■"J « ♦ BULLETIN DE LA 1^ t^ SOCIETE ZOOLOGIQUE DE FRANGE POUR L'ANNÉE 1907 AVIS Les Membres de la Société sont instamment priés d'adresser, d'une façon impersonnelle, tous les envois d'argent et les mandats à Monsieur le Trésorier DE LA. Société Zoologique de France 28, rue Serpente, Paris (Vie). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOr.lOUÉ Dli FRANCE RECONNUE D'UTILITE PUBLIQUE TRENTE- DEUXLEME VOLUME ANNEE 1907 PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 28, RUE Serpente (IIotel des Sociétés Savantes) 1907 ARTICLE 4 DE LA LOI DE 1901 SUR LES ASSOCIATIONS Tout iiieinlii'o d'une Association qui n'est pas formée poui' un temps détei-miné, peut s'en retirer en tout temps, après paiement des cotisations éc/tuen et de Vannre courante, nonobs- tant toute clause contraire. IIXI^ LISTE DBS MEMBRES DE LxV SOCIÉTÉ AU !<=> FÉVRIER 1907 Avec la dt^te de leur odmission J.e nom des Montres fondaions est prcrédé de la Iclire F. SECRÉTAIRE GÉNÉRAL HONORAIRE F Blanchard (prof. Haphaël), élu le 18 décembre 1!)00. MEMBRES HONORAIRES 1894. Ag.\ssi/. (Alexandcr), directeur du Musée rie zoologie comparée de Harvard Collège, à Cambridge, Mass. (Etats-Unis). F Barboza du Bocage (prof. José-Vicente), membre de l'Aca- démie royale des sciences, à Lisbonne (Portugal). 1895 Bknedkn (Edouard Yan) membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à llniversité de Liège (Belgique). 1905. Carlos I" (8. M. don), roi de Portugal, palacio das Necessidades, à Lisbonne (Portugal). 1901. Fabre (J. U.), membre correspondant de l'Institut, à Sérigiian (Vaucluse). 1901 . Grassi, professeur d'anatomie comparée à l'Université, 92, via Agostino Depretis, à Rome (Italie). 1878. GtiMHER (D"" Albert), F. H. S., directeur de la section zoologique du British Muséum, à Londres (Angleterrej. 1901 Ijlma (Isao), professeur de zoologie à l'Université (Col- lège of science), à Tokio (Japon). 1901. Laveran, membre de l'Institut, membre de l'Académie de médecine, 25, rue du Montparnasse, à Paris. 1894. LiLLJERORG (W.), professeur émérite àl'Université d'Upsal (Suède). 1894. MôBiLS (K.)j directeur du Musée zoologique, 43, Invali- denstrasse^ à Berlin (Allemagne). 1897 Mlrray (John), Ph. D., directeur des publications de l'expédition du Challenger^ Challenger lodge, Wardie, à Edimbourg (Ecossei. VI 1897. Nansen (prof. Fridtjof), ministre de Norvège à Londres. F Sharpk (R. Bowdler), F. L. iS., chargé de la section orni- thologique du British Muséum, à Londres (Angleterre). 1901 . ScuuLZK (F. E.), directeur de l'Institut zoologique. 43, Invalidenstrasse, à Berlin (Allemagne). 1903. ZoGRAF (D"" Nicolas de), professeur à FUniversité (Musée polytechnique), à Moscou (Russie). MEMBRES CORRESPONDANTS 1893. Bruslna (Spiridion), professeur à l'Université, directeur du Musée national zoologique à Agram (Croatie). 1905. Bukn (Odon de), professeur à FUniversité de Barcelone (Espagne). 1886' DuGÈs (D"" Alfred), consul de France, à Guanajuato (Mexique). 1888. Fritch (L)'" Anton), professeur à l'Université de Bohême, à Prague (Bohême). 1896. Graff (L. Von), professeur à l'Université de Graz (Autriche) . 1890. HoRST (D"' R.), conservateur au Musée d'Histoire natu- relle, à Leyde (Hollande). 1897. Sluiter, professeur à l'Université, à Amsterdam (Hol- lande). 1904. Strerel (Hermann), au Musée Zoologique, à Hamhourg (Allemagne). 1891. Vejdovsky (Franz), professeur à l'Université de Bohême, à Prague (Bohème). MEMBRES DONATEURS DÉCÉDÉS (M F Branicki (comte Constantin), décédé en 1884. 1888. Chancel (M'"' Aline), décédée en 1889. 1888. Guerne (Baron Frédéric de), décédé en 1888. F Hamoîsville (baron d'), décédé en 1899. F Hugo (comte Léopold), décédé en 1895. 1886. ScHLUMRKRGER (Charles), décédé en 1905. 1876. Skmallé (vicomte René de), décédé en 1894. F Vian (Jules), décédé en 1904. (1) Par une délibération en date du 25 janvier 188.5, le Conseil a décidé de main- tenir perpétuellement en tête du Bidlelin la liste des Membres donateurs décédés. MEMBRES TITULAIRES (>) 1903. Abric (Paul), licencié ès-sciences, 46, quai Debillv, k Paris (If/). 1897. AcoNiN (Georg-es), avocat, 8, rue Sophie-Germain, à Paris (l-i«). 1890. ÂLBEKT I" (S. A. s.), prince de Monaco [membre dona- teur), correspondant de Tlnstitut, 10, avenue du Tro- cadéro, à Paris (16"). 1889. Alluaud (Charles), 3, rue du Dragon, à Paris (6"). 1892. André (E.), notaire honoraire, 17, rue des Promenades, à Gray (Haute-Saône). 1906 AisFRiE (Emile), naturaliste, 3, rue de Paris, à Lisieux (Calvados). 1905 Anthony (D' Raoul), préparateur au Muséum, 12, rue Chevert, à Paris (7«). 1896. Arkchavaleta (D' José), directeur général du Muséum national, 369. calle Uruguay, à Montevideo (Uruguay). 1906. Arenberg (Prince Ernest d'), 10, rue d^4storg, à Paris (8"). 1893. Arrigoni degli Oddi (comte), professeur à l'Université, à Padoue (Italie). 1897. Artault (D' Stéphen), 2, rue Boutarel, à Paris (4"). 1895. Aubert (Marins), aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, palais de Longchamp, à Marseille (Bou- ches-du- Rhône). 1880. Bambeke (D"" Charles van), professeur à l'Université, 1, rue Haute, à Gand (Belgique). 1880. Barrois (D' Théodore), professeur à l'Université, 220, rue Solférino, à Lille (Nord). 1879. Bavay (Arthur), pharmacien en chef de la marine en retraite, 82, rue Lauriston, à Paris (16°). 1903. Bealchamp (D"" Paul de), licencié es sciences, 16, rue de Bagneux, à Paris (6"). 1901. Beauclaui (Henri), vétérinaire à Cherré, commune de la Ferté-Bernard (Sarthe). 1889. Bedot (D"^ Maurice), directeur du Musée d'histoire naturelle, professeur à l'Université, à Genève (Suisse). 1904. Bellard (D-^ E. P. de), médecin-chirurgien, à La Ceiba (Honduras). (1) La Société s'est vue flan.s la nécessité de rayer de la liste des membres un certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation {Art. U du Hèglement). TIII MEMBRES TITULAIRES 20. 1906. Berner (Paul), directeur d'horlogerie, à La Chaux de Fonds 'Suisse). F Besnari) (Auguste), conducteur des ponts et chaussées, OH, route de Laval, au Mans (Sarthe). 1904. Best (D' W. II. G. IL), 98, rue de Longchamp, à Paris (If)"). 1884. Bjrliothèque de FCniversité et de l'Etat, à Strasbourg (Alsace). 1889. Bibliothèque de l'Université, à Grenoble (Isère). 1890. BiDLiuTHÈQUK du Muséuiii d'histoire naturelle, 2, rue de Buffon, à Paris (o°). 1892. Bibliothèque du Musée des Invertébrés, 19, via Roniana, à Florence (Italie). 1892. Bibliothèque de ITniversité, à Rennes (Ille-et- Vilaine) . 1884. BiGNON (M"° Fannyi, docteur es sciences, professeur à l'Ecole Edgard-Ouinet, 162, rue du Faubourg Pois- sonnière, à Paris (10^). 1884. Binot (D'' Jean), chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, 22, rue Gassette, à Paris (6<=). 30. 1906. Blaizot (Ludovic), préparateur à la Faculté de médecine, 4, rue Flatters, à Paris (S*"). 1891. Blanc (Edouard), [membre, à vie), explorateur, 52, rue de Varenne, à Paris (7"). 1892. Blanchard (M""" Raphaël), [membre donatenr), 226^ bou- levard Saint-Germain, à Paris (7°). F Blanchard (D'" Raphaël), [membre donateur), professeur à ri niversité, membre de l'Académie de médecine, 226, boulevard Saint-Germain, à Paris Çi"). 1889. Blasius (D' Rudolph), 23, Petrithor- Promenade, à Brunswick (Allemagne). 1889. Blasius (professeur Wilhelm), directeur du Musée d'his- toire naturelle, 7, Gaussstrasse, à Brunswick (Alle- masne). 1905. Blatin (D' Marc), 46, rue de Grenelle, à Paris (7'). 1881 . Blonay (Roger de), 23, rue de Larochefoucauld,à Paris (O**). 1904. Bohn (L)' Georges), préparateur-chef de zoologie à la Faculté des sciences, 8, rue des Toulouses, à Fonteuay- aux-Roses (Seine). 18S3 . Bolivar (Ignacio), professeur d'entomologie à l'Université, 1, calle Moreto, à Madrid (Espagne). 40 . 1882 . Bonaparte (le prince Roland), [membre donateNr). membre de l'Institut, 10, avenue dléna, à Paris (16';. MEMBRES TITULAIRES IX 1898. BoNDouY, préparateur à la Faculté des sciences, à Rennes (Illc-et-Vilaine). 1893. BoNNAiRE (D' K.), professeur agrégé à ITniversité, accoucheur des hôpitaux, 134, rue de Grenelle, à Paris (7*^). 1907. Bo'.NET (Alexandre), 3(j'"% boulevard Bineau, à Xeuilly- sui -Seine (Seine). 1903. Bonnet (Amédée), [membre donateur), préparateur à la Faculté des sciences, 21, place Bellecour, à Lyon (Rhône). 1904 BoRCÉA (Jean), docteur es sciences, maître de conférences à rinivcrsité, à Jassy (Roumanie). 1900. Bordas (D"" L.), maître de conférences à la Faculté des sciences, à Rennes Ille-et- Vilaine'. 1904. BoLBÉE (Ernest), naturaliste, 3, place Saint-André-des- x\.rts, à Paris (6'i. 1 880 . BoucARD (Adolphe) , Spring- vale, île de Wight (A ngleterre) . 1905. Bourgeois (Jules), à Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace- Lorraine). oO . 1897 . BouTAN (D'' Louis), maître de conférences à ITniversité de Paris, directeur de la Mission pour l'exploration scien- titique de ITndo-Cliine, à Hanoï (Tonkini. 1890. Bouvier (E. L.), ineml)re de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, 39, rue Claude-Bernard, à Paris (3e). 1893. Brabant (Edouard), au château de l'Alouette, près Cam- brai (Nord). 1889. Branicki (comte Xavier), hnemhre àvie)^ 10, rue W iejska, à Varsovie (Russie). 1892. Brian (Alfred), [membre donateur , 6, via San Sebastiano, à Gênes (Italie). 1894. Brolemann (Henri), directeur de la succursale du Comp- toir national d'escompte, à Pau (Basses-Pyrénées). 1890. Brumpt (D' Emile), docteur es sciences, chef de travaux à la Faculté de médecine, 1(3, rue Gustave-Courbet, àParisne'^). 1890, Bruyant, professeur suppléant à l'Ecole de médecine, 20, rue Gaultier - de -Biauzat. à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). 1892. BucncT i Gaston), rue de lEcu, à Romorantin (Loir-el- Cher). 1904. BuGNioN fD'' Edouard), professeur d'Embryologie à la X MKMBRES TITULAIRES Faculté de médecine, villa Montméry, Florissant, à Genève (Suisse). 60. 1897. Bu.ioR (D"" Paul), professeur de Zoologie à la Faculté des sciences de l'Université, à Jassy (Roumanie). F Bureau D"" (Louis), [membre à vie), directeur du Musée, professeur à l'Ecole de médecine, 15, rue Gresset, à Nantes (Loire-Inférieure). 1902. Calvet (Louis)^ chef des travaux pratiques, attaché à la Station zoologique de Cette (Hérault). 1889. Camerano (D' Lorenzo), professeur à l'Université, palazzo Carignano, à Turin (Italie). 1902. Carié (Paul), [membre donateur), 130, rue de la Boëtie, à Paris (8*^) et à Curepipe (de Maurice). 1895. Caustikr (Eugène), 32, rue Lacépède, à Paris (o'), 1903. Caziot (Commandant), 24, quai Lunel, c\ Nice (Alpes- Maritimes). 1903. Certes (M"" Adrien), 53, rue de Varenne, à Paris [T-). 1891. Chancel (M"' Marins), [membre donateur), 226, boule- vard Saint-Germain, à Paris (7'). 1906. Chappellier (Albert), à la Commanderie, par Chécy (Loiret). 70. 1900- Chari.ot (M""' Julie), iO, rue des Saints-Pères, A Paris (7"). 1907. Chatelet ((;.), greffier du Conseil de préfecture, 32, rue du Vieux-Sextier, à Avignon (Vaucluse). 1883. Chatin (D'' Joannès), membre de l'Institut, professeur à l'Université, 174, boulevard Saint-Germain, à Paris (6^). 1904. Chatton (Edouard), licencié ès-sciences,2,rue Cbristophe- Kcller, à Belfort (Haut-Rhin). 1891. Chaves (Francisco Aifonso), directeur de l'Observatoire météorologique, à Ponta Delgada, île SSo Miguel (Açores). 1884. Chevreux (Edouard), [membre donateur), route du Cap, à Bône (Algérie). 1891. Chevreux (M"°), [membre à vie), 131, Grande-Rue, à Boulogne-sur-Seine (Seine). 1899. Choraut (D' A.), 4, rue Dorée, à Avignon (Vaucluse^. 1907 . Chopard (Lucien), 98, boulevard St-Germain, à Paris (5"). 1888. Claydrooke (.lean de), 5, rue de Sontay, à Paris (lô'^). 80. 1881. Clément (A. L.), [membre à vie), dessinateur, 34, rue Lacépède, à Paris (5"). 1887. CosMOVici (D"" Léon C), professeur à l'Université, 11, Stepiian cel mare, à Jassy (Roumanie). 90 MEMBRKS TITULAIRES XI 1900. CoLTiKRE (D"" II.), professeur à l'Ecole supérieure de Phar- macie, 12. rue iNotre-Dauie-des-Champs, à Paris (6"). 1905. Cratunksco.(M'"'' Eugéuie), 104, rue de la Tour, à Paris 1905. Dabija (M'"-), hôtel de IJelfort, nie de l'Arcade, à Paris (8'). 1895. Dalmas ^conite Raymond de), "2G, rue de Berri, à Paris (6'^). 1906. Dalmoin (0' Henri), à Bourron-Marlotte (Seine-et-Marne). 1904. Dambkza, [jncmbre à vie), avocat au Conseil d'Etat et k la Cour de cassation, 5, rue de Villersexel, à Paris (7"). J902. Darboux (G.), [membre donnleiir), chargé de cours à la Faculté des sciences, 53, boulevard Périer, à Mar- seille (Bouches-du-Rhône). 1884. Dautzenbkrg (Philippe), [membre donaleur)^ 209, rue de l'Université, à Paris (7<=). 1904. Davenport (Charles), director Station for expérimental Evolution of Cold spring Ilarbor, Carnegie Institution, New- York (États-T'nis). 1898. Davenière (D"^ Emile . licencié ès-sciences, 36, boulevard de La Tour-Maubourg, à Paris (7^). 1904. Debreuil (Charles), avocat à la Cour d'appel, 25, rue de Chàteaudun. à Paris (9'). 1887. Delage (D"" Yves), membre de l'Institut, professeur à rUniversité, à la Sorbonne, Paris (o"), 1876. Demaison (Louis), archiviste, 21, rue Nicolas-Perseval, à Reims (Marne). 1901. Dessalle (L. A.), 4, allée des Fontainiers, à Digne (Basses- Alpes'. F DoLLFLTS (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes na- turalistes, 35, rue Pierre-Charron, à Paris (S''). 1892. DoLLFUS (Gustave), [membre à vie), 45, rue de Chabrol, à Paris (10^). 1897. Domet de Vorges (Albert), licencié ès-sciences naturelles, 4, avenue Thiers, à Compiègne (Oise). 1887. DoMiisici (D"^ Henri), licencié ès-sciences. directeur du Sanatorium du Mont des Oiseaux, à Hyères (Var). 100. 1877. DouviLLÉ, professeur à l'Ecole des Mines, 207, boulevard Saint-Germain, à Paris (7''). 1902. DiiBAR, docteur en médecine, 73, rue Caumartin, à Paris (9^). 1876. Dubois (Alphonse), docteur ès-sciences, conservateur au Musée royal d'histoire naturelle, 127, rue Franklin, à Bruxelles (Belgique). XII MEMBRES TITULAIRES 1897. DuBOSCQ (D"" 0.), professeur de zoologie à la Faculté des sciences, à Montpellier (Hérault). lOO'i. Dyé (D'' Léon), 123, avenue de Wag^un, à Paris (17'). lcS!)o Ellingsen (Edvardj, à Kragero (>'orvège). 1887, Kmkiiy (D' Emile), médecin de Saint-Lazare, 105, rue Saint-Lazare, à Paris (8'). 1905. FagP; (Lonis), préparateur au laboratoire Arago. à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), 88 é /.s-, avenue Kléber, à Paris (16'^). 1884. Faurot (D' Lionel)», {membre à vie), 7, rue Gustave- Nadaud, à Paris (16^). 1901. Favktte (DO, à Saint-Bel (Rhône). 110. 1902. Féuorov (M'"" N.), docteur en médecine, 2i, rue Galilée, Paris (IC^). 1902. Ferdinand I" (S. A. R.), prince de Bulgarie, [membre donateur), h Sopliia (Bulgarie). Direction de la Biblio- thèque princièrc. 1906. Fiault (Léon), 29, avenue de Ségur, à Paris (15'). 1893. F'iELi) (D' Herbert llaviland), directeur du Concilium Hiblior/raphicnm, 38, Eidmattstrasse, à Zurich-?^ord). 1904. Patte (Paul), au château de Gorget, près Chartres (Eure-et-Loir). 1884. Pavlov (M'"'' Marie), Sheremetevski pereulok, maison Sheremetiev, logement 32, à Moscou (Russie). 230, 1905. Peignon (Eugène), naturaliste, 22, rue des Grandes- Ecoles, à Poitiers (Vienne). DuU. de la Soc. Zool. de Fr., 1007. XXXII-2 XVI1[ MKiMliRKS TITliLAlRKS 1900. Pellkghin (L)' Jacques), préparateur au laboratoire dllerpétolog-ie du Muséum d'histoire; naturelle, 143, rue de Rennes, à Paris (6'). F Pennetier (D' Georges), directeur du Musée d'histoire naturelle, professeur à l'Ecole de médecine, impasse de la Gorderie, Mont Saint-Aignan-lès-Rouen (Seine- Inférieure). 1905. Pérez (Charles), professeur de zooloyie à la Faculté des sciences, cours Saint-Jean, à Bordeaux (Gironde). 1887 Perrier (Edmond), membre de l'Institut, directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, A Paris (5=). 1880 • Perroncito (IJ'' Edouard), correspondant de l'Académie de médecine, professeur à l'Ecole vétérinaire et à l'Université, 40, corso Valentino, à Turin (Italie). F Petit (Louis) aîné, Imemhre à vie), naturaliste, 21, rue du Caire, à Paris ("2"). 1897. Philippson (Maurice), docteur es sciences, 17, rue Gui- mard, à Bruxelles (Belgique). 1893. Pic (Maurice), {membre à vie), Les Guerreaux, par Saint-Agnan (Saône-et-Loirc). 1906. PiCAUD (Albin), professeur suppléant à l'Ecole de méde- cine, 9, rue Condorcet, à Grenoble (Isère), 240. 1879, PiERSON (Henri), [membre à vie), à Brunoy (Seine-et-Oise). 1900. PhNOY (D' Ernest), 30, rue de Versailles, à Ville d'Avray (Seine-et-Oise). 1901. PizoN (Antoine), docteur ès-sciences naturelles, profes- seur au lycée Janson de Sailly, 92, rue de la Pompe, à Paris {W). 1899. Plate (D' Ludvvig), professeur de zoologie à la Land- wirtschaftlichc Hochschule, 13, Beethovenstrasse, à Berlin (Allemagne). 1879. Plateau (Félix), professeur à l'Université, 148, chaussée de Courtrai, à Gand (Belgique). 1905. PoGOR (M"" Eva), 4, rue Dangeau, à Paris {W). 1902. PoLAiLLOJN (D"" Henri), 229. boulevard Saint-Germain, à Paris (7«). 1903. PoNSELLE (A.), étudiant en médecine, 114, avenue de Wagram, à Paris (17"). 1896 . Portier (D' Paul), préparateur à la Sorbonne, à Paris (5«). 1886. pROUHO (Henri), à Rabastens-sur-Tarn (Tarn). 250. 1895. Prlvot (professeur Georges), directeur du laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), au MKMBHES TITULAIRES XIX laboratoire d'aiiatomie comparée, ù la Sorhonne, Paris [o^). 1893 . Racovitza (Emilc-ri.), [membre à vie), docteur ès-scieuces, directeur adjoiut du lal)oratoire Arago (Bauyuls-sur- Mer), 2, boulevard Saiut-Audré-des-Arts, à Paris lO"). 1882. Railliet (A.), membre de l'Académie de médecine, professeur d'histoire naturelle à l'Ecole vétérijiaire, à Alfort (Seine). 188G. Raspail (Xavier), à Gouvieux (Oise). 190G. Raspail (M"' Xavier), [membre donateur), à Gouvieux (Oise).^ 1890. Ratz (D"" Stéphan von), professeur de l'Académie vété- rinaire, 23. Rottenbiller utcza, à Budapest (Hongrie). 1879. Regnard (D"" Pauli, membre de l'Académie de médecine, directeur de l'Institut national agronomique, 22^, bou- levard Saint-Germain, à Paris (7*"]. 1905. Renesse de Duivenbode (G. de), 45, rue de Trévise, à Paris (9"). 1895. Reyckaert (J.), agent de la Société Zoologique, 85. rue du Gherche-Midi, à Paris (6"). 1898. Ribemont-Dessaignes (D"" A.), professeur agrégé à la Faculté de médecine, membre de l'Académie de médecine, 10, ))oulevard Malesherbes, à Paris (8^^). 260. 1887. Richard iD"" Jules, directeur du Musée océanographique, à Monaco (Principauté de Monaco). 1877. Richet (D' Gharles), professeur à l'iiniversité, 15, rue de ITiiiversité, à Paris (7"^). ♦ 1903. Rivera (D"" Manuel), professeur d'Entomologie à llnstitut agricole du Ghili, à Santiago (Ghili). 1897. Robert (Adrien), chef de travaux à la Sorbonne, 18, rue du Pré-aux-Glercs, à Paris (7^). 1887 . Roblnet (Gharles ^ professeur au lycée, 72, rue Bouneval, à Ghartres (Eure-et-Loir). 1893. RocHÉ (Georges), docteur ès-sciences, 4, rue Dante. à Paris (5''). 1901. RoDRiGLEZ (Juan), directeur du Musée national d'Histoire naturelle, à Guatemala (Amérique centrale). 1888. Rollinat (Raymond), [membre à vie), à Argenton (Indre). F Rothschild (Baron Edmond de), [membre donateur), 19, rue Laffitte, à l*aris (9^). 1880. RoTROU (Alexandre), pharmacien, à La Ferté-Bernard (Sarthe). XX MFlMnUKS TITULAIRES •270. 1895, lIouLK (D' Louis), piofosseur à l'Université, 19, l'ue Saint-Etienne, à Toulouse (Ilaute-Garonnej. 1906. HoYKR (Vlaupice), secrétaire fie la Soriété Entoniolo,2"iqiie de France, 5.'V''\ rue de Yilliers, A Neuilly-siir-Seinc (Seine). 1900. UuDEVAL (Raoult de), éditeur, 4, me Antoine-Dubois, à Paris (G'"). 1888. Sabatikr iD"' Armand), correspondant de ITnstitnt, pro- fesseur honoraire à la Faculté des sciences, à Mont- pellier (Hérault). 189"). Saint-Joskpii (baron de), '23. iiie François r', à Paris (8^). 1897. Sand (René), 45, rue des Minimes, û Bruxelles (Belgique). 187G. Saunders (Howard), 7, Radnor place Gloucester square, à Londres (Angleterre). 1884. Sauvage (D' Emile), directeur honoraire de la Stalion aquicole, directeur du Musée, 39 bis, rue Tour-Notre- Dame, à Boulogne-sur- .Mer (Pas-de-Calais). 1881. Sauvlnet (L. -Ernest), assistant au Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris (5"). 1902. Savouré (P.), licencié ès-sciences naturelles, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences, à Rennes (Ille-et-Vilaine). 280. 1896. Scott (Thomas), naturalist to the fishery Board for Scotland, 280, Victoria Road, à Aberdeen (Ecosse). 1889. Secques (François), pharmacien de l" classe, 14, rue Saint-Louis-en-l'ile, à Paris (4^). 1902. Semichon (Louis), docteur ès-sciences, au Laboratoire maritime de Concarneau (Finistère). 1876. Shelley (captain Georges-Ernest), {membre à vie), 7, Princes street, Cavendish square, NV., à Londres (Angleterre). F Simon i^Eugène), 16, villa Saïd, à Paris (16<^). 1901. SiMROTH (Heinrich), professeur à l'Université, à Leipzig (AUenifigne). 1905. SiRVENT, préparateur au Musée Océanographique, à Monaco. 1899. Société scuîntifique et Station zoologique d'Arcachon, à Arcachon (Gironde). 1893. SpeiNgel (D'- J. W.), professeur à l'I^niversité, à Giessen (Allemagne). 1877. Stelndachner (Hofrath D'" Frantz), Director des natur- historischen Hofmuseums. Burgring, 7, à Vienne (Autriche). -MEMBRES TITLLAIRES XXI •290. 1891. Stiles (D^ Charles Wardell). Chief of tlie Division of Zoolouv, Hveieiiic Laboratorv, Piil)lic llealtli and Marine Hospital service of tlie V. S., à Washington, D.C. (États-Lnis). 1889. Stlder (D' Th.), professeur à l'Université, directeur du Musée, rue des Orphelins, à Berne (Suisse). 1895. SiARD (D"" Paul), ex-professeur aux Ecoles de médecine navale, 11, boulevard Félix-Martin, à Saint Raphaël (Var). ' 1898. ÏEHMER (Louis), avocat, à Honfleur (Calvados). 1893. Théry (André), à Saint-Charles, près Philippevillc (Algérie). 1896. Thézée (D' Henri), professeur à l'Ecole de médecine, 70, rue de Paris, à Angers (Maine-et-Loire). 1895. Thompson (W. d'Arcy), professeur à l'Université, direc- teur du Musée zoologique, à Dundee (Ecosse). 1901, TiLLiER (J.-B.), chef du transit du canal de Suez, 83, rue de la Tour, à Paris (16°). 1887. TorsENT (Emile), docteur ès-sciences, chargé de cours de zoologie à la Faculté des sciences, à Caen (Calvados). 1878. TouRNELX (D"" Frédéric), professeur à l'Université, 14, rue Saintc-Philomène, à Toulouse (Haute-Garonne). 300. 1894. Traizet (Emile), [membre à vie), 40, rue de Sévigné, à Paris (3«). 1887 . Trapet, pharmacien-major de première classe en retraite, 8, rue Valentin-Hauy, à Paris (15"). 1895. Trol'essart (D' Edouard), professeur au Muséum d'his- toire naturelle, 61, rue Cuvier, à Paris (5"). 1889. Vaill.\nt (Léon), professeur au Muséum d'histoire naturelle. 8, rue de Buifon, à Paris (5<^). 1896. Vallé (Louis), docteur ès-sciences, 41, rue de rA])attoir. Tourcoing- (]Nord). 1903. Vaisey, docteur ès-sciences, chef des travaux de zoologie à la Faculté des sciences, à Lyon (Riiônei. 1891. Vaudremeu (D' Albert), 50, rue Centrale, à Cannes (Alpes-Maritimes) . 1898. Versluvs (J.), docteur ès-sciences, Amsteldijk, 62. à Amsterdam (Hollande). 1876. Vian (Paul), notaire, 9, rue Boissy-d'Anglas, à Paris (8'i. 1894. ViGNAL (Louis). 28, avenue Duquesne. à Paris (7^). XXII MEMBRKS TITULAIRES 310. 1900. ViLLATTE DES Prûgnes (Robcrt), ingénieur-agronome, au château des Prûgnes, par Vallon-en-Suily (Allier). 1888. ViLLEDiEux (Léopold), à Saint-Didier-en-Rollat (Allier). 1902. ViSARD DE BocARMÉ (coiiite Ferdinand), 6, rue du Grand- gagnage, à Namur (Belgique). 1903. Vlès (Fred), licencié ès-sciences, préparateur du Labo- ratoire de Roscolf (Finistère), 15, rue de Gluny, à Paris (5°). 1905. Vlès (M"" Nela), 15, rue de Cluny, à Paris (5°). 1897. Ward (Henry-Baldwin), professeur à l'Université de Nebraska, à Lincoln, Nebr. (Etats-['nis). 1880. Wavrin (marquis de), cliàteau de Ronsele, par Somer- gem, près Gand (Belgique). 1880. Weber (D"" Max), professeur à l'Université, 3, Sarpha- tikade, à Amsterdam (Hollande). 1890. WiERZEJSKY, professeur à l'Université, 6, Wielopole, à Cracovie (Autriche). 1906. WiNTREBERT (D'). préparateur à la Faculté des sciences, 33, rue Linné, à Paris (5"). 320. 1900. YuiNG (D"" Emile), professeur de zoologie à l'Université, à Genève (Suisse). LISTE GÉOGHAPHIQUE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ M H = Membre honoraire ; M C — Membre correspondant. FRANCE (230) Allier (3) Olivier Villatte des Prùgnes Villedieiix Alpes-Maritimes 3) Caziot Gazagnaire Vaiulreiner Basses-Alpbs(I) Dessalle Basses-Pyrénées (1 ^ Brùlemann Bouches- du-Rhôn F. 3 Aubert Darboiix Jourdan Calvados (4 ' Aiifrie Lcbailly Ternier Topsent CÔTB-d'Or (2) Dijon (Laboratoire de Biologie) Paris. Eure-et-Loir :2) Patte Robinet Semichon Hugues P^INISTÉRE \\] Gard (Ij Gironde (4) Arcachon (Station) Kûnstler Nabias (B. de) Pérez Haute-Garonne (/ii Jammes Neumann Roule Tourneux André Chatton Calvet Duboscq Sabatier Haute-Saône (1) Haut-Rhin (1) HÉRAULT (3) 1lle-et-Vilaine (6) Bondouy Bordas Guitel Oberthur Rennes (Bibliothèque) Savouré Martin ;R.) Rollinat Indre {-; Isère (3) Grenoble (Bibliothèque) Moniez Picaud XXIV LISTK GEOGUAPHigUI Loir-et-Gher (1) Buchet LOIRH-iNFÉaiEURE (1) Bureau Chappellier Lucet Loiret (2) Maine-et-Loire (2) Oudri ïhézée MaRNE(I) Deniaison Meurthe-et-Moselle (•".) Haraon ville (Baron d') Hecht. Nancy (Laboratoire de Zoologie) Nord (8) Barrois (Th.) Brabant Fockeu Hallez Malaquiii Maurice Pas (Comtesse duj - Yallé Oise (/j) Domet de Vorges Janet (Ch . ) Raspail (Mme) Raspail Pas-de-Calais (3) Kempen (Ch. van) Kerhervé (L.-B. de) Sauvasre Bruyant Glrod Bonnet Favette Girodon Guiart. Puy-DE-DÔME -2; Rhône (7j Kœhler Neveu-Lemaire Vaney Saône-et-Loire (1) Pic Beauclair Besnard Rotrou Sarthe (3) Seine 9) Bohn Bonnet Cheyreux i^M"'") Henry Mues Marchai Moulé Railliet Royer Paris (122) Abric Aconin Alluaud Anthony Arenberg (Prince d") Artault Bavay Beauchanip (P. de) Best Bignon 'Mi'«) Binot Blaizot Blanc Blanchard (M™») Blanchard Blatin Blonay (R. de) Bonaparte (Prince R.) Bonnaire Boubée Bouvier Brumpt Caustier Certes (Mme) Chancel (M"if , Chariot (Mi'e) Chatin LISTE GEOGRAPHIQUE XXV Choparcl Claybrooke (J . de) Cléuieut Co litière Cratiinesco (M^is) Dabija (M"«) Dalmas (Comte de) Danibeza Dautzenberg Daveniére Debreiiil Delage Dollfiis (A.) Dollfus (G.) Douvillé Diibar Dyé Emery Fage Faurot Fédorov (M'i-^) Fiault Fischer Fol (Mlle) Fouad François Freyssinge Gaudi-y Gaulle J. de) George Germain Glandaz Grandidier Grobon Grtivel Guériu Gtierne Baron J. de Hérouard Hérubel Houssaye Janet (A.) Janin Joiibin Jousseauine Joyeus-Lafluie Jumentié La Barre ^G. de) La m y Larcher Lainiuis Laveran, M. H . Loyez (M'iei Magne Mantell (M'i») Marmottan Martin (D' H.) Meillassoux Moreaii Muséum (Bibliothèque) Muséum (Lab. de malacologie) Nadar Nerville (F. de) Pellegrin Perrier Petit Pizon Pogor (Mii«) Polaillon Ponsellc Portier Fruvôt Racovitza Regnard Renesse de Duivenbode Reyckaert Ribemont-Dessaignes Richet Robert Roche Rothschild (Baron Edm. de) Rudeval iR. de) Saint-Joseph (Baron de) Sauvinet Secques Simon Tilliei- Traizet Trapet Troue ssart Vaillant Vian VigQal Vlès (M"") Vlès Wintrebert SElNE-ET-'NrARNE '1) Dalmon Gréban Seine-et-Oise ,3) : presque entièrement foncées ; prothorax assez court, un peu rétréci en arrière ; élytres un peu plus larges que le prothorax, un peu élargis après le milieu et diminués ensuite, assez fine- ment et irrégulièrement ponctués ; pattes grêles, noires avec les tibias plus ou moins roussâtres à la base. Long. 3-4 mill. Bolivie (coll. Pic). Reçu autrefois de Staudinger. Voisin de periiviamis Pic avec une forme élytrale moins élargie et une coloration différente d'un vert très brillant. Atlalus RoUei n. sp. — Un peu élargi, brillant, pubescent de gris avec quelques poils courts dressés, en majeure partie testacé rougeàtre. Tête courte, testacé rougeâtre avec les yeux noirs ; antennes courtes et grêles, noires à base roussàtre ; prothorax testacé rougeàtre, assez court, arrondi sur les côtés ; écusson testacé ; élytres noirs à. reflets métalliques, plus larges 26 SÉANCE DU 26 FÉVRIKR 1907 que le prothorax à la base, peu longs, un peu élargis en arrière, finement et irrégulièrement ponctués ; dessous du corps noir avec l'abdomen testacé ; pattes assez longues, testacées, avec les cuisses postérieures largement noires au sommet ; tibias postérieurs arqués. Long. 3 mill. Paraguay (coll. Pic). Procuré par RoLLK. Voisin de arcuatipea Pic avec Tavant-corps testacé rougeâtre au lieu d'être foncé, les pattes plus claires, etc. Silis albicinctn Gorham. — Cette espèce, décrite de l'Amérique Centrale, se retrouve en Colombie (coll. Pic). suis semilimbata n. sp. — Un peu allongé, robuste, pubescent de gris, noir avec le prothorax, l'écusson et la majeure partie des pattes testacés ; élytres foncés, à bande suturale étroite n'atteignant pas le sommet et une longue bordure latérale médiane flave. Tête noire, large et courte, creusée entre les yeux ; antennes moyennes, noires ; prothorax court, fortement rétréci en arrière, faiblement sillonné sur le discjue postérieu- rement, échancré et bilobé latéralement, le lobe antérieur large sul)arrondi, le postérieur un peu aplati, subsinué et subtronqué ; écusson testacé ; élytres un peu moins larges que le prothorax, lobes compris, subparallèles, légèrement tronqués au sommet, à ponctuation subgranuleuse fine et dense, non bordés de flave au sommet ; dessous du corps foncé ; pattes testacées avec les tibias et tarses antérieurs, ainsi que le sommet des autres un peu obscurcis. Long. 6 mill. Brésil. Un exem- plaire cf dans ma collection. Ressemble un peu à albicincta Gorham par sa coloration, mais il est moins allongé; les pattes sont en partie testacées et la bordure flave des élytres n'est pas complète. Les mâles de Sitis du Brésil qui me sont connus, ayant les élytres testacés brièvement marqués de foncé à la base et au sommet, se distinguent de la façon suivante : 1. Prothorax étroitement ou fail)lement impressionné sur le disque; macule apicale foncée des élytres étroite, subtrans- verse 3 et 4. 2. Prothorax fortement et largement creusé sur le disque ; macule apicale foncée des élytres large, remontant un peu en avant. Rio de Janeiro qiiadrimaculata Redt. 3. Tête entièrement noire ; prothorax à simple dépression discale et à appendice postérieur latéral bifide. Minas Geraes distiiicta Pic. 4. Tête noire, marquée antérieurement de testacé ; prothorax SÉANCE DU 26 FÉVRIKK 1907 27 à sillon discal net et A appendice postérieur latéral paraissant simple. Sào Paulo sulcata n. sp. Cette dernière espèce, longue de 6 millimètres et faisant partie de ma collection, est un peu brillante, modérément large; elle a les antennes noires, le prothorax, l'écusson et le dessous du corps testaces, les pattes testacées avec les tarses un peu obscurcis. PHÉNOMÈNES DE LA PARTURITION CHEZ LA GERBOISE D'ALGÉRIE PAR E. BRU M PT Durant une courte mission médicale en Algérie, pendant les mois d'août et de septembre 1906, j'ai eu l'occasion d'étudier de quelle façon s'accomplissent les phénomènes de la parturition chez la Gerboise d'Algérie (probablement Dipus œgijptius Has- selq.). (>es phénomènes m'ont semblé assez intéressants pour être l'objet d'une courte notice. Il s'agit d'une femelle de Gerboise capturée le 2 septembre, à environ 24 kilomètres de Mostaganem, et transportée dans cette ville le 2 septembre, à 6 heures du soir. Le 3 septembre, à midi, l'animal paraît inquiet ; il se lève fréquemment sur ses pattes de derrière, raidit son corps, et fait des efforts d'expulsion. La vulve est saillante et sanguino- lente. A 12 h. 10, on voit sortir de la vulve la tête et les pattes antérieures d'un jeune; la Gerboise regarde de temps à autre, en passant sa tête entre ses pattes, où en est la parturition. Elle comprime son abdomen avec ses pattes antérieures comme si elle désirait augmenter les contractions utérines. Le reste du fœtus est rajndement expulsé, le cordon ombilical est coupé au ras du corps sans que la mère l'ait touché. La rupture du cordon est donc spontanée. A 12 h. 20, après quelques minutes de sommeil, la Gerboise se relève, fait de nouveaux efforts, comprime à plusieurs reprises son alidomen ; un second petit se présente par la tête et les pattes antérieures, et, grâce aux mouvements vermicu- laires assez actifs qu'il effectue, ne tarde pas à être expulsé à son tour. Le cordon est également coupé au ras de la peau. xA 12 h. 25, la femelle se couche; par sa vulve saillante et sanguinolente sortent des débris de membranes. 28 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1907 A 12 h. 30, elle expulse successivement deux placentas dis- coïdes avec des efïbrts identiques à ceux que nous avons observés lors de l'expulsion du fœtus, A 12 11. 35, la Gerboise se couche ; à 12 h. 45, elle se lève, fait de nouveaux elforts et expulse un troisième fœtus. A 12 h. 55, le quatrième fœtus apparaît à la vulve et est rapidement expulsé. A 1 h. 10, le troisième placenta est expulsé. La Gerboise, quoique très familière et l)ien apprivoisée, ne semble pas beaucouj) se préoccuper de ses petits, elle ne leur fait aucune toilette. Elle ne cherche pas à manger ses placentas, phénomène qui s'observe cepenchmt chez une foule de mammi- fères et en particulier chez les Rongeurs. A 2 heures, le quatrième placenta est expulsé. Les quatre jeunes semblent bien à terme, à en jug-er d'après leur volume, leur force et la rapidité avec laquelle ils se sont suspendus aux tétines maternelles. La femelle les laisse téter, mais ne semble pas vouloir les élever. Le 4 septembre, la femelle n'a pas voulu adopter ses petits, elle est couchée dans un coin de la cage opposé à celui où ils se trouvent. Ces derniers encore vivants, mais froids, sont mis dans le formol ; ils sont curieux par suite de la dissemblance qu'ils présentent avec les formes adultes. Les pattes antérieures ofï'rent un développement normal, les postérieures sont com- parables à celles des jeunes Rats qui viennent de naître, la queue est plus courte que le corps et est un peu plus longue que celle des fœtus de Rat. MEGASTOMA, LAMBLIA ou GIARDIA? PAR J. KUNSTLER et CH. GINESTE En 1859, Lambl a décrit et tiguré, sous le nom de Cer- comonas intestinalis^ un organisme rencontré dans les muco- sités gélatineuses de l'intestin des enfants. Rivolta Fa égale- ment figuré en 1868; en 1875, Davaine lui a donné le nom à'Hexamita duodetuilis'\ en 1879, Grassi celui de Diniorphiis maris, et en 1881, celui de Megastoma entericimi. SÉANCE DU 2G FÉVRIER 1907 29 En 1882(1), sous le nom de Giardia agiliî^^ KuiNStlkr a décrit et figuré un être très voisin du précédent, et ce travail fut rapidement suivi de deux publications de R. Blanchard, repre- nant l'étude de la première forme. En 1885, R. Blanchard Ta apjjelée Megastoma intestinale. Enfin, en 1886, considérant que le terme de Mega^toma appartenait à d'autres êtres et que les règles de la nomenclature zoologique ne permettaient pas un double usage de la même dénomination, Blanchard a dédié cet organisme à celui qui l'a découvert et créé le genre Lam- hlia^ genre unicjue de la famille des Lambliadés, constitué jusqu'ici par une seule espèce. La Lamblia intest inalis est longue de 10 à 16 ix, large de 5 à 10 p.. A son extrémité antérieure, elle possède une sorte de ventouse réniforme, et ;\ son extrémité postérieure deux longs flagellums. D'autres flagellums, au nombre de six, prennent insertion près de la ventouse. La Giardia agilis a un corps allongé, aplati et une extré- mité antérieure élargie ; les parties latérales du corps pré- sentent une petite crête très peu élevée et le renflement anté- rieur montre une ventouse qui n'est pas réniforme comme chez la Lamblie intestinale. Sa longueur totale est d'environ 22 ix. La Giardia alata (nov. sp.) (2) présente un corps formé de portions souvent assez nettement distinctes par un léger étran- glement, l'une supérieure plus grosse, à saillies parfois angu- leuses, la tête, l'autre inférieure plus étroite, plus dense, et constituant une sorte de cjueue locomotrice. Ces deux parties forment ordinairement entre elles un angle plus ou moins ouvert en arrière. L'ensemble a une longueur de 18 à 22 [7., une largeur de 4 à 5 [x, si l'on considère l'être de profil, et de 6 à 8 fx, vu de face. Les flagellums, au nombre de huit, ont au moins 14 [x ; ils restent souvent accolés au corps sur une lon- gueur plus ou moins variable. La tête, assez large, présente une ventouse arrondie, sur- montée parfois de saillies anguleuses, en arrière de laquelle l'on voit par transparence un double corps nucléole. Ces deux vésicules qui paraissent parfois réunies entre elles par un tractus, ne le sont peut-être qu'en apparence, par suite de la présence en un point des granules basaux des flagellums. Ces (1) J. KuNSTLER, Sur cinq Protozoaires nouveaux. C. R. Accid. dessc, 14 août 1882. — Histoire naturelle des lafusoires parasites. Annales se. nat. de Bordeaux et du Sud-Ouest, 1883. (2) J. KuNSTLER et Ch. Gi.neste, Giardia alala. C R Acad. des se, 25 fév. iy07. 30 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1907 derniers en eûet, qui semblent prendre naissance à la partie inférieure de la ventouse, s'insèrent en réalité au fond d'une cupule infundibuliforme et profonde, sur des granules greffés contre la paroi des vésicules céphaliques. Quatre de ces flagel- lums ont deux à deux et de chaque côté un granule d'insertion commun et les deux flagellums latéraux de la tête ont chacun un granule basai situé au sommet des corpuscules céphaliques, simulant un tractus d'nnion entre ces deux corps. De la face postérieure de la tête, au-dessus du point rétréci qui constitue SKANCK IH: 26 FKVIUKII 1907 31 une sorte de cou, se dégage un repli spécial qui se dirige vers la face ventrale, au-dessous de la ventouse, et se termine en deux pointes. Le corps ou queue est très mobile, très flexible et constitue un organe locomoteur d'une grande puissance. Le déplacement de lètre est certainement dû en très grande partie à cette ({ueuc si mobile, et il nest pas douteux que les flagellums n'aient le principal rôle dans la locomotion. Celle-ci pré- sente un mouvement onduleux analogue à celui de la queue du têtnrd. mais en même temps un mouvement de circum- duction, qui comnmnique à cet être un déplacement hélicoïdal d'une vivacité remdrquable. Il semble qu'il y ait dans cet être quelque chose de l'aspect des Spirilles, et le mouvement est tellement identique qu'on est, malgré soi. tenté de l'en rap- procher. Ce corps allongé est en réalité beaucoup plus aplati que ne le feraient supposer les mensurations précédentes. Cela tient à l'existence d'une incurvation en gouttière et surtout à la présence d'une double membrane élastique latérale, qui en augmente le diamètre apparent. Cette membrane, qui déborde latéralement, grâce à sa courbure, peut être vaguement com- parée au patagium de certains Mammifères plus ou moins volants; elle eommuui({ue, à l'être vu de face, un aspect général ovalaire. La disposition du corps est rarement rectiligne : tantôt il existe une double incurvation en S, et c'est là le cas le plus fréquent ; assez souvent aussi, l'on rencontre des individus enrou- lés sur eux-mêmes, en spirale, en hélice, ou bien dans le sens contraire, tordus en arrière, la partie céphalique formant angle droit avec la queue, et la ventouse déjetée en avant, avec une série d'étcits intermédiaires qui dénotent une grande molnlité réciproque de ces deux portions du corps. Pour l'étude pratique, cette forme, comme la première Giardie, prend difficilement les colorants ; niais sa fréquence, toute relative, en rend l'étude plus aisée que pour la Giardia a(jilis. Au point de vue de la nomenclature, une question délicate se pose ici. D'une part, il semblerait (]ue de notables dill'érences dussent faire du Giardia agilis et du Giardia alata deux espèces distinctes. D'un autre côté, il n'est pas douteux que les Giardia ne soient plus ou moins proches parents des Lamblia, avec Utill. de la Soc. Zool. de /'r.. VM)1. xxxii— 5 32 SKANCK DU 26 FÉVRIER 1907 lesquelles on serait tenté de les confondre, si ces dernières étaient plus fluettes. Dans ce dernier cas, le terme de Giardia aurait pour lui des droits incontestables de priorité. Toutefois, les différences (pie nous avons relevées entre ces diverses formes ne permettront sans doute pas une assimila- tion aussi complète, et il sera certainement nécessaire de maintenir à la fois le genre Giardia et le genre Lamblia. pour les grouper en une famille conmiune, formée cette fois de diiterentes espèces. IMMUNITÉ DE LA MARMOTTE EN HIBERNATION A L'ÉGARD DES MALADIES PARASITAIRES PAR R. BLANCHARD et MARC BLATIN (1) L'un de nous a entrepris, depuis plusieurs années, des études sur le parasitisme chez la Marmotte à l'état de veille et à l'état d'hibernation et ses réactions vis-à-vis de quelques toxines (2). rs'ous avons repris ensemble, depuis deux ans, une série d'expériences sur la résistance des Marmottes à l'infec- tion par les Trypanosomes. Nous nous sommes adressés pour cela à trois espèces différentes : Trypanoaoïna gambiense de la maladie du sommeil, virus de Brumpt et Wurtz ; Tvypano- soma Evansi du surra, virus que nous devons à l'extrême obligeance du professeur iXuttall, de Cambridge (Angleterre) ; enfin le Trypànosome d'El Debab, premier virus de M. le D"" Ed. Skkgknt. Nous remercions vivement nos savants collègues d'avoii' bien voulu nous fournir ces virus. Nous en indiquons soigneuse- ment l'origine, car leur degré de virulence est connu et nous ne pouvons pas affirmer que nos résultats se reproduiraient intégralement avec des virus de virulence différente. En outre, une expérience antérieure positive nous permet d'affirmer que la Marmotte éveillée est réceptive à l'égard du Tr. Brucei du nagana et une autre négative nous fait penser qu'elle ne l'est pas envers le Tr. Leivisi. (1; Voii' le travail in-extenso dans les Archives de Parasitologie, XI, 1907, p. 361 . {2) R, Blanchard, C. R. Soc. de biologie, LV, p. 731-741 et 1120-1126, 1903. SÉANCE DU 2G FÉVRIKR 1907 33 Nous faisons endormii' nos Marmottes et nous les mainte- nons en sommeil, en les mettant dans une cave d'une tempé- rature moyenne et assez constante de fi° et en les privant de nourriture. A une température inférieure à zéro, ou à une température subissant des oscillations, elles ne dorment pas ou dorment mai. Elles s'éveillent normalement tous les quinze ou vingt jours, pour quelques lieures. Nous n'avons pu tirer aucun résultat précis de l'étude de la température des animaux en expérience, car normalement la Marmotte en sommeil hibernal otfre de grandes oscillations de la température, allant de + 8° à + 35°. Nous avons pourtant vu souvent la température baisser progressivement deux ou trois jours avant la mort des animaux infectés, pour tomber à moins de 10" au moment de la mort. Cette cliute du thermomètre coïncide avec la mort des Try- panosomes qui, d'abord immobiles dans le sang, finissent sou- vent par disparaître tout à fait de la circulation périphérique. Pour voir si une Marmotte est infectée ou non par nos virus, il suffit d'examiner une goutte de son sang- à un grossissement de 400 à .")00 diamètres. Si quatre ou cinq examens, pratiqués à 48 heures d'intervalle, ont été négatifs, l'animal peut être regardé comme non atteint ou guéri. Du moins, de nombreuses inoculations dépreuve à des Souris nous ont-elles toujours montré que les choses se passaient ainsi. Nous pratiquons nos inoculations de la manière suivante : on dilue plus ou moins, selon leur richesse en Trypano- somes, (juelques gouttes de sang dans une solution de citrate de potasse au centième et nous inoculons un centimètre cube environ du mélange dans le péritoine de l'animal à inoculer. Nous avons toujours obtenu des résultats remarquablement identiques, que nous résumons comme suit : J° La Marmotte éveillée n'est pas sensible au Trijpanosoma Leioisi ; toutefois, l'unique expérience que nous avons faite avec ce virus demande contirmation ; 2° La Marmotte éveillée est à coup sûr sensible au Tr. Brncei, au Tr. ç/ambiense, au Tr. Evatisi, ainsi qu'au Trypanosome d'El Debab, si faible que soit la quantité de virus inoculée; 3" Toute Marmotte éveillée , inoculée avec ces Trypano- somes, est irrémédiablement condamnée à mort; les parasites apparaissent dans le sang et deviennent chaque jour plus nombreux. La maladie expérimentale a toujours une marche très rapide ; 4° Toute Marmotte dans le sang de laquelle est apparu un seul Trypanosome et qui ne s'endort pas , est fatalement condamnée ; o" Toute Marmotte dont le sang contient des Tr. gambiense ou des Tt\ Evansi, même en fail)le quantité, ne s'endort plus, alors même qu'on la place dans les conditions les plus favo- rables au sommeil. Ce résultat, constant dans nos expériences, peut être subordonné à la virulence des parasites enqjloyés ; (i" La Marmotte en état d'hi])ernation présente une immu- nité absolue envers les quatre Trypanosomes énumérés ci- dessus ; 1" L'inoculation est ordinairement négative, quand la Mar- motte ne se réveille qu'au Ijout de quatre à cinq jours ; toute- fois, ce délai peut être plus long, dans certains cas, et aller jusqu'au neuvième jour; 8'' L'inoculation est ordinairement positive, quand l'animal se réveille avant le quatrième ou cinquième jour ; 9° Les parasites ne se sont donc pas rassend)lés dans cjuel- que organe profond, tel que la rate, pour s'y maintenir en vie ralentie, repasser dans le torrent circulatoire et s'y multiplier, quand la température du corps devient plus favorable ; 10® La Marmotte dont le sang contient des Trypanosomes d'El Debab, même en aljondance, peut, en général, s'endormir et guérir, si on la met dans les conditions favorables iau som- meil, l ne fois guérie, on peut linoculer de nouveau avec le même virus, la réveiller, attendre que les Trypanosomes soient nomJ)reux dans son sang, puis la guérir de nouveau par le môme procédé ; 11° Les animaux qui ont été inoculés à l'état de sommeil et ciiez lesquels le virus ne s'est pas développé et même ceux (pii, ayant eu des Trypanosomes en abondance dans le sang, en ont guéri par retour à l'iiibernation, ne présentent pas la moindre immunité vis-à-vis des trypânosomoses en général ou vis-à-vis du même virus, celui-ci évoluant cliez eux comme chez des animaux neufs ; 12° Les Trypanosomes inoculés à l'animal endormi ne meurent pas très vite ; ils sont capables de résister de quatre à neuf jours au refroidissement, en milieu lymjjhatique ou sanguin, et de causer ultérieurement l'infection, si l'animal vient à se réveiller dans les délais voulus ; 13" Dans ce cas, l'infection part du moment du réveil, l'ani- mal inoculé dans ces conditions étant en retard sur les témoins SÉANCK DU 26 FKVRIEK 1907 35 (maintenus éveillés dès le moment de rinocnlation . dune période égale à la durée de sa torpeur; 14" La fin de la maladie est ordinairement annoncée par une chute progressive de la température. Ce refroidissement s'ob- serve également chez l'Homme dans la maladie du sommeil : il résulte de l'action exercée sur les centres nerveux: par les toxines éliminées par les Trypanosomes et accumulées dans le sang- ; 15° Quand ce refroidissement est très accentué et de longue durée, les Trypanosomes disparaissent du sang, où ils étaient jusque-là très nombreux : ils sont tués soit par les toxines elles-mêmes, soit par le refroidissement progressif du corps : 16" Chez la Marmotte en hibernation, les toxines font défaut: ce n'est donc pas une auto-intoxication qui empêche les Try- panosomes de se multiplier. L'hypothèse de la destruction des Trypanosomes par leurs propres toxines à la période algide de la maladie expérimentale, n'est donc pas soutenable. La seconde hypothèse, celle de la mort par refroidissement, reste seule debout ; 17° Cette même hypothèse donne la seule explication ration- nelle de l'imnmnité de la Marmotte en hibernation : les Try- panosomes sont inaptes à se multiplier dans le sang de l'animal hibernant et finissent par y mourir, à cause de la basse tem- pérature à laquelle ils sont soumis ; 18° 11 n'est pas nécessaire, d'ailleurs, (|ue la température soit très basse ; le point critique, au-dessous duquel les para- sites ne peuvent vivre dans le sang-, seml)le situé aux envi- rons de 16" ; 19^ A l'autopsie des Marmottes mortes de trypanosomt)se, on observe toujours une hypertrophie énorme de la rate, sou- vent aussi du foie. On trouv<' aussi assez frécpiemment des lésions hémorrhagiques du tube digestif. Immunité dk la Mahmotte knvkrs le SpirochcVla Diittoni. Grâce à l'obligeance de M. le D' Levauiti. nous avons pu expérimenter l'action du virus de la lièvre i; :26 FÉVHIEK 19()7 43 Cuv. ; Cynthia papillosa L. et C. scutellata Hell., Microcosmus vulgaris Hell. et M. Sabatieri RI. de petite taille, Styela plicata Les. — Ces espèces de Tuiiiciers abondent principalement sur les collecteurs du parc à Huîtres, mais vivent aussi sur les enrochements et la miu^aille du quai. Plusieurs particularités, otfertes par cette liste, méritent une mention : 1^ Mélange de faunes . — Cette association faunistique com- prend, à la fois, des espèces franchement littorales, et des espèces provenant des fonds coralligènes et vaseux du large. Les premières se trouvent dans leurs conditions habituelles ; mais non pas les secondes, qui liabitent ordinairement des eaux à salure normale, par 30 à GO mètres de profondeur moyenne. Or, dans le port de Bonifacio, elles vivent en eau légèrement saumfttre, à des profondeurs fort réduites. Ceci ne les empêche pas de prospérer. Les Ascidies notamment, assez sensibles cependant, pullulent en grand nombre. Un tel mélange de faunes pourtant dissemblal)les a été signalé plusieurs fois, dans des conditions identiques : un golfe abrité, et une eau quelque peu sauinâtre, même souillée de détritus organiques. Nulle part, cependant, il n'est aussi complet que dans ce fiord de Bonifacio, à la faveur des circonstances particulières qui s'y réalisent. Le peuplement s'est fait, sans doute, depuis les fonds coral- ligènes du large, fort étendus et riches autour de la Corse et de la Sardaigne, grâce aux courants. Les larves, entraînées, ont pénétré par le goulet, et, trouvant un milieu favorable, ont ach(îvé leur évolution, se mélangeant aux formes côtières et autochtones. 2° Origine de la faune. — Le Golfe de Bonifacio, à en juger d'après la correspondance laissée par H. de Lacazk-Dutiukrs, était, voici un demi-siècle, peu riche en animaux. Sans doute, les choses s'ofiraient partout comme elles se présentent encore sur la plupart des points : les falaises à pic et les rochers abrupts, les plages basses, ne donnent point des conditions très convenables. Depuis cette époque, on a construit un quai, et aménagé un parc à Huîtres, dans la région la plus lran([uille, la plus éloignée du goulet. Le parc possède comme collecteurs des tuiles demi-cylindriques. Les interstices des enrochements, les faces inférieures de ces tuiles, constituent autant de lieux choisis, qui manquaient autrefois, qui procurent aujourd'hui 44 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1907 des abris bien disposés. C'est là que j'ai trouvé et recueilli les animaux dont la liste précède. Une circonstance, de bien faible valeur pourtant quant à l'espace où elle s'exerce, a donc suffi pour modifier complète- ment le caractère primitif de la l'aune^ sous le double rapport de sa composition et de sa richesse. Le temps nécessaire à raccomplissemcnt d'un tel changement est fort restreint, car le voyage où H. de Lacaze-Duthiers put constater l'ancienne pénurie de la faune date de l'époque vers laquelle l'illustre zoologiste se livrait à ses célèbres études sur le Corail. 3° Caractère particulier de la faune. — La qualité principale tient au mélange des espèces, mais une qualité nouvelle, et fort suggestive, découle de l'allure offerte par les représentants de certaines d'entre elles. Parmi les formes des fonds coralli- gènes et vaseux du large, plusieurs, qui ont essaimé dans le port de Bonifacio, et qui s'y sont propagées, atteignent ordi- nairement une grande taille. Or, leurs représentants du fiord ne parviennent jamais à leurs dimensions normales, ils ont beau pulluler en tant que nombre d'individus ; ils demeurent petits, et de médiocre stature. Deux espèces, surtout, sont remarquables à cet égard : un Tunicier, la Phallusia rnammil- lala ; un Echinoderme, VAstropecten aurantiacus. Les dimen- sions moyennes des individus atteignent tout juste le tiers, parfois le quart, des mesures halntuelles. Ces êtres composent de véritables variantes naines, nettement localisées et circons- crites, semblables en tout, sauf par la taille, au type spécifique et normal. Je rapporte cette particularité à ces cas de nanisme évolutif, dont j'ai déjà signalé un autre exemple, pris parmi les Poissons. h' Atherina Riqueti àw Canal du Wvài se doit considérer comme une forme dérivée par nanisme de r.4 . Boyeri méditerranéenne, tout comme cette dernière est, à son tour, une forme issue par nanisme de \A. preshyter océanique. Conclusions. Ces observations conduisent à formuler quelques conclusions qui les résument et les expliquent : A. — Les faunes habituelles des divers horizons de la zone littorale ne sont pas cantonnées de façon exclusive, contraire- ment à ce que l'on admettait jadis. Les investigations faites par M. le Prof. Prlvot ont déjà montré que ces horizons ne SÉANCE DU 26 FÉVUIKU 1907 45 comportent point des distinctions aussi tranchées. Il convient d'ajouter à cette notion le complément relatif A la facilité avec laquelle plusieurs espèces de diverses zones, notamment celles des fonds coralligènes, essaiment vers la cAte et parmi les espèces littorales, les larves servant d'agents migrateurs. B. — 11 devient nécessaire d'admettre, au sujet des faciès de la zone littorale, qu'il en existe de deu.v catégories : les simples et les mixtes. Les premiers comportent seulement des espèces de semblable constitution œcologique. Les seconds renferment des espèces de plusieurs provenances. Celui du fiord de Bonifacio, et de toute autre localité similaire, appar- tient à cette sorte. La notion relative à ces faciès mixtes importe autant au paléontologiste qu'au zoologiste, car elle peut rendre délicate 'l'attril^ution orogénique de certaines associations faunistiques. C. — La période de temps nécessaire pour créer une faune abondante en un lieu déterminé peut n'être point considérable. Il suffit qu'une condition favorable, absente autrefois, vienne à se réaliser. Les migrations annuelles des larves font le reste, et introduisent, en peu d'années, un nombre élevé d'individus. D. — Les faunes à faciès mixte, ainsi produites grâce à des circonstances particulières, revêtent une allure qui leur est propre, et subissent des modifications évolutives, dont l'am- pleur et la portée se mesurent d'après les conditions environ- nantes. M. DE Bealchamp. — Le fait pour des Ascidies et des Echi- nodermes de vivre dans de l'eau saumàtre est fort rare. M. CouTiÈKE. — Comme exemple de modification rapide dans la faune, je puis dire que le Homard, jadis inconnu à Bou- logne, y est apparu depuis la construction de la digue, qui lui a fourni les abris rocheux dont il a besoin. Séance du 1'2 7nars 1907 . PRÉSIDENCE DE M. PRUVOT, PRÉSIDENT. M. Fei'iiand Chabot, ingénieui-architecte, à Aiilt (Somme), est présenté par MM. Blanchard et Petit. M. Desnos, aviculteur, à la Ferté-Bernard (Sarthe), est présenté par MM. Beauclair et Rotrou. M. Petit présente un Lapin de garenne de couleur Isabelle, qui a été tué dans le département de lîi Marne. Cette variété est fort rare, tandis que les individus noirs sont relativement fréquents, notamment en Sologne, M. Trouessart signale qu'un Léporide a été récemment apporté au Muséum. M. Chatton rapporte ses observations sur Caullerya Mesnili, n. g'., n. sp-, Protiste parasite de lépithélium intestinal des Daphnies {Daphnia nuu/na Strauss et D. pulex de Geer). A cause de l'état plasmodial des stades végétatifs, du mode de formation et de la structure simple des spores, ce parasite doit être classé parmi les Ilaplosporidies de Caulleuy et Mesnil, Ses spores idurinucléées en font une forme intermédiaire entre les familles des Haplosporididœ et des Cœlosporididx. La membrane de ces spores donne avec l'iode une réaction violette, analogue à celle que fournit la membrane des champignons, par exemple . M. de Beauchami» fait remarquer à ce propos que les cellu- loses, qui sont des hydrates de carbone jiroprement dits, et les chitines, qui en diffèrent par l'introduction d'azote dans la molécule sous forme de groupement aminé, donnent avec riode, avec ou sans action préalable du chlorure de zinc, de l'acide iodiiydrique, etc., des colorations bleues, violacées ou brunes, très variables selon les cas, et dont il est actuellement difficile de tirer des conclusions formelles pour les distinguer les unes des autres, en l'absence d'une analyse ciiimique inqiossible sur les objets microscopiques. M. Trouessart annonce c{ue le Congrès de la chasse se réu- nira à Paris au mois de mai. il v aura une section de zooloaie SÉANCE DU 12 MARS 1907 47 et une de législation. La question la plus importante dont il devra s'occuper est celle de la protection du gibier et spécia- lement des Oiseaux utiles. La cotisation sera de 10 francs. Les membres du Congrès auront leur entrée à l'exposition canine et divers autres avantages. RECTIFICATION PAR P. MARCHAL Dans une note sur l'importation aux Etats-Unis des parasites de Liparis chryaorrhœa (séance du 18 décembre 1906^ p. 142), j'ai dit que grâce au concours de M. Rabaté, professeur spécial d'Agriculture, 15000 nids hivernants de Liparis avaient été envoyés de la région de La Châtre (Indre). Je tiens, k ce pro- pos, à réparer une omission bien involontaire en disant que la Station entomologique de Rennes, dirigée par mon excellent ami M. Guitel, a pris une part très importante dans cette expérience, et que M. Houlbert, s'étant transporté dans le département de l'Indre, s'est lui-même chargé d'adresser les 15000 nids en Amérique, par l'intermédiaire de M. Oberthir. Bull de la Soc. Zool. de Fr., 1907. ïXxn-6 Séance du ^26 mars 1901. PRÉSIDENCR DE M. TROUESSARÏ, ANCIEN PRÉSIDENT. M. Fernand Chabot, ingénieur-architecte, à Ault (Somme) et M. Desnos, aviculteur, à la Ferté-Bernard (Sarthe), présentés à la précédente séance, sont proclamés membres de la Société. M. .1. Pellegrin fait hommage à la Société d'un opuscule sur les pêcheries de la côte de l'Afrique orientale française, relatant de très intéressants essais de conservation et d'ex- portation de Poissons capturés dans la baie de Tadjourah. M. Petit donne quelques renseignements sur la pêche sur la côte occidentale d'Afrique. M. Trouessart fait une communication sur la coloration du pelage de certains petits Mammifères. D'une façon générale, la teinte de ceux-ci est terne. Dans certaines régions, cepen- dant, on voit apparaître des colorations assez spéciales. M. Trouessart a fait connaître jadis une (lerbille de Tunisie, Gfirhilbts Lataslei, au pelage non pas Isabelle, mais couleur chair, rose orangé. Or, il vient de recevoir de régions voisines, une Gerboise absolument de même teinte. M. Miller^ qui a parcouru le centre et le midi de l'Espagne, a montré à M. Trouessart, il y a peu de temps, des Campagnols, des Rats, d'une coloration argentée très caractéristique. Il semblerait que, dans ce pays, cette nuance soit assez répandue. Ouvrages offerts. R. Anthony, Études et recherches sur les Édentés Tardigrades et Gravigrades. — 1. Les coupures génériques de la famille des Bradypo- didœ. — 2. Les attitudes et la locomotion des Paresseux. Archives de Zoologie expér. et gén., VI, p. 31-72, pi. I-H, 1906. J. Pellegrin, Les pêcheries de la côte de l'Afrique orientale fran- çaise. Bull. Soc. centr. Aquiculture, p. 299, déc. 190G. Sf'ance du 9 avril 1907 . PRESIDENCE DE M. HÉROUARD, ANCIEN PRÉSIDENT. M. Pruvot, Président, s'excuse de ne pouvoir assister î\ la séance. M. René Paquet, 34, rue de Vaugirard, à Paris, et à Woippy, par Metz (Lorraiue), est présenté par xMM. R. Blanchard et X. Raspail. M Ylès expose ses recherches, faites en collaboration avec M. R. Dubois, sur la reptation des Fissiirelles. La progression peut être due aux cils vihratiles de la sole pédieuse, à l'afflux du sang ou à l'action des muscles du pied. Or si, par exemple, on enlève d'un coup do rasoir la plante du pied d'un animal en reptation et qu'on repose Tanimal snr un plan de verre, il se remet à ramper. Dans cette expérience, les cils vihratiles sont supprimés et les sinus sanguins du pied large- ment ouverts. Dans une seconde expérience, on voit l'animal ramper après une saignée à blanc. Les muscles agissent donc seuls. La paralysie des muscles empoche immédiatement la reptation. L'inscription directe des contractions musculaires du pied montre, d'ailleurs. (]ue celles-ci se produisent successive- ment dans les diverses parties de la sole pédieuse. M. IlÉRouARD. — lue section horizontale, faite dans l'épais- seur très grande des muscles pédieux, ne lèse que quelques petits sinus superficiels et ne détermine certainement pas une saignée à blanc; elle ne doit pas rendre tout phénomène de turgescence impossible. M. Vlès. — Notre expérience, démonstrative au point de vue des cils vihratiles, ne l'est pas, en effet, au point de vue de la turgescence. M. Robert. — Le rôle prépondérant des muscles du pied dans la reptation des Hliipidoglosses ne peut faire aucun doute, et il est facile de le constater à l'œil nu. On voit, en elïet, très facilement, sur la face plantaire du pied, les muscles se con- tracter successivement, suivant des ondes qui se déjîlacent. 11 y a dans les deux moitiés, droite et gauclie, de la sole pédieuse, une ou au plus deux ondes contractées, alternant 50 SÉANCE DU 9 AVRIL 1907 d'un côté à l'autre de la lij^ne médiane et cheminant réguliè- rement d'arrière en avant; les contractions successives des muscles sont donc visi])les sans inscription. Les régions dila- tées du pied sont accolées au substratum; par ce mouvement d'ondulation, les points de fixation se déplacent régulièrement. M. Petit présente des parasites recueillis dans l'estomac d'un Vautour fauve. M. Secques annonce qu'il cherche des renseignements sur les animaux que les anciens employaient dans les jeux du cirque. Ouvrages offerts. R. Dubois et F. Vlès, Loeomolion des Gastéropodes. C. R. Acad. se, 18 mars 1907. F. Vlès, Sur l'existence de la Mye dans la Méditerranée. Bull. Inst. océanogr. Monaco., n° 94, 20 février 1907, PHÉNOMÈNES DE LA PARTURITION CHEZ LE RAT BLANC PAR E. BRUMPT Les phénomènes de la parturition chez les petits mammifères semblent avoir été assez peu étudiés, et, comme leur description peut être d'un certain intérêt, nous croyons bon de résumer dans les lignes qui suivent ce qu'il nous a été donné d'observer chez un Rat blanc femelle, primipare, âgé d'environ cinq mois. Le 7 avril 1907, nous mettons en observation un jeune Rat blanc femelle, ayant, depuis quelques heures, des contractions de la paroi abdominale faisant prévoir une parturition prochaine. Entre 11 h. 4o et 12 h. 15 elle expulse trois petits. A 12 h. 45, elle tire de sa vulve des fragments de membrane et lèche le liquide amniotique citrin qui s'écoule ; peu après, un jeune se présentant parole siège, est expulsé; il est immé- diatement débarrassé de ses membranes et léché ainsi que le cordon ombilical qui le relie à sa mère. Cette dernière tiraille légèrement le cordon mais ne cherche pas à le couper. A 12 h. 55, la femelle tire sur des membranes placées à côté du cordon du quatrième fœtus; elle extrait et mange SÉANCE DU 0 AVRIL 1907 51 rapidement un placenta pourvu d'un fragment de cordon. Ce placenta appartenant au troisième fœtus était évidemment logé dans une autre corne utérine que le quatrième fœtus puisque le placenta de celui-ci est encore en place. A 1 heure, en tirant sur le cordon du quatrième petit, l'animal amène le placenta qui est encore réuni au jeune, et, avant même de couper le cordon, commence à dévorer les annexes fœtales. C'est ce fœtus pourvu de son placenta que nous avons conservé dans le formol et qui a été présenté à la Société. A 1 h. 35, après (pielques efforts, un cinquième fœtus vient par le siège, il reste uni à sa mère par le cordon. A 1 h. 42, un sixième petit se présentant par le sommet est rapidement expulsé avec son placenta. Ce fœtus était évidemment logé dans une autre corne utérine que le cinquième puisque le placenta de ce dernier est encore dans l'utérus. Ce sixième petit est léché légèrement et abandonné sans que son cordon ait été coupé. A ce moment la femelle cherche à se débarrasser du cinquième petit et en posant ses pattes sur lui, accidentellement nous le supposons, le cordon se rompt; comme il en reste encore environ un' centimètre après le fœtus, la femelle le ronge jusqu'au ras de la peau. A 1 h. 47, un septième fœtus se présentant par la tête est expulsé ; il reste réuni à sa mère par le cordon. A 1 h. 55, le placenta du cinquième fœtus est extrait, la femelle inspecte souvent le cordon du septième fœtus ; elle le lèche , le tiraille légèrement mais ne cherche pas à le couper. A 2 heures, un huitième fœtus se présentant par le siège est expulsé en même temps que son placenta; la femelle com- mence par manger le placenta et de proche en proche dévore le cordon jusqu'au ras de la peau du jeune. A 2 h. 5, elle extrait le placenta du septième fœtus et le mange rapidement ainsi que le cordon et s'arrête au niveau de la peau du fœtus. A 2 h. oO, un neuvième petit se présente par le siège ; il est expulsé et reste uni à sa mère par son cordon ombilical. A 2 h. 55, en tirant sur le cordon, la femelle le casse ; elle en mange la partie qui tient encore au fœtus. A 3 h. 5, le neuvième placenta est extrait et dévoré. A ce moment la femelle semble plus tranquille ; elle doit avoir encore un dixième fœtus à expulser car elle est encore 5*2 sKANCi-: DU 9 aviul 1007. grosse et inspecte souvent sa vulve. Elle rassemble des élé- ments pour faire son nid et lèche ses profits. A îi h, 20, elle recherclie avec avidité l«'s placentas qu'elle n'avait pas eu le temps de manger plus tôt et les dévore. Elle mange le placenta qui tient encore au sixième fœtus mais ne semble pas s'intéresser à ce dernier qui est livide et ne respire plus. L'autopsie de cette femelle, faite par M. Blaizot quarante- huit heures plus tard, nous a montré qu'elle avait expulsé un dixième fœtus (pielques heures après les neuf premiers. De cette observation il résulte que : V La présentation des fœtus se fait indillérennnent par le siège ou par le sommet. 2" Le cordon ombilical ne se rompt pas spontanément comme chez la Gerboise, et, quand il se rompt accidentelle- ment, ce n'est pas au niveau de l'ondiilic, mais à une certaine distance. 3" Certains tVrtus sont expulsés avec leur ])lacenta et leurs annexes; chez d'autres le cordon se casse, ou est rompu par la mère, et la délivrance constitue une opération à part. 4° Les fœtus qui se trouvaient au nombre de dix, six dans l'utérus droit, (quatre dans le gauche, ont été expulsés succes- sivement, mais sans aucune régularité. Des observations rela- tées ci-dessus nous croyons pouvoir dire que la corne droite renfermait probablement les fœtus 1, 3, 5, 8, 9 et 10 et l'utérus gauche les fœtus 2, 4, G et 7. De toutes fa<,-ons nous pouvons affirmer que les fo3tus 3, o, 8 et 9 se trouvaient dans une corne utérine et les fœtus 4, 6, et 7 dans l'autre. M. Thouessart. — 11 est probable que le cordon ombilical se rompt ou ne se rompt pas, suivant qu'il présente un dia- mètre plus ou moins considérable. On observe à cet égard de grandes variations chez tous les Mammifères. Le fait de dé- vorer les placentas est la règle générale. J'ai même vu une (Chatte, assistant à la parturition de sa fille, aider celle-ci à manger ses placentas. Séance du '23 avril 1907 . PRÉSIDENCE DE M. PHUYOT, PRÉSIDENT. M. HoBEUï s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. LK Présidkm met à la disposition des Membres de la Société la liste de souscription pour l'érection du monument Lamarck. M. Versluys remercie la Société du prix de Guerne qui lui a été attribué. M. Paquet, présenté à la précédente séance, est proclamé membre de la Société. M. Pellegrin oll're un Mémoire sur une collection de Poissons recueillis par M. Haug" dans l'Ogooué ; ce sont presque toutes des espèces marines, bien que les individus aient été recueillis dans des eaux douces, à 40 kilomètres du rivage. M. DE Beauchamp. — Le Gange et d'autres fleuves tropicaux renferment Ijeaucoup de formes marines ; il peut arriver que des lacs situés sur le cours de ces fleuves reçoivent ainsi des espèces marines, et si, plus tard, le fleuve vient à être déplacé de son cours, on peut tomber dans l'erreur qui consiste à inter- préter ces lacs comme une ancienne mer dessalée (lacs dits résiduels). M. Petit. — L'Ogooué a un cours lent qui ne s'oppose pas à la montée des Poissons ; il n'en est pas de même pour le Gongo, dont ces animaux ne peuvent pas remonter le courant rapide. M. DE Beauchamp. — M. l*elseneer a soutenu que la présence de formes marines dans les fleuves tropicaux tient à la dessalure des estuaires par la rapidité et l'abondance de leurs eaux qui pénètrent loin dans la mer. 11 se ferait ainsi une transition ménagée qui favoriserait l'adaptation des formes marines à la vie dans les eaux douces. M. Pellegrin fait une communication sur les Poissons d'eau douce de Madagascar. Les espèces réellement dulcaquicoles sont relativement rares dans la grande île africaine. En effet, 54 SKANCK T)U 23 AVllIL 1007 en dehors de familles semi- marines comme les Mui^ilidés, les Athérinidés, les Go])iidés, Madagascar ne possède en propre qne quelques Silures, quelques (ïyprinodontes, quatre Cichli- dés. D'énormes familles très richement représentées dans rindc et en Afrique comme les Cyprinidés y font complètement défaut (I). De même pour les Characinidés si abondants dans les eaux douces du noir continent et de l'Amérique tropicale. Les caractères de la faune ichthyologique dulcaquicole de Madagascar sont donc surtout négatifs. Ouvrages offerts P. M.vRCHAL, Rapport sur la Teigne de la Betterave et sur les dégâts exercés par cet Insecte en 1006. Bulletin de l'Office des renseignements agricoles, 1907, n» 1, G p. P. M\RCHALel J. Vergieb, Un nouvel ennemi duP'ramboisier [Agr'dus chrysoderes, var. rubicola). Bulletin de VOffice des renseignements agri- coles, 1906, n° 12, 6 p. (1) Abstraction faite du Cyprin doré {Carassiiis auratus L.) iatrpduit récemment et qui y pullule au détriment des espèces indigènes. Srance du // fH'/i 1907 . PHÉSIDENCE DE iM. MARCHA L, VICE-PRÉSIDEMT. M. Manuel J. Rivera, i)i'ofesseur d'entomologie appliquée à rinstitut agricole du Chili, assiste à la séance. L'Académie des sciences de >'ew York annonce qu'elle célébrera le 23 mai le centenaire de la naissance de Linné. Le comité pour la célébration du troisième centenaire d'Ulisse Aldrovandi invite la Société aux fêtes qui auront lieu à cette occasion à Bologne les 11 et 13 juin prochains. M. Perroncito est désigné pour y représenter la Société. La Société est a\dsée que le premier congrès international des industries frigorifiques se tiendra à Paris au mois de juin 1908. Le comité d'organisation du congrès des Pêches maritimes invite la Société à prendre part aux travaux du congrès qui aura lieu à Bordeaux du 14 au 20 septembre 1907. MM. de GuERNE, Kunstler et Pérez sont désignés pour représenter la Société. M. Auguste QiiDOR, licencié ès-sciences, demeurant à Paris, 40 rue ïrézel, est présenté par MM. Hérouard et Robert. REMARQUES SUR LA PROGRESSION DES RHIPIDOGLOSSES PAR A. ROBERT. La récente communication de M. Vlès (1) sur la reptation des Gastéropodes, m'a remis en mémoire d'anciennes observations faites sur les Rhipidoglosses et dont j'ai parlé incidemment dans mes « Recherches sur le développement des Troques » (2), (1) Bulletin de la Soc. Zool. de France, séance du 9 avril 1907. — R. Dubois et F. Vlès, Locomotion des Gastéropodes, Comptes-rendus Acad. se. Paris, 18 mars 1907. (2) Archives de zoologie expérimentale, (3), X, 1902, p. 269-538. 56 SÉANCK l)L 14 MAI 1007 p. 277, Voici quelques notes complémentaires qui n'ont nulle- ment la prétention de proposer une nouvelle théorie de la reptation de ces animaux, mais seulement d'établir le schéma général de ce mouvement, tel qu'on peut le déduire de la simple observation. La face plantaire du pied d'un Uhipidoglosse, un Troque par exemple, se montre à l'œil nu divisée en deux parties, droite et gauche, chacune d'elles étant traversée de multiples stries transversales. L'espèce Tiochocochlea crassa Pult se prête très bien à cette oljservation : le pied y est coloré en gris noirâtre et les stries d'un blanc jaunâtre y sont très visibles. Elles sont au noml)re dune cinquantaine ; sur la plus grande longueur du pied, elles sont exacte- ment transversales. Sauf de très rares excep- tions, elles sont toutes interrompues sur la ligne médiane. Là il existe assez souvent une ou deux stries longitudinales, interrom- pues de place en place ; ou bien les stries transversales d'un même côté continent entre elles à leur extrémité interne. Quelquefois aussi des stries dessinent au milieu du pied une série longitudinale plus ou moins régu- lière d'alvéoles vaguement quadrangulaires. La plupart des stries transversales sont lé- '^' — ^^ce plantaire oèrement sinueuses; beaucoup présentent du Troque. ~ . . ' ^ ^ des mterruptions , ou ne traversent pas toute la moitié correspondante du pied. Des stries plus courtes comblent alors les vides et s'introduisent entre les plus longues, surtout du côté externe. Malgré ces irrégularités, chaque moitié du pied, sur sa plus grande longueur, donne l'impression d'une division transver- sale régulière par des stries grossièrement éc|uidistantes. Vers les deux extrémités, ces stries, tout en conservant les mêmes caractères, se rapprochent progressivement de la direction longitudinale, qu'elles atteignent tout près de la ligne médiane. Ces stries blanchâtres marquent d'ordinaire, dans les parties plus ou moins contractées, le fond de sillons de la face plan- taire. Si maintenant on observe l'animal progressant régulièrement contre la vitre d'un acpiarium par exemple, on remarque bien vite, sur chaque moitié du pied, deux ondes contractées^ c'est- à-dire deux régions sur lesquelles les stries sont rapprocliées sÉANCK Dr 14 MAI 1907 57 les unes des autres (lig. l). Ces ondes s(! déplacent régulière- ment d'arrière en avant. Quand l'une d'elles disparait à rextrémité antérieure, il s'en forme une nouvelle à l'extrémité postérieure, de manière qu'il y eu a toujours une au moins et deux au plus sur chacune des moitiés du pied. Normalement elles alternent d'un côté à l'autre de la ligne médiane, une onde contractée à gauche correspondant à une région dilatée à droite et réciproCK DU 25 JUIN 1907 71 Cet Oiseau, dont il importe donc de diminuer autant (|ue possible le nombre, est très déliant et difficile à tuer au fusil; on le prend par contre très facilement an filet. C'est par ce procédé que je me suis procuré les échantillons examinés ci- dessus, et cela malsré un vent violent et très défavorable. Cette chasse, inventée par un ornithologue distingué, Lacor- DAiRii. inspecteur des Télégraphes à Dijon, étant peu connue, je crois bien faire de la rappeler ici. In Oiseau empaillé, femelle ou jeune mâle de cette espèce ou du Buzard Saint- Martin {Circiis ct/aneus Linné) est posé à terre. A un mètre de lui environ, on place verticalement entre deux arbres ou, à défaut, entre deux branches plantées à cet efl'et, un filet fin. teint en vert, à mailles de 0"'06 sur 0" 06^ d'environ 2"' 50 de hauteur sur 3 à 4 mètres de longueur, fixé légèrement par ses extrémités supérieures. Le Buzard, se précipitant sur l'appelant, se jette dans le filet qui cède et va lomber enveloppé par les mailles à plusieurs mètres de là. Mâles et femelles se prennent également . Complètement ahuri, l'iJiseau se laisse saisir et étouffer sans aucune résistance ; il n'en est pas de même du Buzard Saint- Martin, que l'on prend par le même procédé et qui se défend énergiquement. A quel sentiment obéit le Buzard en se précipitant ainsi sur l'appelant? C'est ce que je ne saurais dire. Il semble pourtant que ce n'est pas la jalousie, car cet Oiseau ne s'occupe nulle- ment de ses congénères vivant dans son voisinage et, dans ce cas, il se précipiterait aussi bien sur un mâle empaillé, ce qui n'a pas lieu. Il est probable qu'en remplaçant la femelle de Buzard par un Grand-Duc on prendrait par ce procédé d'autres espèces d'Oiseaux de proie. M. L. Petit. — Le Grand-Duc enq^aillé et articulé a déjà été employé dans des conditions analogues et a en elJet donné d'excellents résultats à notre collèeue M. Rolllnat. 72 SÉANCE DU 25 JUIN 1907 LA PERDRIX DE MONTAGNE, PERD IX MONTANA (Brisson) PAR ERNEST OLIVIER La perdrix grise [Starna cinerea Lath.), communément répandue dans toute l'Europe, offre de nombreuses variétés de coloration. La couleur marron peut prendre un développeuîent anormal jusqu'à envahir parfois tout le plumage de certains sujets ; chez d'autres, elle se fonce et tend k devenir brune ou noire sur le corps entier ou sur quelques parties seulement; les cas d'albinisme partiel ou total s'observent aussi de temps en temps çà et là. Il est digne d'attention qu'aucune de ces variations ne se perpétue : elles sont toutes absolument accidentelles et on ne les retrouve généralement plus dans la légion où l'année pré- cédente on les avait rencontrées. La mieux caractérisée est celle que Brisson avait élevée au rang d'espèce et qu'il a décrite et figurée sous le nom de Perdrix de montagne [Ornithologie^ Tome I, p. ^^4, pi. XXI, fig. S — 1760 — ) : la tête, la gorge et le haut du cou sont d'un fauve roussâtre ; le bas du cou, la poitrine, le haut du ventre, les flancs, les sous-caudales, le dessus du corps et les ailes d'un brun marron ; le bord des plumes est liseré de fauve sur la partie supérieure du dos et sur les ailes ; les six rectrices médianes sont d'un marron brun et bordées à l'extrémité de gris blanchâtre, les latérales sont d'un marron clair. Comme coloration, cette variété est tout à fait distincte du type ; mais elle en conserve les formes et les proportions et il n'y a pas lieu de la considérer comme un hybride issu du croisement de la Perdrix grise et de la Perdiix rouge, comme quelques chasseurs le prétendent ; car elle a tous les caractères de la première espèce et aucun de la seconde. Elle se rencontre très rarement par unique individu dans une compagnie où toutes les autres Perdrix ont leur couleur normale et il est très remarquable que cette variété, qui ne se reproduit pas et apparaît, par hasard, çà et là, à intervalles éloignés, affecte toujours la môme constance dans son système de coloration. SÉANCE DU 25 JUIN 1907 73 Brisson et après lui la plupart des ornithologistes disent d'une façon vague qu'on la trouve sur les montagnes ; Vieillot l'indique dans les Vosges ; Degland et Gerbe, dans la Seine- Inférieure ; de la Rue, aux environs de Dieppe. D'après Fatio, on la capture fréquemment en Italie. Au Muséum de Paris il en existe trois individus, deux portant la mention générale : 'Perdrix do Montagne. Europe, le troisième étiqueté Egypte. Le sujet dont nous donnons la photographie a été tué au mois d'octobre dernier (1906) près de Beaulon (x4.11ier). Il faisait partie d'une com- pagnie dont tous les autres perdreaux avaient leurs couleurs typiques et on n'en avait jamais observé de semblables dans la région. 74 sÉANcr: du 2o jli>" 1007 SUR UN NOUVEAU MICROSCOPE ET SES APPLICATIONS A LA MICROPHOTOGRAPHIE STÉRÉOSCOPIQUE PAR A, QUIDOR et A. NACHET Cet appareil, construit par la maison Nachet, satisfait à tous les besoins du laboratoire : dissections fines, histologie, cyto- logie, réductions ou agrandissements photographiques de dessins ou de planches. Mais notre objet principal est de per- mettre la représentation stéréoscopique des objets, depuis les infiniment petits jusqu'à ceux dont la taille atteint un mètre. Les appareils binoculaires permettent bien, il est vrai, la photographie stéréoscopique ; mais leur champ d'action est très limité parle principe même de leur construction qui ne permet pas remploi d'objectifs puissants. Deux objectifs faibles sont accouplés et prennent simultanément une vue de l'objet sur deux petites plaques indépendantes de 55 millimèlres de côté. Le grossissement en diamètre varie de 11/6 à 11, et la taille des animaux, exprimée en millimètres, doit être sensiblement comprise entre 30 et 3. Au point de vue photographique^ notre appareil présente tout d'abord sur l'appareil binoculaire l'avantage d'avoir, à grossissement égal^ un champ superficiel beaucoup plus étendu. 11 permet d'ailleurs la représentation des animaux, depuis les infiniment petits jusqu'à ceux dont la taille atteint un mètre et le rapport linéaire de l'image à l'objet varie de 350 à 1/15. Le principe en est aussi simple que la manipulation. Il difTère en effet des microscopes ordinaires dont il possède tous les perfectionnements par l'indépendance de la platine qui est Légende de la Figure. ^I, corpf! du microscope : 0, objectif; F, bouton laano^uvfant la crcmaillèi'e de mise au point; G, centre de rotation; E, ind(!X mesurant l'inclinaison ; S, bouton de serrage immobilisant l'appareil dans ses positions successives. P, platine, indépendante du microscope, à rotation et à mouvements rectangulaires, déplacement vertical' par la vis micrométrique L ; b, l'un des boutons connuan- dant les mouvements rectangulaires; i, index affleurant à un point de repère de L quand la face supérieure de la platine passe rigoureusement par l'axe de rotation C. N, chainbye noire et son châssis Sx 16; AB, A'B', les deux positions successives du châssis pour la prise d'un cliché stéréoscopique; D, tige-support de la chambre fonctioDnant : (a) comme annexe du microscope, (6) comme chambre indépendante munie d'un objectif photographique ; ï, double tube empêchant toute infiltration de lumière difl'use ; V, lame pour obturer ou diaphragmer. SÉANCE DU 25 JUIN WH)! iO 76 sÉAiSCE DU 25 JUIN 1907 mobile dans le sens vertical au moyen d'une vis micromé- trique L. De plus, le microscope proprement dit comprend une partie basilaire fixe, sur laquelle s'articule la partie supérieure portant objectif et oculaire et susceptible de prendre, à gauche et à droite de l'axe de symétrie de l'appareil, une inclinaison donnée. La simple adjonction d'une chambre noire permet de prendre automatiquement, et sur une même plaque Sxl6, deux vues du même objet sous un angle différent. Les photo- graphies se font avec ou sans oculaire. Elles sont à relief direct. La loupe nécessaire à la dissection et l'objectif utilisé par l'histologiste donnent des grossissements linéaires variant de 4,5 à 200. Quand le relief des objets et la profondeur des objectifs sont tels que la photographie devient impossible, on peut obtenir par la chambre claire et sous deux angles différents, deux dessins du même objet dont on aura par suite la représentation stéréoscopique. Le grossissement pourrait atteindre 1250 dia- mètres. Pour les animaux dont la taille est supérieure à 15 milli- mètres, la chambre noire subit une rotation de 180 degréî^, reçoit un véritable objectif photographique et devient relative- ment indépendante du microscope. Le grossissement linéaire décroît alors de 3,4 à 1/15. L'appareil, abstraction faite du microscope, rappelle alors c»'hii de Scheffer. Il importe dans tous les cas que la face supérieure de l'objet coïncide rigoureusement avec l'axe de rotation. A cette condi- tion seule, l'objet restera centré, et la mise au point demeurera invariable pendant les deux opérations successives. Un premier procédé, suffisamment exact quand il s'agit de grossissements moyens, consiste à placer approximativement l'objet au niveau de l'axe de rotation, l'appareil étant au zéro, c'est-à-dire dans la position verticale. On incline d'un angle a. Si l'animal ne reste pas centré, c'est c[u'il est au-dessus ou au-dessous de l'axe de rotation. La vis micrométrique permet de corriger l'erreur; son déplacement nécessite naturellement celui de la crémaillère. Avec les forts grossissements, il est préférable d'amener la platine au niveau de l'axe, à ce moment,, l'extrémité de l'indice I coïncide avec un point de repère du support de la pla- tine. On met au point, par la crémaillère, la face supérieure de la platine. L'objet placé sur celle-ci est donc au-dessus de l'axe de rotation. Il y est ramené sous l'action exclusive de la SÉANCE DU 25 JUIN 1907 77 vis inicroiuéli'iqiie (jui permet d'ailleurs une mise au point rigoureuse. La crémaillère n'a donc pas à intervenir. En résumé, notre appareil suffit à tous les travaux du labo- ratoire. Il convient d'ailleurs tout particulièrement aux études de systématique (ju'il rend plus faciles et plus précises. Nous laissons à des voix plus autorisées et tout particulièrement aux membres de la Société de Zoologie, le soin de provoquer un véritable recensement des collections existantes et, par des échauges_, la formation, dans les principaux centres d'études, de collections stéréoscopiques complètes. Une détermination rigoureuse et rapide des espèces connues, une diagnose précise des espèces nouvelles deviendraient possibles et amèneraient la disparition de cette synonymie contre laquelle, à diverses reprises, se sont élevés les maîtres les plus éminents. Cet appareil résout d'ailleurs complètement le problème de la microphotographie stéréoscopique. ETUDES SUR QUELQUES ESPÈCES DE LA RÉGION CIRCA-MÉDITERRANÉENNE PAK M. CAZIOT, avec le concours de M. FAGOT ZOMTKS ALGIHA. § 1. — Historique. Hélix algira^ Linnseus, 1738, Syst. mit. éd. XII, p. 1242 et 660. Hélix oculus capri, Millier, 1774, Verm. hist. W, p. 39, n" 239. Hélix seifophtalmiis, Gnielin, 1781, Syst. nat., p. 3614, n° o. Hélix algira, Draparnaud, 1805, Hist. moll.^ p. 113, tab. VII, fig. 38-40. Zonites algireus,l)enys de Montfort^ 1810, Concky. syst.^ip. 283. Hélix {Helicella) algira, de Ferussac, 1822, Tabt. syst., p. 203. Zonites algira Beck, 1837. Ind. molL, p. 8. Tragomma algirum, Held., 1837, in /m, p. 916. Helicoïdes algira^ Dumas, 1837, Compt. rend. Acad. sciences, XXV, p. 113. Zonites fVerticillus) algirus, Moquin-Tandon., 1853, Hist. moll. France, p. 91, pi. IX, fig. 33 à 37 et pi. X, fig. 1. Zonites {/Egopis) algirus, Adams, 1853, Gen. of. rec. moll. 2, p. 66. 78 sÉANct: DU 25 .lUhN 190" Zonites {^^gopis) ociilus capri, L. Pfeiffer (1), J878, Mo?i. HeL viv. p. 60, n° 1329. Zonites algiriis Locard, 1882. Prodrome^ p. 34. Dans Grateloup et Raulin (Catal. des moll. de la France continentale et insulaire, 1855^ p. 4) il est fait mention d'une variété corsica, que les auteurs ne décrivent pas. Comme cette espèce n'existe pas en Corse, il n'y a pas lieu de tenir compte de cette indication. Ils signalent aussi une variété maœima Boubée [IhilL hist. nat., 5° section, Moll. et Zooph., V° édition, p. 10, n" 30, et 2° édit. p. 15, n" 30) que l'on trouve à Castel-Roussillon et à Perpignan où, quoique loin du sol qui lui semble exclusive- ment propre, elle atteint, disent les auteurs, un grand dévelop- pement. Ce sont ces individus qui ont servi à Boubée, d'après Grateloup, à établir ses variétés maxima et parviila (manuscrit). Le Zonites cytherea Mart., de l'ile de Cerigo, est considéré par beaucoup d'auteurs, comme une variété du Zonites algirus\ c'est, comme coquille, une forme distincte. Pour M. Hesse, il n'existe aucune ditférence dans l'anatomie. Le genre Zonites., X. de Montfort, n'a qu'un seul représen- tant en France, c'est le Zonites alrjirus ( Vertel en sou nom français ; Peson dans le Languedoc ; Pacerli dans les Alpes- Maritimes). Moquin-Tandon a fait ressortir les différences anatomiques qiii motivent la séparation de ce genre avec les Hélix. M. Fagot a établi un travail analogue dans son Histoire malacolocjique des Pyrénées {2'' partie), ainsi d'ailleurs que Paulucc[ dans sa Malacologie des Calahres. C'est l'ogre de sa race, comme s'ex- prime le D" Reynès ; il dévore les Lézards et ses cong'énères, et recherche avec avidité les excréments humains. C'est sans doute pour cette raison qu'on ne le mang"e pas. Sa chair est d'ailleurs coriace et n'a pas bon goût, cela se conçoit facile- ment ! § 2. — Dispersion géographique. Le Zonites algirus habite la région méditerranéenne et ne dépasse pas à l'Est les environs de San Remo, à Costa San Giacomo. où il a été trouvé par M. Issel. 11 se pourrait même que l'espèce se soit éteinte dans cette région de laLigurie, car (Il L. Pfeiffer [loc. cit.) mentionne, parmi les synonymes du Zonites oculus caprî, le Pomatia Baltheus de Bolten, mais sans indication d'ouvrage : ce nom doit être supprimé. SÉANCE DU 25 JUIN 1907 79 personne autre ne l'a signalé vivant de l'autre côté de la fron- tière. Certains auteurs italiens le mentionnent dans l'Italie du sud et sur les bords de l'Adriatique, entre autres le professeur Costa, qui rindique à l'Aspromonte (Calabres). Le capitaine Adami le mentionne sur le mont Tiriolo et dans le bois de Mancuso (vallée del Savuto), mais Caroti ne l'a plus retrouvé aux lieux ci-dessus visés (Paulucci, 1880, Malacol. Calabres, p. 56). Suivant le D"" Kobelt, la forme typique se trouverait au mont (iargano, dans l'Italie méridionale ; il est évident que cela est possible, mais ce point est à vérifier. Le marquis de Monterosato est d'avis aussi que ce Zoniles ne vit que dans le midi de la France. Pour lui l'espèce homo- nyme citée des x\.bruzzes est absolument différente. L'abbé DupuY, d'après Philippi, l'indique en Sicile; ni Benoit, ni DE MoNTEROSATO uc le signalent dans cette ile ; elle n'y existe donc pas, pas plus qu'en Sardaigne, d'ailleurs. Moquin-Tandon le mentionne en Corse, à Saint-FJorent et à Bonifacio ; nous sommes absolument certain qu'il ne se trouve pas dans ces deux localités, ni dans leurs environs. Nous ne l'avons pas cité dans la faune des Mollusques terrestres et flu- viatiles de cette ile, parce que nous ne l'avons rencontré nulle part; toutefois il s'y trouve, car M. ïhieux nous a assuré qu'il avait constaté son existence sur un sentier vers Predicorte ou Focicchia (ses souvenirs ne sont plus piécis) entre Alei'ia et Corte, par la vallée du Taviguano. Il vit dans les Alpes-Maritimes, où il s'élève jusqu'à 950 mètres environ. Il est très commun dans les environs de Nice, Grasse (Astier). Dans le Var, on le trouve aussi communément, sauf dans la région mauresque et la partie la plus septentrionale de la région subalpestre (Bérenguier), toujours dans les parties calcaires. Dans les Bouches-du-Rhône il se trouve partout, surtout dans les terrains où l'on cultive l'Olivier. Il remonte dans Vaucluse, vivant en colonies (comme dans les Alpes-Maritimes) au pied des contre-forts des Monts de Vaucluse, à Saint-Didier (Caziot), à Pertuis, Manosque, la Tour d'Aiguës, Apt, le Mont Luberon (Thieux), Avignon (Leymerie, Caziot). Gard, au nord de Villeneuve d'Avignon, vieux chemin de Pujaut, pont du Gard (M' Duplan) à Nimes (divers). Sur les Bull, lie la Soc. Zool. de Fr., 1007. xxxil-8 80 SÉANCE DU 25 JUIN 1907 collines calcaires qui entourent Alais et Anduze (Gard). C'est sans nul doute sa limite au nord de ce côté. Il est cantonné dans la partie la plus méridionale du dépar- tement de la Drôme : Nyons, Saint-Paul-Trois-Châteaux, col- lines de Saint-Just et de Saint-Restitut (Sayn), Moutsegur, Rochegude, Suze-la-Rousse (Chatenikr). Très commun dans le département de l'Hérault, il n'atteint pas Carcassonne à l'ouest^ et manque par conséquent à Perpignan. Il avait été acclimaté près cette ville par Companyo, mais au bout de quelques années il disparut. Le même phénomène s'est produit à Tou- louse, où Moquin-Tandon a tenté son acclimatation sur la butte du Jardin des plantes. 11 s'y est perpétué jusqu'en 1876, mais depuis cette époque on ne l'a plus retrouvé (Fagot). Dans sa réhabilitation de l'Escargot, le D^" Reines relate des spécimens de l'Hérault, ayant jusqu'à 0,07 de diamètre. Cela nous paraît bien problématique. Les plus gros échantillons recueillis jusqu'à ce jour dans les Alpes-Maritimes et les régions voisines ne dépassent pas 0,05 ! M. Margikr nous l'a indiqué vivant dans le ravin de Conso- lation, au-dessus de Collioure, en plein terrain cristallin. Aucun auteur n'a encore mentionné un point si méridional. Il y a probablement été acclimaté. Poiret, dans son Voyage en Bar- barie, 1802, 11^ p. 20 et 27, le signale à la Calle, en Algérie, mais il avoue n'avoir trouvé que sa coquille et ajoute qu'il vit aussi en Provence aux environs de Marseille. 11 est probable, dit M. Pallary, que les coquilles qu'il a vues ont été apportées avec le blé importé de Provence pour le ravitaillement du bastion de France. Bourguignat donne exactement les mêmes raisons, dans sa Malacologie de l'Algérie, \, p. 68. Le Zonites algirus est donc une espèce du sous -centre alpique qui n'a pas de représentants pyrénéens, et qui n'est pas représentée dans le sous-centre hispanique. Sa présence dans les Albères est très douteuse et, à part des cas d'accli- matation accidentelle, il n'a jamais été signalé dans les Pyrénées françaises et espagnoles. Bien que commun actuellement dans les Alpes-Maritimes, nous ne l'avons jamais trouvé dans les limons, les dépôts sta- lagmitiques et les argiles post-pliocènes (voir même holocène), qui sont nombreux dans cette région. Séance du 9 juillet 1907. PRÉSIDENCE DE M. PRUVOÏ, PRÉSIDENT. M. le Président annonce à la Société le décès de M. Louis Vallé, docteur ès-scieuces, professeur à l'Institut libre du Sacré-Cœur, à Tourcoing (Nord), décédé le 20 juin dernier à 37 ans ; il était membre de la Société depuis 1896. MM. Falguière, Iches et Osorio, présentés à la précédente séance, sont proclamés membres de la Société. MM. Blanchard et de Guerne et M'^° Loyez sont désignés pour représenter la Société au congrès de Boston. M. Falguière offre à la Société le concours d'un certain nombre d'instituteurs qui se chargeraient volontiers de recueil- lir des matériaux de la faune française. Il signale, d'après M. Coques, instituteur à Kérity-Penmarch (Finistère), la capture d'un Exocet volant de 40*^'" de longueur, par 47°38' de lat. nord et 6°50' long, ouest, dans la nuit du 26 au 27 juin 1907, le vent étant du S. S-0 faible et le courant de 3 milles. On a pris un certain nombre de ces Poissons pen- dant uue quinzaine de jours avec le filet dérivant servant à pêcher le Maquereau. On a pris récemment dans ce même filet un Squale pèlerin de 7 m. de longueur. M. Anthony décrit une Lulraria elliptka anormale, ayant un siphon bifurqué. Ouvrages offerts. Annales de la FacuUad de Ciencias de Zaragoza^ aûo I, n^ 1, marzo 1907. Comptes rendus du VIII^ congrès international de médecine vétérinaire, Budapest, 1905, (3 vol.) F. JousSEAUME. De Vattraction et autres joycusetés de la science. Paris, Maloine, 1907, 160 p. Séance du ^29 octobre 1907. PRÉSIDENCE DE M. PRUVOT, PRÉSIDENT. M. le ministre de l'Instïuction publique adresse à la Société le Programme du prochain congrès des Sociétés savantes. Ce congrès s'ouvrira à la Sorbonne le mardi 21 avril 1908. Les manuscrits qui y sont destinés devront être adressés au 5° bureau de la Direction de l'Enseignement supérieur, au minis- tère de l'Instruction publique, avant le 30 janvier prochain ; ils devront être entièrement terminés_, écrits sur le recto seule- ment et accompagnés des dessins nécessaires. Parmi les questions du programme se rattachant aux travaux habituels de la Société, on peut noter, dans la section des sciences, les sujets suivants : « 7" Repeuplement en Poissons des fleuves et cours d'eau. Aquiculture. 8" Avantages et inconvénients de l'introduction dans les cours d'eau de Poissons exotiques. 9" Etude de la faune et de la flore aquatiques en vue de reconnaître pour l'aquiculture les qualités biologiques des eaux. 10" Etude géologique et biologique des cavernes. 24° Du rôle des Insectes et spécialement de la Mouche vul- gaire dans la propagation des maladies contagieuses. » L'Association des Naturalistes de Levallois-Perret invite le Président de la Société à sa 25« réunion annuelle, qui aura lieu le samedi 26 octobre 1907, à 8 h. 1/2 du soir, dans la salle des fêtes de l'hôtel de ville de Levallois-Perret, sous la présidence de M. le D' Jean. Ciiarcot, chef de l'expédition française au pôle sud, qui fera une conférence sur la vie et les mœurs de quelques-uns des animaux de l'Antarctique. The public Muséum oftheciu/ of Milwaukee, Wtss.^ demande l'échange des Bulletins ofthc Wisconsin nalural histori/ Society avec les publications de la Société. Renvoyé au conseil. M. Hérouard dépose au nom de M. Vlès un mémoire intitulé : «Monographie sommaire de la Mye [Mija arenaria Linné, 1767)» Renvoyé à la commission de publication. SÉANCK DU 22 OCTOBRE 1907 83 M. le Président adresse les félicitations de la Société à MM. Câustier, Coutièri:, Guiart, Portier et Robert, récemment nom- més officiers de rinstriictiou publique. M, JouBiN annonce que le total de la souscription au monu- ment Lamarck monte actuellement à 22.o00 francs. Ving-t-deux membres de la Société s'y sont fait inscrire récemment, ce qui porte à soixante-seize le nombre de nos collègues souscripteurs et à 3.712 francs le total de leurs souscriptions. Voici le nom de ces vingt-deux nouveaux adhérents : MM. Arechavaleta, Bedot, van Beneden, Bolivar, Bourgeois, Calvet, Duboscq, Guitel, Henry, R. Hertwig, baron de Saint- Joseph, Lamy, Laveran, Marchal, Maupas, MeillassouXj Ed. Perrier, X. Raspail, Roule, A. Sabatier, Steindachner. M. Secquiîs signale des fautes typographiques dans la « Table des Bulletins et des Mémoires de la Société zoologique de France, années 1876 à 1895 ». Un erratum sera publié et joint à la suite de la Table qui est en préparation. Ouvrage offert. Congrès des Sociétés savantes à Montpellier. Discours prononcés à la séance générale du congrès le samedi 6 avril 1907 , par M. Gaston Darboux, M. ViGiÉ, M. Flahault et M. Dujardin-Beaumetz, Paris, Imprimerie nationale 1907, 58 p. MISSION DES PÊCHERIES DE LA COTE OCCIDENTALE D'AFRIQUE DIRIGÉE PAR M. GRUVEL POISSONS (2'' noie). PAR Le Dr JACQUES PELLEGRIN Les collections ichtyologiques récoltées par la Mission des Pêcheries de la côte occidentale d'Afrique, dirigée par M. Gruvel^, sur les côtes mauritaniennes et sénégalienues, entre le cap Blanc et le cap Vert, durant la campagne de janvier à avril 1905, ont fait, ici même, l'objet d'une première note (1). Cet envoi (1) Bidl. Soc. Zool. Fr. XXX, 1905, p. 135-141. 84 SÉANCK DU 22 OCTOBRE 1907 comprenait exclusivement des formes marines ; le nombre des espèces recueillies s'élevait à 66, parmi lesquelles 31, c'est-à-dire la moitié environ, appartenaient à notre faune métropolitaine. Cette nouvelle note préliminaire concerne un second envoi également important, provenant de pèches faites de février à juin 1907, surtout sur la côte sénégalienue et à l'embouchure du fleuve, dans une région généralement plus méridionale comme Corée, Rufisque, etc., et même atteignant au sud le Rio Ceba (Guinée portugaise). En dehors d'espèces marines il contient un certain nombre de formes exclusivement dulcaqui- coles appartenant à la faune africaine tropicale. Le nombre total des espèces rapportées est de 68, dont 12 d'eau douce du Sénégal. Sur les 56 espèces marines, 31 ne figuraient pas dans le précédent envoi, 2o avaient déjà été récoltées en 1905. Sur le total général des espèces marines du dernier envoi, 27 habi- tent nos côtes, 29 sont propres aux mers tropicales. La pro- portion reste donc la même entre les espèces spéciales aux mers chaudes et celles adaptées également à ces dernières et à celles de nos régions tempérées. Bien entendu les 12 espèces dulca- quicoles doivent être placées dans une catégorie tout à fait à part. En déduisant du second envoi les espèces qui figurent égale- ment dans le premier, on constate que l'ensemble des collections récoltées par la Mission des Pêcheries de Ja côte occidentale d'Afrique ne s'élève pas à moins de 109 espèces. Au point de vue de la distribution géographique, celles-ci peuvent être réparties en 8 catégories (1) figurant dans le tableau récapitulatif ci-joint : I. — • Espèces des mers tempérées se trouvant sur nos côtes, habitant la Méditerranée et les parties avoisinantes de TAtlan- tique . 23 II. — Espèces se trouvant sur nos côtes, habitant la Médi- terranée, l'Atlantique tempéré et intertropical 11 III. — Espèces se trouvant sur nos côtes, habitant la Médi- terranée, l'Atlantique, l'Océan Indien et au-delà 9 IV. — Espèces de mers tempérées ne se rencontrant pas sur nos côtes, habitant la Méditerranée et les parties avoisinantes de l'Atlantique 5 V. — Espèces de l'Atlantique tropical plutôt spéciales à la (1) Bien entendu, ces catégories n'ont rien d'absolu, l'aire d'habitat de chaque espèce étant extrêmement variable. SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1907 85 partie nord (légioii de Madère, des Canaries, an nord du cap Vert) .' 18 VI. — Espèces de l'Atlantiqne tropical plnlôt spéciales à la partie snd (Gambie, golfe de Guinée, Gabon, etc.) 22 VII. — Espèces de l'Atlantique tropical, de l'Océan Indien et au-delà 9 VIII. — Espèces de l'Afrique tropicale exclusivement dulca- quicoles 12 Il ressort donc de ce tableau que sur 97 espèces marines re- cueillies sur la côte occidentale dWfrique, 43 sont susceptibles de se rencontrer sur nos côtes. Cette considération mérite d'attirer l'attention, car parmi celles-ci s'en trouvent plusieurs déjà utilisées dans la métropole et pouvant être l'objet d'ex- ploitations industrielles importantes. On trouvera ci-dessous, par familles, la liste de toutes les espèces de Poissons rapportées dans le second envoi de la mis- sion des Pêcheries de la Côte occidentale d'Afrique (I) et la description d'une variété nouvelle de Pleuronectidés qu'il contenait : Rhinobatid.î; : 1. Rhinobatus Columnœ Mûller et Henle. ToRPEDiNiD.E : 2.* Torpédo narce Nardo. PoLYPTERiD.E : 3.** Polyptenis Lapradei Steindachner. SyiNGNathiu.e : 4. Hippocampus gutlulatus Cuvier. Balistid.e : 5. Monacanthus setifer Bennett. SiLURin.E : 6.** Schilbe senegalensis C\i\\qv eiS?i\enQ.\ei\i\e^. — 7.** Clirysichthys tiigrodigitatus Lacépède. — 8.** Synodontis schall Bloch Schneider. Cyprinid^ : 9.** Labeo senegalensis ÇA\\\ev eiSidenciennes. Scombresocid.e: 10. Belone senegaleîisis Cuvier et Valenciennes. Elopilke : 11.* Elops lacerla Cuvier et Valenciennes. Albulide : 12. Albula conorhynchus Bloch Schneider. Clupeid.e : 13. Cluppa aurita Cuvier et Valenciennes. — 14.* Clïipca senegalensif; Cuvier et Valenciennes. — 15. — eba Cuvier et Valenciennes. — 16. Eng raidis encrasicholus Linné. Characinid^ : 17.** A lestes baremose ^oixnws. — 18.** — Nurse Ruppell. — 19.** Distichodus rostralus Gûnther. — 20.** Citharinus cithariniis Geoffroy. (1) Les espèces figurant déjà dans le premier envoi sont précédées du signe *, les espèces exclusivement dulcaquicoles du signe **. 86 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1907 PLEURONECTIDiE Anabantida", Gobiesocid^ï: FlSTULARID.ï Mugilid.ï; : Sphyr^nid.e GoBiiD.E : Tkichiurid.ï: Scombrid.ï; : Cyttid.e : Carangid^e ScoRPiDiD.E : Batracrid-e Sci^NiD.E : PoLYNEMIDtE Scorp.enid.î; Triglid.e : SPARlDiE ; 21 .* Hcmirhombns gtàneenm Bleeker. 22. Solea fienegalensis Kaup, var. m'baoensis var. nov. 23.* Solea lascaris Risso. 24. — tinophtlialmus Bleeker, 23.** Anabas Kmgsleyœ Boulenger. 26. Lepadogaster bimaculaliis Pennant. 27. Fistulœ'ia tabaccaria Linné. 28/ Miigil cephalufi Linné. 29.* — aiiratus Risso. 30. — grandisquamis Cnvier et Valen- ciennes. 31 . Sphyrœna vidgaris Cnvier etValenciennes. 32. Eleotris senegalensis Steindachner. 33. Trichuirus lepturus Linné. 34. ThymiKs tluinnina Cnvier etValenciennes. 35. Pelamys sarda Bloch. 36.* Cybium tritor Cnvier et Valenciennes. 37.* Echeneis naiicrates Linné. 38. Zens faber Linné. 39.* Caranx carangus Bloch. 40. Blepharis alexandrimis Cnvier et Valen- ciennes. 41. Argyreiosiis setipinnis Mitchill. 42. Seriola Diimerili Risso. 43.* Temnodon saltator Bloch Schneider. 44.* Lichia vadigo Risso. 45. Psettus Sebad Cuvier et Valenciennes. 46.* Batrachiis didactylus Bloch Schneider. 47.* Corvina nigra Bloch. 48. — nigrita Cuvier et Valenciennes. 49.* Otolit/ms senegalensis Cuvier et Valen- ciennes. 50. Ololithiis brachygnathus Bleeker, 51. Polynemiis quadrifilis Cuvier et Valen- ciennes. 52.* Galeoides decadactylus Bloch. 53.* Scorpœna iistulata Lowe. 54.* Trigla hinindo Bloch. 55.* Dactyloptenis volitans Linné Gmelin. 56.* Sargiis vidgaris Geoffroy. 57.* Pagellus erythrinus Linné. SÉANCK DU 22 OCTOBRE 1907 87 Cichlid.î; : S8.** Tilapia Heudeloti A. Diiméril. Ch.*:todontid.e : 59.* Chxtodo7i Hoefleri Steindachner. Pristipoma Jiibelini Cuvier et Valen- ciennes. Prislipoma Peroteti Cuvier et Valen- ciennes. Pristipoma siiillum Cuvier et Valeu- ci en nés. 63.* Denlex vulgaris Cuvier et Yalenciennes. 64.* Morone piinctata liioch. 65. EjnnephelKS Nigri Gûnther. 66. — goreemis Cuvier et Yalen- ciennes. 67.* Epine plielus seneus Geoffroy. 68.** Lates niloticiis Linné. Pristipomatid.e : 60. — 61. — 62 Serramd^ : Solea senegalensis Kaup, var. m'baoensis var. uov. La hauteur du corps est contenue 3 fois etl/5 dans la longueur, la longueur de la tête 5 fois 1/2. L'œil supérieur est en avant de l'inférieur ; l'espace interorbitaire concave fait environ la moitié du grand diamètre de l'œil qui est compris \ fois 1/2 dans la longueur de la tète. Le profil du museau est légèrement anguleux. La narine du côté aveugle est tubuleuse, non dilatée. Les dents petites sont distinctes du côté aveugle. La ligne latérale est droite et décrit une courbe antérieurement, sur la tête. La dorsale commence au niveau du bord antérieur de l'œil supérieur. La pectorale légèrement plus longue du côté coloré est comprise 1 fois 2/3 dans la longueur de la tête. La caudale est nettement arrondie. La teinte générale du côté coloré est chocolat avec de petites taches plus foncées et des points grisâtres. L'extrémité de la pectorale est noire. Le côté aveugle est uniformément jaunâtre, D. 82; A. 67; P. 10; L. long. 1J5 (1). No 07-2S4. Coll. Mus. — M'bao (2) : Mission des Pêcheries de la Gôle occidentale d'Afrique. Longueur 230 + 32=262 millimètres. Ce Poisson ne semble pas pouvoir être séparé spécifiquement (I; Les écailles sont comptées en ligne longitudinale à partir du niveau de la fente branchiale. (2) Cette localité se trouve située entre Dakar et Rufisque. 88 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1907 de Solea senegalenf^k Kaup (1), ses nombres étant presque identiques. Il s'en écarte cependant par quelques caractères et mérite de constituer une variété distincte caractérisée par sa forme plus allongée, son museau plus aigu, ses yeux plus grands, ses pectorales proportionnellement plus longues et à rayons plus nombreux. M. Pruvot. — La vraie Sardine ne figure pas dans les envois de M. Gruvel, Jusqu'à quel point peut-elle s'étendre vers le sud? M. JouBiN. — On pèche des Sardines à la Grande Canarie à l'aide d'un filet métallique carré ; mais ce ne sont certainement pas de vraies Sardines. M. Bavay. — Le port de Corée a été un jour envahi par des Sardines, à tel point que les navires ne pouvaient plus en sor- tir 5 mais là encore il est douteux que ce fussent de vraies Sardines. M. Pelleguin. — M. Buchet a signalé la vraie Sardine sur les côtes du Maroc, mais on ne la connaît pas avec certitude dans les régions plus méridionales. Elle est très souvent con- fondue avec d'autres espèces. Les Japonais font des conserves de Sardines avec des Poissons incontestablement différents de notre espèce européenne. M. Semichon. — En Bretagne même le Sprat, et souvent en mauvais état, sert à faire des conserves à bon marché. M. Pruvot. — Quel est le Poisson connu sous le nom de Morue sur la côte occidentale d'Afrique? M. Pellegrin. — C'est un Epinephelus. Plusieurs Poissons sont d'ailleurs conservés comme des Morues et connus sous ce même nom dans la région. On a essayé, dans les grandes séche- ries de Bègles près Bordeaux, de préparer de ces Morues d'Afrique comme des Morues vraies, c'est-A-dire de les dessaler en les brossant sous un filet d'eau, à la main ou à la machine, puis de les faire sécher, soit au moyen d'un ventilateur, soit à l'air libre ; reste à savoir si les consommateurs accepteront facilement ce nouveau produit. (1) Le type de Solea senegalensix Kaup, est au Muséum de Pai-is. Sa longueur est de 136 miliniètres, il provient de Saint-Louis, par Jubelin. Ses nombres sont les suivants: D. 84; A. 70; P. 8; L. long. 120. SÉANCK DU 22 OCTOBRE 1907 89 M. Prlvot. — Existe-t-il sur la côte occidentale cF Afrique une faune tropicale spéciale, limitée à cette région? M. Pellegrin. — Non ; en réalité, il n'y a pas de démarca- tion tranchée et quelques espèces de Poissons d'Afrique peuvent même arriver accidentellement jusque sur les côtes françaises. NOTION CHEZ LES COLOMBIDÉS LU TEMPS NÉCESSAIRE A L'INCUBATION DE LEURS ŒUFS PAR XAVIER RASPAIL En 1897, malgré la non-éclosion des œufs, je suis arrivé à déterminer la durée de l'incubation chez la Tourterelle vulgaire [Turtur aiiritus), en observant deux pontes successives que la même femelle abandonna le 18" jour, les œufs étant clairs. Cet abandon du nid, renouvelé deux fois de suite, ne pouvait être mis sur le compte du hasard ; il était permis d'en conclure que la mère a une notion très nette de l'inutilité de poursuivre plus longtemps l'incubation de ses œufs quand, le terme pour leur éclosion étant arrivé, elle n'a donné aucun résultat. Si elle agissait ainsi parce qu'elle constaterait que ses œufs sont clairs, elle ne s'attarderait pas à les couver, elle en ferait l'abandon dès qu'elle s'en apercevrait. D'autre part, ce terme de 18 jours étant celui de l'incubation chez le Pigeon domestique, il y avait lieu de l'admettre pour tous les Colombidés. Or, cette année, j'ai vu une Pigeonne (race des Pigeons voya- gejirs) abandonner quatre fois ses œufs dans les mêmes conditions que la Tourterelle vulgaire, le 18*^ jour de l'incubation, et j'ai constaté qu'ils étaient clairs. Ce serait donc la connaissance parla femelle des Colombidés du temps que doivent mettre ses œufs pour éclore qui les lui fait abandonner lorsqu'ils sont infécondés. En ce qui concerne la Tourterelle vulgaire, dont j'ai montré l'extrême délicatesse des sens qui lui permet de s'apercevoir qu'une main profane a touché, en son absence, ses œufs ou ses jeunes, ce qui Tamène à les abandonner sans pitié, ou peut s'étonner qu'elle n'ait pas la faculté de reconnaître plus tôt que la vie ne s'est pas dé- 90 SÉA.NCIÎ DU 22 OCTOBRE 1907 veloppée dans ce produit intime de ses organes générateurs et qu'il faut que le délai attribué à Téclosioa de ses œufs soit arrivé, pour qu'elle comprenne l'inutilité de ses efforts. Eu fait, il est curieux de retrouver le même phénomène chez des Oiseaux d'une môme famille à la vérité, mais vivant dans des milieux différents, les uns en captivité, les autres en liberté. En règle générale, la domesticité émousse les facultés et les sens chez les Animaux ; c'est ainsi que l'odorat si délié chez les Oiseaux vivant à l'état libre, fait complètement défaut à la Poule et que cette dernière, contrairement à ce que nous venons de voir chez les Colombidés, ne possède aucune notion du temps de l'incubation, qu'elle poursuivrait souvent jusqu'à épuisement complet sur des œufs clairs, si on ne prenait le soin de les lui enlever. EXODE DE CANTHARIDES PAR XAVIER RASPAIL Dans le numéro de janvier 1903 de \di Feuille des Jeunes natura- listes, je viens de lire une note qui m'avait échappé à l'époque où elle parut, signalant une exceptionnelle apparition de Can- tharides dans les environs de Canjbrai (Nord), en juillet 1902, M. J. GoDON, auteur de cette note, annonçait qu'il avait trouvé, en juillet, dans un petit bois, une quantité prodigieuse de Cantharides. Je me suis souvenu (pie cette même année, j'avais observé le même fait à Gouvieux (Oise) où jamais à ma connaissance la présence de la Cantharide n'avait été signalée. Retrouvant cette observation dans mes notes^ je la publie bien que tardi- vement parce qu'elle présente plusieurs points intéressants. Je dois avouer tout d'abord et cela ne manquera pas de surprendre, que depuis mon enfance et bien que j'aie passé la plus grande partie de mon existence à la campagne, c'est la première fois que j'ai rencontré la Cantharide. Il est vrai que mes champs d'exploration se sont confinés dans le nord de la France, en Belgique et dans les environs de Paris. Or, cet Insecte, s'il a été signalé dans une grande partie de l'Europe, se trouve principalement dans les contrées méridionales où il vit de préférence sur le Frêne, le Troëne et le Lilas ; cepen- SÉANCE DU 22 OCTOBRK 1907 91 dant il m'a été assuré qu'on le trouvait très ordinairement dans les environs de Stras])ourg' sur le Saule. En général, il est « rare et introuvable pendant de longues années et se montre soudain en prodigieuse quantité » (1). Ceci permet d'admettre que ses apparitions exceptionnelles sur un point doivent provenir de l'exode de cet Insecte pour une cause anormale ou accidentelle, des contrées où il s'est reproduit comme il arrive pour ces nuées de Sauterelles qui quittent leur territoire de reproduction pour aller porter la dévastation à d'immenses distances. Ce qui est certain, c'est que dans les environs de Gouvieux, la reproduction n'a pu se faire puisque, les années précédentes, il n'y existait pas de Cantharides; leur présence n'aurait pu m'échapper au cours des explorations mi- nutieuses que j'ai poursuivies, dans cette partie de l'Oise, pen- dant plus de vingt ans. Le 1" juillet, en passant près d'un labyrinthe situé au fond de mon parc et dont le pourtour disparait sous une forêt de Lilas, de Symphorines, de Chamerisiers, de Mahonias et de Genévriers des bois, je perçus une odeur dont je ne pouvais discerner l'origlue^ mais qui rappelait fortement celle que dég'ag'e la feuille de l'Ailante. Le lendemain, l'odeur était encore plus pénétrante et je ne tardai pas à être convaincu qu'elle ne pouvait avoir sa source qu'au labyrinthe même; en m'en approchant, mon attention fut d'abord attirée par les vig-oureuses tiges de Chamerisiers qui avaient été rabattus en hiver et qui, totalement dépouillées de leurs feuilles, émergeaient au milieu des autres arbustes. J'aperçus alors sur les Lilas et les Symphorines exposés au nord, un nombre incalculable de Cantharides dont la plupart étaient accouplées ou en train de s'accoupler et qui montraient une grande vivacité. Le 5, par un soleil très chaud et un vent soufflant assez fortement du nord, les Cantharides parurent encore plus nom- breuses que les jours précédents; beaucoup volaient comme un essaim d'Abeilles au-dessus des buissons dont les feuilles étaient recouvertes par d'autres qui mangeaient le parenchyme avec une activité comparable à celle des Chenilles les plus voraces. Les Chamerisiers étant entièrement dépouillés de leurs feuilles^ les Cantharides gagnaient, des Lilas eux-mêmes déjà fortement dénudés, les Syu]pliorines dont les petites feuilles en supportaient jusqu'à cinq à six chacune. (l) R. Blanciiaud. Traité ili Zoologie médicale; 1890; tome II, page 559. 92 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1907 Je remarquai qu'à tout instant de nouveaux Insectes arrivaient d'un vol rapide de la direction du nord-est et, après avoir franchi une partie de bois assez élevé, venaient directement s'abattre à côté de leurs congénères ; il y avait donc lieu d'ad- mettre que c'était la route qu'avaient suivie toutes ces Cantlia- rides et que, par conséquent,, elles venaient du nord, ce qui coïncidait bien avec leur présence signalée au même moment dans les environs de Cambrai. Un autre fait qui frappe, c'est le choix de ce labyrinthe comme un lieu de rendez-vous que venaient rejoindre à tout instant les retardataires, alors que sur le parcours existaient de nombreux massifs de Lilas, de Sympho- rines, de Chamerisiers offrant autant d'avantages que ces mêmes arbustes qu'elles avaient choisis pour centre de leur réunion. 11 est A noter que ce labyrinthe a été adopté par les Lapins, qui y ont creusé d'innombrables galeries et y demeurent en nom- bre, répandant naturellement sur ce point leur odeur caracté- ristique; serait-ce la cause qui avait invité ces Canlharides à s'y arrêter au cours de leur migration? Toujours est-il que, désireux de me débarrasser de ces rava- geurs, j'eus recours à la fleur de soufre, que je brûlai sur de larges réchauds promenés sous les buissons chargés d'Insectes. Un grand nombre se laissèrent choir dans le soufi'c en fusion ou atteints au loin par les vapeurs sulfureuses, tombèrent de feuille en feuille jusqu'à terre ; d'autres prirent leur vol, mais revinrent quand même s'abattre sur les branches voisines. Le lendemain, dans la matinée, les Cantharides encore nombreuses mais engourdies, bougeaient à peine quand elles étaient tou- chées ; ordinairement, en pareil cas, elles montraient une extrê- me vivacité et, bien qu'accouplées, se contournaient et se dépla- çaient assez rapidement. Vers cinq heures du soir, je constatai leur disparition com- plète, sauf un mâle et un couple encore engourdis. Dans la journée, lorsque l'intoxication que ces Insectes avaient subie par les vapeurs sulfureuses avait été dissipée et leur avait permis de prendre leur vol, toute la colonie s'en était allée vers une contrée qui devait pi'obablement recevoir leur ponte ne pouvant tarder à se faii'e à la suite de l'accouplement qui avait eu lieu dès les premiers jours. H aurait été intéressant d'avoirdes renseignements non seule- ment sur le séjour constaté aux environs de Cambrai, par M. GoDON, mais sur l'itinéraire suivi en juin et juillet 1902, par cette émigration de Cantharides. SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1907 93 Je me suis livré à de nombreuses mensurations sur ces In- sectes dont la taille présente des variations considérables entre les individus du même sexe, les mâles étant plus petits que les femelles. Comme exemple, sur des couples de tailles extrêmes, j'ai relevé les mensurations suivantes : Femelle... 0.023 Mâle... 0.017 — 0.015 — 0.012 Etait-ce pour procédera l'accouplement que tous ces Insectes s'étaient arrêtés sur ce point et l'avaient-ils choisi de préfé- rence parce qu'il était abrité des vents du sud et de l'ouest par un épais rideau boisé qui l'encadrait de toutes parts et en faisait pour ainsi dire une sorte d'oasis paisible ; ou bien la présence des Lapins avait-elle été pour quelque chose dans ce choix .^ Ce qui est incontestable, c'est que ces Insectes, étant venus du nord-est, avaient rencontré sur leur passage d'abondants massifs d'arbustes où ils auraient trouvé à satis- faire un appétit dont ils donnèrent la mesure en dépouillant de leurs feuilles les buissons du labyrinthe. Séance du 1^2 novembre 1907. PRÉSIDENCE DE IVI. PRUVOT, PRÉSIDENT. M. Falguière s'excuse de ne pouvoir assistei' à la séance. L'inslitut océanographique, fondation de S. A, S. le prince de Monaco, met à la disposition des membres de la Société des cartes d'admission aux conférences qui auront lieu à la Sorbonne le samedi à 9 heures du soir, du 16 noNcnibre 1907 au 15 février 1908. La Société des amis de l'Université de Paris sollicite l'ins- cription de la Société sur la liste de ses membres. Renvoyé au conseil. M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. R. Blanchard, pour sa nomination au titre de membre honoraire de la Société portugaise des sciences naturelles M. Edouard Danois, licencié ès-sciences, naturaliste du service scientifique des pêches maritimes, demeurant au laboratoire de Roscoff (Finistère), est présenté par MM. Hérubel et Robert. M. Delage dépose au nom de M. Boutan trois mémoires inti- tulés : 1° Note sur le jeune Coc( de Pagode [Centi'opus sine?isis Steph.) ; 2° Note sur les Acridothères du Tonkin ; 3° Note sur un organe de défense de la Chenille du Bananier. Ouvrages offerts. Société des amis del'Universxlé de Paris. Bulletin, annte 1907, 59 p. Société scientifique d''Arcachon. Station biologique.^ travaux du labora- toire. X« année, 1907, 281 p. JA^ET (Charles), Hislolyse sans phagocytose de muscles vibrateurs du vol chez les reines de Fourmis. Comptes résidus Acad. se. Paris, 18 février 1907. Janet (Charles), Histogenèse du tissu adipeux remplaçant les muscles vibrateurs histolysés après le vol nuptial dans les reines de Fourmis. Comptes rendus Acad. se. Paris, 13 mai 1907. Paris (Paul), Catalogue des Oiseaux observés en France, Paris, Bail- lière, 1907, 87 p. Pellegrin (Jacques). Les Poissons des lacs des hauls plateaux de l'Amérique du Sud. Mission scientifique G. de Créqui-Montfort et E. Sénéchal de la Grange. Paris, Imp. nationale, 1907, 25 p. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 95 SUR LES INSECTES QUI ATTAQUENT LES LIVRES PAn P. S. de MAGALHAES Le 12 juin de l'année passée, ayant eu le plaisir d'assister à la séance de la Société zoologique, j'ai eu riionneur de présen- ter une petite note préliminaire sur mes observations, faites à Rio de Janeiro, à propos des Insectes ravageurs des livres et des papiers. Je présentai à cette occasion des spécimens vivants d'une espèce de Lépisme et des larves d'un Anobiidé, ainsi que des exemplaires conservés de la forme parfaite de celui-ci, d'un petit Lépidoptère du genre Tùiea, de sa forme larvaire et du sac qui lui sert d'abri, spécimens se rapportant tous au groupe des Insectes, objets de ma communication. Plus tard, profitant de l'opportunité et des facilités que m'a offertes un séjour à Berlin, j'ai pu pousser plus loin mes études sur le sujet, Le Lépisme dont ilavait été question était bien, comme je l'avais déterminé, le Lépisme à collier. Non seulement la lec- ture des travaux du professeur Eschrich me Ta confirmé, mais aussi ce spécialiste lui-même, ayant eu communication de ma description, a pu constater l'exactitude de la détermination spécifique que j'avais faite. Lorsque je procédais à mes observations à Rio, n'ayant pas à ma disposition l'ouvrage de Poey, il m^avait été impossible d'établir une comparaison exacte des caractères de YAtiobium bibliothecarum de Cuba avec ceux de son représentant de Rio. Les indications fournies par les auteurs alors à ma disposition étant tout à fait insuffisantes pour arriver à une conclusion définitive, j'ai dû me limiter à rapprocher les deux Insectes, dont les caractères g"écéraux et la similitude de manière de vivre faisaient penser à une analogie étroite. La lecture du livre du naturaliste espagnol à la Bibliothèque Impériale, la confrontation de mes exemplaires avec les spé- cimens existant dans la riche collection possédée par le Muséum de zoologie de Berlin m'ont mis en état de pouvoir établir Bull, de la Soc. Zool. de Fr., '.007. xxxu-9 00 skanch: du 12 novembre 1907 une JisUnctiou spécifique et, je pense, générique aussi, entre Jes deux Insectes. Une indiculion de Poky dans son livre, sur Texistence de spécimens de sou Anobium bibliolhecarum dans le Muséum de Berlin, envoyés de (Àiba par Gundlach sous le nom de polita, m'a fait tâcher de voir de près ces exemplaires considérés comme authentiques du Coléoptère de Cuba. Avec la plus grande libéralité et la plus captivante courtoisie,, MM. le Pro- fesseur BiiAiiiR, directeur du Muséum, et le Professeur Kolb, chef de la section des Coléoptères, m'ont permis de satisfaire ma curiosité ; je leur en exprime ici tous mes remerciements. La description et les ligures données parPoEY ne laissent au- cun doute sur la diversité spécifique de son Anobiiun bibliolhe- carum et du petit Coléoptère ravageur des livres de Rio, étudié par moi. L'Insecte de Cuba a des antennes formées de onze segments, dont les 4% 5% 6% 7^ et 8^ sont beaucoup plus courts que ceux de notre Coléoptère. Des trois derniers segments des antennes de V Anobium bibliolhecarum, le premier est le plus grand ; il est à peu près aussi long que les deux suivants : le dernier est le plus petit des trois. Chez le petit Hanneton de Rio au con- traire, le troisième des trois derniers segments est un peu plus long que les deux précédents, D'après la figure donnée par Poey le premier segment des antennes a aussi une forme tout à fait différente, bien moins large, beaucoup plus élancée que celui de l'espèce brésilienne, \l\\ effet, les segments des antennes de notre Coléoptère, au nombre de neuf seulement, présentent des caractères bien dis- tincts. Le premier segment, fort volumineux, presque triangu- laire, se rapproche par sa forme bien plus de celui du Dorca- loma dresdense femelle, tel que l'a figuré Guérin Melleville (1), que de celui du Calorama fabaci, type du genre respectif. 11 faut ne pas oublier que cet auteur attribue comme caractéris- tique du genre Calorama, créé par lui, « dix articles' les trois derniers, très grands, étant à eux trois, plus de deux fois plus longs que les six précédents, égaux entre eux. » Parmi les Insectes classés dans le genre Calorama dans les collections du Muséum de zoologie de Berlin, à côté des spéci- mens envoyés de Cuba par Gundlach, sous la désignation de polila et rapportés par Poey à la même espèce Anobium biblio- (1) Revue et Magasin d'Iihluire naturelle, août 1850, pi. YIII. SÉÂNCK DU 12 NOVKMBRE 1907 97 tliecarum^ je dois mentionner ici deux exemplaires prove- nant de Porto Rico, envoyés par Krlg, sous la dénomination spécifique de bibliotJiecarum^ un autre de S. Vincent (xVntilles) et un spécimen indiqué comme provenant du Brésil ; celui-là éticjuetè C. oblonga, celui-ci C. longiila, ces deux noms étant inédits et privés à l'usage exclusif du Muséum. Le dernier spécimen sus-indiqué serait à identifier sans aucun doute avec les nombreux exemplaires que je possède, récoltés à Rio, et dont j'ai ofiertau Muséum six individus dans la forme d'Insecte parfaits et deux larves. La constitution d,es antennes du petit Coléoptère de Rio me porte à le placer dans le genre Dorcatoma de préférence à celui de Catorania. En le spécifiant du nom biblioiihaqnm^ je pré- tends bien désigner sa manière de vivre, sa qualité extrême- ment nuisible aux livres et papiers. Ainsi faisant, je laisse sans application la dénomination lon- gula, inédite, du Muséum de Berlin, sans signification d'im- portance. PoEY avait déjà laissé de côté, lui aussi, le nom spécifique de destruclor sous lequel il savait se trouver étiqueté le même Coléoptère qu'il décrivait, dans la colleclion de M. Chevrolat, de Paris, et celui de /Jo/Z/cz du Muséum de Berlin^ se justifiant de ce que ces deux noms étant inédits n'étaient pas obliga- toires, et que, d'un autre côté, la nouvelle dénomination biblio- thecaruin avait l'avantage d'indiquer l'habitat exclusif de son petit Coléoptère. Je passerai à la description de l'espèce, objet de mes obser- vations à Rio, Dorcatoma bibliophagum. Petit Coléoptère, pentamère, long de 2'"'" à 2°^" 8, et ayant 1""" à 1 ""^ 2 à sa plus forte largeur. Couleur marron très foncée, un peu plus claire au corselet. Corps très finement pubescent ; un duvet fin et court, récliné, blanc jaunâtre, couvre tout le corps, et produit sur les parties convexes des reflets blanc jau- nâtre, parfois verdàtre. La tête se caclie presque complètement sous le corselets Celui-ci, plus large que long, a la forme d'un capuchon, à bord antérieiu' convexe et bord postérieur concave ; ce dernier est moins large que la partie du corps qui lui succède, constituée par les bords antérieurs des deux élytres. 98 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 Les antennes ont neuf segments et sont implantées près du bord antérieur des yeux ; au repos de lanimal elles sont repliées en dessous et maintenues cachées entre les cuisses antérieures. Le premier segment des antennes^ le plus long et le plus vo- lumineux, est triangulaire et large, sa partie basale articulaire est bien distincte et cachée complètement dans la cavité arti- culaire qui la reçoit. Le deuxième segment, étroit, presque cylindrique, égale 2/3 de la longueur du premier. Les 3% 4^^ 5° et 6" seg"ments sont subconiques et graduellement plus courts; le 3^ est le plus mince de tous. Les trois derniers segments, aplatis et larges, à jointures minces, forment clave ; ils sont pourvus de poils plus nombreux que les précédents ; le premier est triangulaire, le 2" cunéiforme, presque triangulaire, et le 3^, le pins long- des trois, oblongoval, spatuliforme. Les antennes ont une couleur fauve jaunâtre^ sauf le premier segment, dont la couleur bien plus foncée ressemble à celle de la tête. Les élytres ovalaires ne sont pas striées, mais finement ponctuées, couvertes de poils clairsemés. Vus au microscope, les points se révèlent des taches à bords irréguliers, ayant un point central clair, entouré d'un large liseré, rappelant le tacheté de Técaille polie. Ces taches sont disposées en rangées longitudinales, au nombre de neuf à chaque élytre. Il n'y a aucune corrélation des poils et du pointillé. Les ailes vraies, membraneuses, 1res minces, diaphanes_, pliées au repos sous les élytres, ont des poils très fins et courts_, parsemés sur leur face supérieure. Une jolie rangée de poils plus longs, disposés régulièrement tout le long des bords des ailes, leur forme comme une frange. Les quatre segments abdominaux visibles ne sont pas soudés ensemble les uns aux autres à la face inférieure. La surface du métasternum présente des dessins en relief squamiformes, régulièrement disposés. Les cuisses antérieures et médianes ne sont pas visibles en dehors des bords du corps du Coléoptère vu de dessus, par sa face dorsale. Les tarses sont de moitié moins longs que les tibias; ils ont cinq segments, le l""" le plus long, les 2" et 5° un peu plus petits que le premier, égaux entre eux, les 3= et 4^^ graduelle- ment plus petits que les précédents, le 4"'' étant le plus petit de tous. Les crochets terminaux sont petits et fins. La femelle possède un long oviscapte, formé de segments en télescope, ré- et pro-tractiles, blancs. SÉANCE DU 12 xNOVEMBRE 1907 99 Les œufs, de couleur blanche, ont la forme de certains citrons doux; ils sont ovoïdes, avec une saillie conique au pôle plus large. Ils ont O""" 28 de longueur à leur plus grand dia- mètre et 0"'"20 au plus petit; la saillie conique est haute de Ces petits Coléoptères sont très agiles, ils marchent très vite, mais je ne les ai vus faire usage de leurs ailes que dans des vols extrêmement courts. En marche, ils portent leurs an- tennes allongées et dirigées en avant, en haut et en dehors, en les remuant continuellement, comme le font les Fourmis. Tou- chés, ils se mettent eu repos, replient et cachent les antennes au-dessous du corselet, plient les pattes et font le mort pen- dant quelque temps, pour se remettre plus tard en mouve- ment. Us sont très ardents à s^accoupler. Les larves de notre Coléoptère ne pourraient guère se dis- tinguer de celles de Y Anobium bibliothecarum, d'après la figure publiée par Poey. Elles présentent les caractères d'une petite Chenille, à tégu- ment mou, pourvue de poils longs et très fins, disposés autour du corps. Leur couleur est blanche, sauf à l'extrémité antéi'ieure qui est brunâtre et plus foncée encore à l'appareil buccal. Elles ont trois paires de pattes, de trois segments, et termi- nées par un appendice portant un disque de fixation. Elles manquent d'yeux apparents. Leurs deux antennes, très cour- tes, ont quatre segments. Leur appareil buccal est relative- ment assez fort. Lorsqu'elles sont libres, sorties de leurs galeries, elles se maintiennent recourbées sur leur face ventrale, de telle façon qu'elles tombent et reposent sur un des côtés. Dans ces condi- tions, bien que pourvues de leurs pattes, elles sont incapables de marcher. Leur taille varie naturellement avec le degré de développe- ment; les plus jeunes que j'aie observées, après leur naissance, avaient O""" 50 à O""'" 56 de longueur et 0'"'° 12 à O'"'^ 15 de plus grande largeur ; les plus grosses, en plein développement avaient de 3 à 4""" de longueur et un peu plus de 1°"" de largeur. A Rio de Janeiro, d'après mes observations, c'est à partir de la seconde moitié du mois d'août jusqu'au commencement d'octobre que le Darcotoma bibliophagum se trouve à sa phase d'Insecte parfait. 100 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 M. DE MagalhaEs. — Tandis que les Lépisrnes attaquent sur- tout la surface des feuillets, les Dorcatoma pénètrent dans les livres et les traversent; ils peuvent perforer une rangée de plusieurs volumes et attaquent même le bois. Le meilleur moyen de les détruire paraît être le sulfure de carbone, déjà employé dans l'Amérique du Nord. M. TuouESSARï. — Au Muséum de Paris, les Lépisrnes dé- truisent parfois la feuille de papier portant l'inscription qui est collée sur les étiquettes de carton, sans doute pour arriver à la colle. SUR LA DESTRUCTION DES INSECTES QUI ATTAQUENT LES LIVRES PAR F. SECQUES Je demanderai à notre collègue, M. le Prof, de Magalhaês, s'il a déjà eu recours au formol. L'acide sulfureux présente un inconvénient pour les livres dont il peut altérer les couleurs. Le sulfure de carbone émet des vapeurs (|ui avec l'air peuvent constituer un mélange détonant; son emploi n'est donc point sans danger. Le camphre, d'un prix élevé et d'une action peu efficace, doit être abandonné pour ces raisons. Quant aux insuccès de la naphtaline, ils sont probablement dus à ce que. bien souvent on se sert de naphtaline sublimée_, privée en grande partie de ses composants (dérivés du goudron, acide phénique) dont l'action n'est certainement pas négligeable. Ces différents corps doivent donc être mis de côté. Il serait intéressant d'essayer le formol (aldéhyde foi'mique à 40 "/o) ou son produit de condensa- tion le trioxyméthylène, dont l'emploi est courant en désinfection. Ses propriétés m'avaient donné à penser qu'il pouvait être effi- cace pour détruire certains parasites. En effet, en en plaçant dans des placards à vêtements, j'ai pu préserver les lainages des ravages des Mites, qu'à la fin de l'été je trouvais mortes sur le sol, certainement tuées par les vapeurs du formol^ de même que la Mouche domestique. Dans l'entretien des archives et bibliothèques, il pourrait donner les mômes résultais et cette expérience n'a pas été tentée^ à ma connaissance du moins. Pour détruire les Insectes, il suffii-ait de placer les livres con- taminés dans un réservoir hermétiquement clos, dans lequel SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 101 \ pénétreraient les vapeurs du formol à une température de oO ou 60°, et de les y laisser séjourner deux à trois jours. Pour éloigner les Insectes des endroits non encore envahis, on pour- rait distribuer çà et là de petits réservoirs pleins de formol ou même se servir de trioxyméthylène en poudre. Mais il me gemble indispensable de détruire au préalable les cocons, sur lesquels les vapeurs restent sans action, du moins pour la Mite des vêtements. OBSERVATIONS SUR LE LEMUR MONGOSL. EN CAPTIVITÉ PAU PAUL PARIS A un mâle de Lemur mongos xawalhifrons^ que je possédais depuis le printemps de l'année 1900 et qui avait été amené en France tout jeune quelques années auparavant_, je donnai en juillet 1901 une femelle de même espèce mais de la variété ci- nereiceps. Les deux animaux s'entendirent tout de suite très bien, quoique quelque temps avant, le mâle ait absolument refusé une femelle de Lemur vari. Le rut eut lieu en décembre et vers le 20 du mois se fit l'accouplement. Le 9 avril 1902, entendant au jour beaucoup de bruit dans la pièce réservée à mes deux Makis, je les trouvai affolés, sautant de côté et d'au- tre, A terre gisait un petit ne donnant plus que quelques signes de vie ; un autre petit, mâle comme le précédent, se tenait cramponné en travers de la ceinture de la mère, la queue rame- née sur le dos de celle-ci. A un cordon ombilical d'une ving"- laine de centimètres pendaient, à chaque petit, quelques débris de placenta, la mère en ayant mangé la majeure partie. Ayant séparé le mâle et coupé les restes de placenta, la mère ne manifestant pas le désir de le faire et craignant un accident, je présentai à la femelle le petit trouvé à terre, qu'elle refusa énergiquement et qui malgié tous les soins ne tarda pas à mourir. C'est celui qui est figuré. A quoi faut-il attribuer l'abandon de ce second petit, aussi bien constitué que l'autre ? La mère l'a-t-elle rejeté, ne pou- vant en nourrir deux, ou le mâle, par jalousie, Favait-il arraché à la mère^ qui ne le refusa ensuite que parce qu'agonisant, c'est ce que malheureusement je n'ai pu élucider. Longs d'une douzaine de centimètres environ, non compris 102 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 la ([lieue, les jeunes étaient couverts de poils brun de suie sur la face supérieure du tronc et la queue, formant une sorte de crête s'étendant depuis le bout du museau et très développée sur le dessus de la tète, endroit où plus tard se trouvera au contraire une espèce de raie, la face inférieure et les membres étant presque nus. Naissant les yeux ouverts, ils sont déjà d'une grande force musculaire, car la mère faisait avec son petit des sauts de plus de deux mètres, sans que ce dernier bougeât de sa posi- tion. Leur cri ressemble à un piaulement de petit Oiseau. Vers le milieu de juillet, la mère mourut subitement d'une entérite, qu'elle avait déjà quand elle entra en ma possession et dont je n'avais jamais pu la guérir. A ce moment le petit avait à peu près doublé en dimension ; sa queue et son pelage étaient très toufTus et commençaient à ressembler à ceux du mâle ; ses quatre incisives inférieures étaient bien développées. De- puis quelque temps déjà il quittait sa place habituelle en travers du corps de sa mère, soit qu'il grimpât sur son dos, soit qu'il la lâchât pour trotter ou jouer avec elle. Cet animal mit deux ans à arriver à sa taille adulte et est mort en janvier 1907^ d'une tumeur avec obstruction intestinale, maladie qui avait déjà enlevé son père deux mois auparavant; ce dernier, il est vrai, présentait tous les symptômes de la vieillesse. Ces animaux étaient très doux, surtout le mâle, mais auto- ritaires avec les autres animaux et extrêmement jaloux (je n'ai jamais pu réunir le père et le fils). Il n'en fut pas de môme d'un mâle var. cinereiceps qui, accepté avec joie par le pre- mier mâle comme compagnon après la mort de la femelle, devint en peu de temps, de très doux qu'il était^ absolument Lemur mongos I-., noiiveau-né, ?/-J gi\ nat. SÉANCE DU 12 ^NOVEMBRE 1907 103 fiirifux, et que je fus obligé de tuer pour me défendre après avoir été fortement blessé. Contrairement au Lemur vari ils étaient essentiellement diurnes, dormant d'un sommeil très profond toute la nuit et une partie de l'après-midi. Peu frileux, ils se promenaient, même en hiver, dans le jardin, d'où ils ne songeaient guère à sortir, et où le mâle passait très souvent la nuit sur un arbre, tant que celui-ci était feuillu. Comme nourriture ils recherchaient surtout les fruits charnus, principalement les bananes, les framboises et les fraises, le mâle mangeait également avec plaisir des Coléoptères (Cétoi- nes, Hannetons), des Orthoptères, des Araignées, des bourgeons de INoiselier, d'Erable, des feuilles de Vigne, des carottes et de la salade. Les dernières années, il accepta volontiers du pain_, de la soupe, des petits Oiseaux et de la viande cuite, choses qu'il avait toujours refusées antérieurement et que la femelle et le jeune mangeaient avec plaisir, ce dernier étant d'ailleurs beaucoup plus omnivore. Ils buvaient avec plaisir du lait, du café au lait, du choco- lat, du Champagne et de la bière. Contrairement au mâle, les deux autres se servaient surtout de leurs mains pour manger et même pour boire en trempant la main dans le liquide et en la léchant. Ces animaux, dont les allures, à l'état do liberté, sont celles d'un grand Ecureuil, n'ont jamais présenté de traces de tuber- culose ; ils sont relativement propres et, comme ils ne dégra- dent absolument rien, ils devraient être préférés aux Singes par les amateurs. Ils s'acclimateraient très probablement faci- lement dans la France méridionale. M. Trouessart. — L'existence de deux petits chez les Lému- riens est exceptionnelle et ce peut être l'explication de l'abandon de l'un d'eux. 104 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 NOTE PRELIMINAIRE SUR LES CIRRHIPÈDES OPERCULÉS RECUEILLIS PAR L'EXPÉDITION SUBPOLAIRE ALLEMANDE DU « GAUSS » PAR A. GRUVEL M. le professeur Vanhoffen m'a confié, à mon retour du Sénégal, l'étude des Cirrhipèdes de l'Expédition subpolaire allemande. La collection est importante, aussi bien en ce qui concerne les Operculés que les Pédoncules et les formes larvaires. J'ai actuellement terminé l'examen des Operculés. Pour avoir achevé celui des Pédoncules, il ne me reste plus à examiner que les difiérents échantillons appartenant au genre Scalpellum^ luais comme il est représenté par plus de deux cents individus, l'étude minutieuse qui doit en être faite est assez longue. J'en parlerai dans une prochaine communication. Pour aujourd'hui, je me bornerai à dire un mot des Operculés. Les trois familles qui composent la tribu des Symétriques, sont représentées dans cette importante collection. Les Octoméridés sont représentés par le seul genre Pachy- lasma et une seule espèce P. gigantcum Philippi, fixé sur un Mytilus aux environs du cap de Bonne-Espérance, sur les rochers de Simonstown. Cette espèce n'avait guère été signalée jusqu'ici que dans la Méditerranée. Ce sont les Hexainéridés qui, comme de coutume, renferment le plus grand nombre d'espèces^ avec, ici, deux genres seulement : le genre Balanus et le genre Tubicinella. Le genve Bala?ius est représenté par neuf espèces simplement, bien que le nombre des échantillons recueillis soit très consi- dérable. Ce sont d'abord : B. tintinnabulmn Daiw. var. zébra Darw. La plus grande parlie des individus proviennent de la région à peu près exactement comprise entre la côte ouest de l'Afrique et la côte est de l'Amérique du Sud, entre 0 et 15° environ de latitude sud. Un lot provient de la côte ouest de la Bretagne. Cela ne doit ?F.A>'Cl!: DU 12 NOVKMRRK 1907 105 pas Dons étonner, étant donné l'habitat extrêmement dispersé de celte espèce. Un lot de Bal. tintiniiabulum Darw. var, conuminis Darw. provient du cap de Bonne-Espérance. Un certain nombre d'exemplaires du Bal. capensis Ellis, pro- viennent de Simonstown (cap de Bonne-Espérance); l'un d'eux était encore fixé sur un aileron de Squale. L'espèce Bal. trigonus Darw. est extrêmement abondante dans la collection. Un grand nombre de spécimens proviennent aussi du sud africain (Simonstown). Un petit groupe fort inté- ressant de jeunes individus provient de l'ouest, des iles du cap Vert où il a été recueilli par des fonds de 3 000 mètres. Je dois dire que cette espèce est extrêmement commune sur les côtes de la Mauritanie et du Sénégal, où elle est à peu près la seule représentée en eaux profondes et qu'il n'est pas étonnant de la rencontrer aux iles du cap Vert et plus à l'ouest. Quelques échantillons de Bal. spongicola Brown ont été également recueillis près de Simonstown. On sait que cotte espèce est assez fréquente dans la région du cap de Botme-Espérance où elle se trouve souvent associée à Bal. capensis Ellis, et à Acasta spongiles Poli. Le Bal. pœcihis Darw. semblait jusqu'ici presque exclusive- ment localisé sur les côtes ouest de rAmérit|ue du Sud. Quel- ques exemplaires ont été ramenés par le « Gauss » d'une pro- fondeur d'environ 800 mètres au sud de Madère. Celte espèce remonte donc beaucoup plus au nord qu'on ne pouvait le supposer. Des exemplaires de Bal. perforatus Brug. ont été récollés au sud de l'Afrique, environs de Simonstown. Mais, une espèce qui est extraordinairement nombreuse dans la collection est le Bal. improvisas Darw. que Ton a retrouvé depuis la Manche just|u'au sud de la Patagonie. Presque tous les échantillons ont été recueillis soit au cap de Bonne-l]spérance , soit un peu plus au nord et à l'ouest. Quelques-uns à peu près à égale distance entre l'Afritjue et l'Amérique du Sud par 10 à 12° de lat. sud. Une autre espèce, également très répandue, Bal. amphitrite Darw. var. commanis Darw.^ a été récollée, quelques échan- tillons seulement, sur les côles sud de l'Angleterre, de même qu'un petit lot de Bal. balanoïdes L. Le genre Tubicinella est représenté par un seul exemplaire de l'espèce connue : T. trachealis Shaw., recueillie sur un 106 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 Balœna australis capturé aux environs du cap de Bonne- Espérance. Enfin la famille des Tétraméridés est représentée par deux genres : le genre Tetraclita^ avec une seule espèce : T. poiosa Gm. des rochers de Siinonstown, et le genre Elminius avec une seule espèce également, qui se rapproche d'^". simplex. Darw., mais qui en difière cependant nettement surtout par ses pièces operculaires. C'est la seule forme nouvelle de cette volumineuse collection. Je lui ai donné le nom de E. cristallinns à cause de la transparence de ses parois et de ses pièces operculaires. Sa diagnose est la suivante : Elminius cristallinus. Test à peu près régulièrement arrondi, sub-conique, très blanc et hyalin. Parois minces et fragiles, presque lisses, pré- sentant seulement quelques faibles cotes longitudinales et des stries d'accroissement à peine visibles. Ailes et rayons nets. Orifice quadrangulaire, assez large. Pièces operculaires fai- sant saillie au-dessus des sommets des parois et présentant, dans leur ensemble, une forme nettement en bec de perroquet. Scuta sans arête pour l'adducteur ; sillon articulaire net, mais peu profond. Bord basai courbe, égalant à peu près deux fois la longueur du bord tergal. Stries d'accroissement très nettes. Terga triangulaires avec l'apex pointu, recourbé en avant. Bord dorsal fortement courbé et un peu plus court que le bord basai. Arête articulaire légèrement concave. Pas d'éperon. Diamètre antéro-postérieur : 5"" — transversal : 4 °"" Hauteur verticale : 2'"'" Habitat : Ponta Delgada. LE JEUNE CHEZ LE MARTINET PAR ALBERT HUGUES Le 2 septembre 1893 je trouvai dans un champ labouré un Martinet [Cypsehis apus ), l'aile cassée, se traînant péniblement sur les mottes. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1907 107 L'ayant placé clans un trou (barhacane) d'une muraille de ma basse-cour, afin de l'y laisser mourir tranquille, je fus très étonné de le voir encore vivant quelques jours après. Peu re- muant, il tombait rarement de son trou, où je le replaçais et dont il ne disparut que le 22 septembre, croqué par un Chat. En raison de son aile cassée et de la position qu'il occupait dans son trou, ce Martinet a dû subir une privation de nourri- ture sinon totale, du moins fort grande. J'ignorais à cette époque, la demi-affirmation de Brehaî, qui avance qu'on a vu des Martinets vivre jusqu'à six semaines sans manger. Des expériences sur l'essor du Martinet, publiées par mes collèg-ues et amis MM. Gal et G. Mingald (1), il résulte que le Martinet adulte_, pris en mai, ne résiste que trois jours à la privation de nourriture. Ayant pu me procurer un jeune Martinet tombé du nid et trouvé rampant dans la rue le 5 juillet 1907 à G heures du matin, je l'isolai sans nourriture ; il mourut le 12 juillet, à 8 heures du matin, après six jours^ deux heures, de jeûne ; il est utile de dire, qu'au moment de sa capture, l'Oiseau paraissait très affaibli. Grâce à l'obligeance de M. Galien Mingaud, directeur au Mu- sée d'histoire naturelle de rS'imes, j'ai pu faire de nouvelles expériences, d'abord sur deux jeunes Martinets pris au nid, et sur un adulte, tous capturés dans les trous d'aération du Mu- sée. Les deux jeunes, pris le 23 juillet à 9 heures du matin, pesaient respectivement 57 et 68 grammes. Isolés dans des boites en carton percées de quelques petits trous, ils furent placés avec leurs boites dans une caisse d'élevage pour che- nilles, entièrement vide. Le premier se blessa le 4 août et mou- rut le 5, à 7 heures du matin, soit au bout de 13 jours moins deux heures ; il ne pesait plus que 26 grammes, ayant perdu 42 grammes sur son poids primitif de 68; pendant son jeûne, les plumes de l'Oiseau avaient atteint leur développement nor- mal. L'animal mesurait 17 centimètres de longueur et 40 cen- timètres d'envergure. Le second Martinet de 57 grammes ne mourut que le 13 août à 6 heures du matin; il avait vécu 21 jours moins trois heures sans nourriture; il mesurait 16 centimètres de longueur et 39 centimètres d'envergure; il pesait, mort, 21 grammes, ayant (1) Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nîmes, 1902, p. 24 à 29. 108 SÉANCE DU 12 NOVEMBRK 1907 perdu 30 grammes de son poids. Le 3 août je reçus, toujours du Musée, un mâle adulte; il ne pesait que 25 grammes et mourut après un jeûne de 4 jours pendant la nuit du 7 au 8 août; mort, il pesait 22 grammes; il est juste de faire remar- quer que le poids de 25 grammes n'est pas celui d'un Martinet adulte (1), que l'Oiseau était très maigre et (jue de nombreuses expériences sont encore utiles pour trancher la question du jeûne chez le Martinet. 11 faudrait étudier la résistance à la mort par inanition du Cypselus apus pendant tous les mois de l'année, qu'il passe parmi nous, expérimenter sur des indivi- dus de tout sexe et de tout âge, étant donné qu'il semble résulter des deux expériences que j'ai faites en juillet dernier que l'Oiseau pris au nid supporte allègrement un jeûne pro- longé et qu'avant de rejeter la demi-afflrmation de Bkehm, il convient de se documenter sur ce qui peut l'avoir induit â l'é- crire. Que ceux de mes confrères que la question intéresse et qui disposent de nombreux loisirs veuillent bien élucider ce point de physiologie ornithologique. COULEUR DES YEUX D'OISEAUX ALBINOS PAR ALBERT HUGUES Voulant apporter mon tribut â la question si importante de la couleur des yeux chez les Vertébrés dont la Société zoolo- gique de France s'est occupée dans la séance du 11 juin 1907 relativement à la couleur des yeux chez les Oiseaux albinos et isabelles, discussion motivée par la présentation de la belle série de ces Oiseaux apportés par M. L. Petit, je répoudrai à mes collègues de la Société que la question intéresse, que les quatre sujets que j'ai eus en chair entre les mains avaient tous les yeux rouges. Ce sont : deux Hirondelles de cheminée [Hirundu rustica) trouvées dans deux nids différents, sujets entièrement blancs, jeunes ; un Moineau iriquet (Passer mon- tanus), largement tapiré de blanc, cf, tué en janvier 1901, et une Bécasse ordinaire [Scolopax riisticula), sujet isabelle. (1) BuFFON donne comme poids normal du Martinet 10 à 12 gros. ■\I>[. Gai. et G. MiNGAUD, 10 à 15 grammes {loc. cit.) Séance du ''JO novembre 1907 . PRÉSIDENCE DE M. MARCHA L, VICE-PRÉSIDENT. M. Pruvot s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le Professeur Odon de Buen annonce qu'il accepte avec plaisir la présidence d'honneur de la 15" assemblée générale annuelle. M. R. Blanchard, signale à l'attention de la Société le très important ouvrage que MM. L. Termer, membre de la Société, et F. Masse viennent de publier sous ce titre : Les Canards sauvages et leurs congénères{\). Les Oiseaux de la famille des Anatidae s'y trouvent décrits de façon très exacte et très com- plète, ainsi que leurs mig-ratious et les procédés suivant les- quels ils peuvent être chassés. Ce livre est le résultat d'une longue expérience cynégétique et le fruit de patientes et mul- tiples observations biologiques; il est des plus recommau- dables. L'administration du premier congrès international de l'in- dustrie frigorifique, qui aura lieu ù Paris à la fin de >uin 1908, adresse le programme de ses travaux. A noter comme pouvant intéresser plus particulièrement les membres de la Société la question suivante : « Les basses températures et leurs actions au point de vue physique, chimique et biologique. » S'adresser au Secrétariat général du congrès, 10, rue Poisson, à Paris, 17^ M. le commandant E, Caziot dépose un mémoire intitulé : « Indication des ouvrages qui ont paru sur la faune de Mol- lusques terrestres et fluviatiles des départements français », fait avec le concours de M. E. Fagot. M. Georges Dehalt, demeurant 121 bis, rue de la Pompe, à Paris, 16% est présenté par MM. Pellegrin et Robert. M. le D"" Joseph Lavag.na, directeur de l'institut ophlhalmo- logique Princesse Alice, à Monaco, est présenté par MM. Blan- chard et Perroncito. A propos de la destruction des Insectes nuisibles aux livres (1) Paris, Firmin-Didcit, gr. in-8» de xxii 751 p., avec un ti-ès grand nombre de figures dans le texte. 110 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1907 et au.v colleclions, dont il a été question clans la précédente séance, M. Petit recommande l'usage de la naphtaline cristal- lisée, qui préserve parfaitement les animaux montés en peau, tandis que la naphtaline en boules est inefficace. M. DE GuERNE. — La naphtaline brute est employée avec succès dans les collections d'ethnographie. M. Marchal. — Néanmoins la naphtaline écarte les Insectes plutôt qu'elle ne les tue. M. Petit présente une Mouche tsé-tsé venant du haut Oubangui et signale les progrès effrayants de la maladie du sommeil en Afrique, dans les régions habitées par cet Insecte. M. TiLLiER. — La Mouche tsé-tsé ne s'écarte pas à plus de o kilomètres des fleuves ou des lacs ; à cette distance des grandes étendues d'eau, la maladie du sommeil cesse d'exercer ses ravages. M. Trouessart annonce que le moulage d'un squelette de Diplodocus de 24 mètres de longueur va arriver prochaine- ment au Muséum. M. Ylès « présente à titre de curiosité un exemplaire du traité de zoologie de Marcus Aurelius Severinus, premier professeur d'anatonlie et de chirurgie à l'Université royale de Naples, édité en 1645, à Nuremberg. Ce traité est intitulé : Zootomia Democrit.ea : idest Anatome generalis totius ammantiu.m opificii, libris quinque distincta, quorum seriem sequens faciea doline- abit. Opus, quod omnes omnium bonarum artium Stridlosos, tiedum Professores anatomicos decet. Marci Aurelii Severini, Thuru Tharsiensis, Philosophi Medici^ Primarii liegio iii Audi- torio Neapolitano Anatomes et Chinirgiae Professons. Literis Endterianis^ Noribergae, Aimo CIO IDC XLV . Dans les trois premières parties de cet ouvrage, Tauteur traite de questions générales : de la définition et la délimi- tation de l'anatomie et des différentes sciences qui la compo- sent ; de l'utilité de la zootomie pour le médecin ; de la méthode scientifique, des causes finales, etc. Dans les deux autres parties, où le texte renferme un grand nombre de figures, l'auteur expose la zoologie pratique [Pragmatica] : l'anatomie des animaux et la technitjue de la dissection. Ces parties sont de beaucoup les plus intéressantes pour le zoolo- giste. 11 y a lieu d^y signaler un chapitre très curieux sur l'anatomie des Céphalopodes, avec des dessins de dissection ; SÉANCE DU 26 iNOVEiMBRE 1907 111 l'aiitenr range les Céphalopodes parmi les Poissons, à côté de l'Hippocampe et de la Roussette. Ces figures montrent des fautes systématiques de dissection dérivant visiblement du souci constant de trouver partout des homologies avec Tana- tomie humaine : c'est ainsi ({ue les glandes salivaires devien- nent des « poumons », ne débouchant pas dans le tube digestif, et que les branchies représentent les « cornes de l'utérus. » LE SEPTIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE ET LES ÉTABLISSEMENTS ZOOLOGIQUES DES ÉTATS-UNIS PAR Mii« MARIE LOYEZ Le septième Congrès international de zoologie s'est tenu cette année aux Etats-Unis, ;\ Boston (Massachussets), sous la prési- dence de M. le professeur Alexandre Agassiz, du 19 au 24 août; il a été suivi d'une série d^excursions et de visites très intéres- santes des principaux établissements scientifiques de la côte est des Etats-Unis. 408 membres étaient inscrits, parmi lesquels un grand nombre d'Aïuéricains. Les Européens cependant étaient assez nombreux, étant donnée la distance qu'ils avaient à francliir. 9 Français ont assisté au Congrès, dont 3 membres de la Société zoologique de France : M. le professeur Raphaël Blanchard, M. le baron de Guerîne et moi. Les autres Français étaient : M. le professeur Depéret, D"" Loisel et M"'' Loisel, MM. Gravier, baron Dubreton et baron L. Dubreton. Parmi les étrangers, membres de la Société zoologique de France, qui ont pris part au Congrès, je citerai : MM. Alexandre Agassiz, W. Blasils, von Graff, Richard Hertwig, John Murray, Stiles, Studer, Yersluvs, Wakd, Ylng. 1. — Travaux du Congrès. Si le Congrès de Boston a été remarquable par le grand nombre et la qualité de ses membres, il ne l'a pas moins été par l'importance de ses travaux. 318 communications avaient été annoncées, et 57 démonstrations. L'abondance des sujets traités BuU. de la Soc. Zool. de l'r., l'.HJT. .\x.xii— lU 112 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1907 et aussi leur diversité a nécessité la formation d'un plus grand nombre de sections que dans les Congrès précédents; ces sections, au nombre de dix, ont été les suivantes : I. Animal behavior. II. Anatomie comparée. III. Physiologie comparée. IV. Cytolog'ie et Hérédité. V. Embryologie et Zoologie expéi'imentale. YI. Entomologie et Zoologie appliquée. VII. Zoologie générale. YlII. Pakeozoologie. IX. Zoologie systématique, X. Zoogéographie et ïhalassographie. On remarquera, comme innovation du Congrès de Boston, la création d'une section intitulée : Animal behavior. C'est qu'en etl'et, les questions touchant la psychologie animale tendent à prendi'e une place de plus en plus grande dans les études zoolo- giques, notamment en Amérique^ où des recherches précises sont poursuivies avec activité sur ce point ; pour cette seule section il n'y avait pas moins de 41 communications inscrites. Je signalerai également le nombre et l'importance des tra- vaux sur les questions d'hérédité, de variation des caractères, d'hybridation ; en Amérique, des expériences sur de très vastes échelles sont entreprises à ce sujet, mais partout ces questions passionnantes font l'objet de discussions et de recherches. C'est ce qui justifie la formation d'une section de Cytologie et Héré- dité. En ce qui concerne la cytologie, il est t\ peine nécessaire de faire remarquer les services qu'elle rend à la zoologie pro- prement dite; personne ne nie qu'elle soit aujourd'hui le com- plément indispensable de toute étude anatomique. Une autre innovation a été la création d'une section de Palœozoologie. Dans les Congrès précédents, il y avait bien des communications sur des sujets de paléontologie, mais elles étaient dispersées dans les autres sections ; c'est la première fois qu'elles ont été groupées dans une section distincte ; il était naturel que ce fût sur la terre privilégiée de la paléontologie, et l'on ne peut que se féliciter de cette mesure qui est de nature à attirer dans les congrès de zoologie un plus grand nombre de paléontologistes éminents. Le siège du Congrès de Boston était le vaste et somptueux monument, récemment achevé, de Harvard Médical School. SÉANCE DU 26 NOVEMBRK 1907 113 Les séances des sections ont en lien dans les ditférents amphi- théâtres de ce bel étabUssement, tandis que les séances g-éné- rales se sont tenues dans la salle du (Conservatoire de Musique, Jordan Hall. En outre, plusieurs salles de l'Ecole de Médecine étaient réservées aux démonstrations pratiques : vues de pro- jections, préparations microscopiques, pièces, moulaçes, instru- ments, etc. Les matinées étaient consacrées à l'exposé et à la discussion des communications dans les différentes sections; les séances générales, au contraire, avaient lieu l'après-midi. C'est dans l'une de ces séances générales que fut proclamé, par M. le professeur Raphaël Blanchard, le lauréat du prix de Sa Majesté l'empereur Nicolas II ; ce prix a été attribué à M. Clénot, professeur à l'Université de jNancy et membre de la Société Zoologique de France. Dans une autre séance fut voté le lieu de réunion du prochain Congrès : c'est à Gratz, en Autriche, que, sur l'invitation exprimée par M. le professeur VON Graff, se tiendra, en 1910, le huitième Congrès interna- tional de zoologie. Le compte rendu détaillé des séances générales, ainsi que les travaux des différentes sections devant paraître prochaine- ment dans un volume spécial publié par le Congrès, je n'en [)arlerai pas davantage dans ce résumé très sommaire, II. — Excursions et visites scientifiques. Avant d'entrer dans le détail des visites scientiliques que nous avons faites à l'occasion du Congrès, je tiens à dire de quelle manière cordiale et charmante nous avons été reçus par les Américains. Des comités de réception s'étaient formés pour venir en aide aux congressistes étrangers, leur aplanir les petites difficultés du voyage et leur rendre le séjour en Améri- que aussi agréable qu'intéressant. Des excursions ont été orga- nisées afin de leur faire connaître les principaux établissements scientifiques : universités, musées, parcs zoologiques, labora- toires, et ces excursions se sont prolongées jusqu'au 10 sep- tembre, s'éteudant non seulement aux environs de Boston, mais encore à New-York, à Philadelphie, à Washington et jus- (|u'au Niagara et à Toronto. Partout, les comités avaient si bien organisé les choses pour nous recevoir que ces excursions ont été en réalité une série ininterrompue de fêtes et de réceptions. 114 SÉANCK DU 26 NOVEJlBRE 1907 A Boston, par les soins du comité local, le lunch nous était offert chaque jour sur la terrasse même de TEcole de Médecine, ce qui nous évitait tout déplacement. L'après-midi, en dehors des séances générales, des excursions avaient lieu, et plusieurs fois, la journée s'est terminée par de magnifiques réceptions. En outre, un comité de dames s'était constitué pour rendre aux dames congressistes, membres ou participants, le séjour de Boston aussi agréable que possible. D'aimables réceptions ont eu lieu; et pendant les séances du Cong"rès, les dames ins- crites à titre de membres participants étaient conviées à dos visites et des prouienades. Eu dehors des excursions organisées, chacun de nous a pu visiter individuellement les monuments les plus intéressants de Boston, tels que la Bibliothèque, le Musée d'art, l'Institut de Technologie, le Musée zoologique, ainsi que le Musée anato- mique de Harvard Médical School. Quant aux excursions, eu voici le compte rendu très sommaire : Le 20 août, les congressistes sont conduits à Arnold Arbore- tum, immense parc près de Boston, dépendant de Harvard Uni- versity, et renfermant une riche collection de tous les arbres et arbustes du nord de l'Amérique, particulièrement du climat du Massachussels, et aussi des espèces exotiques. Guidés par M. le Professeur Saucent, directeur de rArboretum, nous fai- sons à travers ce parc mngnifique une promenade agréable et instructive. — Au retour, un garden-party nous est offert par Mr. et Mrs. Larz Anderson dans leur propriété originale et char- mante de « Weid Estate « à Brooklyne. Le lendemain, 21 août, c'est à Salem^ à 16 milles de Boston, que nous sommes conduits en automobile. Là, nous sommes re£us à l'Académie des Sciences Peabody, dont nous exami- nons la riche collection d'histoire naturelle et d'ethnologie. Le 22, des cars électriques spéciaux nous transportent avec une vitesse vertigineuse à Wellesley Collcge, à 15 milles de Boston. C'est une vaste université féminine, créée par fondation pi'ivée en 1875, et où les femmes peuvent faire des études supérieures et recevoir les mêmes diplômes et les mêmes grades que ceux qui sont conférés dans les universités masculines. Après avoii" été reçus par la Présidente du Collège, Miss Caroline Hazard, nous visitons principalement, dans ce vaste étalilissement, la partie affectée aux sciences, guidés par les dames professeurs et instructeurs. Wellesley Collège comprend dix-neuf bùtiuienls, mais c'est dans le principal. Collège Hall, SÉANCE DU 26 iNOVEMBUÉ 1907 115 qtifi se trouvent les laboratoires et collections qui nous intéressent spécialement. Il y a quatre laboratoires pour la zoologie et la physiologie animale, dont nous admirons l'organisation ; chaque élève est pourvue d'une série d'appareils importants pour la physiologie, et il y a aussi de nombreux appareils spéciaux pour les recherches. Les collections comprennent des pièces servant pour l'étude, surtout des animaux de la région ; mais les étudiantes se servent en outre des collections beaucou[) plus complètes de Harvard. Après cette rapide visite, tout le monde se trouve réuni pour le lunch au pied de Collège Hall, en face d'un lac situé dans un site ravissant. Enfin, une audition musicale à la chapelle termine cette intéressante visite. Le Congrès ayant terminé ses travaux le 23 août, toute la journée du 24 est consacrée à la visite de V Université HarvanL à Cambridge, ses musées, ses laboratoires. Après avoir été reçus dans Memoria Hall par le doyen, M. le prol'esseur Eliott, nous parcourons d'abord l'intéressant musée de zoologie comparée ou « iVgassiz Muséum » fondé par Louis Agassiz et dont M. le professeur Alexandre Agassiz, président du Congrès, est aujourd'hui directeur. Cet admirable musée comprend des collections ouvertes au public, des collections d'étude, et aussi des pièces d'une réelle valeur. Ces collections sont divisées en : sf/noptic colleclion, spécial collection, systetnalic collection et faiinal collection. Nous admirons la manière dont les collec- tions d'étude sont présentées, afin de faciliter le tiavail de l'étudiant. Une partie importante du musée est constituée par les espèces marines et les engins employés pour les capturer ; nous voyons l'exposition des instruments de pèche pélagique, dragues et autres engins qui ont servi aux explorations mari- times de M. Agassiz. Les laboratoires de Harvard font également l'objet de notre admiration ; il y a des laboratoires de recherches parfaitement installés et des laboratoires d'études ; ceux-ci sont fréquemment associés aux salles de cours : au milieu sont des sièges munis de tablettes mobiles pour l'assistance au cours, et tout autour, près des fenêtres, les tables de dissection. Il y a également une importante bibliothèque. Après la visite du musée archéologique Peabody, et le lunch au club de l'Université, les congressistes se répandent dans les différents bâtiments de Harvard, suivant les tendances particu- lières de chacun. 116 SÉANCK Dr 26 NOVKMBRE 1907 Le dimanche 25 août a été consacré à la visite de la station de Jjiologie marine de Woods Holl. Mais dès le soir du 24 août, les délég-ués étrangers se sont rendus à l'invitation des profes- seurs résidant alors à Woods Holl, qui avaient poussé l'amabi- lité jusqu'à vouloir être leurs hôtes pour la soirée et la nuit. Je profite de l'occasion (jui m'est offerte pour renouveler mes remer- ciements à M. le professeur F. R. Lillie, de l'Université de Chicago, assistant-directeur à Woods lloll, dont j'ai eu le plaisir d'être l'invitée et chez qui j'ai passé une charmante soirée, au sein de sa famille. La station biologique est située dans une région très riche, à l'entrée de la baie de Buzzard, loin de l'agitation des gran- des villes; les accidents de la côte, les iles, les lîaies, les ro- chers, recèlent de nombreux animaux marins ; les Limules [Limidiis polyphenms) y abondent; aussi remet-on à chacun de nous pour insigne une petite Limule fixée à un rul)an aux ini- tiales du laboratoire. La station comprend 3 sections : le département de zoologie, le département de physiologie et celui de botanique. Dans la section de zoologie, il y a 55 laboratoires particu- liers pour les recherches et des laboratoires communs, avec tables de travail, pour les étudiants. Des professeurs de diffé- rentes Universités, attachés au laboratoire pour la saison d'été, guident les travailleurs. Les principaux sujets en honneur à Woods Holl sont : animal behavior, hybritlisation, évolution de la couleur, variation et caractères spécifiques. Les profes- seurs font aussi des cours sur des sujets de zoologie et de bio- logie marines. La section de physiologie est organisée sur le même modèle. Dans celle de botanique, on étudie spécialement les Algues marines. En outre, la station de Woods Holl fait de nombreux envois de plantes et d'animaux; un catalogue spécial donne la longue liste des espèces que l'on peut ainsi se procurer. M. le professeur Whitman, de l'Université de Chicago, direc- teur de la station, après nous en avoir exposé l'organisation, nous conduit dans les différents bâtiments; nous voyons d'abord le pigeonnier, où M. Wbitman a d'intéressantes expéi'iences eu cours sur Thybridation, à l'effet de vérifier la loi de Mendel ; il a entrepris de refaire, en les étendant, les expériences de Darwin. De là, nous visitons le laboratoire de botanique, où nous SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1907 117 voyons rherbai'ium, jolie collection des Algues de Woods IloU, puis, dans le bâtiment principal, le laboratoire de zoologie marine, celui d'embryologie, celui de physiologie, la biblio- thèque. Nous voyons aussi le bâtiment où se fait le triage et la garde des animaux à envoyer, puis Taquarium et la Com- jnission des pêcheries. il y a aussi â Woods HoU une importante station de pisci- culture, mais ce n'est pas la saison des élevages à ce moment. Dans de grands bassins nous voyons quelques Poissons inté- ressants : Sphéroïdes maculatus, qui se gonfle quand on le tourmente ; le Rémora, qui se place sous un Requin pour se faire véhiculer, etc. Puis, dans le mess des étudiants, nous est ofTert un lunch de circonstance ou clambake, c'est-à-dire conq^osé de produits marins, poissons, coquillages, crustacés, qui ont tous été cuits ensemble par la vapeur avec des patates et du maïs dans des tonneaux couverts de fucus. Enfin, à 2 heures, nous nous embarquons pour nous rendre à New-York, où nous arrivons le lendemain matin, 26 août. A Ne\v-York_, où nous avons séjourné une semaine entière, le comité s'est vraiment surpassé pour nous recevoir. Tous les mendires qui le désiraient ont été logés à Columbia Unive/'sitf/, et chaque jour la visite d'un établissement scientifique était l'occasion des plus charmantes réceptions. La première journée s'est passée d'une façon aussi agréable qu'intéressante à V Université Columbia, où nous avons été reçus par MM. les professeurs Wilson et Osborn. Nous avons visité les différentes parties de ce vaste établissement, encore inachevé, principalement sa belle bibliothèque et ses musées d'histoire naturelle ainsi que ses laboratoires. Je signalerai, en particulier, les belles collections de démonstration pour l'enseignement élémentaire, entre autres une collection embryo- logique remarquable. Il y a des laboratoires de zoologie, de physiologie, d'histologie, qui sont, les uns des laboratoires de recherches, les autres des laboratoires d'études, ceux-ci tou- jours attenant à des salles de cours. Le soir une promenade-concert réunit les congressistes dans les jardins, illuminés aux lanternes japonaises. Le lendemain, 27 août, c'est le superbe American Muséum of 'Saturai IJistory qui fait l'objet de notre visite. C'est un im- mense bâtiment, qui fut construit et est entretenu par la Cité, mais qui, comme beaucoup d'établissements scientifiques amé- 118 SÉANCK DU 26 NOVEMBRE 1907 ricains, est doté par des j)ai'ticiiliers. Il est administré par une association de citoyens privés, dont M. Morris Jesup est le pré- sident, assisté de M. le professeur Osborn. Ce sont les contri- butious des « Trustées » qui enrichissent le musée par l'achat de spécimens, qui permettent l'impression des publications, l'envoi d'explorateurs, etc. Je ne décrirai pas les merveilles que nous avoDS vues dans ce bel établissement. Pour me limiter à la zoolog-ie, je signa- lerai seulement, au principal étage, l'exposition des Mammi- fères, qui renferme les plus beaux spécimens de Singes, Carnassiers^ Ruminants (BufFalos, Cerfs, etc.) ; — au 3" étage, une belle collection d'Oiseaux, où nous admirons surtout les ce Habitat groups », montrant les Oiseaux du nord de l'Amé- rique dans leur milieu naturel, chaque exposition étant une représentation panoramique de la vie des Oiseaux à l'état sauvage. Mais c'est surtout l'admirable collection palcontologique de M. le Professeur Osborn, (\ù\ retient le plus longtemps l'attention des congressistes. Elle comprend les Vertébrés fossiles, parmi lesquels les grands Dinosauriens, tels que le Jh'ontosau- rus, dont nous voyons l'immense squelette monté, le Diplodocus, animal Carnivore muni de griffes, V Hadrosaurus^ à bec en spatule, VAliosaf/rKs, le Naosaiirus^ YJgimnodou.^ etc. — Nous voyons aussi les pièces très intéi'essantes relatives à l'évolution des Equidés, si bien conservées et si bien présentées qu'elles démontrent avec une clarté parfaite la généalogie du Cheval. On peut suivre de même l'évolution du Tapir, de '.'Eléphant, du Rhinocéros. Dans une vitrine, nous voyons encore des photo- graphies très curieuses de squelettes de Chevaux, réalisées par M. OSBORN. Après le lunch, qui, sur l'invitation du Président, M. Morris Jesup, nous est offert dans Loubat Hall^ de l'archéologie mexi- caine, nous visitons les autres parties du musée : Invertébrés, collections anthropologiques et ethnogi'aphiques, bois de l'Amé- rique du Nord, minéraux, parmi lesquels (\st la riche collection de pierres précieuses de la salle Pierpont Morgan. Il y a aussi une lîibliothèque, et des lal)oratoires de recherches, que nous visitons. J'ajouterai enfin que les administrateurs de V American Muséum, ne dédaignent pas de s'occuper deTinstruc- tion élémentaire : chaque jour, de petits musées portatifs sont envoyés dans les écoles par des chariots électriques aménagés spécialement pour le transport de collections ; nous voyons à SÉAiNCK DU 26 NOVEMBRE 1907 119 la porte du Muséum quelques-uns de ces véhicules chargés des pièces les plus utiles à reuseignement. La journée se termine par une charmante soirée passée dans le Muséum sur l'iovitation de Mr. et Mrs. Osborn : des projec- tions accompagnées d'intéressants récits de voyages nous font assister à des scènes curieuses de la vie des animaux. Le 28 août, c'est à Cold Spring Earhor, dans Long Island, que nous sommes conduits par les soins du comité, afin de visiter la station biologique, c\ la fois maritime et terrestre, établie en ce point. — H y a en réalité à Cold Spring Harbor, deux laboratoires : 1° le laboratoire biologique, de l'Institut des Arts et des Sciences de Brooklyn ; et 2° la station pour l'évo- lution expérimentale de l'Institution Carnegie de Washington. Sous la direction de M. le D"" Davenport, de l'Université de Chicago, qui en est le Directeur, nous visitons successivement ces deux laboratoires. Le premier est situé au bord de la mer, et l'eau douce vient d'une source située sur la colline voisine. Il comprend plusieurs bâtiments avec des chambres de travail pour les recherches, et des laboratoires communs pour les étudiants ; il y a aussi des « dormitories » et une salle à manger. La station pour l'évolution expérimentale ayant pour but l'étude de l'hérédité et de la variabilité des organismes, la création de races par hybridation et sélection, possède non seulement de petits laboratoires particuliers pour les recherches, mais encore de grandes chambres pour étudier sur les animaux terrestres et aquatiques, les effets des variations des conditions de lumière, de température et d'humidilé. Elle comprend en outre de vastes champs d'expériences pour les animaux et les végétaux ; le terrain situé entre les embouchures des deux cours d'eau se jetant dans la baie constitue de bons jardins de terre d'alluvion, où nous voyons d'importantes cultures de Maïs, d'Œuotlîère, de Soleil, de Luzerne, de Tomate, etc., sur lesquelles ont été entreprises des expériences de fécondation croisée et de transmission des caractères. Nous examinons ensuite le poulailler, au nord du jardin, où se font des essais du même genre, la petite maison des Chats, la colonie des Canaris, etc. Nous nous réunissons ensuite sur la grève, devant une énorme meule fumante que plusieurs nègres sont occupés à découvrir : elle renferme notre déjeuner, nouveau clambake, plus original encore que celui de Woods Holl : au-dessous d'une épaisse couche d'algues, sont des lits successifs de pois- 120 SÉANCE DU 26 MOVEMBKE 1907 sons, de maïs, de homards, de crabes, de patates, de coquil- lages, etc. Nous assistons au curieux déchargement de la meule et au transport des victuailles qui bientôt disparaîtront sous la dent des nombreux convives. Après le lunch, quelques-uns d^entre nous vont à quelques centaines de mètres de là, visiter l'installation de M. Davenport, ses Poules, ses Bovidés, sur lesquels il fait des expériences d'hybridation. C'est alors seulement qu'on nous annonce que le Président de la grande Confédération des Etats-Unis, M. Roosevelt, va nous recevoir. Des voitures nous conduiseiTt à Oyster Bay ; nous sommes en tenue de voyage, n'ayant pas été prévenus, mais notre confusion disparait devant l'amabilité du Président, qui nous reçoit avec une cordialité charmante et une grande simplicité, adressant un mot aimable à chacun de nous. Le 29 août nous sommes les invités de la Société zoologique de New- York, qui nous convie d'abord à la visite du parc zoo- logique, puis à l'Aquarium. Ce qui a le plus frappé les congressistes eu parcourant le Zoological Parh de New-York, c'est son immense étendue, ainsi que l'installation spacieuse des animaux, et ces remar- ques nous avons pu les faire plus tard à Philadelphie et à Washington^ En général, les parcs zoologiques en Amérique sont de grands emplacements situés loin du centre des villes, ce qui permet de réaliser les conditions d'air et d'espace favo- rables à la vie des animaux. On a choisi, pour les installer, une région où il y avait à la fois des collines et des plaines, des forêts et des prairies, des rochers, des cours d'eau, etc., de sorte que chaque type d'animaux y trouvât, autant que possible, quelque chose de son habitat naturel. Les animaux n'y sont pas disposés suivant l'ordre des groupes zoologiques, mais d'après l'emplacement qui convient à chacun d'eux. C'est d'après ces principes que fut créé le parc zoologique de New- York, qui peut servir de modèle aux étaldissements de ce genre. 11 est situé au N.-E. delà ville, dans une partie du Bronx Park ; on a consei-vé les arbres de la forêt primitive, les prairies, les rochers, les cours d'eau ; les animaux y vivent en excel- lente santé, grâce à l'espace, au soleil, à l'air pur et aux con- ditions hygiéniques des installations. Cependant, il est encore très récent : il fut commencé en 1896 et est encore en voie d'achè- vement. C'est la Société zoologique et la Cité de New-York qui contribuent toutes deux à son entretien et à son extension. SÉANCE DU 26 >OVKMRRE 1007 121 Guidés par le savant directeur du Zoologicai Park, M. le doc- teur HoRNADAY, ainsi que par les principaux curateurs_, nous faisons une visite très intéressante. Parmi les installations les plus remarquables, je citerai d'a- bord la vaste maison des Lions, « Lion liouse, » qui contient une collection des plus grands et des plus beaux fauves du monde. Ces animaux ont à leur disposition des cages exté- rieures spacieuses communiquant librement avec des cages intérieures, au nombre de 13, celles-ci donnant sur une im- mense galerie, bien éclairée, dans laquelle un lunch parfaite- ment servi nous a été otïert par la Société zoologique ; nous avions ainsi pendant le repas le plaisir très original de con- templer à loisir les magnifiques fauves qui se promenaient dans les cages et dont les rugissements couvraient quelquefois le son de la musique qui prêtait son concours à cette fête. Je signalerai ensuite la maison des Singes, où nous voyons plusieurs Anthropoïdes, familiers avec leur gardien, et les curieux Singes d'Amérique, à queue prenante, Atèles, Sapa- jous, qui cependant s'accommodent mal de la captivité, — puis le bassin où s'ébattent les Lions marins; — plus loin, les ca- vernes des Ours, puis l'arbre à Raccoons (Procyon lotor), sur les branches duquel ces curieux animaux dorment les membres pendants. Les installations des Ruminants sont également très remar- quables. Celle des Butialos, l'énorme Bison d'Amérique, permet de réunir dans le parc une quarantaine de ces curieux ani- maux; celle des Cerfs est également à signaler, particulière- ment celle des Cerfs Wapiti [Cet'vus canadensis)\ elle comprend un petit lac naturel bordé de grands arbres, où le Wapiti vit bien en captivité; nous examinons avec intérêt la fourrure soyeuse qui revêt les bois de ces animaux à cette époque de l'année. Nous remarquons encore, comme autres Cervidés américains : Odocolleus Jteudonus, Odocoileus virginianus, et parmi les Ruminants k cornes creuses : le Mouton à grosses cornes des Montagnes Rocheuses [Ovis canadensis) , les Chèvres blanches des montagnes que nous voyons perchées sur le toit de leur maison, et surtout l'Antilope à cornes fourchues (Antilocapra ajnericana), animal fort curieux, puisqu'il est le seul Ruminant à cornes creuses dont les cornes soient bifur- quées et tombent pour repousser ensuite comme des bois; cet animal est d'autant plus intéressant qu'il devient de plus en plus rare; d'après les dernières évaluations, dans une dizaine 122 SÉANCK DU 26 NOVKMBRK 1907 d'années seulement l'espèce en sera éteinte si elle n'est pas suffisamment protégée. A propos des animaux rares, je puis citer les Chevaux sau- vages [Equus Prjevakkii) dont nous avons va deux exemplaires au jardin zoologi(|ue de New-York, Nous admirons également la bonne installation des Rougeurs, l'étang des Castors [Castor canadensis), le village de l'espèce de Marmotte appelée Chien des prairies (Western prairie-dog), et la collection des nombreux Ecureuils du nord de l'Amérique (il n'y a pas moins de 9 espèces dans le parc). L'installation des Oiseaux est aussi digne de remarque que celle des Mammifères ; elle comprend des cages spacieuses (« Bird-House »), de grandes volières, des étangs. Je signalerai l'excellente disposition des étiquettes, sur lesquelles on peut voir non seulement les noms de l'Oiseau, lieu d'origine et autres renseignements, mais encore une carte indi(|uant la distribution géographique de l'animal, et une reproduction d'aquarelle représentant lOiseau, ce qui est très précieux lorsque plu- sieurs espèces sont réunies dans une même volière. Je signalerai enfin la maison des Reptiles, qui est le plus grand monument du parc ; nous y voyons surtout une très belle collection de Serpents, des Crocodiliens, des Tortues, etc. Le soir de ce même jour une belle réception de la part de la Société zoologique nous attendait à V Aquarium y un des établissements les plus intéressants de New-York, installé dans un ancien fort, à l'extrémité de la presqu'île de Manathan. C'est un grand bâtiment circulaire supporté par de massives colonnes et recevant le jour principalement par en haut. Dans de grands bassins nous voyons des Mammifères marins, le Phoque {Phoca vitulina) et surtout le Lamantin {Manatus latirostris), qui est presque apprivoisé : il saisit dans la main de son gardien les Zostères qui constituent sa nourriture et nous remarquons les curieux mouvements de sa lèvre supérieure pour atteindre les herbes. Dans d'autres bassins sont les Crocodiliens : Alligator /mssissipiensis, et Crocodilus americanus, et des Tortues géantes : Chclonia mi/das, Chelonia virgata, llialassochelgs caretta. Nous voyons aussi, dans de plus petits bacs, une collection de Tortues d'eau douce, parmi lesquelles la Tortue à carapace molle de la Floride. — I' y a également des Batraciens. Mais notre attention est surtout attirée par une magnifique collection des Poissons des Bermudes, dont les vives couleurs et les formes gracieuses ou bizarres nous captivent. Cette SÉANCE DlJ '26 NOVEMBRE 1907 123 coilectioD_, en partie apportée léceinnient^ est d'autant plus belle, car ces Poissons pâlissent un peu par un séjour prolongé à TAquarium. Ils y vivent cependant très bien, puisqu'on en garde depuis plusieurs années, à condition de chauffer l'eau en iiiver à 70" F. Il y a aussi une collection de Poissons d'eau douce. Tous ces bacs, qui sont au pourtour de l'aquarium, sont munis d'étiquettes transparentes originales qui donnent des indications très complètes. Quant aux Invertébrés marins, ils sont peu nombreux à TAquarium, la salure de l'eau de la baie étant insuflisante pour ces animaux. Nous y voyons principalement des Crustacés, et surtout des Limules (Limulns polyphemiis) de toutes tailles. Il y a également à l'aquarium une partie réservée à la pisci- culture, où l'on fait des essais d'élevage, par exemple sur la Truite des Montagnes Rocheuses. Il y a aussi des laboratoires, où l'on peut faire des recher- ches, et des laboratoires pour l'éducation. La Société zoolo- g'ique de New-York, en efTel, s'intéresse à l'enseignement de l'histoire naturelle dans les écoles; l'Aquarium fournit gra- cieusement aux instituteurs qui les demandent des bacs cylin- driques [n balanced acjuaria ») renfermant des animaux pour l'étude ; dans ces appareils, contenant les uns de Teau douce, les autres de l'eau dé mer, l'eau est purifiée par des plantes vertes. Le lendemain de ces intéressantes visites, c'est-à-dire le 30 août, la journée est consacrée à une superbe excursion, toute d'agrément, sur la rivière de l'Hudson, sur l'invitation de M. le professeur Osborn. Remontant le cours du fleuve jusqu'aux Highlands du Nord, à Garrison, nous descendons dans une région pittoresque qui rappelle l'Ecosse ; un higli- lander écossais, en costume et jouant de la cornemuse, ajoute à l'illusion. Après le lunch à Highlander Country Club, nous montons à Castle Rock, la belle propriété de M. Osboun, qui domine le pays, et d'où l'on jouit d'une vue magnifique sur la pittoresque vallée de l'Iludson, jusqu'aux Monts Adirondacks. Le 31 août, les congressistes se divisent en deux groupes : les uns vont à Princeton Universitij (New Jersey), les autres à Yale University, à New Haven (Conecticut). J'fd pris part à cette dernière excursion, qui a été très intéressante. Nous avons visité plusieurs des nombreux bâtiments de Vale lini- versity, mais surtout le Peabody Muséum, où nous avons pu voir les belles collections paléontologiquas de M. Mahsh, 124 SÉANCK DU 26 NOVEMBRE 1907 parmi lesquelles je citerai le Cloasaw'us, une tête de Tricera- tops^ des membres postérieurs de Brontosaums cxcelsus, nue restauration d'un immense Ptérodactyle_, le PteraJiodon longi- ceps, des pièces de démonstration de l'évolution du Cheval, etc. — Nous avons examiné ensuite les collections zoologiques pro- prement dites, les collections ethnographiques,, entre autres une exposition unique de vannerie des Indiens, et notre visite s'est terminée par une audition musicale à Woolsey-Hall. Le I"'' septembre, la plupart des congressistes se rendent individuellement à Brooklyn, où se trouvent plusieurs établis- sements intéressants, notamment le Muséum de l'Institut des Arts et des Sciences, et le 2 septembre nous partons pour Philadelphie. A Philadelphie, les membres étrangers sont reçus dans un magnifique hôtel de dix-huit étages, par les soins du comité local, qui leur fait visiter de la manière la plus agréable les établis- sements scientifiques les plus intéressants. Après l'Académie des Sciences, dont nous voyons les col- lections et la belle bibliothèque, c'est au parc zoologique que nous sommes conduits. Situé dans une partie de Fairmount Park, cet établissement nous montre de nouveau une série d'animaux dans d'excellentes conditions. Pour ne pas répéter ce que j'ai dit à propos du parc zoologique de New- York, je signalerai seulement la belle installation des Eléphants, qui ont à leur disposition une grande prairie avec un étang où ils peuvent se baigner en toute liberté. Cette visite est suivie d'une superbe promenade à travers Fairmount Park jusqu'à Philadelphia Country Club, où les membres du Congrès sont invités à dîner par le comité local. Le 3 septembre, après une rapide visite à V American Philo- sophical Society, nous allons au monument de l'Indépendance (Indépendance Hall) où sont conservés tous les objets se rat- tachant à cet acte mémorable de la proclamation de l'indépen- dance des Etats-Unis. Puis, c'est à V Université de Pennsylvanie que nous sommes conduits. Parmi les parties les plus intéres- santes de cet établissement, je citerai d'abord le musée d'anatomie, dont nous avons admiré les belles préparations, puis les laboratoires. Dans un autre bâtiment nous avons visité les nouveaux laboratoires de médecine, ainsi que les amphithéâtres, et nous avons été frappés de la magnificence de Tinstallation ; dans le département de la physiologie en parti- culier, nous avons vu une profusion d'instruments remarquables : SÉANCE DU 26 NOVEMBRK 1907 125 dans un laboratoire où il y a place pour plus de cent étu- diants, chacun d'eux a à sa disposition la série des instruments usités en physiologie. Dans d'autres bAtiments encore, nous visitons le musée zoolog-ique, le musée d'archéologie, les collections botaniques, puis le jardin botanique et surtout le Vivarium. Enfin, après le lunch à Houston Hall, a lieu le départ pour Washington. Dans cette ville, nous sommes guidés par les membres du comité local qui nous attendent à la gare. Je dois ici une mention particulière au <îomité des Dames qui, sous la prési- dence de Mrs. Patten, s'est montré d'un empressement et d'une amabilité dont je ne saurais trop les remercier au nom des dames congressistes. Dès ce premier soir, tandis que les messieurs étaient conviés au Cosmos Club, nous avons passé une soirée charmante chez Mrs. Pat T EN. Le lendemain, 4 septembre, après une réunion au Cosmos Club, les congressistes sont conduits au National Zoological Park, grandement installé loin du centre de la ville, en partie dans une forêt qui a conservé son aspect primitif. Guidés prin- cipalement par M. Bakek, directeur du parc zoologique, nous y faisons une intéressante visite, en même temps qu'une agi'éable promenade. Là encore, nous admirons les belles installations des animaux ; les Bufïalos, les Cerfs et autres Ruminants, les cages des Ours, le grand arbre garni de Raccoons endormis, les Singes, etc. Une magnifique volière, d'une dimension peu commune, nous montre une foule d'Oi- seaux des plus intéressants; nous remarquons aussi une belle collection de Rapaces, vivant dans un tel espace qu^ils sont presque à l'état de liberté; nous voyons même des Vautours en dehors des cages, leur rôle est de nettoyer le parc. Un lunch en plein air, organisé par Mrs. Baker, nous réunit ensuite sur une pelouse abritée par de grands arbres ; les dames du comité ont eu l'amabilité de vouloir elles-mêmes servir leurs hôtes, et des chants curieux exécutés par des noirs terminent cette fête, après laquelle nous sommes ramenés à Washington, où nous visitons les plus magnifiques monuments de cette ville intéressante : le Capitole et la Bibiiotlwque du Congrès. Dans cette somptueuse bibliothèque, on ne sait ce qu'il faut le plus admirer de la magnificence du monument ou de la merveilleuse installation des lecteurs : on nous fait visiter 126 SÉANCK DU 26 NOVEMBRE 1907 en détail un système admirable et unique qui, de la réserve immense des ouvrages de la bibliothèque, amène électrique- ment devant chaque lecteur le volume qu'il a demandé. Les matinées des 5 et 6 septembre sont consacrées^ au gré de cliaque congressiste, à la visite des laboratoires, musées et autres établissements qui l'intéressent particulièrement. Il y a, à Washington, deux musées très intéressants : Natio- nal Muséum et Suiitlisoniaii Muséum. Le premier comprend l'anthropologie, la biologie et la géologie. Dans la partie anthropologique sont exposés non seulement tous les types des tribus les plus diverses, mais encore tout ce qui louche au développement de l'humanité : l'histoire des différentes industries humaines et des arts peut être suivie dans une série d'expositions très complètes. — Dans le département de biologie, qui comprend la zoologie et la botanicpie, nous remarquons la belle collection des grands Mamnùfères améri- cains disposés au miheu de leur entourage naturel. 11 y a également des Poissons, des Reptiles et des Batraciens, Mais la collection des Oiseaux et celle des Invertébrés se trouvent dans le bâtiment de la Smitlisonian Institulion, que nous visitons également. Je signalerai dans cette dernière exposition, outre les Oiseaux, les Mollusques, les Insectes et les Invertébrés marins, surtout les Coraux, Et comme l'instruction élémentaire n'est jamais oubliée dans les musées américains, on peut voir une petite salle à l'usage des enfants, renfermant principale- ment des Oiseaux. Il existe à Washington une institution de l'Etat qui fonctionne admirablement et rend de très grands services, c'est le Départe- ment de r Agriculture, qui centralise toutes les observations sur ce qui touche à cette grande source de prospérité d'un pays ; il y a, par exemple, en ce qui concerne la zoologie, un bureau d'économie animale, un bureau d'entomologie, un bureau d'inspection biologique, et de tous les points des Etats-Lnis on peut s'adresser à cette administration pour avoir des ren- seignements utiles. Mais il n'y a pas seulement des bureaux, il y a aussi des bibliothèques, des musées et surtout des laboratoires, où l'on étudie, par exemple, les maladies contagieuses des animaux et les moyens d'en préserver le bétail, les ravages des Insectes nuisibles et la manière de les détruire, etc. iNous avons visité plusieurs de ces laboratoires, et nous avons pu nous rendre compte de l'importance de cette organisation si prospère. On comprend que les locaux actuels soient devenus insuffisants. SÉ.VNtlK DU 26 NOVEMBRE 1907 127 Mais un immense monument en voie de construction abritera bientôt les différents services de cette vaste administration. L'après-midi du 5 septembre, les congressistes se rendent à Mont-Vernon, sur le Potomac, afin de visiter la maison natale et le tombeau de George Washington. Enfin la longue série des excursions qui ont suivi le congrès s'est terminée par une visite aux magnifiques chutes du Niagara et à rUniversité de Toronto (Canada). Ayant quitté les con- gressistes pour me rendre au Parc national du Yellowstone, je n'ai vu qu'à mon retour ce qui a fait l'objet de celte excursion finale. Mais si j'en juge par l'impression que j'ai éprouvée, je puis dire qu'elle a été le digne couronnement d'un voyage aussi intéressant qu'agréable. — Je crois exprimer le senti- ment général en remerciant les Américains de nous avoir fait connaître leurs établissements scientifiques ; tous les congres- sistes auront rapporté de leur visite aux Etats-Unis, avec une ample moisson d'observations, des idées plus justes sur les institutions américaines et peut-être aussi une émulation salu- taire. SUR UN APPAREIL DE CONTENTION POUR LES CRUSTACÉS DÉCAPODES PAR JEAN GIAJA et FRED VELS Il existe un grand nombre d'appareils d'immobilisation mécanique pour les Vertébrés, permettant d'effectuer les opé- rations physiologiques sur les animaux vivants. Il n'en est pas de même pour les Invertébrés, quelque utilité que puissent avoir de tels appareils, en particulier pour l'étude des grands Crus- tacés Décapodes dont la force musculaire et l'agilité ne lais- sent pas d'être dangereuses pour l'opérateur. Ayant eu à effectuer des sondages du tube digestif sur des Crabes vivants, souvent de très forte taille, nous avons dû nous préoccuper de construire un appareil d'immobilisation pour ces animaux. Etant donné sa simplicité, sa facilité de construction et les grands services qu'il nous a rendus, par la rapidité de son maniement permettant d'opérer un nombre considérable d'animaux en un temps 1res court, nous croyons Bull, de la Soc. Zool. de Fr., 'i9()7. xxxu-ll 128 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1907 être utiles aux physiolog-istes en donnant de lui une description succincte. Comme le montre la figure ci-jointe, l'appareil est composé de deux fortes planches P, P\ de 70 "^"^ de long sur 25 de large, traversées par deux grands boulons, fixés dans Tune d'elles P' et jouant librement dans des trous de l'autre P, qui permettent de rapprocher les planches au moyen d'un serrage d'écrous. L'une des planches P est percée d'une grande ouver- ture trapézoïdale O par laquelle se feront les opérations de sondage (écartement des appendices masticateurs et introduc- tion d'une pipette dans l'estomac) ; elle porte, en outre, une selle en bois S également trapézoïdale, destinée à appuyer sur Plan de l'appareil. le céphalothorax de l'animal opéré. Les deux trapèzes de l'ouverture et de la selle sont adjacents par leur plus petit côté, de telle sorte que de petits Crabes peuvent prendre place dans l'appareil aussi bien que les grands et être retenus par une région de la selle en rapport avec leurs dimensions. Deux planchettes jy. p., perpendiculaires à la planche /*, bor- dent l'ouverture de façon à emprisonner les pattes de l'animal, en particulier les pinces, et les empêcher de venir dans le champ opératoire. Une autre planchette p' ferme complète- ment un des côtés du système, formant ainsi une sorte de boite déformable, et protégeant les bras de l'opérateur. Une seule personne peut manœuvrer l'appareil sans diffi- cultés : les planches écartées et posées verticalement sur la SÉANCE DU226 NOVEMBRE 1907 129 planchette p' , l'opérateur glisse sous la selle le Crustacé qu'il tient par les deux pinces, jusqu'à amener l'organe visé (ici la bouche) sous l'ouverture. Les pattes de l'animal viennent se loger dans l'espace laissé sur les cotés de la selle, les pinces butent contre la planchette ;/, et le céphalothorax s'appuie sur la selle. L'opérateur lâche alors l'animal, renverse l'appareil sur la planche P\ et serre les écrous jusqu'à immobilisation complète. Dans le cas de petits Crabes, il est bon de mettre un coussinet de coton sur la planche P', pour éviter des frac- tures de la carapace au cas où le serrage des écrous serait trop brutal. Nous avons employé cet appareil pour des Crabes de toutes tailles, depuis les petits Carcinus mœnas (céphalothorax de 4-5 centimètres de diamètre), jusqu'aux gros Cancei' paguncs (céphalothorax de 30-35 centimètres de diamètre), fort dange- reux à opérer autrement ; également pour des Maia. Des Macroures (Homards, Langoustes) ont aussi pu être immobilisés facilement, grâce à une légère rigole de la selle, qui permet d'arrêter leur céphalothorax long et étroit. Ouvrages offerts. P. DE Beauchamp. Notornmata [Copeus) cerberus Gosse. Remarques analomiques et systématiques. Zool. Anzeigev, XXXI, p. 903-911. p. DE Beauchamp. Quelques observations sur les conditions d'exis- tence des êtres dans la baie de Saint-Jean de Luz et sur la côte avoi- sinante. Ai'ch. Zool. expér. (4), VII, notes et revue, p. iv-xvi. E. Gaziot, avec le concours de M. Fagot. Notes sur les espèces fran- çaises du groupe de VHelix maritima. Bull. Soc. étude des sa. nal. d'Elbeuf, année 1906, 7 p, E. Gaziot et E. Maury. Nouveaux gisements plioeènes et post-plio- cènes marins et complément des faunes déjà publiées des gîtes marins de ces étages sur la côte des Alpes maritimes. Bidl. Soc. géol. de France (i), VII, p. 72-79. E. Caziot et E. Maury. Un gisement post-pliocène terrestre dans la vallée de la Tinée. Bull. Soc. géol. de France (4), VII, p. Ib8-16i. Travaux de V Université impériale de Knzan, 1907. Séance du 10 décembre 1907 . PRÉSIDENCE DE M. FAUROT, ANCIEN PRÉSIDENT. M. Marchai s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le Vice-Recteur de l'Université de Pai'is accorde à la Société l'amphithéâtre Richelieu, à la Sorbonne, pour la confé- rence du 28 février prochain. M. Pérez, professeur à l'Université de Bordeaux, accepte de faire cette conférence ; il traitera de son voyage au golfe Per- sique. MM. Dehaut et Lavagna, présentés à la précédente séance, sont proclamés membres de la Société. M. le D'' Francisco Jauregui, de la Faculté de médecine de Buenos Aires, demeurant 12, rue de la Sorbonne, à Paris (5"). est présenté par MM. Blanchard et Traizet. M. le D"" A. Menegaux, assistant au Muséum, 55, rue de ButFon, à Paris (5°) est présenté par MM. Robert et Trouessart. Ouvrages offerts. P. DE Beauchamp, La faune des eaux douces, in : Revue scientifique (5), VII, n- 25, 22 juin 1907 et (B), VIII, n» 4, 27 juillet 1907. P. DE Beauchamp, Sur l'absorption intestinale, la formation et l'uti- lisation des réserves chez les Rotifères. Coinples rendus Acad. se. Paris, 4 mars 1907. P. DE Beauchamp, Sur la digestion de la chlorophylle et l'excrétion stomacale chez les Botifères, Comptes rendus Acad. se. Paris, lOjuin 1907. Y. Delage et P. de Beauchamp, Étude comparative des phénols comme agents de parthénogenèse. Comptes rendus Acad. se. Paris, 4 novembre 1907. F. Vlès, Sur les ondes pédieuses des Mollusques reptateurs. Comptes reiidus Acad. se. Paris, 12 juillet 1907. SÉANCE PU 10 DÉCEMBRE 1907 1.31 INFLUENCE MÉTÉOROLOGIQUE DE LANNÉE 1907 SUR LE CHANT DES OISEAUX PAR XAVIER RASPAIL L'année 1907, qui a été si préjudiciable à l'état sanitaire de l'espèce humaine, par suite des conditions atmosphériques toutes particulières qui se sont poursuivies sans interruption jusqu'en automne, a eu également une action très marquée sur certains animaux et sur quelques végétaux. Par exemple, la mortalité chez les Lièvres a été très élevée à la fin de l'hiver; le Lapin de garenne, s'il s'est reproduit comme à l'ordinaire, a présenté, par contre, un grand nombre d'individus atteints de tuberculose coccidienne du foie qui en a fait périr beaucoup, surtout durant les mois de juillet et d'août. Dans mon parc, j'ai combattu efficacement cette maladie en mettant à la portée des Lapins des branches fraîches de Saule : l'écorce, que ces animaux recherchent avec une certaine avidité lorsqu'ils sont malades, peut être considérée comme un excellent agent prophylactique, sinon curateur. Mais d'eux- mêmes, il semble qu'ils aient trouvé un succédané de l'écorce de Saule dans les tiges feuillues de TAsperge. A partir de septembre, ils se sont mis à les manger avec une telle activité qu'au bout de quelques semaines, des pièces d'une étendue de quinze et vingt ares ont été littéralement rasées sans qu'il restât à terre trace de l'écorce des plus fortes tiges. Avant cette année, je n'avais jamais vu les champs d'Asperges placés à proximité des cantons peuplés de Lapins, ainsi attaqués. Il y aurait donc lieu de voir une corrélation entre ce fait et la maladie qui sévissait encore dans les premiers jours de septembre, surtout chez les Lapereaux, car depuis, malgré les longues périodes d'humidité qui ont suivi, la tuberculose coccidienne a complètement disparu. Dans beaucoup de localités, les premières couvées de Perdrix ont presque toutes manqué et, à l'ouverture, on ne trouva que de malheu- reux pouil lards nés de tardifs recoquetages. Les Insectes ont été eux-mêmes fortement atteints ; certains 132 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1907 Lépidoptères notamment ont fait complètement défaut, alors que chaque année, les mêmes espèces se montraient très communes dans notre contrée. Jjes Hannetons, dont c'était l'année de grande reproduction (cycle uranien), ont passé presque inaperçus ; j'aurai prochainement à revenir sur ce sujet avec les développements qu'il comporte. Parmi les végétaux, beaucoup d'espèces d'arbres fruitiers, qui avaient eu une abondante floraison, sont restées stériles alors que la fleur n'avait pas été atteinte par la gelée. Mais, c'est surtout sur le Yucca filamentosa <\\\ei s'est manifestée d'une façon très marquée l'action de ces températures anormales; tandis que la floraison se produit chez moi, sans aucune exception depuis 26 ans, dans la première quinzaine de juillet, cette année^ les fleurs n'ont commencé à s'ouvrir que le 16 aoùt_, soit un grand mois en retard. Je ne cite qu'en passant ces quelques exemples généraux qui appartiennent à l*année exceptionnelle que nous venons de traverser, pour en arriver au sujet qui fait le fond de cette note, c'est-à-dire à la suppression ou à la rareté du chant, chez certaines espèces d'Oiseaux, pendant la période de leurs amours. A tout seigneur, tout honneur. Je commence par celui qu'on a appelé l'intarissable Amphion du jour, l'improvisateur des plus beaux nocturnes, l'Oiseau-mélodie, le Rossignol enfin, dont le nom, ainsi que je l'ai démontré, est dérivé du mot latin bisciniola , qui lui-même est le diminutif de biscinia, nom sous lequel Horace et Pline désignèrent cet Oiseau. Les pre- miers nomenclateurs, en effet, frappés tout d'abord par ce fait que le Rossignol est seul à émettre son chant à toutes les heures de la nuit, l'ont désigné par une sorte de métaphore avis luscinia, c'est-à-dire l'Oiseau qui semble n'avoir plus d'yeux pendant un temps et qui ne s'aperçoit pas de la dispa- rition de la lumière, puisqu'il continue à chanter avec autant d'éclat sous la voûte étoilée de la nuit qu'aux heures les plus ensoleillées de la journée. Cette année, le Rossignol n'a pas été le chantre intarissable du printemps. Toussenel n'aurait plus reconnu le coryphée de nos bois qu'il dépeignait d'un mot : « il se crèverait à chanter, » quand il l'entendait disputer à un de ses émules le prix de vocalise. Dès son arrivée, c'est tout au plus si dans le courant de la journée il faisait entendre quelques passages de son ravis- sant répertoire, et encore, en y mettant si peu de brio, qu'à peine SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1907 133 s'il parvenait à aftirer l'attention. Mais la nuit, il gardait le silence ou bien^ lorsqu'à de longs intervalles il semblait vouloir sortir de son mutisme inusité, c'était pour lancer trois coups de sifflet semblant annoncer le lever du rideau, mais, hélas ! non suivis des modulations, des roulades délicieuses qu'on s'ap- prêtait à écouter pour bercer les heures d'insomnie. Réguliè- rement tous les ans, un couple vient s'établir en face des fenê- tres de ma chambre, cela m'a permis de constater qu'en pleine période de l'incubation, pendant laquelle le Rossignol est ordi- nairement le plus ardent à chanter, il a laissé passer plusieurs nuits consécutives sans émettre le moindre coup de gosier. Par contre, il semblerait que pour le narguer^ le Merle noir, qui ne parait pas avoir subi la même influence, prenait un malin plaisir à donner à son chant matinal, qu'il commence une heure environ avant le lever du soleil, plus d'éclat dans les notes sonores, plus de finesse dans les modulations finales, de sorte qu'il paraissait plus Rossignol que le vrai titulaire. Cette influence toute particulière, qui s'est manifestée en 1907 sur le chant de certains Oiseaux, a été surtout remarquable chez le Rouge-queue de muraille. Cet Oiseau, qui possède une voix harmonieuse, aime, aux heures pendant lesquelles sa femelle couve, s'établir sur le point culminant d'un arbre ou dune habitation pour vocaliser trois ou quatre phrases composées de notes douces comme les sons de la flûte et toutes imprégnées de mélancolie. Il ne s'interrompt que pour s'élancer sur un Insecte qu'il aperçoit à terre et, sa capture faite, il regagne aussitôt son poste élevé pour y continuer son chant, des plus agréables à entendre. Chez moi, il adopte tous les ans les girouettes qui surmontent une tourelle. Or, cette année, il a été absolument muet et je ne l'ai jamais aperçu perché sur son observatoire favori. Si je n'avais pas trouvé les nids des deux couples qui jusqu'ici sont toujours venus s'établir près de l'habitation, j'aurais cru à Tabsence exceptionnelle de cet Oiseau dans ces parages. La Fauvette des jardins a chanté de temps à autre après le lever du soleil, mais d'une façon intermittente et, bien qu'un couple se fût installé dans le même massif de buissons que notre pauvre Rossignol déchu, plusieurs jours se sont écoulés sans que je perçoive les notes sonores de son chant qui ne peut passer inaperçu. Enfin, il ne m'a pas été donné d'entendre une seule fois la Fauvette à tête noire, au cours du printemps ; mais n'ayant vu aucun individu de cette espèce, ni trouvé son 134 SÉANCE DU 10 DÉCKMBRK 1907 nid, je dois lu compter au noml)re de celles qui ont exception- nellement manqué cette année dans mon parc. Je citerai aussi, parmi les chanteurs cpii décèlent toujoui's leur présence, l'absence du Chardonneret, de la Linotte vulgaire, dont l'année dernière encore je comptai sept couples, du Bruant jaune, du Pipi des arbres, de la Babillarde grisette, du Pouillot fitis, du Butalis gris. Toutefois, il y a tout lieu d'attribuer leur dispari- tion plutôt à la destruction des Oiseaux qui s'opère plus que jamais, en dépit de la convention internationale du 19 mars 1902, grâce à la faiblesse, pour ne pas dire à la complaisance coupable, de l'Administration, qu'aux conditions atmosphériques. En voici nn triste exemple : « Pendant les neiges des derniers jours de 1906, écrivait-on du Loir-et-Cher à un journaliste, M. Georg-es Couonon, il a été détruit, sous prétexte de chasse à l'Alouette, des milliers de petits Oiseaux, lesquels étaient ramassés à pleins sacs et vendus 25 à 30 centimes la douzaiiie. Un paysan disait en avoir pris, à lui tout seul, près de cent douzaines et que, n'ayant pu en placer que cinquante, le reste avait été jeté sur le fumier. » Si on songe que ces hécatombes épouvantables s'opèrent dans l'est, le centre, le midi de la France et en Italie, lors des passages du printemps et de l'automne, il est permis d'entre- voir dans un temps prochain la disparition des Oiseaux (ju'on peut considérer à bon droit comme les auxiliaires les plus utiles à la prospérité de l'agriculture. C'est également à cette cause que j'attribue la diminution d'autres espèces naguère encore abondantes dans nos campagnes, telles que le Pinson oïdinaire, dont je n'ai eu chez moi que deux couples au lieu de douze et quinze qui nichaient chaque année, le Bruant zizi, réduit à un couple au lieu de trois et quatre , de même pour le Verdier ordinaire et le Mouchet chanteur. En ce qui concerne le sujet que j\ii cru intéressant de traiter ici, je dois noter le Pinson, qui lui-même n'a pas chanté comme à son habitude pendant la période de la reproduction ; je ne l'ai entendu que très rarement et seulement dans la matinée. Mais l'indication la plus caractéristique a été fournie par l'Alouette. Le travailleur des champs est accompagné, au cours de son rude labeur, par le chant que cet aimable et si utile Oiseau fait entendre dans les belles journées printanières, depuis Faube naissante jusqu'à la tombée du jour, en s'élevant si haut vers la nue qu'à peine si Toeil parvient à l'apercevoir comme SÉANCK DU 10 DÉCEMBRE 1907 133 un point suspendu dans l'espace. Véritable hymne à la nature qu'un poète du xvi" siècle, Dubartas, a tenté de rendre dans ces vers gracieux par leurs heureuses consonnances imitatives (pie nous avons plaisir à reproduire de nouveau : La gentille Alouette avec son tire lire Tire lire à lire tire el tirilant tire Vers la voûte du ciel ; puis son vol vers ce lieu Vire et désire dire : Adieu Dieu, adieu Dieu. Or justement, cette année, un couple a niché dans la petite plaine mitoyenne de mon parc où, depuis plusieurs années, 1 Alouette avait cessé de venir se reproduire, en môme temps qu'elle devenait de plus en plus rare sur le territoire où jadis elle nichait en grand noml3re. Mais ce ne fut pas le chant aérien du mâle qui me fit découvrir sa présence, ce fut le va- et-vient des parents pour fournir la becquée à leur progéniture. De même que le Rouge-queue de muraille, l'Alouette s'est tue durant la période de ses amours, c'est là un fait qui, joint à l'atténuation des facultés vocales chez un émérite chanteur comme le Rossignol, permet d'en chercher la raison dans les phénomènes météorologiques tout particuliers qui ont fait de 1907, une année véritablement exceptionnelle. M. Petit. — A propos de la maladie du Lapin, que signale M. X. Raspail, je puis dire que j'ai constaté l'extrême fréquence de la tuberculose chez les Lapins de garenne, surtout chez ceux qui proviennent de l'Oise et de la Marne. M. Bavay. — Presque tous les Lapins domestiques de Brest présentent la tuberculose coccidienne. Cette maladie s'observe surtout dans le foie, qui devient en peu de temps purulent et amène rapidement la mort de l'animal. 136 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1907 LES ANIMAUX SAUVAGES DU PARC NATIONAL DU YELLOWSTONE (États-Unis) PAR Mi'« MARIE LOYEZ Après le Congrès international de Zoologie, ayant visité le parc du Yellowstone avec un petit groupe de congressistes, j'ai pensé qull pouvait être utile de faire connaître à la Société zoologique quels sont les animaux sauvages les plus intéressants qui peuvent être rencontrés par les touristes dans une visite rapide. On sait que le Parc National est une région des Montagnes Rocheuses placée sous la protection du Gouvernement des Etats-Unis, et qu'il est interdit d'y chasser, d'y tuer ou de capturer aucun animal sauvage, sauf les animaux dangereux, lorsque la vie est menacée. C'est pourquoi herbivores et carni- vores y pullulent Parmi ces derniers, nous avons vu principalement des Ours. Ces animaux ne sont en général ni sauvages ni dangereux : n'étant pas chassés_, ayant du gibier et de la nourriture en abondance, ils ne cherchent pas à attaquer; souvent au con- traire, la présence de l'homme les met en fuite. Ils sont pour ainsi dire semi-apprivoisés. Tous les soirs, après le coucher du soleil, — et quelquefois aussi le matin, à l'aurore, — ils sortent de la forêt et viennent dans le voisinage des hôtels chercher les restes de repas que l'on jette pour les attirer. Plusieurs fois, nous avons pu les observer mangeant ces débris comme des Chiens. Ce sont principalement des Ours noirs, à poils luisants [Ursus americaniis) ; une seule fois parmi eux se trouvait un Ours brun. L'un de nous a vu également un Grizzly [Urstis horribilis)\ ce dernier, plus sauvage et plus dangereux, vit surtout dans la montagne et se rencontre rarement près des habitations. Le Parc National est en outre infesté de Loups : le Loup gris [Canis ntibilis) et le Coyotte ou Loup des prairies {Canislatrajis), qui font des ravages parmi les herbivores. — H y a aussi un certain nombre de petits Carnassiers : Renard, Chat sauvage. Martre, Loutre, etc. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1907 187 Les Ruminants sont aussi nombreux que variés au Yel- loAvstone. Il faut citer d'abord le Bison d'Américjiie ou « Buf- falo » {Bos americaîins), dont on peut voir une vingtaine à peu de distance des terrasses du Mammouth [Mammoth hot Spring)\ c'est l'un des derniers troupeaux vivant à l'état sau- vage (1). _ Parmi les Cervidés, nous avons vu l'Elan [Alces alces), le Wapiti iCcrvus canadensis) extrêmement abondant : on évalue à près de 20,000 têtes le nombre des Wapitis vivant dans le parc à l'état sauvage ; les touristes peuvent, sans quitter la route, en apercevoir de nombreux exemplaires dans les clai- rières et entre les arbres de la forêt. Nous avons rencontré également le Cerf de Virginie, dit « Cerf à queue blanche » [Odocoileiis virgiiiiainni) et le Cerf-mule, ou « Cerf à queue noire » [Odocoileus hemiomis) . Les autres Ruminants sont, principalement : le Mouton à grosses cornes des Montagnes Rocheuses {Ovis canadensis) et des Antilopes. Dès notre arrivée au Parc National, nous avons vu dans une prairie, près de Gardiner, un troupeau de cette curieuse Antilope à cornes bifurquées [Antilocapra americana) , dont l'espèce est en voie d'extinction ; c'est un animal doux et timide qui ne sait pas se défendre : les règlements du parc la protègent contre Thomme mais non contre les animaux car- nassiers; son plus grand ennemi est le Loup coyotte. Les Rongeurs sont très répandus et intéressants à observer. Nous avons remarqué plusieurs espèces de Marmottes, des Ecureuils très nombreux, dont les uns, d'un brun rougeàtre, montent aux arbres ; les autres, petits et rayés, vivent sur terre; ces derniers, très agiles, sautent sur les troncs d'arbres qui jonchent le sol et jusque dans les jambes des chevaux; puis, le Castor [Castor fiher canadensis)^ un des animaux les plus intéressants de cette région. Pendant plusieurs kilomètres, nous avons suivi une petite rivière : « Obsidian Creek, » où les Castors abondent, ainsi que sur le lac des Castors, * Beaver Lake,» ainsi nommé des nombreuses digues et huttes qu'on peut y observer. Les Oiseaux nous ont paru moins abondants que les Mam- mifères au parc du Yellowstone; cependant je citerai : le Geai (1) Il y en a une réserve plus importante, composée de 3(X) têtes au S. O. du grand lac de l'Esclave; en outre on peut évaluer à 1 200 le nombre des Bisons vivaot en captivité dans les parcs et dans les propriétés privées. 138 SÉANCE DU 10 DÉCliMBRlî 1907 des Montagnes Rocheuses; des Oiseaux de proie : Aig-les et Faucons, dont on peut voir de nombreux nids dans les rochers. Le soir même de notre arrivée dans le Parc, nous avons passé à peu de distance d'un rocher aigu surnommé le « j\id d'Aigle, » à cause du niil qui couronne son sommet, et nous avons pu voir l'Oiseau qui venait juite à ce moment se poser sur son nid. Nous avons vu également : la Grue des sables (Grits mexicana)\ sur les cours d'eau et les lacs, des Canards et des Oies sauvages, entre autres l'Oie du Canada {Branta canadensis) . En outre, sur le lac de Yellowstone et la rivière de ce nom, nous avons observé des Mouettes et le Pélican blanc [Pelecanus erytJirorJiynchos). J'ajouterai que ces cours d'eau et ces lacs sont peuplés de Poissons; le plus abondant est la Truite des Montagnes Rocheu- ses, et on peut dire aussi le plus recherché, car s'il est inter- dit de chasser au Parc National, la pêche y est autorisée sous certaines conditions. M. Trouessart — Antilocapra americana est la seule Anti- lope d'Amérique ; encore n'est-ce pas une véritable Antilope. Le Bison, improprement appelé Buffle (Buffalo) est le seul Bovidé d'Amérique. Les Bœufs sauvages qu'on y rencontre, surtout dans l'Amérique du sud, descendent des Bœufs domes- tiques importés jadis par les Espagnols. M. Traizet. — Le bétail d'origine anglaise a à peu près entièrement remplacé aujourd'hui les premières races intro- duites dans l'Amérique du sud et l'on va jusqu'à payer 100.000 francs un Taureau et 50.000 francs un Bélier anglais de belle race, pour la reproduction. M. Alluaud, — Une des causes de la disparition presque complète du Bison est peut-être dans des épizooties, analogues à celles qui ont décimé le Buffle africain. On rencontre par places en Afrique des amas considérables de débris de ces animaux qui sont devenus rares dans l'Est africain, où ils consti- tuaient autrefois un danger pour les voyageurs. M. Trouessart. — Ce sont surtout les chasses organisées, il y a environ cinquante ans, qui ont détruit le Bison d'Amé- rique. 11 doit d'ailleurs en persister dans l'ouest du Canada, où l'on a découvert une race particulière de ces animaux. M. Alluaud. — Le Bison n'a-t-il pas été introduit dans l'ile d'Anticosti ? M. Trouessart. — Il semblerait en tous cas pouvoir y pros- SÉAFICE PU 10 DÉCEMBRE 1907 139 pérer. Toute une partie de cette ile est boisée et à peu près inexplorée. Or le Bison du Canada préfère la lisière des bois aux grandes prairies. La faune sauvage de l'ile est déjà fort riche. Un Ours, aujourd'hui au Muséum, y a été pris au moment où il cherchait à pénétrer dans une maison par le toit. POISSON NOUVEAU DU GENRE ALESTES PAR Le Dr JACQUES PELLEGRIN Parmi quelques Poissons adressés de la Côte d'Ivoire au Muséum d'histoire naturelle par M. Auguste Chevalier, lors de sa dernière mission, se trouvent deux exemplaires appartenant au genre Alestes qui paraissent devoir constituer les types d'une espèce nouvelle. Les Alestes sont des Characinidés, à régime mixte, particu- liers aux eaux douces africaines tropicales, où on en compte près de 30 espèces. Voici la description de celle provenant des envois de M. A. Chevalier : Alestes erythropterus nov. sp. La hauteur du corps est contenue 3 fois dans la longueur sans la caudale, la longueur de la tète 3 fois 2/3 à 3 fois 3/4. La tête est un peu plus longue que haute. Le museau dépasse légèrement la mâchoire inférieure^ il égale ou est légèrement inférieur au diamètre de Toeil qui est contenu 3 fois à 3 fois 1/3 dans la longueur de la tête, un peu plus d'une fois dans la largeur interorbitaire. La paupière adipeuse est très peu développée. La largeur de la bouche égale le diamètre de l'œil ou bien est un peu inférieure. Le maxillaire inférieur n'atteint pas le bord antérieur de l'œil. On compte 16 dents (|) à la mâchoire supérieure, 8 à la rangée externe de la mâchoire inférieure, l'.inlerne étant formée par deux petites dents coniques médianes. Le second sous-orbitaire est très développé. Les branchiospines sont fines, pointues, moyennes, au nombre de 16 à la base du premier arc branchial. La nageoire dorsale à 10 rayons dont 8 branchus, commence au niveau de l'insertion 140 SÉANCE DU 10 DÉOKMBRE 1907 des ventrales, un peu plus près de l'origine de la caudale que du bout du museau ; sa plus grande hauteur Tait le double de sa base. L'adipeuse est petite, rapprochée de la caudale. L'anale comprend 17 rayons, dont 14 branchus. La pectorale est plus courte que la tête et n'atteint pas la ventrale. Le pédicule cau- dal est un peu plus haut que long. La caudale est fourchue. On compte 23 écailles en ligne longitudinale, 'lj~ en ligne transversale, 2 entre la ligne latérale et la ventrale. La coloration est bien conservée. La teinte générale est argentée ; les écailles sur le dos ont des reflets bleu acier. 11 existe une petite tache foncée assez indistincte un peu en arrière de la fente branchiale, au-dessus du début de la ligne latérale et une large tache noire arrondie s'étendant sur la terminaison du pédicule caudal et les rayons médians de la nageoire. La moitié supérieure de la dorsale, la partie antérieure de l'anale et les deux lobes de la caudale sont rouge vermillon. Les autres nageoires sont gris rosé. 1/2 D. 10 ; A. 17 ; P. 16 ; V. 9 ; Sq. 23 |^ ; Br. 16. N» 07. 320. 32t. Coll. Mus. — Soubré (Bassin de la Moyenne Sassandra) : A. Chevalier. Longueur, 120+34 = 154 et 102+28 = 130 millimètres. Cette espèce se rapproche surtout de VAlestes Kingsleyai Gûnther(l) de l'Ogôoué. Elle s'en distingue par ses écailles plus nombreuses en ligne transversale (^ au lieu de 3-^) et par sa coloration. Elle présente également des affinités avec VA. opisthotœnia Boulenger(2) du Cameroun. (1) A. GuNTHER. Ann. Mag. N. H. (6) xvi, 1896, p. 279, pi. xv, fig. B. (2) G. A. BouLENGER, Pv. Zool. Soc. Lond. 1908, p. 22, pi. i, lig. 2. Séance du '24 décembre 1907 . PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD, VICE-PRÉSIDENT. M. Dehaut, récemment élu membre de la Société, remercie de son admission. M. JouBiN communique une troisième liste de membres de la Société ayant souscrit au monument Lamarck. Ce sont : MM. le prince d'Arenberg, Va?j Bambeke, Th. Barrois, Brabant, BrOlemann, BuGNioN, Chatin, Dautzknberg, Gruvel, Kœhler, Lebailly, Malaquin, Marchal, Olivier, Pennetier, Perroncito, Petit aîné, Philippson, Ribemont-Dessaignes, Ch. Richet, Rollinat, F.-E. ScHULTZE, Speîsgel, Yersluys, Yung. Le montant de cette nouvelle série de souscriptions est de 472 fr. 50, ce qui porte à 4174 fr. 50 le total des sommes versées par nos collègues. Plus de cent membres de la Société ont souscrit. Le total de la sou&cription atteint aujourd'hui 27 600 fr. Le D"' J. Charcot sollicite une subvention pour la nouvelle expédition française au pôle sud dont le départ est fixé au mois de juillet prochain. Renvoyé au Conseil. M. Chevreux adresse un mémoire intitulé: « Amphipodes re- cueillis dans les possessions françaises de l'Océanie par M. le D"" Seurat, directeur du laboratoire de recherches biologiques de Rikitea (lie Gambier), 1902-1904. « Renvoyé à la commission de publication. M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. R. Blanchard, récemment élu membre honoraire de l'Institut genevois et de l'Institut royal de médecine préventive de Londres, et membre correspondant de l'Institut d'Egypte et de la Société zoologique de Londres. M. le Secrétaire général adjoint rappelle que MM. Alluadd et GuiART ont été récemment nommés lauréats de l'Institut de France. MM. Jauregui et Ménegaux, présentés à la précédente séance, sont nommés membres de la Société. 142 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRK 1907 L'Institut Pasteur de Tunis est présenté comme membre par MM. Blanchard et de Guerne. M. Secques décrit la nouvelle chambre noire de M. Frémont pour les projections lumineuses et propose d'en faire l'essai dans une prochaine séance. Cet appareil peut fonctionner dans une salle de petites dimensions et permet au conférencier de se placer près de la lanterne, tout en restant à proximité de l'écran de projection. L'ordre du jour appelle le dépouillement du scrutin pour l'élection du bureau et du tiers sortant du conseil. M"" Loyez, MM. Reyckaert et Vlès sont élus scrutateurs. Sur 116 volants, ont obtenu : Président Vice-pré^ideiils Secrétaire général. . Secrétaires Trésorier Archiviste-biblioth. . Membres du conseil. P. Mauchal 113 voix C. Alluaud 112 — II. COUTIÈRE nS — A. Robert 113 — R. DE Beauchamp 111 — J. Pellegrun 111 — L. ViGNAL 115 — L. Germain 114 — Bavay 115 — François 114 — KUiNSTLER 110 — Trouessart 113 — Il y a de plus sept bulletins nuls. Ouvrages offerts. J.-B. Charcot, Pourquoi faul-il aller dans l'Antarctique? Paris, imp. Jourdan, 16 p. Programme de l'expédition française au pôle siid, sous la haute initia- tive de V Académie des Sciences, Paris, imp. Jourdan, 12 p. Transcription des noms propres russes adoptée par l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, Saint-Pétersbourg, imp. de l'Aca- démie, 1907, 1 p. SÉANCE DU 24 DÉrEMRRE 1907 143 SECONDE LISTE DE ROTIFÈRES OBSERVÉS EN FRANCE PAR P. de BEAUCHAMP Préparateur fi la Faculté d^s Sciences de Paris. J'ai publié, en 1905, une liste de Rotifères observés par moi aux environs de Paris, qui comprenait 96 noms; j'en présente aujourd'hui une seconde, qui en comprend 121 et porte le nombre des formes observées par moi en divers points de la France, déduction faite de quelques déterminations douteuses, à 215 espèces et bonnes variétés. Comme pour la précédente, les Ploïmes en font l'objet principal ; les Rhizotes et les Rdelloïdes ont été plus négligés, et dans ceux-ci j'ai complètement laissé de côté le vaste genre Callidina dont la systématique est devenue absolument inextricable et le deviendra de plus en plus jusqu'à ce qu'un spécialiste se décide à en donner une bonne révision. Si l'on remarque que dans les listes d'espèces plus anciennes que dix ans, la plupart des formes que j'ai enregistrées comme variétés sont comptées comme espèces, on pourra demander quelle est au juste la valeur taxonomique des « bonnes variétés », énumérées dans ce travail. La question n'est pas susceptible d'une réponse générale, car ce mot embrasse certainement chez les Rotifères des choses très différentes^ mais impossibles ;\ séparer par la seule étude morphologique. Après la magistrale étude de Lalterborn (1901-1904) sur Amirœa cochlearh on pourrait être tenté de voir dans toutes les variétés des genres Brachionus, Afiur.va etc, distinguées par la longueur des épines, l'ornementa- tion de la carapace, etc. , de simples variations saisonnières de quelques types spécifiques, se reproduisant chaque année avec régularité en s'engendrant mutuellement. La réalité est sans doute beaucoup plus compliquée : à côté du facteur saisonnier il faut compter certainement aussi avec des facteurs locaux (dont Lautkrborn a d'ailleurs aperçu l'action sur Anurœa) et dont beaucoup nous sont inconnus; ils font que des V^ariétés diamé- tralement opposées peuvent exister à la même époque dans deux mares contiguës; il est certain aussi que des formes appar- tenant à la même espèce peuvent évoluer côte à côte dans la lUdl. d^ il Soc. Zool. de Fr., 1007. xxxn-12 144 SÉANCE DU 24 décembriî: 1907 mémo, collection d'eau sans appartenir au même cycle et sans montrer d'intermédiaires apparents. La question des rapports mutuels de ces formes et des limites de variation d'une espèce ne pourra être tranchée que par une étude très longue et très approfondie, beaucoup plus ardue ciiez les formes mono ou di- cycliques de riiéléoplaucton comme Brachionus pala, dont la variabilité est si grande, que dans une forme pérenue et ubi- quiste comme Anurœa cochlearis. En attendant, le mieux est de décrire comme variété, sans attacher un sens plus précis à ce mot, toute forme présentant avec le type des différences assez étendues et constantes, mais ne portant ([ue sur les caractères habituellement sujets à variation ; on fournira ainsi des maté- riaux au travailleur, qui aura la possibilité d'entreprendre la monographie d'une espèce et des formes qui s'y rapportent au double point de vue morphologique et biologif[ue. Sur les 121 formes de la présente liste_, quelques-unes sont intéressantes par leur rareté et confirment une fois de plus l'absence de tonte répartition géographi(jue dans le groupe : Diii- rclla insigim, Unthihis multicrinls et Brachioniifi mollis n'étaient encore signalés qu'aux Etats-Unis, la variété spinosa de Notops bra- chionus que dans l'Afrique australe et la variété observée du Bra- chiomis falcalns que dans un lac de Java et un autre de Ceylanl Trois^ dont une variété, sont nouvelles et viennent s'ajouter au Dvilopiiaga Delagei décrit par moi antérieurement ; j'en avais encore quelques autres que je n'ai pu décrire, faute de maté- riaux, ou parce que leur description aurait entrauié toute une revision systématique que je n'avais pas le temps de faire actuellement. J'ai classé les diverses localités par ordre de ri- chesse — c'est-à-dire en général de temps consacré à les étudier — de façon à ne citer pour chacune que les formes non constatées dans les précédentes. La plus longue liste est naturellement celle des environs de Paris qui seuls ont pu être explorés à toutes les époques de l'année (surtout la région du sud et du sud- ouest). Mais je tiens à signaler la richesse hors de pair des environs de Bourg-en-Bresse et de la région marécageuse des Dombes qui, bien que je n'aie pu lui consacrer que fort peu de temps, m'a fourni un nombre très grand d'espèces souvent fort rares, dont deyx nouvelles : une exploration systématique des marais des Dombes dans toutes les saisons conduira certaine- ment à des trouvailles du plus haut intérêt, non seulement pour les Rolileres, mais pour d'autres groupes de la faune des eaux douces. SÉANCE DU 24 DÉCKMBRE 1907 145 .le tiens à remercier tout spécialement ici notre collèg-ue M. Edouard Chatton, qui m'a rapporté à maintes reprises une quantité de matériaux préparés suivant la méthode que j'ai publiée (1906) et parfaitement déterminables ; j'adresse un pressant appel à tous les membres de la Société Zoologique pour eu faire autant et me permettre d'étudier sur d'autres points cette branche si peu connue de la faunislique française. .le remercie également M. Crettikz, Inspecteur des eaux et forets à Thonon- les-Bains, qui m'a communiqué des planctons du lac de Genève péchés en face de cette localité ; bien qu'ils n'eussent pas été préparés spécialement, j'ai pu y reconuaitre trois fortnes bien connues dans ce lac (voir \V Emux, 1898) mais que je n'ai pas encore trouvées ailleurs dans les eaux françaises, faute d'avoir pu explorer moi-même les grandes étendues d'eau. Enfin M. (^h. F. IloL'SSELKT^ de Londres, a droit aussi à tous mes remerciements pour foliligeance qu'il a eue de m'aider dans quelques déter- minations douteuses et de vérifier la nouveauté d'une espèce. I. Espèces d'eau douce. 1° Environs de Paris : Microcofiides roùustm (Glas- cott). Notops brachionus (Ehrenberg) . Rhinops vilrea Ehrbg-. Gastrojms minor (Rousselet). Gastropus stylifer Imhof. A splanchnopus inulliceps (Schrank). Asplanchna BrighticeUi (1) Gosse. Ascomorpha ecaudïs Perty, Syiichœla ohlomja Ehrbg*. Syncliœta tremula Ehrbg. Sijnchœta grandis Zacharias. Notommala cyrtoptis Gosse. Notommata saccigera Ehrbg. Notommala grànlandica Ber- gendal. Notommata [Copeas) cerberus Gosse (2). Notommata [Copeus) copeiis Ehrbg-. Copeus caadatas GoUins. Taplirocampa Saundersée Hud- son. Proaies decipiens (Ehrbg). Eosphora aurila (Ehrbg"). Triphylus lacustris (Ehrbg'). Diglena c/astopis Gosse. Distemma raptor Gosse. Diaschiza slerea (Gosse). Diaschiza megalocepkala (Glas- cott). Moiiommata longiseta (Muller) var, grandis Tessin. Baltalas bicristatus (Gosse). (1) Désignée dans ma pi-emière note comme u Asplanchna Imhofi de Guerne? » ,2) Voir DE Bëaucuamp, 19Û7 6. 146 SÉANCE DU 24 DÉCliMBllE 1907 Diurella Dixon NuttalU Jcii- uings. Raté i( lus elongalus (Gosse). Diurella insignis (Ilerrick). Dinocharis tetraclis Elirbg. Stephanojjs intermedius Biirn. Stephanops lougispinatus Ta- tem. Cathypna ungulala Ehrbg. Monostyla huila Ehrbg-. Euclila/iis oropha. (îosse. Bracliio7ius pala Millier var. dorcas Gosse. Br. aiif/ularU Gosse var. bidens Plate. Aniu'xa aculeala Elirbg- var. serrulata Ehi-bg-. A . aculeata Elirbg var. cuni- cornis Ehrl^»-. A. cochlearis Gosse var. irre- gularis Lauterborn. 2" Environs de Bourg (Aiii Dombes; septembre et octobre 1905 et 1907; .1. cochlearis Gosse var. ro- èusla Laut. Anuraiopsis hgpelas/na [Gosse] . Notholca striata (Millier) var. acuuiinata Elirbg'. Nolholca foliacea Ehrbg-. Pterodi)ia )nuc) ouata Gosse. Pterodiiia incisa Terne tz. Plerodina reflexa Gosse. Plerodiua bidentata Ternetz. Pomphulyx couipUuiala Gosse. Conochilus u/iicurnis Rouss. Conochiloides dossuarius (Huds). Floscularia campanulata Do- bie. Floscularia ambigua Huds. Floscularia pelagica lîouss. Stcplianoceros /i?nb/'iatus [Gold- fuss) . Philodiiia megalotrocka Ebrbg. Rolifer macrunis Scbrank. et région marécageuse des Noiops hrachioiius (Elirbg.) vai'. spinosa Ronss. Notops clavulatus (Elirbg.) Asplanchna HerricAide Gueriie. Asplanclmci atnphorii Huds. TriartJtra bracJiiata Rouss. Tetramastix opolieiisis Zacb. ( I ) Notonimala [Copeus] collaris Ehrbg. Nolommata naïas Eliilig, Taphrocauipa selenura Gosse. Eosphora elougata EJirl)g. Proalides tenlaculalus n. sp. Furcularia Reiuhardli E.lirbg. Diglena biraj)//is Gosse. DiascJiiza eva (Gosse). Rallulus cglindricus (Imbof). R. cglindricus (Imhof) var. CluUtoui n. var. Diurella braclujura (Gosse). Disfgla spinifera Westei-n. Monoslgla hamata Stokes. (1) Cette très rare et très curieuse lurnie (voir Rousselkt 190G) n'avait encore été vue vivante que par Hlava. Je l'ai trouvée en assez grande abondance ilans le plancton de certains étangs des Donibes, mais n'en ai vu que peu d'exemplaires vivants (d'ailleurs entièrement conformes au dessin de cet auteurj car elle est très délicate et mourait généralement durant le trajet assez long que j'avais à faire jusqu'à mon microscope. J'ai pu néanmoins en taire quelques préparations irrépiochabies. SÉANCE l)i; 24 DÉCEMBRE 1907 147 Mptopuliii rhoniboidvs (lossc. liracliioniis mollis lieiiipcl. Bi'iic/iioniis budapesthiensis von Dadav. Brachioniis falcatus Zacli. (1) liracliionus militaris Ehrbg. Brachionus angularis fiosse var.6'rtî/^/rt/rtBarroisetDaday. Schizocerca diversiconiis Daday var. amphifurcata (Iinhof) [homoceros AYierzejski ] . PbfAoma Iriacanthum (Bgdl). IHœsomn Hndsoni (Imhof). Limnias annuialtis DaiIe3^ Limnias cerdtophijlU Sclirank. M égalât ro c h a sr m ibnllal a Thoi'pe. Conochilus volvox Elirbg'. Conocliiloides iiataiis (Selig^o). Floscularia libéra Zacli. Apsilus lc>itiformis^lii\c\m\kov . Adineta vaga Davis. 3° Environs de Belfort (llaiit-Rhin) ; pêches et fixations de M. Ed. Chatton; août 1905 el 1900, janvier 190G. diversiconiis Da- var. Sf/nchcela stijlata Wrzski. Folijarthra platyptera Elirbg-. var. eiiryptera Wrzski. Uattulus multicrinis (Kelli - eott). Eiichlanis lyra llndson. i*' Lac de Genève, pélagique devant Thonon (Haute-Savoie); pèche de M. Guettiez, décembre 1906. Schizocerca day. Anurœa cochlearis Gosse hispida Laut. Anapus ovalis Bgdl. Notliolca loiigispina Kell. Flœsoma tnmcatum (Levan der). Anapiis testudo (Laul.). 5° Environs de Saint-Jean-de-Luz (Basses - Pyrénées) ; sep- tembre et octobre 1906. Cijrlonia tuba (Ehrbg). OEcistes bracliiatus lluds. Proaies caudala Bilfîngei . 6" Environs de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales); cul- tures de M. Ed. Ghatton. Brachionus Leydigi Gohn. var. rolumla Rouss. II. — Espèces maivines ou d'eau saumatre. l*' Saint-Jean-de-Luz (Basses -Pyrénées), septembre et oc- tobre 1906. Syuchœta gyriiia Hood. Proaies sihiilis n. sp. Furcnlaria marina Dujardin. Pleu)Vtrocha littoralis Lvdr Colurus leptus Gosse. Pterodina clypeata Ehrbg-. ^1) Ces échantillons se rapprochent surtout de la var. [ï. de Weber viUOô: décrite par cet auteur dans le plancton ilu lac de Sitoe Bagendiet à Java et retrou- vée par ApstSn (1907) dans celui du lac de Colombo à Coylan. 148 SÉANCE DU 24 nÉCF.MBRK 1907 2° Roscoff (Finistère) ; été lOOO et 1ÎM)7. Synchœta cecilia Roiiss. Seison annulalus Clans. Discopus synaptx Zeliuka. Seison Grubei ('laus. 3" Étang- de Thau (Hérault) et baie de Banyuls ; mars et avril 1907. Synchœta vorax Rouss. ] Raltuius marlmis (Daday) (1). 4" Étang de La Nouvelle (Aude), pèches et fixations de M. Ed. (^>HATTON. Synchœta hattica Elirbg (2). | Pedalion fenaiciun Lvdr. (3j. DESCRIPTION DE TROIS ROTIFÈRES NOUVEAUX DE LA FAUNE FRANÇAISE PAR P. de BEAUCHAMP Préparateur à la Faculté des Sciences de Paris. 1° Proalides u. g. tentaculatus ii. sp. J'ai trouvé dans le plancton d'un étang des Bombes quelques individus d'un Rotifère de très petite taille que je reconnus pour une forme tont à fait curieuse de Notommatidé adaptée à la vie pélagique. Par malheur les exemplaires en étaient fort (1) Biui'cUa mariiia Uaday 1S89. Le dessin de cet auteur reproduit par Jenmngs, 1903 (la diagnose est en hongrois) n'indique pas les deux orteils du genre DiwcJla et sur mes échantillons, qui répondent tout à fait à ces figures, il n'y en a certainement qu'un. La forme décrite par Lik-Pkttkrsen (1905) sous le nom de Mastigocerca marina n. sp. [Masligocerca est synonyme de Uallulus), et qu'il con- sidère comme peut-être identique à celle de Daday, rentre effectivement dans la même espèce, mais mérite de former une variété caractérisée par les deux petites dents ventrales du l)ord supérieur, mes individus n'en ayant que deux grandes dor- sales. .]c propose de l'appeler var. Lie-Petlerseni nom. mut. (2) La présence de cette espèce dans la Méditerranée indiquée par Ehrenbkrg, et DAnAY, avait été mise en doute par Lie-Pettersen; elle est à présent dé- montrée. (5) Les l'edalion ne sont pas des formes d'eau salée, mais peuvent occasionnelle- ment s'y adapter : j'ai trouvé P. mirum à l'ile de Batz (Finistère) dans un maré- cage dont l'eau titrait R gr. 5 de chlorures par litre, mais dont la faune était abso- lument d'eau douce. L'unique individu rencontré du /*. fennictim provient d'ail- leurs d'un endroit où l'eau était presque douce. SÉANCE DU 24 UÉCEMURK 1907 149 peu niMiibreuxet je n'ai jamais pu en retrouver clans les pèches ultérieures faites au môme endroit; la description suivante est basée sur quelques croquis et sur l'étude des quatre ou cinq individus que j'avais pu monter en préparation, Proalidcs tentaciilatus (fig-. 1 A) est un animal de forme /' B Pic. 1. — Pvoalides tenf.aculatus de Beauchainp. A, l'animal vu de profil X 750 environ: p, plaque buccide ; c, ceinture cucnm- apicale ; a, anus. B, trophi, vue supérieure. C, extrémité céphalique vue de face (schéma). allongée, sensiblement linéaire, ce qui, joint à la présence d'un certain nombre de plis transversaux (six ou sept), lui donne un peu l'apparence d'une Taphrocampa, bien que l'annulation qui en résulte soit moins nette et moins régulière que dans ce genre; elle est peu visible sur les individus fixés, toujours un peu gontlés par l'anesthésie. Un pli beaucoup plus marqué que 130 SÉANGIi 1>L 24 DLCI'MBKE 1907 les autres, surlont dn cnlé dorsal, isole un article terminal atténué qu'on peut prendre à première vue pour un pied sans doi.qts ; un examen plus attentif montre qu'il n'existe pas de véri- table pied, l'anus s'ouvrant, non à la base, mais à l'extrémité de cet article (a). Il n'est pourtant pas tout à fait terminal, uîais un peu dorsal sur l'animal complètement étalé, laissant une troncature inférieure plane (non élargie en disque adhésif) à laquelle se colle l'œuf qui est porté par la mère. Mais dès qu'il est un peu rétracté, ce qui est fréquent, on ne voit plus au n)ilieu de l'extrémité qu'un orifice d'invagination qu'on peut prendre pour le véritable anus. Dans cet article terminal on aperçoit, non sans peine, une petite masse protoplasmique allongée qui semble êlre le dernier vestige des glandes du pied. L'extrémité supérieure, plus large que le corps, est occupée par l'appareil rotateur dont l'interprétation m'aurait été assez difficile si je n'avais pas eu récemment (1907 a) l'occasion de décrire celui de Cyrtonia tuba (Ehrbg) auquel il est fort analogue : une ceinture circumapicale [c] formée d'une seule rangée de cils assez forts entoure un champ frontal nu^ plus réduit que dans cette forme, auquel est sous-jacentle cerveau ; elle est fermée ventralement par une plaque buccale [p] entière- ment ciliée qui porte la bouche dans sa partie inférieure et une protubérance à cils plus longs au milieu de son bord supérieur. Mais les quatre angles de cette plaque s'étirent pour former quatre autres touffes de longs cils, de sorte que l'ensemble rappelle un peu la ciliation de certaines Flosculaires pélagit(ue«. La figure que je donne de cet appareil vu de face (fig. 1 B) est par malheur un peu schématique, car je n'ai pu en faire un dessin sur le vivant et mes individus montés ne se présentent pas sous une incidence favorable; mais ou peut aussi se rendre compte de sa constitution sur la vue de profil de la ï\g. 1 A. Enfin les deux arcs ciliaires inférieurs de Cyrtonia qui repré- sentent le bord de la plaque buccale ne sont plus indiqués chez Proalides que par deux leplis cuticulaires dépourvus de cils, mais ayant gardé la même disposition. A la bouche fait suite presque immédiatement le mastax que d'après la vue supérieure que j'en donne (fig. 1 6'), ou pourrait croire du type malléo-ramé ; mais le développement des nianu- bria et du fulcrum, bien visible sur la figure de profil, montre qu'il s'agit en réalité d'un mastax malléé en voie d'évolution vers ce type par la multiplication des dents de l'uncus dont la première donne insertion aux suivantes. Il est fort intéressant sÉAiscK 1)1) 2i nKci'MruiE 1907 loi de remarquer que Cf/rlonia, avec un appareil rotateur analog-ue^ a un mastax absolument semblable (voir Roissklet, 180i) ; nouvel exemple des corrélations entre ces deux organes (|ue j'ai déjà cherché à mettre en évidence (1907 a). L'œsophage est long" et parait non cilié ; le reste du tube digestif et de Torga- nisation interne ne présente, comme le montre la figure, abso- lument rien de particulier. Le cerveau porte à sa face anté- rieure un œil bien développé (il est possible qu'une partie de sa masse soit un appareil rétro-cérébral rudimentaire, mais le petit nombre d'individus à ma disposition ne m'a pas permis d'essayer les colorations vitales). Deux nerfs se relient à un tentacule nucal très saillant, grosse papille terminée par un pinceau de soies, tel qu'il existe chez certains Copeits, et qui m'a fourni le nom spécifique. Je n'ai pu voir les ten- tacules lombaires, non plus (jue les néphridies, mais cela n'a rien d'étonnant dans ces conditions et sur une forme de cette taille. La vessie est normale. L'œuf pondu reste, comme je l'ai dit, attaché à la surface inférieure de l'article terminal et se seg'inente sur place ; il est de forme elliptique, mais aplati sur la face par laquelle s'opère l'adhésion. Celle-ci est-elle due à une sécrétion de ce rudiment de glande pédieuse que nous avons indiqué, ou simple- ment, comme chez Bracliioniifi, Anm-cea, et autres espèces ovigères, à un mucilage entourant l'œuf et se gélifiant au contact de l'eau qui est très constant chez les Rotifères? Je ne puis le dire, mais la seconde hypothèse me parait beaucoup plus pro- bable. Mentionnons un dernier détail : la surface du corps, sauf la tète et l'extrémité intérieure, est toujours couverte d'une couche inégale et discontinue de débris divers, surtout de petites particules ovoïdes qui semblent être des Bactéries ou de très petites cellules d'Algues ; il est donc vraisemblable que la cuticule est, elle aussi, un peu glutineuse et retient les détritus qui viennent s'y coller et lui forment une ébauche de fourreau, fait d'ailleurs connu chez d'autres Rotifères. Les affinités de cette forme sont assez multiples. Elle se range évidemment dans la famille des Notommalidés, Les rap- ports du mastax et de l'appareil lotateur avec ceux de Cyrtoiiia, bien que très étroits, ne prouvent pas une parenté réelle, ces caractères étant, comme je l'ai montré et le montrerai encore, étroitement adaptatifs. Le tentacule dorsal analogue à celui de Copeun caudatus ne prouve pas grand'chose non plus. l*ar sa forme et son allure générale elle rappelle plut(H les petites 152 SÉANCK UU 24 DKCliMHUK 1907 espèces de Notommata., Proalm^ Taphrocampa, cette dernière surtout par l'ébauche de segmentation de la cuticule. Mais elle se distingue de tous par l'absence du pied due •\ une adaptation parfaite à la vie pélagique, caractère qui nécessitait la création d'un nouveau genre. On sait que la disparition du pied sous l'influence de cette cause s'observe dans une série de genres tant loriqués qu'illoriqués appartenant aux familles les plus diverses; il n'y a donc rien d'étonnant à la retrouver chez un Notommatidé typique (le seul genre de cette famille totalement dépourvu de pied était jusqu'ici un parasite, Hertwigici). Mais il existe pourtant une forme déjà connue avec laquelle Proalides pourrait bien avoir des affinités étroites : c'est Adac- tyla vcrrucosa décrite par Barrois et Daday (1894) sur des indi- vidus contractés, dans le plancton du lac de Houlèh (Syrie), et retrouvée récemment en Asie-Mineure par le second (1903) qui n'a rien ajouté à la première description. 11 est assez probable que cette forme, à laquelle les auteurs attribuent précisément les mêmes affinités que je viens de donner pour la mienne, est génériquement identique à celle-ci, et j'aurais sans doute con- servé le nom à'Adactyla (bien que la description soit trop vague pour qu'on puisse affirmer absolument qu'il ne s'agit pas de tout autre chose), s'il ne devait disparaître des Rôti fères étant préoccupé dès 1841 par un genre de Lépidoptères dû à Zeller. Une étude ultérieure d'^l. oerrucosa conduira sans doute à la ranger dans notre genre sous le nom de Proalides vernicosus (Barrois et Daday) distingué du P7\ tentaculatus par les rangées longitudinales de verrues qui ornent sa cuti- cule et l'uncus unidenté du mastax. Quant à l'appendice fron- tal en forme de trompe visible sur l'animal contracté, c'est sans doute tout simplement le tentacule nucal. Je résume ainsi qu'il suit la diagnose de mon espèce : « Proalides tentaculatus de Beauchamp 1907. Pas de pied. Corps allongé^ plissé transversalement, atténué en bas en un article qui porte l'anus à son bord dorsal et auquel adhère l'œuf après la ponte, dilaté en haut en un appareil rotateur à ceinture circumapicale large, formée d'un seul rang de cils, et plaque buccale entourée de cinq touffes de longs cils. Mastax malléé, uncus à dents nombreuses. Un œil occipital. Tentacule supérieur très développé. Tégument couvert de par- ticules étrangères. Longueur 120-135 [x, œuf 42x28 a. Mâle inconnu. Pélagique dans un étang près de Villars (Ain). » SÉANCE DU 24 DÉCliMBRK 1907 153 2" Proaies similis a. sp Daus les marais saumàtres, à salure très variable, que forme uue petite rivière auprès du fort du Socoa, à Saint-Jean -de- Luz (Basses-Pyrénées), j'ai rencon- tré parmi les Algues d'assez nom- breux individus d'une Proaies de petite taille que M. Rousselet a bien voulu examiner et reconnaître comme nouvelle. L'animal a de prime abord uue grande ressemblance avec la forme d'eau douce commune Pr. petromyzon, mais s'en distingue par sa taille plus petite et par quelques autres caractères que nous allons passer en revue (fig". 2 A). La forme est un peu plus massive, la tète sur- tout plus larg-e. Le pied est formé d'un seul article, mais ridé trans- versalement de façon assez régu- lière presque jusqu'à son extrémité (je ne suis pas très sûr que ce ca- ractère existe sur les animaux vi- vants, mais sur ceux préparés sui- vant la méthode de Rousselet, il est très net). Les orteils sont relative- ment plus grands que dans Pr. petromyzon (plus de la moitié de la longueur du reste du pied), mais les glandes beaucoup plus petites : leur grand développement chez l'au- tre espèce est lié sans doute à son habitude de se fixer fréquemment sur des objets vivants et d'y vivre en commensale: il est encore plus grand chez Furcularia gammari Plate qui ne vit que dans ces conditions. L'appareil rotateur est identique à la figure que j'en ai donnée chez Proaies petromijzon (1907 a). Les tentacules lombaires {t) sont placés vers le milieu du corps ou un peu en dessous, c'est-à- dire notablement plus haut que dans cette espèce. L'organisa- tion interne est semblable (notamment l'œil à la face antérieure FiG. 2. Proatcs s/tn'lis de Beaiichamp. A, ranimai vu de profil X 480 environ: t, tentacule lombaire. B, lin maliens du mastax. 154 SÉANCE DU 24 DÉCKMBHE 1907 du cerveau), mais le mastav, au lieu d'appartenir au type viryé et très diiféi'encié dans ce sens, est malléé, avec uncus à cincj dents (ou plutôt quatre, la première hifurquée). J'en ligure seulement un maliens, ce qui est suffisamment caracté- ristique, n'en ayant pas de bonne vue d'ensemble. Mention- nons enfin les glandes gastriques, grandes, triangulaires et aplaties, et le vitellogène très développé qui remonte dorsale- ment à l'intestin qu'il entoure. Je résume ces caractères dans la diagnose suivante : « Proaies similis de Beauchamp 1907. Pied ridé transversale- ment, orteils coniques atteignant les i\en\ tiers de sa longueur, glandes ne dépassant pas celle des orteils. Tentacules lombaires près du milieu du corps. Mastax malléé, uncus à 4-5 dents. Le reste comme dans Pr. petromyzon (Ehrbg). Longueur loO- 180 a. Mâle inconnu. Vit en eau saumàtre parmi les Algues à Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées) (1). 3" Rattulus cylindricus (Imhof) var. Chattoni n. var. Le premier individu (|ue j'aie vu de cette forme m'a été rapporté par mon ami M. Ed. Ciiatton qui l'avait péché dans l'étang des Forges, à Belfort, et monté en prépai-ation ; je suis heureux de lui en offrir la dédicace. Bien que ce spécimen fût en excellent état, je n'avais pas voulu fonder une description sur un seul exemplaire, d'ailleurs non adulte. Cette année j'ai eu l'occasion dans les étangs des Dondîes, ceux mèniesd'où provient Proalides d'en trouver une grande quantité qui m'ont permis de vérifier ses affinités étroites avec Rattulus cijli/idricus {huhoï); ce dernier existait d'ailleurs dans les deux stations sous forme d'individus typiques répondant à la fig. 62, pi. vu, de la révision de Jknnings (190H). L'étude et la fixation en masse du plancton^ très dense, n'ayant pu être faite qu'après un assez long trajet à pied et en chemin de fer, je n'ai vu ces Rattulus que morts, ce (pii n'avait point d'inconvénient, la carapace étant seule caractéristique. J'ai esquissé l'anatomie dans ma fig. 3 à l'aide de la préparation de M. Chatton principalement. Deux caractères essentiels distinguent du type la variété (1) Il ii'y aiirail lieii (rétoiuiaiil à retrouver iiltérieureuient l'r. awiilis en eau douce, les marais oii il a élé trouvé renfermant, en plus des formes franchement marines énuméréos plus haut et de l'eiiryhaline Xol/iolca slriata un Certain nombre d'espèces d"eau tout à fait douce comme Dis/.i/la giessensis Ecksiein. sÉANr.ii; bii 24 DtCKAiimic 1007 1«» »# Chattoni : 1° /« forme de la partie inférieure de la lorictty qui au lieu dètre élargie et bras(|ueineiit troïKjuée au niveau de l'insertion du pied s'atténue graduellement jusqu'à celui-ci_, de sorte que la largeur niax'wna est au milieu et non en bas. Ce caractère existe déjà chez certains individus de R. ci/lindricus d'après lesquels Z.vcuarias avait décrit son Masligocerca hamata (JknniiNgs, pi. VII, !ig-. 64). Mais la forme de a lorica reste néanmoins dillerente, étant plus large et plus tiapue, la face ventrale plane et même uu peu concave. — 2° la brièveté beaucoup plus grande de l'orteil principal, qui au lieu d'avoir, ou peu s'en faut, la longueur du corps (pied et dent supérieure compris) n'en a que les 2/5 en- viron, caractère qui n'avait jamais été si- gnalé chez des individus de R. ci/lindricus, et qui, joint au précédent, ra[)proche cette forme de l'espèce voisine R, capucinus Wierzejski et Zacharias), qui en reste pour- tant bien distincte par sa taille plus petite et l'élargissement en capuchon de la dent supérieure. Les autres parties de lorganisation n'ont rien de bien spécial : la dent crochue du bord frontal est très grande, aigiie, recourbée au-dessus de la couronne, et toujours très apparente alors qu'elle est sou- vent difficile à voir chez le type. La « gaine céphalique » sépa- rée de la lorica proprement dite par un fort étranglement, montre avec netteté l'area dor- sale striée si caractéristique de la famille el son bord libre pré- sente de petites dentelures irrégulières d'où partent les plis lon- gitudinaux, surtout de part et d'autre de l'épine principale. Le pied comprend un grand article proximal et un petit article distal, d'ailleurs peu distincts ; le grand orteil, cambré à la base, et in- lléchi vers la face dorsale, est flan(|ué d'un second qui n'excède guère le cinquième de sa longueur et d'un autre « substyle » (jui n'est (ju'une pointe minuscide. Le tentacule nucal ne semble jamais saillant comme il l'est parfois dans le type d'a[)rès les auteurs. L'œil est vers le milieu du cerveau (qui coniprend sans l'a tlulvs cijlin di-ic lis Iniliof var. Chullo- ni .le lieauclianip. Vue laléiale droite X ■;•> o envii'on. 136 SÉANCE DU 24 DÉCKMBRE 1907 doute un petit appeudice rétro-céréhral). Le mastax, entièrement semblable A celui du type, c'est-à-dii'e ti'ès faiblement asymé- trique ; le fnlcriun forme (uie longue lame cintrée presque semblable aux iines baguettes des manubria. Quant aux autres viscères, il n'y a rien à en dire sinon que, surtout quand l'ovaire est peu développé, ils sont très transparents et occupent une faible partie de la cavité du corps, ainsi qu'd arrive sou- vent chez les animaux pélagiques [Diurella stylata Eyferth offre ce caractère au plus haut point chez les Rattulidés). Enfin je n'ai jamais constaté que l'œuf restât collé à la lorica comme il arrive dans le type. Il se peut que cette forme représente une espèce distincte. Je n'ai observé aucun intermédiaire entre elle et la forme type qui se rencontrait avec elle. Mais j'ai préféré, conformément aux considérations développées plus haut_, en faire jusqu'à plus ample informé une simple variété, les différences morpholo- giques, frappantes au premier coup d'œil^ portant sur des carac- tères très sujets à variation. Longueur totale du corps (avec dent et pied) chez l'adulte 300-350 y. ; de l'orteih 125-140 a. Celui-ci est proportionnelle- ment un peu plus grand chez le jeune, comme l'a fait remar- quer Jenniisgs dans toute la famille. Les individus de l'espèce type rencontrés dans les Bombes avaient sensiblement les dimensions indiquées par cet auteur (c'est-à-dire un peu plus petites que dans la variété), mais l'orteil légèrement plus court que le corps au lieu d'être égal ou un peu plus long. OUVRAGES CITÉS DANS LES DEUX NOTES : 1907. Apsteint (G.). — Das Plancton im Colombo See auf Ceylan {Znol. Jalirb., Abt. f. Syst., XXV, p. 20l-/i5). 490o. Beaughamp (P. Marais de). — Première liste de Rotil'ères observés aux environs de Paris. [Bull. Soc. Zool. de France^ XXX, p. 114-16). 4906. Beaughamp (P. Marais de). — Instructions pour la récolte et la fixation en masse des Rolifères. [Arch. Zool. Expérim. [4], IV. Notes et Revue, p. XXVII-XXXIII). /807 a. Bkauchamp (P. Marais de). — Morphologie et variation de l'appareil rotateur dans la série des Rotiféres {Arch. Zool. Expérim. |4], VI, p. 1-29). 1907 6. Beaughamp (P. Marais d^]. — Notommala[Copeus]cerherus Gosse. Remarques anatomiques et systématiques. [Zool. An:.., XXXI, p. 905-11). 1889. Daday (E. von). — A Napolyi ubol Rolaloriài. [Eriekezések a Tcrinészetludoinaiiyoh Kuiébi'd, KUulja a Maf/yar tud. Akadeiina, p. l-O^j. SÉANCK DU 24 DÉCKMBllK J 907 157 /.905. Daday (E. yon). — Miki'oskopiscbe Sûsswasser-fauna aus Kleinasien. (S. B. Kais. Akad. der Wiss. zu Wieu, math-nalurw. Kl., GXII, p. 139-67, pi. l-II). 1905. Jennings (II. S.). — Holatoriaofthe United States II. A mono- graph of Ihe Rallulidœ {Bull, of Ihe U. b". Comm. of Fish. for ^902, p. 275-352, lo pi.). iOOI. Lauterbokn (R.). — Das Formenkieis von Anurœa cocUlearis 1. Morpbologische Gliederang des Formenkreises [Verhandl. naturhisl. mediz. Verein, IIeidelberg,Yl, p. 412-48). 1904. Lauterborn (R.). — Die cykiische odei' temporale Variation von Anurœa cochlea ris {Ibid., VII, p. 529-621). 1905. Lie Pettersen (0. J.)- •— Beilmge zur Kennlniss der mari- nen Radertier-fauna Nonvegens. [Bergens Muséums Aarbog 1905, 3" part., pp. 3-46, ph I-II ). IS94. RoussELET (Gh.F.i. — Cyrlonia n. g. tuba Ehrbg.). [Journ. QuckeltMicr. Club. [2], V, p. 433-35). 1906. Rousselet (Gh. F.). — Note on Tetramaslix opoliensls Za- charias [ibid., IX, p. 431-2, pi. XXXIV). 1898. Weber (E. F.). — Faune rolalorienne du bassin du Léman. {liev. Suisse de Zool., V, p. 263-7851. 4906. Weber (E. F.). •— Rotateurs (voyage du Dr W. Volz). [ZooL Jahrb., Abt. f. Syst., XXIV, p. 207-26). M. DE Beauchamp. — J'établis pour chaque espèce un dossier comprenant la synonymie, la bibliographie essentielle, la diagnose originale avec le résumé des additions qui ont pu y être faites, puis mes observations personnelles, enfin les points précis où Tespèce a été rencontrée. M. Secques. — Les mares des tirés de Marly, seul point des enviions de Paris où on ait rencontré Salamandra macitlosa, doivent êlre intéressantes à explorer au "point de vue des Rotifères. NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES CIRRHIPÉDES PÉDONCULES RECUEILLIS PAR L'EXPÉDITION ANTARCTIQUE ALLEMANDE DU « GAUSS » PAR A. GRUVEL Si la collection des Cirrhipèdes Pédoncules de Texpédition subpolaire allemande n'est guère plus importante et plus variée que celle des Operculés, dont nous avons donné une étude préliminaire dans une des dernières séances de la Société, tout au moins est-elle rendue plus intéressante par la 158 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1007 présence (riiu certain iu)inl)re de formes nouvelles poni' la science et qui appartiennent toutes au genre ScalpelliDii et à la faune antarctique. x\vec ce genre, deux autres seulement sont représentés dans cette importante collection; ce sont les genres Lepas et Cou- choderma. J. - ihi^M: SCALFELLUM Ce genre est représenté par quatre espèces seulement, mais qui sont toutes nouvelles. A. — Scalpellum Vanhbffeni n. ^p Diognose. — Ca[)itulum légèrement globuleux avec l-iphupies fortes et entièrement calcifiées. Stries d'accroissement nettes et espacées. Carène courbée en angle net à Tumbo situé environ au sixième de la longueur totale de la plaque à partir du som- met. Bord dorsal de la carène concave et limité par deux côtes latérales larges et arrondies. Terga triangulaires avec l'apex légèrement recourbé en arrière. Scuta quadraugulaires avec le bord antérieur presque droit et l'apex pointu légèrement rentré. Umbo des plaques caréno-latérales faisant une forte saillie en arrière de la carène. Plaques infra-médio-latéiales rectangulaires, mais rétrécies vers le milieu, où se trouve Tund^o qui fait une saillie latérale très prononcée et d'où partent des sillons assez profonds qui se rendent vers la périphérie. Rostre triangulaire conq^lètemeut à découvert. Pédoncule tronc-conique, robuste, avec six rangées alternes d'écaillés demi-circulaires et nettement imbriquées. Dimensions : longueur du capitulum : o "^'" ; largeur : 3"'"'. — pédoncule : 3"""'; largeur : 2"^'". Habitat. — Très commun dans les différents dragages eSec- tués autour de la station d'hiver du « Gauss, » au nord de la terre de l'empereur Guillaume 11, par 3oO à 385 mètres de fond. Affinitrs. — Par l'ensemble de ses caractères, cette espèce se rapproche de Se. obeston C. W. Aurivillius, dont elle est cependant facile à distinguer. J'ai dédié cette espèce au Professeur Vanhoffen, directeur de l'expédition. SÉANCE DU 24 DÉChMBRE 1907 159 B. •— Scalpellum Gaussi, n. sp. Diagnose. — Capitiiliiin comprimé dans ses deux tiers supé- rieurs, très dilaté à sa base, avec 14 plaques fortes, entière- ment calcifiées, sans stries apparentes. Carène régulièrement courbe avec umbo à l'apex, le bord dorsal très légèrement concave, avec les bords latéraux arron- dis mais sans arêtes. Terga triangulaires avec l'apex droit. Scuta irrégulièrement quadrangulaires, faisant antérieuiement et à leur base, une forte saillie. Apex pointu et sur le bord un occluseur. Umbo des pièces caréno-latérales arrondi et à la même hau- teur que l'apex. Bord antérieur des rostro-latérales saillant vers l'apex. Plaques infra-latérales en forme de triangle isocèle un peu irrégulier avec l'umbo à l'fTpex qui fait une forte saillie latérale. Rostre rectangulaire entièrement à découvert. Pédoncule presque cylindrique, court, avec 4 rangées alter- nantes d'écaillés, fortes, larges et bien calcifiées, parfaitement imbriquées. Dimensions : longueur du capitulum ; 7'"'"; largeur : 3""". — pédoncule: 2"""; largeur: 1 '^^'" 5. Habitat. — Environs de la station d'hiver du « Gauss, » au nord de la terre de l'empereur Guillaume II, par 380 mètres de fond. Un seul exemplaire. Affinités. — Très voisine de Se. brevecarinatum Hœk, J'ai désigné cette espèce du nom du bateau de l'expédition, le « Gauss. » C. — Scalpellum Weltneri n. sp. Diagnose. — Capitulum légèrement comprimé latéralement avec 14 plaques régulièrement calcifiées, mais laissant entre elles un espace très net et recouvertes par une cuticule hyaline lisse, assez épaisse sur la carène et le long du bord occluseur. Carène régulièrement courbe, terminée en angle aigu à sa base. Bord dorsal plat avec une très légère concavité médiane, sans côtes latérales appréciables. Terga triangulaires avec raj)ex droit et pointu. Scuta triangulaires avec l'umbo à l'apex, avec l'angle antéro- basal pointu^ non saillant. Bull, de la Soc. Zool. de Fr. 1907. xxxii— 13 100 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1907 Umbo des pièces caréno - latérales relevé et légèrement saillant en arrière, situé à un peu plus du tiers de la hauteur à partir de la base. Bord antérieur des rostro-latérales étroit. Plaques infra-latérales allongées, rectangulaires, légèrement réti'écies vers le milieu, avec l'umbo saillant et très voisin de l'apex. Rostre triangulaire isocèle, entièrement à découvert. Pédoncule tronc-conique, court, recouvert par 6 séries alternantes d'écaillés allongées transversalement, assez irrégu- lières et mal imbriquées. Dimensions : longueur du capitulum : ^""o ; largeur : 3"""2o. — - pédoncule : 2™"'o ; largeur ; l^^o. Habitat. — Station d'hiver du a Gauss », terre de l'Empereur Guillaume II, par SSO"" à 385"" de fond, sur Hydraires et Bryozoaires. Assez nombreux exemplaires. Affinités. — Cette espèce est très voisine de Se. Bouvieri A. Gruvel, et de Se. brevecarinatinn Hœk. J'ai dédié cette espèce au professeur Weltner, de Berlin, dont on connaît les travaux de systématique sur les Cirrhipèdes. D. — Scalpellum Berndti n. sp. Diagnose. — Capitulum comprimé latéralement avec 14 pla- ques serrées et entièrement calcifiés. Carène régulièrement courbe, avec Tumbo à l'apex et d'une longueur n'atteignant guère que la moitié de la hauteur totale du capitulum. Bord dorsal convexe, sans arêtes latérales, avec une crête dorsale très légère et terminée inférieurement en angle aigu. Terga triangulaires, allongés, avec TapcK pointu légèrement courbé eu avant. Scutaquadrangulaires, allongés avec l'umbo à l'apex pointu et légèrement rentrant. Plaques supra-latérales allongées, triangulaires, avec l'umbo très voisin de l'apex. Umbo des caréno-latérales à l'apex et rentrant. Bord antérieur des rostro-latérales droit, avec l'angle supérieur légèrement saillant. infra-latérales allongées, rectangulaires, avec un léger rétrécissement médian et l'umbo à l'apex. SÉANCK DU 24 DÉCEMBRE 1007 t61 Rostre allongé, pentagonal, non recouvert. Pédoncule étroit, assez long- et presque cylindrique, avec 8 rangées alternantes d'écaillés étroites, irrégulières, mal ou non imbriquées. Dimensions : longueur du capitulum : 4"""; largeur : 2'""'. — pédoncule : 2'"'"o; largeur i.O-^-^To. Habitat. — Station d'hiver du « Gauss », nord de la terre de l'Empereur Guillaume II, par 350" de fond. Un seul exemplaire. Affinités. — Voisin de Se. brevecarinatum Hœk et par conséquent de 5c. Gaussi et Se. Weltncri. Je dédie avec plaisir cette espèce au D"" Berndt, du Muséum de Berlin, bien connu par ses intéressants travaux sur les Cirrhipèdes Acrotboraciques. 2. — Genre LEPAS L. fascicnlaris Ellis et Solander. Sur Jauthiue. Ouest du Cap Finistère et sud de Madagascar. L. peetinata Spengler. — Sur Jauthine, Ouest du cap Finis- tère, sud de Madagascar, sur Sargasses et ponce flottante. Ouest des côtes de Guinée, sur ponce flottante. L. anatifera L. Entre Sainte-Hélène et la côte de TAmé- rique du Sud, sur épave. INord de Sainte-Hélène, sur épave. Environs des îles du cap Vert, etc. L. australis Darwin. Ouest du Cap de Bonne-Espérance, sur tiges flottantes de Laminaires. Environs de Sainte-Hélène, sur épave, etc. /.. ////// Leach. Açores, sur épave. Ouest du Cap de Bonne- Espérance, etc. 3. _ Genre CONCHODERMA C. auritum L. Açores, sur épave. Ouest des côtes de Guinée, sur épave, etc. C. virgatiim Spengler. Le plus souvent associé au précédent et dans les mêmes localités. Un certain nombre d'échantillons, très restreint du reste, n'ont pu être déterminés, soit par cause de leur mauvais état de conservation, soit par leur état extrêmement jeune. Enfin, pour avoir terminé l'étude de l'importante collection du « Gauss », il nous resterait à parler des formes larvaires 162 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1907 contenues dans le plancton recueilli ou qui ont été capturées isolément. Cette étude, longue et minutieuse^ n'a pu être encore faite, faute de temps matériel et ne pourra être entreprise qu'après mon retour de la côte occidentale d'Afrique. ÉTUDE DES CIRRHIPÈDES DU MUSÉE DE CAMBRIDGE PAR A. GRUVEL M. le professeur Gardiner m'a envoyé l'année dernière une collection de Cirrhipèdes, provenant en grande partie de l'Océan Indieu et que des préoccupations d'un autre ordre m'avaient empêché d'examiner jusqu'ici. Aucune forme nouvelle pour la science n"a été rencontrée dans cette colleclion. . Pédoncules. Le sous-ordre des Pédoncules est représenté par trois genres seulement : Lithotrya„ Lepas et Alepas. 1. — Genre UTHOTRYA Ces formes sont localisées surtout en deux points très voisins appartenant à l'archipel des Chagos à l'E.-N.-E. de Madagas- car, ce sont : les îles Salomon et les iles Peros Banhos, très voisines et situées à peu près sur le même parallèle. Enfin deux échantillons proviennent du groupe des Farquhar, à 200 milles environ seulement au N.-N.-E. de Madagascar. BoRRODAiLE a décrit en 1900, sous le nom de Lithotrya paci- fica, une forme qui se distingue surtout de Litholrya dorsalis Sowerby, par la présence d'une crête interne à la carène et le développement considérable des infra-latérales, qui peuvent atteindre la dimension des terga. Cette espèce n'a été signalée qu'en Nouvelle-Zélande. Or, j'ai été frappé par la ressemblance de certaines formes, appartenant sans aucun doute à L. dorsalis^ mais qui, par la présence d'une très légère crête médiane à l'intérieur de la carène et par l'allongement des infra-latérales, forment une transition très nette entre les deux espèces dorsalis eipaci/ica. Le nombre des échantillons examinés ne me parait pas sulfi- SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1907 103 sant pour tiancher définitivement la question, mais la question est posée et la récolte de plus nombreux spécimens permettra, sans nul doute, de la résoudre. Habitat : Ut/iotrt/a dorsalis Sowerby ; îles Salomou (archi- pel des Chagos). L'un des échantillons examinés présente une coupe basale supplémentaire, fixée du côté rostral du pédon- cule et un peu au-dessus du niveau où s'attache la coupe cal- caire normale. Iles Farquhar (atoll). Lithotrija pacifica Borrodaiie ; îles Peros Bauhos (archipel des Chagos). •2. — Genre LEPAS Lepas anserifera L. de Zauthus^ cinq exemplaires seulement. Lepas anatifera L. var. conimimis, Zanzibar (collection Crossland) ; cjuelques exemplaires couverts de Bal. crenatus Brug. Lepas anatifera L. var. punctata Darw., deux exemplaires ; îles Amirautés (archipel des SeychellesL Lepas australis Darw. ; îles Diego Garcia (archipel des Cha- gos); nombreux échantillons. 3. — Genre A LE PAS Alepas parasita Sander-Rang, fixé sur de petites Méduses. L'une d'elles, qui ne mesure guère que 10""°" de diamètre, porte cinq de ces Crustacés. Saya de Malha, banc situé à peu près exactement entre l'archipel des Seychelles et celui des Chagos. Echantillons recueillis par 90 brasses (163"") de fond. Operculés. A. — ASVMÉTRIlJi:S Les asymétriques (genre Verrucà) sont représentés dans la collection par une seule espèce. Je n'ai pas été peu étonné de reconnaître une espèce que j'ai tout récemment décrite avec la collection du Muséum de Calcutta, c'est V. Kœfderi d'une forme si particulière. Ces nouveaux échantillons, au nombre d'une dizaine, ont été recueillis aux îles Cargados Carajos, à 10 degrés environ à l'est de Madagascar et par 30 brasses (55°) de fond. Bien que très légèrement différents par quelques détails de 164 sÉA^CK DU 24 décembre 1^07 celui décrit par moi comme type, il n'en est pas moins certain que ces exemplaires des Cargados se rapportent indubitablement à la même espèce du Muséum de Calcutta qui avait été recueillie également dans l'Océan Indien, mais à une grande distance des Cargados ; c'est des lies Andamans {(ue provient le type, recueilli par 435'" de tond, par l' « Investigator ». //. — SYMÉTRIQUES Les Operculés symétriques sont représentés dans la collec- tion du Professeur Gardiner par quatre genres seulement : Balanus, Telraclita, Elminiiis et Creusia. 1. — GeiNre balanus B. tinthuiabalum L. var. co))imunis Darw., provenant de Zanzibar et recouverts en partie de B. crcmitus, Brug. B. ajax Darw. ; iles Salomon (archipel des Chag-os) ; deux exemplaires dépourvus de leurs pièces operculaires et fixés sur des Millépores. B. tuiipifor?nis EW'is. Wasin^ English East Africa ; 18"" de fond. B. calceolusElWs. WasiUjparlS"" de fond. Collection Crossland. B. trigonus Darw.. Sur une Avicule. Iles Seychelles, par 68" de fond et Wasin. B. armatus¥\\ Mûller. Formes jeunes, sur radioles de Cidaris. Banc de Saya de Malha. B. sponr/i.cola Brown. Iles Salomon par 110 à '220 mètres de fond sur Bryozoaire mort. Iles de la Providence au N.-E. du cap d'Ambre près des iles Farquhar, sur Bryozoaires, par 90 à 145 mètres de fond. Iles Seychelles, sur une tige de Gorgone, par 72" de fond. B. amphitrite Darw. var. niveus Darw. Iles de la Providence, par 90 à 140" de fond. B. crenatus Brug., sur Lepas anatifera L. et Bal. tinlinna- bulum. Wasin, par 18 mètres de fond. 2. — Genre TE TRAC LIT A T. porosa Gm. Var, commimis Darw. Iles Seychelles ; rochers des iles Praslins (Seychelles) ; Zanzibar (collection Crosslaisd). Var. clegans Darw. Rochers de Cargados Garajos. Une forme jeune, fixée sur un tube de Serpulien à côté de deux échantil- lons d'Elminius simplex Darw, Var, patellaris Darw. Rochers des Praslins. SÉANCE DU 24 DKCE.MllllK 1907 165 3. _ Gk^k,,: ELMINIUS E. plicatus J. E. Gray. Sur coquille d'IIiiitre. Rochers des Praslins et sur fraguients de roches provenant des iles Coëlivy (archipel des Seychelles). E. simplex Darw. Sur lube de Serpulien. Rochers de Car- gados Carajos. 4. - Genrk CREUSIA. C. sphiulosa Leach; Sur Madrépores. Banc de Saya de Malha, par oO mètres de fond. SUR UNE PERRUCHE PRÉSENTANT UNE CURIEUSE DÉFORMATION DU BEC PAR E. TROUESSART M. Trouessart présente, de la part de M, Petit ahié, qui s'excuse de ne pouvoir assister à la séancb, une petite Perruche d'Amérique {Brotogerys virescens), dont la mandibule supérieure est déformée d'une manière tout à fait inusitée. FlG. I. Brotogerys virescens (têtes). Bec normal. Fie. 2. Bec anormal. Au lieu de former un crochet à pointe rabattue vers le bas, comme chez tous les Perroquets^ cette mandibule se dirige en avant, suivant une ligne horizontale, et son extrémité est tron- quée, un peu en forme de spatule, comme chez le Souchet et V Eurynorhynchus pygmœus ou Bécasseau platyrhynque. La mandibule inférieure, de moitié plus courte, est également défor- mée ; elle s'évase largement à son extrémité qui est échancrée. Tout le bec est un peu déjeté vers la droite (fig*. l et 2). Cette difformité, très gênante pour un Oiseau granivore, est 166 SÉANCE DU 2i DÉCEMBRE 1907 probablement congénitale. L'Oiseau a vécu 19 ans chez son propriétaire, qui ignorait son origine. C'est le jour de Pâques 1889 que cette petite Perruche est entrée chez lui par une fenêtre et s'est laissée capturer. Elle présentait déjà cette déformation du bec. On la nourrissait de fruits pulpeux dont on enlevait la peau^ notamment de raisins dont elle suçait le jus en enfonçant son bec à l'intérieur. On lui donnait aussi du chénevis soigneuse- ment concassé, et en assez grande quantité pour qu'elle pût y enfoncer son bec jusqu'au niveau de la mandibule inférieure. Une autre particularité (jue l'on a notée chez cet Oiseau, c'est qu'il dormait accroché par ses pattes, le corps suspendu à la manière des Chauves-Souris, la tète en bas et légèrement recourbée pour la cacher sous l'aile. On savait déjà que les petits Perroquets de lludo-Chine et de la Malaisie, dont on a fait le genre Loriculus, ont cette habitude, assez rare chez les Oiseaux. Mais, si je ne me trompe, c'est la première fois qu'on la signale chez un Perroquet amé- ricain. Cette même attitude de repos et de sommeil a été constatée chez des Oiseaux bien différents, les Martinets, qui au lieu d'avoir deux doigts en avai»t et deux en arrière, comme les Perroquets, ont les quatre doigts dirigés en avant (par réver- sion facultative du pouce), et munis d'ongles comprimés et recourbés comme les Chauves-Souris. Tel est le cas, d'après M. Germain, chez le Tackornis batassieiisis Gray qui habite la Cochinchine et l'Assam. M. Alliai'I). — J'ai observé autrefois un Poulet ayant un bec croisé^ qui a vécu plusieurs années. Il ne pouvait ramasser un grain isolé, mais parvenait à se nourrir en enfonçant son bec dans un panier plein de grain. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRi; 1007 167 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE TUBE DIGESTIF DES SCORPIONS [BUTHUS EULiOP.EUS L). PAR Le Dr L BORDAS Dans cette étude somiiiaire, nous allons passer en revue les principales particularités que présente l'intestin du Biit/ius, en insistant tout spécialement sur les organes dési- gnés, à l'heure actuelle, sous le nom de tubes de Malpighi, Le tube digestif des Scorpions [But hua eui'opcvus L.) com- prend les parties suivantes : 1" Un pharynx étroit^ aplati longitudinalement et portant, à sa face dorsale, une crête chitineuse d'où partent, à droite et à gauche, de nombreux faisceaux musculaires à direction paral- lèle, allant se fixer aux parois du céphalo-thorax. 2" Un œsophage, sorte de canal court, mince, à peu près régulièrement cylindrique, traversant le collier œsophagien et présentant, un peu en arrière de ce dernier, deux dilatations latérales, à extrémités libres arrondies. 3° Un intestin moyen. Cet organe, qui constitue la partie principale du canal alimentaire, est logé dans le préabdomen. Il comprend une région antérieure, large, irrégulièrement tubuleuse, dans laquelle viennent déboucher cinq paires de conduits hépatiques et une région postérieure, courte, cylin- drique, à l'extrémité de laquelle s'ouvrent quatre tubes longs et grêles, appelés actuellement tuhes de Malpighi. Enfin, 4°, la dernière portion du tube digestif, ou intestin postérieur, est beaucoup plus étroite que la précédente ; elle est constituée par un canal tubuleux, mince, logé dans les cinq premiers anneaux du postabdomen. Le foie est une glande très volumineuse qui remplit la presque totalité de la cavité préabdominale. 11 est traversé verticalement par cinq paires de faisceaux musculaires per- forants, très caractéristiques. Chaque faisceau s'insère, d'une part, sur le milieu de l'arceau ventral du segment corres- pondant, et, de l'autre, sur la partie antérieure du tergite (de chaque côté de la dépression péricardique), non loin de la 168 SÉANCI' DU 24 DÉCKMH1U-: 1907 membrane intersegmentaire qui lo rattache au lergite suivant antérieur. Le foie se prolonge, en arrière, sous forme de deux lamelles, qui entourent tout d'ahord le tube digestif^ passent ensuite au-dessus de ce dernier, se fnsionnent finalement en une lame impaire sus-intestinale qui pénètre môme jusque dans la rég-ion antérieure du premier segment postabdominal. La lame hépatique se continue ensuite par un court filament adhérent à la face dorsale de l'intestin. Tubes de Malpighi. — Pour la plupart des entomolo- gistes, DuFOUR^ Trkviranus, Miller, Em. Blanchard, etc..., il existerait, chez les Scorpions, (juatre tubes de Malpighi accolés aux parois du ventricule chylifique (intestin moyen). Difficiles à isoler, ces organes se dirigent d'arrière en avant pour se perdre, par leurs bouts flottants, soit dans les aufractuosités du céphalo-thorax, soit à la base de Tabdomen. Ils ne sont pas vari- queux, mais deux d'entre eux sont rameux dans leur tiers anté- rieur. Au cours de nombreuses dissections que nous avons effec- tuées sur des Butims europœus, nous avons rencontré des dispositions et des rapports tout différents de ceux décrits par les zoologistes. Les prétendus tubes de Malpighi sont constitués par quatre conduits qui vont déboucher dans l'intestin, vers le milieu du septième segment préabdominal. Ces tubes ne sont que de simples canaux hépatiques modifiés. Chez le Butims^ ils sont disposés en deux faisceaux. Chaque faisceau contient deux canaux, un dorsal et un ventral. Ces derniers convergent vers leur partie terminale et se fusionnent avant de déboucher en un point de Tinteslin présentant un bourrelet annulaire. Les points d'embouchure sont dorsaux et situés aux deux extrémités d'un même diamètre. Les conduits sont réunis entre eux par des tractus de fibrilles conjonctives dont on les débarrasse facilement. Une-fois libres, on peut les suivre séparément dans leur marche en avant, vers le foie. Le canal ven- tral ou inférieur de chaque faisceau est appliqué contre la paroi intestinale et adhère à cette dernière. Le dorsal a un diamètre supérieur à celui de son congénère et pénètre dans le foie, vers le tiers postérieur du G^ segment abdominal. Là, il se ramifie en un certain nombre de branches qui se bifurquent et se divisent à leur tour en fins ramuscules, lesquels vont se mettre en rapport avec les lobules ou acini hépatiques. Les o SÉANCK DU 24 DÉCE.MHUl!: 1907 160 extrémités ranîeuses_, dont parle Dufour, ne sont donc pas libres dans la cavité générale^ mais bien en rapport avec le foie. Ces organes ne sont, par conséquent, pas comparables aux tubes de Malpigbi des Insectes, mais peuvent, au contraire, être homologués aux conduits médians hépatiques. A cette disposition générale, on trouve assez fréquemment, suivant les types, des variations assez notables. Parfois, les deux conduits s'ouvrent séparément dans l'intestin ; parfois aussi, ils vont déboucher en deux points différents ; le conduit inférieur en avant et le dorsal un peu en arrière du précédent. Très rare- ment, on observe, d\in cùté, les deux embouchures et. du côté opposé, les deux canaux soudés au moment d'aboutir à l'intestin. En résumé, nous voyons que les prétendus tubes de Malpi- hi des Scorpions ne méritent nullement ce nom, surtout si on compare ces organes à ceux des Insectes et de divers autres Arthropodes. Ces canaux cheminent tout d'abord en avant, en s'appliquant contre les parois dorso-latérales du tube intestinal. Ils pénètrent dans la masse hépatique, au milieu de laquelle ils émettent, de distance en distance, des rameaux latéraux qui se bifurquent eux-mêmes un grand nombre de fois et dont les dernières divisions vont se terminer aux acini de la glande. La teinte d'un blanc mat de ces conduits permet facilement de les suivre à travers l'organe qu'ils traversent. Dans la partie moyenne de leur trajet, ils présentent un renflement ovoïde,, des parois duquel partent un certain nombre de branches, dont les fins ramuscules terminaux se mettent en rapport avec les lobules hépatiques. Donc, les organes appelés tubes de Malpighi chez les Scorpions, ne sont que de simples canaux excréteurs du foie, différents, par leur forme allongée, cylindrique et leur diamètre, des gros conduits en rapport immédiat avec la partie principale de l'intestin moyen (estomac). Ce résultat n'a rien qui doive nous surprendre, puisque nous savons, d'après les recherches anatomiques de Van Beneden et embryologiques de Dohrn, que les Limulides, les Mérostomacés et les Trilobites doivent être séparés des Crustacés et rappro- chés des Arachnides. Or, les Scorpions sont, parmi les Chéli- cérotes, les plus primitifs et les plus voisins de la forme aucestrale Trilobite. ESPECES ET GENRES NOUVEAUX DÉCRITS DANS LE BULLETIN DE 1907 Poissons Alesles erylhropteriis Pellegrin 139 Eleolris balearicus Peliegrin Il Solea senegalensis Kaup var. nCbaoensis Peliegrin nov. var 87 Insectes Atlalus boliviensis Pic 25 Allalus Rollei Pic 2o Dorcatoma bihltophagum Magalbàes 97 Silis sem'dimbata Pic. 26 Crustacés Eiminius crislallinus Gru\el. . 106 Scaipellum Berndti Gruvel 100 Scalpellum Gaicssi Gravai 159 Scaipellum Vanhoffeni Gruvel 158 Scalpellum Wellneri Gruvel 159 Rotifères Vroales similis de Beauchamp 153 Proalides de Beauchamp, nov. gen 148 Proalldes tentaculatus de Beauchamp ,. 152 Raltxdus cylindricus (Imhof) var. Chaltoni de Beauchamp, nov. var. 154 Protozoaires (Jrardia alata Kûnstler et Gineste 29 TABLE DES MATIERES Par ordre alphabétique d'auteurs PAGES Blanchard (R.) et Marc Blatin. Immunité de la Marmotte en hibernation à l'égard des maladies parasitaires 32 Beauchamp (P. de). Description de trois Rotiféres nouveaux de la faune française 148 Beauchamp (P. de). Seconde liste de Rotifères observés en France 143 Bordas (D"^ L.). Considérations générales sur le tube digestif des Scorpions [Bxdhus curopœus L).. 167 Brumpt (E.). Phénomènes de la partuçilion chez la Gerboise d'Al- gérie , 27 Brumpt (E.). Phénomènes de la parlurition chez le fiai blanc. ... 50 Gaziot (E.), avec le concours de M. Fagot. Études sur quelques espèces de la région circa-méditerranéenne. Zoniles algira 77 GiAJA (Jean) et Fred Vi.ès. Sur un appareil de contention pour les Crustacés Décapodes 127 Gruvel (A.). Étude des Cirrhipèdes du Musée de Cambridge 162 Gruvel (a.). Note préliminaire sur les Cirrhipèdes Operculés, recueillis par l'expédilion subpolaire allemande du « Gauss ».. 104 Gruvel (A.). Note préliminaire sur les Cirrhipèdes Pédoncules recueillis par l'expédition antarctique allemande du « Gauss ». 157 Hugues (Albert). Couleur des yeux d'Oiseaux albinos 108 Hugues (Albert). Le jeûne chez le Martinet 106 KiJNSTLER (J.) et Gh. Gineste, Megasloma, Lamblia ou Giardial. . . 28 LoYEz (M"'^ Marie). Res animaux sauvages du Parc national du Yellovi'stone (Etats-Unis) 136 LoYEZ (M"« Marie). Le septième Congrès international de zoologie et les établissements zoologiques des États-Unis 111 Magalhâes (P. de). Sur les Insectes qui attaquent les livres 9o Marchal (P.), Rectification 47 Olivier (Ernest). LaPerdrixde montagne, Perci«a;î)ion^(jna(Brisson). 72 Paris (Paul). Note sur le Buzard Montagu {Circus pygargus Linné). 70 Paris (Paul). Observations ^ur le Lemur mongos L. en captivité. . 101 Pellegrin (Jacques). Mission des pêcheries de la côte occidentale d'Afrique, dirigée par M. Gruvel, Poissons (2" note) 83 Pellkgrin (Jacques). Poisson nouveau du genre Aleslcs 139 TABLE DES MATIÈRES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE d'aUTEURS 173 PAIIF.S Pellegrin (J.) et L. Fage. Description d'un Eleolris médilerra- néen nouveau \\ Pic (Maurice). Coléoptères nouveaux ou peu connus de l'Amé- rique méridionale 2b Plocq (E.) . Notes sur le Martin-pêclieur 37 QuiuoR (A.) et A. Nachet. Sur un nouveau microscope et son application à la microphotographie stéréoscopique I'a Raspail (Xavier). Exode de Gantharides 00 Raspail (Xavier). Influence météorologique de l'année 1907 sur le chant des Oiseaux . 131 Raspail (Xavier). Notion chez les Colombidés du temps nécessaire à l'incubation de leurs œufs 89 Robert A.). Remarques sur la progression des Rhipidoglosses. . 55 Roule (Louisi. Considérations sur la faune maiine du port de Bonifacio 40 Secques (F.j. Sur la destruction des Insectes qui attaquent les livres , iOO Trouessart (E.). Sur une Perruche présentant une curieuse déformation du bec 1G5 TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES PAGES Liste des membres v Liste géographique des membres xxin Liste des membres décédés pendant l'année 1906 xxviii Bureau et Conseil pour l'année 1907 xxix Liste des Présidents depuis la fondation de la Société xxx Prix Malotau de Guerne (règlement) xxxi Prix François Secques (règlement) xxxm Séance du 8 janvier 1907 1 — 22 janvier 13 12 février 1 r> 20 février (14^ assemblée générale annuelle) 17 12 mars 46 2G mars : 48 9 avril 49 23 avril 53 14 mai 55 28 mai 03 1 1 juin 05 25 juin 68 9 juillet 81 22 octobre 82 1 2 novembre 94 20 novembre 1 09 10 décembre 130 24 décembre 141 Le Secré/aire r/énéral, r/ériin/, R BLANCHARD Impiinieiie bre\ elcL' l'K. Simmn. Renijus.