV., près de Maio, prof. 1.300 m., fond dur, nasse (16-17 août 1901). Stat. 1.206. — 16"34'N., — 25°23'30"VV., à 7 millesau S. W. de l'île de Sal. prof. 1,477 m., fond de vase sableuse grise (18 20 août 1901). Cette Cirolane paraît confinée aux grands fonds environnant l'archipel du Cap- Vert. ClROLANA MICROPHTHALMA, Hoek (1882) Stat. 1052 Atlantique : 6o'^4rN., 7°10'E., côte de Norvège, prof. 440 mètres, foud de vase gris-verdâtre (10 juillet 1899). Un exem- plaire $ . Cette grande espèce (l'exemplaire que nous avons examiné mesure 33 millimètres de'longueur sur 7 millimètres de largeur) a été signa- lée par Hoek dans la mer de Barents et par G.-O. Sars près du banc de Storeggen et à l'est de Wardo. Contrairement aux autres Ciro- lanes, la C. microphthalma paraît peu abondante dans les endroits où on la rencontre ; G.-O. Sars n'en a vu, comme nous, qu'un seul échantillon de chacune des localités qu'il a signalées ; ceux qu'il cite sont de taille relativement petite, tandis que l'exemplaire dragué par la Princesse Alice les dépasse beaucoup et l'examen que nous en avons fait nous permet de compléter la description qui en a été donnée. La lame frontale est étroite, allongée et canaliculée ; l'antenne a un fouet de 13 articles ; le rebord marginal latéral du premier segment pereial est large; les plaques coxales des segments 2 à 4 sont élargies antérieurement et planes, celles du 6® segment présente une faible ligne oblique. Le l*"" segment pleonal est entièrement caché par le dernier segment pereial, et on ne peut l'apercevoir qu'en soulevant ce dernier; le 5^ segment pleonal présentée la partie médiane un sillon courbe transversal limité de part et d'autre par un sillon oblique. Le pleotelson est arrondi au sommet et non aussi nettement tronqué que le ferait croire la figure de G.-O. Sars. ClROLANA Cranchii Lcach (1818) Stat. 780. Atlantique : Dans la rade de Mazagran (Maroc), sur des Poissons communs pris au tramail. Prof., 11 m. (22-23 juin 1897). C'est uns espèce assez commune dans l'Atlantique, depuis le sud des îles Britanniques jusqu'au Sénégal ; elle se trouve aussi dans la Méditerranée, et paraît habiter des profondeurs moyennes ou faibles. 10 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 BIBLIOGRAPHIE (Ouvrages cités) Bâte (Spence) and J. 0. Westwood : A History of the British Sessile-Eyed Cnistacea, II, 1868. BoNNiER (Jules) : Catalogue des Crustacés Malacostracés, recueillis dans la baie de Concarneau. Bull. Scientif. du dép. du Nord, 1887. Hansen (H. J.) : Cirolanidae et familiae nonnulae propinquae Musaei Haunieusis. Kgl. Danske Vidensk. Selsk. Skrifter, 6'^^Raftkke, naturg. og math. III (5) 1890. Harger (0) : Catalogue of the Marine Invertebrated Animais of the Southern Coast of New England and adjacent waters. Rep, U. S. Commiss. of Fisk and Fisheries, I, 1874. HoEK fP.P.C): Die Crustaceen, gesammelt waehrend den Fahrten des a Williem-Barents » in den Jahren 1878 und 1879. Niederl Arcliiv fur Zoologie, Suppléments bl., I, 1882. Leagh (W. E.): Cymothoadées in Dictionnaire des Sciences Natu- relles, XII, 1818, p. 338. LiLLjEBORG (W.) : Norges Grustacéer (Ofvers. af Kgl. Vetenskaps. Akademiens Fôrh, VIII Argângen, (1851 1852). Sars (G.-O.) : Den Norske Nordhavs-Expedition, 1876-1878, XV, Zoologi, Crustacea II 1886. Id, Au account of the Crustacea of Norway. 4. Isopoda. Bergen, 1890. Observation. — Rappelons, à titre documentaire, que M. J.-E. Ives a donné, il y a quelques années, une liste, nullement critique, des es[)èces décrites du genre Cirolana (1) et queleRev.Th. R.-R. Steb- BiNG vient de donner la description de deux espèces nouvelles du même genre (2). L'une de ces espèces, Cirolana fluvial i lis, provient d'un fleuve, à deux milles de son embouchure. Le fait est curieux, car nous avons vu à quelles grandes profondeurs marines vivent la plupart des espèces de ce genre. M. J. Bonnier a décrit, et figuré, sous le nom de Cirolana Hanseni, une petite espèce Atlantique, très différente decelles que nous avons étudiées (3), {!) J.-E. Ives. Crustacea form the North. Coast of Yucatan, the Harbor of Vpia Cniz, the Wes'-Coast of Florida and the Bermuda Islaïuls. Proc. Àcad. Nat. Science Philadelphie, 1890, p. 186. (2) Th. R. K. Strubing. Marine Investigations lu South Afiica. Crustacea, |)art 11, Cape-Town, 1902. (3) 130.NNIER. Hésullats Scientifiques de la campagne du Caadan d.ins le golfe de Gascogne. Annales de l'Université de Lyon, 1896. SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 tt NOTE SUR LE GRAND SERPENT DE MER MEGOPHIAS MEGOPHIAS (Rafinesque). A propos d'une observation de M. LAGRÉSILLE, faite en 1808 dans les mers du Tonkin PAR EMILE G. RACCVITZA, Sous-Directeur du Laboratoire Arago (Banyuls-sur-Mer). La nier occupe plus des deux tiers de la surface du globe et sa profondeur considérable augmente les difficultés de son exploration scientifique. De plus, il y a fort peu de naturalistes qui naviguent; les recherches océanographiques sont, d'autre part, très coûteuses et dépassent de beaucoup les ressources dont disposent les institu- tions savantes. Tout cela fait que cette vaste portion de la terre nous est presque entièrement inconnue, et certes elle nous réserve encore bien des découvertes inattendues. Il y a bien toute une catégorie de personnes, les marins, les pécheurs et les baleiniers, qui sont, par l'exercice de leur métier, placées dans des conditions favorables pour faire des observations intéressantes sur l'océan et les êtres qui l'habitent, mais ces travail- leurs de la mer sont généralement aussi mauvais observateurs que ceux delà terre, et ils sont aussi enclins à exagérer leur observation ou à créer des histoires de toute pièce. Il existe un Folk-lorc de la population qui vit sur l'eau aussi curieux à étudier que celui des populations paysannes, et qui n'a rien à envier à ce dernier comme fantaisie et pittoresque, mais il est beaucoup moins connu. Natu- rellement, les inventions et les racontars des marins s'exercent surtout dans la description des animaux fantaisistes ou fantas- tiques, et les zoologistes se sont habitués à s'en méfier tellement, que je crois qu'ils ont un peu dépassé la mesure. Il y a, en efïet, deux catégories à établir parmi les descriptions de cette zoologie non officielle. Il y en a qui sont le produit pur et simple de l'imagination de leur inventeur ; il y en a d'autres qui sont le résultat de mauvaises observations faites sur des animaux réels. Il n'est pas difficile de distinguer les premières des secondes, et avec un peu d'habitude l'on y parvient presque à coup sûr. L'animal créé tout entier par l'imagination humaine est tellement 12 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 absurde dans sou ensemble, tout en étant si peu nouveau dans ses détails, qu'un zoologiste un peu expert ne peut manquer de devi- ner son origine du premier coup-d'œil. Placer une tête d'Homme sur un corps de Poisson, affubler un corps de Serpent de deux ailes de Chauve-souris ou autre assemblage d'organes disparates, mais appartenant à des animaux connus de l'auteur de l'invention, telle est l'unique méthode qui a servi et qui sert encore à la création de ces monstres imaginaires. Au fond, l'homme est incapable de rien créer de neuf, en fait de forme animale ; il ne peut que réunir deux parties d'animaux déjà existants. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à regarder les absurdes inventions des peintres qui ont représenté, sur de nombreuses toiles, des tentations de Saint- Antoine ou des scènes de l'enfer. — Jamais un zoologiste, ayant quelques expériences, ne pourra se laisser prendre à de pareilles inventions. La seconde catégorie d'animaux est due à l'observation rédle, mais mal faite, d'êtres inconnus au conteur. Dans ce cas, on constate tout de suite dans la description l'embarras de l'observa- teur devant une forme entièrement nouvelle, qu'il ne sait à quoi comparer ; de plus, les différentes parties de l'animal, telles qu'elles résultent de la description, se « tiennent », forment un tout viable, et souvent il n'est pas malaisé de faire la part de l'exagération ou de la faute d'observation. Il est en tous cas sage et prudent de ne pas opposer une (in de non recevoir à tout ce qui nous vient de la mer par la bouche des marins. Il faut toujours chercher à discerner d'abord le vrai dans l'exagéré ou dans ce qui paraît fantaisiste, car bien des animaux fantastiques du Folk-lore maritime ont été déjà identifiés avec des espèces que les zoologistes ont pu étudier. Il y existe cependant un être gigantesque que les naturalistes se refusent d'inscrire dans leurs livres, et il faut encore un certain courage pour proclamer son existence réelle. Je veux parler du grand Serpent de mer. La très curieuse histoire de cet animal a été écrite en 1892 par OUDEMANS (1). Lorsqu'il y a six ou sept ans je pris connaissance de cet ouvrage, j'étais dans le même état d'esprit, au sujet du grand Serpent de mer, que la plupart de mes confrères, mais, avant d'avoir achevé la lecture de ce volume, j'avais complètement changé d'opinion. (1) OuDEMANS (A.. C), The Great Sea-Serpent. An historical and critical Treatise. Leiden, Brill, London, Luzac et C'% 591 p. I SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 13 J'étais et je reste parfaitement convaincu de l'existence de l'animal gigantesque dont l'apparition est signalée presque tous les ans par les marins, et qu'ils désignent sous le nom de Serpent de mer. Comme le livre d'OuoEWANS me semble fort peu connu en France (1), je saisis l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour le signaler de nouveau, et je ne doute pas que ceux qui en prendront connaissance ne soient convaincus comme moi que l'ostracisme dont l'animal qu'il étudie a été jusqu'à présent frappé, au point de ne pas même être mentionné dans les Traités de Zoologie, doit cesser. Le livre d'OuoEMANs débute par la liste des ouvrages, revues et journaux qui ont parlé du Serpent de mer. Un second chapitre traite des racontars fantaisistes et des contes absurdes, publiés surtout dans les journaux quotidiens, qui ont eu pour résultat de discréditer le grand Serpent de mer dans l'opinion des savants. Par une critique serrée, l'auteur montre que ces racontars ne repo- sent sur absolument rien de vrai, qu'ils n'ont rien à voir avec notre animal, qu'ils font partie, en un mot, de la catégorie des absurdes conceptions dont j'ai parlé plus haut. Dans un troisième chapitre, Oudemans examine une autre sorte de récits, qui reposent sur une base réelle, qui ne se rapportent d'aucune façon au grand Serpent de mer, mais à d'autres grands animaux comme les Architeuthis, les Selache maxima, etc. Nous arrivons maintenant aux observations qui mentionnent réellement notre animal. L'auteur les a classées par ordre de dates ; la première de ces observations eut lieu en 1322; il y en a 28 jus- qu'au XIXe siècle et 134 depuis 1802 jusqu'à 1890, donc 162 obser- vations en tout, remarquablement concordantes et provenant de personnes très différentes. Il y en a qui sont dues surtout aux marins, capitaines au long cours, ou officiers des marines de guerre, d'autres aux pasteurs protestants, aux commerçants et aux voyageurs. La plupart de ces observations présentent un caractère d'authenticité qu'il est difficile de nier. D'ailleurs leur parfaite concordance est remarquable quoique la plupart des observateurs n'aient pas eu connaissance des récits de leurs prédécesseurs. Un si grand nombre d'observations, et le caractère sérieux de la plupart des personnes d'où elles émanent, ont rendu impossible la négation pure et simple, même pour les gens les plus prévenus ; on a essayé alors d'expliquer ces apparitions par différentes hypothèses, (1) Cependant notre confrère A. Labbé a publié dans l'Almanach Hachette de 1899 une description succincte du grand Serpent de mer d'après Oudemans. 14 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 d'où UD chapitre consacré à leur énumération; 23 explications sont reproduites, avec les termes employés par leurs auteurs, et discu- tées par OuDEMANS. De cette discussion approfondie , il résulte qu'aucune n'est la bonne. Nous arrivons donc au chapitre dernier, les conclusions de l'au- teur. Je vais le résumer en quelques lignes, pour les passages qui décrivent l'aspect, les habitudes et la nature du grand Serpent de mer. Les dimensions indiquées par les différents auteurs varient beau- coup ; on a le choix entre 20 et 250 pieds (6 et 76 mètres), mais celles le plus souvent données varient entre 50 et 100 pieds (15 et 30 mètres). La tète est fort petite par rapport à la longueur du corps (1/25 environ de la longueur totale) et sa forme est comparée le plus souvent à celle d'un Serpent, mais quelquefois aussi à celle d'un Chien, d'un Morse, d'un Phoque ou d'une Otarie. Le museau est allongé et on a signalé quelquefoisdes vibrisses à son extrémité. Sous la gorge et les côtés du cou on a observé des plis ; la bouche est transversale, large, et les yeux sont très grands, brillants, de couleur uoire, mais avec des reflets rouges. Le cou est très long (1/5 environ de la longueur totale), plus mince que la tète et bien délimité du corps par un élargissement correspondant aux épaules qui donne insertion à une paire de nageoires semblables à celles des Tortues ou des Plioques. Le corps arrondi est plus large en avant qu'en arrière, et se termine par une queue, ronde et pointue, énorme, puisqu'elle égale presque la moitié de la longueur totale de l'animal. Gel appendice est cylindrique et beaucoup plus mince que le corps, même à sa base; en avant de son insertion se trouvent deux nageoires plus petites que les nageoires antérieures. La peau est décrite comme lisse et brillante, et deux fois seulement on y signale des écailles. Oudemans croit que puisque l'animal a des vibrisses, la peau doit être nécessairement couverte de poils, et son aspect brillant et lisse est dû au fait que les poils sont mouillés et collés au corps. La peau des Phoques présente le même aspect lorsque ces animaux sortent de l'eau. La couleur du grand Serpent de mer est qualifiée par les uns de grise jaunâtre, mais les observateurs les plus nombreux la disent brune ; en tout cas, la teinte est plus foncée sur le dos que sur le ventre, qui fut vu quelquefois de couleur blanche. Certains rapports parlent d'une crinière s'étendant depuis le sommet de la tète jusqu'à la naissance de la queue, le long de la ligne médiane dorsale. Elle est plus fournie sur le cou et les épaules, et a été comparée à la SKANCK nu 13 .lANVIKU 1903 15 criuièro d'uu Cheval ou à un paquet d'Algues. Mais d'autres obser- vateurs ue la signalent pas ou disent que les animaux observés en sont dépourvus; Oudkmans explique ces divergences par une dilTé- rence sexuelle : les mâles auraient seuls une crinière. La nourriture du Serpent de mer paraît consister en Poissons, car ou l'a signalé suivant les bancs de ces animaux ; il attaque même les Phoques et les Dauphins, à en juger par la frayeur que fait uaitre sa présence dans les bandes de ces Mammifères. Lorsque notre animal apparaît à la surface, il soufïle bruyam- ment, et probablement par les narines; on voit en tout cas le soufïle sortir de l'extrémité du museau et non du sommet de la tête comme chez les Cétacés. Son passage à la surface est signalé par un miroir graisseux, et il répand une forte et très mauvaise odeur. Il nage souvent avec la tête hors de l'eau, et la mobilité de toutes les par- lies de son corps est très grande. Le Serpent de mer avance en faisant des ondulations dans le sens vertical, mais il peut s'incurver en fer à cheval dans tous les sens, et alors de gros plis se montrent sur son corps, comme chez les animaux pourvus d'une épaisse couche de lard. Il se sert de ses nageoires alternativement, comme une Tortue, quand il avance doucement, mais quand il nage rapi- dement en exécutant ses ondulations verticales, il ramasse ses nageoires contre le corps. Pendant qu'il est en mouvement dans l'eau, seule une petite partie du corps est visible et la queue ne se montre pas. La caractéristique de la psychologie du grand Serpent de mer parait être la timidité ; il n'est pas d'exemple que ce colosse ait jamais attaqué les témoins de ses ébats, même lorsqu'on lui envoyait des coups de fusil. Son caractère est assez enjoué car il fait souvent des bouds et se livre ainsi à de folles gambades. 11 apparaît surtout par beau temps et a été vu dans toutes les mers, excepté l'Océan antarctique au-dessus du 40° sud ; quoique cosmo- polite, il montre des préférences pour certaines régions, car sa présence a été le plus souvent constatée dans l'Océan atlantique nord, soit au large des côtes de Norwège, soit au large des côtes des États-Unis d'Amérique, et plus souvent en juin, juillet et août que dans les autres mois. Cet être, qui est si peu connu encore, ce bâtard non reconnu par la zoologie officielle, a subi néanmoins le sort de tous les animaux, pour ainsi dire légitimes, qui sont matière « décrivable» et « déno- minable » à merci pour les zoologistes. Il a reçu bien des noms différents et jouit par conséquent d'une copieuse synonymie. Oude- 16 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 MANS a donc pu le citer devant le tribunal inquisitorial de la systé- matique moderne et lui appliquer les lois, décrets et règlements du code de la Nomenclature. Le verdict prescrit de lui infliger le nom peu euphonique de Megopliias megophias (Rafinesque) Oude- raans; c'est sous ce nom que je le désignerai désormais. . . Pour OuDEMANs, le Megophias est un Pinnipède (Phoque) et il n'hésite pas à le déclarer sans faire la moindre restriction. Ses rai- sons sont les suivantes : Il a quatre nageoires, une peau couverte de poils, de fortes vibrisses, sa tête, son corps et ses nageoires ressemblent à ceux des Otaries. Mais pour fixer la descendance de notre animal il est plus hésitant car il propose deux hypothèses au choix du lecteur. Dans une première théorie il suppose que des Carnassiers terres- tres à longue queue, « viverroïdes », ont produit, par adaptation progressive à la vie pélagique, des formes voisines des Zeuglodon- tes, desquelles seraient issus, d'une part les Phoques sans oreilles et, d'autre part, un groupe, les Tenuia, ancêtres communs des Otaries et des Megophias. Ou bien, si Ton croit que cette descendance rapproche trop les il/e^o/)/?îos des Otaries, on peut admettre que les « Propinnipèdes » à longue queue ont donné naissance, d'une part aux Zeuglodontes, et de l'autre à un groupe, toujours à longue queue, qui évolua rapidement vers deux types, l'un à longue queue qui aboutit au Megophias, l'autre à queue courte qui donna tous les Pinnipèdes classiques. Je reproduis ci-contre deux dessins du livre ; ce sont les repré- sentations graphiques de l'opinion de l'auteur, qui a construit le contour du Megophias tel qu'il le conçoit à la suite de sa conscien- cieuse étude. 11 faut hautement le louer pour son courage, car je ne doute pas que ces figures ne contiennent des erreurs, au moins de détail, impossibles à éviter, qui lui vaudront d'amères critiques dès que le Megophias sera capturé, et je ne m'avance pas trop en allîrmant que les reproches les plus acerbes auront pour auteurs surtout ceux qui, trop nombreux hélas ! ont l'habitude de cacher l'incertitude de leur opinion scientifique sous l'obscurité des phrases et le flou des dessins. J'ai fait reproduire aussi le meilleur croquis, pris sur nature, que nous possédions de l'animal. Voilà donc sommairement résumé le livre d'OuDEMANs. Pour juger, à leur juste valeur, les conclusions si nettes et si précises qu'il contient, il ne faut pas oublier que l'auteur l'a écrit non seu- lement dans un but scientifique, mais aussi eu vue de la propa- gande. 11 me semble que l'assurance de ses affirmations doit dépas- SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 17 ïï-m-u- V:n\m $n0M M B •r^ \X .-îh a ■i ^v JO ' ■ ' f ' " «■« i •a f s ,' a f'7i' O œ '*/i S oj y, ;-; *^ .ii 'h] S t- ;■' i co Xi .^i ff 1 ..•>■' t,\« ■^.!.- If an: ^-^'' :'^ m: ■//' m-' m: t?/' ■f '■ ■ z < s Q O "b «> > «3 c o S es a H a "S Bull. Soc, Zool. de Fr., 1903. XXVIII. 18 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 ser un peu l'hésitation dans laquelle doivent se complaire ses idées. S'il résulte de son étude que l'existence du Megophias ne peut pas être mise en doute, il ne me semble pas qu'il en résulte, que cet animal doit être nécessairement un Phoque. Il est très possible qu'il en soit ainsi, mais rien ne permet de l'affirmer catégorique- ment. D'abord l'existence des pattes postérieures est douteuse, la présence des poils est déduite comme une conséquence nécessaire de la présence des vibrisses ; mais ces dernières n'ont été que rarement signalées. Enfin, pour la crinière l'on doit se tenir sur la môme réserve prudente. L'arbre généalogique établi par Oudemans, ne cadre pas avec les données qu'on possède sur la descendance des Pinnipèdes. Il est très probable que ce groupe dérive de Car- nassiers terrestres, mais de Carnassiers à queue courte. De plus très probablement, il y a deux souches distinctes à considérer : les Phoques sans oreilles dérivés de Carnassiers « loutroïdes», et les Otaries de Carnassiers semblables aux Ours. Il est en tout cas difficile de faire rentrer dans leur groupe un animal à queue si longue et complètement pélagique comme le Megophias. D'autre part le Zeuglodon {BasUoaaurus) est certainement plus voisin des Cétacés que des Pinnipèdes et doit appartenir à la lignée des Cétacés à dents ; on est sûr aujourd'hui qu'il était cuirassé. D'ailleurs, il est d'autant plus facile de discuter à perte de vue sur ces questions et de bâtir hypothèses sur hypothèses que jusqu'à présent nous n'avons comme base de discussion que des observa- tions peu précises dues à des personnes sans expérience zoologique; il est donc plus sage de s'en abstenir, et de se contenter du fait hautement intéressant que le Megophias existe réellement (1). C'est avec cette conviction que je suis parti comme naturaliste de ['Expédition antarctique belge et, naturellement, je me proposais (1) M. le Professeur R. Blanchard a bien voulu me communiquer une brochure du D' Peter Olsson, lektor vid Ôstersunds liôgre allmànna Lâroverli, intitulé : Storsjôodjuret. Framstàiling af falita ocli utredning(Ôstersund, Jàmtlandspostens Bolitryckcri, 1899, 47 p.). Ce travail expose les résultats d'une enquête sur le monstre du grand lac de Storsjôo au Jemtland, province située dans la Suède centrale. — Olsson a pu recueillir 22 observations dignes de foi, desquelles il résulte qu'un grand animal, dont les dimensions varient entre 4 et 14 mètres, habile cette masse d'eau douce. Le monstre aurait une couleur grise, une tête de Chien, des pattes palmées, une peau lisse et brillante, et nagerait en faisant des mouvements ondulatoires dans le sens vertical. Olsson pense que c'est un Pinnipède inconnu, et voisin du Megophias de OUDEMANS. Il me semble que, malgré ce mémoire qui paraît consciencieux, la plus grande réserve s'impose vis-à-vis de ce ii grand Serpent d'eau douce ». I SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 19 d'employer le plus utilement possible l'éveutualité d'une rencontre avec le grand Serpent de mer. Hélas ! cette occasion ne se présenta à aucun moment de notre croisière, mais je ne manquai pas d'in- terroger tous les marins, avec lesquels j'entrai en relation, sur le Mnjophias. J'ai rassemblé ainsi (juelques notes, mais qui présentent si peu de garantie de véracité que je préfère ne pas les transcrire ici. Je veux simplement mentionner qu'à Puntas-Arenas plusieurs personnes m'ont parlé d'un animal gigantesque qui apparaissait de temps en temps au Cap des Vierges, à l'entrée du détroit de Magel- lan ; mais, comme je n'ai pu voir aucun témoin oculaire, je ne veux aucunement endosser la responsabilité de ces racontars. Si le fait était néanmoins exact, cela démontrerait que le Megophias se fait voir aussi dans les régions antarctiques. J'en étais là de cette question lorsqu'à l'occasion d'une petite communication que je faisais à la Société Zoologique sur les Céta- cés antarctiques, le Président, M. Bavay, me signala une observation bizarre publiée dans le Courrier d'Haïphong, ayant trait à des ani- maux très grands observés dans la baie d'Along et qui paraissaient différents des Cétacés déjà connus. Je ne connaissais pas cette obser- vation et M. Bavay m'envoya obligeamment l'article en question. Quelle ne fut pas ma surprise, en prenant connaissance de son contenu, de constater que l'auteur de l'article décrivaitdes animaux qui avaient tous les caractères qu'OuoEMANS attribue, dans les con- clusions de son livre, au Megophias. Or M. Lagrésille, l'officier qui a observé l'animal en 1898, n'avait aucune connaissance du livre d'OuDEMANS paru en 1893. Son observation est donc une excellente confirmation de l'étude analysée plus haut. Elle est eu même temps une des descriptions les plus précises que nous possédions. C'est à ce double titre que je demandai à la Société la permission de la reproduire dans son bulletin (1). Voici l'article en question, paru dans le Courrier iPlIaïphong portant le no 1332 du 5 mars 1898, que je reproduis intégralement en l'accompagnant de quelques notes explicatives. (1) A la suite de la communication faite par M. le D' Ragovitza, les membres de la Société Zoologique de France, présents à la séance du 13 janvier 1903, ont décidé à l'unanimité que la communication serait publiée in extenso dans le Bulletin et que la Société Zoologique de France ferait tirer à ses frais cinquante tirés à part qui seront envoyés dans les régions où le Mugophias a été le plus souvent rencontré et particulièrement en Indo-Chine. (Note du Secrétaire général). SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 CHRONIQUE LOCALE « 11 n'est question depuis quelques jours, à Haïphong, que de la rencontre d'un ou plusieurs animaux inconnus jusqu'à ce jour — véritables monstres marins — faite à plusieurs reprises par la canonnière V Avalanche, dans la baie de Fai-tsi-Long (1). » Nous aurions pu parler de ce fait depuis plusieurs jours, mais comme nos confrères d'Hanoï sont quelquefois incrédules et sou- vent. . . ironiques, nous n'avons pas voulu nous risquer à raconter de nous-même ce que nous avions entendu dire par plusieurs per- sonnes, pourtant dignes de foi. Ces Parisiens du Tonkin n'auraient pas manqué de s'écrier : « Le Courrier veut parler sans doute de la Sardine qui bouche le port d'Haïphong ! » » Ce pauvre port n'a pas besoin de ça pour être obstrué ! Nos confrères le savent bien. » Nous laissons donc la parole à M. le lieutenant de vaisseau Lagrésille, le distingué commandant de V Avalanche, qui, avec une amabilité dont nous lui savons gré, a bien voulu se prêter à une interview et nous donner les renseignements très intéressants qui suivent et que nous avons écrits pendant qu'il parlait : )) Au mois de juillet dernier (2), l'Avalanche apercevait pour la première fois, au large de la baie d'Along, deux animaux de forme bizarre et de grande dimension ; leur longueur fut évaluée à environ 20 mètres, et leur diamètre à 2 ou 3 mètres. Ce qui caractérisait ces animaux, c'est que leur corps n'était pas rigide comme celui des Cétacés connus, mais avait des mouvements ondulatoires analogues à ceux des Serpents, mais dans le sens vertical (3). Un canon- revolver fut armé et un coup tiré à 600 mètres, distance légèrement trop courte. Aussitôt ils plongèrent en souillant bruyamment et laissant à la surface un remous analogue à celui des brisants. Ils ne reparurent pas, mais on avait cru apercevoir leur tête, qui fut jugée de petite dimension. (1) Cette baie se trouve au nord de la baie d'Along, sur les côtes du Tonkin, par environ 21» S. et lOo» E. de Paris. Elle est fermée du côté du large par un archi- pel de petites lies, et parait être, comme la baie d'Along, très riche en Poissons et en animaux de toutes sortes. (2) De l'année 1897. (3) Les ondulations dans le sens vertical sont absolument caractéristiques du Megophias, et l'observateur a fort bien relevé la différence qu'ils présentent avec ceux des Cétacés. I SÉANCE DU, 13 JANVIER J 903 21 » Le 15 février de cette année (1), en traversant la baie de Fai- IsiLong, j'aperrus de nouveau des animaux semblables. Je me mis aussitôt à leur donner la chasse et fis armer les canons-revolvers. Plusieurs coups furent tirés sur l'un d'eux, à des distances de 300 à 400 mètres, et au moins deux projectiles l'atteignirent sans avoir semblé lui faire le moindre mal, les obus éclatant à la surface (2). Je cherchai aussi à l'atteindre avec l'avant du bâtiment, mais sa vitesse était supérieure à celle de l'Avalanche. Cependant chaque fois que cet animal arrivait en des petits fonds, il rebroussait chemin ce qui me permettait de gagner sur lui et ce qui prouva ses fortes dimensions. Il émergeait fréquemment et toujours on remarquait ses mouvements ondulatoires. Chaque émersion était précédée d'un jet d'eau, ou plutôt d'une vaporisation de l'eau, pro- duite par un soufflement bruyant, à rencontre des Souffleurs ordi- naires qui aspirent de l'eau et la lancent à une certaine hauteur (3). La couleur de l'animal est grise avec plusieurs nageoires noires (4). On suivait facilement sa trace au dégagement de sa respiration qui formait à la surface de la mer, alors complètement calme, des cercles d'un diamètre de 4 à 5 mètres (o). A un moment je crus l'atteindre; mais il plongea sans doute, car il reparut derrière la canonnière. La chasse dura sans succès pendant une heure et demie et dut être abandonnée à cause de la nuit qui se faisait. (1) De l'année 1898. (2) Il faut croire que les obus ont éclaté à la surface de l'eau, et ne pas conclure que l'animal était invulnérable. (3) M. Lagrésille est dans l'erreur de croire que les Cétacés aspirent de l'eau pour la rejeter par l'évent; c'est bien de l'air qu'ils introduisent dans leurs pou- mons, et c'est de l'air chargé de vapeur qu'ils rejettent. Je n'insiste pas ici sur ce fait, mais je veux faire remarquer que la phrase de M. Lagrésille indique clairement que le souffle des animaux qu'il poursuivait était diflérent de celui des Cétacés. Cela doit êtve exact et je me l'explique parla raison que leMegnphias doitrespirer par les narines, comme les Phoques, et non par un évent, comme les Cétacés. Du reste plus loin (v. note 1, p. 23), une autre phrase confirme cette manière de voir et peut servir de légende explicative à un dessin de Bing, qui représente un Megnphiasen train de souffler, tel qu'il fut observé en 1734 (v. Oudemxns, p. 114). (4) Quelques observateurs ont attribué déjà au Megophian « plusieurs nageoi- res » ; cela doit tenir à une illusion optique, expliquée par la rapidité des mou- vements des nageoires de l'animal, et par le fait que les différentes parties de son corps, très long, n'apparaissent que successivement. (5) Si je comprends bien, cela veut dire que : l'animal étant complètement immergé, on voyait éclater à la surface de l'eau de grandes bulles d'air. J'ai fréquemment observé ce fait chez les Phoques antarctiques. Je les voyais parfai- tement dans l'eau transparente nager doucement et lâcher de temps en temps par les narines de petites quantités d'air, qui formaient des bulles venant éclater à la surface. 22 SÉANCE DU 13 JANVIER 1902 » Le 24 février (1) deux animaux semblables furent encore aperçus dans la baie de Faï-tsi-Long par V Avalanche, à bord de laquelle se trouvèrent M. le Commaudant et 8 officiers du Bayard. » On donna la chasse à l'un d'eux pendant 35 minutes et à un moment donné on l'aperçut distinctement à environ 200 mètres par le travers, flottant horizontalement. Il eut trois ondulations sans discontinuité qui se terminèrent par l'apparition de sa tête, qui ressemblait beaucoup à celle d'un Phoque (2) avec les dimensions à peu près doubles. On ne put pas voir s'il y avait un cou, le reliant au corps de dimensions relativement beaucoup plus considérables ; c'est la seule fois qu'on ait vu les ondulations se produire sans discontinuité: jusque là on pouvait croire que ce que l'on prenait pour elles étaient les bosses qui apparaissaient successivement ; mais de l'aveu de tous les témoins le doute n'est plus permis, car OQ avait vu avant qu'elles se produisent l'animal émergeant de toute sa longueur de la même quantité. Deux des ofïïciers présents possédaient un appareil photographique ; ils auraient pu s'en servir à ce moment, mais ils restèrent tellement surpris de ce qu'ils voyaient, que quand ils songèrent à braquer leurs appareils, l'animal plongeait pour ne plus reparaître que beaucoup plus loin dans des conditions moins nettes et défavorables à la prise d'un cliché. » En résumé, les animaux aperçus par V Avalanche ne sont pas connus. Leur longueur est d'environ 20 mètres (chiffre minimum), leur couleur grise et noire ; leur tête ressemble à celle d'un Phoque et leur corps est sujet à des ondulations quelquefois très accentuées ; enfin leur dos est couvert de sortes de dents de scie (3) : ce qui leur enlève toute ressemblance avec les Cétacés connus ; comme ces derniers, ils dévoilent leur présence par un soufïlement bruyant, mais ils ne lancent pas un jet d'eau aspirée auparavant comme les Baleines ; c'est plutôt leur respiration violente qui produit une sorte de vaporisation de l'eau, qui est projetée en pluie et non en (1) Toujours en 1898. (2) C'est bien cette ressemblance avec le Phoque qui est la plus probable pour la tête du Megophias. Oudemans fait avec juste raison remarquer que, si cette comparaison n'a pas été faite plus souvent, c'est parce que peu de personnes ont vu des Phoques. Le Serpent est plus connu et la forme très allongée du Megophias éveille tout de suite chez le profane le souvenir de ce Reptile. Mais M. Lagrksille qui nous a fourni déjà tant d'occasions de constater la parfaite exactitude de ses comparaisons, ne pouvait commettre une semblable erreur. (3) Il s'agit ici très probablement de la crinière qui étant mouillée et divisée en mèches, peu prendre de loin l'aspect que signale M. Lagrésille. SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 23 jet (1). Incontestablement ces animaux, connus et redoutés des Annamites, doivent avoir fourni l'idée du Dragon qui, modifié et amplifié par la légende, s'est si je puis m'exprimer ainsi, héraldisé pour former l'emblème national (2). » L'observation qu'on vient de lire est hautement intéressante à plusieurs points de vue. Elle présente d'abord toutes les garanties de véracité, qu'on peut trouver non seulement dans la personnalité de celui qui l'a faite, et qui en prend toute la responsabilité, mais aussi dans le nombre et la qualité des témoins qui accompagnaient M. TyAGRÉsiLLR. Même si nous ne possédions pas ces arguments favorables, nous serions amenés à la croire véridique par la ma- nière simple et sérieuse dont elle est rendue, et par les comparai- sons si naturelles qui y sont consignées. Cette observation est encore hautement importante par le fait qu'elle vérifie complète- ment les conclusions d'OuoEMANs, chose que j'ai déjà relevée. J'ai essayé naturellement de savoir si M. Lagrésille ne pourrait nous donner des renseignements complémentaires. M. le prési- dent Bavay a bien voulu rechercher l'adresse actuelle de M. Lagré- sille et lui écrire. Voici des extraits de la réponse que cet officier distingué nous a très obligeamment envoyée le 10 janvier 1903 : « Je m'empresse de vous répondre, mais malheureusement je ne peux guère vous donner de renseignements plus précis que ceux publiés par le Courrier d'Haïphong. A ce moment les souvenirs étaient très-précis et la description des animaux aperçus par VAralanche était le résultat des observations des officiers du Baijard présents à bord la dernière fois que j'ai aperçu le fameux Dragon, avec cette restriction que je vous ai déjà faite, je crois, que la tête de l'animal, tout en ressemblant comme aspect à celle d'un Phoque, était beaucoup plus volumineuse que ne l'indique le Courrier d'Haï- phong. Je ne possède plus l'article en question et si vous avez quelques détails complémentaires à me demander, je suis entière- ment à votre disposition. Aujourd'hui je craindrais de me laisser entraîner par l'imagination. . . . .... Cependant, j'ai revu depuis plusieurs des officiers qui (1) Ce passage donne encore plus de poids à ce que j'ai dit dans la note 3, p. 21. (2) Combien il serait intéressant d'avoir des renseignements sur les traditions dos Annamites sur le Méqophias! Une enquête à ce sujet serait du plus haut intérêt; je ne sais pourtant pas si la théorie de M. Lagrésille sur l'origine du mythe du Dragon, si répandu chez les peuples mongols, y recevra sa solution. Je me garderai bien de me mêler d'une question qui regarde surtout l'Ethnographie, science pour laquelle je suis forcé de décliner ma compétence. 24 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 étaient avec moi le jour où nous avons aperçu un Dragon pour la dernière fois et tout dernièrement j'en causais encore à Cherbourg avec le Commandant Joannet qui commandait alors le Hayard et qui était présent. » (M. Lagrésille raconte ensuite qu'invité à une réception que donnait l'amiral de la Bédolière en l'honneur de M. Doumer, gou- verneur général de l'Indochine, il fut sollicité de faire le récit de sa rencontre avec le Dragon, et que l'auditoire se montra fort sceptique). « . . .C'est le lendemain qu'ayant convié les officiers du Bayard à visiter l'Archipel de Faï-tsi-Long, si curieux à tous les points de vue, on vint nous prévenir pendant le déjeuner que deux des animaux en question étaient en vue. Tout le monde se précipita sur le pont et assista à la chasse que je leur donnai. De retour à bord du Bayard, le commandant Joannet, qui était de la partie, mit l'amiral de la Bédolière au courant de ce qu'il avait vu. Ce dernier m'écrivit alors une lettre, que je possède encore, où il me disait qu'il faisait amende honorable et ne doutait plus de ma véracité, de plus qu'il avait télégraphié au gouverneur général à Tourane pour l'in- former que (( dix officiers, dont le commandant du Bayard, se trou- vant à bord de V Avalanche, avaient aperçu deux spécimens de l'animal tant plaisanté. » De plus il me faisait part de son intention d'organiser avec le concours des canonnières et des canots à vapeur, une grande battue pour essayer d'acculer un de ces animaux dans une fosse où il échouerait à marée basse et où l'on pourrait s'en rendre maître. Les événements de Quang-chou-Wangne lui permi- rent pas de mettre ce projet à exécution et moi-même depuis je ne rencontrai plus de Dragon. (( . . .Je reste donc convaincu que j'ai bien aperçu un animal tel qu'il est décrit dans l'interview du Courrier d'Haïphong. » Outre les documents qui précèdent, j'ai la bonne fortune de pou- voir publier des extraits d'une lettre de l'un des officiers du Bayard qui a assisté à la chasse donnée par M. Lagrésille au grand Serpent de mer le 24 février 1898. Cette lettre m'a été communiquée par M. le Dr Neveu-Lemaire, notre confrère, qui, sollicité par moi, a bien voulu s'adresser à son cousin, M. de Ligny, pour lui demander si réellement il possédait une photographie de notre animal, comme cela m'avait été rapporté. Comme on le verra, une pareille photo- graphie n'a pu, malheureusement, être faite, mais la demande nous a valu une intéressante contribution à la connaissance du Megophias, complétant et confirmant les descriptions publiés plus haut. SÉANCK DU 13 JANVIER 1003 2tS Voici donc les extraits de la lettre, envoyée le 8 février, par M. de Lir.NY, auxquels j'ajoute quelques commentaires en notes : «... J'ai vu en effet ce que nous appelâmes alors le « grand Serpent » mais je ne l'ai pas photographié. Les épreuves qui ont été essayées par un lieutenant de vaisseau, maintenant démis- sionnaire, nommé Buisson, n'ont donné aucun résultat. L'appareil était trop petit, la bête trop loin, et ses mouvements trop imprévus. Je ne suis donc servi maintenant que par mes souvenirs que je tâcherai de rappeler de mon mieux, si cela peut vous être agréable, mon cher cousin. » Nous étions donc un certain nombre d'officiers, embarqués comme passagers sur une petite canonnière du fleuve Rouge, appe- lée VAvnlanchey et nous allions visiter un canal souterrain fameux au temps de la piraterie. Nous venions de la baie d'Along et nous entrions dans la baie de Phai-Tsi-Long quand nous avons aperçu l'animal en question. An premier abord il nous sembla un vulgaire Cétacé, la rotondité de ses formas, le souffle qu'il exhalait, ses appa- ritions et disparitions, tout nous portait à le croire. A cause de notre faible vitesse nous ne pûmes manœuvrer suffisamment pour le joindre, d'autant plus que ses mouvements étaient assez irrégu- liers et sa route variable. )) Nous ne le vîmes qu'une seule fois de près et le doute ne fut plus permis. La bête se présentait sous l'aspect suivant : un corps gros, noir, rond comme celui d'un gros Cétacé, puis une partie sinueuse n'émergeant pas complètement, mais paraissant relier le corps à la tête (1). Cette dernière assez forte, continuant le cou, plutôt de forme ov.'ile, et percée de deux trous béants (2). Enfin une sorte d'épine dorsale rap])elant les dents de scie (3). » Comme je vous l'ai dit, par suite de sa mobilité, plutôt que de (1) Cette description concorde parfaitement avec la figure que j'ai reproduite plus haut. La partie « sinueuse » est le cou, très long, exécutant les mouvements caractéristiques de l'animal. L'observation très nette de M. de Ligny permet donc de rapporter à celte partie du corps les croquis publiés par diftéronts auteurs, et qui représentent un corps « serpentiforme » animé de mouvements ondulatoires, « sinueux » suivant l'expression heureuse de M. de Ligny. Le corps proprement dit doit exécuter aussi des mouvements semblables, quand l'animal nage, seulement les ondulations doivent être moins marquées et par conséquent attirer moins l'attention. (2) Ces « trous » sont certainement les narines qui, comme chez les Phoques, doivent être hermétiquement closes dans l'intervalle entre deux respirations, mais très largement ouvertes pendant rin<;piration. (3) Il s'agit ici, comme pour l'ojjscrvation de M. Lagrésille, d'une apparence due très probablement A une crinière mouillée et divisée en mèches. 26 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 sa vitesse propre, nous ne pûmes le joindre de très près; mais tous les signes dont je vous parle nous apparurent distincts. ... Je suis heureux de voir qu'on s'occupe sérieusement de cette question très curieuse ; je suis très incompétent en la matière, mais ce que je puis vous affirmer en toute bonne foi et dégagé de toute illusion de mes sens, c'est que j'ai certainement vu là une bête, inconnue jusqu'à ce jour ». Je crois qu'après la lecture des documents précédents, les per- sonnes les plus difficiles à convaincre seront forcées de convenir que le rapport de M. Lagrésille présente toutes les conditions dési- rables de véracité. Un point est finalement à relever: c'est que le We^op/î/as- paraît être abondant dans cette région des côtes du Tonkin, qui porte le nom générique de baie d'Along, et qui est célèbre par ses beautés natu- relles. Cette baie est un complexe d'îles innombrables, séparées par des canaux étroits et profonds, creusés dans le calcaire; d'après les descriptions que j'ai lues, cette région paraît avoir une faune d'une richesse extraordinaire et cela s'explique par le grand nombre de bassins d'eau calme, de grottes sous-marines, de tunnels naturels formant l'entrée de cirques en partie submergés, qui constituent de véritables aquariums où les Algues se multiplient avec vigueur et où les animaux pullulent. Ayant relevé en séance ce fait de la fréquence probable du Megophias dans ces régions, la Société Zoologique de France a jugé qu'il serait bon d'envoyer une notice sur l'animal aux officiers de marine qui fréquentent ces régions, pour attirer leur attention et leur faciliter l'observation d'un être si intéressant à tant de titres. D'où la longueur que j'ai donnée à cette note, qui certes en d'autres cas ne comporterait pas tant de développement. De là aussi résulte cette partie finale qui contient quelques conseils que je me permets d'adresser aux officiers et voyageurs qui auront la chance de rencontrer le grand Serpent de mer. Généralement, le premier mouvement de l'observateur, surtout lorsqu'il a des canons à sa disposition, est de tirer sur l'animal qu'il voit, tout en le poursuivant à grande vitesse. Je suis absolu- ment persuadé que cette méthode est la plus mauvaise qu'on puisse choisir, car elle ne peut donner aucun résultat. Le megophias, comme tous les Mammifères marins (excepté la Baleine franche) ne doit se maintenir à la surface qu'en nageant: il doit couler une fois mort. Il est donc absolument inutile de tirer SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 27 sur le Serpent de mer, puisque, même si on le tue raide, on ne pourra se procurer son cadavre. On ne doit chercher à le tuer que lorsqu'il se trouve sur un bas fond et le cas ne doit pas se présenter souvent. Pour capturer les gros Mammifères marins, il faut les amarrer d'abord et les tuer ensuite, et cela n'est possible à exécuter qu'avec un canon porte-harpon. xMalheureusement, seuls les navires baleiniers en sont pourvus. On a vu que le Serpent de mer est un animal fort timide, donc en le poursuivant à toute vitesse et en mettant le cap dessus on est certain de le faire disparaître. Il faut au contraire tâcher de l'appro- cher doucement et ne pas se diriger directement sur l'endroit où il se trouve, mais décrire autour de cet endroit des courbes de plus en plus rapprochées. Je crois aussi qu'il sera difficile de l'observer de près avec un grand bateau, qui efïraie toujours les grands animaux marins ; il vaut mieux, lorsqu'on est assez près, faire armer un canot. En général (la chose est certaine pour les Cétacés) le canot n'effraie pas les grands animaux. Il n'est pas douteux que la capture du grand Serpent de mer ne soit un important événement scientifique, mais cette capture, comme nous l'avons vu, est presque impossible à espérer d'un bateau de commerce ou d'un navire de guerre ayant son armement habituel. Il sera donc plus utile, et encore très intéressant, pour ces sortes de bateaux de se contenter d'approcher l'animal le plus pos- sible et de prendre des photographies, croquis e\ observations en aussi grand nombre que faire se pourra. En résumé, voici ce que je conseille : 1° Il ne faut attaquer le Serpent de mer que s'il se trouve sur un bas fond et dans une baie peu profonde ou si l'on possède un canon porte-harpon. 2° Dans les autres cas, il faut tâcher de l'approcher le plus possible en faisant marcher le bateau silencieusement, doucement, et en décrivant autour de l'endroit où se trouve l'animal des cercles concentriques de plus en plus petits ; si l'on a pu l'approcher assez près, à un 1/2 mille par exemple, il faut abandonner la poursuite avec le bateau et la continuer en canot, chose qui n'offrira aucun danger. 3" Il faut prendre le plus de photographies, de croquis et de notes possibles. 4° Sont surtout importants les renseignement suivants : 28 SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 A. La forme de ia tête (la comparer avec celle d'un animal bien connu de l'observateur.) B. La nature de la peau (voir si l'animal a des écailles, des poils ou une peau lisse.) C. La présence ou l'absence de crinière. D. L'existence de pattes nageoires, leur forme et leur nombre s'il y a lieu. E. Les rapports de longueur du cou, de la tête, du tronc et de la queue, avec la longueur totale. F. L'endroit par où l'animal respire (si c'est par les narines, comme chez les Chiens ou les Chevaux, ou si c'est par le sommet de la tête comme chez les Baleines). Si l'animal est tué ou si l'on trouve un cadavre échoué, il faut : \° Le photographier ou le dessiner dans toutes les positions. 2° Prendre les dimensions suivantes : (je n'indique que les plus importantes). A. La longueur comprise entre l'extrémité du museau et l'extré- mité de la queue. B. La longueur comprise entre l'extrémité du museau et le coin antérieur de l'œil. C. La longueur comprise entre l'extrémité du museau et le coin de la bouche. D. La longueur comprise entre l'extrémité du museau etl'extré mité du membre antérieur. E. La longueur comprise entre l'aisselle et l'aine. F. La longueur comprise entre l'extrémité de la queue et l'anus. G. La longueur des membres antérieurs et postérieurs d'un côté , H. La circonférence de la tête à la hauteur des yeux. I. » du corps à la hauteur de l'aisselle. J. » du cou au milieu. K. )) du corps à la hauteur de l'aine. L. )) de la queue à la base. 3° Sont à noter, outre les points indiqués comme importants à observer sur l'animal vivant : le nombre des doigts des pattes, la couleur des différentes parties du corps et des yeux, la situation des narines, la forme et le nombre des dents en haut et en bas, la présence ou l'absence d'oreilles, le nombre et la situation des ori- fices sur le ventre, la présence et le nombre des mamelles, la forme de la langue. Tout ce qu'on pourra rapporter du grand Serpent de mer sera SÉANCE DU 13 JANVIER 1903 29 hautement intéressant, mais la dissection et le transport d'un animal aussi grand présente de multiples diiïicultés, aussi vais-je indiquer dans l'ordre d'importance, les matériaux nécessaires pour résoudre scientifiquement le problème de la nature du Megopliias. 1° Le crâne ; 2» Le squelette des pattes; 3" Des vertèbres isolées du cou, du dos et de la queue prises en plusieurs endroits ; 4<^ Le squelette entier; 5" Les viscères (cerveau, cœur, reins, ovaires ou testicules, etc.); 6" La peau. J'ai bien volontairement inscrit la peau en dernier lieu, parce que, contrairement à l'opinion des profanes, c'est la partie du corps qui donne le moins de renseignements scientifiques. Et maintenant il ne me reste qu'à souhaiter bonne chance à ceux que les pages précédentes auront incité à rechercher et à poursuivre le grand Serpent de mer. Je profite aussi de l'occasion pour me mettre à la disposition de ceux qui voudront bien s'adresser à moi pour des renseignements complémentaires. 30 Séance du 27 Janvier igo3 PRÉSIDENCE DE M. BAVAY, PRÉSIDENT MM. Alluaud et Petit s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. le professeur Bouvier, nommé Ciievalier de la Légion d'Honneur. MM. Kœhler et J. Richard présentent M. Vaney, docteur ès-sciences, chef des travaux de zoologie à la Faculté des sciences de Lyon. M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts annonce que le 41<= Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à Bordeaux le mardi 14 avril 1903. La Société délègue MM. Gruvel, Rùnstler et de Nabias pour la représentera ce congrès. MM. Certes et Vignal sont nommés membres de la commission de vérification des comptes. La Société décide qu'une lettre de félicitations sera adressée à M. le professeur Zograf en l'honneur de son jubilé scientifique. M. le Secrétaire général donne lecture d'une communication de M. Alluaud sur la présence dans le lac Victoria Nyanza d'un monstre assez semblable au « Grand Serpent de mer ». A la suite de cette communication, M. Ragovitza donne le résumé d'un travail du D"" P. OIsson sur un monstre analogue observé dans le lac Storsjô. Il ajoute toutefois que les observations recueillies ne sont pas toutes très concordantes et sont loin d'entraîner la convic- tion. Il remercie M. le professeur R. Blanchard, qui lui a prêté ce travail. M. le Dr GuiART présente un cas curieux de pseudo-parasitisme. Il s'agit d'un corps trouvé dans les matières vomies par une femme et ressemblant à la cuticule d'une larve de Mouche ou d'un fragment de Myriapode. Or, selon toute évidence, il s'agit simplement d'un fragment d'épiderme de patte de Poulet dont les grandes plaques épiderraiques simulent des anneaux d'Arthropodes, I SÉANCP DU 27 JANVIER 1903 31 COMPLÉMENT A LA COMMUNICATION DE M. RACOVITZA SUR LE GRAND SERPENT DE MER PAR CH. ALLUAUD Les Océaus salés ne sont pas seuls à posséder des légendes sur ces grands animaux qui viennent de prendre définitivement place dans la Science. Voici eneflet le renseignement que je trouve dans un récent et important ouvragede sir Harry Johnston sur l'Ougan- da (i) dont il était encore récemment le Gouverneur général. Après avoir parlé d'un groupe d'îles légendaires qui existerait au centre de l'immense Lac Victoria-Nyanza (2) dont les grands ayes N-S et E-0 n'ont jamais été parcourus en raison des terribles et fréquents cyclones qui sévissent dans cette région, sir H. Johns- ton ajoute : « Il existe aussi parmi les indigènes une légende persistante » que les eaux du Victoria-Nyanza sont habitées par un monstre » (connu des habitants de l'Ouganda sous le nom de « Lukwata ») » Cet animal, d'après les récits des indigènes, peut être soit un » petit Cétacé, soit une grande espèce de Lamentin, ou plus proba- )) blement un Poisson gigantesque. Toutefois, un seul Européen a » pu apercevoir cette créature. Sir Clément Hill, traversant le lac » en 1900, sur une petite chaloupe à vapeur, fut presque chaviré » par quelque bète d'eau monstrueu.se qui parut avoir une grande » tête de forme quandragulaire ressemblant à celle d'un Poisson. Cela n'a pas encore la précision des récits de nos officiers de marine dans la baie d'Along, mais le fait m'a paru digne d'être signalé à la suite de la si intéressante communication de M. Racovitza. (1) Johnston (Sir Harry). The Uganda Protectorate, London 1902, 2 vols. — Voir Tome I, p. 79, le passage traduit. (2) Le Lac Victoria-Nyanza semble être la plus grande masse d'eau douce du globe. Sa superficie est d'environ 83.000 kilom. carrés. Ses grands axes ont : en longueur (N.-S. près de 450 kilom., en largeur, E.-O. environ 370 kilom. Son altitude est d'environ 1200 m. au dessus du niveau de l'Océan Indien dont il est distant de près de 700 kilom. Les sondages connus ont tous été efïectués à proximité des côtés et n'ont pas accusé de profondeurs supérieures à 100 mètres, mais il se peut que le centre soit très profond. 32 Séance du lo Février igo3 PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE-PRÉSIDENT MM. Certes, Dautzenberg et Trouessart s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. Rol- LiNAT, nommé Officier de l'Instruction publique, et à M. deRudeval, nommé Officier d'Académie. M. Vaney, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. MM. R. Blanchard et J. Guiart présentent M. L. Tassin de Villiers, demeurant 7, boulevard de Versailles, à Saint-Gloud (S.-et-O.) MM. R. Blanchard et Brôlemann présentent M. le professeur E.-A. GcELDi, Directeur du Musée Gœldi, demeurant 399, caira do Correio, au Para (Brésil). A la suite d'une demande signée par MM. R. Blanchard, J. de Guerne, J. Guiart, E. Hérouard, Racovitza et Schlumberger, les membres présents proclament M. le professeur Zograf, de Moscou, Membre de la Société Zoologique de France, et décident que la noti- fication lui en sera faite sans retard, de manière à lui parvenir pour son jubilé scientifique, qui a lieu le 15 février. M. Racovitza donne lecture d'une lettre du lieutenant de Ligny, qui était également sur YAw.lanche et dont le récit confirme entiè- rement la description faite du grand Serpent de mer par M, Lagré- sille. M. Alluaud, comme suite à sa précédente communication, indique que le monstre du lac Victoria-Nyanza est vraisembla- blement un des Lamentins si fréquents dans diverses régions de l'Afrique et en particulier dans les rivières du Haut-Congo. I ■ SÉANCE DV 10 FÉVRIER 1903 33 DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPÈCE DE BRYOZOAIRE CTÉNOSTOME DU GENRE ALCYONIDIUM LAMOUROUX {A. BRUGEI) PAR LOUIS CALVET, Sous-Directeur de la Station zooloj^ique de Cette. Le Dr J. Richard, directeur du Musée océanographique de Monaco, a bien voulu me communiquer, au nom de M. W. S. Bruce, cinq écliantillons d'une espèce animale qui demeurait indéterminée dans les collections que ce dernier avait recueillies à bord du « Blencathra » à M. Andrew Goat. Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de l'annoncer au D^ Richard après un examen superficiel, ces échantillons sont bien des Bryozoaires et appartiennent au genre Alcyonidium Lamouroux du sous-ordre Ctenostomata Busk ; ils constituent une espèce nouvelle, très caractérisée, à laquelle je suis heureux d'attacher le nom de M. Bruce, géographe distingué et un des plus intrépides explorateurs de la zoologie marine. L'Alcyonidium Brucei a été dragué le 13 juin 1898, de 10 heures à 11 heures du soir, à 2 milles au large de l'île Kolguer, au N. de la Russie, par 12 à 15 mètres de profondeur (7-8 fathoms). Ces échantillons possèdent la forme d'une coupelle dont le fond est occupé par un orifice plus ou moins régulièrement circulaire (fig. 1 et 2). De tailles différentes, ces colonies mesurent : la plus grande, 21 millimètres de diamètre supérieurement, 5 millimètres de diamètre intérieurement et 7 millimètres de profondeur ; la plus petite, 16 millimètres de diamètre supérieurement, 3 milli- mètres de diamètre inférieurementet 4 millimètres de profondeur. La coloration générale est grise, légèrement jaunâtre, avec le bord supérieur plus foncé formant une sorte de liseré brun, très étroit, passant insensiblement à la teinte générale. A l'œil nu, la surface des colonies, tant à l'intérieur de la coupelle qu'à l'extérieur, se montre très finement granuleuse, aspect dû à l'existence d'une infinité de petits grains de sable, très fins, que l'on ne découvre qu'à l'aide de la loupe ou, mieux encore, sous le microscope, et qui revêtent d'une manière à peu près complète les deux faces du bryarium. Enfin, à la face inférieure des coupelles, et à 2 ou 3 mil- limètres du bord inférieur, on constate, en maintenant les colonies dans le liquide conservateur, la présence d'un chevelu rrès délicat, Bull. Soc. Zooi. de Fr., 1903. xxviii. — 5 ] 34 SÉANCE DU 10 FÉVVRIER 1903 distribué sur une zone circulaire assez rétrécie, et dont la longueur variable atteint jusqu'à 4 millimètres (fig. 1, /)•), Lorsque, sans préparation préalable, on soumet un fragment de colonie, un secteur, à l'observation microscopique, on ne remarque sur les deux faces que l'existence d'une multitude de grains de sable, étroitement serrés les uns contre les autres, et, çà et là, sur la face convexe ou inférieure, quelques taches brunâtres : c'est /^^ /^a l Fig. 1. — Alcyonifliutn Brucei L. Calvet. — Une colonie vue de profil, grandeur naturelle ; — Fig. 2. Id. La même colonie observée normalement k la face dorsale ; grandeur naturelle ; — Kig. 3. Id. Quelques zoécies, face frontale, X 35 ; — Fig. 4. Id. Quelques zoécies, face dorsale, x 35. tout ce qu'il est permis d'observer. Toutefois, au niveau du bord supérieur, l'opacité est moins grande et on peut y distinguer une subdivision en petites loges polyédriques, dont la face externe, convexe, donne un contour sinueux très régulier au bord propre- ment dit. Il est nécessaire, pour aller plus loin dans les recherches sous le microscope, de se livrer à un balayage très minutieux, au pinceau, qui débarrasse plus ou moins complètement les deux faces du bryarium de son revêtement de sable. Il ne faut pas songer aux acides ordinaires, car, de nature siliceuse sans doute, les grains de sable restent intacts et en place. Une fois le balayage opéré, il n'y a plus qu'à éclaircir la préparation avec une essence quelconque. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1903 35 OU simplement à la glycérine, pour pouvoir étudier la morphologie externe de cette espèce qui est assez curieuse. Et d'abord, on constate que les bryozoïdes sont disposés sur un seul plan, les orifices zoéciaux étant tous situés à la face inférieure de la colonie, c'est-à dire sur la face convexe de la coupelle. Ce fait est assez remarquable et n'a été encore signalé, à ma connaissance, que chez une seule espèce d'Alcyonidium, VA. excavatum Hincks (1); partout ailleurs, en efïet, lorsque la colonie est à port dressé, les bryozoïdes sont distribués sur toutes les faces du bryarium, quelle que soit la forme de celui-ci. 11 y a donc dans une colonie d'.4. Brucei une face frontale portant les orifices zoéciaux et correspondant à la face extérieure ou convexe de la coupelle, et une face dorsale occupant la face interne ou concave de la coupelle. La face frontale se montre découpée en espaces assez régulière- ment hexagonaux (fig. 3), à angles arrondis, délimitant les bryo- zoïdes, et au centre desquels se trouve uneéminence conique, plus ou moins saillante, portant à son sommet l'orifice zoécial qui est cir- culaire et très plissé. Celui ci a une coloration brune, tranchant sur le reste de la frontale zoéciale qui offre une très légère teinte jaune et dont la surface est unie. Dans la région du chevelu, la paroi frontale de la zoécie porte un ou deux appendices tubulaires, dont le diamètre varie de 0 a 62 à 2 ;x 5, sorte de filaments radicellaires à l'aide desquels la colonie se fixe dans les fonds sablo-vaseux dans lesquels elle doit vivre, sans aucun doute (fig. 3, fr). Dans les autres points de la frontale coloniale, il existe encore sur certaines zoécies, çà et là, de semblables filaments, mais d'une longueur beaucoup plus réduite, toujours situés vers les bords de la zoécie. Sur la face ventrale de la colonie, les limites zoéciales ne scmt plus aussi distinctes que sur la face frontale; elles circonscrivent encore des espaces hexagonaux dont la figure ne correspond pas à celle des limites frontales, ils sont beaucoup plus allongés dans le sens radial de le colonie (fig. 4). Chaque bryozoïde porte de six à dix paires d'appendices tubulaires, assez courts, à surface finement verruqueuse, d'un diamètre assez irrégulier, disposés de part et d'autre du grand axe (fig. 4, fr'), et soulevant à leur origine la paroi zoéciale de manière à simuler un canal latéral dans lequel chaque série viendrait aboutir. Ces appendices ne doivent être considérés que comme des organes destinés à suppléer à l'insuffi- sance des échanges osmotiques entre le liquide de la cavité (1) T. Hincks, Polyzoa from Barents Sea Ann. and Mag. of. Nal. Hisl., o'sér., VI, 1880, p. 284, pi. XV, fig. 8 et 9. 36 SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1903 générale du bryozoïde et le milieu extérieur, échanges que la présence d'une couche presque uniforme de sable sur les deux faces du bryarum rend à peu près impossible à travers l'ectocyste pariétal, soit ventral, soit frontal. Enfin, par transparence, on voit au dessous de la paroi zoéciale ventrale une série de fibres musculaires transversales, rapprochées les unes des autres et lui donnant un aspect scalariforme des plus frappants ; elles relient entre elles les parties marginales de l'ectocyste ventral du bryo- zoïde, mais non les parois latérales de ce dernier. Afin de préciser davantage mes observations morphologiques sur cette espèce, j'ai débité en coupes une partie d'un échantillon ; mais, par suite d'une mauvaise fixation sans doute (les échantillons étant simplement conservés dans l'alcool faible), il ne m'a pas été permis d'étudier convenablement l'anatomie du bryozoïde. Le polypide qui possède tantôt seize, tantôt dix-huit tentacules, est très grand ; il est surtout caractérisé par un œsophage très long, aboutissant dans un estomac spacieux. Les appendices tubulaires dorsaux m'ont paru être de simples évaginations de la cavité générale, dans laquelle ils s'ouvrent largement et sans pore de communication, contrairement à ce qui a lieu pour les filaments radicellaires de la face frontale. Sur ces différents caractères on peut établir la diagnose suivante : Bryarium cupuliforme, gélatinoïde, d'un gris jaunâtre, à surface entièrement recouverte de très fiues particules de sable, et ne com- prenant qu'une seule couche de zoécies dont la face frontale corres- pond à la convexité de la coupe, tandis que la face dorsale en forme la concavité. Des filaments radicellaires disposés suivant une zone circulaire sur la face externe de la coupe, fixent le bryarium au sol sous-marin. Bryozoïdes polyédriques, à base frontale, distincte et presque régulièrement hexagonale, mais à base dorsale peu marquée dans son contour, et de forme hexagonale très allongée, presque losan- gique. Parois, frontale et dorsale, lisses : la frontale portant une saillie conique, plissée, centrale ou sub-centrale, au sommet de laquelle s'ouvre l'orifice zoécial, circulaire et fortement brunâtre; çà et là, un ou deux filaments radicellaires, beaucoup plus nom- breux sur les bryozoïdes de la base inférieure du bryarium ; la ventrale portant deux séries latérales d'appendices tubulaires, courts, à surface légèrement verruqueuse, et au nombre de six à dix dans chaque série. Polypide pourvu de seize ou de dix-huit tentacules, d'un œsophage très long et d'un estomac spacieux. 37 Séance du 2 0 Février igo3. DIXIÈME ASSEMBI.ÉK GÉNÉRALE ANNUELLE PRÉSIDENCE DE M. SCHLUMRERGER, PRÉSIDENT D'HONNEUR, ET DE M. LE D' J. RICHARD, PRESIDENT. Sont présents : MM. Âlluaud, Bavay, De Beauchamps, Beau- clair. R. Blanchard, Certes, Clément, Darboux, Desalle, A. DoUfas, G. Dollfus, Dubar, Duboscq, M'io Fedorov, MM. Field, François, Gadeau de Kerville, Gruvel, Guiart, Hérouard, Hérubel, Hich, Joubin, Lennier, M'i^ Loyez, MM. Moniez, Neumann, M"»^ Pepper- dine, MM. Petit, Pizon, Polaillon, Portier, Racovitza, J. Richard, Robert, Rotrou, Ryckaert, Schlumberger, Secques, Semichon, Vip:nal. MM. Chevreux, Daiitzenberg, Gadeau de Kerville, A. Labbé, Neveu-Lemaire, Pic, X. Raspail, Trouessart et Vian s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président d'Honneur adresse les félicitations de la Société à M. H. -H. Field, nommé assistant honoraire au Musée zoologique de Harward Collège, à Cambridge (Mass.) et à M. le professeur Joubin, nommé doyen de la Faculté des sciences de Rennes. M. ScHLUMBKHGER, Président d'Honneur, ouvre la séance et souhaite la bienvenue aux membres de province présents à la séance. M. le D' J. Richard, Président, prononce le discours suivant : « Mesdames, » Cher Président d'Honneur, » Messieurs, » Suivant les instructions expresses, j'ai l'honneur d'exprimer à la Société les remerciements de S. A. S. le Prince de Monaco en même temps que ses regrets les plus vifs de n'avoir pu accepter la présidence d'honneur de cette séance, à cause des obligations qui le retiennent actuellement loin de Paris, le Prince s'intéresse toujours beaucoup à notre Société dont plusieurs membres sont au nombre de ses meilleurs collaborateurs. )) Je suis tout particulièrement heureux de remplir aujourd'hui es fonctions auxquelles vous avez bien voulu m'appeler. C'est 38 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 qu'ainsi l'occasion s'offre naturellement à moi d'être l'interprète de la Société Zoologique de France tout entière, en remerciant notre excellent collègue M. Shlumberger, d'avoir accepté la prési- dence d'honneur de notre dixième Assemblée générale annuelle. » Je crains seulement de ne pouvoir mettre suffisamment en relief ses qualités et ses mérites, surtout devant vous qui le con- naissez tous si bien. » Notre Société devait bien ce témoignage de reconnaissance, et aussi d'affection, à celui qui, depuis treize ans, n'a pas cessé, non seulement d'en gérer les intérêts financiers avec la plus grande habileté, mais qui, encore, n'a jamais laissé passer une occasion de contribuer à sa prospérité. » Venu parmi nous en 1886, vous faisiez dès l'année suivante partie du Conseil, car vos qualités avaient été bien vite connues et remarquées ; on les connaissait même depuis longtemps. )) En 1889, vous étiez élu trésorier, et vous acceptiez ces fonc- tions pour le plus grand bien de notre Société. Mais les services que vous lui avez rendus dans l'exercice de ces fonctions ne sont pas les seuls qui méritent notre gratitude. » Avec plusieurs de nos collègues, vous avez, comme délégué de la Société Zoologique de France, contribué au bon renom de notre Société à l'étranger pendant les Congrès internationaux de Zoo- logie. Nous ne devions pas oublier que l'honneur qui s'attache à la fondation de ces Congrès revient à la Société Zoologique de France, grâce à l'initiative de notre dévoué Secrétaire général honoraire, le professeur R. Blanchard, de notre regretté président d'honneur A. Milne-Edw^ards. Nous n'oublions pas non plus la part qui vous revient dans cette œuvre dont le développement et le succès constants ont montré l'utilité. Dans tous ces Congrès, comme ailleurs du reste, votre loyal caractère, votre franche cor- dialité, votre gaieté commuuicative et de bon aloi, la sympathie que vous inspirez, vous ont gagné de nombreux amis et des amis à notre Société. » En 1896, vous fîtes partie, avec MM. Blanchard, Chaper, FiLHOL et de Guerne, de la Commission chargée d'élaborer les nouveaux statuts de la Société en vue de sa reconnaissance d'uti- lité publique. 11 s'agissait là d'une question très importante pour la prospérité et le développement de la Société Zoologique. » Il faut croire que, cette fois, les mesures avaient été bien prises par la Commission et que les finances étaient bien administrées, SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 39 par vos soins, puisque celte reconnaissance d'utilité publique, tant désirée, était accordée quelques mois après la demande. » Mais je ne puis vraiment continuer l'énumération des motifs qui ont incité la Société à vous ofirir la Présidence d'honneur. Ils sont trop nombreux. Je dois cependant en citer encore un parce qu'à mon avis, il est de la plus grande importance. Une Société scientifique ne vaut guère que par ses publications ; elle doit être reconnaissante envers ceux de ses membres qui lui apportent des travaux et d'autant plus que ces travaux sont plus importants. Or, notre Bulletin et nos Mémoires contiennent de nombreuses publi- cations de vous. A peu près toutes se rapportent aux Foraminifères, branche de la zoologie dans laquelle vous faites depuis longtemps autorité, et que vous connaissez à fond, ayant étudié non seulement les formes vivantes, mais encore les innombrables espèces fossiles. La reproduction et surtout le dimorphisme curieux de ces orga- nismes inférieurs vous ont fourni le sujet d'observations très inté- ressantes. » Vous avez décrit un grand nombre de formes nouvelles de ces êtres bizarres ; vous avez étudié leur distribution géographique ; c'est vous qui avez fait connaître les récoltes de Foraminifères pro- venant des dragages du Travailleur, du Talisman, de l'Hirondelle et de la Princesse Alice, dans les grandes profondeurs de l'Atlan- tique ; il en est de même pour des Foraminifères de provenances les plus diverses, soit des régions arctiques, soit de l'équateur. » Les résultats de toutes ces études, vous les avez donnés à nos publications, réservant à la Société Géologique vos nombreux travaux sur les Foraminifères fossiles. » Sorti de l'École polytechnique, vous avez fait votre carrière parmi les ingénieurs de la marine ; c'est un corps qui fournit un nombre plutôt restreint de zoologistes et vous êtes certainement un des meilleurs exemples de ce que peut la passion de la science. L'amour de l'histoire naturelle vous a saisi, et, sans consécration officielle, après avoir acquis seul les principes nécessaires de la zoologie, vous êtes arrivé à vous créer une situation très élevée dans une branche de cette science, avec la satisfaction de la posséder complètement et de voir votre compétence unanimement reconnue. » Les honneurs et les distinctions de toute sorte ne vous ont pas manqué. Je suis sur que vous avez apprécié d'une façon toute particulière votre élection à la présidence de la Société Géologique de France. Aujourd'hui, la Société Zoologique de France, reconnais- 40 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 santé de tout ce que vous avez fait pour elle, vous donne la plus grande marque d'estime, de gratitude et d'affection dont elle puisse disposer. » MM. Tassin de Villiers et GœLDi, présentés à la précédente séance, sont proclamés membres de la Société. MM. G. Darboux et J. Guiart présentent M. Amédée Bonnet, préparateur à la Faculté des sciences, demeurant 21, place Belle- cour, à Lyon (Rhône). M. ViGNAL donne lecture de la comptabilité pour 1902. M. Certes donne lecture du rapport suivant sur les comptes du Trésorier pour l'année 1902. (( Messieurs et chers Collègues, » Conformément au vote émis par la Société dans une de ses dernières séances, nous avons procédé, M. Vignal et moi, à la vérification des comptes et de la comptabilité de l'année 1902. )) Les écritures sont tenues avec le plus grand soin et nous n'avons qu'à vous proposer l'approbation des comptes dontM. Vignal vient de nous donner lecture. » Vous me permettrez cependant d'ajouter un mot sur notre situation financière, qui s'est sensiblement améliorée depuis l'année dernière. » Les recettes, déduction faite du reliquat de 1901, s'élèvent à 9.7o6fr. 30 » Les dépenses ordinaires à 7.177 fr. 45 » Soit, en fin de compte, un excédent de recettes de. 2.578 fr, 85 qui s'élève à 2.834 fr. 38, si l'on y ajoute le reliquat de 1901 : 255 fr. 53. » Les cotisations recouvrées ont été de 6.580 francs. » Le chiffre des cotisations à recouvrer est encore assez élevé pour que je me fasse un devoir d'inviter les retardataires à se mettre en règle le plus tôt possible. » Les dépenses extraordinaires s'élèvent à 1,523 fr. et représen- tent les achats de valeurs effectués dans le courant de l'année, conformément aux prescriptions de l'art. IX de nos statuts. Y compris le montant de ces achats, notre fond de réserve atteint actuellement 15.471 fr. 56. » En définitive et déduction faite des 1,523 fr. ci-dessus, l'exercice 1902 se solde par excédent de 1,311 fr. 38. )) Vous vous rappelez. Messieurs, que le précédent exercice ne I I SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 41 s'osf équilibré que i^rAce à un don de 1,000 fr. fait par un généreux anonyme. Nous avons donc toutes raisons de nous féliciter d(!S résultats délinitifs de l'exercice 1902, et si je ne craignais d'éveiller les susceptibilités de notre Président d'honneur, je lui demanderais de mettre aux voix après l'approbation des comptes, des félicita- tions et de chaleureux remerciements pour notre Trésorier. » Ces conclusions sont adoptées à l'unanimité et saluées de chaleureux applaudissements. M. le Dr Richard offre à la Société, au nom de S. A. S. le Prince de iMoNACO, le XXIL' fascicule de sa publication Résultats des campa- gnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert I''', etc. Échan- tillons d'eau et de fonds provenant des campagnes de la Princesse- Alice (1901), par J. Thoulet, Monaco, 1902. M. ScHLUMBERGER, Président d'honneur, prie le D"" Richard de vouloir bien transmettre à S. A. S. le Prince de Monaco les remer- ciements de la Société pour ce nouveau don. M. le Secrétaire-Général annonce le prochain départ de M. le D' Neveu-Lemaire pour la Bolivie. M. le Secrétaire général annonce également, au nom de MM. Pruvôt et Racovitza, qu'une excursion scientifique aura lieu, pendant les vacances de Pâques, à Banyuls-sur-Mer et sur la côte voisine d'Espagne jusqu'à Barcelone. Elle comprendra deux par- ties : 1° séjour d'une semaine au laboratoire Arago, avec dragages et pêches diverses, scaphandre, visites des environs, herborisa- tions dans la montagne, conférences au laboratoire, etc. ; 2° excur- sion finale le long de la côte. Le Roland, vapeur au service du laboratoire, portera les excursionnistes le premier jour jusqu'à San-Féliu de Guixols, où l'on couchera, et le lendemain à Barcelone. Un des jours suivants, excursion au monastère du Mo«ntserrat et ascension du pic de San-Geronimo (1268 m.). Le retour à Banyuls aura lieu par chemin de fer. Départ de Paris le 4 avril et retour à Paris le dimanche soir 19 avril. Le prix total de l'excur- sion de Paris à Paris (voyage et nourriture compris) sera environ de 160 francs. On est prié de s'inscrire dès maintenant au labora- toire d'Anatomie comparée de la Sorbonne, le nombre des places à bord du Roland étant limité. .M. le D"" J. GuiART fait une communication sur un nouvel Infu- soire parasite trouvé par lui dans des matières dysentériformes. Il s'agit d'un Infusoire connu, le Chilodon dentatus (Dujardin 1841) 42 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 qui s'observe dans certaines eaux, mais s'adapte assez difficilement aux variations de milieux, à l'inverse d'un Infiisoire voisin le Chilodon cucuUulus. Son acclimatement dans le tube digestif de l'Homme est donc d'autant plus intéressant. Il porte à cinq le nombre des Infusoires parasites de l'intestin de l'Homme et c'est le premier Infusoire observé en France dans ces conditions. Le jeudi 26 février, à sept heures et demie du soir, les membres de la Société se sont réunis en un banquet au restaurant Champeaux, sous la présidence d'honneur de M. Schlumberger et sous la prési- dence de M. le D' J. Richard. Etaient présents : MM. Alluaud, Bavay, Beauclair, M. et M'n« R. Blanchard, M. Certes, M''e Chariot, MM. Clément, Dessalle, M. et iM^e Dollfus, MM. Dubar, Dyé, M^'^ Fédorofï, MM. Fockeu, Gadeau de Kerville, M^e Girodon, MM. de Guerne, J. Guiart, Hérouard, Hérubel, Ch. Janet, Joubin, Langeron, Lennier, H. Mar- tin, R. Martin, Moniez, Neveu-Lemaire, E. Olivier, M^e Peperdine, MM. Petit, Pizon, Portier, J. Richard, Robert, Rotrou, de Rudeval, Ryckaert, R. Sand, Schlumberger, M. et M^e Simon, MM. Ternier, Vignal, Vignon. S'étaient excusés : MM. Artault, Chevreux, Hecht, Oustalet, Trouessart et Vian. M. Schlumberger, Président d'Honneur, ouvre la série des toasts par le discours suivant : « Mesdames, Messieurs et chers Confrères. » Notre Secrétaire général pourrait vous dire qu'en m'informant de son intention de me proposer comme Président d'Honneur de notre 10* Assemblée générale, je me suis énergiquement récusé, ne me sentant pas à la hauteur de tant d'honneur. Votre Conseil en a jugé autrement et j'ai du me conformer à une si aimable et flatteuse décision. » Mais je puis vous avouer que c'était pour moi une cause d'embarras; je ne suis pas orateur et il est passé en usage que votre président vous gratifie d'un discours à la fin de nos agapes, sans doute pour faciliter la digestion. Mes savants prédécesseurs vous ont entretenu de leurs travaux ou de quelqu'importante question de la Zoologie moderne et je ne suis pas capable de les suivre dans cette voie. Aussi, me bornerai-je simplement à vous SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 43 parler d'une petite question de transformisme ou d'évolutionisme qui intéresse notre Société. » Vous êtes-vous quelquefois demandé comment se forme un Zoologiste ? Je ne parle pas des Zoologistes ofïiciels et de carrière qui ont passé par nos grandes écoles et nos laboratoires et qui sont devenus ou deviendront de savants professeurs et des membres de l'Institut, mais les Zoologistes non officiels, les Zoologistes laïcs, beaucoup plus nombreux et auxquels j'appartiens. Car nous possédons parmi nos confrères un gros bonnet de l'administration des Finances qui est à la poursuite des Infusoires et cherche actuellement les conditions de leur reviviscence et certes il réussira. Nous avons de grands industriels, dont l'un est devenu un malaco- logiste de premier ordre et a réuni une collection de Mollusques que lui envieraient les plus grands musées ; un autre qui vit dans l'intimité des Fourmis et a pénétré tous les secrets de leur existence ; un troisième qui a créé la plus merveilleuse collection de Lépidop- tères et leur a bâti une maison spéciale pour les abriter. Nous avons un ancien ingénieur de la Marine qui taquine aussi le Papillon et nous a fait dernièrement une intéressante conférence, dont vous vous souvenez; un aimable rentier qui étudie et connaît toutes les Araignées du monde — excepté peut-être celle qui habite nos plafonds — et beaucoup d'autre encore dans différentes positions sociales, des banquiers, des propriétaires, voire même des tètes couronnées. Ne serait-il pas intéressant de savoir comment tous ces confrères sont arrivés à devenir Zoologistes? Est-ce par atavisme, par l'influence des milieux ou par simple amour des êtres inférieurs? » Malheureusement, la réponse est malaisée à faire puisqu'elle implique des incursions dans la vie privée des intéressés. Je vous prierai donc de me pardonner si je me borne à un exemple personnel ; aussi bien, hier déjà, notre aimable président m'a mis en cause avec une bienveillance dont je lui suis fort reconnaissant. » Il y avait en 1838, dans ma maison paternelle, toute une petite ménagerie que mon père rapportait de ses voyages d'affaires au Havre et à Marseille : des Cacatoès, des Perroquets de différentes espèces, des Bengalis, des Faisans, des Poules sultanes de Mada- gascar, des Perruches ondulées que l'on venait d'introduire de l'Australie, des Tortues d'Abyssinie à plastron articulé, rapportées par un voyageur, oublié aujourd'hui. Hochet d'HÉuicouRT. C'était à une époque où Djibouti, le Harrar, Addis Abbaba n'étaient pas dans la conversation courante. Le gamin que j'étais alors s'intéres- 44 SÉANCE DU 2o FÉVRIER 1903 sait à tous ces animaux, les nourrissait, observait leurs mœurs tout en étant parfois victime de leur mauvais caractère. Mais son entrée à l'Kcole polytechnique a coupé court à ses velléités zoolo- giques. On ne laisse pas entrer les bêtes à cette école. » Envoyé à Toulon, je devais reprendre goût à la Zoologie. Il n'existait pas alors (1849) de laboratoire maritime, Roscoff, Banyuls et Wimcreux n'étaient pas créés, mais un Zoologiste dont j'ai oublié le nom, avait été autorisé à établir une petite baraque en planches dans l'arsenal. Un Taret nous a mis en relation. C'était un animal de grande taille — le Taret, pas le Zoologiste — qui, pendant son voyage des colonies à Toulon, avait fort endommagé la carène du Gassendi, dont j'étais chargé. En échange de la coquille qu'il convoitait, le susdit Zoologiste me permettait de suivre dans son réduit les évolutions de quelques Crustacés et l'épanouissement des Serpules et des Actinies qu'il conservait dans quelques grands bocaux de confiture. » Plus lard, dans mes nombreux voyages dans presque toutes les forêts de France, pour la recherche et la réception des bois de marine, j'ai réuni une assez importante collection de fossiles dans laquelle figuraient des séries de Foraminifères. » Lors de ma nomination à Paris, l'exiguïté du logement m"a obligé de me défaire de ma collection que j'ai offert à la Sorbonne, eu ne gardant que les Foraminifères et comme, pour étudier les espèces fossiles, il fallait des séries d'espèces vivantes, j'ai profité de mes relations dans la Marine pour me faire envoyer des sables du fond de toutes les parties du monde où flotte notre pavillon. » J'étais ainsi tout préparée la besogne que m'a confiée M. Milne- Edwards, de rechercher et de classer les Foramifères contenus dans les dragages du Travailleur et du Taiisman. Pendant plusieurs anuées, j'ai vécu côte à côte, dans son laboratoire avec notre excel- lent et regretté confrère et ami P. Fischer. C'est pendant sa prési- dence, en 1886, qu'il m'a servi de parrain à la Société Zoologique et c'est alors que j'ai été baptisé Zoologiste. Le néophyte a eu la bonne fortune de rencontrer dans le cénacle une réunion de membres si unis et si bienveillants et un accueil si cordial qu il n'a jamais eu de regret de son alfiliation. Bien plus, il a été fier un jour de voir sou nom ajouté à ceux de ses savants confrères, comme fondateur du premier Congrès international de Zoologie. » Je suppose que beaucoup de mes confrères laïcs ont passé par des phases analogues à celles que je vieus de vous esquisser. Ils ont préparé ainsi, i)Our leurs vieux jours, une occupatiou attrayante SÉANCK DU 25 FÉVRIER 1903 45 et utile, puisqu'elle apporte un contingent, quelque modeste qu'il soit, à réilKice de la Science. )) Vous venez. Messieurs, de mettre le couronnement à ma carrière de Zoologiste en m'appelant à l'honneur de présider votre dixième Assemblée générale, et je vous remercie cordialement de m'avoir procuré ainsi l'occasion de boire avec vous à la prospérité de la Société Zoologique de France et à celle de tous ses membres. » M. le Dr J. Richard, Président, prononce ensuite l'allocution suivante : « Messieurs, cbers Collègues, )) Permettez-moi de saisir l'occasion qui nous réunit en si grand nombre, pour vous remercier de vive voix de l'honneur que vous m'avez fait en m'élevant à la présidence. Je suis très heureux de me retrouver, trop rarement à mon gré, au milieu de collègues et d'amis. Il m'est agréable de constater que la prospérité de la Société Zoologique de France continue de s'accroître ; on ne peut songer à cette prospérité, sans que le nom du professeur R.. Blan- chard se présente à l'esprit, et il convient d'adresser à notre Secrétaire général, le D^" Guiart, nos remerciements pour avoir su continuer avec zèle et dévouement, l'œuvre de son prédécesseur, notre Secrétaire général honoraire. » J'ai essayé hier de vous faire l'éloge de notre Trésorier, M. Schlumberger. Nous avons aujourd'hui le grand plaisir de le fêter en qualité de Président d'honneur. La Société Zoologique de France a voulu ainsi lui marquer sa reconnaissance pour les longs et excellents services qu'il lui a rendus. » C'est pourquoi je suis certain d'être d'accord avec vous tons en portant la santé de M. Schlumberger, notre Président d'honneur. » M. le professeur R. Blanchard, eu un discours très humoris- tique et très applaudi, fait l'éloge de M. Schlumberger, Président d'honneur et de M. le D"" Richard, Président. Après lecture des lettres et télégramuies d'excuse des membres absents, M. le Secrétaire général remercie M. R. Sand, de Bruxelles, ainsi que les membres de la province qui sont venus en grand nombre au banquet. Il porte un toast à M. Brumpt, qui doit rentrer dans un mois après avoir traversé toute l'Afrique, et adresse un souvenir ému à la mémoire du Vicomte Du Bourg de Bozas. Il exprime les vœux de la Société à M. Alluaud, qui va partir 46 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 prochainement dans l'Afrique orientale, et à M. le D' Neveu- Lemaire, qui va se rendre en Bolivie. Il remercie M^'^ Charlot, à qui l'on doit encore la charmante composition du menu, et M. Petit qui, comme les années précé- dentes, a tenu à orner la table d'un vol gracieux d'Oiseaux aux couleurs chatoyantes. Il termine par un toast aux dames présentes ainsi qu'à M. et M^ie Schlumberger. Sur la proposition de M. le professeur R. Blanchard et de M. le D'' J, GuiART, le télégramme suivant est adressé à S. A. S. le prince de Monaco, à l'issue du banquet : (( La Société Zoologique de France, réunie en Assemblée générale, sous la Présidence du Docteur Richard, est heureuse de fêter votre savant collaborateur et vous exprime sa respectueuse admiration pour les brillantes découvertes résultant de vos explorations. » Le prince a répondu en ces termes à M. Schlumberger, Prési- dent d'Honneur : « Je suis très touché de votre attention délicate et j'adresse à tous vos collaborateurs l'expression de ma cordiale sympathie. » Le vendredi 27 février, la Société s'est réunie en séance extraor- dinaire, dans l'amphithéâtre Richelieu, à la Sorbonne, pour entendre une très intéressante conférence de M. le D' Portier, sur la campagne faite au Spitzberg par S. A. S. le prince de Monaco. Cette conférence sera publiée ultérieurement. A l'issue de la conférence, M. Schlumberger remercie les per- sonnes présentes, et M. J. Richard remercie le conférencier en ces termes : (( Mon cher ami, » Je suis certainement l'interprète fidèle de tous nos collègues en vous remerciant, au nom de la Société Zoologique, de la confé- rence pleine d'intérêt et de charme que vous venez de nous faire. Je l'ai peut-être appréciée plus qu'aucun de nous, puisque j'étais parmi vos compagnons de voyage, et j'ai vécu à nouveau le temps que nous avons passé ensemble dans le calme reposant du Spitz- berg ; j'ai refait avec vous ces bonnes excursions dont vous nous avez parlé d'une façon si exacte et si pittoresque. Les applau- dissements mérités que vous avez recueillis, vous montrent avec quel intérêt vous avez été écouté de nous tous. » s- ^' " o tn- r- 5" >« 5 > « ^ I 2 î? 5.' S " S». rn z H X n- m o X tu s: Q ni a O ^ 3 s; O H -, > -• O C ;?• tn n s n r C m O m 73 a N ^ S o *1 o5 V) 3 , à 12 milles au nord de l'Ile Rousse, donna 1 Centro- phoras squamosus, 1 Mora medilerranea et 1 Lota lepiilion, ce dernier pris dans le trémail de la nasse. Le Centrophorus était une femelle gravide ; elle donna naissance à bord à 7 petits qui vécurent plusieurs heures. La mère, transportée dans un bassin du Musée, y donne encore 2 petits, mort- nés. Elle-même fut trouvée morte le 24 mars au matin, elle avait été ramenée de ISoÛ'" le 21 et subi un voyage sur le pont dans des conditions peu favorables étant donné sou état de gravidité. Il y a tout lieu de croire que des Poissons de ce groupe pris près de Monaco et transportés aussitôt dans les aqua- riums y vivraient beaucoup plus longtemps, grâce à la faible diffé- rence de température qui existe à cette époque de l'année entre l'eau de la surface et celle du fond. J'espère que des expériences dans ce sens nous permettront de voir vivre au moins quelque temps sous nos yeux certains représentants de la faune profonde en nous instruisant sur l'importance exagérée attribuée à la décom- pression dans la physiologie de plusieurs groupes d'animaux. Le tube sondeur Buchanan muni d'un tube emporte-pièce de 50"" de long (au lieu de 25'^'") a rapporté de 615™ un boudin de vase de 64 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 42'^"\ ce qui permet d'étudier la distribution des éléments d'une façon plus complète qu'on n'avait pu le faire jusqu'ici. D'autre part, les nouvelles bouteilles à eau, disposées en série verticale, sur un fond de 1485% ont fonctionné d'une façon satis- faisante. Cette période d'essais préliminaires fut marquée enfin par la capture de deux Glolncep^ialus mêlas:, au large de Monaco : un mâle de 4™92 et une femelle de 3^95. Celle-ci avait, dans les fosses nasales et surtout dans les sinus qui les surmontent, des milliers d'indi- vidus d'une espèce de Nématode que MM. Blanchard et J. Guiart ont reconnu être le Pseudalius convolulus Kuhii. Le yacht Princesse Alice quittait Monaco le 18 juillet, sous le commandement de S. A. S. le Prince de Monaco et rentrait au Havre le 18 septembre après avoir accompli avec succès une cam- pagne dans l'Atlantique et particulièrement dans la région des Açores, Le Prince dirigeait comme d'habitude les opérations scientifiques avec le concours de M. le capitaine Carr et de M. Sauerwein, enseigne de vaisseau de la marine française. Comme chef du labo- ratoire, j'étais avec M. le D'' Neveu-Lemaire, plus spécialement chargé de la partie zoologique; M. le D^" Portier s'occupait de la physiologie et de la bactériologie; M. J. Bijchanan, qui a fait comme physicien la mémorable campagne du Challenger, et M. Bertrand, chef du service de Chimie biologique à l'Institut Pasteur, invités du Prince, prenaient part à la campagne pour effectuer des recher- ches, l'un sur la compressibilité des liquides, en particulier de l'eau de mer, l'autre sur l'existence de l'arsenic chez les animaux marins de diverses profondeurs. M. Borrel avait à noter à l'aqua- relle les couleurs des animaux intéressants, à leur arrivée à bord. Comme par le passé, M. Fuhrmeister nous aidait au triage de-s récoltes, tandis que tout l'équipage apportait à son travail le zèle et le dévouement bien connus. Les opérations suivantes ont été etfectuées : 100 sondages jusqu'à 5943°™, la plupart avec prises d'échantillons d'eau, du sol sous- marin, de la température, au moyen du tube soudeur Buchanan (48 op.); 5 prises d'eau avec la bouteille Buchanan jusqu'à 5943™; 28 opérations avec la bouteille Richard jusqu'à 5830"™ ; 11 opéra- tions piézométriques ; 20 immersions de chalut entre 48™ et 5930™, dont une du grand chalut de pèche ; 8 de nasse à trémail de 615'" à 3020™ ; 6 de nasse triangulaire de 532™ à 9543™ ; 3 de lignes de fond, 4 de lignes de traîne, 11 de palancres de 78"^ à 3020™ ; 2 de SÉANCE DU 2o FÉVRIER 1903 65 trémails de surface; 2 de trémails de fond (de 20"^ et à 1250°») ; 1 opération de filet Giesbrecht ; 9 de petit filet Hensen ; 14 de have- neau ; 1 de filet Buchet ; 1 de harpon : 1 de foëne ; 8 de prises d'eau pour les recherches bactériologiques, jusqu'à 5830™ de profondeur. Gomme précédemment je n'insisterai ici que sur la partie zoolo- gique des travaux poursuivis, en signalant simplement les points particulièrement intéressants des autres recherches. Je dois remercier ici ceux des collaborateurs du Prince qui ont bien voulu me communiquer les déterminations, de beaucoup des espèces énumérées dans cette note : MM. Bouvier (Crustacés supé- rieurs); CHEVREUx(Amphipodes) ; Darboux (Girrhipèdes) ; Dautzen- BERG (Mollusques) ; Joucin (Céphalopodes) ; R. Blanchard et Guiart (Nématodes); Hérouard (Holothuries) ; Khoeler (Echinides, Ophiu- res, Grinoïdes) ; Roule ( Zoanthaires , Antipathaires) ; Topsent (Spongiaires). J'ai dû m'occuper plus particulièrement des Poissons, des Stellé- rides, des Alcyonaires, ainsi que d'un certain nombre d'espèces d'autres groupes, y compris les Gétacés. Cette notice est d'ailleurs provisoire et incomplète comme on doit bien s'y attendre, elle ne se rapporte qu'à ceux des points intéressants qui ont pu être observés jusqu'ici (1). Ghalut. Station 1296. — 24 juillet, profondeur 1473™. Au sud du Portugal. D'une assez grande quantité de vase on dégage : des Caryophyllia Isevicostata (?j; quelques Stellérides (Cribrella abyssaUs, Pontaster) ; une Hollothurie (Lcetmogone) ; divers Crustacés (Paragurus pilo- simanus, 1 Polycheles), quelques crevettes rouges {Aciintephyra, 2 Heterocarpus Grimaldii) ; des Mollusques (Pleurotoma adelpha, Cryptodon grandis, Dentalium ergnsticum). Les Poissons ne sont représentés que par un Macrurm. Le chalut rapporte en outre des animaux pélagiques pris à la montée : deux Méduses (Àtolla), un Phronima sedentaria et un Pyrosoma, Stations 1302 et 1304. — 27 et 29 juillet, profondeur 204™ et208m Banc Joséphine. Spongiaires assez abondants. De beaux Hydraires. Un bel Xuiipaiih'divQ ( A phanipat lies ?). Une grande quantité de magni- fiques Scirpearia [S. flagellum et .S. ochracea), qui paraissent former de vraies forêts et qui atteignent souvent 1 m. de longueur ; ces Alcyonaires blancs ou jaunes, caractérisent nettement ce fond ; (1) Voir aussi : Sur la quatrième campagne de la Princesse Alice II par S. A. S. le Prince Albert l" de iMonaco (C. R. Ac. des Se, 26 janvier 1903). Bull. Soc. Zool. de Fr., 1903. .xxviii. — 7. 66 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Caligor(fia. Nombreux Ophiures ; plusieurs beaux Oursins (Ceîifros- tephanus longispinosus), à longues épiues grêles et rugueuses ; un Stelléride (Astropecten serratus). Parmi les Crustacés : deux spécimens d'un Inachus voisin de I. leptochirus, dont il se distingue de suite par la coloration violette du premier article des quatre pattes ambulatoires. La saillie sternale du mâle est d'un blanc beaucoup moins éclatant que chez /. leptochirus et sa forme est différente ; nombreux et grands Anamathia rissoana, un Parthenolamhrus macrocheles ovigère, des LatreiUea elegans ; Ergasticus Clouei ; EbaMa ; Paguriens (dont Pagurus arrosor dans coquilles de Ranella). Nombreuses Annélides dans des tubes translucides (Pa/'orm/^/us tuhkola). Bryozoaires bien développés (Cryptella 7). Parmi les Poissons, plusieurs petits Sebastes Kuhli). Station 1036. — 29 juillet, profondeur 4.275 m. Entre le banc Joséphine et les Açores. Le chalut revient très lavé et ne contient qu'un peu de vase très sableuse (à Globigérines) dans le faubert du fond. Il donne quelques rares squelettes d'Épongés [Eurete] et surtout des Echinodermes : plusieurs Holothuries {Psyckropotes Kerrillei), dont certaines {Pseudotischopus villosus] portent près de la bouche un parasite externe bizarre qui paraît être une Actinie fermée, fait qui parait constaté pour la première fois ; Ophiures (Ophioglypha convexa] ; divers Stellérides {Styracaster horridus) à disque court, d'où partent cinq bras rigides, armés, en dessus, de fortes épines ; Plutonaster bifrons ? ; HyphalaUer n. sp. ? ; 2 beaux Hymenaster Giboryi, 3 Paragonaster subtiiis). Des Pagures avec Epizoanthes. Un Mollusque nouveau de grande taille du genre Cocculina et Turcicula Alicei. Un seul Poisson de 0 m. 70 environ, voisin des Macrurus {Coryplicenoide!< gigas). Station 1311. — 31 juillet, profondeur 1187 m. 6 milles de terre au S. de Sâo Miguel. Cette opération a été très fructueuse. Mêlés à des ponces arrondies ont été recueillis les animaux suivants : Hydraires et Palythoadae nombreux sur baguettes de Dorocidaris papillata ; beaux Flahellum alabastrum vivants avec Actinies ; plusieurs Epizoanthus Ilirondellei vivant en compagnie de Parapa- gurus pilosimanus. Echinodermes : nombreux Dorocidaris ; deux Oursins à longues baguettes jaunes (Echinus Alexandri) ; nombreux Echinothurides {Asthenosoma hystrix) ; Stellérides (Pentagonaster Goaselini, Psilaster, Plutonaster^ Pontaster, Neomorphaster Talismani); quelques Ophiures ; Holothuries {Allantis intestinalis). SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 67 Crustacés : Cirrhipèdes (nombreux Pxcilasma aurantium sur baguettes de Dorocidaris ; Verruca sur les pouces) ; nombreux Scyramathia Carpenteri, un petit Geri/on affînis ; nombreux Pagu- riens dans coquilles de Gastéropodes (Fusus Bocagei, etc.) ; magni- fiques et grandes Crevettes rouges à longues antennes {Aristeus splendens). Outre quatre spécimens 9 adultes, se trouvent cinq jeunes individus de la même espèce. Chez l'un, d^ jeune, le scapho- cérite de la deuxième antenne se prolonge de chaque côté en une pointe aiguë atteignant le quart ou le tiers de la longueur du sca- phocérite lui-même. C'est une réduction du prolongement du côté gauche observé chez le mâle de la station 1344 (voir plus loin). Les autres jeunes individus présentent la disposition ordinaire chez la femelle. Parmi les Mollusques, notons Solariella micans et de nombreux Dentalium ergasticum. Poissons : un jeune Synaphobranchus pinnatiis ; un beau Netta- sîoma qui paraît être très voisin du N. melanurum, s'il ne lui est pas identique; plusieurs Macrurus cequalis, très bien conservés avec toutes leurs écailles, tandis que les nombreux Bathijgadus mdano- branchus pris en même temps en sont complètement dépourvus (comme c'est l'habitude chez cette espèce), ainsi que le professeur Vaillant l'avait déjà remarqué. Cela montre que des animaux voisins, vivant dans les mêmes conditions, peuvent se comporter très différemment sous l'influence d'actions identiques. Il faut encore mentionner Macrurus Guntheri, 3 Hymenocephalus à museau court, à tête grosse et à longue queue en filament, et 9 Macrurus à long museau pointu qui paraissent se rapporter au M. occa. Station 1118. — o août, profondeur 3018 m. Entre S. Miguel et Terceira. Fosse de V Hirondelle. Le chalut, après de nombreux accrocs indiqués par le dynamo- mètre, revient avec beaucoup de cailloux basaltiques plus ou moins décomposés, et sur certains desquels on distingue un enduit man- ganésifère d'aspect granulé ; le plus gros de ces cailloux pèse 98 kil. Parmi eux se trouvent quelques fragments calcaires blanchâtres. Les animaux sont peu nombreux : une grande Eponge siliceuse morte (Eurete), une variété nouvelle et intéressante de Farrea occa (var. laminaris Tops.); une très élégante et délicate Clirgsogorgia à axe doré d'un jaune vert métallique; un Alcyonaire rouge ressem- blant à Anthomastus agaricus ; cinq Caryophyllia communia. Parmi les Echinodermes deux petites Holothuries [Mesothuria lactea); un Ophiure; quelques Pedicellaster sbxradiatus. 68 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Les Crustacés sont représentés par des débris de Polijcheles et par un très beau et très grand Pycuogonide (Colossendeis gigas), sorte de grande Araignée rouge toute en pattes dont la tête est plus grande que le corps. Celui-ci est aussi étroit que les pattes mais quatre fois plus court qu'elles. Le corps est réduit à un tel point que l'estomac ne peut s'y loger entièrement et qu'il est obligé de s'allonger dans chaque patte jusqu'au milieu de leur longueur! Station 1331. — 9 août, profondeur 1805^. 30 milles à l'est de Terceira. Ponces abondantes avec quelques cailloux et des concré- tions calcaires blanches. Spongiaires rares (Chonelasma). Cœlentérés : nombreux Steplianotroclius diadema, sorte de coupe sans pied divisée intérieurement par un grand nombre de cloisons régulières et disposées géométriquement: sur deux exemplaires morts de cette espèce on constate des traces très nettes de fracture à la face inférieure du polypier, fractures consolidées dans la suite. L'origine de ces fractures est assez difficile à expliquer à une sem- blable profondeur; nombreux Flahellum alabastrum, plusieurs Bathyactis sgmmetrica. Echinodermes : Echinothurides (Speroxoma Grimaldii). Ces Oursins sont aplatis et mous et ressemblent un peu à un béret dont la face qui porte l'ouverture serait continue et semblable à la face supé- rieure. Cet animal est d'un violet Intense. Les plaques, peu épaisses, au lieu d'être soudées entre elles d'une façon rigide, sont réunies par une partie membraneuse qui permet des déformations très étendues de l'enveloppe. Le Sperosoma avait été découvert par VHirondellc, à 18o0"i, aux Açores. Nombreux Strongijlocentrotus drdbacliienùs (?); Stellérides ( PlutonaMev granulosus ?, Neomorphaster Talismani, Astrogonium annectens; Pedicellaster îiexradiatus, Cribrella abyssalis ; petites Holothuries violettes; nombreux Ophiures [Opliio- musium Lijmani). Mollusques variés {Pleurotoma adelpha, Scaphander punctostriatus, Fusus Bocagei, Dentalium ergasticum, etc.). Géphyriens nombreux dans les Dentales (PhascoHon Hirondellei) ; Crustacés : PohjcJieles, Aranlcphgra, Paguriens ; un gros Oslracode (Gigantocypris) à coquille molle et translucide. Poissons : un très beau Bathgptcrois dubius, variété à ventrales courtes, un Alepncephalus macropterus ?, un ,4 . 7?i^er (?) tout noir, sans apparence d'écaillés, à tissus très mous, et revenu dans un état médiocre. M. Vaillant ayant fait remarquer que les tissus des espèces de ce genre se macèrent facilement dans l'alcool, on a mis l'exemplaire dont il vient d'être question dans le formol qui l'a SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 69 uKiintenii tel qu'il était au sortir du chalut. Sii^nalons encore un Sunaphobranch.us pinnatus, 2 Macrurus, et 4 Halosauropsis macro- cliis en parfait état. Cette dernière espèce se rencontre assez souvent aux Açores entre 1000 et 3000°i de profondeur. C'est un Poisson très allongé, mesurant environ 60 cm. de longueur et dont le corps, d'un noir bleuâtre, se termine par une queue très effilée. Il a les yeux petits. Mais ce qui le rend remarquable, c'est qu'il possède tout le long du corps et de cha([ue côté, une série d'environ 64 organes lumineux décrits par M. Collett et d'autres. Chacun de ceux-ci est au centre d'une des écailles de la ligne latérale qui sont plus grandes que les autres. Mais ce n'est pas tout. Cette ligne d'écaillés est recouverte d'une membrane noire qui la cache et cette membrane est en réalité formée d'une série de poches (une pour chaque écaille). Ces poches sont ouvertes seulement en bas, de sorte que la lumière émise par l'organe ne peut qu'être dirigée obliquement en bas. Mais comme les cloisons qui séparent les poches sont transparentes, quand tous les organes fonctionnent on a l'apparence d'une ligne lumineuse continue. Cette organisation compliquée d'organes lumineux est-elle destinée à etïrayer l'ennemi ou à attirer la proie. Il est difficile de rien affirmer, mais je pense que la disposition qu'on observe chez ce Poisson est un moyen de défense, tandis que chez certaines autres espèces tout plaide en faveur d'un organe servant à attirer les animaux dont ces espèces se nourrissent. Station 1334. — 13 août, profondeur 1900-°, 55 milles au N N W de Fayal. Spongiaires nomhreux{FALplectella,Subeiitescaminatus, etc.) Coelentérés : beaucoup de Polypiers (Stephanotrochus diadema, S. nohilis, Caryophyllia, Flabelium alabastrum, Batliijactis symme- trica). Parmi les Flabelium il faut noter un individu vivant, cloi- sonné en deux. Vu de côté il a le même aspect que les autres, étant seulement un peu plus comprimé au milieu. Mais vu par l'orifice on voit qu'il s'agit de deux individus complets, distincts, séparés par une cloison. Il s'agit bien de scissiparité. C'est le premier Fla- belium que je vois présenter ce cas parmi les très nombreux spéci- mens que j'ai eus entre les mains. Echinodermes : nombreux Oursins, petits Echinothurides, Salenia hastigera; Stellérides [Pedicellaster sexradiatus nombreux, plusieurs Hymenaster ; beaux et nombreux Neomorphaster Talismani ; Astro- gonium, Plutonaster) ; beaucoup d'Ophiures (Ophiomusium Lymani, Ophiocten, Ophiactis) ; Holothuries [Lxtmogone, Wymlle Thomsoni, Hol. Verrilli). 70 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Crustacés : uu magnifique Colossendeis gigas ; plusieurs Poly- cheles; un Glyphocrangon; quelques Crevettes dont une remarquable par son rostre tronqué et parla dilatation du deuxième article des pattes thoraciques qui le font ressembler beaucoup à Tropiocaris planipes ; nombreux Pagu riens (Par. pilosimanus). Mollusques : Dentalium ergasticum ; Plmrotoma centimata, Sca- phander, etc. Un petit Calmar remarquable (Chiroteutfns Grima/rfn).Il est trans- lucide. Découvert en 1888, aux Açores, par l'Hirondelle, qui le ramena de 1445 m., probablement à la remontée du chalut et dans la zone supérieure des eaux comme semble l'indiquer son organi- sation, d'après M. Joubin. Il a de gros yeux saillants ; ce qui présente le plus d'intérêt chez ce Céphalopode, c'est la présence de petits organes situés sur diverses parties du corps et jusque sur les nageoires. Chacun d'eux se compose d'une petite sphère recouverte par une tache pigmentaire. Après avoir établi la structure micros- copique de ces organes, M. Joubin en a discuté l'interprétation et est arrivé à les considérer comme destinés à percevoir certains rayons du spectre et particulièrement les rayons calorifiques obscurs, d'oîi le nom d'yeux thermoscopiques qu'il a donné à ces productions spéciales dont il faut probablement rapprocher l'organe curieux appelé œil latéral chez les Copépodes du genre Pleuromma. Avec l'espèce précédente le chalut a ramené un Céphalopode nouveau (Cirroteuthis Grimaldii Joubin) ; il a l'aspect d'une grosse boule gélatineuse tremblottante de couleur rougeâtre, surmontée d'un entonnoir membraneux à ouverture supérieure, constituée par les bras et la membrane qui les réunit entre eux. Aux extrémités d'un diamètre horizontal de cette boule se trouve un petit œil, et au dessous une nageoire très petite. L'ensemble forme un animal d'aspect bizarre. Géphyriens : nombreux Phascolion Hirondellei dans les Dentales. Poissons : plusieurs Macrurus, dont un M. Guntheri; Halosau- ropsis macrochir. Station 1338. — 14 août, profondeur 950". 3 railles au N. de Fayal. Le chalut rapporte plus de 1000 kil. de ponces parmi lesquelles se trouvent un grand nombre de Dor. papillata et Asthenosoma hystrix ; des Crustacés (gros Scyramantia (yarpenteri ; plusieurs Par. pilosimanus associés à Epizoantlius Hirondellei; deux grands Aristeus splendens. cf et 9); des Mollusques {Marsenia, Scalaria Richardi); des Brachiopodes(/.ioî/ii/m sphenoidea) et divers Poissons : SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 71 deux Myridés qui paraissent se rapporter à Mi/rus pachyî'hynchus, bien que les orifices des narines ne soient pas rapprocliés du bord de \'d lèvre; Macrur us sequalis; Hymenocephalus; un petit Chaunax pictm, dont plusieurs spécimens avaient été pris l'année précé- dente au Cap Vert par 628™, ainsi que Dibranchus atlanticus; un Aulopidœ en mauvais état; et enfin un Nettastoma semblable à celui de la station 1311. Station 1344. — 18 août, profondeur 1095", 3 milles 1/2 au N. de S. Jorge. Nombreux Spongiaires {Pheroneina Grayi) abritant des Annélides et des Ophiures, Cette Éponge a la forme d'un nid profond en fils de verre feutrés et maintenu sur la vase par une touffe de fils siliceux. Hydraires et Palythoïdœ sur baguettes de Dorocidaris ; Actinies (A. abyssicola'?) sur spicules de Pheronema; Polypiers (S. diadema); Epizoanthus Hiroiukllei avec Par. pilosimanus. Echinodermes : nombreux Dor.papiUata, Salenia hasti(jera, Palseo- tropus HirondeUei ; Echinoihurides (Asthenosoma, Sperosoma); Stel- lérides [Pentagonaster Gosselini, Psilaster); Ophiures; Holothuries {Allantia intestinalis var. Verrilli). Crustacés : Cirrhipèdes [Pœcilasma aurantium sur baguettes de DororAdaris). Paguriens : Scyramathia Carpenteri, Ergasticus Clouei) ; Heterocarpus Grimaldii; Aristeus splenderts (^ et 9. Comme l'a vu le premier A. Milne-Rdwards, les mâles de cette belle espèce se font remarquer par un développement particulier du scaphocérite des antennes de la deuxième paire. Cet appendice, au lieu d'être une simple lame large, munie d'une épine vers l'extrémité de son bord externe, se prolonge en un processus aussi long que la lame pro- prement dite, grêle, cylindrique vers son extrémité qui est mousse. Dans le cas actuel, le prolongement du côté gauche n'a pas beaucoup plus de la moitié de celui de droite qui correspond à la description précédente ; de plus, il se termine en pointe et paraît dépourvu du caractère sensoriel que semble avoir le prolongement normal de droite. Dans les autres mâles recueillis, les prolonge- ments du scaphocérite sont égaux et normaux, à extrémité mousse. L'étude histologique de cette extrémité montrerait peut-être si c'est un organe sensoriel ou simplement un organe préhensile en rapport avec les fonctions de reproduction. Les autres espèces du genre ne présentent pas ce caractère spécial des scaphocérites, on ne le retrouve pas non plus chez les autres Macroures. C'est la première fois que le Prince capture des mâles adultes de cette superbe Crevette rouge. 72 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Mollusques divers. Annélides. Poissons : plusieurs Macrurus sequalis ; deux petits M. occa (?) à long museau pointu ; quatre Bathygadus melanobranchus. Station 1349. — 19 août, profondeur 1250 m. Entre Pico et S. Jorge. Ponces et quelques autres cailloux. Spongiaires nombreux (Farrea, Macaudrewia azorica ; Azorica Pfeifferm, Leptosia n. sp., ; Yvesia n. sp. ; Choîidrocladia n. sp. ; un Jaspis Deudyi Sollas, complet, plus beau que l'échantillon type dragué par le Challenger sur la côte de la Nouvelle-Guinée. Cœlentérés : Hydraires ; une Méduse bathypélagique de couleur violet pourpre (AtoUa) ; Antipathaires (Cladopathes, Pteropathes) ; Actinies voisines de A. abyssicola sur baguettes de Dorocidaris, avec des Palythoidœ ; bras d'une grande Actinie voisine des Bolo- cera; nombreux Polypiers [Desmophyllum crista-galli ; Aniphihelia oculata ; Flabellum alabastrwm, Stenohelia) ; Epizoanthus Hirondellei avec Par. pilosimanus ; des Alcyonaires {Acis'^, Acantlwgorgia, Clematissa). Echinodermes : Echinothurides ; Salenia hastigera ; Palœotropus Hirondellei; Stellérides {Psilaster); Ophiures (Op/imcanî/ia nouveau); Holothuries [H. Verrilli). Crustacées : Cirrhipèdes [Scalpellum Grwialdii ; Verruca sur polypiers et cailloux ; Fœcilasma aurantium sur baguettes de Dorocidaris) ; Paguriens ; Scyramathia Carpenteri ; Galathodes tridentata ; Arii>teus ; fleterocarpus Grimaklii. Annélides {Eu7iice floridana dans les Polypiers), etc. Mollusques variés : (CalUostoma cleopatra, qui n'était connu que du Talisman, un Poromya sans doute nouveau, etc.) Brachiopodes abondants : beaux Dyscolia Wyvillei, Magellania septigera, Liât hy ris sphenoidea). Poissons : Macrurus sequalis., Bathygadus melanobranchus. Station 1402. — 29 août, profondeur 992^. Entre S. Miguel et Terceira. Le chalut rapporte peu de chose et je ne cite cette opération que parce qu'elle a fourni un petit Poisson noir très rare iChiasmodon niger) dont on ne connaissait encore que cinq spécimens, et qui est nouveau pour la faune des Açores. Citons en outre (Scirpearia flagellum (?), Stephanotrochus diadema, parmi les Cœlentérés; un beau Gastéropode nouveau de la famille des Muricidés et un petit Poisson pélagique {Argyropelecus hemigyinmus pris à la montée. Dans le chalut on trouve des fragments d'une roche volcanique rougeàtre altérée, pétrie de cristaux d'augite. SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 73 Station 1420. — 6 septembre, profondeur 2460'". Le chalut revient très déchiré et ramène surtout des Polypiers morts, recouverts d'un enduit noir manganésifère. Ces Polypiers, très abondants, sont des Desmophyllum à longs pédoncules, aussi grands que ceux appelés D. ingens par Moseley. Comme ceux-ci, ils sont lourds et massifs. Ils sont le plus souvent soudés les uns aux autres sans ordre et forment ainsi des masses volumineuses très solides et fort irrégu- lières qui expliquent à merveille les déchirures du filet. Les cloisons de ces Polypiers sont très épaisses et fortes, comme le dit Moseley, dont les exemplaires venaient de la Patagonie occidentale (détroit de Magellan). Cet auteur dit que Duncan lui a montré un fragment de Desmophyllum dragué à 161 5"» dans la Méditerranée et indiquant un Polypier au moins aussi grand que celui du détroit de Magellan et qui était noirci par le manganèse. D. ingens n'est d'ailleurs pour Jourdan, Roule et moi qu'une variété de D. crista- gain. Le chalut a rapporté en outre une grande Éponge siliceuse morte {Eurete), des fragments de tige de Ceratoisis', de beaux D. cnsta- galli, nombre d'Ophiures et un Cyclotlione, voisin de C. elongata, revenu vivant (pris sans doute entre deux eaux), mais n'émettant aucune lumière dans l'obscurité. Cet exemplaire, outre les organes lumineux propres au genre, présente une tache photodotique au bord supérieur du corps, à la naissance de la caudale et deux au bord inférieur dans la même région. Station 1436. — 11 septembre, profondeur 5930 m. Le chalut, qui n'a peut-être pas touché le fond d'argile rouge, ne rapporte qu'une Crevette bathypélagique. Nasse. Les nasses, d'une façon générale, ont fonctionné beaucoup moins bien que d'ordinaire, qu'il s'agisse de la nasse à trémails ou de la nasse triangulaire en osier, sans qu'il soit facile d'expliquer cet insuccès relatif. Il n'a pas été pris un seul Geryon ajjinis que les nasses rapportaient si souvent dans ces régions. Station 1314. — 3-4 août, profondeur 1007 m. Environ 5 milles de Villafranca (S. Miguel). Seules les petites nasses de la nasse à trémail donnent : 1 Simenche lys para siticus ; 3 Isopodes {Cirolanan. sp.) et 1 Mysidé. Station 1322. — 6 8 août, profondeur 3020 m. 50 milles au N. de S. Miguel. La nasse à trémail rapporte quatre beaux Macruridés (Coryptioenoides). Les petites nasses donnent quelques Copépodes, 1 Mysidé, 1 Ostracode. 74 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 190.^\ Station 1333. — 13 14 août, profondeur 1900 m. 55 milles au N. N. W. de Fayal. La nasse à trémail ne rapporte que quelques Copépodes et Mysidés dans les petites nasses. Le fond sur lequel est placée la nasse est cependant très voisin de celui où a travaillé avec beaucoup de succès le chalut de la stn. 1334. Il paraît difficile d'expliquer cette différence dans les résultats des engins. Station 1342. — 17-18 août, profondeur 1092 m. 3 1/2 milles au N. de S. Jorge. Même remarque. La nasse à trémails ne donne qu'un Simenchelys et un Heterocarpus Grimaldii. Station 1343. — La nasse triangulaire en osier, mise sur le même fond, daus les mêmes conditions, rapporte seulement deux Sirnencheli/s dans une petite nasse. Une Méduse bathypélagique {Atolla) est trouvée dans une autre j)etite nasse. Station 1347,— 19 août, profondeur 1250. Entre Pico et S. Jorge. La nasse triangulaire en osier donne 6 Heterocarpus Grimaldii ; 4 Simencheiys ; 1 grand Stjnapliohranchiis portant deux Isopodes parasites (cf et 9) dans sa cavité buccale (Livoneca n. sp,). Station 1353. — 23-24 août, profondeur 532 m. Banc de la Prin- cesse Alice. La nasse triangulaire en osier ne donne qu'uu fnachus et un Pandalus. Les petites nasses rapportent uu Mysidé et un Sagitta. Palangres, lignes et trémails de fond. Les palancres ont mieux réussi que les nasses, malheureusement les Squales coupent trop souvent les avançons qu'il faudrait plus solides, et écartent sans doute beaucoup de Poissons. Dans plu- sieurs cas les amorces reviennent au contraire presque toutes intactes. Station 1279. —25 juillet, profondeur 70 à 83™. Banc Gorringe. On prend à la ligne, en un peu plus d'une heure, 83 Serranus atri- cauda/t Scomber colias, 3 Pagellus centrodontus, i Murœna helena. Station 1325. — 7-8 août. 50 milles au N. de S. Miguel. Le palancre envoyé sur le câble de la nasse immergée par 3020°^ est resté suspendu à un ajût du câble à lOOO^i de la surface. Il rapporte néanmoins 1 Centroscynmns Ccvlolepis et on récolte d'autre part sur l'amorce d'un hameçon uu long et grêle tentacule d'un Céphalo- pode inconnu, probablement de la famille des Chiroteiitbiuie, d'après le professeur Joubin, qui a étudié un fragment analogue trouvé enroulé sur le iil de sonde aux Açoresen 1890. On ne connaît aucun Céphalopode ayant des tentacules semblables. Celui dont il est question placé dans le formol, se contracte, ondule, en un mot il SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 75 est vivant. Le Céphalopode à qui il appartenait était sans doute venu manger l'amorce. Un fragment de tentacule idenliijue a été pris sur le câble de sondage dans la fosse de V Hirondelle (station 1408) (1). Station 1330. — 9 août, profondeur ISGo^n. 30 milles à l'est de Terceira. De nombreux hameçons se trouvent cassés au retour du palancre qui rapporte un C. cœlolepis et deux beaux spécimens d'Antimora viola {!). Station 1345. — 18 août, profondeur 1095^. 3 1/2 milles au N. de S. Jorge. La plupart des hameçons ont disparu. Quatre Centro- scymnus cœlolepis sont cuplurés, deux d'entre eux ont dans l'estomac un hameçon garni de son amorce, un autre a des débris de Crevettes. Ces Squales ont de nombreux Cestodes dans le foie et des kystes entre la peau et les muscles des flancs. Le palancre ramène encore deux grands Mora mediterranea de 0^65. Stations 1369 et 1378. — 25 et 26 août, profondeurs 563 et 500™. Banc Princesse Alice. Euii Sehastes dactylopierua et une Raie. Station 1412. — 5 septembre, profondeur 2200™. Les amorces sont intactes, le palancre ne rapporte qu'un Alcyonaire (4rat7e//r/ eburnea) et un Polypier sur lequel se sont fixés de nombreux Ophiures [Opliiactis). Station 1348. — 19 août, profondeur 1250™. Entre Pico et S. Jorge. Seule opération faite avec le trémail de fond et qui ne donne que 10 Dorocidiiris papillata, un petit Asthenosoma et deux Stellérides. PÊCHES DE SURFACE. Un certain nombre d'opérations faites avec le petit filet Heusen et le filet Buchet ont donné un grand nombre d'organismes planktoniques dont un examen préliminaire n'a rien montré de particulièrement remarquable. A deux reprises des trémails ont été disposés à la surface en pleine mer. Ces premiers essais méritent d'être continués. Ces opérations sont faciles à exécuter par beau temps et peut-être donneront elles de bons résultats. Dans un cas (station 1418) on a ainsi recueilli 15 Scombresox saurais et 1 Trachurus trachurus. Dans l'autre (station 1433), 7 .S. saunis, 11 T. trachurus et 3 Cubi- ceps gracilis ont été pris. Cette dernière espèce est assez rare. (1) Ce nom a été donné par le Prince à la dépression atteignant plus de 300™ et située entre Terceira et S. Miguel ; la température du fond y est plus élevée que dans les profondeurs identiques du large de l'Atlantique. Cette particularité a été signalée dans des conditions analogues, notamment dans les mers fermées de l'archipel malais, pendant l'expédition du Siboga. 76 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 D'autre part la ligue de traîne a permis de capturer à la fm du voyage une trentaine de Germons [Thynnus alalonga), qui ont fourni de nombreux parasites et des Amphipodes [Brachyscelus crusculum] provenant de leur estomac. Entre les mains du Prince la foëne a saisi contre une épave un jeune Mérou (Polyprion cernium) et un Balhtes capriscus. Tandis que l'estomac du premier de ces Poissons était vide, celui du second contenait des débris écrasés de NautUograpaus minutus et des Lepas anatifera qui garnissaient l'épave. Un Orque de 4^70, pesant environ 1200 kilg., a été harponné par le Prince aux environs de Gibraltar (station 1267). L'estomac ne contenait que des os brisés et de gros fragments de chair d'un Poisson. Des Cirrhipèdes parasites très intéressants, du genre Xenobalanus, se trouvaient fixés sur les nageoires pectorales et caudale de l'Orque. Nous avons plusieurs fois rencontré des Cétacés, notamment des Hyperodons. Malheureusement leurs allures sont très irrégulières et, malgré des tentatives réitérées, il a été impos- sible de capturer ces animaux que nous avons approchés cependant d'assez près pour voir leur rostre qui n'apparaît pour ainsi dire jamais hors de Teau. Des captures intéressantes ont été faites à la surface au moyen d'un simple haveneau ; c'est le cas d'un Céphalopode très rare dont un exemplaire avait déjà été pris par la Princesse- A lice dans les parages de Madère en 1901. Il s'agit du Leachia cyclura. Tous les individus recueillis sont des mâles morts ou mourant à la surface. L'un d'eux a été rencontré près du banc Joséphine, au-dessus d'un fond de 1900™ environ (station 12.S4) ; un autre entre S. Miguel et Terceira, au-dessus de 992^ (station 1403). Quatre autres dans les mêmes parages (stn. 1409). De huit heures et demie du matin à midi j'ai vu passer 15 Leachia flottant à la surface. Aucun n'a été vu l'après-midi le même jour. Comme il est difficile de retrouver des objets aussi petits dans le sillage du navire qui met quelque temps pour s'arrêter, M. Borrel eut l'idée de jeter auprès de l'animal une petite bouée de liège peint ; ce procédé a été utilisé avec succès dans plusieurs circonstances. Le nombre relativement grand de ces Céphalopodes morts à la surface et le fait qu'il s'agit toujours de mâles sans tentacules, donnent à penser que ces ani- maux meurent après avoir accompli les fonctions de reproduction. Sauf celui de la stn. 1824 qui date du 26 juillet, tous les autres spécimens ont été pris ou vus entre le 29 août et le 6 septembre. L'exemplaire de 1901 avait été rencontré le 8 septembre. SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 77 Le Ij'achia cyclura est un Calmar gélatineux et transparent, remarquable par les cinq taches dorées qui se trouvent à la face inférieure des yeux et qui présentent une structure évidemment très spéciale que M. Joubin nous fera bientôt connaître. Ces orga- nes sont peut-être destinés à produire de la lumière ; on connaît déjà des Crustacés dont une partie de l'œil est modifiée en un vrai projecteur électrique destiné à éclairer ce que le reste normal de l'œil est chargé de percevoir. Le 29 juillet (stn. 1307) un beau Céphalopode d'une grande rareté a été pris à la surface ; M. Joubin le rapporte au genre Oinjchottulhis. Il porte quelques déchirures superficielles et les yeux sont absents (mangés sans doute par des Oiseaux) ; ce Mol- lusque présentait quelques traces de vie, ainsi que le montrait l'action encore sensible de ses ventouses. Le lendemain (stn. 1308) un magnifique Taonius pavo. Céphalopode très rare aussi, a été trouvé mort à la surface. Deux Tortues (Th. caretta) de 15 et de 19'^. 500, prises aux Açores, ont fourni l'objet de recherches physiologiques à M. le Dr PoRXfER, en attendant leur passage à la cuisine, et ont donné en outre des parasites divers et quelques commensaux (Cirrhipèdes, Amphi- podes (Podocerus chelonophilus). Divers Poissons ont été pris flottant à la surface : c'est le cas de nombreux Sternoptiix diaphana (notamment entre Pico et S. Jorge) ; d'Argyropelecus Olfersi, d'A. hcmûiymnus, de Capros aper. Pour cette dernière espèce il convient de signaler le grand nombre d'indi- vidus jeunes, tous de même taille, qui se voyaient à la surface, au-dessus et aux environs du banc Princesse Alice, dont les der- niers sondages ont considérablement augmenté l'étendue. Le 26 août (stn. 1379) on en prit 70 exemplaires au haveneau. On les voyait le plus souvent couchés sur le flanc et décrivant à la surface des cercles dont le centre était vers la tête, tandis que de temps à autre leur corps présentait des sortes de mouvements épileptoïdes ; quelquefois on voyait ces Capros nageant par petits groupes et d'une façon normale, près de la surface de Veau. Le grand nombre des cas de ce genre qui ont été observés est tout à fait anormal et il faut sans doute les rapprocher de ce fait que les pêches à la ligne ou au palancre sur le banc Princesse Alice, qui avaient donné autrefois une si grande quantité de Poissons, contrastent singuliè- rement avec les tentatives faites cette année et dont l'insuccès a été à peu près absolu, puisqu'on n'a pu prendre qu'un Pagellus centrodontus et que les amorces du palancre sont revenues intactes. 78 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Comme on l'a vu plus haut, le même palancre avait rapporté un grand nombre de Poissons au banc Gorringe. Si, d'autre part, on songe que le câble télégraphique sous-marin a été interrompu entre S. Miguel et Terceira, qu'on a constaté au point de rupture des traces d'actio-n d'une température élevée, en même temps qu'une température anormale dans l'eau profonde de cette région, on est porté à penser que les phénomènes volcaniques des Antilles ont eu une répercussion aux Açores et que le sol sous marin de cette zone a subi des effets qui ont pu nuire pour quelque temps au développement ou à l'existence d'une foule d'animaux. Le o septembre, en pleine mer (stu. 1416), on recueille un gros fragment de tissu graisseux blanc, peu altéré et naturel, d'après M. Beutkand. Sur ce bloc qui provenait sans doute du dépècement d'un Cétacé, étaient fixés des Lepas accompagnés de Nautilograp^ius et de plusieurs exemplaires d'un Bivalve mort, Myrina pelagica, qui avait aussi été récolté primitivement dans les mêmes conditions. Le 9 septembre (stn. 1429), le Prince recueille au-dessus d'un fond de 5943 m., un Scopéledé portant sur le dos un Copépode parasite remarquable. Recherches diverses M. BucHANAN a renouvelé, en y apportant des perfectionnements, les recherches qu'il avait poursuivies pendant la campagne du Challeiujcr, sur la compressibilité de divers liquides et en parti- culier de l'eau de mer. Les résultats, d'après un examen prélimi- naire, promettent d'être pleins d'intérêt. M. Buchanan fera sans doute bientôt connaître les conclusions définitives auxquelles il est arrivé sur cette question si impoi tante en océanographie physique. M. Bertrand (1), au moyen d'une méthode à lui, extrêmement sensible, puisqu'elle permet de déceler un 1/2 millième de milli- gramme d'arsenic, a étudié la présence de ce métalloïde chez beaucoup d'animaux marins pris au large et souvent à de grandes profondeurs, c'est-à-dire à Tabri de « toutes les causes de contami- natiou qui résultent du contact plus ou moins direct avec l'industrie actuelle ». Ses recherches ont porté sur des Éponges, des Actinies, des Stellérides, des Échiuides, des Holothuries, des Cirrhipèdes, des Céphalopodes, des Squales, des Germons, des Serrans, des Grondins, des Tortues, des Pétrels, sur un Orque et sur un Mouton (i) Hektrand (G.) : Nouvelles recherches sur l'arsenic de l'organisme. Présence de ce métalloide dans la série animale, Ann. Inst. Pasleur. XVII, Janvier 1903. SÉANCE DU 25 FÉVUIER 1903 79 des hauteurs de Pico. C'est chez les Éponges que l'arsenic s'est trouvé le plus abondant (plus de 0"""- 1 par kilog. de matière sèche). M. Berthand a reconnu que l'arsenic se trouve dans tous les tissus et n'est pas localisé dans certains organes. L'arsenic, d'après lui, existerait dans toutes les cellules vivantes et serait « au même titre que le carbone, l'azote, le soufre ou le phosphore, un élément fondamental du protoplasma ». Ce résultat est extrêmement impor- tant au point de vue de la chimie biologique et entraîne des ccmsé- quences dont il faudra tenir compte en thérapeutique et dans d'au- tres branches des scieoces appliquées. Quant aux recherches d'océanographie pure sur la température, la densité de l'eau de mer, la nature du tond sous marin, M. Thoulkt s'en occupe activement et il y a lieu de croire que ses études aboutiront à des résultats très intéressants. Grâce à un dispositif que le M. le D^ Portier et moi avons imaginé et perfectionné, il a été possible de recueillir jusqu'à 5830 m. de profondeur, des échantillons d'eau dans des condi- tions convenables pour la recherche des microbes. Des bouillons de culture appropriés ont permis de constater que ces organismes se rencontrent à toutes les profondeurs, mais les résultats précis ne pourront être publiés qu'un peu plus tard, en même temps que la description de l'appareil et de la méthode employés dans ces recherches. M. le Dr Portier a pu observer que la température des Germons est de 10" plus élevée que celle de l'eau, ce qui confirme les asser- tions de Davy. Le fait est évidemment en rapport avec l'activité musculaire si développée chez ces animaux. SUR LA TEMPÉRATURE DU THYNNUS ALALONGA PAR LE D' P. PORTIER C'est une notion classique que les Poissons po.ssèdent exactement la température du milieu dans lequel ils vivent. P. Regnard (1) a fait à ce sujet des expériences très précises au moyen du couple thermo-électrique; il arrive à cette conclusion que les Poissons (1) P. Regnahu, La vie dans les eaux. Masson, 1891, p. 309. 80 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 d'eau douce sur lesquels il opère ont à un cinquantième de degré près la même température que l'eau dans laquelle ils nagent. Cependant, certains auteurs, J. Davy en particulier, out annoncé autrefois qu'ils avaient observé chez des Poissons marins des tem- pératures pouvant dépasser très sensiblement la température ambiante. Davy trouve, pour cet excès, 7"22 chez les Pélamides de la mer de Marmara, et 10^ sur une Bonite. Pendant la dernière campagne de la Princesse- A lice aux Açores, j'ai eu l'occasion de prendre avec une très grande exactitude la tem- pérature de nombreux Germons [Thynnus alalonga) au moment de leur sortie de la mer. Comme les observations de Davy avaient été de divers côtés révoquées en doute, j'ai cru intéressant de publier ces observations. Le poids des Germons variait de 2 kgr. à 17 kgr. Sitôt sorti de la mer, le Poisson était jeté sur le pont et solide- ment maintenu par deux hommes, et immédiatement on prenait sa température rectale et sa température au milieu de la masse musculaire dorsale, très développée chez ces Poissons. Voici quelques-uns des chifïres obtenus : 14 sept. 1902, 5 h. du matin. Temp. de la mer 16°4 Temp. rectale 21o5 Temp. au niveau du foie 19o6 14 sept. 8 h. du matin. Temp. de la mer 17''5 1° Germon de S kgr. 400. Temp. au milieu de la masse musculaire dorsale. . . . 25"5 Temp. au niveau du foie 21^0 2° Autre animal. Temp. au milieu delà masse musculaire dorsale .... 26*6 Temp. au niveau du foie 24o0 30 Autre animal de 3 kgr. 500. Temp. au )nilieu de la masse musculaire dorsale. . . . 26'^7 Temp. au niveau du foie 24<'0 On voit que chez le dernier de ces Germons, la température au milieu de la masse musculaire dorsale surpassait de 9"2 la tempé- rature de la mer dans laquelle il était plongé quelques instants auparavant. Il est un fait digne de remarque, c'est que chez ces Poissons, le maximum de température n'est pas atteint au niveau du foie, mais SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 81 au milieu de la masse musculaire dorsale; la principale source de chaleur chez ces animaux paraît être le muscle. Ces Germons, même lorsqu'ils étaient solidement maintenus sur le pont du bateau, ne cessaient de contracter leurs muscles et tout leur corps était animé d'un mouvement de vibration intense ; toute cette énergie mécanique non utilisée se dissipait à l'extérieur sous forme d'énergie calorifique, et lorsqu'après avoir trempé sa maiu dans l'eau de mer, on saisissait l'animal, on avait une sensation de chaleur très nette. La puissance de natation de ces animaux est considérable, ils suivent pendant des heures un bateau marchant à 12 nœuds et plus et cela en se jouant. L'énergie mécanique dépensée dans ce cas est énorme, une partie reparaît à l'état d'énergie calorique, mais est-elle immédiatement dissipée, dans l'eau qui entoure l'animal, ou la température centrale du Poisson s'élève-t-elle de plusieurs degrés au-dessus de la température ambiante, c'est ce que je n'ai pu décider, et ce qui demande de nouvelles recherches que je me propose de faire si j'en trouve l'occasion. CAMPAGNES SCIENTIFIQUES DE S. A. LE PRINCE ALBERT 1er DE MONACO NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES AMPHIPODES DE LA FAMILLE DES LYSIANASSIDAE RECUEILLIS PAR LA PRINCESSE-ALICE DANS LES EAUX PROFONDES DE L'ATLANTIQUE ET DE LA MÉDITERRANÉE PAR ED. CHEVREUX Les Lysianassides provenant des grands fonds du nord de la Norvège ayant été citées dans une note précédente (1), il ne sera fait mention ici que des formes capturées dans les parties tempérées et tropicales de l'Atlantique et en Méditerranée, par des profon- H) E. Chevreux. Sur quelques intéressantes espèces d'Amphipodes provenant de la dernière campagne de la Princesse Alice. Bull, de la Soc. Zool. de France, XXIV, 1899, p. 147. Bull. Soc. Zool. (ie Fr., 190:{. xxviii. — 8. 82 SÉANCE DU 23 FÉVRIEK 1903 deurs dépassant 1.000 mètres. On remarquera que quinze des dix-sept espèces obtenues ont été prises dans des nasses, ce qui prouve une fois de plus la grande supériorité de ces engins pour la capture des Lysianassides. L'une des deux espèces prises au chalut, AinaiijUls indclirllm Bonnier, estdu reste tout à fait sur la limite de la famille. En dehors des six espèces nouvelles décrites som- mairement ci-dessous, et dont l'une, ParacalUsoina Alherti, est fort remarquable, quelques résultats intéressants ont été obtenus, parmi lesquels il faut citer la présence, dans les parages des îles du Gap Vert, d'un Cyclocaris connu seulement de Tahiti et la cap- ture d'une espèce du genre Hoplonyx en Méditerranée. NORMANION ABYSSI nOV. Sp. Stu. 769, 22-23 mai 1897. Méditerranée, au large de Monaco, nasse, fond de vase et sable, profondeur 2.368 mètres. Une femelle. Femelle. — Corps modérément obèse, translucide, mesurant à peine trois millimètres de longueur. Tète aussi longue que le premier segment du mésosome et ne présentant pas de projection rostrale ; lobes latéraux peu saillants, presque rectangulaires. Plaques coxales des trois premières paires un peu plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Plaques coxales de la quatrième paire n'atteignant pas la hauteur de leur segment. Plaques épimérales du troisième segment du métasome largement arrondies eu arrière. Premier segment de l'urosome à peine échancré dorsa- lemeut. Organes de vision non apparents. Antennes supérieures (fig. 1, A) aussi longues que l'ensemble de la tête et des deux premiers segments du mésosome. Premier article du pédoncule un peu plus long que l'ensemble des deux articles suivants. Fiagellum principal comprenant cinq articles, dont le premier porte de nombreuses et volumineuses tigelles sensitives. Fiagellum accessoire tri-articulé, atteignant près des deux tiers de la longueur du fiagellum principal. Antennes inférieures (fig. 1, B) de la longueur des antennes supé- rieures. Cinquième article du pédoncule beaucoup moins long que le quatrième article. Fiagellum un peu plus court que l'ensemble des deux derniers articles du pédoncule et composé de quatre articles seulement. Gnathopodes antérieurs [dg. 1, G) très robustes et très allongés. Article basai un peu plus court que l'ensemble des quatre articles suivants. Article ischial remarquablement allongé. Article méral très court. Carpe ne présentant pas de prolongement lobiforme. SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 83 Propode beaucoup plus large que long. Bord antérieur très court. Bord postérieur fortement convexe. Bord palmaire lisse, terminé par une dent aiguë, accompagnée de deux courtes épines et d'une épine longue et grêle. Dactyle peu robuste, aussi long que le bord palmaire. Gnathopodes postérieurs beaucoup plus grêles et un peu plus courts que les gnathopodes antérieurs. Propode un peu moins long que le carpe et terminé par un prolongement aigu, qui forme, avec le dactyle, un petit organe préhensile. Article basai des pattes des trois dernières paires ovale allongé ; dactyle long et grêle, atteignant plus des deux tiers de la longueur du propode. Pattes Fig. i. — Normanion abysai nov. sp. — A, antenne supérieure; B, antenne inférieure; C, gnathopode antérieur ; D, patte de la sixième paire ; E, patte de la septième paire; F, uropodes et telson. delà sixième paire (fig. 1, D) beaucoup plus longues que les pattes delà septième paire (fig. 1, E). Extrémités des uropodes (fig. 1, F) atteignant à peu près au même niveau. Pédoncule des uropodes de la dernière paire un peu plus long que la branche interne. (L'article terminal de la branche externe manquait chez l'unique exemplaire recueilli). Telson (fig. 1, F) quadrangulaire, plus large que long. On ne connaissait, jusqu'ici, que deux espèces du genre Norma- nion : A', quadriinanus (Bâte et Westwood), des côtes d'Angleterre 84 SÉANXE DU 25 l'ÉVUJliK lOO^^ et de Norvège, et N. amblyops G. 0. Sars, doDt les seuls exem- plaires connus ont été trouvés sur la peau de Poissons [Gadus segle- finus et Spinax nifjer) pris à la ligne sur la côte occidentale de Nor- vège, dans le Trondhjenisfjord, par 200 à 300 brasses (365 à 748 mètres) de profondeur. La nouvelle espèce, très voisine de N. am- blyops, en ditïère surtout par l'absence d'yeux apparents, par la grande longueur des pattes de la sixième paire et des dactyles des pattes des trois dernières paires, par le peu de longueur des uro- podes de la dernière paire et par les proportions du telson. IcHNOPUs AFFiNis Hcller. Stn. 498, 27-28 août 1894. Golfe de Gascogne (lat. 46^52' N. ; longit. 7''5r 0.), nasse, fond de roche et sable vaseux, profondeur 2.620 mètres. Deux femelles, dont la plus grande, mesurant 15 mil- limètres, était presque entièrement vidée, probablement par des Callisoma Hopei, un petit exemplaire de cette espèce se trouvant encore dans l'intérieur du mésosome. Ichnopus a/finis, bien reconnaissable au long piolongement den- tiforme du second article du pédoncule de ses antennes supérieures, n'avait été rencontré, jusqu'ici, qu'en Méditerranée. La Princesse Alice en a pris de nombreux exemplaires dans une nasse placée au voisinage de l'île de Montecristo (stn. 297), par 80 mètres de pro- fondeur. Callisoma Hopei Costa. Stn. 498 (voir ci-dessus). Un petit exemplaire, mesurant 2™™. ,5, trouvé dans le corps d'un Iclinopas aUinis (1). — Stn. 1100, 19-21 avril 1901. Méditerranée, à environ 25 milles de Calvi (lat. 43°02' N. ; longit. 6o22' E.), nasse, fond de vase jaunâtre peu sableuse, 2.500 mètres. Trois mâles, deux femelles, ne différant de la forme des petites profondeurs que par l'absence d'organes apparents de vision. Pakagallisoma Alberti nov. gen. et sp. Stn. 532, 26-27 juin 1895. Parages des Açores (lat. 37"52'N. ; longit. 27^03'O.), nasse, fond de vase à globigérines, profondeur 2178 mètres. Une femelle de 13 millimètres de longueur. — Stn. 730, 3-5 août 1890. Parages des Açores (lat. 37''58'N. ; longit. 28o33'30"O.), nasse, fond de sable vaseux, profondeur 2.660 mètres. Trois femelles. — Stn. 792, 29 juin-l^»' juillet 1897. Parages de (1) Voir à ce sujet : E. Chevreux, Les Amphipodes des premières campagnes de a Princesse Alice. Mémoires de la Soc. Zool. de France, VIII, 1895, p. 4ii5. SÉANCE DU 2,0 FÉVRIER 1903 85 Madère (lat. 32''32'10"N. ; longit. 19''24'40"O.), nasse, fond de vase gris noirâtre à grains fins de sable, profondeur 2.480 mètres. Cinq mâles, neuf femelles. Femelle. — Corps très obèse, mesurant 10 millimètres delongueur, dans la position où il est figuré (fig. 2). Tête plus courte que le premier segment du mésosome, lobes latéraux assez saillants, aigus à l'extrémité. Plaques coxales très petites, beaucoup moins hautes que les segments correspondants du mésosome. Plaques coxales de la quatrième paire prolongées en arrière pour former un lobe étroit et aigu. Plaques coxales de la cinquième paire près de deux fois aussi larges que hautes, à peine échancrées au bord Fig. 2. — Paracallisoma Alberli nov. gen. et sp. Femelle vue du côté droit. inférieur. Plaques épimérales des deux derniers segments du métasome terminées en arrière par un petit prolongement obtus. Premier segment de l'urosome présentant une carène arrondie, suivie d'une large dépression dorsale, bien différente de l'incision qui caractérise les espèces du genre Callisoma. Organes de vision non apparents. Antennes supérieures un peu plus longues que l'ensemble de la tête et du premier^segment du métasome. Premier article du pédoncule très volumineux, presque aussi large que long: deuxième et troisième articles très courts, d'égale taille. Flagellum principal comprenant six articles, dont le premier atteint la longueur de l'ensemble des cinq suivants. 86 SÉANCE DU 25 FÉVRIEH 1903 Flagellum accessoire composé d'un article allongé, suivi de deux articles très courts. Antennes inférieures atteignant à peu près le double de la longueur des antennes supérieures. Quatrième article du pédoncule beaucoup plus gros et plus long que le cinquième article. Flagellum comprenant vingt-deux articles. Pièces buccales peu différentes de celles des espèces du genre Callisoma. Processus molaire des mandibules affectant la forme d'une dent longue, étroite et aiguë. Palpe des maxilles de la première paire remarquablement large. Lobe externe des maxilli- pèdes atteignant au niveau de l'extrémité du deuxième article du palpe. Fig. 3. — Paracallùnma Alberti nov. gen. et sp. — A, extrémité d'un gnatho- pode antérieur; B, gnathopodc postérieur; C, patte de la cinquième paire; D, uropodes de la dernière paire et telson. Gnalhopodes antérieurs à peu près semblables à ceux des Calli- ^otna. Propode (fig. 3, A) arrondi à l'extrémité, qui est garnie de touffes d'épines et de soies, sans traces de dactyle. Gnatbopodes postérieurs (fig. 3, B) beaucoup plus longs et plus robustes que les gnatbopodes antérieurs. Propode subtriangulaire, fortement dilaté à l'extrémité. Bord palmaire formant un angle légèrement obtus avec le bord postérieur. Dactyle fortement recourbé, beaucoup plus court que le bord paluiaire. Pattes des troisième et quatrième paires assez robustes; article méral fortement dilaté au bord anté- rieur. Pattes de la cinquième paire (fig. 3, G) très remarquables SÉANCE nv 25 FÉVRIER 1903 87 par la forme de leur article basai, étroit à la base, présentant un bord antérieur convexe, un bord postérieur concave, et prolongé intérieurement par un large lobe arrondi, qui dépasse de beaucoup l'extrémité de l'article ischial. Pattes des sixième et septième paires à peu près d'égale taille. Article basai subovale, beaucoup plus large et plus long dans les pattes de la dernière paire que dans les pattes précédentes et prolongé eu un lobe arrondi, un peu moins grand que celui des pattes de la cinquième paire. Uropodes des deux premières paires garnis de nombreuses épines: brancbes plus courtes que le pédoncule. Uropodes de la dernière paire (fig. 3, D) dépassant de beaucoup les uropodes pré- cédents. Branche interne un peu plus courte que la branche externe et bordée de longues soies ciliées. Telson (fig. 3, D) très allongé, subtriangulaire, fendu sur les trois quarts de sa longueur et por- tant quatre paires d'épines. Mâle. — Premier article du flagellum des antennes supérieures plus allongé et garni de soies plus nombreuses que chez la femelle; quatrième et cinquième articles du pédoncule des antennes infé- rieures garnis de petites touffes de soies au bord antérieur ; quelques petites calcéoles existent au bord antérieur du flagellum. Brancbes des uropodes de la dernière paire garnies de soies ciliées plus nombreuses et plus allongées que chez la femelle. Je prie S. A. le Prince de Monaco de vouloir bien accepter la dédicace de cette intéressante espèce, type d'un nouveau genre d'Amphipodes des grands fonds de l'Atlantique. HiPPOMEDON BIDENTATUS UOV. Sp. Stu. 506, 13-16 mai 1893. Méditerranée, au large de Monaco, nasse, fond de vase dure, l.oOo mètres. Une femelle, un jyune exemplaire. — Stn. 7G9, 22-25 mai 1897. Au large de Monaco, nasse, fond de vase et sable, 2.368 mètres. Trois mâles, dix-sept femelles et jeunes exemplaires. — Stn. 1.100, 19-21 avril 1901. A environ 25 milles de Calvi (Corse), nasse, fond de vase jaunâtre peu sableuse, 2.500 mètres. Trois mâles, sept femelles et jeunes exemplaires. Femelle oiijère. — Corps comprimé, mesurant 9 millimètres de longueur. Tète aussi longue que l'ensemble des deux premiers segments du mésosome et présentant une projection rostrale assez allongée; lobes latéraux étroits, terminés en pointe aiguë. Plaques coxaies des trois premières paires étroites, beaucoup plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Plaques épimérales du deuxième segment du métasome terminées en arrière par une 88 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 dent aiguë. Plaques épimérales du troisième segment (fig. 4, A) prolongées en arrière et terminées inférieurement par une dent aiguë, surmontée d'une autre dent beaucoup plus grande. Premier segment de l'urosome présentant, au bord dorsal, une légère échan- crure, suivie d'une projection arrondie. Organes de vision non apparents. Antennes supérieures (fig. 4, B) aussi longues que l'ensemble de la tête et des deux premiers segments du mésosome. Premier article du pédoncule présentant, au bord antérieur, un prolongement obtus qui atteint au niveau de l'extrémité du second article. Flagellum composé de six articles, Fig. 4. — Hippomedon bidentatus nov. sp. — A, plaque épimérale du troisième segment du métasome ; B, antenne supérieure ; C, derniers articles d'un gnathopode antérieur ; D, derniers articles d'un gnathopode postérieur ; E, uropode de la dernière paire ; F, telson. dont le premier atteint la longueur de l'ensemble des cinq suivants, Flagellum accessoire bi-articulé. Antennes inférieures atteignant un peu plus du double de la longueur des antennes supérieures. Cinquième article du pédoncule un peu plus long mais beaucoup moins gros que le quatrième. Flagellum composé de vingt-cinq articles. Article basai des gnathopodes antérieurs un peu plus court que l'ensemble des trois articles suivants. Propode (fig. 4, C) régulière- ment ovale, atteignant les deux tiers de la longueur du carpe. SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 89 Dactyle grêle et allongé. Gnathopodes postérieurs de même longueur que les gnathopodes antérieurs. Propode (fig. 4, D) atteignant un peu plus de la moitié de la longueur du carpe. Dactyle un peu plus robuste que chez les autres espèces du genre Hippoinedon. Dactyle des pattes des troisième et quatrième paires un peu plus long que le propode. Article basai des pattes des trois dernières paires relati- vement étroit, nettement denticulé au bord postérieur. Dactyle un peu plus court que le propode. Branches des uropodes des deux premières paires à peu près aussi longues que leur pédoncule. Uropodes de la dernière paire (fig. 4, E) un peu plus longs que les uropodes précédents. Branches d'égale taille, ne portant ni soies, ni épines. Telson (fig. 4, F) beau- coup plus long que le pédoncule des uropodes de la dernière paire, fendu sur les trois quarts de sa longueur et portant deux paires d'épines latérales et une paire d'épines terminales. Mâle. — Un peu plus petit que la femelle. Premier et second articles du pédoncule des antennes supérieures prolongés au bord antérieur. Flagellum comprenant sept articles, dont le premier atteint la longueur de l'ensemble des six articles suivants, et portant des calcéoles le long de son bord postérieur. Antennes inférieures beaucoup plus longues que celles de la femelle. Flagellum com- prenant vingt-neuf articles très allongés, portant des calcéoles au bord antérieur. Uropodes de la dernière paire ne différant de ceux de la femelle que par la présence de petites soies très fines le long du bord externe de chacune des branches. Hippomedon bidentatus diffère des autres espèces du genre par la forme très caractéristique des plaques épimérales du troisième segment du métasome et par la grande longueur des dactyles des pattes des troisième et quatrième paires. Hippomedon robustus G. 0. Sars. Stn. 703, 19 juillet 1896. Parages des Açores (lat. 39°2r->0" N. ; longit. 33°26' 0.), chalut, 1.360 mètres. Une femelle, mesurant 11 millimètres de longueur. Les seuls exemplaires connus de cette espèce ont été pris sur la côte de Norvège, dans le Trondhjemsfjord, par environ 50 brasses (91 mètres) de profondeur. Cyclocaris tahitensis Stebbing. Stn. 1206, 18-20 août 1901. Parages des îles du Cap Vert, à sept milles au S. 0. de l'île de Sal, nasse, fond de vase sableuse grise, I 90 SÉANCE DU 2o FÉVRIER 1903 1.477 mètres. Un exemplaire mesurant 10 millimètres de longueur. L'exemplaire décrit par le Rév. Stebbing avait été pris par le C/mZ/cH^c/- à la surface, près de Tahiti, la profondeur en cet endroit étant de 420 brasses (788 mètres). Malgré l'énorme distance qui sépare les deux habitats, je n'ai pu trouver aucun caractère per- mettant de séparer spécifiquement le type de la Princesse Alice de celui du ChaUetiger. Tout au plus pourrait-on noter que, chez l'exemplaire des îles du Cap Vert, les pattes des trois dernières paires sont moins épineuses que chez l'exemplaire de Tahiti et que l'échancrure terminale des lobes du telson est de forme un peu différente. Orchomene humilis (Costa). {== Orchomene Batei G. 0. Sars). Stn. 392, 23-26 avril 1894. Au large de Monaco, nasse, 1 .474 mètres. Quatre femelles. Espèce commune sur le littoral de l'Océan et, en Méditerranée, entre 0 et 60 mètres de profondeur. Le professeur Délia Valle a signalé sa présence dans les parages de Naples, par une profon- deur de 1.000 mètres. Orchomenella dilatata nov. sp. Stn. 1048, 7-8 mai 1899. Parages de la Corse (lat. 41° 47' N. ; longit. 4° 54' E.), nasse, fond de vase, 2.276 mètres. Deux exem- plaires. Corps modérément comprimé, mesurant 3 millimètres de lon- gueur. Tête beaucoup plus longue que le premier segment du mésosome et présentant nue petite projection rostrale ; lobes laté- raux très allongés, étroits, un peu arrondis à l'extrémité ; angles postérieurs aigus. Plaques coxales des quatre premières paires relativement peu élevées, bien que beaucoup plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Plaques coxales de la cinquième paire un peu plus larges que hautes. Angle postérieur des plaques épimérales du troisième segment du métasome pro- longé en arrière et aigu à l'extrémité. Premier segment de l'uro- some présentant une assez profonde dépression dorsale. Organes de vision non apparents. Antennes supérieures aussi longues que l'ensemble de la tête et des deux premiers segments du mésosome. Premier article du pédoncule très volumineux, aussi large que long, deuxième et troisième articles très courts. Premier article du flagellum un peu plus long que l'ensemble des deux SÉANGK DU 25 FÉVRIER 1903 91 articles suivants, portant de lonp:ues soies sensitives et suivi de huit articles assez al)ondainnient ciliés. Flai^ellurn accessoire tri- articulé ; premier article plus long que le premier article du flagel- lum principal, deuxième et troisième articles beaucoup plus courts, d'égale taille. Antennes inférieures un peu plus longues que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule beaucoup plus court que l'article précédent, flagellum composé de onze articles. Les antennes ne portent pas de calcéoles. Epistome un peu moins saillant que la lèvre antérieure. Proces- sus molaire des mandibules peu développé, situé à la même hauteur que le palpe. Lobe interne des maxilles de la première Fig. 5. — Orchomenella dilatata nov. sp. A, gnathopode antérieur; B, gnatho- pode postérieur ; C, patte de la troisième paire; D, patte de la dernière paire; E, uropode de la dernière paire; F, telson. paire très étroit, lobe externe obliquement tronqué à Textrémité, palpe bien développé. Lobe externe des maxilles de la deuxième paire très étroit, beaucoup plus long que le lobe interne. Lobe interne des maxillipèdes carrément tronqué, lobe externe attei- gnant au niveau de l'extrémité du deuxième article du palpe. Article basai des gnathopodes antérieurs (fig. 5, A) aussi long que l'ensemble des trois articles suivants. Propode un peu plus long que le carpe, légèrement dilaté et obliquement tronqué à son extré- mité. Dactyle de la longueur du bord palmaire, portant deux soies et une petite dent au bord interne. Gnathopodes postérieurs (lig. 5, 6) 92 SÉANCE DU 2o FÉVRIER 1903 un peu plus longs que les gnathopodes antérieurs. Propode prolougé inférieurement pour former, avec le dactyle, un petit organe préhensile. Dactyle des pattes des troisième et quatrième paires (tîg. 5, C) n'atteignant que la moitié de la longueur du propode. Article basai des pattes de la cinquième paire ovale allongé, crénelé au bord postérieur. Article basai des pattes de la sixième paire étroitemeut ovale. Pattes de la dernière paire (fig. 5, D) beaucoup plus longues que les pattes de la cinquième paire ; article basai largement ovale, crénelé au bord postérieur. Branche interne des uropodes de la dernière paire (fig. 3, E) plus courte que la branche externe, mais plus longue que le premier article de cette branche. Telson (fig. 3, F) relativement peu allongé, fendu sur les trois quarts de sa longueur et portant une paire d'épines latérales et une paire d'épines terminales. Cette espèce est assez \o\s\ne d'OrchomeneUa laevisBonmer, mais, chez cette dernière forme, le dactyle des pattes des troisième et quatrième paires est plus long que le propode, les pattes des trois dernières paires vont en diminuant progressivement de longueur, de la cinquième à la septième, et l'article basai des pattes de la dernière paire est plus long que l'ensemble de tous les articles suivants. Le nom spécifique fait allusion à la forme un peu dilatée de l'ex- trémité du propode des gnathopodes antérieurs. Orchomenopsis abyssorum (Stebbing). Stn. 532, 26-27 juin 1895. Parages des Açores (lat. 37«52'N. ; longit. 27''03'O.), nasse, fond de vase à globigériues, iM78 mètres. Deux femelles. — Stn. 73'J, 3-5 août 1896. Parages des Açores (lat. 37''38'N. : longit. 28o33'30"O.), dans les petites nasses placées à l'intérieur de la grande nasse, fond de sable vaseux, 2.660 mètres. Nombreux exemplaires. Cette espèce a été décrite par le Rév. Stebbing d'après un exem- plaire mâle, dragué par le Challenger au large de Buenos-Ayres, par 1,900 brasses (3.475 mètres). Dans sa campagne de 1888 (Stn. 256), VUiroiidelle a pris un mâle d'O. abysàorum dans un filet bathypé lagique traînée 2.200 mètres au dessous de la surface. La plus grande femelle de la Stn. 532 mesure 10 millimètres de longueur. Elle sera décrite en détail dans un travail plus étendu ; je mention- nerai simplement ici qu'elle diffère du mâle parla forme beaucoup plus large des lobes latéraux de la tête, par l'absence de calcéoles aux antennes et par ses uropodes de la dernière paire un peu plus courtset garnis seulement de quelques soies simples. I SÉANCE DU 2o FÉVRIER 1903 93 Orchomknopsis proxima nov. sp. StQ. 1138, 21-22 juillet lilUl, Parages des îles du Cap Vert (lat. 10044' N.; longit. 27<'08'20" 0.), dans les petites nasses placées à l'intérieur de la grande nasse, fond dur, 692 mètres. Plusieurs centaines d'exemplaires des deux sexes. — Stu. 1195, 1617 août 1901. Parages des îles du Cap Vert (lat. 15ol7'40" N ; longit. 25o23' 0.),dans les petites nasses placées à l'intérieur de la grande nasse, fond dur, 1.300 mètres. Un mâle, une femelle. Femelle. — Corps, tête, pièces buccales et antennes semblables aux organes correspondants chez 0. obtusa GO. Sars. Yeux très Fig. 6. — Orcfiomenopsis proxima nov. sp. — A, extrémité d'un gnathopode antérieur ; B, extrémité d'un gnathopode postérieur ; C, uropodes de la der- nière paire et telson. grands, bien conformés, réniformes. Gnathopodes antérieurs très robustes. Carpe (fig. 6, A) atteignant les deux tiers de la longueur du propode, qui est légèrement dilaté à son extrémité. Carpe des gnathopodes postérieurs (fig. 6, B) extrêmement développé. Propode atteignant à peine le tiers de la longueur du carpe et fortement dilaté à son extrémité, le bord inférieur étant à peu près perpendi- culaire au bord antérieur. Bord postérieur prolongé pour former une petite pince avec le dactyle. Pattes suivantes semblables à celles d'O. obtusa. Uropodes de la dernière paire (fig. 6, C) attei- gnant à peine un peu au-delà des uropodes précédents. Branche 94 SÉANCE DU 25 FÉVRlEIi 1903 interne beaucoup plus courte que la branche externe, non compris son petit article terminal. Telson (tig. 6, C) subtriangulaire, moins de'deux fois aussi long que large, fendu sur un peu plus de la moitié de sa longueur : lobes légèrement divergents à l'extrémité, armés de cinq paires d'épines latérales et d'une paire d'épines terminales. Mâle. — Antennes un peu plus allongées. Bord postérieur des antennes supérieures et bord antérieur des antennes inférieures garnis de calcéoles. Branches des uropodes delà dernière paire portant de nombreuses soies ciliées au bord interne. Telson fendu sur les deux tiers de sa longueur. Cette nouvelle espèce, très voisine d'O. obtusa G. 0. Sars, des côtes de Norvège, en diflfère par la forme du carpe et du propode des gnathopodes postérieurs et par les proportions des branches des uropodes de la dernière paire. Elle diffère d'O. musculosa (Stebbing), des mers du Japon, par les proportions des deux der- i niers articles du pédoncule des antennes inférieures, par la forme du propode des gnathopodes postérieurs, par les proportions des branches des uropodes de la dernière paire et par les caractères du telson. Orchomenopsis excavata nov. sp. Stn. 753, 18 19 août 1896. Océan Atlantique (lat. { 39I4!, N. ; longit. i IJ27., 0-)j chalut, vase blanche à globigérines, 4.360 m. Un exemplaire de 6 millim. de longueur, trouvé dans le résidu d'une Holothurie [Scotoanassa translucida Hérouard). — Stn. 1212, 21-23 août 1901. Parages des îles du Cap Vert, entre les îles Fogo et S. Nicolaô, dans les petites nasses placées à l'intérieur de la grande nasse, fond de vase sableuse piquée de noir et globigérines, 3.970 mètres. Cinq femelles. Femelle. — Corps très obèse, mesurant 11 millim. de longueur. Tète plus longue que le premier segment du mésosome ; lobes latéraux très saillants, larges et arrondis à l'extrémité. Plaques coxales des quatre premières paires beaucoup plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Plaques coxales de la cinquième paire un peu plus larges que hautes. Plaques épimé- rales du troisième segment du métasome prolongées et largement arrondies en arrière. Premier segment de l'urosome (tîg. 7, A) présentant une large et profonde dépression dorsale, suivie d'une carène arrondie. Yeux imparfaits, sans traces d'ocelles, représentés par une tache SÉANCE DU 25 FÉVRIKR 1903 95 de couleur foncée, alïectant la forme contournée des yeux â'Hoplo- nyr cicada (Fabr.) Antennes supérieures (fi^. 7, B) un peu plus longues que l'ensemble de la tète et du premier segment du mésosome. Premier article du pédoncule très volumineux, plus de deux fois aussi long que l'ensemble des deux articles suivants, qui sont à peu près d'égale taille. Flagellum principal composé de douze articles abondamment ciliés : premier article aussi long que l'ensemble des cinq articles suivants. Flag-^llum accessoire attei- gnant la moitié de la longueur du flagellum principal et composé de cinq articles. Antennes inférieures un peu plus longues que les Fig. 7. — Orchomenopsis excavatu nov. sp. A, urosome et ses appendices ; B, antenne supérieure; C, maxille de la deuxième paire; D, gnatopode auté- rieur; E, gnatopode postérieur; F, uropode de la dernière paire; G, telson. antennes supérieures. Quatrième article du pédoncule beaucoup plus long que le cinquième article, tous deux étant finement ciliés au bord antérieur. Flagellum comprenant treize articles. Pièces buc- cales différant peu de celles du type du genre, Orchomenopsis obtusa G. 0. Sars, sauf que le lobe interne des maxilles de la deuxième paire (fig. 7, G) est beaucoup plus court que le lobe externe. Gnathopodes antérieurs (fig. 7, D) courts et robustes. Carpe présentant un prolongement lobiforme très étroit et très allongé. Propode assez couit, sa largeur atteignant les deux tiers de sa longueur. Gnathopodes postérieurs (fig, 7, E) beaucoup plus longs que les gnathopodes antérieurs. Carpe allant en s'élargissant de la base à l'extrémité. Propode très étroit à sa base, dilaté à son extré- 96 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 mité. Bord palmaire fortement concave et terminé par une dent four- chue au milieu de laquelle l'extrémité du dactyle vient s'appuyer. Pattes des trois dernières paires courtes et robustes. Article basai largement ovale, crénelé au bord postérieur. Article méral assez fortement dilaté en arrière. Pattes des deux dernières paires d'égale taille, un peu plus longues que les pattes de la cinquième paire. Extrémités des uropodes des deux premières paires atteignant à peu près au même niveau, Uropodes de la dernière paire (fig, 7, F) dépassant à peine le niveau des uropodes précédents. Branche externe portant cinq longues soies ciliées au bord interne. Branche interne presque aussi longue que la branche externe et portant trois soies ciliées au bord interne. Telson (fig. 7, G) fendu sur un peu plus de la moitié de sa longueur. Lobes assez fortement diver- geants à l'extrémité, chacun d'eux portant une épine terminale, cinq épines latérales et une touffe de petites soies. Cette espèce se rapproche d'Orchomenopsis cavimana (Stebbing), de l'Ile Kerguelen, par la forme du propode des gnathopodes posté- rieurs, mais en dilïère par de nombreux caractères. Chez 0. cavimana, les yeux sont bien conformés, la carène du premier segment de l'urosome est aiguë à l'extrémité, le lobe interne des maxilles de la deuxième paire est presque aussi long que le lobe externe, le carpe des gnathopodes postérieurs est beaucoup plus large eu son milieu qu'à son extrémité, la branche interne des uropodes de la dernière paire est beaucoup plus courte que la branche externe, non com- pris le petit article terminal, le telson est fendu sur les trois quarts de sa longueur et ne porte que deux paires d'épines latérales. Tryphosites longipes (Sp. Baie). Stn. 318, 7-8 août 1893. Méditerranée, entre Messine et le Stromboli (lat. 38o 37' N. ; longit, 13° 03' E.), nasse, 1.210 mètres, deux femelles, de 7 millimètres de longueur. Euryporei.\ gryllus (Mandt). J'ai déjà eu occasion de mentionner (1) les nombreuses captures de cette belle espèce, effectuées dans les nasses de la Princesse Alice, par des profondeurs atteignant jusqu'à 5.310 mètres. La liste que j'en ai donnée s'arrête à la campagne de 1898. Voici les cap- tures qui ont été faites depuis : Stn. 1206, 18-20 août 1901. Parages des îles du Cap Vert, à d) Sur deux espèces géantes d'Amphipodes provenant des campagnes de yacht frincesse Alice. Bull, de la Soc. Zool. de France, xxiv, 1889. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1903 Ot 7 milles an Sud-Ouest de l'île de Sal, nasse, fond de vase sableuse grise, 1477 mètres. Un exemplaire, de 55 millimètres de longueur. Stn. 1212, 21-23 août 1901. Parages des îles du Cap Vert, entre les îles Fogo et S. Nicolaô, nasse, foud de vase sableuse piquée de noir et globigérines, 3970 uiètres. Dix exemplaires de petite taille, dont le plus grand mesure 45 millimètres. HoPLONYX ciCADA (Fabricius). Stn. 485, 20-21 août 1894. Océan atlantique (Lat. 43'^52'N.; Lougit. 11°22'0), petites nasses placées dans la grande nasse trian- gulaire, fond de sable fin et foraminifères, 1.674 mètres. Une cinquantaine d'exemplaires, les plus grandes femelles mesurant 19 millimètres de longueur. HoPLONYX LEUCOPHTALMUS G.-O. Sars. Stn. 292, 26 septembre 1892. Méditerranée, au nord de la Corse (Lat. 43"27'N. ; Longit. 6°50'E.), filet bathypélagique à rideau, 1.200 mètres. Un mâle mesurants millimètres de longueur. - Stn. 318, 7-8 août 1893. Méditerranée, entre Messine et le Stromboli (Lat. 38o37'N.; Longit. 13o05'E.), petites nasses placées dans la grande nasse triangulaire, 1.210 mètres. Dix-huit exemplaires, dont le plus grand mesure 9 millimètres de longueur. Les différences qui distinguent les exemplaires méditerranéens du type des mers de Norvège sont tellement faibles qu'il ne m'a pas paru possible de séparer spécifiquement les deux formes. La principale de ces différences consiste dans la présence de deux paires d'épines latérales sur le telson des exemplaires de la Prin- cesse Alice, tandis qu'il n'existe qu'une paire de ces épines chez la forme du nord de l'Europe. La forme méditerranéenne sera décrite dans un travail ultérieur. Amaryllis pulchellus Bonnier. Stn. 719, 27 juillet 1896. Parages des Açores (Lat. 39oll' N; Longit. 32»44'30"O.), chalut, 1.600 mètres. Une femelle. — Stn. 738, 7 août 1896. Parages des Açores (Lat. 37''40'N. ; Longit. 28°46'..30"O.), chalut, fond de sable vaseux, 1,919 mètres. Une femelle. — Stn. 743, 11 août 1896. Parages des Açores (Lat. 37°35'45"N. ; Longit. 27°37'30"O.j, chalut, fond de gros sable et roches, 1.494 mètres. Une femelle. Cette espèce a été décrite d'après un exemplaire femelle, dragué par le Caudan, dans le golfe de Gascogne, par 950 mètres de pro- fondeur. Bull. Soc. Zool. cl.- Fr., l'.)03. xxviii. — 9. 98 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 A PROPOS DU GENRE NOTOXUS (Geoffr.) Fabr. PAR M. PIC Etant donné que les noms génériques créés par Geoffroy dans son Histoire abrégée des Insectes ne sont pas établis suivant les prin- cipes delà nomenclature binaire, et par conséquent n'ont aucune valeur scientifique, que deviendra le genre Notoxus créé par lui et nettement défini tout d'abord par le caractère si particulier de la corne prothoracique ? Les anciens auteurs, par exemple Fabricius, attribuèrent le nom de Notoxus à plusieurs espèces fort disparates; étant admis que Fabricius, à cause de sa nomenclature binaire, doit être regardé comme le créateur de ce genre Notoxus, faudra-t-il en conclure que le nom de Notoxus^ tel qu'on le comprend aujourd'hui, n'a pas sa première acception et qu'il faut la changer. Attribuer, par exemple, ce genre à l'espèce décrite la première (1) daus les ouvrages de cet auteur ? Si Fabricius n'avait pas admis dans son genre Notoxus l'espèce monoceros h., cette question de nomenclature serait tout naturellement résolue, mais cette espèce, type du genre de Geoffroy, existe aussi dans le genre Notoxus de Fabricius et c'est là une première raison pour nous faire dire que c'est cette espèce avant toute autre qui a dû servir de type pour l'établissement du genre Notoxus de Fabricius. Dans Systema Entomotogica (1773), deux espèces disparates sont rangées dans le genre Notoxus : mollis et monoceros. Evidemment, le caractère générique des « antennes moniliformes », s'applique mieux à la deuxième espèce qu'à la première. Dans Mantissa Insectorum, I, 1787, p. 127 (2), on peut constater de nouveau que le caractère des « antennes filiformes » est moins facilement applicable aux espèces mollis et surtout violaceus [Clerides (1) L'interprétation que le nom de l'espèce placée en télé du genre doit repré- senter le type du genre, n'est pas absolue, elle doit être applicable seulement quand on n'a pas de sérieuses raisons de croire qu'une espèce décrite dans le même ouvrage, et seulement quelques lignes plus loin, représente mieux le type de ce genre. (2) Dans le cas présent, il n'y a pas lieu de tenir compte des caractères diffé- rents postérieurement donnés par le même entomologiste {Entoin. Syst.,l~Q2, I, p. XIV), par exemple : « antennae extrorsum crassiores ». SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 99 actuellement), bien que celles-ci soient placées avant, qu'à l'espèce monoceros (Notoxus de nos jours). Deuxième raison, plus impor- tante, en faveur de la préférence du genre Notoxus adopté pour l'espèce monoceros L. Ayant constaté que le nom générique de Notoxus, tel qu'il est défini tout d'abord par Fabricius, s'applique mieux à une espèce qu'à une ou plusieurs autres, nous pouvons en conclure que le nom de Notoxus doit être adopté pour l'espèce monoceros ; d'ailleurs l'étymologie du nom de Notoxus est probante pour combattre toute autre interprétation générique. Comme conclusion, je considère que le nom générique de Notoxus F. doit rester à monoceros L. (Anthicidae) et aux espèces voisines et, par conséquent, que la définition de ce genre, telle qu'elle est reconnue universellement de nos jours, invariablement depuis 1832, je crois, doit être admise sans contestations. SUR LA DISTRIBUTION ET LES AFFINITÉS RÉCIPROQUES DES SIPUNCULIDES PAR MARCEL-A. HÉRUBEL Le but principal de ce travail — fait dans les laboratoires de M. le professeur Y. Delage, à RoscofI et à la Sorbonne — est d'étudier la répartition des Sipunculides, en particulier Sipunculus [Phasco- losoma et Phijmosoma), sur les côtes bretonnes, de l'embouchure de la rivière de Lannion à la baie de Douarnenez. Mais nous avons jugé bon de réunir nos recherches à celles résumées des différents auteurs, afin de constituer un ensemble. 1° Distribution bathymétrique Aucune forme n'est exclusivement littorale ; il y a même des espèces qu'on ne trouve que dans le système abyssal, et le genre Phymosoma qu'on croyait incapable de descendre au-dessous de quelques brasses, a été trouvé par 98"^ (P. scolops). Voici les genres ou espèces caractéristiques des profondeurs suivantes : Entre le niveau des basses eaux et 500i° : Phymosoma, Dendros- toma, Phascolosoma, Phascolion, Aspidosiphon, Stephanostoma. 100 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Entre 500™ et 1500™ : Phascolion Hirondellei, SipunciUus nudus, Aspidosiphon , Phascolosoma , Sipunculus norwegicus, Phascolion Alberti. Entre 1.500 m. et 4.400 m. Phascolion HirondeUei, S. nudus, Phascolosoma flagi^iferum, P. profundurn, Si punculus nitidus. Les plus grandes profondeurs à Sipunculides qui aient été mesurées sont : 4.209 m. [Challenger) — 35°,41 lat. N. 157°,42 long. (P. flagri- ferum). 4255 m. [Tramilleur et Talisman) — entre les Açores et l'Espagne (P. profundurn), 4.400 m. [Princesse Alice) — 36o,42 lat. N. 27o,25 long. 0. (S. nitidus). Dans les mers arctiques où la « Norske Nordhavs Expédition » a ramené par 2.222 m. un Phascolosme (P. Lilljeborgi) — les animaux sont situés d'autant moins profondément qu'ils sont plus septentrionaux. C'est ce que montre le tableau suivant que nous avons dressé : Aire tempérée (de + 6»7 à 004) Aire froide (de 0» à — 104) De 61° lat. N. Du 62 44 lat. N. Au 68» lat. N. Au TO-'ol lat. N. La moyenne des profon- La moyenne des profon- deurs où l'on trouve des Si- deurs où l'on trouve des Si- punculides est de 543°' punculides est de 1064'° Du 70"4 lat. N. Du TOooS lat. N. .\u TS'S lat. N. Au 79 35 lat. N. La moyenne des profon- La moyenne des profon- deurs où l'on trouve des Si- deurs où l'on trouve des Si- punculides est de 224'° punculides est de. ..... 817°" II. — Distribution horizontale. Sur les côtes de Bretagne, les espèces qui représentent les genres Phascolosoma — Sipunculus — Phgmosoma sont ; Phascolosoma vulgare, de Blainville ; P. elongatum Kefer ; P. etongatum var. quique punclata (nov. var.) ; P. Delagei nov. sp. — Sipunculus nudus L. — Phymosoma granulatum Leuck., Phgmosoma Hérouardi nov. sp. De Locquémeau à iMorgat, leurs principaux gisements sont . SÉANCE nu 25 FÉVRIER 1903 101 KSPFfiES UÉCIONS KTUDIÉES DliS RÉGIONS ÉTUDIÉES DES 1 CÙTES KRI.TONNKS DE LA MANCHE CÔTES BREIONNES DE L'aTLA.NTIQI E '■c Locquémeau (embouchure de la ■«^ rivière de Lannion). s Roscufl (en face de la pointe de oo RIoscon, très rare). "s Ile de Batz (rivage E., rare). ^ Berthaume (plage de). Si, Camaret (anses de Camaret). •^ Morgat (plage). 2 8 S S 5.5 s s Roscotï (rochers de Rolas). Morgat (rochers de Cador). ias- Morgat (rochers de Cador) a, 'û3 «i s» Embouchure de la rivière de Morlaix. —Le Cerf. s Carantec (embouchure de la e rivière de Penzé). o Pempoull (plage et herbier). os O Sainte-Anne. — Trébunnec (plage et herbier). Roscoft (port, rare). a- Ile Verte (herbier, rare). gaium Locquémeau (embouchure de la rivière de Lannion). Embouchure de la rivière de o Morlaix. — Le Cerf. Si Carantec (embouchure de la rivière de Penzé). o ce Pempoull (plage et herbierl. Sainte Anne.— Trébunnec (plage o et herbier'. 8 RoscolKporil.— Roches de Rolas. SU Ile Verte (herbier). ! Ile e S e Morgat (rochers de Cador). îsi. 1 C > \ispulosiphon mirahile, qui est norwégien et suédois, on passe au genre Golfmgia, écossais, et de celui-ci au genre Echinosiphon, javanais. Quant aux Owc/«wcso/«f/ et aux Tyloso- ma qui, par leur situation sur le tableau, apparaissent comme étant le terme d'une évolution — ils sont cantonnés au nord. Mais, en réalité, ce ne sont que des formes dégradées. Aussi bien mènent-ils aux Echiurides les plus simple du groupe. On peut conclure de ces considérations que le cosmopolitisme des Sipunculides n'est qu'apparent. Vraisemblablement, ces Géphy- riens étaient, à l'origine, septentrionaux ; puis, par immigration ils ont divergé vers l'équateur en se modifiant. (Travail des laboratoires de Zoologie de la Sorbonne et de Roscoff). PREMIÈRE CONTRIBUTION A LA MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE COMPAREES ET A LA BIOSTATIQUE DES SIPUNCULIDES PAR MARCEL-A. HÉRUBEL Les Gépbyriens, sans être placés très haut sur l'échelle zoolo- gique, le sont suffisamment, néanmoins, pour que la différenciation des fonctions — et par conséquent des organes — soit bien déter- minée. Les Priapulides en sont le type le plus primitif et le plus complet; le plus primitif parce qu'il est le plus simple, le plus complet en ce sens qu'il contient des traits d'organisation communs aux Echiurides et aux Sipunculides. A cet égard, on peut consi- dérer les Priapulides comme la souche des deux autres, qui auraient divergé les uns vers les Annelés, les autres vers les Bryozoaires. Je 112 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 n'ai pas l'inteution de traiter ici des affinités de ces groupes: d'ailleurs, malheureusement, celles des Priapulides nous sont à peu près inconnues; mais il est incontestable, selon nous, qu'ils sont archaïques. Aussi bien leur aire de distribution est-elle peu consi- dérable et leur nombre assez restreint : nous avons vu, au cours d'une note précédente, qu'ils étaient tous cantonnés exclusivement dans les mers froides, mers arctiques surtout et antarctiques, Baltique, etc.. Au contraire, les Sipunculides — comme les Echiu- rides — se rencontrent depuis les régions circumpolaires jusqu'aux rivages subtropicaux. La simplicité relative de leur organisme, qui, en dernière analyse, consiste en un sac clos (oaaxo^Xoç), renfer- mant baignés dans un abondant liquide cœlomique, les principaux appareils, — par là même qu'elle n'exige pas de soins spéciaux et des conditions absolument rigoureuses, leur assure à tous une exis- tence facile. Enfin, il n'est pas douteux qu'ils doivent à la qualité de leur substance la plasticité indispensable à l'adaptation fonction- nelle. Ces deux raisons réunies suffisent provisoirement pour expliquer le cosmopolitisme des Sipunculides. C'est dans cet esprit que nous allons commencer ici l'étude des questions que comporte le titre de cette note préliminaire. II Le fait, pour un animal du type Sipunculide, de vivre dans la vase ou dans du sable qu'il absorbe en tant qu'être exclusivement limivore, implique deux conditions : 1° uue grande facilité et une quasi-continuité dans la préhension ; et — la quantité de sable ou de vase étant très grande par rapport à celle des matières alimen- taires disséminées en leur sein, — 2» une utilisation aussi étroite que possible de ces dernières. La première condition est réalisée par le travail de forage répété qu'opère Tintrovert (J) en se déva- ginant. Au reste, les cils vibratiles, qui tapissent les plis médians des tentacules et le rebord de la bouche, sont d'incessants auxi- liaires pour les actes successifs de la préhension. Afin de satisfaire à la seconde condition, c'est-à-dire afin que les aliments soient triés et absorbés, il est indispensable que l'épilhélium digestif ait une grande surface. Ces deux conditions sont nécessaires et suffisantes. En effet, il est évident que, dans un milieu pauvre en matières alimentaires, la préhension devra être considérable, très rapide et le (1) Le mot « introvert » a étéeinployédo préférence à c trompe >> ou « proboscide >>, le terme « trompe» s'appliquant surtout au lobe préoral des Echiurides, tout-à- fait différent de l'introvert. SÉANCE nu 25 FÉVRIER 1903 113 triage très rigoureux. D'où, chez un animal placé daus untel milieu, un introvert très puissant et un intestin très long. Il y a là une concordance que nous aurons maintes fois l'occasion de constater. La longueur de l'intestin est fonction de l'alimentation. C'est pourquoi chez Sipunculus nudus Linné, par exemple, qu'on ren- contre habituellement dans de grandes étendues de sable (Locqué- meau, Morgat, etc.,) plus ou moins riches en corps nutritifs, la surface digestive est très développée. La distance qui sépare l'anus dorsal de la bouche axiale est faible. L'intestin forme donc un U presque parfait. Mais cette surface dédoublée n'est pas assez grande, il se produit un enroulement spiral particulier qui l'augmente encore davantage. Au contraire, les Phymosoma, surtout ceux de l'Archipel malais, sont pourvus d'un intestin qui, en comparaison avec leur taille moyenne, n'offre qu'une surface peu étendue. Grêle est le (( paquet » intestinal et étroite la lumière du canal digestif. C'est que la vie est vraisemblablement plus facile sur les fonds ou sur les bords ou parmi les Coraux de la baie de Batavia que dans les régions plus froides. Et cela semble si vrai que les appareils digestifs de Sipunculus indiens Péters et de S. bilUtonensis Sluiter non seule- ment sont à peine enroulés, mais ne descendent même pas, quoique bien étendus, jusqu'à l'extrémité caudale de ces deux géphyriens des îles malaises. Ainsi se trouvent réalisés dans l'économie, avec l'étendue maxima de la surface digestive, son minimum de place et son optimum quant à sa disposition par rapport aux mouve- ments généraux du corps — élongation et diminution de diamètre, rétraction et augmentation de diamètre — lesquels ont presque toujours une grande amplitude. Chez Sipunculus nudus L. la double spire intestinale est attachée aux parois du corps par tout un système de brides musculo-conjonc- tives rayonnantes. Il en résulte qu'elle est dans une certaine mesure accolée aux téguments. Chez S. indiens, il y a le même arrangement, mais les brides étant un peu plus longues, elle est moins pariétale, et un muscle assez volumineux s'insère d'une part sur son anse terminale et de l'autre sur l'extrémité caudale de la bête. Différem- ment — la double spire de Phascolosoma vulgare B est enroulée autour d'un muscle (muscle de la spire) (1) qui s'attache près de l'anus et qui porte tendu entre la spire ascendante et lui-même le mésentère dorsal. Les brides sont reléguées au sommet de la spire, (1) Présent aussi chez S. nudus, mais moins considérable, en comparaison avec la masse intestinale totale. Bull. Soc. Zool. dr- Fr.. 11103. xxviii. — 10. 114 SÉANCK DU 25 FÉVRIER 1903 au nombre de 4 ou 5. Dans le tableau suivant, nous avons résumé les principaux modes d'arrangement. Une spire avec muscle bien net (brides grêles et peu nombreuses). Muscle de la spire attaché en bas — sans brides. Aspidosiphon gigas et la plupart des Àspidosiphon Phymosoma. Muscle de la spire attaché en bas — avec brides. Aspidosiphon armatum D. et K. Sipunculuts ai'cassouensis Cuenot. Muscle de la spire non attaché en bas — des brides. Muscle très grêle par rapport à la spire et parfois une spire sans muscle (rien que des brides). Onchnesoma glaciale D. et K. Sipu7iculus nudus L. "hascolosoma Lilljeburgii D. et K. Golfingia arctica. Phascolosoma vulgare B. 11 est évident que plus l'intestin est accolé au corps, 1" plus la grandeur des spires est considérable, et 2° plus il est dépendant des mouvements de ce corps. 11 résulte de là une plus grande surface digestive et une combinaison de mouvements facilitant d'autant l'évacuation du sable ingéré (de fait, j'ai souvent remarqué que l'intestin de Sipunculus nudua se débarrassait relativement vite de son contenu). Or, le tableau ci dessus nous fait assister à l'atténua- tion et à la transformation de cette disposition anatomique depuis Onchne.soma glaciale Koren et Danielssen jusqu'à la plupart des Phymosoma, etc., et à la coïncidence de tout cela avec le passage de SÉANCE DU i5 FÉVRIER 19U3 H5 régious froides à des régions plus chaudes ou plus riches en ma- tières alimentaires. Nous revenons donc de la sorte à ce que nous avons avancé plus haut. III La préhension, avons-nous dit, est assurée par l'introvert et la couroone de tentacules qu'il porte à son extrémité (tète) (1). On sait que cet introvert n'est qu'une région adaptée du corps, car la structure du tégument est en gros la même ici que là. Les muscles longitudinaux — toujours internes — sont ou bien disposés en lame continue (Plia.scolosoma vulgare ; P. cloagatam etc...,) ou bien eu bandelettes discontinues (Sipu/icw/wi., Pkymo- sonia). Mais il y a des intermédiaires. Ainsi, chez Phascolosoma validuni Théel et P. albldum Th., la couche musculaire longitudi- nale est formée de bandelettes réelles mais unies en un plan con- tinu. Chez Phijniosoma Hérouardi nov. sp., celles-ci sont jointes entre elles, d'ailleurs irrégulièrement, par des ponts musculeux, qui font avec la bandelette d'où ils émanent un angle plus ou moins ouvert. Les espaces qui séparent les bandelettes varient avec l'état de l'animal J'ai vu sur des Sijmnculus nudus traités par le formol à 10 p. 100 les bandelettes à tel point pressées les unes contre les autres et, de ce fait, leur hauteur (épaisseur) tellement exagérée, qu'elles ne ménageaient plus au cœlome qu'une faible lumière. Leur grandeur est moins considérable dans l'introvert ; et elles conver- gent toutes vers l'extrémité caudale en un point axial. — Quant aux muscles circulaires, absolument continus chez la plupart des Phascolosomes, ils présentent chez certains Siponcles une ten- dance à s'individualiser, eux aussi, en bandelettes. Une coupe longitudinale de tégument de Sipunculas nudus montre ces bandelettes avec, sur leur face interne — dans la lame conjonctive qui les relient aux muscles longitudinaux — un nerf dont on voit la section. Pris dans leur ensemble chez un même animal, les muscles tégumentaires varient en épaisseur dans un rapport constant. Mais, il en est autrement pour les muscles de deux genres distincts. Voici, par exemple, les rapports moyens de la musculature longitudinale à la circulaire d'un Phascolosome et d'un Siponcle, tous deux traités dans les mêmes conditions et par les mêmes agents : (1) Nous employons ce terme, qui s'applique surtout, il est vrai, à Phascolion, où l'extrémité supérieure de l'introvert est renflée, mais qu'on peut, par homo- logie, étendre à tout le groupe. U6 SÉANCE DU to FÉVRIER 1903 Phascolosoina vulgare Longit. 5,25 Cire. 2,53 Sipunculus nudiis Longit. 15,6 Cire. 9,6 Nous discuterons plus loin ces rapports (voir page 420). Au niveau de l'anus, les muscles tégumentaires forment un sphincter véritable et les fibres internes entourent en un manchon saillant dans le cœlome l'intestin terminal ou rectum. Chez les Siponcles, et en particulier chez Sipunculus nudus, le cordon ner- veux ventral est couché entre deux bandelettes et ses rameaux latéraux s'insinuent entre les deux systèmes longitudinal et circu- laire. Toutefois, dans la région supérieure, ils passent par dessus les bandelettes internes. De plus, dans la région antérieure aux néphridies, le cordon nerveux est accompagné de chaque côté de deux petits muscles, qui prennent naissance chacun sur l'une des deux bandelettes entourantes. Aussi bien — comme nous le verrons plus bas — les muscles rétracteurs ne sont-ils que des ramifications de ce genre. Enfin, en ce qui concerne les faisceaux musculaires obliques, qui, vers le milieu du corps de nombre de Sipunculides, se rencontrent entre les deux couches externe et interne, nous ferons remarquer qu'absents chez les Priapulides, ils se retrouvent chez les Echiurides mais internes et tapissés par le péritoine {Tha- lassema). Sur une coupe longitudinale de tégument de Siponcle, on les voit, ténus et peu nombreux, passer inlérieument par rapport aux nerfs qui courent le long de la face interne des bandelettes circulaires. Le derme, l'épiderme et la cuticule qui recouvrent les muscles ont un développement inégal. Le premier est constitué par une masse de tissu conjonctif membraneux, qui remplit tout l'espace compris entre l'épiderme et le péritoine s'infiltraut entre les fibres musculaires. A cet égard, on peut donc admettre que les muscles sont enchâssés dans ce derme et concevoir le tégument comme un épiderine dont les connexions basales seraient le derme et les connexions supérieures la cuticule née de l'épiderme. Celle-ci est généralement formée de couches stratifiées. Son épaisseur varie, son aspect également. Ainsi, chez Phascolosoina vulgare et P. elongatum elle est plus haute que chez Sipunculus nudus dans le rapport de 1,06 (pour les premiers) à 0,40 (pour le second). Les canaux cutanés qu'elle limite extérieurement s'interprètent d'eux-mêmes. Les auteurs ont pensé qu'ils servaient à la respiration. Rien ne nous semble plus juste. En ellet^ chez Sipunculus nudus, SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 117 l'épaisseur totale de la paroi n'est pas sans apporter quelque difficulté au phénoinène de l'hématose, et cepeudant elle corres- pond strictement au genre de vie de l'animal. Si l'on ajoute d'autre part ce fait que le sable ne conserve guère l'eau, on com- prend de quelle haute nécessité c'est pour le sang d'être ramené le plus près possible de la surface. Il est très probable que les Sipun- culides qui en sont pourvus (gn.Si/jîmcM/Ms) tiennent des Priapulides ce système lacunaire hypodermique. L'aspect extérieur de la cuticule n'est pas uniforme ; les papilles plus ou moins régulièrement placées, les crochets souvent en ran- gées parallèles au-dessous du disque tentaculaire. . . constituent autant de caractères spécifiques. Leur nombre change. Tous les Siponcles, sauf un (S. australis), sont privés de crochets sur l'in- trovert et de papilles sur le corps ; le quadrillage (l) des téguments produit une adhérence suffisante sur le sable ambiant et supplée fonctionuellement aux crochets. Il y a des crochets ou épines chez Phascolosomavulgare, P. Delagei, Phymosoma granulatimi Leuckart — mais il n'y en a pas chez Pliacolosonia priolci Sluiter, etc.... VAspi- dosiphon ravus Sluiter qui vit, dans une coquille de bivalve, en commensalisme avec un polypier du genre Heterocyathus, entraîne, lorsqu'il se sert de ses crochets acérés, tout l'édifice. Ce même genre Aspidosiphon est muni à l'extrémité caudale et au niveau de l'anus de deux boucliers qui donnent au corps une forme cylindrique véritale {A. gigas Sluiter) (2). Ici comme ailleurs il y a des stades de passage. D'abord, l'exlrémité caudale et la base de l'introvert sont presque toujours chez les Phascolosomes — (cela n'est pas vrai pour tous les Siponcles) — plus durs et plus âpres ou toucher que le reste du corps. Un degré de plus est atteint avec Phascolosoma scu- tiger Roule dont les papilles caudales et anales forment en se rassemblant deux boucliers. Quant à la forme générale du type Sipunculide, elle est cylindro-conique (3) : elle n'est autre chose que la forme de la charpente organique. On sait que l'extrémité de l'introvert est constituée essentielle- ment par une niasse musculaire puissante. Les tentacules de lon- gueur et de uombre variables forment autour de la bouche un cercle tantôt ininterrompu, tantôt discontinu. Le premier cas se rencontre (1) Produit par l'entrecroisement des muscles tégamentaires. (2) Surtout lorsque l'introvert est complètement rétracté. (3) Remarquons qu'elle est cylindrique chez les Aspidosiphon — moins chez Sipunculus, Phascolosoma elongatuin — franchement cylindro-conique chez Phymosoma. — Pyriforme chez Phascolosoma pyriforme Danielssen, — plus ou moins enroulée chez Phascolion. 118 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 chez la plupart des SipoDcles et des Phascolosomes dont cependant certains (/*. appro.rlmatutn Roule) nous offrent une couronne discon- tinue. De même pour le genre Aspidosiphon. Au reste, les tentacules — en cercle complet — de S. nudus forment un organe qu'à défaut d'autre mot je qualifierai de panache, et ce panache est rejeté dorsa- lement. Ces exemples nous conduisent au second cas représenté surtout par le genre Phymosoma tout entier, savoir : un cercle de tentacules incomplet ettermino-dorsal en arrière de la bouche, qui devient par conséquent termino-ventrale. Celle-ci n'est donc plus entourée par les tentacules. Mais il y a plus. Le Stephanostoma Han- seniK. et D. a 10 houppes de tentacules. Le genre Petalostana n'en a plus que deux. D'autre part, le Pkascolosoma profondum Roule ne compte que fort peu de tentacules très petits et très courts. Le Phascolosoma vitreum Roule en est dépourvu totalement. Chez Onchnesuma glaciale K. et D. l'introvert est presque réduit à l'état de lobe préoral. Enfin, Tylosoma Lutkenii D. et K. de Rergen, ne possède plus du tout d'introvert, rappelant ainsi l'anatomie de Saccosoma vitreum D, et K. Ce fait, selon nous, constitue une affinité sérieuse des Sipunculides envers les Echiurides. Le cœcum contractile ou canal de Poli (Cuénot) — par analogie avec la vésicule de Poli des Synaptes — tantôt composé d'une paire (ventral et dorsal chez S. nudus), tantôt impair (dorsal chez P. vul- gare et P. elongatum) est d'autant plus puissant que la turgescence des tentacules doit être plus forte et par conséquent que le milieu à forer oppose plus de résistance. Dans quelques exemplaires {S. boholenùs Semper, Dendrostoma signifer S. et de M. des Philip- pines) il y a un luxe de nombreuses ramifications latérales. Le genre Petalostoma en est dépourvu. La circulation à l'intérieur d'un tentacule s'opère de la façon suivante. On sait que chaque tentacule de P. vulgare est divisé en trois chambres : deux latérales A, A' et une centrale C communiquant entr'elles au sommet. Le sang afflue, grâce aux cils vibratiles, dans les deux latérales, se jette au sommet de l'organe, dans la centrale et en sort, cepen- dant que des flux récurrents secondaires remontent, par des trous percés dans la paroi de C, en A et A'. — Quant au corps de la tête{i), la solide et compacte charpente musculaire qui le forme — recti- ligne la plupart du temps, renflée dans le genre Phascotion — se divise en deux ou quatre plages, lesquelles ne sont autres que l'origine supérieure des muscles rétracteurs. Ces muscles s'attachent eu bas aux parois de la cavité générale (I) Voir à ce propos la note (1) de la pa^c 11."). SÉANCE DU 2o FKVRIRR 1003 119 soit ventralement, soit dorsalement. Les auteurs les ont inter- prétés comme des muscles tégumentaires longitudinaux adaptés aux mouvements de rétraction de l'introvert. Sur un échantillon de S. niidiis, nous avons pu décoller de leur substratum les cinq bandelettes longitudinales qui portent le rétracteur ventral droit et enlever le tout intact. Ceci nous a amené à assimiler les rétrac- teurs aux petits muscles décrits plus haut (voir p. 116) comme entou- rautle trajet supérieurdu cordon nerveux et, par conséquent, à voir en eux de simples annexer des fibres tégunientaires longitudinales. Donc la tête n'est qu'une dépendance de ces dernières. Chez .S. indicua, ils alïectent une forme remarquable : ce sont de mul- tiples filaments ramifiés. Leur nombre oscille entre 4 (la plupart des Sipuncuiides) — 3 {Phi/wosoma diaphanes SI.) — 2 (le gn. Aspi- dmiphon) — et 1 (Phascolosoma fJUjeborgii K. et D., Onchnesoma glaciale, Tylosoma Lûtkenit). C'est à la base des rétracteurs ventraux que s'étendent les franges génitales. Toutefois, celles impaires et — les plus complexes — d' Aspidosiphon (jigas sont situées au niveau de l'anus. Chez Echino - siphon aspergiUum SI., on les trouve accolées au cordon nerveux dans son quart inférieur. Remarquons en passant que, comme chez les Vertébrés, les produits génitaux tombent dans le cœlome avant d'être expulsés — dans le cas présent par les pavillons néphridiens. Ces pores néphridiens, presque toujours pairs — sauf chez PhascoUon, où ils sont impairs, ainsi que l'ovaire — débouchent toujours à une hauteur constante. Enfin, pour le cerveau, nous renvoyons à la note déjà publiée sur ce sujet. IV A la lumière de ces faits, nous allons nous efforcer d'expliquer rationnellement les différentes formes des Sipuncuiides. Les deux systèmes musculaires antagonistes sont les muscles circulaires et les muscles rétracteurs. Dans le cas actuel, grâce à l'incompressibilité presque absolue du liquide cœlomique, une véritable machine hydraulique se trouve réalisée : on peut indentifier le système circulaire à un sphincter, qui en pressant sur le liquide cœlomique projette l'introvert en dehors du corps. Appelons C le système circulaire, L le système longitudinal et Rt le système rétracteur. Lorsque ces deux derniers sont contractés à leur maximum, le premier est à son maximum de relâchement. Toutefois, ces cas extrêmes sont assez rares et se produisent surtout lorsque l'animal est en danger. L'influx ner- 120 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 veux se concentre exclusivement sur L et sur Rt — ou inversement surC, En temps ordinaire, l'influx nerveux se partage entre C et L mais inégalement, de telle sorte que, s'il imprime a C une force a, il provoquera en L — et en Rt — une force — par exemple. Dès lors, il est évident que les déplacements des téguments seront de faible amplitude. A ce propos, rappelons à nous les rapports établis L 0 '^5 L* 1 ^ 6 plus haut (p. 116) Phaaco ^r^ et Sip ,.. y^. On sait que le travail mécanique d'un musle donné est proportionnel aux trois dimen- sions de ce musle, c'est-à-dire à son volume. Donc pour celui des deux systèmes complets L et C et L^ et C^ dont le rapport tend le plus vers l'unité — ici c'est L^ et C^ — l'antagonisme mathématique sera plus considérable, et par conséquent les déplacements du tégument auront une moins grande amplitude. Or, c'est ce qu'on observe ou détermine à l'aide du courant électrique : chez Sipim- culus, où l'introvert est court et le corps long, l'érection est rapide; mais chez Phoscolosoma, où c'est le contraire, l'érection dure plus longtemps. Donc, l'équilibre mécanique et l'équilibre physiolo- gique ne font qu'un. L'appareil producteur de mouvement chez l'invertébré est en même temps son appareil squelettique, c'est-à- dire déterminant de sa forme à chaque instant. La corrélation entre les difïérenres parties du moteur animé d'un côté et, de l'autre, le milieu où il vit est si étroite qu'on peut avec quelque habitude induire de la forme générale d'un animal son habitat ordinaire. Ainsi : Sable dur Téfïument dur et résistant — musculeux et puissant — facilité de mouvement — grande activité (milieu moins nutritif) — de nombreuses cellules motrices — un cordon nerveux épais — introvert court et trapu — rétracteurs courts et trapus — couronne tentaculaire en panache — 2 cœcums contractiles puissants... etc.. Exemple : Sipunculus nndus Vase molle Tégument plus mou et peu résistant — moins musculeux et moins puissant — moins grande agilité (/Hih'ew plus nutritif) — nombre de cellules motrices relati- vement faible — cordon nerveux à petit diamètre — introvert plus long et plus grôle — rétractcurs longs et grêles — couronne tentaculaire annulaire — 4 cœcum contractile peu puissant..., etc.. Exemple : Pkascolosoma vulgare SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 421 Afin de montrer les variations /)/î(/.s?o-morphologiques en corres- pondance directe ou indirecte, je rappellerai ici l'exemple frappant de P. clongatum de la rivière de Penzé (1). Chez Sipunruius nitidus SI. dragué par 4.400'» de profondeur dans la vase blanche à Foramiuifères, le tégument est presque transpa- rent et dépourvu de grosses papilles; les bandelettes musculaires minces laissent entr'elles de longs et larges intervalles ; des canaux cutanés pour ainsi dire virtuels ; des rétracteurs un peu plus longs et moins puissants que chez 8. nudus, l'intestin plus libre; un seul cœcum contractile, etc.... Ajoutons que l'intestin est peu enroulé. L'animal se dégrade sensiblement. Ne peut-on pas en dire autant du P. milgare dans un rivage vaseux très abondant en matières alimentaires — rivage dont il est devenu j'écrirais presque le parasite ? Chez Phymosoma et surtout chez Phascolion l'introvert ne sert plus guère qu'à l'alimentation. Celui-là vit dans les fentes des rochers, celui-ci dans des coquilles vides : tous deux se meuvent peu L'introvert perd donc en puissance de forage ce qu'il gagne en capacité d'élongation, autrement dit en diamètre ce qu'il gagne en longueur. Aux variations des introverts correspondent les variations des rétracteurs. C'est toujours le ventral qui est le plus volumineux. Et, grâce à ses connexions avec le cordon nerveux, il en reçoit deux nerfs spéciaux que j'ai pu disséquer chez P. vulgare. Pour ces deux raisons, il est clair qu'au cas où l'une des deux paires de rétrac- teurs pourrait faire défaut, ce serait évidemment la dorsale plus faible et dans de moins bonnes conditions d'excitation. Au con- traire la ventrale, plus apte, survivra. Or, on sait que, dans un muscle, la partie contractile est d'autant plus longue que l'est davantage son raccourcissement; et que, en revanche, le nombre de fibres placées côte à côte et agissant simultanément est d'autant plus considérable que l'effort à développer par le muscle est plus grand. Donc à mesure que la trompe s'allonge, le rétracteur ventral descend s'insérer plus bas. Or, au cours de cette descente, il tend de plus en plus vers une position axiale. Il en résulte que l'utilité du rétracteur dorsal ayant disparu, le muscle disparaît tout à fait ou se trouve réduit à l'état d'organe rudimentaire. Absent, il l'est chez Ai^pidosiplion — comment lui serait-il possible de coexister avec le bouclier anal ? — chez Onchnesoma, Tylosoma. Organe rudimentaire, toute la série, des Phascolosoma aux Phaa- (1) Voir notre note : Sur la distribution et les affinités réciproques des Sipunculides, p. 103. 122 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1903 ^A colion, présentent autant de stades vers cet état. Enfin, la résul- tante des forces réprésentant les rétracteurs ventraux étant plus grande que celle des dorsaux, ^ la résultante totale a une direction ventrale. Accouplée à l'action de la pesanteur, elle donne une résul- tante à direction ventrale. Cette analyse de forces montre pourquoi un Siponcle ou un Phascolosome — dont la sec- tion est cependant une circonférence — se tien- nent toujours, sur le fond d'un cristallisoir, l'anus tourné vers la surface de l'eau. Tout cela — nous avons pensé que l'exprimer à l'aide d'un graphique serait un meilleur mode de représentation des phénomènes. La fig. 1 mon- tre une droite représentant un Sipunculide sché- matique, sur laquelle sont tracées les distances suivantes : AC de l'extrémité supérieure de l'in- trovert à sa base ; CM de la base de l'introvert au niveau d'insertion du rétracteur ventral ; AM de la tète à l'insertion du rétracteur ventral ; MQ de l'insertion du rétracteur ventral à l'extrémité caudale ; AQ des deux extrémités de l'animal (soit sa taille). 1° Les mesures aussi exactes que possible de ces distances ont été faites sur des exemplaires variés de Sipnnculus (Sip.) et de Pinjmosoma (Phy.), puis converties en moyennes et exprimées en fonction de la taille. Les chiffres obtenus ont été : Cl 3 Oj o 03 u 5 o O c o C > o a o < a o (j c a se Pour Sip. AC «» 6 CM = 2 AM = 8 MQ = 10 T CM Pour Phy. AC = 8 CM = (. AM = 16 MQ = 2 a'; AMp....p'; 6D En appelant AC y... MQ 0 o' ; puis en portant ces distances sur deux parallèles ; enfin en joignant les points par des droites, on obtient le graphique ci-contre (fig. 2). Sans doute, l'exactitude ne peut être qu'approchée, mais elle est sulTisante. Nous voyons, en considérant (1) ly.... Lyell '^.... fi' que : plus l'introvert est long, plus l'insertion du réfracteur ventral est inférieure SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1003 123 (2) ly... ly et Ia+ a8... Co' ^ oV que : plus l'introvert est long, plus le corps est court. D'où : Plus l'insertion du rétracteur ventral est inférieure, plus le corps est court. C'est ce que nous constatons chez Phascolion, Pluimosoma, certains Pliascolosoma, Onchnesoma, etc., — et exacte- I 0 ment le contraire chez Sipunculus, etc. Mais le rapport -p-^ esttou- I Y jours plus considérable que le rapport -— , ce qui est évident, car la longueur totale de l'animal l'emporte toujours sur celle du muscle le plus long, ne fût-ce, comme chez Phascolion, que de l'épaisseur du tégument caudal. Les triangles I H B, l'H o'... etc., étant semblables, les côtés homo- logues sont proportionnels. Donc les valeurs que représentent ces côtés I 0... l'o'... etc., sont proportionnelles : c'est-à-dire — eu égard, d'ailleurs, aux caractères palingénétiques, varient en fonction des caractères cœnogénétiques ; autrement écrit, sont le résultat de Véquilihration biologique entre les difiérentes unités de l'être et entre celui-ci et le milieu. 2° On peut, à la rigueur, dire que la longueur de l'introvert y est proportionnelle à la longueur du rétracteur ventral [i. Des mesures approchées nous ont montré qu'elle variait en raison inverse de l'épaisseur du rétracteur dorsal m et de sa propre épaisseur À. 124 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 Soit On a Y m A P Y Y Y° pm pi d'où À i Y = \l-ini = s>), , et c'est-à-dire : l'épaisseur moyenne de la trompe est égale à celle du rétracteur dorsal; et la longueur de l'introvert est égale à la racine carrée du produit de son épaisseur moyenne par la longueur du rélracteur ventral. Tout cela n'est évidemment qu'approciié, car quand m= o {Aspidosiphon), il est bien évident que À n'est pas nul ! En un mot, si nous réunissons ces conclusions aux précédentes, nous voyons que la subordination réciproque et la coordination mécanique des difïérentes unités secondaires de l'être sont le facteur essentiel et la raison d'être unique de l'individualité dans l'espace. IXDEX BIBLIOGRAPHIQUE commun à cette note et à la note précédente Bouvier. Un nouveau cas de commensalisme: association d' Aspi- dosiphon avec des Polypes madréporaires et un Mollusque bivalve. C. H. Acad. Se. Paris — XIX - 1894. Bouvier. Commensalisme chez certains Polypes madréporaires. Ann. Scient. Natur. (Zool.). 7^ série, 1895. CuÉ.NOT (L.). Contribution à la faune du bassin d'Arcachon : Echiuriens et Sipunculiens, Bull. Soc. Scient. d'Arcachon, Station biologique, 1902. Danielssen et Koren. Gephyrea. Norske Nordhavs-expedition, 1876-78, Christiania, 1881. Delage (Y.) et HÉROUARD (E.). 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Comptes-rendus du Congrès international des habitations à bon marché tenu à Bruxelles en i897, in-8° de 18 p., 1 plan. 128 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1903 C. Janet, Sur les Nids de la Vespa crabo, ordre d'apparition des premiers alvéoles. Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, CXIX, p. 1282, 31 décembre 1894. 1d., Sur la Vespa crabo L., Ponte, conservation de la ciialeur dans le nid. Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, CXX, p. 384, 18 février 1^95. 1d., Observation sur les Frelons. Comptes-rendus hebdomadaires des séances de r Académie des Sciences, CXX, p. 940, 29 avril 1893. lo., Sur les muscles des Fourmis, des Guêpes et des Abeilles. Co)nptesrendns hebdomadaires drs séances de l'Académie des Sciences, CXXI, p. 610, 28 oct 189o. lo.. Sur les rapports des Lépisniides myrmécopliiles avec les Fourmis. Comptes- rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, DXXll, p. 799, 30 mars 1896. Id., Sur les rapports du Discopoma comata Berlese, avec le Lasius mixtus Nylander. Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, CXX IV, p. 102, 1897. Id., Sur les rapports de VAntennophorus Vhlmanni Haller, avec le Lasius Hr('a;(M.s Nylander. Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, CXXXIV, p. 383, 13 mars 1897. 129 Séance du lo Mars igo3. PRÉSIDENCE DE M. SCHLUMRERGER, TRÉSORIER. MM. R. Blanchard, Certes et Hérouard, s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. Bonnet, présenté à la précédente séance, est proclamé membre de la Société. M. ScHLUMBERGER, au nom de M™e Schlumberger, adresse ses remerciements à la Société pour le menu signé qui lui a été adressé. M. Neveu-Lemaire fait une communication sur la mission de Bolivie dont il est chargé et se met à la disposition de ses collègues pour récolter les matériaux qui pourront les intéresser. Sou départ aura lieu le 2 avril, la durée de la mission est de six mois. M. L. Petit fait une communication sur le transport des Mouettes de haute mer par les grandes rafales de vent qui se sont produites récemment. Les Mouettes sont nombreuses en espèces, mais la plu- part habitent les baies ; seules les Mouettes de haute mer {Larus tridactylus) ont été entraînées par le vent. Elles sont ainsi arrivées un peu partout et en particulier à Paris. Elles arrivaient exténuées et mourant de faim et il était aisé de les capturer à la main. Il a pu en capturer une et en a reçu une cinquantaine à naturaliser. 11 y a trois ans, on avait déjà observé un fait analogue, mais les Mouettes étaient alors en beaucoup plus petit nombre. Rull. Soc. Zool. de Fr., 1903. xxviii. - 11. 13U Séance du 2^ Mars i()o3. PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE-PRÉSIDENT. M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. E. Brumpt, médecin et naturaliste de la mission du Bourg de Bozas, pour son heureux retour en France, ainsi qu'à M. A. Robert, reçu docteur es sciences devant la Faculté des sciences de Paris, avec uue thèse sur le développement des Mollusques. M. L. Petit présente une patle de Faisan doré avec doigt supplé- mentaire au niveau du coude. -M, L. Petit annonce qu'une Hirondelle de mer {sterna cantiara) a été capturée le 23 février à uu kilomètre en face du port du Grau du Roi (Gard) par M. Mélot, négociant. Or, les Hirondelles de mer n'arrivent guère sur nos côtes que dans la seconde quinzaine d'avril. M. Marcel HÉRUBEL fait une communication sur la présence du genre Priapulus dans le bassin d'Arcachon. Les deux exemplaires qu'il a entre les mains ont été pris, en face de la station zoologique, dans du sable à peu près pur et où vivait en abondance Sipunculus nndus. Le fait est à noter, car les Priapulides ne se rencontrent guère que dans les régions froides, voire même circumpolaires (Priapulus, Spitzberg et détroit de Magellan; Priapuloïdes, côtes de Norwège et Cap Horn ; Hulijcriptus, Spitzberg et Baltique). Les deux animaux dont il s'agit ici seront étudiés ultérieurement. M. L. Semichon, offre à la bibliothèque de la Société un exemplaire d'un travail intitulé : la sécrétion dans l'intestin moyen du Bombus agrorum, Fabricius. L'auteur fait une communication orale sur ce sujet. De ses recherches, il résulte : Que les cellules en massue qui couronnent les rides de l'intestin moyen élaborent un produit de sécrétion afiectant l'apparence de grains réfringents. Ceux-ci ne sont pas expulsés d'un seul coup, mais successivement, à mesure que la digestion s'avance. Certains fixateurs feraient croire à une expulsion totale et unique des grains, si l'on ne complétait l'étude des coupes par celle des tissus vivants. Si, après avoir été débarrassé du miel qui le recouvre, l'épithélium est exposé au contact de l'air, on constate l'apparition de goutte- SÉANCE DU 24 MARS 1903 131 lettes sarcodiques. Sans prétendre qu'elles ne puissent être chez d'autres animaux, un produit normal, il est bon de noter que, chez le Bombus agroram, elles sont un produit artificiel. Liste des ouvrages reçus. P. CiNUGHi DE Pazzi, L'ordinamento tributario italiano. Atti délia Reale Àcca- demia dei Fisiocrilici in Siena, in-S» de 25 p., 1902. N. Fédoroff, l'anémie bothriocéphalique. Thèse de Paris, in-8» de 45 p., 1902. J. G.\L ot G. MiNGAUD, Stanislas Clément. Son œuvre scientifique. Le Muséum d'Histoire Naturelle de Nimes. Bulletin de la Société d'Étude des Sciences natu- relles de Nimes, in-S" de 15 p., 1902. A. Gaudry, Contribution à l'histoire des Hommes fossiles. L'anthropologie, XIV, in-S" de 14 p., janvier-février 1903. L. Maggi, Una visita agli Antropoidi del Museo civico di Storia naturale di Genova. 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SÉANCE DU 12 MAI 1903 139 atteint la teinte blanc rongeâtre uniforme, et elle est encore tra- versée par (les bandes foncées assez larges. Cette espèce, très distincte, habite les régions orientales et sud orientales de l'Europe (steppes du Volga) et passe l'hiver en Afrique. En Asie, on la rencontre dans les contrées occidentales jusque dans l'Inde centrale et orientale. Elle n'a pas encore été signalée dans la Russie septentrionale, les lies Britanniques, la Scandinavie et la Péninsule Ibérique. C'est une espèce accidentelle dans la Péninsule Balcauique (Elwes et Bucklky). Elle n'est jamais apparue en Grèce non plus (Dresser). En France, nous connaissons les deux individus de 1878 {Musée d'Aiittin) et 1902 (ma collection). En Suisse, nous trouvons men- tionné un mâle adulte de septembre 1901 (v. Burg) tué dans la vallée Musocco et observé par le D^ Fischer-Sigwart dans le labo- ratoire taxidermique de Stauffer, à Lucerne (1). En Autriche-Hongrie nous connaissons (2) les captures suivantes : Bohême, 9 Pùrglitz, 27 février 1894, dans la propriété Zleb (?) Silésie, Scylausig, octobre 186. ? Tyrol, 18 septembre 1890, OberinnthaL Basse-Autriche, 15 février 1872, Tulnerfeld ; 16 janvier 1896, Kornenburg ; avril 1893, Ebersdorf ; décembre 1894, Untergûn- serndorf ; 7 septembre 1890, Grossenzersdorf ; 5 septembre 1898, Gries. Haute-Autriche, septembre 1882, Aufheim sur l'Attersee cf et $ ; octobre 1883, c^, Hongrie, $ 1856, printemps Apalhfalver ; juv., 1856, Kesmark ; un Nagy-Bossan, 187. ?; 16 septembre 1893, un Stuhlv^^eissenburg (deux autres vus) ; 13 mars 1898, 9, Semlino ; septembre 1898, cf, Nasice (Slavonie). Herzégovine, 24 janvier 1886, Bajoreci. Pour l'Italie, nous connaissons les captures suivantes : a) 8 avril 1869, Gênes {Musée civique de Gênes). 6 et c) cf et 9, février 1874, Girgenti {R. Musée de Florence). d) ^, septembre 1897, Foggia, ex A. Rossini [ma collection). e) d^, mai 1899, Reggio Calabria, ex marquis Grimaldi {nta collec- tion). f) cf , avril 1900, Reggio Calabria, ex dr. A. Pertile {ma collection). g) cf , octobre 1901, Spartivento (Sardaigne) ex G. Pintus {Collect. marquise M. Paulucci, à la Villa del Monte, Certaldo Toscane). (1) Schweiz Blàtt f. Orn. Juq. 1902. (2) Tschusi, in litt., 15 mars 1903. 140 SÉANCE DU 12 MAI 1903 La Buse féroce citée par M. le professeur Bonomi (Ij est siuiple- meut une singulière variété de la Bondrée apivore (GigUoli). Un spécimen, que M. le professeur Giglioli aurait eu des Alpes, est signalé, sans autres détails, par M. le D»" Martorelli, dans la Monogrnfui dei liapari Itniiani (1895). Il paraît qu'un autre individu a été pris, au mois de Mai 1900, à Reggio Calabria (2) ; j'ajouterai, en finissant, qu'à mon avis, en Galabre, cette belle espèce arrive plus fréquemment à l'époque du passage de printemps, qu'on ne l'a supposé jusqu'ici (3). AU SUJET D'UN PETIT GROUPE DE MOLLUSQUES PULMONÈS TERRESTRES OPERCULÉS, POURVUS D'UN CANAL AÈRIFÈRE LOGÉ DANS LE TEST PAR A. BAVAY Les Mollusques pulmonés se trouvent parfois dans des circon- stances qui nécessitent des dispositions particulières permettant la respiration aérienne directe. J'ai jadis (4) signalé la manière étrange usitée par les Ampullaires pour, étant immergées dans l'eau, respirer quand même l'air en nature. VAmpuUaria effnsa Svi^ainson = glauca Linné, que j'étudiais alors à la Guadeloupe, est un animal amphibie, qui vit dans l'eau, mais peut aller à terre et pond ses œufs en l'air. Il possède à la fois une poche pulmonaire et une branchie bien constituée. Ce dernier organe fonctionne quand l'animal est peu actif au fond de l'eau, mais dès qu'il approche de la surface du liquide, il éprouve le besoin de respirer l'air en nature et, pour cela, un lobe latéral du bord du manteau s'allonge et s'enroule en un siphon long de 10 à 14 centimètres qui vient s'ouvrir à la surface de l'eau. Alors l'ani- (1) Avif Trid. p. 7, 1884. (2) Avicnla, 1900, p. 76. (3) Dans ma collection j'ai gardé plusieurs spécimens recueillis en été, en Asie Mineure, en PalesUne, dans les steppes du Volga, et, en hiver, dans la Basse Egypte. (4) Rerue des Sciences naturelles (Montpellier), II, (1873-74), p. 3U7-3:iO. Journal de Conchyliologie, XXVII, (1875), p. :i'J8-303, SÉANCE DU 12 MAI 1003 141 mal sortant et reutraut alternativement sa tôle comme un pistou clans l'ouverture de sa coquille, pompe l'air et en remplit sa poche pulmonaire, la provision faite il rentre son siphon et vaque à ses occupations jusqu'à ce qu'un nouveau besoin d'air se fasse sentir. MM. Bouvier et P. Fischer, ont depuis moi repris cette étude avec une science et un soin qui n'étaient pas à ma portée au moment et dans les circonstances où je l'avais abordée Les Cyclostomatidés et les Cyclophoridés ont de grandes analogies avec les x\mpullaridés. Le Cfjclostoma elegans posséderait même encore en sus de sa poche pulmonaire une branchie atroplùée ; mais, en dehors de ces analogies entre les animaux on rencontre daiis la coquille de certains de ces Mollusques terrestres operculés des dispositions spéciales qui permettent à 1 animal de respirer l'air en nature, quand l'opercule calcaire ou corné clôt hermétiquement la coquille, soit pour empêcher les ennemis de pénétrer dans la place pendant le sommeil hivernal ou estival de l'animal, soit pour empêcher la dessiccation de celui-ci pendant la saison sèche. Ces dispositions se rencontrent dans les genres. Opisthoporus, Spiraculum et Hhiostoma et aussi dans le genre Alycœus, tous appar- tenant au groupe des Cyclophoridés. Dans Spiraculum, un tube placé sur la suture en arrière de l'ouverture permet la communica- tion de l'animal avec l'air extérieur malgré l'occlusion de la coquille. Dans Opisthoporus c'est une disposition très analogue; dans Hhiostoma le dernier tour est disjoint et l'ouverture est incisée à sa partie supérieure et munie d'un tube imparfait dirigé en arrière. Dans Alycseus, la coquille, qui est renflée d'abord puis étranglée un peu avant l'ouverture, présente, bien que la diagnose de P. Fischer n'en parle pas, un petit canal ouvert dans l'intérieur du test, derrière le péristome et que l'on aperçoit en dehors, couché le long de la suture. Ce canal suturai extérieur occupe une longueur plus ou moins grande suivant les espèces. J'ai constaté qu'il n'était pas continu, mais bien fermé par des cloisons succes- sives, de sorte qu'il est probable qu'il ne prend l'air qu'à travers ses parois perméables. En étudiant avec M. Dautzenberg des Mollusques terrestres du Tonkin, nous avons rencontré toute une série de petits Cyclopho- ridés voisins des Opisthoporus, des Spiraculum et des Alycœus qui présentent eux aussi un canal aérifère, mais disposé d'une très singulière façon. Nous voulions leur donner le nom générique de Cryptaulus (xoutito; caché aùÀôç canal, évent) parce que ce canal est 142 SÉANCE DU 12 MAI 1903 caché dans l'épaisseur des parois suturales de la coquille sans que rien trahisse sa présence à l'extérieur. Ce canal aérifère s'ouvre dans l'intérieur de la coquille par un pore percé tout près de l'ouverture et dans sa région suturale. Le canal suit les tours de spire, sous la suture; il va en s'atténuant et disparait vers la fin du troisième tour sans doute au point d'insertion de la coquille embryonnaire sur l'ensemble des tours adultes. Il n'est donc pas ouvert à l'extérieur, mais sa paroi supérieure formée par le bord de la suture est vraisemblablement perméable. On sait en efïet ({ue dans Cyclostoma elegans c'est dans cette région suturale que la coquille est le plus perméable à l'air. Dans nos petits Mollusques cette région suturale est du reste toujours assez finement plissée. Nous avons pu constater que dans ces coquilles l'épiderme était toujours plus ou moins enduit de terre très adhérente; dans quel- ques-unes même, c'est plus qu'un enduit, c'est une couche relative- ment épaisse d'humus ou d'argile qui enrobe le test et qui forme sur les tours deux carènes bien marquées, sans qu'aucune ligne de poils serve de guide ou de support à ces carènes. Gela semble bien indiquer que c'est l'animal lui-même qui garnit ainsi sa coquille, sans doute pour la dissimuler à la vue de quelqu'ennemi. C'est au point qu'on a souvent pris ces coquilles vivantes pour des fourreaux de larves d'Insectes, d'Helicopsyche. C'est sans doute cette habitude, que je crois assez générale dans ce groupe, qui nécessite l'existence de ce canal aérifère. Remarquons que l'opercule lui-même est enduit de terre , et dans certaines espèces, une lame spirale qui le garnit à sa face externe, prend un développement tel, qu'elle forme, eu s'enroulant, un gros bourrelet sur l'opercule. Quand l'animal meurt, la terre tombe détachée de la coquille, l'épiderme sali, enduit de terre, reste quelque temps et tombe à son tour en laissant la coquille toute blauche. Quant à l'opercule, il perd bien facilement aussi la terre qui le recouvrait, et la lame spiralée qui, dans certaines espèces, servait de support à cette terre. Beaucoup de coquilles appartenant à ce petit groupe ne sont connues que nettoyées et privées de leur enduit. On peut quand même les reconnaître, à première vue, à quelques caractères : l" Sommet de la spire mamelonné, constitué par la coquille embryonnaire, posée un peu obliquement sur les tours adultes. 2" Tours adultes réunis par une suture un peu aplatie et plissée ; 3° Dernier tour descendant ; 4° JOuverture simple à péristome non étalé ; SÉANCE DU 12 MAI 1903 143 5° Epidémie unicolore (quand il subsiste). Malheureusement ces cinq caractères ont servi à faire établir, d'abord par Von Martens, une section des Cydoti sutiirales, sans que cet auteur ait fait mention du canal aérifère que nous avons trouvé ; ensuite les mêmes caractères ont servi à M. 0. Mollendorff à établir un certain genre Plathyraphe {large suture), que nous sommes bien forcés d'adopter, quoique ce nom ne paraisse en rien viser l'existence d'un canal aérifère, caractère évidemment beau- coup plus important que celui tiré de la largeur de la suture. Je pense d'ailleurs que c'est l'existence de ce canal qui a entraîné cet élargissement de la suture. Il n'est pas impossible que la forme spéciale mamelonnée du nucleus soit également liée à l'existence du canal aérifère qui communique peut-être avec lui. UN CAS D'INTOXICATION PAR LE BARBEAU AU MOMENT DU FRAI PAR LE D- J. PELLEGRIN ET LE D E. P. GLAIZE Les accidents déterminés par l'ingestion des œufs du Barbeau sont relativement très fréquents, un grand nombre d'auteurs les ont signalés. Les troubles sont en général peu graves, mais ils doivent être rapprochés de la n Ciguatera)), terme par lequel les médecins espagnols des Antilles désignent les désordres parfois mortels causés par l'absorption de Poissons vénéneux sécrétant dans leurs organes à l'état de vie des leucomaïnes extrêmement toxiques. Ces accidents doivent être séparés complètement des intoxications analogues au Botulisme produites par l'absorption de Poissons plus ou moins avariés ou gâtés dont la chair contient des ptomaïnes ou toxines de décomposition et de putréfaction, troubles que l'on doit désigner sous le nom d' « Ichtyosisme » (1). Il y a en France deux espèces de Barbeaux ou Barbillons, le Barbeau commun (Barbus fluvtatilis Agassiz) qui se rencontre dans tous nos cours d'eau, sauf les lacs de la région alpestre (Lac Léman, Lac d'Annecy) et le Barbeau méridional (Barbus meridioualis Risso) (1) Voir à ce sujet D' J. Pellegrin, Les Poissons vénéneux, Th. Med., Paris 1899. 144 SÉANCE DU 12 MAI 1903 spécial aux rivières côtières de la Méditerranée et qui se distingue du précédent par l'absence de rayon dentelé à la nageoire dorsale. Les premières observations d'accidents causés par l'ingestion d'œufs de Barbeaux remontent à une époque très ancienne. Ron- delet, Gesner, Aldrovandre, en elïet, connaissaient déjà leurs propriétés purgatives. Au XlXe siècle les cas abondent. Ils sont rapportés dans Cheval- lier et DucHESNE, dans d'ÂRRAS, dans Coutière. Ils sont dus à Cloquet, Lipp, Schlegel, Autenrieth, Franque, Munchmeyer, Polin et Labit, etc., etc. Le Barbeau méridional (1), Les symptômes, sans être bien graves, consistent habituellement en diarrhées, nausées, vomissements, douleurs diverses, gastralgie, cardialgie, faiblesse du pouls, tendance aux lipothymies et aux syncopes. On retrouvera la plupart de ceux-ci dans l'observation suivante : Henri M..., négociant, 32 ans, invité à dîner chez des amis à Alfortville, mange une portion de la partie inférieure d'un Barbeau, le 27 Mars 1903. Le Barbeau était frais mais plein d'œufs qui furent, paraît il, enlevés avant la cuisson, pourtant il en restait quelques-uns. Le Poisson fut divisé en deux parties, quatre personnes man- gèrent la partie antérieure et supérieure et quatre autres l'abdomen et la queue. Le sujet était de ceux-ci. Il trouva au Poisson un goût amer et désagréable. De très bonne santé habituelle et de vigoureuse constitution, il se (1) Gravure extraite de VBistoire naturelle des Poissons de la France du D' Emile MoREAU. SKANCE DU 12 MAI lOO.'î 145 sentit dès le repas indisposé. La tète est lourde, une fatigue géné- rale envahit les membres, somnolence. Sommeil lourd la nuit. Au réveil le sujet se sent fatigué, comme après une longue marche, lourdeurs de tête, langue a mère et saburrale, anorexie. Pas de fièvres, ni de coliques, ni de nausées. Le soir à dîner au restaurant (28 mars), il se sent tout à coup très mal. D'après son expression « il sent qu'il s'en va, qu'il va mourir. » Il se lève, mais ses hras et ses jambes lui refusent tout service. La face est livide, les lèvres violacées, le pouls petit et déprimé, il tombe. Un médecin qui se trouvait là croit à une atïection cardiaque, (rupture d'anévrysme) et le fait transporter dans une pharmacie. Durant le trajet violentes coliques intestinales suivies de débâcle, diarrhée noirâtre, fétide, dont le malade souille tous ses vêtements. Presqu'aussitôt après il se sent mieux et se fait reconduire chez lui. Purgation les jours suivants, l'état redevient excellent, les urines seules demeurent rares, boueuses et fétides durant quelques jours. Aucune suite, ni vomissements, ni éruption cutanée. Les trois autres personnes qui avaient mangé avec lui la partie inférieure du Barbeau furent prises dans la nuit même du repas de coliques et de diarrhée infecte. Les quatre autres ne présentèrent aucun symptôme. Malgré l'avis du célèbre ichtyologiste allemand Bloch qui, à la fin du XVIII'' siècle, prétendait, pour eu avoir mangé avec toute sa famille sans être aucunement incommodé, — que c'était un préjugé de regarder les œufs des Barbeaux comme vénéneux, cette obser- vation, comme bien d'autres, prouve que l'on doit vider avec soin ces animaux au moment du frai et même si l'on veut être tout à fait prudent, s'en abstenir complètement alors, car les œufs peu- vent, comme dans le cas cité, communiquer plus ou moins leurs propriétés à la chair qui n'est plus si saine qu'à l'ordinaire. BiiU. Soc. Zool. .le Fr., 19U:5. .x.wiii. — 12. 146 Séance du 26 mai igo3. PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE PRÉSIDENT M le Président adresse les félicitations de la Société à M. Hérubel, qui vient d'obtenir de la Société des amis de l'Université une bourse de voyage pour aller étudier les Géphyriens des côtes de Norvège. MM. Guiart et Trouessart présentent M. A. G. Oudemans, leerar, 85, boulevard, à Aruhem (Hollande). M. L. JouBiN, Doyen de la Faculté des sciences de Rennes, adresse l'appel suivant aux membres de la Société : « L'Association Française pour l'Avancement des Sciences tiendra son Congrès annuel, à Angers, le 4 août prochain. )) Dans son Assemblée générale de 1902, à Moutauban, le Congrès m'a désigné pour présider, cette année, la X'^ Section (Zoologie, j Anatomie, Physiologie). Je viens, en cette qualité, vous prier de i vouloir bien participer à nos travaux et m'envoyer, dès maintenant, si cela vous est possible, le titre des communications que vous r vous proposez de faire au cours de nos séances. Elles seront annon- cées au programme de la session, qui sera prochainement publié. )) Il serait vivement à souhaiter que vous puissiez venir vous- même à Augers donner connaissance du résultat de vos recherches ; mais, s'il en était autrement, vous n'auriez qu'à m'en communiquer le texte à l'avance, je le lirai ou le résumerai en séance, selon le cas (1). )) Je vous rappelle, en même temps, qu'il n'est pas nécessaire d'être membre de l'Association pour faire des communications au Congrès. )) Bien que tous les sujets intéressant la Zoologie, prise dans son acception la plus générale, soient compris dans le programme de la X*^ Section, il me parait cependant utile de signaler à votre attention quelques questions plus particulièrement importantes pour la région de l'Ouest. » En première ligne, Vétude biologique de la Sardine me semble devoir provoquer des discussions et des recherches du plus haut intérêt théorique et pratique. Un important mémoire de M. Fabre Domergue, Inspecteur général des pêches, servira de base à ces discussions. (1) Prière d'adresser les lettres soit à M. JOUBIN, 10, rue du Tliabor, ù Rennes, soit au Secrétariat de l'Association, 28, rue Serpente, à Paris (V^I'i sÉANCi': DU 26 MAI 1903 147 )) La Faune enlotnolixjique de la péninsule annorwaine, dont uue bonne moitié de l'Anjou fait partie, est peu connue, surtout dans ses variations liées à la nature du sol et au voisinage de la mer. Il y a là toute une série d'études intéressantes dont les résultats groupés et comparés nous fourniraient, sans aucun doute, un programme de séances des plus varié. 11 en est de même de la faune ichthyolo- ijique des petitea ricières de la région bretonne-angevine . » M. Brumpt fait une communication sur la Filaria wivulus et les Pilaires du sang de l'Afrique centrale, A propos des Pilaires du sang M. le Dr Guiart rapporte un fait curieux de pseudo-parasitisme. Il s'agit de filaments très hygromé- triques déposés avec les poussières sur une préparation de sang lila- rique et se contractant fortement pendant l'examen microscopique sous l'action de l'air humide expiré. Liste des ouvrages et planches offerts par M. le professeur R. Blanchard : P. Angel, Sur le déterminisme cyto-sexuel des gamètes, glandes génitales d'Helix pomatia sans ovocyte. Archives de Zoologie expérimenlale el générale. notes et revue, n"' 4-5, in-8" de 7 p., 1902. Id., Sur les mouvements de la chroraatine et les nucléoles pendant la période d'augmentation de volume de l'ovocyte d'Helix. Archives de Zoologie expérimen- lale et géiiérale, notes et revue, n»' 4 et 5, in-8 de o p., 1902. Gh. ScHLUMBERGER, Deuxième note sur les Orbitoïdes. Bulletin de la Société Géologique de France (4), II, p. 235-261, pi. Vl-VIII, 1902. 2 planches Arachnides 1 planche . . . . , Onychophores 2 — Batraciens S) — Mammifères 1 — ..... Bryozoaires 8 — Mollusques 15 — Cœlentérés 1 — Myriapodes 1 — Crustacés 4 — Paléontologie 3 — , . . . . Insectes 4 — Poissons -> -•6' Histologie. Ph. Dautzenberg, Description de Mollusques nouveaux provenant de l'île Obi (Moluques). Le Naturaliste. in-S" de o p., 1902. Id., Observations sur quelques Mollusques rapportés par M. Ch. Alluaud du sud de Madagascar. Bulletin de la Société Zoologique de France, XXVII, p. 19(j- 199, 1902. P, Luuovico, SuUa struttura et sullo sviluppo del René. Napoli, in-8'' de 3'» p., 1902. L. M.\GGi, Postfraii e sovraorbitali negli Animali e nell Uomo adulto. Rendi- conli del R. Ist. Loinb. di Se. e lett., (2), XXXV, ln-8" de 8 p., 1902. Id., Intorno alla formazione del foro supraorbitale. Rendiconti del R. Ist. Lomb. di Se. e lett., (2), XXXV, in-S» de 9 p., 19)2. Id.. La Tachigenesi e gli studi Universitari. Rendiconti del R. Ist. Lomb. di Se. € lett., (2), XXXV, p. 823-834, 1902. 148 Séance du g juin igo3. PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE-PRÉSIDENT. M. Petit s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président souhaite la bienvenue à M. le D' Pittaluga, assis- tant du professeur Grassi. M. Piltaluga le remercie et, dans une chaleureuse improvisation, exprimesou admiration pour lestravaux des savants français. M. A. C. OuDEMANS, présenté à la précédente séance, est proclamé membre de la Société. M. Brumpt fait une communication sur les Trypanosomes qu'il a eu l'occasion d'observer au cours de son voyage et insiste plus particulièrement sur le Trypanosoma gambiense, qui a été découvert récemment dans le sang de l'Homme et dont il a pu observer le troisième cas. M. le professeur R. Blanchard rapporte un certain nombre d'expériences qu'il a faites dans le but de détruire les Trypano- somes dans le sang des animaux. Ces parasites ont résisté à tous les agents chimiques qui ont pu être introduits dans la circulation et il semble que la sérothérapie seule pourra fournir la solution du problème. M. le D. Pittaluga fait une communication sur la distribution géographique des Moustiques en Espagne dans ses rapports avec la répartition du paludisme. En Espagne, comme en Italie, les Moustiques que l'on doit incriminer sont VAnophelea maculipennis, Va. bifurcatus, l'A. pseudopictus et i\i. superpictus. 11 montre également que l'oupeutà Theureactuelle expliquer les récidives de la fièvre estivo-automnale par la reproduction partho- génélique des corps en croissants chez Laverania malariae. Ces corps qui représentent l'élément sexué du parasite ne sont jamais détruits par la quinine et grâce à la parthénogenèse ils peuvent se maintenir dans le sang jusqu'au mois de juin, date de la réappari- tion des Moustiques. SÉANCIi DU 9 JUIN 1903 149 NOTE SUR L'UTILISATION DES SELS CALCAIRES DE L'EAU PAR LES MOLLUSQUES PAR DOMET DE VORGES Une jeune Anodonta cygnea est placée dans un bocal de 5 litres d'eau. Elle a été nourrie pendant toute la durée de l'expérience par une espèce de culture de Protozoaires, d'Algues vertes et surtout de Diatomées faite sur les parois et le fond du vase. Ces êtres qui se sont déposés sur les parois provenaient des plantes placées dans l'eau du vase et attirées sur la paroi par la lumière. Cette espèce de croûte composée comme je l'ai dit ne contenait que fort peu de calcaire. Un bocal témoin est demeuré sur la table pendant tout le temps de l'expérience. De temps à autre, l'eau du bocal en expérience était aérée en la faisant passer vivement à plusieurs reprises dans un autre bocal de même contenance parfaitement pro- pre, de manière que l'eau ne pût lui emprunter de sels calcaires. Donc l'Anodonte a dû se contenter jusqu'au bout des sels contenus dans les 5 litres d'eau de son bocal. Les analyses ont été faites par la méthode hydrotimétrique de BoNTRON et BoNDET. Ccttc méthodc permet de connaître : 1'^ l'acide carbonique ; 2° le carbonate de chaux ; 3" le sulfate de chaux ou sels autres que le carbonate; 4° les sels de magnésie. Cette méthode, sans être d'une précision absolue, est cependant très suffisamment approchée ; elle a du reste été contrôlée par d'autres notamment en ce qui concerne la présence du calcaire dans l'eau. Tous les essais ont été faits à plusieurs reprises dès que le résultat paraissait douteux. L'expérience a été commencée le 27 mars 1898. L'eau contenait alors par litre : carbonate de chaux Ok' 0206 acide carbonique 0fe"0198 ou 10 ce. sels de magnésie Ofe"-0084 et une quantité insignifiante de sulfate. Le 5 juin 1898 l'eau contenait par litre : carbonate de chaux 0 acide carbonique 0s'0396 sels de magnésie 0?'0084 150 - SÉANCE DU 1) JUIN 1903 A ce moment j'ai dû arrêter l'expérience pour des raisons indé- pendantes de ma volonté. L'animal était en parfait état, n'avait cependant que peu augmenté de poids (mais la croissance des Anodontes doit être fort lente) et il n'est mort du reste dans le bassin dans lequel je l'avais placé, que l'année suivante. Ainsi le calcaire avait disparu de l'eau : je m'en suis assuré par des réactifs appropriés ; les sels de magnésie n'avaient absolument pas cbangé. Quant à l'augmentation de l'acide carbonique il doit être attribué à deux causes : à une légère diminution des Algues vertes et à Tutilisation des carbonates par l'animal. Car l'aération devait faire disparaître celui qui était dû à la respiration. Dans une autre expérience faite dans les mêmes conditions, avec cette différence que l'eau n'a pas été aérée artificiellement et que la durée a été moindre, voici les résultats obtenus. Début de l'expérience : carbonate de chaux Oi-"057 acide carbonique 10 ce. Fin de l'expérience, 8 jours après : carbonate de chaux Ofc" 0199 acide carbonique 15 ce. Cette courte expérience appuie la première ; j'en ai d'ailleurs fait quelques autres. Elle montre de plus que la diminution est assez rapide pendant lespremiers jours, ce que j'avais déjà remarqué dans la première expérience. Il n'y avait pas de dépôt de calcaire sur les parois du bocal de l'expérience ; les Algues n'en contenaient pas plus qu'au début et les excréments de l'Anodonte qui s'étaient amassés au fond du vase n'en contenaient pas. D'ailleurs, il n'y a eu aucune diminution de carbonate de chaux dans le bocal témoin. L'Anodonte a été pesée valves fermées avec l'eau qu'elle conte- nait, après avoir excité l'animal dans l'eau pour lui faire contracter ses muscles. Le volume de l'eau a été maintenu constant au moyen d'eau distillée. J'ai essayé la même expérience avec des Mollusques pulmonés mais j'ai eu des résultats bien moins nets ; cependant il existait toujours une diminution des sels solubles calcaires dans l'eau après un séjour de quelque durée des animaux. Bien entendu les Mollus- ques pulmonés étaient nourris comme l'Anodonta par une sorte de culture contenant en majeure partie des Diatomées. loi Séance du 23 Juin 190 3 PRÉSIDENCE DE M. VIGNAL M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre deM. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts conviant la Société Zoologique de France à participer à l'Exposition internationale qui se tiendra, en 1904, à Saint-Louis (Etats-Unis). La demande est ren- voyée au Conseil. Les personnes qui désireraient exposer à titre individuel dans la section française d'Enseignement supérieur sont priés d'indiquer les produits qu'elles désirent exposer et la surface qui leur est nécessaire. Les demandes d'admission doivent être adressées au Secrétaire du groupe III, M. Gauthier- Villars, 53, quai des Grands- Augustins. M. le Secrétaire général annonce également qu'il vient de se fonder à Paris, 44, rue de la Chaussée d'Antin, un Comité pour l'iîimntaire méthodique des ressources de l'Afrique occidentale française. Placé sous le patronage du gouvernement français, ce comité se propose de susciter un vaste courant d'études portant sur tous les sujets qui peuvent intéresser la prospérité de l'Afrique occidentale française : géographie, météorologie, géologie, botanique, zoologie, ethno- graphie, médecine, etc. Les groupes ou sociétés qui voudraient adjoindre un technicien à l'une des missions organisées par le Comité bénéficieront des avantages pécuniaires qu'entraîne l'orga- nisation rationnelle de la vie en commun aux colonies. SUR LES MOYENS EMPLOYÉS PAR LES OISEAUX POUR SE FAIRE COMPRENDRE DE L'HOMME PAR XAVIER RASPAIL. Sous ce titre, M. Henri Gadeau de Kerville a présenté à l'Assem- blée générale annuelle de la Société Zoologique de France, tenue le 25 février 1903, un travail très documenté. Mon savant et très distingué collègue, m'ayant fait l'honneur de me comprendre dans la liste des naturalistes à qui il s'est 152 SÉANCE DU 23 JUIN 1903 adressé pour obtenir des renseignements précis sur ce sujet des plus intéressants, je n'ai pu, pour ma part, lui citer que quelques exemples dont je pouvais garantir l'authenticité pour les avoir constatés moi-même; aussi, je regrette de ne pas avoir connu plus tôt le fait suivant qui, à mon avis, est très caractéristique et dont j'aurais été enchanté de lui fournir la primeur. Je vais donc le relater ici, à titre de note additionnelle au travail précité (1). Je possède un couple de Poules minuscules, des Cayennes je crois, sans toutefois pouvoir l'affirmer, n'ayant que des connaissances très incomplètes sur les races de Poules naines ; dans tous les cas, je puis les donner comme de jolis et gracieux volatiles. Aussi, les laisse-t on en pleine liberté, d'autant plus que le jardinier n'a aucun reproche à leur faire, attendu qu'ils se conduisent très convenable- ment vis-à-vis de ses parterres. Pour coucher, le ménage a adopté un bûcher qu'il quitte dès que la porte en est ouverte pour n'y revenir que le soir. Le matin, la première occupation du petit Coq est de courir, aussi vite que le lui permet le développement de ses courtes pattes, vers la basse-cour, qui se trouve à une cinquantaine de mètres, au milieu d'un massif de bois et de buissons. C'est son lieu de prédi- lection. Dressé de toute la hauteur de sa petite taille, il passe sa journée en contemplation, en adoration toute platonique, devant les grosses dulcinées représentées de l'autre côté du grillage par de plantureuses Dorking. La petite Poule, qui l'a suivi, comme il convient à une petite Poule honnête, mais qui n'éprouve pas le même attrait à s'éterniser le long de cette clôture, l'abandonne vite à son adoration perpétuelle et s'en va prosaïquement vagabonder au gré de son caprice. 11 est juste de dire, à l'actif de ce volage />i partibus:, qu'il n'aban- donne cependant pas ses droits et ses devoirs d'époux. Monsieur rejoint madame aux heures des repas et souvent, lorsqu'on a oublié de leur jeter une poignée de grains, ils viennent la réclamer en caquetant sous les fenêtres de la cuisine, ce qui les oblige à faire un assez long trajet. De leur part, c'est déjà une façon très claire de se faire com- prendre, mais qui, en somme, en raison du but intéressé qui les guide, n'a rien d'assez extraordinaire pour mériter d'être enregistré spécialement. Il n'en est pas de même du fait dont je viens d'être le témoin oculaire. (1) Bull, de la Soc. Zool. de France, XXVIII, page 47 ; 1903. SÉANCE DU 23 JUIN lOOli 153 Les instauls (|iie le petit Coq accorde à sa compai^ne ne sont jamais de longue durée et, si elle ne paraît pas décidée à le suivre, il la quitte, sans cérémonie, pour courir en toute hâte reprendre sa faction le long du grillage qui le sépare des poules Dorking. La délaissée ne se préoccupe pas autrement des faits et gestes de son seigneur et maître et, sans l'attendre jamais, elle regagne de bonne heure le bûcher pour aller s'installer avec le calme d'une âme paisible, à la place que le couple a adoptée pour passer la nuit. Quant à lui, il ne la rejoint que lorsque la dernière Poule Dorking s'étaut décidée à rentrer au poulailler, il n'a plus à contempler que le parquet vide; il revient alors prestement à sa couchée et il en est ainsi depuis plus d'uue année, sans que jamais le moindre changement ait été apporté à ces habitudes journalières. Or, le 14 juin, vers 7 h. 3/4 du soir, on fut tout étonné de l'entendre caqueter devant la maison et de le voir se livrer à une mimique dénotant que quel([ue chose d'insolite lui était arrivé. — Mais que vient bien faire ici le petit Coq, à cette heure ? se demandait on. Ce qu'il venait faire, tout simplement demander qu'on lui ouvre la porte du bûcher que, par inadvertance, on avait fermée plus tôt qu'à l'ordinaire. Le fait est tellement net qu'il se passe de commentaire. Cependant, je ne puis m'empêcher de faire celte réflexion que, dans cette cervelle d'Oiseau, s'était élaborée la même pensée qui éclot dans le cerveau de l'Homme, lorsque, trouvant sa porte close et dans l'impossibilité de l'ouvrir, il va demander l'aide du serrurier. Ouvrages offerts par M. le professeur R. Blanchard : P. MiTROPHANOv, Bei-iclitigungen (Antwort aut Kopoch's " Zur Abwehr »). Ana- loinischer Aiizeiger, XXI, p. 660-680, 1902. K. MôBius. Eie Pantopoden der deutschen Tiefsee-Expedition 1898-1899. Wissens- chaftliche Ergebnisse (1er deutschen Tiefsee-Expedition au f de m Dawpfer i^Val- divia » h » = 0"104, i = 3.37 » 2.116 » » = 0»380, i = 2.86 » 0.3l4s » » = 0''075, i = 3.81 » 2.000 » » = 0°358, i = 2.85 >i 0.1562 » )) = 0»040, i = 4.08 ). 1.968 » * )) = 0°350, f = 2.83 Les solutions ont été préparées chaque fois à nouveau. Les déter- minations des points de congélations ont été faites deux fois chacune. La tendance du facteur i à atteindre une limite au-dessus de 3 est incontestable. Aussi les solutions diluées du bichromate ont une tendance très manifeste à montrer la nuance jaune des chro- mâtes, c'est-à-dire de l'ion CrO^, plutôt que la nuance orangée du Cr,0,. Les données de ce tableau nous mettent en état de composer des solutions fixatrices à base de bichromate de potasse, Isotoniques soit au sang des vertébrés : disons d'un A = 0.560 chez l'homme, environ 0.600 chez les animaux domestiques, soit à celui des animaux de mer ou à celui des eaux saumàtres. Par interpolation nous trouvons pour A 2 1/2 % : 0o4375, mais ce serait pour le cas où on aurait employé de l'eau pure. Dans de l'eau de mer, le K.Cr^O, modifie un peu le degré d'ionisation des sels. J'en ai dissous 25 grammes dans un litre d'eau de mer dilué à 4/5 avec de l'eau douce, le calcul faisait prévoir environ 2o086, le résultat a donné A = 2o000. Une solution de 25 grammes de K,Cr._,0, dans un litre d'eau de mer non diluée a donné A=:2o322, au lieu de 2o5 environ. Pour le soi disant acide osmique : OsO,, nommé plus correcte- ment tetroxyde d'osmium, j'ai pu constater que cette substance se comporte dans les solutions aqueuses également comme un électro- lyte : i est sûrement plus grand que 1. A 2 o/o OsO, = 0''162, i = 1.10 A 0.927 Vo » = 0°086, i = 1.26 A 0.473 3 °/o » = O'Ool, i = 1.47 La détermination du point de congélation est très difficile pour les solutions d'OsO^. Elles se décomposent plus ou moins sous l'influence du mélangeur en platine. Pour composer notre liquide fixateur isotonique à l'eau de mer, nous avons pris 250 cm. cubes de la solution de 2 1/2 «/o de K^Gr^O, dans de l'eau de mer non diluée (cette solution avait un A =: 2». 322, un poids spécifique à 19° G : 1.046), et nous y avons ajouté 25 cm. SÉANCE DU 28 JUILLET 1903 169 cubes d'acide nitrique à 6,3 •'/o (la concentration normale de la volumétrie) : A s'élevait alors à 2« 412, et puis 54 cm. cubes d'une solution aqueuse d'OsO, à 2 % exactement. Le point de congéla- tion était alors abaissé considérablement, à cause de la grande quantité d'eau introduite : A =: 20.042. Et voilà le fixateur prêt. Son poids spécifique est 1.038 à 20'^ G (déterminé à l'aréomètre). Il est très facile de faire le calcul des différents A, qu'on obtient en ajoutant une nouvelle solution aqueuse k ceWe dont on connaît A. Nous avons mélangé 25 cmc. d'acide nitrique normal à 250 cmc. de solution de K,Gr,0, à 2 1/2 7« dans de l'eau de mer. A pour une solution normale d'acide nitrique, ne m'est pas connue avec la précision nécessaire, et je ne suis pas en état ici de le déterminer exactement, mais il peut être évalué à environ 3"5. Nous avons alors 250 X 2''322 + 25 X 3"5 = 275 X r Volume A volume A volume A ^-- -»^ —---*_- du 2 1/2 o/„ KXr.O; 6.3 V» mélange en eau de mer HAzO, et nous trouvons pour x la valeur 2"429, tandis que l'expérience donne 2°412. A 275 cmc. de A = 2''412, nous avons ajouté 54 cmc. de A =r 0162, or nous avons 275 X 2.412 + 54 X 0,162 = 329 X y. y = 2''043, tandis que l'expérience donne 2,042 ! Nous avons eu plusieurs fois des résultats analogues avec des mélanges de K^Cr^O, et de HAzOg d'une part et d'acide osmique à 2 % d'autre part. Ce fixateur a le grand avantage de pouvoir être mêlé à l'eau de mer sans que sa pression osmotique soit modifiée. Pour fixer des cellules très délicates comme celles du sang, on peut même y ajouter deux volumes d'eau de mer, si l'on a soin de laisser couler le sang lentement et en agitant le fixateur, afin qu'il se mélange très rapidement et très intimement avec le liquide. Pour les animaux entiers, des Cydippes, des Térébelliens, etc., ou pour des organes il faut préférer le liquide non dilué. 11 contient donc 1.9 "/o de bichromate de potasse, environ 2.66 % de chlorure de sodium (quand on veut remplacer l'eau de mer par une solution de NaCl à 3 1/2 "/o), 0.479 °/o d'acide nitrique, presque 1/3 °/o d'0s04 . Quant à ce dernier réactif, il ne faut jamais se fier au poids, indiqué sur les petits tubes en verre, dans lesquels il est vendu dans le commerce. La solution à 2 o/o a un poids spécifique de 1.016 à 19°. Pour être sûr de la quantité d'Os Oi que contient une solution, il faut la préparer de la manière suivante. Jeter les 170 SÉANCE DU 28 JUILLET 1903 tubes de verre clans de l'eau chauffée à 63° : l'Os O4 fond et se ras- semble dans une des extrémités du tube. On refroidit ce bout seulement en tenant le tube verticalement dans de l'eau froide : l'OsOi se solidifie, sans qu'il y ait sublimation. On coupe le tube à la moitié. On met un verre de montre de poids connu dans le voisinage d'une toute petite flamme, on chauffe le tube prudemment au-dessus de cette flamme et on verse le contenu dans le verre de montre dès qu'il est suffisamment fondu pour ne plus adhérer au verre. Ce n'est nullement une opération aussi pénible qu'on pour- rait le croire, il ne faut qu'un peu d'adresse. Puis on couvre le verre et on pèse rapidement. Ensuite on mesure la quantité d'eau distillée nécessaire pour faire une solution à 2 %' oti la met dans une capsule en porcelaine et on y jette le verre de montre renversé. Puis on chauffe sur une petite flamme, juste au-dessous du centre du verre. La faible quantité d'eau entre le fond de la capsule et le verre de montre est portée rapidement à une température où fond rOsOi qui tombe au fond de l'eau. On retire le verre de montre et on verse rapidement dans un flacon à bouchon à l'émeri, où l'on peut facilement mélanger le tetroxyde encore liquide avec le dissol- vant. Je suis parvenu à faire des solutions aqueuses d'OsOi à 5 %• Si l'on renonce à se servir du procédé que je viens de décrire, on peut faire des erreurs de 30 %• Avec un peu de pratique on finit par travailler avec ce réactif indispensable, sans de grands désa- gréments. Je n'hésite pas à chauffer même le contenu de la capsule de porcelaine un peu après avoir éloigné le verre de montre. Quant à la préparation de l'acide nitrique normal on procède ainsi. De l'acide nitrique fort est dilué avec de l'eau distillée jusqu'à ce qu'on ait obtenu un liquide d'un poids spécifique de 1,060 à 15'' (détermination à l'aéromètre), puis on ajoute de l'eau distillée jusqu'à obtenir 100 cmc avec au 55,7' du liquide primitif; ou bien le liquide a pour poids spécifique 1,070 on porte à 100 cmc, un volume de 47 cmc 8. Les solutions normales sont dans le commerce. Ce liquide fixateur donne des résultats vraiment remarquables. Nous l'appellerons liquide A, pour le distinguer du liquide B, sans acide, également isotonique avec l'eau de mer, et qui a la compo- sition suivante : 173 crac d'une solution de K2 Cr-2 O7 dans de l'eau de mer à 2— Vo. 27 cmc d'une solution d'OsO, dans de l'eau distillée à 2 0/0. Elle fixe très bien et très rapidement les Plutei des Oursins, sans résoudre les formations calcaires si délicates. Comme les deux liquides fixateurs décrits rendent la coloration SÉANCE DU 28 JUILLET l!)03 171 un peu plus ditîicile que d'ordinaire, il convient d'employer les méthodes bactériologiques. Je dois à mon aide de laboratoire, M. W. Van Piggelen, un procédé des plus hardis, mais qui donne d'excellents résultats pour les larves si délicates des Oursins. On met une goutte d'eau de mer, contenant une douzaiue de Plutei vivants sur une lamelle couvre-objet, on éloigne l'excès d'eau au moyen d'une pipette à extrémité capillaire, on laisse tomber une goutte du liquide B au moyeu d'une pipette à lumière un peu plus large. Après deux minutes on chmi/fe la laiiii'Ur avec précaution, jusqu'à ce que la préparation soit totalement sèche, puis on lave à l'eau distillée, on sèche de nouveau à la lampe, et on monte dans le baume de Canada. Ou bien on colore à la fuchsine phéniquée, avec décoloration dans la solution alcoolique saturée de fluoresceine (d'après Gzaplewski), ou bien au bleu de méthylène. (Travail effectué au Laboratoire de Roscoff). NOTE SUR LES RONGEURS DE TUNISIE RECUEILLIS PAR M. MARIUS BLANC, PAK M. O THOMAS (du Brilish Muséum) ET LE D' E. TROUESSART M. Marins Blanc, naturaliste à Tunis, nous a communiqué, pour en avoir la détermination , une petite collection de Rongeurs recueillis par lui dans différentes parties de la Tunisie. La faune de ce pays est encore peu connue ; les renseignements que nous possédons sur ses Rongeurs sont résumés dans le Cata- logue (1) publié par F. Lataste à la suite de sa Mission dans ce pays, en 1884. Mais cette exploration de trois mois à peine (avril- juillet), où l'auteur n'a pu séjourner plus de quelques jours dans chaque localité, et dont l'itinéraire lui était en quelque sorte imposé d'avance pour suivre les autres membres de la Mission, (1) F. Lataste, Catalogue critique des Mammifères apélagiques sauvages de la Tunisie (Exploration Scientifique de la Tunisie, 1887). 172 SÉANCE DU 28 JUILLET 1903 n'a pu lui fournir, comme il en convient lui-même, que des maté- riaux insuffisants. Les nouveaux matériaux recueillis par M. Blanc présentent donc un très grand intérêt. Bien que cette petite collection ne comprenne que 7 espèces, elle n'en renferme pas moins une espèce nouvelle pour la science et deux autres nouvelles pour la faune de la Tunisie. M. Blanc ne s'en tiendra pas là : ce zélé naturaliste vient de repartir pour une nouvelle exploration dans le sud de la Tunisie, et les résultats déjà obtenus par lui nous promettent de nouvelles découvertes. Les localités d'où proviennent les spécimens faisant partie de la présente collection sont au nombre de trois : 1» Bargou, dans le massif montagneux central du nord de la Tunisie, au nord des monts de la Kessera et au nord-est des Ouled- Aoun (1380 m. au-dessus de la mer) ; 2° Gafsa (la Capsa des Romains), dans le sud de la Tunisie, au nord du Chott Djerid ; 3" Kébili, encore plus au sud et à l'est du Chott Djerid, au sud du Djebel Tebaga (ou Bakir). Les espèces représentées dans cette collection sont les suivantes : 1. Eliomys lerotinus tunetae Thomas. Ann. Nat. Hist. (7), XI, 1903, p. 495. Cette sous-espèce, récemment décrite par l'un de nous(l)sur des spécimens de Karouana, sur la frontière d'Algérie, se retrouve à Bône et s'étend jusque dans le centre de la Tunisie. On sait que le genre Bifa Lataste, dont cette espèce est le type, ne diffère pas d'Eliomys. Reste à savoir si Eliomys lerotinus diffère spécifiquement d'/i. mumhyanus (Pomel), d'Oran et du iMaroc, qui est bien distinct d'E. nuercinus d'Europe. Il est plus probable que l'on devra consi- dérer E. lerotinus et E. tunetae comme deux sous-espèces lVE. mumhyanus. 2. Gerbillus Latastei n. sp. Voisine de G. Ealoni Thomas (2), de Tripoli, par ses proportions générales et ses pieds courts, mais bien distincte par l'allongement de sa région faciale (mesurée sur le crâne), et par sa coloration d'un Isabelle vif teinté de rose ou d'incarnat. (1) 0. Thomas. Aim. Nat. Hist. {!), XI, 1903, p. 495. (2) 0. Thomas, P. Z. S., 1902, p. 8. DOCTEUR JULES RICHARD, FrÀFident de- Icv Société- Zooloqiqice. de, France 1905. NnmiBlanc Plot. HcHoq . SctuuenWger SÉANCE DU 28 JUILLET 1903 173 Dimensions en millimètres : tête et corps (en peau) 97 ; queue IIO; patte postérieure (après avoir été ramollie) 27,5; oreille (id.) 12. Dimensions du crâne : de la pointe de l'os nasal à l'extrémité de l'interpariétal : M mm. ; longueur de l'os nasal : 12,5 ; largeur entre les orbites : 6,3 ; diastème (barre) : 8,5 ; longueur de la série des molaires supérieures : 4,4. Habitat : Kébili, sud de la Tunisie. Des exemplaires étiquetés comme provenant d'une « localité sablonneuse » sans autre indication d'habitat, présentent un pelage plus sombre, teinté de gris brun. Nous les considérerons provisoi- rement comme représentant le pelage du jeune. Cette espèce se distingue de toutes les autres Gerbilles par la vivacité de sa coloration (1;. G. Eatoni, comme la plupart des Gerbilles, est d'un jaune de sable {(hinis), tandis que la teinte de (î. Latastei est beaucoup plus vive, tirant sur le rose orangé. Une tache sur l'œil, une autre der- rière l'oreille et tout le dessous du corps sont d'un blanc pur. Comme d'ordinaire, les poils sont gris à leur base, sauf ceux des taches qui sont entièrement blancs. La queue est de la couleur du dos en dessus, blanche dessous, avec une petite toufïe brune terminale. Cette jolie petite espèce est dédiée à notre ami M. Fernand Lataste, auteur du Catalogue des Mammifères de Tunisie et de nom- breux travaux sur le genre Gerbillus et les genres voisins. 3. Gerbillus (Dipodillus) Dodsoni Thomas Proc. Zool. Soc, 1902, p. 7. Habitat : Bargou (1380 m.), Tunisie Centrale. Cette espèce décrite récemment d'après des exemplaires de la Tripolitaine, s'étend jusqu'en Tunisie et en Algérie. Elle ressemble au G. (D.) campestris Lataste du nord de l'Algérie, mais est de plus grande taille. Son habitat en Algérie commence au sud de l'Atlas, M. Eaton ayant rapporté de Biskra des spécimens appartenant à la présente forme. (1) D'après la a Nomenclature of Colours » de Riugway, dont se sert M. 0. Thomas, cette coloration est entre a pinkish bulî » et « vinaceous bufï », mais ce terme « vinaceous » qu'il faut traduire en français par « vineux » donnerait une idée très inexacte de la coulent de l'animal, u Vineux » indique une teinte violacée (celle d'une tache de vin rouge sur une nappe). Il n'y a rien de sem- blable ici. (Note du D' Trouessart). Bull. Soc. Zool. de Fr., 1903. xxvni. — 14. 174 SÉANCE DU 28 JUILLET 1903 4. Meriones Shawi Rozet. Habitat : Gafsa et Kébili. Cette espèce, très commune en Algérie, en Tunisie, et qui s'étend jusqu'en Tripolitaine, varie beaucoup comme l'a recouou F^ataste. Mais, dans l'état actuel de nos connaissances sur sa répartition géographique et ses variations d'âge, il est à peu près impossible d'identifier les trois livrées sous lesquelles elle se présente ici, avec les trois ou quatre variétés distinguées par Lataste, en grande partie d'après des caractères crâniens. 5. PsAMMOMYS ALGIRICUS Thomas. Ann. Nat. Hist., iX, 1902, p. 364. Habitat : Kébili, sud de la Tunisie. Distinguée d'abord sur des exemplaires de Biskra, cette forme se retrouve en Tunisie. Elle est remplacée plus à l'est par Paammomys tripolitanus Thomas (1902), de plus petite taille. 6. Mus MUSCULUS SUBSP ? Habitat : Gafsa, sud de la Tunisie. Pour cette forme, à pelage plus ou moins roux, de notre Souris domestique, vivant dans la campagne et non dans les maisons, il sera nécessaire d'avoir des exemplaires conservés dans l'alcool, afin de pouvoir la comparer à Mus musculus oricntalls Cretsz., de Tripoli, et aux Mas algirus, M. Reboudi, M. deserti (Loche) d'Algérie, rapportés par Lataste au M. bactrianus de Blyth. 7. Jaculus jaculus L. Dipus jaculus ou gerboa des auteurs. La Gerboise commune se trouve dans toute la Tunisie et l'Al- gérie. 175 Séance du 20 octobre iyo'3. PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE-PRÉSIDENT M. le Président annonce à la Société le décès de M. Certes, ancien Président et membre du Conseil de la Société Zoologique de France. MM. R. Blanchard et J. Vachal présentent comme membre à oie M. le D'^ Manuel Rivera, professeur à l'École supérieur, à Chillian (Chili). M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre du Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts annonçant que le 42« Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à la Sorbonne le mardi 5 avril 1904. Il rappelle que toute lecture sera subordonnée à l'approbation du Comité des travaux historiques et scientifiques. En conséquence, les Mémoires devront être adressés au Ministère, avant le 20 janvier prochain, au 5^ bureau de la Direction de l'En- seignement supérieur. Les manuscrits devront être entièrement terminés, lisibiement écrits sur le recto et accompagnés des des- sins, cartes, croquis nécessaires, de manière à ce que, si elle est décidée, leur impression ne souffre aucun retard. Parmi les questions inscrites au programme du Congrès, les suivantes intéressent la Zoologie : Repeuplement en Poissons des fleuves et cours d'eau. Aquiculture. Étude du bas cours d'un fleuve en vue de déterminer le point où cesse l'influence des eaux marines sur la faune et la flore et celui où s'arrête le reflux. Monographies relatives à la flore et à la faune des lacs français. Étude géologique et biologique des cavernes. Applications de la photographie et de la radiographie aux diverses sciences. Méthodes microphotographiques et stéréoscopiques. Du rôle des Insectes et spécialement de la Mouche vulgaire dans la propagation des maladies contagieuses. M. le professeur L. Joubin donne lecture d'une lettre de M. Alluaud et présente en son nom quelques Méduses d'eau douce qu'il lui a envoyées du lac Victoria Nyanza. Ces Méduses n'ont pu encore être étudiées, mais elles semblent très voisines des Méduses 476 SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 d'eau-douce récollées dans le lac Tangauika et décrites par Gûnther sous le nom de Lemnocnida tanganicae. M. le Dr Trouessart ouvre une discussion sur certaines règles de la nomenclature. M. le professeur R. Blanchard répond aux questions posées par M. le D' Trouessart. (1835-1903) NOTICE BIOGRAPHIQUE PAR J. GUIART La Société Zoologique de France vient d'éprouver une perte cruelle dans la personne d'Adrien Certes, ancien Président de la Société. Il fut toujours l'un des plus assidus à nos séances et ses anciens collègues conserveront pieusement le souvenir de ce savant et de cet homme de bien, dont ils admiraient à la fois la scieuce profonde et l'affectueuse courtoisie. A. Certes né fut pas un Zoolo- giste de carrière, mais il comptait parmi ces amateurs passionnés, qui consacrent à la science qu'ils aiment les loisirs pendant lesquels ils pourraient jouir d'un repos- bien mérité. Nous n'oublions pas du reste que c'est par eux et pour eux que fut fondée la Société Zoologique de France et à ce titre nous sommes doublement heu- reux de pouvoir accompagner le portrait de notre ancien Président d'une courte notice biographique et d'une liste complète de ses travaux, A. Certes naquit à Paris le 22 juillet 1835. Sa famille paternelle était originaire des bords du bassin d'Arcachon et avait été trans- portée dans le Quercy depuis près de deux siècles. iMais, par sa mère, il appartenait à une vieille famille essentiellement parisienne. 11 eut tout enfant le goût des sciences naturelles et comme son père, administrateur des eaux et forêts, tint absolument à faire de lui un fonctionnaire, il choisit du moins une carrière qui pût lui donner une réelle indépendance et des loisirs suffisants pour lui permettre de se livrer aux études qu'il rêvait d'entreprendre. C'est ainsi qu'il entra dans l'inspection générale des finances, qui lui permettait de travailler pendant plusieurs mois de l'année. ADRIEN CERTES Ancian Président de la^ Jociàtc^ Zooloji(fuc d/; France^ Q8S7J "Vm Bosch Piot. R.'.ioû Srhutzmlici SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 177 Claudk-Bernahd (ut son premier maître et c'est dans le labora- toire de Pasteur, à la rue d'Ulm, qu'il fit ses premiers travaux microyrapliiques. II se spécialisa peu a peu dans l'étude des Infu- soires, tout en s'iutéressant aux autres organismes microscopiques des eaux douces et salées, dont il lit mieux connaître la structure, grâce à certaines méthodes de colorations électives à l'état vivant ; il décrivit un grand nombre d'espèces nouvelles, et, grâce aux sédiments qu'il se faisait envoyer de tous les points du globe pour les cultiver ensuite, il put mieux étudier les conditions de la vitalité des germes et de la reviviscence. Mais nous ne nous appesantirons pas sur son œuvre, que l'on pourra lire presque en entier dans les publications de la Société. ^]n l'année 1887, la Société Zoologique de France l'appela au fauteuil présidentiel ; depuis cette époque, il est resté membre du Conseil. Il fut pour notre trésorier un pré- cieux auxiliaire, et put ainsi travaillera la prospérité matérielle de la Société, en même temps que par ses publications il travaillait à son renom scieutilique. Il fît également partie de nombreuses sociétés savantes de Paris, de la province et de l'étranger et, en dehors de la science, il consacra une notable partie de son temps à l'étude des questions philosophiques, sociales et religieuses. Il était OfTicier de l'Instruction publique et OfTicier de la Légion d'hon- neur, mais les deux titres auxipiels il tenait le plus étaient ceux d'ancien Président de la Société Zoologique de France et de mem- bre de r.\cadémie romaine pontificale des Nuovi Lincei. Catholique convaincu, A. Certes faisait marcher de pair la science et la religion ; mais il fut toujours d'un commerce agréable pour ses amis, parce (|u'il savait respecter les opinions des autres, comme il voulait qu'on respectât les siennes et parce qu'il savait introduire la plus parfaite courtoisie dans les questions les plus épineuses. Aussi est-ce avec un profond sentiment de regret que ses collègues ont appris sa perte. Il s'est éteint le 10 septembre 1903, après trois mois d'horribles souffrances, qu'il endura avec le calme et l'énergie qu'il puisait dans ses profondes convictions religieuses. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE des t.r*ei-vei-u.3c scientifiqvLes éL'J\.. CSertes 1879. — Note sur VHaptophnja gigantea Maupas, lofusoire para- site des Batraciens anoures d'Algérie. Bull. Soc. Zool. de Fr., IV, p. 240 (avec 1 pi.). 178 SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 1879. — Sur une méthode de conservation des Infusoires. C. H. Ac. des se, séance du H mars (avec 1 pi.)- 1880. — Sur l'analyse micrographique des eaux. C. /^ ylc. rfes se, séance du 14 juin. 1880. — La glycogénèse chez les Infusoires. C. R. Ac. des se, séance du 12 janvier (avec 1 pi.). 1881. — Sur un procédé de coloration des Infusoires et des éléments anatomiques pendant la vie. ('. H. Ac. des se. 1881. — Sur la vitalité des germes de VArtemia salina et du Hlc- pliarisnid lateritia. C. IL Ac. des se, séance du 7 novembre. 1881. — Note sur un procédé de coloration des organismes micros- copiques vivants. Bull, Soc. Zool. de Fr.. VI, p. 21. 1881. — Note complémentaire sur la préparation et la conserva- tion des organismes microscopiques. Ibid., p. 36. 1881. — Sur les procédés de coloration des organismes microsco piques vivants (Note complémentaire). Coloration des noyaux. Ihid., p. 226. 1881. — Sur la préparation et la conservation des organismes microscopiques (Note rectificative). Ibid., p. 228. 1881. — Note sur la vitalité des germes de VArtemia salina et du Blepharisma lateritia. Ibid., p. 229. 1881. — Sur les résultats de l'examen microscopique des sédi- ments recueillis pendant l'exploration zoologique faite en 1881 dans la Méditerranée et dans l'Océan à bord du vaisseau de l'État (( le Travailleur ». Ibid., p. 258. 1881. — Sur les procédés décoloration des organismes microsco- piques vivants (Note complémentaire). Infusoires marins et des eaux salines. Ibid., p. 264. 1882. — Note sur les parasites et les commensaux de l'Huître. Bull. Soc. Zool. de Fr., VII, p, 347 (pi. VII) et Association française pour l'avancement des sciences (Congrès de La Rochelle), p. 552. 1882. — Sur l'analyse microscopique des eaux. Ibid., p. 777. 1882.— Sur les parasites intestinaux de l'Huître. C. R. Ac. des se, XCV, p. 463. 1883. — Parasites et commensaux de l'Huître (Note complé- mentaire). Ass. fr. av. des se. [Congrès de Rouen), p. 576. 1883. — Sur le Trypanosoma Balbianii (Note complémentaire). Bull. Soc. Zool. de Fr., VIII, p. 209. 1884. — Sur la culture, à l'abri des germes atmosphériques, des eaux et des sédiments rapportés par les expéditions du Travailleur et du Talisman (1882-83). C. R. Ac. des se, XCVIII, p. 690. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 179 1884. — De l'action des hautes pressions sur les phénomènes d(î la putréfactiou, sur la vitalité des microorganismes d'eau douce et de mer. C. R. Ac. des se, XCIX, p. 38o. 1884. — Action des hautes pressions sur la vitalité des micro- organismes d'eau douce et d'eau de mer. C. R. Soc. de BioL, XXXVI, p. 220. 1884. — Action des hautes pressions sur la vitalité de la Levure et la fermentation (en collaboration avec Cochin). Ihid., p. 639 et Acad. roy. de Helgique. 1885. — De l'emploi des matières colorantes dans l'étude physio- logique el histologique des Infusoires vivants. 6'. 11. Soc. de BioL, XXXVll, p. 197. 1886. — De l'emploi des matières colorantes dans l'étude physio- logique et histologique des Infusoires vivants (2^ note). C. R. Soc. de BioL, XXXVIIl, p, 206. 1886. — De la présence constante de microorganismes dans les eaux de Luchon et de leur action sur la production de la barégine (en collaboration avec M. Garrigou). C. R. Acad. des se, CllI, p. 703. 1889. — Mission du Cap Horn. Volume des Protozoaires (avec planches). 1889.— Note sur les microorganismes de la panse des Ruminants. Bull. Soc. Zool. de Fr.. XIV, p. 70. 1889. — Sur un Spirille géant développé dans les cultures de sédiments d'eau douce d'Aden. Ibid., p. 322. 1891. — Note sur deux Infusoires nouveaux des environs de Paris. Bull. Soc. Zool. de Fr , XVI, p. 82. 1891. — Sur le procédé de Joseph Eismond pour l'étude des Infusoires vivants. Ibid., p. 93. 1891. — Sur le Trijpanosonia Balbianii. Ibid., p. 95. 1891. — Sur le Trupanosoma Balbianii. (Note complémentaire). Ibid., p. 130. 1891. — Note sur deux Infusoires nouveaux des environs de Paris. Mém. Soc. Zool. de Fr., IV, p. 536 (pi. VII). 1892. — Sur la vitalité des germes des organismes microsco- piques des eaux douces et salées. C. R. Acad. des se, GXIV, p. 425. 1892. — Sur la vitalité des germes des organismes microscopi- ques des eaux douces et salées. Bull. Soc. Zool. de Fr., XVII, p. 59. 1893. — Contribution à l'étude de la faune microscopique des eaux de Paris et de ses environs. Bull. Soc. Zool. de F/\,XVII1, p. 113, 1900. — Colorabilité élective des filaments sporifères du Spiro- 180 SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 bacillus giflas vivant, par le bleu de méthylène (avec planche). C. B. Acad. des se, CXXXI, p. 75. 1900. — Colorabilité élective « intra vitam » des filaments spori- fères du Spirobaallus gigas (Certes) et de divers microorganismes d'eau douce et d'eau de mer par certaines couleurs d'aniline (avec planches). Assoc. fr. avanc. des se. (Congrès de Paris), p. 714. 1901. — Instructions sur le mode de récolte et d'envoi des sédi- ments d'eau douce, saumâtre ou salée, destinés aux recherches microscopiques. Bull. Soc. Zool. de Fr., XXVI, p. 117. 1902. — Spirobaallus gigas colorés vivants par le bleu de méthy- lène. C. B. du Congrès zool. de Berlin, p. 422. 1903. — Vitalité des germes des organismes microscopiques des eaux douces et salées. Mém. Acad. rom. pont. Nuovi Lincei, XXI. UNE PONTE EXTRAORDINAIRE DE LACEBTA VIVIPARA PAR E. OLIVIER Le 12 août dernier, j'ai capturé dans le massif des moûts du Cantal, au col des Gardes, à une altitude d'environ 1.500 mètres, une grosse femelle toute noire de J.acerta vivipara Jacq. Cette femelle, qui est entièrement d'un noir profond, doit être rapportée au Lacerta nigra Wolf. que le D^ Fatio n'admet que comme variété mélanienne (Faune de la Suisse III, p. 87). Cette variété, qui est rare en Suisse, l'est également sur le Plateau central. C'est la première fois que je la rencontre, tandis que j'ai trouvé le type normalement coloré, très commun aux monts Dores et au Cantal, ainsi qu'au Montoncel et au plateau de l'Assise, dans le département de l'Allier. J'ai pris cette femelle vivante et l'ai conservée dans une large boîte garnie de mousse humide et fermée par un grillage serré. Au bout de huit jours, elle donna naissance à quinze petits tout noirs, longs de 4 centimètres, qui se mirent aussitôt à grimper sur les parois de la boîte et à s'y promener çà et là. Je les gardai vivants pendant quelques jours, puis je les plongeai tous, mère et jeunes, dans l'alcool. Je crois devoir mentionner ce fait, parce (|u'il est très rare ijue le Lacerta vunpara soit aussi fécond. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 181 Le D"* Fatio donne comme chiffre normal de sa reproduction trois à cinq petits et cite comme tout-à-fait exceptionnelle une femelle qui mit au monde douze petits (toc. cit., p. 91). Le chiffre de ((uinze petits que j'ai vus naître sous mes yeux est donc digne d'être signalé. DURÉE DE L'INCUBATION ET DE L'ÉDUCATION DES JEUNES DANS LE NID CHEZ LE MOUCHET CHANTEUR PAR XAVIER RASPAIL Malgré le grand nombre de nids de Mouchet chanteur [Prunella modularis) que j'ai rencontrés depuis que je m'occupe plus spéciale- ment de la nidification des Oiseaux, je ne suis arrivé à recueillir que deux observations complètes et encore, dans l'une d'elles, il n'y eut qu'une éclosion sur les trois œufs dont se composait la ponte. Ces œufs non fécondés paraissent très fréquents chez cette espèce : j'ai, en effet, rarement vu un nid qui ne contînt, après le départ des jeunes, au moins un œuf clair. Voici, du reste, un exemple remarquable de cette infécondité. Le 18 avril 1898, un nid établi dans un Genévrier contenait quatre œufs incubés de plusieurs jours ; il y eut trois éclosions et un œuf clair. Le 22 mai suivant, ayant visité l'intérieur de cet arbuste très compact et de forme pyramidale, je trouvai, dans le même nid, six œufs que la femelle couvait ; le le»' juin, un seul de ces œufs était éclos ; les cinq autres étaient clairs. D'autre part, il est à noter que le Mouchet chanteur paraît avoir tendance à faire plusieurs pontes dans le nid qui lui a servi à élever une première couvée ; je l'ai même vu s'en servir trois fois. Le 28 avril 1899, je découvris au centre d'une forte toulïe de Genévrier, un nid avec cinq œufs que la femelle devait couver depuis quelques jours. Le 28 mai, visitant de nouveau cet arbuste isolé sur une pelouse et offrant un abri protecteur contre les Chats et les Oiseaux de rapine, je vis dans le nid précédent, qui ne paraissait avoir subi aucune réparation après le départ des jeuues, un œuf dont l'aspect de la coquille me fit douter qu'il fût resté clair de la ponte d'avril ; aussi, je revins le lendemain et je trouvai, en effet, un second œuf. Le 1*?' juin, la femelle couvait avec cinq 182 SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 œufs. Bien qu'ayant commencé cette observation dès le début de la ponte, les circonstances ne me permirent pas de la suivre jour par jour et je ne fus à même de visiter le nid de nouveau que lorsque les jeunes furent tout emplumés et prêts à partir, à la fin du mois. Enfin le 18 juillet suivant, passant près de ce Genévrier, Tidée me vint d'en examiner l'intérieur et je trouvai dans le même nid une troisième couvée au moment où cinq jeunes venaient de naître. En règle générale, les Oiseaux ne pondent pas deux fois dans le même nid ; d'abord il y a à cela une raison majeure, c'est que très souvent, les jeunes en se développant ou par leur turbulence en désagrègent les parois, quand ils ne les aplatissent pas totale- ment : en second lieu, chez certaines espèces, les Fringillidés, par exemple, les jeunes laissent une telle quantité de pellicules fari- neuses couvrant le fond et imprégnant toute l'épaisseur des parois du nid que celui-ci ne pourrait sans inconvénient, même pour la mère, servir à une nouvelle couvée à cause de la quantité d'Insectes et d'Acares qui trouvent là un terrain favorable à leur pullulation. Mais l'exemple que je viens de citer du Mouchet chanteur n'est pas le seul que j'aie rencontré ; j'ai vu, entre autres, repondre dans le même nid, la Fauvette des jardins {Sjjlria hortulanus) et le Bruant zizi [Emberiza cirlus). Je ne mentionne pas le Moineau qui, on le sait, fait volontiers toutes ses couvées de l'année dans le même nid, sans s'inquiéter de la vermine qui y prospère et dont les jeunes sont souvent couverts. D'autres espèces, sans recommencer une nouvelle ponte dans un nid qui leur a déjà servi à élever une couvée, en construisent suc- cessivement jusqu'à trois superposés les uns au-dessus des auties, comme je l'ai vu faire à un couple de Merle noir {Turdus merula). Je possède également, de la Bousserolle efïarvatte [Calamoherpe arundinacea),des nids ainsi superposés. La raison en est peut-être, dans ce cas, que ces Oiseaux pensent, en se fixant à cette place, y trouver plus de sécurité, puisqu'ils n'y ont pas été troublés pen- dant la période précédente de l'incubation et de l'éducation des jeunes. La première observation complète que j'ai réussi à obtenir, date de 1898. Un nid, établi dans un Buis et terminé le 22 juin, reçut le premier œuf le 24; le 27, un ([uatrième et dernier était pondu et la femelle commençait à couver. Le 8 juillet, un jeune sortit de la coquille à 10 h. 30; deux autres à midi ; le (jualrièmc entre 4 h. 30 et 5 h. du soir. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 183 Le 18 à midi, les jeunes manifestent de l'inquiétude à mon approche ; certainement, si j'avais persisté à écarter le buisson pour les voir de pins près, ils auraient sauté hors du nid. Le même jour, à 8 h. du soir, ils y sont toujours; le 19, à 7 h. du matiu, le nid est vide. Les jeunes en sont partis au lever du soleil. La seconde observation est de cette année même 1903 et présente certaines particularités intéressantes. Le 29 avril, je trouvai dans un Biota aurea, isolé sur une pelouse, un nid complètement terminé. Le 30, un premier œuf y était déposé et, le '2 mai, un troisième et dernier. Le 3, je visitai le nid dans la matinée, il n'y avait toujours que trois œufs complètement froids. Dans l'après-midi, toujours absence de la femelle et les œufs froids. Le 4, dès le matin, comme je pensais le nid abandonné, j'eus la surprise de voir la femelle sur ses œufs qu'elle ne quitta plus. Alors que toutes les femelles couvent aussitôt le dernier œuf pondu, celle-ci avait mis 24 heures entre la fin de sa ponte et le moment où elle commença à couver. Le lo mai, entre 10 h. et 10 h. 30 du matin, un œuf éclot Les deux autres ne le sont pas à la tombée de la nuit ; le 16, ils sont toujours intacts ; le 27, je les enlève, ils n'avaient pas été fécondés : le jaune était entier au milieu de l'albumine limpide. Le 25, à o heures du soir, le jeune est tout emplumé ; le 26, je le vois encore à 7 heures du soir ; le 27, le nid est vide à 6 heures du matin, il a dû l'abandonner peu après le lever du soleil. Je réunis dans le petit tableau suivant les données fournies par ces deux observations : ÉDUCATION DU dernier' ESPÈCES Observalions MOIS PONTE INCUBATION DES JEUNES DANS LE NID OEUF PONDU AU DÉPART DES JEUNES Mouchet chanteur 2 a) juin-juillet 4 œufs 13 h. 11 j. V6]i. (9 h. 11 jours 22 jours b) avril-mai 3 œufs (2 clairs) 11 j. 3 h. 12 jours 23 jours Il est intéressant de remarquer, que tandis que les qu.itre jeunes de l'observation d) ont mis 11 jours pour terminer leur éducation dans le uid, le jeune de l'observation h), bien que seul et par consé- 184 SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1903 queDt plus copieusement nourri par les parents, est resté cepen- dant un jour de plus avant de quitter son berceau. Contrairement à ce que j'ai remarqué chez les Turdiens et les Sylviens, les éclosions avec des écarts importants paraissent fré- quentes chez le Mouchet chanteur. Dans l'observation a), à la vérité, l'écart de six heures entre la première et la dernière éclo- sion n'a rien d'exagéré ; on le voit souvent se produire dans les couvées du Merle noir, de la Fauvette des jardins, etc., mais je relève, dans mes notes, l'observation suivante que j'ai pu faire d'une éclosion échelonnée chez le Mouchet chanteur : Le 8 juillet 1900, ayant trouvé un nid avec cinq œufs fortement incubés, je le surveillai pour noter l'éclosion. Le 10, un jeune naquit à midi ; à 5 heures, pas d'autre éclosion ; à 6 heures, deux jeunes viennent de sortir de la coquille ; à 8 heures, rien de nou- veau. Le 11, à 7 heures du matin, un quatrième jeune est né pro- bablement dans le courant de la nuit; le cinquième œuf est intact et je le considère déjà comme clair ; à 2 heures de l'après-midi, il y est toujours, mais à 4 heures, étant revenu par acquit de cons- cience, je le trouve éclos. Ainsi, dans ce cas, l'écart entre la première et la dernière éclo- sion a été de 28 heures. Quant aux pontes que peut fournir le Mouchet chanteur dans une saison, j'ai tout lieu d'en fixer le nombre à quatre, en me basant sur les trois couvées successives faites daus le même nid à partir de la fin d'avril et sur ce que le Mouchet chanteur est très précoce dans ses amours ; il n'est pas rare, en effet, de trouver les jeunes prêts à quitter le nid le 13 avril. Liste des ouvrages offerts par le professeur R. Blanchard. .Annual Heports of the Acndemy of Natural Science of Fhilarlelphie, 1902. Proceedinfjs of the Academy ol Natural Sciences of Philadelphie, p. 796-823, december 1902. V. Ariola, Lo ipotesi nella partonogenesi sperimcntale o la fecondazione normale. Àtti delta Societa Ligxistica di Scienze nnturali e geografiche, XIV, in -8° de 11 p., 1903. R. Blanchard, Nouvelles observations sur le pseudo-parasitisme des Myria- podes chez l'Homme. Archires de Parnsitologie VI, p. 245-236, 1902. Ed. Chevueux, rampafjnes scientifiques de S. A. S. le Prince .'\lberl I"' do Monaco. Description d'un .\mphipode marin appartenant au genre Hyalella Smitli. Hulleti» delà Société Zoologique de France, XWII, p. 223-227, 1902. 185 Séance du lo novembre igo3 PRÉSIDENCE DE MM. JUUBIN & DAUTZENBERG M. le \y Mauuel Rivera, présenté à la précédente séance, est proclamé membre de la Société. M. le Secrétaire général dépose sur le bureau de la Société, pour les Archives, une épreuve avant la lettre des portraits de MM. Certes et J. Richard. M. le professeur Joubin ayant à faire une communication, M. Dautzenberg, ancien Président, le remplace au fauteuil prési- dentiel. M. le professeur L. Joubin annonce qu'il organise, dans son Laboratoire du Muséum d'Histoire naturelle, une collection aussi complète et détaillée que possible des Coquilles de France. Son intention est de réunir toutes les espèces avec leurs variétés locales, leurs formes jeunes et adultes, leurs défoi'matious acci- dentelles, en mentionnant leur habitat, altitude, biologie, etc. A cette collection principale seront annexées des séries spéciales de coquilles des Colonies françaises pour lesquelles il rassemble également des matériaux. Il prie ses Collègues de la Société Zoologique de France de vou- loir bien l'aider dans cette vaste tâche en lui envoyant les coquilles intéressantes dont ils peuvent disposer, et en y joignant le plus possible d'indications scientifiques. Ces échantillons, accompagés de fiches documentaires, seront déposés dans la collection du Muséum avec le nom du donateur. Les Collègues qui accueilleraient sa demande sont priés de lui écrire au laboratoire de Malacologie du Muséum d'Histoire natu- relle, 55, rue de Bufïon, Paris. Il leur donnera toutes les indica- tions nécessaires pour l'envoi des échantillons, leur classement et la confection des fiches explicatives. M. G. DoLLFus prie M. le professeur Joubin de publier les espèces types qui existent dans les collections du Muséum et qui n'ont pas été publiées. Il attire spécialement son attention sur celles de La mark. M. Fred. Vlès présente un appareil destiné à obtenir automati- quement la courbe des coquilles de Lamellibranches. 186 SÉANCE DU 10 NOVEMBRK 1903 DURÉE DE L'INCUBATION ET DE L'ÉDUCATION DES JEUNES DANS LE NID CHEZ LE BUTALIS GRIS PAR XAVIER RASPAIL Le Butalis gris (Butalisgrisola), vulgairement connu sous le nom de Gobe-Mouche, jadis très commun à Gouvieux, comme du reste dans tous les environs de Paris, avait pour ainsi dire complètement cessé de venir s'y reproduire. En 1892 et 1893, on me signala pour la dernière fois, dans un jardin au centre du village, la présence d'un couple qui, ces deux années, avait établi son nid à la même place, dans une treille encadrant une fenêtre. Depuis, malgré mes recherches, je n'avais plus revu un seul Gobe-Mouche, lorsqu'en 1901, à la fin de mai, j'aperçus appliqué le long du tronc d'un Chêne, un nid qui, par sa construction, ne pouvait appartenir qu'au Butalis ; je trouvai, en effet, dans le fond, les débris des œufs de cet Oiseau qu'un Lérot avait mangés. Trois semaines après, je découvris un second nid construit dans la fourche d'un jeune Poirier, certainement par le même couple, mais trop tard pour eu suivre l'incubation ; les jeunes naquirent le lendemain. En 1902, bien qu'ayant remarqué à plusieurs reprises, durant l'été, un Butalis perché sur un tuteur, d'où il guettait les Insectes passant à sa portée, il ne me fut pas possible de trouver le nid. Mais, cette année, 1903, j'eus la satisfaction de trouver un nid en construction dans le même Poirier et à la même place qu'occu- pait le nid de 1901. J'ai donc tout lieu d'admettre que c'est le même couple qui, ayant échappé par miracle aux pièges que les Oiseaux, surtout les Insectivores, rencontrent au cours de leurs migrations et suivant une habitude bien connue, est revenu fidèlement faire ses couvées au même endroit. Les œufs pendant l'incubation et les jeunes durant leur éducation dans le nid, ayant été sauvés des multiples causes de deslruction qui laissent, plus que jamais, bien peu de couvées arriver à terme, je suis parvenu ainsi à en faire l'observation complète. Le nid terminé le 15 juin, reçoit le 16 un premier œuf. Le 19, un quatrième et dernier est pondu et la femelle commence immé- diatement à couver. Dès que quelqu'un apparaît même à une dizaine de mètres de l'arbre, la femelle quitte le nid et va se poser sur le bord d'un SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1!*08 187 ^rilla^e où elle reste en observation ; le 28 seulement, elle tient le nid et ne se décide à le quitter qu'à l'approche de ma main ; le soleil, ce jour-là, était brûlant et donnait en plein sur l'arbre isolé dans le potager. Le 1" juillet, à 8 heures du matin, les quatre œufs sont intacts ; à 9 heures, deux petits viennent de sortir de la coquille ; ils sont encore tout humides. Les deux autres œufs ne sont pas étoiles ; ils sont dans le même état à 2 heures, mais, à 3 heures, l'un deux est étoile et à 3 h. 30, il est éclos. Le quatrième œuf, que je trouve encore intact à 7 h. 30 du soir, éclot à 8 heures. La durée de l'incubation a donc été de 12 jours 2 heures pour les deux premiers œufs éclos, de 12 jours 8 heures pour le troi- sième et de 12 jours 13 heures pour le quatrième. Le 2 juillet, à 9 heures du matin, les quatre jeunes, malgré une différence de 11 heures daus leur naissance, ne présentent aucune différence au point de vue de leur développement ; ils tendent le cou avec un ensemble parfait en ouvrant un bec démesuré dans l'attente d'y recevoir une savoureuse becquée. Le 12, ils sont tout emplumés et se tiennent entassés sur le nid totalement aplati, n'ayant pour se garantir contre une chute, que les branches dans la bifurcation desquelles le nid est enchâssé. Le 15, ils y sont encore à 6 h. 30 du matin ; ils le quittent exac- tement à 7 heures. Leur éducation dans le nid a donc demandé 14 jours. Enfin, la période de temps écoulée entre le dernier œuf pondu et le départ des jeunes du nid, a été de 26 jours. De toutes les observations que j'ai faites jusqu'ici sur la durée de l'incubation des œufs et de l'éducation des jeunes dans le nid, c'est aux termes appartenant au Rouge-Queue de muraille {Ruti- rilla phœnkura) que se rapportent presque exactement ceux fournis par le Buialis gris, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par le petit tableau suivant : ESPÈCES DURÉE DE l'jncubation ÉCART APPROXIMATIF DANS l'éclosion ÉDUCATION DES JEUNES DANS LE NID DU DERNIER œUF PONDU AU DÉPART DES JEUNES Rouge-Queue de muraille Butalis gris 12 jours 3 h. et 12 jours 23 h. 12 jours 2 h. et 12 jours 13 h. 20 heures 11 heures 14 jours 14 jours 2fi jours 26 jours 188 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1903 Ces deux Oiseaux faisant partie de deux familles distinctes, ont à peu près la même taille ; mais les œufs du Butalis ont, pour le grand axe, 0,002 de plus que l'œuf du Rouge-Queue de muraille et, ce qui est à noter, c'est l'emplacement totalement dilïérent qu'ils choisissent pour établir leur nid : le premier de ces Oiseaux construit le sien à l'air libre, dans les espaliers, les treilles ou adossé contre )e tronc d'un arbre, tandis que le second le place dans des cavités closes et le confectionne avec des matériaux plus denses et plus chauds. Liste des ouvrages offerts par le professeur R. Blanchard. E. Chevreux. Note préliminaire sur les a mphipodes de la famille des Lysianas- sidae recueillis par la Princesse Alice dans les eaux profondes de l'Atlantique et de la Méditerranée. Bull, de la Soc. ZooL, XXVIII, p. 81-98, 1903. Fr. Dahl, Ueber eine eigenartige Métamorphose der Troguliden, eine Verwand- lund von Amopauin in Dicranolasina und von Metopoctea in Trogulus. Silzungs- Berichte der q eue Use liait naturforsclieuder Freunde, p. 278-292, 1903. Fr. Dahl, Ueber tâuschendeAehnlichkeitzwischeneiner deutschen Springspinne (Ballus depressus) und einem am gleichen Orte vorkomraeniien Rûsselkàfer (Strophosomus capitatusj. S.-B. der Gesells 7iaturf., p. 279-ii78, 1903. Fr. Dahl, Erscheinungen in der modernen Systematik. Zoologiscker Anzeiger, XXVI, p. 693-696, 1903. F- DoFLEiN, Die Augen der Tiefseckrabben. Biologisches centralblatt, XXIII, p. 570-593, 1903. Fédération armoricaine des Société de Pêche et de Pisciculture des départe- ments des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbian. Procès-verbal du Congrès tenu à Carlmix, le 26 juillet 1903, à l'hôtel de Ville, in-8° de 29 p , 1903. H. H. FiELD, Concilium bibliographicum. Zurich, in-8" de 8, VIII p., janvier 1903. E. Grynfelt, Sur la présence de granulations spécifiques dans les cellules chromalïines de Kohn. C. R. de l Association des Anatomistes Y" session, p. 134- 142, Liège, 1903. E. Grynfelt, Sur la capsule surrénale des Amphibiens. C. R. Académie des Sciences. 6 juillet 1903 F, GuiTEL, Sur la variation du rein dans le genre Lepadogaster (4"'= note). Archives de Zoologie expérimentale et générale (4), I. notes et revue, p. 95-100, 1903. M. -A. Hérubel, Observations physiologiques et histologiques sur les Géphy- riens (dérivés endolhéliaux et granules pigmentaires). C. R. Acad. Sciences, 20 avril 1903. M.-A. Hérubel, Sur la distribution et les affinités réciproques des Sipuncu- lides. Première contribution à la morphologie et physiologie comparées et à la biostatique des Sipunculides. Bull. Soc. Zonl., XXVIII, p 99-125, 1903. F. Hilgendorf und P. Pappenhelm, Die Fischfauna des Rukwa Sees. Sit2J«ig'.s- Berichten der Gesellschaft naturforschender Freunde,^. 259-271, 1903. 189 Séance extraordinaire du 24 novembre igo3 LE CHIMPANZÉ CONSUL PAR LE D' J. GUIART Depuis un certain temps, il n'était question dans les journaux que du Chimpanzé Consul, qui après avoir fait courir tous les Etats-Unis, faisait accourir tout Paris aux Folies-Bergères et était en passe de devenir une des célébrités de la capitale. Il m'a semblé que la Société Zoologique de France ne pouvait rester indifférente à un semblable mouvement d'opinion en faveur du sympathique Anthropoïde. Je me rendis donc aux Folies- Bergères avec l'inten- tion bien arrêtée d'interviewer le manager de Consul et d'obtenir de lui sa comparution devant la Société Zoologique de France. Pour donner plus de poids à ma démarche, je réussis à entraîner avec moi le professeur R. Blanchard, secrétaire général honoraire et le docteur E. Hérouard, vice-président de la Société. Après la présen- tation publique de Consul, nous nous rendîmes dans sa loge, où nous fûmes reçus de la façon la plus aimable par M. Henry, repré- sentant du propriétaire de l'animal. Consul voulut bien nous accueillir avec la plus franche cordialité et constatant que l'Anthro- poïde méritait la curiosité qu'il avait fait naître et que, pour une fois, les journaux n'avaient pas exagéré, j'exposai le but de notre visite. Notre demande fut accueillie avec la meilleure bonne grâce et Consul se trouvant chaque soir en représentation force nous fut de prendre rendez vous dans l'après-midi et dans un très bref délai, Consul partant quelques jours plus tard pour l'étranger. Le local de la Société m'ayant paru trop petit, M. le professeur R. Blan- chard voulut bien mettre son laboratoire à la disposition de la Société et c'est ainsi que nos collègues parisiens y furent convoqués par moi en toute hâte, pour le mardi 24 novembre, à quatre heures. Il faut croire que l'idée ne déplut pas à nos collègues, car non seulement les manquants ne furent pas nombreux, mais alors que j'avais convoqué 60 personnes, il en vint au moins le double. Il est vrai que beaucoup d'aimables dames et de non moins charmantes demoiselles n'avaient pas craint de franchir les portes de l'Ecole pratique et nous avaient fait l'agréable surprise d'accompagner BuU. Soc. ZooL de Fr., 1903. xxviii. — 15. 190 SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 24 NOVEMVRE 1903 leurs maris ou leurs parents. Vers quatre heures el demie, Consul faisait son apparition et, me distinguant parmi les nombreuses personnes présentes, sans que j'aie pu savoir s'il s'agissait d'une simple coïncidence ou s'il me reconnut vraiment, il accourut vers moi et me sauta au cou. J'avais du reste fait une première connais- sance avec ses manières affectueuses et j'en fus moins étonné que mes voisins. Après une rapide présentation aux dames, tout le monde se réunit dans la salle de cours du laboratoire. Consul fut placé sur la table et je fus chargé de le présenter en quelques mots. Consul est originaire, comme tous les Chimpanzés, de la côte occidentale d'Afrique. 11 fut enlevé de ses forêts vers l'âge de deux ans et en a près de cinq à l'heure actuelle. Bien qu'en représenta- tions aux Folies-Bergères, il appartient eu réalité au dompteur Bostock, qui dirige le BostocIcK great animal arena installé actuelle- ment boulevard de Clichy dans les bâtiments de l'Hippopalace. Consul mesure environ 90 cm. de haut ; il est par conséquent de petite taille. C'est même un sujet de désillusion pour beaucoup de personnes, qui pensent qu'un Antropoïde doit être forcément de la taille d'un homme, ne se figurant pas sans doute qu'un Singe puisse avoir besoin de grandir. Cependant si Consul peut résister au climat de l'Europe, et si la tuberculose ne l'emporte pas quelque jour, il pourra vers sa vingtième année, atteindre la taille très res- pectable de 1 m. 50. Quoi qu'il en soit, tel qu'il se présente à cinq ans. Consul est déjà bien intéressant. C'est un enfant si l'on veut, mais du moins un enfant bien élevé pour son âge. Ce qui l'a fait appeler le Chimpanzé- Homme, c'est parce qu'on a eu l'idée ingénieuse de l'habiller à la façon d'un de nos soireux à la mode. Il arrive revêtu d'un élégant mac-farlane dont il se débarrasse aussitôt et paraît alors vêtu comme pour un bal : frac, chemise blanche avec col, manchet- tes et cravate ; il ne manque que le gardénia à la boutonnière. On est immédiatement frappé de son adaptation à notre genre de vie. Consul conserve toujours la station verticale, marchant très droit sur ses pieds de derrière et balançant les bras comme nous, alors que d'ordinaire ses congénères marchent fortement penchés en avant et en s'appuyant sur les mains. Les bras ne sont pas trop « I Le Chimpanzé CONSUL, d'après le journal La Vie au grand air, n" du 26 nov. liK)3. SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 24 NOVEMBRE 1903 193 disproportionnés et ne descendent qu'aux genoux (ils ont été exagérés sur la première figure). La ressemblance avec l'Homme est encore rendue plus frappante, par le fait que, comme tous ses sem- blables, il a la figure et les oreilles glabres et un angle facial relati- vement voisin du nôtre. Consul se livra en présence des membres de la Société à ses exercices habituels : il fuma une cigarette, mangea dans une assiette une Banane coupée en morceaux, en se servant dune fourchette et sans jamais songer à employer les doigts, et pour faire digérer le tout, but un grand verre d'eau, les boissons alcoolisées qu'il préfère n'existant pas au laboratoire. Après quoi il s'empara d'un mouchoir et s'essuya correctement la bouche. Ne sait-on pas du reste que récemment Consul assista au théâtre des Variétés à un souper de centième, où il se comporta très décem- ment, presque en véritable clubman, au milieu des plus jolies femmes de Paris et de célébrités de tous pays. Devant les membres de la Société on ne put guère qu'observer Consul au naturel, le faire marcher, courir, saluer, tendre la main, exécuter docilement les ordres qu'on lui donnait en anglais. Aux Folies-Bergères, on peut mieux constater la perfection de son éducation. Il mange à table et se verse à boire; fume un cigare en se renversant d'une façon comique dans son fauteuil ; joue comme un véritable enfant avec un jeune nègre; exécute d'habiles voltes, au milieu de l'en- combrement de la scène, d'abord sur un tricycle, puis, ce qui est mieux, sur une bicyclette; il joue du piano, se déshabille et se couche. Consul occupe du reste une chambre à l'hôtel, couche dans un lit et reste habillé toute la journée. Un domestique attaché à sa personne veille à ses besoins et veille à ce qu'il soit constam- ment d'une propreté impeccable. C'est certainement là la cause de l'état florissant dans lequel il se trouve, bien que vivant depuis plus de trois ans sous des climats malsains pour son espèce. Il est vrai- semblable que si les Anthropoïdes que nous voyons parfois dans les ménageries étaient tenus avec des soins plus méticuleux, on pourrait les conserver plus longtemps en vie. Il se pourrait qu'ils aient plus besoin de propreté et d'affection que de chaleur. Mais toute médaille a son revers et après avoir longuement admiré Consul, le Chimpanzé-Homme, il nous fut donné de le voir revenir subitement à l'état de nature. Mis en présence d'un Cerco- pithèque, qui se trouvait au laboratoire pour des expériences sur la maladie du sommeil, il commença par s'efirayer et se mit à courir de tous côtés à quatre pattes. Puis sa frayeur s'étant calmée peu à peu, il revint vers son adversaire inattendu, le provoqua par 194 SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 24 NOVEMBRE 1903 des appels de pied, comme à la salle d'armes et finalement lui décocha de prudentes bourrades de coups de poing. La scène ne manquait pas d'être d'un vif intérêt, mais pour un gentleman c'était manquer un peu de dignité. Au foud la peur fait aussi faire aux hommes bien des sottises ! Il n'est pas meilleurs amis qui ne se quittent. Consul ayant fait comprendre que la Banane ou l'eau de Seine produisaient sur son iutestin un effet salutaire, on mit fin à la présentation et on le conduisit aux water-closets. C'est un lieu où, dit on. le roi lui- même va généralement seul. Mais cette fois la curiosité fut plus forte que la plus élémentaire politesse et, avec quelques curieux, j'accompagnai Consul dans ce lieu de retraite. Malheureusement le laboratoire de Parasitologie, en cela trop à la mode, possède une de ces cuvettes anglaises rondes beaucoup trop élevée pour que Consul pût s'asseoir dessus. Force fut donc de l'aider, ce qui ne rémotionna du reste pas et le soulagement suivit aussitôt. Consul tout guilleret fut alors conduit devant l'objectif photographique. Mais ici encore il fut pris d'une frayeur subite à la vue d'un simple vérascope. C'est que les appareils photographiques n'ont plus pour lui de secret, il les reconnaît, quelle que soit la forme, et il sait bien à la vue d'un appareil qu'on va enflammer du magnésium ; c'est là la cause de sa frayeur. C'est peut-être encore là un retour vers la nature, mais que penserions-nous d'un enfant qui saurait deviner l'usage d'un vérascope ! Ce qu'il y a de certain, c'est que les person- nes présentes sont parties émerveillées par ce remarquable Anthro- poïde, dont l'intelligence est manifestement si éveillée et auquel, pour nous... singer, il ne manque véritablement que la parole. Ouvrages offerts par M. le Prof. R. Blanchard. Annales tle l'Association des Naturalistes de Levallois-Perret, VIIl, in-S° de 39 p., V.)(r>. J. Chaîne, Remarques sur la morphologie générale des muscles. C. R. Acad. Sciences, in-S» de S p., 30 mars 1903. Id., Sur le ligament tympano-maxillaire de la Genette (Viverra genetta L.). Procès- verb. des Séances de la Société des Sciences phys. et nat. de Bordeaux, in-8^ de 2 p.. 23 avril 1903. Journal de la Société nationale d'acclimatation de France, II, n" 25 — 26 27 — 28 — 29 — :» — 31 _ 33 — 34 — 33 — 36 — 38 - 39/40 — 41/42 - 43 — 44 _ 45 _ 40 — 47 — 48 — 49 — 50 — 51 — 52 — 53 — 54 — 55/56 — 56 — 58 — 59/60 — 71 . 195 Séance du 24 novembre igo3. ' PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE-PRÉSIDENT. MM, A. Dollfus et J. Guiart présentent M. le commandant Caziot, demeurant 24, quai Lunel, à Nice (Alpes-Maritimes). MM. J. Guiart et Hérouard présentent M. Fred. Vlès, demeurant 3, villa Mozart, à Paris. MM. Y. Delage et L. Joubin présentent le Laboratoire de Mala- cologie du Muséum d'Histoire naturelle, 55, rue de Bufïon, à Paris (5e). MM. R. Blanchard et J. Guiart présentent M™e A. Certes, demeu- rant 53, rue de Varenne, à Paris (7e). M. Régnier, juge de paix à Lorgues (Var), adresse la lettre suivante : « La classe des Crustacés renferme deux genres Lillje- horgia. Le premier, fondé par Claus, appartient à la sous-classe des Entomostracés, ordre des Copépodes, sous-ordre des Eucopépodes, famille des Harpactidae. Le second, fondé par Rate, appartient à la sous-classe des Malacostracés, ordre des Amphipodes, sous-ordre des Crevettines, famille des Phoxidae. Il est à souhaiter que ceux d'entre nos collègues qui s'occupent plus spécialement de carcino- logie, prennent l'initiative de faire cesser ces dénominations iden- tiques en dotant l'un ou l'autre de ces deux genres d'un nom nouveau. » Il est décidé que la lettre de M. Régnier sera transmise à M. le D' J. Richard. M. L. Joubin remercie M. A. Dollfus de la collection de Pulmo- nés terrestres qu'il lui a offerte et qui va prendre place dans la collection des Mollusques de France. M. le Dr Trouessart, à propos de la présentation du Chimpanzé Consul, fait une communication sur les mœurs et la répartition géographique des Chimpanzés et des Anthropoïdes en général. M. L. Petit cite ses observations personnelles et fait le récit de ses premières classes au Gorille, lors de son séjour au Congo. d96 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 NOTE SUR LA MOUETTE DE SABINE PAR L. PETIT J'ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises que les tempêtes étaient très utiles à l'Ornithologiste en amenant à la côte les Oiseaux de haute mer. C'est ainsi que l'on peut tuer facilement les Cormo- rans, les PuSins, les Stercoraires, les Pétrels, les Fous de Bassan, etc. C'est aussi pourquoi je puis vous présenter aujourd'hui trois exemplaires d'un Oiseau assez rare, le Larus sabinei ou Mouette de Sabine. Le premier a été capturé l'an dernier à Tunis ; les deux autres viennent d'être capturés à un mois d'intervalle sur les côtes de la Manche. L'un d'eux a été tué par moi à Cayeux-sur-Mer (Somme) à la suite de la terrible tempête du 12 septembre qui dévasta cette région. L'autre m'a été envoyé depuis, du Calvados, par un de mes clients ; ce dernier exemplaire porte la livrée du jeune. Or je ne connais qu'une seule Mouette de Sabine dans les collec- tions du Muséum. Par contre la collection Marmottan en possède dix, préparées avec beaucoup de soins par mon père et capturées dans une période de trente années. Degland et Gerbe ne signalent que deux captures de cette espèce en France : l'une a été tuée près de Rouen et fait partie de la collection de M. Jules de Lamotte ; l'autre a été tuée à Dunkerque par M. Duthoit le 24 septembre 1847- On peut d'autant mieux se rendre compte de la rareté de cette espèce qu'elle habite les côtes du Groenland et que même dans cette région elle semble particulièrement rare. TECHNIQUE POUR UNE ÉTUDE MORPHOLOGIQUE NOUVELLE DE LA COQUILLE DES LAMELLIBRANCHES PAR FRED VLÈS Les études morphologiques sur la coquille des Lamellibranches ont, en général, seulement porté jusqu'ici sur des groupes de caractères assez spéciaux, la charnière, le ligament, les impres- SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 197 sions musculaires, les baillures byssales ou siphonales, et quelques détails saillants de rornementation externe. Il est un sujet qu'elles n'ont jamais abordé, c'est l'examen de la coquille en tant que mt'lace, l'observation du galhe des valves, de leurs courbures, et des variations et des relations de celles-ci à travers les différents groupes. Ce sujet a néanmoins son importance; la coquille, moulée par le corps du Mollusque et traduisant par conséquent les modifications qu'il éprouve, peut donner sur sa biologie et ses réactions biomécaniques intimes des indications qui complètent avec netteté celles obtenues par l'examen des antres caractères. Faire pareille étude morphologique, c'est déterminer les rela- tions qui existent, soit dans la surface d'une même valve d'un Lamellibranche, soit entre les surfaces des valves d'échantillons différents. Or, pour se rendre compte de ces relations, l'examen immédiat ne suffit pas; les renseignements qu'il donne sont par trop dépourvus de précision, et l'on ne peut par lui analyser et isoler les détails intéressants. Il faut donc user d'un processus d'étude médiate, qui décompose cette valve en certains éléments fixes, et permette l'étude successive de chacun de ces éléments. C'est une technique dont je me sers en ce moment pour de telles observations, que je voudrais décrire ici. * * * Si l'on coupe par un plan une valve de Lamellibranche, l'inter- section que l'on obtient est une surface limitée par deux courbes plus ou moins régulières. L'une de ces courbes correspond à la section de la surface externe de la valve, l'autre, à celle de sa surface interne. J'ai pensé que c'était par un examen de pareilles courbes que je pourrais avoir le plus facilement des notions intéressantes sur ce que je cherchais : en effet, si de telles courbes sont convenablement repérées et respectivement homologuées à d'autres courbes prises sur divers individus, elles constituent parfaitement l'élément fixe et isolé dont on a besoin pour une semblable étude. Ceci posé, il faut évidemment trouver : lo Une méthode de repérage qui permette d'une façon sûre de retrouver une même courbe d'une même valve à deux moments différents, et d'homologuer deux courbes de deux valves diffé- rentes. 2" Une méthode d'exploration et d'enregistrement de la courbe à étudier. Le premier point doit consister à trouver une grandeur cons- 198 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 tante dans la valve, grandeur la plus indépendante possible des variations d'âge et de taille de celle-ci. Cette grandeur servira de base d'opération. Or, il n'y a absolument qu'un point, dans la valve, qui soit constant et identique chez le jeune et chez l'adulte, c'est l'extrémité du crochet. On sait, en effet, que la prodissoconque, représentée précisément par cette extrémité, subsiste pendant toute la durée de la vie de l'animal, sans autre déformation que celle, minime le plus souvent, due à l'usure. Cependant, la connaissance d'un point seulement est insuffisante pour tirer des coordonnées. Une deuxième base peut être acquise : l'observation des zones et des lignes d'accroissement à la surface d'une coquille montre que, si dans la région ventrale les différences causées par l'accroissement sont toujours très appréciable, il n'en est pas de même dans la région dorsale du bord cardinal, au voisi- Fig. 1. nage immédiat du sommet; là, les lignes d'accroissement, quand elles viennent se recourber parallèlement à ce bord cardinal, se rapprochent considérablement les unes des autres et au niveau du crochet tendent entre elles vers une tangence telle que le plus sou- vent une forte loupe est insuffisante pour les distinguer; eu outre, ^lles ne font que très rarement le tour complet du crochet. La variation de croissance en cet endroit, mesurée suivant la direction ventro-dorsale de l'animal, est en général extrêmement petite, souvent même nulle, et peut être absolument négligée (1). Si donc (1) L'exactitude absolue, mathématique, ne peut guère exister en biologie que pour quelques particularités. On ne peut que s'en approcher, l'essentiel consiste à rendre l'approximation la plus petite possible. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 199 l'on considère cette région du bord cardinal comme fixe, l'erreur qui eu résultera sera très minime. Voilà donc trouvée une base très acceptable ; il est alors facile de repérer pratiquement la posi- tion de la coquille. Sur une planchette bien plane (fig. 1) sont tracées deux droites rectangulaires AB, DD'. Sur AB, de chaque côté de DD' et à distance égale de cette droite, on plante deux petites tiges métalliques K K' perpendiculairement à la planchette. On placera la valve sur cette planchette, le côté concave en regard de celle-ci, puis on appliquera le dessus de son bord cardinal (le ligament suppri- mé, s'il gêne) contre les tiges K K', de telle façon que le contact ait lieu pendant que le sommet est sur DD' (fig. 2), Il est à noter que le repérage sera d'autant plus exact que les tiges KK' serreront de plus prés le crochet (sans cependant quitter le bord cardinal). Aussi, il est bon de posséder plusieurs planchettes, avec les tiges Fig. 2. M- A ^> \ D' \ \ ir \ \ K \ P Fig. 3. B KK' plus ou moins rapprochées , pour permettre l'étude d'espèces différant beaucoup par la grosseur du crochet. Il ne s'est agi jusqu'ici que du repérage de la coquille. Passons maintenant au repérage des courbes elles-mêmes. Traçons sur la planchette (fig. 3) un certain nombre de droites partant du point 0, telles que OM, ON, OP faisant avec OK des angles a = 45°, 90°, etc. (angles a comptés à partir de OK dans le sens des aiguilles d'une montre). Puis la valve mise en place au moyen du procédé précédent, faisons passer par cesOM, ON, OP.., des plans perpendiculaires à la planchette; leurs intersections avec 200 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 la coquille seront des courbes de position assez fixes (1). — Quand le crochet de la valve est sur le point 0, ou en est très proche, de telles courbes présentent le grand avantage de rayonner en partant du sommet ; d'où souvent, cela se conçoit, des notions importantes sur les stades jeunes de la coquille ; pour retrouver la même pro- priété avec des coquilles dont le crochet est très proéminent et s'éloigne beaucoup de 0, il est nécessaire de repérer expérimenta- lement la position T de celui-ci sur OD, et de faire partir les rayons OM, ON.... de ce point T (soit OM', ON'....) en prenant pour base de l'angle a une parallèlle à AB menée par T. Dans tous les cas, les résultats obtenus pour a = 90» sont naturellement les mêmes. Si l'on utilise uniquement, comme plus intéressantes, les courbes rayonnant à partir du sommet, il suffit donc, pour définir leur portion, d'indiquer la valeur de leur a. 2° Méthode pour enregistrer les courbes. Ce point-ci est assez important, car une technique défectueuse peut compromettre ici, plus qu'ailleurs peut être, la sûreté des recherches. Deux procédés peuvent s'opposer: le premier consiste à scier la coquille suivant le plan voulu, et à reporter directement la section sur le papier. Ce procédé est assez simple certes, mais il a l'inconvénient de faire perdre beaucoup de temps et de matériel, une coquille ne pouvant guère servir ainsi à plus de deux opérations. L'autre méthode repose sur l'emploi d'un appareil enregistreur, qui relève la courbe suivant la direction voulue, sans détériorer la coquille; elle est évidemment bien préférable. Les premiers essais que je fis en cette matière, à l'aide d'un pantographe, me démontrèrent tous les avan- tages de cette technique, mais aussi l'absolue nécessité d'un appa- reil enregistreur automatiqui'. donnant un dessin exempt de toutes les irrégularités que transmet inévitablement la main de l'opéra- teur à tout appareil mû lentement par elle. En définitive, je cons- truisis, en m'inspirant surtout du principe du stéréographe de Broca, un appareil dit conchni/raiihe, dont voici la diagnose rapide. Une lige (fig. 4) AB fixe, vissée dans un montant de bois, sert d'axe de rotation à un système rectangulaire KLCDMN, dont l'extrémité inférieure est un demi-cadre métallique MN ; ce demi-cadre MN supporte lui même, par l'intermédiaire de deux pointeaux EF, (1) A titre d'exemple de cette fixité, je citerai le cas suivant ; Dans Pecten Max., l'étude de la valve concave — que j'ai commencée la pre- mière — montre que la courbe d'à = 90 suit d'un bout à l'autre un espace inter- costal, lequel ellleure la région antérieure de l'impression musculaire; et cela dans 50 exemplaires sur 52. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 201 un 2* système à mouvement de rotation indépendant du premier et libre autour de l'axe EF. Ce deuxième système est composé d'une tige G à laquelle sont fixés deux stylets courbes d'acier , égaux ; l'un I (exploî'iiteur) est terminé par une pointe fine, l'autre H (inscripteur), porte à son bout, rectangu- lairement, un crayon 0 ; la pointe de l'inscripleur correspond exactement à celle de l'explorateur, d'où, delà partdes deux pointes, des mouvements solidaires absolument égaux. Le mouvement de l'ap- pareil se conçoit : on place un papier P devant le crayon 0, la coquille à étudier est maintenue par un plateau sous le stylet- explorateur, et l'on donne au système KLMN un mou- vement très lent de rota- tion autour de AB. Pendant cette rotation, la pointe exploratrice livrée à son propre poids, suit exacte- ment, dans une certaine direction, les aspérités de la surface à étudier, sur- face dont le profil est par- faitement reproduit par le crayon conjugué. Le mou- vement de rotation de KLMN est donné par un appareil rf'/ior/o^me,de sorte qu'une fois l'échantillon à étudier mis en place sur le plateau, la main de l'opérateur n'a plus à intervenir. La figure 5 complétera cette rapide description de l'appareil. 202 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1903 En résumé, une valve de coquille étant mise sous le stylet explorateur, j'obtiens le dessin de l'intersection de sa surface en regard du stylet par le plan de rotation de ce stylet. Le plan de rota- lion du stylet étant connu, il est facile d'orienter la coquille sur le plateau pour faire prendre à l'intersection l'inclinaison et la direction voulues. *** Quant aux résultats morphologiques que m'a donnés l'application de cette méthode d'investigation, je ne puis encore en parler mais j'espère pouvoir avant peu revenir sur ce sujet. Liste des ouvrages offerts par le professeur R. Blanchard. C. B. Davenport, On the variation of the Shell of Pecten irradians Lamarck from long Island. American Naturalist, XXXIV, p. 863-877, 1900. Id.. On the variation of the Statoblasts of PccUnatella magnifica from Lake Michigan at Chicago. Atiietican Naturalist, XXXIV, p. 959-968, 1900. Id., Mendels Law of Dichotomy in Hybrids. Biological Bulletin, 11, p. o07- 310, 1901. Id., Review of von Guaita's experiments in breeding Nice. Biological Bulletin, II, p. 121-128, 1900. E. A. GoELDi, Agains the destruction of White Herous and Red Hises on the lower Amazane, especially on the Island of Marajô. Para, Brazil, in-8» de 20 p.. 1902. J. KuNSTLERet J. Chaîne, Kiefferia Musae (nov. gen , nov. spec). Cécidomyide nouvelle. Bulletin de la Société Scientifique d'Arcachon, in-8" de 6 p., 1902. MoNTicELLi e Lo BiANCo, Communicazioni sui Peneidi del (iolfo di Napoli. Monilore Zooloqico italiano, XII, p. 198-201, 1901. Id., Uova e larve di Solenocera siphonocera Phil. Monitore Zoologico italiano, XII, p. 205-206. 1901. Rabier-Labiche, La leçon de Zoologie. Comédie en un acte. Paris, in 8^ de 32 p., 1903. M. Roter. Complément à la note de M. M. Lambertie sur Phyllomorpha laciniata Will. Bulletin de la Société Entomologique de France, p. 337 339. 1902 Id., Deux observations d'infanticide chez les Mammifères. Annales de l'Asso- ciation des Naturalistes de Levalluis- Perret, VIII, p. 21-22, 1902. Id., Note sur le mode d'apparition du pigment noir chez Pyrrochoris apterus Lin. (Hémipt) ; note sur la capture de Rhynchiles giganteus Kryn. (Col.). Annales de l'Association des Naturalistes de Levallois-Perret, VI, in-S" de 2 p., 1900. 203 Séance du 8 décembre igo3 PRÉSIDENCE DE M. HÉROUARD, VICE-PRÉSIDENT. M. Caziot, m™-' Certes, M. Vlès et le laboratoire de Malacologie du Muséum sont proclamés membres de la Société. MM. Hérouard et Joubin présentent M. Krempf, licencié ès- sciences, demeurant 7 '''^ rue Laromiguière, à Paris (a=). MM R. Blanchard et Guiart présentent M. Ponselle, étudiant en médecine, demeurant 114, avenue de Wagram, à Paris. Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts annonce à la Société que le 42= Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à la Sorbonne, le mardi 5 avril 1904, à 2 heures précises et se fermera le samedi 3 avril. MM. Guiart, Joubin, Pellegrin et Trouessart sont délégués pour représenter la Société à ce Congrès. M. le Dr Richard adresse la lettre suivante en réponse à la com- munication faite à la précédente séance par M. Régnier : « Le nom de Lilljeborgia a été conservé pour les Amphipodes, parce qu'il a été attribué à un genre de ce groupe par S. Bâte en 1862. Ce même nom attribué à un genre de Copépodes par Clans en 1866, a été changé en celui de Orthopsyllm par Brady et Roberson, justement pour que deux genres de Crustacés ne portent pas le même nom. La loi de priorité a donc été appliquée et cela bien avant l'obser- vation de M. Régnier, qui a sans doute puisé son information dans quelque traité général, où des cas semblables sont fréquents. » M. L. BouTAN, maître de conférences à la Sorbonne, annonce qu'il vient d'être nommé Directeur de la Mission scientifique perma- nente d'exploration en Indo-Chine et vient prier ses Collègues de la Société Zoologique de France de contribuer au succès de cette belle entreprise scientifique. 11 les prie de vouloir bien répondre aux questions suivantes, afin de pouvoir, lorsque le moment sera venu, renseigner exactement la commission compétente de l'Aca- démie des Sciences et lui proposer d'envoyer aux personnes déjà désignées par leurs recherches antérieures, les matériaux scienti- fiques qui pourraient être utiles à leurs travaux. Ces questions sont les suivantes : 1» Quel est le groupe dont il serait utile de vous envoyer des échantillons d'Indo-Chine et dont vous pourriez éventuellement 204 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 entreprendre l'étude. (Prière de préciser autant que possible vos desiderata). 2° Désirez-vous une préparation spéciale des échantillons? (par exemple la dissection et l'envoi d'un organe en particulier). 3*^ Observations particulières. 4» Liste des travaux publiés par l'auteur (1) et pouvant entrer utilement dans la composition de la bibliothèque scientifique de la Mission. On est prié d'envoyer ces renseignements à l'adresse suivante : Monsieur Louis Boutan, directeur de la Mission pour l'exploration scientique de l'Indo-Chine, à Hanoi (Tonkin). RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS HYPNOTIQUES DES COULEURS D'ANILINE EN GÉNÉRAL ET DU BLED DE MÉTHYLÈNE EN PARTICULIER PAR C. MADER Un petit nombre de produits chimiques colorés, injectés dans la cavité générale d'êtres vivants, vont se localiser dans certains organes à propriétés excrétrices ou phagocytaires. Les produits utilisés dans ce but sont généralement d'origine animale ou végé- tale ; ce sont lecarmin et la série de ses composés : carmin d'indigo, carminate d'ammoniaque, et enfin les couleurs extraites de la houille : la fuchsine acide, le bleu de méthylène. Il était intéressant de recherchercomment se comporteraient les mêmes produits placés extérieurement. En elïet, les rapports du liquide cavitaire avec la tension des membranes cellulaires, se trou- vant rompus par suite de la solution injectée, la réaction organique est des plus violentes et, en outre, il faut remarquer que les produits employés sont toujours plus ou moins toxiques : leur localisatiou empêchait l'être tout entier de prendre part à la lutte. Mais exté- rieurement les conditions ne sont plus du tout les mêmes : le milieu extérieur n'est modifié que par l'apport du produit, qui agira en (1) Si les auteurs possèdent des tirés à part de leurs travaux, M Boutan serait heureux de les compter parmi les bienfaiteurs de la bibliothèque scientiflque de la mission, qu'il commence à organiser. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 205 premier lieu sur toutes les cellules externes et ensuite sur les cel- lules internes, puisque d'après R. Qutnton « L'Invertébré marin fermé analomiqueinent au milieu extérieur, lui est ouvert osmo- tiquemenl. » Sou mode d'action sera sans brutalité, il n'y aura pas le premier traumatisme causé par l'injection, car ce traumatisme, pour si faible qu'il soit, est toujours nuisible à l'organisme, et de plus les rapports physiologiques ne seront pas troublés. Voici le procédé que j'ai employé pour préparer les solutions; étant toujours le même, il a pu me servir à déterminer l'action plus ou moins faible de tel ou tel produit vis-à-vis de tel ou tel animal. J'indiquerai simplement les doses que j'ai employées pour les couleurs dérivées de l'aniline, car ce sont les seules qui m'ont donné un résultat appréciable. Le carmin et ses composés, en effet, étaient presque toujours indifférents, môme à des doses extrême- ment élevées. On pèse cinquante centigrammes de la couleur d'aniline que l'on veut employer ; cette quantité, après la pesée, sera mélangée à 100 cmc. d'eau de mer contenue dans un flacon. Il faut agiter ensuite à plusieurs reprises de façon à ce que la dissolution soit aussi complète que possible. L'on obtient ainsi une première solution que j'appellerai solution A. Après l'avoir laissée reposer durant deux heures, on doit la décanter et la filtrer de façon à avoir une solution B, qui sera au maximum de concentration, mais ne tiendra pas en suspension des particules solides, comme la solution A, particules qui seraient susceptibles de faire varier dans des proportions fort grandes les conditions de l'expérience. Il suffira alors de prélever un certain nombre de centimètres cubes de la solution B, et de les verser dans un flacon contenant une quantité déterminée d'eau de mer, pour avoir un milieu coloré, susceptible d'agir sur l'être que l'on désire étudier. Voici ensuite les autres conditions de Texpérience, elles sont absolument nécessaires pour sa bonne réussite. En premier lieu les animaux doivent être mis dans des bocaux, oîi ils puissent se déplacer à leur aise. L'obscurité complète est plutôt nuisible, de même que l'excès de lumière. Pour éviter l'un et l'autre de ces inconvénients, il suffira de placer les bocaux dans le coin d'une fenêtre. De plus il faudra avoir soin de mettre doucement les animaux dans la solution. Sans cette précaution il arrive parfois que l'état de demi-contraction où se trouve l'animal ne se modifie Bull. Soc. Zool. de Fr., 1904. x.win. — 16. 206 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 pas quand l'action de la solution employée est trop rapide. Ceci une fois terminé, les bocaux ne doivent plus être remués. Pour se rendre compte de la puissance de contractilité que possède encore l'animal, il suffit de saisir un organe plus ou moins contractile avec une pince et de serrer progressivement. Mais pour cela il faut attendre que l'animal soit dans un état complet d'extension depuis plusieurs heures ; cet état n'est généralement obtenu qu'après au moins dix ou douze heures. Quand la réaction n'a lieu qu'au bout de plusieurs secondes et qu'elle se produit avec une extrême lenteur, on peut en profiter pour ouvrir rapidement l'animal et prendre les organes que l'on désire fixer ; mais lorsqu'on désire fixer seule- ment une partie externe, il suffit d'en faire la section au-dessus du liquide fixateur. Il faut attendre bien davantage quand on désire conserver l'animal dans des solutions alcooliques, formolées ou autres. Car il arrive fréquemment que l'individu que l'on étudie ne présente plus de réactions externes sensibles au traumatisme de la pince ou de l'aiguille — et pourtant — il est parfaitement vivant ; c'est la sensibilité périphérique qui se trouve abolie, mais la sensi- bilité centrale persiste et l'on voit alors au bout de quelques minu- tes l'animal qui se trouve plongé dans le liquide conservateur se contracter lentement jusqu'au moment de la mort, c'est-à-dire jusqu'au moment où le liquide externe a pénétré dans l'intérieur du corps par des phénomènes osmotiques. On comprend aisément que lorsque cet accident arrive, l'expérience est à recommencer. Aussi, pour l'éviter, il suffit de laisser l'animal vingt-quatre heures dans la solution où il s'est étalé, vingt quatre heures à partir du moment où il cesse de se contracter, quel que soit le procédé mécanique employé afin d'obtenir la contraction. Comme il m'était impossible d'expérimenter toutes les couleurs dérivées de l'aniline, par suite de leur trop grand nombre et du temps qu'il m'aurait fallu, je me suis adressé seulement à celles qui par leur fixité sur les coupes pouvaient me faire espérer une fixité presque identique sur les cellules vivantes. Il serait beaucoup trop long de donner un tableau pour chaque couleur, et pour chaque animal : je ne le donnerai donc que pour le bleu de méthylène qui m'a fourni les meilleurs résultats. Mais quelles que soient en somme les couleurs employées, les rapports entre la solution colorée et l'eau de mer varient entre 1 et 3 cmc de cette solution pour 100 cmc d'eau de mer. Voici maintenant, par ordre d'importance croissante, les colo- rants susceptibles de donner des résultats appréciables : SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 207 l» Brun IHmiarck. — Très spécial et malheureusement très incertain suivant les espèces, et même les individus de ces espèces. Chez Nassa reticulata(l)esh.) sur 10 individus en expérience,3 mou- rurent parfaitement étalés, et les 7 autres à demi contractés après un séjour de 56 heures dans une solution à 2 "/o. 2» Violet de gentiane. — Réussit mieux , mais colore d'une façon beaucoup trop intense les tissus. 3° Safranine. — Ne réussit pas chez certains Prosobranches. Fait contracter très violemment les Holoturies. 4» Orange. — Réussit très bien chez Nassa reticulata(Desh. ), Cassis saburon (Brug.), mais pour le pied seulement. Ce résultat serait dû sans doute à l'électivité toute spéciale de l'orange pour les glandes mucipares. Son mode d'action serait probablement dû à un épuisement de ces glandes par une hypersécrétion. On voit en effet, chez les deux espèces dont je viens de parler, se former des filaments de mucus, filaments identiques à ceux qui se produi- sent sous l'action des solutions de chloral. 5" Eosine soluble à l'eau. Réussit généralement bien. Mais sa couleur, qu'il est à peu près impossible de faire disparaître, serait une grande gêne dans les collections. De plus, elle produit parfois certaines anomalies; en effet, chez Nassa reticulnta (Desh.) le siphon qui, à l'état normal, forme un tube fendu sur toute sa longueur, se trouvait après Faction de la solution, épanoui et aplati comme un éventail. J'arrive enfin au dernier, c'est-à-dire au bleu de méthylène, dont l'action constante et parfaite dans certains cas est telle que l'on devra s'adresser à lui, quand on voudra avoir un résultat certain et par suite assez rapide. Voici le titre des solutions et les animaux qui s'y sont trouvé placés. A. lO^'n^de B; ^OO'^""^ d'eau de mer; Actinia equina Lin., Anemonia sulcata Prm., Sagartia parasitica Conch. — Tous mes essais ont été infructueux pour les Actinies, quelle que soit d'ailleurs la quantité de bleu de méthylène et quelle que soit l'espèce étudiée. Bien mieux, l'Actinie semblait se plaire assez dans ce mélange, peut-être à cause de son antisepsie relative et de la coloration bleue; puisque la couleur bleue a la propriété de faciliter ces échanges entre le milieu extérieur et l'animal vivant. B. 5"="<= de B; 200*="'^ d'eau de mer; Aphjsia depilans Lin. — Cette solution était trop concentrée, car l'Aplysie était à demi contractée, quand elle y fut mise , et elle mourut sans s'être 208 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 contractée ni étalée davantage. La solution E d'un titre inférieur de moitié réussit bien. Etant, durant le mois de mai, au laboratoire d'Arcachon, j'ai eu l'occasion d'observer un phénomène qui pour- rait peut-être être utilisé pour d'autres Opisthobranches. Acciden- tellement, j'avais mis dans un litre d'eau de mer une quinzaine de Nasses avec des Aplysies f A plysia depilans Lin ); 10 heures après, les Aplysies étaient mortes étalées et les Nasses vivaient encore. Probablement les Nasses essentiellement carnivores avaient parles leucomaïnes de leur excréta, empoisonné les Aplysies — sans pour cela rendre l'eau impropre aux phéuomènes respiratoires. C. 5'="^'= de B; 300<""'c d'eau de mer ; Doris derelkta Fischer. — Cette Doris s'était bien étalée, et la dévagination anormale du pénis avait eu lieu. L'animal ne présentant plus de coutracti- lité , même en serrant fortement les branchies avec les mors d'une pince, elle fut placée dans une solution de formol. Quelques minutes après, la contraction eut lieu ; l'expérience était manquée. D. 5'""= de B; 300c"" d'eau (jg j^^er ; Holothurie. — De même que les Actinies cette espèce d'Holothurie semble se plaire assez dans cette solution, mais elle finit par y mourir. La perte de la sensibilité commence par les branchies, pour arriver très lente- ment aux muscles longitudinaux de la paroi du corps. Ce procédé ne devra être employé que pour les animaux que l'on désire garder en collection, la manière d'opérer de M. Hérouard lui est en effet bien supérieure pour la fixation, puisqu'elle permet de faire agir le liquide fixateur sur des éléments n'ayant encore subi aucune altération. E. 5^""^ de B; 400*^"'^ d'eau de mer; Aplysia depilans Lin; F. S"^'"*^ de B; 200'^'"" d'eau de mer; Nassa rctiodata Desh. — Chez Nassa retknlata ce procédé réussit parfaitement. La trompe est dévaginée même d'uue façon anormale, et chez les individus mâles, le pénis est toujours en dehors de la cavité branchiale, situation qu'il n'occupe qu'au moment de la fécondation. Chez l'Anatife la réussite est identique ; c'est à M. Bobert que je suis redevable du résultat de l'expérience sur cet animal. Chez Balanus perforatus au bout d'une dizaine d'heures, le mouvement des cirres se trouve considérablement ralenti, jusqu'à permettre de suivre leur déroulement. On voit par ces exemples successifs que le bleu de méthylène semble avoir une action identique à celle des hypnotiques ordi- naires : alcool, chloral, cocaïne ou nicotine. Son mode d'action SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 209 serait sans doute assez comparable au leur. En efïet le bleu de méthylène est un colorant électif de la cellule nerveuse vivante chez certains Invertébrés, tels que les Crustacés, par exemple. Il semble ne point agir chez les Mollusques ; il peut agir pourtant sans que nous puissions le contrôler, c'est-à-dire sans que sa cou- leur persiste. Le neurone présente en effet un fonctionnement constant dans tous les être vivants, mais sa composition chimique n'est jamais la même, non seulement chez des individus différents, mais encore chez le même individu à des moments variables de son évolution ; par conséquent le bleu de méthylène peut agir d'une façon constante sur les cellules nerveuses, mais ce mode d'action serait variable suivant la composition chimique quantita- tive et qualitative. D'ailleurs sa localisation sur la cellule nerveuse à défaut des injections intra-organiques, s'expliquerait par la perte de la contractilité externe pour les organes sensoriels, tentacules, branchies, cirres, parapodies, manteau. Déplus, le chloroforme, la cocaïne considérés comme des anesthésiques se comportent vis-à- vis des Actinies d'une manière à peu près identique, c'est-à-dire en ne donnant qu'un résultat tout à fait détestable. De plus si l'on admet que l'action du bleu de méthylène a lieu sur la cellule ner- veuse, il est facile d'expliquer pourquoi l'animal meurt étalé et quelquefois même d'une manière qui paraît anormale. En effet la cellule nerveuse externe anesthésiée ne transmet plus aux autres l'influx nerveux ; les centres à leur tour privés de données sur l'ex- térieur, n'agissent plus sur les muscles qui se relâchent, car l'état de contraction est toujours un état de travail, partant de fatigue. Mais ces centres nerveux que le bleu de méthylène n'a pas encore atteints sont capable d'agir; en effet, si par hasard, on fait une pression sufTisamment forte et que par cette pression ils se trouvent atteints, la contraction a lieu et elle se continue lentement, mais sûrement, ce qui prouve que l'influx nerveux venant du dehors était le seul qui fût supprimé. Mais, peu à peu, la pénétration à travers les cellules du bleu de méthylène s'opère, et quand l'anesthésie a porté sur les ganglions nerveux, les organes trop spécialisés pour se passer les uns des autres meurent, car le trait d'union qui les unissait a cessé d'être. Et l'on a pu voir précédemment que ces deux phases sont entièrement nettes, et qu'elles sont de toute importance suivant que l'on désire fixer ou conserver l'animal que l'on étudie. En somme ce procédé n'est que l'application nouvelle d'une qua- lité du bleu de méthylène, qui semble jusqu'à présent en avoir de bien spéciales : en effet, en plus de ses colorations histologiques, 210 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1903 il permet d'apprécier la perméabilité de la cellule rénale, et dans certains cas d'épithéliomas, il a pu enrayer avec succès la mitose cellulaire exacerbée. Il est de toute évidence qu'il réussira, comme tous les hypno- tiques pour certains animaux, et qu'il échouera complètement pour d'autres. De plus comme aucune cellule, et par suite aucun animal n'est identique à un autre au point de vue chimique, il faudra toujours tenir compte pour être plus sûr de la réussite, de la nécessité d'un coefficient de variations dans le titre de la solution ; car ce titre étant très faible, son action est bien moins sensible que celle de quelques milligrammes de cocaïne par exemple; mais c'est justement cette très faible dose qui permet d'agir sur les animaux qui réagiraient immédiatement contre un produit à action plus violente et à titre plus fort. De plus la puissance de coloration des couleurs d'aniline, permettant des dosages que l'œil seul peut apprécier, pourrait intoxiquer lentement certains organismes et leur permettre de conserver dans leur mort, la régu- larité des formes qu'ils avaient durant leur vie. Ouvrages offerts par le professeur R. Blanchard. F. HoussAT, Des traditions et légendes relatives à l'imitation hystérique des cris d'animaux, Reçue mensuelle de l'École d'anthropologie de Parts. VII, p. 209-222, 1898. Manchester Muséum Owens Collège. Report of the Muséum committee for theyear nm-lOOS, in-8" de 39 p., 1903. F. Marceau, Note sur les modifiéations de structure qu'éprouve la fibrille striée cardiaque des Mammifères pendant sa contraccion. Bibliographie anato- miijue, fasc. 3, in-8° de 3 p., 1902. Th. h. Montgomery, On Floscularia Conklini, nov. spec, with a key for the identification oî the known species of the genus. Biological Bulletin, V, p. 233- 238, 1903. Th. h. Montgomery, On the morphology of the Rotatorian family Floscula- riidse. Proceedings of the Academii of natural sciences of Philndelphia, p. 363- 393, pi. 18-21, 1903. J. Pellegrin, Description de Cichlidés nouveaux de la collection du Muséum. Bulletin du Muséum, d'histoire naturelle de Paris, p. 120-125, 1903. 1\. A. Phiuppi, Einige neue chilenische CanîS-Arten. Archir. fiir natur- geschichte, I, p. 135-160, 1903. F. Regnault, Cause de la transformation tendineuse des muscles. Bulletins et mémoires delà Société d'Anthropologie de Parix, p. 64-68, 1903 Id., Essai sur les proportions du corps. De erroribus Manouvrieri. Bulletins et mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, p. 276-289, 1903. 211 Séance du 22 décembre 1903 PRÉSIDENCE DE M. IIKUOUARD, VICE-PRÉSIDENT MM. Krempf et Ponselle, présentés à la précédente séance, sont proclamés membres de la Société. MM. HÉROUARD et HÉRUBEL présentent M. Jean Borcéa, demeurant 9, rue ïoullier, à Paris. MM. R. Blanchard et Hérouard présentent M. Paul de Beau- champ, licencié ès-sciences, demeurant, 13, rue Saint-Romain, à Paris. M. L. BouTAN fait une communication sur l'origine des perles fines. Le Trématode parasite rampe un certain temps entre la coquille et le manteau et ne pouvant perforer l'épithélium de celui-ci le refoule simplement. Puis l'invagination formée se ferme petit à petit ; c'est ce qu'il appelle le stade de l'encapuchonnement. Il en résulte ainsi une sorte de sac épithélial dans le manteau, mais qui va continuer à sécréter de la nacre, dont le dépôt va constituer la perle. On peut du reste trouver tous les passages entre la perle dite de nacre et la perle fine. M. Bavay présente un certain nombre de perles provenant ô'Unio, de Pinna, etc. Il dit avoir examiné à Pontaven des perles de rivière provenant de Margaritana elongata, ainsi que de nombreuses perles d'apothicaires, sans avoir pu rencontrer de Trématodes. Il rappelle que les perles de rivière peuvent avoir une valeur mar- chande et cite le cas des Américains qui ont épuisé leurs fleuves des Unio pour en extraire les perles. L'ordre du jour appelle le dépouillement du scrutin pour l'élec- tion du Bureau et du tiers sortant du Conseil. M""® Lovez, MM. Semichon et Vlès sont nommés scrutateurs. Sur 120 votants (dont 3 bulletins blancs) sont élus : Président : Vice-Présidents : Secrétaire général : Secrétaires : Trésorier : Archiviste-bibliothécaire : M. E. HÉROUARD, pa r 117 voix M. L. JOUBIN. . . 117 )) M. X. Raspail . . 117 » M. le D^ GuiART. . . 114 )) M. M. Neveu-Lemaire 117 » M. E. Brumpt . 115 )) M. Schlumberger . 117 » M. HÉRUBEL . 116 » 212 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1903 Membres du Conseil ( M. DOLLFUS . 117 » j M. L. Petit . 117 )) ) M. Racovitza . 117 )) [ M. Vaillant. . 117 » NOTES SYNONYMIQUES ET RÉFLEXIONS QUI EN RÉSULTENT (Col.) PAR M. PIC Avant de décrire une variété nouvelle, il est prudent, pour ne pas dire indispensable, de consulter la première description de la forme type, plutôt que de s'en rapporter aux descriptions postérieures des monographes. Cette consultation primitive devrait être une règle pour tous les descripteurs. Faute d'avoir consulté Fabricius, j'ai commis, l'an passé, une synonymie, d'ailleurs relevée récemment par M. CsiKi (Rotartani Lapock, 1903, p. 61 ) mais que je rappelle ici en expliquant la cause : il s'agit de la variété rufitkorax Pic (Mat. Long. IV. 1, 1902, p. 23) de Pidonia lurkla F. Mulsant et Ganglbauer, en parlant de Pidonia lurida F., décri- vent la nuance la plus répandue (c'est ce qui m'a fait considérer la nuance plus claire comme variété nouvelle) qui présente l'avant corps plus ou moins foncé, alors que l'Insecte, plus rare, décrit par Fabricius est ainsi caractérisé : « Caput et thorax rufa, imma- culata » De même, c'est faute d'avoir consulté la description ancienne de suturalis 01. que Ormay, en 1888, a décrit sa variété Ganglbaucn, dans le même genre Pidonia. Je cite ce double exemple, pris sur la même espèce, afin de rendre plus prudents nos collègues des- cripteurs qui seraient eux aussi tentés de travailler sans consulter les descriptions premières. Chacun devrait se pénétrer de cette idée très juste : c'est que les ouvrages récents complètent avanta- geusement les travaux anciens, mais ne doivent pas les faire com- plètement oublier. Cantharis atrocapitata Pic (Echange n» 224, 1903, p. 145) peut être rapportée à C. eurynota Bourg. (Bodemeyer Reise 1900, p. 153) comme variété, celle-ci offrant le prothorax peu distinctement maculé de noir sur le milieu, ou même immaculé, les pattes à colo- ration testacée plus étendue. Cette constatation a été faite à la suite de l'examen d'un exemplaire de C. eurynota Bourg (espèce qui ne m'était précédemment connue que par la description) que vient de me procurer M. V. Bodemeyer, qui l'a découverte. 213 Ouvrages offerts par le professeur R. Blanchard C. Rengel, Uebcr don Zusaminonhaiig von Mitteldann iind Knddarm bel den Larven dcr aculeaton Ilymenopteren. Zeitschrifl jur iciAsenscluiftliche Zoologie, LXXV, p. 221-232, taf. 20-21. 19()3. Ch. Sauerwein, L'océanographie, Société d'océanographie du golfe de Gascogne, in-8" de 37 p., Bordeaux, 1900. F. SiLVESTRi, Descri/ione di un nuovo génère di Projapygidae (Ihysanurnj trovato in Italia. Annaii délia H. Scuoln siip. di Agricoltura in Portici, V, in-8°, de 8 p., 9febbraio 1903. C. B. Simpson, Report on codling-moth investigations in the Nordwest during 1901. Bulletin of the dii^iMon of enlomologij, n" 35, N. S. Depl nf Agriculture, in-8' de 29 p., Washington, 1902. 0 Thilo, Das Einsammeln und Aufbewahren zoologischer Gegenstànde. Korrcspondenzhlatl des Naturforscher Vereins; zu Riga, XLV. p. 104-112. 1902. F. Thurau, Neue Rhopaloceron aus Ost Africa. Krgebnisse der Nyassa-Seeund Kinga-Gebirgs-Expedition der Hermann und Elise geb. Heckmann-Wentzel Stiftung. Berliner Eutowol. Zeitschnll,X\.y\U, p. 117-143, 1 pi., 1903. L. Vaillant, Sur la présence du tissu osseux chez certains Poissons des terrains palœozoiques de Canyon City (Colorado). C. H. Acad. des Sciences, in-f», 2 juin 1U02. Id., Sur le genre nouveau Cyrinnc/ieilux, de la famille des Cyprinidie. C. R. A(ad. Sciences, in-S" de 3 p., 27 octobre 1902. Id., Sur la faune ichthyologique des eaux douces de Bornéo. C. R. Acad. Sciences, in-8° de 4 p., l"' décembre 1902. Id., De la disposition des écailles chez le Mesosaurns tenuidens P. Gervais. C. R. Acad. Sciences, in-S" de 2 p., 25 mai 1903. Id., Note complémentaire sur le portrait de Bloch. Bulletin du Muséum d'histoire naturelle, p. 111, 1903. Id., Sur un exemplaire type du Plolosus nigricans, Cuvier et Valenciennes, et remarques taxinomiques sur le groupe des Plotosina. Bull, du Muséum d'histoire nat., p. 117-120, 1903. L. Vah.lant et J. Pellegrin, Cichlidés nouveaux de l'Amérique centrale, Bull, du Muséum d hist. nat., p. 84-88, 1902. L. Vaillant et A. Petit, Lésions stomacales observées chez un Python de Séba. Bull, du Mus d'hist. nat., p. 593-594, 1902. Bericht ûber das Zoologische Muséum zu Berlin im Rechnungsjahr 1902, Chronik der Lniversitât, XVI, in-S» de 30 p., Halle, 1903. 214 ESPECES ET GENRES NOUVEAUX DÉCRITS DANS LE BULLETIN DE 1903 Rongeur Pages GerhiUus Latastei Thomas et Troucssarl 172 Crustacés Cirolaiia aecn A. Dollfus 6 C. Grimaldii A.î). 8 Hippomedon bùlentatus Chevreux 87 Normanion abys^i Ch . . 82 Orchomeaella dilatata Ch 90 Orchomenopsis excavata Ch 94 0. prnxima Ch 93 Vdincallisoma Albert i Ch. n. ^. et sp . . 84 fi EPHYRIENS Phascolnsoma Delagei Herubel 405 P. eloiigatiim var. quinquepnnctata H 103 Rryozoaire Alc.iinindiiiiit Brucri Calvet 33 215 TABLE DES MATIERES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS Pages Ch. Alluaud. Complément à la communication de M. Racovitza sur le grand Serpent de mer 31 ARRI60M DEGLi Oddi. Deux mots sur la Buse féroce {liiiteo ferox), tuée à Lyon en octobre 1902 138 A. Bavay. Au sujet d'un petit groupe de Mollusques Pulmonés terrestres operculés, pourvus d'un canal aérifôre logé dans le test. . . . 140 L. Bureau. Compte-rendu bibliographique de l'Atlante ornitologico Ucelli Europei du comto Arrigoni degli Oddi 136 L. Calvet. Description d'une nouvelle espèce de Bryozoaire cténostome du genre Alcyonidium Lamouroux (A. Brucei) ...... 33 Ed. Chevreux. Note préliminaire sur les Ainphipodes de la famille des Lysianassidae recueillis par la Princesse-Alice dans les eaux profondes de l'Atlantique et de la Méditerranée 81 D' M.-C. Dekhuyzen. Deux liquides fixateurs isotoniques avec l'eau do mer. 165 A. DoLLFUss. Note préliminaire sur les espèces du genres Cirolana recueil- lies pendant les campagnes de l'Hirondelle et de la Princesse Alice, sous la direction de S. A. le Prince .\lbert I" de Monaco. ... 5 Domet de Vorges. Note sur l'utilisation des sols calcaires de l'eau par les Mollusques 149 A. Gadeau de Kerville, Sur les moyens employés par les Oiseaux pour se faire comprendre de l'Homme 47 D'' E P. Glaize et D^ .1. Pellegrix. Un cas d'intoxication par le Barbeau au moment du frai 143 J. GuiART. Notice biographique sur Adrien Certes (1835-1903) 176 J. GuiART. I^e Chimpanzé Consul 189 E. Hecht. f.es Cigognes en Lorraine en 1902 et 1903 159 M. A. Hérubel. Sur la distribution et les afTinités réciproques des Sipun- culides 99 M. A. Hérubel. Première contribution à la morphologie et physiologie comparées et à la biostatique des Sipunculides 111 216 Pages C. Mader. Recherches sur les propriétés hypnotiques des couleurs d'aniline en général et du bleu de méthylène en particulier 204 E. Olivier. Une ponte extraordinaire de Lacerta rivipara 180 D' .1 . Pellegrin et D' E.-P. Glaize. Un cas d'intoxication par le Barbeau au moment du frai 143 L. Petit. Note sur la Mouette de Sabine 196 M. Pic. A propos du genre iVofoa;us (Geoff.) Fab . 98 M. Pic. Notes synonymiques et réflexions qui en résultent 212 D'. P. Portier. Sur la température du Thynnus alalonga 79 E.-G. Racovitza. Note sur le grand Serpent de mer, Megophias megophias (Rafinesque) ; à propos d'une observation de M. Lagrésille, faite en 1898 dans les mers du Tonkin. ii X. Raspail. Sur les moyens employés par les Oiseaux pour se faire com- prendre de l'Homme Ibl X. Raspah.. Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes chez le Bruant Zizi 154 X. Raspail. Durée de l'incubation des jeunes dans le nid chez le .Mouchet chanteuf 181 X. Raspail. Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid chez le Butalis gris 186 D' J. Richard, Sur l'état actuel du Musée océanographique de Monaco et sur les travaux qui s'y poursuivent 57 D' J. Richard. Campagne scientifique du yacht Princesse Alice en 1902 . 63 M. 0. Thomas et D' Trouessart. Note sur les Rongeurs de Tunisie recueil- lis par M. Marins Blanc 171 D' Trouessart et M. 0, Thomas. Note sur les Rongeurs de Tunisie recueillis par M. Marius Blanc 171 F. Vlès. Technique pour une étude morphologique nouvelle de la coquille des Lamellibranches 196 217 TABLE PAR UKDKK DES MATIERES Pages Liste des Membres v Liste géographique des Membres xxi Liste des Membres décédés pendant l'année 1902 xxvi Bureau et Conseil pour 1903. . . xxvii Liste des Présidents depuis la fondation xxviii Prix Malotaux de Guerne (règlement) xxix Prix Fr. Secques (règlement) xxxi Séance du 13 janvier 1903 1 — S7 — — 30 — 10 février — 32 — 25 — — (10' assemblée générale) 37 — 10 mars — 129 _ 24 — — 130 — 14 avril — 134 — 28 — — 135 — 12 mai — 136 — 26 — — 146 — 9 juin — 148 — 23 — — 151 — 7 juillet — 154 _ 28 — — . 159 — 20 octobre — 175 — 10 novembre — 185 Séance extraordinairedu24 novembre. Présentation du Chimpanzé Consul. 189 Séance du 24 novembre 195 — — 8 décembre 203 — — 22 — 212 Espèces et genres nouveaux décrits dans le Bulletin de 1903 .... 214 Table des matières par ordre alphabétique d'auteurs 215 Table par ordre des matières 217 Le Secrétaire général, gérant, D' J. GUIART. LILLE. — IMPRIMERIE LE BIGOT FRERES / MBI, WHOI UHKAHV UH 1A3C I IX> L