RETURN TO LIBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORATORY WOODS HOLE, MASS. BULEETEN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE Gand, imp. C. Annoot-Braeckman, Ad. Hoste, sucer, MÉMOIRES SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE TOME TRENTE-QUATRIÈME PREMIÈRE PARTIE ANNÉE 1895 BRUXELLES AÉNMSIESE DEMMAT SOCIÉTÉ JARDIN BOTANIQUE DE L’ÉTAT BUPEET IN SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE FONDÉE LE 1* JUIN 1862 ————_— TOME TRENTE-QUATRIÈME BRUXELLES AU" SIÈGE DÉSEAUSOBIÉTÉE JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT 1895 AE re HITAAE - V4 ET s (a ? x, t ji] re * * _ C2 SE ? >». N NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR oO. NMENE'E ER PAR LÉO ERRERA WU). MESSIEURS En reprenant ici ce cours de botanique qu'une mort soudaine est venue interrompre si douloureusement, j'éprouve un sentiment d'émotion profonde, et mes premières paroles, comme mes premières pensées, sont pour l'excellent’ collègue qui n'est plus. Je ne saurais mieux commencer ces leçons qu'en rappelant devant vous sa carrière scientifique et professorale. E Jean-Édouard Bommer est né à Bruxelles le 17 novem- bre 1829. Il y est mort le 19 février 1895. De très bonne heure, il perdit son père et, afin de gagner sa vie, il s’engagea comme ouvrier typographe. Cette occupation modeste lui laissait peu de loisirs. Avec une ardeur infatigable, il sut cependant les uuliser pour compléter son instruction et acquérir les premiers éléments (1) Leçon de réouverture du Cours de botanique pour la candidature en sciences naturelles, faite dans l’Aula magna de l’Université de Bruxelles, le 5 mars 1895. 8 des sciences naturelles. IT s'occupa aussi de galvanoplastie et imagina, dès 1850, de faire de la stéréotypie par la galvanoplastie. Ce procédé, repris par d’autres, a acquis dans la suite un immense développement. Il y avait, vers cette époque, dans un des faubourgs de Bruxelles, à Molenbeek, une sorte de Musée géographique — que je me souviens fort bien avoir visité dans mon enfance — et que l’on appelait du nom de ses deux créa- teurs, l'Établissement Van der Maelen. À côté d'’atlas, de mappemondes, de sphères terrestres de toutes les épo- ques et de toutes les dimensions, on y voyait des appareils de physique, des échantillons de minéralogie, des spé- cimens ethnographiques, des produits végétaux exotiques, des animaux empaillés, que sais-je encore, bref, une série, un peu hétéroclite, mais intéressante et instructive, de collections scientifiques variées. Notre jeune typo- graphe était un visiteur assidu de ce musée. Non content de regarder, il étudiait, examinait, scrutait en détail tous ces matériaux, fréquentait la riche bibliothèque de l’éta- blissement. Le vif intérét dont il faisait preuve ne tarda pas à attirer sur lui lattention de Philippe Van der Maelen. Celui-ci le prit en affection, s’oceupa de lui, lui témoigna une bienveillance efficace et, frappé de son intelligence, l'encouragea à se consacrer à des études scientifiques. Il l’attacha même pendant quelque temps à son Établissement. Dès lors, le goût du jeune Bommer pour les sciences naturelles, et tout particulièrement pour la botanique, put se développer librement. Mais si, comme il le dit quelque part lui-même (1), il se sentait (1) Tableau analytique de la Flore belge et parisienne, 185%, p. II. 9 entrainé par une espèce de vocation, s’il sut, à force d'ardeur et de travail, tirer parti de ses heureuses disposi- tions natives, il n’oublia pourtant jamais que Van der Maelen l'avait aidé et conseillé, et il lui en garda, jusqu'à ses derniers jours, une touchante reconnaissance. Tels furent les débuts. Bommer, vous le voyez, était bien le fils de ses œuvres, et il avait le droit de s’en glorifier. Sans préparation première, il acquit le savoir ; sans diplômes, il s’éleva à une haute situation scientifique. Il devait uniquement à son travail, à son intelligence et à sa loyauté le suecès qui a récompensé ses efforts, ainsi que l’estime et la sympathie générales dont il était environné. Il avait 26 ans, lorsque, en 1855, il fut attaché au Jardin botanique de Bruxelles, alors propriété de la Société royale d'Horticulture de Belgique. Ce n'est pas le moment deraconter les vicissitudes nombreuses et étranges que le Jardin botanique eut à traverser en ces temps loin- tains. Après la mort du directeur Galeotti, Bommer devint conservateur des collections de la Société, et le Gouverne- ment le maintint dans ces fonctions, quand, èn 1870, le Jardin botanique fut repris par l’État. 1l est juste de rap- peler que cette reprise, si favorable aux intérêts scienti- fiques du pays, s’accomplit surtout grâce à l'intervention active de Barthélemy Dumortier et au bon vouloir dont firent preuve le bourgmestre de Bruxelles, Jules Anspach, et le ministre de l’Intérieur, Eudore Pirmez. Toutes les négociations préliminaires ont été rapportées en détail par le regretté Bommer, dans son excellente Notice histo- rique sur le Jardin botanique de Bruxelles. On y voit comment la Société royale d'Horticulture, de scientifique qu'elle était à l’origine, était peu à peu déchue 10 au rang de simple entreprise commerciale. Aussi Bommer, très attaché aux collections dont il avait la garde, eut-il à soutenir des luttes incessantes pour que la science ne fût pas complètement sacrifiée au commerce. Mais que faire ? Quand il parlait de l'intérêt botanique, on lui répondait qu'il s'agissait avant tout de l'intérêt à payer aux action- naires.On voulait, dit-il lui même dans sa Notice historique, « des plantes marchañdes, et rien d’autre. L'esprit mer- cantile était poussé à un tel point dans les cinq dernières années, que l’on a essayé, malgré l'opposition énergique que j'y ai mise, de se débarrasser de toute une catégorie de plantes qu'un employé de l'établissement jugeait inu- tile de conserver. Le manque de soins dont elles avaient été constamment l'objet, bien que les ayant réduites à un très triste état, n'avait cependant pu les faire périr comme on l'avait espéré. Enfin, de guerre lasse, on imagina un moyen nouveau; ce fut de mettre en plein air ces plantes qui étaient de serre chaude et cela au commencement d’un printemps des plus défavorables. Ce fut alors que je pus juger de tout ce que peut le mauvais vouloir ; mais aussi, il m'a été prouvé par le même moyen que la vie des plantes n'est pas aussi délicate qu’on pourrait le supposer. Aucune des plantes ne périt; loin de là, la plupart se mirent à bourgeonner, et, à leur rentrée en serre, qui eut lieu bien tard en automne, elles changèrent complètement d’aspect(1). » On dit que les actionnaires sont gens très tenaces; il parait, heureusement, que les plantes savent l'être encore davantage. (1) J.E. Bouwer, MWotice sur le Jardin botanique de Bruxelles, 187, p. 30. (Tiré à part du Bull, Soc. roy. Bot. Belgique, t. IX, séance du 4 déc. 1870). 11 IL. Nous voici en 1870. C'est de cette époque que date l'entrée de mon regretté prédécesseur dans la carrière professorale. Il enseigna pendant quelques années (1870- 1872) la botanique à l'École d'horticulture de l'État à Vilvorde. Et, comme sa réputation de botaniste était déjà bien établie, l'Université de Bruxelles l’appela, en 1872, à la chaire de botanique, devenue vacante. Il fut chargé en outre, lors de la création de notre École poly- technique, du cours de botanique industrielle et, quelques années plus tard, 1l professait aussi au Doctorat en sciences, outre l'anatomie et la physiologie des plantes, la morphologie, la botanique systématique, la géographie et la paléontologie végétales. D’abord professeur extraordi- naire, il fut promu, en 1879, à l'ordinariat. Il est toujours extrèmement délicat de parler de soi, mais je croirais manquer à un devoir de gratitude si je ne rappelais avec quelle bienveillance et quel désintéresse- ment Bommer prit lui-même, en 1885, l'initiative d’un partage de ses cours du Doctorat en sciences. Bommer avait la première qualité du vrai savant : il aimait passionnément la science à laquelle il s'était voué. Cet amour de la botanique, cet intérêt constamment en éveil pour tout ce qui touchait au monde des plantes, l’avait soutenu pendant les années difficiles du début et fut aussi sa joie lorsque, plus tard, à l'Université et au Jardin botanique, il put se consacrer tout entier à ses recherches favorites. Bien plus : par une sorte de rayon- nement intellectuel, il inspira à tous les siens le goût des études scientifiques. Madame Bommer, en effet, ne fut pas seulement une compagne intelligente et dévouée, et 12 la meilleure des mères ; elle s’est associée avec grand talent aux travaux de son mari, et l’on sait qu’elle occupe l’un des premiers rangs parmi nos mycologues. Ses deux fils promettent aussi de marcher sur les traces de leur regretté père : l’ainé, M. Ch. Bommer, après avoir brillamment conquis ses diplômes de docteur en sciences naturelles et de docteur spécial en botanique, s'est fait connaitre déjà par de solides recherches; le second, étu- diant à l’Université, se destine à la carrière médicale. En dehors de sa famille, les affections de Bommer se partageaient entre les deux grands établissements scien- tifiques auxquels il appartenait : il aimait aussi paternelle- ment ses collections au Jardin botanique que ses étudiants à l'Université. Il avait classé avee beaucoup de méthode les produits végétaux du Jardin et, en conservateur digne de son titre, il les conservait jalousement. Au moment des funérailles, le Directeur du Jardin botanique, M. Crépin, a fait à ce point de vue un éloge légitime du défunt. « I fallait voir, disait-il, avec quelle curiosité intense Bommer débal- lait les envois de produits végétaux reçus par le Jardin botanique !...... » Pourtant, ce n’est pas du conservateur, c'est surtout de l’homme de science qu'il importe de vous entretenir. Il y aurait une étude piquante à faire sur les qualités habituelles des autodidactes — et aussi sur leurs petits travers. Mais je ne veux point ici tenter cette esquisse psychologique. Comme il s'était formé lui-même, il n’est pas étonnant que Bommer füt dégagé de la routine et ennemi du pédan- a doll loue 15 tisme. Son esprit si original et si spontané envisageait les problèmes d’une façon qui déroutait parfois. Car, il s’écartait volontiers des solutions reçues. On pouvait être tenté de croire que c'était par boutade ; mais, bientôt, on s’apercevait qu'il avait mürement réfléchi et qu'aucune des données de la question ne lui avait échappé. Son savoir était infiniment plus étendu que sa bonhomie et sa modestie ne le laissaient entendre tout d’abord. Il avait beaucoup lu et beaucoup regardé. III. Ses publications scientifiques portent bien la marque de son intelligence prime-sautière et de son talent d'ob- servation. Dès l’âge àe vingt-cinq ans, chargé de rééditer à Bruxelles le Tableau analytique de la Flore parisienne du D' Bautier, il complète l’ouvrage de facon à l’adapter aux besoins de notre pays. Peu après, il signale aux environs de Bruxelles, dans la Forêt de Soignes, une Liliacée intéressante, le Gagea spathacea, et découvre au Bois de la Cambre (Bruxelles) une production végétale très remarquable dont la nature n’a été complètement éclaircie que beau- coup plus tard. Cette découverte vaut que l’on s’y arrête un instant. Il s'agissait de masses irrégulières, présentant un peu l’aspect de scories, formées de rameaux de 2-5 centimètres de diamètre et atteignant jusqu’à 80 centimètres de longueur, noires à l'extérieur, blanches et compactes intérieurement. Malgré ces dimensions inusitées, Bommer y reconnut avec raison des sclérotes de Champignon. On avait signalé déjà des sclérotes exotiques qui acquièrent un volume aussi considérable, mais c'était la première fois 14 qu'une production semblable était trouvée en Europe, et sa découverte avait de quoi étonner. De Bary, à qui j'en parlais un jour, ne l'accueillit qu'avec un certain scep- ticisme. Cependant, depuis une dizaine d’années, ce gros sclé- rote a été retrouvé en Belgique, en divers endroits, par Mme Bommer et Rousseau, par M. Delogne, par M. Ch. Bommer et par moi-même. Le D" Cooke, de Londres, à qui j'en avais soumis un fragment, l’avait rapporté au « Tchou-Ling » des Chinois, et une étude histologique attentive a confirmé cette attribution. Mais à quel champignon ce sclérote remarquable, com- mun à l'Europe et à la Chine, donne-t-il naissance ? A peu près simultanément, M. Delogne aux environs de Bruxel- les, et M. Rostrup en Danemark, ont observé qu'il produit un Polypore, le Polyporus umbellatus. Ge fait a été constaté aussi dans [a Haute-Marne par M. Hariot. Si j'ajoute que j'ai étudié jadis les réserves hydrocarbonées de ce selé- rote, dont M. Ch. Bommer s'est occupé d’une manière approfondie dans son récent travail sur Les Sclérotes et les Cordons mycéliens, on aura un aperçu sommaire des recher- ches auxquelles l'intéressant objet découvert par mon regretté collègue a donné lieu. Le 1% juin 1862, un groupe de botanistes créait à Bru- xelles la Société royale de botanique de Belgique, et Bom- mer, comme de juste, était l’un des fondateurs, IT fut même appelé aussitôt à faire partie du Conseil d'administration de la Société, comme Conservateur des collections; il en devint plus tard le Secrétaire général, puis le Président. Il a publié divers mémoires dans le Bulletin de la Société et, dès le premier numéro du recueil, nous trouvons de lui 15 une Note sur les poils des Fougères et sur les fonchons de ces organes. On admettait à cette époque, à la suite d'expériences de Duchartre, que les plantes sont incapables d’absor- ber l’eau par leurs organes aériens. Bommer arrive à une conclusion tout opposée. Après avoir classé les diverses formes de poils que présentent les Fougères, il se demande quel est leur rôle. Il les envisage comme des moyens de protection contre l’échauffement ou le refroi- dissement excessifs et aussi, à cause de leur grande perméabilité, comme des organes capables d’absorber l’eau. Il revient, l’année suivante, sur cette question dans ses Remarques sur l'absorption par les surfaces des plantes. Peut-être y aurait-il quelques réserves à faire sur certains points accessoires touchés dans ce travail, Mais le résultat principal nous importe seul. Une série d'observations con- duisent l’auteur à conclure, de nouveau, — malgré Duchartre — que, si l’eau est absorbée surtout par les racines, elle l’est aussi, à un moindre degré, par les feuilles, principalement lorsqu'elles sont velues ; et, depuis lors, la science lui a donné raison. Les matières colorantes des feuilles et des fleurs ont fait, à plusieurs reprises, l'objet des recherches de mon savant collègue. Il varie et complète de diverses façons l'expérience classique de Frémy sur le « dédoublement » de la chlorophylle en « phyllocyanine » et « phyllo- xanthine ». Mais nous savons aujourd’hui, comme Stokes Pindiquait il y a déjà trente ans, qu'il ne s’agit point là d’un dédoublement de la chlorophylle, que la « phyllo- cyanine » en est un produit de décomposition et que la « phylloxanthine » en est indépendante. Aussi la fameuse 16 expérience de Frémy n'a-t-elle plus guère qu’un intérêt historique. Mais ce qu'il faut retenir, c'est cette remarque de Bommer que certaines Orchidées (Phajus, Calanthe) renferment de l'indican, susceptible de donner, à l’air, de l’indigo bleu. Poulsen, dans sa Microchimie, et Strasbur- ger, dans son Botanisches Praktikum, ont complètement adopté cette interprétation. l'E En dehors de la Notice sur le Jardin botanique de Bruxelles que nous avons déjà mentionnée, deux publica- tions de Bommer ont été inspirées par les fonctions qu'il remplissait au Jardin botanique. L'une date de 1868. Cherchant à multiplier les Palmiers cultivés au Jardin, l'auteur montre d’abord que le simple rapprochement de pieds mâles et femelles de la même espèce, pendant leur floraison, ne donne que des résultats fort incomplets. Il essaye alors — et avec succès — de la fécondation arti- ficielle. Il indique le procédé qui lui a le mieux réussi pour la récolte et a conservation du pollen. Quant au dépôt sur le stigmate, il recommande, non l'emploi du pinceau comme on le fait souvent, mais une méthode qui se rapproche davantage des conditions naturelles de la polli- nation — tout au moins lorsqu'il s’agit de Palmiers adaptés à la fécondation par l'intermédiaire du vent. En secouant d'une façon appropriée une feuille de papier sur laquelle le pollen a été déposé, on produit autour du régime femelle à féconder un véritable nuage de pollen : les résultats sont très satisfaisants, comme en témoignent les expériences relatées par Bommer. 17 La seconde notice est de date beaucoup plus récente. Elle a été écrite à l’occasion du Congrès de botanique et d'horticulture de 1880 et résume la longue expérience acquise par Bommer au sujet de l’arrangement et de la conservation des collections de produits végétaux. Le local, la forme et l'emplacement des armoires, les bocaux, le choix des spécimens et leur conservation, l'étiquetage et jusqu’à l'encre à employer, tout cela fait l’objet de conseils complets et pratiques. En fait de classification, Bommer voulait que l'usage industriel, plutôt que la famille botanique, servit de base. Il fait mieux que de s’en tenir aux généralités : il propose pour le clas- sement des substances végétales et de leurs produits quinze groupes principaux, subdivisés en vingt-neuf sections. Il en résulte un excellent schéma de botanique industrielle. Bornons-nous à mentionner une étude sur l’Amylo- genèse qu'il serait difficile d’analyser sans longs commen- taires ; ainsi qu’une autre sur les Platanes et leur culture, où l'on retrouve les qualités habituelles d'observation de notre auteur et à la fin de laquelle il cherche à établir un rapport entre la ramification de l'arbre et la nervation de ses feuilles. Mais arrêtons-nous davantage à la Monographie de la Classe des Fougères (classification), parue en 1867 ,et ornée de six planches: ç’a été l'ouvrage principal de la carrière scientifique de Bommer. Il y fait preuve, à la fois, d’une érudition sûre et d’une connaissance approfondie de la structure de ces plantes. Il reproduit d’abord toutes les classifications proposées pour les Fougères, depuis eelle de ê 18 Bernhardi en 1799 jusqu’à celle de John Smith en 1866. Après les avoir passées en revue, les avoir comparées et discutées, il en établit une à son tour, qui est fondée sur l'anneau des sporanges, sur leur groupement et sur leur mode de déhiscence. Il arrive ainsi à délimiter les familles suivantes : Gleichéniacées, Hyménophyllacées, Loxsoma- cées, Polypodiacées, Schizéacées, Lygodiacées, Osmundacées, Angioptéridées, Marattiacées, Danœacées et Ophioglossi- nées. Cette classification, sans innover absolument sur celles qui l'avaient précédée — ce qui n’eût été ni possible, ni désirable — est, dans son ensemble, très satisfaisante et elle se conforme si bien aux affinités naturelles que les auteurs les plus récents ne s’en écartent pas beaucoup. Les Fougères furent, du reste, pour Bommer l’objet d'étude de prédilection. Dans ces dernières années, il s’est occupé de la détermination des nombreuses espèces de ce groupe recueillies au Costa-Rica par le professeur H. Pittier : les Filices costaricenses formeront un fasci- cule important de la Flore du Costa-Rica, en voie de publication. C’est enfin à la monographie d’un groupe de Fougères extrêmement difficile, les Adiantum, que Bommer a consacré, vers la fin de sa vie, le plus de temps et d'efforts. Cette œuvre de longue haleine, à laquelle il mettait la dernière main quelques semaines avant sa mort, après en avoir puisé les éléments dans tous les grands herbiers de l’Europe, est accompagnée d’une admirable série de photographies et de dessins. Nous espérons que, bientôt, elle pourra voir le jour, d’autant plus que le Linnean Society de Londres a offert de se L2 19 charger des frais, considérables, de la publication. On ne saurait donner une preuve plus décisive de la bonne opinion que l’on a à létranger des travaux de mon regretté collègue (1). LÉ Les mérites du savant viennent d'être rappelés. Ils lui assurent à jamais une place honorable dans l’histoire de la botanique en Belgique. Les qualités de l’homme lui en assurent une, non moins durable, dans nos cœurs. Sous des dehors parfois un peu brusques, Bommer était la franchise, la cordialité et la bonté mêmes. Il aimait ses collègues et ses élèves, et il était aimé d’eux. Moi qui ai eu la bonne fortune de compter successivement parmi les uns et parmi les autres, j'en puis doublement porter le témoignage. Dans les réunions professorales comme dans les herbo- risations avec les étudiants, Bommer faisait preuve sans cesse de bonhomie, de gaité et d’entrain. Vous n'avez suivi ses cours, Messieurs, que durant les dernières années de sa vie, et vous ne l’avez plus vu dans toute sa verdeur et sa force. Mais quoiqu'il fût affaibli par l'âge, son cœur avait conservé sa jeunesse et vous sentiez bien, j'en suis con- vaincu, qu'il ne vous marchandait ni sa bienveillance, ni son affection. (1) Ajoutons qu’une importante société scientifique, la Société royale de pharmacie de Londres, avait conféré à Bommer le titre de Membre associé. Il était aussi Chevalier de l’Ordre de Léopold, de l’Ordre de la Couronne d’Italie, ete, 20 Ainsi, dans tous les milieux où s’exerça son activité, à Ja Faculté des Sciences, à l'École polytechnique, au Jardin botanique de l'État, à la Société royale de Botanique, parmi ses collègues, ses collaborateurs, ses confrères et ses élèves, Bommer n'a compté que des amis et sa mémoire vivra entourée d'unanimes regrets. BIBLIOGRAPHIE. Tableau analytique de la flore belge et parisienne, d’après la méthode analytique adoptée dans la flore française de Lamarck et de Candolle, par Bautier. 8° édition mise en rapport avec la flore belge par J.-É. Bommer, Bruxelles, 1 vol.in-18, VIII, 474 pages, Bruxelles, 1854. Mémoires publiés dans 1° le Bulletin de l’Académie royale de Belgique : Notice sur le Gagea spathacea, plante nouvelle pour la flore belge (1856) 2 pages. 20 le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique : Note sur les poils des Fougères et sur les fonctions de ces organes, 11 pages. (Bullet. tome I (1862), p. 91-101). F Quelques remarques sur l’absorption par les surfaces des plantes, 10 pages. (Bullet. tome IT (1863), p. 147-156). Monographie de la classe des Fougères, classification. 107 pages et 6 pl. (Bullet. tome V (1866), p. 273-364). De la fécondation artificielle des Palmiers, 10 pages. (Bullet. tome VI (1867), p. 359-368). Notice sur le Jardin botanique de Bruxelles, 38 pages. (Bullet, tome IX (1870), p. 418-455). Sur l’amylogenèse dans le règne végétal, 20 pages. (Bullet. tome XII (1873), p. 346-366). 21 Rapport sur la marche et les travaux de la Société royale de botanique en 1883. (Bullet, tome XXII (1883), p. 142-144). 3° les Annales cosmologiques : Considérations sur la panachure et la coloration des feuilles, Gand, 1867, 12 pages. 4 les Annales de l’horticulture en Belgique : Les platanes et leur culture, Bruxelles, in-8°, 20 pages, 2 planch. 1869. De la sève descendante ou étude sur les théories de l'accroissement des végétaux, Bruxelles, 1873, in-8°, 47 pages, 5° le Bulletin du Congrès international d’horticulture tenu à Bruxelles en 1864 : Note sur l’introduction de plusieurs végétaux utiles (Bullet., p. 150-51). 6° Ze Bulletin du Congrès international de botanique et d'horticulture d'Amsterdam en 1866 : Des matières colorantes des feuilles, 8 pages (Bullet. p. 410-417). 7° le Bulletin de la Société botanique de France : Revue et classification des Cyathéacées, 4 pages. (Bullet. tome XX (1873), session en Belgique, p. XVI-XX). Sur le bleuissement des fleurs du Phajus maculatus Lindl. 7 pages. (Bullet. Tome XX (1873), session en Belgique, p. XX VII-XXXIII). Sur le groupe de Loxsomacées, 1 page. (Bullet. tome XX (1873), session en Belgique, p. XXXV),. 8° le Bulletin du Congrès de botanique et d’horticulture tenu à Bruxelles en 1880 : Remarques sur l’arrangement et la conservation des collections de pro- duits végétaux. (Bullet. p. 3-16) OUVRAGES NON ENCORE PUBLIÉS : Filices costaricenses. à (Cette énumération paraîtra prochainement dans les Primitiae florue costaricensis.) Monographie du genre Adiantum. TABLEAU COMPARATIF DES ALGUES DE BELGIQUE, PAR É. DE WILDEMAN. Notre but, en résumant dans les pages qui suivent, les connaissances acquises sur la dispersion des Algues de Belgique, a été de montrer que bien des recherches sont encore à effectuer, avant que l’on soit à même, de dresser un catalogue complet de notre flore algologique. Nous avons rangé les citations par provinces. Nous avons préféré ce classement, aussi peu naturel qu’il soit, car nous ne pouvons encore nous figurer, dans l’état actuel de nos connaissances, si les zones, telles qu'elles ont été si bien délimitées par M. Crépiu, pour la flore phanérogami- que, auront une importance aussi grande pour les Crypto- games. Nous avons, pour dresser ce tableau, relevé naturelle- ment les données éparses dans les différents bulletins de Sociétés scientifiques, et dans les ouvrages spéciaux qui ont paru en Belgique ou à Pétranger. Nous comprenons dans cette liste les Characées et les Diatomées. 23 Le nombre total des espèces s'élève à 1178. en y com- prenant les variétés importantes. Ces 1178 espèces se répartissent comme suit entre les diverses provinces. Flandre Occidentale . . . . . . 459 PEU NRRNR". . o 220 BRAUN. . OR 200 NOESIS Et Qté Éuxemboure et... 12000299 Donner del |. «HER Elaudre Orientale... © VC OeRUTE Hainaut eee. «A (Abu Ter DR AR NL LC UT ET) Ce nombre de 1178 espèces se compose de Chiorophycées 10, : 2.00: 29 007 Bones ae ee 11 Nr an yo QE Bhéophycees as, 1 MEL Ts 00 HIOENIE SR LT ee le et 70 Cyanophycées . RENE Le PAST: 1 Toison HA78: Ce nombre est déjà relativement considérable et cepen- dant nous sommes loin de trouver, dans cette énuméra- tion, toutes les Algues de notre pays. Il reste beaucoup à découvrir; ce qui le prouve surabondamment, c'est que sur les 1178 espèces, dont plus de la moitié appartient à la flore des eaux douces, 58 espèces seulement ont été signalées dans toutes nos provinces. Et encore parmi ces 58 espèces, nous comprenons les Diatomées mentionnées comme communes ou assez communes par M.Van Heurck. Or l’on sait que M. Van Heurck n'a point vu de matériaux de toutes nos provinces. 24 Nous avons fait suivre d'un point d'exclamation! la présence d'une espèce, quand celle-ci, indiquée comme C. ou AÀ.C par M. Van Heurck, a été signalée dans cette province par un autre auteur, F.Oc. F.Or. Br. Ht Anv.Nam. Lb. Lg. Lxg CHLOROPHYCEAE. Tolypellopsis nel ReS Le u à Chara hispida L — foetida Br. — — var, contraria (AL. Br). — fragilis Desv. : — aspera Willd — Braunii Gmel . Nitella syncarpa (Thuill. Kütz. [Ti — capitata Ag. . . = — ar —ppata "Ag. . + :" 104, _ — —"Hexilis Age: "2 . _ — translucens var. mucronata Gosset Germ. 2 220 - — gracilis Ag. — tenuissima Coss. et Germ.. _ — Tolypella glomerata (Kütz.) Mig. = — intricata (Ag.) Mig. : = Coleochaete orbicularis Pringsh. — Seutata Brép- ls LME — — irregularis Pringsh. . . . — — soluta Pringsh. Bulbochaete dre DBy — setigera (Roth) A .| — — pygmaea (Pringsh. ) Wittr. .| — — rectangularis Wittr. : Oedogoniuw Itsigsohnii DBy . — excisum Waittr, et Lund. Rothii Bréb. . à — undulatum (Bréb. ) Br. è concatenatum (Hass.) Wittr. — ciliatum (Hass.) Pringsh . . | cardiacum (Hass.) Kütz. tumidulum Kütz . longatum Kütz. vesicatum (Lyngb.) Wittr fonticolum Braun . . princeps (Hass.) Wittr. capillaceum Kütz. . . . Hi Con = — Reinschii Roy . . : Cylindrocapsa involuta Reinsch. — | — GES NISSAN ER tel 25 F.Oc.F.Or. Br, Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg Cylindrocapsa nuda Reinsch. . | _- Monostroma fuseum Wittr. — latissimum (Kütz.) Witr. Ulva lactuca L. . Enteromorpha intestinalis (L. ) Link. — Linza (L.) Ag. . , — compressa TA ‘) Grev. : — percursa Ken J. ÂÀg. — clathrata (Roth) J. Ag. — ramulosa Cook : Hormiscia zonata (Web. et M. ) Aresch:e7 —- — Microthamnion Kuetzingianum Näg. — | — Herposteiron Braunii Näg. . : — 7. Chaetophora Cornu- -Damae(Roth. )Ag. 0e — pisiformis (Roth.) Ag. . . .|— | —|— — elegans (Roth) Ag. . ! — | — — — var. longipila (Kütz. ) Hansg. . .| — = — tuberculosa (Roth) Hook. — flagellifera Kütz. . : Draparnaudia plumosa (Vauch. ) Ag. — glomerata (Vauch.) A8: . | — — — var. acuta Ag. SAR Stigeoclonium tenue Ag. LR _ — — var. lubricum (Dillw. )Rbb. — — longipilum Kütz. : mL. Chaetonema irregulare Nowak. = Conferva fontinalis Berk. — bombycina Ag. — Microspora floccosa (Ag. ) Thur. — amoena Kütz. É Urospora penicilliformis ( Roth ) Aresch. . .| — Trentepohlia aurea Mat dés le 7 Fi — odorata (Wigg.) Wittr. . | —|—-|—-| —-|—|-|—|— Chaetomorpha linum Kütz. . .| — — crassa Kütz. . | — Rhizoclonium ripariura (Roth) REV EU à .| — rpetacennn RUEZ:, 000 |" Cladophora fracta Kütz, . . .| — — — var. gossypina ( Drap.) Rbh 1e - oligoclona Kütz. . . . .| — ax SHAHAIAEREUIZ SO X 2. — | — = glomerata Kütz. ; — | — prohfera (Roth) Kütz. utriculosa Kütz. . . crystallina (Roth) Kütz. albida (Huds.) Kütz. . be terslelenl Lalemel 26 F.Oc. F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg Cladophora laetevirens (Dillw.) Kützs .- . - | — — rupestris (L.) Kütz. . + | — — lanosa Kütz er: _ — vaga Kütz . . — Vaucheria or nithocephala Ag. — Dillwynii Web. et FIobE : — -- — sessilis Vauch . . : — | — — | — AE — geminata DC. . . . . .|—|— — — var. racemosa Walz — hamata Lyngb. . SR 2e == — terrestris DC. . . . .| — | — — — var. multicornis Ag. — De Baryana Wor. . .' .: = — Bryopsis plumosa (Huds). Ag .| — Botrydium granulatum L. , . SA Lex Volvox globator L. — minor Stein. Eudorina elegans Ehr. Pandorina morum Ehr . | | | Gonium pectorale Müller. . . — | — Haematococeus lacustris (Girod.) Rostaf. . ur Chlamydomonas pulviseulus(Müller) br. Hydrodictyon utrieulatum Roth. .|—|—|—|— Scenedesmus variabilis De W. — — Var. ecornis Franzé. . = — — Var. cornutus Franzé, - … ere — obliquus (Turp.) Kütz. . . = — — hystrix Lagerh. RAT LE Sorastrum spinulosum Näg. . .|— _ Coelastrum sphaericum Nëe. — cubicum Näg. — pulchrum Schmid. Pediastrum simplex Mey. . . . = — Boryanum Turp. . — D eee eo Pc — — var. granulatum (Kütz. ) Br. = TARA IE [ti FA — angulosum Ralfs . — pertusum Kütz. 5. tt — Ehrenbergii Br. . . . — —| —|— — bidentulum Br : — — var. ornatum Nord: AR 7e Sciadium arbuscula Br ; Mischococcus confervicola Näy. ES Ophiocytium cochleare Br. . . me me Raphidium polymorphum Fres | — — Var. acicularc (Br.) Rbh.| — _ — — var. falcatum (Corda) Rbh. er) Nas Pass — — var. fusiforme (Corda) OR RE if D Lee — LE] | Tetraedron trigonum Hansg. — minimum (Br.) Hansg. — caudatum (Corda) Hansg. — enorme Hansg Cerasterias raphidioides Reinsch. — — f. tetradens Reinsch. Eremosphaera viridis DBy. Characium Sieboldi Br. — ambiguum Herm. — longipes Rbh. — ornithocephalum Br. . Tetracoccus nimbatus De W. . Schizochlamys gelatinosa Kütz. Kirchneriella lunata Schmid. Tetraspora bullosa Ag. — — var. Fi Rndrases CHilse) Rbh — gelatinosa Kütz. — lubrica Kütz. — — var.lacunosa Chauv. Staurogenia rectangularis Br. — quadrata (Morr.) Kütz. Dictyosphaerium Ehrenbergianum âge . Nephrocytium Agardhianum Dee — Naegelii Grun. ; Oocystis Solitaria Wittr. Gloeocystis rupestris (L yngb. ) Rbh Botryococcus Praunii Kütz. Palmella botryoides (Lyngb.) Kütz. Protococeus viridis Ag. Pleurococcus vulgaris Menegh. Stuichococcus bacillaris Näg — flaccidus Ga Ye Schizogonium crispuun (Light ) Gay. — murale Kütz. — crenulatum Gray Mesocarpus scalaris (Hass.) DBy. — nummuloides (Hass.) DBy. — parvulus (Hass.) DBy. — — var. angustus Hass. — pleurocarpus DBy. Staurospermum capucinum Kütz. — quadratum (Hass.) ‘na — viride Kütz. : Zygnema stellinum Kütz — Vaucheri Ag. D — cruciatum (Vauch.) Ag. . — pectinatum (Vauch.) Ag. — — var. conspicuum (Kütz.) Kirchn. . . ve E.Oc. F.0r. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxb 28 F.Oc.F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg Zygnema ericetorum (Kütz.) Hansg.| — | —| — Ralfsii (Hass.) DBy. : — lutescens Kütz. . . — Spirogyra tenuissima (Hass.) Kütz. _ = — — — var. Naegelii.(Kütz.) Petit. — inflata (Vauch.) Rbh. 200 —|—|—|— | — — | — Weberi (Kütz.) Petit. . . — — Grevilleana (Hass.) Kütz. . —|—|—|—|—|— — | — elongata (Berk.) Kütz. - .| — Hassallii (Jenner) Petit . . — | — — insigois (Hass.) Kütz. . . — var. Hantzschii (Rbh.) Petit gracilis (Hass.) Kütz. . . — — _— communis (Hass.) Kütz. catenaeformis (Hass) Kütz.| — | — | — — | — varians (Hass.) Kütz. l—|-l—-|—-|—-|—-|—- longata (Vauch.) Kütz. porticalis Vauch. LU — var. quinina Cooke. . .| —|— — var. rivularis (Hass.) Cooke. — condensata (Vauch.) Kütz. . _ ventricosa Kütz . . LE gallica Petit. Mie neglecta (Hass.) Kütz. . . — irregularis Näg. . . «| — nitida(Dillw.) Link. + -° .|— — — | — = jugalis Kütz. . . . . — | — —|—|-|—|—- Qubia RUE) se NES — var. longiarticulata Kütz. pluviatilis (Hilse) Petit. . . — orthospira (Näg.) Kütz. . . — — orbicularis (Hass.) Kütz. . . — — crassa Kütz. . . . . —|— | — Sirogonium stieticum (Engl. Bot.) KUIZ PER AR EE — lon — Desmidium cylindricum Grev. . . — — Swartzii (Ag.) Ralfs. . . . _ — en Hyalotheca mucosa (Mert.) Ralfs. — — dissiliens (Smith) Ralfs. . .| — — — — Sphaerozosma pygmaeum Rbh.. — vertebratum Ralfs. . . .|— | ME) | D EE EE PEN 9 PP A 2 es D A ES RS A AS | — excavatum Ralfs. . . . .| — — pulchellum Arch. . Gymnozyga moniliformis Ebr. Gonatyzogon Brebissonii DBy. . HAE DBY: 2e 0. L'UE Spirotaenia condensata Breb. . . — = HOUCaln ATEN: :, : 2. — obscura Ralfs, . Mesotaenium Braunii DBy . — vyiolascens DBy. . . Mesotaenium Endlicherianum Näg. Closterium gracile Bréb. — obtusum Bréb. juncidum Ralfs. angustatum Kütz. didymotocum Corda. . — var. 4 Ralfs. acerosum Ehr. turgidum Ehr. . : strigosum Bréb. . . . attenuatum Ehr. .: lunula Ehr. costatum Corda. intermedium Ralfs. cornu Ehr . acutum Bréb. aciculare West. lineatum Ehr, . Dianae Ehr. parvulum Näg. Jenneri Ralfs. Let Ehrenbergii Menegh. moniliforme Ehr. Leibleinii Kütz. setaceum Ebr. — rostratum Ehr, LL PÉDE PITERMERASrAReS Penium margaritaceum (Ehr.) Eréb. . cylindrus Bréb. . digitus (Ehr.) Bréb. interruptum Bréb. closterioides Ralfs. navicula Bréb. lameilosum Bréb. ; Brebissonii (Menegh.) Ralfs. truncatum Bréb. . Tetmemorus Brebisonii Ralfs — Jlaevis Ralfs . 5 — granulatns (Bréb. ) Ralfs. ‘ Docidium baculum Bréb. — clavatum Kütz. — Ehrenbergit Ralfs . — minutum Ralfs. — nodulosum Bréb. — truncatum Bréb. . . Disphinctium Ralfsii (Kütz.) Hansg. — connatum (Bréb.) DBy. — pseudaretoum (Nordst.) . — Thwaitesii (Ralfs) De Toni — cucurbita (Bréb.) Reinsch. bal, LES SÉPIOIAUIN Er: 50002. F.Oc. F.Or. .. Ht Anv. Nam. Lb. 90 F.Oc. F.Or. Pleurotaeniopsis De Baryi (Arch.) Lund, . + - + : Xanthidium armatum (Bréb.) . fasciculatum Ehr. cristatum Bréb. . . . Cosmariumsublobatum(Br éb.)Arch. quadratum Ralfs. . . anceps Lund. . 06 granatum Bréb. . . . cucumis Corda. . - ‘ tumidum Lund. pyramidatum Bréb. trafalgaricum Wittr. . taxichondrum Wolle. . phaseolus Bréb. . + . .|— bioculatum Bréb. tinctum Ralfs. . pygmaeum Arch. . è Meneghinii Bréb. . + . .|—|— Naegelianum Bréb. crenatum Ralfs. . undulatum Corda. . . .| — tetraophtalmum Bréb. - Brebissonii Menegh. . . . smolandicum Lund. FR ovale Ralfs. conspersum Ralfs. . . .|— margaretiferum Menegh. . .| — Portianum Arch. botrytis Menegh. rie = biretum Bréb. . Broomei Thwaites. — confusum Cooke. . — coelatum Ralfs. — ornatum Ralfs. Kjelmanni Wille . — orbiculatum Ralfs. moniliforme (Turp.) Ralfs. = ansatum (Ehr.) Kütz. Arthrodesmus incus Hass. convergens Ehr. octocornis Ehr. Euastrum verrucosum Ebhr. . .|— pectinatum Bréb. . . .|— formosum Gay. Lundellii Benn. binale Ralfs. — var. d. Ralfs. — var.insulare Cooke. . . oblongum Ralfs. crassum Kütz. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Euastrum crassum var. serobicula- EE — denticulatum (Kirch. ) Gay. Micrasterias oscitans (Hass.) Ralfs. — — + tum Lund . affine Ralfs. ampullaceum Ralfs. insigne Hass. didelta Ralfs. ; ansatum (Ehr.) Ralfs rostratum Ralfs, . . elegans Kütz.. inerme Lund.. — compactum Wolle. — var. pinnatifida Rbb. truncata (Corda) Bréb. Jenneri Ralfs. . rotata (Grev.) Ralfs denticulata Bréb.. — var. Dares han fimbriata Ralfs. papillifera Bréb. . crenata Bréb.. angulosa Hantzsch. Staurastrum dejectum Bréb. — — — Ag de RS Le cuspidatum Bréb. aristiferum Ralfs . pungens Bréb. avicula Bréb.. spinosum Ralfs. monticulosum Bréb. birsutum Ebr Brebissonii Arch . teliferum Ralfs. bystrix Ralfs. polytrichum Perty. spongiosum Bréb. asperum Bréb. muticum Bréb. orbiculare Ralfs. . pygmaeum Bréb.. inconspicuum Nordst. muricatum Bréb . punctulatum Bréb, . alternans Bréb. dilatatum Ehr. quadrangulare Bréb, brachiatum Ralfs. hexacerum (Ehr.) “Wittr. — var! 8. Ralfs cyrtocerum Bréb, . — Var. pentacladum Bréb. . F.Oc.F.0Or. Br. Ht à a = : ” Anv. Nam. Lb. SOL ESS Lg. Lxg 32 F.Oc. F.Or. Br, Ht Auv, Nam, Lh, Lg. Lxg Staurastrum Er Bree — gracile Ralfs. . — paradoxum Meyen : __ controversum Bréb. . . . __ aculeatum Menegh. D — vestitum Ralfs. . ; — Sebaldi Reinsch. se — furcigerum Bréb.t. “10e — Jaeve Ralfs. . _- margaritaceum(Ebr. \Meneghr — arachne Ralfs.. . . A — tetracerum Ralfs. Amphora ostrearia Bréb. — — var. belgica Grun. . .| — — ocellata Don . CRE N— — Normanni Rbh. — gacutiuscula Kütz. . . .| — EEE L * — salina W. Sm.. EalE 2 mine, V. HP REA monilifera Greg. : VE angularis Greg . s HAT — var. hybrida Grun. ee nl — var. lyrata Greg. - - Sk hneolata Ehr:e SEC veneta Kütz, - Le 50e = perpusilla Grun. . commutata Grun. . . .| — ovalis Kütz. . . ; == — var. gracilis Ehr.. — var: anis KUIZ: = — — var. pediculus Kuütz.. Cymbella Ebrenbergii Kütz. . = — cuspidata CT == — var.naviculiformisAuersw. AAA — amphicephala Näg. _ LS — subaequalis Grun. re — pusilla Grun. . . . «| — = — delicatula Kütz. . + . . 112 — laevis Näg. = — affinis Kütz. — leptoceras Kütz. — var. elongata V. H. microcephala Grun. anglica Lagerst. . gastroides Kütz.. . . — lanceolata V. H. : _ cymbiformis Bréb. «) cstnia Hempr. … . ."4l= — le VUS (1) Peu commun (V. H.), 39 F.Oc. F.Or. Ht Anv. Nam, Lb. Lg. Lxg Cymbella cistula var. maculata V.H. — tumida Bréb. [LE — helvetica Kütz. . LAR UL Eee, SR Encyonema prostratum Ralfs di). — caespitosum Kütz.(2}. . — — var. Auerswaldi V,. H. . — ventricosum Kütz — gracile Kütz. Stauroneis phoenicenteron Ehr. — acuta W. Sm. — Gregorii Ralfs. — spicula Hickie. — salina W.Sm. — anceps Ehr. . . . . — — var. linearis V. H — — — amphicephala V. H. — Smithii Grun. (3) ; — legumen Ehr. . . À — Mastogloia Smithii Thw. . | — _ — — — var. lacustris Grun. . — — exigua Lew. . — —— — Dansei Thw.. . . . - — | | | | | — Grevillei W. Sm. — Braunii Grun, . . . .|— Navicula nobilis Ehr. ; — — var. dactylus V. H. 1 — major Kütz. . . de viridis Kütz. . . Da LES PE ES — var. commulata Grun. — — acuminata W. Sm. cardinalis Ehr. . . . Fa Trevelyana Donk. . . — rectangulata Greg. . . == cruciformis Donk. . . .|— lata Breb. Boeonhis Fr ee ent — sublinearis Grun. . retusa Bréb. var. subretusa. Grun. . eR SES ui a Pa ta as Hilseana Janisch. 5 Brebissonn Kütsz. . . .|—|—|—1\— — var. subproducta Grun. . — | — — diminuta Grun. . stauroptera Grun. . . . — | = var, parva Ve. H. + .| — g eut (1) Presque partout (V. H.). (2) Un peu partout (V. H.). (3) Cà et là en petite quantité (V. H.). 54 F.Oc. F.Or. Br, Ht Anv. Nam, Lb. Lg. Lxg Navicula Tabellaria Ehr. . . . — gibba Kütz. . — — var. brevistriata (Grun.) Vs | | subeapitata Grég. ne 2e appendiculata Kütz. . . — — var, budensis Grun. — — Naveana Grun. — — irrorata Grun. globiceps Greg. Braunii Grun. . mesolepta Ehr (1). — var. Termes V. He — — stauroneiformis Grun. = —n0005a BrON: OPUS = legumen Ebr.. à — var. Lécrescens V. H. zellensis Grun. . polyonca Bréb. . RE | Î re | oblonga Kütz. . alt= ii peregrina (Ebr.) Kütz. — var. menisculus Sch., . — cincta (Ehr.) Kütz. . . — var, Heufleri Grun. — — leptocephala Bréb. salinarum Grun . . .| — gracilis Kütz . — var, schizonemoides V. H. — radiosa Kütz . ee | —|—|—| — | — — var. acuta V.H, SC to V He : — — — silesiaca (Bleisch). CEE EMA REPARER CAIRN RES AA viridula Kütz. . — | — — var. avenacea(Bréb. )Y. FL. — — — slesvicensis (Grun.) cryptocephala Kütz. . . = — varexilis V. H. . = — var, intermedia V. H. . rhynchocephala Kütz . . -? — — var. amphiceros V. H, . On — — rostellata re de V:H: Fe gregaria Donck, : = ‘a costulata Grun. humilis Donk. cancellata Donk. . , — var. Scaldensis Grun. . AT CARTE al (1) Presque partout | (. Hi. 35 F.Oc. F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg, Lxg Navicula digito-radiata Grég. .| — — — — var. cyprinus (W. Sm.) À A 7e RRQ MEET CS | Reinhardtii (Grun.) V. H. . = _— — var, gracilior Grun. . distans (W.Sm.) V.H. .|— gastrum (Ehr.) Donk. . . — var. placentula Cépe:) : Vo: : - lanceolata Kütz. . : — var, phyllepta (Kütz.) V. H. dicephala W. ‘Sn. NES — CCR RE 2 ue, —— crabro Ehr. DES interrupta K ütz. — | bomboides Sehum. SE) DAVIS DES eee ue | | — Bombus Ehr. . | — | vacillans Schm. | Weissflogii Schum, — Smithii Bréb. .| — — var.scutellum (0'Meara) V:H: RARE) fusca (Greg. ) V. H. PCA littoralis Donk. ., . . .|— oct Bre) es Le — elliptica Kütz. . — var. oblongella (Nig ) praetexta Ehr. . | — = Hennedyi W.Sm. . — — var. clavata (Greg.) V.H.| — Lyra Ebr. diet abrupta (Greg.) Nr (E) forcipataiGrev. 0,7. 12 4 | — pygmaea Kütz. . . . .|— aspera (Ehr.) V. H. = tuscula Ehr. . . . mutica Kütz . 5 = — var. Goeppertiana V.H. — — quinquenodis V. H. crucicula (W. Sm.) V.H. .| — — var, protracta Grun. IPB WE SENS 0 | — palpebralis Bréb. — — var. obtusa V. H. . — — — angulosa (Greg.) V.H. — — — minor Grun.. | | | | 29 LEE A A DIM] | A Ft | | | | (1) Cité par Deby sans indication de localité ? È 36 F.Oc.F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb.Lg. Lxg Navicula brevis Greg.(1) . + . — humerosa Bréb. : Æ granulata Bréb. marina Ralfs (2) . seutum Schuim. . . . | — scutelloides W. Sm.. . . _ pusilla W. Sm. . . . . = Schumaniana Grun . . . _— sl Johnsonii (W. de V:°H4i — var. belgica V. AR cuspidata Kütz. . — var. halophila Grun. CPP MAN Ar [SSI | | | | | | =: — fulva “Enr 0e _ = ambigua Ehr.. . . ——|-—|—|—|-|— | — sculpta Ebr. ; L'APNERRRREE — sphaerophora Kütz. . . . — ; serians Bréb. KI NUE — = as — var. minima Grun. . . DE. — var. brachysira V. H. . ie exilis Grun. . . : == formosaiGres "We — liburnica Grun. . . * .| — — permagna Bail. . . . . — amphisbaena Bory. . . LE A — — var. subsalina V. H. — =Matiuscula/ Kütz. Pre —— — — lJlimosa Kütz : _ —_ ES 2 — var. gibberula (Kütz.) | 44 : À Là subinflata Grun. , = ventricosa (Ehr.) Donk . — _ —yar.minuta V-'H:h. — infati KO LE SUSSES TE _— fontinalis Grun, . . . = Iridis Ehr. a ET — var. amphigomphus Ebr — — amphirhynchus Ebhr — — — dubia Ehr. , ,. . — — — undulata Grun. . . = firma Kütz. . NATE — Liber W. Sm. (3) americana Ehr. . . . 0 7 Bacillum Ehri ms; — — pseudo-bacillum Grun. . . — bacilliformis Grun. DE PAS A PAS ES La AE ES (1) Cité par Deby sans indication de localité. (2) Cité par Deby sans indication de localité. (3) Signalé par Deby, sans indication de localité, F.Oc.F.Or. Br. Ht Anv. Navicula subhamulata Grun . . — HE Pupula Kütz . L . . 0 — — lacunarum Grun. incerta Grun. . . . .|— seminulum Grun., . . . _ uinima Grun. . . . . _ atomoides Grun. s : — atomus Näg. nl. 1e. = — falaisensis Grun. . Bulnheimii Grun. ; — var. belgica Grun. . .| — exilissima Grun. Se FPE Dino WE SRE re NT à et ont Le lepidula Grun . gallica (W. Sm.) Ve 4 ee Flotowii Grun. à contente Grue; 5 0. — var. biceps V.H. . . sc — elongata Grun. ; Schizonema crucierum W. Su 5 n — Grevillei Ag. — ramosissimum Ag. — — var, setaceum Kütz.. Scoliopleura latestriata CRE ) A a A LL rt | Grun. . = == — tumida ( (Bréb.) 2 SN dE si — tortuosa (Ehr.) Rbh 3 ES Van Heurckia rhomboides Bréb. . — —- — — var. crassinervia RE . H, = À — viridula Bréb. : cv = — vulgaris (Thw.) V. É PAPE nt our SE Amphipleura pellucida Kütz.. . are Sr NT Berkeleya Dillwynii (Ag.) V. H. Toxonidea insignis Donk. Pleurosigma sngulatum W.Sm. . — var. major V.H.. . . — — elongatum V.H.. affine Grun rs RONDE — var. uicobarica (Grun.) naviculaceum Bréb. . formosum W. Sm.(1) decorum W. Sm. (2). Hippocampus W.Sm. . .l — na (1) Signalé par Van Heurck sans indication de localité. (2) Signalé par Van Heurck, sans indication de localité. Nam. Lb. Lg. 37 Lxg 38 F.Oc.F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg Pleurosigma attennatum W.Sm. .|—1—|-1|-1|—|—|—|—1,— — — var. Agellus Rbh. . . — — balticum W. Sw. — — var. Brebissonii (Grun. ) L'ER : PA = a acuminatum (Kütz.) Gone") — var. cuspidatum Rbh. . ne Spencer: W. 5m. or — var. Smithii Grun. . y EE Es — — Kuetzingii Grun.. . a — — acutiuscula Grun. . ee — — nodifera Grun, . . _ — — curvula Grun. . . _ RASE SG Parkeri Harr. HU 1 == _— fasciola W.'Sm. . le Cu — macrum W. Sm., Ur — eximium (Thw.) V. H. — scalproides Rbh. Ra — sinuosum (Shr.) Ralfs . Donkinia recta (Donk.) Grun.(1). Ampbiprora lepidoptera Greg. on — — var. pusilla BD V.H.| — — alata Kütz. . . | — — paludosa W. Sm, . _ — — var. duplex (Donk.) VAE —.ornata Baupy 152 re se elegans (W. Sm.) Gruns (4) — — var.dichotomum(W. Sm. ) LP à PAL Grun. PE —" igritum (A. Br. )V. H. — Van Heurckii Grun . . .|— Gomphonema constrictum Ehr. .|[—|[—|—|—|—||—|-1| —. — — var. capitatum(Ebr. 1 H. = La — acuminatuum Ehr. . —|{—|{—|—|—- —|—- ,-1 — — Augur Ehr. . . ie tete ee — — var. Gautieri V. H. — — moutanum Sch. À Fu — — var, subclavatum Grun HR Gi! rer — — — commutatum Grun . — Te — parvulum Kütz . D ant rm ut tarot do te — — Var. subcapitata V. H. js — gracile Ehr. . ln sn DE vaviculoides(W. Sm.) | | (1) Lavage de moules (V. H.), sans indication de localité. (2) Lavage de moules (Deby), sans indication de localité. (3) Lavage de moules (Deby), sans indication de localité. uomphonema micropus Kütz.. — angustalum Kütz. . . — var. producta Grun. . intricatum Kütz. — var. pulvinata Grun. . olivaceum Kütz — var, vulgaris Grun exiguum Kütz. — var. Rhoicosphenia curvata D 6 He OA a A Grun. minutissima V. H Le ) Van Heurckii Grun es Achnanthidium flexellum Bréb, Achnanthes longipes Ag. . — brevipes Ag. pachypus Mont. subsessilis Ehr. parvula Kuütz coarctala Bréb. affinis Grun. . hungarica Grun. . delicatula Kütz Biasolettiana Grun. microcephala Kütz. exilis Kütz. minutissima Kütz. linearis W. Sm. lanceolata Bréb. . — — var.dubia (Grun.) V°H: Cocconeis scutellum Ebr. . — — Pediculus Ehr. placentula Ehr. — var. dirupta Greg. lineata (Ehr.) V.H. Epithemia turgida (Ehr. ) Rütz. — — var. Westermanni (Kütz.) H = granulata NV: H: CKütz. ) RS vertagus (Kütz a V.H sorex Kütz. gibba Kütz. argus Kütz. — var. amphicephala Grun. Zebra (Ehr.) Kütz. — var. proboscidea Grun. musculus Kütz — var. constricta (W. Sm.) NV: Re IS gibberula Kütz — var. producta Grun . | EI Es Baléal F.Oc. F.Or. } "HE Anv., Nam. Lb. D 40 F.O0o.F.Or Br. Ht Anv. Nam. Lb. Eunotia Arcus Ehr.. . . — — var. minor V.H.. _ — — uncinata Grun — — tenella Grun . major (W. Sm.) Rbh. gracilis (Ebr.) Rbh. exigua Bréb. — var. NymannianumGrun. — — paludosa Grun pectinalis (Küts.) Rbh. +—|—|—|—=|- | — var, ventricosa Grun. tridentula Ehr. ; — var. perminuta Grun, — — perpusilla Grun. gibba Kütz. : robusta Ralfs. S — var. tetraodon V. H triodon Ehr. | lunaris (Ebr.) Grun.. . — var. subarcuata (Näg.) Gran in ; l — — excisa Grun. flexuosa Kütz (1) : — var. bicapitata Grun. . Rabenhorstii Cleve et Grun . — var. monodon Cleve et Grun. . ; — monodon Ehr. — impressa var. an gustataGrun. — parallela Ehr. Peronia erinacea Bréb,. et Arn. Plagiogramma Gregorianum. Grev. — Van Heucrkii Grun, . Dimerogramma minu*(Greg.) Ralfs. — — var. nana Greg. Raphoneis »mphiceros Ehr. — belgica Grun. . . — Surirella (Ehr.) Grun. — — var. australis V. H. — caduceus (Ehr.) Grun. — biburnica Grun. — rhombus Ehr. Ceratoneis Arcus Kütz. Synedra pulchella Kütz. 7 — — var, Smithii Ralfs. . . en Érnt — — — lanceolata O’Meara . "ii — Vaucheriae Kütz. . . A TT ARR PO MR 2e | | (1) Rare (V. H.). [+ ETAT LIRE Lxg Synedra Ulna (Nitzsch) Ehr. . — — var. splendens eve) V°H: — — — subacqualis Grun. — — — longissima (W. Sm.) VF — — — spathuligera Grun. . - — — amphirrhynchus Ehr. — — — bicurvata RER Grun. - — — Janceolata Kütz — — danica Kütz — — vitrea Kütz. acus (Kütz.) Grun. : — var. delicatissima Grun. — — minor Grun. - (Kütz.) — — tenuissima radians (Kütz.) Grun. investiens W. Sm. capitata Ehr. . amphicephala Kütz. affinis Kütz . — var. tabulata V. H. — var. parva V.H. Nitzschioides Grun. ; - fulgens (Kütz.) W. Sm. — Hennedyana Grey, — pusilla Kütz. Asterionella formosa Hass . — — var.gracillima FRE Grun. . RENE _ — —infataV H. — rumpens Kütz Fragilaria virescens Ralfs. — — var. exigua Grun. — — oblongella Grun. — — producta Lag. Crotonensis (Edw. ) Kitton. — var. prolongata Se capucina Desm. — var. mesolepta (RD): V.H. AE) — — acuminata Grun! construens (Ehr.) Grun. — var. venter Ÿ. :: FRE — — binodis Grun. . — — pumila Grun. Harrisonii (W. Sm.) Grun. mutabilis (W. Sm.) Grun. — — vyar.intercedens Grun,. . A AU Da Eat 9 F.Oc. F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg 42 F.Oc. F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg Fragilaria brevistriata Grun . . al — — var. subacuta V. H. — bidens Heib. — Nitzschioides . — — var. brasiliensis Grun. Cymatosira belgica Grun. Compte cymbelliformis (Schm.) Grun. . Licmophora anglica (Kütz. ) Grun. — dalmatica (Kütz.) Grun. — Lyngbyei (Kütz.) Grun. Denticula tenuis Kütz . : PE — — var. inflata (W. Sm.) : _ — elegans Kütz. ' — — “ar, Kittoniana Grun. Diatoma vulgare Bory. — elongatum Ag. . — — var, lenue (Ag.) V. — — — hybrida Grun. . . S — hiemale (Lyngb.) Heib. . — — var. mesodon ( Kütz.) V-:H [it | | — unceps (Ehr..) Grun. . - — — var. anomalum AU | FT — — var. constrietum V. H. . -! Tabeliaria fenestrata (ELsEE ) Kuizins: : — | — — — flocculosa (Roth) Kütz. - — - Grammatophora oceanica (Ehr.) . — — marina (Lyngb.) Kütz. : — — var. vulgaris(Grun.) V.H.| — — serpentina (Ralfs) Ehr. . T Striatella delicatula (Kütz.) Grun.| — Rhabdonema arcuatum (Ag. Kütz. nn — minutum Kütz. . — Tetracyclus rupestris (Br. ) Grun. DJN ppieure elliptica (Bréb.) W. — solea (Bréb ) W. Sm. .| — - — — var. regula Grun. . us — — Var. apiculata Pritsch. (1) Hantzschia Amphioxys (Ehr.) Grun. (2) . NC = — virgata FE Grimm. ie Donk.) Grun. . .|—] 11 UNS AO RU PS ne CREER PS ee _ — marina (1) Cà et là (Delogne). (2) Eaux saumûtres, fréquent (V. H.). 43 F.Oc. Fr.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lyg Nitzschia navicularis (Bréb.) Grun., — — — punctata (Sm.) Grun. — = — — var. elongata Grun. .| — — Tryblionella Hantzsch. — — var. Levidensis(W.Sm.) | ER: PO TE Te — — — — var. calida (Grun.) V.H — — — — littoralis Grun. . — — angustata (W. Sm.) Grun. . — — — var. curta Grun. . . = — debilis (Arn.) Grun. . . . — — hungarica Grun. . _ fa — apiculata (Greg.) Gran. ‘ — — cireumsuta (Bail.) Grun. —. AUDI SIN 6, ©. | -— — — thermalis (Kütz.) Grun. — — var. minor V.H. : — — — intermedia Grun. — denticula Grun. Lure — — var. Delognei Grun. . . — — sinuata (W. “Sm. ) Grun. — — Var. Tabellaria Grun. — — paradoxa (Gmel.) Grun. .| — — = — angularis W. Sm. . . ,.|— — spathulata Bréb, DS — — — var. hyalina V.H. . .| — — dissipata (Kütz.) Grun, . _ _— — — var. media Grun.. . — sigmoidea (Ehr.) W.Sm. .|—|—|-!|—|_|—|- — vermicularis (Kütz.) Grun. —_- — Brebissonii W. Sm. . .|— _ DOME SH er cl CT — — var. intercedens Grun. . = — — rigidulaGrun. . . —= — — curvula (Ehr.) Brun, | — — — pusilla Grun, . ,.| — fasciculata Gran. , . = — obtusa W. Sm. ME — — var. brevissima Grun. — — — — scalpelliformis Grun. — spectabilis (Ehr.) Ralfs, . D — linearis (Ag.) W. Sm. . .[—| —|-11—|—|— — — var, tenuis Grun. l—|-|—|—|— | — — vitrea Norman . . : — — — var. salinarum Grun. — | | — var. recta (Hantz.) lanceolata W. Sm. . — var. incrustans Grun. . .| — — subtilis Grun. . . | == | UE — — var. paleacea Grun, .|—|—|—| || CHA Ve — intermedia Hantz. — 44 F.Oc. F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Nitzschia palea (Kütz.) W.Sm.[ — | — = — var. deMeiv H7 25 — — — tenuirostris V. H. — — — fonticola Grun. . — gracilis f. brevis V.H. — Heufleriana Grun. — Kuetzingiana Hiles. . — microcephala Grun . - — — var. elegantula V.H. .|— — tubicola Grun . . . . — communis V. H. . — — — var. abbreviata Grun — amphibia Grun . . | — — frustulum (Kütz.) Grun. — — var. mioutula V.H — — — perpusilla Grun — — — — tenella Grun. — Delognei Grun. — longissima (Bréb.) Ralfs . — — var. Closterium (ME un VE: .| — — acicularis W. Sm, — Lorenziana Grun À — — var. incurva Grun . = Cylindrotheca gracilis (Bréb.) Grun. . Surirella biseriata Bréb. RS EU EE — — var. minor Grun,. — — major Grun elegans Ehr. robusta Ehr. . . — var. splendida (Kütz.) ER: PAIE tenera (Greg. ) V. H. == nela HET The . | — — — Gemma Ehr. . ne EE — — fastuosa Ehr. (1) . — ovalis Bréb. El — var. crumeana (Bréb. ) | VW. H. — minota (Bréb.) V.H. — — salina V.H, — — augusta (Kü!z ) V.H Di pinnata NH — spiralis Kütz. — belvetica Brun. . Campylodiscus hibernicus Ebr. (1) Lavages de moules (Deby). Campylodiseus hibernicus var. noricus (Ehr.) V. H. — Thureti Bréb. — parvulus W. Sm. — Clypeus Ehr. . — Echeneis (Ehr.) V. H. (1 ) Rhizosolenia styliformis Brightw. — setigera Brightw. Chaetoceros «armatum West. — Wighamii Brightw. — varians Lauder Dityium Brightwelli: (W est. )Grun. — intricatum (West.) Grun. Melosira nummuloides ne Ag. — Westii W. Sm. — Bovieri Grev.. varians Ag. Jurgensii Ag. — var. octogona Grun. Roeseana Rbh. distans Kütz. crenulata Kütz. Dettes (nl V.H — arenaria Moore — yranulata (Ehr.) Ralfs. — curvata Grun. — Dickiei (Thw.) Kütz. — sulcata (Ebr.) Kütz. Isthmia enervis Ehr. (2) . Anaulus debilis (Grun.) V, He Lithodesmium undulatum Ehr. Eucampia Zodiacus Ehr. moon be CBrighew. ) Wr: ; Biddulphia belle Greg. (2) — aurita Bréb. — — var, minima Grun. — rhombus (Ehr.) W. Sm. — Baileyi W.Sm, — granulata Roper. . — turgida W.Sm — levis Ehr. . — Smithii (Ralfs) V. He — favus (Ehr.) V.H. . — allernans (Bail.) V. H. — var. spiralis Ris ) NE. — var. Binderiana Co F.Oc, F.Or, Br. A al | Es 45 Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lx NEA (1) Lavage pa moules (Deby). (2) Lavage de moules (V. H.). (3) Lavage de moules (V. H.). 46 F.Oc.F.Or. Br. Ht Anv Biddulphia seulpta (Shadb.) V. H. Auliseus seulptus (W.Sm.)Ralfs. . Eupodiseus argus Ehr. . . . Micropodiseus Weissflogii Grun. BF undulatus (Ehr.) V . — splendens (Shadb.) Ralfs. Hyalodiseus stelliger Bail. Cyclotella striata (Kütz.) Grun. — Meneghiniana Kütz. — Kuetzingiana Chauv. subtilis Grun. — Comta (Ehr.) Kütz. — operculata Kütz. Actinocyelus Ralfsii (W.Sm.) Ralfs — Ebrenberghii Ralfs. +. . — crassus (W. Sm.) Ralfs. .|— Stephanodiseus Hantzschianus Grun." 2h02 Re — 1 Coscinodiseus radiatus Ehr. . . — excentricus Ebr so = nitidus Greg. — var, Normannii Greg. — lineatus Ehr. — — Rorhii (Grun.) V.H. lacustris Grun. . PU in PHAEOPHYCEAE Hydrurus penicillatus Ag. . . Chromophyton Rosanoffii Wor. Himantalia lorea (L.) Lyngb. Ascophyllum nodosum (L.) Lejol. — — var. scorpioides Âg. . Fucus vesiculosus L. ee — platicarpus Thur. — serratus L. . — ceranoides L . . . Halidrys siliquosa (L.) Lyngb. Fucodium canaliculatum Ag. — tuberculatum Ag. . . . Cystosira barbata (Good. et Woodw:-) Ag. VOTES — fibrosa (Huds.) Ag. Sargassum baccifernm Ag. . . Dictyota dichotoma(Huds.) Lamour — fasciola (Roth.) Lamour . Taonia atomaria (Woodw.) Ag. Padina pavonia (L.) Gaillon. Ectocarpus velutinus (Grev.)Kütz. — tomentosus (Huds.) Lyngb. . be: A ESA ABUS Ke FE AR ARREt . Nam. Lb. Lg. Lxg | 47 F.Oc. F.0r. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg, Lxg Ectocarpus confervoides (Roth) MAIDEN ESS, | | — — var. siliculosus (Kütz.) [1 OUT TE | — — granulosus Ag. : : +. ..| — — fasciculatus Harv. . . .| — — fenestratus Berk. . = Pilayella littoralis (L.) K)j ele | Sphacelaria radicans (Dilw.) Ag — — cirrhosa (Roth ) Ag... . — Ulex Bonn. . Dons verticillatus (Light. ) Ag — spongiosus Ag. — Elachista scutulata Duby. «| — — flaccida (Dillw.) Areseh. | — — fucicola (Velley) Fries. —- Castagnea Griffithsiana (Grev.) Ag. | — Mesogloea vermicularis Ag. — Punctaria plantaginea (Roth) Grev.| — Desmarestia aculeata Lamour. . Arthoeladia villosa (Huds.) Duby. | Sporochnus peduneulatus (Huds.) — Laminariae Ag. . — * els MAD RIArIRE (Lyngb. — flu. Ag. - she Phyllitis fascia var. Kütz. .| — Laminaria digitata (L.) Lamour.| — — saccharina (L.) Lamour. .|— — — var. Phyllitis Le Jol .|— Saccorhiza bulbosa (Huds.) De la l y . . n . . . Alaria esculenta Grev . , . .| — RHODOPHYCEAER. Lemanea fluviatilis Ag. . — torulosa (Roth) Ag. — fucina Bor. de 2 — catenata Kütz Thorea ramosissima Bory. . Batrachospermum moniliforme (Roth) Sirdt,. — — var. scopula Sirdt. — corbula Sirdt . — Boryanum Sirdt . . — vagum (Ag.) Sirdt. — Dillenii (Bory) Sirdt, Asperococcus compressus Griffith. : 48 Chantransia chalybea Fries. — virgatula (Haw.) Thur. — Hermanni (Roth.) Desv. Porphyra laciniata (Lightf.) Ag Bangia atropurpurea (Dillw.) Ag. Spermothamnion Turneri (Mert.) Aresch. +. Et © Rhodochorton Rothii Näs. Antithamnion plumula (EU. )Thur.. Callithamnion polyspermum Ag. — tetricum (Dillw.) Ag. . — tetragonum (Wither.) Ag. _ byssoideum rue , — granulatum (Ducl.) ue Griffithsia setacea (Ell.) me — corallina Ag. . Ptilota elegans Bonn. plumosa (L.) Ag. : Ceramium A Rat Chauv. — diaphanum (Lightf.) Roth. — rubrum (Huds). Ag. — flabelligerum Ag. - Fastigaria furcellata (L.) Stackh. Dumontia filiformis Grev. . . Chondrus crispus (L,) Stackh Gigartina mamillosa (Good. Woodw.) Ag . Gymnogongrus plicatus (Huds.) Kütz. . : — norwegicus Ag. Phyllophora Brodiaei (Turn. ) ‘Ag — rubens (Good, et Dove Grev Cystoclonium purpurascens (Huds.) Kütz.. . Chylocladia clax ellosa(Turn. )Grev — articulata (Huds.) Grev. Rhodymenia ciliata Grev. — palmata (L.) Grev. — palmetta (Esper.) Grev. Plocamium coccineum (Huds.) LyngD us Hydrolapathum sanguineum (L.) Stackh. 24 Nitophyllum Gmelini Grev. Delesseria alata (Huds.) Lamour. — sinuosa (Good, et Woodw.) Lam. . Gracilaria confervoides (L. ) Grey. Catenella opuntia(Good.et Woodw.) Grev. | 2 14 PERS 4 F.Oc. F,Or. Br. SÉRÉRRSSS ess ME me D EE Ht Any, Lb. Lg. Lxg 1 ll 49 F,Oc,F.Or. Br. Ht Anv. Nam. Lb. Lg Lxg Polyides rotundus Grev. . . .! Lomentaria reflexa Chauv . . Es — kaliformis (Good. et Woodw.) CAEN PSC TRI Laureneia pinnatifida (Gmel.) La- OUR NS eee Polysiphoniaatro-rubescens(Dillw.) CERTES dichocephala Kütz. fastigiata (Roth) Greve. HbrataHaev. 27 0e insidiosa Crouan . . nigreseens (Dillw ) Grev. pulvinata Kütz s rigidula Crouan. stricta Grey. subulata Crouan. violacea (Roth.) Grev. HSE violascens Kütz. . . . Bostrychia scorpioides(Gmel.) Kütz Vidalia volubilis (L.) Ag. . Dasya coccinea (Huds.) Ag. Melobesia membranacea Lamour. Corallina officinalis L. . — rubens L.. — virgata Zanard. . . Jania spermophora Kütz . CYANOPHYCEAE Clathrocystis roseo-persicina Cohn. — Porphyridium ceruentum Näg. . — |—|— Coelosphaerium Kuetzingianum dE ONU EN ESA RE Gomphosphaeria aponina Kütz. . | — Merismopedia glauca Näg. . - — — — Aphanothece stagnina Rbh. . — Calothrix pulvinata Ag. . . | — — scopulorum Âg. + + +| — — fusca Born. et Flah. . . : — — parietina Thur. . . Rivularia atra Roth. . . . | — — bullata Berk: . (ateuh nid Ag de nina TT | Gloeotrichia natans Rbh. . . -| —|— — | — — pisum Thur. . . . -| —| — : — Hapalosiphon pumilus Kirchn. . | — Stigonema informe Kütz. | — ocellatum Thur TRE | | |— Scytonema myochrous Ag. Pit = Hofmannt de . . | US 50 F.Oc. F.Or. Br. Tolypothrix lanata Wartm . . — tenuis Kütz . — Nostoc cuticulare Born et Flah. Linckia Born. et Flah. . .| — rivulare Kütz. se carneum Ag. . | — muscorum Âg. (1) : humifusum Carm. commune Vauch. . . . — sphaerieum Vauch. . . microscopicum Carm. . coeruleum Lyngb. Anabaena oscillarioides Bory.. . — — variabilis Kütz. . Aphanizomenon incurvum Morren. — Nodularia sphaerocarpa Born. et RSA Flah. : — Cylindrospermum stagnale Born. et Flah. PRES Le . —"maqus Kütz; "21.7 SEE — — licheniforme Kütz. . . .|— — muscicola Kütz. EU Phormidium inundatum Kütz. — favosum (Bory) Gomont. — uncinatum Gomont (2).. . — antumnale (Ag. ) Gomont (3). Oscillatoria princeps Vauch. — limosa Ag. (4). — tenuis Ag. (5). . — formosa Bory. — Okeni Ag. : — Boryanae Bory . . - . Goniotrichum Fees (Chauv.) Len et (4) Rec. par Scheidweiler, sans localité. (2) Belgique (Bory St-Vincent). (3) Signalé en Belgique par Westendorp. (4) Signalé en Belgique par Bory (ex. Gomont), (5) Signalé en Belgique par Bory (ex. Gomont). Ht Anv. Nam. Lb. Lg. Lxg MES EXCURSIONS RHODOLOGIQUES DANS LES ALPES EN 1894, PAR FRANÇOIS CRÉPIN. Les intéressantes découvertes faites, en 1893, dans le Jura vaudois par M. Gaillard, et auxquelles je fais allusion dans mes Études sur les Roses hybrides (1), m'’en- gagèrent à consacrer quelques Jours de mes vacances de 1894 à la région du Suchet. En quittant le Jura, je me rendis aux fêtes botaniques qui eurent lieu à Genève à l’occasion de la session extraordinaire que la Société botanique de France tenait cette année en Suisse. Je quittai les confrères suisses, français et belges à Mar- tigny, pour aller rejoindre des amis qui m'attendaient à Viesch. Avec ceux-ci, j'allai par le Grimsel à Meiringen, Interlaken, Thoune, puis aux Diablerets dans les Alpes vaudoises. Je terminai mes courses de cette année par quelques excursions autour de Randa. Mes propres récoltes jointes à celles qu'ont faites trois de mes collaborateurs, MM. Bernard, Gaillard et Jaquet (4) Bulletin de la Soc, bot. Belg., t. XXXIL, fre partie, p. 147. 52 ont fourni 52 nouveaux numéros à mon Herbier de Roses, qui atteint actuellement le chiffre de 677. le Le Suchet et son voisinage. Quoique M. Gaillard m’eüt donné tous les détails topo- graphiques nécessaires pour retrouver, au Suchet et à l’Aiguille de Baulmes, les Roses qu'il avait découvertes et que je tenais à étudier sur le vif, il s'offrit obligeam- ment d’être mon guide dans cette région. Il avait été convenu qu'il viendrait m'attendre à la gare d’Yverdon pour aller nous installer quelques jours au petit village de Baulmes, situé au pied du Suchet. Le 29 juillet, je trouvai à Yverdon mon futur guide fidèle au rendez-vous. Après un déjeuné fait à la buvette de la gare, nous primes une voiture qui nous transporta rapidement à Baulmes, où nous nous installâmes dans une modeste auberge où l’on connaissait de vieille date mon compagnon. Baulmes nous convenait admirablement pour explorer le massif du Suchet. Nous étions là au voisinage d’un bureau de postes qui, chaque jour, pouvait expédier mes récoltes au musée botanique Boissier-Barbey à Chambésy, où devait se faire leur dessiccation (1). (1) Comme en 1891, M. Autran, conservateur de l’Herbier Boissier- Barbey, avait bien voulu m'offrir de faire dessécher les Roses que je pourrais recueillir. En 1891, c’est mon excellent ami M. Vetter, qui s’était chargé de la besogne de préparateur; en 1894, c’est Mlle Mathilde Huguenin qui m'a prêté son concours. Ceux qui savent ce qu'est la des- siccation de nombreux et gros paquets de Rosa, comprendront combien je dois de reconnaissance à M. Autran et à mes deux obligeants et soigneux collaborateurs. | 4 e cr à LE he 53 Avant notre repas du soir, nous avons été faire une - petite reconnaissance dans les taillis rocailleux au-dessus du village. Mais à peine eûmes-nous mis en cartable une douzaine d'échantillons d’une variété du Rosa sepium Thuill. que nous dûmes redescendre en toute hâte : un gros orage nous menaçait. Nous fûmes même obligés de nous refugier chez M. le pasteur Logoz, un ami de M. Gaillard. Le lendemain, dès 7 heures, nous nous mettions en route pour explorer la haute vallée qui se trouve au pied de l’arrête désignée sous le nom d’Aiguille de Baulmes, chacun de nous muni d’un cartable gonflé de papier à dessécher. C'était la première fois que j’abordais le Jura. J'étais impatient d'explorer ces montagnes que je n’avais connues jusqu'alors que par les récoltes qu’y avaient faites Godet, Grenier, Favrat, MM. Sire, Cornaz, Christ, Lerch, Barbey, Moehrlen, Vetter et mon compagnon M. Gaillard. Ce dernier connait admirablement le massif du Suchet sous le rapport rhodologique. Aussi passionné que moi pour le genre Rosa, il n’a laissé échapper aucun buisson et à travers les taillis les plus impénétrables, 1l m'a conduit sans hésiter en face de tous les pieds intéressants : je n'ai eu qu'à me laisser guider. Grâce à lui, en trois journées, j'ai pu voir ce qui m’aurait peut-être coùté quinze jours de recherches très laborieuses. J'ai trouvé en M. Gaillard un observateur sérieux, qui, par l'étude attentive des nom- breuses variations qui pullulent dans le Jura, était arrivé à concevoir l'espèce, dans le genre Rôsa, selon les mêmes principes qui me dirigent depuis longtemps. Il s’en suit que nous tombions bientôt d’accord sur linterprétation à donner aux multiples formes rencontrées dans nos courses, 54 Comme nous allons le voir, les découvertes faites par M. Gaillard dans le massif du Suchet, sont nombreuses ; plusieurs constituent des formes nouvelles pour la science. Les récoltes que nous avons faites ensemble, m'ont permis de distribuer quelques-unes de ces trouvailles soit à mes correspondants, soit dans le premier fascicule de l’Her- barium Rosarum de M. le D' Pons(!). J'espère qu'à l’automne prochain, grâce aux nouvelles récoltes de mon collaborateur, je pourrai distribuer plus largement ces (1) M. le Dr Pons, qui habite Ille-sur-le-Tet, dans les Pyrénées-Orientales, m'avait soumis en 1893 son projet de publier une exsiccata uniquement consacré aux Roses. Je m'empressai d'approuver ce projet et je promis à son auteur ma collaboration. Seulement, pour 1894, ma collaboration fut tout à fait accidentelle et voici pourquoi. A mon retour des Alpes, M. Pons se plaignit du petit nombre de n° qu’il pourrait publier dans le [er fascicule de son Æerbarium Rosarum, et c’est alors que je me mis à distraire de mes récoltes, uniquement destinées à mon herbier et à mes correspondants, un certain nombre de parts de formes intéressantes que j'envoyai pour l’Herbarium Rosarum. Ces parts sont extrêmement maigres et ne répondent pas aux besoins d’une collection bien ordonnée, mais je me propose de publier à nouveau ces mêmes n°, en beaux spéci- mens, dans le 2° fascicule. Je devais donner cette explication, afin de me justifier près des souscripteurs de l’Æerbarium Rosarum. Je dois mainte- nant une autre explication. Quelques abonnés ont trouvé que les étiquet- tes de l’exsiceata étaient trop laconiques. Ces étiquettes, dont la rédaction m'avait été confiée par M. le Dr Pons, ont été privées à dessein de synonymes et de remarques critiques, parce que la collection sera accom- pagnée d’une Bulletin rhodologique dans lequel chaque n° de la collection fera l’objet d'observations plus ou moins étendues. Ces remarques, pouvant être découpées, viendront compléter les étiquettes et fournir ainsi tous les éléments d'appréciation réclamés par les souscripteurs. Ceux-ci voudront bien être indulgents pour le premier fascicule. C’est là une œuvre qui débute et qui ira en se perfectionnant d’année en année, grâce au concours de nombreux rhodologues. 55 mêmes formes représentées par des spécimens nombreux et choisis. En montant au chalet des Crébillons, nous rencontrons deux buissons de R. omissa Déségl., deux buissons de R. spinulifolia Dem., dont l’un a fourni le n° 629 de l’Herbier de Roses, plusieurs buissons de R. salaevensis Rap. et de R. rubrifolia Vill. Après avoir déjeuné au chalet, qui est à une altitude d'environ 1200 mètres, nous poursuivons notre route. A la hauteur du chalet des Praz, M. Gaillard me conduit vers une petite colonie de R. mollis Sm., qu'il avait reconnue quelque temps auparavant dans une course faite en compagnie de M. Barbey. Nous descendons ensuite vers les pâturages connus sous le nom de Jougnenaz, où nous devons trouver cette Rose si curieuse que;j’ai publiée dans l’Herbarium Rosarum de M. le Dr Pons, sous le nom de R. rubrifolia Vill. var. Gaillardi et que j'ai donnée, sous ce même nom, dans mon Herbier de Roses avec le no 646. Chemin faisant, nous récoltons des spécimens à plusieurs buissons de R. salaevensis Rap. (n° 656). Bientôt M. Gaillard me met en présente d’une immense colonie de la fameuse nouveauté, qui elle-seule m'eüt engagé à faire un voyage dans le Jura vaudois. Après l’avoir longuement examinée, nous sommes tombés d'accord pour y reconnaitre une simple variété du R. rubrifolia Vill., mais une variété extrêmement curieuse et que Je bap- tisai immédiatement sous le nom de var. Gaillardi en l'honneur de son heureux inventeur. Cette variété sera décrite dans le cours de ce travail. Après une abondante récolte de cette Rose, nous revenons sur nos pas pour aller recueillir le R, alpina X rubrifolia aux Mouilles. Un peu en dessous du chalet 56 Combettaz, nous rencontrons une colonie claire-semée de R. salaevensis Rap. Puis nous ne tardons pas à mettre la main sur les grands buissons du À. alpina X rubri- folia. Cet hybride, comme on le sait, était resté d’une rareté extrême. Avant l'heureuse trouvaille de M. Gail- lard, il n’avait jamais été observé qu'une seule fois et cela dans du Basse-Engadine par le D" Killias. Comme on le verra plus loin, M. Gaillard a eu la chance de l'observer sur un autre point du Jura vaudois. C’est avec une très vive curiosité que je me mis à l’examiner dans tous ses détails. Les exemplaires recueillis ont fourni le no 651 de mon Herbier de Roses et le n° 59 de l'Her- barium Rosarum du D' Pons. Une description de cet hybride sera donnée dans la deuxième partie de ces Excursions. Plus bas, dans la vallée, nous avons rencontré de vastes colonies de R. pimpinellifolia L., parmi lesquelles nous avons recherché en vain les hybrides qui auraient pu s’y produire, les R. pimpinellifolia X alpina et R. Sabini Woods. Dans ces colonies de R. pimpinelli- folia, se retrouvaient deux buissons de R. omissa Déségl. Bien que nous eûmes été pendant une partie de la journée à des altitudes entre 1000 et 1300 mètres, nous ne découvrimes aucune trace des R. glauca Vill. et À. corüfolia Fries. [l existe bien de nombreux buissons de variations plus ou moins montagnardes glabres ou pubescentes du R. canina L., mais même aucune d'elles ne nous à parü constituer soit le R. subcanina (Chr.), soit le R. subcollina (Chr.). Le R. alpina L. est à peu près répandu partout et le R. tomentosa Sm., sous diverses variations, n'est pas rare. Nous sommes rentrés à Baulmes à la soirée, chacun chargé d’un cartable bien gonflé. 57 Le lendemain mardi 31 juillet, le temps s'était mis à la pluie et nous fûmes réduits à rester une partie de la journée au logis. Heureusement que nous avions de la besogne. Nos récoltes furent changées de papier et expé- diées en plusieurs colis postaux à Chambésy. Dans l’après-dinée, malgré la pluie, nous risquons une sortie, pour explorer les hauteurs qui dominent le village, dans la direction du Mont de Baulmes. En montant au promontoir qui forme en quelque sorte l'extrémité orientale de l’Aiguille de Baulmes, nous ren- controns un grand buisson de R. spinulifolia Dem. (n° 628), une colonie de R. pimpinellifolia L., deux buissons que nous rapportons au R. subcanina (Chr.), à pédicelles et réceptacles hispides-glanduleux (n% 14 et 15 de mon carnet), un beau pied de R. tomentosa Sm. dont nous récoltons des spécimens. Sur Belle-Roche, se trouve un buisson de R. alpina X tomentosa var. du groupe du À. vestita God. et plusieurs pieds de R. pimpinellifolia X alpina. Poursuivant notre chemin jusqu'au chalet ruiné de Praillet, nous rencontrons plusieurs vigoureux buissons de R. spinulifolia Dem. Ceux-ci nous fournirent nos der- nières récoltes qui nous préparèrent abrités sous le toit éventré du chalet. La journée suivante devait être consacrée à l’explora- tion du Suchet. Il fut convenu la veille que, pour gagner du temps, nous nous ferions voiturer jusqu’à Albergement, afin d'aborder plus promptement les pentes de la montagne en passant par Lignerolles. À 7 heures, une patache rustique nous emportait d'un bon trot et, vers 8 heures, nous commencions nos récoltes dans un taillis au voisinage de La Russille, où M. Gaillard connaissait une colonie de 58 R. vestita God. (n° 626). Les pieds de cet hybride, qui végète sous bois, sont assez nombreux, mais distants Îles uns des autres sur une aire assez considérable. Il est vrai- semblable que cette colonie s’est formée lentement par le drageonnement de quelques pieds primitifs. Je n'ai pas constaté dans cette localité, qui est à l'altitude seulement d'environ 700 mètres, la présence du R. alpina L. De Lignerolles au Chalet-Devant, les pentes boisées du Suchet ne nous ont rien offert d’intéressant à consigner dans nos carnets. Dans les pâturages, avant d'arriver au chalet, nous avons observé quelques pieds du R. rubrifolia Vill. M. Gaillard, auquel le Suchet est familier, ne m’a pas engagé à nous élever plus haut que le Chalet-Devant, m'assurant que sur les sommités de la montagne, qui atteignent près de 1600 mètres, il n'existe rien d’inté- ressant pour le rhodologue. Nous devions de préférence explorer les pentes du Suchet aux altitudes entre 1,000 à 1,300 mètres. C'est ce que nous fimes. Nous déjeunâmes vers 11 heures au Chalet-Devant, puis nous ecommençämes nos recherches dans le voisinage. Bientôt nous mettions la main sur une petite colonie d’une Rose nouvelle pour mon compagnon, ce qui fut pour lui une grande surprise. Que pouvait-elle être? Après l’avoir examinée avec la plus grande attention et considéré quelles étaient les autres espèces croissant dans le voisinage, nous sommes arrivés à la prendre pour un KR. alpina X omissa (n° 654). Elle me rappelait une forme très curieuse du À. alpina X omissa découverte par M. Paiche, au Salève, forme différente de celle trouvée également au Salève par M. Buser et dont j'ai parlé dans mes Études sur les Roses hybrides. Je donnerai la descrip- 59 tion de ce À. alpina X omissa du Suchet dans la suite du présent travail. Le R. alpina est commun dans le voisinage de cet hybride, non loin duquel existe deux petits buissons de R. omissa. A quelque distance, M. Gaillard me fit voir toute une collection de pieds du R. salaevensis Rap. représenté par deux variétés; l’une à feuilles glabres, à pédicelles et sépales lisses, qui a été donnée, dans mon Herbier de Roses sous le n° 635; l’autre à pétioles et nervure médiane un peu pubescents, à pédicelles hispides-glanduleux et à sépales glanduleux sur le dos, qui a été inscrite dans mon carnet sous le n° 24, L'’extrême rareté du R. glauca dans le massif du Suchet donnera lieu plus loin à quelques remarques sur l’un des ascendants du R. salaevensis Rap. de cette région. Plus bas, dans un taillis en pente assez forte, se trouve un beau pied de R. alpina X tomentosa du groupe R. vestita God. (n° 650). En remontant vers le Petit-Chalet, nous tombons enfin sur deux buissons de R. glauca Vill., les seuls que nous ayons rencontrés dans nos trois journées de courses dans le Jura : l’un à pédicelles et réceptacles lisses, portant le n° 27 dans mon carnet; l’autre à pédicelles et réceptacles hispides-glanduleux portant le n° 26. Entre le Petit-Chalet et le chalet de la Mathoule, nous avons observé une colonie assez riche de À. mollis Sm., malheureusement piétinée et broutée par le bétail. Nous avons retrouvé quelques pieds de cette même espèce dans les taillis au pied de la Mathoule, ainsi que deux buissons du À. omissa. Si parfois, sur échantillons d'herbier les R. mollis et R. omissa peuvent être confondus, il n’en 60 est plus de même sur le vif. Ce sont bien là deux types spécifiques distincts, dont l’un, le R. mollis appartient au groupe des Villosae, l’autre, le R. omissa, à celui des Tomentosae. On sait que pendant longtemps, en Suisse, comme en France, on avait, par erreur, identifié spécifi- quement le R. omissa au R. mollis (R. mollissima Fries). Notre dernière découverte de la journée fut un buisson du R. spinulifolia Dem. croissant au bord d’un chemin de la montagne, non loin de la petite gare des Six-Fon- taines. Nous comptions prendre le dernier train du chemin de fer de Ste-Croix pour rentrer à Baulmes, mais étant en avance sur l'heure du passage, nous fimes notre rentrée pédestrement. Le chemin de fer à section étroite qui va d'Yverdon à Ste-Croix est dù à la puissante initiative et aux sacrifices que s’est imposés M. William Barbey, qui possède de vastes propriétés dans le pays et entre autres les beaux pâturages et les vastes forêts du Mont Suchet. Mon intention avait été de séjourner la plus grande partie de la semaine à Baulmes, me proposant d'arriver seulement à Genève le samedi soir, mais M. Gaillard m'ayant assuré que nous avions épuisé rhodologiquement tous les environs et que, d'autre part, le massif du Chas- seron n'offrirait rien de bien intéressant, il fut décidé que notre départ aurait lieu le lendemain, et que nous ferions une visite à M. Barbey, à Valeyres. Fi Valeyres. Le jeudi, 2 août, levés de bon matin, nous nous sommes mis à préparer trois gros colis postaux qui furent expédiés à Chambésy. 61 Vers 9 heures, nous partions pour Valeyres. M. Gaillard me fit faire un détour pour visiter les bois de Vouavre _ près de Rance, où il connaissait un buisson de R. stylosa Desv. Après quelques recherches, nous parvimes à décou- vrir plusieurs pieds de cette espèce, qui est relativement très rare dans le canton. Vers midi, nous arrivions au château de M. Barbey, où nous avons été accueillis d’une façon extrêmement amicale. . Je connaissais déjà personnellement ce botaniste. Quant à M. Gaillard, qui est du pays, c'était un familier de la maison (1). J'étais heureux de visiter Valeyres qui me rap- pelait les excellentes relations épistolaires d'autrefois avec Boissier, l’illustre auteur de la Flora orientalis. Ces rela- tions qui remontent déjà assez loin, avaient eu pour objet les Roses qui devaient être traitées dans le tome II de la Flore d'Orient. D’autre part, je devais retrouver à Valeyres un herbier admirablement tenu par M. Barbey, dont j'avais vu les Roses, il y a quelques années. Enfin, j'avais à y voir la célèbre collection de plantes alpines formée par Boissier et que le gendre de celui-ci, M. Barbey, entre- tient avec des soins religieux. | | Après une visite à l’herbier, M. Barbey nous fit inspec- ter les travaux importants qu'il fait faire à l’ancienne habitation de Boissier qu'il va habiter et où une grande galerie est réservée pour l’herbier. Après cela, nous visi- tons en détails le jardin. La collection de plantes alpines, la plus importante qui existe assurément, est toujours admirable et on reconnait que Boissier.a dû s'en occuper avec une véritable passion et y consacrer des sommes (1) M. G. Gaillard, bachelier ès-sciences, est originaire de Sergey. Il est actuellement professeur au collège d’Orbe. 62 importantes. Mais, si moi-même j'étais amateur de ces sortes de plantes, ayant fait bien des voyages dans les Alpes pour constituer la collection du Jardin botanique de Bruxelles, il y avait çà et là dans le jardin quelques objets qui me firent oublier par moment les habitantes des Alpes. Quel ne fut pas ma stupéfaction d’apercevoir au sommet d’une rocaille de vigoureux buissons d'une espèce de Rose créée par moi dans l’herbier de St-Péters- bourg et encore inédite, le ÆR. algoiensis, espèce du Turkestan découverte en 1879 par M. Albert Regel (1). Les graines en avaient sans doute été envoyées à Boissier vers 1880. On conçoit mon étonnement de pouvoir étudier à Valeyres une Rose du fond du Turkestan que je ne comptais jamais décrire que sur des matérieux d’herbier assez incomplets. D’autres Roses curieuses sont également cultivées à Valeyres, et, entre autres, le R. Beggeriana Schrenk, également du Turkestan. (1) M. Albert Regel, comme on le sait, a consacré plusieurs années à l'exploration botanique du Turkestan, où il fit de très abondantes récoltes envoyées régulièrement à son père au Jardin botanique de St-Péters- bourg. Je savais que dans ces récoltes il y avait de nombreux Rosa. A maintes reprises, j'importunai mon collègue de St-Pétersbourg pour avoir communication de ceux-ci, mais comme ce savant s’occupait de la Flore du Turkestan, il voulait, avant de me faire la communication, étudier lui-même ces matériaux. Ayant plus tard reconnu qu'il n’avait plus les loisirs de les débrouiller, le Dr E, Regel m’envoya tous les Rosa recueillis dans le Turkestan par son fils et par les autres voyageurs russes, Ces matériaux précieux m'ont fourni des notes très nombreuses qui m'ont permis d’élucider d’une façon assez complète la florule rhodo- logique de cette partie de l’Asie centrale. Parmi les espèces de cette région, se trouve un type bien curieux, le R. Alberti que Regel a dédié à son fils, mais qu’il avait décrit d’une facon très imparfaite et sans en reconnaitre les affinités naturelles. 63 Après la visite du jardin, M. Barbey fit atteler sa voi- ture pour nous conduire à Orbe, d’où je devais gagner la ligne ferrée de Neuchâtel-Lausanne. Il voulut nous accom- pagner pour me faire faire, à Orbe, la connaissance de M. Vetter, le conservateur de son herbier. J’eus le plaisir de rencontrer dans cette petite ville non seulement M. Vetter, l’un de mes bons et anciens corres- pondants, mais encore l'excellent D' Moehrlen, autre pas- sionné rhodologue. Pendant l'heure que je passai en com- pagnie de ces botanistes, il ne fut guère question que de Roses et particulièrement des Roses du Jura. Nous étions là cinq à discuter sur un sujet qui nous aurait retenus à discourir pendant des heures si la eloche du départ ne s'était pas fait entendre. C'est avec grand regret que je quittai ces amis qui m'avaient si bien accueilli et auxquels ma reconnaissance était depuis longtemps acquise pour les services qu'ils m'avaient rendus dans mes études. LIT. Genève, Jussy, Chambésy, Nant-sur-Corsier et Vevey. Si je consacre un paragraphe au court séjour que j'ai fait cette année aux bords du Léman, ce n’est pas pour parler Roses, mais seulement pour conserver le souvenir des belles réunions qui ont eu lieu à l'occasion de la session extraordinaire de la Société botanique de France en Suisse. Comme on le verra, les Roses ne furent toute- fois pas complètement passées sous silence pendant ces fêtes, où se trouvèrent rassemblés un très grand nombre 64 de botanistes de profession et d’amateurs, parmi lesquels plusieurs rhodologues de mes amis : MM. Christ, Gillot, Legré, Paiche, etc. Organiser des assises scientifiques combinées avec des excursions dans la haute montagne est une grosse affaire, une entreprise hérissée de difficultés. Tout doit être prévu jour par jour : transport, logement, nourriture. L'organisa- teur fut M. le professeur Chodat. Celui-ci, disons-le tout de suite, s’en est tiré à merveille ; mais que de peines il a dû se donner et que d'énergie il a dü déployer! Ajoutons que pour les fêtes qui ont eu lieu à Genève, à Jussy, à Chambésy et à Vevey, il a trouvé un précieux concours dans MM. de Candolle, Micheli, Autran et Burnat, et que d'autre part, ses confrères de la Société botanique de Genève n'ont ménagé ni leur temps ni leurs peines pour l'aider dans les soins multiples à donner à l’organisation. Tout a marché d’une façon parfaite à la grande satisfaction des nombreux botanistes présents aux fêtes et aux execur- SIOnS. Nos séances, à Genève, ont été présidées par M. D: H. Christ, président de la Société botanique suisse, botaniste de grand talent et, de plus, homme fort aimable et orateur plein de verve originaie. Quoique originaire de la Suisse allemande, le D' Christ peut rivaliser avec ses compatrio- tes des bords du Léman pour la gaité et l'esprit. Il m'a paru que nos amis de la Société botanique de France l'ont trouvé fort à leur goût. Je passe sur les séances de Genève, sur la visite au célèbre herbier de Candolle, pour donner quelques détails sur nos excursions à Jussy, à Chambésy et à Vevey. Le dimanche, nous étions invités à passer la soirée à Jussy. M. Max Micheli avait fait organiser un train spécial 65 pour nous amener à son château. Un accueil charmant nous est fait par le maitre de céans, par Madame Micheli et ses jeunes demoiselles. On visite avec intérêt la vieille et confortable demeure qui est remplie. d'œuvres d’arts et de souvenirs de la famille remontant à plusieurs siècles. Puis on se répand par groupes dans les jardins pour admi- rer l'étonnante collection de plantes vivaces que M. Micheli y a réunies depuis de nombreuses années. Si la collection des plantes alpines de Valeyres est unique en son genre, on peut dire la même chose de la collection formée par M. Micheli. Tous les carrés, toutes les plates-bandes, et jusqu'aux murs des terrasses regorgent de raretés. C'est simplement merveilleux! Là est lherbier du maitre, herbier plein de ressources et qui vient en aide aux herbiers de de Candolle que M. Micheli met en œuvre pour ses travaux de systématique. Les coups répétés d’un gong se font entendre et les bandes éparses des curieux se réunissent cheminant dans une même direction. Des tables sont dressées nombreuses et chargées sous les arbres du pare ; des lanternes véni- tiennes pendent partout pour illuminer discrètement tous les coins où sont attablés les botanistes. Ceux-ci aiment bien les fleurs, cela est connu, mais on peut dire qu'ils n’ont pas dédaigné, ce soir là, foule de choses moins éthérées qui leur étaient offertes avec profusion par un nombreux domestique et avee une grâce charmante par Me Micheli elle-même et ses enfants. La musique fut de la partie. Il y eut des toasts et même des discours académiques. Ce fut une fête réussie et nous partions vers dix heures enchantés de cette belle etcordiale réception en proclamant M. Micheli le plus aimable des confrères. Mon ami Autran était préoccupé au retour. On devait ] 66 aller le lendemain à Chambésy et la réception de Jussy venait modifier quelque peu les dispositions qu'il avait prises. Ces botanistes, pensait-il, marquent un goût telle- ment prononcé pour nos crus suisses et pour les douceurs que je devrai bien leur offrir à Chambésy autre chose que des cartons d’herbier. Mais son inquiétude n'avait pas lieu d'être. M. Barbey, qui avait dû s’absenter de Suisse au moment de notre arrivée, avait donné des instructions à sa sœur, Madame de Roullet et le lendemain Chambésy revoyait les agapes de la veille. Mais passons. Le plus grand nombre des exeursionnistes visitaient pour la première fois le Musée botanique de Chambésy. Ce fut pour eux un émerveillement. Ce musée est maintenant déjà trop connu pour que j'aie besoin d'en parler longue- ment. Pour les besoins de la botanique systématique, pour l'étude des flores européennes et exotiques, c'est un éta- blissement de premier ordre, qui a déjà rendu foule de services et qui est appelé à en rendre encore beau- coup(f). M. William Barbey ne recule devant aucune dépense pour enrichir les collections de plantes sèches et la bibliothèque. Rendons hommage et témoignons notre reconnaissance à l’homme généreux et désintéressé qui a fondé cette institution si éminemment utile et qui per- pétue admirablement la mémoire d'un des plus illustres systématiciens de l’époque, l’auteur de la Flora Orientalis et de tant d’autres travaux de botanique descriptive. M. Barbey est lui-même un phytographe de haut mérite. (1) Tous les matériaux rhodologiques de l’herbier Boissier m'ont éte communiqués à diverses reprises et, chaque année, les nouveaux spéci- mens reçus sont soumis à mon examen avant d’être intercalés. La collec- tion de Rosa de eet herbier est devenue très importante, 67 M. Autran, conservateur du Musée, administre avec un soin extrême l'établissement que lui a confié M. Barbey. Depuis trois ans, il publie un recueil sous le titre de Bul- letin de l'herbier Boissier, qui s’est fait promptement une belle place parmi les revues de botanique systématique. Avant de quitter Chambésy, n'oublions pas de dire un mot d’un magnifique et vigoureux buisson de Rosa brac- teata Wendl., qui se trouvait en pleine floraison au pied du Musée vers le sud-ouest. Cette curieuse espèce semblait végéter là comme dans sa patrie, qui est l’Extrême Orient. Le soir, grand banquet à l'Hôtel National. Le gouverne- ment du canton y était représenté par des personnages officiels. Toasts et discours partaient de toutes parts. La journée du mardi 7 août devait être consacrée à la visite de l’herbier Burnat, à Nant-sur-Corsier. Décidément c'était un complot! Sur le bateau affrété par M. Burnat pour nous transporter à Vevey, la table était dressée sur le pont et chargée de vivres en abondance. A 9 heures, entre Genève et Lausanne le steward nous invite à nous restaurer. N'’allez pas croire que les botanistes qui avaient banqueté bien tard la veille, ont rechigné. Bel appétit sur tous les bancs! On aurait pu croire que les futurs explorateurs du Grand-St-Bernard, de Zermatt et du Simplon voulaient se donner des forces en prévision de la maigre pitance qu'ils craignaient de rencontrer dans les hautes vallées des Alpes. Nous atterrissons à Ouchy pour embarquer des invités de marque et pour prendre à notre bord une Société de symphonie qui doit nous distraire pendant notre traversée d'Ouchy à Vevey, nous donner un concert dans l’après- dinée, et puis nous jouer ses plus beaux airs durant le 68 banquet qui nous sera offert au Grand Hôtel de Vevey. M. Burnat avait voulu faire les choses en grand seig- neur. À notre entrée sur le bateau, chacun recevait un pli grand format renfermant une carte d'invitation au banquet de Vevey, un programme du concert dans lequel devait se faire entendre un célèbre chanteur de la contrée dans le Ranz des vaches, programme avec le texte authen- tique de ce chant national, enfin, ce qui était du plus haut intérêt, une notice très détaillée sur l'herbier Burnat, avec une très belle phototypie du Musée botanique à l’en- trée duquel on reconnaissait parfaitement son heureux fondateur. M. Burnat avait préparé notre réception d'une façon à satisfaire les plus difficiles ; tout avait été prévu pour nous rendre la visite à Nant agréable et utile. Malheureusement, cette fête préparée depuis des mois et dont l'organisateur attendait beaucoup de joie fut malheureusement attristée par un événement inopiné, la mort du père de M. Bur- nat, arrivée peu de temps auparavant et qui empêcha celui-ci d'assister au banquet et à la fête du pare. Cette circonstance fut cause ainsi que la visite à l'herbier fut bornée à une quarantaine de membres de l'exeursion. Pendant ce temps, le reste des excursionnistes poursuivit son voyage en bateau jusqu’à l'embouchure du Rhône dans le lac, où M. le professeur Forel donna une intéressante conférence sur le mode de dépôt des alluvions du fleuve dans la cuvette du lac. Des voitures nous transportèrent rapidement au château de Nant, qui se trouve bâti dans une situation admirable, dominant le lac et donnant vue sur la chaine des Alpes de la Savoie. Toute la famille de M, Burnat est réunie pour nous 69 souhaiter la bienvenue. Nous sommes accueillis avec une cordialité vraiment touchante. Madame Burnat et ses filles sont heureuses de voir des botanistes venus de toutes parts pour visiter ce qui fait l’orgueil de l’auteur de la Flore des Alpes maritimes. Depuis de nombreuses années, M. Burnat s’est donné pour mission de traiter la flore des Alpes mari- times d’une façon approfondie. Chaque année, depuis longtemps, il passe plusieurs mois à explorer les monta- gnes du département des Alpes-Maritimes et de la Ligurie. Pour élueider les riches matériaux recueillis, il a jugé indispensable de se constituer un herbier aussi complet que possible de la flore européenne et de l'Orient. C’est cet herbier que nous sommes appelés à visiter. M. Burnat a fait construire pour celui-ci un élégant bâtiment, où tout a été prévu pour la commocité des études et pour la conservation des collections. C’est une installation modèle que nous avons beaucoup admirée et, disons-le, un peu jalousée. Chaeun de nous in petto se souhaitait, sans doute une semblable installation et surtout de pareilles richesses botaniques. Pour apprécier ces richesses, il suffit d'exami- ner au hasard le contenu d’un easier. A l'examen d’un seul genre, il est facile de voir quelle est la richesse rela- tive d’un herbier. En ce qui concerne l'Europe, celui de M. Burnat est l’un des tout premiers. J’allais oublier de dire qu'il renferme une riche collection de Rosa et que cette collection a fait, de la part de ce botaniste, l'objet de travaux très remarquables sur le genre, travaux rédigés en collaboration avec M. Gremli son conservateur. À ce propos, nous avons vivement regretté l'absence de M. Gremli, l’auteur de l'excellente Flore de suisse que tout le monde connait et qui est indispensable pour l'étude des espèces des Alpes centrales, 70 Après la visite de l'herbier, nous avons parcouru le parc, sur une pelouse duquel M. Burnat avait fait dresser la tente dont il s’était servi dans ses voyages botaniques en Orient. A côté de la tente, se trouvaient pittoresquement groupés tous les objets de campement et jusqu’à la grosse boite d’herborisation qui avaient servi au voyageur. Les voitures qui nous avaient amenés à Nant, nous redescendirent à Vevey. Nos amis étaient déjà de retour de leur excursion lacustre et se trouvaient installés dans le pare de l’hôtel attendant l'ouverture du concert. Celui-ci fut composé de chants entreméêlés de morceaux de sym- phonie. Mais le clou de la fête était le Ranz des vaches chanté par M. Currat. Celui-ci s'était tout d’abord fait honorablement apprécier dans plusieurs morceaux en tenue de ville, mais, pour le Ranz des vaches, il lui fallait le costume traditionnel. C'est en culotte de velours et en veste de soie, qu’il se présenta à la tête d’un troupeau de vaches magnifiques descendues de la montagne tout exprès et accompagné de trois armallis costumés dans le même goût que leur chef. Ces quatre splendides montagnards, sous leurs soies éclatantes, formaient, avec leur troupeau, un tableau d’une originalité exceptionnelle. Le Ranz des vaches accom- pagné par la symphonie fut chanté avec une maestra qui impressionna vivement tout le monde. M. Burnat avait voulu nous donner là un régal et le régal fut complet. A table maintenant, car dans deux heures nous devons partir pour Villeneuve, où le train nous prendra pour Martigny. L’immense salle à manger du Grand Hôtel était comble, tant les invités se trouvaient nombreux. C’est M. Michel 71 qui présidait, s'étant chargé de remplacer son ami M. Bur- nat. L’entrain et la gaité n'étaient pas ce qui manquait à la fête; ce qui ne manquait pas non plus c’est une chair délicate, variée et arrosée des meilleurs crus de Suisse et de France; enfin ce qui n’a pas fait défaut, ce sont les discours. À la fin, l'enthousiasme était général et les com- pliments à l'adresse de notre amphitryon malheureuse- ment absent furent applaudis par des gens qui n'ont pas ménagé leurs battoirs. Nous gagnions notre bateau sous l'impression d’avoir été traités en enfants gâtés, d’avoir été comblés de préve- nances. Ce qui complète notre joie, c'est detrouver M. Burnat à l'embarcadère et de pouvoir lui serrer la main avant notre départ. Le bateau va s'éloigner, les mouchoirs s’agitent et des acclamations éclatent. Ce sont des vive Burnat! à ne pas en finir. Ai-je besoin de dire, en terminant ces quelques pages consacrées à ces festivités botaniques, combien nous sommes partis, Français et Belges, recon- naissants de la chaude et hospitalière réception que nous avions reçue des botanistes suisses et que le souvenir de MM. Burnat, Barbey, Micheli et de Candolle ne s’effacera pas de longtemps de notre mémoire, pas plus que celui des amis de Genève que je ne citerai pas tant ils sont nombreux. Le ciel avait voulu nous ménager pendant notre séjour à Vevey, mais, à notre départ, il devint d'une inclémence abominable. Ce n'était pas une pluie, c’était un déluge. Le passage du bateau à la gare de Villeneuve suffit pour nous tremper jusqu'aux os. Une véritable déroute à la distribution des bagages! C'est avec mille peines que l’on parvint à sauver les presses d’une imbibition irréparable. Arrivés à Vernayaz et à Martigny, les cataractes avaient 72 à peu près cessé et là on nous assura que dans la nuit le temps serait remis complètement. Lorsque je me levai le lendemain, tous mes compag- nons de la veille étaient déjà en route depuis deux heures, les uns pour la Cabane de Chanrion, les autres pour le Grand-St-Bernard. IV. Valais. Ce paragraphe est un simple remplissage, car de Brigue au glacier du Rhône, j'ai à peine à citer quelques noms de Roses. Comme à Brigue, j'avais à attendre quelques heures le départ de la diligence pour Viesch, je fis une courte excursion dans la direction de Belalp, mais je n’y vis rien d’intéressant à consigner dans mon carnet. J'allai loger à Viesch, où je retrouvais les deux amis que j'avais quittés à Yverdon la semaine précédente: ils venaient de descendre de l’Egishorn. Le 9 août, nous partions le matin pour le glacier du Rhône, d’où nous devions aller loger le même jour à l'hospice du Grimsel. En passant en voiture, je revis bien des localités où j'avais auparavant recueilli des Roses. Comme on le sait, la région comprise entre Viesch et Ulrichen est riche en Roses sur divers points de la haute vallée. En montant les premiers lacets de la route au-dessus d'Oberwald, vers 1400 ou 1450 mètres, j'ai observéles R.pomifera Herrm., R. rubrifolia Vill. et R. alpina L. 75 V. Mürren (canton de Berne). Nous logions le 9 août à l'hospice du Grimsel, le 10, à Meiringen et nous étions le 11 à Interlaken. Le lendemain, nous sommes allés à Mürren. Au lieu de redescendre à Lauterbrunnen par le funiculaire, nous avons suivi pédestrement l’ancien chemin. J’espérais faire là quelques heureuses découvertes, entre autres celle du R. abietina Gren. (R. Dematranea Lag. et Pug.), que je possède de cette localité, mais je n’observai que les R. alpina L., R. tomentosa Sm. et des variations du À. canina L. donc choses très ordinaires. VI. Les Diablerets (canton de Vaud). Partis le 15 août d’Interlaken, nous prenions à Thoune la diligence qui nous déposa bien tard dans la soirée à Saanen ((Gessenay). : La matinée du jour suivant fut consacrée à une excur- sion dans les alentours de ce village, mais absence presque absolue de Roses dans cette région. Je n’y ai observé que quelques rares buissons de variations vulgaires du R. canina L. Déjà de Thoune à Saanen, je n’avais rien vu le long de la route en fait de Rosiers. J'ai donc lieu de croire que le rhodologue n’a pas grand espoir de faire de riches récoltes dans ces parages, pas plus que de Saanen aux Diablerets par le col de Pillon. J'ai juré qu'on ne me reverrais plus par là avec mon sécateur. Nous arrivions le soir à l’hôtel des Diablerets, où notre 74 intention était de rester quelques jours : là devait venir nous rejoindre l’un de nos amis qui arrivait de Chamo- nix. Cet ami avait déjà séjourné aux Diablerets; il nous en avait fait un tel éloge que l'envie nous avais pris d’y aller à notre tour. J'avais espéré y trouver d’amples moissons de Roses à faire et je m'étais fait adresser de Genève une ample provision de papier à dessécher. Hélas mes espérances ont été trompées. La région est certes fort belle et mérite d'être visitée par les touristes et les alpinistes, mais le rhodologue y fait triste figure et n’y revient de ses excursions qu'avec un cartable bien peu gonflé. La région est sans doute trop humide pour le Rosier, qui aime les sols desséchés. Il y a bien çà et là quelques endroits où l’on trouve des colonies de Rosa, mais celles-ci ne méri- tent pas un voyage dans la haute vallée des Diablerets. Je ne détaillerai pas les courses faites autour des Ormonts, au col de Pillon et à Gsteig (Châtelet), ainsi qu'à la Comballaz et au Sepey, ce quine présenterait aucun intérêt réel. Je dirai seulement que j'y ai récolté les espèces suivantes : R. canina L. (diverses variations), R. glauca Vill., R. corüfolia Fries, R. subcollina (Chr..), R. rubrifolia Vill. et R. alpina L. Je n'y ai pas vu de trace des R. mollis Sm., R. pomifera Herrm. et R. tomen- tosa Sm., ni de Rubiginosae. Je dois ajouter que dansle jardin de l'hôtel j'ai remarqué un vigoureux buisson du R. spinulifolia Dem. D'où prove- nait cette Rose? Très probablement des environs. S'il en est bien ainsi, c’est que sans doute le À. {omentosa Sm., qui est l’un des ascendants de cet hybride, croit dans la région. Le propriétaire de l'hôtel qui n’est aux Diablerets que depuis un an, ainsi que son jardinier, n’a pu me ren- seigner sur l’origine de cette Rose. 75 Près de l’hôtel de La Comballaz, j'ai sans doute retrouvé le buisson que Rapin y avait signalé sous le nom de R. alpestris et dont il avait distribué des échantillons. Plus tard, Favrat a recueilli des spécimens sur le même buisson que lui avait indiqué Rapin. Sur l’une de ses étiquettes, Favrat dit : « Je l’ai distribué pour le R. alpestris Rap., mais c’est plutôt le R. marginata de cet auteur. » Favrat avait eu parfaitement raison en rapportant la Rose de La Comballaz au R. marginata Rap. non Walir. J'ai donné cette Rose dans mon Herbier de Roses sous le n° 639. Il n'existe au voisinage de ce buisson aucune autre espèce. Ayant épuisé toutes les promenades qu'on pouvait faire autour des Diablerets, nous quittions ceux-ci le 20 août pour descendre à Aigle. Là, notre ami nous quittait pour aller à St-Cergues dans le Jura vaudois; mon dernier compagnon et moi nous prenions la route de Randa, où nous arrivions vers la soirée. VII Randa (Valais). J'étais heureux de me retrouver dans la vallée de St-Nicolas. Là le sécateur n’a pas le temps de se rouiller. Presque partout, il y a des buissons de Roses en abon- dance. De l'hôtel du Weisshorn, où nous étions descendus, je n'avais qu’à faire quelques pas pour être au pied de pentes boisées remplies d’une multitude de buissons de R. cinnamomea L., R. alpina L., R. pomifera Herrm., R, glauca Vill., R. corüfolia Fries, R. rubrifolia Vill., 76 espèces assez fréquemment représentées par des variétés intéressantes. En trois jours et demi passés à Randa, mes récoltes ont fourni six gros paquets expédiés à Chambésy. Vers le bas des pentes boisées qui s'étendent du hameau de Wildi à Randa, le R. cinnamnomea L. est très abondant par places et forme de riches colonies. Cette espèce est également très commune en dessous de Randa le long du chemin qui domine la voie ferrée. Malgré l'abondance des pieds de cette Rose au voisinage de laquelle croissent diverses espèces, je n’ai aperçu aucune trace d'hybrides. Sur ces mêmes pentes boisées, se trouve en abondance le R. pomifera Herrm., y formant tantôt des colonies très denses de petits arbustes, ne dépassant pas 50 centimètres, et tantôt s'y présentant sous forme de vigoureux buissons, à grandes folioles. Les variations naines et microphylles sont d'un aspect tellement différent des variations macrophylles, qu'on croirait avoir affaire à des espèces tout à fait diffé- rentes. Quand on étudie ces formes sur les lieux mêmes, qu'on peut suivre les transitions dues à toute évidence à l'exposition, à la stérilité du sol ou à sa fertilité, on reconnait immédiatement qu'on se trouve en présence de simples variations. Pour celui qui ne peut étudier ces mêmes formes que sur des échantillons d’herbier, qui ne peut se rendre compte des conditions de sol et d'exposition, on conçoit aisément sa tendance à séparer spécifiquement les variations vigoureuses macrophylles, des variations naines et microphylles. Maintes fois, j'ai attiré l'attention des spécialistes sur l’action puissante du géantisme et du nanisme sur l’aspect général des buissons de la même espèce. Cette action est telle que dans une foule de cas | 4 ns lt doit à ‘ni 77 l'observateur peu expérimenté étudiant sur échantillons d'herbier en arrive à croire qu'il n'existe réellement pas de limites naturelles entre les espèces de Rosa. Comme exemple remarquable de l’action du géantisme et du nanisme, j'ai parfois fait examiner à des botanistes fort exercés la riche collection que je possède du R. Webbiana Wall., type de l’Asie centrale. Les différences de facies entre les formes naines, microphylles et micranthes et les formes géantes, macrophylles et macranthes sonttellement extraordinaires qu’ils se refusaient à admettre l'identité spécifique de toutes ces formes disparates, qui, en outre, varient entre elles par la diversité de leur revêtement, par la présence ou l’absence de glandes sur certains organes. Ce n'est qu'après leur avoir démontré que, sous ces aspects multiples, se retrouvaient toujours les mêmes caractères essentiels, qu’ils en arrivaient à saisir l’unité spécifique. Ceci m’amène à recommander à nouveau aux apprentis rhodologues de beaucoup étudier sur le vif, de suivre avec persistance l'étude d'une même espèce abondante dans leur champ d'observations et de rechercher toutes les modifications que lui impriment les conditions variées du sol, de l'exposition, de l'altitude, ete. Ce n’est qu’après s'être rendu maitre d'une espèce qu'ils peuvent espérer de juger sainement les variations d’autres types. C’est là un apprentissage qui s’impose, qui est indispensable; mal- heureusement on le néglige trop, et souvent on s’aventure, sur la foi des maitres, avec une érudition puisée à des sources incerlaines, à prononcer sur les problèmes si délicats de la distinction des espèces. Dans le genre Rosa, comme dans bien des genres fortement travaillés par les compteurs de poils, le livre, au lieu d’être un guide pour le débutant, peut n’être qu’une cause d'erreurs et d’appré- 78 ciations fausses s’il n’est pas appuyé d’une étude très atten- tive et prolongée sur le vif. Dans une haie du hameau de Wildi, j'ai observé un beau buisson de cette rare variété du R. rubrifolia Vill, à nervure médiane et à pétioles pubescents, qui, jusqu’à présent, n'avait encore été découverte que dans les Grisons, tout d’abord par M. R. Keller, puis par moi. Le type est assez répandu dans la vallée, mais je n'ai observé que ce seul buisson de la variété. Celle-ci, à laquelle on pourrait donner le nom de Kelleri, aurait-elle quelques rapports avec la forme décrite par Villars sous le nom de R. fer- ruginea ? On sait que Villars a décrit son À. ferruginea en 1779, dans son Prospectus de l'Histoire des plantes du Dauphine, p. 46, et qu'en 1789, dans le tome III de son Histoire des plantes du Dauphiné, il a cité ce nom de R. ferruginea comme un synonyme de son R. rubrifolia, sans donner la moindre explication sur le changement de noms. Pendant longtemps, le nom de R. rubrifolia a été conservé pour l’espèce, mais, en 1877, Déséglise, dans son Catalogue raisonné ou Énumération méthodique du genre Rosier, exhuma le nom de R. ferruginea qui était donc de dix ans plus ancien pour remplacer celui de À. rubrifolia. Ce changement a été admis par quelques auteurs et moi- même je l'avais adopté, mais pour l’abandonner ensuite. L’abandon que j'ai fait est dû à une critique de M. Buser, qui me fit remarquer que la description du R. ferruginea du Prospectus ne correspond pas au R. rubrifolia, puisque ce dernier, d’après les termes de la description de Villars lui-même, est à feuilles glabres, tandis que le À. ferruginea est décrit comme ayant des feuilles pubescentes. Jusqu'à la découverte de la variété 79 Kelleri, le R. rubrifolia n'avait jamais été observé qu’à feuilles parfaitement glabres. Tous les exemplaires que je possède dans mon herbier provenant du Dauphiné et tous les buissons que j'ai vus dans cette province sont à feuilles glabres. Au surplus, les échantillons encore conservés dans l’herbier de Villars sont également à feuilles glabres. Dans cet herbier, il n'existe aucun spécimen portant le nom de R. ferruginea. En décrivant son R. ferruginea, Villars aurait-il eu en mains une variété à feuilles pubes- centes du R. rubrifolia analogue à la var. Kelleri? Je ne le pense pas. Dans ce cas, ou sa description est incorrecte ou bien il a eu en vue une autre espèce que le R. rubrifo- lia. 11 est vraisemblable qu'on ne parviendra probablement pas à élucider ce point douteux et qu'il planera toujours un doute sur l'identité spécifique du R. ferruginea. C’est ce doute qui m'engage à délaisser ce dernier nom et à con- server dorénavant celui de R. rubrifolia. D'après les principes strictes de la priorité, ce nom de À. rubrifolia, qui date de 1789, devrait céder le pas à celui de R. glauca que Pourret avait attribué, en 1788, à la Rose en question. La description de Pourret et un exemplaire authentique de son R. glauca qui existe dans l’herbier de cet auteur aujourd'hui au Muséum de Paris, ne laissent aucun doute sur l’identité spécifique de la plante des Pyrénées. Mais comme l'emploi du nom de R. glauca Pourret serait appelé à jeter le trouble dans la nomenclature en présence du nom de R. glauca Vill. admis généralement pour une autre espèce, j'estime qu'il est sage, dans ce cas-ci, de sacri- fier le principe de priorité. Du reste, ainsi que je l’ai dit ailleurs, l’observance rigoureuse de ce principe est un danger dans certains cas; il vient jeter le trouble et l’in- certitude sur des choses bien connues et généralement 80 acceptées, sans réel profit pour la science : en somme, elle ne donne satisfaction qu'à des éplucheurs de dates qui semblent voir plus volontiers, dans la science, les mots que les choses elles-mêmes. Dans divers endroits autour de Randa et vers Brei- tenmatt, j'ai rencontré plusieurs beaux et grands buissons de variétés du À. glauca Vill. qui ont été inscrites dans mon carnet, lors de leur récolte, sous le nom de R. montana Vill. Grand fut mon étonnement, lorsque plus tard à l’ana- lyse je reconnus ma méprise. Je parlerai de ces curieuses variétés dans un article consacré plus loin à une étude supplémentaire du À. montana. J'ai trouvé de celui-ci deux ou trois magnifiques buissons à la lisière d’un bois en face de Breitenmatt. Pendant mon séjour à Randa, mon attention a été con- tinuellement en éveil sur les hybrides. Je pouvais espérer d’y rencontrer le KR. alpina X pomifera, mais je ne l'ai pas observé. Le seul hybride remarqué est le R. salaevensis Rap., dont j’ai rencontré un énorme buisson vers Breiten- matt le long du chemin de Randa (n° 658) et une colonie d’une bonne demi douzaine de hauts et vigoureux buissons au-dessus du village de Randa (n° 637). Tous les pieds de l’hybride de Randa m'ont paru identiques. Les feuilles inférieures des ramuscules présentent une très faible pubescence sur leurs pétioles et la nervure médiane; les dents foliaires sont ordinairement simples; les pédicelles sont un peu hispides-glanduleux et les sépales sont munis de quelques glandes. Dans l'hybride de Breitenmatt, la pubescence des feuilles est plus marquée et s'étend sur chaque ramuscule à un plus grand nombre des feuilles, ce qui donne peut-être lieu de penser que le deuxième ascendant a été le R. cortifolia au lieu d’être le À. glauca ; 81 les dents foliaires sont composées-glanduleuses; les pédi- celles et les sépales sont lisses. Malgré l’abondance des Rosiers dans la vallée de la Viège depuis Zermatt jusqu’à Stalden et le mélange fré- quent des espèces, les hybrides paraissent y être fort rares. Jusqu'à présent, je n’y connais avec certitude que le R. salaevensis, que j'ai observé à Taesch, à Randa et à Breitenmatt. On avait bien signalé à Zermatt les R. cinna- momea X pomifera et R. cinnamomea X coruifolia, mais ces indications reposaient sur des erreurs de dénomination. L'an dernier, j'ai vu, dans l'herbier de M. Cornaz, un spécimen recueilli en 1892 dans la vallée de Saas non loin de Stalden, par M. Clarence Bicknell, déterminé sous le nom de R. corüfolia X pomifera. Ce spécimen repré- sente-t-il bien réellement cet hybride, ou n'est-il qu’une variété du R, cortifolia à folioles glanduleuses à la face infé- rieure? Je n’ai su rien décider et j’attends, pour me pro- noncer, que j'aie pu examiner cette Rose soit sur le vif, soit sur des matériaux plus complets. Je suis descendu un jour jusqu’à St-Nicolas, désirant explorer les environs de cette localné. Du chemin de fer, j'ai remarqué que les pentes de la rive gauche de la Viège entre Herbrigen et St-Nicolas sont abondamment fournies de buissons. Malheureusement, je n'ai fait qu'entrevoir à distance ces richesses rhodologiques. La course que j'ai faite pédestrement en remontant la vallée sur la rive droite du torrent n’a donné lieu qu'à une seule inscription dans mon carnet, celle du R. rubrifolia Vill. C'est donc sur la rive gauche que le rhodologue doit her- boriser sur ce point de la vallée. Malgré les recherches que j'ai déjà faites dans la grande vallée de Viège à Zermatt et celles qui ont faites maints 6 82 spécialistes suisses, la florule rhodologique de cette riche région est encore assez loin d’être connue d’une façon com- plète. Quant à la vallée de Saas, elle réclame des recher- ches atltentives. A partle À. graveolens Gren. dont j'ai observé quelques rares pieds dans le voisinage de Breitenmatt, J'ai cité toutes les espèces que j'avais observées autour de Randa, où je n'ai pas rencontré le R. tomentosa Sm., ni les R. rubigi- nosa L. et R. micrantha Sm. Le R. canina L. semble y être tout à fait remplacé par les À. glauca Vill. et R. coru- folia Fries. Le R. Chavini Rap. parait être complètement absent de la vallée, du moins je n’en ai aperçu aucune trace. Dans Mes excursions rhodologiques en 1890, p. 51, j'avais bien signalé cette espèce à Heueten près Zermatt etentre Herbrigen et Randa d’après des spécimens recueil- lis par MM. Bernoulli et Christ sous les noms de À. alpes- tris Rap. et R. montana Î. lalibracteala Chr., mais ces spécimens revus avec soin ont été reconnus postérieure ment par moi comme appartenant au À. glauca Vill. VAL Jura vaudois. (Récoltes de M. G. Gaillard.) En me quittant à Orbe le 2 août, M. Gaillard se propo- sait de s'installer pendant le restant de ses vacances à Juriens, près de Romainmoutier et d'explorer de là toutes les montagnes voisines. Quand j'étais aux Diable- rets, il m'écrivit une longue lettre dans liquelle il me mandait qu'il était tombé daus un vériiable paradis de Roses, que les buissons y pullulaient, que les espèces 85 rares et les hybrides y croissaient en riches colonies, qu’il y avait fait déjà de telles récoltes que tout son papier était employé et que j’eusse à lui faire expédier immédiate- ment de Genève une abondante provision de matériel à dessécher. En considérant le ballot de papier qui restait inemployé aux Diablerets, où je n’avais presque rien à mettre entre les màchoires de mon sécateur, j'enviais l’heureux sort de mon correspondant, auquel je fis faire un envoi immédiat par dépêche télégraphique. M. Gaillard me disait que son nouveau champ d’explo- rations était d’une richesse de beaucoup supérieure à celle du Suchet. C’est ce qui me fut facile de constater en recevant les Roses qu’il avait recueillies. Pendant la saison prochaine, M. Gaillard va revoir toute cette contrée si favorisée et y préparer en fleurs les espèces qu'il n’a pu récolter qu’en fruits. Ses nouvelles récoltes me per- mettront de distribuer largement un assez grand nombre de formes intéressantes dont je n'ai pu envoyer, à mes correspondants, que de bien maigres spécimens. M. Gail- lard se propose d'étendre ses excursions pendant la pro- chaine campagne, afin d'embrasser, dans ses recherches, quelques montagnes qu'il n’a pas encore visitées. Voilà un nouveau collaborateur dont j'attends beaucoup, qui ne fera grâce à aucun buisson et qui marchera sur les traces de M. F. Bernard, mon infatigable collecteur du Dau- phiné. Mon intention n’est pas de détailler les découvertes faites par mon correspondant et d’en citer les localités, cela m'entrainerait trop loin. Qu'il me suffise de dire qu'il a observé, sous des variations intéressantes, les R. mollis Sm., R. omissa Déségl., R. tomentosa Sm., R. glauca Vill., R. corüfolia Fries, R.rubrifolia Vill., R, alpina L., 84 qu'il a retrouvé en maints endroits les R.salaevensis Rap., R. spinulifolia Dem., R. vestita God., R. alpina X rubri- folia, qu'il a recueillile R. glauca X tomentosa, nouvel bybride pour le Jura et qu'il a enfin mis la main sur une forme qui pourrait fort bien être le R. glauca X rubri- folia. Je parlerai de quelques-unes de ses récoltes dans les paragraphes concernant les espèces ou les hybrides qui seront traités dans la deuxième partie de ce travail. IX. Canton de Fribourg. (Recoltes de M. F. Jaquet.) M. Jaquet, instituteur à Châtel-sur-Montsalvens, est devenu promptement l’un de mes plus zélés collabora- teurs. En 1895, ayant vu dans l'herbier de M. Jaccard, d’Aigle, quelques échantillons de Rosa recueillis aux envi- rons de Chätel-sur-Montsalvens par M. Jaquet, l'idée me vint d'engager celui-ci à me récolter toutes les formes intéressantes de sa contrée. Ma proposition lui plut et il commença sa campagne de 189% en suivant le programme de recherches que je lui avais dressé. Le canton de Fribourg est connu depuis longtemps des rhodologues. C’est lui qui a fourni à l’abbé Dematra les éléments d’un petit opuscule curieux intitulé : Essai d'une monographie des Rosiers indigènes du canton de Fribourg, publié en 1818, dans lequel se trouve la description d'un des premiers hybrides du genre Rosa, le R. spinulifolia, découvert par lauteur à Chätel-sur- Montsalvens. Ce même canton a fait plus tard l’objet de recherches longues et perséverantes d'un autre rhodologue 85 très distingué, mon excellent ami M. le chanoine Cottet, de Gruyères. Celui-ci, pendant un long séjour à Mont- bovon, avait recueilli toutes les Roses des montagnes des alentours et en avait largement distribué des spécimens à ses correspondants, parmi lesquels j'étais heureux de compter. Ses découvertes ont été utilisées par Déséglise dans son Catalogue raisonné. Du reste, M. Cottet avait lui-même décrit ses trouvailles dans les Bulletins de la Société Murithienne, en associant plusieurs fois son nom à celui de son ami le D° Lagger, de Fribourg, avec lequel il avait fait maintes excursions dans le canton. En 1891, M. Cottet a donné une monographie détaillée des Roses du canton dans le Guide du botaniste dans le canton de Fribourg, qu'il a publié avec M. Castella. Cette monographie, qui comprend 74 pages de l’ouvrage, ren- ferme la description de 85 espèces indigènes. Ce nombre d'espèces dépasse de beaucoup celui que j'admets pour le genre tout entier, Ce qui tient à ce que l'auteur a envisagé les espèces de son canton avec les principes adoptés par Déséglise, Ripart, Puget et tant d’autres spécialistes qui avaient eru avoir trouvé, dans des différences de minime valeur, des caractères spécifiques. Ces principes avaient conduit ces botanistes à distinguer spécifiquement de sim- ples variétés et mème assez souvent de simples variations individuelles. Quoi qu'il en soit, mon savant ami M. le chanoine Cottet a eu le mérite d’attirer l'attention sur une foule de formes assürément curieuses et qui servent très utile- ment à interpréter plus complètement les espèces véritables. Parmi les Roses intéressantes du canton de Fribourg décrites par M. Cottet, on peut citer: R. alpestris Rap. sec. Cottet, R. Laggeri Pug., R. Dematranea Lag. et Pug., 86 R. similita Pug. sec. Cottet, R. Cotteti Pug., R. murginata Rap. non Wallr., R. collivaga Cottet, R. proxima Cottet, R. friburgensis Lag. et Pug., puis les hybrides À. spinu- lifolia Dem. et R. vestila God. Après les recherches si patientes et si heureuses du chanoine de Gruyères, il était bien difficile à M. Jaquet de découvrir du nouveau. Îl est cependant parvenu à trouver quelques nouveautés, parmi lesquelles je citerai le À. corüi- folia Vill., qui n'avait pas encore été signalé dans le canton et le n° 660 de mon /Lerbier de Roses, qui semble être un produit hybride, mais dans les ascendants me laissent encore des doutes. Ce que j'attendais de mon collaborateur, c'était sur- tout d’abondantes récoltes des formes déjà connues dans la contrée, afin de pouvoir les étudier plus complète- ment et de les distribuer aux spécialistes. C'est là une tâche que mon correspondant a remplie avec le plus grand zèle. Des récoltes faites par M. Jaquet, j'ai donné dans mon Herbier de Roses : N° 649. R. alpina X lomentosa (var. du groupe R. vestila God.). N° 650. R. alpina X lomentosu (var. du groupe À. spinulifolia Dem.). No 651. R. Cotteti Pug. N° 652. R. pomifera Terrm, Nos 653 et654. R.pomifera Herrm.(var. R. friburgensis Lag, et Pug.). N° 655. R. tomentosa Sm. (var. R. collivaga Cottet). Nes 656, 657 et 658. R. micrantha Sm. var. N° 659. R. Laggeri Pug. LL 35,3 RE: APPART, No 675. R. glauca Vill. var. Nos 676 et 677. R. tomentosa Sm. var. Le R. Cotteti a été décrit la première fois par M. Cottet dans les Bulletins des travaux de la Société Murithienne pour l’année 1874, et l’auteur lui attribuait pour parrains 87 Lagger et Puget. En 1877, Déséglise, dans son Catalogue raisonné, p. 249, n° 287, décrit la même Rose comme étant inédite en ne Îa signant que du seul nom de Puget. Plus tard, dans son Guide, M. Cottet ne fait aucune allu- sion à sa première description de 1874 et s'en réfère uniquement à la description de Déséglise. Les échantillons du R. Cotteti recueillis en 1867 que m'avait envoyés Puget lui-même, sont accompagnés d'une étiquette portant le seul nom de Puget, comme du reste la description manuscrite de l'espèce que Puget m'avait communiquée avant même la publication de la description faite dans les Bulletins de la Société Murithienne. Quoique Puget soit en réalité le seul auteur de cette dénomination spécilique, la deserip- tion originale impose l'association du nom de Lagger à celui de Puget. Déséglise indiquait deux localités pour le R. Cotteli, mais il n’y en a qu'une seule d’après ceque m'a mandéM. Cotiet, celle des Cases d'Allières, où cette forme croit dans Île voisinage des À. glauca Vill. et R. tomentosa L. M. Jaquet en a trouvé une deuxième habitation fort éloignée de la première, au Champ Motté au-dessus de Villariaz, à 6 kilo- mètres au sud-ouest de Romont. Il n'existe qu'un seul buisson dans cette localité, où M. Jaquet a remarqué la présence des R. tomentosa, R. micrantha, R. tomentella, R. canina, et R. alpina, mais pas celle du RÀ. glauca. La forme de Villariaz me parait tout à fait identique à celle des Cases d’Allières et je suis porté à la considérer avec celle-ci comme un produit hybride des À. glauca et R. tomentosa devant être assimilé au À, marginata Rap. von Walir. Le R. collivaga Cottet est une curieuse variété du R. tomentosa Sm., qui jusqu’à présent n’avait été repré 88 sentée que dans quelques rares herbiers, M. Cottet l'avait découvert dans deux localités ; M. Jaquet l’a retrouvé à La Tine, qui est donc une nouvelle habitation. Sous les n* 656, 657 et 658, j'ai donné trois variétés ou variations du À. tumentosa Sm., sans chercher à les identifier ou à les rapprocher de l’une ou l’autre variété décrite. J’ai donné, dans mon Herbier de Roses, bien d’autres n* du À. tomentosa avec la seule indication de variété. Si, jusqu'à présent, j’ai laissé tous ces n°* sans chercher à en préciser les variétés, c’est que je suis encore en quête d’une classification naturelle des nombreuses for- mes du type de Smith. J'ai bien proposé, il y a quelques années (Prim., fase. VI), une classification de ces formes, mais cette classification est tout à fait artificielle et ne tient pas compte des affinités naturelles. J'ai tout lieu d'espérer que des recherches approfondies amèneront un jour un arrangement naturel et que le groupe du À. tomentosa se décomposera même peut-être en plusieurs espèces subor- bonnées, comme cela est arrivé pour le groupe du R. canina; mais actuellement je ne pense pas qu'un spécialiste soit encore parvenu à découvrir les bases sur lesquelles puisse reposer la classification depuis si longtemps recherchée. Voilà des années que mes cor- respondants me soumettent une foule de formes du R. tomentosa, S'attendant à me voir appliquer à chacune d'elles soit un nom de variété, soit un nom spécifique adopté par les spécialistes qui ont démembré le type de Smith,maisje me suis bien gardé de tenter de faire ces sor- tes d'identifications, qui ne sont du reste guère possibles, et qui sont souvent vaines. Déséglise, Ripart et bien d’au- tres ont élevé au rang d'espèce de multiples formes du R. tomentosa, mais ces créations spécifiques sont des 89 conceptions purement artificielles basées sur des différen- ces ou des ressemblances sans valeur réelle. En ne consul- tant que les descriptions de ces prétendues espèces, on peut arriver à croire à la possibilité de ces identifications, s'imaginer qu'on a trouvé des formes identiques à celles décrites par les auteurs, or il arrive presque toujours que ces identifications sont fausses. C’est ce que j’ai constaté des centaines de fois en rapprochant les formes identifiées d'échantillons authentiques. Autre chose, c’est que les auteurs de ces prétendues espèces ne parviennent pas eux- mêmes à établir des identifications rigoureuses quand ils cherchent à identifier certaines formes au buisson primitif sur lequel ils ont établi leur description. Cela se com- prend, quand on connait la métho'e de ces créateurs d'espèces. Une variation les a frappés par certaines particu- larités; croyant avoir affaire à une espèce, ils lui ont imposé un nom spécifique et en ont donné une descrip- tion très détaillée souvent plus riche en caractères qu'une espèce véritable et de premier ordre. Postérieurement, ils ont découvert un autre ou plusieurs autres buissons qui leur paraissaient identiques au buisson original et se sont empressés d'identifier. De là, il en est résulté des groupes micromorphes qui paraissaient être autre chose que de simples variations et posséder une aire de distribution à la facon des espèces véritables. Ces groupes, je le sais de longue expérience, sont au fond des assemblages de choses disparates et qui n'ont de cohésion apparente que dans les livres, mais nullement dans la nature. Dans ces con- ditions, l'identification des micromorphes est un travail presque toujours vain et du reste absolument impossible aux botanistes qui ne possèdent pas les types authentiques des formes décrites. Encore, comme je l'ai déjà dit, il 90 faut des spécimens authentiques provenant du buisson pri- mitif qui a servi de base à la première description. En l'absence de ces spécimens authentiques, le rhodologue prudent doit s'abstenir de toute identification et de tout rapprochement. Les n° 656, 657 et 658 sont des variétés du R. micran- tha Sm. Peut-être l’une d'elles représente-t-elle la forme que M. Cottet a décrite sous le nom de R. similila Pug. et qu'il dit très voisine du R. tomentella Lem. Malgré la description très détaillée de cet auteur, je me garde bien de me prononcer en l'absence d'échantillons étiquettés par M. Cottet lui-même. Ce que je puis dire, c’est qu'aucun des n° précités ne peut être identifié au vrai R. similita de la Savoie, qui n’est lui aussi qu’une simple variété du R. micrantha. Soit dit en passant, certaines variations du type de Smith simulent à s’y méprendre le R. tomentella. Le À. Laggeri Pug. a été décrit pour la première fois en 1875 par Déséglise dans les Mémoires de la Société acadé- mique de Maine-et-Loire, puis, en 1877, dans son Catalo- que raisonné sans qu'il füt fait allusion à la première description. À son tour, M. Cottet en a publié une descrip- tion,en 1874, dans les Bulletins de lu Société Murithienne. Dans son Catalogue raisonné, Déséglise attribue trois loca- lités au R. Laggeri, or d'après ce que m’a fait connaitre M. Cottet, une seule de ces localités est vraie, celle de la Tine près Monthovon; seulement M. Cottet me mandait qu'il avait retrouvé le R. Laggeri dans une deuxième loca- lité dans la vallée de Vers-Champs au-dessus de Château- d’Oex, où il en existe deux beaux buissons parfaitement identiques, dit-il, à ceux de La Tine. A la Tine, le R. Laggeri était représenté par trois grands et beaux buis- sons un peu distants les uns des autres, au voisinage 91 desquels se trouvaient, entre autres, les R. glauca et R. lomentosa. Je ne viserai ici que le R. Laggeri de La Tine, dont M. Cottet m’a envoyé, à plusieurs reprises, de nombreux spécimens en fleurs et en fruits et que M. Jaquet a récolté là à son tour : je n’ai pas vu d’échan- tillons des environs de Chàteau-d’Oex. Dans son Catalogue raisonné, Déséglise range le R. Lag- geri dans le groupe Hispidae de la sect. Caninae au voisinage de R. fransmota Crép., R. psilophylla Rau, R. Aunieri Cariot, qui sont, pour moi, des Z. gallica X canina. Le groupe Hispidae de Déséglise est un groupe artificiel constitué des choses les plus disparates, ce qui m'engage à n’accorder aucune considération à l'opinion qu'a pu avoir Déséglise sur la Rose de La Tine. M. Cottet, dans son Guide, p.154,s’est laissé influencer par Déséglise en adoptant, pour cette Rose, un classement analogue au précédent. En 1869, dans le premier fascicule de mes Primiliae, j'avais classé le R. Laggeri dans le groupe du R. tomentosa, classement bien différent de celui de Désé- glise et de M. Cottet. Comme on va le voir, mon opinion d'alors ne parait pas avoir été trop éloignée de la vérité. Dans ÂLes excursions rhodologiques en 1890, p. 55, j'avais cru pouvoir rapporter le À. Laggeri au R. Chavini Rap., mais c'était là une identification surlaquelle j'ai dü revenir. Le R. Laggeri est-il une forme légitime ou bien n’est- il pas un hybride? Ce qui aujourd’hui me fait incliner vers l’idée d'hybridité, ce sont des caractères ambigus qui tantôt donnent limpression d'une variété glabre du R. tomentosa, tantôt celle d’une variété du R. glauca. Il me semble que ces caractères sont le résultat d’un croise- ment hybride entre ces deux dernières espèces. Je n'entreprendrai pas ici une discussion sur ces caractères, 92 me bornant à exprimer mon opinion actuelle sur cette forme litigieuse et me réservant d'en reparler dans la deuxième partie de mes Études sur les Roses hybrides. Le n° 660 de mon Herbier de Roses est une forme extrêmement embarrassante, En ayant vu un spécimen recueilli en 1892 dans l’herbier de M. Jaquet, je fus forte- ment intrigué par les caractères de cette Rose, sur laquelle j’attirai l’attention de mon correspondant. Celui- ci fit, l’an dernier, deux voyages au Gastlosen, à 4 heures de marche de Châtel-sur-Montsalvens, pour retrouver cette Rose et en recueillir des spécimens. Un seul buisson en existe. À quelque distance, se trouvent plusieurs pieds malingres du À. abietina Gren., le R. alpina L. et un buis- son du À. tomentosa. Le R. glauca n'existe que sur la montagne opposée au Gastlosen, où se retrouve également le À. tomentosa. A première vue, la Rose du Gastlosen fait penser à une variété du R. tomentosa par la forme et l’aspeet de ses folioles, par la forme de ses aiguillons, mais la forme de ses stipules n'est point celle de ce type et il y a, en outre, dans l'aspect général, quelque chose qui fait naître des doutes sur l'identité possible de cette Rose avec le type de Smith. Je ne suis pas éloigné de penser que nous nous trouvons là en présence d’un R. glauca X tomentosa assez pubescent. Si certains réceptacies fructifères sont assez bien développés, beaucoup ont l'air d’être plus ou moins arrêtés dans leur fructification, à akènes peu nombreux. A en juger d'après l'échantillon recueilli en 1892, la corolle est d’un rose assez vif. Je me garde bien d'affirmer dès maintenant que ce n° 660 est un À. glauca X tomen- losa; je me contente d'exprimer mes soupçons. Plus tard, il me sera peut-être donné d'élucider la question d'identité. 95 X. Département de l’Isére. (Récolles de M. F. Bernard.) En 1894, M. Bernard en était à sa quatrième campagne rhodologique. Cette campagne rivalise avec les précéden- tes pour l’abondance des récoltes et pour l’intérêt des for- mes découvertes. Ce passionné et actif collecteur a fait deux nouvelles courses dans l’Oisans, où les formes sont si intéressantes. Sur mes instances, il a exploré la vallée de Huez, afin de rechercher le R. alpicola Rouy. Il à recueilli dans cette vallée plusieurs espèces fort intéres- santes, mais il n'est pas parvenu à mettre la main sur le R. alpicola. Il compte renouveler ses recherches pendant la prochaine saison. Ce qu'il a découvert de plus curieux en 1894, c’est la forme que j’ai donnée dans mon Herbier de Roses sous le no 668. Un paragraphe spécial sera consacré à cette forme. 1! a recueilli à Prunières une forme très intéressante du groupe du À. Deseglisei Bor. (n° 675) qui, comme le n° 577, trouvé par lui aux Troussiers (Villard-S'-Christo- phe), a les pédicelles et les réceptacles densément hispides-glanduleux. Jusqu’à ces deux découvertes, on ne connaissait en Europe aucune forme du groupe R. Dese- glisei présentant ce caractère de glandulosité aussi mar- qué. Seuls les pédicelles présentaient quelques glandes peu nombreuses. Dans les montagnes du Caucase, les formes du groupe R. Deseglisei à pédicelles et réceptacles densément hispides-glanduleux sont assez fréquentes. Cette glandulosité imprime à ces formes un cachet très remarquable, 4 Le n° 674 rapporté au R. abietina Gren. fera l'objet d’observations lorsque je traiterai à nouveau le type de Grenier, qui réclame un supplément d’études. Les formes du Dauphiné semblent assez différentes de celles de la Suisse. Malgré la distinction bien claire que j'ai établie entre le R. abietina Gren. (R. Dematranca Lag. et Pug.) et le R. uriensis Lag. et Pug., ce dernier a encore été récemment publié dans l’exsiccata de M. Magnier sous le nom de R. abietina Gren. Cette confusion provient de ce que le collecteur avait continué à partager une confusion d'espèces faites autrefois par un monographe suisse. Quand il s’agit de genres dits critiques, les éditeurs d’exsic- cata agiraient sagement, avant de publier un n°, de con- sulter un spécialiste. Ils ne risqueraient pas ainsi de propa- ser des erreurs bien regrettables et qui troublent ceux qui croient ne trouver dans les’ collections que des formes dénommées avec tout le soin réclamé aujourd'hui par la science. M. Bernard a découvert à Comboursière (commune de St-Honoré) plusieurs buissons du R. Sabini Woods (R. pimpinellifolia X tomentosa). Les spécimens qu'il m'en avait adressés étaient suffisamment nombreux pour que j'aie pu en former un nombre de parts suffisant pour l'Herbarium Rosarum du D° Pons, mais malheureu- sement le colis postal qui les renfermait a été égaré et n'est point parvenu à l'éditeur. Je saisis ici l’occasion de signaler la découverte faite en 1894 par M. B. Breton du R. Sabini Woods à S'-Mihiel, où il en existe plusieurs colonies. C'est là une nouveauté bien intéressante pour le département de la Meuse. Mais si ce département s'ajoute à Paire de distribution en France de cette Rose, on doit probablement biffer un Jo autre département de cette aire géographique. I s’agit du département de la Sarthe, où cet hybride avait été signalé sur la foi de spécimens conservés dans l'herbier de J, Gay (conf, Crépin Rosae hybridae, p. 45). Voici ce que m'écrivait au sujet du À. Sabini de la Sarthe, à la date du 16 janvier de cette année, M. le professeur Gentil, du Mans : « Je pense aujourd'hui que les spécimens de « l'herbier Jacques Gay recueillis par Lemeunier, pro- « viennent tout bonnement du jardin de ce dernier. En « effet, Desportes, dans son Rosetum gallicum, p. 20, « indique que le R. Sabini Woods a été introduit en « France en 1823. Lemeunier qui vivait à cette époque, « grand amateur de Roses, devait naturellement se procu- « rer autant que possible les nouveautés, et à ce titre le « À. Sabini ne pouvait manquer d’attirer son attention. « C’est après l'avoir introduit dans son jardin et l'avoir « cultivé qu'il en a mis des exemplaires dans son herbier. « Son ami Desportes procédait de la même facon, et « Madame Desportes, sa veuve, que je connaissais il y a « une vingtaine d'années, m’a fait un jour cette confidence «que l’herbier de son mari contenait bien des plantes « prises dans son jardin. La spontanéité du R. Sabini dans « la Sarthe me parait bien douteuse, pour ne pas dire plus. » La remarque de M. Gentil à d'autant plus de poids à mes yeux que ce botaniste s'occupe, depuis plusieurs années, de l'étude des Roses de la Sarthe, qu’il connaît fort bien. Autrefois, on le sait, les collectionneurs de plantes enri- chissaient parfois leur herbier d'une façon quelque peu frauduleuse avec des produits de jardins inserits comme plantes spontanées. Ils ne se rendaient pas compte de la gravité de ces faux, qui maintes fois ont donné lieu à des erreurs de géographie botanique bien embarrassantes. 96 XI. Le Saléve et les Voirons. (Reécoltes de M. Ph. Paiche). Ce n'est qu'assez récemment que j'ai fait la connais- sance de M. Ph. Paiche. Quand j'ai traité les Roses du Salève, je ne me doutais aucunement que ce bota- niste füt un rhodologue et qu'il était à même de me fournir de très utiles renseignements non seulement sur le Salève, mais encore sur les Voirons. L'an dernier, lors des fêtes botaniques qui ont eu lieu à Genève, j’ai eu le plaisir de lui faire visite et d’examiner toute la collection des Roses de son herbier. Il me fit voir ses dernières récoltes qui m'ont réellement émerveillé par la belle pré- paration des spécimens et par la rareté de quelques formes. Il a eu, à l’automne dernier, la générosité de me faire une large part dans ses trouvailles. A cette époque, ma notice sur Les Roses du mont Salève n’avait pas encore paru et J'avais compté y intercaler les découvertes de M. Paiche, mais comme la composition typographique de ma notice se trouvait déjà faite, j'ai été empêché d’intro- duire les intercalations en vue. M. Paiche a découvertsur le Salève une nouvelle variété du À. alpina X omissa, dont il sera question plus loin, une nouvelle habitation du très rare À. sabauda Rap. et diverses variations très curieuses du R. Sabini Woods. Sur les Voirons, dont il a commencé l'exploration appro- fondie, il a trouvé, entre autres formes, le R. alpina X omissa, puis le À. mollis Sm., pere qui est absolument étrangère au Salève. 97 Puisque je viens à parler des Voirons, je dois rectifier une erreur concernant le R. pimpinellifolia X alpina que j'ai signalé sur cette montagne d’après des spécimens ainsi nommés par Puget. Ayant lu cette indication dans mes Rosae hybridae, M. Paiche me demanda si réellement j'avais vu les spécimens de Puget et il m’apprenait que jusqu'ici il n'avait jamais observé le R. pimpinellifolia sur les Voirons. Cet avis me fit immédiatement réexaminer les échantillons envoyés par Puget, or il s’est trouvé que ceux-ci, simulant admirablement certaine forme du R. pimpinellifolia X alpina, n'étaient réellement qu'une variété du R. alpina. Ce mimétisme et la fausse détermi- nation de Puget m’avaient induit en erreur. Les matériaux que m'a si généreusement envoyés M. Paiche tant du Salève et des Voirons, que des environs de Genève et du Valais, seront l’objet de remarques dans la suite de ce travail. XII. OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES. Rosa montana Chaix et R. glauca Vill. En 1890, dans Mes excursions rhodologiques, j'ai très longuement parlé des À. montana Chaïix, R. glauca Vill. et R. Chavini Rap. J'avais attiré l'attention sur quelques formes litigieuses dont le classement rendait l'observateur très perplexe. ù Depuis cette époque, j’ai poursuivi l'étude de ces espèces, dont les matériaux s'étaient fortement accrus dans mon herbier, 98 Aujourd'hui, je me vois forcé de reprendre la discus- sion sur les caractères de ces espèces, dont les limites étaient restées plus ou moins vagues, et d'examiner à nouveau ces formes litigieuses qui paraissent relier le R. montana au R. glauca. J'ai soumis les très nombreux matériaux de mon herbier à une revision sévère. Cette revision, qui a exigé beau- coup de travail, est, je dois l'avouer, encore assez loin d’avoir dissipé mes doutes sur les formes litigieuses dont il est ici question, mais elle m'a permis de séparer du vrai R. montana plusieurs variétés faussement attribuées à ce type. Sices formes litigieuses ne venaient point s’interposer entre les R. montana et R. glauca, la distinction de ces deux espèces ne présenterait point de difficultés sérieuses même sur des matériaux d’herbier, mais elles viennent malheureusement troubler l’observateur dans l'emploi des caractères distinctifs préconisés pour séparer ses deux espèces. Jusqu'à présent, il avait semblé que les seuls carac- tères tirés de la forme des aiguillons et des feuilles pouvaient suffire pour distinguer ces deux types. Le R. montana devait présenter des aiguillons plus ou moins droits et des folioles ovales-arrondies à paires assez lar- sement écartées les unes des autres, tandis que le À. glauca devait se caractériser par des aiguillons plus ou moins crochus et par des folioles ovales, plus allongées, à paires assez rapprochées les unes des autres. Ce sont bien là des différences assez constantes, mais les exceptions ne sont pas très rares. Celles-ci m'ont obligé de rechercher d'autres caractères distinctifs négligés par les auteurs ou à peine soupconnés par ceux-ci. 99 L'un de ces derniers caractères est celui tiré du nombre des fleurs dans l’inflorescence, Pour établir ce caractère, je n'ai maintenu, dans mon herbier, sous le nom de À. montana, que les formes qui par l'ensemble de leurs caractères m'ont paru être de vrais R. montana). _ Celui-ci, qu'il soit représenté par des variétés macro- phylles ou microphylles, qu’il ait des folioles églanduleuses ou glanduleuses sur les nervures secondaires, présenté un facies bien distinet des formes habituelles du R, glauca. J’ai compris dans le À. glauca non seulement toutes les variétés qui peuvent être sürement attribuées à ce type, mais encore les formes litigieuses à aiguillons sem- _ blables à ceux du R. glauca, et dont les autres caractères mont paru plutôt être ceux de cette espèce que ceux du R. montana. Dans le tableau ci-dessous, j'ai ajouté, pour servir de point de comparaison, la statistique concernant les R. Cha- vini Rap. et R, rubrifolia Vill. (2). Sur 1262 ramuscules, le R. montana a présenté 1106 ramuscules uniflores et 156 ramuscules pluriflores. Le ramuscule 8-flore peut être considéré comme un.cas plus (1) Je n’ai pas même compris dans la statistique florale quelques formes distribuées par moi sous le nom de R. montana et qu'on fera bien de tenir provisoirement comme un peu douteuses. Ces formes sont les ner 477, 478, 479, 480, 591, 502, 610, 611 et 662 de mon Herbier de Roses et les n° 264, 283, 284, 293 et 294 du carnet de M. Bernard. (2) Pour qu’une statistique quelconque puisse donner des résultats vrais, il faut qu’elle soit basée sur des faits suffisamment nombreux de facon à échapper à la prépondérance accidentelle des cas exceptionnels. lci les cas exceptionnels sont noyés dans la masse et ce qui le prouve c’est la proportion des inflorescences uniflores ét pluriflores qui reste à peu près la même dans les divers fascicules de mon herbier. 100 | INFLORESCENCES. | = | = | = JE =: — | Qi | 5 R. montana .11106| 99! 48 R.glauca. .1547011458|1130 240,34 R.Chavini .11277| 284| 293) 44 1: 1 i 1277| 56% | fe TR | | |: | 1106! 15€ | rage 17115 A4 4141 1 5470290 R. rubrifolia.| 225] 258) 290| 95,47 47134 15 9/12! 7] 4] 2, 4) 2] 1 11 225] 83 ou moins monstrueux. Sur 8375 ramuscules, le R. glauca a présenté 5470 ramuscules uniflores et 2905 ramuscules pluriflores. Sur 1839 ramuscules, le R. Chavini a pré- senté 1277 ramuscules uniflores et 562 ramuscules pluri- flores. Enfin sur 1056 ramuscules, le R, rubrifolia à présenté 225 ramuscules uniflores et 851 ramuscules pluriflores(1), Comme on peut le voir, l’inflorescence du R. montana est fréquemment uniflore ; dans le À. glauca, elle est sou- vent pluriflore, de même que dans le R. Chavini; dans le R. rubrifolia, l'inflorescence uniflore est relativement assez rare (2). (1) Pour des recherches qui exigent l’examen et la comparaison d’un très grand nombre de spécimens, il importe d’avoir sous la main une collection considérable. Au cours d’une étude quelconque, peut se pro- duire inopinément la nécessité d’une vérification qui, faute de matériaux, devrait être remise à plus tard pour être faite sur le vif. Dans l’immense collection que je forme depuis plus de 30 ans et que je ne cesse d’enri- chir (elle compte actuellement près de 38,000 feuilles d’herbier), je puis à tout instant trouver des éléments pour élucider des points douteux ou pour appuyer des aperçus nouveaux. Pour l’étude des espèces d’un rang secondaire, le rhodologue ne saurait jamais avoir trop de matériaux à consulter. (2) Reynier, en raison du nombre de fleurs de l’inflorescence, avait donné le nom de Rose multiflore au R. rubrifolia. 101 Dans les descriptions qui ont été données des espèces précitées, on y reconnait bien que leurs auteurs avaient soupconné une différence dans la composition de l'inflo- rescence, mais sans attacher de valeur au caractère qu’on pouvait en tirer. J'estime que ce caractère a une certaine importance, qu'il doit en être tenu compte; malheureuse- ment les exceptions rendent son emploi peu pratique ou exige de l'observateur beaucoup de prudence. On pourrait en dire autant du caractère à tirer des stipules et des bractées. Dans le R. montana, les stipules supérieures et les bractées sont plus courtes et moins dilatées que dans le R. glauca; habituellement, elles ne dépassent pas ou dépassent peu la base des réceptacles, tandis que dans le R. glauca elles dépassent le sommet des réceptacles et cachent plus ou moins complètement les pédicelles. Il y a là une différence assez constante entre les deux espèces, mais comme ce n’est que du plus ou du moins dont on n’est frappé que par la comparaison de matériaux assez nombreux, le caractère est d’un emploi peu sur. Reste maintenant les autres caractères préconisés par les auteurs: forme des feuilles et des aiguillons. La forme des folioles et l’écartement de leurs paires pré- sentent assûrement des différences assez frappantes entre les deux espèces, mais hélas encore ici c'est du plus ou du moins qui n’offre pas le moyen de distinguer avec cer- titude certaines formes embarrassantes qui semblent vacil- ler entre les deux espèces. Si les aiguillons sont toujours plus ou moins droits dans le R. montana, à pointe droite perpendiculaire aux axes ou un peu oblique, si dans le R. glauca, ils sont presque toujours plus ou moins crochus, il existe des formes à 102 aiguillons droits comme dans le R. montana, mais dont les autres caractères paraissent être ceux du R. glauca. Ces dernières formes viennent donc en quelque sorte nous enlever l’un des meilleurs caractères distinctifs employés pour séparer le R. montana du R. glauca. Avant d'examiner quelques-unes de ces dernières formes, je vais parler de certaines variétés que j'avais rapprochées du À. montana et qui sont ou paraissent être des variétés du R. glauca. Le R. burmiensis Cornaz (Conf. Herbier de Roses, n°s 45, 46, 47 et 48), variété assez répandue aux environs de Bormio, appartient vraisemblablement au R. glauca et non pas au À. montana comme je l'avais pensé. Ses inflorescences sont, il est vrai, souvent uniflores (dans mon herbier, sur 98 ramuscules, il y en a 78 uniflores, 12 biflores et 8 triflores), mais les stipules supérieures paraissent bien être celles du R. glauca; en outre, les folioles, qui sont à paires rapprochées, n’ont pas la forme caractéristique de celles du À. montana ; enfin les aiguil- lons tout en étant grèles ont une tendance à devenir crochus. M. Cornaz a été tenté d'y voir un hybride : R. caryophyllacea (Levieri) X montana. Le Rosa des Canaries que j'avais rapporté avec doute au R. montana, n'appartient pas décidément à ce type; c'est sans doute une variété du À. glauca, comme aussi une forme des Nebrodes (Passo della Botte) dont j'ai parlé dans la Flora Sicula de M. Lojacono Pojero, t. I, part. 2, p. 186 (1). J'en arrive maintenant aux variétés litigieuses à aiguil- (1) La flore de Sicile devra donc comprendre une espèce de Rose en plus, le À. glauca Vill., qui n’avait pas encore été signalé dans cette île. $ : 105 lons droits ou plus ou moins droits auxquelles j'ai fait allusion. Des environs de Villard-de-Lans, j'en possède toute une assez nombreuse série que leurs collecteurs m'ont envoyée sous divers noms. L'une de ces formes est bien connue, c'est le R. Ravaudi Boullu. Tout en rapportant une autre forme au À. montana, M. l'abbé Ravaud reconnaît qu’il n’a jamais observé, dans les environs de Villard-de-Lans, le ÆR. montana typique tel qu'il l’a rencontré dans le département des Hautes-Alpes. Parmi les variétés de Villard-de-Lans, ce que j'ai vu de plus voisin du vrai À. montana est le R. Ravaudi et celui-ci ne me semble pas pouvoir être identifié au type de Chaix. M. l'abbé Boullu,le créateur du R.Ravaudi,m’a envoyé des échantillons provenant de Villard-de-Lans avec le nom de R. montana Chaix? constituant des formes voisines de son R. Ravaudi. D'autre part, M. l'abbé Ravaud m'a adressé d'autres variétés chez lesquelles les aiguillons sont pour le moins aussi droits que dans le À. montana et que je suis tenté de considérer comme des variétés du R.9lauca très voisines du R. montana var. pseudo-marsica Burn. et Gr. des Alpes-Maritimes. J’ai donné l’une de ces variétés litigieuses de Villard-de-Lans sous le ne 220 de mon Herbier de Roses. M. l'abbé Ravaud m’a donné celle-ci avec le nom de R. commutata. Il est à remarquer que toutes ces variétés présentent habituellement des pédicelles remarquablement allongés et non courts comme dans les formes ordinaires du R. glauca. Les inflores- cences de ces variétés présentent une proportion moyenne entre les uniflores et les pluriflores voisine de celles du R. glauca. Sur 189 ramuscules, il y en a 135 uniflores et 56 pluriflores (25 2-f., 52 5-f1., 1 4-f1.). 104 Ce n’est pas seulement aux environs de Villard-de-Lans qu’existent ces formes douteuses à aguillons simulant ceux du À. montana; j'en possède d’autres localités du départe- ment de l'Isère, puis des environs de Chamounix, de divers points du Valais, ete. Je suis à me demander si cette forme des aiguillons n’est point purement accidentelle, tout à faitexceptionnelle, ou s’il faut y voir l'indice d’une espèce secondaire mécon- pue venant s’intercaler entre les R. montana et R. glauca. Une autre question pourrait se poser à leur propos et qui est celle-ci. Ne devrait-on peut-être pas voir dans ces formes litigieuses à aiguillons plus ou moins droits de véritables variétés de transition rattachant intimement le R. montana au R. glauca, qui, par ce fait, ne constitue- raient plus deux types secondaires isolés l’un de l’autre ? On pourrait encore émettre une troisième supposition, celle de voir dans ces variétés litigieuses des hybrides provenant du croisement du R. montana avec le R. glauca. Étant donnée l'obscurité qui règne encore sur les carac- tères distinctifs de ces deux espèces, ii serait extrêmement difficile de distinguer à quels signes on pourrait recon- naitre cet hybride. Mon sentiment actuel, après les longues recherches que j'ai faites, c'est que ces formes litigieuses ne sont probablement que des variétés du R. glauca; ce sentiment s'appuye sur l'existence d’assez nombreuses variétés à aiguillons crochus que je rapporte au À. glauca et dont l'ensemble des caractères me parait être le même que celui de ces formes litigieuses. Ces variétés s'observent cà et là dans le massif des alpes centrales, dans l’aire géo- graphique du À. montana En 1894, aux environs de Randa, quelques buissons de ce groupe de variétés m'en 105 avaient imposé et j'y avais tout d’abord vu une variété du R. montana. Ces buissons m’ont fourni les n° 54, 41 et 51 de mon carnet. M. Christ avait recueilli, en 1884, au-dessus de Zermatt, une semblable variété qu’il avait nommée dans son herbier R. montana var. frondosa. (e même botaniste avait récolté en 1856, entre Herbrigen et Randa, une autre variété qu'il a décrite (Ros. d. Schw., p. 179) sous le nom de R. montana f. latibracteata. Le R. mon- tana var, marsica Burn. ?t Gr. des Alpes-Maritimes appartient à ce même groupe de variétés du R. glauca. Je pourrais m’étendre ici en très longs détails sur Îles nombreuses variétés du R. glauca qui s’éloignent plus ou moins du type de cette espèce, mais ces développements n’avanceraient pas la question qui fait l’objet principal de ce chapitre, à savoir la distinction spécifique des R. mon- (ana et À. glauca. Cette question délicate exigera, pour être résolue, de nouvelles et nombreuses observations sur le vif. Je me pro- pose d’en faire de très suivies dans mes prochaines excur- sions, mais je compte beaucoup sur celles qui pourront être faites par ceux de mes correspondants qui habitent les régions montagneuses où les deux espèces se ren- contrent. Îls auront à se tenir en garde contre le R. Chavini qui existe habituellement dans le voisinage du R. montana et dont les caractères simulent souvent à s'y méprendre ceux du R. montana. Un caractère certain permet de distinguer le R. Chavini des R. montana et R. glauca, c’est le non-redressement des sépales sur les réceptacles fructifères, mais ce caractère ne peut malheureusement pas se constater à l’état florifère, ce qui fait que sans les fruits certaines formes du À. Chavini restent douteuses ou peuvent être confondues soit avec le R. montana, soit 106 avec le RÀ. glauca. Plusieurs auteurs ont émis l’idée que le R. Chavini serait peut-être un À. montana X canina. C'est là une supposition qui se trouve appuyée non seulement par les caractères ambigus de cette Rose, mais encore par son voisinage à peu près constant du À. mon- tana et par son absence complète en dehors de l'aire géographique de ce dernier (1). Après avoir lu ces nouvelles remarques sur le R. montana, quelques botanistes ne connaissant pas bien les difficultés du sujet traité ici, en reviendront peut-être à l'ancienne légende de la polymorphie sans limite des espèces dans le genre Rosa. Cette légende, croyons-nous, a fini son temps dans l'esprit des spécialistes expérimentés. Remarquons qu'ils s'agit ici d'espèces d'un ordre secon- daire, et par conséquent à caractères assez faiblement accusés, et que, dans le genre Rosa, on ne trouve, dans les herbiers, comme matériaux d'examen et de comparai- son que de simples fragments d'individus, alors que pour d'autres genres on dispose d'individus entiers offrant souvent tous les éléments nécessaires pour asseoir son jugement. Les spécimens de Rosa réduits à un fragment de branche ne nous permettent pas de toujours bien apprécier la forme normale des aiguillons; d'autre part, s'ils sont seulement en fleurs, on ne peut juger de l'allure (1) Dans Mes excursions rhodologiques en 1890, j'ai tracé Paire du R,. montana. En écartant les Jles Canaries, les limites de cette aire restent aujourd’hui les mêmes, malgré les nouvelles découvertes; seulement, plusieurs habitations devront être supprimées comme se rapportant à des variétés de À, glauca prises pour du vrai À. montana. Répétons ici, en passant, que l’aire du ÆÀ. montana est bien différente de celle du R. glauca. 107 des sépales pendant la maturation; s’ils ont été pris sur une tige robuste, 1is pourront différer beaucoup d'aspect de ceux qui proviennent d’une tige délicate. Il nait de là des difficultés auxquelles on échappe dans les genres dont chaque individu peut être représenté en herbier soit par une touffe munie de plusieurs tiges, soit par une tige entière, sur lequel on trouve à la fois fleurs et fruits, Ces conditions différentes, d'un côté très favorables et de l’autre fort désavantageuses, suffisent pour expliquer en grande partie les doutes et les hésitations des rhodologues, surtout quand il s’agit d'espèces d’un rang secondaire, J'ai déjà appuyé sur ces difficultés résultant de la fragmen- tation de l'individu dans l’herbier; mais il n’est point inutile d'y revenir, afin qu’on ne perde jamais de vue combien le monographe du genre Rosa est dans une position bien moins avantageuse que les monographes traitant de genres où les espèces et leurs variétés sont représen- tées, dans les collections, par des individus nombreux et entiers. Rosa rubrifolia Vill. var. Gaillardi Crép. Malgré une aire de distribution fort étendue, le R. rubri- folia n’avait, jusqu’à ces derniers temps, offert que des variations très légères reposant uniquement sur la pré- sence ou l'absence de glandes sur les pédicelles, Îles réceptacles et les sépales, ou sur la présence, dans quel- ques cas très rares, de denticules à un certain nombre de folioles, ou sur une simple modification dans la coloration du feuillage. Quelques légères qu’eussent été ces variations, elles avaient néanmoins donné lieu à des créations spécifiques : celles-ci n'ont en réalité aucune 108 valeur (1). Jusqu'à la découverte du à. rubrifolia var. Kelleri,on ne connaissait cette Rose qu'à feuilles toujours parfaitement glabres. Cela causa un certain étonnement de la voir se présenter à nervure médiane et à pétioles plus ou moins densément pubescents. Cette variété ou variation Kelleri ne diffère du type que par cette pubes- cence; tous les autres caractères sont parfaitement iden- tiques de part et d’autre, de façon qu'il n’y a pas l'ombre d'une apparence pour invoquer un croisement hybride qui aurait pu provoquer l'apparition de la pubescence. La constance dans la glabréité des feuilles et dans le mode de dentelure des folioles semblait tellement absolue que les premiers observateurs de la variété Gaillardi ont été portés à voir dans celle-ci un produit hybride. Son inventeur M. Gaillard la croyait être un R. rubrifolia X omissa, tandis que M. Christ voulait y voir un À. rubri- folia X tomentella. L'étude attentive que j'ai faite de cette Rose sur le vif, m'a convaincu que ce n’est qu'une simple variété du type de Villars, sans la moindre trace d'hybridation. Elle se distingue uniquement du type par ses feuilles à dents composées-glanduleuses, à pétioles pubescents-glanduleux, à nervures médiane et latérales un peu pubescentes et glanduleuses. Tous les autres caractères sont bien ceux du type de l'espèce. Cette très rare variété, qui n'est encore connue que dans une unique habitation, où elle forme une large et épaisse (1) Ces variations ont donné lieu à la création des R. glaucescens Wulfen, R. guttensteinensis Jacq. et À. Jlseana Crép. Le R, diversifolia H Braun admis tout d’abord comme une espèce distincte, puis rapporté plus terd par son auteur au À. glauca, me parait être une variation un peu anormale du R. rubrifolia. 109 colonie, vient rendre la diagnose de l'espèce plus com- pliquée et par suite moins facile à appliquer. Le R. rubrifolia est un type extrêmement distinct qu’on reconnait à distance tant son cachet est particulier, mais malgré cette distinction il n’est pas aisé d'en donner une diagnose permettant de le distinguer avec une entière certitude de certaines variations du R. glauca et qui fasse ainsi éviter les confusions d’espèces aux bota- nistes non suffisamment expérimentés. C’est ce qui à été cause que le type de Villars a été signalé dans plusieurs régions où il n’existe pas. Cette difficulté de caractériser avec netteté des espèces essentiellement distinctes tient le plus souvent à l'imperfection de notre terminologie, qui ne peut rendre fidèlement certains caractères distinctifs. Tant qu'il s’agit de caractères basés sur le nombre, ou sur des proportions entre des organes différents, sur des for- mes d'organes bien tranchées, sur la présence ou l'absence de villosité ou de glandulosité, le descripteur n'est pas embarrassé et peut être aisément compris ; mais il existe d’autres caractères que malheureusement le phytographe a infiniment de peine à décrire et à faire saisir. Cette dernière catégorie de caractères a une importance qu'il ne faut pas négliger et qui souvent aide à sortir d'em- barras dans les cas difliciles. Rosa mollis Sm. et R. pomifera Herrm. L'année dernière, les environs de Randa m'ont permis de voir combien de R. pomifera peut, sur un espace assez étroit, varier d'aspect. À quelques pas d'un endroit très sec et découvert où se pressaient des colonies de for- mes naines (n° 5 de l'Herbarium Rosarum du D" Pons) 110 se trouvaient des variations robustes croissant dans du taillis entre des blocs de rochers et dont le facies était tellement différent qu’à première vue il ne pouvait guère venir à l'esprit d’y voir un simple état robuste des pre- mières. Ce n’est qu'après avoir considéré, dans le voisi- nage, d’autres variations établissant les passages entre ces deux états que l’on arrivait à la conviction de l'identité spécifique de ces formes en apparence si disparates. On conçoit qu'isolées dans les herbiers ces formes trompent sur leur nature spécifique et entrainent les descripteurs inexpérimentés à les prendre pour des types distincts l'un de l’autre. Le n° 55 de l'Herbarium Rosarum ne diffère en rien de certaines variations du À. mollis de la Scandinavie. Alors, pourquoi, pourra-t-on me demander, ne lui ai-je pas appli- qué le nom de À. mollis au lieu de celui de À. pomifera var. Cela a tenu à l'habitude que j’ai prise de considérer toutes les formes microphylles du R. villosa L. des Alpes centrales comme des variétés du R, pomifera. On connait mon opinion sur l'inanité de la distinction spécifique qu'on à voulu établir entre le À, mollis et le R. pomifera. Pour moi, ces deux prétendus types spécifiques appar- tiennent à la même espèce; ils se relient l’un à l'autre par des transitions très nombreuses sans qu’on puisse découvrir entre eux une limite essentielle soit par un caractère constant, soit par un ensemble de notes distine- tives. Je me réserve de discuter à nouveau dans tous leurs détails les caractères attribués à ces deux fausses espèces, me bornant cette fois-ci à faire quelques remarques sur les moyens de distinguer le R. villosa L. (incl. R. mollis et À. pomifera) du R. tomentosa. Quoique ces deux types soient essentiellement distincts, il se présente des cas où 111 l'observateur est fort embarrassé pour les distinguer, du moins sur échantillons d'herbier. La composition de l’inflorescence m’avait paru depuis longtemps offrir des différences entre les deux espèces. J’ai soumis celle-ci à un examen et voici les résultats que les matériaux de mon herbier m'ont donnés : | 3 INFLORESCENCES, | s | : Der “ sl | 5 ik TPM AE R.pomifera .[3185| 720) 561 105] 17| 8! 8| 5111 |9| |4] | |a155!148 R. mollis . .|1594) 262 ou 7| 3l1 1594! 367 R.omissa . .| 6/5] 333| 223) 29] 4|3) 1 675| 593 R. tomentosa . ue En à 107 ti 11, 8115, 5, 5] 1|1 HT 3916 D’après ce tableau, pour le R. pomifera, les inflores- cences uniflores sont aux pluriflores comme 2,2 est à 1, pour le R. mollis, comme 4,5 est à 1, pour le À, omissa, comme 1 est à 1,2, pour le R.tomentosa, comme 1 est à 1. En ce qui concerne les R. pomifera et R.{omentosa, la différence entre les inflorescences uniflores et les inflo- rescences pluriflores est remarquable et dénote une parti- cularité propre à chacun de ces types. Remarquons que pour l’une et l’autre espèce, la pro- portion entre les inflorescences uniflores et les inflores- cences pluriflores ne varie d’un fascicule à l’autre de ma collection que d’une faible fraction. D'autre part, comme les échantillons ont été recueillis sur une foule de points de l’Europe et sans préoccupation du nombre de fleurs dans les inflorescences, on est en droit de conclure que les moyennes entre les deux genres d’inflorescences échap- 112 pent aux cas exceptionnels et que ceux-ci n’ont pas eu d'influence sensible sur les chiffres rapportés ci-dessus. Certes, si l'on voulait faire un choix dans les récoltes, on pourrait composer des séries d'échantillons du R. tomen- tosa dans lesquelles on retrouverait la proportion assignée au R. pomifera, mais ce choix donnerait un résultat faux. Je suis donc porté à croire que si l’on se livrait dans la nature à des recherches sur de nombreux buissons de R. tomentosa et R. pomifera, leur résultat ne s'écarterait pas ou ne s'écarterait que très peu des proportions du tableau précédent. La proportion des inflorescences uniflores du R. mollis est presque double de celle du R. pomifera. Peut-on voir dans cette différence l'indice de deux espèces distinctes ? Je ne le pense pas. La proportion assignée au R. omissa diffère peu de celle du R. tomentosa. En se basant sur le tableau statistique ci-dessus, on pourra être un peu plus précis dans les descriptions des espèces en question. On pourra dire du À. pomifera : inflorescence souvent uniflore, assez rarement 2-flore ou 3-flore; de celle du R. mollis : très souvent uniflore, rarement 2-flure ou 5-flore; de celle du R. omissa : presque aussi souvent 1Â-flore que pluriflore (2-5-4-f1., rarement plus); de celle du R. tomentosa : aussi souvent uniflore que pluriflore (2-5-4-fl., assez rarement plus). Si ie caractère tiré du nombre des fleurs a une réelle valeur, il n'est malheureusement pas d’un usage pratique en présence des nombreuses exceptions ; toutefois, dans certains cas embarrassants, il peut venir en aide. Les aiguillons offrent plus de garantie, mais encore faut-il avoir une suffisante expérience pour bien apprécier leur forme normale, afin de n'être pas le jouet d’appa- 115 rences ou de cas exceptionnels. Ils sont presque toujours droits dans les R. pomifera et R. mollis, tandis que dans les R. omissa et R. tomentosa, ils sont presque toujours plus ou moins arqués avec une épaisseur plus marquée vers leur base. Parfois, dans cette dernière espèce, ils sont à pointe parfaitement droite et peuvent être dits droits comme ceux du R. pomifera, mais même dans cet élat le spécialiste expérimenté peut ordinairement les distinguer de ces derniers. Ces variations embar- rassent beaucoup les commencçants qui suivent à la lettre les phrases des descriptions ou des tableaux dichoto- miques. Bien d’autres caractères distinetifs séparent les deux espèces en question : la forme des stipules supérieures, l’allure des sépales à la maturité, une maturation plus précoce dans le R. pomifera, l'aspect des axes qui sont plus rectilignes dans celui-ci que dans le À. tomentosa, le facies général du buisson dans l’une et l’autre espèce, laspect de la pubescence, la longueur des pédicelles, qui sont ordinairement plus allongés dans le À. tomentosa, la coloration de la corolle, d’un rose ordinairement plus vif dans le À. pomifera. Malgré ces nombreux caractères, il n'est pas bien rare de voir confondre ces deux types du moins dans les herbiers. C'est que malheureusement dans les herbiers les spécimens laissent souvent à désirer et comme choix et comme préparalion. À ce propos, on ne saurail trop recommander aux collecteurs de Rosa de faire un bon choix d'échantillons et d'en soigner la préparation. Il est tels de mes correspondants qui m’envoient ou me commu- niquent de beaux spécimens dont la détermination ne m'embarrasse jamais, tandis que d’autres, moins soigneux, 8 114 me transmettent des matériaux dont la dénomination est parfois pleine de difficultés. Dans mes Études sur les Roses hybrides, je n’ai fait aucune allusion aux hybrides qui pourraient se produire entre le R. villosa (incl. R. mollis et R. pomifera) et le R. tomentosa. Aucun auteur ne parait avoir signalé l'existence d’un R.pomifera X tomentosa ou d’un R.mol- lis X tomentosa. Peut-être découvrira-t-on un jour l'un et l’autre de ces produits bâtards. Sur échantillons d'herbier, il sera assürément très diflicile de distinguer ceux-ci, à cause des caractères mêmes des deux ascendants. C’est seulement sur le vif qu’on parviendra à saisir ce qui peut distinguer réellement ces hybrides. J’en recommande la recherche aux spécialistes qui auront l’occasion d'observer les R. villosa et R. tomentosa croissant au voisinage l’un de l'autre. XII. OBSERVATIONS SUR QUELQUES HYBRIDES. Rosa alpina *X omissa. La Rose du Suchet que j'ai donnée dans mon Herbier de Roses sous le n° 654 avec le nom de À. alpina X omissa, est assez différente du À. alpina X omissa du Salève publié, dans la même collection, sous le n° 594. Elle se rapproche plus du À. alpina par ses pédicelles grèles et allongés, ses réceptacles étroits, ellipsoïdes-allongés, for- tement étranglés au sommet, ses sépales entiers, ses feuilles assez souvent 9-foliolées. En n'y regardant pas de très près, on pourrait prendre celte forme pour une variété du À. alpina à pétioles pubescents, à nervure 115 médiane pubescente et à glandes nombreuses à la face inférieure des folioles, à pédicelles et à réceptacles densé- ment hispides-glanduleux; mais ses aiguillons, qui ont une légère tendance à devenir arqués, ses réceptacles paraissant devenir plus ou moins stériles, et un ensemble de légères différences, me paraissent dénoter un produit hybride. Une forme analogue a été découverte en 1894 près de la Grange Gabit au Salève par M. Paiche. Dans celle-ci, les pédicelles sont également grêles, allongés, hispides- glanduleux, les réceptacles sont ellipsoïdes-allongés, hispides-glanduleux (assez fertiles), les sépales entiers; mais les folioles sont plus grandes, plus ovales, à pube- scence envahissant un peu certaines nervures secondaires, les feuilles sont très rarement 9-foliolées et enfin les axes sont à peu près complètement inermes. Je recommande instamment à MM. Gaillard et Paiche de continuer leurs observations sur ces deux formes intéressantes et d'en étudier la constitution du pollen. Si celui-ci est très imparfaitement organisé, nous aurons là un nouvel argument en faveur de l'hybridité. Le R. alpina X omissa découvert au Salève par M. Buser (n° 394 de l’Herbier de Roses) est plus rapproché du R. omissa(l) ; ses pédicelles sont plus courts, ses récepta-: cles moins allongés, ses sépales extérieurs souvent appen- (1) Dans une notice intitulée Observations sur quelques plantes criti- ques du centre de la France (in Revue de botanique, mars 1892), mon excellent ami M. le Dr Gillot propose de remplacer le nom de À, omissa Déségl. par celui de À. resinosoidea Crép. Je ne puis admettre cette modification, qui est contraire aux principes généralement admis sur la priorité des noms spécifiques. 116 diculés latéralement, ses feuilles ramuseulaires jamais 9-foliolées, ses aiguillons moins grêles. Une forme très voisine, pour ne pas dire tout à fait identique, a été obser- vée aux Voirons, en 1894, par M. Paiche. Rosa alpina *X glauca. Il est admis que le R. salaevensis Rap. est un produit hybride des R. alpina et R. glauca. Ce doit être sans doute bien le cas dans les habitations où le R. salaevensis croit en campagnie de ces deux ascendants; mais en est-il de même dans les localités où le R. glauca est absent ou d'une extrème rareté? Dans le massif du Suchet et à l'Aiguille de Baulines, le R. glauca est d’une très grande rareté et malgré cela le À. salavvensis s’y observe en maints endroits. Ce R. salaevensis ne parait pas différer de celui du Salève. J’ai lieu de supposer qu'il est le pro- duit du croisement du R. alpina par le R. canina. C'est là une simple supposition, car je n’ai découvert jusqu'ici aucun caractère qui puisse faire distinguer le À. alpina X glauca du R. alpina X canina supposé. J'estime que les différences entre ces deux hybrides doivent être très faibles et que pour les découvrir il faudrait, au préalable, se livrer à des croisements artificiels. Peut-être, par une étude très attentive faite sur le vif, parviendra-t-on à élucider la question sans avoir à recourir aux expériences et c’est pourquoi je recommande de nouvelles investiga- tions sur le vif aux spécialistes qui ont les sujets à leur portée. On sait que le R.alpina X canina avait déjà été signalé en Silésie (conf. Rosae hybridae, p. 24). 117 Rosa alpina *X rubrifolia. Le R. alpina X rubrifolia \’Ardez (Basse-Engadine) découvert par le D: Killias est à dents simples, tandis que celui observé par M. Gaillard dans le Jura est tantôt à dents composées-glanduleuses, tantôt à dents simples. La forme que j'ai vue aux Mouilles, entre le Suchet et l’Aiguille de Baulmes et qui était représentée là par plusieurs buissons vigoureux et fort élevés (n° 631 de l'Herbier de Roses), a toutes les dents composées-glan- duleuses ; ses folioles sont grandes et rappellent celles de la plante d’Ardez; les feuilles ramuseulaires sont très rarement 9-foliolées; les pédicelles sont fort allongés ; les réceptacles florifères sont ovoïdes-arrondis, devenant à la maturité ovoides et moins allongés que dans l’hybride d’Ardez. Le R. alpina X rubrifolia de la Busine, au-dessus de Vaulion (Jura vaudois) est représ-nté dans cette localité par trois colonies d’une dizaine de buissons chacune. M. Gaillard m'en a envoyé des spécimens qui ont fourni les no 652 et 655 de mon Herbier de Roses. Le n° 652 présente toutes ses feuilles ramusculaires à dents simples, ou bien les feuilles inférieures sont seules à dents un peu composées; les feuilles ramuseulaires 9-foliolées ne sont pas rares; les réceptacles sont plus allongés que dans les n°s 655 et 651 et rappellent plus ceux du R. alpina. Le n° 653 a les dents toutes simples; les feuilles ramuseulaires ne paraissent jamais 9-foliolées ; les récep- tacles fructifères ont à peu près la forme de ceux du no 651. 118 De ces trois formes du Jura, deux d’entre elles sont un peu plus rapprochées du R. rubrifolia, et la 3° se rap- proche plus du R. alpina. Les caractères offerts par les plantes du Jura et d'Ardez sont tels qu'on ne peut, je pense, douter de leur nature hybride et avoir d’hésitations sur leurs ascendants, qui, au surplus, existent dans leur voisinage et sont abondants à La Busine. Je recommanderai à M. Gaillard de bien étudier l’orga- nisation du pollen de cet hybride et de dresser la stati- stique de ses inflorescences. Il est vraisemblable que celles-ci sont plus fréquemment pluriflores que dans le R. alpina. Une autre recommandation que j'adresse à ce botaniste, c’est de faire d’amples récoltes de cette très rare Rose, afin de pouvoir en distribuer de beaux spécimens aux spécialistes. Rosa alpina *X rubiginosa. Dans Mes excursions rhodologiques en 1895, p. 50, je parle d’une Rose découverte par M. Bernard au Valsenestre (Isère), que j'avais classée provisoirement en herbier sous le nom de R. alpina X rubiginosa. Un seul buisson existe dans la localité. Des échantillons en ont été donnés dans mon Herbier de Roses sous les nos 445, 568 et 670. C’est à la suite de la récolte faite de spécimens en fleurs en 1894 et des renseignements que m'a fournis M. Bernard que j’ai appliqué le nom de À. alpina X rubiginosa au n° 670. Je ne dissimulerai pas les doutes qui me restent encore sur l’exactitude de cette détermination. L'aspect des spé- cimens d'herbier de cette singulière Rose n’éveille pas 119 l’idée du R. alpina. Les folioles ordinairement ovales- arrondies, souvent obtuses ou très brièvement aiguës, ressemblent plutôt à celles de certaines variétés du R. rubiginosa. Si ce n’était la forme et la rareté des _aiguillons, on serait presque tenté de voir là une variété extrêmement remarquable de ce dernier; mais quand on se livre à un examen approfondi on est forcé de renoncer à cette identification spécifique et l’on en revient à la combinaison que je propose. De robustes ramuscules florifères peuvent, dans cette forme étrange, présenter des inflorescences à 5 et même 7 fleurs. Tout à côté de l'unique buisson de ce R. alpina X rubi- ginosa, croit un pied de R. alpina! à folioles dont la forme ne s'éloigne pas beaucoup de celles de hybride et dont les fleurs solitaires ont des pédicelles et des récep- tacles très densément hispides-glanduleux. D'autre part, à une 40° de mètres, existe un buisson de R. rubiginosa non hétéracanthe et à gros aiguillons caulinaires crochus. Rosa pimpinellifolia X tomentosa. Quoique je n’aie pas intercalé cet hybride en 1894 dans mon Herbier de Roses, je crois bien faire en donnant quelques détails sur deux formes intéressantes que j’ai reçues de mes correspondants. L'une de ces formes a été recueillie en 1894 par M. Paiche sur le Salève près de la Grange Gabit. Elle est naine, à folioles petites, à dents presque toutes sim- ples ; les pédicelles sont lisses, ainsi que les réceptacles ; les sépales qui sont sans glandes, sont entiers ou à peu près : les extérieurs seuls ne présentent sur leurs bords que 2 ou 5 très petites découpures sétacées. Cette forme, 120 qui est très remarquable, est étiquetée par M. Paiche sous le nom de forma Navilliana. Une seconde forme sur laquelle je désire attirer l’atten- tion a été observée par M. W. Barclay(l) à Auchterander dans le comté de Perth (Écosse). Elle est vraiment étrange et Je n'ai rien vu d’approchant provenant du Continent, ni même d’autres localités des Iles Britanniques. Ses folio- les sont abondamment glanduleuses en dessous et assez glanduleuses en dessus ; mais ce qui est extraordinaire, ce sont les longues soies raides et très nombreuses qui héris- sent les pédicelles et les réceptacles. A première vue, on croirait avoir affaire à un À. pimpinellifolia X rubiginosa (R. echinocarpa Rip.), mais on doit éloigner l’idée de ce croisement en présence de la forme droite ou peu arquée des aiguillons. Du reste, le R. rubiginosa, rare en Écosse où il n’est ordinairement qu'introduit, n'existe point dans la localité. Par contre, dans celle-ci, se trouve une variété du À. tomentosa à folioles glanduleuses sur les deux faces, à pédicelles et réceptacles assez fortement hispides-glan- duleux. N'oublions pas d'ajouter que les axes de l’hybride en question ont tout à fait l'armature des variétés ordi- naires du À. Sabini Woods, que ses réceptacles mürissent parfaitement remplis d’akènes et que les sépales sont persistants. (4) Je suis heureux de trouver ici l’occasion de remercier M. le profes- seur W. Barclay, de Perth, qui a répondu avec le plus grand empresse- ment aux demandes que je lui avais adressées au sujet des Roses de l'Ecosse. En 1893, il a bien voulu me faire un premier envoi de doubles en me communiquant tous les matériaux de son propre herbier. Puis, durant la campagne de 1894, il m'a préparé une très riche collection de toutes les formes intéressantes de son comté. Grâce à ses généreux envois, j'ai pu étendre beaucoup ma connaissance des Roses écossaises. 173 Le R. pimpinellifolia X tomentosa (R. Sabini Woods) n'est pas rare dans le comté de Perth. M. Barclay m'en a envoyé une belle série de variétés. Rosa glauca X tomentosa. Dans mes Rosae hybridae, p. 70, j'émets l'idée qu’au Salève le R. marginata Rap. pourrait bien y être repré- senté par certaines variations à feuilles aussi pubescentes que dans le R. tomentosa, variations jusqu'ici rapportécs spécifiquement à ce dernier type. M. Gaillard à recueilli, lan dernier, à Bontavan et à Pré-de-Joux sur Mont-la-ville, et à Recorbet sur Vaulion (Jura vaudois), plusieurs de ces variations que j'ai données dans mon Herbier de Roses sous les n° 642, 645, 644 et 645 avec le nom de R. glauca X tomentosa. Cvs n° ne me paraissent différer du ÆÀ. marginata Rap. que par la pubescence accentuée de leurs feuilles et cette différence ne m'enlève pas l'idée qu’ils ont la même origine hybride que ce dernier. Leur collecteur, qui est un très bon observateur, les soumettra à un nouvel examen sur le vif durant la prochaine campagne. J'ai lieu de penser que son Jugement sur ces formes qui est le même que le mien, n'aura pas lieu de changer. Rosa glauca »“ rubrifolia. A diverses reprises, j'ai fait allusion au R. glauca X rubrifolia, mais jusqu'ici je ne suis pas encore parvenu à m assurer de l'existence réelle de cet hybride, Les formes que J'avais reçues comme R. glauca X rubrifolia restaient douteuses à mes yeux. 122 Peut-être M. Gaillard a-t-il mis la main sur cet hybride dans la forme que j'ai donnée, dans mon Herbier de Roses, sous le n° 647. Voici la note que ce botaniste m’a envoyée sur cette Rose : « Il se pourrait que cette forme « fut hybride entre R. glauca et R. rubrifolia. Ce qui « m'autorise à émettre celte hypothèse, c’est la quasi « stérilité des fruit s, qui quoique paraissant normalement « conformés ne renferment que peu et parfois pas « d’akènes. Ces frui's jonchent, en outre, le sol en grand « nombre au-dessous de l'énorme buisson où ils ont pris « naissance, De plus, la dentelure des folioles et leur « teinte paraissent rapprocher cette forme du R. rubri- « folia; enlin les aiguillons sont un peu différents de ceux « du À. glauca, me paraissant plus grèles. Les sépales « ont aussi leurs appendices plus étroits que dans les « À. glauca avoisinants. » Je me réserve de discuter les caractères de cette Rose quand M. Gaillard aura fait de nouvelles récoltes en fleurs et en fruits bien murs et lorsqu'il laura soumise à de nouvelles études. [laura à examiner l'organisation du pollen, à établir la statistique de linflorescence qui semble ètre plus multiflore que dans le À. glauca. *Ù Rosa AÏDinNA rein, Le n° 668 de mon Herbier de Roses est une forne extrêmement embarrassante et que je ne suis pas encore parvenu à identifier. Je la tiens pour un hybride dont Pun des ascendants est vraisemblablement le R. alpina L. J'avais demandé à M. Bernard des renseignements sur les espèces qui se trouvent dans le voisinage de cethybride. Celui-ci existe dans un pré au hameau des Sciauds 125 (commune de Chantelouve. — Isère), où il est représenté par 5 ou 4 peiits buissons hauts de 40 à 60 centimètres. A une distance de 15 à 25. mètres. se trouvent des R. tomentosa et R. montana, puis à une distance un peu plus considérable, on observe des À. canina, R. rubigi- nosa, R. graveolens, R. rubrifolia, R. Chavini, R. coru- folia et R. glauca. Le R. alpina est abondant dans la région, mais M. Bernard ne se souvient pas de l'avoir observé dans le voisinage de lhybride, pas plus qu'au- cune variété du À. pomifera. Ce qui m'a fait incliner vers l’idée que le K. alpina pouvait bien être l’un des ascendants, c’est la rareté des aiguillons, qui sont très petits, grêles et droi's, l'allonge- ment des pédicelles, qui sont tous solitaires sur les spéci- mens que j'ai conservés (25 inflorescences 1-flores), et puis le facies général. Remarquons toutefois qu'aucune feuille n’est 9-foliolée et que même sur les ramuscules elles ne sont que rarement 7-foliolées. Quant au deuxième ascendant, quel pourrait-il bien être? Il me semble qu'on ne peut guère penser qu'au À. tomentosa. Dans ce cas, si ce dernier a joué le rôle d’ascendant, alors on se trouverait devant une forme du groupe du R. vestita God., mais ce À. vestila serait bien différent des formes que l’on en connait jusqu’à présent. Une particularité de ce n° 668, c’est d’avoir certaines parties d’axes plus ou moins sétigères-glanduleuses, particularité tout à fait étrangère au À. vestita God. comme au À. spinulifolia Dem. Dans cet hybride, les sépales, qui sont probablement caducs, restent étalés à Îa maturité et ne. sont pas redressés comme dans les R. vestita et R. spinulifolia, les extérieurs étant appendiculés latéralement ; les récep- tacles fructifères sont pyriformes, assez longuement 124 atténués à la base ; les folioles sont plus ou moins glandu- leuses en dessous; la corolle est assez grande, d’un rose assez prononcé sans être d’un rose foncé. Autre chose maintenant. La Rose des Sciauds, par son facies général et par plusieurs de ses caractères, fait penser au R. australis Kern. du Tirol. Il y a assurément entre ces deux Roses des points de ressemblance frappants. En faisant ce rapprochement, je n’ai nullement l’idée de proposer une origine commune pour ces deux formes : je ne veux qu'attirer l'attention des spécialistes sur des ressemblances qui ne sont, peut-être au fond, que de simples apparences. Avant de se prononcer sur la nature de la Rose des Sciauds comme sur celle du R. australis, il sera prudent d'attendre un supplément d'informations. CHAMPIGNONS COPROPHILES PE PEL CTOUr PAR ÉL. MARCHAL. 1412 Depuis 1881, époque à laquelle J’ai commencé létude des Champignons fimicoles de la Belgique, j'ai publié successivement six petites notices sur ces végétaux si généralement dédaignés et pourtant si intéressants, II y est fait mention de 108 espèces ou variétés dont 44, ainsi que 7 genres, étaient décrits pour la première fois. Dans les pages suivantes, Je résume les résultats de mes dernières recherches ainsi que d’autres, plus ancien- nes, restés inédits pour des raisons bien indépendantes de ma volonté. Cette nouvelle contribution à notre flore mycologique l’enrichit de 44 espèces dont 17 et 2 genres sont nouveaux pour la science. On peut dire qu'aetuellement le groupe des coprophiles est relativement mieux représenté en Belgique que partout ailleurs. Et cependant, les herborisations de Kickx et Coemans, , 126 celles de nos confrères, Mme Bommer et Rousseau, M. Mouton et les miennes, n’ont embrassé qu’une assez faible partie de notre territoire. Il reste donc encore à faire bien des découvertes intéressantes ! Puisse cette constatation tenter ceux de nos confrères qui se sentent attirés vers l'étude des organismes microsco- piques., Pour réussir, il n’est pas indispensable de rassembler des quantités considérables de matériaux : mieux vaut étudier complètement des spécimens moins abondants, mais provenant de localités et d'animaux les plus variés que possible. L'observation, pour être vraiment fructueuse, nécessite une sorte de mise en culture des espèces recueillies ; je crois utile de signaler ce procédé à l’attention des débu- tants en mycologie. Voici en quoi il consiste. Les divers exeréments d'animaux rapportés des herbori- sations et supposés pourvus de coprophiles sont disposés, de préférence sur du sable stérilisé, dans des soucoupes larges et peu profondes. Après les avoir copieusement arrosés d’eau distillée ou stérilisée, on les recouvre d’une cloche en verre, à l’intérieur de laquelle on a appli- qué du papier à filtrer, constamment maintenu humide, condition indispensable au développement de beaucoup de saprophytes. En été, la température d’une chambre non exposée au midi suffit dans le plus grand nombre de cas; celle d’une cave est préférable en hiver. Dans ces conditions, après quelques heures déjà, les espèces qui étaient entièrement développées reprennent leur turgescence et leur port naturel, se présentant ainsi sous l'aspect le plus favorable à l'étude; celles qui ne sont encore qu'à l’état mycélien recommencent à végéter ; 127 les spores ingérées par les animaux ou apportées par les agents extérieurs entrent successivement en germi- nation. Les organes reproducteurs peuvent apparaitre après quelques heures; parfois, suivant les espèces, il faut les attendre plusieurs semaines et même plusieurs mois. Dans ce dernier cas, on doit surveiller la culture et la débarrasser des animaux inférieurs qui l’envahissent, détruisent rapidement les jeunes champignons dont sou- vent ils pulvérisent le substratum. On sait, en effet, que les matières organiques deviennent, à un moment donné, la proie des animaux et de certains végétaux saprophytes. Ainsi, il n’est pas douteux que les champignons copro- philes contribuent aussi, avec les Bactéries et les Levures, très fréquentes sur les excréments, à la minéralisation des matières organiques de ces derniers. Par leur activité, la nucléine des albuminoïdes non digérés, les divers corps résiduels, sont peu à peu ramenés à l’état minéral, l’azote transformé en ammoniaque, le carbone en acide carbonique. Seule, la cellulose résiste à l’activité de ces organismes jusqu à ce qu'enfin, dans le sol, elle devienne la proie des anaérobies qui la désagrègent à leur tour. Pour enrayer l’action destructive des animaux, une simple immersion des soucoupes dans l'eau, pendant 12 à 24 heures, est un moyen qui, dans plusieurs cas, m'a permis de les délivrer d’une bonne partie de ces dépréda- teurs des cultures de coprophiles. - Comme on le voit, les excréments ainsi traités exhibent, successivement, aux yeux du mycologue, à l'état vivant, et dans toute leur fraicheur, c’est-à-dire dans les condi- tions les plus favorables à l'observation, ces miniatures de champignons qui en sont les hôtes habituels. I. — PYRENOMYCETEAE Fr. em. De Not. Eurotiam semiimmersum nov.sp. (PI. Il, f. 3-5). Peritheciis sparsis, nigricantibus, in fimo semiim- mersis, e mycelio flexuoso fusco oriundis, minutis 65-95 y diam., contextu cellulis polyedrieis minutis, densis composito; ascis 8-sporis, ovoideis inferne acutis, 14,5- 15,4 — 10,8-11,5 ; sporis ovoideis, regularibus, utrin- que rotundatis, 4,5-5 — 2,8-5,5 u, laevibus, hyalinis. Hab. socio Ascophano sexdecimsporo in fimo suino putrido. Evere prope Bruxelles. Par ses spores hyalines et son habitat, se rapproche de l'E. pulcherrimum Wint. dont il se différencie par des périthèces de moitié plus petits, à texture fine et dense, par des asques ovoïdes et non globuleux, des spores non aiguës mais bien arrondies à chaque extrémité. Une particularité con- stante qui m'a frappé, c’est Q que je n'ai pas observé un ©) seul périthèce entièrement 7 superficiel: tousétaient jus- 2 qu'à mi-hauteur, ou plus rarement jusqu'aux deux uers, enfoncés dans le sub- stratum. Marchaliella zopfelloi- des Bomm. et Rouss. Fig. 1. — Marchaliella zopfelloides Bomm. J al fait plusieurs PEAR et Rouss. — Hyphes terminées par des de culture des spores de ce chaînettes de conidies 1-guttulées (a) champignon. Placées en et 2-guttulées (b). décocté de fumier de cheval, elles germent rapidement CP PL 129 (en moins de deux jours, à 20 degrés), donnant un vigoureux mycélium d’abord hyalin, flexueux, cloisonné et irrégulièrement rameux. Après trois à quatre Jours, j’obtenais des masses denses et étendues de filaments, alors brun-clair, et terminés par des chainettes de conidies brunes, de dimensions variées, 8-15 — 6-11 u, présentant une ou deux gouttelettes, très apparentes. Essayées dans d’autres milieux de richesse nutritive variée, ces conidies reproduisaientinvariablement le même hyphomycète, mais je n’ai jamais pu repasser de ce der- nier à l’état ascosporé. Rosellinia Schumacheri Sacc. Hab. supra fimum elephantinum. Gand (M. Rodigas). Cette rare espèce est généralement associée à un cham- pignon filamenteux présentant assez bien les caractères des Trichosporium : « hyphis decumbentibus longis vage ramosis, brunneis ; conidiis globosis, fuscis, levis, acro- pleurogenis. » Cet hyphomycète serait-il la forme conidienne du Rosel- linia? Malgré de sérieuses présomptions, Je n’oserais cependant l’affirmer : la continuité de tissus n'ayant pas été constatée d’une manière certaine. Sporormia lageniformis Fuck. Hab. in fimo cuniculorum putrido., Namèche. J'ai, pour la première fois, signalé cette espèce, croissant sur des crottins de lièvre, dans une sapinière à Aerschot. Un exemplaire présentait un col bifurqué. Les exemplaires recueillis à Namèche m'ont permis de faire une constatation analogue. Trois formes de cols se sont montrées divisées à des degrés divers, Dans l’une, le sommet de l'ostiole, légèrement renflé, était distinete- ment bilobé; dans plusieurs spécimens, la bifureation 130 était devenue très apparente et, dans un troisième cas, les deux cols, d’égale longueur ou à peu près, de structure identique, étaient très développés et s'écartaient à peu près à angle droit. II. — DISCOMYCETEAE Fr. Humaria leporum Fuck. var macrospora Nob. Sessilis, concava extus rugulosa disco fusco-rubra, para- physibus tenuibus, inferne ramosis septatisque, sporidiis ovoideis majoribus 15-17 — 9-19 y. Hab. in stercore leporino. Hatrival. Obs. — Bien que à réceptacle toujours sessile, à para- physes cloisonnées inférieurement et à spores notablement plus grandes, je crois devoir rattacher cette forme au type ci-dessus, car, par ses caractères essentiels, elle cadre entièrement avec la figure donnée par Cooke, Mycogr., fig. 75. Phacopeziza murvrina Sacc. Hab. in fimo murino ad Evere, cuniculo, ad Ostende. Cette espèce, qui n'avait été trouvée que par Fuckel dans la Prusse rhénane, n'est pas rare en Belgique. C'est la forme typique, à peu près identique à celle que figure Cooke, Myc. f. 76, qui a été observée dans les nouvelles localités ici indiquées. Boudierella Sacc. in litt., nov. gen. (Étym. ab Boudiera cui analogum genus). Ascomata carnosula, sessilia, hemisphaerica. Discus planus, margine ciliatus, ascis papillatus. Asei oblongi, &-spori, fissura longitrorsus dehiscentes, paraphysati, 151 Sporidia globosa hyalina, laciniis numerosis, angustis, insigniter contecta. A gen. affini Boudiera differt sporidiis non octonis nec coloratis ascisque longitrorsus dehiscentibus. Bondierella cana nov. sp. (pl. I, fig. 4-4c). Ascomatibus sparsis, 300-500 # diam. , albis, sessilibus, margine pilis subflexuosis hyalinis ciliato; paraphysibus numerosis, filiformibus articulatis, 1,5-2 werassis, superne ramosis, ascos superantibus; ascis rectis, 95-115—20-25 u, subsessilibus, superne rotundatis, jodi ope haud coerules- centibus ; sporidiis monostichis, globosis, 15-17 x diam., albidis (rarissime albido-cinerascentibus), episporii laci- nias irregulares flexuosas gerentibus, Eximiam speciem semel inveni supra fimum vulpinum, ex Arduenna, sub vitro asservatum. Obs. — C'est plus particulièrement avec les Boudiera nivea Sacc. et B. hyperborea Sacc., qu’on pourrait lui voir quelque affinité; mais il est impossible de les fusionner dans le même genre : le Boudierella cana a toujours des asques tétraspores, s’ouvrant par une fente verticale assez profonde (à l’instar des Ascozonus Renny) et des spores hyalines, tandis que les Boudiera sont des Phaeosporés. Ascobolus glaber Pers. var. albidus. Sessilis, albidus, glaber, externe levis, 1-1,5 millim. altitud., ascis angustioribus, sporidiis 17-19 — 10-12 y paraphysibus ascos subaequantibus. Hab. in fimo leporino ad Werbomont. Malgré de légères différences, cet Ascobole est bien l'A scobolus glaber Pers., du reste très variable quant à la coloration. C’en est la variété blanche décrite par Crouan, sous le nom d’A. al- bidus, in Ann. Sc. Nat. (1858) tome 10, PI. 13,4, f. 1-6. 152 Ascobolns Leveillei Boud. Vix immersus, ascis clavatis, 150-200 — 25-55 y, jodo tinctis, sporidiis fuseis, 26-50 — 15-17 u. Hab. in fimo vaccino, in ericetis circa Arville (St-Hu- bert). Ascophanus anrora Boud. Sporidiis ellipsoideis, haud vel vix granulosis, hyalinis, 10-14 — 6-7 vu. _ Hab. in fimo equino. Genk. Ryparobius polysporus Sacc. Legi fungillum rarum in fimo vaccino, ad Poix (St-Hubert). Ascozonus oligeascos Heimerl. Habitat supra fimum cunicolorum ad St-André (Bruges). P. Van Aerdschot. Thelebolus stercoreus Tode. Sparsus, immersus, globoso-ovoideus, 250 — 180 y, glaber, albus aetate cervinus, asco unico 170-185 — 155-150 u, membrana cerassa vertice annulato; sporidiis numerosis initio conglobatis, ovoideis utrinque obtusis, 5,5-6,8 — 5,5-5,5 u; paraphysibus parcis, articulatis, superne ramosis et curvatis, 50-50 — 2 u. Hab. in fimo cuniculorum. Aywaille. Obs. — En 1889, le Dr Anton Heimerl a publié un remarquable travail sur le groupe des Ascobolés, sous le titre : «Die niederôsterreichischen Ascoholeen », dans lequel il a décrit et figuré deux espèces nouvelles de Thele- bolus, T. nanus et T. Zukalii ainsi que l'ancienne espèce de Tode, le T'. stercoreus. C'est à cette dernière que je rapporte le champignon décrit ci-dessus, bien que un peu plus petit dans toutes 155 ses parties. Je le crois aussi identique au Ryparobius monoascus Mouton, que le Dr Heimerl fait rentrer dans le T. stercoreus. Thelebolus Zakalii Heim. Ascomata globosa, alba, 350-400 x diam., superne setosa, asco ovato, cire. 250 p. diam. sporidis hyalinis, PU OU Hab. supra fimum capreolorum. Boitsfort. Legit Émile Marchal. II. — MYXOMYCETEAE Wallr. Triehia varia Pers. var. fimicola Nob. Peridiis sparsis, ochraceis, stipite 250-400 — 100-140 y, elateribus cire. 5 : crassis, sporis 7-9,5 p diam., pallide ochraceis. Hab. ad fimum cuniculorum. Limelette. Cette variété se distingue du type par ses péridiums assez longue- ment stipités, ses spores plus pâles, plus petites et par l'habitat. Physarum fimetarinm Schum. ? Peridiis pyriformibus stipitatis, sporidiis 11-15 y. diam., fusco-violaceis. Hab. in fimo cuniculo, socia Philocopra pleiospora. Ostende et Malaise. V. — HYPHOMYCETEAE Mart. Oospora grandinseula Sacc. et March. Hab. in fimo anserino {La Hulpe), murino et canino. Bruxelles. Présente une grande variabilité dans les dimen- sions, surtout dans la longueur des conidies, 154 OEdoeephalum glomerulosum Sacc. Initio albidum dein roseum, hyphis sterilibus repentibus filiformibus, septatis 4-6,5 u. crassis, fertilibus erectis, 300-550 — 8,5-10 u, vesicula verrucosa, 40-45 y diam. ; conidiis ovoideis inferne paullo attenuatis, 21-27 — 12,5-14,5 uw, albidis vel roseolis. Hab. in fimo leporino et in ligno stercorato. Poix (St-Hubert), socia Delitschia moravica. OEdocephalum fimetarium Sacc. Hab. in fimo vaccino ad Olloy, Bruxelles, et supra fimum cuniculum, ad St-André propre Bruges (P. Van Aerdschot). Cette délicate mucédinée était extrêmement abondante. Elle se prête très bien aux essais de culture en milieu liquide, notamment en décocté de bouse de vache. Elle y étend rapidement ses gazonnements aranéeux; malheu- reusement je n'ai Jamais réussi à en tirer une forme ascosporée. Cephalosporium asperum nov. sp. (PI. I, f. 5). Cæspitulis griseolis, laxis, indeterminatis; hyphis ste- rilibus decumbentibus flexuosis, ramosis, 400-600 — 2-4,5 u, vix septatis; hyphis fertihbus simplicibus vel rarissime ramosis, continuis, 15-50 y longis, erectis capi- tulo saepius irregulari, 2-7-sporo, coronatis; conidiis continuis, sessilibus vel brevissime et tenuissime stipitatis, ovoideis vel sublimoniformibus, hyalino-chlorinis, 4-6 — 8,2-5,7 up, extus eximie asperulatis. Hab. ad fimum ovinum. Marche-les-Dames. Cette espèce se distingue immédiatement de ses congé- nères par ses capitules oligospores à spores remarquable- ment aspérulées. 155 Elle présente quelquefois des hyphes fructifères simples, sous le capitule terminal, qui portent une ou deux conidies isolées et ordinairement un peu plus grosses. Cephalosporium oxysporum nov. sp. (PI. IF, f. 6). Candidum, caespitulis sparsis rarius contiguis, densis, 1/2-1 millim. diam.; hyphis sterilibus repentibus laxis, gracilibus, minutis, intricato-ramosis ; hyphis fertilibus erectis v. ascendentibus, subflexuosis, continuis vel 1-sep- tatis (septo tenui), intus granulosis, apice paulo incrassato- denticuligeris; conidiis in capitulum laxum, oligospo- rum, digestis, continuis, linearibus, inferne acutis sursum plerumque obtusis, interdum asymetricis, 12-15 — 2-2,3 p, initio 1-5 guttulatis, hyalinis, muco haud conglu- tinatis, Fungillum pulchrum legi in stercore aprugno, ex Arduenna. Espèce aisément différenciée par ses conidies étroites, le plus souvent six fois aussi longues que larges. Gliocladium macropodinuax nov. sp. (PI. FE, f. 6 a et b). Caespitulis albis, delicatulis, hyphis sterilibus tenuibus, flexuosis, repentibus, fertilibus erectis, validis, 3-4 sep- tatis, 350-400 — 14-16 v, capitulum mucosum, albidum, ferentibus, basidiis pluries divisis, conidiis conglutinatis, hyalinis, 9-11 — 2-2,5 y, oblongis, continuis, episporio laevi, intus guttulatis. Hab. supra fimum Macropodis (seu Kanguroo). Gand (M. Rodigas). Se rapproche du G. penicillioides Corda dont il se différencie par les caractères de ses hyphes fertiles et par des spores deux fois aussi longues; il n’est pas non plus 156 à confondre avec le G. compactum Cooke et Massee dont les conidies mesurent seulement de 4-5 et non de 9-11 w, ni avec le G. viride Matr. pour cette même raison et, en outre, parce que ce dernier présente un pinceau fixaleur symétrique du pinceau sporifère, caractère qui manque à l'espèce décrite ici. La lecture d’une intéressante notice de Matruchot sur les espèces du genre Glioclodium{f) m’a fait vivement regretter d'avoir accordé très peu d'importance à la cul- ture de cette fonginée. Je ne trouve dans mes annotations que les seules indications suivantes : « Semées sur porte- objet, en moût de bière, sous cloche, les conidies ont germé après 50 heures. Mycélium peu dense assez fin et flexueux. Premières fructifications le 7° jour. Souvent les capitules de deux individus rapprochés sont fusionnés. » Peut-être l'étude du développement de cette espèce, poursuivie avec soin, m’eut-elle permis d’arri- ver à la connaissance de la forme ascosporée qui, d'après Matruchot, doit- être une Périsporiacée. Acremoniella atra Sacc. var. fimiseda Nob. Hyphisrepentibus, hya- linis, septatis, sporopho- Fig. 2.— Acremoniella atra Cord. var. fimi- . LL : seda — Filament fructifère à sporophores ris Crassioribus et brevio- courts (4). Conidies réunies par 2 (a/). F 36 ribus, 1 vel 2 conidia gerentibus; conidiis minoribus, 19-25 — 15-15 y. () L. Maraucuor. Structure, développement el formes parfaites des Gliocladium, in Rev. gén. de Botan. VII, n° 80, p. 321. 137 Hab. in fimo avium. Spa. Obs. — Forme plus trapue que le type; ses sporophores courts, ne dépassent pas les conidies en longueur et les dernières, souvent réunies par deux, impriment à ce champignon un facies très particulier. Sporotrichamn vellereum Sacc. et Speg. var. flavumm Sacc.? Hab. in fimo vulpino. Arduenna. Présente moins de régularité dans la disposition des conidies que ne l'indique la figure 741 des Fungi ttalici de Saccardo, et, assez souvent, dans le bas des filaments les plus gros, les conidies se disposent en chapelet au nombre de deux à trois. Botrytis fulgens nov. Sp. Effusum, bombycinum, rubrum ; hyphis sterilibus repen- tibus, elongatis, plus minus intertextis, vage ramosis, remote septatis, 9-5 {! Cras- sis; hyphis feruilibus assur- gentibus, 8-12 x diam., superne septalo-articulauis, hyalino-roseis et sacpius di- chotome ramosis; conidis PALNES e ramulis apicalibus oriun- dis, globosis, 15-19 y. diam, rubris, argute asperulatis. Hab. copiosa supra asco- mata Ascophani carnei In Fig. 3. — Botrytis L'ulgens. — (a) Basides . simples: i4/) bifurquées. (b) Conidies fimo anserino. Arduenna. échinulées. Rappelle le Botrytis pilulifera Sace. par ses filaments fertiles, la disposition, la forme et les dimensions des 158 conidies ; deux caractères très importants l'en l'éloignent absolument : ses conidies aspérulées et d'un beau rouge vif. Les basides sont parfois beaucoup plus courtes que ne l’indique la figure, et il n’est pas rare de voir des conidies presque sessiles au sommet des grosses cellules terminales des hyphes fructifères. Botryosporium hamatum Bonord.em,. Matruch.(1) form. fimicolum. Effusum, initio albidum denique chlorino-fuligineum, basidiis ampulliformibus, haud subternatis sed oppositis vel alternis, 8-9 — 4-4,5 p; conidiis globosis, 2-2,5 x diam. Hab. in fimo equino. Bruxelles. Sa couleur foncée semblerait devoir faire reléguer cet hyphomycète dans les Dématiées ; mais ses caractères géné- raux sont bien, pour la plupart, ceux que Bonorden (Handb. f. 117) attribue à son Verticillium hamatum, qui, d’après Matruchot, est sans doute une forme du B. hama- tum Bonord. Je dois constater toutefois que la variété en question s'éloigne du type de Bonorden par sa coloration, les dimensions de ses spores et l’habitat. Didymopsis perexigua Sacc. et March. Cette espèce, qui Jusqu'ici n’avait été rencontrée qu'une fois, sur l'ostiole du Philocopra pleiospora, a été depuis observée, assez abondamment, sur les disques de l’Asco- phanus pilosus développé sur des crottins de lapin recueillis à Namèche. (1) Marnucuor. Recherches sur le développement de quelques Mucé- dinées, p. 76. 139 Monacrosporiam elegans Oud. Hyphis fertilibus erectis, simplicibus vel ad basin bifur- catis, septatis interdum parte superiori subnodulosis ; conidiis 4-locularibus, 20-40 — 15-18 v. Hab. in tigillo stercorato (Bruxelles) et in fimo leporino vetusto. Olloy. Peut-être une variété du M. elegans Oud.. Comme structure générale, il y a presque identité; mais ses hyphes fertiles sont assez différentes : abondamment cloisonnées, du haut en bas, et non pourvues seulement de 2 cloisons inférieurement; d'un diamètre inégal et souvent nodu- leuses supérieurement; enfin ses conidies absolument semblables à celles figurées par Oudemans (Aanwinsten voor de flora mycologica van Nederland, IX an X, PI. V, fig. 9), sont relativement beaucoup plus petites. Echinobotryum pulvimatum nov. sp. (PI. II, f. 2-2 a). Dense gregarium, pulvinatum, nigrum; hyphis prae- longis, hyalinis, densis, flexuosis, parce septatis, 1,5-2 u. crass., vVage ramosis; conidiis acrogenis rarius pleuro- genis, in glomerulos aetate magnitudine variantes, stella- tim digestis, sessilibus vel saepius breviter stipitatis, fuscis sed in prineipio hyalinis, oblongo-cylindraceis, apice atte- nuatis basi truneatis, 7-9,5 — 5,5-4,2 4, episporio levi. Hab. in stercore gallinaceo. Arduenna. A rapprocher de l'E. laeve Sacc., car,comme ce dernier, il a des hyphes hyalines et des conidies étroites souvent brièvement pédicellées. Mais ces deux espèces ne pour- raient être fusionnées : l'E. pulvinatum croissant en coussinets denses, confluents, ayant des hyphes septées, des conidies non ovales ou subfusoïdes, mais beaucoup plus étroites (5,5-4,2 et non 6-7 u), oblongues cylindra- 140 cées, forment de gros capitules; enfin l'E. pulvinatum se développe sur un substratum totalement différent. En prélevant des spécimens sur la fiente de poule, on n'observe qu'un mycélium très peu développé ; mais, cultivé en décocté de fumier et en moùt de bière, l'E. pulvinatum développe, au contraire, des hyphes très longues et copieusement ramifiées ; le long de celle-ci, des conidies isolées apparaissent d’abord; ce n’est qu'après 6 à 10 jours que l’on peut observer des capitules entière- ment développés. Pendant un temps assez long, les conidies sont hyalines et tout d’abord arrondies antérieurement; ce n’est jamais qu'après deux à trois jours qu’elles brunissent et s’atté- nuent longuement au som- met. Stachybotrys crassa nov. Sp. Caespitulis nigricantibus ; hypbhis sterilibusrepentibus, gracilibus, dichotome ramo- sis, hyalinis, sparse septatis ; hyphis ferulibus pallidis, ereclis, septalis, )-8 crass., ramis 9-9 eleganter patulo- Fig. 4. -— Stachybotrys crassa. — (a) Basi- ascendentibus ice Steri des ovoïdes,hyalines.—(b) Conidies cha- tro NS APICOESEES grinées. (d) Aspect général de la plante. matophoris - sterigmatibus 5-7, ovoideis, 17-21 — 10-12,5 &, apice subacutis, hyali- nis; conidiis sphaericis, pro genere maximis, 16-18 p diam., atro-fuscis, granulatis, interdum 1-guttulatis. Hab. in stercore damarum (e Tervueren) domi humec- tato culto. 141 Je n'ai observé qu’une seule fois cette espèce curieuse dont je ne suis pas parvenu à obtenir le développement des conidies dans les milieux ordinaires. La disposition si spéciale des ramifications, ses stérigmates épais et courts et surtout ses rares et grosses conidies, la font distinguer très facilement de toutes ses congénères. Periconia scyphophora nov. sp. (PI. IF, f. 1). Caespitulis densiusculis, parum elevatis, indeterminatis, hyphis sterilibus brunneis, obsoletis, crassiusculis, appro- ximatis; hyphis fertilibus dense fasciculatis, erectis vel adscendentibus, 60-90 — 2-5 v, olivaceo-fuscis, simpli- cibus v. rarius inferne bifurcatis, cylindraceis, parce septatis, ima basi frequenter incrassatis, sursum saepe inaequalibus, subartieulatis, cupula parva, hyalina, ali- quando caduca, terminatis ; conidiis in globulum album, mucosum, 3-12 y diam., in cupula impositum digestis, . 1,9-2,2 y crass. irregulariter globulosis, subhyalinis, nu cleolatis et levibus. Hab. in ligno stercorato. Bruxelles. Sa cupule sporigère isole cette espèce dans Je genre Periconia, où elle doit cependant prendre place, malgré ses conidies subhyalines ou hyalines à l'instar de celles des Periconia Helianthi Bon. et P. glaucophaena Rabenh. Periconia felina nov. sp. (PI. IF, f. 4). Caespitibus densis late effusis, indeterminatis, initio albidulis dein chlorino-griseis; hyphis sterilibus repen- tibus, laxe ramosis; hyphis fertilibus ascendentibus, erectis, subflexuosis saepe subfasciculatis, simplicibus vel inferne bifurcatis ubi 1-2-septatis, apice! incrassatis, 40-60 — 2-5 y, conidiis in capitulum 12-18 y diametro digestis, initio muco fluxili conglutinatis, ovoideis, fuseis, subpellueidis, nucleo obseuro 4-6 — 5,5-4 y. 10 142 Hab. in fimo felino vetusto socio Gymnoasco rubro. Bruxelles. Les hyphes, de couleur claire, rapprochent cette espéce du P. Desmazieri Bon., avec lequel les caractères de ses filaments fertiles et ceux de ses capitules de spores ne permettent pas de la confondre. Trichosporinum inflatum nov. sp. (PI. IE, f. 5). Caespitulis laxis, delicatis, late effusis; hyphis decum- bentibus subflexuosis, tenuissime et remote septatis, 2-5,5 crassis, hyalinis, saepe ramosim-dichotomis, hine v. inde inflatis; conidis initio albidis dein fuscis, in apice ramulorum congregatis, 6-7,5 — 5,5-4,2 , ellipsoideis, utrinque rotundatis, episporio crassiuseulo, levi. Hab. in fimo suino in ditione Bruxellensi. Espèce facilement reconnaissable à ses capitules pédi- cellés, à pédicelles émanant, non d’hyphes « toruloso- noduleuses » on « flexuoso-toruleuses » comme chez les T. Fiedleri Sacc. et T. tabacinum Sace. et Roum., mais bien de renflements vésiculeux isolés, hyalins, atteignant souvent les dimensions des spores. Botryotrichum piluliferum Sacc. et March. Reperi in fimo suino vetusto et avio putrido e variis locis (Bruxelles), socio Cladorrhino foecundissimo. Par suite d'une erreur de mensuration, nous avons indiqué, dans la description, 11-14 y comme diamètre des conidies ; la plupart des spécimens découverts depuis lors les ont plus grandes, c'est-à-dire de 16 à 20 y. Stemphylium asperulum Sacc. Effusum, initio albidum dein hyalino-olivaceum; coni- diis 17-22 y. diam. 145 Lectum in stercore putrido leporino sub vitro asservato. Coremium glaucum Fr. var. fimieolam Él. March. Majus, saepe 10 millim. superans, capitulo compaeto levi, initio ovoideo, posterius dilatato-fisso ; stipite erasso, 5-8 millim. alt., albo deinde rubello; conidiis globoso- ovoideis 4-5 — 3-4 u, in catenulas praelongas di- geslis. Hab. in fimo suino ve- tusto. Evere. Forme remarquable par ses dimensions et ses capi- tules très compactes, non pulvérulents comme c’est Fig. 5. — Coremium SIRMEUrS Fr. ee fimico- "dinai 1 lum.— (a) Un individu à capitule jeune. le cas Oo! dinaire, mais (b) Çapitules plus âgés, lacérés. (c) Extré- tout-à-fait lisses, se divi- mité d’une hyphe conidifère. sant, à la fin, verticalement en plusieurs fragments dont les spores restent cohérentes souvent longtemps. Isaria brachiata Schum. Hab. ad fimum cuniculinum. Denderwindeke prope Ninove (M. Van Wilder). Les sporophores sont un peu plus renflés à la base que dans le type et les conidies sont aussi un peu plus longues, 5-5,5 — 2-2,9 u. Les stromes, d’un blanc de neige, mesurent de 1,5-3 mill. en hauteur. Graphium stercorarium nov. sp. (PI. I, f. 5). Gregarium, stipitibus 1-2 millim., cylindraceis, 50-40 crass., rigidis, inferne haud incrassatis, apice hyphis hyalinis basi vage ramosis, flexuosis, conidiferis, in capi- tulum globosum, glutinosum, albidum, 150-250 # diam. expansis; conidiis creberrimis, hyalinis, 8-9,5 — 2,2- 2,5 , oblongis, utrinque obtusiuseulis. 144 Speciem insignem inveni supra telam stercoratam ad Ebly, in fimo leporino (Olloy), anserino ad Revin Galliae. Espèce à rapprocher du G. cavipes (Oud.) Sace., dont elle a à peu près les spores et l’habitat fimicole ; mais elle ne pourrait lui être rapportée ayant un capitule deux fois plus gros et surtout un stipe plein, non fistuleux, caractère de très grande importance qui a motivé le nom spécifique adopté par le mycologue hollandais. Stysanus Siemonites Corda var. fimetarins Karsten. Conidiis distincte et argute echinulatis. Hab. in fimo cuniculorum socio Cephalothecio roseo. Boitsfort. Lachnodochium nov. gen. (Etym. Lachnos, vellus et Docheion, receptaculum). Sporodochia alba, subglobosa, sessilia, e gelatina tenaci, haud fluxili, composita, sporophoris tecta. Conidia oblonga, in sporophoris hyalinis, simplicibus, longe exsertis, acrogeno-capitulata. Par ses conidies continues, sans mucus et réunies en petits capitules au sommet de longues hyphes externes, ce genre peut être rapproché du genre Cephalodochium Bonord. ; il s’en distingue aisément par ses conidies et ses sporophores non rapprochés en un faisceau et soudés, mais bien entièrement libres et émanant d’un mycéli im tout autre. Lachnodochium candidam nov. sp. (PI. FE, f. 2).. Sporodochiis superficialibus, sparsis, 1,5-2 millim. diam. ; hyphis sterilibus irregulariter et divaricatim ramo- sis, flexuosis, vix septatis, extus asperulatis, in gelatina granulosa laxe intricatis ; sporophoris erectis, 100-170 — 145 4,5-6 , densis indumentum niveum leve supra sporodo- chium formantibus, continuis, superne asperulatis ubi leviter inflato-denticulatis, protoplasmate granuloso; coni- diis 2-6 in capitulum digestis, oblongis utrinque acutis, 17-21 = 5-6,5 u, ascendentibus vel erectis, intus eximie multiguttulatis. Hab. in fimo aprugno. Arduenna. Obs.— Les conidies semées en jus de fumier et en moût de bière, à une température de 15 à 20 degrés, germent en quelques heures. Le second jour déjà, le mycélium à protoplasme clair, écumeux, commence à se ramifier irrégulièrement ; ses filaments s'entrecroisent, se superpo- sent, leur diamètre s’accroit notablement et bientôt la masse filamenteuse montre ses interstices remplis d’une matière blanche gélatineuse; elle devient opaque et s’épaissit rapidement. Alors les filaments fructifères naissent des parties super- ficielles des hyphes stériles et la masse devenue compacte et subglobuleuse apparait couverte de sa toison si délicate d'hyphes conidifères. Celles-ci sont éphémères, elles s’affaissent après un jour ou deux, mais sont remplacées par de nouvelles pendant une période de 8 à 12 jours. Cet hyphomycète ne m’a jamais montré la moindre tendance à produire une forme ascosporée. Fusarium polymorphum Mat.?? (PI. I, f. 1). En 1884, j'ai fait avec mon ami, M. le professeur Laurent, de l’Institut agricole de Gembloux, des essais de culture d’un hyphomycète coprophile curieux, en vue de l'étude des anastomoses dans les mycéliums. C’était une tuberculariée que l’on ne pouvait alors rattacher à aucune espèce décrite : nous avons ajourné la continuation de nos recherches, après en avoir tracé une diagnose et 146 noté ou figuré les particularités offertes par la culture. La publication du Fusarium polymorphum Matruch. (1) est venue attirer mon attention sur ce champignon momentanément abandonné. Celui-ci, comme le montre le croquis conservé et reproduit sous le n° 1 de la planche L ci-jointe, semble avoir une assez grande affinité avec le F. polymorphum Matr., représenté par le mycologue français, fig. 8, pl. VII. Seulement, notre espèce ne s’était nullement révélée comme polymorphe. J’éprouvai done un vif désir d’en reprendre la culture, dans des conditions variées, en vue d'obtenir des organes reproducteurs différents, à l'instar de ceux du F. poly- morphum. Malheureusement, j'eus une déception: les spores, bien qu'en apparence en bon état, refusèrent de germer. Il ne me reste donc actuellement, pour identifier notre coprophile, que les seuls éléments mentionnés ci-dessus. Voici la diagnose et les notes conservées : « Hyphom. caespitulis albidis, laxiusculis, late effusis, « denique vix lutescentibus. Hyphis sterilibus repentibus, « ramosis, septatis, flexuosis ; hyphis fertilibus ereetis vel « rarius ascendentibus, aggregatis, septatis; conidiis acro- « genis, intra vesiculam globosam, hyalinam fluxilemque, « 30-40 w diam. inclusis, subfusoideis, 1-5-septatis non « constrictis, rectis vel curvulis, 25-58 — 7-7,5 p, utrin- « que rotundatis. « Hab. supra fimum humanum. Bruxelles. « Les conidies germent rapidement en jus de fumier et (1) Maraucnor. Recherches sur le développement de quelques Mucé- dinées, p. 84. 147 de pruneaux, donnant des filaments mycéliens très grêles, flexueux d’abord, continus et abondamment ramifiés. Souvent, quand plusieurs conidies germent rapprochées, des filaments très tenus ne tardent pas à les réunir parfois au nombre de 3 à 6. Cette particularité rappelle le cas figuré par Tulasne pour le Nectria stilbosporae Tul (1). « D'autre part, deux filaments assez rapprochés sont- ils à peu près parallèles? Bientôt de nombreuses traverses viennent les réunir : sur l'un des filaments, une sorte de hernie apparait et de l’autre, en face, un prolonge- ment analogue s’avance à sa rencontre; quand les deux extrémités viennent en contact, la fusion des deux protoplasmes ne tarde pas à se produire. «a Le mycélium, après la production de nombreuses anastomoses, se cloisonne et envoie, au-dessus du milieu nutritif, des hyphes dressées, cloisonnées. Celles-ci se renflent brusquement au sommet en une vésicule s'accroissant rapidement en diamètre, à protoplasme hyalin, qui, en moins d’un jour, fait place à des conidies 3-septées. Les vésicules les plus grosses contiennent au maximum 10 conidies et les plus petites 5. A la matura- tion, la parois vésicale a disparu. » L'existence d’une vésicule, peu douteuse, puisqu’on la voit grandir et apparaitre avant les conidies, n'autorise guère la réunion des deux champignons comparés ici : de nouvelles cultures auraient pu seules permettre de conclure à leur identité. à (1) Tuzasxe, Fung. Carp. II, Tab. XI, fig. 16. 148 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fusarium polymorphum. Fig. 1. Hyphes montrant des vésicules conidifères à différents âges. — a. Conidies müres. Lachnodochium candidum. Fig. 2. Mycélium et filaments conidifères. — a, Conidies montrant leur protoplasme granuleux et de grosses gouttelettes. Cephalosporium asperum. Fig. 3. Un groupe de filaments fructifères et trois conidies fortement aspérulées. Boudierella cana. Fig. 4. Un asque tétraspore accompagné de deux paraphyses. — ha. Coupe verticale d’un réceptacle. — 4b. Sommets de deux asques s’ouvrant longitudinalement,. — ke. Extrémités de deux poils hyalins unicellulaires des bords du réceptacle. Graphium stercorarium. Fig. 5. Un individu portant un capitule encore entier. — 5a. Groupe de conidies avec leurs supports. — 5b. Un fragment de stipe montrant une structure pluricellulaire, à cellules allongées. Gliocladiur macropodinum. Fig. 6. Un individu muni d’un fragment d’hyphe stérile. — Ga. Un capitule plus fortement grossi. — 6b. Groupe de conidies guttulées. PIT AL 7 y fr # Bot. T.XXXIV “ Soc. roy. de € C2E ' S _— : SE ST QE". CEE | CET A US $ 40... "a SA 7 Gas ds Fr 2 k  Ÿ LT 8 RÉ . Z et » k À Le £ RAS # 4 U e ro cd LES PART ad Gr? Louvain. n° 7 7161E, ath:F\ T LIL mEhe Marchal del PEUT VRAI RAUE 7 A Ju A Lo AP A Es). 4 7 LL 1% be, L del e © À 0 ie & # © © th : F Gaele.Gr' Louvaarv. _ Li CA. Ehe Marcha 149 Prancne Il Periconia scyphophora. Fig. 1. Groupe de filaments émanant du mycélium dont l’un porte un capitule de conidies, dans une sorte de cupule, l’autre mon- trant une cupule privée de conidies. Groupe de quatre conidies nucléolées. Echinobotryum pulvinatum. Fig. 2. Hyphe terminée par un capitule arrivé à son complet dévelop- pement. — 2a. Conidies jeunes, hyalines, encore arrondies au sommet. Eurotium semiimmersum. Fig. 3. Asques ovoïdes avant la sortie des spores. — 3a. Un périthèce à moitié enfoncé dans le substratum. Periconia felina. Fig. 4. Fragment d’un individu présentant un filament capitulégère complet et trois dépourvus de conidies et renflés à leur extrémité supérieure. Trichosporium inflitum. Fig. 5. Groupes d'hyphes portant des conidies. — 5a. Renflement vésiculeux, hyalin. Cephalosporium oxysporum. Fig. 6. Extrémité d’une hypbe fructifère, un peu renflée, denticulé- gère, portant quatre conidies guttulées. 11 oi tent am W,not ir af sfiqui DER ghiqtrs otæ FETE # Evibioor Sy 64m x T4 SE PE LUE et A Par, PAU pi “tr Fstques u ue à Mir, SURSS ve ON I ELERTESTS si dr | / 3 13 4 EN hot | Horuses va so toares s0819 PA ASREST ennifos 8 pass t 4 h AR à - ; : ; Re ess ue ide à i ER SR 4 QUE) inavs Le +90pe À € at 24 “moleteros aFaatb kindrs isloré & Sud Le üÜ HE OS UE vastes Ê SpAMiqRS HÉIGNO ja5 HMoNNE vb)A fn din le AR | 1 "8 | hs nu 0 au, Ja tisane db LA BOQUIr eds: do Lire | 74 . rt | TT Ain Aus € = : | tu ia À We ENV tes RAI LAN " ) | DA LUI N RE RARES PPS Cr 4 hu 3 | ape Rae tré fls 2 ai « De : à p - un UE Et mes PO DS A UE ; AT Lg ‘ 0 « UT. « “bhnlinsb svifam dig 6 Hs adult ane sud s 4 va < | L | en31D4 Vas sébias a tst ne ; un ‘ AT CAE ra : 7 à, S Qu: ' t Nr ti t», — L Fe” F hi | L 1e ñ REA : UN BOTANISTE EN MALAISIE, J à VIII — QUELQUES HERBORISATIONS. Notes éthologiques. « … la grande végétation équatoriale, qui jaillit d’une terre trempée par les orages, et déploie ses vertes palmes dans l’embrasement de l'air.» (A,CKE- VRILLON, — Dans l'Inde, p. 13). Grâce à un subside que le Gouvernement belge avait mis à ma disposition, j'ai pu profiter d’un congé qui m'était accordé à l’Institut botanique de Bruxelles, et séjourner à Java depuis le mois d’août 1894 jusqu'en février 1895. Sur la recommandation de M. Treub, j'avais obtenu de M. Tegelberg, directeur de la compagnie de navigation « Nederland », une place de médecin sur un bateau d'Amsterdam qui transportait des pèlerins musul- mans de Djeddah (le port de La Mecque) aux Indes néer- landaises. Je suis revenu à Amsterdam en la même qualité. Pendant mon séjour à Java, j'ai principalement travaillé au Jardin botanique (’s Lands Plantentuin) de Buiten- zorg, et au laboratoire de Tjibodas, situé sur les flanes du volcan Gedeh, dans une admirable forêt vierge qui dépend de ’s Lands Plantentuin. L’inépuisable obligeance de MM. Treub, directeur, 12 152 Janse, chef de section, et Smith jr, sous-chef des cultures du Jardin de Buitenzorg, m'a permis de commencer sur place l'étude de diverses questions de physiologie et de morphologie. Je pourrai poursuivre ces recherches avec les matériaux que j'ai rapportés : au fur et à mesure qu’elles seront terminées, j'en publierai les résultats dans les Bulletins de la Société. L’exposé détaillé de quel- ques travaux, avec planches, paraîtra dans les Annales du Jardin botanique de Buitenzorg. Je me propose de relater d’abord quelques herborisa- tions que j'ai eu l'occasion de faire, tant à Java que pendant les escales. Coxyde, septembre 1895. 153 -1, — Aux environs de Buitenzorg. La promenade que nous allons faire s’appelle à Buiten- zorg « le tour de Tjiomas. » Nous nous mettons en route de grand matin, à deux : mon camarade Hallier et moi. deux Malais nous suivent : l’un est un coolie, chargé de l'appareil photographique; l’autre est Laïdin, un ouvrier du Jardin; il porte notre récolte dans deux grandes cor- beilles, suspendues à un bambou posé sur l'épaule, Nous suivons d’abord l'avenue des wäringin (Ficus Benjamina), qui se trouve dans le parc du Gouverneur- Général.(Voir PI. VI, phot. 9). Quelle étrange avenue que celle-ci : elle ne se compose que d’une quinzaine d’arbres; mais chacun d'eux est supporté par une foule de trones, et les branches étalées paraissent garnies de milliers de cor- delettes mollement balancées par la brise. Ce sont des Fig. 1. — L'avenue des wäringin, à Buitenzorg. racines qui naissent sur les rameaux et qui pendent tout droit vers le sol(1). Dès qu’elles touchent terre, elles s’y (1) L'expérience apprend que ces racines, de même que celles du F. elastica, sont complètement privées de géotropisme positif: elles pendent par leur propre poids et sans que leur irritabilité intervienne d'aucune facon. 154 ramifent abondamment et les minces ficelles deviennent bientôt épaisses comme des piliers de cathédrale. Ces innombrables racines aériennes, toutes semblables, se livrent une concurrence impitoyable, et bien peu d’entre elles, —une sur mille, peut-être, — parviennent jusqu’au sol. Mais au fur et à mesure que les jeunes racines succom- bent dans la lutte, d’autres naissent de plus en plus serrées, etl’arbre finit toujours par posséder des troncs supplémen- taires. Le trone primitif peut alors disparaitre (PI. VI phot. 9), le wäringin n'en souffrira plus, supporté comme il l’est par une nouvelle colonnade qui s'étend sans cesse. On reste confondu en présence d’une pareille avenue. La voùte surbaissée, posée sur tout un labyrinthe de piliers dont la base s’implante dans le sol par de grosses racines enchevêtrées ; l'ombre mystérieuse sur laquelle se déta- chent les coupes largement étalées des Asplenium Nidus et les pâlesfeuilles découpées des Davallia, — tout cela forme un ensemble imprévu qui déroute le botaniste récemment débarqué. Le feuillage des wäringin est tellement touffu que les rayons du soleil ne percent çà et là qu’à grand’peine. Aussi, au milieu du jour, rêgne-t-il ici une délicieuse frai- cheur qui permet à tout un peuple d’épiphytes de s’instal- ler dans la cime des Ficus. Ce sont surtout des Fougères (Asplenium Nidus, Davallia et Viltaria) et des légions d'Orchidacées et d’Aeschynanthus; sur les branches des wäringin vivent aussi des Araliacées arborescentes (Eschweileria) et des Ficus elastica, dont les racines des- cendent vers la terre le long de celles de leur hôte, Sous les arbres, le sol est presque nu. Bien peu de plantes peuvent s'accoutumer à ce demi-jour, — demi- our beaucoup plus sombre que celui qui règne dans la 155 forêt vierge. Nous n’y rencontrons guère que quelques Colocasia, et une grande Ophioglossacée à feuilles décou- pées, l’Helminthostachys zeylanica. Nous ne pouvons nous attarder dans le pare du Gou- verneur-Général. Contentons-nous de jeter un coup d'œil sur les arbres entre lesquels gambadent des troupes de cerfs. Le soleil, bas encore sur l’horizon, lance ses rayons entre les branches et fait briller comme des perles les gouttelettes d’eau suspendues au bord des feuilles. L'orage dela veille a balayé les poussières et abandonné dans l'atmosphère une vapeur bleue très légère, qui ne cache rien, mais fait paraitre plus lointaines encore les hautes branches des arbres. Voici un Posmetia pinnata, dont les rameaux sont chargés d'énormes balais de sorcière qui ont Fig. 2. — Canarium edule, à Buitenzorg. À gauche, l'avenue des wärigin, l'air de touffes d’une mousse brune. Puis, des Canarium edule (fig. 2) avec un tronc renforcé à la base par de larges palettes rayonnantes : ce sont des racines apla- ties qui empiètent sur le tronc et lui forment un revète- ment de contreforts verticaux. Plus loin est une belle collection de Ficus, parmi lesquels nous remarquons un | l RE A 7 LÉ ards MARRATÉERETS 156 exemplaire de F. Rumphü. Le tronc, haut de trois mètres seulement, est garni sur toute son étendue de palettes moins larges que celles des Canarium ; les unes dépendent des racines, tandis que les autres sont la continuation des branches. Ce qu'il y a de plus remarquable chez cet arbre, ce sont les branches elles-mêmes : épaisses et fort tor- tueuses, elles se soudent les unes aux autres partout où elles se touchent. Nous descendons maintenant le djalan Bantän, large route qui conduit vers la résidence de Bantam. On se croirait dans un bois et non au milieu de la ville de Buitenzorg. Partout des arbres et des fleurs; à peine aperçoit-on les maisons bâties à distance de la route dans des jardins qui les isolent des habitations voisi- nes. Chaque jardin est planté de végétaux d'ornement. Les uns sont cultivés pour leurs fruits, tels que les Duranta dont les longues grappes de baies jaunes pen- dent entre le feuillage. D’autres ont de belles grandes feuilles, comme les Cycas lustrés et laqués, les Palmiers (Martinezia, Elais, Caryota, Phoenix, etc.), les Ravenala madagascariensis qui sont comme d’immenses éventails déployés au sommet d’une haute perche. D'autres encore ont des feuilles colorées ou panachées, tels que les Aca- lypha, les Codiueum, les Aroïdées aux feuilles métalliques (Alocasia, Anthurium), les Panax, les Cordyline rouges, etc. Dans la véranda qui précède chaque habitation, on cultive en pots des Begonia, de petits Palmiers, des Adiantum, etc. Les belles fleurs ne manquent pas non plus. Citons-en quelques-unes, parmi les plus brillantes : le Spathodea campanulata aux grandes corolles rouge-orange; elles sont protégées dans leur jeunesse par le calice hermétique- 157 ment clos qui forme un sac distendu par un liquide (); — le Lagerstroemia Reginae avec des bouquets lilas ; — le Bougainvillea spectalibis dont les petites fleurs jaunâtres, réunies par trois, ont chacune une grande bractée pourpre; — le Poinsettia pulcherrima, chez lequel l’appareil vexil- laire est également en dehors de la fleur. L’inflorescence, peu voyante par elle-même, est entourée d’un large bouquet de feuilles marquées chacune d’une éclatante tache rouge-sang; la coloration disparait après la floraison et les feuilles ne fonctionnent plus qu'en tant qu’organes d’assimilation. Puis, quelques plantes qui grimpent dans les arbres et les arbustes : le Thunbergia grandiflora, qui étale ses larges corolles bleues; le Calonyction bona-nox, dont les fleurs blanches, de quinze centimètres de diamètre, s’ou- vrent le soir pour se faner le matin. (L'épanouissement de la fleur se fait en quelques secondes et on voit manifeste- ment la corolle se déplisser (2)); les Ipomaea dont on cultive plusieurs variétés à fleurs bleues de toutes nuances, épa- nouies le matin et déjà fanées à midi. Citons encore, à côté de ces plantes volubles, une Polygonacée grimpante, l’Antigonum leptopus, qui offre toutes les transitions ima- ginables entre les inflorescences normales, à fleurs roses, et les inflorescences complètement transformées en vrilles et ne portant plus que de toutes petites fleurs avortées, blanchâtres. (1) Le Solandra grandiflora a également les boutons protégés par le liquide que contient le calice renflé et fermé ; mais ce liquide, — sécrété par des glandes spéciales,tout comme chez le Spathodea, — ne remplit pas entièrement le sac, lequel contient aussi de l’air. (2) Une autre espèce de Calonyction a des fleurs roses, ce qui est assez inattendu chez une plante à floraison nocturne. + Re 158 Les jardins sont séparés de la route par des haies con- stellées de fleurs, généralement des Barleria ou des Hibiscus (H. liliiflorus et H. schizopetalus). Chez la der- nière espèce, les fleurs rouges, suspendues à l’extrémité d'un long pédoneule flexible, ont les pétales laciniés étalés dans un plan horizontal. Le style, simple à la base — lui aussi, long et pendant, — est entouré presque complète- ment par le tube staminal; les cinq divisions terminales du style, d’abord droites, ne tardent pas à se courber toutes dans un même sens, de façon à amener les cinq stigmates vers la lumière : il en résulte que la fleur, pri- mitivement actinomorphe, a acquis une symétrie bilatérale. Quelques expériences faites au laboratoire m'ont montré que la zygomorphie est déterminée ici par la direction de la lumière, alors que dans les autres cas connus de zygo- morphie induite, elle apparaît sous l'influence de Îa pesanteur. Du reste, c’est ce dernier facteur qui provoque la zygomorphie d’un autre Hibiscus, l’H. venustus, tandis que les stigmates de VA. liliiflorus se courbent sous l'influence et de la lumière et de la pesanteur. Ajoutons encore que dans ces mêmes fleurs d'H. schizopetalus, dont les styles se courbent vers la lumière, la disposition horizontale des pétales est due à leur diagéotropisme. Dans le jardin de l’Hôtel du Chemin de fer, nous remarquons un beau spécimen d'Oreodoxa regia, un Pal- mier qui est souvent cultivé comme plante d'ornement et dont on a fait une belle avenue au Jardin botanique. Le tronc, renflé en son milieu, porte un large panache d'élégantes feuilles pennées; entre l’insertion apparente de celles-ci et le haut du tronc, s’étend une région conique, d’un vert brillant, qui correspond aux gaînes foliaires. C'est comme une bouteille légèrement pansue qui serait coiffée de cire verte. 159 Chacun sait avec quelle désespérante lenteur se fait la croissance des Palmiers en Europe. Ici, au contraire, ils se développent avee une prodigieuse rapidité. Les Oreodoxa du Jardin botanique ont été plantés en 1887; ils ont Fig. 3. — Avenue d'Orecodoza regia, au Jardin botanique de Buitenzorg, plantée | en 1887, photographiée en 1894, | atteint maintenant, en 1894, — en sept ans — une hau- teur de quinze mètres. } | Tout en admirant les jardins diaprés, nous sommes arrivés au chemin de fer. A notre droite, dans le kam- pong Tjiwäringin (kampong — village) nous voyons se profiler sur le ciel une rangée d'arbres d’un aspeet peu 160 ordinaire : des mâts élancés qui se terminent par un goupillon d'immenses feuilles plumeuses (fig. 4). Ce sont des Schizolobium excelsum : leur croissance est tellement rapide qu'ils atteignent en trois ans une hau- Pr TT pe | | $ ! Deer ces Le ru 2 eue NL NL 0 LEX KG SUN Fig. 4. — Schisolobium excelsum dans le kampong Tjiwaringin, à Buitenzorg. A gauche, un autre arbre, privé de feuilles, qui porte de grosses touffes de Loranthacées. teur d’une vingtaine de mètres; sur les troncs, restés verts, on aperçoit encore nettement, comme sur une sigil- laire, les cicatrices laissées par la chute des feuilles. Le tronc reste simple jusqu'à une hauteur de quinze ou vingt-cinq mètres, puis l’ensemble des branches s'ouvre en un vaste parasol. Au Brésil, son pays d’origine, le Schizolobium ombrage sans doute, de sa cime, les autres arbres de la forêt. Les feuilles bipennées, larges d’un mètre et longues de deux, n'occupent que les extrémités de chaque rameau. Cette disposition en panache se ren- contre chez beaucoup d’arbres tropicaux à feuilles décou- pées, pennées ou palmées : Araliacées, Sapindacées, etc. Nous avons passé à côté du Ficus sous lequel se tiennent 161 les coiffeurs malais, et nous voici sur le pont du Pekan- tjilan. La profonde gorge est entièrement comblée par les bambous : on dirait un fleuve de verdure dont les flots débordants ondoyent sous le souffle des vents alizés. Quelques pas plus loin, un autre pont, au-dessus d’une dérivation du Pekantjilan. La route descend maintenant vers le Tjisadanie (tji, en soendanais, signifie rivière) situé à quelque cent mètres plus bas. Sur les talus empier- rés nous cueillons des Tridax procumbens, des Leucas linifolia, puis des plantes plus petites : Gymnogramme poudré de blanc, Pilea microphylla, aussi délicat qu'une mousse, Peperomia, Hydrocotyle, Rostellaria, etc. Un Selaginella nous intéresse par ses curieux épis : alors que sur la tige, les feuilles des deux rangées supérieures sont plus petites que celles des deux rangées inférieures, sur les épis, au contraire, les deux rangées supérieures sont les plus grandes. Voici le Tjisadanie, ombragé par des cocotiers, des Arenga, des Bambusées. Celles-ci donnent actuellement des jeunes pousses ; nous les voyons jaillir d’un. seul jet jusque par dessus les anciennes tiges et décrire dans l’espace leurs courbes gracicuses. Rien n'est plus élégant qu’une touffe de bambous : les tiges, pressées à la base, s’écartent au fur et à mesure qu’elles s'élancent vers le ciel; puis, tout en haut, elles retombent en longues franges (v. fig. 5). Les feuilles des grosses tiges sont presque réduites aux seules gaines; les feuilles assimila- trices ne sont portées que par les plus minces brindilles. Si nous descendions un peu le long du Tjisadanie, nous trouverions d'épais fourrés de Clibadium asperum, une curieuse Composée, dont le fruit n'est pas un akène, mais une baie noire; les capitules mürs se reconnaissent 162 de loin à la teinte brune foncée qu'ont prise les bractées de l’involucre. Dès que nous avonstraversélecours d’eau,noussommes dans le kampong Goenoeng-batoe. Nous montons main- Fig, 5. — Bambous, à Buitenzorg. tenant pendant quelques minutes jusqu’à la maison de campagne de Tjiomas. Cette portion de la route est peu intéressante: de chaque côté, de hauts talus sur lesquels nous remarquons l’Urena heterophylla, des Melastoma, le Pothomorphe subpeltata, fort belle Pipéracée non grim- pante, avec de grandes feuilles pàles; — puis diverses plantes américaines, naturalisées partout à Java, Lantana Camara, L. trifolia, Clidemia hirta(), ete. Une plante qui ne peut manquer d'attirer l’attention est le Phyllan- thus ovalifolius : les rhizomes souterrains rampants, à feuilles réduites, se redressent en une tige verticale dont les feuilles sont également réduites ; à l’aisselle de celles- (1) C’est M. H, Hazzrer qui a déterminé les deux dernières espèces. 165 ci naissent des rameaux à peu près horizontaux, pourvus de feuilles vertes qui ont à leur aisselle des fleurs pendan- tes. Ces rameaux-cise comportent à bien de points de vue comme des feuilles pennées : ils sont caducs et laissent une cicatrice nette ; leurs feuilles sont disposées sur deux rangs, comme des folioles; enfin, les feuilles exécutent des mouvements de veille et de sommeil : pendant la nuit, et lorsqu'elles sont exposées à un soleil ardent, elles se mettent dans un plan vertical et s’appliquent les unes contre les autres (1). Quand nous arrivons à l’endroit où la route tourne vers Tjampea, nous prenons un sentier à gauche. Jetons d’abord un coup d'œil sur la rangée d’Elais quineensis qui dépend de la propriété de Tjiomas. Il n'y a peut-être pas un seul arbre dont le trone soit aussi favorable que celui-ci à l'installation des épiphytes ; les bases persistantes des feuilles forment de petites niches dans lesquelles des plantes de toute sorte peuvent prendre racine. Il n’est pas rare, par exemple, de trouver sur les Elais, des Lantana Camara et même des Graminées. Mais l’épiphyte la plus commune sur ce Palmier est une Fougère (Polypodium subauriculatum ()) qui s'établit tout en haut de la tige et laisse retomber ses feuilles pennatiséquées, longues de trois à quatre mêtres. Au bord du chemin, nous remarquons aussi un grand Gnetum Gnemon, l’une des rares espèces de ce genre qui ne soient pas volubles. Nous nous trouvons maintenant dans les plantations d’arbres fruitiers du kampong Goenoeng-batoe. Voici des (1) Nous reparlerons, dans un travail ultérieur, des rameaux dorsi- ventraux et des feuilles pennées. (2) C’est à M. le Dr Cæanisr que nous devons la détermination des Fougères que nous avons rapportées de Java, 164 Cocos nucifera, dont la couronne de palmes jaunâtres est lentement bercée par le vent. Diverses espèces de Citrus fournissent des oranges, des citrons, des cédrats, des pamplemousses, etc. Puis des Anona muricata, À. reticu- lata et À. squarrosa avec leurs feuilles lustrées, disposées sur deux rangs; des Garcinia Mangostana, des Psidium Goyava, divers Jambosa, les Artocarpus incisa et À. inte- grifolia, le Mangifera indica. Plus loin, les Nephelium mulabile (en malais : poelassan) et N. lappaceum (en malais : ramboetan), chargés de leurs innombrables pani- cules pendantes de fruits rouge-carmin, à travers les- quelles on aperçoit à peine le feuillage. Il n’y a pas, à Buitenzorg, une seule plante dont les feuilles soient aussi couvertes d'épiphylles que celles des Nephelium : souvent, elles disparaissent complètement sous une couche continue de Chroolépidées (Phycopeltis, Chroo- lepus) et de Lichens. On observe déjà à l'œil nu tous les stades de l’attaque de l’Algue par le Champignon, depuis les taches orangées de Ghroolépidées qui présentent sur un bord les premières traces de leur transformation en Lichens, jusqu’à celles qui sont devenues complètement grises. A côté de ces Lichens dont l’Algue est une Chroolépidée, les feuilles de Nephelium portent beaucoup de Lichens d'Algues unicellulaires, tant des Pyréno- que des Disco- lichens. Très communes aussi sontles taches de Cephalozia parasitica, une Chroolépidée qui pénètre profondément dans les tissus de la feuille. Faisons remarquer en passant que cette Algue, qui vit en parasite sur les plantes les plus diverses, peut se lichéniser tout comme les autres Chroo- lépidées; et il se constitue ainsi des Lichens parasites de Phanérogames. | Le tronc des Nephelium est très anguleux ; les côtes 165. s’accusent de plus en plus vers le bas, où elles deviennent des palettes proéminentes dont chacune se trouve au- dessus de l'insertion d’une racine. Cette structure, qui est plus accusée encore chez divers Inocarpus, est analogue en somme à celle que nous connaissons chez le Canarium edule et le Ficus Rumphii, — à cette différence près que les palettes proviennent des racines seules et s'élèvent jus- qu'en haut du tronc, Une pareille disposition augmente beaucoup la résistance à la flexion, tout en n’exigeant qu'une faible dépense de matériaux. Entre ces impénétrables fourrés d'Ananassa sativa et de Zalacca edulis, un Palmier acaule donnant des fruits comestibles, sont les troncs non ramifiés du Carica Papaya, coiffés d’un bouquet de feuilles palmatifides. Chez les individus femelles, les fleurs sont disposées en petits groupes à l’aisselle des feuilles et donnent de gros fruits presque sessiles. Au contraire, les fleurs mâles, — qui sont sympétales tandis que les fleurs femelles sont chori- pétales, — sont rangées en longues grappes; mais, chose singulière, chacune de ces grappes pendantes se termine par une fleur hermaphrodite, qui produit un fruit beau- coup plus petit que celui des fleurs femelles. Une insupportable odeur nous annonce que nous passons à côté d’un Durio zibethinus. Les gros fruits, couverts de fortes épines, sont très prisés par les Malais; leur richesse en matières grasses doit d’ailleurs leur donner une grande valeur nutritive. Beaucoup d’Euro- péens se régalent des doerian tout autant que les Malais. Quant à moi, à plusieurs reprises, j'ai mangé de ce fruit, mais sa répugnante odeur (1) ne m’a jamais permis de (1) Voir HaserLanpr (8, p. 136) et Wazace (21, p. 57). 166 l’apprécier. Les cuisinières malaises en font une espèce de pudding qui malheureusement n’a rien perdu de son fumet primitif. Un jeune exemplaire de Durio montre sur ses feuilles des centaines de petites cochenilles longues et étroites (1). Ces Insectes ont ceci de remarquable qu'ils orientent toujours leur grand axe suivant la plus grande inclinaison de la portion de feuille qu'ils occupent. Lorsque la face supérieure de la feuille est légèrement ondulée, comme c’est le cas chez le Durio, les divers individus ont soin de se placer dans la situation la plus oblique qu’ils peuvent trouver. Aurions-nous affaire ici à du géotropisme? Ce serait le premier exemple non douteux d'animaux qui auraient la faculté de sentir la pesanteur comme telle (2. Signalons encore, parmi les arbres fruitiers, les bana- niers (Musa sapientium et M. paradisiaca, avec leurs innombrables variétés et hybrides); si pour le botaniste ce sont des herbes, les Musa ont au moins le port d’un arbre. On voit par ces exemples que les arbres fruitiers ont dans l'alimentation du Malais une importance bien autre- ment considérable que chez nous. Les noix de coco et les bananes tiennent la première place; et c’est logique, car non seulement ils renferment beaucoup de matière nutri- tive, mais encore ils abondent en toute saison. Que dis- (1) La même espèce se rencontre en abondanee sur beaucoup d’autres feuilles et en particulier sur celles du Pangium edule, malgré leur richesse en acide cyanhydrique. (2) Les phénomènes qui ont été décrits comme du géotropisme, par M. Los, particulièrement chez des Échinodermes, me paraissent sujets à caution : ces animaux réagissent vraisemblablement contre des sensa- tions tactiles. 167 je! Il n’y a pas de « saisons » à Buitenzorg : le thermo- mètre se maintient pendant toute l’année entre 22 et 31° C., ce qui fait une oscillation annuelle de 9°. Quant à la différence de température entre le jour et la nuit, elle dépasse rarement 6°. En outre, il pleut tout le long de l’année : la quantité totale de pluie est de 4.70 m. (6 à 7 fois autant qu'à Bruxelles), et des périodes de 8 jours sans pluie sont tout à fait exceptionnelles. C’est le climat équa- torial dans toute sa délicieuse constance. Comme le fait remarquer à juste titre M. Haberlandt (8, p. 78), c’est par ironie qu’on applique, à notre climat d'Europe, lépi- thète de tempéré. | Regardons les maisons indigènes, séparées les unes des autres par de coquets jardins où les plantes à feuillage ornemental (Alocasia, Caladium, Coleus, Cordyline, Codiaeum, lIresine, etc.), ont décidément le pas sur les fleurs (PI. IV, phot. 3). Les maisons sont petites, mais fort gentilles. Les parois sont faites en bambous fendus et aplatis (voir fig. 11, page 185); la toiture est en feuilles de Palmier (Metro- æylon ou Arenga). Le « plancher » surélevé-de quarante centimètres au-dessus du sol, est formé d'une forte natte de Metroxylon sur laquelle on étend, pour dormir, une natte plus fine en feuilles de Pandanus. Chaque maison comprend aussi une véranda, dans laquelle les enfants tout nus jouent autour de la mère assise devant son métier à tisser. La véranda est défendue contre le soleil et la pluie par une légère jalousie transparente en bambou fendu. Sous la-toiture pendent des cages en bambou dans lesquelles roucoulent des tourterelles, lune des passions du Javanais. Les bambous (Barnbusa, Melocanna, Schizostachyum, 13 168 Gigantochloa) sont certainement de tous les arbres équa- toriaux ceux qui rendent le plus de services de toute sorte. M. Wallace (22, p. 258) ne tarit pas d'éloges sur ces plantes; et c'est justice, car leurs usages sont vraiment universels. Dès qu'un Malais dispose de rotan et de bambou, il peut faire tout ce dont il a besoin, depuis les plus petits ustensiles de cuisine jusqu’aux habitations et aux ponts. Ceux-ci sont toujours très élégants et leur légèreté ne nuit pas à la solidité. Nous aurons d’ailleurs Fig. 6. — Un pont do bambou sur le Tjiliwong, à Buitenzorg. l'occasion de voir plus tard, quelques uns des objets qui se fabriquent en bambou. Nous longeons à droite une petite plantation où les Coffea arabica et C. liberica sont cultivés en mélange. Les derniers commencent à fructifier : les baies, d’abord vertes, rougissent à la maturité, et chose curieuse, la coloration débute par la face non éclairée des fruits. Les feuilles des deux espèces, surtout celles du C. arabica, portent des taches jaunes d’une Urédinée, Hemileia vastatrix, qui a déjà détruit bon nombre de plantations et qui à failli ruiner Ceylan. 169 Le caféier ne prospère que s'il est protégé contre le soleil. L'arbre ombrageant qui est à tous les points de vue le meilleur, est le dadap (Erythrina subumbrans). Une autre Légumineuse qui avait été essayée est l’Albizzia moluccana; mais celle-ci a des branches trop cassantes. Les principaux avantages du dadap consistent dans la présence des nodosités radicales, qui enrichissent le sol en azote, et surtout dans la facilité avec laquelle il se laisse multi- plier : on emploie comme boutures de grosses branches de deux mètres de hauteur (1). Malheureusement, le dadap est atteint d'une maladie. D'après les recherches de M. Janse (10), elle est causée par un microcoque qui pénètre dans les racines et gagne de proche en proche tout l'appareil végétatif. M. Janse me disait qu’à l'heure actuelle, il n’y a probablement plus à Java, un seul dadap complètement sain. L'arbre ne fleurit pas souvent; quant aux graines, elles sont extrêmement rares. Peut-être faut- il attribuer cette stérilité au mode asexuel de propagation qui est en usage depuis longtemps. Un autre exemple de stérilité nous est offert par la canne à sucre (Saccharum officinarum) qui, elle aussi, est multipliée par bouturage. Dans la plantation que nous avons sous les yeux, les dadap ne sont que légèrement atteints; néanmoins, on s’occupe déjà de les remplacer par des Melia Azedarach. Le chemin passe maintenant pendant quelques centaines de mètres à travers des rizières. Ne nous arrêtons pas; nous atteindrons bientôt des rizières plus intéressantes que celles-ci. Admirons seulement les nuées de libellules qui planent par dessus les cultures et font scintiller au (4) D’autres arbres tropicaux, l'£Eriodendron anfractuosum et l’Odina gummifera, se laissent bouturer avec la même aisance, 170 soleil leurs ailes dorées. Au loin, le Salak, au cratère largement béant, se détache en bleu sombre, sur le ciel bleu pàle. La base du volcan est entourée de forêts de teck (Tectona grandis) reconnaissables aux innombrables inflorescences jaunes-grisâtres qui percent le feuillage. Nous voici au kampong Djabaroe. Notre route descend à gauche, parmi les plantations d'arbres fruitiers. Nous y observons, outre les espèces que nous avons déjà vues, des Lansium domesticum (doekoe et kokossan) et des Aleurites moluccana (kaméri). On cultive ici beaucoup de Piper Betle et d’Areca Catechu : ces plantes fournissent des ingrédients pour le bétel (appelé ici sirih) que les Malais mâchent sans cesse(l). LePiper Belle est grimpant et se cultive généralement sur des échalas. Quant à l'Areca Catechu, sa tige toute grêle soulève, jusque bien au-dessus des autres arbres, un maigre panache de palmes arquées et de fruits rouges. Au bord du chemin, nous récoltons le Sida retusa, l'Ageratum conyzoides, de petits Phyllanthus herbacés, etc. Très abondant aussi, le Mimosa pudica. C'est mer- veille de voir avec quelle prestesse les feuilles frémissent et s’abattent dès que nos pieds les frôlent. Les Malais, fins observateurs, appellent la sensitive « räbah bangoen » ce qui signifie « se coucher — se lever ». Sur les petites berges, on rencontre le Lycopodium cer- nuum, dont les branches arquées s’enracinent au sommet et se relèvent ensuite pour décrire une nouvelle courbe : un long rameau forme ainsi toute une suite a ———— eee, (1) Le bétel est constitué par des fruits d’Areca Catechu, des feuilles de Piper Betle et de la résine d’Uncaria Gambir ; on saupoudre de chaux vive. L’usage de ce masticatoire donne à la salive une teinte rouge intense, 171 d’arcades. Le prothalle de cette espèce se prête fort bien à l'étude du développement des Lycopodiacées. M. Treub, dont les travaux sur l’ontogénie de ces plantes sont bien connus (17), a eu l'obligeance de récolter pour moi des prothalles de L. cernuum (1). Nous nous écartons un instant du chemin, pour nous promener sous les arbres fruitiers. Par terre, sont des Costus, Zingibéracées avec les feuilles disposées en spirale, des Amorphophallus (?) qui soulèvent, sur un gros pétiole maculé de taches livides, leur unique feuille étalée en parasol, des Alocasia à reflets métalliques, etc. Les trones d'arbres portent de riches moissons de Mousses, d'Algues et de Lichens. Signalons parmi les premières, les coussinets blancs grisätres d'Octoblepharis. Parmi les Algues, nous remarquons surtout les Trentepohlia. L'une des espèces forme des houppes duveteuses dont la colo- ration varie suivant l'éclairage : celles qui sont exposées à une vive lumière, sont franchement orangées, — tandis que celles qui sont cachées dans les fissures de l’écorce et ne reçoivent qu’une faible lumière, sont au contraire d'un beau vert, Une autre espèce forme de larges plaques orangées, sur lesquelles se détachent, par ci par là, des taches brunätres plus foncées : ce sont les endroits où l'Algue est entamée par un Champignon (Coenogonium) et forme un Lichen. L’excessive humidité de l’atmos- phère (pendant la majeure partie de la journée, l’air est presque complètement saturé de vapeur d’eau), explique qu’un très grand nombre de Lichens ont emprisonné des Nostocacées. Pourtant, il y a aussi pas mal de Lichens qui (1) M. Treus m'a procuré aussi des prothalles de L.Phlegmaria. Ceux-ci sont dépourvus de chlorophylle et vivent sans doute cn saprophytes. 172 renferment des Algues vertes, Et l'on ne peut s'empêcher d'admirer un Pyrénolichen, dont les fruits globuleux ressortent en rouge-brique sur la mince couche verte étendue à la surface de l’écorce, tandis que la zone verte est elle-même bordée d'une étroite marge blanche, où le Champignon est encore seul. Sur les branches nous pouvons récolter quelques épiphytes : des Drymoglossum piloselloides, Fougères à petites feuilles charnues, dont le rhizome attaché par de courtes radicelles parcourt ies rameaux jusqu’à leur extrémité et passe même parfois sur les feuilles des arbres fruitiers. Les Hoya ont également des feuilles charnues; Îles fleurs avec leurs pétales veloutés et leurs étamines luisantes comme de la cire, sont pédicellées et disposées en grand nombre sur un axe très racr courci; une même inflorescence peut produire des fleurs — d’une façon intermittente — pendant plusieurs années de suite (1). Examinons encore quatre Orchidacées. L'Aerides acumi- natissimum (2) possède, comme les deux plantes précéden- tes, des feuilles charnues. Les racines s'étendent en tous sens sur les branches des arbres sans s'inquiéter le moins du monde du géotropisme. Très souvent, ces racines se détachent en grande partie, et la plante reste suspendue en l’air par quelque vieille racine, ou même par le cylin- (1) Chez d'autres plantes : — Ananassa, Callistemon, Hippomane, — l'axe de l’inflorescence peut également s’accroître à nouveau après une première floraison; mais ce n’est pas pour donner immédiatement des fleurs : cet axe proliféré est d’abord végétatif et porte des feuilles. (2) C’est à M. Coaxraux que nous devons la détermination des Orchida- cées, des Mélastomacées et des Cucurbitacées que nous avons rapportées de Java. 175 dre endodermique d’une racine morte : un tel individu croit, fleurit et fructifie, tout comme s’il était solidement attaché à son support; plus qu'aucune autre Orchidacée, ces Aerides méritent l’épithète de « filles de l’air. » Les individus qui se balancent ainsi dans l’espace, déve- loppent bientôt de nouvelles racines. Celles-ci, de même que celles du Dendrobium crumenatum (voir ci-après) montrent un héliotropisme négatif très net. Aussi long- temps qu'elles sont libres dans l’air, elles n'offrent aucune trace de la dorsiventralité qui est si marquée sur les racines appliquées. Les fleurs sont disposés en courts épis distiques, apla- is de haut en bas. Nile pédicelle, ni l’ovaire n’exé- cutent de mouvements de torsion; de sorte que sur ces Iinflorescences étalées dans un plan horizontal, Fig. 7. — Dendrobium crumenatum, en les fleurs ont dans l’espace be: une orientation toute différente de celles des autres Orchidacées : le plan de symétrie, ainsi que l'éperon, est horizontal, non vertical. Voici des Dendrobium crumenatum, l’une des Orchida- cées les plus répandues aux environs de Buitenzorg. Il n’y a pas d'arbre qui n'en porte quelques touffes. Cer- tains jours, tous sont ornés de grosses gerbes de fleurs blanches du Dendrobium ; le mème soir, les pétales per- dent leur turgescence. Puis, pendant des semaines, on en chercherait en vain une fleur, jusqu à ce que tout à coup, un beau matin, on soit de nouveau émerveillé de voir que Léa 174 les arbres ont repris leur éphémère parure. Cette curieuse périodicité sur laquelle M. Treub a le premier attiré l’atten- tion (18, p. 184) n'est pas du tout explicable. Ce qui rend le synchronisme plus mystérieux encore, c'est que les Den- drobium, arrachés de leur support par les orages, et trainant dans l'herbe, — ceux qu'on met en pot et qu'on cultive dans des conditions aussi disparates que possible, — même ceux qui sont importés à Buitenzorg d’autres iles de l'Archipel Indien, — fleurissent tous le même jour que ceux qui sont restés tranquilles sur l'arbre où ils sont nés(1). Lorsqu'on examine les boutons cinq à six jours avant leur épanouissement, on remarque qu'ils sont loin d'être également développés. Mais les différences s’effacent les jours suivants : les boutons les plus avancés s’accroissent lentement, — ceux qui étaient en retard se hâtent davan- tage; et tous s'épanouissent le mème matin, comme en réponse à un coup de baguette magique. L'Acriopsis javanica, de même que le Dendrobium crumenalum, a la base des tiges renflée en un réservoir d’eau. À côté des racines appliquées contre l'écorce de son support, cette Orchidacée possède encore des racines collectrices dressées, longues de deux à cinq centimètres : elles forment tout autour de la plante une sorte d'éponge qui s’imbibe d'eau de pluie et de rosée et dans laquelle s’accumulent les détritus de toute sorte, poussières, feuil- les mortes, déjections d'oiseaux, etc. Il n'est pas rare que des Hoyu, des Aeschynanthus, des Lycopodium, des Peperomia, etc., germent entre ces racines, et l'Orchi- (1) M. J. Smiru jr, auquel je dois les renseignements relatifs aux Dendrobium importés, s'occupe de noter quels sont les jours de florai- son. Espérons qu'il réussira à déterminer les causes du synchronisme, 175 dacée se trouve alors au milieu d’un minuscule jardin suspendu. La dernière Orchidacée sur laquelle nous voulons appeler l'attention est le Taeniophyllum Zollingeri, remar- quable par l’absence complète de feuilles assimilatrices. Les racines vertes, étalées en étoile sur l'écorce, sont les seuls organes de nutrition; pas plus que les racines adhésives des autres Orchidacées, elles ne présentent la moindre trace de géotropisme. Lorsqu'elles sont appliquées sur une mince branche, on constate qu’elles s’étendent de préférence sur la face éclairée du rameau pour le suivre dans toute sa longueur, et qu’elles le contournent rarc- ment. Sont-elles guidées dans ce trajet longitudinal par lun ou l’autre mode d'irritabilité? Ou bien, est-ce par suite de la lutte pour l’existence entre les racines que celles-ci prennent la position la plus favorable : celles qui tendent à contourner le support, — étant par cela même moins bien éclairées, — s’aceroissent moins que celles quise dirigent le long du rameau ? Les racines de la plupart des Orchidacées, ainsi que les rhizomes de beaucoup de Fougères (Dry- moglossum piloselloides, Trichomanes auriculatum (1), Nephrolepis ramosalt), Davallia sessilifolia(2), Lindsaya scandens ()) rampent aussi de préférence le long des rameaux. On peut se poser pour eux les mêmes questions que pour le Taeniophyllum. Le centre d’où divergent les racines est occupé per une frêle tige d'un ou deux centimètres de long, portant de petites fleurs jaunes et des fruits qui ne s'ouvrent que par (1) Récolté dans la forêt vierge de Tjibodas. (2) Récolté dans le forêt vierge près du col du Poentjak. (3) Récolté dans le kampong Djapat, entre Batavia et le littoral. 176 une seule fente longitudinale, Nous trouvons aussi en abondance des plantules de Taeniophyllum. L'hypocotyle vert, à section triangulaire, dont l’une des faces est couchée sur l’écorce, se dirige toujours vers le bas (hélio- tropisme négatif ou géotropisme positif?) et forme à son sommet des racines et le bourgeon. Au bas de la côte, nous pénétrons dans le kampong Tjibälagoeng. Il ne faut pas s’étonner de trouver les vil- lages aussi drus. Java est l’un des pays de Îla terre où la population est la plus dense : Pile compte vingt-cinq millions d’habi- tants, ce qui fait environ 190 habi- tants par kilomètre carré, plus qu’en Franceouen Angle- terre. Nous rencontrons Fig. 8. — Metroxylon Sagus, au bord du Tjisadanie, un abri sous lequel à Tjikeumeuh près de Buitenzorg. A gauche, un pend une cloche de individu qui est mort après floraison. bois : ce ee alle que le veilleur, armé d'un lourd maillet, frappe de toute sa force les heures de nuit. À gauche et à droite de la hutte sont des marécages d'où émergent des Metroxylon Sagus. Les feuilles de ce Palmier, hautes de quatre à cinq mètres, servent à tresser des nattes. Leur tronc , { Lez donne du sagou (1). La partie inférieure du tronc rampe dans la vase; il porte des racines négativement géotro- piques qui se dressent en l'air et jouent probablement le même rôle respiratoire que celles de diverses plantes de la mangrove (voir plus loin). L’extrémité de quelques-uns de ces trones se relève en une tige droite, qui porte à son sommet une inflorescence de deux à trois mêtres de diamètre. L’inflorescence est terminale; dès que les fruits sont mürs, la tige meurt; l'individu ne se maintient que par les pousses latérales qu'a données la portion inférieure couchée. La même chose se passe, en somme, chez beaucoup d’autres Mono- cotylées à inflorescence terminale. Toutefois, il n’en est plus ainsi chez divers Corypha (C. umbraculifera, C. aus- tralis) : ceux-ci ne produisent pas de rejets latéraux; ce n’est pas seulement la tige, mais l'individu lui-même qui est monocarpique (2). Chaque exemplaire attend, pour fleurir, qu'il ait atteint une taille d’une vingtaine de mètres ; à peine a-t-il fructifié qu’il cède la place à d’autres. Quel contraste entre ce Corypha, dont l'existence aboutit à la production d’une seule mais gigantesque inflores- cence, et les Hoya, dont chaque inflorescence peut, après un certain temps de repos, se remettre à développer de nouvelles fleurs ! (1) Le sagou, produit par plusieurs Palmiers du genre Metroxylon, constitue avec les noix de coco, la principale rourriture dans diverses petites iles de l’Archipel Indien, notamment dans celles où l’on ne cultive pas le riz. (2) Il arrive souvent, chez ces Palmiers, que les feuilles meurent déjà au moment de la floraison, Les fruits, en nombre immense, doivent alors mürir aux dépens des réserves accumulées dans la tige. Il n’y a donc pas à s’étonner quand M. Wazace (21, p. 292) dit que le produit d’un seul palmier à sagou peut nourrir un homme pendant un an. 178 Derrière les Metroxylon sont quelques exemplaires d’un autre Palmier, l’Arenga saccharifera. I a toujours un aspect misérable. Sur le trone pendent, échevelés, de gros- siers filaments bruns, restes de gaines foliaires. Les feuilles, peu nombreuses et rangées sans ordre, sont sou- FES TE TS AN 4 ES Fig. 9. — Groupe d'Arenga saccharifera, à Soekaman- tri,au pied du volcan Salak. vent déchirées ou privées d'une partie de leurs segments. Ce qui nous frappe en ce moment, par opposition avec les Metroxylon, c’est la situation nettement latérale des inflorescences, qui Sont insérées à diverses hauteurs le long de la tige. Quand on coupe une inflorescence encore jeune, son pédoncule laisse écouler un suc abondant, qui est recueilli dans des bambous et donne par la cuisson un sucre très agréable au goût. Voici des capoquiers (Erioden- dron anfractuosum), encore des arbres qui se profilent sur le ciel comme des spectres. Le tronc porte quelques étages, assez distants, de branches horizontales. Les étages inférieurs sont fort amples, et ren- dent l'arbre beaucoup plus large que haut. Durant une grande partie de l'année, les rameaux sont dépourvus de feuilles; l’arbre alors parait tout à fait mort, et les fruits noirs, qui bal- lottent aux branches, ajoutent encore à l'illusion. Ces fruits laissent échapper d'abondants flocons d’une sorte de coton très estimé pour le bourrage des matelas. La 179 base du tronc est garnie de larges aiguillons, qui ne se retrouvent pas sur les parties jeunes : ils dérivent du phellogène et doivent se faire jour à travers la couche superficielle du liège. L'Eriodendron est l'un des arbres les plus exposés aux attaques des Loranthacées, si abondantes à Java. Près de Soekamantri, à la base du Salak, il y a une rangée d’Eriodendron, hauts d'une vingtaine de mètres, qui ont Fig, 10. — Loranthus pentandrus sur Eriodendron à Depok. L'Æriodendron est complètement dégarni de feuilles. Sur l’une des touffes de Zoranthus pendent, en franges, des Viscum articulatum. perdu complètement le port caractéristique de leur espèce et qui ressemblent plutôt à des peupliers d’ltalie. Leurs rameaux portent auprès de l’insertion sur le tronc d’énor- mes touffes de Loranthus, qui ont fait périr la portion distale de toutes les branches. En novembre 1894, les arbres n’avaient pas une feuille, et l’on n’y voyait que de florissants bouquets de Loranthus accrochés à des sque- lettes d'Eriodendron. A peine avons-nous dépassé le fourré de Metroxylon, que nous avons, à droite, un grand Mangifera indica dont les branches inférieures sont chargées de gros buissons de Loranthus pentandrus. Chose singulière, celui-ci est lui- 180 mème parasité par le Viscum articulatum, une Lorantha- cée aphylle à rameaux aplatis qui pendent comme une longue barbe. Elle habite presque exclusivement d'autres Loranthacées, en particulier le L. pentandrus (1). Près de Perobolinggo, à l'extrémité orientale de Java, j'ai vu deux arbres voisins, un Ficus qui portait des Loranthus pentan- drus et un arbre non déterminé avec des toufles d'une Loranthacée également indéterminée. Les L. pentandrus hébergeaient de nombreux et florissants Viscum articu- latum, tandis que l’autre Loranthacée n’en portait que de petits échantillons morts ou mourants : le Piscum avait essayé de s’y implanter, mais l'attaque avait été repoussée. Ne quittons pas le Loranthus sans jeter un coup d’œil sur ses racines qui parcourent d'un bout à l’autre les rameaux du manguier. Sur leur surface libre, elles pro- duisent des bourgeons qui se développent en rameaux feuillés, tandis que par la face appliquée contre l’hôte, elles enfoncent dans celui-ci d’épais suçoirs qui pénètrent jus- qu’au bois. Il n’est pas rare de voir deux racines voisines échanger quelques suçoirs ou de trouver des suçoirs qui se sont implantés dans les rameaux du parasite lui-même. Chose caratéristique, cesracines sontsympodiales : la pointe meurt et l'allongement de la racine est continué par un point végétatif né immédiatement en arrière de la zone mortifiée ; après avoir atteint une longueur de cinq à vingt centimètres, cette portion perd à son tour son extrémité, et l’article suivant du sympode se forme aux dépens d'un point végétalif nouveau. (1) J'ai pourtant rencontré, dans la mangrove de Soerabaja,un Viscum arliculalum sur un Viscum orientale, parasite lui-même sur un £xcueca- ria Agallocha. 181 Au bord de Îa route nous récoltons le Crotalaria striata, le Desmodium triflorum, une Papilionacée qui ressemble à un petit trèfle rampant, l'Oxalis corniculata, semblable à la plante européenne, l'Eryngium foetidum, le Paspalum conjugalum, petite Graminée à larges feuilles, enfin, divers Stachytarpha (S. indica, S. mutabilis, etc.). Tout autour de nous (voir pl. V) s'étendent des rizières (ou sawah). Rien d’inattendu comme ces moissons, où les mulots et les alouettes sont remplacés par des poissons et des crabes, et dans lesquelles on récolte, au lieu de coque- licots et de bleuets, des Algues et des Pontédériacées. Les champs inondés sont étagés en terrasses séparées par d’étroites digues. L'eau leur est amenée d'un ruisseau situé plus haut, et après avoir coulé de gradin en gra- din, elle est évacuée dans une autre rivière. Quoique Java soitirrigué par un nombre extrêèmement considérable de cours d’eau, ceux-ci n’ont pas encore sufli, et il a fallu creuser partout des canaux qui font communiquer entre elles les rivières naturelles. Aussi, une carte hydrographi- que de l'ile montre-t-elle un réseau à mailles fort serrées. Chaque année le gouvernement de l'Insulinde dépense plusieurs millions de florins pour entretenir Îles travaux d'irrigation et pour en créer de nouveaux. Il ne faut pas perdre de vue que le riz constitue le fond de la nourriture des vingt-cinq millions d’habitants qui se pressent à Java. Pendant une partie de l’année, on permet à la végéta- tion sauvage de se développer librement dans les rizières. Puis on laisse écouler la majeure partie de l'eau, et on s'empare des crustacés et des poissons qui ont pullulé dans ces viviers ; on y fait alors passer la charrue de bois, attelée de buffles : la végétation indigène est enfouie 182 comme engrais. Dès ce moment le travail est confié aux femmes : ce sont elles qui repiquent les jeunes plants de riz, semés en pépinière, et qui plus tard s'occupent d’arracher les mauvaises herbes. Lorsque le riz commence à mürir, on place les épouvantails : ce sont souvent de longues banderolles, rouge et blanc, que le vent agite en tous sens, ou des moulinets en bambou qu’une feuille de cocotier oriente automatiquement et qui tournent à une allure endiablée avec un bruit de crécelle; mais de tous les moyens, le plus efficace consiste à construire au milieu de la terrasse une petite hutte surélevée de quelques mètres : un Malais, posté dans la cabane, tire de temps en temps des ficelles tendues à travers le champ et auxquelles sont attachées des pièces de tissu. Enfin vient le moment de la récolte. Tout ce que le Kampong compte de femmes et d'enfants se rend de grand matin aux sawah et, avec un petit couteau spécial, cueille le riz, panicule par panicule. Il en est fait des bottes que les hommes attachent aux deux extrémités d’un bambou et apportent au village, sur leur épaule, La paille reste sur les champs et est mangée par les buffles. On inonde de nouveau les sawah, et on les laisse en repos pendant quelques mois. C'est avant la mise en culture que les rizières sont le plus intéressantes pour le botaniste (). Celui-ci rencontre alors une ample collection de plantes aquatiques : des Eriocaulon et des Xyris avec leurs fleurs réunies en capitules; des Monochoria pauciflora bleus; des Limno- charis Plumieri jaunes; des Marsilea aux feuilles flot= tantes, des Cyperus Babakensis, des Fimbristylis miliacea, (1) Nous avons fait nos plus riches récoltes en septembre 1894. 183 et d’autres Cypéracées, etc. N'oublions pas deux Onagra- cées fort intéressantes : le Ludwigia perennis, dont les par- ties submergées — et celles-là seules — sont recouvertes d'une épaisse couche d'aérenchyme (il vit aussi sur les digues, mais sans avoir alors ce tissu spongieux) ; enfin, le grand Jussiaea suffruticosa qui est complètement dépourvu d'aérenchyme. Quant aux Algues, ce sont généralement des Chara, des Spirogyra, et d’autres genres européens (1). Au moment où nous faisons cette herborisation (février 1895), le riz est presque mür, et les champs ne nous offrent que quelques plantules. Il nous faut passer sur les étroites digues ct nous promener en équilibristes jusqu'au ruisseau qui alimente les sawah. Nous y trou- verons sans peine quelques exemplaires des plantes qui sont énumérées plus haut. C'est ici que les espèces se conservent, en attendant que Ja moisson du riz soit faite : dès que les champs seront de nouveau libres, les graines emportées par le courant germeront à leur aise, et la végétation spontanée occupera le terrain jusqu'aux pro- chains labours (2). (1) C’est à M. De Wizneman que nous devons la détermination des Algues que nous avons rapportées. D’après lui, beaucoup d'espèces sont identiques à celles d'Europe. Il est vraiment remarquable de trouver à Java un si grand nombre d'organismes inférieurs qui sont les mêmes que chez nous. Dans les mares et les étangs du Jardin botanique de Buitenzorg, nous avons récolté, en fait d’Infusoires et de Flagellates : Paramaecium aurelia, P. bursaria, Coleps hirtus, Chilodon cucullulus, Glaucoma sp., Vorticella sp. div., Trachelomones sp., Euglena sp. div., Mastigamoeba sp. (2) Aux environs de Bandong et de Garoet (dans les régences de Preang), il y a d'immenses plaines occupées par des sawah, dans les- quelles le mouvement de l’eau est beaucoup moins accusé que dans les 14 184 Quoique nous ayons commencé notre herborisation vers six heures du matin, la chaleur est déjà accablante dans ces rizières Iinsolées. Aussi sommes-nous heureux de retrouver un peu d'ombre dans le kampong Pandjassan. Avons-nous soif, il suffit de faire un signe au marchand ambulant qui débite aux enfants du village du suc frais d'Arenga. Il colporte la liqueur dans deux gros tubes de bambou qu'ii se pend sur l'épaule, et annonce sa présence en faisant Pp | eve nr Have Y Fa Fig. 11. — Marchands de fruits, au bord de la route, à Buitenzorg. tinter une sonnette. Ailleurs, aux bords de la route, sont des échoppes, d’installation fort rudimentaire, où l’on peut acheter des fruits, du riz cuit et enveloppé dans une feuille rizières étagées de Buitenzorg. Peut-être est-ce à cette tranquillité qu’il faut attribuer la présence, dans ces sawah, d’un grand nombre de plantes flottantes, — les unes tout à fait libres, telles que les Azolla,le Salvinia nalans, le Pistia stratiotes, les Lemna minor et L, trisulca, etc. — les autres, attachées à la rive, mais dont les longues tiges flottent à la surface de l’eau, comme l’Zpomaea reptans et le Jussiaea repens. La dernière espèce est remarquable par ses racines gonflées d'air, auxquelles M. GoseL (5, vol. II, p. 256) assigne un rôle respiratoire. RÉ à 185 de bananier, des friandises de toute sorte : pâtisseries, ontjom (voir plus loin, p. 205), sucreries, etc. Mais on se procure le long du chemin beaucoup d’autres choses encore. Le commerce ambulant est fort en usage à Java; on ne peut passer dans un kampong sans rencontrer quel- que Chinois allant de maison en maison présenter des tis- sus, des ustensiles de ménage, des objets de toilette, du papier à lettres, etc. Le Fils du Ciel est vêtu d’une ample culotte noire et d'une veste blanche, et coiffé d’un chapeau européen sous lequel passe la longue tresse terminée par une mèche de soie rouge. Il agite par intervalles une sonnette, ou une crécelle, ou un grelot de bambou, ou une cliquette, selon le genre de denrées qu'il offre en vente. Derrière lui, arrive en sautillant son coolie malais ; il n'a pour tout vêtement qu’un large chapeau de Pan- danus et une culotte, grande comme un calecon de bain, et porte, suspendus aux extrémités d’un bambou, deux pesants paniers chargés de marchandises. Les facultés commerciales du Malais ne dépassent pas le trafic de comestibles, qui n'exige qu’une minime mise de fonds. Il est beaucoup trop prodigue et ne parvient jamais à économiser petit à petit la somme qui serait néces- saire pour entreprendre un commerce de quelque im- portance. Regardons derrière une haie de Zalacca edulis, des Mangifera indica avec des jeunes feuilles colorées en rouge-brunâtre, qui pendent toutes flasques entre les feuilles adultes. Peu à peu, elles perdent leur teinte rouge en même temps qu'elles acquièrent de la fermeté, et elles prennent enfin la position horizontale. Beaucoup d’arbres tropicaux ont ainsileurs jeunes feuilles pendantes et, dans la plupart des cas, celles-ci ne montrent encore aucune 186 teinte verte, au moment où elles ont déjà acquis toute leur taille : chez le Maniltoa gemmipara et chez le Batschia laurifolia, elles sont complètement blanches; — chez l’Amherstia nobilis, roses; — chez plusieurs Brownea, fauves. Ces diverses Légumineuses ont un aspect des plus étranges, lorsqu'elles suspendent partout au bout de leurs rameaux de longues grappes de jeunes feuilles diverse- ment colorées, qui se balancent au moindre vent. C'est bien de ces arbres-là qu'on peut dire avec M. Treub : ils ne font pas éclore leurs feuilles, ils les déversent. M. Stahl, (16, p. 145) admet que les jeunes feuilles sont ainsi pen- dantes afin de n'être pas arrachées ou déchirées par les violentes averses équatoriales. D'après M. Wiesner (26) il faudrait y voir surtout un moyen de protection contre la lumière trop vive qui détruirait la chlorophylle : aussi celle-ci apparait-elle tardivement (Manilloa); ou bien encore, elle se cache derrière un écran de matière rouge (Mangifera, ete.). Sur un treillage en bambou grimpant des Abrus preca- torius, leurs belles graines rouges tachées de noir exposées à la vue dans les gousses ouvertes. Est-il exact que les oiseaux trompés par leur faux-air de baies müres empor- tent les graines pour s’en régaler ? Certes, l'oiseau n’y peut rien gagner, car les graines sont dures comme des cailloux; mais la plante profite de la méprise pour éparpiller au loin ses graines. Toujours est-il, comme le fait remarquer M. Haberlandi (8, p. 142), que chez les diverses Légumi- neuses à graines « mimétiques » (Adenanthera pavonina, Pahudia javanica, Macrotropis sumatrana, Abrus preca- torius), celles-ci restent attachées pendant plusieurs jours aux valves de la gousse ouverte. Quand nous arrivons au carrefour au milieu duquel un 187 immense Ficus abrite des marchands de fruits et de bois- sons rafraichissantes, nous prenons un chemin à droite. Nous y récoltons des plantules de Gleichenia dichotoma : les premières feuilles ont une croissance limitée et ne possèdent pas, comme celles de l’individu adulte, des points végétatifs toujours prêts à reprendre leur croissance. Examinons aussi une Graminée, le Pogonatherum crini- tum(1), haute à peine de cinquante centimètres, et qui a tout le facies et la dureté d’un bambou. A gauche du chemin s’étend une broussaille assez éten- due dans laquelle nous nous engageons; elle est connue sous le nom d’Astana-gedeh. Deux espèces sont partieu- lièrement abondantes : le Lantana Camara, aux branches couvertes d’aiguillons, et dont les fleurs jaunes ou oran- gées donnent à la brousse une odeur caractéristique ; et le Melastoma malabathricum, avec des rameaux souvent déformés en balais de sorcières. Il y a ensuite des Phyl- lanthus, des Glochidion, des Cassia aux grandes fleurs jaunes, des Pavetta, des Psychotria, des Tetracera Assa avec leurs graines entourées d’une arille plumeuse, des Randia scandens, des Grewia, et bien d’autres arbustes plus ou moins grimpants. Voici une curieuse Phaséolée, l’Acramnus labialis var. mollis : chaque rameau est feuillé à la base et se termine par une longue portion nue qui est seule voluble; le bourgeon axillaire d’une des feuilles assimilatrices se développe en un rameau pareil au pre- mier : l’ensemble est donc sympodial. Encore une Pha- séolée, le Neurocarpum cajanifolium, dont les tiges ——. — (1) Je dois la détermination de cette Graminée à M. Bornrace, Ce savant botaniste a bien voulu m'indiquer le nom d’un grand nombre de plantes javanaises que j'avais rapportées non déterminées. 188 dressées, non volubles, portent des fleurs renversées avec l'étendard en haut et la carène en bas. Chez le Clitoria ternatea, que nous rencontrerons dans quelques instants, les fleurs sont également renversées, mais ici nous les trouvons sur des rameaux qui pendent la tète en bas; elles ont simplement gardé la position qu'elles avaient dans le bouton : l’étendard tourné vers le sommet du rameau, la carène, vers sa base. Ajoutons que dans le plus grand nombre de cas, les Papilionacées à grappes pendantes (Wistaria, Robinia, ete.), tordent le pédicelle de chaque fleur, de façon à amener de nouveau l’étendard vers le zénith ; les Clitoria négligent simplement d'opérer ce retournement. II nous parait assez probable que les Papilionacées primitives avaient la fleur dans la position qui est à coup sûr la plus naturelle, — puisque c'est celle du bouton, — c’est-à-dire, l’étendard en bas, la carène en haut. Mais qu'arrive-t-il chez celles dont les axes florifères pendent vers le bas? Chez les Robinia, les fleurs se retournent, tandis que les Clitoria laissent les leurs dans cette nouvelle position. Nous croyons pouvoir admettre que le Neurocarpum est une forme dressée qui dérive d’une Phaséolée voluble, telle que le Clitoria : la position ren- versée des fleurs est devenue si conforme aux besoins de la pollination que l'espèce l’a léguée à ses descendants, même à ceux qui ont une tige dressée ; et les Neurucar- pum doivent maintenant tordre le pédicelle pour amener l’étendard vers le bas (1). (1) Chez ces plantes, la pollination est effectuée par des Hyÿménoptères. Ils s’abattent sur l’étendard et, pour arriver au nectar, ils doivent appuyer la tête contre la carène et la faire basculer en arrière: le pollen 189 Les fleurs des Phaséolées occupent encore d’autres positions anormales : chez les Mucuna, l’axe de la fleur est vertical, avec l’ouverture en bas, tandis que les Cen- trosema dressent leurs fleurs avec l'ouverture en haut, l’axe étant également vertical. Cette grande diversité d’orienta- tion doit être sans doute attribuée au genre de vie des Phaséolées : leurs tiges volubles amènent les fleurs dans les positions les plus variées. Encore une Papilionacée intéressante, le Flemingia strobilifera. Les fleurs sont disposées en longues grappes et chacune est étroitement enveloppée dans une grande bractée verte.Celle-ci n’a qu’une seule foliole (la terminale) tandis que les feuilles ordinaires sont trifoliolées. Ce qui est fort curieux, c’est que le pétiole de ces brastées subit une torsion d’environ 180°, de telle façon que leur face supérieure est tournée vers l’extérieur, et que leur face inférieure est appliquée contre la fleur(1). Pour l’assimi- lation, c’est évidemment la position la plus favorable, puisque la face supérieure se trouve ainsi dirigée vers la lumière. Si le retournement ne se faisait pas, la struc- ture du tissu assimilateur aurait à se modifier : il devrait devenir lacuneux à la face supérieure et palissadique à la ieur tombe sur le dos. C’est de la même façon que se fait la fécondation chez les Centrosema : seulement ici la carène a une texture charnue et présente une grande résistance; aussi n’y.a-t-il que les plus gros Hyménoptères (Xylocopes) qui soient capables de la repousser pour atteindre le nectar. (1) Un retournement analogue s’opère sur les bractées d’une plante voisine, le Desmodium elegans. Les feuilles ordinaires sont trifoliolées, mais les bractées, — qui ici aussi embrassent les fleurs, — perdent la foliolc terminale et gardent les deux folioles latérales, 190 face inférieure(t). Le sens de la torsion est uniquement déterminé par la situation de la bractée au début, tout comme chez les fleurs d'Orchidacées : l’organe se tord du côté où la distance à parcourir est la plus courte. Avant de quitter la broussaille, regardons ces Polypo- dium Phymatodes, avec des sores profondément enfoncés dans le tissu de la feuille et faisant saillie à la face supé- rieure. C'est une Fougère épiphyte(2, laquelle vit iei par terre. Les feuilles ont une forme très variable sur le même individu : les unes, toutes petites, ovales et presque sessiles; les autres, plus grandes, pinnatipartites et longuement pétiolées; entre ces formes extrèmes, nous trouvons toutes les transitions possibles. Nous aurons l’occasion de rencontrer plus tard, d'autres Polypodium épiphytes chez lesquels le dimorphisme foliaire est beau- coup plus accusé. Ne nous étonnons pas de trouver ici des épiphytes par terre : c’est un fait d’observation cou- rante, que les épiphytes s'établissent partout où la lutte pour l’existence est moins vive; et tout le long du chemin, nous aurions pu récolter sur les pierres de vigoureux exemplaires d'une autre Fougère épiphyte, le Drymo- glossum piloselloides. Ici même, dans la broussaille, croit en abondance une Orchidacée épiphyte, l’Aerides amplexi- caule, dont les longs rameaux s'attachent, comme chez les Vanilla,au moyen de racines qui remplissent les fonctions de vrilles. (1) Cette dernière structure existe chez les feuilles — toutes tordues — d’Allium ursinum et d’Asphodelus aurantiacus, ainsi que chez celles de Bomarea sp., cultivé au Jardin botanique de Bruxelles. (2) Très abondante sur quelques arbres, dans le kampong Baranan- siang, près de Buitenzorg. 191 Nous revenons maintenant au carrefour du kampong Pandjassan et nous descendons à gauche, à côté d’une haie dans laquelle brillent les fleurs bleues de Clitoria ternatea (voir p. 188). Puis nous traversons le Tjisadanie, que nous avons déjà vu au commencement de la prome- nade, et nous voici dans le kampong Poelau. Nous sommes intrigués par l’aspect étrange d’un jacquier (Arto- carpus integrifolia); ses énormes fruits suspendus direc- tement au tronc et aux branches principales sont tous recouverts d’une natte en feuilles de Palmier. Si nous interrogeons les gens, ils nous répondront que c’est pour empêcher que les fruits soient mangés, la nuit, par les roussettes, immenses chauves-souris frugivores, fort communes à Java. Auprès de l’Artocarpus, nous cueil- lons quelques fruits de Triphasia trifoliata, citrons rouges, gros à peine comme une noisette, dont chaque graine contient plusieurs embryons à cotylédons verts. Nous traversons un bras de rivière qui fait communi- quer le Tjisadanie avec le Pekantjilan. Nous sommes au kampong Empang, dans le quartier qu'habitent les com- merçants arabes et hindous. À gauche de la route, s’étend un « kramat», cimetière abandonné dans lequel aucun Malais n'oserait cueillir une feuille ou une fleur: celui qui oublie le respect dû aux morts, ne tarde pas à tomber malade, et de mauvais esprits viennent troubler son som- meil. Tout à côté sont quelques Cynometra cauliflora, un arbre de la famille des Légumineuses, dont les fleurs et les fruits naissent sur le tronc, tout contre terre. Les fruits sont rugueux, quelque peu charnus, monospermes et indéhiscents : ils ressemblent bien plus à une pomme de terre qu’à une gousse de Légumineuse, La production des fleurs sur le tronc n’est pas rare 192 du tout dans les régions équatoriales : elle se retrouve chez des plantes qui appartiennent aux familles les plus diverses : Artocarpus inlegrifolia, Ficus Riedeli, F. Ribes, F. nodosa, Dysoxylon ramiflorum, Cynometra cauliflora, Theobroma Cacao, Saurauja cauliflora, Stelechocarpus Burahol, Kadsura scandens, Erycibe sp. M. Wallace (22 p. 244) considère la cauliflorie comme une adaptation aux visites des papillons; ceux-ci se tiennent dans le sous-bois et ne s'élèvent que rarement jusqu'aux cimes. Cette explication n'est certainement pas applicable au Stelechocarpus Burahol, chez lequel, d'après M. Burck (4, p. 56 du tiré-à- part), les fleurs mâles sont dans la cime et les fleurs femelles sur le tronc. M. Haberlandt (8, p. 152) fait remar- quer aussi que beaucoup de fleurs caulinaires sont ternes et peu faites pour être pollinées par des Lépidop- tères. Il admet plutôt une tendance à la différenciation complète des rameaux assimilateurs et des rameaux florifères. Nous aurons l'occasion de montrer plus loin d’autres exemples Fig. 12. — Ficus nodosa, d’une pareille spécialisation, avec les fleurs sur le tronc, au Jardin bota- Dès que nous avons dépassé la PRE mosquée, nous prenons à gauche. Un Citrus decumana, de même que l’arbre-à-pain de tantôt, a ses fruits (pamplemousses) protégés par des corbeilles contre les roussettes. Nous traversons le Pekantjilan et nous voici sous le pont du chemin de fer, Grimpons 195 sur le talus, et marchons un peu vers la gauche, le long de la voie. Bientôt nous sommes en extase devant le panorama qui s'offre à nous (PI. III, phot. 1 et 2). A l'horizon, le Salak, distant d’une douzaine de kilomètres, lève son large cône ébréché. La dernière éruption du volcan date de 1699; elle a düù être terrible, car tout un pan de la mohtagne a été arraché et éparpillé au loin. Du point où nous sommes, le regard plonge jusqu’au fond du cratère, à travers la béante solution de continuité qu'a créée le paroxysme de 1699; c’est la gorge boisée du Tjiapoes, un paradis pour le botaniste. Sur les flancs du Salak s'étendent de grandes forêts, et à ses pieds, des plantations de caféiers, de muscadiers, de bois de teck. Entre nous et le volean, la grande plaine n’est qu’une À LL *} #4 ‘ x F e Se NOR ME ER EE Fig. 1°.— Rizières près de Tjampea. Les bouquets d'arbres ombragent les villages. vaste sawah, parsemée de bouquets d'arbres dont chacun cache un village et qui surgissent comme des ilots foncés, du sein des rizières vert-pàle. A nos pieds, dans un lit large mais peu profond, coule le Pekantjilan, où la popu- lation riveraine se baigne du matin au soir. Sur les bords, le kampong Poelauetle kampong Empang s’abritent sous de puissantes gerbes de bambou, des arbres-à-pain aux feuilles lustrées, des bananiers tout lacérés, des manguiers avec leur pendeloques de jeunes feuilles 194 brunâtres, des Nephelium qui disparaissent sous un man- teau de fruits rouges. Par dessus la forêt d'arbres fruitiers, les cocotiers dressent vers le ciel leur panache de feuilles pàles qui miroitent au soleil. A chaque souffle de vent, l'immense étendue verte se pare de teintes chatoyantes, les tiges des bambous, imprégnées de silice, se frôlent et grin- cent comme le diamant sur le verre, les palmes ébouriffées des cocotiers bruissent comme du elinquant qu’on agite. C'est le paysage typique de la région occidentale de Java (l) : de larges cours d’eau dont le lit est obstrué par d'énormes blocs roulés, témoins des heures de crue; —des rizières dont émergent d'innombrables villages enveloppés d'arbres fruitiers; — au loin, un volcan autour duquel s'amoncellent les nuages destinés à la prochaine averse. Avant de revenir au chemin, jetons un coup d'œil sur ces Cereus inermis, importés d'Amérique; leurs rameaux plats s’accrochent par une foule de racines et grimpent jusqu’au sommet de deux Ficus, hauts de vingt-cinq à trente mètres. Qui se serait attendu à voir des lianes parmi les Cactacées 2) ? Nous remarquons aussi, sur les bords du Pekantjilan, des bambous qui portent des balais de sorcière pendants, longs de deux à trois mètres; ils se forment sous l’influence d’un Pyrénomycète. (1) La partie occidentale de Java est nommée par les indigènes Soenda, par opposition aux régions moyenne et orientale qui s'appellent Djawa. Les habitants de Soenda parlent le soendanais, ceux de Djawa, le javanais et le madoerais. Quant au malais, c’est une langue de relation qui n’est presque pas parlée à Java comme langue maternelle, (2) Il y a, au Jardin, toute une collection de Cactacées grimpantes ; d’autre part, on y cultive, chose non moins extraordinaire, un Cissus (C. quudranguluris), avec des rameaux charnus, articulés, et des feuilles réduites. 195 Nous redescendons le talus, au milieu des Stachytar- pha mulabilis. C’est le moment de nous demander pour- quoi tant de plantes améri- çaines se sont naturalisées à Java. M. Boerlage (1) en donne une longue liste. Citons parmi celles que nous avons rencontrées aujour- d'hui : Tridax procumbens, Clidemia hirta, Lantana Camara, L. trifolia, Eryn- gium foetidum, Mimosa pu- dica, Ageralum conyzoides, Paspalum conjugatum, Sta- chytarpha mutabilis, Neu- rocarpum cajanifolium et Limnocharis Plumieri. A l'exception de cette dernière plante qui est aquatique, toutes les espèces citées habi- tent les endroits découverts : brousse, bords des chemins, lieux incultes; jamais nous n'avons vu de plante amé- ricaine dans la forêt vierge. Comment expliquer cet ex- clusivisme? Il est probable Fig. 14. — Balai de sorcière, sur bam- bou, dans le forêt de bambous de Tjikeumeuh. En dessous, Laïdin, le jardinier qui porte le produit de l’her- borisation. qu'au début Java était couvert d’une forêt non-interrom- pue, comme c'est encore le cas pour Bornéo (). Plus tard, (1) M. Wazcace (22, p. 238) a appclé l'attention sur ce fait que le globe terrestre est entouré, dans le voisinage de l'équateur, d’une large ceinture de forêts : le nord du Brésil, l'Afrique centrale, la Malaisie, la 196 des dérodages furent opérés pour la culture. Les plantes indigènes, habituées à vivre sous bois, n'étaient pas en état de lutter contre des espèces originaires de pays tels que Fig. 15 — Grammatophyllum speciosum, au Jardin botanique (non fleuri). l'Amérique, où le ri- deau forestier présente de grandes éclaircies. Aussi les immigrants accidentels n'eurent-ils aucune peine à s’instal- ler sur les terrains in- occupés. Mais partout où la forêt vierge avait été maintenue, la végé- tation autochtone a pu se défendre contre les envahisseurs et les re- pousser. Il n’est pas du tout impossible que parmi les plantes qui habitent les endroits ensoleilllés, il y en ait plusieurs qui proviennent de régions voisines, p. ex. de Timor ou de l'Inde continentale, où il existe de la brousse naturelle ; celles-là sont nécessairement considérées comme Nouvelle-Guinée, — tandis que sous les tropiques, il n’y a que des déserts : au niveau du tropique du Cancer, le Mexique et le sud-ouest des État-Unis, le Sahara, l'Arabie, le nord de l’Inde ; sous le tropique du Capricorne, le Gran-Chaco, le Kalahari, l'Australie. Ce contraste dépend de la marche apparente du soleil. C’est donc à tort qu’on parle de forêts tropicales et de climat tropical : 1l faut dire « intertropical, » ou mieux « équatorial, » 197 indigènes, à moins que leur introduction ne soit toute récente. Nous montons maintenant vers le quartier chinois (il y a dix mille Chinois à Buitenzorg). Nous n’avons plus à récolter que l’Adiantum lunulatum, avec des feuilles dont le rachis porte un bourgeon à son extrémité, et une Urticacée des plus urticantes, le Fleurya cymosa. Nous suivons pendant quelques instants la grand’route qui par- court l'ile d’un bout à l’autre. (PI. VI, phot. 8). Sur l’un des Canarium edule qui bordent la route, est une touffe de Grammatophyllum speciosum, l'une des plus grandes Orchidacées épiphytes connues. Les rameaux pendants, arqués vers le haut au sommet, ont une longueur d’un à deux mètres. La plante possède, comme l’Acriopsis java- nica (voir p. 174), de nombreuses racines collectrices dressées. L'individu que nous avons sous les yeux est actuellement en fleurs; 1l en porte des milliers. Il ne fleurit pas chaque année, et la dernière grande floraison a eu lieu en février 1892. Chose singulière, ce Gramma- tophyllum-ci et les divers exemplaires qui se trouvent fau Jardin, fleurissent toujours tous en même temps; exemple de synchronisme à ajouter à celui du Dendrobium crumenalum (voir p. 174). Nous voiei revenus au) Jardin. Les tables du grand laboratoire disparaissent sous notre récolte, et Säriman en aura pour toute la journée à étaler les échantillons d'her- bier. Il y aura aussi de la besogne pour Mas Kromohardjo. Ce sont deux braves Javanais, dont le premier est le garçon de laboratoire, et l’autre, le dessinateur 198 2. Une visite au bazar de Buitenzorg. Chaque mardi, on voit dès l'aurore les habitants de tous les kampong voisins, affluer vers la ville pour vendre leurs produits sur le Passär Bogor (bazar ou marché de Buitenzorg). Aussi une promenade au marché est-elle fort intéressante, puisqu'elle permet au botaniste de faire con- naissance avec les fruits et les légumes de la région, ainsi qu'avec divers objets fabriqués, pour lesquels les végé- taux fournissent la matière première. Nous avons fait ce tour avec le camarade Hallier. Jeherri, un mantäri du Jar- din, qui connait les noms locaux (soendanais et malais) et le nom scientifique de toutes les plantes cultivées de Bui- tenzorg, nous accompagnait. Il est neuf heures. C’est le moment où les jolies soendanaises viennent faire leurs achats. Habillées d’un badjoe (veste) de couleur voyante, souvent jaune ou orange, et d’un sarong (sorte de jupon) sur lequel les fleurs aux formes et aux teintes les plus fantaisistes se mêlent à des animaux invraisemblables, elles circulent entre les échoppes et vont tout d’abord s'acheter quelques fleurs odorantes qu’elles piqueront dans leur opulente chevelure noire. Les fleurs les plus demandées sont Gardenia floribunda, Cananga odorata, Michelia Cham- paca, Myristica Horsfieldi (fleurs mâles), ÆEucharis amazonica, Jasminum Sambac, Hibiscus Rosa-sinensis, Caesalpinia pulcherrima, Nyctocalis sp., Hedychium sp., Tagetes sp., les roses blanches et rouges, etc. Bouchons-nous les narines pour passer entre les mon- ceaux de poisson sec, et dirigeons-nous vers les objets 199 fabriqués. Nous constatons tout de suite que le bambou tient la première place dans l'industrie indigène. Le Schizostachyum Blumei fournit les claies dont on fait les parois des maisons, des bottes d'excellents liens taillés par des fentes tangentielles dans les parois des tiges, enfin des vanneries de toutes formes et de toutes dimensions, depuis les immenses chapeaux- parasols et les paniers qui servent au transport des marchandises, jusqu'aux tamis, aux assiettes et aux petites corbeilles carrées dans lesquelles on lave Île riz. Toutes les vanneries sont renforcées par une bordure en rotan (divers Calamus). Voici des flûtes et d’autres instru- ments de musique en Melocanna huimilis. Là-bas, des fuseaux et des manches pour les petits couteaux à couper le riz, également en Melocanna, ornés de dessins à la pointe de fer. Les larges chapeaux peints et laqués sont faits en feuil- les de Pandanus furcatus. Le même matériel fournit aussi les étuis à cigarettes, ainsi que les grandes nattes sur les- quelles on passe la nuit. A côté de nous est une échoppeoù l’on vend des balais en fibres d'Arenga saccharifera. Ge sont les fibres les plus grossières de la gaîne foliaire qui sont utilisées pour les balais, tandis que les plus fines donnent des cordes; d’autres cordes sont faites avec les fibres des feuilles d'Ananassa sativa et les fibres corticales d'Hibiscus tiliaceus. Par terre sont des charretées de fruits : des noix de coco, des grappes de Nephelium mutabile et de N, lappa- ceum, des régimes de bananes pesant jusque trente kilos, des doekoe (Lansium domesticum) emballés dans des cabas faits d’une seule feuille de cocotier, dont les seg- ments sont tressés ensemble, de petits fruits turbinés de 15 200 Jambosa(1) enfilés dans une baguette de bambou, des pyramides d’ananas, des pannerées de noix d'Areca Cate- chu et de feuilles de Piper Betle, des bottes de longues gousses de Parkia speciosa, dont les graines renferment de l'essence d’ail (2)... Un peu plus loin, on offre en vente du piment (Capsicum longum) qui se consomme en gran- des quantités avec le riz, des fruits de Tamarindus indicus pour faire de la limonade, des rhizomes de Zingiber officinale, — puis, les gros réservoirs souterrains d’Alocasia antiquorum, d’Ipomaea Batatas et de Manihot utilissima. Nous contournons à distance respectueuse une montagne de fruits de Durio zibethinus, et nous voici devant une boutique d'articles pour fumeurs : remarquons seulement que le papier à cigarettes est remplacé par des segments foliaires d'Arenga saccharifera, découpés et enroulés. Tout à côté, des étals de bouchers. Il y a surtout de la viande de porc : les Chinois, sectateurs de Confucius, en font une grande consommation, mais les Malais, soi-disant musulmans, ne la regardent qu'avec mépris. Adossées aux boucheries, sont quelques échoppes où (1) Beaucoup de fruits équatoriaux, surtout parmi les variélés les plus estimées, sont dépourvus de graines : Musa, Ananassa, Arlocarpus incisa, Jambosa, etc. Ajoutons qu'il existe aussi en dehors des tropiques des fruits stériles; tels, certaines pommes et oranges. Cette stérilité peut-elle être attribuée au bouturage comme celle du dadap et de la canne (voir p 169)? Comment est-on parvenu à obtenir par voie asexuelle les centaines de variétés, nettement distinctes, de bananes ? (2) Il est vraiment remarquable que l'essence d'ail (sulfocyanate d’allyle) existe dans des familles aussi éloignées que les Liliacées (A/ium), les Crucifères (Sisymbrium), les Légumineuses (graines de Parkia speciosa), les Rubiacées (fleurs d’'Oxyanthus hirsutus). Ces fleurs dégagent à partir de neuf ou dix heures du soir, une odeur d’ail très prononcée. Y a-t-il des Lépidoptères nocturnes qui aiment ce parfum ? 201 l’on peut se procurer les nombreux légumes qui se man- gent avec le riz : fruits de Secchium edule, de Lagenaria idolatrica, de Momordica Charantia, de Solanum fragile et S. Melongena, de Soja hispida, de Psophocarpus tetrago- nolobus, de Lablab vulgaris, de Vigna sinensis. Aussi, des fruits non mürs d'Aritocarpus incisa et des épis de Zea Mays cueillis avant la transformation du sucre en amidon. Enfin, des graines de Pangium edule : on les débarrasse par la cuisson ou par une macération prolongée dans l'eau, des grandes quantités d’acide cyanhydrique qu’elles contiennent. On mange encore avec le riz, tous nos légumes européens qui sont cultivés à 1000 ou 1500 m. d'altitude; le Portulaca saliva seul peut se cultiver à Buitenzorg, où il se rencontre du reste partout à l’état subspontané. On apporte encore au bazar des jeunes feuilles de Ruellia sp., de Zyzyqius sp., d’A lo- casia antiquorum, de Moringa plerygosperma, de Clero- dendron serratum, de Sauropus albicans. Un légume fort estimé est fourni par les Jeunes pousses de bambou, au moment où elles sortent de terre; elles sont couvertes d’une épaisse couche de poils bruns, très fins et très durs, qui provoquent une insupportable démangeaison; ces poils défendent sans doute, contre les herbivores, les jeunes tissus tendres et succulents. Notons en passant que toutes les emplettes qu'on fait au bazar (comme, du reste, dans toutes les boutiques chinoises de Buitenzorg) sont coquettement enveloppées par le vendeur dans un carré de feuille de Musa ou, à défaut de celle-ci, dans une feuille d’Alocasia antiquo- rum, de Maranta indica, de Nelumbium speciosum, de Tectona grandis ou d’Hibiscus tiliaceus. Continuons notre promenade entre les rangées de bou- 202 tiques en plein vent. Ne passons pas à côté de ces restau- rants sans herboriser un peu dans les plats. Les consom- mateurs, assis à l’orientale — il est malhonnèête de laisser pendre les jambes — sur un banc qui fait tout le tour d'une grande table chargée de victuailles, font remplir de riz une assiette en bambou vanné; puis, avec les doigts, ils prélèvent délicatement leurs condiments favoris dans les nombreux plats en bambou disposés sur la table. Les uns préfèrent les produits du règne animal, crevettes et poissons, mi-séchés, mi-pourris; — les autres s'en tiennent aux végétaux : plantules étiolés de Vigna (?), tubercules d'A locasia antiquorum nageant dans une sauce louche, fruits de Capsicum annuum et de Vigna sinensis, graines coupées en morceaux de Parkia speciosa. Après avoir fait un tour dans les halles aux tissus, où des Chinoises à figure de babouïia étalent un discordant mélange de sarong indigènes et de cotonnades euro- péennes, nous revenons dans la portion plus spécialement botanique du passär. Voici quelques fruits assez rares dont il ne vient jamais que de petites quantités : Punica Grana- tum, Persea gratissima, Elettaria spectosa, Donacodes sp., des graines de Pithecolobium lobatum ; enfin, des noix de coco non müres, qui sontsurtout appréciées pour le liquide qu'elles renferment : afin de témoigner de leur jeunesse, on leur laisse une portion de l'enveloppe encore verte. Non loin des échoppes où l’on vend du sucre d’Arenga, en pains cylindriques entourés de feuilles de Pandanus furcatus, voici des étalages de fleuristes et droguistes ; car les mêmes femmes qui vendent des fleurs pour la parure des Soendanaises, leur fournissent aussi des flacons d'odeurs, des tiges de Conocephalus pour se laver la che- velure, des feuilles de Lawsonia alba pour teindre les FT A 205 ongles en rouge, les petits peignes en bois d’Erythrina subumbrans qui servent dans certaines cérémonies reli- gieuses, et enfin, les nombreux simples (f) qui les délivre- ront de tous les maux. On n'a qu’à dire où l’on souffre, et immédiatement la bonne femme se met à choisir de droite et de gauche les simples appropriés. Elle mélange le tout dans un gentil cornet en feuille de bananier, qu’elle ferme par une épingle de bambou. Nous terminons notre visite, en faisant un tour parmi les buvettes où l’on débite des infusions de feuilles de Cocculus. du suc frais d’Arenga (car le Coran défend au Javanais l'usage des boissons fermentées), des limonades (1) Voici les produits que nous avons notés dans ces drogucries. Graines de Mucuna caritata, Cassia javanica, Parkia africana, Psophocurpus tetragonolobus, Amomum Cardanomum, Entada mono- stachya, Myristica fragrans, Sinapis alba, Coleus s8p., Caesalpinia Bonduc. Fruits de Monoceras lanceolatum, Ilicium anisatum, Sindora suma- trana, Chavica densa, Quiqualis sp., Actinorhytis Calapparia, Termi- nalia sumatrana, Melaleuca Leucadendron, Coriandrum sativum, Anelhum graveolens, Petroselinum sativum, Piper nigrum, (Cubeba officinalis. Fleurs de Cauryophyllus aromaticus et de Gordonia excelsa. Rhizomes de Cyperus tuberosus, Zingiber officinalis, Z. Zerumbet, Kaempferia rotunda, K. pandurata, Curcuma longa. Feuilles de Tetranthera sp. Écorce de Cinnamomum zeylanicum et d’Alyxia sp. Bois de Symplocos sp. Ajoutez à cela divers Hyménomycètes rouges, un long Usnea, du macis, du safran, de l’ouate (de Gossypium, non d’'Eriodendron), de la résine de Styraæ Benzoin, et des creveltes séchées. Tels sont les principaux éléments de la pharmacopée commerciale; mais à côté de ces matières-là, le Javanais emploie comme remède un très grand nombre de plantes sauvages. 204 de Tamarindus indica et de divers Citrus, mélangées de pulpe de Persea gratissima, etc. Jetons aussi un coup d'œil sur quelques pâtisseries indigènes qui se consomment sur place : gâteaux d'Oryza glutinosa, galettes de manioc sur lesquelles on dessine des arabesques avec du sirop d'Arenga, crêpes cuites dans l'huile de coco, gâteaux de riz teints en vert par du suc de feuilles de Cordyline sp. et saupoudrés d’endosperme râpé de coco. L'une des friandises qui excite le plus notre curiosité est l’ontjom, une sorte de grand tourteau sur lequel se développent de larges flocons de moisissures blanches, jaunes et roses. C’est le résidu des graines d’Arachis hypogaea après l'ex- traction de l’huile : on en fait de grands gâteaux qui deviennent comestibles et sont même fort appréciés, après que les champignons ont détruit les dernières traces d'huile. 9. — Dans la forêt vierge de Tjibodas. ‘s Lands Plantentuin possède sur le versant N. E. du volean Gedeh, à une altitude d'environ 1400 m., un jar- din dans lequel sont cultivés les végétaux pour lesquels il fait trop chaud à Buitenzorg. Du jardin dépend une portion de forêt vierge d’environ trois cents hectares. Elle fut cédée par le Gouvernement à la condition qu’on ne lui ferait subir aucune transformation de nature à lui enlever son caractère de forêt vierge. La limite inférieure de la forêt est à un niveau légèrement inférieur à 1400 m., sa limite supérieure est entre 1800 et 1900 m. Deux chemins la parcourent dans toute sa longueur. Sur eux s’embranchent un grand nombre de petits sentiers (tärawas), qui pénètrent de droite et de gauche dans le 205 fourré; les uns se terminent en cul-de-sac, d’autres, au contraire, rejoignent de nouveau l’un des chemins, de sorte que par eux, on peut faire un tour complet à travers le fouillis de la forêt. Les sentiers ont pour principal objet de conduire aux arbres numérotés. Voyons ce que sont ceux-ci. M. Koor- ders, chef de la VII$® section du Jardin botanique (flore forestière), s'occupe depuis de nombreuses années des forêts de l’Archipel Indien. Mais la détermination des espèces n'est pas chose facile. Le principal obstacle est l'impossibilité d’obtenir de bons matériaux d’herbier : les forêts équatoriales ne sont pas, comme celles des régions tempérées, constituées par une espèce unique ou, tout au moins, prépondérante; les diverses espèces y sont mélangées de la facon la plus capricieuse et la plus inattendue. Bien souvent on ne parvient pas à retrouver un second exemplaire d’un arbre qu'on a remarqué une première fois. Comment faire pour en obtenir des fleurs et des fruits? Dans les diverses régions de Java, M. Koorders a établi un ensemble de dix-huit réserves, c'est-à-dire que dans des forêts choisies par lui, il a déli- mité des portions où rien ne peut être abattu sans son autorisation. Puis il a numéroté un exemplaire de toutes les espèces d'arbre et fait tracer des sentiers. Chaque réserve est placée sous la direction d’un mantäri, ouvrier javanais chargé de récolter des matériaux des individus numérotés, au fur et à mesure qu'ils fleurissent et fructi- fient; il doit aussi maintenir en bon état les sentiers que les lianes obstruent sans cesse. De cette façon, M. Koorders a rassemblé à Buitenzorg, un herbier forestier hors ligne, dans lequel les divers échantillons qui portent un même numéro proviennent 206 non seulement d’une même espèce, mais aussi d'un même individu, seul moyen d'éviter les confusions entre espèces voisines. Le nombre total des arbres numérotés est de près de 5,500. Pour donner une idée de l’importance de ce travail, disons que M. Koorders estime à plus de quinze cents le nombre des espèces arborescentes de Javall); dans ce chiffre ne sont pas compris les arbustes ni les lianes. M. Treub a fait bâtir à Tjibodas un laboratoire qui certes n’a pas son pareil sur la terre. Je ne puis songer Fig. 17.— Le laboratoire de TJibodas, Devant, un Xanthorrhaea. sans émotion aux cinq semaines que j'y ai passées (?), en présence de la vie végétale dans sa manifestation la plus sublime, la forêt vierge. Des fenêtres de la salle de travail, on voit se dresser à quelques pas les immenses rasamalah (1) Le nombre des espèces d'arbres indigènes de la Belgique ne dépasse pas quarante. (2) Pendant les premiers Jours j'étais en compagnie de M. Janse et de M. le prof. Pousex, de Copenhague. Puis je restai seul pendant une dizaine de jours. Enfin, M. Hazzier vint me rejoindre et je demeurai encore trois semaines avec lui, sf mt fe = d'un 207 (Altingia excelsa), dont le tronc droit et lisse, haut de vingt-cinq à trente mêtres, supporte une couronne très claire, où pendent en longues barbes grises, des Usnea balancés par le vent. Sous eux, les Fougères arborescentes, les Elettaria et les mille herbes et arbustes qui forment une seconde forêt sous la première. Le laboratoire contient, outre la salle de travail, spa- cieuse et bien aménagée, une salle à manger, un salon- bibliothèque et quatre chambres à coucher; dans les annexes sont la cuisine, l’abri pourla préparation des échan- tillons d’herbier (1), les magasins à provision, etc. Aux murs pendent des cartes qui indiquent la subdivision de la forêt en quatre Terrains, avec tous les sentiers(tärawas). Ces plans montrent encore la position des arbres numé- rotés, ainsi que le genre auquelils appartiennent. Nous étions accompagnés dans nos herborisations du mantäri Säpihin, qui nous indiquait le nom indigène des plantes ; le plus souvent, celles-ci n’ont ni fleurs ni fruits, eton en est réduit à chercher le nom dans les dictionnaires. Säpihin m'a souvent confondu par la sûreté avec laquelle il distingue des espèces aflines. Parmi les Ficus, par exem- ple, il donnait des noms différents à des espèces que je ne parvenais à discerner qu'après une longue observation. Derrière le laboratoire nous entrons directement dans le bois. Nous traversons le Tjibogoh sur une passerelle faite de deux troncs d’Alsophila, et nous voici dansle fourré d'Elettaria qui borde la forêt. Ce sont des Zingibéracées dont le rhizome traçant porte deux sortes de tiges : les unes s’élèvent à quatre ou cinq mètres et portent de gran- (1) L’air est tellement humide et le soleil si rare, qu’on est obligé de sécher les plantes au-dessus d’un feu. 208 des feuilles distiques, les autres n’atteignent qu’une hauteur d'une cinquantaine de centimètres et se terminent par un épis gros et court de fleurs rouges. Il s’est opéré chez ces plantes une différenciation entre les rameaux assimila- teurs et les rameaux florifères, alors que chez beaucoup d’autres Zingibéracées, par exemple chez les Costus et chez les Hedychium que nous rencontrerons tantôt, les fleurs terminent l’axe feuillé. Après quelques pas, nous arrivons dans un sentier qui traverse une grande partie du terrain IT ; il débouche sur l’un des grands chemins sous le nom de tärawas XIE, et sur l’autre, sous le nom de tärawas XI. Nous tournons à gauche pour suivre la dernière portion. Nous passons à côté de quelques énormes Altingia, dont le trone, garaiï à la base de côtes saillantes, a un diamètre d’environ trois mètres. Quant à la cime, elle dépasse de beaucoup celle des autres arbres de la forêt. Le chène de la fable, « Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts, » n'était qu’un pygmée auprès des vrais arbres qui croissent au voisinage de l’équateur. Pendant quelques minutes, nous marchons sans trop nous arrêter, jusqu'à ce que nous arrivons devant le Tjiwalen. D'ici, on jouit d’un splendide coup-d'œil sur la forêt qui garnit les versants de la vallée. Des troncs droits et minces s'élancentsans une branche à une hauteur d’une vingtaine de mètres; tous appartiennent à des espèces différentes et l'ensemble de leurs branches forme bien haut par dessus nos têtes un vaste dôme constitué par les feuillages les plus divers, depuis les plumes des Pithecolo- bium qui sout comme une gaze légère, jusqu'aux grandes 209 feuilles des Ficus, coriaces et lustrées. A peine si, de loin en loin, une branche morte laisse apparaître un coin du ciel. Partout, sur les grosses branches comme sur les plus minces brindilles, sont de larges touffes d’épiphytes. On distingue surtout les Asplenium Nidus, qui par leur Fig. 18. — Asplenium Nidus, au Jardin botanique de Buitenzorg. nombre et leurs dimensions donnent un caractère tout spécial au paysage. D'innombrables lianes sillonnent l’espaee compris entre le sous-bois et les branches inférieures des arbres. Elles s’élancent tout droit ou tournent en spirale autour des troncs, pendent en guirlande de branche à branche, retom- bent par terre pour grimper sur un autre arbre, décri- vent de gracieuses arcades ou se tendent comme des amar- 210 res, s'écroulent encore une fois et, jamais découragées, se mettent à la recherche d'un nouvel appui, pour atteindre là haut le rayon de soleil où elles épanouiront leurs fleurs. Elles rattachent l'ensemble des cimes en un tout continu, et forment un inextricable pêle-mêle de câbles et de festons. Quel fouillis! L’imagination la plus fertile et la plus fantaisiste ne pourrait rien concevoir de pareil. Combien la réalité est supérieure aux récits des voyageurs, supé- rieure surtout à la fiction, aux « descriptions » des poètes! De quelque côté qu’on tourne le regard, on s’arrête ébahi; _et, plongé dans un religieux recueillement, on admire la Plante. Pourquoi done n’avons-nous que deux yeux et qu'un seul cerveau ? Comment exprimer ce qui tour à tour nous ravit davantage ? On s’extasie devant un mince cordon de liane qui porte une énorme pelote de Mousses et d’Hépati- ques; dans celle-ci s’est installée toute une collection de Fougères, depuis les Hyménophyllacées dont les frondes — des merveilles de grâce et de fraicheur — se suspendent en une guipure transparente, jusqu’au Polypodium setige- rum avec ses grosses feuilles spongieuses revêtues de soies brunes. Mais à peine s’est-on mis à examiner la flore d'épiphylles qui a élu domicile sur ces feuilles, que l'attention est appelée ailleurs : une Orchidacée, faisant fi du géotropisme, étale dans toutes les directions de l’espace, ses rameaux et ses racines. Et ainsi, tout le long de la route, chaque enthousiasme s’efface devant l'enthousiasme suivant. En dessous de la grande forêt, il s’en étend une autre, moins élevée, avec des arbres et des arbustes qui sont souvent ramifiés à peu de hauteur du sol. Par terre, un épais tapis de plantes herbacées, parmi lesquelles une observation superficielle fait remarquer tout de suite de 211 nombreuses Fougères(). (Voir PI. VIE, phot. 11, et PI. VILLE, phot. 12). Et toujours le mème enchevêtrement con- fus et inexprimable de tiges, de feuilles, de racines. Chaque fois que je me hasarde dans le fourré, je suis tout de suite empêtré dans un lacis de lianes, et Säpihin doit faire intervenir son grand couteau de jongle. On comprend alors pourquoi lesvoyageurs craignent tant de perdre le sentier. Il faudrait être peintre pour arriver à donner unc idée de ce pêle-mêle, aussi indescripuble que souvent déerit. Par la photographie, on n’y réussit guère. Que de fois, on braque l'appareil devant un de ces décors de féerie qui se présentent à chaque pas! Dès qu'on met au point, on constate, hélas! qu’il faut y renoncer. La photographie n'est possible que dans les éclaireies. Car, comment mettre la profondeur de la forêt vierge sur un cliché de quelques centimètres ? Un fait qui ne peut manquer de frapper le botaniste, c’est que toutes les feuilles se terminent en pointe. M. Stahl (16) auribue la forme acuminée du sommet des feuilles à une adaptation contre la pluie : la longue pointe aurait pour effet de favoriser l’écoulement du liquide, de facon à débarrasser les feuilles le plus rapidement possible des énormes quantités d'eau qu’elles reçoivent pendant les averses. A Tjibodas, la quantité annuelle de pluie est d'environ 4,600 mm. et il n'est donc pas étonnant que la sélection naturelle ait fait acquérir une gargouille aux feuilles de toutes les espèces (2). Le pronipt écoulement de (1) Il y a sur le Gedeh et le Pangerango, environ trois cents espèces de Fougères. (2) La seule exception notable est offerte par un petit Ficus épiphyte (F, heterophylla ?) qui a des feuilles obovales obtuses. 212 l'eau de pluie offre de multiples avantages. Si le liquide séjournait sur les larges feuilles de la forêt équatoriale, il les surchargerait beaucoup, et les feuilles alourdies ris- queraient d’être arrachées. — Puis, l’air est toujours très riche en vapeur d'eau ; même, sous le couvert des grands arbres, il est presque constamment saturé. La transpiration est donc forcément ralen- tie; elle s’arrêterait tout à fait si les feuilles res- (aient couvertes d’une couche d’eau qui aurait à s'évaporer d'abord. — Enfin, M. Stahl ‘admet que la présence de la gargouille assure le rapide entrainement des spores qui sans cela germeralent sur les feuilles et les revète- raient de Mousses, d’Hé- patiques, de Lichens, Fig. 19, — Pandanus Leram, au Jardin botanique d'Algues, autant d'ob- Fvenes stacles à l'assimilation. Ce dernier avantage me semble fort problématique : on n’observe pas que ies feuilles dont la pointe est le plus longuement acuminée hébergent moins d’épiphylles que celles dont la pointe est plus courte; au contraire, de nombreuses plantes (Quercus sp., Acer laurinum, Elet- taria sp.) dont les feuilles ont une gargouille bien déve- loppée, sont parmi celles qui portent le plus d’épiphylles. ni fes 213 Maintenant que nous avons une idée générale de la végétation, continuons notre promenade. Nous longeons la côte escarpée de la vallée du Tjiwalen. Remarquons à gauche un grand Pandanus furcatus, perché sur de nom- breuses racines-échasses. Par dessus le sentier, se balance un Palmier-rotan (Plectoco- mia) dont le rachis foliaire porte à la face inférieure de nombreuses épines crochues ; celles-ci sont surtout abon- dantes sur le flagelle, long de deux à trois mètres, qui ter- mine le rachis. A l’aide de ces crochets, le Palmier s’attache aux arbres voisins : les flagel- les lancés en tous sens par le vent, finissent toujours par saisir un appui solide (1). On comprend aisément que sur une feuille en voie de déve- loppement, c'est le flagelle — terminal — quise forme en premier lieu; il a déjà acquis toute sa rigidité, alors que les M one io cout folioles n'ont pas encore com- Dr mencé à se déplisser. L’extrémité supérieure de la tige (1) Chez d’autres rotans, l'appareil préhensile est un axe d’inflorescence stérile qui se garnit de vigoureux crochets. Tel, le Calamus javenais, qui vit dans le jardin de Tjibodas, au milieu de fourrés d’£lettaria. 214 peut ainsi s’accrocher de plus en plus haut, à mesure que la plante s’allonge. Mais qu’arrive-t-il lorsque le rotan a atteint le sommet de l'arbre auquel il est attaché? La tige continue à s’accroitre, de nouvelles feuilles se produisent et se fixent, — tandis que les vieilles feuilles Fig. 21. — Calamus sp., au Jardin botanique de Buitenzorg. meurent et lächent leur appui; mais alors le bout infé- rieur de la tige, n’étant plus soutenu, s’affaisse par terre et s’y enroule à la facon d’un serpent (Fig. 21). Un peu plus loin, nous nous arrêtons devant une pluie de fleurs blanches légèrement jaunâtres; elles viennent d'un Fagraea, un arbre de sous-bois, qui atteint une dizaine de mètres. 215. Le sentier, très capricieux jusqu’à présent, quitte les bords de la gorge du Tjiwalen, traverse une étroite crête et descend presque à pie dans la vallée du Tjibogoh. Il nous faut passer dans le lit du ruisseau, couvert d’une épaisse couche de Nasturtium officinale, une espèce qui a été plantée un peu partout dans la forêt, principalement aux endroits où les botanistes ont l'habitude de se reposer pour faire un repas. Il est remarquable que cette Crucifère est toujours stérile; du moins, nous n'avons pas une seule fois rencontré des fleurs ou des boutons, et Säpihin ne les a non plus jamais vues. L’absence de fleurs ne peut être attribuée à l’insuffisance de la lumière, car le Nasturtium ne fleurit pas davantage dans les ruisseaux exposés au plein soleil, entre Tjibodas et Tjimatjam, et entre Tjibodas et Tjipanas. A partir de l'endroit où nous sommes, le sentier monte et descend sans cesse. Nous passons à côté de massifs de bambous, hauts à peine de quatre mètres. Que sont ces misérables exemplaires comparés à ces merveilles d’élé- gance, qui à Buitenzorg jaillissent comme un bouquet de feu d'artifice à plus de vingt-cinq mètres du sol! — Il ne fait pas assez chaud ici pour les grandes espèces de Bam- busées. Le thermomètre descend à Æ 11° C. Pour la même raison, il n’y a à Fjibodas ni cocotiers, ni man- guiers, ni aucun des arbres fruitiers de Buitenzorg ; les bananes elles-mêmes ne mürissent pas. La forêt de Tjibo- das, tout au moins dans la partie que nous parcourons en ce moment, appartient à la zone que M. Schimper (15) appelle celle des forêts pluvieuses, par opposition à la zone des forèts brumeuses située plus haut. Tout à coup, les branches craquent tout près de nous : notre présence a jeté l'inquiétude dans une troupe de sin- 16 216 ges qui faisaient la voltige sur les lianes tendues entre les cimes. Pendant que nous nous efforçons de distinguer ces animaux dans le feuillage, Säpihin me fait remarquer un petit Carnivore, le loak (Paradoxurus musanga) qui parcourt prestement les branches d'un grand Quercus. Sous l'arbre, nous trouvons de nombreuses plantules de Coffea arabica. Le loak se nourrit de préférence de baies de caféier, et il a soin de chercher les plus belles. La pré- sence de nombreux petits Coffea en dessous des arbres où se tient le carnivore, montre que les graines passent inal- térées par son tube digestif. Peut-être les nombreux Mam- mifères frugivores (Singes, Cheiroptères, Carnassiers, Rongeurs) qui habitent les forêts équatoriales, jouent-ils, dans la dissémination et dans l’évolution des espèces, un rôle qu’on n’a pas suffisamment étudié. Pendant que nous examinons les plantules sous le Quercus, nous sommes frappés par l’aspect étrange que présentent ses racines. Elles naissent un peu au-dessus de la base du tronc, descendent obliquement vers le sol et s'y ramifient abondamment tout en restant près de la sur- face. Toutes les racines ne tardent pas à se souder entre elles à chaque point de contact; le tronc occupe alors le sommet d’un cône élargiqui se continue à son pourtour par un ensemble de petites niches. Les racines, cylindriques au début, ont un accroissement secondaire des plus parti- culiers : très faible sur les faces inférieure et latérales, il est, au contraire, très intense sur la face supérieure, de sorte que l'organe ne s'accroit que vers le haut et prend la forme d'une planche mise de profil : une coupe trans- versale montre que le centre organique de la racine se trouve tout en bas de la coupe. Il n’est pas rare qu’une racine qui est en voie d'épaississement rapide, vienne buter 4 mnt Te sé sl ms: À 217 contre une autre, plus faible, qui la croise à un niveau supérieur. Le premier résultat est que les deux racines se soudent ; puis, l’inférieure continuant à s’accroitre vers le haut, elle ne tarde pas à englober complètement l’autre, et finalement, on jurerait que la petite racine a perforé la plus vigoureuse. Pendant le cours de l’herborisation, nous aurons l’occa- sion de rencontrer pas mal d’autres arbres avec des racines-échasses qui s’aplatissent par le fait de leur inégale croissance en épaisseur. Ce sont principalement des Turpinia, Elaeocarpus, Ficus, Vernonia, Castanea et Podocarpus. Ghez ces diverses plantes, de même que chez le Canarium edule (fig. 2), le tronc est renforcé à la base par des palettes larges et peu hautes, qui dérivent de racines. Nous verrons aussi chez les Engelhardtia et les Astronia, des troncs dont les côtes, étroites mais allon- gées, ont le même aspect que celles des Nephelium (Voir p. 164 et 165). Enfin, pour terminer ce qui se rapporte aux soudures des racines terrestres, signalons deux genres d'arbres, Manglietia et Villebrunea, dont les racines ne forment pas d'échasses, mais se soudent par- tout où elles se rencontrent. Un pas plus loin, le sentier est obstrué par un grand arbre qui a été renversé par un récent orage. Grimpons entre les branches pour voir tout le cortège d'épiphytes, de lianes et de Loranthacées que le colosse a entrainées dans sa chute. Remarquons aussi que toutes les feuilles, mème celles qui étaient tout en haut de larbre, portent des épiphylles. Ce sont exclusivement des Lichens, parmi lesquels nous distinguons aisément des formes dont l’Algue est une Chroolépidée ; mais les recherch?s les plus minu- tieuses n'améneraient pas la découverte de la moindre 218 tache de Chroolépidée seule : l'Algue ne peut pas vivre isolée sur des feuilles aussi exposées au soleil, mais elle se porte à merveille dès qu'elle est protégée par un Champignon. Regardons maintenant les ravages que la chute de l’ar- bre a occasionnés autour de lui. Tous les arbrisseaux qu’il a rencontrés ont été naturellement écrasés ; pourtant ce n’est pas là que les dégâts sont le plus considérables. A des arbres, distants de plusieurs mêtres, de grosses bran- ches ont été arrachées par les lianes qui les rattachaient au colosse que la tempête a jeté par terre. Ceci nous expli- que aussi pourquoi les surfaces de fracture à la base du tronc ne sont pas restées contiguës : les câbles de lianes qui amarraient l'arbre de tous les côtés, ont fait dévier le trone pendant la chute. Dans peu de mois, l'arbre et ses épiphytes seront décomposés, mais dès maintenant, nous voyons que les lianes ont commencé à donner des nou- velles pousses qui chercheront d’autres appuis. On con- çoit facilement que pour pouvoir supporter sans se rompre de pareilles chutes — avec toutes les torsions, les déchire- ments et les tractions qui les accompagnent, — les lianes doivent être construites tout autrement que des tiges ordinaires. (1) Elles sont extrêmement souples, et en même temps très résistantes. Une simple épreuve faite à la main montre qu'on peut impunément les tordre, les cour- ber, les rouler, les plier, les tourner autour du bras. Si nous faisons une coupe transversale, nous constatons que les trachées — très grosses — laissent écouler d'énormes quantités de sève, et que les divers faisceaux libéro- ligneux sont séparés par de larges rayons médullaires. (1) Voir les structures de lianes dans Scuexcx (12). PPT a. 219 En outre, la surface externe est garnie d'une épaisse cou- che de liège qui amortit les chocs. Le sentier descend un peu et traverse une petite vallée (PI. VIII, phot. 12). Par terre sont de grandes plaques d’une Marchantiacée à aspect de velours. Le velouté est produit par de nombreuses cellules sphériques qui dépassent la surface. Chacune de ces cellules représente un de ces poils rameux, qui, chez les autres Marchantiacées, revètent le plancher des chambres aérifères. Quant à ces dernières, elles manquent complètement. Disons ici qu'à Tjibodas les Muscinées sont extrémement nombreuses, tant en espèces qu’en individus; mais dans ces régions inférieures elles influent moins sur la physionomie de la forèt qu'à deux cents mêtres plus haut. De toutes parts s’étalent les élégantes frondes d’Angi- opleris Teysmanniana, longues de quatre mètres avec un pétiole épais de dix centimètres. Les arbres sont char- gés d’Asplenium Nidus qui s’épanouissent comme des fleurs gigantesques, en des cornets larges de plus de trois mètres. Les inflorescences caulinaires du Ficus Ribes laissent pendre jusqu’à terre des milliers de petites figues. Les touffes d’Aeschynanthus, perchées sur les branches, balancent leurs festons où les fleurs écarlates brillent entre les feuilles sombres. Le Cissus pubifera var. papillosa tend d’un arbre à l’autre ses tiges couvertes de verrues subéreuses et envoie vers le sol des centaines de racines aussi minces que des ficelles. Ces racines sont totalement dénuées de géotropisme : si elles descendent tout droit vers le sol, c’est uniquement sous l’action directe de leur poids. J’ai fait une constatation analogue sur les racines nourricières de plusieurs Aracées (Pothos, Philodendron, Scindapsus), ainsi que sur les racines 220 aériennes de Ficus Benjamina et de F. elastica (voir Fig. 22. — Racines nourricières de Scindapsus sp.. dans la forêt du Tjiapoes. Les branches dont elles proviennent sont situées trop haut pour qu’on puiss: les voir. Les racines portent des Lichens blancs. p. 153). Il n’est pas douteux que les ancètres de ces plantes avaient des racines positivement géotro- piques. Mais les racines filifor- mes qui pendent librement dans l’air n’ont pas besoin d’être géo- tropiques pour atteindre à coup sur la terre : leur propre poids suffit. Dès lors, la sélection natu- relle s'est complètement désinté- ressée de leur géotropisme, et cette faculté, devenue inutile, à disparu. Une raison identique a amené la même régression chez des membres de familles aussi distantes que les Vitacées, les Moracées et les Aracées. Nous avons déjà signalé précédem- ment (p. 175) des racines d’Or- chidacées qui sont également privées de géotropisme ; mais à la différence des premières, celles-ci sont appliquées contre l'écorce d'un arbre. Iei le géotro- pisme s’est effacé, non pas parce qu'il était devenu sans objet, mais parce qu'il était nuisible : ces racines d'Orchidacées sont, en effet, obligées de suivre leur sup- port quelle que soit sa direction. Nous continuons notre promenade le long du tära- 294 + 221 was XI. Consacrons quelques instants à l’étude du sous- bois. Il se compose de plantes dont la taille varie entre quelques millimètres (Mousses, Hépatiques) et une quin- zaine de mètres. Les arbres et les arbustes comprennent de nombreuses espèces de Ficus, diverses Araliacées à feuilles palmatinerves, des Ardisia couverts de fruits rouges, le Saurauja cauliflora, à fleurs blanches portées en partie sur le tronc, l'Acer laurinum, dont les feuilles glauques presque blanches en dessous, portent à la face supérieure de grandes tâches brunes d'une Ephéméracée décrite par M. Goebel (18). Ajoutons-y les nombreux Saprosma et Lasianthus; ces plantes, de même que plusieurs autres Rubiacées, dégagent une forte odeur fécaloïde, et il n’est pas du tout agréable de se forcer un passage à travers les fourrés où elles sont quelque peu abondantes. Parmi les formes dont le port est plus spé- cialement équatorial, signalons le Pandanus, un petit Palmier (Ptychosperma sylvestris) et l’Alsophila tristis, une Fougère arborescente dont le tronc haut de deux mètres atteint à peine trois centimètres d'épaisséur. Les herbes sont encore plus variées. Même s'il n'y avait pas les innombrables Fougères à grand feuillage (A sple- nium cuspidatum, Pteris quadriaurita, Angiopteris T'eys- manniana), les Musa et les Elettaria, la végétation aurait encore un tout autre caractère que celle qui garnit le sol de nos bois d'Europe. La gargouille qui termine chaque feuille fait réellement partie de la physionomie de la forêt, etimprime à l’ensemble un cachet particulier. Un autre fait qui ne peut manquer d'attirer l'attention, c’est que partout sur ces feuilles, des gouttelettes liquides seintillent comme des brillants. Un examen un peu plus approfondi fait voir que chez certaines plantes, les perles sont distribuées sur 222 toute la face supérieure des feuilles, tandis que chez d’autres, elles sont limitées aux bords. M. Haberlandt (26) a beaucoup étudié l'expulsion d'eau par les feuilles. Les espèces chez lesquelles nous voyons l'eau perler sur toute la surface sont des Urticacées plus ou moins hétérophylles (Pilea, Procris, Elatostema, ete.); en outre, nous trouvons la même chose chez un Ficus , 4 2 af ité CO US mr. Fig. 13. — Un sentier dans la forêt de Tjibodas, épiphyte(F. heterophylla?) etchez une liane(Conocephalus suaveolens), qui appartiennent à la famille voisine des Moracées. Quant à celles qui expulsent de l’eau par les stomates aquifères disposées au bord des feuilles, elles ne frappent pas autant le regard, ce qui tient à ce qu'elles sont beaucoup moins nombreuses en individus, et aussi à ce que les gouttelettes occupent une situation moins appa- rente ; ce sont le Saniculu montana, divers Rubus, Cyrtan- 223 dra, Impatiens, Begonia et Polygonum, des Mélastoma- cées, enfin, des lianes (Cissus sp.). La raison de cette abondante sécrétion d’eau à l’état liquide, doit être cherchée dans l’excessive humidité de l’atmosphère. Près du sol, où les rayons du soleil ne pénètrent Jamais, la transpiration est presque reduite à zéro; pour se débarras- ser de l’eau qu’absorbent sans cesse les racines, la plante est absolument obligée de l’excréter sous la forme liquide. Le sous-bois offre peu de fleurs voyantes. Un très grand nombre d'espèces ont des fleurs petites et verdätres. Quant aux grandes fleurs blanches de Cyrtandra picta et aux fleurs jaunes de Curculigo latifolia, elles sont situées tout près du sol et cachées dans le feuillage; si les limaces étaient plus abondantes, on se demanderait si ces fleurs sont malacophiles. Nulle part, en somme, on n'aperçoit de grosses masses de fleurs ; jamais de taches de couleur, — rien qui rappelle les digitales de nos bois d'Europe. Comparée à la rareté des fleurs brillantes, la profusion des fruits colorés nous frappe davantage. Les baies rouges du Mertera depressa et les baies violettes du Piddingtonia montana recouvrent complètement le feuillage de ces peti- tes plantes rampantes. Pourquoi tant de fruits charnus sont-ils colorés en bleu ? Ce sont ceux des Saprosma et Lasianthus, du Dianella montana, du Pollia thyrsiflora, du Dichroa Cyanitis, du Dissochaeta cyanocarpa, ete. Cette teinte attire sans doute un groupe déterminé d'animaux. Mais lesquels ? k Nous débouchons sur le grand chemin qui monte vers « Huis ten Bosch », et plus haut, jusqu'aux limites de la forêt de Tjibodas. Nous allons maintenant suivre ce che- min. À notre gauche, au fond d’une gorge abrupte, roule le Tjibodas, ie ruisseau écumant (en soendanais, ruis- 222 toute la face supérieure des feuilles, tandis que chez d’autres, elles sont limitées aux bords. M. Haberlandt (26) a beaucoup étudié l'expulsion d'eau par les feuilles. Les espèces chez lesquelles nous voyons l’eau perler sur toute la surface sont des Urticacées plus ou moins hétérophylles (Pilea, Procris, Elatostema, ete.); en outre, nous trouvons la même chose chez un Ficus LR EST. LE es RATES Fig. 13. — Un sentier dans la forêt de Tjibodas, épiphyte(F. heterophylla?) etchez une liane(Conocephalus suaveolens), qui appartiennent à la famille voisine des Moracées. Quant à celles qui expulsent de l’eau par les stomales aquifères disposées au bord des feuilles, elles ne frappent pas autant le regard, ce qui tient à ce qu'elles sont beaucoup moins nombreuses en individus, et aussi à ce que les gouttelettes occupent une situation moins appa- rente ; ce sont le Saniculu montana, divers Rubus, Cyrtan- 9293 dra, Impatiens, Begonia et Polygonum, des Mélastoma- cées, enfin, des lianes (Cissus sp.). La raison de cette abondante sécrétion d’eau à l'état liquide, doit être cherchée dans l’excessive humidité de l'atmosphère. Près du sol, où les rayons du soleil ne pénètrent Jamais, la transpiration est presque reduite à zéro ; pour se débarras- ser de l’eau qu’absorbent sans cesse les racines, la plante est absolument obligée de l’excréter sous la forme liquide. Le sous-bois offre peu de fleurs voyantes. Un très grand nombre d'espèces ont des fleurs petites et verdàâtres. Quant aux grandes fleurs blanches de Cyrtandra picta et aux fleurs jaunes de Curculigo latifolia, elles sont situées tout près du sol et cachées dans le feuillage; si les limaces étaient plus abondantes, on se demanderait si ces fleurs sont malacophiles. Nulle part, en somme, on n'aperçoit de grosses masses de fleurs ; jamais de taches de couleur, — rien qui rappelle les digitales de nos bois d'Europe. Comparée à la rareté des fleurs brillantes, la profusion des fruits colorés nous frappe davantage. Les baies rouges du Nertera depressa et les baies violettes du Piddingtonia montana recouvrent complètement le feuillage de ces peti- tes plantes rampantes. Pourquoi tant de fruits charnus sont-ils colorés en bleu ? Ce sont ceux des Saprosma et Lasianthus, du Dianella montana, du Pollia thyrsiflura, du Dichroa Cyanitis, du Dissochaela cyanocarpa, etc. Cette teinte attire sans doute un groupe déterminé d'animaux. Mais lesquels ? Nous débouchons sur le grand chemin qui monte vers « Huis ten Bosch », et plus haut, jusqu'aux limites de la forêt de Tjibodas. Nous allons maintenant suivre ce che- min. À notre gauche, au fond d’une gorge abrupte, roule le Tjibodas, le ruisseau écumant (en soendanais, ruis- 226 même espèce, un examen plus attentif nous montre que ce que nous prenions pour la cime des arbres, est en réalité le feuillage d’une liane, jetée comme un filet sur tout un groupe d'arbres. Nous ne pouvons trop insister sur cette variété qui est l’une des caractéristiques de la forêt équatoriale. Mieux encore que sur le Gedeh, où l'on n’a que rarement l’occasion de laisser planer le regard sur la forêt, l’extrème diversité des espèces se voit près du lac de Tälaga Warna (1) (à la passe du Poentjak), dans la vallée du Tjiapoes (sur le volcan Salak), et surtout au Goenoeng Tjibodas (près de Tjampea). Le chemin devient de plus en plus abrupt. Nous passons devant l'entrée du tärawas VI. Nous n’avons pas le temps d'y pénétrer, quoiqu'il traverse une portion de forêt très intéressante. Contentons-nous d'admirer de loin un Ficus baut d’une quarantaine de mètres, des branches duquel descendent de grosses racines soudées entre elles; c’est comme une palissade, élevée par des géants. Des Gleichenia dichotoma forment un inextricable fouillis dans les buissons. Les feuilles de cette Fougère, produites sur un rhizome souterain rampant, montent d’abord tout droit, sans se ramifier, jusqu’à une hauteur de deux à trois mètres. Puis, lorsqu'elles ont élevé leur extrémité par dessus le fourré, elles déroulent quelques grands segments finement découpés qui s’enchevêtrent partout. Le point végétatif terminal peut alors recommen- cer à croître, de même que les points négatifs des segments. De cette facon, avec des périodes alternatives de repos et d’activité, une feuille de Gleichenia dichotoma peut acqué- rir une longueur d’une douzaine de mètres (voir p. 187). (1) C’est un cratère éteint qui s’est comblé d’eau. 227 Les arbres qui nous entourent portent de nombreux échantillons d’un petit Hoya à feuilles arrondies, qui nous intéresse par son mode d'existence. Le plus souvent, il croît en épiphyte : accroché à une branche, il envoie de tous côtés ses minces rameaux. Lorsque ceux-ci rencon- trent une grosse branche, ils s’y appliquent et grimpent à l’aide de leurs racines, comme le lierre et les autres lianes pourvues de racines-crampons. Mais s’ils se mettent en rapport avec une fine brindille, ils s’enroulent autour d’elle à la façon d’une plante voluble, et s’y fixent ensuite par des racines courtes(). Jetons un coup d’œil sur les petites épiphytes. Les Hépatiques et les Mousses présentent des formes extrème- ment variées. À côté d'espèces qui sont intimement appli- quées contre l'écorce, il en est aussi qui s'étalent dans un plan horizontal. Voici, sur une tige de liane, une Hyÿpna- cée avec des rameaux horizontaux, qui nous étonnent par leur curieuse teinte : vert-bleuâtre à la face supérieure, elle est enduite par dessous d'une croûte blanche. Nous obser- vons sans peine que nous avons affaire à un Lichen dont l’Algue est une Cyanophycée (Scytonema), tandis que le Champignon est un Hyménomycète (Téléphorée)(2. Nous sommes donc en présence d'une association de Champignon et d’Algue, appliquée sur une Mousse, épiphyte elle-même sur une liane qui, enfin, s'aceroche aux arbres voisins. (1) D’autres Hoya, — terrestres ceux-là ct non épiphytes, — jouissent également des propriétés des plantes volubles combinées à celles des lianes à racines-crampons. Quant aux Dischidia, ils se conduisent tout-à-fait comme le oya que nous avons sous les yeux. (2) C’est M. Pouzsen qui remarqua le premier ce curieux Lichen. Nous avons rencontré, tant à Buitenzorg qu’à Tjibodas, plusieurs autres Hyménolichens, 228 Pendant que nous examinons cet Hyménolichen, nous observons tout à coup quelque chose de très particulier : une mousse qui marche. Mais au moment où nous voulons la saisir, elle a disparu ; plus moyen de la retrouver. L'instant d'après, elle se remet en mouvement, et nous pouvons la capturer. C'est un Orthoptère vert, un peu brunâtre, tout hérissé de prolongements qui lui donnent une analogie frappante avec les mousses au milieu desquels il se tient. Les Orthoptères du groupe des Gressoria (Man- tides et Phasmides) ont une extraordinaire faculté de mimétisme. On comnte parmi eux, les Phyllium qui sont des copies de feuilles vivantes, les Acanthops qui imitent les feuilles mortes, les Phasma qui ressemblent à des bâtonnets. Ces divers animaux ne sont pas rares à Buiten- zorg ; nous y avons obtenu aussi une espèce complètement jaune, qui habite les fleurs jaunes de Cassia florida, en compagnie d’une Araignée également jaune, et M. Poulsen a pris sur les fleurs roses de Saccolabium Blumei une Mantide dont la teinte était toute pareille (1). Éparpillées sur le sol, sont des fleurs que nous connais- sons déjà : elles appartiennent à un Fagraea. Mais quand nous cherchons l’arbre, nous observons qu'il est perché sur un autre arbre. Portons nos regards autour de nous, et nous constaterons bien vite qu’un très grand nombre de troncs portent des arbres épiphytes. Ceux-ci sont très variés. Ce sont, outre les Fagraea, diverses espèces de Ficus et des Araliacées (Heptapleurum, Sciadophyllum). (1) Il y a, à Tjibodas, divers papillons de nuit qui sont toute la journée posés sur un tronc d’arbre, les ailes étalées. Ces ailes, tachées de blanc et de gris, font l'effet de Lichens, et on a grand’peine à distinguer le papillon, aussi longtemps qu’il se tient immobile. 299 Toutes ces plantes ont ceci de commun que les racines, après avoir étreint le support, finissent par gagner le sol. Pendant leur trajet vers le bas, elles ne suivent pas une direction strictement verticale : elles contournent irrégulière- ment le tronc, et chaque fois qu’elles ren- contrent une autre racine de la même espèce, il s'opère entre elles une soudure intime (1); le tronc se trouve ainsi étroite- ment enserré dans un treillage formé par les racines de l’épiphyte. Ces plantes sont appelées par M. Went: hémiépiphytes (24), parce qu'elles puisent dans le sol une partie au moins de leur nourriture, tandis que les épi- phytes complets n'ont aucun se avec la terre. Il existe à Tjibodas, beaucoup d’autres épiphytes ligneuses qui diffèrent des hémiépiphytes à racines treillagées par l’absence de soudures entre les racines. Telles sont les Pachycentria, le Diply- cosia heterophylla et plusieurs Vaccinium. Ces plantes ont des racines fortement charnues qui fonctionnent comme réser- voir d’eau. Enfin, les Medinilla et le Ficus heterophylla sont des hémiépiphytes Fig. 24.— Ficus Glabel. lum hémiépiphyte sur Arenga, à Tji- keumeuh près de Buitenzorg. Les ra- cines sonttreillagées. . ligneuses à racines non treillagées et qui restent minces. (1) Toutes les espèces hémiépiphytes de Fagraea n’ont pas des racines soudées : sur les Arenga saccharifera le long de la route de Tjikeumeuh (près de Buitenzorg), sont installés des Fagraea à racines libres. 250 Remarquons en passant que de toutes ces plantes dont les racines courent à la surface des troncs, quelques espéces de Fagraea ont seules la faculté de donner des bourgeons sur les racines(f). Aussi leur aspect a-t-il par- fois quelque analogie avec les racines de Loranthus (voir p. 180). Pourquoi se forme-t-il si rarement des bour- geons sur des racines qui semblent si bien placées pour la multiplication asexuelle?.... Il est curieux que les Orchi- dacées épiphytes,eten particulier le Taeniophyllum Zollin- geri (voir p. 175), soient également incapables de produire des bourgeons sur l’appareil radiculaire. Pour ces plantes- ci, c’est d'autant plus remarquable que le MNeottia Nidus- avis peut transformer en un bourgeon la pointe de ses racines enfouies dans le sol. Nous passons à côté de Quercus encore peu élevés qui offrent de fort beaux exemples de racines-échasses typi- ques, avant que l'accroissement secondaire leur ait donné l'aspect de planches. Le trone, svelte et droit, est revêtu d'une fine couche de liège. Les bourgeons n’ont pas la moindre écaille protectrice. Les jeunes rameaux n'ont aucune consistance et retombent entre les branches adul- tes; ils laissent pendiller les jeunes feuilles colorées en pourpre, qui sont, elles aussi, flasques et molles. Les feuilles ne se relèvent pour prendre la position normale que lorsqu'elles ont atteint toute leur taille. Quant aux feuilles adultes, minces et d’un vert mat, elles se terminent par une longue pointe et sont, le plus souvent, enduites d'une puissante couche d’épiphylles. Si nous comparons ces feuilles-ci, à celles de nos chênes européens, nous consta- (1) Le Fagraea qui vit sur le grand Ficus de Batoe-toelis (près de Buitenzorg), est tres remarquab le sous ce rapport. 251 tons sans peine que les Quercus de Tjibodas ont bien tous les caractères de végétaux qui sont soumis à un climat toujours égal, où les pluies sont fréquentes, où les alter- natives des saisons sont inconnues. Ajoutons qu’ils ont des feuilles persistantes : il n’y a d’ailleurs à Tjibodas parmi les centaines d'arbres et d’arbustes, aucune espèce à feuillagé caduc. Depuis notre départ nous avons cherché le Treubia insi- gnis, une Jungermanniacée Anacrogyne fort remarquable, qui a été découverte à Tjibodas par M. Goebel (7, p. 1) et que M. Treub m'a signalée dans ce chemin. Nos recher- ches restent infructueuses, mais elles me font faire la con- naissance de tout un ensemble de Museinées intéressan- tes : des Jungermanniacées Anacrogynes, qui rappellent les Pellia et les Aneura, — des Anthoceros géants, dans lesquels les nids à Nostocacées se voient à l’œil nu, — des Bryum dont les feuilles, longues de plus de quinze milli- mètres, forment un bouquet au sommet de la tige, dressée à une hauteur de plusieurs centimètres; — puis, à côté de ces Bryum qui sont comme des miniatures de bana- niers, des Hypnacées qui ressemblent à des Fougères arborescentes, avec une tige verticale couronnée de rameaux plumeux disposés dans le plan horizontal. Voici, entre les mousses qui garnissent un tronc, des feuilles glauques et poilues, d'un aspect singulier ; la plante est un Hymenophyllum, mais elle n’en a pas du tout l'air. Alors que toutes les feuilles voisines, et en par- ticulier celles des Hyménophyllacées, sont uniformément mouillées, celles-ci sont tout à fait sèches. Bien plus, l'expérience apprend qu’elles ne se laissent pas humecter : les gouttelettes d'eau roulent sur elles sans y adhérer. C'est, pour autant que nous puissions en juger, la seule 17 252 plante de la forêt dont les feuilles adultes jouissent de cette propriété; c'est aussi la seule qui ne porte jamais d'épiphylles. Et pourtant, celles-ci abondent sur les Hymenophyllum dont les feuilles vertes sont mêlées aux feuilles glauques de l'espèce qui nous occupe ; les Hymé- nophyllacées comptent, en effet, au nombre des plantes qui sont le plus infestées d'épiphylles. On ne se serait certes pas attendu à ce que parmi les milliers d'espèces qui composent le tapis végétal de Tjibodas, ce soit justement une Hyménophyllacée, qui — seule — a pu se mettre à l'abri des Mousses, des Hépatiques, des Lichens et des Algues. A mesure que nous montons, nous remarquons que la végétation épiphyte devient de plus en plus riche en Mus- cinées. Un Polyosma, renversé depuis peu de jours en tra- vers du chemin, nous permet de voir de près les gros coussinets imbibés d’eau, que les Hépatiques et les Mousses forment sur les branches. Observons aussi les buissons épiphytes de Vaccinium lucidum et de Diply- costa heterophylla, les Usnea suspendus en longues franges, et les nombreux Lichens appliqués sur les feuilles du Polyosma, ainsi que sur celles du Vaccinium et des autres épiphytes. À côté du Polyosma, un tronc déjà à moitié décomposé porte un grand Polyporus dont les chapeaux sont nés sur un autre chapeau, plus ancien, avec lequel ils forment un angle droit. Il ne faut pas un long examen pour reconnai- tre que l'ancien carpophore, avec son hymenium tourné vers la base du tronc qui le supporte, s'est développé lors- que l’arbre était encore debout. Après la chute, ce cha- peau — devenu vertical, avec des pores horizontaux — a produit, sur sa face morphologiquement supérieure, de °233 nouveaux chapeaux qui ont pris la position normale, avec la face hyméniale dirigée vers la terre (1). Nous avons maintenant à traverser sur des pierres, un petit ruisseau, le Tjihandjoewang, qui forme la limite entre le Terrain I et le Terrain II. Au bord du chemin, brillent dans l’herbe des Macodes Petola, dont les feuilles satinées avec de fins filets d’or ou d’argent sont l’une des plus merveilleuses choses qui se puissent imaginer. Un instant de repos, sous un abri nommé « La Prome- nade », qui est situé tout à l'entrée du Terrain II. Puis nous pénétrons dans la forêt par le tärawas I. Ce sentier, appelé d'ordinaire tärawas pandjang (pandjang — long), va nous faire passer à travers une région des plus intéres- santes. À peine avons-nous fait quelques pas, qu’il faut enjamber des trones couchés en travers du sentier. Parmi de grands Anthoceras et des Jungermanniacées dont les rameaux se terminent par des épis de fleurs mâles, nous trouvons en abondance le Calobryum Blumei, Junger- manniacée extrêmement remarquable qui a été étudiée récemment par M. Goebel (7, p. 11). La plante n’a pas de rhizoïdes ; elle se nourrit par une sorte de rhizome rampant. Les tiges dressées, avec trois rangées de feuilles égales, portent une inflorescence disposée comme celle d'un Mnium. (1) Non loin de la gorge du Tjiapoes, dans les plantations de musca- diers, nous avons récolté des Lenzites, qui, à la suite d’un déplacement de leur support, avaient donné de nouveaux carpophores sur les deux faces de leur ancien chapeau; un autre exemplaire avait été complète- ment retourné : il avait formé un hymenium sur la face qui était primi- tivement supérieure, mais qui maintenant était renversée en bas. Curieux exemple de l'influence de la pesanteur sur le lieu de formation des organes. 234 Le Tjihandjoewang s’élargit de place en place et forme des mares que nous traversons en pataugeant. L'humidité de l’air est extrême. Les arbres, moins hauts qu'aux envi- virons du laboratoire (1), disparaissent tout entiers, de la Fig. 25. — Mousses sur les arbres, le long du {ärawas pandjang, dans le forêt de Tjibodas, base du tronc au bout des branches, sous d’énormes amas de Muscinées. La physionomie particulière du paysage est déterminée par l’abondance des Muscinées et par les Frey- (1) Nous sommes ici à une altitude d'environ 1650 m. 235 cinetia, que nous avons déjà rencontrés le long du chemin, mais nulle part aussi nombreux qu'ici. [ls grim- peut sur les troncs jusqu’au niveau des grosses branches; puis ils donnent des rameaux qui pendent oblique- ment et dont l'extrémité redressée est seule garnie de feuilles. La composition du tapis végétal est déjà sensiblement différente de celle que nous avions au début de l’her- borisation. Par terre, on trouve une petite Crucifère, le Pteroneurum javanicum, le Lycopodium serratum à tiges dressées, des Rubiacées herbacées à fleurs blan- ches (Argostema et Ophiorhiza), un Solanum à fleurs blanches portées sur des pédicelles du plus beau bleu, l'immense Polypodium Dipteris avec ses feuilles palmées bifides, une Orchidacée sans racines, à rhizo- mes traçants (Myrmechis glabra), et bien d’autres plantes. Nous suivons toujours le sentier bourbeux qui se glisse entre les troncs et les blocs de rocher uniformément cou- verts de mousses, et nous arrivons à une clairière autour de laquelle les hauts A/sophila etles arbres chargés de lianes, d'Asplenium Nidus et d’'Araliacées épiphytes, font un paysage fantastique. Puis nous continuons notre prome- nade sous les rideaux de tulle vert que les Aerobryum tendent de branche à branche(l) ; nous passons sous des tonnelles de Freycinetia ; nous foulons un épais tapis de Nertera depressa et de Piddingtonia montana ; nous sui- vons des yeux de grands papillons noirs barrés de vert, (1) C’est une vraie mousse-liane dont les rameaux filiformes courent le long des branches et de là sur les feuilles; ils retombent ensuite en légers festons que le vent accroche à un nouveau support, 236 que leur vol capricieux emporte à travers les buissons(f) ; et nous voici revenus au grand che- min, sur lequel nous débouchons par le tärawas IX. Si nous remontions le grand chemin, nous arriverions bien- tôt à « Huis-ten-Bosch ; + puis, plus haut, dans une portion de forêt très différente de celle-ci. Nous n'avons plus le temps aujourd’hui ; d’ailleurs nous retrouverons ce même genre de bois, plus caractéristique encore, quand nous irons au Pangerango et au cratère du Gedeh. Nour descendons un peu le grand chemin, et nous entrons à droite dans le tärawas [IT Sur les branches vivent des Peperomia reflexa à tige filiforme pendante, et à feuilles ver- Pete ace ticillées par quatre; entre les her- bes s’élèvent les longues grappes jaunes du Phajus (1) Très commun à Tjibodas est un papillon à vol lourd qui se pose souvent par terre, au milieu du chemin, les ailes brunes redressées. Rien de plus facile que de s’en emparer quand il est au repos: il ne tente de s'envoler que lorsqu'il se sent pris. Il n’est pas rare de rencon- trer des individus dont les ailes sont déchirées, et l’on constate toujours que la lésion siège dans les ailes de droite et de gauche à des endroits correspondants; elle a été évidemment causée par un oiseau qui a voulu capturer l’insecte pendant sa sieste. Mais l’ennemi, trompé par la grandeur des ailes, a saisi celles-ci croyant se rendre maitre du papillon. On sait qu'aucun oiseau insectivore ne perd son temps à poursuivre un papillon au vol. L'exemple précédent montre qu’au repos, le Lépidoptère est également protégé par ses grandes ailes dont une partie peut être sans danger sacrifiée. N'est-ce pas un peu comme l’autotomie de la queue du lézard ? 237 callosus ; par ci par là des Agaricinées à chapeau écarlate brillent sur le sol. Nous passons à côté d’un jeune Podocarpus cupressinus : les branches inférieures sont encore aplaties et garnies de longues feuilles, mais à leur extrémité se forment les rameaux arrondis à feuilles écailleuses, caractéristiques de l’âge adulte (D. Säpihin nous suit de fort loin ; il marche avec précaution et ne pose les pieds qu'après avoir soigneusement examiné l'endroit : e*est que le sol est jonché de fruits de Castanea Tungurrut, dont les solides épines blessent douloureuse- ment les pieds. Encore une courte halte à « La Promenade. » Il ne nous reste maintenant qu’à redescendre le chemin, ce que nous ferons facilement en cinq quarts d'heure, Pendant que nous revenons au laboratoire, jetons un coup d’œæil sur les lianes. À première vue elles paraissent encore plus abondantes qu'elles ne le sont en réalité, parce qu'on con- fond avec elles les nombreuses racines que les épiphytes ligneuses envoient vers le sol. Voyons d’abord les lianes grappinantes, c’est-à-dire celles qui pour s’accrocher à leurs voisines n'emploient que des moyens assez primitifs (2). Nous connaissons déjà les Palmiers-rotans et les Gleichenia. Voici un Xantho- œylum, dont les feuilles pennées portent, comme celles (1) Chez l’Araucaria Bidwilli, cultivé à Buitenzorg, les rameaux inférieurs, jusqu’à une hauteur de six à sept mètres, ont également des feuilles étalées, qui se tordent de telle façon que l’ensemble soit sensible- ment dorsiventral. Les rameaux du sommet de l’arbre ont des feuilles appliquées, plus courtes. (2) M. Scuexcr (14) les réunit sous le nom de Spreizklimmer. 238 des rotans, des crochets durs. Les axes possèdent les mêmes organes, et si n ous examinons un rameau adulte, nous constatons que chaque crochet occupe le sommet d’une saillie résistante : le développement du liège sur la tige ne se fait pas également en tous les points ; il est beaucoup plus accusé sous les aiguillons, de sorte que ceux-ci finissent par être surélevés au-dessus de la sur- face(). Au premier abord, il parait en être de même pour les crochets qui garnissent la tige de l’Embelia javanica. Pourtant ceux-ci sont entièrement subéreux, comme ceux de l’Eriodendron (voir p. 179), dont ils diffèrent en ce que leur formation débute sur des rameaux encore jeunes, #t qu'ils n’ont donc pas à traverser une couche de liège. L’Embelia, de même que le Polygonum chinense, a des rameaux réfléchis en manière de hamecons. Ils s'insinuent partout dans la ramure et ne lâchent plus les branches auxquelles ils se sont une fois accrochés. Citons encore le Rubia cordata, avec ses feuilles et stipules verticillées par quatre, qui fait grimper jusque dans la cime des arbres ses tiges scabres, couvertes plus tard d’une forte couche de liège crevassé. Ces trois plantes attirent encore l’attention par ce fait qu'elles fleurissent surtout, — on pourrait presque dire uniquement, — sur des rameaux pendants, dérivés de ceux qui sont enchevêtrés dans la cime des arbres(2), Un tout autre groupe de lianes est constitué par celles (1) Beaucoup de Caesalpinia et d'Erythrina présentent le même phénomène. (2) Nous avons déjà vu un cas analogue chez le Clitoria ternatea. (Voir p. 183). 239 qui s’attachent, à la façon du lierre, par des racines. Cer- taines d’entre elles, par exemple les Conocephalus, ont de longues branches qui se glissent partout entre le feuillage et qui ne produisent que de petites touffes de racines. Mais la plupart d’entre elles s’âppliquent contre le support et donnent sur toute l’étendue de la tige de petites racines-crampons. Les Freycinetia dont nous avons déjà parlé (PI. VIT, phot. 11), grim- pent de cette manière. Outre les courtes racines-crampons qui ser- rent étroiternent la tige contre son support, ils produisent aussi des racines plus longues qui gagnent le sol et y puisent des aliments. La distinction entre les deüx sortes de racines est encore plus nette chez beaucoup d’Aracées, par exemple chez le Scindapsus hederaceus, com- mun à Tjibodas. Certaines espèces ont des racines nourricières libres dans l’air (fig. 22, p. 220), tandis que les racines nourricières des autres (fig. 27) descendent le long du support. Le Scindapsus hederaceus pré- SET sente encore une autre particularité, rectum, sur un tronc de Canarium, au Jardin bota- sur laquelle M. Treub avait appelé rituedeBnitenzorg. Bacines adhésives courtes, horizon- - SE tales. Raci iciè mon attention à Buitenzorg. De la jongues, descendant vers le + » sol. cime des arbres dans lesquels grimpe l’Aracée, descendent des rameaux pourvus de feuilles réduites ; ils flottent librement dans l'air et leur extrémité 240 est un peu recourbée vers le haut, ce qui montre qu'ils sont négativement géotropiques et quils ne doivent leur position qu'à l’influence directe de leur poids : ils ne poussent pas vers le bas, ils tombent. Lorsqu'un de ces rameaux touche le sol, il s’y enracine et rampe dans l'herbe jusqu'à ce qu'il rencontre un nouveau trone, qu'il escalade sans retard ; il se met alors à donner des feuilles de dimensions normales. Or, ces branches pendan- tes ne sont capables d’utiliser un support qu'après s’être enracinées dans le sol. Au Jardin de Buitenzorg, on a plu- sieurs fois tenté de conduire sur un arbre voisin, les rameaux de Pothos aurea(?) qui pendaient du haut d’un Canarium. Peine perdue : le rameau s’allonge jusqu’au sol, sans se soucier le moins du monde du support auquel on l’avait attaché; mais dès qu’il a touché terre, il consent à regrimper sur l'arbre le long duquel il vient de descen- dre. De tels rameaux sont un excellent moyen de multi- plieation, et il n'est pas rare, à Tjibodas, d'en rencontrer qui rampent en quête d’un support, à une dizaine de mètres de la plante-mère (1). Nous avons déjà remarqué que les tiges de ces lianes sont en contact intime avec le tronc qui les supporte; les feuilles elles-mêmes sont souvent collées contre l'écorce, surtout chez les Ficus et chez les Piper. Les feuilles sont alors disposées sur deux rangs latéraux. Voyons mainte- nant comment s'arrangent les Freycinetia. Les Pandana- cées ont, en effet, les feuilles placées sur trois orthostiches, et chez les Pandanus, il s'opère même, après la naissance (1) Beaucoup d’autres lianes, particulièrement les Malpighiacées et les Combrétacées, ont également des rameaux migrateurs, à feuilles réduites, qui se glissent dans l'herbe. 241 des feuilles, une torsion qui change les orthostiches en trois lignes spirales. Il est évident qu'une telle disposition ne conviendrait pas du tout aux rameaux appliqués de Frey- cinetia. Les orthostiches sont encore au nombre de trois, mais elles restent droites et ne sont pas équidistantes. Lorsqu'on regarde de face une tige appliquée de Freyci- nelia, on voit une rangée antérieure de feuilles et deux rangées latérales. Une Rubiacée grimpante, fort commune à Tjibodas, a tourné la difficulté d’une autre façon. Ses feuilles sont opposées-décussées, comme chez les autres plantes de cette famille ; la tige, vue de face, montre que les feuilles des deux rangées latérales et de la rangée anté- rieure n'ont subi aucun déplacement, — tandis que les feuilles de la rangée postérieure ont leur pétiole tordu et courbé tout près de son insertion, de façon à déjeter le limbe à droite ou à gauche. Observons maintenant comment fleurissent ces lianes à racines-crampons. Elles présentent, dans leur mode de flo- raison, une analogie frappante avec les Embelia javanica, Polygonum chinense et Rubia cordata, que nous avons vus il y a un instant : les fleurs sont produites par des rameaux non attachés, généralement pendants. Chez la plupart des Ficus grimpants, les rameaux florifères ont des feuilles toutes différentes de celles qui garnissent les branches fixées au support, Constatons pourtant qu’une des plantes les plus voyantes, l'Agalmyla staminea, porte ses grandes fleurs écarlates à l’aisselle des feuilles sur les rameaux grimpants. Est-ce que grâce à leur tèinte si brillante, elles n'auraient pas besoin de faire des efforts pour se placer à la périphérie?.... Je regrette beaucoup de n'avoir pas vu à Tjibodas de fleurs de Freycinelia. M. Burck a montré qu'à Buitenzorg, elles sont pollinées par de grands Chi- 242 roptères les roussettes, et je désirais beaucoup savoir si, dans la forêt, elles sont pollinées de même. Comme plantes volubles, nous n'avons à signaler que le Kadsura scandens, une Magnoliacée dont les fleurs nais- sent sur les vieilles tiges ; il n’est pas du tout rare de trou- ver les gros fruits de Kadsura sur des tiges qui trainent par terre. Nousreconnaissonsaisémentle Clematis Leschenaulliana, qui grimpe à l’aide de ses feuilles, tout comme nos clé- matites d'Europe. Voiei au bord du chemin, quelques pieds de Nepenthes melamphora ; nous ne nous en occu- perons pas maintenant : une autre promenade nous four- nira l'occasion de les mieux voir. Contentons-nous de remarquer que les pétioles jouent le rôle de vrilles. Säpihin m'indique d’autres plantes grimpantes, les Smilax; il se soucie fort peu de leurs vrilles, — intéressants pour- tant, puisque ce sont des stipules, — mais il en eueille les fruits, qui seront rapportés à la cuisine du laboratoire et transformés en d'excellentes confitures. Les longues racines pendantes nous indiquent que nous passons auprès d’un Cissus pubifera var. papillosa. Quelques rameaux qui sont tombés dans la broussaille et commencent à s’y accrocher, nous permettent de constater que les vrilles fuient manifestement la lumière. L'hélio- tropisme négatif est encore plus accusé chez d’autres Cissus, dont les vrilles se fixent par des pelotes adhésives, analogues à celles de la vigne-vierge. Enfin, jetons encore un coup d'œil surle Luvunga eleu- therandra. Ici les organes d’attache ne sont pas filiformes ; ce sont au contraire de courts crochets qui s'épaississent beaucoup dès qu'ils ont atrappé un support. Ces curieux organes ont été d’abord décrits par M. Treub (19, p. 66). 245 N'oublions pas, pendant que nous redescendons, d'aller voir la gorge du Tjihandjoewang. Il n’y a que quelques pas à faire, vers la droite, pour contempler un spectacle unique : le triomphe de l’épiphyllisme. Sur les bords du ruisseau sont des Trichomanes dont les feuilles, toutes couvertes d’épiphylles (uniquement des Muscinées), ont cinquante centimètres de longueur. Alourdies par ces masses de Bryophytes imprégnés d’eau, les feuilles pen- chent jusqu’à terre, et les épiphylles deviennent terres- tres ; parfois la feuille surchargée est arrêtée dans sa chute par une autre, moins habitée, auquel cas elles sont bientôt collées ensemble par les Mousses et les Hépatiques qui passent de l’une sur l’autre. Lorsqu'on cueille de ces feuilles, on n'est pas peu étonné de constater que beaucoup d’entre elles ne sont que de simples sque- lettes, auxquels un revêtement ininterrompu d'épiphylles donnait une apparence de vie. Après que nous sommes revenus au chemin, nous observons d'un peu plus près, les végétaux épiphylles qui nous entourent. Nous avons déjà dit plus haut que l'Hyme- nophyllum à feuilles glauques est la seule plante de Tjibo- das qui n’en héberge jamais. Mais il ne faut pas croire que toutes les autres espèces soient, à un même degré, sujettes aux épiphylles. Au contraire : celles-ci parais- sent avoir une préférence marquée pour certaines plantes, telles que les Hyménophyllacées, les Piper, les Elellaria, l’Asplenium Nidus, les Cyrtandra, les Quercus, l’Acer laurinum, etc., tandis qu'elles soni moins abondantes sur les Begonia, les Elatostema, le Curculigo latifolia, les Musa, etc. Les Hépatiques et les Lichens sont les plus riches en formes épiphylles; les premières abondent sur- tout dans le sous-bois humide, et les seconds existent 244 seuls dans les endroits exposés au soleil, par exemple sur les feuilles des grands arbres. Les Mousses, à l'exception d'une Éphéméracée brune, sont confinées aux feuilles qui vivent dans une atmosphère très riche en vapeur d’eau, et ne se rencontrent jamais en même temps que les Lichens. Quant aux Algues (Chroolépidées), elles préfè- rent les mèmes stations que les Hépatiques, sans suivre néanmoins celles-ci dans les endroits où l’air est presque saturé (1). Dans la gorge du Tjihandjoewang, il n’y a que des Bryophytes ; sur les feuilles de la cime des arbres, il n'y a que des Lichens ; mais dans le sous-bois, il ne faut pas s'étonner de trouver côte-à-côte, sur une mème feuille, des Hépatiques, des Éphéméracées, des Lichens et des Chroolépidées. Lorsqu'on les a ainsi en mélange, on s'aperçoit que toutes les Muscinées sont gorgées d’eau, que les Lichens sont toujours secs, et enfin, que parmi les Chroolépidées, les Phycopeltis sont secs, tandis que les Cephaleuros sont en général humides. Consacrons notre dernière étape, à l'étude des épiphy- tes. Nous avons déjà regardé les épiphytes ligneuses et les Fougères nidiformes. Parmi les autres épiphytes, il faut citer en tout premier lieu les Fougères : les Hymenophyl- lum et Trichomanes, aux feuilles transparentes appendues aux troncs comme un Voile de gaze ; — l’Oleandra musae- folia, le Davallia sessilifolia, les Nephrolepis cordifolia et N. ramosa, lianes à racines-crampons en même temps qu'épiphytes, avec de longs rhizomes rampants (voir (1) Nous ne parlons ici que des Algues qu'on peut facilement recon- naitre à l'œil nu. De nombreuses plantes microscopiques vivent dans les touffes épiphylles de Bryophytes, gorgées d’eau : elles y mènent, à vrai dire, une vie aquatique. 245 p. 175); — les Vittaria scolopendrina et V. elongata et l'Ophioglossum pendulum, qui pendent comme des lanières ; le Polypodium setigerum, aux longues feuilles hérissées de soies brunes. Nous ne tardons pas à remar- quer que la plupart des Fougères ont des feuilles pendan- tes. Les jeunes organes sont pourtant dressés, mais à mesure qu’ils grandissent, ils semblent ne plus pouvoir se soutenir, ils se penchent en avant, et finalement retombent de toute leur longueur. En somme, pour ces plantes qui sont perchées sur une branche, auxquelles la lumière arrive de côté autant que de haut, les feuilles sont dans une position tout aussi favorable lorsqu'elles sont verticales que lorsqu'elles sont horizontales. Considé- rons, d'autre part, que les épiphytes sont dans l’impossi- bilité de se procurer, en quantité suffisante, la silice qui plus que tout autre substance minérale, donne de la rigi- dité aux organes. Maintenant que notre attention est appelée sur ce point, nous observons que les épiphytes laissent presque toutes pendre leurs feuilles et leurs tiges ; voici, outre les Fou- sères, de nombreuses Orchidacées (Trichoglottis lanceo- laria, Schoenorchis juncifolia, Appendicula angustifolia, A. ramosa, etc.), un Hedychium, des Lycopodium, des Aeschynanthus, ete. N'oublions pas pourtant que dans le jeune âge, les tiges sont érigées : elles sont négativement géotropiques, mais leur propre poids l'emporte bientôt sur le géotropisme. Il n'en est plus ainsi pour d'autres plantes : chez le Polypodium cucullatum, et chez diverses petites Orchidacées (Oberonia microphylla, O. similis, Liparis decurrens), les feuilles, sans aucun souci du géo- tropisme, prennent dès leur jeunesse toutes les positions possibles. Il faut admettre, me semble-t-il, que ces plan- 246 tes-ci dérivent de formes épiphytes, analogues, quant à la direction des feuilles, aux Vittaria et aux Appendicula : elles ont perdu le géotropisme négatif, parce qu'il était devenu inutile et que la sélection naturelle ne s'est plus occupée de lui (1). Ce n'est pas tout. Il existe des épiphytes dont l'appareil assimilateur est devenu positivement géotropique. Nous pouvons citer avec certitude le Psilotum flaccidum, Lyco- podiacée javanaise cultivée à Buitenzorg, et diverses Orchidacées, entre autres le Cattleya citrina. Le fait est particulièrement évident pour cette dernière espèce, origi- paire du Mexique, qui dans les serres d'Europe se cultive d'ordinaire sur une planchette. Lorsqu'on retourne un individu en voie de croissance, au moment où se dévelop- peut de nouveaux pseudo bulbes, on constate avec surprise que ceux-ci se courbent et se remettent la tête en bas. On conçoit que dans cette forêt à climat toujours égal, toujours humide, il y ait à côté des épiphytes « profes- sionnelles, » bien d’autres espèces qui sont des épiphytes « occasionnelles. » Rien de plus commun par exemple que de voir parmi les mousses, sur les arbres, des Argostema, Ophiorhiza, Begonia, Pilea, Élatostema, Procris, Myrmechis, Peperomia, Nertera, Piddingtonia, Rubus, même des Solanum, des Curculigo et des Pelti- gera. M. Schimper (18) a montré que les épiphytes ont toutes des graines petites et offrant prise au vent, ou bien des graines petites dans des fruis charnus : en effet, les graines ne peuvent être transportées sur les arbres que par le vent ou par les oiseaux ; si elles ne sont pas assez ténues, elles ne pourront pas se loger dans les fissures (1) Voir ce que nous avons dit des racines aériennes (P. 175 et p. 220 ). 247 de l’écorce. Faut-il ajouter que toutes les épiphytes de Tjibodas ont des graines bien adaptées, aussi bien les espèces qui ne mènent que par exception ce genre de vie, que celles qui n'ont pas d'autre mode d'existence ? Parmi les milliers d'espèces qui habitent une forêt équatoriale, il y en a une foule qui possèdent des graines très petites et transportables par le vent ou par les animaux. Quelles sont celles qui auront le plus de chances de s’adapter à la vie épiphytique ? Plusieurs conditions peuvent entrer en ligne de compte; contentons-nous d'en signaler quelques-unes. Il faut que la plante puisse se pas- ser complètement de silice. Ne serait-ce pas le pressant besoin de silice qui rend les Graminées impropres à deve- nir des épiphytes ? Dans ses nouvelles conditions d’exis- tence, la plante risquera de temps en temps de manquer d’eau (1). Ce danger est peu grave dans la forêt de Tjibo- das, mais il n’en existe pas moins ; aussi, beaucoup d’épi- phytes ont-elles un épiderme fortement euticularisé, — ou bien elles possèdent des réservoirs d’eau dans les feuilles (Aeschynanthus), dans les tiges (Vephrolepis cordifolia) ou dans les racines (Diplycosia heterophylla). Pourtant beaucoup d’entre elles n'ont pas d'organes charnus et ne disposent d’aueun moyen pour limiter la transpiration ; en un mot, elles ne sont en aucune facon adaptées à résis- ter à une période de sécheresse. Ce sont, par exemple, les Hyménophyllacées et le Polypodium setigerum, chez lequel le parenchyme assimilateur se compose exclusive- ment de cellules étoilées, associées en un tissu lacuneux. (1) M. Gosez (5) s’est beaucoup occupé des divers moyens par lesquels les épiphytes se mettent à l’abri de la privation d’eau. 18 248 Ces plantes-là ne se trouvent que dans les endroits où l’air est toujours très humide, et elles portent à bon droit le nom de plantes de brouillard. Un dernier point. Une plante ne sera capable de deve- nir épiphyte que si elle produit aisément des racines sur la tige. Les espèces les mieux partagées sous ce rapport, sont sans contredit les lianes à racines-crampons, et il n'est pas rare de voir de ces lianes dont la tige est morte à la base et qui vivent en pseudoépiphytes, suivant l’ex- pression de M. Went (24, p. 65). Beaucoup d'espèces, surtout des Asclépiadacées (Conchophyllum, Dischidia, Hoya) et des Fougères (voir p. 244), combinent les deux modes de vie : elles sont épiphytes et leurs rameaux rampants se fixent par des racines-crampons. Il parait probable que dans le genre Hoya, les espèces épiphytes dérivent des espèces terrestres grimpantes ; il en est sans doute de même des Aeschynanthus, qui trut en étant épi- phytes, accrochent leurs minces rameaux au moyen de racines-crampons, et qui fleurissent sur des branches pen- dantes, de la même manière que beaucoup de lianes. On conçoit sans peine, d’autre part, que des Ficus pourvus de racines aériennes, telles que le F. Benjamina (voir p. 13) puissent sans la moindre difficulté germer sur un arbre et envoyer de tout en haut leurs racines dans le sol. Nous sommes revenus à l'entrée du tärawas XI, par lequel nous sommes montés tantôt. Nous gardons mainte- nant le grand chemin jusqu'à ce que nous soyons de retour au Jardin de Tjibodas. Nous débouchons auprès de la maison de M. Coupérus, l’administrateur de Tjibo- das, non loin de laquelle se trouve un Macadamia, Pro- téacée australienne, dont les grappes pendantes portent 249 des fleurs renversées comme celles du Clitoria ternatea (voir p. 188). Chez les Protéacées à inflorescences dres- sées, la fente de la corolle regarde le haut, tandis qu’ici, elle est tournée vers le bas. Tout à côté de cet arbre, deux Diospyros Kaki nous retiennent un instant : l'un des arbres a sa frondaison au grand complet, tandis que l’autre n’a plus qu'un tout petit nombre de feuilles rousses que le moindre souffle fait tom- ber. M. Coupérus, qui a longtemps habité le Japon et qui essaie actuellement d'introduire à Tjibodas diverses plan- tes industrielles de ce pays, a bien voulu me donner quel- ques renseignements sur le Diospyros Kaki. Au Japon, son pays d'origine, où les différentes saisons sont très marquées, l'arbre porte des fruits en août-septembre, perd ses fleurs en octobre et se revêt de nouvelles feuilles au printemps. Les deux exemplaires de Tjibodas croissent côte à côte et appartiennent à la même variété (dépourvue de graines). Pour autant qu'on peut en juger, ils ont été plantés en même temps. L’un des arbres fructifie en avril et perd ses feuilles en juillet; l’autre fructifie en octobre et se dépouille en janvier. Tous deux restent chauves pendant une quinzaine de Jours seulement. Comme on le voit, ils sont désorientés par la constance du elimat, tant pour ce qui regarde les époques de la fruc- tification et de la chute des feuilles, que pour le temps pendant lequel ils restent dégarnis. Pourtant, ils fructi- fient tous les douze mois, Malgré leur désarroi, les Dios- pyros continuent done à se « souvenir » que dans leur patrie, les phénomènes de la vie végétale se manifestent suivant un rythme de douze mois. Au Diospyros Kaki, il ne sera peut-être pas inutile de comparer la pomme de terre, cultivée sur une grande 250 échelle près de Tjibodas. M. Coupérus me disait que la récolte se fait quatre mois après la plantation ; les tuber- cules qui sont destinées à être remis en terre sont con- servés à sec, et commencent à germer après trois mois. Le cycle complet est donc réduit chez le Solanum tube- rosum à sept mois, tandis que chez le Diospyros Kaki il s’est maintenu avec sa durée intégrale. 4. — Sur le Pangerango et le Gedeh. Depuis trois semaines il pleuvait sans discontinuer. Chaque jour nous remettions au lendemain l'ascension du Pangerango et du Gedeh. Mais à mesure que le terme de mon séjour à Tjibodas approchait, je devenais de moins en moins difficile sur la qualité du temps. Fina- lement je me décidai à partir malgré la pluie, et je me mis en marche, un matin, avec Säpihin et trois coolies; ils portaient des couvertures et des provisions pour les trois journées que nous allions passer sur la montagne. On descend d’abord jusqu'à la vallée du Tjiwalen, pour rejoindre l'un des grands chemins de la forêt, celui qui mêne aux chutes de Tjibeurreum. A peine sortis du laboratoire, nous récoltons le Lobelia caespitosa, une espèce endémique du Gedeh, le Grangea maderaspatana, une Corymbifère dont les fleurs femelles, périphériques, ont une corolle à peine visible, tandis que les fleurs hermaphrodites, centrales, ont une corolle jaune ; puis, le Solanum auriculatum, avec ses fausses stipules qui sont en réalité les deux premières feuilles du bourgeon axillaire. Dans les fourrés d'Elettaria, à gauche, croit le Dicksonia Woleniana, une Fougère herbacée dont Îles 251 grandes feuilles grimpent à l'aide de crochets ; elles ont, jusqu'à un certain point, une croissance indéfinie comme celles des Gleichenia, mais sans les alternatives de repos et d'activité. Au bord du chemin, vit le Leea sambucina, une Vitacée non grimpante, à grandes feuilles bipennées ; une coupe transversale du fruit mür fait voir l’endosperme ruminé. Nous passons easuite par dessus la vallée du Tjibogoh ; un peu en aval, elle devient fort profonde et renferme une végétation des plus intéressantes. Nous gardons le chemin en lacet qui nous conduit au Tjiwalen. Dans la forêt qui borde le sentier, nous trou- vons les longues tiges volubles du Codonopsis javanica, une Campanulacée dont la corolle et l’androcée sont insé- rés sur l’ovaire, mais dont le calice est inséré en dessous. Parmi les lianes, citons encore un Uncaria, avec des cro- chets irritables, comme ceux du Luvunga eleutherandra, et un Mussaenda, dont les inflorescences de petites fleurs jaunes sont rendues fort voyantes par ce fait que quelques- unes des fteurs de la périphérie ont l’un des sépales déve- loppé en une large feuille toute blanche. Dans les fourrés sont de grands Prlea. La portion inférieure des tiges est dressée, et les feuilles opposées-décussées y sont toutes de la même taille. Mais plus haut, les tiges se penchent plus ou moins; ici, les feuilles tournées vers le haut sont manifestement plus petites et à pétiole plus court que celles qui regardent le bas. Auprès de nous, d’autres Urticacées offrent le mème phénomène : l'Oreocnide syl- vatica, avec des feuilles éparses, et surtout les Elatostema avec des feuilles opposées-décussées; chez ces dernières plantes, les feuilles des deux rangées tournées vers le ciel sont le plus souvent réduites à leurs seules stipules, tandis 252 que les feuilles des deux rangées inférieures ont un large limbe(1). Nous voici au Tjiwalen. Tous les troncs sont garnis de gros buissons de Medinilla javanica, avec leurs fleurs roses qui sont suivies de baies d'abord rouges, puis noires. La forêt que nous allons traverser est analogue à celle que nous connaissons par notre promenade le long de l’autre grand chemin, et nous ne nous arrêterons pas. Après une marche d'une heure, nous atteignons une clairière où Teysmann avait jadis établi un jardin, maintenant aban- donné. Elle est en grande partie occupée par le Gunnera macrophylla dont les gros rhizomes, comme ceux du G. scabra, hébergent des colonies de Nostacées et ont une structure anormale; par contre, les coulants qui naissent à l’aisselle des feuilles hasilaires, ont la structure normale des Dicotylées et ne contiennent pas de Nosto- cacées. Les Jeunes feuilles de ce Gunnera sont enve- loppées d'une épaisse couche de mucilage. Derrière nous, entre les Saccharum spontaneum, le Nephrodium multi- jugum nous montre de jeunes feuilles qui sont également revêtues d'un enduit mucilagineux. Remarquons encore l'Equisetum debile dont les tiges souples et scabres se faufilent parmi les buissons, et atteignent une longueur de plusieurs mètres. d Encore quelques minutes de promenade, et nous arri- vons au chemin qui monte à gauche vers Lebak-saät. Lais- sant les coolies s'engager dans ce sentier, je me rends avec Säpihin aux chutes de Tjibeurreum. À notre gauche est une grotte fort intéressante, mais que nous n'avons (1) J'aurai l’occasion de revenir sur ce sujet dans un travail sur les rameaux dorsiventraux. 953 pas le temps de visiter en ce moment. Nous arrivons à un fourré assez humide avec çà et là des touffes de Sphagnum et dans les arbres des guirlandes de Nepenthes melam- phora. C’est une grande jouissance pour le botaniste que de voir, à l'état sauvage, une plante aussi réputée. Pour- tant l’aspeet de cette espèce-ci désillusionne quelque peu; car si les tiges sont longues et accrochées de toutes parts au moyen de leurs vrilles, elles ne portent que des urnes atrophiées et peu nombreuses. Ce n'est pas en l’air qu'il les faut chercher, mais par terre, dans l'herbe. La plante donne deux sortes de rameaux : les uns portent des feuilles assimilatrices terminées par une vrille, et grim- pent dans les arbres ; les vrilles ont un rudiment d’urne qui avorte le plus souvent; — les autres rameaux sont couchés par terre ; ils n’ont que des écailles, à l’aisselle desquelles sont des touffes de feuilles qui consistent pres- que uniquement en une grande urne rouge, posée sur le sol. Les inflorescences naissent sur les axes grimpants. Nous pouvons confirmer une observation déjà faite au même endroit par M. Haberlandt (8, p. 228) : ces urnes ne contiennent que fort peu d'animaux. La nutrition carni- vore n'est sans doute que d’un faible appoint dans l’en- semble des besoins de la plante ; on peut se demander si l'utilité de ces organes est en rapport avec leur coùt de production. La différenciation des rameaux n'est peut-être que le prélude de la disparition des urnes. Brusquement, un tournant du chemin nous amène dans un vaste hémicycle, en face d’une muraille de rocher, haute d’une centaine de mètres. Nous sommes aux chutes de Tjibeurreum, depuis longtemps annoncées par leur mugissement. L'une des cascades se précipite de tout en haut ; la large nappe se brise et s’émiette dans l'air, et se 254 résout en une pluie torrentielle qui rejaillit au loin. Une autre chute, moins élevée, mais plus importante, débou- che d’une fente dans la paroi de pierre ; une troisième, toute petite est à moitié cachée par les arbres, à notre Fig. 25. — Une des cascades de Tjibeurreum,. Devant, des A/sophila, droite. Des Alsophila étendent leurs larges parasols de feuilles légères comme des dentelles, que balancent les 255 bouffées d’air produites par les cascades. Par terre, conti- nuellement trempés par la fine poussière d'eau qui se répand dans tout l’hémicycle, croissent des Gunnera macrophylla, des Nasturtium officinale, des Curculigo lati- folia et des Elatostema sp. Ces deux dernières plantes existent seules au pied des cascades ; leurs feuilles ruisse- lantes sont recouvertes d’une couche brune, polie et lui- sante, de Diatomées et de Cyanophycées. Auprès de la chute moyenne, la plus haute, la moitié inférieure de la muraille est garnie d’une exubérante végétation ; tout au bas, c'est-à-dire dans la région qui est le plus abondam- ment aspergée, il n’y a que les Elatostema : toutes ces tiges dorsiventrales sont inclinées ; toutes ces feuilles, brunies par les Algues, sont penchées de telle façon que leur longue gargouille pende tout droit. Plus haut sont les Curculigo, également avec leurs feuilles dirigées en avant, la pointe pendante. Plus haut encore, des Freyci- netia ; et enfin, des Gleichenia dichotoma qui habitent une zone où la poussière d’eau ne parvient plus. Dans sa par- tie supérieure, la paroi de rocher ne porte que des Mousses. Nous revenons sur nos pas, puis nous montons vers Lebak-saät. Le sentier assez abrupt, inondé par places, grimpe en zig-zag sur les flancs du Gedeh. Les arbres sont chargés d'Oleandra musaefolia, une Fougère à feuilles entières et à rhizomes rampants. Outre ces rameaux dorsi- ventraux qui sont appliquées contre l'écorce par leurs raci- nes négativement héliotropiques, il en est d’autres, décom- bants-dressés, qui s’éloignent du support et sont dépour- vus de racines. Ceux-ci portent leurs feuilles et leurs ramifications en faux-verticilles, tandis que les rhizomes appliqués n’ont de feuilles que sur les faces antérieures 256 et latérales et donnent des branches latérales, presque opposées. Les feuilles de l’Oleandra présentent encore cette particularité d'être articulées sur leur pétiole ; ces derniers persistent après la chute du limbe et forment comme une armure d'épines. Disons enfin que les feuilles des rameaux appliqués sont rarement fertiles. La fonction reproduetrice est dévolue aux feuilles des rameaux arqués. Nous avons déjà vu que chez les lianes phanérogames (voir p. 241), les fleurs sont en général portées sur des branches non grimpantes. Nous passons non loin des chutes de Tjibeurreum et nous entendons leur sourd mugissement; mais nous sommes bien au-dessus d'elles, et elles ne sont pas abordables d'ici. Par terre gisent des rameaux de Podocarpus cupressinus avec de toutes petites feuilles apprimées, bien différents des rameaux dorsiventraux à longues feuilles, que possèdent les jeunes exemplaires (voir p. 237). A notre gauche, nous contournons une grosse souche couverte d’une Polyporée brun-foncé par dessus et blan- che par dessous. Sur les Champignons se promènent de brillants insectes vert-foncé avec quatre taches dorées. Je les avais pris d’abord pour des Hémiptères : ils en ont la forme aplatie et dégagent comme eux une odeur nauséa- bonde. M. Séverin, aide-naturaliste au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles, qui a bien voulu se charger de déterminer les Insectes que j’ai rapportés, m’a fait remar- quer que ce sont des Coléoptères (Eumorphus 4-notatus). On sait que les Hémiptères répandent des odeurs dégouü- tantes et qu'ils sont, à cause de cela, dédaignés par les animaux insectivores; aussi sont-ils souvent ornés des teintes les plus vives, afin que les ennemis sachent tout de 257 suite à qui ils ont affaire. Ces Coléoptères-ci sont sans doute évités par les insectivores, tout comme les Hémip- tères dont ils copient la forme, la coloration et l'odeur. Mais voici sur les Polypores, d’autres Coléoptères (Epis- capha glabra) qui imitent les premiers : ils vivent au milieu d’eux, — ils ont la même démarche paresseuse, — ils présentent la même teinte verte brillante, avec quatre taches jaunes. Ceux-ci ne puent pas, mais ils profitent sans doute du dégoût qu'inspirent leurs sosies. Un peu plus haut, nous observons à diverses reprises l'Hymenophyllum à feuilles glauques que nous connais- sons déjà (voir p. 231), et nous pouvons nous assurer encore une fois, que jamais ses feuilles ne portent la moin- dre épiphylle, tandis que toutes les plantes voisines en sont chargées. Très abondant aussi, un Trichomanes avec des feuilles à croissance indéfinie. Mais ce n’est pas par le som- met que s’effectue l'allongement : un nouveau point végé- tatif nait à l'union du limbe et du pétiole et donne un nou- vel article, composé lui aussi d’un pétiole et d’un limbe ; un troisième point végégatif se forme sur cet article et ainsi de suite. La feuille adulte a donc uné structure sym- podiale. Nous montons toujours, et insensiblement la végétation change. Les arbres sont moins hauts, les épiphytes moins nombreuses, les mousses commencent à former sur les branches ces épais revêtements que nous avons vus dans le tärawas pandjang (voir p. 254). Parmi les buissons de Claoxylon longifolium, d'A cer laurinum et de Cypholophus lutescens, ce dernier avec des feuilles couvertes de goutte- lettes d’eau sécrétées par des glandes aquifères(voir p.222), nous récoltons le Myriactis pilosa, une Corymbifère avec plusieurs rangées de fleurons ligulés, les Ranunculus 258 diffusus et R. javanicus, le Lysimachia uliginosa, le Pte- roneurum javanicum, etc. Tout à coup, nous nous trouvons en présence de tour- billons de vapeurs. Ce sont les sources chaudes de Tjipa- nas. L'eau jaillit de partout entre les fentes du rocher, et se rassemble dans des cuves bouillonnantes; puis elle se répand sur le sentier en une nappe fumante, pour rouler enfin de cascade en cascade, sur une pente abrupte, voilée par un nuage de vapeur. Par dessus les sources, au milieu de la buée, les A{sophila laissent ondoyer leurs lar- ges frondes plumeuses, qui sans cesse ruissellent. Quels épais coussinets de mousse sur les branches étalées au sein de ce tiède brouillard! L'eau, quand elle s'échappe du rocher, est à la tempé- rature de 49°C(1;. Les parois qu’elle baigne sont recouver- tes d'Algues : ici, une Oscillaire bleue; ailleurs, une Oseil- laire brune. Les deux espèces ne sont jamais en mélange : elles s'excluent l'une l’autre, et n'admettentaucune concur- rence. Les pierres voisines sont revêtues d'un dense tapis de Mousses et de Jungermanniacées Anacrogynes, dans la profondeur desquelles la température est d'environ 55°C. Dans ces tapis croît une abondante végétation d'Hyméno- phyllacées (plusieurs espèces), Begonia robusta, Alsophila, Nephrodium multijugum, Cypholophus lutescens, etc. Toutes ces plantes sont fort vigoureuses et ne semblent pas incommodées par la chaleur. Au contraire, le Pilea oreo- (1) M. Wazcrace (21 p. 88) qui a visité ces sources en 1861, dit que la température de l'eau n’est pas éloignée du point d’ébullition. Lors d'une première excursion que je fis à Tjipanas avec M. Hazcier, nous considérions également la température de l’eau comme plus élevée que 49C Je fus fort étonné quand j'y plungeai le thermomètre. 259 phila est souffreteux et jaunâtre. Au milieu de ces espèces, qui existent aussi aux environs des sources, on trouve encore le Nephrolepis cordifolia, avec ses longs rhizomes renflés en tubercule au sommet; cette Fougère épiphyte, très commune plus bas, ne vit ici que dans la mousse chauffée par le volcan. Encore un quart d’heure de marche et nous voici au ruisseau de Lebak-saät (2135 m.). Il descend du Gedeh, d’où il a entraîné d'énormes quantités de grosses pierres accumulées ici, au confluent du Lebak-saät et du Tjikoen- doel. Entre les blocs s'est installée une végétation parti- ceulière ne ressemblant en aucune façon à celle qui l’envi- ronne et dérivée de régions qui sont situées à plusieurs centaines de mêtres plus haut. Les graines apportées par le courant ont germé parmi les pierres, et la flore adventive a pu s’y défendre avec succès contre les végé- taux voisins, habitués que sont ceux-ci à vivre dans un sol riche en humus. La flore de Lebak-saät consiste surtout en Éricacées : Rhododendron retusum et R. javani- cum, Vaccinium varingiaefolium et V. Teysmanni, Gaul- theria leucocarpa et G. punclata, Pernettya repens. Il y a aussi de petits exemplaires de Gnaphalium javanicum et trois Lycopodium, L. trichiatum, L. complanatum var. thyoides, et L. volubile. Les deux premiers ont de lon- gues tiges qui rampent sur lesol. Le dernier est une liane; ses longs rameaux se couchent sur les buissons et s’y accrochent par leurs petites feuilles recourbées. Les rameaux assimilateurs ont des feuilles disposées comme celles des Sélaginelles : deux rangées supérieures petites, et deux rangées inférieures beaucoup plus grandes. Ces Lycopodium donnent des racines qui ont souvent un long trajet à parcourir dans l'air; elles sont couvertes d'une épaisse couche de mucilage. 260 C'est à Lebak-saät que nous rencontrons pour la pre- mière fois des Vaccinium vivant à terre. Plus bas, et aussi un peu plus haut, dans la forêt, on ne les trouve jamais qu'en épiphytes : la lutte pour l'existence est trop vive pour que ces espèces puissent s'établir sur le sol. Mais grâce aux oiseaux qui mangent les baies, quelques graines sont portées sur un arbre et y germent; ces exemplaires-là sont les seuls qui aient quelque chance de se maintenir dans la forêt surpeuplée. Pendant que j'herborisais entre les blos roulés, Säpihin et les coolies avaient déballé les provisions sous un À lbizzia montana. Après un frugal repas, dont le cresson cueilli au ruisseau voisin faisait en grande partie les frais, je fis déterrer quelques racines de l’Albizzia pour m’assurer qu'elles portaient des nodosités. Puis, de nouveau en route. La présence de nombreuses Fougères(Alsophila, Gleicheniadichotoma,Lomaria glauca, Davallia nodosa, Hymenophyllum, Trichomanes, etc.), continue à donner au paysage un aspect tropical (PI. VIE, phot. 10). Mais déjà, les lianes phanérogames deviennent rares et ne sont plus représentées que par le Kadsura scandens. Le Curculigo latifolia, les Elettaria et l’A sple- nium Nidus, si caractéristiques au voisinage de Tjibodas, ont totalement disparu. D'autre part, les formes tempérées apparaissent de plus en plus abondantes. Ce sont des Aspidium aculeatum et Pteris aquilina, qui entremélent familièrement leurs feuilles avec celles des Gleichenia, l’Hydrangea oblongifolia avec ses inflorescences entourées de grandes fleurs stériles, de nombreux Rubus, les Ranunculus, etc. En fait d’épiphytes, peu d’Orchidacées, mais des Rhododendron et des Vaccinium, les derniers Aeschynanthius, des Hyménophyllacées, etc. 261 Environ trois heures après avoir quitté Tjibeurreum, nous arrivons à Kandang-badak(1) (2500 m.), à la petite hutte que nous allons habiter. Pas fort attrayante, notre demeure. La toiture est à peu près imperméable; quant aux parois, elles sont en majeure partie virtuelles : ici une vieille natte dont les trous sont bouchés par une fronde d’Alsophila; là, quelques feuilles de Graminées, — et, le plus souvent, rien du tout. En dedans, à l’un des bouts, une natte de bambou est couchée sur des branches, à un demi-mèêtre au-dessus du sol : ce sont mes appartements; c'est là que j'écrirai mes notes, que je mangerai, que je dormirai. Le premier soin des coolies est de faire du feu, car nous sommes transis et trempés. Après le déjeuner, je fais un bout de promenade autour de la cabane. Nous sommes sur le col qui sépare le Gedeh du Pangerango. Devant nous s'étend la profonde vallée qui descend vers Tjibeurreum, toute comblée par les nuages; à gauche, le Pangerango, dont le sommet conique se dresse à environ cinq cents mètres au-dessus de Kandang-badak, et dont les flancs sont couverts de bois. Ce n'est plus la profonde forêt équatoriale avec sa nappe ininterrompue de verdure, percée de place en place par un tronc de rasamalah qui s’élance comme un pilier de cathédrale, avec les lianes qui relient toutes les cimes et suspendent entre elles des guirlandes de verdure, avee les amples corbeilles de Fougères posées sur les branches comme des fleurs gigantesques... C’est un bois plus modeste, où les arbres sont rabougris, les espèces (1) Kandang-badak signifie enclos à rhinocéros. Ces animaux, jadis fort nombreux sur le Gedeh, ont complètement disparu à l'heure actuelle, 262 moins variées, et sur lequel des millions d’Usnea étendent un voile grisàtre. Sur le Pangerango, l'arbre qui prédo- mine, celui qui donne la physionomie au paysage, est le Leptospermum floribundum, à couronne arrondie, étalée en parasol. Au premier plan, sont des A/sophila, les plus hauts peut-être que j'aie vus à Java, des Cyathea avec un tronc plusieurs fois ramifié, des Albizzia montana, des fourrés d'Aralia ferox(1) avec de grandes feuilles découpées, armées de forts aiguillons, des Gleichenia dichotoma, des Melastoma sylvaticum, etc. Les fruits de ce dernier arbuste s'ouvrent irrégulièrement à la maturité et mettent à nu le placenta charnu et mamelonné, de couleur pourpre, qui porte une multitude de petites graines dures ; c’est tout à fait comme une fraise. Mélangés à ces formes tropicales, de nombreux genres représentent la flore des régions tempérées : Rubus, Ranunculus, Polygonum, Sanicula, Vaccinium, Rhododendron, Rumex, ete. Devant la cabane, des espèces introduites, Poa pratensis et Stellaria media, sont en pleine floraison ; le ruisseau voisin coule entre deux parterres de Nasturtium officinale, qui ne fleurit pas plus que ceux de Tjibodas. Malheureusement, le temps qui était resté assez beau depuis le matin, — nous n'avons reçu que quelques ondées passagères, — se gâte subitement. La pluie tombe à torrents et je suis obligé de me réfugier dans la hutte. Les Malais y entretiennent du feu,et elle estemplie d’une épaisse fumée de bois vert. On n’a quelques instants de répit que lorsqu'un coup de vent vient balayer la nuée (1) C'est à M. Euie Mancuar que nous devons la détermination des Araliacées que nous avons rapportées de Java. 265 fuligineuse ; hélas ! s’il emmène la fumée, il apporte la pluie jusque sur ma natte. Bref, il ne me reste d'autre ressource que de m’envelopper des pieds à la tête dans un imperméable, et de fermer énergiquement les yeux. Vers quatre heures, n’y tenant plus, je me décide à tenter une nouvelle promenade et je me dirige cette fois vers la forêt du Gedeh, mais en demeurant dans le voisinage immédiat de Kandang-badak. Ici,les arbres sont à peine hauts de dix mêtres.Le tronc est souvent rabougri,surtout chez le Vaccinium Teysmanni qui vit tantôt sur le sol, tantôt en épiphyte, et chez les Heptapleurum ellipticum et Agalma rugosum, Araliacées dont les branches flexueuses émettent partout des racines. [l y a peu de lianes. A peine quelques Kadsura, des Rubus qui accrochent leurs longs rameaux dans les buissons, et le Crawfurdia Blumei, une Gentianacée voluble. Les troncs et les branches disparaissent sous un uniforme manteau de mousses dans lesquelles rampent des Hyménophyllacées. Le sol est jonché de débris d'Usnea. Sur des feuilles mortes, nous récoltons un Hyménolichen et à côté de lui, une Téléphorée qui pourrait bien être le Champignon constitutif du Lichen. Le lendemain matin, par une petite pluie fine et péné- trante, je pars avec Säpihin et un autre Malais pour gravir le Pangerango. La montée, assez abrupte, dure trois heures. Pendant la première demi heure, on passe dans une forèt très moussue, avec des arbres bas et peu variés, où les lianes ne jouent pas un rôle plus important que dans nos bois d'Europe. Puis l’ascension devient plus rapide ; le chemin est fréquemment inondé, et plus souvent encore, obstrué par des troncs d'arbres. Nous trouvons de nombreux exemplaires d'Impatiens 19 264 avec des feuilles en faux-verticilles et des fleurs blanches pointillées de rose. C’est dans cette région que nous ren- controns les dernières épiphylles; ce sont des Hépatiques et quelques Chroolépidées. Quant aux Lichens épiphylles, ils sont très rares, même à Kandang-badak. Dans les endroits où les arbres sont un peu éclaircis, il y a abondance de Lycopodium volubile et de divers Glei- chenia (G. longissima, G. vestila, G. vulcanica). Au con- traire, dans les fourrés les plus denses, les inflorescences rouges de Balanophora percent la couche de feuilles mortes et de mousses et viennent s'épanouir à la lumière. Ce parasite forme sur les racines superficielles des Vacci- nium des masses mamelonnées, grosses comme le poing et davantage, sur lesquelles naissent successivement un grand nombre d'épis gros et courts, enveloppés de quel- ques bractées. Lorsqu'on découpe la masse, la lame du couteau secharge d'une matière cireuse.Les Javanais récol- tent les Balanophor a et les pilent pour en extraire la cire qui sert à la fabrication d’une sorte de bougies. Le bois se compose, outre le Leptospermum et les Vaccinium, de diverses Araliacées et Lauracées, de Rhododendron, d'Eurya, de Myrsine, d’'Ardisia, de Symplocos, d’Alsophila, de Cyathea, etc. Sur les troncs et sur les blocs de rochers, les Hyménophyllacées, qui ont été communes jusqu à présent, deviennent de plus en plus rares, et nous rencontrons les derniers exemplaires au moment où nous nous trouvons en face du Primula impe- rialis. Celui-ci n’existe au monde entier que sur le seul cône volcanique du Pangerango. Les fleurs forment des bouquets superposés le long d'une hampe qui atteint un mètre de hauteur. Les boutons sont dressés, les fleurs épanouies sont infléchies vers le bas, et les fruits sont 265 de nouveau érigés. Contrairement à la plupart des espèces de Primula, celle-ci a des fleurs homostylées. Les éta- mines sont insérées à la gorge de la corolle et le stigmate se trouve un peu en dessous; par suite de la position renversée des fleurs, l'autofécondation est donc impossible. Nous trouvons aussi le Viola pilosa avec des fleurs cleistogames et des fleurs chasmogames, le Valeriana javanica, le Myrmechis glabra, l’Ophelia javanica, les Carex virgata et C. hypsophila, le Sanicula montana,() le Plantago Hasskarlü. Cette dernière espèce, qui ressemble beaucoup au P. lanceolata, ne fleurit que plus haut. Il pleut toujours : une bruine froide et persistante qui se glisseentreles arbres.Chaque fois qu'une échappée nous permet de jeter un coup d'œil dans la vallée, par dessus les gros buissons cotonneux de Gnaphalium javanicum, nous voyons comme une mer d'ouate, dont les vagues, soule- vées par les rafales, lèchent les flanes de la montagne et viennent s’épandre en flocons parmi les rameaux tor- dus des Vaccinium et des Agalma.Ne nous plaignons pas; nous sommes dans la zone des forêts brumeuses de Schim- per (15). A mesure qu'on monte, la forêt perd de plus en plus l’aspeet tropical (PI. VII, phot. 15 ). Les arbres les plus élevés sont des Vaccinium varingiaefolium, tout revêtus de grandes plaques de Lichens et de barbes d'Usnea. Les seules lianes sont des Rubus et le Lonicera oxylepis. Les épiphytes sont des Vaccinium varingiaefolium et V. Teys- (1) Le même Sanicula, qui se rencontre jusqu’au sommet du Pange- rango (3060 m.). est aussi fort commun plus bas, à Tjibodas, ainsi que dans la gorge du Tjiapoes (à la base du Salak), et dans la forêt du Goenoeng-Tjibodas à Tjampea (400 m. environ). 266 manni, des Rhododendron, des Nertera depressa, quel- ques Fougères (Polypodium) et une Orchidacée (Dendro- bium sp.) dont les fleurs cramoisies pendent avec l’axe vertical, l’éperon en haut, l'ouverture de la fleur en bas (1). Par terre sont de nombreuses Fougères, surtout les Lomaria glauca et L. vulcanica. Le premier a des feuilles fertiles à segments beaucoup plus étroits que ceux des feuilles stériles. Quant au L. vulcanica, je n'ai vu que deux feuilles avec des spores (sur des individus distincts): chaque fois, une seule moitié de feuille était sporifère avec des segments étroits, tandis que l’autre côté avait des segments assimilateurs, larges. Un dernier effort, et nous voilà au sommet (3060 m). Le Pangerango est un volcan, éteint depuis longtemps, dont le eratère s’est comblé lui-même et a été remplacé par un petit plateau. Nous passons d'abord entre des buis- sons, hauts de un à deux mètres, de Vaccinium varingiae- folium avec ses jeunes feuilles rouges, d'Hypericum Les- chenaultii dont les grandes fleurs jaunes luisent parmi le feuillage, de Gnaphalium javanicum, tout enveloppés de laine blanche et ressemblant à de gigantesques Edel- (1) Il s’en faut de beaucoup que toutes les Orchidacées aient leurs fleurs retournées avec le labelle en bas. Nous connaissons déjà l'Aerides acuminalissimum (voir p. 173) chez lequel le plan de symétrie est à peu près horizontal. Plusieurs Orchidacées terrestres (Wicrostylis, Cryp- tostylis) ne retournent pas leurs fleurs et laissent le labelle vers le haut, Il en est de même chez l’Olontoylossum pulchellum, une épiphyte à grappes dressées, Clez les Orchidacées épiphytes à grappes pendantes, le retournement n’a pas besoin de s’opérer. Enfin chez l’Oberonia microphylla aucune torsion ne se produit, et comme les tiges florifères sont orientées vers tous les sens de l’espace (voir p. 245), les fleurs n’ont aucune position fixe. 267 weiss. Parmi eux vivent des plantes plus petites : Vac- cinium Teysmanni, Gaulltheria leucocarpa, Rhododen- dron retusum, Polygonum, Lonicera, Carex, Platan- thera Blumei, une Orchidacée terrestre, les Lycopodium sabinaefolium et L.miniatum. Ce dernier ressemble beau- coup par le port au L. Selago, et produit comme lui des bulbilles au sommet des tiges dressées. Le milieu du plateau porte une végétation de petites herbes : Sonchus asper, Plantago Hasskarlii, Veronica praecoz, Gentiana quadrifaria, Gnaphalium luteo-album, Artemisia vulgaris, Cerastium glomeratum, Ranunculus diffusus, Viola pilosa, Valeriana javanica, Poa annua, Isachne pangerangensis (encore une espèce endémique de ce volcan) ; par terre, des Cladonia et une Mousse qui rappelle le Bryum argenteum. Toujours l’opaque brouillard. Impossible de rien voir de l’admirable paysage qui se déroule, — dit-on, — du haut du Pangerango. Je songe à « la grande végétation équatoriale... qui déploie ses vertes palmes dans l’embra- sement de l'air », et je souffle sur mes doigts raidis, isolé sur ce sommet par la brume épaisse qui ondule sous les rafales. A chaque instant des flots laiteux, apportés par un coup de vent, roulent par dessus le sommet et nous enveloppent d’un voile impénétrable. La rafale suivante dissipe le brouillard; le plateau apparaît en son entier, émergeant comme un ilot d’un océan de nuages. On jette un bâton sur cette mer duveteuse et l’on a un moment de surprise de voir qu’il ne flotte pas. Je n'ai pas l'intention de discuter pourquoi tant de genres et d'espèces sont communes aux sommets les plus élevés de l’Archipel malais, et aux régions tempérées de 268 l'Europe. M. Wallace (28, p.509) explique quelle part revient dans cette large dispersion aux époques glaciaires qui se sont succédées sur notre globe ({). Mais pourquoi done parle-t-on toujours du grand pouvoir de dissé- mination de la flore scandinave? Est-il certain que la Scandinavie ait été le berceau de ces nombreux genres qui habitent à la fois la Norwège, les Alpes, les Pyrénées, l'Himalaya et les volcans de Java? A midi,nous sommes revenus à Kandang-badak mouillés et grelottants. Je fais entre mes hommes une ample distri- bution de cognac, qu'ils boivent sans manifester la moin- dre satisfaction; car ils se disent mahométans, et ne peu- vent accepter de spiritueux que lorsqu'on les leur offre sous le nom d’obat (médicament). Bientôt après arrive le camarade Hallier avec deux au- tres coolies, La pluie, un instant interrompue, recommence à tomber de plus belle. Mais à peine avons-nous déjeuné, que les Malais se mettent à cuire leur poisson sec sur le feu nu ; la fumée qui se dégage alors, jointe à celle du bois vert, est d’une àcreté insupportable; — les yeux lar- moyants, nous décidons de faire une promenade dans la forêt, vers les Primula imperialis. Cette nuit-là, je souffre moins du froid que la veille. Le lendemain dès l'aurore, nous nous mettons en route, par une pluie battante au milieu du brouillard, pour monter (1) Au Jardin botanique de Buitenzorg, il y a des pieds vigoureux de Pyrethrum Leucanthemum, Artlemisia vulgaris et Planlago major, qui fleurissent et fructifient. Il n’est donc pas impossible que la plupart des plantes du sommet du Pangerango soient capables de vivre, encore maintenant, dans les plaines chaudes qui séparent les montagnes ; et l’on comprendrait alors la grandeur de leur aire de dispersion sans avoir recours aux époques glaciaires. 269 vers le cratère de Gedeh. Nous avons avec nous Säpihin et trois coolies. Pendant la première partie du trajet, la végétation res- semble beaucoup à celle du Pangerango. Ce sont les mêmes arbres tortueux (Vaccinium, Viburnum, Eurya, Styrax, etc.) avec de loin en loin un Albizzia montana à fleurs jaunes. Comme sous-bois le Sanicula montana, le Rubus pulcherrima et d’autres, le Myriactis pilosa, le Spermacoce hispida, Rubiacée à aspect de Labiée, l'Ophe- lia javanica, etc. Nous retrouvons ici le Gaultheria punc- tata, qui est abondant à Lebak-saät, mais que nous n’avions pas rencontré sur le Pangerango. On est frappé de la rareté des épiphytes, tant des Muscinées que des Fougères et des Orchidacées. On ne peut s'empêcher de penser que d’une façon générale, la quantité de pluie est moindre ici que sur le versant opposé du Pangerango. En moins de deux heures, nous arrivons au bord de l’ancien cratère. Il faut descendre presque à pic, sur une pente couverte d’'Albizzia montana, hauts de quatre à cinq mètres et portant sur leurs branches des galles, grosses comme la tête, qui sont causées par une Urédinée, et avec des nodosités sur les racines. Entre ces petits arbres sont des Vaccinium varingaefolium, hauts d’un à deux mètres, et les buissons grisàtres de Gnaphalium javanicum. En outre nous trouvons quelques Gaultheria leucocarpa, Dianella, Rubus, Nertera depressa, etc. L'ancien cratère, que les Malais appellent aloen-aloen (grand”’place, cour d’honneur) est une large surface rocail- leuse, bosselée, parsemée de blocs, coupée de profonds ravins dans lesquels roulent des torrents. Les nuages qui nous enveloppent nous empêchent de voir l’étendue du cratère, Aveuglés par la pluie, nous marchons à la 270 file indienne derrière Säpihin; tantôt nous perdons notre guide de vue quand il se laisse glisser dans un ravin ou qu'il contourne une grosse masse de pierre, tantôt nous l'apercevons vaguement à travers la brume, debout sur un bloc, d’où il essaie de nous indiquer le chemin et d’élever la voix au-dessus du sifflement de la bise. Par terre sont des Gnaphalium javanicum, Gaultheria leucocarpa, Vaccinium varingiaefolium, Polypodium vul- canicum, Pernettya repens, etc. Sur les parois des fis- sures, une petite Mousse à aspect de Pogonatum. Blocs, scories, pierrailles, tout disparaît sous une couche grise de Lichens. Nous nous heurtons à un nouveau cône de lapilli, qui forme la paroi du cratère actuel, Nous avons à grimper environ cent mètres sur un sol sans consistance qui éboule sous nos pas. La végétation devient de plus en plus misérable : quelques chétifs Gnaphalium et Carex, un Albizzia isolé, des Polypodium vulcanicum, et devant les fissures d’où s’échappent des exhalaisons chaudes, le Lycopodium cernuuim var. curvatum (L. vul- canicum). Les Lichens eux-mêmes deviennent plus rares : ils recherchent les endroits abrités, entre les pierres et au fond des fissures. Pourtant nous n’avons pas encore perdu l'espoir de faire une riche moisson, et les coolies continuent à nous suivre, avec leurs corbeilles presque vides, hélas ! L'appareil photographique lui- mème est de la partie; inutile de dire qu'il ne rend aucun service. Plus nous montons, plus nous percevons l'odeur de l’anhydride sulfureux, qui se dégage de nombreuses déchirures. Enfin, nous voici devant le cratère en pleine activité, 271 Nous entendons les jets de vapeur et les grondements du volcan ; à de rares intervalles, lorsqu'un coup de vent plus violent relève nos imperméables et nous glace jusqu'aux os, le brouillard est quelque peu balayé et nous pouvons voir de larges dépôts de soufre. Nul doute que si le temps était favorable, nous pour- rions descendre dans le cratère, malgré les dénéga- tions de Säpihin. Mais il n’y faut pas songer au milieu de la tourmente actuelle. La caravane se remet en marche, nous dégringolons sur les scories plutôt que nous ne marchons, et en moins de deux heures, essoufflés et transis, nous avons regagné la hutte de Kandang-badak. Nous n’y restons que le temps de manger un morceau et d’emballer nos récoltes. Dès que les coolies, avec cet air résigné et fataliste qui est particulier au Malais, ont repris leurs corbeilles, nous descendons vers Tjibodas où Hallier arrive environ une heure et demie après avoir quitté Kandang-badak. Pour ma part, je m’arrête en route. Car à peine avons-nous dépassé Tjipanas que la pluie cesse brusquement; et je me laisse séduire par le rayon de soleil qui vient caresser les premiers Asplenium Nidus.J'attends les Malais, et fais avee Säpihin une petite excursion vers les cascades de Tjibeurreum, pour voir une dernière fois les Nepenthes, et les feuilles de Curcu- ligo et d’Elastotema revêtues de leur manteau brun d’Oscillaires et de Diatomées. Avant de rentrer au laboratoire, nous jetons un coup- d’œil sur le Pangerango, nimbé de vapeurs, quise profile au loin. De grandes nuées accourent de lhorizon. Un volcan, le Geger-bintang, leur barre le passage; mais elles ne s'arrêtent pas devant l'obstacle : elles s’étalent dans les forêts qui revêtent les flanc de la montagne et grim- 272 pent lentement jusqu'en haut. L'œil les suit aisément dans leur mouvement ascensionnel : voilà qu'elles glissent par dessus le sommet ; elles redescendent maintenant sur le versant opposé jusqu'à ce qu'elles atteignent le niveau d'où elles étaient parties. Aussitôt les flocons épars s’agglomèrent et le cumulus se reforme ; il quitte la mon- tagne et reprend son vol tranquille à travers l'espace. Le Pangerango se dresse devant lui, mais pas plus que tantôt, le nuage ne se détourne : il gravit l'obstacle et le dépasse; puis nous le perdons de vue. Pendant toute la durée de la mousson humide, la même série de phénomènes se poursuit sans interruption : des nuages arrivent incessamment du Nord-Ouest, vien- nent lécher les forêts qui recouvrent les flanes des montagnes et franchissent les cimes. Nous comprenons maintenant pourquoi nous avons trouvé une végétation épiphytique plus riche sur Île Pangerango que surle Gedeh. Nous avons gravi le pre- mier par le flanc le long duquel les nuages eux-mêmes s'élèvent, tandis qu’au Gedeh nous étions sur le versant opposé, celui par lequel ils redescendent. Or, lorsqu'un nuage monte, il se dilate et se refroidit; il peut done céder de l’eau aux forêts qu'il baigne. Au contraire, pendant sa descente sur l’autre versant, le nuage se contracte et s'échauffe ; il tend done plutôt à emprunter de l’eau aux arbres avec lesquels il se trouve en contact. 5. — Aux cratères du Papandajan et de Kawah Manoek. J'avais un très grand désir de voir de près la végétation volcanique. Comme l'herborisation faite au cratère du 2753 Gedeh n'avait guère donné de résultats, je décidai de visiter quelques-uns des volcans qui forment une large ceinture de feu autour dela petite ville de Garoet, dans les régences de Preang(1). L’un de ces volcans, le Gäloeng- goeng, a vomi, pendant mon séjour à Java, de telles quantités de cendres et de poussières que toute la région environnante, sur un rayon de cinq à six lieues, fut recouverte d’une couche grise. Au moment où je fis la pré- sente excursion (en février 1895), les touffes de mousses que je récoltai sur les troncs dans la forêt de Daradjat étaient encore chargées d’une poudre grise, qui s'envolait en petits nuages lorsque je frôlais les feuilles. On part de Garoet en charrette, bien avant l'aurore, et après un voyage de deux heures à travers les rizières, on arrive à Tjisäroepan (à 1220 m. d'altitude). De là au cratère du Päpandajan, la distance est d’une dizaine de kilomètres. La différence de niveau est d'environ six cents mètres. D'ordinaire, l’ascension se fait à cheval ou en tandoe (palanquin), et les gens de Tjisäsoepan ne furent pas peu étonnés de voir un Européen qui, pour eueillir à son aise des herbes inutiles, se rendait à pied jusqu'au kawah (cratère). Du reste, le trajet est fort peu laborieux : il y a peu d’années, le ezarewitch (radjah Roslan, disent mes deux coolies)a visité le Päpandajan et, à cette occasion, on a créé un fort beau chemin qui mêne Jusque dans le cratére. Il faut traverser d’abord des plantations de quinquina, puis une forèt qui ne présente pas grand intérêt pour celui qui connait Tjibodas. Bien malgré moi, j'y fis la con- naissance d’un végétal que je n’avais pas encore eu l'occa- (1) Java compte quarante-cinq volcans, 274 sion d'étudier. En dépit des conseils de mes coolies, je voulus cueillir des rameaux fleuris de Nepenthes melam- phora, engagés dans la cime d’un petit arbre. Mais j’arra- chai en même temps des branches et des feuilles de l’arbre, et je m'aperçus, alors seulement,que c'était un Laportea, une horrible Urticacée dont les poils déterminent une cuisson intense. En un instant, mes mains et ma face furent couvertes de taches mamelonnées. L'un des Malais frotta sur les surfaces endolories le suc d’une autre Urtica- cée, l'Achudemia javanica ; le seul résultat de ce traite- ment fut de teindre en vert ma peau cramoisie. Après trois heures de marche, l'aspect du paysage change brusquement et l'on se trouve en présence d’une coulée de boue durcie(1). Cette boue a été émise en 1779, à la suite d’une explosion qui projeta dans les airs tout le sommet du cône, ne laissant à la place de celui-ei qu’un immense entonnoir ébréché, le cratère actuel du Päpan- dajan. Quarante villages furent ensevelis sous les débris. La nappe de boue dont nous traversons en ce moment la partie supérieure est longue d’environ douze kilomètres et large, par places,de quatre kilomètres.Elle est iei revêtue d'une opulente végétation de Vaccinium varingiaefolium, d’Albizzia montana avec ses grosses galles d'Urédinées, de Gleichenia dichotoma, de Pteris aquilina. Par terre sont le Polypodium vulcanicum et le Lycopodium cernuum var. curvalum (L. vulcanicum). Nous montons ensuite le long de la coulée de boue, épanchée en larges gradins sur le versant de la montagne (1) D'après M. De Lapparenr (Traité de Géologie, 2° édition, p. 416. Paris, 1835), les volcans de Java n'émettent jamais de lave, c’est-à-dire qu'ils ne laissent pas écouler de roches en fusion, 275 et recouverte d'un mince filet d'eau chaude quis’échappe, tout en haut, d’une source fumante. Des Algues, des Hépatiques et des Mousses habitent la surface humide et y forment une couche glissante. Çà et là, il se rencontre un Vaccinium varingiaefoliwm ou un Polypodium vulcanicum. Puis des amas de débris pierreux, entre lesquels crois- sent les espèces précédentes (Vacctnium, Polypodium, Gleichenia, Lycopodium) mélangées à des Rhododendron retusum, Dianella sp., Gaultheria leucocarpa, ete. On commence à percevoir une légère odeur sulfureuse. La végétation devient de moins en moins variée; bientôt, il ne reste plus que le Vaccinium, le Rhododendron et le Po- lypodium. Un peu plus loin, le Rhododendron disparait à son tour. L'haleine volcanique devient suffocante; les feuilles du Vaccinium se recouvrent d’une légère farine de soufre; le Polypodium ne se trouve plus qu'entre les pierrailles, dans les enfoncements bien abrités. Puis, plus rien. Nous débouchons dans le cratère par une large brèche. Devant nous s'offre une vaste enceinte presque circulaire, entourée de hautes parois grises toutes nues. La brèche et le cirque avec ses murailles couron- nés de créneaux sont l'œuvre du paroxysme de 1772. A peine sommes-nous entrés dans le cratère, qu'un des Malais, saisi à la gorge par les vapeurs sulfureuses,se met à tousser de si lamentable façon que je le laisse en ar- rière et, accompagné de l’autre coolie, je cireule à tra- vers le dédale de solfatares et de jets de vapeurs. Le fond du cratère est boursoufflé, soulevé par l’intu- mescence souterraine, troué comme une éponge. On se croirait dans une forge en pleine activité (Päpandajan, en soendanais, signifie forge). Ici, s'élèvent des fumées sul- fureuses qui déposent de brillants cristaux jaunes. Ail- 276 leurs des jets de vapeur sifflent comme des locomotives et portent avec raison le nom de kareta api (littéralement, voiture à feu). Plus loin, ce sont des grondements sou- terrains, des battements qui font penser à d'énormes masses soulevées à intervalles réguliers et retombant lour- dement. Des ruisselets dévalent de la paroi pelée du cra- Fig. 30. — Fumerolles dans le cratère du Papandajan. tère, s’écoulent entre les fumerolles, et finissent par se perdre dans une fissure; au milieu de l’eau et sur les bords, même aux endroits où le sol est déjà chaud, où l'eau commence à fumer, vivent des Mousses, des Hépa- tiques et des Algues. Dès que je veux m'écarter du sen- tier pour récolter des plantes, le Malais me retient d’un 277 geste d’effroi et me décrit, dans sa langue si douce et si harmonieuse, les horreurs qui m'attendent si je tombe à travers la mince croûte superficielle jusque dans le gouf- fre de feu. Je parviens à grand peine à me procurer quelques échantillons. Dans le cratère du Päpandajan, on n’aperçoit nulle part le moindre Lichen. Cette forme végé- gétale,qui est si bien représentée dansle cratère du Gedeh, manque tout à fait ici, non seulement au voisinagedes fis- sures qui lancent des vapeurs sulfureuses, mais même dans la région qui est habitée par le Vaccinium. On ne rencontre non plus aucun Champignon. Ky x * Le Kawah Manoek (cratère aux oiseaux) fait partie de la même chaine de volcans que le Päpandajan. De Garoet, on roule d’abord pendant deux heures en charrette, jusqu’à Passir Wangi. A partir de ce point, le chemin passe entre des rochers d'obsidienne couverts d'épiphytes, le long d’étroites et profondes gorges où la forêt primi- tive s’est conservée dans son intégrité (voir p. 195). Nous traversons ensuite la vaste plantation de quinquina de Daradjat pour arriver dans une belle forêt dont l'aspect est le même qu'à Tjibodas. Cette forêt renferme pour- tant beaucoup d’espèces nouvelles pour moi, et j'y fais une ample moisson de plantes hétérophylles : Elatostema et Sonerila. Tout à coup, vers l’attitude de 1800 mètres, sans que rien ait annoncé le voisinage d'une bouche vol- canique, nous voyons des flocons de fumée tourbillonner entre les arbres: nous sommes au milieu du salse (volcan de boue). Ce cratère-ci est tout différent de ceux du Päpandajan et du Gedeh. I n’y a ni les solfatares, ni les 4 278 puissants jets de vapeur: l'activité souterraine se mani- feste uniquement par des épanchements boueux. De toutes parts s'ouvrent des chaudières remplies de boues diversement colorées: grises, jaunes, rouges, bleues, les unes épaisses et pâteuses, les autres presque liquides. Ici, c'est une cuve au fond de laquelle repose une vase molle, soulevée de loin en loin pour livrer passage à quel- Fig. 3). — Gorge boisée près de Daradjat. ques bulles de vapeur. Là-bas, c’est une surface moirée, sur laquelle flottent des cloches de gaz et qui est parsemée de petits cônes de boue plus ou moins durcie ; de leur sommet s'échappe un filet de fumée blanche. Plus loin, un lac est en pleine ébullition : la boue est violemment projetée à plusieurs mètres de hauteur et retombe avec fracas (voir 279 pl. IX, phot. 14 et 15). Par dessus l’ensemble du era- tère, le vent promène un épais nuage blanc, Sur la boue desséchée et solidifiée qui sépare les chau- dières s’est installée une luxuriante végétation ; Melasto- ma Molkenboeri, Vaccinium varingiaefolium avec des touf- fes de Loranthus Junghuhnii, Gaultheria leucocarpa, Rho- dodendron retusum, Nepenthes melamphora, Ficus hetero- phylla, Imperata arundinacea, Lycopodium vulcanicum, Polypodium Dipteris, Polypodium vulcanicum, Gleiche- nia dichotoma, Lomaria vulcanica et bien d’autres Fou- gères à feuilles coriaces. Aux branches sont attachés des Usnea. Les feuilles de Vaccinium sont enduites de Fumago. Sur des troncs jetés en travers d’un torrent de boue, je récolte des Schizophyllum, et sur la terre, aux bords de ce ruisseau fumant, des Algues rouges (Zygogonium) et des Hépatiques. On remarque ici,comme au Päpandajan, l’absence de Lichens terrestres, si abondants au cratère du Gedeh. Le Kawah Manoek et le Päpandajan sont à une trop faible altitude pour avoir une flore alpine analogue à celle du Pangerango. La végétation a néanmoins un caractère nettement xérophile.On ne rencontre aucune de ces plan- tes de brouillard (Hyménophyllacées, Begonia, Cyrtan- dra, Pilea, Elatostema, ete.), qui habitent les forêts équa- toriales et qui sont communes dans le bois de Daradjat, tout à côté du Kawah Manoek. Brusquement la végétation forestière cesse pour faire place à ane brousse qui ne con- tient que des végétataux à feuilles raides, coriaces, forte- ment cuticularisées. La seule plante qui fasse exception est le Nepenthes melamphora qui a l'avantage de posséder une réserve d’eau dans ses urnes. La xérophilie de la flore volcanique doit être sans doute attribuée à la grande 20 280 quantité de sels qui imprègnent la terre, et à la haute température du sol (1), laquelle active l'évaporation de l'eau de pluie. Après m'être promené à loisir parmi les cuves bouil- lonnantes, je redescends vers Passir Wangi. Au moment de me remettre dans la charrette, je jette un coup d’æil sur une petite mare que j'avais déjà remarquée au départ. Vers 7 heures du matin,l'eau en était verte; maintenant, la surface porte un voile rouge-sang. La coloration est due à des millions d'Euglena sanguinea, qui ont traversé la surface pour venir se déposer au-dessus de la nappe liquide, et qui ne sont plus mouillés. En cinq heures envi- ron, leur teinte s’est complètement modifiée. Une autre observation montre que le changement de couleur s'opère avec une extrême rapidité. À une cinquantaine de centi- mètres au-dessus de la mare s’étalent de grandes feuilles de bananier dont l’ombre projetée se déplace sans cesse. La portion ombragée de la surface liquide a une teinte verte qui tranche nettement avec la couleur rouge de la partie éclairée. Les limites de l'ombre concordent presque exactement avec celles du rouge et du vert. C’est à peine si, le long du bord ouest de l'ombre, celle-ci présente une étroite zone dans laquelle la teinte est intermédiaire entre le vert et le rouge : ily a en cet endroit, des Euglènes qui viennent d'être mises à la lumière après être restées quelque temps à l'obscurité. De même, sur le bord est, il y en a d'autres qui, après avoir été exposées au soleil, sont maintenant ombragées: elles ne sont pas (1) La température de la boue durcie sur laquelle vivaient des Vacrei- nium dans le Kawah Manoek, était si élevée que les Malais, pieds nus, avaient de la peine à y marcher. 281 encore redevenues vertes. Je n’ai pas recherché avec quelle vitesse l'ombre se déplace sur les Euglènes, et combien de temps il faut à celles-ci pour changer leur teinte; néanmoins je ne crois pas me tromper, en affirmant qu’il suffit d’une demi heure d'éclairement pour que des Euglena sanguinea verts deviennent rouges, et quil ne faut pas un temps plus long de séjour à l'ombre, pour que du rouge ils passent au vert. Ces Euglènes accumulées au- dessus du liquide sont enkystées et, partant, incapables de se mouvoir. Au lieu de se diriger vers la source de lu- mière, ou de la fuir comme le font les mêmes Flagellates lorsqu'ils nagent dans le liquide (phototaxisme), leurs kystes réagissent vis-à-vis de la lumière par la produetion ou la destruction d’une matière rouge. Celle-ci est-elle destinée à servir d'écran pour protéger la chloro- phylle ? (1). 6. — Dans les marécages littoraux de Tandjong-Priok. A diverses reprises, j'ai eu l’occasion d’herboriser à Tandjong-Priok,le port de Batavia,situé à quelques kilomè- tres à l'Est de la ville. Déjà en août 1894, je me suis pro- mené plusieurs fois le long de la plage. En novembre, pendant un séjour que j'ai fait à Batavia, auprès de l’ai- mable M. Charlier, consul-général de Belgique, j'y suis revenu avec le camarade Hallier. Nous avons fait alors SN (4) Nous avons observé précédemment des phénomènes analogues chez une Chroolépidée (voir p. 171). Pendant le mois de septembre 1895, j'ai eu l’occasion, avec mon ami M. G. Craurriau, de refaire les observations sur l’Euglena sanguinea, dans une petite mare, à Coxyde (Belgique). 282 une herborisation en chaloupe, dans le fouillis de canaux et de fossés qui sillonnent la région (1). Enfin, et c'est l'herborisation que je me propose de raconter, j'ai visité Tandjong-Priok en mars 1895, à la veille de me rem- barquer. Suivi d’un coolie, je prends la route de Batavia, Quel- ques minutes de marche nous amènent dans lesmarécages. Toute cette région esten réalité le delta commun d’un grand nombre de rivières, qui s'y divisent en une infinité de bras. Iei, leur vitesse est considérablement amortie et elles déposent la majeure partie des matériaux qu’elles tiennent en suspension. Îl se forme ainsi des hauts-fonds qui s'élèvent progressivement jusqu’à ce que leur surface soit exposée à l'air. Dès ce moment, les plantes en pren- nent possession. Le Nipa fruticans (PI. X, phot. 18) et l'A canthus ilicifolius s'installent sur la boue, la consolident et la défendent contre l'érosion. Néanmoins chaque crue bouleverse la configuration du terrain: de nouveaux bras se fraient un passage à travers les alluvions encore insufhi- samment affermies par la végétation, tandis qu’ailleurs d’anciennes brèches se comblent petit à petit, augmentant ainsi le domaine de la terre ferme. L'eau est à peine sau- mâtre; à marée haute, elle recouvre le sol vaseux et vient clapoter entre les Mipa; puis, elle abandonne de nouveau les fourrés pour se retirer dans les marigots. Après de longues recherches,nous réussissons à trouver un canotier qui consent à nous promener à travers le EN (1) Nous étions accompagnés de Païdan, un jardinier de Buitenzorg, qui est bien au courant de tout ce qui intéresse les visiteurs du Jardin. Il nous avait déjà guidé dans plusieurs autres excursions : jungle de Depok, gorge boisée du Tjiapoes, forêt du Goenoeng Tjibodas (près de Tjampea). 283 dédale de canaux, Je me place à l'avant; mon coolie aide le canotier. A condition de ne pas faire de mouvements brusques, qui nous lanceraient à l’eau, — nous verrons toute la flore de Tandjong-Priok défiler devant nous. Un geste, un signe suffit à diriger les Malais vers les espèces que je désire récolter. Nous glissons d’abord sous des Nipa dont les feuilles se rejoignent par dessus le fossé. Ces Palmiers ressemblent beaucoup à des Metroxylon non fleuris. Leur trone rampe dans la boue et porte des feuilles longues de trois à quatre mètres. Entre elles apparaissent des inflores- cences monoïques dont les rameaux supérieurs sont mâles, tandis qu’un seul rameau, inférieur, est garni de fleurs femelles. A la maturité l’ensemble des fruits forme une masse globuleuse de vingt-cinq centimètres de diamètre. Le sol est couvert d’un épaisfourré d'A canthusilicifolius, avec des feuilles assez variables de forme, mais qui sont le plus souvent épineuses sur les bords. Çà et là, les gros bouquets roses de Pluchea indica font une tache colorée. Fort nombreuses aussi, les touffes d'A crostichum inaequale, une Fougère aquatique dont les feuilles, hautes de plus d’un mètre, se terminent par des segments sporifères, tout bruns. De grands arbres (Sonneratia acida) croissent dans les massifs de Mipa. Leurs longues branches pendantes sontcouvertes de fleurs aux nombreuses étamines blanches, et de fruits ronds et aplatis. Chaqüe fois qu'un Sonneraltia se trouve près de la rive, notre embarcation ne s'ouvre qu'avec difficulté un chemin au milieu des racines qui s'élèvent du fond de l’eau et dressent leurs extrémités jusqu'au-dessus de la surface. On dirait un champ d'as- perges grises, devenues ligneuses, Ces racines sont revé- 284 tues d’une mince couche de liège qui recouvre même leur pointe. Sous le liège existe une couche de parenchyme vert. Celui-ei s’exfolie en même temps que le liège, de sorte que les cellules assimilatrices se remplacent sans cesse : frappant exemple de ce fait que les organes des végétaux ne fonctionnent que pendant un temps limité. Voici d'autres racines dressées, plus fines et à surface rugueuse. Elles appartiennent à un arbuste à petites fleurs jaunes, l’Avt- cennia officinalis. De mème que celles du Sonneratia, celles-ei nais- sent sur des racines enfoncées dans la vase, et le géotropisme négatif amène leur extrémité dans l’atmo- sphère. Ces curieux organes ont pour fonction de procurer de l’oxy- gène aux racines qui sont profon- dément enfouies dans la boue (1). Les racines respiratoires, ainsi que les autres adaptations que présen- tent les espèces de la mangrove, ont Fig. 51. — Racines respiratoires 616 beaucoup étudiées dans ces der- de Sonneratia acida, àludra= : : à majoë (Java) nières années par MM. Goebel (5), Karsten (11) et Schimper (14). Nous n’aurons pas, à Tandjong-Priok, l'occasion de voir une mangrove typique, c'est-à-dire, une forêt littorale (1) Ces racines respiratoires de Sonneratia et d’Avicennia, qui au point de vue fonctionnel, ont tant d’analogie avec les bourgeons, ne produisent jamais de rameaux feuilles, pas plus que les racines de la plupart des épiphytes (voir p. 280). Nous avons déjà vu des racines respiratoires chez le Metroæylon Sagus (voir p. 176). 285 dont les arbres eroissent en mer, sont soumis aux alterna- tives du flux et du reflux et ont à soutenir le choc des vagues et des courants. J'ai parcouru la mangrove en d’autres endroits de la côte septentrionale de Java, à Indra- majoe (delta du Tjimanoek), à Soerabaja (delta du kali (1) Solo et du kali Brantas) et à Perobolinggo. Je l'ai vue aussi à Kamal, dans l'ile de Madoera. A Tandjong-Priok, les espèces de la mangrove vivent par pieds isolés et ne constituent pas une formation bien caractérisée. Au-dessus de notre tête s’étalent les grandes feuilles luisantes de Rhizophora conjugata. Le tronc de cet arbre est supporté par tout un échafaudage de racines qui Fig. 32. — Rhizophora mucronata, près de Padang (Sumatra). plongent obliquement dans l'eau et la vase. Les branches sont elles-mêmes soutenues par d’autres racines-contre- forts. À côté de lui est un R. mucronata, chez lequel le système d’échasses est encore mieux développé. (Voir fig. 32). Ces arbres nous intéressent aussi par leur plantules, (1) Kali, en javanais, signifie rivière, de même que tji, en soendanais, 286 suspendues aux branches comme des chandelles dans la boutique d'un épicier. Donnons une légère secousse aux rameaux. Aussitôt quelques embryons se détachent, tom- bent comme des flèches et vont se ficher profondément dans la boue. Un regard jeté autour de nous, montre de ces plantules à tous les stades du développement : les unes, quoique récemment tombées, ont déjà formé des racines; d'autres commencent à se garnir de feuilles ; d’autres encore, plus agées, sont ramifiées et possèdent déjà quelques racines-contreforts. On conçoit sans peine combien il est utile, pour ces habitants de régions soumises aux marées, de posséder desgraines quine peu- vent être emportées par les courants. Le moyen le plus simple et le plus eflicace con- siste à amener l'em- bryon à un tel degré de développement, qu'à peine tombé, il donne des racines qui le fixent dans la vase. Aussi les graines ger- ment-elles sur l’arbre- mére aux dépens des (Fig. 33. — Aihizophora mucronata, avec matériaux qu'il con- "embryons, près de Soerabaja (Java). . : : ünue à leur fournir. Lorsque les graines se détachent, leur évolution ne subit point d’arrêt; elles produisent immédiatement des racines et, dès ce moment, elles sont si bien ancrées 287 dans la vase molle, que les vagues ne peuvent plus les entrainer. Les Rhizophora (mangliers ou palétuviers) ne sont pas les seuls arbres vivipares de la mangrove. Chez la plupart des espèces, les embryons ne quittent la mère que lors- qu'ils ont acquis une taille bien plus considérable que dans les graines ordinaires. Ces embryons sont en outre pourvus de lun ou de l’autre moyen de fixation. Ceux du Bruguiera gymnorhiza emportent les enveloppes de la fleur, et s'ancrent dans la vase au moyen des sépales crochus. Chez l'Aegiceras majus, c’est l'enveloppe du fruit qui retient l'embryon, tandis que les embryons d'A vicennia officinalis sont munis, au moment où ils quittent la graine, de longs poils radicaux, raides et crochus. Pour permettre aux embryons de prendre le grand accroissement qui les caractérise, — ceux du Rhizo- phora mucronata atteignent souvent une longueur de 80 centimètres, — il a dù seformer un organe nouveau qui a des fonctions analogues à celles du placenta. des Mam- mifères. Grâce aux travaux de MM. Schimper (14), Karsten (11) et Haberlandt (9), ce placenta est mainte- nant bien connu, Il n'est pas jusqu’à l’Acanthus ilicifolius qui ne soit vivipare. Il y a donc lieu de s’étonner de ce que les graines de Sonneratia acida ne présentent aucune adaptation de ce genre, quoique celte espèce soit pourtant capable de vivre à l'extrême limite de la forêt littorale, et qu'elle y forme même des avant-postes, battus de toutes parts par les vagues. (Voir plus loin, p. 506.) Cette plante se tire d'affaire grâce à la prodigieuse rapidité de sa erois- sance ; la graine germe et s’enracine si vite qu'elle a beau- coup de chances d’être déjà solidement implantée, avant que les vagues tentent de l’arracher, 288 Les embryons des plantes vivipares ne sont certes pas adaptés à la dissémination par les courants marins. Néanmoins, lorsqu'ils se détachent à marée haute, ils tombent nécessairement dans l’eau, et il faut alors qu’ils soient capables de flotter et de supporter impunément le séjour dans l’eau salée. Du reste, si les germes ne pou- vaient pas supporter un voyage en mer, comment ces espèces atteindraient-elles les petites iles perdues au milieu des océans? Dans les canaux de Tandjong-Priok, nous rencontrons à chaque instant des embryons de Rhizophora qui flottent debout, la pointe radicale en bas, la plumule seule émergée. Le canot avance toujours entre deux haies de Mipa. Nous mettons un moment pied à terre et, sau- tant d'Acanthus en Acanthus, nous nous dirigeons, non sans enfoncer parfois jus- qu'au genou dans le bourbier, vers un grand Bruguiera gymnorhiza. Cet ar- bre possède aussi des racines respiratoi- res. Ce ne sont pas cependant, comme chez les Sonneratia, desorganesspéciaux, dressés verticalement sur les racines couchées dans la md lg ne le me come ne ee ee me — Fig. 31. — Racines respiratoires de Zumnitzera, piès de Perobolinggo (Java). 289 fange, mais des racines ordinaires qui s'élèvent oblique- ment jusqu'au-dessus de la vase, font un coude brusque, puis rentrent sous terre. La portion aérienne, genouillée, est garnie de nombreuses lenticelles par lesquelles s’effec- tuent les échanges gazeux. Une autre plante, fort abon- dante à Tandjong-Priok, le Lumnitzera racemosa, pré- sente des racines respiratoires analogues à celles du Bru- quiera, mais beaucoup moins épaisses. Maintenant le canal se resserre et la navigation devient difficile. Nous ramassons, en quantité, des fruits de Pan- danus et de Nipa fruticans qui flottent dans l’eau sau- mâtre. À un certain moment, nous sommes arrêtés par nne passerelle en bambou posée presque à fleur d’eau. Nous parvenons pourtant à faire glisser le canot en des- sous, tandis que nous-mêmes grimpons par dessus. Pen- dant que je suis sur la passerelle, j'ai la malencontreuse idée d’aller cueillir quelques magnifiques embryons qui se prélassent sur un Rhizophora mucronata. À peine ai-je imprimé une secousse aux branches, que je suis assailli par une nuée de grandes fourmis rousses, qui s’introdui- sent sous mes vêtements et se mettent à me mordre avec furie. Les expériences que j’ai faites de ces atroces bêtes dans la mangrove de Soerabaja devraient me ren- dre circonspect; mais les embryons sont tellement beaux qu'ils captivent toute mon attention, et que je ne songe pas à regarder les feuilles reliées ensemble où les fourmis ont établi leurs demeures. D’ailleurs, comme ces feuilles restent vivantes, on ne remarque guère les fourmilières, et on ne s'aperçoit de leur présence que lorsqu'on est attaqué par leurs habitants. A mesure que nous nous éloignons de la mer, la flore se modifie progressivement, 290 Les espèces de la mangrove sont de plus en plus clair- semées; elles font place à des plantes qui ne se rencontrent jamais dans la forèt littorale proprement dite, et qui habitent de préférence les marécages saumâtres à quelque distance de la mer. Ce sont le Terminalia Katappa, avec ses rameaux disposés en étages et ses feuilles réunies en petits bouquets, le Cerbera Odollam, aux grandes fleurs blanches, dont les fruits ronds flottent dans les canaux. Puis, diverses Légumineuses (p. ex. Pongamia glabra) et Bignoniacées, le Clerodendron inerme, l'Excoecaria Agallocha, l'Hibiscus tiliaceus, cou- vert d'énormes fleurs jaunes, ete. Entre les arbres, grimpent de nombreuses lianes, un groupe de végétaux qui fait totalement défaut à la man- grove. Citons parmi les plus caractéristiques, le Cassytha filiformis, une Lauracée parasite dont les tiges vertes enfoncent leurs suçoirs dans tous les végétaux qu'elles rencontrent. Le Wollastonia glabrata couche ses longs rameaux sur les buissons qu'il couvre comme d'un réseau. Les capitules de cette Composée sont remarquables par la grande taille des paillettes vertes. Le Flagellaria indica s'accroche aux plantes voisines à l’aide de la vrille qui termine chaque feuille. Cette vrille a une forme qui n’est pas connue chez les plantes d'Europe : au lieu d'être ronde et contournée en forme de tire-bouchon, elle est aplatie latéralement et enroulée dans un plan, comme un ressort de montre. Dès qu’elle a saisi un support, elle s’épaissit beaucoup. Cet organe dérive iei d’une feuille; toutes les autres vrilles de cette forme sont au contraire des rameaux transformés : Bauhinia (voir plus loin), Cardiospermum, Paullinia, ete. Eutre ces plantes herbacées, il y a aussi de nombreuses 291 lianes ligneuses, surtout des Asclépiadacées et des Légu- mineuses. Parmi ces dernières, signalons le Caesalpinia Bonduc accroché par les aiguillons qui garnissent les feuilles et les tiges. Le Dalberqia littoralis appartient à un groupe de lianes dont nous n'avons pas encore rencontré de représentant : celles qui ont des rameaux irritables. Les organes d'attache sont des ramilles à peine modifiées. Elles portent des feuilles et remplissent toutes les fonctions de branches assimilatrices ; mais dès qu'elles touchent un support quelconque. elles s'enroulent énergiquement autour de lui, et s’épaississent beaucoup. Les ramilles inférieures ne sont pas irritables; elles perdent bientôt leurs feuilles et se transforment en épines (1), Le Dalbergia littoralis se distingue de toutes les autres lianes à ramilles irritables en ce que les longs sarments sur lesquels naissent les ramilles sont eux-mêmes volubles. Ils décrivent, autour des rachis des Nipa, une spirale à tours très lâches, distants de 35 à 40 centimètres. Il semble que nous assistions ici au passage d’un mode de grimpement à un autre. Le genre Dalbergia est du reste fort intéressant à ce point de vue : à côté d'espèces arborescentes, qui se soutiennent elles-mêmes, il contient des espèces qui sont exclusivement volubles (D. sp. de Sumatra, cultivé au Jardin de Buitenzorg), d’autres qui sont volubles tout en étant pourvues de rameaux irritables (1) Beaucoup de plantes ligneuses ne sont armées qu’auprès de la base. Tantôt les grosses branches émettent, dans la partie inférieure, des rameaux courts et épineux, comme c’est le cas chez divers Dalbergia, chez le Luvunoa eleutherandra, chez le Flacourtia Rukam, etc. — tantôt le vieux tronc donne naissance à des aiguillons simplement subé- reux, comme chez l’Hura crepilans et l’Eriodendron anfractuosum (voir p. 179). 292 (D. littoralis), enfin, des espèces qui ne grimpent que grâce à ce dernier procédé (D. Zollingeriana, cultivé au Jardin de Buitenzorg). Le Dalbergia littoralis, de même que le Luvunga eleutherandra (voir p. 242), nous offre de beaux exemples de différenciation des rameaux : les uns deviennent de longs sarments, les autres restent toujours courts (ramilles) (1). Nous devons maintenant rebrousser chemin, si nous voulons encore faire une promenade le long de la plage. D'ailleurs, si nous poursuivions notre navigation, nous sortirions bientôt du delta fangeux pour nous trouver au milieu des cultures de Borassus flabelliformis, de cocotiers et d’autres arbres fruitiers. Il y a peu d'années, ces arbres étaient couverts d’Aerides virens; mais les collecteurs d’Orchidacées les ont tous arrachés pour les envoyer en Europe. Il ne reste plus maintenant d'Aerides que sur des arbres isolés, protégés contre les « orchidophiles » par quelque légende populaire (). Si l’on ne met un terme à ce pillage, qui s'effectue dans tous les pays équatoriaux, il arrivera un moment où toutes les belles Orchidacées du globe vivoteront dans les serres d'Europe. Dans les environs de Batavia, la mousson sèche est très marquée et la flore renferme beaucoup de plantes à feuillage caduc. Lorsqu'on visite la ville pendant les mois d’août et de septembre, on n’y voit que des arbres chau- (1) Le vol. XIII des Annales du Jardin botanique de Buitenzorg con- tient une notice sur la différenciation raméale chez les lianes. Un résumé paraîtra bientôt dans les publications de la Société. (2) Dans un carrefour du kampong Djapat, près de Batavia, nous avons vu un manguier dont les branches disparaissaient sous les inflorescences roses de l'Orchidacée, 293 ves. Le contraste avec la flore de Tandjong-Priok n’en est que plus grand. Ici, dans les marécages saumâtres, la végétation ne dépend pas de la pluie. Qu'il pleuve ou qu'il fasse sec, les plantes ont toujours la même quantité d’eau à leur disposition. Pourtant, la flore de ces fanges n’a pas la moindre analogie avec celle des forêts pluvieuses, comme la forêt de Tjibodas. Même si on laisse de côté l'absence complète d’épiphytes, le tapis végétal de la man- grove et de la région des Nipa frappe par l'aspect luisani des feuilles. Ce ne sont plus les limbes minces et tendres des arbres de Tjibodas, avec leur gargouille terminale et les épiphylles dont elles sont revêtues, mais desfeuillescoriaces, à bout arrondi, à surface lustrée, pourvue d’une épaisse cu- ticule.Chez ces plantes qui ont le pied dans l’eau, tout con- court à limiter autantque possiblela transpiration. Cetappa- rent paradoxe s’expliquesanspeine.Les végétaux de la man- grovene peuventse procurer que de l’eau marine ou de l’eau saumâtre ; si la transpiration était énergique, les matières salines, qui s’introduisent dans les tissus avec l’eau puisée par les racines, s’accumuleraient en de telles proportions qu’elles mettraient bientôt obstacle à lassimilation. M. Schimper (14) a montré combien la flore littorale est en réalité xérophile. Rien ne fait mieux voir l'adap- tion xérophile que la comparaison de feuilles de Son- neralia acida(l) récoltées près de la mer, avec d’autres, récoltées soitsur le limon saumâtre de Tandjong-Priok soit au Jardin botanique de Buitenzorg. Ces dernières sont molles et à peine charnues, tandis que celles du bord de la mer sont épaisses et coriaces ; quant à celles de Tan- djong-Priok, elles ont des caractères intermédiaires. (1) Ces feuilles sont équifaciales; elles pendent verticalement, de façon à se présenter au soleil de profil. 294 La chaloupe nous dépose non loin de la gare de Tan- djong-Priok et nous marchons vers le port que nous tra- versons en canot. Après être débarqués près du sémaphore entouré d'Eucalyptus alba, nous nous promenons vers l'Est, entre la plage et les nombreux petits étangs dans lesquels les flots pénètrent à marée haute. Les viviers sont bordés d'espèces que nous connaissons déjà : Bruguiera, Rhizophora, Terminalia, À vicennia, Excoecaria,Pongamia, Acanthus, etc. Entre les arbres, les lianes (Cassytha, Wollastonia, Cissus sp.) ont tissé un impénétrable rideau de verdure. Les viviers sont séparés de la mer par une plaine her- beuse, qui en certains points n'est large que de quelques mètres. Elle est formée, comme la grève elle-même, de sable corallien à gros grains, apporté par le flot. Nous fou- lons un dense tapis de petites herbes, parmi lesquelles dominent les Cypéracées, les Graminées, les Malvacées (Sida carpinifolia),les Légumineuses (Cassia, Desmodium, Crotalaria). Nous rencontrons aussi des plantes qui méri- tent de nous arrêter un instant. L'une des espèces les plus curieuses des littoraux sableux de Java, est le Spinifex squarrossus, une Graminée à grosses feuilles cylindriques(i). L'inflorescence femelle est constituée par des épillets pressés les uns contre les autres; ils sont ter- minés par de longues arêtes qui divergent en tous sens et qui font de l’ensemble une boule élastique de 25 cen- timêtres de diamètre. À la maturité, l’infrutescence se EL (4) Les feuilles contiennent au centre du parenchyme gorgé d’eau. Un bel exemple de Graminée « charnue » est offert par le Panicum turgidum, récolté à Djeddah (Arabie). Les feuilles sont atrophiées, comme chez tant d’autres plantes grasses. La tige épaissie est formée par du tissu aquifère entouré d’une mince couche de parenchyme assimilateur, 295 détache en entier et, devenue le jouet du vent elle roule sur le sable. Les heurts répétés ne tardent pas à briser les arêtes, mais dans l’intervalle les graines ont été épar- pillées sur un grand espace. Parmi les Convolvulacées, signalons l’Ipomaea pes- caprae, une plante commune aux plages équatoriales de l'Ancien et du Nouveau Continent. Les tiges traînent sur le sable chaud; elles portent des feuilles bilobées et de grandes fleurs roses. Sur les littoraux de l’Archipel Indien, cette espèce caractérise Les parties sèches et sablonneuses, auxquelles M. Schimper (14) a donné le nom de « Pesca- praeformation ». Un fourré de Pandanus littoralis dressés sur leurs racines-échasses, abrite quelques exemplaires de Phoenix paludosa. Nous récoltons aussi le T'acca pinnatifida, avec ses fleurs entre lesquelles pendent de longs filaments bruns, dérivés des bractées. Tout autour, des Centro- sema; les tiges couchées parmi les /pomaea sont garnies de grandes fleurs dressées dont l’axe est vertical et l’éten- dard étalé horizontalement(). Nous passons auprès d’un vapeur échoué. Sur la plage sont beaucoup d'arbres (Terminalia Katappa, Excoecaria Agallocha, Calophyllum Inophyllum, Pandanus littoralis, Ficus, Scaevola Koenigii) partiellement déchaussés par la vague. Puis nous pénétrons dans les plantations de cocotiers du kampong Kodja. La vue de ces milliers de belles noix de coco rend plus ardente la soifqui nousdévore depuis que nous sommes sur la plage. Un Malais grimpe sur un arbre, en s’aidant des entailles faites dans le tronc. (1) Nous ne reviendrons pas ici sur la grande diversité que présente la position des fleurs chez les Phaséolées (voir p. 189). 21 296 En un clin d'œil il a détaché une jeune noix encore verte. Rien de frais et de délicieux comme l’eau de coco, bue à même dans le fruit, Les sables littoraux sont la station de prédilection du cocotier. Les habitants du kampong ont planté ici bien d’autres arbres fruitiers (Artocarpus, Citrus, Anona, etc.) qui toutefois ne semblent pas se plaire beaucoup dans ce sol arénacé. Seuls, les Tamarindus indicus sont devenus de beaux individus. Derrière le kampong, il yen a un énorme exemplaire dont le tronc porte à la naissance des branches un Ficus hémiépiphyte. Les branches de celui-ci dépas- sent encore celles de son hôte et les racines recouvrent presque complètement le tronc du Tamarindus. Nous revenons maintenant à Tandjong-Priok, le long de la plage. Nous cireulons d’abord entre les barques et les engins de pêche qui reposent au bord de la mer, puis parmi de grands Calophyllum Inophyllum complètement déracinés et renversés par les flots. Ces arbres montrent, dénudées, leurs longues et épaisses racines horizontales, de la face inférieure desquelles se détachent les racines qui plongeaient dans le sable. Les branches portent encore des Lichens et des Drymoglossum, les seules épiphytes de cette région; leurs feuilles ont des taches de Phycopeltis maritima, la seule épiphylle d'ici. Mais outre ces arbres encore vivants, nous voyons en mer, à quelques mètres en avant de la laisse de marée basse, des Calophyllum tout à fait morts, dont la cime a été brisée et morcelée par le heurt incessant des vagues. Ces Calophyllum n’ont certai- nement pas crû dans la position où ils se trouvent mainte- nant, Car Jamais cette espèce ne vit dans l’eau salée. Il faut donc conclure que la mer gagne ici sur la terre ferme. Toutefois nous ne pourrions préciser si l’érosion 297 est due à l’affaissement du littoral ou à des courants ma- rins qui viennent battre la côte. La grève est formée d’un sable grisätre mêlé de coquil- lages et de débris de coraux. De place en place sont des amas de diverses épaves. Les plus communes sont des pierres ponces, témoins de la grande explosion du Kraka- toa, en août 18853. Les eaux du détroit de la Sonde furent à celte époque recouvertes d'une couche de ponces, haute de plus de deux mètres et assez serrée pour entraver la marche des navires. Ces millions de blocs flottants, sans cesse frottés les uns contre les autres par les mouvements des vagues, n'ont pas tardé à émousser leurs angles et à s’arrondir comme des galets. Depuis lors, les débris volca- niques errent au hasard des courants Jusqu'à ce qu'ils soient rejetés sur une côte. Les ponces abondent non seu- lement à Tandjong-Priok, qui est peu éloigné du détroit de la Sonde, mais encore à l’autre bout de Java, à l’ile de Madoera et sur l’ilot de Ketapang (voir plus loin, p. 301). D'autres épaves nous intéressent davantage. Voici des fruits que nous connaissons pour les avoir récoltés dans les faiges de Tandjong-Priok : Nipa fruticans, Pandanus liltoralis, Aegiceras majus, Avicennia ofjicinalis, Rhizo- phora mucronata, Sonneratia acida. Plus loin, le vent chasse devant lui des têtes de Spinifex squarrosus qui, lancées contre la grève, rebondissent chaque fois à de grandes distances, gràce à leur armature de pointes élastiques. : Des noix de coco, portant les traces d’un long voyage en mer, germent comme si elles venaient d’être cueillies. Encore des fruits que nous avons déjà vus dans le delta : ceux du Cerbera Odollam. Ils sont dépouillés de leur enveloppe charnue, brune ; le tissu aérifère qui assure 298 leur flottaison est mis à nu. De fortes travées fibreuses, anastomosées entre elles, protègent contre les chocs ce tissu très friable (1), Parmi les objets les plusremarquables que nous ramassons, citons encore les grosses graines tétraédriques de Carapa obovata. Elles semblent avoir été taillées dans un bloc de liège, dont elles ont d’ailleurs la faible densité. Bien d’autres fruits nous étonnent par leur légèreté : ceux du Terminalia Katappa ont le tissu aérifère entouré d’une couche luisante ; les volumineuses pyramides quadrangulaires de Barringtonia speciosa ressemblent à une masse d'étoupe emballée dans du papier parchemin, etc. Dans les derniers fruits que nous venons de citer, le tissu de flottaison est externe. Au contraire, chez le Pandanus littoralis et le Calophyllum Inophyllum, il est protégé par une coque dure. Les petits fruits ronds de Cailo- phyllum sont très communs; ils roulent sur la plage comme des billes. Voici des fruits en forme de barque. Ils appartiennent à l’Heritiera littoralis. Quand nous les secouons, nous entendons la graine qui ballotte librement dans le péricarpe ligneux. Leur flottaison est assurée par l’air qui remplit la cavité. Disons enfin que les fruits de Rhizophora, d’Avicennia et d’Aegiceras se soutiennent sur l'eau, gràce aux nom- breuses petites lacunes intercellulaires. Nous nous assurons aisément que toutes ces graines germent sur la plage. Nous rencontrons ici de véritables pépinières de Nipa, de Cerbera, d'Avicennia, de Calo- (1) Le fruit de Cerbera, ainsi que la plupart de ceux que nous rencon- trons ici, sont figurés par M. Scuimrer (14). 299 phyllum, ete. Pourtant il est évident que le seul fait de pouvoir flotter longtemps ne suflit pas à adapter les espèces à la dissémination par les courants marins. Il est nécessaire que la propriété germinative reste inaltérée pendant le voyage. Et, de fait, la grève est parsemée de graines qui ne germent jamais. J’ai pu déterminer avec certitude celles de Pangium edule et de Mangifera indica : les rivières les ont entrainées vers la mer, les flots les ont rejetés à la côte, — mais sans aueun profit pour l'espèce, car elles ont été tuées par l’eau salée. Un dernier point. S'il faut que les graines puissent encore germer quand elles abordent sur une plage, il est tout aussi indispensable, — au moins pour certaines espèces, — que le processus germinatif ne débute pas en mer, quelque longues que soient les pérégrinations. Supposons en effet que les fruits de Cocos ou de Cerbera soient rejetés sur la grève avec une radicule et une tigelle ; il suflira de quelques heurts contre le sable pour que tout soit irrémédiablement perdu. Pendant mon séjour à Buitenzorg, j'ai voulu rechercher pourquoi les noix de coco ne germent pas aussi long- temps qu’ils sont ballottés par les courants. Les expériences ont duré plusieurs mois, mais n’ont donné, en somme, aucun résultat concluant. 7. — Sur l’ilot corallien de Ketapang. Ouvrons d’abord une double parenthèse. La pluie joue dans la constitution du climat équatorial un rôle aussi important que la chaleur. En effet, il ne suf- fit pas que la température soit constamment élevée, il faut encore que les pluies soient abondantes et que la saison sèche ne soit pas de longue durée. 300 Dans la région orientale de Java les précipitations atmosphériques sont beaucoup moins fortes qu’à Buiten- zorg. En outre, de juin à octobre, il ne tombe pas une goutte d'eau. * * Pendant que le steamer « Koningin Emma » était ancré dans la rade de Perobolinggo, en août 1894, j'ai eu l'occa- sion de visiter l’ilot de Ketapang situé à six kilomètres en mer. Mon canot, monté par trois hommes qui ne parlaient que le madoerais, était en assez mauvais état. Tant d'eau pénétrait par les joints de la barque que l’un des canotiers était obligé de la rejeter sans cesse par dessus bord, à l’aide d’une noix de coco. Arrivés, au bout d’une heure de navigation, auprès de la pointe ouest de Ketapang, nous devons la contourner pour éviter un récif de corail sur lequel notre frêle embarcation risquerait d’être mise en pièces. Une fois la ligne de brisants dépassée, nous flottons sur une eau calme et limpide : un immense aqua- rium protégé contre l'agitation des vagues par la bordure de corail, Encore quelques coups d’aviron etnous échouons sur la plage. L'ile de Ketapang, longue de deux kilomètres de l’Est à l'Ouest, large d'un demi kilomètre, est simplement un banc de corail soulevé de cinq à six mètres au-dessus des flots. Le roc poreux s’est désagrégé à la surface en une couche arénacée, blanche. A Perobolinggo, la quantité annuelle de pluie n'estque d’environ 1,10 m.; à Ketapang, elle est sans doute moindre encore. Pendant cinq mois, la terre reste exposée à toutes les ardeurs du soleil. Ketapang ne renferme pas la moindre source: la pluie de 301 la mousson humide se perd immédiatement dans les cre- vasses dont le sol est criblé, et pendant toute la durée de la mousson sèche, les habitants de l’ilot sont obligés d’al- ler, avec de grandes jarres de terre, chercher de l’eau douce à Perobolinggo. On conçoit que dans des conditions aussi désavantageuses, la végétation ne soit ni riche ni variée. Nous suivons d’abord la côte méridionale. Près de l’en- droit où nous avons abordé sont des fourrés d'Opuntia Dillenii. La plage est formée de sable corallien parsemé de coquillages, de fruits apportés par les flots(), de pon- ces arrondies provenant du Krakatoa (voir p. 297). Au- dessus de la laisse de marée haute les tiges d’Ipomaea pes: caprae se couchent sur le corail brülant. Ailleurs, il y a quelques touffes de Pluchea indica, de Spinifex squar- rosus et de Bolbostylis barbata. Au milieu de l'ile, deux cocotiers rachitiques laissent pendre d’un air désespéré leurs palmes tronquées. Les champs poudreux, parsemés de blocs madréporiques, étalent leur blancheur désolée et nue. Pendant la saison pluvieuse, les habitants y cultivent à la hâte une maigre récolte de maïs. Maintenant, sous le feu du soleil, les champs ne sont plus qu'une fine poussière, sans une goutte d’eau, sans un brin d’herbe (voir pl. X, phot. 16). Entre les champs se dressent çà et là des arbustes (Odina gummifera et Zizyphus Oenoplia) aux rameaux chauves, tordus par le vent, auxquelles une liane grappinante (Azi- ma sarmentosa) entremêle ses branches grises. Nous parvenons à l’extrémité orientale de l'ilot et nous continuons notre promenade le long de la côte N. Voici à (1) Ce sont les mêmes qu’à Tandjong-Priok. 302 côté d’un Guettarda speciosa, un gros buisson de Plumiera acutifolia. Ses rameaux charnus n’ont pas une seule feuille, mais, chose étrange, ils sont garnis de milliers de grandes fleurs rosées. Comment cet arbre déplumé peut-il fleurir sous ce soleil dévorant ? C’est qu'il est extrêmement bien protégé contre la dessiceation, et une expérience involontaire va nous le prouver. J’avais coupé à Ketapang, en août 1894, quélques rameaux de Plumiera. Je les emportai à bord, et plus tard à Buitenzorg. Chaque jour ils étaient exposés au soleil, et ils devenaient Fig. 35. — Plumiera acutifolia, entre les blocs madréporiques à l’ilot de Ketapang. tellement chauds qu’on avait peine à y tenir la main. Après deux mois de ce traitement, les portions inférieures des branches étaient mortes et desséchées, mais les extré- mités jeunes n'avaient aucunement souffert : la moindre piqure faisait écouler des flots de latex, Il fallut quatre- vingts jours d'exposition au soleil pour que les branches fussent complètement mortes. 303 Nous passons auprès du village, quelques misérables huttes devant lesquelles sont couchées les nasses et les barques de pèche. Autour des habitations s’est naturalisé le Manihot carthagenensis, une plante américaine qui fournit une sorte de manioc. J'y récolte aussi un Aloë et le Parkinsonia aculeata, deux espèces que je connaissais pour les avoir déjà trouvées à Djeddah (Arabie). Les feuilles du Parkinsonia sont très curieuses. Les stipules sont épineuses ; le rachis principal se termine également en une épine. Celle-ci porte deux paires de rachis secon- daires longs de 25 à 30 centimètres; ils sont aplatis de haut en bas et leurs bords sont garnis de toutes petites folioles. Chez cette plante, l'assimilation se fait surtout par les rachis; mais contrairement à ce qui à lieu chez les Acacia à phyllodes, ce sont les rachis secondaires, aplatis de haut en bas, qui jouent le rôle important, et non le rachis principal, aplati latéra- lement. La présence de ces plantes de désertest caractéristique. Malgré le voisinage de Java « the most fertile, the most productive, and the most populous island within the tropies » (11, p. 75), l'ile de Ketapang est un véritable désert. Si cette ile n’a pas une flore désertique, si elle n’est pas couverte de ces buissons hémisphériques qui dominent en Arabie, c’est uniquement parce qu’elle est trop éloignée des grands déserts pour que leurs espèces aient pu être amenées jusqu'ici, et que, d’autre part, l'Île est trop peu étendue pour que de nouvelles formes aient pu y prendre naissance. La mangrove, si richement représentée sur la côte de Java, manque totalement ici. Sans doute les courants apportent une foule de graines d’Aegiceras, de Sonneralig 304 et d'Avicennia, que nous trouvons germées sur la grève. Mais ces courants ont une telle violence que les détritus résultant de la désagrégation du corail sont aussitôt balayés. Les graines échouées germent; seulement les racines ne peuvent nulle part se fixer, et au prochain reflux, elles seront brülées par le soleil. Nous embarquons notre pauvre récolte, et la chaloupe est remise à flot. Après avoir passé sans encombre la barrière de coraux, nous jetons un dernier regard sur Ketapang. La grève est éclatante de blancheur. Blanche aussi, la terre bosselée et rugueuse. Les arbreseux-mêmes, privés de feuilles, sont poudrés de blanc. Imaginez sur ce paysage l'aveuglante lumière d’un soleil au zénith. C’est en vain qu’on essaie de regarder un objet lointain : les paupières, saisies d’un véritable spasme, se resserrent douloureusement. La réverbération de la chaleur com- munique à l’atmosphère une vibration incessante. Par moments, un mirage éphémère fait apparaître, par dessus l’ilot tremblotant, la côte javanaise bordée de sa mangrove toujours verte. Là-bas, à l'horizon lointain, sur l’île d’Emeraude(), les volcans qui lancent vers le ciel leur panache de fumée se dressent assez haut pour arrêter au passage les vapeurs puisées dans l'Océan Indien. La pluie fécondante ruisselle sur leurs flancs et les recouvre d'opulentes forêts vierges; elle permet aux épiphytes de s'établir sur les plus hautes branches; elle fait retomber en cascades de fleurs les lianes épanchées d'un arbre sur l’autre ; elle donne aux feuilles des glandes qui expulsent des perles liquides; sous son action, les (1) C’est le surnom que les Orientaux donnent à Java, tandis que la couleur rouge de son sol a valu à Ceylan le nom « d'ile de Rubis. » 305 feuilles s’allongent en gargouille et se revètent d'Algues et des Mousses. Dès que le ruisseau émerge de la forêt, l’homme s’en empare comme d’une chose précieuse et le conduit vers ses rizières, suspendues en larges gradins aux versants des collines. Plus bas encore, la nappe liquide s'étale en de grandes plaines. De toutes parts, l'immense surface verte est percée de bouquets d'arbres à l'abri desquels s’épanouissent de gracieux villages. Les gigantesques touffes de bambou rendent sans relâche à l’atmosphère, par leurs millions de feuilles, l'eau que les racines ont puisé dans le sol détrempé. Enfin, avant de se perdre dans la mer, la rivière dépose les matériaux solides qu'elle a recueillis sur son parcours; elle donne naissance à de vastes deltas et garnit d’arbres et de Palmiers ces terres fraichement émergées. Ainsi, depuis le moment où elle se précipite en violentes averses sur les cimes volcaniques, jusqu’à celui où, sous forme de rivières et de fleuves, elle rentre dans le sein de l’océan, l’eau pluviale répand partout la splendeur et la fécondité. Le souvenir de ces magnificences rend plus terne et plus lugubre encore le paysage inondé de lumière qui s'étend devant nous. La pluie qui est tombée pendant la mousson humide n’a pas tardé à s’infiltrer dans la profon- deur du sol. Un vent sec et torride a rôti les dernières feuilles qui avaient résisté aux ardeurs du soleil, Des ar- bustes épineux entrelacent leurs branches torses. Les figuiers de Barbarie dressent leurs raquettes grisâtres. Deux cocotiers malingres s’efforcent de vivre, mais n'ont plus le courage de fleurir. Les vagues qui viennent, l'une après l’autre, mourir sur la grève, déposent sans cesse des fruits et des graines ; mais celles-ci germent en vain: l'ile surchauffée refuse toute colonisation, 306 Plus un souffle de vent. Notre grande voile triangulaire pend lächement le long du mât. Il faut ramer; mais le courant est trop fort et nous allons à la dérive. Il fait encore plus chaud ici qu'à Ketapang: la mer est comme un métal en fusion. Entin, après deux heures de lutte vaine, l’un des marins me montre à l’horizon la surface qui se couvre d’une buée légère. La brise se lève là-bas ; bientôt notre voile s’enfle à nouveau et nous filons comme une flèche. Pour éviter le courant qui risquerait de nous entrainer au loin, nous longeons de très près la côte java- naise. (PI. X, phot. 17). La mangrove se compose pres- que exclusivement de Sonneratia acida, d'Avicennia of]i- cinalis et d’Aegiceras mujus. Jusque bien loin de la côte, nous frôlons des Sonneratia isolés, qui, mème à marée Fig. 36. — Cocotiers près de Perobolinggo (Java). basse, sont entourés de toutes parts par les flots. Ces in- dividus ont une forme typique (voir pl. X, phot. 17) : au- dessous de la cime, le tronc donne une seconde couronne étalée horizontalement, qui est léchée par les vagues. Les feuilles de ces branches inférieures sont enduites de boue; elles ne sont jamais attaquées par les larves qui font la guerre aux feuilles situées plus haut, 307 Derrière la mangrove se dressent des Cocos nucifera dont les palmes éclievelées claquent au vent. Leur tronc plie à peine; tout l'effort est supporté par les feuilles. Çà et là, une éclaircie de la mangrove laisse apercevoir la côte proprement dite. Elle est corallienne de même qu'à Ketapang, et garnie des mêmes arbrisseaux épineux. Frappant est le contraste entre les deux formations végé- tales si voisines: autour de nous, la mangrove, indépen- dante de la pluie; — à quelques centaines de mètres en arrière, une végétation assoiffée qui n'a pas reçu d'eau depuis plusieurs mois. 8. — Le long de la côte, à Padang (Sumatra). C’est ici qu’en juillet 1894, je me suis trouvé pour la première fois en présence de la nature équatoriale. Je n’essaierai pas de décrire l’enthousiasme que j'ai ressenti à la vue de ces merveilles. J’y suis revenu en mars 1895, poussé par le vif désir de voir si Padang ferait encore sur moi une si profonde impression qu'avant mon séjour à Buitenzorg et à Tjibodas. Eh bien, la végétation équato- riale est vraiment splendide et variée ; car, malgré tout ce que j'avais vu à Java, je ne pouvais me lasser d'admirer ce que j'avais sous les yeux. Il faut dire, du reste, que la côte occidentale de Suma- tra est d’une richesse extrême. Si la structure rocheuse ou sablonneuse du littoral n’est pas favorable à l'établisse- ment d’une mangrove, en revanche l'abondance des pluies permet à la forêt de descendre jusque contre la mer. La quantité annuelle de pluie est à peu près la même qu'à Buitenzorg (4,60 m). En février, le mois le plus sec, il tombe encore 0,25 m. d’eau. 908 Accompagné du mécanicien principal du steamer « Prins van Oranje» et suivi de deux coolies, je descends à Emmahaven, le port de Padang. Nous traversons d’abord la gare, dont les abords sont couverts d’une dense flore d'herbes et d’arbustes: Cassia alata, Centrosema, Cro- talaria, Stachytarpha, Mimosa pudica, Melastoma, Urena, etc. Puis nous nous dirigeons vers l'Est, sur la plage rocail- Fig. 37.- La baie de Padang (Sumatra). Au milieu, un cocotier. leuse parsemée de coraux, de Sargassum et d'Halimeda. La marée est basse ; elle nous montre des Sonneratia acida entourés de leurs racines respiratoires dressées, comme ces fortins autour desquels les Atjinois plantent dans l'herbe des tronçons de bambou taillés en pointe acérée, 309 Nous entrons au kampong Gau. Partout des cocotiers ; sur leur tronc, de nombreux Psilotum triquetrum, une curieuse Lycopodiacée aphylle et arhize, dont les tiges sont vertes et dont les racines sont remplacées par des rhizomes rampants, tout comme chez le Myrmechis gla- bra (voir p. 235) et chez le Calobryum Blumei (voir p. 258). Passons rapidement dans une région humidequicontient beaucoupde plantes déjà vues à Tandjong-Priok : Pandanus littoralis, Acrostichum inaequale,A canthus ilicifolius, Ter- minalia Katappa, ete. Sur le sol non marécageux, je récolte un Bryophyllum(), de hauts Euphorbia Tirucalli, àgrosses tiges cylindriques, vertes, et le mignon Euphorbia piluli- fera auquel ses rameaux dorsiventraux et ses feuilles dis- posées sur deux rangs donnent un faux-air d'Elatos- tema. A partir du kampong Taloek-bajoer, abrité sous ses cocotiers (voir pl. IV, phot. 4), nous longeons la forêt, qui sans présenter ces superbes exemplaires que nous avons admirés sur le Gedeh, n’en est pas moins fort in- téressante et variée. Les arbres sont peu élevés et la brous- saille atteint souvent leur cime. Il n’y a donc pas place pour beaucoup d'épiphytes.Par contre les lianes à racines- crampons (Ficus, Aracées, Pipéracées) sont très nom- breuses; elles passent indifféremment des troncs aux rochers. Les Fougères arborescentes ne sont guère repré- sentées; mais elles sont remplacées dans le paysage par un magnifique Palmier, l'Areca Nibung, dont les étroits segments foliaires retombent des deux côtés du (1) Je n’y ai pas observé de bourgeons naissant sur le bord des feuilles, 310 rachis et os cillent sous l’action de la brise avee de lents mouvements de pendule.Les feuilles raides d’Arenga saccharifera font avec celles-ci un frappant con- traste. A côté de beaucoup de plantes qui nous sont devenues familières (Leea, Conocephalus, Rubus, Oreocnide, Ficus, Elettaria, Freycinetia, Lycopodium cernuum, Asplenium Nidus, etc.), voiei quelques espèces qui nous arrêtent. Le Lygodium dichotomum enlace les buissons de ses feuilles volubles à croissance indéfinie. De même que chez les Gleichenia (voir p. 187), les premières feuilles de la plantule ont une croissance limitée. Mélangées à la Fougère sont des tiges d’un Dalbergia voluble (voir p. 292) et celles d’un Caesalpinia. Les grandes feuilles bipennées de cette dernière plante se couchent sur les arbrisseaux voisines et s’y fixent par des milliers de crochets. Dans un enfoncement de la côte, s’allonge le kampong Taloek-niboeng. Il est resserré entre le rocher et la plage sablonneuse jonchée d'embarcations de toute forme, depuis les élégantes et fines chaloupes jusqu'aux grossières pirogues creusées dans un trone d'arbre. D'ici nous pourrions grimper sur une petite colline, le Boekit-tam- pat, qui élève son sommet à une centaine de mètres. Mais il sera plus intéressant de suivre le sentier taillé dans le versant abrupt de la montagne tout contre la mer. Sur un rocher qui se dresse au milieu des flots, à quel- ques mètres du sentier est un groupe de plantes intéres- santes, en ce qu'elles sontdes épiphytes bien caractérisées : un Mephrolepis, le Polypodium propinquum et l’Hydno- phylum montanum. Le Polypodium possède deux sortes 911 de feuilles; les unes, assimilatrices et souvent fertiles, qui sont longues et pétiolées; les autres, courtes et sessiles, toujours stériles, qui meurent bientôt et dont il ne persiste que le squelette. Ges dernières sont dressées obliquement contre le support et limitent une cavité dans laquelle s’amasse de l’humus (1). C’est M. Goebel (6) qui, le pre- mier a attiré l’attention sur ce dispositif. L'Hydnophytum est une de ces plantes qui sont tou- jours habitées par les fourmis. La tige se renfle à la base en une grosse masse de tissu gorgé d’eau, qui atteint un poids de plusieurs kilogrammes. Ce tubercule est creusé de galeries dans lesquelles des fourmis établissent toujours leur demeure. La plante que nous récoltons ici, sur ce rocher isolé en mer, renferme une espèce différente de la fourmi brune qui habite les Hydnophytum et les Myrmecodia récoltés pour nous, par Païdan, sur le Goenoeng Pantjar, près de Buitenzorg. On est générale- ment d'accord, à l'heure actuelle, depuis les recherches de M. Treub (20) pour admettre que ces plantes ne sont pas à proprement parler myrmécophiles, en ce sens que les fourmis ne leur rendent aucun service : le tubercule est un réservoir d'eau et les cavités doivent être considérées comme des galeries d’aérage, destinées à faciliter les échanges gazeux ; les fourmis qui élisent domicile dans les galeries et qui les bouchent en partie, seraient plutôt nuisibles. Dans un récent travail, M. Karsten (27) n (1) La différenciation foliaire est poussée le plus loin ehez le Platycerium grande. Cette Fougère possède, outre les feuilles collec- trices sessiles, des feuilles pétiolées qui sont divisées en deux portions : l’une, assimilatrice, ramifiée et longuement pendante; l’autre, spori- fère, arrondie et étalée. 22 312 émet l'avis que la plante utilise les résidus de la fourmi- lière. Il y aurait done symbiose à bénéfice réciproque; seulement la myrmécophilie serait nutritive, et non défensive comme dans les autres cas. Le chemin que nous suivons traverse à plusieurs reprises des rochers éclatés à la dynamite. Sur les sur- faces récemment mises à nu, vivent plusieurs épiphytes, notamment un Hoya (ou un Dischidia ?) et l'Asplenium Nidus. La broussaille qui revêt les flancs du Boekit-tampat est très riche en lianes. Voici l'Iodes ovalis, avec ses tiges sympodiales dont chaque article se termine en une vrille. Puis divers Bauhinia qui font partie du même groupe de lianes que les Flagellaria (voir p. 290) : elles grimpent à l’aide de vrilles en forme de ressort de montre. Ces organes sont très élastiques et rien n’est plus difficile que de leur faire lâcher un objet qu’ils ont une fois saisi. Les vrilles commencent par se resserrer autour de leur support, puis elles deviennent ligneuses et s'épaississent énormément. Les Bauhinia se reconnaissent de loin à leurs feuilles composées de deux folioles, qui leur ont valu le nom malais de koepoe-koepoe (papillon). Mélée aux espèces dont les longues tiges flexibles s'accrochent aux arbrisseaux voisins, en voici une autre qui se soutient par elle-même. Pourtant nous y trouvons quelques vrilles spiralées ; mais elles sont peu développées, à peine courbées, sans la moindre élasticité, et aucune n'a saisi de support. Cette espèce-ci dérive sans doute d'ancètres grimpants ainsi que le dénote la présence de vrilles réduites. On peut se demander quelle est l’origine d'espèces, telles que le B. acuminata, qui n’ont pas de traces d'organes préhensiles. Sont-elles les ancètres ou les descendants des espèces grimpantes ? 315 Encore une liane : un Cocculus à tiges volubles. Quelques rameaux adultes qui pendent librement se ter- minent par deux ou trois tours de spire rapprochés. Il semble que la nutation de l’extrémité ait continué à se faire alors que son allongement était déjà presque arrêté et que l'enroulement en spirale ait été fixé par la lignification. Une dernière plante grimpante : un Artabotrys qui s'attache, comme les Uncaria voisins, par des crochets irritables. Nous connaissons déjà ces organes(voir p.242), et ce qui nous intéresse chez cette plante-ci, ce sont les fleurs. Chacun des trois pétales est garni, sur sa face interne, d’un épaississement qui avec ceux des autres pétales forme un dôme complètement fermé au-dessus de l’androcée et du gynécée. Il en résulte que les fleurs sont strictement cleistogames. Et la plante n’en produit jamais d’autres! Nous devons la connaissance de ces faits à M. Burck (2). Il a montré tout l'intérêt qui s'attache à ces végétaux, chez lesquels la fécondation croisée est radicalement impossible. Pourtant ces plantes présentent de la variabilité; leurs fleurs sont colorées et parfumées, quoique, dans leur autogamie, elles n'aient aucun rapport avec des insectes fécondateurs. Dans un pli duterrain, au fond d'une petite baie, s'étend le kampong Soengei-bäramei. Pour y parvenir, nous avons d’abord à nous glisser entre les racines de Rhizo- phora (voir fig. 32, p. 285) et les buissons d’Aegiceras majus. La mer est toujours calme en ce point; aussi ne sommes nous pas étonnés de trouver sur les racines- échasses du manglier des Balanes, des Néritines et d’au- tres animaux marins qui occupent la partie inférieure, — et des Lichens qui recouvrent la portion émergée. 514 Sur un bloc de rocher, posé entre les Rhizophora est une grosse touffe d’une Orchidacée épiphyte (malheureu- sement non fleurie) avec des racines collectrices dressées, comme celles de l'Acriopsis javanica et du Grammato- phyllum speciosum (voir p. 197). Nous avons déjà eu souvent l’occasion de récolter des épiphytes ailleurs que sur des arbres (voir p. 190, 277, 310). En somme, elles se logent en tout endroit see où elles n’ont pas à soute- nir une concurrence trop vive. Ces conditions sont réali- sées, lorsque le creusement d’une tranchée à travers des masses rocheuses expose de larges surfaces dépourvues d’humus. Le plus bel exemple que nous ayons vu est celui de la grande tranchée du chemin de fer près de Tjandjoer (Java): les parois à pic sont entièrement tapissées d’Aeschynantus, de Nephrolepis, de Davallia, de Polypo- dium dilatatum, d’Orchidacées, etc. Nous contournons la baie, en longeant des fourrés dans lesquels dominent l’Areca Vibung et le Pandanus liltoralis. À plusieurs reprises nous traversons à gué des ruisselets qui ont irrigué quelques rizières. Non loin de l'embouchure, de petits Poissons (Periophtalmus) sont négligemment couchés sur la vase, comme des tritons. Nous ne les remarquons qu’au moment où ils se lancent à l’eau. Ils ne nagent pas; ils sautillent sur l’eau par saccades. L'instant d’après, ils ont disparu. Enfin, après de laborieuses poursuites, nous en capturons un exem- plaire et nous remarquons que, pour échapper à nos regards, les Periophtalmus n’ont qu’à se tenir bien tran- quille sur la vase dont ils ont la teinte. Entre eux grouil- lent d'innombrables Pagures, logés dans les coquilles les plus disparates. Un peu plus loin, sur les sables littoraux, nous remar- 915 quons divers Pandanus. D'abord le P. littoralis dont le tronc est supporté par tout un système d’échasses, de même que celui du P.Leram (voir fig. 19, p. 212). Puis le P. humilis, à tige rampante. Enfin le P. labyrinthicus, avec ses feuilles étroites et ses grèles rameaux entortillés qui lancent leurs racines de tous côtés. Nous entrons au village. Plus un souffle de vent. Les feuilles des Areca Nibung sont suspendues sans un fré- missement, en une extatique immobilité. À cette heure, les rayons du soleil vertical les frôlent sans s’y réflé- chir. Nous marchons silencieux, à moitié assoupis par l'éner- vante chaleur. Tout- à-coup des lamenta- tions nous tirent de notre rêverie. Une jeune femme pleure son mari dont le ca- not a sombré ia veille. Ses voisines se pres- sent autour d’elledans sa véranda et lui pro- diguent leurs conso- lations. Mais elle, la tête dans les mains, n’écoute pas ses com- pagnes et soupire, entre deux hoquets, la plainte familière : Fig. 38. — Pandanus labyrinthicus, au « Insjah Allah» « Dieu Jardin de Buitenzorg. le veut ainsi, » 316 Le temps nous manque pour atteindre le phare de Soengei-bäramei. Contentons-nous d’admirer la forèt qui nivelle les accidents de terrain sous un océan de verdure. Au bord du sentier, contre les maisons, des Jambosa portent sur leurs feuilles des Lichens et des Choolépidées, les seules épiphylles que nous ayons vues aujourd’hui. Désaltérons-nous à cette cascade ombragée sous les Fougères, les Arenga et les Elettaria. Examinons le Ceratopteris thalictroides, complètement submergé dans une petite mare. Et en route vers le bateau. Peu d’heures plus tard, nous sortons de la baie de Padang. Ce n'est pas sans un ser- rement de cœur que je jette un dernier coup- d'œil sur les ilots cou- verts de cocotiers, qui surgissent au large comme des corbeilles de verdure. # x * Le soir de cette der- nière herborisation, pendant que mes yeux erralent sur le pâle ciel illuminé d’innombra- bles étoiles, je me rap- pelai le cordial accueil . , . L4 L4 > LI Fig. 39. — Une sate dans le forêt près de qu m avait été fait à adang. ‘s Lands Plantentuin, Je songeai aux Malais, si calmes, si policés, si fins obser- 317 vateurs de la nature. Je revis les merveilleuses collections du Jardin de Buitenzorg, la forêt vierge qui monte à l'assaut des volcans, les rizières verdoyantes parsemées de villages, la mangrove aux adaptations imprévues..…. Et je rêvai longuement à cette végétation exubérante et enchanteresse qui fait de la Malaisie le paradisdu botaniste! LISTE BIBLIOGRAPHIQUE. 1. J. G. Boencace. Planten om Buitenzorg verwilderd Handelingen van het tweede natuur- en geneeskundig Congres, p. 146, 1889. 2. W. Burox. Ueber Kleistogamie im weiteren Sinne und dus Knicur- Darwiv’sche Gesetz. Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, VIII, p. 122. 1890. 3. — Beiträge zur Kenntnis der myrmecophilen Pflanzen und der Bedeutung der extranuptialen Nectarien. Ibidem, X, p. 75.1891. Æ. — Wandelingen door den hotanischen tuin te Buitenzorg.s’ Lands Plantentuin van Buitenzorg. Batavia, 1892. 5. K. Gorsec. Pflanzenbiologische Schilderungen. Deux volumes. Marburg, 1889-1893. G. — Ueber epiphytische Farne und Muscineën. Ann. Jard. bot. Bui- tenzorg, VII, p. 1, 1887. 7. — Ueber Javanische Lehermoose. Ibidem, VX, p. 1. 1890. 8. G. HasencannrT. Eine botanische Tropenreise. Leipzig, 1890. 9. — Ueber die Ernährung der Keimlinge und die Bedeutuny des Endospernes bei viviparen Mangrovepflanzen. Ann. Jard, bot. Buitenzorg, XII, p. 91. 1894. 10. J. M. Jaxse. De Dadupziekte van Oost-Java. Teysmannia, IV, Batavia, 1893. — De Dadapziekte van Java. Teysmannia, V, Batavia, 1894. 11. G. Kansren. Ueber die Mangrove-Vegetation im Malayischen Archi- pel. Bibliotheca botanica, Heft 22. 1591. 12. H. Scnexcx. Beiträge zur Biologie und Anatomie der Lianen. Deux volumes. Schimper’s Botanische Mittheilungen aus den Tropen. Jena, 1892. 13. A. F. W. Scuimrer, Die epiphytische Vegetation Amerikas. Ibidem, 1891. 14. — Die indo-malayische Strandflora. Ibidem, 1891, 319 15. — Die Gebirgswälder Java’s. Forstl. naturwissenschaft]l. Zeitschrift, Jahrgang II, p. 329. 1893. 16. E. Sraur. Regenfall und Blattgestalt. Ann, Jard. bot. Buitenzorg. XI, p. 98. 1893. 17. M. Treus. Études sur les Lycopodiacés. Ann Jard. bot. Buitenzorg, IV, V, VII, VIII, 1884-1889. 18. — Quelques observations sur la végétation de l’île de Java. Bull. Soc. roy. Bot. Belg. XX VI, p. 182. 1887. 19. — Sur une nouvelle catégorie de plantes grimpantes. Ann. Jard. bot. Buitenzorg, III. p. 160. 1883. 20. — Sur le Myrmecodia echinata Gaudich, Ibidem, WI. p.129.1883. — Nouvelles recherches sur le Myrmecodia de Java. Ibidem, VII, p. 191. 1838. 21. A. R. Wazrace. The Malay Archipelago. London. 1890. 22. — Natural Selection and Tropical Nature. New edition. London, 1891. 23. — Island life. D edition. London, 1892. 24. F. A. C. Wenr. Ueber Haft-und Nährwurzeln bei Kletterpflanzen und Epiphyten. Ann. Jard. bot. Buitenzorg. XIT. p. 1. 1894. 25. J. Wiesner. Pflanzenphysiologische Maittheilungen aus Buitenzorg. I, II. Sitzungsber. Kais. Akad. Wiss. Wien, Mathem.-natuiw. Classe, 11 Januar 1894. 26. G. HagerzanpT. Anulomisch-physiologische Untersuchungen über das tropische Laubblalt, — 11, Ueber twasserserernirende und -absorbirende Organe. Ibidem, Bd, CIIT, Abth. I, Juni 1894, et Bd, CIV, Abth. I, Februar 1895. — Ueber Bau und Function der Hydathoden. Ber. deutsch. botan. Ges., Bd. XII, Heft 10, p. 267. 1894. 27. G. Kansrex. Morphologische und biologische Untersuchungen über einige Epiphytenformen der Molukken, Ann. Jard, bot. Buiten- zorg. XII, p 117. 1895. SOMMAIRE. 1. Aux ENvIRONS De BUITENZORG . . . : 1 Lena L'avenue des wäringin, 153. — Plantes dAcumeit Rule et fleurs, 136. — Zygomorphie des fleurs d'Hibiscus, 158. — Rapidité de la croissance des Palmiers et de Schizolobium, 159. — Les bambous, 161. — Dimorphisme des rameaux de Phyllanthus, 162. — Épiphytes sur Elais, 163. — Arbres fruitiers. 164. — Épiphylles, 164. — Troncs munis de contreforts, 165. — Le climat de Buitenzorg, 167. — Mai- sons et jardins indigènes, 167. — Une caféterie, 168. — Maladie bac- térienne du dadap, 469. — Plantes à bétel, 170. — Mousses, Algues et Lichens épiphytes, 171. — Quelques Phanérogames épiphytes, 172. — L= synchronisme floral de Dendrobium, 173. — Racines collectri- ces d’Acriopsis, 174. — Racines assimilatrices de Taeniophyllum, 175. — Les sagoutiers, 177. — Palmiers à sucre, 178. — Les Lorantha- cées, 179. — Les rizières, 181. — Leur végétation spontanée, 182. — Le commerce ambulant, 184. — Jeunes feuilles pendantes, 185. — Graines mimétiques, 186. — La brousse, 137. — La position des fleurs chez les Phaséolées, 188. — Bractées tordues, 189. — Épiphytes vivant à terre, 4190. — Protection des fruits contre les roussettes, 191. — Arbres cauliflorcs, 191. -— Aspect du paysage, 193. — Cactacées-lianes, 194. — Balais de sorcière sur bambous, 194, — Plantes américaines naturalisées, 195. — Zone équatoriale et zones tropicales, 195. 2. UNE visite AU BAZAR DE RUITENZORG . : . 193 Fleurs pour orner la chevelure, 198. Re be aie 199. Fruits, 199. — Légumes, 201. — Un restaurant malais, 202. — Dro- gues, 203. — Pâtisseries, 204. 3. DANS LA FORËT VIERGE DE TJIBODAS + + « +. « AÉRIENNE Situation de la forêt, 204. — Les réserves ent BE 205. — Le laboratoire, 206. — La lisière ; les Elettaria, 208. — Aspect général du bois; arbres, lianes, épiphytes, sous-bois, 208. — La gargouiile termi- 321 nale des feuilles, 211. — Les rotans, 213. — Stérilité du Vasturtium, 213. — La température à Tjibodas, 215. — Mammifères disséminateurs des espèces, 216. — Arbres avec racines-contreforts, 216. — Tiges de lianes, 218. — Racines aériennes privées de géotropisme, 220. — Le sous-bois, 221. — Expulsion d’eau par les feuilles, 222. — Rareté des fleurs, 223. — Fruits colorés, 223. — Fougères épiphyte en forme de corbeille, 224. — Diversité des arbres, 225. — Feuilles de Gleichenia à croissance indéfinie, 226. — Épiphytes-lianes, 227. — Hyménolichen épiphyte, 227. — Insectes mimétiques de végétaux, 228. — Arbres hémiépiphytes, 229. — Rareté des bourgeons sur les racines, 230. — Quercus équatoriaux et Quercus européens, 230. — Muscinées géantes, 231. — Hymenophyllum à feuilles non mouillées, 231. — Champignons renversés avec carpophores nouveaux, 232. — Abondance des Mus- cinées dans le sous-bois humide, 234. — Papillons protégés par la grandeur des ailes, 236 (en note). — Conifères avec des rameaux de deux sortes, 237. — Les lianes. Lianes grappinantes, 237. — Lianes avec racines-crampons, 239. — Spécialisations parmi les racines et parmi les rameaux, 239, 240. — Disposition des feuilles, 240. — Disposition des inflorescences, 241. — Lianes pourvues de vrilles et de crochets irritables, 242. — Les épiphylles, 243. — Les épiphytes. Orientation des organes végétatifs, 245. — Légèreté et petitesse des graines, 246. — Adaptations xérophiles. 247, — Épiphytes-lianes. 248. — Renversement des fleurs chez Macadamia, 2,8. — Comment se com- portent à Tjibodas les plantes provenant de pays dont les saisons sont nettement distinctes, 249. 4. Sun LE PANGERANGO ET LE GEDEH . . . . . . . . ;. 250 Organes vexillaires de Mussaenda, 251. — Répartition dei Nosto- cacées dans un Gunnera, 252. — La nutrition carnivore des Vepenthes, 253. — Cascades de Tjibeurreum, 254 — Diatomées et Cyanophycées épiphylles, 255. — Une Fougère à rameaux dimorphes, 255. — Coléop- tères mimétiques, 256. — Feuilles sympodiales, 257. — Végétaux dans les sources chaudes de Tjipanas, 258. — Flore adventice de Lebak- saät, 259. — Vaccinium terrestres et épiphytes, 260. — Mélange de formes tempérées et de formes équatoriales, 260. — Aspect de la forêt sur le Pangerango, 261. -— La végétation entour de la hutte de Kandang-badak, 262. — Sur le Pangerango. Végétation forestière, 264. — La position des fleurs chez les Orchidacées, 266. — Plantes européennes au soinmet du Pangerango, 267. — Sur le Gedeh. Pauvreté 322 des épiphytes, 269. — Flore du cratère, 270. — Les nuages sur es flancs des volcans, 272. 5. Aux cRATÈRES DU PAPANDAJAN ET DE KAwWAH MANOEK . . . . 273 La végétation sur la coulée de boue du Päpandajan, 274. — Flore du cratère, 275. — Cryptogames dans les ruisseaux qui circulent entre les fumerolles, 276. — La flore du cratère de boue de Kawah Manoek, 279. — Xérophilie de la végétation des cratères, 279. — Changements de teinte chez l’Euglena sanguinea, 280. 6. Dans LE MARÉCAGES LITTORAUX DE T'ANDIONG-Priog . . . . . 281 Constitution physique du delta, 282. — Palmiers, 283. — Racines respiratoires dressées, 284. — Racines-échasses, 285. — Viviparie des plantes de la mangrove, 286. — Racines-respiraloires coudées, 288. — Fourmilières parmi les feuilles, 289, — Quelques lianes. Lianes avec vrilles en ressort de montre, 290. — Lianes avec rameaux irri- tables, 291. — Multiplicité des modes de vie dans le genre Dalbergia, 291. — Caractère xérophile de la mangrove, 293. — Mode de dissé- mination de Spinifex, 29. — Plantations de cocotiers, 295, — Déchaussement des arbres littoraux, 296. — Épiphytes et épiphylles, 296. — Fruits apportés par les vagues. Divers modes de flottaison, 297. ‘7. Sur L’ILOT CORALLIEN DE KETAPANG. . . «r 298 Importance de la pluie, 299. — Constitution Re Pilot, 306. — Arbustes dépouillés de feuilles, 301. — Plantes de déserts, 303. — La végétation de Ketapang comparée à celle de Java, 304. — La man- grove sur la côte javanaise, 306. 8. Le Lonc pe LA cÔTe À PADANG (Sumarra) . see SUIS TeUE Structure rocheuse de la côte, 307.— Espèces de ke maugrove, 306.— La forêt, lianes, 310. — Fougères à feuilles dimorphes, 310. — La myrmécophilie d’'Hydnophytum, 811. — Bauhinia non grimpant, 312. — Fleurs cleistogames, 313. — Épiphytes sur rochers, 314. — Poissons mimétiques, 314. — Pandanus de formes diverses, 315. LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES. Nous avons indiqué, pour les Phanérogames, la famille à laquelle appartient la plante. Abrus precatorius (Légumin.), 186. Acacia (Légum.), 303. Acalypha (Euphorbi.), 156. Acanthops (Insectes), 228. Acanthus ilicifolius (Acanth.), 282, 283, 287, 288, 294, 309. Acer laurinum (Acér.), 212, 221, 243, 257. Achudemia javanica (Urtic.), 274. Acramnus labialis var. mollis (Légumim.), 187. Acriopsis javanica (Orchid.) 174, 197, 314. Acrostichum inaequale (Foug.), 283, 309. Actinorhytis Calapparia (Palm.), 205. Adenanthera pavonina (Légumin.), 186. Adiantum (Foug.), 156. — lunulatum, 197. Aegiceras majus (Myrsin.), 287, 297, 298, 303, 309, 313. Aerides acuminatissimum (Orchid.) 172, 266. — amplexicaule, 190. — virens, 292. Aerobryum (Mousse), 235. Aeschynanthus (Cyrtandr.), 154, 174, 219, 245, 247, 248, 260, 314. Agalma rugosum (Arali.), 263, 265. Agalmyla staminea (Cyrtandr.), 241. Ageratum conyzoides (Compos.), 170, 195. Albizzia montana (Légum.), 260, 262, 269, 270, 274. — molluccana, 169, Aleurites moluccana (Euphorbi.), 170. Allium (Lili.), 200. — ursinum, 190. n 324 Alocasia (Ar.), 186, 167, 174. — antiquoruw, 200, 201, 202. Aloë (Amaryllid.), 303. Alsophila (Foug.), 207, 225, 235, 254, 258, 260, 261, 262, 264. — tristis, 221. Altingia excelsa (Harwamélid.), 207, 203, 225. Alyxia (Apocyn.), 203. Ambherstia nobilis (Légum.), 186. Amomum Cardamomum (Zingibér.), 203. Amorphophallus (Ar.), 171. Ananassa sativa (Broméli.) 165, 172, 199, 200. Anethum graveolens (Ombellif.), 203. Aneura (Hépat.), 231. Angiopteris Teysmanniana (Foug.), 219, 221. Anona (Anon.), 296. — muricata, 164. — reticulata, 164. — squarrosa, 164. Anthoceros (Hépat.), 231, 233. Anthurium (Ar.), 156. Antigonum leptopus (Polygon.), 157. Appendicula angustifolia (Orchid.), 245, 246. Arachis hypogaea (Légum.), 204. Aralia ferox (Arali ), 262. Araucaria Bidwillii (Conif.), 237. Ardisia (Myrsin.), 221, 264. Areca Catechu (Palm.), 170, 200. — Nibung, 309, 314, 315. Arenga saccharifera (Palm.), 161, 167, 178, 184, 199, 200, 202, 203, 204, 229, 310, 316. Argostema (Rubi.), 235, 246. Artabotrys (Anon.), 313. Artemisia vulgaris (Compos.), 267, 268. Artocarpus (Mor.), 296. — incisa, 164, 200, 201. — integrifolia, 464, 191, 192. Asphodelus aurantiaeus (Lili.), 190. Aspidium aculeatum (Foug.), 260. 325 Asplenium decussatum (1), 221. — Nidus, 134, 209, 219, 224, 225, 235, 243, 260, 271, 310, 312. Astronia (Mélastom.), 217. Avicennia officinalis (Verbén.), 284, 287, 294, 297, 298, 304, 306. Azima sarmentosa (Salvador ), 301. Azolla (Salvini.), 184. Balanophora (Balanophor.), 264, Bambusa (Gramin.), 167. Barleria (Acanth.), 158. Barringtonia speciosa (Myrt.), 298. Butschia laurifolia (Légum.), 186. Bauhinia (Légum.), 290, 310. — acuminata, 310. Begonia (Bégoni.), 156, 223, 243, 246, 279, — robusta, 258. Bolbostylis barbata (Cypér.), 301. Bomarea (Amaryllid.), 190. Borassus flabelliformis (Palm.), 292. Bougainvillea spectabilis (Nyctagin.), 157. Brownea (Légum.), 186. Bruguiera gymnorhiza (Rhizophor.), 287, 283, 289, 294. Bryophyllum (Crassul.), 309. Bryum (Mousses). 231. — argenteum, 267. Caesalpinia (Légum.) ,233, 310. — Bonduc, 203, 291. — pulcherrima, 198. Caladium (Ar.), 167. Calamus (Palm.), 199, 214. — javensis, 213. Calobryum Blumei (Hépat.), 233, 309. Calonycetion (Convolvul.), 157. — bona-nox, 157. (1) Dans le texte, il est mis par erreur À. cuspidatum. 826 Calophyllum Inophyllum (Guttif.), 295,296, 298. Callistemon (Myrt.), 172. Cananga odorata (Anon.), 198. Canarium edule (Bursér.) 155, 165, 197, 217, 240. Capsicum annuum {Solan.), 202. — longum, 200. Carapa obovata (Méli.) 298. Cardiospermum (Sapind.), 290. Carex (Cypér.), 267, 270. — hypsophila, 265. — virgala, 265. Carica Papaya (Caric.), 165. Caryophyllus aromatieus (Myrt.), 203. Caryota (Palm.), 156. Cassia (Légum.) 187, 294. — alata, 308. — florida, 228. — javauica, 203. Cassytha fiiformis (Laur.), 290, 294. Castanea (Cupulif.),217. — Tungurrut, 237. Cattleya citrina (Orchid.), 246. Centrosema (Lésuim.), 189, 295, 308. Cephaleuros (Algues), 244. — parasitica (1), 164. Cerastium glomeratum (Caryophyll.), 267. Ceratopteris thalictroides (Foug.), 316. Cerbera Odollam (Apocyn.), 290, 297, 298,299. Cereus inermis (Cact.), 194. Chara (Algues), 183. Chavica densa (Pipér.), 203. Chi:odon cucullulus (Infusoires), 183. Chroolepus (Algues), 164. Cinnamomum zeylanicum (Laur.), 203. Cissus (Vit.), 223, 294. (4) Dans le texte, il est mis par erreur Cephalozia parasitica. 327 Cissus pubifera var. papillosa, 219, 242. — quadrangularis, 194. Citrus (Rut.), 164, 204, 296. — deeumana, 192. Cladonia (Lichens), 267. Claoxylum longifolium (Euphorbi.), 257. Clematis Leschenaultiana (Renoncul.), 242. Clerodendron inerme (Verbén.), 290, — serratum, 201. Clibadium asperum (Compos.), 161. Clidemia hirta (Mélastom.), 162, 195. Clitoria ternatea (Légum.). 188, 191, 233, 249. Coceulus (Ménisperm.), 203, 313. Cocos nucifera (Palm.), 164, 299, 307. Codiaeum (Euphorbi.), 186, 167. Codonopsis javanica (Campanul.), 261. Coenogonium (Lichens), 171. Coffea arabica (Rubi.), 168, 216. — liberica, 168. Coleps hirtus (Infusoires), 183. Coleus (Lab.), 167, 203. Colocasia (Ar.), 155. Conchophyllum (Asclépiad.), 248. Conocephalus (Mor.), 202, 239, 310, — suaveolens, 222. Cordyline (Lili.), 156, 167, 204. Coriandrum sativum (Ombellif.), 208. Corypha australis (Palm.), 177. — umbraculifera, 177. Costus (Zingibér.), 171, 208. Crawfurdia Blumei (Gentian.), 263. Crotalaria (Légum.), 294, 303. à — striata, 181. Cryptostylis (Orchid.), 266. Cubeba officinalis (Pipér.), 203. Curcuma longa (Zingibér.), 208. Cureuligo (Hypoxid.) 246. — latifolia, 223, 243, 255, 260. 23 228 Cyathea (Foug.), 262, 264. Cycas (Cycad.), 156. Cynometra cauliflora (Léguu.), 191, 192. Cyperus babakensis (Cypér.), 132. — tuberosus, 203. Cypholophus lutescens (Urtic.) , 257, 258. Cyrtandra (Cyrtandr.), 222, 243, 279. — picta, 223. Dalbergia (Légum.), 291, 310, — littoralis, 291, 292, — Zollingeriana, 292. Davallia (Foug.), 154,314. — nodosa, 260. — sessilifolia, 175, 244. Dendrobium (Orchid.), 266. — crumenatum, 173, 174, 197. Desmodium (Légum.), 294. — elegans, 189. — triflorum, 181. Dianella (Lili.). 269, 275. — montana, 223. Dichroa Cyanitis (Saxifrag.), 223. Dicksonia Woleniana (Foug.), 250. Diospyros Kaki (Ébén.), 249, 250. Diplycosia heterophylla (Eric.), 229, 232, 247. Dischidia (Asclépiad.), 227, 248, 310. Dissochaete cyanocarpa (Mélast.), 223. Donacodes (Zingibér.), 202. Drymoglossum (Foug.), 296. — piloselloides, 172, 175, 190. Duranta (Verbén.), 156. Durio zibethinus (Bomb.), 165, 166, 200. Dysoxylon ramiflorum (Méli.) 192. Elacocarpus (Tili.), 217. Elais guineensis (Palm.), 156, 163. Elatostema (Urtic.), 222, 246, 251, 255, 277, 279, 309, Elettaria (Zingibér.), 207, 24 9, 213, 221, 243, 250, 260, 310, 316. — speciosa, 202 Embelia javanica (Myrsin.), 238, 241, Engelhardtia (Jugland.), 217. Entada monostachya (Légum.), 203. Episcapha glabra (Insectes), 257. Equisetum debile (Équisét.), 282, Eriocaulon (Eriocaul.), 132. Eriodendron anfractuosum (Bomb). 169, 178, 179, 238, 291. Erycibe (Convolvul.), 192, Eryngium foetidum (Ombellif.), 181, 198. Erythrina (Légum.). 238. — subumbrans 169, 203. Eschweileria (Arali.), 154. Eucalyptus alba (Myrt.), 294. Eucharis amazonica (Amaryllid.), 198. Euglena (Flagellates), 183. — sanguinea, 280, 281. Eumorphus 4- notatus (fnsectes), 256. Euphorbia pilulifera (Euphorbi.), 309, — Tirucalli, 309. Eurya {Ternstrémi.), 264, 269. Excoecaria Agallocha (Euphorbi.), 180, 290, 294, 295. F'agraca (Logani.), 214, 228, 229, 230. 929 Fieus (Mor.), 155, 160, 180, 187, 194, 207, 209, 217, 221, 228, 240, 248, 295, 296, 309, 310. — Benjamina, 153, 220, 248. — elastica, 153, 220. — Glabellum, 229, — heterophylla, 211, 222, 229, 279. — nodosa, 192, — Ribes, 192, 219. — Riedelii, 192. — Rumphii, 156, 165. Fimbristylis miliacea (Cypér.), 182. Flacourtia Rukam (Flacourti.), 291, Flagellaria (Flagellari.), 310. 350 Flagellaria indica, 290. Flemingia strobilifera (Légum.), 189. Fleurya cymosa (Urtic.), 197. Freycinetia (Pandan.), 235, 239, 240, 241, 255, 310. Fumago (Champignons), 279. Garcinia Mangostana (Guttif.), 164. Gardenia floribunda (Rubi.), 198, Gaultheria leucocarpa (Eric.), 259, 267, 269, 270, 275, 279. — punctata, 259. 269. Gentiana quadrifaria (Gentian.), 267. Gigantochloa (Gram.), 168. Glaucoma (Infusoires), 183, Gleichenia dichotoma (Fougères), 187, 226, 237, 255, 260, 262, 274, 275, 279, 310. — longissima, 264. — vestita, 264. — vulcanica, 264. Glochidion (Euphorbi.), 187. Gnaphalium javanicum (Compos.), 259, 265, 266, 269, 270. — luteo-album, 267. Gnetum Gnemon (Gnét.), 163. Gordonia excelsa (Ternstrémi.), 203, Gossypium (Malv.), 203. Grammatophyllum speciosum (Orchid.), 196, 197, 314. Grangea maderaspatana (Compos.), 250. Grewia (Tili.), 187. Guettarda speciosa (Rubi.), 302. Gunnera macrophylla (Haloragid.), 252, 255. — scabra, 252. Gymnogramme (Foug.), 161. Halimeda (Algues), 308. Hedychium (Zingibér.), 198, 208, 245. Helmintostachys zeylanica (Ophiogloss.), 155. Hemileia vastatrix( Champignous), 168. Heptapleurum (Arali.), 298. — ellipticum, 263. 991 Heritiera littoralis (Sterculi.), 298. Hibiseus liliiflorus (Malv.), 158. — Rosa-sinensis, 158, 198. — schizopetalus, 158. — tiliaceus, 199, 201, 290. — venustus, 158. Hippomane (Euphorbi.), 172. Hoya (Asclépiad.), 172, 174, 177, 227, 245, 310. Hura crepitans (Euphorbi.), 291. Hydnophytum montanum (Rubi.), 310, 311. Hydrangea oblongifolia (Saxifrag.), 260. Hydrocotyle (Ombellif.), 161. Hymenophyllum (Foug.), 231, 243, 24%, 257, 260. Hypericum Leschenaultii (Guttif.), 266. Elicium anisatum (Magnoli.), 203. Impatiens (Géran.), 223, 263. Imperata arundinacea (Gram.), 279. Inocarpus (Légum.), 165. lodes ovalis (Olac.), 312. Ipomaea (Convolvul.), 157. — Batatas, 200. — pes-caprae, 295, 301. — reptans, 184. Iresine (Amarant.), 167. Isachne pangerangensis (Gram.), 267. Jambosa (Myrt.), 164, 200, 316. Jasminum Sambac (Olé.), 198. Jussiaea repens (Enothér.), 184. — suffruticosa, 183. Hadsura scandens (Magnoli.), 192, 242, 260, 263. Kaempferia pandurata (Zingibér.), 208. — rotunda, 203, Korthalsia (Palm.), 213. Lablab vulgaris (Légum.), 201. Lagenaria idolatrica (Cucurbit.), 201, 332 Lagerstroemia Reginae (Lythr.) 157. Lansium domesticum (Méli.), 170, 199. Lantans Camara (Verbén.), 162, 163, 187, 193. — trifolia, 162, 195. Laportea (Urtic.), 274. Lasianthus (Rubi.), 221, 223. Lawsonia alba (Lythr.), 202. Leea (Vit.), 310. — sambucina, 281. Lemna minor (Lemn.), 184, — trisulea, 184. Lenzites (Champignons), 233. Leptospermum floribundum (Myrt.), 262, 264. Leucas linifolia (Labi.), 161. Limnocharis Plumieri (Alism.), 182, 195. Lindsaya scandens (Foug.), 175. Liparis decurrens (Orchid.), 245. Lobelia caespitosa (Lobéli.), 230. Lomaria glauca (Foug.), 260, 266. — vulcanica, 266, 279, Lonicera oxylepis (Caprifoli.), 265, 267. Loranthus (Loranth.), 179, 180, 230. — Junghunii, 279. — pentandrus, 179. Ludwigia perennis (Énothér.), 183. Lumnitzera racemosa (Combrét.), 288, 289. Luvunga eleutherandra (Rut.), 242, 251, 291. Lycopodium (Lycopod.), 174, 245. — cernuum, 170, 171, 310. — — var. curvatum, 270, 274. — complanatum var. thyoides, 259. — miniatum, 267. — Phlegmaria, 171. — sabinaefolium, 267. — Selago, 207. — serratum, 235. — trichiatum, 259. — volubile, 259, 264. 339 Lycopodium vulcanicum, 270, 274, 279. Lygodium dichotomum (Foug.), 310. Lysimachia uliginosa (Primul.), 258. Nacadamnia (Proté.), 248. Macodes Petola (Orchid.), 233. Macrosolen formosus (Loranth.), 224. Macrotropis sumatrana (Légum.), 186. Mangifera indica (Anacardi.), 164, 185, 186, 299. Manglietia (Magnoli.), 217. Manihot carthagenensis (Euphorbi.), 303. — utilissima, 200. Maniltoa gemmipara (Légum.), 186. Marantaindica (Zingibér.), 201. Marsilea (Salvini.), 182. Martinezia (Palm.), 156. Mastigamaeba (Rhizopodes), 183. Medinilla (Mélastom.), 229. — javaniea, 252, Melaleuca Leucadendron (Myrt.), 203. Melastoma (Mélastom.), 162, 308. — malabathricum, 187. — Molkenboeri, 279. — sylvaticum, 262. Melia Azedarach (Méli.), 169. Melocanna (Gram.), 167. — humilis, 199. Metroxylon (Palm.), 167, 177, 283. — Sagus, 176, 173, 284. Michelia Champaca (Magnoli.). 198. Microstylis (Orchid.), 266. Mimosa pudica (Légum.), 170, 195, 308. Ê Mnium (Mousses), 233. Momordica Charantia (Cueurbit.), 201 Monoceras lanceolatum (Tili.), 203, Monochoria pauciflora (Pontédéri.), 182. Moringa pterygosperma (Moring.), 201. Mucuna (Légum.), 189, 334 Mecuna capitata, 203. Musa (Mus.), 200, 201, 221, 243. — paradisiaca, 166. — sapientium, 166. Mussaenda (Rubi.), 251. Myriactis pilosa (Compos.), 237, 269. Myristica fragrans (Myristie.), 203. — Horsfieldii, 198. Myrmechis (Orchid.), 246. — glabra, 235, 265, 309. Myrmecodia (Rubi.), 311. Myrsine (Myrsin.), 264. Nasturtium officinale (Crucif.), 215, 255, 262. Nelumbium speciosum (Nymphé.), 201. Neottia Nidus-avis (Orchid.), 230. Nepenthes melamphora (Népenth.), 212, 253, 274, 279. Nephelium (Sapind.), 164, 194, 217. — lappaceum, 164, 199. — mutabile, 164, 199. Nephrodium multijugum (Foug.), 252, 258. Nephrolepis (Foug.), 310, 314. — cordifolia, 244, 247, 259. — ramosa, 175, 244. Nertera depressa (Rubi.), 223,235, 246, 266, 269. Neurocarpum cajanifolium (Légum.), 187, 188, 195. Nipa fruticans (Palim.), 232, 283, 239, 291, 297, 298. Nyctocalos (Bignoni.), 198. Oberonia microphylla (Orchid.), 245, 266. — similis, 245. Octoblepharis (Mousses), 171. Odina gummifera (Anacardi.), 169, 301. Odontoglossum pulchellum (Orchid.), 266. Oleandra musaefolia (Foug.), 244, 255. Ophelia javanica (Gentian.), 265, 269. Ophioglossum pendulum (Ophiogloss.), 245. Ophiorhiza (Rubi.), 235, 246. 335 Opuntia Dillenii (Cact.), 301. Oreocnide (Urtic.), 310. — sylvatica, 224, 251. Oreodoxa regia (Palm.), 158, 159. Oryza glutinosa (Gram.), 204. Oxalis corniculata (Gérani.), 181. Oxyanthus hirsutus (Rubi.), 200. Pachycentria (Mélastom.), 229, Pahudia javanica (Légum.), 186. Panax (Arali.), 156. Pandanus (P andan.), 167, 240, 289. — furcatus, 199, 202, 213, 221. — humilis, 315. — labyrinthicus, 315. — Leram, 212. — littoralis, 295, 297, 309, 315. Pangium edule (Flacourti.), 166, 201, 299. Panicum turgidum (Gram.), 294. Paradoxurus musanga (Carnivores), 216. Paramaecium aurelia (Infusoires), 183. — bursaria, 183, Parkia africana (Légum.), 203, — speciosa 200, 202. Parkinsonia aculeata (Légum.), 303, Paspalum conjugatum (Gram.), 181, 195. . Paullinia (Sapind.), 290. Pavetta (Rubi.), 187. Pellia (Hépat.), 231. Peltigera (Lichens), 246. Peperomia (Pipér.), 161, 174, 246. — reflexa, 236. Periophthalmus (Poissons), 314. Pernettya repens (Éric.), 259, 270. Persea gratissima (Laur.), 202, 204. Petroselinum sativum (Ombellif.), 203. Phajus callosus (Orchid.), 236. Phasma (Insectes), 228. 336 Philodendron (Ar.), 219. Phoenix (Palm.), 156. — paludosa, 295. Phycopeltis (Algues), 164, 244. — maritima, 296. Phyllanthus (Euphorbi.), 170, 187. — ovalifolius, 162. Phyllium (Insectes), 228. Piddingtonia montana (Lobéli.), 223, 235, 246. Pilea (Urtic.), 222, 224, 246, 251, 279. — microphylla, 161. — oreophila, 238. Piper (Pipér.), 240, 243. — Betle, 170, 200. — nigrum, 203. Pistia Stratiotes (Ar.), 184. Pithecolobium (Légum.), 208. — Jlobatum, 202. Plantago Hasskarlii (Plantage), 265, 267. — major, 268. Platanthera Blumei (Orchid.), 267. Platycerium grande (Foug.), 311. Plectocomia (Palm,) 213, 225. Pluchca indica (Compos.), 233, 301. Plumiera acutifola (Apocyn.), 302. Poa annua (Gram.), 267. — pratensis, 262. Podocarpus cupressinus (Conif.) 217, 237, 256. Pogonatherum crinitum (Gram.), 187. Pogonatum (Mousses), 270. Poinsettia pulcherrima (Euphorbi.), 157. Pollia thyrsiflora (Commelin.) 223. Polygonum (Polygon.), 223, 262, 267. — chinense, 238, 241. Polyosma (Saxifrag.), 232. Polypodium (Foug.), 266. — cucullatum, 245. — dilatatum, 224, 225, 314, 337 Polypodium Dipteris, 235, 279, — Phymatodes, 190, — propinquum, 310, — setigerum, 210, 245, 247. — subauriculatum, 163, — vulcanicum, 270, 274, 275, 279. Polyporus (Champignons), 232. Pometia pinnata (Sapind.) 155. Pongamia glabra (Légum.) 290, 294. Portulaca sativa (Portulac.), 201. Pothomorphe subpeltata (Pipér.), 162. Pothos (Ar.), 219. — aurea, 240, Primula imperialis (Primul.), 264, 268. Procris (Urtic.) 222, 246. Psidium Goyava (Myrt.), 164. Psilotum flaccidum (Lycopodi.), 246. — triquetrum, 309. Psophocarpus tetragonolobus (Légum.), 201, 203. Psychotria (Rubi.), 187. Pteris aquilina (Foug.), 260, 274. — quadriaurita, 221. Pteroneurum javanicum (Crucif.), 235, 258. Ptychosperma sylvestris (Palm.), 221. Punica Granatum (Lythr.), 202. Pyrethrum Leucanthemum (Compos.), 268. Quercus (Cupulif.), 212, 216, 230, 243. Quisqualis (Combrét.) 203. Randia scandens (Rubi.). 187. Ranuneulus (Renoncul.), 260, 262. — diffusus, 258, 267. — javanicus, 258. Ravenala madagascariensis (Mus.), 156. Rhizophora (Rhizophor.), 283, 294, 298. — conjugata, 285. — mucronata, 235, 286, 287, 289, 297, 313, 338 Rhododendron (Érie.), 260, 262, 264, 266. — javanicum, 259. — retusum, 259, 267, 275, 279. Robinia (Légum.), 188. Rostellaria (Acanth.), 161. Rubia cordata (Rubi.), 233, 241. Rubus (Ros.), 222, 260, 262, 263, 265, 310. — pulcherrimus, 269. Ruellia (Acanth.), 201. Rumex (Polygon.), 262. Saccharum officinarum (Gram.), 169. — spontaneum, 252. Saccolabium Blumei (Orchid.), 228. Salvinia natans (Salvini.), 184. Sanieula montana (Ombellif ). 222, 262, 265, 269. Saprosma (Rubi.), 221, 223. Sargassum (Algues), 308. Saurauja cauliflora (Ternstrémi.), 492, 221. Sauropus albicans (Euphorbi), 201. Scaevola Koenigii (Goodéni.), 295. Schizolobium excelsum (Légum.), 160. Schizophyllum (Champignons), 279 Schizostachyum (Gram.), 167. — Blumei, 199. Schoenorchis juncifolia (Orchid.). 245. Sciadophyllum (Arali.), 228. Scindapsus (Ar.), 219, 220. — hederaceus, 239. Scytonema (Algues), 227. Secchium edule (Cucurbit.), 201. Selaginella (Lycopodi.) 161. Sida carpinifolia (Malv.), 294. — retusa, 170. | Sinapis alba (Crucif.), 203. Sindora sumatrana (Légnm.), 203. Sisymbrium (Crucif.), 200. Smilax (Lili.), 242. 339 Soja hispida (Légum.), 201. Solandra grandiflora (Solan.), 157. Solanum (Solan.), 235. — auriculatum, 250, — fragile, 201. — Melongena, 201. — tuberosum, 250. Sonchus asper (Comp.), 267. Sonerila (Melastom.), 277. Sonneratia acida (Lythr.), 283, 284, 287, 293, 297, 303, 306, 308. Spathodea campanulata (Bignoni.), 156, 157. Spermacoce hispida (Rubi.), 269. Sphagnum (Mousses), 253. Spinifex squarrosus (Graim.), 294, 297, 301. Spirogyra (Algues), 183, Stachytarpha (Verbén.), 308. — indica, 181. — mutabilis, 181, 195, Stelechocarpus Burahol (Anon.), 192. Stellaria media (Caryophyll.), 262. Styrax (Styrac.), 269. — Benzoin, 203. Symplocos (Symploc.), 203. Syngonium albo-lineatum (Ar.), 239, Syzygium (Myrt.), 251, Æ'acca pinnatifida (Tace.), 295, Taeniophyllum Zollingeri (Orchid.), 175, 230. Tagetes (Compos.), 198. « Tamarindus indica (Légum.), 204, 296. Tectona grandis (Bignoni.), 170, 201. Terminalia Katappa (Combrét ) 290, 294, 295, 298, 309. — sumatrana ,203. Tetracera Assa (Dilléni.), 187. Tetranthera (Laur.), 203. Theobroma Cacao (Stercul.), 192. Thunbergia grandiflora (Acanth.), 157. Trachelomonas (Flagellates), 183. 340 Trentepohlia (Algues) 171. Treubia insignis (Hépat.) 231. Trichoglottis lanceolaria (Orchid.), 24b. Trichomanes (Foug.). 257, 260, — auriculatum, 175. Tridax procumbens (Compos.), 161, 195. Triphasia trifoliata (Rut.}, 191. Turpinia (Staphylé.), 217, Uncaria (Rubi.), 251, 313, — Gambir, 170. Urena (Malv.), 308. — heterophylla, 162. Usnea (Lichens), 203, 207, 232, 262, 263, 265. Vaccinium (Éric.), 229, 232, 260, 262, 264, 265, 269. — lucidum, 232. — Teysmanni, 259, 263, 265, 267. — varingiaefolium, 259, 265, 266, 269, 270, 274, 275, 279. Valeriana javanica (Valérian.), 265, 267. Vanilla (Orchid.), 190. Vernonia (Compos.), 217. Veronica praecox (Scrophular.), 267. Viburnum (Caprifoli.), 269. Vigna (Légum.), 202. — sinensis, 201, 202. Villebrunea (Urtic.), 217. Viola pilosa (Viol.), 265, 267. Viscum articulatum (Loranth.), 179, 180. — orientale, 180. Vittaria (Foug.), 154. — elongata, 245, 246. — scolopendrina, 245, 246. Vorticella (Infusoires), 183. WW istaria (Légum.), 188. Wollastonia glabrata (Compos.), 290, 294. 341 Xanthorrhaea (Lili.), 206. Xyris (Xyrid.), 182. Balacca edulis (Palm.), 165, 185. Zanthoxylum (Rut.), 237. Zea Mays (Gram.), 201. Zingiber officinale (Zingibér.), 200, 203. — Zerumbet, 203, Zisyphus Oenoplia (Rhamn.), 301. Zygogonium (Algues), 279. .… EXPLICATION DES PHOTOTYPIES. Planche 111. Paor. 1. — Les bords du Pekantjilan à Buitenzorg. À gauche, des cocotiers; au milieu, des sagoutiers qui sont morts après avoir fructifié; à droite, des bambous. (Voir p. 193). Por. 2. — Arbres fruitiers et villages aux bords du Pekantjilan, à Buitenzorg. (Voir p. 193). Planche 1V. Por. 3. — Une maison malaise à Buitenzorg. Dans le jardin, des bananiers, des Cordyline, des Codiaewm, etc. (Voir p. 167). PaoT. &. — Le kampong Taloek-bajoer, près de Padang PRIS ombragé par les cocotiers. (Voir p. 309). Planche V. Puor. 5. — Rizières avant la mise en culture, près de Buitenzorg. Elles sont encore occupées par la Végétation spontanée. (Voir p. 182). Por. 6. — Le labourage de la rizière. (Voir p. 181). Por. 7. — La disposition des rizières en terrasses. (Voir p. 181). Planche VI. Puor. 8. — La grand’route à Buitenzorg. (Voir p. 197). Paor. 9. — Un arbre de l’avenue des wäringin, à Buitenzorg. Le tronc principal est mort et l’arbre n’est plus soutenu que par les piliers dérivés des racines aériennes. (Voir p.153). Planche VII. Por. 10. — Une paroi de rocher au-dessus de Lebak-säat, sur le Gedeh (vers 2300 m.). (Voir p. 260). Puor. 11. — Freycinetia dans la forêt de Tjibodas. Par terre, des Élatostema. (Voir p. 239). er Pal sun u SÉANCES er rs F % % à $ +28 di Ex e: à ; | 58 é Ag $ LA CHE dé à n “er ee 10 #. ‘ k * 38 En so ARTE KOVALE DE ie DE BELGIQUE 4.570 ‘ a ———————— TOME TRENTE-QUATRIÈME. DEUXIÈME PARTIE. ANNÉE 1895 BRUXELLES AU SIÈGE DE LAMSOCIÈTE JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT Conseil d'administration de la Société royale de botanique de Belgique pour l'année 1895. Président : M. Cu. VAN BAMBERE. Vice-Presidents : MM. Cu. Bauer, Tu. Durawp et ÉL. Marc. Secrétaire : M. F. CRÉPIN. Trésorier : M. L. Coomans. Conseillers : MM. Én. Durano (1895), MM. G. Locenies (1896), ALFR. DEwEvRE (1897), J. Massarr (1895), Én. De Wicpewan (1895), P. Nypes (1897), L. ErRera (1896), Em. Ronicas (1896). Ém. Laurent (1897), COMPTES-RENDUS DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. sb LEE De— ANNÉE 1895. Séance mensuelle du 12 janvier 1895. PRÉSIDENCE DE M. EL. Marcnaz, vice-président. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Aigrei, Ch. Bommer, L. Coomans, V. Coomans, Dewevre, De Wildeman, El. Marchal, Nypels et Troch ; Crépin, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 10 novembre 1894 est approuvé. M. le Secrétaire fait part à l’assemblée de la perte cruelle que vient de faire notre Président, M. le D* Van Bambeke, par la mort de son fils. Il est décidé qu’une lettre de condoléance sera adressée à M. le Président dans laquelle il lui sera marqué combien la Société prend une large part à son malheur. l Leeture est donnée d’une lettre de M. Franchet, qui remercie la Société de sa nomination de membre associé. M. Ch. Bommer montre à l'assemblée de magnifiques champignons qu’il a obtenus sur des sclérotes qui lui avaient été envoyés des iles Molusques. L'espèce est le Leu- tinus Tuber-regium Fries, qu’on ne paraissait pas avoir revu depuis le temps de Rumphius. M. Bommer donne sur le sclérote et sur son champignon des détails du plus haut intérêt. MM. Ch. Beudin et P. Troch, présentés à la dernière séance, sont proclamés membres de la Société. La séance est levée à 9 heures. BIBLIOGRAPHIE. Illustrierte Flora von Deutschland, von August Garcke. — Berlin, 1895, un vol. in-18° de 768 pages avec 759 figures. Cet ouvrage est la 17e édition de la Flore si connue de notre savant associé. La réputation de ce livre n’est plus à faire. Plus de 50,000 exem- plaires en ont été vendus avant la publication de la nouvelle édition. Celle-ci marque un progrès important sur les précédentes par l’introduction de vignettes réellement excellentes reproduisant, avec une grande fidélité, le port et les détails organographiques d’espèces appartenant à tous les genres traités. En outre, d'assez nombreuses modifications ont été apportées dans la distribution géographique des espèces. Ce manuel d’herborisations, sous un petit volume, grâce à la compacité du texte qui reste néanmoins très clair, renferme immensément de matière, On peut dire que c’est un guide modèle et qui fait le plus grand honneur au botaniste berlinois. EE COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. —2004600— ANNÉE 1895. Séance du 9 février 1895. Présinence DE M. EL. MarcHa, vice-président. La séance est ouverte à 8 1/4 heures. Sont présents : MM. Aigret, L. Coomans, V. Coomans, De Bullemont, Dewevre, El, Marchal, Em. Marchal, Nypels, Troch, Van Nerom et De Wildeman ff. de secré- taire. M. Crépin fait excuser son absence. Le Secrétaire donne lecture d’une lettre de remercie- ments de M. le professeur Goebel, de Munich, à l’occasion de sa nomination de membre associé. M. le Dr Van Bambeke remercie la Société des senti- ments de condoléance qui lui ont été exprimés à l’occasion de la mort de son fils. Le Secrétaire annonce la mort de deux membres effec- tifs de la Société. M. V. De Moor, médecin vétérinaire, à Alost, né dans cette ville le 25 juillet 1827, et y décédé 8 le 25 janvier 1895, et M. G. Carron, né à Bruxelles le 24 juin 1858 et y décédé le 3 février 1895. M. le Président rappelle en quelques mots les travaux botaniques de ces deux regrettés confrères. M. De Moor a publié des travaux fort estimés sur les Graminées ; M. Carron était un des assidus aux séances et il fut pen- dant de nombreuses années membre du Conseil de la Société. Des lettres de condoléance ont été adressées aux familles de nos confrères décédés. Communications : M. Crépin fait annoncer le dépôt d'un travail : Excur- sions rhodologiques en 189%. Ce travail est destiné aux mémoires ; l'assemblée en décide l’impression. M. Nypels analyse un travail de M. Gravis. Ce travail est intitulé : Observations de pathologie végétale ‘faites à l’Institut botanique de l'Université de Liège. M. Ém. Marchal résume brièvement les résultats des observations faites à Gembloux par M. Laurent et par lui au sujet des maladies de plantes observées pendant le courant de l’année 1894. M. Nypels, en s’aidant de photographies, de matériaux vivants ou desséchés et de préparations microscopiques, fait un exposé des maladies qui ont été étudiées à Bruxel- les par M. El. Marchal et par lui. 9 Les divers travaux sur cette question seront réunis et paraïtront dans les comptes-rendus des séances de la Société. Le Comité de pathologie végétale fondé au sein de la Société et dont M. Nypels est le secrétaire, présentera à la fin de cette année un rapport d'ensemble sur ce qui aura été fait en 1894 et 1895. En attendant, M. Gravis a envoyé un recueil d'observa- tions sur cette question, dont l’impression est votée. OBSERVATIONS DE PATHOLOGIE VÉGÉTALE FAITES A L'INSTITUT BOTANIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE, par M. A. Gravis. Collectionnant depuis longtemps déjà des exemplaires de pathologie végétale, je crois utile de rappeler ici les principaux cas observés dans le pays de Liége durant ces dernières années. D’autres recherches commencées n’ont pu aboutir faute de renseignements ou de matériaux con- venables, Trop souvent, en effet, les personnes qui adres- sent des spécimens à un spécialiste ne se doutent pas des difficultés qui peuvent se présenter et semblent se désin- téresser des questions dont la solution tarde un peu. Dans cette notice, il est fait mention d'un certain nombre de maladies bien connues, telles que la nielle du blé, le mildew, etc. Pour ces maladies, il me parait inutile de reproduire des descriptions qu'il est facile de trouver ailleurs. Je m'attacherai seulement à indiquer les circonstances dans lesquelles les cas observés se sont pro- 10 duits, ainsi que les remèdes qui ont été préconisés par les meilleurs auteurs. Lorsque, au contraire, il s'agira de maladies moins con- nues dont la cause est encore controversée (maladie des Orchidées, dessèchement des pédicelles du raisin, ete...) j'entrerai dans plus de détails espérant contribuer ainsi à la solution des questions en litige. I. — BLÉ NIELLÉ. En octobre 1886, M. Renard, fermier à Jehay Bodegnée (arrond. de Huy), m'a remis un échantillon de froment de ses cultures. Ce froment, d'origine anglaise, était cultivé depuis six ans sans avoir donné lieu à aucune observation particulière. En 1886, tous les fermiers qui avaient semé le même blé, se sont aperçus, une quinzaine de jours seulement avant la moisson, qu’un grand nombre de grains restaient petits el verdâtres. Ces petits grains prirent plus tard une coloration noire. Le vannage a nécessité un tarare spécial et a laissé comme résidu un huitième de la récolte! Ce résidu était formé, pour la majeure partie, par les petits grains noirs. Ceux-ci, en réalité, étaient des galles contenant, à l'inté- rieur d'une paroi dure, une énorme quantité d'anguillules à l'état de vie latente. Un séjour de quelques heures dans l'eau suffisait pour ranimer ces petits vers et on les voyait alors s'agiter, sous le microscope, avec une surprenante agilité (1), (1) Aujourd'hui, après un engourdissement qui a duré huit ans et demi, les anguillules de Jehay se réveillent encore, mais pour cela il faut les tenir pendant quatre ou cinq jours dans de l’eau aérée! Leur vitalité est d’ailleurs beaucoup amoindrie. 11 Les caractères zoologiques permirent à mon collègue, M. Julin, de reconnaitre dans ces vers, l'Anguillula tritici, nématode observé pour la première fois par Needham en 1745 et si bien étudié par le Dr Davaine dans sa belle monographie. Cutte maladie, nommée « nielle », semble peu connue dans notre pays. Des meuniers et des marchands de grains auxquels les échantillons de Jehay furent montrés prirent les grains noirs pour des « barons », c’est à dire pour des graines de Lychnis Githago Lmk! Cette plante messicole se nomme aussi nielle, Comme on sait. M. Renard a remarqué que les poules et les pigeons ne mangent pas les grains noirs contenant les anguillules. Il y a donc un véritable danger à leur jeter les résidus du vannage, puisque les petites galles mêlées aux fumiers de la ferme feront retour aux champs, et seront le point de départ d’une nouvelle contamination l’année suivante. Il est préférable de brüler le tout. Cette maladie étant spéciale au froment, on a pu, l'année suivante, cultiver de lavoine sur Îles terres infestées en 1886. Les froments, dont la semence a été changée, ont été semés sur d’autres terres et depuis lors le mal n’a plus reparu. Au Jardin botanique de Liège, au contraire, où des galles à nématodes avaient été semées avec du froment d’une autre provenance, on a pu recueillir, en 1887, des épis plus ou moins contaminés. Les agronomes savent que l emploi de la chaux et du sulfate de cuivre est sans effet contre l’anguillule du blé. Ils recommandent de laisser séjourner la semence durant 24 heures dans de l’eau additionée d’acide sulfurique (4 partie d’acide pour 150 d’eau). Mais il vaut mieux changer de semence et ne pas faire succéder Le blé au blé. 19 IT. — Micoew. Au début de l’été de 1889, les vignobles des environs le Huy semblaient très prospères, lorsque vers la fin de juillet un grand nombre de feuilles présentérent tous les signes du dépérissement. En même temps, le développe- ment des grappes subit un temps d'arrêt. Le premier, M.Cluysenaer, professeur à l’École normale de Huy, reconnut à la face inférieure des feuilles, le Peronospora viticola. Importé en France en 1878 avec les cépages américains destinés à repeupler les vignobles détruits par le phylloxera, ce champignon a exercé en peu de temps des ravages considérables dans le Bordelais, puis en Espagne, en Suisse, en Italie et dans le Grand-Duché de Luxembourg. Les pluies fréquentes de 1889 favorisèrent son déve- loppement dans les vignes aux environs de Huy et la récolte fut presque nulle. Un envoi de feuilles malades, reçu de M. Cluysenar au mois d’août, me permit d’obser- ver l’état conidien du Peronospora. Grâce à un autre envoi fait en janvier suivant, je pus trouver dans les feuilles mortes des centaines d’oospores prêtes à germer. L'état climatérique de l'année suivante ne fut pas propice au Peronospora qui ne reparut pas en quantité appréciable. Il y eut cependant une fausse alerte en mai 1890. A force de regarder les feuilles de la Vigne, on remarqua certaines d’entre elles garnies inférieurement d’un abondant duvet blanc. C'était simplement des cas d’érinose comme il s’en produit tous les ans à la suite de la piqüre des feuilles par un petit acarien, le Phytocoptus vilis. En France et en Suisse, le mildew a été combattu avec 15 succès au moyen de la bouillie bordelaise (solution de sul- fate de cuivre additionnée de chaux). En Italie on a pré- conisé l’emploi du chlorure d'aluminium. III, — OncCHIDÉES MALADES. A diverses reprises, j'ai reçu des échantillons d'Orchidées malades : tâches brunes ou noires, pourriture des feuilles ou des pseudo-bulbes, ete. Pour élucider chaque cas particulier, de longues recherches, faites dans les serres mêmes, auraient été nécessaires. Malheureusement un te’ travail ne peut être entrepris que par un spécialiste dispo- sant de tout son temps. M. le comte de Moran, dans un article intitulé « Les tâches sur les feuilles des Orchidées » (1), a expliqué d’une façon très claire les difficultés énormes qui entourent la recherche des causes d’une maladie dans les serres. Pour une espèce de champignon réellement parasite capable d'attaquer les plantes saines, on rencontre, dans les cul- tures, des centaines d'espèces saprophytes dont le dévelop- pement n'est possible que sur les organes morts ou mourants. Ces saprophytes, dont le développement est bien plus facile à suivre que celui du parasite, intéressent le crypto- gamiste et le détournent insensiblement du but qu'il poursuit. C'est ce qui m'est arrivé à plusieurs reprises. Je crois inutile de faire ie1 l’histoire des. saprophytes que j'ai ainsi rencontrées. Une fois cependant, j'ai pu découvrir un champignon (4) Dans le Journal des Orchidées publié par M. L. Linden, 5° année, n° 108, p. 192. 14 dont les allures semblent bien être celles d'un véritable parasite. En 1892, dans les serres d’un orchidophile des plus distingués de notre pays, la face inférieure des feuilles d'Odontoglossum À lexandrae se couvrait rapidement d’une poussière ayant l'apparence du chocolat en poudre. Les feuilles perdaient leur coloration verte pour prendre, en se desséchant, une teinte jaune ou grise avec des parties noires. L'examen microscopique me permit de découvrir, dans l'épaisseur de feuilles bien vertes et bien fraiches encore, des mycéliums très développés déjà. A un stade plus avancé, les filaments mycéliens serpentant entre les cel- lules du mésophylle émettent de nombreuses ramifications qui sortent en touffe par les stomates et forment comme un duvet sous les feuilles. Ces ramifications aériennes du mycelium produisent des conidies très longues, grèles et multiseptées. Ce champignon se rattache certainement au genre Cer- cospora dont les espèces sont très nombreuses : Saccardo, dans son Sylloge fungorum, a relevé 257 espèces dont 20 ont été observées sur des Monocotylées. Plusieurs Cercospora sont connus comme parasites : B. Frank(!) en cite plusieurs sur des plantes très diverses; R. Hartig (2 en a également étudié un qui détruit les jeunes Érables. C. Roumeguère a distribué, sous le n° 2522 de ses Fungi Gallici exsiccati, un Cercospora Angreci récolté à l'Ile- Bourbon sur une Orchidée, l’Angaecum fragrans. (1) Die Krankheiten der Pflanzen von Dr B, Frank. Breslau, 1881. (2) Lehrbuch der Baumkrankheiten von Dr R. Harric. Berlin, 1532. 15 Le parasite que j'ai observé présente, semble-t-il, de grandes affinités avec 1e C. Angreci tel qu’il est décrit dans la Revue mycologique (5° année, p. 177). IV. — VIGNES MALADES. M. O. de Soer-Wittert a bien voulu, en maintes occa- sions depuis 1891, m'adresser des exemplaires de diverses maladies, notamment des raisins provenant de ses cul- tures au château de Solières (1). La plupart des vignes de Solières sont cultivées contre des murailles bien exposées et protégées par un vitrage. Elles ne sont pas soumises au forçage par une chaleur artificielle. Les tiges, les feuilles, les fleurs sont parfaite- ment saines ; les grappes se développent régulièrement et les grains atteignent une grosseur normale. Depuis plu- sieurs années, une maladie apparait brusquement au moment où les raisins commencent à mürir. Des tâches brunes se voient sur le pédicelle de certains grains, ou bien sur certains rameaux des grappes. Aux endroits bru- nis, pédicelles et rameaux se dessèchent rapidement et s'étranglent sur une longueur de quelques millimètres, plus rarement sur une longueur de quelques centimètres. Tous les grains situés au-delà des parties étranglées et séchées se flétrissent et deviennent aigres; parfois ils tombent. Les autres grains mürissent régulièrement. A aucun moment, on ne peut voir à la surface des parties malades ni insectes ni champignons. (4) Je profite avec empressement de la publication de cette notice pour remercier bien vivement M. de Soer de ses nombreux envois et de l’inté- rêt qu’il n’a cessé de porter à mes recherches. 16 D’autres vignes non abritées par un vitrage ont parfois souffert du même mal. Enfin dans une serre adossée à un mur humide, les vignes présentent les mêmes symptômes, mais les grappes malades se couvrent en outre de moisissures. D’ailleurs toute grappe malade, quel que soit sa prove- nance, enfermée dans une caisse pour l'expédition ou conservée sous cloche, se couvre de moisissures dès le lendemain. Ces moisissures sont constituées par un Botrytis gris-brun, auquel s'ajoute quelquefois un Peni- cillum blanc et un autre glauque. Laissant de côté les Penicillum dont la présence semble accidentelle, j’ai observé et cultivé, dans divers milieux, le Botrytis qu’on peut rattacher au B. acinorum Pers. (1) Mais il est difficile d'affirmer si cette forme est réellement distincte spécifiquement du B. cinerea ordinaire. Ce dernier bien connu grâce aux recherches de labora- toire dont il a été l'objet de la part de divers auteurs, notamment de de Bary, est un champignon saprophyte capable de prendre l'offensive et de devenir parasite. On l’a vu envahir les feuilles des vignes cultivées en serre et beaucoup d’autres plantes tenues dans un milieu humide. Il peut même s'attaquer à des plantes poussant vigoureuse- ment dans leur station naturelle. M. Kissling(2) a observé, en effet, une véritable épidémie causée par le Botrytis dans les Gentianes du Jura. On pouvait donc, avec assez de vraisemblance, accuser ce même Botrytis de provoquer la maladie des vignes de Solières. Pour élucider la question, j'ai fait de nombreuses (1) Saccardo rite cette espèce « in uvis putrescentibus ». 2) Zur Biologie der Botrytis cinerea, dans Hedwïgia, juillet-août 1889, y ) gta, ] 17 observations, d’abord sur des cultures sous cloche, et l’année suivante sur les vignes elles-mêmes. Les résultats ont été notablement différents dans les deux cas. 1° J'ai déjà dit qu'il suffisait de tenir enfermés les raisins de Solières pour les voir se couvrir de Botrytis. Lorsqu'un grain de raisin garni des filaments conidiophores de Botrytis vient à s'affaisser sur l’axe parfaitement sain de la grappe, on voit, après quelques jours, l’axe présenter à cet endroit une tâche brune qui est comme l’empreinte du grain. Des coupes pratiquées dans l'axe permettent de reconnaitre, sous la tâche brune, et là seulement, des fila- ments mycéliens envabhissant les tissus jusqu'à la moelle. Une portion de cet axe isolée sous cloche humide ne tarde pas à produire les filaments conidiophores si caractéristi- ques du Botrytis. Un organe malade peut donc contaminer un autre organe sain qui se trouve en contact avec le premier. La contamination peut se faire aussi au moyen des conidies seules. Il suffit d’arroser avec de l’eau chargée de conidies des grappes provenant d’une localité quelconque, pour obtenir sous cloche des cultures aussi luxuriantes que les premières. Le champignon se comporte donc comme un véritable parasite. 2 Des matériaux choisis à Solières et immédiatement plongés dans l’alcool ont été soumis à l'examen anato- mique. Des coupes pratiquées soit dans l’axe de la grappe, soit dans l’un quelconque des rameaux ou des pédicelles au niveau d'une tâche qui commence à brunir et à sècher n’ont jamais permis de découvrir la moindre trace de mycelium. L’épiderme mort, déprimé, est difficile à retrouver. Le collenchyme et le parenchyme chlorophyl- lien sont formés de cellules vides à membrane brunie; 2) 18 la plupart de ces cellules sont affaissées ou même complé- tement écrasées ; la chlorophylle et l’amidon ont disparu. Le liber, le bois et le parenchyme médullaire semblent intacts, ce dernier tissu contient même des grains d’amidon assez gros mais pas très nombreux. Les fruits qui commencent à se rider et à aigrir ne renferment pas de mycélium non plus. Lorsque le Botrytis fait son apparition à la surface, il n’est pas encore possible de trouver son mycélium à l’inté- rieur de l'organe. Mais plus tard, quand de nombreux et forts filaments conidiophores se dressent à l’extérieur, des filaments myceliens peuvent s'observer dans les tissus mortifiés à l'extérieur du liber. Ce n’est que dans les cultures sous cloche humide qui favorisent la végétation du champignon, que Je suis arrivé à observer un grand développement du mycelium à l’inté- rieur des organes. Il envahit alors jusqu’à la moelle et se voit facilement, sur les coupes longitudinales surtout. J'ai essayé enfin de contaminer à Liège une vigne cul- tivée en plein air en pulvérisant de l’eau chargée de coni- dies sur les feuilles et sur les grappes qui commençaient à muürir. Une partie des grains avaient même été piqués ou légèrement fendus volontairement pour favoriser la pénétration, Le résultat a été nul. Un seul grain blessé a montré, quelques jours plus tard, quelques traces de Botrytis, mais 1l n’y a eu ni tâches ni flétrissement du raisin. Le Botrytis,au contraire, s’est développé abondamment sur des raisins trouvés secs sur une vigne à la fin de l’au- tomne à Esneux. Cette vigne avait régulièrement fructifié sans présenter la moindre trace de maladie. En résumé, les tâches brunes des pédicelles desséchés 19 et l’apparition du Botrytis sont deux phénomènes distincts, qui se présentent souvent l’un sans l’autre. Lorsqu'ils sont réunis, le développement des mycelium suit celui des tâches et jamais ne le précède. D’ailleurs le Botrytis s’est toujours montré peu abondant et saprophyte sur les vignes observées à Solières. Ce n’est que dans les conditions spé- ciales d'une atmosphère confinée et humide (cultures sous cloche) que ce champignon a pris les allures d'un parasite. Cet exemple montre bien le danger des déductions qu'on serait tenté de tirer prématurément d'observations faites au laboratoire seulement. Dans les questions déli- cates de pathologie végétale, l'observation journalière sur le terrain s'impose. Mais alors on doit se demander quelle est la cause du desséchement spontané des pédicelles de la vigne? Dans un article publié dans le Bulletin de l'Association des anciens élèves de l’École d’'horticulture de Vilvorde (1885- 1886), M. E. Laurent considère aussi comme accidentelle la présence du Botrytis cinerea. Il a constaté que l’amidon el la glycose n’existent qu’à l’état de faibles traces dans les pédicelles malades, tandis que ces hydrates de carbone abondent dans les pédicelles normaux. Il en conclut que l’assimilation du carbone est insuffisante. Cette insuffi- sance elle-même peut provenir de diverses causes : temps froid et surtout ciel brumeux, température trop élevée (au delà de 36°), sol trop sec, ou froid, ou trop humide, radi- celles pourries, quantité de feuilles trop faible (par suite de pincements exagérés), quantité de grappes trop grande. Le dessèchement des parties les plus éloignées des tissus assimilateurs, c’est-à-dire le dessèchement des pédicelles, ne serait done qu'un symptôme d’épuisement ou de sur- 20 menage. C’ést à la sage application des procédés généraux d’une culture soignée qu’il faudrait dès lors demander le remède au mal. C’est d’ailleurs ce que l'expérience semble confirmer. M. de Soer a fait procéder en hiver à un nettoyage à fond et à un badigeonnage à la chaux additionnée de sulfate de cuivre; d'abondantes fumures ont été données (purin, scories de déphosphoration, kaïnite); dès le printemps, souffrage et fumigations de tabac. Depuis deux ans la maladie semble décroitre, bien que la dernière récolte ait beaucoup souffert d’un été inclément(1). V. — (GROSEILLERS MALADES. M. E. Mouton à Morhet a observé, en juillet 1890, que ses Groseillers étaient presque entièrement dégarnis de feuilles et que les fruits ne mürissaient pas. Sur les feuilles brunies et ridées, j'ai trouvé en abon- dance le Gloeosporium Ribis Lib., état conidien du Gno- (1) M. P. Viala, dans son bel ouvrage sur les maladies de la vigne, signale le Botrytis cinerea comme vivant très fréquemment à l’état de saprophyte sur les divers organes de la vigne. Il admet cependant que ce champignon « peut, dans quelques circonstances, devenir parasite facul- tatif; on l’a vu se développer dans les serres à vigne et dans les vignobles du Nord, les années humides, sur les jeunes grains verts qu’il altérait dans ce cas en produisant parfois des dégâts assez sérieux. » On ne peut confondre, me semble-t-il, cette maladie des jeunes grains verts avec la maladie de Solières caractérisée avant tout par le dessèche- ment des pédicelles des grains presque mûrs. M. Viala a, en outre, observé sur des greffes-boutures de vigne le déve- loppement de sclérotes noirs produisant, par culture, des filaments coni- difères (Botrytis cinerea) et des périthèses (Peziza Fuckeliuna). (Vote ajoutée pendant l'impression). 21 moniella circinata Sacc. (Pyrénomycète de la fam. des Cératostomées). Cette maladie est facilement contagieuse. Des conidies déposées sur des feuilles saines de Groseiller ont produit, après quinze jours de culture, d’abondants mycelium avec de nouvelles conidies. Remède préconisé : balayer les feuilles et les brüler ; aspersion de bouillie bordelaise au premier printemps. VI. — Rosiers. Diverses personnes habitant la vallée de l’'Ourthe m'ont communiqué des feuilles de Rosiers attaquées par le Phragmidium subcorticium Wint.: urédospores rouges en été, téleutospores noires en automne. Remède préconisé : comme pour les Groseillers ci- dessus. VIT. — Harncors ET Fèves. Dans un jardin à Esneux, en septembre 1891, j’ai trouvé l’Uromyces appendiculatus Pers. sur les feuilles du Haricot, et l’Uromyces Orobi Wint. sur les feuilles des Fèves de marais. Les dégats m’ont paru peu importants. VIII. — GENÉVRIERS. M. le Prof. L. de Koninck a bien voulu me remettre en avril 1892 de beaux échantillons de Genévrier, récoltés à Hamoir, portant sur les rameaux de nombreuses masses mucilagineuses rougeâtres (téleutospores du Podisoma Juniperi Sabinæ Fries.). Ce champignon hétéroïque habite au printemps les feuilles du Poirier (Roestelia cancellata). Remède : brüler les parties malades des genévriers, ou mieux supprimer radicalement ces arbres si on veut éviter la maladie des Poiriers, FX 02 SAULES!: En mai 1892, des Saules, à Hamoir, présentaient sur leurs feuilles des tâches de rouille. Gette maladie, produite par le Melampsora salicina Lév., fait parfois de grands ravages dans les oseraies. | X. — Béconias. Dans les serres du Jardin botanique de Liège, des Bégonias présentaient des tâches brunes, souvent en forme de lignes sinueuses, à la face supérieure des feuilles et sur le pétiole. Les caractères anatomiques sont les suivants : Epiderme mort; cellules sous-épidermiques recloisonnées formant une mince couche de suber. Ces lésions résultent de la piqüre des thrips, insectes si petits et si agiles qu'il est parfois diflicile de les trouver. Remède : vaporisation de tabac ou mieux encore usage continu des côtes de tabac déposées sur les tuyaux du thermosiphon et mouillées tous les jours. Les lavages avec une infusion de tabac ne suffisent pas. XI. — Vaicnes. Des vignes cultivées en serre présentaient sur leurs feuiiles les mêmes tâches et les mêmes lésions que les Bégonias ci-dessus. Même traitement. XII. — GALLES DE L’EPICEA. Ces galles, extrèmement nombreuses en 1893, m'ont été envoyées de Solières par M O. de Soer. Elles ressem- blent assez bien à un cône de Conifère et plus souvent à un demi cône qui serait appliqué contre la branche. Elles sont produites par les piqüres du Chermes Abietis L., petit 23 insecte dont les larves se trouvent en été dans les loges formées par la base des feuilles de la galle. Plus tard la dessication amène l'ouverture des loges et la sortie des insectes dont les métamorphoses sont achevées. Les galles sèches et brunes persistent plusieurs années sur les rameaux de l’Epicea. D’après Frank, il n’y a d’autres remèdes que d'enlever et de brüler les galles vertes au printemps, avant la sortie des insectes. XIII. — Here pu Cou. Cette maladie règne depuis plusieurs années dans un jardin légumier près de Liége. Les choux y possèdent des racines tortueuses, renflées çà et là en excroissances qui peuvent atteindre le volume d’un œuf de poule. Dans un local fermé, ces racines répandent une odeur cadavérique persistante. Dans le sol, elles pourrissent et infestent le terrain au point que toute culture de choux devient impossible. M. le Dr Woronin qui a si bien étudié cette maladie, a montré le premier que les hernies du chou contiennent un champignon du groupe des Myxomycètes, le P/asmo- diophora brassicae. Remède : brüler les racines malades; ne planter que des plantes garnies de racines bien saines; ne pas cultiver de choux à la même place avant deux ou trois ans. La maladie du chou ne se communique pas à d’autres légumes. XIV. — ARBRES DES FORÈTS. D’après M. Even, professeur à l'Ecole moyenne de Virton, des charançons ont causé en mai 1894 beaucoup 2% de dégâts dans les bois des environs de Virton en s’atta- quant aux feuilles du Chêne, du Hêtre et de l’Érable. Notre confrère, M. le Prof. Poskin, a reconnu dans cet insecte le Polydrosus sericeus de la fam. des Curcu- lionides. XV. — Cnancre pu MÉLÈZe. En juin 1894, M. de Soer a constaté des ravages consi- dérables dans ses nouvelles plantations de Mélèze à Solières. Sur les branches qu'il m’a remises, l'écorce crevassée et mortifiée, à certains endroits, laisse apercevoir le bois plus ou moins dénudé. Chaque plaie est le siège d'un écoulement abondant de résine. On y remarque, en outre, sur les bords, de petites pus- tules blanches qui se développent en disques orangés. Ce sont les réceptacles sporifères du Peziza calycina Schum., dont le mycelium végète dans l’écorce. Le chancre est déterminé par ce champignon. Willkomm, qui le premier étudia cette maladie, a reconnu qu’elle ne s’attaque qu'aux mélèzes jeunes; il recommande d'enlever les branches malades, d’arracher les sujets mourants, de faire les plantations nouvelles aussi loin que possible des endroits contaminés, en les entremélant d’arbres feuillus ; il conseille enfin de renon- cer à la culture du Mélèze dans les vallées humides (1). (1) M. Ch. Van de Caveije, ingénieur agricole à Comblain-au-Pont, vient de m'informer que le chancre fait de tels ravages parmi les jeunes mélèzes que la culture de cette essence devient impossible, — Vote ajoutée pendant l'impression, 925 XVI — Branc pu Rosier. L'Oïdium s’est montré sur les feuilles du Rosier à Liège, à Esneux et à Aywaille, en juillet 1894. Remède : fleur de souffre comme pour l'Oïdium de la Vigne. XVII. :- Pourrier Er ScoR2ONÈRE. M. Etienne, à Liège, m'a remis, en juillet 1894, des feuilles de pourpier attaquées par le Cystopus Portulacae et des feuilles de scorzonère atteintes par le Cystopus cubicus. Je n'ai pas de renseignements sur l'importance des dégâts ni sur la marche de la maladie. XVIIL — Pucerows DE LA BETTERAVE, M, E. Masson, comptable à la sucrerie de Trognée (Hannut), m’a signalé, au commencement de juillet 1894, que les feuilles de Betterave étaient couvertes de pucerons noirs, dont la multiplication avait été grandement favorisée par l’absence de pluies. À cette occasion, M. le prof. Poskin m'a fait savoir qu’à linstitut de Gembloux on a traité par la poudre de déchets de tabac, après arrosage ou après une forte rosée, un lot assez considérable de Betteraves porte-graines envahies par les pucerons. Le remède a été trouvé efficace, mais est- il applicable à la grande culture ? XIX. — NémaTones DE LA BETTERAVE. Le 16 juillet 1894, M. E. Masson m'a signalé encore une maladie bien plus grave des Betteraves. Au milieu de deux vastes terres, les plantes malades formaient plusieurs ilôts distincts. Les plantes s’étiolaient, les feuilles dépéris- 3 26 saient, les racines restaient grèles ; tout faisait présager un rendement presque nul dans ces ilôts. Sur les radicellecs M. Poskin a trouvé fixés de petits vers nématodes : Æelerodora Schachtit ou anguillule de la Betterave, D'après les renseignements que M. Poskin a bien voulu me communiquer, ce parasite, pour ainsi dire inconnu en Belgique il y a dix ans, parait avoir des tendances à se propager. C'est un des plus sérieux ennemis de la Betterave dont le rendement peut être déprimé dans la proportion de 50 °/,. Les ravages apparaissent en juillet, parfois plus tard. C’est seulement à l’état larvaire que l'animal se déplace, sans pouvoir cependant sortir d’un rayon d’une trentaine de mètres. Plus tard, il se fixe sur les radicelles et devient immobile. Pour combattre les nématodes, on a préconisé des injections de sulfure de carbone, repétées deux fois dans l’espace de quinze jours, à la dose de 15 grammes par mètre carré, On peut aussi établir une circonvallation assez profonde pour arrêter l’extension des foyers de con- tamination. Mais le procédé le plus simple, lorsque le mal est encore localisé, c’est d’arracher immédiatement les plantes malades avec toutes leurs racines et radicelles pour en faire un tas mélangé de chaux. J’ajouterai que dans le Nord de la France, les cultiva- teurs ont employé, contre les nématodes, jusquà 580 gr. de sulfure de carbone par mètre carré. A cette dose, l’in- secticide tue aussi la plante. L'année suivante, la culture des betteraves peut se faire en toute sécurité. De plus, il a été constaté que le sulfure de carbone constitue un véritable engrais capable de relever dans de très fortes proportions le rendement des céréales. 27 M. Dewevre dépose un exemplaire de son travail « Les plantes utiles du Congo. » Il annonce le dépôt d’une notice renfermant la deserip- tion de quelques espèces nouvelles pour la flore de l'Afrique centrale. M. De Wildeman présente un travail intitulé : Tableau comparalif des Algues de Belgique. Il résume brièvement les données qu'il contient. Ce travail paraïitra dans les mémoires. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 9 1/2 heures. COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. —200090002— ANNÉE 1895. Séance mensuelle du 9 mars 1896. Présidence DE M. TH, Durann, vice-président. La séance est ouverte à 8 heures. Sont presents : MM. De Bullemont, Dewèvre, De Wildeman, Th. Durand, Nypels et Vindevogel; Crépin, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 9 février 1893 est approuvé. M. le Secrétaire annonce qu'un nouveau subside de mille francs est accordé à la Société. M. De Wildeman donne quelques détails sur certaines Algues qui font l’objet actuel de ses recherches. 90 M. Dewèvre offre à la Société un fascicule de l'Hedwigia dont il analyse le contenu. Une discussion s’ouvre au sujet de la prochaine herbo- risation générale de la Société. La séance est levée à 9 heures. COMPTES-RENDUS DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. ere re— ANNÉE 1895. Séance mensuelle du 20 avril 1896. PRÉSIDENCE DE M. Tu. Duranp, vice-président. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. De Wildeman, Th. Durand, Em. Marchal et Troch ; Crépin, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 9 mars 1895 est approuvé. M. De Wildeman donne communication de la lettre suivante de M. C. de Candolle : Genève, 25 mars 1895, Cuzr Monsieur DE WILDEMAN, Je vous remercie de m'avoir envoyé votre compte-rendu de la session des Sociétés botaniques de l’été dernier en Suisse, Ce charmant récit m'a rappelé de bien agréables journées que nous n’oublierons jamais à Genève. Je regrette que vous n’ayez été qu’imparfaitement renseigné en ce qui concerne les collections de mon père. Il ne les a nullement léguées à la ville de Genève, mais à moi en toute propriété et sans aucune condition ni pour le présent ni pour l’avenir, La bibliothèque n’est pas devenue publique, mais c’est toujours avec un véritable plaisir que j’ai accueilli nos confrères travailleurs, Peut-être feriez-vous bien à l’occasion d’insérer une petite rectifica- tion au sujet de cette question de proprété, afin qu’elle ne risque pas 92 de donner lieu à un malentendu, bien que ce détail n’ait qu’une impor- tance tout à fait secondaire. Je vous prie, cher Confrère, d’agréer l’assurance de mes sentiments les plus distingués. C. DE CANDOLLE, M. Crépin analyse la notice suivante dont l'impression est votée. REMARQUES SUR L’INFLORESCENCE DES ROSA, PAR FRANÇOIS CRÉPIN. La forme et la composition de l’inflorescence dans le genre Rosa n'avaient pas fait l’objet de recherches sérieu- ses de la part des auteurs anciens; ce n’est que depuis peu d’années qu’on s’est aperçu que la disposition et le nombre des fleurs pouvaient offrir des caractères propres à distinguer les espèces entre elles et à définir les sections du genre. Les anciens phytographes s’étaient bornés à indiquer d’une facon assez vague la composition des inflorescences. Le premier, je pense, j'ai attiré l'attention sur la présence et l’absence de bractées. J'ai fait remarquer que certaines espèces sont constamment privées de bractées et que cette absence de bractées constitue un caractère important dans la diagnose de plusieurs sections : Pimpinel- lifoliae, Luteae, Sericeae, Minutifoliae et Laevigatae. Dès 1820, Lindley, dans son Rosarum monographia, avait bien signalé l'absence de bractées dans l’infloreseence de plusieurs types spécifiques, mais cet auteur n’avait pas soupçonné la valeur de ce caractère et ne l’avait guère utilisé. Remarquons icique si les espèces à inflorescence norma- lement uniflore sont absolument privées d'une bractée à la base de leur pédicelle, il existe des espèces à inflores- 93 cence pourvues de bractées qui, dans certains cas, sont dépourvues de bractées, mais ici l'absence d’une bractée à la base de l’inflorescence devenue uniflore est le fait d'un avortement accidentel. En 1887, dans mes études sur les Rosae Synstylae, j’ai démontré quel excellent parti l'on pouvait tirer de la forme et de la composition de l'inflorescence pour distin- guer les espèces de cette section. Il reste maintenant à savoir si dans les autres sections à inflorescence bractéolée il n'existe pas des caractères d’inflorescence à utiliser pour la distinction des espèces. Les auteurs, dans leurs descriptions, signalent bien, il est vrai, des différences d'espèce à espèce, mais sans appuyer sur ces différences, qui ne paraissent pas avoir fait, de leur part, l’objet d'observations suffisamment nombreuses. J’estime qu'il y a là tout un champ à explorer qui donnera des résultats intéressants. [l importe d'établir des statistiques suffisamment fournies pour arriver à quelque chose d’assez précis. Pendant les herborisations, on ne peut guère prendre le temps de faire le dénombrement des fleurs de chaque buisson. Les phytographes se sont proba- blement bornés, pour leurs descriptions, à consulter les matériaux de leur herbier, c’est-à-dire un nombre relative- ment restreint de spécimens. Il en résulte que ces descrip- tions sont généralement loin d'exprimer l’état réel de ce qui existe. Pour connaitre celui-ci, il faudra se livrer sur le vif à de très nombreuses observations. Mais, en atten- dant, j’ai cru pouvoir arriver à quelques résultats instruc- tifs en faisant le dénombrement des inflorescences des immenses matériaux de ma collection. Je vais livrer le résultat de mes longues recherches dans un tableau som- maire, que nous analyserons pour en tirer les conclusions qu’il comporte. INFLORESCENCES. | < Secr. Stylosae. R. stylosa Desv. . . . . . .| 858] 417] 409] 222] 93 | 25 | 26 | 23 | 24 | 13 Secr. Banksiae. R'Banksne‘R. Br. 11:10 .10 111: 1601192)925)M43"):12 8 3 L. 5 Secr. Gallicae. ROUES PPT 1104] 202!) 81 8| 2 Secr. Caninae. Sous-sect. Eucaninae. | RS Canina le ere eos | Gr. R. lutetiana Lem. . . . .13338| 821| 545| 165| 36 | 14 | 15 | 6 | 5 | 9 — — dumalis Bechst.. . . .1489011532,1103! 273] 68 | 41 | 45 | 11 6 1% — — andegavensis Bast. . .|1281| 389] 279] 63| 19 | 5 | 5| 2| 8} 2 — — verticillacantha Mér. .| 681| 233] 202| 62! 10 5 1 5 1 — — scabrata Crép. . . . :| 258] 108) 66! 19| 6 1 1 — — Blondaeana Rip. . . .| 333] 161) 109| 28] 12 | 5 | 1 — — dumetorum Thuill. . ./427711212| 781| 207| 35 | 17 | 11 5 5 — — Deseglisei Bor. . . .| 607| 179] 131, 28| 2 4 1 RtPouzini Trails >. 400 1225| 278| 175] 48] 20 | 11 | 11 3 1 Htomentells Lem. ; 227200. 2825| 853! 597| 164| 34 | 33 | 16 9 9 8 — obtusifolia Desv. . . . .| 684| 239) 141| 41) 10 | 4 | 9| 4| 3| 2 — abietina Gren. . . . . : .| 364| 85| 69! 9283! 6 5 1 9 DS (OC 7 MAIRE 3470/1458/1130| 240| 34 | 17 | 15 | 5 | 1 | 1 — corüfolia Fries. . . . . [5992/1731 1313) 226) 33 | 8 | 9 | 3 9 cul EEE “putnid 12 *ÿ-1 fe Æ " ARR RE ns jee de ut 2e 2 |purso[ anus en - [on OU © © M GI GU D EE OÙ © “# dd do 00 bel uorn1odoïq — + om M me ee eu NN et © = mé — (œr) | nl OO En OO = ON © 4 9) O0 ON © M | S à à SARSRANST TRS SSSR S9J10[JIIn]d4 SN — NN HT Le — nn er at 7e PRE A PT TR Re RE nd 0) ie Ra 00 — _. D © = = D 0 KE D 10 © S © sauogiu ë © = BÉNSRSNSSRSGESSS *H-08 2P SnId = 36 INFLORESCENCES. | = — Chavini Rap.) . : ..-. 1277| 284| 9223| 44 2: PAT TU Sous-sect. Rubrifoliae, R. rubrifolia Vill. . . . . .| 225] 258] 290] 96! 47] 47 | 34 | 145 | 9 | 129 (l | R. montana Chaix. . . CA1061 0011748 Fi | | Sous-sect. Rubiginosae. R°-Füubipinnsa Lt 00.10 469711483| 967, 259| 58! 28 | 23 | 20 | 12 | 10 — micrantha Sm. . . . .. 38901311! 879! 278| 102] 51 | 40 | 29 | 14 | 11 — sepium Thuill.. . . . .12783| 969 647| 201| 55! 32 | 19 | 143] 7 | 7 — graveolens Gren.. . . . . 289311034| 743| 155| 33] 18 | 9 | 8] 9 | 1 — zalana Wiesb. . , . . . .| 278| 103| 78| 19! 1 1 — berica Stev. Ne 1280830993) is) mA 1 — SeraphiniViv.i. à . ... 1131 PUS )0 US —-sicula Trait. IL 665| 38] 18| 3 —. Thureti Burn.et Gr. . . .| 94| 3| 2 — glutinosa Sibth. et Sm. . .| 407| 55| 7 Sous-sect. Tomentosae. R. tomentosa Sm.. . . . . . 3589711677 1524| 482| 107| 47 | 32 | 41 8 | 15 — omissa Déségl. . . . . .| 67% 333 22311 2914 4" 3 [ni Sous-sect. Villosae. R. pomifera Herrm.. . . . . 3155! 720| 5611 105] 17] 8 | 8| 5 | 1 — mollis Sm. . .:2 : . 1, MABB4N62)D9E NP TI) Et — orientalis Dup. .. . . . .| 94| 3] 3% | — Heckeliana Tratt. . . . .| “66 1 1 TT PRE - ‘LE 1-1. > Oo © NN Plus de 20-f. > Uniflores. CES > © [æp] 1277 225 4697 3890 2783 2893 278 128 113 665 94 407 3897 675 3155 1594 94 66 aies me Pluriflores. 156 562 830 3916 O1 = Proportions entre les inf., 1-f1. et plurifi. KO D .. .. .e .. .. .. . .. .. .. = eh pole De le De pe pe pe ça . .. > à CE Sous-sect. Elymaiticae. R. elymaitica Boiss. et Hausskn.| 28 Sous-sect. Jundzillae. R. Jundzilli Bess. . . . . . . 1394 (R. gallica X canina) . . . . Secr. Carolinae. B:‘caralina lents uns : 65 = humiis Marsh 0200.70. 0: 696 = LIGA NV Id. eu 411 — foliolosa Nutt. . HER ES DE 1 Secr. Cinnamomeae. Remnamomen Dir. 905 — davuriea Pall. . . . . . . 70 — nuikanaPresl in PONS — pisocarpa A. Gr. . . . 266 —“blanda Ait: . {TG 272 — arkansana Port. . . . .| 68 — çalifornica Cham. et Schlech. S te OUIUIVÉ 0 LE UUS SANS — rugosa Thunb . . . . . . 53 — kamtschatica Vent... . . .| 31 AISIÉR EN 0 NNPRNNRNES … 4 LA S0 — Beggeriana Schrenk . . . 334 68 47 21 27 19 21 12 13 ND ND D © O9 NO > C9 CO 39 prntd 12 "-1 ‘jui sa] 21Jua saoriodo1q *S910[JUN]d Sa1O[}IUf} °p-0 9°P Snïd "D-08 905 © | = ON HO © ON ON et et et O0 . . .. — — © .. .. .. .. = A9 OÙ = .. .. FC, à) oo cn —_ . . . . . —_— —"_— — _— — & 19, mL Ou GT CL OS © © (o 0j" 0 VO, M" AL 39) (Sc (NS > EN co 25 CD 4 — [o} | © 69 © - CN: 00. D CO er OS LE TN RTS OO #9 C9 © 2 — ON xx; GN [e»| — 4 — Le + — — — — —_ — — — CD = — — où GN cn on —_ re ’ | INFLORESCENCES. | R. anserineefolia Boiss. . . URL NE SRE —algoiensis Crép. : 2 12) DOS OI 2-14 020 1 — Alberti Reg.. . . . . .. 104! 11! 1! — gymnocarpa Nutt. . . .| 123| 7| 4 — macrophylla Lindl . . . .| 109|/ 23] 20 | 10, 2| 5 1 70 — Webbiana Wall. . . . . . 268! 181 10 LP 3) LU A — oxyodon Boiss.. . . . .| 101] 48] 38 | 10 | 1 1 — acicularis Lindl. . . . .| 160) 12| 3 — Bourgeauiana Crép.. . . .| 130) 20! 12 | 5 | — nipponensis Crép. . . .| 47, 1 alpine 14 a . .|1921! 189] 32 | 6 Secr. Bracteatae. R. bracteata Wendl. . . . . 2.) 0e) MR 1 — clinophylla Thory. . . . SlHCOIPATANES UNE 1 Secr, Microphyllae. R. microphylla Roxb, . . . .| 85] 8| 2 1 op ee “gun(d 3 "ÿ-} *[JUI Sa] anuo suorj10do4q - *SaJo}lin]4 *SaJ0HJIuf] ‘D-0G 2P Snlq A Ne ee Ce — — .. .. .. .. CEE 1] le . DAS: DEN ACT ÈS ER Re Eee RUSSE Er = — D — =) (ee) — T — — 0 D A = © EE D + oO _— Dia En à RE © + M © co CN co) 0 Dore ra S NS © > © D + À ST 62) MO OOUN = = =») — re RP PE a eee EE RE 2 7, PTE FA REP CU EE RP nn ER en ER Ne ER TR SO RS PURE RENE E ERRRS MORT mc et LR PS PT me CE am ele ES TT SR SE TR TE 2 €" Le UE En RS SET ST — 42 SEecT. Stylosae. Au point de vue de l’inflorescence, le R. stylosa Des. diffère notablement de toutes les espèces de la section Caninae, le R. rubrifolia Vill. étant mis à part. Dans le premier, les inflorescences uniflores sont aux pluriflores comme 1 est à 1.5, dans le second, comme 1 et à 3.6. Les six paquets du R. stylosa de mon herbier présentent successivement les proportions suivantes: 4 : 1.4, 1:14. 1:1.8, 1:1.6, 1:1.5, 1:1.4. A l’exception du R. rubri- folia, aucune espèce de la section Caninae ne voit les inflo- rescences pluriflores dominer les inflorescences uniflores. Si, comme on l'a supposé, le R. stylosa est un hybride fixé, on pourrait, en raison de son inflorescence, supposer que le À. canina L. a été croisé avec le R. sempervirens L. plutôt qu'avec le R. arvensis Huds. SECT. Banksiae. Dans le R. Banksiae R. Br., les inflorescences uniflores ne paraissent exister qu’à l’état d'exception. La disposi- tion des pédicelles en fausse ombelle constitue un carac- tère particulier à cette espèce. SECT. Gallicae. La statistique des inflorescences du R. gallica L. ne comprend que des spécimens de plantes spontanées. La moyenne générale des inflorescences uniflores est à la moyenne des inflorescences pluriflores comme 5.7 est à 1. Les trois paquets de mon herbier donnent les proportions suivantes: 2.5 : 1,:,5.25 1,:9.8 271. Il n’est pas rare de voir Le pédicelle des inflorescences uniflores privé de bractée par suite d’avortement. SECT. Caninae. Sous-sect. Eucaninae. La plupart des espèces ou sous-espèces de la sous- section Eucaninae ne présentent rien de bien caractéris- 43 tique dans leur inflorescence. La moyenne des inflores- cences uniflores par rapport aux inflorescences pluriflores varie de 1.2: 1à 2:1. Dans le R. Pouzini Tratt., lamoyenne des inflorescences uniflores est un peu supérieure, puisqu'elle est 2,9 : 1, Le R. montana Chaix constitue une exception dans ce groupe, puisqu'il offre la proportion 7 : 1. L’inflorescence offre donc, dans cette espèce, un caractère assez saillant pour la distinguer des autres types. Le R. Chavini Rap. présente la même proportion que le R. Pouzini Tratt. Sous-sect, Rubrifoliae, Le R. rubrifolia Vill. se distingue parfaitement de toutes les autres espèces de la section Caninae par la prédominance de ses inflorescences pluriflores. Sous-sect, Rubiginosae. Les R. rubiginosa L., R. micrantha Sm., R. sepium Thuill. et R. graveolens Gren. offrent à peu près les mêmes proportions, seulement le RER est un peu moins pluriflores que les autres. Le R. zalana Wiesb. aura besoin de voir sa statistique établie sur des matériaux plus nombreux que ceux que je possède avant d’admettre le rapport des inflorescences uniflores et des inflorescences pluriflores entre elles. Les R. Seraphini Viv., R. sicula Tratt. et R. Thureti Burn. et Gr. sont, sous le rapport de l’inflorescence, bien distincts de la plupart des autres Rubiginosae. Il est vraisemblable que la prédominance des inflorescences uniflores dans ces trois Roses est une conséquence de leur taille naine et qu’il y a là solidarité de caractères. Le R. glutinosa Sibth. et Sm. est, à son tour, bien distinct des R. rubiginosa, R. micrantha, R. sepium, R. "13 6 Mise 44 graveolens et R. zalana, comme aussi du R. iberica Stev. Il ne parait du reste pas devoir rester associé aux autres Rubiginosae en raison de ses sépales persistants. Par ce caractère, il semble devoir être rapproché de la sous- section Villosae. Par le caractère de son inflorescence, comme par divers autres caractères, le À. tberica est très différent du R. glu- tinosa. Sous-sect. Tomentosae. Comme on peut le voir, les R. tomentosa Sm. et R. omissa Déségl. présentent une différence bien marquée avec les Villosae. Sous-sect, Villosae. On connait mon ancienne manière de voir sur les formes constituant la sous-section des Vüillosae (1), dans laquelle je ne voyais qu’une seule espèce. D'après le tableau précédent, il y aurait cependant des différences assez notables entre les R. pomifera Herrm., R. mollis Sm. et R. orientalis Dup. En ce qui concerne les deux premiers, les différences sont plutôt apparentes que réelles en ce sens que les paquets de R. pomifera Herrm. renferment plus de variations robustes du À. villosa L. que les paquets du R. mollis Sm. et que la différence entre les deux séries de paquets tient sans doute à la vigueur des échantillons plus grande d'un côté que de l’autre. Quoiqu'il en soit, il n’est pas possible de séparer spécifiquement le R. pomifera du R. mollis : aucun caractère distinctif essentiel n’existe entre ees deux prétendues espèces, qui doivent reconsti- tuer l’ancien R. villosa L. Quant au R. orientatis Dup., doit-on, comme je l’ai (1) Depuis lors, j’ai introduit dans cette sous-section le R. Heckeliana Tratt. 25 autrefois fait, le réunir spécifiquement au R, villosa L.? Ses inflorescences presque toujours uniflores paraissent dénoter une différence assez notable d’avec le À. villosa L. ; d’autre part, ses stipules supérieures semblent avoir des oreillettes moins dilatées que dans le R. villosa et non pas falciformes comme dans ce dernier; il y a, en outre, un nanisme très accentué dans ie R. ortentalis que n'atteint que rarement Je À. villosa. Mais ces différences suffisent-elles pour considérer le R. orientalis comme spécifiquement distinetet parfaitement isolé du R, villosa? Je suis porté à croire que non, mais on sera peut-être autorisé à y voir une sous-cspêce, une espèce secondaire, conservant encore des relations fort étroites avec le R. villosa dans certaines formes naines de ce dernier. La place du R. Heckeliana Trait. est encure incertaine. Provisoirement, je le range dans la sous-section Villosue. Ses sépales sont bien persistants comme dans les autres Roses de ce groupe. Sous-sect. Elymuiticae. Le R. elymaitica Boiss. et Hausskn. ne présente rien de particulier dans son inflorescence. Sous-sect. Jundzilliae. Le R. Jundzilli Bess.est un type bien distinet de toutes les autres espèces de la section Caninae. Quelques-uns de ses caractères m'avaient autrefois engagé à le rapprocher du À. gallica. Ces mêmes caractères ont donné lieu de penser à M. Christ qu'il pourrait bien être un hybride fixé produit par le croisement des À. gallica et R. canina. C’est qu’en effet bien des formes du À. gallica X canina rappellent beaucoup le R. Jundzilli. Si l’on admet que le croisement entre deux espèces produit des formes hybrides à caractères intermédiaires, 5) 46 on devrait s'attendre à trouver dans le R. gallica X canina, au point de vue de l’inflorescence, un état inter- médiaire entre les deux ascendants. Le R. gallica repré- sentant la moyenne 5.7 : 1 et le R. canina, la moyenne 1.5 : 1, on devrait trouver, pour le R. gallica X canina, la moyenne 2.6 : 1, or, comme on peut le voir par le tableau statistique, on trouve la moyenne 1 : 1. La moyenne offerte par le R. Jundzilli qui est 2.2: 1, se rapproche done plus de la moyenne théorique prévue pour l'hybride que la moyenne offerte par celui-ci. En ce qui concerne l'inflorescence du À. gallica X canina, pour lequel j’ai confondu les formes glabres et les formes pubescentes, le croisement a donné des résultats ne concordant pas avec la théorie, puisque nous voyons cette inflorescence s’écarter notablement des inflores- cences des deux ascendants. SecT. Carolinae. Dans la section Carolinae, le R. carolina L. diffère potablement des trois autres espèces par la prédominance des inflorescences pluriflores. Les R. nitida Willd. et À. foliolosa Nutt. se distinguent par la prédominance des inflorescences uniflores. SECT. Cinnamomeae. Dans la grande section des Cinnamomeae, au point de vue de l'inflorescence, les espèces se rangent en deux groupes. 1er cRouPE. — À inflorescences uniflores prédominant. R. cinnamomea L. R. gymnocarpa Nutt. — davurica Pall. — macrophylla Lindl. — nutkana Presl. — Webbiana Wall. — rugosa Thunb. — acicularis Lindi. — kamtschatica Vent. — Bourgeauiana Crép. — laxa Retz, — nipponensis Crép. — Alberti Reg. — alpina L, 47 2e GROUPE, — À inflorescences pluriflores prédominant. R. pisocarpa A. Gr. R. Beggeriana Schrenk. — blanda Ait. — anserinaefolia Boiss. — arkansana Porter. — algoiensis Crép. — californica Cham. et Schlecht. Je suis porté à croire que le R. oxyodon Boiss. devra se ranger dans le 2 groupe quand sa statistique florifère pourra être établie sur des matériaux plus nombreux que ceux que J'ai eus à ma disposition. Comme on peut le voir par les chiffres du tableau, il y a dans les deux groupes précédents des différences souvent notables entre les espèces au point de vue de la composi- tion des inflorescences. La section des Cinnamomeae devra se subdiviser en plusieurs sous-sections, mais je me réserve d'établir ces subdivisions dans le travail monographique dont jai annoncé la publication (1), | SEcT. Bracteatae. Au point de vue de l’inflorescence, les deux espèces de la section Bracteatae sont bien différentes. Dans le R. bracteata Wendl., les inflorescences uniflores prédomi- nent, tandis que dans le R. clinophylla Thory (R. involu- crata Roxb.), ce sont les inflorescences pluriflores. - SCT. Microphyllae. Dans le R. microphylla Roxb., les inflorescences uniflores sont en grande majorité. < Nous allons maintenant passer à l'examen des espèces de la section Synstylae. (1) Prodrome de la monographie des Roses. Cet ouvrage ne paraîtra que dans le courant de 1896, 48 INFLORESCENCES. Secr. Synstylae. . microcarpa Lind). Colletti Crép. . . .- . . . multiflora Thunb. . . . . Luciace Franch. et Rochebr. Wichuraiana Crép.. . . . tunquinensis Crép. . . . . anemonaeflora Fortune . . Watsoniana Crép. . . . . setigera Mich. . . . phoenicia Boiss. moschata Herrm.. . Soulieana Crép. . . + . . sempervirens L. . . . . . arvensiS HUds, Lure 19 13 | 204 11 Œ 2 3 39| 26 | 24 | 14 | 13 | 10 CPE TP PL CRE t- 5 2 NO — + — SC . ; us . ET ASS “yunçd 19 °[J-H À = = — © La = Fe ne *JUI Sa] 241ju9 o LS et en nn is — ., — > os ‘uonaodotq _— de _ 2 1 2 am ON ES CR Ce CT LE © . ... (np) An] 20 20 — [er] Gt e S9.0[JHN/ + + Ÿ = = à 8 & ; re EE SENS ©, 75 15 "00.0 SI0[}Iu f} S'en — : > en NN © & © oO U-0G °P Said À EC A a J-0Z + où On] mm _— © . — (ee) ON (np) U-6I . — CN — [el cn — D-8} U-LI Gt (ap) — — ex — — — — — — GN — (ex: [ex — 9H — © — — ne) (er) (o) — D-GT ai où — — NN NN In 2! GI — np] — © () (ne) B-6} CN 20 CO U-3} TRE à ss . = AS 2 1 1 4 4 2 5 9 9 50 SECT. Synstylae. Dans le tableau précédent, plusieurs espèces ont leur statistique établie sur des matériaux extrêmement pauvres, ce qui rend les moyennes obtenues sujettes à caution. Les moyennes auraient pu reposer sur des matériaux plus abondants, si, depuis des années, j'avais eu soin de noter la composition des inflorescences que j'ai vues dans les nombreux herbiers étrangers qui me sont passés par les mains. Je n'avais pas prévu qu'un jour je me serais livré aux recherches qui font l’objet de cette notice. Une seule espèce parmi les Synstylae voit ses inflores- cences uniflores prédominer sur les inflorescences pluri- flores, c'est le R. arvensis Huds. Toutes les autres espèces offrent des inflorescences pluriflores en majorité plus ou moins forte. Le R. microcarpa Lindi. peut être considéré comme l'espèce la plus multiflore. Les 25 ramuscules présentant des inflorescences dépassant 20 fleurs comprennent de 24 à 100 fleurs. Vient ensuite le R. multiflora Thunb., dont les inflorescences dépassant 20 fleurs comptent de 21 à 90 fleurs. En troisième rang, se place le R. moschata Herrm., dont les inflorescences dépassant 20 fleurs comptent des ramuscules allant de 21 à 40 fleurs et ne dépassant ce dernier nombre que très exceptionnellement. En comparant le R. sempervirens L. au R. arvensis Huds., on voit combien ces deux espèces diffèrent sous le rapport de l’inflorescence. Le À. Luciae Franch. et Rochebr. paraît, sous le rapport de l’inflorescence, différer notablement du R. multiflora Thunb, À propos de cette espèce, je dois relever les graves 51 inexactitudes consignées dans un article tout récent que lui a consacré le Botanical Magazine. La planche 7421 de ce célèbre recueil représente le R. Wichuraiana Crép., or cette espèce, si distincte du À. Luciae, est donnée sous ce dernier nom avec une synonymie qui témoigne que l’auteur de l’article ne semble posséder qu’une idée fort obscure des Synstylae de la Chine et du Japon, car, d’après cette synonymie, il comprend, sous le nom de À. Luciae, quatre types spécifiques distinets et probablement un hybride. Ces quatre types sont les R. Wichuriana Crép., R. Luciae Franch. et Rochebr., R. tunquinensis Crép. et R. moschata Herrm. L'hybride probable est le R. Maxi- mowicziana Reg. Il est vraiment regrettable qu’un recueil aussi important que le Botanical Magazine soit venu rejeter la confusion dans un groupe d'espèces que de longues recherches avaient permis d’élucider d'une façon sinon complète du moins satisfaisante (1), Parmi les Synstylae, les R. sempervirens et R. arvensis paraissent être les seuls types dont l’inflorescence soit assez souvent uniflore. Dans les autres espèces, à part peut-être le R. Luciae, les inflorescences uniflores ne se présentent qu'à l’état d'exception par suite d'avortement où d'appau- vrissement. Le R. Soulieana Crép. est une nouvelle espèce de la Chine qui sera prochainement décrite. SECcT. Indicae. Le R. indica Lindl. n’est guère connu que par des (1) L'auteur de l’article ne paraît pas avoir pris connaissance de mes études sur les Rosae Synstylae, publiées dans le t, XXV du Bulletin, 2e partie, pp. 163-217. 52 variétés cultivées ou subspontanées; ce n’est qu’assez récemment qu'on parait l'avoir observé à l’état spontané. Les spécimens de la plante spontanée envoyés en Europe sont très rares dans les herbiers et ce que j’en ai vu ne m’a point permis de me rendre bien compte de l’iaflorescence de celte espèce à l’état sauvage. Son inflorescence est-elle habituellement pluriflore, comme c’est le cas fréquent dans les variétés cultivées? Ou bien est-elle souvent uniflore? Une longue culture a pu amener une modification impor- tante dans l’inflorescence de ce type et c'est pourquoi je n'ose établir une statistique florale sur des matériaux de culture. Un autre point important à résoudre est celui de savoir si, à l’état sauvage, le R. indica possède la faculté si curieuse de remonter, c'est-à-dire d’avoir une floraison ininterrompue. Cette faculté que possède la plante cultivée et qui lui est exclusive dans le genre, serait-elle le résultat d'une très longue culture ? Le R. gigantea Collett me semble bien appartenir à la section Indicae. Ses inflorescences paraissent être presque toujours uniflores. Aurait-il, comme le R. indica des cultures, la faculté de remonter ? En terminant l'exposition des faits amenés par le dénom- brement des inflorescences d’une masse considérable de ramuscules florifères ou fructifères, je me demande si je ne me suis pas livré à des recherches assez vaines et sans grande valeur. Je sais combien souvent les statistiques sont trompeuses et qu’on doit, en général, être très défiant à leur égard. Mais il me parait, dans ce cas-ci, qu'on peut attacher une certaine importance aux résultats que j'ai exposés. D9 Il reste maintenant à contrôler ces résultats par des observations sur le vif. Je recommanderai aux spécialistes que ces recherches pourraient intéresser, de noter avec soin la composition des inflorescences d’un certain nombre de buissons de chaque espèce ou de chaque variété, de rechercher dans quelles parties des buissons les inflorescences sont plus pauciflores ou plus pluriflores, de voir si le nanisme ou le géantisme des buissons n'influe pas sur la composition des inflorescences, si l'exposition à une vive lumière ou une exposition ombragée r’influe pas, à son tour, sur le nombre des fleurs. Sur les spécimens fructifères que j'ai dénombrés en herbier, j’ai assurément rencontré d’assez nombreuses frutescences dans lesquelles il y avait eu des cas d’avor- tement et de chute de jeunes fruits n'ayant laissé aucune trace bien apparente. Il en sera résulté que certaines inflorescences pluriflores auront passé pour uni- flores. C’est ce que fait prévoir que les observations sur Île vif majoreront plus ou moins la proportion des inflores- cences pluriflores. M. Marcel Poucet, droguiste à l'hôpital de Molenbeek- St-Jean, présenté par MM. Th. Durand et Crépin, demande à faire partie de la Société. La séance est levée à 9 heures. Mer NA WU caen | | arte ‘AN 21. Le AMENER Lei le MNT mir: L: 44e qu k il te Vol | uYE se 4) see mr Rat fau Uri ni 0” HA QT 0 DRE ALL EC VEUT ME | 4 DE "40: TT1 14 RATES TR V4 ab RAR UITE LE " ver ji vi "0 Let 221 , + — MT A MEXLI nas Un itun PO rie FU AR (URL COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. 2660420 — Assemblée générale du 5 mai 1895. ANNÉE 1895. PRÉSIDENCE DE M. LE D' Vam BAMBEKE. La séance est ouverte à 2,50 heures. Sont présents : Aigret, Bommer, L. Coomans, V. Coomans, Delogne, Dens, De Wildeman, Dupré, Th. Durand, Goffart, Me Houbion, D' Lebrun, Lochenies, Massart, Matagne, Nypels, Poucet, Troch, Van Bambeke, Van Nerom, Vanpé et Vindevogel ; Crépin, secrétaire. MM. Baguet, Errera et Rodigas font excuser leur absence. Le procès-verbal de la séance générale du 2 décembre 1894 est approuvé. M. le Secrétaire analyse la correspondance. M. le Président félicite M. Massart de son retour en 6 06 Europe. Comme on le sait, ce savant avait fait un voyage à l'ile de Java pour y faire des études au laboratoire du Jardin botanique de Buitenzorg. M. le Président rappelle à l’assemblée la mort assez récente de M. Bommer, conservateur au Jardin botanique et professeur à l’Université libre et signale les principaux travaux de ce botaniste. M. le Président annonce que M. Ém. De Wildeman a obtenu le prix Crépin pour sa Flore des Alques de Belgique. C'est sur les rapports favorables de MM. Errera, Gravis et Van Bambeke que ce prix lui est décerné (Applaudisse- ments). M. le Secrétaire analyse un nouveau fascicule des Musci exotici de MM. Renauld et Cardot. L'impression de ce travail est votée. M. Th. Durand expose quelques faits intéressants concernant la distribution des plantes dans l'État indé- pendant du Congo. Ces faits seront relatés dans la préface de sa Florule du Congo qui vient d'être soumise au Jugement de l’Académie. M. Massart annonce un travail sur la végétation de l'ile de Java. 07 M. Crépin analyse une notice sur les Roses du Japon. MUSCI EXOTICI NOVI VEL MINUS COGNITI, a F, Renauzn et J. Carpor descripti. VII. Anoectangium Stevensii Ren. et Card. — Dioicum. Densiuscule caespitosum, rufo-viride. Caulis erectus, 10-12 mill. longus, dichotome ramosus et e basi plerumque ramulos plures patulos emittens. Folia madida erecto-patentia, sicca crispula vage subsecunda, anguste lineari-ligulata, 1-1,75 mill. longa, apice acuminata, carinata, nervo concolori dorso minute papilloso breviter excurrente ceuspidata, integra, marginibus undique planis, papillis prominulis magno augmento subtiliter crenulatis ; cellulis subrotundis parvis, dense papillosis, obscuris, inferioribus majoribus, distinctis, laevibus, oblongis, rectangulis vel quadratis, parietibus inerassatis. Folia perichaetialia externa late et breviter ovata, subito constricta, acuminala, intima e basi oblonga vaginante longiuscule acuminata, costa angusta percurrente, rete lineari, laevi. Capsula in pedicello tenuissimo, 7-10 mill, longo, erecta, minuta, pallide fusca, oblonga, basi attenuata, ore haud dilatata; opereulo ignoto. Planta maseula femineae similis, floribus minutis, medium versus caulis aggregatis, antheridiis paucis. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). L’A. crispulum Wils. (A. Thomsoni Mitt.) diffère de notre espèce par ses dimensions plus fortes, ses feuilles lancéolées et sa capsule ovale, dilatée à l’orifice; l’A, clarum Mitt,, qui s’en rapproche davantage par le 58 port, s’en éloigne également par ses feuilles lancéolées, et en outre par son tissu translucide, moins papilieux. Leucoloma Therioti Ren. et Card. — Depresse caespitosum, viride. Caulis inferne procumbens, superne ascendens, gracilis, flexuosus, dichotomus, 5-6 cent. lon- gus. Folia laxe subdisticho-homomalla, apice secunda, sicca flexuosa, facile decidua, 5-5 mill. longa, e basi lanceolata sensim subulata, marginibus integerrimis valde inflexis canaliculata, apice parce denticulata, nervo an- gusto pereurrente vel breviter excurrente, dorso papilloso; ccllulis inferioribus juxta costam oblongis, margines versus sensim longioribus, superioribus quadratis vel bre- viter ovatis, grosse papillosis, limbo hyalino membrana- ceo angustissimo ex 1-2 seriebus cellularum perangusta- rum composilo, usque ad apicem plerumque continuo, cellulis alaribus quadratis fuscis, exterioribus saepe hyalinis. Caetera desunt. Hab. Brésil : St-Vincent près Santos (Horeau; herb, Thériot). Le L. triforme (Mitt.) paraît assez voisin de notre espèce, mais en diffère, d’après la description qu’en donne l’auteur, par le tissu formé, vers le milieu de la feuille, de petites cellules obscures, nettement distinctes des cellules submarginales, qui sont disposées de chaque côté en une vingtaine de séries environet par le limbe hyalin disparaissant loin du sommet. Dans le L. Therioti, le tissu de la partie inférieure de la feuille est, au contraire, assez homogène, la longueur des cellules augmentant seulement d’une facon graduelle et insensible, en allant de la nervure vers les bords, et le limbe hyalin, bien que très étroit, reste généralement distinct jusque dans le voisinage de la pointe. Le Z. serrulatum Brid. a les feuilles plus longuement et plus finement subulées que le L. Therioti, et les celluies juxtacostales nettement différenciées du reste du tissu de la partie inférieure de la feuille. Leucoloma Talazaccii Ren. et Card. — 4. L. Cre- pini Ren. et Card. proximo, differt foliis Zongioribus et n9 paululum angustioribus, summo apice denticulatis, cellulis alaribus parietibus valde incrassatis, rete basilari laxiore, cellulis oblongis, rhombeis composito, cellulisque chloro- phyllosis majoribus, quadratis. Hab. Madagascar : Ambondromba, specimina perpauca (rev. Talazac). Dans le L. Crepini Ren. et Card. de Maurice, les feuilles sont entières, les cellules alaires plus petites, à parois non épaissies, les cellules basi- laires linéaires jusqu’à la base, formant un tissu serré, blanchâtre- scarieux, à cellules peu distinetes ; les cellules de la partie chlorophylleuse sont aussi plus petites, irrégulières, oblongues. Campylopus subfragilis Ren. et Card. — Humilis, dense caespitosus, sordide viridis. Caulis divisus, parce tomentosus 10-15 mill. longus. Folia madida erecto- patentia, sicca stricta vix subflexuosa, facillime decidua, e basi oblongo-lanceolata sensim angustata, sat longe subu- lata, canaliculata, superne parce denticulata; costa lata, 1/2 vel 2/5 basis et totam fere subulam occupante, dorso laevi, in sectione transversali e 3 stratis cellularum compo- sita, quorum 2 internis, cellulis magnis, inanibus, et uno dorsali cellulis parvis formatis, stereidis nullis, cellulis inferioribus laxis, pellucidis, oblongis, auriculas haud efformantibus, caeteris rectangulis vel quadratis. — Caetera ignota. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Diffère du C. fragilis BS. d'Europe, par ses feuilles moins denses, à subule plus longue et par l’absence de stéréides dans la nervure. Campylopus pseudo-bicolor C. Müll. in herb. Boswell. — {fabitu C. Boryano Besch. sat similis. Caulis erectus, 2,50-5 cent. longus, inferne fuscus, superne lutescenti-viridis. Folia sicca stricta, erecta, lanceolata, 60 crasse et breviter subulata, integra, tantum summo apice parcissime denticulata; costa latissima, 2/3 folii basis occupante, dorso sublamellosa, in sectione transversali e 9-4 stratis cellularum composita, quorum ventrali e cellulis laxis magnis quadrangulis formato, caeteris mino- ribus, incrassatis, rotundatis, stereidis intermixtis ; cellu- lis basilaribus laxis, rectangulo-subhexagonis, pellueidis, costam versus flavidis, auriculas distinctas haud efforman- tibus, suprabasalibus elongate rectangulis, caeteris parvis oblongis, oblique seriatis. Caetera desunt. Hab. Madagascar, sine loco (herb. Boswell). Bien distinct du C. bicolor (Hsch.) d'Australie et de Tasmanie, qui a les feuilles obtuses et les cellules moyennes allongées, en séries droites. Se rapproche aussi du C. Boryanus Besch., de Bourbon, mais a les feuilles et la nervure bien plus larges, l’acumen plus court et plus épais et les cellules moyennes plus petites, plus courtes et plus nombreuses. La nervure en coupe transversale est analogue à celle du C. Boryanus. Hyophila perannulata Ren. et Card. — Dioica. Humilis, gregarie caespitosa, fusco-viridis. Caulis brevis, simplex, 3-4 mill. longus. Folia madida patentia, sicca crispata, inferiora parva, superiora sensim majora, 2-2,50 mill. longa, supra basin constricta et anguste subspa- thulato-ligulata, acuminata, integerrima, marginibus undique planis, magno augmento cellulis prominulis minutissime crenulatis, costa siccitate dorso albida, usque ad apicem producta vel subexcurrente ; cellulis inferioribus laxis, pellucidis, rectangule oblongis, sequentibus qua- dratis, caeteris minutis, rotundatis, obscuris. Folia perichaetialia e basi vaginante laxius reticulata, sensim et longius acuminata. Capsula in pedicello tenui pallido, circa 12 mill. longo, erecta, anguste cylindrica (2 mill. longa, vix 0,30 mill. crassa), saepe curvula, fusca, ore 61 constricta, operculo minimo convexo, abrupte minute rostralo. Annulus latissimus, e 6-8 seriebus cellularum compositus. Calyptra angusta, longe fissa, torta, demum capsulam spiraliter circumvolvens. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Bien distinct des Æ. cylindrica et involuta (Hook.) du Népaul, par ses feuilles étroites, non involutées, sa capsuie plus étroite, la forme de l’opercule et la largeur extraordinaire de l’anneau. Philonotis obtusata C. Müll. in herb. — A Ph. sparsifolia Hpe habitu et colore simillima, diftert folliis plerumque angustioribus, obtusis, nervo sub apice evanido, rete saepius laxiore. Hab. Madagascar : Ambositra (rev. Soula). Acl. Borgen quoque collecta. “ Le Ph. oblusata semble ne représenter qu’un état à feuilles plus obtuses et à tissu généralement plus lâche du PA. sparsifolia Hpe. Cette dernière espèce, trouvée d’abord dans l’Imerina par Borgen, nous a été envoyée de la même région, entre Tananarive et Betafo, par le rev. Causséque, et d’Ambositra, pays des Betsileo, par le rev. Soula. Elle forme de petites touffes d’un roux sale, les rameaux, épaissis au sommet, sont obtus, les feuilles un peu espacées, dressées, non flexueuses, ce qui lui donne un port bien distinct de celui des espèces voisines. Le tissu est lâche, formé de cellules courtes, tronquées, carrées ou brièvement rectangulaires, à parois assez épaisses; les dents des marges sont courtes et obtuses, la nervure forte atteint le sommet ou le dépasse brièvement en une pointe courte, souvent subobtuse. Brachymenium appressifolium Ren. et Card. — Dense caespitosum, sordide lutescenti-viride. Caulis humilis, erectus, parce divisus, circa 5 mill. longus. Folia conferta, madida et sicca appressa, 1,50-2 mill. longa, e basi paulo dilatata lanceolata, sensim et longe acumi- nata, marginibus integris e basi ad apicem usque revolutis, 62 costa sat tenui, in cuspidem integram vel parce denticula- tam exeurrente; cellulis rhomboïdali-elongatis, basilaribus fuscis, laxioribus, quadratis vel subrotundis.Caetera desunt. Hab. India orientalis : Sikkim, Kurseong (rev. L. Stevens). Se rapproche par le port des B. pendulum Mont. et B. rugosum C. Müll, mais se distingue de ces deux espèces par ses feuilles plus longuement acuminées et sa nervure bien moins forte. Bryum pseudo-alpinum Ren. et Card. — B. alpi- no habitu simillimum, a quo differt foliis e basi ad apicem usque arcle revolutis, costa viridi vel lutescente (nec rubente) longius excurrente, rete paulo laxiore, capsula badia, tantum aetate atrata, collo breviore, operculoque mamillato, obtuse apiculato. Hab. India orientalis : Sikkim (J. D. Hooker, n° 456). Kurseong (rev. L. Stevens). Espèce bien distincte du B. alpinum L., avec lequel M. Mitten paraît l'avoir confondue; du moins le n° 436 de J. D. Hooker figurant dans notre collection et étiqueté B. alpinum d’après les Musci Indiae orientalis p. 70, est potre B. pseudo-alpinum ; nous ignorons s’il en est de même de tous les autres échantillons du Sikkim qui ont élé attribués au B. alpinum. Bryum gracilescens C. Müll. var. duplicatum Ren. et Card. — A forma typica differt statura duplo robustiore, foliis majoribus, 6-8 mill. longis, nervoque pro magnitudine folii tenuiore. Sterile. Hab. Brésil : St-Vincent près Santos(Horeau; ex. herb. Thériot). A part leur taille plus robuste et leur nervure proportionnellement un peu plus mince, ces magnifiques spécimens ne présentent aucune autre différence appréciable à l’égard du B. gracilescens, dont on ne pourrait les séparer que si leur fructification, qui fait malheureusement défaut, présentait d’autres caractères distinctifs, 63 Mnium rhynchophorum Hock. var. minutum Ren. et Card. —— A forma typica statura mullo minore, caulibus 1,50-2 cent. longis, pedicellis numerosioribus aggregatis brevioribus, circa 15 mill. longis, et capsula parva, breviore, 1,75-2 mill. longa, primo visu distinc- tum. Nervo nunc percurrente, nunc sat longe ab apice evanido. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Atrichum pallidum Ren. et Card. — Dioicum. Laxe caespitosum, viride. Caulis simplex, erectus, 1-2 cent longus. Folia madida patentia, sicea cirrato-crispata et valde undulata, longe lineari-ligulata, 5-7,50 mill. longa, acuta vel subobtusa, dorso dentibus numerosis praedita, anguste marginata, limbo ex 1-2 cellulis angustis formato, basi integro, caeterum dentibus acutis saepe geminatis argute serrato, costa intus 4-5 lamellis et dorso superne dentibus nonnullis validis ornata, infra summum apicem evanida; cellulis basilaribus subrectangulis, caeteris hexagonis. Folia perichaetialia longiora et angustiora, acuminata. Capsulae in pedicellis pallide stramineis saepe geminatis, 15-18 mill. longis, erectae inclinataeve, anguste cylindricae, curvulae, pallidae, 4-5 mill. longae et vix 0,65 mill. crassae ; operculo basi convexa subulato, cirea 2 mill. longo. Peristomii dentes anguste lineari, medio rubescentes, marginibus pallidi. Calyptra apice ciliato-hirtella. Planta maseula ignota. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Diffère de l’A. flavisetum Mitt., de la même région, par sa capsule plus étroite et plus allongée, par son pédicelle encore plus pâle et par ses feuilles pourvues sur le dos de nombreuses dents disposées en lignes sur 64 les plis transversaux. M. Mitten attribue à l’A. flavisetum une inflores- cence monoïque; mais je dois dire que les échantillons de cette espèce que j’ai pu examiner me semblent dioiques. Quant à l’4. obtusulum (C. Müll.), dont nous possédons un échantillon du Kashmir, communiqué par notre ami M. Brotherus, il se distingue facilement de l'A. pallidum Ren. et Card., d’après cet échantillon, par sa capsule plus petite et plus courte, son pédicelle moins pâle, son opercule à peu près aussi long que la capsule et sa coiffe lisse au sommet. Pogonatum leucopogon Ren. et Card. — Dioicum. Laxe caespitosum, fusco-viride. Caulis erectus, 8-4 cent. longus, simplex, laxiuscule foliosus, basi tomentosus. Folia humida erecto-patentia, sicca erecto-ineurva, 5 mill. longa, e basi latioremembranacea integra, lineari-lanceolata, subacuta, margine membranaceo angusto, e medio grosse serrato, costa dorso apicem versus dentata, lamellis 45-50, in sectione transversali e 5-7 cellulis compositis, cellula marginali paululum dilatata, superne truncata vel lenis- sime emarginata. Folia perichaetialia basi subvaginante longiore. Capsula in pedicello pallide rubello, 25-50 mill. longo, erecta inclinatave, subeylindrica, 3-4 mill. longa, haud plicata, vaïde et dense papillosa, sicea sub ore dila- tato contracta,operculo madore convexo, siccitate depresso, oblique rostrato. Peristomii dentes coriacei, breves, late obtusi, truncati, medio rufescentes, marginibus scarioso lutescentes. Calyptra totam capsulam obtegens, nivea. Sporae viridi-lutescentes, laeves. Planta maseula femineis intermixta et similis, semel prolifer. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). A peu près identique par le port au P. Junghuhnianum var. sikkimense Ren. et Card., mais en diffère par sa capsule dépourvue de plis et sa coiffe entièrement blanche. 65 Pogonatum Stevensii Ren. et Card. — Dioicum. Laxe caespitosum, inferne fuseum, superne viride, Caulis erectus, 1,50-2 cent. longus, simplex, fere e basi foliosus, inferne tomento pallido obtectus. Folia laxius- cula, madore erecto-patentia, apice incurva, siccitate erecto-flexuosa, crispata, 5-7 mill. longa, supra basin brevem parum dilatatam integram paulo constricta, linearia, acuta, margine membranaceo angusto e medio grosse et argute serrato, costa dorso apicem versus den- tata, lamellis 40-50, in sectione transversali e 6 cellulis compositis, cellula marginali haud vel vix majore, qua- drata. Folia perichaetialia basi membranacea subvaginante 1/2 vel 3/4 folii occupante, angustiora, minus serrata. Capsula in pedicello pallide fusco, breviusculo, 12-20 mill. longo, erecta inclinatave, oblongo-subeylindrica, aequalis vel paulo asymmetrica, 3-4 mill. longa, haud plicata, papillosa, sicca sub ore dilatato constricta, operculo convexo-depresso, rostrato. Peristomii dentes coriacei, obtusi, medio rufescentes, marginibus scarioso-lutescentes. Calyptra pallide fusca. Sporae virides, laeves. Planta mascula femineis intermixta, foliis brevioribus. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Diffère du P, leucopogon Ren. et Card, par ses tiges plus courtes, ses feuilles plus grandes, son pédicelle plus court, son opercule déprimé, même à l’état humide, et sa coiffe d’un roux pâle. Pogonatum Junghuhnianum Doz. et MIkb. var. sikkimense Ren. et Card. — A forma typica javanica differt habitu paulo elatiore, foliisque majoribus, magis serralis, siccitate subcrispalis. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). 66 A part les caractères très légers que nous venons de signaler, les échantillons récoltés par le rev. Stevens concordent si exactement avec la description et les figures du PR. Junghuwhnianum Doz. et MIkb., de Java, ainsi qu'avec un brin de cette espèce communiqué par M. Bescherelle, qu’il nous semble impossible de les en séparer. Lepyrodon (?) perplexus Ren. et Card. — Dioicus ? Lurido-fuscescens. Caulis repens, parce radicu- losus, fasciculatim ramosus, ramis crassis, julaceis, brevi- bus, obtusis, ascendentibus. Folia 1,50-2 mill. longa, imbricata, concava, late ovato-oblonga, in acumen breviu- sculum acutum subito constricta vel subapiculata, obsolete binervia, integerrima, marginibus anguste revolutis; cellulis linearibus angustis, laevibus, flavescentibus, alari- bus sat numerosis, quadiatis, parietibus fuscis, auriculas convexas bene limitatas sistentibus. Folia perichaetialia erecta, lineari-lanceolata, sensim et longe attenuata, inte- gerrima, nervis tenuibus, plerumque plus minus coalitis, ad medium produetis. Pedicelli (vetusti) pallide rubelli, laeves. Caetera desunt. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Nous classons provisoirement cette Mousse dans le genre Lepyrodon, en raison des analogies évidentes qu’elle présente avec le Z. rufescens (Hsch. et Reinw.) de Java. Elle a aussi des points de ressemblance avec les Myurium, qui nous semblent, d’ailleurs, bien voisins des Lepyrodon. Quoiqu’il en soit, on ne sera fixé à l’égard de notre Mousse que lorsqu'on aura pu étudier sa capsule. A ne considérer que le système végétatif, elle diffère du L, rufescens (Hsch. et Reinw.) par sa taille plus faible, ses feuilles moins longuement acuminées, entières et révolutées aux bords et ses cellules alaires plus nombreuses et plus foncées. Leucodoniopsis Horeana Ren. et Card. — L. plica- tae Ren. et Card. costaricensi paraffinis, tamen ramis gracilivribus, folis minoribus margine planis vel parce 67 revolutis, parum plicatis cellulisque angularibus paulo majoribus plerumque fuscis diversa. Hab. Brésil : St Vincent près Santos (Horeau ; ex. hb. Thériot. Specimina pauca sterilia). DIAPHANODON Ren. et Card. gen. nov. Habitus thuidioideus. Folia papillosa, costata, caulina et ramea heteromorpha. Vaginula glabra. Calyptra cucullata, nuda. Capsula breviter exserta, globosa, exannulata. Peris- tomium duplex; exostomit dentes 16, pallidi, pellucidi; endostomium e 16 ciliis tenerrimis cum dentibus alter- nantibus compositum. Diaphanodon thuidioides Ren. et Card. — Planta elegantula, lutescenti-viridis, habitu perfecte thuidioideo. Caulis divisus, ascendens, bipinnatus, 2-3 cent. longus, ramis ramulisque filiformibus, siccitate curvatis. Folia caulina erecta, ovato-deltoidea, sat subito cuspidato-acu- minata, 0,80-1,10 mill. longa, marginibus crenulatis, hic illic late revolutis, in acumine subserrulatis, costa infra apicem evanida, ccllulis pachydermicis :oblongis, utraque pagina papilla singula acute prominente instructis, alaribus numerosis, irregulariter quadratis, laevibus. Folia ramea minuta (0,30-0,50 mill. longa), madida erecto-patentia, sicca imbricata, e basi late cordato- ovata, late et breviter acuminata, toto fere ambitu serru- lata, margine inferne recurvo, costa in acumine evanida, cellulis breviter oblongis vel subrotundis, pachydermicis acute papillosis, inferioribus paulo longioribus, alaribus quadratis. Folia ramulina minima, vix 0.25 mill. longa, caeterum rameis similia. Folia perichaetialia oblongo- lanceolata, laxe et pallide reticulata, integra, in acumen . Æ “ ke 68 angustum subulatum, integrum vel subserrulatum pro- ducta, costa medium versus desinente, cellulis oblongis, laevibus, plerisque inanibus hyalinis. Capsula in pedicello laevi, 2-2,50 mill. longo, brevissime exserta, in ramulis condita, perfecte globosa, leptoderma, pallida, laevis, 1-1,15 mill. crassa, operculo breviter curvirostro. Peris- tomium externum humore conicum, sat elatum, fragile, dentibus infra orificium oriundis, laevibus vel superne vix granulosis, pallide flavidis, maxime pellucidis, subu- latis, intus tenere trabeculatis, apicem versus in linea divisurali lacunosis, subperforatis; peristomium internum e membrana tenuissima in 16 ciliis tenerrimis cum dentibus alternantibus dissoluta compositum. Calyptra cucullata, parva, glabra, laevis. Dioicum videtur (floribus maseulis ignotis). Hab. India orientalis : Boutan (Determes ; comm. fr. Héribaud). Cette singulière Mousse, qui joint aux caractères végétatifs des Thui- dium une capsule brièvement exserte, rappelant par sa forme et par la structure de son péristome celle du Trachypus procumbens (C. Müll) Mitt., devra probablement constituer une tribu distincte, à côté des Pilotrichellées. Les dents de l’exostome sont très transparentes et à peu près lisses, de sorte que, bien que fort minces, les trabécules de la face interne s’aperçoivent très distinctement à travers les plaques dorsales. Celles-ci présentent, dans le haut des dents, des écartements plus ou moins prononcés sur la ligne divisurale, ce qui, en raison de la trans- parence des plaques ventrales, fait paraître la partie supérieure des dents perforée. L’endostome est réduit à 16 cils extrémement fragiles, alter- nant avec les dents, et présentant une ligne médiane, avec barres trans- versales et une bordure hyaline, de largeur variable; ces cils paraissent être les débris d'une membrane incomplètement résorbée, — Le mode de ramification et d'innovation, le dimorphisme et le tissu des feuilles sont absolument ceux des Thuidium ; mais la tige est dépourvue de paraphylles. En somme, malgré les caractères qui la rapprochent des Thuidium, cette 69 mousse, par l’organisation de son sporogone, se relie plus étroitement et plus naturellement aux Papillaria. Papillaria chloronema C. Müll. in litt. — KFlavo- fuscescens, interdum fusco-viridis. Caulis pendulus, elon- gatus, mollis, gracilis, flexuosus, remote et irregulariter, pinnatus, ramis patulis inaequalibus, simplieibus, laxe foliosis. Folia laxe erecto-patentia, cordato-lanceolata, in acumen longissimum, angustum, flexuosum, superne piliforme constricta, marginibus planis, minute et remote serrulatis, papillosis, costa tenui, pallida, ultra medium evanida, rete obscuro, cellulis linearibus angustis, papillis minutis, rotundatis densissime obtectis, inferioribus laxiusculis, pellucidis, costam versus laevibus, alaribus paucis, brevibus, fuscescentibus. Caetera desunt. Hab. India orientalis : Boutan (Determes, comm. fr. Héribaud). Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Cette espèce, qui paraît assez variable quant à la taille, rappelle par sa coloration le P. aurea (Griff.) de la même région, mais en diffère par ses feuilles cordées-lancéolées et non hastées, moins fortement dentées et terminées par un acumen plus fin et plus long, piliforme, flexueux. Elle est aussi très voisine de l’espèce suivante, mais s’en distingue par ses feuilles un peu contractées vers l’acumen (celui-ei plus fin et plus allongé), moins fortement dentées, dépourvues de bordure translucide et par son tissu basilaire plus lâche et moins papilleux. Papillaria chrysonema C. Müll. in litt — Inter P. auream (Griff.) et P. chloronemam C. Müll. medium tenens; differt ab illa foliis cordato-lanceolatis, minus argule serratis, longe flexuoso- et subpiliformi-acuminatis; ab hac, foliis sensim attenuatis, magis serratis, anguste hyaline marginatis, acumine minus piliformi et cellulis subuniformibus, usque ad basin papillis obseuratis. Hab. India orientalis : Boutan (Determes, comm. fr, Héribaud. Specimina sterilia). 70 « Papillaria leptonema C. Müll. in litt. — À P. aurea (Griff.) proxima, differt habitu graciliore, colore lutescenti- viride, foliis minoribus, minus serratis, longius et stricte piliformi-acuminatis, cellulisque in dimidio inferiore laxiusculis, oblongis, minus papillosis et inde distinctio- ribus. Hab. India orientalis : Boutan (Determes; comm. fr. Héribaud. Specimina sterilia). Papillaria (Floribundaria) Walkeri Ren. et Card. — Tenella, plumulosa, laete viridis. Caulis pendulus, circa 10 cent. longus, parce ramosus. Folia distiche patentia, minima, 0,50-0,75 mill. longa, lanceolata, sensim et longe acuminato-subulata, marginibus planis, papillis acute et valde prominentibus denticulatis; costa pertenui, brevi, interdum obsoleta ; cellulis viridibus, linearibus, papillis creberrimis biseriatis obsitis, obscuris, basilaribus paucis, laxioribus, oblongis, laevibus. Caetera ignota. Hab. India orientalis : Sikkim, Edentale, inter Kur- seong et Darjeeling, ad arbores (A. Walker; hb. de Poli). Cette jolie petite espèce se distingue facilement du P. floribunda (Doz. et Mikb., de Java et de Sumatra, et des espèces voisines, par son port beaucoup plus grêle, par ses feuilles de moitié plus petites, à nervure plus faible et plus courte, parfois nulle, par les marges foliaires hérissées par les saillies aiguës des papilles, plutôt que vraiment denticulées, et enfin par les papilles généralement disposées sur chaque cellule en deux séries longitudinales. Pilotrichella debilinervis Ren. et Card. — P. longinervi Ren. et Card. madagascariensi proxima ; à qua differt habitu haud porotrichoideo, caulibus secundariis non stipilalis, irregulariter ramosis, nec bi-tripinnatis, foliis caulinis dimidio minoribus, paululum latioribus quam rameis, caelerum similibus, denique costa tenuissima, 71 parum distincla, quamvis usque infra apicem producta. — Folia fere e basi obsolete denticulata, auriculis rotundatis, convexis, coloratis, in foliis caulinis, minus distinetis in rameis. Flores feminei foliolis oblongo-lanceolatis, acumi- natis, denticulatis, obsolete costatis vel subecostatis ; arche- goniis 15-20, paraphysibus longioribus intermixtis. Caetera desunt. Hab. Bourbon : Salazie, in sylva « de Belouze » dicta (Chauvet ; hb. de Poli). Meteorium rigens Ren. et Card. — Lutescenti- viride, rigidum. Caulis primarius repens, stoloniformis, secundarius pinnatus et parce bipinnatus, 4-6 cent. longus, ramis patentibus obtusis. Folia patentia, nitida, firma, caulina latissime cordata, breviter acuminata, 2-2,50 mill. longa, 1,50-1,75 mill. lata, marginibus planis basi inte- gris, caeterum denticulatis, inferiora nervis binis brevibus, superiora nervo tenui paulo ultra medium evanido ins- tructa ; folia ramea minora, 1,50-1,75 mill. longa, basi auriculis magnis amplectentia, late cordato-ovata, brevius- cule et acute acuminala, serrata, costa tenui, medium versus vel paulo ultra evanida; cellulis linearibus, laevibus, chlorophyllo repletis, alaribus paucis, abbreviatis incrassa- tis fuscis. Caetera ignota. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Le M. cordatum Mitt. qui parait être l’espèce ayant le plus de rapports avec notre Mousse, s’en distingue facilement, d’après un fragment du n° 72% de Hooker et Thomson que nous devons à l’obligeance de M. Bescherelle (1), par ses dimensions beaucoup plus faibles, ses feuilles (1) C’est avee la plus grande libéralité et une complaisance sans bornes que cet illustre bryologue nous communique les types manquant à nos 7 72 caulinaires de forme différente, plus longuement acuminées, ses feuilles raméales plus fortement et irrégulièrement dentées, à acumen plus court, à nervure beaucoup plus épaisse,s’avançant jusque sous la pointe, et enfin par son tissu formé de cellules plus courtes. Meteorium Stevensii Ren. et Card. — Fuscescens vel lutescenti-viride. Caulis secundarius pendulus, gracilis, flexuosus, laxe foliosus, ramis remotis, brevibus, patulis. Folia caulina appressa, ramea divergentia, nitida, 3-3,50 mill. longa, e basi cordata-ovala sensim attenuata, longissime et piliformi-acuminata, saepe effracta, plica- tula, marginibus planis denticulatis, costa ultra medium producta, cellulis longe et anguste linearibus, flexuosis, dorso papillis minimis sparsis praeditis, alaribus subqua- dratis, auriculas inflatas sistentibus. Caetera desunt. Hab. Andia orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Parait assez voisin du M. javanicum Doz. et MIkb., que nous ne connaissons que par la description et la pl. CCIIT du Bryologia javanica, mais en diffère certainement par ses feuilles plus larges à la base et pour- vues de petites oreillettes distinctes. Meteorium ancistrodes Ren. et Card. — Lutescens vel lutescenti-viride. Caulis parce radiculosus, flexuosus, irregulariter pinnatus, ramis brevibus, patulis. Folia flexuoso-patula, saepe reflexa, nitidula, e basi late cor- dato-ovata, longe et anguste acuminata, 2,50-2,50 mill. longa, marginibus planis, basi integris vel subintegris, caeterum denticulatis, acumine dentibus patulis, plerum- que hamalo-recurvis praedito, costa tenui ultra medium evanida, cellulis angustis, linearibus, 1-5-papillatis, collections et sans lesquels il nous serait, dans certains cas, bien difficile d’assurer nos déterminations. Nous sommes heureux de lui en témoigner ici toute notre gratitude. 75 alaribus paucis, laxiusculis, subrectangulis. Caetera desunt. Hab. India orientalis : Boutan (Determes; comm. fr. Héribaud). Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Voisin de M. reclinatum G. Müll. des Nilgherris et de Ceylan; en dif- fère par l’acumen des feuilles presque toujours pourvu de grandes dents étalées et la plupart recourbées en crochet. Ce caractère rapproche notre espèce du M. retrorsum Mitt. de Ceylan, mais celui-ci a un tissu très différent, formé de cellules beaucoup plus courtes, à papilles plus grosses, et les feuilles beaucoup plus fortement dentées presque dès la base. Neckera (Urocladium) camptoclada Ren. et Card. in Bull. de l'herb. Boissier, t. IX, p. 240. — Dioica. Pendula, mollis, fuscescens vel viridis. Caulis 8-15 cent. longus, flaccidus, flexuosus, irregulariter pinnatus et parce bipinnatus, ramis patulis vix complanatis, obtusis vel parum attenuatis, siccitate curvato-circinatis. Folia patenti-imbricata, vix compressa, caviuscula, siceitate subundulata, e basi asymmetrica decurrente ovato- lingulata, latissime et obtuse acuminata vel rotundata, integerrima, marginibus basin versus reflexis, costa tenui ultra medium evanida; cellulis brevibus, incrassatis, superioribus quadratis, mediis ovatis, inferioribus mar- gines versus parvis, quadralis, seriatis, obscurioribus, juxta costam majoribus, elongatis, sublinearibus. Folia perichaetialia interna magna, capsulam superantia, pallida, stricta, convoluta, oblongo-lanceolata, acuminata, integerrima, tenuicostata, lineari-reticulata. Capsula im- mersa, oblonga, brevissime pedicellata, opereulo rostrato ; vaginula paraphysibus elongatis obsita. Exostomii den- tes lutescentes, lanceolato-acuminati, granulosi, linea divisurali notati, intus alte trabeculati; endostomium valde imperfectum, e ciliis irregularibus, pallidis, fugaci- 74 bus, compositum. Calyptra longe pilosa. Planta mascula ignola. Hab. India orientalis : Népaul (Hutchins, eum fruct. ; hb. Boissier). Boutan (Determes, specim. ster.; comm. fr. Héribaud). Espèce voisine des W. uroclada Mitt. de Rangoon et W. fimbriata Harv. du Népaul. Diffère de la première par sa capsule complètement immergée et très brièvement pédicellée, ses feuilles périchétiales allongées, acumi- nées et ses feuilles caulinaires et raméales très entières, à cellules plus courtes et plus épaissies. Se distingue du À. fimbriata par son port très différent, ses rameaux circinés à l’état sec, ses feuilles entières, dont le tissu basilaire marginal est formé de nombreuses petites cellules carrées et sériées, et enfin par la nervure plus mince, disparaissant plus loin du sommet. On ne peut pas non plus confondre le NW. camptoclada avec le N. brachycluda Besch. du Yunnan, qui a un tout autre port, les feuilles plus dilatées à la base, denticulées au sommet et le tissu très différent. Leptohymenium oblongifolium Ren. et Card. — Viridis, gracilis, laxe intricatus. Caulis tenuis, elongatus, flexuosus, parce et irregulariter subpinnatus, ramis remolis, inaequalibus, altenualis, interdum flagelliferis. Folia caulina 1-1,20 mill. longa, laxe erecto-subimbricata, concava, oblonga, basi decurrentia, marginibus late inflexis integerrimis, apice brevissime et obluse aeuminato, minute crenulato vel subintegro, costa gemella vel e basi bifurcça ad 1/5 folii producta, cellulis linearibus flexuosis, alaribus paucissimis, subquadratis. Folia ramea ramulinaque minora, caeterum cçaulinis conformia. Caetera desunt. Hab. India orientalis: Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Se distingue au premier abord du L. tenue Schw. de la même région, par son port tout différent, ses tiges et ses rameaux plus grêles, plus allongés, ses feuilles plus étroites, oblongues, obtuses. Ce dernier carac- tère l’éloigne également des L. psilurum (Mitt.) et pilosulum (Mitt.), qui ont les feuilles finement acuminées. 75 Entodon scariosus Ren. et Card. — Monoicus. Depresso-caespitosus, pallide lutescens, nitidus. Caulis procumbens, vage pinnatus, complanatus. Folia compressa subhomomalla, nitida, scariosa, 1,60-2 mill. longa, basi paululum constricta, anguste lanceolata, acuminata, lateralia ala inferiore inflexa complicata, intermedia plana, marginibus remote denticulatis, planis, vel basi subrevo- lutis, nervis binis brevibus obsoletisve, rete angustissimo, cellulis {ongissimis flexuosis, alaribus plus minus nume- rosis, laxis, quadratis. Folia perichaetialia e basi vaginante in acumen tenue, flexuosum, longe subulatum, integerri- mum producta. Capsula in pedicello stramineo, 10-12 mill. longo, erecta, pallida, oblongo-cylindrica, symmetrica vel subarcuata. Peristomium opereulumque ignota. Hab. India orientalis: Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). L’E. angustifolius (Mitt.) de la même région, qui ne nous est connu que par la description, parait très voisin de l’E. scariosus, mais a, d’après M. Mitten, les feuilles très entières et les cellules alaires peu nombreuses et peu distinctes. L'E. longifolius (C. Müll.) de Bombay semble aussi diffé- rer de notre mousse par ses feuilles étalées, non comprimées et non con- tractées à la base. Entondon prorepens (Mitt.) var. leptocladus Ren. et Card. — A forma typica differt ramis numerosis confertis, tenuioribus foliisque rameis angustioribus, magis acuminatis. Hab. India orientalis: Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). : Brachythecium subfalcatum Ren. et Card. in Bull. de l’herb. Boissier, t. UT, p. 241. — Monoicum. Intricate depresso-caespitosum, lutescenti-viride. Caulis vage pinnatus, ramis brevibus obtusis subcompressis. 76 Folia laxiuscula, subdisticho-patentia et subfalcata, 1,50-1,60 mill. longa, laevia vel parce plicata, e basi cordata late ovato vel oblongo-lanceolata, acumine breviusculo plerumque curvatulo serrulato, marginibus planis subintegris vel remote et obsolete denticulatis, costa ad basin acuminis evanida, cellulis firmis angustis, linearibus, alaribus brevioribus obseuris, indistinctis. Folia perichaetialia ereeta, oblongo-lanceo- lata, cuspidata, apice parce denticulata, enervia vel obsolete costata. Capsula in pedicello omnino laevi, rubel- lo, crassiusculo, 8-12 mill. longo, horizontalis, turgide ovala, curvata, operculo breviter conico. Peristomii dentes aurantii, intus dense trabeculati; processus lutescentes, carina hyante, ciliis binis ternisve, brevioribus, saepe plus minus coalescentibus. Hab. India orientalis : « Birch forest above Näbbi village in Byans, 13000 f. Coll. J. F. Duthie. Plants of Kumaun, n° 3756 » (herb. Boissier). Cette espèce rappelle les formes robustes et lâches du B. velutinum BS., mais s’en distingue au premier abord par son pédicelle lisse. Elle ne peut pas être confondue davantage avec le B. erythrorrhizon Sch. qui est beaucoup moins robuste, avec un port tout différent et des feuilles plus longuement et plus finement acuminées et plus vivement dentées. Raphidostegium laxitextum Ren. et Card. Monoicum? Intricato-caespitosum, sordide lutescenti- viride, Caulis ascendens, basi terra arenosa obrutus, circa 3 cent. longus, ramis flaccidis, erectis, attenuatis. Folia laxa, mollia, erecto-patentia, 1,50-1,50 mill. longa, cavius- cula, late ovato-lanceolata, sat subilo acuminata, acumine acuto, remote denticulato, enervia vel obsoletissime binervia, laxe reticulata, cellulis mollibus pallidis, inani- 77 bus, latiuscule linearibus, flexuosis, basilaribus flavidis, brevibus, alaribus 3-5 magnis, vesiculiformibus, flavidis. Folia perichaetialia lanceolato-acuminata, remote denticu- lata, erecta, laxe reticulata. Capsula in pedicello purpuras- cente, flexuoso, 20-25 mill. longo, subhorizontalis vel suberecta, pro genere magna, oblongo-cylindrica, arcuata, sicca sub ore vix constricta, atro-fusca ; operculum igno- tum. Peristomii dentes elati, lutescentes, processus e mem- brana ad 1/2 dentium producta oriundi, angusti, in carina fissi, cilia 2-5, plerumque coalita. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). Cette Mousse, remarquable par son tissu très lâche pour le genre, se rapproche par la forme de sa capsule, des R. cylindricum (R. et H.) et leptocarpon (Schw.) de Java, mais se distingue au premier abord de ces deux espèces par ses feuilles ovales-lancéolées et beaucoup moins lon- guement acuminées. Microthamnium brachythecioides Ren. et Card. — Habitu Brachythecio Buchanani (Hook.) simillimum, viride-lutescens, subsericeum. Caulis ascendens, divisus, irregulariter pinnatus, 5,50-4 cent. longus, ramis erectis fastigiatis. Folia caulina erecto-patentia, hic illic subhomo- malla, 1,20-1,50 mill. longa, anguste lanceolata, siccitate plicatula, sensim et longe acuminata, acumine angusto, serrulato, marginibus planis vel parce subreflexis, remote denticulatis, nervis binis longiusculis, ad 1/3 folii vel paulo ultra productis, cellulis angustis, linearibus, flexuosis, apice distincte prominulis, basilaribus brevioribus subrec- tangulis, subobseuris, alaribus vix ullis. Folia ramea paulo brevius acuminata. Caetera desunt. Hab. India orientalis: Sikkim, Darjeeling (rev. L. Stevens). 78 Cette Mousse possède absolument le port d’un Brachythecium, mais la structure et le tissu de ses feuilles ne permettent guère de la placer ailleurs que parmi les HMicrothamnium. Hypmum hamulosum Sch. var. sikkimengse Ren. et Card. — A forma typica europaea differt acumine foliorum latiore, breviore magisque dentato et nervis distinctioribus, plerumque longioribus. Hab. India orientalis : Sikkim, Darjeeling, (rev. L. Stevens). specim. ster. L'ordre du jour appelle la discussion sur l’herborisation générale. Il est décidé que celle-ci aura lieu les 9, 10 et 11 juin dans les terrains calaminaires de Moresnet, puis aux environs de Theuven et à la Montagne St-Pierre. M. Poucet, présenté à la dernière séance, est proclamé membre effectif de la Société. La séance est levée à 3,40 heures. COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. —2680t4495— ANNÉE 1895. Séance mensuelle du 12 octobre 1896. Présinence pe M. ÉL. MaRCHAL, vice-président. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Aigret, L. Coomans, V. Coomans, De Bullemont, De Wildeman, Francotte et Massari; Crépin, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 20 avril 1895 est approuvé. M. le Secrétaire annonce la mort de MM. Babington, Baillon et Branza, membres associés de la Société. M. le Secrétaire analyse une notice de M. Tonglet, dont l'impression est votée. 80 NOTICE SUR QUINZE LICHENS NOUVEAUX POUR LA FLORE DE BELGIQUE, PAR À. TonGLer. Â. Rinodina lecauorina Mass. (Lichen ocellatus Ach.; Lecanora ocellata Nyl.). Thalle tartareux, fendillé-aréolé, d’un gris brunâtre ou noirâtre. Apothécies immergées dans les aréoles thallines, à disque plan ou légèrement convexe, noir, couronné par un rebord thallin grisätre. Spores ellipsoïdes, longues d'environ 164% et larges de 8u, d'abord incolores puis brunes, uniseptées, étranglées à la cloison, renfermées dans des thèques claviformes ou renflées. Paraphyses assez robustes, facilement séparables, articulées, épaisses et brunies au sommet. Hypothécium presque incolure. L'iode teint la gélatine hyméniale en bleu puis en rouge vineux. Sur des affleurements calcaires à Anseremme, Bou- vignes, Champalle, Dinant, Moniat et Waulsort. 2. Honaspis Prevostii Kmphb. (Lecanora Prevostii Nyl.; Aspicilia Prevostii Anzi). Thalle indiqué par une tache d'un blanc grisâtre. Apothécies difformes, plus ou moins arrondies, profondé- ment enfoncées dans le thalle, ayant un disque déprimé, couleur de chair. Spores incolores, simples, ellipsoïdes, mesurant en longueur environ 144 et 9 en largeur. Thèques cylindriques. Paraphyses cohérentes. Spermaties droites, capillaires, longues d'environ 4u et larges de 1u. L'iode bleuit la gélatine hyméniale et cette coloration passe rapidement au rouge vineux. Sur la paroi d’une saillie de roche calcaire entre Waulsort et Onhaye. 81 5. Secoliga gyalectoides Mass. (Petractis gyalectoides Kbr; Paiellaria gyalectoides Hepp; Lecidea thelo- tremoides Nyl.). Thalle mince, rugueux, d’un gris rosé sale. Apothécies très petites, urcéolées, à disque nu, déprimé, d’un rose carné, à marge épaisse, persistante, recouvrant d'abord le disque. Spores incolores, fusiformes, 7-septées, longues de 19 à 29 et larges de 5 à 7 «. Thèques claviformes- cylindriques. Paraphyses grèles, lâchement cohérentes, flexueuses. Hypothécium jaunâtre, décoloré par le chlorure de chaux. L'iode teint immédiatement la gélatine hymé- niale en rouge vineux, Sur des affleurements calcaires humides à Anseremme et à Falmignoul. 4. Biatora atrofasca Flotow (Lecidea fusca var. atrorufa Th. Fr.). Thalle formé de granulations grisätres, souvent presque nul. Apothécies d’un brun foncé à l’état humide, noires à l’état sec, convexes ou plano-convexes, à rebord persistant longtemps. Spores incolores, ellipsoïdes, simples, ayant en longueur de 11 à 13 sur 4 à 5 y de largeur. Thèques cylindriques ou étroitement claviformes. Paraphyses grè- les, cohérentes, se séparant sous l’action des réactifs. La gélatine hyméniale se colore en bleu vif par l'iode. Hypo- thécium d’un brun foncé pàlissant sous l’action du chlorure de chaux. Sur des mousses mortes dans les fentes de rochers calcaires à Anseremme, Dinant, Leffe et Moniat. 5. Biatora fascornbens Nyl. Thalle noirâtre. A pothécies convexes, immarginées, d'un brun noir à l’état sec, d’un brun rougeûtre quand on les 82 humecte. Spores incolores, ellipsoïdes, simples, mesurant de 10 à 15u en longueur et de 5 à 6 4 en largeur. Thè- ques cylindriques ou claviformes. Paraphyses cohérentes, agglutinées en haut par un épithéeium épais et brun. Hypo- thécium brun foncé. L'iode bleuit la gélatine hyméniale qui passe ensuite au rouge vineux. Sur des affleurements calcaires à Dréhance. 6. Bacidia albescens Zw. (Scoliciosporum atrosangui- neum f. albescens Arn.; Secoliga arceutina Ê albescens Stitzenb.; Lecidea chlorotica (Ach.), Nyl., Huet), Lichens de Canisy n° 181). Thalle pulvérulent-granuleux, d'un gris verdâtre. Apo- thécies pâles, presque blanches ou légèrement roussâtres, souvent confluentes et alors tuberculeuses. Spores inco- lores, souvent arquées, finement aciculaires, atténuées à une extrémité, multiseptées, ayant en longueur de 35 à 42 u sur À u en largeur. Thèques cylindriques. Para- physes agglutinées. La gélatine hyméniale par l'iode devient bleue puis rouge vineux. MM. Lochenies, Troch et moi avons trouvé cette espèce sur un vieux charme le long du sentier qui descend des campagnes de Furfooz sur Chaleux. 7. Bilimbia cupreorosella Stitzenb. (Lecidea cupreo- rosella Nyl.; Bilimbia cuprea Mass.). Thalle mince, finement granuleux, rosé. Apothécies petites, d’un brun rougeûtre à l’état humide avec le disque (1) Nous sommes heureux d’exprimer ici toute notre reconnaissance à M. l’abbe Hue, l’éminent lichénologue francais, qui, avec une affabilité exquise, a bien voulu reviser nos déterminations et nous guider dans l’étude si difficile des lichens. Nous devons également adresser des remer- ciments à notre excellent confrère le R. P. Paque qui a grandement faci- lité les recherches bibliographiques préparatoires au présent travail. 83 pale et la marge plus vivement colorée. Spores incolores, fusiformes, souvent légèrement arquées, 5-septées, ayant de 16 à 21 z en longueur sur 4 y de largeur. Paraphyses agglutinées, se séparant par la potasse caustique. Thèques cylindriques. Hypothécium incolore. L'iode teint la géla- tine hyméniale en bleu vif et les thèques en violet vineux. Dans une anfractuosité de rocher caleaire à Anseremme. Cette espèce, signalée en Angleterre, en Bavière et en Suisse, ne parait pas encore avoir été observée en France. 8. Lecidea meiospora Nyl. Thalle gris jaunâtre, mince. Apothécies noires, généra- lement planes, à marge persistant longtemps. Spores sim- ples, incolores, ellipsoïdes, longues de 12 à 17 met larges de 7 à 9 w. Thèques renflées. Paraphyses cohé- rentes. Épithécium, périthécium et hypothécium d’un brun foncé. La gélatine hyméniale traitée par l’iode se colore en bleu vif. Sur des pierres quartzeuses entre Freyr et Onhaye. 9. Lecanactis Stenhammari Fr. Thalle épais, d’un blanc grisàtre, mamelonné, fendillé, ondulé-plissé et nettement délimité à la périphérie. Cette espéce parait être répandue dans la vallée de la Meuse sur les parois des rochers calcaires ombragés où elle est, comme partout, stérile. 10. Dermatocarpon pallidum Ach. (Verrucaria pal- lida Nyl.; Endocarpon pusillum var. pallidum Fr.). Thalle formé de squames membraneuses, coriaces, roussâtres sur le see, vertes à l’état humide, disséminées dans les coussinets de mousses. Apothécies noires, nucléi- formes, immergées dans le thalle. Périthécium noir, entier. Thèques renflées, contenant deux spores ellip- 84 soïdes, murales, hyalines dans la jeunesse puis brunes, ayant de 56 à 58 & de longueur sur 14 à 17 de largeur. Gonidies hyméniales très petites et très nombreuses. Sur le même rocher que le Jonaspis Prevostii Kmphb. signalé ci-dessus. 11. Thelidium absconditum Kmphb. (Verrucaria abscondita Nyl.). Thalle gris-rougeätre parcouru par des lignes noires. Apothécies noires, nucléiformes, immergées dans le thalle, très petites, disposées par groupes. Périthécium entier. Spores incolores, uniseptées, longues de 26 à 54 z et larges de 12 à 14 1. Paraphyses rudimentaires. Sur des blocs calcaires dans une carrière abandonnée à Bouvignes. 12. Polyblastia rufa Mass. (Verrucaria rufa Garow.). Thalle tartareux, mince, non aréolé, d'un gris cendré ou ochracé. Apothécies semi-immergées, nucléiformes. Périthécium formé de deux tuniques : la supérieure épaisse, franchement dimidiée, l'inférieure enveloppant entièrement le noyau, mince et seulement un peu brunie dans la partie immergée : ces deux tuniques séparées par une portion du thalle. Spores ellipsoïdes, d'abord hyalines, puis brunes, à divisions murales, ayant de 43 à 514 en longueur sur 19 de largeur, renfermées au nombre de deux dans des thèques renflées. Gonidies hyméniales nombreuses, très petites. Paraphyses rudimentaires. Sur des affleurements calcaires à Dréhance. 15. Amphoridinm Leightonii Mass. Thalle gris cendré ou jaune ochreux, aréolé. Apothé- cies noires, nucléiformes, semi-immergées dans les aréoles thallines. Périthécium entier, noir, épaissi dans sa moitié 89 supérieure. Spores incolores, ellipsoïdes, ayant de 24 à 504 en longueur sur 15 à 20 en largeur, renfermées au nombre de 8 dans des thèques renflées, Paraphyses rudimentaires. Sur les mêmes affleurements que l'espèce précédente. 14. Verrucaria plambea Ach. (Verrucaria coeru- lea DC.). Thalle tartareux, assez épais, nettement délimité, d’un gris plombé obseur, fortement aréolé. Apothécies noir foncé, nucléiformes, immergées dans les aréoles thallines. Sporesincolores, simples, ellipsoïdes, d'environ 19 w de longueur sur 7 4. de largeur. Thèques claviformes. Para- physes rudimentaires. Associé au Jonaspis Prevostii Kmphb. cité plus haut. 145. Sagedia chlorotica Ach. Thalle mince plus ou moins aréolé, parcouru par des lignes noires, olivätre, exhalant une légère odeur de vio- lette. A pothécies noires, nucléiformes, très petites, immer- gées dans le thalle. Périthécium dimidié, Spores incolores, fusiformes, 3-septées, mesurant environ 18-— 20» en longueur sur 4 — 5 u de largeur. Thèques légèrement arquées, cylindriques-fusiformes. Paraphyses rudimen- (aires. Sur des rochers calcaires ombragés et frais à Houx et Champalle. La séance est levée à 8 h. 40 m.- COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. —244440— ANNÉE 1895. Séance mensuelle du 9 novembre 1895. PRésineNcE DE M. EL. Manrcnar, vice-président. La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Aigret, L. Coomans, V. Coomans, De Bullemont, Delogne, El. Marchal et Troch; De Wilde- man, ff. de secrélaire. MM. Crépin, Th. Durand et Errera font excuser leur absence. Le procès-verbal de la séance du 12 octobre est approuvé. M. Dewèvre, actuellement en mission botanique au Congo, fait déposer une notice intitulée : Quelques espèces nouvelles du Congo dont il est fait une analyse et dont l'impression est votée. 87 QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DU CONGO, PAR ALFRED DEWÈVRE. Stathmostelma Laurentiana sp. nov. (1) C'est une Asclépiadée herbacée que l’on rencontre dans la brousse humide. Sa tige est dressée, creuse à l'intérieur, rayée et couverte de poils petits et rares extérieurement; ses feuilles sont opposées, entières, lancéolées, atténuées à la base, sessiles, longues au maximum de 22 cm., larges au milieu de 22 mm., pourvucs de quelques poils à la face supérieure et inférieure, les burds sont recour- bés sur la face inférieure de façon à constituer un ourlet garni de petits aiguillons que l’on sent très bien lorsqu'on y passe le doigt; la nervation est pennée, comprenant une nervure médiane très marquée, non proéminente à la face inférieure, sur laquelle viennent s’attacher de nombreuses nervures secondaires, délicates, dont les extrémités se soudent Jes unes aux autres, pour former un ourlet très net à une certaine distance de la marge, les anastomoses intermédiaires sont très fines. Les inflorescences sont solitaires ou géminées, termi- nales ou latérales, en ombelles; les fleurs ont la dimension de nos Renoncules ou à peu près, elles sont au nombre de 6 par ombelle, portées par des pédicelles légèrement poilus, longs de 53 à 55 mm., rassemblés . à l’extrémité d’un pédoneule qui peut avoir jusqu’à 16 cm. de longueur; au point d'attache des pédicelles sur le pédoncule se (1) Les espèces mentionnées dans cette notice ont été indiquées, sans description, dans le tome XXXIII, 2e partie (1894). 88 trouvent un certain nombre de bractéoles vertes, lancéo- lées, mesurant environ 5 mm. de longueur. Les inflores- cences sont toujours un peu plus courtes que les feuilles à l’aisselle desquelles elles prennent naissance. Les fleurs comportent un calice à 5 lobes ovales acumi- nés, légèrement poilus extérieurement, longs de 6 mm. ; une corolle rotacée, régulière, formée de 5 pétales elliptiques, jaunes, minces, glabres, à préfloraison val- vaire, mesurant 15 mm. de longueur sur 6 mm. de largeur. Contre le gynostège, alternant avec les anthères, se trouvent les pièces de la coronule ; celle-ci est consti- tuée par » petits cornets dont la partie extérieure est un lobe arrondi et dont la portion intérieure est transformée en deux petits prolongements, l’intérieur du cornet renfermant une pointe saillante. Cet appendice examiné attentivement apparait constitué par une lame mince, enroulée sur elle-même de façon à former un tube qui est attaché à la paroi de la coronule, un peu au-dessous de sa partie médiane. La portion située au-dessous du point d'attache examinée à un fort grossissement, montre que son tissu est parcouru par de nombreuses trachées et qu’à sa face interne existent de nombreuses papilles ovoiïdes. Quelle est la fonction de cet organe? Je l’ignore totale- ment; je suppose que ce sont des glandes nectarifères, ce qui parait très plausible étant donné le grand nombre de champignons miscroscopiques qui s’y développaient, chaque pièce a 4 ou 5 mm. de longueur; le gynostège est légèrement pédicellé, il mesure en moyenne 4 mm. de hauteur; les organes portant les pollinies (translateurs) ont exactement la conformation de ceux figurés par M. Schumann, c'est-à-dire sont attachés deux à deux par une portion élargie, brune, située à leur sommet et ont le 89 corps excessivement large, coloré en jaune, long de 2mm., se prolongeant à la base en une portion longue et mince (jusqu'à 1 mm.), qui s'élargit à un moment donné et donne alors insertion à une pollinie allongée, recourbée en deux (exactement la figure de M. Schumann); de la base du translateur au sommet de la pollinide, on mesure 5 mm. 5. Les styles sont au nombre de 9, libres jusqu’à la base, glabres, longs de 5 mm., cachés à l’intérieur du gynostège. Ce joli végétal a été rapporté du Bas-Congo par M. le professeur Ém. Laurent à qui je lai dédié. Le Stathmosthelma Laurentiana diffère des autres espèces du genre par les caractères suivants : 1° du S. gigantiflorum K. Schum., par ses feuilles plus grandes, ses ombelles à 6 fleurs tandis que le S. gigan- tiflorum n’en a que 5, par son calice et sa corolle plus courts, enfin par les pièces de la coronule de même que par son style qui sont de taille moins considérable. 2° du S. incarnatum K. Schum., par ses feuilles beau- coup plus grandes, ses sépales plus longs, de même que ses pétales, son gynostège également plus long, par contre sa coronule un peu plus petite ; la coronule du S. incar- nalum K. Schum. est composée de pièces en forme de capuchon, pétaloïdes, surpassant le gynostège, cordées à la base et onguiculées, pourvues de dents latérales et d’un appendice situé à leur intérieur, de plus ses fleurs sont incarnat. 5° Du S. rhacodes K. Schum. par ses feuilles plus gran- des, beaucoup plus larges,ses inflorescences pourvues d’un nombre de fleurs plus considérable. Ses fleurs sont à peu près de dimension égale, à l'exception des pièces de la coronule qui surpassent le gynostège et mesurent 9 mm., 90 alors que notre espèce n’a que 4 ou 5 mm.; de plus les 5 lobes de chaque portion de la coronule sont dressés et les parties qui se trouvent à l'arrière plan sont plus hautes qu'elles. Margaretta Cornetii sp. nov. L’espèce ainsi nommée a été trouvée, parmi les plantes rapportées du Katanga par M. Cornet; elle porte le nombre des espèces connues pour ce genre à trois. Le genre africain Margaretta fut créé par M. Oliver(f) pour une plante trouvée par M. Johnston sur le Kiliman- jaro, à une hauteur de 5000 pieds. En 1893 M. Schu- mann(?) en indiqua une seconde; elle provenait des récoltes faites par M. Holst sur les hauteurs de l'Usam- bara. La nouvelle espèce, Margareita Cornetii, est une petite herbe ayant le port et l'aspect déjà connus. Ses fleurs sont hermaphrodites, comprenant : un caliee fendu jusqu’à la base en 5 lobes lancéolés-aigus, poilus, longs de 7 millimètres; une corolle constituée par 5 pétales iné- gaux, deux larges et un troisième étroit, ils sont minces, glabres, de forme oblongue, terminés par un mucron arrondi, à limbe parcouru par de nombreuses nervures parallèles émettant, çà et là, des petites branches de rac- cordement; à l’intérieur de la corolle se trouve la coro- nule qui, à première vue, peut être prise pour la corolle, elle est formée de 5 pièces, de forme obovale, obtuses au (1} Ouver, in Speke et Grant Expedition, p. 111, tab. 76. (2) Scaumanw, Asclepiadeae africanae in Bot. Jahrb. für System. von Engler, 1893, p. 132, Taf, VI, fig. G-J. 91 sommet, atténuées à la base en un onglet qui parait s'attacher aux étamines, leur coloration est mauve, avec une nervure Jaunâtre, très apparente au milieu, elles dépassent de beaucoup les pétales et mesurent 16 mm. de longueur. Les étamines au nombre de 5, sont très courtes, placées à la base de la fleur où elles forment un amas, elles comprennent chacune deux sacs polliniques fixés sur un filet élargi, incolore, prolongé au sommet en une fine languette ; les grains de pollen sont réunis en pollinides jaunes, ovoïdes, attachées deux par deux sur une petite masse cylindrique brune. Les caractères des autres organes sont à peu près iden- tiques à ceux des autres espèces. La comparaison de trois Margarella m'a montre que le M. Corneti diffère du M. rosea Oliv., par ses inflorescen- ces plus grandes, plus poilues, pourvues de fleurs de plus grande taille, dont la coronule est mauve à sec alors que celle de M. rosea Oliv. est rose violacée à l'état vivant et de couleur orangée à l’état sec; les pétales du W. rosea Oliv. sont violets, alors que ceux du M. Cornetii sont d’un jaune verdätre, enfin les feuilles de la nouvelle espèce sont un peu plus longues que celles du M. rosea Oliv. Le M. Holstii K. Schum. est une belle plante à feuilles du même genre que celles de notre espèce, mais plus longues; par contre ses fleurs sont plus petites, à pétales violets comme ceux du M. rosea Oliv.; la coronule est d’un beau jaune d'or. L Nous pouvons résumer les différences existant entre les trois espèces, de la façon suivante : Fleurs relativement | Pétales d’un jaune verdûtre, coronule grandes. mauve. . . + . . M, Cornelii À. Dew. 92 Pétales violets, coronule rose pour- . PRE Drée MU Le Velos: MoN, RP RAE * ) Pétales violets, coronule jaune, feuilles plus grandes. . . . M. Holstii K, Schum. Loranthus Cornetii sp. nov. Cette belle espèce du groupe des Rufescentes a été rap- portée du Katanga par M. Cornet. N'ayant que quelques fleurs et une seule feuille, 1l m'est impossible d’indiquer la conformation de la plante; je ne puis que décrire ces organes. Les fleurs sont très grandes, sessiles, groupées autour d'une sorte de pédoncule général très court : elles com- prennent à la base une partie renflée constitué par un calicule de 4 à 1,5 mm., où se trouve placé l'ovaire qu’elle dépasse. Le calice est un tube charnu, fendu à sa partie supé- rieure jusqu’au milieu, dilaté immédiatement au-dessus de l'ovaire en un renflement ordinairement unilatéral, ovoide, long de 6 à 7 mm., large de 5,5 à 5 mm.; habituellement il continue à s’élargir de plus en plus et souvent prend une direction très oblique par rapport à l'axe de l'ovaire ; sa largeur maximum est, au sommet, de 41 à 12 mm., sa largeur minimum de 2,5 à 5 mm.; la partie supérieure de ce calice est divisée en 5 lanières dont la forme rappelle assez bien celle d’une cuillère et qui mesurent 8 à 10 mm. de longueur sur 1,5 à 2 mm. de largeur, l’intérieur de ce calice est glabre, de couleur jaunâtre, extérieurement il est comme toutes les autres parties de la fleur, recouvert de nombreux poils d'un brun ferrugineux ou d’un brun foncé dont la structure est analogue à celle des poils du L. hirsutissimus Engl. 93 Les étamines, au nombre de 5, sont placées sur les sépales, elles naissent à la base du calice, mais font corps avec lui jusqu'au niveau de la base des sépales, point où elles deviennent libres et se prolongent en filaments enroulés, de 8 à 9 mm.de longueur. Les étamines portent au sommet de leur face interne les sacs polliniques, qui mesurent environ 5 mm. Le style est un long tube mesurant 46 mm. de lon- gueur, glabre, terminé au sommet par un stigmate petit, globuleux; à 2 mm. de celui-ci, et ce sur un espace de 7 à 7,5 mm. il est renflé en une masse allongée, atté- nuée, pourvue de 5 côtes, le reste est d'un calibre égal dans toute son étendue; l’ovaire mesure 5 mm. de lon- gueur sur 5,5 mm. de largeur. La dimension totale de la fleur, de la base de l'ovaire au sommet du calice, est de 5 cem., les étamines et le pistuil sont plus courts que le calice. À la base de chaque fleur se trouve une bractée ovale, pointue ou obtuse, velue, longue de 6 mm., large de 4,5 mm. La feuille est épaisse, très coriace, portée par un pétiole de 16 mm. de longueur sur 5 mm. de largeur, peu dilaté à la base, présentant une pubescence rousse; le limbe est elliptique, atténué à la base, obtus au sommet, de couleur grisätre, couvert sur ses deux faces de petits poils étoilés du même genre que ceux du L. taborensis, mais à branches beaucoup plus longues et plus nombreuses, il ne s’aperçoivent pas à la loupe; cette feuille mesure 12 cm. de longueur sur 5 cm. de largeur. La nervation est pennée, à nervures, tant principales que secondaires faisant saillie sur les deux faces; nervures secondaires, au nombre de 8 paires obliques. Cette espèce se rapproche beaucoup du L. hirsutissimus 94 Engl., mais en diffère par des feuilles beaucoup plus grandes, parcourues par un plus grand nombre de nervures, des pétioles plus grands, des bractées beaucoup plus larges, un périgone beaucoup plus long, des poils étoilés sur les deux faces des feuilles. Crotalaria Cornetii Taub. et Dew. Cette Papilionacée a été trouvée au Katanga, par M. Cornet. C'est une herbe à tige anguleuse, glabre, rameuse, dont la base est semi-ligneuse ; ses feuilles sont simples, presque sessiles, plus rarement complètement sessiles, elliptiques ou ovales-elliptiques, à sommet mucronulé, et à base arrondie ou légèrement cordée, glabres sur les deux faces ; nervation pennée, réticulée ; pétiole court, de 1 mm. environ, ne présentant pas de stipules à la base. Inflores- sences paraissant terminales, comprenant 4 fleurs dis- posées en grappe courte; fleurs assez grandes, jaunes, portées par un pédicelle glabre de 11 ou 12 mm. de longueur qui est muni de deux petites bractées linéaires; calice à 5 sépales glabres dont l’un de forme lancéolée, long de 1 em. sur 53 mm. de large est situé contre la carène, les 4 autres soudés deux à deux jusqu’à la moitié de leur longueur environ sont placés latéralement, ils mesurent 12 mm. de longueur sur 6, 5 mm. de largeur; corolle composée d'un étendard dont la lame est ovato- réniforme et mesure 14 mm. de longueur sur 15 mm. de largeur, sans compter un onglet de #4 mm., des ailes qui sont asymétriques, obovales, mesurant 12 mm. de longueur sur 7 mm. de largeur et sont prolongées par un onglet de 4 mm., enfin de la carène dont le sommet 95 se prolonge en un court bec, elle présente une rangée de petits poils sur sa région dorsale, alors que sa surface et ses bords en sont privés, sa hauteur est de 12 mm., sa largeur de 8 mm. et son onglet de 3 mm. Les étamines sont au nombre de 10 (5 grandes et 5 petites) soudées à la base; le pistil est formé d’un ovaire glabre, large de 3 mm., porté par un pied de 2 à 2,5 mm. et prolongé en un style fortement courbé, montrant des poils sur la partie interne et sur une assez grande partie de sa longueur, Fruits inconnus. Cette espèce se rapproche surtout du Crotalaria Wel- witschii Bak., elle s'en distingue par ses feuilles sessiles ou presque sessiles et par son aspect général. Leptactinia Laurentiana sp. nov. Arbrisseau de la famille des Rubiacées trouvé, dans les forêts du Mayombe, par M. le prof. Ém. Laurent. Ses tiges sont cylindriques ligneuses, couvertes de poils extrémement petits, difficile à voir, même à la loupe, pourvues de feuilles elliptiques, prolongées au sommet en une pointe longue et aiguë et atténuées à la base en un pétiole grêle, creusé en gouttière à sa face supérieure, il est revêtu, surtout sur ses bords de petits poils; sa longueur est de 1 em. à 2,5 em.; limbe entier, long, parfois de 11 cm., large de 4,5, paraissant glabre (à la loupe) sur ses deux faces, excepté sur les nervures où l’on remarque de petits poils roides; nervation pennée, constituée par 4 paires de nervures secondaires assez fortement courbées, ne formant pas un ourlet marginal très accusé. Stipules intrapétiolaires soudées 2 à 2, apla- ties, très larges, surtout à l'extrémité des rameaux, 9 96 prolongées en une longue pointe, leur longueur totale est de 7,5 mm. ; sur toute leur surface se trouvent de petits poils ainsi que sur leurs bords. L'inflorescence est une panicule courte située à l’extré- mité d’un rameau, elle est formée par des branches oppo- sées, naissant à l'aisselle des feuilles qui, en cet endroit, sont assez rapprochées; ces branches vont en décroissant de la base au sommet, les plus longues ayant 1,5 cm., celle de l'extrémité ne mesurant plus que quelques millimètres; chaque branche porte 2 ou 5 fleurs munies d’un pédicelle de 2,5 mm. à 5 mm., à la base duquel se trouve des stipules trilobées à dents inégales. Fleurs hermaphrodites, grandes, à calice campanulé formé d’une portion très pileuse recouvrant l’ovaire et d’une partie moins poilue se prolongeant en 5 lobes égaux, papyracés, ovales, allongés, ciliés sur les bords, mesu- rants de 11 à 12 mm.; à l'intérieur du calice se trouvent parfois À ou 2 petites languettes, sortes de sti- pules calicinales. Corolle hypocratériforme, blanche, à tube long de 7,5cm. à S em.., large à la gorge de 6 à 7 mm. et de 2,5 à 5mm. à la base, poilu extérieurement, se divi- sant au sommet en 5 lobes ovales-lancéolés, pointus, quel- que peu inégaux, tordus à droite dans la préfloraison, ciliés surles bords, d’une longueur de 4 à 6 mm. Les éta- mines au nombre de 5 sont situées à la gorge de la corolle et placées de telle façon que leur portion supérieure fasse un peu hernie ; elles sont constituées par une anthère très allongée, mesurant 1 cm., fixée vers sa région médiane et comprenant deux sacs polliniques. Le pistil est filiforme, long de 4,5 cm., c’est-à-dire d'environ la moitié de la lon- gueur du tube de la corolle, se terminant par un stigmate bilobé, long de 17 mm. Style dépourvu de poils dans toute sa longueur ; ovaire pileux, à deux loges. 97 Cette plante diffère des autres Zeptactina connus, sur- tout par ses feuilles paraissant glabres, très pointues au sommet, ses pétioles longs, ses grandes fleurs. L'espèce dont elle se rapprochele plus est le Z. Leopoldi II Büttner, qui a un style exsert, des feuilles moins pétiolées et plus poilues. M. De Wildeman distribue, au nom de M. le Prof. Errera, une notice sur l’Institut botanique de Bruxelles, notice imprimée à l’occasion des fêtes universitaires du 28, 29 et 50 octobre. Il rappelle dans quelles circonstances ont eu lieu ces fêtes ; elles ont été données à l’occasion de la remise solennelle des nouveaux Instituts du Parc Léopold. Quant à l’Institut botanique, ce n'était point une inau- guration, celle-ci avait été faite en 1892, et à cette épo- que M. Ch, Bommer donna, dans notre Bulletin, une description sommaire de cet établissement. M. le Prof. Errera avait voulu, à l'occasion de la présence à Bruxelles de quelques professeurs étrangers, faire visiter en même temps que les installations du pare Léopold les locaux moins luxueux de la rue Botanique, afin de montrer que la botanique pouvait elle aussi s'étudier à Bruxelles dans d'excellentes conditions. L'Institut dont nous devons la création à M. Errera, est annexé à l’Université; il sert tout. particulièrement aux étudiants du doctorat en sciences botaniques et à tous ceux qui ayant terminés leurs études veulent approfondir certaines questions de botanique. M. De Wildeman décrit sommairement les installations 98 de‘ l'Institut et s’aidant des figures et des plans contenus dans la brochure, que M. Errera a bien voulu offrir aux membres présents ; il explique la disposition des locaux. Il engage vivement les membres de la Société qui n’au- raient pas eu l'occasion de visiter cette institution, à s’y rendre ; M. Errera et ses assistants, MM. Massart et Clau- triau, se chargeront volontiers de les guider. Il donne également certains renseignements sur les trois Instituts du Parc Léopold, dont deux, les Instituts Solvay et l'Institut d'hygiène et de bactériologie sont en pleine acti- vité. Quant à l’Institut anatomo-pathologique la construc- tion seule est terminée. Ces divers Instituts sont dus, comme on le sait, à la générosité de MM. Ernest et Alfred Solvay, F. Jamar, Brugman, R. Warocqué et de la Ville de Bruxelles. M. G. Polchet, pharmacien, à Braine-l'Alleud, présenté par MM. Delogne et L. Coomans, demande à faire partie de la Société. La séance est levée à 9 h. 15 m. COMPTES-RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. —2034%00e— ANNÉE 1895. Assemblée générale du 1° décembre 1896. PRÉSIDENCE DE M. VAN BAMBEKE. La séance est ouverte à 2 h. 30 m. Sont présents : MM. Aigret, Bauwens, Beudin, Bommer, L. Coomans, V. Coomans, Delogne, Dens, De Wilde- man, Th. Durand, Dutrannoit, Érrera, Goffart, Me Hou- bion, Lochenies, Él. Marchal, Massart, Nypels, Poucet, Préaux, Troch, Van Bambeke, Van der Bruggen et Vindevogel ; Crépin, secrétaire. MM. Baguet, Bris et Rodigas font excuser leur absence. Le procès-verbal de l'assemblée générale du 5 mai 1895 est approuvé. M. le Secrétaire analyse la correspondance. M. le Président donne lecture de son rapport annuel, 100 Rapport annuel sur la situation de la Société royale de botanique de Belgique pour l'année 1895, par Cu. Van BAMBEKE, président. MESSIEURS ET CHER CONFRÈRES, La Société royale de botanique de Belgique accomplira bientôt la trente quatrième année de son existence. Après avoir traversé sans encombre la période juvénile, elle nous apparait aujourd'hui dans toute la force, dans toute la vigueur de son âge mür. Ceux qui ont assisté à sa naissance et qui ont guidé ses premiers pas — hélas! ils se font rares — peuvent s’enorgueillir en constatant son état florissant et son activité toujours croissante. Quand je parle d’état florissant, je l’entends surtout au point de vue scientifique, car je puis répéter ce que je disais dans mon précédent rapport : ce sont les travaux publiés par nos membres, bien plus que le nombre de ces derniers, qui témoignent de la vitalité de notre Société. Comme le prouve le bilan de l’année courante, cette vitalité s'affirme par la variété et l'intérêt des divers travaux parus soit dans nos mémoires ou dans notre bulletin, soit en dehors des publications de la Société. Le monument auquel notre infatigable secrétaire con- sacre depuis longtemps tout son labeur, grandit toujours. Nous devons, à M. Crépin, deux nouveaux travaux, dignes, à tous égards, de leurs aînés : « Mes excursions rhodologiques dans les Alpes en 1894 » sont le résultat d’un voyage scientifique entrepris, par notre confrère, pendant les vacances de l'année dernière. Après avoir 101 visité la région du Suchet, il se rendit aux fêtes botaniques qui eurent lieu à Genève à l’occasion de la session extra- ordinaire que la Société botanique de France tenait cette année en Suisse. [Il quitta ses confrères suisses, français et belges à Martigny, pour aller rejoindre des amis qui l’attendaient à Viesch. Avec ceux-ci, il alla par le Grimsel à Meiringen, Interlaken, Thoune, puis aux Diablerets dans les Alpes vaudoises. [l termina ses courses de cette année par quelques excursions autour de Randa. Les récoltes de M. Crépin jointes à celles qu'ont faites trois de ses collaborateurs, MM. Bernard, Gaillard et Jaquet, ont fourni 52 nouveaux numéros à son Herbier des roses, qui atteint actuellement le chiffre de 677. Le second mémoire fut déposé à la séance du 20 avril dernier. Il a pour titre: Æemarques sur l'inflorescence des Rosa. Déjà en 1887, notre confrère, dans ses études sur les Rosue synstylae, avait démontré quel excellent parti l’on pouvait tirer de la forme et de la composition de l’inflorescence pour distinguer les espèces de cette section. | L'auteur s’est demandé si, dans les autres sections à inflorescence bractéolée, il n'existe pas de caractères d’influrescence à utiliser pour la distinction des espèces. Il estime qu'il y a là tout un champ à explorer qui donnera des résultats intéressants. Prêchant d'exemple, il nous livre les résultats de ses longues recherches, dans un tableau sommaire, qu'il analyse ensuite pour en tirer les conclusions qu’il comporte. Notre confrère, M. Ém. De Wildeman, en attendant la publication de sa Flore des Alques de Belgique, qui lui a mérité le prix Crépin, et qui sera la bienvenue pour tous 102 les botanistes belges, a fait paraître, dans notre recueil, un Tableau comparatif des Algues de Belgique. Comme il le dit en tête de son travail : son but, en résumant les con- naissances acquises sur la dispersion des Algues de Belgi- que, a été de montrer que bien des recherches sont encore à effectuer, avant que l’on soit à même de dresser un cata- logue complet de notre flore algologique. Le tableau dressé par M. De Wildeman est bien fait pour stimuler le zèle de tous ceux qui, dans notre pays, voudraient s’adonner à la recherche des Algues, et contribuer à combler les nom- breuses lacunes signalées par notre confrère. Dans le bulletin actuellement sous presse, nous trouve- rons la suite du savant travail sur les Mousses : Musci exo- tici novi vel minus cogniti, par MM. Renauld et J. Cardot. Une note de M. Tonglet sur les Lichens est également à l'impression. Dans cette note, sont décrites un certain nombre d'espèces nouvelles pour la flore belge. Les champignons ont fait l’objet de recherches de la part de trois de nos membres : MM. Élie Marchal, Ch. Bommer et Clautriau. A la séance du 12 janvier dernier, Ch. Bommer a montré à l'assemblée de magnifiques champignons qu’il a obtenus sur les selérotes qui lui avaient été envoyés des iles Moluques. L’espèce est le Lentinus Tuber-regium Fries, qu’on ne paraissait pas avoir revu depuis aumphius. Notre confrère a donné, sur le sclérote et sur son cham- pignon, des détails du plus haut intérêt. M. Élie Marchal vient de publier, dans nos mémoires, un beau travail sur les « Champignons coprophiles de Belgique ». C’est la suite de ses savantes et fructueuses recherches sur les champignons fimicoles de notre pays, « ces végétaux, dit avec raison M. Marchal, si générale- 103 ment dédaignés et pourtant si intéressants, » Dans les précédentes notices de notre confrère, sur cette question, il est fait mention de 108 espèces ou variétés dont 44, ainsi que 7 genres, étaient décrits pour la première fois. « La nouvelle contribution à notre flore mycologique l’enrichit de 44 espèces dont 17 et 2 genres sont nouveaux pour la science ». « On peut dire, remarque M. Marchal, qu’actuellement le groupe des coprophiles est relativement mieux représenté en Belgique que partout ailleurs. » « Et cependant, ajoute-t-il, les herborisations de Kickx et de Coemans, celles de nos confrères, Me’ Bommer et Rousseau, M. Mouton et les siennes, n’ont embrassé qu'une assez faible partie de notre territoire. Il reste donc à faire bien des découvertes intéressantes. » L'auteur fait un appel à ceux de nos confrères qui se sentent attirés vers l’étude des organismes microscopiques. Il leur indique la voie à suivre pour que l'observation de ces organismes soit vraiment fructueuse. Cet excellent mémoire comprend 5 figures dans le texte et est accom- pagné de deux planches. Nous devons à notre confrère, M. le D' G. Clautriau, assistant à l’Institut botanique de l’Université de Bruxelles, une « Étude chimique du glycogène chez les champignons et les levures ». Ce travail, paru dans les mémoires de l’Académie royale de Belgique, a reçu l’approbation des trois commissaires chargés de l’examiner. L’un deux, M. le professeur W. Spring, termine son rapport en disant : « La consta- tation de ces résultats a nécessité un travail considérable, qui ne pouvait être fourni que par une personne joignant à des connaissances spéciales étendues une grande patience et une grande persévérance; elle représente une contri- 104 bution précieuse à l’état de nos connaissances en chimie physiologique et figurera avec grand avantage dans les recueils de l’Académie ». A la séance du 9 février, M. Dewèvre, dépose un exemplaire de son travail : « Les plantes utiles du Congo », et annonce en même temps le dépôt d'une notice renfer- mant la description de quelques espèces nouvelles pour la flore de l'Afrique centrale. — M. Alfred Dewèvre a aussi fait paraitre, dans le courant de cette année, un intéressant travail sur « les Caoutchoucs africains, etude monographique des lianes du genre Landolphia ». À l'assemblée générale du mois de mai, M. Th. Durand a exposé quelques faits intéressants concernant la distri- bution des plantes dans l'État indépendant du Congo. Ces faits seront relatés dans la préface des « Études sur la flore du Congo » par MM. Th. Durand et FI. Schinz, dont le premier fascicule vient d’être soumis à l'apprécia- tion de l’Académie. M. Crépin, dans son rapport sur ce travail, « estime que l’œuvre de MM. Durand et Schinz constitue un ensemble d'informations du plus haut intérêt au point de vue de la géographie botanique. » Comme on le voit, la végétation de l’Afrique centrale est devenue, pour plusieurs de nos membres, l’objet de fructueuses recherches. Il y a là une source nouvelle et féconde à laquelle nos botanistes continueront à puiser. Je rappellerai, à cette occasion, que depuis peu, notre confrère, M. Laurent est reparti pour le Congo, chargé d’une nouvelle mission par l'État indépendant. De son côté, M. Dewèvre a été chargé, par le même État, de l'examen botanique du pays. A la séance du mois de mai, notre confrère M. Mas- 105 sart, de retour de son séjour 4 l’Institut botanique de Buitenzorg, nous promettait un travail sur la végétation de l’île de Java. Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que ce travail, accompagné de nombreux clichés dans le texte et de 6 planches, est à l'impression en ce moment, Dans le courant de cette année, la pathologie végétale a eu une assez large part aux recherches. A l’une de nos séances, M. Ém. Marchal a résumé brièvement les résul- tats des observations faites, à Gembloux, par M. Laurent et par lui, au sujet des maladies des plantes observées pen- dant le courant de l’année 1894. A la même séance, M. Nypels, en s'aidant de photo- graphies, de matériaux vivants ou desséchés et de prépa- rations microscopiques, a fait un exposé des maladies qui ont été étudiées à Bruxelles par M. Élie Marchal et par lui. M. le professeur Gravis a fourni des « Observations de pathologie végétale faites à l'institut botanique de l'Uni- versité de Liège. Dans cette notice, il est fait mention d’un certain nombre de maladies bien connues, telle que la nielle du blé, le mildew, etc. Pour ces maladies, l’auteur s’est attaché seulement à indiquer les circonstances dans lesquelles les cas observés se sont produits, ainsi que les remèdes qui ont été préconisés par les meilleurs auteurs. « Lorsqu'au contraire, il s’est agi de maladies moins connues dont la cause est encore controversée (maladie des Orchidées, dessèchement des pédicelles du raisin etc...») M. Gravis est entré dans plus de détails, espérant con- tribuer ainsi à la solution des questions en litige. Je dois ajouter que le Comité de pathologie végétale fondé au sein de la Société, et dont notre laborieux confrère, M. Nypels, est le secrétaire, vous présentera 106 un rapport d'ensemble sur ce qui aura été fait en 1894 et 1895. L'herborisation générale a eu lieu les 9, 10 et 11 juin, dans les terrains calaminaires de Moresnet, puis entre Theuven et Visé, et enfin à la Montagne St-Pierre. Elle a été suivie par de nombreux botanistes. Comme nous l'apprend l'ordre du jour, c’est notre confrère, M. Troch, qui en fera le compte-rendu. Plusieurs de nos membres ont été l’objet de distinc- tions que je suis heureux de pouvoir rappeler aujourd'hui. A l'assemblée du 5 mai dernier, M. De Wildeman, sur rapport favorable des trois commissaires chargés d'examiner sa Flore des Algues de Belgique, a obtenu, pour ce travail, le prix Crépin. Ce résultat a été aceueilli par les applaudissements des membres présents à la séance. Je réitère, à notre zélé confrère, mes cordiales félicitations. Nous sommes heureux aussi de rappeler la brillante manifestation organisée en l'honneur de M. L. Lubbers à l'occasion de son vingt cinquième anniversaire comme chef des cultures du Jardin botanique de Bruxelles. Cette manifestation, due à l'initiative de membres de notre Société, a rencontré le plus chaleureux accueil dans le monde horticole. C’était à prévoir étant données la haute science horticole à la grande amabilité qui distinguent notre confrère. Dans le courant du mois de mai, les élèves de l'École d’horticulture et d’agriculture de l'Etat à Gand, ont célébré, par une fête touchante, le 55° anniversaire de l'entrée dans l’enseignement de leur directeur, M. Rodigas, 107 notre confrère et ancien président. Nous joignons nos félicitations à celles de ses élèves. Le Moniteur du 10 juin nous a appris la promotion de MM. Delogne et Durand, nommés conservateurs au Jardin botanique de l’État, et la nomination comme aides-naturalistes, au même établissement, de MM. De Wildeman et Ch. Bommer. Nous applaudissons à ces promotions et à ces nominations; elles sont la juste récompense du mérite et du talent dont ces confrères ont fait preuve. A la fin de la séance mensuelle du 13 février 1899, les membres de l’assemblée, sous la direction de M. Massart, M. Léo Errera était empêché, visitaient l’Institut botanique qui venait de s'ouvrir. En même temps, l’histoire de l’origine de cet institut, par Ch. Bommer, paraissait dansle tome 31 denotre Bulletin. Près de quatre ans se sont écou- lés depuis lors, et, à partir de son origine, l’Institut nou- veau est devenu le centre d’une activité scientifique peu commune. Cependant, si j'en juge par des événements récents, à cet Institut qui fait ses preuves, il manquait quelque chose comme un baptème officiel. Ce baptème il l’a reçu, à l’oc- casion des fêtes universitaires qui viennent d’être célébrées à Bruxelles. A la dernière séance de la classe des sciences de l’Aca- démie, le Directeur, M. Van der Mensbrugghe, en des paroles bien senties, a payé un juste tribut d’éloges au savant et généreux fondateur. A notre tour, au nom de la science qui nous est chère et dont il a si bien mérité, nous prions notre savant et sympathique confrère, Léo Errera, d'agréer nos chaleu- reux remerciments et nos sincères félicitations. 108 Pourquoi faut-il qu’à côté d'événements heureux il en est aussi de pénibles, et que je ne puis passer sous silence? Je fais allusion aux vides que la mort a faits dans nos rangs. A la séance du mois de mai, je vous rappelai la perte que nous venions d'éprouver en la personne de Jean- Édouard Bommer. Depuis cette époque, le Prof. Léo Errera, dans une notice nécrologique toute empreinte d'un sentiment d'émotion profonde, a rendu un suprême hommage à la mémoire de notre regretté confrère. Après avoir retracé la carrière si bien remplie de son prédéces- seur à la chaire de botanique, il a dit ces paroles que ratifieront tous ceux qui ont connu le défunt : « Les mérites du savant lui assurent à jamais une place honorable dans l’histoire de la botanique en Belgique. Les qualités de l’homme lui en assurent une, nôn moins durable, dans nos cœurs ». Nous avons perdu aussi, dans le courant de cette année, V. De Moor, médecin vétérinaire à Alost. Il était né, en cette ville, le 25 juillet 1827 ; il y est décédé le 25 janvier dernier. De Moor a publié des travaux fort estimés sur les Graminées. Peu de temps après, la mort nous enlevait un autre de nos membres, G. Carron, né à Bruxelles le 24 juin 1858, et y décédé le 3 février 1895. Il était un des assidus à nos séances, et il fut, pendant de nom- breuses années, membre du Conseil de la Société. Nous garderons un précieux souvenir de ces confrères qui ne sont plus. La mort nous a ravi aussi trois de nos associés: Baillon, à Paris, Babington, à Cambridge et Brandza, à Bucarest. L’éloge de ces savants n’est plus à faire. Tous, à des titres 109 divers, ont rendu d'éminents services à la botanique, tous ont droit à notre reconnaissance. Il me reste un dernier devoir à remplir. Lorsqu'il y a deux ans, notre Secrétaire portait à ma connaissance que vous m'aviez choisi pour présider vos travaux, ce fut pour moi une véritable surprise. Comment, en effet, aviez-vous pu accorder vos suffrages à l’un des vôtres, si peu botaniste, si peu digne, à tous égards, d’un tel honneur? Pourtant, il ne restait qu’à m’ineliner ; mais, en acceptant le mandat que vous veniez de me confier, j'osais compter sur votre indulgence et sur votre bienveil- lant concours. J'ai été entendu : cette indulgence et ce concours ne m'ont pas fait défaut: grâce à eux, ma tâche a été singulièrement allégée, et j’ai pu l’accomplir. Merci, mes chers confrères, de tout cœur, merci! (Applaudissements). Le rapport de M. L. Coomans sur la situation financière de la Société est approuvé et des remerciments sont adressés à ce zélé confrère. M. le Président annonce que le Conseil d'administra- tion propose de nommer MM. J.-B. Balfour, professeur de botanique et directeur du Jardin botanique d'Edim- bourg et L. Guignard, professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie, à Paris, membres associés de la Société, en remplacement de Babington et Baillon. 110 La Société approuve une dépêche que le Bureau se propose d'adresser à M. le Ministre de l’agriculture et des travaux publics concernant l'envoi de botanistes belges aux instituts du Jardin botanique de Buitenzorg (Java). M. Ch. Bommer fait hommage, au nom de l’auteur, d'un exemplaire du 1°" volume du Manuel de la Faune de Belgique, par Aug. Lameere, professeur à l’Université libre de Bruxelles. Ce volume concerne les animaux non insectes; il sera suivi de deux autres volumes traitant des insectes. L'ouvrage de M. Lameere, conçu d'après une excellente méthode, est une œuvre de haut mérite, qui rendra de très grands services aux z0olo- gistes, el, qui sera consultée avec fruit par les botanistes qui ne veulent pas rester étrangers aux productions animales de la Belgique. M. Troch donne lecture de son rapport sur l'herbori- sation générale de la Société en 1895. Ce rapport sera inséré dans le compte-rendu de la séance. 111 COMPTE-RENDU DE L'HERBORISATION ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE, FAITE LES 9, 10 ET 11 JUIN 1895, PAR P. Troc. « Verviers, tout le monde descend... ! » crie le garde convoi. Et, parmi tout le monde, descendent du train MM. Crépin, Marchal, Durand, L. Coomans, V. Coomans, Vanpé, Guns et Troch, tous membres de la Société royale de botanique allant prendre part à son herbori- sation annuelle. Le Nord-Est de la province de Liége a été choisi pour théâtre d’exploration : la vallée de la Gueule supérieure et les terrains calaminaires environnants sont réservés au premier jour (dimanche 9 juin); les affleurements crétacés de Teuven, Fouron, etc., au lundi et enfin, les ramifica- tions de la Montagne S‘-Pierre (environs de Visé, Lixhe et Lanaye) au mardi. Verviers est désigné comme quartier général et l'hôtel de Londres y sera le « home » des excursionnistes : ils y arrivent vers 10 heures du soir, le samedi 8 juin, conduits par MM. Cogniaux et Wesmael qui sont venus les attendre à la gare. Madame Houbion, membre de la Société, les y a quelque peu précédés. Une reconnaissance sommaire des locaux, la première installation des bagages, le souper et la dégustation d’un verre de bière ou de liqueur du päys occupent l’activité des voyageurs jusqu’au moment du coucher. Pas n’est besoin d’ajouter que des rêves fleuris hantent agréable- ment le sommeil de tous ces fervents disciples de Flore, 10 112 et que chez leur sympathique secrétaire, entr'autres, les idées roses ne manquent pas. Une bonne nuit rend chacun gai et dispos dès le lever matinal du dimanche et, après déjeüner, les instruments d’herborisation sont prestement mis au dos. A la station nous attend un fort contingent de botanistes liégeois, parmi lesquels MM. Nypels, Jorissenne, Forir, Lonay, Candèze et Sladen. A la sortie de la gare de Dolhain, notre troupe s’aceroit de plusieurs amateurs du pays, MM. Halin, Collard, Famenne et autres. L'herborisation commence immédiatement. Il s’agit de se rendre à Welkenraedt, d'explorer les collines, bois, vallons, prairies, environnant la voie ferrée et les haldes calaminaires, proches de ce village. Les groupes se forment au gré du hasard ou des sympathies et l’on va, devisant, scrutant de l'œil les buissons, les haies, les pelouses, les moindres touffes d'herbes. Le pays se compose d'une série de mamelons assez étendus, avec des bois aux flancs ou au sommet; entre les hauteurs, des vallons qu'arrosent de minces filets d’eau. Point de spacieux horizons ni de vastes panoramas, mais des coteaux avec quelques affleurements rocheux et des sources à la base : voilà la contrée que nous parcou- rons d’abord, ayant à notre gauche la ligne de faite du plateau de Herve séparant les vallées de la Vesdre et de la Gulpe. Sur des scories bordant un chemin nous trouvons deux pieds d'Erysimum hieracifolium L. La plante est peu développée encore : elle ne fleurira que dans un gros mois, mais sa récolte excite cependant un vif intérêt car c'est une espèce des plus rares, localisée dans la vallée de 115 la haute Vesdre et qui manque à presque tous les bota- nistes de la jeune génération. La forme rencontrée par nous est l'E. strictum Gärtn., à feuilles assez larges et dentées. C'est un beau début! II donne courage pour escalader une pente raide où le soleil grille l'herbe et ceux qui s’y aventurent. Il est à peine huit heures et la chaleur est si intense que, l'ascension aidant, nous sommes bientôt en nage. Mais qu'importe à des botanistes aguerris ou enthousiastes! ïils mettent leur ardeur propre au diapason de celle du soleil et les voilà en parfaite harmonie avec la nature. Quelques pieds de Polygala amara Jacq. avaient été antérieurement découverts à cet emplacement par des amateurs des environs, mais quoique M. Halin y eùt recueilli cette petite herbe, il ne peut en retrouver trace. La chose n’est du reste pas étonnante : le coteau est si étendu, le Polygala si tenu et le nombre d'exemplaires qu'on en à jamais trouvé si minime, que tout concourt à rendre sa récolte très chanceuse. De plus il n’y a guère de temps à perdre .en longues recherches, car il faut atteindre Welkenraedt avant 10 heures et demie, moment du départ du train de la ligne de Bleyberg. À de nouveaux lauriers donc... et encore un effort pour arriver à la cime de ce mamelon! De beaux échantillons d’Avena pralensis L. sont rencontrés, ainsi que de nombreux pieds fleuris de Rhamnus Cathartica L. Les Orchidées aussi font leur apparation, représentées par les Ophrys muscifera Huds.. O. fuciflora Rchb., Gymnadenia Conopsea R. Br., Platanthera montana Rchb.. Quelques jolis spécimens du Trifolium montanum L. sont déra- cinés et placés dans les cartables. 114 En dévalant sous les sapins versun fond latéral, voiciune nouvelle Orchidée : le Cephalanthera grandiflora Babingt. ! Des colonies de Sanicula europaea L. et de Ptatanthera montana Rcbh., sont encore aperçues avant d’atteindre les pelouses et le ruisseau qui bordent, à sa base, le bois que nous explorons. lei, les Campanula glomerata L., Trifo- linm montanum L. et Carex echinata Mur., sont extra- ordinairement nombreux et, le long de l’eau, les premières espèces calaminaires apparaissent : tout le fond de la végétation se compose de Viola lutea Huds., tandis qu'au milieu de buissons de ronces surgissent les extrémités de rameaux fleuris du Thlaspi alpestre L. var. calminare Lej. Les exemplaires sont aussi beaux qu’abondants ; c'est dire qu’ils charment autant ceux qui les revoient que ceux qui les récoltent pour la première fois. Continuant par monts et par vaux, nous rencontrons, près du chemin de fer, des fossés bordés de vigoureux Hesperis matronalis L. et Cynoglossum ofjicinale L.; dans l’herbe des prairies existe toujours à foison le Viola lutea Huds. Quelques-uns d’entre nous s'étant attardés ne retrouvent pas, dans l'herbe, la piste du gros de la troupe et pour- suivent leur chemin au petit bonheur. Que d’imprévu les attendait ! les voilà montant un escarpement bien abrupt pour devoir, à quelques pas plus loin, dégringoler, en s'aidant de branches et de souches d’arbres, un talus presque à pic ; c’est ensuite la voie ferrée à traverser, un passage à se frayer dans des broussailles aussi épineuses que touffues, un large fossé à sauter, une haie à franchir. Bref nos botanistes doivent se livrer à pas mal de sports divers et détiennent pour le moment, parmi tous leurs collègues (parlons le langage de notre époque), le record 115 de l'aptitude à franchir les obstacles. Heureusement que toutes ces peines sont récompensées : nos scissionnaires retrouvent la bonne voie et opèrent leur jonetion avec le groupe principal. Nous gagnons alors, pour les suivre en partie, la route de Baelen à Henri Chapelle, puis un embranchement vers Welkenraedt. Le parcours le long de ce chemin inter- rompt l’herborisation pendant un quart d'heure, car rien qui soit digne de remarque ne pousse là. Cette interruption momentanée fait goûter d'autant plus vivement le plaisir de déboucher à l’improviste dans une halde calaminaire où sont réunies en un charmant tapis végétal les quatre espèces si caractéristiques de ces sortes de terrains, Nous avons nommé les Alsine verna Bartl., Thaspi calaminare Lej., Viola lutea Huds. et Armeria elongata Hoffm. Elles sont désignées dans les flores belges sous le nom de « plantes calaminaires » parce qu'elles sont localisées dans notre pays à l'extrémité orientale de la zone calcareuse, sur les débris d’exploita- tions de calamine. Il paraît que cette intéressante association n’est cependant qu'aceidentelle, locale et que, dans leur aire générale de distribution, ces plantes s'accomodent parfaitement de roches ou terrains ayant une autre composition minéralogique. Deux d'entr'elles, le Viola etle Thlaspi, ont du reste déjà été rencontrées aujourd'hui près du ruisseau, en des stations où le calcaire carbonifère affleure sans mélange de terrain calaminaire. Quoi qu'il en soit, la rencontre de ces charmantes fleurettes est accueillie avec faveur et d’abondantes provisions en sont faites pour nos collections. L'Armeria elongata Hoffm. nous amuse surtout : il cherche à justifier son nom en étendant vers nous des hampes 116 («LE florifères longues de 30 à 40 centimètres : il y a chez elles comme une rivalité à se dépasser mutuellement en hauteur. Ajoutez à ces espèces une populeuse habitation de Sisymbrium Sophia L. et toujours, et toujours des Hesperis matronalis L., dans l’ombre des bosquets ou sur les berges des filets d’eau, et vous aurez la nomenclature complète des espèces recueillies durant cette matinée. Nous sommes si absorbés par ces récoltes que nous en oublions l'heure ; il nous faut agrandir les enjambées et accélérer la marche pour atteindre la station frontière de Welkenraedt avant le départ du train de Bleyberg. Heureusement, les gens du pays sont complaisants; dans leur patois mi allemand, mi flamand, ils renseignent les chemins de traverse avec grande obligeance. Quelques instants après la locomotive nous entraine à toute vapeur vers Montzen en traversant, près Henri Chapelle, les dernières prairies du pays de Herve, tout encadrées de haies élevées qui divisent la terre comme un vaste échiquier de verdure et donnent à cette région un cachet si particulier et original. Bientôt amenés à destination, nous nous rafraichissons d'exellente bière locale. Puis, en route pour le territoire neutre! Nous voici parcourant la route pavée vers Moresnet belge, jusqu'au point où la Gueule coupe le chemin. Remontons pendant quelques pas une dérivation du ruis- seau et arrivons à une station de Cochleuria officinalis L. Cette plante d'introduction est fort rare en Belgique; la plupart d’entre nous ne la connaissent que pour l'avoir vue dans l’un ou l’autre jardin botanique. La petite colonie n’est guère importante et, pour échapper à la couvoitise des botanistes, elle a élu domicile dans de 117 minces ilots, au sol fangeux, en des refuges presque inaccessibles. Elle a même à sa disposition un moyen de protection supplémentaire dont elle use aujourd’hui à son grand avantage : l’inondation des rives du cours d’eau, par suite de la complète ouverture des écluses du moulin d'amont. Tous les profits de ce système défensif sont pour le Cochlearia qui se rit de notre impuissance à l'aborder. Battons plutôt en retraite et réservons-nous pour d’autres occasions qui vont se présenter, parait-il, aux confins de la Prusse, distante tout au plus d’une demi lieue. Dans un ravin humide, proche de la Gueule, quelques cryptogames intéressantes sont rencontrées : Fontinalis antipyrelica L., À mblystegium serpens Sch., À. riparium Sch., Hypnum stellatum Schreb., H. filicinum L., Rhyn- chosteqium rusciforme Sch., Fegatella conica Corda, Mar- chantia polymorpha L. Sur le mur de rive du ruisseau, M. Halin trouve le Lepidium Draba L., plante rare dans celte région. L’Impatiens Noli-tangere L., non encore fleuri, croit dans les endroits ombreux; au moulin, près du déversoir, de magnifiques échantillons d’Aconitum lycoctonum L. et Polystichum Filix-mas Roth. Par un sentier serpentant agréablement au milieu des prés ou le long de vieux saules, nous arrivons à une des bornes-frontière et pénétrons dans le territoire neutre. — « Im neutral » disent les habitants du pays. La partie la plus intéressante de cette petite bande de terrain, confinée entre la Belgique. et la Prusse rhénane, est, pour le botaniste, le « trou de Moresnet », ancienne carrière à ciel ouvert, au nord des installations métallurgi- ques de la « Vieille-Montagne ». Imaginez une vaste exca- vation plus ou moins circulaire, profonde d’une cinquan- 118 taine de mètres, ouverte du côté sud-est où le niveau du fond se raccorde tant bien que mal au terrain environnant; tout le pourtour est bigarré de remblais multicolores avec, de ei de là, des affleurements gris ou bruns du sol natu- rel. Le soleil fait ressortir avec intensité la coloration rouge, blanc-crayeux, noire, bistrée ou gris-vert de ces détritus et contribue à rendre attrayante la vue de ces vestiges d’exploitation minière. En ami de la nature on pardonnerait presque l’« éventrement » de la mon- tagne pour le spectacle original qu'il procure. Dans le fond, des marécages et flaques d’eau aux légions pressées d'Eriophorum dont les aigrettes flottent élégamment au vent; dans le sud, des ateliers, des voies ferrées, des cana- lisations d’eau, des tuyauteries, bref toutes les installations d’une vaste exploitation industrielle. Le côté par lequel nous avons atteint le trou de Mores- net, est un point culminant du ciel de l’ancienne carrière ; nous embrassons tout cet ensemble d’un coup d'œil et nous admirons longuement ce panorama singulier. Nous entreprenons maintenant la descente des parois du trou et retrouvons là nos quatre plantes calaminaires, belles, vigoureuses, bien fleuries; en plus, des touffes nourries d’Avena pratensis L., de Festuca elatior L., de F. ovina var. tenuifolia Sibth., de Melica ciliata L. Dans les bourbiers du fond, les Eriophorum polystachyon L., et E. vaginatum L., Typha latifolia L., Potamogeton crispus L., Scirpus lacustris L. sont des plus abondants ; sur la vase des bords, des exemplaires bien fertiles des mousses Bryum pseudo-triquetrum Schwaegr. et Philo- notis calcarea Br. et Sch., sont ramassés ainsi que de petites plaques d'une hépathique, le Jungermannia Gen- thiana Hüb. 119 Mais il est plus de midi et nos estomacs crient famine, à l'inverse de nos vasculums et cartables qui regorgent de provisions florales. L’on se met à la recherche du « Casino » de Moresnet (on ne se refuse rien en territoire neutre) où un repas substantiel et réconfortant est très joyeusement apprécié. S’il fut tel, ce n’est hélas que d’après oui-dire que nous le rapportons, car les attraits du « trou » avaient si bien captivé l'attention de votre rapporteur et celle de son guide, M. Halin, qu'ils s’étaient finalement trouvés seuls et sans connaissance... des projets gastronomiques de leurs compagnons. Mais bast, il n’y avait pas là de quoi les embarrasser beaucoup : ils ont bien vite aperçu une auberge-restaurant, d'apparence avenante, où une savou- reuse tranche de jambon et la mousseuse bière d’Eupen sont les bienvenues. Cette collation terminée, les deux égarés traversent la grand’route séparant le territoire neu- tre de la Prusse et vont faire le tour de beaux étangs qui s'étendent à quelques pas de la frontière. Les Potamo- geton natans L., lucens L., crispus L., Ranunculus diva- ricatus Schrk. sont à y signaler ; sur les pierres, dans le lit d’un petit affluent, végète le Brachythecium rivulare Sch. Remontant ensuite de quelque deux cents mètres le cours du ruisselet, le tant désiré Cochlearia officinalis L. est recueilli en exemplaires fleuris et fructifiés. La récolte est faite aussi abondante que possible pour qu’un partage puisse se faire lorsque tous seront de nou- veau réunis. S Des Orchis mascula L., latifolia L. et maculata L., émaillent l’herhe des prairies riveraines et d'énormes Cirsium oleraceum Scop. dominent la végétation. IL faut bientôt songer au retour : la distance d'ici à la 120 station de Montzen est de plus de trois kilomètres; d’ail- leurs toutes les espèces intéressantes signalées dans ces parages ont été rencontrées. Adieu donc à la Prusse Rhénane et à Moresnet-Calamine. Par les jolies avenues de ce village nous regagnous le chemin qui nous fait ren- trer en Belgique. A Moresnet belge nous retrouvons nos amis qui reçoi- vent avec plaisir les échantillons de Cochlearia dont nous pouvons disposer en leur faveur. Sur un mur construit en pierres calcaires se montrent les croûtes dorées d'un lichen assez intéressant : le Pla- codium murorum Nyl.; sur les troncs des peupliers bor- dant la route, s’accrochent d’autres espèces très com- munes de cette classe de plantes : les Physcia ciliaris DC., Xanthoria parietina Th. Fr. et Parmelia aceta- bulum Duby, comme lichens foliacés ; les Lecanora sub- fusca Ach. et Lecidella parasema Ach., comme lichens crustacés. Tous rassemblés sur le quai de la station, nous formons un groupe que M. Nypels photographie. Une seconde de pose et nous voilà fixés sur la plaque sensible. M. Wesmael part à Welkenraedt; il se dirige sur Eupen où des amis l’attendent. Le retour à Verviers s'effectue sans autre incident que la cueillette rapide, pen- dant l’arrêt du train à la halte de Nasproué, de nombreux Sisymbrium austriacum Jacq., sur les rochers bordant la ligne ferrée. De retour à l’hôtel, nous nous occupons de la prépara- tion et du classement des plantes récoltées. Puis vient l'heure du diner. Inutile de dire s'il y fut fait honneur; rien n'aiguise l'appétit comme nos salu- taires herborisations et l'on sait que tout vrai botaniste 121 éprouve, selon les circonstances, autant de plaisir à goûter d'un légume bien servi à sa table qu’à rencontrer une rareté florale dans les champs : il s'assure ainsi des satis- factions à la fois physiques et intellectuelles. Pendant le dessert, M. Halin fait passer dans les mains des convives un bel exemplaire d’une rarissime petite Crassulacée, le Bulliarda aquatica DC., trouvée par lui sur les graviers de la Vesdre près d'Ensival. Il s’agit sans aucun doute d’une plante accidentellement introduite dans cette région, issue d'une graine dont l'eau de la rivière se sera chargée en amont, en lavant des laines exotiques. M. Crépin félicite l’auteur de cette découverte et le remercie, au nom de la Société, des indications précieuses qu'il a données aujourd'hui pendant l'herborisation. De vifs remerciements sont aussi adressés à M. Co- gniaux qui s’est obligeamment occupé de nous retenir des logements à Verviers et qui ne peut, à notre grand regret, être des nôtres le lendemain. Après le repas, courte promenade en ville, visite d'un des principaux cafés, retour à l'hôtel et, incident amu- sant pour terminer cette agréable journée, méprise de l’un de nous qui ouvre la porte d’un balcon croyant ouvrir celle de sa chambre à coucher! La visite du Café Royal n’est évidemment pour rien dans cet incident, Dès le quart de sept heures nous sommes réunis le lendemain matin à la station de Verviers, devant le train de la ligne de Herve. M. Famenne, de Dolhain, est venu pédestrement de chez lui se joindre aux excur- sionnistes. La voie est tracée suivant une série de courbes, de rampes, de tunnels, d'ouvrages d’art remarquables; cela 122 dure jusqu’à Battice où l’on parvient au plateau. Pendant que dans cette station nous attendons la correspondance pour Aubel, jetons un coup d'œil sur la partie de pays qui s'étend au loin devant nous, dans les directions du Nord et de l'Est. Le plateau de Herve constitue la presque totalité de la partie de la province de Liége comprise entre la Meuse, la Vesdre et les frontières prussienne et hollan- daise. Comme la ligne de faite est relativement proche de la Vesdre, la chute du plateau vers cette rivière est assez rapide, tandis que le versant opposé, un peu mamelonné, a une déclivité générale bien moins sen- sible. C'est ce versant que nous dominons : il est pareil à un vaste échiquier verdoyant de grasses prairies, toutes encloses de haies vives et élevées, avec quelques vallons où serpentent la Gueule, la Gulpe, la Voer et, plus près de nous, la Berwinne. Par places, une rangée d’arbres de haute tige fait deviner une route. Des vil- lages sont blottis dans ce grand massif de verdure, accusés seulement par le faite du clocher qui surgit des ramures environnantes. C’est l’agreste royaume des pâtu- rages, le plantureux domaine des troupeaux dont le laitage a consacré la renommée du pays. Point de chemins ni de sentiers visibles de loin; les haies les dissimulent et il faut être enfant du pays pour trouver les étroits passages mévagés dans les clôtures et avoir l’accès des petites sentes de communication. Et cela va ainsi jusqu'à l’ex- trême horizon, jusqu’au delà d'Henri Chapelle, de Hom- bourg, d'Aubel, de Val Dieu, … Le sifflet de la locomotive, qui annonce le train de Liége, nous arrache à ce tableau en nous amenant MM. Nypels, Sladen et Lonay. 125 Tous ensemble nous partons pour Aubel qui est atteint en vingt minutes. Dans ce village, rencontre de M. le docteur Jorissenne qui augmente le nombre des excur- sionnistes. Recommençons à herboriser à présent et prenons le Blitum Bonus Henricus Rechb., les Rosa rubiginosa L. et R. arvensis L., tout en grimpant la côte que suit le chemin d’Aubel à La Plank. Parvenus au sommet du roidillon, nous croisons la route de Visé à Bleyberg et nous jouissons d’une nouvelle vue magnifique. C’est dans l’est une triple rangée de collines se profilant les unes sur les autres avec une couronne de forêts pour fermer l'horizon du côté d’Aix-la-Chapelle; plus au sud, les cimes de l'Hertogenwald. Profitons de ce qu’il n’y a rien à glaner le long du chemin pour avancer rapidement vers Teuven qui se dissimule entre deux élévations boisées. La Gulpe arrose ce fond ainsi que celui de Remersdael à notre droite : nous voici entrés dans la partie flamande de la province de Liége. Un crochet fait dans un bois de haute futaie n'amène la récolte d'aucune espèce intéressante; reprenons donc la grand’route et, peu après, le chemin vers Teuven. De loin nous apercevons une large bande blanchätre, à mi côte d’une colline, à la lisière inférieure d’une forêt. C’est un affleurement de terrain crétacé et Île coteau en question, appelé dans le pays « Op den toebak », est celui sur lequel doivent se recueillir d’inté- ressantes Orchidées. En attendant, nous n'avons à signaler que Luzula albida DC., L. sylvatica Gaud. et Pteris aquilina L.; dans un bosquet de sapins, vers la gauche, le Neottia Nidus-avis Rich. Dans un sentier, entre deux 124 haies, une réunion de corolles papilionacées blanches arrête le regard : nous sommes en présence d’un Vicia ayant toute l'allure du V. sepium L. Sous réserve de vérification ultérieure plus complète, la plante serait le Vicia sepium L. var. albiflora Gaud. (Helv.). Le village n’est plus guère éloigné maintenant et, en y entrant, nous avons l’agréable surprise de rencontrer M. Hardy, un sociétaire des plus infatigables, déjà venu à pied de Visé et M. Kevers, l'instituteur de la localité. Dans une bonne auberge villageoise, on se réconforte d’omelettes au jambon, pain, bière et café. M. Hardy distribue des plantes rares qu'il a transplantées dans son jardin, telles que Salvia pratensis L., S. sylvestris L., Campanula latifolia L. (trouvée sauvage par lui dans les bois de Cannes), Melissa officinalis L., Thalictrum depau- peratum Dmrt., Parietaria officinalis L., Anchusa sem- pervirens L., Lychnis viscaria L., ete. — L'Equisetum maximun Lmk peut se recueillir dans des bosquets VOISINS. A la sortie de l'auberge M. Nypels braque son appareil photographique sur la société qui, pour embellir et varier le groupe, réquisitionne le beau sexe local en la personne des demoiselles de l’auberge. Nous apprimes, hélas plus tard, que l'épreuve de cette pose ne valait rien; Juste punition méritée pour nous être occupés d'autre chose que de botanique pendant l’herborisation. Courons maintenant « Op den toebak » ! et voici l’anec- dote qui explique l'origine de cette dénomination. Il y avait une fois... (tout conte qui se respecte com- mence par cette formule), il y avait donc, disons-nous, des douaniers originaires d'Obourg, près Mons, qui furent appelés en service dans cette partie du pays de 125 Liége. Nos hommes qui provenaient d’un pays où le bon tabac —- rien de la chanson — est fort en honneur, étaient on ne peut plus marris de n'avoir à fumer que des tabacs peu aromatiques à leurs palais d'Obourgeois! Notez aussi qu’ils n'étaient pas assez riches pour se faire envoyer par les parents ou amis du village natal de copieuses provisions de leur chère herbe et qu’ils étaient trop hon- nêtes douaniers pour humer les cigares confisqués par leur administration aux voyageurs peu scrupuleux, pincés en flagrant délit de contrebande. Telles des âmes en peine, ils faisaient mélancoliquement leur service de surveillance à la frontière du Limbourg hollandais, rêévant à la belle fumée bleue que donne le véritable Obourg, quand un beau jour, à bonheur, ils tombèrent en arrêt devant le coteau crétacé de Teuven. « Voilà de la terre d'Obourg » s’écrièrent-ils et ils en palpent, ils en pressent dans les doigts, ils en goûtent presque, pour avoir la certitude que leurs yeux ne les trompent pas. Et à l'instant ils se cotisent pour faire revenir d'Obourg de la vraie semence de leur cher tabac. [ls sèment la plante sur ce coteau, ils en récoltent et, du même coup, retrouvent le bonheur. Leurs plantations prospérèrent et les paysans des environs désignèrent par « op den toebak » la colline sur laquelle le « toebak » était planté. Depuis, les douaniers sont partis, le tabac a disparu, le nom seul est resté ! Ayant atteint ce coteau célèbre, MM. Hardy et Kevers nous font de suite recueillir la plus rare de toutes nos Orchidées indigènes, l'Aceras anthropophora R. Br. Il y en à de nombreux représentants et les excursionnistes ont bien soin d’en respecter les bulbes. Un brillant état-major entoure l’Aceras. Voici dans l'herbe de la pelouse les 126 Orchis Morio L. et O. mascula L.; sous un buisson, l’Orchis purpurea Huds.; dans la sapinière voisine, des centaines de pieds d’'Ophrys muscifera Huds., puis des Neottia Nidus-avis Rich., N. ovata BI. et F., des Cepha- lanthera grandiflora Babgt., des Platanthera montana Rchb. Nous sommes émerveillés d’une telle abondance de raretés végétales. Voici encore dans l'herbe le Polygala comosa Schk., et, au pied des hêtres, le Cystopteris fra- gilis Bernh. L'heure avance et nous aurons une longue marche à fournir pour loger à Visé ce soir; il faut donc quitter cet éden des Orchidées, non sans que M. Nypels photographie un groupe et prenne une vue de cet endroïitcharmant. Nous prenons congé de MM. Famenne et Kevers en les remer- ciant chaleureusement de leur obligeance à nous guider, puis remontons vers le hameau de La Plank par une route droite, sans ombre, sous un soleil de feu. Pas un souffle de vent pour tempérer l’atmosphère brülante. Il faut marcher près de trois quarts d'heure avant d’arriver à ce petit poste frontière où, à la surprise générale, une fine pluie commence à tomber. C'est le prélude d’un orage malencontreux. Nous nous engageons néanmoins à travers des prairies où le Spiranthes spiralis C. Koch, peut se recueillir vers la fin de l'été, pour entrer dans le Kronenbosch, bois de basse futaie où le Trientalis europæa L. a été découvert il y a deux ou trois ans. Malgré les plus actives et les plus consciencieuses recherches, les circuits et battues sans nombre, nous ne retrouvons pas cette espèce qui est Ici en dehors de son aire habituelle de dispersion en Belgique. Force nous est de cesser nos investigations : la pluie augmente et le tonnerre gronde avec violence. Nous bat- 107 tons en retraite en descendant un sentier vers la Voer, le hameau de Veurs et le village de Fouron St-Pierre, tandis que la feuillée, déjà imprégnée d’eau, a vite fait de nous tremper jusqu’au dessus des genoux. Les plus intré- pides se risquent cependant encore sur un coteau calcaire, planté de sapins, où viennent de merveilleux spécimens d'Orchis purpurea Huds. et de Cephalanthera grundiflora Babgt. ; ces derniers atteignent jusqu’à 50 et 60 centi- mètres de hauteur ! L'Ophrys muscifera Huds. est aussi aperçu, ainsi que de nombreux fruits de Fragaria vesca L,. arrivés à parfaite maturité. Nous prenons un cordial et nous engageons dans des prairies marécageuses où croissent Crepis paludosa Mônch et Equisetum maximum Lmk. Nous avons de l’eau plein les bottes et il en tombe à plaisir sur la nuque : cela tem- père un peu les ardeurs de la matinée et jette la déban- dade parmi les herboristes. M. Durand se sépare de nous à Fouron St-Martin, retournant à Aubel; M. Vanpé est parti seul en avant pour Visé dès le début de l'orage ; d’autres amis négocient un transport en voiture vers cette ville, mais n’aboutissent pas à conclure un accord avec le propriétaire du véhicule; ils doivent forcément suivre à pied ceux qui, s'étant résignés, les ont devancés. Plus de dix kilomètres restent à faire sous une pluie dilu- vienne! Non contents de gagner Visé par la route la plus courte, de passionnés amateurs d'archéologie, M. le doc- teur Jorissenne en tête, vont voir la chapelle Delvaux ou chapelle romaine, à quelque distance vers la gauche du chemin, toute construite en matériaux romains mis au jour dans les champs environnants. M. Hardy donne des ren- seignements sur tous les détails du pays, sur le folklore, sur les antiquités préhistoriques et romaines de ces para- 11 128 ges, sur les fouilles qu'on y a pratiquées, sur la villa romaine découverte vers 1840 au Steenbosch, près duquel nous passons au hameau de Scophem (territoire de Fouron le Comte). Ces très importantes ruines couvrent, paraît-il, plus de deux hectares, et l'on y a retrouvé en quantité parmi les décombres, des fragments de statues, de mosaïi- ques, de colonnes de marbre, des briques, des tuyaux en terre cuite, des tuiles (tegulæ), ete., etc. La pluie tombe toujours si dru que nous renonçons à visiter une colline, voisine de Fouron le Comte, sur laquelle on rencontre Herminium Monorchis R. Br. et une Ombellifère fort rare, le Falcaria Rivini Host. Pour- suivons notre chemin par Berneau, passons y la Berwinne pour arriver à Visé le soir, trempés par six heures d’ondées continuelles. Dans la petite ville, M. Hardy nous reçoit chez lui, avant que nous allions à l’hôtel : visite de son jardin, de curiosités minéralogiques et archéologiques, de son her- bier. À l’hôtel, ce nous est un vrai bien être de trouver du feu pour sécher les vêtements ; un souper bien chaud ravive nos forces et un vaste plat du mets national, l’oie à l’instar de Visé, achève de nous réconforter. Aussitôt levés le mardi matin, nous interrogeons anxieu- sement le ciel : pleuvra-t-il ou non ? Bien qu'il passe de lourds nuages gris et menaçants, nous sommes décidés à tenter l’exécution du dernier numéro du programme: visi- ter quelque coin des contreforts de la Montagne St-Pierre à Petit-Lanaye. Traversons donc le pont jeté sur la Meuse, le hameau de Devant-le-Pont et arrivons au canal latéral de Liége à Maestricht, près de Haccourt. L'heure de passage du bateau n'étant pas encore sonnée, il nous est loisible 129 d’aller attendre celui-ei à la halte suivante. Nous côtoyons la rive gauche en pataugeant dans une boue extraordinai- rement épaisse et glissante. Les Sinapis alba L. et Lathy- rus Nissolia L. sont rencontrés dans les endroits herbeux de l’aceotement. Plus loin, à proximité de Lixhe, une mare nourrit abondamment les Carex Pseudo-Cyperus L., Lemna trisulca L., Potamogeton densus L., Ranunculus Lingua L., et R. sceleratus L. ; sur les parties de terre qui émergent, l'Erythrea pulchella Fries. Le bateau arrive sur ces entrefaites et nous nous embar- quons pour Petit-Lanaye. A une courte distance dans l'ouest, s’étend parallèlement au canal une importante montagne calcaire séparant les vallées du Geer et de la Meuse. C'est sur une partie de ce promontoire que porte- ront nos recherches. La pluie nous épargne jusqu’à présent. Aussitôt débarqués, nous observons dans le canal, Pota- mogeton pectinatus L.; dans un fossé voisin Ranunculus divaricatus Schrk., Potamogeton densus L., Typha angus- tifolia L. Nous nous rapprochons bientôt de la montagne et trouvons coup sur coup, Rosa dumalis Bechst., R. rubiginosa L., Lithospermum ofjicinale L., Asparagus officinalis L., Orchis Rivini Gouan, Hypericum monta- num L., Campanula persicaefolia L., Lonicera Xylosteum L., Epipactis latifolia AI]. Une plante caractéristique de la localité échappe cependant aux botanistes : le Thalictrum depauperatum Dmrt. Le temps manque pour poursuivre les recherches; il faut rebrousser chemin jusqu’à Petit- Lanaye, pour nous diriger dans le nord, vers Slavante. Juste à la frontière hollandaise, marquée par une haute borne de fonte, croissent les Colutea arborescens L. et Ber- beris vulgaris L., le premier bien en fleurs, le second 150 déjà en fruits. Trois des nôtres escaladent la montagne en une ascension ardue, sous la conduite de M. Hardy, pour recueillir l'Omphalodes verna Münch. Cette plante, déjà défleurie, croit sous les buissons touf- fus d’un bois, au bord d’une sorte de vaste entonnoir qui semble produit par l'effondrement d’une partie du plateau calcaire. Une végétation luxuriante a tout envahi et l’on ne juge pas facilement de la configuration et de la profon- deur de l’excavation. Dans les champs avoisinant le bois, l'Orobanche minor Sutt. a nombre de représentants et, dans le sentier suivi pour opérer la descente, nous cueillons Koeleria gracilis Pers., Helianthemum sulfureum et Ajuga Chamoepitys Schreb. Le temps fait défaut pour rechercher l’Orobus niger L. Poursuivant notre route, nous observons les bizarres découpures des rochers de la montagne. Peu après se présentent le Coq rouge et la Poule rouge, deux enseignes de cabarets qui semblent indiquer que le propagande socialiste convertit iei jusqu'aux gallinacées. Sur der rocs voisins se trouvent encore de beaux Orchis Rivini Gouan, Ophrys muscifera Husd., Epipactis atrorubens Hoffm. (encore en boutons), Veronica persica Poir., Asparagus officinalis L. Quelques bulbes d'Orchis Rivini sontemportés par M. Guns pour les cultures du jar- din botanique. Dans les vastes prairies qui s'étendent sur l’autre rive du canal, jusqu’au fleuve, abondent les Orchis ustulata L. et O. coriophora L. Voici maintenant Slavante, sorte de casino privé, installé au milieu d’un joli jardin tracé sur le flanc de la montagne. De la terrasse du restaurant l'on aperçoit Maestricht à une lieue dans le nord, vaste agglomération 131 dominée par les tours de ses édifices ; à nos pieds le canal, la Meuse et au-delà le Limbourg hollandais où le chemin de fer de Visé semble un mince cordon noir. Cet intéres- sant paysage est admiré tout en déjeünant de bon appétit. Le bateau nous ramène à Devant-le-Pont, mais Me Houbion, MM. Coomans frères et Hardy s'étant quelque peu attardés à Slavante doivent, par une marche forcée, le rattraper à Petit-Lanaye, où l'on subissait, bien heureusement pour eux, les formalités douanières pour la rentrée en Belgique. A Visé, MM. Crépin, Marchal et Guns prennent le train du retour après que de chauds remerciements eurent été adressés à M. Hardy qui, pendant deux jours, s’est réellement dévoué la parfaite réussite de l’herborisation. Par la nomenclature de nos trouvailles tout le monde jugera que nous ne pouvions être mieux conduits. Les autres excursionnistes décident de ne partir qu’au dernier train et la couple d’heures qui reste est consacrée à la visite d’une tourbière où sont encore recueillis Epipactis palustris Crantz, Triglochin palustre L., Scirpus pauciflorus Light., S. Tabernaemontani Gmcl, et enfin Ophioglossum vulgatum L. La récolte de cette espèce clôt l’herborisation de 1895. Il ne nous reste qu’à regagner l’hôtel pour remettre un peu d’ordre dans notre toilette et faire les préparatifs du départ, Cela ne se termine pas sans que notre excellent photographe, M. Nypels, opère encore une fois. M. Vanpé seul reste jusqu'au lendemain : tandis que la locomotive nous emporte, il paraphrase sur le quai de la station le vers célèbre : x Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là! » 132 M. Troch analyse une notice sur les acquisitions de la flore belge de 1890 à 1895. Cette notice sera insérée dans le compte-rendu de la séance. LES ACQUISITIONS DE LA FLORE BELGE DE 1890 A 1895, PAR P. Troc. Notre Société ayant été fondée surtout pour rassembler et étudier les matériaux de la flore du pays, c’est entrer, croyons-nous, daus les vues de ses fondateurs que de reprendre la publication des acquisitions de la flore belge. Les renseignements contenus dans ces quelques pages, comme les indications renfermées dans les notices ana- logues antérieures, contribuent à mieux faire connaitre la dispersion des espèces dans nos différentes zones et régions botaniques. L’énumération des résultats obtenus par nos confrères dans leurs herborisations pourra avoir aussi pour effet de stimuler l’ardeur de jeunes débutants en leur démontrant qu'il n’est pas de coin du pays où l’on ne parvienne à trouver des espèces non encore signalées ou même entièrement inédites pour la Belgique. Voilà done un petit travail qui est à la fois une contri- bution à l’étude de la géographique botanique et une œuvre de propagande. M. Th. Durand, surchargé de besogne, n’a pu classer depuis 1889, les indications stationnelles que nos confrères lui envôyaient. Désireux cependant de ürer un parti utile de ces matériaux, il a bien voulu nous les confier dans le but que nous venons d'exposer. Avec l’appui de tous les sociétaires nous espérons pouvoir continuer régulièrement cette publication dans l'avenir. 133 Cette notice contient les résultats les plus intéressants des herborisations entreprises par M. Hardy aux environs de Visé, par M. le capitaine De Bosschere aux environs de Bruxelles et de Honnay (canton de Beauraing), par MM. Halin et Delrez dans la vallée de la Vesdre et par notre regretté confrère M. E. Lemoine dans le Luxembourg. Nous y avons ajouté les renseignements donnés par d'actifs explorateurs, tels que M°*° Houbion, MM. l'abbé Ghysebrechts, De Wildeman, Henry, Barzin, Préaux, François, Th. Gérard et Goffart. Enfin, quelques observa- tions personnelles, faites au cours d’exeursions entreprises avec des amis tels que MM. Tonglet, Lochenies, Stuyvaert et Léonard, sont intercalées dans ces pages (1). Anemone ranunculoides L. — AR., R. Calc. : Honnay (De B.). Ranunculus hederaceus L. — AR., R. en dehors de l’Ardenne; Jur. : Stockem (Lem.). — aquatilis L. var. paucistamineus Tausch. — AR., R. Jur.: mares à Bonnert (Lem.). — Lingua L. — R. Arg.-sabl, : Velthem (De B.); — RR. Calc. : mare à Lixhe, C. (A. Smeets). — auricomus L. forme apétale. — CC. à Rance et Montbliart (H.). *Eranthis hyemalis Salisb. — Était renseigné dans Arg.-sabl. comme naturalisé à Perk; j'ai trouvé quelques exemplaires de cette plante dans une pelouse à Vlesenbeke (Tr.). *Delphinium Ajacis L.— Subspontané en 1894 dans un champ de pommes de terre dans les dunes, entre Le Coq et Wenduyne (Tr.), (1) Les espèces non indigènes, au moins dans les localités indiquées, sont précédées de l’astérisque. Les abréviations suivantes ont été employées : H = M. A. Hardy; — Lem — M. E. Lemoine; — De B— M. le capitaine De Bosschere ; — Hal — M. Math. Halin; — Loch = M, G, Lochenies et Tr = M. P, Troch. 134 *Delphinium Consolida L. — AC. Cale., mais AR. dans le bassin de la Vesdre : Battice (Delrez). Aconilum lycoctonum L. — AR., R. Calc. : Honnay (De B.). Aclaea spicata L. — AR.,R. Calc. : Honnay (De B.). Saponaria officinalis L. — AR. Jur. : Vieux murs à Clairefontaine et Freylange (Lem.). — Vaccuria L. — R. Calc. : Soiron (Delrez), graviers de la Vesdre, de Goé à Nessonvaux (Hal.); — R. Jur. : Champs à Toernich (Lem.); — RR. Arg.-sabl. : Ixelles (De B.), Cureghem (Tr.). Silene conica L. — N'était signalé dans Jur. qu’entre Chantemelle et Vance. M. Lemoine en a trouvé une nouvelle station à Claire- fontaine. * — noctiflora L. — RR. Calc. : Battice (Delrez), entre Goé et Membach, Q. Q. P. (Hal.). * — 4rmeria L. — Camp. : bord d’un chemin à Wijneghem (Tr.); — Arg.-sabl. : sur la voie ferrée à La Hulpe. (De B.). * — dichotoma L. — Calc. : Battice, Cornesse (Delrez), Paihle (Charlet), graviers à Pepinster (Hal.). Sagina nodosa Bartl. — AR. Jur. : Stockem, Lingenthal (Lem.). Stellaria nemorum L. — R. Jur.: Metzert (Lem.). — glauca With. —R. Jur. : platinerie de Bonnert (Lem.); — AR, R. Camp, : Moerbeke-aux-Polders, Exaerde (Tr.). Cerastium erectum Coss. et Germ. — R. Calc. : pelouses sèches à Seilles (Barzin). Radiola multiflora Lmk. — AR., R. Jur. : Stockem (Lem.). Impatiens Noli-tangere L. — AR. Calc. : Goé (limite Ard.) (Hal.) ; — AR. Jur. : Bonnert, Halanzy (Lem.). Geranium sanguineum L. — R. Calc. : Soiron, Q. Q. P. (Hal.). — phaeum L. — AR. Arg-sabl. : Uccle (De B.). * Malva borealis Wallm. — Calc.: graviers et décombres à Ensival et Juslenville (Hal.). Althaea hirsuta L. — RR. Cale. : Freyr (De B ); — trouvé dans la Camp. sur des décombres à Schaffen (abbé Ghysebrechts). Polygalu comosa Schk. — AR. Calc. : Honnay (De B.); Teuven (H.). Monotropa Hypopitys L. — R. Jur.: Attert, Thiaumont, Guirsch, Halanzy (Lem.). Androsaemum officinale All. — Trois nouvelles habitations de cette hypéricinée ont été découvertes à Andenne et à Coutissse, dans des bois, auprès de sources (Barzin), 135 Drosera rotondifolia L. — R. Jur.: Bonnert, Lagland, Fouches (Lem.. — intermedia Hayne. — R. Jur.: avec l'espèce précédente (Lem.). Pyrola minor L. — AR. Jur. : Bonnert (Lem.). Corydalis claviculata DC. — En dehors de la Camp. cette espèce n'avait été rencontrée que dans 2 ou 3 localités de Arg.-sabl. ; M. Hardy a trouvé cette jolie espèce dans des marais près Visé. Fumaria officinalis L. var. media Lois. — Calc. : Visé (H ). — Vaillantii Lois. — RR, Arg.-sabl. : Watermael (De B.). Barbarea vulgaris R. Br. — AR. Jur. : Nobressart, Thiaumont Lem.). Dentaria bulbifera L. — Dans son Manuel de la flore de Belgique, M. Crépia dit que les siliques de cette plante avortent ordinaire- ment. — Nous avons eu la bonne fortune de récolter plusieurs pieds de cette crucifère portant des siliques déjà bien dévelop- pées, dans la vallée de la Lesse, près de Chaleux, vers la fin du mois de mai dernier (Tongjlet, Loch. et Tr.). Cardumine amara L. — AR. ou AC. Jur. : Bonnert (Lem.). — impatliens L. — AR. Jur.: sur des rochers près de l'Attert (Lem.). Sisymbrium Sophia L. — R. Calc. : sur un vieux mur à Goé (Hal.). *. — Sinapistrum Crantz. — Très rarement subspontané : Verviers, Ensival (Hal.). — pannonicum Jacq, — Introduit à Visé (H.). * — Columnae Hook. — Calc. : Visé (H.). Erysimum orientale R, Br. — R. Cale, : Battice (Delrez), graviers de la Meuse près Maestricht (H.), moissons à Trivières (Willain). — cheirantoides L. — Est assez rare dans certaines régions: Calc. à Coutisse (Barzin); — Jur. à Clairefontaine (Lem.). *Diplotaxis muralis DC. — Calc., talus de la Vesdre à Bellevaux (Hal.). *Erucastrum Pollichii Sch. et Spr. — Très rarement observé à Pétat d'introduction passagère. Arg.-sabl. : Ixelles (Dutrannoit) ; Uccle (De B.) ; — Calc. : Dolhain (Hal.). Lunaria rediviva L. — R, Calc. : Honnay (De B.). Alyssum calycinum L. — AR. Jur. : entre Guirsch et Fraesen (Lem.); — Cale. : Honnay (De B.). : — fincanum L. — Introduit dans la rég, jur. à Bonnert et Arlon (Lem.); dans Calc. à Battice (Delrez), Ensival (Hal.); dans Arg.-sabl. à Ixelles et Etterbeek (De B.), Neder-over-Heembeek et Humbeek (Er.}: *Cochlearia Armoracia L. — Naturalisé abondamment sur les rives de l’Escaut à Gand (Stuy vaert). * 136 Camelina syluestris Wallr. — R. Calc.: Lixhe (H.), graviers de la Vesdre (Hal.). Thlaspi perfoliatum L.— AR. Jur. : Bonnert (Lem.); — AR. Calc. : bord d'une route à Lambermont (Hal.); — RR, Arg.-sabl. : Ganshoren (indig. ?) (De B.). — montanum L. — RR. Calc. : Honnay (De B.). Iberis amara L. — AR. Calc. : Pepinster, Cornesse (Hal.). *Lepidium perfoliatum L. — Introduit dans une prairie près Bellevaux (Vesdre) (Hal.). *° — graminifolium L. —Calc.: décombres à Ensival (Hal.) ; — Arg-sabl. : Molenbeek-St-Jean (Préaux), Neder-over-Heembeek (Tr.). — Draba L — R. Arg.-sabl. : paraît se répandre aux environs de Bruxelles : décombres à Neder-over-Heembeek, talus du ch. de fer à Cureghem et accotement d’une route à Lennick-St-Martin (Tr.); — Calc. : vieux mur à Moresnet (Hal.). — virginicum L. — Naturalisé dans Marit. : Ostende (Hal.); — Arg.- sabl. : Haeren (De B.); — Calc. : Envisal, Surdents, Lambermont (Hal.). Biscutella laevigata L. — R. Cale. : Vieuxville (H.). *Sen-biera didyma Pers. — RR. Cale. : Ensival (Hal.). Neslia panieulata Desv. — RR. Calc.: Bois de Herve (Delrez), Ensival (Hal.). *lsatis tinctoria L. — Jur. : Fraesen (Lem.). *Myagrum perfoliatum L. — Très rarement introduit. Calc. : Lamber- mont (Hal.); — Arg.-sabl. : Vilvorde (Tr.). *Bunias orientalis L. — Champs à Cerfontaine (Marchal). Ononis spinosa L. — AR. Arg.-sabl. : Perk (De Wildeman). Lotus corniculatus L. var. tenuis Kit. — R. Jur. : Guirsch (Lem.). Astragalus glycyphyllos L. — AR. Calc.: Honnay, Froidlieu (De B.), Falmignoul (Tonglet, Loch. et Tr.); — RR. Arg.-sabl.: berge du canal de Willebroeck à Pont Brülé (Tr.). *Melilotus albus Desr. — Jur.: Entre Bonnert et Arlon (Lem.). * — parviflorus Desf. — Calc.: Soiron (Delrez). Medicago falcata X sativa. — Cale.: rochers à Cannes (H.). — minima Lmk. — R. Cale.: ca et là le long de la Vesdre, entre Goé et Cornesse (Hal.). — denticulata Willd. —R, Cale. : graviers de la Meuse, près Visé (H.). Trifolium agrarium L. — R, Calc. : Andenue (Barzin), Honnay (De B.). *% 137 Trifolium medium L. — R. Arg.-sabl, : Groenendael, La Hulpe (De B.); — R. Ard, : La Reid (Tr.), — montanum L. — AR.,R, Calc.: Honnay (De B.). — fragiferum L. — AR. Jur.: entre Metzert et Tontelange (Lem.), Vicia varia Host. — RR. Calc. : Ensival (Hal.), Mariembourg (Tr.). — villosa Roth. — RR, Calc. : graviers de la Vesdre à Pepinster et Ensival (Hal.). Lathyrus tuberosus L. — R. Calc.: Frasnes lez-Couvin (Colonval); — R. Jur. : Athus, Halanzy, Aubange (Lem.); — RR. Camp.: Rijckevorsel (De B.). — sylvestris L. — AR. Jur.: Bonnert, Fraesen, Aubange (Lem.). — Aphaca L. — AR. Calc. : toute la vallée du Geer, de Roclenge à Cannes (H.), Olne (Delrez), Ensival (Hal.); RR. Arg.-sabl. : Watermael (De B.). — Nissolia L. — AR. Arg.-sabl.: Laeken (Préaux), Watermael, Woluwe-St-Pierre, Stockel (De B.), Auderghem (Tr.). *Coronilla varia L. — Très rarement subspontané, Calc. : graviers de la Meuse près Visé (H.), un pied à Louhan (Vesdre) (Hal.). Hippocrepis comosa L. — RR. Jur. : Clairefontaine (Lem.). Lythrum hyssopifolia L. — R. Calc.: champs argileux à Andenne (Barzin), graviers de la Vesdre à Ensival (Hal.). Montia fontana L. var. minor Gmel, — AR. Arg.-sabl. : Rossignol près Buissenal (Henry). x — — — rivularis Gmel. — AR, Ard, : marécages des hautes fagnes piès Haut-Regard (Hal. et Tr.). | Herniaria glabra L. — R. Jur.: Fraesen, Waltzing (Lem.). * — hirsuta L. — Calc.: décombres à Juslenville (Hal.). Scleranthus annuus L. var. biennis Crép. — Jur.: Fraesen (Lem.). *Bulliarda aquatica DC. — Une touffe sur les graviers de la Vesdre à Ensival (Hal.). Sodum sexangulare L. — AR. Calc. : Cannes, Wonck (H.). — elegans Lej.— RR. Arg.-sabl. : La Hulpe (De B.). Vraisemblable- ment introduit. Rubus festivus P.-J. Müll, — Cale, : buissons à Andrimont (Hal.). — hedycarpus Focke. — Calc. : talus à Rivage (Comblain au Pont) + (Hal). Geum rivale L. — R. Calc. : Honnay (De B.). Fragaria collina Ehrh — AR.bande méridionale du calc.: Honna y (De B.), 138 Comarum palustre L. — AR. Jur.: Bonnert, Katzenwies, Lagland, Stockem (Lem.). Potentilla argentea L. — AR. Arg.-sabl. : Weerde (De Wildeman); — Jur. : Clairefontaine, Guirsch (Lem.). — recta L. — Arg.-sabl. : La Hulpe (De B.). * — intermedia L. — Calc. : lieux incultes à Bellevaux (Hal.); — Arg.-sabl. : près de l'écluse du canal à Humbeek (Suttor); j'ai vu la plante dans cette station (Tr.). *OEnothera biennis L. — AR. Arg.-sabl. : Groenendael, Ixelles, Haeren (De B.), Leeuw St Pierre (Tr.) ; — R. Jur. : Clairefontaine (Lem.). Myriophyllum spicatum L. — AR. Jur. : Schadeck (Lem.). Bupleurum rotondifolium L. — AC. Calc., mais seulement vers sa limite méridionale : Honnay (De B.), trouvé dans le bassin de la Vesdre à Ensival (Hal.); — introduit dans Arg.-sabl. : Champs à Jette St-Pierre (Préaux et Tr ), Vilvorde (Tr.). Eryngium campestre L. — RR. Calc. en dehors de la vallée de la Meuse : lieux incultes à Juslenville (Hal.) indigène ? Carum verticillatum Koch. — RR. Camp. limbourgeoise : Diepenbeek, Coursel (Gérard). OEnanthe peucedanifolia Poll. — R. Cale.: Mare près de la Meuse à Andenne (Barzin). Peucedanum carvifolium Vill. — R. Calc.: Lanaye (H.). Turgenia latifolia Hoffm. — R. Calc.: graviers à Lambermont (Hal.). Caucatis daucoides L. — AC. Calc. (vers sa limite méridionale) : Honnay (De B.), mais R. ailleurs : Visé (H.), Ensival (Hal.), *Torilis nodosa Gärtn. — Introduit dans Calc. sur du compost à Bilstain (Hal.). *Myrrhis odorata Scop. — Jur.: entre Arlon et Stockem (Lem.). Cornus mas L. — AR. Jur.: Arlon (Lem.). Chrysosplenium oppositifolium L. — AR. Jur.: Bonnert (Lem.), — alternifolium L. — AR. Jur.: Bonnert, source de la Palle (Lem.). Anagallis caerulea Schreb. — R. Jur.: Fraesen, Aubange (Lem.). Plantago Coronopus L. — RR. Calc.: décombres aux Surdents (Hal.), * -— ramosa Aschs. — Calc.: Goé, Ensival, AC. (Hal.). Liqustrum vulgare L. — AR. Marit.: Blankenberghe, Uytkerke (Tr.). Vincetoxicum album Aschs. — RR. Arg.-sabl.: Verrewinkel sous Uccle (De B.). * — nigrum Môünch. — Cale.: Argenteau (H.); — Camp. : Turnhout (Van der Heyden). 139 Gentiana Cruciata L. — R. Calc. : Honnay (De B.): — R. Jur.: Gœschel Q. Q. P. (Lem.). — germanica Willd. — R. Jur.: Metzert, Waltzing (Lem.). — ciliata L. — En 1887 M. Themelin, professeur à Virton, retrouva cette espèce à Torgny et Lamorteau (Voir Bull., tome XX VIII, p. 87.). Depuis, M. Lemoine a constaté à nouveau sa présence dans la région jurassique à Metzert et Kalenstein, Cicendia filiformis Delarbre. — R Calc, : marécages à Foïr (Hal.). Erythraea pulchella Fries. — R. Calc., en dehors de sa limite méridio- nale : pâturages sees et prés humides à Andenne et Coutisse, ter- rains eultivés et marécageux à Couthuin (Barzia), mare à Lixhe (H.) ; R. Jur. : — bois de Attert (Lem.). Cuscuta major DC. — AR. Cal. : One, Cornesse (Delrez), Honnay (De B.) ; — R. Jur. : Messancy, Clairefontaine (Lem.); — RR, Camp. : entre Schaffen et Zeelhem (Tr.). * — Epilinum Weihe. — Introduit dans un champ de lin à Grendel (Jur.) (Lem.). — Epithymum Murr.— R.Arg.-sabl, : Veeweydesous Anderlecht (Tr.). *Borrago officinalis L. — Arg.-sabl. : Watermael (abondant) (De B.), Peuthy (Tr.). *Anchusa italica L. — Calc. : Carrière près Beaumont (Chabant). *A msinckia lycopsioides Lmk. — Calc. : Argenteau (H.), Ensival (Hal.). Myosotis sylvatica Hoffm. — RR. Jur, : Clairefontaine, Sesselich (Lem.). Pulmonaria officinalis L. — R. Arg.-sabl. : Verrewinkel sous Uccle (De B.). | — tuberosa Schrk. — AR., R. Calc. : Grupont, Honnay, Vonéche (De B.). Lithospermum officinale L. — AR. Cal. : Honnay (De B.). *Asperugo procumbens L. — RR. et introduit, Calc. : lieux incultes à Dolhain (Hal.). *Echinospermum Lappula Lehm. — Rk, et introdnit, Calc. : graviers de la Meuse près Visé (H.), se répand dans la vallée de la Vesdre aux environs de Verviers (Hal.), Mariembourg (Colonval) ; Arg.-sabl. : champ de trèfle à Vilvorde (Tr.). *Solanum rostratum Dun. — Arg.-sabl. : décombres à Neder-over-Heem- beek (Léonard) ; — Cale. : champs à Philippeville (Colonval). *Nicandra physaloides Gäürtn. — Arg.-sabl. : sur du compost à Cure- ghem (Tr.). 140 * Datura Stramonium L. var. tatula L. — R. Calc. : Visé (H.), Cornesse (Delrez), Surdents (Hal.). Atropa Belladona L. — R. Jur. : Halanzy (Lem.). Hyoscyamus niger L. — AR. Arg.-sabl. : Cureghem (Tr.). Verbascum nigrum X thapsiforme. — Calc. : Visé (H.). Veronica persica Poir. — R. Calc. : Ensival (Hal.); — R. Arg.-sabl. : Ixelles, Etterbeek (De B.), Baugnies (Tr.). — verna L. — KR. Jur. : Metzert, Bonnert (Lem.). * — peregrina L. — R. Arg.-sabl. : Etterbeek (De B.); — RR. Calc. : Ensival et Dolhain (Hal.). Scrophularia alata Gilib.— AR. Jur. : Fraesen, Clairefontaine (Lem.); — R. Arg.-sabl. : Haeren, Anderlecht (De B.). Digitalis lutea L.— AR. Calc. à sa limite méridionale : Honnay (De B.). Linaria spuria Mill, — Aux localités signalées t. XX VIII, p. 255, il faut ajouter Tontelange et Aubange (Lem.). Utricularia intermedia Hayne. — Cette espèce n’avait pas encore été trouvée dans la campine limbourgeoise en dehors des marais de Zeelhem. M. Gérard nous en indique une habitation à Spikkel- spade sous Coursel. — minor L., — R. Jur. : marais du Benert (Lem.). Mentha nepetoides Lej. — Calc. : le long d’un ruisseau entre Warsage et Aubin (H.). Salvia pratensis L. — RR. Jur. : Fraesen (Lem.). * — verticillata L, — RR. Calc. : Pepinster, Bellevaux (Hal.) ; — Arg.- sabl. : Ixelles (De B.). * — Sclarea L. — RR. Cale. : prairie à Belvaux (Hal.). * — syluestris L. — Calc. : Battice (Delrez), Ensival (Hal.). * Melissd officinalis L. — R. Jur. : Clairefontaine (Lem.); — R. Cale. : Olne (Delrez). * Nepéla Cataréa L, — R. Jur. : Clairefontaine (Lem.). Laium maculatum L. — R. Calc. en dehors de la vallée de la Meuse : vallée du Gcer, de Roclenge à Cannes (H.); — R. Jur. : Messancy, Selange (Lem.). Galeopsis speciosa Mill.— R. Arg.-sabl, : Ixelles (De B.), Eppeghem (Tr.). Stachys alpina L. — R, Calc. en dehors de la limite méridionale : bois à Pepinster (Hal.). — ambigua Sm. — Calc. : Bassenge (H.). — annua L. — AR. Calc. : Honnay (De B.), Ensival (Hal ); — R. Jur. : Metzert (Lem.). 141 Stachys recta L. — R. Calc. (bande méridionale) : Honnay (De B.). Marrubium vulgare L. — AR., R. Calc.: Surdents (Hal.). *Leonurus Cardiaca L. — AR. Arg.-sabl. : Uccle (De B.). Scutellaria minor L. — R, Jur.: Post (Lem.). Ajuga Chamaepitys Schreb. — R. Calc. : Petit-Lanaye (H.). — genevensis L. — R. Calc. : Honnay, Froidlieu (De B.); — AR. Jur. : Metzert (lieu dit Kalenstein), Fraesen (Lem.). Teucrium Scordium L. — Fonds humides des dunes entre Coxyde et La Panne (Massart, 1895).— Nouveau pour la région maritime. *Campanula rapunculoides L. — RR. Ard.: La Reid (Hal. et Tr.); — R. Jur. : Post (Lem.); - R. Cale. : Soiron (Delrez). * __ Jatifolia L. — Calc. : retrouvé par MM. Smeets et Hardy dans les bois de Cannes, où Lejeune l’avait recueilli. — persicifolia L. var. grandiflora DC. — Calc. : rochers à Neder- Cannes (H.). — — — ténuifolia Hoffm., — Calc. : plateau de la Hazette, à Embourg (H.). — glomerata L. — à. Jur.: Arlon, Clairefontaine (Lem.) ; — Arg.- sabl. : berge du canal près de Humbeek (Suttor et Tr.). Lobelia Dortmanna L. — R. Camp. anversoise : Rijckevorsel (De B.). Sambucus Ebulus L. — R. Jur. : Weyler, Fraesen (Lem.); — Marit, : dunes à Uytkerke (Tr.), — Paraît nouveau pour celte dernière zone. Viburnum Lantana L. — R. Jur. : Selange, Messancy, Aubange (Lem.). *Asperula arvensis — Arg.-sabl.: Jette-S'-Pierre (Préaux et Tr.); — Cale. : îles de la Meuse à Visé (H.), Honnay (De B.), graviers de la Vesdre à Ensival (Hal.). Galium sylvaticum L. — R. Calc. : Embourg (H.); — R. Jur, : Bonnert (Lem.). — uliginosum L. — R. Jur. : Fouches (Lem.), — tricorne With. — R. Calc. : Louhan et Ensival (Hal.) ; — RR. Jur. : Metzert, Fraesen, Guirsch, Toernich (Lem.). Scabiosa Columbaria L. — RR. Arg.-sabl. : Pont-Brülé, Humbeek (Tr.),. Knautia arvensis Coult. v. integrifolia. — RR. Cale, : rochers à Cannes (H.); — RR. Jur. : Metzert (Lem.). Cirsium lanceolutum Scop. var. nemorale Rchb. — R. Jur, : Tontelange (Lem.). — eriophorum Scop. — RR. Jur. : Guerlange (Lem.). 142 Cirsium arvense’Scop. v. mile. — RR. Jur. : Fraesen (Lem.) ; — Cale. : Landelies (Mme Houbion), Visé (H), Andenne (Barzin), Moresnet, Ensival (Hal.). *Silybum Marianum Gärtn. — Camp.: Diest (Stuyvaert); — Arg.-sabl, : Cureghem (Tr.); — Calc. : Xhendelesse (Delrez). Serratula tinctoria L. — Jur.: lisière du bois de Knipsenbach (Lem.). Nouveau pour cette région. *Centaurea solstitialis L. — R. Calc.: décombres à Juslenville, Surdents (Hal.); — Arg.-sabl.: Vleurgat (Tr.). * — melitensis L. — RK. Calc.: Verviers (Hal.). Bidens cernuus L. var. radiatus, — Camp. : Donck (Stuyvaert et Tr.); — Jur.: Freylange, Fouches (Lem.). *Rudbeckia laciniata L. — Arg.-sabl.: Watermael (De B.). * — fulgida Ait. — Calc. : un pied dans une sapinière à Coutisse (Barzin). *Cola tinctoria J. Gay. — CGalc.: graviers de la Meuse entre Visé et Maastricht (H.), Battice (Delrez). *Artemisia Absinthium L. — R. Calc. : Honnay. CC. (De B.). Inula saticina L. — RR. Jur. : entre Hachy et Habay, Daarheck (Lem.). — Conyza DC. — AR. Jur. : Longeau (Lem.). *Doronicum Pardalianches L. — R. Calc.: craie marneuse à Petit- Lanaye (H.). Arnica montana L. — Jur.: était signalé entre Vance et Arlon; retrouvé par M. Lemoine à Pont-de-Lagland et Chantemelle. Senecio aquaticus Huds. — AR. Calc. : Andenne (Barzin). — paludosus L. — R. Arg.-sabl. : Vilvorde (De B.). Helminthia echioides Gärtn. — KR. Arg.-sabl. : Stockel (Dutrannoit), Ixelles, Watermael (De B.). *Tragopogon porrifolius L. — Cale. : le long de la Vesdre à Ensival (Hal.). — pratensis L. var. minor Fries. — Jur. : Fraesen (Lem.). Scorzonera humilis L. — R. Arg.-sabl. : bois humides à Flobecq ct Rossignol (Henry); — R. Jur. : Lischert (Lem.). Lactuca Scariola L. — AR. Cale. : Mur à Dolhain, graviers à Ensival (Hal.). — muralis Less. — AR. Arg.-sabl. : bois à Flobecq (Henry); — AR. Ard. : ravin humide dans le bois d’Arville (Loch. et Tr.). *Hieracium ampleæicaule L. — Pullule plus que jamais sur tous les vieux murs de Maastricht; il y en a jusqu’en haut de la tour St-Gervais (H.). 145 *Ambrosia artemisiaefolia L. — R, Calc, : décombres près d’un moulin à Warnant (Tonglet). *Æanthium strumarium L. — R. Calc. : décombres aux Surdents (Hal.), * — spinosum L.-- R, Calc.: cà et là le long de la Vesdre près de Verviers (Hal.). *Amarantus retroflezus L. — Cale, : avec l’espèce précédente (Hal.). * — sylvestris Desf, — Cale. : décombres aux Surdents (Hal.). * — albus L.— Calc. : Lambermont (Hal.); — Arg.-sabl, : Neder-over- Heembeek (Tr.). Euxolus viridis Moq.-Tand. — AR. Calc. : Ensival, Surdents, Goé (Hal.). * — deflexus Rafin. — RR. Calc. : sur du compost à Goé et Ensival 070:P.:(Hal.) Polyenemum majus Al. Br, — R. Calc. : Ensival (Hal.), — — var. verrucosum Lange. — Cale. : graviers à Trooz (Hal.). Chenopodium Vulvaria L. — AR., R. Cale. : au pied des murs à Ver- viers, Surdents, Ensival (Hal.). — ficifolium Sm. — Calc. : Prayon (Delrez); assez abondant depuis deux ans dans la vallée de la Vesdre aux environs de Dolhain, Verviers, Pepinster (Hal.). — opulifolium Schrad. — Calc. : avec le précédent (Hal.). Ces deux espèces paraissent nouvelles pour la zone Calc. — murale L. — AR. Cale, : les Surdents Q. Q. P, (Hal.). — hybridum L. — R. Cale. : Olloy (François), Ensival (Hal.). — glaucum L. — Cale, : aux localités déjà citées dans le Manuel de la flore de Belgique de M, Crépin, il faut ojouter les Surdents (Hal.). Rumex maritimus L. — R. Calc. : berge d’un étang près Péruwelz (Loch. et Tr.). Polygonum mite Schrk. — R. Jur,: prairies du Benert (Lem.). Daphne Mezerewm L. — AR. Calc. : Honnay (De B.); — AR. Ard, : Arville, Awenne (Loch. et Tr.), — Laureola L. — Calc. : bois à Namur. M. Maréchal écrit au sujet de sa découverte : « le bois où croit cette rare thyméléacée est établi « sur un sol très pierreux, au S.-W. tt à proximité de la citadelle « — altit, 190 à 205 m° —; c’est, semble-t-il, l'emplacement d’une « carrière abandonnée, comme le font supposer les creux et amas « de rocailles. Il y a, à quelque distance, dans un bosquet atte- « nant à une ferme, un fort plant de ce même Daphne »(indigène?) 12 144 Thesium pratense Ehrh. — R., AR. Ard. : Coteau herbeux vers Haut- Regard (Hal. et Tr.) ; —RR. Cale. : bord d’un champ près Remou- champ (Hal. et Tr.). Euphorbia plathyphyllos L. — R. Jur. : Grendel, Schadeck, Metzert, Waltzing, Aubange (Lem.). — stricta L. — Jur. : Metzert (Lem.). Nouveau pour cette région. Ceratophyllum submersum. L. — RR. Jur.: Fouches, Clairefontaine (Lem.). Salix repens L. — R. Jur. : Metzert, Stockem, Lagland (Lem.). Alisma Plantago L. var, graminifolium. — Cale. : dans le canal à Rou- court (Loch. et Tr.). Gagea arvensis Schult. — RR. Jur. : Fraesen (Lem.). Allium ursinum L. — R. Arg.-sabl. : bois à Everbecq (Henry). Polygonatum officinale AI. — Jur, : Clairefontaine (Lem.). *Narcissus poelicus L. — Jur.: naturalisé dans une prairie à Bonnert (Lem.). Leucoium vernum L. — Arg.-sabl. : deux stations à Pède-St-Anne (Tr.). Galanthus nivalis L. — Arg.-sabl, : bois à Trois-Fontaines (Coosemans). Ophrys muscifera Huds. — R. Calc. : bois et taillis à Andenne (Barzin). — fuciflora Rhb. — R. Calc. : Honnay (De B.). Epipactis palustris Crantz. — R. Arg.-sabl. : marais à Rossignol, près Buissenal (Henry). Malaxis paludosa Sw. — R. Ard, : parmi les sphaignes entre Libramont et Serpont, (Loch. et Tr.) : — R., RR. Camp. : marais à Coursel et à Sledderloo sous Genck (Gérard). Stratiotes aloides L. — Calc. : revu à St-Ghislain, dans les fossés des prairies du Fort-la-Haine, où Mme Deprez l'avait introduit en 1833 (Hublard). Triglochin palustris L. — AR., R. Jur. : Fouches, Tontelange (Lem.). Potamogeton polygonifolius Pourret. — R, Jur. : Lagland (Lem.),. — alpinus Balb. — R, Jur. : Viville, Freylange, Fouches (Lem.). — plantagineus Ducroz. — RR. Camp. : fossés à Exaerde et Moer- beke aux Polders (Stuyvaert et Tr.). — pusillus L. — R. Jur. : Metzert, Tontelange (Lem.) ; — Marit, : entre Wenduyne et Blankenberghe (Tr.) ; paraît nouveau pour cette dernière zone. — mucronatus Schrad. — AR, Camp. : Tronchiennes, Moerbeke aux Polders (Stuyvaert et Tr.). 145 Zannichellia palustris L. — R. Cale. : Olne (Delrez). Lemna gibba L. — AR. Marit. : extraordinairement abondant cette année (1895) dans tous les fossés et les mares à Wenduyne, Blankenberghe, Uytkerke, Lisseweghe, ete. (Tr.). — polyrrhiza L. — AR, Cale. : Olne (Delrez), Hansez (Hal.). — arrhiza L. — R., RR. Arg.-sabl. : étang à Chapelle à Oie (Goffart); — R. Marit.: parmi des rameaux de Ceratophyllum dans une mare à Lisseweghe (Tr.). | *Acorus Calamus L. — R. Arg.-sabl. : tout le long du canal de Wille- broeck (De Wildeman); — R. Jur. : Bonnert (Lem.). Typha angustifolia L. — R. Jur. : Guirsch (Lem.). — simplex Huds. var. fluitans. — Jur.: dans la Semois à Viville (Lem.). Sparganium natans L. — R. Camp. : Coursel (Gérard), Kinroy (Tr.) ; — Jur. : n’était signalé qu’à Vance ; sa présence a été reconnue aussi à Fouches par M. E. Lemoine. Juncus squarrosus L. — R. Jur. : Bannert, Lagland (Lem.). — tenuis Willd. — Dans tous les bois français de la frontière, près Montbliart (H.). — Tenageia L. — AR. Cale. : Verviéfontaine (Hal.). Luzula sylvatica Gaud. — AR. Arg.-sabl.: bois du Pottelberg, près Renaix (Henry). Carex dioeca L. — RRR. Camp. : marais de Sledderloo sous Genck (Gérard). — pulicaris L. — AR. Jur.: Bonnert, Hirschberg (Lem.). — diandra Roth. — AR.,R. Jur. : Fouches (Lem.);, — R. Camp. : Bergh (Préaux) pendula Huds. — R. Ard. : le lonz du ruisseau de Parfondry, sous Mirwart (Loch. et Tr.). — limosa L. — Aux habitations connues dans Jur., il faut ajouter Fouches (Lem.). — digitata L. var. intermedia Crép. — Calc. : Petit-Lanaye (H.). — fulva Good. — AR. Jur. : Bonnert (Lem.): — binervis Sm. — R. Ard.: bruyères des hautes fagnes à Haut- Regard (Hal, et Tr.). — riparia Curt. — AR., R. Jur. : Hachy (Lem.). — filiformis L. — R. Camp. : Coursel (Gérard) ; — Jur.: Lagland, Fouches (Lem.). 146 Rhynchospora alba Vahl. — R. Jur. : Lagland, Fouches (Lem.). Scirpus caespitosus L. — Jur. : une 3° station de cette cypéracée a été trouvée à Bonnert (Lem.). — Voyez t. XXVIII, p. 259. Eriophorum gracile Koch. — Jur, : aux stations connues, il faut ajouter Fouches (Lem.). Leersia oryzoides Sw. — AR., R. Calc.: bord du canal à Roucourt (Loch. et Tr.). Oplismenus Crus-Gallii Kunth. — R. Cale. : Çà et là le long de la Ves- dre près Verviers(Hal.). Digitaria sanguinalis Scop. — RR. Calc.: Soiron (Delrez), Ensival (Hal.). — lincaris Crép. — R. Cale. : Ensival (Hal.). Setaria glauca P. B. — R. Gà et là sur les graviers de la Vesdre à Goé, Dolhain, Frascati, Verviers, Ensival, etc. (Hal.). *Polypogon monspeliense Desf, — RR. Calc. : graviers à Béthane, Goé, Verviers, Ensival, Pepinster, Louhan, Gerbo, ete. (Hal.). Corynephorus canescens P. B. — AR. Jur. : Metzert, Lagland (Lem.). Melica nutans L. — AR. Calc. : Embourg, Cheratte (H.). Catabrosa aquatica P. B. — R. Calc. : fossés à Villers en Fagne (Colonval), La Planck, Fouron-St-Martin (H.), Andrimont (Hal.); —R. Jur. : Bonnert, entre Tontelange et Attert (Lem.). Bromus tectorum L. — R. Jur. : Clairefontaine (Lem.). — erectus Huds. — AR. Calc. : Pepinster (Hal.); — R. Jur. : Fraesen (Lem.). Festuca rigida Kunth. — AR. Calc. : Surdents (Hal.). Brachypodium pinnatum P. B. — R. Jur. : Metzert (Lem.). Lolium perenne L. var. ramosum. — Jur. : Freylange (Lem.). * — remotum Schrk. — Jur. : champ de lin à Metzert (Lem.). Allosorus crispusBernh.— Ard. : Revu de belles touffes de cette fougère dans les ardoisières de Vielsalm (Tr.). Asplenium seplentrionale Hoffm. — R. Cale. : Honnay (De B.). — germanicum Weiss. — R. Calc. : Honnay (De B.). Polystichum Thelipteris Roth. — Jur. : Metzert et marais de Bonnert (Lem.); espèce nouvelle pour cette région. — montanum Roth. — R. Calc. : bois à Andenne et à Coutisse (Barzin). — cristatum Roth. — Jur.: à l'habitation signalée à Metsert, il faut ajouter bois d’Arlon (Lem.). 147 Botrychium Lunaria Sw. — AR, Ard, : lisière d’un bois à Libramont (Mansion et Loch.). Ophioglossum vulgaltum L. — R. Marit. : très abondant dans toutes les prairies des dunes de Blankenberghe à Heyst-Ecluses (Tr.); — R. Cale. : Visé (H.); — RR. Jur. : Metzert, Kalenstein (Lem.). Lycopodium Selago L. — R. Ard.: Fagne Maron, près Winanplanche (De Wildeman) ; — RR. Camp. limb. : bois de sapins humides à Hasselt et Sledderloo sous Genck (Gérard). — tnundatum L. — R. Jur. : Bonnert (Lem.). — clavatum L. — RR. Camp. : berge du canal, entre Turnhout et Raevels (Tr.). Nitella flexilis Agardh, — R. Jur. : Fouches (Lem.). De très nombreuses espèces exotiques, qui ne peuvent encore être considérées comme introduites, ont été obser- vées par M. Halin sur les graviers de la Vesdre entre Dolhain et Pepinster. Nous en donnons ci-après l’'énumé- ration, en y intercalant quelques espèces trouvées dans d’autres localités par M. l'abbé Ghysebrechts et M. Delrez : Erodium Botrys Bert., E. cicconium Willd., Glaucium corniculatum Curt., Erysimum altissimum Link, E. re- pandum L., Alyssum medium Host (Delrez, à Battice), Rapistrum orientale DC., Melilotus coerulea Desr., Tri- folium Lappaceum L., Medicago ciliaris Willd., M. tur- binata Willd., Vicia syrtica Dub., Trigonella polycerata L., Polycarpon peploides DC., Paronychia argentea Lam., Corrigiola telephiifolia Pourr., Hydrophyllum virginicum L., Bifora radians Bieb., Lithospermum apu- lum Vahl (Delrez, à Battice), Linaria bipartita Willd., Sideritis montana L., Centaurea colhina L., Soliva anthae- midifolia R. Br., Gnaphalium supinum L., Roubiera multifida M.-T., Amarantus spinosus L., Atriplex nitens Schrk., Chenopodium Botrys L., C. ambrosioides L., Rumex Pulcher L., Polygonum Bellardi Mill., Aspho- 148 delus tenuifolius Cav. (Ghysebrechts, à Schaffen), Sor- ghum vulgare Pers., Agrostis aemula Kunth., Chloris distachya Kunth, Lamarckia aurea Münch, Cynosurus echinatus L., Polypogon littorale Sm., Éragrostis pilosa P. B., Phalaris cylindrica DC., Eleusine indica Gärtn., Panicum compressum Biv., P. capillare L., P. decipiens Nees, Phalaris praemorsa Lam., Agrostis alpina Scop., Gastridium lentigerum Gaud., Tragus racemosus Desf., Stipa capillata L., Bromus Schraderi Kunth, Triticum polonicum Dem. M. Errera demande la parole pour exposer à l’assem- blée le but qu'il s’est proposé en publiant, avec le concours de M. Ém. Laurent, professeur de botanique à l’Institut agricole de l’État, une série de tableaux chromolithogra- phiés destinés à l’enseignement de la physiologie végétale. Ces tableaux au nombre de 15, supérieurement exécutés, sont passés en revue par leur auteur. Pendant près d’une heure, M. Errera nous a, au moyen de ces excellentes figures, fait un cours sommaire de physiologie, suivi par tous les membres avec un extrême intérêt. Cette collection de planches murales est conçue d’après une méthode qui doit lui la faire répandre promptement dans tous les établissements où la botanique est enseignée d'après les derniers progrès de la science. Des applaudis- sements prolongés ont suivi la conférence du savant pro- fesseur, auquel des félicitations, justement méritées, ont été adressées par tous ses auditeurs. M. Polchet, présenté à la séance dernière, est proclamé membre effectif de la Société, 149 _ M. l'abbé Meunier, professeur de botanique à l'Uni- versité de Louvain, présenté par MM. Errera et Crépin, et Mie Barzin, régente, à Bruxelles, présentée par MM. ÉI. Marchal et Troch, demandent à faire partie de la Société. Avant de procéder aux élections, les membres sont pré- venus que M, Baguet, pour raison de santé, se désiste de toute candidature soit comme vice-président, soit comme conseiller. Il est décidé qu'une lettre sera adressée à M. Baguet pour lui marquer les regrets de la Société et le remercier des services qu'il a rendus à celle-ci comme membre du Conseil d'administration. On procède ensuite aux élections. Ont été élus : M. ÉI. Marchal, président ; MM. Th. Durand, Cogniaux et Massart, vice-présidents ; MM. Ch. Bommer, Graviset Van Bambeke, conseillers. La séance est levée à 3 h. 40 m. PRESS e LM NT TEL A ! OS + * LEONE { UE NT. Pad Whbn HHDER TON ON ren ARS Den Al | I NOTE PT PE UNE 0 JO | ti up RPC NT ER, MIE, . sa INT ‘ , F } w CRE 4 "x QUO MU TO LH NU MELLE | LLAUER (PEN EEE . " he 4 f 4 VE | ù HET D'HENIT ET TOUL Al M1} NAN NCITT ON ALL | ! MEL A LA é ps HL'IET Jillié 2 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. 1896. MEMBRES EFFECTIFS (1). AIGRET (Ch.), géomètre, rue St-Bernard, 113, à St-Gilles (Bruxelles). ANsoTTE (C.), régent à l'École moyenne, à Pâturages. BAGUET (Ch.), docteur en droit, rue des Joyeuses-Entrées, 6, à Louvain. l Bamps (C.), docteur en médecine, à Hasselt. BARBEY (William), à Valleyres-sous-Rance (canton de Vaud. Suisse). BARZIN (M1le Maria), institutrice, rue du Collége, 111, à Ixelles. BASÈQUE (L.), instituteur en chef, aux Ecaussines (Hainaut). BauweNs (L.), receveur des contributions, rue de la Vanne, 33, à Bruxelles. à BEAUJEAN (Romain), directeur honoraire de l’École moyenne, à St-Hubert. — (1) Les noms des membres fondateurs sont imprimés en caractères gras. 13 152 BERNAYS (Ed.), avocat, avenue Van Eyck, 42, à Anvers. BernimoLiN (H.), directeur de l’École industrielle, à Tournai. BeuDin (Gh.), docteur en médecine, rue des Quatre-Vents, 12, à Molenbeek-St-Jean. Bopson (L.), pharmacien, rue des Guillemins, 14, à Liége. BocaERTs (J.-B.), directeur honoraire des parcs et jardinsroyaux, rue Léopold, 118, à Laeken. BommEer (Ch.), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, rue des Petits-Carmes, 19, à Bruxelles. BomMER (Mr° E.), rue des Petits-Carmes, 19, à Bruxelles. BonNiER (G.), professeur à la Faculté des sciences, rue Amyot, 7, à Paris. — Membre à vie. BoRDET (Ch.), docteur en médecine, rue Rogier. 235, à Schaer- beek. Bosmans (J.), sécretaire des commandemeuts du Comte et de la Comtesse de Flandres, place du Champ-de-Mars, 3, à Ixelles. BRIART (A.), à La Hestre (Hainaut). Bris (A.), ingénieur à la Société de la Vieille-Montagne, à Angleur. Campion (F.), greflier de la justice de paix, à Vilvorde. CANDÈzE (E.), docteur en médecine, à Glain, près de Liége. CARDOT (J.), à Stenay. CARLIER (L.), rue du Moulin, 127, à St-Josse-ten-Noode. Carnoy (le chanoine X.-B.), professeur à l’Université, rue du Canal, 22, à Louvain. CHARLET, greflier-adjoint au tribunal de première instance, à Huy. CHRIST (V.), pharmacien, à Chimay. CLAUTRIAU (G.), assistant à l’Institut botanique de l’Université, rue Botanique, à St-Josse-ten-Noode. CLUYSENAAR (P.-G.), professeur honoraire, rue des Jardins, à Huy. 153 Coenraux (A.), protesseur à l’École normale, vieille chaussée de Heusy, 15, à Verviers. Coin (J.), instituteur, à Louette-St-Pierre, près de Gedinne. Coomans (L.), ancien pharmacien, rue des Brigittines, 3, à Bruxelles. Coomaxs (V.), chimiste, rue des Brigittines, 3, à Bruxelles. Coxon (A.), ancien professeur, à Dinant. CRANINx (le baron Osc.), rue de la Loi, 51, à Bruxelles. Crépin (F.), directeur du Jardin botanique de l’État, rue de l’Association, 31, à Bruxelles. De BuLLEMONT (E.), rue de l’Arbre-Bénit, 39, à Ixelles. DEcamps (L.), professeur, à Carnières (Hainaut). DE CHESTRET DE HANEFFE (le baron P.), au château d’Ouhar, par Comblain-au-Pont. D4 KERCHOVRB DE DENTERGHEM (le comte Osw.), rue Digue de Brabant, à Gand. DELaaise (Ch.), instituteur, à Bonneville (Sclayn). DE&LOGNE (C.-H.), conservateur au Jardin botanique de l’État, rue Pascale, 32, à Bruxelles. Dg NOBELE (G.), pharmacien, protesseur à l’École d’horticul- ture, chaussée d’Anvers, |, à Gand. DEns (G.), substitut du procureur général, rue Crespel, 43, à Ixelles. DE PRINs (A.), docteur en droit, place du Peuple, à Louvain. DE SELYs LONGcHAMPps (le baron Edm.), sénateur, boulevard de la Sauvenière, 34, à Liége. Dg ViLLers MASBOURG (A.), au château (le Chaloen, par Fauque- mont (Limbourg hollandais). Le DE WAEL (J.), docteur en sciences naturelles, rue Edelinck, 33, à Anvers. DE&wèvrE (A.), docteur en sciences naturelles, à Bruxelles. DE WiLDEMaAN (É.), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, rue de l’Arbre-Bénit, 79, à Ixelles. 154 DIRECTEUR (le) de l'École normale de Malonnes. DRAKE DEL CASTILLO (E.), rue de Balzac, 2, à Paris. — Membre à vie. DuponrT (Éd.), directeur du Musée royal d'histoire naturelle, à Bruxelles. Du PRÉ ( .) rue des Rentiers, 83, à Etterbeek (Bruxelles). Duranp (Ém.), chimiste et professeur, rue Albert De Latour, 42, à Schaerbeek. DuranD (Th.), conservateur au Jardin botanique de l'État, rue Albert De Latour, 42, Schaerbeek. DUTRANNOIT (G.), chimiste à la fabrique Boch, à la Louvière. ERRERA (L.), professeur à l’Université, place Stéphanie, 1, à Bruxelles. EYEN ( .), professeur, à Virton. Fiscer (Eug.), médecin-vétérinaire, à Luxembourg. FLAHAULT (Ch.), professeur à la Faculté des sciences, à Mont- pellier. FONTAINE (G.), propriétaire, à Papignies (Hainaut). FRANCOTTE (E.), professeur à l'Athénée royal et à l'Université, rue Gillon, 64, à St-Josse-ten-Noode. GHYSBRECHTS (l’abbé G.), aumonier militaire, à Diest. GENTY (P.-A.), rue de Pouilly, 15, à Dijon (France). GI&LEN (J.), propriétaire, à Maeseyck. GILkINET (A.), professeur à l'Université, rue Renkin, 13, à Liége. GILLEKENS (J.), professeur à l’Institut agricole de l'État, à Gembloux. GiLLOT (X.), docteur en médecine, rue du Faubourg St-Andoche, 5, à Autun (France). GorFaRT (J.), régent à l'École moyenne, à Leuze. GRAVET (F.), propriétaire, à Louette-St-Pierre, près de Gedinne. GRAvIS (A.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, rue Fusch, 22, à Liége. GuiLMor (l’abbé), curé, à Floreffe, près de Namur. HAELEwYcKk (L.), pharmacien, rue Neuve, 48, à Charleroi. Hawoir (J.), médecin-vétérinaire, à Bois-Borsu, par Ocquier (prov. de Liége). Harpy (A.), régent à l'École moyenne, à Visé. HAVERLAND (E.), rue de Cassel, 37, à Roubaix (France). HENEAU (A.), instituteur, rue de Launoy, 128, à Molenbeek- St-Jean. Hennen (J.), directeur de l'École n° 4, rue du Caillon, 11, à Anvers. HENRY (J.), régent à l’École moyenne, à Flobecq (Hainaut). Houpion (Mme M.), rue de Mons, 142, à Marchienne-au-Pont. Joly (4.), professeur à l'Université, rue Van de Weyer, 105, à Schaerbeek. Kicux (J.), chimiste, à St-Amand, près de Gand. KozrTz (J.-P.-J.), inspecteur des eaux et forêts, boulevard du Prince, 39, à Luxembourg. LAGASSE (A.), pharmacien, à Nivelles. Lazoux (H.), avenue d’Avroy, 136, à Liége. LAMBOTTE (E.), docteur en médecine, à Verviers. LAMEERE (A.), professeur à l'Uuiversité, chaussée de Charleroi, 119, à Bruxelles. LAURENT (Ém.), professeur de botanique à l’Institut agricole de l'État, à Gembloux. LEBRUN (A.), régent à l’École moyenne, à Dinant. LEBRUN (E.), docteur en médecine, rue de la Régence, 9, à Bruxelles. LECOYER (J.-B.), ancien instituteur, à Momignies (Hainaut). LOCHENIES (G.), à Leuze (Hainaut). Lugsers (L.), chef de culture au Jardin botanique de l’État, rue du Berger, 26, à Ixelles. Mac Leon (L.), professeur de botanique à l’Université et direc- teur du Jardin botanique, à Gand. 156 MaLcorps (E.), avocat, rue des Chariots, 20, à Louvain. MALINVAUD (E.), sécrétaire général de la Société botanique de France, rue de Linné, 8, à Paris. — Membre à vire. MarcxaL (Él.), conservateur au Jardin botanique de l’État, rue Vonck, 55, à St-Josse-ten-Noode. MarcHaL (Ém.), ingénieur agricole à l'Institut agricole de l'État, à Gembloux. MARTENS (Ed.), professeur émérite de l’Université, rue Marie- Thérèse, 27, à Louvain. MaANSIioN (A.), professeur à l’Athénée royal, à Ath. MassarT (J.), assistant à l’Institut botanique de l’Université, rue Grande Haie, 65, à Etterbeek, près de Bruxelles. MaTAGNE (H.), docteur en médecine, rue de la Fontaine, 21, à Bruxelles. MEUNIER (l’abbé A.-F.), professeur à l’Université, rue des Récollets, 29, à Louvain. MicueeLs (H.), docteur en sciences naturelles, rue Chevaufosse, 10, à Liége. Miner (A.), instituteur en chef, à Montisnies-sur-Sambre. MIÉGEVILLE (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison (Hautes Pyrénées France). — Membre à vie. MoLLE (Ph.), régent à l'École moyenne, à Jodoigne. Mouron (V.), rue d’Archis. 41, à Liége. NELLES (Alfr.), pharmacien, à Dickirch (Luxembourg). NouILLE, docteur en médecine, à Flobecq. NypeLs (P.), docteur en sciences naturelles, rue Forgeur, 9, à Liége. PAQuE (l'abbé E.), professeur au Collége N.-D. de la Paix, à Namur. PErTiT (E.), propriétaire, à Nimy, près de Mons. PrERROT (Ph.), imprimeur, à Montmédy (Meuse. — France). Prerquin (L.), secrétaire des Hospices, à Nivelles, 157 Pitrier (H.), directeur de l'Observatoire météorologique, à San- José (Costa-Rica). Porsson (J.), assistant au Muséum d'histoire naturelle, rue de Buffon, 63, à Paris. POLCHET (G.), pharmacien, à Braine-l’ Alleud. POTTIEZ (Ch.), pharmacien, à Fontaine-l’Évèque. Poucer (M.), droguiste à la pharmacie Gilson,rue de Bruxelles, 23, à Namur. PRéÉAux (A.), rue St-Pierre, 143, à Jette-St-Pierre, près de Bruxelles. PREUDHOMME DE BoRke (A.), villa Fauvette, à Petit Saconnex, près de Genève (Suisse). Puissant (l'abbé P.), professeur aux Grand Séminaire, à Troy (État de New-York. — Amérique). PyNAERT-VAN GEERT (Ed.), horticulteur, professeur à l’École d’horticulture, rue de Bruxelles, 136, à Gand. RENAULD (le capitaine P.), à Vesoul (Haute-Saône. — France). Rodigas (Ésm.), directeurde l’École d’horticulture, boulevard de l'Éeole normale, 15, à Gand. RossiGNoL (A.), professeur à l’Athénée royal, à Chimai. ROTTENBURG (V.-H.), pharmacien, rue Haute, 205, à Bruxelles. Rousseau (l’abbé A.), de la Compagnie de Jésus, rue St-Gilles, 88, à Liége. RoussEAU (Madame E.), rue Vautier, 20, à Ixelles. Rouy (G.), secrétaire du Syndicat de la presse parisienne, rue Parmentier, 41, à Asnières, près de Paris. SCHAMBERGER (P.), professeur à l’Athénée royal, rue de l’Agneau, 10, à Anvers. Schutz-Loubrie (A.), négociant, quai des Chartrons, 3, à Bordeaux. SLADDEN (Ch.), rue Grétry, 101, à Liége. SOREIL (G.), ingénieur, à Maredsoux (Denée, — Prov.de Namur). 158 Sor0GE (D.), major de gendarmerie, rue Maghin, 89, à Liége. STERKEN ( .), professeur au Collége St-Louis,rue Bonne Femme, à Grivegnée (prov. de Liéce). TEIRLINCK (J.), professeur de l'École normale, rue St-Joseph, 18, à Molenbeek-St-Jean. THEUWISSEN (F.), instituteur, à Lommel (Limbourg). TonGLET (A.), employé au Gouvernement provincial, rue Neuve, 13, à Dinant. Tosquinet (X.), médecin principal honoraire, rue d'Écosse, 4, à St-Gilles (Bruxelles). TriBuT (C.), professeur à l’École normale, à Nivelles. Trocx (P.), géomètre, rue d’Allemagne, 99, à Anderlecht (Bruxelles). Van Bambeke (Ch.), professeur à l’Université, rue Haute, 7, à Gand. Van BASTELAER (D.-A.), membre de l’Académie royale de méde- cine, rue de l’Abondance, 24, St-Josse-ten-Noode. VAN DEN BroEck (H.), rue de l’Église, 416, à Anvers. VAN DER BRUGGEN (A.), candidat-notaire, au château du Chaîniat, à Rhisnes, près de Namur. VANDERHAEGHEN ({1.), rue de Courtrai, 182', à Gand. VANDERKINDERE (L.), professeur à l’Université, à Uccle, près de Bruxelles. Van GEERT Junior (Ch.), horticulteur, rue de la Province, à Anvers. Van Hearck (H.), professeur-directeur du Jardin botanique, rue de la Santé, 8, à Anvers. Van Nero (Ch.), boulevard d'Anvers, 38, à Bruxelles. Vanpé (J.-B.), directeur honoraire d'École moyenne, à Forest, près de Bruxelles. VAN VERREN (F.), propriétaire, rue d'Or, 38, à Bruxelles. Van ZUYLEN (Alb.), avocat, avenue de l'Industrie, 19, à Anvers. 159 VERBIST (le chanoine A.), supérieur du Petit Séminaire, à Hoogstraeten (prov. d'Anvers). V£&RHEGGEN (H.), directeur de l'École moyenne, à Walcourt. VERNIEUWE (Th.), chef de division au Ministère de l’Agriculture et des Travaux publics, rue Van de Weyer, 102, à Schaerbeek. VINDEvVOGEL (F.), sous-chef de culture au Jardin botanique de l’État, boulevard des Arquebusiers, 25, à St-Josse-ten-Noode. Wesamael (4.), architecte de jardins, à St-Ghislain. 160 MEMBRES ASSOCIÉS ALLEMAGNE. ASCHERSON (P.), professeur à l'Université, Bülowstrasse, 52, à Berlin. Con (G.), professeur à l’Université et directeur du laboratoire de botanique, à Breslau. ENGLer (Ad.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, Postdamerstrasse, 75, à Berlin. GARCKE (A.), professeur à l’Université, Gneisenaustrasse, 20, à Berlin. Gor8eL (C.-E.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Munich. Prgrrer (W.), professeur de botanique et directeur du Jardin botanique, à Leipzig. Sacs (J.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Wurzbourg. STRASBURGER (Ed.), professeur à l’Université ct directeur du Jardin botanique, à Bonn. SCHWENDENER (S.), professeur à l’Université et directeur du Jardin botanique de l'Université, à Berlin. ANGLETERRE. BAKER (J.-G.), conservateur des herbiers des Jardins royaux de Kew, près de Londres. Bazrour (1.-B.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Édimbourg. 161 Hooker (J.-D.), directeur honoraire des Jardins royaux de Kew, à Sunningdale. Masters (T.-M.), rédacteur en chef du Gardeners Chronicle, à Londres. OLivER (D.), ancien conservateur des herbiers des Jardins royaux, à Kew, près de Londres. AUSTRALIE. von MüLLer (le baron F.), botaniste du Gouvernement, à Melbourne. AUTRICHE-HONGRIE. STOssICH (A.), rédacteur de l'Amico dei Campi, à Trieste. DANEMARK. LANGE (J.), professeur de botanique, à Copenhague. WaRMinG (E.), professeur à l’Université, à Copenhague. ESPAGNE. CoLMErRo (M.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Madrid. ÉTAT-UNIS. FaRLOw (W.-G.), professeur à l'Harvard University, à Cambridge. SARGENT (Ch.-S.), professeur à l’'Harvard University et directeur de l’Arnold Arboretum, à Brookline, près de Cambridge. FRANCE. BERTRAND (C.-E.), professeur à la Faculté des sciences, à Lille. BouLAY (l’abbé), professeur à la Faculté catholique des sciences, à Lille. Bureau (Éd.), professeur au Muséum, à Paris. CLos (D.), professeur honoraire de la Faculté des sciences, à Toulouse. 162 FRANCHET (A.), botaniste attaché au Muséum, à Paris. GuiGnarD (L.), professeur à l’École supérieure de pharmacie, à Paris. JorDAN (A.), à Lyon. Le Joris (A.), archiviste de la Société des sciences naturelles, à Cherbourg. NYLANDER (W.), à Paris. RENAULT (B.), assistant au Muséum, à Paris. VAN TI£GHEM (Ph.), professeur au Muséum, à Paris. HOLLANDE. DE Vertes (H.), professeur à l'Université, à Amsterdam. OupEmans (C.-A.-J.-A.), professeur à l'Université, à Amsterdam. SURINGAR (N.-F.-R.), professeur à l'Université, à Leyde. ITALIE. CARUEL (T.), professeur de botanique, à Florence. DELPINO (Fr.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Naples. SACGcARDO {P.-A.), professeur à l’Université et directeur du Jardin botanique, à Padoue. JAVA. TREUB (M.), directeur du Jardin botanique, à Buitenzorg. RUSSIE. BATALIN (A.), directeur du Jardin impérial de botanique, à St-Pétersbourg. Fischer DE WALDHEIM (A.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Varsovie. WoRoNIN (M.), à St-Pétersbourg. 163 SUÈDE. FRies (Th.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Upsal. SUISSE. Curist (H.), à Bâle. | DE CANDOLLE (C.), à Genève. Fiscaer (L.), professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Berne, VÉNÉZUÉLA. ERNST (A.), professeur à l’Université et directeur du Musée national, à Caracas. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXXIV. PREMIÈRE PARTIE. Notice nécrologique sur J.-E., Bommer, par Léo Errera. . , Tableau comparatif des Algues de Belgique, par É, De Wildeman . Mes excursions rhodologiques dans les Alpes en 1894, par François Crépin “HE : Un botaniste en Malaisie, par jeun Massa DeuxIÈME PARTIE. Conseil d'administration pour l’année 1895. Séance mensuelle du 12 janvier 1895 . . . . Séance mensuelle du 9 février 1895. . . . . . . . . Observations de pathologie végétale faites à l’Institut botanique de l’Université de Liége, par A, Gravis. Séance mensuelle du 9 mars 1895 Séance mensuelle du 20 avril 1895 . : Pr - Remarques sur l’inflorescence des Rosa, par François Grip Assemblée générale du 5 mai 1895 . . . . . : Musci exotici novi vel minus cogniti, a F. He et J.:Cardot-dessriph VER SE MC KR l.r, Séance mensuelle du 12 octobre 1895 . . . . De Le Notice sur quinze Lichens nouveaux pour A flore de Belgi- que, par À. Tonglet Séance mensuelle du 9 novembre 1895 , . . . . RÉ Quelques espèces nouvelles du Congo, par Alfr ed Devèvre à Assemblée générale du 1°" décembre 1895 . . . . . Rapport annuel sur la situation de la Société in l’année 1395, par Ch. Van Bambeke, ae Compte-rendu de l’herborisation annuelle de la Société faite les 9, 10 et 11 juin 1895, par P. Troch De Les acquisitions de la flore belge de 1890 à 1895, par P. Trocbh. Liste des membres de la Société. Pages 7 22 oi 151 / Ill LIBRARY | | Ll © L— B— à m À Hétu ERP METRE i ! ons LP 4 rire ttehs